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I I

BRAMATÏQUE.

TOME PREMIER*

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ICTÏÔNNAÏRE

DRAMATIQUE,,

CONTENANT

L' H I S T o I R E des Théâtres , les Régies du genre Dramatique , les Obfcrvatîons des Maîtres les plus célèbres , & des Réfle- xions nouvelles fur les Spedades , fur le génie & la conduite de tous les genres \ avec les Notices des meilleures Pièces^ le Catalogue de tous les Drames , êc celui des Auteurs Dramatiques.

Ttoîs Volumes jn-8'.

TOME PREMIER.

»:

A P A R t 5,

Chez L A c o M B E,, Libraire , rue Chrî(tine«-

J M. DCG. LXXVr.

AVEC P RIFILEGÉ DU ROT..

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13/

^.

»rC<Tiy <Oii ni

AVERTISSEMENT,

V^N a beaucoup ccrit fur le genre Dramatique » une des plus intéreflantes parties de notre Littéra-» ture, une de celles le Gçnie Françpîs a pris le plus grand eflbr , il a déployé le plus de rèflbujrccs , franchi le plus d'obftaçles^ en un mot ,^à il a fait cclore un plus grand nombre d'excellens tnodéle^^ Des hommes célèbres , après avoir enrichi la Scènes Françoife de leurs chefs - d'oeuvres , après avoir en- levé les fufRages de toutes les Nations policées , ont développé fes myfteres de leur Art, prefcrit les régies du Théâtre , & mis par-là , en quelque manière , le Public dans le fècret de leur gét>ie même.

Ces préceptes n'ont pu être que le fruit d'une longue expérience. Ils (ont néceflaires à quiconque veut marcher lîirement dans la carrière qu'ils appla- nîflènt;ils font même néceflaires à quiconque veut Juger les Athlètes qui ofent la parcourir. Bien faire, apprécier ce qui s'eft fait dans un Art auflî difficile ,, n'eft point une Êiculté qu'on doive attendre du feul iècours de la Nature ; mais ces règles , éparfes dans difïerens Auteurs , exigeroîent du tems & des foins pour les réunir. On n'^en a pas toujours la volonté -, çn n'ea a pas tou|ouj^s la facilité.

.Cefi: cette ctude 5 ce (ont ces recherches que les Editeurs de ce Diâonnaîre fe font propofcs de facilî- . ter au Lefteur. Ils y donnent , en quelque forte , la Théorie & la Pratique du Théâtre , en rapprochant dans cette CoUeâion tout ce qu'il eft Intéreflànt de connoitre iur le genre Dramatique , (ur les règles du Drame & fès modèles , & de nouv^bUes réflexions fur les diflfcrentes parties du genre Théâtral , c*eft-à-dî- re, fiir les divers genres de Dramesqu on a ou per- feâionnés , ou même cfTayés fur nos diffërens; Théâtres» / Aînfi ce nouvel Ouvrage prcfente dans l'ordre al-^ phabétique , ordre le plus commode pour iatisfaire promptement la curîofité , & pour abréger la recher- che , tout ce qui a été dit de plus eflènciel & de plus intére({ànt fiir le génie &le genre Dramatique, avec des Notices fùffiiàntes pour la connoiâànce de toutes les Pièces de Théâttes , & un Catalogue des Auteurs qui ont écritpourla Scène. Nous efpéronsque ce Re^ ceuil lêra d'autant mieux accueilli > quil manquoit dans le nombre des Livres utiles, q'uîl n'y en a poînç eu fous ce double afped de la Théorie unie à la p|a-> tique du Théâtre -, qu*il cft exécuté avec foin, 5c quHl étoit défué, ^

(V v:

j4 P P RO B ji 7 lO N:

S Ai lu, par ordre de Monfeigneur le Chancelier, un Klanufcrlt qui a pouf titre ^ Diâiionnaire Dramatique : je to'y ai rien trouvé qui puiflc eh empéclicr Timpteffion. A ï>aris,lç lo Juin 1774. CRÉ BILL ON.

X..

TRIFILÊGE DU ROI.

OUÏS, par la grâce de Dieu , R o^ d:e Fn a n c e JfcT DENAVARRE:Ano8 amés & féaux Conseillers les Gens ténans Nos Cours de Parlements & Confeils Supé- rieurs , Maîtres des Requêtes ordinaires de Notre Hôtel , Preyàt de Paris , Baillifs , Sénéchaux , leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufliciers qu'il appartiendra : Salut« Notre amé le Sieur Valley&i Tainénous a fait expofcr qu'il defîreroit imprimer & donner au Public unDièlion-- flaire Dramatique , s'il nous plaifbit lui accorder nos Let- tres de Privilège pour ce néceflàires. A ces Causes, vou- lant favorablement traiter rExpofant , Nous lui avons per- mis^ & permettons par ces Présentes de faire Imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui fèmblera, & de le ven- dre, faire vendre & débiter par tout notreRoyaum€,pendant le tems de fix années confécutives, à compter du jour de la date des Prélentes ; fai(bns défen(ês 1 tous Imprimeurs , (libraires &" autres perfonnes , de telle qualité & condition ^qu'elles (oient, d*en introduire d'impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obéiflance. Comme audi d'imprimer , ou £iire imprimer , vendre , faire vendre , débiter ni con- jtrefaire ledit Ouvrage , ni d'en faire aucun Extraits , fbu3 4^uelqué prétexte que ce^uifïè être , fans la permifiSon ex- prefTe Se par écrit audit Expofànt, ou de ceux qui auroncf droit de lui , i peine de confifsation des Exemplaires con trefaits,dé trois mille liv* d'amende contre chacun des contrevenans , dont un tiers à Nous > un tiers à l'Hôtel- Dleu de Paris , 5c l'autre tiers audit Expofànt , ou à celui qui aura droit de lui , & de tous dépens , dommàgcs'-inté- fétt; à la charge que ces Préfentes feront enr^giflré es tout AU long fur le KegiAxjD de la^ Communauté des Imprimeurs

k tîbr;aîrcs de Paris , <îans froîs mois ic la date à^kcWèsi que l^iinpreffion dudit Ouvrage fera faite datts notre Royau- me & non ailleurs , en beau papiicr & beaux caraâcres, xonformément aux Réglemcns de la Librairie , & notam- ment à celui du vo Avril 171c , à peine de déchéance du frefent Privilège ; qu'avant de rcxpofcr eti vente /le ma- nufctit qui aura (crvi de copie à rimpreffion dudit Ouvra-'

fc,fci'a remis dans le même état l'Approbation y aura été onnée, es mains de noire trcs*clier & féal Chevalier, Chan- celier-Garde des Sceaux de France , le fîeur de Maupeoo; qu'il en fera enfiiite remis deux exemplaires dans notre Bi- bliothèque publique, un dans celle dudit /îeur de Maupeoitî' le tout à peine de nullité des Préftntes : du contenu dcl^ quelles vous mandons 5f enjoignons de faire jouir ledit Ex- pofànt & Tes ayatis-caufè , pleinement 8c pai/iblement) Gihs ibuffrir qu*il leur (bit fait aucun trouble ou empéckement» Voulons que la copie des Préfchtes , qui fera imprimé tout auloiig y aucommencoment, ou â la fin dudit Ouvrage , foii tenue pour duement fîgnifiée , Se qu'aux copies coUation* nécs par Tun de nos amés & féaux Confeillers-SecrétaireSj foi foit ajoutée, comme à l'originaU Commandons au pre-^ mier notre Huiflier ou Sergent (ùr ce requis , de faire povet i l'exécution d'icelles , tous ades requis & néceflaires , fans demander autre permiffion , & nonobftant clfimeur de ha^- ro , charte normande , & lettres à ce contraires : Car tel eft notre plaifîr. Donné à Paris le 17 Juillet , l'an de grâce 1774 5: de notre Régne le premier. Far le Roi en fbn Con-* feih LE BEGUE.

Regijlré fur le Regiftre XIX. de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires &* Imprimeurs de ?aris , /z**. liio » fol. i88 :% conformément au Règlement de ij^S» ^ Paris ce d Août 1774* Saillant , Syndic.

J'ai cédé le prélênt Privilège à Môn/îcur LacoMbe , pour en iouir par ledit fieur comme de chofb à lui appartenante! A Paris ce 1 6 Août 1774. Valleyri l'aîné.

Regijlré la préfente CeJJion fur le Regiftre XIX, de U Chambre Royale^ Syndicale des Libraires &* Imprimeurs de Paris 9 n**. 4^8 , conformément aux anciens Réglemens % confirmés par celui du %% Février 1723. A Paris ce 10 Ja/i-^ vier 177λ Saiilaut > Syndic,

DIGTIONNAIRir

dictïomMaièë

DRAMATIQUE,

': .-1 .V.sV...^>..:^

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AB E

iÀ^BENSAÏDi Empereur du Mcgèl\ Tragédie par Ma PAbié le Blanc i 1735.

Le cafaôèrc de rEmpcréUr Abenfaïd cit ûri pcti ^quivo^ qtie {on ne fçait c'eft un Tyran ou un bon Prince : on 1<5 hait & oh l'aime tour-i-tour : (enfin ce caradère n'eil Joint àfTez démêléyfc eft effacé par cçlui du brave & ver- tueux Émir, La tçrîdreflc coriftaritç & couragciifc de Se-* tnirc , femme d'Aflan, forme des /îtuations anez touchan-^ tti. Oh pourrôit rctrancbcr le rolè de Roxaric, femme Kjé VÉmir y & fœur d'Abenfaïd ; mais ce Perfbniîfacre donh0 lieu À d'affez bonnes Scènes. L'<fpéce de féfurrcâio^ d'Àfîàn paroît frop annoncée & trop articulée ; le plaîfic de la (lirprîtc n'étant poiht afîcz ménagé , fon rctpur fai^ peu d'impreflîom On ne (çait pas d'ailleurs pourquoi Kdxahç fort , au moment (jîi'i! éfl pr êé paroître. tc4 /\fteurs n'entrent & ne fortent pas toujours i propos, perfide Hilcan {ombe dans trop de redites par rapport i ion ambitieux projet. Enfin il pàroit que l'Aufèur , dan^ tout le Cours de foh Ouv^r^gc , à dontlé (on atientiori principale au fond des chofes , ic li'a eu qù'uit médiocftf égard à lacônftrudioiï dés Vers^

HBONDANCE y (r ) Opéra - Coini^ué ~4 éà m. Àeie 4 en Profe &• en Vaudevilles^ par MM. l'Affichàrd fr yahi^f d la Foire Saint-Germaini ïf];7i .

TofHê A

t A B s

' L*.Mtohaàrtcè qui s'ell établie fur les rivel de h ^eînê, 7 donne ^ audience àplufîetir^ Pérfohnagésépiibdique^ ; il*:ïbord à une Hàrangere , chfiiite à une Italienne qui a quitte fbn mari., & qui! voyagé en dirers Pay?, fuiyant Ib caprice de Ces Amans. Un Gàifcon lui (uccéde 8c trouvé le fecret d'emprunter de l'argent àrÂbondance : viennent cnfuitc un Chi^urgiéh , vàk Médecin^ & tûEllcCarnival 4ui cpoulè rAbondàhce^

ABSALONf Tra^iHe de Duché, 17

Un caraâère aufli odieux que celui d'Ab^on i ne

λouvoit guère éire celui d'un Héros de Tragédie ; auffi 'Auteur a-t'il cru devoir le dégui(èr> & tourner toute l'indignation des Speôateurs contre Achitophel , qui d'ailleurs l'a fufEfàinmént niéritée. Il a donc fait loa Héros tel qu'il doit être : (on ambition le rend afTez cr.iminel pour mériter la mort; mais il ne l'efl point àlTèz» pour pas infpirer quelq|[ues regrets , quand on le Voit mourir. L'endroit le Poète s'eft le plus écarté de la vérité i c'eâ celui il ra:rtienc Abfaion mourant. Le fécond & le qùatHéme AÔe ohtftît le fiiccès la Pièce. Joab &Achîto]^hèl font les déuk Pcrlbhnàgés qui àgîiïènt le piu^ ; l*àrt cottdùit Àbûloh , & It tourne comme il ïuî

flaît ; Pautre combat pouf ïiavî<i , qui he fc détermine aller aux ennemis » que lorfqù'il apprend que tout petdu.

'ABSENCE , ( r ) Op&rcL-CoinîqUe , en un A&e , è'n Vrofe &• en VffudePiâes » par Panard » à h Foire Sàint^Laufetit >

L*Âb(ênce perfonifiée donne , au,dience aux mortels ^ pour connoître ce qu'ils penfent d'elle. 11 fepréfènte fqc- ceffivement un Peintre occupé à faire les Portraits de plu- fieurs Ôécicrs qui font à l'armée ; un Ecrivain du Char- nier des Saints Innocens , qui l'abfcnce àcs Troupei procure de l'ouvrage; une Médifante qui eu charmée de pouvoir exercîer fon talent £ùr les abÇens : ces trois Per- tonnages fe louent fort de l'Abfence , & font place à deux épdux qui viennent Ta (ùpplifer de les fêpirèr. Un Fîftkn- cfer & utt Médecin entrent enfirite : ils peftent contre l'Ab- fence qui les prive de )a vue de leurs JWaîtrefTes ; elles paroiflcnt d^s le moment; & comme elles font infidèles»

A C A- f

ik rccoii^fiûîfliht le tort qu'ils ont (te M&i^t f Afcfènce.

La dcrnitrc ptrfonnc , <jiïi fc t>réfe«tc à r<il3<fiem:c , t(k : l*Atrtbâ(fedri«c des quatre' Théâtres de Paris». L'/ÇdrtCc - qui la rcpréfente , prcmt toirr^-tour ton du S^cftacie

âxr nom duqiioF clie^ pailrk' , Se Ce plairit tôujt>\it's d\i t&ct

Î|uc rAbfencc leur cautc: cette Scèrtd ri« jpôut f^e pîaî- ir,qu*auc9nt qu'elle eH bien exécutée. L'Abfçiicc con- fié rXmbdîadri<îe , ft cond«t detoutcc qu'elle vicnc* dr'ciHtndre^^^elle ne fait ^^ùont de m^ <fa-6B fcrimÀn

'ABSÈNt DE G»K? 5^f , ( P ) Comi£e en cinfAites , f/T y&rs'fpiirr'Dhàviltéi i^43f«

Clîtandre rend des ftins à une jeune perlonnc nommée

Éfife : eîi'firitc;! fe (piine pour rdvértîrà' DfïAé,Ti pre- *

ittîereMai^eflfe, L'Amant de Diane érfiirt fea»qùî tantôt

'feitlé ialdux ÔttiiHtAtlc compUifant. Les' Valets îmitcric

'Véûts IVTaitfe^ ; ils' tt quittent , fer raccoittiiiodcht » ta

•fcrouiflent , &c. te tit^e de la Pièce rt'cft cx;i(3 , qus

pour fe premier Aftc, lePcre d'Elifé feint d*alier â

ïi Cattipagrlie , ft i^etttre-ftteretticiiieiit dans A Màilbn pa^

une porte de derrière, , ..^

ACADÉMIE [>ES FEMMES , ( f ) CbwA/fc- ^rt tnl^

Unbab&ilce de qoatorz» mT)«r,Êiiânt'con]e^uTcr à Emilie y qucrfon Epoux n'icil: phiis vivant; etlé fc livre toute entière afin' goik pour la Littératute, &nc s'odcupe ^ué de Livres» , de convcrfations Cut les Scittfces , 8t du ibinr d'entretenir commerce avec les Sçavans.l^nki'cuJi » rappelle Horrencc , portanrfesvuesplashaut, s*imagine avoir ferift autant de progrès fur fbtf <:a#Ur que fur fan ^fprk ; mais: déclàiarion cft maV reîçue» Piqué jurqt^'aii Vif ^ 5c voûiamr jouer un tour à Emilie , il fait habillée fffpcrbcmenti Guillor^ fon Domeftique ; & aï>tès^lui avoit donné dei iuftroôioxv^ fàf le perfèmittge qu?il doit ioucr\ il- ptéfente ce Valotîtcàvc^i-i Léarque, ptrc'dte la Dame'^ foMs le notn da Maf^iiâ delà' Guilkitke ^ <iuf la ddmapde cH' mariage. ÉmâHe et ti compagîiti* dfefs Prccicufes quS eà» »ïors chez eilfc ; reiçdivewt le nouvea/a Marquis avet )kdÊ»€Oti^ dc^' dîâiii^ûïlil Ùa- vi^P ^nâii^ aftinoncec It

Aij

4 ACA

Baron de JaRcKfiîtf.Ceft le maifî d'Emilie, qu^ort cfoyôH mort , $c qui revient plein de vie. Emilie s*évanouit à cette vue. G uillot, reconnu Valet d*Hortcncc,eftcha(ré ; , & le 3aron, après une rcSiontrancc à fa femme (ur fa con- duite ridicule, lui ordonne de laifFer lès Livres , & de ne s'occuper qu<^4ii foin de (on ménage.

ACADÉMIE Royale de Mufiquë. Ceft le tiofh , qu'on doimt À ÏJDpétsi dt Vztis^Fqyil Opéra pour la partie Dramatique.

4ICAJQU% Oféra^Çomique > en an -AÛe > . tiré du Conte , ' cC Acajou de M. D'uclos , par M, Favart , d la Foire Smnf" Çermain ,1744^

iCctte PicGC^ pltme d'çfprit & aflaîfpnnéedc fel, fiit d'a- bord )ouée,ç!^ t'rofe mêlée de Couplets. Après la défen&

,fa te à rOpera Comique de parler, oh la redonna toute en VaudeyjiiQsà laFoire Saint-Laurent, & furie Théâtre de rOpéra.'jAcajou , dans fa nouveauté , attira un con« cours n prodigieux, que , le jour de la clôture du Théâtre,

^Ja barrière qui^.féparoit le parquet du parterre, fut briféc.

ACANTE ET CEPHISÈ , Paftorale Héroïque , donnés â VOvéra en ^7^^i (Uifujet de la Nai£ince de feu M. le Duc^ \. de Èourgo^ne « par. MM, Marmontel Rameau,

Acante & CépKife , unis par l'Amour ^ fotii abandonnés par une Fée qui les protège oit ; mais avant que de paiî- tir, elle donne à Acante un bracelet qui > par un accord iympithique , doit faire (entiraux deux Amans â la foi% tout ce qu'ils éprouveront féparémcnt : (on deffein eft qu'un mauvais foénie % qui aime Céphi(e , & qui traversé Ion amour pour Acante , ne puilTè rien entreprendre contre celui- ti y qu'en même tems Céphi(c ne s'en reG lente ; $c commç on ménage ce qu'on aime , il épargnera Acante., pou.r ne point faire (buffrir Céphifc. Les deux Amans vpnç au Temple de TAmo^ur^; on leur prononce un oracle qui âçip Içs raflurer ; ils (èrontoinis fans retour ^ lorfque . toti^t^s cœurs rendront .«race à l'Amour. Le Génie toujours . furieux contre (a Maitreflc^ (on Rival ^ appelle les Aquilons, qui conduifent Acante 8c Céphife fut d*affi:eux précipices 9 mais ils ont laconfolation,d$

^

À C H t

¥«ir le Génie & fa fuite s'abîmer dans le centre de I^^ terre. Le Théâtre change ; la Fée vient annoncer la» naifTance d'un Héros, & la liberté qu'ont les deux Afliani , de s'unir fans obûacle.

ACCOMMODEMENT IMPRÉVU^ ( /') Comédie en ua AAe , en Vers libres i de la Grarige-f i7j7«

Cette petite Comédie, jouée fur la Scènç Franço.îft , y

, reparoit encore avec fuccès. Léandre i' gui a hérite dSiHj

i procès contre Mad^c Armante , devient amoureux de

' Julie, £à fille ; mais n'o(ant fe préferiter a ellc-mémQ

. ni a mère , fous (on nom véritable , il prend celui de

: Damis , eft bien reçu , & fe fait aîmcr de Julie. On pro-

pofe alors un accommodement entre Madame Argantff

& Léandre , qui , prefque flir de gagner (on procès ,

demande que Julie lui (bit accordée. Le peu d'éloigné-

ment que témoigne la mcre , la réfiflance de la fille , let

' propos captieux du faux Damis , rendent cette Scènf

très-piquante. Il ed vrai que Je dénouçmejtît' qH dès-lori

prévu ; mais il n'eil paç éloigné,

ACHEVEMENS. On appelle aînfi ce quï achève da completcer le dénouement, & fert à fatisfaire en-^ . tîçrement l'efprit du Speôlateù:? fu^r le fort des. principaux Perfpnn?ges, La dernière Scène de Mithridate-, par exemple , eft un achèvement. Le ' Roi voyant lesRpmain.s maîtres de fo a Palais, s*eft ►longqfon cpée dans le feîa., pour .éviter de tom- ber vivant ea.tre leurs mains.^ Tout parpît fini ; & ' tout rèft en eflTet par rapport a lui : cependant le .SpcAateur eft; çnco^e inquiet fur Je fort de Mo- f nime Se deXipharcs. Le Poète laîffe vivre encore Mithridate aflèz de tenxs^pouc Étiré voir les der- •niers traits de fôn courage & d^ fa haine contre les Romains; pour pardoniier à fou fil^ Xipharès »^ dont i\ a reconnu l'^attachement & fidélité , ^ -pour l'accorder Uu-mçmeà Moririîte , en aban- 'dioinni fon fçCoiid ïîîsPharnace, cmi W- tci^hi. à

t

6 . ,^^^

{kimwsisXCt deilînce. Daprcs oda^i'efprk û*a plaj rien à défirer.

ACHILLE A SCYKOS , TraglCcmtdie ^n trojs A6Us , > en Vers , fSLT M* Guypt ,iç S^ervilU , o^ TlU$.tx£ ^\a(i^ ^ois , 1 7 ?7*

Ce lujet cfi.tîré de l'Opéra Italien de l'Abbé Métaflafîo. Guyot.ac Mfervftlç ica a e^npruutéde^ jbeautcj , 'ùsxs en copier les défs^uts, q\]^ auroieiu infaiU^lcnijeiu pani^tels « iî, par exemple, il eût mis fur noitrfi Théâtre le Fe^ jde X iconicde , ou la froide îtivalité iz Théagèf\e. Q\ioi qu'il en (oit , les Çonnoiflèurs urouvent , dans itGuyr^ge de Guyot M^rvjLlle, l^^vcoup de «énic & d'efprit,^s fitwations bien ina^ipées,, du jeu vdc Théâtre , un »tifi- ^î^u,e intéreiîant , joint à un comiaue décent , & en gé- iiéral une affe^: belle vérification.

ACHILLE ET ID AMIE , TragédierOpéra en cinq 43:,s% avec un PTolos;ue<,par Dancket ^Qimfra ,4735.

Le fujet du Prologue tSt un^e F^^/}\ie Mfclpçmène^ l'Amour ont conlacrée à Quinault & à LuUy. Quoique J^ Tra^^die içtifermc un allez grand nombre ae beaux mor^ c;çaupc , elle jn'a jamais été r^p^ipc»

ACHILLE ET POLIXENE , Tr.igéiïe -Opéra , avec un frologu,e:^ fax Campifiron Co/oj^, i^îj»

Cette Piéce^ J^ tableau dp la cptei<€ ^ des expjioiÊs A des amours d*Achillc. Le deffein en eeCaâ:_,ic ,coio*|^$ brillant , les traits nobles & délicats; rtiais oii y fbuh^i^- teroit plus de -variété & plus de force. \

ACHMET ET ALMANZINE, O^éra-Coàlque y en m$ A&esj deleSa^eù* Dornevd 'f i7^^>

Almaozine , achetée pour le Serrait liu Sukati, efl aimée d'Achrapit , $ls du Grand Viifir. Achflicx fe djS^ui(c en

' fllle , & cntrç ^n Serrail en jcp^ité d'pfclavc , ^n ie procurer la facilité de voir Almanzine , fans law^Uc il ne peut plus "^Vre. Les deux Amans fc livrent au\laîJîr de s'aimer fi^ de (e voir. Le bon Sultan donne à AÎn^ian- cine la pré^oivduc Efclavc pour la fervir. Secondés Vpar les foins de Pierrot, qui s'^ift auffi dé^uiCc en fein^ pour avoir ^ccès au Serrail 9 Achmèt $ Almanzin.c trou- yent moyen de fc fauvcr. Le Sultan cnûc en fureur lort

A C T 7

iju'U ?5Çt^9Ç{ ^ fiççrchcrîe : il s'^pp^îft fDfuîfe ; ij^ pardoni^e de bonne gr^cé* Les couplets des Vaudevilles qui terminent chaque Aâe , £bnt de Fufêlier. L'intrigue t& adroitement conduite , les Scènes agtéablement dia-> lia)gi|ées I Ip dénc^iement très-)ntére?af&t^9 ft U Pièce jui^

Thcâçye de la Foire,

AGIS ST GAUATÉU ^ FaftpraU Hé%pïcp4$ % en tr^i$ ASks i par Campifiron & Lully ^i6i^ , âormée au Çkdtcau (i'^ncx % (^ enfuite a Paris, (^fl/? U dernier Opéra de Lully.

Dans cet Ouvrage « p^fijue tous Ic^ caraAeres Ct rcP- Içi^blent 1 $ p2|ro]^9l: âVoiF i%i faits Gie le même mo- dèle : ce font ^cs Bcrgç^s ^ des ^ergeres , àf>pt \ç$ Amours préfcntent toujours les mém^ tr^ts ^ ^ife (but variés' par aucune nuance,

ACTE , partie d'an Poëmç Dramatique , fôparée d'une autre partie par i|a iQterine4ft«

Les Poètes Grecs ne connaîflbient point la di- vîfion des Poèmes en cinq Aâes. 11 eft vrai que Taâion paroît de tems en rems interrompue fur k Théâtre & que les Afteurs» occupes hors 4e la Scène ou gardant le fiience,f6nt place aur Çhan4 très du Choeur , yoyc\ Chobur \ ce qui produit des UMQïmèàts ^yoy€\ Inteumeues ; mais non pas de^ Aâes dans le goût des Modernes , parce que les chants du Chœur fe trouvent lies <f intérêt à l'ac- tion principale > avec laquelle ils an( toujours un J?aport m^qué , du moins dans WPiéeés de So- phocle \ car Euripide s'eft quelauefois écarté de celte régie; & Tes ChoctKs font ibuvent de beaujf: morceaux de Poêïîe^qui n ont aueun rapport avec i'aâion.

Si dans les nouvelles Editions, leyrs Tragécfîes fé!tr0uvcnt divifées en cinq Ades , ceft aux Edi- leurs &c aux Commentateurs qu'il faut attribuée

' ^- Air;

t A G T

^cs dlvîfions, & nullement aux Originaux ; car <te fous les anciens qui ont cité des paflagcs de Co- jnédies pu Tragédies Grecques , aucun ne les a dcfigncs, par l'Ade d*oà ils font tirés j & Ariftote n'enfiiitnunè mention dans fa Poétique, erf vrai pourtant qu'ils çonfidçrolent leurs Piécç^ fommé confiftant en plufieurs parties pudivifioris, qu'ils appelloient Vroufç , Epitaf^ , Caïa/iafe ,' ou Catafirophe \ voyez chacun de ces mpts ; mais, il n y avoit pas , fur le Théâtre , d'intçr^uptionç réelles qui marquaflent ces divifions, H eft vrai qu'Horace en fait un précepte :.

Ncvç minor , nec ^ qulnto produâior aâu Fabula qua? pofcl vult & Ipedata repprci.

Mais on n'eft pas d'accord fur la néçeffité cette divifion , ni fur le nombre des Ades. Ceux ^ui les fixent à cinq, affignçnt à chacun la portjon! de l'aftipu principale qui lui doit appartenir. Dans \t premier , diç Vx)fEus , on cxpofe le fu- |et pu l'argument de la Pièce > fans en annoncer, le dénouement, pour méiKiger du plaifir au 5pec- tateui: 5 & l'on annPnce les prinçipa^ux çarac-v tères.

Dan? le fcqond , on déyelope rintrigue pau dégrés.

Le troifiéme doit être rempli d'incidens quj forment le nœud, . :,

Le quatrième prépare des relïburces pu de$ voies au dénpuemertj. -:

Le cinquième doit être uniquement; confacrq %M dénouement. *** Selon TAbbé d'Aubienac, cette divifion eT\

A G T 9

fondée fur rexpérîence ; car on a reconnu , i\ que toute Tragédie devoit avoir une certaine lon- gueur ; i°, qu'elle devoit être divifée en plufieurs parties ou Aftes. On a cnfuite fixé la longueur de chaque Aûe. Il a été facile, après cela , d'en dcter- miner le nombre. On a vu ^ par exemple, qu'une Tragédie devoit être environ de quinze ou feize cens vers, partagés en plufieurs A6les •, que chaque Aâe devoit être d'environ trois cens vers. On en a conclu, que la Tragédie devoit avoir cinq Aftes, tant parce qu il étoit nécefTaire de laifler refpirer le Spedkateur & de ménager fon attention , en ne la furchargeant pas par la repréfentation con- tinue de l'aftion , & d'accorder au Pocie la faci- lité de fouftraire aux yeux des Speftateurs cer- taines circonftances , ioit par bienféance > foie par néceffité.

Pendant les intervalles qui fe rencontrent entre les Aâes , le Théâtre refte vacant, & il ne fe pafle aucune aâion fous les yeux des Speâateurs. Mais on fuppofe qu'il s'en paflfe hors de la portée de leur vue quelqu'une relative à la pièce, & dont les Aftes fuivans les informeront.

Par- , les Auteurs Dramatiques ont trouvé le moyen d'écarter de la Scène les parties de Paâioii les plus féches, les moins intéreflantes, celles qui ne font que préparatoires, & pourtant néceflaire^, en les fondant, pour ainfi dire, dans les Entr^aâes, Toyei EntiC ACTES. Il n'y a que J'imagination qui lés oflfre au Speftateur en gros j & même aflez rapidement pour lui dérobet ce qu'elles ^uroient de lâche ou défagrcable dans la re- préfentation. . . ' '' La divificna à^\xnt Tragédie, en Aâes ,' paroît

A C T^

fondcç ; mais çftril ^bfolmncm nécç(Taîrç qcr'eltç fo'nçn cinq Aûes, ni plus m mQiqsî l\ paraît qwc le nombre 4(îs A6be$ d«vrpit ^jre prppoii- tîonné à U n^rpre & à Tinipon^^nce dfç ['aâioffr Il vaqdrpit mieux la rctTerrer dans Pefpaçe de trpi^ flfu quatre Aâes , q^^. dp fil^r dç5 A^f & inur tîles,emparra(rés d'cpifodcs, pu f^^chargés d'in-- cidens, Mf Ypltaire noq^ ^ donné'k niprc 4<^ Céfar , qui « pour êtrp çn trçi^ A^es , n'çt\ e(t pas moins une belle Trî^gcdie, Nçu; ^vpnç pli|* fieurs Comédies trcs-agrpgbip? , f n dfi»3ç » ti^ iroîs ^ ^ même en quatre Aâçs.

On çxige qnç les Aû^^ foi^nt à-pffl près de l^ même durç€t On ^vpjt ;flb^ff de cette régie ^jvjfr

3u'à s'aflreindre à ne pas faire emrer dan^ un A(i(i eux vers de plus que dans un autre ;, Çprnfill(?# dans la Préface de fes premières Comédies « s'ap- plaudit de cette exaûîtudç. Il fcrpit bien plus

(impie de demander que la durçe dui^ ^ùe f^s proportionnée à retendue de l'^^^ipn qu'd epi- braue ; nos Modernes paroiiTent ^vpif p fis f^^t pfage. ^ ^ .

Le premier Afte d'un Drame eft peut-çrre I^ pluç di^cile. 11 faut qu'il entame , qii'il marche > qu*il développe les cara^cres, qu'il exppf<? 1^ fujet , & fur^touç qu'il lie raftion. Vpyeii fJf^fQ^

On a voulu qu*un même perfpnn^g? «e ri^^tf àt pasTu? la Scène plufieurs fois dans 1$ même A.<$e* Cependant fi ce qu'il vien^ ^\^e , il ne l'g pu dire qii^.nd îiétpit fur la Scène; fi ce qui le iram^ne s*cÔ pafiîe pendant fpn abfence; s'ij a laiffé fur la Scène celui qu'il y cherche; fi celui-ci y eft en fffkti ou fi n'y ctanç pas, U ne le fait pas aiUe^jcsi fi le

A C T ^ tt

tnommt demande j fi fpii rcrmir w^^tc h Yin^

iétèt\ ea m mor , s'il Tçparpîr dans Tgtlipn , com- me il arrive tous les jours dans la fociccé , alors fa préfenpe ne peut déplaire j & fon retour de- vient n^êmenéeeÏÏàire.

Le premier Ade doit eontenîr le fondement ^e toutes les aâions 9 & fermer la porte à tout ce <ju*on voudroit interdire d'ailleurs dans le refte du Ppëme. ïl fuffit cependant d*y annoncei: jes Aâeurs qm agiffèntdans la Pièce par quelque ip« cérêt confidérable.

Il eft toujours dangereux , dit de la Mothe » d'ouvrir le premier Aâe par un de ces gr^qjls TaMeaux q«i multiplient les A^eurs , & qui char- gent le Théâtre, Il eft à craindre que dans le» Ades fuivans » le Théâtre ne paroiffe vuîde. On VG^tj par f exemple de Brutus, que la dilScuîté 4i*eft pas infurmontaUe : mais il faut être fâr

çie fe^ reffpi^rces , comme FAi^çeur de cet Ott*»f yr.age.

Le pppte , dit M. Diderot , devrpiic t^lèmept arranger fon Sujet , q^'ij p^t dpnr^er vn titre à chajcan de ks AStes \ & d^ m^me qvie dMs le PpCTie Epjqoe , on iip la P^fçeptç ai^^ç jEnfers » le^ J^u? Funèbres, le pqw?j^>brQfl)eat 4e l'Armée, çn dif oit dans le Df ^maçiq^R? T A&e dçs Soupçons , rA0:t des Fiiireiurs , celui de Ù Reconfioiflàaçe. te ç^^C^çxQ de f Ai6<:ç fixç, Ip Ppê>e ferpit pbJlgç ^e le rempli^ Çb^qtte A^v 49iiç ^^Pif t W/?ime la Piéw g^ç;xte, foa «ppfcpa, fpn iiç^^ySç foa dénooe^ent.

Le public ^^e aflTç^ qji^e chaque A4tç fe tep:-

-fuine par quelque nxorçe^i^ briilan^, qijii çnîév^e les

upplaudiâempas* |I faut iur^ tout q^e jfi |i^ ^e

«i^ A C T

TAde laide le Spcftateur dans refpérance ou dan^ ' la crainte & dans rimpaticnce de voir la fuite.

ACTE d'OPER A, partie d*un Opéra, feparée d*une

autre dans la repréfentation par un efface ap-

, pelle Entr'aâe. L'unité de teijis & de lieu , doit

. ctre auffi rigoureufement obfervée dans un Aâe

. d'Opéra, que dans une Tragédie entière.

I] n'eft pas non plus permis de changer de ^Décoration, ic de faire fauter le Théâtre d'un lieu à un autre » au milieu d'un Aâe , même dans le genre merveilleux , parce qu un pareil faut choque laraifon, la vraifemblance, & détruis . rUlufion, que la prenliére Loi cft de favorifer eu tout.

Quelquefois le premier Afte d'un Opéra ne . tient point à Taâiion 9 Se alors on l'appelle Prologue , voy^{;PB.OLOGtJE.

ACTES SACRAMENTAUX. Ce font des Drames

Saints que l'on repréfente en Efpagne dans cer-

" tains tems de Tannée, & particulièrement le jour

de la Fête-Dieu. Ce font des Ouvrages allégori- - ques qui traitent toujours dès Myftères de notçe 'Religion: mais fans avoir aucune reflcmblance

avec les Drames d'Italie & de France , dans lef-

quek on repréfentoit les Myftères laPaflîon, ' cii quelqu'évenement delà vie des Martyrs. Don ' Pedre Calderon eft regardé comme le meilleur^ ' dès Poctes qui ont travaillé en ce genre. * ' La- forme ces Drames eft toujouf s aflégûH

rique. On perfonifie la Mémoire', U Volonté', ' l'Entendement, le Judaïfmé , FEgHfe, Tldolâ-

trié, TApoftafie, & jufqu'aux cinq Sens du corps

humain. Très- fouvcnt parmi de tels Atî^eurç ^ il^

A C T tf

y a des perfoanages réels, & on n*oublîe pas d*y tneccre un Adeur Comique. L'aélion roule tou- jours fur les Myftères de la Religion , & princi- palement fur celui de TEuchariftie, par Je Spedacle fe termine.

On ne fera peut-être pas fâché de connoître un de ces Aftes Sacramentaux. Voici un de ceux qu'on repréfente le plus fréquemment en Efpa- gne. Il cft du fameux Calderon , & a pour titre, Vyîuto Saçramental de las plantas Les Adleurs font , l'Epine , le Mûrier , le Cèdre , l'Amandier , le Chêne, l'Olivier , l'Epi, la Vigne & le Laurier, Deux Anges entrent fur le Théâtre , & adreflànc la parole à toutes les Plantes , ils leur déclarent qu'une d'entr'elles , doit produire un fruit doux & admirable. Ils les invitent à un cpmbat divin, pour mériter une couronne qu'un de ces Anges lient à la main , & qu'il. va attacher à un côte du Théâtre, Ils leur donnent la faculté de parler, ic ils s'en vont. Les Arbres parlent, & font dans l'admiration.

Le Cèdre arrive* ave<?^ un bâton à la main , en. forme de croix. Tous les aiïtres^ Interlocuteuçs font furpris de le voir comme un arbre qu'aucun d'eux n'a vu. Le Cèdre fait un long difcours al- légorique fur la création du monde, de l'horamç, des animaux & desyégétaux. Jlleut dit que, puif- que les animaux qui habitent la mer, la terre & les airs, connoiffent un Roi , les Arbres en doi- vent avoir un au (fi. Il ajoute qu'il ne fe vante point de mériter cette prééminence ; mais qu'il fera le juge entr'eux de celui qui la méritera , 8c il fort. ;

LesPTantes qui reftent fur la Scène » font chorl

14 ACT

f^uétt <\û*vLnArhtt étranger s'arroge droit (Tctre léixt Arbitre *, elles font valoir les attf iburs oue les hommes leur accordent , 6c par' léfquels cha-- cUtt prétend remporter fur les autres.

Dans une Scène qui fuit , le Cèdre prôpofe à chaque Plante de donner un placer, & de déduire leurs titres ; ce qui s'exécute. Enfuitê paroit le Cédré tenant devant lui une Croi:!t dont les bras font entrelacés de feuilles de Cèdre , de Cypt/ès & de Palmes. Les Plantes fe partagent pour & 4:ontre prétendue violeticé que Cèdre leur Élit, en Ce nommant leur Arbitre. L'Epine éclate de colère , lui demande qui il eft ; & fur ce qu il tefufe même de dire (où nom , elle s'irrite & dit qu'elle feule fufGta pour s^rracher & détruire un .Arbre qui n'cft point cionnu dans le Pays, & qui Veut le tyrartnifer. EHe s'approche de lui Se l'enfi-» braflfe î le Cèdre s*ècrîe qu*clle lui déchire le corps. En cet înftant on volt fang fortlr la Croix. Toutes les Plantes en ftémilTcnt ; le Cèdre dît qu'il arrofçra de ce fang toute la terre. L'Épi éc h Vigne s'approchent de la Croix, pour le re- cevoir. Le Cèdre voyant leur humilité , tenant toujours la Croi^ devant lui, dit ces paroles : Puifque devenus humbles & compâtiftkns , vous recevez tous les deux mon corps & mon fang, c'eft en vous feuls que dès aujourd'hui mon corps 6c mon fang deviendra \in divin tréfor.

LTEpine, qui eft reftcé enfanglantée , fe déCtC-^ père , Se voyant toutes les Plantes fuir à fon at- pcft , elfe fait une grande lamentation. La Croix paroît eti Faîr. Quelques unes des Plantes deman- dent au Cèdre de déclarer celle qui mérite la t^ouromie. Le Cé^dre dit que c'efli l'Humilité qui

ACt \i

- f obtiendra i & îi nomme l'Epi èc la Vigne. La r pièce finit ainfi pot vint pênfce qui à rapport au

Myftcre de l'Eachariftie i condition èflfenticllc aur Aâés Sacramemaux^

Ces fortes de Drames font précédés d'iiil Pro« logue auquel on donne l*éplthcté de Sactamea- taf , & on y ajoute un titre qui fêitlble n avoir jamais de rapport à la Fétfe-Dieu qui eft pour* tant le feul (lbjet.Pât exemple, le Prologue Sacea- itiental du Fou : au commencement de ce Prolo- gue ^ on entend lès gens dans La coulifle qui crièntj prtkt{ garde au Fàu ^ui sèfi ichdppé \ Coûtons , xoHtùTis àprèél Le FoU pârdît en(uîte, difantà ceux qui Crient uptès ki , de ne point slnquiéter ; qu'il n eft pâ^ ce qu'il étoit auparavant 5 que le ' plàifir d'être téttioin Fêtfe , Ta fait foïcir; & . «n m'oins de deu!x cêntS petits vers, il fait rénumé- ratîon de tous les prodiges de l'Ancien Teftàment, & des Myîtèr^s du nouveau. Ii en eft de mê-

- me du Ptdlogue Sacramental , du i^ayfan , des Equivoques , &c. qui promettent par leur dé- but tout le contraire de ce qui fe trouve à la (in.

Il y a en Efpagne plus de fîi cents de ces Aéles & Prologues Sàcramentaux imprimés, fans comp- ter tm nombre infini qui ne le font pas.

ACTEUR, en parlant du Théâtre , fignifie un homme qui joue un rôle dans une Pièce , qui y repréfente quelque perfonnage ou caraftcre. Les femmes nomment Aârices , & tous font com- pris fous le nom général d' Adeurs.

Le Dr*me , originairement, itte confiftoit qu'en un (impie Ch<]eur <^d chantoit des Hymnes en i'Ào&neur de &fcchu$.i d^ force que les premiers

^^ A Cf

AiSeurs n'<îtoîent que des Chanteurs & dès Mil- ficiens, Voye^ P erson n a gi , Tra g Édi Erf

C H <E 17 R > C A R A C T E R E.

Thefpîs fut le premier qui, à ce Choeur trcs- înforme , mêla , pour le foulager » un Déclama- teur qui rccitoit quclqu'auire aventure héroïque ou comique. Éfcnyle» à qui ce feul perfonnagë parut ennuyeux, tenta d*en introduire un fécond, & convertît les anciens récits en dialogues. Avant lui, les Adeurs barbouillés de lie , & traînés fur un tombereau^ amufpient les pafTans: il donna la première idée des Théâtres » & à fes Adcurs àts fcabillcmens plus majeftueuî , & une chauf- fure avantagcufe , qu^on rfomma Brodeqwin &: Cothurne. Voye^^ Brodequin, CotiJurné.

Sophocle ajouta un tfoifiéme Aâeqr, & \ti Grecs fe bornèrent à ce nombre > C*eft-à-dire^ qu'en regarda comme une régie du Poëme Dra- matique , de n'admettre jamais fur la Scène , que trois Interlocuteurs à la fois : Régie qu'Horace à exprimée dans ce vers :

; Ncc quarta loqûl pérfbna labbrét.

On voit par- de combien de beautés Théâtra- les les Grecs étoient privés. On ne trouve point' ' chez eux de ces Scènes qui forment de grands Tableaux , comme celle du cinquième Aâe drf- Alifantrope , oïl les Marquis viennent lire à Céli- mene les lettres qu'elle leur a écrites , & rendre Alcefte, Acafte , Orontc & Cléanfe , témoins de fa coquetterie : point de ces Scènes terribles daiis la Tragédie , trois perfonnages font mis dans une fituation violente par Tintervemion d'un qua- trième. Telle cft dans HéracliùslaScène oùLéoU-

A C T iy

tîii redoutle rembarras de Pho€ai placé entre foa fils & Ton ennemi , & ne poavant les diftingtteCà

Le fecrct n'en èft , ni de lut , itî clc M i 'Tu n'en lautas non plus les véritables cau&t) Deyliies fi tu peux ^ & choifîs fi tu ïàCcté

Cette régie n^empéchoit pas (Jue lesTroupeà dt Comédiens ne furent plus nombreufes : mais le nombre de tous les Ââeurs tléceflaires dans uoâ t^iéee , ne clevoic pas excédet celui de quatorzcé Avant Touvertvire de la Pièce t on les nommoiteil plein Théâtre , & Ion avertiffbit du rôle que cha- cun d*eux avoit à remplir. Il eft fort heureux que les Modernes n*ayentpas adopté cette régie: ih âuroient été privés de pluGeurs çhef-d'ceuvres. Il eft virai que la nféthode contrai ire met fduvent deJa confudon dans la Conduite de la Pièce.

Horace parle d'une éfpcce d'Adeurs reCôndaî"^ f es , en ufage de fort teiiis j & ddnt le rôle con^ fiftoit à imiter les Adeuirs du premier Ordre ^ S: a donner à ceux-ci le pltis de luftre qu'ils pou* voient , en contrefaifant les Nains. Au refte , oa lait peu quelles étoiént leuirs fondions.

Les anciens Aâeurs déclamoient fous maÀ que^ voyci Masq^ubjEeclAmation; & étoient obligés de pouffer extrêmemenr leur voix , pour fe taire entendre d'un Peuple innombrable qui remplilToit les Amphithéâtres : ils étoient accom- pagnés d'un Joueur de flûte qui préludoit,leur don- iioit le ton , & jouoit pendant qu'ilis déclamoient.

Voyez, pour ce qui concerne l'art du Comé- dien, les mots Geste, DÉCLAMATION, Comédien t & pour ce qui regarde l'Ast Dramatique | le mot

PfKSONNAGE.

Tome /, B

/

i8 A C T

A C T EU R it t Opéra de Paris , Chanteur qui fait u n rôle dans la Repréfentatîôh d'un Opéra» Outre toutes les qualités qui doivent lui être com- mune s avec TAfteur Dramatique , il doit en avoir beaucoup de particulières , pour rcuflir dans Ton art. Ainfî , il ne fuffit pas qu'il ait un bel organe pour la parole, Vil ne Ta tout auflî beau pour le chant ; car il n'y a pas une telle liaifon entre la voix parlante & la v6ix chantante , que la beauté •de Tune fuppofe toujours celle de l'autre. Si l'on ■pardonne à un Afteur le défaut de quelques qua- lités qu'il a pu fe flatter d'acquérir, on ne peut lui pardonner d'ôfer fe deftiner au Théâtre, deflituc des qualités naturelles qui y font nécefïàirés , tel- les , entr'autres , que la voix dans un Chanteur. fWais par ce mot voix , > entends moins la force du timbre , que l'étendue , la judeffe & la fléxibî- 3îté. Je penfe qu'un Théâtre , dont l'objet eft d'é- Vnouvoirle coeur par les chants , doit être interdit ces voix dures & bruyantes , qui ne font qu'é- tourdir les oreilles ; & que , quelque peu de voix ^ue puifle avoir un Afteur , s'il l'alufte, touchan- te , facile & fufiSfamment étendue , il en a tout autant qu'il faut : il faura toujours bien Çt faire entendre , s'il fait fe faire écouter. Avec une voix convenable, l'AÀeur doit l'avoir cultivée par l'art \ Se quand fa voix n'en autoit pas befoin , il en au- roît befoin lui-même pour faifir & rendre avec intelligence la partie muficale de fes rôles. Riea ii'eft plus infupportable & plus dégoûtant , que voir un Héros , dans les tranfports des paflîons le^ plus vives , contraint & gêné dans fon rôle , pei- ner & s'âlfujetlir en écolier qui répète mal fa le-

A C T î9

. çon ; montrer » au lieu des combats éè l*àmoaf èc de la vertu , ceux d'^n mauvais Chatlteuif aVéC la mefure & l'Orcheftre , & plus incertain fur ton que fur le parti qu'il doit prendre* il n'y a ni chaleur, ni grâce fans facilité, & TAÂeur donc rôle lui coûte , ne le rendra jamaîsbien. Il ne fuffit pas à TAdeur d'Opéra d'être un excellent Cbail-» teur, s'il n'eft encore un excellent Pantomime} car il ne doit pas feulement faire fentir ce qu'il dit lui-même , mais auflî ce qu'il laide dire à la Symphonie. L'Orcheftre ne rend pas un fenti- ment qui ne doive fortir de fon ame: fes pas> fés regards , fon gefte, tout doit s'accorder fans ceffe avec la mufique, fans pourtant qu'il paroiffe y fonger : il doit intérefler toujours , même eti gardant le filence ; & quoiqu'occupé d'un rôla difficile, s*il laiife un inftant oublier le peffôn- nage, pour s'occuper du Chanteur, ce n'eft qu'un Muficien fur la Scène; il n'eft plus Aâeur. Tel excella dans les autres parties, qui s'eft fait (îffletf pour avoir néglige celle-ci. Roussbau-^

'ACTEURS DÉPLACÉS^ ( les ) ou V Amant Co aîevi^hî Comédie en un A^le^ en Profe ^ f récédée cTun Prologue i par Panard i au^ François y ^y^U

Lucas, Jardinier de M* & de Madame Mondor,& Lîfctttf^ Suivante de Luciie , concertent enfemble les moyens Servir Dorante, Amant de Luçilc, auprès de (aMaîtrefTéé M. $c Madame Mondor Ce difputent le droit de donner uti mari à Luciie. Lifctte, pour écônduireun Mai^quis qud Ton propofe à (a MaîtrelTe , iniaginc de pafTer pour Lu-» cilc , & Luciie à (on tour , de prendre la place de Lifcttéf-' On agit de même avec un M, TElu , autre Amant de la fille de Mondor.- On s'attend bien que cette Lilitte af- fedc toMé les ridicules pour dégoûteif ces Fef (bnnaffes* - Elle réulSt à déplaire : enfin Dorante époufe Lttcfle t^ après avoir repréfenté devant Mt & Mârlame Mofldot'

Jto A C T

Penlevement sTHélene , petite Tragédie en cinq Scè- nes , pour i*exécutlon de Usuelle , il ne faut que trois Aâeurs.

ACTION- On entend par ce terme ce qui fitît le fond ott le fqjei principal d'une Tragédie, f'oyei

- SuiET. L'Adion dokêtre une , c'cft-à-dire, n'offrir qu'un point capital auquel tous les incidens du Pocme Dramratique fe rapportent, de manière à le faire fortir & à le rendre plus fenfibk. f^oyii Ebisoues , Incidens.

Mais s'il faut éviter une Aôion chargée d'intri- gues & d'évenemens , il faut prendre garde auffi que l'extrême (implicite ne rende le fujet nud & ftérile. L'Aâtion , dit Ariftote , doit avoir une jufle grandeur , c'eft-à-dire , qu'elle ne doit être ni S petite qu'elle échappe à la vue > ni fi grande qu'elle confonde U mémoire de l'Auditeur , & égare fon imagination. La rai fou en eft dans la nature de refprit humain : l'efprit aime à voir &

. à agir , ce qui eft la même chofe pour lui ; mais il veut voir & agir fans peine ; & ce qui eft à re- marquer , tant qu'on le tient dans les bornes de ce qu'il peut faire fans effort > plus on lui de- mande d'Alton , plus on lui fait de plaifir : il eft a£Hf jufqu'^à un certain point ; au-delà , très-paref- feux. D'un autre côté , il aime à changer d'objet & d'Aftion, Ainfî il Êiut en même tems exciter fsL curioficé, ménager fa parelfe, prévenir fon înconftance î ce qui eft important , nouveau , fin- gulier, rare en fon efpcce , d'un événement in- certain , pique la curiofité de l'efprit : ce qui eft un & fimple , accommode fa pareffe 5 ce qui eft diverfifié, convient à fon inconftance : d'où il eft aifé de conclure qu il faut que Tobjet qu'on lui

A G T ti

f^r^ente , ak toutes ces qualités enfemUè , pour ai plaire parfaitement. Il faut que TAdion foit noble , inttreflante.

Le lècTct eft d'abord de plaire & de toucîiér. Inventez des rcfTorts qui puilfciit m'attaches, BQÎhctu^

Elle doit être vraifemblable.

Jamais au Spedateur n'ofFreZ rien d'incroyable. Le vrai peut quelquefois n'être pas vraifembiable.

La Fable doit être difpofce de manière qu'el- le attache dès le commencement , qu elle marche toujours par les obftacles mêmes, & qu elle ajou- te de Scène en Scène à Tcmotion qui ne peut gucrcs fe foutenir qu^encroilTant.

Le Aijet de TÂdion doit Exei? cTabord Ici yeux du Speftateur.

Que dès les premiers vers , Paâîon préparée » Sans peine , du (ujet applanidë l'entréev Je me ris d'un Auteur qui lent â s'exprimer ^ De ce qu'il veut d'abord ne Ûit pas m'informera. Et qui débrouillant mal une pénible intrigue ^ D'un divertiiTement me feit une fatiguct

f^oyei Exposition.

L'Adion doit être continue, c^elïàdîre,q)a*eHe doit être dtftribuce de manière que les Scènes d*un A(fte , lices les unes avec les autres , ne laif- lent point le Tbcâtre vuide ,• que chaque perfon- nage doit avoir fa rai fou d'entrer ôc fa rai fon de forcir ; que les Aôes en ftniffam, doivent laiffht le Speâateur dans Tattente de quelque événe- ment , & qu il faut marcher ainfi jufqu'au dé-^ nouement complet qui décide du fort de tous fcs per formages, & qu'enfin U Pièce doit finir dè%

B ni

IX ^ A D É

que la curiofité du Speâatcur eft fatîsÊiîtc. Voye^ Art Theatraî, , Intrigue, Dénouement.

Tout doit êtte Aékion dans une Tragédie; non que chaque Scène doive être un événement; piais chaque Scène doit fervir à nouer ou à dé- nouer Tintrigue, Chaque difcours doit être ou obftacle pu préparation-

Pour donner à TAftion plus de grandeur , il faut tâcher de choifir un jour remarquable par quelque circonftance intérelTante. Dans Cinn^ 9 l'Aftion commence au moment une conjura- ^ tîon eft prête d*éclater. Dans Horace , c'eft un jour <le bataille qui doit décider du fort d'Albe & de Rome. Dans Rodogune, c'eft un jour Cleo- pâtre doit décider lequel de fes deux fils eft Taïaé , & lui fuccédera.

On n'entre dans aucun détail fur TAflion Théâ- trale , rebtivement à la Comédiie , parce que les principes de TArt font les mêmes, & que les moyens fèuls, font différens. Voy e^CouÉDii y CoMiquî , RiR,E Théâtral , &c.

ADÉLAÏDE DUGUESCLIN, Tragédie de M. de Vol-i taire , 1734.

Une ver/îficatîon pleine de vie & de chaleur , un ca- radère brillant iufques dans fes vices , impétueux ju(ques dans fes remords ; un ami (âge & vertueux dans toutes les circonftances ; tel eft le principal fonds de cette Tragédie , intitulée auparavant, le Duc de Foix. te rôle du Duc eft un des plus vioiens & des plus théâtrales qui cxîftent. On a cru remarquer que Lifois reffembloit beaucoup au Mornai de la Henriade : c'eft que rien ne reffemble mieux à un Sage , qu'un autre Sage*

4DÉLE DE PONTHIEU , Tragédie de M. de la Place i

1757. Adèle eft fille de Roger de Ponthieu , & femme chérie

^e Renaud de Bourbon qu'elle aime 9 comme les femmes,

A D E , 1 j^

aiment leiirs maris dans les vieux Romans de Chevalerie. Adèle a d*abord été enlevée par Montalban , qui avoit ^ recherché (a main. Le Vaifleau dans lequel on l'avoit embarquée ) ayant fait naufrage fiir les c6tes de Chypre» clic s'eil dérobée à fcs Raviffcurs , mais pour tomber en- tre les mains du Soudan de Babylone , qui efl venu rava* fer riflç. Elle a été mift auprès de Fatmc , femme du oudan; Se depuis, ce Soudan eu mort* Méledin, (on fils » épris d'amour pour elle , avoit réfblu de répoufcx; mais le Grand-Vifir , qui lui deftinc la fille du Soudan d'E«.

Îypte , a ménagé l'évafion d'Adèle. Elle fe trouve à éru(alem dans le moment que Meledin , qui l'afliégeoit, s'en rend maître. Informé qu'Adèle eftdans cette Ville, il charge fon Confident de l'amener au Palais. Adèjie refufe la main , & lui apprend qu'elle efl: Chrétienne. Le Vi/îr , qui l'a déjà fbuftraite une fois â la pafHon du Sou- dai , eonftnt à la faire (auver encore avec un Captif; & ce Captif fe trouve être (on père. Elle retrouve auffi Ion mari i & la Pièce cù. terminée par ces rcconnoiflànces ,* êc par la mort du ravifleur Montalb^an qui tue lui* inéme*

ADÈLE DE PONTHIEUy TK(^é4k'0pén y d'abord en trois Aâies^ enjuite en cinq , par de Saint -Marc y Mu^ Jique de MM. de la Borde Berton, 1771-

Adèle, ofFenfée & fqupçoiinée par Finjutte jaloufie d'un Prince qui veut devenir fon époux , & dont elle rejette les vœux , ne peut recouvrer l'honneur , que par la mort de (on Accufateur. Rémond , fon parent , s'offre de venger l'innocence outragée. Le Comte dcpQnthicq, perc d'Adèle , prêt de combattre pour fa fille , n'o(ant confier de grands intérêts à la foiblçlTe de Cou bras ,, accepte la défenfe de Rémond, ^ l'arme Chevalier. Adèle elle-même met entre fes mains le fçr vengeur. Le combat entre Içs deux Rivavx (e fait en champ- clos 9 devant les Jujrcs. La PrincefTe efl.préfênte , & tremble A la fois pour fon Amant & pour fa jufle vengeance. Enfin Rémond triomphe; le fort du combat juftifie Adrcle. Soa

Îiere l'accorde aux vœux du Vainqueur : leur gloire 5c cur bonheur font célébrés par des Fêtes.

Quelques perfbnnes ont trouvé ce fonds un peu Ro- manefque ; il efl cependant-puifé dan« THifloircj & indén

A D B

pendammtnt de cette fource, cfi-îl rien de plus vimî-a iemblable , que la captivité de cette Princefle .' Le mc^ lange des Chrétiens & des Sarrafîns, du tems des Croifa- <|es, leurs viâoires 8c leurs défaites alternatives, durent produirç un ^and nombre d'évenemens pareils. Quoi qu'il en foit , cette Pièce , la vertu perfécutée cft ex- pofée aux épreuves les plus terribles que puifTe fiibir unç îcmmc du rang d'Adèle , préfente cette même vcitu triomphante & le crime puni.

•^pELPHES yilâs) ou VEcole des Pères ^ Comédie en cinq A6le5t en Vers y par Baron y attribuée auPere de la Rue 9 Jéfuite , iTof.

C'eft le même fonds, (ur lequel Molière avoit déjà fiflu le Canevas de Œcole des Maris. La principale diflFc* xencc eft , que ce fpnt deux Frères qui agifîcnt danjj jMoliere > & deux Sœurs dans Baron. Ses princi|^aux Aâeurs Con Erade & Léandre > tpus deux fils d'Alcéç | jnais Erafte , adopté par Télamon fon oncle , eft l'ob- jet de fes cdmplaifancçs : Léandre , au contraire , n'éprou- ve , de la part d'Alcée , qu'une dureté exceflive. U dct. vient amoureux de Clarice > jeune- inconnue , & la fait çnlever. Erafte féconde cette cntreprifc, & fait conduira Clarice chez Télamon mémç , qui, mflruit à fond , la re- çoit avec bonté. Pamphile , MaîtrefTe d'Érafte , le croit infidèle : fes plaintes parviennent jufqu'à Télamon, qui ignoroit cette intrigue ; Erafte la lui avoit tue par rcf-

^ |>ed. Télamon apprend que Pamphile eft pauvre , mais vertueufe ; & dt^-lors il fe détermine de lui-même à lui faire époufer Erafte. C'eft aufti par fon entremiic que Léandre époufe Clarice, qui, à la fin , fe trouve avoir de la naiffance & de la fortune. Les Scènes de Té*. lamon ave Alcée , la pcrfiiafîon eft ce dernier , quç Léandre n'aura point dérogé à l'éducation févère qu'illiiî H donnée , reflemblent beaucoup à celle de Sganarelle , dans i'Ecolç des Maris : tous deux finiflent par être dé- trompés. Il y a , dans cette Comédie , des Scènes bien, faites , & des Caraâères bien fouienus ; mais elle n'efl pas entièrement dans nos Moeurs.

JIDHERBAL , Roi de Numidie , Tragédie delà Grange-!, Çhancel , 169^» Cette Ficçe , que l'Auteur ayoit faite fous le titre à^

A D I if

JugurtcL , cfi fou coup d'cffaî. Ce changement de tUrc

venoii a ecnouer* «ic ne i.ruuvc pumt <

Pièce , dans Ju^Urta , ce caraftère de Grandeur , de No-

bleflTc , qui avoit frappé l'Auteur, au

point

point de mériter Gl préférence fur Annibal &Mithridate, Scaurus diffère trop à laiiïér entrevoir l'objet de fbn Ambailàde , qui efi de rompre toute alliance entre les Princes de Numidie <Bt )e Roi de Mauritanie. Ce trait de la politique Romaine > eft manié avec une foibleile qui prouve le peu d*expé« rience d'un jeune Auteur. Le caraâère noble Se intré- . pide d'Arthémi(è > eft le feul qui intéreiïe. La Grange dit qu'il s'eft attaché particulièrement à corriger ce Poème ; malgré les foins qu'il aptis d'en changer prefque tous les vers , up grandnombre a échappé à la (eyérité de fa réforme.

'4DIEUX DE MARS ,(les) Comédie en un Aêle , en Vers, par M. le Franc de Pempignan , au théâtre Italien j îTgf» C'eft ici une de nos bonnes Pièces Epifodiques. Les détails font valoir ces fortes d'Ouvrages ; & chaque Scène de celui-ci en offre de brillans. Rien de plus ingénieuse que la Scène des Grâces , ni de mieux exprimé que le récit de leur Voyage. Qnpourroit être choqué de la ma.- fiière dont Mars traite Vulcain : l'Auteur fait parler les X)ieux comme dans les Dialogues de Lucien ; ou plutôt^ JMars un de nos Officiers Petits-Maîtres , & Vulcain un de nos Maris dociles 8c commodes.

V«>/Et7X DU GOUT , (les) Comédie en un ASe , en Vers libres , par MM^ Patu^ 6f Pertelance , au Théâtre François^

Le Goût , en faifant la revue de fès Etats , arrive i Paris , rencontre Momus qui , fous la figure d'un Pctit- Maitre > le raille iùr forme antique. Les Sciences fie \ts Arts fe prèffentent tour-à-tour devant eux , & ils font) chacun à la. manière , la critique des Ouvrages des Auteurs & des Artifles ; ou plutôt du mauvais goût qu'on prétend s'être répandu lur tout ce qui ie fait aduel^ lement. Le Goût s'enfuit , & protège qu'il ne peut de^* jDLCUiQC dans un Paj^s U fi iiui traité.

t6 A D M

ADMIRATION. Cet Enthoufiafmc momen- tané, qui élevé & tranfporte Tame à la vue d'une belle adion, ou d*un beau fentiment , eft devenu parmi nous un des grands reflbrts de la Tragédie. Il n'a pas été tout-a-faic inconnu aux anciens: on peut s'ea convaincre par quelques traits du Phi- loftete de Sophocle. Mais ils paroi (Tent en avoir feit peu d'ufage , & lui ont préféré , avec raifon, les deux grands refforts de la Tragédie , la Terreur & la Pitié. C'eft Corneille qui a créé parmi nous ce moyen tragique. Nourri de la ledure de Lu- cain , de Séneque & des Poètes Efpagnols > dans "lefquels on trouve toujours de la grandeur, il a fait de ce fentiment , Tame de Ion Théâtre,, Il entre dans le Cid qui préfère fon honneur à fa Maurefle : dans Cinna 5 une Amiante expofe fon Amant pour venger fon père , un Empe-- reur pardonne à fon aflaffîn qu'il avoir comblé de bienfaits: dans PoIyeuâ:e, une fenjme fe fert du pouvoir qu elle à fur fon Amant ^ pour fau- ver fon mari : dans Hétaclius , deux amis fe difputenr l'honneur d'être fils de Maurice , pour mourir au lieu de régner. Il a même foutcnu des Pièces entières avec ce feul rcffort : tels font Ser- rorius , & fur-tout Nicomede , l'on voit un jeune Prince oppofer une ame inébranlable & calme à l'orgueil defpotique des Romains, à la per- fidie d'une marâtre, & à la foiblefle d'un père qui le craint, & qui eft prêt à le haïr. Le carac- tère de Nicorhede , dit M. de Voltaire , combine avec une intrigue terrible , comme celle des Rodo- gune, auroit cré un chef-d'œuvre. Il paroît que Texempie de Corneille eft trop dangereux pouç

A DM 1^

pouvoir être îmîté. L* Admiration eft un fentîment qui s'épuîfe & qui demande à iGnir. Corneille lai- même, malgré fon génie, n'a pu éviter la lon- gueur dans les Pièces oi\ il a fait , de l'Admiration , la bafe du Tragique. L'adrelTc confifte à combi- ner rAdmiration avec lerelTort de la Terreur & la Pitié. Quand ces trois moyens font réunis en- femble , l'art eft porté à fon comble. Racine fem- ble avoir , à l'exemple des Grecs , négligé d'exciter le fentiment de l'Admiration , excepté dans Ale- xandre, où il imitoit encore Corneille.

Quoique Bajazet fe montre généreux, quoique Iphigénie s'apprête à recevoir la mort avec cou- rage , avec trop de courage , cette générofîté in- dilpenfable dans un Héros de Tragédie , ne fait le fonds d'aucune Pièce de Racine. M, de Voltaire parcît être un de ceux qui ont le mieux connu la puiflànce du fentiment de l'Admiration ; mais il l'a toujours combiné avec un intérêt plus Théâ- tral, f^oyci au cinquième Aâ:e d' Alzire , le retour de Gufinan , qui va pardonner à fon rival & à fon meurtrier. C'eft une beauté du genre admi- ratif ; mais elle feroit beaucoup moins Dramati- que, fi le fonds étoit moins intéreffant. LaSccne du Fanaçifnie Mahomet révèle à Zopire tous fes grands projets , eft une beauté à-peu-prcs du même genre, comme l'entrevue de Pompée & de Sertorius dans la Tragédie de Corneille; mais com- bien celle-ci eft moins Théâtrale ! C'eft qu'elle n'excite que T Admiration fans intérêt, & que ce fentiment ceflè avec la furprife qui l'a produit.

ADR AS TE ^ Tragédie de Ferrîer , t 6So.

Atys , fils de Crœfus , promis par (on père à Erixene^' - Reine de Cilide , fait naitre divers prétextes pour éioi-

tZ A 0 R

gner cette alKance : la véritable ralfim «ilaQ*il efi aiiMif rcux d'une |eune inconnue , qu'il tient K>lgneufement cachée dans un appartement du Palais« Il fait confidence de ÙL paffion â AdraAe , fils du Roi de Phrygie > réfugié à la Cour de Lydie* Adrafte reconnoit dans cette Incoii' nue , Héfione , PrinceiTe Phrygienne > qu'il aime depuis long-tems , & dont il efl aimé. Ces deux Amans con- ^ viennent de feindre aux yeux d'Atis. Quelque peu pé- nétrant <^e fbit ce dernier , il découvre cette intrigue , s'emporte d'abord. Ce plaint qu'on le trahit, & enfin prend des (èntimens plus généreux. Erixene , craignant qu'il ne retombe dans Gl première foiblefie , fait évader Héfioiie.Le Prince, au dételpoîr, demande au Roi la permiffion d'aller combattre un Sanglier qui défble les campagnes de Lydie, Crœfus ne la lui accorde qu'avee peine , & prie Adrafie de veiller lur les jours de Ton fils« Crœfus fe livre à la joie , en apprenant que le monâre a fuccombélous les coups d'Atis : mais un fécond Courrier lui annonce qu'un dard lancé après coup (ur le mondre, a fait perdre la vie à ce Prince : Adra^ vient en(uit& sWouer Auteur de ce crime involontaire ) & en demande châtiment ; mais Crœius Ce contente de l'abandonner à fès remords*

ADRIEN j Tragédie tirée de THipire de VEglifii far Campijlron ^ i^9o«

Campiilron rejette (ùr l'envie & la cabale de quelques rivaux jaloux de gloire , l'indifférence que le Public

. témoigna pour cette Tragédie» Il devoit n'accufer que le froid glaçant de Gl Pièce. Un Poëme Dramatique ne ne fe fbutient point par des traits à demi- exprimés, ni par quelques fituations , heureufes à la vérité , mais mal foutenues ; & des caradères qui n'ont point dq vie*

AGAMEMNONj Tragédie de Boyer ^ i<î8o.

Dans prefque toutes les Tragédies de cet Auteur , l'é-^

' pifbde l'emporte toujours (ùr le fonds ; Sr la plupart de les Aâeurs & de (es Scènes (ont inutiles. Sa Foéfîe efl» en général , dure , chevillée , pleine d'eM>reffions froides ou baffes; & jamais nulle image. Son Dialogue n'expri- me rien de ce qu'il doit dire ; & c'eft un perpétuel galt-* mathias. La plupart de ces défauts difparoiïïènt d^s la .Tragédie à'Agamemnon ; le fujet eft digne de la ScènQ

AGE ±f

Françoîft : il efi conduit paiTablement ; & les Scènes en- trent aflc7 les unes dans les autres. Nul perfonnage épi- (bdiqne n'en interrompt Taôlon. A Tégard de la verfîfi* cation, elle efl claire, & peu chargée d'epithètes inutiles»

AGESILAN DE COLCHOS, Tragi-^Coméiie it RotroUf tirée d'Amadis de Gaule, i6^$,

Sidonie , Reine de Guindaïe , fait répandre parr-tout des portraits de Diane £k fille, & la promet en mariage à celui qui lui apportera la tête de r lorizel Con époux , . dont elle reitt punir l'infidélité. Six Athlètes prétendait à une viâoire qui a déjà coûté beaucoup de (an? , vta braye Extravagant , un Chevalier mal-adroit , un Férail- leu* 8c un Aventurier, viennent égayer la Scène. Agéff- lan \ Roi de Cotchos , ne veut point s'engager qu'il n'ait vu fil Diane cft aufli belle que Ton portrait : il s'intro- duit chez la Reine, Ibus un habit de fille, 8c feus le nom de Daraïde. Sans quitter ce travediiTement , il lui pro- met de la venger de (on infidèle mari. En effet , il livne à cette Princeflè Florizel endormie* La Reine , qui aime .encore (on époux , n'ofc exécuter vengeance : elle veut fc percer d'une épée que Daraïde luia mife dans la main« Florizel la retient ; l'amoUr triomphe ; les deux époux fe réunifient de bonne fois ; Agéfilan reçoit la récom* penfe qu'il a méritée , & époufe Diane.

L'exécution l'emporte fur le deffein de la Pièce. Le caraâère de Diane eft charmant ; celui de la Reine in- téreflè , & fait oublier ce que Con projet peut avoir de révoltant, ^

AGÉSILAS^ Tragédie de Pierre Corneille , j666.

On lit dans Boileau : Tai vu VAgéfilas : hélas ! Cette Epigramme , fi c*en une , eft plus connue que l'Ou- vrage qu'elle attaque. Il y a pourtant, dans cette Pièce , une Scène entre Agéfilas & Lifànder, bien (upérieure aux meilleures Epigrammes.

AGIOTEURS y {les y Comédie en trois Aâlesj en Profe; par Dancourty au Théâtre François , i7io.

L'intrigue des Agioteurs eft peu de chofc : ce fbnf prefque toutes des Scènes détachées ,où paffcnt en rcVUe desDuf>es 8c des Fripons* Trapolin, qui, de Laquais, efl devenu Caiflier , y étale toute la groffiépcté d«$ gewde

|0 A eu

cette cf^èce , & tonte la dureté que Pufiirc & rararJcc peuvent fuggcrer. Il eu lui même dupe par Un fourbe, & retombe dans fon premier état.

'AGNÈS DE CHAILLOT, Parodie en un Meien versi d'Inès de Cafiro , par le Grand & Dominique i àla Foire f Jhr le Théâtre des Itaiiins ^ 1714.

Le fiailly de Chaillot, aiïiflé du Maglfler^ du Bedeau^ du Margiiillier & an Carillonneur, condamne (on fils au Mi(^ iîflipi, & Agnès à la Salpétrierc. Celli-ci vient fe jettef aux pieds du fiailly , lui apprend que Pierrot eu. fon mari. Se raconte comiquement de quelle manière il Teft de- venu. Le Bailly rt*en eil que plus furieux ; mais toute ùt colère fe défarme à la vue de quatre petits enfans qu'on lui amené 9 habillés en enfans-trouvés. Ils lejettént a Ces pieds avec Agnès leur mcre , & Tattendriflcnt ; ce qui , fait dire au fiedeau : voici la Scène des Mouchoirs. Tous les Adcurs tirent de leur poche des ferviettes & des na- pes. Le fiailly ne peut tenir contre le pathétique de cette iituation ; il pardonne à Pierrot qu'il envoyé chercher , & embrafTe Agnès qu'il accepte pour fa bru. Celle-ci fent tout - â - coup des atteintes de douleurs qui fur^ prennent le Bailly ; il croit que e'eft un effet de la ven- geance de femme. Pierrot trouvant fa chère Agnès mourante , veut fc tuer. On lui arrache l'épée ; il Ce ]ette aux pieds d'Agnès , 8c voyant que (es plaintes ne lui font d'aucun fecours y il la fait revenir avec de l'eau de la JReine d'Hongrie,

AGNITION 5 Terme dont fe fervent les Commen- tateurs d'Arîftote, & Corneille lui-même, pour exprimer la Reeonnoiflance. Foyi^ Rêcônnois-

SANCE*

jiGRIPPAi ou le Faux Tiberinûs , Tragédie de Quinault^

Cette Pièce » reliée au Théâtfe , doit cet avantage à ftn quatrième Aâe> un des plus beaux qui aient paru (ur la Scène* La cinquième eft foible ; mais , en général , tout .l'Ouvrage eft intéreffant, & offre des détails qui prouvent qu'un (ujet heureux cfl prcfquc toujours heu- MuCement traité.

A G R ji

JKSRIPPINE ^Tragédie de Cirano de Bergerac^ t^ÎJ-

Le (ujet de cette Tragédie eft la confpi ration de Se- jan, favori de Tibère , contre cet Empereur , dans la- quelle Agrippine entre. Le complot eft découvert , de Séjan convaincu de fon crime , perd la vie, ainfî qu*A- grippine. Ce Drame eft follement conduit, & rempli de vers durs 8c enûésî mais, en des endroits, mâles Se pleins d'images*

AJAXy Tragédie^ Opéra encînq A&esj avec unPTologuei Paroles de Méneffon , Mufique de Bertin ^1716

Les Amours d'Aiax pour Cailàndre, fille de Priam,tr2- verfcs par Corébe, Prince de Thrace, font le (ujet de cette foible Tragédie , dont Diane & Paies form.ent le Prolo- gue.

AJAXi Tragédie^de M. Poinjinet de Sïvry , i7^î»

Le fonds de cette Tragédie eft la difpute entre Uliflc & Ajax,au tiijet des armes d'Achille. L'Auteur y a joint un £pi(bde qui rend Ajax amoureux, de ce Héros eft trâlii par ÛL Maitrefte,

AIMER SANS AVOIR QUI, Comédie de Douvllle^

: Albert, en mourant, laiflè fa femme Kabclle enceinte. Il ordonne , par fon Teftament , que f\ elle accouche d'une fille , cet enfant n'aura que dix mille écus â prendre dans fa fucceftion , & que le fùrplus appartiendra à Oro*- te , frère du Teftateur. Ilabelle met au jour une fiUc : pour lui confcrvcr toute la fucceftion de fbn père , elle fait courir le bruit que c'eft un garçon , & lui donne le jioni de Périandre. Malgré Tes foins, cet enfant meurt au bout de quatre mois : pour réparer cet accident, Ifàbelle lui fubftitue une petite fille du même âge , appeUée Emilie , qu'elle a achetée des Corfaires , & continue à l'élever (bus le même habit, & le nom de Périandre. Les

Ion (èxc, elle lui fait accroire qu'une Demoifcllede (cç Parentes, appellée Célie, quilui refîcmble fort , a beau* coup d'inclination pour lui* Hortence prie Périandre lui ménager une entrevue avec cette chômante perfbn-;

5* AIR

ne. Ce dernier y confent, & fe trouvé au fen^ez-votif ^

fous des habits de fille. Sa beauté ne manque pas de pro*

duire tout l'effet poffible fur Hortence , qui , dès ce uio^

ment , lui offre (on cœur & (a main. Cependant des per«

ibnnes mal-intentionnées lui font entendre que Périandref

le trompe , & que fa prétendue Célie qui fe cache avec

tant de foin , n'efi qu'une Aventurière. Cet avis le jette

dans le déCe(poir ; & £ihs ménager Périandre , il le force

à lui dire quelle eu cette belle qu'il aime depuis fi long-

tems fans la connoître. Périandre ne pouvant plus conti-«

nucr fa rufe , avoue que c'eft elle - même qui , fous le

nom de Célis > eil mariée avec lui. Les éclairciffemens

qu'elle donne ensuite fur fa naiilance , la font reconnol-»

tre pour une fille riche & hontléte , dont les P%rens con^

firment le mariage.

'A I R 9 Chant qu'on adapte aux paroles d'une chan<* ion , ou d*une petite Pièce de Poéfie propre à être chargée ; & par excenfîon Ton appelle air la chanfon même. Dans les Opéra Ton donne le nom d*Airs à tous les chants mefurés, pour les dîftinguer du récitatif, & généralement on ap- pelle Air tout morceau complet de mufique vo- cale ou inftrumentale formant un chant, loit que ce morceau fafTè lui feul une Pièce entière , loir qu'on puifTe le détacher du tout donc il fait partie» & Texccuter féparément.

Si' le fujet ou le chant eft partagé en deux par- ties , TAir s'appelle duo ; £ c'eft en trois , trio, &c.

Saumaife croit que ce mot vient du latin aéra* Les Romains avoient leurs fignes pour le Rythme » ainlî que les Grecs avoient les leurs ; & ces fignes, tirés auflî de leur caraftère numérique, fe nom- inoient non-feulement numerus^ mais encore acra^ c'eft-à-dîre, nombre, ou la marque du nombre. tiumeti y /îo^^i , dit Nonius Marcellus.

Or , quoique ce mot aéra ne fe prît ordinaire-

ment

ALG jj

tnent j3at les Muficiens que pout le ndmtre lîiefupe* cliânt , du mot numerus , 1*0 ri fe fer- Voit à! aéra y pour dcfigiier le chant iTièn\e , d'oâ eft venu le ujot François Air y & lltaliea aria ,pris dans lesnânie fens#

'ALCESTE , Trfl^^iic (i^ /a Grang^rÇhancel , 17QJ*

ta Grange a tout-à-fait dé^guré le fujçt d*Euripi<k| fujet extrêmement touchant, mais qu'il çftdifiRcile d'aC' commoder à notre Théâtre : il çianque un cinquiémi^ A^e^ce Ai^et. Celui laGrangejneÔpasfupportablei on ne fe fait point à voir Hercule rauiençr AÎçcflç de« tnfers ; cela n cft bon qu'à l'Opéra. Ajoutez , que cett« Piçce eA dépourvue de chaleur » 4'intéréts, de cara^è^ tes y &foiblemcflt écrite* : .

ALCESTE 5 ou ls TRioâitHE p'Alcwb , Tragédie'^ Opéra de Quinauit Cf LuVy ,^t6i/^.

On trouve dans cet Ouvrage ^qui çâ le fécond Opérai de QuînauUi^ non ^u burlerquç , mais quçlques $cene$ un peu trop comiques. Xariyalité de Sttaton &,de Lichas^ ç& la Parodie de celle de Licomède & d'AcUnetc. Il en cfl ainfî de quelques autres Çpifodes qui liulfênt au fujefi principal ,. fuiet le plus intéreiTant que l'Auteur ait puj choidr , & qu'à ces défauts près > il a fupérieuremenÇ |raicé. Ses Fçrlbnnagcs fbuticnnent leur caradère j & ls| tçndrcfle courageuse d'Alcefte ne peut être comparée qu*â I4 génçDO/îté d'Alcidc.

'^£Cfi5T£, Parodie de f Opéra âeQaînault ^ pdrDorriini^.

que 6* Romagnejy ^ auxltalUns^^y^Jt^» " " . . !

Alcide tfinoigne l'empi^effcnicnt qu*il a de hâter fîi^

èéiprkTt , pour n'être p^ témoin du bonheui' d^Àdmète gui

▼a épouler Alceftc qu'il adore. Licomède oTàonnb à Stra^

ton fen cotifidçnt , de i)répater la fête qu*il Veut dôhnéf

atix^ouveaux mariés. (urftftyaifTcau. Ses Matelots daii^

fent; Akeffe errrive ,'con'duitt ]pârÀidde & paf Admitei

Licomède fait tomber i^dniètç dans l'eau. Le Vaiïïcaii

pwtrAlccfle & Tes fils crient au fecpurs. A^^nète fe dé-

çat 5 en criant au guet. Thétis paroii dans une çonq>,'q

j^arinç. Ce peu de mots (ufifit pour montrai de quelle;

manieriï & fvir quel ^tôn 051 a^traYç(lirOpéra de Quinauit^

Tome J. C

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34 ALC

AI.CESTE > Ttagiàieie Boify , 1717;

L'Autçur introduit un Grand Prêtre- fcélérat^quî âôiine^ pour tel, & qui fait horreur fans exciter les grands ttionvemens tragiques. C'cfilui qui a corrompu TOraclc; f ai:«*là, tout rintérétqttt- règne dans la Tragédie Grecqufe cjft détruit; on ne retrouve pljisxies Tableaux fi fîmples., fi touchans , cette Alceile G fidejle , û tendre , prête i périr pour ïbn mari , embrafTant fts eniàns qui lui ten- dent les bras & pieùrent avec elle. La Tragédie de Boifly n'eft qu'une Parodie grofïière du Poète Athéniea. On ne doit pas être Hirpris de chute rapide , & du pro- ïfond oubli elle éftcnTcvelie. Elle mérite d'y refterà jamais. Nul îtitérêt , nulle chaleur , nulle adion , nul iJialbgue ,' des crimes inutiles , une Poèfîe a la glace , iquclques^Mpiétés énoncées en mauvais vers , telles qu'ofi en foufFre da^s nos Tragédies modernes , une copie dé- figurée du Mathan de Racjnq , dçs Prédirions mena^an- iceè ,' mal" iniitécs de celles du Grand-Prêtre d'CEdipe.

ALCEStE VPîéce en uii Aâe^far M. de Saint-Foix , i Toc tafiçri-de la Convdefcèncè de feu M. le Dauphin ,17^2, V La Gloire & le Génie de 1^ Thcflalie, ouvrent la pre- mière Scène. La Gloire eil de la plus grande gaieté; elle vient d'affliger, de dé(c(pérer f Epvie. Pour achever de la poufïet à bout, elle lui a fait envifaçer tout ce qui diflinguc ^ avantageulement la Capitale aela ThefTalîc, âës autres Capitales. Le Génie , qui prévoit que rEnvic doit être irritée, craint quelque. événement. Cette crainte ii'efl pas vaine ; car l'Envie larfce }in dard empoifonné ço&tre le Palais d*Admète ; une- vapeur empeftée s'éiuve Se porte dans lefcin ce Prince le poifbn le plus mor- tel. On n'pfe approcher de ce Palais défàfireux ; maïs rien ne peut enipêcher Alcefie jd'y pénétrer. Elle y eft conduite par l'Amour caché 'fbiis la forme d*un Mage, Alors la vapeur le diflîpe , les çif|s de la douleur- ceflènt;. on voit Admète 6c Alccftequiie donnent la main , ,& la Glojure qui pofè la courjopnefiir la. tête d' Alcefie. .,

ALClBiADE^Tra^édiè'dèCamf\fironjie%i.

Sirien n'eft moms foridé quç le reproche fait à Cam- piftron , d'avoir copié dans Ton Alcihiaâe , des vers entiers du Thémiflçcle de Durier^ Yicn auffi n'eft plus vrai <^ue pour le fonds du fujerâc des £tuation$ ^ ces deux^

*v

A L C jj

^agédîcs ont entr'cUes beaucoup de f eftemblaliée. Cm* Tune & dans l'autre , un Général Athénien , exilé de fa Patrie , réfugie à la C#ur de Perle , & devient amou- reux d'une PrincefTe du Sang Royal. Il eft aimé d'une autre PrincefTe qui le protège d'abord , Se enfuite lui eil contraire. Le Roi l'invite â prendre le commandement ^e l'armée qu'il fait marcher contre la Grèce , &c. Mais il le fonds efl le même dans les deux Pièces , quelle dif^ férence dans les détails ! Quelle vivacité d'intérêt ré- pandue dans le quatrième & cinquième Ades! Ce Héros y efl peint avec toutes les qualités que lui donne l'Hifloi- ïc« Artaxcrxès , tout occupe de fa gloire Se de celle de . fes États , agit & parle en grand Roi & çn bon Politique. L'expolîtion que lui fait Alcibiade , des forces; de l'in- telligence > du courage , de rintrépidité des Athéniens »' cft un difcours bien touchant, fur-tout dans la bouche d'un Profcrit. 11 y a peut-être un peu trop d*art 4ans Ta- moût de Palmis & d'Arthémife pour ce Général; mais cette Pièce , pleine de fîtuatrons heureufes y offre â la fois la peinture des Moeurs Grecques & Petfannes , & un grand Tableau des guerres pafTé es entre les deuxf Peus pics. Quelques maximes trop communes, quelques Ion-», gueurs dans les détails, déparent un peu toutes ces bèa\i«. tés»

ALCIBÎADE 9 Comédie en troh AâeSy en Vers^àt Philippe Poi£on , fir^c des Amours des Grands-Hommes, Roma/t

de ^adAmeieVilleàieux^7\^>

Il y a dans cette Comédie plufîeurs traits -d'e (prît ,' qui l'ont fait goûter. Il faut avouer néanmoins que VKvi^ teur a fait de fon Alcibiade un Pctit-Màîtt'c , de Socraté "un ennuyeux Pédant , de la jeune Ecoliete ae Socratè une innocente qui n'a rien appris à cette étolç ; & de femme Aftrologue , chatgée par Socrate même de la con- duite de fon Ecoliete , une femme très -impertinente èi très-folle. D'ailleurs, il manque à la Pièce deux chofçsj, la conduite 8L la vrai(emblance*

AtClDE, ou LE TRIOMPHE d' HERCULE , Tragédie'' Op^ra, ave<: un Prologue-; far Campijirtm^ Mufique de Lully fis &* de Marais ^ 1^93.

Lajaloufie & les fureurs de Péjanife ^ la [violence i'Hcrcule , les'airarmefc & la tendreffe d'Yole , le défcf-

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» i.

j5 A L C

poîr de Phrloâètç , mettent beaucoup de dlver/ît^ daiis les ca'radères; mais en général , le genre lyrique n'étoit pas celui de M. de Campiârtyi.

'ALCIDIANEi ou Lts Quatre Rivaux ^ Tragi-Qh

' médie àe Desfontaines ~^\ 6^1*

Alcidîane , nièce d'Anaxajtidre « ftoi de la Gaule-Nar« bonnoilê , efl aimée de Périmène 9 d'Hermodante & cfe Philiflre , Princes de la Cour d'Anaxandrc , & de Ther- fandre , Prince étranger. Ce dernier qui fc voit méprifô d'Alcidiahe , fait déguifèr (es Gens en Maures qui fei- gîient de vouloir enlever cette FrincefTe : il paroît en- fuite dans le moment^ & les met en fuite Tandis qu*ii les pourluit , ou qu'il eft fait le femblant , arrive Péri- mène, à qui Alcidiane fait le récit du prétendu fèrviee de Ther(andre« Périmène ne prend point le change , Se fc "doute de la fiipcrcherie de fon Rival : eo effet, XotC" que ce dernier reparoit , il le traite très-mal , & veut l'obliger à mettre l'épcc à la main. Therfandrc refu(e le combat & s'enfuit honteufement. Eftfùite il £c travcP fît; & en prcfence des trois autres Amans d' Alcidiane , il veut poigha'rder cette PrincefTe. Périmène s'évanouit *y Hctïnodante détourne le coup, & Philiâe pourfùit Thcr- iàndre & le ïuë. Chacun de ces Rivaux prétend avoir mérité la main de la PrincefTe. Ils préfentent devant Anaxandre , & plaident chacun leur caufe. Le Roi fe dé- cide en faveur de Périmène ,^-cofl(ble Hermodantc, en l'unifiant à fa fœur ; PhUifire époufe Ormonde , Princeflè des Voliques» *

'ALCWONIS j ou LA Journée LACiDÉAfONiMNN s i Drame en trois Aêies^en Profe^ avec des Intermèdes , par un Anonyme , aux Franfois , 4 77 j* ; îGlicerie , veuve & Efclave d'un Philofbphc, efl aimée d'Alcidonis; elle veut employer le peu de bien- qu'elle lient de fbn mari défunt, pwr racheter fon père del'eP» clavage; mais' on ne veut lui accorder liberté ^ qu'à condition qu'elle fe rendra Efclave à fa place. Gliceric ne balance pas de fkcriiier fbn amoiir pour Alcidonis, êc ia liberté même pour tirer fon père de la fèrvitudc, Cette adion généreufc touche la Maîtrefîè de Gliceric> qui lui doiuiç h Ubcfté /& lui fait é]^oui£r fon Amante

A LE J7:

'41'CINE'i TragéHe-Opéra , avec un Prologue y Vi» Danchet y Mulique de uampra , i7oî»

ta Gloire & le Tenxs forment le Prologue : le fu]tt de la Pièce eft qu'Alcine , fameufc Enchanterefle, eftamoa- fculi d*Aftolphe , Paladin , fils d'Othon, Roi d'Angle- terre , qui aime Mélaiûe. Cet Opéra n'a point encorç éié repris.

ALCIONE , Tf^gidie-Opéra > catec an Prologue , par la Moue Mirais y 170e.

Le Prologue eft formé par Apollon , w les Mufes & le Dieu du Mont Tmole. Le fùjct de la Pièce eft tiré des Fables X. & Xi. des Métantorphofes. La T«mpête de cet Opéra, eft un excellent m,orceau de Mufique,

ALClONÉEyOuCoMBAT vePHonveur mvtVA/nolSRy Tragédie de Duryer » 1^59»

Alcionée , Favori du Roi de Lydie ^ devient amnourêuK de la fille de ce Roi* Sur le refus que ce dernier fait de la lui accorder en mariage ^ Akionée £6 révolte , 8c con« traint ce Prince à lui promettre la main de (bn Atâatrte* Cette Pièce ne| (butient, ni par fintrigue , ni par les événemens , mais par les (euls (entimens du coeur. Le rôle d' Alcionée eft beau & intéreflknt ;on n'en peut pas dire autant de ceux du Roi & de la PrincefTe. Le pre- mier n*a ni noble iïV, ni fermeté. Le fecond eft plutôt celui d'une Pir owieiiée entèrée de fès titres , q^« d'une PrincefTe qui fbutient la gkic^ de Con rang. A Pégard des deux Courtifatts j ces caraâères font (i méprifalHes ^ que c'efl. faire grafcç à l' Auteur ^ que de Us paflcr fous^ filence.

ALEXANDRE , Tragédie de Racine y iC66^

Alexandre parut a peme , qu'il fcmbla produire^ fiir^ la Scène Francoife , les mêmes monvemens que Héros avoit autrefois excités dSins l'Inde i on Padmtroit ^ on le combattoît en même temst» Onr trouToit Porus plus grand que €on Vainqueur ; voilà le grand repro- che ; il a été généralement adopté : cependant , à exami- ner la chofe de près, la vidoire remportée car ce Prince,^ & ridée qu*Epneftion , Tàxilc & Porus lui-même don- nent d'AlcxanârCj le rendfent plus grand que fbn eçk-^

Ciii

u.

jS ALI

M'INE i REINE J>iGOLCONDE > Baîkt -Héroïque en trois ennéss , par iW. Sidaine , Mufique de M. Monfignj y

Le (ùjct de cet Opéra, efl tiré du Conte très connu de M. le Chevalier de BoufBers : voici le fonds du Poème dcM, Sédaine, détaillé par lui même. Saint-Phar, Gen- tilhomme François > à peine adolefcent , rencontre Tin- ^oçc;itc Aline d<ins un Vallon au lever de T Aurore, Se voir i s*aimer , fe le aire , ne fm pour ce )oli couple que TafFaire d'un inftant. Saint-Phar , forcé de quitter Bergère , lui donna un anneau d'or y qu'il la pria de côn- ièrver toute fa vie Quelques années après, par un de ces événemens qui n'ont pas befoin de preuves , Aline devînt Reine de Golconde , le c«ur toujours occupé fon premier amour. Elle fit arranger dans (on Parc, un lieu femblable à celui elle avoit cçnnu Saint-Phar. Par un événenâent peut-être auflî fîngulier , Saint-Phar cjuitte la France , palTe dans les Indes , & eil nommé Ambaflàdeur vers la Reine de Golconde. Il en eft recon- nu; Aline (c pféfènte* à lui , habillée en Bergère ; & ils s'aiment comme le premier iour. L'Hiftoire ne dît pas que Saint-Phar monta (ur le Trône de Golconde ; mais Aline a fait pour Saint-Phar , cçl qu'Angélique a fait pour Médor,

ALLÉGORIE, fipre de Rhétorique. L'Allégorie n'eft autre choie qu une Métaphore continuée , qui fert de comparaifon pour donner à entendre une chofe qu on n'exprime point. On fent com- bien cette figure eft froide au Théâtre les Ac- teurs doivent prefque toujours être dans une fitua-

' lion violente, qui ne leur permet que des Méta- phores vives & rapides. On trouve ce défaut dans plufieurs des dernières Pièces de^orneille. Foji^^ Personnagbs Allégoriques,

ALLUSION. Ce mot vient i\x Verbe Latin alludere_y qui fignifie jouer. Les AUufions font froidçs au Théâtre > parce quelles ne peuvent

•Al'-L •>*-

guères être liées au nœud delà Pièce. Ce n*eft que^ de la converfatioii , ce n'eft que d|s refpfit, & toute beauté étrangère eft un défaut. Il étdit or- dinaire, avant Corneille, de trouver dans les Pièces de Théâtre dés Ail ufions à la. Fable & à FHiftoire.

Cependant un Auteur intelligent peut quelque- fois faire entrer dans la Conicdie des traies que le Spedateur s'applique ; il peut y rappeller des ridi- cules en vogue , des vices domijians î, des cvéne- mens publics 5 mais <iiue csefoît 'comme fans; y penfer : fi Ton remarque fdn but , il le manque ; il celîè de dialoguer , il prêche* C'étoit un grand Arc de Molière : la Diflèrtation du Maître de Langues dans le Bourgeois Gentilhomme fur la manière de prononcer chaque lettre , étoitjune Allufipn con- tinuelle à un Line ridicule qui parut alors fur ce fujet.

Quand on fait de ces Allufîons i il fiiut que le comique puiflè furvivre au fouvenir^de la chaffe fur laquelle TAllufion portoit ; comme il eft arrivé ce trait du Bourgeois Gentilhomme , qui: fait tou- jours rire , quoiqile perfoiine^nè fonge aii ridicule- qui y a. donné lieu. . ,

Il y a encore une forte d'Allufons frccpien- tes datis les Comédies. G'eft lorfqii'un Perfoa-' nage rappelle, en riant , un vers corniu. Plufieiirs Fats , dans les Comédies , difent à leurs Rivai]pip ,je vouslaiflfe: * ^

Les Amans, malheureux cherchent la (ôlûu4e« . /

j ' ' - *

c ,

Il faut tâcher , autant qu'il eft poflîble, que PAU lufion foit comique , comme ce que dit CIçou aa fuiet de Chloc ;

40 iAtU

Si }e n'aî pas |rlus loin pouffé -c^tlb ^softipiê^jfe ; La faute en eft aux Dieux qui la firent u bête»

Par Allufion à ce vers d'un Opéra : La faute «n 'aux Dieux qui la firem û belle.

Ces AHufîons étant fré<qu€n«ees dans -h Société , font quelquefois très-agréables dans làComcdie a qiri eft la peinture de fe Société,

^AtMANACHSy ( Us ) Comédie eri^un A6le , en vers , ù^ en profe « par Façran , au Théâtre Italien r^^^-

On y per(^nifîe TAimanach de Cour , TAlmanach de Liège ^ rAlnianacK des Dames , &c L'Àlmanachidu Diable reflc dans Tanti-chambre ; mais on lui a dérobé quelques feuillets , Ton trouve, entr'awtres chofes » ces quatre vers , encore applicables à notre tems^ plus Iju^on ne fçauroit croire*

, Quelques Autéur^s nouveaux

Ont le T:oeur défiiîtéTrfTé ; - Catcils^tfavaillcnt pour la gftoire Des bons Auteurs du tems pafTé. '

Uintrigue de cette Gotnédie n'a nulle Traift'mblance X l'Auteur ne paroït pas même l'avoir beaucoup ohercKéc, On voit que (bn dcffein n'étoit que de faii« une critique Ingénieufe & plaifànte ;il a réuiS*

'4LMASIS,^ voyez les. fRÀQMENS^

^LPHRÉDE V Comédie en dnç Aêies , en vers , 'de Jtiattau^ i6;4.

Ceû un Roman peu vriifçmHablç f Mlle 'PiéacîcœttrQ les régies du Théâtre^ un fujet rempli d'intsigues .& \irt chef-d'œuvre de (cntiniens. Avant que de voir Al^

HhrédiC' trioïnphcr ^ par fcs éharmes Se par ion adrcffe , des infidélités da parjure Rodolphe , il faut la futvfe dans trois combats -i elle paroît en Chevalier de Roman ; dany-fe prilbn chez les M^iures elle retrouve fa fa-^ 'mille ; & aux portes de Londres*, ^elfe fait, épotrfcr à Acafte Ion frère, Ifkbelle , qui lui a ravi le cœur de Rodolphe. Tout IcTeile cfft ttn-labjrtinthed'incidenSïOÙ Ton (c perd fouvcn y & dans lequel on-s^égare~^quclquc-« fois avec plgifîr^

A L2 4t

14LZIRE ^ tm tts AMiRicAifiS'i Tr^AKe ie M* ie Vol- taire^ I7î^«

Cette Tragédie , liNiR genre neuf, oflfrc un «mtrsifle frappant des cnonirs de rEorope , ini(ès en oppofîtioa avec celles de l'Amérique : ce s fortes de parallèles pro- duifent toujours un grand eflPet (ûr ta Scène. De toutes les Tragédies de rAuteur > Alzirc cft une de celles qui doivent le plus tourner au profit de Thumanité; mérite <îuî caradérifc prcique tous les Ouvrages de M, de Voltaire* .

\ALZlRETfE , 'Parodie en un Aêîefyen Vaudevilles , âe la Tr^Sie d'Attiré , par Px>ntcau (r Parmentier, à la Foire Saint-Germain 9 173^.

Les Auteurs ont parodié la Tragédie prc(qac Scène par Scène, & ont travefti feulement Jcs noms & la^ua* iitédes principaux Perfônnages* Alvarès & Gufinan (ont deux Braconniers qui s'emparent des biens de MonbUi- fc ( Montés ) , Maigrefort ( Zamor ) > Amant d'Al7Î- Tctte ( Alzire ) , & rival de Gpurmand , po^^ ft vengée de ce dernier , Tinvite à un grand repas , & le fait man^ gcr avec tant d'excès » qu'il eft prêt à mourir d'indigcP- tion, F/aDiéde perfonifiéc vient au lecoursde Gourmand, & promet de le guérir dans peu : en attendant, on exécute un divértiïTement qui termine la Parodie.

AMADIS DE GAULE ^ Tragédie-Opéra de Quinadt; Mufique de Luliy , 1^84.

Antadis , fik de Périofl^ Roi -des -Gaules ^ aime Orîanc , fille d'un Roi de la Grande-BretigHe* Floreilan , frère naturel d'Amadis, aime Corifande , fouverainé de Gra- •vcrande. Ces amours principales & épifodiques, traver-i lees par des jaloufies & dçs enpbantcmens , foht le fiijet de ce Poème. Ce fut Louis XIV ciui le ddnna a Quinault. -Xe lïruit courut que ce Pocte ètoit erobarrafTé pour dûÇ "hm aux ordres du Monarque , & peu de gens ignorent le Madrigal qui cxifts à ce fttjet.

;ÀMADIS DE GRÈCE, Tragédie^pira, avecm¥rol(H %ue% pcarUi Mott^ ^ Mujiqwe 4e- Débuches y ?f 99.

Un Enchanteur & une EnchantercfTe font^lc Prologue: la Pièce roule fur les ajtnours d'Amadis de Grèce , & <fc îJîqùéô, Sllc du Soudan de Thebcs„, ttjiYtarfts. par /k

41 A M A

Prince Je Thrace , amant de Niquée , & par les cnchan* tcxnens de MélifTè , amante d'Amadls. Mais une autre Enchanterefîè , tante de Niquée , fait triompher les deux Amans » dont un heureux hymen couronne les feux*

'AMALAZONJE y Tragédie àe Quinault ^ 1697,

Cette Reine des Gots 9 après avoir condamné THéodat à la mort, cft inilruitc de fon innocence , & Tépoufe. Theudion^ père de Théddat ,& Régent des Etats d*Ama- lazonte , égale la fermeté des Brutus & des Manlius , & hâte le fûpplice de fon fils , qu'il croit coupable. Ce même fiijet, traité par différons Auteurs , a fourni de bonnes Çcènes ; & julqu'à prélent > pas une bonne Tra- gédie.

AMALAZONTE , Tragédie de M. de Chimene, 1754- Cette Pièce eft de pure invention; on y voit un fcé- lérat qui a fait périr fbn Roi, dans refpérance d'époulcr la Reine & de fe faire couronner. Il accu(e de ce parricide un Prince vertueux, que la Reine devoit afib- cier à (a Couronne ; & voyant qu'en plein Confeil la. Reine s'étoit déclarée pour ce Rival , îl mit le Grand- Prêtre dans Tes intérêts ; & (es foupçons contre le Prince ic renouvellent. : Amalazonie ed au défèfpoir d'être obligée de punir un homme qu^elle aime & qu'elle croit vertueux ; mais un complice de la mort du Roi paroît à la Cour , & donne des preuves fi claires de l'innocence du Prince faultcment accufé , .qu'elle; paroît dans tout (on jour ; & la Pièce £nit par le châtiment du coupable.

AMANS ASSORTIS SANS LE AVOIR ; ( les) Co- médie en trois Aâes^ en vers , par Gujot de Merville , aux. Italiens y i7\6.

peux amis , dont l'un efi père d'un garçon , &: l'autre id'une fille , forment la réfolution de marier ces jeunes

fens enfemble , lor(qu*ils auront atteint l'âge convena- le. DifFérens accidens font perdre ces enfans;ils ie retrouvent par hazard dans le même lieu , & deviennent ..amoureux l'un de l'autre ; enfin ils (ont reconnus de. leurs pères qui accompliffent ce qu'ils avoient projette à leur fujct.

'AMANS DÉGUISÉS , ( /«) Comédie en trois Aâcs , m PTof$ , jouéç aux François ^ iriSt

A M A 41

Cette Coinédîc , qui n'eut d*abord que quatre reprë- fcntations , mais qui fut reprife etiHiite avec quelque fuccès , parut fous le nom du Cheralier de Doue ; mais on croit qu'elle eft de TAbbé Âunillon.

'AMANS BROUILLÉS t (les) ou la Mère CoqyETTB, Comédie en trois Aâes , en vers^ par Vifé^ i66^, Voye^ la Mère Coqc/bttb.

Quand on accorderolt a Vifé l'invention du fùjet de la Mère Coquette , il n'en mcriteroit guèrcs plus de gloire ^ puifqu'il n'en a fait ulage que pour en compoier une Comédie trifte , mal verfîfiée , & dont les Perfbnnages Intcreilent peu. C'efl cependant» en général, le même plan , la même conduite 8c les mêmes Aâeurs de la Comédie de Quinault : difbns mieux , la Comédie de Quinault eft toute femblable à celle de Vifé ; mais elle eil d'un Maître , & l'autre efi celle d'un écolier. Voje^ AkiEquiN Balourd,

AMANS DU VILLAGE^, (les) Opéra- Comique tun A6le j mêlé éC Ariettes , par Riccoboni y mufique de Bamhini > aux Italiens , I7<^4»

Deux jeunes Villageois s'aiment & ft recherchent : une femme, déjà d'un certain âge, aime le jeune homme , 8c un homme déjà vieux aime la jeune fille : de-là mille obftacles aux amours de ces jeunes gens. Tout cepen>- dant s'arrange , de manière que Thomme 8c la femme ibnt obligés de confentir à l'union de cette jeunefTe , 8c ^ propoient eux-mêmes mutuellement de s'époufer.

AMANS EMBARRASSÉS j( les ) Opéra-Comique en un Aôîe^ par Carolety à la Foire Saint-Germain^ 17^9*

Valere , OiScier zSkz mal pourvu des biens de la fortune > amoureux d'Angélique , & a le bonheur d'en être aimé* Orante , riche Bourgeois , père d'Angélique » compte la marier au fils d'un riche Négociant du Pérou , appelle Poudre cTor^ qùi,.fuivant une lettre d'avis qu'il a reçue le matin , doit arriver le jour même» Plein de cette idée , il croit que Valere qu'il (urptend avec Angé- lique , cil l'époux attendu , 8c conféquemment il lui ./ait pluiîeurs queilions qui embarranent fort les deux Amans, Us s'imaginent. jJ'î^bQjd ju-OrAntc- veut glai-?

N

44 A M A

ûmter ; leur embarras augmente à l'arrivée d'un Notaire qoi dreifc le contrat, le feiit iîgner, & lorfque tout cfl conclu, Nérîne. Suivante d'Angélique , apprend à Oran- tt que Valcre & le prétendu Négociant du Pérou ne font qu'un, Se aue la lettre qui lui a été rendue le matin , eft nn itratagéme qu^'elie a inventé* Le bon^ homme s'appaife fans peine , & la Pièce finit par un divertiflèment.

'AMANS JALOUX , ( 2ei ) Comédie en trois ASes , en profe » attribuée à le. Sage , aux Italiens , 1735*

Aramime, mère d* Angélique^ a promis fille au vieux Damis* Cléante , fils de Damis , aime Angélique , Ôc et> cil aimé. H eft donc qucfHon d'empéchcr le mariage do fan pcrc; & c'cft par les Coins de l'Olive, fon Valet , <|u*il efpere d'y réuffir. Aramiate n'a donné la préférence ZB vieisx Danns dir Con fils , qu'à cau^e de fès richeflès* Un jeune Amant , qui feroit auffi riche , obtiendrolt ai* liment la préférejice. On engage le riche Erafie, ami de Cléante , a feindre de l'amour pour Angélique , afin d'éloigner le vieil Amant. Cléante , qui ne fçàit rien de cette feinte , conçoit une extrême jaloufîe contre fort ami» Lftcîle , amante d'Eraftc , qui apprend que ce der^, »ier aime Angélique , en c& également furieufè ; mais iq>rès bien de reiiâ>arras , on en vient aux explications ; & toujours par les foins de i' Olive ,]cs choCes arrivent au point , que le vieux Damis coBifent que fbn fils époufe Angélique ; & un fécond hymen unit Lucile avec Eraûe.

'AMANS IGNORANSy (les) Comédie en trois Aâcsy en - F^ofe y par Autreau , aux Italiens ,4710- _^

Figurez-vous leHoman de Daphnis & Chloé, mis en aâioii avec tous les agtémens du Dialogue, & vous aurez. WÊC idée de ia Cornue des Amans ignerans^ On a re- proché à rAutcur du Drame , d'avoir trop imité l' Auteur dtt Roman. On auroit voulu ^u'Arfbquin rcffemblât moins à Daphnis , de Nina à Chloé. Mais fi cette confor- mité 6tc au Poëte le mérite de l'invention , elle donne aux dcwx principaux c6lcs, toutes les grâces du plus charmant naturel. Les diverti^mcàs^i omeat cette Pièce , ont encore contribué 1 fotf iîicocs i mais elle pou^ v<Kt péuffir ûcis ces or&emens* l

A M A 4f

AMAKS inquiets , (les) Parodie en trou ASes , en i^audevilles ^ de l'Opéra de Thètis fr PeUe , par M* Favart , aux Italiens ^ 175 »•

Colin , jeune Berger , fait connaître les âllarmes que lui donne Ton amour pour Tonton , dans lequel 11 a pour rival M. de la Dune , Entrepreneur des Cocbes d'eau f* qui doit donner une fête à ù Maîtredc. Tontod redouble Tes inquiétudes, en lui apprenant qu^elte c& encore aimée du Seigneur du Village ; mais elle le raf* jTure par les fermens d'un amour confiant : elle éprouve ^e fon coté des inquiétudes fur la fidélité de G>n Amant , iîir laquelle on lui fait naître des doutes. Mais après diYei*fcs contrariétés , les deux Amans , long temps tra- * ver(es, s'époufent enfin, du confèntement même de leurs ennemis*

AMANS MAGNIFIQUES y (les) Comédie tnmqAâes^ * en Proje 9 de Molierey avec des Iruermédes dont la mufique ejl delLuUyy i6fù

Louis XIV donna le fujet de cette Pièce i MqHerc^ qui Te^écuta à la hâte. Elles n'eftpas fans beautés ; mais il faut fe tranfporter aux lieux & dans les circoDâsAces» d'où ces beautés tirent leur prix.

AMANS MALHEUREUX y {les) ou le Comte vk Co/u/niNGSSy Drame en trois ASes^en f^ers y par Mm d* Arnaud 9 17^4-

Le Roman intitulé leComte de CcMnmInges, a fourni le fujet de ce Drameintéreffiint. L'Amour avoit lié , dès le berceau , le Comte de Comminges & Adélaïde. . Les divisons de leurs parcns avoient écarté l'hymen prêt à les unir. Privé de toxit ce qu'il adore , le Comte s'eft

^ retiré à la Trappe , il a pris l'habit religieux & le nom de Frère Arsène. Il y pafle cinq ans aans les ri-

fueurs de la Pénitence , combattant fans ccfle l'amour ont il eft dévoré : il ouvre fon cœur au Père Abbé , verfe iès douleurs dans fbn fein y en reçoit les confblations fu- blimes & touchantes que promet la Philofophie & que donne la Religion. Parmi les Religieux avec lesquels il vit , il en diftxnçue un qui fc "nomme Enthime : le cha- grin dans lequel ce dernier efl plongé , fcmble attirât Ion cœur , trop malheureux pour n'être pas fenfîble. Le Frère Enthime , entraîné par uniaourcfflcnt fembl^leV

4^ A M A

fuit les pas du Comte de Gommînges i pleufe ; gélrtil devant lui > & cherche â Ja foulagcr dans fes travaux tous deux enchaînés par la régie , obfcrvcnt le filencè le plus rigoureux. Cet Enthime efi Adélaïde même, que Comminges croit morte , & qui^ libre par la mort de fort époux, cherchant par-tout fon Amant, venue à la Trappe pour demander de (es nouvelles à un ami qui faiibit demeure près de cette Abbaye , avoit reconnu la voix de Comminges parmi celles des Religieux qui chantoicnt an Chœur* C'eft en mourant » couchée fur la paille & iur la cendre , qu'elle fait cette Hifloire.

AMANS RÉUNIS^ {les) Comédie en trois ASes, en Profe<t de Beauchamp $ aux Italiens , 1727.

Valere , Amant de Léonor , apprend que Gl Maîtrefîe n'efiplus chez fes parens ; qu'ils l'ont remife à un homme qui Ta emmenée dans voiture. Il ne doute point que cet homme ne (bit un- rival ; & cette penféc le défef^ père.. Mais cette Léonor , qu'on croit de baflè naiflance , fc trouve être la fille de celui qui Ta emmenée. Cet homme eft l'ami du perc de Valere ; & comme cet Amant ignore ce qu'eft devenue Maîtreflè , il ft livre à des inquiétudes qui fe terminent , enfin , par des éclaircifTe- mens , 8c par un mariage.

AMANS SANS LE SÇAVOIR , (les) Comédie en trois Acies , en Profe , par Madame la A/arquife de Saint^Cha" mont y aux François j 1771.

Le Marquis de Sainville , fils du Comte d'Auray , eft dans la douce habitude de voir Henriette , nièce de la Comteffe d'Auray , qui a pris foin de Ton éducation. La ComtefTe lui apprend l'établifîcment qu'elle a projette entre fa coufîne & le Chevalier de Candeufè, fils d'une Préfîdentc fbn amie. Ce mariage paroît devoir faire bonheur d'Henriettermais elle n'a aucune inclination pour le Chevalier ; & elle éprouve beaucoup de peine à fe iépa- rer de Sainville. Le Marquis intéreffe fbn père , qui pïai* fante d'abord; mais qui confent enfîiiteà travailler à fbn bonheur. La mère ne peut fe réfbudre à manquer de parole à fon amie ; mais le Marquis épris , fans s'en douter , de la plus forte paffion , eft fîirprîs par Candcufe aux ge- noux d'Henriette, La Préfîdeixte vienç ejie-même rcn^

A M A 47

Arc à la Comtcïïc (on engagement ; 8c SaînvUIe & Hen- riette , Amans fans Ufavoir , deviennent heureux époux.

AMANS TROMPÉS ,(les) Opéra-Comique ^ en un Aâe , mêlé â* Ariettes Italiennes ^ par MM, Anfeaumc 0* Mot- coui-ille j àla Foire Saint- Laurent , 1 75^.

Quatre Perfbnnages composent toute l'intrigue de cette Pièce. Dorante a fait élever Emilie , jeune personne , pauvre de biens, mais riche en attraits. Il prétend Tépou- fcr & lui faire ainfi part de £à fortune* Un neveu de Dorante , intérefTé à rompre ce mariage , s'en repo(è fur Crifpin fon Valet. Celui-ci gagne , par prélcns Se par prbmefTès,la Soubrette d'Enàihe. L'un & l'autre s'oc- cupent des moyens de brouiller les deux Amans. Crifpin fe déguife , & veut en conter à Emilie qui le rebute. Fi- nette veut fomenter la jaloufic de Dorante qui l'écoute» Il prétend rompre avec Emilie , & mettre Finette à (k . place. Crifpin, qui a des vues lùr elle, en prend om« brage; les deux fourbes fe brouillent; la trahi(ôn découvre , & les Amans fe réconcilient.

'AMANT AUTEUR ET VALET ^ (F) Comédie en m Aéie , en Profey par Cérou, aux Italiens j 1718,

Eraflc, jeune homme de famille , qui cultive les Let- tres , cil amoureux de Lucinde y jeune veuve ; mais la timidité l'ayant empêché de fe découvrir ,iln'aimagmé d'autres moyens , que de Ce mettre i fbn fcrvice , pour -jouit du plai/îr de la voir plus fbuvent. Il y a aulli intro- rduit , avec lui y Frontin (on Valet : celui-ci vient lui apprendre que Mondor fbn oncle « çH arrivé du Canada. Erafle en efl d'autant plus a.fHigé , qu'il reconnoit dans cet oncle un rival , qui prefTe Lucinde , fa Maîtreflc , d'accepter main , avec une fortune confîdérable. Un autre fujet de crainte l'agite encore : il a laifTé des vers fur la toilette de Lucinae, qui veut abfblument fayoir de qui ils font» Mondor arrive 8c efl accule de les avoir faits. U s*en défend; en protellant qu'il n'a jamais fait que des Lettres de chan-g^. Il lit ces vers tout à rebours; ce qui fait £>uâ[rir Erafle de les voir ainfî eflropier ; il les prend 8c les lit lui-même avec beaucoup d'expre^ion. Mondor avoue , par complaifance , qu'il faut bien qu'ils ibientde lui, puÛque Lucinde le veut abfblument; maïs il la|>tie ^ cA.fbrti^t , de faire plus attention â (kproCc ,

4l . A A^ A

9ui cft plus (bnorc que les vers, lucindc coîifulte fW

fçns (ur I0 mariage que cet Amant fiiranné lui propolc*^ Iraile, pour l'en difluader , employé beaucoup plus adlo- quence qu'un Valet n*a coutume d'en aVotr. Lucinde fçait ^

£ar ce moyen , à quoi s*en tenir fur le chapitre des vers.* ifttte qui devient amoureufc d'Erafte , & Frontin qui compofè les Mémoires de la vie, tandis qu*£rafle corrigo les épreuves d*un Roman , produifent des fituatîens comi- ques. À la fin en découvre la naiilknce d'Eraâe ; ^ Lu- cinde , touchée de Tes fentimens ^ne met plus d'obâaclc à Ibn bonheur. ;

AMANT DtCUlSJÈ , ( T ) Pttrùiie de Vettumne , âer- nier Aile de Wféra i$s Élémens , par' M. l*Érêque de Cf iivelle^ awx Italiens, i7S4»

Le jeune Daphnis , frère de Juiline , efi amoureux de Ja Bergère Thémire. Celle-ci ignore cet amour, parc« que le^erger n*a pas encore ofé le lui déclarer. U fçait que fa fq^ur çil la confidente de fa MaîtreiTè : pour favoir furement s'il en efl aimé , il f^ dcguife fous les habits de Jufiinc y & vient trouver fa Bergère. Thémire çoniîe à la faufTe Jufline qu'elle aime Daphnis^ mais que es Berger ignore encore fon bonheur, A cet inftant Daphnî* fc fait connohre. iThémire fe fâche d'abord de cette rufc^ mais elle la lui pardonne ; ces deux Amans (epro* mettent d'être toujours fidèles , même après leur mariage*

AMANT DÉGUISÉ , {/') ou lu jAjimNnR svp^ fo$i , . Comédie en un A9e , en Vers i mtlée tTArietter , par Mf Fctvati > m^fique de M^ Philidor , aux ItaUeus ,

L'E^piégle Jiilie , ét^^tit à la caâipagne , fe déguile etr Robin, |>our fouflraire à i'çrrnui dont une foule de iots Amans l'okféde. U fe préfettte une occafion d'exer-f cer (a gaieté au3; dépens d'une Madame de Marfiliane ^ vieille fpUc» très^^pr^fée de fe remarier avec le frer© de Julie. Celle-ci profitant de fen dégùlfemcnt, pro- jette de faire l'amour à la place de fon frère. Cette Mar9 dame de Marfillaiie a açieaé avec elle fa fiUe Lucile^ dont Clitandre eft amouteux. Pour fe procurer la facilita de la voir 5 Clitandre s'eft auflS déguifée en garçon Jar*t dinier ; nouveau fujet d'anuifèment pour Julie 9 qui j^it lie foa ciobM W î car U fe déj^e à çhaj^^e qus^m ^uloti

AU A 4,

lui fait fîir le farcGnage. La nuit eff âes j^Ius obfcures ; Lucile Inquiette , fe met à la fenêtre pour exhaler (es tendres plaintes, Clltandre , qui ed aux aguets , s'appro- che doucement du balcon ; Se Julie Ce cache pour les écouter. Lucile reproche â Clltandre (on Imprudence » & lui , de ion côté, î'acculè de vouloir épou(èr le RobIn« Julie j contrefaisant la voix de Madame de MarfîUane f apprend â Clltandre qu'elle veut elle-même répou(èr« lÂicilc la conjure de n'en rien £ilre, & descend pour fe jetter a fès genoux. Pendant ce temps*là y Julie fe retire à l'écart ; & la véritable Madame de Marfîllane arclve^ .& voit les deux Amans à (es pieds. Elle ne (çait joe qu'ils veulent dire l'un & l'autre enfin) Julie reparoit.^ fait connoitre Clltandre , auquel Madame de Mar£Hane accorde fille. Elle figne le contrat ; Se Julie , qui (e fait enfin connoitre elle-même, lui apprend que (ôm frère doit suriver bientôt , pour la dédommager < de ces

λetites (upercherles. On l'annonce en effet; & la noces orme le diverdflèment qui termine la Piécç*, .

jtMANT DE LUI-MEME, (P) ComédU en unAâei en Profci par M, J. 7. Rouffèau^ au^^Frai^^is^.j^szé Valere , Amant d'Angéllqne, éà idolâtré oe & figpre^ fait fa toilette comme une rçmme , met dii rouge^ & des mouches, &n'efl occupé continuellement que' de, lui-"; même Se de fa parure. Lucinde ,' (a (ôeur , pour le cor^ figer de ce ridicule , imagine faire faire le portrait de (on frère, & de le repféfèfitèr (bus des habits de fem-n me. Angélique a de la peine à fe prêter à cette plaî(ànw terie , qui pourra indI(po(cr fon Amant contr'élle , fit peut (bupçonner qu'elle y a eu quelque part. Lucinde (c charge donc (èulc défaire inettte Ifc^Oftrait (ur la toî-(

- Ictte de (on frère. A riiiïpeâion de ceT'ablttau , Vaflere efi enchanté , croyant que c'efl quelque Beauté dt la iVille qui le recherche Se lui fkit ce cadeau^ ne doutant casque toutes celles qui le tei^ront, ne deviennent aifiou-

pour lui faire -rechetther avec empréfïeihci chytt dont , aux dépens d'Angélique , il eil devenu éper** duement amoureux. Il découvre enfin le tour qu'on lui a Joué; il en t& bûqi^ié|^ aTOU<:L qu'oli l'a ^éxi d'uu Tçmc I. - - jj

yo A M' A

ridicule qui falfbit la honte de ta jcurieflc ; maïs qu'il prouvera: déformais à chère Angélique , que quand on aime bien , on ne (bnge plus à loi-même.

AMANT DE SA FEMME, [V^ Comédie en un ASe;

eri Vers j par Dorimont y 1661.

Eéandre , mari de Climène, devient amoureux d*une

- Dame mafquée qu'il trouve dans la maifon de Califle ^

jeune coquette aimée de Lucidoi^. La paillon de Léan-

cire eft vive 9 que dès la première entrevue il jure à

fott inconnue un amour éternel ,* Se malgré les rcpréfen-

, *: tations de (on valet Scapin , promet oc lui apporter la

! bague de femme , qui vaut quatre cent pilloles, Cli-

-i mené (car c'eû elle-même qui s'eUdéguifée pouréprou-

' ver {on mari , ) n'a pas plutôt reçu la bague , qu'elle fc

démarque. Léàndre, fort fiirp ris , fe jette aux genoux

. de^CIimène; lui demande pardon , Se rejette faute fur

Teffct d'une (ympathie quile porte à l'aimer, même fans

; «laf'COnrtoiître» Climène veut bien fatisfaire de cette

cxcufe<f &x:et éclaircifTement fert à dcfabufer Lucidor^

qu a lui 1 invention de cette petite ' djiê. L'intriffùe en eft /îhiple , mais fpirituelle, Lafont * ~ s'eô fervi'<Ei même fujêt pour compolcr ion Ade de la Femme , dans fon Ballet lyrique des Fêtes de Thalie ; Se BoifH, dansfa Comédie ûtï^ Rivale d'elle-même ^ n'a " lâit, a peu de chofes près, <jue mettre en Profc la Comé- die de Dorimont,

l'AMAHT (NDISCRET] ( T ) ou le 'MaItrb Étourdi i ; Comédie en cinq Ailes , en Vers , de Quinault j i ^ j . î On peut ren^arquer dans cette'Piéce beaucoup de rap- .^ pqrt ayec l-Ét^ardi. de Molière. Les réles de Lélie -Sa de ^ Slafcarille 5 dans ce dernier , fèmblent avoir été calqués

fur ceux de Cléandre & de Philipiâ , dans la Pièce de

. Quinault. Il eft également quel^on ici de deux Rivaux

^ qui fe difputent la même Maîttefîè ; mais dans Molière »

il ne s'agit que de duper uti Patron avare ; & dans' Qui?

nault , c efi une Mère que l'on trpitipe.

-'AMANT LIBÉRAL^ (T) Comédie en cinq Aâtes^ enVe'rsi

de Scudérj i >^^^. i ' iUA^ant libéral eA une Traduâion de Cervantes > &

A M A 51

une Intrigue véritablement Efpagnole. LéoflKç t& cf* clave en Turquie , & les charmes y ravifTent tous les - cœurs, Juifs , Turcs , Siciliens , libres y enclaves , tous font fbumis à la première vue. On prévoit combien il fera difficile de l'arracher à cette foule d'Adorateurs. La gloire en eft réservée à Léandre , qui , après n'avoir pu la (auver au prix de fa fortune , de (a liberté , de vie même , qu'il offroit en Amant libéral , en vient à bouf par valeur. 11 tue les Turcs (es rivaux , & conduit Iréonife dans une forterefTe occupée par dés Chrétiens^ On trouve dans cette Pièce un cahos d'intrigues & d'in-^ cidens , avec des Scènes afiez intéreflàntes. Léandre c& le cpnfident de fon Maître , devenu £bn rival. Léonife eflS chargée de faire à Léandre une déclaration d'amouc au nom de fa Maîtreflè. Ce double incident donne lieu â i'évafîon de cette belle captive , à celle de (on père 8c

de deux Siciliens , qui , par une fuite d'évenemens fbu-i vent fans vraifcmblancc , fènt tous enclaves d'un vieux Cady. La Pièce finit par un trait auffi généreux que fîn^

"~ gulier. Léandre dfït^ fk Maîtrefle à Pamphilê , dontlesr richeffes avoient emporté autrefois une juôe préférence r

. il ajoute même àce facrifice , don de tous Cts I>iens« Léonife répond à cette offre en Héroïne , & demande^ qu*Qn lui rende fes fers ; mais Pamphile fengnce â 'les

- droits^ & le Pcre fe fert de. tous les fîens pour cour onnet

, un Amant fi généreux. Guérin fiouCcal a traité le même fuiet (pus le;naê;ne tïtreV

AMANT MUSICIEN, ( f ) Op^a-Comiâue enuhAaei avec undivertijjèméntj fàtIfànaTày à la' Boire ^Sdlnt^ Laurent 9 i73î» " ' '

Léandre , Capitaine de Dragon s , s'efl introduit auprès dlfàbelle , nièce de JVUdame Clinquant, Marchande de bijoux , en qualité de Maître de Mufîque , & (bus le nom

: ,de M; Béfafî. Par malheur, la tante qui aflîfte fouvcnt aux leçons de ce prétendu Maître , en devenu amoureufè, Av dénouement , le pcre de LéancLre & cejùî dlfàbelle ,

. ;^i^ui ont conclu eiitr'eux le mariage de ces deux Amanss

n, lansieur participation , arrivent: oh reconnoît alors» le £iux Maître de Mufique. La tante fort, très-mortifiée

i iie(àmépri(c; & la Pfèçe finît par le mariage' Léandre ^ d'Ifabelle, fuivî d^undîvçrtiftcwçnt,,^ d'un' Vàudeîïlc»

f

ji - - A M A

\aMANT PROTHÉE , ( r y Comedie en trois ÂSes J en Vers libres j par Romagnéjy , aux Italiens , 1719.

Orphiic^ jeutie veuve > i^^Q, retirée dans une de (es Terres, Elk cfl recherchée par un Ga(con , un Angiois y Ml NarnKMid , & le fils du Seigneur voifîn. Celui-ci ^ four fair€ enrager fès rivaux , imagine de les contrefaire écvdiA Orphife-, & de les charger de tout le ridicule attribue au caradèrc nationnal de chacun. Orphife , jlnt truite par £à Suivante, de fbn âratagême, le dél^fpere dians le troiEome r61e, qui cfi celui de T Angiois» Elle £iiit par lui dire qu'elle va (k choifir un époux parmi les trois |(reniicrs« Elle les fait venir , leur dit qu'elle a

p€rdu ^VLt Ibn.bien par un procès ; mais qu'elle a aïTez

* bonne opinion de leur^énéroïïté , pour ïe perdiader que <^ révénementjic changera rien â leur façon de penfcr.

. Ces M^ffieurs ne veulent plus entendre parler de marîa- : £©• Vaieçc jperfiAe avec plus d'ardeur. Touchée û . ^énérofité ^ Orphife lai apprend qoe ce ftratagême n'étoit ; . qu'u» nioyen de réprouver , & de le débarraflcr de les

'AMAm. QUI m FLATTE POINT, ( F ) Comédie en cinciAàes , efi Vers , -par Mauterache-y ié6B,

Lutrèce aime fêcreftemcnt Ariftc]: Anftlihe > (bu pete » veut lui faire époufer un Géraftb , nouvelkment débar- qué de Nâiites , Se qu'elle ~n''aime point. Elle ^rôpofc à ion Amant de fe présenter à (cm père , ibus le nom de 6é- xafie. Cette ruJCe^occaâanne des débats entre les dei^x

. !ÏUTaux qui Ce difpment ce lidni ,& jette bonhomme Anîclme , qui ne les a vu ni l'uîi ni rautf e i dans le plus

..' ^and embarras. Mais l'arrivée de Uïîdan, pcre d*AriC te , fait connoîtrt le vrai Gérafte , détermine An(clme en faveur de fon fils , & la Pièce finit , plus à la (àtisfkc-i^ tipn des Personnages , qu'à celle des Speâateurs* Ce Gçrafte eft un homme grofficr , incivil , qui dit à tout le monde , à (a Maîtreffe même , des vérités dures 8tof- fenfantcs ; ce qui a fait intituler cette* Comédie , VAhmnt qui ne flatte -point. Cette intrigue eft d'aîMenrs très-cohi-

mune, & ce même Gérafte, qu'on avdît d'ahord fait

.\ irtrutai, montre une douceur cxceflive , lorlqu^ a le plus de raison de s'emportçr contre un fourbe qi^i lui difputc jufqu^i Ton J&gm,

A M A Si

AMANT RIDICULE , ( i* ) Comédie en un ASie, en Ven , par Bois-Robert y i^iÇ»

Le lâche Alonce , fur le point d'époufêr Ifabclk » dont il amoureux , apprend que û»Majtreflè a un penchant lècret peut les sens qui ont de la valeur» Pouf lui prou- ver la fîenne , il propofè àLéandre fbn coufîn de feindre un combat avec lui, âr de ^ laifTer déiarmer. Pendant ce cohibat (uFvient liabelle : L^ndre qni l'aime & qui en aimé , ne veut point paflèr pour vn lâche « de pouSe vive- »ent fbnadverfaire, qui craignant la. fin du combat» avoue (àpoltronerte & u>n firatagême*.

AMANT STATUE , ( f ) Opèra-Comique > en un ASe ^âvec des Ariettes , par M. Guichari , Mujique de de LuJJèy àlaFoireSaint'LawÊentyiff^'.

Une vieille Fée (prefquè toutes le £mt > a pafle tme partie de fbn tems à élever à la brochette u& jeune homme & une jeune fille. A2or , en âge de rendre des (bins y reçoit la première leçon d^amour de fa Bonne , qui trouve en lui un cœur prématuré, dont toutes les avan« ces (ont en £iveur de la jeune Almirc. La Vieille veut de Tamour ; l'autre ne lui offire que du refpeâ. Grande )aloufîe , & la jalouiîe a les yeux très-ouverts. En peu de tems , nos deux ensuis font dirpris dans ces effuuons de cœur qui Ce (èment fi bien, qui finiiiènt û-tàu La Baguette ioue fbn rôle , & voilà l'amoureux Azor changé en Satue. Une jeune Chloé « bonne amie d'Almire , fbupçonnée de ne venir que pour partager les douleurs & les lar- mes de fa camarade. Point du tout; c'eâ l'Amour lui- même qui rend la vie au naort « & kiilè la tencbeflè à la VieiUe.

AMANT SUPPOSÉ , (l'y ou lk Miroir y Oféra-^ Comique en un Aâe 9 tiré £une Ivoire de Dufiejhy , avec un divertijfement & des Vaudevilles > par Panard y à la Foire Saint-Laurent y 17 jp.

Damis, amoureux de Lucîle , fille de Madame Arguante» craignant un refus , fait la demande de cette fille > au nom d*un de lès amis* Sa proportion eft acceptée par la mère ; mais Lucile % à qui elle en fait part , n'cft pas contente » 8c répond qu'elle ne Cçauroît (e .rcfbudre à fe féparer de & W^^^ L% yérinabJlç iiyUcn de Con éloigne^

j4 A M A

- ment pour la conclufîon de ce mariage i c*cft qu'elle t pris du goût pour Damis. Ce dernier , qui s'en eft apper- eu, en reiïcnt une fatisfadion extrême ; & dans une longue convcrfation . qu'il a avec Lucile , lorfqu'il la prelle de s'expliquer , elle lui remet une boete, en iui difànt qu'il y verra le portrait du Chevalier à qui elle a engagé (on cœur. Damis ouvre I4 boëte » & s'y voit re- piefenté dans la glace qu'elle renferme: il fe jette avec tranfport aux pieds de fa MaîtrelTe , & lui avoue Cçn Uratagcme. Madame Argante , qui fùrvient dans ce mo- ment, confent au mariage des deux Amans, que l'on célèbre par une fête que Damis a eu la précaution d'or- dçnner.

'AMANTE AMANT, ( V ) Comédie en cinq Aâes , ^n Profe i de Campijhoiij 1684.

Campîftron a conftamment défàvoué cette Comédie , parce qu'il la tfouvoit mal honnête : il règne en effet dans la Pièce un air de liberté , qui va juiqu'à l'indé- cence. L'Auteur la compofa pour confbler une Adricc qui , par une querelle de Comédiens , n'avoit pu jouer un rôle d'homme dans la Femme Juge 8c Partie. Cette Adrice étoit la Raiiin qu'il aimoit ; il fît pour elle le rôle d'Angélique , habillée en homme. Elle fe piquoit d'avoir la jambe belle; c'étoit pour la faire briller.

AMANTE CAPRICIEUSE , ( f ) Comédie en trois ASes ,

- en VerSi par Jolyy aux Italiens , lyid».

Clitandre aime Orphife , malgré tous Tes caprices ; il en eflaimé ; & elle lui a promis dp i'époufer: mais elle fe repent bientôt de fa promcfTe , & lui fait dire de ne plus penfcr à ce mariage. On confeille à Clitandre de cefTer de la voir pendant quelque tems, pour éprouver, par cette abfence , s'il efl aimé. Il a beaucoup de répu- gnance à y confentir; il s'y réfbut néanmoins; & Orphife, qui le fbupçonne d'inconflance , l'envoyé chercher. La brouillerie & le raccommodement fe fùivent de près; notre Capricieufè promet de nouveau de I'époufer , & fe retrade encore ; & de caprice en caprice , ils arrivent au point de Çgi^er enfin le contrat. Tous ces caprices font pas afiez variés ; & l'on peut reprocher à l' Auteur 4*avotr rçnfermé £qa aâion 4an$ un cercle trop étroit.

A M A 55

AMANTE ROMANESQUE , ( Om la Ca?ricirusb^ Comédie en trois Aâes % en Profe ^ avec un Prologue ^ par Autreau^ aux Italiens , 171^*

Mario , Amant de Silvia , entre au {èrvîce de (a Mai- trcfle en qualité de femme de chambre. Ce déguifcment fait toute Tintrigue , 8c les caprices de Silvia amènent le dénouement. Ces deux caraftcres font foutenus & variés. Un petit Opéra Bachique vient égayer le premier Aàe ; le fécond efl Hiivi d*ùnc Paflorafe rcpréfentét dans une Foire de Village. La Pièce efl terminée par la réception d'un Chevalier dans l'Ordre du Thirfe , inflitué à l'hon-j neur de l'Amour & de Bacchu»*.

»

AMASIS y Tragédie de la Grange -Chancel y irori.

Après THéraclius du grand Corneille , nous n'avons point de Pièce mieux intriguée ; mais clic eft fort au" deffôus de la Mérope de M. de Voltaire : c'eft le même fttjet (bus des noms difFérens. La première e& une produc- tion de l'art, & la féconde eflla belle nature; L'intérêt fe détruit dansAmafîs, à fbrcc d'être compliqué. Il y a beaucoup de Situations contre la vraisemblance ; toutes cependant (ont amenées avec une entente quî fait hon- neur au Poète. Cette Tragédie a toujours excité de grands mouvemens au Théâtre : jufqu'à Mérope , elle avoit joui d^une réputation brillante ; mais M. de Voltaire a fait voir qu'une adion fîmple , qui fe développe par dégrés êc (ans fatigue , doit l'emporter fut une intrigue de jfto- man , ourles hlu (ont entafTés ainfî que les Situations , pour amonceler les coups de Théâtre , je puis parler ain/î. Ces fortes de Drames réuSTifTent aux yeux de la multitude ^mais le temps & les connoiflTeurs leur mar- quent leur véritable place. Ama/îs efè jugé en dernier refîbrt comme une Tragédie pleine d'art & d'cfprit , mais réléguée dans le (econd ordre.

AMATEUR y (T) Comédie en unASt^ eu Vers^ par M.

Barthe > 17^4»

" Damon, père de Confiance-, veut -marier (Âflllé à Va- Icre, jeune homme qui arrive d'Italie , il a pris une

{^ajQSon violente pour les Arts. La.Peinture , laSculpcure , 'Architedure l'occupent uniquement. Il jouit d'une fon- (uue QonfidérablC) doiit il ufe. généreufement en faveur

'f6 A'MA

des Artiftes. Damon, ^ui £àns doute n*a pas le in^me goût y prépare uiic leçon, à fon gcnd^ ftitur. H fait faine une ftatuc qui repréfcntc les traits de fa fille , de la vend à Valcrc pour une ftatue antique, Yalere,t»ut çonnoiC- feur qu'il fe croit, donne dans le piège. U place kô^ifcc ^ans rbn appartement ; & en voyant Confiance y il s^ap-

ferçoit enfin du tour qu'on lui a }oué. Il le pardonne à )amon en faveur des charmes de Confiance ^ ^'il do- mande en mariage, 8c qu'il obtient.

'AMAZONES y lies) Tragédie de Madame du Boccage »

Orithie, Reine des Amazones, avoît vaincu les Scythes ; Théfée les avoit fuivis à la guerre , & avoir été vaincir avec eux. On le prend,on l'emmené captif àia Cour de la Reine. U s'étoit laifîe enflammer par les charmes de la PrincefTe Antiepe : la Reine fe laiue prendre ,, pout luî^> de l'amour le plus violent. C'étoic une loi , parmi la lAmazones , d'immoler leurs Captifs au Dieu Maxs*: . ménalippe* leur Général, vouLoit qu'on hâtâx ce facrif- £ce ; mais la viâime étoit trop chère , pour qu'oa ne trouvât pas des raifons de le différer» Cependant Orithie ^'apperçpit qu'Antiope cfi rivale; elle en témoigjie fon chagrin a ThéISe , & Hir l'aveu que celui-ci lui lu£ de fon amour pour la Princeile , elle ne cherche plus à 5'oppo(er à mort. On dilpore à obéir à la loi ; on élève un bûcher ; on conduit le Captif dans l'endroit du iupplice ; mais une armée d'Athéniens vient aufiitot l'en .délivrer. Théfée fe met à leur tête , défait l'armée des Amazones , & entre viâorieux dans le Palais de la Reine. Orithie ne peut fùrvivre au double affiront de voir Ces feux mal reçus , & Rivale heureufe : elle laiife £bn Trône à Ménalippe ^ fe donne la mort 9 & Théfée épouie Antiope,

AMAZONES MODERNES^ (les) Comédie en trois Aâes y en Profe , avec des divertijfemens 9 par le Grand tr Fujelier^ Mufique de Quinault y au Théâtre Fran-- fois, 1717^

Des amourettes trop multipliées font languir ccttç Comédie. Une foule d'Amans qui cherchent leurs Maî- treifes ju^ues dansl'Ifle des Amazones, âc qui fe rendent

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ntahresr de Tlfle » en font le fujet. Les détails Ant froids ^ êc^ taaSffté la multitude des rôles de femmes, on nV trouve ni agrément ni variété. Toutes les Scènes fe ret- femblent , parce qu^elles roulent toutes fiir le même prvot) de n'ofBrent pre(^ jamais que la même idée.

AMBKiU-COMIQUE , (D ou les Amours db Diuon iT b^EhèEj Tragédie de Mon^urj, en trois A^Sy miîée d* Intermèdes Comiouesy dont chacun rem- firme un fi^et fépxré. Ces Jujets font le Nouveau Marié , Don Paf^uin d*Avalos y & le Semblable à fi>i-méme »

I>ansle pfemier, M. Viiaki, nom fignificatif) sefulê de donner à nouvelle épouft , & à ceux que Con ma- riage a raflêmblés , le divertiflèment d'une Comédie j 8c prend de-là oeea£en de faire la critique de ces (brtes d'amufèmens ; mai^ Ton beait-pere lui amené une troupe dte Comédiens , ft la Pièce commence. Cet Aâre efl done plutôt vtit Prologue , qu'un Intermède.

Une Soubrette qui prend la place de fa Maitreflë poui recevoir un époux firtur qui ne la connoit pas, des dis- cours libres « une groflêfle mppofée , un projet de mariage» tel eâ^ le fonds du uxond Intermède, intitulé Don Pafquin d^Avalos.

Le SemUaHe à foi^mime ferme le titre du dernier. Certain Bailly de Village (c propose d'épou(èr Lucie ^ nièce de Thibaut. Il a pour rival Cléante , Srpour s'éclair- cir de ce qui paiïè chez ùl MaîtreiTê , il Hippotè un Voyage, 8c reparoit aulfitôt/lbus le nom de (on frère. Il eft logé chez Thibaut ; mais ce qu'il y voit , le fiiit renon- cer au projet d'épou(èr Lucie. Ces petites Pièces ofiPrent quelques Scènes amuiàntes; & la dernière, un tiffix aiTes ingénieux. f

AMBIGU-COMIQUE ,( r } Opéra-Comique en un Aêle^ par Fufelieri d la Foire Saint-Germain ^ i7if«

Cette Pièce commence par une Scçne entre l'Entre- preneur de rOpéra-Comique , & la Foire per(bnîfiée« Le premier lui fait des reproches lur ce qu*elle Ta pres- que abandonné : la Foire lui fait entendre qu'elle attend une Troupe que la Folie doit lui envoyer , & qu'elle cf- jere > par ce fc^^ours , lui faire gagner beau^u; d argents

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La Troupe promife arrive ; elle e(! compofec d'un Boffu i d'un Bègue, d'Arlequin en fille, & d'un vieux Danfcur, La Foire chafTe tous ces Adeurs contrefaits , & ne retient que la fille fur ce qu'elle dit qu'elle cft propre à jouer toutes fortes de r61es , foit en homme , foit en femme y & qu'ejle fçait jouer mçme le roie d'Arlequin, La Folie vient joindre la Foire. Celle-ci la querelle fur ce qu'elle lui a envoyé une troupe d'Adcurs prelque tous contre- faits : elle lui reproche aufli d'avoir donné à la Comédie Françoi(c une Pièce qui naturellement de voit appar- tenir à la Foire, La Folie lui fait entendre qu'elle ne doit pas être fâchée des Adeurs qu'elle lui a envoyés , & qui font prefque les mêmes qu'elle a donnés à la Coméaie Françoife ; car , dit la Folie , que (eroit devenue la Pièce de ïlfi'promptu de la Folie » fans le fecours d'un Nazil- lard, d un Bredouilleur , & d'un Arlequin-femelle i En- fin la Foire & la Folie fe raccommodent eniemblc : cette dernière confèille à l'autre de n'avoir plus de ran- cune contre fès voifins les Comédiens François.

AMBIGU DE LA FOLIE^ ir)ou le Ballet des Din- Dons i Parodie des Indes Galantes , en quatre Adies en Vaudevilles , avec un Prologue , far M, Favart y d la. Foire Saint- Laurent y 1743.

La Folie déclare qu'elle prétend tenir la place de Thalie au Théâtre de l'Opéra-Comique , & qu'en cpn- féquence elle veut faire quelque chofc qui (bit digne d'elle. Un Calotin lui confeille de parodier le Ballet dès Indes Galantes. La Folie & Suite fortent pour exécuter ce projet. Cette Parodie n'eft que la répétition comique du Ballet , l'Auteur n'ayant pas même voulu changer les noms des Perfbnnages.

AMBITIEUX (T) et V INDISCRETE y Tr agi-Comé- die en cinq Aâles , en Vers , de Defiouches y jouée par les Comédiens François , fans avoir été affichée , en 1737.

L'ambition efl une de ces paflions qui demandent les couleurs de Melpomène ; la tranfportcr fur le Théâtre de l'Italie , c'eft la dénaturer & l'expofer à Ce montrer fous des traits froids 8c inanimés. Le perfbnnage de rindi(crete efl tout-à-fait déplacé , & ne va point du tout à coié de celui de l'Ambitieux. Le rôle de Doxn

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, Philippe , premier Minière du Roi de CafilUei effi affec- tueux 8c touchant ; il contrafte bien arec celui de Dont Fernaiid, (on frère , qui cft rAmbitieux. Les combats de ce dernier , entre Tamour & l'ambition ^ font intcref- fàns ; mais ils (croient beaucoup mieux placés dans une Tragédie , & pourroient être plus animés & plus étendus» La dernière Scène du troi/îeme Ade, entre Dom Fer- nand & Dona Clarice , eu traitée ^vec beaucoup d'art & de génie : dans celle du quatrième Ade , entre le Roi & (on premier Miniftre , on voit le Tableau (àtisfai(ant d'un honnéte-homme , qui n'abu(è point de (a place , & qui (acrifie Tes intérêts & (a vanité » à (on devoir 8c à (on Maître. Le dénouement eft heureux: onvoudroit néan- moins que Dom Philippe eût (bllicité auprès du Roi la graçe de (on frère. Quoique cette Pièce (bit médiocre ^ elle ed remplie de beaux traits 8c de Vers qui méritent ' d'être retenus, "

AMBITION. Cette paflîon ayant été pour plufieurs hommes une fource de vertus, de crimes & de malheurs , eft devenue un reflbrt digne de la Tragédie : mais pour être vraiment Théâtrale » elle a befoin de fe propofer les plus grands objets. Un ambitieux qui n*a que de petits motife , eft indigne de paroitre fur la Scène Tragique. Félix , qui dans Polyeufte, n^afpire qu à une plus grande »veur auprès de fon Maître , & qui , pour Tobte- nir, exige une bafTeflfe de faillie-, Prufîas, qui ne fouhaite que de régner précairement fous l'autorité des Romains à qui il eft prêt de facrifier fon fils ^ NarcifTe, qui trahit le fils de fon bienfai- teur pout être le premier flatteur de Néron , ré- voltent par leur bafleflè , & ce dernier rôle feroic prefqu auffi infupportable que les deux autres , fans la fupériorité de l'exécution , & fans la pro- fonde connoiflance du cœur humain qui règne dans la Scène NarcilTç engage de nouveau Nc^^

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ron , dans le deâein d'empoifonner Britannicus ; Scène qui contient une des plus belles leçons qu on ait jamais données aux Rois.

On s'eft plaint , & peut-être avec quelque rai- fon , que l'Ambition d'Agrippine n'ctoit pas aflez grande pour être Dramatique. Plufieurs perfonnei sembarraDTent très-peu quAgrippine ait ou n*âit pas le premier crédit dans Rome. Cette critique » peut-être trop fcvère , fert au moins à faire voir combien l'importance des intérêts eft ncceflaire au Théâtre. Foyeicdle deCéfar dansRoME Sauvée. C*eft bien l'Ambition d'un Héros.

Ma haine pour Catoir, ma fîère jaloufîe Des lauriers dont Pompée eft couvert en Afîe » Le crédit , les honneurs , Téclat de Cicévon y Ne m'ont déterminé qu*à Hirpaffer leur nom. Sur les rives du Rhin , de la Seine & du Tage La TÎâoire m'appelle , & voilà mon partage ; J'ignore mon deftin ; mais fi j'étois un jour Forcé par les Romains de régner à mon tour « Avant ^e d'obtenir une tefle vidoire. J'étendrai , fi je puis y leur Empire & leur gloire ; Je ferai digne d'eux , & je veux ^ue leurs ^rs D'eux-mêmes re(peâés, de lauriers foient couverts*.

Voye[ fur-tout celle de Mahomet.

Je fîiis ambitieux , tout homme l'eft, (ans doute ; Mais jamais Roi ^ Pontife ou Chef, pu Citoyen Ne conçut un deiTein auffi grand que le mien. Ne me reproche point de tromper ma Patrie j Je détruis fa foibîeile & fon idolâtrie , Sous un Roi , fous un Dieu y je viens la réunir ; Et pour la rendre iiluftre , il la faut afTervir.

Si la texture de votre Ouvrage vous oblige de donner de r Ambition à un perfonnage fubalterne, qu*au moins cette Ambition foit forcenée , qu'elle s*indigne des obftacles qu oti lui oppofe , des mé-^

AUB £i

ttagemens qu'elle doit garder; Ecoutez Aflur dans Sémiramis.

Chagrin toujours cuUànt , honte toujours nouvelle ; Quoi ! ma gloire , mon rang, mon defUn dépend d'elle ! Quoi ! j'aurai fait mourir & Ninus 8c Ion "fils , Pour ramper le premier tlevant Sémiramis , «

Pour languir dans Téclat d'une illudre difgracc « Près du Thr6ne du monde , à la féconde place I

Voyez quelle prudence & quelle fuite il a mis - dans les projets. S'il a été oblige d'employer de

1>etits moyens , voyez comme tout eft relevé ^ar a beauté du ftyle & par la profonde connoiflànce du cœur humain , que ce Poète attribue au per* ibnnage.

.iii

C'eft en vaîn que flattant VorgVidl de fts app^S , J*avois cru chaque jour ppen£r-e fiir ûjcundîi Cet heureux afcenaant que les ibins, la ixnrplefict L'attention , le tems ^ lavent fi bien donner Sur un cœur fans deilèin , facile à gouverner*

Si vous donnée de J'anfouf à un Ambfei&ux.,' foilgez que cet amour doit s'énoncer autrement que celui d'un jeune "Prince paflionné. Voyez comme Acomai parle à Atalide dans Bajazçt, Ppli* fonte à Mérope, AÎSur à Azemat.

On murmure , & déjà Bab^lonc r ; /•

Demande à haute voix un héritier du Thrône; Ce mot en dit afTez , vous.cPimoifliz mes droits y Ce n'efi point à TAmour à nous donner des Rois» Non qu*â tant de bea\^tès ^ ition ame inacceflîble »

' Se 'fait'xme vertu de pàroître ii¥fenfîble ;

Mâts pour vous Se pour moi j'àurois trop à rougir ,'

;' Si le fort de TEtat dépendoit d*ùn feupirv * J^ puis vous étonner: cet auflère kngage' EffaroucTie aifément les gea^d? ^c'^^iïé âge.

(1 . A ^^

. Mais Je parle aux Héros, aux Rois dont vous fortezj; A tous ces demi-Dieux que vous reprélentez»

Plus TAmbition aura fait commettre de crimes auperfonnage, plus il faudra les couvrir d*un voile de grandeur. C eft ce qui rend le rôle de Cléopatre fi attachant»

Thrône , à t'abandonner Je ne puis confèntir ; p2LT un ^oup de tonnerre il vaut mieux en ibrtîr ; iTombe iiir moi le Ciel , pourvu que je me venge.

Voilà ce qui vous fait voir avec un plaifir mêlé d*horreur, une femme que l'on ne ppurroît fouf- frîr, fi elle n'exprimoit pas fes fentimens avec cette énergie;

Quoique TAmbition foit un reffbrt Tragique , peut-être plus puiflànt que l'Admiration, il paroît trcs-dangereux d'en faire la bafe d'une Tragédie ; mais combiné avec la Terreur & la Pitié , il peut obtenir les plus grands efïèts. Rodogune Se Maho- met peuvent être lia preuve de cette vérité.

'^^MÉLÏE^Tràgi'Comédiede'Rotrottj 16^60 ^

L'Amour prend iq une face toute nouvelle. Captif fous Tautorité d*ua pere , conduit par une confidente /adroite, ■& devenu plus fort par les difficultés qu*on lut cppofe , il triomphe de tous les obftacles par une fuite bien ménagée , & on» oblige le père d'Amélie de con- lèntir à Thymen de £11. Cette Pièce cù. froide , mais d'ailleurs aiTez bien conduite ; fes incidens (ont liés au fonds du iîijet , plus naturellement que dans la plupart des Comédies de Rôtrou*

'jiMÉNOPHlS , Tragédie de M. Saurïn^ 17^0. 1 ~ '

Amafîs 9\q[te Hi^ révolte, fait périr Aprlè^, Souve- rain de Memphiç , & s'empare de la CourQnne. Il fait cnHilte la guerre à Menés , Roi d'Hécatompylç ^ qui avoit donné uft.afylq dans fes Etats.au Prince Amenopnis, hé- ritier Ugitim^wduj&çptrç enlevé par rulurpateun Menés livre bataille; efi vaincu , & fait prisonnier. Arthéïïs , (9

AMÊ tfj

fille & Amante d'Aménophis , ne pouvant obtenir la li- berté de (on perc , qu'en acceptant Amafis pour époux , fàcrifie le penchant de £bn cœur , & confent a donner fk main au Tyran qu'elle abhorre. Ncphté, femme de ^a Cour, qui afpiroità cet Hvmen, moins par amour que par ambition , (c voyant écartée du Thr6nc , conlpire contre Amafîs, & attire dans £bn complot So/îs, frerc de i'Ufurpa- tcur, avec qui elle doit partager le (ucccs de (on crime, La Pièce commence au moment Arthéfîs fe déter- mine i épou(èr le Tyran. Elle croit qu'Aménophis ne vit plus; qu^il a été tué dans un combat ; & après quelques réflexions fur fa deftinée , elle fe rend à TAut.el l'at- tend Amafis. Bientôt après ^Aménophis paroit (ur la Scè- ne, On lui apprend que la Princefle qu'il aime * vient d*épouicr l'Ufiirpatcur. Arthéfîs Ce juftifie , & elle ne veut pas (oufFrir qu'on attente aux jours d'Un mari qu'elle détefte à la vérité , ma^s que les nœuds façrés de l'Hy- men Tobligent de refpeaer. Nephté exécute fes pro- jets. Amans efi aflafliné. So/îs, Hïn frère, compte faire re- tomber toute l'horreur du crime fiir Aménophis & fur l'ambitieuft Nephté , efpérant qu'Arthé/îs acceptera fk main 8c la Couronne qu'il a dcflcin de lui offrir. Améno- phis , (bupçonné de l'aflàffinat , eft arrêté & livré aux Prêtres, pour être jugé & condamné à mort. Nephté, inf- truite des defleins de Sofîs, & furieufc d'en avoir été le jouet , eroit ne pouvoir mieux fe venger , qu'en dévoi- lant tout ce mvftère d'amWtion & d'horreur. Dans ce moment , elle s apperçoit qu'elle eft empoilonnée, & vo- mit mille imprécations contre l' Auteur de (a mort. D'a- bord Sofîs demeure interdit; mais il reprend toute feu - audace ; & dans la crainte que le peuple ne fe feu- leve , en faveur d' Aménophis , il donne ordre- qu'on on l'exécute fecrettemènt. Toût-à-coup le Prince parott avec une fuite nombreufe. Sofîs levé le poignard (ur le feiri d'Arthéfîs , & menace de frapper. Aménophis^ ne iait à quoi fe refendre ; mais Arthéfîs le tire d'inquiétu-* de ; elle prend un poignard & perce le cœur du Tyrané

AMESTRIS , Tragédie de M. Mauger^ 1747.

On fit, dans le tems, une Parodie-Pantomime en un Afte , de cette Tragédie, feus le titre de Polygame^ qui fut jouée à rOpéra-Comique , de dont voici ie'^fujet»

f 4 AMI

Pierrot dégoûté de Gl femme par le tems qu'il vît avec'clfe; ftpar la nouvelle conquête qu*il a faite d'une Coëffeufe^ veut la répudier , 8c époufo le nouvel objet de Ion amour. Il fait donner congé â Gl femme par un Huiffier ) celle- ci déchire le papier , vient trouver ùl Rivale , met en pièce la boutique de cette Coëfïèute. Un déluge de pou- pées, deCocffures& de papillottes, voltige par la fenêtre; ia mère même de la Coëâfeuiê s'y trouve précipitée. La £lle (c fauve au milieu des débris , & va trouver Pier- xot qui ia conduit chez le Notaire pour pafler avec elle on contrait de mariage. Sa ftmme fùrvient , qui fait voir au Notaire que Pierrot ed fbn mari. Les témoins,' indignés, jettent ïzCocSéuCe dans la ner; de Pierrot cA £L pénétré de douleur, qu'il veut fe poignarder. Safèm- ane l'en empêche ; Bc Pierrot fe retire , aflezpuni de Ce Toir Migé de vivre avee elle.

AMI DE LA MAISON^ ( r ) Cmédie tn trois ASes , en Vers fi mêlée d* Ariettes '^ pa:r M* Marmontel'j Mujîque de Grétry^t aux Italiens^ i77i»

Célicour , jeune Militaire ^ amoureux de ùl Cou/î- ne Agathe; & choqué du Pêdantlime d'un M. Clitoniqui a toute la confiance d'Orphife , mère de ù. MaîtreUè, Cliton donne à Agathe des levons de Géographie, Se à Oélicour des leçons de Morale. Les unes^ que Célieour trouve .trop longues ^ Se les autres ^ qu'il trouve trop i<Eches,lui déplaifènt également* Orphifê n'efi point favorable à l'amour des deux Jeunes Amans ; elle vou<^ droit pour (a fille un homme (enfê, tel que Cliton, qui , de ion côté , ne s'oublie foint , Se tout en donnant fès le- çons de Géographie , fait déclaration â fôn Ecoliere» Il lui écrit une lettre dont les jeunes gens tirent avan« tage , & menacent de la montrer à OrphUè , s'il refufe d'ufer de ran:endant qu'il a Hir l'efprit de cette femme» pojur la déterminer à donner (on conlentement à leur mariage. Cliton (e voit obligé de céder à leur défir, SeCon avis entraîne celui d'Orphiw.

AMITIÉ. L* Amitiéjfans être une paffion comme IV , mour^rambition &c. a produit dans certaines amés î de fi grands eflfets de gcnérofitc , de renoncement - à foi-mcme ; ce fentiment eft fi doujc , fi fublime ,

fi

AMI ^j

fi cônfolant pour rhumaiiité v qu il a plufieurs fois rempli la Scène avec fuccès. Par fa nature , il eft une fource de beaurés du genre admiratif > & les deux amis peuvent être placés dans des fîtua-^ rions c^ui produifent des beautés non moins Dra* matiques que celfes de la Terreur & de la Pitié L'importance des intérêts , la grandeur des ùl^ orifices eft encore ici néceflaire. L'Amitié feule ne peut produire de grands mouvemens au Théâ- tre , que quand un ami facrifie à fon ami un Thrô- ne , une grande paflîon , ou même fa vie. Le combat d'Orefte & de Pylade , à qui mourra Tua pour latttre, la difpute d'Héraclius 5c de Martîan , qui fe prétendent tous deux fih de Maurice pour épargner la mort à leur ami , font ce que nous avons au Théâtre de plus touchant en ce genre» L'égalité parfaite femble être néceflaire entre les amis , & relevet le caradère de l'un & de l'au- tre. On eft fèché de voir dans Andromaque > Pylade fi fort au-deffous d'Orefte , qui le tutoyé > & à qui il répond avec un refped qui nuit à l'eflfèt que produiroit le Speélacle de leur ami- tté. Il feroît beau de voir le repréfentant de tous les Rois de la Grèce , tutoyé par fon ami ! Cette réponfe fublime de Pylade à Orefte, dont ' a inutilement combattu la palÉon:

Eii bien ! Seigneur , enlevons Hcrmione;

Cette réponfe feroit bien plus fublime , fans ce mot de Seigneur qui la dépare.

L'Amitié fraternelle/, étant plus touchante» fem ble être encore plus faite pour la Scène elle' nes'eft montrée encore que rarement. On eft fâ- ché que TAmiét d'Amiochus & de Séleucns, Tcmc /. £

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dans Rodogune , ne produîfe pas plus d'effet. Corneille s'eft privé kHmême dts reflburces qu elle âuroit pu lui fournir dans Nicomede> en reculant jufqu à la fin de la Pièce , la reconnoijC- fance des deux frères. On voit ce que l'Amitié fraternelle peut produire auThéâtre, parle plaifîr qu elle fait dans Rhadamifte & dans Adélaïde, elle n'a pu être le fonds du fujet.

L'Amitié entre un frère & une fœur , a quelque chofe de plus doux encore. Eledre embrarfànt de- vant Orefte TUrne elle croit qu'eft renfermée la cendre de ce frère chéri , & difputant cette cen- dre à fon Tyran , efl le tableau le plus^toucbant que cette Amitié puiflè offiir.

AMITIÉ A VÉPREUVEy (T) Comédie en deux ASes; en Vers 9 miléelt Ariettes ^ par M. Favarty mufique it M. Grétry , i77ï«

Un Officier Anglois, qui a racheté de refclavage & ramené à Londres une jeune Indienne , la deiline à en faire (on Epoufe. Il la recommande , pendant fon voyage qui réloigne pour un tems , à un Lord fon ami. L'In-^ dienne prend de l'amour pour le Lord, & en eft aimée ; mais celui-ci combat fa paflion , craignant de manquer à la confiance de fon ami. L'Officier arrive , & fc livre à la joie de revoir MaîtrefTe & le Lord. Il prefTe fon mariage ; mais l'embarras que caufc fa préfènce , l'in- qtriete. Cependant le contrat efl drefTé : l'Officier donne la moitié de fon bien à la jeune Indienne , lègue l'autre moitié à fbn ami, pour en jouir après mort , & l'invite a épouler femme elle devient veuve. Au moment de ègner, l'Indienne & le Lord s'évanouificnt ; l'Officier reconnoît leur paffion , façrifie la fienne à l'Amitié ; & ion exemple apprend qu'on peut tout donner en dépôt à fbn ami , excepté fa Maîtrefle.

AMITIÉ RIVALE, (f ) Comiiie en Vers, en cinq ASesi de Fagan , aux François , 17^3. Açante , Amant de Mélitc > de ami de Ckrice , eil fur

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le point d*épou(êr ût MaitrefTe ; mats II s^apperçott que cet hymen va réopérer Clarlce , dont Tamitié cil , au fonds , un amour très-réel* Acante > pour ne point hâiec rin fortune de fbn amie , retarde Con propre bonheur^ iVoilà le ndeud de cette intriçue. L'Auteur y a joint quelques acceilbires « qui ne (auvent point Tuniformité monotone de cette Comédie. Il avoue lui-même , qu'elle efl dans le genre larmoyant; c*eâ un défaut , puîlqu'elle ne mené pas jusqu'aux larmes. Cependant les Scènes Clarice peint bien l'amour , en croyant ne peindre que l'amitié , ont quelque cho(e qui touche & qui intérelTe»

AMOUR. Cette paflîon eft devenue, fur-toui^ parmi les Modernes , Tame de tous les Théâtres, Tragédies , Comédies , Opéra ; elle s'eft emparée» de tout. Voyons par quels degrés elle y eft parve^* nue , & examinons-la fucceflivement dans la Tra- gédie , la Comédie Se la Tragédie Lyrique.

Les Anciens nont prefque pas mis d'Amout dans leurs Tragédies. Phèdre eft prefque la feule Pièce de Tantiquité > TAmour }oue un grand rôle » Se foie vraiment Théâtral. Dans Alcefte, il eft plutôt un devoir qu'une paflîon. Les Grecs ne fe font jamais avifés de faire entrer TAmour dans des fujets auflî terribles qu Edipe, Eledre, Iphi- génie en Tauride ; de plus , ils n*avoienc point de Comédiennes. Les rôles de femmes étoient joués par des hommes mafqués, Se il femble que TAmour eût été ridicule dans leur bouche.

Chez les Romains » il n'occupa gucres que la âtcne Comique. Il eft étonnant que la Didon de Virgile n'ait point appris aux Poètes combien l'Amour pourroit devenir terrible & théâtral. Peut-être l'étoit-il dans la Médée d'Ovide, fi Toa en juge par fon grand fuccès , Se fur-tout par la, manierç dont il a traité cette paflîon dans plufieurs

Eij

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endroits des Mctamorphofes. L'Epîfode de Myr-* rha & de Cynire , eft un modèle que Racine a imité dans Phèdre , & fur-tout dans la confidence de Phèdre à Enone. Le peu d*amour qui fe trouve dans les Pièces de Sénéque , eft froid & déclama- teur. Le CidEfpagnol fut la première Pièce parmi ïes Modernes , TAmour fut digne de la Scène Tragiqtie. Ceft que Corneille apprit le grand Art de l'oppofer au devoir , & créa un nouveau genre de Tragédie. Mais ce grand homme ayant depuis contradé Thabitude de le faire entrer dans des intrigues peu Dramatiques , même il ne tenoit que le fécond rang , il devint languif- fant & froid. Enfin Racine parut, & Hermione, Roxane & Phèdre apprirent à TEurope com- ment il falloit traiter 1 Amour.

Les grands eflfèts qu il produifit au Théâtre firent croire qu*une Pièce ne pouvoit s*y foutenîr ians lui. On le fit entrer dans des fujets il ètoit abfolument étranger. Corneille , dans fes difcours fur TArt Dramatique , recommande de ne donner à l'Amour que la féconde place, & de céder la première aux autres paflîons. Fontenelle,intèreffé à étendre les principes de fon oncle, fit de cet ufage un précepte dans fa Poétique. Racine 2i*avoît rien écrit : on crut Fontenelle appuyé dix grand nom de fon oncle. Dès-lors » Ton ne vit plus fur la Scène Tragique que de fades Romans dia- logues j & des Auteurs qui fembloient n*avoir pas befoin de cette reffburce , le firent entrer dans des fujets il ètoit abfolument étranger. Enfin M. de Voltaire , après avoir, malgré lui , payé le tribut ^u goût de fon fiécle dans Edipe, fit voir dans Zaïre, Alzire, Adélaïde, &c. que FAmour au

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'Théâtre doit erre terrible, paflîonné, accompa- gné de remords; qu'il doit far- tout avoir la pre- mière place. Il faut, ou que l'Amour conduife aux malheurs & aux crimes pour faire voir com- bien il eft dangereux , ou que la vertu en triom- phe pour montrer qu'il r^'eft pas invincible. Sans cela , ce n'eft plus qu'un amour d'Eglogue ou de Comédie.

Si vous êtes force de ne lui donner que la fé- conde place , alors imitez Racine dans Tart diffi- cile de le rendre intcreffant par des développe- mens délicats du cœur humain , par des nuances fines, & fur-tout par unftyle corred & foutenu.

Pour que l'Amour foit intérelTant t il faut que le Spedateur le fuppofe au comble , que ce ^tn^ timent fubfifte depuis long- tems , qu'il ne foit pas devant lui, comme dans les Pièces de la Grange- Chancel& de quelques autres, des Princefles deviennent amoureufes , pour avoir vu le Hérôa un moment. Il faut que Ton n'aime pas une fem- me uniquement pour fa beauté.

On a remarqué qu'on ne s'intéreflè jamais fur la Scène, à un Amant qu'on eft fur qui fera rebuté. Pourquoi Orefte întérefle t-il dans Andromaque ? C'eft que Racine a eu le grand art de faire efpérer qu'Orefte feroît aimé. Un Amant toujours rebuté par fa Maîtreflè , l'eft toujours par le Speâateur » à. moins qu'il ne refpire la fureur de la vengeance.^

On ne s'intéreflè jamais non- plus aux Amans fidèles fans fuccès & fans efpoir , qui > comme Antiochus dans Bérénicq, difent :.

Je pars fidèle cncor quand je n'elpere pluSii

Cécoicune idée, prife dans la galanterie rîc&i-

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cule du quinzième & du feizîeme fiécle. f^oy^i Galanterie.

Il y a des Perfonnages qu'il ne faut jamais re- prcferiter amoureux 5 les grands hommes , comme Alexandre, Ccfar, Scipion, Cacon, Ciccron , parce que c'eft les avilir^ & les méchans hommes, parce que Tamour , dans une ame féroce , ne peut jamais être qu une paflîon groflîcre qui révolte au lieu de toucher , à moins qu un tel caradcre ne foit attendri & changé par une paillon qui le fubjugue.

Si vous introduirez un Ambitieux qui foit oblige de parler d*amour , qu il en parle conformément à fon caraftère : voye:;^ Ambition : qu'il faflè fer- vir même l'Amour à fes deffeins , comme Aflur j Catilina , dans Rome Sauvée. Sur-tout qu'il ne vienne point parler de fon amour, après qu'il vient de commettre quelque crime , moins par amour que par ambition. Si un Orefte fait un fi grand effet quand il revient devant Hermione après avoir affaf- fin» Pyrrhus par fes ordres, c'eft qu'il a été aveugle par Tamour , & qu'il va être déchiré de remords.

Que la paflîon du Héros paroiffe dans tous fes difcours & dans toutes fes adionss mais qu'il ne foit jamais difcoureur d'amour » comme dans les pièces du grand Corneille & de fon frère.

Une Scène d'Amans contents , doit pa(ïèr fort Vite ; & une Scène d'Amans malheureux qui ap- puient fur toutes les circonftances de leur mallieur, peut être aflez longue, fans ennuyer. La curiofitc n'a plus rien à faire avec des gens heureux ; elle les abandonne , à moins qu'elle n'ait lieu de prévoir qu'ils retomberont bientôt dans le malheur. Alors cçcontrafte diverfifie très- agréablement le Spee»

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tacle qu on oflfre à refprit & les paflïons qu: agi- tent le cœur.

AMOUR CONJUGAL. On â cru long-^tems que rAmourConjugaln'écoit pas propre auThcâtre.* On Ce fondoit > fans doute , fur ce que la pofleffion refroidit les defirs , & que les fentimens du devoir ne fçauroient être auffi vifs que ceux qui font irrites par la défenfe. Si Texpcrience du Théâtre a fouvent confirme ce préjuge , ce n'eft pas à la Na- ture , c'eft aux Poètes qu il faut s'en prendre. Ou ils n'ont pas mis les Epoux dans des fituations aflèz fortes pour déployer une paffion Yive, ou ils n*ont pas mis dans leurs difcours les mêmes fentimens de d^licatefle'5 ni cette chaleur qu'ils prodiguoient dans les difcours des Amans. En un mot 9 ils ont moins fait fentir la paffion que le devoir , & il e(l vrai que ce n*eft pas aflèz. Ils pouvoient bien par- attirer Tapprocation , exciter Tadmiration mê- me ; mais non pas cette pitié qui fait entrer , pour ain(i dire , toute l'ame du SpeÂateur dans l'intérêt du Perfonnage. Joignez l'excès de la paflîon aux régies étroites du devoir -, que deux perfonnes foient Tune à Tautre par fentiment ce que la vertu exige qu'elles foient : que leurs difcours & leurs adians foient tout enfemble paffionnés &raifon- nables ; vous toucherez beaucoup plus que par des mouvemens déréglés ou moins autorifés» La raifoii en eft évidente. Nous portons au Théâtre une raî- fon & un coeur, 11 faut fatisfaire Tune & l'autre. Si les Adeurs agîflent par vertu % voilà notre fen- fibilité exercée ; mais fi la paflion & la vertu font d'accord, voilà tous nos befoins remplis.

Il eft étonnant que les Modernes ayent été pré- venus^ Cl long-teras contre l'Amour Conjugal.

E îy

jx^ A M O

L*Alcefte cl*Eurîpîde auroit leur apprendre qu il pouvoir devenir rouchanc Se Dramatique. Le niau- Tais fuccès de Pertharite , fit croire quelque tems €\ue l'Amour Conjugal, trcs-refpedable dans [a Société, n'étoit point recevable fur la Scène.

Ce fut la Tragédie de Manlius , par la Foflè , qui attaqua , la première , ce préjuge ridicule. On fut touché de Tamour de Valérie pour fon Epoux , de la tendreflè héroïque de Ces fentimens,du refpeft qu elle mêle à fon amour , du ménagement avec Jequel elle fonde le cœur de fon Epoux pour y jrappeller la vertu &c pour aflurer fon honneur & ia vie.

Le concours de tous ces fentîmens forme ua çaraâière fi paflîonné & fi raifonnable toui en- femble, que malgré la terreur dominante de la Pièce , on fent encore une efpèce de joie à la vue d'une Héroïne en qui la paffion & le devoir ne font qu'une même chofe.

Dans Abfalon , Tharès a la même paffion & Je même héroïfme. Elle eft autant allarmée pour la vertu de fon Epoux que pour fa vie , & pour l'empêcher de confommer un crime , fans le déce- ler, elle ofe fe mettre en otage elle-même & fa fille entre les mains de David , après lui avoir fait faire un ferment folemnel , que s'il fe trouve un traître , fât-ce fon propre fils , il ne fera grâce ^i à fa femme ni à fes eîifens. Elle fait plus ^ quand la Reine ofe Taccufer d'avoir armé Abfalon contre fon père, elle ne lui répond qu'en remettant au Roi une lettré par laquelle il apprend & ce qu*on trame contre lui ^ & ce qu'on tente pour la tirer dle-n\ême de fea mains. Mais fa magnanimité n*eft ni fîsroce, ni hautaine ; elle y mêle tant do

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teiîdreflTè , tant de raifon & tant d^cgards , qu*elle n'en devient que plus chère & plus refpeûable pour fon Epoux , au moment même qu'elle le fek trembler , & que le Spedateur fent à la fois le plaifir de la pitié & celui de l'admiration.

Si l'amour doit être réciproque entre les Anians , cette régie acquiert un nouveau degré de force relativement à l'amour entre les Epoux. Si l'un des deux n'étoît pas aimé autant qu'il aime > il en feroit en quelque forte avili, & l'autre pa- roîtroit injufte. Il faut qu'ils foient tous deux di- gnes de ce qu'ils font l'un pour l'autre, & le témoignage mutuel qu'ils fe rendent , devient , pour le Speélateur » le gage affuré de ce qu'ils ont d'intéreflant & d'eftimable.

Le grand fuccès d'Inès de Caftro,fit tomber pour jamais le préjugé contre l'Amour Conjugal. Mais il n'en parut pas moins difficile à traiter , puif- qu'il ne s'eft gucres montré depuis fur la Scène 9 jufqu'à l'Orphelin de la Chine » M. de Vol- taire à fait voir une femme qui a époufé fon mari , dans un tems elle auroit aimé un Amanc qui depuis eft devenu fon Maître, & à qui elle dé- clare qu'elle aimeroit mieux mourir , que de lui facrifier un Epoux qu'elle chérit & qu'elle ref- pefte. Si ces beautés font moins touchantes , elles font auffi d'un genre plus difficile & plus délicat , & prouvent que l'Amour Conjugal tera toujours grand plai(îr au Théâtre , quand la fituation fera vive & qu'elle fera traitée avec adredè.

L'AMOUR dans la Comédie paroît être beau- coup plus à fa place» & perfonne ne la lui a jamais conteftée. Il ne paroit pas jouer un grand çpje dans les Pièces d'Ariftophane , parce <^^ç

74 A M O

l'Auteur occupé à faire fans cefle la Satyre du Gou- vernement & de fes Concitoyens , ne s*eft point occupé à peindre les fymptômes & les ridicules de cette paflion. Mais quand les Poètes furent forcés de fe retrancher dans les bornes d'une cenfure gé- nérale, il paroît que l'Amour entre pour beau- coup dans les Pièces de Ménandre & des Poètes de la Comédie nouvelle. Il eft le principal reflbrc de celle de Plaute & de Térence j & on trouve chez eux des peintures très-favantes de cette«paf- fîon. Nulle autre, en eflfèt , ne paroît plus favora- ble à la Comédie. La finefle , la vivacité des fen- timens qu'elle infpire, les brouilleries , les raccom- modemens , les dépits , les jaloufies , &c. tout con- court à la rendre extrêmement comique. Tantôt c*eft un Amant qui fait ce qu'il ne croit pas faire» ou qui dit le contraire de ce qu'il veut dire , qui cft dominé par iin fenciment qu'il croit avoir vaincu , ou qui découvre ce qu'il prend grand foin de cacher. Le raccommodement des deux Amans dans la Mère Coquette , la même Scène à-peu-prcs dans le Dépit Amoureux , dans le Tartuftê 9 dans le Bourgeois Gentilhomme. Toutes ces Scènes qui jne font que des développemens de l'Ode d'Horace » danec gratus cram tihi , toutes ces Scènes font des modèles en ce genre. Racine » avant qu'il eût per- fedionné l'idée qu'il avoit de la vraie Tragédie , avoit développé dans Andromaque quelques-uns de ces mouvemens ; mais il conçut bientôt après qu'il devoit les abandonner à Molière.

Dans la vraie Comédie, il faut obferver de tourner toujours les Scènes d'Amans en gaieté. Cette attention eft d'autant plus néceffaire \ que ces Scènes font devenues des lieux communs , que

A M O 7 J

le Speftateur ne daigne écouter que quand TAu" teur développe d*une manière comique les replis du cœur humain dans la paflîon qui lui eftla plus encre.

L*AMOUR DANS LA Tragédie Lyrique. On a cru longtems d'aprcs,quelques Ariettes des Opéra deQuinault,& d'après lesOuvrages de prefque tous fes Succefleurs, que l'Amour fiir la Scène Lyrique ne devoit être que de lafimple galanterie. Ce n'eft que cinquante ans après la mort de ce Poe te qu'on lui a rendu juftice , comme à Racine , fur Tufage qu*il avoit fait de l'Amour. Ce rfeft que depuis ce tems qu'on s'eft fouvenu que Quinault l'avoit peint comme une paflîon terrible , ennemie du devoir, con^battue par les remords , détruifant l'héroïfme & menant , comme la vraie Tragédie* au crime & au malheur. Alcefte , dans Quinault comme dans Euripide » offre le triomphe de l'Amour Conju- gal : dans Thefée > c*eft une Medée qui s*ccrie :

Le dcffin de Medée eff d'étte criminelle , Mais Con cœur étolt fait pour aimer la vertu. Mon cœur auroit encore fa première innocence

S'il n'avoit jamais eu d'Amour. Mon frefe & mes deux fils ont été les viâimes

De mon implacable fiireur;

J'ai rempli l'Univers d'horreur ; Mais le cruel Amour a fait Cèul tous mes crimes*

Dans Atys , c'eft un Amant qui immole fa Maî- trefle fans la connoître.

Atys , Atys lui-même Immole ce qu'il aime.

Dans Roland Se dans Armide , ce font deux

76 ^ A M O

Héros avilis par PAmour, & qui revolent vers f^ gloire en dcceftant la mollefle ils ont langui. Dans Armide même , cette morale y eft dévelop- pée d^une façon neuve & frappante. Foye:(^

H eft donc înconteftable que fi T Amour n*a pas occupé la Scène Lyrique avec autant d'avantage qu'il a paru dans la Tragédie , c'eft uniquement la faute des Poètes , & non celle du genre.

Quinault a précifénient fuivi la route de Ra- cine. Quand il n'a pu rendre l'Amour très-Théâ- tral, il Ta rendu intérelïant par des développemens & par un ftyle enchanteur. En voici un exemple. Dans Ifis , Pirante qui veut raflTurei? Hierax fur le fort de fon amour , lui dit :

Se peut -il qu'elle difllmule ? Apres tant de fermens , ne la croyez -vous pas ?

Hierax.

Je ne les crus que trop , hélas ï Ces fermens qui trompoient mon cœur tendre & crédule* Ce fut dans ces Vallons , par mille détours , laachus prend plaîfir à prolonger fon cours , Ce fut £ur fon charmant rivage

Que fille volage Me promît de m'aimçr toujours. Le Zéphîr fut témoin , l'Onde fut attentive Quand la Nymphe jura de ne changer jamais ^ Maïs le Zéphir léger & l'Onde fugitive Ont enfin emporte les fermens qu'elle «faits.

Quelquefois cePocte eft auffi profond que Racî* Bc lui-même dans la connoiffance du cœur humain.

Hierax fe plaint d'Io ôc de fes froideurs, La. Nymphe lui répond : ,

C'efl à tort que vous m^accufez;^ Yous avct vu toujours vos Rivaux méprîfés#.

A M ô Yir

H I £ B. A

Le mal de mes Rivaux n'égale point ma peine : L'^ douce illufion d'une cfpcrance vaine Ne les fait point tomber du faite du bonheur ; Aucun deux , comme moi , n'a perdu votre coeur;

Comme eux , à votre humeur févère

Je ne (iiis point accoutumé.

Quel tourment de cefTer de plaire

Quand on a fait Tcffai du plaifîr d'être aîmc!

Voyez encore la déclaration de Pluton à Pro^ * ferpine dans TOpcra de ce nom.

Je fuis Roi des Enfers , Neptune eft Roi de TOnde* Nous regardons avec des yeux jaloux Jupiter plus heureux que nous ; Son Sceptre efl le premier des trois Sceptres du mondes Mais de votre cœur j'étois vidorieux , Je fèrois plus content d'adorer vos beaux yeux^ Au milieu des Enfers, dans une paix profonde , Que Jupiter , le plus heureux des Dieux , N'efl content d'être Roi de la terre & des Cieux«

Telle eft la manière dont ce Poète fait parler TAmour quand il ne le peint pas terrible & paP- fionné comme dans Atys & dans Armide. C'efl la réunion de ces deux ralens qui le met au-deflus de tous ceux qui ont ofé marcher fur Tes traces dans la carrière qu'il s'étoit ouverte.

AMOUK A LA MODE , ( ? ) Comédie en cinq ASes^ en Vers , par Thomas Corneille , i6^j.

On trouve dans cette Comédie quelques caraôères qui n'ont pas, encore vieilli, C'efl la première fois quc l'Auteur peint des François , que l'on reconnoit bien dans les vers lùivans.

Si chaque obiet me plaît , c'efl fans inquiétude ; Jamais de préférence , & point de fcrvitude. Ainfî , quelque beau feu que je fafle paroître ^ Four ne rien hafarder , j'en fuis toujours le maître^

78 A M O

Aînfi divers oljcts m'engagent tour à tour ; Je iBç regarde fcul dans ce trafic d'Amour ; Et chaiïant de mon cœur celui qui m'incommode » Si je fçais mal aimer , du moins j'aime à la mode.

C'cft Orontc, Gentilhomme François, qui s'exprime ainfi. On remarque dans la même Pièce une certaine Dorothée ) qui eu un parfait modèle de nos Coquettes, Ces deux genres de perfbnnages feront long-tems à la mode parmi nous»

jiMOUR A TEMPE ^ (D Paprale en deux Aêles ^ en Profe i par Madame Chaumont , aux François , 177

Les feux naiïïans de deux Bergers font traverfcs par tin Berger riche qui , à ce titre , prétend avoir la pré- férence , & fe faire aimer de la belle Phalaé; mais ccUc-cî lie r^ait pas même ce que c'efl que la richefTe ; & le Berger opulent cft rejette»

AMOUR AU VILLAGE^ (T) Of ira- Comique ^ en un ABe , de M. Favart ^ à la Foire Saint-Germain , r74T»

C'eft le fonds d'un Opéra-Comique de Carolet , qui avoit pour titre Y Amour Payfan. M. Favart n'avoue point cette Pièce , quoiqu'il l'ait refondue , & y ait mis plu- ficurs Scènes nouvelles. Voye:[ I'Amour Paysau»

AMOUR CACHÉ PAR V AMOUR y (/') Tragi-Corné^ die Pajlorale » en trois Aâes , en Vers , par Scudéry 9 1 63

Deux Bergères s'enlèvent leur Amant, l'une pour tromper (a mère , l'autre pour éprouver (bn Berger. Dupes de la fbpercherie, elles fc voyent au moment d'être unicç contre leurs vœux. Les Bergers partagent les allarmes de leur Maîtrelîcs ; & les parens inflruits de la rufe , fécon- dent les vues de l'Amour. Ce petit Poëme cfi embelli de , traits naturels & délicats*

AMOUR CASTILLAN , {V ) Comédie en trois ABesy en Vers libres y avec un diverti£èment intitulé les Nuions^ par la Chaujfée , aux Italiens y 1747»

Cette Pièce , tirée d'une Comédie E(pagnole, fut jouée dans les habits de cette Nation, ce qui étonna beau- coup , tant le coflume étoît mal obfcrvé. Elle eft vive- ment intriguée s 3c bien écrite ; mais le fonds de l'aven^

A MO 79

ture Se les caraâères ayant peu de rapport à nos mœurs , elle n'eut qu'un iliccès médiocre.

AMOUR CHARLATAN, (P) ou la Cojuévie ves Co- juûviENS , Comédie en trois Aôles^ en Profe , par Dan-

l court , avec des airs dont la mujique eji de GiUier > aux françoist 1710»

Cette Pièce efi un ambigu l'Auteur s'efl propofc de réunir les deux genres de Comédies Françoilc & Ita- lienne. Il y a conçu une forte d'intrigue , dont le but efl indiqué : c'eft d'obliger un Bourgeois à iîgncr le mariage de £a fille & de la nieee avec deux Comédiens. Les diver- tifTemens qui divifent les Ades , & quelques Scènes de ce Drame, n'en font pas le moindre mérite.

AMOUR DIABLE , ( i' ) Comédie en un Aôle , en Vers ^ de Le Grand , avec un iivertijfement , au Théâtre Fran-- fois , 1708.

Un Lutin amoureux, qui faifbit ^rand bruit à Paris en 1708 , a fourni le fiijet^ de cette Pièce. Léandre , Amant d'Hortenfe , y contrefait le Diable , & vient à bout , par ce moyen , d*obliger le père de cette fille , grand Alchy- mifte , à la lui donner en mariage , & à renoncer au grand-Œuvre. Ce caradère de chercheur d'or, fournit une ample matière de ridicule & de plaifànteries. On a fait, dans le tems, la critique de cette Pièce en peu de mots : « Le Père èft un fou, la Fille une effrontée , o> l'Enfant un libertin, le Précepteur un ivrogne, l'Amant 3> un fuborneur ; la Mère même fait aflTcz voir qu'elle ne 93 vaut pas grand choft , puifqu'elle foucie peu que » £bn Mari Coït au Diable ». Le relie ne mérite pas la peine d'être examiné : ce n'eft qu'une Profe mal rimée & mal conflruite : pour ce qui eft des caradères , jamais ils n'ont été plus mal gardés jperibnne ne parle comme il doit, &c.

AMOUR ET U INNOCENCE , ( 2' ) Opéra-Comique en un Aêe , par MM. Favart if Verrière y d la Foire Saint- Laurent^ 1738.

V Amour conduit par le Plaijir dans le (ejour de V Inno- cence , y rencontre d'abord la Çuriofité , qui lui offre fon fcavoir faire. Elle va chercher V Innocence. Cette der- nière paroit Tf examine iie carquois & les flèches

$o A M O >

rAmour,& danfe avec lui. La Délicatejft Ce joint à VAthoun Ce Dieu profite de ce moment , fait une déclaratioa en forme ; & V Innocence rend à fès déiîrs.

AMOUR ET PSYCHÉ, ( f ) Opéra, par de M. L. D. V. mufique de Mondonville , 17 69»

Vénus eu jaloufe de Pfyché : elle arme contr*ellc Tiiîphone & tout TEnfer. Cette Furie s'attache à la perle- cutcr ; mais l'Amour vole pour la délivrer de fes fureurs, 6c l'arracher des Enfers même Tiiîphone l'avoit con- duite. CePoëme eft tout en aâion ; il occupe , il attache, il remue , comme le Roman le plus intéreflànt : on efl. touché , attendri , pénétré des malheurs de Pfyché ; on ne refpire qu'un dénouementc|uifatisfait tous les cœurs fènfibles

AMOUR IN-PROMPTUf (i') Parodie de VAête d'Églé^ par Af. Favart'i à C Opéra-Comique de la Foire Saint-Lau-^

rent, i75^.^ ^ ^ , .

Tonton , jeune Villageoifet a pris des leçons de dan(e d'une A^rice de l'Opéra qui l'a vue à la campagne* Elle doit choifîr un époux parmi les jeunes gens de Ton Villa- ge ; & l'on préparé une Fête dans laquelle elle doit faire ion choix. Nicolas efl un de ceux qui a le plus d'efpé- rance de la fixer. Il confie fes amours à Sanfbnnet, jeune iVluficien, qui vient dans le même Village chercher quelque aventure galalnte. Dès le moment que Tonton l'apperçoit , elle dédaigne i es premiers Aman« , prend de l'amour pour le Muiîcien , fe déclare en fa faveur , demande & obtient d'être menée à Paris pour y être reçue Danfeufe à l'Opérai

AMOUR MAITRE DE LANGUE , ( T ) Comédie en trois ABes , en Profe , avec un Prologue , tirée du Roman de Zaïde , par M. FufiUer , aux Italiens, 1718.

La Marquile de Floras , aimable & jeune veuve Pro- vençale * qu'une flicceffion avoit attirée à Strasbourg, y voit à la promenade un jeune Étranger qui lui plaît ; elle fait la même impre/fion fur fbn cœur : l'Amouc les defline l'un pour l'autre , fans l'aveu du fort qui les fépare dès qu'ils font vus. La Marquife efl rap-^ pcllée en France par fes affaires, fans avoir pu décou- vric le nom de (oa cher Étranger i el^e a feulement

découvert

A M O . . ëi^

«êcouVcrt qu'il cOt Italien , & de FlôiJëncè. t'Etf ângc^ n'a pas été plus heureux; il retourne en Italie, pieiii d*une tendrefle qui lui in(pire le deffein d'apprendre U Langue Françoilc , dans l'intention de revenir cher-» cher en France l'objet qui l'a charmé , dont il ignore lié tiom & la naifîance , & dont il connoit feulement la Pa-

, trie. La Marquife forme en ménm tems le pf(^et de s'inf- truire dans la Langue Italienne ; elle y fait des progrès rapides ; l'Amour abréee fes leçons^ ôc la met bientôt ea état d'expliquer en Italien tout de qu'il lui nipirc. Im- patiente de revoir ion aimable Étranj^er ,.elle part d'Âix êc Ce rend iToulon, pour de pafler à Livourne , dans le tems que Lélio > qui e^Ibn cher inconnu , y eil arrivé depuis huit jours. lU le reconrioiiTènt fut le Port, & en

. is^abordant, fe fervent desLangues que l'Amour leur a fais upprendre , . & ne tardejit pas à s'unir parles liens àt l'Hymen.

aMOUR MÉDECINS (n Cmédiê dw Molière y tn ttoil AâcSyenProfe^ \6S%,

C'eà la première fois que Molière met les Médecins

. en jeu. Eft-ce , con^me ort l'a dit , le fruit d'une brouil-» lerie domeûiqué , ou Teffet du ridicule que ce Comique inimitable crut remarquer dans le maintien, les dehors & le jargon fcitnti&que des Médecins de (on ^ems / Je

- Warrcte à ce dernier parti. Molière etoit honime, il pbu» voit faire feryir fon Art à fa vengeance ; mais il ècois trop grand h^mmc pour préférer la vengeance à (on Art* Il envifagca doAc les Médecins comme les Marquis t ces deux genres de perfonnagçs lui parurent propres à égayer (es tableaux ; ils y trouvent (buvcilt place j m4ië ils n'en forment jamais la figure principale* ,

AMOUR PAYSAN-, (VyOpéta'Çômique en unAâè^ àvèèufî

àivertrffèment Cf- un Vxadéville y par Carclet ^ précédé d^ark

Prologrue du Sieur Pontau^ à 'la. Faite Su Laurent y, î^J/.

L'Amour nléconlent de la Conr & de la Ville ^ f etîrc»

à la Campagne , dans ref^Jéfancc d'y recevoir dcS horti-*

nrageà plus (încèrcs. Déguijfc en Pay(an , il fait l'elTai

de Ibn pouvoir fur le^ cœur Aà. Colette , jeune Villas

gCQÎfe qiii va fe marier : Colette invite le prétendu Pay-«

faii à (i'npcè, & ne le voitfôrtir qu'avec fcgret. Elle diC

" ^ ïa jeune Agathe , qu'îS fiut faire i'iuipofhble pour a<^,

Tom$ /• P

-r»

Si vA M O

reter ee'boftU7gai^n4aiis le Village* Agathe « rivale le*

c^tte de Colette ^ déclare à Lucas , fiancé de cette der-

:iiiere, i}ue ce nouvtou venu lui enlève le conir de^Mai*

•treifle. Lucas fiche TAraour répond qu*il ne prÂtend

plaire â Q>lette <}ue.(^ur les rendre heureux tous deux.

Cette réponfe énij^matique ne £ititfait point Lucas; II

. «'emporte contre Colette » & lui reproche Ion infidélité.

. CeUc-ci (outient au contraire /qu'il ne lui fait cette que-

, relie > que parce qu'il aime Agathe. Alors en voit arri*

Ver une troupe de Maris & d Amafis jaloux , ayant le

SaiUià leur tête. Ils veulent arrêter rAmour, quiefl

caulè du défbrdre» & des infidélités de leurs femmes &

de leurs Mattreflès. -Enfin rAmour (h hli connoitre, &

remet le calme dans Teiprit de tous les habitans. Il con-

lêilleà A^ehe d'épouièr le Bailli, & lui infpire tout

Tamouf qu'elle reflentott.pour VlnconnvL^K^yei l'Amour

AD Village

jm>UR POUR lAMCUR, Comédie en trois ASes^ en Vers libres^ avec un Piologue Sf un Diveni£ement ^ par la. {Jm^ieiy aux François , 1 74 «•

Amour foùr Amour ^ dans le genre des Pièces de Fée- rie , après POrade, les Grâces , Zénéide , &c. efi peut- être ce q: 'e nous avons de |>lus agréable. Le quadre n'eft pas neuf; mais il n'en |^s moins ingénieux.

Le Géiiie Azor a été chaflé de l'Empira Aérien , poiir avoir dédaigné les Hivancés de fa Souveraine. Son exil 8c & métamorpholc ne doivent finir , que lorsqu'il aura (çu toucher une jeune perfenne , belle , â qui le mot d'ûi- mer foit inconnu » à qui Azor ne puiffe l'expliquer , & qui dife enfin par impulfion , c^ejl A^or que J aime. Zvdeg^ .autre Génie exilé à la fuilted'Asor , pourfutt de ion coté Nadine, autre 3crgere ; il lui fait préfent de quelouos oiieaux , à qui il a appris ces mots, qu'ils répètent iàns ccfle : Zalèg aime Nadine»

Nadine , qui aime le myfièrc , rend les oifeaux: Azor fi^a point eu la même précaution pour infiruire Zémire. Maxs ii eil aâez finguiier que û. Fée jaioufe ^rcnner ce foin pour lui. C*eâ elle qui, fous le nom d'Aflan, Prince de Perfe, & Petit^Maître, apprend àZémirc ce que c'cà ue l'amour , & comment on l'iexprime. Zémire Ce Xèrt e cette découverte pour dire; c*eji A^orfuef aime. Mon

l

A MO J/

le cbarihe eflroiii\>u» Ceft beaucovp é^rroît j[^ tirer trois Aâes d'un luje t auffi fîmpte ^ 9c (urntoilc d'avoir ûpi anm* fer durant ces trois Aâe£

wlillO£7kî>AÊCEPTfî^*(r)û)»Ma;é en mit Aâesi en Prrfe , avec un Divert\ffiment , par Gueuktti > aux ka^ liens f iTi^»

Albert! veut marier (on nls Lélio avec une jeun^ fiUo d'environ onze ans , que (on père i en mourant ^ a laiflëe ious (a tutelle avec cent mille écus de bien* Alberti trou» ve ce parti trop avantageux pour le laiilèr échapper; mais

* par malheur , fen fils ne (çmroit réfbudre à Taccep^ ter. Il amoureux de Flaminia » & déclare quHl n*suira jamais d'autre é^c/afc qu^dle : mais comme il ed encore fort }eune , on pen(è a lui dcmner un Précepteur, ju(^ qu'au tems du mariage. Fkminia y qui apprend ce qui (i pailè , & déguUè en Uoâeur , & trouve moyen de & faira rechercher par Alberti , pour l'éducation de (on fils» Elle •entre ) en effet ^ dans cette mai(bn en qualité de Précep** teur; Bc divers incidens amènent des reconnoiflknces qu{ étent coût obflade àleur mariage.

ÀMÙVK SECOND , ComUift en un A&e t en Vers » avec un Diverûjfemeat » jar M. iAucoutt^ au Théâtre Italien %

«74f> Qttte Pièce efl toute Allégorique :rAâton (e pafl^

chez l'Hymen, ou tous (es Die; fe trouvent. L'Amouf

y vient (ans être appelle f Se Ce mêle parm^ les Ecolier»

ou DePorr > & devient leur Maître , &c. Cette^Piéce eA

plus ingénieu(è que Comique*

ÂMOVR TmANNIQUE, (D Tragi-Comiiie ^ en dnq

A&es^enVersjés Scudéry^i6^9m

' Tyrtdate , Roi de Pont ^ eft d'un caraâère féroce.;

Epoux infidèle , il méprifè les charmes , les pleurs ^ la

tendreflè , la généronté d'Ormène, &Ja condamne à

hiourir? Amant aveugle & furieux , il (acrifie les devoirs

\t% plus (acres aux intérêts d'un amour inceftueux ; fils

' iîlgf ai , rébelle & dénaturé , ii met Oro(mane aux fers %

te dépouille de &s Etats ^ ote même attenter à Tes jours ^

& fe^orter aux plus afl^usc excès contre Tigrane (on

' frère , époux de rolixêne, qu'il aime , & qui le déteâe*

' Treïlc î fircre d*Ormint > pour venger les injures d'une

Fij

^4 , À. MO

, familhdéiblée.) prête à périr honttufemcht ^ vient at£à-

. querTyridattf , le fait priCofmier & rétablît IWdre & le

calme. Je pafTe fous iîlencc toupies traits hardis yles'/î-

tuations frappantes , les ,beaux momens de ce Poëme »

' dont on auroit pu faire ùrie Tragédie digne Théâtre

:h^|;é de fers vntt p^igriard ètt tevé fiir lui pour pi

- -refus de fe rehdrd. Cette fituatidn a (burent été imitée

- de' nos jours.

AMOUR VENGÉ, ( T ) Comédie en un ASe yen Verr, par

r Id Font ^171 .1

:- yîCUdamîs& Lucile , qwe, leurs Parens deflinoient à

-^ s'époufcr, dérangent tf^t ce projet par leur indifférence, t JWfrJin , Vajet de CUdaûjis i 5c Nérine , Soubrette de Lu- *. tiie i, forment le àcfièin de)es rendre amoureûxi'un de :J*feutté.' Merlin ifait. entendre , à fpn Maître jtju'il a içu •. piâij^ àLucile , & Nérine perluade à fa M akrefîe qu'elle 1 a vaincu la froideur de Clidaçûs. Les deux indifférens le laifTent conduire une entrevue , pour jouii: de leur triomphç réciproque. Tous deux croyent fe jouer ; mais 'là feinte' fc réalifc 5 ils deviennent fiibitemens amou—

AMOUR USÉ y tn ou LE ViumçATiT'i Coméiie^n cinq Aâies , -en Profe 9 par Nérïcault des Touches > aux François >

:. . Une vieille Folle qui veut époufer un jeune hommca & contracter un mariage clandeftm ; un Vieillard qui veut faire la même fbttife; un autre' homme qui donne

' ïPs trois quarts de Ton bien pour faire enrager fcs deuit Amis ; une intrigue mal tiffiie , un dénouement imprévu ,~

«quatre Notaires fur la Scène : voilà quel eu r^mour

AMOUREUXDB QUINZE ANS , (f) ou la vovblm : JV:xJî'9 Comédie en trois Mes , en Profe , mêlée d Ariet^ r tes\^.-par M^ Laujon^ Mi^iq^ àe M. Martini y aux lia"

Un Marquis & un Baron , amis & voifîns , ont î le pre- . ttiicr . un fils nommé Lîndor ; le fécond , une fiih nom- -Inéc Hélène, L'union des pere&ajpréparé celle, des en-

A MO ï|

:' lans. Lîhdor , (juî a encore fon PrécepteiM' î fi ^ùî n'a que . quiniie*aiis» a déjà le défît d*époUfei: Hélène vmzfcisf il

n'o(c €=n faire TâvéU à foit pere^ & naoliis encore à- Maitrfelîè. Hélène , phis âgé^'^^ Lindor , a pour lui des (cntimens qu'elle prend foin cacher \ ttïc f efuic les

partis que Ion père lui propo^, &parott n'aimer que r retraite. La Fête des deux amis eid une occafion p^i^ t les; en£ins de livrer aux expreflions de leur tendreflè^

- Lindor & Hélène, à l'infçu'run de raucro, préparent des di'Vertiflemens ; les couplets font chantés' par les Vil- lageois & Villagèbifes. Qn tire unç loterie ; Lindoc

' fait des préfens au Baron , &>donne ifk fille des tabiet- . tes , fur Icrquellcs il a écrit des^ vers flattêurs*-Lé ^rç . y découvre auffi une lettre ; & cette lettre eft*. l'^Veu^d^

ton a^our. Cette déclaration paroit une ofTeniTè ^ Id'pere : de Lrndor lui ordonne de retirer : Hélène <fiiittendrie ; jufqu'aiix larmes , de cette punition. Lihdor ércrk' une . féconde lettre plus paffionnée , que l'on fait connoltre i

fbn père. Le Marquis , touché de Tanlour de ^ir fils ^ Se

- lie pouvant le désapprouver , en parle au Baron^ qiki (àifit '- avec empreflement cette occaiion de s'unir^ davancage à

^ £bn. ami.- ^' ' ' ' '■-^" '■ '•'■

^MÛÙKé A. LA CHASSE:y (_/eV) G>m0e enimA&ei^ . Pi^r Çoypely a{ix Italiens ^ 1718^ , _. ; -

. . f buninia , fille^ de Panta|(St , eft une jeune piOr&nne fur le cœur de laquelle TAmour 4i'a poiht encore £u de prife. .La chalfe & \çs hoif font toute fon. pcQjip.^tipn 8c *^' tous (es délices* La confiance de Lélioïbn Amaitt^n'a» ' point encore pfr la tirer dfeVindifFcrence-oà^^etie'paroU être y quelque effort qu'il. fafTe pour la rendre fenlîbie :

rëcpmpenfï. Mais fbn Valet. Trivclins'avifé d'un ftrata-

gême, pour d.éconvrijr^ùcis (^t les^yéritabies (cntiincns

fie Flàminia; n feint que , cHamii^ dhûnc jeù'nè-^èrromie

- qu'il a vue à Pérrarc ,Ulva partir fecrettèment pouf cette

Ville , dans le defTein de s'y marier avec cèlle^^qûî'[>o/Iedc

. Ion cœur ;'que s'il a I}end^ des ftins à Flaini^isi^vCe n'eH

t que par déférence, 55 pp^Sobéir à Ajn p^re ^ qui avoit

réfola ^dcpui? lonçîtçim d^ l^nii; AvcfcjçMj;.' 'Ge gecii;:

« F îi]

;<? A M o

H mtifi fie manque pasr prp4uire fon effet Ait refprte ' de Flaminia ; & TriveUii reconaoit par ce petit artifice » qu*ellç n'eft pas auffi indifférent^ pour Lélio, qu'elle ^eâe de le paroitre. Outrée de ce procédé 9 Flàmioia ordoniie aux cors de (bnner le départ de la chaflê, afin de diiitper par-là (on chagrin : mais quel efi (on étonne* ment , . lorsqu'au lieu de ions yifs & mettiets , elle n'en entend que de tendres & de languiuans : elle ne (çait à quoi attribuer ce changement » êc Cm embarras redouÛejt quand tout -à- coup 1* Amour (brtant d*une touffe de rofiers « s^avance vers elle avec & fuite , lui fait des re- proches- liir fon infènfîbilité paflée , & lui apprend que €*efi lui çui a &it , dans fon cœur , le changement qu'elle a reflènti depuis peu. Il ordonne « en même tems , à fiite, de célébrer (a viâoire, & il fe forme une lutte entre les Amours & les ChafKîurs , qui efl imitée par les infirumens. Les Amours enchaînent les Chaflèurs avec des guirlandes ; éSc tous ènièmble forment un Ballet. L* Amour voyant que Flaminia obéit à (es loix» fait avan- cer LéUo , & lui dit de donner main â la belle indif- férente. Flaminia luipré(ènte la fienne, eii di(ant qu'elle obéit à (bn père, & non â l'Amour* Les deux Amans jurent une amitié éternelle , à la (àtisfa^on des deux

Îeres « qui depuis long-tems (buhaitoient ce mariaee. 'Amour , content de la viâoire , ordonne à ùl fuite de célébrer cet heureux jour par des danlès ^uifbntledivei^ tiifement de la Pièce*

J^MOURS ANONYMES j (les) Comédie en trhis M^ti êii Vers % ayec des divertiffèmens , par ^ôijfy 9 aux Italiens »

X7J5«

Un mari 8c une femme qui s'adorent (ècrettement; i^e ^quetteqmi (e flatte d'avpi^ fubjugué un homme qui ne Taime point ; une jeune perfpnne <]|ui prend de helle

Saflîon pour un vieU Adonis ; un Peut-Msutre faitidiei^x, étefié du beau (çxe & qui s'en croit l'idole ; un Arlequin qui finît d'être muet > pour avoir occafion de faire les yeux doux à une Soubrette : tels (ont lts.per(bnn^gcs 4cs Amours Anonymes.

AMOURS CHAMPÊTRES i(les) Paprale en Vaude- villes r Parodie de FA&e des Sauvages ^dans VOféra des Indes Galantes 9 par Mw Fàvart , aux ItaUens ^ 175 u

%jt Bgrg^xi PkUîiUe fe plaint qiie>nicbere Hélène reçoit les vœux d'un groi. Fermier de VilUge, &'d'im Petk- Makre de Paris : i| craint d'autant ^us leur riralité ^ qu'ils, font plus opul^ens que luL MÂhs comme il fçait xnieux aimer c^u'eux , il obtient la préférence^ Les àeux Rivaux (e retirent humiliés ; & ïts Fereers des environs descendent des coteaux voiÀns pour célébrer , pg; leurs danfês , l'hymen de ces heuKUx 'Amans.

JMOURS D'ANGÉLIQUE et DBMÉDOR^ iks}

Tnagédie de Gilbert ^i66d^.

Angélique , PrincefTe encore plus efifinabk par fk vertu & par Ces fentimens, que piÉir ibi^ in.Çoràpa^afalew, beauté, a vu périr Xe Roi du CaidMy Co» pQre-, ibu$ Je fer d'im Tyran , qui a enfîiiteufLrpé £a Çoûroiriiet: D^ans ce funeâe malheur ^ tout ce que Roland a pu faire ^ c'<eil de &ir en diligence, & d'emmener la PrincefTe au Càmtp de Charlemagne. La perte delà bataille de "Roncevaux la fait tomber au pouvoir des Sarrafîns ; '& tine viâoitc la rend à PEmpereur. I>ans^^ l'uni & l'autre Camp , Angé- lique s'efi vue importunée de mille Amans ; èc, ce jour mmie doit décider ion (brt, dans un ma|^ifîque tt>urnot9 que Charlemagne fait ouvrir ppur célébrer leTr^aité d'^l* liance qu'il vient de conclure avcçl'Empereur des Grec^» Inlenfîble à tous^les honneurs qu'on lui rend, la Pl^inceflib ne Congé qu'à (on cher jVIédor qui tire ibn origine des plusllluftres Monarqttertle F Afrique. H efi ^ outre cela «. fi vaillant , que Ces exploits e£&cent ceux des plu9 £lmeux Palatins : il a dé£yt-FUûirpat(eurties E^ats^d'AngéKque» £n plufîèurs occafions cette PrincefTe lui a été redevable de la vie: c'efi au brarde ce gr^d Guerrier qne l'Em-^

iiereurdott.le^viâpires au^'il a remportées Ar les Saacons^ es Bavarrois^ Iç&Sarrauns, &Cy Efi arri^irant en Francei Mé4Qr.a pris le nom. d'Arimant, qi|*il a rendu £^ célèbre « &ibus lequel il devenu le favorL de Charlemagne ^ 6c Je conudeift. des fècrets d'Angéliques ^^s Ce fair(*^ . connoitre 9 il a Le plai/ir d'apprendre par lu^-meme , jui^ qu'à quel poin^ il efl aimé de fa Princefle-^ de ne Ce dé^. couvire, quelorfqu'il croit avoir acouis aâè/. deglpircr pour la mériter. Roland , Renaud), Roger- & Ces autres rivaux , font obligés de la lui céder , & d'avouer qu îlt en (ont moins dignçi que lui.

F IV

$S A M O

MOUnS D'ASTRÉE et DE CÉLADON, (IçsJ Tra^i-Comédie Pajiorale , en cinq Aâies , en Fers, par iiajjjîgneur, 1^30.

La plupart des Pa{{ora^s de ce tçms , étoîent tirées ie, TAflréc de d'Urfé, Chaque Poète en choiiîfToit l'évcne-» ment qui lui paroiflbit le plus convenable ; celui -ci ,pour n'être pas embarrafTé f\ir le choix , a mis çn aâion i|t^ Abrégé de cinq Volumes de ce Roman, en commençant par déicfppir de Céladon qui (e jette dans le Lignon »> & fîniilant par i^ reconnoiilance >êc Vunipn de tous (es Perfpnnagçst!

'AMOURS DE BASTIEN ET DE BASTŒNNE .(les.) Parodie du Devin du Village ) en un Aôle f par Mar^ dame Fav art &* Jiû. H^rnj , au Théâtre Italiens 1753.

Baidiènnc Ce plaint de l'infidélité de Baâien. Elle ap-, perçoit Colas , qui pàfTe pour un grand Magicien ; & elle ie confùltê fur (es Amours. Elle apprend que Bafti^ Taime toujours , mais qu'il en aime une autre avec elle ; Se cette autr^ cft la Dame du Village. Colas confeille à cette. Amante défolée de feindrç de l'incoinAance , parce que c'efl le vrai moyen de fixc^r Baûien auprès d'elle, Bafiienne promet d'ufèr de cet artifice. Le Magicien per- iiiade enfùite à Baftien , que Maitreflè a un nouvel Amant. Il en eH défelpéré ; maisrarrjvée de (aMaîtrcfle lui apprend bientôt qu'elle l'aime autant qu'elle en eft aimée.

4M0URS DE DIANE et P*ENDIMI0N , (WX Tragédie de Gilbert ^ t^57«

Diane aime Endimîon & en efla^mée. L^Nuît , dépo- Jfîiaire de ce fecret fait les démarches nécçfïkires poiif înftruire ce fnortv.*! d'un- bonheur dont il n'auroit pa5 ofé (c flatter. Ce teiidre commerce eft troi^Wé par la |a- îoufie d'Apollon > Am^nt de Diane , & qui veut Tépouler. Diane refiilc d'y confentir , alléguant fes (cmpules , qui lui défendent cette alliance inceflueu^e De (on cote \ Endimion brave la colère de (on Rival, & lui reproche' Ion impuiflance Mais ce mortel eft exilé par Arrêt de la CourCéledc; & Apollon jugeant cette punition trop lé- gère pour un audacieux , le fait mourir fecrettçment^ f,a Pièce finit par les regrets de Diane, ^

A M o «9

'AMOURS DE DIDON ET D'ÉNÉE ^(les) Tragédie en trois Aâiex , par MontfteurymV oyez AflfBiGV'CoAtiQUEm On trouve , dès le premier Ade de cette Tragédie > une (îtuation intéreflante. Ceft lorfquc larbe, rival d'E- Jiée , apprend à Didon que le Prince Troyen efl prêt 1 la fuir , & que la douleur de la Reine^ trahit un amour qu'elle vouloit tenir caché. Ses reproches £ùfpendent le départ d'Enée ; celui-ci y renonce même entièrement ; mais Tordre des Dieux & l'apparition de (on père An- chi(è , hâtent de nouveau (a fuitç. C'ed larbe lui-même qui la protège. L'Auteur fait u(àge de la rivalité de ces deux Princes ; mais il évite de rçndre le Numide plus întérefTant que le Troyen. Il s'cft , fiir-tout , bien gardé de lui mettre dans la bouche certaines vérités dures •» qui humilieroient trop (on Rival , comme dans une au- tre Tragédie de Didon » plus moderne.

4M0URS DE GONESSE ,(Ies) Comédie en un ASle ; mêlée d* Ariettes i, dont les paroles &• la Mujiquefont de

deux Anonymes f aux Italiens^ 17 ^S*

Michaut , Boulanger , a une fille nommée Jufiine , de

laquelle Bernique ed amoureux. Celui-ci a pour rival * Colin fbn fils , dont il découvre les (èntimens : il s'em- porte d'abord ; il menace , il crie : mais il finit par con- fentir au mariage de Colin & de Jufiine.

'AMOVtS DÉGUISÉS, ( les) Ballet de trois Entrées , gui font ^r Amour déguiféfousj! apparence de la Haine , de l'A- jnitié Êr» de l'Eflime , précédées d^ un Prologue •^ paroles de fureliery Mufique de Bot^rgeôir » 17 »

On y ajouta l'année iuivante , une quatrième Entrée intitulée la Reconnoiffancep X^c J?ro\og\XQ efl formé pac Vénus , Minerve Se Bacehua.

'AMOURS DE JUPrrÉWETDE SÉMELÊ^ (les) Tra-^ - f:édie y avec des MackmërYhbjforée de la préfencs de 'Louis XlV}^rBoyer,i€^6y\\i<\

L'Aurpre , açcoimpâgnèè des Heures , vient éveiller Sémeié , & lui annonce que lupiter , (bus la. forme d'un JBerger^ l'attend, dajti&rendroit du parc , il l'a vue pour la première fiotiç. Comme ceci (c paiîc en préfencc 5^6 ^Diiy é , confidente de. Sémeié , celle-ci fc trouve en- gagée ' à lui raconter de queile façoft l'amçur de Jupi;

5ft A M 0

ter a. pris f^ajUno^ce , ^ a étou^tf celui qufeUe ref&iitoie pour Àlçméon, fi^s du Roi d*Ârços , à qui elle efl promife. Cadmus & Hermione réitèrent lapairole qu'ils ont donnée à Alcméon, 8c Junon Tailure de foa ajf&flance* Pour met- tre (a Maitreilèren (ureté , Jupiter la £^it transporter dans un jardin enchanté , avec les Ain,aur&,les Plaifirs & la Jeuneffè. Vénus lui donne d^eux Amours , dont l'un fait aimer & l'autre rend aimable. Le bonheur de Sémçlé duré peui à peine Vénus Ta-t-elle quittée, qu'elle fc bàSé fSdulre aux difcours de Junon ^ qui , (bus la figure de Mercure , lui fait entendre q\ie. foA Amant n'eâ qu'un impofieur , & . non le Dieu dont il uiurpe le nom* l^a Frmcefle» incertaine dii parti qu'elle doitHiivre, eft prête â (e rendre aux volontés du Roi («n Père , qui lui ordonne d'épou(er Alcmço».Ix)r{qu^'bneftJur. le point de commencer la cérémçnie, rHymenée refulant d'y fouf- crire , s'envole ; 8c la Jaloufîe prend fa place* Cadmus , étonna de ce prodige , invoque Minerve &DéeSè Tute- laire. Ç'eû Jupiter qui paroit fous la figure de Minerve , & qui défend de pourfiilvre l'Hymen de Sjém^elé , dont aucun mortel a'eà digne. Il or(lonne qu'on, retire , 8c fait conçoit re« Loriqu'il eilieul avec laPrioceilè ,il lui jure un amour inviolable , & offirc de. lui en. daiiner tou^esrles preuves qu'elle voudra exiger* Le bonheur de Sémelé eût été parfait, fi elle eût voulu JCe contenter de la promefljb de fon Amant, fans le mettre à l'épreuve : Jupiter ne fe feroit pas'engagé par ibn ferment à la ve- nir trouver avec la Majefle qui raccompagne , lorlqtiUl eft auprès de Junon; mais il faut, m^grémi, fatistatf^' ^ cette ambitieufe MaîtrefTe. A peinç efl-il dans Ton appela tement, que iePahds Daroit toutènfeu. Cadmus.&Hec« mione pénétrés de douleur , (ont firappés d'un, fpedaçl^ extraordinaire. Le Maître de^DieuX préfènte au milieu de fbn brillant Palais , fie pour les coniibler , leur £ut^ voir oemele , qu u a rendu^iomiorteile^i.

AMOUB^S DE MARS ET PEVÉHUSy (ht) B^Uet^ trois Entrées , avec un Prolcguei paroles de D^nçhet , Afi^*

que de Campra 9 17 tt* ^ \.'

Le Prologue fêul de cet Opéra a éi^é remis avec dmS- rentes Pièces. Il eil formé d'Hébé , DéclTe de la Jcuneffct & de la Viâoire qui lui annonce le retour de U, Paix i8e desPlaifirs*

A ¥ 0 91^

AMOURS PE MATHUKINr {Us) Parodie e^iieuxAâer^ delà Pajlorale ieDaphnis Er» Alcim^d^rç > p(ir. M^ delà. Combe %aux italiens » i?^^*

Mat^HtinA Pf^oU açitéç 4>n9 pailion. naîflTs^i^îe : Co- lin qui ci> le fccret objet , 1^ fUrprend d^nç les ré- flexions qu'elle £iMt iUr fîpri npuye^l état ,^ 8f Iwi tr^ce une peii)ti]re touchf^nte du iîen. La^ manière dot;tU s'y prend, pour le lui dïeclarer » trèi-d^iç^te ; çep^n- <ian; Afuthurine s'en diéfendf ^ns ^H^res r^fpi^s , que 4e vouloir garder la liberté* l/n A^maîit plus iofi^-uit ne verroit dîini ces refus , qi|*un.e viôçire cçrt.^inç \ i^aîs \p tt^ài!çt Colin qui a plu^ d'amoùr que d'ex{^$,riq^ce « p'y trpuye qu'une refift^çe cruçlle : aufÇ d^s qu'il cil fc^, il plaint, copame c'efi l'u^^e 4ps Am^s» 4prA^ snour 8c de £ès rigueurs : maiis touchée de ùl ten|l,rçf{è ^ Mathurine lui fait enfin l'aveu de la (knne , & les deiiz Aaums font couronnés par, la main de rHyxnen.

AMOURS DE MOfdUS , (tes) Ballet en trois A0es , ûpec un Prologue , paroles de Duché , Mujiquc de Dénia* rets f 169^.

Le^ Prploguc fe paiTc entre Meljjpqftèliç > TkaJlîf i la Glofré Ôf leur fyhi*

AMOURS DE NANTERRE j (les) Opéra-Comiaue en ' un ASe > ie le Sage yd^Ornevàl , > i la Foire^ Saint* Germain f 171^.

Madame Tbpn^as , mère de Colette % veut éppufer Lu* cas, '& s'oppofb au mariage de if^ fille ay^c Valere,

?ous-tieutenant d'Infanterie^ Colette feint d*aîmer Lu- ç^s,, ppuT donner de la jaloufie à ^ mère; ce qui l'obU- geraà la marier prpmptemcnt, pour Ce débarrafler d'une telle rivale. Lucas , perfuadé 8c enchanté de cet amour > aime mieux être 1 époux ^ quelle beau-pere de Colette.

U ne s^épargne pas (W^ compte 4e Madiune Thptïia^?*. qui l'écoute fans ètrp vue* Elle e^iuie contre lui dans. une très- grande colère, & enfuite elle Te radoucit; m^is Lucas ayauit hk la iottifb de la^Qèr eugf^ep ,d^ns la Cfimpi^gnie de Valçrç , on ne veut renjrç Teng^çmept

S'i conditioii que Valerci épquiç^a Colette j & la Fîcçc itpax un 4ouble mariage»

91 À M O

AMOURS DE PROTHÊE, ( les) Ballet en trois Aâles; ' avec un Prologue y paroles de la Fo/if , Mujique de Gervais , 1710.

Prothéc 9 infidèle à la Nymphe Thcrone , qui raîmc ^ offre (es vœux à Pomone , qui les rejette. Il fôupçohhc Vertumne d'être (on rival ; & pour éprouver s'il eft mieux tra«é que lui , il prend figure , & fe pré(cnte à la^ Déefic (bus cette métamorphofê. Pomone le prend pour Vertumne , & le traite avec un douceur qui le défelporc. Pour (c venger , il feint d'être amoureux de Theronc ^ & ce ilratagéme attire au véritable Vertumne des re- proches vifs & de durs traitemens. Il eft enfin juûifié par

' Prothée lui-même, qui, touché de la confiance deTné- rone , lui rend (on copur , & fait cefler le trouble qu'il a

' cau(2.

'AMOURS DE RAGONDE y (les) Comédie-Opéra:. tom^

pofée de trois Intermèdes , dont les paroles font deNéri-

' caut Defiouches , &* la Mujique de Mouret , tj^o. * *

C'ed ici un divcrtifTement burle(que , compofé pour Madame la DuchefTe du Maine, On y fit dans lailiite quelques chatngemens fans la participation de l'Auteur ; ic on le donna à l'Opéra (bus le titre des Amours de Ra- gonde* Comme on ne fçavoic de qui étcfient les paroles :^ quelque fieaux-Efprits o(erent le yanter hautement d'en être les Auteurs. Débouches, indruit, dan s raretr^te^de ce qui f& pafîbit, revendiqua fon bien dans une Lettre imprimée , &y défavoua les fadeurs lyriques qu'on âvoit glifïees dans ce petit Poème. C'eft un ouvrage epttrêmte- ment agréable dans (bn^genre^ Nous ne connôifïiôris pas encore ces Opéra-BoùfFons "des Italiens , qui ont fait tant de bruit parmi nous. Ràgonde avoit donc le'^ihéHtc de ' l'invention & de la nouveau t et

'AMOURS DES DÉESSES ,(i9f) Ballet mtroh'Aaésy précédé d^un Prologue y parFuielier y Mujique^ de Quinhidt f

Le Prologue cft entre l'Amour '& ^'Ihdîfféfeftce. La première Entrée repréfenté les AmôurS de Vénus éic'd'i\- •dofhirf la féconde ,* celles de Diane & d'Enâîmîoh Vl^ troiiîémc, les Amours de M«lpbjhenç^ dd'Ptï|is."''

M O ^1

'AMOURS DÈS DIEUX , ( les ) Ballet de quatre Entrées , ^ ^ayec un Prologue » par Fu^elier , Mujique de Mowret »

Le Prologue rep.rcftntc les Jeux funèbres célébrés

' par les Sarmates en Thonneur d'Ovide > en reconnoif*

fanée d€ l'Art d'aimer que ce Poète avoit apporté lur

T les'bords glacés du Danube. La première Entrée repré-

'lente les Amours de Neptune & de la Nymphe Animoiie;

la féconde , celles de Ju^ter éi de Niobé ; la troisième ,

celles d* Apollon & de Coronis ; & la quatrième , celles

de Bacchus & d'Ariane.

AMOURS TEMPE , (les) Ballet Héroïque de quatre Entrées* ;

. Ces Entrée$ (ont , }c Bal ou V Amour difcret , THymcn ©u V Amour timide. 9 ^Enchantement ou l^ Amour généreux^ Içs Vendanges, ou ZMmour enjouée Lès paroles ont été attribuées à Fuzelxejc l Ja Mufique de M. d'Auvergne 1 71^ i. La féconde Entrée de cet Opéra fut parodiée aux Italiens fbus le titce des, CooroAiz^j*

AMOURS DE VÉNUS RT D'ADONIS y (les) Tragédie de Viféy précédée à* un Prologue , en Vers libres y avec des

\ Machines , mufique àe Charpentier , 1670.

V Tout refpire , dans, cette Pièce , la volupté la plus

molle & la plus efféminée : Vénus y eu rcpréfèntéc

comme une MeiTaline.,, Adonis èfl un fat ; Mars un Ca-

pitan Matan^ore , qui fe laifTe nazarder par un foible

[ nival , &'n'a pas honte d'avouer qu'il a befbin que la ja«

,.lou(e Chryfeïs F^niine à fe venger. Les converfàtions

^ ,de ce Dieu &(ie Vénus font digne» d'unSpldat qui fait . des reproches à Màitreïïè»

AMOURS DE VINCENNES , ( les ) Parodie en ttn ASe , en Profe & en Vaudevilles , 4e tOféra d^IJjéf avec des di" vertidèmens , par Dominique > aux Italiens 7 !7i^. Apollon y efl tràvedi en Fiacre, & Iffé en Macécj

< Laitière de Vinceniies ,- â laquelle on dit ;

Que votre Epoux, belle I^aitiece» ^^

' . Jouit d'un bonheur parfait !

il ne cherche 4u'à TOUS plaire j Il fera bien cbque^r f^ fpuç;. - ^

« 1 . 1

94 AU O

JmimS, D'OVIDE,, {les) Pi^oralê en cînf ASeti

ai'tc un Prologue tf des Mkcldnes%paT Gilbert » i6tf J,

Scèjne i(e paflè Sans les, jardins d'Aâonis ^ i Aina<ii tlK)nte« Cejbur même les Grâces doivent couronner la plus pàrfîute Nymphe & te pins parfait Amant. Le f'alant Ovide k la belle Corinne viennent di^^it^r le prix , qui Témble i Céf hifè •, la plus belle des Nyfti* phes de Cypre , & à ïïyaçinthe fon Amant* Qn ne corn- prcn^d pas aï^fêhient quelle eft la prétention d*Ovfde^ il faut 9 pour gagner ce prix, s'engager fous les loix de THyiÀen \ & cttte (foitdiucKh ^û. on peu tro^ gênante p6u^ un volage > qui fait cgnfîiler le (buverain bonheuY dans H Kbérté tfe changer d\^e]c^ La tânité feule le fait adirer au ^tîk propolëçttr te$ Grâces; & làns céRct d*aimer Connne ), il fmt le doux penchant qui Teiitra^ihe vers C^phiCt i Hri fait ta coulr , & a ie pUifir de mordtfier fonRivaÀ. CéphîA, pour 1% p^lr du chagrin que Cette conduite caufe à Hyacinthe » tïitreprencT ûé brouiller Ovide avec Corinne ; & feignant 4*êcouter favorablement te nouvel Abiaht , btiè Toblige d*ébrîre à fbn ahcieiihè SVhitfeffe , ^fii lui prtferc, Ciéphifc. Ôvîde y confent » fc prévient cfette lettre par une autre , £l mande â Corinne qu^n limera tou^oiir's y mais qu*il n'a pu fe diG» pcnfôr de donner cette fànsïkâiôii à Nymphe à'Ama- thôtite. Cette Piède ïi^ preï^e Tpoîfit d'aâron ; & au ÎTeu de prëfèntér Ovide avec et càra'élère Jdinàbîe que Tâ^tî- qùîtë nous en à tracé, & iquil a ptint hiî-Aiême dân« fis iOuvirà^es , rAiitèur ihlr<5rdoifc m Pc'tit-Màître Fràn- ^h , qui déb'itfe de ]6\is MafdH^Uk. Corihtiè eft trop coquette ; & Céphife le ft^oit àCidK Volontiers , û Ovîde vtïuioit avoir {)lus d'adreflè«

AMOUKS, PUÎNitaS V ( tés ) Battet en un ASe i paroles de BonnàPal, mufyue ie Colin de Blafnonty 1737*

Les r er(bnnageis jont^ i*lore « Iris ^ 2^pMre , le Sol^l ^ Eole 9 un Berger 8c les Suivantes de Flore. On ne Ta point revu au Th'âttré.

AMOURS DU SÇyLEÏL^ (les) ffm-ComédU en cinq A&es , en Vers, milée iemi{fmç^ de Machines % pr^. téiti £m Proloffie attribué i V\[é\ 167U

A M Ô ^J

iAfi611on èfl'âËmoufeux de Leucothoé; fnaîs TAmour hi -^ne^ce qtfc Vémis , iifritéc > ya tpsr^rfèr ifouveile fiitaie. Apoitoki, Ci'aignsrïit peu ces menaces, s'éloigne pour ehetther la FriiK^iTe ^u'il aime. V^nus (buleve le Gid^ ks Eflifeirs fMr tirer yéiiffeaiicc^lApoHoin: ce Dieu rit ^ fà^aiiie cdleif^ t cepetidant la pauvre Leuco- thoé, ftpàlmis^ik cofifideiite> £ont nagité^s ée cofitiiiuelles frayeurs. La fureur deV^énus ne pourroit rien (ans la )albii- fie de Clytie, qui va découvrir au père de Leucothoé fbn c^m^merce ave^ Apollon. Dans fonprenûértranf^ ce cruel Roi ordonne qu'on enterre ia Princeilè toute vfve* Venus preiTe Texéeution de cette Atret , & vient eafiiite faire le récit de la ifunetle mort de la Princeilè. te Dieu du jour parolt çhfin au inilieu de (on brillant Palais ; il métamdrphofcTaMaitreire chérie en arbre oui porte l'en- tfens, L' Atnoûr termine la Pièce , & fait reiiou venir Apol- lon, que la prédiâion au'il lui a faite efi accomplie » puilque Vénus tfi iùffiumment vcmgée.

AMOURS GRENADIERS^ (ks)ou la Gageum Au-

GLOigB 9 C9mid{e en un ASe ^ milie de Vaudevilles ^ àla, Fohre'-Saînt'^Laurent^ aux Uartjeursie cWde^ Aufujetde h, prift de Makm t^pér M. Quêtant ^ i7f^«

Bîaîii , Tayfaft, îiabitattt de iTflfc ÎMîriorqué ; tîfctte , & £rlle; Tohtoh , & nléc^ ; Brlding, Anglois domicilié 4ans rifle; Vtntre^à terrée ficlle-roifi,<}renadiérsFpaii* cois; tels font les Peribnnsifes de cette petite Comédie* ^riding eft amoureuk de Mfette.^-& con^pte répou(er« Ventre -à-tetrfc 't& fàn rival. Belle-Wfe , de Con c6tc » lûinfe T&fitôR. L^ |»ètités iMes, & IBlaife luï-méme» s'acconubodent tlrieuxde iaigaîeté FiTaoçoifë^ que du flegme Anglois. Bridinggage avecBlaifè, ion chapeau » la canne & cent écus , contre le trouÀeau & la dot de Lisette 5 t]t!e iés Anglois iêroÂt Vainqueurs à Mahon* Btaile accibt)%e la gageure & la gagne. Bridîng dherche des fisbterfuges pour ne pas payer. Nos G^dnadiers , qui n'entendent point raillene, le couche enjoué. II. donne 9 malgré lui, (a canne, Coti chapeau & la fomme convenue» C«tte pertele touche |u(qa'aux larmes : a Morplé , dit-Il , c'efl traître à l'Angleterre , de me jouer lin tour com- « me ^elui-U, Vonuefdé >.àui Nadon n^^ft capable que

^

je AMP

m de faire des (bttifes. bien ! répofid fiéIIe-ro(e f » v'ià Tmeilleur mot que. vous SLyçz dit ». Nos Grena- diers ont pitié de lui 9 ils piquent de générofîté , & lui tendent Ton argent & Tes efrets* £riding rede immobile d'admiration ; U embrafTe fès bienfaiteurs , 8c iéCrîk avec eux : Vive la France ! Belle- rofe & Ventre-à-terre épou- fent leur MaitrefTe, Blaife , ainiî qu'elles , £bnt au comble de la joie.

AMPHIGOURI y (t) Opit a Comique en unASle^ de ?an^, nard j à la Foire Saint-Laurent, i73^#

Amphigouri amoureux de la Foii!e : céllé-ci le re-» bute , parce qu'elle a pris du goût pour Laz2is, L'Opéra^ Prôtedeur d'Amphigouri , veut obliger la Foire à l'épou- iêr : pour éviter cette violence , Parade confelUe à la Foire de s'enfuir avec Lazzis. Ce projet s'exécute, &: Parade en vieiit faire le récit à Amphigouri. Un Envoyé de rOpéi^a amène un divërtlflement qui termine la Pièce.

AMPHITHÉÂTRE. Ce terme fignifie pto- prement milieu y d'où les Spedaceurs , rangea circulairement > voyent également bien. Aum ^ les Latins le nommoient - ils yiforium. C'eft , parmi nous , la partie du fond d'une petite falle de SpeÂacle, ronde ou quarrce, oppofce au Théâtre , à fa hauteur , & renfermant les banquettes paralelles Se placées les unes devant les autres » auxquelles on arrive par uh efpace ou une allée vuide qui les traverfe depuis le haut de rAmphithéâtre , jufqu*en bas. Les banquettes du fond font plus élevées que celles de devant:

; les premières loges du fond font un peu plus élevées que l'Amphithéâtre. L* Amphithéâtre do-

, mine le Parterre. L'Orcheftre ;^ qui eft prefque des niveau avec le Parterre, eft dominé par le Théâ- tre i/& le Parterre qui touche rOrcheftre> forme entrent Arbphithcâue &! le. Théâtre > au-dcffous

de

de Pun ^ de l*aiitf é , ua efpace Quatre $ ^fbfond «û ceux qui fifïlent ou applaudiflènE les Pièces ^ font debout.

Chez les Latins , c*ètoit un binraenf fpàdiëiii^^^ tond , plus Ordinairement oval , dont Tefpace milieu étoît environné de fiéges élevés les un^i àtt-déffus des autres , avec des Portiques tn dédani & en dehors. Caflîodorê dit que ce bâtinienr étoié fait de deux Théâtres conjoints. On lui doiinoit quelquefois le nom de Cavea ; vôye^ Cavea i mais ce mot qui fut le premier nom des Théâtres ^ n'éxprimoit que le cfeux formé par lés grâditis en cône tronqué > dont la furfacé plus petite* celle qui étoit au-deflous du premier tang gradins , 5*appell6ît l*Àrène. f^oyei ARkNE.

Au-deflîis des Loges , appelléès C^vm^ étoÎÉ pratiquée une avance en forme de quai qu*on ap- pelloit Podium 5 & qui reflèmblôit à Une lohguô tribune > ou à un long périftile circulaire. CétoiÊ la place des Empereurs , des Màgiftrats. Leà gra^ dins étoieilt au-deffus du Pôdiurti; Ces gradins formoient lès précinftiôns en Baudriét. BalteITs, voy€i Balteus. Les efpaces Contenus entre Iti précinftions & lés efcaliers, s'appelloient Cunti ^ des coins ; vàye^ Cûneî.

Les plus fiimeux Amphithéâtres étolénteôu^ ^6 Statilius Taureus ^ .. de Vefpafieh , Ttajati & celui de Curîon qui toutnôit, dit-'bri, fut dd gros pivots fer ^eôfortè que du ménvé Amphi- théâtre, on pouvoît, quand oh youloit^ faire deut Théâtres difFérens, fut léfquels on fêptcfentoit des Pièces toutes diâfôrènté$«

Tomt L G

A M U

jiMPHTTRION^ Comédie en trois Aêles ; en Vers ^ avec m Prologue 9 par Molière , i669*

Molière a imité & réformé Plaute dans cette Comédie : Il a (çu éviter les défauts de fon modèle , Se ajouter à fès beautés. Les plus ardens Sedatcurs de l'antiquité font forcés d'en convenir. Quelle finefTe, quelle élégance dans les Scènes de Jupiter 8c d'Alcmène ! Quel enjoue- ment, quçl vivacité dans celle des So/ie ! La manière dont ce dernier termine la Pièce, étoit la feule qui , dans un pareil fujet , pût tirer l'Auteur d'aflàirc. Elle avoit échappé à Plaute; Se ilfalloit être Molière , pour la (ài/îr. Cette Comédie çâ écrite en Vers libres , gtntt de verii* £cation employé par Corneille dans Agéjilas ; mais c'cft 4ans Aiïîfhitrion quç ce genre doit fervir de modèle»

AMUSEMENS A LA MODE^ (les) Comédie en trois ASesy en Vers libres <, avec un Prologue , par Romagnejj &* Riccobony^ aux Italiens y I7?»»

Of onte veut marier fille avec M. Rigolet , parce quUl déclame bien , & qu'Oronte aime la déclamation r Madame Oronte veut , au contraire > la donner à Erafie , p^rce qu'il chante bien, & qu'elle adore le chant. Lucile qui aime Erafte , ne peut confëntir au choix de fôn père» Rigolet efpere d'obtenir main , en flattant Oronte par des Vers qu'il lui déclame : Erafie forme le même efpoir » en donnant un Opéra à Madame Oronte. Enfin, avec l'aide d'un Valet , l'Amant chéri emporte la viÀoire ; & du confèntement du père Se de la mère , on marie Lucile avec Erafte. Cette Pièce a eu beaucoup de fiiccès,

ANACRÈON^ ASe êHOféra de Cahufac^ mufique de Ra- meauy i754»

Anacréon , fur le déclin l'âge , a élevé deux jeunes en^s, Qathile Se Cloé. Ils ibnt dans les premières années de l's^dolefcence , charmans tous deux , faits pour plaire Se pour s'aimer. Le galant Vieillard a (uroris> avecplaifîr^ les feux àuituels de (es jeimes élèves. Se & propo(è de faire leur bonheur, lia préparé ufie fête. Se a lui-même cohi- pqfé les Versai doivent être chantés. Les jeunes Amans les communiquent , les répètent enfemble ; mais Cloé a pris les fentimens de tcndreffes Se de ^lanteries d'Ana- créon p ppiur une déclaration formelle de l'amçur qu'elle

/

A N A 95?

croît Jui avoir mfpîré. Elle en eft vivement affligée, & fait paflèr (es allarmes dans le cœur de Bathile. Celui-ci ne peut croire qu'Anacréon puiffc jamais vouloir les ren- dre malheureux. Le Vieillard les Airprend dans un enr treticn fi intéreffant , en pénétre k fujet , & feint de vouloir l'apprendre d'eux-mêmes : chacun s'en défend 5 il finit parleur déclarer qu'il n'a prétendu que jouic un moment de leur embarras , & s'auùrer de la vérité de leurs feux pour les unir. Cette dernière circonilance donne lieu à la fête qui termine l'Aâe*

ANACRÉON » Ballet héroïque en un Aâe , ioni hs paroles font de M. Bernard^ & la mufique de Rameau^ 17 17*

La Prétreife & les Suivantes de Bacchus, irritées qu'A- nacréon fè partage entre l'Amour & le Dieu du vin, renverfcnt la âatuc de l'Amour , & lui enlèvent Lycorîs. Anacréon ed ramené â table , il continue de boire & s'endort. Le bruit d'un orage affreux , mêlé de tonnerre , éveille le Poëte ; une voix plaintive le fait entendre ; il en eft touché. C'eil l'Amour , qui , déguifô en efclave ^ Tient lui demander un a(yle. Il dit qu^l ftrvoit Lycoris v

o 1- i_-li^ r.- r. -^ A^l -..:^^£ ^'

obligé de fuir. Anacréon affuré par ce récit de Tattachen ment de Lycoris , avoue qu'il eft le coupable dont il parle. Lycoris vient retrouver (on Amant. On revoit bientôt les Bacchantes, dont la préfencc de l'Amour contient la fureur. Ce Dieu , pour tout réconcilier , confent que Bacchus ait (es droits (ur le tendre Anacréon ; ce qui réunit les Suivans de l'Amour & ceux de Bacchus.

ANACRÉON^ Comédie en un ASe^ en Vaudevilles > par. M. Sédaiœ y aux Italiens j 1758*

Anacréon , après avoir long-tems encen(e les Amours j ouitte la Cour de Samos , abandonne les jeux 8c krs plai- nrs , Bcft con(àcre toûtentier à l'étâde. Son ami Philenos veut inutilement lui parler du pouvoir de l'Amovr^ Ana- créon borne (es défirs à- la (eule amitié. Cependant l'aie s'ob(cutcit ; le Ciel fc couvre de nuages; un Enfante»* po(è aux injures de la tempête , demande unç ^retraite à Anacréon qui (e laiffc toucher par ingénuité , le réchauffe «vec fcs mams 9 Se k met (uc &s genoux. C'eftk flio«-^

Gij

loo A N A

mcht (Jtic prend PAittour pour le bleffer d'an deïès traita* Mais s*il Tauteur de la bleffure , il le fera aufïî de la ^uérilbn. Il parcourt la campagne, vole la brebis de Ce- phi(è , & (c réfugie dans le cabinet d*Anacréon. Céphife court après la brebis : arrivée dans le cabinet du Philo^ fbphe 9 elle en admire les ornemens , dérange les livres ; & Anacréon qui la fûrprend , efi enchanté de fa vue, lui fait une déclaration à laquelle elle fe montre fenfible. L'Amour vient lui-même être témoin de fon triomphe 9 & tous ici amis d' Anacréon chante fa viâoire.

^ ANAXANDRE t Tragi-Comidie de Durier^ J^U»

Ce fujet eft entièrement de l'invention de l'Auteur. Anaxaridre , fils du Souverain d'un Pays dont on ignore , le nom 9 eft fait prifonnier par Alphénor, Généra des Troupes d'un Roi dont les États ne font pasimieux dé/îgnés. Ce dernier,fatigué d'une guerre qui dure depuis très-long- tems , veut la terminer par une alliance entre les deux Nations , & commande à la Princefle Alcyonne , fa fille cadette , de feindre de l'amour, & de tâcher de gagner cœur du Prince captif. Alcyonne exécute les ordres de fon père , trop exadement pour fbn repos , puifqu'ellc ' reçoit d'Anaxandre autant d'amour qu'elle lui en infpire. Comme toute la Cour efl perTuadce que cette paifîon n'«fl que feinte, Céphi(e, £lle aînée du Roi, s'aban- donne aU doux penchant qui l'cntraine vers cet aimable Etranger , & Alphénor flatte que les droits de fa naif^ fance , qui l'approche du Trône , & tout ce qu'il a fait pour en foutenir la Majeflé , doivent parler en la faveur auprès d' Alcyonne. Prodpte , favori du Roi , qui aime cette PrirtcefTe , prend l'intérêt de Céphife, & confeillc au Roi de la marier avec Anaxandrc. Sut fa parole , Al- phénor croit obtenir Alcyonne,*^ & Céphife, efi perfiiadéc >que le Prii^ce qu'elle aime répond à les fentimehs. Ces Amans fbn les dupes du fourbe Prodote , jufqu'au iho- ment Anaxandre s'explique . avec Céphife , ôc lui avoue qu'ayant donné fon coeur à Alcyonne, il ne peut lui offrir qo*une parfaite ' eftime. Quoique Céphife foit éperducment éprife d' Anaxandre , elle fe trouve offen- icc qu'il l'ait fbupçonnéc d'unç pareille foibleflè, que par dépit, & pour le défàbufèr, elle donne la main â -Alpkénor. Anaxandre reçoit celle d'Alçyonne. Le Roi^

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très - (àtîsfait de ce double hymcnée, qui affurele repos de fbn Etat, chafle honteufement le fourbe Pcodote*

jiNDRIENNE , ( f ) Comédie en cinq Aâles , en Fers, tra- duite ou imitée de Térence^ jouée aux François fous le ncm^ de Baron y 1703.

Ceil la première Comédie que Baron ait donnée en Vers , & une de celles qu'on lui a le-plus difputées. Elle fut attribuée , dans le tems , au Pe^rc de la Rue > & ne peut , en aucun fens , nuire à la mémoire» Baron, dans fa Préface , reclame contre cette injuftice , & fe compare à Térence , qui ea efluya une ftmblable. On fçyt que Lélius & Scipion paifoient pour avoir mis la main à Tes écrits ; mais Tamitié du Vainqueur de Cartbage étoit , pour Térence , un dcdommagcmenc bien flatteur, Baroi\ ne crut peut-être pas auffi-bien dédommagé. D'ail- leurs , un Auteur François peut-il jamais l'être , de la, gloire qu'il préfume attachée à ftn moindre Ouvrage?.

yiNDRQMAQUEy Tragédie de Racine ^ %é67.

y eut-il jamais un ïujet mieux choifî , mieux traité i & aufïi. généralement applaudi que celui-ci f Cependanc quelle Pièce a jamais été attaquée , critiquée , déchirée , avec plus d'acharnement & de fureur ? Malgré l'envie , la malignité & la cabale, Andromaque a prévalu* Elle arrachou les larmes à ceux même qui faifbient le plus d'efforts pour les retenir; & au milieu de ces pleurs, les critiques plaifàntes qui parurent contre cette Tragédie , faifbient rire malgré eux , les plus iérieux & les plus zélés Défenfcurs de Racine & à' Andromaque. Avec quel art le Poète fait dé/îrer de revoir & d'entendre une Prin-^ ceiïe toujours fenfible â les malheurs > une veuve tou- jours en pleurs , une mère toujours occupée de fbn fils ^ toujours'cn proie â douleur l On s'attendrit , on pleurç avcc*elle;on partage Tes allarmes; on s'intérefFe à fon fort; on voudroit fauver â la fois Andromaque âc fbn fils.

ANDROMÈDE ^Tragédie ^ avec des Machines yiar Pierre Corneille , iCiço.

Un Poëme à Machines & à Speftaçle e(î une forte d'Opéra fans mufîque , ou dont la mu/îque fait la moindre partie. Telle eil Andromède^ Ouvrage oit la vraife m,-

. Wi\ncc eft peu obfervéc , & ne dcvoit pas Pêtre. Elle fut

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faite pour la Cour qoi la reçut avec de grands appIaudK^ femens. Ce genre merveilleux exige trop de dépenfe pour être prodigué » & pourroit ennuyer & on le prodi-r guoit. '

jiNDROMIRE , REINE DE SICILE , Tragi-Comédie de Scudérj, lé^u

Andromire aime Cléonlme, dont les vertus répondent a la naiffance. Arbas, Prince de Meflîne , aime Poli- crite , Tune des fœurs de la Reine. L'autre , appellée Stratamice , poflSde le cœur de Siphax , Prince de Nu- midie. Jugurtha n père de Sîphax , a porté la guerre en Sicile , pour en faire tomber la Couronne fur la tête de fbn fils. Arbas, qui a(pire à cette même Couronne, pré- tend ^pou(èr la Reine , quoiqu'il ne Taime point. Cette

. proportion efl reçue avec mépris ; on l'aigrit ; on l'oblige de fuivre Cléonime dans une fbrtie: il trahit (on Rivsu^ & le laifTe au pouvoir des Ennemis. La Reine promet de tout accorder à celui qui délivrera Con Amant. Arbas va furprendre le Camp ennemi, délivre Cléonime , de« mande la Couronne pour récompenfc. La Reine lui pré- lente fon fceptre , en l'ailurant qu'elle s'eft empoifbnnée* Cependant la Princeilè Policrite a fait livrer une des portes de la Ville à l'ennemi. Jugurtha entre au Palais , non point en Vainqueur , mais en Arbitre de la paix. Il trouve Arbas en proie aux remords , & la Reine trompée par l'adrefle de (on Médecin , de qui elle avoit reçu le prétendu poi(bn. Cette double circonftance (èconde les vues de Jugurtha , qui renonce à toutes (es conquêtes , permet à Siphax d'époufèr Stratonice. Cléonime reçoit dans le même tems la main de la Reine » & Arbas celle de Policrite,

jiNDRONIÇ^ Tragédie de Campèfiron^ i6B^.

Andronic a les beautés des meilleures Pièces de Cam- piflron, & n'en a pas tous les défauts. Il refie cependant encore des longueurs dans les Harangues, des récits trop multipliés & trop prolixes , Se une marche lente ,

3ui rend les premiers Aâes languiflans Se 6te à l'aâion e fa chaleur,

jiNE DU DAGGIAL, Pièce en unÂde^ en Profe & en Monologuesypar d^Ornevah d la Foire Saint^Germain^ 1 719»

AN G iQj

Arlequin , Bouffon du Caiiphe de Bagdad i congédié par ce Prince , & ne fçachant que faire pour vivre , trouve fort à propos TEnchanteur Friûon , qui le prend â foa fcrvicc , & kii propose d'aller parler à Argentine , pa-^ ipnte du Doâeur» Arlequin y monté fur TAne du Dagn giai y que TEnchanteur lui a donné pour faire ce voyage , arrive en peu de tems dans les Etats du Calipke , habitent le Doâeur Se Argentine. il fe traveflit en femme , pour fervir fa parente en qualité de fille de chambre ; mais ce ftratagéme ne pouvant réuffir , parce qu'Argentine efi déjà pourvue d'une Suivante , Arlequin prend le parti de fe métamorphoser en Dojgue, Le Doc- teur l'arrête , de veut le difTequer : ce qui oblige Arle^ quin de Ce faire connoitre.

ANGLOIS A BORDEAUX, ( /' > Cmiiie en un ASfe, en Vers libres j par M, Fca^art, avec un àiverîijfèment , au:^ François y i76^*

Milord Brumton s*embarque à Dublin pour aller à Lon- dres, avec Clarice fa fille : il tranfporte avec lui la plus grande partie de & fortune* Son vaifl^au efl: attaqué par une Frégate Fran^oife commandée par Darmant. Après un combat très-vif , le vai&au Anglois coule à fond ; on n^a que le tems de (àuver les gens de l'éc^ipa- ge ,qui font conduits à bord. Milord 8c ùl fille font logés chez Darmant, ^ui employé tous les moyens poffibles pour adoucir le Cort de (ks Priitbnniers; mais Brumton ne veut accepter aucun fecours. L'Officier François fe plaint à ÙL Cœur de cette fierté; & dans la converfation , il laifTe appercevoir l'amour qu'il a conçu pour Clarice* Cette Clarice efi promifé à Sudmer «^^ Anglois ^ ami de Brumton ;

^ on (e fen de fon nom pout faire parvenir de l'argent au Milord qui croit $ en effet , le tenir de Con ami , & qui ne le tient réellement que de Darmanç* Ce procédé joint à l'amour que Brumton prend pdut la fœar de Darmant » & un difcours de Sudifier qui arrive , & qui apprenant la générofité de Dariiiant , dégage le Milord de £a parole ^ Kve toutes les difficultés ; 8c la Pièce finit par un double mariage ; Darmant époufè Clarice > & fœur le Milord.

ANIMAUX RAISONNABLES, i les > Opéra^Comiaue un A&e t Legrênd &* . FùieUer > à la Foire oaint- Germais i ijjt8f. ' .

G iv

104 . A N N

Ulyflc ft fépare de Circé qnî , fonuyéc d'ctrc tovt^

i'ours feule » lui fournit un vaificau pour retourner k taque. Il demande y avant que de partir , de rendre la forme humaine à Ces Comp:agnons qu'elle a métamor- phofés en Animaux, Elle le lui promet , i condition , cependant , qu'ils y confentiront eux-mêmes ; & afin qu'il puifTe les interroger , elle hii remet une baguette qui a la vertu de leur rendre 1^ parole & la fî^re hu- snaine, tant qu'ils feront avec lui.Uva frapper dans le fond du Théâtre & dans les couiifles fur plufieur^ Ani^ maux, qui fe drefTent fur leurs jambes & viennent Tuti ^près l'autre à UlyfTe, avec une légère marquc^de l'eC- pèce de béte dont ils font. L'un eu un loup , jadis Procu- reur i l'autre un cochon , ci-devant Financier , 8rc. qui tous trouvent peu de différence entre- leur ancien & leur nouvel état. Le fc^nds du fajet n'efl pas de l'inven- don des deux Auteurs. Il avoit été traité a,uparavant par Mon tfieury, fous le titre des Bétes raifbnnables. Legrand. & Fuzelier ont employé de nouveaux caraâièrcs , & des, plaifanteries convenables au Théâtre & à la Fpire.

V4iVN£ DE BRETAGNE , Tragédie de Ferriery U?»- Anne , Ducheilè de Bretagne , aimée du JVUréchal d'Albert , efl recherché en mariage par JVlaximilie^n d'Au« triche. Roi des Romains, & par Charles Vlll, Roi de France. L'amour qu'elle refîènt pouf le Duc d'Orléans ^ lui fait différer, autant qu'il efl pofuble , une alliance fi contraire à fes fentimens. Une )alou(ie conçue mal'^à^ propos & fans aucun fondement , la détermine à accepter la main du Roi de France. C'efl au Leâeur à juger & un pareil fujet peut former celui d'une Tragédie, A l'égard des Peribnnages , celui d'Anne affez dans le genre noble ; & c'eii le feul qui foit pafTable. Il auroit fallu lui donner une Rivale qui intérefsât davantage, & fut plus fpifituelle qu'Ifabelle fœur. Château-Brîant » gouvernante & confidente des deux PrincefTes > Joue un rôle tout-à-fait odieux : elle trahit la Duchefle , fans fervir Ifabelle. Le Duc efi foible & timide à l'excès, &: . n'a aucune dignité,

'j/iNNÉE GALANTE , (H Ballet de quatre Entrées , avec un Prologu£ , paroles de fioi , muRque de Mion , 1 747. Lei Entrées font | THivcr > ou Cornus 3 ie. Printems , ou(

A NN îoy

Flore ; l'Été , ou Trîptolcmc ; TAutomne , ou la Mîncïdc. Cet Opéra fut donné à l'occa/îon du mariage de M. le Dauphin avec la PrîncefTe de Saxe.

ANME merveilleuse, ( C) Comédie inmAAt, en Vers libres j par M. Roufiau de Touloufe , 1748.

Mercure annonce à Ta Folie la merveilleufe révolution

l

ui vient de s'opérer dans la nature , par le changement es deux (èxes. La Folie lui répond qu'elle a déjà pré- venu les ordres du Deilin , en difpofant les hommes à cette étrange métamorphosé. Un Officier transformé en Fetite-Maîtrellè, remplace Mercure, & chante plufieurs couplets , dont il parodie les paroles fur des airs nou^ veaux. Il eu à (on tour remplacé par un Danfèur qui n'a changé que de Hrxe , de Danfeufe qu'elle étoit aupara- vant ) & qui s'applaudit de pouvoir être auffi libertin qu'il le voudra* Survient un Robin , puis un Officier devant lequel le Danfeur & le Robin difparoiffent. Ce Militaire étoit une jeune Marquife , à qui le mari ne vouloit pas lèulement permettre d'avoir un Amant, quoiqu'il eût une MaitrefTè : ce (èroit bien l'occaiion de prendre fa revanche avec (on mari qui ed devenu (a femme ; mais elle en u(e plus généreufement. Arlequin déguifé' en Revendeule à la toilette , paroit très mécontent de fon nouvel état. La dernière Scène eil celle d'un Avocat qui fe plaint de ce que , de femme (enfee qu'il étoit , le Ciel s'eà avi(e d'en faire un homme ridicule. Les Sujets de la Folie viennent terminer la Pièce par des dan(ès & un Vaudeville,

ANNETTE ET LUBIN, Comédie en m Aâe, en Vers ; mêlée d* Ariettes , Dar M. Favartj aux Italiens y 17^1.

Cette Pièce eil le Conte de M. Marmontel , mis en aâion. On y a ajouté l'épifode de l'enlèvement d' An- nette par le Seigneur du lieu ; ce qui amené cette Scène pittorefque, Lubin veut arracher des mains de (es ravifTeurs fa jeune Amante ; & cette autre Scène pathé- tique , même Lubin conjure (bn Seigneur de lui rendre fa Maitreffe.

ANNJBAL , Tragédie de Thomas Corneille ,1669.

L'Auteur eut le malheur de voir tomber cette Tra- gédie , par les épifodes inutiles qu'il joignit à l'aâioii

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principale de fon Poëme. Annibal ^ qui Ccvl doit faire tout rintérét de la Pièce , efi fi froid , & agit H peu , que fa mort ne caulè ni pitié ni admiration,

ANNIBAL 9 Tragédie de Marivaux » ijie.

Annibal y foutient parfaitement le caradlère d'un H^-* ros 9 dont les difgraces n*ont pu abattre la fierté & le courage. La politique des Romains y ed développée avec art) & la paffion de l'amour ne s'y montre qu'avec une forte de dignité & de nobleflè. Mais la Poéfie lans cha- leur & fans force , prouve , en général , que le génie de l'Auteur ne le portqit point au genre Tragique.

ANTIGONE, Trarédie de Rotrou^ 1(^58.

Cette Pièce paUe pour un des meilleurs Ouvrages de Rotrou. En prenant deux grands Maîtres pour guides , il a réuni deux aétions , dont . l'une cû, le fonds de la Thé" haïde de Sophocle ,& l'autre des Phéniciennes d* Euripide Il fait mourir les deux frères d'Antigone > Étéocle & Po« linice , enfans de Jocafie , dès les premières Scènes du troiiieme Aâe : le refle efl , en quelque fbrte , le com- mencement d'une autre Tragédie ; & l'on entre dans des intérêts tout nouveaux. Mal^é ce défaut , & plusieurs autres moins efTentielsj Antigone renferme de grandes beautés. Quelle force , .quelle majeflé 9 quelle expref- iion de douleurs dans Jocafie aux prifès avec Tes fils9 qu'elle veut réunir! La haine de Polinice, toujours fou- tenue par la fureur, contrafle heureufement avec celle d'Étéoclc modérée par fbn rcfped pour Jocafie. Que la iendreffe d'Antigone efl éloquente dans le difcours qu'elle adreflè à Polinice ! Qu'elle eu naturelle avec Hémon ! Qu'elle efl généreufè lorfqu'elle brave la mort, & la politique impie de Créon ! Qu'elle efl iniéreflànte au milieu du défàilre de toute famille !

ANTIGONE, Tragédie de Pader d^AJfeT^an, UU.

Cette Pièce efl afTez bien conduite , & les Perfoiinages ne font pas mal rendus. Celui d'Antigone efl un peu pleureux ; mais il ne pouvoit guères /être autrement , en lui donnant cette piété que les Anciens avoient pour la fépulture des morts, L'cpifode d'Ifmene fert à pré- parer le dénouement > qui , à la vérité , eu trop pré-; CÎBité. ,

A NT , 107

^ I

ANTIOCHUS , Tragédie de Thomas Corneille i \666.

Cette Pièce , quoiqu'aflez bien compofée pour le plan & la marche du Théâtre y eft une des plus froides de cet Auteur , qui, au lieu de fèntiment^jr a mis du galimathias. Le dénouement €c fait par une boéte de portrait , trouvée par Ar/înoé , & qu'elle prélènte à Séleucus , déjà téCohi de céder à Ton fils Antiochus la Princeflè Stratonice.

ANTIOCHUS ET CLÉOPATRE , Tragédie de Def^ champs j ni7*

Le premier &: le fécond Aâe de cette Pièce ne £bnt pas fans mérite ; mais les trois dernières n*y répondent pas ^ fur -tout le cinquième , qui efl le plus défeâueux. Le niiec paroît /impie de|lui-mémc ; mais l'Auteur Ta embrouillé 9 & fort mal dénoué. Les caraâères font tous dans le genre de fureur, excepté celui de Cléopatre , qui efi cependant cette &meu(è Cléopatre de la Tragédie de Rodogune.

ANTIPATER , Tragédie de M. Portelance^ 17 11.

Hérode , Roi de Syrie , aroit deux fils , Alexandre fils de Marianne , & Antipater fils de Doris. Ce Roi cruel avoit fait mourir (es deux époufes; & Alexandre étoit celui de Ces deux fils , qui devoit lui fùccéder. C*étoit uti Prince vertueux : Antipater , au contraire , joignoit à la cruauté de Con père , une ambition déme(ùree. Il forme le deflèin de monter (ùr le Trône ; & pour y réuffîr , il accule Con frère de trahifbn. Hérode ajoute foi à la ca- lomnie ; il fait mourir fbn fils Alexandre ; Se Antipatec n'a plus qu'un obflacle à vaincre , pour régner, U ne ba« laacc pas fur le parti qu'il a i prendre ; il va porter le poignard dans le fein de fbn pere« La mort de mère en eft le prétexte ; mais fbn ambition exceffive en eft la Téritable caufe. Il fe préfènte donc pour achever le par- ricide qu'il médite. Il avoit fait part de fon projet à Con confident; celui-ci en témoigna de l'horreur, Antipater vit bien qu'il lui en avoit trop &t « 8c pour pofleder feulfbn fe- cretffait empoifbnner ce confident, qui, avant d'expirer V le révèle à Hérode , ainfi que lafaufle accufàtion intentée contre Con fils Alexandre. Ce Roi défefpéré ne rcfpire plus qu'après la mort. Il préfente à Antipaterle poignard , .A le preflê de le lui plonger dans le cœur. Celui-ci cfl fur le point de le prendre > lorfqu'un ami d'Alexandre

io8 A N T

arrive , 8c porte à Antipater lui-même le coup mortel qui finit la Tragédie.

ANTIQUAIRE , (T ) Opéra-Comique en un Aôle , par rAffichard &* Valois j à,la Foire S aint- Laurent ^ i74*«

M. Médaillon , entête de médailles & d'antiques , refîilê fille Agathe à Léandre , qu'elle aime , 8c dont elle ell aimée , pour la donner à un Médaillifie comme lui , ap- pelle le Builfe , qui doit arriver le jour même de Bruxelles. Léandre, par le cônfeil de Stras , Valet de M. Médaillon, fe déguife en vieillard , & fe pré (ente à 1* Antiquaire (bus le nom de (on rival, M. Médaillon conclut au plutôt ce mariage , & n'apprend le tour qu'on lui a joué , que lorf* qu'il n'efî plus tems de Ce dédire.

ANTISTROPHE. Ce mot eft compofé de la prc- pofition ans qui marque oppofition , ou alter- native , & de çTpo^n 9 converjio, Ainfî Strophe fignifie ftance ou vers que le Choeur chantoit en fe tournant à droite du côté des Speftateurs , & T An- tiftrophe écoit la ftance fuivante que ce même Chœur chantoit en fe tournant à gauche, l^oye:^ Choeuk , Strophe , Epope,

ANTITHÈSE , figure de Rhétorique , qui confîfte à oppofer des penfées les unes aux autres pour leur donner plus de jour. Cette figure eft ordinai- rement Toppofé du Tragique; elle dégrade la nobleffe d'un rôle , & affoiblit le fentiment. On en voit un exemple dans ces Vers du beau rôle de Cornelie : elle parle à Céfar :

Je t'avourai ) pourtant , comme vraiment Romaine ^ Que pour toi mon efilme ed égale à ma haine-; Que l'une & l'autre eft jufte , & montre le pouvoir. L'une de ma vertu , l'autre de mon devoir ; Que l'une eft généreufe » & l'autre intéreffce » Et que dans mon elpcit , l'une & l'autre eft forcéo«

On voit par ce morceau combien rAntithèfe peut gâter une idée qui auroit été fublime fi elle eût été ren4ue fimplement.

Dans le Comique , TAntithèfe eft moins dépla- cée. Elle entre naturellement dans les portraits , dans les peintures vives , dans les reparties, &c. C'eft que la Comédie admet les contraftes mar- qués dans les mots comme dans les chofes , & que la Tragédie lés exclut prefque toujours dans les uns & dans les autres.

ANTOINE ETCLÈOPATRE, Tragédie de Boz^el, 1741.

Cette Tragédie renferme quelques belles Scènes , des

penfées hardies , des expreffions fortes , & de grands ftn-

timens ; mais le plan & la conduite de la Pièce ne répon-

. dent pas à Tes beautés de détails. D'ailleurs <, le fiyle eft quelqueifais négligé , & la diâion peu correde.

ANTRE DE VAVERNE 5 ( T ) Opéra-Comique en un Aêle;

par Fw^elier Er» d'Orneval^ d la Foire Saint- Laurent^ 17 18»

Dans une Scène épifodique , Ton cxplîquoit tous

les fnyûères de la brocante des Marchands de Tableaux ,

?u'on nomme la Gràffagnade, paroifîbît Raguenet, Aôcur orain , & fameux Brocanteur , qui avoît furvendu un . Tableau a un riche Seigneur. Celui-ci s'en étoit apperçu ; & pour l'en punir , il lui avoit fait perdre le prix con- venu. Ce trait regardoit un Prince très-curieux de Ta- bleaux que Raguenet avoit dFcdivcment trompé , 8c qui s'étoit contenté de la légère punition d'obliger cet Aâeut à Ce jouer lui-même de cette façon.

APARTÉ. Ceft le nom qu'on donne à un difcours que tient un Perfonnage fans être entendu d'un autre , foît que cet autre Tapperçoive ou ne Tap- perçoive pas. Quoiqu il y ait très - peu de cas un homme puifle parler lâns être entendu de fou voifin, on a admis cette fuppofition au Théâtre, TU la difEcuité reroitttnPerfoonageKle laiflèr

iio A P A

voir Tes térkables fencimens , dans des (ituations il importe au Public de les connoitre. Ceft la Menardiere qui , dans fa Poétique , a donné à ces difcours le nom d'Aparté ^ qui a pafTé dans la langue Dramatique. De piufieurs Volumes que ce la Menardiere a faits pour le Théâtre » c eft le feul mot qui (bit refté.

On trouve peu d'Aparté chez les Grecs. Ils ne font guères que d'un vers ou deux , encore font- ils dans la bouche du Chœur, qui les dit après qu'un Aôeur vient de parler pour donner à l'autre le tems de méditer fa rcponfe, ou quand un Ac- teur arrive au Théâtre. Les Latins ie font moins aflTcrvis à cette régie. On trouve dans Plaute des Apartés d'une longueur infupportablej mais Té- rence les fait beaucoup plus courts. Sénéque le Tragique s'en eft pernfiis de dix-fepc vers.

L'art confîfte a rendre l'Aparté intéreflànt par la Hcuation duPerfonnage qui laiflè voir les mou* vemens dont il eft combattu , ou qui révèle quel» que fecret terrible. Dans la Comédie , il faut s'en fervir pour produire des jeux de Théâtre , comme lorfqu'un Aâeur feît en deux mots , tout bas , une réflexion plaifante fur ce que l'autre dit tout haut , &c.

Dans tous les cas , PAparté eft fort court » & il feroir à fouhaiter qu'il ne fût que d'un mot , parce^ que y dans Texaâe vérité , il nous peut échapper une parole qui n'eft pas entendue de celui à qui Ton parle. Il eft encore à propos, pour la vrai* ; femblance , qu'un des Perfonnages paroiflè s'être apperçu que l'autre avoir parlé , & lui demande ce qu'il a dit % comme Harpagon qui fouille fon Valet) dans l'Avare de Mohere. La Flèche dit tout

A P A III

bas * Ah ! quun homme commicelaminuroit bien ce quil craint y & que /aurais de joie à le voler l

Harpagon.

!

La Flechf. Quoi?

Harpagon.

Que parles-tu de voler ?

La Flbchs.

Je dis que vous fouillez bien par-touc pour voir fi je vous ai volé.

Si le befoîn de la Pièce fait durer TA parte trop long*tems , il faut que l'autre Perfonnage s'étonne de la rêverie l'autre eft plongé , & paroifle inquiet de ce qui l'occupe.

Il y a des Apartés très^naturels , & même né- ceflaires. Ce font les difcours que tient un Afteur tandis que l'autre lit une lettre ou fait autre chofe. Ceft une des loix du Théâtre, qu'il doit toujours y avoir quelqu'un qui parle. Ceft un grand arc de faire que l'Aparté influe fur la Pièce même , comme dans le Préjugé à la mode « où, tandis que Durval écrit un billet qui va le réconcilier avec fa femme i fon Valet répète un rôle d'une Comédie tout ridiculife les Maris amoureut de leurs femmes , & empêche ainfi la réconciliation.

APOLOGIE DU SIECLE y (V) ou Mo mu s Corrigé ; Comédie de Boijjy y en un Me > en Vers libres % aux i|^- liens y I7J4.

m , A P O

Si Ton tetranchoii de cette Pièce detfx ou ttois ScèÂef que Boiiïy avoit placées ailleurs , il ne refleroit plus quâ quelques Dialogues^ a^Taifonnés , comme à rordinaire» de beaucoup d'e(prit. En 1737, cette Comédie fut rc- milc au Théâtre avec de nouvelles Scènes , & une , en^ tr'autres , Momus fait Téloge de Mademoifeile Du'^ mefnil , alors nouvellement reçue à la Comédie Frati- ^oi(è« Il finit ÙL tifade par les Vefs (îiivans :

Dans fbn brillant eiîài , qu^applaudit tout Paris > Le fiiprême talent fc développe en elle / Et 'prenant un efîbr dont les yeux (ont (urprîs. Elle ne fuit perfonne , & promet un modèle.

/POtHICAIRE DÉVALISÉ, (T) Comédie burle/que^ en un A&e , en Vert y de Villiers % 1 660,

Lifkndre & Damis voulant (e yenger des impertinences d'un Apothicaire , qui porte ici le nomde Makre RobeH , viennent la nuit frappet â (a porte ) & lui demandent ua remède pour une perfonne qui efl à rextrémité. Maître Robert croit qu'ils veulent parler d'un Seigneur Gafcon, dont le Valet, appelle Agrimont, eft déjà venu plusieurs fois prendre, des drogues chez lui. Pendant qu'il allé porter la potion à ce Seigneur , Lldamant , Amant de Luctèce fille de cet Apothicaire » veut tâcher de faire consentir cette belle à le laifTer enlever. Clarice, femme de Maître Robert , s'éveille , appelle fa fille & (a 1er- vante ; & voyant qu'elles île répondent point , elle crie au voleut. Dans ce moment arrive Maître Robert pour- fuivi par Li(andre & Damis , qui ne cefTent de le frapper , que lorsque les voifins paroifTent. Maître Robert, qui ibupçonne Agrimont de lui avoir fait jouer ce tour , \t

' charge encore de l'enlèvement de Lucrèce, qu'on lui apprend â fori arrivée. Il veut en porter fes plaintes i Lifàndre & Damis ^ ^ui paroifTent déguifés , le premieî^ fous les habité du Bailly , l'autte fous ceux de Gfeffiet , ^ leur donne fîx piiloles pour drefTçt urt Procès-'VerbaU

* Le Médecin du Gafcon & Agrimont viennent cri même temps demander raifbn de Maître Robert, dont les dro- gues ont réduit le malade â l'extrémité. Cette contefta* tion efl afièz plaifànte. Maître Robert accufe Agrimont de rapt de de vol \ & Ton adverfaire it pourfuit commd

cmfoilonnéf

A P P ît^

(émpoffônné, te Juge n*o(ant décider , ordonne qu'eti attendant , Agrimont & rApothicaire feront conduits en prifbn, L*arrivée de Lucrèce & de (on Ammt termine ce Procès. Lidamant avoue qui cft le feul coupable; cet aveu juftifie Agdmont & le Médecin. Maître Robert con- iènt que Lidamant époufe Lucrèce. Lifandre & Damis ' prennent la fuite auifitât qu'ils (ont rcconni^s ; 8c T Apoc. thicaire en efl quitte pour quelques coups de bâton.

APPARENCE TROMPEUSE , r /' ) Comédie en unA^e i êfi Profe ^ de Gujot de Merville i au Théâtre Italien ^

C'eft la meilleure Pièce que cet Auteur ait donnée ait Public. Elle l'emporte fur fort Conjentement forcée quia été bien reçu au Théâtre François. Rien n'eft plus naturel & plus heureux , que le deffein de cette petite Comédie , dont le Dialogue eft par-tout vif & agréable » & le plan bien tracé éc bien rempli. Il eft vrai que te dénouement s'annonce Je lui-même ; mais, félon la judi- cîeufè remarque de Fontenclle , un dénouement prévu par les Speâateurs , n'eft pas défeâueux quand.il eft imprévu par les Aâeurs de la Pièce*

APPARENCES TROMPEUSES, (lex) ou lès MiRt^ . Infidblbs 5 Comédie en trois ABeSien yers , pur /f^u- terocfie * 1675.

Pour corriger un Époux infidèle, & Tobliget â niarîétf ÙL Cœut y femme cherche à lui Infpirer de la jaloulie* C'eft le même lujet que Campiftron a depuis traité dans le Jaloux Défabuféé II a encore beaucoup de rapport avec le Cocu Imaginaire de Molière , & fur-tout aVec le Gentilhomme Guejpin de Vi(2. Ce dernier avdit employé le même moyen pour ramener un mari à (on devoir, 8c marier une fille qu'on retenoit dans le célibaté Des quat» tre Comédies que je viens de citer , celle de Vifé eft la plus foible ; mais 011 condamne Tadiôn languifTantc , les Scènes découlùes, la liberté indécente de celle d^fjau* teroche

APPAREIL THÉÂTRAL. Ceft une partie fi eiïen- tielle à toute aftioii Dramatique, qu*Ari flore en a fait expreflcmeixc une des fix Parties de Tra:-; Tome 1. H

2 14 A P R

gédie i qu*îl appelle Décoration. Voye^ Décora- tion. On fait combien les Anciens s'attachoient à tout ce cjui pouvoit augmenter l'efifèt de leurs .Drames. Leur Théâtre repréfentoit , à la fois , une iPlace publique , un Temple , un Péryftile, le bord de la Mer. 11 étoit difpofé de manière qu'un Per- fonhage vu par les Spectateurs, ne pouvoit ne Têtre point par les autres Perfonnages. Auffi fait* on quels effets produifirent plufieurs Pièces d'Ef- chyle, le Crestbnte d'Euripide , l'Édipe de So- phocle , &c. La forme étroite & petite de nos Théâtres a permis rarement à nos Maîtres d y

' offtir de grands tableaux* Rodogune & Athalie font les deux feules Pièces du fiecle paffc, les Auteurs.aient introduit l'Appareil Théâtral. Depuis que le Théâtre eft aggrandi , nous y avons vu des tableaux fublimes & terribles. Mais il eft arrivé que les Aûeurs fe font quelquefois contentés de inrapper les yeux fans parler à Tame. Ceft contre cet abus que M. de Voltaire s*eft élevé fi fouvent avec tant de force. Toute la pompe de TAppareil .ne vaut pas , dit-îl , une penfée fublime , ou un /entiment. Ces grands tableaux que les Anciens regardoient comme une partie e&entielle de la Tragédie , peuvent aifément nuire au Théâtre de France, en le réduifant à n'être prefque qu une vaine Décoration.

AfKÈS^SOUPEK DES AUBERGES, (T Y Comédie en .un Aâe y en Vers ^par Raimond PoiJJbn , 166^»

Cette Pièce n*eft qu'une fuite deconverfations bizarres," clans le(^uelles on ne trouve d'autre aâion, que le jeu des Marionnnettes , dont un Gafcon régale la compa-

fnie. Ceux qui aiment le Jargon Normand , Gafcon , lamaÂd , & Us efibrts que fait une Vicomte ITe Proyin*

4 1^ ? . t»l

iCiîile pflUK|taUeyçt avec gMçc, peu7(HH.|i*am«f<yf.d«

ççfte54gWJllc .

*J vi 4

m^imS DES DIFFÉRENDS ^?( T ) Côkïih ^tf^ttoU

' Lfc Çapîtàirte Doû Lbpc'tîe X^aA^o efiléKérôs de'rétt* Comédie ^i^ui fût d'ïip^d dolitiéc ett cinq A^éi itf Tfîéâi

eft fuppolé avoir fait Wiih^l«T^«té^l!^ltf ^réÇiÇt^dHibn-»

Y^V^mmm .encore, ftjwnd* ?^Çf S^/oUc. p^w, J^

^ çemanqe, c^rt* m^ia^ge , f^leix tQU».*çs prmcipfts « içs con^

f(îquepceç dc'Ton" liVre Leoiioî' ,' TctUr '4^^ Dori ^lonic»

Celui- ci- Totipirt ert rain j^enk Éftcll^ , nîéé^i ^^ Câpi^

:. tainjîv Uif jeitn:e Etraogeri^ibus klncsnide Don/C^rJtoi ^'

^ i^^tqudb^ Iftj cofpf 4f l^'P%?r<^ H>1^, v,oit chcï EûeiU y^uî

^ reconpgî^^niui .Don Lou|| ^fop^ Arjs^ant , dont elle ç^er-^

point d'hônilèùt , ç^uf tlcîTîéfetfL tome- cette: intti§\i^] U

* <^Ûtégïéic{vliDonAhiàxt éfourera EâeiiyevpÂÎSfirqiTii s^

, : -Qméiie rpéfikime an siaqjidAerji ^aiVfrs. j ^par. . Nitmult

^^,' IJn v.îeux pefc vicieux: , ràmpdlté îç'Marquts,"Sf*i^ii *fil^ *■ ^u*ôh homînc le/Cofute , ù qui lui'nia^nqué j^oné&uelle-* ' fticrit rëfpciâ -"Véiîà c^ que prcfentè*citt*iPiéO-'v<Jui,.

: daillciiTSjCÛplciàc.de'fituaiîi^mAÔQîi^wç^ijt.!^ A^^

, woique .marié,; aime, Cl^ &

_ A.m^ate qy CpçitîC», l\ j^ u;ie. fille nomme Julie ," aon^ le

'Baron eli "amoureux V^qùrâctépromife^ un rtôtemé

' MohtVal.^Pàùir^ engager k- Baron à^ifa^oeîfcKlî'indigne

' . ' pa^ton qu'il a.cpni;a£rpoaxikâ)&itr idii l^^rçmetXalIlle

1 mcfér^W^ç^nt à.^'Çfït^prç.A^n^nté Lcjiirjon^ homme

lans mœurs, le prête a les vues pour avoir JuUc^,jLc

Comte , de Ton coté , flatte le Baron pour obteirii^Giairicc

^qiû^^-tTOtppie^ parc^%i^*clleaipie Portifre-^tti çû un

^ [ autre nommé unis principes.' Les feules 'hcTrmétes' ^*w

' - 4e^i» i^icçc foxi Monîyi*& JiiJir; caria vîéitte Mar^i^iif*

H ij

autorifè le Comté», fim fik , àjotier tomes fortes de mau« vais tours à (on père qu'il s'efforce de rendre ridicule. U v,f;^it.^aiftr Clarice .poprunç fcrvante, Dortiere pour ^n " Val^et; & CCS déguifeirjens^^fi^rdinaircs aaTH^âtrc , font ^ iesfeuls traits qui fbpdçnt le titre ^rchi- Menteur ^ ^\ donné ^ cette Comédie^ Enfin ^ la Pièce Ce dénoue par ^ trois mariages: Julie <.epquCeJiiontval:qyi donne iqput . au Comte ;& Dort Jwprcni Cl^ricc,

!ARCHIMIME, Les À^thîmirnes chei les Romaîns , Croient des gens quiioiixdiêpt les n^urs, les nàa- . nîcrés , la contenance & le langage des :perfbtines

vîvaiites & mênîes des in^rts. f^oycf Minte. ^:'7 -Ori s'eii feivit à'ïbôrd pour le Théâtre. Enfuîte I onle$ eroplQyadîtnÇ 4^5 fêtes, .& a la fin dans c les Funérailles. Ils naarçfaoîent âpres le Corps , en

-contrefaifant les'geftes 9c les manières de p^r- ^ Torii>e morte i comme fi elle croit encore vivante. j f On prétend qu4k y rcuffiîlbi'ent jti bien' , que l^on £ ifiainaginoir voir le mort reflîlfcité. Ils ne fe bor-

noient pas à exprimer^ lés kMînes^qifâlitiés du de- r \funt & a faire' loiï pajnégyrique ; ils en Êiifoîent ->iauflt 4a critique, <&ièprcfentoientfi^ défauts , ,..poucamufer le Peviple, & le.feiré rire aux dépens 1 •même du mort,.daiîc1à' f^avUeies' payoit. On ^i peut voir: quelle étoit leur hardieile par ce irait V- fameux ArcbimimleFavor. IlrepréfentoitVef- : ; pàfieh <^ui vétioit de;n^ , & qui, comme on i; jÉuÇt,'iyoit été fore àVaJre : on lui demandoît com- 1 nient il ivoulûdt qu on T^nterrâc. Qu*qn me donne " fargetit c^tté inon-^merrcment peut coûter, dit : rAtcîumimo &c[u ori jette mon cadavre dani le V Tibre. i

Partie du ^Théâtre chez les Româiils»

plftcéèliu-deflbus du preï^içir.Xjang de gradins &

: f

A R (f rh7,

fla PoâiunùlÈ^t s'àppclbîr Atctie> pâtce.qû^avant de commencer les jeux^, an y répaitdoit du fable. Au lieu de fable, Caîtgula y fit répandre delà chryfocoUe. Nécon y fît ajouter du. cinnaBre

: broyé»

'ARGÉUE\ Reine de Thejfalie ,, Tragédie de VAbbi Aheil' le , i575«

Deux raifbiïs puiflantes rendent ArgéUcL» Rcînç, de Theflalie » ennemie de fa {beurlfinene: elle ne peut (ui pardonner qu'au préjudice du droit d'aîncflc , leieu Roi auroit fait paiTer la Couronne fur la tête de cette dernière,

£ une mort imprévue n'àyoât. rompu ce defleink Gettè» averfion efl encore augmentée, par la nouvelle ^u'eUe

. vient d^apprendre, que cette même Ifinene^Tobjei: de

fbn injuâe fureur, & qu'elle tient étroitemettt entermëe

depuis deux ans, efl fa Rivale^ aimée de Timagène «

^ Prince originaire d'Argos , attaclié^larCôur d'Argélie^

, Zc de Phœnix, Prince Thdlâllenw Quoiqu'Argelie ait de

, l'amour pour le Prince d'Argos*, fa haine :pour Ifmetie

eH la plus forte : elle nefbnge qu^aux Hk>yens d'humilier

cette infortunée fœur, & dans le déftèinde hii porterie

coup mortel , elle aime mieux rifquer de facrifier fl>R

Amant , que de manquer de perdre celui .de fa fœùr»

Mais ennn Atgélie expie par fa mort, la peine de fes

injuflices & de fes^ cruautés ^ & le Peuple reconnoic

I^ene pour Souveraine.

ARIANE , Tragédie de Thomas Çoriieille , 1^71;

^U efl peu de rôles flir la Scène , auffi intcrcflant^ que . 'ee»i d* Ariane lirTefl devenu iîirrtout , depuis qu'une» grande Adrice fc l'eft approprié. lyiademoifelle Clairon a rendu cette- Pièce trop familière' au Public, pour qu'il foit néceflaire d'en retracer l'îd^; J'ajouterai feulement qu'Ariane brille par - tout aux dépens des autres Pér- ionnages. Du reflc , l'Auteur a pris dans ce Poème ' na ton naturel & convenable à l'expreffion du fcntiment.

ARIQIDIE , ou LE Mabiagr de Tns » Ttagi-Comédie de Levert , 1^4^.

Tite, dèfliné par l'Empereur Vefpaiîen fon pcre, a épouTer Zàratte^ fille dcVologefe , Roi des Parthes y rç*-

H iij

fUfd Je CCBiftfîtîri cet hymen ^ & (buhàîte d'etrèunî à AHcidiç ,! fille 4eTertulle, Capiuine des Cohortes Pfé-

^ torji.cnnes ^ qu'il aim^, ficdcat-tl èfl: aitnf .Vefpafîcn , qui veut tenir (a parole au Roi' des Parthes, défend à Tue de Ibngtr'à Arîcîdïe.i"& lui irdiofine de & préparer de donner la main à Zaratte« Aricidie , en généreuse Amante., .facrifîe.fbn amour & fon ambition , au bien de TEmpire, & confent queTite fe donne à Za'ratte. Cette derniers , frappée des nobles fentimens de la Rivale, pour reconnôître ce grand effort y engage Vefpafîen à conlcn-

y tir que Tite époufe Aricidie , & elle eft unie â Domir

' tien , 'fécond fils de rEmperéut.

lARIE ETPÉTUS\ ou LRs Amours de Néron <, Tra- ^^diç Gilbert ^ i6jçy»: -;

C*eû UHiâoiré de ces jdeux Époux qui fe font immo- ler eux-mêmes pour fè'ïbufiraire ai|X violences de - Ton ;, expbtéfe fans beaucoup d'am Néron pi?€flc Arie d'accepter fa main , & ajx)Utc qu'il veut bien s'en re- mettre au fugement d'uii Arbitre- qu'elle voudra chôîf^r ;

' Tuda jufAice de fon refus, Arie accepte la propofition , &déclaire qu'elle prend pour juge celui qui renfermé dans fon cabinet. La porte s'ouvre , & l'on voit paroi tre Pétus, que l'Empereur croyoit alors loin, de Rome , &

. -fur la route de la Grande-Bretagne dont il venoit d'être îioihmé Gouverneur. Ge coup de Tkéâtre aifez frap- pant. A la dernière -•Sçène»5énéquc vient faire le récit de la mort de Pétus & d' A rie. Néron , agité par (es re- mords , chafTe Pétrone & Tigillin, & s'abandonne a des fureurs qûî terminent la Pièce.

URIÈ ET FÉTUS, Tragédie de Maiemoifelle BoAier^

. Agrippîne ouvre la Scène , avec ce ton impérieux qui annonce la fierté de fon caradère ; & elle prefîè Clau- dius de ne plus différer à lui donner fa main. Ce Prince trouve de nouveaux délais dans la découverte d'une conf- piration contre fa perfonne. Le vrai motif efl fon amour pour Arie, -fille de Silanus, que Claude a fiit mourir mjuftement. Sa déclaration eft Vcjcttée , avec cette fierté" qui convient quand la main qu'on refufc eft teinte dii fang d'un jjfere malheureux. Animée du dé/îr de venger tctte itLprt:^ 'Arie engage fon* Amant Pétur i^perliç

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rEmpctctir. Pctus rfécoutc que '9oht de il' tcitdrclTe» Il confpire contre Claudius ; la conjuration eft décou- verte. Arie époufc Pétus , & ft rend avec lui . vers le Camp des Conjurés. Ils (ont arrêtés dans leur fuite. Clau* dius avoue à Agrîppine qu'Arie eft fa Rivale. La fureur, la jaloude, la politique , (e (uccédent dans Tame de cette Princeflè* L'Empereur , toujours plus épris des charmes d'Arie , parle en Maître qui veut être obéi. La triftc Arie , obligée de consentir à Téxil de Pétus, ou de le voir périr , découvre le fecret de Con mariage , & de- mande la permiffion de voir (on Époux» C'eâ dans cette entrevue , qui fait le dénoument de la Pièce , qu'à l'exemple d'Arie , Pétus fe tue d'un coup de poignard.

ARIETTE. Ce diminutif, venu de Tltalie , fignifie proprement petit air : mais le fens de ce mot eft changé en France , & l*on y donne le nom djA- rîettes à de grands morceaux de mufique d'ua mouvement pour Tordinaire aflez gai & marqué, qui fe chantent avec des accompagnemeus de Symphonie.

ARISTOMÈNE , Tragédie de M. Marmontel , 1 74^- ', Ariflon[iène avoit vaincu les Ennemis de (a Patrie » & délivré Me(sène du joug des Spartiates. Ses viâoires lui fufcitent dès Enhenus ; Cléonis & Dracon font les J>lù^ obilinés i le perdre* Envieux de (a gloire , ils cherchent à jetter des (oupçons fur (à' conduite , à le rendre (ii(^ ped au Sénat, âc à le faire pafler pour TEnnemi de la Képublique , lui qui venoit d'en brifer les fers. Léoniée » (on Époufê , efl indruite de ce qui fe trame contre lui ; & pour le fbuftraire à la fursur du Sénat , elle fait conduire , avec (on fUs , çhci^ les Spartiates , elle clpere de fe faire 'fuivre par Arifiomène , & de ïauyec fbn Époux par la ruine de Patrie. La généroiîté de Sparte rend cette démarche inutile. Lconidc eft renvoyée à Me(sène , on le Sénat condamne la mère & le fils à la mort. Ariftcmène a.affez de crédit fur Tcfprit des Sol» dais pour empêcher l'exécution de cet Arrêt ; mais il aime trop fa Patrie , pour donner atteinte â l'autorité des Sénateurs* U conicnt à Uiiïer périr toute fa familJic ,

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plutôt que de voir coialer le faner du moîndrc des Citoyen 9 Toutes Tarmée réclan*e contre la barbarie du Sénat,- mais Ariflomène menace d'immoler lui-même les victimes , fi l'armée ne met bas les armçs qu'elle a priles pour leur défenfç. Àrfirç , (on ami , entre au Sénat , le poignard à la main , & l'enfonce dans le fein de Cléonis & de Dracon , & par ce coup de vigueur il intimide les plus hardis ^ & met en liberté l'Époufe & le fils d'Arifiomenc.

'MISTOTIME , Tragédie de Levert , i6é^i.

Ariftotimc, Tyran d'Elée , n'efl pas fatîsfaît d'avoir vfiirpé la fuprcme puiiïàncç 9 affermie par le mariage de Myrone fille avec Anaxandre , fils d*Antiganc (on Pro- teneur ; il veut encore afîujettir le coeur de la vertueu(e iM[égifie.l.cscon(eils de Myrone, & les menaces du Tyran ne peuvent riçn (îir cette femme forte y prête à voie égorger Arifion (on jeune fils. La fortune change ; Arif- totime tombe au pouvoir des Conjurés ; Anaxandre (èrt de première vidime à la fureur du Peuple , qui demande , avec infiance , la mort d'Arifiotime & de (à, fille. Ce Prince paroît dans une Salle tendue de noir , au fond de laquelle on voit le cercueil de (on malheureux gendre^ Il déclare à Myrone qu'il s'eft empoi(bnnê : malgré défenfe , cette dernière veut l'accompagner au tombeau « êc choifit le poignard comme le moyen le plus prompt pour terminer vie infortunée.

^ARLEQUIN. Perfonnage qui, dans la Comédie ItaUeaDe , feit le rôle de Boufïbn pour divertir le Peuple par fes plaifanteriçs. Nous Tavons intro- duit fur nos Théâtres , & il y joue un des prin- cipaux rôles dans les Pièces Françoifes qu on re-^ pré fente fur le Théâtre Italien.

Quelques-uns prétendent quç T Arlequin eft ua Perfonnage qui vient des anciens Mimes Latins, qui avoient , comme lui , la tête rafée , & que J'on appelloit Plani pedes.

Sanniones mimumdgebanc rafis capitibus , /«- Uginefacicm obdrucli^ dit Volftus. Les Boufïbn s i:çpréfentoient les Mimes , ayant la tête rafée &;

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le vîfage couvert de fuie. ^\en ne reflèmble

plus à Arlequin.

Le mot de Sanniones , Boufïbns , paroît encore d*une grande autorité. L* Arlequin & le Scapin , s'appellent encore Zanni dans toute l'Italie, Se Zanni femble dériver du rnot Sannio. Voye^ Zanni , Sannio.

Cîcéron ait , dcOratore : Quii enim potefltam ridiculum quamfannio ejfe qui , ore , vultu , imi^ tandis motiBus , voce , denique cerpore ridetur ^Pf^ .'^«Ces traits ajoutes aux précédens , femblene ne rien .laifler à défirer au portrait d'Arlequin.

L'ancien caradkcre de l'Arlequin étoit feule- ment d'être balourd & gourmand ; mais les Mo- dernes , & fur- tout les Auteurs François , lui ont donné de l'efprît, & même de la morale, avec beaucoup de fimplicitc. On peut voir ce que cet heureux mélange prqduit dans Arlequin Sauva- ge , dans Timon le Mifanthrope.

Quelques-uns prétendent que ce nom doit fou origine à un fameux Comédien Italien , qui vint à Paris fous le règne de Henri 1 1 1 , & que comme il fréquentoit familièrement la maîfon du Préfident de Harlai, qui lui avoir accordé fes bonnes-grâces , fes camarades l'appelloient par dérifion ou par envie , Arlequin , le petit de Harlai. Mais ce récit a tout l'air d'une Fable, &" ne paroît pas s'accorder avec les mœurs graves & auftères du Premier Préfîdent de Harlai.

'ARLEQUIN AMADIS, ' Parodie de rQpéra d'Amadîs de Gaule , par Dominique &• Romagnefy , aux Italiens ,

Arlequin aîme Oriane ; maïs il eft troublé dans (c$ amours par la Sorcière Arcabonc , qui a conçu pour lui

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une vîôleme ipàÀion. Aidée par les eiichsinteniens de ion frère Arcalaiis , elle veut immoler rindifférent Arle- quin à fa vengeance. 11 eu déjà en fon pouvoir ; mais quand elle le voit , fon amour prend le deffus , & elle ne peut plus lui faire de mal. Mais on veut perfuader à Oriane que (on Amant efl mort. Oriane fe défe^per^, 8c tombe évanouie. Auffitot on voit (ur la Mer un rocher enflammé , & endiice une grande ferpente d'où fort Urgande.qui enchante Arcabone & Arcalaiis ; défen- chante Oriane & Amadis, & les emmené avec elle pour les unir à, jamais.

ABLEQUIN APPRENTIE PHILOSOPHE, Comédie en Vers libres , en trois Aôles, en Profs', avec Diveràffe- ment ^ far à^Avefne , aux Italiens , *7J3« ;

Le rôle d* Arlequin , qui devoît être le principal , n'eft qu'épifodique. Tout le mérite de l'Ouvrage eft dans le âyle , qui Ta Soutenu pendant quelques rcprélènutions.

ARLEQUIN AU SÉRAIL^, Comédie en un Me, en Profi 5 avec un Diverti£ement , par M. de Saint-Foix > aux Italiens » 1747.

Odave s'introduit dans le Sérail d'un Bâcha ^[où il fçait qu'efl renfermée Angélique , qu'il aime , de qui a été enlevée par des Corfaires. Odave eft parvenu à infpirer la plus grande vénération au Bâcha , & l'opinion qu'on a conçue de Con art magique , le laiflê lans inquiétude. Ar- lequin n'eft pas 9 â beaucoup près , atifïî tranquille ; mais Odave calme (es craintes , lui fait prendre les kabits d'Angélique y perfuade au Pacha que cette fille a été ainfî métamorpholée , fort du Sérail avec elle & Arlequin, que le Pacha ne cherche point à retenir. L'idée de cette Pièce ne pouvoît être plus'iîngnlierc » ni l'exécution plus analo^e au fujet. Il porte uniquement (Ur la crédulité imbécille du Bâcha. Un tel fondement n'a rien qui chaque la vraifèmblance.

ARLEQUIN BALOURD y' Comédie en cinq Aôlei ^ en

profe^par Procope Couteau y 1719* ^ ^

Procope a compofé cette Comédie (ùr un canevas Italien , intitulé les Amans, Brouillés , dont voici le fiijet. Flaminia eft fous la tutelle du Dodeur, qui fe flatte d'cpoufcr û Pupille» Lélio aimç Fiiyiiinia ^ & cu' eft

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aîmé ; maïs comme le Dodcur tient 'Flamîiiîa renfermée, Lélio employé rinduftric de Scapin & d'Arlequin fcs Valets , pour parvenir à voir fa Maîtrellc. Arlequin flatté d'une récompcnfe confîdcrable , s'il peut réuffir dans (on entreprife , Se de plus ^ jaloux des foins que Scapin prend pour le même fîijet , Ce charge de plufîeurs commiffions, & les remplit avec tant de mal-adrcflè , qu'il brouille fbn Maître avec Flaminia» Les balourdises d'Arlequin forment l'intrigue de cette Pièce, & le mariage des deux Amans en fait le dénouement,

'ARLEQUIN BELLEROPHON, Parodie en un Aâe ^ en Vaudevilles , de P Opéra de Bellerophon,pflr Domini-i que &* Romagnefy , aux Italiens > 1728.

Philonoé , Amante d'Arlequin, a pour Rivale la Reine Sténobée, qui voyant qu'Arlequin lui préfère Philonoé » prie le Magicien Amifodar de (ervir Ton courroux. Une troupe de Sorciers arrive, qui font fôrtir trois monflres de l'Enfer, un Procureur, un Médecin , un Maltotier ; & des trois , on n'en fait qu*ûn , qui efl la Chimère , contre laquelle Arlequin va combatrrc , monté fiir un âne aîlé. Il paroit d'abord avec une (cie , enfiiite avec une broche , & tue enfin le mon (Ire d'un coup de fufîl* Sténobée , fu* rieu(ê de voir Arlequin vainqueur de l'art d'Ami (bdar , s'empoifbnne ; & le Roi , en reconnoiflance du fervice qu'il vient de rendre par (bn triomphe , lui accorde rhilonoé.

'ARLEQUIN DÉFENSEUR D'HOMERE , Opéra-Co^ mique en un Aâe , en Vaudevilles , mêlés de profe , par Fu- ^etier , à la Foire Saint-Laurent^ 17 15.

Léandre , Amant d'Angélique , fille d'un Bailli , par-* donne à Arlequin & à Scaramouche toutes les friponne- ries qu'ils lui ont faites, à condition qu'ils le (èr/iront dans Tes amours. Le Bailli , qui efl en Italie , enferme fa fille & Olivette (a Soubrette , fuivant l'ufage de (on pays* Arlequin , déguifë en Revendeufe à la toiletté , offre plufîeurs bijoux au Bailli ; il tire de ùl poche une liflc des effets qu'il a à vendre, & une lettre de Léandre; mais il trompe , & donne la lettre amoureuse au pei^e & la lifte à la fille. Le Bailli s'apperçoît de la fp irbcrie , 8c chafle Arlequin à coups de bâton; mais celui-ci repa- rolt bientôt en Pédant , & dit au Baiili qu'il vient j'éta-

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' bHr dans Cm village , eu il veut enleigner pour rien» U fait apporter deux bibliothèques , fur Tune desquelles eft écrit les Anciens & fur l'autre les Modernes, Il fait appro- cher Angélique de la dernière, dans laquelle eH Léaa- dre , qui lui donne un Livre qu'elle fait femblant de lire.Tandis quelle s'entretient avec lui, Arlequin amené le Bailli à la bibliothèque des Anciens, & l'oblige à bai- ièr rerpeâueufement Homère , Sèneque & d'autres Au*- teurs. Il l'amufè encore par des balivernes; mais le Bailli- sVchappe à la fin , & furprend (a fille avec Léandre, qui fe jette à Ces pieds & fe fait connoître pour le fils de Da- mis de Marfeille , le plus intime ami du Bailli , qui lui accorde fa fille.

MLEQUIN HULLA , Comédie en un Aâle , en profe , de Dominique &* Romagnefy ^ aux Italiens ^^ 1718.

Le Pacha Achlmet répudie Zaïde , & n'cft pas long- tcms a s'en repentir. Il en devient enfuîte ^ amoureux >

5[u'il lui propofe un Huila. Zaïde y confènt , pourvu que e Huila la quitte d'abord après la cérémonie. Achmet croit que l'amour que Zaïde a pour lui , lui dide cette condition ; mais il Ct trompe ; car un infiant après, elle

' apprend a Fatimc qu'elle (onge à (e (auvcr pour rejoin- dre , fi elle le peut, fbn premier Amant. Achmet charge

' riman de lui trouver un Huila qui époufc & répucSe Zaïde. Celui-ci lui répond qu'il a , dans laMofquée, un Etranger qui fera (on affaire. Cet Etranger eft Arlequin , qui fe trouve précifément être cet Amant que 'Zaïde re- cette. On reconnoît d'un autre côté , que Zaïde eft la fille du Cadi , qui ne refufê plus de la laiflèr à Arlequin.

'ARLEQUIN JOUET DE LA FORTUNE j Opéra-Co- migue en quatre Aâes , en Vaudevilles , par Viviers de. Saint-^Bon jàla Foire Saint-Germain , 17 14.

Arlequin & Pierrot, d'abord maltraités de la Fortune, ic réconcilient avec elle. Arlequin , devenu fon favori , en obtient une bague qui fera le gage de (on bonheur , tant qu'il pourra la conferver. U devient diilributeur des

f'aces de cette Décfle ; il en fait part à un Capitaine intamarre, à un Comédien Italien , à un Peintre & à diflférens per(biinages qui difparoifîcnt (ùcçeflivcment. Une jeune Fille plaint la perte de fon Amant. Pour la confbler ^ Arlequin la marie avec Pierrot , & fe charge

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des fraî« de la noce. Ënfuite > (ans qu*oti en (ache la rat* ibn , Arlequin Ce trouve Brocanteur. Le Tems , que TAu-- teut a placé au nombre des curiofités de fa boutique, rend Tes oracles â oui vieux Apothicaire , qui , pour plaire î (k jeune Maîtrcflc , veut fc faire pafTer Dodeur en Méde- cine ; à Léandre , Chef d'une Troupe foraine , qui veut ' époûfer une jolie Comédienne de campagne. Enfin Sca- ramouche & Coiombinc y jaloux du bonheur d'Arlequin , arrivent déguifés en Bohémiens , & , feignant de voulait lui donner une ba^ue d*une vertu iinguliere pour la con- servation de la unté , ils lui dérobent celle que la For- ' tunêluiaconfiée. Arlequin, privé de fa bague, retombe dans fa première mifère.

ARLEQUIN PHAÉTONj Parodie de rOpéra de cenom^ ' : enukASe^eriprofe &• en Vaudevilles ^ par VAbbéMacharn^ éuix luUens^ i7%i « (Ofcc un Prologue de Dominique & R omagnèji^ , à la reprije enij'^i*

: \: LesHoïs Se les r rinces y font traveflis en Cabareciert & en Payfans , Epaphus en Trivelin , & Phaëton en Arle- quin , tous deux n'ayant d'autre ambition que d'époulcr . ia fille du Cabaretier CoUs , pour être itiaitre du cellier^ qu'on a fubfcitué à la place du Royaume , dont il sVgit à rOpéra« Arlequin l'emporte fur fbn Rival. Il y a divers traits de critique ; par exëtnple , la querelle d'Arlequin & de Trivelin , finit par ces mots : » Allons , mettons 9> répée à la main , nous ne fbmmes pas ici à TOpéra. » Sur la fin de la Pièce , la Bergère Climene , mère de Phaëton , ne l'ayant point ^u depuis qu'il eft monté aa Ciel , reçoit une lettre de çart , & dit : «c II a bien fait 3> de m'écrire; car f^s cela je ne làurols pas ce qu'il eii ce devenu, 3>

ARLEQUIN VHAÈTONy Parodie , en un ASle , miUe de Vaudevilles fr 4ie Divenijfemens , far Dominique &* Ra» ^agnefiy aux Italiens y 17^1. Arlequin , fils du Soleil , demande à conduire le char . de ion père , feulement de Paris à Chaillot. Le Soleil lui ' accorde fk demande. Célimene fa mère vient apprendre . cette nouvelle à fes amis ; & comme on refufè d'ajou- ter foi à ce qu'elle dit, elle afTure que Ton fils a été appenju de rObfcrvatoire. En effet. Arlequin paroic dans k q\\j^ de foA pcrc , & y^ b^ut & ba» ^ ùxa pouvoir

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conduire fes cheiraux. Le Peuple crie ati (eu; & Jup2« ter , paroifTant dans les airs, dit à Arlequin :

Malheureux, quel dégât tu fais! On ne pourra plus boire au frais : Culbute , culbute , culbute à jamais*

n le foudroyé ; & tout le monde cric : aA / c*^^ litnfaiu

'ARLEQUIN POU PAR V AMOUR , Comédie en un Aâfe , en profs , de Marivaux > aux Maliens , 1 7 xo.

Cette Pièce offre un tableau naïf de ce qui fe pafle entre deux jeunes perfbnnçs qui s*aîmcnt de bonne-foi f

" & fe ie dirent avec ingénuité. Ce fùjet n'çû pas neuf; mais il efl Ici traité agréablement*

'4RLEQUJN PRINCE ET PAYSAN, Opéra-Comique en trois Ââes , en Vaudevilles ^ par un Anonyme 9 ila Foire Saint-Germain >, 171 \'^

. Le Prince Léandre a été rpjriîs , è l'âge de deux ans 9 par le Doâeur , à up Payfon^ppellé i^carampucbc , qui

. a élevé Arlequin fon fils comme Prince , & a mis Icjeunc Prince à la place de ce fils C'eft en cette fituation que la

. Pièce commence. Le Dodcur vient dans un carroffe , e(^ corté de fix Gardes > demander à Scaramouche le Prince qu*il lui a remis. Scaramouche fait avancer Arlequin ,

"^ qui dans ce moment tient yn morceau de pain & du fro-

. mage. L'intrigue de ^a Pièce po^teXur cette fuppofîtion , & le comique fur le caraâèrc d'Arlequin , qui préfère la gourmandife à la royauté. Au dénouement , le véritable Prince fc retrouve*

ARLEQUIN ROLAND ^ Paroâîë en m Me , enVai^de- villes, de ïOpéra de Roland ^ par Dominique ù'Romagnéfif

. eux Italiens y j 717»

Arlequin , fous le nom de Roland , ne peut fe faire aimer d'Angélique , quoiqu'il la comble de préfcns^ ^lé- dor a touche le cceur de cette fiUe qui trompe Arlequin , Se feint d'a,voir la colique , pour rempéclxcr de la fliivre. File ne peut pas néanmoins s'cmpèchcr de paroître icn- flble â fes déclarations. Elle lui donne un cendez-voui au Bal de l'Opéra ; mais pendant, ce tems4à elle prend x3es arrangemens avec Médor pour s'enfuir a Poi/îy, il» {^rendropt î&s b.^tclcu £Q|^ ^Uer ^'établir à Rou^n. Arlc;

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quîn Ce tcn4 au Bal de TOpéra; maïs au lieu d'y trou- ver Angélique , il n'y voit que des mafqucs qui fc mo- quent de lui. Il ^it , en voyant cette falle meublée de glaces , de va(cs & d'autres ornemens , ' .

Ces tapis font brillans , Ces glaces magnifiques , Ah ! qu'il faut de rubriques Dans ces endroits galans Pour attraper fîx fîancs !

On ne prcnoit , avant cette nouvelle décoration , que 4 liv. par place au Bal de l'Opéra ; & ce fut à l'occa/îon de cette nouvelle décoration qu'on les mit à /ix francs. > Dans Ton rendez-vous du Bal j Arlequin apprend de quelques Marques> qu'Angélique s'eft lauvée avec Mé- dor. U entre en fureur , jette Ton chapeau , perruque , ote (on habit & rede en chemife. Il demande a boire : le * Limonadier vient avec un panier plein de verres & de ca- raffcs. Arlequin , après avoir bu , demande le prix. On lui répond, une piftole. Il faute fur le Limonadier, le roflc , lui cafTe Tes verres ) Ces caraffes y 6c tous les orne- mens de la falle,

ARLEQUIN SAUVAGE, Comédie en trois Aâes , en profe , par de rifle , aux Italiens , 171 t.

On oppofe , dans cette Pièce , la fîmple nature à nos mœurs civilifées > & l'on y fait voir combien nous fom* mes éloignés du vrai. Le Sauvage eft amené en France , & n'y apporte que des lumières de Ja raifba naturelle. Comme il eft (ans préjugé , il auffi fans erreur ; il examine fans prévention, & juge fans partialité; il s'é- tonne que les hommes ayent befbin de loix pour être bons ; il condamne la fauueté de la politefle, & rit des conndérations empruntées que nous tirons de nos richef- fes; mais il s'afflige féricufement , lorf:ju'ii apprend qu'il y a des Pauvres & des Riches.. S'il eft du nombre des pre- miers , fa pauvreté l'oblige à dépendre des derniers ; ce . que (es idées de juftîce & de liberté lui font regarder comme le comble de l'inhumanité*

ARLEQUIN DE TANÇREDE , Parodie de T Opéra de ^Tancrede ^var Dominique , aux Italiens , 17 19»

On n'a tait que transformer | d'une façon comique i

(ii8 A R L

mzis £ans chaûger leurs noxns , tous le$ Pcr^nages ée rOpéra.

JIRLEQUIN THÉSÉE, Parodie en un ASe, de tOféra

de Théféc , par M, Valois d*Orville » aux Italiens « J 74^-

Le choix des airs , 8c (urtouc celui dès rcfreifls « 7 eA

très-hcureufement employé, tel que celui-ci , que le Roi

d'Athènes chante loi'rqu'il reconnoit Ton fils par fou épees

Oui > je reconnois cette lante ^ Voilà la marque, fur mon ame ^ Que ce cher enfant doit avoir. Quel bonheur imprévu , Madame ! Ici , pour aider mon pouvoir , J*avois un fils , grâce à ma femme f Sans le (avoir.

jiRLEQUIN TOUJOURS ARLEQUIN, Comédie en

un A6le , en frofe , par Dominique , Romagnéjy (t Lélio •fils y aujé Italiens i 1716m

Arlequin fe réjouit aVec Pantalon & Scaramouchc de fon prochain mariage avec Colette. Us lui ver(ènt ^ au lieu de vin , une liqueur foporifique. Au lïîtôt qu'ils; le voyent endormi , ils le tranfportent dans un appàrte-» luent fuperbe , & le revêtent d'habits magnifiques, A fon réveil > ils lui font accroire qu'il eft Roi de Naples. Il fc le perfîiadc , qtioiqu'avec peine ; mais ils l'ont bientôt . dégoûté de fa dignité à force de la Im rendre importune^ Arlequin eA précifément Sancho Panfa dans ion Gou- vernement. Quand otl voit au'il perd patience , on lui dit que le tout n'eft que pour divertir le fils du Roi. Ainfl , débarralFé du Thrône & de tous les (oins qu'il exige , il retourne à Colette qu'il aime mieux que la Royauté*

ARÎ*EQUIN TRAITANT, Opira^Comique en trois Aôies t en profe , &* en Vaudevilles , par Dorneval , d lu Foire Saint-Laurent , i7i^*

Cette Pièce doit (on (îiccès à la Chambre de Juflîce qui venoit d'être établie pour juger les Traitans. Arle- quin , nouveau parvenu , & fofti du rang le plus bas , trouve le Rival de Léandre. Ses ncheiîcs lui font donner la préférence ; & le Dodeur , pçrc d'Ifàbelle , ne veut pas que fa fille ait un autre mari qu'Arlequin. Un Généa

Icgiftc

^giâe p^opolê à Arlequin de rennèbllr Si it lui rabriqueé Ses armes convenables à Ql haute fortune Unô AwéaA turiere demande un eniplôi pouf Cùti mari ; 8t Bélphego^ YÎent (bmmer Arlequin de Ct fendre aveô lui au^ Éiifèrs % conformément au paâe ou'il a fait avec lui lorsqu'il lui demanda des richéfles. La Scène représenté Ib Tartafe » . Ton. voit plufîeuf s peflbnues , tels qu'iiti Gafcon , uii Poëte ) un Médecin , &e. dans différeils (uppliccs^ : Poète éprouve le toufnient de Syfîphe , pduf le punif toute les Pièces tombées qu'il a faitts dails (a Vib^ Afle-* quin faifoit, dans cet endroit^ le ihauVais làzzi de fÀôû-» . trer au doigt un homme affis parmi les SpeâateUfs qui C& levoit en colère , 8t lui ddntVoit de Tes gàilts par h Vilage* La Garde venoit fur le Théâtre* ce qui laiiïoit Publié dans Pattente d*uh événement (crîeux^ qui (e tefminoit cependant par une mauvai(e plaifahterie i roffenlé n'étant autfé qu'un AâéUf qui Ct faifoit coiiiioitrè i SC failbie rire les Speâateurs de leur bêvuèè

'ARMIDE ET AENAl^Di TTogédU^Opérdi avec un Pro* loguepar Quinaulti Mujique de Lully iiyoSk

Le titré feul de cet Opéra éti fait ré!ogé:il n*ert tA

point de plus connu , hi qui ^agiie autant a Fét^e. Quel

tableau aue celui de deriliere Scène du (ècand Ade 8

; Quel (aiufTemcnt n'éprouve-t-on pas à^ l*afpéél d'Armidet

prête à poignarder Renaud endormi ! Ce itibnoldgue admi<*

- fable a fèrvi depuis de champ de bataille à Une guerre célèbre dans la Littérature ; maiâ une paftie des Çonlbat^ tans ne s'attaquôient qu'au Mulîciefi ; toUs s'accof doient à refpeâer & à admirer le Poète. Le quatrième Aâe efl foibie , fi on le compaf e aux autf es ; mais cinquième iraut lui feul tout un Opéra, Ce fut paf celui-ci que Qui* nault termina (a oatriefé lyrique. Il eut , comme Racind

- .9c un bien petit ilombre de grands Hommes , ravaiitàgé de finir fes travaux par fbh chef-d'oeuvre«

ÀRMIDE i Parodie Anonyme , en quatre Mei > de VOpitA d$ ce^nom, aux Italiens^ i^ô^é

On a beaucôup^ri la décôfatidn duThéâtfé ) l'oA

, voyoirune place publique avec les pf éparadfs d'iineFête«

: Un feu d'artifice prêt a étfe tiré oceupôit le fond) 8c on

jifôit on gros c«raâ4f<^s> à didércnceg fciié^es des ma^

Tcmg J. t

iji ART

vient & yoit /es deux fils aux prICes. Ils Ce ISparetit à fon arriyée , & le poignard tonfibant , il ne peut difHnguer le- quel de.s deux e& le coupable* Il rend aux pleurs d*A- taxie, ^ui lui confeille de fe choifir lui*ménie uh fuc- cefTeur. Médonie vient annoncer que Pharafinane a la préférence, Arfacc , content^ de régner (iir le coeur de Mé- donie j v<ùt (ans jaloufie (on frère monter au Trône ; mats il n'en efl pas de même de rambitieufe Médohic Elle rejette fièrement les vœux d'Ar(àce, & veut obliger, Pha- rafinane à partager (a Couronne avec elle, Pharafmane , (àtisfaitde (on (ort, mépri(e les reproches & les menaces de la PrihceïTe , ^ui jure de s'en venger. Vologe,!?:. , Sei-

^ gneur Perfan , vient dire à, Araxîe que l'on a trouvé Mé- donie & Pharafmane baignés dans leur fang. Le Roi croyant qu'Arfàce cil Tautcur de cet accident , s'em- porte, & veut le faire mourir, Heureufcment Médonie , preiRe par Tes remords, avoue que c'eft elle qui, de rage a attenté (îir la vie de Phara(hiane , lequel, pour la punir f lui a enfoncé un poignard dans le (ein. Ce Prince paroît enfiiite Tépée la main ; (on extrême foiblçfic

V î'empcche de frapper Arfacc ; & avant que d'expirer , il

'. a encore la douleur de voir ce Ptince couronné par ion

' père.

ART ET LA NATURE A r ) Comédie en un Aêle^ en Vers libres ^ par Choleti aux hûlîens^ 1738.

L'Auteur (ùppo(e l'Art & la Nature mariés enfcmble. La Nature fe plaint à l'Art de ce qu'il Te rend rare ; celui-ci croit pas pouvoir mieux (e juftifier, qu'en lui. envoyant tous Ces Elevés, On voit paflcr (iiccefliv«mcnt (bus les yeux die la Nature 9 un nouveau Parvenu à qui die voudroit perfuader de rentrer dans l'état elle l'a fait naître , un Paylàn , Arlequin , &c. La dernière Scène cft celle de Thalie , qui apprend à la Nature qu'elle a . depuis long-tems ceffé de fuivre fes leçons.

ART THÉÂTRAL. Il eft aifé de fentir qu*on ref- ^ ferre ici la fignificaiion de ce mot. Raflembler tous les préceptes de TArt Théâtral , ce feroit vouloir réduire en un feul article ce qui eft l'ob- jet de ce Diaionnaire. On fe prbpofe feule^neiu

\,

Hle réiitiîr ici quelques obrervatîons qui ne pour- roient que dimcvtement trouver leur place ail- leurs. On tâchera fur- tout de développer Farcifice qui a préfidc à la texture de querques-uiis de nos chefs-d'ctuvres. Ou entrera daqs quelque^ détails , parce que les préceptes paroiflènt peu de chofe ians les exemples qui les écîairciffênt.

Outre les principales règles de TArt Dramati- que , qu on peut voir au mot Adlion , Intrigué » Intérêt , Unité ,- Epifode , &c. on fait qù*îl y a un Art plus cacKé & plus délicat , qui règle' en quelque &çon tous les pas qu'on doit faire , & qui n'abandonne irién aux caprices du génie même^ Il <:bhfitte à ranger tellement ce qu*on a à dire t que, du commencement à ta fin, les chofes fe fer- vent de préparation les uiies aux autres-, & que cependant elles ne paroiflent jamais dites pcrur^ tien préparer, Céft une attention tous les inf- lans , à mettre fi bien toutes lés circonftarices ^ leur placé , qu'elles foiénrnécélïaires on le^ met , & que d'ailleurs elles s'éclàîrciflent & s*ém-' bellillènt toutes réciproquement ; à tout arranger pour les eflfèts qu'bh fa^èn vue , fans laiffer afiper-* cevoir dedefleiiï; manière enfin que le Speâtà-' teur voye toujours une a<àtoiîi&: fente jamuis' un Ouvrage. Autrement v Pilîufibn ceflé , & oh ne voit plus que lèPdëte au Heures PerfonnagesiCeft un grand fecret de l'Art , quand un morceau plein; d*«!oquénce, un beau développement, fervent ndn-f éulement à paffionnét Scène 9a ils fe trouvant, mais encore à préparer le dénouement ou quelque incident terrible- En voici un éxemplc^^ frappant dans les Horacés.

Le vieil Horace s'applaudit de ce que fes en--

i llj

IÎ4 ^ . A R T

jfaos n.Qtitpas voula qu'on Ips empêchât âe ^i$^

Ils font r grâces aux Dieux %4igmt Ipwr paeriç ; Aucun étpnncment n'a leur gloire flétrie , Çt j'a| vu leur honneur croître de 1^ moitié » QuancI ils ont des deux camps refufé la pitié ; $i par quelque foi^lefle ils Tavoient mendiée : Si leur haute vertu ne Tcôt répudiée , •|ila main bientôt (ur eux {n'eût vengé hautemefit De l'affront que m'eût fait çç m^l cçnfentement»

Ce difcouts du mt\\ Hp^r^c^ , ih M* i^yçâ- jaircr^ft plein d'un Arç d'autant plus ieaa, quij lie parpi; fqr : on ne voiç ique 1^ h^ut^r d un Ror îiiain & Ja chaleur d'un Vieillard, qui préf^e rbonr peur à 1^ nature ; m^is cela n%ême f ri^pairç l(s44t fefpoir que nioiatre le viç^^oracç daçis LaScçn^ /u.ivançç, Iprfquilçrçii que fpn çrqifiçnae fils s*eft

Le Pocte, dit M* de la Mp^^e j^^availle^^uif ui| certain ordre , & le Sp^é^^teurTç^t 4ans^ni ai^t^^ l-ôPpcce (j? prqgpfe ^-aûofd quelques beauçé$fprin« cjpales, f^f jpfq^eî|estil;fo^^ fpfp?15r die fpn foc-» ccs,5 ç'yeft d^J4 qu'il parc , & il imagine çlifujte ce qui doit erre dit pu ^it pour parveniç à foi% ^ur. S,pe£^çeur au ç^ntraif^ p^rt de ce qi^'il voit & de«»qail en^nd 4* abord , & il patTe de- là aux progrès S^ au no<uement «de iaAipii comme à des fuites ïiaçurçlles du premier çtaicoà qn lui 9 efp^fi^ ]fi^ ehofes. il£aut donc que ce que U Ppëtça iûvtÇUf é ar^ât^lVrj&^f^QBl p@ur ame^ie^ iÇ:f I beautés 9 deyietuie pogr i(es Spei^ateurs les ij^adp- niet\s n^ç^tff ires dpnt c^Ies »^0ieat» En u^ ^^HPt »: tout eft. art du coi|é de celui qui arrange »ut^ç ae- . tion théâtrale ; mais rieiv^ç le doit jxarpîwq à ççr . ki qui la .voit.

ART *jy

Ily ja certains fujets Bîcs-fccaiix.,:lnaisrcFui\ô iiifficulté prefqae inittrmomaiîle /parce que but beauté jnêmetœnt à quelque :dbêfaiit de vxaifcm-' blance qu'on oc peut évtrerrocieft jalors que le jgéaie dwelap|«tcMices fesreflburces. L'art con- ufteà couvrir xe déÊuic parades beautés d'uaordre fupeciettr. Telle écoit dkns Tatiirrede la xlifficidcé d'empêchcrqucles deuûc Amansne puâSatc fe voir 9c s'expliquer 'fii:Ayaut ai après le tombac. Que fait l'Auteur } Tancrede apprend de! la bouche du père même d'Amenaïde; Iqu'sUé icft biâdelle. Au- cun Chevalier ne fe jpséTeiue pour la dé&ttdre.

C^Ue qui fut ma fiUe , i mes yeux va périr ^ Sans trouver un Guerrîtr ipi roferecèurir , Ma douleur s*ee (icerciît., t^ honte^'cR auMiente ^ Tout frémit, tout £e tait ». aucun ^e.fe prcfjqntc.

Tancrede*.

Il s*cn préfentera , gardezovous d'eii;4QUter«

A K G Y R ï.

De quel efpoir , Seigneur » daignez-vous me flatter t

IStil qui, pour nous défendre , entrera dans la lice? ÏKous fommes «^horreur » pn e& |;laQé d'^IFroi^ Qui daignera me tendre une main proteârîce î Je n'ofe m'en flatter. Qui combattra !

Takc^edï.

QuîMHoî. ,Maî.vdi$-j«, êcfiie Çid {ec9n4e tnaFaiUvtœ^ Je demande de vo^s , ^ei^njeur «pour cécoix^pcnre» De partir à IJiaftant fans être retenu ,, Sans voir Aménaïde & fans être connu*

Que de beautés dans cette Scène / UAureur fai- iltle moment d'une émotiondviye p^ur vousfa- cher le défaut de Ton Sujet. Quel imécêt il an-^

Ijé; A R T

nonce ! Il vous donne beaucoup & vous promet davantage. Tan'crede vainqueur ne pourra point parlera fa Màîtreflè 5 mais vous vous y attendez* P'^illeurs elle ne le verra qu'environné de fes en- pemis qui ne le connoiflent point. Cette circonf* lance 9 toute néceflaire qu^elIe eft , cefle de vous le patoîore , parce que dans un moment que le Speftateur ne pouvoir point la prévoir , Tancrede ^ déîa réfolu départir fans voir Amén^iïdç. Ceft*là comble de l'Art,

Dans le faaatifme , il paroh néceflaire queSéîde arrive dans la Menue avant Mahomet. Mais eft^il dans Texafte vrai femblançe qu'un Jeune homme vienne ainfi fe donner lui-même en otage fans Taveu de Ton Maître ? L* Auteur a bien fenti ce dé- faut. II en tire une beauté. Séide en voyant Ma*

Jiornet s*écriç ; .

O mon père ! 6 mon Roi \ Le Dieu qui vous inspire a marché devant moi. Prêt à mourir pour vous, prc^ à tout entreprendre j^ J'ai prévenu votre ordre,

M A H o M C T.

Il eût fallu Pattcndre î^ Quî fait plus qu'il ne doit « ne fait point me iêr^ir» J'obéis à mon Dieu ; vous , fâchez m'obéir.

Et Tempreflement de Paln^ire à juftifier Séide devant Mahomet , qui abhorre en lui fon rival ^ eft encore une beauté qui naît de ce léger défaut. Sémiramis eft encore un modèle inimitable de la manière de triompher des difficultés d*un fujer, L^Aute^iç veut préfcnter le çableau terrible d'une Reine meunriere de foh Epoux , immolée fur la cendre de cet Epoux par fon fils même qu*ele ^Ubit défendre contre un Miniftre qui fut com^

ART ' ÏJ7

flîce de fes crimes. Maïs comment amener Sémî- ramisdans le tombeau de NinusrLePocre, pour fauver cette invraifemblance , fait intervenir le mîniftère des Dieux. Ce font eux qui depuis quinze ans préparent tout pour la vengeance. Ce font eux qui ont fauve Ninîas par les foins de Phradate. Ce font eux qui ordonnent à Sémiramis de rap- peller Arface , & qui infpirent à la Reine le def- fein de Toppofer à Aflur & de lui donner fon Trône. La majefté fombre & terrible du fujet, toik le rôle d'Oroès , le ftyle & le grand intérêt , la leçon terrible donnée aux Rois Se même à tous les hommes f voilà l'artifice théâtral dont le Poète fe fert pour triompher de tant d'obftacles.

Une des beautés de l'Art Dramatique , c'eft de difpofer tellement la Pièce , que les principaux Perfonriages foient eux-mêmes les agens de leur propre malheur. M. de Voltaire y a rarement manqué. Sans parler d'CEdipe » qui eft fondé d'un bouta l'autre fur l'ancien lyftême du fanatifme, c'eft Brutus qui , dans la Pièce de ce nom , veut i contre Pavis de Valerîus , qu'on admette dans Rome l'Ambafladeur Tofcan , qui doit féduire fon fils. C'eft lui qui , par nôbleffe & par gran- deur d^ame, a donné à la fille de Tarquin un afyle dans fa niai fon ; c'eft lui qui , au cinquième Afte, Récrie encore :

Jiflais quand nous connoîtrons le nom des l'arrlcides i Prenez garde , Romains , point de grâce aux Perfides ; FuiTènt-ils nos amis , nos femmes , nos enfans , - IJe Toyez que leur crime , &, gardez vos (èrmens.

Voyez encore l'ufage que l'Auteur fait toujourf de ce perfonnagé. Il ne le fait paroître que dans les m^mcns fa préfence peut jetter de l'intérêt

jjS ART

ou de reflSoî. Ccft pjour fe plainSre^ Me(&U » complice de Titus , des emporcemens de Ton fils* C'eft pour feire partir Tullie , dans le momeru que fon fils alloit promettre de lui tout facrifier. G'eft pojar le charger iiu Coin de défendreRome, quand ce fils malheureux vient de la trahir.

Dans Zaïre , c'eft Orofmane & Zaïre qui font les agens de leurs mau^x. La gcnérofité d*Ôrof> mane > qui délivre les Chevaliers Chriétiens » Se celle de Zaïre., qui a demandé âc obtenu la. gritce de Lufignan , amené la reconnoiHance de Lu-- %nan & de fa fille , & tous les malheurs^d^Orof- mane & de Zaïre. Mcine artifice à-pea-prcs dan^ Aizire. CeftÂlvarès qui a obtenu la Uberxé des prifonniers, parmi kfquels feirouvera fou libé- rateur , qui deviendra le meurtrier de ion fils*

Préparer & fufpendre , font, les deux grands ffe- crets du Théâtre- Un incident eftil d*une grande importance». &ites<?le pretleniirà pluikuxs efpri^» mais (ans. le laifler deviner. Eft^il moins intéref- fant , cojuentez-yous ^'tn Jaifler entrevoir le genre. Voyez ^vec quel ibin l'Auteur .x4e Mca>pc Jnfifte fur les moyens de détruhre la putflânce de roJifonte ! Vovez comment il prévient toMtesles objeûions qu^n peut lui faire ! C'eft^encpreiioe ^lejGiè théâtrale à all^ au à£^2Lx\i dss obieâdoins , iut-on même dans rimpoffibilité de lies détruire* Le Speftateur , content de voir que T Auteur n*a point pédbé par ignorance.^ prend le.chaj)ge^ ^inaputc tout à la di£cttlté du iiijetM ^

^ ^L'Art de tenir les ^eiprits en fufpensrfeft^pas moiodre que celui de> préparât /Cme i*diî^ ia/fou- vent Élit le focccs cfe plimeats.Ottvcagep>î^Cfec mé- diocres. .Ceftjelie qui a^fouieouJ ioiugtiemM Si^*

ART 1)9

phonifbe de Mairec. Nos grands Maîtres n'y manquent jamais. En voici un des exemples les plus remarquables : il eft tiré du Duc de Foix. Vamir fait prifonnier par fon frère, a pris les armes pour lui enlever Amélie. L*Auteur veut pro- longer jufqu'à l'arrivée d'Amélie l'explication qui Hoir apprendre au Duc de Foix que Vamir eft aimé d'elle, & qu'il n'a pris |e$ armes que pour la lui arracher. Voyez avec quel artilyréu/Bt l Vamir reproche à fon frère d'être révolté contre fa pa- triei'Le Duc.lui répond :

Ce jour qui fèmble G funefte ^ Des feux de la dilçorcie éteindra ce qui reile«|

Vamir.

Ce jour efl trop horrible »

Lx Di7c;

CQmneot?

il va QombleriaQf fomx; Va mir.

Xç. D' o Tout eft changé , ton frcreoil trop heureux^

V A M X R.

. Je croîs. On dirais <mç d'un aiïwurextfêwç,^ Violent j effréné , c^ir c eft ainfî ^u'pn aiiQe/« ,

7on cœur depuiç xrois mois s*pccupoit tout eii^ïcrj

Le Dpc.

J*aime: la Renommée a pu le publier* Oui , i'aipie ^^ fuf tiMjr. , . .

f '•

Ne bl4me point TamoDr ton pece efi tïk^y^ Four me juiUfier , il fuiEt qu'on la voye.

•4» ART

Vamxr»

Cruel ! , clic vous aîmc . , .

L £ D u c.

Elle le doit du moîn«. Il;ii*étoît qu*un obflacle au fuccès de mes (oins. Il n'en c(l plus > je veux que rien ne nous répare.

V A M I R.

Quels effroyables coups le cruel me prépare ! Ecoute. A ma douleur ne veux-tu qu'infuUer? Me connois-tu ? Sais-tu ce que j'ofe tenter ? Dans ces fiinefles lieux ^ fais*tu ce qui m'amène !

Le Duc.

Oublions ces Hijets de discorde Se de haine.

Amclîe arrive , & c'eft devant elle que le feîc Texplicatton.

Ceft cet art de fufpendre qui Êiit paffèr le Speâateur, de refpcrance à la crainte , du trouble à la Joie. Ceft l'artifice du cinquième AAe de Tan* crede. L* Auteur n'a, pour occuper la Scène , que le danger de Tancrede & rincertitude des évcne- mens. Argyre envoyé Içs Chevaliers le fecourir. Amcnaïde eft partagée entre la crainte & refpé- rance.^^ Sa Confidente vient lui apprendre la vic- toire de fon Amant. Ai^énaïdé fe livre aux traaf- ports de fa joie , & le retour d'Aldamon , qui lui annonce que Tancrede eft Bleffé mortellement » la rejette dans le dcfefpoir. ^ ^

^ Il faudroit parcourir les Pièces de Racine & de M. de Voltaire > pour faire voir toutes les fineffes de TArt Dramatique, & dans le Comique il n'y a pas une feulé des bonnes Pièces de Molière qui ne

ART Ht

fade admirer toutes les reffburces de fon génie & . les fineflès de fon art.

ARTAXARE , Tragédie de la Serre y 1718.

Le plan de cette Tragédie , dont on prétend que le vé- ritable Auteur cù. l'Abbé Pellegrin , cft fort embrouillé , la conduite mal arrangée , & la ver/îfication afl[è£ foible» A regard des perlbnnages , Artaxare n'a ni la dignité ni l'efprit du Reuaurateur de l'Empire des Perles, oaporcft un écourdi , qui ne fait ni ce qu'il fait , ni ce qu'il dit, ni ce qu'il veut. On en pourroit dire, autant d'Arfacc , fi Ton ne reconnoiflbit en lui une envie extrême de çonf- pirer ; mais il forme fi mal (es projets , que malgré le ^ fccQurs d'une flotte, qui tombe des nues, il rûccômbe »' 6c devient à la fin la viâime de (a trahifon. Pfaarnabale n'efi pas un affez habile Minière pour gouverner une telle Monarchie. Il ne relie plus qu'Afpafie & la Reine : la première efi une fbtte , qui obéit fans difcernement , & l'autre efl non-feulement inutile , mais fait même va mauvais effet dans la Pièce*

ARTAXERXE , Tragédie de Magmn , i <^45.

- Darie & Ochus , fils d'Artaxerxe , Roi de Perfê , cher* ' chent à faire valoir leurs droits auTrône , moiçrs par am- bition, que pour le partager avec Afpafie , d6nt ils font [ amoureux. Pour éviter une guerre inteûine , le Roi in« terpoiè (on autorité , & décide en faveur de Darie. Il fait plus ; malgré la paf&on qu'il reflènt pour cettfrniême Afpafie , . il la cède â cet heureux rival. Cet effort hé- roïque auroit terminer la Pièce , fans la ittallgnité de Tiribaze. Ce Miniflre infblent ofi lever les yeux (ut Ameflris , fille de fon Souverain : ce n'efI pas encore le but de fès defleins; fon amour n'efl qu'un prétexte pour s'aflurer d'une couronne qu'il veut porter, après qu'il aura (acrifié tout ce qui peut s'oppofèr à fa gran- deur. Son intérêt demande qu'il défuniilè le Roi & fès fils. Favori des uns & des autres, il y parvient facile- ment, en réveillât la paffîon du Roi pour Afpafie. Da- rie , au défèfpoir , fe révolte par le cônfeil de ce traître» qui forme un troifîeme parti , (bus le nom d'Ochus. At- " taxerxe fait arrêter Darie : il eu prêt à l'envoyer au (îip- . plice , loxfqu'on viçAt lui annoncer que Tjgibazeexpi-

141 A R t

fant à atoué tous Ces crimes , & juflifié la conduite ^esl deux Princes. Ll mort du coupable rétablit la tranquilli-" : le Roi consent â l'hylnèn de Darie & de fa MaitrefTe, & Ochus promet de ne plus troubler leur bonheur. A cela près de cette duplicité d'aâion , & du dénbueinent qui uK peu précipité , on peut dire que la Pièce paifzbleiliéfft Conduite te car^âère de Tiriba7e bieii . foutenu ; eéux de DarieL& d'A^afie font pleins de no-* bkflè & de beaux fentimefhs. Artaxerxe n a pas affez de fermeté. Ochus joue un rôle très-fubordonné ^ & AmcAris abfolumeiit inutile.

ÀRTAXEAM , Tragédie de VAblé Boyef , 1 6^t.

Ce Prince , épermieiilent amoureux d^Alpafîe , jeuïie perfbnne fans naiffanèe ^ qiui n'a< d'autre appanage qu'une extrême beauté ^ veut abdiquerfâcourohue, pour mener une vie privée avec cette fille ; ihais Darius , âls aîné de ce Roi , qu'il choiiît poiir fon fucceiîeur , e(t en même tems fort rival. C'cfl donc fur cette riralité que roule toute l'intngue. Cependant le père & le fils fc feroient accommodés , fi Tiribaze , Farorij d'Artaxerxe « n'eût fo- menté cette divifion ^ à defiein de faire périr l'un par l'autre, & de pfaeer h, fillfe Nitocris fur IcTrône de Pcrfc*

. Lorfque ce trakre voit ftn projet nénvcrfé, il plonge un poignar J diïis Cthi et Darius, ât tombe lui-même fbu9 les coups de^ fbldflrts, qui veulent venger le Prince. Ort vient raconte^ ttttt fuifefie catafl[f ophe au Roi & à Af- pa^^

/RÎ^XEAXE^ Tragédie M^teMiefe. ifér.

Artaban , Mkiîfire âo Xcft-cè^^ yft<Ji>dfe Pcrfc ^ Toyatnc dlmii^uer tous^le^ jourr ht fPùôÊktite de ce MionarqUe , |>af ïcs défaîtes fuceemves çu^il avôif efîliycés dan? Tes cooi-' bat^ contre les Qrees i preivd la féfblutiorï de faire périr gercés & toute la faniitte f&y^e^ pour mettre race C)iT leTroae» 11 ^ntre ta nuit d)ails Fappàrteihent du Roi & fa'flaârme : il accufe ertfuite Dâfiu% , frerc de Xcrcès. Il parvient â s'en défaire d'autant plus aifemèn^ 9 ^^c ^^ Frîncc étoit-d^un caraâère aiftilitkux & inqui'c^, 8t qu'il fegnoit dès long-tems encre les deux ftetes une méfîntei- ligence qu(; leMin'iftre avort fomentée. H neiuÎTcïloit plus qu'à faire périr Artaxerxe. Ce * font les obûacfeg qû'iïy trpuYt^ qui fomienpl'îiHrigv^ de cette Tragédie»

ASP i^i

Â&PAS^\ Comiiîe en cinq A&ès^ enVers^ pârDefaia^ rets- y iéTi6\ ^

Ly fis. Amant xL'Albafîci engage Thélephe Hm oncle à en. faire la. demande a Agéno^ ,.pere àk cetÊe:Elk» Argi- Iéon,pcre de Lyiîs, ignoratirla paffioiidt fonfikvpréWenc la démarche de Thelephe , obtient A(pa^€ pour lui-même êc répoufe.Lyfisy aaaéfeipoir^.tombe évanoui, aux pî(tds d'AIpa/ié ; cette dernière en. fait de mémo* Les pareas , touchés de ce fpeÔaclc« ca viennent à un écJairciflè- meat. Argilédn cède Afpafie à Ton fili; de tou» les per- ibnnagcs.lbrteiit contents» Cette Pièce eu t]sè6-fo«ible ; on peut même dire (ju'elie.blcile les mœurs « attendu le ma- riage d^Argiléon &. d^ Afpaiîe. , qui peut être conibmmé. L'£iteur auroh pu. très -aiXement (àurer. cette défeâuo- fîté , en faiHmt atiiver le délèfpatff des deux Aaun« avant laconclufion du^matlage*

ASSEtmttE DlSSÇOMÉDtENS , ( P J Opéi^aJCcmîipte en un Aâe , de Fufélîer « à la' Foire Saint-'-Laurent ^ 1724. Ceft un (tijetfimplc , qui peint afïcz naturellement les tracafiferics des Théitt^^. Leî Comédieits de la Foire i-affèmblcnt pouf délibérer fur leurs affaires LaOifcordc fort des Enfers ^ 8i vient ptéïïder k lour conVerfàtion : elle leur (buffle fbn venin^, *lk dans le moment ils; critiquent toutes les Pièces- qju'iU ont>repréientées pendatnt la Foire. La Difcorde charmée ce début , les trouve dignes<i'ha- bitoc. un Hôtel Y & aftplaitdit auxv tcaàtsi qit^ils lancent conitre leurs Auteurs^

ASTA^BÉ y Tragédie M. Coîardéau , 1 7 î8*

' A Pexception rôle inutile Leuxis,. Amante de Bâcazar~, c^ttc Pièce n*é(lr que l*2pifbdç ^e Figmalion , tirée R'oman de Téiémaque , mifè en aâioa y & par- faitement verfrfîce; c*eft' Pfofe brillante de Fenelon « changée en Vers de Racine ,' dialoguée , coupée en ma- nière d'Aâes, mais, f^tts beairàoujpi d'intelligence de la surche du Théa£re«

MTMNAX , Tra^éite db^màe (îhâttoùrBYwr, Wi^.

^ les deux derniers Aéhes avoient répondu aux trois ; pTcmiets , &r-tout au troifieime , la f î&c auroit réuffi. . jbf Auteur, auffi eilknabk^avfWmbdèfHequé parf es. ta- lent) s*eft ibttiw aii^ îngemeot ànt PàbliK; avtc onctarc.

14+ A S T

docilité. 11 Q*a pas voulu que Ton Ouvrage f&t fé]6)xii & Ta reciré fur le chatnp des mains des Comédiens»

ASTRjfTE^ Tragédie de QuinaulÈy té6i.

11 n'ed pas Vrai que chaque Aâe (bit uiie pièce éti^ tiére dans la Tragédie d'Adrate. L*aôion y efl une; elle cil même afiez rapide. On ne peut difconveAit qu*il n*y ait beaucoup d'intérêt. Ced un combat dt l'amour & de la nature « , peut-être, l'amour triom-

phe un peu trop* Aflrate aime la Reine , qui l^a privé

- d'un père & du Trône. On cft (ùrpris de Voir ce Prince la défendre ; & on pourroit l'être encore plus, de le voir la punir. Une des régies de l'Art , tù. da ne jamais placer (es perfonnages dans une iituation d'où ils ne puiflent raifbnnablement (bttir. Ici la mort

. volontaire de la Reine tire d'embarras & TAuteur Se Aflrate ; mais cette Reine trop coupable , pour que ia mort puiflè intérefler. L'anneau royal dont Boiieaii s'efl moqué à jufle titre « ne produit qu*une ftirprife momentanée. On a cru ce défaut fuffîfamment juiïifié par l'exemple de l'épée de Phèdre ; il pourroit l'être t en effet , fi la pièce de Quinault offroic des beautés aufir fiipérieures que celle de Racine,

ASTROLOGUE DE VILLAGE , (F) Parodie en un ABe ) en Vaudevilles ^ du Ballet des Caraftères de la Folie ^

par Favart $ à la Foire St^ Laurent^ i745«

Le titre de l'ouvrage fait connoître que l'auteur n'a prétendu parodier que la première entrée du Ballet des Caraèlères de la Folie» A l'égard de la féconde & de la troiiîéme , il s'efi contenté de faire paroitre

- principale Aâilce ^ qui vient confulter l'Aflrôidgaetf rlu/ieurs ptrfonnages s'adreflènt à lui dans le même

' defTein : le dernier efi un Mufîcien député de l'Académie

« Royale de Mufîquà.

ATALANTE ET HIPPOMÈNË , Ballet héroïque , en un Aâie 5 par Brunet , mufique de Vachon , à Wperai jyé^j

On prépare dans le Temple de Vénus ^ la fétë qui doit couronner le Vainqueur d'Atalante : les autres Amans dont, ellç aura triomphé , doivent être facrifiét

* au lieu même de la courfe dont elle doit éire.le prix. ~ Cette fiere Prinçefj^e prie le Cioi de ne pas. trahir A

gloire I

A T É ^ T^f

Î[lorrc , & cependant elle craint d'être obligée d'ïmmo-* er Hyppomènc. Ce Prince paroît ; elle voudroit le dé- tourner d'un projet qui doit lui devenir funefte ; mais Vénus promet à Hyppomcne la vidoirc, au moytn de trois pommes d'or , avec lefquelles il ralentira la courfè d*Atalanta^Leur hymen termine le Ballet.

ÀTELL ANES, Pièces de Théâtre chez les Romains; &. qui reflembloienc fort aux Pièces fatyriques des Grecs , non-feulernent pour le choix des fujets,mais encore par les caraftcrés des Afteurs, . des danfes & de la mufîque. 11 fem&le qu'elles ayent eu pour objet » auffi-bien que le Spedacle fatyrique des Grecs, de dclaflerle fpedlateur qui venoit donner fon attention à une Tragédie qui n*ctoit pas interrompue , un feul moment , puif- que chant du Chœur même tenoit à Tadion. On appelloit ces pièces Atellanes , d'Attella ^ Ville da pays des Ofques, ancien Peuple du Latium , elles avoient pris naiflance, & d*ôù elles pafferent bientôt à Ronie ; c*eft pourquoi on les trouve nommées dans Cicéron, ojci ludi , & dans Tacite ofcum ludicrum^

Elles étoient ordinairement Comiques , mais non pas abfolument , ni exclufivement à tout fu- jet noble ou fcrieux qu'on peut y faire entrer : cétoit quelquefois des Paftorales héroïques , telle que celle dont parle Suétone , dans la Vie de Domicien ; elle rouloit fur les amours de Paris & d*(Enone : quelquefois c*étoitun mélange bifarre de Tragique & de Comique j elles étoient jouées vpar des Pantomines qu'on appelloi: Atellans, jiteilani , ou Exodiaires yExodiarii ; parce que , dit un ancien Scholiafte de Juvénal , cet Afteur n'entroit qu'à la fin des jeux , afin que toutes les larmes & la trifteâe que caufoient \q$ paifions Tome L K

^4^ ATT

dans les Tragédies , fulTent efifatrées par les rî$ & la joie qu tnfpiroiem les Aiellanes. Onpour- FQH donc y dit Vofïïus , les appeller des Comé- dies fatyiiques *, car elles étoienc pleines de plai- ranceries& de bons- mots, comme les Comédies

, <5reques ; mais elles n*étoient pas , comme (çellé- ci > f epréfentées par des Aâeucs bablHés en fa- lyres. f^oy^iSATYRE.

ATHALIE y Tragédie de Racine i 1691.

Cette Pièce , (pit plufîcurs regardent comme le chef« d*œuvre de I^acine, n'eut pas d'abord à Paris le fuc- cès qu'elle avoit eu à Verlailles. L'Auteur répond ainfi à ceux qui trpuYQient dans Joa$ un cfprit 6c des connoifTances au-de^us de £bn âge: 3> la France yoit » en la perfonne d'un Prince de huit ans & demi ^ M qui fait aujourd'hui (es plus chères délices , ( M. la Duc de Bourgogne, père de Louis XV)} un exemple 9> iUuilre de ce que peut dans un enfant , un heureux 99 naturel > aidé d'une excellente éducation 3>« Le fang de France fouritiit encore de pareils exemples , pour le bonheur de la Nation la plus fidelle & la plus chère à Tes JR.Qis«

ATHENAÏS , Tragi-Comédie de Mairety 16 ^6^

Théo4o(è , Empereur d'Orient , occupé à vifîter la Grèce , s'arrête d^ns Athènes , accompagné de (k (œur Pulchérie , à qui il laifle le foin d'une partie des af- faires de l'Empire : c'eA à elle qu'Athenais , fille du Fhilofophe Léonce ou Léontin , vient adreffer (es plain- tes* Cette iillc eA célèbre par les charmes de fa per- ipnne fie ceux de (on e(prit : mais la dureté d'un frère lui refufè les feco^rs les plus indilpenfables. Il fe fonde fur un tedament du père qui a privé fille de iticcelfion» Le frère & la (œur plaident leur cau(è devant Pulchérie , qui juge en faveur du frère ; mais elle retire chez elle 1^ jeune Grecque. L'Empereur , qui « d'un cabinet voifin , a tout vu & tout entendu , devient (ù- bitemcnt amoureux d'Atfaénaïs p & lui oâte (a maia

ATI 147

te fa couronne. Un obflacle s*oppo£e à cet hymen ; Athcnais efi payenne ; il s'agit de la convertir. Après avoir confondu u(i grand nombre de Dodeurs , elle le rend à (on tour ; mais elle demande trois jours pouc éprouver fa convcrûon , & ils lui font accordés : il s'en cii déjà écoulé deux, lor(qu'elle rcparoit iur la fcène * avec Théodore , qui.l'accabie de reproches. Une pom- me qu'il lui a donnée , & qu'elle a fait paficr dans les mains de celui qui (eul a pu la convertir , eu la caufe de cette rupture : ce qui fait dire comiqucment au jaloux Théodofe

Mon fort efl comparable au (brt du premier homme i Son malheur & le mien font fbrtis d'une pomme.

Pulchérie éclaircit ce diyûhrc , reconnolt l'innocence ^

d'Athénais & réconcilie les deux Amans,

ATIS , Tragédie- Opéra de Quinault &* ds Lully , avec un Prologue 9 1676.

Le plus grand défaut d'Atis « & peut-être le feul, ef{ la trop grande beauté du premier Aâe ; elle nuit à la gradation» Cette belle Scène ,

Sangaride , ce jour efi un grand jour pqut vous ^ &c*

. cette Scène admirable 9 revient à l'efprit dans le cours de l'aâion , & la fait trouver languiflànce. Il s'en faut bien cependant qu'elle le foit. Acis pafTcra toù« jours pour une des meilleures produdîons lyriques ; 8c la force du cinquième Aéle' £è retrouve en proportion avec la beauté du premier*

ATIS , Parodie en un Aôîe > en Profe Cr en Vaudevillef de tOpéra de ce nom 9 par Fu\elier , i la Foire Su Gerr^ main , lyi^,

Atis devenu furieux, pourfûit San|[aride d^ns la cou-^ lîfTe , & Taflomme de coups. Il revient fur la ^cène z Cybelle lui rend fa raifbn. Défcfpéré d'avoir roiîe San- garide qu'il aime , il veift battre Cybelle , qu'il n'aime pas. Elle l'arrête dans un cercle qu'elle trace & lui propofe de raimcr de périr ^ & il répond qu^il veut

Kij

14« ATT

boire. CyBellc , exauçant fcs vœux , le change en ton- neau; & la Pièce finit par un divertiflement d'yvrognes, très-analogue au (ujet.

ATRÉE ETTHYESTEj Tragédie de Crélillon, 1707.

La.reconnoiflance d'Atréc & de Thycfle eft un Ta« -bleau terrible dont la Scène Françoise offre peu d'exem- ples. La Scène Angloife en offre encore moins , qui éga- lent l'inflant Atrée veut faire boire à Thyeûe le iàng de (on propie fils. On peut même dire que cette fîtuation conduit jufqu'à l'horreur. Malgré ce dé- faut , quel qu'il (bit , on lira toujours cette riéce avec admiration. Le ton mâle & foutenu qui y re?ne , fa marche ferme & rapide , la nouveauté des penfees , la force de TexprefÏTon , tout concourt â placer cette Tra- gédie au rang des chefs-d^oeuvres Dramatiques. Elle prouve qu'un ouvrage de génie peut quelquefois ne réuffir que médiocrement au Théâtre , comme tant d'autres Pièces ont fait voir qu'on pouvoit y être ap- plaudi quelquefois (ans aucun efi^ort de génie.

ATTENDEZ - MOI SOUS VORME , Comédie en un a6le j en profé « avec un divertijfement , de Dufrény , 1 69^^

Une petite intrigue d'amours Villageoi (es, & quelques couplets afTez naturels , forment un badinage qui rem- plit ridée attachée â ces mots , attende'^ moi fous Corme. 11 efl (urprenant que Dufrény ait difputé cette pièce à Regnard. La céder ou fe la conferver , c'étoit perdre ou gagner fort peu chofe,

ATTILA , Tragédie de Pierre Corneille , 1667.

Un intérêt trop divifé , & dès-lors trop foible , un dénouement prefque auffi vicieux que feroit une mort fubite,ne feront jamais d'Anila qu'un drame médiocre. On y trouve cependant quelques traits fublimes ; & cette Tragédie reflemble â (on Héros, qui joignoit à quelques grandes qualités , des vices beaucoup plus grands.

AVAÎ^T- SCÈNE. On appelle Avant - Scène k tiffu des évenemens qui fe font paflTés avant Tadion 9 mai« donc la connoiflance eft nécef-

r

A VA 145

faire à l'intelligence de la Pièce. Il faut j autant qu*il eft poffibïe , éviter les fujets dont TAvant- Scène eft trop chargée d*évenemens. Ceft le dé- faut de Rhadamifte & de quelques autres Pièces. S*il y a dans le fujet de ladion quelque vrai- femblance , quelque défaut de convenance , il faut tâcher de lejétter dans T Avant- Scène, afin de mettre à profit l'indulgence ou même l'inaBr tention du fpeâateur. Si 1* Avant-Scène eft très- compliquée , c*eft alors que le Poète doit faire tous Tes efforts pour rendre fon expofition plus claire. VoyeiExposirioNi

AVARE y (T) Comédie de Molière ^ en cinq AResyti^ profe^ \662.

On f^aît que c'eô dans Plaute , que Molière a pris le fujet de cette Comédie ; niais fon Ârpagon eu plus théâtral , plus inUruôtf que TEuclIon du Poète Latin. Euclion , devenu riche ^ veut encore paroître pauvre^ Il ne s'occupe que du loin d'enfouir le tréfbr qu'il a trou- vé. Arpagon , au contraire , avare & riche , n'eft pas moins occupé du deiir d'augmenter (on bien , que de celui de le conserver. Il aime , & cefîè d'aimer par avarice , & devient u(urîer envers (on propre fils. Son r61e efî plein de mouvement & d'adion. Il nous pré- fente un Avare fous dijSerentes faces , & toujours dan s lés iituations qui le caraâérifcnt le mieux, Ceft aind que Molière fçavoit s'approprier tout ce qu'il emprunt toit ; &: cette manière d'emprunter , eH la feule qui Toit permifè en Littérature*

AVARE AMOUREUX , ( i' ) Voyei tes trois Spic-

TACLES.

AUDIENCES DE THAhlE^ (les) Opéra-Comique » en un Aâie , avec un divertijfement &• un Vaudeville ^ par Carolet y à la Foire Saîht Germain ^ 1734»

Ce petit Ade eft moins une Pièce 9 qu'une defçyip-» iîon fideile de l'état trouve ït alors le Théâtre de l- Opéra-Comique* L'Entrepreneur, confeillé par des a£^

K ii;

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fociés auxquels tétc nctournoît pas moins' qu*à lut , fc livroit 5 comme eux , à l'ignorance & à la préven- tion. Les bons Aâeurs mùrmuroicnt hautement de fe voir forces de repréftntcr fans ccfTe de mauvaifes Pièces ^ Se de contribuer , avec des Adeurs auffi pitoyables que neufs ^ à écarter le Public d'un Speôacle qui (^ue toujours, fous d'autres Chefs & fous a autres A^urs « charmer fès plus chers loifirs.

WENTURES DE NUIT y (les) Comédie ^ en cinq AÛes , en verr , far Chevalier , t666»

Alplionfê aime Hypolite , fille d'Anadafe ; mais ce dernier Ta promifè à Siméon « vieux Richard , oncl6 de Confiance qui efi aimée de Valere , frère d'Hypolîte : Robert , valet de Valere , pour fervir fon ijdaître , fait entendre à Siméon,qu*Hypolite cft une franche coquette. Se qu'elle reçoit Alphonfe la nuit dans fa. chambre : peur prouver ce fait , Robert fait habiller Life des habits d'Hy- polîte & contrefaire la voix de fz Maîtrefle ; endiite Ro- bert attrape un habit du bohhomme Siméon , qu'il dohne à Valere : ce dernier entre dans la mailbn de Siméon , Se fc trouve tète â tète avec Confiance. Ces firataeémes réuflïfTent au gré des Amans. Siméon renohce à Hypo- lite, confcille à Anafiale de la donner â Alphonfe, & Anafiafe confent que fa nièce Confiance époufe Va- lere.

^AVEUGLE CLAIR -VOYANT, (b) Comédie en cinq ABes , en Vers , par Débrojfe^ i^49-

Vn Officier d'un certain âge, prêta époufêr une jeune Veuve dont il efi amoureux , reçoit un ordre de partiF pour l'armée. Il quitte fa prétendue avec des aflùrances réciproques de la plus iinccre tendrelle. Il efi à peine parti , que la Veuve fc rend aux fbihs du fils de cet Offi- cier, La fille.de ce même Offitier profite derabfcnce de fon père , 8c reçoit dans fa maifon un jeuAe homme qu'elle aime. Cette «double intrigue mandée au père, qui , pour s'en aflttrer , fait écrire qu'il a perdu la vue. Ce firatagéiVîe produit tout l'effet qu'il s'en efi promis : > il revient â Paris, (c'efioù l'adlon la Pièce com- mence,) & fécondé de fon Valet, qi)i aide à fa trompe- rie , il voit tout ce qui fe paflè dans fa maifon. Les Scènes

AVE Iji

de la Veuve & du fils de rOlGcîcr , cfi prcftnce de ce dernier, font d'un bon Comique. La Veuve feiiit de s'af- fliger de l'accident de l'Officier , & raiïure qu'elle ne l'aime pas moins ; & en même temps elle donne un co\ip- d'œil , ou fait un gefie à fon Àmaht. La fille , perliiadée de l'aveuglement de (on père , conilnue à recevoir les vifîtes du jeune homme qu'elle aime. On devine le dé- nouement : l'Officier convaincu de l'inconHahce de la Veuve , confent que fon fils s'unîfle avec elle ; il donne une pareille pèrmiffion à £k fille , qui époulè le jeune homme.

AVEUGLE CLAIR-VOYANT , iF)ComiîieenmMe^ en Vers , par Legrand f aux François ^ ijHi»

L'idée entière > & jpreCqiie tout le fond de V Aveugle Oair-vojyam 9 (ont tires de la Pièce précédente» Legrand l'a réduite en un Aâe êctn a fait une Comédie qu'on rê- vait toujours volontiers. Un Officier de Marine , curieux de (avoir s'il eft encore aimé de Maitreile ^ lui fak dire qu'il a perdu la vue* Cette fismihe , qui le croit aveu- gle , ne prend aucuneprécautionpoiir lui cacher (es nou^ velles intrigues : rOfncier , qui â de bbns yeuk , eft inf^ truit par lui-fnême de Con incônfl^ce « & croit que c'eft ailèz punir fon rival , que de lui abandonner ton ihfin délie. Il y auroit peu de cho(è à l'ebrendre da!n$ cette Pièce , fans quelques Scènes lan^ûîmntes ^ qui refroi- diflènt l'intrigue , pàt elle-même aïTez keuttitfe f 8c tal- lentîffent un dénouèlhent très-naturel.

AVEUGLE DE PALMIRE , (i!) Cpméii^en^ifiux Aâes i mêlée d^ Ariettes ^ par M. Ùèsfbatiânes t- Mujique de . Ji/L Rodolphe , aux italiens , 174^74

L'Aveugle de Palmîre , aime Nadine , cfl travér(5 daiis fes àmôùrs par le DefUn èc par la jaloufie d'une Ri- vale. Le prêtre Soleil lui rend la vue ; l'Amant, con- duit j^ar le (èntiment , reconnoit Maîtrefie confondu^ " parmi d'autres jeunes Beautés, &répou(è. Quelques traiu de cette Pièce ont déplu. On pourroitlibréger l'intrigue » & la rendre plus intércilànce*

AVEUGLE DE SimiNE ^( P ) Tragi-Comédie en cinq

K iv

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A6les ; en Vers ; ie Tinvemion du Cardinal de Rîchelîeul exécutée par les cinq 4^eurs j i6^S»

Philarque , fils aÀtlante , Prince du Sénat de Smyr- tie , aime & eft aimé d'Ariflée. Cependant il la foupçonne d'infidélité, & la quitte, Ariftéefe retire dans le Temple de Diane , pour en devenir la Prêtrefîc. Philarque re- connoit (on injuflice , & va demander pardon à fa Mai- treflc , & tâche de la faire fbrtir de fa retraite , en offrant de répoufer. Atlante , pour empêcher ce mariage , fait venir un Mage, qui, avec une poudre» rend Philarque aveugle, Délefpoir du pcre , qui , avec .une autre pou* dre., veut rendre la vue â (on fils, mais inutilement. Ce- pendant on fait fortir Ariflée du Temple de Diane ; & Atlante conient que Philarque époule (a Maitreflè : les *Amans s'embrafTent à plufieurs reprifes , en fe dilàne force fadeurs. Les pleurs d'Ariflée rendent la vue à Phi- larque ; Se tout finit heureufement»

WEUX INDISCRETS , ( ) Opéra-Comique, en un Me^ paroles de la Ribadiere , Mujique de Monfigny, à la Foire

Saint-Germain, 17 $9»

Colin , qui vient d'époufcr Toînette , luî fait l'aveu d'une inclination qu'il a eue avant leur mariage ; & Toi- nette fait à Colin la même confidence. Le mari fe fâche de ne pas trouver un cœur auflfi neuf qu'il avoit efpéré ; la femme le prend fur le même ton ; & voilà le trouble dans le ménage. Le père & la mère de Toinette accou- rent au bruit. Lucas appaifè Colin ; Claudine gronde la fille , non pas d'avoir aimé , car elle convient qu'elle étoit dans le même cas , mais de l'avoir déclaré à Ion mari. Lucas , qui l'écoute , apprend , en frémiflànt , qu'il a eu le même tort que fbn gendre. 11 veut faire du caril* Ion ; mais le Bailly rétablit la paix.

Ce Conte de la Fontaine efl rendu avec la circonlpec^ tien qu'exigent les loîx du Théâtre.

'AUGUSTALES , (les) Aâte d'Opéra donné à roccafion de la Convalefcence de Louis XV, paroles de Roy , Mujique de MM. Rebel fy Francaur, 17 ^(^>

Auguôe jouifToit de toute fa gloire , de l'amour des peuples , qui ven.oient de lui drelTcr un trophée dans les Alpes , ( circonfbmce heureufement appliquée , puifs

A V È ifî

que nous avions pris plufîcurs Places dans ce Pays i ) lor(^ qu'une maladie fubite menaça Ces }ours. Sa convales- cence fut confacrée par Tinûitution des Fêtes Augu(^ taies , &c.

AVOCAT DUPÉ , (P) Comédie en trois Mes , en Vers , par . Chevreau y 16^7.

Un riche Avocat tombe dans les filets d'une efpéce d'Aventurière , dont il devient amoureux , & qu'il épou(e après différens firatagémes que cette fille fait jouer. Le frere de l'Aventurière , qui eil un Soldat , trouve le Ic- cret de plaire à la (œur de l'Avocat , qui eil de la meil* leure pâte du monde , & qui lui donne fa main & (bn bien.

AVOCAT PATELIN j ( V ) Comédie en cinq A&es > en Profe j par r Abbé Brueis y 1706m

Cette Pièce efl une imitation d'une ancienne farce iouée vers l'an 1470, & imprimée fbus le Règne de Louis XII ; mais le Dialogue du premier Aâc, qui doit fervir de modèle dans ce genre , appartient au nouvel Auteur. La Scène du Plaidoyer, prefque tirée mot à mot de l'origi* hal , efl une des plus divertiiTantes qui foient au Théâtre. Le dénouement efl un peu froid ; mais en général cette Pièce offre de la fîmplicité , du naturel , & un fonds de comique d'autant meilleur , qu'il naît de la iituation même de la chofë , & non du mot.

'AVOCAT SANS ÉTUDE , ( /' ) Comédie en un ASte , en Vers , par Rojimont ,1670.

ErgaHe , Gentilhomme , Amant de Fiorice, fille d'Aï- cidor , lâchant que le père ne veut point accepter de gendre , à moins qu'il ne fbit Avocat , imagine un fba- tagême > qui efl de faire paroître un Manant , qui doit fe dire tel , & offrir d'époufer Mademoifelle Fiorice. Cet Avocat prétendu efl Carrille , Savetier du coin de la rue , qui efl préfenté par Life, (êrvante de Fiorice , & veut bien jouer cePerfennage pour dix louis. Clitandre , Avocat, frere d'Alcidor, apprenant que fa nièce s'allie à un homme de fa profellion , interroge ce prétendu ne- veu fur les matières de Droit , & rapporte les noms des plus fameux Jurifconfultes. CarrlUe > voulant paroitrc

1/4 A XI

fav^nt , cite Pierre de Provence» Richard fans peur» la ficlle Maguelonne. L'Avocat réplique & fait de nou- velles quefiions , auxquelles Tautre ne répond que par des quolibets. La dispute s'échauffe & continue par des gour- mades. Pour éviter de fâcheux accidens , Carrille s'é- chappe ïubîlement, & laiife robe entre les mains dt Clitandre y qui demeure très-furpris , & fe perfuade que fon advér(aire eA Ibrcièr. Alcidor le croit de même , 6^ envoyé chercher des Archers. Carrille revient & diJfpa- roit avec tant d'adreiTe , que les Archers ne peuvent l'at- traper. Ce jeu de théâtre , qui a fisiit peut-être le Hiccès de Pièce, continue jufquâ l'arrivée de Clitandre & d'Ergafie. Ce dernier s'étant fait connoitre , obtient le confentement d' Alcidor , pardonne le tour qu'on lui a joué , & donne encore dix piâoles au Savetier pour le itmercier die fes peines.

AVOCAT SAVETIER , ( r ) Comédie tn un A&e , jâx Sci- pion y 1670.

Cette Pièce , qui (e joue encore fiir lesThéâtres de Pro- vince , eu prefjue femblable à la précédente y tant pour le fonds du fujet , les Situations y les plaifant^ies , que pour la meilleure partie même des vers. Les principales différences font au titre & aux noms des Aâeurs. Rolan- dre , Amant de Liiimene , £lle de Pancrace , (èrt lui- même d'introduôeur à Bagolin , honniête. Savetier^ qu'il annonce pour un très-habile Avocate C'eH un Doâeur en Droit , amené par le coufîn de JPancrace , qui interroge Bagolin. Ce Doâeur , bavard hrftrpportable , qui ne lailTe pas feulement au Savetier le temps de lui répon- dre , ennuie tellement raflèmblée y que tout le moiide fe retire , â la réfervc de Bagolin , avec qui il prend que- relle y &£.

AXIAkE j frâgi'Coméâie He Scuàiry , \é^i.

Cette Pièce eft écrite en profe y par une f&rtc d^hom-

blic fait aftuellemcnt à quoi s'en tenir fur cette qùef- rion. Quant à Scudéry , il s'efl en quelque fa^on (urDàfli lui-même y en tra,^ânt les caradèrcs d'Axiane & d'Hcr-

B A B tjf

mocrate fon Amsnt. L'aâion roule Hïtrtine afëntiire de Piratqs.Leur Chef Léontidas , çhafTé du Thrône de LcG- bos par les Sujets , tenoit dans les fers Hermocrate , fils de Dlophance , Roi de Crète. Axiane , fille de Léonti- das , fatiguée des cruautés qu'elle a toujours (bus les yeux , rompt les chaînes d'Hermocràte & le (uit dans rifle de Crète. Léontidas y aborde , bien réfblu de la laccager. Il obligé tegagner £bn bord, après un combat opîniâcre ; mais il trouve Diophante au nombre de les prifbnnicrs , & il offre d'en faire un échange avec Axiane. On (kit que ce père inhumain ne redemande (a fille que pour Timmoler. Elle*méme en cÛ, avertie ; ce- pendant elle le fait conduire au vaiflTeau de (on père > & y aborde au moment Hermocrate vient y chercher VaG- clavage ou la mort pour (auver Axiane & Diophante. Cette aâion héroïque change le cœur de Léontidas ^ & Tunion des deux Amans eff précédée de la promeile de remettre Léontidas (ùr le Trône de Lelbos.

i. , ^ Tsssa

B

JMABILLARD'^ile) Comédie en un Aâe^ en Vers » de

I BcïfÇy , au Théâtre François , 1715.

L'Auteur avoit fait d*abord cette Pièce en trois Aôes ^ ou même en cinq : i\ les refondit en un (èul ; ce qui donne au Babillard une précifion qui n'eu pas un des moindres mérites de ce Drame. Le caraâère du Babillard y ed exprimé dans toute force , & avec une vivacité extrêmement agréable au Théâtre.

BADIN AGE ^(le) Comédie en Vers libres , par Boiffy i aux François ',1711.

On trouve dans cette Pièce de jolies tirades y & une crîtiàue dure & fauitb de TOpëra i^fhppolyte tr Aticiem Les Vers (uivans prouvent que Boifly ne (e connoiitoit point en Muiique.

Les A irs , d'ailleurs nouveaux dans leur cfpèce » Sont plus Tartares que François. On leur fait ici politefTe Comme à des gens qu'on voit pour la premiers fois.

T5« B A G

Le Public éclairé rendit plus de juflice aux taleiïs (ù- péricurs de Rameau. Les Vers indécens que l'Auteur met dans la bouche d'un Âbbé , feroient à peine IbufTerts dans un lieu de proflitution,

BAGUE DE VOUbLIy ( la ) Comédie en cinq Aâles , en yàrs , de Rotrou y i6z8»

. Un enchantement , caché (bus le diamant d'une bague, ôte la mémoire à Alphonfè , Roi de Sicile : il méconnoit fès Officiers , donne des ordres contraires à tout ce qu'il yenoit de prescrire > met le défbrdre dans (es affaires 8c dans les amours* Il quitte bague , la mémoire lui efl rendue ; il rétablit toutes chofes dans le premier ordre. Il reprend (on anneau , il oublie tout , )u(qu'à lui-même. Léandre, auteur de cette aventure , en profite félon Tes vues; il obtient pour époufè Léonore , lœur d'Alphonft , prend le titre de Vice-Roi de Sicile > crée de nouveaux Officiers , & difpofe abfolument de l'Etat, Un Plaiiànt découvre l'enchantement , en inftruit le Roi , qui (c con- tente d'éloigner , pour quelque tems , de la Cour , Léo-^ siore 8c Léandre, Un inâant répare tous les maux qu'ils avoient caufés» >

BAGUE MAGIQUE , ( Za ) Comédie en un Aâie , en profei avec un Divenijjement , ]^ar Fufelier , aux Italiens j 1716m

L'Héroïne de la Pièce eft une Meunière nommée Ma- dame Farinette , veuve très-coquette , qui doit époufer ' dans peu de jours un Boulanger appelle Croûton. Cepen- dant Arlequin , qui a été volé & dépouillé , à l'exception d'une Bague faite de crins de licorne , & qu'il regarde comme magique , réfugie par halard chez Madame Farinette , qui prend pitié de (on fort , 8c qui , tout d^ fuite , paflknt de la compaffion à l'amour , congédie M. Croûton , 8c époufe Arlequin. Trivelin , ami de ce der- nier , devient aufG le mari de la Servante de la Meû-. niere.

BAGUETTE , (la) Comédie anonyme y en trois AÛes > en profe^ aux Italiens y i755»

Une bonne Fée a perdu la baguette avec laquelle elle opéroU toutes lès merveilles. Cette baguette efi tonibéc

entre les mains dWe Fée maltailante , qui ne fait pasea faire u(age,Elle lait néanmoins qu'elle aune grande vertu. Il eûqueûion de retirer cette baguette d'entre lès mains s on employé pour cela bien des flratagêmes qui ne réuffif- fènt point. Enfin on en imagine un qui a plus de (Ucccs : on fait paroître devant la mauvaife Fee des monâres qui l'é- pouvantent; la peur lui fait tomber la« baguette de main ; on s'en faiHt ; on délivre de pri(bn un Prince que la mauvaife Fée y retenoit ; on le marie , & la Pièce £nit.

BAJAZETj Tragédie de Racincy x^ru

La première Scène de la Tragédie de BajcL'^et détnit- fît Paccufation de quelques Pedans , qui refulbient a Racine Tintclligence des régies du Théâtre. Quelles lu- mières Ct répandent ici fur une aâion qui s'efl pailee dans un pays les mœurs & les ufages ont tant d'oppo- (îtion avec les nôtres ! On croit n'entendre qu'Acomat & Ofmin ; & c'eft le Poète qui trace le plan de la Pièce», éclaircit fbn fujet, & met tout (on art à n'en pas faire paroître : aufïi la Critique n'eut-elle rien à oppofer aux applaudiflemens que reçut cette Tragédie.

BAILLY ARBITRE , ( ie ) Comédie en un ASe, enprofe^ avec un Divertïjfement , yar Romagnéfy , aux Italiens , 1737.

M. Oronte & Madame Argante , tous deux veufs ^ plaident depuis plus de vingt ans ; & las enfin de chi- canes & de procès, projettent de terminer leur diffé- rend par un double mariage. Oronte a un fils unique « appelle Valere , jeune Officier ; & Madame Argante a une fille fort aimable » nommée Angélique. Ces deux jeu- nes peribnnes ont trouvé le moyen de (c voir & de s'ai-

. mer ; mais le projet d'Oronte & de Madame Argante Ji'eft pas de les unir ensemble ; leur deflein efl tout oppo- , pui(que Madame Argante offre fille Angélique à Oronte « & celui-ci offre Valere (on fils à Madame Ar- gante. Ils font convenus de ces deux mariages par l'en- tremife du Bailly ; & pour confirmer leur raccommode-

. ment, ils lui remettent chacun un blanc-feing, pour terminer finalement leur différend. C'efl fur ce blanc- ^ing que roule toute l'intrigue, Valere & Angélique ^

i5» / , BAI

concernes d'un pareil projet , mettent tout en ufagcpcur le rompre. L'Épine, Soldat de la Compagnie de Vakre , veut abfblunient fervir fon Maître & empêcher ces deux ridicules mariages. Il trouve le fccret de s*imroduirc chez Madame Argantc , en qualité de Jardinier , fous le nom de Lucas , fait connoifTance avec Lifette , Suivante de Madame Argante, dont il devient amoureux ; & avec Arlequin , autre domeflique de la maifon , ils travaillent à brouiller Oronte avec Madame Argantc. Us mettent auffi le Bailly dans leurs intérêts , qui d'ailleurs n'eil pas crop porté à favor^fer deux mariages fi mal ai^ortis.

^AINS DE CHARENJONy ( les ) Opéra-Comique y en un A^e j avec un DivertiJUement , par tufdier y d la, Loire Saint-Laurent y 1714»

Pierrot , maître d'un Bateau de Bains à Charenton , fc propofe de mettre fin à (es gal^feries. Arlequin , garçon Traiteur , interrompt ce monologue , & apporte des cer^ velats , des jambons & des bouteilles de vin , met le tout dans un coin & fe retire pour faire place à Lifette , jeune

' perfonne , qui fort très- échauffée de la représentation de deux Opéra. Cette Lifette efl abfolument hors-d'œuvre ; ^ elle n'a même aucun rapport, non pas à l'intrigue , car , il n'y en a aucune , mais aux autres Perfonnages de la Pièce. Cependant elle étoit nécefTaire a l'Auteur , qui ne fàvoit comment inférer une critique de l'Qpéra de Thé* tis & Pelée* Après cette Scène arrivent Fanchon ,& Co- lette, Maîtrefles'de Pierrot, qui l'obligent à opter en prcfence de toutes les filles du v}Uàge. rierfot prend (çn parti & fe déclare pour Fanchon. Colette s'en confole en Payfànne lenfée ; & l'Adc finit par un Divertiffement des Bateliçrs & Batelières 4e Ch^rcntpn»

BAIOCO ET SERPILLA y Parodie du Joueur y Inter- mède Italien ; en trois Aâes , par M, Eavart , Mufique de M. Sodi y aux Italiens -i 17^^.

Le fonds de cette Pièce n'appartient pas â M. Favarr : il eft de Dominique & Romagnéfy, Des Bouffons Italiens repréfcnterent en 1728 ou 1729 , fur le Théâtre de l'O- péra , plufieurs Intermèdes qui eurent du fuccès , & en- tr'autres Biiïoco e Serpilla. Les deux Auteurs , que nous .venoxis de nommer y ^parodièrent cette Pièce , en faifanc

L

BAL iff

. on mélange de François & d'Italien» En 17^3 , de nou- veaux Bouffons d'Italie s^inflallerent encore (ur la Scène Lyrique ; & leurs fuccès ont £iit parmi nous une révolu- tion danç l'Art mufîçal, Lçs Bouffons proCcrîts, il y eut un déchaînement prefque général contre la Mufîque Ita- lienne ; mais en s'éleyant contre cette Mufique , onrimi- toit infenfîblement ; & Ton génie eft devenu à préfent le nôtre. On peutaufli rapporter à cette époque la naiflance des Pièces à Ariettes* M. Sodi , Muficien Italien , (kifit cette circonftance pour £iire de la mufique nouvelle (iir l'ancienne Parodie de Baïoco & Serpilla ; mais comme les paroles ne convenoient plus au goût aâuel duThéâtre, M. Favart reprit Touvragç (ôus œuvre » & lui donna une nouvelle forme*

BAL y (le) ou LU BovROEOïs dk Falaise , Comédie en un Aâey en Vers , avec- un Divertijfement 9 par Renard , au Théâtre François y 16969

Voyez LA SiRÉNAVE»

BAL D'AUTEUILj (te) Comédie en trois Aâles, en Profe^ avec un Prologue tr un Divenijfement , par Boindin^ aux François , lyoi*

Cette Pièce roule en partie (tir des incidens & des Aventures de Qal ; mais au fond il s'agit de faire épou- fer Hortenfe à Eraftc^préfér^blement à M.Vulpin, vieux Ga(con , à qui le frère d'Hortenfe l'a promifc. Ce frère, amoureux de ùl femme , qu'il ne reconnoit pas (bus le mafque, donne dans le piège qu'elle lui tend , &confent au mariage d'Erafte , qu'elle favori(c. Le dégui(èment de Lucinde & ^c Menine , qui , réciproquement , fe pren- nent pour ce qu^élles ne (ont pas , aonne lieu à quelques Scènes piquantes » 8c â certains difcours , peut -être un peu trop libres pour la Comédie n^pderne. Au (îirplus , il règne dans le Bal d*Auîeuil beaucoup d'intérêt » d'en- jouement & de vivacité.

BAL DE STRASBOURG, (le) Opéra-Comique ^ en un Aâle , par MM» FavArt , de làfiarde &* Laujeon , à la, foïreSaint^Laurent y 17^^.

Cette Pièce, donnée à l'occafîon du rétablîflcment de la fanté du Roi Louis XV > ne pouvoit manquer , dans

/

leo È A t

les eîrconflances , d*être fort agréablement reçue ; maîf ce qui en fait le principal fliccès , c'cft le Vaudeville tou- chant de la Scène du Courier ^ dont les paroles & Taie ibnt de M. Favart, & que toute rAfTembléc chantoit du plus grand zèle avec les Adcurs. Il lui valut une dcpu- tation des Dames de la Halle , avec un préfent de fleurs . &deiruits.

S AL IN-PROMPTU', ( le) Opér€-Comique de M. Harny i & dont laMufique ejl de Débro[fes j aux Italiens ^ J760.

Un Homme de condition voulant donner une Fête à Campagne , imagine de déguifer les Valets en Maî- tres , & les Maîtres en Valets. De-là différentes Scènes , ces derniers , parlant de leurs Maîtres comme s*ils ne dévoient plus redevenir leurs Valets , font punis ; & la fùbordination dans laquelle ils rentrent ^ termine la Fête èc l'Ouvrage.

BALADIN , Danfeur y Farceur , qui , en agîflànt , fait des poftures de bas - comique. Ces fortes de Rôles étoient fort en ufage fur les Théâtres de France aux quinzième , feizieme , & pendant la moitié du dix-feptieme fiecle. La Comédie les a rejettes & abandonnés à la Farce. Ces Baladini ii*ont pas peu contribué à faire condamner la Co- médie par TEglife & par les perfonnes d*une hu- meur auftoj.'

_ , 01% 4

BALLET. Danfe ngùrée , exécutée par plufieurs perfonnes qui repréf entent par leurs pas & par leurs geftes ^ une adkion naturelle ou merveilleufe, au fon des inftrumens & de la voix. Nous ne le confidérons ici que relativement à la partie dra-, matique.

Les Egyptiens firent les^pfemîers, de leurs Dan- fes , des hiéroglyphes d*adion pour exprimer les Myftcres de leur Culte , le mouvement réglé des

Aftrjes,

B A L ^ Ttftl

Pordre immuable & l'harmonie conftante de TU- nivers. Les Grecs les imitèrent en ceci ; voyt:^ ChoiUR : & chez eux le Ballet renferma fouvehc des Allégories ingcnieufes, qui lui firent donnée le nom de Danfe Philofophîque.

Ce fut vers le <[uaiorzieme fiecle , qu'il fot en Europe une Compofition Théâtrale , & fcrvir à célébrer les Mariages des Rois , les Naiffances des. Princes & les grands événemens.

Les grands Ballets fe diviferent en pludeurs èfr péces.

Les Ballets hiftoriqUes font les adkions connues dans THiftoire j comme le Siège deTroyes , tea Viftoires d'Alexandre , &c.

Les Ballets fabuleux font pris de la Fable j^ comme le Jugement de Paris, Nài (Tance de V^é- nus. Les Poétiques , qui font les plus ingénieux ^^ étoient de plufieurs efpéces , & tenoient pour U pMpart de THiftoire & de la Fable. Ce Spedacle ftvoit des régies particulières , comme le Poëma Epique , la Tragédie & la Comédie*

L'unité de deffein étoit feule néceflTaire , & l'da n'exigeoic ni l'unité du tems ni celle du lieu.

La divifîon ordinaire des Ballets étoit encin<| Aftes , & chaque A6te étoit divifé en trois , fiï ^ neuf, & quelquefois douze Entrées. Koyc^ÈN*

TRÈS.

On nous a confervé l'idée dei quelques-uns ie CCS Ballets. En voici un de ceux qu'on ap{)èlldic Allégoriques. Il fut donné au Mariage d'une Priti- celTe de France & du Duc de Sayoye. Le gris de lin en fut le fujet ; parce qu'il étoit la couleur fa- vorite de la Princefle.

Au lever de la toile ^ l'Amour paroît 8c déchirci^ Ty/ni I^' L

t«i BAL

fon bandeau : il appelle la lumière » & Tengage par Tes chants à ie répandre ^r TÛnivers , afin que dans la variété des couleurs , il pût choifîr la

Î>lus agréable. Iris étale dans les airs les couleurs es plus vives. UAmour fe décide pour le gris de lin. Il veut qu'à Tavenir il fbit le fymbole dun amour fans nn.

Quelques-uns 4c ces Ballets portoient le titre de Ballets mort^ux , conime celui qui étoit inti- tulé : la f^érité ennemie des Affartnces , & foutt" nue parle Tems. On voyoit d'abord TApparence portée fur un grand nuage , & vêtue de couleur changeante , & avec difFérens attributs , environ- née des Fraudes , de Menlpqges. Le Tems paroi f- foit avec une horloge de fable f de laquelle for* toient les ïieures & la Vérité.

Dans le tems de rétabliflèment de TOpéra en France > on conferva le fond du grand Ballet ^ mais on en changea la forme. Quinault imagina un genre les récits firent la plus grande partie de faftion , & la Danfe ne fut plus qu un ac - . ceffoire^ Ses SucceflTeurs Pimttereni dans fes Bal- lets , & relièrent fprr ,au-4effous de lui.

La Mothe, en 1697 , créa un genre nouveau qui fut adopté. L'Europe Galante a fervi de mo- dèle à tous les Ballets qu'on a donnés depuis On fe plaint que dans la plupart de ces Ballets les Aôkes forment autant de fujets difFérens, liés feule- ment entr*eux par quelques rapports généraux » étrangers à Taftion , & que le Speâaieur n'apper- cevroit iamais , fi T Auteur n*avoit foin de Ten avertir dans le Prologue. Malgré cet inconvé- nient , il paroît qu'on ne fe détachera pas facile- ment d'un genre qui produit une grande variété

/

BAL i6i'

fan$ exiger du Pocte de grandi efibrts de génie*

Le Baller de cette nouvelle forme conhifte en

trois ou quatre Entrées , précédées d'un Prologue.

Le Prologue» & chacune des Entrées , for mène

des aâions féparées , avec un ou deux Diverciflè*

mens mêlés de Chants & de Danfes. Le fond du

Ballet & des Danfesqu'il amené , doit être galant,

noble 9 intére(Iant ou badin , fuivant la nature des

, fujets. Telle eft au moins la forme de tous ceux

qui font reftés au Théâtre»

BALLET DE LA PAIX , { Z? ) Opéra en troh Entrées i enfuite en fix 3 ^ un Prologue « parUoj ," mujiquê de MM. Rebel &• Françcewt , 1 73 8.

Le (ujet du Prologue efl la Tout du Palais de Mi- nos y dans laquelle Apollon enfeiMna (a Lyre V tecou« vrant y au regard de la Paix, la voix (boore que cet inftrumenc lui avoit^ communiquée , félon Ovide ; SC qu'elle avoit perdue.

La première Entréo, intitulée , PhUiiXf Déntùphon i peint TÂmour Héroïque ; la féconde efi intitulée ^ Iphis & Yame , dans laquelle TAuteut feint qu*Iphîf efl un garçon déguifé en fille# La troifîénie a' pbuc titre 9 Baucis &• Philemon : mais d*Epoux que les fait la Fable y r Auteur les transforme ert jeunes Amans , dont la fidélité e(l couronnée par les Dieux. La^ ^^la** triéme eft la Fuite de l'Amour » & n'a pas grande Uaifon au fujet. Il paroit même qu'elle avôlt été deflinée à fervir de Prologue aux' Voyages de P Amour* La cin-^ quiéme & dernière Entrée i pour titre , Nïrée»

BALLET DES AGES ^(le) en trùh Entrées ^ avec un Prologue , par Fir{eUer (r Campra % tfi^*

L'Auteur a voulu prouver que lef* génie comîqUd n'éft pas incompatible aved les beautés de ITiarmonle. le Prologue repréfente Tes Jaîrdins d'tfébé , Ton invite la Jeuneffc à profiter des douceurs d'un afyle agréable. Le Tcms , Vénus & Bachus font , avec Hébé » les interlocuteurs de ce ProIogue« Les^ trois Entrées du Ballet font autant de petites Comédies r U l^te-^

Lij

«^4 BAL

mîcre ell la J«uneflè, ou û Amour Ingénu; la féconde , râgc viril , pu l* Amour Coquet ; la troiiîéme > la vicil- lerfc , on rÂmour Joué, La ëcrnicre Scène U Triomphe de la Folie fur tous les âges*

BALLET DES SENS^( le ) en cinq^ntréés , avec un Prologue 'i par Roy y mufique de Mouret >, 17$

Le fujet de la premier Entrée eil Leucotoc changée , par le Soleil Jbn Amant , en l'arbre qui produit l'en- cens ; ce ^i caraâérifc VOdorat» Le Toucher , féconde Entrée , eft caradériféé parla tendrelTe que Léodamie ' confcrva pour Protéiîlas , Roi de Mégare , péri au Siège de Troye , qui rengagea à ne point quitter Statue rembrafler çontinuelleiment ; ce qui tou-^ icha il fort lès Dieux, que Profèrpine ramena des En- fers un époux il regretté. La Fable* de la troi/îémc Entrée, ou la Vue , efl Ifis qui caraftérifc les cou-

- lciir« , & rAmour , qui , dépouillé de Ion bandeau , Itii donne lès premiers regards. VOuie peint par les Syrènes ,-qiii attirent Ulyfle & Orphée^La cin- quième Entrée, enfin eu remplie par Bacchus qui prend la forme d'une grappe de raiiîn pour polTéder Eri- gonc;ce qui caraSérifc le goût.

BALLET DES VINGT-QUATRE HEURES y (le) '. Amlj^igU'Comique. de le Grand y en. trois Aôles , en Profcy . avec un^Prologue , en Vers , 7712V en mufique par Au- iert ^ t^ des divertijfemens y i7iî«

Le Ballet des Vingt-quatre heures , fait pour une Fcte donnée au Roi par M. le Duc, à Chantilly , eft un Ambi- gu-Comique^ ouvrage de fantaîfie , dont le plus grand .mérite conMoit dans la nouveauté. La Scène d'un ivrogne qui prend le Font-neuf pour (on appartement , celle Arlequin , prêt à être pendii , fait chanter & danlcrXes Juges , le jouent encore ibuvent à la Comé- die Italienne , avec des augmentations qui tiennent . de la, farce; On trouve 9 dans ce nacme Ambigu , la Co- médie dc^ Panier Syik le Rende^vous noâlurne. Dans l'une, Madame y ertugadin fournit a un Amant , qu'elle cache Ibus un; grand panier, la facilité d'enfever (a Maitrefle» L'autre eft une traçaflcrie de Valets qui fc dîfputeht le coeur d'une fervante. Ces, différentes Pièces mêlées de ch^t & danfes >. ecçùgert;nt plus de deuxç^^

perfonnes, prîfcs dans les divers Speftacles de Paris. Ges beaux jours de réjouifTance & de Fêtes particu- . lieres , ne (c trouvent plus que dans les fades de Chan- tilly , de Saint-Cloud & de Sceaux.

BALLET EXTRAVAGANT, ( le ) Comédie en un ASe^ en Profe , de Palaprat , 1 690.

Julie , mtre d'Angélique & de Marianne , cft fort' entêtée de mufîque ^ qu'elle veut mettre fur pied un Opéra. C'eft ce qui fait naître à Clitandre & à Dorante l'idée d'enlever ïès deux filles dans un Ballet qui a pour titre , VEnlevement des Salines.

BARBONS AMOUREUX ET RIVAUX DE LEURS FILS , (les) Comédie en trois AâleT , en Vers , par Cke* palier , t6Si,

Lucidor y fils de Policarpe 9 efi amoureux d'Aminte^ fille de Boniface ; & Clidamant , fils de ce dernier > épris de Polixene , fceur de Lucidor, Par malheur » Policarpe & Boniface » qui 'ignorent la paillon de leurs cnfans , Ce font promis, réciproquement leurs filles l'uit à l'autre. Comme ils trouvent de laréfiflance > ils pren- nent la réfolution de conclure cette affaire fecrettement^^ dès le loir même , dans une maifbn voifîne , à l'inf^u de leurs filles. En effet , d'abord que la nuit eïl venue j ces deux vieillards fortent avec leurs filles 9 que cha- cun d'eux tient attachée par une corde. Guillot , Valet de Clidamant » & Ragotin y Valet de Lucidor , déguifés en femmes , profitent de l'oblcurité , & après avoir païïe une corde , avec un nœud-coulant , au bras de chaque père , prennent la place de leu rs filles 9 & forcent les Barbons , en les garottant & les tiraillant , à les. faire conlemir que lesnls époufent les deux filles* JPouc prix de ce fèrvice , on donne Béatrix , Suivante Polixene , en mariage à GuUlot ; 8c Ragotin époufè L.i- fette , Suivante d'Aminte*

BARON D'ALBIKRAC^ (le) Comédie in cinqAâles; en Vert y deThomas Corneille f 16 69»

Cette Comédie efl plaifamment imaginée » bien con- duite ;..^ les Perfbnnages qui la compoicnt ont tous leur mérite particulier. Les iiratagç/r\c^ qu'on employé ^pour tromper tante , (ont ihgénîeufemcnt & na- turellement placés* Le tF4ve(ltUement du Laquais

L 11]

lU BAR

la Montagne en Baron d*Albikrac , ne. iott point je la vraifèmbiance y par le foin que FAuteur de la Pièce a pris, de Tannoncer comme un gardon d'efprit ; mais enfin tout cela ne compofe qu*une intrigue commune ; aucuns caraâères , & nulle correâion pour les mœurs» On n*emporte de cet Ouvrage , que le plaifit d'avoir ri aux dépens d'une Ridicule ; & cette Ridicule n'efl pas afTez fîngiiliere > pour préfcnter un Tableau utile aux yeux du fpeâateur. Au refle , cette Comédie e(l bien di'aloguée , & d'une verfîfication fbpérieure à tout ce que Thomas Corneille avoit compofé jufqu'alors.

BARON DE LA CRASSE , (le) Comédie en un ASe , en Vers y de Raymond Poijfon , xééx»

Tout mérite da Baron de la Crajfe 9 confîfic dans une façon , nouvelle alors , de critiquer les ficces de Théâtre. Un Marouis & un Chevalier font vi/îte au Baron de la Cranc, & l'engagent à conter une aventure qu'il eut à Fontainebleau. Il vouloit entrer dans la Chambre du Roi ; THuiffier ferma la porte ; 8c le Baron s'y trouva pris par les cheveux , qu'il fut obli- gé de couper pour ft débarraffèr. Cette Hiftoire , vraie ou fiippofée , eft cpntée plaifamment. Arrive un Co- médien de Campagne , qui î'ofFire à jouer la Comédie, On lui demande le répertoire des Pièces qu'il efl en état de faire représenter ; 8c c'efi-la aue plufîeurs bons Poètes ne durent pas être contens de fe trouver con- fondus avec d'autres Auteur^ aflez médiocres. Quelques contrc-tems empêchent les Aâeurs de fe rafîcmbler ; 8c au lieu de ]a Comédie qu'ils avoient promis de jouer , ils ne donnent que le Zig7;ag ^ efpéce de farce plus bouffonne , plus indécente que Comique. Oétave , pour épouler Kàbelle promife à Valere , ort^onne à Crilpin de fe ptéfenter à fa Maltreflè , (bus le nom de (on rival , & de (e montrer fi ridicule i la mère d'J(abelle , qu'elle le refufe pour £on gendre ; cette vieille ru(è réu(&t« Voilà ce qu'il a plû à Poiilbn d'appeller le Zigzag*

BASILE ET QUTTTERIE y Trazi ^ Comédie en trois ASîes y en Vers ^ aux François y -par Gauthier y ^17 ty*

Ce fujet e& tiré du Roman de Don Quichotte quo tout monde connoiu

BAT. i6r

BATELIERS DE SAINT-CLOUD j (lef)OpétA'Co- mique , en ua Aâe , par Favart ^ à la Foire Sainc^ Laurent^ 1744; &* donnée auparavant en 174 1 d la mime Foire y fous le titre delaFirB wi Sâint-Clovd.

Clitandre , Amant de Cdlette y fille de M. Thomas 9 Batelier de Saint-Cloud» e& venu dans ce village pour trouver le moyen de terminer (on mariage. Il rencontre Nicolas , £^Çpi^ Batelier ^ qui, lui apprend qu'il efl amoureux de Colette \ Se que lui , Clitandre « recherche en mariage Mathurine, Coufîne de cette dernière. Clitandre convient de tout ce que dit ce ma- nant ; & luivant Con conseil , va dans (on bateau caufèravec les deux Coufîhes. Pendant ce tçms'là. Ma- dame Thomas , jaloufè de (on mari , s'eft déguifée ta homme , pour tâcher de découvrir ù, Rivale. M. Tho- mas, qui eft auffi jaloux £bn côté, fe traveftit à deflèin de (Urprendre fa femme avec (on prétendu ga* lant. Cette double jalbufié Monfièur & Madame Thomas , n*a d^autre fbndenient qu'une lettre que Cli- tandre a écrite à Colette 9 & ^ue le hazard a fait tom- ber (iiccefCvement entre les mains père & de la mère de cette fille* Ces bonnes gens (p rencontrent y (e que reliant , en viennent à des explications « & enfin à uii^ raccommodement. Clitandre (lirvient , leur avoue qu'il eft Auteur du billet qui cau(è leur méfintelligence , 9c leur déclare enuiite fa paflion pour Colette. Monfièur & Madame Thomas la lui accordent ayçc plaifir v & tout ' le monde (e trouve content , à la réierve de Nicolas » qui (brt outré de la tromperie qu'on lui a faite.

BAUCIS ET PHILEMON » Aâle dVpéra. Vojei le Ballet dr la Paix^

BELISAIRE^ Tragédie de Rotroti ^ iSii.

Les infortunes de cet illuftre malheureux (ont coi- nues. L'Auteur leur a donné dtHt es^prefCon vraie , na- turelle «' Vive & pathétique , à laquelle rien réfift^» Tous les effets d'un amour irrité , tout l'artifice d'Un efprit violent & diffimulé , tout les excès d'une haihe mortelle, toutes les refiburces de la Téngéanct la plus déterminée, forment le caradère de l'Impératrice. Ce- lui de Béli(àire eft de la plus grande beauté. On défir ét- roit plus de précifion dans les détail» f plus de variété^^

L iv

X&Sr B E L^

. plus d*exaditude 9 plus d'analogie âVéC le fuje^ Lei beautés 8c les défauts de cette Pièce lui ont attiré beau* coup d'Admirateurs & de Critiques

BELLE ESCLAVE , ( k ; Traii-Comédie de rÉtoiU,

Près d'être uni par les plus doux liens avec la belle Claricé > le Prince Alphonfè la perd à la prife de Mé- gare , vraifemblablement elle a finir Tes jours ; & lui-même fe trouve réduit à l'efclavage en Afrique. iUn Roi du pays , qui aime cet efclave , lui ordonne de choiHr entre toutes les femmes qu'on lui amené , celle

3ui lui plaira davantage : il en excepte une feule , ont il veut » dit-il, faire préfent au Grand Seigneur; On juge bien que c'efi la belle Clarice dont Alphonfe . pleure la perte. Ces deux Amans Ce reconnoiiïent ; mai» sis n'ofent faire éclater leurs fentimens que (bus les noms de frère & de (ïrur. Quelque bonne volonté que Se Roi att pour Alphonfe , il n'o(è lui accorder la liber- ' ' de Clarice : ce tendre Amant , au défcfpQÎr , implore ies bontés de la Reine , 8c obtient cette grâce par fon crédit. Dans le moment ^que le Roi donne (es ordret pour qu'on ramené Clarice % Haly vient dire q,u'elie «'efl précipitée dans la mer. A ce récit , Alphonfe fe défble , 8c recommence fes regrets : mais la Reine , par les perqui/îtions, découvre la fourberie d'Haly qui, épris des charmes de cette belle , vouloir fe l'approprier. On ia ramené i fon cher Alphonfe ; 8c le Roi pardonnç à Haly , en faveur de la commune joie.

BELLE INVISIBLE^ (/«) ou la CoNSTANCRiPROuviE^

Comédie en cinq Aêies y en Vers % de Boisrohert % i^5^«

C'efl le même lujet que celui de la Pièce' irftîtùlée ,

Aimer fans f avoir qui^ & la Jalouje d*elle^mime. Olympe %

Jeune Demoifelle, élevée fous des habits d'un Autre fexe,

.|ouit , à I4 faveur ^e ce déguifement , d'une riôhe fùc-

ceffion; & fous le nom d'Alexis , elle eft fiir Je point

id'épouler Marcelle vu coufîne germaine\ fille de Dom

jtéonard. Cette fituation efl d'autant plus délicate , que 9

tais être connue , Olympe aime éperduement Dpm Car-

.los, nçveu du Duc d'Offonnc > Viceroî de Naple§ » 8c

que par conféquent , elle ne veut , ni ne peut: (buSrit

ikconçluiÎQAii'uAOliDriAfc ^ue M^c.eUc ^ Doin Léo«

BEL 169

«ard preffcnt ayec înflanccs. Quel parti prendre f clic ft découvre , elle Ce voit enlever farts reflburce les deux tiers d*un bien confidérablc ; 6c elle craint que cette diminution ne nuifè au deflein qu'elle a d'en- gager Dom Carlos. Heureufèmcnt , Marcelle eft fort railbnnable ; 8c changeant en une tendre amitié pour Olympe , Tardente paffion qu'Alexis avoit fait naître « elle Ce rend à l'amour de Dom Alvare > jeune homme qui la recherche depuis long-tems « & qui , par cette raifbn , eft prêt à fe battre avec celui qu'il regarde comme fbn rival. Olympe ^ dégagée de cet embar- ras , ne s'occupe qu'à s'anurer le cœur de Cou Amant » 1& à (ktisfaire fa folle délicatefîè , qui lui fait inventer des moyens pour Texpolêr aux plus fortes épreuves* Dom Carlos « encore plus fou qu'elle , pique de confiance « méprife les plus fameufes Beautés de Naples, & Olympe méhie « qui Ce préfènte Cous pluiieurs traveâiflemens » 8c enfin fous fes propres traits : il perfiûe jufqu'au moment iqu'il efl convaincu que cette charmante fille efl la même qui lui a tant coûté de larmes. Pour comble de bonheur , Marcelle renonce généreufement au bien que la connoif* iance du fèxe de la cou/îneiui donne droit de prétendre « & engage Dom Léonard & Don Alvare à ne s'y point op- pofèr. La Pièce efl terminée par trois mariages , celui d'Olympe avec Dom Carlos , de Dom Alvare avec Mar- celle , èc enfin par celui de Lucilé ', parente de la Vice-Reine, avec Don Pédre, riche Seigneur Napoli- tain,

BELLE ORGUEILLEUSE t (la) ou l'Enfant gat$ ;

' Comédie en Vers &* en un Aâe , far Nérica^ult Dejiouches » auThéâtre François f 17^1» ^ . > .

^rôle de la fiere Pulchérie ,,qm aeveut époufer

qu'un Duc, eft (ans vraifèmblance; celui de Sophie fa

lœur efl raifonnable & charmant- Madame Argante , levr

. mère , eft d'une prévention & d'un aveuglement dont le

.. Monde n'iSlre point de modèle»

1 ...

SELLE PLAIDEUSE, {la.)' Comédie en. cinq Aâlet^ en Vers , de Boisroberty i6^^. ,

Ergtâe> £ù d'Amidor, riche, mais extrêmement

vjo B E L

avare, eftpaffionnéincnt amoureux de Corîne , fille d'Ap> gine , qui plaide pour une ^roffe fucceflion, & qui». Faute d'argent , ne peut faire nnif ce procès. Ergaile lui en cherche de tous côtés ; & enfin un Notaire vient lui annoncer qu'il a trouvé la fbmme qu'il défire , mais à un très-gros intérêt. Ergafte « qui brûle de rendre fer- vice â la mère de Ùl Maitreflè , accepte la propofition ; de ibrte qu'il n'eA plus quefiion que de le mettre aux mains avec rUfurier. Cet Ufurier en Amidor lui-même « pcre d'Ergafie , qui ft trouve fort emban-affé quand il voit (on fils. Cette Scène a pu donner à Molière l'idée de celle de VAvarem On joue difFérens tours à Atnidor, pour . lui attraper de l'argent. A la fin de la Comédie , Argine apprend qu'elle a gagné Ton procès ; & Amidor confcnt que fbn fils époide Corine*

BELLÉROPHON , Tragédie-Opéra , opcc un Prologue % par Fontenelle ^Mufique dt Lully , 1^7^.

Ce Héros t& connu dans l'Hifloire Poétique par (hn infenfibilité pour les avances amoureu(es de Stenobée y

. Reine d'Argos, & parla défiûte de la Chimère , dont il triompha , monté fur le cheval Pégafè. Cette fable a fourni le fujet d'une Tragédie compofëe par (^uinault » & celui d'un Opérai, dont les paroles ont toujours été attribuées à Thomas Corneille ; mai$ Fontenelle les a revendiquées. jLa mufique eft de Lully. Corneille , re-

. buté par le peu de Aiccès de Pfiché 9.avoit renoncé au Théâtre Lyrique , pour s'attacher uniquement au Dra- matique; mais le Koi lui ayant témoigné qu'il eût (bu- haité qu'il travaillât pour l'Opéra , on prétendit qu'il;-

V ccmpo^ cette Pièce , dont le Prologue ^ntre Apol- lon , les Mufes , Bacchus & Pan. Oii a dit aufïi que Def« préaux avoit une grande part a ce Poème ; mais Epnte-

. jielle, dans une lettre ad^efTée aux Autours du Journal des Savans ^ aaflilix bien pofitiveinent , qu'à l'exception

^du Prologue '1 du morceau qui ouvre le quatrième Aôe,

. & du canevas , il ne pouvoity avoir, rien ^ Deipréaox dans Bellerophon , & que Thomas Corbeille , qui ne (e

- Ibocîoit pas trop de cette fbrte de travail, lui avoir- envoyé à lui-même' le plan de cet Opéra pout l'exé-

:scuxerv ■■ '--

BEL 171

*

BELPHÉGOR , Comédie en trois A&tSy enProfe^par Legrand^ aux Italiens y 1 71 1*

Legrand efl un des premiers qui ait mis en zàlon les Contes de la Fontaine ; exemple qui a été (buvent imi- té , lur-tout par nos Auteurs d'Opéra^Comiques. Tout le inonde connoît le Conte de Belphégor ^àe Madame Ho- nejfa\ il fait tout le fonds de la Comédie itBelphégouCe

3u*on y trouve de plus dtvertiflant , la conyerfatîon 'Arlequin aux Enfers avec Pluton, Proftrpine & l'Om- bre de Femme. Le Diable Belphégor entre dans le corps d'un Financier pour enrichir Trivelin , qui l'a dé- barraile de Femme 8c de £ès Créanciers , & pour avoir cccafîon de tirer (îir les Gens de Finance. Ce qu'on a dit tant de fois contr'eux 81 contre les femmes , poùvoit re- paroitre ici Cous un tour plus varié & plus neuf*

BELTRAME. Nom d'un Perfonnage de Tancienne Comédie Italienne. Ce Perfonnage eft peu con- nu ; Ton mafque & Ton habit étoient à-peu -près femblables à celui de Scapin ; & Ton emploi ians doute étoit le même. Nicolo Barbieri , qui vint en France fous le Règne de Louis XIII ,.eft le (èul dont le nom foit refté.

BÉRÉNICE y Tragédie en Profe , de Duryer , 1 64f .

Criton , pour £è fbudraire i la cruauté de Phalaris y Tyran d'Agrigente , ft retire dans Tlfle de Crète avec fille Bérénice. Le Roi de Crète ^Tarfis, fils de ce Roi y deviennent amoureuK de Bérénice , qui eft reconnue pour la fille du Roi de Crète., & Tarfîs pour le fils de Criton. Le Roi confent au mariage de (a fiU» avec Tariis : c'eS ce qui termine la Pièce, qui efta&K paflàble.

BÉRÉNICE y Tragédie de Thomas Corneille y Ù57.

Le fujet de cette Piçce n'eu pas le même que le pré- .cèdent. Ce n'efl pas non -plus celui que Pierre Cor- neille & Racine ont traité. La .Bérénice dont il s*agit ici , eil tirée du Cyrus Scudéry. Le principal Perfon- nage efi un Prince qui s'ignore > & qui , a la £n,j(è trouve

t7X BE R

^ le véritable Roi du pays il (èrvoit» c*eft*à-dirc > de U ' Phrygie,

HÉRÉNICEy Tragédie de Racine , 1^71.

11 étoit réfervé à Racine de (butenir t>endant cinq A^es un fujet auffi limple, aufli dégagé d'iftcidens , que celui de Bérénice. C'étoit imiter les Anciens , & les éga- ler par l'endroit qui leur fait le plus d'honneur. Que Sé- rénice ^ en proie â (a paf&on , nous offre un tableau at- tcndriffant I Que le combat de Titus entre Rome Se fa MaitreiTe , nous préfente des fîtuations intéreffantes ! Le caraâère d'Antiochus a eifuyé quelques critiques. Ce Prince y que Ton nous donne pour un Hères , & Tun des plus grands Rois de l'Orient , oublie depuis cinq ans les foins de Ibn Royaume, pour languir dans fes vaines e(^ pérances , auprès d'une Beauté fière , à qui il n'oIc décla- rer Tamour ardent qui le confume. Les Héros >a-t-on dit , ne s'oublient point aufli long-tems* il fèinble que les Cenlèurs de Racine ne (ùivoient , pour le juger y que les grandes idées qu'ils a voient puiiées danslesTra- gédies de Corneille ; & prenant pour des écarts tout ce qui s'éloignoit de la route que ce grand Poète s'étolt tra- cée y ils ne croyoient pas qu'il fût permis à un jeune Au- teur de s'en frayer une nouvelle ; ce qui nous prouve ^ue dans le ïïecle même le plus éclairé | un Génie a mille peines à fe £iire connoitre.

BERGER D'AMPHRISEy (le) Comédie trois. Mes ^ en Frôfe y fuivie d'un Divertijfement fpar de Vl[Uy aux Italiens y 1717.

Apolbn Se Momus y exilés des Cîeux , Ce rencontrent êc ie propo(ènt de fe rendre utiles aux hommes, Apollon en les infiruifant 9i Momus en les corrigeant. Ils font l'un ec Tautre â la Cour dcMidas ; Se Momi^ a recouts à tou- tes les intrigues qui ont coutume de le pratiquer entre Courlifans qui fe carrcflent & veulent fe détruire. Cette Pièce eil très-morale ; & le fiijet du Divertiflèirtent eft -la difpute entre les EîevcS d'Apollon & ceux de Marcias. Il fut tort applaudi dans k tems; Se Von 2l fouvent re- gretté ^u'onnc Tait pas coufcrvé 5t adapté à quclqu'autre 4Jojixédic«

B É R 17}

BERGER EXTRAVAGANT y (le) Pafiorale Burlefqug Thqm^ Corneille , en vinq A6les , en Vers, 165 j.

Cette Fiécc eft imitée d*uii Roman de Charles So- rel , portant le même titre ; & elle eut le (brt de tout ce qui tient à ce genre , c'eà-â-dire qu'elle amula d'a- bord & fatigua enfuite*

BERGERE DES ALPES, (la) Pajlorale en trois Aêle^ en Vers « mêlée d^ Ariettes y par M. Marmontel 9 Mufiquc de MmKohaulty aux Italiens y 1766»

L'Auteur n'a fait que mettre en adion ce qu'il avoît déjà mis en récit arec tant de (uccès. On trouve néan- moins dans la Pièce quelques Peribnnages qui n'exiftenc pas dans le Conte* Ils fervent à donner plus d'étendue à l'intrigue , & de refïbrt au mouvement théâtral: on voit avec plaifîr , dans la première Scène , le jeune Fonrofè troquer d'habits avec le Berger Guillot, & lui acheter cabane y Ces moutons 9c fon cnien. Fonrofe & Guillot s'é- loignent ; Adélaïde paroît ; elle vient gémir fiir le tom- beau de DoreHan (on époux: elle eil interrompue par Jeannette , jeune Payfenne amoureuft de Guillot , mais que Guillot dédaigne , parce qu'il croit riche , & qu'il eft vêtu des habits de Fonrofe. Celui-ci paroît en habit de Berger ; & Adélaïde s'éloigne un peu ppur éviter préfcnce. Il en profite pour Ce cacher derrière un buif- £bn, L'inftant d'après on voit revenir la fauflc Bergère. Elle chante & eft fiirprîfc d'entendre qu'un Hautbois l'ac- ' compagne. Cette Scène, tirée du Conte , produit le plus heureux effet au Théâtre. Survient Renette , femme de Blaifè ( ainfi Ce nommoit le vieux couple chez qui Adé- laïde s'eft réfugiée, ) Renette plie fous un fardeau trop pefànt pour fon âge; Fonrofe accourt l'en débarrafTcr, 8c le porte , malgré tîlc , jufqih'à (a chaumière. Adélaïde .eft touchée de ce trait d'humanité; Fonrofe à tous égards ne lui paroît point un Berger ordinaire ; elle le queC- lionne à Con retour ;^ & il en ufe de même envers elle. Adélaïde , après avoir compté 5c enfermé Ces moutons , prépare pour Ces vieux Maîtres & pour elle un fbuper frugal ; il eft interrompu par l'arrivée d'un des gens de M. & Madame de Fonrofe , qui le fuivent de près , & qui croyent leur fils mort. Ce qui le leur fait croire ^ c'cft 5u'oa a tencontrç QuiUot çouyert de (es habij^St On w

174 B E R

conclut que ce prétendu voleur aura tué Foorolê avàUfC de le dépouiller. Guillot s'explique & Ce ji^fie. Dfin$ une autre explication , la prétendue Bergère détaille à Fohrofè 8c naiilànce & les motifs de Con déguifement) confidence qui afflige celui à qui elle eft faite. Lui- même ne peut plus ie dé^uifer ; il infiruit Adélaïde de ce 2u*elle fàvoit déjà. L'arrivée du Marquis de Fonro(e & e (a femme achevé d'éclaircir ce myflère ; mais leur file n'en eu guères plus déterminé à les (uivre* Il tombe dans les bras de Ton père ; il veut expirer (ur le tombeau de Doreflan. M. 8c Madame de Fonrofe « à qui le nom d'A' délaïde efl connu , font réduits à implorer (a pitié ; elle cède à ce fentiment , peut-être fortifié par un autre.

BERTHOLDE A LA VILLEy Opéra-Comigue en un Aâle^ avec de^ Ariettes ^par MM. ÏAbbé (ie L** * & Anfeaumcf

1754.

Lifêtte étoit entrée chez Durillon , riche Financier ^ en qualité de (a Gouvernante, fiertholde , Ton Amant , vient à la Ville pour la voir , & la trouvant bien mi(è, il craint qu'elle ne l'ait oublié ; mais il la retrouve toujours fidelle. Ce n'efl pas que Durillon n'ait fait tout ce qu'il a pu pour la leduire. Comme celui-ci s'étoit apperçu qu'elle embrafToit fiertholde , il en prit quelque ombrage ; mais Lilètte lui dit que c'étoit fbn frère. Durillon (e radoucit 8c prend fiertholde à Ton fèrvice en qualité de Secrétaire s il croit que ce bienfait engagera Lifette à le rendre plus traitable. Il va même jufqu'à vouloir l'époufer ; mais ellt lui déclare que fiertholde eil (on Amant j 8c qu'elle n'aura jamais d'autre époux que lui ^ Dumlon fort furieux de le voir trompé.

BÉTES RAISONNABLES j(îes) Comédie en un AQe , en Vers , par Montfieury ^ \66i.

La Métamorphofc des Compagnons d'UlyfTe a fourni le fujet de cette petite Pièce épifodique. Circé permet à ce Roi d'itaque de retourner dans ic^ Etats, & d'em- mener ceux de fes Sujets qui voudront fuivre. Leur figure naturelle leur a même été rendue. UlyfTc s'adrefTe tour à tour , à un Doâeur qui a été métamorpho(c en âne ; à Philippin , qui y de valet , efl devenu lion ; à Cé- phife , qui a été changée en biche. Tqus,retufert de fui- vre Ulyflc , 8c trouvent dc5 raifcnspour retourner à leur

ét3,t de bête. Enfin , Télôgc de Louis XIV. donne â un Co'urtifàn, qui a été transformé en cheval, i envie de rcC^ ter homme, pour voir quelque jour un fi grand Roi,

BÉFERLEYy Tragédie Bourgeoife de M.Saurin , i769.

Béverley a la ^rieufê paffion du jeu. Une femme char- mante , tendre , pleine de (èntimens , eft dans Tinquié-i tude la plus cruelle lur (on abfence ; (œur n*eft pas moins agitée de ne point le voir revenir. Béverley re- vient enfin , ayant tout perdu & défèlpéré. Sa femme le confble , en l'engageant de réfifler à un penchant qui a ablbrbé toute (a fortune. Le Joueur eil touché du (brt de fa femme &^de (on enfant réduits à Tindigence. Il a ua ami généreux dans TAmant de (œur , dont il ne con- noit pas tout le prix: il le regarde même comme (on en- nemi ; Se dans un accès de fureur, cherchant la mort ou voulant la donner , il fait tout ce qu'il peut pour battre avec lui ; mais cet ami généreux , dont la bravoure eff connue , (e pré(ènte (ans défen(è â (es coups & le dé(àr- me par (a modération* Béverley recouvre des effets pour une (bmme confidérable provenant du retour inattendu d'un vaiiTeau. Il prend la réfolution , avec ce (ecours « de payer (es dettes, de rétablir Ton état, 5rde renoncer au jeu. Il en fait le (èrment à fa femme & à (a (œur ; mais un homme attaché à (a ruine ,* (bus le faux titre d'a- jni , un (célérat qui s*entend avec les Joueurs dont il eil ' dupe , Tentraine encore dans l'abîme. Béverley perd •dernière rellburce ; alors plein de rage contre ce fau^ ami , dont II entrevoit , mais trop tard , l'artifice & la ^ perfidie» furieux contre lui même, ayant même perdu te bien que (a (œur avoit dépo($ entre (es mains , pour comble de malheur entraîné dans le fond d'une pri(bn , il abhorre (bn exifience & cherche à s'en délivrer. Sa femme vient en vain le confoler ; rien ne peut le cal- mer ; il profite de l'abfènce de (bn épou(e , que (es affai- res ont appellée hors de la prifon ; il éloigne un vieux domeiUque attaché à (bn fort ; i^ frémît â la vue de (es maux; il regarde la vie avec horreur ; il adrçiTe (a prière au Dieu vengeur de (bn crime ; il (c livre à (bn déCcC-- poir ; il s'empoifbnne. A peine a«t-il le poifbn dans Ton îcin , qu'il aj^percolt fon fils , encore enfant , endormi fur un fauteuil } u cooiidere ; il eu é(iLu : m^is furieux

N

176 B t E

de n^avoir à lui laîïïer pour héritage que la mifere SI Topprobre , ce pcre armé d'un couteau , ofe porter fur lui une main parricide. L'enfant efl éfFira^fé , Ce jette à les genoux, demande pardon ; & (es innocentes larmes font zomber le fer des mains de fon père. Dans le même inf* tant y la mère arrive ; elle gémit de l'état elle voit JBé* verley. Sa lôeur paroît avec fon généreux ami ; ils vien- nent annoncer au Joueur le rétabliiTement de fa fortune ; cet ami généreux a épié les démarches du fcélérat , caufe de la ruine ; il a découvert fon complot avec les Joueurs il les a forcés de reûitucr ce qu'ils avoient vole ; & l'a-» bominable auteur de fes maux a été tué dans un combat particulier ; mais ces heureufes nouvelles arrivent trpp tard; Béverley meurt au moment qu'il reconnoît toute la tendrciTe de femme , raffe^ion de fa fœur & la géné-^ ro/îté de fon ami.

BIENFAIT RENDU ,(le)ou le Négocj jut , Comé(He en^ cinq A^es , en vers , par Af. Dampierre , aux François >

Vcrvîlle arrive de Bordeaux à Paris , pour conclure le mariage projette par fon Oncle , avec la fille ^u Comte de; Bniyan court , à qui il a prêté cent mille ccus ,'&qui, en reconnoifTance , s'eft engagé à donner fa fille au neveu de fon créancier. Vcrvîlle fe préfcntc dail§ la maifon du Comte pour exécuter les ordres de fon Op.cle. Le Comte de Bruyancourt , ainfi qu'Ange* ;lique'fa fille, lui fiait un accueil très -peu favorabîeii ' ^ f Oncle lui-même qui paroît peu de tems après , n'efî pas mieux reçu que le Neveu : toute cette famille cH . entichée du préjugé de fa Noblefic , que nos deux Négocians n'éprouvent que des hauteurs & des dégoût>. ' L'Oncle menace de pourfuivre fon débiteur ; ce qui rabat un peu la morgue du Comte & de fa famille. Verville a vu chez le Comte* une Julie , amie d'An- gélique , dont il eft devenu amoureux ; 8c pour faciliter Ion mariage avec elle , il fait prêter , fans vouloir être connu ,' au Comte de* Bruyancourt , les cent mille écua que celui--ci doit à fon Oncle ; ^ il époufe Julie*

r -

BILLET PERDUy ( le ) oul^Impértineut , Comédie en m A^e ^ en Vers libres > par DefmMt i m Théâtre François y x7î>o»

UfiCrîtîquc iu téra's a défini cette Pîécé i «ri Recueil Hme & dialogué de tcrut ce que la Bruyère t la Roche-^ Foucault , M. de Crébillon fils , & l'Auteur d* Angola i ont dit de plus fort contre les femmes,

bILLETS DOUXi ( les ) Comédie en un Aâe , en Vert libres , par Boiffy , au Théâtre Italien , 173

L* Auteur de cette Pièce ne brille pc^tnt par le Plan^ Cette mépri(e d* Arlequin » qui donne à Daman und Lettre de Martôji pour une Lettre de Julie, eii vieillà êc rebattue : de petits moyens (ont le norud Se le dénoue^ ment de cette bagatelle.

iLAISE LE SAVETIER t Oféra-Comi^e , patoîes de Mi Sedaine , mujique de M. Philidor^ i/fy*

Blai(e eft fur le pdint de (e l^eiidre au cabaret , ûlal*^ gré les remontrances de Ck femme Blaifine , quand de^ necort t Ibutenus delà femme d*un Huiflter ^ proprié'* taire de la màilbn il demeure , viennent fàlût fcà nleubles. Le mari 8c la femme fe font confidence detf amours de THuiflier 8c de fbn éppul2.pour chacun d*eux4[ Blafîrie Ce met en tête de duper ânijiiffier j 8c BlxiCd met la dernière main à TœuTre* Ùne^^Moiife fur lé. Théâtre devient le champ de bataille de ieW flraugé^ Ine. L'Huiifier eft dupé , l'Huiffiere démaiqùée# ..

PLANCHE ET GUISCARD i Tragédie, pat iU Sautifi |

Vhifiûtt ie la Couroniié ic Sicile « i4ui ép<N.pii Blanche , fille du premier Minière du Royi^jintie y i qu4 il apromis ùl maia , avant qu'il fçût qu'il étoit pouiî le Tr6ne. En apprenant qu'il doit régner ^ 11 tic changé point (es premiers (èntimens , quoique »par le teâamenf du feu Roi y il n>it deAiné à une Princefle qui a » corn md lut , des droits à H Couronne de Sicile. Ce Mariage doit prévenir une guerre civile $ m;éls Guifcard, touj^i^tf attaché à Tes premières amottr/« ^^'entre point ^ans ici raîAns de politiquei^Le père de Bjanehe s'efforce inu^ iilement de le dietàurner d'epoufec fa fille , 8t obligé même cellen:* d'accepter la main du Connétable dil Royaume^ Gtfifoard furieux^ tue le Contiéubl^^ & (îl, MaîtrefTe ellc-inéme q/ù veneicpeur U$ léparet«. \

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iyt . B O E

BOETÈ DE PANDORE y (la) Oféra-Comîque i en un Aile , en pTofe , par le Sage, Fuielierù' Dornevaly à la. Foire S aint- Laurent ^ 171 1.

Pierrot, Amant tfOlivettc, demande à Pandore , s'il cil vrai qu'elle ait été fiatue : il le croit d'amant plus volontiers, qu'en la tâtant , il trouve qu'il lui encore relié deux boules de marbre. Il voudroit auffi voir ce qu'elle porte fians fa petite boëte. Pandore lui répond qu'elle ne f^auroit le montrer , parce qu'il lui efl dé- . £:ndu de l'ouvrir ; mais elle aiïure que cela doit être fort beau ; car c'eft Jupiter qui le lui a donné ; & les Dieux ne fçauroîcnt faire de vilains préfens. Mercure envoyé par Jupiter pour veiller fiir Pandore , arrive lous la forme d'Arlequin , & apprend à, cette jeune fille ,

' que la boëte qu'elle porte doit cau(er le malheur du genre-humain y û elle la laiffe ouvrir : mais Pandore n'en veut rien croire ; elle prétend au contraire , qu'elle renferme de beaux bijoux; & Comme on doit marier le même jour bonne amie Olivette , elle e(pere y trouver de quoi faire un beau préfent à tous les gei?s de la noce. Cette Oirvette arrive, & fait avec Pierrot-, Ion prétendu i une Scène d'Amour , de Tinnoccnce de l'âge

' d'or : celle àes parens,qui la fuit , n'eftpas moins naïve : on y voit une Tante qui cède fon Amant à (a nièce » parce que l'union cft plus convenable ; un Vieillard qyî ic réjouit àé ce que fa Maîtreflc en époulc un autre ,- , parce qu'elle fera plus heurcufe avec fon Rival qu'elle ainiie ; & il lui a fait prélent d'une partie de fes trou-, peaux en^ faveur de ce Mariage; des parens qui donnent la moitié" de ce qu'ils ont, & les Epoux qui les refuferit , parce qu'ils espèrent trouver dans leur travail , de quoi fàtisfairèà leurs befoins & dans leur amour, de quoi com- bler leûrfécilité. Pandore ne pouvant tenir à la curioïïté qui la prefle, ouvre la boëte ; il en fort une infinité de pe-

" tits monûres aîlés, au milieu d'une épaifTc fumée qui.fe tépand & oblcurcit le Ciel. Le tonnerre gronde ; & les Statues de riïinocencc & de la £onne«foi s -envoient aux

cîe\ix pour ne plus repaibître fur la terre. Les trilles ' cfftts la coupable curiiofîté de Pandore, ne tardent

B O H 17^

Toîr abandonne Pierrot à fa nièce : tous deux fc livrent auxmouvemens furieux de la jaloufîc. Olivette & Pierrot paroiifent à leur tour y 8c ne difÏÏmulent point leuc indifférence: Olivette regrette déjà Silène qui cft plus riche; & Pierrot,inconftant,fe donne à Chloé » qui le re^ çoit pour faire enrager Coufine, &c.

BOHEMIENNE j (la) Comédie en deuxAâles.en Fersi Traduite de la Zingara , intermède Italien , donné pzr Mn Mouflou à rOpéra-Comique y 17s $•

Nife & Bngany (on frcre , raiftnncnt cnfemble fut leur métier de brigand. Nife veut le quitter, parce qu'el-^ le cfpere faire un bon mariage qui la mettra à l'abrj de la mifere; en attendant, elle dit à Con frère de fe dc-^ guifcr en ours, pour efcamoter l'argent d'un riche Slarchand qui eft amoureux d'elle. Calcantc , c*eft la fiom du Marchand , eft d'abord effrayé à la vue de ceC ours; mais Nife le raflure , en lui difant que cet animaf cft privé ; qu'il faute* & danfe comme une pcrfbnne. Calcàntc charmé , acheté Tours vingt-quatre piftoles ; mais tandis que Ni(è chante , Tours vole la bourlè dix lilarchand , défait fon collier & s^enfuit , lailîànt ù^ chaîne danslaniain de Calcante, qui croit toujours tenic fcn ours, n s'apperçoit de fa fuite 8c du vol , & entre dans une grande colère» Nife lui promet qu'elle lui fera retrouver Ion argent , pourvu qu'il (bit affei cou- rageux pour ne pas craindre le diable. Elle conjure l'En- fer ; 8c Brigany , qu'elle avoit prévenu , paroit en lon- fue robe noire avec une perruque armée de cornes , 8c es griffes aux pieds 8c aux nàtains* Ni(è lut demande i'il a la bourfè-: il répond qu*oui ; mais qu'il ne la ren- dra qu'à condition que Calcante époufer^ Nife, Il ne veut pas d'abord y con(èntir; mais une troup« d'autres Bohémiens déguifës en diables ,. viennent Tépouvanter ; 8c il fe détermine enfin à époufer la Bohémienne*

BOIS DE BOULOGNE y ile) Comédie en un Àâie^ en Profe^avec un divertijjement'i par le Grand Sr Dominique y àlaFoire Saint-LaurenVyijzi.

Pantalon & le Dodeur , piar le fecours ' (f une vicillb Tante qu'ils avoient mile dans leurs intérêts , avoient engagé leurs Maîtrefres,Niéces de cette (ccourabic Tan^ te > a trouver au' Bois de Boulogtte , une cola»

M ij

iSo BON

tion les attcndoît. Arlequin & Trivciin , Valets de Lclio & de Mario, leurs jcuiïcs AiHans, avoicnt comploté, de concert avec leurs Maîtres & les Nièces , une four- berie , par laquelle ils pufTent déûbufer la vieille Tante, trop prévenue en faveur des vieux Amans , de la bonne opinion qu'elle avôit conçue de leur vertu. Cette four-i, berie n'eft autre que celle de Pourceaugnac , des Fe/z- danges de Surefne , & de viûgt autres Farces à peu près fcmblables. Le dénouement fe prévoit aifcment ; les Vieillards font trompes & forces de voir leurs Rivaux hcir^

reux.

BON FILS i le) ou Antoine Masson^ Comédie en un ASte^ mêlée i Ariettes , p^r ^. Vevaux , mufique de Mm Philidor , aux Italiens , 1775.

Antoine Alaffbn , fils d'un pauvre Villageois , s'eff engagé dans les Grenadiers, & a reçu cent écus d'enga- gement, qu'il a employés à payer les dettes de fon père. Il fe diâingue à l'armée ; & ayant eu le bonheur d'en*- lever Coti Colonel blelR mortellement , celui-ci lui fait un legs qui le met en état d'acheter la Terre du lieu il a pris naiffknce : cette acquifition fe fait fecrettefncnt & au nom de (on père , qui eft aufîî liirpris qu'enchante de (e voir Seigneur de fon village, Ôc reçu comme tel par fon fils & les payfansé

BON SOLDAT y(le) Comédie en un Aéle^euVers libres , tirée des Fovx Divi&rtis^ans de Poison ^^ corrigée farDancoitrt y 169^»

Grogtiard eft un vieux Bourgeois , tuteur d'une jeune perlonne appellée Angélique. La maladie d'un frère de Grognard , oblige ce dernier à partir pendant fon abfehce* Un Soldat fe préfènte avec un billet de / logement : on l'envoyé coucher au grenier , 6c fans Coun per. Arrive Léandre , Amant aimé d'Angélique , pour fouper avec elle. Survient Grognard ; on fait cacher Léandre dans une armoire , avec tout ce qui étoit Icrvi iur la table. Le Soldat paroît, £àlue Grognard, & lui offre un bon repas , par le moyen des fecrets magiques qu'il pofféde. Angélique & fa Suivante paroiffent fort effrayées ; mais le Soldat,en homme d'efprit,les raflùri , & mange avec un grand appétit , auifi-bien que Gro- gnard. Enfin , pour terminer, le Soldat dit qu'il va faire

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BOIT i^i

pârohrè' le dîablc qui (çait bien régaler (on monde* Xéandrc fort de l'armoire» & dit à Angélique & au Soldat de le fiiinc. Grogaard , épouvanté , refte fcul; on vient rinilruire du tour qu'on lui a joué $ & il fort défèlpéré.

BOUFFON, Farceur qui divertit le Public par fes plaifanteries & fes quolibets. Les Etymologiftes font venir ce terme du mot Latin Buffo. On nom- nioit ainfi en Latin ceux qui paroifToient fur le Théâtre avec les'îoues enflées pour recevoir des foufflets, afin que le coup fit plus de bruit & ex- citât plus à rire. On en donne d'autres étynxolor gies dont le détail eft inutile.

ÎBOULEVAKDS^ ( Us) Opéra-Comique de Fanait Haute^^ mer , à la Foirç Siiint:^Laurent ^ ï753»

Fanchon , fille de Madame Javotte, a trois Amans t qui tous prétendent i £a main. Ils (e rencontrent tous trois en(èmble à la promenade du Boulevard , Fan** chon étoit avec (a mère. Les Amans la joignent de l'en-* gagent à le déclarer en faveur de celui qu'elle veut prendre pour (on époux. Ce choix cmbarraflc Fanchon ; & elle leur dit que celui-là (era maître de (on cœur »

3ui lui- prouvera le mieux ùl tendreiTe. L'un lui paye e la bierre , l'autre le Plaidr des Dames «& le troi« liéme lui fait voir la curiofité. Tandis qu'ils font tous oc-* cupés à boire, à manger ou à s'amufer , arrive un Garçon .Tailleur , Amant favori de Fanchon» w Voilà , dit-elle »> aux trois autres , celui dont mon coeur a fait choix, La mère donne (on con(èntement au mariage de fille >>. & les trois premiers Amans font congédiés»

BOUQUET pu ROI j (fe) Ojéra^Comiûue en un Me ^ avec des divertijjemens , par Panard Cr PontaU;^ mujique de GîllîerSy à laToire Saint-Laurent ^1730^,

La Ville de Paris perfonifiée ) invite fes habitansà célébrer la fête du Roi. On annonce les Députés des Provinces. La Gafcogne , la Normandie , la. Bourgo- gne , la Flandre & la Provence viennent fe di(puter Fhonneur d'être l'appanâge du Prince qui va naîtr^. L'Anjou fait ceiTer la querelle > en leur apprenant, qu^

Miij

^ii B o tr

c'cflâluîquc ce glorieux avantage cft accordé. Apirèr le départ des Députés , rOpéra-Comique arrive : la Ville lui fait des reproches Cuv fa négligence à célébrer tin fi heureux événement. Quoique mécontente de l'in- différence que la Ville lui témoigne depuis long-tems, la Foire s*excu(c en difant qu'elle a envoyé pour ce fiiict pierrot , fbn meilleur Auteur , au ParnaiTe, Ce dernier arrive enfin ; mais comme Ton voyage eft infruducux , rOpéra-Comique fc trouve dans un fâeheux embarras , aufïi bien que la Ville , qui comptoit fort fur lui, Heureufement r Amour paroitj&fe charge d'infpircrun divertifTement.

BOURGEOIS GENTILHOMME, ( le) Comédie-Ballet en cinqAôles^en Profe , mêlée dEntrées, de chant ù* d-e ianfes « "par MoUere^mùfique de Lullj^ faite ù* repréfentée à Ckambort pour un diviTtiJfement du Rci , erijuite à Paris en 1570.

Il eil peu de caraâères mieux (butenus 9 Se fur-tout mieux cnoifis , que celui eu Bourgeois Gentilhomme^ il ïi'ef! outré qu'en apparence -, & peu de Pièces joignçnt plus d'inflruôion à autant d'agrément. Vouloir paroître plus qu'on n'efl en effet , voilà le ridicule le plus commun dans la fbciété ; voilà celui que Molière atta- que dans cette Comédie , & qu'il n'a pu réformer ; il ne

* pouvoit cependant pas mieux le peindre. M, Jourd^n cfî la principale figure du Tableau ; tous les autres contribuent à la faire (brtir. Le Bourgeois Gentîlhomjne fut d»abord mal reçu à la Cour ; mais Louis XIV ren- dit juilice au mérite de cet ouvrage ;& bien-tôt chacun voulut paroître Tavoirfenti.

BOUHGEOISES A LA MODE, ( les ) Comédie en cinq ABes , enPpofe, far MM. de Saint-Yontr Dancourt >

Angélique & Aramîme retracent au naturel le ton , la conduite , les travers de ces femmes qui franchif- lent les bornés de leur état; elles empruntent, elles <3i/fipent , elles ne s'occupent que de divertiffemens :il <vft afîez plaifànt de les voir s'accorder, pour ruiner leurs époux , l'une par l'autre , en profitant du foible ^ue chaque mari a pour la femme de l'autre. Ces deux bourgeois , Rivaux làns le favoir , s'épuifent en libéra*

B O U !«}

lîtés qui retournent à leurs femmes. Us Coryt ,ctt même tems , les dupes d*un Valet & d'une Soubrette qui nié- nagent les choCcs de manière , à ne çgirij^ronicttre ni Araminte ni Angélique. Le perfonnagedu ÇhcVfXi^ ,t& un original , dont on trouvera beaucoup de copies dans les ibciétés fubaltemcs. D'ailleurs ce Çrétenda Cheva^ lier , fils d'une Marchande de Modes , n'ei} ici que pçuc terminer la Pièce par un mariage.

BOURGEOISES DE QUALITÉ (les) Comédie de Haw tcToche , en cinq ACies , en Vers > au Théâtre François , 1690. , ,

La femme 8c la fille aînée d'un Procureur, entichées des airs de Cour ; un Valet déguife en homme 4e qua- lité , à qui on (kprifie tous les Anii^ns cjui fê. présentent ; une fille cadette , moins folle que û (œûr , plu$ r^fpnna- ble que (a mère , 8c qui époule un homme riche > tandis

Î[ue fon aînée eH la dupe des faux airs du Valet $ /tcleil e fiijet des Bourgeoife/s (}e Qualité , qui n'ont de rap- port arec celles de Dancourt, que par le ridicule qu'on y attaque. Elles en oirt plus avec les Femtnci S^a- vantes &les Précjeuics Ridicules de Mol^<e , q^a^cau caraAèred«s principaux Perfonnages feujljeçticnt ; car pour tout le rçile , il ne faut point faire de comparai^)».

BOUTADES DU CAP rr AN MATAMORE^ (ies)Comé- die en un ASe , entiers ^ fjir Scarrm , i ^4^« »

Ce que cette Pièce ;a d'original ^ c'cfl que tpus les Vers font fiir la feule rime en me/if. Elle' eil d'ailleurs écrite dans le ftylé burkfque de TAuteur, Matamore , anioureux d'Angélique , a. deux Riràux qu'elle n^alme point, qu'il efl prôt à immoler à & foreur ^ ft'i^Sfkî Te dé/iilent du projat d'ép^ufer cette bcile» :Anj5élj[<|ue dé- clare à iîatamçre que c'efl luifcul qu'elle àimc ; &le8 deux Rivaux , après avoir demandé ttumbicmièfit^ardon au Capitan , fe retirent; & Matamore épottâ^'t^ Mai- trcflc, . . ,

BRAD AMANTE y Tragédie de Thomas CorneUk , 169^

Ce fiijet 9 déjà manqué par quelques Anonvmes, êc par

Garnier, fut encore par Thomas Çorncinc. On lui

reproche d'avoir tiré ^parti de la Trageiic d^ G^riner.

\

i|l4 B R A

Le larcin n^étoit Hms doute pas précieux ; du moitit ti*a< t*ll pas beaucoup profité i celui qui l'a fait. Bradamante. çû la dernière Se la plus foible des Pièces de Tboina$ . Corneille.

9RADAMANTE^ Tragédie- Opéra , en cinqA&es^ paro^^ les de Roy ^ Muhgue de la Cofie ^ 1707.

Bradamante etbit nièce de TEmpereur Ch^lemagne : 'tr cefùjet) tiré de TAriofte ^ a fourni la matière deplu-< fîeurs Tragédies. La première cft de Garnier: lalecon^ de , la quatrième et la fîxiéme font Anonymes : la troi- iîéme éc la cinquième fbnt de la Calprenèd^ Se de Thomas Corneille» Aucune de ces Pièces n^a réu/fî, & ta'ètoit faîte pour réuflîr. L'Opéra de Roy a eu & devoit avoir Je mém<c fort. Le urologue fc palIc entrç un En- chanteur , une Enchante refTe & une Fée

J5RAVADES. Les Scènes de Bravades font fréquen- tes fur notre Théâtre ; & le fucccs en eft prefque fur , parce qu elles font nécefTairement pa(fîon-« nées. Elles ne font pas tares non plus chez les Crées ; mais nos idées de décence & de conve- nance n'étant point les mêmes que celles de ce |>euple; les Scènes en ce genre du Théâtre Grec ne peuvent guères nous (ervir de modèles.

Toutes les Scènes de Bravades doivent être ménagées par gradation y & quand on a une fois laifTé échapper de ces reproches & de ces menaces qui ne laiuent plus Heu à la converfatîon , tout doit être dit. Dans le Cid » lorfque Rodrigue a dit au Comte» as- tu peur de mourir » le Comte lui ditpour toute réponfe

Viens ; tu fais ton devoir ; & le fik dégénère ; Qui fîirvit uir moment à Thonneur de fon père;

Corneille n*a pas de même fuivi cette régie dans Heraclius > od Pulchérie .& Phocas reftçnt lonç-^tetns fur la Scène après que Pulchérie a

B R A îSf

AYili Phocts par les reproches & pat le dédain donc elle Taccable .

Racine & M. de Voltaire font des modèles dans . la manière de traiter ces Scènes, Chez eux , les Ri- vaux font à la fois défians & animes ^ confervent toujours la décence jufques dans les reproches les plus amers. Voyez dans Britannicus la huitième Scène du croifieme Ade entre Britannicus & Né- ron 5 dans Mithridate, la troîGeme Scène du pre- mier Afte entre Xi phares & Pharnace ; celle d'A- ^amemnon 5: d'Achille au quatrième Aûedlphi- génie. Il y a peu de Pièces de M. de Voltaire ôû r on ne trouve auilî de ces Scènes»

Les Scènes de 21aintî & de Gengis , de Gengis & dldamc, peuvent être citées comme des mo- dèles d'une décence qui ajoute à rintérêt.

Zamti, après avoir fauve les jours de TOrphe- lin , eft condamne à mort par Gengis , qui lui dit :

Va réparer ton crime , ou (ubir ton trépas.

Zamti.

Le crime efl d'obéir i des ordres tnjufies* La Souveraine loi de mes Maîtres auguïles> Du fcin de leurs tombeaux parle plus haut que toî* Tu fils notre Vainqueur; & tu n'es pas mon Roi^ Si j*étots ton Sujet , \p te fbrois fidèle. Arrache-moi la Vie ; 8c relpeâc mon zèle : Je t^ai livré mon fils ; j*ai pu te Timmoler ; Pen(ès*tu que pour moi je puiflè encor trembler î

Et il n*ajoute plus tien.

Dans la quatrième Scène du quatrième A die » Idamé rejette les offres de Gengis , & s'expofe à coûte Ta colère. Elle lui dit :

Mon hymen eft un nœud formé par le Ciel même ; Je le préfère à vous | au thrâ^Cy a vos gi'andeurs ,

/

iS6 Ç R A

Pardonnez mon aveu , mais refpeâez no$ mç(ur&, Ne penfèz pas non^plus ^ue je mette ma gloire A remporter fiir vous cette illuâre vidoire , A braver un Vainqueur y à tirer vanité De ces jufles refus qui ne m'ont point coûté. Je remplis nion devoir , & je me rends juflice ; Je ne fais point valoir un pareil fàcrifîce«

Il ne doit jamais y avoir ^ans Jçs bravades une fierté inutile. Quoiqu elle foit fort théâtrale , elle révolte quand elle n*eft pas néceflTaijre. On eft iS- chc de voir qu'elle dépare les belles Scènes de Cornélîe & de Céfar , dans la Mort de Pompée.

On trouve dans Racine des Scènes qui font des cfpéces^e bravades entre femmes. On ne fauroit trop admirer Tadrefle avec laquelle il a fu les ren- dre théâtrales. Ceft un dépit concentré , un mé- pris ironique. Voyez dans Andramaqqe la qua- trième Scène d^ troifieme Ade entre cette Prin- ceffè & Hermione. Elle veut intéreffer fa Rivale en faveur de fon fils , & imploré fa faveur auprès de Pyrrhui. Hermione lui répond :

Je conçois vos douleurs ; mais un devoir auflère , Quand mon père a parlé , m'ordonne de me taire« C*eâ lui qui de Pyrrhus fait' agir le courroux. Il &ut fléchir Pyrrhus , qui le peut mieux que vous 2 Vos yeux aflcz long-tems ont rejjné fiir fon ime ; Faites-le prononcer , j'y fbit£crirai , Madame.

De mênie dans Bajazet, Romane trahie par Ba-

jazet , & qui a réfolu fa mort , entend la prière

' d'Atalide qai l*a trompée fi cruellement , & qui

ofïre de lui céder Bajaze^ çq Te donaiint la. po^t.

RoxaAç lui rfpppd :

J^ ne mérite pas un :Çgra?i4/âcr}fiçç,;^ , .r r Je me cohnois » Madame « &; je me faià juffîcc. Loin de vous fépaireri je prctcrids aujourd'hui , ^ ' Par des^iloeuds éternels , vous rejoindre avcQ lui Vous \i\Axtl bientôt de fim aimable vue.

, B R I ïtf

Éc c'eft le corps fanglant de Bajaret qu'elle veut ofltrir à fes yeux.

Des Rivaux & des Rivales ne doivent jamaU paroître enfemble fur la Çicène , fans avoir des chofes jnccreflàntes à fe dire. Le Speftateut s'y attend dès qu*il les voit j & il feroit mcconteot fi fon attente étoît trompée.

Il faut prendre garde fur- tout que Perfons nage incéreflànt n'entende rien qui puiflfe l'avilir. La fierté & la colère d'Aflfur dans Sémiramis, n'ont rien qui dégrade Arface aux yeux du Spec- tateur.

"BRISÉIS , Trofriiîe de M.Poinfmét de Sivrji , 171?.

Ce fujct ^ tiré d'Homère , eft , à proprement parler ,' la Colère d'AchîUc : Con mérite principal eft de renfer- mer , dans refpace de cinq Ades , tout le plan de IT- liade. Le (ujet efl affcz connu ; l'Auteur , pour l'adapter à un Dranie , 7 a peint plufieurs fixions qui lui font propres. Agamemnon a enlevé à Achille Briféis fa cap- tive : Achille s'eft retiré du Camp des Grecs pour ne plus combattre ; ce qui les réduit aux plus grandes ex-« trémités. Cependant Achille a pris la réfblution de re- tourner en ThcfTalie ; & avant ce départ, pour mifux mar<juer (on reflcntiment , il livré à Vfurn un Fort il s'étoit retiré; lieu de grande importance , & d'pù dépend la deâinée de Troye. Agamemnon <% épouvanté par le fUccès d'Heâor, prend le pair tl de fléchir Achille » & lui envoyé une députation. Ulyflc , l'un des Députés , ra- mené Briféis â Achille^ Cette Brîfeîs , félon M. de Sy- vry,eil fille depriam. tin Oratie avoit^ prçâit qû'ello feroit un jour la cs^ufè de; la mort de ion j^etei^eâpr. Elle portoit alors nom d'Hîpppdaq;iie.,Héçu^e)(à{mere, la fit expofcr, pour éviter ce malhêuç. Un Officier, nommé Briféis , eft chargé' de ce Ibin^ mais* touché de pitié , il la garde chez lui , <& la fait paffer* poUi^ikfilie , pour mieux lui cacher* û naiflartçe. Il l'élelve :<ikns lies principes des Grecs; 8r. c'eft d^ns cçtte pçrfua|îp;i , que, devenue la Maitrcffé d'Achille, elle excite fen .Amîint â combattre Heâor. Âcbillîe alois^^coutt vengtHa mort de

.^

îi88 B R O

fon amû Cependant la naiflàncc de BrKcîs Ce découvre ; Achîllc apprend avec défcfp^îr qu'il a tué le frerc de ûl MaîtrciTc, & rend à Priam le corps de fon fils. Cette Tragédie eft pleine de iituations touchantes 8c de def- criptions vraiment poétiques. Elle reçut de grands ap- plaudifTemens : & le Public demanda à voir TAutcur. Cependant Briiéis a été interrompue à la cinquième Re- préfentation^par un accident arrivé au premier A^eur , qui fe démit le pied au quatrième Aâe.

BRITANNICUS , Tragédie de Racine , 1 669. , Le peu de fîiccès de la première Reprélèntatîon de ' firitannlcus , & les critiques fans nombre qui la (bivî- rent» firent tout appréhender pour la deûinée d'une Pièce comparable à tout ce que nous trouvons de mieux dans ]*Antiquité. Le tems Se la réflexion Tont (àuvée du ^ naufrage ; 6c elle tient aujourd'hui le rang qui lui con- vient aan$ le Théâtre de Racine. Le pinceau le plus hardi & le plus vrai a tracé le caraftère de Néron, d'A- grippine & de Burrhus. L*un eft un monflre naiÎTant , qui dans les premières années de (on Règne > ne montre encore que les fèmences des crimes. Alors , (bus de feintes carrefles , il difCmulolt (a haine contre (a Mère > (a Femme , (es Gouverneurs , & cachoit (es vices (bus des dehors de vertu. Le caraâère orgueilleux & féroce d' Agrippine bien détaillé , bien (butenu ; celui de Bur^ rhus eft ferme , & jamais ne fe dément. Britannicus a les qualités & les défiiuts d'un jeune Prince ^ beaucoup de courage , beaucoup d'amour, trop de confiance y de fran- chi(c & de crédulité. Narcifle fait horreur. On en- chanté du rôle de Junie ; Néron devient odieux ; Britan^ nicus emporte tous les regrets*

BRODEQUIN. Sorte de chauflurc en ufage pour les Anciefis, qui couvroit le pied & moitié de la jambe9& qu*on pourrait comparer, pour la former à celle des HouDards , quoiqu'elle en diffèrât par la matière. Le calceus ou la partie inférieure du Br(»dequm » étoic de cuir pu de bois. La partie fu- périeure ctoit d*une étoffe fouvent précieufe.

Ce fut Efchyle qui > dit-on , inventa le Brode- quin, Ôc rintroduife fur la Scène pour donner plus

BRU iS^

de majefté à Tes Aâeurs. Le calceus étoîc Ci épais , qu un honime de médiocre caille , chaude deBro« dequin , paroilToic de la taille des Héros. Cette chau0ure ctoit abfoluineut différente du Socque ^ efpéce de fo«liers beaucoup plus bas , & aâFeâés à la Comédie. Oe-là vient que dans les Auteurs Claflîques , & fur-tout les Poètes^ le mot de Bro- dequin ou de Cothurne défîgne fpécialement la Tragédie, & que Ton dit d*un Pocte Tragique,: il chaujft U Cothurne.

BROUILLERIESjiles)ou le RsNvnz'Vous NocrvunE^ Comédie en un ASe^ en Profe , par Legrand , au Thâtre Italien <, i753* Voyez LE Ballet des VingT'Quatre Hevres^

BRUTUS , Tragédie de Mademoifelle Bernard ^Upo.

Le Perfonnage de Brutus , qui devrolt être le domi- nant de la Pièce , n'en cOt que le troifîéme , â l'excep-^ tion d'une Scène dans le quatrième Aâe , & de detuc dans le cinquième. Le rôle de rAmbaflàdeur de Tarquin êc celuj de la (œur de Valérius , Cotit abfolument inuti-^ les. Ou pourroit même y joindre le PerCbnnage de Ti- bérinus, un des fils de Brutus ; des Scènes perdues entre Aquiiie & Titus ^ & une vérification foiblc & fouvent profàiqae.

BRUTUS , Tragédie de M. de Voltaire^ 1750;

Cet Ouvrage , le firuit d'un pinceau mâle & vigou- reux, fut ébauché à Londres, & fembloit fait pour y réudîr plutôt qu'à Paris* Le caradère de Brutus , admi- rablement développé , devoit , par plus d'une raifbn , in- térefTcr les Anglois. Quel art n'a-t-ii donc pas fallu dans le tiflii de la Pièce , pour qu'elle pût intérefler en France S C'étoit déjà beaucoup d'ofer faire parler les Romains après Corneille* Lui-même ne la déîkvoueroit pas. Bru*

fàng-firoid de l'autre. Cepends fois & Brutus 8l Ton fils.

BULESQJJE. F. BAS-CoMic;u£tf« mot Co^iq^vi.

ijo . C A B

m^Smfmmm^Sm

c.

%^ABALE y (la) Comédie Epifodiqui en un Aâe^ en Profe , avec un Divertijjèment jpar M. de SaintrFoiXf au Théir tre Italien j i7A9*

L'Auteur y fait voir que c*efi par le manège , la bri- gue & rin'trigùe , ()ue Ton réufïlt communément dans le monde. Il y a dans cette Comédie une Scène dont l'idée cft auflî neuve & auffi fîiiguliere qu*agréable : un Comé- dien perfuade à un Petit-Maître , que, pour pailer , ou pour être homme à bonnes-fortunes , il faut être atten-* tif a\9 Speâacle.

CABRIOLET VOLANT j {le) ou Arlequin Maho- juET , Canevas donné par de Cailhava » aux Italiens » 1770.

Le Cabriolet Volant eft une machine dont un Mécha- nicien fait préfent à Arlequin pour le délivrer de Ces Créanciers, Arlequin & Ton Valet Pierrot vont en Ca- briolet par les airs , & fe transportent dans un lieu il y a une tour , & dafts cette tour une PrincefTe enfermée pour la (buflraire à un Roi gui la demande en mariage* Arlequin , avec le (ecours de fbn Cabriolet , entre par Ik fenêtre ; il paroît en Mahomet. La Fille & le Père le révèrent , & n'ofent contefier fa qualité , fur-tout après qu'il a tué , du haut de ibn Cabriolet , avec une mar- mite, le Prince ennemi qui afïiégeoit la tour,

La même année on a donné la première Représenta- tion de la Suite de cette Pièce , dont le Canavas > comme la: première Comédie , de M. de Cailhava.

CADENATS , (les) oulk Jaloux bnvormî > Comédie en un A6ie yen Vers , de Bourfault , 1^65.

Un m.ari jaloux, qui tient femme enfermée fous pi ufïeurs ^ferrures , a fourni le fiijet & le titre de cette Piécp. Ce jaloux cft SpadarJUe , mari d'Olîmpie , que Cléandre avoit demandée en mariage. Le père décrite

/

CAD I9t

femme , dé(è(péré d*avoir facrifié (a fille , répare (es torts , en tirant par , adreiTè » Olimpie de prîfon , & y . enfermant Spadarille lui-même , dont il entrevoit que le mariage peut être caiTë. Cléandre pro&te de ce moment « pour enlever fa MaitreiTe , & délivre , pour jamais « de (on mari. Bourlkult a raflèmblé dans cette Pièce , tou£ le mauvais goût qui régnoit de (on tems.

CADI DUPÉ y {le) Opéra-Comique en un Aâe^ paroles de M* Monniery mufique de M^ Monfigniy 17^ r.

Un Cadi qui n'a jamais vu la jeune Zelmire , en de- vient amoureux (ur le bruit de (a beauté , la fait deman- der en mariage, & en eftrefufé.Pourfe vcRger, il prend vn jeune homme qu'il croit un aventurier , le fait présen- ter à Zelmire fous le nom d'un riche Négociant , & vient â bout de le lui faire époufer. Le Cadi s'eii joué lui même, en croyant avoir trompé cette fille ; car le jeune homme étoit £bn Amant. Il donne dans un autre piége. Zelmire fe fait paiîer pour Al v, fille très-bide' du Teinturier Omar. Il demande Aiy à £on père ; celui-ci lui oppo(ê la laideur de fa fille : le Cadi qui croit toujours que Zelmire. eu Aly , perfiflé dans demande ; mais au lieu de Zelmire , on lui préfente une efpéce de monûre , dont il eft encore heureux de pouvoir fe débarraflèr pour de l'argent.

CADMUS ET HERMIONE^ Tragédie Opéra , de Quînaidt

0* de Lulljyj67$*

On ne reproche à Quinault^que d'avoir- mêlé du bur- lefque dans cette Tragédie. Il imitoitcn cela les Ita- lins,qui enufèntainfi pour diverfîfier leurs fiijets ; reC- fource pire que rusniformîté. Quinault reconnut bien* tôt fbn erreur ; mais il ne put réformer ceux qu'il avoit pris pour modèles.

CAHIN CAHA , ou le tour de Carnaval y Comédie ea un Aâe y en Profe y avec des divertiJIemens y par d'AÎlaut*, val y au Théâtre Italien y nx6.

Le Ballet, qui formoit une partie des divertifTemens , étoit de Marcel , la muficjue de Mouret, les Vaudevilles de Panard. L'air du Cahin Caha eut une fi grande vogue ^ qu'on n'appelloit plus cette Pièce que de ce nom.

ipi C A M

Madame Richard veut marier fille Marianne à de Sotenrobe : Marianne l'aiTure qu'elle eil prête à lui obéir ; & mère lui ordonne de s'aller habiller pour un bal que (on époux futur lui donne «Tandis qu'elle va fair^ quelque emplette pout en porter à Gifbrs, le mariagd le doit terminer , Marton témoigne ïà furprifè à Marian* ne fuT le confentement qu'elle vient de donner à un ma- riage avec le plus grand béhét de tout le Royaume , tan» dis qu'elle oublie les tendres fènhens qu'elle a faits i Clitandre|,lor(qu'il parti pour l'Armée» Marianne lui répond qu'elle n'a pu fe dérober aux perftcutions de ûk snere , que par cette feinte obéiïïànce : elle ajoute que CUtandrecà arrivé de l'Armée ; qu'elle vient de le voir; qu'il n'a ofê l'aborder , mais qu'elle a bien remarqué qu'il lafaifbitlùivre par Sans-quartier (on Valet, Sans-quartier vient, comme Marianne l'a prévu ; on s'informe de tout ce qui Ce paife : 5c lorfqu'on lui homme Sotenrobe , il rappelle fur le champ d'avoir été (on camarade d'étu- de 9 c'eft-à-dire , d'avoir été Laquais d'un Procureur dont il étoit le Clerc. Il ne doute point qu'il ne (oie homme a donner facilement dans le panneau le plus gïoG- fièrement tendu. Il avertit Marianne que fon Maître viendra bien-tôt fous Une forme qui ne le rendra point iûfpeâ* Sans-quartier Ce retire : on entend Sotenrobe crier derrière le Théâtre^ m ah ! les fripons^les marauts « M les canailles m. Il paroit en robe , (àtis perruque , (ans chapeau êc avec un rabat tout chifibnné : en appercevant Marianne, il lui dit Cju'elle a bien manqué d'être veuve f avant que d'être mariée. Marton en étouffant de rire, Ma^ rianhe en tâchant de s'en empêcher , le prient de leu» apprendre ce qui lui arrivé. C'ed la matière d'un ré^ cit fort plai(àht , le Provincial raconte comment il a été battu par des Fiacres , comment il a reçu un feau d'eau (ur le corps , &c. On lui joue mille autres tours ; 8c enfin on lui enlève MaitrefTe qui épou(è CUtattdre*

CAHOS , (fe) Ambigu^Comî^ue , en pattà ASes^ en Prtfe f - avec un Prologue & un diveniJlèmeHt , par Le Grand &• Dominique , mufique de Mouret ^ aux Italiens » 17*5*

. Cette Piéce,qui cil une Parodie de l'Opéra des Élémens t

eficompoiee , de même que le Ballet « d'un Prologue &

, de quatre petites Pièces » dans lerquelles les Auteurs ont

iuivi

CAL fjf;

ifiiïvî pîed à pîedies quatre Entrées des Élément ^ TAir , i'Eau^lcFcu&laTcrfe,

La Scène du Prologue cft dms une Ville de Province ^ un Vicomte a chargé un Avocat nouvellement arrivé de Paris , de lui compofer une Fête dans le goût du fial-^ Ict des Élémcns. L* Avocat tâche au tant qu il lui tSt polTibie , de lui faire entendre le plan de cette Fête ; mais le Vicomte le trouve R embrouillé , qu'il lui con-^ féille d'appeller ce divertifTementdu nom de Cahos^

CALENDRIER DES VIEILLARDS y(le) Opérci^Comù mie d*un Aêle i tiré des Contes de ta Fontaine j par MM , Bret h Chajpiigne yd la Foire Saint-Germain , 1753.

'époufer : il ne la laiffoit p mais fortir ni voir perfonne , trouvant toujours, dans Cotk Calendrier , des raiCbns de mauvais tems pour la retenir à la mai(bn. Un jour cependant qu'il fai(bit beau , il écoic allé avec elle Ce promener , dans une nacelle, fur le bord de la mer. Un Corlaire qui paiïbit affez prés de -là, ieft avoit apperçus « le avoit enlevé Bartholomée. Richard offrit une grollc £bmmc d'arçent pour la ravoir ; mais Bartholomee,qui avoit pris ou goût pour le Corfàire. jeune 8c bienfait , ne (oucioit point de revenir avec Richard qui étoit vieux & dé^oûtam. Pagamin (c'eil le nom du Corfaire , ) avoit auiïi conçu de Tamour pour la pupille ; & penlànt à la Françoife , il réponiit à Richard , qu'il ne deraandoît point d'are;ent pour la ran- çon de Bartholomée , elle conlcntoit a s'en retourner ; mats que elle aimoit mieux re{ler,il la retiendroit. Ce fut â la pupille à s'expliquer ; elle le fit en faveur de Pagamin ; & le Vieillard fat renvoyc#

CALISTE j Tragédie imitée de H Anglais , fat M. Colar^ deau , au Théâtre François ) 1 770»

Ce fujet eft connu ; il a été traité en Angleterre ; 8c un Auteur anonyme Tavoit déjà mis fur notre Théâ- tre , ily a quinze ans* M, Colardeau l'a ajuflé à £açdna

CALLIRHOÊ , Tragédie- Opéra de Roy , rnufique de Def- touches^ 17 1 1. Le fujec cfl tiré des Achaïqucs de Pauûnias , 8c a été

Tomi L N

194 C A M

traité auffi fous litre de Coréfus. Le Prologue efi formé par la Vidoire , qui déclare renoncer a Ton in confiance & fixer au çarti de la France* Afirée furvienc, qui ramené les plau£rs » de annonce le retour de la paix.

CALUSTHÈNE , Tragédie de Piron , 1370.

Le (ujet de la Tragédie de Calliflhène 9 efi tiré d*un endroit de Juflin, que Piron a ainfî accommodé au Théâ- tre. Alexandre > flaté par Anaxarque dans le projet qu'il forme de fe faire adorer , & furieux de ne pouvoir en» gager Callifihène à le féconder dans ce deflein , le condamne, fur d'autres prétextes , à des fûpplices longs , ignominieux y Se dont le délivre un poignard que lui ap- porte fbn ami Lyiîmaque. Telle efl Taâion principale. L'intérêt de Léonide , fceur de Callifihène , amante de Xyfimaque , & recherchée par Anaxarque » occafionne la mort de ce lâche favori ; c'efi TÉpifode. Cette jufie punition , ainf! que les regrets & les remords d'Alexandre vivement pénétré des dernières paroles de Callifihène expirant , indique le point de morale qui refaite de la Pièce.

CAMMAj REINE DE GALATIE, Tragédie de Thomas Corneille y 1661.

L'Auteur fut redevable à M, Fouquet, SurJntendant des Finances, du fiijet de cette Tragédie. U l'accepta , lîir un refus de Pierre Corneille , qui avoit préféré Œdi- pe, autre fûjct propofé par Fouquet;ce qui prouve que ce JVIinifire favoit très-bien choifîr. La Tragédie de Camma efi fupérieufement conduite ; & l'on applauditfiir-tout au dénouement. C'efi un des plus ingénieux qui ayent encore paru flir la Scène. Il n'a pas moins réufl^ daas Vinys le Tyran , que dans Camma»

CAMPAGNARD y (le) Comédie en cinq Aâles , en Vers , de Giliet9i6sy

L'Auteur fc propofê de faire connoître le ridicule des Nobles de Province , dans la perfbmie d'un Baron Cam"- pagnard > qui ignore les manières de la Cour , & affede làns cefTe le proverbe & la pointe. Ce Campagnard efl venu à Paris pour y époufcr Phénice , nièce du bon- homme Baûle y de s*entreticnt avec Jodelec de ce futur

C A M tpj

mariage» Léandre)Gentilhomme>amoureux de Phénîce % par le moyen d'Anfelme , fourbe de profeffion , qui a

fagné la confiance du Baron , s'introduit auprès ce ernîer , feignait d'être un Marchand de tableaux j* Se lui dit en lècret , que Cliton efl Ton rival. Pendant que le Campagnard £bnge aux moyens de (e Yenger>4r on lui remet un billet de Cliton , qui > trompé par Anfel-^ me , croit être inlulté par le Baron , & le fait ap^llec en duel» Léandrc^ qui fait jouer ce firatagémo povir dé-^ goûter le Campagnard de la pourfuite de Ph^i^e , craint qu'une explication entre ces deux Rivaux ne ron^>e (es projets , ft prie An(èlme d'tnventicj: des moyen$ plus iûrs* Ce fourbe, qui pafle dans l'^rit dui

Campagnard pour un habile Àftrologue , tire ton ho-

»e. Le Campagnard prend la réfblution de ^ plus

pen(èr à Phénice ; mais il ne renonce pas à T^liancc

ro(cop<

de Bazile , &: recherche Philis , cadette de les %iiéces » en mariage. Tout fèmbleroit concourir au boiiheurde Lëandre , fi cet Amant étoît d'un caraâère à fixer ; mais,par une inconâance finguliere , & qui doit le rendre odieux aux Speâateurs , il avoue à An&lme ^ que ne £c /entant plus d*amour pour Phénice , il s^a{^erçoit que ion penchant Tencraine vers fœur cadçttç^ Après quel^ ques reproches de la part d*Anlêlme , fur un procédé fi extraordinaire , ce dernier promet de faire tourner la choie ainfi ^u*il le (buhaite : effèâivenîent il parle à Philis 9 âc lui dit que £k (cience lui apptend qu'elle ne peut être heureufè, qu'en époufântun jeune homme dont il lui fait le portrait* Philis qui y reconnoSt Léandre » dont elle (buhaite de gagner le cœur,faît une répon(è fa^. vor^ble ; mais voulant cacher (es (èntimens à tout autre » elle n'o(è rebuter le Campagnard qui lui \afSk la main. Cliton, amant de PhiUs9Toit cette aâlon , s'emporte âc abandonne cette ingrate » ré(blu de coniâcrer (es vœux â Phénice qui,de (on côté, s\trottV!^dirpo(ec, depuis qu'el* le s'apperçoit de l'inconnance de Léandre. Le Campa*

fnard (è^ voit donc enlever (es deux Maitreflcs \ 8c la iécç finit par un douUle mariage*

CAMPAGNE ,(la) Comédie en un Aàe > en Vers libres jgar Ckevrier^ au Théâtre Italien , 1754*

Un Chevalier^hommc raifonnablc ; une folle nommée

N ij

ijS C A N

CidaliÂ; Durîmont , Médecin Pctît-Maître ; Julcp, gar- don médecin; un Comte & une Comtcffc nouvellement mariés yfc trouvent tous enfcmble à la campagne. Le Comte,qui n'o(caimet(a femme, a quitté Paris pour évi- ter ie ridicule attaché à l'Hymen ; mais fur les raifbns clu Chevalier , il renonce à cette façon de penfer , adore femme , 8c prend le parti courageux d'afficher fa pa(!^ iîon.

CANNEVAS. Ceftle nom que Von donne au tiffu d'une Pièce de Théâtre , dont le plan eft jette fut le papier , diftribué en Aûesdivifcs par Scènes, dont l'objet eft clairement indiqué par l'Auteur, On trouve dans les Œuvres de Racine le Cannevas du premier Afte d'Iphigcnie en Tauride , qui peut fervir de modèle, f^oye:^ Plan , Sujet.

CANENTEy TragéHe-OfiTa ie la Motte > mufique ie Co- lajfe ) i^oo>

Canerttc, aîn fi nommée à caufe ^cla douceur de (àvoîx i mourut de défefpoir de voir (on mari Picus change eft î^ivert. La Scène du Prologue repréfente Château de Fontainebleau , du coté du parterre du Tibre : le Dieu de ce fleuve , TAurore & Vertumne » en font les interlo- cuteurs. Cet Opéra n'avoit pas été repris; mais îl reparut, retouché par M. de Curl.

CAPITAN. Perfônnage ridicule de la Comédie nou- velle chez les Grecs. Quelques faftfarons de TAiîe mineure , qui avoîent fervi dans les armées du Roi de Perfe , & qui venoient étourdir leurs ca- marades de leurs exploits , donnèrent l'idée de ce ridicule perfônnage. On le trouve dans Plautc 8c même dans Térence. Les Italiens & les Efpagnols routrcrent encore. Obfervez qu'il eft par-tout fan- faron , poltron, & homme à bonnes fortunes. Il fut long-tems un des ornemens de notre Scène, avant que Molière nous eût donné l'idée de la bon*

C A N 1,7

ne Comédie. Corneille lut-fnême,quî avoît intro- duit fur le Théâtre le ton de la fociété , paya le tribut au mauvais goût de Ton fiécle. On fera peut-être curieux de voir comment s'exprime Ma* tamore dans l'iUuflon Comique* Matamore eft menacé par un brave qui lui dit :

Point de bruit , J*ai déjà maflâcré dix hommes cette nuit; Et â vous me fâchez , vous en croîtrez: le nombre*

Matamorb,

Cadedieu > ce coquin a marché dans mon ombre » Il s'eâ rendu vaillant d^avoir (uivi mes pas ! S*il avoit du refpeâ , }*en voudrois faire cas.

Dans un autre endroit. Matamore eft en Scène aveclfabelle à qui il Êiit fa cour : arrive un Page«

Ll PlGC«

Monfîeur.*,.

Matamore*

Que veux-tu , Page ?

L I Page.

Un Courier v«tts demande*

Matamohe. D*oà vient-U f

L 1 P A G

De la part de la Reine d'IHande*.

JHatamoks.

Ciel , qui Cûs comme quoi j*en fuisperfécuté ^ Un peu plus de repos avec moins de beauté , '

Fais qu'un fi long mépris enfin la défabufe*

Elle a beau me prier , non , je n*en ferai rien ; Et quoiqu'un fol elpoir o(e encor lui promettre ^ Je lui vais eBVoycr fa mon dans une Lettre*

rt58 CAP

/:. Voili quel itoxt U Comique d*alors. Que pré-

';!;tendoieiat les Poètes , dit Fontenelle , en traçant

xdt tels caraûcres } Que vou!oient-ils peindre ? Ce y^font ces Matamores qui ont donné Tidée des Mar-

^quîs Ridicules du Siècle dernier. La Scène de Va-*

^Jere & de Maure Jacques dans Molière , eft au-

^e(Tùs de tout cela.

^. C'étoit auffile nom d'un Aûeur principal de la

.Comédie Italienne : Ton caraâère ctoit le même ;

"fon habillement étoit compofé d'un large man- I teau , d'un bufle & d'une longue épée. f^oyei

'..GlANGURGOLA.

CJB^RICE ^(le)ou t*ÉpnEurn vancbreusm > Comédie en tjfçis ASles , en Profe , par M. Renout , au Théâtre Fran-

jLa Baronne de Folmont veut que le Marquis de Sef- vîgnî , qu'elle aime , fe fafle aimer de Sophie ; qu'il n'é- pargné rien pouTluipIaire;&ce n*eft qu*à cette condition^ que cette Baronne capricîeu(è confent à donner (k main au Marquis. La raîibn qu'elle apporte de ce caprice , c'eft que le Marquis n'a jamais été fenfîble ; il ne paroit pas qu'on l'ait jamais aimé ;c'efi une conquête (]uin'au- rolt pas de prix à Ces yeux. Le Marquis 9 en faUant ai- mer de Sophie , (eroit pour la Baronne un triomphe ^ fi Sophie lui étoit (àcrifiée* Elle a aufli quelque fiiîec de fc venger de cette jeune perfonne qui lui a enlevé un Amant. C'eft avec répugnance que le Marquis ft prête â ce manège ; il a peine a^^romper Sophie qui commence à l'aimer de bonne foi .* il fait de vives înfiances auprès de la Baronne , pour l'engager à nfc pas pourHiivre plus avant cette folle tentative» La Baronne periîfte dans fon caprice ; le Marquis l'aime trop pour lui réfifiet ; il gé- mit de fon amour ; mais le réfultat efi que le Marquis ^ qui s*efi fait aimer de Sophie , parvient â l'aimer égale- ment; ce qui n'avoit d'abord été qu'une feinte pour complaire a la Baronne 9 dévient une réalité ; & le Marquis époufe Sophie.

CAPRICE AMOUREUX y ( le) qi{Ninktt£ a la Cou r^

Cap 19?

^médie en trots Aôles^ en Vers libres i miUe d* Ariettes Italiennes j imitée de Bertold à la Cour j par NU Favart^ au Théâtre Italien > 175

Ninette 5c Colas s^aimolent tendrement. Aflolphe^RoIde Lombardie ^ égaré à la chftfle , avoit un jour rencontré la jeune Ninette y en étoit devenu amoureux , au mépris de la foi qu'il avoit jurée à la PrincefTe Emilie. Il vient dans le Village Ninette fait (on féiour ; il ne don^ ne d*abord que pour un ami du Roi ; il déclare paflion à la jeune payfanne » qui lui répond <|u'elle n*aime que Colas. L*Amant déguifë veut la féduire , en la flattant par ridée qu'à la Cour elle fera mille fois plus belle. Colas furvient , & paroit fort mécontent de la prélènce d'Adolphe au*il ne connoît pas; mais apprenant que c'eA le Prince, Ninette & lui reuent confondus. Adolphe fait une nouvelle déclaration, & la prefTe de rendre à Ol Cour, Ninette y confent , non pour manquer de Toi à fbn cher Colas , mais pour lui faire peur , 5^ le punir de lui avoir prefque démis le bras< La voilà donc à la Cour ; on l'habille comme une Princeilè ; tout cet attirail la

féne & l'ennuie. Les propos des Courtifàns l'excédent îen davantage : elle voit parfaitement toute la con* trainte , toute la fauiTeté des Habitans de ce nouveau monde. Elle regrette (bn Village & Colas. Le Prince voyant qu'il ne peut rien fur le cœur de la Bergère , épou(è la PrincefTe Emilie » ne s*oppo(ê plus à l'union des deux Bergers , fie les renvoyé à Içur Village , après les avoir comblés de pré(èns«

CA?K1CIEUSE y {la) Parodie ie l'ASe de CiiïSB y en un Aâe , en Vers , miléè d^ Ariettes , avec un divertijfement , dont les paroles Jfont de M, Mailhol , &• la mujique de Ma^^ demoifelle de Riancourt & deMilori T... ijs?*

Clitandre , Amant de Dorîs , fe plaint des caprices & des rigueurs de fa MaîtrefTe. Il vient de lui écrire ; 5c il apprend qu'elle a déchiré lettre. Doris paroit 5r accable Ton Amant de reproches 5c de mépris. Celui-ci fait de vains efïôrts pour l'appaifèr , feint de renoncer à fa paflion , dit qu'il a fait un autre choix Se !• retire, Doris feule fe repent de la façon dont elle a traité fon Amant ; car enfin elle ne peut fe cacher combien elle Vatnic» Ë]le fe livre à la douleur , 5c dans le moment ua

Niv

*oo C A P

homme déguîfé vient lui annoncer la mort de Ciltandre; Poris laiHc alors éclater toute (a tendrefîè,& tombe prerqu'évanouîc dans un fauteuil L'homme déguifé ed

punir fa témérité. Dorîs la prend

&Ir furieux , & (Ut avec douceur , n Ciltandre^ voilà ma main »•

1CÀPRICIEUX y( le ) Comédie en cinq ASles > en Vers » de AouJJeau, auThéâtre François ^ 1700.

Malgré le peu de Hiccèsde cette Pièce, Roufleau tenta judification. 3> On me reproche>dit-il dans la Préface i 9> de n'avoir pas marqué aUe^ nettement le caraâère du •> Capricieux , & d*cn avoir fait un homme agifTant le 90 plus fbuvent par efprit de contradi^ion. Mais au fond » je ne puis mieux répondre à cette objedion , que pac m Pobjeâion même; & )*ai toujours compris que la marque •> effcntielle du Capricieuse, ctoit d*agir par humeur , de » s'obûiner à ne vouloir pas faire cequ un autre (ôuhaite, •> par cette feule raifbn, qu'un autre le fbuhaite,,. Mals^ 99 me dirait on , vous voulez que votre Capricieux agiflb 9> par humeur ; cependant vous inflruifèz , une fille qui 9i le mène , qui le conduit , qui tourne ion elprit de ma- te nîè're , que ce n*eil pas tant par lui-même qu'il (e dé- ^ termine , que par la dextérité de cette fille. Cela cd ' »3 certain auffi : les hommes fantafquek ne (bnt-ilspas (âu« » vent les plus difficiles à gouverner , dcc » f

De Bric , Auteur de deux mauvaîfcs Pièces de Théâtre i ^ qui n'efi connu maintenant que par les Epigrammes do Rouficaii contre lui , profita , pour fe venger , de la cir-\ confiance . & fit TEpigrammc fuivantc .* c'efl fou Chdh d'oruvrc de Poèïîf ;

Quand le Public judicieux Eut profcrit le Capricieux ^ RoufTeau , trop foible pour le Drame ,' Se retrancha dans TEpigramme : CefI aJnH qu'un Conte ébauché CiRS (Quelque, ennuyeule Chronique %

C A Q loi

!^uTent moins fin que débauché i Et mis en Ayle Marotique , Le fait Poète Satyrique , EkbelE(prit , à bon marché.

CAPTIFS , (Us) Comédie en cinq AAes » en Vets^ de Rotrou ,

Un Pcre affligé de l'efelaYagc de Ces deux fils , acheté tous les e£clayes que Ton expofè en iEtolie , efpérana de retrouver Ces Enfans ; ce qui arrive en eSct* La fim- plicité de ce (ujet eil fbutenue par Tintérét d'un mariage conduit fort naturellement , par les plaifanteries d'un Parafite , par riiille incidens heureux « & fur-tout par ce comique admirable que Ton ne trouve plus que chez les Anciens , & dans le petit nombre de leurs imitateurs*

CAQUETS ^(les) Comédie en trois AAes , en Profe » pat M. Riccoiony^ au Théâtre Italien ^ 1761

Babet doit époufèr Dubois; desRevendeules à la toilet- te, qui viennent,comme Parentes , pourfîgnerle Contrat de Mariage , font choquées de ce qu'on ne fait point aiïez attention à elles. Une d'entr'elles jette des fbupçons fut la naiflànce de Babet, & demande le fècret qui ne garde pas. Ce propos pafTè de b<9uche en bouche. Dubois en eu inâruit ; il en parle à Babet , la prie de ne pas dire de qui elle le tient. Babet le promet ^ & ne garde pa« fa promefTe : tous les Adeurs le trouvent mêlés dans ce caquet qui en fait naître d'autres depuis le commen- cement jufqu'à la fin de la Pièce. On découvre enfin , que Babet eu fille de M. Renaud, riche Négociant ^ qui, en partant pour les Indes, l'avoit laiflee en Norman- die : ce qui lève tous les obâacles de fbn Mariage*

CARACTÈRE. Le Caradcre , dans les Perfonnages qa'un Poète Dramatique introduit fur la Scène , eft TincUnation ou la paflion dominante qui éclate dans toutes les démarches & les difcours de ces Perfonnages , qui eft le principe & le premier mobile de toutes leurs adions : par exemple, l'ambition dans Céfar , la jaloufie dans Her- înione , la vengeance dan$ Atrée % la probité dans

lot CAR

Burrhus. L'arc de deflîner, de foatenir, de ren- forcer un Caraftcre » eft une dc$ parties les plus importantes de l'Art Dramatiaue ^ & quoique les principes foient à-peu-prcs les mêmes pour la Tragédie Se la Comédie » nous réparerons les deux genres , pour éviter de dire des chofes trop va- gues ; & nous commencerons par k Tragédie.

Les Tragiques Grecs paroifTenc n'avoir fait qu'ébaucher cette partie de leur Art. Homère fut leur maître en ceci comme en tout y mais il alla beaucoup plus loin que tous Tes Imitateurs. Achil- le 9 Agamemnon » Ajax , Ulydè , font peints plus ibnement dans llliade que dans les Poètes qui les ont introduits fur la Scène , quoique le Théâtre exige des traits plus caraûérifés. Ceft que les Tra- giques Grecs , contents dedeflîner d'aorès Ho* mère , & de ne point démentir l'idée qu on s'étoit faite de leurs Perfonnages » ne fongeoient point à y ajouter.

Ce font les Modernes qui ont fenti les pre- miers que chaque mot échappé à leur Perfonna- ge > devoir Deindre fon ame , la montrer toute entière , la aiftinguer de toutes les autres » d'une manière neuve & firappante , renforcer fon carac- tère, & le porter au point 5 par-delà lequel il cef- iêroit d'être dans la Nature. Ceft Corneille qui nous a donné les premières leçons de ce grand Art ; & s'il y a manqué dans Cinna , am eft quel- quefois trop avili » dans Horace qui aevient l'af^ faflîn de fa foeur, on le retrouvé dans Rodrigue, Chimene , Pauline, Cléopatre & Nicomede. Ra- cine eft admirable en cete partie ; & hors Néron & Mithridate , dégradés par la fupercherie dont ib ufent envers leurs Rivaux , tous les autres fou-

CAR icj

riennent Tidée que le Poète a donnée d'eux dès les premiers Vers ; & chaque mot y ajoute un nou- veau trait. Toutes fes Pièces & celles de M. de Voltaire font des applications de ce précepte.

Les premiers mots du principal Perfonnage , doivent peindre fon caraftèrc & d'une manière attachante.Voyez, dans Bajazet» comme Tame d*A- comac . fe développe avec Texpofition du fujet. Comme Rhadamante vous faifit , quand , des. les premiers Vers , il dit à fon Anii :

Ne me regarde plus que comme un Furieux ,

Trop digne du courroux des Hommes & des Dieux ,

Qu'a prolcrit dès long-tems la vengeance céiefte ,

De crimes , de remords , aflemblage funefie«

Indigne de la vie & de ton amitié 9

Oh]ct digne d'horreur^ mais digne de pitié;

Traître envers la Nature, envers l'Amour perfide ,

Ufurpateur ^ ingrat , parjure , parricide ,

Sans les remords affreux qui déchirent mon cœur ,

Huron , j'oublierois qu'il efl'un Ciel vengeur.

Voyez comme la déclaration d'Orofmane à Zaïre raflemble tous les traits de fon caraâère : excès d'amour , fierté , géncrofité , violence 9 germe de jaloufîe , &c.

Soutenir un caraâcre , eft auffi e(Ientiel que de rétablir avec force. Il faut que le fentiment db- minant fe montre fous des formes toujours nou- velles. La pailion dominante de Mtthridate eft fa haine contre les Roixuiins. Avec quel art Racine la mcle à toutes les autres ! Mitnridate vaincu , amoureux -, jaloux , incert2Ûn des fentimens de Monime» arrive dansNymphée. Aprcrle tepro- che qu il fait à fes fils , les premiers mots fout :

Tout vaincu que je fuis , &.voifin du naufrage , Je médite un deflçin digne do mon courage ,

/'

1

204 CAR

£t c'eft d'aller attaquer Rome.

Dans la Scène avec Ârbate même, en foupçon- nant Xepharès d'ctre Ton Rival , il lui fait un mé^ rice de (a haine centre les Romains :

Je fais que de tout tems > à mes ordres fournis , Il hait autant que moi nos communs ennemis.

II s*applaudit de ce que Tes foupçons tombent plutôt iur Pharnace :

Que Pharnace m'ofFenfe , il offre à ma colère ^ Un Rival dès long-tems foigneux de me déplaire »

Sui tou)0urs des Romains admirateur (ecret , e s'efi jamais contr'eux déclaré qu'à regret.

Cette haine paroît même dans la Scène avec Monime > c'êft elle qui amène la belle Scène Mithridate développe fon grand deflèin d'aller afficger Rome. Lorfque Pharnace refiife d'épou- fer la fille du Roi des Parthes , Mithridate lui dit :

Traître 9 pour les Romains tes lâches complaisances N'étoient pas à mes yeux d'aflei noires offenfes ! II te falloit encor les perfides amours Pour être le fupplice & l'horreur de mes jours !

Dans la Scène il feint de vouloir que Mo- nime époufe Xepharès , il lui dit :

Ceïïèz de prétendre à Pharnace : Je ne fouf^irai point que ce fils odieux, Que je viens pour jamais de bannir de mes ytux , Poifédant une amour qui me Hit déniée » Vous fafle des Romains devenir ^'alliée*

Et dans TEloge de Xepharès :

C'eft un autre moi-même i Un fils viâorieux « qui me chérit , que ywnt% L*ciuicmi des Ri)inains« » #

CAR lof

Il apprend enfuîte que ce fils eft aimé de la Reine : il a réfolu fa mort ; il s'ccrie :

Sans diftînguer entr'eux qui je hais ou qui j'aîme f Allons & commençons par Xepharès lui-même. Maïs quelle eft ma fureur ; & qu'eu ce que je dis ? Tu vas facrifier ; qui, malheureux? Ton fils ? Un fils que Rome craint , qui peut venger Con père !

Et quand Mithridate revient mourant , c'eft pour dire :

Le Ciel n^a pas voulu qu^achevant mon deiïèin , Rome , en cendre , me vît expirer dans Con Ccin ; Mais au moins quelque joie , en mo^rant,me confie; J*expire environné d'ennemis que j'immole. Dans leur (an g odieux j'ai pu tremper mes mains ; Et mes derniers regards ont vu fuir les Romains*

L* Auteur de Rhadamiâp a peint Pharafmane comme un Maître terrjble , un Père redoutable à fes Enfans & Pharafmane, teint du fang d*un de Tes fils , qu il a immolé fans le connoîcre , dit à l'autre:

Courez vous emparer du Thrônc d'Arménie ;

Avec mon amitié je vous rends Zénobie.

Je dois ce (acrifice à mon fils malheureux ;

De ces lieux cependant éloignez-vous tous deux :

De mes tranfports jaloux mon fông doit Ce défendre ;

Fuyez j n'expofez plus un pcrc à le répandre.

Ceft le dernier vers du Rôle & de la Pièce. Quel homme que celui qui , même dans les re- mords que lui caufe le meurtre d'un de fes fils , craint d'attenter à la vie de lautre !

Souvent le Poète a befoin de renforcer un ca- taftère, pour fonder un événement ncceff aire à la conâitution de Ton Pocme. L'Auteur de Brutus

xc6 CAR

donne à Titus , que Ton veut féduire , un Confi- dent adroit , courageux , qui , fous le voile de la* mitié y travaille pour lui-même. C'eft de Meflèla qu on a dit :

Il cù, ferme , intrépide » autant que Thoiuieur Ou l'amour du Pays cxcitoit valeur ; JVIaitre de fort fècret »& maître de lui-même , Impénétrable & calme en (k faveur extrême.

MefTala apprend à Titus , que Tiberinus Ton frère livrera à Tarquin la porte Quirinale. Titus s'ccrie :

Mon frère trahit Rome l

Il (èrt Rome 8c (bn Roi ;

Et Tarauin y malgré vous, n'acceptera pour Gendre^ Que celui des Romains qui l'aura pu défendre.

T I T w s.

Ciel ! Perfide y écouter : mon cœur lon^-ttms Œduit i A méconnu l'abime vous m'avez conduit : Vous penfez me réduire au malheur néceflaire D'être ou le délateur, ou complice d*un frère : Mais plutôt votre fàng

M E $ s A L a;

Vous pouvez m*en punir ; Frappez , je le mérite , en voulant vous fervir. Du (ang de votre ami , que votre main filmante Y joigne encor le (àng d'un frère & d'une Amante ; Et I leur tête a la main , demandez au Sénat , Pour prix de vos vertus, l'honneur du Confùlat. Ou moi-même à l'inûant, déclarant les complices 9 Je m'en vais commencer ces affreux Sacrifices.

Titus. Demeure , malheureux , ou crains mon défefpoir.

CAR 107

Le caraftère de Medala développant touc-à- coup tant de courage , d'audace ic d'adreCTe » achevé 4e juftifier > pour ainfî dire » Titus aur yeux des Speâateurs. On fent » au affiégc par ua tel homme , <)ui irrite fans cefle Ion amour Se fou ambition , il eft impodible qu'il ne fuccombe pas.

La néceflîté exige quelquefois qu*un Héros fade une démarche qui femble aâoiblir Ton ca-> radlère. L'art confifte à le relever fur le champ 8c à le montrer plus grand encore. En voici un exemple.

Dans l'Andronic de Campiftron , Andronîc lié d'intérêt avec les Bulgares , veut engager les Mi- niftres de fon Père à intercéder pour eux auprès de l'Empereur. Ces deux Miniftres font les enne- mis du jeune Prince qui leur fait cette prière : un d'eux femble montrer quelque oppofition: le Prince Tinterrompt :

Arrêtez , il me refle à vous dire Que je dois être un jour le maître de TEmpiré*

On fent combien ce mot relevç le caraâcre du Héros» qui avoit été obligé de faire une prière inutile à des hommes [qu'il hait , & même qu'il méprife.

Acomat 9 dans Bajaxet , eft un Perfonnaee afièz important , pour qu'on ne le voye pas fe dégrader fans peine. Bajazet lui apprend Patternative il eft d'epoufer Nexane ou de mourir, Hé-bien^ dit Acomat :

Promettez ; affranchi du péril qui vous prefic » Vous verrez de quel poids fera votre promciTev

Bajazet.

Moi*

loS CAR

A C O M A T. ;

Ne rougiffcz point: le fang des Ottomart^ Ne doit point cn^Efclavc obéir aux (ermcns* Confultez ces Héros que le droit de la guerre Mena yiôorieux jufqu'au bout de la Terre. Libres dans leur vidoire , & maîtres de leur foi f L'intérêt de TEtat fut leur unique loi : Et d'un Threne fi faint , la moitié n'cfl fondée Que fur la foi promife & rarement gardée. Je m'emporte Seigneur ...

Quoique ces idées ayent été en eflEèt celle des Sultans, des François peuvent en être révoltés , & croire qu'elles aviliflent Acomat ; ces mots , je mcmporUyScigneur y relèvent fon caraâère, & le réconcilient avec le Spedateur.

Les remords d'un Héros , les reproches qu'il fe £iic d'une foiblefTe ou d'un crime , contribuent encore beaucoup à le rendre intéreflant. Qui ne pardonne à Mithridate fon amour & fa jaloufîe en entendant ces beaux Vers ?

O Monime ! 6 mon fils ! inutile courroux ! Et vous , heureux Romains» quel triomphe pour vous \ Si vous ^viez ma honte , & qu'un ami fidèle « De mes lâches combats vous portât la nouvelle : Quoi ï des plus chères mains craignant les trahirons ^ J'ai pris £bin de m'armer contre tous les poifons : J'ai fil , par une longue & pénible indudrie , Des plus mortels venins prévenir la furie. Ah! qu'il eût mieux valu, plus (âge & plus heureux , £t repoufTànt les traits d'un amour dangereux , Ke pas laifler remplir d'ardeurs empoifbnnées, Un cœur déjà glacé par le froid des années !

On étoit fâché de voir que Mitlirîdate vaincu , méditant un grand deflein , fe livrât à l'amour & à la jaloufie. Après ces Vers , il eft prefqu auflî grand , que s'il n'avoit point de foiblefle.

En

' 6 A ft. iëj^

ttn Âùteut doit avoir grand foîii ae lie irieri iriiêler > dans le cara^ère d*un Perfonnage, qui puide repoufTet ou afFoiblir lintérêc qu'il a dqf- lein d'y répandre. Cette faute neft pas fani exemple ; & Ton y tombe de trois manières.

I ^. En rappellant des avions pâCTées qui flc-^ triffènt le Pcrlônnage.

2^. En lui faifant faire oU pënfer , daiis le qouri même de la I^iéce , quelque chofe qui Tavilît.

j®. Eniaifant prévoir qu'il doit démentir dans la faite , ce qu'il a aftaellement d*eftimable. Ceft

f)eatctre le défaut qu'on peut reprocher à Atha- ie. Le Speftateur , pendant toute la Pièce, s'in* térefle à Joas. Après couronnement de ce P-rin-* ce , Joas embrafle Zacharie , fils du Grand-Prêtre # fon bienfaiteur , qui s*ccrie:

Enfans ^ ainfi toujours puifilez-Voûs être unis !

Cefôuhait, 4^1 rappelle ati Spé(fiateiii: qiiô Joas fera Un jour fouillé dii fahg de Zacharie i afïbiblit hntérêt que Ton a pris à ce jeune Princei

L'Art confifte à déployer le caraftcre d'un Per* fonnage & tous fes fentirtiens j paf la maniéré dont on le fait parlet , & non par la manietd dont ce Pèrfonnage parle de lui. A-t-il l'amd noble & fiere ? que tout ce qu'il dit porte l'em^ freinte de cette noblefTe Se de cette fierté j mai* qu'il fe garde bieii de fe vànteir de fa haùtetiri; C'eft le défaut de Corneille. Il fait toujours dire à fes Héros qu'ils font Grands, Ce feroit .les avilir î s'ils pouvoient Têtre. L'oppofe de la magnanimité ctt de fe dire magnanime*

Racine n'a jamais maiiqué à éetté îîégtej il peint de grandes Smes , qui fembleiit ignoref

iiô CAR

qu elles font grandes. En voici un exemple : BajV en Scène avec Âtalide, lai déclare qu il aime

- mieux mourir, que de tromper Roxaneen lui fai- fant cfpérer qu'il Tépôufera quand il fera momi fur lel rône. Il ajoute , pour juttifier ce refus :

Ne vous figurez point que dans cette journée y D'un lâc)ie défelpoir, ma vertu concernée , Craigne les faini d*ùh Tkrone je pourrois monter ^ . .£t par un prompt trépas » cbercbe à les éviter. J'écoute trpp pepi-'êtçç ^le imjprudente auc^açe :

ÎI^is fans cefTe occupé des grands noms de ma race 9 'elpérois que , fbyant \\x\ indigne repoç , Je prendrois quelque place entre tant de Héros : l^ais quelque ambition , quelque amour qui me brûle , ., . Se s^e puis plius ti^a^p u^c Amante crédule.

QueHè arae que telle qui craint d'être foupçon- née de chercher la mort pour éviter les dangers d'itn^ confpifation ! Voilà comme Racine peine prefcjuç toyjourç. Rappelions çncore la manière dont il moptre l'^me entierç Roxane. Llles^a- ' drefïe à Atalide » que Bajazet vient de quitter :

' Il vous parlo^t ; quels étoient Tes dUcours ,

A T M. I P

Moi , Madame l i| vous aime toujours*

R OX A N E.

Il X '^^ ^^ ^ "^î-^ r ^^ Ttiçla^ que le cfQy<.

Par ce dernîei: Vçrs , Roxane, annonce fans cmphàfib , & comme tnalgré elle , toute la v\o\knc^ ^ les excès dont elle eft capable, fi cUç a,p4prend qi^e Bajazet aime Atalide. un mot qui échappe du cœ^r , peint mieux que les me- naces direâes les plus violentes.

C A ft ittr

tifàut toujours peindre les i^t3Îàhtéè iâm utk degré élevé. Rien de médidère , ni vertus ni vices. Ce qui fait les graiides vertus j ce font les grande obstacles qu elles furmonrent* Le vieil Horace fa-* crifîe TariiQur paterael à l'amour de la Patries Voilà un grand amoUr pour la Patrie* Pauline^ malgré la paOïpa q^a'elle.a pour Sévère, quelle pourroit époufer après la mort de Poliettfte, veut ciue ce même Séveie fauve la vie à Polieuéte» Voilà un grand atuchement à fon devoir. Uti feul de ces traits fuâkôit pour faire on grand ca^ laâcre.

Les vices ont aù(E Jei^r perfeûion. tJndemt Tyran féroit indigne d'être regardé ; mais l'aiÂ- bition ^ la cruauté > la piscâdie > pouâTées à leuif plus h^ut point , deviennent de grands objets. L^ Tragédie demande encore qu'on lesxende^ autanë qu'il eft poffiblc, de beaux objets. Il &ujt donnet au crime un air de nobleiTe & d'élévation. L'âm^ bition eft noble > quand elle ne fe propofe que desTkrônes. La cruauté Feft en quelque forte f

3uand elle eft foutenuc d'une graoder f&mexé 'an^. La perfidie même l'eft au(E , quand éllô tA foutenue d*une extrême habiletéé Le ThéAtte ji'eft pas ennemi de ce qui eft vicieux , mais de c6 / qui eft bas & petit. Néron qui fe cacke dierrietre Une tapifferie pour épier deux Amaiis ^ MhhridaiS qui a recours à une perite mfe comique pour fur* jH-endre le fecret de Monime, font des Perfonnà-* ;es indignés de la Scène Tragique* Lés caraâèrej ^as ne peuvent y être admis, que quand ils Cctvtût à feiré vabir des c^uraûères fupétieUfô i & é*eft peut- être ce qui fert à faire tolitièi: Profias darî§ Micomedei & F«Ujk dans Polieaâe^ Cetlx m\

O i]

m CAR

veulent juftîfier les Poëies cTavôîr peint de teU . Jiommes , difent qu ils font dans la Nature. Mais on leur répond : n'y a-i-il pas quelque chofe de plus parfait , de plus rare,, de plus noble , qui eft aufH dans la Nature? C'eft cela qu'on voudroic ^voir.

Si quelque chofe pouvoir être au-de(Ibus dçs caraâères bas & méprifables > ce feroit les ca- raélères foibles Se indécis. Ils ne peuvent jamais réuflîr , à moins que leur incertitude ne naiflfè d'jine paffion violente , & qu'on ne voye jufques dans cette dccifion même , TefFet du fentiment dominant qui les emporte. Tel eft Pyrrhus dans Andiromaque.

Les Caradères-doivent être à la fois naturels 8c attachans. Il ne faut jamais leur donner de ces -fëntimens trop bizarres , dont les Speâateursj ne fentiroient pas les femences en eux-mêmes. On veut rencontrer THomme par-*tout j & , on ne s'intérefle point à des portraits chimériques , qui ,ne reflèmblent à rien de ce qu'on connoîc. Les fin- ^ularitésrne s'attirent point de créance au Théâ- tre ,& privent le Speûateur du^plaifiï d'une imi- tation dont il puifle juger.

Les Caradères ne peuvent être attachans que vde trois manières; ou par la vertu parfaite & fans mélange , ou par des qualités impofantes , au^« quelles le préjugé a lié des idées de grandeur Se de vertu , ou par un affemblage de vertus & de foîblefles reconnues pour telles. Les Caçadères abfolument vertueux font rares ; parce qu'ils ne font pa^ fufceptibles de variété ; & l'on a remar- qué avec raifon , qu'un Stoïcien feroit peu d'effet au Théâtre. Il n'y a > fur la Scène , qu'un fei^ Hé-

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CAR ii-r

ros qui y faflfe quelque plaiCr en fe gouvernant toujours par les principes d'une vertu tranquille. C'eft Rcgulus dans la Pièce de Pradon. Si cette idée fut venue à un homme de génie , & qui , par rexécution , ne fût pas demeuré au-deflbus , peut- être aurions-nous une Tragédie d'un genre nou- veau. Enfin on rend un Per tonnage intcreflant par le mélange des vertus & des foiolefles reconnues, pour telles. C'eft même la voie la plus fâre : on admire moins ; mais on eft plus touché.. Cefl que ceux ea qui nous voyons nos fbibleflTes , ont plus de droit lur notre cœur & font plus proches de noHs, que les autres. Notre amour-propre voit avec plaifir nos dc&uts unis à de grandes qua-^ litcs.

De plus , ces Caraâères mêlés font dans un trouble continuel , ils nous entretiennent nous- mêmes i ce n eft qu un long combat de paillons 6c de vertus , tantôt vaincus & tantôt vain* queurs , ils nous communiquent autant de divers mouveméns ; & c'eft cette agitation , ce font ces fecoufles de Tame , qui font le^plaifir de laTragé- die. Voyc^ Combats du Cœur.

Ces Pqrfounages font de deux efpéces. Ceux qui font totalement odieux , & qu'on ne doit montrer qu'autant qu'il eft néceflaire pour redou- bler le péril des principaux Perfonnages s & ceux qui ne font odieux qu'en partie , comme Médée & Cléopatre dans Rodogune y qui rachètent leurs crimes par une grande intrépidité d'ame , que l'une montre dans fa vengeance» & l'autre dans Ton ambition.

Un des grands fecrets de PArt Dramatique , ç'eft de faire fans cefle contra ftcr les Caradcres

Oiij

114 CAR

avec les fimatîôHs. Foyci le mot Situations , Ton en cite plufieurs exemples,

CARACTkKE PANS LA CoMEDiE. La définition de ce mot eft la mcme> relativement à Comédie , que celle que nous en avons donnée pour le Tragique. Wême ncceffitc de le faire fans cefle fortir» de le renforcer quand on raaf}oibli,delefoucenir jufqu'au dernier moment ; mais les moyens ne font pas les mêmes ; & c'eft pour cela que nous niions entrer dans les détails , en nous autorifant toujours par des exemples. ' De tous les anciens Comiques Grecs, îl ne nous . jrefte qu*Ariftophane ; & nous ne pouvons juger <Ie Ménandre & de Diphile , que par les Pièces f|ue Plaute *c Térence ont imitées de ces deux Poëtes.ll ne paroit pas que ni les un;^ ni les antres fe foient attachés à la peinture détaillée d'un ca- laâère. Ariftophane prodigue les traits de fatyre fur le Gouvernement, fur les particuliers ; îl peint (el ou tel homme > mais non pas un de ces carae- |ères qui peuvent appartenir à «n ordre quelcon* que de citoyens. Plaute & Térence peignent bien un fîls libertin , amoureux d'une Courtifanne qui le trompe , un père brufque & grondeur, un Valet fripon , un Parafîte rampant ; mais ils ne paroi (Tent pas avoir raffembléy dans un feul hom*^ me, tous les traits qui forment un caraftère parti-» culier à une claflè de la fociété. VAulularia eft la feule,où l'Auteur montre ce deflein d'une manière évidente. Les Efpagnols &: les Italiens du quin- zième & du feizieme (îécle ^ ont fait quelques Pièces , dont le titre annonce la peinture d'un ca-. X^ùkït \ m&ts )ls l'ont «renient approfondi. Il

CAR Aiy

ctoît réfervc à Molière de recueillir tous les traits qui forment un Jaloux , un Àvace y un Hypo- crite , de les faire forcir les uns par les autres ^ & d'en former un enfertible Thcâtraf. Pour cÔ!«- noître la diflference du Théâtre ancien & du mo- derne , il fuiffic de comparer T Aulularia de Plaute , & r Avare de Molière. Le premier fe coniertte de repréfenter ua Vieillard Avare i qui fe prive de tout , qui veille nuit & jour , pour garder une marmite pleine d'or , qu'on lui enlevé. Que fait Molière 3 II defcend dans le fond du cœur ; il a vu que l'avarice eft acconipagnce de la défiance & de l'ufuré » de la balfeue & de la dureté du cœur, qu'un Avare eft mauvais maître* mauvais père , quil pon(ïe les enfens les plus refpeftueux a lui manquer de refpeék, que faléfine Içs fc^ce à recourir à des moyens ruineux » pour fatisfaire leurs dcfirs. C'eft dans tous les vice? qui font par* tie du caradkcre de l'Avare , que Molière a pris les incidens de fa Pièce; & il a mis toutes ces yé* rites en action, d'une manière attachante & co- mique. Ce font les caradèrea qui doivent former Tintrigue de ^aâiony & lui donner le mpuve* ment.

Les Pièces de caraâbère font plus goûtées au- jourd'hui, que les Pièces d'intrigue ,• parce que ces dernières ne font que l'ombre delà vérité , & que les autres en fo;K une (idele iniage. L'illuuoii qu'elle produifent «(i plus forte } &fe oœur en eft plus vivemeiK touché. Maïs tous les caraâcres ne font pas également propres à être mis fur leThéâ-» tre. Un car4â:ère comme celalde rAvarc , ou du Tartuffe , fournir abondamment de la matière pour une Pièce qlv cinq Adkes ; mais un çaraûcre

O iv

%ri CAR

qui ne préfenteroic pas ces grands traits , & qui n'en feroit qu'une nuance, comme le Ménager ^ pai exemple, ne feroit point fuffifant pour fournil? <inq Aâies , & même feroit peu Théâtral.

Quelquefois le Poète peut le fervîr d'un caraftç- |:e principal , & lui ailbcier plufleurs caraâères qui lui fpicnt fubordpnnés. Tel cft l'artifice de Molière dans le Mifantrope* Il fait du Mifantrope le principal objet de fa Fable , & y joint en même fems les caraâères de la Coquette, de la Médi- iante & des Petits- Maîtres , fans que le caradcre principal fade par lui-même Tintrigue de Taâion, Tous les c^radères qui environnent le Mifantrope ife tout ce qui arrive dans Faftion , fe rapporte à lui ; c'eft le feul art qu'on ppuvoit employer dans çine telle Pièce.

Souvent le Poëte raffèmble dans une Comédie plufieurs caraâères , dont aucun ne brille afTez pour éclipfer les autres , & être regardé comme le f araâcre principal. De ce genre font l'Ecole des

* Maris , l'Ecole des Femmes , &c C'eft qu'aucun çaradcre de ces Pièces ne lui fourniflbit de grands fraits , comme l'Avare , George-Dandin , le Bour- geois Gentilhomme > & l'Auteur a cherché da Comique dans la vivacité de fon intrigue.

Plufieurs Auteurs ont prétendu qu'une Comé- die de cara(Sbcre n'étoit pas fufceptible d'intrigue ^ ou du moins qu'elle n'en adraettoit rju une très- légère. Il parolt qu'une Comédie cwnuée d'in- frigue fera toujours défeékueufe -, & peut-être celle du Mifantrope n'eft-elle pas affez attachante^

^ Mais d'un autre côté , il ne faut pas que l'intérêt particulier d'aucun des Perfônnages acceffbires ,

' Revienne le mobile de Taâion Théêtiale. Une

J

CAR 117

intrigue de cette nature cache & (ait oublier les beautés du caraâcre , foit en les éloignant de la 'mémoire du Speâateur , foit en les confondant avec des adions étrangères , qui afToiblifTent 9 bu plutôt anéajitiiïent Tobjet principal.

Mais quand c'eft le caraâère qui fert à intri- guer Taâion 5 Tintrigue ne détournera jamais du caraâière 1-atténtion des Speâateurs ; parce que le caractère marchera toujours à côté d'elle. Âr- rive-t'il quelque incident ou quelque coup de Théâtreidans le tems que le principal Perfonnagc eft hors de la Scène ? c'eft le caradcre principal qui le produit •, c*eft ce principal Perfonnagc qu'on applaudit, tout abfent qu'il eft ; & c'eft lui qui fait rire : & lorfque , dans la Scène fuivante 9 ce Perfonnagc principal revient furie Théâtre , le Speâateur fe rappelle avec plaifir ce que fon ca- raâière vient de produire. Les ouvrages de Mo- lière font pleins de traits de cette efpéce.

Ceft une queftion , Ton peut , & fi Ton doit dans le Comique , charger les caraâères pour les rendre plus ridicules. D'un côté,il eft certain qu'un Auteur ne doit jamais s*écarter delà nature, ni la faire grimacer *, d'un autre » il n eft pas moins évi* dent que dans une Comédie» on doit peindre le ridicule & même fortement : or il femble qu'on n'y fauroi^ mieux réuffir , qu*en raftèmblant le plus gran^nombre de traits propres aie faire con- noître , Se par conféauent qu'il eft ''permis de charger les caractères. 11 y a , en ce genre , deux extrémités vicieufes ; Se Mbliere a oonnu mieux que perfonne , le point de perfeftion qui tient milieu entr*clles« Koyci Chakge , Vraisêm-

ILANCE,

2iS CAR

CMACTERES ÛE LA FOLIE, (les) Opira-Ballet yde trois. Entrées * 6* d'un Prologue , par du Clos f mufique de M»Burj fils, t7Al»

Ces trois Entrées étoîent , les Manies, Us Paffions , les Caprices. L'Auteur a pris rAjlrologie pour en faire ÙL première Entrée ; dt il introduit une jeune Bergère (îiper^tieufè « combactâiit k penchant de (on cœur , & qu*on ramené enfin à la ratfoné Cette Entrée a été parodiée à TOpéra- Comique (bus le titre de VAflrologue de Village. L Ambition choifie parmi les Pajjions , forme le fujct de la féconde Entrée. Les Caprices des Amans font celui de trot/îéme ', k tt fut celle qui eut le plus de (ùccès. le Prologue fe paflc â Cythère , entre Vénus , TAmour , la Folie , Jupiter & leur fuite,

CARACTÈRES DE V AMOUR i ( lés ) O^éra-ÈaUet de Pellegrin ^muMifuede Blâment, 17;^.

Ce Ballet tt^it d'abord formé d'un Proloc^ue , & de trois Entrées; la ^Tcmictc,t Amour Contant; la (econde, r Amour Volage ; la troifîme , TAmottr Jaloux. En i7;p > un Anonyme y en ajouta une ^^ifiéme ^ intitulée » les Amours du Printernsm

CARACTÈRES DE THALIE ,(les) compefis de trois Comédies en un ASe , par M. Fdgan , au Théâtre François %

1737. La Comédîé de Caraâère en Vers 9 était VInquiit ;

la Comédie d'Intrigue , en PtoCc, VÉtourderie ; la Co*

médie à Scènes Epifodiques, aufli en Profères OriginauXm

Voyez ces trois Pièces', chacune à leur article.

CAKICATURS. rôyé^ Chargi .

CARNAVAL DE VENISE , (le) Opéra ou Comédie-Ballet i . en quatre ASés , paroUs de Renard , muji^e de Campra ,

Tous les Speâacles oue VcniCe offre aux Etrangers pendant (on Carnaval , lotit ici réunis : Comédies , Opé- ra , Concerts , Jeux , Danie^f, Combats , M^arades ; tout cela fe trouve lié à «ne p^etite Tntrîgtfe ameureufe , amufante , bien écrite. C'cfl le contfafhî des Aiwïuïs d'un Cavalier François 5c d^un Noble Vénitie»k

CAR iif.

CARNAVAL DU PARNASSE , (U) Opéra-Ballet en trois A6les » avec un Prologue j par Fusilier » mujîque de Mondonville , 17 A9*

Le Prologue préiètite un Fête , des Bergers & des . Bergères célèbrent le Prîncems. Ballet ottre un Spec- tacle y dans lequel Thalîe , Euterpe & Terpfic^re paroU« lènt avec tous leurs agrémens^

CARNAVAL ET LA FOLIE ,(le) Çomédie-Ballet , avec

un Prologue , par la Morte ymufitjue de Veffouches » 1704,

Le (ûjet du Prologue efl le Feftin des Dieux. Le

3allet«en quatre Aâes , reprélènte les Amours Se le M'i^

riage du Carnaval avec la Folie % Vun 8c Taùtre perfonifiés*

Cette idée ci tirée de i Éloge de la Fêlie d'Erafine.

CAROSSES D'ORLÉANS y {les) Comédie en un A&e , en Prt>fe j par la Chapelle ^i 680.

L'Auteur fit ectte Comédie pour fe délaflèr àcs fou- gues d'un zBhz long voyage « pendant lequel il aroit louffert tout l'ennui & les incommodités qui accompa- gnent toujours les Carofles de Voiture. L'Intrigue di cette Pièce peu de chofè ; le Comique reffemble lieaucoup à la &rce ; mais l'idée en eft allez neure > & paH^ablement rendue*

CARTOUCHE , ou les Voleurs > Comédie en troif ASesi en Pfofe^par le Grai^d , au Théâtre François » 17*1.

Sous ce titre fe trouve renfermé tout ce que l'on pou^ voit (avoir des ru(ès , des reffburces , des aventures de ce fameux fcélérat^ qui étoit alors le fiijetdes craintes & des cOnverfàtions de tout Paris* Cette circonflanc^. rendit incéreflànte une Piéceidont elle fiôToit) en partie y le mérite*

CASSANDRF^y Tragédie Opéra de la Grange-CkanceU muRque de Bouvard 5* Bertin , i7o5,

Caifandre a précédé le retour d'Agamemnon. Sa beauté enflamme Orefte des feux les plutf violens, Clytemueftrc veut qu'on imnaole cette malheureule Princeflè , & fait parler les Dieux contr'elle. Orefte déclare (on appui. Clytemnellre époufc Egifle. Agamcmnon revient , ban- nit fa femme , déclare à Caflandre qu'il l'aime & qu'il va )ui donner la main; mais CafTandre »ime Orcâe. L a^cçiit

tio CAS

Ce dévoile â (es regards: elle fait entrevoir aux y eu x d'A-

famemnon le fort qui l'attend. Enfin , il veut qu'Orcfte poufe CafTandre. Bientôt Agamemnon 8c la Princefle (ont frappés de coups mortels parEgifte &Clytemneftre. L'infortunée Caffandre vient mourir fur le Théâtre ; clic apprend à Orefle.de quelle main elle périt aflaflinée. Par ce feul expofé , on voit que le liijet vicieux > peu intéreflànt , peu vraifèmblable,

CASSIUS ET VICTORINUS , Tragédie Chxithnne , par la Grange-Chancel <i 173*.

CafTius efl père de Claudius , Empereur: il lui arrive à peu-près le même miracle qu'à Saint Pa\rl; & de per- fécuteur des Chrétiens qu'il étoit, il fe fait Chrétien , les protège, 8c , fous un nom fiippofé, fc cache parmi eux. Claudius cherche par-tout fon père ,* il croit que les Chré^ tiens l'ont affafCné. Caffius , fous le nom de Licas ,£àuve les jours de Juftine, fille de Vidorinus, Grand-Prêtre des Idoles: elle eH expofée à un Dragon; 8c Licas, appuyé du Iccours du Ciel , tue ce Dragon. ,On voit combien ce merveillieux efl abfiirde. Les Payens veulent perdre Licas: celui-ci tient caché pendant trois ans dans la maifbn de Viâorinus. Enfin , il efl découvert ; & Claudius prononce fbn Arrêt ; il veut voir Licas ; la na- ture parle à l'Empereur pour le Chrétien ; il fent des mou- vemens qui font tout-à-fair hors de la vraifemblance » &dont les effets font trop rapides dans l'efpace de vingt- quatre heures* Caflîus , toujours Licas 9 s'obfiine à taire K)n nom à l'Empereur fbn fils , qui l'envoie au fùpplice» On ne trouve point raifonnable cette opiniâtreté de Caf^ jfius* N'auroit-il pas rendu plus de*fervice aux Chrétiens» en fe découvrant à l'Empereur ! Claudius veut fauver Licas qui l'intéreffe ; & Viâorinus , père de Jufline , fa MaStrefle , qui s'efl rangé du parti de fon ami, & qui s'eQ fait Chrétien, J'oubliois de dire que l'Arniée s'efl révoltée contre l'Empereur. On abandonne Licas & Viôorinus à la ftireur des mutins. Viâori^us eil tué ; Licas vient ex- pirer fur le Théâtre 6c apprendre à Claudius , qu'il ef{ Caffius fbn père. Je ne connois pas de Tragédie plus mal compofée : une Fable dénuée de vraifemblance & de liai- foh , le fens commun à chaque infiant blefTe , des carac- tères manques ; par-deffiis tout cela , le malheur d'fiyoi^ paru agrès PolieuSe. '

CAS lu

CASTOR ETPOLLUXyTragédie-Opéra^ avec un Prolo-^ gue^par M. Bernard , mufique de Rameau j i7î7*

Caflor 8c Pollux , tous deux fils de Léda qui avott eu le premier de Tyndarc , & le (ccond de Jupiter » aiment Télaire , fille du Soleil , qui ne (bupire que pou^ Cafior. PoUûx dompte Gl paflion , & cède Telaire à (on frère. Mais Phœbé l'endiaotcrefTe y (œur de Telaire ^ brûle au(S pour Caftor; 8c furieufè de fe voir méprifée ^ fâchant d'ailleurs que Lincée adore Télaire , anime ce dernier à la vengeance. Il vient à main armée pour en- lever la Princelle. Caftôr s'oppofe à fa fureur : il eu tué V dans le cpmbat. On élève un maufolée pour les funérailles de Cador. 11 c& environné d'un peuple gémiflant. Le Théâtre repréfente des voûtes (ôuterraincs , éclairées par des lampes fépulchrales. Pollux venge la mort de Con frère ; il tue Lincée ; mais (ktendreiïe pour Cador n'eff pas encore Satisfaite ; il invoque Jupiter fbn père , & le prie de rendre le jour à (on frère» Jupiter lui annonce l'Arrêt du Dedin : il ne peut délivrer Cador du Tartare qu'en y prenant place. PoUux s'y réfbut,& force l'en- trée des Enfers , dont le pafTage ed gardé par des monP* très , des fpeâres 8c des démons. 11 retrouve Ion frère dans les Champs Elyfées; il £è forme entr'eux un combat touchant de tendrefle. Cador ne vçut point que Pollux. fe facrfie pour lui » 8c confent feulement à retourner pour quelques heures lur la Terre , afin de voir encore une fois fa chère Télake : mais il jure par le Styx , qu*il fe replongera dans l'Empire des morts,pour rendre la vie à (on fpere. Le Dedin ed fléchi par Jupiter ; il dégage Cador de (on (erment ; Pollux revoit la lumière ; les ' deux frères (ont au comble de leurs vœux* Ca4orépou(ê Télaire. La jalou(è Fhœ^é décend (èule à demeure^ aux tives du Çocyte*

C AT AST ASE. é'eft, félon quelques^ns , 1 a t ro fiénie partie du Pocme Oramatique chez les an- ciens » dans laquelle les intrigues nouées dans TEpitafe ie foutiennent , continuent , augmen- tent jufqu a ce qu'elles iç^rouycut préparée; pour

xii C A T

le dénouement qqi doit arriver dan$ la CzuÛtô* phe. /^. Epitase & Catastrophe. Quelques Au* reurs confondent la Cataftafc avec TEpitalcou nt les diftingiient tout au plus , qu'en ce que Tuneeft le ccmmcncement , de l'autre la fuite du nœud de Tintriguèr Ce mot veut dire en CtcCyConfiimtion f parce que c'eft cette partie qui ferme comme le corps de Tadion Théâtrale 5 que la Protafene fait que préparer , & la Cacaftrophe démêler.

CATASTROPHE. Ceft le changement ou la ré- volution qui arrive à la fin de l'aftion d'un Poème Dramatique , & qui la termine.

Selon xjuelques Commentateurs , la Cataftro^ phe étoit la quatrième & dernière Partie des Tra- gédies anciennes , elle fuccédoit à la Cataftafe i mais ceux qui retranchent celle-ci y ne comptant que la Protafe > TEpitafe & la Cataftrophe> appel- lent cette dernière la troifiéme*

La Cataftrophe eft ou fimple ou compliquée j ce qui fait donner auffi à l'aftion , Tune ou Tau* tre de ces dénominations. Foye^ Fablç.

Dans la première > on ne fuppôfe ni change- ment dans rétat des principaux Pcrfonnages , ni reconnoi (lance , ni dénouement proprement dit 0 l'intrigue qui régne n*étant qu'un fimple paflagcî du trouble à la tranquillité. Qn en trouve quel- ques exemples dans les anciens Tragiques; c'eft Id Cataftrophe la plus défeélueufe ; & les moderne» ne l'ont point imitée.

Dans la féconde , le principal î'erfontiâgé éprouve un changement de fortune, quelquefois ^ au moyen d'une reconnoiffance > ôc quelquefois # £an^ que le Poq te ait recours à cette ficuatiout Ci

C A T iiç

changement s*appelk iiatremcnt Péripétie ; &: les .qualités qu'il 4Qil avptr foat d'être probable & nçce(Iaire,PQUçâtrc prpb»ble> il ftut qu'il refaite de tous les e^t$ pçéc^dcns ; qu'il naiftè du fond mçme 4u fu'Cit , qu prenne fa four ce dans les in - cidens , & n@ paroide pas aoiehé ou introduit à dctTein 9 encore nioiiis forcément.

La reconnoifllince fur laquelle une Cataftrophe eft fondée , doit avoir les mêmes qualités que la Cataftrophe , 5c par confcquent, pour être proba- ble , il faut qu elle naiflTe du fujet même , qu'elle foit point produite par des marques équivo- ques, comme pagres, bracelets 5 ce qui arrive frc- Îiuemment dan^ Içs Pièces Efpagnoles \ ufage qui e feroit établi en France % Ci Buileau ne Teôt em- pêché 9 en te moquant del' Aftrate de Quinault.

Sur tout rAoneau Royal me (èmble b^ien trouvé.

Il ne faut pas non plus que Ja Cataftrophe foie amenée par uiie fimple réflexion , comme on en voit beaucoup d'exemples dans les Pièces ancien- nes 9 & dans qpelc|ties modernes.

Une des régies effentielles de la Cataftrophç , c'eft qu*elle ne doit laiftèr aucun doute dans les cfpritS'fur le fort d'un Perfonnage qui a intéreffc dans le cours de l'ouvrage. Il faut éviter également les difcours fuperflus & les aérions inutiles.

Elle ne doit Jamais laîflèr les Perfonnages in- troduits, dans les mêmes fênrimens , mais les faire pâfler à des fentimens contraires , comme de l'amour à la havne , de la colère à la clémence.

Quelquefois toute la Cataftrophe ou révolution confîftc dans une reconnoiflance > tantôt elle en ^ft une fu^te un peu éloignée > &.tantôt l'effet le

ai* C A f

{>Ius immédiat & le plus prochain ; & c'eft aic-6d a plus belle efpèce de Cataftrophe î telle eft celle d'CEdipe. yoyc[ Péripétie & Reconnoisance.

Dryden penle qu'une Cataftrophe qui rc- fulteroit du lîmple changement de fentimént & de réfolution d'un Perfonnage , pourroii être affez bien maniée> pour devenir très-belle , & même pré- férable à toute autre. Le dénouement du Cinna dd Corneille eft à peu-près dans ce genre. Augufte avoir toutes les raifons du monde jpour fe venger ; il le pouvoir yil pardonne)& c'eft ce qu*on admire. Mais cette façon de dénouer les Pièces , favorable aux Poètes t ne plairoit pas toujours aux Speâa- teurs qui veulent être remués par des événemens

. furprenans & inattendus. Fbj^^{^^ Dénouement. Les Auteurs qui ont traité de la Poétique , ont mis en queftion^ (i la Cataftrophe doit tourner à l'avantage de la vertu , ou non \ s'il eft toujours néceflaire qu'à la fin de la Pièce la vertu foit rè- compenfée ou le crime pHni. La raifon & Tinté- rêt des bonnes mœurs femblent demander qu'un Auteur tâche de ne préfenier aux Speûeurs, que

' la punition di^ vice & le triomphe de la vertu» Cependant le fentimént contraire a fes Défen^ feurs. Ariftote préfère la Cataftrophe qui ré- volte , à une Cataftrophe heureufe. Il fe moque même du peuple qui préfère cette dernière , & de lafoiblcITe des Poètes qui fe conforment aux dé- firs de la multitude. Sa raifon eft que la Cataftro- phe funefteeft plus propre qvie raUire^ à exciter la terreur & Ja pitié, qui (ont les<icux finfs de la Tra-*

.gédie.' Obfervons que ce précepu.ne tend point àfairdi

enfanglantei^

C A T iiy

enfanglanter la Scène. On ne doîtfe le permettre ' que dans des occafions extraordinaires , dans lef- quelles on fauve , autant qu'on peut , cette atro- cité dégoûtante. Adiflbn dit que le meurtre de Ca- mille jdans la Tragédie d'Horâce,eft d'àatant plus revotant , qu'il femble commis de fang-froid , & qu*Horace travcrfant tout le Théâtre pour aller poignarder fa fœur , avoir tout le tems de la ré- flexion.

On doit très-rarement violer la régie qui veut que la rcconnoiffance précède la Cataftrophe» Cette régie eft dans la nature \ car lorfque la péri- pétie eft arrivée , quand le Tyran eft tué , per- sonne ne s'intérefle au refte.

C'cft une belle Cataftrophe,quand on paflTe de la crainte à la pitié , de la rigueur au pardon > & qu'eafuite on retombe, par un accident nou- veau , mais vraifemblable , dans l'abîme dont oa vient de fortir.

Quelquefois la jCataftrophe fe pafle fur la Scène « aux yeux des Spectateurs. Quelquefois elle eft mife en récit. C'cft la nature deschofes, la bîenféance & le goût du Public, qu on doit con- fui ter dans le choix de ces deux manières. Voje^

DÉNOUEMENT , TaBLEAU.

CATIUNAy Tragédie de Crébillon ^ 174s.

On retrouve ici toute l'énergie des autres produôîons de TÂuteur y 8c des beautés , dans un genre qui lui eil: étranger. Du reûc , il faut i^oucr « le Hijet efl peu Théâtral ; & Crébillon n'avoit qu'un de ces dfeux partit à prendre ; d'intéreifer pour Rome , ou pour Catilina* Mais il Ton ne prend nul iméret à un fcélérat t on n'en prend guères davantage à tout un peuple : une compafl fîon trop divifée > s'aftoiblit ; il lui faut un objet détér ^ ; miné/ dont le péril foie certain > laperlbnne illuûrc

T0m€ L P

22^ C A T

le çaraôèrc vertueux; fans toutefois que cette vertu fibît toujours incompatible avec certaine foiblefîc. Tout ce

parvenu; u a aonc reuliu Mais h i on cherche de la gra« dation dans cette Tragédie , 11 faut remonter (iu cin- quième Adc au premier , qui efi le pjus fort de tous. On a beaucoup applaudi , dans le tems , au canlôère du Grand-I^réte Probus Se à celui de TAmbafladeur Gaulois, $ ncn ^ la manière ^ojat Cicéron & le Sénat font avilis. Il le falloit , dira-t-on , pour confcrver à Catilina une fupçrioritp nécefTaire, Je répondrai , qu'il falloit faire choix d'un perfbnnage aflez grand^ pour paroitre tel, fans iavoir befbin de Tavilifièment des autres*

CATON^ dVtique^Ttagédk de Defchamps , \7iU

Cette Tragédie n'eil point tirée du Caton d*Adiflbn« Ces deux Pièces ne (e refTemblcnt point; les deux Au« teurs traivaillerent , chacun de leur coté » fans fe con« roitre , & firent repréfènter leurs ouvrages prefqu'cn même tçms , l'un à Londres , l'autre à Pans, On impri- ma même en 1715 un parallèle des deux Tragédies. Par ce parallèle , qui efi bien fait , on voit évidemment que les deux Catons n'ont rien de commim , que le nom. La Tragédie de Pefchamps , mi(ê fort au-defïbus de celle d'Adifî'on, lui eft fort fupérîeure ; j'en demande bien par- don à Meilleurs les Anglois; mais ce fameux Caton d'AdiiTon m'a paru une alTez mauvaife Pièce. Le fujet échappe à chaque infiant à l'Auteur ; & pour fournir la carrière des cinq Aôes , il a recours aux épisodes d'un double amour romaiiefque ; enfbrte qu'il y a trois Tra- , gédies dans une« Ce «|u'on peut dire à l'avantage du Poète ' Anglois , c'eA qu'il fent lui-même le ridicule de fès épiiodes; car il rappelle de tems en tems l'adion prin<* cipale par la réflexion que font les Aman s , qu'ils au<* roient autre cho(e à faire que l'amour , 8c qu'ils ont tort des'amufer à des converfations galantes. Il faut avouer, malgré cela, qu'il y a des traits vraiment fiiblimes dans le rÂle de Caton*

CÉLIANE , Tragi- Comédie de Rotrouy en cinq AStes , en Trois Amans jouent d'abord leur rôle féparément ,

C É L tif

Év^c les objets de leur amour. LMti e(t héih^étlt , Taui trc (bupire ; le dernier fe i^epaît de vaines efpéranccî» Les uns font de longues differtations (îir Tincondance ; les autres tiennent des dîfcours qui choquent la bien-4 féance : Céliane croit avoir fixé un Amant volage ; il lut échappe. Une rufc peu vraifemblable le ramené , & fait plus d*impreffion fiir (on cœur inconftant , que Tamitie très-génércu(e d^unami qui lui cédoit £a MaîcrcfTe. Des épées, des poifbns , des poignards préparés par Tamouiî défelpéré , forment le Tragique de cette Pièce, en généi rai p«u intéreilante*

CÉLIEyOii LE ViCE-Roi J>É l^AfLES i] Trosi-^Cêmédie dd( Rotrou , 1^4^*

Deux frères , jeunes , étourdis , neveux d'uii Vic6-< ftoi y aiment Célie, fille aînée d*un Gentilhomme auflî pauvre que vertueux» Les rufes , les défiances , les per-* fidies occupent Idng-tems la Scène ; mais la Comédie dd Célie devient un jeu (erieux: des calomniateurs jettent un fbupçon injurieux à l'honneur de cette fille incompa^ table. Le père ajoute foi à Timpodure, Refrappe Célid d'un coup de poignard. La calomnie âft confondue ; 6t Célic,qui n'a reçu qu'une bleffiirc légère, repatoît pleindt de vie, & trouve dafis un Amant paifionné unËpouA qu'elle adoce,

CÊLIME ^ou IR Temple i^îïivïfJ^intûCt^ détruit pât r Amour , A^e d^Opéra , far M. de Cheneyieres i mujiquâi du Chevalier d*Herbain , i75<^-

Célimc évite fphîs qu'elle cfaîrtt d'aimef , 8c qùî fuît au Temple ,dc rindifféi'ence l'on doit célébrée des jeux en l'honneur de la DéeiTe, Celime lui ordonna de la^quittei^, ou de ne lui plus parler de Csl tendrcÀè* Il confônt à fe taire , pourvu qu^il ait le bonheur de U Voir. Dans le moment le tonnerre Ce fait entendre ; il tombe (tir la Statue de la DétiTe 8c la détruit. Tout fuit ;: Celinîc reûe (eule. Un Veilliard furvient, apprcttd qu'il m vu cet Amant devofé par un motiflre furieux. Célime fe reproche Gl mort ; elle fe plaint de la vengeance cruelle de l'Amour; & ce morne nt,embcUi par un accox-^ pagnement , peint la fituation touchante de Célime. ËUa

Pîj

2i8 C È L

appelle la Parque à fon fccours. Elle lève le bras , prête à Ce percer de (on javelot ; l'Amour paroît , fe précipite &: Tarrét^. Le Théâtre change ; on voit une fouie d'A- mours & l-c Plaifîr former diftérens groupes dans la |)errpeâive qui représente le Temple de l'Amour. Qua- tre petits Amours amènent Iphis & Célimc. Ce joli ^peàacle c& un de ces coups heureux ,que produit fou- vent le talent rare du Machinifte de l'Opéra. Une Fête galante , formée par l'Amour & fuite , fur des airs'de violons , d'un caraftcrc aimable & neuf, termine cctAifte.

CÉLIMENEf Pajlorale de Rotrou^en cinq ASes^en Vers*

1633- '

-Sous des habits d'homme , & Cous le nom de Cloridan ^ une Amante, dans le deffein de retenir un volage , fc propofe de Ce faire aimer de fa rivale » & de la rendre infidcUe. A peine elle paroît fous ce nouvel habille- ment , qu'elle fait la conquête de toutes les femmes , & rend tous leurs Amans jaloux* Elle Ce fait connoitre en- fuite aux Belles qu'elle a trompées , les unit à des Amans plus fidèles que le iien , rallume les feux de (on volage, & (c rcferve le droit de l'éprouver.

ŒNDRILLONy Opéra-Comique^ en un Aâie , en Vaude-^ villes ) par M. Anfeaume , mufique de M. la Ruette ,

Ce petit Conte de Perrault mis en Drame,a fait le plus graad plaifîr. La Pièce efl conduite ,fkns rien changer au Conte même. Les enfans,les gens dont laledure fe borne, par leur peu de capacité , à ces (ertes de puérilités ; tous y ont reconnu une Hiftoire , dont leurs oreilles ont été tant de fois bercées, Cendrilion, ainfî nommée par deux ' fœurs qui la jaloufent & la maltraitent, n'a» pour tout ornement, que fa beauté. JVlais une Fée, fa maraine , la protège. Ceil elk qui Ta fait paroitre au Bal du Prince Azor , fousun extérieur magnifique. Elle a mis ce Prinjcc dans fes fers ; mais obligée de le retirer du Bal avant minuit , fous peine <îe déplaire à la Fée , elle a diiparu avec tant de promptitude , qu'une de fes mules eft veûéc au pouvoir d'Azor. Il veut abfolument retrouver l'in- connue à qui cette muL^ appartient. Pour y parvenir >

C E N ,Z25^

îl fait publier , au (on du tambour ; qu*îl veut choifîr une femme parmi les plus belles personnes de (a Capi- tale. Toutes y accourent ; Cendrillon y vient comme les autres ; & malgré Tes haillons , elle obtient la prétié- rcnce. L'Auteur a tiré de ce fujet tout le parti poifible , & a (^u le rendre fort Théâtral, On y trouve divers en- droits piquants , d'autres le (entiment parle fbn vrai langage.

CÉNItL , Ccméàie en cinq Mes » en Profe f par Madame deGrajJî^ny , au Théâtre François y i75<^*

Dorfainviile , homme de condition , avoît eu une af- faire d'honneur qui Tavoit obligé de quitter la France , & de pafTer dans les pays étrangers. Tous (es biens avoient été confifqués;&Orphi(c , (on épou(e, (c trou- voit parla réduite à la dernière indigence: il Tavoit laifTéc enceinte ; & elle étoit accouchée , peu de tems aprc'S , d'une fille nommée Cénie. Un riche Vieil* lard , appelle Dorimont « avoit épou(e Méliflè , jeune femme qu'il aimoit tendrement. Celle-ci > dans la crain- te que Con mari mouroit (ans eniknt , elle ne fut pri- vée de Con bien , avoit feint une groiTtiTc; & un voyage de Ton époux lui avoit facilité les moyens de fuppoier un enfant. Cet enfant étoit Cénie « fille d'Orphifc. Une femme gagnée par MélifTe , per(ùada â cette mcre in- fortunée > que fa fille étoit morte peu de jours après naifTance. Cénie fut donc regardée camme U fille de Dùrimont ; & MélifTe lui donna pour Gouvernante Or- phi(ê elle -même) que (on extrême pauvreté avoit ré- duite à cette trlfle condition. Elle avoit déjà pafle quel- ques années auprès de (a fille fans la connoitre ^ lor(que la mort de MélifTe découvrit ce (ècret. Cette femme 9 prefTée de fcs remojds , déclara par écrit , en mourant » que Dorimont n'ctoit point le pcre de Cénie ; qu'Or- pliife en étoit la mcre , & qu'elle-même n'âvoit ufé de cette fupercherie , que pour afiurer fortune > en cas que la mort lui enlevât (on mari.

Dorimont avoit deux neveux , fils de (a (œur ^ Mérî- court & Clerval. Celui-ci, dans un voyage que des affai- res de famille l'avoient obligé de faire dans les Indes, avoit connu Dorfainviile ; 8c ils s'étoient liés tous deux d'une amitié fort étroite. Ils étoient l'un & l'autre de re- tour en France , Clerval venoit d'obtenir pour Ton

Piij

ti& CEN

iimî des Lettres de grâce. C'cft au moment elles alloîentétre expédiées, que Doriainville revoit fa fem- JBC , reconnoit la fille , que Cénie retrouve un père , & Orphife Ton époux. Voilà le fonds de la Pièce ; en voici }'tntriguc. ^

^ Clerval , neveu de Dorîmont , aîme Cénie ; il en eft îiîmé ; & Tun & l'autre n'afpircnt qu'à fe voir bicn-tot unis par les liens de THymen. Méricourt la demando HufE en mariage , moins par amour, que pour jouir fcul , ;iu préjudice de fon frcrc , de tous les biens de (on Oncle. Cénie a pour Méricourt autant d'averïïon, que de tendrefTe pour Clerval ; & Dorinr.ort ne veut point la contraindre dans le choix d'un époux, MéiifTe, dont Mé- ïicourt avoit tou}ours eu la confiance , Tavoit toujours auflî préféré à fon frcre, pour en faire l'époux de Cénie, C'étoit à lui qu'en mourant elle avoit laifTé Técrit fatal , ^ui découvroit le ftcrct de fa naiflànce. Cénie, en épou- sant Méricourt, peut renfermer ce (ccret odieux dans tin éternel filcnce ; lui-même ne doute pas que la honte de Con origine , & crainte de tomber dans une affrcufe Indigence , ne changent fes fcntimcns , & qu'elle ne re-^ tionce à la main de fon frère , pour accepter la fienne* L'intérêt parle pour lui , l'amour pour Clerval. L'amour l'emporte ; Cénie ne balance pas un moment ; elle pré-^ ferc les horreurs de la pauvreté à un Hymen qu'elle ab^ liorre. Je pafle au dénouement. Cénie apprend de Mé- ricourt le lecret de naiffance , elle en fait paît au^« tôt à fk- Gouvernante & à Dèrimont. Inâruit par la lettre de MélifTc , que C énic efl la fille d'Orphife , Dorimont ne fonge plus qu'à leur procurer à toutes deux une fî- tuation heureufe dans la retraite , à laquelle elles fe j dcflincnt. Cependant Tinfortune de Cénie n'a point chan- gé le coeur de Clerval : plus amoureux que jamais y il pcrfîfle toujourt à vouloir l'épouftr. L'inégalité de leuip fiaifllince pourroit y former un obflacle ; mais la préfenct de Doriainville , qu'on apprend être le père de Cénie , levé toistes les difficultés; & ce Mariage,qui met le com- ble au bonheur des deux Am^s , termine hcureufement toute la Pièce.

CENTENAIRE ^ (la) Comédie en un Me , en Vers , par JM» Artaud , aux François , i77?» Mpmus & Th^Uç viennent iur la terre ^ cent ans apris I4

CEP , z\%

"ïrtbrt d- iJloliei'c, î^our voi^ s*il réffc encore qii^l<}&bs-ûn5 vdcs vices & des riàicûlcs qite cctAutear Conat<|iie à pout- f^iivis, Av<c eux paroiflent^ efi Scène les prificipa^'x Pcr- fonnagcs des Comcdieç; de Molierç,tels que Svfte^^Avure^ V Étourdi , le 'tartuffe , le Mifantrope r Ml. Jourdain , t^ndame Pe/neîletù'C ,avcc les mciîies^ti^its,fiiùs léfqtiels te célébi^è Cothi^ae les ai peints. Cérémonie de ïh% PQthéo{e de Molière termine cettc^ Pièce.

CÉPÈALE ET FkÔCkïS > Comédie en ttoit Aàés , en Vers libres , fàr Dancàïirt > avec un Prélôgue G* des J3i- . vertijjettiens , Mujh^ue de Giliiers ^u&x Fracçois , 1 7 1 1* j

Ce (ujet a fourni à Daiicourc quelques' Scènes heures- fes, çntr'autres celles Çé^phaie Se Con Confident y tous deux fous des traits empruntes» tnéttehit à Tépreuve la fidélité de leurs femmes. Ni l'un lii Paùt¥e n'ont iWu d'être contents du âiraca^^e^l lùiC N/rnphe les en dc«- dommage.

CERCLE i(ley ou iA SoikÉE a la Aiovi > Comédie en un, Aéie ) en profe y de Poinfin^tyaux FroAçois , i7<^4*

Dîvèrt Aftéurs paroiïTént ftcdeffiveméntfurlk Scène , r Ton* Ce piropoie de repi^éfentaîU ce^^^^l Ce pafle Aztvs Ibs maiiS)ns$ aux vifiteë dii. Qâv, C'eft un ilomtàe de Robç ; c'eiî un Baron , >ujcux Militaire j un Marquis , jeune Co- lonel; c'eft un Poète ; c'eii: un Abbé ; ce font de Petites. JRfbî trèfles , &c. Chà'cui parie ftiivaiit fon âgîé, fon état ^ fon caraâère , dtc«

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CÉZAR URSiiJff 2 Comédie en cinq AâeSy en profe , it le Sage 9 aU Tk'éatre François , 1707.

Ce Kfetos de Roittati renouvelle arec (a filïé , dansïe jardin du Gouverneur de Gaete , les mémfei aventuras q^i lui étoient arrivées à Nagles, & avec les mênkescir- cunilances ; ce,. qui forme un tiflu de Scènes RomanqC- ques , où. toutes les féales du Théâtre (ont violées ) ai«£ que celles de la vrai(embïance.

GHARGE. La Charge en peinture eft la repréfciî- tacion fur iacoilçoule papier, par le pioyen des couleurs ^ d'une perfonne» dans laquelle la vcrké

Pi?

13 1, CHA.

& la reffèmblance exaftes ne font altérées que par Texccs du ridicule. Les Poètes Comiques ont eu fouvent recours à cet Art. Racine loue Arif- tophane de Tavoir employé dans les Guêpes. L^ Juges de l'Aréopage nauroient peut- être pas trouvé bon , qu'il eut marqué au naturel leur avi- dité de gagner les bons tours de leurs Secrétaires, & les forfanteries de leurs Avocats. U étoit à pro- pos d'outrer un peu les Perfonnages , pour les em* pêcher de fe reconnoître. Le Public ne laiffoit pas de difcerner le vrai au travers du ridicule.

Les Plaideurs de Racine, les Fourberies deSca- pîn , le Bourgeois Gentilhomme , Monfieur de Pourjreaugnac , la Comteffed'Efcarbagnas, font pleiijsf de traits chargés. Lorfque Plaute repré- fente un Avare qui feuille fon Valet, examine la main droite , la main gauche , & qui demande la troifieme , Plaute employé la charge. Peut être Molière l'employe-t-il auflî , lorfque Harpagon , qui a vu les deux mains de fon Valet, demande à voir les autres : s'il eût feulement demandé l'au- tre, oubliant qu'il avoit vu la main droite & la main gauche , peut-être ce trait n'avoît-il que la proportion théâtrale. Lorfqu il a perdu fon thré- for , & qu'il s'écrie , je fuis mort y je fuis enter^ y ce dernier mot ^ je fuis enterré > eft ce qui fait la Charge.

L'Art de la Charge confifte fouvent à faire énoncer avec.fimplicité un fentiment que d'au- tres ont dans le cœur , mais qu'ils cachent avec grand foin. C'eftceque fait M. Jourdain , quand îl donné de l'argent au Garçon Tailleur , & qu'il lui dit , yoilà pour mon Gentilhomme > voilà pour

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C H A ^ ijj

le Monfeigneur ; ma foi , /// avoU été jufquâ fAUejfe , // auroit eu la bourfe. Il y a peu d'hom- mes qui trahiflent leur vanité auffi naïvement. Mais cette exagération peint , avec la plus grande force , Tenvie qu'ont prefque tous les hommes de paroître plus qu'ils ne font en effet. La Charge doit mettre Tobjet dans le plus haut degré d'évi- dence , &; jamais ne le rendre méconnoiffable. Ceft le grand fecret de Molière.

CHARIVAKU ( le ) Comédie en un ASle , en Profs , avec un D'îveniffement, par Dancourt > au Théâtre François >

Une Vieille , retirée à la Campagne > fe propofe d'époufer (on Jardinier , & refufc d'unir Àngélioue & Marianne , (es deux filles , à Eraile & à Clitand^ qui leur conviennent à tous égards. Ceux-ci, déguiles en Payfans , prennent, avec Tonclc de leurs Maîtreffès , des meHires , pour obliger leur mcre à (bufcrîro à ce double mariage. Celui qirelle vouloit contraâer en (ecret , & qui fe trouve découvert , la met dans une forte de né- cefïité de confentir à tout. Le Jardinier lui- même ^ trompé par leurs habits , eft charmé d'avoir pour eendres . des hommes de (on efpèce , dt hâte la iignature du con- trat. Telle eft Tintrigue du Charivari , qui doit (bn titre au Divertiilement qui la (iiit.

CHARLATAN , {le) Comédie en deux Aâleî , mêlée d* Ariettes , parodiée du Médecin ignorant , Intermède Italien , par M. de Lsicomèej Musqué de Mm Sody , au^ Italiens ,17^^*

Tracolin efpere (Je réparer , par le produit d'une nouvelle profeffion qu'il vient d'embrafîcr, le déran- gement où (es égaremens ont mis fa fortune & celle de Livie , dont il eft le Tuteur & TAmant , mais dont il n*eft point aimé : il continue à fe livrer à (es réflexions. Ltvic arrive en habit de Simone , ayant une gibecière» Tracolin Ce réjouit de voir que (a pupille a pris le même parti que lui , & en conçoit un favorable augure : maïs il fc trompe ; car pupille n'a pris ce deguifèment

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dUc pôut rct'f oûtèr Oâave qu'elle aîtiie, Lîvîé fait pla- ne\xts toup^ de gH)ecière qui farprennent Tracolih , & lui font eipérer le plus grand (uccès dans nouvelle cntrepriifé : il veut encore parler de (on amour à Livie > qui rebute i qui fort. Kcdé fculv il ft livre au chagrin qiic lui caiife rindîfFcrencé de Livie, Scies remords qb 'il éprouve d'avoir abandonné Julie. Oïdave , déguilé en Valet de Charlatan , vient lui of&ir fes fer- vices , & lui dit qu'il fait contrefaire à merveille Ta- vcugié , Icî boiteux , le muet & le fcurd : il fait » en effet , tous ces rôles ; & Tracoîîn l'e-ngagë dès ce moment. Odave lui offre encore les fcrvicer d'une jeune Arlequine remplie de talens : cette Arlequine cff Julie elle-même ) que Tracolih vient d'abandonner ^ & qu'il ne reconnoit pa^ fous le mafque. Livie & Oôave ft félicitent de leurs fiiccès ; Si après divers éclâircilTc- jnènà, Oâavè époufc Livie ; Se Trâcoiiii retourne à JuiiS

CHARM de la voix, ( U ) Comédie en cinq Aêles , en Vers» par Thomas Ccrneillé, 1653.

n y a quelques fîtuàtionfs heureù es darfs cette Co- jnfcdîc, copiée d après rEfpagîtol. J'ighore quel fuccès ForigtAîil eut en ETpagnc ; mais un amour qui n*a pour objet qù^utie belle voix , ne peut , je crois y intércflir aucune Nation*

CHASSE DUCÉRC, (la) ComiSU en trois Aàes\ en Profe 9 avec un Diverti£èment ^par Le Grand , au Ikéâtre François '^ ijzé^

La Fable d'Aôéori , changé en Cerf par Dîaïic, a foùriii l'idée , la textUre & le déroucm'éni la Cha£e du Cerf r^^ feroit. mieux intitulée > la Vengeance .de C Amour. Ce Dieu fe venge , en effet, de l'indifférence de Diaiie, cala rendant fenfîblc à la çitié. Elle avoit puni Adéoh fbh imprudence ; toucKé'e de conâpafïjoii pour ce ChafTcur infortuné , elle lui rend Ton premier état : l'Amour cfpcré que ce fentiment fera bientôt fuivi d'un autre plus conforme à fes vues , & que \ tôt tara , il réduira la Déeffe fous fon empire. Cette adion prc- fcnte quelques fituatïoris , qui intércfTcroicnt pti^s vire- ment , ou en prévoyait moins les fuitcîs'î c'èfflémfâil?

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C H E lif

keur de tous les fujets cdnnas , à liloin^ qu'on ne les cnrlchiflè par quelques nouvelles citç6n(lances,

CHATEAU DES LUTINS ,(/(?) Opira-Cûniîque en wt ABe , Cy car Ecriteatix , de le Sage , à UF^re S. Ger-- main^ 171 8.

Un Enchanteur ayant enl(:vé KâbéUe , fait garder par Cts Démons dans un Château. Le perè d'Iiabelie confuke une Fée , fur les moyens de retirer fiHé des mains de TEnchanteur. La Fée lui apprend qu'il y a un Talifoian, qui tel, que quelqu'un a la hardiefTe de pafTer la nuit dans le Château, (ans être effrayé toutes les formes d^Elprits qui paroitront pour Tépôuvatiter , (a fille fera délivrée. Le père fait mettre Hir la porte du Château , mille pijloles d gagner* Comme Château cd fîtué Hir le grand chemin , tous les PayHins . lifent rinfcription ; & le père d'I&belle la leuir ext>lique* Arlequin dtScaramoùche (ont les preitiiérs qui t%itent Taventure» Us (eutiennent d'abord quelques appari- tions; mais un Lion & un Ours leur font peiir , &lés mettent en fuite. Enfùite un Petit-Maître pàroSt , avec des airs de Rodomont , qui traite tout cela fadàitè ; cependant , à la première apparition» il abàiidbhné le champ de bataille* Après , vient Un Doéèéur , qui faic rcfprit fort , & devient foible comme les autres. Enfin , paroit un Officier, qui entreprend â fort toui^ l'aveft- ture, non pas pour les mille pifiole^ , mais dans la (eCile vue d'avoir la fille. Comme les Lutins trouvent i celui- ci plus de courage qu'aux autres , ils redoublent leurs lutineries , prennent différente» formés effrayantes , & Tattaquent à main armée. L'Officier réfiûe à tout cela, & ne témoigné aucune peur ; de forte qu'il met fin à l'aventure, délivre la fille , & la dexi\ànac en mariage au père, qui la lui accordé.

CHERCHEUSE D'ESPRIT , ( la ) Opéra - Comiiitte , en un A aie , par Mi Favart ^ â la FoîrçS» Germain^ i7A^* M. Subtil y Tabellion, & Màdatmc Madré, riciTC Permièté , (c commxmiqucrit récîproquefneht le projet qu'ils ont formé de (c rertïarîer, M. SûEftiL a ]cttè les yeux fur Nicette , fille de Madame Madré ; & celle-ci a fait chtiix d^Mîii)!, fils M, Subtilt-ni l'un ni l'autre

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2j< C H E

ne cherchent à fc tromper ; car le TabelKon repréfente â Madame Madré , que fon fils eft un nigaud dont il n'a jamais pu rien faire : la Fermière , qui fait bien qu'en faire , perfifte dans fa demandé , & lui obferve que £à fille Nicettc n'eft qu'une (btte. Subtil dit qu'il rifque moins avec une fbtte , & n'acc6rde fbn fils qu'à la con- dition d'obtenir la. fille Madame Madré , qui confènt i la lui donner, pour avoir Alain : le double Mariage efl arrêté , lorfque Nicette paroit. Elle ne comprend rien 2 la belle déclaration de M. Subtil ; mais (a naïveté ne fcrt qu'à le rendre encore plus amoureux. Madame Madré , qui la brufque (ans cefTe , fort , en lui difant d'aller chercher de l'efprit. Nicette , toute confufo , s'adrcflc à M. Narquois , Savant. des environs, qui ne parvient pas à l'inilruire plus qu'elle nel'étoit, L'Eveillé, garçon du Village , dont le nom annonce le caradère , arrive , & eft prêt à lui en donner y lorfque Finette , ÙL prétendue , paroît , s'y oppofo , & prétend que l'Eveillé n'en donne qu'à elle : nouveau chagrin de Nicette. Alain, qui n'eft pas moins innocent qu'elle, ne peut la tirer de l'embarras elle eft , malgré toute fa bonne volonté , & le défir focrct qu'il a de lui donner ce qui lui manque. Il eft bien joyeux, lorfque Madame Madré promet de lui faire avoir de l'efprit, & veut bien elle-même lui donner une leçon , qu'il fe promet de ré-

f^etcr avec fa fille. La joie qu'Alain fait parojtre , met e comble à celle de Madame Madré , qui fort , tranf- portée, pour aller faire préparer noce & celle de M, Subtil. Nicette , toujours curieufc d'avoir de l'ef^ prit , écoute la converfation de Finette & de l'Eveillé , afin de pouvoir s'inflruire par leurs dilcours , & encore plus par leur exemple. Devenue par-là plus dégourdie » elle imagine d'envoyer fa coufine chez le Tabellion , afin de trouver feule avec Alain. Dès qu'elle l'apper- çoit , elle fc couche fur le gazon , fait femblant de dormir, répète tout ce qu'elle vient d'entendre de Finette , de même qu'Alain tout ce qu*il a appris de Madame Madré. Cette fcène eft interrompue par l'ar- rivée de M. Subtil. Nicette , en le voyant , fait cacher Alain derrière elle , & débarraffe finement de cet importun. L'Eveillé paroît enfuite : Nicette fait cacher Alain chez elle , & fe défait de l'Eveillé : mais tout s'cr

C H E n?

claîrcît ; Nîccttc & Alain , non moins naïfs, mais plus dégourdis > ne font plus myftcrc de leurs fentimcns , 5c du proôc qulls ont tiré des bonnes lei^ons de Madame Madré , qui fe voit contrainte de les unir , & de £c marier plus convenablement en époufant M. Subtil.

CHÉRUSQUÈS, {les) Tragédie de M Bambin, 177** Sigifînar , Prince Chérufque > a deux fils , Arminius & Flavius « l'un & Tautre rivaux de gloire & d*amour. Arminius règne dans le cœur de Tru(helde , fille d'A- Gclindc , Princeife Chérufque» Adeliade a l'ambition de faire couronner Sigifmond fort fils , & l'a déjà fait nommer Pontife du Temple d'Augufte. Varus, Préteur Romain , entreprend d'alfervir ce Peuple , jufqu'alors indomptable , profite de la divifion que la jaloufîe a mife entre les deux frères , Hatte l'ambition d'Adelinde ; & cette PrincelTe , connoifTant la fierté républicaine d'Arminius , promet à Flavius (on frère , de lui donner fa fille , s'il veut la (cconder dans fcs projets. Sigifinar^ qui voit refpérancc & l'appui de (a Patrie dans le cou- rage d'Arminius ,. l'anime à la défenfe de Ton Pays. Ce Héros raffemble £es Guerriers , s'arme contre les Ro- mains , & les attaque. Trufnelde prend un cafque, & va combattre à côté de lui. Les Romains (ont mis en fuite > & emmènent Trufnelde pri(bnnière. Flavius les pour- fîiit , enlevé leur captive , & , par un trait de généro/îté » la ramené à fon frère , ne voulant plus éprouver d'autre amour que celui de la liberté. Adeliode e(l obligée de renoncer à (on ambition ; & Arminius «triomphant ^ob- tient la récompenfè de Tes travaux y par l'indépendance de Patrie & fon union avec Trufnelde.

CHEVALIER A LA MODE , ( /e ) Comédie en cinq Aâle^y en Profe\ par Saint-Yon , fous le nom de Dan'^, court , 1^87.

Cette Comédie tient de F Homme à bonnes Fortunes. Il vrai que Moncade eft plus fat qu'intéreffant, Se qu'on n'en peut pas dire autant duChevalierde ViUe-fontaine. L'induftrie entre pour quelque chofc dans (on caradèrc. On doit (avoir gré à l'Auteur de Tavoirrendu amoureux. C'étoit le moyen d'excufèr , tant (bit peu, le projet de ttcttre à contribution Madame Patin Ôc U Baronne, Le

ijS C M Ë

rolc cic la Baronne cft un peu chargé. Celui it Madame Patin eft très-bien foutcnu. On pèuiToit trouver qu'elli! porte U crédulité jpfqu'à Texcès ; mais peut-être n'cfi* il point tare qu'une femme à prétentions « & ftr le re- tour, (bit extrêmement crédule fur certaine matiereè Cette crédulité a pafTé eii ufage au iThéâtre. Au furplus, la Pièce ta ingénîeuièmeiit conduite ^ & vivement di^-^ loguée.

CHEVAUEH 1SAY4RD, (le) Comédie héroïque en cinq Aéles 5 en Vers ^ par Autreau , au Théâtre François 9 1 73 La candeur , 1^ bonté , la modeÔie , Thumaiiité , for- ment le caradère de ce Héros. Sa tcndrefTe poui^ la pef- fonnç qu'il aime , eft accompagnée des égaras > des blen- féances , des formalités qu'obiervoient (crupuleufement auprès des Dames, les Héros de Tancienne Chevalerie* Cette Pièce cù. froide , ^ a le paroître encore plus dans un temps le Public n'étoit point fait à ce genre ierieux. -

CHEVALIER JOUEUR ,(le) Comédie en cinq A&esy en ProÇêy far Dufrefny , au Théâtre François^ 1697»

Qette Pièce ell , dit -on , l'original du Joueur dt Renardji II y avok (bciété d'efprit entre Dufrclky & et célèbre Comique ; c'eft ce qui détermina le premier à lui communiquer (on Chevalier Joueur , qu'il avoit fort avancé» Renard (èntit le mérite du fujet ; il amufa notre Auteur ^ fît quelques changemens à Pièce , la mit en Vers » &la donna (bus fon propre nom. pufrefny £c plaignit hautement de ce larcin ; mais le Public aura moins de peiné â l'excuser : nous lui devons une des meilleures Comédies qui exîfleut. Au fond , les deux Pièces font à-peu-pr.ès les mêmes. P^ns l'unç & dans l'autre , c*eô un Joueur qui facrifie tout à fa paffiott dominante ; c'c(l une Amante foible , toujours prête à lui pardonner ; c'efl une Prude qui a des vues fur lui ; .c'efi une Soubrette qui n^épargne rien paur le deflervir* lies Valets de ces dejix Comédies ne diâFerent que par le nom ; les deux Soubrettes en portent un tout femblablc; & leurs difcours (ont quelquefois abfolument les mêmes*

CHILP$RIC, Tragédie de Morand y 17 %6.

ÇipUpn ^ypit enlevé U CourQ^qç i ChildérZç» Roi(}^d

CHI 1,9

François. Mo^iarquc déthrôné cfl cru mort; & (on fils Ciovis fuccède à TUdirpateur, qu'il regardoit comme fon père. Geilon ayoit laiile un fi^s véritable , appelle Sigibert , qui y dans le commençenieBt de la Pièce» païïè pour être frère de Cloris, Sigibert découvre lut Ctul le fccret 4c lanaiflance, par le moyen ^c quelques Lettres qui lui tombent entre les mains ; & il trouve le moyen deperfîis^der aux Parttlans de Childéric, qu'il ell Je Bis de ce jRoi malheureux. Son but e(l d'engager los Seigneurs François àconfpircr contre Ciovis , qui , mal-

§ré Tes vertus , ne peut inipirer que de la haine « à caufe e l'erreur l'on eft par rapport à fa naifïance. Albl- zinde , nièce de Childéric , lent le plus violent amour pour Ciovis , ôc fc déclare cependant contre un Prince qu'elle regarde comme le fils du Tyran. Sur ces entre- faites , Childéric arrive & fe fait connoitre i la Prin- ^effe Aibizinde. Sigibert paroit devant (on prétendu pere , qui ne fent pojint , à la vue de cet objet , les mouvcmens qu'excite la tendrelTe paternelle. Cepen- dant « Ciovis eu inflruit qu'il fe forme une conlpiratlon contre lui. On (bupçonne l'Étranger qui a paru à la Cour ; on l'arrête ; on le conduit devant Ciovis ; on J'interroge : il déclare qu'il à Childéric y à qui la Couronne appartient. Ciovis furpris de cette noble har- die fie , 3c Tentant au fond de (on cœur quelque chofe qui lui parle en faveur de Childéric , lui cède généreu- iement la Couronne , & confent â devenir fon Sujet. Sigibert , voyant par- tous (es projets dérangés, excite une révolte. Ciovis part à l'iuflant contre les Rébelles , & porte un coup mortel à leur Chef, dans le moment sue celui-* ci étoit (ùr le point de percer le cœur de Childéric. On trouve les Lettres que portoit Sigibert , & , par ce moyen , on découvre que l' U fur pateur Geilon ccoit (on père , & que Clovis fils de Childéric,

Il faut avouer qu'il y a quelque chofe d'ebfcur dans le plan de cette Pièce ; mais le fujet en eft encore moins embrouillé que celui d'^Héraclius , qui a fervi de modèle à Morand.

CHINOIS y Oes) Conaiie en un Me y mtléf d'Arietret hiiUainet , far M. Naizeon , fume du Ballet dsf Noces

240 C H I

Chinoifes 9 de la compojiiion de M* de Hejjè % du Théâtre Italien^ 17% 6,

Le Chinois Xiao ordonne â fbn Intendant de préparer une fête (omptueu/e pour la noce de fa fîile > qu'il doit

que c eu i £.mpereur qui clave Chimca félicite fa jeune MaitrefTc fur cetliymen ; mais Agéfie lui avoue en confidence , qu'elle craint ce nœud, & qu'elle voudroit bien que l'époux qu'on lui deiline, reiïemblâtau jeune homme qu'elle a vu de fenêtre : il n'avoit , dit- elle , de Chinois que l'habit; & ) fans l'avoir entretenu , elle lui avoit trouvé beau- coup d'efprit , fur les différens tranfports qu'il avoit fait paroître. Dans ce moment , le Chinois dont elle parle y entre par la fenêtre de Ton appartement : Agé/ie paroît d'abord effrayée , ainfi que fa Suivante. Dans le premier mouvement que la peur lui infpire , elle lui ordonne de fbrtir ; mais un fenciment plus doux , qui fîiccède à la crainte , l'oblige auflî-tôt à le rappellcr, Tamtam ( c'cft le nom du jeune Chinois ) prie Chimca de parler pour lui , & dit qu'en France , il a voyagé , le fexe n'eft pas fàuvage. La turieufè Suivante lui demande comment on fait l'amour à la Françoife l Tamtam répond que G^ MaîtrefTe veut le permettre , il va l'en inf- truire» Agéfîe va s'afîeoir , & prend le thé. Tamtam commence par prier Chimca d'intérefTer MaitrefTc en fa faveur, de lui bien peindre fon amour; & pour l'y déterminer , il lui offre une bourfe , qu'elle accepte après quelques façons. Chimca inibuit Agéfîe du feu âont un jeune Amant brâie pour fès charmes , & lui de- mande la permiflîon de l'introduire auprès d'elle : ?> £h » bien, dit Agéfîe, il peut paroître 3». Tamtam s'ap- proche , s'incline devant elle , & dit a Chimca de fe tenir à deux pas ; enfuite il fe tourne vers fa Maitreflè» & lui peint l'état de l'Amant qu'il repréfente : la Pièce finit par leur mariage»

CHINOIS POLI EN FRANCE , ( 2e ) Parodie en un jiâle du Chinois de Retour , Intermède Italien , par M. Anfeaume^ à la Foire S* Laurent y 17 V/n Médecin Chinois a deux filles qu'ilveut marier

C H I 24,4

le même jour. Cts deux fœurs {ont d'une humeur toute contraire ; Tune eft férieufe 8c extrêmement raî(bnnablc. ; Tautre tA vive & diflipée. La première a un Amant qui ctt de retour d*un long voyage qu'il a fait en France ; la féconde deiHnée à un Chinois ^ave & pofé. Zaïde ^ c*eil le nom de la première , ne voit qu'avec peine com- bien le (ejour que Moureddin a fait en France lui a gâté rcfprit. Eglé , au contraire , eft enchantée des ma- nières Fran^oifès ; ôccUc ne demande qu'à changer fon Amant contre celui de^ià fœur. Celui-ci , qui 1 1 irouve trop diffipée , confent à ce changement, qui eft auftl du goût de Zaïde : le double mariage £è fait, au^ré de tous les Intéreilës.

CHIRONOMIE. Mouvement du corps , mais fur- tout des mains; fort ufité parmi les amciens Co- médiens» par lequel, fans le fécours de la pa^ rôle , ils défignoient aux Speâateurs les Etres penfaiis , Dieux ou Hommes , foit qu'il fàt quef* tion d'exciter les ris à leurs dépens, foit qu'il s'a- gît de les délîgueren bonne part. Cétoit auffi un. figne dont on ufoit avec les enfens, pour les aver- tir de prendre une poftuee de corps convenable. C'é;oit encore un des exercices de la Gymnaf- tique.

CHŒUR. Morceau d'harmonie comf)lette, à quatre Parties ou plus , chanté à la fois par toutes les VOIX, & joué par tout l'Orcheftre. On cherche dans les Chœurs un bruttagréable & harmonieux^ qui charme & remplifle l'oreille. Les Françoi^ paflent, en France , pour réuffir mieux dans cette partie , qu'aucune autre Nation de l'Europe. Le Chœur , dans la Mulîque Françoife , s'appelle quelquefois grand Chœur, par oppodtiôn au pé- m Chœur* qui eft feulement compofé de trois Tome L Q

^42 C H O

: Parties , fcavoir /deux-Deffus & Haute-Contfc qui leur fert de BafTe. On fait,de tems en teiTis,en* tendre féparcment ce petit Choeur, dont la dou- ceur contrafte agréablement avec la bruyante har* monîe du grand. On appelle encore petit Chœur", à rOpcra, un certain nombre de meilleurs inftru- mens de chaque genre, qui forment comme un petit Orcheftre particulier autour du Clavecin & de celui qui bat la mefure. Ce petit Chœur eft deftiné pour les Accampagnemens,qui demandent le plus de délicatefle & de précihon. Il y a des .Mufiques à deux ou plufieurs Chcpurs , qui fe ré- pondent & chantent quelquefois tous enfemble. On en peut Voir un exemple dans TOpéra de Jephté. Maiscefte pluralité de Chœurs fimultanée, qui fe pratiqua aflez fou vent en Italie , eft peu jufitce en France ; on trouve qu elle ne fait pas un brïtn grand effet h que la compofîtion n en eft pas fort facile , & qu'il faut un grand nombre de Mu- lîciens poiu: l'exécuter.

^

Chûsur, fignifie Un ou plufîeurs Adeurs qui font fuppofés Speûateurs de la Pièce , mais qui témoi- gnent de tems en tems la part qu'ils prennent à r^dion , par des dîfcours qui y font liés, fans pourtant en faire une partie eftèntielle. Le Chœur, 'chez les Grec$ , ccoit une des parties de quantité xie la Tragédie. Il f e partaoeoir en trois parties , qu'on appelloitParodos^Scafîmbn & Commoi. /Vy^^ ces mots*

La Tragédie n*étoît , dans fon origine , qu'un Chqsur qui chantoit des Dithyrambes en Thon" neur de.Bacchus» fans autres Adeurs- qui décla-

6 H- 0. 14)1

nia(rent.Therpeis,.pour fouUger le Choeur ^ ajouta un Adeur qui fccitoit les aventures de quelque Héros. A ce Perfohnage unique , Erçhy.lc en ajouta un fécond , & diminua les Chapt? >p:9ur donner plus.d*éten.due au Dialogue.. On npmma Epifode

. ce que nous appelions aujourd*hui Aâîes, & qui jfe trouvoit renfermé entre les CHants.du Ghœur* f^oyeiEvisoDtiSc AcTt,. , ;

Mais quand la Tragédie eut commencé à pren- dre une meilleure farine* ces Récits puÉpifodies, .qui n'avoient été imaginés que comme un accef- loire pour laiflèr repofer le Choeur, devinrent eux-mêmes la partie principale du Poëme Dra-

. niatique, dont, à fon tour, le Çhçeur ne fut plus que Taccefloire. Les Poètes eurent feulement

. 1 attention de ramener au fujet ces Chants qui , auparavant , étoient pris de fujets tout différens. Il y eut,dès-lor$ unité dans le Spectacle. Le Chopur devint partie intéreflee dans Tailion,

. quoique dune manière plus éloignée que les Per- sonnages qui y- çojncouroîent. Ils rendoient la Tragédie plus régulière & plus variée j plus régu* liere* en ce que , chez les Anciens, le lieu de la Scène étoit toujours le devant d*un Temple* d'un

.- Palais, ou quelqu'âutre endroit public^^ Tac- tion fe paflant entre les premières, perfonixes de r£tat, la ^raifemblance exigeoit qu elle eût beau- coup de témoins , qu elle intérefïat tout un peu-

^ pie y & ceç témoins formoient le Choeur. .

De plus y il n eft pas naturel que des gens inté-

. «xeffcsà Taâion , & qui en attendent j*iuiLie. avec

;. Âqppatience , reftent toujours fans (rien dire. La ràilon veut , au contraire, qu ils s'cntrçtiennent de

Q ij

^

à44 . . C H 6 ^

ct^i "vitm ic fe pafTer , de ce qtfils ont à crâ^n- dte ôti à efpcrer, lorfqiie fés principaux Perfon- ttâgei , tïi ceflant d'agir , leur en donnent le tems 5 ifctftft àùflî ce qui foïfolt latnatiere des chants du Cliofelil:; îh ccrntributoïeftt encore à la variété du SpéSàcle parla Mufique & THarmonie , par Icstyatifes f &t. Hs etl augmentoient la pompe par le nombre des Adeurs , la magnificence & la

' divcrfité de leurs habits ; & l'utilité , par les inf- t'ruftîons qu'ils donnoient aux Speftateurs. Voilà quels étoîent les avantages des Chœurs dans l'an- cienne Tragédie 5 avantage que les Partifans de l'âtitiquiié ont fait valoir en fupprimant lés in- convéniens qui en pouvoient naître. En eflfèt, ou h Chteut parloÎTjdanS les entr'Aftes,dé ce qui s*é- toit palTé dan^ les Actes précédens , & c'étoit une

- tép^étîtion fatiguante ; ou il prévenoit ce qui de- Voit arriver dans les Ades fuivans, Se c'étoit une

annonce qui pouvoit dérober le plaifir de la fur- prife ; enhn il étoit ctrangfcr au fujet , & par

- conféquent il devoit eilrtuyér. La préfence conti- nuelle du Chœur, dans la Tragédie , parpît encore plus Impraticable. L'intrigue d'une Pièce intéref- fatite^exige d'ordinaire que les principaux Afteurs ayent des fecrets à fe confier , Se le moyen de dire

' fon fecret à tout un peuple? Comment Phèdre, dans Euripide , peut-elle avouer à une troupe de

' femmes un amour inceftueûx, qu'elle doit crain- dre de s'avouer à elle même? Comment les An- ciém confervôient ilsfi fcrupuleufement unufage il fujet au ridicule ? C'eft que le Chœur étant l'ori- gint de la Tragédie , ils étoiént perfuadés qu il dévoit eh èttt ia bafe»

Le ChoçttT >: liuift. Jtacbirpotc àj^^dian ^ p^fMîlçic quelquefois 4an5. Iç5 5cèiie5 par UBpucïii^.dç fyn Çhqf appelle Cboçyphèè» Dans les întqri^^cfes 5.il doïinpit le ton au xefte du Çhasui: v qui rempli/'- foi t par fes chants tout le tcnis fjue les A.4kei)r» n'étoieiu point fur la> Scène v ce, qui augfnearçit la vraifemblance ^ U continuité aèl^aiSaiu

Outre ces Çhams qi|i tiparquoîeat \^ diyifipa des Aâes, les Perfonnages du Chœur accornpfi- gpoient quelquefais les plaiowsôc Icsrcegrejs des Ailleurs fur des ^çcideR& funeftes. arrivas. dan&T le €ours d'un Aéle > rapportJfonde fur Fintérçt cju'^q peuple prend ou doit pçeadre aux ix^^lhçurs de lonPrioce, .. ; .::i.r; i

Daos la Trage^je rxiot^qpp^ * on ^ fuppi;W les

iQÉi^s , fi aous en èxçeptQnsrAi;haliç &rèft^r

de; Racine » & T^l^e 4? de YoJtaire. tçsyîo- fons y fiAppI^ent^ Q*^ ^ Wâtpé ce^ 4qri)içr ^fagen^i Pte à la Tr^gqdiç, unp p^e :4e ftOr îi}l|^^ trouve JSridicple. q^e V^ion «a^quçToir ç^^ fafpçn^ae par d«5^^0rwei;4p M wque in^ruriiQn. taie. )[,f gra.ad GorpcAUe r^jpoad à ces ol^j^jons , que cet uface a„éic çratli MUC dcumer; du repos à

pendjjnt çiaq Af3tes,^,&.a'€;ft poima,Ç^ «j^feée

J Ipng^^t&roê i^^utt dîws. PP& çntr'Aûi^^ que dens

^ Iqs^ entr Açlfils 4eçi Ç i^jGo;^ éijoirpjus

' pr^renteà fçfpriç^qilL^eqiâfiil^^ cofl?{y,tjiiic^.diÇ la

Tragédiç njioderne e(V de? iip point ayorr dtç Çt^^^rs

(gjrTç'theâtije, au wpins- pea4f ftt^ (qv^e-l^ Wc«e^

Qui ^

-Vè^èr àVêfc :qirel art Racine & W. de Voltaire les

; ôht introduits m n'y paroît qifà fon to,ur,[& feulerhéht lorfquMl eft: nëceifraïré a Taftion , bu tjU'il peut Contribuer à f orrremënt de la Scène. Le Chceuf ferbit abfolumerit 'déplacé dans Bajazet, dàii$ MhTitfdate , dansBritannicus , & géhéfafe- mem'dans' toutes lés Fîccés dont l'intrigue n'eft

' fohdce'qùe fur les intérêts quelques Particu- iiers. ^ - 'QaaSnê Ghœur ne feîCoit que parlei* , un feul

'patlôir pour toute la troupe ; vàyei Chorip'hee : -mais quandïl chantoitybn entendoît chanter en-

' ferrible tdûsf teux quf càirrpbfoiënt le Chœur. î.e

nombre des Perfonnages monta jufqu à cinquante

pèi^ohnés tnniais Efchylè'âYant^&^ d^ps '

' lîn de ces Choeurs une troupe FSirie^ qui par-

côuroientla'^ Scène àveC des Aàmbeaax allumés ,

' ce £péftadé!fit i;iaht d*inrfprèffion , que d^s encans

' €h itibtttiirent de - ftay éur , & que des ferrimes

'l5âns' fkComédié amyçnnë^ il Y aVoît un Chœur

^Ue Foïï rtttoroôhr'ëïex/Ce tfétôit d*abcrrd qû'jj[a

" P4î^fôhrtàgé^q^^ ffai:fo5t'dians1ies entr'Afte^*. .On en

' âjcmtït fuceeflîvemenr ' deux , puis troU, Scenén

- tâhi ; tjùcf ter tomédres anciennes n'éioient pref^

' <jûé qtf lî Chœttt perpétuel , qui fëifoît aux Spec-

taftTlfô àés'leçpriS^W lie fe

co rifîh refit ' * p^s^ ' tcM jbi^rs ;^a'tié ces bor Hes. ^ I^es

Chœurs furent èortiporcs bù'iie Perîôniia^ës^ faty-

riques V' bu de ' Përfonnages qui recé^rb5:^rit des

traits de fatyre , qui rejailli (Toient îndii:eàemént

fui: les principaux Citoyens. L'abus' fût p'otti fi

. loin en ce genre , que les Magiftrats fupprîmerenc - les Chœurs dans la Comédie; & on n*€în trouve point dans la Comédie nouvelle.

CHORÉGE. Cétoît un Magiftrat d'Athènes,cHatgc du détail de la Repréfentation des Pièces Drama^ tiques. Il y en avoit dix ^ autant que de Tribus^ La Tribu lui dohnoit une fomme conWérable ; mais il étoit prefque toujours forcé d'y ajouter. Lôrfquil choififlToit une Pièce, on difoit qu'il donnoit le Chœur, c'eft à-dire qu'il foiir ni (Toi eau Poète des Adeurs , des Danfeurs , des habits , Se tout ce qui étoit nécéflaire pour la Repréfenta- tion Théâtrale. Chaque CKorégecherchpit à l'em- porter fur fes Emules j & Thoaneur de la préic- rence réjailliffoit fur fa Tribu. On étoit fier de cet avantage comme d'une viftoire. Plutarque die de Thémiftocle, qu'il vainquit faifant lei font- lions de Chorége » & qu'il fit dreffèr un mqnu- , ment defa viâ:oire , avec cette infcription î 7%^- mifiocle Phréarien étoit Chorége \ PhryméUs fài^ foit repréf enter la Pièce ; Aàamant^ préfiioit. Cette Magrftrature étoit un grade qui conduifoic

aux grands honneurs de la République*

'.. - , - '

CHORYPHÉE. C^étoit celui qui ctoità k tciè du Chcéur. Tous les Perfonnages du Chœur chan- toient à la fois ;^mais lorfqu'il s'agiffoit de parler, c'ctoit le Choryphée feul qui portait la -parole.

ÇHRI SANTE Tragédie de Rotrou , 1 6^0.

Cette Reîac de Corînthe , prifonnîere des Romains ; eft confiée aux fbîns de Caffie qui la déshonore. Elle demande 8c obtient 1^ tête de ce Romain , la porte au

Qiv

24« C ï D

Roi (on épeux 9 & ft perce à (es yeux d'un polghard. Le Koi , qui avoit fpupçonné (a fidçJité , punit auifi lui- même de ce fbupçon injurieux. Toutes ces Scènes (an* glantes , quoique (butenuès parla fierté Romaine , qui caraâérife les Chefs de l'Armée , ne laifTent pas que dp déplaire par des traits peu conformes â nos mœurs ^ Se qu*il eût été bon d'adoucir , même au fîécle de Rotrou*

CHRYSÉIDE ET ARIMAND y Tragi-Comédie de Mai^ ' ret , tÎTée du troifiéme Volume de rAjhée , i6:o.

Cette Pièce, que l'Auteur compofa à dix-fept ans, a

tous les défauts a'un ouvrage précoce. Nulle conduite,

nulle exaâitude,nul développement , nulle vraifèmblan-

ce* Arimand & Chryfë'ide , nouveaux époux , font faits

captifs par Gondebaut^ Roi (l'Auteur ne dit point de quel

P^ySf ) Chryfëide lui échappe ; on ne fa^ comment Ari-

mante eH lui-même délivré par fbn confident qui rcilc

"^rifômner à place , & qui , bien«tôt , le rejoint , ,

iàns qb'oii fâche comment. Tous deux font obligés de

fuir ; Si Çhrvfiïde retombe entre les mains du Roi. £lle

,cil conduite a l'Autel , il veut lui donner la m^in»

Alors elle s'empare du couteau fàcré , & s'attache ^u

coin du tombeau des deux Amans. L'Auteur nous lailfe

«deviner , pourquoi ce tombeau qui trouve proche de

.. l'Autçl» a droit de franchi fè. Arrive cependant l'époux

Ghf yféicje. Il réclame lès droits , I: implore la géné«<

rofîté de Gondebaut , q}ii lui rend femme & la li«

terté. '

CID j (le) Tragédie de Pierre Corneille , ï6i6,

7<>l|it çfl remarquable dans le Cid ; fes défauts & fè$ beautés fbrtent de la claflè ordinaire ; mais Ips beautés l'emportent infiniment fur les défauts. Jamais Tragédie n'eut un fqccès éclatant. On fait quelle guerre elle occafjonn^ dans l^ Littérature. D*un côté , on voyoit Cor* neiUe & toute la France ; de l'autre , Claveret , Mairet, Scùdéry, etc. Mais en même tems, on découvroit daus. le lointain le redoutable Cardinal de Richelieu , pres- que auffi occupé à abaiflèr le Çid , qu'à humilier l'Au- triche. On compte plus de vingt Critiques de cette Pié^:e j Se la plupart , fi on en excepte ceUe de l'Acadé--

CIN 149

xnîe FnnqoKc, ponrroient paflèrpour des libelles» L'A- cadémie ne prononça q[u'à re?ret ; & Corneille ne (e fournit que par compiai(ancei Le rôle de rinfante.eocié- rement épifodique & très-Iuperflu * a été Supprimé. «Ce changement adopté depuis piufîeurs années par les Co- médiens , Touyrage du fameux Poète Roulfeau.

C/NN/f » ou la Clémencs d'Auguste^ Tragédiede Pierre CorniUle j 1636.

Cinna CvLtvit Horace ^ coracne Horace avoit Hiivl le CW« On a condamné ce, début â! Emilie :

Impatiens déflrs d'une illufire vengeance , &c.

On ne peut douter qu*Emilie ne (bit dans tune (Ituatton violente v & c'eft le cas du monologue. Il eft encore cer- tain que le caraâère de fermeté que lui donne Corneille»^ ne lui permet point de confier fès irrén)lutions à Futvie; mais il n'efi pas moins vrai , que la métaphore n'e/l pas le fiyle de la douceur, 8c qu'Emilie la -prodigue un peu trop. C'cû un défaut qui (c trouve dans prc/que toutes les Pièces de Corneille. Son génie élevé le portoit fouvent à la déclamation. Le perU)nnage de Livie , que les Comédiens ont Hipprimé d'eux-mêmes , eft aufllînui*^ fîble dans cette Tragédie , que celui de l'Infante efl inu- tile dans le Cii. Livie , par Tes con^ils , d'abord com- battus , & bien-tôt (ùivis par Augufte y lui ravit tout le mérite delà clémence. Porter la critique plus loin , ce feroit un excès. Il étoit plus permis i Corneille de faire de grandes fautes , qu'à (es fucceflèurs d'en £iire de petites. Cinna , malgré Tes défauts 9 pailèra toujours pour un chef- d'œuvre* On n'y trouve ni iituations pathétiques , ni ca-* taftrophe fànglante;>^ toutefois l'effet de cette Pièce efl prodigieux* Ailleurs, Corneille nous émeitt ou par la terreur * eu )pâr la pitié ; ici, c'efi radmiration feule qui nour, tranfpprte.

CINQUANTAINE , (la)l?afQràle entx$U 4$es^ far MM. P^oht aines & de h Boriè ^ 1771

Colin , jeune garçon , ipus la tutelle ^u Bailly 9 aime

Colette , dont Germain , vieux Fermier y & Théodofe

' Ik femme , prennent (j$ir^f L'Amant preffe ; le Bailly ie

trouve trop jeunç.tubi^ > nevçu de Oermain ^ annonce

i

ijo ' C I R

Sue (es Vieux pirens vont renouveller leur mariage fait epuîs cinquante ans. Les Villageois & les Villageoifes prennent part à cette Fête. Colin & Colette preiTent Germain d^étre favorable à leur amour; & les jeunes gens obtiennent enfin le confèntement du Bailly.

CIRCÉ , Tragi-Comédie de Thomas CoTneille ^ t67%.

Ce fut en (bciété avec Vile , que TAuteur compofâ cette Pièce , prifc dans le quatorzième Livre des Méta- morphofcs d'Ovide. Elle a été remifè au Théâtre avec un Prologue de Dancourt , & paroît aujourd'hui être ou- bliée. C'eû le fort de tout Ouvrage qui n'eH que mé- diocre*

CLARICE , ou VAjuovk Constant , Tragi-Coméite , en cinq Aâles yen Vers , p<zr Kotrou , 1^41 > imitée de Hta- lien de Sfor^a d^Oddy.

Un jeune hommcAmant de Clarice , ne peut l'épou- fer , à cau(c de l'inimitié qui eft entre (on père & celui ^e Maitre(re. Cet obflacle lui fait naître l'idée de (e dégui(cr , & d'entrer, en qualité de Valet , au fervice du père de Clarice ; mais la nouvelle qu'il reçoit de la mort

, de (on père , lève toutes les difficultés , & il époufe Maitreue. Un Doâeur & un Capitan , (îiivis de deux Valets aufllî originaux que leurs Maîtres , ne cèdent d'é- gayer une intrigue intereflànte par elle-même, & quieft dans le vrai ton de la Comédie*

CLARIGÈNEy Tra^i-Comédie de Duryer^ i (^3 1. Clarigènej fait naufrage , & arrive à Athènes* Il porte le même nom qu'un Pirate, qui, depuis deux ans, a enlevé la

. fille d'un Sénateur .de cette ViÙe. Le Sénateur fait ar- rêter Clarigène -, comme le raviflèur de (a fille. Le frère de la Maitrefie de Clarigène , pour fervir (on ami , fe p.ré(ente devant les Juges , & (c dit le véritable Clari- gène* Pendant, que les Juges cherchent à découvrir -la vérité du fait , le Pirate Ciar^ène revient à Athènes avec le fils du Sénateur , qui s étoit embarqué pour le. chercher*^ Tout termine par un double mariage»

CLARIOblTE y oïL LE Sacrifice Sanglant^ TragU Comédie de la Cahrenede y 16^7, ' .

Clarlonte , fils ou Prince de Corfe , obtient Rofimene, fille du Roi de Sardaignc , en mariage* En retournant en Corfe , une tempête fait échouer (bn YaifTeau dans

CLE lifi

" -rHIe de Majorque* Les Habicans rarréteht à caufe de la beauté , attendu qu'un Oracle leur a ordonné de fàcrifier tous les ans le plus bel homme qui (e pourra - trouver. Mélie, fille du Roi de Majorque, qui en de- vient amoureufe , obtient que la vie de cet infortuné (bit confervée pour Tannée (ùivante. Pendant cetcms, Ro- fimene qui croit Clarionte mort ^ lui drefle un tombeau dans- une forêt « ou elle s'eû retirée. Xlïependant elle ap- prend que Clarionte n*a point été fàcrifié ; mais que ce nr n^éme fera- xrelui de .fà mort : elle déguife en nme , & vient s'offrir pour lui. Mélie > également tra- . veûié en fait autant. Dans le moment que le grand Sacri- 1 ficateur prêt d'immoler Clarionte , on vient avertir . le Roi de Majorque , que {on IHe efl prifê par TArniée Navale des Corfes , commandée parFlamidore y frère .^ de Clarionte. A^ors le Grand.-Prêtrepronpnce.çefecond Oracle , quf annonce la fin du (ànglant Sacrifice :

Lorfque , pour expier vos criities y

On verra trois belles, Viâimes; . _ ^Difputer un honneur dont la mort efi le prix y Vous (ercz (bufagés de vos peines fcuflFertes j .

Et voua réparerez vos pertes : En ce point Seulement votre fort efi compris

* ... *.J... -A X .

La réunion de Clarionte & de Rofimene vie mariage « de Flamidore avec Méli&,a: l'abolition du {àftigl^nt Sa« crifice , terminent cette Pièce , qui peut avôtr eu quel- que fiiccès par lés événemens dont elle eft remplie ; ornais qui n^en pas moins follement imaginée , mal arrangée 9 & foiblement verfîfiée. Ce iUjeiP eft -ic Tin-. . ▼ef^ion de la^ Cajpreîifi^ç* . ' . *

CLÊ ARQUE , TY^ÂifD^HÉRACLÉSyTraiédU de Madame

' deGomeiy \i\f. " '

Cléàrque s'eft emparé de la Ville d'Héraclée v & s*cn

eft feit déclarer Roî^^Patmi le nombre des Sénateurs qu'il -veut (àcrifiec à |bn.anibttfon & àià Cùxàtàr^ Anilgeneft>

Chef du Sénat d'Héraclée , qui s'eft le plue oppolé à ^ tyrannie. Lorsqu'il eft pkèt à périrV fit fille Àriftophilc ' ic jet'te au-dévant du xbup qu^on veut lui porter. Cléar- '^que devient amoiiwwix- d'Atiftophile $ (iif^rid Varrêt de MQoct contfe A^i^^e »& promet de Ittirreadt^ non-

»5^ CLÉ

fcnltmcnt It liberté , mais encore de lui donner «ne place con/idérabledjins r£tae, fi Âriâopbile conftnta rcpoufer* La Pièce cçnunence par l'arrivée de Léosii- daSf Général de TArmée de Mithridate , qui « fous pré- tcJLXc d'une alliance avec Cléarque , forme une confpl- leation contre ce Tyran. Ce projet s'exécute ; Cléar<{ue cfi trahi par StratQcle , qui commande dans la Ville fout fes ordres ; & il efl mailacré par les G)n(pirateurs. An- tigène recouvre fa liberté ) de Léonidas « qui a^ime Arif- tpphile & qui en eft aimé, époufë cette jeune pcrfôn^e.

ÇLÉOMÉDON y Tragi-Comédie de Duryer , i ^ 5 5-

CléomédoR eil un Efclavc que £â valeur fait parvenir au Doint d'éj^ou(er la fille d'un Rot» Il efl recpnnu pQur le nls de ce même Roi , mais d'une ai^tre féfnme <]ue- celle dont il a eu la fille que CUomédon épo.ufç. M. du Tillet, dân% fon Pamaffe François y cite Ici Vers i^i- vans) tirés de cette Pièce ; .-::

Et conyn^ un jeune cœur eUbientdt enflammé , Il me vit , il m*aima ; je le vis. ^ je raimé.

Ilaurolt pu y joindre ceux-ci qu^ font du ménie cou- plcta

Il donna (a fox ; je lui donna? la mienne, ' M feignit d'être mien ; en effet je fus fîenne ; £t ma facilité lui fit bien voir alors »

Sue qui peut tout ûxt ramié^: a beaucoup furie coif éUs'i «omme Pamourtoute choft fnrmAnteï Dirais je fans rougir ce que je fii fans honte f ila pudeur lui c^; je contentai Tes v<èux ; Et lo can&ntement n^us matia tous deux*: . . u

Avant que d'être reconnu pour le fils du Roî , 0&- inédon demandftà ce Prince ,.pour prixde ft& exploits,, ÛL fille aînée «n maVîage : le Roi la Iw^ réfufe , mais çn

inéine wn$. Mi 9Sxt h «nain M la c^4ette avè<5 dies

rçç9iiip'çnf«^di8n.ç5 Vhonnço^rquf il lyi yeut/^CT* > ÇlÉOJMTBiKUf^ ilfoiiTj9jpc> Tragédie io iii GAn-

l/amWtiw.iiémefurée de £léopacte , Paveuglc amour

. 4* Antoine V VwtaçJtement fincèrc dTOâavie , la fidclùé

tfèrw > & ia politique d'Ôâavefibntici exprimés avec

kcauwipjdç. vérités Le Pqrfianpage d\Agtippa ttt'cA)Bas

C L O aj}

fans art, Oâave dont il tient la place , n^auroit pu U. remplir avec alTez de majeftè , lans faire tort au rdle d'Antoine , qui cft lie principal de la Piéctf, Les Scènes ^'Antoine iavcc Cléôpatrè font pathétiques : on y remar- que parfaitement le trouble & Tagitation de ces deiiJC PeffonnageS. Ceû dommage que la rcr(îficati»n n*/ •réponde pas fuffi£kmhient. En général , on trouve, dans cette Tragédie , des fentimens , des fituation^ , Se de beaux endroits 9 tels que difcription de la bataille d'Adium.

CLOCHETTE , ( fa ) Comédie en un Aâle , Vêts y mi* lée d* Ariettes s par M* Anfeaume j mufique de M, Duny , à la Comédie Italienne ^ 1766^

Colinette > jeune Bergère, aimée du Bercer CoUiu Nicodèmc 9 vieux & riche Fermier , aime également Colinette. Les deux Amans Ce font confidence récipro- quement de leurs (èntimens pour la jeune fiergere, Gms prévoir leur rivalité ; mais le Vieillard eff bien-tôc mâruit de (on fort: Colinette lui déclare qu'il ne doit pas prétendre de l'époulèf . Elle a élevé un Agneau qui fait fes délices : il porte au cou une petite clochette, (iil- pendue à un ruban que CoUn ayoit donné â (a Bergère. * Nicodéme a détourne cet agneau* Colin Ta trouvé dans I4 cachette , Nicodème le retenoit ; il s'en eft Gàà ^ 9c revient muni de la Clochette , avec laquelle il fais courir le vieux Fermier de buiflbn en buifibn. Ap^cs avoir été bien fatigué , il a enfin le chagrin d'être/ écon- duit , & de voir Ion Rival couronné des mains de THyr men*

CLORINDE , Comédie tn cinq AéleSf en Vers y par Ro- trou<9 i6)6,

Clorinde congédie Céliandre , pour réprouver.* Cé- liandre joue l'indifférent & le volage, pour ramener Qo< rinde. Les dédains , les froideurs , la trifleiTe , les plain«

tes les occupent quelque tems. Ils voudroient qu'on les remit bien enfèmble ; mais leurs confidens les trahiflent* Ils s'aiment de trop bonne foi , pour ne pa$ s'épou(èr i

. la fin de la Pièce , fîx Amans fe trouvent liés , on ne (çait coipment , à une querelle qui ne les intérefle , ni eux, ni les Speâateurs. On fe rencontre ; on (e dit det douceurs & des injures; on quitte;, on revient; on fiiit l'amour en paflant ; & Ton s'epouîc en in-j^rompttt#

154 C O C

CLOTJLDÉ , Tragédie de F Abbé Boyer , i6^9i

Deuthère , veuve du Comte de Beziçrs , par un Bfio- tif d'ambition, brouille avec Clid^mant , qui fbupire pour elle depuis long-temps. Par m'ajhpur, cet Amant irrité , devenu fbn mortel ennemi , eft le favori de Théo- bert , Roi de Metz , que la Conwefle comptoit. épouftr. Oefl la haine irréconciliable que ces deux perfonnes font jurée mutuellement, qui produit tous les incidaiis de cette Pièce.

COCHER SUPPOSÉ ,{le) Comédie en un ASe , en Prvfei par HauterocJie^ au Théâtre François , i68i.

pans cette Pièce , tirée d'une Comédie Efpagnole »

l/ifidor oublie Julie pour Dorothé, & fait entrer Moril- le , fon Valet , en qualité de Cocher , chez M. Hilaire, oncle de ïa nouvelle Maîtrefle. Julie > infiruite de

: cette intrigue , (c venge d'abord ^ 8c ie raccommode énfuiteavec (on infidèle. Morille joue le plus beau rôle; êc la Scène Julie veut pafTer pour fa femme , fèroit tirtiverlèllement applaudie , ïî M, Hilaire , qui croit les

^ réconcilier, ne poufibit les chofes auffi loin qu'elles peuvent aller dans la réconciliation d'un mari avec ia

femme.

, '. . '

COCQ DE VILLAGE j (le ) Opéra-Comique en un AAe » , pat M. Favart y à la Foire Saint-Germain , i743»

Pierrot, reflé feul dans le Village , par rabfence des

* autres garçons , que la guerre a enlevés , eft aimé de Madame Froment , riche Fermière , & eft encore aimé

. de Ge?o , de Mathurine &tle Colette ; mais il n'aime que Thérèle, Il arrive , chargé de rubans & de bou- quets que lui ont donnés toutes les filles du Village , & ie plaint de leur perfécution à (on oncle le Tabellion. Celui-ci imagine de faire une Loterie d'Amour , dont pierrot fera le Lot. Les filles tirent ^rafzx ; mais les veu- ves n'y font admifes qu'en confîgnant une (bmme pour le mariage du jeune homme qui n'a point de fortune. Le Tabellion arrange fi bien les chofes , que Pierrot tombe àThérèfe.

COCU IMAGINAIRE , {le). Comédie de Màli-re^eH unA6ie y en Vers j x^5ô.

G O E 15c.

Le titre (cul de cette Pièce la fcroit profcrîrc aujour- d'hui. Un Philofophc bel Efprit , fertile en paradoxes , a prétendu que nous n'avions jamais acquis la décence qu'aux dépens des mœurs. 11 oublie donc » qu'en fait de moeurs , la décence extérieure eft déjà une vçrtu[; & que fi Licurguc permit aux -femmes de s'en écarter, ce fut^ ' pour corriger un \icc. beaucoup plus dangereux; vice dominant chez les févères Spartiates. Je reviens à^la Comédie de Molière» qui eH corredement écrite , & ren- ferme une maxime dont il fèroit bon , pour la tran - quillité des ménages , que plus d'un mari voulût pro- fiter: >^

Et quand vous verriez: tout , ne croyez jamais rici.

œEFFEUSE A LA MODE ,Cla) Comédie en cinq Mes , en Vers , par à'Ouyille , 1 64^.

Acàfte , Gentilhomme de Lyon , Amant de Doro- thée , Demoiselle de cette même Ville , fe bat en duel avec fbn rival , le tue, & conléquemmcnt eft obligé de fe (auver , poui>éviter les pourfiiites de la Jufiice. Doro- thée feignant de vouloir pleurer fi)n malheur dans un Couvent , y fait entrer une Suivante , fous Ton nom , *& fe rend incognito à Paris , dans le delTein d'éclairer les adions de (on Amant , & , favoir s'il lui eft fidèle. Elle apprend qu'il cft aimé de Flore , jeune Pari/icnne » qui, malgré fierté affedée , & la prévention elle cfi , que tous les hommes (ont trompeurs , n'en eft pas moins Coquette , & devient amoureufe d'Acafie dès la première entrevue. Pour rompre cette intrigue , & éprouver (on Amant , Dorothée fe préfente à Léonor , célèbre Coëffeufe , en qualité de fille de -boutique. L^ traits de cette nouvelle Coëffeu(e , femblables à ceux .de la demoifelle de Lyon , font la même Impreffion fur 'le cœur d'Acafte. Il eft étonné que , conlervant toujours la même ardeur pour fa première MaitreiTe , il ne puiflè défendre d'aimer celle-ci. Dorothée, qui prend plaiiir à fon inquiétude , l'augmente encore , en lui infpirant des (cntimens aufli vifs pour une certaine Angélique , *lous le nom de laquelle elle déguife le (îen : le person- nage d'Hélène , qu'elle ioue enfuite avec le même fuc- cès, lui prouve qu'Acaâe n'aime voiqueincnt que ùl

1S6 COL

perfôflne* C'cft rembarras de ce dernier , qui aîme tou- jours le même objet , fous des noms & des états difFé- rens , qui fait le nœud de la Pièce. Elle eu terminée par le mariage d*Acaâe & de Dorothée,

COLIN MAILLARD , (le) Comédie en un AScj en Pro-

Je , a^ec un iivertï£ement , -par Dsmicoun y eux François y 1701.

La Scène Eralle feint d'être amoufetix deQaudine» pour obliger JVlathurin à feeonderréirafîon d'Angélique, des plus ingéniéufèment imaginées & traitées.

COLONIE y (la) Comédie en trois Aâles , en Profs , pré- cédée d*un Prologue y par M% de Stdnrfbix > au Théâtre François^ i74P*

Le fond du Hi jet, porte en partie, fur tin ancien ufage. Il faut remontçr julqu'au tems des AfTyriens. Ces peu- ples avoient une Coutume également /inguliere & ingé- nieufè pour faciliter les mariages. On aficmbloit tous les ans , dans un même lieu , les filles en âge d*ëtre mariées. Elles étoient miles à prix ; & ce prik etoit pro- portionné à leur degré de beauté. L'argent qui provenolt de cette enchèreiferyoit à marier les plus laides. C'efl la méthode que le Gouverneur de la Colonie fuit dans cette Pièce ; mais Valere , amoureux & aimé d'Hen- riette, fe trouvé par -là expofé i la perdre. Il n'efl pas le plus riche de la contrée ; & Henriette cft déclarée la plus belle. Il Ce détermine à vendre 1^ meilleure partie de fon bien, pouf racheter fa MaîtrefTe ; il s'agit de dix mille piailres, Frorttîn & Crifpin , Tes deux Valets , imaginent un moyen de lui faire rentrer cette fomme* . Criipin trâvefti & déclaré , fans peine, la çlus laide fiJlc de la Colonie* ( C'étôit feu PoifTon qui jouoit ce rôle. ) Les dix mille piaflres font adjugées à Crifpin ; irais foiis condition qu'il époufera Ruftaut,Payran , qui a fauve la vie au Gouverneur, &que ce dernier veut récompenfer. Cette fîtuatîon, quoiqu'un oeu grotef^ que, eft certainement très-diveftiffante. On parvient enfin à dégoûter Rufhiut de ce mariage ; il y renonce , moyennslnt deux milles piaflres.

COMBATS DU C<EUR. On n'entend pas ni ces

délibérations

C O M xii,

délibérations tranquilles fe balancent de grands intérêts de fang-froid , & avec toute la liberté de l'efprit & de la raùon. Mais on énrend pluy particulièrement ces chocs violens de paiffions •» qui fe combattent réciproquement, ces cruelles ir- réfolutions du cœur, placées entre deux partis ég^ lement douloureux pour lui. Ceft de cescoml^cs que natr la chaleur del'aâton théâtrale & le pa- thétique des mouvemens* Pour affùr^i: T^fFet de ces fortes de combats , il eft néceflkire qu'ils ré-^ fuirent de roppôfirion dii devoir avec le pen- chant, ou de roppofitîon d'un f>en^hant avec un ^uere également vîoleilit. Il feue qîïê Talternative n'ait point de milieu , & que le$ deux intérêts foient ijic6mpâtifbles î que le Cid lailfe fou f ère deshonoré , oii qu'yl rue cebi de fon Amante. Il faut , de plus, que les deutintérctsmfe^n oppèfî- tîon , foient affèz forts pôûi^ balancer , & aJTèz grands pour être dignes du combatr qu^ils' fe livrent ; que le parti le plus vertueux foit auilî le plus violent & le plus pénible pour la nature^ & qu'enfin le Perfonnage intérefTant fe décide pour le parti le plus vertueux , & qui exige de lui ua facrifice plus coûteux à fon cœur. On ne peuc mieu3c faire fentïr la vérité de ces réglée , que par des exemples. Nous en rapporterons «a idt-

Dans Ip'higéni'e , Aga'rricmtton ,' Ghèf la Flotte Grecque armée contre Tfoye , eft ihftrwic par un Oracle , qu'il-faut qu'il facrrfie fa fille pour obténii^ fes ^'ent^ favorables , fanslefqnel:^ la Flotte lie peut fôrriï de l'AûfHde ,* elle eft arrêtée par un calme qui la confume inutilement. L-intérêt de rArmce , & tous les principaux Chets,, la gloire même d'Agamemnon , femblent, exiger ce

Tomt L R

15» . C O M

cruel facrificc. Mais Tamour paternel s*y,opj)ôfc. Voilà la fource des combats les plus déchirans <ïue ce malheureux père va éprouver durant toute Ja Pièce, tantôt vis-à-vis d'Ulyflè, vis-à-vis d'A- <hille promis à Iphigcnie , tantôt vis*à:vis de Clitemneftre fa femme , vis-à-vis de fa fille & de lui-même^ Le foin de fa gloire , Tintcret de la Nation , robciffance aux Dieux , femblçnt Ta voir <léctdé d'abord pour le facrifice : déjà il a rappelle £sL fille ab fente avec fa mère > fous prétexte de célébrer fou hymen avec Achille : mais la fçntant approcher, fon amour fe réveille en fon.cœur ; & les combats de fa teadrelfe commencent à fc faire fentir par ces vers :

JHa £iie ^ui s^approche & court à (on trépas , Qui , loin de foupconner un Arrêt G févcre , ^

Peut-être s'applaudit des bontés de (on père; Ma iîile •. .ce nom feul dont les droits font û (aints > ^a jeuneiïe , mon (ang , n*cft pas ce que je plains. Je plains mille vertus , une amour mutuelle , Sa piété pour moi 9 ma tendreiTe pour elle , , Un re(peâ qu'en (on coeur rien ne peut balancer* £t que j'avois promis de mieux récompenfèr. Npn , je ne croirai point , ô Ciel! que ta juiHce Approuve la fureur d'un d noir (acriiice*

11 envoyé au-devant d'elle pour Pengager elle &Ta mère à retourner fur leurs pas j Se cependant il prend la rcfolution de congédier l'Armée , Se de renoncer à la guerre de Troye.Ulyflè s'efforce de le ramener à fon premier parti. Ce qu'Aga- hiemnon lui répond marque bien la violence qu il jfe fait à lui-même. Il Tattaque par fon proprf coeur :

Ah ! Seigneur , qu'éloigné du malheur qui m'opprime^ Yo^re coeur aUement u. au>jitrc oagnaaime !

C O M . 2^5i5

Mais que vou3 voyez. , ceint du bandeau mortel , Votre fils Télémaque approcher de l'Autel » Nous vouS verrions » troublé cette afFrcufe image j Changer bientôt en pleufs ce fuperbe laugage , Eprouver la douleur que }*éprouve aujourd'hui j> ' Et courir vous jetter entre Calchas & lui* Seigneur^ vous le lavez , j*ai donné ma parole , E^ h ma fille Vient , je conféns qu'on l'immole . ; ?

A peine a t-il prononce ces mots , qu'on yienfi lui apprendre que fa femme Se fa fille font arri^ vces au Camp. Quel nouvel embarras pour malheureux père l ^cn entrevue avec fa fille doic lui déchirer .rame. Elle Taccable de refpeâ;s& da tendreflès. Il parole trifl:.e& fombre. Il ne fait s'il doic lui apprendre eu lui cachec.fon fort> Safill^ lui dit i

Calchas , dit on , prépare un pompeux facriiîcct . 11 lui répond:

PuifTé-je auparavant fléchir leilr injuflice !

I P H I G. \

L'ofFrira-t-on bientôt ?

A G A M.

é

tlutot que Je veU3t;

1 t* H I G.

Me (ei*a-t-il permis de me joindre à vos voeu jc ? Verra-t^-on à l'Autel votre heureufe famille î

Adam* Hélas!

î p Ht I G,

,-. . Vous vous uifêz: ! ^

A G A

Vous y Ccrct 9 ma fiUc# > Adieu»

Rij

« ^ •■* >* # ; «•

hfo C O M

(^f lie fent & n approuve en foi le combat a£S:eux de fon coeur, la violence extrême qu'il fe &ît daqs ce moment pour retenir fes larmes f Ses perplexités , fe& allarmcs» fes déchiremens , ne font que croître ainfi à mefure que le tems du facrifice approche. Ce qui met le comble à fa dou- leliV, c'éft qu il faut qu'il difpofe lui-même & fa fille ^ & fa femmie , & Achille > Amant d'Iphigc* nie yi à^ confen^^ir âu factifice , qu'il redoute etl- cose plui qu eux tous. Le dernier combat qu'il dîme eft vîîs^à-^ vis- it lui^ même :

Que vais- je faire? Pûh-rc le pronoitcei* cet ordce languinairc ? Cruei f à^ quel Gombat faut-îl: te préparer f

8uel efl cet ennemi que tu leur vas livrer î ne Mère m'attend , une Me te intrépide , Qbî défendra* fbn (àng contre un Perc hoinîcîde. Je verrai mes fbldats , moins barbares que moi^ Refpeâer dans fes bras la fille de leur Roi, Achille iious men;ace 9 Achille; nous méprilè : Mais ma fille en eflelle à mes loix moins fbumife IVla fille , de TAutel > cherchant à s'échapper , Gémit-elle du coup dont je la veux frapper ? •Que dis-jef Que pi étend mon fàcrilége zèle ? Quels vœux , en Timmolant >. formerai- je- (ur elle î Quelques prix glorieux qui leurfoient propofés , Quels lâuriefs me plairont, .de (on fàng arrofés î Je veux fléchir des Dieux la puiflànce (upréme. Ah! quelsDieux me leroient plus cruels que mbi-nàifmc! Non^ Je ne puis» Cédons au fàng , à l'amitié , Et ne rougifïbns plus d'une jufle pitié. Qu'elle vive. Mais quoif Peu jaloux de m^ gloire, Dois-je au fuperbe Achille accorder la viâôire? Son téméraire orgueil, que je Vais redoubler. Croira que je lui cédé & qu'il me fait' trenibler* De quel frivole foin mon e^rit fc'embarrafTe ! Ne guis-jejpas d'Achille humilier l'audace i Quetea: fille', ^fes yeûx> foit un fujet d'ennuj ^ U l'aiuiç. £Ue vivra pour ua 4utre que lui;

C O M tSi

. Il envoyé chercher la Reine & ïphlgénîe , êc cependant il continue:

Grands Dieux, votne Jbâino Pcrftvere à vouloir Tarraclicr de mes mains. Que peuvent devant vous tous les foibleè humains? Loin de la (ecourir , mon amitîé Topprime, Je le (àis. Mais , grands Dieux , une telle viâime Vaut bien que , confirmant vos rigoureufes loix , Vous me la demandiez une féconde fois.

Il fe décide , en attendant , à la faire évader. On peut voir, par cette analyfe, comment doivent fe conduire les combats du copur. Les régies ftef* crites ci-defïîis font ici parfaitement fuivi^i. Voilà l*amour paternel opppfé à Tordre des Dieux Se à Tîntérct de toute une Armée. Comme Roi , Ata- memnon doit immoler fa fille à la caufe jMubli- que : commç Père , il ne peut y confentir. L'ioté- rêt de fa gloire & Tintérèt de Ql tendreflfe font dignes de fe balancer mutuellement. Il n'y a point non plus de milieu à Taltçrnative *, ou il faut qu'il s*expofe au murmure de tqute ta Grèce 8c à font mépris , ou qu il perde fa fille. Enfin , il fe décide pour le parti le plus vçrtupux. L'intérêt de fou cœur doit cédeç à l'intérêt général : mais il ne s'y décide qu'après avoir cherché tous les moyens pofEbles de fauver fa fille. Enfin il veut ^vi moin$ qujp rOraçle lui demande ce factifice une féconde fois. Ceft la feule reffoucce qui lui refte. Mais tout le Camp s'oppofe à fa fijii;e. AiChiUe, fon Amant , veut Tenlçvçr malgré elle & malgfé lès Grecs. Elle refufe. Elle eft conduite à l'Autel , malgré les eflfbrts & les cris de fa mère; & c'eft-là que rOracle à double fens s'explique, & qu'elle cfl: fauvce«

R ii)

fj6t C O M

CpMÉDIE. L^ Comédie eft l*5miratîon des moeurs, mife en aftion : fon objet eft la cotre dion des mœurs qu*elle imite. Le principe de la Comédie ^ft la malice naturelle aux hommes. L*enfant qui n'^ft frappé que par les défauts extérieurs , les tourne en ridicule. en les contrefàifant. L'hommç fait, qui apperçoit des travers dans le cœur ou dans refprit des autres hommes , les met en évidence Je plus qu il eft poflîble. C*eft de cette difpofition à faifir le ridicule, que la Comédie tire fa force te fes moyens. Mais il faut que les travers qu elle îmite ne foient ni aftèz affligeans pour exciter la conrÉçaflîon , ni aflfeï révoltans pour donner de la haine > ni alfez dangereux pour infpircr de Tef- firoi. Lcvice n'appartient à la Comédie, qu'autant qu*il eft ridicule & méprifable. Si Molière a rendu leTartufleodieux aucinquiemeAâe.c'eft, comme on l*a remarqué , pour donner le dernier coup de finceau à fon Perlonnage,

La Comédie , au moins telle qu'elle eft mainte- nant parmi nous , eft donc la repréfentatîon naïve d'une aûion ordinaire, mais plus ou moins atra-- chante, delà vie civî)e , intriguée de manière à ménager des furprifes & à faire fortir le carac- tère des principaux Perfbnnages pour le plaifir Se rinftruftion des Speâateurs.

Cet art,fde faire fervir la malignité humaine à côrreAion des mœurs , eft prelque auflî ancien que la Tragédie , & fes commencemens ne font pas moîn^ groflîers. La Comédie ne fut d'abord qu'un tiffii d'injures adreflces aux Pafïans par des Vendangeurs barbouillés de lie.Cratcs, a Texem-

Flç d'Epicharmus & de Phcrmis , Poètes Siciliens , éJçv^ fur un Théâtre plus décent > & d^ns un

C O M i(f^

ordre plus tcgulier. Alors la Comédie ^prh pour modèle bTragédie invemée pat Efthylé -, & c*eft- proprement l'époque de ranciertne Comédie Grecque^ On la dlvife en ancienne , 'moyenile & nouvelle. Elle fut-d'abord une Satyre politique & dvile, les Perfonnagès étoient nommés. Ce fut la Comédie' ancienne. On interdit enfuite cette licence aux Poètes , qui fe contentèrent de dcfigner les objets de leur cenfure. Telle fut U Comédie moyenne. Enfin cette reflource leur fut encore interdite , & Menaîîdre , ainfi que les Poè- tes fes Contemporains 9 cherchèrent à întéreflèr le Speéfcateur par Une intrigue attachante & par la peinture des raœur$ générales. C'eft ce quon ap- pelle la Comédie nouvelle. Ce fut cette efpéce de Comédie que Plante & Térence offrirent aux Ro- mains. La Comédie dégénéra enfuite à Rome > de il faut pader au quinzième fiecle, pour en voir la renaiflance en Italie. Des Baladins alloîent de ville en ville jouer des Farces, quils appelfoient Cch- hiédies , dont les intrigues tans vraifemblance , 8c les fituations bifarres , fervoîent qu*à faire va- loir la Pantomime. Italienne. Il eft vrai que quel- ques AjAteurs diftingués, comime le Cardinal Bi- biena & Machiavel , firent des Comédies d'après le. bon' goût de T Antiquité. Mais ces Pièces ne fe joupienr que dans la Fête pour laquelle elles .étoient faites; & tesComédiéni ofoient à peine les rifquer fur leurs Théâtres. On peut reprocher à la Scone Efpagnole les mêmes défauts ; mais les Pièces étoient mieux intriguées» & plusinté- reflàntes. Les François , jufquau Menteur de Pierre Corneille , ignorèrent ce que c*étoit qu'une Comédie. Eofin Molière parue & furpafTa tous les

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Poeces âihdcos 3c moderi^es; Ses Ouvrages rénfer- ; incAt; we Pojcticjuexompletre fur la Comédie. La Càrnédie eft* donc cqrnpôfée ^es mcôies parties que la Tragédie , c'eft à - dire Expofi- tion, NœudyDénoueiTient. f^oyei chacun de çes,(noss^ £lle çft.fçjtwpire; aux mêmes régies , aux unités de* tem^L* 4e Ueu » d'a<9tion , d*in- térêc 5 de deflcir>. ,//çytf{ ces mots. Les moyens fbuls font di^rens. Voy^^^, les mats Com i qu e ,

RlRp THEATRAL, RipiCj?I.E V CARACTgflBi EpI-

.so»EiÏNt|LiGUE, Q\\ divife .ordinairement la Co- médie en. deux çfpéces , la Cpwdie d'intrigue & la Comédie de cara<3:çr*e.

h^ Cpipédie d*intnigue eft icelle l'Auteur place fes Perf^nnages dans des fitMations bifàrres & plaifan.te^ qui naii]&nt les unes des a^aes , fuf- Q^;^çt que . î .

P'un fecrci , tout à coup, la vérité çonmic^ * : I Ctiange tout , donne à tout une £a.ce imprçvue «

ij:'an[>ène le DcDOuenjeqt*

On peut diflinguer deu» fortes de Comédies

Dans la première efpéce ^ auccbn des Per fonna- . ges n'a deuein de crayerfer rad:ipn qui femble devoir aller d'elle-même à fa fia , mais qui néan- moins fe trouve interrompue par des éveiieraiens que le pur hafard (emble avoir amenés, Cette forte dHntrigue^ft celle; que doit prl>- à\\\xt yn plus grand efitt, parce que le Speâa- teur , indépendaminent de fes réflexions fur l^art du Poète , gft bien plus flatté d'imputer les obfta- . des qui furviennent , ^ti caprice du hafard ^ qu'à la malignité 4es Maîtres ou des Valets. Amphytrioa eft le modèle des Pièces de ce

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4^tire« Il ofire une aârion que les Perfonnages n'ont aucun deflèin de craverrer. Ceft le hafard feul qui fait arriver Sofie , dans un moment Mercure ne peut le lai (1er entrer chez Amphy- trion. Le déguifement de Jupiter produit ijne brouillerie entre Amphytrion & Alcmene. L*fic- tion eft toujours conduite ain(i jufqu'au moment .oi\ la préfence des deux Amphytrions amène le dénouement , & oblige Jupiter à fe déclarer. Il ne manque à cette Comédie , que la (implicite dans le principe de Tadion. Celui des Menechmes eft encore plus vicieuîc. Les Efpagnols ont un aflTez grand nombre d'intrigues cette efpcce. Leur chef-d'oeuvre eft une Pièce de Calderon, intitulée la Maifan à deux Portes. Lés François ont très- peu de Comédies en ce genre.

Dans la féconde efpéce d'intrigue , beaucoup plus commune, tous les incidens font prémédités. G'eft, par exen^pfe , un fils amoureux de la per- fonne que fon père veut époufer , & qui imagine des rufes pour arriver à fon bu t. G'eft une fille qui^ étant deftinée à un homme dont elle ne vîeuc point 9 fait agir un Amant 9 une Soubrette ou un Valet pour détourner fes parensde l'alliance qu'ils hii prppofent , & parvenir à celle qui fait l'ob- jet de fes défirs. Ici tous les évenemens font pro-r duits par des Perfonnages qui ont deflèin de les Élire naître -, & fouvent le Speétateur prévient CCS évenemens , ce qui difninue infiniment fon plaifir.

Mais de tous les inconvéniens qui font atta- chés à cette efpéce d'intrigue , le plus confidéra* ble eft le défaut de vraifemblance , défiiut qu*fen- traipent les déguifemens & la plupart; des rufcs

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employées en pareil cas dans les Comédies.

La féconde efpèce eft la Comédie de caraûèrc ; c'eft celle qui eft la plus utile slvlx mœurs & la plus difficile. Elle ne reprcfente pas les hommes comme le jouet du hafard, mais comme les vidtimes de leurs vices ou de leurs ridicules. Elle leur préfente le miroir & les fait rougir de leur propre image.

Dans la Comédie de caraâère TAuieur difpofe fon plan de manière que les fituations mettent en évidence lecaraûère qu*il veut peindre, & arrache au Perfonnage Texpreflion du fentiment qui le domine habituellement : Incidens , Épifodes , tout fe rapporte à cet unique but,

L'Avare de Molière paroît Peflfbrt du génie en ce genre. L'Auteur préfente Harpagon fous toutes les faces. Il le place dans les circ()aiftances les plus Jihportantes de fa vie ; au moment il marie fon fils & fa fille , & o\^ il veut fe marier lui- même. L'Avare paroît querellant & fouillant un Valet qu'il congédie. Il tremble enfuite pour fon tréfor , éc craint que fes enfans ne l'ayent en- tendu , & ne croyent qu'il a de l'argent caché. Il veut marier fon fils à une veuve riche , fa fille à un homme âgé qui l'époufe fans dot; & il fort enfin pour aller voir fon uéfor. Il le repré fente enfuite comme un Ufurier prêtant à un intérêt énorme. Chaque mot qu'il dit dans la Scène avec fon fils , eft un trait de caraâère. Harpagon ter- mine cette Scène humiliante par ces paroles :

Je ne fuis pas fâché de cette avenir e\ & ce mefi un

avis de tenir Pœil plus que jamais fur fes avions.

Dans la Scène avec Froline , il montre

toute la dureté d'un Avare qui n'aime ni fenrune

ni enfans j toujours de bonne humeur quand on

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luî parle de lui , reprenant fon aîr fombrc dès

Î[ue Frofine loi demande quelques fecours. Toute à léfine paroît dans les Scènes il parle des ap- prêts du dîner qu'il veut donner à fa Maîtrefle , dans celle Cléandre lui arrache une bague dont il fait préfent à Marianne malgré Har- pagon. Il perd ehfutte (on tréfor. Il accufe toute la nature ; & obligé , pour le ravoir , de confentir a,u mariage de fes deux enf^ns , il ftipulc que pour les noces on lui faflè faire un ha- bit , & retourne voir fa chère caffette. On voit par cet expofé , que T Auteur a pris dans les vices attachés à Tavarice , tous les incidens qui fervetit encore à faire fortir le caracSbère d'Harpagon , & qu'il a rapproché avec un art admirable tous les événemens qui pouvoientle développer.

On peut remarquer , à cefujet,que quoique la Comédie foit une imitation des niœurs , cette imi- tation , pour devenir théâtrale & intéreffante , doit être un peu exagérée, f^oye^ Charge. Il eft bien difficile , en efïèt , qu'il échappe en un Jour à un feul homme , autant de traits d*avarice que Molière en a raflTemblés dans Harpagon. Mais cette exagération rentre dans la vraifemblance , lorfque les traus font multipliés par des cîrconftan* ces ménagées avec art. La perfpcâ:ive du Théâtre exige un coloris fort & de grandes touches , mais de juftes proportions , c'eft-à-dire , telles que Tœil du Spectateur les réduife fans peine à la vérité de la nature. Le Bourgeois-Gentilhomme paye les titres que lui donne un complaifant Mercenaire \ x:eft ce qu'on voit tous les jours. Mais il avoue qu'il les paye;c'eft en quoi il renchérit fur fes modèles. Molière tice d*un Sot Taveu de ce ridi-

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cule, pour mieux faire apperce voir dans ceux qui ont refprit de le diflîmuler.

Il eft une autre force de Comédies qui font en ' même tems des Pièces d'intrigue & decaradère, c*eft- à-dire, que Tintrigue en eft aflez forte pour mériter le nom de Pièces d*intrigûe , & que les caraâères font ailèz marqués, pour s'élever en quelque forte à la qualité de Pièces de caraftcrc. De ce genre font plufieurs Drames dont Tinirigue eft attendri(Tknte.

Le Comique de Caraftcre fuppofe dans fon Auteur une étude confommée des moeurs de fcri fiecle,un difcernement jufte & prompt, & une force d'imagination qui réunifie, fous un feul point dévoue , les traits que fa pénétration n*a pu iaifir qu'en détail. Ce qui manque à la plupart des Peintres de Caraâère , & ce que Molière pof- fédoic éminemment , c'eft ce cotip-d'œil philofo- phiquc qui faifit non-feulement les extrêmes , mais le milieu des choies. Entre THypocrite Scé- lérat, on voit l'Homme de bien qui démafque la fcélératcffe de l'un, & qui plaint la crédulité de / l'autre.

Molière met en oppofîtion les mœurs corrom- pues de la fociété & la probité farouche du Mi- îanthrope. Entre ces deux excès paroît la modé- ration d'un homme du nionde , qui a les moeurs douces , qui hait le vice & ne hait pas les hommes. Quel fonds de Philofophie ne faut - il pas , pour faifir ainfi le point fixe de la vertu ? G'eft à cette préciGon qu'on reconnoît Molière ; & c'eft elle feule qui peut donnera ta Comédie ce caradère de moralité qui la rend utile aux hommes.

Souvent ua caraâère n'eft point zSéi fort pour

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fournir une aftion foucenue. Les habiles Peintres les ont groupés avec des càra&èrês.dominaiis, ou ils ont faic contrafter placeurs de ces petits carac«

tères entr*eux.

Souvent ils en ont fait des Comédies en uu Adke * telles que rEfprit de concradidion, le Ba- billard, &c. _ . t

Les Comédies d*un Aâe font auflî anciennes que notre •Théâtre. Ce n'étoit d'aboçd qa une Chanfon groflîère » dont quelqu Ââeur enfariné venoit régaler le peuple après la repréfentacion d'une Pièce férieule. Les Gros-Guillaume , lesjo- delets , les Guillotgorjus y mêloient leurs bouf^ fbnneries ; & il fe trouva des Auteurs plaifans, qui voulurent bien y mettre la main en les Uant par une efpéce d'adion exprimée le plus fouvent en petits versi c'eft ce qui s*appelloit la Farce, f'^oye^ Faucb. L'impredioii nous en a confervé quelques* unes.

CoAtÉDiE HÉRoïquE. Ou appelle de cc noni une Pièce dont Tintrigue , purement romanef-' que, eft dépourvue de ce comique qui provoque le rire , & dont le dénouement heureux ne coûce ni de fang aux Perfonnages , ni de larmes aui Speftateurs. Ce genre fe loutient par des avea- tures extraordinaires , des bravades , des fenti- mens généreux. Il fut fort en vogue avant Cor- . neille. Dom Bernard de Cabrera , Laure perfécu- tée", & plufîeurs autres Pièces , font dans ce goût. Ces efpéces de Comédies furent inventées par les Efpagnols, Il y en a beaucoup dans Lopès do Vega. Ce genre mitoyen peut avoir fes beautés. D. Sahche d*Arragon & T Ambitieux de Def* couches ibnt des Comédies Héroïqacsi

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CoMtDIES LvRiqUJtS. yoye:^ OpeUA - CoMÎQ.ÙÉrf

Comédies Métaphysiq^ues» On entend par ce mot 1 des Pièces Ton introduit des Perfonnà- ges Allégoriques , propres tout au plus pour le Poème Epique, mais très-déplacés fur la Scène ^ comme la nouveauté , Toccafion > &c. On â quel- quefois eu recours à ces Perfontiages , pour faire lacenfurede quelques ridicules, cju'ort n*auroit pU fans cela expofer fur la Scène \ mais le bon goût a profcrit ce genre , qui même n'en mérite pis le nom. I^oyei Personnage On donne auffi ce nom à Quelques Pièces , dont le Dialogue eft re- cherché , maniéré , fubtil , & dont les Perfonha- ges ont des fentimens faux , qui ne conviennerii point à des êtres réels.

CoMCÉDiA Itauca. f^oyci Latina Com(Edia«

CoMÉi^iE -Ballet. On donne ce nom , au Théâ- tre François , aux Comédies qui ont des Inter- mèdes , comme Pfiché , la Princeffe d'Elide , &c, Feye^ Intermedï. Autrefois & dans fa nouveau- té ^ George Dandin & le Malade Imaginaire étoient appelles de ce nom , parce qu'ils avoient des Intermèdes, Au Théâtre Lyrique, la Comédie- Ballet eft une efpéce de Comédie en quatre /des , précédés d'un Prologue. Le Carnaval de Venife , de Renard, mis en mufiquepar Cam- pra,eft la première Comédie- Ballet quon air repréfentée fur le Théâtre de TOpéra j elle le liic en 16 99.. Nous n'avons dans ce genre que le Carnaval & la Folie ouvrage de la Mothe , fort ingénieux y & très- bien écrit > donné en i?©^..

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qui foît refté aa Théâtre. Cet ouvrage n*eft poiac copie d'un genre trouvé. La Moche a manié fon fujet d'un^ manière originale. L'allégorie eft le fonds de la Pièce j & c'eft prefque un genre neuf qu il a crée.

Comédies Larmoyantes. yoye:iCouiQ^h Lar.-

MOYAHT. '

COMÉDIE DES COMÉDIENS , (la) Pièce en cinq Aâieî^ en Profe , &* en Vers. Les deux^^remiers Ââles > en Profs « . forment proprement la CoAiÉDi% des Co.yuÉDiBNs; les trois derniers en Vers , font une 'Pajlorale , dont on voit le précis au mot Amour caché par L'A^ouR^par ScU"^ déry^ 1^34,

Une Troupe établie à Lyon , fait mille efforts pour avoir des Speâateurs. M. de Blandimare arrive , trouve à la porte le fîcur de Belle-Ombre , Comédien dégourdi'^ qu'il reconnoit pour ion neveu ; & à cette occafîon , il invite toute la Troupe à un fouper , qui termine le pre-» mier Aâe. On parle au (îrcond , de jouer la Comédie *, 8c M. de Blandimare , enchanté du ton dont on lui décla- me une Eglogue , entre dans la Troupe. Le Théâtre change de décoration ; la Pafiorale commence.

COMÉDIE DES COMÉDIENS , (la) ou P Amour Charlatan^ Comédie en trois AâleSy en Profe^ par Dan* Cêurt y avec des airs de Giliiers , aux François^ 17 iq.

Ceft une cfpéce d'Apfibigu , l'Auteur s'eft propolé de réunir les deux genres de Comédie Françoi(e & Ita- lienne. Il y a coufii une (brte d*intrigue , dont le bue efl indiqué. C'eû d'obliger un Bourgeois à figner le mariage de (a fille & de nièce avec deux Comédiens. Les divertiflemens qui divKenf les Aâes » n'en forment pas le moindre mérite»

COMÉDIE SANS COMÉDIE, (la) en cinqAâesy en Vers ipar Quinault^ i^54»

C'ed un compofé de la réunion de quatre Spedacles di$^reiis > d'une Paibr^le y d'une Comédie dVnç Tra-

171 C O M

gédic y & d'uD« Pièce à machines. Ce derniers Aâc a pour titre j^traide , Tra^i Comédie. C'cft le même fujet qui a depuis fourni à Quinault la matière de fbn chef- aoenvre Lyrique, On trouve ici hL plûpstrt^s fituationt de cet Opér;\ , mais non pas It àiétnê geàie*

m

COMEDIENS On donne ce nom en général aux Afteurs & Aûrites qui montent fur le Théâtre, & jouent des rôles , foit dans le Comique y foie dans le Tragiques dans les Speôacles Ton déclame : car à TOpéra on leur donhe qiie le nom d'Afteuts ou /.drices , Danfeurs , Filles Chœur, &c.

Nos premiers Comédiens ont été les Trouba- dours , connus aufiî fous nom de Trouveurs & Jongleurs: ils écoient tout à fois Auteurs & Aâeurs , comme on a vu Molière , Dàhcourt , Adontfleury , le Grand , Sec. Aux Jongleurs fuc- cédèrent les Confrères de la Paflîon , qui repréfen- toienc des Pièces appellces Myftères , & c*étoit cffedivemènt les Myftcres de la Religion Chré- tienne. Vinrent enfuite les Troupes de Comé- diens , qui font ou fédentaires comme les Comé- diens François , les Comédiens Itàfiens établis à Paris , & plufieurs autres Troupes , qui ont des Théâtres fixes dans plufieurs grandes Villes du Royaume, ou qui courent les Provinces, & vont de Ville eu Ville , & qu'on nomme Comédiens 4c Campagne. II y a lieu de s'étonner de la manière différenijc

gdont les Grecs & les Romains traitèrent la pro- fefîîo.n de Comédien : elle fut honorée dans la Grèce à un tel point , que l'on choifit quelquefois, parmi les A éteurs' célèbres , des Ambafladeurs de la Rcpublkjué. Chez les Romains , au contraire ,

les

Icà Comédiens turent fi fort avilis » qu'ils étôîenc dans une efpcce d'incapacité de s'obliger en I Jufticè , ayant la permiflîon de rompre à leur

l' gré tout engagement fait fous caution , & même

\ avec ferment-

L'Angleterre , de îlotf é tems , n*a point fait difficulté d'accorder à la célèbre Olneld , uti tombeau à Weftminfter , à côté de Newton ic <les Rois.

En France , les loix & Topiniort font moins fa- vorables aux Comédiens -, FEglife Romaine les excommunie , & leur refufe la Sépulture Chré- tienne , s'ils n*ont pas renoncé au Théâtre avant leur mort. Ces foudre^ \ lancées dans un tems oj\ de miférables Jongleurs repréfencoient des Far- ces, aullî ridicules que fcandaleufes , comtnae- rent de frapper un Théâtre , qui eft devenu Tc- cole des moeurs & des vertus, La fonAion de Comédien exige de la figure , de la dignité , de la voix 9 de la mémoire, du gefte, de la fenfibilité^ de l'intelligence , de la connoiflance même des mœurs & des caradères \ en un mot , un grand nombre de qualités , que la Nature réunit rare-* ment dans une même perfonne»

Peut-être feroit-il à fouhaiter qu'ils ne fuflènc

ni Âmbafiàdeurs , ni enterrés auprès des Rois »

ni avilis , ni excommuniés ; qu'ils fufiènt des Ci«

toyens obligés d'avoir des mœurs, & jouiflant

d^une confidération proportionnée à leurs talens,

COMÉDIEN-POÈTE ylU) Pièce compofée d'un Prologue en Profe^ d'une Comédie d^un Aâle^enVerSyïrd^ une autre en quatre A6ies t auffi enVers ^ par Montjleury % i«î75.

Le premier Aftc i\i CQm(iica'PQët9 n'a nul rapport

Tomf /. S .

i74 . COM

avecceux qui lefûivent. Damon » fils d'un riche Négd^ cîant , profite dcrabfence de fon père , pour difliper let trcfors aont il l'a laifîe le gardien : il (c plaît , fur-tout , a donner des Fêtes & des ^peâacles. On prêt à pré« fçntcr cbcz lui un Qpcra y lorfque fon pcrc arrive fubi- tement. Tout le inonde (e cache » excepté Criipin., qui veut perfùader au vieux Damon , que fa mzifon n'eft plus habitée que par des Démons Quelques Danleurs » déguîfés en diables , achèvent d'effrayer le Vieillard & J'enlevcat. La repréfentation eft ruppcf^e interrompue par un Comédien qui refufe de jouer fon rôle ; il par- vient même â faire fubflituer à la Pièce commencée » une Comédie de fa compofîtion. En voici le fujet.

D. Fafcal , frère d'Angélique , revient d*un long voyage , accompagné de certain Chevalier , qu*i] defline pour époux à fa iœur. Mais elle eft prévenue en faveur de D. Hcnrique , & voit fon choix approuvé par une tante qui l'a élevée. On fait ufage d'un flratagcmc qui tend à rompre les projets de D, Fafcal. Il n*a jamais vu ia foeur ; & un Valet déguifé en fille lui efl préfenté fous le nom d'Angélique, ^.es extravagances & la figure bi- farrc de cette prétendue foeur , dégoûtent Chevalier. D. Pafcal , qui prend la véritable Angélique pour une Soubrette , hâte fon mariage avec D. Hcnrique , qu'il ne croit pas d'un rang fort fupérieur. Cette Pièce , ren>- plie de fjtuationi comiques t fut remife au Théâtre en 17^ t , fbijs le titre de la Saur ridicule* C*cft en effet le ^ leul qui paroiffe lui convenir,

COMÉDIENS CORSAIRES , (les) Prologue en forme ^^Oféra'Comiquejparîe Sage fFu^elier & Dorneval ^ dla Foire S aint^ Laurent y 1716.

JMademoifelle Piolard , Comédienne Françoîfè , de-^ mande i M. des Broutilles, au fH Comédien du même Théâtre , ce qui peut l'engager à les avoir amenés dans ce pays* Celui-ci refufe de lui apprendre fes projets ; mais al efl bien étonné d'appercevoir les Comédiens Italiens au même lieu: ils lui apprennent qu'ils ont été menés à A1-. ger , & qu'ils fe font tirés d'efclavage en donnant au Bâ- cha une riéce Comi-Tragico -Lyrique. Ils ajoutent, qu'ils viennent de rencontrer le VaifFcau de l'Opéra-Comique, 5ui vient J9uer à MvfeiUe ; ce qui engage des Broutilles

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â tertîf un Confcil , dans lequel fl admet les Comédien* Italiens, te Doâcur vient les avertir que le VaifTeau de l^Opcra-Comiquc paroît : Us courent tous aux armes. Ui^ infiant après on entend le bruit du canon; & l'on yoit paroitre le Vaii&au de rOpéra^Comîque » qui eft abordé par deuK autres. Les Comédiens Francis & Italien^ fautent , lefabre à la main » (îir les Forains , les font pri:^ i[pnniers ; & un inâant après les amènent fur ie Théâtre ^ enchaînés , tandis qu'un Pantalon , & un A^eur habillé à la Romaine , portent (ur une civière leur ballots ^ lue lefquels on lit : Opéra^Comiqm. Parodies d^Opéra. Oit Q^vreune vaille.; étPonentireun habit d'AJrlequiny dont ime Comédienne Françoifè sfempare; Il s'en trouve auflt un de CrUpin , dont une Comédienne Italienne (aifit*. On ouvre un ballot^ dans lequel on trouve le Roi de Co" cogne ^ les Paniers « le Triomphé du tems » rinpromptu de 2a JFbitVfdont les Comédiens François s'emparent, L'Ac^ trice Italienne s'a4iuge les Parodies d'Opéta, eh di&afi^ qu'elles appartiennent ds droit à (on Théâtre.

COMÉDIENS PAR HAZAKD , ( les) Comédie en ttoU Aâes , en Profe « mêlée de $çénes Italienne^ , par M. Guew\ lette^ au Théâtre Itg,lien y tyi^^

Le Doâeur, en partant pour les Indes; a confié à( Pantalon (a fiUe Fla^inia i>8c cent mîilé écus , le char«^ géant , en cas qutl meure ^ de rétablir avec cette lomnie. Peadant l'eCpac» de dix années. Pantalon n'ayant point entendu parler du Doâeur , veut abu(èc ^ de fon autorité , pour obliger Flaminia 1 époùjfèr Con fils Théodore ; mais* ce dernier efl amoureux de Silvta » qui ^ de {on côte , le refufe, parce qu'elle am'oureufe de Lelio» Elle profite de Toccafion d'une petite Comédie qui doit Ce repré(ènter dans le Château , pour y intro- duire celui-ci qu'elle faitpaf&r, ainfi'quefbn Valet ^ ppur des Comédiens de Campagne* Cependant Pantalon découvre que Lélio n'efl rien moins que ce ^u'il paroît* Dans ces eirconllances arrive le Doâeur, qui force Pan^* talon à la reiliitution des cent mille écus » dont il donne dix mille à Siivia , à condition qu'elle époulera Théodo* rel De Ton côté , Lélip obtient Fiamtnia qu'il di,moit j[ 8c la Pièce ^it f9X ce double sa^riagç«

Si)

%yi C O M

COMÈTE >, ( U) Comédie en un ASte^ en Profe , pof yiféji6Si.

M. de la Forcft touche au moment d'époufèr Florîcc fille d'un Aftrologue. Ce dernier confent à êe mariage ; Se M. Tacquinet , oncle de M. de la Foreftjut affure Coa bien en confidération de cet établiflè ment. Par malheur, rAftrologueapperçoitune Comète: la vue de ce Phéno-^ mène le Tait changer fubitement de deiïein ; il ne veut plus entendre parler du mariage de Cl fille , tant que la Comète « dont il redoute les mui^es influences, paroitra au ciel. Leslnâancesde de laToreft & de (on oncle n'y peuvent pas pl\is ^ que les prières de Florice « de la Ser- vante 8c du Valet. Sur ces entrefaites , on annonce Ma- idame la Comtefle de Gouflignan , vieille folle , qui ipraint extrêmement les funeues effets de la Comète , dont la queue fe trouve placée perpendiculairement fur ia maifon , & qui,pour cette'jraifon^fe vient réfugier dans celle de TAflrologue. La converfation roule (ûr la nature des Comètes : rAftrologue explique à la Comtefle le fyf- tême de Defcartes. On peut pehfcr de quelle manière Vifé , qui ètoit très-ignorant fur ces fortes de miatiercs» fait raifbnnçt ion Aftpologue .Pendant. que celui-ci & la Comtefle .font occupés, Iiir la terrafle de la maifon voi- fînc, à obfervcrla Comète, M. de la Foreftfait confcntit Florice à fe laiflèr enlever.

COMIQUE. Ce mot , appliqué au genre de la Co- .médîe, eft relatif. Ce qui eft Comique pour tel peuple, pour telle fociétc. pour tel homme, peut ne pas l'être pour tel autre. L*efîèt du Co- mique réfulte de la comparaifon qu'on fait , mêrne fans s'en appercevoir ^ de fes mœurs avec les mœurs qu'on voit touirner en ridicule , & fuppofe, entre lcSpe(lateur& le Perfonnage re- prcienté, une différence avantageufe pour le premier. Ce n'eft pa:s que le même homme ne puiHc rire de fa propre image > lors même qu'il

C O M lyf

Vy reconnoît ; cela vient d'une duplicité de caraftère , qui s'obferve encore plus dans le com- bat dcb pallions , oùThomme eft fanscefle en op* pofition avec lui-racme. On fe juge , on fe con- damne , on fe plaifante comme un tiers; & Tamour-propre y trouve fon compte*

Le Comique n étant qu'une relation , il doit perdre à être tranfplanté. Mais il perd plus ou moins , en raifon de fa bonté eflentielle. S'il eft peint avec force & vérité, il aura toujours, cohi- me certains portraits , le mérite de la peinture f lors même qu'on ne fera plus en état ; de juger de la reflemblance. Ceft ainfi que les Préciieufes Ridicules & tes Femmes Savantes ont furvécu aux ridicules qu elles reprcfentoient. D'ailleurs fi le Comique roule fur des caraâcres généraux , & fur quelque vice radical de l'humanité ,.il fera reffèmblant dans tous les Pays , & dans tous les fiécles. L'Avocat Patelin femble peint de no« jours. L'Avare de Plante a fes originaux à Paris. Le Mifantrope, de Molière , eût trouvé les fiens à Rome. L'Avarice , l'Envie , THypocrifie , la Flatterie , tous ces vices & une infinité d'autrei exifteront par- tout il y aura des hommes ; & par-tout ils feront regardés comme des vices : ce qui aiïiice à jamais le fucccs du Comique qui attaque les mœurs générales.

Il n'en eft pas ainfi du Comique local 8c momentané : il eft borné par les lieux & par les tems , au cercle du ridicule qu'il attaque ; mais il n'en eft fouvent que plus louable , attendu que c*eft lui qui empêche le ridicule de fe perpétuer , & de fe reproduire V ea détruifant fes propres modèles ; & que s'il ^ne reCTeroble plus à per-

Siii

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fonne , c*cft que petfonne n ofe plus luî rcf- Xembler.

Le genre Comique François, le feul donc ïious traitons ici , comme étant le plus parfait de TOUS , fe divife en Comique Noble , . Comique Bourgeois ,& bâte Comique.

Le Comique Noble peint les mœurs des Grands; êc celles-ci différent des mœurs du Peuple & de la Bourgeoifîe , moins par le fonds que par la forme. Les vices des Grands font moins groffiers 5 leurs ridicules moins choqûans ; ils font même , pour la plupart , ïî bien colorés par la politeflfc , <iu*ils entrent, pour ainfi dire, dans le câraftcre de Thomme aîfnable. 11 font d'ailleurs fi bien com- pofés , qu'ils font à peine vifîbles. Quoi de plus Jcrieux en foi que le Mifantrope ? Molière le rend amoureux d'une Coquette 5 il efl Comique. Il le met en Scène avec un homme de la Cour , qui vient le confulter fur un Sonnet de fa com- pofition ; & le voilà devenu Théâtral. Il Teft dans la Scène des Marquis , dans celle la Prude Atfino'é veut le dégager de Tamour de Célimene. Le Tartuffe eft un chef- d*œuvre plus furprenant encore dans TArt des contraftes : dans cène in- trigue fi Comique » aucun df s principaux Per- fonnages, pris féparément, ne le feroit; ils le de- viennent tous par leur oppofition en général 5 les caraftères ne fe développent que par leurs mé- langes.

Les prétentions déplacées , & les faux airs, font Tobjet principal du Comique Bourgeois. Les pro- grès de la politefïè & du hixe Tont approché du Comique Noble , mais ne les ont point confon- dus. La vanité qui a pris dans la Bourgeoifie un

C O M 17^

ton plus haut qu'autrefois , traite de groflïer tout ce qui n*a pas l'air du beau monde. Ceft peut- être cette difpofition des efprits, qui a fait tom- ber en France la vraie Comédie. En efièt, refprit & les manières de la Bourgeoifie font ce qu'il y a de plus favorable au Comique. Le ridicule , dans cette claflfe d'hommes , fe montre beaucoup plus Êicilement , & n*en eft que plus Théâtral. Le Comique ne conHAe pas en des nuances fi- nes , qui ne font apperçues que des connoideurs. Souvent il 'échappe , aux gens du peuple, des aveux naïfs , dont l'effet eft toujours fur au Théâ- tre. Ceft le fecret de Molière dans prefque toutes fcs Pièces du Comique Bourgeois

f^oye^ 9 dans le Bourgeois Gentilhomme ^ lék

\e du Tailleur.

JooADAiM 9 regardant fin habiU

Qu*e(t-ce que c*câ que ceci ? Vous ayez mis les fleuts en en bas» ^

LeTailleor. Vous ne m*ave£ pas dit que vous les vouliez en en

M. J o i; «. D A I N*

Efi-ce qu*il faut dire cela ?

Le Tailleur*

Oui vraiment ; toutes les perfimnes de '«{Ualîté leè portent de la forte.

M. JotJRD kt

Les pèrfonnes de qualité portent les âfeurs en en bas î

Le TAihhEvtL.

Oui , M«niieuc

Siv

^^Sa C O M

M. J o D R D A I h;

Oh ! ToIU qui eft donc bien ,

Le Tailleur. Si TOUS Totilez je les mettrai en en haut;

M«J0U&DAIM«

Non, non.

LbTaillbvK»

Vous n'avez qu'à dîrct

M. Jou R D a I lf«

N6n ^ vous di%-yt : yous avez bien fait*

Voyez encore dans le Mariage forcé.

Sganarelle fort de chçz lui , en adrelTanc k ^orole à ceux qui font dans fa maîfon :

Je (uis de retour dans un moment : que l'on ait bien

Seign<

mander , qiron diCc que je fuis forti » & que je ne dois revenir de toute la journée.

Si les Grands meitoîent leurs ridicules en évi- dence auflî naïvement 9 le haut Comique ne feroit pas fi difficile. Obfervons que prefquetous les moyens de Comique , qui excitent les éclats de rire, font pris dans le Comique Bourgeois j tels font le contrafte dugefte avec le difcours y du difcours avec Taâion , &c , & prefque tous les autres cités à l'article Rikk Théâtral.

Le Comique bas , ainfi nommé , parce qu'il imite les mœurs du bas peuple , peut avoir 9 com- me les Tableaux François^ le mérite du coloris »

C O M iSf

tfe U vérîtc & de la gaitc ; il en a auflî 'a fineflfe & «s grâces ; & il ne faut pas le confondre avec le Comique groffier. Celui-ci confifte dans la manière. Ce n*eft point un genre à part. C'eft le défaut de tous les genres : les Amours d'une Bour- jgeoife & TivrefTe d*un Marquis peuvent être du Comique groffier , comme tout ce qui blefle le goût & les mœurs. Le Comique bas,au contraire, cft fufceptible de délicateffe Se d'honnêteté. Il donne même une nouvelle force au Comique Bourgeois & au Comique Noble , lorfqu il contrafte avec eux. Molière en fournit mille; exemples. Toyei , Dans le Dépit amoureux , la brouillerie & la réconciliation entre Mathurin & gros René , font peints > dans la fimplicitc villageoîfe , les mêmes mouvemens de dépit & Jes mêmes retours de tendrefle, qui viennent de fe paflèr dans la Scène des deux Amans. Molière , à la vérité , mêle quelquefois le Comique groffier avec le bas Comique. Dans la Scène que nous avons citée , » voilà ton demi -cent d'épingles de w Paris «tjC^eft du Comique bas. »• Je voudroisbien » auffi te rendre ton potage '> » eft du Comique groffier. La paille rompue eft un trait de génie. Ces fortes de Scènes font comme des miroirs , la nature , ailleurs peinte avec le coloris de l'Art f fe répète dans toute fa fimplicité.

Molière a tiré des contraftes encore plus forts ^ du mélange des Comiques. Ç'eft aîniî que dans le Feftin de Pierre , il uoas peint la crédulité de deux petites Villageoifes , àc leur facilité à fe Iai(Iî*r féduire par un fcélérat , dont la magnifi- cence les éblouît. C'eft ainfi que dans le Bour- geois Gentilhomme > . la groffîerecé de Nicole

i8i C O M

jette un nouveau ridicule fur les prétentions impertinentes & l'éducation forcée de M. Jour- dain. Ceft ainfi que dans l'Ecole des Femmes , Fimbécillité d^Alain & deGeorgette, nuancée avec Tingénuiié d*Agnès , concourt a faire réufïïr les entreprifes de T Amant > & échouer les pré* cautions du Jaloux,

Comique larmoyant. Ceft le nom qu^on donne à des Pièces d'un genre qui tient le milieu entre la Tragédie & la Comédie. Ce nom lui fut d'abord donné , en dérifion , par des^ ennemis de cette efpéce de Comique. Mais le Public ayant paru adopter ce genre , le nom de Comique Lar- moyant eft devenu une dénomination fimple > à laquelle il femble qu'on n'attache plus de ri- dicule.

On a écrit plus d'une fois , que ce genre étoît nouveau , quoiqu'il remonte à la plus haute anti- quité, yoyc^ RiiiNTomcB etHilako-Tragedia. On peut citer pour preuveTAndrienne de Térence, Ton pleure dès la première Scène , &: les Cap- ptifsde PlauteJPiéce imitée du théâtre Grec,& qui cft abfolument dans ce goût. Le Poète s'y propofe moins de faire rire , que d*intérefler ; moins de combattre nos ridicules , que nos vices \ & de repréfenter plutôt des modèles de vertu , que des caractères Comiques. Ce font y en un mot , des Romans mis en àftion , & affujettïs aux régies du Théâtre. L'intérêt doit être prelTant . lesincidens bien ménagés & frappans , les fituations atten- driflàntes , les mœurs te les càraftcres des Per- fonnages foutenus & deflînés avec choix d'a- près nature. On doitaufE fe propofer une vertus

C O M ^ ij>

qui forme le nœud de l'aétion , ic te principe de 1 intérêt. Il faut la îrepréfenrer perfecutée , mat- heareufe > toujours agiflànte , toujours kttùt i enfin triomphante 6c courbnnée.

Quelques Auteurs ont eflayc d*exciter les rîs » après avoir fait répandre des larmes. Mais les Perfonnages Boufions paroi(Ient,àcôté duPa« thétique, froids 6c d'un mauvais Comique. Le rire eft déplacé à côté des pleurs. D'ailleurs il arrête ici Timpreffion de Tinterêt ; 6c ces divers fentimens s'afioibliflënt Tun l'autre : telles fonc les régies générales ; mais le fucccs de plufieurs Scènes de Nanine 6c de TEnfant Prodigue , prou- vent qu'elles ne font pas fims exception. Ce gen- re a plufieurs écueils ; comme îl n'eft point fou- tenu par la grandeur des ob;ets , & qu'il doit être à la fois ûmilier de intéreflànt , on eft fans ce(Iè en danger d'être froid ou romanefque i c'eft la fimple namre qu'il faut faifir ; 6c c'eft le dernier effort de l'Art » d'imiter la fîmple nature.

Plufieurs ennemis redoutables fe font élevés contre le Comique attendri (Tant. On peut citée à la tête M. de Voltaire. Voici ce qtfil eh dit :

Celui qui ne peut faire , ni une vraie Tragédie » ni une vraie Comédie , tâche d'intérefler par des aventures bourgeoifes attendriflantes. Il n'a pas le don du Comique ; il cherche a y fuppléer par l'intérêt. Il ne peut s'élever au Cothurne ; il ré-» chaufl^ un peu le brodequin. Il peut arriver fans doute des aventures très-funefles , à de finji^ pie citoyens; mais elles font bien oioins attachait* tes que celle des Souverains , dont le fort en- traîne celui des Nations. Un Bourgeois peut être alTalfiné comme Pompée ; mais ht mort dt

t»4 ^ C O M

Pompée fera toujours un tout autre effet q^e celle d'un Bourgeois. Si vous traitez les in- térêts d'un Bourgeois dans le ftyle de Mithri- date, il n*y a plus de convenance : fi vous re- préfentez une aventure terrible d'un homme du commun , en ftyle familier, cette diftion fami- lière, convenable au Perfonnage , ne Teft plus au fnjet. Il ne faut point tranfpofer les bornes des Arts. La Comédie doit s'élever , ic la Tragédie doit s'abaifTer à propos; mais ni Tune ni l'autre ne doit changer de nature.

On répond a ces réflexions qu'elles n'ont

point empêché TAuteur de faire PEnfant Prodi-

que. On convient que la qi^aliié des Perfonnages

ajoute beaucoup à l'importance du fujet ; mais

en croît qu'un fîmple Citoyen peut (e trouver

dans uife fituation plus intcreflTante que ne Tefl:

la mort de Pompée , inême dans la Tragédie de

ce nom. L'Enfant Prodigue aux pieds de fa Maî-

treffè, & Darviane dans Mélanide , propofant

le duel à fon père qu'il ne connoît pas » arrache

Peut-être autant de larmes que Cornelie. Il feroît

bien étonnani quon ne pût fe former un ftyle

convenable à la fois au Perfonnage & au fujet.

Si le ftyle de la Chauftee étoit un peu plus fore

Se plus foutenu , il feroit un modèle en ce genre.

On convient que le Comique attcndriffant eft

au-deflbus du grand Tragique , & du Comique

véritable ; mais il paroît qu'il ne faut pas prof-

crire un genre adopté par le Public , l'on

peut reprélenter les hommes tels que nous kt

avons fous nos yeux , & des cvénemens qui font

plus près de nous , que les malheurs des Héros»

Enunmot »on peut conclure,! eu oppofantM. de

C O M i9i

▼olraîre à luî-même , que tous les genres font bons , hors le genre ennuyeux.

On diftingue , dans tous les genres , un Comi- que de fituation , & un Comique de caraâicre : ce dernier a été traité à Tartil Caractère.

Le Comique de fituation , eft celui qui naît naturellement de la fituation des Perfonnages. Un Comique de penfée , qui naît de la converfation » & qui par conféquent ne tient point à Taâiion , quelque bon qu'il puifie être en lui même , ne convient point au Théâtre. On ne prérend point par-là exclure de la Scène > ni les bons mots , ni les faillies', mais il ne faut pas en faire la bafe du Comique.

Un Auteur qui conftruit fa Fable de manière que le Comique réfulte du fond de Taftion , ii*a befoin, pour jetter du plailani dans fon dialogue % ni de faillies.ni degentilleiles. Les penfées les plus fimples , & les expreffîons les plus naturelle» produiront cet effet ; parce que la fituation fera Comique par elle-même. Quetefprit , quelle fi- nefle d'expreflion y a-t*il , par exemple, dans la Réplique de George Dandin , lorfqu outré de ce que M. de Sotenville , après bien des remontran- ces,lui dit , vous ne devez point dire ma femme , quand vous parlez de notre fille ', George Dandin répond ; " J'enrage ; comment .' ma femme n*eft « point mafemme? »> Ce n'eft donc que la fituation il fe trouve , & l'impoffibilité de répondre,quî ont produit fa réponfe. Comme fa fituation eft extrêmement Comique la penfée & Texpreffion, toutes fimples qu'elles font par elles- mçmes, dé- tiennent également Comiques.

Il en ed de même , lorfque la Suivante d'An-

it6 C O M

géiidue , prenant le parti de fa Mnîtreffc > ta préfence de M. & de M^^ de Soténville , George Dandtn lui dk :<< taifez-vous , you3 dis-je i vous 1^ pourrît bien porter la folle enchère de tousles » autres; & vous n'avez ppipt de per^e Gentilbom- » me.>»Ces paroles ne font Comiques ^ que parce que le difcours de la Soubrette lui rappelle Ja contrainte il eft à l'égard de Ùl femme : Se la fimple répopfe , vous n'avez point de père Gen- tilhomme , devient d*un Comique admirable ; parce qu'il eft dans la (ituation m^ême.

En voici un der^iier exemple > qui eft peut-être le plus beau qui puifle fe tirer de Molière même.

Lorfque George Dandin s'eft expliqué, & qu'U a dit enfin à M. & M^^. de Soténville 9 que leur fille ne vit pas comme il faut qu'une femme vive , & qu'elle fait des ^hofes qui font contré rhojineur , alors le père & la rnere prenant le ton férjeux, font une loQgue éi^uinération des femmes v.ertu,eufes de leur Ëunille , dans laquelle il n'y a jan;\aiç eu de Coquette. M. de Soténville ajoute , qU*il y a eu une Mathurine 4e Soténville , qui refula vingt mille cc^s d'un fayori du Rpi , qpi jne demandoit feulcmqnt que la laveur de lui parler. Geoi;geDaudin lui répo;id : m oh bje;n ! » votre fille n'eft p^s difficile que cela^Sc elle s'«ft » appriyoifée depuijs qu'elle eft chez moi.wCe4er- njer ^^it , putre le Cpmiq^e de fituation qu'p;i y reii^arque^ a plufieiu;s espèces de mérite; on y jecpnnoît refprjt , le génie^ Vm^h facilité de, Hnimitable Molière.

Il y a \me autre efpéçe de Coçiîqwe de fitpa- tion , l'on admire vyp certain tour .qi4 le renci,

C O M i«7

plus piquant & plus ingénieux & , qu'on pour- roit appeller Comique de fenpment-

Dans la Comédie du Coca imaginaire ^ Sga« narelle » en confrontant le portrait qu*il a entre Tes nuins » avec Thomme qui eft devant Tes; yeux, dit:

La (ùrprifè i préftnt tCétonne plus mon ame ; C'cfi mon homme , ou plutôt c^eil celui de ma femmes

Ce trait qui naît de la (icuadon, ne doit pas être pris pour un bon mot de Sganarelle. Ce feroit fup- pofer qu'il plaifante fur la (îtuation dans laquelle il fe trouve ; faute dans laquelle Molière ne tom- be jamais. Sganarelle difant que c'eft le portrait de rbomme de fa femme , le dit » touché vive- ment de ce qu*il croit.

Un autre trait qui paroît du même genre 9 cft celui de George Dandin , lorfque honteux Ce confondu de la malice de fa femme , il refte féal & dit en finilTant T Aâe : » O ciel ! féconde mes » dcSéinSySc m'accorde la grâce de Êiire voir aux M gens que Ton me déshonore. » Il eft confiant que George Dandin ne veut pas réellement faire con- noître à tout le monde qu'on le deshonore , mais qu il le penfe feulement , & qu'il prie le ciel de mettre la vérité en évidence , pour convaincre fes parens de la coquetterie de fa femme , 8c fou- lager fon chagrin.

COMMODE, Tragédie de Thomas Corneille^ 16^^.

Quelques morceaux détachés forment tout le mérite de la Tragédie intitulée la Mort de PEmpereur Commodem Il j a duplicité d'aâlon. Les caraâères de Marcia 9c d'Hervie font tlScz Théâtrals ; mais celui de Commode n'efi guères que ridicule. Cette Piéçc riujifit inM U scmsi&cfi ignorée aujourd'hui ^

i88 C O M

COMMOI. Ceft une des parties du Chcrur dans la Tragédie Grecque- Cctoient les regrets que formoient enfemble le Chœur & les Aâeurs. Ce nom cft pris du gefte qu'on faifoit d'ordinaire dans ces occafîons , qui éroit de fe' frapper & de fe meurtrir. 11 y avoir des Pièces qui n'étoieiit pas aflèz tragiques pour les admettre.

COMPARAISON. La comparaifoneft un rapport apperçu entre deux objets , & qui fuppofe du calme dans Telptit de celui qui les rapproche. Cette figure fauroit par conféqueiit convenir à la Tragédie ; les Perfonhages ne doivent jamais être Poètes : la Métaphore eft toujours plus vraie , plus paffionnée ; yoye^ Métaphore. On ne trou- ve point de Comparaifons dan& Racine ; & il n'y en a qu'une feule dans les bonnes Pièces de Corneille. Ceft Cléopatre dans Rodogune > qui compare les fermens qu elle a faits dans le péril , aux vœux que l'on fait dans l*orage :

Semblables à ces vœux dans Forage formés 9 Qu'efiface un prompt oubli, quand les flou font calmes.

Les Comparaifons font fréquentes dans les Poè- tes Italiens \ & chez les Anglois , on en trouve à la fin de prefque tous les Aûes.Mais notrePu- blic,di|: M, de Voltaire,penfe que dans une grande crife d^afifaires, dans un confeil , dans une paffion violente , dans un danger preflant , les Princes, les Minières ne font point de Comparaifons Poé- tiques.

GOAtTE DE NEUILLY^(ie) Comédie Héroïque^ en cf/if AâhSf^n Vers , par Boiffy , nu Théâtre Italien > 173^- En changeant le titre ÇCt(C Fîcec ôL les noms d^

C O M iScf

Aâcurs , Boifly la fit repréfènter aux Françoisjiôlf^rati* nonce dti Duc de Surrey» On Tavolt fifflée (bus ihii pre^ mler nom ; on Tapplaudit fous celuî^i. Les Italiens 8c leurs partîfàns crièrent au vol, 8c penferent intenter un procès aux Comédiens François & à Boifly» Celui-^ci < pour les appaifèr) offrit de leur abandonner la rétribti-« tion di^ Duc de Surrey you de leur faire une autre Fîéc^ i il ne voulurent ni de l'une , ni de l'autre» & venge-i rent par une Parodie piquante intitulée j fc Prince de Surè.^ç. La Pièce de^ Boifly avoit afTurémeht mérité difgrace ; & je ne (çais pourquoi, au Théâtre François i^ elle eut une efpéce de vie qu'elle n'a confervéé, i la vérité , que fort peu de tems. C'eil un Roman mal fon^ dé. Le marquis Ce trouve d'abord le frère de Léonore » 8c. l'aime d'un amour inceftueux : enfîiite Léonore n*eft plus ia (œur;elle efi ia fille du feu Comte de Sufiex, ami du Comte de Neuilly , qui ne la reconnoit qu'au cin-i quiéme Ade, 8c qui lui-même en eft amoureux* Cette intrigue efi triviale , mal tiiliie » froidement conduite»

COMTE D'ESSEX,{le) Tragédie de ta Calpreneie, i<^j8;

Le Comte d'Efiêx , quoiqu'aimé de la Reine Elifabeth, efi amant de la femme de Cécile , le plus ardent de Cet ennemis. Le Comte eft polTeflèur de la moitié d'une ba*» . gue j que la Reine lui a donnée , comme un gage certain d'un pardon ablolu , en cas de ditgrace , en la lui remet- tant. Comme il trouve accule de con(piration pat plu (leurs Seigneurs Anglois, il cède aux prières de fes amis , & donne la moitié de la bague à Madame Cécile, Celle cifpar un motif de jaloufie,(ufpend commi(ïion ; 8c les ennemis du Comte preflènt fi fort Ùl condamna- tion , qu'il perd la vie lîir un échaffàud* Madame Ce*- cilet revenue d'un évanouifTeihent que cette nouvelle lut ^ caufé , court chez la Reine, lui avoue Con amour 8c la jaloufie. La Reine pleure la perte du Comte v ^ plaint (a rivale. Ce dénouement n'a pas été inutile à Thomas Corneille dans ûl Tragédie du même titre.

COMTE D'ESSEX\ (2e ) Tragédie de Boyer , 1^78.

Si l'on veut prendre la peine de conférer la Tragéille de la Calprcnede avec celle de Boyer , on reconnoitra ailément la^périorité de la dernicie* La première a Ta*

Tome 1. T '

. ijô . C O M

. vanta^e de rinvention ; 4^siutre nVna pas moins » par Tart dont elle efl conduite* On y trouve des défauts effentiels ^ mais moindres que dans la première , qui ^ ^utrc cela, eft, (iiivant le goût du temps , pleine de lon- gues ^^ eiinuyeufes tirades. La comparai (on des Perfon^ nages çâ encore favorable à Boyer* Eiizabeth 8c le Comte d'EITex agiïïent avec plus de dignité , & font plus intéreffans. Coban , qui tient la place de Cicile , le fiirpalTè éii efprit & en adrefle; 8c la Ducheile de Clarence remporte fort lùr Madame Cécile par ùl véri- table tendrefle , & la générolîté de Tes fèntimens. En gé- néral ^ laTriigédie de fioyercilpailable: & fi elle n*a pas eu de réumte , il ne faut s*en prendre qu'au mal* heur qui aççompagnoit ordinairement les ouvrages de ce Poète.

COMTE D'ESSEX , ( ie ) Tragédie de Thomas Corneille ,

léyS.

Cette Tragédie, bien fupérieur eaux deux précédentes, fbutient encore de nos jours avec- le plus grand éclat. Le flyle en eft plus naturel que (ublime , 8c cependant tou« jours noble , toujours propre au fujet. Le rôle du Comte nous attache; celui de la Reine nous intérefTe. L'Auteur a fçu parfaitement laifîr & confèrver le caraâère de run& de l'autre.

COMTE DE WARVICK , Oe) Tragédie de M. de la Harpe 9 i7^3«

Edouard , Roî d'Angleterre , après avoir mis aux fers le Monarque détrôné, avoit envoyé le Comte de War- Yick, fon ami, pour demander en mariage fille du Roi de France. Warvick avoit obtenu la Princeflc, & revenoit de (a négociation , pour époufer lui-méhie Elifabeth , qu'il aimoit Se qui lui étoit promife. 11 ap- iprend,àron retour , que le Roî ades vues fur elle , Se qu'il eu déterminé à refufer la fille du Roi de France « pourfaire monter Eli(àbeth fur le Trône* Il en efl outré , Se témoigne au Roi toute (on indignation. Ce Prince le fait arrêter & mettre dans les fers. Msirguerite , épouft du Ro^ détrôné, pen(è à profiter des troubles que cauft cet emprifonnement , pour remonter fur le trône avec le Roi ton Epoux. On tire Warvick de fa prifon ; mais loin d'ufêr de (a liberté contre Edouard , il s'en fert au contraire pour difliper les cimemist Ce trait de générofîti

C O M ijt;

}ui cxaCt la inort ; car il eft tué en cdmtAttânt pour Cod( Roi.

COMTESSEDE PEMBROC^ {la) ou la Foils Ga^, GEURB i Comédie en t:inq Aâles » en Vers ,. de Boifroben ^ 1^51. _

Lidamaht , par le moyen de I^hilipin (on Valet , par« vient non-fèuiement à s'introduire dans la maifon d^ Télame , d*y voir Diane fàfœur , 5c de S'en faire aimer, mais encore de l'enlever : ce qui- fai(bit l'objet d'un pari. Télame , après avoir perdu fa gageure , cpnièns que Gl (œur époufe Lidamant»

COMTESSE D*ESCARBAGNAS i ( la) Comédie en un Aâîe ^ en profe i d$ Molière i 1671^

Nulle efpéce de ridicule n'échappoit i Mcliete : Il pour£ùivoit julques dans la Province. La ComtefTe à^ÈG* carbagnas V Ccroit peut-être méconnue aujourd'hui ; mais elle n'y eut point été étrangère lorfqu'elle parut.

COMTESSE D'ORGUEIL^ (la) Comédie en cinçASesi en vers y par Thomas Corneille y 1^70.

Cette Comédie eft encore plus comique que celle du Baron d'Albikrac ; mais il s'en faut beaucoup qu'elle . ait le même mérite. Le Marquis de Lorgnac trop dans le genre burlesque ; Se le perfbnna^e de la prétendue Comteiie d'Orgueil n'eâ qu'une copie de celui de La Montagne , traveûi en Baroii. Ajoutons que des mots 8c des phrafes peU mefurés , (ùr la pudeur , y (ont (buvent employés. Malgré ces défauts , cette Pièce edredée au iTbéâtre ; & elle y paroit de temps en temps , mais avec peu de (iiccès*

CONCERT kIDtCULEj (le) Comédie en un Aie, en profe ) de Palaprat , au Théâtre François , i ^89.

C'ed ici Un de ces tiens heureux , qui doivent leur (ùccès aux circonûances. On y trouve cependant de l'intrigue, & cette vivacité de ftyle, oui anime les ou- vrages de Palaprat* On y parodie une Scène de l'Opéra des Fêtes de l* Amour & de Bacchus : on y fait allufîon à rabfence des Officiers , ainli qu^i U différence des GaUA$ qui les xcmplsi^entf

191 CON

CONFIDENT. LcsConfidens, dans une Tragédie , font des Perfonfnages furabondans , (impies ce-- moins des fenrimens & des defleins des Adeurs

. principaux. Tout leur emploi eft de s'efirayer ou de s'attendrir fur ce qu'on leur confie & ifur ce qui arrive ^ & à quelques difcours près qu'ils iement dans la Pièce» plutôt pour laiUer repren* dre haleine aux Héros, que pour aucune autre uti- lité , ils n'ont pas plus de part à Taâion que les Speâateurs. Il fuit de- qu'un grand nombre de Confidens» dans un Piéce^en fufpend la marche ôc Tintcrêt , & qu'il y jette par-là beaucoup de froi- deur & d'ennui. Si » comme dans plufîeurs Tra- gédies , il y a quatre Perfonnages agilTans , & au- tant de Confidens & de Confidentes , il y aura la moitié des Scènes en pure perte pour l'àâion , qui n'y fera remplacée que par des plaintes plus clégiaques que dramatiques : mais il ne faut rien confondre. 11 y a des Perfonnages qui font « pour ainfi dire , demi-Confidens& demi-Aâieurs.Tel eft Phénix dans Andromaque. Telle eft Enone dans Phèdre. Phénix » par l'autorité de Gouverneur , humilie Pvrrhus même en lui faifantfentir les iliu- £ons de fon amour ; & par le ton impofant qu'il

iirend avec lui , il contribue beaucoup à l'eflèt de a Scène entière.

Enone , par une tendrefte aveugle de Nourri- ce » diftiiade Phèdre de fe dérober au crime par la mort i 8c quand ce crime eft Ëiit > elle prend fur elle d'en accufer Hypolite : ce qui , par Timpor-- 1 ance de l'aâion » la fait devenir un Perfonnage dix premier ordre.

Les Confidens qui ne^ font que des Confidens , font toujours des Pecfomiages froids , quoiqa'ea

C O N z9y

bien des occâHons il foit fore di$îcile au Poëtede s en pafTer Quand , par exemple » il fàutinftruire le Speâateur des divers mouvemeils & des def- feinsd'un Perfennagef& que par laconftitution de la Pièce > ce Perfonnage ne peut ouvrir fon cœur aux autres A âeurs principaux , le Confi* dent alors remédie à l'inconvénient î & il fert de prétexte pour inftruire le Speâateur de ce qu'il raut qu il fâche. JL'art confiée à cdnftruire la Pièce de manière, que ces Confidens agi(Tènt un peu, & en leur ménageant quelque paflion perfonpelle qui influe fur les partis que prennent les Aâeurs dominais : hors de-là les Scènes de Confidence ne font prefque que des Kfonologues déguifés ^ mais qui ne méritent pas toujo^urs le reproche de lenteur , parce que le Pocte y peut déployer dans le Perfonnage des fentimensou vifs ou délicats ^ muffî intére^ns que le cours de Taâiion même,

Néarque, dans Polieuâe , montre comment un Confident peut être nécefTaire. Fanie , dans le quatrième kékc de Tancrede » enfeigne comment il peut donner lieu à de beaux mouvemens.

Le bon goût & la raifon ont profcrit duThéâ- tre François ces Scènes , deux Confidens feuls s'entretiennent des intérêts de leurs Maîtres, On eft étonné que C orncille fe foit fervi de deux Confidens pour faire Texpofition de Rodogune.

On a profcrit également ces Scènes dans lef- quetles un Confident parle à une femme en faveur de l'amour d'un autre, C'eft ce qu'on a reproché à Racine dans fon Alexandre , ou Epheftion pa« roîç en f le C onfidcnt du t eau feu defon Maure. Rien n'a plus avili notre Théâtre, dit M. de Vol- taire» & ne Ta rendu fi cidicuk aux yeux de TE*

^pl C Ô N

trange^f^tle ces Scènes d'Ambaftâdeurs d'Amour.

Un^ gf^t^^i ^^t , dont Racine a donné les pre- mières leçons , c'eft celui de charger le Confident d'un crime qui aviliroît le principal Perfonnage. C'eft ainfi quEnone fauve Phèdre de Thorreur - qu elle infpireroic, fi elle accufoit elle-même Hy- poIiteV

Dans le Fanatifme , c'eft Omar qui donne à ' Mahomet ridée de faire alTaffiner Zppire par Séide.

Le rôle d'Oûar, dans laTragédie TOrphelin de la Chine , eft confacré à faire fortir celui de Gengis , par le contrafte delà férocité aveugle d'un Tartare & de la grandeur d'ame du Con- quérant de r A fie , adouci par T Amour.

Quant à laComédie, v^y^^ Valet, Soubritti.

'0NnDEl^ HEUREUX y {le) CjiéTa-Comîque, tn un A&e , yar Vadé^ d la Foire Saint-Cermairii i755»

Un RcccYCut des Tailles aînie Corinne, jeune Bcr- jjere, & choifît le Berger JVÏyrtil pour être Tin terprè te de

' ion amour auprès de fa MaitrefTo. Myrtil parle pour lui- même , au lieurde parler pour le Receveur : aûifi «û-il plus fi^vpr^blcin^nt écouté qu'il nelefèroit, s'il s'acquit- toit de fa commiflïon. Quand le Receveur veut déclarer la flamme à fa Bergère , il en eft mal reçu » qu'il s'en plaint â Madame Simon , mère Corinne ; & elle lui promet d'obliger la fille àrépoufèr* Madame Simon, de Ion côté , aime Myrtil , qui a pour lelie autant d'indifFé-

' rcncc que Corinne en a pour le vieux Receveur. Le Berger Lubin aime aufïl cette Bergère; mais comme il embarrafTé de faire connoitre (on amour , il charge Myrtil de ce loin , & le prie de déclarer lès feux à Co- rinne. Voilà donc encore une fois Myrtil confident ; mais il s'acquitte pas mieux de cet emploi pour Lubin «ue pour M. Pillard , c'eft le nom du Receveur ; c'eft-à- àire , qu'il trompe ces deux Amans , & que Corinne le prend pour Ib^ époux»

G' ON _ _ / ^9S

(X)NSENTEMENfPOKCÊ\ (le) Comédie eri uh ASe , en profe^ avec un divertigement ^ fdt Gù^<3\ de MerviUe , au Tkéârre Frinpix ». 1758*'.; >': c . v--t

L'Auteur ne lifbît }aniais ccéte Comédie ,' faas^ri^andre vin torrcûtdc larmes ^ ccue Pièce étoit û pJroprc hiftoire r &il faut convenir que, fi fonépoufe rcffcjwblait à Gla- rice, Merville dcvoit çtr^ inQonfolable fmai^layecune ame telle que la fienrtc , il rt'eft pas furf fcnant qlie cette Pièce foit la meilleure - de- fes Camé dties *: on cîgprime avec iiien plus de chaleundej fenf imens qu'on ipr^uve , que les rcntiinqn& feôiccs que Ton dminç aies Ac- teurs, * . ,. .., r.

CONTEOURS. Farceuts fort en v<>jîïfe ayant le Règne de François Prertiler. Ils rédtoîènt.des

Vers, Jouoîent dés ir^ltrumens , &; chàritoîenf.

•I . ' ' ' ■'.''".

V

CONTE DE FÉE y {It) Comédie emtnAaéi.enter^Ubres^ avec des diverd^einens^par K&magnify ;&•. ^iceobpni ^ Mufiqùe deM^ur$i BdletsdeMqrceLauxI^^^^ ï/Jî»

, Cette Comcdicfut .çcîtopio(ïe ppury fi^i.rç paroîtFeun

homme d'une taillé gigantje^ue., qui étpit alors à Paris ^

& qu!on avoit vu pour de l'argent au bas du Pont-l^euf.

' "Le Chevalier Malencontreux ouvré la Scène iVcc fbn

Ecuyer ; ils sxpo(ènt ie (ujet & font etttbmire' qtue i'en^

chanteur Grisdelin A çhlevé. la Vtinocfk SçFpïmtfi

Suivanço , nouvellement, .majiécs ; l'une au Màkrc 8c

l'autre à TEcuyer.' Ils viennent les chercher dans un

Château" qu'un enchantement dérobe à*^ lèûrs^yeux. On

lesa/adreffés à la Fée Rànicuniece , morteilement en«

. aemie de Grisdelin. Cdtt^ Féç'Ipçoiç'a^lesi'^viHice vers

. fux» ne promet; de frryir^lc Chevalîjec ii(Ul&acon-

treux, qu'en cas que ïa Prînccfle lui ait éié'fidelljç^^Ue

donne à VEcuyerutr anneau qui doit le ridtfàre inTfiflblc.

; Muni d'un tel' fëcours, il critrt dans le ChâèéaM' Vil*a le

. chagrin. d'apprendre que fa fc^nme lui irifidello v tandis

que la, Princeflè aime (on. mari d'un, amour confiant.

Après djyers tours 4e Féerie ,' la PrinccfTe, çft rçndqe au

Chevalier , & Folcuc à i'Ecuyer qui ne fc fbueîe pas de U

'-^"«eprcndrcfè •' '- : 'v '^ * j

Tir

;^f^ coN

CONTRASTE. Le Conrrafte en peinture confifte dani uoe pofidon ya^ièe des objets préfentcs fous des formes agréables à la vue. En Poéfie Drama- tique, il confifte dans ToppoGcion d'un ou de pludeurs Perfonnages , dont Fun fait fortir Tau* tre, ouqui ie font valoii^ mutuellement. Homère a bien connu Tart des Contraftes j & les Tragi- ques Crées l'ont quelquefois imité avec fucccs. Efchyle & Euripide contraftent peu ; Sophocle contrafte plus fouvent. Dans le Philoûete, la pi- tié généreufe du jeune Néoptoleme pour un Héros Tnalheureux, contrafte avec la politique dure ^ artij^cieufe d'UlyfTe. Dans ËIe<^e 9 la modération 4e Çhi:y fofthemis contrafte avec Taudace & rem- portement d*Ele6b:e.MM.deVoltaire & Crébillon ont confervé cette oppofition , Tun dans fon Orefte , Tautre dans ion Eleâire. La Tragédie exige une grande variété dans les caradcres ; mais peut-être ne fkuwl pas y prodiguer lescon-

. Wafte$t On en trouve peu dans Corneille. Racine

li'en à guèrçs que deux qui foient très-firappans.

Celui^ de Burrhus & de Narciftè dans Britanni-

xnSi ic celui d'Abnër & de Mathan dans Athalie.

Le plus^ grand contrafte , dit M. de Fontenelle ,

^ eft entre les deux efpéces oppofées , comme d*un Ambitieux à un Amant > d'un Tyran à un Héros. Mais on peut aufli, dans la même efpéce, en trou- rer un très-agréable* C*eft ainfi qu*Horace & Çu- rSace , tous deux vertueux^ tous deux pofledés de lainour de la Patrie » ne Ce relTemblent point dans les fentimens même qui leur font communs.

L*un a une férocité noble , Tautre quelque chofe de plus tendre & de plus humain. Cet éloge » que Fontenelle donne à Corneille à l'excluaon

^ C O N .97

et Racine > appartient à ce dernier autant qu'à fon Rival; Cet arr des contraftés qu'il loue dans Corneille , n'eft autre chofe que Tart de varier les caraâcres ; & en ce fens , il eft commun à Tun & à Tautre ; & il y a peu de leurs Pièces od on ne le trouve. Un beau contrafte eft celui qui réfide dans le plan même d'un Ouvrage i ainâ M. de Voltaire s'eftpropofé d'oppofer, dans Alzire, le véritable efprit de la Religion aux vertus de la Nature, & de Êiire voir combien le premier l'em- porte fur l'autre, p ^

Un beau contraue eft celui qui oppofe les mœurs d'une Nation à celles d'une autre. C'eft ainfi que dans Tancrede > l'Auteur oppofe les mœurs des Chevaliers aux mœurs des Araoes , dont il ra« mené le fouvenir autant qu'il lui a été pofliblen

Ainfi dans l'Orphelin de la Chine » il a voulu oppofer les mœurs d'un peuple qui ne çonnoît que la force » aujc mœurs a*un Empire fondé fur la fageflè ; & il fait voir en même tems la fupé-* riorité de ce dernier peuple fur fon vainqueur.

Enfin un beau contrafte, & le plus dramatique, c'eft celui du caraâère avec la fîtuation. Un père Ta immoler fa fille ; &itds-en un Monarque am- bitieux , mais un père tendre. Si vous en Élites un père dénaturé > le facrifice arrachera moins de larmes. -

Voyez dans Eleôre Peflfct que produit le con- trafte du catadtcre avec la fituatibn. Ceft Eleâre .forcée de demander à fon Tyran la grâce de fon firere : elle s'écrie :

Quel affront pour Orefie , 8c quel excès de honte ! £Ue me fait horreur. Eh bien ! je U furxnontef

i5>8 C O N

bkti F j'ai donc connu la' faaflèflr èc Peffrai f Je fais ce. que jamais je n'aurois fait pour moi.

Sans fe mettre à genoux :

Cruel, & ton courroux peut épargner mon frère 9 Je ne peux'oublîer le meurtre de mon père ; Mais je pouf rois du moins , muette à ton afped. Me contraindre au filencc 8c peut-^tre au refpeâ. Que je demeure efclave , & que mon frère vive.

DànsJrutus, le càradère dTû Jeune Titus^ eft Tamour de la Patrie , le refpeâ: pour fon père « la générofité. Sec. Enbrafté à la fois par pludeurs paffions , il vient de promettris à P Ainbaflfadeur de Tarquin 4e trahir Romç. C'éff dans ce moment que Ei;utus arrive & dit a fon fus :

Viens i Rome en danger ; c*cflf ^n toi que j^efpere ; Par U9 ^vis jfecret le Sénat cft infiruit Qu^on doitattaquer R9nie au miliçu^ la nuit: ^ J'aî tirîguc pour mon Sang , pour le Héros que j'î L*honneiïr de commander àaos-ce péril extrême. Le Sénat te Pâccord'e ; arme-toi^ mon- cher fils i Une féconde fois :> va fkuver toiii pays y &c«

T .

La Comédie lait ua plus grand ufage, des .contraftesyquç.ia. Tragédie. .Les Ancien? femÙenc toutefois les^yoir peu chçcchcs. Àriftdphane n'en a pcefcpie point* On ^' trouve trèsr peu dans Plaute. Tcrence en a davantage. Le plus fiappant de tous efl; «celui derMicion & deOfemea dans les Adelphes : moisir ^ eft très^rréquent chez les Mo- dernes y peut-e^e, leri qm-ils abufé.

Le coritrafte , nunic avec art , fera toujours un des plus grands moyens de la Comédie ; puifque tous fes Auteurs , ic Molière à leur tête , en ont feit tant uf^e » & prefque toujours avec faccès»

que j'aime »

C O N içf

Le comrafte du caraâère avec la fîcuation , eft ^encore ici d*une néceffitC' indifpenfable% Le Mi^ . - iamhropc. eft amo\jjceux d*une Coquette, Harpa- gon d'une 611e pauvre»

Le Glorieux eft le fils d'ua Gentilhomme pau« ▼re. Il fe jette aux pieds de fon père, il le fupplie a genoux de n'en rien dire. Le père répond :

J'ènténds : vanité me déclare à genoux Qa'cm père infortuné n'eil pas digne de yous«f

Voilà un des plus beaux cohtraftes caraâcre & de la Ctuation dans la Comédie.

L* Avare de Molicrfe eft un contrafte continuel du caraâcre avec la fîtuation. Ses autres Ouvra- ges en font remplis,

CONTRE-SENS. Défaut dans lequel tombe un At> teur , lorfque , par fon gefte eu Tinflexion de fa voix, il exprime un autre fentimeot .que celui du Perfonnage qu il reptcfente > Qu une *autre idée que celle de lAuteur dont il eft rinterprcte. L'Afteur tombe dans ce défaut , lorfqu'il n'a pas

. bien f^^ifi Tefprît de fpnrôle, ou lorfque fatis- : £iit d'en fonnoître les grands traits , il néglige les détaiti & les nuances ; lorfqu il n'a point lu avec foin les rôle's des autres Perfdnhages j lorf- qu il pçint les mots plus que le fentiment , défont ordinaiife des Comédiens médiocres ; enfin lorf- qu'il s'appéfantit fur des détails fur lefquels il devrbit gliflèr. . ,XJn A(âeur qui , dans le rôle de Mithridate ^ ar- rivant fur la Scène & difant à Xipharès ic à pliar- na,ee : : ,

., yptre dcvpir ici nVpc^nt;davpii§ Conduire j^

|oo C O N

Ni yonf faire quitter , en de fi grands be(ôins i Vous y le Pdnt> vous 9 Colchos 9 confiés à vos Çoirn.

Un Aâeur qui parlerotc du même ton aux deux frères , feroit un contre-fens. On fait que Ba- ron regardoic Pharnace avec févérité » en dîfant , vous le Pont '^ic Xi phares avec indulgence, en prononçant 9 t'oi^^ Colchos.

Il arrive quelauefois , aux Auteurs même , de làire des contre (en's , c'eft* à-dire de mettre dans la bouche de leurs Perfonnages des chofes qui détruifêntrunicé de deflèin dans le Poème même. Voyci Unité DE dessein*

On dpnne en général le nom de contre-fens à fout ce qui n'eft pas dans la vérité , & qui choque la raifon 9 la nature , le goût ou le bon fens.

COlfrFRE'TEMS^ lies) Comédie en trois ASeSt en vers UireSf de la Grange 9 au Théâtre Italien 9 17}^»

Ce titre feul (êmble annoncer une Pièce compliquée* L'intrigue^ en cd cependant auffi fimple, qu'elle pou- ▼oit rêtre dans une Comédie de ce genre & en crois Aâes* Conâance & Dami$ , qu'un motifae jaloufîe a brouillés , n'afpirent tous d'eux qu'à un prompt raccommodement ; nais de nouveaux incidens s'y oppofent. Angélique » iôeur de Damis , ne pouvant entretenir , cfatz une tante chez laquelle clic demeure , Valere qu'elle aime à fon inC(^u , aniene cet Amant chez Confiance , qui n'a pas le loifir de s'y oppoTer. L'arrivée du père de cette der- nière 9 oblige Valere à fe jetter dans un cabinet. Le père s'éloigne ; mais Damis iurvient^ obligé de cacher a (on tpur. 11 s'apperçoit qu'il a été prévenu , & ne doute point que ce ne foit par un Rival ; & les difTérens détours

3 ue prend Confiance , pour ne point trahir le (ècret 'Angélique t la rendent d'autant plus coupable aux yeux de Uamis* Suivent de nouvelles fuppoiitions qui fe trouvent démenties par de nouveaux incidens. L'em- barras de Confiance eft encore augmenté par Angélique » qui refufè d'avouer à (binfrerc le vrai motif gui avoit

C O- N joi

amené Valere dans cette mailbiu Enfin » on efi Infimk par Valere même ; & un\ double mariage termine cette riéce intérelTante 8c Comique,

CONVENANCES. Le fenriment & le goût indi- quent aflfèz ce que ce mot renferme par rapport à r Art Dramatique. Il y a dans chaque Sujet & dans chaque panie d'un Sujet , des égards à obferver , fuivant la Scène, les circonftances & le tems d'une aâion , fuivant les mœurs , l'âge & le rang des Perfonnages ; enfin tout ce qui entre dans la compofition d'un Sujet y doit concourir à le Êiire connoitre & à Tembeilir.

Corneille eft le premier qui ait introduit lés convenances fur le Théâtre François II commen- ça par en bannir les indécences qui le deshono- roient. La feule trace qui en foit reftée dans (es bonnes Pièces » c'eft ce Vers que dit Alcippe dans le Menteur :

Donne m*en ta parole , 8c deux baifirs pour gage*

Avant lut , on demandoit des baîfers & on ea donnoit.

De/on tems , le tutoyement étoit encore en tifage. Le tutoyement rend quelquefois le difcours plus ferré, plus vif: il a fouvent de la nobleflè & de la force dans la Tragédie. On aime à voir Ro- drigue & Chimene l'employer. On a remarqué toutefois que l'élégant Racine ne fe permet guères le tutoyement > que quand un père irrité parle à Ton fils , ou un Maître à un Confident , ou quand une^ Amante emportée fe plaint à Con Amant. Hermipne s'écrie :

Je ne t'ai point aimé ! cruel 9 qu*ai-je donc fait !

501 CÎ.G K

Elle dît à Orefte : * \

Ne d^vci>tu pas lire au fond de ma pctifee ^ Phèdre dit : Eh bien ! connois donc Phèdre & toute (a fureur* .

Mais jamais Achille > Orefte , Britannicus ^ ne tutoyent leurs MaîtreCTes. A plus forte, raifon cette manière de s'exprimer doit-elle être bannie de la Comédie , qui eft la peinture de nos mœjurs* Molière en a fait ufage dans le Dépit An^reux ; mais il s'cft en fuite corrigé lui-mêiB^^ ,

La décence eft une des premières loii de notre Théâtre -, & Ton n*y peut manquer quen faveur du grand Tragique > dans les occafîons la paf- lîon ne ménage plus rien.

Racine eft un modèle inimitable dans Tart de$ convenances» Il eft toujours dirigé par le fenti- ment délicat d*une infinité de nuances que lui feul fait aflbrtîr. Voyez la manière dont Burrhus reproche à Néron fon amour pour Junic , & fur- tout la réponfe de l'Empereur ;

Satisfait de quelque réfifiance. Vous redoutez un mal foible dans riaiflànce : Mais , dans (on devoir , votre cœur affernû ^ Vouloir ne point s'entendre avec (on ennemi , Si de vos premiers ans vous confultieE la gloire , Si vous daignez > Seigneur , rappcUer la mémoire Des vertus d'Odavîe , indigne de ce prix , Et de (on chafle amour vainqueur de vos mépris ; Sur tout il de Junie évitant ISêi préfènce , Vous condamniez vos yeux à quelques jours d*ab(cncc; Croycz*moi, quelqu'amour qui fcmble vous charmçr , On n'aime point , Seigneur , fi l'on ne yeut aimcn ^'

. 0 O N ,oj

Je vous croirai ,, Burrhus , lor(que dans les allarmes

Il faudra foutenir la gloire de nos armes ;

Ou lorfque , plus tranquille , adis dans le Sénat , .

11 faudra décider du dedin de TEtat ,

Je m'en rcpoferai fur votre eicpérience.

Mais croyez -moi , l'amour efi une autre (ciçnce y

Burrhus ; & je fcroîs quelque difficulté

D'abaifTer jufqucs-là votre févérîté.

Adieu , je fouffre trop éloigné de Junîe.

Voyez encore commeat Agrippinc paroîfïant devant l'Empereur pour fe juftifier , conferve toujours la Aipériorité que lui donne fa qualité de mère & de bienfaitrice :

Approchez-vous , Néron,, & prenez votre place. On veut fur vos lôupçons que je vous (acisfaiïè ; J'ignore de quel crime on a pu me noircir ; De tous ceux que j*ai &its je vais vous éclaircir.

Jamais on ne trouve chez lui de ces Princefles ficres , qui outragent fans raifon des Tyrans dans feurs propres Palais: Ceftde la grandeur vérita- ble, fans enflure, fans vain étalagd, fans bra- vade. Chez lui la fierté ne paroit jamais fans.être provoquée & néceflàire.

Voyez comment Bérénice 9 dans la Pièce de ce nom y reçoit la déclaration d'Antiochus :

Prince , je n'ai pas cru que dans une journée Qui doit avec Cé(ar unir ma deôinée , Il flit quelque Mortel qui pût impunément Se venir à mes yeux déclarer mon Amant* Mais de mon ami(ié mon fîlence eft un gage ; - J'oublie en fa faveur un dilcours qui m'outrage : Je n'en ai point troublé le cours injurieux ; Je £û$ plus } à regret je reçois fos «dieux , &q«

j04 C O N

Voilà, dit M. de Voltaire , le modèle d'une ré- ponfe noble & décente. Ce n^eft point le langage de ces anciennes Héroïnes de Roman, qu'une dé- claration refpeâueufe tranfporte d'une colère impertinente* Bérénice ménage tout ce qu'elle doit à l'amitié d'Antiochus ; Se elle intérefle par la vérité de fa tendreiï'e pour l'Empereur*

La manière dont Monime reçoit la propofition de Mithridate qui lui a furpris le fecret de Ton amour pour Xipharcs , eft encore un modèle.

Je n'ai point oublié quelle réconnoiflànce » Seigneur , m*a ranger Cous Totre obéiilance .* Quelque ran? jadis Cbicnt montés mes ayeux 9 Leur gloire oe fi loin n'éblouit point mes yeux» Je fbnge avec refpeâ de combien je Cuis née Au-deilbus des grandeurs d'un û noble hymenée ; Et malgré mon penchant & mes premiers deflèins Pour un fils , après vous, le plus grand des humains i Du jour que (ur mon front on mit ce diadème > Je renonçai , Seigneur , à ce Prince , à moi même»

Vous feul. Seigneur , tous (èul« vous m'aviez arrachée A cette obéiflànce j'étois attachée,

•••••••••••••«

Je vous l'ai confefTé , je dois le foutenir :

En vain vous en pourriez perdre le (buvenir.

Et cet aveu honteux vous m'avez forcée ^

Demeurera toujours préfènt à ma penfée :

Toujours je vous croirois incertain de ma foi ;

Et le tombeau , Seigneur , moins affireux pour moi

Que le lit d'un époux qui m'a fait cet outrage »

Qui s'eâ acquis (ur moi ce cruel avantage >

Et qui me préparant un éternel ennui y

ll'a fait rougir d'un feu qui n'étoit pas pour lui.

MiTHRIDATI*

Cefi donc votre réponie ; Se fans plus me complaire «

Vous

C Ô N jo;;

Vous rcfiiftz rhonncur que je vouloîs vous faire ! Penfez-y bien ; j'attends pour me déterminer»

M O M I M

Koii , Seigneur , vainement vous ctoyez m*ctonner. Je vous connois. Je fais tout ce que je m'apprête j Et je VOIS quels malheurs j'aflcmble ÙLt ma tète. Mais le deflêin efl pris : rien ne peut m'ébranler. Juge 2 -en, pui(qu*ainii je vous ofe parler. Et m'eniporte au-delà de cette modeflie , Dont jufques à ce jour je n'étois point fortie» &c»

Voilà une femme vertueufe fans fafte , qui ne parle point de fa vertu, qui la motive, qui en juftifie , qui paroît fèchée de voir fa vertu mife à une fi cruelle épreuve , & qui, par-là, en devieni: plus întérelTante encore. Foyci CAKAcjiKi.

Le fcntiment des convenances doit prcfider au choix des caractères qu'on introduit fur la Scène Tragique. On a fort bien remarqué qu'il n'eft pas permis d*y mettre un Prince imprudent & îndifcreCi à moins d'une grande paffion qui ex- cufe tout* Voyc^ Goût.

L'imprudence & l'indifcrction peuvent être jouées à la Comédie \ mais fur le Théâtre Tragi- que , il ne faut peindre que des défauts nobles. Britannicus brave Néron avec la hauteur îm|f)ru-* dente d'un jeune Prince paflîonné -, mais il ne dit pas fon fecret à Néron imprudemment.

L'Auteur Comique ne doit pas avoir moins d*é- gards aux convenances , que le Poète Tragique. S'il les blefle quelquefois , ce ne doit être qu'en faveur du grand Comique qu'il produira en les négligeant: encore faut- il qu'il cherche dans fon art les moyens d'excufer ce défont. Molière, dans l'Ecole des Maris , introduirt une jeune perfonnç Tome I. V

joC G O N

qui fe fçrt de fpn Tuteur , dont elle eft aimée , pour faire parvenir à un jeune homme une lettre elle lui donne des encouragemens. Elle fe fert du nom de fa fœur pour aller rejoindre ce jeune homme la nviit , & échapper à la vigilance tyran- nique de fon Tutçur. Le Poète a vu Tirrégularitc de (sette conduite » il la couvre par les traits du plus grand Comique , & en donnant des regrets à Ifabelle fur la ncceffiçç elle eft d'en ufer ainCi:

Oui , le trépas cent fois me lèinble moins à craindre Que cet hymen jÇa.tal Ton veut me contraindre ; £t tout' ce que je fais pour en fuir les rigueurs , Doit trouver quelque grâce auprès de mes cen(eurs«

Il n*e^ eft pas de même de Marîa;ine dains TAvare. Cette jeu^iç perfonne fç^uffie quç depuis lons-tems fon Àijoan^ dçrpçuçe auprès d'elle dé- guiîé ei^ î^aîtrçï-d'Hote^. Il eûjç été ft,çile à Mo- Tiofj^ dg P^er ce défaut , ei^ ionn^nt à Elife de ïiï}§jigïf^ïpfx co^e un An^jant qui a, fai^t , ipalgré elle, une entreprise qu elle avoir rçfafc d'approu- v,er j çn lui hiiifant jurer de révéler tout à fon pei;q, fil Valere n'étoit point informé fanaif- f^iç ^ya^ît huit jouf s,

QÎielquçs Critiques féverçs ont; égalçn>ent blâ* iné le mot du jeune Cléonte à fon perç , qui lui donne fa malédiâion. Ils prétendent que cette , réppf>{jç eft indécerj^e. L* Atiteur femble ayojr pré- yucçtrç critique, ei^ donnant; au ji^une homme, djans l^ cQiniiienceqAenc de la Pi^ce , un. cairaâière irft^refjTarjt, ; ^ qu^nd il fait cette réponfe , on voit que ç'efl; U durejté d'Harpagpn qui Ta feit lôrtir dl^ fon cafa6bcre« Cette Scène peut donc paf oîcre une leçon dpnnéç ai|x pères , d'avoir une

Indulgence éclairée pour îeurî ertfeiis, ; glutèï qu'une Itfçon de défobéilTânceaux'crifoiis.'' ' On -peut auOl appliquer, ceïte .retilaique à-

. CeorgftI>andin. L'Autear.y tntroduic-une fcmrço qui ttompe unmari ridicule, quia èaïâftiairie d'cpoufer unfi fille iiôblê.-Gét^exémF'ISî-ëtJ'ààÀge- reux faiiS douteimais le tnorif de l'Auteur Jern- ble Vexcufei. II a voulu potiec de grauiî,;Cou^ , & faiie voir à quoi s'espofe un horhms^<^ ^c une atliilifce inégale. Il eft difficile de/^ triSp^efi- ; dre; Se il n'y a pas uu^ perfoniiedélîbïj^efô), qui n'avoue avoir été. plu'sfrâjtpée de ceue.vélitî» qiiedo. mauvais etânpie d'Angéliqoe. ^- -^ •■V' - -'^

COQUETTE CORKlGÊE^ld) Comiâltenkaii.Ââùi

iA* vers * par Lanoae.t'tM Thédire FrancotSi A7.^t-.:~i Julie , jeune veuve , eft la Coquette. OrphiiUfa lartie entreprend de la corriger par fesqurs^jlç Qù^ndJte ;,

■•Cil'alieï aimable , plein de lùfôn & de rtié^itd. ^ de-' mande à Orphife l'cxpHcatlon d'un billet qti-ti s"Ée;u'de ^ Julie-, .dan? leijuel ^le le raille fur fbm éloigacn^ent ^ pour les niécts, & fur Ton gou: ièciH [louTlssitotM.' Orphife s'applaudit de ce billet, dont clk dévojie "le

:inyflère., C'eft ellc-mcmc qui a hilFé entrevoir ou'eilc .

_âinioit Cliiandre , Se qu'elle en cioit alméf » afin^e pîquer l'amour-propre de nitce. Ce !\r:i'.A^énisT,^uiRts

;,CUtândrc '^ï à rf --t --A- '■■'■:.■, --■yi^'u ,V ^oùçrle

"rôle propoftpM *"" ' C.\aiécèpij%

mariage ivCC C " .ré''Julic';

CUtandcc .arrive fort à propos. La tante leslaîili: »'ej(- .

'iplîqiier'fiir leurs aff^rcs de cœtli',- & M>fèi beaucoup"

'd'éffulîonî , cte téndreflc 8Jde ftiitiment, Glitatldré tijmbe aux pieds de Ta Maitre(Tè. Orphife les fùrprencf dans

'cetw firaition-, elle adihire , âtpplauditj fc ftUdce, 8c . 'finît pàf ^Ics unir cfifenAle. ConnoifTeurs ont jugé

'que-cette Gtriueite n'en efl point une ; à pciile conaoS- clle les 'premiers élémetw de la coquetterie. Kulle adrtfle, iralle habilett, nulle ind,uftrie. nulle politique.

'EUe iài ijiijceininent toutes les avances vis-à-vis d'iui Vij

Jbômine qui fie la cherche jpoint 9 qtfi fe ncttcraf fSroîd , ihknûblc , & qui paroit même la méprifèr»

iiOQUETTE DE VILLAGE ^^ {la) Comédie en ieux > aôiej'i mêlée fi*Arimeî i -pur Anjeoume^ mufique de M,

. SaioXr/bnant^ i77i»

Colette aâne Colm^ & doit Npoufèr ; ^nais le Sei- gneur du Village 1 bomnie de ibrtune^ amoureux de cette petite filleY il eft fccofldé par une jeune Coquette /àiiiaime Colin. Colette halabce entre la tendfefiè de

ç'accoutumoît déjà à ft voir riche, loftque Cblift parvient < 'i-tfioYiiphep encore dèièn cœur.- ^Sôr , pour cette fois , d'être aimé, il excite le fiailly & les principaux du vil* lage à venir au Château , fous prétexte de complimenter le^Seigneur. Colin reprend le bàifèr , & emmené , à (on toUr , Colette , que le Seigneur laiflè aller , ^t pouvant

<^QUE1^^ lia) Comédie

^ ..enxinq.Ââes , en profe ^ ftit Baron , 1 6^6, . ^

^ ' Cydalife^ Coâucttc de pirofeflîoft , trompe déiix Amans»

-&ife plaît âiiérefpérer le froifîême. Céphifè, JPrudc

'furannée ôt tante de Cydalife, perieCute fa nièce, 5c aime

ïrafic (t'éftlenom de rArtyintJ qpe Cydalirç, trompe le

moins* €cile-ci per/uade â ïktàritc qu'Eraûe l*aime éper-

;dùemcïii. Obligé de ^e .pfefVr lui même à cette feinte »

îl reçoit une lettre de h Pi;ude, lettre doht Cydalïfe

s^mpare mafgré liA , & ; 4^ iaide a la Vçnger,

COQUETTE FIXÉE, ( ta ) Comédie en mis Mesj en vers^ avec undivertiJjemenîyparAL rÀbU.de V. .. auxIîaHeas%

La Princejje d^Elide. a pu, frurnîr le je t de ccitte Co- médie. C'efile même but; ce ^ont les mêmes meyei;^ qu'on employé; c'eâie même fuccès qui les couronnée. 11 s'agit dans 1 une & dans l'autre. Pièce , d'attendrir une inlenlî- ble ; avec cette diÔercncc , que l'Hêrome de Molière a julqu'alors rejette tcu» les hcn^mages qui lui ont été

.COQ iof

offerts, Bcqut celle du nouvel Auteur les a recherchés. Le flratagéme que le Prince d'Itaque & Dorante mette it en u(àge , ed ab(blun>ent le même ; ils obtiennent , en pi(}u«nt Tamour-propre de leurs Dames , ce qu'ils A'a- yoient pu obtenir en le flauam ; on les aime enfin, parce qu'ils ont (çuparoitre indiffêrens. Malgré ces points de reiïèmblance , la manière dont l'Auteur modetne a (Con- duit & traité ce (ïijet , le lui rend propre ; (k Pièce eft écrite naturellement ; on y trouve des .peintures * du monde aufli in^énieufès que vraies « des ^ènes théâr traies , Je l'intérêt « du mouvement.

COQUETTE SANS LE SAVOIR, (la) Opira-^Comiiua en un Aâe, par MM. Favart ù'-RouJfeau de J'oulouf&j à lu Foire Saint-Germain, i744» .-^^

Colette , rivale d'Agathe , ouvre la (cène , & projette de la brouiller avec Colin , qu'elle voudrolt lui enlever. Elle lui perfuade que ce Berger en ainîie une aufro-> Se que , pour le ramener , Agathe doit feindre de 1 indiffé- rence, tandis qu'elle, Colette, lui marquera de l'amour. Agathe , fuivant ce confeil , (c retire en voyant paroîtrc Colin oui arrive avec un ruban à la main, qu'il deftinoit à Agathe, mats que Colette lui prend, en feignant de (e perluader au*il étoit pour elle , & lui promettant de le raccommoQer avec cou/ine Agathe* Colin , joyeux y l'embrafTé par reconnoiilànce. Quand il efl parti, Agathe qui a tout vu, revient, & fe perluade facilement l'inconf^ tance de (on Amant. Pour s'en venger à fon tour , elle écoute la déclaration de Lucas, & la reçoit favorablement. Elle ne rebute pas davantage filai(e & le Procureur-» ' Fi(cal; mais tandis qu'elle reçoit leurs fleurettes , Co« lette amené Colin dans le fond du Théâtre , pour êtrtt témoin de la perfidie de ùl MaîtreiTe. Lor(qu'Agathe l'apperçoit, elle redouble de coquetterie, Htivant le confëil de ùl coufine , & leur donne à chacun une miain « une pardevant & l'autre par derrière ; de fkçon que chacun , de Cou côté , croit être l'Amant favorifé. Lorf- qu'ils Ibnt partis , Colin arrive, outré de dépit. Agathe continue à le traiter conformément aux coh&ils qu'elle a reçus de Colette. Cependant, Agathe eH toute prête à découvrir, en voyant (buffirir ion Amant ; mais elle «n eft toujours empêchée pac Colette , qui. ttguve 1q

VUj

fjl;0 COU

moytn de la faire fbrtip , en lui promettant 9&elfe veut la laiffcr faire > de rendre Colin Amant tendre & conf- iant» La fourbe Colette achevé de défelpérer le Crédule

. Colin 9 qui , de dépit , 1»2 promet de l'épouièr. Enfin l<ucas , Blaifê & le Proeureur-Fiftal^ reviennent fiir la Scène avec Madame Bombinote ) mère d'Asathe, qu'ils iomment de tenir la parole qu'elle a donnée à chacun d'eux* Ms^is tout s'édaircit , les Amans s'expliquent Colette eu la dupe de G>n artifice, & les Amans font ums.

CORÉSUS ET CALLIRHOÉ, Tragédie de Lafofe ^

Les deux premiers Ades fe pâment en fir.old^ récits SC en dialogues languifTans*

^Ah! Madame , écoutez un trîfte événement. Qui s'en ya vous combler d'horreur en çempmcnt*

Suit un ^conte fort long, pour dîre mie le facrîficc offert par Corélus , a £iit perdre l'çfprit a tous ceu^c qui y ont allifié. Lem^ çomniunique dans toute la ville. On ferme Içs. portes da P^ai? afin d'en. écarter la con- tagion. L'aftion commence à fe développer au troifîçme A^e : le quatrième le cinquième ifbnt plus fugporta* blés; on y trouve quelques beautés de détail»

ÇORNÉLIEyMEREDES GR4CQUES:Trcigédieypar

Mademoifelle Barbier^ G* attribuée drAbbé Pçllegfin^iypi.

^ Gracchus voit rouler fur lui. feul le fi>rt du Sénat & du Peuple. Obliffé: de veneer la mort defon,&erc > de s^oppofer à l'ambition du Confiil, d'éclairer les démar- ches d'un Collègue , il veut encore alliée vite Ton aéle fénéreux pour la Patrie, l'amour le plus tendre ppur ioinie , fille du Coalhl, ennenû du Peuple & de la li- berté. En.céd,ant à (onamour^ il masque aux devoirs de fk' charge de Tribun > ft s'expofè à toute la» colère de : Comélie ; : femme d'un caraâeveailez ferme 9 pour ou- blier qu'elle eu mère , & punir , dans fon fik., tout «e qui dément la vertu d'un Raniain. Si> au contraire., il ' n'écoute que la voix du devoir,^ il imn^ole.le ConTol ; «aisilperdpour jamais ^icgiie ^ objet de t9ug ièsi vgM*

C ÔR . iti

Lirré à cette alternative cruelle, Gracchus en fôiBlçfTe même pendant lés deux premiers Aâès qui Ce pâflent en conférences froides , & eh mînucîeux préparatifs d'un Oracle obfcur , pour annoncer à Licinîe, qu'une main;qui lui efl chère , répandra un (arig précieux à Rome. L'Au- teur à beau s'extafîcr (ur cette ihv'enèiort , elle n'en pfi pas moins une machine fort inutile; L'opppfîtiofi qui Ce trouve entre un ConfUl chargé de faire valoir Içs droits du Sénat, & uiï Tribun qûî fbùtiêiit le parti du Peuple , fuffifbit pour répandre fur toute l'aôion tin intérêt pliiè vif & plus réel , que les terreurs paniques de Licinie , dont fon père & (on Amant ont la foibJefle de laifEbr effrayer. Drufiis, Collègue & Rival de Gracchus , trahit le peuple dans l'espérance d'epourer cette même Licinie. Gracchus , animé par les dilcovirs de Cornélie , court à la vengeance ; il eft arrêté par l'ordre du Sénat. Auffitôt le Peuple, (bu tenu des Gaulois, ailiégél^ Capitole, & Gracchus efl mis en liberté. Le Conful eil arraché &s mains du Peuple par l'înttépidiité de ce TribunI, & pat reconnoiilànce , eâprêt à lui accorder (ai fille. Le Peuple , animé par DruHis, (e croit trahi paï Gracchus, 8c tourne iês armes contre (on Libérateur. Gracchus puait Dni(bs lâcheté , (e perce lui-même , ic vient expirer aux pieds de mère , du Con(ul & (a Maitreife.

C0R0M5, Pallorale héroïque y en tfw Aâesi ay^e un prologue y par M. Baugé^ Mufique de Théobalie y 1691 ^

Coronîs ,tuée d'un. co^ de flèche par Apollon , ^otit venger l'infidélité qu'ellp lui avoit faite pour un jéuiipj» Thelïàlicn , le fujjet de cet Opéra*

COSROES , Roi àas Perfes , Tragédie déRotrou ^ i(J48V

Ce Prince foibley q^i fe laîflc gouyertcr par un« épôùfe ambitieufe , (bnge à piaceç (ur Trône (]^ii fils MardeÊnfe , au préjudice de Syrocs, fils auA.cJoremieVfe femme. Ce projet n'ayant? pas téif ai , la belïè'-tSsréyeut éniploxer,, contre Syrocs, fér &lcpoiibii*, CéPririce, reconnu R(n par les CheR des Trpwpes files Priricipaîi^ Nation, fait arrêter Coiroès, Marde(kiie & Reifié ,'& ptélèntfe à cette dernière le poiénard & Ip poKbn' qu'elle avbit pVéparé^ contre hiî. Elle préh^ poifon ; Cofroès le partage avec elle ; Se Mardé&i^

Vît

3it C O S

tue d'un coup de poignard. Tous les caraôères cette Tragédie font aflez bien foutenus. Ce que la conduite de Syroès peut avoir d^odieux , retombe fur Ton confeil* C'eû à regret qu'il yenge propre injure : il rétraâe fes ordres ; ils ne font exécutés que par les coupables > qui les préviennent. M. de Valentine , Coi^troleur de la Maifon du Roi , a retouché cette Pièce , & Ta remife au Théâtre en 1704. On croyoit déjà alors ^ que les Ouvra- ges de Rotrou avoient be(bio d*étre retouchés*

COSROÈS , Tragédie de M. le Fevre ^1767.

Cette Tragédie n*efl: point imitée ni de celle de Ro- trou^ qui a pris (on (ujet dans THifloire de Cofroès 1I« ni de celle de M. Mauger. M. le Fevre a eu en vUe le Ço(^ roès t dit le Grand 9 Roi des Perfès, qui a eu de longues guerres contre les Romains, qui a remporté Hir eux de grands avantages fous les Re;^nes des Empereurs Juili- nien & Juftin II , & qui a été enfin fubjugué fous le Règne de Tibère* Une verfîfication facile 9 un dialogue naturel, un flyle afîcz pur, de l'élévation dans les fenti- snens , de la vivacité & de l'énergie dans l'expreffion , «doivent beaucoup faire augurer des talens de cet Au« teur, lorTqu'il travaillera flir un fonds moins fiérile & plus intéreflant*

COSTUME* Terme de peinture > par lequel on entend ce qui eft fuivant les cems , le génie > les mœurs , les lois , le goût , les vêtemens , le ca- raâère & les habitudes d'un pays l'ou pUce la Scène du tableau. On applique fréauç^nment terme à TArt Dramapque. Il ne; iufBt pas que dans la repréfentation d'un Sujet , il n^ ait rien de contraire au Coftume. Il iàut encore , autant qu'il peut , qu'il y ait quelque figne particu-. fier , pour faire connoître le. lieu Vaâion fe pa(re,& quels foiitles Perfonnages qu'on a voulu reprcfenter. On entend auflî, par le Coftume, tout ce qui regarde la chronologie , Tordre dies tems & la vérité de certains faits connus de touc le inonde.

C O T jTi

On a long-tems négligé le Coftame au Théâ- tre : il n écûit pas rare d'entendre Pharafmane dire dans un Palais fomptueux :

La Nature marâtre en ces aflfrcux climats»

Ne produit , au lieu d'or, que du fer, desSoHats*

Augufte paroî (Toit entre Cinna& Maxime avec une vafte perruque qui lui ombrageoit les épau- les , & un chapeau garni d*un large plumet. Cor- nélie étoît emprifonnée dans un grand panier. Le bon goût & la hardiefle de quelques Adeurs a banni cet ufage ridicule. Il feroit à fouhaiter qu'il s'introduisît dans le Comique 5 qu Harpa- gon n*y fût pas vêtu ridiculement, & que Ma- dame Argant n'eût pas une cocfFure û monf- trueufe. Cette réforme fera l'ouvrage de quelque Aârice qui fe fentîra adèz de talens pour hafar-* der cette innovation.

ODTE/^C/X, {les ) ou les Marquis frianvs^ Comédie en un A6le , en Verî , par Vûliers ^166$.

Therfandre > homme de qualité , dit à Damîs , (ôti Maîtred'Hotel , qu'il atteiid i oîner Mélinte & fa fille Lucile^ & qu'il aime cette dernière. Il ajoute qu'il vou- droit bien être débarrafle des importuns , dont il eft tous les jours accablé par la grande chère qu'il fait. Damis charge de renvoyer tout le monde. Arrivent le Marquis Clidamanty le Comte Léandre , le Marquis Valcre & le Chevalier Oronte. Ces quatre personnes , ^qui vicn- ne;it pour dîner chez Therlàndre, caufcnt^enfemble': leur converfàtîon roule fur les bonnes tables de Paris 5c fur les mets friands qu'on y (crt. Damis les congédie en ïeur ^nnon^ant queTherûndre, pour des affaires impor- tantes , a dmé à midi précis ^ i qu'il eft Ibrti. Les Mar- quif lôrtcnt fort mortifiés , en peftant de tout leur cœur. Cette Comédie n'a pafler , qu'à la faveur du Vaude- ville qui étoit du temps. Les Gourmets de la Cour avoient formé » une elpéce de Chevalerie > (bus le nom

3î4 cor

des Coteaux 9 dont les Profes étoîent diflingués dans la connoiflknce des vins, Se des coteaux croiilent les meil- leurs*

COTHURNE. Efpécc de foulîer ou de patin fort haut, dont fe fervoient les anciens Aâeurs de Tragédies fur ia Scène , pour paroître de plus belle taille , & pour mieux approcher des Héros dont ils|ouoient le rôle » & dont la plupart paf'* foient pour avoir été des Géans. Il couvroit le gras de la jambe 9 & étoit lié fous le genou. On dit quEfchylé en fut l'inventeur. Chauffer le co- thurne , en langage moderne » fignifie jouer

. ou compofer des Tragédies.

COULISSE. On appelle aînfi Tefpace qtfî eft fur le Théâtre entre un chaflis & l'autre , par lequel un Adeur entre fur la Scène , & par ou il en fort. Il feroit à fouhaiter que les couliffes fiiflent dif*

{)ofée$ de façon qu'on ne vît pas , des Loges , de 'Orchèftre , du Parterre & de TAmphithéâtre même , les Adcurs & les Aârices attendre , quel- quefois en folâtrant , la fin du couplet qui doit lès amener fur la Scène, & leschangefr en Héros 8c en Princeflfes.

COUP DE THEATRE. On'donnecenomàtout ce qui arrive fur la Scène , d'une manière im*- prévue , qui change l'état des chofes , &qm produit de grands mouvemens dans l'ame des Perfonnages & des Speâateurs. L'importance de la matière , fait que nous la diviferons. Nous parlerotYs des Coups de Théâtre dans la Tragédie ^ & dans la Comédie > en commençant par la pre*^ mtere.

C O TJ MJT

Le Pocme Épique admet ces furprifes, qui ajoutent à rimêrêt •, & quoiqu'il y en ait peu dans Homère , il peut même ^n ceci être regarde comme inventeur ; & il en a donné l'idée aux Poètes TragiqiiHS. L'arrivée de Prîam au Camp d'Achille , la nouvelle de mort de Patrocle , peuvent paffer pour de vrais Coups de Théâtre ; puifqu*elles font naître, dans Pâme dii Héros, des mouvemens divers , & qu'elles y excitent des combats.

La fimplicîté de Tadlion , chez les Giecs , ne permettoit pas qu ils ftiflcnt parmi eux fi\ fré- quens, que fur notreThéâtce; &îa reconnoiflance eft un de ceux qu'ils employoîent le plus ordinai- rement. f^oy€[ RcGONNoisskHci. Le Coup de Théâtre , Je plus frappant de la Scène Grecque » étoit fe moment un Vieillard venoit , dans le Cresfonte d'Eurîpîde , arrêter Mérope , prct à immoler fou fik 9 qu'elle promit pôuc raiflàdîn de ce fils même).. La double confidence de Jocafte &. d'Œdipe ààxïît Sophocle» les ple^ti è'Eleâre fur l'urne de Ton firere qu'elle effiktaflfe'devaaiv ce frère qu'elle croit- mort ,,foiif ce qae lâ^Tcagédie ancienne odre de plus beau eo ce gem&

On a fujet d'être i^tooné ,. e»: voyant: la va- riété des refforts , par leiquels le génie des modernes a multiplie àù Théâtre ces furprî fes frappantes # qui ttariffortent Famé- dés Speda- teurs. Les moyens les plus fimples , font ceux à qui les connoiffeurs accordent plus volontiers leurs fufïrages. Voici îa fimplicité deis moyens que Corneille employé* datis Tes bellesTragédies. Dans le Cid , par exemple, un Vieillard ref- pedable vient de recevoir un affront. Il ne

51^ COU

peut fe vengCT 5 il rencontre fon fils ; îl le char- ge de (a vengeance. Le fils demande le nonï de rofienfeun

D, D I B G U

Ccfl....

D. Ro D Ricnf.

•••••

De grâce > achevez,

D I B G U

Le pbre de Chlmene»

D, R O D R I G U £•

Ji«e

D. D I E G U E,

Ne réplique pas. Je connols ton amour» Mais qui peut vivre infâme , indigne du jour. Plus;rofienrèur c& cher y 8c plus grande efl roffenfê*

Venge-moi , venge-toi : Montre-toi digne fils d'un père tel que moi*

Dans Jes Horaces , c'eft un fimple Meflàger qui produit un Coup de Théâtre terrible.

Horace , époux de la fœur de Curiace % Se Curiace Amant de focur d'Horace, font en Scène. Curiace déplore le malheur d'^Albe , qui n*a point encore nomme les trois guerriers qu elle doit oppofer aux trois Horaces. Flaviàn arrive :

Curiace. Albe, de trois guerriers a-t*ellefait le choix {

Flaviam* Je vieas pour vous l'apprendre»

«

C u R r A c E*

Oh bien ! qui (ont les trois?

cou JI7

F L A V I A M.

Vos deux fireres & vous,

C U R I A C !•

Qui[? '

Pl A V I A

Vous fie vos deux frètes»

Voilà la première Scène au Théâtre , dit M. de Voltaire, urf fimple Méflager ait fait un effet tragique , en croyant apporter des nou- velles ordinaires. C'eft le comble de Tart. Même exemple dans Cinna. Cinna vient de rendre compte à Emilie de la confpiration contre Aa- gufte. Evandre arrive & dit à celui-ci :

Seigneur , Céfar vous mande , & Maxime avec vous.

Un des plus beaux qu on puillè encore citer en

ce genre , eft celui du fécond A6te d'Androma-

que. Orefïe fe croît fur d'enlever Hermione

* de la dour de Pyrrhus , amoureux d*Androma-

'^ue. Pyrrhus, rebute par les refiis de fa Captive,

' le rèfout à époufer la Princefle. Il vient en aver-

lir'Orefte: « \ .

D'une éternelle paix Hermione eft le gage» Je répourè ; il fcmbloit qu'un fpedacle doux t ' N'attendoit en ces lieux d'autre témoin que vous.

Allez , dites-lui que demain .. J'attends , avec la paix ^ fpn cœur de votre main,

I ' / « j rf *' •»

La gcnérofité d'un Perfonnage produit encore des coups de Théâtre d'un grand eflet.

Dans Inès de Caftro ,* Inès au pouvoir de la Reine fon ennemie. Don Pédre fon époux , qui a forcé le Palais pour ven^r la délivrer , ne peut

ji» c ou

rengager à !e fuivre: elle lui rappelle le refpeÛ qtfil doit k fon père > & veut refter comme un garant de fa fidélité. \

Dans Abfalon , Tharès , femme de ce Prince f à qui fon Epoux vient de faire part de fes projets contre David fon père, acculée par la Reine d*exciter Abfalon a la révolte , fe livre elle- mêmç .entre les mains de David , pour lui tenir lieu d'otage.

Cornclie > dans la mon de Pompée , pleurant la mort de fon époux vainéu par Céfar , vient lut apprendre une confpiration formée contre lui. '

La (îirpriie qui natt du retour d'un Héros qu'on croyoit tué dans un conabat.

L'apparition d'un Speâre qui vient révéler dies crimes fcaets , comme dans Hamlet » & dans Se- miramis.

La vued*un Perfonnage qu'on croyoit qui ve- noit d^être tué , & dont le meurtrier même ve- noit raconter la mort , comme l'apparition ît'Aflur au cinquième Afte de Sémiramis, celle du Duc au quatrième Aûe de Vencellas , celle de Mélicerte an cinquième Aéle d'Ino,

Une confidence que fait un Perfonnage à fon ennemi qu'il ne connoît pas pour tel , comme le projet 'd'aflafRner Mélicerte , confié à Ino fa pro- pre mère. L'aveu que Monime &it à Mithridate de fon amour pour Xipharès.

Scigueut y. vaus changez de vi(àge«

LctrecdWDoiflanccs. Voye^ ce mot.

Lorfq>ir^tui Perfonnage dit à un? autre, une chofe . qui prodùk un efiFet contraire à ce qu'il ateendotte.

v.

C ou |r9

comme quand Azema veut empêcher Arface de defcendre dans ia combe de Ninus,en lui difanc qu Aflurractçndppur l'y facrifier, Arface s'ccrie avec tr^nfport :

Tout efl donc éclaire! , &c«

Et il defcend dans la tombe , il ?a immoler fa mère.

Le contrafte -du caraftère avec la lîcuatîon , comme lorfque Brutus ordonne à fon fils d'aller combattre pour Rome , qu il vient de trahir. Lorfque Zopire vient offrir un afyle à Séide , qui vient promettre fa mort à Mahomet. Lorf-* qu Augufte dit à Cinna :

Par vos con(eiis je reticndraû l'Empire; : Mais je le retiendrai pour vous en faire part.

Four époufè, Cinna > je te donhe Eottlic ; .

Et c*eft pour elle que Cinna vient de confpiîret la mort d' Auguftei -

Souvent un feul mot qui donne un nouveau mouvement à la Scène 9 devient un coup de Thcâ^ tre: comme lorfque Ôrofmane vient déclarer à Zaïre qu il renonce à elle; il l'obferve& il s'écrie:

Zaïre, vous pleurez! ^

Une réfolutîoa fubite & génér^fe,, une /vic- toire fur foi-mênie > uji mot fublime .dcviiçat un coup de Théâtre^ ::;. , :...V

Soyons amis | Cinna; c*efl mol qui t'en convie »

Eft un des plus beaux qu'on puifle imaginer.

Souvent un Perfonnage forme un coup de Théâtre , en apprenant , fans le vQuloir , à un

520 cou

auere Perflinnage, une chofe quî întéreflè ce der- nier ; comme au quatrième Ade de Phèdre , lorf* que Tbéfée dit à Phèdre en parlant d*HypoUte :

Tous (es crimes encor ne vous font pas connus ; Sa fureur contre vous Ce répand en injures. Votre bouche j dit-il , €Û pleine d'impoilures s Il (bu tient qu'Aricie a (on cœur, a £a foi . Qu'il l'aime.

P H £ D K j^ Quoi! Seigneur.

MES E £.

Il Fa dit devant ihoû Mais je (àls refpeâer un frivole artifice, &c.

Comme lorfqùe Montez, au deuxième Aâc d* A izire,. ordonne aux > Gardes d'empêcher Za- more de le fuivre à l'Autel :

- Des Payens ; élevés dans des loix étrangères , Pourroient de nos Chrétiens profaner les myflere$« Il ne, m'appartient pas de vous donner des loix ;

Mais Gufman vous l'ordonne 8c parle par ma voix.

< k . » .. .

Zamor^ apprend par ce derpier mot , que Mon- : tez eft fojimis à ce Gufmaï^quil 4ètefte , &c. Les coups de Théâtre que le Pocte doit cher- cher avec le pli^s de foin , font ceux qui , par le - retivéi-fement qu'ils produîfènl . occafionnent une ' Scèneïbrie & pathétique, comme celle d'Horace & de Curiace , après la nouvelle du choix des Cyriaces,

On reproche à quelques Poètes de ne faire naître des coups de Théâtre, que par un tiffu d*é- vcnemeiis entafles les uns far les autres.

Dans Cômcdie , Rjcoboui diftingue deux

cfpcce^

C O tl sii^

Êrpéeeà ie eoups de Théâtre ou ât Turprife. L'une d'action & l'autre de penfit. Toutes les deux > dit-il , font également leur eflfet. Il eft vrai cependant que la furprife d'action a pluà de fotee * & fe âiît plus fencir que la fiirprifa dcpenfie. Il cite, avec raifon, comme un mo- dèle , la quatorzième Sdcne du feéond fi(kz TEcole des Maris , dans laquelle Sganarelle amcnô lui-même fa pupille à Valere, Ifabellé feignant d'embraflfer Sganarelle , profite de cette fituatioit pour donner fa main à bai fer à Valere, & lui jurer une fidélité inviolable par lés tendres ex-* preflîons qu'elle femble adrefiTet à fon jalouî^à Rien n'approche de Tart avec lequel le Poète a ménagé cette furpcife. Aucun EHalogùe , aucuit à pané ne l'annonce au Speâateur j & fon effet n'eft fenti qu au moment Ifabellé embradà Sganafblle»

Tel eft eneôré * niais âvee un mérité irtfé* rieur , le coup de Théâtre du troifieme KGtt dd George Dandlii , Scène feiziéme. Angélique ne pouvant flé(îhir George Dandin ^ & l'engager/ à lui ouvrir la porte , fait femblant de fe tuer» George Dandin fort pour s'aflurer c*eft feinta ou vérité \ Se ne j)enfant point à refermer la portée il laifle à fa femme le n^oyen d'y entrer fans qu'il s'en ap perçoive ^ & de le metti^ô aînfî dans la fituacion elle étoit un moment Aupa^ (avant.

Les outragé» de Molière font pleins coups de Théâtre de cette ef péde.

L'exemple du coup de Théâtre pénfiiy(\\ïi dte RiCcoboni, & qu'il donne pour le plusbeail qui fe trouve fur aucuii Théâtre > eft tiré de lA Tome L X

)it cou

PriiicefTe d'Ëlide. La PrinceiTe , qui dédaigne Ta- niour » a une converfacion avec le Prince dont elle eft ain^e autant que de ies autres Amans , mais qui , pour rengager plus iurement , feint une in- ienfibilité égaie à la (ienne««Moliere fait dire à la Vriilcefle, qu'elle a imaginé un moyen de décou- vrir les véritables fentimens du Prince ; & Ton fait qu'elle ne veut les découvrit, que pour le trai- ter comme fes autres Amans. Le Prince n^a d'au- tre intention que de la toucher & de lui infpirer l'amour. '

Dans ceue fituation , la PrincetTe fait au Prince Une faufle confidence de l'état de Ton cœur , ôc feint d'être fenfible à l'amour d'un de Tes Amans. Le Prince , revenu de Tétonnement l'a jette difcours de la PrincefTe , lui répond qu'il admire h conformité de leurs fentimens , puifqu'il vient d'éprouver un changement tout femblablen qu'au- tori£é par fon exemple , il va lui rendre confia fience pour confidence , & qu'une des PrincetTes fcs coufines , l'aimable & belle Aglante » a triom- phé de fon cceur. Il implore fon appui avec tranA port,pour obtenir la main de celle qu'il adore, Ôc part précipitamment pour en aller &ire la de- mande à fon père.

Voilà un coup de Théâtre auquel le Speâateur ne s'attendoit pas , mais qu'il auroit fans doute fouhaité pour venger le Prince qui Tintéreffe , & )etter la Princefle dans la çonfufion; en la»punif- faut de fa dureté & de fa coquetterie. La réponfe Prince Éiit paffcr le Speûateur de l'inquiétude à la fatisÊtâion, Se par-là cette fituation devient întéreflànte & comique tout à la fois. Or c eft de ces deux points çuentiels & û difficiles à réu«

C O TJ ii)

fi\i , qiie naît la difficulté de parvenir âu fublîmô dans les coups de Théâtre , foit d'aétion, fok dd penfée. f^^^y^j Comique, Intérêt, SiTaxTioNê

COUPE irOPÉRA, Ceft la manière dont uti Opéra eft arrangé podr être favorable au Mu(î-^ cien , au Décorateur , pour amener les fêtes , Itû divertifTemens , pour introduite de la variété dani le genre d'ouvrage qui en a le plus befoin»

Couj»B DE Vers, La difFérence dans la Coupe des Vers fert non- feulement à rompre la monotoniâ de vérification & de rime, mais à exprimer Une pafEon ou un mouvement de Tame avec plus de force. Dans la Tragédie d'Ariane , cette Prin- ceffè vient d'ordonner à Théfée de la quitter} Théfée fort & Atiaile dit à fa Confidente :

As-tu vu auelle joie a paru dans (es yeux ? Combien il a paru (àtisfait de ma haine i Que de mépriç !

Cette réferve , dît M. de Volraîre , înterrom- plie au fécond pied , c*eft à-dire s^u bout de qua- tre fyllabes , fait un efîèt charmant fur Toreille ÔC fur le cœur. Ces finelfes l'Art furent introduis tes par Racine 9 & ne font fenties que des con^ noifleurs.

Lorfqu*Agrippîne , dans Brilîannicus , rappelle à Néron tous fes bienfaits , tous les foins qu*elfe s'efl donnés pour lui » le choit quelle a fait de fed Gouverneurs:

J'appellai de Texil , je tirai de l*Armée Et ce même Séncque & ce même Burrhus , Qui depuis « Rome alors admiroit leurs yettviêi

X ij

3H C O U

Cette céfure , au milieu du fécond pied , peine mieux l'indignation d'Agrippine contre Burrhus ôc Séneque » que fi elle ne fe rue interrompue qu'à rhémiftiche.

De même dans Zaïre , lorfqu Orofmane re- fufe Zaïre à Néreftan & lexongcdie > il lui dit :

t'ôur Zaïre » crois*tnoi , (ans ^ue ton cœur s'ofFenfè » Elle n'eft pas d'un prix qui (bit en ta puiflànce ; l'es Chevaliers François 8c tous leurs Souverains S'unlroient vainement pour i'ôcer de mes mains» Tu peux partirt

Cette coupe de Vers peint mieux que toute autre , la fierté & Pimpatience d'Orofmane. Auffi TAfteur jette-t-il toujours ces mots rapidement. Ce font ces attentions qui donnent la vie auftyle. yoye[ Style ^ Vers , Versification.;

QOUPE ENCHANTÉE , (U) Comédie en un Aâe , en PTofe^par ta Fontaine , donnée fous le nom de Chjjup* juÉLi^ dans les Œuvres duquel elle eji imprimée , i588*

Les Oies du Frère Philippe $ Conte de Bocace » & la Coupe Enchantée y autre Conte de TAriofle > composent cette petite Comédie , VAuteur a f^u lier deux fu- jets en une (èule aâion.

COUPE ENCHANTÉE ^ (la) Opéra - Comique en un A&e > par MM* Rochon de la Valette G* nochon de Chabannes ^ d la Foire Saint-Germain ^ i7n»'

Un Amant avoit confiaité une Fée » pour apprendre d'elle s'il étoit aimé de fa Maîtrefle. La Fée lui donna une Couçe pleine de liqueur , & lui dit que la Coupe répandrpit le breuvage lorfqu'il boiroit , u Maitreile en aimoit un autre. Il répandit en effet une partie de la liqueur; & il connut par- qu'il n'étoit pas aimé* Trois ou quatre maris du voi/inage étotent alTemblés afîez près de lui : il leur fit boire dans la Coupe , en dlfànt y qu'elle leur apprendroit fi leurs femmes leur étoient fidel- les. Il n'y eQ eut qu'un ^ eut liei| d'être content de la Âenne.

cou 315

COUPLET. C'eft le nom que les Comédiens don- nent à ce qu'on appelle ordinairement tirades $ à Texception que ce dernier mot fe prend queU quefois dans le fens d'un morceau de déclama- tion inutile à la Pièce , & que le mot de Coupler fignifie fimplement Taflèmblage de Vers que les Perfonnages ont à dire, & qui amène la ré* plique.

Dans les Romances & lesVaudevilles des Opé- ra^Comiques , le Couplet correfpond à ce qu'on appelle Strophe dans les Odes.

COUPS D'AMOUR ET DE FORTUNE , (les) ou l*Heurbux Infortuné « Tragi-Comédie de Boifrobert >

Les Poèmes Dramatiques E(pa?nols étant les modè- les , flir lesquels la plupart des Poètes François tra- vailloient pour la Scène y il n^eil pas étonnant que le même fujet fût traité par deux Auteurs à la fois, A peine la Tragi-Comédie des Coups d'Amour de For^ tune y de Boifrobert , fut au Théâtre » qu'on vit paroitre celle des Coups de ? Amour & de la Fortune de Quinaulç* Ceftdans Tune & dansTautre le même fond ,1a même intrigue , le même dénouement , & de plus » les mêmes noms d'Adeurs , ( des principaux au moins. ) Cepen« dant tout le dé(avanta?e îè trouve du coté de Boifrobert.; Sa Poëfie efi pitoyable , qu'elle donne un air de beauté a celle de Quinault* De plus > le Lothaire de Boifrobert ajoute à fa qualité de fourbe , celle d*un lâche , en re- cevant un démenti en face , dont il ne fe venge qu'en difant beaucoup de mal de (on rival*

COUPS DE L'AMOUR ET DE LA FORTUNE, (les ) Tragi-Comédie en cinq Aâles > en Vers 9 par Quinault ^ 16^6.

Deux Rivaux fe difputent le cœur d'une jeune Souverai- ne , lui prodiguent leurs feins; mais ceux de l'un paflènt

. tous fur le compte de l'autre ; & (ans un Soldat qui tom- be des nues dans la dernière Scène , le fourbe l'empor- toit fur rhonnéte-hommc* Au ic&e > nous avons vu

I^tf C O V

applaudir plus d'une Tragédie » dont le dénouement n'étoit ni mieux préparé , ni plus vraifèmblable*

COURONNEMENT DE DAKIE , (le) ou Darius , Trafii'-Comédié de Boifrobert > i^4^

Darie y stifbcié par Artaxerxe fon père » au Trône de Perfe , efl amoureux d'AQ>à/îe , jeune Grecque , que le Roi aime aufli , & qu'il a enlevée à Darie, Cette rivalité fèrt de prétexte à Tiribaze , Seigneur Perfan » pour conspirer contre Artaxerxe , qui fuppofe que Darie lui a ordonné de retirer A^afîe des mains du Roi. Cette conlpiration eft découverte ; & Tiriba7e eft arrêté , au moment que Darie arrive , dans le deifein dVnlever A^pafie. Artaxerxe , â qui on a dit que ion fils étoit le Chef de la confpiration , le blefTe fbn épée. Da* rie tombé évanoui ; & on le croit mort. Cependant le myfière de la confpiration fe découvre ; & Artaxerxe ,

Îui connoit que Darie n'y a aucune part , veut fe tuer. >arie' reparaît , & dit que (a blefTûre eft peu de chofe. Le Roi lui cède A^aiie » & termine la Pièce par lç$ deux Vers iuivans :

Qu*après la guéri(bn de mon fils ) on ne voie

Que feftins (uns ma Cour, que bals , que feux de joie«

COURSES DE TEMPE , (les) Paflorale en un Me » en Vers ^ avec un divertWèment » par Piron j avec de la niujique de Rameau , au Théâtre François ,1734-

Tendreflè , galanterie , ehjouement , haut- comique , terteur même & pitié , fc ju^u^à du burlefque , il entre de tout dani cette Pièce. Le Perfonnage niais d'fiyias 7 jette un comique, que les Paftprales n'ont pas ordi-t nairement ; c'eu dommage quç le fond de la Pièce folt un peu bÎTarre,

COURTISAN PARFÀrr^ (le) Tragi- Comédie en cinq A&es^ en Vers y par Gilbert , i669»

Féliûnant , Comte de Provencç , a fait naufrage (ûr les c6tes d'Urbm : il eil devenu amoureux de la Du- €beilè:mais ne voulant devoir cette conquête qu'à (on propre mérite , il (b préfènte i Gl Cour comme fimple Gentilhomme , & flatte de l'emporter fur le Prince de Ferrare , par (es (bumiffions & confiance. Les deux fremicr» Aftdsiç pafièiit en çonvcrlàtions galant

tes. On fe doute bien que Félifiaant v Urîlle fort. L'A- rétin , que F Auteur donne pour confiaent au Princa de f*errare, a occafion de faire paroître fon elprit Se viva- cité par les réponfes qu'il fait à la maligne Joconde , confidente de la Duchefle. Le troifiéme Ade Commence par une petite Comédie , delà compofition de TAréein ^ intitulée : le Triomphe de YAmûur. Félîfinant , qui y joue un r61e , préfente à la DuchefTe , qui fait eelui de Bergère Dapbnide , un oairoir , en lui difànt qu'elle y verra le portrait de (k MaStreffis. La Dueheflè prend mal cette galanterie : elle fe retire brufquem«nt , fei**

fnant d'avoir l^ migraine» La Comédie finit aufli-tô^, élifmant efï enfuite attaqué par des affaffins, âcTecourii par !e Prince de Ferrare , qui le prie d^ parler pour lut a la DuchefTe d'Urbin. Quoi^'u9« pane^tUe çommflioMr fbit afTeii déâgréable pocur un Anoant» Félifmant $'eii acquitte de très-bonne foi. Sa démarche irrite la Du« cheffe ; elle ne Técoutc qu'avec dépit , & le quitte fèns vouloir le laiflef achever. Le P»nce , qui ^[>prend ces refus , fe réfbut à un enlcvemeiktA Au Iteu de ia Pu-* ehefle d'Urbin » on enlève une des Oames de fa Cour. Pendant ce temps -là , la DuchefTe , tranquille au mi- lieu . de fbn Palais ^ fait des réflexions fur la conduite de Féllfhiant ; Se comme elle tnftniite de fa naiflance > elle cède fans peine aux mouvemens de fbn coiur ^ ^ lui donne fa main peur couronner & fldétité*

CRÉOLE , {la ) Qont4àie en un Aâe , en Profc i p$t M. de la MoTliere , au:ç FrançQis » i754»

Un jeune homme de famiHe devient amoureux à Paris dSme fillç charmante , n^sûs dont la naiflance ef{ inconnue , & la fortune très -médiocre en> apparence. Le père de l'Amant s'oppoffe en confequençe à leur union. Celui-ci prend le pam de s'enfuir ayec fa MaltrefTê, & de s'embarquer pour les files, n:e fâchant que faire > pour prévenir l*îndigen,ce , ils fe mettent a jouer la Comédie j mais mafqués., afin de n^être point reconnus de ceux qui pourroient arriver de France. Le père s'in- forme de fbn fils ; & ayant appris qu^il étoit aux Mes , il entreprend lui-même ce voyage.. H va loger chez un riche habitant de Tes amis , qui , pour le diftraire de la triflelTe il le voit plongé , fait venir chez les Co-

X iv

jlJ CRI

inédicns. Ils Cent infiruits de Tarrivée du bon-bemmc ; Af

J'Aârice médite de jouer devant lui , avec Ton Amant ,

une Scène întéreiTante 8c pathétique , analogue à leur

^tuation réciproque l^e vieillard en effet attendri

jufqu'à trouver mal. On efi obligé de lui faire pren-^

«re Tair. Nos deux Amans lui portent de nouveaux;

coups ; ils lui font le table^^u de leur tendreilè & de Hi

barbarie. Ils fe découvrent , 5t il con(ent à Içur bonheur,

parce qu*il trouve que la Comédienne efl Créole ,

nièce & héritière de T^ni > chez qui le père du jeune

homme eil logé^

;CRISPIN. Ceft un Rôle ou Perfonnage de fa Co- médie Fxançoîfe > qu'on prétend avoir été invente par Raimond Poîflon, Cet Adeur parloir bref; Se n'ayant point de gras de jambe, "il imagina de jouer eix botines. De-là , tous les Crifpins les fuc-» cedèurs ^ ont bredouillé & fe font bottés. C*eft ordinairement un Valet fingulier.

ÇRISPIN BEL'ESFRIT, Comédie en uu ASe , en Vers ,

attribuée â la Thuillerie ^ i62t.

Le fonds de cette Pièce eft le même que celui de Crifpin Précepteuu C'eô toujours ce Valet qui ft dégui-» le , pour faciliter à (on Maître les moyens de voir (^ JMaitreflè. Ce déguifement ici un peu mieux fondé «

d'Abl

- --- -...erpru , r

Viftorine 9 mère d'Orphife , & femme de M. Vidotin, Ce dernier, au contraire , a une averfion extréine pour tous les Savans ; 3c ne veut voir chez lui que des Mili-» ^ires. Pour s'accommoder à Thumeyrdu m^ri , Valere^ Crifpin & M. Pénétrant ( ce dernier cft un pédant , qui depuis long-temps fréquente la mailbn de Viftorine 9 ) conviennent avec elle de feindre , & de fe travcftir en

converfàtîon roule (ur les aiiPaircs de la guerre ; 8c l'on réfervc le Bcl-efprit pour Vidorîne. Cri^in , Héros la Pièce > remplit ^z^bien fçs dçux Ferfoiiiiagçs j

CRI 32f

également ridicule dans l'un & dans Tautre i II confèr- vc paiTablement (on caraâère.

CRISPIN GENTILHOMME , Comédie en cinq ASes , en Vers , de MontJleuTj y ^677*

Un Pa^fàn, chargé d'élever (ècrettement le fils de cer- tain Colonel abfent du Royaume » éft obligé de le re- préfenter à (on père au bout de vingt ans ; mais , dès rage de douze ans ^ ce fils a diCparu. Pour (brtir d'em- barras, Mathurin lui (ubflitue Crilpin , (on propre fils : les di(cours burlefques & les extravagances de ce dernier occupent une ^ande partie de la Pièce. A la fin , Cléomédon , qui , de fimple Soldat , çfi devenu Lieute nant-Colonel « eft reconnu pour le fils véritable. Ce fùjet a fourni à Bruyeis, la Force du Sartgr , ou le Sot tou" purs Sou X^a marche de ces deux Comédies eââ-peu-près la même : il efi cependant vrai que Bruyeis a tiré meil* leur parti de ion CUtandrc > que Montfleury de (on Cléomédon.

CRISPJN MÉDECIN y Comédie en trois Aâes , en profe , par Hauteroche » i ^ 7 3

Le Public revoit toujours cette Pièce avec plaifîr. Ce Ctifpin étendu (ur une table , prêt â être difféqué, & mou- rant de peur; ce même Cri4>in affublé de la robe d'un Doâeur çn Médecine , parlant latin , ordonnant des pi- lulles y le fait toujours rire. On a beau lui dire que ce n'eft qu'une Farce ) que les caradères en (ont ridicules , l'intrigue follç, le Comique bas ; on la redonne, &elle plaît,

CRISPIN MUSICIEN, Comédie en cinq Aâesy en Versi de Hauteroche <% 1^74»

Cette Pièce a eu plus de (uccès que n'en promettoit une Comédie chargée d'une double intrigue , d'incidens (îiperâus , de per(bnna?espofiiches; ajoutez-y le manque de conduite , de vraifêmblance & de liaifbn* Fixer un Amant volage » en lui infpirant une paffion réelle & durable pour l'Amour & l'Hymen; charger un Valet d'un rôle de Maître de Mufique , pour faire tenir fi^re-

ment à leur adrefle , des Lettres avec les réponfès ; voilà quel deyoit être uniquement le plan de cette Comédie > l'Auteur s'écarte trop fouvent de fon fujet.

j)o CRI

OilSPlN PRÉCEPTEUR , Comédie en un Aâe , en Vers y de la Thuillerie^ 167^.

Gérafie, Amant de Lucile , nléce d'Anfêlme» cherche fin moyen pour s'introduire dans ùl maUbn : il* (e pré- fente une occafton. Anfelme a befoin d'un Précepteur capable d'inftruire CoMn , frère de Lucile , qui arrive du Village il a été élevé , & dont il a tout le lan-

Sige & les £içons groffières. Cri/pin , de concert avec erafie , êc avec Life t Suivante de Lucile , Ct croit propre à jouer le personnage de Précepteur , & eft accepté par Anfelme. Dans le moment , un Pédant , appelle Sévérius y vient offrir les fervîces , & prend querelle avec Crifpin. Ce defnier a cependant le bon- heur d*étre préféré : on lui livre fon difciple, qui eft un véritable imbécille. Crifpin lui enfeigne le Rudi- ment : Colin répond maL Le Précepteuf veut ufer de fè$ droits , & lui donner de (a férule ; mais par hazard il fc frappe lui-même- Colin rit ; Cri (pin fe fâche, tire yn jfouet , & ordonne à l'Ecolier de dénouer l'ai-

fuillette. Celui-ci pleure, & (c met en difpondon 'obéiF. Lucile entre , & demande grâce ^ Colin , piqué , la refufc, & prie feulement (a lœur d*étre préftnte pour coniptcr les coups. Comme il eft qucftîon d'affaires plus féricu.fçs , on lui pardonne. Géra/le arrive enfuite » & parle à Lucile* Anfelme le fùrpren^ $ ^ lui fîgnifie de ne plvs (bnger à fa nièce* Dans moment > on vient * annoncer quç la tante de Géraâe çft morte : cette cir- conftancc lève toutes les difficultés, Anfelme , qui ne s'é^oit oppofé au mariage de Gérafte , que parce qu'il n'avoit pas de bien , y confent alors avec plaifîr ; & tous les Aâeurs fe retirent fatisfaits.

CRISPIN RIVAL DE SON MAITRE, Comédie en un Aâle y en Profe , par le Sage » 1 707.

Le jeu de la repréfentatîon rend la première Scène très-divertiiTapte. Le rôle de Crifpin tft naturel , les apparences font bien ménagées, qu'il n'eft pas extraor- dinaire que ilf . Oronte s'y méprenne, fût-il moins fîmple êc moins borné. Valcre n'eft pas aufïî exçufabk de s'ar* réter fi peu aux fbupfons trop fondés qu'il a fiir le compte de fbnValctf

CRO CUR; }jii

CRITIQUE y (la) Comédie en un A6ls y en VerflilTei^ avec un Divenijfement , précédée d*un Prologue , ou petite Comédie en un A6Le > en Vers , intitulée l'Auteur Su- F^RSTiTiEUX i par Boijfy y au Théâtre Italien y ij^x.

Les Aâeurs font , Apollon , Thalie , la Critique ; un Auteur ïàtyçlque , Chryfante , homme (lugulier , la ' Médifance , le Vaudeville > Coréfiis , Arlequin , la Con* tredanfc, le Tambourin , le Menuet, &c. Onpeut juger,* par les noms dos rôles, de ce que ce peut être. Les Scènes de Chryfante & de la Médifance (ont îngénieules. Le Prologue efl compofé de huit Scènes. La Super/lition ne va pas à un Auteur. Celui-ci craint le nombre de treize , le vendredi , les mauvais rêves. Il a un Procès i, faire juger , une Pièce à faire jouer , & une MaîtreiTc â époufer , tout cela le même jour. On lui annonce U perte de (on Procès : ce qui le confirme dans (es idées fiiperilitieufes. Mais.laMaitrefTe lui mande que (bnpcre confènt à leur union : il a moins de *foi à fes (bnges. Il ne relie plus que fa Pièce : c'étoit la Critique ; Se fans doute il fut bien guéri de Ces folies ^ car elle eut beaucoup de fuccès.

CROMIVEL, Tragédie de M. du Clairon y 1764^

L'état de fadion fe trouva l'Angleterre après le renverfement de la Monarchie , eft le tableau que l'Au- teur a voulu repréfenter. Il a pris Tinftant 0^ les Anglois offrent la Couronne à Cromwel, & celui fc forme la dernière conlpiration contre cet Usurpateur. Ces deux événemens (ont rapprochés & places dans le même )our, qui efl celui de la niort de Cromwel : l'Auteur la (uppo(cr occafionnée par une fuite de cette même con(piration«

CURIEUX DE COMPIEGNE , (les) Comédie en un A6te , en Profe , avec un Diverti[[iment y par Dancourt^ aux François y i6^2*

Cçtte Pièce, qui fait allufîon au Camp railèmblé près de^ Compiegne en 1^98 , devoit à cette circonôançe un mérite qu'elle n'a plus aujourd'hui. L'intrigue e(l adcz heureu(ement liée au (iijet. Deux Officiers , excédés de deux Caravannes de Bourgeois , venus au Camp , & logés (bus leurs aulpices » focmcnt le projet de s'en débat*

53* C Y M

rafler avec honneur ; mais parmi ces deuxTroupes, ils ont & leurs MaitreiTes & leurs Rivaux. Ils voudroient berner ceux-ci > & s'aflurer des premières : ils y par-> Tiennent , en s*abandonnant réciproquement leurs Hôtes. Un ordre nippofS , mais peu vraifèmblable 9 amené un dénouement qui ne Tcfi guères plus.

CURIEUX IMPERTINENT , ( Ze ) Comédie en cînf j^êles j en Vers » pitr Néricault DeJloucheSj 1710.

Ce (ujet eft tiré de Don Quichotte. Quelques Lec- teurs dimciles trouveront peut - être le caraâère de Léandre, ou Curieux Impertinent ^ hors de la nature. Cet Amant foupçonneux devroit s'en tenir â une épreuve ; il n'efl pas vrailemblable qu'au moment Julie paroit le plus aimer Léandrc , elle change tout-à-coup , & fc donne à Damon. On pourroit encore reprocher â cette Pièce & longueur , un quatrième Ade abfblument vuide d'adion & d'intérêt , un froid même répandu fur tout rOuvrage y une efpéce d'uniformité dans les caraôères des Valets & des Maîtres , des Scènes trop contraftées « oui (entent Tart , & trahiflènt y pour amii dire , leî iccrets du Poète. Mais ces défauts doivent être pardonnes en faveur d'une diâion élégante , du rôle parfait de Vieillard dans Gëronte , & de l'excellent ton de la Co- médie.

CYMINDEy ou LES veux VicriMSSy TtagUComiiie de Coîletety 1642.

Les peuples de la Sarmatie ayant offenfé Neptune y en font punis par la pefle qui défble leur pays. L'O- racle confulté , répona , que pour appaifer le Dieu des Mers > il fàut\ tous les trois mois, lui offrir une perfonnc qui fera défîgnée par le fort^ pour fervir de vidime à An courroux , & que ce (acrifice durera jusqu'à ce que

«le âèle un jour

Me fafle refufèr deuxViâimes d'amour.

Voilà ce qui confiitue le fond de la Pièce. Elle com- mence par le peuple qui revient du Temple , le Sort s'eA déclaré. Licidas , favori du Roi , & marié depuis peu avecCyminde, eft laviâime qui doit être préfentéeà Neptune. Cyminde , pour fanver la vie à fbn époux , Ce préfcntc au Sacrificateur y qui la reçoit à la place de Lir

CY R })j

tldas: elle eft mi(e dans une barque , & abandonnée au

ffé des flots. Licidas ^ qui apprend ce que Cyminde vient c faire pour lui y ne veut point lurvivre à cette géné- reufe époufe ; & il (e jette dans la mer, Cyminde & Li- cidas n*y périflent pas ; au contraire , les vagues les poi^ tent fiir le rivage. Le Grand-Prêtre arrive , & déclare > de la part de Neptune , que TOraçle eft accompli , 8c

Îue Tamour de ces Epoux Amans a calmé la colère de )ieu, 8c fini les malheurs du çàyf,

CYRUS^ TragéHe de Danchet^ 1706.

L'aâion commence au moment TArmée desPer(ês va combattre celle d'Adyage , Roi des Mèdes, qui tient Cambifè » père de Cyrus » dans ia puiflknce. Cyrus^ ion petit-fils du côté de (a mère , initruit par Harpagd

3ui Ta élevé j du fecret de (k naiilknce , ne craint plus e déclarer fbn amour à Palmire , fille de ce Sujet fidèle , a qui il doit la Couronne & la vie > qu*Afiyage vouloit lui ravir. Reconnu Roi des Perfes par toute TArmée , ce jeune Prince marche au combat , défait les Mèdes» 8c fauve la vie à Ailyage , vaincu 8c prifbn»* nier. Ce Roi , barbare 8c féroce )ufques dans les fers ^ ne veut rendre la liberté à Cambife , qu'à condition qu'on lui livrera Harpage , pour le punir d'avoir con-^ fervé les jours de Cyrus» Cette demande fpurnit des fituations||touchantes. Cyrus efi également combattu pat tendreflà pour (on père t fbn amour pour Palmire^ Gl reconnoiflànce pour Harpage , & la crainte de verfet le fang d'Afiyage > fbn ayeul. Harpage , qui n'a d'autre (bin que de veuler à la gloire de fbn Prince , & d'aflurer le bonheur de Patrie , va lui-même porter fa tête au Camp des Mèdes. Cette aâion héroïque ?agne les Chefs de l'Armée, 8c les attache au parti de Cyrus. Afiyage, abandonné des liens , prévient , par le poison , les re- mords 8c le juile châtiment de fes crimes. Toutes les vertus d'un jeune Héros defliné à devenir un grand Roi ; toutes les qualités d'un Sujet fidèle , qui facrifie fbn repos , fa famille & fa vie à la gloire de fbn Souve-* lain ; toute la tendreffe d'une jeune Amante ^ élevée dans une vertu aufière 8c magnanime ; l'infenfibilité , l'in^ gratitude, la barbare fureur d'un Roi cruel & inhumain, mifès en oppofition avec les fentimens de la nature , de

5Î4 C V T

ia reconfioiïïknce , de l'amour 8c de l'humanîté ; roïlt les grands traits que D-inchct a empruntés de la Tragédie Latine de Cyrus , parle Père de la Rue, dont il a copié tous les caraiôcres , pris tous les Perfbnha^es , & fuivî les principales fîiuations. Il y a même des Scènes entières qu'il n'a , pour ainfî dire , fait que traduire. Il cft vfaî qu'il n'a point cherché â en impofer au Public ; il nomme lui-méihe la fburce il a puifé toutes^ ces richefles|; & il rend â l'Auteur JéHiite uH hommage qui fait heiineur k fsL modeôie,

CYTHEhE ASSIÉGÉE y Opéra-Comique enunÀSe^ en Profe &* en Couplets, par A?M. Favarr O Fagan^ à U Foire Saint-Laurent y 1744; par M. Favartfeul% d la Foire Saint-Laurent , 1 7 5 4.

Des Guerriers Ce préfcntcnt devant Cytbcre pout en f^ire le fiége i mais à l'alpeâ: de celles qui défendent la Ville , leur couragç fe rallenfit. Une d'entr'elles fe fait aimtr du Général , qui veut engager fes Soldats à levef le fîégc* Ceux-ci en font indignés i mais ils tombent dans le même pic ge que leur Chef , & ils fclaiflent en* traîner par les kih egées.

Mli^<ki**i«a^^*KMk^MBM^MMMMM^HMi*àrfiteMinMh«a

9

JD AME INVISIBLE , (la) ou l'Estâit* Folet , Comédie en cinq Mes, en Vers , far Douvilk ,1641.

Ploreflan , jeune Languedocien , nouvellement arri- vé à Paris , loge dans la iiiaifon d'un de Tes amis. Angé- lique 9 fœur de cet amis devient amoureufe du Provin- cial , & par le moyen d'une porte fecrette , s'introduit dans ÙL chambre en fon abfencc , fouille dans les pa- rîers,met Tes hafdes eh confufîon , lui fait des préfcnSt ccrit des lettres , & en reçoit de lui. Floreftan n'eu pas entièrement la dupe de ce manège ; mais il veut voir quelle iira la fin de cette aventure , dont il n'imagine rien que de gracieux. Carille , &n Valet , ne penfe pai de même : prévenu que tous ces défbrdrcs font un effet de la puiflance d'un Efprit - Folet , il s'abandonne à

DAM 3J5

d es frayeurs & de& craintes ridicules , que la Suivante ^ d^Angéiique prend malignement le (oin d'augmenter. Les aifcours du Valet font le plus plaifant de la Pièce. Le fond en e(i heureux & coihique HauUroche a (çu en profiter dans celle qu'il à donnée (bus le même nonl. Le dénouement de la Comédie de Douville eft ce qu'il y a de plus foible. Les ftratagcmes d'Angélique te décou- vrent ; & la Pièce finit par (on mariage avec Flo- refian.

DAME MÉDECIN, ( la ) Comédie en ci/ifASeSi en Vers ^ par Montfleury y 1678»

Angélique, prévenue en faveur d'Erafte qui l'aime pour l'avoir vue à un bal , apprend qu'il doit époufet Lucile ) dont il n'eil point aimé. C'efi même pour éloi- gner ce ms^riage , que Lucile Hippofè une maladie qui met en défaut tous les Médecins. Angélique prend le parti de fe présenter en cette qualité chez la malade* Inilruit autrefois par «fbn père , de tous les termes qui diftinguent cette proteflion ,'elle joue fon rôle avec une aiHmce qui en impofè à Géronte , père de Lucile ; mais cette dernière forcée d'avouer au faux Médecin , les motifs de £à feinte indilpofîtion. Angélique en fait part à Erafle ; & pour le confoler^lui offre lœur. Eradc accepte l'entrevue , & retrouve , dans Angélique , l'in- connue du bal. Un double mariage termine cette Pièce « l'unité de lieu efl violée prefque à chaque Scène. Elle eft , du reâe , légèrement écrite y vivement dialo** guée , & remplit exadement fbn titre»

DAME SUIVANTE y (la) Onédit en cinq Aâes ^ en Vers , par Douville , i ^4f

Une Dame de Lyon , nommée Kâbelle , aime un Ca- valier qui demeure à Paris , nommée Climante ; celui-- ci a une MaitrefTe appellée Léonor , dont il eil amou- reux ) éc qu'il compte époufer dans peu. Ilàbelle s'in- troduit chez Léonor à titre de Suivante , & trouve le moyen de brouiller Climante aVec Léonor. L'effet de cette rupture efl le mariage d'Ifabelle avec Climante , après qu'elle s'eû fait connoitre pour une perfbnne de iamiUe ^ fie qui a beaucoup de bien»

jjff DAN

DAMES VENGÉES j (les) ou la Dvfr ve sôU/niMÈ % Comédie en cinq AâU$ » en Ptofe , par Vifé, 16^ S.

Le Héros de cette Pièce c& une copie imparfaite ]VIoncade ^ dans V Homme à bonnes Fortunes ; quoiqu'il fbit annoncé colnme un enfant gâté » qui a difllpé fori bien en aiïez mauyailè compagnie , & qu'on le voye débuter fur ce ton. Cependant , comme il paroîc cor-^ riger , & revenir parfaitement de Ton etreur , il lèmble que les Dames doivent être (iiffifàmment vengées pai^ Ion humiliation , & ^u*on peut (avoir mauvais gré i TÂuteur de ne l'avoir pas rendu heureux à la nn de la Pièce : en tout cas , puifqu'il vouloit le facrifier à fbn titre , pourquoi l'a-^t'il fait aux dépens de la pauvre Horten(e > qui 9 après avoir paru très-raifonnable , quoi<*- qu'un peu précieule , repent tout a coup , & f e pique mal à propos ^ dans le moment qu'elle vient de donner les plus belles efpérances à Con Amant i

DANAÉ t ou JuFiTER Crisfin$ Comédie en un AÛe ^ en Vers , par la Font , au Théâtre François , 1 707.

Jupiter , déguifé en Crifpin , de accompagné de Mer* cure , eflaye de pénétrer dans la tour Danaé eft en^ fermée. Deux Soldats l'arrêtent ; il fe fait connoitre à eux par un prodige , qui confifle à remplir d'or la poche de l'un & de Tautre* Alors Tentrée de la tour lui ed livrée ; & le don d'une bourlè adoucit de même la Nour^ rice de la Princeflè. Le rôle de Danaé cfl ingénu , tel que doit l'être celui d'une jeune perfonne , qui n'a ja* mais vu que l'intérieur d'une tour« Elle n'en que plus facile à féduire.EUe aime Jupiter (bus fon dégui- fement hétéroclite. Bien-tôt Junon , déguifée en Dame Gigogne y vient troubler leur intelligence. Il (e pafTe cntr'elle & Jupiter , une Scène vive & un peu chargècé Enlin les deux Epoux s'accordent ; & Junon fe charge du foin de marier Danaé. Le Jeu des Aâeurs peut ajou- ter au prix de cette Pièce , afiez gaie par elle-même. Elle eft précédée d'un Prologue entre l'Amour & la Critique. Le premier protège l'ouvrage l'autre veut le coulera fond»

VAN AIDES, ( les ) Tragédie de Gomhaud y \66^6.

Danaiis > effrayé de TOraclc qui ^menace Tes jours ^

çonfu^

tônfùlte les Mages (ur ùl defUnée. Comilié leur répons fe ne lui eft pas favorable , il diftribue des poignards à lès filles qui s'entre«exhdrtent à affadlner leurs maris* Il n'y a que la n\aniere de les faire mourir , qui les exn-j

barrafle :

, - »• -

Pour leur doilner la mort > comment les prendrons-nous S

dit ime d*entr'elles» Danaiis lui répond , q^'il fauft commencer par les enivrer ; parce qu'alors ils ne mafi^ queront pas de fe livrer à Uh profond (bmmeil , pendant lequel elles fkinront le moment favorable de leur enfon-, cer le poignard dans le fein* Hypermneilre > qui aimck Lyncée > & qui voudroit lui fkuver la vie y tepréfente à fon pers , que fbn époux ne dort point , & que le meil- leur vin ne l'enivreroit pas. Cependant l'ombre Sténélée , (ur qui Danaiis avoit ulurpé le Trône d'Argos^ lui apparôity comme celle de Ninus dans la Tragédie Séniramis ; avec cette différence , que l'ombre de Ni-^ nus ne dit que deux mots , au lieu que l'autre récite une tirade de (bixante Vers , tout d'une haleine. Elle prédit à Danaiis & à les filles uti long fupplice de leUc crime dans les enfers. Hypermneftre engage Lyncée à le fbuflraire , par la fltite , à la cruauté du Ilot ; mais il revielit bien-tôt à la tête de quelques troupes , tue Da« DatiS) 8c Ce préfente devant Hypermneflre , qui lui fait les reproches les plus vifs (ur (on parricide*. Elle invoque. la mort , lés Furies 9 &c»

DAPHNIS ET ALCtMADlfRE , Paprale Languedoc cienne » en trois Aâes % avec un Prologue , paroles G». mujique de Mondonville i 17^^»

Cet ouvrage roule (ur trois Aâeurs ; t^aphnis , qui aime Alcimadure ; celle-ci, qui n'aime encore rien y St. ne veut jamais rien aimer ; & Jeannet Cori frerc , qui prend vivement les intérêts de (a (œur , 8c veut lui mé- nager un établiiïement convenable. Alcimadure craint de perdre fa liberté , 8c de trouver uil Amant volage* Jeaimet la rafïiire > en di(ant que Daphnis eft un Bergec confiant ; & pour le lui prouver , il déguife en homme de guerre , vient trouver Daphnis , & lui dit qu'il eft Umoureux d' Alcimadure. Il ajoute qu'il efl fur le point de répoufer. LeBerget lui répond 9 avec fermeté , qu'U

lomcL Y

f jS D À R

Ile cette cruelle ^ & qu'il ne craint pas qu*un autre la lui èrilévà. Jeannet veut répouvanter ; mais l'amour de Daphnis le rend intréptde;& après avoir donné toutes les preuves d'un amour auffi tendre que confiant, Alcima- dure , dont le cœur cù. devenu (ènfible , confent à i'é- poufèr.

DARIUS, Tragédie de Thomas Corneille ^ i^55>.

■" On toit deux Perforinages fc disputer le nom de Da- rius ; & celui à qui ce nom appartient , eft hors d'état de fe faire connoitre durant quatre Ââes. Le caradèrc de ces deux Côhcnrrens, eft bien foutenu , & fur-tout bien c6ntral!é. Hy a quelques Scènes^ coupées , & qui n'au- roient pas du Tétre; mais alors , comme aujourd'hui , une Tragédie exigeoit cinq A des*

VAKÛANUS , Tragédie - Opéra en cinq ASes , paroles de la Bruere , mufique de Rameau , 1739*

Les talèus du Muiicien trouvent di^ement fécon- dés » dans cette Tragédie , par ceux du roëte. Ses .Vers ont du naturel , de la douceur &de l'énergie. Le lujet, d'ailleurs , éxigeoit beaucoup d'intelligence & d'inven- tion , pour pouvoir être placé iur la Scène. Rien de plus fîmple y que la bafè vxt laquelle l'Auteur a conC- : truit fa Fàbie. Dardanus, fils de Jupiter & d'Eleâre , , Vint s'établir en Phrygie , & y bâtit la Ville de Troye , de concert avec Teucer dont il époufe la fille* Voilà tout ce qu'en dit Virgile. La Briiere fuppole la gu?rre allumée entre Pai*danus & Teucer. Celui-ci accepte le fccours que vient lui offrir Anténor , & lui promet Iphifè fa nlle , pour prix de fes travaux. Iphife & Anténor viennent tour-à-tour confulter le Magicien Ifmenor; l'un, fur les difpôfitions du coeur d'Iphiiè ; . l'autre, fiir les moyens de ne plus aimer Dardanus ; mais c'eft à Dardanus lui-même , déguifé fous les traits difménor , que l'un & l'autre s'adrefFent. On fcnt com- bien cette double fîtuation eft intérefTante. C'eft dans l'une de ces deux Scènes , qu'lphife dit , en avouant fbn amour au faux Magicien :

Àrràchei de iiïon cœur le trait qui le déchire. La prilSn de Dardanus, les dangers qu'ij. y court, la

DEC _ ii^

mort de (on rival > (a viffcoire , réconciliation avec Tcuccr , achèvent remplir la Pièce » & produi(ènc une foule de beaux mo mens»

DÉBUT. Ceft le nom que Ton donne à Teflai qu*un' Adeur ou une Âârice font de leurs calens devant; \ le Public,

DÉBUTS , ( les ) Comédie en un ASe « en Profe « avec i//f , divenijjement j par Dominique ù* RomAgnéfy ^ aux Ira-

Des Aâcurs & des Adrîccs de toute cftéce i vîcni? nent les uns après les autres , dans des Scènes toutes Epi(bdlques, offrir leurs Talens à la Troupe Italienne afiemblse. Arlequin en fait une critique fine 8c amu<j faute.

DÉCLAMATION. Ceft le nom atfon donne à' des penfées gigâncefques , à des lentimens faux ou exagérés , à des lieux communs inutiles , enfin à tout ce qu Horace appelle ambidofa ornamentai â cous les difcours qui ne font point dans la ficaa« tion du Perfonnage que l'Auteur fait parler. Les Déclamations font trop communes au Théâtre , pour qu*il foit néceflaire d'en donner ici des exemples.

"Déclamation. La Déclamation théâtrale eft Tart d'exprimer fur la Scène , par la voix , Tatticude, le gefte & la phyfionomîe, les fentimen$ d'un Perfonnage, avec la vérité & la jufteflTe qu'exi- gent la (îcuation , & rembelliJïèm^nt que de- mande le Théâtre. La perfeâ:ion 1^ Déclama- tion tragique confifte aans raccord de la (impli- cite & de la noblefle; & c'eft^d rnîlieu qui eft difficile à faifir. Les Ade.urs,dansja nai (Tance du Théâtre > firent voir fur la Sdèhë un natuirelinf

Yij

340 DEC

culte & bas , qui convenoit aflèz à des Ouvrages qui n'avoienc oi noblefle ni dignité. Pour éviter ce défaut , on le jetta dahs TEmphafe & le Mer- veilleux. On fe plut à croire que les Héros dé- voient chanter en parlant y 6c ce mauvais goût fubfîfta jufqu'au célèbre Baron. Il porta la déUca^- tedè jufqu à être blefle du feul mot de Déclama- tion ; & il prétendoit qu il ne falloit que réciter. Il paroiflbit -, & c'étoit Mithridate ou Céfar, &c. Ni ton , ni gefte, ni mouvement , qui ne fût celui de la Nature : quelquefois familier, mais toujours vrai , il penfoit qu un Roi , dans fon cabinet ,ne devoît pas être un Héros de Théâtre. La Décla- mation de Raf on caufa une furprife mêlée de ra- viflèment. On admira un jeu tranquille fans froi-

- deur ; un jeu véhément , impétueux avec dé- cence ; des nuances infinies , fans que Tefprit s*y laiflat appercevoir. Bientôt on vit Beaubourg ,

r dont le jeu moins correâ: , plus heurté , ne laiC- foît pas d'avoir une vérité fiere & mâle. Il ex- celloit dans les Rôles de Rhadamifte & d'Atrée. Après la chaleur & Tenthoufiafme , qualités fans lef quelles il n'y a point d'Adeur , celle qui lui eft le plus nécefïàire I eft la finefle de rinteliieence& du fentiment. La Tradition nous a conlervé en ce genre quelques traits'de Baron , qui devroient ctre toujours prefens a les iucceUeurs. Dans ce

i Vers à Andromaque :

Madame , en rembràflant , fougcz à le ftuvcr ^

ît êmployoît, au lieu de la menace , TexpreC* fion pathétique, de Tintérêt & de la pitié i & aii gcfte toûchânjt doiit il accompagnoit ces mots , €71 1 embrasant ^ il femblôit tenir Aftyanax entre

DEC J4tî

fes maîns , & le préfenter à fa mère. On fait qut daiis ce Vers de Sévère à Félix ,

Servez bien votre Dieu ; (èrvéz votre Monarque ,

îi permettoit Tun & ordonnoic l'autre , avec le$ gradations convenables au caraâcre d'un favori de Dieu , qui n'étoit pas intolérant. On peut re- procher aux Aâieurs de négliger trop l'étude de l'Antiquité. Il eft vrai que le Monde eft , en géné- ral , Tecole d'un Comédien. Ceft un Théâtre iïn- menfe , toutes les paflions , tous les états j tous les caraâères font en jeu. Mais comme la plupart de ces modèles manquent de noblefïè & de cor- reûion , s'il n'eft d'ailleurs éclairé dans fon cboix^ il fuffit pas qu'il peigne d'après nature; il faut encore que l'étude approfondie des belles proportions l'ait mis en état de la corriger ; Ce - c'eft à quoi eft propre Tétude des originaux» «Depuis que je lis Homère , difoit M. Bouchar- » don, les hommes me p^roiffent hauts de vingt * n pieds. >> :

L'étude de la véritable expreffion des paflîons doit encore occuper beaucoup le Comcdien. L'a- battement de la douleur permet peu de gcftesi la réflexion profonde n'en veut aucun ; le lentiment demande une a&ion (impie comme lui. L'indignîi- tion, le mépris, la fierté , la. menace, la. fureur concentrée , n*ont befoin que l'expreffion des yeux & du vifage. Un regard 3; un mouvement de tête , voilà leur aâion naturelle -, le gefte ne fe- ^ roît que l'afFoiblir. Ceux qui reprochent à un Ac- teur de négliger le gefte dans les rôles. pathcci- - ques dés Pères ,- ou dans les rôles majeftucux des 'Rois , oublient que la dignité tf a point ce qù*iU

Y iij

/'

^34^ DEC

appellent des bras. Augufteiendoit fimplèment la main à Cinna, en lui dlfant » foyons amis , Se dans cette réponfe :

CcBnoiflez'YOUs Céfâr pour lui parler aînfi i

Céfar doit à peine laiflèr tomber un regard fur Ptolomce. On a arcs-peu befoin de geftes , quand les yeux & les traits font fufceptibles d*une ex- preàion vive & touchante. L'expreffion des yeux & du vifage eft l'ame de la Déclamation ; c*eft-là

Sue les padîons vont fe peindre en çaraâcre de ;u ; c'eft de- que partent ces traits qui nous pé- nètrent, lorfque nous entendons dans Iphigénie » vous y ferei , ma fille \ & dans Andromaque \ Je ne t'ai point aimé^ cruel ! <iu*ai-je donc bit î

Dans Atrée,

Reconnois-tu ce Hmg ?

Mais c*eft de Paccord des traits du vifage te de la contenance, que réfulte rexpreflîon du fenti* ment. Lorfque Alvarcs vient annoncer à Zamore & à Alzire 1 Arrêt qui tes a condamnés , cet Arrec fiuiefte eft écrit fur le front de ce vieillard , dans Ces regards abattus , dans fes pas chancelans ; on frémit avant de Tentendrc. Lorfqu Ariane lit le billet de Thcfée i fon vifage pâliflant 9 fes yeux fixes & remplis de larmes, le tremblement de fa main t annonceroient feuls ce que contient la let- tre. Les Anciens n*avoient pas ridée de ce degré d^expreffion 5 jk tel eft parmi nous ravantag.e des Salles peu vaftes & des vifages découvens.

C*eft à quoi devroient faire attention certains Afteurs qui forcent le volume de leur voix. Il eft peu de iituations l'on foie obligé d'outrer la Déclamation. L'exprefllon d'une voix entrecoa-

u

f)ce par les fanglots , ou étou6Ece,ppb pa(Bpu , 'emporte de beaucoup Sfur les cris ^ fur les éclats. On raconte d'une A6triçe célèbre,, quùii jour fa voix s'éteignit dans le rôle de Phéàre : elle eut Tart d'en profiter ; on n'entendit pl^s que les accens d'une ame épuifce de fentiment. On prit cet accident pour un effet |a .^^Hioil , Se jamais cette Sqcne n'a fait fur Iqs SpeÂateurSvqne impreffion fi y\vc. Il ne faut pas cpnfonàre une Déclamation fimple avec unç Déclamation froi« de ; elle n'ett fouyent froide , que pour n'être pas fimple ,& plus. elle cftfi^nple, plus elle cft fuf- ceptible de chaleur. Elle ne fait point fonnerJes mots; mais elle faitfeiitir tes ci)Dfes.r:Qudndiles

Jiafiîons font à ksir .çomjble , le jeift fe plitsjfbrc >eft e plus vrai. Ceft'l^ qtt*il.eft beau de ne plus fe cqnnoître pi fepofiréder ! M^s les décences ? Qui eft-cç qui en exigera dans Orofînane , qui tue' fa Maitreue ? dans Clytemaeftre, qui veut arraches fa fille des mains des fotldacs } Si l'arnour fe rencontre rarement avec la majefté , comment la maiefté fe rencontrera-t-çlle .av«c des pafllons forcenées ? Une des parties les plus difficiles de l'art de la Dédamatiqn , c'eft le jeu mixte ©u compoic ; c'eft ainfi qu'on appelle l'expreflloa d'un fentiment modifié par Içs circonftances^.QU de pLùfieUrsienti- mens réunis. D^ns le pïejiiier fens , jtom jeu de Théâtre eft un jeu j^nixte > cgtx dansl'êxpreflîondu fentiment doivent fe fondre » à châ^iue trait , 'les .nuances du caraâ^re 6c de la . fituation du Per- fonnage* Ainfi la férocité de Rhadamifte doit fe peindre même dans l'expreffîon de fon amour* Ainfi Pyrrhus dioit mêler le ton du dépit & de la rage , a rexpreH^Qn tendre de ces paroles d'An-

Yiv

bii DEC

dromaqûe > qu'il a entendues , & qu*il répète en frémifTant :

C'eft Hedor , diroît^elle , en rembrafTant toujours :

Voilà fes yeux, ùl bouche » & déjafon audace ;

C*eû lui-même ; c'efl toi , cher époux , que j'embrailè*

Rien de plus varié dans fcs détails , que le mo- 'nologue de Camille , au quatrième Afte desHo- races ; mais fa douleur eft un fentîment continu , qui doit être comme le fond de ce tableau.

Le Comédien a donc toujours trois expreflîons à réunir; celle du fentiment , celle du caraûèrc & celle de la Htuation. Lorfque deux ou plufieurs fentimens agitent une ame , ils doivent fe peindre en même tems dans les traits 5c dans la voix même à travers les efforts qu'on feit pour les dif- fimuler. Orofmane , jaloux , veut s'expliquer avec Zaïre. Il défîre & craint Taveu qu*il exige. Le fe- cret qu'il cherche l'épouvante *, & il brûle de le découvrir. Il éprouve de bonne foi tous ces mou- Temens confus ; il doit les exprimer de mênie. La crainte y la fierté, la pudeur , le dépit , retien* nent quelquefois la paflîon , mais fans la cacher ; tout doit trahir un coeur fenfible : & quel art ne demandent point ces demi- termes , ces nuances d'un fentiment , répandues fur TexprefEon d*un fentiment contraire » fur-tout dans les Scènes de difliituilation , le Poète a fuppofé qu elles ne fèroientapperçues que des Spedateurs , & qu'elles échapperont à la pénétration des Perfonn^ges in- térerfesl Telle èft la diffimulation d'Atalîde avec . Roxane , de Cléopatre avec Antiochus , de Néron avec Agrippine. Plus les perfonnes font difficiles à réduire par leur caraâcre & leur fituation , plus

DEC }4X

la didlmulation doit être protonde ; plus > par cpnféquent > la nuance de fauflètc eft difficile à ménager.

Dans ce Vers de Clcopaire ,

Cen cù. fait, je me i^nds ; & ma colère expire ;

Dan? ce Vers de Néron : Avec Britannicus je me réconcilie ,

Texpredion ne doit pas être celle de la vérité ; car le menfonge ne fauroit y atteindre : mais combien n'en doitrcUepas approcher! En même tems que le Speâateur s'apperçoit que Cléopatre & Néron dimmulent , il doit trouver vrai feni- blable qu'Antiochus & Agrippine ne s'en apper- çoiventpas.

Il n'eft point de Scène , foit tragique , foît co- mique , cette efpéce de jeu muet ne doive entrer.

Tout Perfonnage introduit dans une Scène doity ctreintéreflé; & tout ce qui l'émeut j doit fe peindre dans Tes traits & dans Ton gefte ; & il n'eft perfonne qui ne foit choqué de la négli- gence de ces Afteurs , qu'on voit infchfibles Se fourds dès qu'ils cefTent de parler , parcourir le Speâacle d'un œil diftratt, en attendant que leur tour vienne de reprendre la parole.

Le (ilence eft fouvent une des éxpreflîohs les plus vives & les plus dramatiques. L'Ajax d'Ho- mère , la Didon de Virgile , n'expriment leur indignation que par le (îlence. Les Afteurs fe plai- gnent aue les Poètes ne donnent jpoiht lieu a ce filencc éloquent, & qu'ils veulent tout dire: mais TAdeur , qui fent vivement > trouve enicore dani

J4« D E H

chez une amie. Cette amie eft îa four même de Vâlefe, Il parvient aifément â la mettre dans Tes intérêts , (e déguife en fcnmie, & «ft préfenté à Cl^ice , fous le nom d*Une autre (beur. C'cû à l'ombre de cette métamor- phofe , qu'il combat à (on aifc la prérention que témoi- gne Clarice contre l'Amour &les Amans. Une Scène très-agrcàbiev efl: celle Valere, ayant repris lès vrais habits , ibus prétexte de -divertir Clarice , parvient à lui faire Ibuhaicer ^a'il (bit véritablement ce qu'il veutpa- roSxre,

DEHORS TROMPEURS , ( fef ) oU l'Homme vv jovn ; Comédie en cinq Aâiesyen Vers , par Boijy , au Théâtre

"f François i 1740.

On ne. (çaîtpas pourquoi le Poëte RoiiiSeau ne trou- voit point de fèl dans les Dehors Trompeurs j qui pé- tillent d'eiprit. On avoit lieu d'attendre plus d'indulgence

. dis la.p^t d'un Poète . qui "avoit lui-même fT mal réuffi au Théâtre. Ij, y a , fans dpute ^ des défauts dans cette Pièce ; ^lais ce ne ftn^ aflurément pas ceux que Rouf-

^ feau lui reproche. Les Cenfeurs judicieux ont blâmé

. l'impolitefie du caron â l'égard de (a Maîtreflc, fbn peu

L extravagance lité 4e certains Ferfonnages

DÉLIBÉRATIONS. On entend ici par le mot de .Délibérations, non pas ces incertitudes fe livre un Perfoimage combattu par les divers mouve-

mens ^de fa paifion t comme le Monologue ,

^ Rodrigue balance entré fon amour & fon devoir; celui Emilie délibère entre le péril elle ex* pofeCinna , la Scène Augufte eft iacertain de ce qu'il doit faire dans la dernière Conjuration dont fon Favoti s*étoit rendu le Chef, &c. Ce font des tombais du cœur \ les difcours y fonc impétueux , aninic^ ; tout y porte le caraftère

. théâtral; & ils font Tame de la Tragédie, f^oycf^ Combats DU c«VKr

On parle ici de ces Délibérations fur une queC- tion importance qui incérefle le Tore d*un Empire , ou même de l'humanité : celle eft celle d^Augufte* lorfqu'il veut quitter TEmpire. Telle eft celle Ptolomée examine s'il doit recevoir Pompée ou lui donner la more. On peut citer encore la Scène Mithridate propofe à Tes enfans le defTein d*aller porter la guerre en Italie : celle Maho- met propofe à Zopire de le l'ervir dans fcs def- feins s'il veut recevoir fes enfans. Quoique dans ces deux dernières Pièces le principal Perfonnage foit décidé fur le parti qu'il doit prendre, cepen- dant il éprouve de (i grandes contradiÂions da Perfonnage avec qui il eft en Scène , qu'on peut regarder ces morceaux comme de vraies Délibé- ra tions.

Obfervons que ces Scènes font dangereufes au Théâtre, & qu'il ne faut les y mettre qu'avec beaucoup de précautions.

La première condition eft que le fujet foie grand, illuftre & extraordinaire. Il faut enfuite que le motif d'une Délibération , mife fur la Scè- ne , foit preiïaiit & néceftaire.

Il faut que les raifonnemens répondent à la grandeur au fujet.

Il ne feut jamais attendre que le Théâtre foîc dans la chaleur & Taâivité de Tintrigue, pouri faire ces Délibérations , parce qu elles la rallen- tiftènt & en étouâènt les beaurés. Le fécond Aâe , ou tout au plus le commencement du croi- iieme, paroiftenc en être la place naturelle. Il yen a rependant oui ouvrent la Scène > celle eft celle de Brutds , ou Ton examine s*il Ëiut recevoir ou non l'Âmbairadeur de Tarquin : mais cette Déli-

$f^ DEL

bération n*étânc pas en elle-même d'une ex- trême importance» & n'occupant pas la Scène entières ne conclut rien contre la règle que nous tenons d établir. Celle d'Augufte cft au fecortd Ade ; "celle de Mahomet au i^cond Ade j celle de Mithridate au commencement du troi« fieme.

Mais la condition la plus néceflaire , c*eft que la Délibération même foit tellement attachée au fujet, & ceux nui donnent confeil, fi fort îrttcreflcs en ce qu'ils propofent, que les Spec- tateurs brûlent d'envie d'en connoître les len- ' timcns. Il fiiut, de plus , que le parti qu'on pren- dra ait de Tinfluence fur tout le refte de la Pièce.

La Délibération d'Augufte remplit toutes ces

- conditions : elle eft importante -, elle intéreflè tout l'Univers connu. Elle faifit le Speftateur in- formé de la haine d'Emilie , de l'amour de Cin* lia , de la eonfpiration faite contre l'Empereur. On veut (avoir ce que diront Cînna 8c Maxime, quel parti ils prendront î ils deviennent des Ac- teurs intérefTanS ; & quand on voit ces deux ttaîtres chargés de nouveaux bienfaits de l'Em- pereur , l'incertitude du Speftateur & l'intérêt

- redoublent encore. Il n'en eft pas de même de celle de Pompée ; elle n'eft pas néceflaire à Pac» lion. Ptolomée pouvoit délibérer en fon cabinet s'il recevrait Pompée , ou s'il lui donneroit la mort , & rentrer èti apprenant au Speâiateur le parti qu'il avoit pris.

Racine a bien fentî la néceflîté de lier ees ^ fortes de Scènes k Tâdion. 11 commence par pré- " patér avec fôîA j^rôpofition de Mithridate. A

DEL jft

peine le Héros eft-il arrivé , qu'il dit un mot Ion projet à Tes enfans i

Tout vaincu que je fiiîs & voîfin du naufrage ^ Je médite tin defîcîft digne de mon courage ;" Vous en ferez tantôt in£rutts plus amplement.

Ecoutons ce grand homme lui même. « Cette cntreprile ( de defcendre en Italie ) fat en partie caufe de fa mort, qui eft Tadion de ma Tragé- die, J'ai encore lié ce deflein de plus près à mon fujet. Je m'en fuis fervi pour faire connoître à Michridate les fecrets fentimens de fes deux (ils.» On ne peut prendre trop de précaution pour ne rien mettre fur le Théâtre qui ne foit irès-nécef- faire, & les plus belles Scènes font en danger d'enrtuyer , du moment qu'on peut les féparer de Tadion, & qu'elles l'interrompent au lieu de la conduire vers fa fin.

Ceft ce qu'on peut reprocher à la belle Scène de Teritrevuc de Sertorius & de Pompée , qui ne produit rien dans la Pièce. Si elle fkifoit naître t dit M. de Voltaire , la confpiration , ou quel- qu'intrigue intéreflante & terrible , elle eût été Une beauté tragique ; au lieu quelle n eft .qu'une beauté de Dialogue.

Celle de Brutus eft intéreflante , en ce qu'elle a de l'effet fur le refte de la Pièce* C'eft Brutus même , qui veut qu^on reçoive l'Ambaffadeur de Tarquin , & qui , par- là, prépare la fédu<5bion & la mort de fon fils.

Celle de -Mahomet eft de la plus grande im- portance : elle fert à développer les projets d'un ambitieux qui veut donner de nouvelles loix & une nouvelle Religion à l'Univers. Elle eft d'ail-

5JI DEL

leurs întîmement liée à Tadion. Zopire , en refli- fânc la proportion de Mahomet , Tirrite par fa fermeté & le met dans le cas d'écouter Tavis d'O- mar , qui lui confeille de Êiire périr Zopire par Séide 'y Se de plus, prépare la reconnoi (lance , en apprenant à Zopire , que Tes enÊins vivent en- core.

On cite encore, dans Corneille, la Déli|bératîon Attila examine s'il doit fe joindre aux Fran- çois pour achever d'accabler l'Empire Romain , ou défendre l'Empire Romain contre les Fran- çois. Cette Scène eft encore une beauté de Dialo* gue , plujtôt qu'une beauté dramatique : mais fon plus grand défaut eft d'être dans une Pièce dé- pourvue d'intérêt.

Le Poëte » dans les Délibérations » doit cher- cher à fe ménager de grands tableaux , tels qu'on en voit dans la Scène de Mahomet Se de Zopire* Ils doivent être fuivis , s'il eft poffible , d'un Dia- logue vif & preffé , pour réveiller le Spèftateur , qui a prêté une longue attention aux projets da principal Perfonnàge.

DÉLIE ^ Faftorale en cinq Aâes^en Vers ^ par Vifi i

Délie , Bergère aflez fotte , efl aimée de Lîcidas 3c de Céliante ; elle ne (çalt encore à qui fon cœur donne la préférence. Philène , autre Amant de la Bergère , avant de fe déclarer , cherche à la dégoûter des deux premiers , & lui fait accroire que ces Bergers ont chacun une Mai-^ trefTe dans Smyrne. Délie ajoute foi à ce discours ; 8c avant qu'elle puifTeen pénétrer la vérité ,un quatrième Amant fe prélènte. Ceft Périandre , Seigneur envpyé par le Roi de Thrace , pour lever le tribut annuel de deux Bergers , & de deux Bergères , que ce Prince a isiporé fiir les habitans de Tlfle de Scyros ^ la Scène

(e pàflc. Délîc , par le crédit de ce Selghenr^ fccon- tioît rinnocence de Licidas & de Céliantç» Obligé alors de faite un choix , (c déclare enfin pour Licidas. GeÉ aveu réjduit fort Orphife, qui aime Céliaiite, Ce Ber- ger lui rend fa tcndreffc. Ce$ Amans , qui fe croyent ait comble de leurs voeux , (ont féparés par un caprice du fbtt 9 qui choifit Licidas & Orphife pour être etivoyétf en Thrace. Le cinquième Adeie paffe en regifcts , fis en tendres adieux , jufqu*â Tarrivée de Pédandre , qui change cette triilciîè en joie, en annonçant à ces Bergers^ que le Roi (bn maStre a affranchi , pour jamais > Tlile de bcyros du tribut auquel il i'avoit afiiijettiei

VÈMOCKÎTE AMOUREUX, Comédie en cinq AJtes i en Vers , par Regnard ) au Théâtre François ^ 1700.

Démocrite , après avoir ri du jgeiire humain , viene lui-même apprêter à rire à fes dépens. On trouve ici tous les ridicules de l'ancienne Philofbphie ; 8c la Coui5 n'y cù, point épargnée : Démocrite étoit d'un caraâèro à n'avoir pour elle aucun ménagement. Agelas , Roi d'Athènes y qui efl cenfé la mieux connoitre, la peine fous des traits plus favorables;- & la Philolophia dp ^tra^ bon, Suivant de Démocrite, cÙ. bien moins farouche fur ce point , que celle de fon maître. La candeur , le naturel > i'efprit & les charmes de Crifeis , offrent un afîemblagd très-flattèut pour les leçons d'un Phtlofbphe : auffi la Phi* lofbphie la plus auâère n'avoit-elle pu tenir contre <:es charmes. Formée par Démocrite , ou plutôt par l'amour ^ Criféis ne paroi t point étrangère dans le Palais du Roi d'Athènes t quoiqu'élevée dans les bois , elle a toutes les grâces qui plaifènt à la Cour : les difcôurs de Tha- 1er , qui paflè pour (bn père , n'ont rien de choqdanc fous un léger vernis de ruûicité. Mais rien n'ed plus divertifTant , à mon gré, même dans tout ce que l'on . donne au 'fhéâtre , que la reconnôifTance de Strabon 8t de Çléanthis. La Pièce ne devoit pas finir , que tout le monde ne fût content ; & c'eft pour cette raifon , qii'Kn mené , Princeffe promife à Agélas , fe voit fi trariquillc* ment éloigner du Tr6ne , & reçoit fans murmurer , la main d'Agénor , Prince qui n'a que des vettus à lui offrir. La Scène change après le premier Aâe ; c'efi uii

Tome L IL -

' défaut tié plus dans cette Piéce,qTii a d*ailleurs de gtaiv des beautés»

DÈMOCKTrB PRÉTENDU FOU , Comédie en trois Aâes , en Vers libres , par Autreau f au Théâtre Italien ^ X750.

Damaflus , frère de Démocrite » avec le ton , Talr , le faâe et rappareil limpolànt de la grandeur , s*oppo(è à un mamg^e quiieroit entrer dans ùl famille une jeune perfbnne , dont le mérite Se la beauté ne lui paroiffènt pas fuifinins, s'ils oeibnt accompagnés de la naiflance 8c de la fortune* Il & joint à une troupe de Philosophes , pour convsdncre fon frère de folie. Ici tous les vains {yflêmes de la faufle Philofbphie (ont tournés en ri« meule > avec autant d'cfprit que d'agrément. Hyppo- crate arrive , voit l'aimable Sophie , en devient amou- reux. Il ignoroit qu'il ^n (ùt le père. Le mariage de Démocrite , avec cette fille charmante ,n'cft donc plus une folie , puifqu-elle unit les^^ biens de ta fortune & de Jatiaifîance , â toutes les qualités du cœur "& de TeCprit, 11 fèroit dii^cile de rien àjiouter à cette Comédie ; tout y eft marqué au coin du bon goût , de la bonne plailàn- tCTît'Sc du bon Comique. Ajoutez-y le mérite d'une ver- iifîcàtion libre , aifée s co\ilante , Se fe trouvent â la fois l'harmonie des Vers, & le naturel de la F ro(è.

DÉNIAISÉ > ( te ) Comédh ^n cinq Aâes y en Vers , it Gillet y 1645.

Olympe, jeune demoîfcUé d'Aîx en Provence , a été enlevée par Oronthe qui la conduit à Paris , & la fait pafTer pour fa femme. Climante , ami Se complaiiant d'Oronthe , devient Ion rival fccret ; mais de peur d'exr citer fa jaloufie , il introduit dans (a maifon un jeune Jïiais , appelle AriÔe , propre â jouer le Pcrfonnage d'A- mant paffionné , & lui fervir d'interprète auprès d'O- lympe. Il fait çntendre à Orpnthe , que tout ce jeu n'efl que pour difïîper l'ennui mortel de fa femme. Oronthe eft ainn trcMnpé p^r Climante; & fous les deux le font par Àriftc & Olimpe : car ces derniers épris d'un amour réciproque «, fe prêtent d'autant plus volontiers à cette feinte , qu'elle leur procure le moyen de pouvoir fe par- ler librement.

t>ÊNiS LÈIÊYRAN. Tragédie de M. .MafkàliuU tJ^St

Denis n'cft point tranquille (ûè tih Trôné i^u'il à ij^H par la violence , & qu*il ne cônftrve que par crlnieé Livré à (es remdfds;, fien ne peut eahtiet' feâ inquiétu^ des; le vice & la vertu , lès prolpérités , (es diîgraces ^ TËtranger comme le (ùjetyla probité de Dion, le cou-^ ra^e de Con fils , tout lui eft (lifpeâ. Rslduré dans 1er

-. crime parles conCèils d'un Scélérat > il prépare une nou-« Velle guerre , pour immoler de nouvelles viâinies , & pour s affermir dans la tyrannie , par mort des bons Citoyens. Dioti veut l'en détourner ; & (îir Tinudiite de Ics: remontraaccs.* il.formc , contre* lui -, tmç con ji(-i ration , dont le doûlSle' objet doit être la liberté de Patrie , & la mort .du Tyran, Denis cft averti cle la ré-* volte ; il en cherche , il en découvre T Auteur ^'mais il iie prend point allez de précaution pour éviter le danger^ Il croit qu'en époulànt la fille de Dion ^ il appai(èra les

' inécontens, 8c rendra le calme à l'Etat ; inais àù mo^

- tnéht cet Hymen doit l'affermir fur le Trône, il perd Ton époulè , la couronne & la vit. Voilà le fonds de U

- Pièce ; en voici l'intrigue* .^ * ;

Aritie » fille de Dion , aimoît Detli^ le jeune j fils dit .-ïyran ; & elle en étoit aimée. Ils n'afpiroicrtt l'un

- l*autre qu'à le voir bien-tôt unis par les liens de l'Hy- : .itiefi ; Denis approuvoit leur amour , 8c Ibuhaitoit

. mariage. Sa politique change Tes vues > 8c lui fiait am^

bitionncr pour lui-même, ce qu'il n'avôit d'abord déCirè

l ' que pour îbn fils. Il déclare Ibn deffeiri au père d' Aricie ^

^ mais comment le déclarer, comment le fiiire approuvei^

^ aux.' deux Amans l Us l'apprennent Pun 8c l'autre de la

bouche de Dion ; & l'im^ l'autre ea font également aU

larmes. La mort efl toujours la reiTource des Amans màl^

heureux t le Prince veut allei^ la chercher dans lés

combats : Arîtie veut le la procurer par le poifon. Ce**

pendant Pamout de la patrie fe réveille dans it cœur

cette Amante délblée ; elle conlènt à épou(er le Tyrari y

,fi le Tytah lui-même v«ut renoncet au 'ifrône. Il feirtt

' d^y confèntir : il offre à Ton fils la couronne .; & en siémâ

tems que celui-ci l'accepte , Denis le condamne à la

mort. Son fort cependant eft entre lés mairts d'Aritîe |

mais ce n'cfl qu'en époufant leTyraii) qu'elle peut £àuvc(

-^^ D EN

la vie à fon Amant. Voilà rintriguç.Voîci le dénouement

La mort de Denis pduvoit lèule délivrer le

.^ -beuplc de la tyrannie, Dion du dernier fupplice , le

Prince de Ce$ fers , Aritie d'un époux odieux. Qui ofera , lui porter le coup mortel TGctt^ gloire étoit due à Ari- ^ tie ; mais en immolant le iTycan , elle le fàcrific elle- [ même. Conduite â TAutel pour -recevoir (a main , elle

boit avec lui, dans la coupe de l'Hymen, le poifbn . qu'elle lui avoit préparé ; ôc en i^fiurant ainfî la liberté . à rapatrie , la vie à (on père, le Trône à Ion Amant, . elle ne fe rélerve que la mort»

.*..-, .-.1 ■> .1-. ,-w-,«<- >*

DÉNOUEMENT. Ceft le pohit aboutît Se fe refont une Intrigue Dramatixjue. Nous parlerons

I d'abord du Dénouement- dans la Tragédie.

Quoique les Anciens ayent fouvent tiré les Dé-

- iibuenriéns de leurs Pièces , du fond des'fttiets ,

7 témoins TCEdipe & TElexftire.de Sophocle, il faut avouçr xjue daps cetce partie de l'Art, ils font rrès-inférieurs aux Modernes , & fouvent au-def- fous d'eux-mêmes. Quand Tintrigue & rembar- ras ctôienc au.coriible, un Dieu ou une, Déeflè dçfcendoient du Ciel & tranchoient le nœud que le Pocte ne^ pouvoir dénouer- C eft ainfi qu'Euri- pide,eh ufe dans les deux Iphigéoies , dans Orefte, dans Andromaque , dans les Suppliantes , daiis Rhéfus, dans les Bacchantes , da:ns Hélène ^- &c. Les Dénouemens d'Alcefte & de Médée ne font pas moins poftiches, Sophocle lui-même fe fcrt de ce moyen dans Phjlodtete , Hercule r de/cend du Ciel pour combattre Topiniâtreté de . fon ami , & Tenvoyer au Siège de Troye.

G'eft à cette partie de TArt Dramatique , que

les Modernes femblent s'être le plus attachés, lis

exigent .qu'un Dénouement naifle du fond du

. fujét > & de l'obftacle inèmc qui femble le retar^

D 1 N _ j^s%

dcr. Ils veulent qu'il fou préparc fans erttreviie > que ra<9:iôn-,<iaii5 nn balancement continuel , tieiHie Tame des Spectateurs incertaine & flot- tante jufqu à fon achèvement. Tel eft le Dcnoue- txjent de Rodogune , un des plus parfaits du Théâtre François. '

Il y a plufieurs efpéces de Dénouemens : tan* tôt l'événement qui doit terminer Taélion femble la nouer lui-même. Tel eft le meurtre de Gufman dans Alzire , qui redouble le danger de Zamore & de foii Amante, & qui eft la fource de leur bonheur par le généreux pardon que Gufman leur accorde : tantôt il vient tout-à^coiip rénver* fer la fituation des Perfonnages, &:. rompre à la fois tous les nœuds de Tadion. Ceft ainfi que dans Mithridate la rébellion de Pharnace, en for- çant le Roi d'aller combattre les Ronaains » & en mettant Montme dans le plus grand danger , fer t à l'en tirer par la viftoire que Mithridate, aidé de Xiphares , remporte fur les Romains; vidoire fuivie de la mort du Roi , qui cède Monime à Xiphares. Cet évenieriient s'annonce quelquefois comme le terme du malheur , & il en devient le comble ; comme dans Inès , Ton croit Inès hors de danger par le p^don que lui accorde Al- phonfc, & oui on apprend enfuîte quelle a été cmpoifonnée fecrettement par la Reine. Quelque-» fois un événement femble être le comble du mal- heur , & il en devient le terme. Ceft ainfi quT- phig^nie , en allant à l'Autel , hâte le moment Calchas doit déclarer que les Dieux demandent une autre Iphigénie , Eriphile , qui porta ce nom dans fon enfance. Il eft des Tragédies dont l'in- Triguc fe réfout^comme d*elle-mêrae , par une

Z iij

|,$ D E N

iuice de femimens qui amènent la révolution (ans le fecours d'aucun incident. Tel eft Cinna : mais dans celles-là même , la (iniation des Perfonnages doit changer , du moins au Dénouement.

L*art de préparer le Dénouement confifte k difpofer l'aftion , de manière que ce qui le pré- cède , le produife.Il y a, dit Ariftote, une grande différence entre les incidens qui nailTènt les uns des autres , & des incidens qui viennent fimple-*- ment les uns aj)rès les autres. Ce paffàge lumineux renferme tout l*art d'amener le Dénouement ; niais c'eft peu qu*il foit amené , il faut encore qu'il foit imprévu. Uintérêt ne fe foutientque par Tincertitude : c*eft par elle que Tame eft fuf- pendue entre la crainte & Tefpérance ; & c*eft de leur mélange que fe nourrit l'intérêt. Or plus d'intérêt ni de crainte , dès que le Dénouement eft prévu. Ainii, même dans les fujets connus, le Pénouement doit être caché , c'eft-à-dire que , juelque prévenu qu'on foit de la manière dont 'e terniinera la Pièce , il faut que la marche de l'aftiôn en écarte la. réminifcencè , aii point que Fimpreflion de ce qu'on voit, ne permette pas de réfléchir à ce qu'on fait. Telle eft la force de Til- lufion. Ceft par-là que les Speftateurs fenfibles pleurent vingt fois à la même Tragédie.

De toutes les péripéties, la reconnoi(ïance eft la plus favorable à l'Intrigue & au Dénouement 5 à 1 Intrigue , en ce qu'elle eft précédée par l'incer- titude & le trouble qui produifent l'intérêt ; au Dénouement , en ce qu'elle y répaiid tout à coup la lumière , & renverfe en un inftant la fituation des Perfonnages & l'attente des Speélateurs. Auflî ^-t-elle été pour les Anciens une fource féconde

?;

D E N }|f

de fitaations întcreflaiites & de tableau^ pathéti- ques. La reconiioiflaace e^ d'autant plust belle , que les (ituations dont elle prod^t le change- ment, fom plus extrême^ , plusop^oféesiquele pafTage en eft plus prompt.

A ces moyens naturels d*amener le Dénoue- ment , fe joint la machinée ou le merveilleux 5, non celui dont les Anciens, faifoîent- ufage, maisun merveilleux qui a fa vrai femblance dans les mœurs de la Pièce & dans la difpofition des esprits. Quoi- qu'il ne foit fouvent, aux yeux de laxaifon> qu'une folie ridicule & bifanre, il n'eft pas moins une vérité pour l'imagination féduite par Tillufion , & échauffée par l'intérêt. Toutefois ,, pour pro- duire cette efpécc' d'enivrement qui exalte les efprits , ôc fubjugue. l'opinion , il ne: fout pas moins que la chaleur de renthoufiafme> Une: ac- tion oà doit entrer le inerveilleux, demande plus d'élévation dans le ftyle & dans les m<Eurs,.qu une adion toute naturelle. Il faut que le Speâateur , emporté hors dçs chofes humaines par gran- deur du fujet, attende & fouhaitç l'entremife.des Dieux dans des périls ou des malheurs dig^nes de leur alEftance :

Nec Deus interfit^ nîjî dîgnust vindice noius^

C'eft ain(î que: Corneille a préparé:là(Gonver« fion de Pauline ; &, iln^eft perfonne qui ne dife avec Polyeude :

Elle a trop de vertus pour n*étrc pas Chrétîéiuic,.

On ne s'întcreflfe pas de tnême à la converfion de Félix, Mais tout fu et tragique n'eft pas fufcepcible

Ziv

rf6o D E N

de mcrvdUcttx. Il n*y a que ceux donrU Religioa eft la bafe > & dont rinrérêt tient , pour ainfi dire > au Ciel & à la Terre , qui comportent ce moyen. Tel eft celui de PolyeuAe qu'on vient de citer ; tel eft celui d'Athalie « les prophéties de Joas (ont dans la vraifemblance , quoique peut- être hors d'oeuvre. Tel eft celui d*(Kdipe , qui ne porte que fur un Oracle. Dans ceux-là Tentreniife des Dieux n eft pas étrangère à laûion.

Ariftote n'admet le merveilleux que dans les fujets dont la conftitution eft telle y qu'ils ne peu- vent s'en paflêr ; en quoi l'Auteur de Sémiramis eft d'un avis précifément contraire. Je voudrois fur- tout, dit-il > que l'intervention de ces êtres furnaturels ne parût pas abfolument néceftàîre ; & fur ce principe , l'ombre de Ninus vient empê- cher le mariage înceftueux de Sémiramis avec Ni- nias , tandis que la feule lettre de Ninus f dépo- fée dans les mains du Grand-Prêtre » auroit fuâî pour empêcher cet incefte. Quel eft de ces deux fentimens le mieux fond^ en raifons ? Le dernier a , du moins , l'expérience pour lui.

Le Dénouenient doit- il être affligeant ou con- folant f Nouvelle difficulté , nouvelles contradic- tions. Ariftote exclut de la Tragédie les caraftè- res abfolument vertueux & abfolument coupables» Le Dénouement , à fon avis , ne peut donc être ni heureux pour les bons f ni malheureux pour les méchans. Il n'admet que des Perfonnages cou- pables & vertueux à demi » qui font punis à la fin de quelque crime involontaire ; d'où il con- clut que le Dénouement doit être malheureux. 5ocrate & Platon vouloient au contraire que la Tragédie fe conformât aux loix , c'eft-à-dire qu'ga

b E N _ jtfi

vît fur le Théâtre rinnoccnce en èppofitîon avec ' le crime j que Tune fut vengée , & l'autre fût puni. Si Ton prouve que c'eft-là le genre de Tra- gédie non -feulement le plus utile, mais le plus intéreffant , le plus capable d'infpirer la terreur & la pitié , ce qu*Ariftote lui refufe f on aura prouve que le Dénouement le plus parfait à cet égard , eft celui fuccombe le crime > & l'in- nocence triomphe, fans prétendre exclure le genre oppofé.

' Le Dénouement doit fixer la deftinée de tous les principaux Afteurs. Les Poctes médiocres em- ployent d'ordinaire plufieurs Afteurs pour cacher leur ftérilité j & quand le Dénouement approche » ils n'ont d'autre fecret pour s'en délivrer , que de fuppofer qu'ils fe défont eux-mêmes par le fer ou le poifon. Ce n'eft pas la quantité de fang ré- pandu, c*eft la manière dont il eft verfé, qui rend un Dénouement tragique.

Nous ne foufFrons point qu'on enfanglante le Théâtre , fi ce n'eft dvins des occafîons extraordi- naires , dans lefquelles on fauve , autant qu'on peut, cette atrocité. Ariftote remarque que la plus foible des cataftrophes eft celle dans laquelle on commet de fang-froid une aftion atroce , qu'on a voulu commettre. Elle n'eft fupportable que lorfqu'elle eft abfolument néceffaire , ou lorfque le meurtrier a les plus violens remords.

Les Dénouemens font toujours froids & vi- cieux , lorfqu'ils n*ont point ce qu'on appelle la péripétie- Ce qui arrive dans un {cinquième Aâe fans avoir été préparé dans les premiers, ne fait ja- mais une impreflion violente. On doit rarement

fit D E N

introduire aa Dénouement an Perfonnage qui ne foit annoncé & attendu.

Tout doit être fentiment ou aâion ; la terreur te la pitié doivent s*emparer de tous les cœurs.

On doit trcs-raremènt violer la régie , qui veut que la rcconnoifTance précède la cataftrophe. Cette régie eft dans la nature ; car lorfque la pé- ripétie eft arrivée , quand le Tyran eft tué , per- fonne ne s'intéreiTe au refte.

Un Dénouement » devenu trivial fur notreThéâ- tre , & dont les Poètes doivent fe défier , G*eft ce- lai que la Bruyère a heureufement tourné en ri- dicule : les mutins ricnttnditcntplus ndfon , dit- il y Dénouement vulgaire de Tragédie.

Dans la Comédie , le Dénouement n*eft , pour Tordinaire , qu*un éclairciflèment qui dévoile une rufe, qui fiait ceflTer une méprife, qui détrompe les dupes , qui démafque les fripons, qui achève de mettre le ridicule en évidence. Comme Ta- mour eft introduit dans prefque toutes les Corné* dies , & que la Comédie doit finir gaiement , on eft convenu de la terminer par le mariage. Mais dans les Comédies de caraâère , le mariage eft plutôt Fachévement que le Dénouement de Tac- tion. Le Dénouement de la Comédie a cela de / commun avec celui de la Tragédie, qu'il doit être préparé de même , naître du fond du fuiet & de 1 enchaînement des fituations. Il a cela de particulier , qu'il exige à la rigueur la plus exaâe vraifemblance , & qu'il n'a pas befoin d'être im- prévu. Souvent même il n'eft Comique qu'autant qu'il eft annoncé. Dans la Tragédie , c'eft le Spec- tateur qu'il faut féduire : dans ta Comédie , c'eft le Perfonnage qu'il faut tromper > Se l'un ne rit

D E N }(îj.

des încptîfes de Tautre , qu'autant qu'il n'en eft pas de moitié. Ainfi lorfque Molière fait tendre à George Dandin le piège qui amène le Dénoue- ment, il nous met dans la confidence. Dans le Co- mique attendriflant , le Dénouement doit être im- prévu , conmie celui de la Tragédie , & pour la même raifon. On y employé auffi la reconnoif- fance , avec cette difFérence , que le changement qu elle caufe , eft toujours heureux dans ce genre de Comédies , & que dans la Tragédie il eft fou- vent malheureux. La reconnoiflance a cet avan- tage, foit dans le Comique de caraftcre, foit dans le Comique de fituation , qu elle laiflè un chamr libre aux méprifes , fource de la bonne plaifantc rie , comme l'incertitude eft la fource de l'intérêt Dans la Comédie, l*aâion finit heureufement par un trait de caradère ; Et mai ^ dit V Avare Je vais revoir ma chère caffene* Llrrçfolu dit en s'en allant :

J*auro!s mieux fait , je croîs ,. d'épou(er Céllmene,

Il refte quelquefois des éclairciflèroens à don- ner fur le fort des Perfonnages , c'eft ce qu'on appelle Achèvement. Les fujets bien conftitués n'en ont pas befoin^; tous les obftacles font dans le nœud , toutes les folutions dans le Dénouement.

grand art^ ea fait de Dénouement & de re- connoiflance , eft de les amener de nianiere qu'un mot, un coupd'oBil fuffife pour inftruire ceux des Perfonnages, auxquels il feroît difficile de ren- dre raifon autrement de ce qui s'eft palfé. LesDé» nouemens les plus défeâueux font ceux qui de- mandent un long récit, pour apprendre aux Ac- teurs ce que les Spedateurs favent déjà. Molière,

J^4 D E P

fi fupérieur dans toutes les autres parties de Ton An , eft défectueux dans prefque tous fes Dénoue- mens. Toutefois on peut citer comme modèles ce- lui de TEcole des Maris , celui de l'Amour Méde- cin , celui de la Princeflê d'Elide, & quelques autres. Celui du Mifanthrope n'a d'autre défaut, que d'être peu intéretlànt. Le Dénouement du Tartuflè, quoiqu'il ne nai({è pas du fujet, a trou- vé d'illuftres défenfeurs,

DÉPART DE VOPÉRA COMIQUE Aie), Compliment mêlé de Symphonie &* de Danfes\ par Favart^ iT59-

Ce Compliment , qui étoit plutôt un Opéra- Convquc , a fait le plus grand plaifir par ùm ilyle vif & concis. CVft une dîfpute entre les Adeurs , les Corapofîteurs , les Poètes , l'Orcheftre & les Danlèurs de TOpéra-Co- inique , à qui aura le droit de complimenter le Public. L*uii vante la bonté de fon ouvrage ; l'autre Ion talent à le faire valoir; celle ci le goût général de la Nation , qui s*cft décidée par la Danfe ; celui-là l'intelligence de (es Confrères à briller parune exécution qu'aucun Spedacle ne peut fe vanter d'égaler, & que lui (èul peut lurpaflèr. La rixe s'échauffe ; on voit prelque la Difcorde (ccouer fon flambeau au milieu des combattans^ quand un bon avis pacifie tout , & remet tout en union ; c'eft de faire un compliment en Chœur, accompagné de fymphonie, & coupé de dan(ès.

DtPlT AMOUREUX, {le) Comédie en cinq A&es'^ en Vers, de Molière ^i6^%.

Le Dépit Amoureux offre un tableau naturel des foibleflès & des folies de l'Amour; mais le fonds de l'intrigue eff afiez peu vraifemblablè. Otez-en les Scènes Erade & Lucile, Gros René & Marinette fe brouillent & fe réconcilient , vous y retrouverez le Théâtre E(pa- gnol , ou l'ancien Théâtre François. Molière dcflinoit encore d'après de mauvais modèles. Depuis » il puî(a fes portraits dans la Nature & chez fa Nation ; alors il dc-^ vint un Peintre inimitable.

D E R. 5<î;

DEPOT, (h) Comédie pojlumet en un Aâe^ en Vers^ de Néricault Defiouches 1 7 5

Géronte, homme de condîrion , cft dépofitaîre d'uite fbmmc très-confîdérable. Elle doit ctïe remife à Théri- tier de la perfbnne qui la lui a confiée (ècrettement.' Ce jnéme Géronte a une fille , qu'un Marquis, qui fe dit rhériticr à qui doit appartenir le dépôt , recherche en mariage. Angélique , fille de Géronte , aime Clitandre; mais U>n père Tavoit promife à un jeune Comte, Petit* Maître , qu'elle détefle. Le Marquis & le Comte font congédiés; & Clitandre, qui fe trouve Tunique héritier

du

cette ifort ufé.

ipôt, épou(è Angélique. Il n'y a de Comique dans i Pièce , que le roie d'un Gafcon , qui d'ailleurs cft

DERVICHE , { /e ) Comédie y en un Aile , en Profe , par AT- de Saint'Foixy au Théâtre Italien^ 1743.

Trois Turcs, s'éiant (àuvés d'un naufrage , abordent dans une Ifle qui n*efl habitée que par fix jeunes filles 8c une femme qui les gouverne. Leur premier (bin, en arrivant dans cette lue , eft d'examiner s'ils y feront en fureté. Us parcourent , chacun de leur côté, les environs du rivage ; & un des trois ayant açperçu les jçupês iîlies , apprend de leur condudrice , qu'il n'y a point d'hommes dans rifle, & forme le projet d'époulèr lui Icul toutes ces femmes. Pour y réurfir , il va trouver fcà camarades, & leur dit que les habitans du pays font dés monfircs af- freux , qui vont les dévorer ; qu'il faut prendre la fuite promptemcnt, & qu'il leur confeille de rentrer au plu- tôt dans leur chaloupe. Tandis qu'ils fe préparent à fîii- vre ce confeil , les jeunes filles par oilTent ; & ils ne fon- gent plus à fauver. Ils veulent au contraire faire périr f'impofleur qui les a voulu facrifier à fes plaifîrs. fls fe laiflent adoucir ,& confeiitent que le traître partage avec eux le bien qui leur cft offert. Chacun d'eux jouu^a de deux femmes : ils formeront enfcmble une petite Ré- publique, qui bientôt peuplera rifle. L'impoflcur , peu content de fa parc , parce qu'il coraptoit les avoir toutes les fix , refufe le parti qu'on lui propofe r& feignant de i :_ youlbir vivre dans la pçnifçnçc, il forme la r&lution

iff6 DE S D ET

de Ce £iire Derviche » afin à^èttc le Direâeur & le Cbi!-* ibiateur des femmes de Flfle.

DÉSERTEUR jÇU) Comédie en trois Aâesi mêlée à* A* riettes , .par M. Sedaine 9 Mujique de M. de Monfigny , d la Comiaie Italienne i 1769.

Une Duchefle dans fhs Tetrcs a ptojetté , pour s'amu<< fer, de faire une niche a Alexis, Solaat de Milice* Ce n*eô qu'avec chagrin , & par pureïbumiflion , que Louilè^ Amante d'Alexis , Se qui bientôt doit lui être unie , prête au projet que l'on a « de iàife croire à fbn Amant, qu'elle vient de donner fa main à un autre. D'abord il ne peut concevoir cette infidélité ; mais il n'en doute plus , lorsqu'on lui dit que c*cft avec le |[rand Coufîn J Se il entre en fureur. Dans Ion défèfpoir , il dit qu'il veut quitter la France ; qu'il c£t déferteur. Il efl arrêté par la AfaréchaulTée , mis en prifon , Se perfuadé qu'on va le conduire à la mort, Louifc au délefpoir; & lorfqu'elle croit qu'il va fubit Con fùpplice « elle apprend que Ton Alnant a fa grâce»

DÉSOLATION DES JOUEUSES i(la) Comédie en un A6te , en profe 9 avec un Divertijjement ^ par Dancourt % aux François^ i6^j.

La Hippreffion du LanfqUenet fournit â Dahcouf^ une de ces occafions que rarement il laiflbit échapper: il compôfa, à ce fujttylii Déf&lation des Joueufes ^ petite Comédie , que l'uniformité des Scènes rend peu di-* vertiflante. La meilleure cft celle le Chevalier Bel- lemonté , Joueur de profcfCon , tfk démarque par Mer-' lin , fbn émule en friponnerie.

DÉTAILS. Ce mot fe prend en plu(îeuf$ fens. Il fignifie quelquefois le ftyle & rexécution, comme lorfquon dit qu'une Pièce fe foutient par les Dé- tails, f^oyei Style. Quelquefois il fignifie des ef- péces de lieu commun , des morceaux qui font ordinairement d'une certaine étendue , qui rou- lent fur quelque matière plus générale que le refte^ fans ceUo: cependant d'y appartenir ^ qui

, D E TJ i€7

(ont plus arrondis , plus travaillés , plus faillans , plus poétiques même. Dans ce fens , les Détails s'oppofent, du moins tacitement , à la beauté de

. - renfemble dont tout le monde fait quel eft le ça- radtère , Ik quelles font les parties qui lacom- pofent. Les beautés de détail ne natflent point

. néceffairement du fond de la Pièce. L'intérêt pré- fent & aduel du moment ne les y amenoit point; feulement elles ont été enchaCTées dans TOuvrage le plus adroitement qu*il a été poflîble. Tels font dans les Comédies les portraits , les alluiîons » &c

DEUCALION ET PIRRHA , Comédie en un ASe, en profe y par M. deSaint-Foix j au Théâtre François^ iJÀ^*

Le titre leul de cette Comédie en renferme tous les

Perfbnnagcs. L*Expofition , l'Intrigue , le Dénouement ,

tout (e pafTè entre ces deux Aôeurs. Deucalion, qui (e

croit feul fut la Terre , apprend dans un (bngc » qu'une

fille qui , comme lui , s'ennuie d'être i(blée , viendra

bientôt le^ trouver. Il s'en effraie. C'ed un ami qu'il a

demandé 'aux Dieux. Il n'a point oublié que les femmes

ont caufé la perte du genre humain. Il croit appercevoic

à travers les arbres , celle qui lui efl annoncée. Il ferme

les yeux pour ne la pas voir. Pirrha , de Ion côté , s'ap«-

proche fans vouloir le regarder ; elle n'eu venue vers lui ^

que pour obéir aux Dieux ; car c'étoit une compagne

qu'elle leur avoit demandée*

pÉVELOPPEMENS. A proprement parler , tout eft Développement au Théâtre » puifque les Perfonhages ne doivent paroître que pour déve- lopper ou leurs intérêts ou leurs paflions. Mais on donne plus particulièrement ce nom à ces fentimens naturels > mais délicats , à ces nuances fixes , à ces mouvemens involontaires , dont Tame ne fe rend pas compte. L*art de rendre avec in- térêt ces détails^ eft ce qu'on appelle Tart des

)«8 DEV

Développemens. Ceft peut-ctrc celui cjuî eft le plus nccelTaire au Poète Dramatique > du moins s'il afpire à des fucccs foutenus. Racine & M. de Voltaire font des modèles admirables en ce gente. Ceft par-là fur^^tout , que Racine a relevé la foi- blefle de certains rôles d'Amcufeux. Voyez la Scène Néron déclare fon amour à Junie. La PrincelTe avoue qu elle aime Bricannicus :

. * . * f . Je lui fus déftinéè , Quand l'Empire dcvoit fuiTre fon hymenée ;. JUais ces mêmes malheufs qui l'en ont écarté 9 Ses honneurs abolis , (on Palais déferté, La fiike d'une Cour que ùl chute a bannie ^ Sont autant de liens qui retiennent Junie* Tout ce que vous voyez, confpire à vos défirs ; Vos jours toujours fe reins coulent oans les plalfîrs* L'Empire en eft pour vous rinépuifable feurcc ; Ou û Quelque chaprin en inteîrronlptlâ courfe ^ Tout lUnivers, (oigneux de les entretenir, S'emprefTe à l'effacer de votre (buvenir, Britannicus eft (èul ; quelqu'ennùl qui le prefTe , 11 ne voit , dans fon fort , que moi qui rintéreiîè , Et n'a pour tôutplaîfîr. Seigneur , que quelques pleura Qui lui font quelquefois oubliët Tes malheurs.

Voyez encolle la Scène Britannicus Vient ' rcproâher à Juniè fon infidélité :

De mes perfécuteurs j'ai vu le Ciel complice ; '' ' Tant d'horreurs n'avoîcnt point épuifé fon courroux : Madame , il me reftoit d'être oublié de vous.

J U N I £•

D^ns un tetns pi us heureux , ma juftc impatience Vous ferôit fepcntir de votre défiance. Mais Néron vous menace ; en ce prefTant danger i Seigneur ^'ai d'autres foins que de vous affliger : Allezr , raflucei'vous ; & ceflex de vous plaindre : Néron nous ccoutolt Si flx'ordonnoit de feindre.

Ekitaiïmcus;

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t)^ quel trouble uii rçgari pouyoit me prélcnrcr l ^ tl failoit % «

, j U N I Ék

Il falloît liie taîrd & vous ïàUvêr. Combien de fois , hélas! puisqu'il &ut yôiis le dite ^ Mon cœur , de foil défbrdre alloIt-U vous indruire i 0e combien de (bupîrs i interrompant le cours ^ Aije évité vos yeux que Je chcrchoîs toujours ! Quel tourment de le taire en voyant ce qu'on aime t De l'entendre gémir, de l'affliger Ibi-memc , Lorfque ^ pat un regard , on peut le confbler ! Mais queh pleurs ce regard auroit-il fait couler S Ah! dans ce fôuvenir > mqûiete , troublée , Je ne nie (êntois pas aflez diffimulée* De mon front effrayé je craignois la pâleur ; Je trouvôis mes tegards trop pleins de ma douleut % Sans ceflc il me fembloit que Néron en colcte , Me tcnoit reprocher trop de ïbin de vous plaire« Je Croyois mon amour vainenient renfermé j Enfin j'aurois voulu n*avoir jamais aimé»

Quelle vérité ! quelle fineflè de fentîment Si tquel ftyle ! Ceft ce langage enchanteur qui fou-*^ tient la Tragédie de Bérénice»

Je ne citerai plus que la, Scène Atalida exige de Ba)azet> qu'il promette à Roxane de Té^ poufer»

A T A i. I i>

è » Vos bontés pour une infortunée i Ûnt afièz difputé contre la deftinée. 11 vous en coûte trop « pour vouloir m*épargne^ i ti faut vous rendre ; il faut me quitter & regne^ii

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yoùs qtiîttett Tom€ U Ali

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A T A L I D

Je» le Tcux : je me iuis confultée^ ^DemlUe toins pdoux' jufqa'alors agitée. Il eft vrai » je n*ai pu concevoir (an» cffîroi> Que Bajazet pût vivre de ii*étre plus à moi ; Et lorsque quelquefois, de ma Rivale heureuTe > Je me repréfcntois ririiagé douloureufc , Votre mort , pardonnez aux fureurs des Amans, Ne me paroifioit pas le plus grand des tourmens: Mais à mes triftcs yeux votre mort préparée , Dans toute Ton horreur ne s*étoit pas montrée» Je ne vous voyois pasain/î que je vous vois « Fret à me dire adieu pour la dernière fois. Seigneur , yt fais trop bien avec quelle confiance Vous allez de la mort affronter la préfencc. Je fais que votre cœur fe fait quelques plaifîrs De me prouver (a foi dans (es derniers (bupirs« Maïs helas ! épargnez une ame plus timide ; * MtfTurez vos mafiieurs aux forces d'Atalide » Et ne m^expofez point aux plus vives douleurs » Qui jamais d*une Amante épuiferent les pleurs»

Bajâzït.

Et que dcvîendrez-vous > fi de cette journée Je célèbre à vos yeux ce funeûe hymenée \

A T A L I 0 s.

Ne vous informez point ce <|ue je deviendrai: Peut-être imon deftin. Seigneur, j^obéirai. Que fais-je f A ma douleur je chercherai des charmes; Je fbngerai peut-être , au milieu de mes larmes , Qu'à vous perdre pour moi vous étiez ré(blu ; Que vous vivez ; qu'enfin c'eû moi qui l'ai voulu**

Quel [intérêt î quelle délicatefle i quelle con- noîffance profonde du cdeur humain! Il n'y a à reprendre dans ce- morceau , que ce Vers-ci ;

Ne Yous informez pas ce que je deyiendrai.

^ , DE V |7tî

Cette phrafe ctoît alors exafte. tl Cktùh aifé de fubftinier :

Ntr me demandez point ce que Je deviendrai*

L'art des Développement eft fur-tout néceC* faire dans les Scènes , un Perfôilnage veut ca-* cher un fentîment qui le domine , & en feindrô un autre qu il n*a pas. Telle eft la Scène Her-* mione s'efforce de retenir fa colère Contre Pyt* rhus. Elle s*eft Êiit violence jufqu'au moment oA Pyrrhus paroit Croire n'avoir jamais été aimé » ÔC, ajoute : .

Rien ne vous cl>ilge6it à m^aîmet en effets

H s RM I 0 N lE» '

Je ne t*ai point aimé , cruel ! qu*ai-je donc fait t

Telle eft la Scène Mîthriclate feint de vou->î

loir donner Monime à Xipharès. La Princeftè

donne dans le piège > découvre fon fecret 6c s'é*^

crie t

Seigneur» vous changez de vifage*

Telle eft la Scène Ariane, prête à éclater en reproches contre la perfidie de Théfée , lui dit:

Apptochez*vousThé£îe; 8c perdez cette crainteé

La Scène Orofmane fe croyant trahi par Zaïre, feint pour elle uneindiffêrenCe & un mé- pris , qu il va défavouer avec tranfpott. Il faut au Pocte une grand-e connoiffance in cosur hu- main , pour faifir le moment oïl le Perfonnage doit lai (Ter échapper le fentîment dont il eft plein.

L'art de ces Développemeos délicats n*eft

A a ij

gticres moins nécelTaire à la Comédie* Les mo- dcles en ce genre font les Scènes de raccommo* dcment dans le Dépîc Amoareux , dans le Tar* tuflfè. On en trouve une à peu-près pareille dans la Mère Coquecce , ou les Amans Brouillés de

' "Quinaut 5 une auae dans Melanide. On peut ci- ter encore la belle Scène, le Mifanthrope vient demander à la Coquette l'explication d*une let- tre quil croit adreflce à un de fes Rivaux. Il Commence par de Temportement. Célimene lui répond :

Mais fi c'efi une femme à qui va ce billet !

A L C E s T E*

Voyons , voyons un peu , pat quel biais , de quel air ; Vous voulez foutenir un menfôngc fi clair ; -Et comment vous pourrez tourner pour une femme « Tous les mots d'un billet qui montre tant de flanuneî Ajuiléz , pour couvrir un manquement de foi ^ iCe que je m*en vais lire.

C £ L I M £ M £•

Il ne me plaît pas , moî« Je vous trouve plaîfant d'ufcr d'un tel empire. Et de mef dir^ au nez ce que vous m'ofez dire !

Alcefte finit par demander en grâce , qu'on daigne au moins prendre quelques ^ins pour 1% tromper.

Voici une Scène que M. de Fontenelle cite comme le modèle d'uii Développement très- heureux.

Qu*un Amant mécontent de fa Maîtrcfle , s*em-

D E U S7J

ijorte )ufqu*à dire qu'il ne perd pas beaueoup en a perdant , & qu elle n*eft pas trop belle , voilà déjà le dépit poulTé ailèz loin. Qu un ami à qui cet Amant parle > convienne qu*en eflfèt cette perfonne na pas beaucoup de beauté*, que, par exemple , elle a les yeux trop petits ; que fur X cela , TAmant dife que ce ne lont pas fts yeux qu'il fiiut blâmer , & qu'elle les a trcs-agréâbles ; que l'ami attaque en fui te la bouche, & que l'A- mant en prenne la défenfe : le même jeu fur le teint , fur la taille; voilà un effet de paflîon peu commun , fin , délicat , & très-agréable à confi- derer. C'eft une Scène tirée du Bourgeois-Gen- tilhomme. Nos Ouvrages Dramatiques & nos bons Romans font pleins de traits de cette ef- péce 5 & les François ont en ce genre poufTc très- loin la fcience du cœur.

DEUIL i (le) Comédie en m AScfenVerij p:r Haute^ roche i aux François ^ 167 z.

Un jeune Officier 9 condamné, par un père avare, à aller joindre fbn Régiment avec vingt piuoles , fe met en grand deuil y arrive chez le Receveur de fon père » i)u'if dit être mort , & en tire fix cents louis , dont il donne €2^, ReconnoifTaiice. Le père arrive un inftant après que rOfficier eil (brti : on croit qu'il revient de l'autre monde ; ce qui donne lieu à .deux Scènes d'un co~ mique agréable. La vraisemblance e(l peu obfèrvée dans cette petite intrigue , qui , ^d'ailleurs , t& con- duite avec beaucoup d'intelligence % de vivacité âc de naturel.

DEUIL ANGLOIS y (le) Coméiie en ieim Mes ; €n Fers y par M. Rochon de Chabanne > au Théâtre Italien f

I7Î7.

Cette Comédie tirée d*une Pièce Angloîfê^ inti- tulée les Funérailles. Le fiijet a paru trifle Se élol£[hé de

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nos mœurs ; mais on en a retenu ces quatre Vert 2

J*aime à m'intéreilèr au fort des malheureux ; Les pleurs n'ont rien d'amer répandus arec eux t C'efl un tribut qu'on doit â la nature humaine , l'on gagne en plaifir , ce qu'il en coûte en peine*

VEVIN DU VILLAGE, (le) Intermède, en un Aâe^ Paroles &• Mufique de M, Rouffèau de Genève j i?^*-

On n'avoit point encore vu d'Opéra avam celui-ci » dont les paroles & la mufîque fufTent du même Auteur. Colette fe plaint de l'infidélité de Colin ; elle va trouver le Devin du Canton , pour (avoir le fort de (on amour. Elle apprend que la Dame du lieu a Hi, par des préfens , captiver le coeur de Ton Berger. Le Devin lui fait efpérer

Îu'il le ramènera à Tes pieds ; il fait enfuite entendre â !olin, que Bergère l'a quitté pour (liivre un MonJfieur de la Ville : le Berger n'en veut rien croire. En effet » il a le bonheur de revoir Gl Maitrefle plus amoureuCë ; 2c ils fe font mutuellement des promeiTes dhme fidélité in^» violable.

DEVINERESSE (la) ou Madame JoRiNy Comédie en cinq Allés, enProfe, par Thomas Corneille G* Vifé^ 1679*

Depuis rinvention diabolique de la Marquifè de Brin«- villiers, dont le Procès a lait tant de bruit dans le Royaume, le poifon étoit devenu fi commun, que les femmes s'en fervoient ordinairement pour Ce défaire de leurs maris , les maris de -leurs femmes , & les enfans pour avoir la (ùcceffion de leurs pères & mères ; telle- ment qu'on l'appelloit la poudre de (uccefiion. Plufieurs Ferfbnnes de marque en furent foupçonnécs ; mais rien n'éclata jufqu'à l'aventure qut je vais rapporter. Une Sage^Femme, nommée la Voifin, qui fe mêloit de maléfi- ce , avoit été mile en prifbn. Outre la poudre de fuccet^ lion qu'elle avoit donnée à plufieurs perfbnnes, elle étoîc iccuCSe d'avoir non -feulement fuffoqué , mais| réduit en cendres un erand nombre d'enfans nés hors du Mariage 9 pour empêcher que le crime delamere ne vint au jour* Cftte femme , voyant. qu'il n'y avoit plus d'efpérance de . fg^y.er vie , accu fa , pour gagner du temps , plufieurs Pâmes k Seigneur^ '^e la Cour, que la Chambre Ar^

PEU 17;

. 4tntt téCohxt de faire arrêter. Mais -ca ayant première- ment donne avis au Roi , Sa Majeilé eut la bonté d*en faire avertir quelques-uns « afin qu'ils s'éloignaiTent s'ils étoient coupables. La Sage -femme fut enfin condamnée i avoir la main coupée > après la lui avoir percée d'un fer chaud, & à être brûlée toute vive : ce qui fut exé- cuté, < ^

3> Les Comédiens, dît Vite , m'avant prcÏÏe » avec de fortes infiances , de mettre au Théâtre tout ce qui »3 s'étoit pafTé chez la Voi/în , a Toccafiôn du métier M dont elle s'étoit mêlée , je fis un grand nombre de » Scènes , qui auroient pu fournir de la matière pour » trois ou quatre Pièces , mais qui ne pouvolent former » un (iijct , parce qu'il étoit trop uniforme , & qu'il no » s'agiubit que de gens qui alloient demander leur bonne » aventure ; & que toutes ces perfbnnes Ce fuyant & évi- »» tant de ie parler , il étoit impoffible de faire une liai- fon de Scènes , ni que la Pièce pût avoir un nœud. Je » donnai mon travail a M. Cormeille de Lifle, qui choifit » un certain nombre de Scènes , avec lefquelles il 3> composa un fiiiet > dont le noeud ^arut des plus agréa^ » blés. Telle cU l'origine de la DepiaenJJe ».

DEUX ALCANDRES y (les) ou les Dsux Sembla- bles , Tragi'Comédie de CAbbé de Boisrobert , 1^40.

Deux Cavaliers , qui s'appellent Alcandre , ont cha« cun une Maitreflê dans le même quartier. La confor* mité de leur nom occafionne beaucoup de méprife ; Se c'ed ce qui confiitue toute l'intrigue de la Pièce. On voit aifôment que c'eû une mauvaife copie des Me- mchmes de Plaute,

DEUX AMIS » ( les yComfdie en trois ASes^ en Prafe i ^ar M. Dancourti Comédien de Province % au Théâtre ' François » 1761.

M. Podagrin 8c M. Touffinct , vieux Amis , l'un gouH teux 8c l'autre afihmatique, (bnt Tuteurs de Liicile^ fille de feu Géronte , leur ami commun. Ils font tous les deux devenus amoureux de Lucile ; chacun projette de réjjouftr , & compte (iir le con lentement de Con Ami , qu'il ignore être fon ï^ival. Mais lorftue , dbns l'é- clair ciuemcnt qu'Us ont enfemble , ils (e trouvent j;0U8

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les itxtx atoîr le même dcffeln, Hs cflâyent de s*en détourner Tun Tautre , par le rappel des intimités pré^ tendues qu'ils sVccufent mutuellement d'avoir eues avee Madame, Géronte. Ils ne conviennent de rien y & s'ac- cordent feulement fiir la néceilîté d'écarter Dorivàl» }eune Militaire , ^mant aimé de Lucile , 9c qu« Géronte ^ fort père , lui avoit deâiné pour Epoux, Les deux Tu-^ teurs lui avoient écrit y chacun (eparément , pour Jetter dans (on efprit des (bupçons fur la fidélité de Lucile« Us font la cour à Lifette , Suivante de Lucile , pour qu'elle dégoûte fa Makrefîc de Dorival , & qu'elle parle j>our eux* Lifette leurre les deux Vieillards par de belles aromeflès ; & dans ce temps - arrive Mons de la Tulippe 9 Tambour de la Compagnie de Dorival , qui vient , deja part de fbn Maître , £ure des reproches à I/Ucile. Dorival outré , arrive lui-même. Scène ae dépit » iûivte d'un éclairciflèment , dans lequel les deux Amans, Teçonnoif!ànt que c'étoient les deux Barbons qui, en trom- pant Dorival , avoient donné lieu k la brouillerie , rac-^ commodent , & concertent les mbyens]de s'unir malgré ces vieillards. La Tulippe (e charge de leur faire ftgner le Contrat : il va tout préparer à cet efifet ; & Dorival & Lucile cèdent la place aux vieux Amoureux , que Lifêtt^ amufç -y jufqu'à ce que la Tulippe , accompagné de £x Grivois en uniforme , vienne effrayer les deux Tuteurs 9 êc leur faire figner le Contrat de Mariage de fbn Maître avec leur pupiie.

VEUX AMIS f (les ) ou LE Néqociaut vk Lrovi Drame en cinq ASçs , en Profe » par M. le Caron de Beaumarchais^ au Théâtre François ^ 1770*

M. de MéUch , Receveur des Fermes à Lyen , 8c Mw [Aurelly , Négociant , fouit liés d'une étroite amitié. Le Caiflier du Négociant vient apprendre au Financier , qu'Aurelly a fix cens mille francs à payçr le lende* snain, 8c qu'il en s^ huit cens mille entre les mains de fbn Correspondant à Paris , qui a ordre de les réalifer 9 & de les lui envoyer. Il de voit les recevoir ce jour même; mais cet homme vient de mourir avant que d'avoir rempli fa CommifTion. On a mis le Scellé fur fes Effets ; le Caiffier ne fait conunent en inflruire Ton Maître , qui le trouve abroluoiçm fans reilburce* UpricMéUch'de

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lui apprendre cette nouvelle. Celui-ci connoSt fbn Ami: U ne Hirvivroit pas au malheur qui robligeroit de man- quer à (es paiemens ; & voici ce qu'il imagine. Il a fix cens mille francs dans la Caiflè des Fermes ; il les fait porter dans celle du Négociant, à qui on fait croire que iès fonds lui font rentrés. Mélacn difpoie à partie pour Paris , dans le deflèln d'éviter la vinte de Saint- Alban , Fermier-Général , qui efi en tournée ,. & qui peut Tembarrafler , en lui demandant recette* Au moment il va mettre en route, Salnt-^Alban arrive « qui lui demande Fargent de la Ferme. Jugez de l'em* barras du Receveur : il demande du temps ; on ne peut lui en donner : on ne doute pas ^u'il n'ait diverti les fonds. Aurelly efi furieux ; il aime encore Mélach ; mais il ne peut s'empêcher de le méprilèr. Il demande en vain des éclairciuèmens ; on ne s'explique point : enfin le Caiffier révèle le (ècret ; ce qui remplit d'admi« ration Saint-Alban , qui avance de (es propres deniers les ^00 mille liv« qui manquent à la Caille des Fermes*

VEUX AVARES ^(les) Comédie en deux Aâles , miléa d* Ariettes , par M* Fenouillot de Falbaire , Mufique de M4 Gretry « â la Comédie Italienne , 1770.

Le jeune Jérôme aime Henriette Se en efl aimé. Leurs maifôns (ont vis-à-vis l'une de l'autre. L'Amant chante une Romance pour appeller (a Maitreile , qui paroit â la fenêtre. Ils (k plaignent l'un & l'autre de l'avarice de leurs Tuteurs , qui font leurs oncles. Ces deux Avares Ce propo(ènt d'ouvrir un tombeau pour voler des richeilès qu'ils y croient enfermées* Ils mettent la main à l'œuvre ; mais fls (ont obligés de cacher à l'approche de quel- ques foldats qui font le guet» Pendant que les deux Avares s'occupent de leur projet , ils (ont eux-mêmes Tolés par leurs pupilles. Pour comble de ridicule , un de ces deux hommes fe trouve enfermé dans le tombeau ^ êc l'autre fur un balcon , d'où ils ne peuvent (e tirer qu'à condition qu'ils donneront leur con(entement pour le mariage de Jérôme & d'Henriette.

PEUX CHASSEURS ET LA LAITIERE y (les) Co- médie en un Aâle , mêlée d* Ariettes y par M, Anfeaume « Muficjue de M. Duniy à la Comédie Italienne ^ 17^3.

Peux Fables de la Fonuine ont fourni le (ujet de

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cette Pièce. Guillot 8c Colas , deux pauvres Pa^fam ; ont Tendu , d'avance , la peau d'un ours qu'ils efpererent de tuer» Oeû cinq piûoles qui doivent revenir à chacun d'eux. Guillot a même acheté^ (ur cette fomme qu'il doit avoir , un caruut de vin , dont nos deux ChafTeurs font un ample ulage (ùr la Scène* L'ours paroit ; Colas tremblant , le couche en joue & n'o(e le tirer. Guillot déclare qu'il n'y a rien dans fon fufîL Heureufèment Tours ne &it que pafler ; & Colas , pour courir après » prend une route toute oppofêe a celle que l'animal a prilè. Guillot , relié ftul , voit venir Perret te portant lùr la tête un pot au lait. Le Chaffeur lui adrefle quel-

Sues complimens , Qu'elle rei^oitavec mépris. Le motif e ÙL fierté efl la lortune Qu'elle prétend faire avec le lait qu'elle porte au marche. Elle expolè tous fes pro*

Î*ets dans une Ariette qui renferme une partie de la Pable originale. Guillot lui oppofe la fortune (ju'il fera lui-même avec la peau de l'ours. Perrette y ajoute peu de foi) & continue Gl rout'e. Colas revient pourfîiivi par l'ours. Il prend le parti de faire le mort » & Guillot ce* lui de monter fur un arbre. L'animal s'éloiçne une fé- conde fois , emporte avec lui la fortune des deux Chaf- fèurs. Celle de Perrette n'eu pas en meilleur état ; elle a cafie Ion pot au lait.

DEUX COUSINES, (les) Comédie en un A&t, milie Jt Ariettes 'i par M. de la Ribadiercy Mujique de M. DeS" Irojfesy auxjtaliens , 17^3*

Madame Argante , retirée à la campagne y a une fille & une nièce qu'elle fe difpolè à marier. Sa fille Julie a déjà jette les vues fur Valere, jeune Seigneur des envi- rons : quant à nièce Angélique» qui n a point de for- tune , Madame Argante voudroit la donner à M. de Rîchemore , vieux Seigneur campagnard, honmie d'un caraôère tout-à-fait plailànt. Se marier ou reûer gar- çon , époufèr Julie ou Angélique , ou même Madame Argante , tout lui égal ^ pourvu que rien ne le gêne. Julie (bupçonne Valere , (on Amant , d'être inconftant «lie en fait lès plaintes à ùl coufine , qui la rafliire. Ju- lie l'engage à fe trouver à fa place à un rcndci-vous qu'elle a donné à Valere ; elle la prie d'eflàycr de dé- couvrir fes lènthuens > & de lui en rendre compte. Va-

\

1ère Tient effeâîvement , & déclare i Angélique qu*ii efl amoureux d'elle : la jeune perfonne en eft lurpri(c ; mais après s'être défendue par Tamitié qu'elle a pour & couiîne , elle (e laiilè enfin perluader , & même reçoit le facrifice que Valere lui fait d'une bague qu'il tenoic de Julie» Sutr les craintes qu'elle a , par rapport à û tante & â coufine , Valere (achant qu'Angélique a uti oncle qui (on Tuteur , lui pro]^o(è de la conduire Se de répoulèr chez lui. Pour cela il faut qu'elle vienne l'attendre dans le jardin à l'entrée de la nuit. A peine Valere eô-il parti , que , pénétrée de remords d'avoir trahi ùl coufîne , Angélique reconnaît avec étonnement ^ qu'elle-même aimoit d^uis long-tems Valere , (ans s'en être douté ; en conlequence elle refufe M. de Ri- chemore. Julie revient pour lui demander des nouvelles de (a conver(àtion avec Valere, Sa préfence l'intimide ; elle n'ofê la regarder. Julie loupçonne ce <^ui en e(è , & la reconnoit pour rivale. Angélique le lui avoue , lut proniet en même tems de fuir Valere , lui rend (a bague y & lui apprend ou'elle a promis à Valere de venir l'at- tendre la nuit. Julie prend le parti d'y aller pour cou* fine, Défefpéré de n)n inconftance, Valere ne vient trouver AngéHc^ue que pour dé(àvouer tout ce qu'il lut a dit. Julie arrive avec Angéliaue, qu'elle cacne. Va- lere » qui la prend pour Angélique , s'excu(è auprès d'elle , protefèe de n'aimer jamais que Julie , & rede- mande la bague. Angélique , qui ne l'a plus*, la refufe ; & Julie la rend. Valere comptant remercier Angélique y l>ai(e la main de Julie & lui dit : ce Mais Julie ne (ait* elle rien de mon incondance f Non Valere ( répond » Julie , ) je veux l'ignorer toute ma vie & ne plus (bn- »> ger qu'à vous aimer, de Richemore paroit ac- compagné de Madame Argante ; & la Pièce fe termine par le maria^ de Julie avec Valere > & d'Angélique avec M. de Richemore»

DEUX FRERES , (les) ou la PhjSkbntion vaincus ^ Comédie en cinq Aôles * en Ve^s % far M. de Moijfy y aux François y 176t.

Deux frères , nommés Dorigni , (Sparés dès leur plus tendre enfance » ont été élevés , Tun chez fon pcre à k ville I l'autre à la campagne chez fon aïeul. Le Oo«

|8o D EU

TÎgnî de la Ville efi un Petit - Maître ; celui de la Campagne a des mœurs & de la vertu. Deux cou/înes » l'une coquette , l'autre pleine de fèntimént , doivent apporter une dot confiderable , léguée par leur Tuteur pour celle qui époulcra un Dorigni. Le Petic-Maitre , Amant intéreffé 8c léger , adrefle les vœux â la jeune Coquette, Cependant FAïeul vient de Paris, Se amène ion Elevé , mais qui ne parojt pas à fon firere devoir être un rival redoutable. Il annoncé (bus le nom de Dorancé : c'eH un ôratagéme de l'Aïeul , pour )ouir plus iûrement de l'impreffion que la préfence de ion petit- fils doit faire dans un monde fi étranger pour lui. Dorancé a des conver(ations avec fbn frère ëc fon père , dont il n'efl pas connu. Il gagne leur efiime & leur amitié. Il a aufn le bonheur de rencontrer une Maitreflè dans fon aimable 8c vertueufe coufîne. L'Aïeul fait réudîr leur union , qu'il avoit projettée fans être inilruit de leur in* clination ; 8c il fait revenir le père & le frère de leur prévention contre une éducation de campagne , en leur découvrant que Dorancé eft Dorigni , fbn Elevé. Par cette alliance le legs appartient à la couiîne qui Té- poufè ; mais elle a la généroiîté de ne vouloir que la moitié de la donation , & d'engager fœur à donner la main au frère de fon Amant.

DEUX MILICIENS, (les) Comédie en un AÛê^mêUe à! Ariettes y par M. d*Aiemary Mufique de M. Friiieri , aux Italiens % 1771,

Un jeune homme, utile à fa famille, qu'il fbutient par Tes travaux , Amant , & fur le point d'être époux , craint le fort de la Milice , que le Subdélégué va faire tirer dans le village. La jeune MaîtrefTe vient implorer la proteâion du Subdélégué , pour faire exempter fon Amant. Le Subdélégué eil touché de fçs larmes , 8c près de céder; mais ion devoir l'engage à ne rien pro« mettre. On tire la Milice ; 5c ce fils unique , ce tendre Amant , efl malheureufèment Milicien. On le plaint ; il fe défole. Sa MaîtrefTe, fa Famille , le Subdélégué lui-même , montrent les plus vifs regrets. Un ami de ce jeune homme , témoin de cette Scène attendriflante , conçoit tout à coup le généreux deflèin de le remplacer

D E U ^ jj»

dans le Service. Il offre l'échange » & fend la ]oie à une famiile attriâée » & à une Amante défolée»

DEUX NIECES » (les) ou i.a Confidente v^sllm" MÉMB > Comédie en Vers > en cinq Aâes , par BoiJIy , au Théâtre François » »7J7»

Cette Comédie contient quelques Scènes agréables : on applaudit fur-tout à la manière dont s'y prend Lù« cile , pour écrire à (on Amant : mais on cA fîirpris de voir deux femmes , qu'on veut marier félon leur goût , & qui travaillent elles-mêmes à reculer leur bonheur»

VEUX PUCELLESy (les) Tragi-Comédie de Rotrou^

C*efl une de ces Aventures de Vojjaçes & d'IJôtelIcH ries ) telles qn*on en lit dans la Bibliothèque bleue* Deux filles y Théodore & Léocadie , également trom- pées par l'amour & les promefTes de Dom Antoine » Ce déguifènt en Cavaliers » courent le pays , & cherchent à venger des perfidies de cet Amant , qui les a quittées. Théodore rencontre (on frère dans une hôtellerie, &lui fait épou(er fa querelle. Léocadie eil trouvée à un ar- bre j des voleurs l'oht attachée. Dom Antoine arrive à la même hôtellerie , après avoir échappé aux pour-^ luites d'autres voleurs , qui l'ont bleflî. On recon- noît; la jaloufie gliflè entre les deux rivales. Les pères de ces héroïnes le battent contre celui de Dom An- toine , afin de venger l'honneur de leurs filles»

DEUX SŒURS jÇles) ou la Meke Jalouse » Comédie en trois Aâles » en Vers libres y par M. Yon 9 aux Italiens^ 1755*

La Baronne de Cronval a une fille fort aimable « en âge d'être mariée. Un Robin , auifi plat que ridicule^ fe préfente pour répou(èr ; mais comme II appréhende un refus , il a recours à un Chevalier , ami de la mère » à qui il donnera une (bmme d'argent , s'il peut lui faire : épou(èr Elife. Cette dernière la fille de Ma*' dame de Cronval, dont Valere eu amoureux. Valere eft auiC aimable, que le Robin efi (bt & Impertinent. Le Chevalier , en vue de gagner loA argent ^ o'QOçt rien

|Si DEU

auprès de la Baronne , pour l'engager à 'reiu(êr Cz fille k Valere. Elife aime ce dernier autant qu'elle détefte le Préfident ; & ellefè fait d'autant moins de fcnipule de Ton ansour , que fbn pere> le Baron de Ctonval, & Madame, de Saucour , fa tante, automlènt cette indinatîon. Ma* dame de Saucour & la Baronne font deux Gxuxt d'un ca- raâère tout oppo(ë. La première cft douce » tranquille » êc extrêmement raifbnnable ; la Baronne au contraire eft vive , emportée ; & comme elle a encore despré-^ tentions , elle efi fichée de voir fille fi grande êc & jolie ; elle craint que (a beauté ne faile tort a ce qui lui refie de charmes ; & (a jaloufie la confirme dans le deA , lèin de la donner au Préfident » que fa place rappelle dans la Province , 8c qui emmènera femme avec lui* L*abfence d'Elife empêchera qu'on ne hSc aucune com- paraison, qui ne pourroit être qu'au désavantage de cette snere jaloufè. Le Chevalier , qui connoit fbn foible , & oui d'ailleurs a un G. grand intérêt d'empêcher le mariage d'Elife & de Valere, l'entretient dans cette idée. D'un au|re coté Madame de Saucour tâche de dégoûter le Robîn , en lui faifànt entendre qu'il ne (croit pas aimé de fa femme , s'il époufoit Elife. Malgré les infiances de (on mari , les impertinences du Robin , le défir de ia (œur Se les répugnances de {a fille , la Baronne de Cronval n'écoute que jaloufie Se les conftils du Che- valier; mais «jpar une ru(è de la Soubrette, on apprend le marche indigne que ce dernier a fait avec le Préfi* dent. Elle remet une lettre à Madone Saucour , qui découvre tout ce manège ; Se comme le Chevalier efi un * homme de condition, la tante d'Elife efpere qu'il re*. connoktaikt faute , & qu'il fera le preipier à fblliciter le mariage d'Elife 8c de Valere , quand on lui aura re- préfcnté l'indignité de fbn procédé. Auffi-tôt queMa* dame de Sancour a parlé au Chevalier, Se qu'elle l'a pris par les fentimens d'honneur , il revient de la meilleure grâce du monde ; 8c le mariage d'Elife 8e de Valere efl le premier fruit de fa converfion.

DEUX SŒURS f(l^) Comédie en deux A&es » en profe » far M. Bret y aux François , 17^7»

Les charmes du caraâère font plus puiflans que ceux de la beauté pour attirer de captiver les coeurs ; c'eâk

D I A )Sr

morare de ce Drame. La foDur aînée, arec tous les at- . traits de la figure , a une humeur altiere 8c impérieufè ^ qui éloigne les Amans. Lafour cadette, au contraire , avec moins de grâces , les attire par la douceur de Ces mœurs* Cependant ie père veut que (a fille aînée (bit mariée ayant la plus jeune* Deux amis recherchent l'une & l'autre. Le partlHin de l'aînée n'ayant pu rien gagner ^ par les foins emprefTés , cache fbn amour (bus les appa* rences de l'indifférence ; il contredit fa fiere Maîtreiïè ; -il lui dit en riant des vérités défagréables 8c en triom* phe enfin , en paroifTant ne point chercher à lui plaire* Elle reconnoît alors que la complai(ànce 8c Taffabilltc font les plus doux liens des cqsurs* Les Amans font uni» . par le mariage.

DIABLE A QUATREy (le)ouLd Dovble Mètamùr^ PEOSB j OpérorComique en trois Aâes , wtiii d'Ariettes » j)fT M* Sédaine , d la boire S. Laurent ^ i75^«

Cette Pièce, qui prit naifiTance aux Speâacles de la Foire, & qui fc joue encore aujourd'hui (ur le Théâtre Italien , efl une imitation d'une Farce Angloifè de même titre , déjà traduite en François par M. Patu. En voici le fujet. Un fameux Magicien , qui fait grêler quand il veut , s'étant/ égaré dans (on chemin , demande à (e repofer dans le Château d'un Marquis. La MarquKe^ ou plutôt le Diable d quatre ^ s'y oppo(c, &le menace . 4e le chaflèr honteusement. Le Magicien furieux, évoque les Puiflànces du Tartare , 8c leur ordonne d'eidever la Marquiïè , 8c de la porter dans le lit de Margot. Cette Margot cfi la femme de M. Jacques , Savetier au coin du Château. Cependant les Démons obéifTent ; & la Marquife , habillée en Savetière , efl transportée fut . le grabat de M. Jacques. Quel étonAement pour elle , . lor^u'éveillée par le chant du Savetier , elle fe trouve revêtue de haillons ! Elle fe livre d'abord à la (urprKc; enlliite veut ordonner 8c faire la méchante; mais le tirepied de M. Jacques la ramené à la rai(bn. Elle s'abandonne à (es larmes , fe défè(père , lorlque Lucile, fa Ferame-de-Chambre , vient chercher une paire de mules. Celle-ci ne la reconnoiflknt pas , la traite comme Margoç , 8c en reçoit un rude fouffiet. M.Jacques, indigné de voir frapper une de Tes Pratiques » oblige la Marr

1^4 D I A

amCe de & mettre à genoux devant Lncxfe, & de lut demander pardon. Enfin, après ayolr rendu au Sayetier ^ forcément , les offices les plus bas pour elle > elle le bat , le ciilbute de fon elcabeau » & fe fauve , pou^ aller au Château* Mais on ne l'y reconnoît plus ; fÔA Epoux l'appelle ûl Bonne , tandis que Margot , habillée magnifiquement , jouit de tous les honneurs dus à la Marquife. Le' Magicien , (e croyant afiêz vengé , vient mettre fin à la double Métamorpholè. La MarquUe pro* met d'être à l'avenir plus douce & plus traitable9 & permet aux gens de fk maifon de fe réjouir.

DIALOGUE. Le Dialogue eft proprement Tart de conduire Taâîon par les difcours des Perfonna* ges; tellement que chacun d'eux dife précifé*

^ ment ce qu'il doit dire î que celui qui parle le premier dans tme Scène , l'entame par les chofe^ que la paffion & l'intérêt doivent offirir le plus naturellement à Ton efprit ; & que les autres Ac- teurs lui repondent ou l'interrompent à propos, félon leur convenance particulière* Ainu leDia* logue fera d'autant plus parfait , qu'en obfervanc fcrupuleufement cet ordre naturel , on n'y dira rien que d'utile & qui ne foit, pour ainâ dire, un pas vers le Dénouement.

Le Perfonnage qui parle le premier dans une Scène , peut tomber dans plufîeurs défauts.

En ne difant pas d^abord ce qui doit l'occuper le plus , ou faute d'employer les tours que fa paffion demanderoit , ou même en s'étendanc trop , & ne s'arrêtant pas aux endroits il doit attendre & défirer qu'on lui réponde.

Les autres peuvent auifi bledèr la nature de plufieurs manières.

1®. En ne répondant pas jufte , à moins qu'il n'y eût une raiion prife de la iituation ôc du ca- ractère

D I A ^ij]

tkSthte, pour éluder les difcours qu^on luï âdteflè^ & qui feroic alors une jufteue véritable & même plus délicate, que la ]ufte(Iè prife dans un fens plus étroit.

i^. En nt rilpondant pas tout ce qu ils devtoient répondre.

3^. En n'interrompant pas ils devraient interrompre.

Ceft encore , ce Temble , une manière indi« reûe de manquer au Dialogue , que de faire for- tir des Perfonnages qui dcvroient attendre qu'on leur répondit , ou de faire refter ceux qui de-»^ vroient répondre.

Une des plus grandes perfeâions du Dialogue i c*eft la vivacité -, & comme , dans la Tragédie > tout doit être adion , la vivacité y eft d'autant plus nécelTaire. Il n'eft pas naturel qu'au milieu d'intérêts violens qui agitent tous les Perfonna- ges, ils fe donnent , pour ainfî dire > le lôi(ir de le haranguer réciproquement. Ce doit être en«- tr'eux un combat de fentimens qui fe choquent » qui fe repoudent , ou qui triomphent les uns des autres ; c*eft fur-tout dans cette panie , que Cor- neille eft fupéricur. Voyez la belle Scène du^Cid > Rodrigue vient demander la mort à foa Amante:

N'épargnez point mon (àng; goûtet faits fé/îflanci^ La douceur de ma perte & de votre vengeance»

Chimshs.

Hélas I

Ecoutc-moîi» '

Tomil. BK

•'^j^*"-

fU D I A

C I M t M B*

Je me meurs.

ROD&IGUB»

Uftflieaieiit*

C H I M E M

Va > laifle-iÉQÎ oicnirir*

Rodrigo

Quauxc mots (èulement. Après » ne me lépoBs ^v'avec^e cette épée*

11 H t M « M

Quoi ! du tkng de mon père , encor tonte trempée !

Rodrigue. Ma Cliteene.

CHIMtllB»

Ote-moi cet objet odieux , Qui rtjpvoche ton ciime & ta vie à mes yeuac.

ROD&IGUE,

Regarde-le plutôt pour exciter ta haine. Pour croître u douleur & pour hâter ma peine,

Cn iM Biii«

U eit tèbit de mon ikng*

Rodrigo

Plonge 4e dans le mien.

Et la fin de la Scène paroît encore au-dediis.

Ton malheureux Amant aura bien moins de peine ' A mourir par ta main , qu'à vivre avec ta haine*

ft ï A

C H I M B M tb^

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116

te hal$ point.

ROD & Z G u !•

Tu le dois.

C É I M i Mt B. R OO R.IGU BS

Je àt pU^i;

V

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Que je mettre^

C H I E K

Va t'en. Ro D Rt en i

A 4u6i te réfôus'tu î icCm

Ôti a dcé , avec raîfon , comme une beauté ï)ialogue du premier ordre , la cinquième Scène du troiiieme Aâe de Cinna. Emilie a déterminé Cinna à ôter la vie à Augufte. Ginna s*y eft en- gagé ; mais il fe percera le (ein du même poi- gnard dont il aura vengé fa Maîtreffè. Êntilîe refte avec fa Confidente. Dans fon trouble » dit s'écrie c

Cours après lui , Fulvle^ Et ton amitié daigne me (ecourir. Arrache -lui du cœur et defTein de mourir* Dis-lui

Pu L V IB

Qu'en (k faveur vous laîfTcz vivre Augufie j

E M I L I

Ah! c'e&^aireà ma haine une loi trop injuile»

Fu&TlB»

Et quoi donc {

Bb 1)

|Si D I A

E M I I. I B*

Qu'il achére , & dégage Gl foi ; Et qu'il choifmè après de la mon ou de mol.

Ceft ainfi que Corneille conferve le carac- tère , & qu il fatîsfait en un mot à la dignité d'une ame Romaine » à la vengeance, à Tambi- tion , à Tamour.

Racine femble s*ctre propofc cette efpéce de beauté pour modèle dans Andromaque. Andro- maque eft forcé d*époufer Pyrrhus pour fauver fon fils Aftyanax. Après de grands combats du cœur y elle le croit réfolue à tout :

Allons trouver Pyrrhus... Mais non , chère Ccphi&y iVa le trouver pour moi.

C É P H I s E.

Que faut-il que Je dife !

Andromaqui*

Dis-lui que de mon fils Tamour ed aflèz fort. r 3A21S crois-tu qu'en (on ame il ait juré fa mort ! L'amour peut-Il fi loin pouffer barbarie f

C É P H I $ £•

Madame > il va bientât revenir en furie,

Amdromaque* £h bien ! va l'afTurer.

C p H I s I. ^

De quoif De votre foi ?

AnDROM AQD E.

Hélas ! pour la promettre , eA-elle encore à moif O cendres d'un époux ! &4£ioycns ! â mon père !

D 1 A )«j

D mon fils ! que tes jours coûtent cher â ta mère ! Allons

C E P H I « !•

Oh donc , Madame ? 8c que réi!bIye&tou8 ?

^

A N O & O M A Q U !• \ '

I r

Allons (ur (on tombeau conHilter mon époux;

Dai\5 Cadmus & Hermione , Opéra de Qaî- nauc»il y a, dans la dernière Scène du premier A6ke une très-grande beauté de Dialogue.. Cad- mus fe trouve placé entre Pallas & Junon, ^ donc Tune lui ordonne & l'autre lui défend de fecou- rir la Princeflè.

J UM ON*

Pallas , pour les Amans Ce déclare en ce Jour S Qui Tauroit jamais olé croire !

iiiir/J P A L L A Sf

'"^(Jiâ peut être contre l'amour. Quand il s'accorde avec la gloire {

JoiibN.

Evite un courroux dangereuxij

P A L L A

Profite d'un avis fidelle*

J u M o tr« Fuis un trépas affreux*

PALLAS.

Cherche dans les périls une gloire !mmortolle«

Cadmus.

Entre deux Déités qui Hifpendent mes vœux J Je n'ofè réfîfler à pas une des deux. Mais je fuis l'jmour qui m'appelle.

Bb il]

< I s

Cadmus accorde le rcCpcCt qu*it doit à deux Pivînités ^ avec ce qu'il doit à fa gloire Se à fa Maîtreflè.

On dé&eroit que Racine eût quelquefois imité te Dialogue vif & coupé de Corneille. On lui reproche de faire Tçuvent dire de fuite à un de fes P.erfonnages tout ce qu'il a à dire -y on lui ré* pond de même , 6c une ipngue Scène Te confume quelquefois en deux ou trois répliques. Il eft vrai que chaque difcours fait une magnifique fuite de vers qui s'embelliflènt encore par la continuité, L'efïèt en eft admirable à la leâure ; mais au Théâtre les Scènes en deviennent moins vives j Se (t l'on y prend garde 9 tnpins naturelles ^ parce que lés Afteurs étant préfens , pn les y fent fou- vent embarraffês de leur fiience. M. de Voltaire eft le feul qui ait donné quelques exemples de ces traits de répartie & de réplique err^deux ou trois mots qui reflbnblent à des coups l'efcrime pouffes & parés ^n même tems. Il y a une Sccnq. a (Edipe dans ce goût.

CE D I p

Xal tué votre cpoûx.

J;o C A s T £•

Mais vous êtes le mieni CE D I p Je le Culs par le crime*

"■" Jo c A 8X !?•

Il eft Involontaire* <■'■■' ÔB D I p t.

Nlmporte « U efi çpmnus.

V

O comble de mUqrc !

Œ D I p O trop &43X bf men ! ô. feux jadis S, doux J^

J o C A & T

> « t*

' - . ' * i.

Ils ne (ont point éteints^ tous êtes mon ^gow* -;

Non , Je ne le (liis plus , &c«

Mais it n'efl: pas néccffairc qu*un Auteur prenne la parole pour avoir parjt au pialoguief U y peut entrer par un gefte, par un regard, par (çul air de Ton vifage^i pourvu. c|ue fçs mouyemçns , foienc apper^us p^if rÀâeui;: qui parle, 6c qu'ils . lui deviennent une acçaiipn de nouvelles penf^es & 4e npuveaut fentimons : alor s la continuité du difcoursa'empêcHe p^s qu'il n'y ait une forte de Dialogue; parcis que l-aéHon muetf:e d*uu 4es Perfbnnnages a exprimé quelque chofe d-ifnpor- tant , & qu elle a produit fon e6et fiir celui qui parle ; comme 9

Zaïre , vous pleurez;

Et Amt.AiÊdTomnqiieii Perfide , je le rois i^ ' - Tu comptes les momens que tu persi arec moi..

Tout cela répond à dès mouvemens apperçus % «ui» .quelquefoi3 pla^^xPiefllfs que la parole,; font ientir du moins le Dialogue de la paflion dans les endroits même où4*on n'entend qu'un P$$ fon-' nage.

Les niaximes générales^ retardent êç afïoiblif- fent le Dialogue f à moi^s qu elles ne foient en

B b iv

j>i D I A

fentimenc » Se qu'elles ne foient très-courtes i comme dans cet exemple :

Je connpîs peu Tainour ; mais j^ofe te répondre

Qu'il n*efi pas condamné^ puI(qu*on veut le confondre.'

Accomat ne dit que ce qu'il penfe dans f occafion préfente ; 6c rAuditeur y découvre en même tems le caraâère général de r amour.

Ce n eft que dans une grande paiCon , que dans l'excès d'un grand malheur , qu'il eft permit de ne pas répondre à ce que dit Tlnterlocuteur , Tame alors eft toute remplie de ce qui l'occupe & non de ce qu'ion lui dit. C'eft alors qu'il eft oeau de pas répondre. On flatte Armide fur fa beauté , fur fa jeurieflc , fur le pouvoir de fes eh^ chantemens* Rien de tout cela ne diffipe la rêve- rie où elfe eft plongée. On lui parle de fes triom- phes & des captif qu'elle a hits. Ce mot feul touche à l'endroit fenfîble de fon ame ; fa paf- fion fe réveille : elle rompt le (îlence :

Je ne triomphe pas du plus vaillant de tous. Renaud.*..

Mérope, à l'exemple d'Armide, entend, fans l'écouter , tout ce qu'on lui dit de fes profpérités 8c fa gloire. EUe avoir un fils $ elle l'a petdu. £lle l'attend* Ce fentiment feul , intéreftè.

Quoi ! Narbas ne vient point ! Reverrai-je mon fils î

Corneille a donné en même tems l'exemple & la leçon de l'attention qu'on doit apporter à la mérité du Dialogue. Dans la Scène d'Augufte avec Çinna^ Augufte va coUYâincre d'ingratitude m

D I A i9i

jeune homme fort & bouillant , que le feul ref- peâ: ne fauroit contraindre à Tccouter fans l'in- terrompre, à moins d'une loi expreflè. Corneille a donc préparé le (îlence de Cinna par Tordre le plus formel d'Augufte. Cependant , malgré cet ordre , dès que l'Empereur arrive à ce Vers ,

Cinna , tu t*en fbuvlens , & venx m'aflafEner »

Cinna s*emporte & veut répondre ; mouvement naturel & vrai , gue Corneille n'a pas manqué de faifir. C'eft ainu que la réplique doit partir fur le trait qui la foUicite.

On peut compter , parmi les manières de man- quer au Dialogue , un ufage vicieux , ^milier à plufieurs Poètes , & fur-tout à Thomas Corneille ; c'eft de ne point finir fa phrafe , fa période , & de fe laiffer interrompre , fur-tout quand lePer- fonnage qui interrompt eft fubalterne , & man- que aux bienféances en coupant la parole à foa Supérieur.

Les principes du Dialogue font les mêmes pour la Comédie. Il doit être celui de la nature même. C'eft un des grands mérites de Molière. On ne voit pas , dans toutes fes Pièces , un feul exemple d'une réplique hors de propos. Ses fucce(Ièurs ont multiplié les tirades , les portraits , &c. Rierl n'eft plus contraire à la rapidité du Dialogue» Un Amant reproche à (a MaîtreflTe d'être co- quette ; elle répond par une définition de la Co* quette. C"eft fur lemot> qu'on répond, & prefque jamais fur la chofe.

La répartie fur le mot eft quelquefois piaf- fante ; mais ce n'eft qu'autant qu'elle va au fait. Qu'un Valet , pour appaifer fon Maître qui me-

Î5)4 D I A D I C

nace un faotnme àe lui couper le nez , lui dife ;

Que ferîez-Tous, Monfieur, du nez d'un MarguiUier?

Le inot eft lui-même une raifon. La Lune toute entière de Jodelct eft encore plus comique. Cçft une naïveté excellente ; & Ton fcnt bien que ce n'eff pas un de ces jeux de mots que Ton con- damne avec raifon dans le Dialogue»

Il feroit à fouhaiter que la difpofitien du ft|- jet fut telle , qu'à chaque Scène on parte d*un point pour arriver à un point détermine : enfcîte que le Dialogue ne dut fervir qu'aux progrès de I aâion. Chaque réplique feroit un nouveau pas vers le dénouement , des chaînons de l'intriguç ; en un mot, un moyen de nouer ou de développer, de préparer une ntuation , ou de pa0er à upe fituation nouvelle. Mais dans la diftribution pri- mitive , on laifTe des intervalles vuides d'adian. Ce font ces vuides qu'on veut remplir , & de-ià les excurfiohs du Dialogue.

DIANE , Comédie en cinq ASes , en Vers , c^ttrihuée à Rotrau^ 1^3 5*

Diane , MaitrefTe délaiiTée de Ljfîmont , arrive de Boulogne à Paris fous le nom de Celirée , & fe. met au icrvîce de celle qui ppfTçdc le cœur de I yfimont. Plu- fieurs Lettres n'ayant pu troubler une intrigue qu'elle veut rompre , elle paroit tantôt (bus Thabit 8c le nom de Lyfkndre , tantôt en Célicée , & joue les râlci d*A- , mant, de MaitrefTe 9 de Vil)ageo^rç& de Suivant Elle compromet beaucoup de monde , brouille plufîeurs Amans ; & enfin fes rufes font découvertes. On veut la punir : elle fc fait toanoître ; & Lyfîmont l'époufe. Les plaintes, les querelles, les foup^ons , les isquié^ tudes^ les allarmes de huit Amans , qui (e quittent pouriè reprendre, forment le tiflu de la Pièce,

DICTION. Ceft^ une des fix parties delà

D I D ,9f

Twgédîe, qui U définit, rexplic^tion des chofes par les termes. ïA>yei Style.

pIDON, Tragiiie de Scudéri^ x(^J^.

Cette Pièce n'cfl , en quelque (brtc , qu*unc Tra- duâlon fiiivie de tout ce <|ue Virgile a dit de eette Reine de Carthage. Dans une tirade de trois cens Vers « Enée détaille les évenemens du fiégo de Troye , pour égayer €2L Reine 6c fatiguer Ces Leâeurs ^169$.

DIDON 9 Tragédie^Opéra , par Madame de Saintonge y Aîufique de Démarets ^ ^6$\.

Didon & (on Amant , encore çnflamniés des premiers feux d'une nouvelle paflion , (ont prêts à, fes conûcrec au Temple de THymen ; mais l'arrivée d larbe , Roi de Gétulie , retarde la cérémonjie nuptiale. Ce Prince im- plore le fecours de Jupiter contre fpn Rivai. Le Dieu paroi t (ur un nuage , la fi^udre à la main , & ordonne aux Divinités des Bois de calmer , par leurs chants , la douleur de (on fils. larbe rencontre Enée, & veut le percer ; mais im nuage le dérobe à fureur* Didon , pour s^inftruire de la fidélité de Coti Amant, (e rend dans la Grotte d'une Magicienne. Les Furies & les Dé- mons lui annoncent Ton malheur. De petits Amours, couronnés de fleurs , prennent la place dp la cohorte Infernale 9 6c danfent autour de la malheureufe Didon. ^lle apprend bientôt le dpfTein d'Enée : elle a recours à (es pleurs âc à (es charmes. Enée , trop fenfible, jure de ne point la quitter : les plaifirs recommencent : tout fe livre a la joie ; mais elle efl bientôt interrompue par un grand bruit de tonnerre y le Ciel (e couvre de nuages épais. Didon (e fauve avec toute ta CoUr; mais Enée eft arrêté par Mercure , qui. lui ordonne de quitter Car- thage à l'initant : Tamoi^r balance long-rtemps , dans Con cœur, Tordre des Dieux ; mais enfin ces derniers l'em- portent. Didon fe livre à toute fa douleur : elle ordonne un Sacrifice , pour brûler toutes les dépouilles de (on infidèle ; mais l'Ombre de (on Epoux Sichée paroît, Se lui ordonne d'en être la viâime. Aufli-tôt elle perce d'un poignard , en 4i(ànt :

Perçons au moins (on image, Fuifqu'clle ençor dans mon cœur.

)5< D I D

DIDON 9 Tragédie , par M, le Franc de Powfîgrum ;

Ce fiijet , prelqu'aoffi fimple que celui de Bérénice i cfi en même temps plus théâtral, M. le Franc s*étonne

2ue Racine ait donné la préférence an dernier ; mais on lit qu'il n*eut point la liberté du *choix* Le caradère d*Enee ne pouvoit être un obfkicle pour lui : il a été prouvé , plus d'une fois , qu'il favoit refondre un ca- raâère vicieux. Racine , en un mot « eût fait à cet égard ce qu*a fait M. le Franc* Il fuffit de lire la Tra- cedie de Didon 9 pour (èntir combien (on principal Héros efl (ûpérieur à celui de l'Enéide. L'Auteur a (u tempérer l'ardente piété du Prince Troyen. Ce n'eft plus un Amant fans foi, un Prince foibie, un dévot Scrupuleux. Il reconnoit l'abus des Oracles, & o(e le témoigner. 11 ne trompe , dans Ces difcours , ni Didon ni lèsTroyenf» Il fuit enfin ; mais e'efl en Vainqueur « après avoir affermi le Tr6ne d'une Reine qu'il efl obligé de quitter. Malgré ces heureufês correâions , Enée figure peu avantageufemcnt dans cette Tragédie ; il ne dit que des chofès ordinaires , & n'en fait de grandes que lorfqu'il ne doit plus reparoitre. J'avoue que la rivalité d'Iarbe , fbn déjguifemeat , (on caraôère , fès menaces , que tout en lui contribue à fortifier l'aâion de cette Tragédie. La Scène ce Roi Numide fe découvre lui-même â Didon , offre une fîtuation neuve & inté- reflante. Mais peut-être larbe n'efl-il que trop grand ; peut-être la manière dont il défigne Enée paroît-eile irop vraie :

Un Transfuge échappé des bords du Simoïs 9 Qui n'a fii ni mourir ni fàuver Ton Pays . . . ;

Le refus que la Reine fait d'abuler du fècret d'Iarbe » pour s'aflîirer de lui , efl marqué au coin de la vraie

frandeur. Ce (ont de ces chofes que le caraâère d'un erfbnnage vertueux fournit naturellement à un Auteur , & dont cependant on lui fait toujours gré* Didon inté- refTe ju(qu au dernier infiant de cette Tragédie ; elle ne voit qu'un peu tard l'ombre de Siçhée, & les images fu- nèbres qui l'agitent dans le cinquième Aôe : mais, dit l'Auteur , «c Didon ne voit des re(peâs> que quand elle

D I D DIS >97

9) a des remords ; Se les remords ne viennent que quand 99 Enee s'en va. m Enfin cette Tragédie nous retrace Se la noble fimplicité des bonnes Pièces de Racine quant au plan , & leur élégance qu^t aux détails. Un autre mé« rite a (aifir dans cette Tragédie , la ju^eiTe du Dia- logue. On Cent que les PerU>nnages y difent toujours ce quils doivent dire , & presque toujours de la meilleure manière qu'il puifTe être dit,

DIDON LA CHASTE , ou les Amours d'Hiarbas ^ Tragédie de Boisrobertj i6j^i.

Ce titre Hippolè qu'il n'efi pas queflion d'Enée dans cette Pièce. En effet , l'Auteur rend juftice â Didon ,qui vécut plus de trois cens ans après Enée.

Didon , fidelle aux cendres de Ton époux Sichée 9 ré- fute le cœur & la main d'Hyarbas , Roi de Gétulie. Cet Amant rebuté y entre dans les Etats de Didon , l'aiTiége dans Carthage > prend cette ville ; & Didon tombe en ion pouvoir. Pour éviter violence , elle Ce tue, Hyar- bas 9 au dé(ê(poir de cette mort , imite l'exemple de Di- don ; ainfi finit la Tragédie , qui efl foible de verfîfica- don , comme toutes celles de Boisrobert ; mais paffable* ment conduite & afTe^ intérefTante > £ le rôle de Didon n'étoit pas plus fou qu'héroïque»

DISSIPATEUR , C /e ) ou jt^HONNira Friponne , Comi- die en cinq Aâles , en veTSj paT Néncault Deftouches^ ou Théâtre François j 17 Si*

Un des plus grands défauts de ce Drame, c'eft que le caraâère du DifHpateur n'efl pas un de ces caradères momentanés > fi l'on peut parler ainfi , qui peuvent pro- duire tout leur effet pendant l'efpace de vingt-quatre heures* Ce (ont de ces caradères qui rempliroient mieux un Roman* D'ailleurs , les diffipations de Cléon ne (ont pas afTez variées , & (ont liors de la nature. On ne (âu- roit (e prêter non plus au caradère apparent de la jeune veuve Julie : on ne peut deviner , ni même entrevoir le but de (es manœuvres.

DISTRAIT y (le) Comédie en cinq ASes ^ en vers, i$ Regnardy 1697.

Ce caradèrey iiaturc}J(e.-ueA( froid , répand fur Tac-

3,S D I V

tion une forte de langueu):^ qu*il étolt <liffic!Ie de ttfC* venir. L'Auteur s*eft efforcé de parera cet inconvénient par les faillies d'un jeune Fou , par les extravagances d'une Dame Grognac , par les jalonnes de deux Rivales ^ & les plaifànteries qui fliivent leS qui-wo-quo du Dz'A trait. Ce qu'il y a d outré » ctôit néeeiTaire pour égayer des Scènes « qui perdent encore à la lèâure , & ont be* foin d'être animées par le jeu des Aâeurs* Avec ce ie<^ cours , ce Ibjet » peut-être le plus froid par lui-même % intércfTe , amufe cependant ; & la Pièce Ce trouve au rang de nos meilleures Comédies.

DIVÉRTISSEMENS. Ctfi un terme générique donc on fe fert également pour défigner tous les

i^erîcs Poèmes mis en Muhque qu'on exécute fur e Théâtre ou en Concert , & le^ Danfes mêlées de Chants qu on place quelquefois à la fin des Comédies d*un ou de deux Ades.

La Grotte de VcrfaiUés , rvdille de Sceaux , font des Divettidemens de la première efpéce.Oii donne ce nom plus particulièrement aux Dànfes & aux Chants » qu on introduit épifodiqîiemenc dans les À£les d*Opcra. Le triomphe de Théféc eft un Diverciflèment fort noble. L'Enchante* ment d'Amadis eft un Divertiflement trës-agrca- ble : mais le plus ingénieux dans lés Opéra an- ciens > eft celui du quatrième Aâe de Rolland*

L*art d'amener les Divertiffemens , eft une par- tie fort rare au Théâtre Lyrique. Lagrande régie eft, qu'ils naiflent du f ujet, qu ils feflent partie de TaÀion » en un mot , qu'on n y danfe pas feule- ment pour danfer. Tout Divertrlfement eft plus ou moins eftimable , félon qu il eft plus ou moins néceftàire à la marehe théâtrale du fujet. Celui qui termine TOpéra , paroît ne pas devoir être a(Iu)ecti à cette régie aufE fcrupuleufement , que

DOC J99

tous les autres •, ce n eft qu'une Fête , un Mariage , un Couronnement, &c , qui ne doit avoir que la joie publique pour objet. On doit être encore plus févere dans les Ballets. Des Divertiflemens en aâion font le vrai fond des différentes Entrées du Ballet : il faut que la Danfe & le Chant y foient liés enfemble , & partagent toute Taftion : rien n*y doit être oifif i enfin le Ballet doit être tout entier en une action intcreffante , vive , preflee. Il faut donc , pour former une bonne Entrée de Bal- let , premièrement une aâion ; f econdement , que le Chant & la Danfe concourent également à la former , à la développer , à la dénouer 5 troî- fiémement, que tous les agrémens naiflènt du fujet même.,

DOCTEUR. Nom d'un Perfonnage de la Comé- die Italienne. Le Dofteur , tel que nous le voyons aujourd'hui » eft diflPérent de Tatlcien -, fon habil-^ lement a eflliyé quelque réforme à fon arrivée en France -, le changement ne peut que lui être avan- tageux , puifqu'il en eft devenu plus chargé Se plus comique*) fon langage eft Boulonnois > & fon caraâcre eft celui d'un bavard éternel , qui ne parle que par Sentences & par de mauvaifes cita- tions Latines.

DOCTEUR AMOUREUX, (le) Comédie en cinq A6leSj en Vers » par le Vert y i6^%,

Tircis, Amant de Cloris , abandonne cette dernière pour £ii(è , qui aime Adraiie & en eft aimée. Cet Adrafte , pour s'introduire auprès de Mattreire , tra- vcftit en domeftique » fous le nom de Cléonte. Le père d'Adrafle le rceonnoît, l'unit à Elifè ; & Tircis rentre dans les chaînes de Cloris. Le Doâeur , amoureux d'une vieille GouYcrnante » n'çft ici qu'un Rôle Epifodique.

400 DON

DOCTEUR SANGRADO, (le ) Opéra-Comique en wt ASe^ mile d^ Ariettes j par Anjeaumejà la Foire Saint" Germain ^17 $9. Le Doâeur Sangrado venu Ce fixer dans un vil*

unique recette ; & il l'applique à tous les cas poffi- bles. CefI en particulier ce qu*il ordonne à une jeune femme qui ne peut avoir d'enfans avec fon vieux mari. Un Payfàn , nommé Blaife , vient le confiilter (tir tuie maladie qui annonce beaucoup) de (ànté. Le Doôeur de-* vine que Blaife eu amoureux ; il lui ordonne de Teau; & le malade (brt dans le deffein d'eflayer du remède : il reparoît » fort mécontent de reffai , & s'en plaint à Jac* queline, jeune fille que le Doôeur veut époufer. Elle prefcrit à Blaife un régime plus agréable ; c'efi d'imiter Sangrado, de Ce marier. Le Doâeur arrive avec le No- taire & deux Témoins. Il s'agit de drefler (on contrat de mariage avec Jacqueline ; mais c'efl â^celui de Blai(è , qu*il &\xt travailler. La Scène qui forme le Dénouement efi imitée du Conte , & agréablement fufpendue.

DON BERNARD DE CABRÈRE , Tragi-Comédie ù hotrouj i<^47»

Imaginez toutes les faveurs que la Fortune peut ré- pandre (ùr un Sujet heureux , toutes les rigueurs dont die peut accabler un grand Homme qu'elle per(ecute , & vous trouverez le fonds de cette Pièce. Don Bernard n'en efi pas le véritable Héros ; c'efi Don Lope de Lune , qui y par les malheurs du hazard, n'obtient que des re- buts pour (es belles aÔions , tandis que Don Bernard , fon ami , en reçoit la récompenfe. Vous chercheriez en vain de la vrai^mblance dans les contre -tems fâcheux qu'éprouve Doni Lope , & qui ne font , à proprement parler , que les caprices comiques d'une imagination folle 9 qui veut renverfer , à quelque prix que ce puiflè être 9 les efpérances les mieux fondées*

DON BERTRAND DE CIGARRAL , Comédie en cinq ASes , en Vers , par Thomas Corneille ,1650.

Corneille dît^ que (on Héros n'a point l'ufage de la

Cour ,•

î> ou , %àfi

CbU*; que fts raîfonncmcns font prôvàrtîaUit ; & fa* ^on de traiter Tamour afièz particulière* Son caprice ei{ toute ÙL raifôn ; & il s^éloigne fi fort , en toutes choies ^ de la pratique ordinaire , qu'au lieu que les autres don-« tient quittancé de l'argcAt de leur mariage » il la donné de (a femme. Ce Teul point d'extravagance a femblé à l'Auteur plaifàrament imaginé » qu'il l'a fait réfbudrd â traiter un Hijet, qui d'ailleurs ed foible, qu'à peind a-t-il fourni de quoi remplir les trois premiers Aâes*

DON CÉSAR D'AVALOS ^ Comédie en cinq AâéS i tn Vers , far Thomas Corneille % 1674.

Ccfar d'Avalds, parti de Séville pout (c réndfei Mâ-« drid , il doit époufèr Kàbelle , fille de Don Fernand de Vargas , couche dans une hôtellerie , il fe trompe de valifc > de prend celle d'un Particulier , qui a couché dans (a chambre. Ce Particulier , nommé Don PaCcai Giron , bouffon en titre , ouvre la valife de Don Géfar, y trouve une lettre du père de qe dernier , & l'adrefle de Don Fernand de Vargas. Il profite de ce hazard . ÔC le prefente au père d'Ifabelle y (bus le nom de Don Ce-* fir. Celui-ci eft rencontré par Beatrix , Suivante d'Ifa-» belle ) qui le prend pour Don Lope , fils de Don Fer^ liahd 9 qui depuis douze ans a quitté la mai(bn pater-< jielie » po^r aller à Goa. Elle en avertit fon Maître , qui donne dans la même erreur. Don Cé(ar eh profite pour £e trouver auprès d'Kkbelle , dont il étoit devenu amoureux fans la connoître. Par cette expofition , oit juge aifément du dénouement de l'intrigue. Don CéÙLt ie fait reconnoitre ; Se Don P^fcal chafié comme uit Aventurier*

VON GARCtE DE NAVARRE , au liPrïnce Îa*

Loux , Comédie en cinq Ailes $ en Vers , de Molière ^

La )alou(îe de SganifcUc , dans le Cocu Imaginaîre ^ tvoit fait rire le peuple. Celle de Don Garde déplut aux Courtifans. Son caradère leur parut outré* Us ju-- ^ereitt qu'on eft rarement }alouK de k (orte en Franc» f 3c ibr-tout à laCour*

Tome L Ct

ftoi DON

DON JAPHETD' ARMÉNIE , Cmiiie en cinq Mes, en Vers , far Scanon, 1^53.

Nul (ujet n'étôit plus conVeliabïe » & ne lalïïôlt une plus libre carrière au génie de l'Auteur , naturellement jporté au burlefque. Les folies , les extravagances , les exagérations les plus fortes , & tout ce qu'on peut ima- giner de plus ridicule ^ trouve ici dans fa véritable place. On avoit déjà joué les Matamores , les Para/ites êc autres caraôères imaginaires. Celui de Don Japhet s'efi guères plus raifbnnable ; mais du moins , il efi fondé fur une vérité hîflorique. C'étoit une mode parmi les Princes & les Grands , d'avi>ir à leurs gages des Plaifàns & des Foux , dont les di(cours (èrvoient a lès divertir.

VONLOPEDE CARDONNEy Tragi-Comédie de Ro- trouy 1650.

Ce Général des Armées du Ro! d'Arragon obtient » pour prix de fes exploits , la main de l'Infante Théo- dore ; & en punition de dé(obéifIànce > en acceptant le défi de Don Sanche , (on Rival , il efl condamné à pcr- dre la tête. Le Prince d'Arragon , Amant très-paflîonfté d'Elifè , fœur de Don Lope, oubliant la fierté, les dé- idains & les mépris de (a Maîtreffe , demande & obtient la grâce de ce Général. Touchée de cet ade de généro- iîte, Elife oublie à fbn tour que le Prince d'Arragon eil le meurtrier de Don Louis , fbn Amant , & confent â répoufcr. Un double hymen fe conclut fur le champ. Cette intrigue , entièrement Espagnole , efl traitée avec cette nobleue & cette grandeur d'ame, qui conviennent à des Rois , â des Princes y à des Héros ; & elle ne laiflè appercevoir^ que quelques légers défauts de détail , & des incidens trop multipliés.

VONPASQUIND'AVALOSy Comédie en mA&e^en Vers , de MomfieuTy 9 1 671*

Voyei Ambicu-Comique.

DON SANCHE D'ARRAGON % Comédie Héro'ique de Pierre Corneille y 16$ i.

Voici ke compte que Corneille rend lui*niane de fît

D O R 4ôy

t'I^e. «c Don Sanche d^Arragon ci! un Inconnu^ affe^ »t honnête- homme pour Ce faire aimer de deux Reinesél . ») L*inégalité des conditions met un obfiacle au bien *> qu'elles lui veulent durant quatre Aâes & demi ; 8C ») quand il faut de nécciflité finir la Pièce , un bon-homm^ ♦^ (emble tomber des nues pour faire développer le (ecrcc 9> de fa naiffaricc, qui le rend nlari de Tune, en le falHinc ^ reconnoître pour frère de l'autre. nXJn Poète qui parle dinfî de (es défauts , ieut c& Tupérieur, & mérite plus uhe (brte d'éloges.

VORrSTÊE ET CLÉAGENOR , Tragi-Comédie de Rc?-? trou ^ 16^0*

Doriftée» Maîtreiïc de Cléagenot ^ eft aux. pfîfti

avec un RavifTeur iilfblent , qui l'a enlevée â fon Amant*

Elle trouve le moyen de (e déguifcr en habit de Page ,

prend la fuite , &: eft attaquée par des voleurs qui ^troni**

|>és par (on habillement , l'enrôlent dans leur troupe ;

elle feint d'avoir du goût pour ce métier » arrête au coin

d'un bois un Voyageur, fe joint à lui contre les Voleurs j^

^qu'elle (êule met en fuite , 8c le fuit dans (on Château*

La Dame Se la Demoifelle fe prennent d'une belle pa(^

fion pour le jeune Page. Le Mari , inflruit de foil (exe «

en devient amoureux. Les difficultés qu'il éprouve , lus

font perdre toute e(pérance ; il promet de ne plus parlef

de (on amour, & de faire enfbrte de retrouver Cléage*'

fior. Cet Amant chéri parôit ; Se la joie fait oublier tous

les malheurs. Aînfî finit une Pièce , la bien(2anc«

n'eil pas mieux obfêrvée , que l'unité de tems Se de lieu.

DOUBLE. Nom que Ton donne aux A6teurs ea fous -ordre, qui remplacent les premiers Afteurs , lorfque ceux-ci ne peuvent pas ou ne veulent pas jouer. De-là les termes de Doubleur , de Dca- bleufe , de Doubler.

DOUBLE DÉGUISEMENT^ (le ) Comidie en un Aâei en Profe 9 par M. de Saint-Foix 9 au ' Théâtre Italien f

1747-

Damîs 9 jeune encore , veut époufer Angélique , Gk pupille. 11 efl aimé de Rofalie , dont il a été vtvemenc

Ce ij

:t©4 . . ^ D O U

épris lui-même* Inftrulte de Ton chatigcmcnt, elle (è<lé«

Ëui(c , & e(l introduite chez Damis par Erafle , ami de i famille^ D'un autre coté , Pamphile , amoureux d'An- gélique » uns en être connu , placé auprès d'elle 2ualité de Femme de chambre , fous le nom de Marton. a Scène Pamphile , toujours dcguifé & (eulavec An- félique , lui fait , dans le récit d'uu fonge , fa vcriuble iiloire , c& des plus vives.

DOUBLE DÉGUISEMENT , (le) Comédie en deux jiâieSi mêlée d! Ariettes , iiar M. Houbroriy Mufique de Cojft ^ d la Comédie Italienne y 1767,

Un jeune Ofiîcier, pour échapper aux pourfùites de fon père , qui veut le gêner dans fès plaifirs & le marier, le déguife en Ahgloife. Une jeune fille s'eft habillée en Officier, pour fc dérober pareillement aux recherches de ion père , & n'être point contrainte de prendre un époux contre (on inclination. L'un & l'autre Ce rencontrent dans la même hôtellerie ; ils deviennent amis lorfqu'ils tie fe connoiiïent point , 8c Amans après la confidence de leurs mutuels déguifemens. Un Gafcon , attentif i faire Con profit des aventures des Païïagers , parvient à iùrprendre les fecrets des deux Amans , & met l'Offi- cier à contribution. Cependant la MaitrefTe de l'hâtelle- Tie ed jalou(è de la prétendue Angloife 9 parce que le Gafcon qu'elle aime , fait la cour à £a Rivale ; mais tout fc dénoue heureufemcnt par l'arrivée des deux pères ^

^ dont l'un retrouve fon fils & l'autre fa fille. Ils donnent volontiers leur confentement pour les unir par le ma^» riage : l'Hôtellierc époufc fbn Gafcon.

DOUBLE EXTRAVAGANCE, ( la ) Comédie en Vers^ en trois AÛes y-par M, Bret , au Théâtre François » 1750.

La double ma(carade d'un vieillard en jeune homme &'d'un jeune homme en vieillard , forme des fituations peu vraifemblables. U y a cependant une forte de mé- rite à les avoir imaginées & rendues (upportables ; & même elles font la fburce d'un Comique très-ingé* ' nieux.

DOUBLE INCONSTANCE^ ( la ) Comédie en trois ASeSf . fgn profe , de Marivaux 9 au Théâtre Italien , â7z;.

fja qçè\i£ fedé tache inTeniibleinent de ce qu'il aime >

T> on D R A 4^S

9c fe fixe ^ par des progrès- imperceptibles i à des objets qui lui étoient d'abord indifférens. Ce pafîage de i'a-» mour à Tindifférencc , & de rindifFérence à rameur , n'y cft point trop rapide ; les gradations y font ménagées avec art ; & Ton y voit arec un égal plaific , l'embarras de ce même cœur qui ne fait comment £e déterminer entre £ès premières inclinations & Tes nouveaux pea-* chans* .

DOUBLE VEUVAGE^ C h) Comédie en troîs^Mes^en Profe , avec un Prologue ù* un DîverûJJemènt 9 par Du-- frény j Mujique du même 9 aux François > 1 702»

L'entretien nodurnc de deux Epoux , prétendus veufs 9 leur entrevue 9 leur réconciliation 9 produifènt des Scènes piquantes & théâtrales. Il eft vrai que la Comtefle man- que (on but en cette partie : elle ne peut obliger ni l'In- tendant ni fa. femme à Ce défaifîr de vingt mule écus en faveur dt Dorante & de Thérèfc ; mais fon principal objet n'étant que de fe divertir , & l'intrigue 9 pai? elle-, même , étant très-divertiffante 9 cet objet cA rempli«c

l)RAQONE ^ (la) Opéra-Comique en deux A^iSy pat M* Favart y d la Foire S* Laurent ^ i7$^«;

M. Oronte 9 père d'Angélique ^ veut la marier à M. Fiiofelle 9 auffi riche que bête ; mais elle aime Damon y 8c ÙL coufine favorife cette paffion (ècrette. Elle fe tra- veftit en Cavalier 9 & 9 fous l'habit d'un Maréchal des Logis de Dragons , elle chaflc Fiiofelle , & Confiant » (on Garçon de Boutique 9 & parvient, à marier Ange-» lique à celui qu'elle aime,

DRAMATIQUE. 0n donne cet épîthètô à tout : ce qui peut faire de reflTet fur la Scène. Ainfî oa dit : cetti Beauté rieji pas Dramatique : cela figni- 6e 9 que ce n eft qu'une Beauté de Dialogue ou de Pocfie , qui ne convient pas au Théâtre. Voyi:[ Ab-t Théâtral. /

DRAME. Pièce ou Poëtne compofé pour le Théâ^^ tre. Ce mot eft tiré du Grec, Drama^ que les Latins put rendu par ASus^ qui chez' eux nt

c llj '

:4o^. DRU

cônTknc qu'à une partie de la Pî^cc ; tu lîcil que le Drame des Grecs convient à toute un^ Pièce de Théâtre ', parce que littéralement il' fignific aûion , & que les Pièces de Théâtre font dej avions ou des mutations d'aélion. Un Drame cft un Ouvrage en profecu en vers, qui ne con- fiée pas dans un (impie récit , comme le Poème Epique f mais dans la repréfentation d'une ac<- tion. Nous difons Ouvrage & non pas Poème ; car il y a d'excellentes Comédies en profe. Les Anciens comprenoient , fous le nom de Drame , )a Tragédie , la Comédie & la Satyre , efpéce de Speâacle moitié férieux , moitié bouflon. Parmi nous les difiSrentes efpéces de Drame font U Tragédie , la Comédie , la Paftorale , les Opéra , foit Tragédies , foit Eallets , foit Opéra-Comi- ques & la Farce. Les principales parties du Dra« me , félon la division des Anciens , font la Pro- uve , TEpitafe » la Cataftafe & la Cataftrophe. Ils comptoient, pour parties acceffbires, TArgu-» ment ou le Sommaire , le Chœur , le Mime » la Satyre ou TAtellane , qui étoient comme la pe- tite Pièce. yoye[ c hacun de ces mots. On peut encore y ajouter TEpilogue un Adeur mar- quoît aux Spedateurs le fruit qu'ils dévoient re- tirer de la Pièce. On leur donnpît quelque auuo Avcrtiflèment de la part de l'Auteur.

Les Modernes divifent les Pièces de Théâtre, quant aux parties etTentidles , en expodrlon du

guc , pyifqi

nQucmcnt ou Cataftiophe.

DRU 407

Quant aux parties accidentelles , rarement em-i' ployent-ils les Prologues , & ils ne connoiCTent nullement ks autres.

PRUIDES^ ( les) Tragédie de M.le Blanc y 1771.

Idumar , Roi des Carnutes , promet de £àcrifiet iz fille au Dieu de la Guerre 9 s'il triomphe de l'Armée da Célar y qu'il médite d'attaquer. Clodomir ^ Prince du Sang Royal y fîgnalo par dejs avions de valeur, & e^ere que , pour prix de (es (ervices^il obtiendra la main d'Ëmirène , fille d'Idumar ; cette PrinceiTe cff déjà dans le Temple des Druides » prête à prononcée

cette violence , & ne veut pas recevoir les vœux in-i difcrcjts & forcés d'Emirène ; un Druide fanatique in* iiile pour quç ia promeiïè. d'Idumar ait (on effet, & àfii

' mande que Qodomir (oit puni , pour avoir violé le Ssmc^ tuaire. Emirène apprend que c'ed le privilège d'une {'rinceffe qui vier\t de s'engager, de (àuver un Criminels Elle n'héfite plus ; elle court à l'Autel \ elle prononce Tes (èrmens , & délivre Qodomir* Le Druide fanatique perfide dans iA fureur , & demande une Viâime nu<^ maine pour appa^fe^r les Dieux, qu'il dit être cour-n roucés. On tire, au Ibrt le nom de celui qui doit êtrq^ (acrifié ; t'efi Emirène : qui , comme Prétrefle , met 1^

, main dans l'Urne.- fatale ,. 5c amené le nom de fbn; Amant, Clodomir^, qui a tout à la fois fa vie à çon<^ ferver & (pn amour a fervir , qui a pour lui le Grand-' Prêtre & le cœur de. la PrêtrefTe, qui vient de remportée

- une viâoire complette , & qui le maître des Soldats , fait taire le Druide fanatique , abolit les Sacrifices hu"^ mains , cafTe les vœux, d'Emkène , &; Tépoule.

vue DE FOIX^ (le) ou AmtLiEy Tragédie de M. dek

Voltaire j 17^ im

Voyei Adblaïde du GuBSCirM. : c'efi la même Pièce*

vue DE SURREY, (le) Comédie en Vers , en cht Aôles y par Boi/^, au Théâtre François y i74^« Voyei CoMTS PB Nxujx.lx,

Cci^,

$oS 1> U C DUO

DUC D'OSSONE , ( 2^ ) Comédie en cinq A^es i en Verff

Le Duc d'Oflonc cft Vicç-Roî de Naplcs, & Amou» reux d'Emélie , femme de Paulin* Celui-ci ayant faie aflkfliner Camille, jeune homme » ennemi delamaifbit ^ Amant fa femme , yiem implorer la proteôion du Vice-Roi, quifàifît cette occafîon de Téloigner* Le Vice<- Roi , inâruit qu'Emilie loge , depuis départ . che« Fiavie « foeur de fon Epoux , va , en galant Espagnol « fe plaindre (bus Ces fenêtres au milieu de la nuit. II en voit defcendre , à Taide d'une échelle de corde ^ vn jeune homme , qui remonte prefque auffi tôt. L'é^- chelle refte , & le Vice-Roi monte après l'inconnu. Il trouve que c'eft Emilie elle-même qui étoit allée , (bus ce dégui(èment , vi/îter Camille , qui n'étoit point mon de fès bleiTures. Elle engage même le complaifant Duc i occuper place auprès de (a Vieille ; c'e(| ainâ qu'elle afPeâe de déHgner (a belle foeur Fiavie, qui ne luj cède ni en jeuneiTe oi en beauté. Le Duc, trompé pas le difcours d'Emilie » craint d'approcher de cette pré- tendue Vieille* Utic boujgie lève lès fcrupules ; Se Fiavie , qui a tout entendu , mais qui aime (eerette- ment le Duc, ne l'arrête que Iprlqu'il vçut tout entre -^ prendre. U obtient même de pUcer fur la couvert ture ; un rideau qui tombe 9 9e laUlè point aux Speâa- teurs I4 liberté de juger du relie. Emilie revient , Si le Duc fort ; mais il réitère fès vifîtes les jours Hiivans* jTamille 9 même le temps guérir de fes bleflurei livant la fin du troidéme Aôe. U devient , dans 1q quatrième , amoureux de Fiavie , qui ne rejette point fes avances. D'un autre coté > Emilie a donné un ren« . dez-vous noâurne au Vice -Roi. il arrive une méprifê qui fait paifer celui-ci chez: Fiavie Se Camille chez Emilie. L'erreur cû. reconnue ; les Parties fe brouillent 1^ s'appailent , de chacun s'en tient à fon premier choix.

PUO. Ce nom fe donne en général à toute Mu^ fique à dcuï Parties récitantes , vocales ou inf^ trumentales, à Texclufion des fimples accompa- Çncinens^ ^ui ne font comptés pour nen* Aix^

fon appelle Duo une Mufique'à deux voix , quoi- qu'il y ait une troifierac Partie pour la Baffe Con- tinue, & d'autres pour la fymphonie. En un mor , pour conftituer un Duo , il faut deux Parties prin- cipales , entre lefqueUes le Chant foit également liiftribuc,

3DC7PÊ AMOUREUSE , ( la) Comédie en un ABc , en Vers y par Rojimond , 1 670. /

Ifàbelle &Lidamant s'aiment avec tcndrefle : rien no manque à leur bonheur , qu'un peu de finance. Marine ^ Suivante d'Ifabelle, ,& Carrilie, Valet de Lidamant, promettent d'en tirer luffifamment de Polidorc , oncle de ce dernier , qui eft amoureux d'Ifabellc , pourvu qu'on veuille les aider à le tromper. Ce Vieillard cfl fi tranfporté de joie à la vue de MaîtrclTe , qu*ii na fait pas attention que Marine fouille dans fa poche , & en tire une bourfe de cent louis , qu'elle préfente à Ifàbelle de la part de Polidore. Ifàbelle fait la mpdcfte , & la refufe. Marine la garde toujours , en difant qu'elle prendra (on temps pour la lui faire accepter. Ce ba- dinagc , trop fort pour un Avare , n'effareuche pourtant point celui-ci. Il eft tellement épris, que nilcstourf jqu'on lui joue , ni les confeils de Gufman, fohVâftt, qui ne manque pas de les lui faire remarquer, ne font pas capables de le défabufer.

PUPE DE SOI-MEME , (la) Comédie en cinq Aâles » en Fers , par Montfleury , imprimée en 17^9 >

Il faut mettre à part la vraifèmblance , pour goâtei la Dupe de Soi-même» C'eil un tifTu d'incidens peu na- turels , mais qui praduifent. des fîtuations vraiitnent co-. miques. Don Jobin , Amant ridicule , ell rebuié par Léonor , qui parvient même à dé?oûter mère de cette alliance. Pour venger de l'une & de l'autre ; Don Jobin forme le projet de faire époufcr à Léonor, un Aventurier , un Gueux. Le ha7af d femble le fervîr. 11^ trouve fous fa main Don Sanchc , Amant fecret de Léonor , qui , ayant été dépouillé par des voleurs , efl couvert d'un habit de Payfàn, & pris pour tel par Ton jRivai. Ce dernier le fait revêtir de riches habits , i?i

410 ,D U P

préCcnttt à la mère' de Léonor (bus le nom de Dcti Fernand , le même qu'on voudroit lui préférer. Le Mariage fc conclut fans un plus long examen. Don . Jobin veut alors jouir de la confufîon de Léonor ; mais . Don Sanehe Ce fait connoitre , & le Galant » méprifén tù, la dupe de (on flratagcme*

DUPUIS ET DÉRONAIS , Comédie en trois Mes , en Vers libres 9 par M. Collé , âu Théâtre François 9 1768.

Le vieux Du^uis defiine fa* fille à Defroilals. Les deux Amans qui s'aiment avec une égale tendreiTe , n'alpirent qu'après le jour de leur union , & flattent que cet hymen n'eft pas éloigné. Cependant il eft tou- jours différé , (bus prétexte que Dcfronais a des intriguef galantes y qui pourroient faire le malheur de (a fille > S elle devenoit (on cpoufe ; la véritable rai(bn de Ces délais , c'eft que , s'il con(entoit à ce mariage y les jeunes époux n'étant plus obligés de le ménager , l'aban-* donneroient dans Ck vieillefTe. Defronais tâche de com- battre cette fauffe idée par le fentiment & la tendreiTe* Dupuir ne rend point ; & cette rifîdance qui met Defronais hors de lui-même , ne lui permet plus de (e contenir ; mais la douceur de (a Maitreiïe , & tout ce qu'elle montre d'attachement & de foumiinon pour (ba père » triomphent enfin de l'obfUnation du Vieillard. ,

E.

AUX DE BOURBON y ( les ) Comédie en un Aâe y en Profey avec un divertijfement , far Daneourty au Théâtre François y 1696.

La réputation des Eaux de Bourbon efi toujours la même; & la Pièce qui porte ce titre eft oubliée. Au fond , à

Îuelques Scènes épUbdiques près , il ne s'agit que 'inflruirc le Médecin Cîrognet y du mariage de fa fille avec Valere y fils du vieux Baron de Saint-Aubin. Ce myftèrç éclaircî , rompt joutes les mefures du Baron qui

EAU 4»*

^ouloïc époufêr celle qui , à la fin , fe troure itxc ûl brur

AUX DE MERLIN % (les ) Opéra- Comique en un Aêe i preifqus tout en Vaudevilles » avec un Prologue > par le Sage y ti la Foire Saint^Laurent , 171 ?•

Arlequin , outré des rigueurs de Colombîne , veut ft pendre ; mais il en eft empêché par Mézetin Ton cama- rade; & tous deux fort altérés^ vont (bulager leur fbifaux deux fburces qu'ils apper<^oivent. Ces deux fontaines |ont l'ouvrage de TenGhanteur Merlin : Tune , qui s'ap* pelle la Fontaine de la haîne , a le pouvoir d'éteindre la flâme de l'Amant qui en boit , & de changer fôn amour en averlîon ; l'autre , appellée la Fontaine de l'a-^ mour , allume cette pafïion dans les cœurs indifFérens , de l'augmente dans ceux qui aiment déjà. Us en éprou- vent tous deux Teffet fubit ; & Merlin paroît. Il s'inté- reffe à leur (brt , & leur promet de faire trànfiiorter (es Eaux par-tout ils voudront & autant qu'ils en pour« ront débiter,

La Scène de la Pièce (e paffe à Paris , Arlequin & Merlin font venus s'établir \ & le Théâtre représente une boutique l'on voit une grande quantité de bouteilles d'Eau , rangées iur des planches , avec des étiquettes. La première Marchande qui s'offre â eux,eâ une Comteflb qui demande des Eaux , iicn pour fe faire aimer , parce que (es appas fufHfent , mais pour faire oubliera (on ma* ri un amour qui la gène. Jeannot , petit Laquais de la Comtefïe , en demande pour l'effet contraire de fa Mai- trèfle , & pour fc faire aimer de Nicole , la Servante de la maifon qui le pince toujours , lui tire les cheveux , lui donne de petits foufflets, lorfqu'ils font fèuls. Méze- tin & Arlequin lui di/ent qu'il n'a pas bcfoin des Eaux d'amour ; & que pour la faire ceffer d'être méchante ^ il n'a qu'à ceuèr de faire l'innocent. Damis qui a dé^ penfé les trois quarts de fbn bien pour une fille d'Opéra , dont il n'a rien obtenu , demande des eaux de la haine 9 en boit & efl guéri. Marinette & Colombine , Maîtreiles d'Arlequin Se de Mézetin s'adreflènt à eux fans les con- tioître , leur avouent qu'elles ont regret de les avoir maltraités , & qu'elles en font bien punies par l'amour ' qu'elles éprouvent dçfuir leur abfênce* Elles demande^ t.

4ii E C H ECO

pourfê (oulager , des Eaux de la haine ; mal^au lieu leur en donner , leurs Amans leur présentent le^ Eaux d*amour , qui ne font que redoubler leurs feux» Ils Ce découvrent à elles , & leur reprochent leur cruauté Colombine & Marinette ont beau les careiler ; ils re- fusent à leurs empreflèmens. Ces Amantes rebutées 9 voyant qu'elles ne peuvent les Induire » leur font boire de force des Eaux d'amour ; ils réconcilient 3^ & s'é-; poufent.

ÉCHO DU PUBLIC , ( T ) Comédie en un ASle , en Vert libres , par Romagnéjj 6* Riccobcny , au Théâtre Ita^r lien i 17^1.

Apollon veut que la Critique devienne^Eche du Public^ & qu'en cette qualité , elle réforme les abus. Le bruit s'en étant répandue par-tout , la médi&ite fiélife eft la première qui vient la trouver pour fàvoir ce qui fe pafTe dans toutes les conditions. La nouvelle Sybile ne peut rien lui apprendre » dont elle ne fbit déjà informée , 8c fur quoi elle n'ait déjà fait des réflexions critiques ; mais ce qu'elle ne fait pas , c*eû ce que l'Echo dii Public lui apprend fiir fbn propre compte* Bélifè s'ctant retirée » peu fatisfaite de la fincérité de l'Echo , un Ar-« lequin François vient le conHilter à fon tour. Il €c plaint de la défèrtion des Speâateurs ^ qui venoient en foule quand on ne les entendoit pas. L'Echo du Public lui ré- pond que c'eft précifémcnt parce qu'ils font entendus » qu'on ceflc de les venir voir. L'Arlequin François veut iayoîr de la Critique , non ce que l'Echo du Public dit de lui > mais il veut ({ulement apprendre d'elle ce qu'on . dit de l'Arlequin Italien ; voici qu'elle lui réponds

L'Italien eil vieux; le François ne vaut rien*

L'Arlequin Italien qui (urvient ^ interrompt la con- ▼erfation qui commençoit à s'échaufÎFer entre l'Arlequin . François de la Critique ; ces deux Arlequins Ce traitent d'abord avec beaucoup de politeiTe , & fe difènt avec le même hypocrife , ce qu'ils ne penfent nullement l'un de l^iutre. Après avoir long-tems didimulé jufqu'à & louer réciproquement, ils en viennent enfiji aux menaces & aux coups. Un Marquis Fat leur fùccéde « & demande 9VCC confinée à ÏEtho , ce ^ue la Renommée puUifit <l9

ECO 4i|

fesexploIts.il efi remplacé par un Mllantlii^ope qui s'ennuie de tout , &c.

ÉCOLE AMOUREUSE , (/•) Comédie en un ASe^ en Vers libres j ait Théâtre François » par Mi Bret j 1747.

Quatre jeunes filles , Julie , Dorine , Chloé k Flo-^ rife , vivent enfemble , Se s'amufent de mille petits jeux . Innocents. Cléon , frère de Dorine , efl éperduement amoureux de Julie qui ne le connoît pas ; il étoit ab£ènt depuis long-tems. Le lendemain defon arrivée,il l'a vue cueillir des fleurs dans un bofquet ; il cfk tout hors de lui ; il meurt ^ s'il diffère de peindre à Julie l'excès de Ion tourment. Florine & Chloé viennent propofer à Do- rine de s'habiller en homme, & de faire l'amour à l'in- iènfîble Julie» Celle des trois qui s'acquittera le mieux! de ce rdle , recevra pour prix un^guirlande des mains de Julie , qui fera leur Juge. Donne faiât cette occa* iion de procurer â (on frère le moyen de déclarer fbn amour* Elle refu(e de fe prêter à ce badinage , & pro« pofe à place une parente jeune de jolie ; cette paren- te eft acceptée ; c'eÛ Cléon , on le croit fille. On pen& bien que dans cette Ecole ou Lice amoureufe , il c£k vainqueur. Julie elle-même, attendrie par Tes difcours^ lui adjuge la guirlande ; alors il découvre le flratagéme ; Julie lui pardonne & l'époufe.

ÉCOLE DE -LA JEUNESSE , (T) Comédie en troit Mes y en Vers , mêlée é! Ariettes ^ far M, Anfeaume , Mu- Ji^ue de M. Duny %ila Comédie Italienne » 17^^.

On connoît la Tragédie Angloîft deThomfbn, inti- tulée Barneveldy ou le Marchand de Londres. Cette Pièce , traduite en François par Clément , a fourni à M. Anfeaume le fujetde cette Comédie. Cléon jeune hom- me , entre dans le monde , efl féduit par les attraits d'une Hortenfe , qui le joue & le ruine. Il néglige , pour clic , la jeune & tendre Sophie , qui lui elt promifc ; Se il abufe en même tcms des bienfaits & de l'amitié d'un oncle dont il eft l'héritier. Les amis d'Hortenfê contribuent à dépouiller Cléon. Il fe trouve accablé de dettes, & hors d'état de fournir à de nouvelles dépenfès. Un plan d'évafîon avec la veuve , exige des fonds nou- ireaux ; mais les trouTcr l La confiance des pré-

414 ECO

teurs efl épuUee* La patience de Tonde e(l i boue; Cléon pouifé à bouc iui-méme,prend un parti défefp^ré) C*eft de forcer le fecrétairc de fon oncle , il «iperc trouver les fccours dont il a befbin. Il l'ouvre , Ôl au lieu de Tor (ju'il y cherche , il trouve un teâament par lequel (on oncle le nomme ion légataire univerfeL A cette vue , Cléon refle accablé de honte & déchiré de remords. Il déccfle Tes erreurs ^ fcs faux an^is j Horten* £e y & époufe Sophie.

ÉCOLE DE LA RAISON s (P) Comédie en unAâei en Vers libres , par la FoJJe , au Théâtre Italien » 173p.

La Rai fon abandonne les cieux Se defcend (ur la terre î pour éclairer le monde , & tirer les humains des fers de la folie. Celle-ci lui repréfente tous les obûacles qui l'empêcheront de séuffir dans une entrepnfè fi difficile i Se fe retire pour IMiTèr un champ libre aux Audiences qu'elle va donner aux Mortels. Un Petit-Maître fe pré- fente le premier , & vante tous les pièges que Ces pareils tendent aux Belles pour s'en faire aimer , fans autre motif que la vaine gloire de triompher de leur rai(bn« Un honnête Négociant , riche , & père de famille ,

- vient confîilter la Raifbn fur une affaire importante. Il a deux enfans, un garçon & une fille; plufieurs partis le préfèntent pour fa fille ; mais un jeune Marquis em-* porte la balance dans la cœur de ce père f La Railon lui lait voir tous les délàgrémens qui lui pourront arriver d'un choix peu fortabie ; & ne pouvant le détourne^ d'un projet qui lui paroit fi peu fenfé y elle lui demande ce qu'il prétend faire de fbn fils ? Le Bourgeois lui ré- pond^qu'il voudroit bien en faife au moins un Magiflrat; & il croit fuffifànt pour cela, de lui faire apprendre lo Droit , la Danfe & laMufîque. Une vieille Coquette, qui , deux fois veuve 9 veut eflàyer un troifiéme ma« TÎage , (uccéde au Bourgeois , & clk remplapée par un Philofophe , qui , fier de fon favoir , méprife tous les autres hommes. Arrive un SuifTe qui tourne en ridicule tous les Petits-Maîtres ; & une Mère qui annonce fa fille , & vient confulter la Raifon fur le mari qu'elle doit . lui donner. C'ef! le cœur de la fille qu'il faut confulter, dit la Raifon : mère fuit ce confeil. C'efl le feul per- fbnnage qui profite des avis ; & l'Amant rend grâces à la Raifon du bonheur qu'elle lui proçuret

ECO 41/

ÉCOLE DES AMANS , ( r ) OvéTa-Comiaue en un A6le * fcLT le Sage G* Fuielier » d la Foire Saint-Germain ^ 1716^

L'enchanteur Frîfton apprend àPîerrot,fbn Valct,qu'a cfi amoureux d'Ifkbelle , qu'il a enlevée de Florence , àînfi qu'à Léandrefbn Amant. Le moyen qu'il a employé pour les dégoûter l'un de l'autre , t9t de bons fens de d'un (uccès certain. Il les comble de plaifirs , les ett T2S!bS\c , & les oblige d'être fans ceflc enfcmble. Pierrot qui ^Qê. devenu amoureux d'Olivette , n*approuve pas qu'Arlequin , Valet de Léandre , foit toujours avec elle ; mais fbn Mattre rit de fottifè , & le rend Invidblé ainfî que lui, lorfque les deux Amans paroiflènt. Arle« quin annonce le premier fbn dégoût ; Léandre ne cache point iatiété ; les fentimens de leurs Maîtreflès (ont abfblument (emblables : Pierrot les aborde en leur an-* nonçant une nouvelle fête de la part de l'Enchanteur % ce qui redouble leur tritefTe. Il fait afleoir Léandre & Ifabelle fur un banc , & Arlequin avec Olivette fut l'autre. Les quatre Amans s'éloignent infenfiblement les uns des autres en donnant des marques d'ennui. A peine font- ils aflis , qu'il paroStun vaifTeau font des E(prits déguifés en AmoursJ; Us en defcendent au fbn de divers înûrumens, & font accompagnés d'autres Efprits ^ fous la forme d'habitans de Cythère , qui forment des chants & des»dah(cs qu'Ifàbelle & Léandre voyent & écou- tent avec une attention flupide. De leur côté , Olivette & Arlequin querellent & f]^ brouillent: Ifabelle & Léan- dre fuivent bien -tôt cet exemple ^ mais d'une manière plus honnête. Criflon vient s'informer du fujet de leur querelle , & Arlequin & fbn Maître le fupplient de lés leparer de leur cnnuyeufcs MaitrefTes, qui confentent de bon cœur à prendre PEnchanteur & Pierrot , pour fe voir délivrées de leurs faâidieux Amans.

ÉCOLE DES AMANS , (/' ) Comédie en trois ASer^ en Vers ^ par Joly^au Théâtre François , 1718.

Valere & lucile s'aiment tendrement ; mais leurs amours font troublés par la préfence d'un Tuteur fevère. Hcureufement,des procès l'appellent en baffe-Norman- ^e.Nos Amans mettent cette abfence à profit. Comptant

^itf È C Ô

/îir une confiance éternelle , ils prennent la rédAutwit de fc retirer dans la Château d'Erafte > ami de Valerc',

tôt. Un mois flifHt pour Tétcindre. Dans cet intervalle^ Géronte , Tuteur de Lucile ^ meurt. Erafle , ami de Va- iere « vient annoncer cette nouvelle , & met en œuvre fbn habileté pour époufer Lucile , <^ui efi un riche partie Au moment que Valerc voit un rival , fbn amour en-' dormi fc réveille ; mais inutilentent. Lucile époufe Erafle ; & Scapin , qui , de Valet de (Sérome , Vcû de^ venue d'Erafle, fc marie avec Lirette< Tous les Adcurs de cette Pièce font amoureux,rans qu'ils fc refïcrablentj la paflion de Lucile efl vive 9 mais peu durable. Celle de Valere a bcfoin d'un rival pour être animée. L'a-* mour d'Erafle efl intéreffé. Lifette aime le plaifîr^ mais cache Ton jeu, & paroit plus occupée du fbiif d'avoir un mari. Frontin aime en Valet » quife plait encore plus à boire.

ÉCOLE DES AMANS , ( T ) Opéra-Ballet , avec un Pro- logue^ par Fuielier , mup,que de Niel > i744 j compofée é!un Prologue j (f de trois Entrées»

Ces trois Entrées apprennent aux Amans à fe con'* duire dans les diverfes circonflances de leur amour. L'une eft la Confiance couronnée ; la féconde , ia Grandeur J[acrifiée ; la troifîéme ^ tAlfence furmontée, A la reprifê de ce Ball|^ , les Auteurs eri ajoutèrent une quatrième , les Sujets indocilesé Les Perfonnage* du Prologue font, l'Amour ^ la JalouiSe & i'Efpé^ / rance.

ÉCOLE DES AMÎS , ( P ) Comédie en cinq Aâles , en Vers , par la Ckaujféey au Théâtre François j I737«

Cette Comédie offre des caraâères bien faifis 8c biml rendus. Mohrofe, bleiTé dans un combat fbiî oncle a péri , voit par cette mort toutes fès efpérances détrui-« tes. Quelques amis entreprennent de le fèrvir , & s'eif acquittent mal.

L'un d'eux n'efl qu'un bon^hoAme, ardent > officieux ,

Qui

£CÔ 417;

Qa! li^cafle Èc qui veut toujours éttt ic fête ; L'autre n'a que dii fàfle , & du vent dans la téte«

Aride cft Tami -(àlide ; il ne flatte point Monro(e ^ *nais il le fert. Ce dernier avôit indifpofé la Cour contrô lui ; toutes fes demandes àYoient été rejettées. Ariûe obtient, çn Con nom , les grâces que Monrofc avoit inuti- lement fbllicitécs ; niais c*eft pour lui céder enfuite. tout

veut facriéot ce qui lui rcfle en faveur du neveu. Cclui^ ci admire & refufe ^ comme il le doit , Cette marquera générofîté. Il fonge lui-même à Ce dépouiller du pçu qu'il poffédc , pour dédommager Hortcnfe* Tous ces traits de magnanimité (ont mis dans un jour favorable & pifoduifent leur effet : il en efl à peu près de" même des traits qui leut (biît oppolcs. En un mot , c*fef| une Ecole l'on trouve beaucoijp â profiter » & peu à re-' prendre.

ÉCOLE ÙÉS AMOURS C?RM)2S, ( P ) Opéra^Comiquê en un Aâle^en Vaudevilles , orné de plufieurs divérnjjemens^ par MM* Favart , la. Garde O le Sueur i d lalFoire Saini'^. Laurent i i744- *

Madame Guillcmettc dit à Fanchon , fa fille , qu'elle tie veut point la donner à Jolicoeur , qu'elle n'ait aupa- ravant éprouvé ce Grivois , parce qu'elle prétend que le François efl auffi Volage pour MaitrefTe j qu'il efl fidèle à Ton Rdi. Jolîcœut arrive ; & cette merc lui dit qu'elle attend un autte Amaht pour fa fille , JoHcoeur entre dans une grande colère : mais Madame Guillcmettc i'appaifè, eillui difant que ce n'étoit qile pour l'éprou-^ Ver, Ifàbèlle paroît traveflie en Servante , & fîiivie d'une confidente à qui elle avoue qu'elle efl amoureufe (d'un Grenadier , pour lequel elle fait cette démarche hazardée. Il paroit ^ & lui parle cavalièrement de Con amour. Ifabelle lui répond qu'elle n'eH point née pour un Soldat. Il lui apprend que Monfieur vaut bien Ma- dame , & qu'il fe nomme Léandre , fils d'un Gentil- homme Picard. Ifabelle reconnoit en lui celui que fbn père lui deiSinoit*

4»» ECO

ÉCOLE DES COCUS , ( l') ou la Précaution Inutili ; Comédie en un Aâe.^ en Vers , fer Dorimont , i66i.

Malgré les conseils du Doâeur , qui veut diflliader le Capitan de (e marier , celui-ci croit prévenir le mal- heur dont il efl menacé , par les précautions qu'il a prifcs , & ne doute nullement de la fàgeiTe de Lucinde. Dans le temps que cette dernière vante hautement (a vertu , une douleur fubitc Tobligc à retirer ; & l'on apprend qu'elle a donné la naiïïance à un enfant. Le Capitan , que cette aventure déconcerte , refu(è la main de Philis , dont l'humeur lui paroît trop folâtre. Le Dodeur perfuadé que les meilleures précautions font inutiles , époufe Philis au hazard de ce qui pourra lui en arriver. Enfin le Capitan détermine à prendre la niaile Cloris , avec laquelle il s'imagine que fon hon- neur n'effuiera aucun danger.

ÉCOLE DES FEMMES , ( Z* ) Comédie en Vers , en cinq A&es , de Molière fi66z.

Voici une des meilleures prpdudions de l'esprit hu- main , des mieux accueillies , & des plus cenfurées« C'eô l'Ecole des Femmes. Peut être ne trouvent- elles que trop à s'y inÛruire. Il fèroit dangereux que beau* coup d'entr'elles imitafTent l'Agnès de Molière ; mais îl a voulu prouver combien il efl dangereux de n'en faire que des Agnès. On a reproché à cette Comédie des récits trop multipliés ; mais ils ont le mérite de l'ac- tion. Les confidences que fait Horace au jaloux Arnol- phe ) ihfiruifent le Spedateur , & de ce qui s'efl paifé , & de l'effet qui en réfulte. C'eft une nouveauté fur la Scène t qui n'a pu être produite que par le génie. Ce fut pour répondre à fes CenfèUrs & les faire taire , que Mo- lière tômpofà ld.Critique.de F Ecole des Femmes. 11 eut même l'art d'en faire une Comédie , l'imitation de ce ^ui pafToit alors dans les principaux Cercles de Paris , çfFre un tableau divertifTant. Molière , à qui rien n'é- chappoit, rapportoit tout à fbn art. Comme Raphaël, îl n'eût vu dans fon père irrité , qu'un beau-pere à pein- dre» UInpromptu de Verfailles cà. une fuite de cette dif- pute* L'Auteur s'y jumfie des applications malignes qu'on avoit prétendu faire de quelques Perfonnages de

ECO 4tf'

tks Pièces. 11 tepôuflè les atta(iues de (es aèreriàires , 8(, .' ne fe venge d'eux , qu'en les rendant tidicules.

ECOLE DES FILLES » ( 2' ) Comédie en cinq Mes > en Vers, par Montfieury , 1666,

Les rules qu'employé Léonor , pour tfomper (bnfrerd & un Amant jaloux , compofent tout le fonds de cette Comédie. Léonor eu recherchée par Don Carlos , à qui elle préfère Don Juan » qui lui-même la préfère à lia- belle. Don Carlos vient troubler une fecrettc entrevue de ces Amans ; Léonor s'efquive ; fie Don Juart fe bat avec Doh Carlos, pour Tempécher de ia (uivre. Us (ont (epa^ rés par Don Maurice , frère de Léonor ; & bientôt cette dernière parvient à perfuader au jaloux , qu'il s'efl mé- pris. Nouveau rendez- vous chez elle , Don Juan efl encore fùrpris par fbn rival. Il a toutefois eu le tems de fc cacher dans un Cabinet* Pour comble d'embarras ^ Léonor apperçoit Don Maurice qui s'avance* Elle prend Itbr le champ fon parti ^ oblige Don Carlos à. mettre ^ l'épée à la main fie à fortir comme un furieux ^ fans en expliqu/cr le motif à (on frère. Elle engage ce frère à reconduire , par une porte dérobée , Don Juan , qu'elle dit avoir été attaqué pat Don Carlos : ainfi Tun fie l'au-- rre Surveillans contribuent â tirer Léonor d'intrigue. Elle n'en fort pas moins heureufement dans deux ou trois autres occafîons. Cette Comédie , abfolument dans le goût Efpagnol , efl (urchargée d'incidens agréables , mais la vraifemblance n'eftpas mieux obfervée , que la régie des vingt-quatre heures.

ECOLE DES JALOUX ^i V) ou le Cocu VoLONTAir.Ei Comédie en cinq Aâes , en Vers » de Montfieury , 166^.

La (ottife d^un mari , les précautions que l'on pren^ pour le guérir de fa jalou/îe, font le ÙL)et de cette riéce. San tillane , époux de Léonor, fe laifTe perfua- der de faire avec eue une petite promenade fût mer. Le vaiiTeau qui les porte , ed attaqué & pris par un prétendu VaiiTeau Turc. Santillane , jette à fond de cale , cft (uppofc conduit à Condantinople ; fie Léonor f paroit dedinée à orner le Serrail du Grand^^Seigneur* Elle ré/îftc ; mais on menace d'cmpallçr Santillane , elle ne fe rend* Alors le Jaloux lui-môme fofcé de

Dd i)

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410 ECO

; la prier de mettre en oubli ce qu'elle lui doit. C'etf ; fans doute y ce qui donne lieu au (econd titre de la Pièce. Cette intrigue eft dénouée par rechange (uppo-

£ee du Vaiilèau pns , contre un Vaifleau Turc de même valeur ; & ce qui n'ed pas plus yrai(èmblable que le refie , c*eil que Santillane perd fa jalou£e en recouvrant fa liberté.

ECOLE DES MARIS ,(V) Comédie en trois A5lesy en Vers 9 de Molière ^ i66im

VEcoU des Maris offre un Jaloux d'une cfpéce plus vraifemblable : c'efl un vieillard trompé 8c digne de rétre. L'intrigue de cette Comédie eH une des plus heureuses qui fbient au Théâtre , & le Dénouement le plus ingénieux qui fe trouve dans Molière. Il a tiré le fonds de cette Pièce des Adelphes deTérence, &fur* tout d'un Conte de Bocace , imité par la Fontaine. Mais Molière y paroit autant fupérieur a la Fontaine , que ce dernier au-deifus de fiocace*

ECOLE DES MERES , ( D Comédie en un Aâle , en Profe , avec un Dïverti£ement , yar Marivaux , aux lia" liens ^ ^73*-

Il y a une reflèmblance trop marquée entre VEcole des Mères & V Ecole des Femmes, V Angélique de Mari- vaux paroît copiée d'après V Agnès de Molière. Elles ont été élcvccs de la même manière ; elles montrent la même ignorance des usages du monde ,* la même ingé- nuité dans la déclaration de leurs (cntimens. Le carac- tère de la Mère d'Angélique tient aufli un peu trop de celui d'Arnolphe.

ECOLE DES MERES, (D Comédie en cinq Aâles , en Vers f de laChauJfée , aux François > 1 744,

C'eft une Ecole l'on s*infiruit afiez trîfiement , fi l'on en excepte la Scène M. Argant , méconnu dans (a maifon , cft tout fîirpris d'avoir un Suiflc , un Maître- d'HoteljUn Coureur , &c. Le Marquis fils de M. Ar- gant , un Petit-Maître des plus déterminés. On le reconnoît aux leçons qu'il donne au jeune Doligny , homme auifi fend , que lui-mcmc cil extravagant. La

EGO 4it;

Mcrc du Marquis, idolâtre de (on fils ^ «e Voit , ne parle, n'agît , ne penfe que d'après lui. Paf cfctte même raifbn » cUe oublie, elle détefte fa fille ^ariane , & la deàine à mourir dans un Couvent. Mais Marianeeft éle- vée auprès d'elle fous le nom <le Ql nièce. ^ M.* Argant a eu recours à ce moyen , pour la rendre fupp'ortJbfe aux yeux de fa mère. Le Marquis , de fon cotéVcdhimet tant de fautes , que Madame Argant reconnoît U.ilenne» Dc-Ii un retour de tendreffe pour fa fille. & une re- connoîflance qui termine la Piéx:e. Au fond y cette Co- médie a un but ; mais 1* Auteur y conduit par une voie ' trifte& aride. '

ECOLE DES PERES y {P ) eu les Fiis mGRAT^^ Co- médie en Fers . en cinq Aéies , par Piron , au Théâtre François f 17 19.

L'aâion principale de cette Pièce ne roulé' We fur le refus que font trois frères i d'épouftr, augré de leur père, une Orpheline , fi'He d'un ami' ruine ^ a qiiî 'ce peredevi>it tous les biens qu'il leur avoit prodigués, il s'a* git donc moins ici de leur ingratitude, que la, préf^ vention d'un pcrc , qui \ en leur offrant cette fille , les croyoitJaufli tendres y auili .généreux , au/fi déLfîittéreC^ i^s qu'il rétoit lui-même. Leur retus lui defliMe lés , yeux ; liSt défabule , revient^e fès préventions pater- nelles ,. fe. reproche fa façUité paflee ; & remis de nou- veau en pofTeflion de Tes biens , il redevient maître dqs ingrats qui l'avoient abandonné : c'eft-là le Dénouement V de la Pièce, & par confiâ^jucnt V Ecole des Pères en efl le vrai titre. ' . ^ . >

tCOLE DU MONDE y\V) Comédie en un Aée^en Vers libres , attribuée d M. VAbbé de V*,, « au Théâtre François^ 17 $9*

Tous les Perfbnhages ide Cette Piéc© font allégoriques, «xcepté Julie , & (on frère Damon. Tous le« deux vivent fbus les aufpices de la SagefFe , dèguifée en Vieille^ Tous deux viennent à s'ennuyer de les leçons. Bs la quittent pour (uivce l'Apparence , qui emmené Damon, & laiffe Julie entre les mains de l'Indination, Celle-ci la cède au Monde , qui lui donne des leçons

Dd iij

'411 ECO

de conduite ; bien oppofées à celles de la Sageilè. Vient enfuite Tlnégalité , qui enchérit encore fîir les leçons du Monde. Elle vante & peint à Julie tous les ridicules attachés à ce qu'on nomme Jolies Femmes ; mais elle ne parvient qu'à rebuter fbn Elevé. Julie reconnoit ion erreur : Damon a déjà abjuré la fîenne ; & tous deux retournent dans le Temple de la Sageile.

ÉCOLE DU TEMPS , ( i' ) Comédie Épifodique en un Aële f en Vers libres > avec un DivertiJJement , par Pef* felier > au Théâtre Italien'^ 1758.

Ce petit Ouvrage a éié univerfellement applaudi pour la juftefTe des penfées, pour la légèreté du fiyle» & pour les agrémens de la verfifîcation. Le fuccès a été augmenté par celui du Divertiflement y bien imaginé & exécuté. On eft fâché que les différentes Scènes qui compolent la Comédie , ne forment pas une unité de defTein , & n'aboutifTent pas à une coAcluâon qui ait quelque air de dénouement.

^COLIEK DE SALAMANQÙE, ( T) Tragi-Comédie de Scarron , en cinq Aâles^ en Vers 9 i ^54.

A Texception des noms des Aâeurs, & de Tépilode du Comte Oâavian , c'eft le même fujet que celui des Généreux Ennemis de fioisrobert ; même événement > mêmes Aâeurs principaux, même marche de Fiéce.

BCOLE D*ANIERES , ( 2') Opéra-Omi^ue en un Me y en Profe &• en Vaudevilles , tirée. d'une Epigramme Rouf^ Jeauy par Panard y d la Foire S. Germain , 1740*

Après la mort d'Ignorato , Diredeur de l'Ecole d'A- nîçres , l'Ignorance convoque les Dodeurs, pour procé- der à l'éiedion d'un nouveau Maître. M. Aliboron eil choifî , à la pluralité des voix , pour examiner les pré- tchàski^ y qui font Afînaed ^ ^ier de Caffé , Sublime , la Précîeufe , Songe-crèux ^ X)onncur-d'avis , la Faculté de Médecine , reprélèatée par une fenune, 8c enfin Chry- iologue , qui efl tout & n'çû rien. C'ell ce dernier qui obtient la place de Diredcur , & reçoit en cérémonie le bonnet de Midas. La réception de ce célèbre Candidat fçrt de divertiflcment.

E C O E C U ♦if

:£COSSAISE, C f ) Comédie tn cinq A^es 1 in Pro/e, par M. de Voltaire , neo.

Une jeune EcoITaifc , nommée Lindane , cft , avec Suivante , dans un Caffé de Londrc; , oà' Milord Murray , fôn Amant , lui rend de fréquentes vîlites, Milord cil le fils d'un Seigneur EcofTois , qui a. cairfe U ruine du père de Lindane. Celui ci eft dans le ménie Caffé , il reconnoît fa fille , & permet qu'elle époufi; le fils de ftn ennemi, dont il reçoit le ftcTice le plus fignalé.

ÉCOSSEUSE , { f ) Parodie , en an A8te , de VtcossAisz ' de M. de Voltaire, par Poihfinet, à la FoireS. Laurent^ 1760.

Marianne, fille d'un. Contrebandier , e(l obl^ée defc réfugier dan; une petite Chambre garnie de Taverne, fans favoir fi fon père eft mort ou. vivant ,- car elle ne l'a point vu depuis bien des années. Le RU d'unConimiî de la Patache eft aiitié de fccttc Marianne , tandis que fbn père a ruînélc Contrebandier. Propice eft le Maiire humain de la Gargottc. Francpon eft un Marchand de : Boeufs , qui aîme i iendre fervice (ans favoir pouri^uoi ; & la grande Jeanneton eflURiyale impcrleufc & criarde de Marianne. ' '

ÈœEIL DU SAGE, (l'} Comédie en- cinq Mes, en Vers de dix Jyllabes , par M, de Volifiire t au thiitre Fwf^nj, I76i.

Matiiurin , riche Fermier , doit époufêr Acàmc 1 * prelTe fon mariage , parce qu'il craint l'arrivcc du Marquis _ Seigneur du lieu , qui , félon l'ancien ulagc , doit avoir un téte-à-iétc avec la nouvelle mariée,-: ce tétc-i-téte eft le droit du Seigneur. "Colette , jeune Viilageoifé , vient faire des reproches i Mathurîn , de ce que , lui ayant été pronUic , une autre lui cfl fré- féréc. Maihurin lui déclare qu'il ne veut plijs d'elle» Colette Ce joint i Acanie, pour obliger fôri Amant i tenir fa parole. Acantc , qui n'aime point Mathutin , ne^dcjuiandc pas mieux ; mais l'arrivée du Marquis contribue plus que tout le refte à rompre le mariage - qu'elle appréhende. Le motatat du tête-à-tête efl n-

DdiT

:^i4 - É D o

vorabl'c à Aemte ; c'cft une coiivcrfatîon d*un quarto d'heure entre elle & le Marquis , pendant laquelle ce dernier en devient amoureux. Il apprend qu'elle e& d'une nalffance diftinguéc; & obligeant Mathurin d'é- pou(êr Colette f il gardç pour lui la jeune Acante.

EDOUARD y Tragî-C^midïe de la: Calprenêde ^ 1637.

Edouard , Roi d'Angleterre , eft padionnément amou'* Teux de la ComtefTe de SalUbury , la même pour la- quelle îl inflitua l'Ordre de Jarretière. La Comteflè oppofè à la paHion du Roi une vertu à toute épreuve* Ifa- belle, mère d'Edouard, Princefle ambîtieuiè , êc qui craint que la padîon de Con Qls y ne lui dérobe une partie de l'autorité qu'elle a (uf lui , engage le Duc de Morti« mer , attaché 4 fpn (èrvice , à dire au Roi ^ue la Corn-* tefîê de Sâlifbur j a deiïein d'àtténtçr à viç. Edouard croit, ce rapport ; & çn effet ^ il apper^oit un poignard caché dans une des manches de la robe de la ComtefTe , . mi Ce juQifie du crime (^u'on iui.in^>ute , en di(ànt que le Duc Mortimer venu l'avertir que le Roi avoit deflcin de la deshonorer ,' & que , pour -éviter ce mal- ' heur ) elle ç'étoit muniç d'un poignard pour s'oter la vie» en cas qu'Edouard vaiilût exécuter ce deflèin* Le Roi , touché de la vei^tuMe la ComtefTe , prend la réfb- lution de Tépoufer : U exile la Reine ^ chafTe honteu^. fcnwnt JWojtimer*

' ISDOUARD ///, Tragédie de M. Grejet , 17^0,

Un 4çs Perfônnaees ic cette Pièce en tue un autre ^ daAs le ^uatriemç Aéïe , aux yeux des Spcdateurs. C'é* toit une mnovation fur notre Théâtre ; nous y fbmmes prérehtcmçnt accoutumés. Le caraâcre du vertueux iVorceftre eft fbutenu ; celui d'Emilie efl intércfïànt; fhals on efl plus indigne , que touché de fa mort ,• & " cette impreffion a pu nuire au Dénouement. Il me fem- blè que JW.'GrçfTeç aùfoit pu tirer meilleur parti d'Al- 2onde» Eue débute en Reine, Se termine fbn rôle en fu- rie. Pour Edouard , il billle moins par ce qu'on lui fait dire & faire dans le cours de la Pièce , que par ce qu'il a dit, ou fait auparavant. Je doute encore que ce Prin- ce, qui fut l'ennemi 5c k dévaflatçur de la France^ f ùiflç jam^ii nous intéreirçr.

E F F E G E 4i|

EFFETS DU DÉPIT, ( les ) Comédie en im A&e , en Profe , par Beauchamp , aux Italiens', 17^7»

Un jeune homme qui à peine entre dans le monde,' rend de fréquentes vifîtes à une jeune Dcmoifellc , plu- tôt pour apprendre à Ton école , les manières du monde , que pour s'initier dans les myÔcres de l'amour. Soit par reconnoiffance, (bit par (ympathie ^ Ton Ecolier devient ion Amant. Cependant , tout aimable qu'il efl devenu par les (oins de fa MaîtrefTe , il ne peut parvenir à lui plaire; le dépit Toblige à la quitter : elle eft fi piquée . d'une retraite à laquelle elle ne s'attendoit pas , qu'elle fait courir le bruit qu'elle va fc marier , pour rappeller ce Captif échappé de fa chaîne. U ne revient point ; cela irrite (on dépit ; elle le porte jufqu'à fe marier. Elle de- vient veuve dans quelques mois. La voilà riche Douai- rière & ComtefTe.Son Amant revient à Paris ; on fait en- tendra à la jeune veuve, que c'eft pour (c marier; nouveau dépit. On dit à Ton Amant qu'elle va en faire autant .' dépit de part & d'autre , qui après quelques éclats, par- vient 4 les Unir pour jamais*

EFFETS DU HÂZ4ARD, ( les ) Opéra-Comique en un Aâle , de ïAfflcb&rd y à h Foire S. Germain , 173 f

Dorimene , dont le mari vient de mourir, ne peut dé- cemment recevoir les aflîduités de Clîtandre : elle fc retire en (bn Château. Ciitandre , qui fe voit méprifé ^ veut quitter Paris, Jl eft venu , à cette fin r acheter une inaifbn de campagne. Dorimene & lui (e voyant à un bal , reconnoident & marient.

EGERIEy Comédie en Profe , en un A6le y avec un Di^ vef:ti£ementy par M. de Saint-Foix , au Théâtre Fran^ joisf 17^7.'

Numa (âifît le moment d'un (bmraeil , un breuvage aflbupiffant avoit plongé k Nymphe Egerie , pour la faire tran(porter dans un Temple. Egérie,' à fon réveil , fe-trouvc pkcéc dir' un Trône , au milieu d'uft édifice '-■ ^perbe , & parée de (es plus riches habits. Nuftia , proC- terne devant elle , lui dît qu'un Dieu , traver(ànt les . airs , & la tenant dan^ fos bras , vient de la placer fur ce

^4itf E G L E L E

Tronc : le Temple s*ouTre ; le peuple Ce proficrne â ftn tour* On fe croiroit Déefle â moins : mais une pareille Déefle n'efl point exempte des foiblefTès de l'humanité. Egérie aime Tullus , qui vient régulièrement Tadorer dans fonTemple. C'efl cet amour , 8c les mo^ns qu'ciii- ployé Nunîa pour en découvrir les progrès , qui com- pofent toute la Pièce. Elle offre des Scènes intéreflantes & des fîtuations neuves. De ce nombre le premier entretien d*Egérie avec Tullus ; mais (ôr-tout la Scène Egérie gémit d'être Déeflè « 8c commence à douter qu'elle le fbit , puifque Tullus n'efi qu'un homme. Il eroit difficile d'ajuder avec plus d'esprit 8c plus agréa- blement au Théâtre « ce paiiage célèbre & fabuleux de l'Hifloire Romaine*

ÉGLÉ , Pièce Lyrique 9 en un Aâle , par Mm Laujany Mu^ fique de M, de Lagarde , » 75 !•

Apollon , fous l'habit de Berger 9c (ôus le nom de Mi- fis , veutjgoûter les douceurs oe l'amour & de l'égalité. Il aime E^lé, jeune Bergère; il forme voix, & jouit du développement de fbn c<»ur» La Fortune qui l'aime , fans le connoitre , veut fixer en (a faveur , elle peut l'attacher à elle. 11 lui réfifle. Cette DéefTe alors fe flatte au moins d'éblouir, d'entraîner (a Rivale, 8c de; l'enlever à un (tmple Berger. Eglé , aufll fenfîble que Mifis ) ne voit , n'aime , ne veut connaître 5c ne fuit que lui.

ElECTRE , Tragédie de CrébilloA , 1 70^.

Ce fujet , traite par Sophocle 9 l'a fbuvent été parmi nous. Dès ifj7» Baif pi'étcridoit avoir traduit la Pièce du Poète Grec , ligne pour ligne , vers pour vers , en rimes Fraiiçoifcs. Pradon a fait auflî une Eiedre à ùl manière ; 8c depuis celle Crébillon , ce iujet a été remanié ju(qu*à trois fois; d*abord par Longepierrc » avec peu de iuccès ; par le Baron de Walef •» dbnt la Pièce n'a pas été repréientée ; 8c en dernier lieu par M. de Voltaire , fous le titre ^Orefie. L'Eleâre de Cré<- bill<^ ^'^ point fîiçcombé fbus les efforts de tant de Ri- vales ; elle reparoit fbuvent flir la Scène avec la même fierté & les mêmes applaudifTemens. Le Perfônnage d'E- kdrç efi intéreifant , celui d.'Oj:eile> qui s'ignore long-*

E L E E M B 417

tcms luî-mimc « a ^aroîtrc neuf au Théâtre, Celui de Palaméde , abfbiument d'invention , efl marqué au coin du génie de TAuteur» Rien encore de plus tou** chant , c[ue la reconnoiffance d'Eledre & de fon frère , ni de mieux peint que les fureurs de ce dernier. On reproche à cette Tragédie trop de complication y un amour épifodique , des defcriptions qui tiennent de l'E- popée , quelques vers durs > quelques expre (lions im« propres. Il eu biçn difficile que parmi tant d'objedions , iln*7 en ait pas quelques-unes de rraies; mais.nVen eût- il aucunes de faufre,U refleroit encore afTez de mérite à la Pièce , pour juflificr Tes admirateurs. Ce mérite , c'eft

, le génie qu'on y découvre, 8c qui donne du prix aux dé-

. fauts même»

ELECTRE , Tragiiie de Longepierre , 1719

Cette Tragédie , dont les vices eiïentiels ont cau(e la chute , a des détails d'un grand Maître : le preniiet Aâe peut fèrvir de oiodèle pour Texpoiicion d'un fujet. Il fe trouve , dznji le rôle d'Ëleâre , des couplets d'une grande vérification ; on en pou rroit citer d'autres dans ceux d'Egyfie, de Clitemnefire & d'Oreile; mais ces beautés ne peuy^nt racheter la dureté de la Poè'iîe , la marche traînante de la Pièce , & les inutilités qui s'y trouvent*

ELÉMENSy (les ) Opéra - Ballet en quatre A&es ^ avec un Prologue dont le Ùahos fait h fujet , par Roy^ Mufique de Lalande &* de Deftouches^ i7i^«

L'Air y l'Eau , la Terre 8c le Feu , font caraâéri(es par les Fables d'Ixion , d'Arion , de, Vertunuie 8c Po- mone» & par l'Hifloire des Veflales.

EMBARRAS DE GODARD , (/') ou l* Accouchée i Comédie en un Aâe , en Vers , par Viféj 166^7.

Cette Comédie n'efi qu'une Farce , tous les Per-

. * ibnnages penfent & agîflent comme de petits Bourgeois,

Ce font plutôt les détails des couches d'une Marchande

de la rue S. Denis, que celles d'une Dame à équipage ,

telle qu'on dépeint Madame Godard. Son mari criaille

' depuis le commencement jurqu'à la fin , (ans rien avan-*

N

E M B

cer : fes Domeftlques Ce moquent de lui : il a bien de la peine à en trouver pour chercher la Sage - Femme* Champagne , à qui on donne cette commiflion , s*habille avec précipitation , met fès bas a Fenvers , & pafïè le bras gauche dans la manche droite de fon jufle-au-corps« Ilabelle , fille de M. Godard , s'impatiente , l'aide à met- tre fon habit , & perdant patience , lui donne des (buf« flets , pour le faire hâter. Picard, Cocher de la maifbn , s'offre à faire (a commifïîoh ; Champagne s'y oppofe; longue conteflation â ce ni)et ; enfin ils iertent ensemble & vont chez la Sage -Femme. L6rfqu*elle cft arrivée, avant de monter a l'appartement de Madame Godard , elle perd un temps confîdcrable a slnformer E l'on a eu foin de préparer tout ce qui eft néceflaire. Champagne & le Cocher apportent une layette : le- premier , moins ivre

Î[ue ion camarade, & voulant s'en divertir, l'emmailiotte, ui fait manger de la bouillie fit Iç' berce comme un en- fant. Cependant Madame Godard adcouche : on demande les linges , que l'on trouve fervant d'enveloppe à Picard. 11 fautle délier au plus vite. On aj^prcnd d'abord nail^ fànce d'un garçon : cette nouvelle chagrine fort Ifabelle, qui craint que^ fon père , qui s*e{| toujours oppo(e â(ba mariage avec Ctéante , ne (bit encore confirmé dam le deilèin de la faire Religieufe , pour^énrichir ce fils qui vient de naître. Elle ne demeure pas Ion? temps dans cette inquiétude ;. on vient annoncçr que Madame Go>r dard n'éft accouchée que d'une filîç,; cet événement con- duit au Dénouement: Godard , à la prière de fa femme ^ confent au mariage d'Ifabelle & de Çléante.

EMBARRAS DES RICHESSES , (DCcméâie en trois Aâes y en Profe , précédée à* un Prologue , &* fuivie d*un Divertijfement j par d'Alainval » au. Théâtre Italien »

Pftmphile, Maître de Trivelin, le charge d*Hine lettre pour Florifc , ion Amante, Trivelin rencontre Arlequin, fbn ancien ami , lui donne un rendez-vous au cabaret, il lui promet de l'aller joindre. Arlequin , qwi n'eiï occupé que de fbn amour popr Cloé , & n'a d'autre for-« tuae qu'un petit jardin , chante 6c fe réjouit faQSi çeffc»

, E M B E M P 41J

Le Financier Midas le regarde les bras croifés , sUmpa- tiente de fa. gaité , & tâche de lui prouver qu'il ne doit pat être heureu3ç, parce qu'il eft pauvre. Plutus veut faire d'Arlequin un de fes Adorateurs : il lui donne un tréfbr ; & dès ce moment il perd toute (k joie* Cloé a beau lui marquer de l'emprefTèmcnt ; à peine Ce fbuvient-il de l'avoit aimée ; Ton tréfor cil devenu le feul objet de fbn amour. De mille embarras qui fe (uccedent , & le forcent enfin de rendre à Plutus Ion or. Il époufè Cloé & Pamphile chère Florifc. >

EMBARRAS DU CHOIX y (T) Comédie en Vers , en cinq Aâles y -par Boijfy ^ du Théâtre François ^ 1741.

Une fille auffi railbnnable que Lucile ^ doit-elle être embarrafTée dans le choix des deux Partis qu'on lui pro- pofcf L'un cft un Petit-Maître , & l'autre un Sot Cam- pagnard. Lequel obtiendra la préférence ? Ni l'un l'autre, Lucile fe déclare en faveur d'un homme de , mérite, qui n'étoit point au nombre des Soupirans, & qui ne s'étoit jamais douté qu'on penfât à lui. Il y a dans cette Pièce , comme dans plufieurs autres du même Au- teur, certains caraâères dont l'efpéce humaine ne four- nit point de modèles.

EMPIRE DE V AMOUR , ( P ) Ballet héroïque , comvofé d^un Prologue &* de trois Entrées » par Mêncrify Mufiqug du Chevalier de Brajfac, 17^1*

Le fiijet du Prologue efl le rajcunifTement des Nym- phes qui avoient élevé Baçchus. Les trois Entrées font l'empire de l'Amour lîir les Hommes , dont on voit un exemple dans Phèdre & Théfëe ; l'empire de l'Amour fiir les Dieux , dont Vénus êc Adonis , Cupidon & Pfyché font le fujet ; l'empire de l'Amour (ur les Génies ; & ces Génies (ont le Feu , l'Air , &c. En 1 74 1 , on y ajouta une quatrième Entrée , intitulée : r empire de VA^ mour fur les Demi-Dieux^

EMPIRIQUES , (les) Comédie en trois Aâies , en Profe; par Brusys j aux François y 1697*

L'Auteur y joue l'imprefïion que fait (ûr le Public l'affiche d'un Elixir\ d'une QuintefTence , d'un Opiat,&c»

4J0 END

Le Baron , père de Marianne » efi à la merci de deuiit Empiriques ; Tun des deux loge même chez lui, Erafte , Amoureux de Marianne , voudroit i'époufèr avant que de partir pour TÂrmée ; mais le Baron , qui fe croit ma- lade , ne yeut marier fille , que lorfqu'il fe portera bien : c'eil ce qui fait chercher à Erafle les moyens de le guérir. Frontin , fon Valet , déguife en Empirique , eft mtroduit chez le Baron , èc Foblige de changer de méthode. Il lui prefcrit , fous des noms empruntes , un

gaieté qu'elle lui mfpire , il confent à ce qu'w„

exige de lui. Cette Comédie rentre dans le Malade Imaginaire^ & lui cil bien inférieure.

ENDRIAGUE , ( r ) Oféra-Comique en trois Mes , mêli de Profe fr de Vers 9 par Piron ^ dla Foire S. Germain $ 17^7»

Les Habitans d'une Ifle des Indes ont coutume de (a-* crifier , tous le^ fix mois, une jeune fille de quinze ans i un anjimal appelle VEndriague» Ce jour eft celui du Sacrifice ; & le hazard veut que Grazûide , qui , la veille, a fait naufrage auprès de l'Ifle , fbit choifîc, comme Etrangère, pour fervir de pâture au Monflre. Elle eft Ibus la garde d'un homme 8c d'une femme qui paflènt pour ^uets. Nicaifè , fils du Grand Sacrifica^ teur, devient éperduement amoureux de Grazinde , &, par le moyen d'une bourfe de mille Sequins , il engage les prétenaus muets à lui livrer la fille. Au lieu de pro- fiter d'un moment fi précieux , Nicaife s'amufe à cau(er avec Grazinde , & , quoiqu'elle puiiTe dire pour le pre(^ fer de la tirer du péril , il court chercher un parapluie , parce qu'il pleut âverlè. Pendant ce temps-là, le Grand Sacrificateur arrive avec les Satellites. La pauvre Gra« zinde efi livrée au Mqnfire, qui achevé de l'engloutir^ lorfque Nicaife eft de retour. Le Génie Popoçambcche , irrité des (ànglans Sacrifices des Infulaires , les méta-^ morphoft en pierres. On Chevalier errant , nommé Pcrce-maroufle , qui ne s'exprime qu'en langage des an- ciens Romans , combat l'Endriague , la tue > délcnchantc les habitans & déUvre Grazinde*

E NE E N F 4JÇ

ÉNÉEETLAVINIE , Tragédie-Opéra en cinq Ades^ par Fontenelk y Mufique de ColaJJe y lé^o,

Gct Opéra renferme beaucoup de machines & de mer* vcilleux. On y voit paroître jufqu'à l'Ombre de Didon ; peut-être ne fcrt elle qu'à rendre Enée moins intércflànt: c'eô un vice du fujet , que l'art peut difficilement cor- riger. Ce même Opéra a été remis en Mulîque par M. d'Auvergne , & a mieux réulfi entre (es mains. Lorf(ju*il demanda à l'Auteur fon agrément pour cette entrepnfe s ^ Je ne vous le confeille pas , lui dit M. de Fontenellc; M Enéc & Lavinie ne réuffit point en 1690 ; & je n'en- 3> tendis pas dire dans le temps ; que ce fût la faute de la »> Mufique w. Ces paroles prouvent , & la modedie de l'Auteur , qui fent les défauts de fon Ouvrage, & le mér rite du nouveau Muficien , s'il a fiirmonté ces défauts.

]^NFANT D'ARLEQUIN PERDU ET RETROUVÉ y

( r ) Comédie Italienne en cinq Aâes , far M. Goldoni^ aux Italiens y 17^1.

Deux Amans fc (ont mariés (ccrettement , 8c ont eu un enfant , qu'ils ont fait cacher , en attendant qu'ils aient trouvé à qui le confier , ou que leur mariage (bit découvert. Arlequin, pauvre Pay(an du voifinage, & mari de Camille , a , dans le même temps, un fils du même âge. 11 arrive , par divers incidens , que ces deux cnfans l^nt changés l'un pour l'autre , fans qu'Arlequin en foit inflruit. Il apprend feulement qu'il n'eft pas le perc de l'enfant qu'il croit lui appartenir : de-là (es Ibupçons contre la vertu de (a femme. Pour (c venger , il met le feu à Chaumière , d'où l'enfant avoit été enlevé à rin(çu de fa mcre. Celle-ci , qui croit que fon fils c(i dans la maifôn , pouiTe des cris de dé(e(poir en la voyant toute en feu. Les chofes s'éclairciflènt ; les mères reconnoifTcnt leurs enfans ; & les deux Amans (e trouvent dans une pofition à pouvoir déclarer leur ma- riage.

ENFANT PRODIGUE , ( r ) Comédie en cinq A&esy en Vers de dix JylUbes y par M. de Voltaire y au Théâtre François, i73^«

La Comédie de l'Enfant Prodigue efi d'un genre qui

4M ^ E W P

a fait naître bien des difficultés , & que M. de VoltaTfé , juflifîe n parfaitement , en di(ànt : 3> Tous les genres » font bons , hors le genre ennuyeux. Âinfi il ne fau^ »> jamais dire : Si cette mufTque n'a pas réufïî , ce ta- » bleau ne plaît pas , Ci cette Pièce efl tombée , c'êft a> que cela étoit d'une efpcce nouvelle. Il faut dire , c'eâ 99 que cela ne valoit rien dans foA éfpcce ti. L*£nfant Prodigue eft écrit en Vers de cinq pieds ; & cette nou- veauté ne forme que fbn moindre mérite. Mais peut-être devroit-on l'intituler le Prodigue Corrigé^ plutôt que VEnfant Prodig^ue : Euphémon y regrette fes fautes paA l^es 9 & n'en commet point de nouvelles^

ENFANS DE PARIS ^(les) Comédie en cinq AÛes , en . Vers libres ^ par Dancourty aux François i 1704.

Ufl pete dur , grondeur , chagrin , k. qui joint Tufîire a l'avarice ; une tante foible ^ (bumi(è à (an frère âc idolâtre de fes neveux ; une fille qui fe permet de petites libertés ; un fils qui s'en permet de grandes ; une Sou- brette & un Valet qui trompent le père en faveur de la fille & du fils ; tels (ont les principaux per(bnriages des Enfans de Paris 9 Comédie dédiée à l'Eledcur de Ba- vière , & jouée en (a pré (en ce. On aime à voir , dans cette Pièce , le vieil Harpin, amoureux de la jeune Climene , qu'il ne (bupçonne pas être la Maître(rc de ^n fils , ordonner i ce dernier de faire (a cour â future belle-mere. D'un autre côté , Angélique , fille , afFeétc pour Valere , qu'elle aime , une dureté , uri mépris, qui engagent le crédule Harpin â Ipi prelcrire de le mieux traiter. Il eft obéi (ans le vouloir. Son but n'é- toit que de réduire (a fille à (e jetter dans un Couvent; mais il n'o(è , â la fin , lui réfuter l'Epoux qu'il a paru lui-même lui choi(îr , ni s'oppo(cr à ce que foft ûU prenne pour femme , celle qu'il avoit jugé lui-mcme digne d'être la fîenne. Cette Comédie , écrite en Vers > fait regretter qu'elle ne le (bit pas en Profe*

ENFANS TROUVÉS , .( les ) ou le Sultan poli far l^Amovr 9 Parodie en un ABt 9 en Vers 9 de la tragédie de Zaïre 'i par Dominique ^Jiomagnéfy^ Riccohonï pis i au Théâtre Italien ^ 173 *•

Tous les défauts de Zaïre (ont repris avec tout le di(l

cernement

E N G , ^ E N L 4j j'

cernement & toute rimpattialité poffibies. Les Auteurs ont retranché , pour leur Parodie , toutes les Scènesl oifîves, & n'ont laifTé que ce qui étoit eiTentiel à Tac* tion , qui eft la même dans les deux Pièces. Il n*y a de différence que dans la cataftrophe , le Sultan , au lieu d'aflàmner Zaïre « la reconnoic pour Icsur deNé^ redan > & la laifTé partir ayec lui»

ENGAGEMENS DU HAZARD , (ks ) ComiUe de Thomas Cormille , en cinq ASes 9 en Vers > 1 647»

Ce fut par cette Comédie dans le goût E(pagnol , que Thomas Corneille débuta dans le genre Dramatique^ L'intrigue en eft afTez bien filée , quoiqu'elle ne porte que fur des combats , des incidens & des méprifes. thi reâe ^ nul caraâère à (àifir\ nub ridicules, attaqués* Cette Pièce eut un fuccès qui devînt« pour rAuteurjiui Engagement réel de continuer cette carrière. -^

ENLEVEMENS^ ( fer ) Comédie en un Aâle , en frofe; farBarùn\ i6B^.

Babet , fîlïe d'un riche Fermier .^ efi l'Héroule de cette Comédie. L'intrigue en eftamu(ante , mais commune* Pellerin , Domeuique de M. de la Pavoifîere , efi: amou* reux de Babet , & fe voit , dès la lèconde Scène , obligé de renoncer à fes prétentions* Il ne fonge donc plus qu'à nuire à deux payfans , £ès rivaux. Il feint de ç'inté-? reiïèr pour eux , èc leur aâigne, de la part de Babet , un rendez-vous £bus certain orme. L'un des deux doit s'y rendre déguifc en femme. Pellerin propolc deux autres rendez vous » unvrai &un£iux ^ au Comte 8t au Che« valier, to^s deux fils de Con Maître » & amoureux de Babet ; mais c'eft le Chevalier que Pellerin veut favori-* (êr. Il fait part du ftux rendezi^vous a Léonor , Maitrefle du Camte. Elle s'y rend déguifée en paynuine. Le père de Babet , excité par Pellerm, accourt fous l'orme, muni d'un bâton. Le Comte enlève Léonor , qu'il prend pôut Babet ; le Chevalier enlève (a Maitreife ; les deux pay<- fans ne recueillent qu'une grêle de coups. La Pièce finit par le mariage du Comte & de Léonor , du Chevalier 8c de Babet, Le déguifement d'un de ces deux payiàns > prêt à être enlevé par l'autre > efi dircrtiiTant : mais il tient un peu de la farce*

414 ENN ENR

ENLEVEMENT PRÉCIPITÉ . {f J Opéra-Comîque eh ua A&t t par M* Tavart^ à la. Foire Saint^htiurenu

Angélique t& aimée de Valcre Bc de Ventrecrac. i Frontui» valet de Valere , dégùifô en femme, fe fait en- lever par Ventrecrac, Alors il fc fait connoître , & jouit du plaiHr de fe moquer de (bn Raviilèur. Ce Coup étour- di avance fort les afi^ires de Valere , qui , n'ajant plug de rirai, obtient facilement Taveu des parens d'Angé- lique.

ENNUIS DUCARNAFAL , (Usy Comédie en Vers li- ' ' bresy en un ASle^ avec un divenijfement , peur Romagnéjy &• Riccohonjj au Théâtre Italien y 17^^,

BJ

Le Carnaval , conduit par le Plaifîr, (e plaint des

- eiuomis qu*il vient d'efluyei* à Paris pendant les deux

mois deXqour qu'il vient y faire tous les ans* Le Plalfir

.le voyant trop difficile d contenter , lui demande s'il a

: trouvé les mêmes dégoûts fut les Théâtres: ce qui doonc

lieu de les faire parfcr en revue, & de critiquer qucl-

. ipies Pièces du tems*

ENROULEMENT D'ARLEQUIN, (T } Opéra-Comique enunA&Cy enProfe 0* en Vaudevilles -^ par Piron^d la . Faire Sain^-Germain , 1714.

r Arlequin , jeune éçç^ier i qui eft amoureux d'une Co- ' inédienne , ne veut plus continuer Tes études. Sa incre

aflèmble Tes parens qui veulent tous l'engager à fuivre \ leur profeffion. L'u^ .eu Pâtiffier , l'autre Avocat, le , troifîéme Médecin , & le qyatriéme DragOJ^. Un coufin , ^ jiommé.Ruzin, Chevalier d'induririe , lui con(eille d'é- . pou(èr une jolie femme pour aller faire fa fortune âParis. . Arlequin goûte cet avis , veut époufer L^urette qu'il

aime , & s'engager dans fa Troupel Les parens d'ArJe- . qum veulent d'abord s'oppofer à cet engagement ; mais

Laurette les perfuade £1 bien , qu'ils prennent tous le . même parti. Grifajcrte chargé des rôles de Prince ;

Maflacre , de ceux de Roi : la mère d'Arlequin remplit ^ ceux <lç Reine-Mere ; & le Pâtiffier fait le Rôle de ^ Gilles. Les Comédiens & Comédiennes de la Troupe

viennent célébrer le Mariage*

EN s E î< T 4Ji

MNSORCELÉS j {les) ou la Nouvelle Surprise iM jl^Aaio u h, Pièce en un Aâe^ mêlée d'Ariettes ,' fcLr Madame^ Favart , 6* MM^ Guérin &* Harni , aux Italiens , 1757.

Les Adeurs (ont Jearlnôt & Jeartnettd , jeunes Villa- geois, quis*aimént fans connoitre Tamouf. La Damé Se le Maréchal du Village , qui ont des vues particulières fur chacun de ces deux Amans ^ s'entendent pour la détapher Tun de l'autre. Le Maréchal profitant de leut innocence , leur fait à croire que ce qu'ils fentent réci*i proquement , eft l'effet d'un fort dont il peut feul les ♦délivrer. Il les trompe quelque tcms; mais ils reconnoif- fent enfin qu'ils (ont faits l'un pour l'autre. L^ Dame per-«; dant rcfpérance de poJédcr Jeannot > it contente du " Maréchale

ËNTETÉ i ( r ( Comédie en mAôle, en Versée d\xfyUakesi far M. Bret i au Théâtre Italien ,\7S94

Cette Pièce doit (a riaiffancc à une de ces querelles qui s'élèvent fbuvcnt dans le Pu^?li,G , ppur des opinions dans le fond peu intérefTantes , & que les deux partis fou« tiennent avec chaleur. Paris alors étoît partagé en dcijx faâioas 9 doiit l'une tenoit pour la Mufique FrapçoKe , & l'autre jpour ritallcnne. M* Bret entreprend de fettei^ du ridicule fur cette opiniâtreté à défendre des fbiuimen^ ou bizarres , ou de peu d'importance ; en nous préfcn- taiit un de ces hommes entêtés, qui , par trop d'atta-* çhentent à fbn opinion , perd fa Maitreffe & manque Gk ibftune.

Derval 8c Ataminte croiroient déshonorés de cédpi! le pas de bel-Efprit , & par conféquènt d'opiniâtreté* Cependant Dervac doit ménager Arami(ite , s'il veiiÊ >épo\x(et ùl nièce qu'il aime. De fbn opté, Aramfnce le trouve plus propre à âater fa vanité , que le doucereux Argant fon rival , qui ne fc connoît ni en mufîque , ni en flyle , ni en réputation. Apfcs plu(îcurs brouilieries » ils fe difroferit enfin à conduire ce mariage : mais commet il faut de lamufique an/ourde noces, Araminteveut du Lullî i Dervac de l'Italien. Us s'échauffent , s'inju- rient. Araminte fe dépite & accorde fa nièce à Argant ^ aux yeux de Dervac ^ qui s'cA oonlble en chantant do^ mcfurcs italiennes.

4J< E N T

ENTR'ACTE, Efpace de tcras qui s*écouIe entre Ja fin d'un Aâe & le commencement de VAÉtc fuivant , & durant lequel la repréfentation eft fufpendue, tandis que Taâion eft ruppoféê fe continuer ailleurs. Il ne paroit pas que les Grecs ayent jamais divifé leurs Drames par Aùcs , ni par confcquent connu les Entr*Ades. La repré- fentation n*étoit point fufpendue fur leurs Théa« très depuis le commencement de la Pièce jufqu'à la fin. Ce furent les Romains qui , moins épris du Speâacle « commencèrent les premiers à le partager en plufieurs parties , dont les intervalles offiroient du relâche à l'attention des Specta- teurs ; & cet ufage s'eft continué parmi nous. D^abord on fe contenta de bailler, à la fin de FAâe, une toile qu'on relevoit au commencement du fuivant. Bientôt on introduifit des Joueurs de flûte pour remplir les Entt'aûes & pour divertir les Speâateurs par la Mufique. Enfuite on y joi- gnit des Hiftrions fort adroits, qui amufoient les Speûateurs par difFérens gefte<i. On difpofa les Intermèdes de manière qu'ils eudènt quelque rap-

' port à Tadion principale. Dans cette vue , on fit répéter aux Muficiens & aux Hiftrions le fujet de YA&c que Ton venoit de jouer. La Mufique cxprimoit , pat des accords, les différentes paf- fions de chaque perfonne qui avoit paru dans l'Aûe. Chez nous les Entr'Aftes font marqués par une fymphonie de violons ou par des chan- gemens de décorations.

Le Théâtre ne fouffte point qu'une aâion y puifTe être vue dans toutes fes circonftances , quelque reCTerrée qu'elle puifTê être. On y fup- pofe des combats de deux Armées qu'on ne fau««

E N T 4J7

roît voir , des avions dont le fpeftacle feroît ré- ▼oltant , &c. Les Poètes Dramariqaes ont imaginé Tintervalle des Aftes , afin d'y rejetter tout ce qui feroît moins intérelTant pour les Spedateurs. L'art confiée à faire un choix heureux des cir* canftances qu il faut écarter » & de celles qu'oa peut montrer aux yeuK. Quelquefois une aâiôn ne fera belle à voir que dans le commencement. Alors il ne ùlvli mettre fur le Théâtre que les pré- parations & les premiers traits , 6c rejetter le refte dans rintervalle. AiniiEtéocle & Polinice peuvent bien fe difputer devant leur mère; mais ils ne fe battront pas devant elle. Souvent il n y a que la fin d'une aâion qui foît intéredante. Alors il faut fuppofer que tout ce qu'elle a d'odieux fe pafle dans l'Entr'Ade , & ne réferver fur la Scène que ce qu'elle a d'intéreflant. Ainfi l'Auteur d'Alzire z mis dans l'intervalle du quatrième au cinquième Aâe, le meurtre de Gufman , & a gardé pour le cinquième Adke , récit de cet attentat & le re- tour de Gufman , qui pardonne à fon meurtrier.

La durée de l'Entr'Aûe n*a pas de mefure fixe ; mais elle eft fuppofée plus ou moins grande f à proportion du tems qu'exige la partie de l'ac- tion qui fe pa(Te derrière le Théâtre. Cependant cette durée doit avoir des bornes de fuppofition , relativement à la durée hypothétique de l'aâioa totale» & des bornes réelles , relatives à la durée de la repréfentation. La durée de fuppofition , qui eft la feule intéredànte , parolt ne devoir jamais être prolongée par-delà aouze heures » qui font la durée moyenne d'un jour ou d'une nuit. PalTé cet efpace , il n'y a plus d'illufion dans la durée

fuppofée de TEntr'Ade.

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È N t

Puîrque FËntr'Afte eft feît pour fufj)endrc Tattention, & repofer refprîc du Speûateur, le Théâtre doit reftcr vuide ; & les Intermèdes dont on le remplidoît « fbrmoient une interruption de très-mauvais goût qui ne pouvoit manquer de nuire à la Pièce en faifant perdre le fil de fac- tion.

Le Poète doit latflèr le Speâateur dans Tat* tente de quelque grand événement. Il faut que l 'aâion , qui doit remplir Ton Entr*Aâe , excite h curiofité & fortifie Timpreffion qu*on a conçue ; fur-tout point de repos , point de fufpenfion. Si les Perfonnages reparoi(îbient , & que Taâion ne fQt pas plus avancée que quand ils ont difparu , ils le feroient tous repoféç , ou ils auroient été dif- traits par des occupations étrangères ; deux fup- pofîtions contraires , finon à la vérité ^ du moins a rintérct.

ENTRÉE. Aîr de violon fur lequel les diverriflè* mens d'un Ajfte d'Opéra entrent fur le Théâtre. On donne auifi ce nom à la Danfe qu'on exécute. Ce font ordinairement les Chorars de Danfe qui paroiflènt fur cet air ; c'eft pour cette raifon qu'on le nomme corps d'Entrée. Ils en danfent un commencement & une fin ; 6c lesChtrurs repren- nent la dernière fin. Chaque Danfe» qu*un Dan- feur ou une Danfeofe exécute » s'a{5pelle auffi En^ trée f on lui donne encore le nom de Pas.

Chaque partie féparée des Ballets anciens étoic nommée Entrée. Datis les Modernes » on a con* fervé ce nom à chacune des aâions féparées de ces Poèmes. Ainfi l'on dit if Entrée de Tibulle dans lc4 f tus Grecques ^ Romaines » & f Entrée

/

des Jneds ions Us Indes Galantes. Il feroit ridi- cule que Ton fît commencer l'aftian dans \in lieu > & qu on la dénouât dans un autre. Le reins d'une Entrée de Ballet doit être celui de Taifliou mêrhe : on ne fuppofe point des intervalles r il faut que Taârion qu on veut repréfcnter paflfe aux yeux du Speâiateur , comme fi elle étoit vc- , ritable. Quant à fa durée > on iuge bien que puifque le Ballet exige ces deux unités , il exigé , à plus forte raifon , Tunité d'adion : c'eft la feule qu'on regarde comme indifpenfable dans le grand Opéra s on le. difpenfe des deux autres : rentrée de Ballet , au contraire , eft aftreinte à toutes les trois.

A rOpéra , on donne auflî ce nom à Tair de

. fymphonie par lequel débute un Ballet. Enfin

Entrée fe dit du moment , chaque partie qui

en fait une ^utre , commence à fe faire entendre.

ENTRE-SCÉNï. C'eft le nom qu'on donne à l'in- tervalle qui fépare les Scènes. Tour eft tellement aâion dans le Poème Dramatique > qu'elle doit toujours marcher» même dans ce court efpace 9 & un Aâeur ne doit jamais reparoitre, que pour an- noncer quelque chofe de nouveau & d'intérêt fant 5 foit pour lui-même , foit pour le Perfon- naee avec lequel il eft en Scène, foit pour le Héros de la Pièce. v

ÉPILOGUE. Ariftote le définit , une par- tie qu'on récite dans la Tragédie , lorfque le Choeur a chanté pour la dernière fi>is^I>ansla Pocfie Draniatique , il fignifioit, chez les Anciens, ce qu'un des principaux Aâeurs adreiTolt . aux

Ee iv

^o EPI

Spedateors lorfqùe la Pièce ércr*t finie» 8c qui contenoit ordinairement quelques réflexions rela- tives à cène même Pièce, & au rôle qu*y avoir joué cet Aâeur. Parmi les Modernes , ce nom Se ce rôle font inconnus ; mais à l'Epilogue des An- ciens , ils ont fubftitué Tufage des petites Pièces ou Comédies , qu'on fait fuccéder aux Pièces fé- rieufes , afin , dit-on , de calmer les paiEons, & de diiliper les idées trilles que la Tragédie auroit pu exciter.

L'Epilogue n*a pas toujoiurs été d'afage fur le Théâtre des Anciens ; 6c il n eft pas , à beaucoup près , de Tantiquitè du Prologue. Il eft vrai que plufieurs Aâeurs ont confondu y dans le Drame Grec, l'Epilogue avec ce qu on nommoit Exode , trompés par la définition d'Ariftote : mais ces deux choies étoient en effet aufli différentes , que rétoient nos grandes & nos petites Pièces ; TExode étant une des parties de la Tragédie , c'eft-à-dire la quatrième & dernière , qui renfermoit la ca- taftrophe ou le dénouement de Tintrigue , & rè« r pondoit à notre cinquième Aâe ; au lieu que l'Epilogue étoit hors d'œuvre , & n'avoit tout au plus , que des rapports arbitraires & fort éloignés avec la Tragédie.

ÉPISODE. Cètoît chez les Grecs une des parties de quantité de la Tragédie. On appelloit ainfî cette portion du Drame qui étoit entre les chants du Chœur. Il équivalott à nos troisAâes du mi- lieu. Ce récit des Aûeurs , interpofé entre les chants du Chœur , étant diftribué en plufieurs morceaux différens, on peut le confidérer comme ua fcttl Epifode compoïc de plufieurs parties » à

E P I ^^4*

moins qu'on n'âîme mieux donner à chacune de fcs parties , le nom d'Epi fo de En effet , c ctoît quelquefois un même fujet divifé en differensré* cits ; & quelquefois chaque récit contenoit un fujet particulier dépendant des autres. Mais ce qui n'avoit été qu'un ornement dans la Tragé- die , en étant devenu la partie principale , on re- garde la totalité des Epiiodes » comme ne devant former qu'un feul corps dont les parties fufTenc dépendantes les unes des autres. Les meilleurs Poètes conçurent leurs Epifodes de la forte » & les tirèrent d*ùne même aftion ; pratique fi géné- ralement établie du tems d'Âriftote, qu'il en a fait une régie ; enforte qu*on nommoit fimple-* ment Tragédies les Pièces l'unité de ces Epi- fodes étoit obfervée; & Tragédies Epifodiques, celles elle étoit négligée. Les mauvais Poètes tomboient dans ce défaut par ignorance , & les bons par leur complaifance pour quelques Âc« teurs aimés du Public , à qui l'on vouloit donner des rôles , fans que la contexture du Poëme l'exi- geât ou le permit.

Parmi nous , i'Epifode fe prend pour un inci- dent ou une aâiion détachée qu'un Poète infère dans fon Ouvrage & lie à fon aâion principale pour y jetter une plus grande diverfité d'événe- mens. Les adions les plus fimples font les plus fujettes à cette irrégularité , en ce qu'ayant moins ^'incidens& de parties que les autres, plus com- pofées , elles ont plus befoin qu'on y en ajoute d'étrangères. Un Poète peu habile épuifera quel- quefois tout fon fuîet dès le fécond Afte , & fe trouvera par-là dans la néceffité d'avoir recours à des aâions étrangères pour remplir les autres

44t E p r

A&cs. Cétoît le défaut des premiers Poètes Fraii- 'Çois. Pour remplir chaque Aâe , ils prenoienc des aâions qui appartenoient bien au même Hé- ros, mais qui n'avoîent aucune liaifon entr'elles. Le Poète doit choifir , autant qu'il eft poflible , des fujets dont le fond lui fournifTe les incidens, & les obftacles qui doivent concourir à Taâion principale : mais lorfque le fujet n'en fuggere point , ou que les incidens ne font pas par eux-mêmes afTez importans » pour produire les eflfèts qu on fe propofe , alors le Poète doit em-

{>loyer toutes les reflburces de fon Art à lier tel- ement TEpifode à fon fujet , qu'il y devienne comme abfolument ncceflaire. Racine a dqnné dans Andromaque &c dans Iphigénie deux mo- dèles admirables de la manière dont un Epifode doit être lie à Paûion. Dans Andromaque , Orefte ouvrant la Scène, déclare à Pilàde fa paffion pour Hermione , & y intéreffe tellenient le Speûateur , qu'on efl tenté de prendre cet Amour Epifodique pour Taélion principale. Il eft le Reprclentant de la Grèce ; il vient demander à Pyrrhus le fils d'Hedbor. Enfin fon rôle eft bien lié à Taâion, qu'il eft impoffible de l'en féparer.

Même artifice > à peu-près , dans Iphigénie. Dès le premier Aûe , Tarrivée d'Eriphile eft an- noncée 'j on explique même le fujet de fa venue. Elle veut interroger Càlchas fur le fecret éè Ùl naifîance. Elle eft liée d'amitié avec Iphigénie;. Elle eft captive d'Achille s & Iphigénie le prie de la délivrer, C*eft elle qui déclare aux Grecs le projet du départ de la Reine & de la Princeflè ; c*efl elle qui eft la vîûime du facrifîce qu elle veut hâter i Se elle ne tient guères moins à la

. . ' E r I 44,

Pièce, qu'Orefte dans Andromaqae. Voyez encore la manière dont M. de Voltaire , dans Sémtra- inis, a lié à -fon fujet Tamour d*Arface & d Aze- ma. Dans Mahomet , celui de Palmire Se de Séide. /

On connoît encore fur le Théâtre François une efpéce d'Ouvrages nommés Comédies Epi- fodiqucs ou Pièces à tiroir. Les Fâcheux font le modèle des Pièces de ce genre •, & jamais aucun Auteur n'a pu en approcher. Ces Ouvrages font compofés d'un certain nombre de Scènes déta- chées, qui ont un rapport à un certain but gé- néral. Le fecret de l'Auteur conGfte à feire paf- fer rapidement devant les yeux du Spedateur , un grand nombre de Perfonnâges qui viennent donner ou recevoir des ridicules. Ce font fur-^ tout des travers de mode que Ton attaque ordi- nairement dans ces Pièces. Le nom de Comédie tie leur convient nullement ; parce que la Comé- die eft une aftion , & emporte dans fon idéeTa- nité d'adion ; mérite qui manque abfolument à ces Ouvrages , qui ne font que des déclamations partagées en plufieurs points. Les Anciens ne connoiffbîent point les Pièces Epifodiques : mais ils avoient une autre manière d'attaquer en mêmç tems plufieurs efpèces de ridicules & de les im- moler à la fois. Les Chœurs leurs Comédies étoient en partie deftinés à cet ufage : ils y raf- fembloient plufieurs Perfonnâges ridicules , fur Jefquels le Poète lançoit rapidement une foule de traits. Nos Auteurs ont préféré la méthode d*iïn- moler leuris viftimes fucceflîvement. Au refte , cet ufage dura peu chez les Grecs. C'étoît dans les Chœurs cjwe les Poètes porroient le plus loin h

V

444 EPI ^ ^ ^ . .

licence ; & c'e(l fur les Choeurs principalement

que tombe la réforme qui ferc d'époque à la Co- médie nouvelle.

Quand le Pocce introduit deux intrigues dans fa Pièce, il doit conduire les deux a6Hons de ma* DÎere que leur mouvement foit égal, & ne fe nuife point réciproquement. Ceft alors qu'il faut éviter la multiplication des incidens , qui détour^ neroient Tattention des Spcdateurs. Si la Pièce dans laquelle on introduit un Epifode , eft une Comédie de caradcre , il faut avoir égard à deux chofes : la première, que les intrigues des deux aâions foient légères : la fecojnde , que le carac< tcre les embrafTe toutes deux. Ceft ainfi que Mor liere en a une dans TAvare.

Harpagon , père d^Elife, & amoureux de Ma- rîane , embrafle les deux intrigues , Tune de Va- lere» Amant de fa fille , & l'autre de fon fils . Cléante , an^oureux de Mariane. Ces deux intri- gues font légères 4 parce qu elles font fubordon* nées au caraâère principal de l'Avare, qui les occupe & les fait marcher.

EPITHASE Foyei Exposition.

EPOMNE ,, Tragédie de M. de Oiahanon ,17^*.

Sabînus., époux d'Eponine ,' avoit difputé l'Empire Romain à Velpafîen ; & après fa défaite , s'étoit retiré dans un tombeau , il vivoit caché pour fc (bnflraire â la puiflance de l'Empereur. Eponîne le voyoît (buvent dans (on tombeau , & en avoit eu im fils. Mutîus , Gou- verneur de la Province , qui ignoroit & la retraite de Sabînus qu'il croyoit mort , & (on mariage avec Epo- nîne , àvoît conçu pour celle-ci une paffion très-vive ; . & il (bllîcitoi't (es faveurs. Le hazard lui découvre qu'E- . ponine efl mariée ; qu'elle a un fils de neuf ans ; & ce fils qu'il furprend avec (a mère , lui apprend que Sabl^

EPO 445

nus eft enfermé dans un tombeau. Il y entre^ poignarde Sàbinus. Eponine £è tue de défèfpoir ; mais un ami de . cette femme , venge mort , en poignardant Mutins.* M. do Chabanon a fait un Opéra de cjctte Tragédie, f^oycf SÀBiiïus.

ÉPOUSE SUIf^ANTE, ( f ) Comédie en un Aâe , en Pro- fe , par Ckevrier , au Théâtre Italien > i7î

Un homme de condition étant en garnifbn â Metz i devient amoureux de la fille d'un ArtUan de cette Ville » & répouïe. Comme il favoit que ce mariage ne (croit jamais approuvé de famille , il quitte (a femme , Se vient à Paris , il devoit le marier avec Confiance. Son époufë Ce voyant abandonée > s'éteit mile Femme de Chambre chez cette même Confiance , que fbn mari devoit époufer. Quelle fut la Hirprifè de l'un & de l'autre vlorfque £bn époux venant chez (aMaîtrefTe , vit en préfènce de (a femme , qui de £bn côté ignoroit que Coti mari connût Confiance ! L'amour du jeune hom- me £è réveille ; fa mère le fùrprend aux genoux de cette Femme de Chambre ; elle en efl d'abord courroucée ; mais elle découvre dans elle tant de vertus , qu'elle n'eft pas fâchée d'apprendre qu'elle efl la femme de Coa fils , & ne s'oppofe plus à leur bonheur.

ÉPOUX y (les) Opéra-Comigué en un 4âie y en Vaudevilles i par M, FaviTîy à la Foire Saint-Germain , 1740.

Le Préfîdent efl devenu amoureux de la Comteflê ; Se laPréfidence eft l'objet de l'inclination du Comte. Les deux Dames font une confidence réciproque de rinfidélité de leurs Epoux. Léonore imagine un tour pour les punir ; elle, & Marthon, Femme de Chambre, ic traveftifTent en hommes^ & feignent d'être Amans de la Préfîdcnte & de laComtelTe, Les Epoux reçoivent chacun un billet de la part des Dames qu'ils aiment,par lequel elles les invitent à un rendez*vous fbus des ha- bits de femme , de peur qu'ils ne foient reconnus. Cette entrevue fc pafTe de nuit. Lorïque la lumière paroît , les Epoux reconnoiffent leurs femmes & les deux prétenr dus Cavaliers à genoux devant elles. On peut iuger de leur dépit & de leur confufion : heureufement les deux Cavaliers fc démafquentt Le Préildcnt & le Comte de<

44« £ P O

mandent pardon â leurs femmes , 8c leur jurent une fi^ délité inviolable.

ÉPOUX PAR SUPEkCHEniE, (T) Comédie en deux ' A6ies j en Versy par Boijjy » au Théâtre Français f "744.

Comment fe prêter à la £ôion abflitde, qui fèrtda fondement â cette Coitiédie f Un Milerd prêt à Ce ma* ricr , & peu curieux d'époufcr celle qu'on lui defline^ fubfiitue â place un Marquis François ^ qui , fans que la partie interclTée s*en apperçoive ,vJ€ue le rôle du Milocd jusqu'à la consommation du mariage inclufive^ ment. Il n'eil pas étonnant que le Valet du Marquis prenne fon Maître pour un fou» lorfque celui-ci lui raconte ferîeu&ment (ba aventura. Ce manque de vrai- (èmblance eA prefquc le fèul défaut de cette Cproédie , dontles détails font Ci agréables , 5 ingénieux » d briUans i . fi comiques*

ÉPOUX RÉUNIS , ( les ) Of&ft-Comîjue en deux ASes , par Panard idla Foire Saint-Germain > 175^.

Julie , Epou(è Réparée de Damon depuis plufieurs années , le retfouye dans un Château il eft occupé à fiire l'amour à la Dame du lieu , qui eil une jeune veuve appellée Hortenfe. Lifette , Suivante de Julie ^ commence d'abord à perfécuter ce mari infidèle. Sous l'habit de Cri (pin , elle ordonne > au nom de Damon & à ibn îfifçu > i^lu/ieurs féte^ galantes 9 dont ori lui fait hori" fleur «wgré \uu Dans upc de ces fêtes « qui termine le pr(9iief Aâe > Julii? 1 déguifée en Bohémienne, dit la Bon^iS-iven^Ufe à fon époux. Pcr(uadée que la jaloufîe le f^J^l n«oyen capable de ramener ee volage y elle fe iraveftit exi Cavalier , ^ « de concert avec Hortenfe , eH^ le r^nd témoin d*un rendez-vous avec cette £elle« Ce ita»mg^»vç prçduit tout l'effet qu'on en a efpéré. Da- mon» piqpé # force le Cavalier à Ce découvrir : il re-** içopnçîr Juli^ ^ & réconcilie »vec elle.

ÉPOUX KtUNlS f(les) Comédie en trois Aêles , en f^ers ^de Cuj/çt deMerville , au Théâtre François , 1738.

Tendis que Li/îmon y Amant de Florilfè , fravaîlle â hâter £bn mariage, Dorimon, fon ami| arrive à Bor-

deaux* Ceft un rraî Philosophe , paflîonnc pour la li- berté. Marié dès Tâge de fei^e ans avec Lucile j âgée de ' douze 9 il voyagea dans les pays étrangers \ mais mfen- £ble pour une temme > dont il n'avoit pas encore eu le tems de connoître le mérite, il la négUgca, & fc con- tenta Seulement de lui écrire quelquefois. Il prit le non| de Dauiis « pour échapper à fes recherches, Jl conte fon hiftoire à Liiimon , qui, à Ion tour, lui fait confidence du mauvais (uccès de ion amour pour Lucrèce, Jeune veuve, endiite pour Florife. Le malheureux Lilî mon , raillé pat ibn ami , défie celui-ci de tenter heureufemént la même aventure.Damis accepte le défi.Lifîmon déclare à Florlle, que las delbupirer deux ans, il retirera, fi (bn^inariage li*eii pas condu dans la Journée. La converlation tombe enfuite fiir Damis ; 8c Lifimon fait confidence à Florile que Con ami a projette la conquête de Lucrèce. Flo- rt(e,per£Uadée de Timpoifibilité de ce projet, promet d*épou(èr fur le champ LifimoA , fi Damis réuflit. Ce- ' lui-ci devient Ilibitement anioureux de Lucrèce , qu'il riBconnoît pour femme ; ce qui donne lieu au dénoue- ment*

BJfRRUVE , ( /• ) Comédie en un Aâte^ en profe , de Marh vaux t aux Italiens ^ 1740.

Lucidor étant tombé malade dans une de (csTerres, y eil devenu amoureux de Mariàne , fille de Madame De(- martins (a Fermière. Cet amour eft le fruit de recon-

. noiilànce : Taimable Mariane lui a paru û fènfible à (a maladie, 8c d emprefTée à fa guérifbn, qu'il a cru de- ypir fe flatter de ne lui pas être indifférent; ce qui le détermine à la demander en mariage à mère , malgré l'inégalité de leur condition. Prêt a faire une démarche dont il doit attendre tout le bonheur de (a vie , il veut , par délicateflè , s'afTurer du cœur , avant d'obtenir la pern>nne:ce fentiment, qai le porte à faire l'épreuve

. quii donne le titre à la Pièce , fait craindre à Lucidor , que Mariane n'aime en lui que lès richeiïès ; & pour pénétrer ce qui fe pafl« dans le cœur de cette jeune per- (bnne , il ordonne a Frontin , fbn Valct-rde-chambre , de fe prêter à un âratagême qu'il a imaginé , & de pafler , non pour fbn domeâique , mais. pour un hooune riche,

i qui il veut faire époufcr Mariane. A ce mot, Marianc eft fi faifie , qu'elle n'a pas la force de proférer une feule parole. Lucidor ne peut plus retenir fes transports; il jette aux pieds de la charmante Maitrei& , lui déclare qu'il n'adore qu'elle ,& répoufe.

EPREUVE RÉCIPROQUE, (P) Comédie en un AOei en-prof e 'i far Legrand^ Alain &• Thierri, aux Fran* ^oisf 171U

Legrand n'a » pour ainfi dire » été que le préte*nom de VEpreuye réciproque , inférée" dans la dernière édition de fes Œuvres. Alain , Sellier de Paris x & une autre per- sonne qui ne voulut point être nommée', en ont été les .véritables Auteurs. Legrand y fit quelques changemens , î& l'appropria. Un de ces jeux qui plaident toujours au Théâtre , quoique peut-être trop.ulés & trop pué- riles , en fait tout le fonds. Deux Amans voulant réci- ' proquement s'éprouver , fe trouvent auffi infidèles , êc refient auffi lots l'un que l'autre. La Maitreflè ne voit , £bus l'habit d'un Financier , que le Valet de fbn Am^it. L'Amant , à fbn tour , ne trouve qu'une Soubrette fous les airs d'une Comteiïc. Cette bagatelle t& écrite avec ilégance » dialoguée avec feu , & pleine d'agréables fitua^, tions.

EPREUVES DE V AMOUR y(Us) Opéra-Comîque en un A6te , -par M* Anfeaume , fur la Mujique de Gilles » Gar- fON Peintre j à la Foire S.Laurent, 17 s

Le Public n'ayant qu'une voix en faveur de la Mufique de la Parade de Gilles j Garçon Peintre , avoit plus d'une fois défiré , qu'on pût la mettre fur des paroles plus fùp- portables,& moins diamétralement antipathiques à la pudeur & au bon fens. Il étoit auffi choqué de retrou- ver , phrafès pour phrafes , ces mêmes paroles éparfès çà & , dans les trois Volumes du Théâtre des Boule* vards. Le genre de Parodie qu'on entrfeprit fur cette Mu- fique, dcvenoit un Ouvrage fort difficile ; il a été tenté ; la Pièce étoit fort bien écrite ; mais trop foible. Un Roî déguifê en Berger, une Bergère avec Famé d'une Reine » un Confident , des meurtres , un exil , la demande d'une

frace^ tout cela étoit au-delTus des forces 6C de la nature e rOpéra-Comiquç,

ERIGONE^

ËRiGONE , TragéâedeUGrangf^himd^^^

Ceft ici un ptir kômaii ^ tôut-à-êiît côiitràîrè â h Vrai* " fcmblancè. Androclîdc , Minidrc ïE^at^-mct-Ta fUlc à la place de la Reine d'Epiret &' cette' dernière cft éle^ véc fdus le' nom d'd Né/éë, tàndis-iiufrratitrc ttft-fté le Trône fous le nom-d^E1Kgtyrtc^Attak yfils d'AndroeMe ,; aime Erigone & eh cfiaraié; ii èû ptk^ àcVépiÈiBifcTii Androclide s'oppbiè à.icrmarîagp ; î^nfirt-^ il appretid à fon fils , (ju'Erigone efi fa fœur. Attalfc veut fùtt ;; U Rciiie le fait arrêter ; elle lut déniandè raîfon de e^t-dé^i part; il lui eft défendîrpar ibil peré de^tcvélet k^ftt^ct ' de la naiflànce de la: Heine : il fe tak <îùèlqûe:^tëi«s ; mais ail quatrième Adffc $ if rfécùuvrcla vérité. EîigoAc^ en pirélehcc du peujple , Vetit Ccdér le Trône à Néreci & déclarer haînahèe , fen^'aîilour ^ ft» naalhewsi' if- mcrte rftrtime d'AndrfflplIde j pat un Coup Théâtre , qui tient du^ JéU des Qôbeïtts y vient i ion Itbttrkiinén- Ct^i^ut tandis <ju*Andt6dideétbit occupé k^àkitafciçs ennemis de l'Etat , cflc a fait un nouvel* échange 5^ de ^ remis4a Reine àXa vérita|>Lç pls^çe.- Mn^Sam-^^r^^c^cj^ Eft-iMuci DéuoueinènVplusi pi^rUef, Cetiie^^T^ aufli foiblemcnt écrite , que ricUculemc^nt .Im^gmée^ ^^ ,

ÉRI&0NE , Opéra m m Aâci pas^ki ib h Brûèrâ iMu-^

Jîque de Monaanviile ^ ; 1 74^5* : ^ - - j .

ij , ti'.M>;-îK

>, , ^JL.cfttjct.dc.çet Aiâ;ajeliumgle: cJeftHi^differëfiçé^de r: B^cçhus > iurmoncé^ par' les charmes de 1^ Njoi^he

, --EigCMie* . . _. . -'i . ^]

$RifÈI,iNpE , tapira in troitASes 'iparPoînfmet^Mwi

'-*- -EfnéUrtdè, fille dt^RoéôrfdvRBt de Nar^ge;,. Veut

r ' irè*Éèf?ifti- ^foit pere^ ipfét d?aitèî* combattre contre Sando**

mir ) Prince Royal de Danncmarek ^ fir xontce fiicî*

, niej^,^Roi de Gothie JSc d*lngrie. Ces Rais affiég^ i?t la

, ^i&éê}^ ^^ Nldrofîe ; ih iriomphent ; Etïtelîntfe Vdlt S

icspicHs Saridomif foYi Artïant'&Hicimcr ïbrt Tyran* €,cs

deux. Rivaux, unis- par la guerre^ font bientôt 'défunià

par la jaldufie. Rbdoàld permet à Sandomir de prétendra

i EmcHffdèv *6c fe- yettge afaifi de Rioimef-ibni^airt^

Tomel. Ff

Kifo '• ' E R R . î î C

queyr^ Ce ;Con(|uérant ficçmît de fureur ; il fait charger de fetS Ylodt>ald et: Samdomtr ^ « iaijie au <:hoix d'Erne^ . ^i^ i^ ià^<o;[ ipn père ou ion Amant. EUe demande I la gTRÇ^ fle.ftnpc/e, Cçt effort iuf fin cœur la jette f :f(4^ î^ d^^^poir. Rkim^r va» dans la pcifon , offrir la « ÛtktfU i^(o\^ Rival ain;ie ; inai$ à condition qu'il rcnon- t.*^6%î'^i>?jflS9nf??^^Qnùr préfet la mortvBodoald . 'îTi««t/Iui^g§ipi^ b^vçr fon vainqueur. Ernelinde paroit 1 ^M^ , armée de 4eiif pn^arasp.our s'immoler avec Ton i-^Â9iaBt>. W^fjÇff .\failant le Tyran les fait fdrticpour ^>f^i^X^^y.^ mcmp Tçmçic, fbn ennemi fiir TAu-

. '1isà\^'^'^^^:^^ P9^ à lui donnée", la

; m^in g rÂvtçl de Vénus; mais des Soldats, outrés de ^ l(oa injuftjui > le dé^naenp , Se Te rangent dii parti de ^ Ç^ndpmir.^ H y ^ ^ cotubat dans lequel Ricimer cfl .' vaincu, ^jççpif la^vk.&ia li&er^é^c^fon Rival gêné- es fcuKl S.p&?. ^<î^|P^ renonce % paflion > & nomme ^aA^Qfnîjr î^hçritîer de' ion Trènei tç3 peuples 4e ces g^ Sopycrailis , Ce réunjflcnt pour oélébrcr la gloire & le ± tqnhcm'^^e^Çandomir & d'Erneliridc»

vetfAîufiqàe^ie IH* Défendes , aihe'lmihns' y «77î< *

' La Comte db Saâiit>Alhei,.qus tayok rApouf^- Julie par

amour, change de fentimept ' F^>ur Ck. femme « ^ veut

. feduire la jc^ine Çateau j femme d^c Lucas. Celle-ci fait

; jattà folt n;iâri d^uhje lettre 'qfuc le Comte lut écrit , &

'" lî^ilÎHife Julie , qui à décôdVertrîhmj^c du Comte. On

convient que Cateau 8c Saint-Albe refieront iêuk un

^on^ent qnfemble , & quç Lucas v&. JVLadàme de Saint*

Albe paroîtront à lin Kgrial <\pnné. Ils montrcnc eh

cfiPet au moment qiK le Cdmté Veut embraffer Cateau.

Sainte Albe icéde âut:rj^4e'#es foftorAs ; t(>mbe<aux ge»

- noux dcfa éétnsàc ^ & atpiès uiïe, erreur d'un moment ,

-i ctÈ deux jépôux refTerrent làs liceuds de l^ur union.

. Ââesit par Panard y ta^an,,, d h Foire S*

j U ftç s'agit point ki 4e ces 4pi^euves terribles , fue '^^ V/éUtts impcrfe ^ Ga Riyé^^.irC^s ce font ici^uc criti-

a «es k plai&ntertes. Ceft un Plaideur ntvLtUt quUl faut échif ; ce font des Comédiens qu'il faut mettre d*ac^ cord, &c. Les détails de cet Opéra Comique (ôntagréa*^. biement variés ; mais rien , fur-^tout , n plus in9é« nieux que le Vaudeville du fécond Aâe. C'eft un (fia- logue entre Pluton , & les Ombres qu'il veut mettre en liberté. Panard y a déployé tout ùm talent dans ce genre.

£SOPE A LA COUR, ESOPE A LA VILLE, oulet Fables d'Esofe , ComédUs en cinq ASes, e/i Virj , de Bourfault, au Théâtre François , 16^0^ 170 u '

La feule hardieOe , indépendamment du fuccès qui Ta judifiée , d'ofer mettre > le premier , leç Fables d'Efbpe fur la Scène, & de s'approprier, pour ainfî dire,ces précièu- - fès dépouilles de l'Antiquité, ne pôttvoit partir ^ue d'un génie du premier ordrOé Tel efl le jugemcnt.de Sâkit^ Ëyremont , qui auroit pu ajouter une autre cjrcpnflaace ; c'cft qu'alors les Fable$ de la F.oi^taîne étoient dans Içut plus grande vogue. Je ne reporte ni fiijet, ni aucun cpifode de ces Comédies , èmmées , Hir^tout , pour l^rs éplfodes : elles font connues , parce qu'on les joue fort Ibuvent ; & que c'eâ principalement (ur ces deux Pi^s^ qu'çft fondée la réputation de Boûrfault.

f^OPE AU PARNASSE f Comédie en un A^e^énVm'Si avec un PiveTti£kment , par PejJHier , 1739.

titre de cette Pièce (èmble annoncer une critique ^ des Pèëces : il eil peu d'Auteurs qui n*euflent enviugé

ce (ujet fous ce point de vue ; mais Peffelier avoir ^s " tnctau trop douces , pour employer , même dam une Co«

itnéiip, les armes du ridicule. U préféra d^ dojyier

U plus dpux de n'avoir point à les craindre* La Ver- fîâcatioa de cotte Piéçp eft£M:ilei^ élégaïue & bienfou^ tcnq^.

On raconte t au fu jet de la première Repréftntation ^ une anecdote afiez remarquable. Les Comédiens don« noient à la fois, ce jour-là « trois houveautés, dont la 4çr44erc étpU Efop9 ou Parnaf^^ La première étant toxu*

Ffij

411. B S P

béé; Ic'tîélèbre Aâcur Montmény'vînt defnaiidef' aU ,FttbJiic$-fi l'on paiTeroità lafcconde* Cette féconde eut le

' - teémc fotu Montmény revint encore demander pathéti^^

quementau Parterre^ Ton pafferoit à la troifîéme f Le

- Public rit^beaucoup , & prit enfin le parti de Vindul*

r gence ^ rigueur s'étant épuifée en quelque forte fur les deux, premières nouveautés. Montmény : joua le rôle ^Éfope i circonâance qui ne nuifit point au fuccès de la Pièce» ...

ESPRIT. Ce qu'on appelle Efprit , eft tantôt une

comparai foti nouvelle» tantôt une altufîon fine: ' ici Tabus d:*iih nidt ^u*on préfente dansun'ftnj,

& qu'on. laiiTe'eriïehdre dans un autre: /un

jj: rapport délivrât entre deux idce§ peu communes :

i céft une métaphore fingulîete ; c'eftune recher-

- elfe de ce qu'un objet ne préfènte pas d'abord >

; rnaîs dèce qui eft en effet dans lui ;/c'eft l'art ou

de réunir deux cipjfes éloignées , ou dedivifer . deux chofes qui paroi (lent fe joindre, ou de les i^^ppofer l'une à Taucrp •, c'eft celui de ne dire qu à

moitié fa penfée. pour lâlaiffer défirer. Mais tous '. ^'•♦lîès^ferillans ne convicfnheiVc jamais dans la Tragé-^

die , ni dans àUcun Ouvragé qui doit intéreflèr. La

V «ràîToh en eft i qtf alors c eft l'Auteur qui parbîc , , ^, quelle Pubhçtne veut yoir que le Héros. Or ,ce "■■i Hérjo^ eft toujoursou dans- k paflîîon , ou en dan-

V geir. Le danger & les pafRons ne cherchent point

^■■•TEïprît;;: ' .'■,^';, ';/'"; ' ' ',' ''•;::

' . ; Cri à donc blâmé avçcxâîfon les Vers que Ra- . cine met dans la boucheidePyrrhus parlannà An- . 'dTonaaque dan&laiTfîpgédie de cenom :

Jei^pffre to|islç§ i^aux^que j'ai faits devant Troyc. / Vaincu", chargé de fers , de regrets confiimé , , ^ ^Brûlé plus de feux que jen en allumai.

Et' encore plus ce Vêts que Corneille met dans

*

ESP 4„

labottche d'Antîochus , qui vient d entendre la propolîtion d'aflaflîner fa mère , deRodogune, qui fe retire après cette propofition:

Elle fuit , mais en Parthe , en me perçant le cœur.

Toutefois il y a plufieurs occafions l'Efprit » dans l'acception ordinaire de ce mot , vient au fecours du Poète, & fembie lui tenir lieu de génie. Le génie produit de grands effets par un

Eetit nombre de moyens fimples. L'Efprit vient à out d'en produire en multipliant des reflbrts qu'il combine avec adreffè > en faifaht rentrer dans fon fujet tout ce qui peut lui prêter des em- belliflèmens, &c. On connoît plufieurs Pièces au Théâtre, qui ne doivent leur fucccs qu'à un tiflTii d'artifices ingénieux.

Dans la Comédie, l'Efprit trouve fa place plus naturellement. Dans un Portriiît , dàiis une Scène de converfatiQn , comme celle de la Co- quette & de la Prude dans le Mifanthrope : les Pièces de Dufrény en font pleines. M^is ce tfeft guères avec de l'Efprit ,. qiiè Molière produitTpn Comique y il le tire toujours du fond de fitiia- tion.

Dans l'Opéra, il fert à rendre un Madrigal plus piquant ; c'eft la manière de Lafl[u>tte& de Fontenelle -, c'eft rarement celle de Quinaiit , qui : met tout en fenti ment.

ESPRIT DE CONTRADICriON , (h Comédie eii un Aâe^ enProfe^ de Dufrény i aux François , 1700.

C'eft ici un de ces caradères qui produiront toujours leur effet fur la Scène ; & TAuteur met celui Madame Orontc , dans les po (irions les plus propres à le faire (bxtiu Celui d'Angélique » obligée de dillimuler avec

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\54 . .ESP

tous ceux qui renyîronncnt , tnéme avec ftn Amant ^ attache & întérefTe. On aime à la voir , fans autre reC» fburce que (on efprît , (ans rentremifè d'aucune Confi- dente , amener toute l'intrigue à (on but , & , (ur-tout » la volonté de (a mère à la (îenne. D'un autre côté , la

i'ufle impatience de Valere , la bonhomie de M. Oronte » e bons fens rafiné de Lucas , & la fottife de Thibaudois» tout contribue à jetter dans cette Comédie , ce mouve- ment , ces contraires , cette variété , qui (ont l'agré- ment de ces (brtes d'Ouvrages , & en perpétuent le fuccès.

ESPR7T DE DIVORCE , ( T ) Comédie en un ASe î en PTofe^par Morand j aux Italiens y 1738,

Madame Orgon ed une femme qui , ne pouvant vivre vec perfonne , cherche à rompre l'union qu'elle voit régner parmi les autres. Elle s'étoît déjà féparée de (on mari ; elle oblige fille <i'en faire autant ; elle chaile un Laquais » précifement parce qu'il s'cfl marié y Se qu'il vit en bonne intelligence avec Laurette , (a femme* Elle efi punie de fon méchant caraâère. Lucinde la quitte pour (uivre Dorante , (on Amant 6c (on Epoux ; Laurette l'abandonne à fon tour , Se lui préfère Frontân*

ESPRIT DU JOUR ^ ( T ) PMce en un A^e ^ avec iei Ariettes y par M. Harni,^ Mujique de NL Alexandre y à' la Comédie Italienne y 17 ^7»

Une femme joue le rôle de rE(prît du jour. Un Com-

ÎJaifant attend dans une Antichambre l'heure de (bn ever, L'E(prit du jour (e met à fa toilette ; & un Pro- vincial vient lui demander protedion pour obtenir un EmploL L'£(prit du jour promet de parler pour lui , Se donne ordre , à porte , qu'on ne le laifîe plus entrer* Le Perfîfilage arrive (lir la Scène : une Marqui(ê , qui aime (bn mari , fait le (iijet de (es railleries. Celle-ci lui répond avec intrépidité 9 & le quitte avec mépris. Un Chevalier vient après le Per/îfHage, L'Efprit du jour le trouve attrabilaîrc > parce qu'il cft raifonnable ; & il snoque de ceux qui le font affez peu , pour payer leurs dettes. La dernière Scène (c paffè entre Arlequin Se VEfytix du jour; &ils font la critique depre(que toutes

; EST 4fj^

les nouveautés qui ont paru dans ie tenms« L'AuteMt n'a pas oublié de faire au^ la critique & fa Pièce; mais a*une manière plus détaillée que celle des autres- Au- teurs.

ESPKlT^LLETj (T) au la Damb iNvisisù^fC&^r

médi^ en cinq Actes '^ en Vers, de Hauteroche ^ 1^84.

On a difputé cette Comédie à Haute voeke ; ft l'on a prétendu qu'elle étoît , efi tout ou en partie « de TliotRas

tiré d'une Comédie ETpagnolc , qu« DomrHle avoit ^- commodée à notr^ TKéâtve ^ mais Hauteroche Ta ffetMiuc.

avec plus d'art. Pontignan arrive de LktiDOg^s à Jhnis « pour époufcr Léonor , MaîtrelTe de Damis. Angélique, amie intime des deux Amans , charge d^empecber cd mariage. Elle cft exadement informée pa* un Valet > qui lui (ert d'E(pion , de toutes les démarehéside Pdmi« gnan ; elle le fuit pai**fOQC ; 8c y fkns fe ftie c VOir connoître , elle prend infenfiblement du goât pour le jeune Provincial , qui , dte £m câté , (lubHe Léonor , 6c prend de l'a^mour pour ht belle iafsnfibkî. C&n'eft donc plus uniquement pour Fincérét de km amie v c'eft pour efle-^mémc auffi , qu^Angélâifiie conduit céttte in- trigue a fit fin. Elle épouïe Pomrignair, quife trouve être l'Ami de fîyit itère ^ Se ptfacnre à Danois la libcbrté d'épouler Léonor. Une cloUbn ^ qui féparoit Con appar- tement de celui du Provincial , facilitoît les petits tour^ d'Efprit- follet , qui ont donné lieu au titrer de Cette Comédie, très - divertiHante > quoique hors de toute vraifemblance*

ESTHER , Tragédie de Racine , en cinq A&es ; ayeedef Chœurs y Mufique de Moretiii^ à $• Cyr 9 réduite en trois Aâles , &* donnée au Théâtre François , i7iï«

L'unité de lieu mal ob(êrvée dans cette Tr^édie* On vouloit rendre ce divertifTement agréable à &s en- fens , en jetcant midques variétés dans Itt d'écoratîon^ Toute la^ Coar aflilh i ce Speéhcle. Indépendawim^ent des applications réelles ou imaginaïtes qu'on cfoy(»it y trouver » le» ca^âèvev d'AiGièrus y d'Eâhei} ^ d'Aman ,

Ff iv

'4f6 tTÈ Ê T Ô E T R

4e Mardochée 9 & plus ^ue tout cela encore , la protec-^ tlon de Madame de Maintenon , lui aflurerent tous lef fuffrages* D'ailleurs , la vraie piété , U religion , l^i vertu , trouvent par«tout des admirateurs*

^TÉ des Coquettes 9 (2*) Comédie en un Aâej ea Profe; pàT Dancourt i au Théâtre François^ 169^

L* Auteur fait paflcr en revue quelques per(bnnage« récréatifs, mais qu'on a (buvent mis çn jeu* Celui de Clitandre , qui courtife , par quinzaine , Angélique » Cidalirè , la vieille Comteuè ^ & qui fait fa Campagne iàns fortir de Paris , fert de bafe au peu d'intrigue qui trouve dans cette Comédie ; mais la vivacité, Ta-r

Srément des Scènes & du Dialogue , fpnt oublier ce éfaut d'aâion.

TÈTOUKDEKIE , ( Z* ) Comédie en un Me , en Profe , de Fagan^ au Théâtre François , i737» Vpjei les CaraC' . arÉREs VE THALIB0

Cette Pièce porte uniquement (ûr une méprifè : peut- ' être même efi elle pouuee trop loin* J'ignore la jeu-

nefle de Madame Cléonte iuf$t pour entretenir fi long* temps l'erreur de Mondor. £û-il donc fi rare de voir une

femme mariée très-jeune , ^ une iîlle d'un âge plus que ' snûr ! Mais l'agrément aue ce qui-proquo fait naître , en- ' page le Speâateur à ^ prêter à. l'illufion : il jouit

l'ettet , iàns trop approfondir la caijifc*

f rot/RDI, ( r ) ou les CauTRETEMs\ Comédie en cinq ASlesy en Ver s ^ de Molière ^ 1^58*

Molière dévoua fes premiers efTaîs â la Province^ L*Etourdi , Pièce chargée d'événemens , mais divertif- . iànte , fut d'abord jo.uée à Béfiers. Elle parut depuis fi\r le Théâtre de Paris , & s'y montre encore de nos jours* Il n'efl point fur la Scène de meilleur rôle de Valet q.ue çcfui de Mafcarîlle : c'efl le Héros de la Pièce ; ft c'en peut-être le grand défaut-

jETRENNES DE V AMOUR ^ (les) Comédie-Efifo- diq^ey enunAâie , en Profe y far Mm de Cailhava^ au. Théâtre François y 1769.

Ç'çfi VAmour ^ à qui l'on vient demander dçs éti;cn-

EUD EU G 4f7

. nçu Une Coquette, un Financier vun Abbé , de )euiics Ara^ns fe préfentent tour-à-tour. L'Amour a donné (çs aîlcs à un Petit-Maître ; il donne au Financier fon ban- deau, à l'Abbé Ces tablettes , à la Coquette (on carquois , & fait le bonheur des jeunes Amans» Il accompagne (çs pré(èns , d*airs qui expriment un avis ou une critique*

EUDOXE ^ Tragi'Comédie de Scudéry , 16^99

Eudoxe, au pouvoir de Gcnfcric, Roi des Vandales » çfl (iir le point d'effuyer tous les emportemcrts d'uti amour méprifé, qui fe change en fureur. Elle met le feu à (on appartement, auffi-tôt qu'elle en voit enfoncer la porte. Le Roi ne doute point qu'elle n'ait péri dans les flammes ; & cette perfuafîon opère un changement: que les plus fortes repré(èntations n'ayoient pu obtenir* Mais Eudoxe a échappé à l'incendie par tendrefle pour ' fes filles , & dans rc(pérance que leurs Amans viendront la venger. Genferic loutient (on repçntir , & permet à U Frinceiïc d'épou(çr (bn Amant.

EUGÉNIE , Drame en cinq Aêles , en Profe , par M* Caron de Beaumarchais^ au Théâtre François^ i7^7«

Le Baron d'Artley , Gentilhomme & vieux Militaire » étoit reûé veuf depuis (èpt ans* Son fils & (a fiUe vi- voient éloignés de lui. Le fils, liommé Sir Charles ièrvoit en Irlande* Sa fille Eugénie avoit été confiée aux ibins de Madame Murer, fœur du Baron! Celle-ci, entêtée de la nobleffe & de la grandeur , devoit laîfTer tous (es biens à (k nièce,, en la mariant à quelque Sei- gneur. De (bn coté , le Baron avoit deftiné fa. fiUq à , un de fes anciens Camarades de Service, Se s'étoit lié, par un dédit de deux mille guînées , avec (bn ami* Ce- pendant Eugénie étoit aimée du Comte de Clarendon , & l'aimoit également* La tante , qui favorife cette in-* dinatipn mutuelle , ménage un mariage (ècret entre les deux Amans. Le Comte vit avec Eugénie comme Epoux ; il va endiite à la Cour , il trouve un autre mariage arrêté avec une des plus riches héritières d'An- gleterre. Eugénie étoit enceinte ; elle part pour Lon- dres , ne recevant du Comte que des lettres très-froides* C'eft-U que fe paiïcnt toutes les chofes qui font la ma- tière de ce Drame* La conclufîon eu que le Comte de

45» E X O

Clarcndon obtient que Ion crime fera pardonné , & |u'il époufera publiquement & dans les régies (a chère .u génie.

l

EXODE. UExode , chez les Grecs , étoît avec le Prologue > rEpifode & le Chœur , une des par- ties de quantité de la Tragédie : on appelloir Exode tout ce qui ctoit dit entre les chants du Chœur. Chez les Latins, c'ctoit un Poème plus ou moins châtié , accompagné de chants &: de danfes , & porté fur le Théâtre de Rome pour fervîr de divettiflement après la Tragédie. Les

f)lai.fànteries groflières s'étant changées en art fur e Théâtre des Romains , on joua TAtellane , comme on joue aujourd'hui la Pièce Comique à la fuite de la Pièce férieufe. Le mot Exode , Exo- dia y (ignifie Iflfues. Ce nom lui fut donné à l'imi* tation des Grecs , qui nommoient Exodion le dernier chant après la Pièce finie» L' Aâeur étoic appelle Exodiarius, TExodiaire; il entroit fur le Théâtre à la fin des Pièces férieufes , pour diflîper la triftefle & les larmes qu'excitent les paffions de la Tragédie ; & il jouoic cependant la Pièce Co- mique avec le même mafque & les mêmes habits qu'il avoit eus dans la Pièce férieufe. Mais ce qui caraftétifoit particulièrement TExode , étoir la licence & la liberté qu'on avoit dans cette Pièce d'y jouer, fous le mafque , jufqu'aux Empereurs même. Cette liberté , qui permettoit de tout dire dans les Bacchanales , cette audace de l'ancienne Comédie Grecque, fetrouvoit ainfi dans les Exo- des 5 non*feulement les Exodiaires y contreÊti- foîent en ridicule, mais ils y reprèfentoient har- diment les vices > les débauchss & les crimes des

E X O 4J9

Empereurs, fans que ceux ci ofaflent les em- pêcner , ni les en punir. Ce fat le feui dédomma- gement que les Empereurs [aidèrent aux Romains

après leur avoir ravi leur liberté.

Une Dame de condition , nommée Mallona » fut -accufée d'adultère par Tordre de Tibère , parce qu'elle n'avoit pas voulu répondre à fes dèf- feins honteux. Elle fe priva elle-même de la vie après lui avoir reproché fon infamie : ce repro- che ne manqua pas d'être relevé dans l'Exode qui fat chantée a la fin d'une Pièce Atellane.

On fait que Néron, entr'autres crimes, avoît cm- pojfonné Ion père & fait noyer fa mère ; le Comé- dien Datus chanta, enGrec, à la fin d'anePiéce Atel- lane , adieu mon père , aiieu ma rtiefé \ mais en chantant aileù mon père , il repréfenta par fe geftes une perfonne qui boit; & en chaïuant adieu ma mère , il imita une perfonne qu; fe débat dans Peau , & qui fe noyé : enfuite il ajouta : Platon vous condtêit à la mort y eu repréfentant auilî par fes geftes le Sénat , que ce Prince, s^voit menacé d'exterminer. Dans ces fortes d'Exodes ou de Sa- tyres , on inféroit encore fouvent des couplets de chanfons répandus dans le Public , dont on fai-r foit une nouvelle application aux circonftances du tems. L'Aâeur commençoit le premiers Vers du Vaudeville connu , & tous les Spedateurs en chantoient la fuite fur le même ton Quelquefois on redemandoit , dans une féconde repréfenta- tion , l'Exode qui avoit déjà été chantée; & on la faifoit rejouer, fur*tout dans les Provinces oi\ l'on n'en pouvoir pas toujours avoir de nou- velles. Les Exodes fe puèrent à Rome plus de 550

4#o E X O E X P

ans , fans avoir fouffèrt qu'une légère interrup- tion de quelques années.

Si quelque chofe reflembloit à l*Exode des An- ciens, ce leroient certaines Pièces de la Comédie Italienne , Ton ne .fe propofe d'autre but , que d'exciter à rire , par des traits d'une imagination bifarre , & dans lefquelles la décence , le bon goût & les régies du Théâtre > font également violés.

EXODIAIRE. Dans l'ancienne Tragédie Romaine ,

. c'étoit un Bouffon ou Farceur qui paroiflbit fur le

Théâtre , quand la Trégcdie étoit nnie, & formoit

ce qu'on appelloit ( VExodium ) ou la conduGon

du Speélacje , pour divertir les Speftateurs.

EXPOSITION. L'Expofition eft la partie du Poème Dramatique , dans laquelle l'Auteur jette les fon- démens de la Pièce , en expofant les faits de TA- vant-Scène qui doivent produire ceux qui vont arriver s en établifTant les intérêts & les caradères des Perfonnages qui doivent y avoir part ^ & fur- tout en dirigeant Pefprit & le cœur du côté de l'in* térêt principal dont on veut les occuper. Mais comme la Tragédie eft une aâion $ il faut que le Poète fe cache dès le commencement , de ma- nière qu'on ne s'ap perçoive pas qu'il prend fes avantages , & que c'eft lui qui s'arrange 9 plutôt que les Aâeurs n'agiffent. Beaucoup d'Expoutions de nos Tragédies reflemblent bien moins à une partie de l'adion, qu'à des Prologues des An- ciens 5 un Comédien venoit mettre le Speâa- teur au fait de l'aâion qu'on alloit lui repréfen- ter , en lui racontant franchement les aventures palTées qui y donnoient lieu» Le Poète s'aâran-*

/

EXP 4^1,

efaifToit par-tàde lare pénible de mêler les échaf-^

fauda^es avec rédifice > ôc de les courtier en orne-

mens. Corneille lai-même ne s'eft pas fort élevé

au-detTus de cet ufage dans TExpoticion de Rodo-

gune,' , par un Adeur déCmtètctCé ^ il fait faire

à uh autre y qui ne reft pas moins , toute Thiftoire

néceflàire à 1 intelligence de la Tragédie ; & Thif-

coire eft longue , qu'il a fallu la couper en deux

Scènes , ou l'interrompre, pour laiflfer parler les

. deux Princes qui atr4vent ; & on la reprend dès

: qu:ils. font Tortis.; Ceft le plus grand exemple

' 4'une Expoficion firoide : niais aulU c-eft ce même

.Corneille qui en.a: donné le plus parfaitjnodèle

dans la ;Mort: de Pompée, Étolomée tient con-*

feil fur la conduite qu'il doit tenir après la vic-

toire de Céfar à Piurfale, Cette Expoficion eft

- iimporante , augufte i attendriCTaritei elle forme en

-ymcme tems'le ncfeud de laâioni ' v ,

":: ta première réglé. de rExpofition eft- de bien

r iaii^ connoître les Perfonaages y celui qui parle,

ceflui à qui 'OU parle, & celui dont on . parle , le

^ îkeù' iîs' font , Je tems Tadion commence : j

. Que dès les premiers Vers ', ratftîon préparée , Sans peine , du fujee ap planifie l'entrée; L^ fujet n*cil jamaiâ aflc* tôt expliqua» . ; .

' Ùt grand fecret êft d^exdter d'abord beaucoup de -Cdi?ityfité : " ";• '*' - ''- "-■'■ *^ '■ : Inventez des reffôf ts^<jur puiflent m^attacher*

^ Toute Sec lié qui: ftè donne pas envie de voir les

\ autres, ne vaut rieii.

"' Si le fujèc eft grande eft connu, comme la

..Mort de Pompée , Te Poète peut tout d*un coup èocrer en matieire -, les' Spèflateurs font au fait de Tadbion commencée dès les premiers Vers fans

4«i EXP

obfcurué. Mais les Héros de la Pièce font tous nouveaux pour leSpeâateur , il faut faire connoi* tre ,dès les premiersVers , leurs dsfférens intérêts » &c. L'oubli le plus léger fuffit pour détruire toute sllufîonk Une petite circonftance omife ou mal préfentée , décelé la mal adreiTe du Poète , & af- fbiblit rintérct. 11 faut expliquer tout ce qui le de- mande > 6c rien au-delà.

Corneille prétend que le Pocte eft difpenfé de motiver y dans l'Expotition ^ l'arrivée des Adeurs : c'eft une licence qui peut quelquefois être prife : mai il femblequ il eft mieux de s en paflfer. L'Aâe eft &otd quand TExpolîtion n'eft pas amenée par un incident important* Il eft même à fouhaiter qu'elle en foit fuivie.

La manière la plus commune > & par confé- quenc la plus défeâueufe d'amener une Expdfi- tion , c'eft de feire faire à un Aâeur , par un au- tre, tous les récits dent il a befoin i tantôt dans le deflein d*inftruire un Perfoniiage qui n eft pas au feit, tantôt en loi rappellant ce qu'il peut avoir oublié ^ quelquefois même en lui difant qu'il s'en fpuvient , comme fi c'étoit une raifon de le lui redire, De-là deux défauts : celui de la leffèmblance & celui de la langueur. Le Spcûa- teur eft tellcmetu. habitué À cet ufage, qu'il neft qu'auditeur dans le commencement. Il ne compte pas quil foit encore tems d'être ému. Les régies veulent qu'il attende i & il abandonne le premier AStc , quelquefois davantage , aux b^ef oins du Poète , dans, l'cfférance. qujl lui ménage par-là de grandes émotions.

On doit tâcher de mettre tout en aftion jufqu'à rExpofitiou. On en impofe au Speûateur , qui

E X P 4^j

fe trouve d'abord dans rillufion. Il n'apperçoit pas le Poète fous les Perfomiages. L'art des pré- paratifs difparoît. Il eft difficile en efîèt de croire que les difcours de deux Perfoiinages païïîonnés ' ayent d'autre objet , que de développer leurs feii- timens ; & à la faveur de cette émotion , le Poète inftruit adroitement les Spedateurs de tout ce qu'il a intérêt qu'on fâche.

Si le Poète Ole débuter par une fituation forte , il fe mettra dans la néceUicé de fou tenir le ton qu'il aura pris; èc fon Ouvrage y gagnera.

Si le Poète a choifi un fujet dont TAvant-Scène ne (oit pas trop compliquée, l'Expolîtion e^ fera plus facile & plus claire: il eft à fpuhaiter que _ l'adion commence d^ns un jour illuftre , ou dé- ^^firé, rçmarquat)le par ;qujelque événement qui ;, tienne lieu d'époque, ou qui puifle le devenir, , Corneille manque rarement à cette réglç, 11 dpit , JTc'ménager, autant que fon fujet peut le lui per- mettre, quelque defcription brillante qui paf- 6onne Ion Expofition , comme le difcours de Cin- ^ jiaaux vJonjùrés , comme le récit de la mort de : Cresfonte dans Mérope.

2" " CExpofition d'Othon eft citée comme modèle : elle e(]; naturelle , hoble , bien amenée , naarq^ée \ par une époque intéreflante II s'agit de défigner J^un fi|ccefteur à Galba. L'Avant-Scène y rentre ^^jivep beaucoup de netteté Se précifioç. Mais ]'nQ, nl^q^e-^elle pas J'objet de toute Expiofîtion , ^';quf eft d'exciter un vif iiitétét au moins de cu- r rioûté l Othon eft amoureux de Plautine , fille de ^,yin|us^; Çonful ^ Miniftre de Galba. . Albin , , ÇÎQ,ij6dçttç d'Othoa, confeille à fon Maître de "s*atacher à Camille, nièce de l'Empereur, qui leur

i - v^ >

4«4 fe X 1^

portera TEmpire en dot. Voicî comtheht Otîiôil rejette cette propofitîon :

Porte à (Taiures qu'à moi cette amorce inutile; Mon cœur , tout à Plautine « efl fermé pour Camillcé La beauté de l'objet, la honte de changer» Le Hiccès incertain, rinfaillible danger , Tout met à ces projets d'inviQçikJes obfiacles.

Un Amant qui fait entrer l'incertitude de téùf- (îr auprès d'une autre femme , dans les raifonS d'être fidelle à celle qu'il aime, ne peut jamais in- tcrefTer vivement ; & Plautine, qui renonce génc» reufement à Othon , ne réchauffe pas l'intérêt eii lui offrant le dédommagement d'un amour au- deflus des fens.

L'Expofition deBajazet paroît d*un ordre îrifi- niment fupérieur. Ofmin arrive d*un long voyage* L'étonnement qu'il montré en entrant dans Tin- térieur du Sérail , fait voir qu*il s'eft paffé quel- que chofe d'important dans fon abfence> & qu'il ne peut favoir. Les queftions d'Acomât laiflent entrevçîr une partie de fés projets. Il y a peu d'Avant» Scèneç auflî chargées^ de détails néceflài- res; & il yen a. peu. qui foïent aufli claires. Aûflî ' cette Exrpôfitioh pa(îe-t-elFe pour un modèle uni- que ;en foh genre. Mais Ae pourroit-bri pas lui Î>référer encore celles qui joignent a ie mérité, ce- d'être en fentîment 6c en taebléauic ? Il femble que cèlIé; d'Iphigénie uni t'ee doublé avantage* Un grand Hoi, réveillé par fes iniqùïétudes 'pa- ternelles. Voyant fes Soldats endormis autour de ' lui , forme Un tableau bien noble ; & les combats ' tle fon. coeur forment une Èxpofitîon bien tou- ' chanre. Ceft encore. mérité de 'Scmîrârriîs.Xei '' Grand Prêtre, qui reçoit^dey màîns d'iitfàce'le

coâxç

cofïre qui contknt la lettre , le glaire 8c la coa* ronne de Ninus , forme dès-lors le nœud , & pré- paré le dénouement. Ceft le comble de l'art. Les Anciens ont connu ces Exportions en tableau:c* Voyez celle de l'Œdipe Roi. L'ouverture de la Scène préfente aux yeux une place publique » un Palais, un Autel à la porte du Palais d'CEdipe, des enfans , des vieillards profternés , demandant la fin de leur% maux. En remontant encore plus haut , on peut voir par TExpoiition des Cœphores comment Efchyle avoit conçu la Tragédie. Le fond de la Scène eft le tombeau d'Agamemnon» Orefte y arrive avec Pilade ; il invoque Mercure » qui prefide aux funérailles. Il coupe fa chevelure pour la répandre fut le monument i & tandis qu'il eft occupé à cette pieufe cérémonie , il ap- perçoit de loin Eleâre la fœur » à la tête d'une troupe de jeunes filles qui s'avancent avec des dons pour le Mort.

Lamotte » après avoir loué les Expofîtions éti tableaux , prétend qu elles font très-dangereufes » & que l'Auteur , avant que de les hazarder , doit bien confulter (es forces. Selon lui , il eft à craindre que le Speûatcur ne voye avec peine le Théâtre prefque vuide , après l'avoir vu occupé par une foule de Perfonnage$. Cette crainte peut être fbn-* dée;maisilny a guères que le défaut d'intérêt dans les Aâ:es luivansyqui rappelle au Speâateur que le Théâtre étoit rempli au premier Aâe ; témoin Brutus & les Ouvrages ^éja cités.

Les principes de l'Expoution font les mêmes

•pour* la G>médie. La plus grande attention de

l'Auteur doit être de raire marcher de front le

Comique» le développemeât du fujet & celui des

Tome U G g

/

466 F A B

carâdcrcs. Quand la Pièce eft en Ouvrage de ca- ra<aères , il eft permis de s'occuper de leur déve- loppement, plus encore que de rexpofition du fujec. Telle eft la première Scène du Mif anthrope , qui eft employée principalement à deiEner les caraôères d'Alcefte & de Philinte.

S^ Able. Ccft , dans la Poétique d'Arîftote , une des fix parties de la Tragédie. Il la définit , la compo- fîtîon des chofes. Il divife les Fables, en Fables Am- ples & en Fables implexes. Il appelle fimples les avions qui étant continues & unies , finiflent fans reconnoiflance & fans révolution. Il appelle im- plexes 9 celles qui ont la révolution ou la recon- noiflance y ou mieux encore toutes les deux.

Dans la Fable fimple , il n'y a point de révo- lution décifive. Les chofes y fuivent un même cours, comme dans Atrée. Celui qui méditoit de fe venger , fe venge. Celui qui dès le commence- ment étoit dans le malheur , y fuccombe , & tout eft fini. L'inconvénient de ces fortes de Fables , c'eft qu elles ne portent pas aflez loin la terreur & la pitié.

La Fable împlexe , dit M. Marmonte! , eft à révolution fimple, ou à révolution compofée. Dans le premier cas , s*il n'y a qu'un Perfonnage principal , il eft vertueux , ou méchant , ou mixte ;

-& il parte d*un état heureux à un état malheureux ou au contraire. S'il y a deux Perfonnages princi- paux , l'un & l'autre pafTent de la bonne à lamau-

^ A 6 , 4(Sf

Vaife Ê>f:tiltlé , bu de la mauvaife à la bôhne ; oii la fortune de Tùn perfîfte , candis que celle l'autre chatige>& ces cambinaifons fe multi^ plient par la qualité des Perfonnages , dont cha^ cun peut être méchant bu bon , ou mêlé de vice^ & de vertus.

La Fable à révolution eompofée^ oU double i, doit avoir deux Perfonnages principaux y bons i bu mauvais , ou mixtes, & la même révolution doit les &ire changer de fortune en fens contraire^

Dans la Fable unie & fimple, Ton repréfentâ le malheur du méchant , ce malheur n inf pire ni pitié ni terreur ; nous le regardons comme la jufte punition de foii érime. Si c*eft l'homme bien qu'on nous retrace dans le nlalheur & la difgrace > fon malheur à la vérité nous afïlige Si nous épouvante \ mais comme ce malheur ne change par aucune révolution > il nous attrifte , nous décourage f de finit par nous révolter. Il ne Jrefte donc à la Fable (impie , que le malheur d'un Perfonnage mixte , c'eft-à-dire qui ne foit ni tout-* à- fait bon ^ ni tbut- à-fait méchant.

Dans les Fables à double révolution , il faut éviter de faire entrer deux principaux Perfonna- ges de même qualité i car (i de ces deux hommes également bons ou mauvais » mêlés de yicei & de vertus , lun devient heureux & l'autre mal* heureux , rimpreffioU de deux événemens oppo- fés fe contrarie & fe détruit. On ne fait plus l*oa doit s*affliger ou fe réjouir, ni ce qu'on doit craindre ou efpéren II faut éviter auflî d'y faire périr l'homme de bien , & profpérer le méchant* Mais il faut ob fer ver la régie contraire, c'eft-à- dire > que le méchant tombe dansFinforrunes Se

Gg a;

E

4^8 FAB

que le Jufte>le Vertueux , pour qui ons'intérefle, ladè du malheur à la proipéritè. Ceft ainfi que fa verrueufe Iphigénie t qu on tremble de voir im- molée félon rOracle de Calchas , fe trouve fau- vée ; & Eriphile fa Rivale , injufte & méchante» Te trouve ) par la même révolution , ctre la malheu- reufe viftime déûgnée par TOracle -, 6c elle s'im- mole elle-même de rage & de dépit.

La Fable tragique , félon Ariftote » peut Ce combiner de quatre manières diâTérentes : la pre- mière » lorfque le crime s'achève i la féconde > lorfqu il ne s'achève pas ; la troifieme t quand il eft commis fans connoifTance , & comme invo- lontairement ', la quatrième ei^n , quand il eft commis de propos délibéré. Dans toutes ces com* binaifons , le Poète habile peut trouver de Tinté- reflfant & du pathétique. Dans Œdipe , te crime eft commis avant d'être connu , & la connoif- fance qu'en ont en fui te ceux qui l'ont commis , caufe la plus grande terreur dans le Dénoue- ment. Dans Métope y & dans Iphigénie en Ta^iride^ le crime eft reconnu avant que d'être commis» Mérope reconnoit fon fils Eeifte fur le point de Timmoler : Iphigénie reconnojt de mêmeOreftei fon frère , au moment elle va le facrifîer. Cette reconnoiftance empêche le crime de fe confom- mer. Mais le Speâateur n'en a pas moins frémi fur le fort d'Egifte & d'Orefte ; & le bat de la Tragédie eft également rempli dans ces Fables.

Le grand Corneille a inventé une autre combi- naifon pour la Fable tragique , ou > fi l'on veut , un autre genre de Fable ; c'eft celle le crime , en- trepris avec connoiftànce de caufe , ne s^achéve pas. La fin de ces fortes de Fables n'a^rien de tQu«

F A B ' é^^9

chant ; mais elles ne laîfTent pas de donner lieu » dans le cours du Speâacle , au plus grand pa- thétique & aux plus fortes émotions de Pâmes par les combats que doit éprouver celui qui a mé- dité le crime. 11 faut obferver dans cette forte de Fable, que celui qui a entrepris la crime , ne Tabandoune pas par un' fîmple . changeaient de volonté , mais qu^il en foit empêché par une caufe étrangère.

La Fable de la Comédie confifte dans TExpo- fition d'une aâiion prife.de la vie ordinaire , dans Te: choix des caradkères , dans l'intrigue , les inci- denSj &c •> au moyen defquek on parvient à foire fortir le ridicule d'un vice quelconque , fi le fu- jet eft vraiment Comique -, ou à développer di- vers fentimens du coeur , fi le fujet n'eft pas véri*

. tablement Comique.

La Fable , foit Tragique , foit Comique , efl: ce qu'on appelle ordinairement le Roman de la

' -Kéce. ... ^ . ^ .

FABRIQUANT DE LONbRÉS, lie) Drame en cinq Aâl^s y en Profe ^ par M* Feriouiliot de Falbaire » au Théâtre François ^ ifTt»

Un Fabriquant de Londres, veuf, Se père de deux eiifans, a reçu chez lui une mère avec fa fille. Il cSt amoureux de cette fiile ainiabic , Se veut Tépoulèr ; mais il craint la rivalité d*un Lord qui la demande en mariage. Cependant Tamour èc la reconnoiflance lui donnent la préiEércnce. La mère prévient le Fabriquant ^ qu'elle a été aimée & abandonnée par le Lord Kingûon , & que Gl fille née de (es amours infortunées. Le Fabriquant perfiâe dans (a réCblution. Le même jour de Ton mariage , la banqueroute d'uA riche Banquier , en- traine la perte de toute fa fortune. Il ne peut furvivrc à fa douleur de à fa hontt : il veut noyer. Au moment

d*exécuter fbn fotzi projet } il rencontre Aliiord Kingîlon ^

G* g »M

'470 F A C F A M

que Ces remords & l'ennui de la vie déterminent ighi lement à le jetter dans la Tami(è« Leur rencontre de* vient heureulç par Texpliçation qu'ils ont en(çmble« L*épou{ç & les amis du Fabriquant , le cherchent. Le Lord reconnoit la femme qu'il avoit délaiffée , & répare fa faute en lui donnant fa main. Il approuve le mariage de (a fille avec /le F^briqu^t , & il les comble biens,

fyfCHEC/X, (les) Comédie <ii frozV A&es y en Vers^ avec des Intermèdes liés à la Pièce y par Molière %

La Comédie des Fâcheux n*eft qu'une Pièce à tiroirs l im tableau mouvant , les principales efpéces de Fâcheux paflent en revue tour- à-tour. Les caraôèreà en ibnt variés y les portraits reïïemblans. Ce fut cette refr fèmblance extrême qui fit fiiccès de cette Comédie : elle produi/ît une forte d'intérêt bien fu^érieur à celui qui part de l'intrigue. On dut (ur-tout être frappé de rélég^nce continue du Ayle ; mérite à faifir , fur-tout dans un Ouvrage que l'Auteur doimc pour un im-. promptu*

JAÇONS DU TEMPS y {les) Comédie.en cinq A&esi en Profe , par Sùnt - ton » au Théâtre François »

Cette Pièce efiun tableau de tout ce que préfentent '^ans le monde un jeune Libertin , un Valet intriguant , des Préteurs fur gages , des Efcrocs , des Femmes d'in- trigues, dcs^ Créanciers , des-Uiliriers , & tous les gens 3 u^n appelle la mauvaift Compagnie. On retrouve ^ ans cette Comédie , trcs-légercment écrite , le même Î renie & la même manière de dialoguer du Chevalier à a Mode Bl des Bourgeoifes à la Mode , imprimés feut le nom de Dancourt , & qu'on (ait être » du moins en partie , de SaintrYon.

FAMILLE^ (la) Comédie en un A&e^ en Profe ^ par TAffichardy au Théâtre Italien ^ I7î6«

Lycafle a été introduit par (on Gpuvçrneur , chex im Marquis. U ^imç fa fillç. On t^ lui accordcroii fi

F A N f A R ^ 471

- Ton connoîflbit (a famille » qu'U ignore luî-mçm^,» Son Gouverneur > abfent , eft le (eul dépontairc àe ce fècrçt. De retour , le Gouvcrileiir apprend à Lycafte qù*ÎPfeft lui-même fbn père > & iilç du Marquis de'. ; •^'« « qui Ta chafTé depuis plus de vingt ail$ de fa mai(pn ^ pour avoir époufé une Demoifelle c^ontipe fo^.gr,^,>JLai rcconnoiffancc faite, Lycafic cpoufc Mélite* . '

KàMILLE EXTRAVAGANTE ; (fez) Comiiit m un AHe ; tnVerSy avec un Divertilfement ^ par Je Gt(t^4 iJ Mu"^ fique de Gilliers , au Théâtre Frar^ççiis t ^79^;-::::^' 1

La mère , la fœur & la û\h 4H»«f JPricwrçw i ft^i fionnent pour Cléon , Amant d'Eiifc. Le frcjcureûjr l^i- mcme a fiir cette Belle des vues àc mariage ; ^ la^^a- lité de Tuteur femblc li^i 4onnet dt$ drôitV àdnf ïh'eil bien réfblu de profiter. Il èft trahi par (oii €ierc 5 amou- reux de Lifette , Suivante d'Eiife# Lçs &lb^ q^p dif^nt CCS femmes , ridiculement paffiopnéeç poux, 1er mêpc homme , forment pluiiçurs Sççnçs qvii rçmpliflciit par^ faitement le titre de la Pikc. ' , ^ ,.^

FANTOME ÀmURÉUX ; , (le i Tragî^Çoi^d''ie Mrée de rEfpagnd y en cinq Aâles ^ en Vers ^ par Quinault ^ - 1557. ' - ; '' \ ■■ '-' [

Un Duc de FeïKMre croît ^avoîr fait aUàOjne^ .(on Rival ; mais les coups ïbnt/tombés fur un incotlnu*

' Fabrice ^ c*«ft le nom prétendit mort, met à pfofit Terreur du Duc, pour l'effrayer & parler- àfac Maitt^fie* SUq retire dans la w^fon de Çarlosj, Am^^ffde la fœur de Fabrice. Le Duc. s'y rend v ou plutôt y_t,on|be par une trappe. Il (c fepeiit;* Fabrice ù; montre; &'la

' riéce finit par le mariage de Carlos et le fîcn. 'CVfl dans cette Comédie , qu'on voit pàroîtrc , au iècond Aâe , le cadavre d'un homme msîffacré*

FARCE. Efpéce de Comique groflîer , CQiitjCs let régies de la bienféatice & la vraifemblaQce font également violées. Le Comique , dont on fait le plus grand ufage dans ces fortes de Pièces , eft celui qai naît des é^ivoqucs > des méprife^ de

G g ir

4

:^7i FAR

mots ou du choc de penfées contradiâoires ; & les Scènes n'ofirenc, pour Tordinaire » que des gri-- tnaces bifarres, des portraits indécens & desévé-*

' nemens ridicules. On en a i^u cependant qui o(^ froient un Comique très-agréable. Une des plus célèbres eft celle de T Avocat Patelin , que Brueys » fans rien changer au fond du Aijet , fut ^céèki^ moder à notre Théâtre > elle réuifit encore. La - Nature , dans fa balTeflè & dans fa dégradation »

« eft principalement ce que Ton cherche dans les Farces. Les vieillards y font d'une crédulité ftupi- de , & tombent dans les embûches les plus évi- dentes. Un Valet , un Balourd, tient le fil de Tin- trigue f & Élit réuflir Tes projets par des moyens groffiers, & qui choquent la vraifemblance.

L'erreur t la fur pri le , ou Tirnage libre des chafes qui devroient être voilées, font ici un principe du rire comme dans la Comédie ; mais ce qui eft

Î^lus particulier à ce gen^e , fi c^en eft un , ce font , es contre-vérités, un fang-ftoid déplacé^ un gefte qui contrafte avec une aârion ou une exprefnon » ; une reconnoiffance imprévue qui démaifque un fourbe, &c.

Malgré tous ces défauts attachés au genre, ufie Farce excellente n*eft pas Touvrage d*un homme ordinaire. Il y Ëiut beaucoup d'adion & de mou- vement, une gaieté originale , des caraâères teC* femblans , quoique délurés & grotefques, fem- bkbles à ces portraits de Callot , les prin- cipaux traits de la figure humaine font con- fervés.

Pourceaugnac , plufieurs Scènes des Fourbe- ries de Scapin , du Bourgeois - Gentilhomme ^ du Mariage Forcé » du Médecin malgré hii » dia

FAT F A U 47)

Malade Imaginaire i font des modèles en ce

genre.

On donnoic autrefois le nom de Farce à la pe-' rite Pièce qui fe jouoic après la grande. Elle n'ofl- froit que des bouffonneries , des jodelecs, que des Auteurs complaifans aflàifonnoient de quelqu ac^ tion exprimée le plus fouvent en petits Vers. Ri- coboni même > dans Tes ObferTations fur la Co- médie y ne donne pas d'autre nom aux petites Pièces de Molière » & même aux Précieufes Ridi* cules » Tintrigue , les caraâcres Se Taâion for- ment un enfemble parÊiit.

TjTT^PONI f (le) Comédie en un A6le , en profe , par M4 de Ferriûl de Pont - rfe - VeyU » au Théâtre François % 1758.

Le fujct de cette Tîécc cft tiré du Gafcon Puni , Conte de la Fontaine ) que Mademoi(èlie Quinault avoit dit à M. de Poht-de-Vcyle ne pouvoir être mis décemment en adionfur notre Théâtre. L'Auteur a vaincu la diffi- culté, jSc a enrichi la Scène Françoilè d*une très -jolie Comédie.

' / "

WAUCÙfî % (îe) Comédie en un ASe ^ en Vers ^ par

Mademoifélle Barbier > attribuée à PeUegrin » au Théâtre

François^ i7i^»

Plufîeurs perfbtinesr ont voulu conteflet à Mademoî- icUe Barbier , la gloire d'avoir fait cette Comédie , dont le plus grand mmte efl d*étre paflàblèment ver/î- £ée. Tout le mondé coîinoit ce (ujet , tiré de Bocace , R bien narré par la Fontaine , & mis en adton par d'autres Auteurs Dr amatiqUes, ^

FAUCON^ ( kyOpéra-Comique en un^ASeideM. Sedainei Mujique de M* Monjignyy aux Italiens ^ 1772.

Fédérici Gentilhomme ruiné , reçoit la vifite de CUtie,'

474 , FA U

fa MaîtrcflTc , quî vient lui demander à dîner, ta^nîfere il fe trouve ne lui permettant pas de lui faire faire bonne chère, au défaut d'autres mets , il lui 6it fer- Tir un Faucon , qui étoit toute (a reflôurce ; parce ^uc cet oifeau étoit admirable pour la chaflè. On fe met a table ; & Clitie , qui xgnorpît que Fédéric eût tué fon Faucon , lui dit que fon fils , qui fe mouroit , dé/îfoit qu'on lui donnât cet oifeau ; qu'elle feroit enchantée de pouvoir le fàtisfaire. Mais quel étonnement pour clic «

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parfait»

FAUCON ET LES OY^S DE BOÇAÇE, (le) Comiiie en trois ABes , en Profs , avec un Prologue &• des Diver-i ti£emens y par de Vljle , au Théâtre Mien ,171^.

Hamînîa remeVcie Pierrot , Berger des environs , des offres d'hofpitalité qu'il lui fait , parce que chaife , c|ut s'eft rompue , ne peut être raccommodée le même iour. Pierrot s*excufe fur ce qu'elle fcramal logée ^ 8c lui apprend qu'elle auroit pu l'ctrç bçaucoup mieux dans une petite maifon du voifînage ; mais qu'elle eu habitée par un Solitaire (àuyage , qui n'a avec lui qu'un Valet innocent , a qui il perHiade que les femmes font des oyes , & qui ne veut pas permettre qu'elles' approchent de fa demeure, Flaminia , fiirMife d/e.cft qu^cUe vtenit . d'entendre, fe propofe de paflçr. tout le refte du Jour dans cette forêt, pour s'y donner la Comédiç aux dé- pens du Maître fàuvage & du Valet innocent. Colom« bine lui dit que ce Maître,. fi ennenvi des: femmes, pourroit bien avoir eu quelqife Ma^treife auffi cruicdle qu'elle l'a été envers le pauvre Léîio, qui après ?^y,oic dépenfé tout fon bien pour bit pJaire , a di^iiaru pour toujours , défeg>ér^nt de Tattçi^ir. Lélio étoit précif é- mentcc Solitaire Sauvage dont Oin virent de parle?. Il donne à fôuper à Flaminia & tiie le Faucon ; ce qui tou- che tellement cette femme » qu'elle lui dpnne fon cœur & main, ^

F A V F A U 47;

fAVORI^ (le) TragUComUie de Madame de Villedieu^

166s.

Moncade , comblé des faveurs du Roi de Barcelone , conçoit la pafiton la plus vive pour une femm^e la Cour, nommée Lindamife , & ne peut en obtenir le retour qu'il défîre. L'ennui s'empare de fon coeur ; il fe retire à £à maison de campagne. Le Roi , qui Taimoit uniquement y vient l'y trouver : on arrange une partie de chaiïè* JVIoncade s'excufe, & ne veut point y aller* Le Roi pique , trouve fingulier que Moncade puiilè encore dé/irer quelque cho(e , lorfqu'il ed comblé des faveurs de fon Roi ; & il Texile. Lindamifè , touchée de la difgrace d^un Amant , auquel elle n'avoit encore donné aucune efpérance , laiflè éclater fon amour , & veut fol- liciter fa grâce. Le Roi n*en efl que plus irrité , & fait emprikviner Moncade, Cependant fa colère s^ap- paile ; & 9 touché de la fîncérité de Lindamifè , qui lui , remet devant les yeux tous les lèrvices que Moncade lui a rendus > il les unit tous les deux*

lAUSSE AGNÈS y (la) ou iePqets Camfagkarv^ Comédie en trois Aâes^ en Profe^ précédée à^unProiogue » en Vers j par Néricdult Dejlouches ^ au Théâtre François %

Le rôle de cette faufle Agnès a beaucoup de reflçm- blanee avec les Folies Amoureufes ; les ridicules y font outrés; & je ne puis me perfiiader que l'Auteur ait'ja-- mais rencontré de pareils Provinciaux. Suppofé oue de tcl^ originaux exittent , ils ne peuvent intéreuer la Capitale. Il y a lieu de croirCv que de (cmblables ou- vrages étoient les délaflèaiens de Deilouches*

FAUSSE ANTIPATHIE y (la) Comédie en trois ASes ; en Vers , avec un Prologue, par h Chaujie » au Théâtre François j 1733. - '

m

L'intrigue de cette Pièce efl aflcz hçureufe ; mais elle pouvoit être plus claire * Sainflore épouft Silvie fanis la connoitre , & fans en être, connu : ellç ne quitté le Cou- vent que pour aller à l'Aucel. A pçinc ils font uiiis^ (ju'un Rival défelpéré attaque SainSore ^ Se toxnf|eTou$

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lès coups. Le nouvel Epoux efl contraint de fuir ; & Silvie retourne à Ibn Couvent» Elle n*en (brt qu'au bout de douze ans , & lor^u'elle le croit veuve. C*efl

. au Châ^au de Ibn oncle Géronte qu'elle retire Le hazard y conduit Sainflore. Tous deux ont changé de nom , & s'aiment (ans fe connoître. Silvie apprend qu'elle n'efi plus veuve ; & Sainflore lui déclare qu'il marié : dès-lors , elle le fuit, Géronte pourlùit la caT- fation du mariage de nièce : Sainflore en fait autant pour le iien. 11 croit haïr fa femme ^ & Silvie croît détefier Ion Epoux* Enfin ils fe reconnoiflènt ; & elle s'écrie :

O (brt trop fortuné » c'eâ huon Epoux que j'aime !

FAUSSE AVENTURIERE, {U) Ooéra-Comique en deux Ades j âvec des Ariettes , par MM* Anfeaume .& Mar- couvilley à la Foire S* Germain^ i7$7*

Un jeune homme ayant épou(è , â rin(^u de (on percf une perfbnne aimable ) mais (ans fortune , la jeune Epoulè raccommode ainfî ce mariage. Comme elle n'efi pas connue du père , elle préfente à lui (bus le nom d'une Captive qui s'eft (kuvee d'entre les^ mains des Turcs. Le faux récit de (es malheurs attendrit tellement le bon-homme , que pour les réparer , il fe détermine à époufer l'Echappée d'Alger. Un Notaire vient à point nommé ; & le Vieillard croyant fîgner fon contrat , ligne celui de (bn fils.

FAUSSES CONFIDENCES , (les) Comédie en trois A&es , enprofe y par Marivaux 9 au Théâtre Italien^ ï73^»

Dorante, Neveu de M. Remy, Procureur d'Ara- mînte ^ eft deveuu éperduement amoureux de cett* Dame > & (c fait pré(enter à elle en qualité d'Intendant ^ par (bn onde , qui ignore (bn amour. Il efi aidé dans (es projets par Dubois ^ (on Valet , qui s'eft introduit chca Araminte , qui eft i (on feryice , & qui promet à Do- rante de la lui faire époufer, quoiqu'il n'ait rien que bonne mine, & <^ue cette jeune veuve pofTcde plus de cinquante mille Irv. de rente. M. Remy vient pour pré- fentcr (on neveu , ain(î qu'il en eft convenu ; &: en atten- dant Madame Araminte , il lui confciile de faire (àçout

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i, Marthon , qu^Il lui {^ropdfe d'époufêr. Marthon arrire ; & M. Remy, plein ae (on idée, lui fait des avances pour (on neveu , qui eft loin de Ce prêter â (es arrange- mens, Marthon ne s'éloigne pas des proportions de M. Rcmv , & prévient par con(2quent très - favorablement fa Maitreuè , fur le compte du nouvel Intendant. Sa bonne grâce , & la manière honnête dont il (e préfente , confirment Araminte dans cette prévention avantage u(e; êc elle le traite avec diftlnâion. Dx>rante n*eil pas ac cueilli de même par Madame Armante , dont le carac- tère eâ vain & brufquc : elle lui ordonne de di(po(èc Araminte à recevoir la main du Comte Dorimon , pour * terminer un procès qui les divi(e depuis long-tems. Dorante répond qu'il ne donnera ce con(eil à (a nouvelle MaîtrefTe, qu'autant qu'il fera d'accord avec (es intérêts. Cette réponfe achève d'aigrir contre lui Madame Ar- gante , qui n'étoit déjà pas trop favorablement di(po(ee en faveur, parce qu'elle vouloit donner un autre Inten- dant à fille. Lorfque Dorante trouve avec Aramin* the , il ne lui cache point que Madame Argante a voulu le (eduire ; & Araminte , plus flattée que furpnCc de cette marque de fidélité 9 le remercie de (on zèle. In- fenfiblement elle prend de l'amour pour lui ; les obAa- clcs ne font que l'attacher davantage ; 8c ils di(paroi{Iènt tous par (bn mariage. '

FAUSSE INCONSTANCE , (la) Coméiit. en troh A6le: , en Profe y par Beauchamp , au Théâtre Italien >

DamoD , jeune Officier » dont la Chaife de Pofie s'eS rompue à quelque diilance de la mal(bn de Madame de Sinviile , engagé par cette Dame â accepter un loge- ment chez elle , en attendant que la Chaife (bit accom- snodce. Madame de Sinviile a deux filles fort aimables» Hortenfe & Julie. Damon prend du goût pour Hortenfe ; cependant cette paffion efl retenue par une autre qu'il a conçue pour une Danie mafquée , qu'il a rencontrée dans un bal, Damon reçoit une lettre de (bn père qui lui mar- que qu'il le deftine pour époux à la fille d'un de (es a mis : nouvel embarras pour Damon. Enfin (bn père ar* rive , & lui fait connoître fa prétendue , qui fe trouve

ctrç cette mçme Hortenfe quUl aimoit dé] à, mais qui

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étoit balancée dans Con cœur par fon Inconnue, Cette Pièce cft aflcz bien écrite ; mais les fituations en IbnÉ froides , & l'intrigue commune.

FAUSSE RIDICULE, (la ) Opéra-Comique en un ASei par Panard &• Fagan ^ à la Foire Saint - Germain f

Lucile,pdur ftconferverà Valere , cherche â éloîgneiî d'elle trois autres Amans qui Tobrédent, L'un un Finan- cier, l'autre un Campagnard» le troifiéme un Homme de Cour. Lucile n'entretient le premier q\ie de Bibliothè- ques & de Gens de Lettres* Elles parle au fécond de ven- dre Fiefs & Terres pour venir à Paris goûter une vie délicieufe. Elle paroi taux yeux du troifiéme d'une (bttile & d'une fîmplicité rebutantes* Le Hratagcme réuffit , 8c snéritoit de réuffirè

FAUSSE SUIVANTE ,( la) ou le Fourbe , Comédie en trois ASes , en Profe , avec un divertijjement , par Mari^. [ vaux & Parfait Falnéi au Théâtre Italien , 17^4*

Tout le mérite de la Faujfe Suivante eS prefque dans la première Scène 9 & même dans ce morceau de Tri- Yelin , qui dit à un de Ces anciens camarades : ^s Depuis 9> quinze ans que je roule dans le monde , tu fçais com- » bien je me îùis tourmenté , combien j'ai fait d'efforts yy pour arriver à un état fixe : j'avois entendu dire que » les fcrupules nuifbient à la fortune ; je fis trêve avec u les miens pour n'avoir rien à me reprocher. Etoit -il Mqueûion d'avoir de l'honneur/ j'en avois. Falloit-il » être fourbe ! j'en fbupirois ; mais j'allpis mon train« a> Je me Cuis vu quelquefois à mon ai(è : mais le mpyext » d'y refier avec le jeu , le vin ? »*

FAUSSES APPARENCES , ( les) Comédie en un Aâe ^ en Profe % par M* Bellecour « aux François » 1 76 1

Erafte & Angélique , amoureux l'un de l'autre , Ce font brouillés pour des raifons de jaloufie* Crifpin , Va- let d'Erafte , informe Lilctte > que fon Maître prend pour des preuves d'infidélité, les politcfTes qu'Angélique fait à Valerc. Lifette à fon tour , dit que la MaitrefTc Jie veut plu$ revoir Erafle, parce qu'elle le crpit amou*

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rcux de Luclhdc. La yérité cil qu'Erafic n*alme qu'An-

f clique , que celle-ci n'aime qu'Eraâe , & que Valere Se •ucinde , font également amoureux l'un de Tautre : mais TAuteur de la Pièce a tellement ménagé les fîtua- tions & les incidens , que toutes les apparences confic- ment cette prétendue infidélité. Enfin , oa en vient à des explications qui détruilènt les fbupçons ; & la Pièce finit par le Mariage des quatre Amans«

FAUSSES INFIDÉLITÉS , ( /ex) Gmiiie en un ASe, en Vers 9 de M. Barthe y au Théâtre François $ 1768.

Le froid Valfain , Se l'emporté d'Ormilli , (ont amou- reux , le premier de Dorimene, le fécond » d'Angélique. D'Ormilli jaloux de Mondor , fat Hiranné , qui vou- droit (e donner pour un rival redoutable ) pouc l'Amant d'Angélique Se de Dorimène tout à la fois. Il leur écrit à toutes les deux : elles fe montrent leur billet , & rient du ton de Mondor : mais Dorimène veut en profiter pour le punir , aliarmer Valiâin , Se corriger d'Ormilli, Le moyen qu'elle imagine , eft de répondre toutes deux à l'Auteur des billets , de flatter fa paflion ; en un mot y de le tromper. Moins ce Rival efl dangereux > plus d'Or- milli rougira d'en avoir été jaloux ; & Val(àin croira un moment , qu'il peut déplaire avec tout fbn mérite. Les deux réponfès font envoyées à Mondor , qui fe croit aimé 9 Se dont la fatuité'augmente. L'artifice des deux femmes découvre : Mondor reconnoît qu'il a été joué; Se les deux Amans ne doutent plus de leur bonheur,

FAUX DERVIS , (le) Opéra-Comique en un Aâe , par Poinfin et 9 à la Foire Saint-Laurent , 17^7»

L'idée de cette Pièce eft tirée du Faîfèur de Pape , Conte de la Fontaine. Un Turc îmbécille , poficfieur d'une Efclave charmante , dont Zindor , Turc fort ga- lant , qui a voyagé en France , efl devenu amoureux , a la folie de vouloir être Emir, dignité qui donne le droit de porter le Turban verd » Se qui n'appartient qu'aux defcendans de Mahomet. On profite de cette fantaifie , pour ménager un tête-à-tête entre la belle Efclave Se fon Amant. Ils fe voyent en liberté , tandis qu'on inflalle

' Ali parmi les Emirs ; cérémonie qui amené une danfc d'Houris. AufTi-tôt que le Faux Emir efl revêtu des Or- nemens de fa nouveUe dignité , furvicnt un prétendu

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Eunuque n»ir , dépéché par le Sultan qui envoyé lo cor« don à Ali , pour le punir de s'être fait décorer du nom d*£mir , fan^ lapermiffion de ùl Maitreflë* Cet incident cil un nouveau ftratagême pour obliger le Turc crédule à céder TËlclave àfon Amant, Ceû à ce prix qu'on veut lui laiffer la vie ; & il l'obtient en fc privant d'un objet dont foii jeune Rival (çaura £ûre un meilleur ulage»

FAUX GÉNÉREUX , (fc) Comédie en cinq A&es , m Versy^ar M.Bret^ au Théâtre François ^ 1758.

L'humanité , la générofité » la bienfai(ànce appa- rente de Vervene, en ont impofé à Méllte , riche veuve* Elle porte (a confiance en lui , Jufqu'i le prier de former fbn fus aux ufaj^es du monde, il dreflè £ès leçons fur le plan de (es defi&ins , engage Damis à accepter cent louis & à profiter de fa jeuneiiè ; il va en même tempS|infinuer à Melite , que Ton fils pourroit bien avoir quelqu'intrigue honteufè, efpérant par ce moyen de la déterminer au mariage ; mais il fe trompe au fujet de l'un & de l'autre* Mélîte n*aime que (on fils , qui employé (ecrettement les cent louis à (ervir la tante de (on Amant, On amené à Mélite une jeune Orpheline ^ qui réclame Gl çroteâion contré un frère qui condime fbn bien , & qui veut la renfermer dans un Cloître. Mélite lui promet, outre (es Services , les bontés d'un galant-homme , auquel elle la préfentera. Vervene reconnoit Julie pour (œur ; il eH anéanti ; mais moins encore de ce coup -, que des traits de Lubin, fils de Ton Fermier, qui s'eft engagé afin de racheter (on père qu'il tenoit en pri(bn pour cin-f quante écus. Il détefie Tes égaremens^ promet d'être tout ce qu'il paroifibit. On oublie le pai|é , pour ne s'occuper que du mariage de Damis avec Julie,

tAlîX HONÈTE-HOMME, (le) Comédie en trois A&esyen Frofe , de Dufiény , au Théâtre François y 1707.

Arifie, fourbe de profcfBon, afFeôe de palTcr pour honnête- homme dans l'elprit de certaine veuve , trop fimple pour n'être pas crédule , & de certaine Marquife , trop diffipée pour être défiante. Son but efl d'épou(er l'une ou l'autre. Il paflê même pour légataire univer(cl du mari de la veuve i mais il exifie un autre tefiament , dont certain

Capitaine

F A U 4Jt

* .Capitaine de Vàîffcau cft pcfTcfrcur ; Bc Arîfle ne Ti- gnorc pas : ce qui rcmpêchc de tirer parti du fîcn. Le Capitaine ) homme d'konneur , affeâe ici un langage entièrement oppofé à (on caradèrc. Il veut gu'Arifte le croye auifi fourbe que. lui. Dans cette vue ;!! lui propafe de partager entr'eux le bénéfice du premier tcflament , & de fupprimcr celui qui rend tout à la Veuve, Ariftc donne dans le piège , 8c enfùite eft démarqué par le Ca- pitaine. Le rôle de ce dernier eft un des meilleurs de cette Comédie. L* Amour de Val ère & d'Angélique ,

- l'un fils de la Marquife , l'autre nièce de la Veuve-» oc-

. cupe une partie de l'intrigue , & la termine par un Ma- riage. Au refte , cette Pièce eut peu de fuccès , & n'cffi pas toutefois fans mérite. Son plus grand défaut eu ua rapport trop marqué entre le caradère d'Arîfte > & celui du Tartuffe. L'Hypocrite Se le Faux Honnctc-r Homme ne différent entr'eux , que par des nuances ; & ces nuances*,

: ne font pas toujours bien apperçues au Théâtre.

FAUX INSTINCT, ( le ) Comédie en trois AAts^ en Profi par Dufrény , au Théâtre François ) 1707.

Un Vieillard qui arrive des Indes , une Veuve qui revient d'une Province éloignée , s'arrêtent dans un Vil- lage y ils efperent retrouver chacun une petite fille , que le hazard leur a fait confier à la même Nourrice. Oa leur apprend , que l'un de ces deux enfans efl mort > 5c qu'on ne peut diUinguer à qui appartient l'autre. La Veu- ve 6c le Vieillard s'en rapportent au choix feul de celle des deux qui rede , perfuadés que l'Indinâ naturel ne peut la tromper: il la trompe toutefois; Se de -là bien des conteflations. Le Nourricier les termine, en dé. clarant & prouvant que cette petite fille eft à lui , & que les deux autres n'exiftent plus depuis quelques années ; ce qui ne l'avoit pas empêché de recevoir leur penfion. Cette double mort , qui rend Angélique héritière du Vieillard , & Valere héritier de la Veuve , hâte l'union de ces jeunes Amans , que la crainte feule de l'indigence cmpéchoit de devenir époux. C'cft fur eux feuls , que £c réunit tout l'intérêt de cette Comédie.

fAUX MOSCOVITES , ( /«) Comédie en un Aâe , en ' Vers y de Raimond Poîffon , 166S,

Baron de JonquUlc ne peut obtenir de M Gorgî- TomcL H h

recepuon

Gorgibùs, Celui-ci con(ent au mariage , avec cette faci- lité qu'il faut toujours (uppo(èr dans les petites Pièces, le dénouement eH brufque» Trop de reflemblance avec quelques Scènes du Bourgeois Gentilhomme ic du Médecin malgré lui y âte à cet Faux Mofcoviies une partie de leur mérite*

TAUX SAVANT y (le) ou l^Ajuovr ?RiCK?rRVn , Co- médie en trois A^es , en Vers y par Mm Dmfawre^ au Théâ- tre François y 174^.

Polimate, par un faux étalage de (clence,a telle- ment fîirpris Tadmiration de Doriman, que celui-ci croit ne pouvoir mieux témoigner â ûl fille fa tendreile paternelle , qu'en lui donnant pour époux un homme d un h grand mérite. Lucile, peu latisfaite d'un choix égale- ment contraire à fes intérêts & à (on inclination , em- ployé fon Maître de Langue Italienne pour informer tante Aràminte y & (on Amant Licidor , du deflèin de (on père, Aràminte embrafïè avec chaleur les intérêts de (a nièce ; &pour rompre le mariage projette , voici Tartifice qu'elle imagine. Elle fait jouer le rôle de Vi- comtefle à Lifette fa Suivante. Les charmes de Lilette lui perfuadent que cette Soubrette , déguifee en femme de condition , fubjuguera aifémcnt Torgueilleux Polima- te , & qu'elle lui fera quitter Lucile avec un mépris ou^ trageant. Le Faux Savant , peu afUdu apparemment aux Spectacles , cette ru(è n'ed pas nouvelle, donne fol- lement dans le panneau : il a , dans l'appartement même de Doriman , un tête- à-tête avec la faufîc Vicom- tcfTcfit dans fon tran(port amoureux,il parle avec le plus grand mépris de Lucile & de fon père. Doriman , placé dans un Cabinet voifin,par les (oins de (a (ôeur , ne perd pas un mot de la converfatibn ; il devient furieux > & ne peut plus y tenir. Il fort pour annoncer au Faux Savant , qu'il ne veut plus avoir aucun commerce avec lui , Se qu'il ne doit plus prétendre au mariage de fa fille. Pq« limate s'en croit bien dédommagé par la poïïefljon de fa xic»Hvellle conquête ; mais Fortuné , Con Valet & Con Ri-

F A tr : ' F É Ê 4«j

Val 9 lui enlève aulfi la faufîe Vicomtçflè ;> & le Faux Savant rcconnoîî: qu'on Ta joué.

,fAUX SINCERE^ (le) Comédie en cinq:, Aaes, en Vers i -i. ôiofrage pojiume de Dtfiény > ai^, Théâtre François »

Gcttc Pîéce eft s à quelques changemens ptès , le Faux Honnête Hbmnae mis en, Vêts. Ici Ton retrouvé Acifte dans le Chevalier Yalcre , & le Capitaine dans M. Franchard,à l'exception que ce dernier ne ïc ïèrt d*aucu- he forte de ru(è pour démafqucr le Faux Sincère. Tl laiile ^ ce fbin aux autres Berlonnages. Il eil cnoire vt^i que l'Auteur a fçu diilinguer » pat des nuances ^ le Faux Sin*- Cere, du Faux Honnête Homme. Celui-ci fait .volon- tiers fcrvir le menfbnge à Tes deflcins ; l'autre ne fait , pour ainfî dire, qu'abufcr de la vérité ; il la plie à toutes les vues , & lui fait prendre la forme qu^iV jugeî la plus convenable â (es intérêts. La concurence des deux Che- valîefs Valere , tous deux nés parmi le peuple ,& le caraÀère oppofé des deux fœurs , Angélique & Marian- ne , achèvent de mettre quelque différence entre les deux Pièce , abfolument reiîemblantès pour tout le re(le* Il eft cependant vrai > que la dernière efl la meUleure,Sc celle qui réuflit le mieux*

FÉE. FÉERIE. Ce mot fignifie une efpéce de Génies ou de Divinités innaginaires qui habicoient fur la Terre $c s*y diftinguoienc par quantité d*aâ:îons & de fondions merveilleufes , tantôt bonnes, tantôt mauvaifes. Les I:ées étoient une efpéce par- culiere de Divinités qui n*avoient gucres de rap- port avec aucune de celles des anciens Grecs & Romains , fi ce n eft avec les Larves. D'autres pré- tendent qu'elles n ctotent qu'une erpccc d'êtres mitoyens , qui n étoient ni Dieux , ni Anges , ni Hommes, ni Démons. Leur origine vient d'O- rient 5 & il femble que les Perlans Se les Arabes en font les inventeurs î leur Hiiloire & leur Re-

-Hh ij ;

4«4 F É E'

Hgîon étant remplies de Contes de Fées & de Dra- gons. Les Perfes les appellent Péri.

Les Magiciennes des Anciens, conime Medée » ^ Canidic, ont pu donner Tidce des Fcès malfoi- fantes; comme les Nymphes favorabies^, telles quEgérie, ont fans doute donné nailTànce aux Fées bienfeifantes , telles qu Alcine , Fée Manto de TArioftc , la Gloriâne de Spencer , Se d'autres qu'on trouve dans les Romans Anglois & Fran- çois ^ quelques-unes préGdoient à la naiflance des jeunes Princes & des Cavaliers , pour annoncer leur deftinée..

Les Auteurs de nos Romans modernes fe font fervîs des Fées , pour remplacer les Divinités du Pagànifme, & pour opérer le merveilleux ou le ridicule qu'ils y fément.

Quinault traça d*un pinceau mâle & vigou- reux les grands tableaux des Médée , des Arca- bonne , des Armide , &c. Les Argines , les Zoraï- des, les Théano , font des copies de ces brillans originaux. Il ne faudroir peut- être introduire la Feérie, dans les Opera^ qu'en fous-ordre. Urgande dans Amadis , & Logiftille dans Rolland , ne font que des Perfonnages fans intérêt , & tels qtfon les apperçoit à peine. De nos jours, le fond de la Féerie « dont nous nous fommes formés une idée vive , légère & riante y a paru propre à produire une illuiîon agréable , & des aftions aullî intéref- fantes que merveilleufes. On avoir tenté ce genre autrefois ; mais la chute de Manro la Fée & de la Reine des Péris , fembloit l'avoir décrédité.

Le fucccs de Zelindor , Roi des Sylphes , fait voir que ce genre pouvoir produire des beautés. Mais peut-être eft il déjà é^uifé.

F ^E E ' , 485^

VÉEURGELLEy (h) ou ce quifijut AmcBAJifiEs*

' Comédie en quatre À^es, avec des Ariettes , parMfFavart^ * mufique de Mm Duny , aux Italiens » 175

Le Conte de M. de Voltaire , intitulé , te qui plaît awe Dames , à fourni le (ùjet de cette Pièce. Le Chey^^Uçc

. Robert rencontre près du Château de la Reine Bejrthe^t une jeune Villageoife , nommée Marton , & en dei^eat amoureux. Cette jeune fille eil une Fée qui s'efl, degu^

. fée en payfanne,pour(c trouver à la rencontre du Qh^r- valier qu'elle aime. Robert u(ê de violence ; &, jyi^rto^ le cite au Tribunal de la Reine. Il efl condamné à: per- dre la vie , 8c ne peut éviter la mort , qu'en devii^nt Ce qui , en tout temps, plaît le plus aux Dames. Dans foxt embarras » il rencontre une Vieille ; & cçtte Vieille ç.jl encore Fée Urgelle , qui lui apprend ce (ççrct. .Cité devant le Tribunal , Robert déclare ce qu'il a appris de . la Fée^ & évite la mort àlaquelt^e il avoit été condamné*'^ La VielUeavoit mis pour condition , en révélknt le iôtret à Robert, qu'il feroit ce qu'elle dé/ireroit de tûi.'Il t& qucftion de remplir cette -cppdiiioiî; c'eft de réppufer. Robert a de l'horreur pour cette union ; mais il cft Che- valier ; il a promis ; il gardera (a proinefle* Xa Vieille

* voyant répugnance,feint d'en êtrje. djélèrpéréei EUçi ft retire en rendant à Robert parole: & comme ç^llç eA prête à quitter la vie, fa Chaumière (e change en un-Pa- lais magnifique. Alors les habits de Vieille (^pa^otîîTent; & la Fée fe montre dans tpus iês atours & tqyte iag^oirç. Elle déclare à fcn Amant , qu'elle étpit à 1^- fois & JU Vieille & Marton.' Ellçépoulè le Chevaïier." ^ V

FÉES (les) Comédie en trdisAeiesj enFroft^àvëc-autafit « £ intermèdes &* un Prologue en Vers ^ par Ûartcpuri\ mufi^. que de Lalandcy au Théâtre françon 9 16^^^ ' -

Aflur qui, de fîmple Berger, çft devenu Prince des Aôuries par Con mariage avec la Fée de la Raik>n , a

Îterdu fa femme ; mais il lui reile deux filjes^ inégilde , 'ainée , efl élevée par la Fée de la Sageiïc , avec une févérité digtie du nom de fa Gouvernante* Au contraire . fœur Cleonide , confiée à la Fée des Plaifîrs , les^ voit iàns ceiTe voler a fuite , & n'a que la peine de choi/ic cntr'eux. Le tems de marier les Frinceifes arrive. Oa

Hh iij

:48tf fée'

. xlcfiinr à Incgîldc un Prince d'un âge mûr , & d*une fz^

. gcffc' éprouvée ; mais elle eii trop excédée de ce qu'on

lui a dît être cette vertu , pour faire cas d'un époux

fage. Elle lui préfère Zirj[;Ai/iV2, Prince wiîy lé^er , un

Çèu Petit- Maître , & qui étoit deftiné à Clconidc

•'four; De fbn coté , Zirphilin lui donne la préférence

ribr c^tte* Cadette , qui ne le regrette que par amour-

|>ri>pre. Dégoûtée des plaifîrs turbulens , elle s'accom-

-mode de la Sageffe d'Artibel , celui qu'Inégilde a re-

•^ûté. Ce fujet tropféricux, eft un peu égayé par le carac-

•*ère d'AflUr, qui a confervé toute la /implicite de (hn

-premier état; par le rôle de Finette , Suivante d'inégil-

^dé;&»par celui de Darinel, plaKànt de Cour , qui ^

';i0btcttu des Fées Tavanta^ d'être le plus voluptueux

'Jle plus (âge de tous les Courtifâns, mais fans paroître m

ftge ni voluptueux.

TÉES r (lesy Comédie en trois Aâles , en Pr0fè , avec undi^ :verti[feme^nt^i\pAr Rçmagnéfiù'Procopei au Théâtre lia" lien y, î73^« - .

' La Fée Bruyante , pour ïe venger de n'avoir pas été

priée de noce d'unePrinccfîè qu'elle avoît protégée danji

Yes amours, entréprend de rendre malheureux le fils qui

cftné de cet hymen , & raffemble tout ce qu'il y a de

plus difforme, pour rendre odieux le jeune Prince qui doit

îervîr de vidime à (a fureur. Ce Prince malheureux eft

* obligé dc' fc confiner dans une affreu(e (blitude ; mais cet

exil ne met pas à l'abri des perfécutions de fbn enne*

mie , qui le pourfiiit dans fa retraite. Il trouve un jour y

à fbn réveil, Ife portrait d'une PrincefTe , qui eft un chef-

.d'œuvre de 'beauté, comme il en efl un de difformité ;

.<jes mpts font autoui; : Elle t* attend dans le Palais des Fées^

Ce portrait produit tout l'effe.t que la Fée vindicative

s*en étoit promis ; le Prince dçvieiit éperdueraent amou-

-ireuxî il s'arrache de la (blîtude , & court fe livrer aux

xtc^itsqui l'attendent dans le Palais des Fées, qui lui efl

Jnidiqué. A peine y a-t-il mis le pied, qu'il apprend que

'4a Fée Bruyante va marier la PrincefTe , qui eft l'objet de

'iès défîrs , à Lyfandre fon neveu , qui efl aufli beau qu'il

eft hideux , maïs auffi privé d'efprit , qu'il l'eft lui-^méme

4*agrémens. La Princefîc ne laifTc pas cependant d'aimer

'Çç( imbécillç \ parce ^'elle cft au0i béte que lui, £q

FE I' 4.^^

Prince cftprélcnté à la Princcffe par une autre Fée qui l'a pris (bus la protcôion , Se Ta doué à naiilànce , non- feulement d'un elprit fiipérieur , mais encore de la fa- culté d*eii donnera qui il voudroit. A cette première en- trevue , il a le^ malheur d'éprouver de la part de U Pria- ccïïc Flore , l'avcrfion la plus forte.

La Fée Agatine , proteftrice du Prince , Q>ngt à met- tre â profit les qualités dont elle Ta doué , pour détruire le charme de fbn ennemie; ellealfure le Prince , que A la Princeile Flore étoit moins bête , elle rou^rpit ^e Pamour qu'elle refient , dès quelle connoitroii^ comUien Tobjet en ei^ indigne. Le Prince lui rend grâce d'un Q9n« fcil R (alutaire , auquel eUe en joint un autre qui produit un effet qui n'eft pas moins heureux ; c'eil de n'infpirer à la Princeile de l'eiprit 9 que par dégrés. L'effet en ed bient6t fenfible* Elle coimnence à craindre d'avoir 4é« (obligé par fes difcpurs , le Prince difforme ; fk. l'on voit par Tes réponfès j plus fcnfeest que fpirituellcs , que ce Prince a exécuté à la lettre le confèil d'Agatine. Il vient,par Ton ordreyreçevoir les eycufes que la Princeffc veut lui faire ; il en efl charmé , qu'ail en redouble les libéralités.Un pareil motif de reconnoiffance produit un S, j^and changen^çnt d%n$ le cœur de la PrincefTe , qu'elle le laiffe enâanuner'pour (on bienfaiteur 9 & lui fait l'aveu de fa tendreffe, L'Amour arrive fort à propos pour met- tre les deux Amans^a couvert de la fureur de leur Per- fécutrice ; & la Pièce eft terminée par une Fétc que donne ce Dieu.

FEINT âLCIBIADB , ( /e) Tragi-^Comédie àe Quinaulf^

On (çaît de quel genre fut l'intrigue d'Alcîbîade avec la femme d' Agis , Roi de Sparte. Elle ne paroit pas fa- cile à ajufler au Théât-c. Quinault a tranché |a difEculté , en fubflituant une foeur â fbn frère. C'efl ce déguise- ment qui (ert de bafe au Peint Alcibiade 9 Pièce auffi foible de ûyïc , que chargée d'événemcns.

FEINT ASTROLOGUE , (le) Comédie en un Aâte , en Vers 9 de Thomas Corneille » 1^48.

C'efI un Amant que fbn Valet éri^e fiibîtement ^n Aflrologue dans Pciprit de A MaitrefTe, 6c qui fe trouve

Hh iv

'488 F E I '

oblige 3e Jouer ce rôle auprès de divers autres Pcrfcnna-ï ges. Cette Comédie pouToit avoir un but:c'étoit de ridi* culifer F Aûrologie judiciaire ; manie dont beaucoup de grands Hommes n'étoient pas encore exempts*

FEINTP0L0NOISy(le)0U la veuve iMPERTiHENTE »

Comédie erttrois Aâles , en irofe , par Hauteroche , i696 ,• jouée en Province»

Un Capitaine de Cavalerie recherche en mariage U fille d'un Banquier; mais il ne peut l'obtenir qu'en chan-

feant de tiom & d'habit ; car s'il ^fl reconnu , le père e cette fille ^ qui a d'anciens griefs contre le père du Capitaine , s'oppofera furement a cette alliance. L'A- mant fe déguifc en Polonois , & cette ru(e le conduit à tin heureux dénouement, yoilà la première adion. La féconde eft le Mariage de la fxnr de ce même Banquier avec un de fts Confrères. Cette four eft une veuve > hautaine, 8c impertinente, qui ne conçoit pas qu'un ' tiomme , M. Ambroife , c'eft le nom de fbn Amant , o(e prétendre à main. On efpère pourtant la ramener à la raifbn; c'eft à quoi on travaillera après la Pièce ; car y jufqu'àpréfènt, elle s'en eft toujours défendue. De ces 4eux adions , Hauteroche n'a pas fyi tirer le fujet d'ime bonne Comédie.

WEINTE INUTILE y (la) Comédie' ta cinq Aâles.en Vers libres y j>ar Rdmagnéfy y au Théâtre Italien j 17 i^»

Oronte n'attend que le retour de fbn fils Léandre, pour remplir les engagemens ^u'il a pris avec la Mère dlfabelle. Lcandre étoit à Venifc incognito. Il avoit vft Ifabelle au bal , ils (e prirent mutuellement d'une vive pâffion. Comme ils changèrent de nom , ne s'étant jamais connus , Léandre ne lavoit point que c'étoit Gt Maîtreflè aui lui étoit deftinée pour épou(e. IfabeUe étoît dans le même cas à (on égard. Auffi-tôt que l'arri- vée de Léandre fut connue , u famille le prefTa de fe marier avec Ifabelle; mais ïl fit courir le bruit d'un ma- riage fecret. Dans le moment que fbn perc ajppailé con- sent de voir fbn épouie , la mère d'IfabcUe, qui la fbup- çonne d'une intrigue y tant- C\xt Ton refus de fe marier ^

J[ue fur certaine démarche quiparoit équivoque , la ren- crme dans Con appartement. Léandre furieux , demande

/

y F El F E M . 489

{acheté Léonor ; on ne l'entend pas d'al)ord; maïs bien" ' tôt le myftcre eft éclairci , & le mariage conclu.

FEINTE PAR AMOUR y (la) Comédie en trois Aâlesy en Vers , yar M. Dorât 9 aux François , 1773

Méliflc ) Jeune veuve , eft aimée de Damls qu'elle aime également. Mais il a l'art de cacher fôn amour (bus les dehors d'une indifférence refpeâueufê. 11 fe dédom-

. mage 4e cette apparente froideur , en prodiguant (es careflcs au portrait de MélifTe , qu'il a fait peindre en fecret. Outrée de cette prétendue indiflPérence , Mélifle lui écrit d'interrompre (es aflfiduités auprès d'elle ; & l'Amant feint de recevoir (on congé d'un air (atisfait* Cette femme en eu piquée ; elle lui parle d'un certain portrait dont il fait fcs délices , & témoigne être cu- rieufe d'en connoître l'original. Ce portrait paflc dans

' fcs mains ; & elle efl bien étonnée de fe reconnoître. Alors Damis laifTe éclater teute l'impétuo/îté de fon amour ; & un Hymen heureux termine la Comédie.

FEMME D'INTRIGUES ^ (la) Comédie en cinq AâleSy en Profe , de Dancoun^ au Théâtre François , i^pi,

DifiFérens Pcr(bnnages pafTent en revue , & amufent par leur variété. Tous onj recours à Madame Thibaut , qui a plus d'un commerce & plus d'un talent. Elle fc propo(e de tromper , en l'époufant , un fourbe qu'elle croit homme d'importance , & qui cherche à la duper elle-même. C'eft ce double projet qui forme tout le nœud de cette Pièce , qu'un Commifîaire vient dé- nouer.

FEMME FILLE ET VEUVE ,{la) Comédie en un ABe , en Vers , de le Grand , au Thédire François , 1707»

Un père imbécille promet (es deux filles en mariage à des aventuriers , l'un Gafcon , l'autre Limoufîn , & li- gne à chacun un dédit douze mille francs. 11 eil que(^ tion de leur faire rendre ce dédit. Hortenfe , femme ma- riée , joue , avec le Gafcon , le rôle d'une jeune innocen- te fort riche ; celui-ci renonce à (on dédit 9 dans l'efpé- rance de l'époufcr. Elle fe préfente cnfuite au Limoufin comme une veuve 9 le trompe de même, & répare la

^o F E M

fotilfc du père dTlife & d'Angélique , qui époufènt d'autres Amans. Il n*ell pas naturel que ces deux aventu- riers donnent aifément dans le picgc ; ce défaut de vraifemblancc réparé par la gaieté qui règne dans cette Comédie.

IEMA:E JALCUSE^ (U) Comédie eu trois ASesj en Vtvs , far Joly , aux Italiens , 17 i6.

Flaminîa accable de reproches (on mari Lélio , fur une ini^déllté dont elle le fbupçonne* Elle veut qu'il lux ouvre un Chambre, qui , depuis quelques jours , cfi fer- mée à tout le monde. Lélio lui dit en vain qu'il 2 des raifcns îndifpenfàbles pour n'y laifTcr entrer pcrronnc, Lorfqu'îl eft feul , il ouvre la porte de la Chambre « , Mario cft enfermé. Mario en fort avec un Livre de TA- riofle ) qu'il met Hir une table. Lélio lui apprend que fcs ennemis confplrent contre (a vie , pour venger ion rival Pamphile , à qui il a enlevé Sylvie par un hymen fecret. Il lui donne une lettre qu'il vient de recevoir de Gènes. Leur converfàtion eft interrompue par les cris redoublés de Flaminia , qui frappé à la porte. Lélio fait rentrer (on ami dans la chambre , & referme la porte. Flaminia (buticnt à (on mari , qu'il parloit à quelqu'un. ' Lélio répond qu'il lifoic tout haut ; & pour le prouver , il lui montre le Livre que Mario avoit laiiTé fur la table» Flaminia croit que (on mari ne s'attache à lire des Vers tendres , que pour faire diveriion à l'ennui qu'il a d*étre éloigné de quelque MaitreiTè ; & dans cette idée , elle lui fait de nouveaux reproches. Sylvia arrive pour re- joindre Lélio qui l'attend. Flaminia ialou(è , la prend pour la MaitrefTè de Lélio , & lui fait des impoliteiles» Toujours obftinéc à croire (on mari amoureux > elle tombe dans mille extravagances, & reconnoit enfin (on in^uflice, quoique fondée (ur des apparences capables de l'induire en erreur.

FEMME JUGE ET PARTIE y C la) Comédie en cinq A^es , en vers y de Montfîeury y 166^,

On fait grâce à quelques expreffîons trop libres de cette Pièce, en faveur du tems elle fut compo(ee , de la gaieté qui y règne, 8c (ur-tout de la manière dont ^intrigue ell conduite, £ernadille , qui croit s'être di«

F E M 491

laît de Julîc 9 fa première femme ^ Con^t à en épouler une (êconde, & a pour Rival, & enfuitc pour Juge , cette même Julie , fous le nom de Fédérîc. Cette Comé- die , bien inférieure aux bonnes Pièces de Molière , oc- cupe auffi fouvent la Scène que le Mifanthrope , & ba- lança, dans le tems, le fûcces du Tartuffe. L'Auteur en ufà même envers elle , comme Molière envers VEcole des Femmes s il en fit lui-même la critique , fous le titre du Procès de la Femme Juge &• Partie. Quatre femmes , déguifées en Magiftrats , font ici le rôle de Juges , & un nommé Zélan , celui d'accufateur. On relevé une partie des fautes de vraifemblance & des expref&ons licencieu- fcs qui fe rencontrent dans cette Comédie : on fait grâce à quelques autres. Cependant la Pièce cfl flipprimee par le Sénat féminin; &, peut-être , contre l'intention du Poète, plus d*un Auteur a-t-il ioufcrit à cet Arrêt,

FEMMES, ( les ) Comédie^Ballet en un Aâe , en profe^par - M. Mahiol , aux Italiens ^ 1755.

Les Dieux, irrités de la méchanceté des hommes , cnvoyent l'Amour fur la terre pour les punir. La Folie, qui protège les Coupables , fe rit de l'arrivée de l'A- mour. Ce Dieu étoit perfonnellement offenfê, de ce que les femmes, qu'il avoit données aux hommes pour di- minuer leurs maux, en eufTent été cruellement maltrai- . tées. L'Amour ordonne aux Génies de fa fiiite de fe pré- parer à féconder fbn courroux. Dans le tems qu'ils vont exécuter .ces ordres rigoureux , arrive une troupe de Femmes , dont la vue les adoucit , & leur fait différer }a vengeance. Ces Femmes les enchaînent avec de s guirlandes de fleurs. L'Amour lui même fc laifTe vaincre par les charmes de P(yché ; il prend la réfblution d'al- ler demander aux Dieux la grâce des hommes , pour lef- " quels Pfyché s'intércfTe ; mais les Dieux avoicnt prévenu Ces défîrs ; & en faveur des femmes, ils avoient fait grâce aux Coupables.

fEMMES COQUETTES , (les ) Comédie en cinq Aêles , en Vers , de Kaimond Po'îffon^ 1670.

Cette Pièce n'offre pas feu'ement le tableau de ce qu'on appelle précilémcnt Ix Coquetterie i le jeu , la

49t F E M

table , les folles dépenfès , Tart de maîtnfèr on tmrî^ l'adrefTe de duper un oncle riche & dévot , partagent les (oins de Flavic , cpouft d'un Italien rufc , qui n'af- fcde beaucoup de patience , que pour (c venger plus lû- rement. Flavie , jeune femme étourdie , mais beaucoup moins galante que vive êc impérieu(e y joue tous les T61es qiTexigent les circonflanccs elle Ce trouve . & finit par fe faire mettre dans un Couvent , avec trois femmes de (hs amies , dont les caraâères moins unifor- mes t auroient jette plus de variété dans la Pièce. L'in- trigue efl conduite dans le goût Italien : c'eû un tiffu de petits incidens qui ne peuvent Ce (butenir qu'un inftant; incîdens qui amènent le Dénouement. La Pièce c& agréable , & le Rôle de Crifpin d'une grande gaieté» Les autres caraâères font faiâs avec jufteiTe , & traités avec goût.

FEMMES CORSAIRES Aies) Comédie en un Aâle , en Vers , avec un iiverti£ement , par la Grange , aux Italiens,

Le fujet en ed tout Romanefque , tout merveilleux. Fatmé « femme de Noradin , Corfaire de Salé , s'amufè a courir les mers , a l'exemple & durant l'ablence de fbn mari. Parmi les conquêtes qu'elle a faites , elle diG> tingue, (ur-touty le jeune Zulpha , dont elle devient amoureuse ; mais Zulpha n'aime réellement que Zaïde» jeune per(bnne promife à Mun::adin « autre Corfaire » qui ennuyé de l'attendre > a conçu le projet d'époulèc Fatmé. Sa ^alouiîe eik des plus vives contre fbn prétendu Rival, Enfip , Noradin reparoit : il n'a été fi long-tems abfènt , que parce qu'il étoit cCclave ; Se fbn arrivée met fin aux prétentions & à la gène des difFérens Personna- ges. Zulpha redevient Zaide , & époufè Mufcadin.

FEMMES ET LE SECRET, (les) Comédie en un Aâle mêlée d^Ariettes^par M. Quêtant , Mufique de M* Vachon > AUX Italiens^ 17 ^7*

Lucas & Lubin ont fait la partie de chafler un lièvre

. pour fe régaler. Pendant que Lucas en guette , Lubin

fait la provifion de vin. Arrive Lucas, qui raconte à foni

ami, que le lièvre efl tué,.mais que le Bailli s'en efl faifî»

êi l'auroit peut-être pincé lui-même 9 s'il n'eût gagn^

F E M

propoft à Lucas de fe cacher qnelquc tems , afin de pou- voir dire à femme qu*il Ta tué. Lucas monte dans le t renier ; & Lubin voyant entrer (a femme , {fàrôît plongé ans la plus profonde rêverie. La femme le qucûionnc beaucoup , pour fàvoir la caufe de fbn chagrin. Lubin feignant d'être vaincu par fès importunités y lui confie , avec bien des précautions , qu'il a tué Lucas. Ce fecret cft bientôt dit à une voifîne; celle-ci le dit au Bailli ,

Îui devient le jouet du village , & finit par rendre le iévre.

fEMMES SAVANTES^ ( les) Comédie en cinq ASes^ en FeTS , de Molière , i6'jim

Ed-ce un ridicule que Molière a prétendu attaquer dans la Comédie des Femmes Savantes? Oui j û la Science dérobe aux femmes ces aménités , ces agrémens , qui font l'apanage de leur fèxe. Les^ Femmes qu'on appelle Savantes dans cette Comédie , ont plutôt la manie de le paroitre qu'elles ne le (ont en effet. Elles (acrifient tout à cet extérieur peu agréable. C'cft presque le comble de l'Art , d'avoir Içu tirer cinq Aâes d'un pareil fujet ^ que n'eft-ce donc pas d'en avoir fait une excellente Comédie ? La (eule Scène de Vadius & de Trifïbtin vaut un Drame, Elle étoit d'après nature. Elle avoit donc alors un avan- tage qu'elle n'a plus aujourd'hui. Ce n'eil pas qu'il ne (e rencontre encore des TrifTotins & des Vadius ; mais ils font d'une efpéce différente ; & il faut de nouvelles cou- leurs pour les peindre,

FERMIERE » ( la) Comédie en Vers libres , en trois ASesy avec des Divertijfémens , if un Frologue y en profe , par Fagan , au Théâtre Italien ,1748»

Ceft à peu -près le même fujet que les Trois Ccoifîne» de Dancourt ; & cette reilèmblance nuifit au fiicdès de la nouvelle Pièce. Dans l'une & dans l'autre , c'eft une Veuve , rivale de ïà fille, & un jeune Paylan, qui pré- fère la fille à la mère. Voilà le nœud principal des deux intrigues. Les acccfloires n'ont pas moins de rapport

494 ^ FER F E S

] eiitr*çux. Ici -Arlequin & Scapin nous rappellent M, l'Epine & M. Gifflot, le Prévôt M. le JHailli : la (èulc différence cifentielle , c'eil que Madame Roger triom- phe, & que Madame la Meunière cil prift pour dupe; maïs cette différence eu toute à l'avantage de la Pièce ancienne.

lERNAND CORTEZ , Tragédie de Piron , 1 744>

Un Montezume imbécille baîfc les mains qui Fcn* chaînent; un Empereur , vil elclave , qui s'arme |)our fts perfecuteurs contre (es Sujets y tour à tour inlulté par Cortei & par (es Prêtres , & froidement amoureux d'une froide EÎvirc , dont il i'e voit méprifc ,-les Efpa- gnols ) uniquement armés du droit de la force , deflruc-* teurs'd'un peuple fans defenfc , qui viennent juger ua Monarque fur fon Trône au nom d'un Monarque Etran- . ger , peuvent bien infpirer Tétonnement & l'admira* tion ; mais l'intérêt , la pitié , les l^iexiquains fculs peu- vent l'exciter.

fESTIîi DE PIERRE , Comédie en cinq ASes , en Vers , par Thomas Corneille , 1 673.

Tl eft fîngulier qu'un fujet qui choque toute vraifem- blance,^ qui, au lieu ac ridicules, n'étale que des crimes ,ait exercé tant de plumes différentes. On compte julqu'à cinq Comédies qui portent ce titre. Celle de Cor- neille s'eft emparée du Théâtre François, & eft la feule qu'on y fbuffrc aujourd'hui. Il n'y a de Corneille que la vérification , & quelques légers changemens dans la con- duite ; ce qui prouve combien la Poèfie l'emporte fur la Profe au Théâtre,

FESTIN DE PIERRE ^(le) ou Don-Juah , Comédie en Prafe î en cinq Aâies , par Molière y 166^.

C'efl, comme on Ta dit , le titre de pîufîeurs Comédies; ihais on ne doit point (bupçonner Molière d'avoir choifî volontairement ce fujet où, jufqu'au titre, tout bizarre & abfurdc. Il n'entreprit cette corvée, qu'a la (bllicitation de fa Troupe. Son Feftin de Pierre , quoique le meilleur de to'Jis, eft celui qu*on goûta le moins. C'cû le même que Thomas Corneille a mis en Vers , & qui (q[u'on me

F E T 49Î

païïc rcxprcffioji, n*cll plus ftrvî qu^avec ce nouvel ai- faifonnemcnt*

FÊTE. Ceft le nom que Ton donne à prefaue tous les Divcniffemensde Chants & de Danie quoii introduit dans un AAe d'Opéra. La difFérencc qu on y affigne entre les mots de Fête & de Di- vertiflement , eft que le premier s'applique plus particulièrement aux Tragédies , & le fécond aux Ballet s.

Une des plus grandes difScultcs d'un Opéra,eft d'y bien amenet des Fêtes. Elles doivent fervir k Tadion principale. Elles doivent y tenir comme încidens au moins vraifemblables; & il eft égal qu'elles viennent au commencement ^ au milieu ou à la fin de TAfte, pourvu que ce foit à pro- pos. Il eft convenable que les Plaifirs , les Amours 6c les Grâces préfentent , en danfant , à Énée les armes dont Vénus lui fait don. Il eft naturel que les Démons , formant un complot funefte au repos du Monde , expriment leur joie par des danfes. Un grand défaut dans un Opéra, eft d'a- voir deux Aftes de fuite fans Fêtes. Ce défaut de- vient plus fenfible, depuis que le goût du Public eft déclaré pour les Divertiflemens.

Le Poète doit jetter de la variété dans fes Fêtes. Ce. feroit un défaut infupportabte dans un Poëme > que de voir deux Fêtes de même caradère.

Quinault coupe fes Opéra de manière que Ie$ Fêtes y viennent comme d'elles-mêmes, & fe fucccdent avec la plus grande variété. Souvent même elles forment un contrafte touchant avec la fîtuation. Dans l'Opéra de Roland, Angélique, aimée de ce Héros , déclare à fa Confidente fon amour pour Médor. Dans Tinftant même, une

9U rtT

troupe d'Infulaires délivrés par Roland , vien- nent lui préfenter un bracelet de la part de leur Libérateur , & forment des danfes à la manière de leur pays. Au fécond Aâe , Angélique* trouve Klédor au milieu d'une Forêt , auprès de la Forêt Enchantée de l'Amour. Elle a vainement com- battu fa pa(Eon. Une troupe d'Amours , de Sy- rènes , de Nymphes , de Sylvains , d'Amans & d'Amantes Enchantés » invitent Angélique & Medor aux plaifîrs de l'Amour. Au troii- ficme Afte , Angélique ayant préféré Médor & lui ayant donné TEmpire du Cataï , les Sujets d'Angélique viennent rendrehommage à leur nou- veau Maître \ ce qui forme une Fêtç majeftueufe. Au quatrième Aâe , Roland trahi , & plus amou- reux que jamais , trouve une troupe de Bergers & de Bergères célébrant l'hymenée d'un Berger du lieu. Il apprend d'eux l'infidélité d'Angélique. Dans fa fureur , il brife les rochers , renverfe les arbres , & fait fuir les Bergers épouvantés. Lo- giftille , environnée des Fées , & évoquant les Ombres des anciens Héros pour l'aider à rendre la raifon à Roland , forme la Fête du cinquième Afte.

Fetes de Cour. Ceft le nom que les Efpagnols donnent à certaines Pièces qu'on repréfente pour folemnifer des événemens heureux , tels que la Naiflance d'un Prince , une Viftoire , un Mariage d'où dépendroit la tranquillité de l'Etat. Le Spec- tacle eft alors entremêlé de machines , de déco- rations , de chant & de danfe. Les danfes font tantôt dans le goût grotefque , tantôt dans le grave » & fouvent caradérifées. Leur chant n eft

qu'unt

^u*une lamentation éternelle, une le^preflîqn âe triftefle , qui dégénère en langueur : aûâfcyaftri! chez eux un proverbe qui dit que les Efpàgn^ls gémiirciit en chantant.

FETE D'AMOURy (laUu Lucas et CoïTÂffÉ^^Co" médie en un A6ley en Vers libres, f avec des air$ , i</i ^i- vertîjfement , & «n Prologue en Vers y par '%îàdamè Favart , revue par M. Chevalier y au Théâtre' Italien y,

'L'Amour, déguîfé enVîllàgeoîs, s'ét'oît retfi*é-il la^cim- pagne , pour unir , par les Uens'de THymen , deux cœurs qui s'aimeroient tendrement. Afin de s'aiîùréi' de la vé- rité de leur amour , il: cxpofe à Lucas , gar çoft jardinier » tous les inconyéniens du mariage. Ce tableau épouvante Lucas, qui, veut bien aimer (a MaitreflcrGolineué; mai» qui ,; craignant les accident dont rAmonriui a fa^îé, * ' ne 4a"^<^^ confcntir à répôufcr; €olînetfe Voi^aift-ccltte répugnance de la part d'un Amant qu'elle* àûfiaè^'pléûre & fe déiole. Ses larmes touchefit Lucas ;, il s'at^tenidrit ^ & l'Amour ne pouvant plus dcTUtcr de la tendrete finçcre des deux Amans , le f ait connbkrc , & prcîFe idî^Àêàie, rinflant de leur mariage. «^ <

FÊTE D'AUTEUiLyXla):ouj4A pA\JSSE\Mà?msÉyComé^ . die en trois Aâes , ^u Vex'Mihrei y w^pç-inA dih€m^ment% parBaifjjiy mThéâtxê'¥fUngm ,'i74iv r l 2! , ^

j Quelques ïîtuations'finguliçres , oçeafîonnéèf par des » <légui ftmens d'hommei eff femmes;- & de femmes en hom- mes , font leprinci jal mérite'dis ÏH Fêté é*'AiàeUti* - ' '

r -'

FETE DE FLORE y (la ) Pâ^omlk^Oférwih imfiifM.^par M, de Sént-Marc y mufiquede Tri^l , 1771. ,. ^ , . ,

' . , Une Bergère coquette fp plaît ï înquîcttcrics Amaps ; mais (es ruiës font bien- tôt décotivertel , ''&^ deviennent fans effet. Céphife (c'eft le nom cette Bergère) déran-

- -ge les guirlandes offertes* J '*Ampi;irY.nn la ^ficnne^arcc ' tel^e d'Hylas, Amant d'Euchàrîs,&t:ellcd'Eucharîs avec

' îà guirlande de Daphnis^qu'Eucharis n'aime pa^. On cé- lèbre la Fête de Flore.' Eucharis eft alarmée de voir la

Tome L -^■^*^'' '■ ^- •'• '-' li '' '•"

49* F E T

guirbflte dTf ylimoiitte à celle AiBc aoireBergere.Cé- piitfepfl^fae de cet iaSviCf pour la rendre ToLige«&Teut engager également Hylas i changer. Les deux Amans trompes Ce reprochent leur inconftuice mutuelle ; mais Flore descend dans ùm char , diffipe leur erreur , ft ^QUiimc Itur amour*

PÈTE DE SÀINT-CLOUD j ila) Opéra-ComiquieniM Aâe , à la Foire S oint- Laurent , 1760.

Trois ou quatre petites intrigues lient des danfês 8c

des Vit^ aflez ridicules* Un Valet veut efcamoteri ion

. Maître une petite Payûwne dans un rendez-vous de

bonne fortune ; un Marquis ne rcconnoit une beauté Pro-

Tinciale avec qui il a vécu , que lorsqu'elle lui a

* chanté deux ou troi$ airs; un jeune Niais y arrivé de

, Normandie} & (on Précepteur. du même pays , fe laif-

fcnt duper par deux filles ; une Scène de lanterne -ma-

S^VP aoiene encore des querelles d'Auteurs y& des cho-

ici du ttm^

H^TE DU CHATEAU^ (la) Divertiffement ^ mêlé de . Vàiiàmlles. îr de pctïu^ Airs , par AL Favart , aux I^a^ liens y 17 6 é^»

On prépare une Fétc à la Dame d'un Château , dont la fiVle a été inoculée avec fticcès* Ceux qui préparent cette Fête , Ibht^ le Médecin, le Fermier, la Concier-

Se ) le Jardinier , le Garde-chafTe , «ce. 11 y a entre ces ivers^Peffioiinages des projets de mariage : la Qmcierge YOudroK^ époufer le JardinicF \ mais il ainnè Colette , fille .du ,Fi;rï»i«t i c'icfeiw ohfti^è <çi'eUe s'ef&rçe de vaincre ; & après bien des tentatives inutiles , il ne lui rcfle j^lvML d'atttre leffource que tfépoufcr le Médecin»

FETES DELAPAlX^(,.lis:)Dîvertïîfemenî en un ASe , par M. FayjiTty Mufique de M.Vhilidory au Théâtre ha- //en, 176U

Le Théâtre.repréitente une grande place^, au milieu

de laquelle cfl la Statue équcflre de Louis XV, tes

SuifTes veulent cmpccbcr le peuple d'en approcher ;

/mais le Chef des .Hérauts -d'Armes ordonne de laiflcr

paiTer tous ceux qui veulent yoir de près la Statue du

F E T 4„

Roî. Des Jardiniers & des Bouquetières viennent en chantant 8c en danfant « orner la Statue du Roi de fes- tons & de guirlandes. Un Abbé, en habit de campagne.

qu'il n'a d'Abbé aue l'habit. La Bourgcoife , fenfîble aux propo/îtions de l'Abbé , regrette de n'être pas affurée du ^rt de (on mari , qu'elle croit mort. Ce mari , qui eftun Grenadier, vient & la furprcnd avec l'Abbé. La Bour^

£eoi(e eft prête â s'évanouir de frayeur & de chagrin» e bon Grenadier prend cela pour un eflPet de la ten- dre/Te de Ca. femme. Elle fc plaint de toutes les inquié-» tudes qu'il lui a caufées , & le querelle de ce qu'il ef| déjà ivre. Il convient qu'il a bu avec (es camarades » i la (ànté de tous les peuples de la terre , qui (ont nos bons amis , pui(que la paix t:(l générale; L'Abbé veut (c mêler d'appuyer les reproches de la femme ; mais le Grenadier , après l'avoir toifé du haut en bas , ro-<: blige â fe retirer avec peu de ménagement. Un Pré- cepteur montre à Ces Ecoliers la Statue du Roi , ic les figures des hommes illudres qui rempliiïènt les gradins du portique , en les invitant i mériter d'y prendre place un jour avec eux. Un Vieillard , nommé Gombault , qui a (ervi le Roi au(fi long -tems que (es forcené lui ont permis , détaille i (es Compatriotes les dangers que ce Monarque a partagés avec (es Soldats* Louiîbn , petite -fille i tut deniande ce que c'eH que U guerre : il lui en donne une idée , par la comparai(bii ju'il en fait avec un ouragan horrible , qui , quelques années auparavant , avoit ravagé tout le canton. Il bénit cnfuite , avec tous les habitans , la bonté du Roi , qui i épargné à toutes (es Provinces les calamités que produit ce fléau* Le fils de ce brave homme » qui s'étoit mis dans le fervice , quand (on père s'en eft retiré , arrive & in- interrompt , ou plutôt redouble les épanchemens de cœur de ces boanes gens. Il a fervi en brave Soldat , ^ mérité le grade d'Officier , & a été honoré de la Croix de S* Louis, il (e propo(c de faire fervir la Penfîon dont il eft qualifié, à procurer à (a famille une vie plus commo« mode , 8c fe di(po(e lui-même à les aider dans les (oins de la culture des terres , t^nt que la p%tx lui en hiiTer»

V

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le loifinPuîss^airef&nt à des Grenadiers qui flirriennent Se le reconnolfient pour un de leurs anciens camarades , il leur montre ces bons payfans, dont il ne rougit pas d'être le fils ; & ils prennent dans leurs bras la petite Louilqn > qu'ils élèvent pour lui faire voir la Statue du bon Roi* La Fête villac^eoile recommence avec les ini[^ trumens champêtres. Les Grenadiers s'y joignent, & chantent des couplets galamment grivois* Succeflîve- ment la Place fe remplit d'une multitude de gens de tout âgt 8c de tous états. La Fête devient générale , & finit par un Ballet qui peint le tumulte de la joie , au milieu delaquclle un Carillonneur , fa femme éc un Ar- lificier chantent des morceaux qui caraâérifent leurs fondions*

fÈTES DES ENVIRONS DE PARIS , {les) Parodie def têtes Grecques & Romaines , par NL Gondât , aux Ita- liens ^i75i*

Diitafllpn..^ Receveur de la Terre d*un Financier, .vient aveC'Gripet , (on Commis , pour recevoir, de l'ar-

fent de la JVleuniere Farinette , qui en doit beaucoup, lie a fait un bail qui la ruine ; & elle veut engager le Receveur à le rompre. Le Commis exhorte Dutaiilon i ne pas fe laiiïcr gagner : celui-ci promet de tenir bon"; jnais /épris des charmes de la Meunière , il rompt le iaii : ïl fait plus , il répoufe. Premier A6le,

Un Gafcon inconflant , qui a remporte le prix de l'Ar- quebufr , reçoit la couronne , non des mains d'Êglé , i qui il avoit promis (a foi , mais de; celles de Nanette , qu'il lui prétere. Égle réclame en vain les fermens du jGalcon : il lui répond que tout ce qu'il peut faire pour elle, ç'efi de lui donner à ia, place un cou/în qui arrive de fbn pays. Deuxième Âôîe,

Cénie avoue à Martin fbn penchant pour Damon , dont elle efi aimée ; ce Damon cil un homme de con-» dition , qui s'eft déguifé en Valet & eft entré au fcrvîcç de Cénie, pour découvrir elle n'a point quelque in- clination. Génie qui le connoît, prend plaifîr à Tinquic- ter un moment : elle feint de vouloir le charger (T unç lettre pour un. homme qu'elle aime» Damon déguifé entre en fureur., & veut le vc;îger de Con rival. Eh bien.

F E T foi-

dît Ce nie , venge?- vous (ur vous-même : il' volt par-là , qu'il c& rccomiu & aimé» Troijiémt A6le.

'FETES D^HÉBÉ ^ \lss) ou les Taiens lyri(iues% Opéra. * Ballet , paroles de Mondorge , mufique de Ra- meau y 17^9»

Quoique les paroles de cet Opéra n^euflène ni toutes les grâces de Quinault , ni toute la nneflc de Lamotte ^ elles fournifibienc un affez beau canevas au génie du Mudcien. Avec un homme tel que Rameau , u n'étoit guères podible qu'un ouvrage , même médiocre , n'eût qu'un médiocre fuccès. Les Fêtes d'Hébé furent afièz bien reçues : on ne (àuroit nier qu'elles ne méritailent ^ à certains égards, le (uccès qu'elles obtinrent. Leiujet étoit heureu(èment choifî ; & Ton trouve , de tems en tems , quelques détails dignes du (ujet. Ce qu'il fautxe- marquer (ur-tout > c'efl que cet Opéra eH un des premiers l'on ait eflàyé de venger cette e(pcce de Poème du reproche de fadeur & de foibleflè que les i>ons Juges lut «nt fait (buvent avec quelque raifon. L'Aâe du Tyrtfiée ne roule point (ùr ces lieux communs de morale lubrique» rcchauffés par les Tons de Lùlli , & cenlurés par le Sage Dcfpréaux. La harangue de ce Libérateur des Spartiates eu, du ton le plus noble ; c'efl vraiment une harangue militaire. Il vaudroit bien mieux tran(porter de pareils fujets (ur la Scène Lyrique , que d'aller , comme dit le . grand RouiTeau ,

Développer, en des Scènes dolentes , Du doux Quinault les Fandeôes galantes.

On doit favoir gré à Mondorge , de s'être affranchi l'un , des premiers , de cet ufage ridicule , qui avoit G fort ré-

tréci les idées des Faifeurs d'Opéra , & qui bornoit leur Didionnaire à une douzaine de mots po(fliches ycombinés Bc refTafTés jufqu'au dégoût en. cent manières difiîrentes.

Parce que Quinault «le modèle de ce genre y avoit épuifï

tous les Madrigaux de la Gala(i#rie , ceux qui font ve* , nus après lui fe font fcrupuleufement un devoir, de fc

traîner (ur fcs traces. C'étoît chercher des floùrs dans un parterre , déjà il n'ea rclloit plus à cueillir* Mon- dorge s'éicarta avec fucçè^ dQ U route commune:;: mais il

Il 11)

•joi F E T

aanit £dlo,poor accréditer cette îafloratioBt pins Terre & de cnaleur poétique.

VÊTES DE THALIE ,{les) OvéréL-BaUet , (Ofec un Pro- logue^par Lafont » mufique de Mouret » I7i4>

U eft di^Ké en trois Entrées , compofees chacune d'une petite Comédie* Dans la première , intitulée la mu y un Capitaine de Vaiifeau , dont le nom eft Acafie» £mpire en vain pour Léonore , fille de Cléon & de Bé- li(ê. Cette dernière , qui croit fon époux mort , dédom- snageroit volontiers Acafie des rigueurs de ùl fille* Lui- snéme paroît le défirer ; mais c'en pour piquer l'amour- propre de Léonore ; & ce ftratagéme lui rcuflit* Cléon « ^'il a délivré de l'efclavage d^lger , eft charmé d'à- .Toir cette occafîon de récompenler la générofîté.

La féconde Entrée a pour titre la fleure. Deux Ri« ▼aux, l'un Militaire , l'autre Financier , s'y disputent le corar d'Ifabelle t jeune veuve , auffi co<^uette que belle. Après avoir écouté paifiblement leurs dilcours , & reçu une Fête du Financier , elle leur déclare que ibn in- différence efi égale pour l'un & pour l'autre.

La Femme eft le nijet de la troifîeme Entrée. Dorante V devenu amoureux de fa femme , qu'il méconnoit (bus le anafquet & qu'il croit abfente , lut donne une Fête , l'o- blige à fe démafquer, & Ce tire galamment d^afiaires. Le fond de cette petite intrigue paroit avoir été calqué iur le Bal d^AuteuiL Quoi qu il en (bit, le (ûccès de cet Opéra fut des plus briilansTpn en trouve le genre abfo- lument neuf; & c'étoit par cette railbn, qu on ne l'ap- plaudiflbit qu'à regret. L'Auteur eut quelques remords de divertir ainfî les Speâateurs malgré eux. Il fit lui- snéme la critique de fon Quvrage , & en attribua le (uc- ccs aux Danfès & à la Mufique. Mais on doit ajouter , ^ue l'heureux naturel de Tes Vers facilita l'Art du Mufi- cien ; comme la difpofition de Tes plans aidoit à déployer les ulens des Danfeurs.

A l'occaiton d'une reprife de cet (^éra en 1711, l'Au- teur y ajouta l'Aâe éàf la Provençale, Une jeune peribn- sie, parfaitement belle, eft détenue depuis Con enfance , dans une Baftide au bord de la mer. Elle a fi peu de communication avec le refte des humains , que Gou- vernante & un vieux Tuteur jaloux font parvenus à lu<

T ET ^ jej

j^crRiader que laideur eft extrême. Elle efi détrompée par un jeune homme qui Talme « & qui Tarrache de fa prifbn. Cette agréable intrigue e flrendue par des Vers élégans ^ faciles.

FÊTES DU COURS , ( /w > Comédie en un ASle , en pfofe , précédée d^un Prologue y ù'fuivie d'un Divettiffèment , par Dancourt » mujique de GilJiersy aux Français , i7i4«

Le Cours fut autrefois , & avec plus de raîfôn , ce que font aujourd'hui les Boulevards* C*efl à quoi fait allu;non cette Comédie. Elle con/ifiê en déguifèmens , en rencon- tres imprévues , en méprifts.. L'Auteur auroit pu ihéme« TU la circonftaoce , y jetter encore plud de {iié«ytniént & de variété. , .

FETES PARISIENNES .(les) Comédie in Verîi en un

A&e%méléede Chants &• de DanfeSjfar Chevrieri Buliet de M^ de Hejfe^ donné aufujet de la Naijfance de Af. U Comte de Provence t aujourahid MoiisiÈURy au Théâtre Italien y 17 $$•

A la première nouvelle de la nalflàflce d'un jétlhe Prince , le peuple fait éclater fa joie par des chants de par des danfès. Une eQ)«^ce de Misanthrope fort de cbc:^ fui , de fe plaint qu'on l'empêche de dormir par le bruit aue l'on fait ; mats quand il en apprend le fbjet , fpn Iront déride ^ 8c il èe livre lui-même à la joie comme les autres. Pour faire voir combien il charmé de cet événement « il c»nfêllt â époufèr une vieille VtAït , qui ▼eut marier avec lui, malgré qu'il en ait. Lematiàge le fait; & dans le dlvertiffemeift qui le fttit, on ehaitte beaucoup de^xiimpkts k l'honneur Roi.

FÊTES SINCERES j ( les) Cêmédie en tin Aée > éti Vttsl fax Pannard & Sticmi , aut Italiens y 1744.

C'efi ici la. feule Pièce fur la Convakfcence de Lotiis

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prête de tous les canrs.- M. Beucour «â ea pspcMayecLifimoiiilcDorMrte»

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fils de ce dernier , perd tout efpoir d'obtenir la belle Lticile , fille de M. fioucour ; mais Tamour pour le Roi réunit tous les efprits; & les deux Adverfàires, pénétrés d'une mutuelle admiration pour leurs fentimens envers Louis , s'embrafTent avec joie , & confentent au bonheur de leurs enfans*

FIGURANS. On appelle ainfi à TOpéra les Chan- teurs & les Chanteufes, les Danfeurs & les Dan^- feufes en fous-ordre , employés dans les Choeurs (c dans les Danfes » ils paroidènt fous les di- vers habiUemens que le fujet exige.

FIGURES. Les Figures étant la langue de Timagî- nation & des pâmons , font d'un grand ufage au Théâtre. Mais elles exigent une grande fineffb de goût & de difcernement. Voye^ les princ pales ^ Ironie /Métaphore, Hypotypos^ , Pn^osopée,

, Style » &c.

TILEUSEj (/û) Parodie d'ÛMPHALty en un Aêle^ en yandevilles y par Vadéy d la Foire Saint-Germain y 1752.

Chacun connoît TOpéra qui fait le fiijet de cette Parodie. Ici , au lieu d*Hercule , c'efi le vaUlaot Mata- more , Brigadier de la Mar échauffée ; au lieu d*Ompha- le , c'cfl Babet , jeune veuve & Fermière. En vain Mata- more a délivré cette femme desMarodeurs qui la pilloient;

. Babet n*a pour lui que de la reconnoiffance ; & Daphnis ieul a (on amour* Cependant elle permet à Maitamore de

, fc rendre à la Vrillée 9 & prie furtivement Daphnis de s'y trouver. Maigréchine > riche Sorcière , apprenant que ion ingrat Matamore eii amoureux de Babet , veut évoquer les Montres du Tartare ; mais l'Enfer eft fourd à fa voix. On fe rend à la Veillée : une Vieille eft occu-

Jïéc à filer au rouet , 9c s'endort de tems en tems. Deux eufies perfbnnes profitent de fon fommeil , pour jouer

- au pied -de-boeuf , & reprennent leurs ouvrages quand

- la Vieille s'éveille. Babet , d'un autre c6té , déride du £1 (lir les mains de Daphnis, tandis que le vaillant Ma-

< umorc ^ ùfiC quenouille au cStë ^ s'amufe à filer; La

Il * -t

FIL jof

pré(cnce de Maîgréchînc en courroux , fait fuir en dc- ibrdrc toute la v cîUéc. Elle apprend à fon perfide Ta- mour de Babet pour Daphnis , & les lui fait voir en- femble dans un jardin. Matamore , loin de Ce venger , unit les deux Amans ; mais ce partage nVfl pas plus heureux pourMaieréchine ; Matamore refufe de Tcpou-, fer , crainte d'avoir le Diable pour rival.

HLLE-ARBITRE , ( Za ) Comédie de Romagnefy , en cini AâeS'i en Profe > avec un Divertïjjement » au ihéâtre Itar lien y 1738.

Un Bourgeois de Londres avoît eu , d'une femme dont il étoit veuf, une fille qui lui étoit chère ; mais qu'il ne (c trouva pas en état de pourvoir avantageulc- ment lorfqu'elle fut devenue nubille. EUe étoit fans doute aimable , puisqu'elle avoit un grand nombre d'A- mans : fbn pcre , ingénieux à lui procurer un mariage qui pût la mettre à fon àifc , s'avifa d'un ftratagême qui lui réunît. AiTuré de l'obéiffance de fille , qui^ par bonheur , n'avoit point encore pris d'engagement, il in- vita cinq de Tes Amans les plus emprefTes , à venir dî- ner chez lui ; & à la fin du repas il leur parla ainfi :

«c Je fais que vous aimez tous également ma fille , & ^ que main ed l'objet de vos défirs: vous n'ignorez pas » qu'un leul peut l'obtenir ; mais aucun de vous n*e(l 9> aflcz riche , pour lui faire un fort heureux ; remettez votre bonheur entre les mains de la Fortune ; que cha- 3> cun de vous rifque trois cens guinées , & qu'on tire aux 93 dez à qui lesquinze cens appartiendrontavec ma fille, 3> à qui j'en donnerai trois cens autres pour dot , & lui M afiurerai ma fucceffion, »

La proportion efl unanimement acceptée : on apporte la fomme prefcrite ; le fort fe déclare pour un des cinq , qui étoit Caiflier d'un riche Commerçant de Londres. Ce dernier ne pouvant contenir fa joie , fit part de fon bon- heur au Commerçant 9 & Y ajouta un portrait ii avanta- feux de fa Future , qu'il nt concevoir à fon Maître le édr de connoître un objet fi digne d'être aimé. Sacu- riofité lui coûta cher : il la paya du prix de fa liberté ^ ic devint le plus pailionné des Amans. Il fe flatta que fbn Commis voudroit bien lui céder l'objet aimé , en gardant les quinze cens, gainées pour lui* Le Coaunis

So6 FIL

lui répondit qu'il fie faifbit cas de cette (ômmef qpe parce qu'elle lui aiiuroit le prix de fon amour. Le Commer- çant , irrité de fon refus > demanda d*oà il avoit les trois cens guinées qu'il avoit mifès au jeu. Le Commis » ingénu « avoua qu'il les lui avoit prifes dam CaifTè ^ ûuf à les lui reâituer (ur quelques années de fes gages , s'il les eût perdues. C'étoit jugement cet aveu que fon Rival attendoit. Il prétendit que puifque la fille avoit été gagnée avec (on argent , elle lui appar^enoit de droit* Cette hifloire , tirée du Pour tr Contre de TAbbc Pte- Toâ , a fourni le Hijet de cette Pièce.

HLLE CAPITAINE ,(la) Comédie en Vers, en cinq AÛes, de Mon tfieury , 1 6 ^9

Voici , (ans doute» la meilleure Pièce de Montfieury* L*intriguè en eil Hmple , naturelle , 5c agréablement conduite. On y voit un mari berné ; mais rien de plus digne de Tétre , que ce M* Leblanc » époux iuranné d'une jeune pern>nne. Il veut en féduire une autre , & s'oppoie , par cette raifba , au mariage de Damon , fon pupille & fon rival. C'efl pour vaincre fa ' réMance » qu'Angélique , coufîne de Lucinde , prend & l'uniforme & le titre de Capitaine» Madame Leblanc « informée de l'extravagance de foji mari, fe prête volontiers au piège qu'on veut lui tendre : il la voit cajoler fous fes yeux par le prétendu Capitaine , de n*ofe ni paroitre ni fe taire en- tendre : il efi furpris lui-même aux genoux de Lucinde » enrôlé comme foldat , & obligé de foufcrire au mariage de Damon, pour reprendre la qualité de Bourgeois. Il règne dans cette Comédie une gaieté fbutcnue , une foule de fîtuations piquantes & théâtrales. Le rôle d'An- gélique abfbrbe tous les autres ; mais il le falloit : c'efl fui qui donne le titre â la Pièce,

HLLE INQUIETTE , (la) ou le Besoin d^aimmRj Co^ médie en cinq A^es , en profe , avec des Dipertijjèmens y par Autre au , au Théâtre Italien , 1723.

On y dit hautement oue le befbin d'aimer eil auffi réel, que le Printems & l'Automne ; qu'il n'ed pas moins ficcefïàire que le froid en Hiver & la chaleur en Eté ; que l'amour imite , dans les jeunes cœurs , le jeu de la lève dans les jeunes plantes, dcc. Voilii ce qu'une ^oua

FIL joy

fcrettc rufic entreprend de démontrer à une jeune Mé- lancolique , pour lui ôter Tes fcrupules. Un Amant (e préfènte fous le nom & la qualité de Maître de Phllofo- phle. Un père imbécille le laiiTe (ùrprendre , fîgne le contrat ; le mariage fe conclut y & amené le Divertiflc- xtient , qui fait prefque Tunique agrément de la Pièce.

HLLE'MAL'GARDÉE y (h) Parodie de la Provsk- fALE y quatrième Entrée de Wpéra des Fêtes de Thz- LiE y par Favart y mujique de Af. Duny , 175^»

^ Un vieux Madfter de Village ^ qui a pour écoliere la îeune 8c belle Nieolette, dont xl c& amoureux y la cache a tous les regards , 8c ne l'entretient que de fa prétendue laideur. Nicolettç , qui s*eil mirée dans une fontaine, a pris une meilleure opinion de la figure. Un jeune Amant qui , à rin(^u du Jaloux, lui a parlé d'amour, Ta encore mieux perluadée. Une vieille Gouvernante du MagiHer , impérieufe 8c bru(que , veille Hir tous (es pas, 8c avertit le Jaloux, que les Amans peuvent s'introduire par une brèche faite au jardin ; ce qui l'oblige d'aller dans la Guinguette prochaine chercher des Maçonst Pendant (on ablence , la Surveillante donne dans un piège que Mico- lette lui tend. L'Amant arrive en cabriolet , enlevé fa Maitreflè au lieu de la Gouvernante qui s'en étoit flattée.

HLLESy ( les ) Opéra-Comique en un Aâe %' par Rochon de

la Valette y dix Foire Saint-Laurent , tfSl*

Mercure defcend de la Cour célefle , pour faire fôrtir de l'aflbupiiTement plufîeurs Nymphes qui dorment (ur le gazon. Un Amaut pourra les réveiller ; mais quel Aniant ehoifira t-on pour cet of&ce. Mercure imagine àè leur envoyer un petit-Maître , un homme A fcntiment , & un Financier. Le Petit-Maître les réveille d'abord en leur ' préchant l'ihconftance 8c la diver/îté dans les plaifîrs* Mais quand Erade vient leur parler de fentiment , elles fe rendorment aufïi-tét , 8c leur affoupiflement les tient plus fortement qu'auparavant.Le Financier arrive,tenant en main des bourfes pleines d'or , qu'il fait fbnner à leurs oreiiles.Dans Tinûant toutes lesNymphes fe réveil- lent , fe jettent à fôn cou y 8c l'accablent de careflês.

soi

F I L

FILS NATUREL , {le ) ou les Épreuves di la Vertu ; Drame en cinq A&es » en Profe , par M. Diderot , aux François^ i77i.

Dorval veut partir de Saint -Gcrmaîn ; Confiance ne peut ajouter foi à ce départ. Dorval fuppofe des Let- tres preilantes qui rappellent à Paris. Conâance animée lui fait alors Taveu de Ton amout , qu'il reçoit afTez froi- dement , parce qu'il aime Rolalie , promilè à Clairville. Celui-ci , qui ignore cet attachement , prie Dorval de lui rendre un fervice. Il aime éperduement Rofalie II a vu pendant quelque tems foit amour aflèz bien reçu ; mais par un changement affreux , inopiné , il ne voit plus, depuis quelques jours, que de l'indifférence. Il prie (on ami d'aller trouver Rofàlie, pour découvrira véri- tables rèntimens. Dorval s'acquitte de la commiflîon f & Rofalie ne peut fe diûimuler qu'elle n'aime plus Clairville , qu'elle en aime un autre , 8c fait entendre eAcz clairement à Dorval , qu'il cft lui-même l'objet de fes nouveaux feux. Dorval efl agité des plus grands mouvcmens : il impute au ciel , il s'impute à lui-même les malheurs qu'il caufe à fbn ami. Confiance fe flatte toujours d'être aimée , & croit en voir la preuve dans une Lettre qu'elle vient de furprendre. Dorval s'efforce d'éteindre en elle la paffion qu'elle a pour lui : Si pour cet effet , il lui raconte l'Hifloire de fa vie , qui , ftloa lui , n'efi qu'un tiilu d'infortunes. Une jeune perfbnne « trop tendre, trop fènfible , lui donna la vie , 8c mourut peu de temps après» Ses parens , irrités & puifTans , obli- gèrent fbn pcre de pafTcr aux Ifles ; ainfî fa naiflancc efl abieâe ; à l'égard de fortune , elle vient , dit-il, d'être diminuée de moitié ; 8c quant à (on cœur , il cù. Hétri par de longues difgraces. Depuis qu'il fe connoit il a toujours été malheureux. Toutes' ces raifons ne tou- chent point Confiance, qui ne voit que les vertus de Dor- val. L'^impatient Clairville le prie de ramener Rofalie à fes premiers fcntimcns. Dorval travaille à la faire re- noncer à fa pafHon pour lui ; 8c elle fe rend enfin à (es . raifons & à fbn exemple, puifqu'il étouffe lui même les feux dont il brûloit pour elle. Suit un éclaircifTcment qui apprend à ces deux Amaiis , qu'ils font frère & r<xur«

FIL FIN $09

CiairYllle ; au comble de Tes vœux , épouCê Ro(àlie » Hc Doryal devient le mari de Confiance.

FILS SUPPOSÉ , ( /e ) Comédi: en cinq Aâes » en Vert , |7ar Scudery% i6^u

Almédor & Ro(kndre (ont convenus de cimenter leur ancienne amitié , par le mariage de leurs enfau». Mais l'Amour a déjà pris d'autres mefures, Luciane , fille de RoCkndre y aime Oronte « &L veut l'aimer conllammcnt. Philante t fils d' Almédor, eil attaché àBéU(è > Se prend le parti de la faire enlever* Bélifc & Luciane contcâenc enîcmble les intérêts de leurs amours. Almédor , Gen- tilhomme Pariiîen , n'a jamais vu Ton fils , élevé en Pro- vince. Bélifè , déguifée , (e préfente à lui en cette qua- lité ; & en cette qualité aufïi , elle feint d'être amoureux de Luciane. Celle-ci égaie la Scène , en donnant à Oronte afièz de jaloufie , pour le forcer à chercher Cou rival , & à fe battre avec lui. Le véritable Philinte arri- ve à Paris ; & le premier compliment qu'il y rccjoit , c'eâ un cartel. Sa fîirprilc donne lieu de démêler toute l'intrigue. Béli Ce , à qui l'on veut faire époufer Luciane , en dilpofe comme d'un bien qui lui propre , Se la donne à Oronte; elle prend pour elle (on Philinte; le? pcres approuvent cet arrangements Le Ledeur lui-même applaudiroit à la Pièce , n l'aâion en étoit plus vive> plus (butenue 9 plus animée , les détails plus précis , plus variés , Se fur-tout plus vraifemblables,

FINANCIER ^ (le) Comédie en un Aâle , en Profe » par de Saint'Foix , au Théâtre François ^ 17^1.

Alcimon , riche Financier , habite pendant la belle ',fai(bn , un Château dont il n'cà pofTefleur que depuis /îx mois. Il a pris , (clon l'ufage , le nom de la Terre , 8c quitté le hen propre. La voiture d'un Marquis (c rompt > 'au bout de l'avenue d' Alcimon ; le Financier accourt ; il le félicite du léger accident qui^lui procure le plaifir de recevoir chez lui un homme <le condition. Un Carrofîe de Voiture avoit verfc au même endroit: on vient dire à Ailcimon qu'on en a tiré un Veillard pauvre, & incom- modé de la chute a qu'à chaque indant il perd connoif- iance. ApeineJe Financier daigne-t-il y faire attention, il permet néanmoins qu'oA lui donne une Chambre dans

ji6 F L A F L E

fon Chiteau ; mais il n*eiitoye pas même demander de fès nouvelles» Ce Vieillard a une fille fkge de yertueule qui raccompagne. Le Marquis veut l'amener a Paris &: la meubler. Lin Chevalier , d'une probité févcrc, s'in- térefle au père & à la fille , dont TuH fe trouve être le père , l'autre la (oeur d'Alcimôn. La Pièce finit par le mariage de la foeur d'Alcimon , & du Chevalier.

ILATTEUR , ( fe ) Cûmiiie en cinq A&es , en Vers , de Jean-Baptifle Rou£èau , au Théâtre François > i$96.

Cette Pièce étoit en Profe , lorfqu'on la repréfcnti d'abord. Plu$ de vin^t ans après , TAuteiir la mit en Vers, n Le fujét , diroIt-U , demandoit autre chofè que 9> de la Profe ; mais quand je la donnai au Public , j'é- 89 tois trop jeune 8c trop timide, poUr entreprendre uh 9> ouvrage de deux mille Vers 3>. Defpréaux parlant un jour d'un ùian qu'il avolt imaginé pôut reâifier le dé-

nouemerit ûu^Tartuffe ^ diftit : qtle RoufTeau étoit (cul capable d'exécuter un pareil deffein ; & c'eft ce qu'il a fait dans le Flatteur. Il furpr^nant que les Comédiens François ne remettent plus au Théâtre cette Pièce qui cil une des meilleures qu'on ah fkites depuis Molière , tandis qu'ih nous accablent de Drattie^ monÛruetix , qui

/ font la horttè de leur Thèâtrcr, à cortdinpent de plus en plus le go&t de la Nation.

FLEUVE SGAMANDkEi ( le ) Opéra-Comiqut en un Aâe > par rAffichard , àla Foire Saint-Laurent 9 1 7 34«

Par une curioiité naturelle à ion Texe , Callirhoé s interrogé TÛracle (ur fa deAinée ; k Calchas lui a ré- pondu qtf elle doit éboufcr un iftirtidirtel. Elîè devient amoureufé de Pamphile , qui le dit le Ûieii du Fleuve Scamandrc: elle lui reftc attâthéé, quoiqu'il ne foit qu'un mortel. Cette Pièce ^fFre de la véfîté dans le jcU p ^d'aflez bonnes piai(ànteries«

FLELVE DVUBLI^ (le) en un A€les en Profe, «rec divertiJUiment ^ par le Grand ^ aux Italiens ^ 17^ t.

Le Fleuve d'Oubli eft comme k fuite de la Cdmédîiç de Belphégor ; c'efl Trivelin l-evétn de la qualité de Diilributeur en chef des eaux du Fleuve Léthé. UnMar^ quis, une grande psulcufc , un ingrat , une Coquette »

F L O ;li

^ un Apothicaire j un Galcon , Ce préfentent tour«à-tour ; Se chacun raifonne lèlon Ton état & (on caraâère : le Gafcon menace de jetter le Fleuve par la fenêtre , pu ne lui en accorde cent bouteilles pour faire boire à les créanciers*

FLORENTIN, (ie) Comédie en un 'ASle^ en Vers , de la Fontaine » au Théâtre François , i68j»

Cette Comédie eft foible d'intrigue 8c d*intérct. Le jeu des Adeurs y fait beaucoup ; la Scène entre Har- pajème , ( c'efl le nom du Florentin } êc Hortenfè fa pupille , efl excellente , & demande bien de la fineflè de la part de TAdrice qui rcpréfente le per- lonnage d*Hortcn(c. Il fut joué d'original par la Rai- fin. Mademoi(elle le Couvreur l'adopta , Se mit cette Pièce à la mode , par l'art & les grâces de (on jeu. Ma- dame Grandval fit eafiiitc briller ce per(bnnage , par l'heureux talent dont la nature l'avoit douée pour le rolc de Noble -Comique*

FLORIMONDEy Tragi-Comédie deRotrou, 16^9.

Florimonde aime Cléante , & ne peut rendre (en- fîble : elle feint de répondre à l'amour de Théafle ; 5c au(ïi-t6t Cléante fe fent enflammé. II fbupire, il pleure, il gémit , il conjure , & n'omet rien pour rentrer danç un^ coeur qu'il avoit dédaigné, Florimonde le laiffe tou* ^ cher & (c rend. Ce dernier ouvrage de Rotrou eft comme presque toutes les autres Pièces , chargé d'incidens Se d'évenemens épifbdiques.Théaile efi un ferrailleur , qui a continuellement l'épéc à la main , & bat fi heureu- fement , au'il en efl toujours quitte pour de légères bleflùres. Il reconnoît , fous l'habit de Tjrrcis qui le force i uï\ nouveau combat , Félicie qu'il aunoit autrefois , & qu'il croyoit morte, Onfe pardonne, ons'embralTe, on fe marie, &c,

FLORINDE, Tragédie de M. Lefevre^ ir/o»

iJn Gentilhomme' Efpagnol , nommé Julien , s'cfi retiré chez les Maures qu'il a foulevés contre fa Patrie , pour fc venger de l'aflfront fait à fa fille par le Roi Ro- drigue. Cette fille devenue prifbaniere des Maures , fc trouve dans la puiflànœ do (on père qui ne U xecqnnoit

jit FOI

pag , 8c auqiiel elle ne veut point (c faire connoitre ^ craignant fa colère, s'il apprend l'amour qu'elle a pout fou raviflcur. Cependant ce père fcnt un intérêt prcP* fànt pour fa Captive ; il lui demande le (lijet de Tes en- nuis, qu'elle craint de lui confier, Rodrigue, fon Amant, vient , lous le titre d'un Député , propofcr aux Maures l'échange de la Captive , avec cent autres prifonnicrs de leur Nation» Ce Roi rencontre Julien , & lui reproche fa révolte : cependant ce dernier eft prêt à outlicr l'of- fcnfVj il Rodrigue veut remettre fa fille entre fes mains > & l'obtenir enluite de lui-même. L'Amant , afîixré que Julien ne connoit point ia pri(bnniere , médite le ae£^ fein de l'enlever ou de périr. Elle-même confènt de fe rendre â (es vaux ; mais Julien foupçonnant de la trahi- fon , empêche leur projet. Alors la fille de Julien dévoile le myilère de fa naiffanee & de fon amour â fon père , qui prend des (entimens plus doux , 8c conçoit le défit éc faire le konheur de fa fille & de Satisfaire fon Roi. Alais il doit cacher ce defiein au Chef des Maures , qui veut époufcr la fille de Julien, pour prix de fes fèrvices. Il feint de vouloir livrer le combat. Rodrigue , qui ne connoît point les intentions de Julien , & fe voit hors d'état de réfifier, poignarde fon Amante. Le père vient dans le même tems lui offrir fa fille ^ Rodrigue défefpéré, ' fe tue , & la Pièce finit.

FOIRE. ( Théâtre de la ) f^oye^ Parade , Paro- die, Farce.

FOIRE DE BEZONS ,(îa) Comédie en un ASe , }n profe , de Dancourt j avec un DivertiJJement , .aux François , i ^5 5

EraÔe , amoureux de Marianne , fille de Mfi GrifFard » faîfit ToGCafion de cette Foire, pour effaycr de parler à.fà Maîtréflè. Il eft (ccondé.parCidalife, de qui M. Grif&rd cfl lui-même amoureux. Il ne lui eft donc. pas difficile de l'engager à figner le contrat de mariage de fon père nour-; ricier ; mais o5 nourricier n*cft autre cliofe que l'Olive ,

- valet d'Erafie ^ déguifé en payfan , êc accompagné 4*une troupe de Mafques. Il fe trouve que M. Grifl'ard figne le

- contrat de mariage de fa propre fille , & apprend en fuite que Cidalife efl mariée à fon neveu. Parmi les épifodcs que l'Auteur a joints à Gain ;fu]çt,, le naufrage de Ma-!-

dame

dame Gulllemln ^ & réquipagc Coms lequel elle (e mon- tre aux yeux de Coa mari , n eA pas le moins divercir- lànt.

tOIRE DE CYTHÈRE, (la) Opéra - Comique en un Aâe<i par Pannard Çr Fsgan^ d la Foire Saint- Laurent y

Il s'agît de faire approuver i un pete ,uii mariage qui

rirritc. On y^ parvient , en offrant â Tes yeux difFérens

' tableaux qui Tamufent , Tintéreflent , 8c enfin le flé-

' chifTent. Telle ell, fur-tout , la Scène il trouve (on

petit-fils entre les mains & aux ordres à'un Opcra-i

teur.

FOIRE RENAISSANTE j (la) Comédie en un ASe, ei , Profi Kf en Vaudevillss , par Riccoioni le père &• Domi-- nique y au Théâtre Italien y i7^9*

La Foiré n'ayant pu fùrvivre à la honte de Ce voie condamnée à un éternel filence « defcend au l^oyaumc (ombre. > elle trouve d'abord Caron» qui , fiirpris de voir une ombre fi gaie dans les Enfers, s'informe du fli- jet qui l'y a.fait defcendre. Elle fatisfair à toutes Tes de- mandes , & le prie de l'introduire chez Pluton , pour la- voir, du moins, à quoi elle doit s'en tenir , Iqrfque Minos furvient , qui pareillement étonné de voir une H plai- fânte figure, lui fait, à-peu-près, les mêmes queflions que Caron lui a faites. Celle-ci répond (lir Ton ton ordinaire ; * ce ^ui , indifpolè tellement contre elle le Juge infernal ,

Îu'il lui reiufe impitoyablement une place dans les )hamps Elyfées , malgré l'offre qu'elle fait d'y établit: un . Opéra-Comique , pour divertir Pluton & toute fa Cour. Elle ne Ce conlble d'être exclue de ce lieu , que parce qu'elle ne manqueroit pas d'y trouver l'ame de que^ues Comédiens Franc^ois , qui la chicanneroit encore. Enfin , Minos lui ordonne de retourner fur la Terre ; parce au'en y corrompant les mœurs par le libertinage de Con Spedacle , l'Enfer en profitera. Elle fort , en proteflant de n'épargner , dans Tes couplets mordans , ni (es ennc- . nemis , ni l'Enfer , ni Minos même. Cependant les Co- médiens Juliens , qui avoient appris ùl mort précipitée ,

su . . FOI

fe réjoaiflbicnt d'un heureux événement ; & pour mieux faire éclater leur joie , ils avoient fait élever un arc de triomphe , la Foire paroît terraffée par un Aâeur héroïque & par Arlequin. Pantalon , le Dodeur & Sca- ramouche viennent voir R l'exécution du trophée ré- pond à leur intention. Dans le tems qu'ils le con/ide- rent) ils entendent poufTer des cris qui leur pré(àgent Quelque chofc de finillre. En effet , ils voyent arriver Flaminia plongée dans la trifleHe , qui leur fait» en ûyle tragique, un récit de larenaiiTance de leur commune en- nemie. Une pareille nouvelle eft un coup qui com- mence à les accabler ; & l'arrivée de la Foire achève de les déconcerter.

FOIRE SAINT-GERMAIN , (la) Comédie en un ASe , en Profe ^ avec un Divertijfement , par Dancourt j au Théâtre François , 1 69^*

Le libertinage du vieux Financier Farfadel , Pamour d'une Prude pour un Gafcon , celui de Clitandre pour Angélique, & les moyens qu'on employé pour écarter les Surveillans dont cette dernière entourée , compofent l'intrigue de cette Comédie.

FOIRE SAINT-GERMAIN, {la) Comédie en trois Aéles^ en Profe , mêlée de Vers libres , pur Renard &* Dufrefny^ au Théâtre Italien » i ^^ 5.

On ajouta depuis, â cette Pièce , la Scène des Deux CarroJJes» Ce qui y donna lieu, fut l'aventure de deux Dames , qui , chacune dans un carrofTe, s'étant rencon- trées dans une rue de Paris , trop étroite pour que deux ▼oitures y puflent paflcr de front , ne voulurent reculer «iT une ni l'autre , & ne ceiTerent de tenir la rue jufqù'i l'arrivée du Commiffaire , qui , pour les mettre d'ac- cord , les fit reculer en même teitis , chacune de (on côté.

FOIRE SAINT-LAURENT, ( la ) Comédie en un Aâe, en Vers , avec un Divertijfement , par Legrand, mufique de Crandval le père y au Théâtre François, 170^.

L'envie de tourner en ridicule le iieur le Rat» inon-

FOI FOL stf^

trcur de curîofîté à la Foîre, a fait naître çéttê petite Co- médie. L'intrigue roule (îir un enlèvement favorifé pat l'artifice d'un valet adroit, & par la rcpréfcntation de« Jeux Forains. Le Rat, choqué des traits piquansqui fai- fbient prefque le lèul ornement de cette Farce , eut la revanche contre l'Auteur fit les Adeurs. Il fe déchaîna il cruellement contre ces derniers, dans (on Speâacle, qu'il fut arrêté & mis en prilbn.

Cette Comédie n'eft plus guères întérefTante que pat un trait allez plaifant, qu'elle rappelle. Il y avoit^i cette Foire, un grand homme, de bonne mine, noxx^ipé Lctat, habillé de noir, cocfFé d'une perruque de la même cou-» leur , & d'une à énorme étenfdué , qu'elle le couvroit ju(^ qu'à la ceinture, pat devant & par derrière. A cet ajufte- ment, il joignoit un fort beau fon de voix pour débiter gravement les détails des tableaux changeant qu'il montroit , & qui attiroieut une grande fouie de Speâa- . teurs. Il terminoit toujours (on annonce en difàntt Oui , Meffieurs , vous ferez contens , extrêmement contens ; & ii vous n'êtes pas contens, on vous rendra « votre argent. Mais vous ferez contens , très contens , •» extrêmement contens. ^ Ce fîngulier Perfbnh^ge fut imité dans la Comédie de la Foire Saint-Laurent , pat la Thorilltcre , qui s'en acquitta au mieux. Lerat , pi- qué d'avoir été joué , dit le lendemain , en annonçant Ces. tableaux changeans : vous y verrez la Thorilliere ivre , » Baron avec la Defmares , Poiflbn qui tient un jeu ^ •• Mlle Dancourt & Ces filles. Toute la Cour les a vus : 9. tout Paris les a vus ; on n'attend point : cela fc voit »» dans le moment ; & cela n'eft pas cher. Vous ferez »> contens, très contens, &c.» Cette plaifantcrie fut payée dès le même jour ; 8c Lerat , par o^dre du Lieutenant de Police , fut arrêté , comme on l'a dit, & conduit en pri- fbn , il demeura jufqu'à la fin de cette Foire.

FOLElTfi, ou l*Enfa^7 gatê^ Parodie duCARNAvAC &• de la Polie , par Vadé y d la Foire Saint-Germain ,

Roger- Bonté ms aime Folette. Le caraâère de cett; fille eil un ailemblage de gaieté , de bouderie , de ca- prices , de tendrefle & de raillerie. Plus (on Amant la preilè d'accepter majin » plus elle fe plaît à différer;

Kk ij

& lôrf^u'eiie volt que Rogcr-Bontcms prend fon parti 8c veut Ct retirer , elle le flatte pour le retenir. Il revient

. a elle, & Folette fe moque de lui. Piqué de ce procédé « iljurc qu'il va iuivre les étendards de Bacchus «& qu'il

/ ^uitt« ceux de l'Amour. Un moment après il revient plus ainoureux que jamais ; Folette finit enfin par l'é-

. poutèr. Cette Pièce cil une critique de pluficurs ridi- cules du jour.

FOLIÉ DU JOUR , (la y Comédie en un Aâle , en Vers , HbreT f par Boijfy , au Théâtre François , 1 745',

Cette Pièce ell une in^énieufe bagatelle. Le récit du Baron de Vagnole eft plai^nt* li vient d'être fîfflé àl'Ar- iînal en jouant la Comédie ; & pour comble de maux^ on veut le forcer à prendre une femme.

FOLIE ET V AMOUR , {la) Comédie en un AAe , en Vers . libres ^ par M, Yon^ aux François 'i 17^^*

Le fùjet de cette Pièce cH tiré de la Fable de la Fon- caine , qui a le même titre, & que tout le nionde con- ïioît. M. Yon » imaginant de mettre en adîon cet Apo- logue ingénieux & moral , a feulement (auvé aux yeux des Spéâateurs l'aveuglement réel de l'amour: il n'eft ici que fîmu lé. L'Auteur (uppofe que la Folie, TAmour, IMIomus , Plu.tus & Jupiter même , forment une confpira-

' don contre les mœurs trop auftcres de l'Olvmpe. Jupi- ter s'ennuie de fbn époufè Junon ; l'Amour s endort dans les bras de Pfyché ; Plutus ne peut briller dans le Ciel ; la Folie & Momus n'y peuvent rire* Pour changer leur fort , la Folie imagine d'époufer l'Amour & de gouver- ner la Terre avec lui , Momus & Plutus. Jupiter y trouve

* ion compte : Plutus adoucira pour lui le cœur des plus farouches mortels. On a gagné le Deftin ; on lui a didc un Oraclci La Folie met un bandeau (ur les yeux de l'Amour. Celui-ci crie de toutes Tes forces & le plaint de ce que la Folie l'aveugle. Tous les Dieux accourent ; Jupiter prononce alors gravement le décret du Deftin , qui eH que la Folie , pour châtiment » fera la fbmme âc le guide de Cupi^lon»

FOL /i7_

FOLIES AMOUREUSES, (/ex) Comédie en trois Aàçs,.çn Vers 9 avec un Divertijfement &* un Prologue, intitulé le Mariage vb LAFoLiEyparRegnard^au Théâtre Fran"^ fois , 1704.

Le Prologue , comme la Préface d'un Liyre , fait pour juflifier les défauts de l'Ouvrage» Malgré les (bips de l'Auteur , les Folies Amoureufes font de y raies. Folies» On a beau rendre odieux ce vieil Erafle, Athaut ridi- cule de la charmante Agathe ^ & jaloux à l'excès ; la démarche d'une fille qui fait çnlevçr^ ne peut fairç un dénouement heureux.

FOLLE-ENCHÈRE , (la} Comédie en un Aâie, enjrofai par Mademoifelle Ulric, attribuée àDancourt , au ihéâirt François •% 1590.

Le travefliflèment d'Angélique en jeune-homme, Ta- mour de Madame Patin pour ce prétendu Cavalier', compofent tout le nœud de la tolle^Enchère , Comédie auvent revue , & qui mérite de l'être. L'Auteur y multi- plie les déguifemens ; mais tous étoient néceffaires ; tous ont pour but de faire con(entir Madame Patin au ma- riage de Ton fils avec Angélique. Les différentes méta- morphofes de Champagne & de Merlin fervent à égayer la Pièce, & amènent un dénouement auffi neuf qu'ingé- ; nieux. Il y a peu de Scènes au Théâtre plus divertilun- tes , que celle qui donne le titre à cette Comédie.

FOLLE RAISONNABLE , ( /a ( Comédie en un Aâle, en Vers y avec un Divertiffement , par Dominique , aux Itœ^, liens y i7i^.

Madame Armante , tentée par les rlcheffes de M. de Baffcmine , lui accorde Silvia (a fille , qu'elle avoit pro- mife à Léandre. Silvia , pour fe fouflraire a la loi que û mère lui impofe , feint d'entrer en accès de folie. Elle dit qu'Apollon Tattend à fbuper au ParnafTe , enluite elle s'habille en homme & en Cavalier Galcon; elle vient faire un appel à M* de Baflèmine. De ce traveftiiTement elle a pafTé à celui de Pèlerine , & vient faire Ces adieux. M. de BafTemine la croyant abfolument folle , retire fa parole & s'en va. Léandre pcéfènte, & demande Silvia

/i8 F O N FOR

en mariage; on la lui accorde ; & h Pièce finit par an divcrtiiTcmcnt de Pèlerins & de Pèlerines.

tONTAlNE DE JOUVENCE , (îa) Comédie à Scèncf détachées » par Lagrange > aux Italiens > 17^0*

Mercure obéît aux ordres de Jupiter ; il fait couler les eaux de cette Fontaine merYellleufe ; & une troupe de Mortels, de l'un & de Tautre fcxe, vient y boire avec cm- prcflcmcnt. D'un autre cote > la Folie , Bacchus &: TA- snour prétendent trouver de nouveaux Sujets dans ces Mortels rajeunis. Quelques-uns viennent convcrfer avec Mercure. pareîfTent fucceifivement un Soldat Gafcon , une Coquette, un Philo(bphe & Arlequin. Le Soldat, qui a été trente ans Grenadier, veut l'être encore ; & c'efl l'unique raifbn qui l'a fait (buhaiter de rajeunir. Il raconte lès exploits à Mercure : il détaille les divers combats il s'efl trouvé. Mercure lui demande , t\ dans ces différentes occasions » il a reçu bien des bleiliires f La Scène du Vieillard, qui ne veut point rajeunir, offre des détails bien frappés , mais férieux; celle d' Arlequin , qui Te défie de lui-même , en renferme deplaifans.

FONDS PERDUS y (les) Comédie en trois Mes , en profêy de Dancourt » au Théâtre François , 1^8^.

Un Valet & une Soubrette conduifent toute l'intri-

fue , il s'agit de rompre les vues d'un père amoureux e la MaîtrefTe de (on fils , & d'une mère qui veut épou- icr l'Amant de fa fille. La Soubrette & le Valet font en- core plus ; ils parviennent à les marier enfemble^ après qu'ils fe font dépouillés de tout CJi faveur de leurs en- fans. Il pourroit y avoir quelque chofè à reprendre dans la morale de cette Comédie > d'ailleurs trèsdivertiflànte*

FORCE DU NATUREL ^ (la) Comédie en cinq Mes , en Vers y de Débouches y au Théâtre François y 17 fo.

Le grand défaut de cette Comédie cil d'être fondée £ur un plan peu philofophiquc. Si l'on eût entrepris de nous inontrer une fille de qualité, qui , élevée dans les champs « auroit pris le ton , l'air , le goût d'une Payfànne , & une Faylànne qui ) à la ViJie > auroit pris l'efprit & Tame »

FOR fjf

pour aînfi dire,d*une fille de qualité : ç*efit été, je crois, un Drame bien plus conformé à la vérité.

La Nature ) crois-moi , n*cii rien que l'habitude ,

dit M. de Voltaire dsins. Mahomet» Ce Vers fait la cri* tique de la Force du Naturel ; mais cette Pièce cfi rem-

Îdie d'un bon Comique. Les caraâôrcs en (ont fbutenus , 'intrigue bien développée , la didion élégante & noble : Julie 5c Babct ont deux rôles dignes de figurer avec ce que notre Auteur a fait de mieux»

FORCE DU SANG y (la) ou le Sot toujouks Sot^ Comédie en trois A&es , en Profe , avec un Divertijjement , far Brueysy auThéâtre Italien ù* au Théâtre trançois^tyi^»

11 ed aflez rare de voir une Comédie jouée en même tcms fiir deux Théâtres. C'cft cependant ce qui efl arrivé à cette produdion de la vieillelTe de Brueys. Il habitoit alors Montpellier , & chargea Palaprat , qui étoit de re- tour à Paris, de présenter Pièce aux Comédiens, Ce- lui ci mourut fans en avoir rien fait. L'Auteur envoya une nouvelle copie de (a Comédie a quelqu'un qui jugea à propos de la présenter aux Italiens : ils la reçurent moyennant quelques corredions. Prefque en même tems la veuve de Palaprat avoit fait préfenter aux Coméùie.ns FratK^ois cette même Pièce fous le nom de (on mari. E?fle fut également re(^ue ; 8c de-là le concours des deux Scèr nés «mais il ne fut pas long.

Voici le (lijet de cette Pièce , qui tomba aux François &réu(nt aux Italiens; Almédor, obligé de voyager aux Indes , avoit chargé (on Fermier de l'éducation d'un fils âgé feulement de fix mois , 8c qu'il avoit eu d'un mariage fècret. Almédor ne revient qu'au bout de vingt ans ; 8c Thibaut ( c'cft le nom du fermier ) lui fuppofc fbn pro- pre fils â la place du fien. Mais le fils de Thibaut con- ferve le langage & toutes les inclinations du Payfkn le plus ruflre & le plus fot. Clitandre, au contraire , a toutes celles qui doivent di(lin?uer un Gentilhomme. Il efl parvenu, par fbn fèul mérite, au Grade de Lieute- nant-Colonel, après avoir été fimple fbldat. L'oppofl- tion de ces deux caradères , les balourdilès du faux Vi-. comte , les rufcs 8c les déguifemcns de la Soubrette

Kkiv

jio F O s FOU

pour rompre un mariage qui déplaît à (a Maîtrcflc ; Clî- tandre efi à la fin reconnu pour fils d'Almédor ; tels font les principaux traits qui forment Tintriguc de cette Co- médie. Elle ofiire plufieurs Scènes diyertiilàntes , mais qu'il faut voir jouer plutôt que lire*

FQSSÉ DU SCRUPULE A le ) Opéra'<:omique en un ASè^ avec un Prologue , un Epiiofue (r un Divertijement > par Pannardyà la Foire Saint^Laurent^ 173 8*

C*efl un tifTu de Scènes à tiroir , pleines de cette cri- tique qui relevé le froid qu'entraîne Temploi des êtres moraux & allégoriques. La Scène du SuifTe efi char-c mante ; il efl entre la Cupidité & le Scrupule , qui , cha- cun de (on coté , tâche de l'attirer à foi. Il voudroit faire fortune ; cependant il rejette les moyens qu'on lui pro- pofè. Ces combats formçnt un tableau extrêmement amu(ant»

IpOU DE QUALITÉ , (le) eu le Fou nAisonvABLE , Comédie en un A6le , en Vers ^ de Raimond Poi£6n , 1 ^64.

11 fèmble qu'il étoit autrefois de mode , que tout homme qui entroit dans la carrière Dramatique , payât un tribut au goût Espagnol. Poiiion fe conforma à cet ufage en donnant le Fou de qualité, Dom Pédre aime lia - belle •, & pour tromper la vigilance rigoureufe d'un perc qiii la tient toujours fous Tes yeux , il imagine de fe faire pafTer pour fou : il joue le rôle d'Alexandre ; & Félician ^ fon Valet 5 prend celui d'Epheftion. Crifpin , maître d'une hôtellerie de campagne » tous ces personnages font débarqués , préfcntc ces Fous comme des Comé- diens propres a amufêr fcs hôtes. Le faux Alexandre fou- pire aux pieds d'ifabçlle , écarte un Rival, & difpofe tellement les chofcs , qu'il vient à bout d'épouler fa Maî- tre fie. On trouve dans cette- Comédie une critique affei Une , dçs moyens qu'pn employé pour parvenir dans sionde»

fOURBERIE^DESCAPlN, {le^] Çom^i^en tioisAReu en prqfe 5 de Molière ^ 1671,

Tout le monde connoit la Critique de fioileau flir le Sac de Scapin* C'étoit la feule qu'on pût faire de cette Cçipédie ) Ton trouve des beautés dignes dcTcreac^

FOU 511

9t de Flaute. Chez ces deux Poètes, les e(clayes met- tent tout efi mouvement ; ici c'eft un Valet. Molière favoit bien que ce genre de Comique n*étoit pas le meilleur ; mais fans lui nous pourrions Tignorer en- core.

FOUX Dlf^ERTISSANS , (les) Comidie en trois ASeT ^ en Versy avec un DivertiJJement > p:xr Raîmond Poiffbn , au Théâtre François y 1680.

Angélique trompe un père arare , & un Vieillard in-n. térefle qu'on veut lui faire épouftr. La Scène aux Pe- tkcs-Maifons ; Angélique y ck conduite par (on ipere > êc livrée à M. Gfognac (on époux futur, qui a une Inten- dance générale (iir tous les Fous. Jacinte., Soubrette fort adroite , inftruit Lcandre du fort de Maîtreflc» lui re- . met les ordres d'Angélique , & conduit toute Tintrigue» I^éandre fe &it mener aux Petites-Mai(bns , a titre de folie , & y trouve le moyen de voirft Maitreflc,dç l'en- tretenir , fie même de l'enlever , du confcntement du père , qui vient d'apprendre que la fortune de M. Grognac a reçu nouvellement un échec. Cette Pièce cù. remplie de fîtuations heureufès ; mais Léandre ne fait que répéter* ici le rô^e de Dom Pédre dans le Fou de . Qualité. Une troupe de Foux& de Folles rcmpliflcnt des intermèdes agréables. Ce font , d'une part , des Poètes » des MuHciens , des Joueurs ; de l'autre , Cléopatft , Lu- crèce , Porcie. Dancourt a retouché cette Comédie » 8c l'a mile en état de reâer au Théâtre fous le titre du Bon Soldat.

FOUX VOLONTAIRES, (les) Opéra-Comique en deux Aôles , avec un Diverdjfement , far Panard , à h Foire S* Germain ,1740.

Géronte , Tuteur d'Angélique , dont il veut faire fou époufo , refufo de l'accorder à Valere. Par bonhçur , Frontin, Valet de ce dernier Va gagné tous les parens de Géronte , & par fos confoils , ils doivent feindre cha- cun un genre de folie différent. D'un autre côté , ce Va- let s'cft introduit chez Géronte à titre de Sçavant , 8c a gzgné fo confiance : il lui dit qu'il a une racine dont la vertu peut faire extravaguer tous ceux qui la fontiront. il ajoute qu'il faut Inviter tous fos parens à dîner che^

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lui ; 8c ({tio lorfque la racine aura fait fbn effet , on fera entrer un Commiflaire pour les fiûre interdire- C*e{l-là» ajoute Frontin , le/eul moyen d'empêcher qu'ils ne vous fuTenc interilire vous-même, comme ils fe le font propo^ les. Géronte y confent avec joie ; & c'eH ain/î qu'eu terminé le premier Aâe.

Au Second, les prétendus Fous viennent exécuter dif* férens genres de folie. Frontin a^ene un prétendu Corn- mifiaire , qui , au lieu d'écrire un procès -verbal, drefle . un contrat de mariage entre Gcronte & Angélique. Gé- lonte le fîgne (ans y faire attention : alors les parens ceflènt leur feinte , & avouent le ûratagéme dont ils ont nie : Qérqnte Con très-piqué ; mais (bn défelpoir n'enk* pèche pas le DivertifTement.

FRAGKIENS. On a donné , en diâFerens tems i pla- fieurs Opéra foas ce titre général, Ceft ce qu'il £tut expliquer ici , pour éviter la confufion. On appelle les premiers. Us Fragmens de Lully. CTeft rextrair de plufieurs morceaux de ceMuficien» fnîs au Théâtre le i6 SepcemBire 1701, par Cam- pra , & par Danchec qui en fit les paroles. Ces Fragmens furent repris (ix ans après , avec des changemqns confidérablcs , faits par les mêmes Atttears^

On appella les féconds , tes Fragmens des Mo-- iemes % oaTéUmaque. Ceft une Pièce extraite des Opéra modernes , dont les morceaux décachés forment avec art une Tragédie en cinq Aékcs , qui peut être comparée à un cabinet garni deia- meaux ctioifîs de difFérèns Maîtres. Danchet , pour la Poëfie , & Campra , pour la Muiîqae , fe chargèrent de l'arrangement de cette Pièce > qui fut reprérentée le ii Novembre i704.

Lestrmlîemes , qui font de Mouret, contien- nent le Temple de Gnide , Paftorale , U Fèce de Diane ^ & le Mariage ou les Amours de Rotonde p

F R A jij

Comédie en trois Adkes , dont les paroles font de Deftpuches. Ils ont été donnés le j o Janvierl74i , Se repris deux fois. '

Lts quatrièmes font compofés des Aâ:es d*-^/- maju , (ÏJfmene & de Linus , dont la Mufique eft de MM. Royer, de Braflac, Rebel & Francœur, Les paroles font de Moncrif. Ils ont paru pour la première fois le 28 Août 1750, & ont été repris pludeurs fois.

Les cinquièmes , donnés en 1751, le 18 Fé- vrier , font compofés de TAfte êîljmene , dont on vient de parler , de celui de Ti(on & F Aurore de MM. Roy & Cury; & d^Eglé^ de MM. Laugeon 6c de Lagarde.

On a donné depuis , fous ce même nom de Fragmens , & Ton donne encore fort fouvent , des Aâes de Ballets , foit anciens » foit nouveaux » qui n'ont aucun rapport entr*eux , &c dont la réu- nion forme un Speâacle , au gré des Direâeurs de rOpéra.

FRA-MAÇONNES , (les) Opéra-Comique , Parodie de VAôie àe£ A/uazoues dans les Fêtes vs l^ Amour bt VB l*Hymen 9 par Poinjinet ^ d la Foire Saint^Laurem ,

Des Francs*Maçons Ce préparolent à tenir une Loge^ lorfque des femmes de la connoiflànce du Vénérable en-^ trent dans la Loge après en avoir forcé les portes. Les Frères font de vains efforts pour les obliger à fbrtîr ; elles perfiilent à vouloir reiler : elles gagnent les Francs- Maçons à force de préfèns , 8c elles les font confèntir à s*afiocier avec elles.

FRANCE GALANTE.ila) (fLAGummETTEAuQLoisMt

Opéra^Comique en trois Aâles^ par Boi£y > à la Foire Saint-' Laurent 9 175 !• ^

Une Comtcflc , Parifîenne & Coquette, prétend, par le grand ufagc du beau'-moiide, être en eut d'en donsc?

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des leçons ,noii-(êaIenent i des îetmcs geosde Proratce; sials encore à des Cayaiiers de Paris, ou'elle Yeuc amn- £èT y (ans terminer avec aucun d'eux. Elle Ce troure en- fin trompée par un CheTalier Normand , qui a TadreHè de lui nire £gner un contrat de mariage , dans lequel eft in(cré un. dédit de cent mille ccos. Les rivaux du ClieTalier (bot, M. Nigaudinet, Champenois, M. Grof- moid , Financier , & un Marquis Gafcon. Premier ASc»

Dorante , ieune homme de Paris , nouyellement arri- Téâ Montpellier , j a fait connoifiânce de deux aimables Lan^edociennes , Angélique & Julie. La Yivacité & Ten^ouement de ces Demoifelles 9 les chaulons en lan- gage du pays , qu'elles débitent avec un certain air aga- ^nt, tout cela lui fait croire qu'il ne lui fera pas diffi- cile d'en faire la conquête. Charmé de cette aventure , il en Eût part à Cléante , fim ami , qui , depuis quelque tems , a fixé (on féjour dans cette Ville. Sur ce portrait y Cléante reconnoît la première pour fa (îrur , & l'autre pour une personne très-fâge « & dont il £ût la recher- che. Dorante avoue qu'il s eft trompé , prie Cléante d'cx- cufêr fa méprifè , & de lui accorder la main d'Angélique* m'obtient fans peine : Clcante époufe Julie , & la Pièce finit par ces deux Mariages. Second A6le.

Lucilé y aimée de Rimberg , fbn cou^n , attend de Paris un époux qu'on lui demne « & qui s'appelle Da- mon. Hortenfe , Amante de ce dernier , voulant empê- cher ce mariage » le rend â Strafbourg , , fous l'habit de Cavalier & le nom de Damon , elle en conte â toutes les Belles* Lucile en devient éprife dès la première en- trevue* Rimberg, jaloux , aborde le faux Damon , & veut lui faire mettre l'épée à la main. Hortenfe rec^oit ce compliment avec un air fi ferme 5c fi peu déconte- nancé y que le bon Allemand y changeant de ton y lui propofe un autre genre de combat , qui eu de fe voir le fbir même le verre à la main. Dans le moment , Lucile vient avertir le prétendu Damon, que le Notaire efl ar- rivé, & qu'il va dreficr le contrat de mariage. Cette nouvelle jette Hortenfe dans un embarras extrême ; heu- reuCement le véritable Damon paroît , & eft fort furpris de voir Hortenfe en Cavalier. Elle lui fait de vifs re* proches fur fpn infidélité. Damon s'excufe de fon mieux ^ lui dexnande pardon, de enfin çeS^A^iians fb réconcilient.

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FR A F R E jij

Jtucile ^ qui cft préftnte à cette Scène , fe trouve fort confufe , & offre fa main à Rimbcrt » qui la reçoit aycc bien de la j^le. Troifisme Aâe.

FRANÇOIS A LONDRES ^ (le) Comédie enan Jâe , ea Profe^ par Boijfy y au Théâtre François ^ 17*7.

Le but de cette agréable Comédie eft de montrer que la France & l'Angleterre peuvent produire également des gens fenfés , Si des perfbnnages ridicules. Quoique les François foient les plus maltraités dans cette Pièce ^ ils ont été les premiers à rire des débuts qu'on leur im- pute. Les Anglois fe font plaint qu*on avoit outré Icac caraâère. Il (èroit à fbuhaiter que leurs Auteurs Dramar tiquesjobfervaffent, aufll exaâement que nous<» les régies de réquîté & de la bienféance , lorfqu'il's entreprennent ' de ridiculifer les mœurs de notre Nation,

FRANÇOIS AU SERRAIL , (les) Opira-Cotràfit e^ trois Aâes y en Vaudevilles y par Carolety à la toktSm Laurent y 1736*

Clitandre > Gentilhomme François , apprend que Jo- lie, C3. Maitreflè , qui lui a été enlevée , eft aâueilcmcat dans le Serrail de Ruftan , Prince Perfan. Hufîàn , Bol- tan?i du Prince y . & Français d'origine , reconnoît CU- tanare pour (on ancien ami ^ 8clç fait entrer dans le Ser- rail fur le pied d'Eunuque blanc, âc fous le faux nom de Gélis. Clitandre a , par ce moyen , la facilite de voir £à chère Julie , avec laquelle il cherche les occa.- fîons de £è fàuvcr. Leur complot eft découvert ; mais , par bonheur, Zulema, Efclave favorite de Ruftan, & difgraciée depuis que ce Prince eft amoureux de Julie , Zuïema , dis-je^, regagne la confiance de (on Amant, & obtient le pardon de Clitandre, à quiRuftan permet de rcpafîer^en France avec Julie,

FRERE INGRAT , (le) ou le Prodigue Fwm y Comédie en trois Aôles y en Vers , par Davefne &• Romagnéjj , aux Italiens y 1751.-

Gérante a deux fils ; l'aîné , qui s'appelle Dorante y

: eft le pcrfonnage principal de la Pièce. Il a un frerc

cadet nommé Valére y qui fe conduit d'une manière bien

différente. Le premier eft amoureux de Ludje , fiUc

Si( TRI F U N

d*Oronte , qui lui. cil promife , mais que ce père lu! re« fufè lor(qu'ii apprend fa conduite ; 8c il prend la ré(b- lotion de la donner au cadet , qui eft lecrettement fbn Rival. Ce qui détermine Oronte â ce changement , c'eâ que Durante a vendu la charge d'un vaiiïëau que fbn père lui avoit adreilîe ; mais iJ y^avoit heureufèment ca- ché une quantité prodigieufe de poudre d'or, Géronte » qui arrive quelques mois après Ton vaiiïèau j le racheté , & répare , en quel<|ue forte , la (bttife de (on fils aban« donné à fz mauvaife deûinée. Celui-ci ne regrette ni l'amitié de (on père » ni MaitrefTe , mais feulement la poudre d'or qu'il a manquée ; 8c Tes regrets terminent U Pièce.

IBIVOLlTÉ , ( la y Comédie en unMe^ en Vers , à Scènes Epifodiques > avec un Divertijjèmcnt , par Boijjy « au Théâtre Italien 117^3.

Quatre per(bnne6 viennent trouver la Frivolité. Un Marquis 9 en habit d'hiver , lui promet de ramener pour elle tous les plai/irs à Paris. \Jn Auteur Suiffe la prie de l'admettre à Ton école pour s'y façonner. \Jnt Aôrice Angloi(è lui fait fes adieux, & lui dit qu'elle s'eft fort ennuyée en France. Un Maître de Mufique vient faire le récit burlefque d'un combat qui s'ed donné dans un CaflPé entre les Partifans de la Mufique Françoi(è 8c ceux de la Mufique Italienne. Ces quatre Perfonnages ont fourni â BoifTy la matière des plus hcureu(es faillies & des portraits les plus délicats. Le (ùccès de cette pe- tite Comédie doit être attribuée aux fameux débats qu'ex- citoient alors la Mufique Françoi(è & la Mufrque Ita* lienne* Cette Pièce eu un Vaudeville aifez agréablement, rendu*

HJNÉRAILLES DE LA FOIRE ^ (les) Opéra^Comique- en un ASte par le Sage & f Ornerai , joué à Wpéra pap ordre de S. A. Jl. Madame en 1718 ^(fàla Foire S. Laureru^ 17^1»

Scaramouchc demande à la Foire le fujet de fà.trif^ teflè ; & elle lui apprend qu'elle touche â (on dernier moment. M, Craquet , Médecin , qu'elle a mandé , 8t quiconnoit, en lui tâtant le poulx, qu'elle a eu plu-^' •ur$ attaques violentes ; qu'elle a fbuvcnt perdu la j^^

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rôle ) 8c que ce n'efl que les fiftquentes fâignées qui ^oiit (auvée ; mais qu'elle s*en trouve H fort affoiblie , qu'elle eft ians e(pérance de guéri (on. D'après cette décifîon ^ elle prie Scaramouche d'aller chercher le Notaire , d'a- vertir (on coufîn l'Opéra , & de pafler chez les deux Comédies , avec lefquelles elle veut Ce réconcilier avant que de mourir. M. Vaudeville, Poète , lui apporte, â ce qu'il dit y une Pièce excellente : mais elle lui répond que c^ejl de h moutarde après dîner , & l'invite à la por- ter à l'Opéra, Les deux Comédies arrivent , & (c ré- jouifïcnt de la perte prochaine de la Foire. Elle revient» les prie d'oublier le paiTé ; ce qu'elles lui promettent en laveur de l'avenir. Elles s'embraffent de bon corar ic Ce retirent. En voyant arriver l'Opéra y la Foire s'é- vanouit. L'Opéra , que Con propre intérêt touche y s'efforce de la rappeller à la vie, mais inutilement : elle expire dans fes bras« Il l'emporte derrière le Théâtre* Un tnâant après , la Pompe funèbre paroît , menée par l'O- péra en crêpe 8c en pleurçu(è« Ils s'avancent tous d'un pas lent & conforme à leur trifteïïc , pendant que TOr- chcilre joue la marche d'Alceâe. Les deux Comédies reviennent avec leur luite , 8i ternùneni la Pièce pat des Dan (es.

Fin du premUr VMwme.