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DICTIONNAIRE

HISTORIQUE, LITTÉRAIRE ET BIBLIOGRAPHIQUE

DES FRANÇAISES,

ET DES ÉTRANGÈRES

ISATURALISÉES EN FRANCE.

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DICTIONNAIRE

HISTOPlIQUE,

LITTÉRAIRE ET BIBLIOGRAPHIQUE

DES FRANÇAISES;

ET DES ÉTRANGÈRES

NATURALISÉES EN FR.A1VCE,

Connues par leurs écrits , ou par la protection qu'elles ont accordée aux Gens de Lettres , depuis l'établissement de la Monarchie jusqu'à nos jours;

DÉDIÉ AU PREMIER CONSUL:

Par M."^ Fortunée B. BRIQUET,

De la Société des Belles-Lettres j et de V Athénée des Arts de Paris;

Avec le Portrait de rAuteur.

Les âmes n'ont point de sexe. J. - J. Rousseau.

PARIS,

DE L'IMPRIMERIE DE GILLÉ.

Chez TREUTTEL et WiJRTZ, Libraires, quai Voltaire^ n.02; et à Strasbourg, même maison de commerce, GrandTvuc, n.° «5.

An XII. 1804.

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AU PREMIER CONSUL ET PRÉSIDENT.

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AVANT-PROPOS.

JLiES sciences et les lettres comptent, parmi les écrivains français ou naturalisés en France , un assez grand nombre de femmes , depuis l'établissement de la nionarcbie jusquà nos jours , pour qu'il paraisse utile et agréable de les trouver réunies dans un Dictionnaire qui leur soit exclusiveiuent consacré. 11 est juste d'associer à leur gloire les Françaises qui se sont lionorées par la protection quelles ont accor- dée aux gens de lettres. Cet ouvrage national n'existe point. J'ai osé l'entreprendre ; et c'est après quatre années de travaux que je le pré- sente au public. Je n'avais eu d'abord que l'in- tention d'en faire un répertoire à mon usage particulier; mais , encouragée par les suffrages de quelques littérateurs distingués , je me suis déterminée aie publier.

Je n'ai rien négligé pour donner à ce Diction- naire toute la perfection dont il est susceptible*

viij AVANT-PROPOS.

Je possède et j'ai lu les meilleurs écrits des Françaises , et des Étrangères naturalisées en France ; j'ai consulté les jugemens qu'en ont porté les auteurs les plus recommandables par leurs lumières et leur impartialité. Je n'ai ce- pendant pas regardé qu'ils fussent toujours exempts d'erreurs. Je dois dire aussi que je n'ai pris dans aucun ouvrage les articles de mon Dictionnaire ; mais que j'ai rangé à ma manière les matériaux que m'ont fournis les Bibliothè- ques Françaises de la Croix du Maine et de Du Verdier, l'Apologie des Dames , la Bibliothèque historique et critique du Poitou , les Recher- ches pour servir à l'Histoire de Lyon, l'Histoire littéraire des Femmes Françaises , les Trois Siècles de la Littérature Française, le Parnasse des Dames , l'Education physique et morale des Femmes , le Nouveau Dictionnaire historique , le Dictionnaire des Femmes célèbres , la Collec- tion des meilleurs Ouvrages français , composés par des Femmes ; les Siècles littéraires de la France , les Mémoires , les Eloges , les Critiques , les Journaux, etc.

Les Dictionnaires historicpies et bibliogra- phiques offrent, en général, peu d'exactitude dans les dates. 11 est rare de les trouver d'ac- tord , pour les aimées des éditions , pour

AVANT-PROPOS. ix

format , pour le titre même des ouvrages , pour les époques de la naissance ou de la niort des auteurs. On ne tient point compte du tems qu'il faut passer , ni des recherches qu'il faut faire pour rectifier une date; et, s'il n'était pas indigue d'un historien , et contraire à la pro- bité, de se jouer de la crédulité d'autrui , Tin- gratitude des lecteurs dispenserait d'être si scrupuleux et de prendre tant de soin. Je n'ose espérer , malgré toutes mes précautions , d'avoir atteint le but que je me suis proposé , et de ne mériter aucun reproche. Aussi j'invite tous ceux qui s'intéressent à la gloire de mon sexe , à re- lever les erreurs et les omissions qui peuvent m'être échappées dans cet ouvrage. Je m'em- presserai de les faire disparaître dans une deuxième édition.

Je voulais parler des avantages et des agi-é- mens que la culture de l'esprit des femmes pro'* curerait à la société , et sur-tout à elles-mêmes. J'avais encore le projet d'examiner quelle a été l'intluence des femmes en France ; mais cette discussion et cet examen m'auraient peut-être obligée de passer les bornes que je me suis pres- crites. Je vais transcrire ici deux lettres, j'ai à-peu-près traité ces questions.

t AVANT-PROPOS.

A MADEjMOISELLE ÉLISE A ,

Niort, le i.er germinal, an ii.

V^ûE faites-vous , chère Élise? A clix-liuit ans , avec des richesses et de la beauté , vous cultivez les lettres ! Trois années n'ont point encore épuisé votre constance ! Au contraire , à vous entendre , l'étude offre sans cesse de nouveaux charmes , et procure de nouveaux plaisirs :

Du chagrin le plus noir elle écarte les ombres. Et fait des jours sereins de mes jom's les plus sombres.

Racine.

Si je vous représente que certaines gens atta- chent du ridicule au savoir dans les feniines , dont ils regardent les vertus mieux en sûreté sous la sauve-garde d'une lieureuse ignorance et d'une douce oisiveté ; vous me répondez avec La Fontaine :

Laissons dire les sots , le savoir a son prix.

Vous ajoutez, d'après un ancien (i) : La vertu n est point un don de la nature , mais de l'étude.

(i) Horace, Epîlre à Lolîius.

. AVANT-PROPOS. xj

L'iimorauce et le désœuvrement enfantent la moitié des crimes.

Si je réplique : Une femme savante est triste et répand la tristesse ; elle perd ses grâces , et n'est qu'un homme de plus ; vous riez de mou objection , et vous m'écrivez ; « Avec plus de » connaissances , on est capable de plus de )) plaisirs ;

Qui possède un talent peut promettre un Lîeufait.

La Harpe.

») Les grâces se trouvent plus ordinairement » dans l'esprit que dans le visage, et les femmes » qui se distinguent dans les sciences ou dans j) les lettres , deviennent , non pas des hommes , » comme le prétend le vulgaire, mais des » femmes plus aimables : ou ne dénature point » le sexe en le perfectionnant, w

Je cède vos raisons , et je me range de voire parti : aussi-bien , d'après mon goût pour la littérature , j'aurais mauvaise grâce de contra- rier le vôtre , et il ne me conviendrait guères de ne pas faire cause commune avec vous.

La science, a dit Cornificie, est la seule chose au-dessus des révolutions de la fortune. Pour- quoi cette ressource nous serait-elle interdite ? Ke sommes-nous pas appelées à partager avec

!jcij AVANT-PROPOS.

les hommes les biens et les maux ? Et si , dans ce partage, la nature s'est montrée un peu ma- râtre à notre égard, pourquoi nous priyer des consolations de l'étude ? L'étude sert d'aliment à une imagination souvent très-active chez les femmes ; elle accoutiune ayec soi , et rend la société plus agréable , parce qu'elle la rend moins nécessaire ; elle préserve de l'avilisse- ment , et contribue aux bonnes mœurs ; elle prémunit contre un essaim de maux ou réels ou iniaginaires , et fait échanger les heures d'ennui que l'on doit avoir dans le cours de sa vie, contre des heures délicieuses. Il est vrai, comme le dit Voltaire , il est vrai qu'une femme qui abandonnerait les devoirs de son état pour cultiver les sciences , serait condamnable , même dans ses succès ; mais, ajoute-t-il , le même es- prit qui mène à la connaissance de la vérité , est celui qui porte à remplir ses devoirs. La reine d'Angleterre , l'épouse de Georges II , qui a servi de médiatrice entre les deux plus grands métaphysiciens de l'Europe , Clarke et Leibnitz , et qui pouvait les juger , n'a pas négligé pour cela un moment les soins de reine, de femme et de mère.

La plupart des individus de l'espèce humaine sont malheureux , parce qu'ils ne savent pas

AVANT -PROPOS. xîij

lî'approprier la partie du bonheur qui leur con- vient. L'ignorance n'est clone pas le remède à leurs maux. Les lumières, bien loin de nuire à l'accomplissement des devoirs , en facilitent la pratique. Le bon goût n'est-il pas un amour habituel de 1 ordre , et cet amour , une vertu de l'ame qui prend le nom de goût clans les choses d'agrément , et qui retient celui de vertu lors- qu'il s'agit de moeurs ? Le bon n'est que le beau mis en action.

Molière a rendu un très-grand service , en jetant à pleines mains le ridicule sur les pé- dantes et les précieuses : car l'affectation est lui vice aussi contraire au goût dans la société , qu'il l'est dans les beaux-arts. Je regarde quô la comédie des Femmes Savantes et celle des Précieuses Ridicules doivent encourager les femmes à cultiver les sciences et les lettres» C'est une mer sur laquelle on court moins de risque de faire naufrage , depuis qu'un habile pilote en, a signalé les principaux écueils. Eu effet , dans ces deux comédies , Molière ensei- gne aux femmes qu'il ne faut rien outrer , et que la modestie est à la science ce que la pu^ deur est aux grâces.

Les hommes , a écrit Rousseau , seront tou- jours ce qu'il plaira aux femmes. Si les jeunes

iiv AVANT-PROPOS.

Demoiselles, au lieu de se livrer exclusivement à la danse et à la nuisique , s'adonnaient encore aux sciences ou aux lettres , elles exciteraient une heureuse émulation parmi les jeunes gens. Ceux-ci , pour leur faire la cour, abandonnent ou du moins négligent presque toujours l'étude , sans craindre que le défaut de connaissances ne les empêche de plaire : les ignorans des deux sexes ne font qu)une classe.

Tous avez lu , chère Élise , les Odes d'Ana- Créon. Ce poëte aimable , ce philosophe char- mant , ce peintre , dont les grâces ont broyé les couleurs riantes, a caché. des leçons sous les fleurs ; il débite d'excellentes maximes eu cueil- lant des roses. Son ingénieuse allégorie de r Amour enchaîné par les Muses , indique aux femmes un des moyens les plus puissans de s'attacher leurs époux , et de rendre délicieuse la société conjugale , en dépit de cette maxime de Larochefoucauld : « 11 y a de bons mariages ; >j mais il n'y en a point de délicieux. »

Un autre motif qui doit engager les femmes à cultiver leur esprit , c'est que féducation du premier âge de la vie est conliée à leurs soins , à leurs lumièi*es. N'est-ce pas à elles qu'il ap- partient de donner à leurs enfans les premières idées de courage , de grandeur d'ame? N'est-ce

pas

AVANT-PROPOS. xv

pas à elles à leur inspirer les premiers sentiniens de vertu , à les garantir des préjugés funestes à riiunianité ? Agricola dut à sa mère cette so- briété de sagesse si difficile et si rare , qui fait éviter l'excès , même dans le bien. Louis IX , François I.^*" et Henri IV , offrent de nouvelles preuves de l'importance de l'éducation donnée aux enfans par leurs mères : Louis IX fit régner la justice etlbumanité ; François l.^^ fut le père des lettres , et il ne lui manqua , pour être le premier prince de son tems , que d'être beu- reux ; Henri IV fut le père de ses sujets , et la France n'a point eu de meilleur ni de plus grand roi.

A voir l'espèce d'éducation que reçoivent les jeunes Demoiselles , on serait tenté de croire qu'elles ne doivent pas vieillir : car on ne leur apprend rien qui puisse répandre des agrémens sur le dernier âge. Toute saison de la vie a ses épines , pour quiconque n'a aucune ressource en soi-même. Les lettres sont les meilleures armes de la vieillesse. Elles ont embelli les der- niers jours de Madame Duboccage. Plus que nonagénaire , elle avait encore une cour bril- lante ; sa conversation était agréable , et même pleine de grâces ; peu de tems avant sa mort , j'ai écrit sous sa dictée des vers charmans.

b

%y] AVANT-PROPOS.

Pour une amie des lettres , la vieillesse est le

soir d'un beau jour.

Si vous allez , dans ce mois , herboriser à la campagne , je vous engage d'observer exacte- ment le tems de la fleuraison des plantes que vous mettrez dans votre corbeille. J'en ferai autant de mon côté. La communication de ces notes nous fera connaître la différence de la température des lieux que nous habitons. N'oubliez pas , dans vos promenades , de vous munir d'un crayon et de quelques feuilles de papier. L'air balsamique du printems , le doux chant des oiseaux , l'émail des prairies , et l'ombre des bois , inspirent d'heureuses pen- sées. Ne méprisez pas mon conseil, vous éprouverez que les Muses ne se plaisent pas moins dans les champs que Flore. Adieu, chère Elise , persévérez dans vos goûts pour les lettres et pour la botanique.

La Harpe me semble avoir écrit pour vous , lorsqu'il a dit :

Les arts dont tu reçois une grâce nouvelle i

Te rendront plus heureuse en te rendant plus belle.

A VA NT- PROPOS. xvij

A L A M Ê M E.

Niort, le 27 prairial an 11.

X-iORSQUE Ton m'a remis TOtre dernière lettre, j'étais occupée à parer mon jardin d'une plante , nouvellement en fleur , que j'ai rencontrée dans mes promenades champêtres. C'est l'Ophrys ou Orchis mouche , ainsi nommée sans doute , parce que la fleur ressemble à luie mouche qui vole. La campagne que vous habitez vojis offrira cette belle plante , dans les terrains dont le sol est crayeux. Elle est de la vingtième classe de Linné ; la tige en est garnie de feuilles , et la lèvre du nectaire , légèrement divisée en cinq lobes... C'est assez s'occuper aujourd'hui de botanique. Je viens à la partie-de votre lettre , vous parlez de l'influence que les femmes ont exercée en France ; et , puisque vous l'exi- gez , je vais vous dire ce que je sais à ce sujet.

Les femmes des anciens Gaulois eurent pen- dant long-tems l'administration des affaires ci- viles et politiques. Elles jouissaient d'une si grande réputation de justice et de sagesse , que dans un traité d'Annibal avec leur nation ,

b . ,

xviij ' AVANT-PROPOS.

un des articles portait ; Si quelque Gaulois a sujet de se plaindre d^un Carthaginois ^ il se poun^oira det^ant le sénat de Carthage établi en Espagne ; si quelque Carthaginois se trouue lésé par un Gaulois , l'araire sera jugée par le conseil suprême des Femmes Gauloises. Sous le gouvernement des femmes , les Gaulois firent trembler l'Italie , et prirent même la ville de Rome. Cependant les Druides usèrent avec tant d'adresse de l'empire que la religion leur donnait sur les esprits , qu'ils parvinrent à s'emparer du souverain pouvoir. Us ne laissèrent aux femmes qu'une petite partie de l'autorité qu'elles avaient exercée. Celles-ci, arbitres autrefois de la paix, de la guerre, et juges des différends survenus entre les Vergobrets , ou de ville à ville, n'eu- jent plus que le droit de juger les affaires par- ticidières pour fait d'injures. Des fonctions du sacerdoce , elles ne retinrent que celles qui concernaient la divination ; encore les par- tagèrent-elles avec les Druides. L'étude les consola de ces pertes. Elles tinrent des écoles, et donnèrent aux femmes les mêmes leçons que les jeunes Gaulois recevaient de leurs prêtres. Il y avait des Druides dans les Gaules , à l'épo- que de l'invasion de ce pays par les Francs. Subjugués par la force, les Gaulois eurent la

AVANT-PROPOS. xix

gloire, à leur tour, de subjuguer leurs vain- queurs par de plus douces armes , celles de la persuasfbn. Cette révolution fut l'ouvrage d'une femme : Clotilde , épouse du roi Clovis l.*"^ , lui lit embrasser la religion cbrétienne. Les Francs , peuple idolâtre , s'empressent de suivre l'exemple de leur roi. Les Armoriques qui s'é- taient soustraits à l'empire romain, se donnent à Clovis , ainsi que les Romains qui gardaient les bords de la Loire. La qualité de catbolique rend ce prince cher au reste des Gaulois. La moitié de l'Europe , dit Voltaire , doit aux femmes son christianisme.

Au septième siècle , le monastère de Sainte- Croix de Poitiers , qui avait été fondé par Sainte Radégonde , épouse de Clotaire I.^"" , conserva le souvenir précieux des études. Batilde, veuve de Clovis 11, eut la régence pendant la minorité de son fils Clotaire 111. Le gouvernement de cette princesse fut celui de la douceur, de la prudence et de la justice. Batilde garantit d'exactions arbitraires les pères de famille qui avaient plusieurs enfans , fit des lois sévères pour réprimer les abus , travailla à la réfor- mation des moeurs , et , après dix années d'une administration pleine de sagesse , elle se retira dans le monastère de Chelles qu'elle avait fondé.

XX AVANT-PROPOS.

La réputation de ce monastère , pour les étu- des , passa jusque dans la Grande-Bretagne , et l'on vit aborder ce pays plusieurs personnes des deux sexes , qui venaient s'instruire dans les écoles de cette paisible retraite. Les rois de la Grande-Bretagne voulurent même établir dans leurs états des maisons fondées sur ce modèle ; et , dans le dessein d'y faire régner le même esprit ^ ils firent demander à Bertille, première abbesse de CheUes , des sujets propres à remplir leurs vues. Bertille, ayant fait un choix parmi ses élèves , et les ayant munis de livres nécessaires à leur mission , les envoya dans une terre étrangère , qui nous donna depuis le savant Alcuin.

Les monastères de religieuses du huitième siècle s'occupaient à transcrire les livres an- ciens y quoique l'usage d'en faire des copies fût abandonné presque par-tout.

Cliarlemagne mérita le titre glorieux de res- taurateur des lettres ; il établit , jusque dans son palais , des écoles il allait , avec les princes ses fils et les princesses ses filles , écouter les leçons des maîtres. Le goût du roi , dit le président Hénault , mit les sciences à la mode ; il n'y eut pas jusqu'aux femmes , parmi lesquelles on en vit une se distinguer

AVANT-PROPOS. xxj

dans lastronomie. Gis elle , sœur de Cliarle- magne , protégea les gens de lettres.

Les successeurs de ce monarque n'héritèrent point de son génie : aussi le neuvième siècle , au commencement duquel mourut ce prince , fut -il menacé de retomber dans les épaisses ténèbres de l'ignorance. Toutefois les monas- tères des deux sexes s'appliquèrent encore à conserver le précieux dépôt des connaissances humaines , en multipliant les copies des ou- . vrages des anciens.

Le dixième siècle vit naître la chevalerie , cette institution singulière , dont l'amour , la guerre et la religion formèrent la base. Chaque chevalier consacrait exclusivement à sa maî- tresse son coeur et ses hommages ; uniquement occupé de lui plaire , il aspirait à la gloire des armes et des vertus. Paré des couleurs de sa Dame, il la servait comme une divinité , et plein d'un respect religieux pour ses perfections , il se faisait un devoir d'exposer même sa vie pour leur assurer l'admiration publique. En tirant l'épée , il invoquait sa Dame , comme le poète, en prenant la plume , invoque sa Muse. Une illustre naissance et de hauts faits d'armes ne suffisaient pas pour être admis dans l'ordre de la chevalerie; il fallait être de plus sans reproche»

xxij AVANT-PROPOS.

L'amour s'accrut en s'épurant , et cette qualité morale rendit les deux sexes plus estimables. La chevalerie servit de contre-poids à la féro- cité générale des mœurs.

Les Troubadours suivirent de près cette ins- titution. Constance d'Arles, qui épousa le roi Robert en 998 , amena de Provence , à la cour de ce monarque , les Troubadours les plus cé- lèbres de sou tems ; elle y introduisit avec eux le goût de la rime , unique règle qui distingua pendant long- tems les vers de la prose.

Le roman , mélange informe de latin , de celtique et de tudesque , était devenu la lan- gue vulgaire ; mais personne ne l'écrivait en- core. Les Troubadours l'adoptèrent ; leurs chansons naïves mirent en faveur cet idiome. Nous leur devons les premiers progrès d'une langue qui nous a donné une espèce de supré- matie sur les autres peuples européens.

On vit alors les Troubadours se disputer à qui enlèverait les suffrages. Les Belles qui dé- cernaient les prix aux vainqueurs dans les tour- nois , en réservaient pour les Poètes qui réus- sissaient le mieux à chanter ces triomphes. Quelquefois ils exerçaient leur génie sur des sujets du choix de leurs Mécènes , et les Dames adjugeaient des prix à ceux qui se

AVANT-PROPOS. xxiij

distinguaient dans ces luttes poétiques. Les femmes elles -niêmes parurent souvent avec gloire dans cette carrière littéraire. Le tribu- nal auquel les Dames présidaient , se nommait le Parlement ou la Cour dAmour. 11 s'éleva , dans le treizième siècle , une dispute entre Simon Doria et Lanfranc Sygalle sur cette ques- tion : Qui est le plus aimable de celui qui est libéral , ou de celui qui s'efforce de le devenir? Ces deux Troubadours portèrent leur procès à la Cpur d'Amour des Dames de Pierrefeu et de Signe ; mais n'ayant point été satisfaits de le# décision , ils en appelèrent à la souveraine Cour des Dames de Romanin. L'histoire nous a conservé les noms de celles qui composaient ce dernier tribunal: Phanette des Gantelmes , Dame de Romanin ; la Mar- quise de Malespine ; la Marqufse de Saluées ; Clarette , Dame de Baulx ; Laurette de Saint- Laurens ; Cécile de Rascasse, Dame de Caromb; Hugonne de Sabran , fille du comte de Forcal- quier ; Hélène , Dame de Mont-paon; Ysabelle des Borrilbons, Dame d'Aix; UrsinedesUrsières, Dame de Montpellier ; Alaëthe de Meollion » Dame de Curban ; Elys , Dame de Meyrargues. Le Monge des Isles-d'Or ou d'Hières parle d'une autre question qui fut portée au tribunal

xxiv AVANT-PROPOS,

des Daines tenant cour d'Amour à Pierrefeu et à Signe. La voici : Qui aime plus sa Dame absente qxie présente , et qui induit plus fort à aimer , ou les yeux , ou le cœur ?

L'amante de Pétrarque , la belle Laure , fut de la seconde Cour d'Amour , qui s'assemblait , au i4''. siècle , dans le Comtat à Sorgues ouàl'Isle.

A la faveur de ces jeux d'esprit, l'humanité se fit jour en des cœurs encore barbares ; elle de- vint bientôt l'apanage des Français , et cette révolution dans les mœurs fut en partie l'ou- vrage de l'Amour.

Les femmes n'eurent pas seujifment des Cours d'Amour , elles devinrent aussi magistrats , en possédant des seigneuries, et exercèrent la juris- diction des fiefs dans toute son étendue : elles tin- rent leurs Assises ou leurs Plaids , y présidèrent, et jugèrent dans la Cour de leurs suzerains.

Les Troubadours finirent au i4^. siècle , et le génie poétique baissa beaucoup en France. Pour le ranimer , Clémence Isaure fonda les prix des Jeux floraux. Cette jeune et savante bienfaitrice de sa patrie , dit Lefranc de Pompignan ,

. . Annonce les jours célèbres , Qui sous François et sous Louis» Après des siècles de ténèbres , Frapperont nos yeux éblouis.

AVANT-PROPOS. xxv

Ses jeux entrouvrent la barrière Aux arts plongés dans le sommeil.

11 y aurait de rinjustice à passer sous silence deux reines du treizième siècle , dont les noms sont chers aux lettres. L'une est Marie de Bra- bant , qui combla de bienfaits les favoris des Muses , et qui même aida un fameux poëte de son tems , nommé Ly Roix Adenez , à mettre en bon ordre le roman de Cléomadez. L'autre est Jeanne de Navarre , protectrice des savans, qui fonda , avec une magnificence vraiment royale , le collège qui porta son nom.

Les évènemens mémorables cpii se passèrent sous Charles Yll, sont des titres glorieux de l'influence des femmes. Jeanne d'Arc releva le courage abattu des Français , et ramena la vic- toire sous leurs drapeaux. Marie d'Anjou , épouse de Charles , et même Agnès Sorel , son amante , contribuèrent beaucoup par la sagesse de leurs conseils au rétablissement des affaires de ce prince , qui ne fut guère que le témoin des merveilles de son règne. Agnès Sorel im- prima une galanterie décente à son siècle. Anne de Bretagne , épouse de Charles VllI et ensuite de Louis XII , eut le mérite encore plus grand de rendre la sagesse et la modestie si

xxvj AVANT-PROPOS.

estimables , que les femmes du plus haut rang n'osaient paraître à la cour sans ces deux qua- lités. Les savans eurent part aux libéralités d'Anne de Bretagne ; Jean Marot prenait le titre de poêle de la magnilique reine.

Le seizième siècle fut une époque très-bril- lante de 1 influence des femmes. Louise de Sa- voie , mère et institutrice de François I.^"" , avait protégé les gens de lettres ; leur recon- naissance couvrit de Heurs son tombeau. La gloire de protectrice des littérateurs et des savans fut héréditaire dans cette famille : on se rappellera toujours avec une vénération re- ligieuse les noms de Marguerite de Yalois , de Jeanne d'Albret sa lille , et de Marguerite de France. A l'exemple de ces Princesses , les Dames Desroches de Poitiers firent de leur maison le sanctuaire des Muses.

Anne de Bretagne avait commencé à attirer des femmes à la cour ; mais ce ne fut que sous François L" quelles y parurent avec éclat. Clément Mai'ot puisa dans leur conversation cette naïveté dans les pensées , ce naturel dans l'expression, cette vivacité dans les tours, en un mot cet éléiïant badinage cpii fait le charme de ses poésies.

Le règne de Henri 11 fut celui de Diane de

AVANT-PROPOS. xxvij

Poitiers ; elle protégea les lettres. Je trouve parmi les enfans de ce prince Diane d'Angou- léme , qni , après la mort du duc de Guise , négocia le traité d'union entre Henri 111 et Henri IV. Vous ne voulez pas que je vous entretienne de l'épouse de Henri II, de cette femme d'un génie vaste et d'un caractère atroce , qui , sous le règne du second de ses tils , effraya par ses fureurs l'Amour et les Muses. Songez plutôt à l'heureuse influence des régences mémorables de la mère de Louis IX et de celle de François I.". Vous donnerez quelques larmes à la sanglante catastrophe qui termina les jours infortunés de Marie Stuard , cette jeune et belle reine . pleine d'esprit et de grâces , qui fit des adieux si touchans à la France, elle avait été élevée. La calomnip s'est atta- chée à sa mémoire ; et , pour enlever à cette princesse jusqu'aux regrets de la postérité sur sa lin tragique , elle, a peint des couleurs les plus affreuses toutes les actions de sa vie. Marie Stuard n'avait pas encore épousé Fran- çois II , lorsqu'elle prononça , avec lapplau- dissement de toute la cour de France , un discours latin , elle prouvait qu'il est bien- séant aux femmes d'étudier et d'être savantes. Elle en fut elle-même la preuve , et les lettres

xxviij AVANT-PROPOS. adoucirent les horreurs de sa longtie détention. Le mérite poétique de Ronsard pénétra jusque dans la prison de cette reine; et, en i5i:55, elle lui envoya un buffet fort riche , représen- tant le mont Parnasse , au haut duquel était un Pégase , avec cette inscription :

A Ronsard , l'Apollon de la source des Muses.

C'est ici le lieu de vous parler de la duchesse de Retz. Cette femme , d'une érudition éton- nante , fit la fortune de son époux , sous les règnes de Charles IX, de Henri III et de Henri IV. Elle était la seule personne à la cour de Charles IX , qui possédât toutes les langues vivantes de l'Europe. Aussi ce prince la con- sultait sur toutes les affaires politiques Tin- telligence de ces langues était nécessaire. Elle répondit en latin aux ambassadeurs qui vinrent annoncer au roi l'élection du duc dAnjou à la couronne de Pologne. Mère de dix enfans, elle consacrait une partie de la journée à leur édu- cation. La nuit la trouvait souvent occupée à cultiver les sciences et les lettres. Son fils , le marquis de Belle-Isle, après la mort de Henri m , se laissa gagner par les Ligueurs , et réso- lut de s'emparer du bien paternel. La duchesse assembla des soldats , se mit à leur tête , effraya

AVANT-PROPOS. xxix

les Ligueurs , dissipa leur faction , conserA'^a l'héritage de ses pères , et maintint ses vassaux dans l'obéissance de Henri lY. Ce prince la combla de louanges et de bienfaits.

Le règne de Henri IV ne pouvait manquer d'être glorieux pour les femmes. Ce monarque avait les moeurs d'un preux chevalier ; il avait reçu de sa mère une éducation très-soignée ; de ses deux épouses , l'une fut savante; l'autre, amie des beaux-arts , gratifia Malherbe d'une pension de 5oo écus , lit bâtir le palais du Luxembourg , et chargea Rubens d'embellir une galerie de ce château.

Le cardinal de Richelieu, (Jurant son minis- tère , érigea l'Académie Française , fonda l'Im- primerie Royale , établit le Jardin des Plantes , et prépara les merveilles du règne de Louis le Grand. 11 dut son élévation à la marquise de Guercheville et à la maréchale d'Ancre qui la commencèrent , et à Marie de Médicis qui l'acheva , dirai-je pour sa gloire ou pour son malheur? J'écris : pour l'une et pour l'autre.

L'influence des femmes ne fut peut-être ja- mais plus sensible que sous le règne de Louis XIV. Ce prince les aima toute sa vie , et finit par épouser sa maîtresse. Pendant saminorité, <?Ues prirent une part très-active à la guerre

XXX A V A N T - P R O P O s.

de la Fronde , dont elles se distribuèrent les principaux agens. Le duc de Beaufort échut à Madame de Montbazon, le duc de laRochefou- cault à Madame de Longueville , Nemours et Condé à Madame de Cbâtillon , le Coadjuteur à Mademoiselle de Clievreuse , le duc d'Orléans à Mademoiselle de Saujon, et le duc de Bouillon à la ducbesse son épouse. Ces Dames joignirent à leur parure les écharpes qui distinguaient leur parti. Les Parisiens sortaient en campagne ornés de plumes , de devises et de rubans ; les troupes du Coadjuteur s'appelaient le régiment de Corintbe , et la cabale du prince de Condé portait le nom 4e cabale des Petits-Maîtres : On se croit retourné au tems de la chevalerie. La reine-mère mit fin à cette guerre ridicule , en renvoyant le cardinal Mazarin. Les femmes abandonnèrent les factions pour ne s'occuper que de littérature et de galanterie. Henriette d'Angleterre , élevée à la cour de France , y introduisit une politesse et des grâces incon- nues au reste de l'Europe ; la cour, dit Ra- cine , la regardait comme l'arbitre de tout ce qui se faisait d'agréable. C'est de cette princesse que Louis XIV apprit à mettre de la dignité dans ses plaisirs , et à couvrir même la volupté du voile de la décence. Le nom d'Henriette

d'Angle ter rô^

AVANT -PROPOS.

X\Xj

d Angleterre doit être mis dans la liste brillante des protectrices des gens de lettres elle s'em- pressa de réparer l'oubli du nionarque dont les bienfaits allèrent étonner les savans du nord, et qui négligea La Fontaine. Plusieurs autres femmes réclament la gloire d'avoir été les bien- faitrices du poëte qui place au ïartare

Ceux dont les vers ont noirci quelque belle.

Je vous nommerai la duchesse de Bouillon , et sur-tout Madanie La Sablière , dont le nom est devenu inséparable de celui de La Fontaine. Il n'est point d'homme de génie , dans ce siècle , qui n'ait eu sa providence : Quinault la trouva dans Mesdames de Thiange et de Montespan, Lulli dans Mademoiselle de Montpensier , Ra- cine et Boileau dans Madame de Mamtenon. L'hôtel de Rambouillet , celui de ^Madame la duchesse du Maine , la maison de Mademoi- selle Ninon de Lenclos peuvent être désignés sous le nom de Volières des Muses et des Grâces .

On ije peut guères parler du siècle de Louis XIV, sans dire un mot du mérite des ouvragesi des femmes de lettres qui Font illustré. Vous serez charmée de l'esprit et de la fécondité de Mademoiselle de Scudéry , du style et du

xxxij AVANT -PROPOS.

bon goût de Madame Lafayette , des grâces naïves de Madame Sévigné , le La Fontaine de la prose ; de la pureté de la morale de Madame Lambert , de l'érudition profonde de Madame Dacier , et de Tintérêt qui anime les Mémoires de Mademoiselle de Montpensier et de Ma- dame de Motteville. Les Idylles de Madame Deshoulières vous offriront la peinture des mœurs de lâge d'or.

Vous trouverez dans le règne de Louis XV de brillans souvenirs du règne précédent. Vous y remarquerez Tinflueuce des femmes , non pas celle cpi'elles e^cercèrent sous la ré- gence , époque le vice fut sans pudeur , la décence méprisée, le scandale en honneur, le libertinage enfin détruisit l'amour. Vous arrêterez vos regards sur les jours que le crédit de Madame Pompadour rendit célèbres par un reste de politesse et de galanterie ; vous admi- rerez la conduite héroïque de Madame de Châ- teauroux , qui eut le courage de repousser de ses bras le monarque , et l'envoya se couvrir de lauriers à Fontenoi. 11 est des nom» chers aux lettres , qui viennent se placer sous ma plume : Madame GeofPrin , Madame du Def-» fand, Mademoiselle Lespinasse ; leurs maisons furent le rendez-vous des littérateurs les plus

AVANT-PROPOS. xxxiij distingués. Vous avez entendu parler des ou- yrages de la savante Duchâtelet; vous ferez vos délices des Romans de Madame Riccoboni , la preniière femme dans ce genre d'écrire. Vous lirez avec plaisir la prose et les vers de Ma- dame Duboccage ; elle conserva dans une car- rière longue et glorieuse les moeurs du siècle de Louis le Grand ; sa société fut particuliè- rement composée de Clairaut , de Fontenelle^ de Gentil-Bernard, dHelvétius, de Condillac, de Bailli , de Condorcet, de l'abbé Barthélemi^ de Pougens.

Les moeurs s'altérèrent de nouveau dans les dernières années de Louis XV; l'iiypocrisie fut le seul hommage que la vertu reçût à la cour. Le sceptre passa sans gloire entre les mains de Louis XA'^I , prince faible , qui n'eut que les vertus d'un simple particulier. Lès fennnes régnèrent encore , mais sans éclat : car le trône se démontait pièce à pièce-; et , à la révolution, il n'y avait déjà plus de roi. A cette époque, les femmes reprirent leur énergie. Sous la tyrannie des décemvirs , leur conduite fut héroïque. Pour ne citer ici qu'un exemple , quelle sublime abnégation de soi-même dans la démarche de cette femme supérieure à Brutus , Charlotte Corday , qui abattit la tête

xxxiv AYANT-PROPOS.

la plus hideuse de l'hydre de la terreur 1 L'ouvrage coninieucé par une femme , une autre femme l'acheva : Madame Cabarus fut en partie la cause de l'événement connu sous le nom de neuf thermidor. La postérité confir- mera sans doute le jugement que nos contem- porains ont porté sur le mérite littéraire des Dames Genlis, Staël, Flahaut, St-Léon, Cotin, Keralio-Robert , Beauharnais , Pipelet, Viot, Laférandière , Joliveau, etc.

Tel est, chère Élise , tel est à -peu -près l'aperçu que vous m'aviez demandé. Si mon esquisse est fidelle , vous devez y voir que , jusqu'à présent , les siècles les fennnes ont eu le plus d'empire , sont presque toujours ceux qui ont jeté le plus d'éclat.

DICTIONNAIRE

HISTORIQUE,

BIBLIOGRAPHIQUE ET LITTÉRAIRE

DES FRANÇAISES ET DES ÉTRANGÈRES

. NATURALISEES EN FRANCE,

CcQDues par leurs écrits , ou par la protection qu'elles ont accordes aux Gens de Lettres.

A.

Agnès de POITIERS, mie de GuilIatimeV, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, suruorauaé le Grande et d'Agnès de Bourgogne , vit le jour en 102 S. Elle épousa l'empereur Henri III , dit le Noir, fds de Conrad le Salique. Henri IV, le Vieil et le Grand , et Conrad , duc de Bavière , furent ses fils. Elle hérita des talens , du courage et de la sagesse de Guillaume V. Ses éminentes qualités lui don- nent le premier rang parmi lés femmes célèbres de son siècle. Après la mort de son époux, arrivée l'an loSô", elle prit pendant la minorité de son fils les rênes de l'état. EUe égala daus sou gouverueraent la sagesse de Théodorà,

2 AGN

fille de Constantin le Jenne, morte la même année qu'Agnès monta sur le trône.

Quelques seigneurs , jaloux de l'autorité de Vimpératrice et du crédit du chancelier Guibert et de Henri , évêque d'AugsLourg, lui enlevèrent son fils, Tan 1061. Affligée de cet événement, elle abdiqua la régence en 1062. Son règne ne fut pas aussi long qu il eut élé à désirer pour la prospé- rité de renapire. Elle fit un voyage en France , qui fut marqué par ses bienfaits , et bientôt renonçant au monde , elle prit le voile à Frutelles en Lombardie. En 1072 , elle revint en Allemagne pour réconcilier Rodolfe, duc de Suabe , avec le roi son fils. Le but de cette démarche était <le prévenir une gnerre civile. Après avoir heureusement terminé cette affaire , elle retourna dans sa retraite. Elle mourut à Rome le i4 décembre 1077 , et fut enterrée dans Téglise de Sainte Pétronille.

Ce fut pour exécuter ses ordres , qu'Atton , son chape- lain , homme de lettres , traduisit les ouvrages latins de Constantin son maître , surnommé ï Africain , moine du Mont-Cassin. Saint Pierre de Damien, cardinal d"Ostie, et Jean , abbé de Fécam , célèbrent sa mémoire dans leurs écrits. Celui-ci a composé, à sa demande, un Re- cueil de prières , tirées de TEcriture et des Pères de l'Église.

Il nous reste deux lettres de cette impératrice. La pre- miière est écrite à André, abbé de Frutare, et la deuxième à Hugues, abbé de Cluny. Celle-ci se trouve dans le re- cueil de pièces de Don Luc d'Achéry , connu sous le titre de Spicilège , tome II , page 397 . Dans l'une on remarqua beaucoup d'érudition ; la mort de Henri IH est le sujet <l« l'autre.

AI G 5

AIGREMONT, (Marguerite Dk Cambî S, baronne d' ) Languedocienne. Ses talens lui donnent nne place parmi les savantes du seizième siècle. On a d'elle quelques tra- ductions, entrautres ; les Devoirs du Veuvage , traité ita- lien , de Jean-Georges Trissin; Lyon , Guillaume Tîoville , x554, in-i6. Une Lettre de Consolation, envoyée par Jean Bocace à Pino de Rossi , qui était eu ex.il-, Lyon, Giiillaimie Roville , i556, in- 16.

AIGUILLON, ( Anne -Charlotte Crussol, du- chesse d' ) eut dès sa jeunesse le goût le plus vif pour l'étude des sciences. Elle parlait différentes langues avec facilité. Son savoir lui mérita l'estime de plusieurs savans , et sur-tout celle de Montesquieu. Dans une lettre oh. elle fait le détail de la maladie qui enleva fauteur de TEsprit des Lois , on lit ; « Les Jésuites qui étaient auprès de lui n ( Montesquieu ) , le pressaient de leur i-emettre les cor- n rectlons qu'il avait faites aux Lettres Persanes ; il me ■n remit son manuscrit , en me disant : Consultez avec mçs n amis , et Jugez si ceci doit paraître, n On lui doit quelques bonnes traductions d'ouvrages anglais , dussi difficiles quiutéressans. Elle mourut dans un âge très-avancé , le i5 juin 1772.

ALàCOQUE , ( Marguerite -Marie ) naquit le aa juillet i645, à Lauthecourt ou Leuthecourt , paroisse- de Véroure en Bourgogne. Elle dut le jour à Claude Ala- coque et à Philiberte Lamyn. S'il faut en croire les histo- riens , sa vie fut un tissu de ])izarreries superstitieuses et de vertus aimables. On distingua , dans son enfance , les qualités qui furent son apanage dans un âge plus avancé. A dix ans , elle avait , dit-on , des extases et des apparitions ; et<;e fut alors quelle se dévoua au service de la Mère du

I .

4 ALA

Christ. A treize aus , elle passait souvent les nuits clans la contemplation. En 167 1 , elle entra au monastère de la "Visitation de Sainte-Marie-de-Paray-le-Monial en Charo- lois. On 1 admit au noviciat, ïiprès trois mois d'épreuve. Elle prit l'ordre monastique le 6 novembre 1672. De con- cert avec le père de la Colombière, elle établit la dévotion au Sacré Cœur de Jésus. Sainte Gertrude avait eu , quatre siècles auparavant , des visions semblables à celles de Marie Alacoque ; et celle-ci eut pour contemporaine une autre illuminée , nommée Mecthilde. L'archevêque de Sens, Languet, a la bonhommie d'avancer quelle avait beaucoup d'esprit, un jugement solide , fin et pénétrant : ce qu'il est difficile de concilier avec les pratiques minu- tieuses , qui emportaient la plus grande partie de ses mo- mens. Malgré sa sagesse , sa soumission et sa patience , elle se vit long-tems l'objet des railleries , des critiques , et même des mépris de ses compagnes ; et , par un chan- gement assez étrange , elle emporta dans le tombeau leurs regrets , leur estime et leur admiration. Elle m,ourutle 17 octobre 1690.

La vie de Marie Àlacoque a été écrite par Languet, archevêque de Sens, 1729, in-4'^. L'auteur y a joint quelques-uns des ouvrages ascétiques de cette femme célèbre ; Cantique à l'honneur du Saint-Sacrement ; Acte de consécration au Sacré Cœur de Jésus-Christ ; Amende honorable au même ; autres Actes et Prières sur le mém^^ £ujet ; iMtres choisies à différentes personnes.

ALBERT, ( Mademoiselle d' ) est auteur des Confidence^ d'une jolie Femme; Paris, 1775, 4 parties in-12. Le but de ce roman est de montrer les maux qu'entraîne après soi une éducation négligée. Ou trouve dans cet ouvrage

ALB S

des caractères bien dessinés et bien snivis , des tableaux intéressans , des scènes touchantes, des détails utiles et agréables^ et en général du style.

ALBRET ^ ( voyez JEANNE D' ).

ALÈS DU COBBET , ( Mademoiselle ) née à Blois dans le i8e. siècle, alla se fixera Orléans , elle publia un Abrégé de la vie de M. le Pelletier ^ mort en odeur de sain- teté , 1 760 , in-i2. Elle consacra ses jours à la piété , et la bienfaisance fut pour elle une douce habitude.

ALGASIE , vécut à Cahors dans le 5**. siècle. Elle s'adonna particulièrement à 1 étude de la théologie. Cette savante écrivit à S. Jérôme une lettre dans laquelle elle lui propose onze questions sur divers points de morale oa de doctrine. S. Jérôme dans sa réponse (llv. i^"^ , épît. 42') la compare à la reine de Saba.

ALISSANT DE LA TOUR , ( Madame ) vivait dans le 18e. siècle. Elle est auteur de deux Épitres en vers, im- primées dans quelques Recueils périodiques. L'une est adressée à M. Jéliote, et l'autre à Mademoiselle Duménil.

ALLART, (MaRY-Gay) a traduit de l'anglais de M. Pratt , tes Secrets de Famille , an 8. Ce roman , qui respire une saine morale , ne ressemble point à la plu- part des productions de ce genre , qui , en flattant les passions , n ont d autre résultat que celui d égarer le cœur en séduisant 1 imaginalion , et qui n offrent d'autre mérite que la fécondité des écrits des Troubadours du onzième siècle. L'invraisemblance des încidens , un manque de connaissance des replis du cœur humain , et des lon- gueurs, déparent loriginal ; mais les taiens et le goût du traducteur ont fait disparaître presque tous ces défauts.

6 ALL

Mary-Gay Allart s'était déjà fait connaître avantagense- ment dans la Littérature, par la traduction d un autre roman , intitulé : Eléonore de Rosalba.

ALLOIN, (Madame) de Tours, joint au savoir une très-grande modestie. Sa maison , il y a quelques années , était le rendez-vous des gens de lettres : on 1 appelait la volière d^ Apollon. Elle possède le latin, l'anglais et l'italien. Les morceaux qu'elle a traduits de ces langues mérite- raient d être imprimés. Elle a composé des mémoires sur diffprens sujets , entr'autres sur \ Agriculture ; et elle a fait des vers qui ont été insérés dans les journaux.

AL^ILXS , ( DOMNA ) dite NALMUCS , née à Chà- teau-neuf. Son talent pour la poésie lui donne une place parmi les poètes provençaux.. On connaît d elle une pièce de vers adressée à son amie Isée de Capion , qui courait la même carrière. Ce morceau se trouve au 46®- feuillet d un manuscrit provençal du Vatican, cotté 52oy.

ALPHONSE *** (Madame). Elle a composé un ouvrage qui a pour titre : La Forêt de Livry j ou Erreur , Malheur et Bonheur ; an 8 , 2 vol. in-i8.

ALTOUVITIS ou ALTOYITI , ( Marseille d ) fdle de Philippe d'Altouvitis , premier consul d Aix , et de Renée de Rieux , baronne de Castellanne et de Cliàteau-Nenf. Elle vit le jour à Marseille, lau i55o. Son esprit, sou savoir et ses poésies lui donnèrent de la célébrité. Ses talens ont été chantés parles poètes les plus renommés de son siècle. Elle mourut à Marseille en i6o6. Pierre de Saint-Romuald, Feuillant, a fait son épitaphe , qui se lisait encore vers le milieu du i8^. siècle dausléglise des grands Carmes de Marseille.

Il ne nous est parvenu de ses poésies qu'une ode assez

AND 7

I>onne pour le tems elle a \écvi. Cette pfèce est à 1* louange des deux, amis , Louis Bellaud de la Bellaudière , et Pierre Paul de Marseille , restaurateurs de la poésie provençale.

ANDELAU ou D'ANDLAtJ, (MÉziÈRES duCrest, d'abord marquise de Saint-Aubin et ensuite baronne d' ) Tivait dans le 18^. siècle. Elle épousa en premièi'es noces M. de Saint-Aubin , gentilhomme de Bourgogne ou du Nivernois; et en deuxièmes noces , M. k baron dAndelau , gentilhomme alsacien. Elle n'était plus jeune lorsqu'elle se fît connaître dans la Littérature. Le Danser des Liai- sons , ou Mémoires de la baronne de BUmon , i y 65 , 5 vol. in-12, est le premier ouvrage qu'elle donna au publie. Son début fut heureux : narration attachante , style agréa- ble , pensées brillantes , sont les qualités qui caractérisent cette production. La littérature lui est redevable d'uu autre roman, intitulé : Mémoires, en forme de Lettres ^ de deux jeunes personnes de qualité j 1765, 4 part, in-12. Il est du petit nombre de ceux qu'on peut mettre sans dan- ger entre les mains de la jeunesse : elle y trouvera tout-à- la-fois un délassement agréable , et des préceptes qui jieuvent servir de règle à sa conduite. On doit encore à Madame d Andelaudes Èlémens historiques de géographie ; t'j'j'i 1 in-12.

ANDREINI, ( Isabelle) naquit à Padoae en i562. Elle dut la vie à des parens honnêtes. L'amour lui fit épouser Pierre-François Andreinl , poète et comédien. Depuis quelques années elle brillait sur les théâtres ita- liens , lorsque la cour de France la fit venir à Paris. Elle fut l'actrice la plus célèbre de son tems. L'académie des- Intenti de Padoue se lassocia sous le nom à'Accesa. Elle

s AND

excellait dans la mnsîque vocale et instrumentale ; la philosophie ne lui était point étrangère ; elle entendait fort bien l'espagnol. On mit, au bas de son portrait, lins- cription suivante :

Hoc histricœ Elociuentiœ caput lector admiraris , quod si auditor scies ?

Lecteur, tous admirez celte tête de Teloquence théâtrale j que serait-ce, si vous rentendiez?

Elle motirut à Lyon d'une fausse couche , en juin 1604. Le corps municipal de cette ville honora la sépulture disabelle par des marques de distinction. Son époux composa et fit placer sur son tombeau une épitaphe la- tine. Il Y célèbre ses talens et ses vertus. Si les dernières poésies de Salmon Macrin avaient été les tendres déposi- taires des chagrins que lui causa la perte de sa Gélouis ; Andreini ne cessa qu'avec la vie de regretter et de chanter sa chère Isabelle. " Sa mort, dit Bayle , mit en pleurs tout le Parnasse : ce ne fut que plaintes funèbres , en latin n et en italien. On en imprima beaucoup à la tête de ses poésies, dans l'édition de Milan, i6o5. «

On a d'elle plusieurs ouvrages écrits en langue italienne. Sa Mirtilla, pastorale en 5 actes et en vers , aurait suffi pour lui faire un nom dans la république des lettres. Cette pièce est dédiée à LaA'iuia de laRovère , marquise de Vast. Elle est précédée d'im prologue entre Venus et son fils. L'Amour veut se venger de Tircis et d'Ardélîe , qui mépri- sent son pouvoir ; il veut faire brûler Tircis pour la nymphe Mirtille , qui n'a d'amour que pourUranio. Le désespoir de n'être point aimé lui inspirera le désir de s oter la vie ; alors Mirtille deviendra sensible à ses tourmens. Il veut encore que 1 insensible Ardélie , après avoir été amoureuse d'elle-même , réponde enfin aux tendres sentimens d Ura-

AND 9

t)io. On ne sait pourquoi cette pièce porte le nom de Mirtille : car il paraît , parle prologue , que les principaux personnages sont Tircis et Ardélie. On serait tenté de croire que la troisième scène du troisième acte de celte pastorale a foui-ni à Gessner Tidée de sou idylle char- mante , intitulée : V Amour mal récompensé ; mais on ne doute point qu Isabelle n ait eu le dessein d imiter la troi- sième Eglogue de Yirgile , da^is la dernière scène du même acte , Mirtille et Philis se disputent leur amant dans un combat de cliant. Le style de cette pastorale porte Temprelnte de la délicatesse , de la douceur et des grâces. On y remarque quelques concetti ; mais ,

Quelques traits négliges n''ôtent rien à sa gloire.

AUacie , dans sa Dramaturgie , dit, contre toute vraisem- blance , que cette pièce était d abord en prose. Il ne fait point mention de l'édition de Milan, 1610 , ni de celle de Venise , 1620. Voici les éditions quil indique : Vérone, 1 588 , iu-80. ; Ferrare , i Sqo , in-8°. ; Venise , 1 590 , in-8°. ; Véronne , 1399^ in-8*^. ; Venise, 1602, in-S*^. ; Milan, i6o5 , in-12; Venise, 1616, in-12. Ses poésies ont été recueillies à Milan et publiées dans la même ville en 1601 , par les libraires Jérôme Bordone et Pierre-Martyr Lo- carni , sous le nom de Canzoniere. Ericius Puetanus fait réloge d'Isabelle , dans la préface de cet ouvrage. On trouve dans ce Recueil des sonnets , des madrigaux et des odes anacréontiques remplies dimages gracieuses. Sa cantate d'Iïéro et Léandre n est point caractérisée comme celle de Mariui par un style sec et ampoulé ; elle est écrite avec feu et sensibilité. Elle composa aussi des lettres qui furent imprimées ù Venise , 1610.

io A N G

ANGELUCIE , et sa sœur , vivaient vers le milieu <h* 12^. siècle. Elles furent élevées et prirent le voile dans îabbaje de Foutevrault. Elles joignirent le talent de léru- ditiou à lamour des lettres. Il ne reste de leurs ouvrage» que la Vie de Taînée , écrite par la cadette.

ANNE DE BRETAGNE , reine de France, fille et héri- tière de François II , duc de Bretagne , et de Marguerite de Foix, nacpiit à Nantes , le 26 janvier 1476. Elle n avait que cinq ans lorsqu'elle fut pron>ise à Edouard , prince de Galles, fils aîné d Edouard IV, roi d Angleterre ; mais, deux ans après cette promesse de mariage , la mort mois- sonna les jours du jeune prince. Anue fut ! objet de toute la tendresse de François II , qui se voyait sans enfans mâles. Il confia l'éducation de cette fille chérie à Fran- çoise de Diuant, dame de Laval. L'élève répondit aux soins de la gauvernante , par une grande pénétration d'esprit et beaucoup de facilité. A i3 ans, le don de sa luaiu fut recherché des plus grands princes de 1 Europe. En 1490 1 elle épousa par procureur, Maximilién d Autri- che. La politique forma cette alliance , et la politique Ipi rompit dès la même année , pour la marier à Charles YIII , qui renvoya k Maximllien d'Autriche sa fille Marguerite qu'il avait fiancée. Dans cette conjoncture , Maximilieu éprouva un double affront, en perdant tout-à-la-fois et sou épouse et son gendre. Les grâces de son corps répondaient aux agrémens de son esprit. Il n'en fut pas demcme des qualités de sou caractère et de celles de son cœur. Elle était d'une figure agréable ; sa taille était moyenne et noble. Elle n avait d'autre défaut que d'être vm peu boiteuse ;. mais le soin qu'elle mettait dans sa chaussui*e et dans sa tlémarche , empêchait qu'on ne s'en apperçùt. Elle

A N N rr

«'exprimait arec beaucoup de dis^nité ; elle était naturel- lement éloquente , judicieuse, seusée , généreuse et sen- sible. Il est à regretter que ses bonnes qualités fussent ternies par ses caprices , son opiniâtreté et son penchant à la vengeance. Charles , en partant pour la conquête du royaume de Naples , laissa les rênes de 1 état entre les mains de son épouse , à peine âgée de dix-huit ans. Anne gouverna avec une prudeuce et une sagesse peu communes. La mort de Charles VIII , arrivée le 7 avril 1498, la plon- gea dans une grande affliction. Les deux premiers jours qui suivirent cette perte, elle ne voulut d'autre lit que la terre , et d'autres alimeus que ses larmes. Elle est la pre- mière reine de France qui ail porté le deuil en noir. Le 8 janvier i499'. Anne de Bretagne épousa Louis XII, qui Tenait de faire divorce avec Jeanne de France , fille de Louis 11. Ainsi le chagrin d'Anne de Bretagne ne cessa, qu en plongeant dans le deuil une princesse aussi ver- tueuse qu infortunée. On a de la peine à pardonner à cette reine 1 acharuement'avec lequel elle poursuivit Pierre de Rohan. Personne avant cette princesse , n avait fait élever à la cour des filles de qualité , que Ion a depuis appelées Filles de la Reine ou Filles d'honneur de la Reine. Sa maison était une excellente école : elle leur offrait le modèle des vertus , et leur donnait 1 exemple du travail. Elle les occu- pait à différeus ouvrages de broderie et de tapisserie. Sa conduite introduisit à la cour la modestie et la sagesse. Les femmes du rang le plus distingué n'osaient y paraître sans être ornées de ces deux qualités. C est ainsi que, peu d'années auparavant, Agnès Sorel avait imprimé une ga- lanterie décente à son siècle. Elle fit plusieurs fondations, et fit éclater son amour pour les pauvres, en donnant son ancien hôtel de Bretagne à François de Paule, pour y

\

12 ANN

ëtaWîr une maison de son ordre. Les reines de France lai durent, plusieiu's prérogatives , entr autres , celles d'avoir leurs gardes et de donner audience aux ambassa-* deurs. Elle conserva toujours beaucovip d'amour pour la Bretagne sa patrie : aussi sa garde était-elle uniquement composée de Bretons. Elle mourut au château de Blois , le 9 janvier i5i4' Brantôme, dans la vie de cette reine» rapporte iine magnifique relation de ses obsèques. Elle fut portée à Saint-Denis. François I.^"^ lui fit construire un superbe tomJjeau de marbre, sous lequel elle repose avec Louis XII.

Elle répondait savamment à ceux qui la haranguaient.. Mais, par une affectation puérile, lorsqu'elle recevait les ambassadeurs , elle ne manquait jamais , pour leur donner une haute idée de ses connaissances , de mêler dans sou discours quelques notes ou quelques phrases de leur lan- gue, quoiqu'elle ne la connût point. Elle était la dispensa- trice des grâces et des récompenses , et les décernait à ceux qui servaient l'état ou par leur courage ou par leur mérite. Elle estimait les savans et les comblait de bien- faits. Jean Marot , père de Clément, prenait la qualité de poète de la magnifique reine Anne de Bretagire.

ANTRAIGTJES , ( Madame d' ) a fait : Ernesta , nou- velle allemande , 1799, I vol. in-i2. Ce ron^an est bien écrit et respire l'amour de la vertu. Suite du Diable boiteux :, ou le Fils d'Asmodîe , sous presse.

AE.CHAMBAULT , (Mademoiselle) née à Laval, \i- vait dans le 18*". siècle. Ses talens et la reconnaissance de son sexe mettent son nom dans la galei-ie de ceux qu'on doit présenter à la postérité. Elle a pubHé une dissertation *ur cette question : Lequel de l'homme ou de lafem,me est.

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plus vapahle de constance? Paris, lySo, in-12. Le mérite <le cet ouvrage aurait du terminer ce débat si souvent renouvelé , et également injurieux, pour 1 un et l'autre cexe.

ARCONVILLE, ( Madame ThiROUX d' ) vécut vers la fin du 18e siècle. Elle joignit à l'étude de la physique et de la chimie , celle de la morale , de la littérature et des langues. Le mérite des ouvrages qu elle composa , lui donne des droits à lestime de ses semblables. Ses écrits parurent anonymes. Elle avait dit , en parlant des femmes ï « Affichent-elles la science ou le bel esprit ? si leurs ou- « vrages sont mauvais , on les siffle ; s'ils sont bons , on les n leur ote ; il ne leur reste que le ridicule de s'en être « dites les auteurs n. Il paraît que Madame d Arconville n'avait d'autre but , en écrivant , que celui de se rendre ntile.

On lui doit : Ai>is cViin Père à sa Fille , traduit de l'an- glais , d'Halifax , 1756 , in-12. Le style de cette traduction est élégant et facile. Leçons de Chimie , traduites de l'anglais, de M. Shaw , 1759, in-4''. Elle releva les er- reurs qui sont dans l'original, et elle ajouta aux expé- riences du docteur anglais , les découvertes qui se firent depuis l'époque ces leçons avalent été publiées en An- gleterre , jusqu à celle parut la traduction qu elle en donna en finançais. Le discours préliminaire qu'elle amis à la tète de cet ouvrage , lui fait beaucoup d'honneur. Elle y décrit la naissance et les progrès de la chimie. Pensées et réflexions morales sur divers sujets , 1760- 1766, in-is. 11 en est qui sont marquées au coin de la jus- tesse.— De l'Amitié^ 1761 , in-8''\ Non-seulement elle traita de l'anùtié en général ; mais elle sut y attacher ua

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nouvel intérêt , en caractérisant les différentes sortes d. amitié. Romans , traduits de 1 anglais , de M. Littletou et de madame Belin, 1761 , iu-12. U amour éproiwé pcvt la mort , ou Léettres modernes de deux amans de Kieille* Roche, 1765, in-i2. Le but moral de ce roman est de faire voir dans quels égaremens les passions nous entraî- nent, et quelles en sont les suites funestes. Des passions , 1164, in-S'*. Mélanges de Poésies Anglaises , Xr^àmi^ en français , 1764 , in-12. Essai pour seruir à l'histoire de la putréfaction, 1766, in-S*^. Traité d'ostéologie , grand in-folio , publié sous un autre nom que le sien , quoiqu'elle en soit véritablement l'auteur. Ce traité est très-estimé des gens de lart. Mémoires de MJ'^ de Valcourt ^ 17671 in-12. On trouve dans ces Mémoires une heureuse simplicité et des situations vraies et tou- chantes. — Estentor et Thérisse. Méditations sur les tombeaux. Dona Gratia d'Ataïde , comtesse de Ménessés , liistoire portugaise, 1770 •> in -8*^. Vie du cardinal d'Ossat, avec son Discours sur la Ligue , 1771 , 2 vol. in-8<>. •— Vie de Marie de Médicis , princesse de Toscane , reine de France et de Navarre ^ ^774 1 5vol. in-8*^. Histoire de François II , roi de France , suivie d'une dissertation , tra>- duite de l'italien, de M. Suriano , ambassadeur de Venise, sur l'état de ce royaume à l'avènement de Charles IX au trône , 1783 , 2 vol. gr. in-S**. Histoire de Saint-Kildà.. Les S/amiens , conte. Les Malheurs de la jeune Emilie. Vie de Catherine de Médicis. Les productions qui sont sorties de la plume de Madame d'Areonville sont écrites avec beaucoup de pureté.

ARMÂNÇAI, (SaBATTIER, marquise d' ) fille de M. de Sabattier, gentilhomme de Protence , vivait sur la

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fin du 17^ siècle. Elle est auteur d'une pièce de vers, adressée à M. le duc de Chartres , depuis duc d Orléans et régent de France , les quatrç saisons de Tannée par- lent k ce prince. Il nous reste encore d elle , dans le Mer- cure de juillet de Tannée 1684 , une lettre mêlée de prose et de vers à Madame Royale. Malgré Tesprit et le goût de Madame d'Armançai pour la poésie et pour la prose , on ne peut s'empêcher de trouver un peu d'exagération dans les vers de M. de Vertron , à Toccasion de cette épître :

Tout est charmant , et tout est vrai

Dans ce que cette Muse expose.

On retrouve dans d'Armançai ,

Soit pour les vers, soit pour la prose,

La Vigne , la Suze , et Gournai.

ARNAULD , ( Marie- Angélique) fille du cé- lèbre Antoine Arnauld et de Catherine Marion , fut abbesse de Port - Royal - des - Champs. A onze ans , si Ton en croit les liistoriens , elle mit la réforme dans son abbaye ^ et à dix -sept, elle y fit revivre Tespi'it de St. Rernard. Elle exécuta ce dessein avec tant de dou- ceur, de sagesse et de prudence, que les religieuses les plus anciennes ne s'y opposèrent même pas. A peine ce qu'elle avait établi pour son monastère fut-il connu , que le général de Tordre la chargea d'en faire autant à Maubuisson. Ses soins ne furent point inutiles pendant les cinq années qu'elle habita ce dernier cloître : car il cessa d être un sujet de scandale. De retour à son abbaye , elle la trans- féra à Paris. Toujours occupée de la prospérité de sa maison , elle prévit que la régularité qui y régnait , s'al- térerait aisément par le changement de conduite que

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pourraient y iutro(?uire les abhesses qui viendraient des monastères étrangers. Pour obvier à cet inconvénient, elle demanda au roi que labbesse fût élective et triennale. Louis XIII lui accorda lobjet de sa sollicitude. Aussi-tôt elle se démit de sa dignité. On élut à sa place une reli- gieuse qu'elle avait reçue à profession, et à laquelle elle se soumit comme si elle fut tout nouvellement entrée dans le cloître. Douze ans après, ses compagnes lélevèrcnt à la place d'abbesse , et la contiuuèrent quatre triennaux de suite. Elle et ses sœurs furent toutes attaquées de l'espèce dépidémie dont les esprits étalent alors travail- lés : elles prirent parti dans les disputes sur la Grâce. On ne dit point si Marion , qui se fit religieuse après la mort de son époux , dans le même monastère que ses filles , fut en ce point plus sage qu elles ; mais les âmes sensibles nont point oublié qu elle eut le bonheur de finir sa vie au milieu de ses filles et de plusieurs de ses petites-filles qui étaient aussi consacrées au service divin. Angélique mourut à, l'âge de soixante-dix ans, le 6 d'août 1661.

On a d'elle des Lettres sur differens sujets j tom. I et H, Uti'echt, 1742, in-12: tom. 111 , Utrecht, 1744 1 in-i2; tom. ÏY , Extraits de ces Lettres , divisés en 2 part. , Leyde , 'V\"illem de Groot.

ARNAULD , ( Catherine-Agnès) sœur de la précé- dente , et sa coadjutrice à Port-Royal-des-Cliamps , n'avait que cinq ans lorsque ses pareus lui firent donner le voile religieux. C était décider de bonne heure sa vocation. Elle était encore au noviciat , que son mérite la fit choisir par Angélique Arnauld pour être maîtresse des novices. Peu d'années après , elle gouverna la maison. Elle fut

chargée

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charg^jede cette pénible et honoralile taclie danslaLseuce tle labbesse sa sœur. Angélique ne put obtenir de lui ré- signer son abbaye. Agnès eut le rare talent de se faire aimer et respecter de ses compagnes. Une fluxion de poitrine termina sa carrière , le ig février 1671 , à 77 ans.

Son esprit égala ses vertus. Elle composa dans sa re- traite les ouvrages dont voici les titres : Le Chapelet secret du Saint Sacrement , Paris , i6t)5 , in-12. Ai^'m pour la persécution qu'essuya son couvent en 1664. L'Iniacre de la religieuse parfaite et imparfaite , Paris, iGG3 , ia-12. ' Les Constitutions de l'abbaye de Porl-È.oyal , 1 665 , in-i 2. Instructions religieuses. Des Elogis^ dans le Nécrologe de Port - Royal. La première de ces productions fut le signal d'un combat d'opinions entre lès prélats. L'écrit fut censuré par M. Hallier et quelques autres docteurs de Sorbonne. Mais lévèque de Langrcs , alors supérieur de Port-Royal , fit revoir cet écrit par dautres docteurs qui lui donnèrent leur approbation. Les avis étant ainsi par- tagés , laffaire fut portée au tribunal du souverain pontife. Les juges déclarèrent que l'ouvrage ne serait ni censuré , ni mis dans l'expiirgatoire , mais qu il serait supprimé , pour empccber les personnes peu instruites d en faire un mauA'ais usage. En voyant tant de troubles pour si peu de cbose , on serait tenté de désirer que le confesseur d'Agnès eût été aussi ignorant , et eût eu autant d'empire sur l'esprit de sa pénitente que celui de Sainte Thérèse. On peut se rappeler, en effet, que Sainte Tbérèse , pt)ur obéir à son confesseur , brûla son commentaire sur les cantiques de Salomon , dont il fut scandalisé avant de 1 avoir lu et même ru.

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ARNAULD, (Marie-Angélique de Saint-Jean) nièce des deux précédentes, et seconde fille d'Aruaiild d'Andilly, naquit en 1624- Elle enti^a , dès làge de six ans, au monastère de Port-Royal. Ses tantes prirent soin de son éducation , et lui inspirèrent les heureuses qualités dont elles étaient douées. Elle s'énonçait et écrivait avec beaucoup de facilité et de pureté. Après avoir été , pen- dant vingt ans, maîtresse des novices, elle fut élue ab- besse en 1678. Elle mourut dans la dernière année de son second triennal, le 29 janvier 1684.

On lui doit : Conférences sur la règle de Saint Benoît y 2 vol. Discours appelés Miséricordes , i vol. Réflexions sur les avis que la mère Agnès avait écrits pour la persécution qu'essuya son couvent en 1664, in-13 ; Paris , 1757. Des Éloges. Des Mémoires j des Relations édifiantes de la vie de ses sœurs.

AUBIN , ( Madame ) née à Londres , était fille d'un officier français. Réduite à l'indigence , elle n'eut d'autre ressource que de s'adonner à l'étude. D'abord elle essaya les forces de son esprit , par différentes petites brocliures qu elle fit paraître sous le voile de l'anonyme ; enfin elle publia «n roman , à la tète duquel elle mit son nom. Dans les premiers instans , cette production eut quelques suc- cès ; la froideur du public pour les volumes qui suivirent , lui fit briser ses pinceaux.

Madame Aubin , dans l'espoir de sortir de l'indigence , voulut courir une autre carrière. Elle composa des ser- mons. Ne pouvant trouver de prédicateur qui voulut les acheter, elle prit le parti de les prêcher elle-même. Une foule de personnes de Fun et l'autre sexe s'empressaient

de lui apporter leurs trente sols , pour entendre un dis- cours qui durait environ trois quarts d heure. Comme Taltrait de la nouveauté faisait le principal mérite de ses sermons, les auditeurs disparurent avec elle : cependant le succès se soutint assez long-tems , pour lui donner les movens de se mettre au-dessus du besoin. A peine jouis- sait-elle des douceurs de Taisance , que la mort vint ter- miner ses jours. Madame Aubin n'est pas la seule qui ait fait des prédications. Deux autres femmes se sont acquis, dans le même genre , beaucoup de célébrité : Madame de Brinon , première supérieure de la maison de Saint-Cyr , et Virginie de Negri , milanaise du iG''. siècle.

AUBRY^ ( Olympe de Gouges, Dame) naquit à Montauban en 1^55. Son éducation fut eîLtrêmement né- gligée ; mais la nature la doua d"un esprit facile et d une imagination ardente. Sa beauté et ses succès dans la car- rière des lettres , la placèrent parmi les femmes les plus intéressantes de son tems. A 1 époque de la révolution , en 1789, elle se jeta dans le tourbillon de la politique* Bientôt l'enthousiasme de la liberté caractérisa ses écrits. Les sociétés populaires de femmes lui durent leur institu- tion. Malgré son amour pour l'indépendance , elle de- manda à la convention nationale qu il lui fût pernlis de s'adjoindre au vertueux Malesherbes pour défendre Louis XVI. Le masque de vertu dont Marat et Robespierre se couvraient pour cacher leurs crimes , ne put lui en im- poser. Elle se déclara ouvertement contre leur faction , et elle rendit publique 1 horreur que ce parti lui inspirait. Avec cette courageuse conduite , elle ne pouvait échapper à la catastrophe qui termina sa vie. Le 12 brmnairc an 2., elle fut traduite devant le tribunal révolutionnaire de

3. .,

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Parispoiri'y subir son jugement. Le même jour elle monla à l'échafaud.

Elle a puLlié, sous le nom cVOlympe de Gouges, les ouvrages suivans : Le Mariage de Chérubin, 1^85 , in-S*^- Cette comédie fut bien accueillie du public. Ullomme généreux ^ drame en 5 actes et en prose , Paris, i'j86, ln-8''.

Molière chez Ninon ^ow. les Siècles des Grands Hommes ^ pièce épisodique, en 5 actes et en prose. Lettre au Peuple , ou Projet d'une caisse patriotique , Tienne , i ^88.

Remarques patriotiques. Mes vœux sont remplis , ou le Don patriotique , dédié aux états-généraux. Discours de l'Aveugle aux Français. Séance royale : Motion de Monseigneur le duc d' Orléans , ou les Songes patriotiques , 178;}. Lettre aux Représentans de la Nation ., in-S*^. L'Esclavage des Nègres , pièce représentée pour la pre- mière fois sur le théâtre de la nation , le -27 décembre 1790. Cette production n'est pas sans mérite. Ses (Euvres ., 5 vol. Adieux de Madame de Gouges aux Français et à M. Necker , 1790, in-S*^. Mirabeau aux Champs Èlysées , in-8*^. Dans ce drame épisodique elle a consa- cré son admiration pour Mirabeau. L'Entrée de Dumou- rier à Sruxelles ./pièce de tliéâtre. Olympe de Gouges, défenseur officieux de l^ouis Capet , au président de la con- vention, 1792 , in-S*^. Quelques pièces de théâtre et dijfé- rens écrits relatifs à la révolution. Les Trois Urnes , ou le Salut de la Patrie , 1793.

AUCHI, (Charlotte DES Ursins , vicomtesse d') fille de Gilles Juveual des Ursins, épousa Eustacbe de Conflans , vicomte d Aucbi. Elle est auteur d'une para- phi*ase surTépître de Saint Paul aux Hébreux. Cette pro-' duction n a point été imprimée. Madame d'Auchi est morte vers lau i65o.

AUN 2i

AUNOY, ( Mari^-Catherine Jumelle de Ber- NEVILLE, comtesse d' ) née eaNormandie 1 au iG5o , était, nièce de la savante Des Loges. Un hem'eux caractère et un esprit agréable firent rechercher sa société. Elle mou- rut à Paris au mois de janvier 1705.

Contemporaine de Madame La Favette , et sOn imita- trice, elle ne la cependant pas égalée. Semblable à ces peintres j qui adoptant la manière d'un maître, et qui ne peuvent s'élever à la hauteur de celui qu ils ont pris pour modèle, quoiqu'on leur doive des ouvrages estimables y Madame d'Auuov a composé : Hippolyte , comte de Duglas, Paris, Barbin, '1C90, 2 vol. in- 12. Ce romaa^ est marqué au coin de l'imagination et de la sensibilité. Relation d'un voyage d'Espagne , Paris, Barbiii, i6gi , 3 vol. in-12; Paris, veuve Claude Bai'bin , 1699, 5 vol. in-12. Cette relation est écrite avec beaucoup de naturel et d'enjouement. Des détails charmiins et bien narrés, à cela près d'un petit nombre que leur peu d intérêt aurait faire supprimer; des portraits peints agréablement, des notions curieuses sur 1 histoire, les lois, les mœurs et les coutumes du pavs que parcourt Madame dAunoy, en rendent la lecture attacbaule. Les auteurs de lEncy- clopédie ont puisé dans cet ouvrage plusieurs observations dont ils ont enrichi leur dictionnaire. Mémoires de la^ cour d'Espagne , Paris, Barbin, i(3ga, 2 vol. in-12.. Le style de cette produclion est correct. Les faits qu'elle y raconte peuvent intéresser ceux qui étudient les nations jusnn.es dans les bagatelles. Nouvelles Espagnoles , avec des Lettres galantes, Vi\\\s ^ i6.)2, 2 vol. in- 12. Jean de Bourbon , prince de Carency , Paris, 1692, 2 a'oI. in-12. Cet ouvrage ne manque pas d intérêt: mais l'unllé d action n'y est point exactement observée , et d'ailleurs on y

sa A U R

trouve , comme clans les romans de ce tems-là , des Ion-» gueurs et même quelques invraisemblances. Nouvelles"^ ou Mémoires historiques , Paris , Barbln , 1698, 1 vol. in-12.

Mémoires de la cour d' Angleterre , Paris , iÔqS , 1 vol. in-12. vSes Mémoires ne présentent que des aventures galantes et romanesques. On s'aperçoit, en les lisant » qu'elle écrivait dans un tems la manière des auteurs espagnols était quelquefois substituée à celle du bon goût.

Les Contes des Fées, Paris, Barbin, 1698, 8 tom. eu 4 vol. in-12. Ces contes ont eu plusieurs éditions. Sil est vrai qxi'llomère ait emprunté pour plaire la ceinture de Vénus , on peut dire que les Fées ont prêté à Madame d'Aunoy leur baguette, pour enchanter ses lecteurs. « On n peut mettre de l'art et du govit jusques dans ces frivo- » lités puériles. Madame d'Aunoy , ajoute Laharpe , est n celle qui paraît y avoir le mieux réussi; elle y a mis y l'espèce d'intérêt dont ce genre est susceptible, et jqui » dépend , comme dans toute fiction , d'un degré de vrai- V semblance conservé dans le merveilleux , et d'une sim- 71 plicité de stvle convenable à la petitesse du sujet. »

Le comte de TV^arrviclc ^ Paris, 1705, 2 vol. in-12. Ce roman a le double mérite d'instruire en amusant. Quoique les évènemens soient de l invention de l'auteur, le fond de l'histoire est conservé avec assez d'exactitude. " Quelques vers français. On lui attribue un recueil en 5 volumes , appelé le Recueil de Barbin.

AURORE. (Mademoiselle) Ce nom rappelle une jeune personne de l'académie de musique, qui, à làge de i4 ans, fit paraître dans le Mercure ., en 1779 > une épître en vers , pleine de grâce et de fraîcheur. Ou trouve dans le même journal ( 1782 ) une autre épître , et une pièce de vers dQ

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sa composition. La légèreté de son pinceau, et la délica- tesse avec laquelle elle exprime le sentiment , font le charme de ses poésies. Plusieurs de ses pièces ont paru dans les ouvrages périodiques du tems»

AUTREVAL, ( Ma<lame d) vivait au 17*. siècle. On a conservé quelques-unes de ses lettres, entr autres, deux écrites à M. de Vertron. Dans l'une de ces dernières on lit le passage suivant : « J'ai cru , Monsieur , que je devais « me faire justice, puisque vous ne me la faisiez pas , et qu il ne fallait point prendre le parti de mon sexe , pour » le mettre au-dessus du vôtre, comme vous vouliez que je fisse. La chose , quoique nouvelle , n'aurait pas trouvé »» quantité d'approbateurs ; et je vous réponds que si je me n métamorphosais en orateur , je fuirais ce% manières » d'abaisser Tun pour élever l'autre. Je condamne donc, » s il m'est permis de condamner, votre manière d écrire » trop flatteuse «.

BALETTI , voyez RICCOBONI.

BANDONIVIE , ou BAUDONIVIE , religieuse de Sainte-Croix, à Poitiers, fut élevée dans ce nionastère auprès de la savante Radégonde. Il paraît que l'éducation qu'on lui donna , ne fut point une semence jetée dans tm terrain sec et aride. Les fruits , il est vrai , ne furent pas nombreux ; mais ils furent dignes du sujet qui les fit éclore. Après la mort de Sainte Radégonde , elle écrivit , à la prière de ses compagnes , la vie de celle abbesse. Bembi , ïeligieuse dans le monastère fondé par Sainte Catherine

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de Boulogne , fut , ainsi que Baudonivie, une des compa- gnes de la fondatrice du couvent quelle habitait , et ainsi que Baudonivie , elle écrivit la vie de cette même fonda- trice. L'ouvrage composé par Bandonivie a été inséré dans le Recueil de Surius , et a reçu l'approbation du savant cardinal Baronius , qui en parle sous 1 année 566. Il se trouve aussi dans les Annales des Saints de l'ordre de Saint Benoît , page 5a6. Il est intitulé : Vita Sanctœ Rade- giindis , reginœ Fi'ancorum, et monachœ Pictaviensis, autore Venantio Fortunato episcopo Pictauiensi, liber secundus^ aU" tore Bandoniviâ ^loniali œquali. Catherine Baat, savante suédoise du 17 «. siècle , rectiua, dans ses Tables généalogi- ques des Familles Suédoises , les fautes que Jean Messé- nius avait commises dans son Théâtre de la noblesse de Suède , et*Bandouivie recueillit les faits que Fortunat avait omis dans la vie de Sainte Radégonde ; mais elle ne fait point mention des miracles qui répandent de lin- certilude sur les récits de Fortunat. Son style est plus simple , plus naturel et beaucoup moins embarrassé que celui de ce prélat. Elle mourat abbesse de Sainte-Croix^ Tan 607.

BARBIER, (MaRIE-An.\e) née à Orléans, est morte à Paris , dans un âge avancé , eu 1745. Son goiit pour la poésie se développa de bonne heure. Encouragée par les premiers succès quelle obtint, elle fixa sa résidence à Paris.

On lui doit : Saisons littéraires , ou Ulélanges de poésie , d'histoire et de critique. Ce volume est le premier et le der- nier de 1 cuivrage périodique qu elle avait entrepris. Thiâ- tre de l'amour et de la Fortune. ArrleetPœtus , tragédie , mise surlascèueleS juin 1702 : Paris, Michel Brimet, 1702^

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in- 12. Cette pièce exit seize représentations. Elle est dédiée à M.*"^ la duchesse de Bouillon, par une épître en vers. Dans la préface , Tauteur se plaint qu'on veut lui ôter la gloire de- son ouvrage, en l'attribuant à un autre. Voici Tapproba- tion de Fontenelle ; « J'ai lu, par ordï'e de Monseigneur y> le Chancelier, Arrie et Pœtus , et j'ad cru que lirapres- ri sion en pourrait être aussi agréable an public , que la n représentation Ta été. n Ceux qui ont reproché à Made- moiselle Barbier d'avoir défiguré l'histoire dans cette tra- gédie , ont sans doute oublié qu'elle n'a fait que raetti'e à profit les prérogatives que se sont arrogées les auteurs dramatiques. Elle est la seconde personne qui ait mis aa théâtre 1 intéressant sujet d' Arrie et de Pcetus. ^ Cornélie , mère des Gracques , tragédie , jouée le 5 avril lyoS , Paris, Pierre Ribou, i'jo5,in-i2. Cette pièce, reçue avec de grands applaudissemens , eut six représentations. L'auteur la dédia à S. A. R. Madame , par une épître en vers. Quoi- que cette tragédie ne soit pas sans défaut, elle tient le premier rang parmi celles de ce nom , composées tonr- à-tour par Oi^bier , Hardy et Fuzelicr. Thomiris , tragédie, mise sur la scène le 25 novembre 1706, Paris, Pierre Piibou , 1707 , in-12. Cette pièce eut six repré- sentations. Elle est dédiée à Madame la duchesse du Maine, par ime épître en vers. Le clioix du sujet de cet ouvrage décèle une femme qui n'était occupée que de traiter des faits qui pussent honorer son sexe. Cependant on ne peut s'empêcher de convenir qu'il eût été. possible de faire un choix plus heureux; car, si Thomiris est célèbre par ses victoires , elle l'est aussi par sa cruauté, et si Mademoiselle Barbier , en mettant cette princesse sur la scène , eût pu ne l'envisager que sous le premier point de vue, elle n'eût point manqué son but. La barbaxùe qui

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règne clans cette pièce la empêchée de faire fortune oans lesprit du public. On serait tenté de croire que depuis cette époque , la sensibilité a diininué de quelques degrés chez les Français, et augmenté chez les Anglais ; la tragé- die de Diibelloy , intitidée : Gahrielle de Vergy ^ n'a point eu rimprobation du public , malgré laffreux spectacle du cinquième acte j et Miss More , dans sa tragédie de Percy, dont le sujet est le même que celui ti'aité par Dubello-v , na point cru devoir -adapter à sa pièce le dénouement atroce de Gahrielle de Vergy. La Mort\de César, tra- gédie, jouée le •j.Ç» novem])re 1709 , Paris, Pierre Ribou , 1710, in-i2. Cette pièce eut six représentations. Elle est dédiée , par une épitre en vers , à d'Argenson , conseiller d'état. Mademoiselle Barbier est le cinquième auteur qui ait donné au théâtre la Mort de César. La conduite de ces tragédies est assez régulière, et lenchaînement des scènes assez bien lié. Le désir de faire paraître ses hé- roïnes grandes et généreuses , lui a fait négliger ses héros. Il y a dans ces pièces quelques situations touchantes , et \ine versification aisée et naturelle. Lé^^étes de l'Été , ballet avec un prologue , représenté par lacadémieroA-ale , le 12 juin 17 lO, i.-i._:ique de Mouret, Paris , Pierre Ribou, 17 16 , in-4*^. Le Jugement de Paris , pastorale héroïque en 5 actes , avec un prologue, représentée par l'académie- royale, le 1 4 juin 17^8, musique de Bertin, Paris, P. Riboii , 1-7 18, in-4*^.Dorneval et Pierre Biancolelli, en société avec Lelliopère, firent paraître la même année une pièce de ce nom eu un acte. Les Plaisirs de la cantpagi^ , ballet avec nn prologue , représenté par lacadémie royale , le ïO août 1719, Paris, veuve Pierre Ribou, 1719, in-4''. Lte Faucon , comédie en un acte et en vers , jouée le i"- septembre 1719, Paris, Pierre Riboii , 1719,111-12*

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Cette comédie eut 12 représentations. Elle a le mérite d'être passablement versifiée. Le sujet en est tiré de Bo- cace. Il a été traité par plusieurs auteurs dramatiques î Palaprat , a\sint Mademoiselle Barbier ; Fuzelier , dans le même tems ; la Drevetière , quelques années après , et De Théis en 1775. Son théâtre a été réuni en un volume ia-12. Elle fit deux tragédies qui sont restées manuscrites. L'une e&i Panthée f et l'autre Joseph. Il est assez remar- quable que cette dernière tragédie soit la cinquième de ce nom , et qu'il n'y ait eu d imprimée que celle qui parut sous les auspices de Madame la duchesse du Maine.

Plusieurs pei'sonnes ont prétendu que Mademoiselle Barbier n avait point fait de pièces dramatiques , et qu'elle n'était que le prête-nom de l'abbé Pellegrin. D'autres ont dit avec plus de raison que l'abbé Pellegrin ne fut jamais que son conseil et son censeur. Ceux, qui vein|àt lui ravir la gloire d'avoir composé ses pièces dramatiques, pour la donner k l'abbé Pellegrin , nont qu à se rappeler, pour lui rendre la justice qui lui est due , que Boilcau corrigeait les pièces de Racine , et que l'on n'a point dit que Boileau fut l'auteur des Œuvres de l'Euripide Français. Ecoutons à cet égard ce qu'eu écrivit l'abbé Pellegrin à Mademoi- selle Barbier, le 1^ mai 1704 :

« Mademoiselle, je ne sais par quel endroit j'ai pu « m'attirer une lettre aussi désagréable que celle qu'on •» vient de me rendre de vostre part : on dirait que vous y> voulez que je sois complice de la fausseté qu'avance " l'auteur (r) du liA're intitulé. Pièces fugitives. Je ue

(i) Il avança qucTabbé Pellegrin avait fait les tragédies de Corne'li©, d'Arrie et de Pcalus.*

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9t crois pas que iusqu icj>^ vous mavez connu assez peu de » probité pour me croire capable de vous dérober vostre yi gloire ; cependant vous voulez bien que je vous avertisse que plus vous serez sensible au larcin qu'on veut vous 7t faire ^ plus vos ennemis s'obstineront à vous chagriner j, 7> au reste vous ne voyez presque point d ouvrage qui ait yt quelque succès , dout les auteurs n'éprouvent la même 7> injustice que celle dont vous vous plaignez. Vous n'igno- ■n rez pas qu'on ayt voulu donner V Andrienne à un homme 71 dont le caractère et la solidité sont tout-à-fait incom- t^ patibles avec ces sortes d occupations , quoique celui qui a donné cette pièce en son nom soit très-capable de î» l'avoir faite : c'est pourquoi , IMademoiselle , soyez un yt peu moins vive sur un accident qui vous est commua » avec presque tous les auteurs qui se distinguent ; et n conteut^^yons de la justice que vous rendent ceux qui » ont 1 honneur de vous connoistre. Vous me dites , dans n vostre lettre , que , par un sentiment d'amour-propre, je ne suis pas tout-à-fait fâché qu on m attribue vos ou- 31 vrages. Je réponds à cela. Mademoiselle , que je n'ay r> jamais donné lieu à ce reproche , et que d'ailleiu'S uii homme de mon caractère ne doit regarder celle sorte » de gloire que comme une honte. Ainsi ce qu'on a avancé n mest pour le moins aussi injurieux qu à vous. Je vous »i prie d'être persuadée que , malgré l'injustice que vous » me faites , je suis , avec beaucoup d'estime, vostre, etc. »-

BARE]VfI!N^, (Madame de) a publié : Pensées morales , divisées en deux parties, vol. in-i2. Dans cet ouvrage, que Madame Barentin a fait pour sa fille , elle a cherché âr donner une définition juste des choses , et à renfermer 1 essence de la morale et de l'iustrucliou sous àes idées

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simples, souvent reproduites, et propres à, laisser dans Tauie de solides impressions.

BARRAS, (Marie-Thérèse QuiqueranBeaujeu, Dame) née à Salon en Provence, le l'j octobre ijSS, compte parmi ses aïeux Hugues de Santcyre , troubadour du douzième siècle , et Clermonde de Quiqueran , native d'Arles , dont Jean de IN'ostredameloue le sens et la bonté. Madame Barras est membre du I.vcée des Arts de Paris. Elle a composé : Mévioire sur V Éducation des Abeilles , reçu au Lycée des Ai^ts , le 5o vendémiaire an 7 , Paris , Fuclis , au 8. Sans doute elle a regardé que 1 être qui possède un talent, doit lemployer pour ajouter au bonheur de ses semldables. C est ainsi qufen 1^85 Lady Moria se rendit utile à ses concitoyens , en enseignant à faire de la toile avec des objets dont pour 1 ordinaire on ne tire aucun parti. On trouve dans 1 ouvrage de Madame Barras des maximes générales sur 1 éducation des abeilles, lindica- tion des soins qu'exige un rucher dans chaque mois de Tannée , et le titre des livres les plus estimés qui concer- nent les mouches-à-miel. Ce mémoire est absolument élémentaire. Il est écrit avec précision. On regrette seu- lement que le style n en soit pas plus soigné.

BASTIDE , ( Mademoiselle ) fdle de Bastide , l'un des auteurs de l'Homme du Monde éclairé par les Arts. On trouve dans l'Alinanach des Muses, des années 1767 et 1768, des pièces de vers de sa composition. Elle a fait quelques petits ouvrages eu prose.

BAZIISCOURT, (Mademoiselle Thomas de) pension- naire du roi à l abbaye de Long-Cliamp , fit paraître un Abrégé de la Bible ^ en vers français,, 17G8, in-12. Cet

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ouvrage est dédié à la reine. La clarté , la rulélilé et unô rapide précision, sont les qualités qui le caractérisent» 11 y a plusieurs endroits rendus assez heureusement.

BEATRIXde Savoie, épouse de Raymond-BérengerlV^ se rendit recomniandable , dans le i5®. siècle, par la pro- tection qu'elle accorda aux gens de lettres. Un littérateur écrivait en 1789 que la mémoire de Béatrix était encore clière aux Provençaux. Les troubadours , ses contem- porains , célébrèrent dans leurs vers ses grâces et son esprit. On voyait encore sa statue, en 1789, dans Téglise de Saint-Jean de la ville d Aix.

BEAUFORT , voyez HAUTPOULT.

BEAU HARNAIS , ( Fanny Mouchard, Dame de) est née à Paris vers le milieu du i8«. siècle. Elle annonça de bonne heure un goût décidé pour la poésie. A dix ans, elle fit unpocme. Les religieuses du couvent elle était le lui enlevèrent. Le feu dévora sa production ; mais le •talent lui resta. Quelques années après, elle se fit connaître par des vers agréables, ingénieux et faciles. La société patriotique bretonne , les académies de Lyon , des Arcades de Rome , et de Villefi'anche , s'empressèrent de l'admet- tre dans leur sein. En Tan 8 , le Lycée de Toulouse la reçut au nombre de ses associées ; lAthénée de Lyon lui en- voya, en Tan 9 , un diplôme d'associée-littéraire. Elle a publié : (Euvres de madame la comateuse de Beauharnais , 1772, 1 vol. in-S**. ; Amsterdam, 1776. Cette dernière édition a paru sous le titre de Mélange de poésies fugitives et de prose sans conséquence. On y trouve deux féeries en prose, dont l'une est inlilulée : la Haine par amour; et l'autre^ le Rosier parlant. Ces comédies sont fort agréables.

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'■^ A tous les penseurs , salut ^ i']']'^-, in-8*^. Cette produc- duction est écrite avec toute la gaîté et toute la légèreté dont le sujet est susceptible. Elle y fait une critique fine et délicate de quelques travers des liomnies, et de leur in- justice envers les femmes. Cet ouvrage n est pas le seul de sa composition elle défende les personnes de son sexe. Cependant elle ne s'est point bornée à peindre les ridicules des hommes ; ceux des femmes n ont point échappé à son pinceau. Lettres de Stéphanie ^ roman historique, 1778, 5 vol. in-12. Ce roman offre une intri- gue naturelle et toujours vraisemblable , des caractères bien soutenus et bien contrastés , un style plein de clia- leur. L'Ahailaixl supposé j o\\ le Sentiment à l'épreuve , Amsterdam, 1780, in-S'^ ; Paris, 1781, iu-S*^. ; Lyon, 1791 , in- 12. Un style vif, animé et rapide , caractérise ce roman. L'Aveugle par amour ^ 1781 , in -8*^. Cet ouvrage est précédé d'une épître en vers , à Madame la Fayette. Il est écrit avec pureté, élégance et même énergie. Volsidor et Zulménie , vrai conte de fées, d'une très -jeune personne. Les lettres de femmes , qui sont dans deux romans de Dorât , Tun intitulé : les Malheurs de l'inconstance ; et l'autre , les Sacrifices de l'amour. JSlélangss de poésies , ou les Amans d'autrefois , l'jSr ^ 3 vol. in-i2. La Fausse Inconstance , ou le Triomphe de l'honnêteté j comédie en 5 actes, en prose , 1787 , in-S'*. , traduite en anglais par M. Robinson. Madame de Beau- harnais ne se laissa point rebuter par le mauvais succès que cette pièce eut au théâtre ; elle la fit imprimer , et l'approbation qu'elle obtint lui prouva que le bon goût n'avait eu qu'une fausse inconstance. Cette comédie rap- pelle celle de la Sœur, par Miss Lennox. La pièce de cette Anglaise n'eut qu'une ieprésentation, et le succès

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n'en fat pas îieureux.. Elle retira son œuvre , et la coiifia a l'art tjpograpljique. Les applaudissemens du public lec- teur la dédommagèrent du froid accueil d'une cohue spec- tatrice. — L'Isle de la Félicité j ou yinaxis et Tliéoive , pocme philosophique en trois chants , précédé d'une épître aux femmes, suivi de quelques poésies fugitives , Paris, Masson , an 9, in-S''. Un épisode dHippolyte , comte de Duglas , roman de Madame d' Aunoy , a fourni le sujet de risle de la Félicité. Ce poème ajoute encore à la répu- tation de son auteur. A la mémoire de madame Du- boçcage , Paris , an 1 1 , iu-S*"^. Cet ouvrage est une nouvelle preuve de la sensibilité de Madame de Beauharnais. On trouve de ses poésies dans un grand nombre de recueils périodiques. Plusieurs poètes distingués font célébrée dans leurs vers. Le distique placé sous son portrait est de Madame Toustain. Le voici :

Muses , grâces , vertus ; en me'langeant vos traits , A mes regards charmés vous peignez Ecauharuais.

Georgelin , secrétaire de la société patriotique bretonne, a traduit ce distique de la manière suivante :

Ingeuio , illecebris , ecoe Minerva , Venus.

Le portrait de Madame de Beauharnais a été dessiné à Paris , en 1 785, par Thornton , Anglo-Américain ; gravé à Londres la même année par Bartolozzi , et gravé de nou- veau, à Paris, en Tan 10, par Gaucher. Cette dernière gravure est celle qui se trouve à la Icle du premier volume du nouvel Almanach des Muses.

La

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La chronique attribue à Dorât et à CuTiières-Palmézeau , les vers de Madame de Beauharnais :

Ces rers pleins de délicatesse , Que les Grâces et les Amours Lisent et relisent sans cesse.

Serait-il vrai de dire , avec Madame Saint - Chamond : « Les hommes accordent assez légèrement de l'esprit w aux femmes qui leur plaisent ; celles qui écrivent, sont » jugées plus sévèrement ; ils supposent totijours qu'un ff d'eux, a dicté l'ouvrage ? »

BEAUMARETS. ( Madame de ) On trouve dans le

Mercure de juin , i'j8'2 , une Epître de sa composition,

à M. Bardin l'ahié , à Sens. Cette pièce de vers est

écrite avec facilité. -La versification en est naturelle.

è BEiVUMER, (Madame de ) fut privée de ce qu'on

appelle ordinairement le mérite des femmes , les dons de la fortune , et les agrémeus de la figure ; elle eut le Lon esprit d'y suppléer par l'étude. On na aucune notion sur sa vie , si ce n'est quelle fit un long séjour en Hol- lande ; qu'elle vécut dans la panvreté , et quelle mourut dans la misère , en i^GG.

On a de sa composition \\n volume d (Euures mêlées, in6o, in-12. On y distingue les Caprices de la Fortune, nouvelle historique, des allégories et deux. odes. L'une de ces odes est intitulée : La Mort des Héros; l'autre est tirée du cantique que les Israélites chantèrent en action de grâces de leur délivrance. Le mérite c!e ces deux pièces fait regretter qu'elle n ail pas écrit dans ce genre un plus grand nomhre de morceaux. Madame de

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Beaumer prit au mois d'octobre 1761 la direction da Journal des Dauies : ce fut M. de la Louptière qui lui céda ce droit.

BEAUMONT, (IMadame Le Prince de) née àRouen, le 26 avril i-i i. L emploi qu'elle fit de ses connaissances est glorieux pour sa mémoire et précieax pour la société. Elle passa une partie de sa rie k Londres ^ elle se con- sacra à léducation des jeunes personnes de son sexe. An talent d'instruire , elle joignit lart de faire aimer Tinstruc- tion. Ses préceptes étaient agréables , et ses conseils étaient sages sans pëdantisme. On retrouve ce mérite dans ses ouvrages. En voici les titres : Le Triomphe de la vérité , ou. Jlémoires de 31. de la Villette , 1748, 2 vol. in-12. Lettres diverses et critiques , 1750^ 5 vol. in-i2. Le Nouveau j\lagasin Français^ on Bibliothèque Instructive ^ i-5o, in-8".j journal littéraire quelle a dooj^é au public pendant son séjour en Angleterre. Education complette , QM. Abrégé de V Histoire universelle , i 705 . 5 vol. in-12 : Ams- terdam , I -85 , 5 vol. in-12. Civan , roi de Bungo , histoire japonaise- 17541 2 vol. in-12. Lettres de Madame du jyiontier ^ L.\ on ^ 1736, in-12; trad. en Allemand, Francfort, i-bç). in-S^. Ceslettresnesontpointde M™e. de Beaumont ; mais elle les retoucha , et termina le roman : alors on les publia en deux volumes sous son nom. Magasin des Enfans , 1737, 4 '^'^^- in-i 2 ; Yverilon, 1780, ^\o\. in-8'^. Liège, i~8o, 4 "^'ol. in-12 ; la Haye , 1786. I^yoX. in-12; Nîmes, i-qi , 2 vol. in-12; trad. en Allemand , Leipsick, n58, in-S*^. Anecdotes du i4®. siècle, pour servir à Ihistoire des femmes Illustres de ce tems : Londres, 1738 ou i^oQj iii-i2. Lettres curieuses ^ ijistncctives et amu- santes ^ 1739 , 4 part. iu-8". JMa^asin des Adolescentes ^

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Londres , 1 760 , 4 vol. In-i 2 ; trad. en Hollandais , la Haye, 1760, 2 vol. iu-8'^. ; la Haye, 1767 , 4 vol. in-12 ; Lyou , Ï768, 2 vol. ia-12; Neiicliatel, 1780, in-12; Yverdon, 1781^4 vol. iu-8<*. Paris, 1784, 4vol.in-8o. Celte dernière production a peut-être donné au P. A. AUetz l'idée de faire paraître , en 1 764 , le Tvlagasin des A.dolescens. Principes de r Histoire Sainte , 1761, 5 v. in-12. Instructions pour les jeunes Dames qui entrent dans le mondeetse 7narient;ljondres^ 1764, 4 vol. in-12; la Haye, 1767 , 4 vol. in-12. Lettres d'Emerance à Lucie ^ Lyon, 17G5, 2 vol. in-12; Leyde, 1766 , 2 vol. in-12. Mémoires de Madam.e la baronne de Batteville , liyon, 1766, in-S*^. Nouvelle Clarisse , roman , Lyou ., 1 767 , 2 vol. in-12. Magasin des pauvres artisans , domestiques et gens de la campagne^ Levde , 1769, 2 vol. in-12; Lyon, 1775, 2 voi. in-12. Les udméricains , ou la Preuve de la religion chrétienne par les lumières naturelles, Lyon et Paris, 1770, 6vol. in-12. Le Mentor moderne , ou Instructions pour les garçons et pour ceux qui les élèvent, 1770, 6 vol. in-12 ; 1 77O. Ma- nuel de la Jeunesse , ou Instructions familières en dialogues , Paris, 1775, 2 vol. in- 12. Contes moraux, Lyon el; Paris , 1775 1 2 vol. in- 12. JVouveaux Contes moraux , ib. ; 1776, 2 tomes en un vol. in-8", Œuvres mêlées, extraites des journaux, et feuilles périodiques qui parurent en Angleterre pendant le séjour qu'elle fit à Londres, Maëslricht et Paris , 1773 , 6 vol. in- 12. La Dévotion éclairée, ou Magasin des Dévotes , 1779, in-12. Madame de Beaumont a su , dans ses ouvrages , se mettre à la por- tée de ceux pour qui elle écrivait. Son style est simple et naturel ; cependant il est quelquefois négligé. On lui re- proche d avoir donné connue auteur les histoires et les contes qui se trou'^eut dans le Mcgasin des Enfans^ le

5. .

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J^agasin des Adolescentes, et ses Instructions pour les jeunes Darnes. Peut-on supposer quelle ait eu l'idée Je s'appro-^ prier des morceaux auxquels elle n'avait fait que de légers changemens , et qui étaient connus de tout le monde dans le tems elle écrivit ? Les lettres et la société la perdi- rent en 1780. Elle mourut à Annecy.

BEAUMONT , ( Charles - Geneviève -Louise -

AuGUSTE-ANDRÈE-THIMOTHÉE D ÉoN de) naquit à Tonnerre en Bourgogne, le 5 octobre 1728. Ses talens , son génie, ses exploits militaires, sa probité et son amour constant pour sa patrie , lui assurent un rang distingué dans les Annales du 18'=. siècle. On ignore les raisons qui enga- gèrent ses parens à lui donner lliabit dbomme. A peine avait-elle atteint sa sixième année , qu ils l'envoyèrent à Paris auprès dune de ses tantes. A i4 ans elle fut mise au colléce Mazarin, elle commença et suivit ses études. D abord , sa trop grande jeunesse lui empêcha de connaî- tre le prix des langues savantes ; mais elle ne tarda point à s'appercevoir des avantages et de 1 utilité quelle en pourrait retirer. Ses progrès , eu cette partie , furent si rapides , que bientôt elle passa dans les écoles de droit. Wayant point le nombre d'années nécessaire pour préten- dre au doctorat, elle obtint une dispense d'iige , et fut reçue docteur eu droit civil et en droit canon , et enfin avocat au parlement de Paris. Ses talens littéraires lui méritèrent la place de censeur royal pour 1 histoire et les belles-lettres ; et ses talens politiques lui firent donner plusieurs missions importantes. En 1756, on 1 envoya secrètement en Russie, pour travailler avec le chevalier Douglas à la réunion des deux couronnes. En lySy , elle porta à Yienne le premier plan de campagne 1 armée

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russe ; à Versailles , la réunion de la Russie avec la France , les ratifications d accession de l'impératrice de Russie au traité de Versailles, du 1.*' mai 17 56, et la nouvelle et la relation du gain de la bataille de Prague , du 6 mai 1757. La précipitation qu'elle mit dans ce dernier voyage lui devint funeste. Elle se cassa la jambe; malgré cet acci- dent, elle précéda de trente-six. beures le courier que le principal ministre de 1 impératrice-reine avait dcpècbé, à l'ambassadeur de la cour de Vienne près celle de France. La même année , on la fit secrétaire de l'ambassade de Russie. Elle continua cet emploi pendant les années in 58 et 1759. En 17(30 , elle porta à Versailles les ratifications de limpératrice Elisabelli au traité du 5o décembre 1758, et les ratifications de la convention maritime de la Russie, de la vSuède et du Danemarck. P'n 1760 et 1761 , ayant rejoint son régiment, elle fut aide-de-camp du maréchal et du comte de Broglie. On lui confie à Hoxter l'évacua- tion des poudres et autres effets : cet ordre fut exécuté sous le feu de l'ennemi. Au combat dUltrop elle reçut deux blessures. Le 7 novembre 1761 , près du village de Meinsloss , à la tète des gi'^enadiers de Champagne et des Suisses, elle attaque les Montagnards Ecossais , et les met en fuite. A Osterwick , avec une troupe de 80 dragons , elle chargea xm bataillon de six à sept cents hommes, et le fit prisonnier de guerre. La liberté des passages et la prise de Wolfembutel , par le prince Xavier de Saxe , furent les suites de cette action extraordinaire. En 1762, elle passa en Angleterre , en qualité de secrétaire de l'ambassade de France , pour la conclusion de la paix gé- nérale. En février 1765, elle fut envoyée à Versailles , pour y porter les ratifications du traité définitif de paix. Eu mai et juin 1765 , elle fut chargée des affaires

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France à Londres, sous le titre de résident. En juillet, août, septembre et octobre 1765, elle fut nommée minis- tre plénipotentiaire auprès du roi de la Grande-Bretagne. Sa constance et sa perspicacité dans ses travaux , rappel- lent une femme de son pays ( la Bourgogne ) , Mademoi- selle Bard. Celle-ci , dans une condition moins élevée , mais qui ne laisse pas d" avoir son héroïsme, suivait par amour pour la botanique , sous des habits d'homme et comme domestique, M. de Commerson dans ses herbori- sations sur les monts glacés du détroit de Magellan , et dans les pays brùlans du continent méridional. La cheva- lière d'Eou reçut plusieurs marques de satisfaction de la cour de France. Elle en obtint entr autres gratification? , çn lySy, un brevet de lieutenant de dragons 5 en lySS, un brevet de capitaine de dragons; en 1765, une pension de 2000 livres ; en lyÔD la crois, de Saint-Louis, quoi- que la durée de ses services militaires ne lui eût point encore acquis de titres pour la solliciter; et c est cette même cour qui la disgracie au mois de novembre in65! Le refus qu'elle fît de descendre de la place de ministre plénipotentiaire à celle de secrétaire d am])assade ; les appointemens de lambassadeur de France en Angleterre , le comte de Guerchy , dont elle ne s'était pas servie avec autant d économie que cet ambassadeur l eut désiré; 1 atta- chement quelle conserva au maréchal de Broglie , et le bien quelle eut le courage de dire de lui, lorsqu'il fut exilé , sont les principaux motifs qui servirent de prétexte à rinjustice qu elle éprouva- Elle mit le sceau à sa dis- grâce , en faisant imprimer, pour l appui de sa cause , les lettres , mémoires et négociations particulières qui avaient eu lieu pendant son ambassade. Ces différentes pièces compromettaient quelques-uns des personnages les plu$

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puissans de la cour de France. Aussi-tôt sa perte fut ré- solue. On devait l'enlever à Londres , et la resserrer étroi- tement dans un des cachots de la Bastille. Louis XV donna son agrément à ce projet; .mais dans la correspondance -qu'il conservait depuis long-tems avec elle , il lui indiqua les moyens de se tenir sur ses gardes pour déconcerter les ravisseurs. Ces évènemens lui firent perdre ses titres et sa fortune; mais ils ne lui ôtèretit ni la confiance de Louis XV, ni son amour pour sa patrie. Pendant sa prospérité, l'impératrice Elisabeth lui fit des offres brillantes pour l'attacher à son service ; et pendant son infortune , en 1770, r Angleterre lui eut donné les grades militaires et politiques qu'elle avait eus en France , si elle avait voulu prendre des lettres de naturalisation. D^ns 1 une et lautre conjoncture, son attachement pour son pays lui fit rejeter ces propositions. Elle passa quatorze années à Londres, partageant son tems entre l'étude et le soin de veiller à la gloire et aux intérêts de la France et de ses alliés. En 1764, plusieurs chefs du parti opposé à celui qui avait fait la paix, lui offrirent 4O1O00 livres sterling, si elle voulait les instruire de certaines particularités , et leur confier plusieurs papiers relatifs aux négociations qui avaient eu lieu. Elle garda ses secrets. En 17G6, elle communiqua aux alliés de la France des découvertes qui les intéressaient. Louis XV , parfaitement instruit de sa conduite, lui envoya, en 1766, le brevet dune pension de douze mille livres , avec l'assurance d une meilleure fortune dans un tems plus opportun. 11 avait tenté d'exé- cuter ce dessein^ lorsqu'il descendit au tombeau. Les comtes de Maurepas et de Vergennes ayant appris quel était le sexe de la chevalière d Eou , par sa correspondance avec Louis XV , sollicitèrent son rappel. 11 y eut deux

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négociations ponr cet objet. Dans la première , la clieTa- lière clEon réclame que son innocence soit reconnue publiquement : on élude la demande ; elle reste à Londres. Dans la seconde , on convint d'un traité. Les principaux articles étaient : L^n silence absolu imposé à elle et à ses adversaires, au sujet des querelles qu'elle avait eues ; la continuation de la pension de 12 mille livres^ et quitter les babits qu elle portait , la loi ne permettant pas ce dé- guisement. Llle arriva à \ ersaiiles le 17 août i']']']- Eu prenant les babits de son sexe, au mois d octobre i~'J'] % elle adopta le titre de cbevalicre d Eou. Les graveurs de Londres la représentèrent de diverses manières ; en Offi- cier de dragons , en Mijiistre , en Palias. Cette dernière estampe , gravée en 1775 , est une de celles qui ont été le mieux accueillies. Les seules ressemblantes parurent à Paris en 1779. On les doit au burin de J. B. Bradel. Luue d'elles est eu grand , et c'est la meilleure de toutes ; une autre se trouve à la tête de la F^ie de la chevalière d'Eon , par de la Fortelle^ 1779, in-S'^.

L'Éloge funèbre de la ducbesse de Pentbièvre , de la maison d Est, et celui du comte d Ons-en-Bray, composés en vers latins , furent les premiers fruits de son génie naissant. On les imprima dans l Année littéraire et autres ouvrasies périodiques. Quelque tems après, elle donna au public un Essai historique sur les différentes situations de la France , par rapport aux finances , 1 vol. in-i 2 , 1 7 54 ; et deux volumes de Considérations politiques sur Vadminis" trations des peuples anciens et modernes. Ces deux produc^ tions supposent bien des recherches, de grandes vues , et une longue expérience. Son Mémoire instructif sur la vie et les ouvrages du savant abbé Lenglet Dufresnoy , parut eu 1755 , dans la sixième lettre de l'Auuée littéraire. La

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plupart des'autenrs de Dictionnaires Liographiques sur les gens (le lettres, l'ont depuis inséré dans l'arlicle de cet abbé. Elle rédigea, en 1757 , à la demande du ministre de la guerre et du ministre des affaires étrangères , ses Mémoires sur la Russie. Elle était si jeune , que les mi- nistres furent étonnés des connaissances qu'ils trouvèrent dans cette production. Elle publia aussi ; Mémoires pour servira l' Histoire générale des Finances , 1758, 2 vol. in-i2.

Lettres j Mémoires et ^Négociations particulières du che- valier d'Eon , 1764 , iiî-8°. Suite aux Négociations par- ticulières du chevalier d'Eon , 17G5 , in- 12. Ces deux derniers ouvrages sont relatifs aux causes de sa disgrâce.

Éloge funèbre du marquis de Tavistock. Cette pièce, en Ters lapidaires, composée en 1767, fut si agréable à la nation ^ et à la famille de celui dont elle avait fait léloge , qu'on la jugea digne d être gravée sur le monument du marquis , et qu'on 1 imprima dans les papiers publics des trois royaumes. Les Loisirs du chevalier d'Eon , 1774* i3 vol. grand in-S". Les deux, premiers volumes parurent en 1770. Ces Loisirs renferment les observations de la chevalière d Eou , et sa manière de penser sur les sujets les plus Importans de la jurisprudence , de la science du gouvernement et de 1 histoire. Ces différens objets portent 1 empreinte dune érudition profonde et de recher- ches utiles. Pièces relatives aux démêlés entre Mademoi- selle d'Eon et Caron de Beaumarchais , 1778 , in-S''. Il paraît, par ces pièces , que la chevalière d Eon eut k se plaindre du peu de probité de 1 auteur du Barbier de Sé- ville. Beaumarchais avait été chargé, en 1773, de négocier avec elle pour la faire revenir en France. Véritable constitution d'une République j,lva.du.ile de l'anglais de Mar- chamout NeedUiam , an 8.

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BEAUMO!VT, ( Anne-Louise MoRiN du Menil , DameELiE DE) née ù Caen, eu 1729. Les qualités du cvKur et de 1 esprit furent sou apanage. Elle unissait beau- coup de douceur à une gaieté charmante , quelle dut sans doute aux actions de bieufaijance qui remplirent le cours de sa vie. Le ciel lui départit

Le talent d'embellir les plus petites choses. Et, sur ce qni dcplaît , Tart de semer les roses.

L'on ne sortait point de sa conversation , sans se trouver pins d'esprit qu'on ne croyait en avoir.

Elle avait trente ans, lorsqu'elle épousa M. Flie de Beaumont. Il était sans fortune , et rien alors ne présageait la célébrité qu il a depuis oblonue. Ou raconte une anec- dote qui peut donner une idée du caractère de Madame Elie de Beaumont. Elle était presque sans dot; car, d après la coutume de ]S'orniandie , son frère enlevait les deux, tiers des biens de sa famille. Quelques mois avant son mariage , ce frère mourut : alors ses parens voulurent la contraindre à renoncera 1 établissement projeté ; mais ce fut en vain. Elle persista dans sa résolution, en disant: que M. Elie de Beaumont lavant choisie tandis qu'elle avait peu de fortune, elle était charmée d en avoir ime plus considérable à lui olYrir.

En 1777 , elle participa avec son époux à 1 institution de la Fête des Bonnes-Gens , qu ils créèrent k Canon , en ^Normandie. Quoiquils fussent parmi leurs vassaux , quand cette fête se célébrait, ils oubliaient leur dignité ^ pour ne s'occuper que de celle de la vertu. Madame Elie de Beau- mont mourut à Paris le 12 janvier 1785.

Elle ne mettait jamais son nom à ses ouvrages. On ignore le motif qui la portée à se couvrir du voile de

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Fanonvine : cependant , on se plaît à croire qu elle y a été tlélermiiiée , plutôt par nu excès de modestie ^ que par le préjugé qui condamne les femmes k ne point écrire. Cette conduite lui a dérobé une partie de la reconnais- sance que lui devait le monde littéraire. Sa gaieté lui sug- gérait quelquefois des im-promptu pleins de sel et de finesse. La délicatesse et le goût caractérisent les chan- sons qu elle a composées. On en pourra juger par le qua- train suivant :

Si de PiubcDS imitant la magie, La toile eut pu s'animer soms mes doigts. Quel beau portrait j'aurais fait de ma mie! Je l'aurais peinte ainsi que je la a ois.

M. Elie de Beaumont se fit peindre , tenant dans sa main un papier sur lequel sont écrits les vers quon vient de citer.

Ilsuffirait, pour la gloire de Madame Elie de Beaumont, d" avoir composé les Lettres du marquis de Ro selle , 17641 2 vol. in-12. lia paru plusieurs éditions de ce roman. Le sujet a le mérile d être fondé sur la vérité. L'auteur n'a point voulu qu'un fait, destiné à n'être pas-connu ^ et dont cependant la publicité pouvait être utile à la société î," restât caché dans l'ombre du mvstrre. Tette estimable production respire la morale la plus pure. En joia^ant à la lettre i56 de ce roman, les Lettres de Madame de Maiutenon à Madame la duchesse de Bourgos^e, et les Avis d'une Mère à sa Fille, par Madame de Lambert, on aurait un Traite complet sur la conduite que doit tenir une femme. En 1765 , M. Desfontaiues doima au Public les Lettres de Sophie et du chevalier de ***, pour servir

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de supplément aux Lettres du marquis de Roselle , deux parties in-iti.

Madame de Tencin u avait écrit que les deux premières ] parties du romau historique , intitulé : Anecdotes de la cour i et du règne d'Edouard II , roi d' Angleterre , l'j'jô , 5 parties \ in-12. Ses héritiers chargèrent Madame Elie de Beaumont i de le finir. Elle le termina sans avoir aucuns renseigne- ' mens sur le plan de Madame de Tencin, et sans autres \ matériaux que 1 Histoire d Angleterre. Cet ouvrage offre \ &e.5 situations intéressantes , des pensées fines et déli- ^ ! cates, et le style , à quelques négligences près , est facile ' et naturel. Madame Elie de Beaumont a si bien saisi la i manière d écrire de Madame de Tencin , que , sans l'aver- lissemeut de léditeur , on ne soupçonnerait pas que deux personnes ont eu part à ce roman. \

Le mérite littéraire de Madame Elie de Beatimont était si bien établi , que le public prétendit qu elle travaillait aux '\ ouvrages de son époux. Ce qui donna lieu à cette conj^c- -• ture, avait lapparence de la vérité : on rapporte en effet, qu après sa mort, on ne trouva plus le même feu dans les I ouvrages de cet avocat célèbre.

Cependant une personne , M. Serain (i) , qui a demeuré quinze ans avec Madame Elie de Beaumont, assure qu'elle \ Il avait jamais eu connaissance des Mémoires de son époux ! qu'après leur impression ; et que si , dans les dernières années de la vie de M. Elie de Beaumont , ses écrits avaient moins de mérite , il faut 1 attribuer à la multi- tude de ses affaires , qui ne lui permettaient pas de relire j

(i) P. E. Serain, auteur de plusieurs ouvrages, enlr'aulres, de ht Bibliothèque du Père de Famille.

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ses productions , car ordinairement il suivait ce précepte de l'Horace Français :

Vingt fois sur le métier rçmettez voire ouvrage. Polissez-le sans cesse, elle ropolissci: Ajoiilez quelquefois , et souvent effacez.

BEAUNOTR , (Madame) est auteur de pltisieiirs pièces de théâtre : Vénus pèlerine , comédie épisodique , en un acte et en prose , 1778 , in-8°. Jérôme Pointu , comédie en un acte et en prose, 1781 , iu-8". La Nouvelle Om-' ■phale y comédie en trois actes, mêlée d ariettes, repré- sentée pour la première fois à Versailles , le 22 novembre inSa^ musique de M. Floquet ; Paris, Cailleau, 1782, in-8'*. Le sujet de cette comédie est le même que celai du charmant conte de Sénécé , qui a pour titre : Fil-ir le ■parfait amour. Thalie , la Foire et les Pointas , comédie en un acte et en prose ., représentée pour la première foi* à Paris, le 17 mai 1785 ; Paris, Cailleau, 1785, in-S^.

Les Têtes changées j comédie-parade, presque philoso- phique , en un acte et en prose , représentée pour la pre- mière fois à Paris , le 7 août 1785 ; Paris, Cailleau, 1783^ iii-8*^. Le Sculpteur y ou la Femme comme il y en a peu, comédie en deux actes et en prose , représentée pour la première fois, le i4 janvier 1784; Paris, 1784, in-S*^.

Le Danger des Liaisons , comédie en un acte et en prose, 1784 1 in-8''. Cette production respire la délica- tesse et la sensibilité ; les scènes sont bien filées , le dé- nouement heureusement amené , lestvlepur, correct et bien adapté aux personnages que l'on met en scène. Le sujet paraît être tiré de deux contes de Marmontel. Fanfan et Colas , ou les Frères de lait , comédie en un acte et en prose, représentée, poiy la première fois.

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le 7 septembre 1784 ; Paris , 1784, in -8''. Eustache Pointu chez lui , ou Q^lù a hu , boira , comédie eu un acte , 1784, in-8°. La Triste Journée , ou le Lendemain des Noces, comédie en un acte et en prose, 1785, in-8'^. Les Amis du Jour , comédie , 1786 , in-8". Le Ma- riage d'Antonio , comédie , 1 786 , in-8'^. Voyage sur le Rhin , depuis 3Iayence jusqu'à Dusseldorf , Newvied, 1791^ a vol. in -8".

BEAUA'^AIS , ( ESTHER de) Demoiselle d" Anjou , vivait sur la fin du 16^. siècle. « Jai vu , dit la Croix du » Maine , quelques sonnets de sa façon , imprimés avec les OEuvres de Beroalde , sieur de Yerville. « Les ouvrages de ce dernier parurent en i585.

BECCARI ( Madame ) est du nombre des personnes qui ont enrichi la Littérature d'agréables fictions. Elle a publié : Mémoires de Lucie cVOlhery , traduits de l'anglais ^ 1761 , 2 vol. in-ia. Lettres de Milady de Bedford, tra- duites de l'anglais^ Paris^ 1769, in'i2. La légèreté et te ton du sentiment sont les qualités qui caractérisent ce dernier ouvi'age. MUord d'Amby , histoire anglaise, Paris, Gaugueri, 1778, in-12 -, Paris, Bastien , 1781, 1 vol. in-i2. Ce roman épistolaire respire la morale et la vertu : on v remarque des caractères bien contrastés , de l'enchaînement dans les situations , de la noblesse dans les pensées , et de la délicatesse dans les sentimens. I^e style est en général assez soutenu et assez élégant ; mais on y désirerait quelquefois un peu plus de naturel , et moins d e5:pressioiîs précieuses et inusitées. M. Guichard adressa ù Madame Beccari les vers suivaus :

Que voire 3Iilord intéresse ! Sous les yeux de la veriléj

BEC 47

De Totre plume enchanteresse ,

Le sentiment coule aAec la gaieté. Des passions votre art offre bien le langage; Vous imprimez au vice et la houle et l'horreur j

Et (les vertus la respectable image , Brille dans vos écrits comme dans voire cœur.

IjCs Dangers de la calomnie , ou Mémoires de Fanny SpingLr ^ histoire anglaise , ISeiifchalel , 1780, 2 vol. in-i'i; Paris, Knapea, l'jSi. Dans cet ouvrage, Madduie Beccari peint avec vérité et justesse la passion et la vertu. 11 u en est pas de môme quand elle vent décrire les travers des hommes sans principes , et les raisonnemens par les- quels ils se justifient; mais il serait facile de faire dispa- k-aître ces taches , en effaçant quelques lettres inutiles.

BECTOZ, (Claude de) naquit auprès de Grenoble, et mourut en lof^-j. Elle fut abbesse de Saint-llonoré de ïarascon. Lorsquelle se fit religieuse, elle ajoutasses noms celui de Schblastique. L'esprit elle jugement quelle montra, dès ses premières années ^ déterminèrent Denys Faucher , religieux , à lui enseigner la langue latine et les sciences. Ses progrès furent si rapides , que bientôt elle égala les personnes les plus instruites de son siècle. Elle fut çy^ commerce de lettres avec plusieurs savans de France et d Italie. Ludovico Domenichi , et François- Augustin délia Chiesa^ ont célébré ses vertus et son sa- voir ; lun, dans son livre intitulé : Nobilta délie donne ^ et l'autre , dans son Teatro délie donne illustre. JiCS plus grands hommes la consultaient souvent. C/cst ainsi que plusieurs personnages illustres recouraient , poiir la mo- rale et pour la politique, aux avis de Françoise- IVlar- jjuerite de Silly , qui vécut à la fin du i6<^. siècle «t au

48 BED

commencement du 17^. François I.«='" était si charmé des lettres de Claude de Bectoz , qu'il les portait toujours avec lui, et les montrait aux. dames de sa cour comme des modèles. Pour converser avec elle , il passa d Avignon à Tarascon , avec sa sœur , la reine Marguerite de Navarre.

Elle publia plusieurs ouvrages , français et latins , ea vCrs el en prose. Ses poésies la firent comparer à Sapho , et ses discours et ses lettics , aux. ])îiilosophes de 1 an- cienne Académie. Elle n'est pas la seule de sa famille qui se soit illustrée par ses taleus. Catlieriue de Bectoz , sa compagne et sa parente , se distingua par ses vertus et son érudition.

BEDACIER , ( Catherine Durand , Dame ) fit paraître ses ouvrages sous le nom de Madame Durand. Ses romans lui ont acquis de la célébrité. Elle mourut en 1^36 dans un âge avancé.

On lui doit : La Comtesse de Mortane , Paris , Barbin , 1699. Les évènemens en sont naturels , et les caractères bien marqués et soutenus. Mémoires de la cour de Charles VII , Paris , 1700 , 2 tom. eu un vol. in-12 ; 1770. Ces Mémoires furent publiés sous les auspices du duc de Cbartres. L'auteur a cru devoir embellir, par la fiction, les faits quilraconte. (Etuvres mêlées , Paris , 1701 , in-12.

Le comte de Cardonne , ou la Constance victorieuse , his- toire sicilienne, Paris, 1702 , in-12 ; Paris, Prault, 1754, in-i2 , dédié au duc d'Orléans, par une épître en vers.

Les Belles Grecques , ou \ Histoire des plus fameuses courtisannes de la Grèce , Paris , Saugrain ,1712, un vol. in-12. Cette production eut jjeaucoup de succès. Madame Bedacier a su y réunir, dans des tableaux, différens , une

infinité

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Jnfiuité de traits épars dans les ouvrages dés anciens , et leur donner les orneniens dont ils étaient susceptibles» Henri, duc des Vandales , Paris, 17141 in- 12. -Les Petits Soupers d' été , Paris, Prault, 1735, 2 tom. en un tolurue in-i^-. Ils parurent sous les auspices de la duchesse d'Orléans. Ses ouvrages ont été réunis sous ce titre : (Euvresde Madame Durand, Paris, Prault, 1737 , 6 vol. iu-i2. On lit dans cette collection des comédies en proverbes , et quelques pièces qui avaient été trouvées après sa mort, et dont la plupart ne sont point achevées. Son opéra à^ Adraste ç.&\. de ce nombre. Parmi ses poésies, on remarque : La Vengeance contre soi-même , conte tiré des Cent Nouvelles nouvelles ; et une ode , qui remporta le pris, à r Académie française en 1701. Le sujet est t Que le roi n'est pas moins distingué par les vertus qui font l'honnête liomme , que par celles qui font les gi^ands rois. Voici la prière qui est à la fin de cette ode :

Grand Dieu ! c'est pour Louis que mon zèle t'implore :

Prolonge ses jours précieux. Sur la terre il te sert, nous protège et t'adore: Laisse-nous en jouir quelques siècles encore ;

Ce n'est qu'un instant pour les ciétix.

^ELLOT , voyez MElNlÈRES.

BENOIT, (Françoise-Albine Puzïn ïîé la Mar- TINIÈRE , Dame ) née à Lyon en 1724. Elle ne dut point ses talens à de longues éludes ; mais seulement à la na- ture î

Il est des agre'iùetis qu'on ne doit point à l'art j

Oa les ti«ut du génie et d'uu heureux hasard.

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5o BEN

Elle publia : Journal enfoi-me de Lettres, mêlé de critiques çt d'anecdotes, 1757 , in-i2- Madame Benoît y fait le» portraits des différens caractères qu" elle rencontrait dans la société. Elle y joint des réflexions sur les évènemens qui s'v passaient. Quelques désœuvrés trouvèrent de* allusions malignes , elle navait mis que des observa- tions morales. iliès Vrincipes , ou la Vertii raisonnée y Amsterdam, lySg, spart, in-12. Quoique le style de cette production ne soit pas sans négligence , néanmoins les personnes qui connaissaient 1 auteur y retrouvèrent le naturel de son esprit , la bonté de son cœur et la douceur de son caractère. Elisabeth , 1766, 4 part, in-12. Le» situations de ce roman épistolaire sont naturelles , vraies et intéressantes. L'amour y est peint avec énergie ; la ▼ertu, avec dignité; lamitié, avec sensibilité. Céliane , ou les Amans séduits par leurs vertus , 1766, in-î2. Let" très du colonel Taïbert , 1766, 4 part, in-12. Cet ouvrage est le meilleur qui soit sorti de la plume de Madame Benoît. Un sujet simple ^ un style naturel, des caractères vrais, des situations intéressantes , des réflexions philoso- phiques et de l'imagination , voilà le mérite de cet écrit. Cependant on reproche à l'auteur d'avoir pris un sujet qui a trop de ressemblance avec celui de Clarisse , de s'être servi quelquefois des mêmes moyens ; enfin , d'avoir un dénouement trop tragique. Des Pensées , insérée» dans quelques journaux. Agathe et Isidore^ Amsterdam, 1768, 2 part, in-12. On y voit d'utiles et agréables men- songes , présentés sous les traits de la vérité. La moral# y est toujours en action. £e Triomphe de la probité ^ comédie en 2 actes et en prose; imitée de \ Avocat^ co- médie de Goldoni, 1768, iu-8*^., non-représentée. Xa Supercherie réciproque , comédie en un acte et en prose.

BËR

fjGS, ïn-S*^- , non-représentée. Sophronie , ou Leconii d'une JMère à sa Fille ^ Londres et Paris, 1769, in- 12 ; 1770 , in-8®. Des situations intéressantes et fort ingénieu- ses , une diction pure , un style agréable et des évènemens vraisemblables caractérisent ce roman. L'Erreur des Désirs, 17G9, 2 vol. in-12. L'homme est presque toujours la dupe de ses désirs : ils sont suivis de la satiété , ou des plus grands malheurs. Telle est la base de cet ouvrage.

Folie de la prudence humaine^ Amsterdam et Paris, 1771, in- 12. Les AveUx d'une Jolie Femme , 1 7 82 , in- 1 2 .

L'Officieux.

BERMANN , ( Mademoiselle ) de Lorraine , sœur d'un avocat de Nancy , auteur de différens ouvrages , épousa un de ses compatriotes dont on ignore le nom. Il paraît que Mademoiselle Bermann et son frère avaient la même aptitude pour la Littérature. Celui-ci remporta, en i-'Go, le prix d éloquence à lacadémle de Nancy ; et sa sœur , en 1761 , mérita le prix, d'éloquence à la même académie. Elle était alors très-jeune. Voici la question qu'elle avait à traiter : Lequel serait le plus utile , dans notre siècle, d'écrire des ouvrages purement de belles-lettres ou de morale? Mademoiselle Bermann entend par les premiers tous ceux qui ne servent qu'à nous amuser, et à nous rendre plus savans Ou plus éloquens. Dans la classe des derniers , elle comprend tous ceux, dont le but est de nous rendre plus sages. Elle se décide en faveur de la morale. Les quatre propositions suivantes forment la division de son discours : La morale est plus utile et plus nécessaire que la littéra- ture ; la morale atteint souvent le but de la littérature , sans que la littérature ait le même avantage ; on a peu de livres de morale , et on en a beaucoup en littérature j

4..

52 B E R

«nfiu le siècle ^st aussi éclairé que corrompu. En assurant que le cadre de cet écrit a été bien rempli , il sera facile aux personnes qui ne 1 ont pas lu, de se faire une juste idée de son mérite. L'Exorde est un modèle de modestie , de délicatesse et de goût. Ce discours fut imprimé en 1762 , in-8°. Le portrait de Mademoiselle Bermann fut placé dans la Société royale des sciences et belles-lettres de Nancy. En 1763 ^ elle obtint, avec M. Fabbé Jacquet , de Lyon , le second prix, d'éloquence à l'académie de Besan- çon. Le sujet proposé était : Combien les mœurs donnent de prix aux talens.

BERNARD , ( Mademoiselle ) de Lyon , vivait vers la fin du 17^. siècle. En 1694, elle prononça, avec un applaudissement général , en présence des personnes les plus distinguées de la ville de Lyon , le Panégyrique de Sainte Catherine.

BERNARD , ( Catherine ) née à Rouen en i66a , parens protestans , était de la famille des Corneille , et marcha sur leurs traces. Après avoir quitté la religion de ses pères , elle fut établir sa résidence à Paris. L'Académie française la couronna trois fois. Elle obtint le même nom- bre de prix aux Jeux floraux de Toulouse. L'académie des Ricoi'rati de Padoue la reçut parmi ses membres. Tant quelle vécut , Louis XI^' la gratifia annuellement de 200 écus. Sur la fin de sa vie , elle supprima plusieurs pièces de vers , qu'elle avait composées dans sa jeunesse , et qui lui parurent trop libres. On lui en offrit une somme considérable , mais elle ne voulut jamais les communi- quer. Elle mourut à Paris en 17 12.

11 serait à désirer pour la répuljlique des lettres , que

BER 55

tons ceux qui écrivent, eussent un guicle aussi instruit que celui de Mademoiselle Bernard. Les liens de ramitié , plus encore que ceux du sang , lui attachaient Fontenelle , et il contribua par ses conseils au succès de sa fortune litté- raire ; mais lintéi'ét qu'il prenait à ses ouvrages, fit pré- sumer qu il y avait beaucoup de part. Elle a publié : Èléonor cU Yvrée. « Cest , dit Fontenelle , un petit sujet r> peu chargé d'intrigues , mais les sentimens sont trai- n tés avec toute la finesse possible Le style du livre est « précis : les paroles y sont épargnées , et le sens ne Test

pas » Le comte d'Amholse ^ i parties in -12.

Ce second roman n a pas autant de mérite que le premier.

Inès de Cordoue ^ nouvelle espagnole, iu-ia. La même légèreté de style , la même délicatesse de sentmiens , la même adresse dans le développement des passions , le même intérêt dans les situations que dans Eléonor d Yvrée.

Histoire d'Abenamar et de FaLlrae. Edgar , roi d An-^ gleterre , histoire galante. Relation de l'isle de Bornéo., Mademoiselle Bernard a pour but, dans ses romans, de combattre le penchant qu on a pour 1 amour. Aussi n'y trouve-t-on que des amans malheureux. Laodamie , tragédie, jouée le 11 février 1G89, eut 20 représentations; imprimée en i68g, in-12. Brutus ^ tragédie, mise sur- la scène le 18 décembre 1690, Paris, veuve Gontier, 1691 , in-12 ; Paris, veuve Pierre Ribou, 1700, in-12. Cette tragédie eut 25 représentations. Quoique médiocre, elle l'emporte néanmoins sur Laodamie. Ces deux pièces furent applaudies dans leur tems. Quarante ans après que Mademoiselle Bernard eut donné au public sa tragédie de Brutus , Voltaire fit paraître une tragédie du même nom. On croit que le Brutus de Mademoiselle Bernard donna à "Voltaire Vidée de faire le sien ; on a même été plus loin i.

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on a prétendu que la pièce de MademoiseDe Bernard avait été d un grand secours à Voltaire ; enfin , contre toute vralsemldance, on inséra dans'une parodie, que Voltaire avait dérobé plusieurs vers de la tragédie de Mademoiselle Bernard. B rad aman ie j tragédie ^ repré-^ senlée au mois de novembre i6ip, Paris, iGgS, in-12. Si 1 on en croit l'auteur des Tablettes dramatiques , la Bradamante , que Beaucbamps met sous le nom de Made- moiselle Bernard, est la même que celle de Thomas Cor- neille. Il ajoute qu'elle fut représentée en novembre i6G5, et Imprimée en 1696. Les pièces de Mademoiselle Ber- nard, qui ont obtenu des prix à lacadémle des Jeux floraux de Foulouse , et à l'Académie française, se trou- vent dans les recueils de ces sociétés littéraires. Voici les sujets sur lesquels elle a composé les morceaux de poésie qui oui été couronnés à 1 Académie française, en iG'^i , ,1693 et 1697 : Le roi seul , en toute l'Europe , défend et protège les droits des rois. Plus le roi mérite les louanges , plus il les évite. Le roi , par la paix de Savoie , a, rendu la tranquillité à l'Italie , et a donné à toute l'Europe l'espérance de la paix générale. On a délie pluslevirs autres pièces de vers , répandues dans différons recueils, il y a de la légèreté, et quelque- fois de la délicatesse. On y distingue un placet adressé à Louis XIV pour se faire payer de sa pension, et un apo- logue intitulé : L'Imagination et le Bonheur. Voltaire attribue cette fable à M. de la Parisière , évêque de Nîmes ; mais elle a toujours été imprimée sous le nom de Mademoiselle Bernard.

BERNIER , ( Madame ) a remporté , en l'an 1 1 , le prix de littérature de Ic^ Société des sciences et des arts du

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«lépartement da Lot , séante à Montaaban. La question proposée était : Quel est , pour les femmes , le genre d'éducation le plus propre à rendre les hommes heu-' reux en société. Ce discours a été imprimé eu Tau 1 1 , et réimprimé en l'an 1 1 , Paris , Bossange , in-8<».

BERRIN , (Emilie) a publié : Essai d'application de la peinture à l'art de tricoter , ou Recueil de patrons à tricotage ; Leipsik et Paris, 1799, in-4'*- j ti'ad. en alle- mand , in-fol.

BERTHELOT DE LA ViLLEURNOY , (Madame) a publié : Tableaux de l'Histoire Universelle , ou l' Ensemble de chaque Siècle, présenté successivement depuis les premiers âges du monde jusqu'au règne de Tibère ; Paris , Bernard, an 9, in-12. Cet ouvrage , que l'auteur a com- posé pour ses enfans , est élémentaire sans sécheresse , et moral sans ennui..

BESUCHET, (Elisabeth) née à Paris vers l'an 1704, mourut le 7 juillet 1784. Elle publia des stances sur le Miserere^ 1765 , in-4°. Plusieurs poésies fugitives de sa composition ont été insérées dans différentes feuilles pé- riodiques.

BEZIRE , ( Madame ) a publié le Modèle des Mères, Paris, 1770 , in- 12.

BILLY, (Catherine Moreau de Vtllers) née en 1682, mourut à Paris, le 10 janvier 1758. Elle a donné au public un ouvrage intitulé : Instructions historiques , dogmatiques et morales en faveur des laboureurs, 174^ » ki-i2.

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BINS , ( Anne de ) native d'Anvers , vivait dans le i6*. siècle. Elle honora son pays par ses talens et ses vertus. Son goût pour les belles-lettres fut si vif, que , pour s y livrer toute entière, elle ne voulut point se marier. Elle enseigna aux Dames de sa patrie la poésie et léloquence. Anne de Bius n est pas la seule qui ait embrassé cette ho- norable profession. Arétie succéda àlécole de son père Aristippe ; Diatima , contemporaine d'Aspasie, donnait des leçons de philosophie et d astrologie ; Gozzadina ob- tint en i25() une chaire de professeur de droit, après avoir reçu le bonnet de docteur dans luniversité de Bo- logne ; Dorothea Bucca professa à luniA^ersité de Bologne , après y avoir mérité les honneurs du doctorat, et Anagalis, de l'isle de Corfou, enseigna la grammaire. Anne de Bins combattit Luther en vers latins , et composa en langue flamande des poésies contre les hérétiques. Jérôme Cllc- tovée fait son éloge dans sa lettre aux princes chrétiens. « J apprends , dit-il, avec un grand plaisir tout ce quon y> publie k la gloire dune fille célèbre , Anne de Bins , et n aujonrd hui professeur de rhétorique dans la ville d'An- J5 vei's.. . M Plusieurs savans, ses contemporains , la com- parèrent à Sapho,

BISSON DE LA COUDRAYE, ( JEANNE ) a donné le Martyre ou la Décolation de St. Jean, tragédie; Rouen, 1703, in-S**. Cette pièce fut représentée la même année qu'on l'imprima.

BITAUBÉ , ( Madame ) épouse de M. Bitanbé , de l'ins- titut national de France , est connue par une Lettre à ses frères , de 25 pages , grand \nS° , insérée dans l'Histoire de France depuis la révolution de 1789, par Toulongeon,

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Cette lettre, qui lionore le cœtir et l'esprit de Madame Bitaubë , contient le récit des maux qu'elle a soufferts pendant sa détention en lan 2.

BLANCHEFLEUR, voyez FLASSAN.

BOECE , ( Elpis , Dame de ) vivait dans le 5«. siècle. On lui doit deux hymnes latines , Aiireâ luce , et Félix per omnes. Elles ont été adoptées dans le bréviaire romain. Guy Lefèvre a traduit la première en français.

BOIS DE LA PIERRE, ( Eouise -Marie de Lan- FERNAT de) née en i665 , au château de Courteilles , en Normandie, suivit pendant quelque tems les dogmes de la religion réformée. Elle quitta celte secte à l'imita- tion de ses parens. L étude fut le baume qui calma 1 ex- trême douleur qu elle ressentit de la mort de sou époux , tué à la bataille de Malplaquet. C'est ainsi qu au seizième siècle , Capillana , princesse péruvienne , cultiva son es- prit pour se consoler de la mort de son amant. Madame Bois de la Pierre a réuni au talent de la poésie , le mérite décrire en prose avec beaucoup de facilité , d'élégance et de précision. On lui doit : Histoire du Monastère de la, Chaise-Dieu. Histoire de la Maison de l'Aigle. Elle a recueilli des Mémoires pour servir à Ihistoire de Norman- die. Elle mourut le i4 septembre i'j5o.

BOISGIROUX, ( Madame de) femme -de -chambre d'une des dauphines de France, traduisit de 1 anglais : Les Suites d'un moment d'erreur, ou Lettres de MJ'^ de Ke~ resmontj 1775, 2 vol. in-i2.

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BOISMORTIER, ( Susanne Bodin de) fille d'un musicien, naquit ù Perpignan. F.lle composa : Mémoiret historiques de la comtesse de Tûarieniherg , Amsterdam , i^r>i , j parties in-12. Histoire de Jacques Feru^ et de- valeureuse demoiselle Agathe ISlignard , écrite par un ami d'iceux , la Haye et Paris , 176G, in-12.

BONAFOND DALBRET , (Magdeletne) naquit k Tersailles en 1717. Elle est auteur de Tanast'es , conte allégorique.

BONTEMS, (Madame) née à Paris le i4 janvier 1718, reçut une brillante éducation. C est à 1 étude des langues étrangères quelle doit la gloire dont elle jouit dans la ré- publique des lettres. Ou lui doit : Saisons de Thom^pson , et un liymne du même auteur , trad. de 1 anglais , 1759, in-i2. Elle a bien saisi les beautés de son original : sa tra- duction est recommandable par l'élégance et Texactitude. Les grâces de 1 esprit de Madame Boutems , et les qualités de son coçur la firent généralement aimer et estimer. En société elle avait la modestie de ne se servir de son esprit que pour faire ressortir celui des autres. Les charmes de l'amitié ne lui furent point inconnus ; elle en pratiqua les devoirs. Elle mourut à Paris le 18 avril 1768. On a rendu boramage à sa mémoire dans le Nécrologe des hommes célèbres, 1770.

BOUETTE DE BLEMUR , ( 3Iaiiie-Jacqueline ) dite de Saint-Benoit, naquit le 8 janvier 161 8. Elle n avait que cinq ans lorsqu'elle fut remise à une tante , qui était àt Caen, dans l'abbaye de la Sainte-Trinité. C'est dans ce monastère quelle prit , à Tàge de n ans , 1 habit de

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Bénédictine. Quatre ans après , elle fut choisie pour être maîtresse des novices. Ensuite on la nomma prieure. Elle fut demandée à sou ahbesse par la duchesse de Mecklem- Lourg , qui avait le dessein de faire , à Chatillon , un éta- blissement nouveau de Bénédictines du Saint-Sacrement. Elle se contenta d'être novice à Chatillon , quoiqu'elle eût été prieure à Caen. Les abbayes qu'on lui offrit, ne purent la déterminer à quitter sa nouvelle demeure. Elle y mou- rut le 24 mars 1696.

Bouelte de Blemur est auteur de plusieurs ouvrages , tant eu vers qu'en prose. U Année Bénédictine , 1 vol. in-4'*. Éloges de plusieurs personnes illustres en piété, des der~ niers siècles, 1 vol. in-4°. i^« Grandeurs de la Sainte Vierge. La Vie du Père Fourrier de Matincourt. Les Exercices de la Mort. Vies de tous les Saints de son Ordre , 1 vol. in-folio. Elle acheva ce dernier écrit dans tin âge fort avancé.

BOUFFLERS , ( Madame DE ) est morte à Rouen , en l'an 9, dans un âge avancé. Elle a composé quelques ou- vrages de littérature et des poésies légères. Peu de per- sonnes ont mis dans ces bagatelles , dit La Harpe , une tournure plus piquante que Madame de Boufflers. En 1764 1 on prétendit quelle avait eu beaucoup de part à un écrit intitulé : Les Passions.

BOUILLON, (Mancini, duchesse de) sœur de la duchesse de Mazarin , vécut dans le dix-septième siècle. Pendant son exil k Chàteau-Thierrv , elle fît connaissance avec La Fontaine. Rappelée k Paris , elle y mena ce pocte. Elle eut la gloire d être la première bienfaitrice de l'Esope Français. Il est k regretter qu'elle ait eu le mauvais goût

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de s'élever contre Racine. On Ini attribue une grande part à la composition d'une tragédie de Belin, intitulée : Miis- tapJia et Zéangir , représentée en l'yoS et imprimée la même année. Cette pièce parut sous les auspices de la duchesse de Bouillon. Campistron lui dédia son Ar~ minius.

BOURBON-CONTI , ( Amélie- Gabrielle -Sté- phanie-Louise DE) fdle légitimée de François-Armac* Bourbon-Conti , née le 26 décembre l'y 62. A sa naissance elle reçut le titre et le nom de comtesse de Mont-Cairzin* On lui doit : Dlémoires historiques de Stéphanie- Louise de Bourbon- Conti , Paris , an G , 2 vol. in-S*^. ; cet ouvrage est écrit avec chaleur et force. Le st\le en est correct et même élégant. En le lisant , on se rappelle ce vers de Boileau 1

Le vrai peut quelquefois n'être pas vrafsemblabre :

Rousseau fut l'instituteur de Stéphanie Conti. Il lui ensei- gna ou lui fit apprendre tous les exercices militaires , le dessin , les maihématiques , la musique , le grec , le latin, et 1 italien. Une foule de talens , une ame forte , coura- geuse et intrépide, furent les fruits de son éducation. A dix. ans elle composait de la musique , et plusieurs ins- trumens lui étaient familiers , entr" autres : le viofon , la harpe, la fliite , la clarinette, le cor , le flageolet et le piano. Elle avait onze ans, quand son père la fit légitimer. Sa mère , la duchesse de *** , craignant que cet éclat ne dévoilât le secret de sa faiblesse , conçut le projet de sa- crifier sa fille au préjugé. On dit à Stéphanie Conti , peu de jours avant celui que Louis XV avait fixé pour sa présentation , que sa mère voulait hji procurer une partie

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xîe plaisir à la campagne. Elle part avec Madame Delorme , son institutrice. Après un long voyage, Madame Delorme, qui la faisait passer pour sa fille , l'enferme dans le cou- vent de Sainte-Marie , à Cliàlons-sur-Saône. On donna au prince de Conti un faux extrait-mortuaire de la mort de Stéphanie. On ajouta quelle s'était tuée à la cliasse en tombant de cheval. Pour lui ôter le moyen de recouvrer Tétat pour lequel elle était destinée , Madame Delorme la maria à l'un de ses parens , sous le nom d'Anne- Louise-Françoise , fille Delorme. Cette intéressante vic- time n avait pas douze ans ; mais elle paraissait en avoir dix-huit dans le faux extrait de baptême produit par Madame Delorme. Son époux ne put jamais vaincre riiorreur qu elle avait pour lui. Après seize ans de misère et de touz'mens inouis , à force de courage et presque mourante , elle rompt ses chaînes , et elle échappe à ses Jjourreaux. Loviis XYI la reconnaît pour sa parente, lui donne une pension de 5^,000 livres, avec la survivance de la surintendance de la maison de la reine. Alors son père était descendu au tombeau , avec la persuasion quelle l'y avait précédé. La révolution vint détruire toute sa fortune. Les Bourbons sont proscrits , et de nouveaux malheurs l'attendent. Poijir subvenir aux besoins de son existence , elle a eu recours aux connaissances de son esprit. Tous les genres de travail sont de son ressort. Son cabinet est orné de ses dessins ; la pierre sépulcralo du monument qu elle a élevé dans sa maison aux mânes de son père , est taillée de ses mains. Elle y a gravé l'inscription suivante :

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'AUX MANES

DE L.-E. DE BOURBON-CONTl,

à Paris le i3 août 1717 i décédé le 2 août 1776.

O mon père ! îong-tems ma mort supposée empoisonna tes jours : l'ivante, tu pleuras sur ma tombe , et je gémis- sais dans les fors. Hélas ! depuis l'heure Jàtale tu resti- tuas à la terre ta dépouille mortelle , tu n'as pas cessé de vii>re dans mon cœur. Que la nuit qui doit nous réunir est lente dans sa marche ; l'univers abandonne tajille ! Prison- nière et délaissée dans sa patrie, tes mânes sont tout pour elle ; ses larmes alimentent sa douleur et sa vie; chaqua jour elles baignent ce monument , taillé de ses propres mains , qu'elle consacre à ta mémoire.

Paris, ce 17 floréal an 7 , 6 mai 1799.

STÉPHANIE-LOUISE DE BOURBON.

Elle est auteur d'un sixain adressé à M. Maucler, qui n'avait pas voulu qu elle le nommât dans ses Mémoires t

Je voulais satisfaire un besoin de mon cœur.

En couTrant un ami d'une gloire immortelle.

Sa modeste vertu s'oppose à mon bonheur 5

Mais quand je peins un homme à Tamitie' fidèle , "

Et sur-tout fidèle au maUieiir,

Qui peut se me'prendre au modèle ?

Le portrait de Stéphanie Conli a été dessiné par Fouqtiet et gravé par Chrétien.

Botr 6S

BOURETTE , ( Charlotte Renyer , d" abord Dame

CdrÈ , et ensuite Dame ) dite la Muse Limonadière. Elle signa de ce nom , après son second mariage _, le» ouvrages quelle donna au public. Les vertus de ses contemporains , et les évènemens qui intéressaient sa pa- trie , furent Tobjet de ses chants. Français et Etrangers, tous s'empressaient de rendre hommage à son mérite. Les uns lui faisaient des présens ; les autres lui envoyaient des lettres et des vers. Le minisire du roi de Prusse lui fit. passer un étui dor ; le duc de Gesvres lui donna une écuelle d'argent 5 Voltaire lui envoya une tasse de por>- celaine. La plupart des personnes dont elle reçut des éloges , sont des littérateurs distingués dans la république des lettres. Dorât est uu de ceux qui célébrèrent ses talens. Née à Paris eu 1714-) ^Ug y mourut eu janvier ,784.

Elle fit paraître , sous les auspices du roi Stanislas , ses poésies , ainsi que les pièces qu'on lui avait adressées, 1755, 2 vol. in-i2. On lui doit encore la Coquette punie , en un acte et en vers, Paris, Bastien , 1779, in-S**. Cette pièce fut représentée dans sou café , qui se chan- geait quelquefois eu salle de spectacle , Ion jouait la comédie , et en académie , Ton faisait des dissertations sur la littérature. La versification de la MuseLimonadière est aisée et facile. On trouve dans ^ç.s, écrits des pensées délicates et ingénieuses.

BOURGEOIS , ( LOUISE BOURSIER , Dame ) fut sage- femme de Marie de Médicis. On lui doit : Récit véritable de la naissance de Messeigneurs et Dames les Enfans de France; Mondière , 1625, in-12. Cet ouvi'uge est très- rare et très-ciirieui. Il paraît que l'auteur y a consigné.

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avec la pins grande exactitude , les formes ohservéês à la naissance du dauphin , fils de Henri IV. Observa* tions diverses sur la stérilité , perte de fruit , fécondité ^ accou* chement et maladies des femmes et enf an s nouveaux -nés , Paris, Jehan d'Houry , iGSa. Recueil des Secrets , aux-" quels sont contenues plusieurs rares expériences ^ pour diverses maladies des femmes , avec leurs embellissemens / Paris, Jehan dlloury, iG55, iu-8"^.

BOURIGNON, ( AntoiisettE ) naquît à Lille eu Flandres le i5 janvier 1616. A sa naissance, elle était si disgraciée de la nature , que sa famille délihéra si ou ne létoufferolt point comme un monstre. Ou prétend que dès 1 âge de 4 «^^^is , elle donna les marques d une grande piété. Elle fut, ditBayle, d'une humeur bilieuse et cha- grine. En i656, ses parens voulurent la marier. Pour s'y soustraire , elle prit la fuite. Le goût de la retraite lui donna Vidée de s habiller en hermite , et d aller dans uu désert. Quelques personnes s" étant doutées de son sexe , elle fut arrêtée dans un village du Hainaut. Le pasteur da lieu la prit sous sa protection. D'après lavis de larchevê- que de Cambrai , elle revint chez son père. De nouvelles propositions de mariage ne tardèrent point à l'en faire sortir. Elle se rendit auprès de 1 archevêque de Cambrai, qui lui permit de se retirer à la campagne , et d y former xme communauté, on n'aurait point fait de vœux ni suivi d'autres règles que celle de l'évangile. Les Jésuites s'opposèrent à ce projet. Elle s'en fut à Liège, doù elle retourna en Flandres. Après avoir vu que personne ne voulait vivre en vrai chrétien , pas même dans les cloîtres, elle s'enferma pendant quatre ans dans une chambre , pour se perfectionner dans la religion qu'elle professait. A Lille ,

cUe

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elle contribua à Térection de ^hôpital de Notre-Dame des Sept Douleurs. En i6j5 elle en devint directrice; et eu i658 , elle y prit Tordre et l'habit de Saint Augustin. Quelques années après , ayant voulu s'opposer à certains désordres , elle se fît de puissaus ennemis. Pour se dé- rober à leurs poursuites, elle erra en différentes villes, telles que Gand, Malines , Amsterdam. Dans cette der- nière , elle (it paraître : Une Lethe au Doyen de Lille , touchant l'état du inonde et lesjugemens de Dieu , iG(38. '— La Lumière du Monde , 3 vol. Cette production est la meilleure qui soit sortiç de sa plume. Le grand-vicaire de Jansénius ayant avec les Jésuites des démêlés sur la grâce, pria Mademoiselle Bourlgnon d écrire sur ce sujet. C est alors qu elle donna au public \ Académie des Théologiens ^ 5 vol. Les Jésuites et les Jansénistes en furent également méconteus. A-peu-près à la même époqiie , 1 un de ses illustres amis la fit son héritière. Elle dut à cet avantage de nouveaux ennemis. Ces différens évènemens l'obligè- rent, en 1671, k quitter la Hollande. Elle s'arrcla ea divers lieux du Holstein. Bientôt elle se pourvut dune imprimerie, et publia ses livres en français, en flamand et en allemand. Plusieurs auteurs s'élevèrent contre ses dogmes et ses mœurs. Elle fit paraître , pour sa défense , tm écrit intitulé : Témoignage de la vérité. Elle y fronde durement les ecclésiastiques. Ce fut le signal de uosivelles persécutions. En 1677 , le baron de Lutzbourg lui offrit un asylc en Oost-Frise. Elle y trouva encore des gens atta- cbés à sa perte. Quoique malade, elle se rendit à Fraueker, dans la province de Frise. Elle y mourut le 5o octobra 1680 , après s'être vue dépouillée de presque tonte sa for- tune. Ses ouvrages furent réunis en 21 vol.* in-S'*. , Ams- terdam, 1686. Poiret , lim de ses disciples, orna ce

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recueil de la Fie de Mademoiselle Bourignon. Il paraît quelle était née yertuense ; que ses principes étaient lions , et qu'elle eût pu servir de modèle aux personnes de son sexe , si le fanatisme n'eût mis du désordre dans ses idées et dans sa conduite. La folie et la sagesse se la dis- jputèreut tour-à-tour.

BRAME, (Marie de) née en Bourbonnais, vécut à la fin du seizième siècle. Elle est auteur de quelques poésies qui ne sont pas sans mérite.

BRAYER SAINT -LÉON, ( Louise -Marguerite- JeaNNE-MaGDELEINE ) naquit le i." novembre 1765, à Chandernagor , colonie française , au Bengale , sur les bords du Gange. Elle a pulilié : Rosa , ou la Fille men- diante, trad. de l'anglais, de Miss Bennet, an 6, 7 vol, in- 12 ; idem, 10 vol. in-18. Dialogue entre un Français , un Anglais et un Indien, sur le respect du à la vieillesse, lu au Lycée républicain , à la séance publique du i.*' fri- maire an 8 : il est à regretter que 1 auteur ne l'ait point fait imprimer. Eugénio et Kirginia, an S, 2 vol. in-12 ; an 9 , 2 vol. in-18 ; traduit en italien, en allemand et en anglais. Dorfeuil et Juliette , ovl le Réveil des Illusions, an 9, 3 vol. in-i2-, traduit en allemand , par M. Miller, et en italien par M. Molini. Ce roman est le chef-d'œuvre de Mademoiselle Saint-Léon. Le Père et la Fille , trad. de l'anglais, de Madame Opie, sur la seconde édition; paris, Aug. Renouard , an 10, in-12. Des Analyses dans la Bibliothèque Française. Ses ouvrages portent l'empreinte de ses sentimeus : la vertu et la sensibilité les caractérisent.

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BREGY, ( Charlotte Saumaise de Chazan ,

comtesse de ) née à Paris en 1619, fut dame d honneur de la reine Anne d'Autriche. Son oncle, le savant Saumaise , prit un soin particulier de son éducation. A i4 ans, elle épousa M. de Fiécelle , comte de Bregy. Sa heauté et ses talens la rendirent célèbre. Son amitié pour les gens de lettres ne se démentit jamais. Elle entretint un commerce épistolaire avec les personnages les plus distingués. Louis >[IV rengageait quelquefois à faire des vers, aux- quels il faisait répondre par Quiuault. Elle devint vieille , mais les agrémens de sa figure et les grâces de son esprit firent oublier la date de sa naissance. Benserade fut un de ceux, qui rendirent hommage à son mérite. Elle mourut à Paris en avril 1693.

Onluidoit: Œupres galantes , Paris ^^ihon^ i666,in-i2. Lettres et Vers , Leyde , 1668, in-12. On y trouve des pensées ingénieuses. Ses lettres furent estimées dans le tems elle les écrivit.

BRETONVILLIERS , ( Madame la présidente de ) vécut à la fin du ly^. siècle. Elle fut surnommée \ Admi- rable^ lors de son admission à lacadémie des Ricovrati de Padoue. Cette société la jugea digue de succéder à la savante Cornaro , qui savait sept langues différentes^ et qui reçut le bonnet de docteur ès-arts dans 1 université de Padoue. Madame Bretonvilliers a composé une comédie en proverbes , des contes , Vies poésies galantes et sé- rieuses , et des devises.

BRINON , ( Madame de ) fille d'un président au parle- ment de Normandie, vécut dans le 17''. siècle. Favorisée d un génie supérieur, etdungoutdécidépourles sciences^

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elle se livra de bonne heure et avec succès à l'étucle. Elle était très-jeune lorsqu'elle fît profession dans lui couvent d'Ursulines. Ce monastère fut supprimé. Madame de Brinon erra quelque tems de cloître en cloître , sans pou- voir se fixer. Enfin elle prit le parti de s'adonner à l'édu- cation de la jeunesse. Elle vint à Ruel , et bientôt, avec la protection de Madame de Maintenon , elle eut cent jeunes demoiselles confiées à ses soins. Ce fut le pre- mier berceau de Saint-Cyr. Madame de Maintenon enga- gea Louis XIV à seconder cet établissement. Il accorda Noisy , maison située dans le parc de Versailles. Quelques années après , il fit élever Saint-Cyr. Madame de Brinon dressa le plan des constitutions. Ce plan est marqué au coin de la sagesse et du bon-sens. Elle fut établie supé- rieure , quoiqu'elle n'eût pas le talent de gouverner. Son humeur était inégale , brusque etimj)érieuse. Ces défauts étaient rachetés par de vastes connaissances et une éru- dition profonde. Les pères de l'église et les poètes lui étaient connus. Elle instruisait tous les jours les professes et les novices. Les dimanches , elle faisait des exhortations sur les épîtres et les évangiles avec tant d'éloquence , que , de toutes parts , on se rendait à la grille du chœur pour l'entendre. Sa réputation dans le monde , et sa faveur auprès de Louis XIV étaient si grandes , que lorsqu'elle fut aux eaux de Bourbon , les villes elle passa dépu- tèrent pour la complimenter , et les villages se mirent sous les armes. A Bourbon , on lui donna des fêtes , et on lui présenta des placets. Au retour de ce voyage , elle criti- qua ce que Madame de Maintenon avait fait à Saint-Cjr pendant son absence , et elle lui écrivit plusieurs fois avec aigreur. Madame de Maintenon, excédée par ses lettres, «ougea à l'éloigner. Madame de Brinon, après avoir fait

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d'Inutiles efforts pour la flécliu- , se retira successivement clans quelques maisons religieuses de Paris ; mais elle les trojukva toutes insupportables. Enfin elle s'établit à Mau- buisson, elle mourut.

BRIQUET , (Magdeleine) fille de Marie Bignon çt d'Etienne Briquet^ avocjit-général au parlement de Paris , préféra le cloître à la fortune et aux agrémens dont elle eût pu Jouir dans la société. En ï66o, elle prit le voile dans le monastère de Port-Royal-des-Cliamps , oh elle avait été mise à lâge de trois ans.

Elle composa : Relation d'une guérison subite. Cet écrit se trouve ^ la fin de la Vie de la sœur Marie des Anges.

Relation de quelques conférences de M. Chamillard , docteur de Sorhonne , avec quelques religieuses de Port-Royal.

Plusieurs Lettres , et une Relation de sa capfii^ité en i664. Elle recueillit les lettres de M. de Saci. L'impression en était commencée lorsqu'elle mourut, le 3o novembre 1689, à l'âge de quarante-sept ans.

BRÏSSON , ( Madame la présidente ) vécut dans le 18^. siècle. Elle composa : Éloge ds Madame la marquise de Sévigné; Paris, veuve Méquiguon, 1778, in-8°. ; Paris, veuve Méquignou, 1781 , in-S". Ce discoijrs fut couronné à l'académie de Marseille. Il est écrit avec pureté, élé- gance et délicatesse.

BROHON, ( JaCQUELINE-AiméE ) avait à peine dix-huit ans , que déjà ses productions occupaient la voix de la renommée. Sa jeunesse , son esprit , et l'accueil flatteur que ses essais reçurent du public , faisaient croire quelle ne se bornerait pas à la composition de ses premiers

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ouvrages. On lui attribue une aventure apocryphe : elle était mariée secrèteuient, lorsq.u un homme lui proposa Je 1 épouser. Désirant connaître ce qu'il serait résulté de cette offre , si elle eut été libre , elle lui laissa faire ses propositions et détailler ses projets. C'était un séducteur. Alors Mademoiselle Brohon fit trouver ensemble l'époux et Tamant ; elle raconta leur conduite sous des noms em- pruntés , et fit rougir celui qui voulait abuser de 1 amour qu'il s imaginait avoir inspiré. Si Mademoiselle Brohon eîit continué à faire des coûtes , cette anecdote ne lui eut peut-être pas été inutile. Elle mourut à Paris le i8 octo- bre 1778.

Elle fit paraître : les Amans jphilosophes , ou le 'Priomphe de la raison, 1755, in-j2. Les Charmes de l'ingénuité^ conte imprimé dans le Mercure de France. Ce conte a fourni à M. Marin le sujet d'une comédie très-intéres- sante j intitulée : les Grâces de V ingénuité. Les Tablettes enchantées.

BRUN, (Madame) épouse d'un subdélégué de 1 inten- dance de Besançon , vécut dans le i8«. siècle. Elle composa, avec M. Petit-Benoît, un Dictionnaire Comtois- Français , 1753, in-S*^.

BRUNANT, (Claudine) a publié la Vie de Sainte Thérèse ^ en figures, et en vers français et latins, avec un Abrégé de V Histoire , une Réflexion morale , et une Résolution, chrétienne sur chaquefigure ; Lyon, Antoine Julieron, 1 670_, în-i2. Cet ouvrage est dédié à la reine. L'épître dédica- toire et la préface sont de Claudine Bruiiant. Elle a com- posé , en société avec un religieux , l'Abrégé de l'Histoire, la Réflexion morale et la Résolution chrétienne sur chaque

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figure. Les vers français et les vers latins ne sont point sortis de sa plume. On doit au burin de Claudine Brunant les 56 gravures dont ce Recueil est orné.

BUFFET, (Marguerite) de Paris, vécut dans le 17e. siècle. Elle est auteur de l'ouvrage suivant: Nouvelles observations sur la Langue française , il est traité des termes anciens et usités , et du bel usage des mots nou- veaux , avec les éloges des illustres savantes , tant an- ciennes que modernes. Paris, Cusson j 1668, un vol. in- 12.

BUSSIÈRE, (Mademoiselle DE LA ) morte en 1730, a donné au Public : les Mémoires de M. de Gourville j Paris, 17241 2 vol. in-12.

BUSSI , ( Madame la comtesse DE ) vécut dans le 18^. siècle. On a inséré dans ditïéreus Recueils, et entre autres dans XAlmanach des Muses , de Paris , plusieurs jolies pièces de sa composition.

BUSSY, ( Philippe -Louise de) naquit à Paris le

19 avril 17 19. Elle a composé : U Homme vivant qui se croit mort j et l'Homme mort qui cherche la vie.

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c.

CAILLER , (Sus ANNE ) sœur de Baoul Cailler et nièce de "Nicolas Rapin^ vécut dans le 17^. siècle. Ou connaît, de sa composition , une Ode sur le trépas de Nicolas Rapin. Cette pièce, dans laquelle on trouve de rimagiuation et de la sensibilité , rappelle qu'une Allemande célèbre , Anne-Louise Rarsch, fît paraître en 1761 une Ode aux mânes de son oncle.

CALAGE , (Mademoiselle DE ) née à Toulouse , vécut dans les premières années du 17^. siècle. Sentaient pour la poésie, lui méritait une célébrité dont elle na point joui. Ses pièces de vers remportèrent plusieurs fois le prix aux Jeux floraux de Toulouse. Elle composa : Judith^ poème en huit parties. Cette production , 1 ouvrage de sa jeunesse , ne fut imprimée qu'après la mort de 1 auteur. L'éditeur , Mademoiselle 1 Héritier^ la dédia à Anne d'Au- triche, mère de Louis XIV, alors régente du royaume. A la suite -de ce poëme , on trouve un morceau de poésie , ou plutôt un chant de victoire , intitulé : Cantique de Ju- dith. Pour donner une juste idée du mérite poétique de Mademoiselle de Calage, il ne faut pas se restreindre à, parler de ses vers , il faut les citer. Elle dit, en parlant d'Holopherne :

Il porte clans ses mains la foudre et le trëpas, La crainte et la terreur volent devant ses pas.

Holopherne adresse à Alcior , chef des Ammonites, les paroles suivantes :

« Tu sentiras bientôt la peine de tes crimes. Lorsque j'immolerai les Hébr.eux à mon roi ,

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Je jure ici par lui de commencer par toi :

Va respirer chez eux ta dernière journée »

Quelle image dans ces deux vers :

Le front couvert de cendre et les larmes aux yeux, La face contre terre et le cœur vers les cieux

On lit dans le pocme des Jardins , de Delille :

Et le corps sur la terre , et l'esprit dans le ciel.

Dans le poème de Judith , un ange emprunte un corps à forme humaine , dont la beauté efface tout ce que les yeux des hommes ont vu :

D'un rayon lumineux il couronne sa têt« ,

Et tous SCS traits font voir son immortalité.

Du haut du firmament il se trace ime voie, A peine à l'œil du jour son aîle se déploie , Que le ciel refit chit ses brillantes couleurs.

Les airs sont parluaiûs des plus douces odeurs

Plus prompt que la pensée , au milieu des éclairs , Il a franchi les cieux et traversé les airs.

Judith passe dans l'appartement' qu'elle habita dans des jours plushetireux; elle va s'v dépotiiller de ses vétemens de deuil :

Elle touche , et cent fois elle arrose de larmes , L'habit dont son époux voulut parer ses charmes , Quand, aux yeux des H.'brcux, s'avançant à l'autel, Tous deux se sont jurés un amour éternel. Qu'un soin bien différent l'agite et la de\ore! Ah ! ce n'est pas pour plaire à l'objet qu'elle adore, Que Judiih a recours à ces vains ornemens: EUe entend lout-à-coup de longs gémissemens j

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Son bras arec effroi comme enchaîné s'arrête;

Elle frémit , soupire et détourne la tête :

D'un nuage confus son œil est obscurci;

D'un tremblement soudain tout son corps est saisi.

A la pâle lueur d'une sombre lumière ,

Un fantôme effrayant vient frapper sa paupière :

C'est Manassès qui s'offre à son cœur attendri ,

Tel que ses yeux l'ont vu , quand cet époux chéri

Exhala dans ses bras sou ame fugitive.

L'apparition de l'ombre de Manassès a fait dire àSaiivigiii : « Je ne crois pas que^ dans tons les poèmes épiqnes que yi le siècle de Louis XIV a produits , il se trouve rien d'aussi heureusement imaginé, n

Holoplierne aime Judith. Mademoiselle de Calage compare le cœur de ce général à un labyrinthe. Plus il veut s'efforcer d'en sortir , plus il s'y égare :

Il se cherche lui-même et ne se trouve plus.

Racine a mis depuis dans la bouche d'Hippolyte ces deux vers :

Moi-même pour tout fruit de mes soins superflus. Maintenant je me cherche et ne me trouve plus.

Judith a quitté Holoplierne pour quelques heures :

I/absence de Judith dure trop long«ement ,

Et chaque heure est un siècle à ce nouvel amant.

Holoplierne est plongé dans la plus honteuse ivresse," et Judith touche au moment d'exécuter son dessein :

Son courage redouble; un fen di^in l'ernbrase. Ce n'est plus cet objet dont le charme vainqueur Dix farouche Ilolopherne avait séduit le cœui :

C A M 75

Sa démarche et ses traits n'ont rien d'une mortelle ,

Une sombre fureur en ses yeux étincelle ,

Ses cheveux sur son front semblent se he'risser ,

Un pouvoir inconnu la force d'avancer.

Elle voit sur le lit la redoutable épe'e ,

Qui dans le sang hébreu devait être trempée ;

Elle hâte ses pas , et prend entre ses mains

Ce fer victorieux, la terreur des humains,

Observe avec horreur ce conquérant du monde ,

S'applaudit en voyant son ivresse profonde j

Puis soulève le fer , l'arrache du fourrean ,

Et le cœur enflammé par un transport nouveau.

Croit entendre la voix du ciel qui Tencourage :

te Tu le veux , Dieu puissant , achevé ton ouvrage. »

Elle dit , et d'un bras , par Dieu même affermi ,

Frappe d'un fer tranchant sou superbe ennemi

Il est extraordinaire que ces vers aient été écrits dans un tems la langue n'était point encore fixée , dans uu tems Corneille était le seul qui , par la supériorité de sou génie , se fut élevé au-dessus de son siècle. Cependant l'ouvrage fut condamné k l'oubli , tandis que les poëmes de Saint Louis, dAlaric^ de la Pucelle, de la Magde- lelne et de Clovis donnèrent quelque célébrité à lear« auteurs.

CAMBIS , voyez AIGREMONT.

CAMBRY , ( Jeanne de ) dite Jeanne-Marie de Iaj. Présentation , native de Tournay , était fille de Michel de Cambry, docteur en droit. Douée d heureuses dispositions pour les sciences , et parée de toutes les grâces de son sexe , elle pouvait espérer de jouer un rôle brillant dans la société j mais des principes austères de vertu la portèrent

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à renoncer an monde et k s'enfermer dans le cloître. Toutefois son génie ne put rester oisif : il s'exerça sur diffërens sujets de piété. On distingue parmi ses produc- tions : Le Traité de la ruine de V amour propre , et du bâti- ment de l'amour divin. Cet écrit eut trois éditions en peu d'années. Jeanne de Cambry avait pris le voile dans Tor- dre de Saint Augustin ; ensuite elle demeura quelques années avec les religieuses de Ihopital de Menin ; enfin elle se fit recluse à Lille ^ en 1625. C est quelle com- posa ses ouvrages^ et quelle mourut le 19 juillet iGog.

CAMPAN^ (Madame) a publié : Conversations d'une Mère avec sa Fille, en français et en anglais, dédiées à Madame Louis Bonaparte , Paris , F. Louis , au 12 , r vol. in-S"^. Madame Campan a composé cet ouvrage pour la maison d éducation qu'elle tient à Saint-Germain-en-Laye. Ces entretiens réunissent _, à beaucoup d'intérêt, une uti- lité très-réelle; on y trouve une morale douce et pure, im style correct , et un dialogue agréable et naturel.

CAMPION , (Madame) vécut vers le milieu du 18®. siècle. Parmi les poésies dont elle enrichit les ouvrages périodiques de son tems, on doit sur-tout distinguer une Élégie de plus de cent vers , tous alexandrins , qu elle composa à 1 âge de 21 ans. Cette production est pleine de verve et de chaleur. On y trouve l'abandon délicieux qui caractérise les vers que l'amour inspire quelquefois aux cœurs qu'il, a blessés.

CAMUS , ( Charlotte le ) de Melsons, fut l'épouse d'André le Camus , conseiller d état. L'académie des Rico~ vrati de Padoue s'empressa de l'admettre au nombre de

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ses membres. Les poètes de son tems l'ont célébrée dans leurs vers. Elle mérita leurs éloges par son goût pour les sciences^ et par son talent pour la poésie. Ses pièces ont paru dans différeus Recueils. Voici Tépitaphe quelle com- posa pour le duc de Saint-Agnan :

Saint-Agnan finit une vie Qui fut toujours d'honneur et de plaisir suivie; Mais laissons son tfloge , il n'en a pas besoin : Les filles de mémoire Prendront pour lui le même soin. Qu'il prit aulrelois pour leur gloire.

Madame le Camus mourut le 11 juin 1^02.

CANDEILLE, (Julie) a donné : Catherine, ou la Belle Fermière, comédie en 5 actes, mêlée d'ariettes, 1793, in-S'*. Cette pièce charmante est restée au théâtre. Cange , ou le Commissionnaire de Saint-Lazare , repré- sentée , imprimée , et traduite en allemand. La Baya- dère , ou le Français à Surate , comédie en 4 actes et ea vers libres , représentée en 1794»

CARCADO. ( Madame Poncet DE LA RlVlÈRE, comtesse DE ) Icard Duquesne a publié : 1/jime unit à Jésus -Christ dans le Très-Saint Sacrement de l'Autel: Ouvrage posthume de Madame Poncet de la Rivière , com- tesse de Carcado ; précédé de \ Éloge historique de sa F^ie , 1780, 2 vol. in-12.

C ASSTNI , ( Madame ) s'est fait connaître , vers la fin du 18^. siècle , par différentes pièces de poésie. Ces pré- mices ont {innoucé un esprit cultivé et d heureux talens.

78 CAS

CASTEL , ( Christine de Pîsan^ "Dame) née k

Venise en i'64. Des 1 âge de cinq ans , elle vint en France avec son père, Thomas de Pisan^ fameux astrologue, que Charles V avait appelé près de lui. Sa beauté et son esprit la firent rechercher en mariage par un grand nombre de personnes de distinction. Un jeune gentilhomme de Picar- die^ Etienne Castel^ se fit remarquer par son mérite. Il obtint les suffrages du père et le cœur delà fille. Christine lui donna sa main en iS^Q. Veuve k i5 ans , avec une fille et deux fils , elle fut accablée d'un grand nombre de procès. L'étude la consola de sa mauvaise fortune. Elle possédait entr autres langues le grec et le latin. Ses ouvrages lui acquirent l'estime non-seulement des Français , mais en- core des étrangers. Elle reçut des gratifications de plu- sieurs princes. Le duc de Milan et le roi d Angleterre lui firent des offres très -avantageuses : elle préféra sa patrie adoptive.

Christine était douce et modeste. L'éclat de la fortune ne put l'éblouir^ et l'adversité u" abattit point son courage. L'abbé Lebœuf donna la Vie de Christine. Boivin fit pa- raître une Dissertation sur la vie et les écrits de cette femme célèbre. On trouve son portrait dans quelques- uns de ses livres : la plus parfaite de toutes ces minia- tures , selon Boivin, est celle qui se trouve dans le ma- nuscrit 7595 de la Bibliothèque nationale , à la tête de l'cavrcige intitulé : La Cité des Dames.

On lui doit : Vision de Christine. Elle y fait mention de i5 vol. qu'elle avait composés. Depuis, elle ajouta à ce nombre onze autres volumes. Vie de Charles V , divisée en trois livres, imprimée dans le 5^. vol. des Dissertations sur IHistoire Ecclésiastique de Paris. Elle écrivit cette Histoire à la prière de Philippe-le-Bou, duc de Bourgogne.

CAS 79

C'est l'ouvrage eh prose qui lui fait le plus d'honneur. Les Cent Histoires de Troye , en rimes , Paris , Pliillppe Pigouchet, in-4'^. , goth. Cette production est la niéme dont parle Boivin , sous le titre : Roman d'Othea, ou Épitre d'Othea à Hector. La Cité des Dames. Le Livre des Trois Vertus , imprimé sous le titre de Trésor de la Cité des Dames , Paris^ Jean André , i536 , in-8*^. Claude Joly a placé cet ouvrage au rang de ceux qu'on a faits pour Tinstitulion des princes. Le Chemin de longue étiule, traduit de langue romanne en prose française , par Jean. Chaperon , dit Lassé de Repo's , avec cette épigraphe : Tout par Soûlas , Paris^ Etienne Groulleau , i549, in-i6. Cette production j dédiée à Charles A'I, est une des plus agréahles de Christine ; elle y a déployé tout ce que la nature lui avait donné de talens poétiques. Claude Joly a mis cet ouvrage au nombre de ceux qui sont nécessaires pour linstitution des princes. Épitres sur le Roman de la Rose. Le Livre des faits d'armes et de chevalerie, —— Lettres à la reine Isabelle. Les Proverbes moraux , ou le Livre de Prudence. Cent Balades. Lais. Vire- lais. — Rondeaux. Jeux à vendre j autrement T'ente d' Amours. Epitre au dieu d'Amour. Le Début des deux Amans. Le Livre des Trois Jugemens. Le Livre dudit de Poissy. Les Dits moraux , ou les Enseignemens que Christine donne à son fils. Le Livre de Mutacion de Fortune. Ses poésies ont été imprimées en partie à Paris, i549, in -12. Celles qui sont restées manuscrites, se trouvent dans plusieurs Bibliothèques, enlr autres à la Bibliothèque nationale. Ses ouvrages sont remplis dune douce et pure morale.

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CASTILLE, ( Mademoiselle DE ) naquit à Paris dan» le 17^. siècle. Elle est auteur de différentes poésies, parmi lesquelles on remarque : Une Traduction de la neuvième Ode d'Horace , insérée dans Tun des Mercures de son tems ; un Morceau sur la Comète de l'année 1680; une Pièce sur la naissance du Sauveur du Monde ; des vers 1T" riques^ intitulés : Les Plaintes d'un Amant.

CATELANS, ( Marie -Claire -Priscille- Mar- guerite DE ) née à Narbonne en 1662 , était de la même famille que Jean de Catelans, conseiller au parle- ment de Toulouse. Aux. qualités du cœur, elle joignit la délicatesse de l'esprit et les charmes de la figure. Son goût pour les lettres len^^^agea à fixer sa demeure à Tou- louse , en 1697. L'académie des Jeux floraux couronna plusieurs fois les poésies de Mademoiselle Catelans , entr' autres , une Ode à la louange de Clémence Isaure. Madame Dreuillet , son amie , 1 ayant complimentée sur Tan des prix quelle avait obtenus^ elle lui répondit par ces vers :

Je rends grâce à Tolrc bonté Qui pour moi , Dreuillel , s'intéresse j Mais , du prix que j'ai remporté , Je rends grâce à votre paresse.

Mademoiselle de Catelans îwl Maîtresse des Jeux floraux. Elle mourut dans le château de la Masquère , prés de Toulouse, en 1745.

CATHERINE DE MÉDICIS, née à Florence le 1 5 avril iSig, fille unique et héritière de Laurent de Médicis , duc d'Urbin, et de Magdeleine de la Tour-d' Auvergne , nièce

de

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de Clénieut YII. La blaiicliciir de son teint, la vivacité de ses veux., la noblesse de ses traits, la mirent au rang des belles femmes de sou siècle, l.e aS octobre i555;, elle épousa le dauphin de France. Elle fut plusieurs fois ré- gente du royaume. La première , en i55a : la deuxième, pendant la minorité de Charles IX ; la troisième , depuis la mort de ce prince jusquau retour de Henri III, alors roi de Pologne. Catherine fut célèbre par ses crimes et par ses vertus. On lui reproche d avoir donné à ses enfans une éducation aussi lascive que sanguinaire ; d'avoir allumé deux guerres civiles : la preinière , en favorisant les Hu- guenots ; la deuxième, en les irritant; d'avoir, ]»ar se» conseils , occasionné le nî?.s«acre de la vSaint-Barfhélemy ; d avoir regardé avec indifférence ce spectacle d horreur et de désolation. Cependant on dit, à ia louange de Ca- therine , quelle annonça de bonne heure beaucoup d'es- prit et de courage. Elle voyait les évèneme:is les plus fâcheux, avec le calme nécessaire pour pouvoir v remé- dier , et savait diminuer l'avantage que ses ennemis en €usse*it pu prendre , par le sel d un bon mol; elle affron- tait les périls, même ceux de la guerre , avec toute 1 intré- pidité d'un héros. Pendant le siège de Rouen, en iSôa, elle allait tous les jours au fort de Sainte-Catherine. Les canonnades et arquebuses , di't Brantôme , pleuvotent au~ tour d'elle , qu'elle s'en souciait autant que de rien. Le con- nétable et le duc de Guise lui remontrant qu elle s exposait trop , elle n'en fit que rire , et leur demanda pourquoi elle

s'épargnerait plus qu'eux ? Est-ce que j'ai moins d'in"

térét , ajouta-t-elle , ou moins de courage que vous ? Il est

vrai que j'ai moins de force; mais je n'ai pas moins de cœur

Elle recherchait avec empressement le*s oî"(iciers qui se distinguaient par leur valeur, les présentait ensuite elle-

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même au roi , et les lui recommandait. S'ils avaient des démêlés ensemble, elle cherdiait à les réconcilier, avec tout le ménagement que leur délicatesse pouvait exiger. Par cette conduite , elle gagna le cœur de plusieurs offi- ciers > qui ne croyaient pas trop hasarder en lui sacrifiant leur vie. On lui donna le surnom de Mère des Gens de guerre. Mater Castrorum. Elle fit élever les Tuileries, l'hôtel de Soissons , , depuis , on a hàti la Halle aux Bleds. C'est d'après ses ordres qu'on construisit Saint- 2VIaur-des-Fossés , Monceau en Brie , Chenonceaux en Touraine^ etc. Elle fit venir des manuscrits de Grèce et d'Italie. Les savans et les artistes trouvèrent en Catherine une protectrice zélée , qui savait apprécier leurs ouvrages €t leurs talens. Elle mourut en iSBg.

Il reste deux lettres de cette princesse. L'une est adres- sée au prince de Condé ; 1 autre , à Charles IX. Elle y donne des conseils à son fils sur les moyens de se faire aimer de ses sujets , et l'engage à suivre les traces de liOuis XII. Marguerite , reine de Navarre , s'était fait^ par ses contes , une grande réputation. Catherine , toujours ^envieuse de gloire , en composa un grand nombre ; mais les ayant comparés à ceux de sa rivale, elle avoua soa infériorité.

CATHERINE BE BOURBON , princesse de Navarre , duchesse de Bar, était fille de Jeanne d'Albret et sœur de Henri IV. Elle naquit à Paris le 7 février ,1 558. La politique forma l'hymen qui l'unit en i599 à Henri de Lorraine, duc de Bar, Elle mourut sans enfans , à Nancy _, en i6o4-

Douée d'un mérite supérieur, elle composa des vers avant 1 âge de douze ans. Ou voit^ daus h Temple d'ApolloThf

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pâg. a63 , un SoJinei de cette princesse, qui atteste son talent pour la poésie.

CAYLUS, (Marthe-Marguerite.., marquise de)

iiièce de Madame de Malutenou, vécut daiis le ij^. siècle. Sa beauté et sou esprit lui donnèrent la réputation de lune des plus aimables personnes de soû tems. Elle a écrit : 3Ies Souvenus, l'-^o , in-S"^. Cet ouA^rage est un de ceux qui font le mieux connaître 1 intérieur de la cour de Louis XIV. On y retrouve le cliariiie intéressant de la conversation da Madame de Cajlus. Tl est à regretter qu'elle ait eu si peu de souvenirs. S il est des personnes qui trouvent minu- tieux les faits qui sont 1 objet de ces mémoires , qu'elles songent que les petits détails servent à jeter de la lumière sur les grands évènemens , et qu il y a des époques et des cours dont tout est loug-tems précieux. Ce que raconte Madame de Caylus est vrai : on voit une femme qui parle toujours avec candeur. Ses Souvenirs ont fait oublier une foule d ouvrages sur le siècle de Louis le Grand, dans lesquels la vérité n a pas été constamment respectée.

CEREN VILLE, (Madame DE) a donné: Walter de Monthary , Grand-Maître des Templiers , traduction de l'allemand; Paris, Maradan , an n , 4 ^'ol. in-i2. Le Baron de Fleming , ou la Manie des Titres , traduction libre de lallemand d'Auguste Lafontaine ; Paris, Debray, an 1 1 , 5 vol. in-12. Fleming fils , on la Manie des Systèmes , traduction libre de l'allemand d'Auguste Lafon- taine ; Paris , an 12 , 5 vol. in-12.

CERTx\.IX, (IMademoisclle) mourut eu 1690. Elle se fit connaître par son érudition et Son talent pour la poésie. Ses œuvres parurent sous ce titre : Nouvelles Poésies de ^mademoiselle Certain j Paris, Loisou, i665, 1 vol. iu-12,

6,..

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CÉSARIE , abbesse du monastère de Saiut-Jean d'Arles, naquit 611 Provence. Ses talens et ses vertus légalèrent aux plus grands personnages de son tems. L'unique pro- duction qui reste du génie de cette savante fille , est une Lettre à Sainte Radégonde de Poitiers. Elle lui commu- nique , d'après sa demande , la règle qu elle faisait obser- ver dans le monastère de Saint-Jean. Cette Lettre peut se diviser en deux parties. La première est une exhorta- tion pathétique à la perfection religieuse. Léloquente abbesse y fait une longue énumération des vertus essen- tielles aux personnes consacrées à la vie monastique. Dans la seconde partie , Césarle insiste sur les dangers d'une solitude oisive. Elle conseille aux religieuses de Sainte-Croix de s adonner à létude , et de se familiariser avec lés bons livres de Tantiquité profane , fans négliger cependant les exercices de piété. Césarie avait puisé dans les bonnes sources de l'éloquence , une partie des beautés dont cette Lettre est remplie. Le style en est simple , agréable et facile. On croit qu elle fut écrite peu de tems avant la mort de son auteur , arrivée en BSq.

CHAISE, (Mademoiselle DE la) " ne nous est con- « nue , dit Tauteur du Parnasse des Dames , que par une 71 pièce de poésie «. Ce morceau a i55 vers. Il a pour sujet : r Amour juge du matin , du midi et du soir., qui dis- putent d'agrémens. Lidée en est ingénieuse , mais plus heureuse que Texécution.

CHALVET , (Madame) vécut à Toulouse dans le iS"». siècle. Elle fit des poésies, qui remportèrent plusieurs fois le prix aux Jeux floraux.

CHANCE , voyez DOURLENS.

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CHANTEROLLE, (Mademoiselle) a i^uhWé: aspect philosophique ; Varis ^ Moiiory , 17791 in-ia. Le désir d'être utile , lui a fait offrir au public ses Réflexions sur les ea'reurs , les abus et les ridicules de la société. Le titre de son ouvrage est fastueux , rexécution en est faible ; quel- ques-unes de ses réflexions sont heureuses ; mais , le plus souvent , elles devraient être intitulées : Aspects anti- philosophiques.

CHARBONIÉRE , ( FàREL, Dame ) est auteiu- d'an joli roman , intitulé : l'IIermite du rocher.

CHARGE, (Mademoiselle D'AlerAC DE LA) de Vil- lustre maison de la Tour-d'Auvergne , vécut dans le 17®. siècle. Elle cultiva les belles-lettres avec succès. Dans ses Ters , elle a célébré la prise de la ville et de la citadelle de Gand.

CHARDON, (Madame) née à Paris, mourut vcra 1754. Elle écrivit ses Mémoires qui furent publiés sous le titre de Mémoires de JMadame C. . . , 1755, in-i2. Cet ouvrage est intéressant.

CHARLOTTE, (Elizabeth de Bavière) fille de Charles-Louis de Bavière , comte palatin du Rhin , et électeur, née à Heidelberg le 7 mai i652, eut son père pour seul et unique instituteur. Le 22 novembre 1671 , elle épousa Monsieur , frère de Louis XIV , dont elle devint veuve le 9 juin 1701. Elle se consola de cette perte parle commerce des savans , qu'elle protégea. Elle mou- rut à Saint-Cloud le 8 septembre 1722.

On a publié : Fragmens de Lettres origAiales de Madame Charlotte-Elizabeth de Bavière , veuve de Monsieur , frère unique de Louis ILIK, écrites au diia Antoine^ Ulric de

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B***> ^***^ g^ ^ M-adame la princesse de Galles, de 1715 à 1720 ; Paris j Maradan , 1788, 2 vol. iu-12. Ces. fragmens ne sont, pour ainsi dire , qu'un recueil d'anec- dotes arrivées aux personnages les plus marquans du siècle de Louis X.IV.

CHASTELET, (Gabrielle-Emilie le Tonne- lier DE BRETEUIL, marquise du ) née à Paris , le 17 décembre 1706. Plusieurs personuages distingués , char- més de son esprit et de ses grâces , recherchèrent le don de sa main. Elle épousa le marquis du Chastelet- Lomon. Douée du goût le plus vif pour Tétude des sciences , elle sut de très-bonne heure plusieurs langues savantes. Le Tasse, Milton et Yirgile lui étaient fami- liers. Après s'être occupée de littérature, elle s'adonna à la physique et aux mathématiques. Le compas d'Uranie ne fut point déplacé dans ses mains. Un poète (Salverte) a dit :

Près de Vohaire et de Newton, Les dons célestes d' Uranie Ont place' la belle Emilie An temple sacré d'Apollon.

Tout ce qui occupe la société était de son ressort , hors la médisance. Née avec une éloquence singulière , cette éloquence , dit Voltaire , ne se déployait que lors- qu elle avait des objets dignes délie. Le mot propre , la précision , la justesse et la force en étaient le caractère. La fermeté sévère et la trempe vigoureuse de son esprit ne le rendaient pas inaccessible aux beautés de senti- ment ; jamais oreille ne fut plus sensible à Iharmonie. Elle eut sur Newton l'avantage d'unir à la profondeur de la philosophie , le goùl le plus vif et le plus délicat pour

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les Belles-lettres. Voltaire lui dédia Alzire. Cet immortel' écrivain chanta souvent dans ses vers les talens et les grâces de Madame du Chastelet; il lai paya le tribut 'd admiration qui était à son génie , dans \Eloge histo- rique qu on a placé à la tète de la Traduction des Prin- cipes de Newton. L'académie de l'Institut de Bologne la reçut parmi ses membres. Elle fut 1 un des omemens des fêtes de Sceaux.. Un auteur ayant été enfermé , pour avoir écrit contr'elle , Madame du Chastelet prit la plume en sa faveur , et lui procura sa liberté. Elle mourut au palais de Lunéville , le 10 août 1749*

Madame du Chastelet commença une Traduction de l'Enéide , dont le chantre de Henri a vu plusieurs mor- ceaux remplis l'aine de son auteur. Elle a laissé manus- crites des Observations justes et ingénieuses sur la Langue française. Euridicée montra la littérature à ses enfans ; Zénjo})ie apprit à ses fils le grec, 1 égyptien et le latin ; C^^'~ nélie 1 mère des Gracques , leur fit connaître l"é'^<1^^^'^^® latine ; Madame du Chastelet non-seulemp~'' enseigna la géométrie à son fils , mais encore elle -omposa pour lui t Institutions de Physique , in-8^. ^-^'est une explication de la philosophie de Leibnitz. C-t ouvrage est précédé dua (discours préliminaire qui est un chef-d'œuvre déraison et d éloquence. A.u jugement de YoUaire, elle a répandu dans le reste du livre une méthode et une clarté que Leib- nitz n'eut jamais , et dont ses idées ont besoin . soit qu'on veuille seulement les entendre , soit qu'on-vcuille le ré- futer. Madame du Chastelet publua ensuite m\ Traité de ta nature du feu, in-S*^. Elle avait l'esprit trop juste , pour se contenter des vaines hypothèses de la métaphysique. Elle connut Newton, et le philosophe allemand lui fut sacrifié. Après se létre rendu familier par le travail le

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plus opiniâtre , elle traduisit ses Principes mathématiquea de la Philosophie naturelle. Ellev ajouta un commentaire , les principaux plier.omènes fin système du monde sont expliquéb avec précision et clarté. Cet ouvrage fut imprimé après sa mort , en z vol. in-4'^- Voltaire a dit : « Cette traduction , que les plus f avans hommes de ■yi France devaient faire , et que les autres doivent étu- m dier , une femme la entreprise et achevée, à 1 éton- M nement et à la gloire de son pays.... On a vu deux ;> prodiges : Tun que Newton ait fait cet ouvrage ; l'autre T quuue Dame lait traduit et lait éclairci?i. A l'égard du commentaire ., il est an -dessus de la traduction. Madame du Chastelet y travailla sur les idées de Clai- raut. Elle fit tous les calculs elle-même , et quand elle avait achevé un chapitre , Clairaut l'examinait et le cor- rigeait. On lui doit encore : Réflexions sur le Bonheur. réflexions ont été puhliées dlàiis un recueil intitulé : Opuscule p]jilosopjj;qjigs et litiéraires ; Paris , Chevet , *79"i în-b". 4^^ avait envoyé pour étrennes à Madame du Chastelet les v^., sulvans

rne etrenne frivole à la ù^^ie Uranie , Pent-on la prcsenler ? Oh ! lrès-l>ien , j'en réponds. Tout lui plaît , tout convient à son dorie génie : Les lirips , 1rs bijoux , les compas , les pompons , Les vers , les diarnans , les biribis , Toptique , J/alg»-bre , les soupers, le lalin , les jupons. L'opéra , les procès , le bal et la physique.

Madame du Chastelet répondit :

Hélas ! vous avez oublié , Dans celte longue kirieUe , De placer le mot d'amitié \ Je donnerais tout le reste pour elle;

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CIIASTENAY LENTI, ( VictORINE de ) naquit vers •17'jo , à Essarois , près Châtillon-sur-Seine. Elle a pu- blié : les Mystères d' Udolphe , par Anne Radcliffe , trad. tle Tauglais ; Paris, Maradan , an 5 , 4 vol, in-i:2 ; idem, 6 vol. in- 18, Calendrier de Flore , ou Etudes de Fleuri d'après nature ^ Paris, Maradan, an 10, 5 vol. in-8^.

CHATEAUGÎRON , ( Madame ) est auteur de la Bi- bliothèque des Femmes.

CHATEAU-RKGNAULT , (Madame) de Versailles , a composé; Éloge historique d'Anne de 3Iontinorency ; Paris, Moutard, 1785, in-8°. Ce discours obtint, en 1782, Yaccessit à l'académie de la Rochelle. Il est tout-à- la-fois ingénieux, éloquent et sublime.

CHAUMOND , ( Madame ) a donné avec Madame Rozct , \ heureuse Rencontre, comédie en un acte et en prose : seule, l'Amour à Tempe , pastorale erotique en deux, actes et eu prose; Paris , 1773 , in-S". Cette pro- duction ne fut point reçue favorablement du pul)lic ; et , il faut l'avouer, le sort de cette pastorale doit être plus heu- reux à la lecture qu'à la représentation ; parce que le défaut d'action s'y fait moins sentir , et qu ou y trouve des récits dune simplicité aimable et naïve.

CHAUSSE, ( Marie - Hiéronisme ) religieuse , a composé : Histoire de l'établissement et du progrès du premier JSlonastère des Religieuses Annonciades-Célestes de la ville de Lyon; Lyon, veuve Chavance , 1699 , in-4°.

CFIEMERAULT, ( Magdeleiine de) parente des Dames des-Roches de Poitiers , vécut dans la même ville, vers la fin du i6«. siècle. Elle écrivait fort bien en prose ,

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et elle avait du talent pour la poésie. A la tête des deux Harangues prononcées par Pierre Umeau, pour le serment de la Sainte-Union en Poitou au mois d'août iSSg, et imprimées en iSgo , on lit deux quatrains de la compo- sition de Magdeleine de Chemerault. Ses autres ou- vrages n out point été conJiés à Tart typographique ; mais^ quelques-unes de ses pièces , entr autres des sonnets , ont été conservées dans les cabinets des curieux.

CHEMIN, (Adélaïde-Isabelle-Jeanne Yivien Deschampsy , Dame) est née k Lunéville le 7 février- 1772. Elle a composé: le JSlalheur des Circonstances^ petit pocme en dix-sept couplets sur différens airs , im- primé. Cet opuscule n a été distribué qu'aux connais- sances de Tauteur. Origine de la Chouannerie , ou J\léTnoires de Stéphanie de Tress*'^* , pour sentir à l'Histoire de nos Guerres civiles ; Paris, Ouvrier , au 1 1 , 2 vol. in-i2. Madame Chemin s occupé de corriger et d'augmenter son ouvrage de plusieurs anecdotes curieuses qui paraî- tront dans une seconde édition. Elle a été témoin ocu- laire des évèncmens qu" elle raconte. A quelques taches près , cette productiau est écrite avec énergie et sensibi- îité, Des Romances insérées dans le Chansonnier des- Grâces de lan 12. Un Ouvrage inédit, qui sera publié- dans le cours de laa 12.

CHÉNIEP.., (Madame) mère de M. Chénier de ITns- titut National de France , est auteur de deux Lettres ,^ dont 1 une a pour sujet les Daiises , et l'autre les Enter- vemens chez les Grecs. Ces Ijettres , qui sont très-bien écrites , se trouvent dans le premier volume des Lettres, siiv la Grèce , par Guys-

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CHERON , voyez LEHAY.

CIIEVRI , ( Madame DE) fille Je M. de Chevri , prési- dent à la Chambre des Comptes de Paris , religieuse de Saint-Pierre de Lyon, vécut à la fin du 17^. siècle. Elle se fit quelque réputation par sou talent pour la poésie. On trouve dans la Nouvelle Pandore , un poème de sa com- position, adressé à Louis XIV , sur ce qu on ne peut lui donner de nom qui réponde à sa grandeur.

CLAIRON , voyez TUDE.

CLAPISSON , (Madame de) épouse d'un contrôleur- général de rartillerie de France, vécut vers la fin du 17^. siècle. Sou érudition lui donne une place parmi les fem- mes savantes. Elle avait du talent pour la poésie , si on en juge par un Sonnet de sa composition , sur les reclus du Monl-Valérien.

CLARA D ANDUSE, Dame Troubadour, n'est connue que par une pièce adressée à son amant. Elle y exprime son amour avec délicatesse et sensibilité.

CLÉMENT HÉMERY, (Madame) est auteur de plu- sieurs pièces de poésie assez jolies , insérées dans le Journal des Dames et des Modes j an 6 , an 7 et an 8,

CLERMONT , voyez RETZ.

CLÈVES , voyez GONZAGUE.

COCHOIS, (Mademoiselle DE) vivait dans le i8«. siècle.» Elle a composé avec le marquis d Argens : Lettres philosophiques et critiques ; la Haye, 1744 » in'i^ ; 174^»

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in-i2. mémoires pour servir à l'histoire de V Esprit et du Cœur ; la Haye, 174^, 4 vol. in. 12 ; 1765 , 4 vol. in-12.

COEURDEROY, (ClAudine Berthier de Gran- DRY , Dame DE ) née à Châlel-Censoir , département de TYonne , le i5 juillet 1753 , a publié : Dialogues d'une Mère avec sa Fille ; Paris , Barbon, an 1 1 , 4 vol. in-12. Cet ouA^rage respire la tendresse maternelle et la piété filiale. Elle a dans son porte-feuille une suite à ces Dia- logues, des Proverbes et des Comédies.

COLBERT, (Adeline de) a donné: William Hil- net , ou la Nature et l'Amour , traduit de l'allemand de Miltenberg ; Paris , Hocquart , au 9 , 5 vol. in-8'*. Marie Muller , traduction libre de l'allemand ; Paris , Renard , an 1 1 , 2 vol. in-12.

COLLEYILLE , (SAiNT-IiEGER, Dame DE) de Paris, fille d'un médecin , cultiva de bonne lieure la littérature. Elle était très-jeune , quand elle publia : Lettre du cheva- lier de Saint- Aime et de Mademoiselle Melcourt ; Paris , 1781 , in-12. jdlexandrine , ou l' Amour est une vertu; Amsterdam, 1782, 2 vol. in-12. Banquet du Père de Jamille j divertissement en un acte et en prose ; 1784, in-8". Les Deux Sœurs, comédie en nn acte et en prosej 1784, in-8". Cette pièce, a été représentée sur le théâtre des Variétés. Sophie et Derville , comédie en deux actes et en prose , jouée au Théâtre Italien , le 8 janvier 1788. Cet ouvrage offre de la grâce , de la finesse et de la sensibilité. Madame de M. . . . . , ou /a Ren- tière, Paris, an 11 , 5 vol. in-12. Des Poésies insérées dans différens recueils.

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COLOMBIÈRES, ( Anne-Hejvriette de Brique- ville , Marquise DE) du i8*. siècle, s'est fait connaître par un ouvrage intitulé : Réflexions sur les Causes des TVemblemens de Terre ^ avec les principes qu'on doit suivre pour dissiper les orages , tant sur terre que sur mer y 1^56 , in-i2.

COMEIGE , (Madame DE) vécut dans le 17^. siècle. Elle composa une pièce de théâtre , intitulée : Mahomet.

CONDORCET , ( S. Grolchy , Dame ) épouse da célèbre Condorcct, a publié : Théorie des Ssnlimens mo- raux, etc. , suivie d une Dissertation sur l'origine des I^an- gues ; tmd. de lauglais d'Adam Smith ; Paris , Buisson , an G , 2 vol. in-S*^. Elle y a joint huit Lettres sur la Sym- pathie i\!\.ns\cs(i\\e)\es elle supplée aux omissions de Smith, examiae , modifie , et même combat quelques opinions du philosophe écossais. Eidous et Blavct publièrent chacun une Traduction de la Théorie des Sentimens rno- ranux , l'un en 1764 , et l'autre en 1774 \ niais, depuis ce lems , Smith fît des additions et des cbaugemens considé- rables à son ouvrage. Madame Condorcet , en faisant son travail sur la septième et dernière édition de Smith, a complété dans notre langue l'original anglais. Cette tra- duction réunit la pureté et l'élégance du style à la sévérité du laugage philosophique. Madame Condorcet est auteur d'un ouvrage inédit qu'elle a composé 2>our l'éducation de sa fille.

CONSTANCE D'ARLES , Jurnoramée Blanche ou Candide, à cause de la blancheur de sou teint, fille de Guillaume V, comte d'Arles et de Provence. Vers l'année 998 , elle épous*-Robert le Pieux ,, roi de France.

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On lui doit la naissance de noire poésie. Elle amena de Provence les meilleurs poètes , farceurs et troubadours dutems. Alors on ne connaissait encore que la versifica- tion latine. Constance avait l'humeur altière. Elle eût bouleversé l'état , si on ne Teût empêchée de se mêler du gouvernement. Elle fut mère de quatre fils , dont le ti'oisième eut toute sa tendresse. Pour lui donner la cou- ronne , elle persécuta les deux aînés. L'un de ces dei'- niers mourut avant de monter sur le trône ; l'autre fut Henri I*^^. Elle déclara la guerre à celui-ci , sitôt qu'il fut roi ; mais ses troupes ayant été battues , elle fut obli- gée de faire la paix. Elle en niourut de chagrin au (Gâteau de Melun , le 25 juillet loSa.

CORRON , ( Marie Gombault , Dame ) sage- femme , née dans le i8^. siècle , ù Paris , elle s'établit. L'émulation quelle inspira aux personnes qui exerçaient l'art auquel elle s'adonna , et l'utilité de l'ouvrage qu'on lui dolt^ lont placée parmi les bienfaitrices de l'humanité. Elle publia : Dissertation en forme de Lettres , sur l' Accou- rue nt ; 1757 , in-12. *■

COSNARD ^ (Mademoiselle) née à Paris , vivait dans le 17^. siècle. Elle a composé : les Chastes ISlaHyrs , tra- gédie chrétienne; Paris, IN'icolas et Jean de la Coste; i65© , in-4°. Cette pièce , qui fut représentée en i65o , est tirée du livre intitulé : Agatomphile.

COSSON DE LA CRESSONNIÈRE , ( Charlotte- CaTHERIPsE) sœur de P. C. Cosson , professeur à Paris, naquit, dans le i8«. siècle, à Mézières-sur-Meuse. Elle 6 exerça avec quelque succès dans la poésie légère et

c o s çî>

anacréontique. Le cai'actère de sa muse est l'enjoiieiïteut et la simplicité. On lui doit, entr' autres morceaux , des ■J^ers sur la Naissance du fils de Le Franc de Pompignan ;

sur le Mariage du Vicomte de JSIontmorency-Laval ;

sur la Mort du Dauphin , 1766 ; et une Ode sur l'In- ■cendie de V Hôtel-Dieu.

COSTE-BLANCHE , ( Marte de) naquit à Paris dans le 16^. siècle. Elle possédait les langues savantes , et cul- tivait les mathématiques et la philosophie. Son goût pour cette dernière science lui fit traduire de l'espagnol trois Dialogues de Pierre Messie , touchant la nature du Soleil ^ de la Terre , et de toutes les choses qui se font et apparaissent en l'air ^ Paris , Frédéric Morel , i566.

COTTENEUVE , ( Madame DE ) a puhlié : Lettres du baron d'Olban, Paris, 177^^ in-12. La Confiance trahie, ou Lettres du chevalier de JMurcy , Paris , 1777 j iu- 12.

COTTIN, (Madame) a puhlié : Claire d' Alhe , Paris, Maradan j an 7 , i vol. in-12. Cette anecdote, écrite en forme' de lettres, fut composée en quinze jours. Elle est remarquable parla simplicité des ressorts et le charme de la diction. iVf«/fv'«a, Paris , Maradan, an 9^ 4 vol. in-12. Des idées ingénieuses , des morceaux pleins de grâce et d'intérêt sont une partie des beautés de ce roman. Le style en est animé , énergique : cependant on peut lui reprocher de n'être pas toujours correct et d'être un peu maniéré. Amélie Mansfield , Paris, Maradan , an ii 4 vol. in-12. Ce roman est supérieur aux deux précédens , tant pour Tordonnance que pour le style. Jérico , poome en prose , en 4 chants , inséré dans les ]Sl,élanges de Lit^ térafure de M. Siiard ^ au u.

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COUDRAY ,- ( Angélique-Marguerite le Bour- sier DU ) vécut daus le i8®. siècle. Son zèle pourlhu- manité , ses rares talens pour l'état qu'elle prol'essait , et ses utiles travaux, lui ont assuré la reconnaissance du ses semblables. D'abord elle fut maîtresse sage-femme à Paris ; ensuite le gouvernement lui donna une pension , et lui fit parcourir successivement toute la France , pour instruire les fe^imes qui voulaient pratiquer Fart des accoucberaens. Elle éternisa ses bienfaits , en publiant : jlbrégé de l'art des Accouchemens , lySg, in-i2; 1777 , in-8''. Verdier y ajouta des notes. Les préceptes qu'elle a émis dans cet ouvrage sont exposés d'une manière claire et métbodique. « La » seule compassion , dit Madame Du Coudray , ma ren- « due auteur ; et n'écrivant point pour les personnes éclairées^ je ne saurais me rendre trop intelligible, n

COURCY, (Madame DE) de Paris, se fit connaître dans le monde littéraire par des vers au Sommeil ^ insérés dans plusieurs journaux, et dont alors on parla avec éloge. Elle accrut sa célébrité par des vers sur les Passions, 1776, in-8^. Celle pièce fut couronnée à Rouen , en 17741 par lacadémie de llmmaculée Conception. Le début eu est très -heureux. On peut avoir une idée de soûlaient poétique , par les citations suivantes :

. . . Fuyons devant ].i coltre : T"lle a «l\me Eunit'nide emjirunle les serpens, Eirn ne peut assouvir son humeur sanguinaire , A sa fureur cruelle, à ses transports brûlans L'amitié m^me est immolée j Et sous ses pietls Thumanité foule'e Nomme pour son \engeur le remords dévorant

Comme*

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Comme elle peint bien le fanatisme !

Le fanatisme aux projets destructeurs , Qui prêche un dieu de paix en allumant la guerre , Qui dit au citoyen : crois dans Tinstanl, ou meurs

CRENNE , voyez HÉLISENNE.

CREQUI , (Madame DE ) mourut à Paris en l'an ii , dans un âse très-'avancé. La nature Tavait douée d'un jugement sîir et d un esprit solide. Ou peut la regarder tout-à-la-fois comme protectrice des gens de lettres et comme auteur. Sa maison était le rendez-yous de plu- sieurs littérateurs distingués, eutr'autres^ de Letourneur, de Champfort, de Charles Pongens et de Mademoiselle Saint-Léon. Madame de Crequi n"a jamais rien fait impri- mer ; mais elle avait dlfférens écrits dans son porte-feuille , parmi lesquels ses amis citent des Pensées et des Réjlexions sur différens sujets.

CRUSSOL , voyez AIGUILLON.

D.

DÂCIER, ( Anne Le FfvRe , Dame ) naquit vers la fin de décembre iG5i , à Saamur, son père était pro- fesseur d humanités Les services qu'elle a rendus à notre littérature , en faisant passer dans notre langue les cliefs-d' oeuvres des anciens, lui ont assuré 1 immorta- lité. La France n'a point eu do femme plus savante et plus érudite. L'esprit d observation et la solidité dti raisonne- ment égalaient en elle les richesses du savoir ; sa réputa- tion occupa toute l'Europe 5 et les plus grands littérateurs

7

S8 D AC

s'empressèrent de rendre hommage à son mérite : Ménage lui dédia ^ en i6go, son Histoire latine des femmes philo- sophes j le marquis d Orsi publia sous ses auspices, en i^o5 1 des Réflexions , écrites en italien, sur la manière de bien penser du Père Bouhours ; Baillet la placée au rang des plus illustres critiques ; Voltaire a dit : •« Ses tra- rt ductions de Térence et d Homère lui fout un honneur »» immortel « ; selon Palissot^ c'est peut-être la seule de nos femmes célèbres à qui personne n'a jamais disputé ses ouvrages ; La Motte prononça , dans une séance publique de l'Académie française, une Ode à la louange de Madame X)acier. En voici la 4^. strophe :

Ce ministre dont les ouvrage»

Egaleront le coûts des ans,

Fonda, pour éclairer les âges,

Ce sanctuaire des sarans 5

A ce sexe qui sur ses traces

Veut moins de Muses que de Grâces,

H ferma cet auguste lieu ,•

Mais il t'eût réserTC ta place ,

Si les oracles du Parnasse

Taraient prédite à Richelieu.

L'académie des Ricovrati de Padone la reçut parmi se» membres en 1684. Louis XIV lui fit plusieurs gratifica- tions , et en i685 il lui donna une pension. La célèbre Christine de Suède lui écrivit pour lattirer à sa cour. Tandis quelle se faisait admirer par ses talens , elle se faisait estimer par sa fermeté , son égalité dame , sa géné- rosité et sa modestie. Le seul reproche qu'on puisse lui faire , est d avoir porté trop loin son amour pour les an- ciens ; mais si , dans cette dispute , elle a montré trop de vivacité , on doit faire grâce à son zèle pour une aussi bonn«

D A C gy

cause. Oa peut même ajouter que les auteurs qu elle dé- fendit, exigeaient peut-être , de la justesse de son esprit et de la boule de son goût, toute l intrépidité quelle mon- tra dans celte occasion ; cependant sa vénération pour les anciens ne lempêcha point de voir que Pope avait donné de faux éloges à Homère.

JMadume Dacier avait onze ans quand elle se livra à l'étude. Le hasard découvrit à ^on père les dispositions dont elle élait douée. Tannegui Le Fèvre donnait des le- çons à son fils , dans la niéme chambre elle travaillait en tapisserie. Un jour que le jeune écolier répondit mal aux questions qu'on lui laisait , elle lui suggéra ce qu il devait dire. Le père l'entendit, et aussi-tôt il lui donna ses soins. Dès quelle sut assez de latin pour lire Phèdre et Térence , elle s'appliqua à connaître le grec. L'élude de la langue italienne fut pour elle un délassement. Ces tra- vaux ne 1 empêchèrent pas de s'adonner aux occupations ordinaires des femmes. Al âge de 21 ans^ ayant perda son père , elle alla demeurer à Paris , sa réputation l'avait devancée. André DacitA- étudiait sous Tannegui Le Fèvre, dans le même tems celui-ci travaillait à 1 éducation de sa fille. Les mêmes goûts et les mêmes études réunirent ces deux jeunes élèves. Bientôt ils eurent l un pour 1 autre ces sentimens d'estime et de teudi-esse, que quarante an- nées de mariage ne purent affaiblir : ils s'épousèrent en i685. Un fils et devi filles furent le fruit de ces liens. Le fils donnait de belles espérances ; ils le perdirent eu 1 694 ; une des filles mourut à 1 âge de 18 ans, et 1 autre prit le voile. Madame Dacier termina sa carrière à Paris , au mois d'août i'j20. Parmi les savans et les poètes qui répandirent des fleurs sur son tombeau, on remarque la Monnove qui fitsonépitaphe, eiTabbé Fraguier, qui adressa à 31. Dacier

ifoo D A C

une Élégie latine sur la mort de sou épouse. Roger de Plies

fit le portrait de cette femme célèbre.

Elle publia : Poésies de Callimaque , arec les Scholies

^grecques , une Version latine , et ses Notes critiques ; Paris, Cramoisy, 16741 ^ '^^l- i'i-4'*- Cet ouvrage est dédié à Iluët. L'épîtredédicatoire , la préface et les notes sur ce poète grec, ont été réimprimées en 1697 , à Utrecht , dans le Callimaque de Grévius. Ce coup dessai donna une haute idée des talens de Madame Dacler. Florus, 16741 réimprimé en Angleterre , 1692 , in-S*^. Aurelius Victor, j68i. Pitiscus a inséré dans son édition d'Aurélius Victor, faite à Utrecbt en i6y6 , in-8*^. , tout ce que Madame Dacier axait donné dans la sienne sur cet historien.

JEutrope , i685 , réimprimé en Angleterre , i^oS , in-8".

Dictys Cretensis , 1684. L'épître dédicatoire , la préface

et les notes , furent réimprimées en 1702, dans l'édition

d'Amsterdam, in-4^. et iu-8^. Elle ajouta à chacun de

ces ouvrages un savant commentaire. C est à la demande

du duc de Montausier quelle traduisit les auteurs latins ,

pour l'usage du dauphin , dont il était gouverneur. Bayle a

dit^ dans ses Nouvelles de la république des lettres (octobre

1684) - " La plupart de ceux qui avaient j?té chargés de

91 donner ces commentaires n ont fourni leur tâche , que

»t lorsqu'il n'a été plus tems de 1 employer à ce à quoi on

n la destinait ; mais Mademoiselle Le Fèvre surpassa tous

n les autres en diligence , et gagna le pas à je ne sais

combien d'hommes qui tendaient au même but. n

Poésies d'Anacréon et de Sapho , traduites en français, et

enrichies de remarques sur le texte de ces deixs. poètes,

Paris , Barbin^ 1681 , ln-8°. ; Paris, Thierry, 1681 , in-12;

Hollande, in-12. On joignit, à la fin de cette dernière

édition , des notes latines de Le FeTre. Cette traduction.

DAC rot

dédiée an Juc de Montausier, eut le plus grand succès; La Motte la regarde comme un « ouvrage tout fait par* n l'Amour w : il lit à ce sujet une ode très-ingénieuse , qu'il' adressa à M""*. Dacier. Ou lit dans un journal de 1G82 •:- **■ Comme la Grèce n'a jamais rien eu de plus galant ni *i de plus poli que les poésies de Sapho et d'Anacréon, rt nous pouvons dire que la France na guères vu rieu » de plus juste que cette traduction , tant par la délica- »■ tesse avec laquelle Mademoiselle Le Fèvre a imité dans n cette copie la n-aïveté presque inimitable de l'original, que par le secret qu'elle a su ti't)uver , la première, de faire passer dans une prose fidelle toutes les grâces que n l'on trouve dans les vers grecs, n Boileau disait que personne ne devait entreprendre de traduire le Chantre de Théos , pas même en vers , après Madame Dacier. L' Amphytvion , le Rudens ^ ou l'Heureux naufrage, et" UEpidlcus , comédies de Plaute , trad. eu français, Paris, Denis Thierry et Claude Barbin , i685 , 5 vol. in-12, ré- imprimées à Amsterdam en 1719, avec les dix-sept autres pièces de Plaute , traduites par Linjlers. Madame Dacier ajouta à son ouvrage une préface intéressante , des remar- ques et un exameu de chaque pièce. Elle le dédia à Colbert, l'un de ses protecteurs. On ti't)uve dans cette traduction- le caractère du poète latin. Z,e Plutus et les Nuées , comédies d'Aristophane , trad. en français , avec des re- marquer ; Paris, Deni« Thierry et Claude Barbin , 1C84, I vol. in-i2. Madame Dacier est la première qui ait trans- mis quelques pièces d Aristophane dans notre langue. Les six comédies de Térence , traduites eu français, avec> une prélace; la Vie de Térence, et des Remarques ; Paris, Denis Thierry et Claude Barbin, 1G88, 3 vol. iu-r2. On en a fait , en Hollande, deux, éditions , dont la meilleure ,,

102 D A C

pour la beauté des caractères , du papier et des figures , est celle de i [^^ 17 ; Roterdani , Gaspard Fritscli, 5 vol. in-12. M II me semble , dit labbé Goiijet, que tout le moude s ac- T corde à louer la pureté, 1 exactitude et la fidélité de et ite n traduction. '1 Le Terence de Port-Royal avait eu beaucoup de succès ; les amis de Madame Dacier cbercbèrent vai- nement à la détourner de ce travail. Quelques mois après que son ouvrage fut acbevé, elle le relut et n en fut pas satisfaite. Elle eut le courage de le jeter au feu et de re- commencer. Enfin sa traduction parut, et le Térence de Porl-Ro>al fut oublié. Ménage eut une contestation avec labbé d Aubiguac , au sujet de Térence. Il apprit que Ma- dame Dacier , après avoir examiné tous les écrits concer- nant cette dispute , n était pas de son avis. Pour la mettre dans sou parti, il fit réimprimer son Discours sur Térence , avec des corrections , à^^ additions , et le dédia à cette savante. Les coraplimens flatteurs qu'il lui prodigua n"é- braulèrent même pas son opinion. Réflexions morales de l'empereur Marc- Antonin , traduites eu français, avec des remarques; Paris, Barhin , iG;)i , 2 vol. in-12 ; Ams- terdam, 1710. Cette traduction est dédiée au président de Harlav. Elle est précédée dune ViedeMarc-Antonirii recueillie de divers auteurs de lantiquilé. Madame Dacier composa cet ouvrage avec son mari. - (Edipe eX Electre , tragédies de Sophocle , traduites en français , avec des re- marques et deux préfaces ; Paris, Claude Barbin^ 1G92, iu-ti. Six Kies des Hommes illustras , de Plutarque , 'traduites en français, avec des commentaires, Paris, Rarbin , i6y4 1 it« ^^^' in-4". Deux seulement ont été traduites par Madame Dacier , et les quatre^autres par son époux; mais il est difficile de le reconnaître d'aprè§ le Style. C'est ainsi qu il est airivé de confondre les ouvrages

BAL io3

Je Benoit Callarl arec ceux de PaulVéronèse, son frère ^ «lont la manière de peindre était la même. Iliade d' Ho- mère , traduite en français avec des remarques ; Paris , Rigaud, 1711, 3 vol. in-ia; 1719, 1756. La préface qu elle a mise en tête est une dissertation très-rsavante et très-curieuse. On y trouve le mausolée superbe qu'elle consacra à la mémoire de sa fille. « J'ai cru , dit Fraguier n dans lapprobatlon, que cette traduction, oui on retrouve ■m si parfaitement les beautés de l'original, ferait honneur à •n notre nation et à notre siècle, n l^es Causes de la corrup- tiofi du goiU j Paris, Rigaud, l'ji^-, i vol. in- 12. Cet écrit fut reçu avec un applaudissement général. 11 est rempli d'analyses exactes , de vues saines , de réflexions fines et de sages critiques. Un ouvrage 1 ou démêle si bien les causes de la corruption du goût^ serait très-capable de le rétablir : sa dispute avec La Motte donna naissance à cette production. Ody.ssée d Homère ^ trad. en français, avec des remarques et nnc préface ; Paris , Rigaud, 1716, 5 vol. ln-12; Paris, 1756, 4 vol. iu-12.. Homère défendu contre l'apologie du R. P.Hardouin , ou Suite des causes de la corruption du goût; Paris , Coignard_, 1 7 16 , un vol. In-i2« On demandait de toutes parts à Madame Dacler la tradurtiou de Virgile , et elle-même avait le desseiu de la donner ; mais les Infirmités qui laccablèrent, pendant les- deux dernières années de sa vie, l'empêchèrent d'exécuter sou projet. Elle avait fait des Remarques sur l'Écriture Sainte ; on la sollicita souvent de les mettre au jour : ello «'y refusa constamment.

DALIBARD, ( Françoise-Thekèse Aumerle Saiist-Phalier, Dame) de Paris, mourut dans la même ville , le 5 juin 1757 , à Tàge d'environ 54 on 55 ans. Ayant

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perdu son père assez jeune , elle fut élevée sons la con- duite de sa mère ,. qui lui permit de suivre le goût qu elle avait pour les lettres. A un esprit cultivé elle joiguit une belle figure. Elle épousa Dalibard, auteur de 1 Histoire des lucas , et des Expériences sur 1 Electricité.

On lui doit : Le Porte- Feuille rendu , ou Lettres liisto' tiques, i749i iu-i2. Les Caprices du sort , ou Histoire d'Emilie , Paris , 1 7 5o , 2 vol. in-i u. Racueil de Poésies , Amslerdanij 175t , i voi. iu-12. La Rivale confidente, comédie eu 5 actes et en prose, jouée au théâtre italien en 17 32., inipr. eu i vol. in-12. Ses ouvrages nont point eu de succès, et n'en méritaient pas. Ils ont été publiés sous le nom de Mademoiselle Saint-Plialler.

DANTU , (Mademoiselle ) est auteur de Zllie , on la DiJflcuUé d\lre heureux , roman indien , suivi de Zima, et des Amours de Victorine et de Philogène; Amsterdam, 1776, in-B*^.

DAUBENTON , (Madame) épouse dn célèbre natura- liste de ce nom ,, naquit en Bourgogne vers 172 i. Elle est auteur d un roman , intitulé : Zélie dans le désert ; 6®. édi- tion, Paris, André , an 9, 4 vol. in-i2.

©^FRANCE ^ (ChompRK, Dame) a publié : Odes d' Anacrèon , mises en vers sur la traduction de Gail, avec des notes par Gail, Paris, an 6 , i vol. in-12. Idylles de Jaujfret , sur l'enfance et l'amour maternel , mises en vers'; Paris, Crapelet, ang^ i vol. in-12. Ces ouvrage» ne sont pas sans mérite.

DELACHAPELLE , religieuse , composa : L'Illustre Philosophe , ou l'Histoire de Sainte Catherine d'Alexandrie ^

DEN io!S

tragéclîe , dédiée à M. le Prieur DelacLapelle , son frère ; Autuii, Biaise Simmonot , iGG5^ in-8**.

DENTS, (LOUISE-MIGNOT, Dame) du i8^ siècle, fut sœur de l'abbé Mignot , auteur de quelques bistoires estimées, et nièce de Voltaire. Elle suivit ce dernier à Berlin , et demeura arec lui à Genève et à Fernej. Madame Denis a composé une pièce de tbéàtre : la Co- quette punie , comédie en cinq actes et envers.

DEPIERREUX , ( Madame ) a publié : les Beautés de l'Histoire, ou Tahleau des Vertus et des Vices, dédié ù la jeunesse; Paris, an 1 1 , i vol. in-iss.

DESCARTES, (Mademoiselle) fille d'un conseiller au parlement de Bretagne, et nièce du pbilosopbe René Des- cartes , justifia par ses ouvrages les louanges qu'on donna à son savoir et à ses talens. Flécbier dit, dans 1 uue de ses Lettres ; « A 1 égard de Mademoiselle Descartes , son n nom , son esprit , sa vertu , la mettent à couvert de tout oubli ; et toutes les fois que je me souviens w d avoir été en Bretagne , je songe que je ly ai vue ri. Malgré son mérite , elle vécut très-sédentaire à la cam- pagne , dans le fond de sa province. Cependant elle eut des liaisons avec les personnes les plus célèbres de son tems. Elle fut amie de Mademoiselle de la Vigne et de Mademoiselle de Scudéry. Elle mourut à Rennes vers l'an in 06.

Ses productions ont été insérées dans différens recueils. On en trouve dans les Vers choisis du P. Boubours ; dans les Poésies de Madame la Suze ; dans le Parnasse des Dames, et dans ï Histoire Littéraire des Femmes Françaises.

io6 DES

Parmi ces pièces , on distingue : un Impromptu ingê-' nieus. qu elle fit au sujet d'une lauvette qui revenait tou* les prmteiMS auprès des fenêtres de la cliambre de Mademoiselle de Scudéry ; la Relation de la Mort de Descartiis , mêlée de prose et de vers ; et t Ombre de Deocariiis à Mademoiselle de la Visne.

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DESCHAMPS, voyez SERA^N.

DESCHAMPS, (Jea.]\ne de Saiistte-Aldegondpt DES Landes) naquit dans le pays de Caux en INoruiàn- die, vers le milieu du 17^. siècle. Ellepritle voile à Port- Royal -des -Champs- Dans sa retraite, elle cultiva los sciences. On a de celte Religieuse , des Lettres quelle écrivit en i665.

DESHOULIÈRES , (Antoinette du Licier de

LA Garde , Dame ) naquit à Paris , vers Tan i653 ou i'634. Ses parcns ne négligèrent rien pour son éducation. Elle était fort jeune, lorsqu'elle apprit le latin , I italien et l'espagnol. En i65i , elle épousa Guillaume de la Fon- de-Bols-Guérln , seigneur Deshoullères , gentilhomme du Poitou, estimé du grand Condé , auquel il s'attacha. B'orcé de suivre ce prince en Flandre , M. Deshoulières se trouva engagé au service des ennemis de létat. Pendant ce tems ,

MadaniG Deshoulières se retira chez ses parens , elle fit diversion îi la poésie , en faveur de la philosophie î elle étudia particulièrement celle de Gassendi. Quelque tems après, elle se rendit à Bruxelles , résidait une cour brillante et magnifique. Madame Deshoulières y fut admise, et sa heauté , ses grâces, son esprit lui atti- rèrent tous les regards. Plusieurs personnes du premier rang lui adressèrent leurs hommages : le prince de Condé

DES 107

lui-même vint déposer ses lauriers à ses pieds : ellfe ne fut jalouse que de l'estime d un tel amant. Ayant sollicité le paiement .des appointemeus de son époux, elle se rendit suspecte à la cour de Madrid. On 1 arrêta au mois de février lôj^ , et on la conduisit, comme prisonnière détat , à deux, lieues de Bruxelles , au château de "Vilvordeu : on parlait mcme de la faire périr. M. Des- houlières , a])rès avoir vainement représenté 1 injustice de ces procédés , et ses longs services qui demandaient quelques égards , se rendit secrètement avec quelques soldats affîdés à ^'ilvorden , sintroduisit dans le fort sous le prétexte d un ordre du prince de Coudé , délivra son épouse , et retourna eu France avec elle. Le roi offrait alors une amnistie : ils en profitèrent. Les divers em- plois auxquels M. Deshoulières fut nommé successive- ment , ne purent remédier au désordre que sa sortie de France avait mis dans ses affaires. Les deux époux furent obligés de se séparer de biens , en i658 ; mais Tuniou de leurs cœurs n'en fut point altérée. Madame Deshoulières fixa sa demeure à Paris , en 1674- F-He f^it en liaison avec les personnages les plus distingués de son siècle , entrautres^ avec Conrard , Pelisson , Benserade , Charpentier , Perrault , les deux Corneilles , Fléchier , Mascaron , Quinault , Ménage , la Monnoye , le comte de Bussy , les maréchaux de Yivonne et de Vauban , les ducs de la Rocliefoucault , de Montausier , de Nevers , et de Saint-Aignan. Elle fut intime amie des demoiselles de la Charce. Plusieurs poètes la célébrèreiU dans leurs vers ; on la siu-nomma la dixième Muse , la Calliope fran- çaise. On mit le quatrain suivant au bas de son por- trait , peint par Sophie Chéron , et gravé par Van- Schupen :

io8 DES

Si Corinne en beauté fut céli'bre autrefois j Si des > ers de Pindare elle effaça la gloire , Quel rang doivent tenir au temple de mémoire , Les Ters que tu vas lire, et les traits que tu vois?

Titon du Tillet Ta placée claus son Parnasse ; Voltairer lui a accordé le même honneur dans son Teinple du Goût ; et ailleurs il a écrit : « De toutes les Dames françaises rr qui ont cultivé la poésie , Madame Deshoulières est n celle qui a le pltis réussi , puisque c'est celle dont » on a retenu le plus de vers ». L Académie des Rico-' vrati de Padoue , en 1684 -, et l Acadénïie d Arles , en 1689, se firent une gloire de se l'associer. L'Académie" française lisait souvent , dans ses séances publiques , les ouvrages de Madame Deshoulières. Louis XIV la gra- tifia , en i688 , d Une pension de 2000 livres. Accoutu- mée , dès sa jeunesse , à regarder Corneille comme ini- mitable , elle se déclara contre Racine : elle fit même un sonnet contre la Phèdre de l'Euripide français. Cette con- duite rappelle le jugement que Boileau porta de Rhada- mhte , et prouve que les personnes de mérite ne sont pis dispensées de paver leur tribut à l'humanité.

Son goût pour la poésie , et son amour pour les lettres , ne lempêchèreut de remplir ni les soins de la plus tendre des mères , ni les devoirs d une épouse fi délie , ni ceux d une amie zélée et sensible. Son courage éclata dans une maladie longue et cruelle qui termina ses jours; C est au milieu de ses souffrances, qu'elle composa ses meilleurs ouvrages. En 1682 , elle fut attaquée d'un cancer au sein : elle en mourut, à Paris , le 17 février 1694.

Madame Deshoulières s'exerça dans le genre drama- tique ; inais peu satisfaite de son travail , elle se dégoûta du ihéàtre , et revint à la poésie légère. Ses amis reîi§ag,èrenî

DES 109

b faire imprimer ses ouvrages; et, cédant à leurs ins- tances, elle fit paraître , en 1688, le premier yolmne de ses œuvres. Sept ans après ( i6i)5) sa fille pulilla un second volume , que Madame Deshoulières se proposait elle - même de donner au public , quand la mort 1 en- leva à la société. Ses productions furent réimprimées ; Paris, Villette , 1707 , 2 vol. in-i.i ; 1724 , 2 vol. in-S*^. ; Paris, Yillette , 1752 , 2 vol. iu-8''\ ; 1747 , 2 vol. in-12 ; Paris, 1764 , 2 vol. in-i 2 ; Paris , an 8 , 2 vol.

lU-

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Paris, le Marchand, an 10, 3 vol. in-18. Lédition de l'an 8 est enrichie du portrait de Madame Deshoulières , gravé par Alexandre Tardieu. On trouve dans ce recueil des Jc/j'^/e* , les meilleures que nous avions dans notre langue ; des Réflexions morales qui ont beaucoup de mé- rite et pour le fond et pour le style ; des Poésies lé~ g-ères, entr autres : des Madrigaux, des Chansons, des Ballades , des EpUres , et des Rondeaux , qui annoncent beaucoup desprit et de délicatesse ; des Eglogues , qui en général sont inférieures à ses Idylles ; des Odes , plus faibles que ses Eglogues ; Genséric , roi des Kandales ^ tra- gédie , jouée sur le théâtre de 1 hôtel de Bourgogne, le 20 janvier 1680. Cette pièce eut peu de réussite, et elle ne méritait pas d en avoir. Il est à regretter, pour la gloire de Madame Deshoulières , que toutes ses poésies aient été imprimées.

Plusieurs auteurs ont répété , d'après Fréron , que

Madame Deshoulières avait pris dans les Promenades de Messire Antoine Coutel , son idylle intitulée : les Mou~ tons ; quelle ne lit qu'y changer quelques mots , quelques tours surannés , et qu elle la mit en vers libres , tandis que dans Coutel elle est en grands vers rangés par qua- trains. LaHarpe met celte idylle duuslaCouronue poctiqu«

110 DES

et pastorale de Mrdame DeshouJières , et il ne parle point de Coutel. Il parut en lyS^, une lettre adi'esséc à Fréron , dan? laquelle ou parle ainsi de ce prétendu larciu littéraire : « L^idrlle de Messire Coutel a été faite , 7) dites vous , en i64o , et celle de Madame Deshoulières 91 eu i6^4- Toilk à.e?, faits que a ous établissez , il sagit r> de les constater. Prétendriez-vous prouver la vérité du ri premier , par la date de l'impression des Promenades n de votre Messire Coutel ? Il n'y aurait rien de plus w faible que votre preuve , puisque celte date elle-même r\ nest pas vérifiée^ et qu'il n'y a rien dans voire livre rt qui puisse la notifier; le nom du libraire ne s y trouve n point : ce livre a été donné au public sans permission ; f) 1 idylle des Moutons n y est pas placée à son rang : y> elle est déslionorée par le voisinage de plusieurs pièces n en vers latins , qui me font croire , tant ils sont mau- n vais , que votre Messire Coutel n"a jamais été l'auteur ■n du morceau dont il est question ; tout concourt à me n- le faire penser : la conformité parfaite du ton de cette n idylle avec celui des poésies de Madame Deshoulières ; ri la variété des dates de votre livre j celui que vous avez « vu étant de i64o , et celui que j ai trouvé de 1649. ï^* n n'allez pas dire , que cette diversité de dates peut pro- venir de la mullipliclté des éditions de ce livre : s il fi avait été imprimé plusieurs fois , il ne serait pas rare « au point de ne pouvoir le trouver dans la bibliothèque » du roi , dans les autres qui sont publiques , ni chez n les libraires. Mon sentiment est donc que celte pièce y\ peut avoir été insérée furtivement dans les Prome- n nades de Messire Coutel , par les ennemis de Madame n Deshoulières , qui voulaient anéantir les éloges que >j Ton donnait aux ouvrages xlc cette illustre Muse ;

DES lit

w ennemis qu'elle s'était attirés , en rendant , an préjii- ri tlice (le Racine , toute la justice qui était due au nié- n rite du grand et incomparable Corneille. J ignore si r Madame Deslioulières composa en i6'y4 lidvlle des r> Moutons; j'ai cherché inutilement à m en éclaircir j •n quoique les libraires ia fixent à. ce tems , elle pourrait »i avoir été composée h\e\\ avant. Enfin, n'a-t-onpas 51 attril)ué aux Saint -Real, aux Saint- Evremond , aux. w Chaulieu , aux Pavillon , aux Vergier , aux Des- n préaux, aux La Fontaine, aux Rousseau^ aux La n Fare , aux Grécourt et aux Voltaire , quantité de n pièces qui n'étaient nullement de ces auteurs ? Ne T soyons donc point surpris de voir que Ion ail prêté n à Messire Coutel , l idylle des Moutons, dont, avec n grande confiance , je laisse toujours la possession k rt Madame Deslioulières. Le moyen que jusques à ce » jour on n'eut pas découvert ce plagiat ! Cela aurait n été possible , si Madame Deslioulières avait enveloppé » ses ouvrages des voiles de lobscurité et du silence ; rt mais le monde lettré sait que toutes les poésies de n cette Dame ont été applaudies en pleine académie... n. Quant à ceux qui soutiennent encore que Madame Deshoulières sest servie dune pièce qui appartenait à Coutel, il faut leur rappeler quelle a suivi l exemple donné par Molière , trois ans auparavant. Il avait trans- porté dans les Fourberies de Scapin , deux scènes plai- santes du Pédant joué , de sou ami Cyrano de Bergerac. Cette comédie fournit , six ans auparavant ( iGG5) , au même auteur le dénouement de l'Amour médecin. Js prends mon bien je le trouve , disait Molière ; et il appe- lait son bien tout ce qui appartenait à la bonne comé- die. Madame Deslioulières ne pouvait-elle pas en dii-e

III DES

autant à Têtard àe licTylle 7 Dailleurs peut-on reprocher , an génie cl avoir changé le cuivre en or ? Marmontel a écrit ( Elém. de Littér. ) ; « Si cehii qui a eu quelque w pensée heureuse et nouvelle , n"a pas su la rendre , ou •1 la laissée ensevelie dans un ouvrage ohscur et mé-

yi prisé ; c est un hien perdu, enfoui Celui qui sait

■n la mettre en œuvre , ne fait tort à personne : lin- n venteur mal-adroit nétait pas digne de l'avoir trou-

n vée Quiconque met dans son vrai jour, soit par

j7 l'expression , soit par 1 à-propos , une pensée qui n est

rt pas à lui, mais qui sans lui serait perdue, se la rend

propre en lui donnant un nouvel être ; car Touhli

» ressemble au néant... Les auteurs doivent subir la

n peine de leur mal-adresse et de leur incapacité , quand

n ils nont pas su tirer avantage de la rencontre heureuse

31 d un beau sujet ou dune belle pensée. Ce sont eux

n qui 1 ont dérobée à celui qui aurait du 1 avoir, puisque

51 c'est lui qui sait la rendre ; et je suis bien sûr que

le public , qui n aime qu à jouir , pensera comme moi.

» Pourquoi donc les pédans , les demi-beaux-esprits et

51 les malins critiques sont -ils plus scrupuleux et plus

•y, sévères ? Le voici : les pédans ont la vanité de faire

îi montre d érudition, en découvrant un larcin littéraire ;

n les petits esprits , en reprochant ce larcin , ont le

yi plaisir de croire humilier les grands; et les critiques

Ti dont je parle , suivent le malheureux instinct que leui^

» a donné la nature, celui de verser leur venin n. Cette

citation na pas été faite pour autoriser les plagiaires j

niais seulement pour démontrer qu il n'appartient qu'aux

génies du premier ordre de tirer des perles du fumier

dEnnius : Madame Deshoulièrcs ,. dans son genre, était

un de ces génies.

DESHOULIÈRES ,

DES ii3

DESHOULIÈRES , ( Aistoinette-Therèse de la FojV-DE-BOIS-GuÉRI>') fille de la précédente, naquit à Paris ca 1662. Elevée, pour ainsi dire, au sein même de la poésie, elle hérita en partie du talent.de sa mère. L Académie de Padoue la reçut parmi ses membres , le q février 1699. Cette société jugea que personne n'était plus digne de remplacer Madame Deslioulières. L'Académie d Arles lui fit le même honneur. Douée d'un excellent ca- ractère , elle ne fut pourtant point heureuse. Sa fortune se borna, à peu de chose près , à quelques pensions que Louis XIV lui donna en différens tems. Un amant chéri ^ M. Caze , quelle croyait épouser, fut tué au service en 1692. Elle avait chanté ses amours, et ses vers ne furent plus que l'expression de sa douleur. Quelques années après, ou voulut la marier avec M. d Audilfret» , gentil- homme provençal. Leur union fut arrêtée , mais elle ueut point lieu. Elle eut des amis illustres , et fut en relation avec les gens de lettres les plus distingués , entr autres , labbé de V^ertot , Fléchier, Mascaron et la Monnoye. La même maladie qui avait fait périr sa mère , l'attaqua de bonne heure et la conduisit au tombeau , après vingt ans de souffrances et de.douleurs , le 8 août 1718.

On lui doit des poésies qu'elle inséra dans le second vo- lume des ouvrages de Madame Deslioulières, et qu'on a conservées dans toutes les éditions postérieures. La pré- face qu'elle mit au commencement du second volume, est un nTonument qui rappelle celui que la piété filiale éleva , par les mains de Cécile Dupuis , à la tête des (Eiwres de Modeste Dapuis , sa mère. Le premier pas de Mademoiselle Deslioulières, dans la carrière poétique, fut couronné du succès le plus brillant : elle remporta , en 1G87, le prix à 1 Académie française. Le sujet était:

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Le soin que le roi prend de V éducation de sa noblesse dan$ ^es places et dans Saint-Cyr. Fontenelle avait concouru. Ses autres poésies , sans être dépourvues de mérite , sont inférieures à celles de Madame Deshoulières. Elle entre- prit un opéra de Callirhoé ; mais ayant appris que M. Roi travaillait sur le même sujet, elle Tabaudonna.

DESJARDIKS, (Dauphine du Jardin, ou) native tie Provence, vécut dans le i6^. siècle. Elle a composé des poésies françaises , entr' autres quelques Sonnets , im- primés dans les Œuvres de Joachim du Bellai.

DESJARDINS , ( Marie -CATHERiNE-HoRfENSE Desjardins, d'abord Dame de Yilledieu , ensuite Dame de la Cbatte , et enfin Dame ) naquit à Alençon vers i64o. Il est à regretter qu'elle doive à ses aventures et à ses galanteries une partie de sa célébrité. A lâge de vingt ans elle fut habiter Paris. Ayant présenté quelques jolis vers à la duchesse de Rohan , elle eut la protection de cette princesse. Parmi les soupirans qui s'attachèrent à ses pas, elle distingua Yilledieu, capitaine d infanterie. Ce jeune- homme étant marié , ne put être son époux , mais il fut son amant. C'est alors qu elle prit le nom de Madame de Villedieu. Après la mort de M. de Villedien^ elle entra dans une maison religieuse , d'ofi elle fut congédiée , dès que ses aventures furent connues. Retirée chez sa belle- sœur , Madame de Saint-Romain, elle fit la connaissance du marquis de la Chatte, dont la femme était en province : ellelépousa secrètement. Devenue veuve, elle se remaria à l'un de ses cousins nommé Desjardins ^ qui consentit à lui laisser reprendre le nom deYilledieu. Après avoir passé encore quelques années dans la société^ elle se relira dan»

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tin petit TÏllage à Clinchemare , elle mourut en octobre iG85. On voit dans ses (Enivres que Louis XIV lui accorda une ordonnance de i5oo liv. Elle fut de 1 Académie des Ricovrati de Padoue.

Ses ouvrages en vers et en prose "ont été recueillis en 1702, 10 vol. in-i2 ; 1721 , 12 vol. in-12. Quelques auteur» prétendent que les deux derniers volumes ne lui appar- tiennent pas. Comme personne ne les réclame , il n y a peut-être pas d inconvénient à les lui laisser. Ses (Eui^res contiennent: Manlius , tragi-comédie, jouée avec succès en 1662 , par les comédiens de 1 hôtel de Bourgogne, dé- diée à Mademoiselle, Paris, Gabriel Quinet, 1662, in-12. Nitetis , tragédie , mise sur la scène le 27 avril i663 , dédiée au duc de Saint-Aignan ; Paris, Gabriel Quinet, 1664, in-12. Ily a une autre pièce de ce nom , donnée par Danchet en 1725. Le Favori, tragi-comédie, repré- sentée à Versailles le i4 janvier i665 , et à Paris en juin i665, Paris, Gabriel Quinet, i665, in-12. Les Désor-' dres de l'amour; le Portrait des faiblesses humaines ; Fables, ou Histoires allégoriques , dédiées au roi ; Nouveau Recueil de Pièces galantes ; Cléonice , ou le Roman galant , à Ma- dame la duchesse de Nemours ; (Euvres mêlées ; Carmante; Alcidamie ; les Galanteries Grenadines ; les Amours des Grands Hommes ; Lisandre , nouvelle dédiée à Mademoi- selle ; les Mémoires du Sérail ; les Nouvelles Africaines ; les IHémoires de la vie de Henriette- Silvie de Molière ; Annales salantes de Grèce ; les Exilés ; les Annales galantes y le Journal amoureux ; le Prince de Condé ; Mademoiselle d'Alençon, ouvrage attribué par les uns à Madame Ville- dieu , et par les autres à Madame Murât ; Mademoiselle de Tournon ; Astérie, ou Tamerlan , nouvelle historique; V Illustre Parisienne j nouYcUe. Elle consacra sa plume

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à célébrer l'amour. Sonstyle eslvlfet léger, ses images sont animées, et elle a fait perdre^ dit Voltaire, le goût des longs romans. On désirerait quelle eût jeté un voile plus épais sur certaines peintures , et on lui reproche d avoir pris pour ses héros des hommes illustres de l'antiquité , qu elle a dépouillés du caractère que leur donne l'histoire. Ses vers sont très-inférieurs à sa prose ; cependant quel- ques auteurs ont fait l'éloge de ses Élégies.

DESPRÉS DE VALMONT , ( Madame ) a composé : Épiti'e à Bonaparte i 1799^ in-S**.

DESPREZ , ( Mademoiselle ) vivait vers l'an idoo. Elle est connue par des poésies , dont la plupart sont fort ingé- nieuses. Ses Jeux partis d'amour ., ou Questions galantes, ont le mérite d être piquans sans indécence.

DESROCHES , voyez LAYILLÉE.

DESROCHES, ( Catherine Fradonnet ) fille de Magdelelne IXeveu et de M. Desroches, naquit ù Poitiers. Les soins que sa mère prit de son éducation ne furent point inutiles, et les voeux quelle forma pour son immor- talité ne furent point trompés. Mademoiselle Desroches eut l'avantage d'clre dans son lems un des esprits les plus délicats de sa province, et peut-être de la France. Elle connaissait le latin et le grec. Aux grâces de la figure, elle réunissait les qualités du cœur^ et méritait quou lui appliquât l'un de ses vers:

Elle est plus belle aussi d'autant qu'elle est plus sage.

Cependant elle ne fut point à labri des traits de la calom- nie , pour avoir composé des vers sous les noms de Charits.

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«t de Sincéi'o. Elle avait écrit , dans YÈpître à sa Mère , qu'elle ne connaissait ces deux personnages que par ima- gination, et qu'elle avait voulu formerun parfait amoureux, comme quelques auteurs avaient représenté un roi parfait, un parfait orateur et un parfait courtisan. Mais l'envie tient-elle compte des meilleures raisons? Elle tit)uve trop de plaisir à troubler le repos des autres :

Car le repos d'autrui fait son propre malheur ,

a dit ingénieusement Mademoiselle Desroches. Plusieurs écrivains lui dédièrent leurs ouvrages. Scévole de Sainte- Marthe lui a donné ime place distinguée dans son Recueil d'éloges latins. Le père Hilarion de Coste Ta mise dans ses Eloges des femmes illustres ; Mornac, dans ses Feriœ fo~ renses; en parle comme de l'un des plus grands génies connus alors. 11 la compare à Sapho et à Sulpicie. Pierre TÀnglois de Belestat, dans ses Hyéroglyphes ^ lui adressa, ainsi qu à sa mère , le tableau deuxième , qui est celui du Phénix. La piété filiale Tempccha de faire un choix parmi les amans qui' briguèrent sa main. Elle désirait de ne pas &m'vivre à sa mère : ses soidiaits furent exaucés ; elles mou- rurentlune et l autre le même jour et de la même maladie.

On trouve ses ouvrages dans les différentes éditions in- diquées à Tarticle de Madame de Lavillée : édition de i Syç), Dialogue de vieillesse et de jeunesse , semé de traits ingé- nieux ; Dialogue de vertu et fortune ; Dialogue de la main , du pied et de bouche ; Dialogue de la pauvreté et la faim ; Dialogue d'amour , de beauté et de Physis ; Dialogue de Sincéro et de Charité ; Sonnets et Chansons de Sincéro ci Charité ; Sonnets et Chansons de Charité à Sincéro ; Réponse au dernier Sonnet de Charité; la Rose , pièce d'un stvlô gracieux ; Stances pour wie Mascarade d'Amazones ^,

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Chansons des Amazones ; à sa Quenouille ; à ses Écrits; elle les compare à Biton et Clêobis , qui traînèrent au temple d'Apollon le char de celle qui leur donna le jour ; de la Musique ; Hymne de Veau^ à la reine , mère du roi ; Imita- -tion de la mère de Salomon, ; la Femme forte , décrite pcir Salomon, pièce adressée à sa mère; VAgnodice ; Antithèse du somme et de la mort; Epitaphes de Médée , Clytemnes- tre , Lucrèce , Niohe j Tobie , tragi-comédie en un acte, avec des chœurs ; Stances au roij sur son retour de Pologne, A la suite de ces stances , on en lit deux traductions , Tune en vers grecs , par Joseph Scaliger, et l'autre en vers latins , par Sainte- Marthe. Édition de i585 , Épttre à sa mère , en faveur des femmes qui s'adonnent à l'étude ; les Vers dorés de Pythagore ; les Enigmes du même auteur ; Quatrains ; Cantique de l'heureuse Vierge ^ mère de Dieu j Second Can~ tique ; Epitre à sa mère sur sa bergerie ; Bergerie ; Epitaphes ; Chansons ; deux Dialogues en prose , le premier de Placide et Sévère , le second d Iris et Pasithée; les Fleurs ; Ré- ■ponses ; Sonnets ; la Puce. Parmi les OEuvres de Mademoi- selle Desroches, on voit encore deux Dialogues j sur les avantages que les femmes peuvent retirer de l'étude ; le Ravis- sement de ProserpinCj poëme en trois chants , traduit de Claudien. Les lettres de sa composition, puhliées avec celles de sa mère, sont au nomhre de 70. On y distingue particulièrement la i^^*^., la Sq^. , la Qçf, y et la 70^. Il parut sous son nom : Panthée, tragédie prise de Xénophon, dédiée à Tévêque de Coutances , mise en ordre par Gaie Jules Guersans ; Poitiers, les Bouchets, 1571, in-4°- Quelques auteurs attribuent cette pièce à Guersans, quoi- qu'il ait protesté que cet (Euvre n'étoit jamais sorti de son esprit ; mais d'un Jupiter du cerveau duquel la P allas de notre France V avoit fait naîti~e.

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DIE , ( la comtesse DE ) épouse de Guillaume de Poi- tiers , vécut dans le 12^. siècle. Elle aima un troubadour, nommé Rambaud d'Orange. Poe te elle-même et femme galante , elle chanta ses amours etl infidélité de Rambaud. •Ses chansons offrent du naturel et du sentiment ; elles sont quelquefois licencieuses , et très-propres à dissiper les préjugés trop favorables aux mœurs antiques. C'est bien le cas de dire avec Fontenelle : Ltes hommes de tous tes siècles ont les mêm^es penchans. Leurs dehors changent , mais le cœur ne change point , et tout l'homme est dans le cœur.

DIONIS , ( Mademoiselle ) a composé , à l'âge de dix- huit ans : l'Origine des Grâces , poome en 5 chants , Paris , 1777 , in-S''. Quoique cette production soit en prose , elle est écrite avec la mollesse et l'élégance des vers. D après sa couleur poétique , on serait tenté de croire que Made- moiselle Dionis a fait passer dans notre langue un ouvrage inédit du chantre de Théos. « Mademoiselle , lui écrivait î» Voltaire , vous avez eu la bonté de m'envoyer un livre » qui contient, à ce que je présume, lorigine de votre •n maison. Mais en ajoutant à ce bienfait la bonté de » mécrire, vous ne m avez point instruit de votre de- y< meure. Je n'ai pu même, après avoir lu votre origine, V avec tant de plaisir , trouver le nom- du libraire qui la » débite. Ainsi il in a été" impossible d avoir un moyen de » vous écrire et de vous remercier. M. de la Harpe, qui n se connaît en grâces et en- style , vient de me dire qu il r, était assez heureux pour vous connaître ^ et quil se » chargeait de mettre à vos pieds la reconnaissance de * votre très-humble et tres-obéissant serviteur, n

L'ouvrage de Mademoiselle Dionis est accompagné de

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diffërens morceaux en prose. On pourrait regarder le» Tins comme des odes anacréontiques ; et les autres , comme des idylles que Gessuer ne désavouerait pas. Ils sont tous caractérisés par la délicatesse des expressions et par la fraîcheur du coloris. La peinture et la gravure se sont réunies pour embellir ce charmant Recueil. Il est orné de six estampes^ dessinées par Cochin^ et gravées par Saint- Aubin , Simonet , Née , Masquelier , de Launay et Aliamet. L'idée de la première gravure est aussi juste qu elle est ingénieuse : Mademoiselle Dionis est représentée jouant de la lyre sur le Parnasse; T Amour est près d'elle; les Muses sont en groupe du côté opposé ; Apollon et Yénus sont placés au-dessus des Muses , et les Grâces au-dessus de 1 Amour : deux de ces dernières posent une guirlande de roses sur la tète de Mademoiselle Dionis, tandis que la troisième avance la main pour la couronner. Toutes ces divinités paraissent l'inspirer, et toutes semblent prêter une oreille attentive à ses chauts.

DODANE , vécut dans le g^. siècle. Elle épousa Ber- nard, duc de Septimanie ou de Gothie. Ses vertus et ses taleus la rendirent illustre. Elle composa pour ses enfans un Manuel d' éducation , ou Recueil d'avis dune mère à ses fils, divisé en soixante-trois chapitres. Cet ouvrage, achevé au mois de février 842 , est écrit en latin. On y trouve d'excellentes leçons de morale. Longchamps prétend que Madame Lambert a puisé dans ce monument inconnu à la plupart des gens de lettres. Dodane mourut à Uzès.

DOETE, de Troies en Champagne , vivait vers 1 an 1260. Renommée pour sa beauté et pour ses talens, elle exerça la profession de Jongleur, et chanta avec beaucoup de goût les vers de sa vcomposition.

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DORIEUXj, (Madame) religieuse, vécut dans le 17e. siècle. On a d'elle des Réflexions sur les Sept Pseaumes , vulgairement appelés de la Pénitence. .

DORQUIER , ( Madame) vécut dans le 17e. siècle. Plusieurs pièces de sa composition, imprimées dans le Triomphe de VÈglantine , par Dader , ont fait connaître son nom et ses talens pour la poésie. .

DOURLENS, (Madame IlOULlER ) du 17^. siècle, tient une place distinguée dans la Pandore de Vertron. Elle consacra sa Muse à célébrer la Famille Royale. Dans un Éloge en vers , sur les premières conquêtes du Dauphin, elle dit :

Il attaque un pays , aussi-tôt il le prend.

Que de vigueur , que de courage ! Pour louer ce coup éclatant , Chacun veut faire un long ouvrage. Pour moi je dirai simplement, Il est le fils de Louis le Grand : Qu'un autre en dise davantage.

DOURLENS, (Mademoiselle DE CHANCE) fille delà précédente , fit connaître son talent pour la poésie , par des Sonnets, des Rondeaux et àcs Bouts rimes. Parmi ses autres Pièces fugitives , on dislingue des Vers enVhonneur du duc de Saint- Aignan\ et une Requête du Secrétaire des Dames , présentée Messieurs de l' Académie royale d'Arles.

DOURXIGNÉ^ ( Mademoiselle LE Geai) de Rouen, a donné : Histoire du gouvernement des anciejines républi- ques, trad. de l'anglais, retouchée par M. Turpin, 1769, in- 12.

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DOYNT, (MARG5UERITE) née à Lyon vers le milienda i5«. siècle , eutra fort jeune dans Tordre de Saint Bruno^ et fut prieure du monastère de Poletâi , près de Lyon. Elle termina sa carrière le g février i3io.

Ses écrits , dit labbé Pernetti , respirent la plus haute spiritualité: il y a encore uq manuscrit délie dans le* archives de la Chartreuse de Lydn.

DREUILLET, (Elisabeth deMontlaur, Dame) née à Toulouse en 1 656 , s'adonna de bonne heure à l'étude des Belles-Lettres. Sa maison fut le rendez-vous des personnes les plus distinguées. Elle dut cet avantage à sa beauté et à son mérite. Après avoir perdu son épjoux, qui était président aux Requêtes du Parlement de Tou- louse , elle alla demeurer à Paris , les meilleures sociétés la recherchèrent. Madame la duchesse du Maine, pour la fixer auprès d'elle, lui donna un appartement dans son hôtel à Paris , et un autre dans son château de Sceaux. Madame Dreuillet conserva jusqu à la fin de sa vie la vivacité et lenjouement de son esprit. Elle mourut à Sceaux en juillet i^So.

Madame Dreuillet a écrit eu vers et en prose. Quel- ques-uns de ses ouvrages ont été insérés dans différens recueils ; mais la plupart n'ont point été imprimés. Ceux que 1 on connaît , font regretter que les autres n aient point été publiés. -

DRULHET, se distingua par ses taliens et ses on^ vrages. Elle était de 1 Académie des Jeux floraux de Toulouse. On trouve ses productions dans les recueils de cette société.

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DUBOCCAGE, (Marif-AnNE Lf.PAGE, Dame) née à Rouen le 11 novembre 17 10, fut élevée à Paris , au couvent de 1 Assomption. Cette femme célèbre rappelle , pour les connaissances et pour la longévité , la Muse d U- trecht, M.i's Schurmann. La renommée a gravé son nom au temple de Mémoire , à côté des Mllton , des Camocns , des Gessner, des Dupaty et des Saint-Aulaire. Les Aca- démies de Rouen , de Lyon , de Bologne , de Padoue , de Cortone , de Florence et de Rome, s'empressèrent de l'admettre au nombre de leurs membres. L" Athénée de« Arts de Paris, et T Athénée de Lyon lassocièrent à leurs travaux. Plusieurs poètes et savans de l'un et de l'autre sexe , étrangers et français , l'ont célébrée dans leurs vers ; entr" autres , A'^oltaire , la duchesse d'Arce , Maty , Barthe , Madame de Beauhamais et Foutenelle. Ce der- nier avait cent ans moins deux mois , quand il fit, pour le Jjortrait de Madame Duboccage , les vers suivaus :

Autour de ce portrait couronne' par la gloire.

Je vois voltiger les amours^ Et le temple de Gnide , et celui de Me'moire,

Se le disputeront toujours.

Dans la séance qui eut lieu pour sa réception à l'Acadé- mie des Arcades de Rome , on lut tant de morceaux à sa louange, qu il y en eut assez pour former im volume. L Académie le fit imprimer. Doriclea fut le nom quelle prit , lors de sou admission dans cette assemblée. Cette société littéraire dut à M. Pougens, lun de ses membres, la conservation tidelle des traits de Madame Duboccage , dans le portrait de cette Muse. Ce tableau avait éprouvé quelque dommage pendant la route : M. Pougens le res- taura. Le conservateur du Musée de Londres demanda

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la pennission à MaJame Duboccagc, de mettre son Bnsle dans 1 immortel sanctuaire confié k ses soins. Par-tout la gloire s'empressa de couronner son génie , et le bon- heur lui sourit dans son domestique ; elle le trouva pa»^ ticulièrement dans la société de son époux. Au talent de cultiver les lettres , Tun et l'autre joignait une grande conformité de caractère ; Paris était leur séjour ordi- naire ; et 1 étude , leur occupation principale. Son buste fut couiouné , le 3o germinal an 4 » dans la séance pu- blique du Lycée des Arts de Paris. On lisait au bas de ce buste , des vers composés par le fondateur de cette réunion de savans et d'artistes. Les voici :

Cent ans d'aussi belle existence Sont un tribut bien mérite' 5 Ce n'est qu'une bien faible avance Que le ciel lui devait sur l'Immortalité.

Dans cette même séance , son éloge fut prononcé par Demoustier. Elle a dit avec raison :

Que je suis heureasemtnt née !

car, de son vivant, elle a joui de sou immortalité. On place au rang de ses amis , Clairaut , qui voyait en elle une seconde du Chastelet ; Fouteaelle , qui l'appelait toujours sa fille , et qui passa les trente dernières années de sa vie auprès d elle ; et Mairan , qui , enchanté de légalité de son caractère , autant que de la justesse de son esprit , lui disait souvent : u Vous êtes comme une montre bien réglée , qui mardi e sans quon aper- n colve son mouvement ?i . On distingue aussi , parmi les savans et les 'gens de lettres qui successivement se rassemblèrent chez elle : Gentil - Bernard , Marivaux , Moncrif , Barthe , Helvétius , la Curne de Sainte-Palaye ,

BUB ia5

îîiirigny , Condillac , Foncemagiie , Marmoutel , Tho- îaaas , Bréquignj , Rabaut de Saiut-E tienne , Diissaulx , Bailly, Condorcel, labbé Barthélémy, Pougens , la Porte Dutheil , labbé Cambacérès , Anquetil du Perron , Lalande , etc. Ses talens lui méritèrent du gouvernement ime pension de 1800 livres. Elle mourut à Paris , au mois de thermidor an 10. Dans ses derniers momens , çlle souriait encore à ses amis et aux soins que lui don- nait son neveu, M. Duperron, qui pour elle fut le fils le plus tendre. Elle conserva , jusqu'à la fin de sa vie , Tamabilité de son caractère et les grâces de son esprit. Il semblait que son génie se ranimât à la vue des bustes de Pope , de Dryden , de Shakeaspear , de Voltaire et de Fontenelle , présens de l'estime et de Tamitié , dont elle avait orné son appartemeiit. Madame de Beauharnais , à qui elle était très-attachée, a célébré son mérite dans un écrit intitulé : A la mémoire de Madame Duhoccase.

Si Ion en juge par la date de la première produc- tion que fit paraître Madame Duboccage , elle commença à s'adonner décidément à l'étude , dans un âge il est nécessaire de remplacer la beauté qui s'échappe , par le charme et les grâces de Fesprit. Elle débuta dans la lit- térature par un poème qui remporta le premier prix qui ait été décerné par l'Académie des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Rouen. Oji l'imprima dans le Mercure en sep- tembre 1746. Il avait pour devise la lettre O, regardée par les Anciens comme Temblcme de l'étei-nilé. Le sujet fut proposé en 174^ , de la manière suivante : Fonda- tion du Prix alternatif entre les Belles - Lettres et les Sciences , par ]M. le duc de Luxembourg , gouverneur de la province de NoiTnandie , et protecteur de V Académie. Jue Paradis terrestre jfocme eu six chants, imité de Milton,

et dédié à l'Académie des Sciences , Belles - Lettres et Arts de Rouen ; Amsterdam, 1748, in-8° ; traduit en TCrs italiens par Gasparo Gozzi j Venise, i-58. LéB Temple de la Renommée , poëme traduit de Pope , en vers français ; Londres , 1749 1 in-S**. Les Amazones , tragé- die en cinq actes , jouée , pour la première fois , le 24 juillet 1749; imprimée la même année , in-S". Elle eut onze représentations. L'auteur a soutenu dans cette pièce la réputation qu'il s'était acquise. La comtesse Gozzi , habitante de Venise , voulut participer , ainsi que sou époux , à la gloire d enrichir la langue de Pétrarque , des ouvrages de Madame Duhoccage : elle traduisit en vers italiens la tragédie des Amazones , et la fit imprimer.

L'Opéra, ode; 1750, in- 12. La Colombiade ^ ou la Foi portée au Nouveau- IVlonde , poème en dix chants , dédié à Benoît XIV ; 1756, in-8°. ; trad. en vers espa- gnols par le comte Maldonado ; trad. en prose alle- mande ; Glogaw , 1762 ; trad. eu vers italiens ; Milan , Joseph Marelli , 177 1 , in-8". Cette dernière traduction fut faite pendant le voyage de Madame Duhoccage en Ita- lie , par onze académiciens Trasfonnati de Milan. En- viron deux ans après qu'elle eut donné la Colomhiade , un poète italien , Quirini , fit paraître un pocme en dix chants , composé en dix ans , et dont Colomb était le héros. Gambara et quelques autres littérateurs latins , avaient traité le même sujet avant Madame Duhoccage ; mais , en France , elle est la première qui ait embou- ché la trompette héroïque , en faveur de 1 immortel Génois qui a fait la découverte du Nouveau -Monde.

Conjuration de Walstein , traduite du français en ita- lien ; inSq. Pendant sou séjour à Rome, Madame Du- hoccage lit celte Uaductiou , pour s'exercer dans U"

DUC fxy

langue clu pays. Sitôt après son départ, le secrétaire da cardinal Passionei sempressa de la faire imprimer. Oraison funèbre du prince Eugène de Savoie, traduite da l'italien, du cardinal Passionei , 1759, in-i2. Stances sur l'Immaculée Conception de la Vierge, couronnées à Rouen , en 1768 , imprimées la même année , in-S**. ; ti^ad. en vers latins par M. Guyot. Mort d'Ahel, poème €n cinq chants , traduit de Gessner, en vers français. Lettres sur V Angleterre , la Hollande et V Italie , adressées à sa sœur Madame Duperron. On les a traduites en an- glais , 1770. Cet ouvrage , qui est à-la-fois utile et curieux, renferme en partie les annales de sa gloire. En 1764, "Voltaire lui écrivit au sujet de ces Lettres sur V Italie : « Elles sont supérieures à celles de Madame de Mon- n tague. Je connais Constantinople par elle , et Rome w par vous ; et, grâce à votre stjle , je donne la pré- 7> férence à Rome -n . C'est au retour de son voyage d'Ita- lie , qu'elle fut reçue aux Délices par le \ irgile de Ferney. Ce poète lui dit qu il manquait quelque chose à sa coiffure : il y plaça ime couronne de laurier. * Différentes Vièces fugitives , qui décèlent un talent ai- mable. Ses Œuvres ont eu plusieurs éditions; 1749» in-8°. ; Lyon, 1762 , 5 vol. in-S**. ; 17641 5 vol. in-12 j Lyon , 1770 , 3 vol. in-12.

DUCOS, (Madame) a composé : Marie de Sinclair; Paris , an 6 , I vol. in-12. Le plan de cette production est simple , et pourtant on la lit avec intérêt , avec trop d'intérêt peut-être ; car ou sait que , dans la lecture d un roman tendre et passionné , ce ne sont pas les maxime» qu il renferme qui font le plus d impression sur l espriu Le langage de 1 amour y est touchant , et sa peinture

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attendrissante. Cependant , on y trouve des réflexions très-sages. Il est écrit, comme il est conçu, sans recherche et sans affectation; seulement on désirerait de ne point y rencontrer quelques phrases qui ont peu de clarté , et qui , par-lk même , sont embarrassées ; mais trouver un ouvrage parfait i

DUDEFFAND , (Madame) mourut, dans le ï8^ siècle , à 84 ans. Sa maison était le rendez-vous des lit- térateurs les plus distingués. Elle a fait beaucoup de bruit dans le monde littéraire ; cependant ses écrits ne répon- dent point à sa réputation. On lui doit quelques poésies, Ion remarque de ia facilité, mais rarement de 1 éner- gie. Voltaire lui adressa des vers très-tlattears ; d'Alem- bert l'a louée sur son style épistolaire. Dans les (Euvres posthumes de ce dernier , on trouve une des lettres de Madame Dudeffand.

DUFOUR , ( MARIE-A.RMANDE-JEANNE GaCON , d abord Dame D'HUMIÈRE , et ensuite Dame) née à Paris en décembre lyâS , est auteur des ouvrages sui- vans : le Préjugé vaincu, ou Lettres de Madame la comtesse de. . . . et de Madame de, . . , réfugiée en Angleterre ; Paris , Royez , 1787 , 2 vol. in-12. Madame Dufour a fait ce

roman en société avec M. d'Ay Le sujet offre

beaucoup d'intérêt. L'Homme etrant , fixé par la j-ai- «o/i; Paris , Royez , 1787, 2 vol. in-12. Elle a composé cette production eu société avec un officier français. Les Dangers de la Coquetterie; Paris, Buisson , 1787 , 2 vol. in-12 ; 2^. édition, 1788. Georgeana , Paris, Petit, an 6 , 2 vol. in-12. La Femme Grenadier ; Paris , Ou- vrier , an 9 , I vol. iu-iu. On a traduit cet ouvrage en italien.

Contre

DU F 129

Cuulre le projet de Loi de S*** iïf***. , portant défense d'apprendre à lire aux Femmes ; Vo^v'is ^ Oxxyr'ier ^ an 9 ^ I vol. in-8'*. Cette réfutation honore le cœur et lesprit de Madame Dufour. Mélicerte et ZirpJiile ; Paris, Ouvrier, an 10, 2. vol. in-i2. Le Voyage de plusieurs Emigrés , et leur Hetour en France , Paris , Prieur, au 10, 9. vol. iu-i2. Les deux, vers suivans , de Sylvain Maréchal , caractérisent les ouvrages de Madame Dufour t

. . . EUe instruit en amusant , Dans des récits pleins de décence.

Madame Dufour a inséré dans la Bihliolhèque physico- écononîique , des Mémoires sur l'Economie rurale et domestique.

DUFRESNOY ou DUFRESMOY , ( Mademoiselle ) recul dans le 17". siècle. Elle prit le voile dans la con- grégation des Filles de la Croix à Paris. Lorsqu'elle se fit religieuse , ou lui adressa ces vers :

Que cette Vestale a d'appas !

Heureux celui qu'elle aime! Son bandeau ne lui messied pas ;

Il semble un diadème : Mais s'il était deux doigts plus bas ,

Ce serait l'Amour même.

L'étude des lettres occupa ses loisirs. Elle n avait point encore embrassé la vie monastique , lorsqu'elle composa des Stances sur Ihonneur fait par Louis XIV à 1 Académie Française , en acceptant la qualité de sou Protecteur , et la logeant au Louvre. Elle dit , en parlant de Louis XFV^ :

i3o D U F

Comme Hercule il combat les monstres de la terre; Leur fureur devant lui demeure sans effet j

Et si par ses fameux oracles , Le premier Apollon prédisait les miracles ,

Celui de noire tems les fait.

Le mérite de celte pièce fait regretter que Made- moiselle Dufresnoy n'en ait point publié d autres. On la trouve dans le Recueil de l'Académie Française pour l'année 1691.

DUFRESNOY , ( Madame ) est aiitenr de plusieurs poésies , insérées dans diftérens recueils. L Une de ces pièces, Intitulée : le second Amour , ou Une Veuve Mila- naise à un Français, a obtenu, enlanô, \ accessit am Lvcée des Etrangers de Paris. Ses ouvrages sont pleins de verve et de sensibilité. On lui doit encore : Courier lyrique et amusant, ou Passe-tems des Toilettes, 1786; a^. édition, 1787, in-8°. Sancta Maria , ou la Gros- sesse mystérieuse , trad. de l'anglais de Fox ; Paris , an 9 , 2 vol. in-i2. Le jeune Héritier, o\i les Apparte- mens défendus, conte traduit de l'anglais; 1800, 2 vol. in-i2. Zilia , roman pastoral. Elle a composé plu- sieurs Pièces , qui ont été reçues , à Paris , au Tliéàtrc du Yaudeviile et à celui de Feydeau.

i)UGOGE DE POMMEREUIL , (Madame ) est auteur d'un ourrage sur la Botanique.

DUHAMEL, (Mademoiselle) fille d'un célèbre avocat au Parlement de Paris, vécut dans le 17^. siècle. File cultiva avec succès les langues savantes , et elle n'étudia pas avec moins d avantage la Philosophie de Descartes.

L'ahbé Bosquillon composa des vers en sou honneur ; Ménage, dans ses OEuvres mêlées el italiennes , la placée parmi les femmes illustres. Elle est auteur de plusieurs productions en prose , parmi lesquelles on cite particu- lièrement celle qui a pour titre : la Métamorphose d'Acanthe en oranger.

DUILVMEL , (Mademoiselle) du i8« siècle, adonné en 17G5 , Agnès , divertissement en uu acte , mêlé dariettes.

DUJARDIN, ( SUSANNE Kabert , Dame) pari- sienne , de la famille des llabert , qui , au iG"*. siècle, se fit un nom dans la littérature. Peu de personnes ont réuni autant de beauté , d esprit et de vertu que Madame Dujardin. La Croix du Maine assure qu'elle avait le don de bien parler et de bien écrire. Les langues latine , ita- lienne , espagnole , grecque et hébraïque lui étaient fami- lières j les mathématiques , la philosophie et la théologie, n'eurent pour elle rien d'impénétrable. Devenue veuve à Tàge de 24 ^"^i ^^ i585 , elle consacra le reste de sa vie à 1 étude. L'amour de la solitude l'engagea à se retirer chez Jes Bénédictines de la Yille-1 Evèque près de Paris. Elle y mourut en i655 , après y avoir vécu près de ao ans.

Madame Dujardin a composé : Œuvres poétiques ; Paris , Abel Langelier , i582 , 1 vol. in- 12.

DUMÉE , (Jeanne) naquit à Paris , vers le milieu du 1^^. siècle. Mariée fort jeune, elle permit, à Tàge de 17 ans , son époux qui fut tué , en Allemagne , à la tcte dune compagnie qu il coniniandaLt. Alors elle se livra en- tièrement à l'élude , et publia : Entretiens de Copernic ,

9..

iD'2 D U M

touchant la Mobilité de la Terre; Paris, 1680 , i vol. 111-4". Elle y explique avec uetlelé les trois mouvemens qu'on donne à la Terre. Les raisons qui établissent , ou qui combattent le système de Copernic, sontexposées dans ces Entretiens avec impartialité. Cet ouvrage fut applaudi des savans.

DUMONT , (LUTEL , Dame) née à Paris dans le i8^ siècle , joignit aux charmes de la figure , les qualités de l'esprit et du cœur. Les arts et les lettres firent ses dé- lices. Elle cultiva la musique avec succès. On lui doit un Recueil de Pièces diverses en vers et en prose , parmi les- quelles on remarque des Odes traduites d Horace , des Fables et des Chansons,

DUNOYER, (Annk-Marguerite Petit, Dame) née à Nismes , vers 1 an i665, fut élevée dans le protes- tantisme. Elle se retira en Suisse et en Angleterre, pour éviter les persécutions qu'on exerça contre les par- tisans de cette secte. Rentrée en France , elle fit abju- ration , et donna sa main à M. Dunoyer. La désunion s'élant mise entre ces deux époux , Madame Dunoyer passa en Hollande , avec ses deux filles*, pour professer librement la religion qu elle avait quittée. Quelque tems après , elle fut eu Angleterre, Sa vie et ses écrits an- noncent une personne dont le caractère était bizarre. Elle mourut en 1720.

On lui doit : Lettres historiques d'une Dame de Paris à une Dame de province , 5 vol. in-12 ; 2^. édition , augmen- tée de ses Mémoires , Amsterdam, 1702 , 6 vol. in-12 ; 5®. édition , l on trouve réunis ses Lettres , ses Mémoires et les Mémoires de M. Dunoyer ; Londres , 174^ 1 6 vol.

D U P iS5

în-i2. Il en a paru plusieurs éditions en 9 vol. in-i^ ; la tleruière, est en 12 vol. in-i8; Paris, Morin. JNon-seule- ment les Mémoires de Madame Dunoyer ont été imprimé* avec ses Lettres ; mais ils 1 ont encore été séparément eu 1 vol. in-i2. Ses Lettres sont semées d'anecdotes curieuses, dont la plupart , selon plusieurs auteurs , sont fausses ou hasardées. Elle écrivait avec plus de facilité que de déli- catesse.

DUPIERY , ( Madame ) cultive avec succès les arts d'agrément et les sciences. liC célèbre Lalande fait le plus grand cas de son mérite. Il lui a dédié son Astronomie des Dame». Madame Dupiery est la première femme , a dit Lalande , qui ait professé lastronomie à Paris.

Elle a fait beaucoup de Calculs d'éclipsés , pour mieux trouver le mouvement de la lune. Différens Mémoires sur l'astronomie , imprimés dans les ouvrages de Lalande. Ou lui doit encore la rédaction d une Table alphabétique et analytique des matières contenues dans les io tomes du Sys- tème des connaissances chymiques ^ Paris , Baudouin, an 10 , I vol. in-S**..

DUPTN DE GHENONCEAUX , ( Madame ) épouse d'un fermier-général , vécut vers le milieu du i8*^. siècle. Ses contemporains la regardaient comme une personne très-spirituelle et très-érudile. ,On lui doit : Préface d'une Critique de l'Esprit des Lois, dont il n'a paru que peu d'exemplaires. Divers Ecrits de morale. Traduction de plusieurs morceaux de Pétrarque.

DUPLESSY , ( Madame la baronne ) a donné : Réper- toire des lectures faites au Musée des Dames , Paris , Cail- leau , 1 7H8 , iu-i2. Ce répertoire est aussi intéressant, ptvi'

i54 DUP

les divers objets qu'il renferme , que parla manière agréa- Lie avec laquelle ces objets sont présentés.

DUPONT, ( Mademoiselle ) a donné : Manuel de tout âge j traduit de l'anglais. Nouveau Précis de l'Histoire d'Angleterre , depuis le commencement de la Monarchie jusqu'en iyS3 , trad. de langl. ^ «785, in-ia; nouv. édit. , 1785 , in-x2.

DUPRÉ , ( Marie ) fille d'une sœur de Des-Maréts de Sainl-Sorlin , de l Académie française , naquit à Paris dans le 17e, siècle. Son oncle ayant remarqué qu elle avait un génie facile et beaucoup de mémoire , se cbargea de son éducation. Née avec le goût des sciences , elle y lit des progrès rapides , et les cultiva toute sa vie. Son attacbe- ment au système de Descartes , la fit surnommer la Carté- sienne. Elle fut en commerce d'amitié et de littérature avec plusieurs savans de son tems , entr autres avec Mademoi- selle Scudéri et avec Mademoiselle de la Vigne.

Elle écrivait très-bien en prose , et on lui doit plusieurs poésies agréables , insérées <lans les Recnells du tems. On en trouve dans les ^ ers Choisis du Père Bouliours.

DURAND , voyez BED ACIER.

DUREY , ( Mademoiselle ) a donné : Adélaïde , ou V Heureux Stratagème , pièce en trois actes et en prose , 1779, in-8''\

DUREY DE MEINIÈRES , ( Madame Bellot , depuis Madame ) publia : Réflexions d'une Provinciale sur le Dis- cours de M^ Rousseau, citoyen de Genève^ touchant l'origine

DUS t35

Jte Vlnègaltté des conditions parmi les Tiommes , nSô , in-S*^. La force et la politesse sont les armes dont Vauteur se sert pour combattre son adversaire. On regarde que, de tous les écrits qui ont paru contre le Discoiu's de Jean-Jacques, celui-ci est un des plus sensés , des mieux raisonnes et des plus raéthodiques. Obseivations sur la Noblesse et le l^iers-Etat , lySS, in-i2. Celte production occupe une place distinguée parmi celles quon a faites sur le même sujet. Mélanges de littérature anglaise , la Haye et Paris , I'jSq, 2 A'ol. in-i2. Le discernement et le goût caractéri- sent le choix de ce Recueil. On y trouve des morceaux de différens genres. Madame Durey de Meiuières traduisit de l'anglais : Histoire du prince Rasselas y par Johnson', 1760, in-i2. Ophélie , 1763^ 2. vol. in-12. Histoire de la maison de Tudor , sur le trône d'Angleterre, par Hume, 1763, 2 vol. in-4'^.i ou G vol, in-12. Histoire de Icr maison de Plantage net, sur le trône d'Angleterre, i>3Lrli.ume^ 1765, 2 vol. in-12.

DUS AULX , ( Madame ) a publié : Mémoires sur la vie de J. Dusaulx, éci'its par sa veuve , Pai-is , Didot, aa9, in -8°.

E.

ÉLÊONORE DE GUYENNE , fille de Guillaume X , «omte de Poitiers^ naquit vers Tan 1122. Les plus grand» princes de l'Europe recherchèrent sa main : elle épousa le successeur de Louis VI , en août iiSy. Celte alliance présentait de grands avantages à l40uis VIL II aurait été heureux , s'il eût connu son bonheur et 1 art d'en jouir. La nature semblait avoir épuisé tous ses dous en faveur

i56 ELE

tVÉléonore. Au rang le plus élevé, à la dot la plus riche, elle joignait les cliarmes de la figure la plus touchante. Sou esprit était péuétraut , délicat et orué. Louis le Jeune , déterminé par les prédications de Saint Bernard , partit en ii47 •( pour aller secourir les chrétiens de la Terre- Sainte. Eléonore le suivit dans ce voyage long et pénible : Elle ne voulait pas , disait-elle, demeurer exposée aux in- quiétudes d'une cruelle absence. Louis, d un esprit faible , devint jaloux de son épouse; à son retour en France , il fit casser son mariage. Ce divorce, dont les suites ont été si funestes à lélat, se prononça dans une assemblée dévê- ques, à Beaugeucy , en i i5:i. La parenté des époux en fut le prétexte. Eléonore contracta de nouveaux liens avec Henri II , duc de Normandie , comte d'Anjou , et depuis roi d Angleterre. Elle ne posséda pas long-tems le cœur de ce prince. Pour s eu venger, elle arn^ ses fils contre leur père. Henri la fit enfermer dans une étroite prison, doù. elle ne sortit qu au bout de i(5 ans. La liberté lui fut ren- due par son fils , Richard Cœur-de-Lion , successeur de Henri. Elle eut du goût pour la poésie , cultiva les sciences et honora les savans. Sur la fin de ses jours , elle se retira dans le monastère de Fontevrault, et donna a cette maison plusieurs marques de sa libéralité. Elle y luourut le 5i mars i2o5. L éloge de celte princesse se trouve dans le Nécrologe de Fontevrault. Il parut, en 1691 , un ouvrage intitulé : L'Héritière de Guyenne , ou ï Histoire d' Eléonore de Guyenne , 5 part. , Roterdam , Reinier-Léers.

Elle fit des Chartes en qualité de comtesse de Poitiers et de duchesse de Guyenne : o-n en a conservé plusieurs. Jl est aussi resté quelques-unes de ses Lettres, écrites à des souverains , et qui se trouvent daiis les Œuvres de Pierre de Blois.

ELI i57

ÉLIZABETH D'AUTRICHE, fille de l'empereur Maxî- niilien II ^ uée eu i554, épousa Charles IX, à Mézières , le 26 novembre iS^o, Elle fut 1 une des plus belles per- sonnes de son tems ; sa vertu surpassait encore sa beauté. Au milieu d'une cour alors très-corrompue ^ intrigante^ fanatique et barbare , Elizabelli conserva la simplicité de ses mœurs , la douceur, de son caractère et son esprit bien- faisant. Elle n eut que très-peu de part à tout ce qui se passa en France sous le règne tumultueux Ae Charles IX. I/affreuse nuit de la Saint-Barthélemv l'afiligea beaucoup. Elle ne fut avertie de cette scène atroce que le malin à sou réveil. Il est à regretter, pour la gloire de son époux et poitr le bonheur de la nation ^ que Charles IX ait eu beau- coup de réserve avec elle , sur ce qui regardait les affoires du gouvernement. On présume que les personnes qui étaient à la tète de létat empêchèrent le roi de donner sa confiance à son épouse , car elle eût pu déranger leurs projets. Charles IX disait, en parlant d'Elizabeth, qu'il pouvait se flatter d'avoir, dans une épouse aimable , la femme la plus sage et la plus vertueuse , non ds la France , non pas de l'Europe , mais du Monde entier. En mourant , il la recommanda avec beaucoup de tendresse à Henri IV, alors roi de Navarre. Quand Ellzabeth eut perdu son époux , elle se retira dans un monastère qu elle avait fondé à Vienne en Autriche. Elle y mourut le 22 janvier

l5()2.

On lui doit deux ouvrages : l'un , sur la Parole de Dieu ; laiitre , sur les Evènemens les plus considérables qui arrivèrent en France de son tenis. Elle envoya ces pro- ductions , en gage de son amitié, à sa belle -sœur IVIarguerlte.

i38 E N C

ENCAUSSE-BERAT , ( Madame D' ) née à Toulouse clans le i^^. siècle, remporta plusieurs fois le prix aux Jeux floraux de Toulouse. Ses pièces couronuées sont dans les Recueils de l'Académie. Vertxon lui adressât ces vers ;

C'est honorer dame CIt'mence Qui fonda, ce dit- on, les prix des Jeux floraux^ Que de les remporter sur d'illustres rivaux

Pour la prose et pouf l'eloqueucev

ENTIÈRES, (Marie d' ) née à Tournai en t556, a- écrit en français une Epître contre les Turcs , les Juifs ^ les Infidèles , les faux Chrétiens , les Anabaptistes et les Luthé-^ riens. Elle composa aussi des poésies latines. Ses vers ne manquent point de grâce.

ENTRAIGUES , (Anne Mallet de Graville, baronne D" ) fille de 1" amiral de Graville , vécut dans le i6^. siècle. Elle épousa Pierre de Balzac , seigneur d En- traigués , dont elle devint veuve vers i55o. Sans négliger les devoirs de son rang et de son sexe, elle cultiva les lettres avec succès pour son tems. Elle avait pris pour devise un instrument hydraulique , qu on nomme Chante- ■pleure ^ avec ces mots : Musas natura ^ lacrymas fortuna. Son génie et son érudition furent célébrés par ses con- temporains. A la demande de la reine Claude , pre- mière épouse de François I^'^. , elle mit en nouveau style et en rimes le roman ^Arcite et Polémon ,. tous deux amis et rivaux, tiré de la Théséïde de Boccace. Cet ouvrage n'est point imprimé ; mais on eu trouve le manuscrit à la biblio- thèque nationale»

EPI x3(j

ÉPINAY , ( Madame DE LA LiVE d' ) épouse d'un fermier-général , naquit à Valenciennes. On lui doit les Conversations d'Emilie , Leipsick , 1774 1 ^ ^^^- '■> trad. eu allemand la même année; 2®. édition, Leipsict, 177^; Paris, Humblot, 1781 , a vol. in-12; Paris, Belin, 1783, 1 vol. in-12 ; Lausanne , François Lacombe , 1784 , 2 vol. in-12. L'Académie française couronna cet ouvrage, le 16 janvier 1783, comme le plus utile qui eut i publié de- puis quelques années. Berqnin fut mis en concurrence, mais il n obtint le prix que 1 année suivante. C est pour l'éducation de sa fille que Madame d Epinay composa lea Conversations d'Emilie. L'amo\ir maternel la soutint dans cette entreprise , qu elle exécuta au milieu des souffrances les plus cruelles. Elle voudrait que 1 éducation fût divisée en trois époques principales : la première finirait à 1 âge de dix ans ; la seconde , à quatorze ou quinze ans ; la troisième durerait jusquà rétablissement de la jeune per- sonne. Son ouvrage na pour objet que la première épo- que Peut-être aurait-elle parcouru les deux antres , si sa carrière n eût point été terminée aussi promptement. La société perdit Madame d'Epiuay en 1785 , ou au commen- cement de 1784. ,

ESCLACHE, (Madame DE L) vécut dans le 17^. siècle^ Elle composa des ouvrages de philosophie , qu'elle fit pa- raître sous le nom de son époux. Mademoiselle Buffet Ta. mise dans ses Eloges des illustres savantes , tant anciennes que modernes.

ESPARBES, (Madame la comtesse D' ) est auteur d*une Èjpttrt à mon Maître, qui fut couronnée en 1779, paî* r Académie des Jeux, floraux de Toulouse. L'Epître de la

i4o ESP

comtesse cl'EsparLès a été imprimée dans le Rectieil puHié

par cette société littéraire.

ESPINASSE, ( Julie de l' ) célèbre par ses relations avec les gens de lettres les plus distingués du 18''. siècle, obtint les suffrages de ceux qui la connaissaient , par l'ex- cellence de son ton et par la justesse de son goût. Son ame était noble, tendre, douce et sensible. Elle eut des amis, et mérita dep avoir. Elle fit long-tems le bonbeur d'un bommc de mérite ( d'Alembert) , qui l'adora pendant sa vie et qui 1 aima même après sa mort. Elle embellit , elle orna de fleurs le sentier de la carrière qu il parcourut. Tout semblait les réunir : enfans de l'amour et du malbeur, ils éprouvèreiit tous deux , dès le moment de leur nais- sance, labandon et l'injustice ; et tous les deux eurent en partage les qualités du cœur et de Tesprit.- Mademoiselle de lEspinasse mourut en 1776. D'Alembert a consigné ses regrets et sa douleur dans deux morceaux en prose , qui sont marqués au coin de la sensibilité la plus profonde. Li'un est intitulé : Aux mânes de Mademoiselle de VEspinassa; 1 autre a pour titre : Sur la tom^he de Mademoiselle de l'Espinasse. Ces deux pièces se trouvent dans les (Eiivret posthumes de d'Alembert , ainsi que \e Portrait de Made- moiselle de l'Espinasse , adressé à elle-même en 1771.

On lui doit : Suite du Voyage sentimental , 2 cbapitres , insérés dans les OEuvres postliumes de d'Alembert. Made- moiselle de 1 Espinasse aimait beaucoup le Voyage senti- mental de Sterne. Elle a voulu en prendre le style et le ton; les connaisseurs assurent qu'elle y a réussi. Les faits quelle rapporte sont vrais ; ils sont relatifs en partie à la bienfaisance de Madame Geoffrin, dont elle fut l'amie.

ESP t4i

ESPTNÂSST, ( Mademoiselle D' ) morte en 1777, a tlonné au Public : Essai sur ù' éducation des Demoiselles , 1-64 1 iu-i2. Cet ouvrage est judicieux. Le style eu est clair et précis. Nouvel Abrégé de V Histoire de France , 1767, 3 Tol. iu-12. Mademoiselle d'Espiuassi a fait cet uihrégé pour l usage des jeuues personnes ; car l'étude de 1 histoire est une des parties essentielles de son plan d édu- cation. Persuadée que le développement des causes, l'ex- position des ressorts que fait mouvoir la politique , et un stjle trop étudié,, ne peuvent convenir à renfauce, elle y a substitué une manière simple et naïve.

ETIENNE , voyez LIÉBAUT.

ETOILE , ( Madame DEL) naquit à Rouen dans le 18^. siècle. On lui doit : Cantique de Moïse, ode^ ^77^1 in-8°. Xe Réveil d' Ah el , idylle , 1772 , in-8°. L'Acadé- mie de l'Immaculée Conception de Rouen couronna ces deux pièces, lune en 1770, et l'autre en 1771.

ÉVÊQUE , (Louise Cavelier, Dame L' ) née à Rouen le 23 novembre 1703 , joignit à une belle figure un esprit vif et enjoué. Elle mourut le 18 mai 1745.

Plusieurs de ses poésies, et Lélia , ou Histoire de Car" tliage , petit roman de sa composition, furent insérées dans les Amusemens du cœur et de V esprit. Elle publia aussi : Cé/e7i je j roman ; deux poèmes, V Augustin, pièce grave, le Minet , pièce comique et facétieuse ; le Siècle, roman moral. Ces trois derniers ouvrages ont été l'éanis ; Paris, 1737 , in-i2.

lia FAG

F.

FABER , ( Maflame ) a donné : l^e Droit de nature, imité du poëme allemand de M. Lichtwehr , Yverdun ,

1777.

FAGNAN, (Marie-Antoinette Marie, Dame)

née dans le 18^. siècle, a publié ; Kanor , conte traduit du sauvage Amsterdam , 1750, i vol.in-12. —Le Miroir des Princesses orientales , Paris , 1755, i vol. in-12. His-' toire et aventures de Milord Pet, conte allégorique, la Haye, 1755, in-12. Minet Bleu et Louvette , 1768, in-12. Ses Féeries eurent du succès.

FAUQUE, (Mademoiselle DE) naquit à Avignon dans le 18®. siècle. Après avoir porté pendant dix ans le voile de religieuse, elle prouva la nullité de ses voeux , rentra dans le monde , et fut demeurer à Paris. C est alors qu elle conimença à publier ses romans. On lui doit : le Triomphe de l' Amitié, \jonAves ^ 17^0, i vol. in-12. Cet ouvrage eut du succès. Les pensées dont il est enrichi sont amenées naturellement; en voici quelques-unes : «Auprès de ceux « que les préjugés aveuglent , le plus grand des crimes

« c'est d'être éclairé Nous craignons quelquefois des

ji malheurs que nous n éprouvons jamais ; et cette crainte

n en est un réel Il n est point de divinité qui nous

n soit plus chère que lespérance : nos cœurs sont ses yi autels , etnos jours ses sacrifices, n ^èassaï, histoire orientale j 1755 , 2 vol. 'in-12 ; trad. en anglais, Londres , 1759 , 2 vol. in-12. On y trouve de linvention, du feu et du coloris : ce roman est semé de réilexlons justes, fines

F A V 145

cl ingénieuses. Contes du Sérail, traduits du turc , la Haye, 17 53, i vol. in-T2. 3Iémoires de Mademoiselle d'Oran, ou les Préjugés trop bravés et trop suivis, 1755, iu-ia. Cette production est écrite avec beaucoup d'esprit. Les situations en sont touchantes et les caractères bien soutenus. Xa Dernière guerre des Bêtes, fable pour servir à 1 Histoire du dix-huitième siècle , Xiondres , 1758, 2 part. in-i2; trad. en anglais, Londres^ 17 58, in-S". Frédéric le Grand au temple de l'Immortalité , I758«, in-8'*. , traduit en anglais. Les Zélindiens.

FAVART,, (Marie-Justine-Benoite Cabaret du RONCERAY , Dame) née à Avignon le i5 juin 1727, annonça dès son enfance les talens quelle eut dans un âge plus avancé. Elle était première danseuse du roi de Polo- gne , lorsqu'en Ï744 ^^^^ débuta dans la danse à l'opéra- comique , sous le nom de Mademoiselle de Chantilly. Les succès qu'elle obtint firent soupçonner à Favart qu'elle pouvait devenir une excellente actrice. C est pour elle qu il fit le rôle de Laurence ^ dans 1 opéra des Fêtes publia ques. Quelque tems après , il devint sou é^oux. Madame Favart , alarmée des persécutions auxquelles ses charmes" pouvaient l'exposer, renonça au théâtre. Cependant, déterminée par les sollicitations de quelques amis , elle débuta aux Italiens le 5 août 1749' Son retour fut brillant. Les raisons qui lui avaient déjà fait abandonner le théâtre » l'obligèrent encore de disparaître. Ce ne fut qu'en 175-2 qu elle s'attacha décidément à son art. Les applaudisse- meus du public furent la récompense de ses travaux. Elle joignit à ses talens une ame sensible , une probitô sûre, une' générosité peu commime , une imaginaliojx riante ^ une gaîté à toute épreuve et uue philosophie douce.

144 ï'AY

Ceux qni venaient tle la A'oir charnaanle sui* la scène , la retrouvaient encore plus aimahle au sein de sa famille. Ters la fin de 1771 , elle fut attaquée dune maladie très- douloureuse. Sa patience et sou enjouement n en furent point altérés. Elle consolait elle-même son époux et ses amis ; enfin elle fit son épitaphe et la mit en musique. Un jour , après un moment de crise , les premiers mots qu elle fît entendre furent les noms de quelques indigens dont elle avait soin , et auxquels elle avait oublié d envoyer les pe- tites pensions qu elle leur faisait. La société la perdit le 21 avril 1772. On trouve son éioge dans le Calendrier his- torique et chronologique des Théâtres, pour l'année 1775, et dans le Nécrologe des hommes célèbres de France , i']']^' Elle a donné , avec Harni , les Amours de Bastien et de JBastienne , parodie de 1 opéra du Devin de village , en un ftcte , et en vaudevilles , 1755 , in-12; avec Chevalier, la Fête de l'Amour , ou Lucas et Colinette , comédie en un acte, 1754 , in-8° ; aA^ec Guérin et Harni, les Ensorcelés, ou Jeannot et Jeannette , 1737 -, in-8". ; avec Bert. . . . ^ la Fortune au village, parodie dîEglé , 1760, irt-S", j avec

li , Annette et Luhin , en un acte, 1761 , in-8".

Elle a encore travaillé à d autres pièces avec Yoisenon et son époux.

FA\RAS , ( YictoiRE-Edwige-Caroline, prin- cesse d Anlralt- Cliambourg , marquise DE) naquit vers 1759. Rejetée du sein paternel dès sa plus tendre enfance , elle fut presque toujours malheureuse. Après avoir éprouvé différentes infortunes ^ elle donna sa main au marquis de Favras. En 1776, elle gagna un procès par lequel on la dé- clai'a fille unique et légitime du prince d' Anlialt. Elle fut ar- rêtée àParis, ainsi que son époux, le 26 décembrei789.0n

les

FAY ,45

les accusa d'être les auteurs et les complices d'un complot tendant à opérer la contre-révolution. 11 y avait quatorze jours qu'ils étaient dans la prison de l'Abbaye , lorsqu'on transféra le marquis de Favras dans celle du Cbùtelet. C'est à cette séparation qu'on doit : Correspondance diù marquis et de la marquise de Fauras pendant leur détention , Paris, Gattey , IVÎJO , în-8°. de 107 pages. Il parut dans le même tems une contrefaçon de 58 pages , 1 ou trouve plusieurs lettres du contrefacteur, quil attribue au mar- quis et à la marquise de Favras. La correspondance de ces deux époux dura jusqu'au 1 8 février 1790. Ce fut le lendemain que le marquis de Favras monta ù 1 écbafaud. Les lettres de la marquise de Favras ont été dictées par. le cœur d une tendre épouse et d'une bonne mère-. Le mutuel attachement de ce couple infortuné rappelle celui de deux victimes du règne de la terreur, Camille Des- moulins et sa femme ; mais le sort de Madame Favras et celui de la vertueuse Desmoulins furent bien différens : la première obtint sa liberté , et la seconde eut au moins la consolation de ne survivre que cinq joui'i à son cher Camille.

FAYETTE , voyez LAFAYETTE.

FÉRANDIÈRE , voyez LAFÉRANDIÈRE.

FERRANT, (Bellisani^ Dame) épouse d un prési- dent au parlement de Paris , naquit avec les plus lieu-» reuses dispositions pour les sciences , et les cultiva toute sa vie. On ne connaît de cette femme de mérite , que les Lettres qu elle écrivit au baron de Breteu'il. Elles font partie d un roman intitulé : HUtoire des amours de Cléante

e46 fer

et de B élise , Amsterdam, 1700 , in-12. On les a réimpri- mées sous ce titre : Lettres galantes de Cléante et de Bélise^ la Haye, VanJol, 1710, in-12. Elle mourut au Clieiche- micli , Y ers r an 1740, âgée d'environ quatre-vingts ans.

FERRIERES , ( Madame DE ) vécut vers le commen- cement du 18^. siècle. Elle fut amie de Madame Yatry. On lui doit des CJiansons Poitevines ^ Ion trouve de la délicatesse.

FEUILLET , ( Mademoiselle ) religieuse , vécut dans le 17®. siècle. Elle s'adonna à 1 étude des langues savantes. On lui doit la traduction en français de quelques Traités de piété. Elle a composé : Sentimens Chrétiens. Concor- dance des Prophéties avec V Evangile , 1690.

FIESQUE , ( Catherine de ) mourut le 14 septem- bre i5io. Elle a composé des Dialogues.

FITE , voyez LAFITE.

FLAHAULT , voyez SOUZA.

FLASSAN, ( FlandRINE de ) surnommée Blanclie- fleur ^ provençale, vécut dans le i4*. siècle. Elle se dis- tingua par des poésies , parmi lesquelles on trouve plu- sieurs Chansons.

FLEURIEU, ( Aglae , Dame DE) épouse du conseiller d'état de ce nom^ a publié : Stella., histoire anglaise, Paris. Maradan, an 8, 4 "^'ol. in-12. Ce roman offre de Tordre dans le plan, et de Tart dans la conduite de lintri- gue. Il a pour but de prouver que le bonheur ne devient jamais le pai'tage de quiconque cherche à se lassurer par des crimes.

F L E 147

FLEURS , voyez PïSAY.

FLEURY , ( Matlame ) est auteur cle plusieurs romans, entr" autres , Je Herbert et Virgina, ou le Château de Mont" clar , 1 vol. in- 12 ; de Montalais , ou le Choix de ma Tante ^ Paris , a vol. iu-is; cle Philippe et Cléinencia , ou les Cri- mes de la Jalousie , Paris, an 10, 1 vol. in- 12 ; de la Pe- tite Maison du, Rhône, Paris , an 12 , 2 vol. in- 12.

F LINS, (Philippe, Dame de) a donné : Tablettes annuelles et chronologiques de V Histoire ancienne et moderne, po\ir Vannée 1789, iu-i2.

FLONCEL, (Jeanne-Françoise deLavau, Dame)

naquit à Paris eu 171 5. On lui doit : Les deux premiers actes de la comédie de V Avocat F^énitien , de Goldoiii , tra- duits de litalieu, 1760, in-i2. La traduction du premier acte de cette comédie a été insérée dans un Recueil inti- tulé : Génie de la littérature italienne. Elle mourut le 6 octo- bre i7t)4'

FLORE, (Jeanne) vécut dans le 16». siècle. Elle s'adonna avec succès à létude des langues savantes et des belles-lettres. On lui doit plusieurs ouvrages , entre autres , des Contes amoureux , touchant la punition que fait Vénus de ceux qui méprisent le vrai amour, Ijyon, i53a, iu-S*^. ; Paris, Poncet le Preux., i552. Ce Recueil est ex- trêmement rare. L'un de ces contes , intitulé la Belle liosemonde et le Preux Chevalier Andro , a été inséré dans le Parnasse des Dames : c'est un petit poënie , divisé en 5 livres , qui est parfaitement écrit pour le tems il a été composé.

«48 F O N

FONTAINE, voyez LAFONTAINE.

FONTAINES, ( Marie -Louise -Charlotte de

PelaRD de GlVRY, comtesse DE) fille du marquis de Givry, commandant de Metz , mourut vers lySo. Elle publia î la Comtesse de Savoie, 1726, in-ia. Ce roman a fourni à Voltaire le sujet de deux tragédies , Artemire et Tancrède. I^e chantre de Henri écrivit à la comtesse de Fontaines :

Quel dieu , charmant auteur ,

Quel dieu vous a donné ce langage enchanteur ?

La force et la délicatesse,

La simplicité , la noblesse ,

Que Fénélon seul avait joint ; Ge naturel aisé , dont Tart n'approche point ? . . .

Aménqphis , prince de Lyhie , Paris, 1728, l vol. iu-lS. Ce roman est estimé.

FORCE, voyez LAFORCE,

FORTIA , (Marie de) religieuse à Poissy , vécut dans le 16^. siècle. On lui doit la préface qui est à la tête des OEuvres de son amie, Anne du Marquest. Ce morceau a du mérite.

FOrCQUET, (Marie de Maupeou, Dame) eut pour fils le célèbre Foucquet, sur-intendant des finances. Elle fut regardée comme la mère des pauvres. On lui doit un Recueil , intitulé : Remèdes faciles et dojnesti- ques , 2 vol. in-ia. Cette illustre bienfaitrice mourut en 1681 , à 91 ans.

î: R A ï4^

FRANCE , ( Marie de ) parisienne , vécut vers le milieu du iD®. siècle. Elle a traduit de langlais les Fables d'Esope. Cette traduction est eu vers libres ; la naïveté en fait le principal caractère. On lui doit aussi plusieurs antres ouvrages anglais , qu elle a transmis dans notre langue.

FRANQUEVILLE , ( Madame DE ) vécut dans le iS^. siècle. Ses lettres à l'auteur à Emile ont été insérées dans la Correspondance originale et inédite de J. - J. Rousseau , Paris , an II.

FRESCARODE ^ ( Makie - Victoire ) native de Bordeaux, perdit, à lâge de i5 ans , son père et sa mère. Elle sentit de bonne heure que l'étude peut distraire des malheurs et suppléer aux pertes de la fortune. Douée de cette profonde sensibilité , pour laquelle le bon et le beau «ont un besoin continuel , elle cultiva les lettres avec pas- sion. Sa soeur aînée éprouva des revers. Ce fut la pre- mière amie pour laquelle elle fit usage de sa plume : elle avait alors dix-huit ans. A cette même époque , un procès- de famille^ dont on lui abandonna les soins, la mit dans le cas de faire plusieurs Mémoires. Depuis ce tems, elle a beaucoup écrit; on lui doit : Quelques pièces fugitives en prose et en vers , la plupart anonymes. Des articles insé" rés dans les Journaux étrangers. Trois Métnoires , traitant de la vente des biens nationaux , imprimés. —-'Des Ikfémoi- res J imprimés, qui ont presque tous pour objet la bienfai- sance ; de ce nombre est le suivant : Hommage aux mânes de Corneille et de Voltaire, présenté à l'Institut national. L'auteur de cet ouvrage voulut intéresser 1 Institut en fa- veur d'Adélaïde Corneille, Dame dAnjely , petite-fille

i5o ruM

du grand Corneille et filleule de Voltaire. Cette produc- tion fait réloge du cœur et de lesprit de Mademoiselle Trescarode ;

Qu'il est beau d'accueillir la vertu malheureuse!

"Voici les titres des ouvrages que renferme son porte- feuille : Les Illiislona d'une femme vertueuse , ou Lettres d'IIort^nse Saiftt-^nge , 4 '^^l. , roman dédié aux. mânes de soa père. Charles et Kictoire , ou les Quatre âges d'un bon ménage , i vol. , dédié aux mânes d'un homme de lettres. Lettres philosophiqii's sur divers sujets ^ i vol. La Femme romanesque, i vol. Abrégé, avec des notes , du voyage de la Peyrouse , i vol. Quelques No- tices sur des hommes célèbres. Plusieurs Fragmens. Pièces fugitives en prose et en vers. Les Victimes de l'in- trigue , ou l' Héroïsme dans le malheur,

rUMET.H , ( Madame DE ) a publié le roman de

Jtliss Anysie , ou le Triomphe des mœurs et des vertus , Paris , 17^8;, in-12. ^ Discours à la nation française , i'789, iu-S*^. (Euvres diverses , Genève^ 1790^ iu-12. On y remarque des pensées heureuses, celle-ci, par exemple : ■^ Si Ion voulait bien se juger soi-même, ■n on ne parlerait mal de personne, n Les ouvrages de Madame de Fumelh respirent la vertu ; mais le style en est souvent défectueux.

GAB i5i

G,

GABRIELLE DE BOURBON, vicomtesse rie Thouars, priacesse de Talmond , fille de Louis de Bourbon ^ pre- mier comte de Moutpensier^ petite-fille de Saint Louis, se rendit recommandable par sa vertu et son esprit. En juillet i485 j elle épousa le célèbre Louis de la Trimouille. Elle eut de ce mariage Charles de la Trimouille , qui fut tué en i5i5 à la bataille de Marignan. La douleur qu'elle en ressentit, termina sa carrière j le dernier novembre i5iG, au château de Thouars , en Poitou.

Elle composa plusieurs ouvrages de piété : Contempla- tion sur la Natwité et Passion de iVotre- S^i^neur Jésus^ Christ. Le Château du Saint-Esprit. Le Viateur. Instruction des jeunes fillds.

GAETAN^ (Angelique-Rose) a'puhlié, à lage de 16 ans, un pocme intitulé : Mérite des Hommes, Paris, Maradan , an 9, in-12. Cet ouvrage fait en quatre jours, dit Mademoiselle Gaétan , est composé sur les mêmes rimes que le Mérite des Femmes , de Legouvé.

GAILLARD, (Jeanne) lyonnaise, vécut dans le r6^. siècle. Elle a composé quelques Rimes , dit Dnver- dier. Le Rondeau qui reste d elle doit faire juger très- avantageusement de Son talejit pour la poésie. Il est adressé à Marot , qui lavait célébrée comme la personne la plus éloquente de son tems. Voici les quatre premiers vers du rondeau de Marot :

D'avoir le prix en science et doctrine. Bien mérita de Pisan la Christine, Durant srs jours : mais la plume dorée, D'elle serait à présent adorée , etc.

i52 G A L

Jeauue Gaillard répondit :

De m'acquitter je me IrouTC surprise D'un faible esprit , car à loi n'ai savoir Correspondant, tu le peux bien savoir, "Vu qu'en cet art plus qu'autre l'on te prise. Si j'étais tant e'ioquente et apprise, Comme tu dis , je ferais mon devoir De m'acquitler.

Si veux prier la grâce en toi comprise. Et les vertus , qui tant te font valoir , De prendre en gré l'affectueux vouloir. Dont ignorance a rompu l'entreprise De m'acquitler.

GALTEN, (Madame) de Château-Thierry^ a publié : Apologie des Dames appuyée sur l'Histoire , Paris , Didot , 1-^56, in-i2 ; Paris, Didot, 1748, in-12. On doit savoir gré à Tauteur d'avoir inséré tant de faits dans un écrit d aussi peu détendue. Le style en est pur et concis. La société perdit Madame Galieu en 17 56.

GANTELMES, (Phanette ouEstephanette des) Demoiselle provençale, tante de la célèbre Laure, vivait à Avignon 1 an i548. EUe fut de la souveraine cour des Dames de Romanin. Les poètes de son tems chantèrent ses talens et ses vertus. Elle composa dfes poésies en langue provençale.

GARNIER, (Françoise-Hubert, Dame) née à

Nogenl- le-Rotrou, dans le 16". siècle , épousa Robert Garnier, poète tragique. Elle a fait, pour le tems elle a vécu, de bons vers, dont il ne reste que deux quatrains.

GAU i53

GAUTIER , ( Marie- Jeanne ) connue sous le nom de la sœur Augustine de la Miséricorde , naquit à Paris le 25 avril 1-691. Sa figure et ses talens la firent paraître«avec avantage sur le théâtre de la comédie française , elle débuta en 1716. Elle prit à Lyon, en 1725, Thabit de Cannélite. Sa conversion lui fit d illustres amis , et ses vertus lui gagnèrent lestime et lamîtié de toutes ses com- pagnes. Dans les dernières aimées de sa vie , elle perdit la vue. Cet accident n'altéra point la gaieté de son caractère. Elle mourut dans sa communauté le g avril 1757.

Mademoiselle Gautier excellait à peindre en miniature , et elle écrivait bien en prose et en vers. A la mort de Ché- meroles , qui avait été son amant, elle adressa à lévéque de Rieux une lettre de huit pages : je n'en ai point lu de mieux écrite , a dit Duclos. Dans le premier volume du Recueil intitulé : Pièces intéressantes et peu connues , pour servira l'Histoire et à la Littérature, on trouve : Récit de la conversion de Mademoiselle Gautier , comédienne , copié sur le manuscrit original de sa maiu, l\\ pages, iu-12. A la léte de ce récit, on a placé une préface de Duclos. Made- moiselle Gautier , la veille de sa mort , envoya les vers sui- ■vans à la reine , avec laquelle elle était en correspondance :

Thérèse (i) , je t'entends ! . . . Une éternelle vie

Brise de mon exil les liens importuns :

Avec une prière offerte par Sophie ( 2 ) ,

Mon ame va voler sur Tautel des parlùms.

O reine ! ame C(;'leste et le charme du monde !

Si sur moi tes regards daignèrent s'abaisser ,

J'implore , en expirant , ta piété profonde ! , . .'

Demande mon bonheur j le ciel va t'exaucer. »

(i) Palrone des Carmélites. (3j L'un des noms de baptême de la reine.

i54 GATT

Elle employait ses momens de loisir à peindre des sujet», de dévotion , et à compt)ser des cautif^ues spirituels.

GAUTIER, (Madame) a publié : Lettres contenant plu- sieurs anecdotes dans mon voyags aux eaux de Barèa^e et qulques particularités échappées aux autres voyacreur.^ de France j Bruxelles , 1787 , in-13. Cet ouvrage est agréable et bien écrit.

GAY , ( Madame ) est auteur de Laure d'Estelle Paris , Pougens , an lo , 5 vol. in-12.

GENLIS , voyez SILLERY.

GEOFFRIN , (Madame) protectrice des gens de lettres, naquit en 1699. Elle profita de la fortune considérable que lui avait laissée son époux , pour rassembler dans sa maison et secourir les savans et les artistes. Procurer des travaux à des personnes lialiiles et igjiorées , solliciter quelquefois des hommes puissans pour réparer ou des injustices ou des mallieurs , telle était sa plus douce occupation. Elle fonda son bonheur sur sa raison , et ses plaisirs sur sa bonté. Amie des enfans , elle s intéressait à 1 innocence et k la fai- blesse de cet âge. « Je voudrais , disait-elle , qu'on fît une yi question à tous les malheureux qui vont sul)ir la mort pour n leurs crimes : Ave%~vcnis aimé les enfans ? Je suis sûre Tt qu ils répondraient que non. n Son goût naturel la por- tait à la simplicité. Elle avait fait passer le rabot sur les sculptures de son appartement. Rien en relief, était sa de- vise. Le nom de savante, que des étrangers quelquefois lui donnaient , d après sa célébrité et ses liaisons , semblait l effrayer. Elle rejetait ce nom avec respect , et avouait

GEO i55 îngétiiiment qu'elle n'en était pas digne. Une imagination vive lui inspirait une foule de mots heureux. Elle comparait son esprit à un rouleau plie qui se développe et se déroule par degré. Peut-être à ma mort , ajoutait-elle , le rouleau ne sera-t-il pas déployé tout entier, \oici quelques-unes de ses maximes : Parler de ceux qu'on aitne , fait à. l'amitié ce que la culture fait aux plantes : ce parler redouble et nour- rit le sentiment que l'on a Il y a une partie de notre

ame qui n'appartient pas au public. Dire à chaque instant dans la société tout ce que l'on pense , c'est priver l'amitié de

son droit le plus doux // ne faut pas laisser croître l' herbe

sur le chemin de l'amitié L'économie est la source de

l'indépendance et de la libéralité. Personne n'eut peut-être jamais au même degré 1 esprit convenable à chaque situa- tion. Frappée de parahsie , attachée pendant plus d un an à un lit de douleur , elle parut toujoui's aussi calme que si elle n eut pas connu d autre genre de vie. Dans cet état , elle s occupait encore d aciious de bienfaisance : car c'est la seule habitTule à laquelle il lui fut impossible de renoncer. Elle termina sa carrière à' Paris , en 1777. Il parut , cette même année , trois Eloges de Madame Geoffrin , dont les auteurs sont d Alembert , Thomas et Morellet.

GEORGEON , (HkNriette-Sopiiie ) de la Société des Belles - Lettres de Paris, associée correspondante du Lycée de Toulouse, est née à Paris le '.i()mars 1779- Douée des charmes de la fig-ire , elle a regardé que la beauté ne devait pas lui tenir heu de taleus. Elle a senti de bonne heure la justesse et mérité 1 application de ces deux vers de Laharjie :

Les arts, dont tu rerois une grâce nomelle.

Te readrout plus heureuse en te rendant plus belle.

i55 G E R

Elle a remporté nn prix de chant an Conservatoire de ïtm~ sique , à Paris. On lui doit plusieurs romances. Toici les titres de quelques-unes : Serme7z£d'amour,iausique à' Adrien.

L'heure du Bei-ger. Le Bonjour j musique dAuber.

L'Adieu , musique de Henriette Georgeon. Premier Recueil de Romances pour le forte-piano ou harpe , musique de Henriette Georgeon , an 8. Les vingt ans. A une 3Ière qui vient de perdre son fils. Le st^le de ces productions est d'une simplicité , dune naïveté aimalile et touchante. Rousseau prétend que la musique française convient à la romance. On en est convaincu , dès qu'on entend Madame Georgeon chanter les romances dont elle a fait la musique. Elle a composé de jolies Idylles en prose et des Pièces fugi- tives , encore inédiles.

GERTRUDE, religieuse, vécut dans le i3*. siècle. Elle sestfaitconnaîtreparsapiétéetpar ses ouvrages. On trouve lune de ses productions dans im livre intitulé : Dévotion au Sacré Cœur de Jésus , etc. Ses OEuvres ont été publiées par Louise Laudenot.

GETNONVILLE , (Madame de) a donné un roman, intitulé : L'Épouse rare , ondlodèle de douceur , de patience et de constance ; i ^89 , iu-i 2.

GILLOT DE BEAUCOUR, (LOUISE - Geneviève GOMEZ DE VasCONCELLES , Daine) mère de Madame de Saint - Onge , vécut dans le 17°. siècle. Son père la fit élever avec beaucoup de soin , pour réparer le» torts de la fortune. On lui doit: l'Arioste moderne ; Paris « , i685 ; idem , 1720 , 2 vol. in- 12. (^el ouvrage est une tra- duction et en méme-tems un abrégé du poëme de Roland

G I R 137

ie Furieux. Le galant Nouvelliste. Les Égaremens des Passions. Les Caprices de l'Amour. Le Courier d'Amour. Les Mémoires de Raversant. Le JSlari j.aloux. La plupart de ces romans n'ont point été imprimés sons le nom de Madame Gillot ; mais Yertron assm'e qu ell« n'en est pas moins 1 auteur.

GIRARD, (Anne) naquit à Paris dans le 18^. siècle. On lui doit des F'ers latins ^ à la Reine , sur son entrée à Paris.

GISELLE , sœur de l'empereur Cliarlemagne , fut abbesse de Chelles. Elle cultiva les sciences, et protégea les gens de lettres. De concert avec Rotrude , fille aînée de Charlemagne , elle engagea le célèbre Alcuin , à composer un Commentaire sur Saint Jean. Alcuin dédia son ouvrage k ces deux princesses. Giselle mourut vers lan 8io.

GOMEZ , ) Magdeleine - Angélique Poisson , Dame ) fille de Paul Poisson , comédien , naquit à Paris 1, le 2a novembre i684- Elle épousa Don Gabriel de Gomez, gentilliomme espagnol , peu favorisé de la fortune. Madame de Gomez trouva , dans ses ouvrages , des secours contre 1 indigence. Sa plume , plus féconde que correcte , en fit «clore un grand nombre , qui furent lus avec avidité. On lui doit: Habis, tragédie mise sur la scène en 1714 ■> impri- mée la même année , in- 12. Celte pièce eut 26 représen- tations. Elle fut reprise, le i4 mai 1702. Cléarque , tyran d'Héraclée, tragédie jouée le 26 novembre 1717 , imprimée la même année, iu-12, eut quatre représeuia- tions. Les Journées amusantes ; 1725 et suiv. , 8 vol. XU-12; Paris, 1728, 8 vol. ia-ia ; trad. en italien , Venise,

i58 GO M

i'j58, iii-12; trad. en allemand, Berlin, 17G1 , în-S*. Celte production a été insérée, eu 177O1 dans la Biblio- thèque universelle des Romans. Histoire secrets de la Conqucte de Grenade, iy23 ^ in- 12; Paris, 1729,111-12. (Eiivres mêlées, Paris, 1724, in- 12. Elles contiennent des Épîtres , des Rondeaux , des Madrigaux , des Chan- sons, des Stances, des Bouquets, des Acrostiches , un Ballet en trois actes , intitidé : les Epreuves y nue Nouvelle améri- caine en prose ; des Lettres ; des Tragédies, savoir : Hahis ; Sémiramis,\ouée le i^r. février 17 16, et qui eut trois repré- sentations ; Cléarque, tyran d' Héraclée ; Marsidie , reine des Cimhres , mise sur la scène en 17 16. Lettre sur le Poème de Clovis de Saint - Didier , Paris, 1726, in- 12. Les Anecdotes Persanes , Paris, i7'-i7 , 2 vol. in- 12. Crémen- tine , reine de Sanga , histoire indienne; Paris, 1727; la Hâve, i"4<^'> 2 vol. in-12. Le Triomphe de l'Éloquence, 1700, in-12. C'est un plaidoyer, tel qu on en fait dans les maisons d'éducation , 1 éloquence , la poésie , la philo- sophie et l'histoire se disputent à 1 envi la préférence. Entretiens nocturnes de Mercure et de la Renommée , 1751, Jii_i2. Les Cent Nouvelles nouvelles, Paris, 1752 et suiv. , 18 vol. iu-i2 ; trad. en allemand , Tienne , 1737, 10 vol. in-8". Cet ouvrage a eu plusieurs éditions. Il a été imprimé en \'^-Ç) dans la Bibliothèque miiverselle des Romans : c est une des meilleures produc lions de Madame de Gomez. La jeune Alcidiane , Paris , 1753 , 5 vol. in-12. La nou- velle Mer des Histoires, Paris , 1 755 , 2 vol. in-i 2. His- toire d'Osman , 1"^. du nom, dis-neuvième empereur des Turcs, Paris, 17041 2 vol. in-12. Histoire du comte d'Oxfort, Paris , 1757 , in-12. La belle Assemblée , con- tenant un recueil de t^neXiines Aventures , Irad. de l anglais , 1750 , 4 '^ol. in- 12. Histoire d'Eustache de Saint-Pieire,

GON i59

au siège de Calais, 1765 , in- 12. Madame Goraez se retira, <laiis un âge avaucé , à Saiut-Germain-en-Laye , elle mourut eu 1770.

GONZAGUE, (Henriette de Clèves , ducLesse DE NeVEKS , Dame DE) fille et héritière de François de Clèves , duc de Nevers , épouse de Louis de Gonzague , prince de Mautoue , vécut dans le 16®. siècle. Elle se rendit recommandable par son esprit et sou savoir. En i584 •, elle Iraduisit de l'italien ^ VAminte, non imprimée. Elle est le premier auteur qui ait enrichi la langue française de cette pastorale.

GORSE , voyez LAGORSE.

GOUGES , voyez AUBRY.

GOUGELET, (Madame) a publié: Petit Abrégé de l'Histoire sainte , de l'Histoire romaine , de la Fable , et de l'Histoire de France: 1785, in-i2. Cet ouvrage est Utile pour I instruction des enfaus.

GOURNAI , voyez LEJARS.

GRAFIGNY, (Françoise dIssembourg-dHap- PONCOURT, Dame DE ) née à Nancy en 16941 épousa Fran- çois Huguet de Grafîgny , chambellan du duc de Lorraine. Cette union ne fut point heureuse. Son épou^i était d un caractère violent et emporté ; elle se vit obligée de sen faire séparer juridiquemeat.

Après la mor? de ses enians et de leur père , elle se ren- dit , en 1 740 , à Paris , son mérite ne larda point à être connu. Les qualités de son cœur et de son esprit lui firent des amis illustres. L'empereur et l impératrice - reiue de

x(5o GRA

Hongrie et de Bohème avaient pour elle une estime parti- culière , et la gratifièrent de plusieurs présens. L Académie de Florence se lassocia. On trouve, dans le Cours de Lit- térature de Lahai'pe , lanecdoie suivante : « Le cinquième acte d"Oreste , que Voltaire avait trop fidèlement imité 9> du grec , fut mal reçu par le public de Paris : C est pour- ri |tant Sophocle , disait lauteur à Madame de Grafigny ; n elle lui répondit , en parodiant un vers des Femmes » Savantes :

Excusez-nous, Monsieur, nous ne sommes pas Grecs.

>i Elle avait raison. Quand on fait de» tragédies en France « « il faut les faire pour, des Français , et Yoltaire le sentit ; tt car il refit un autre cinquième acte n . Madame de Gra- figny mourut à Paris le 1 2 décembre i ■- 58.

Une société de gens de lettres engagea Madame de Gra- fignv à leur fournir quelques pièces pour le Recueil de ces Messieurs , Amsterdam , 1745 •> in- 12. Elle leiu* donna une nouvelle espagnole , intitulée : Le mauvais exemple produit autant de vertus que de vices. Ce roman déplut à quelques- ims des associés. Madame de Grafigny , blessée des cri- tiques que sa production essuj a , résolut d y répondre par un ouvrage meilleur que le premier. EUe composa les Lettres d'une Péruvienne , 1747 ? ï749 •> in- 12 ; 1752 , 2 vol. in- 12 ; traduit en italien par Deodati , 1739 , 2 vol. in- 12 ; Irad. en anglais par Robert ; Londres , Cadell , 1775. La traduction en italien de Deodati a été imprimée plusieurs fois. L édition de 1797 est ornée du portrait de Madame de Grafigny , gravé par Gaucher. Peu de romans sont aussi agréables que les Lettres Péruviennes. Leur auteur ajouta à ga gloire , en publiant Cénie , comédie en cinq actes et en prose •, Paris., Cailleau, J75i,iu-ri. Cette pièce, Jouée

pour

GRA i6i

pour la première fois le a5 Juin 1750, eut i4 représenta- tions , et 1 1 à la reprise rpii eut lieu le 18 novembre de la même aauée. Elle a été mise eu vers par de Long-champs, et traduite en italien. Hugues Blair , en parlant de la Co- médie sérieuse ou touclianle , n a point oublié de mettre Cénie au nombre de celles C|ivi en France ont du mérite et de la réputation. Rousseau lui-même , ( lieltre à d Vlem- bert) rend hommage aux talens de Madame de Grafigny. On lui doit encore la Fille d'udristide^ comédie eu cinq actes et en prose , représentée pour la première fois le '2g avril 1758; Paris, Duchesne , 1759, in-12. Cette pièce, dédiée à 1 impératrice -reine de Hongrie et de Bohème, est dans le genre de Cénie , sans en avoir le mérite. On y reconnaît cependant le style gracieux de lauteur. Azor , féerie en un acte. Œuvres posthumes, contenant Ziman, et Zenise , suivi de Phaza , comédies en un acte et eu prose ; Amsterdam , 1770, in-12. Ces deux pièces furent représentées à \ienne par les enfans de lempereur. Ma- dame de Grafigny adressa les vers sulvaus au chevalier d Arcq , en lui envoyant une écriloire :

Chassé honleusement du temple de mémoire ,

Un écri% ain bas et jaloux , Sur le bureau du dieu qui rédige l'histoire , En s'en allant , dit-on , vola cette écritoire :

Si c'est un lait , elle est à vous.

GRANDCHAMP, (Sopiiif.) dun mérite qui n'est guère connu que des savans , fait tour-à-tour , en faveur de quel- ques femmes , des cours gratuits d astronomie , de gram- maire générale , et de littérature. Les progrès de ses élèves , sur-tout ea astronomie , ont été remarqués par plusieurs maîtres de pensions , et leiu- ont fait naître lidé«

iG'A GRA

d engager Madame Cirandchamp à publier ses Leçons. Sa. modeslie s y est toujours opposée. Intime amie de Madame Roland , épouse du ministre de 1 intérieur, elle lui a donné des preuves de 1 amitié la plus tendre et la plus courageuse.

Madame Grandchamp a publié : aperçu de l'état de» 31ceurs et des Opinions dans la République^, française , vers la fin du iS'^. siècle , irad. de 1 anglais d Kélène Maria "Wil- liams ; Paris , an g , 2 vol. in-8°. On retrouve dans cette traduction , les beautés de 1 original. Elle est auteur de plu- sieurs ouvrages qui n ont point été imprimés sous son nom^ «t de quelques autres qui sont encore inédits.

GRAVILLE, voyez ENTRAIGUES.

GUENABD , ( Madame ) est auteur des ouvrages sui- vans : la IStalédiction paternelle , ou la Perfidie d'une belle- mère , bistoire véritable des raalbeurs d Hurtado et de Mi- rando, 2^. édit. Paris, Durosiers, an g , 2vol. in-i8. ^ ^Mémoires Jiisloriques de Marie-Thérèse-Louise de Carignan, princesse de Lamhalle , Paris, au 9 , 4 vol. in-12. Cette production est intéressante. Irma ou les 3Ialheurs d'une jeune Orpheline^ bistoire indienne, avec des romances, Paris , 1801 , 4 "*^ol. in-13. Blanche de Ranci, ou His- toire de deux Français dans les déserts et chez les Sauvages , Paris, an 10 , 2 vol. in-12. Ce roman est écrit avec sim- plicité et abandon. On y trouve des détails curieux, sur les mœurs et les usages de quelques babitans de l'Afrique. L'Enfant du Prieuré , ou la Chanoimsse de Metz , Paris, Snrosne, an 10, 2 vol. in-12. Histoire de Mad. Elisabeth de France, sœur de Louis XVI, Paris, an 10 , 5 v. in-12. Le Captif de Valence , ou les derniers momens de Pie VI , Paris, Lepetit, an 10, a vol. in-12. Vie du duc d*

GUE iG3

Penthièvre , Paris, Dcsjarclins , an lO , 2 Toi. în-12. Mémoires cl' Afhénaïle , Paris , Ch. Poiigens , ani i , 4 vol. 'ixi-i'i. Laurs et Hsrmanca , ou les J^ictiines ch la cour de 5avoiV, fait historique , Paris, DujardÎQ, au 12 , 5 vol. in- 12.

GUERCHOIS, voyez LEGUERCIIOIS.

GUÉRlOT-SA.INT-MARTrxV, (Ff.LTCITÉ) née ea Champagne le i8 mai 1767 , a piiMié : La Paix , Paris , au 10, in-8''. De l'Éclacation et du Bonheur des Femmes, Paris , Ducauroy , an 10, i vol. in-12. Mémoires de Itlistriss Robinson , célèbre actrice de Londres , trad. de l'anglais, Paris, Ouvrier, an 10, i vol. in-8*'. Les ou- vrages de Mademoiselle Guériot font l'éloge de son esprit et de son cfieur. Elle a composé en société avec M. Avcd de Loizerolles , Bilivore , comédie en trois actes et en vers. Celte pièce n'est point encore imprimée.

GUESNERIE , voyez LAGUESNERIE.

GUIBERT , ( Madame ) née à Versailles le ai mars 1725, pensionnaire du roi , a donné d'elle-même le por- trait suivant :

Vive jusqu'à Tctoarderie, Folle dans mes discours, mais sage en mes écrits,

Ils sont presque toujours remplis

Par des traits de philosophie. Sensible pour Tinstant , mais facile à changer, J'oublie ," et quelquefois on peut me croire ingrate 5 Je cherche mVclairer ; je crois ce qui me flatte j Je fuis les envieux, sans vouloir m'en venger j Mon esprit est solide, et mon cœur est léger. Air gai, peau blanche, œil noir, et grandeur ordinaire 5 Mes traits sont chiffonnés j ma taille est régulière.

II . .

i64 GUI

Madame Guibert publia : Poésies et (Euvras dwersss , Amsterdam, 17O41 in-8"^; On trouve dans ce recueil la Coquette corrigée , tragédie en un acte ; Le Rendez-vous , comédie en un acte et en vers ; Les Triumvirs , tragédie représentée le 5 juin 1764 ; des Épîtres , des Poèmes , des vers de société, etc. Le SoTnm,eil d' Am,ynthe , Amster- dam, 1768, in-8*^. Les Filles à marier, comédie en tm acte , envers, Amsterdam, 1768, in-8^. Pensées détachées, Bruxelles, 1770, in- 13. Les PJiiléniens , ou le Patriotisme , poème qui a concouru pour le prix de l'Académie française en 1775, Paris, Jjcsclapart, in-8^. Beaucoup de pièces dans lAlmanacli des Muses. Les ouvrages de Madame Guibert sont marqués au coin de la facilité et de Tesprit.

GUICHARD , ( Élèonore ) fille d'un receveur des tailles de Normandie , réunissait aux attraits de la figure, les grâces de lesprit. C'est pour elle que Bernis composa la chanson qui commence par ces mots :

Le connais-tu, ma chère Elèonore? etc.

Mademoiselle Guicliard mourut ù Paris , en 1 7 4 7 , à làgc de 28 ans.

Elle est auteur des Mémoires de Cécile, 1751 , 4 vol. in- 12 ; trad. en allemand, Glogaw, 1761 , in-8*'^. Cet ouvrage a du mérite. Mademoiselle Guicliard a fait plusieurs Chansons qui n'ont point été imprimées.

GUILLAIN , ( Mademoiselle DE ) est auteur d'une nouvelle intitulée : Hàbis. Cet ouvrage a fourni à Madame de Gomez le sujet d'une tragédie.

G 17 T i6S

GUILIiAUME, (Jacquette) du 17'. siècle, est une des femmes qui ont porté trop loin Taniour de leur sexe. Elle a marché sur les traces d'une Vénitienne , Lucrèce Marinelli , auteur d'un ouvrages elle soutient que , pour le mérite, les femmes sont supérieures aux hommes. On doit à Jacquette Guillaume : les Dames illustres , par bonnes et fortes raisons il se prouve que le sexe fémi-' nin surpasse en toutes sortes de genres le sexe masculin ^ Paris , i665 , \q.~i'x. Cette production , mêlée de prose et de vers , est dédiée à Mademoiselle d Alençon. On trouve dans cet ouvrage le portrait pseudonyme de quelques femmes célèbres ; les conférences catholiques de la reine Christine , pour répondre aux objections des ministres ; et un Eloge de Mademoiselle Schurmann. On attribue à Jacquette Guillaume une autre production , la Femme généreuse , i65o. Mademoiselle Buffet a donné à Jacquette Guillaume une place dans ses Eloges des illustre» savantes tant anciennes que nioderaes.

GTJIIiLAUME , (Marie-Anne ) vécut à Paris dans le l'y», siècle. Elle est auteur dun discours intitulé : Que le Sexe féminin vaut mieux que le masculin, tGG8, 1 vol. in- 12,

GIJILTjET , ( Pernette du ) contemporaine de Louise Labé , naquit à Lyon. Aux charmes de la (Igui'e , elle unissait lesprit et les qualités du cœur. Elle était très- habile dans la musique vocale et instrumentale. L'italien et l'espagnol lui étaient familiers , et elle était avancée dans la connaissance de la langue latine , lorsqu'une mort prématurée l'enleva à la tleur de son dge , dans la ville Lyon, le 17 juillet i545.

Ses poésies furent recueillies par son époux , qui le;»

i66 G U ï

remit à Antoine du Moulin. Celui-ci les publia sous ce titre : les Rithmes et I-'oésies de gentile et vertueuse Dame Perneite du Guillet , Lyon, i545, iu-8". Paris , i546,in- 12; Lyon, i553, in-S". Ces productions ont du mérite pour le tems elles ont été composées.

GUILLOIS, ( EULALIE ROUCHER, Dame) fille du poëte Roucher , décapité en 1 an 2 , naquit le 7 décembre 1776. Son père cultiva de bonne lieure les beureuses dis- positions quelle avait pour les lettres et les sciences. Lélève a mérité de la part du maître ces deux, vers, qui font partie d un morceau de poésie que Tauteur des Mois adresse à sa chère enfant :

Ma fille , cncor dans Tàge d'innocence , Par ses progrès devançait mes de'sirs.

La peinture, la botanique , le latin, l'italien et l anglais occupèrent tour-à-tour ses loisirs. A dix -huit ans, elle appréciait Cicéron , lisait le Tasse et traduisait Prior. Ses taleus et sa piété filiale adoucirent les malheurs de son père , avec lequel elle eut un commerce épistolaire pendant qu il fut en détention. Cette correspondance a été publiée sous ce titre : Consolations de ma captivité , ou Correspondance de Roucher, Paris , an 6 , 2 vol. iu-S". Les Lettres de Madame Guillois offrent de lesprit , de la déli- catesse et du sentiment. Cette moderne Antigone mérite l'application de ces vers de Ducis :

Oui, tu s"ras toujours chez la racenouTclIe, De l'amour filial le plus parfait niodilcj Tant qu'il existera des pères njalheiircux , Ton nom consolateur sera sacré 2'our eux..

GUY 167

frUYON, (JEANNF.-MARIK BOUVIERE DE laMothe-)

liée à Montargis le i5 avril 1648 , épousa en 1666 le fils de 1 entrepreneur du Canal de Briare. Devenue veuve à 25 ans, avec de la beauté, de la fortune et un esprit fait pour le monde , elle s'entêta du Quiétisme Un voyage qu'elle fit à Paris , lui dolhia le moyen de se lier avec d'Arenthon , évêque de Genève. Les grands sentiuiens de pl«'té de Madame Guyon engagèrent ce prélat à 1 appeler dans son diocèse pour établir à Gex une communauté , et pour travailler à la conversion des proteslans. Elle s'y rendit en 1681 , après avoir abandonné tous ses biens à ses enfans et ne s être réservé qu une modique pension. 11 y avait alors dans cette contrée un Barnabite savoyard , Eommé la Combe, dont la dévotion allait pour ainsi dire jusqu'au délire. Devenu le directeur de Madame Guyon , il lui communiqua toutes ses rêveries. Ces deux, entbou- siastes prècbèrent , cbez les Ursuliues de Gex., le renon- cement entier à soi-même , une indifférence totale pour la vie ou la mort, etc. L'évéque de Genève , instruit du progrès que ces deux apôtres faisaient dans leur nouTfeau système, cessa de les favoriser. Ils passèrent à Tbonon , puis à Turin , de Turin à Grenoble, de Grenoble à Verceil, et enfin à Paris. Par-tout ils firent des prosélitcs. Les jeûnes , les courses , les cbagrins , acbevèrent d affaiblir leur cerveau. Madame Guvon se qualifiait du titre de fon- datrice d'une nouvelle Eglise; elle se mêla même de pro- pbéliser. ©n 1 enferma , en 1688, par ordre du roi, dans le couvent de la Visitation de la rue St.-Anloine à Paris. JNladame de Miramlon s'employa pour elle auprès de ÎVÎadarae de Mainlenon , et lui fit rendre la liberté. EUe parut à Versailles et à St.-Cvr. Les ducliesscs de Cbarost, de Clievreuse , de BauyilUer*;, de Morlemart , de Béiluine ,

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touchées cle sa piété et de l oiicilon de son éloquence , la regardèrent comrae une sainte, faite pour amener le ciel sur la terre. Labbé de Fénélon , alors précepteur des enfans de France, forma avec elle un commerce d amitié et de spiritualité, inspiré et conduit par la A'ertu. XJn rap- port d'humeurs, une s\mpallpe invincible, un je ne sais quoi de touchant et délevé dans le caractère de lun et de 1 autre , donnèrent lieu à cette liaison. Madame Ouyon svire et ficre de sou illustre disciple , se servit de lui pour donner de la vogue à ses idées mystiques ; elle les répandit sur-tout dans la maison de St.-Cyr. L évèque de Chartres , Godet-Desmarèts , s'éleva contre la nouvelle doctrine. Madame Guyon crut dissiper Vorage qui se formait, en confiant tous ses écrits à Bossuet. Ce prélat , celui de Châ- lons , depuis cardinal de Noailles , l'abbé Tronçon , supé- rieur de St.-Sulpice , et Fénélon assemblés à Issy, dres- sèrent 34 articles , par lesquels ils voulaient proscrire les maximes pernicieuses de la fausse spiritualité , et mettre à couvert les saines maximes de la véritable. Madame Guyon, reti4;ée à Meaux , souscrivit aux 54 articles , et promit de ne plus dogmatiser. On laccusa de ne pas tenir parole. La cour fatiguée des plaintes qu'on portait contre elle , lea- Toya d'abord an château de Vincennes , ensuite chez les filles de St. -Thomas à Yaugirard , et enfin à la Bastille. Elle en sortit en 1 702 , après que le Saint-Siège eut terminé la dispute de Fénélon et de Bossuet sur le Quiétisme. Depuis elle mena une vie retirée , et vécut dan* un entier oubli. Elle mourut à Blois , le 9 juin 1717.

Madame Guyon est auteur de plusieurs ouvrages. Les principaux sont : /es Moyens de faire oraison , Paris, 1687, I vol. in-8°. Cantique des Cantiques , Lyon,, 1688, i vol. îii-8'\ Discours Chrétiens^ 1 vol. JJ Ancien et le Nouveau

GUY 169

Testament , avec des explications et des réflexions , 10 vol. iu-8". Opuscules spirituels , Cologne , de la Pierre , 1704 •, I vol. in- 12. Lettres chrétiennes et spirituelles sur la vie intérieure j Cologne , de la Pierre , i 7 1 7 , 4 v. in-i 2. Sa Vie écrite par elle-même , Cologne , de la Pierre , 1720, 5 vol. in- 12. Celte production est la moins commune de toutes celles que Madame Guyon a composées. Poésies et Cantiques spirituels , sur divers sujets qui regar- dent la vie intérieure ^ Cologne , de la Pierre, 1722, 4 vol. iu-S*^. On remarque dans ces écrits , de 1 imagination , da feu , des extravagances et un style emphatique.

Sa conduite et ses ouvrages fVireut très-souvent atta- qués. Ses mœurs étaient pures ; l'abbé de laBlettewe a écrit trois Lettres fort estimées , dans lesquelles il justifie Madame Guyon des impostures que ses ennemis avaient inventées pour noircir sa vertu. Quant à ses ouvrages , voici un extrait du testament quelle fit au moment de mourir : « Je dois à la vérité , et pour ma justification , » protester avec serment qu'on a rendu de faux témoi- » gnages contre moi , ajoutant à mes écrits , me faisant n dire et penser ce à quoi je n avois jamais pensé , et dont « j'étois infiniment éloignée ; qu'on a contrefait mon « écriture diverses fois ; qu'on a joint la calomnie à la r> fausseté , me faisant des interrogatoires captieux , ne n voulant point écrire ce qui me justifiait, et ajoutant à n mes réponses ; mettant ce que je ne disais pas , suppri- ji mant les faits véritables. Je ne dis rien des autres choses , n parce que je pardonne tout , et de tout mon cœur n,

GUYTON-MORVEAU, (Madame Picardet, depuis Madame) a traduit du suédois différens ouvrages de chy- Wiie , ealr'autrcs : Mémoires de chymie de Schêele, tirés des

Mémoires de TAcaclémie des sciences de Stockolm , Paris , 1785 , ^ vol. in- 12. On lui doit aussi : Traité des caractère* extérieurs des fossiles , traduit de 1 allemand de Weruer^j 1 790 , in-St^. Lorsque Madame Guvton-lNIorveaii a publié cette production , les savaas étrangers avaient déjà adopté les principes de ce minéralogiste ; mais , en France , l illustre professeur Werner était à peine connu.

H.

HABERT , voyez DL JARDIN.

HArT*POULT, (MadameREAUFORT, depuis Madame) a publié : Zilia , roman pastoral avec romances , 17^)6 , iu-S". Plusieurs morceaux de poésies , insérés dans la Décade philosophique et dans les jihnanachs des Muses. Ses vers sont cliarmans , le doux abandon du sentiment les anime ; ils rappellent le ton gracieux sur lequel

Amour dictait les Acrs que soupirait ïibulîe.

Elle a fourni quelques articles à la Bibliothèque Française.

HÉBIDIE vécut à Bayeux, dans le 5«. siècle. Elle s'a- donna à 1 étude de 1 Écriture-Sainte. Le désir de s instruire l'engagea d écrire à Saint Jér«>me , pour lui proposer douze questions sur des passages importans du Nouveau -Tes- tament.

HECQUET , ( Bladame ) publia : Histoire d'une jeune fille sauvage , trouvée dans les bois à l'âge de dix ans , Paris , 1755 , in- 12. Cette jeune fdle fut prise au mois de septem- bre 1731 , dans le bois de Sougi ., près Chùlous en

HEE 171

CHampagne. Le style de l'ouvrage de IMadame llecquel , à quelques négligences près , est remarquable par sa précision et sa pureté.

HÉERE, ( Madame DE ) vécut vers le milieu du i8«. siècle. Fille de Madame d Aidnoy 1 elle hérita en partie de 1 esprit de sa mère. Elle composa , pour 1 amusement de sa société , plusieurs petits ouvrages , parmi lesquels on dis- tingue : la Tulipe, reine des fleurs , et les Qualités d'un bon cœur. Elle adressa ces deux pièces à la présidente de Bre- tonvilliers. Madame de Héere écrivait agréablement en vers et en prose.

HELISENNE DE CRENNE , ( Madame ) naquit en Pi- cardie dans le 16^. siècle. Elle est auteur des ouvrages sui- vans : Aiigoisses douloureuses qui procèdent d'amour, divisé en trois parties , figures en bois , Paris , Janot , 1 558 , in-S". ; 1^. édit. Paris , Denis Jauot , iu-40. , fig. ; "5" . édition in-8°. , sans indication de lieu et sans date , fig. Epîtres familières et Epîtres invectives , Paris , Denis Janot , i jDg « in- 12. Les quatre premiers livres de l' Enéide., traduits en français, Denis Janot, i54i , in-fol. Cet ouvrage est dédié à François I^^, \\ parait que c est plutôt une imitation quune traduction : car elle y ajouta , dit Yerdier , beaucoup de phrases. Discours sur l'Amour, Paris , Denis Janot, i544' ^^^ (Euvres , savoir : Angoisses douloureuses qui procèdent d'amour^ Epitres familières et invectives ; Songe , Paris, Charles Langelier , i544; ^^^ édit., donnée par Claude Colet ; Paris , Etienne Groulleau , i j6o , in- 16. Le Songe de Scipion , par Cicéron , donna à Madame Heliseune 1 idée de composer le sien.

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HÉLOÎSE ou LOUISE , lut célèbre par sa beauté , ses taleus et ses malheurs. L'étendue de ses lumières la fit ap- peler Héloïse , du mot Hcloï ^ qui sigmCie Dit^iniié. Orphe- line de bonne heure , elle dut son éducation à son oncle Fulbert , chanoine de la cathédrale de Paris. Dès làge de dix-sept ans, elle savait parfaitement l hébreu, le grec et le latin. Fulbert , qui voulait que sa nièce fut aussi intéres- sante par son esprit , qu'elle l'était par sa figure , lui donna pour maître de philosophie le savant Abeilard. Le voir et 1 aLinep fut pour elle la même chose. On connaît la suite de cette liaison , son mariage avec Abeilanl , et la catastrophe qui la sépara de cet époux chéri. Elle se fit religieuse à 22 ans. dans le couvent dArgenteuil. La régulai'itc de sa conduite Yy fit nommer prieure avant 1 Age de 28 ans^. L'ambitieux Suger ne respecta pas lasvle dlléloise. Pour accroître et embellir le monastère de Saint-Denis , dont il était abbé , il sappuya de quelques vieux titres du ■y^. siècle . par lesquels il pré- tendit que Saint-Denis avait des droits à dArgenteuil. Pour arriver plus sûrement à son but , il accusa les religieuses d excès scandaleux. Héloïse , obligée de sortir de son cou- vent, en 1 129, se relira au Paraclet , dont Abeilard était ic fondateur. Huit ou dix de ses compagnes ly suivirent. D'une voix imanhne , elle fut élue supérieure de cette nou- velle maison. Innocent II lui donna le titre d abbesse. La renommée étendit tellement sa réputation , que Saint Ber- nard vint lui rendre visite. Ils eurent une discussion , qui donna à Saint Bernard une grande idée de l'érudition et de la modestie d Héloïse. Elle perdit , en 1 142 , Abeilard , dont les cendres furent portées au Paraclet. La mort enleva Hé- loïse à i âge de 65 ans , le 17 mai 1 165. On l'inhuma dans le tombeau de son cher Abeilard. Les aventures de ces deux. époux ont fom'ui à Ouys , de l'Académie de Marseille , la

H EL 175

Sujet d'une pièce dramatique en 5 actes et envers , îulitulce : Héloïse et Ahsilard. Leur liistoire a été composée par Dora Gervaise , ancien abbé de la Trape , Paris , Musier et Barois , 1720, 2 vol. in- 1 a. On doit un ^Z^r^»-^ de leur vie à Cbarles Cailleau , 1770 , iu-12. De TAulnaje a placé une biographie très-étendue d Abeilard et d Héloïse , à la tête de la belle édition que Foiwnier jeune a publiée des lettres de ces deux amaus; Paris , 1796, in-4°. Leurs infor- tunes ont été écrites et cbanlées dans toutes les langues.

Il est resté d Héloïse trois Lettres latines , adressées à son époux.. Elle les lui envoya du Paraclet. D Amboise les a mises au jour avec celles d Abeilard, 1616, in-4°. On y trouve Ibistoire d' Abeilard et d Héloïse, avec des notes d'André Duchesne. Ijeurs lettres parurent à Londres, 1618, in-8°. Dom Gervaise les publia en latin et eu français , avec des notes historiques , Paris , Musier, 1723 , 2 vol. iu-12. Ces lettres ont été traduites ou imitées par différens au- teurs. Chez les Anglais , on cite Joseph Berington et Pope; chez les Français , on nomme Bussy Rabulin, Beauchamps, Cailleau ., Saurin , G. Dourxigné , Feutry, Mercier , Dorât, Colai'deau , etc. Les lettres d Héloïse , au jugement des sa- vans , sont admirables par la pureté de la diction et l'élé- gance du style. Elles sout pleines de feu et d imagination.

Ses malheurs et son attachement pour Abeilard rendront sa mémoire toujours chèi-e aux âmes sensibles , et ses ta- lens la feront toujours regarder par les littérateurs comme une personne d un très-grand mérite. ]Sée dans un siècle remarquable par 1 ignorance, elle eut un génie qui l'aurait fait paraître un personnage éclatant daijs les plus beaux joui's du siècle de Louis XIY. Ce qui s'est passé de mémo- rable sous les règnes de Louis le Gros et de Louis le Jeune est presque oublié , tandis que les infortunes d Héloïse sont

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connues cle tout le monde. Celle longue célébrité est un sur garanl que son nom ne s'effacera pas dans les fastes de la postérilé.

HENRIETTE ANNE D'ANGLETERRE , fille de Charles I^r, et d Henriette Marie de France , naquit à Exester le 1 6 juin iG44- Son père était aloi's occupé à combatlre ses sujels rebelles. Quinze jofirs après sa naissance , sa mère sa \it obligée de fuir, et la jeune princesse resta prisonnière. Au bout de deux ans , délivrée de sa captivité , par l'adresse de sa gouvernante , elle vint en France , elle fut élevée par sa mère. Henriette épousa , le 5i mars iGGi , Philippe, duc d Orléans , frère unique de Louis IX IV. Le roi , qui se plaisait beaucoup dans sa société , lui donnait souvent des fêtes et lui adressait des vers. Cette bonne intelligence ne fut pas inutile à 1 état. Les intérêts de la France demandaient une alliance avec les Anglais contre les Hollandais. On chargea Henriette de cette négociation importante. Forte du pouvoir que donnent 1 esprit le plus insinuant et le cœur le plus tendre , elle part et se rend auprès de son frère Charles II qui laimait beaucoup. Elle vit Charles à Cantor- bery , et revint avec la gloire du succès le plus complet. A peine eut-elle le tems d en jouir ; elle mourut subitement à Saint-Cloud, en 1670. Objet des regrets de la nalion , elle eut Bossuet pour son panégyriste , et elle en était digne.

La bonté , la douceur , la générosité et la bienfaisance étaient lapanage dHenrielle. A toutes ces qualités, elle joignit beau.conp d esprit et un jugement fin et solide. Ija preuve la plus sensilde qu elle en ait donnée , est la protec- tion qu elle accorda au bon La Fontaine. Elle sut apprécier ses talens , tandis que Louis XIV, dont les bienfaits allèrent chercher le mérite môme chez ses ennemis , méconnut le génie du fablier français.

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HÉRITIER DE YILL\NDON , ( Marif-Jfannf. l' )

fille de 1 Héritier, poète tragique, sœur de Mademoiselle Nouvellon , qui se distiugiia par sou esprit et ses conuais- sances , uièce de Perrault, de l'Académie française , uaquit à Paris en octobre i6G4- Elle fut couronnée plusieurs fois par 1 Académie des Jeux, floraux de Toulouse. Cette société se 1 associa eu 1696. L année suivante, 1 Académie des 72ï- courati de Padoue 1 admit au nombre de ses membres. Les Ulercures de son tems ont souvent retenti de ses éloges. Aux talens , eUe joignit des mœurs douces et beaucoup de modestie. Elle fut 1 amie intime de Mademoiselle de Scudéri. Cbauvelin , ministre d état , lui donna, en 1728, une pen- sion de quatre cents livres. Elle mourut à Paris en février 1734- Le portrait de Mademoiselle iHéritier , gravé par Desrocliers , est très-ressemblant.

Elle est auteur des ouvrages suivans : QLuvres mêlées y en prose et eu vers , Paris , i6()8 , i vol. iu-i 2. L'Apo~ tJiéose de Mademoiselle de Scudéri, en vers et en prose, Pai'i» , 1702, I A'ol. in- 12. La Tour ténébreuse , ou His- toire de Richard L"' , roi d'Angleterre , surnommé Cœur de Liion ^ conte anglais, Paris, 1705, i vol. in-12. La Pompe Dauphine , en prose et en vers , 171 1 , in-12. Le Tombeau du duc de Bourgogne , 1 7 1 2 , iu-4°. Les Caprices^ du Destin, Paris, 17 18, i vol. in-12. IVaduction de» Épitres héroïques d'Ovide , en vers et en prose , Paris , 1752 , I vol. in-12. Le Triomphe de Madame Deshoulières , reçue dixième Muse au P amasse , en vers. L' Avare puni ^ nouvelle en vers.

IlERVART, (Madame D' ) vécut dans le 17^ siècle. La protection qu'elle accorda au bon La Fontaine lui donne des di'oits à la reconnaissance nationale. C est à la mort de

InQ HEU

Madame La Sablière , qu elle lui oflVlt ses services. J'ai appris, dit-elle, le malheur qui vous est arrivé , et je visns vous proposer de loger chez moi. Ty allai», répondit La Fontaine. Ce mot renferme tout 1 éloge qu'on pourrait faire de Madame d Hervart.

HEUZÉ , ( ^Madame D" ) a publié : Natalie de Bello- zane ^ i vol. iu-i2. La conduite de ce roman est excel- lente , et la morale en est bonne. Rosamire , nouvelle insérée dans la Bibliothèque des Romans , 5^. année , an 1 1.

HOSPITAL , (Louise de l') fille aînée de François de 1 Hospital , seigneur de Yitry et de Couberl , se distin- gua dans le lô'^. siècle , par ses vertus , par son esprit , et par son goût pour la poésie. Sur la fia de ses jours , elle fit mie fondation qui atteste sa bienfaisance et sa sensibilité. Cet établissement était eu faveur des prisonniers et de ceux qui sont condamnés à la mort. Elle en confia 1 exécution à la maison de Sorbonue.

Louise de l Hospital composa des Méditations sur la Vie de la Magdeleine. Elle fit aussi des vers sur la Mort de Catherine de Rohan , duchesse des Deux-Ponts.

HOSPITAL, (Marie -Charlotte de Romilley

DE LA CheSNELAYE, Marquise DE L') vécut dans le 17e. siècle. Elle épousa Guillaume-François-Antoine de l Hospi- tal, et partagea avec lui les soins quil se donna pour la perfection de la géoiuétrie. Elle s attacha à létude de l'al- gèbre , et y fij; en peu de tems de si grands progrès, quelle fut en état de présider à l impressiou de 1 Analyse des infi- niment petits , durant un long voyage de son époux. On rapporte même qu elle « ferma la bouche à. un professeur

ff» de

HOU 177

»» de malhémaliques , M. de la IMontre , qui occupait la n chaire de Ranius au CoUége-Royal, en lui faisant voir les n paralogisines qu il avait faits , en A'oulant démontrer , par de faux principes , la 47'^- proposition du premier livre n d'Euclidc". Elle nest pas la seide Dame de sa famille qui se soit distinguée par 1 élévation du génie et 1 amour des sciences. Sa trisaïeule maternelle , Jacqueline de Mouthel , épouse de l'amiral Coligny , se i-endit célèbre sur la fin du 16". siècle, par ses qualités émineutes et par la force de sou esprit.

HOUDIN , ( Madame G. ) est auteur d'un ouvrage inti- tulé : Moins vrai que vraisemblable^ ou la Forêt de Sercotte, Paris , an 10, 2 vol. in- 12.

ÏIUBEUT , voyez GARNIER.

HUBER.T , (Marie) naquit à Genève en 1694. La re- traite fit ses délices, la philosophie et la théologie furent son occupation ordinaire. Elle mourut à Lyon le i5 juin 1755.

On lui doit: Le Monde fou préféré au Monde sage. 1731, 1755, 1744 1 iii-i2. -^ Le Système des Théologiens anciens et modernes concilié, etc. , sur V état des amss séparées des corps: ï^5i , 1753, 1759, trad. en anglais et eu allemand. Cet ouvrage ne se trouve plus. Suita du Système sur V état des 'âmes , etc. , servant de réponse à la Réfutation du pro- fesseur Ruchat; 1733 , 1739, in- 12. -^—Lettres sur la Reli- gion essentielle à l'homme; 1738, 1739, 1754, 1756. Ou trouve , daus ces deux, dernières éditions , les Œuvres posthumes de Mademoiselle Huhert. Ce sont diverses pièces qui servent de supplément aux. Lettres sur la Reli- gion essentielle à Vhomme. Voici le précis que Yoltaire

178 HUS

donne de cet ouvrage : u La religion essenlielle à riiomnie « doit être de tous les tems , de tous les lieux , et de tous n les esprits. Tout ce qui est uiystère est au-dessus de n 1 liouime , et n'est pas fiait pour lui ; la pratique des vertus n ne peut avoir aucun rapport avec le dogme. La religion n essenlielle à Thomme est dans ce quou doit faire, et non n dans ce qu on ne peut comprendre. L'intolérance est à n la religion essentielle , ce que la barbarie est à riiuma- n nité , la cruauté à la douceur 71. Ce système doit paraître beau aux yeux du vrai pbilosophe. Réduction du Sp^cia- teur Anglais en six parties , i^-S^ , iu-12. I^es ouvrages de Mademoiselle Hubert lui donnèrent de la célébrité. On lui reprocbe seulement de ne savoir pas quelquefois dévelop- per ses idées , et leur donner cet éclat lumineux qui dissipe l'obscurité de lamélapliysique.

HUS , (Mad^jne) actrice, vécut dans le 18^. siècle. Elle est auteur de Plutiis rival de l'Amour , comédie en un acte et en prose , représentée au Tliéâtre Italien en lySô, im- primée en 1759.

I.

ISAURE , (Clémence) issue dlsaure Torsin , un des premiers comtes de Toulouse , vécut vers la fin du 14**. siècle, ou vers le commencement du iS*^. Après avoir perdu une grande partie de sa fortune, elle en employâtes restes à lencoiu'agement des arts et particulièrement à la restaura lion des lettres. Elle leur donna une nouvelle vie en léguant à Ibôtel-de-ville de Toulouse des fonds pour les prix que \ Académie de cette cité distribuait tous les ans. Ces prix étaient une violette d or , une églantine d'argent ,

1 T I 179

et un souci du jnérne métal. Les capitouls et les habilaas de Toulouse lui crlgèreiit , au milieu du iG*^. siècle , une statue de marbre blauc. Ce monument de leur reconnais- sance fut mis Siir son tombeau. En i3j'] , on plaça cette statue dans une des salles de riiôtel-de-ville , et on la cou- ronnait de (leurs , toiis les ans , le 5 de mai , joiir de la dis- tribution des prix; tous les ans aussi, on récitait en Ibon- neur dlsaure, une oraison latine. Plusieurs auteurs de mérite ont fait son éloge , entr autres , le Franc de Pom- pignau.

ITIER, (Mademoiselle) vécut au commencement du i8«. siècle. Elle se fit connaître avantageusement par des vers sur la prise d Ath et de Barcelone. L éloge de Made- moiselle Itier se trouve dans 1 un des Mercures de sontems.

J.

JARDINS , voyez DESJARDINS.

JAUCOURT , (Madame DE) est connue par quelques poésies légères dun goût délicat. On en trouve dans lAl- raanach des Muses de Vannée 1791.

JEANNE D ALBRET , reine de Navarre., fille de Henri II d Albret, roi de Navarre , et de INIarguerite de Yalois , sœur de François I'''^. , naquit 1 an 1 55 1 . Elle épousa , le 20 octobre i548, Antoine de Bourbon , duc de \end6ine, et donna le jour à Henri IV le i5 décembre 1 555 Ses prin- cipaux, titres à la gloire sont d avoir été amie des sciences , protectrice des savans , et savante elle-même. Le jjape avait enlevé, par une bulle, le royaume de Navarre à Henri II d Albret. Cet attentat religieux fit abandonner à

12. .

i8o JE A

Jeanne d'Albret la religion calboliqne. Elle posséda toute» les qualités qui caractérisent les grands politiques. Austère dans ses principes de vertu , elle ne protégea que les poètes et les savaus , qui joignaient au talent d écrire , les qualités qui font 1 honnête homme et le bon citoyen. Le célèbre Dumoulins avant été mis à la Conciergerie , ne dut son élargissement qu aux sollicitations de Jeanne d'Albret. Les différentes occupations de cette princesse ne 1 empêchèrent point de s adonner aux ouvrages qui sont ordinaires aux Dames. On raconte qr.e les ministres de sa religion lui avaient pennis , lorsqu'elle allait aux prêches , de travailler en broderie , ou en tapisserie , pour 1 empêcher de dormir; mais au milieu de cette occupation , son attention était si forte , et sa mémoire si fidelle , qu au sortir du prêche , elle était en état de rapporter mot à mot le discoui\s qu elle venait d'entendre. Elle eut le bonheur de ne point voir laffreuse journée de la Saint-Barthélemi. Une mort subite 1 enleva , le g juin 1572. On composa pour elle un grand nombre d'épitaphes en vers et en prose.

u Son esprit était agréable et cultivé ; elle parlait la plu- « part des langues modernes ( entr autres 1 espagnol ) , 71 savait assez bien le grec , et possédait le latin ; elle écri- n vail le français en vers et en prose avec autant de facilité >i que d énergie ; et, comme Montagne , elle était capable de créer des idées vraies et fortes qui n appartenaient »» qu à elle 1 . {Histoire de la maison de Bourbon , tom. 4. )

Les Œu-vTes de Joachim Didjellay offrent quelques vers de cette femme célèbre , tels que deux sonnets elle répond aux louanges que ce poète lui avait données. Celui qui commence par ces mots: de leurs grands faits ^ etc. , est fort ingénieux. Dreux-du-Radier , dans sou livre inti- tulé : Récréations historiques , etc. , cile une Chanson , qui

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pent, dît-il, servir à réformer bien des bévues dans les his- toriens français , sur les amours de la maréchale de Saint- André , de la belle Limeuil et du prince de Condé. On trouve, dans le 5®. volume du Parnasse des Dames , un impromptu qu" elle fit en voyant l'imprimerie du savant Robert Etienne. Il y a plusieurs de ses poésies qid sont restées manuscrites. Elle a composé diverses lettres , que Prosper Marchand a rassemblées à la lin de son Diction- naire critique.

JEANNE , reine de France et de Navarre , fille unique et héritière de Henri I'^''. , roi de Navai-re , naquit en 127 i. A rage de i5 ans , elle fut mariée à Philippe dit le Bel. Elle orna son siècle par 1 éclat de ses vertus , par son grand courage et par sou goût pour les sciences. En 1297, le comte de Bar étant venu fondre en Champagne , Jeanne y accourut à la tète d une petite armée. Par l'habileté de ses manœuvres , elle réduisit le comte à se rendre prisonnier de guerre. Elle mourut à Yincennes le 2 avril i3o4-

Jeanne se rendit recommandable dans la république des lettres , par la protection qu elle accorda aux savans , et par la fondation du collège de Navarre. Le succès que cet établissement a obtenu, pendant plusieurs siècles, en a prouvé l'utilité.

JOHANNET ( Madame) a publié : Eugénie et Rosalbe , ou les Suites de l' Inoonséquence ; Paris , Ouvrier , an 10 , 2 vol. in-i2.

JOLI VEAU , (Marie - Magdeleine - Nicole- Alexandrins Gehier, Dame) membre de la Société des Belles-Lellres de Paris et de 1 Athénée des iU*ts, est

i82 JON

née à Bar-sur-Aube , le i6 novembre i^Sô. On lui tloît : Fabien nouvelles en vers, divisées eu six livres , suivies de quelques poésies ; Paris, au lo, in- 12. Parmi les pièces fugitives qui sout à la fin de ce recueil , il en est qu elle a traduites de Métastase : ou y lit aussi la traduction en ita- lien de quatre de ses Fal)Ies , par Séraphin Maft'ei, parent du célèbre auteur de la Mérope italienne. Les apologues de Madame Joliveau ofïrent du naturel., des traits beiireux, et une facilité qui ne lutte pas toujours assez contre les obstacles. M. Besson a fait le quatrain suivant pour le por- trait de celte Muse , gravé par Chrétien :

L'abandon de ses vers et leur douce harmonie , De son ame céleste exprinieni la candeur :

Fe'nclon lui légua son cœur ,

El La I ontainc son génie.

Madame Joliveau a , dans son porte-feuille , des Idylles 3 des Fables^ et \x.\\ P oëme pastoral eu deux chants. Plusieurs de ces fables , et ce poème , ont été lus dans quelques Sociétés littéraires , et ont obtenu des éloges mérités.

JONCOUX, (Françoise -Margueuite de) fille d'un gentilhomme d Auvergne , et de Geneviève Doduu , femme savante, naquit en 1660. Elle hérita du goût de sa mère pour les lettres. Ou lui doit la traduction des notes de picole (caché sous le nom de Wendrock) sur les Provin- ciales. Cette version a été imprimée eu 4 vol. in-12. Llle a composé en société avec Jean Louail : Histoire abrégée du Jansénisme, et Remarques sur V Ordonnance de monsei- gneur l'Archevêque de Paris, in- 12. Mademoiselle Jou- coux mourut le 27 septembre i^iS.

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JOSSENAY , ( Madame ) est auteur de Sancerre et Adèle , ou le Mari coupable^ suivi de la Femme désabusée , au lo, 2 vol. ia-i2.

JUILLI DE THOMASSIN , (Mademoiselle) dArc en Barrois , vécut dans le 18**. siècle. Dès sa jeunesse, elle s'adonna à Ictude des belles-lettres. Elle soumit au juge- ment du public les preuves de ses succès , en insérant plu- sieurs de ses productions dans le recueil des Œuvres de son frère.

JULIEN, (Marie-Louise- Angélique Lemire, Dame) s adonna avec succès à 1 étude des hautes sciences , et principalement des mathématiques. On lui doit : le Qua- dricide , ou Paralogisme prouvé dans la Quadrature du Cercle de M. de Causans ; 1^55 , in-4°.

JULIEN, (Mademoiselle) a donné : Histoire des Dieux j ou Histoire poétique ^ 1785, 2 vol. in-12. Cet ouvrage n'est point composé de morceaux détachés et dénués diutérêt ; c est un tableau suivi et animé de tout ce que 1 antiquité nous offre sur la Mythologie. L'utile y est joint à l'agréable. Le stvle de cette Histoire des Dieux, a de la pompe et de l'harmonie : Mademoiselle Julien a pensé qiie, pour écrire un ouvrage dont les poètes ont fait tous l«:,o rirais , elle devait se rapprocher de leur manière d'écrire.

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R.

KERALIO , (Marie-Fra.nçoise-Abeille, Dame DE ) naquit en Brelague. On lui doit : les Fables de Gay ^ traduites de 1 anglais , 1759, in-12; Amsterdam, 1764, in-8°. Elle a rendu son original avec fidélité et avec élé- gance. — Poème sur l'Eventail de Gay , traduit de 1 anglais. On pourrait comparer cette jolie bagatelle à la Boucla de cheveux enlevée. Le sujet en est gracieux et délicat.

K-ERALIO , voyez ROBERT.

KERNILIEN, (Madame DE) joint à beaucoup d'esprit et de connaissances , une grande modestie. Son porte- feuille renferme plusieurs ouvrages , entr autres : les cinq Rêveries d'une Femme sensible et sans prétention, 1 vol. in- 18. L'Homme de deux ans. Réflexions politiques et philosophiques.

KOURZROCK , ( Madame DE) cîianoinesse à Soest en Yestplialie , membre de T Académie des Arcades , sous le nom d Elbanie, est née en Allemagne vers le milieu du iS**. siècle. Elle a passé les premières années de sa jeunesse à Reims. On lui doit: la Messiade de Klopstoch , poème en 20 cbants , traduit en français ; Paris , Cb. Pougens , an 9 , 5 vol. in-8". Elle a extrait de ce poème 1 épisode d'Abadoua, quelle a mis en vers français , et qu elle a fait imi)rimer , in-80. Le portrait de Madame Kourzrock a été gravé par Chrétien.

LAB i85

L.

LABÉ , voyez PERRIN.

LABOUREYS , (Madame DE) a composé : Métamor' phases da la Religieuse , 17G8, 2 parties in-12. Cet ouvrage est écrit faiblement ; mais il peut amuser par les aven- tures singulières qu il renferme.

LAFAYETTE , ( Marie-Magdeleine Pioche de

LaverGNE, Comtesse de) née en i655 , épousa , en i655 , François , comte de Lafavette. Ménage et le P. Rapin lui enseignèrent la langue latine. Après trois mois de leçons , elle concilia ses maîtres sur un passage difficile. On connaît quelques-unes de ses maximes , qui seraient dignes de Larochefoucault , son ami ; celle-ci ^ par exem- ple : M Celui qui se met au-dessus des autres , quelqu' esprit n qu'il ait , se met au-dessous de son esprit « . Elle compa- raît les mauvais traducteurs avec un valet sans esprit , qui , porteur d'un message intéressant , répète de travers ce que son maître la chargé de dire. Son hôtel était le rendez- vous des personnes les plus célèbres de son tems , entr an- tres , ïluet, Ménage , Lafonlaine et Segrais. Ce dernier , en quittant la maison de Mademoiselle de Montpensier , trouva chez Madame Lafayelte une retraite honorable. Cette illustre bienfaitrice des gens de lettres , mourut au VlXo'is de mai 1695.

On lui doit : Zaïde , histoii'e espagnole ; Paris , Claude Barbin, 1670 , 2 vol. iu-12. On trouve à la tête de celte édition une lettre de Iluet sur l'origine des romans. Cette production a été réimprimée plusieiu's fois. Elle a fourni à Bret le sujet, le caractère et plusieurs scènes de sa comédie

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du Jaloux. U Amour maître de langues , par Fuzelier , est également emprunté de Zaïde. La Princesse de Clèves , 2 vol. in-i2. Cet ouvrage a eu plusieurs éditions. Boursault donna , eu 1678, la Princesse de Clèves, tra- gédie aussi médiocre que le roman est agréable. On lit « dans le Siècle de Louis XIF^ : u La Princesse de Clèves et »» Zaïde furent les premiers romans 1 on vit les mœurs « des honnêtes gens , et des aventures naturelles , décrites T avec grâce. Avant elle , on écrivait d'un style em- »> poidé des choses peu vraisemblables n. Yoltaire a dit encore , dans son Temple du Goût : u Segrais voulut n un jour entrer dans le sanctuaire en récitant ce vers de » Despréaux ,

Que Segrais dans TÉglogue en charme les forêts.

Mais la crilique avant lu, par malheur pour lui , quelques r> pages de son Enéide en vers français , le renvoya assez ji durement , et laissa venir à sa place Madame Lafayette , n qui avait mis sous le nom de Segrais le roman aimablie 71 de Zaïde et celui de la Princesse de Clèves n . La Princesse de Montpensier , in-12. Cet ouvrage est digne des précédens. Histoire d'Henriette d'Angleterre , Ams- terdam, 1720, I vol. in-i2. On y voit les portraits des principaux personnages de la cour de Louis XIT. M-é" moires de la Cour de France , pour les années 1688 et 1689, Amsterdam, 1751 , i vol. in-12 ; réimprimés avec \ Histoire d'Henriette d'Angleterre j sous ce titre : Œuvres diverses de JMadame Lafayette , Berne , Ï7791 2 vol. in-12. Les Mémoires de la Cour de France ne sont, pour ainsi dire , que des fragmens de ceux qu elle composa. Ils s'égarèrent , par la facilité avec laquelle 1 abbé Lafayette communiquait les manuscrits de son illustre mère. Ce qui

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reste de cette production est semé de portraits l)ien frappes et dauecdotes curieuses. Ses OEuvres ont été rasseaiblées en 8 vol. in- 12; Paris, 1786. Les observations de Delan- dine, sur sa vie et ses ouvrages, sont à lî^lcle de ce recueil. Le génie de 1 invention et la délicatesse des pensées carac- térisent les écrits de Madame Lafayette. Le style en est- naturel, élégant et correct. Sa belle ame sest peinte dans ses ouvrages ; tout y respire la morale la plus pure et la vertu la plus aimable.

LAFÉRANDIÈRE , (Marie - Amable Petiteau , Dame de) née à Tours en 1756 , épousa en 1736 Louis- Antoine Rousseau de Latérandière , capitaine au régiment de Champagne. L amour maternel lui révéla le secret du talent quelle avait pour la poésie. Son premier essai fut une jolie cbanson pour sa fille, alors âgée de dix ans. Une personne de sa société prit copie de cette pièce de vers , et la fit insérer dans le ^Mercure. On adressa , à cette occa- sion , un joli quatrain au nouvel auteur ; Madame Laféran- dicre y répondit : c e.^t ainsi quelle s'engagea dan^ la car- rière littéraire. Dorât s empressa d enricliir le Journal des Dames des poésies de Madame Laférandière , et Sautereau en orna TAlmanach des Muses. Parmi les productions charmantes échappées à sa plume , on distingue particu- lièrement ses Fables. Elle en a fait plus de cent. Plusieurs sont encore inédites. Elles sont marquées au coin de la facilité , du naturel et de la délicatesse. Ses poésies , eu général , sont caractérisées par la sensibilité , une douce philosophie et un style correct. On y trouve de ces vers heureux , qui se gravent aisément dans la mémoire ; ceux- ci , par exemple :

Ah ! faisons le bonheur des autres , Nous jouirons dans tous les tems.

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Et ce début d'une autre pièce , intitulée : Plus d'illusion ':

Eh quoi ! tout fuit dans le viçil âge;

Tout fuit jusqu'à l'illusion î Ah ! la nature aurait été plus sage, De la garder pour Tarrière-saison.

La postérité mettra Madame Laférandière au premier rang des femmes qui ont cultivé la poésie.

LAFITE, ( Madame DE ) a publié : .Histoire de la Con- version du Comte de Struenzée , traduite de lallemand de Manter ; "775 , in-S». Entretiens , Drames et Contes moraux , à lusage des Enfans; 2^. édition, 1^85, i vol. in-i2 ; 4®' édition , an g , i vol. in-i2. a vol. iu-S". Cet ouvrage est dédié à la reine de la Grande-Bretagne. Réponses à démêler, ou Essai d'une Manière d'exercer l'attention j Lausanne, 1791, in- 12. Ces deux dernières productions peuvent faire suite aux ouvrages d éducation de Madame de Genlis. Vie et Lettres de GeUert ^ trad. de l'allemand , 5 vol. in-8".

LAFONTAINE, (Jeanne DE) native du Berry, fut recommandable par son savoir. Jean II la célébrée dans ses Élégies latines. Elle mit en vers français , la 2%é- séïde de Boccace , et composa des Poésies. Ses ouvrage* n'ont point été imprimés. Elle mourut vers i556.

LAFORCE, (Charlotte-Rose de Caumont de) petite-fille de Jacques de Laforce , naquit en Guyenne ., dans le cbàteau de Casenove près de Bazas en i65o. Elle épousa en 1687 , Cbarles de Brion. Ce mariage fut déclaré nul au bout de dix jours. Sa fortune ne répondit ni à 1 éclat de sa naissance 1 ni au mérite de sou esprit. Elle

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prît pour devise un navire agité des flots , sans pilote , sans mâts et sans voiles , avec ces mots : Quo me fatd vocant ? Un poëte rendit cette pensée , de la manière suivante :

Je suis , depuis quelques années ,

Le jouet des flots et dos vents.

Dans Tatlcnte d'un meilleur teras.

Je vogue au gre' des desliuces.

L'étude vint la consoler de ses raallieurs. Mademoiselle de Laforce se distingua dans la littérature. L'Académie des Ricoi^rati de Padoue ladmit parmi ses membres. EU© mourut k Paris le 7 mars 1724'

On lui doit: Histoire secrète de Bourgogne , Paris, Bé- nard n 16941 2 vol. in-i2 ; le même ouvrage, sous ce litre : Histoire secrète de Marie ds Boiwgogne , femme de Maximilien d'Autriche ;VAr'\s ^ 1710, 2 vol. in- 12. His~ toire de Marguerite de Valois, reine de Navarre, sœur de François I^^^ ; Paris, 1696, 4 "^ol. in-i2', Paris, 1719» 4'vol. in-12; Paris, ( HoU. ) 1759, 2 vol. iu-12; Paris, Didot Taîné , 1785, 6 vol. in-12. Il y a, dans cette der- nière édition , un Précis de la Vie de François I^^. , et uu recueil de Poésies composées par ce prince. Gustave Vasa; Paris, 1698 , in-12. Ties Fées, Contes des Contes; Paris , Bénard, 1698, in-12. Histoire secrète de Cathe* rine de Bourbon , Duchesse de Bar ^ et du Comte de Sois~ sons ; Nancy, 1705, i vol. in-12; le même ouvrage , sous ce litre: JMémoires historiques , ou Anecdotes galantes et secrètes de la Duchesse de Bar , sœur d'Henri IV; Amster- dam , 1709, I vol. in-12. Dans les romans de Mademoi- selle de Laforce , l'histoire est mêlée à la fiction. Les per- sonnages qu'elle introduit sur la scène , ont presque tous eiisté , etleiu's aventures sont conformes à leurs caractères.

iQo L A G

Ses productions annoncent , en général , Leanconp clîma- glnallon, de l'esprit et le talent décrire. Épltre en vers à Madame de JSlaintenon . Château en Espagne, poëme en vers, dédié à la princesse de Conti. Ces poésies ont du mérite.

LAGARDE-THOMASSIN , (Victoire de) naquit à Aix , en Provence , et mourut en 1720. Ou lui doit : Re- cueil de Lettres et de Poésies ; Paris, Mouchet, 1725, a vol. in- 12.

LAGORSE, ( Marguerite de Beauvoir du

ROURE, Marquise DE) Joignit les charmes de la beauté aux grâces etauxtalens de T esprit. Elle composa : l'Amour et la Fortune , poëme couronné aux. Jeux floraux de Tou- louse en 1756. La Fondation d'yithènes, poëme. L'Imagination j ode. Ces deux pièces remportèrent le prix en 17^7 1 aux Jeux floraux de Toulouse. Les ouvrages de Madame Lagorse lui ouvrirent les portes de cette Académie.

LAGRAYE , (JNIadame DE) a composé : Sophie de Seauregard. Monsieur Ménard , ou l'Homme comme il y en a peu; Paris, an 10, 5 vol. in- 12. La Chaumière incendiée ; Paris, au 10, 2 vol. in- 12. Juliette Belfour , ou les Talens récompensés , nouvelle traduite de 1 anglais et dédiée aux jeunes Demoiselles; Paris, Barba, an ii. Il vol. in- 12.

LÂGUESNER^TE , (Mademoiselle de) naquit à Angers dans le 18^. siècle. On lui doit : Mémoires de Miludy B . . . a*", édition, 1760, 4 P^^'^^i^^ in- 16. Le fonds de ce romaii oftVe de lintérét , il est purement écrit.

LAI igr

LAÏRE, (LOISEAU, Dame DE) née à Paris, vécut flans le 18''. siècle. Ou lui doit des Cautatilles, lulitulées : la Rose ; Sapho ; et une Epitre à Églé. Dans ces produc- tions , elle a donné des preuves de son talent poétique.

LAISSE, (Madame de) a donné : Nouveaux Contes moraux ; 1774 1 2 vol. in-12. Cette production est estimée. Ouvrage sans titre , JSIinen^e le donnera ; 1772 1 in- 12. Ce roman a été goûté du public. Proverbes dramatiques, mêlés d'ariettes connues ; Amsterdam , ^7771 in-8°. Nouveau genre de Proverbes dramatiques, mêlés de chants; 4779, in-8". On adressa le quatrain suivant à Madame de Laisse :

Minerve en tVcoutant te nomme sa rivale , Vénus en te voyant Irt'mit de la beaiilé. Mais peux-tu redouter leur vengeance fatale , Quand tu liens le brevet de rimmortalité?

LAMBERT, (Anne-Thérèse de Marguenat de COURCELLES , Marquise DE) naquit à Paris en 1647. Elle perdit son père à Tàge de trois ans. Sa mère épousa en secondes noces lingénieux Bachaumont , qui se fit un devoir et un amusement de cultiver les heureuses dispo- sitions qu'il découvrit dans sa bellerfille. La nature lui jivait douEic un génie heureux , un esprit délicat et porté à la ^-éllexion. Elle se maria le 22 février lOGG avec Henri Lambert, marquis de Saint -Bris, qui mourut eu i686. Elle avait alors un fils et une fille qu elle éleva avec beau- coup de soin. Maîtresse d'un bien considérable, elle éta- blit dans Paris une maison il était honorable d être yeçu. Parmi les gens de lettres qui jouissaient de cet avantage, on cite Sacy, Fontenelle , Lamotte et Saint- Aulaire. Les qualités de son ame surpassaient les charmait

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de son esprit. Elle mourut à Paris le 12 juillet f^ZT). Son Eloge ^ fait par Fontenelle , a été inséré dans le Mercure cla mois d'août i'j53. Depuis , il a été mis à la tète des QLuvres de Madame de I^amhert.

,..On lui doit : des Lett7-es. Celle qui a pour objet la dis- pute sur Homère , eulre Madame Dacier et Lamotte , a été recueillie dans un volume intitulé : Homère en arbitrage. Une autre de ces lettres, qui trai;e de la véritable gloire, et, que Madame de Lambei-t adressa à jon fils , fut insérée dans la seconde partie cKi tome second des 3Iénioires de Jjittératare et d'Histoire du Père Desmolets , et dans la Bibliothèque française en Hollande. On la réimprima avec un autre ouvrage de Madame de I>ambert , sous ce titre : Avis d'une Mère à son Fils et à sa Fille , -PaVIs , Ganeau y 1728 , un vol. in-13. En peu de tems il s" en fît plusieurs autres éditions , soit en France , soit ailleurs ; entr autres, celle qui a pour litre : Lettres sur la véritable éducation , 1^52. Ces productions furent ti*aduites en anglais. La déli- catesse du goût y est jointe à celle du sentiment , la con- naissance du monde aux plus touchantes leçons de vertu , et les grâces piquantes du style aux expression* naïves de la tendresse maternelle. Les uévis d'une Mère à sa Fille ont été imprimés avec une traduction iuterlinéaire de l'allemand, Paris, an 8 , i vol in-8''. Nouvelles Ré" flexions sur les Femmes , ou Métaphysique d'amour, Paris, 1727; Londres, 1729. lly en a eu ime édition en Hollande. Xiokman mit ces Réf exions en anglais , et les fît imprimer. Elles sont pleines d'imagination , de finesse et d'agrément. Traité de l'Amitié. Madame de Lambert y peint les avantages , les charmes , les devoirs de cette vertr avec autant de vérité que de délicatesse. Ce Traité^ dit Yol- laire, fait voir qxi'elle méritait d'avoir des amis. Traité

de.

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«fe la Vmllesse. Cet ouYrage n'est pas moins esllmé que celui de \ Amitié. C'est une règle de conduite pour les femmes qui avancent en âge. Des Réflexions diverses. Des Portraits. On y trouve celui de Fontenelle. Une autre femme ^ Madame de Forgeville , amie de l'auteur des Mondes , fit également le portrait de cet homme cé- lèbre. — Des Discours. Ses (Eiivrcs ont été réunies à Paris, 1748, in-ia; lyj-i , 2 vol. in- 12; Amsterdam^ 1758, in- 12 ; traduites eu espagnol par Dona Marie Caje- taue de la Cerda y vera , comtesse de la Laing , Madrid , Barco , 1784.

LANSPERG, (Herrade DE)ahhesse dlloliebourg, ou Mont Sainte-Odille , on Alsace r vécut au commence- ment du 12°. siècle. Plusieurs écrivains en ont parlé comme d'une des religieuses les plus savantes de son tems. Jean Busée dit avoir vu d'elle , en manuscrit, un ouvrage de piété , écrit eu latin , dont le titre est : Ilortus deli" ciaruAi.

LASABLIÈRE, (MagdeleiNE-ÏIENRIEtte IIf.sse- LIN , DE CheuSE , Dame RAMBOUILLET DE) née en ï656, protégea La Fontaine qu'elle appelait sou fablier. Pendant plus de vingt ans , elle lui donna sa maison pour asyle ; et , par ses soins , elle le consola des rigueurs de la fortune. Le bonliomme songeait sans doute à Madame Lasablière quand il fit ces deux vers :

Qu'un ami véritable rst une douce chose !

Il cherche vos besoins au fond de volrc cœur.

La Fontaine immortalisa dans ses écrits son illustre bien- faitrice. Elle fut une des femmes les plus spirituelles du 17''. siècle. Son bôtel était le rendez-vous des hommes de

i3

194 L A U

lettres les plus (îislîugués. Dans le Recueil des Madrigaux de son époux , il eu est quelques-uns qu'on a mis sous son nom. Elle fut enlevée à la société , en 1694 •, à 1 âge de 58 ans.

LAUDENOT , (Louise) dite de Saint- Jacques , fille 3'un médecin du roi , reçut une éducation brillante. Sou gont pour la retraite lui fit embrasser la vie religieuse. Elle prit le voile cliez les Bénédictines de labbaye royale de Montmartre , elle se distingua par ses vertus et sa science. On lui doit- les ouvrages suivans : Catéchisme des vices et des vertus. Méditations sur les Vies des Saints , pour toutes les fêtes de l'année , et sur les principales fêtes de JVotre-Ssigjieur et de la Vierge. Exercice pour la Sainte Communion et pour la Sainte Messe. Elle publia les Œuvres de Gertrude. Louise Laudenot mourut le 27 mai

iG.

LATJGIETl DE GRANDCHAMP , (GAUDlN , Dame)

^ s'est adonnée avec succès à la poésie. Ses productions ont été insérées dans différens ouvrages périodiques. Elle n avait pas i8 ans, quand elle fit paraître, en 1785, sa charmante Epitre à la Bienfaisance. Ses Contes ^ ses Nou- velles , soit en prose, soit envers , sont écrits avec grâce. La lecture en est attachante. On y trouve réunis 1 intérêt du sentiment et celui de la délicatesse. Laisance et la faci- lité caractérisent ses Romances. Il y a un ton de mélancolie et une manière poétique dans sa Description de la route de Briançon. Cette pièce de vers fait partie d'un Recueil de Voyages, publié eu 17^7 , par Couret Yilleneuve. Son Discours j efn vers^ sur les Préjugés , a des beautés. Son Éloge , en vers , de Voltaire , a concouru , en 1779 1 pour prix, proposé par l'Académie française.

L A U iq5

LAURE , voyez SADE.

LAURENCE DE BELLEFONT , ( Madame) fondatrice du monastère des religieuses Bénédicllnes de Noire-Dame des Anges , établi à Rouen, est connue dans la république des lettres par une Parapbrase du cantique dÉzéchias, insérée dans plusieurs Recueils.

LAURENCIN, ( JULir: dAssier df.laChassagne, Dame DE) naquit le i5 mai 1741 1 à Saint-Hvpolithe ei^ liOrraine. Ses talens furent son moindre mérite : elle fu;t bonne épouse et bonne mère. Retirée dans son cbàteau de Macby , à trois lieues de Ijjou , elle cultiva les lettres , et donna à ses enfans les préceptes et Icxemple de la vertu. On lui doit : Hpitre d'une femme à son amie , sur l' obligation .et les avantages qui doivent détermine!' les mères à allaiter leurs enfans, 'conformément au vœu de la nature, i774i in-8°. Celte pièce a été insérée dans différens Recueils,, ^ntrautres , dans celui intitulé : Pièces relatives à l'Acadé- jnie de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge. Alceste Ht JMéloé , ou Chant de l' Amour maternel , idylle, '^111 Ces cbefs-d œuvres d'une plume intéressante et facile ont été dictés par le sentiment. 1/ Académie de llmmaculée Conception de Rouen les a couronnés , Tun en 1774 •, et l'autre en 1777- Madame de Laurencin est encore auteur de poésies très - agréables , qui ont été imprimées dans J'Almanacb des Muses.

LAUVERGNE , ( Madame DE ) a composé des poésies. Le Recueil en a paru après la mort de fauteur. Paris, ..Claude lîarbin , 1C80, iu-i'i.

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LAYILLÉE, (Magdelf.ine Neveu', d'ahord Dame Desroches , ensuite Dame de) naquit à Poiliers elle fît sa résidence. Elle fut élevée dans 1 amour des sciences et des lettres. Sa maison était une espèce d'Académie se rassemblaient tous les hommes de mérite que les grands jours de Poitiers attiraient dans cette ville. On remarque Scévole de Saiute-Marlhe , et Pasquler , parmi les per- sonnages Illustres qui étalent admis dans sa société , et qui rendirent hommage à 1 étendue de ses lumières , aux charmes de son esprit, et à sa modestie. Plusieurs auteurs lui dédièrent leurs ouvrages. Scévole de Sainte-Mai'the lui à donné un rang distingué dans son Recueil d'éloges latins ; le Père Hilarlon de Coste ne Ta point oubliée dans son Eloge des Dames illustres ; Mornac , dans ses Feriœ fo~ renses , l a mise au nombre des plus grands génies que Ton connut alors : il la compare à Sapho et à Sulpicie. Non- seulement elle se rendit célè])re par ses talens , mais en- core par son amour maternel. Elle eut la plus grande affection pour sa fille unique. Leurs (Euvres portent le sceau de leur union , et Ton volt que mutuellement lune n'était entièrement occupée que de l'autre. La peste qui régna à Poitiers , en 1,587 •> enleva Madame Lavillée à la république des lettres.

Ses ouvrages ont été imprimés sous le litre de Premières Œuvres j Paris , Abel Langelier , 1579, in-4". Ce Recueil renferme une Epître aux Dames , eu prose ; une Epîlre k 6a fille -, neuf Odes ; trente Sonnets ; les Epitaphes de son mari , de Monsieur le comte de Brlssac , et de feu Sieur baron d Anguernaques. Secondes (Euvres, Poitiers, Nicolas Courtois , ir>85,in-4°. ; Rouen, Robert Feron , 1604 1 in- 19.. On y lit des sonnets et autres vers. Pre- mières et secondes (Euvres de Mesdames Desroches / Paris ,

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tGo4 , I vol. 111-8°. Cette demière édition est la plus com- pletle ; elle contient la tragédie de Panthée. Parmi les poé- sies de Madame Lavillée , on dislingue les suivantes : Des Stancea à Madame la baronne de Gerinole sur l'absence d& son mari ; \ E pitre à safdln, elle fait des vœux pour l'immortalité de Mademoiselle Uesroches : ï Ode première , V Ode deuxième ^ dont voici une strophe :

Noire principe est songe , Wolre naîlre , malheur j Noire vie est mensonge j Et notre fin, douleur.

r Ode septième , \ Ode neui-nème ; VEpitapJie de W. Lavillée ^ son second mari. Elle lui fait dire :

Mon corps nVst pas tout seul sous cette froide tombe j IjC cœur de ma compagne y gtt avec le mien : Jamais de son esprit notre amitié ne tombe j La mort ne tranche point im si fcruic lien.

Scallger adressa ù Madame Lavillée des félicitations en stvle poétiqr.e , à l'égard d'un poënie d environ trois cents vers, qu'elle composa sur la mort du comte de Brissac. Missives de Mesdames Desroches. On reniar([ue parmi celles de Madame Lavillée , XEpître à sa fille , et les Lettres cinquième , sixième , vingtième et vingt -sixième. Cette dernière sur-tout est très-jolie.

LEFRANÇALS DELA.LANDE , ( Marie -Jeanne- AlviKLIE Hari.AY , Dame) née à Paris vers 1768, a épousé, en 1788^ Michel Lefrançais Delalaude , astro- nome, et neveu du célèbre Jérôme Lefrançais Delalande. Elle marche sur les traces de Marie Cunitz , fiUe d un méde- cin de Silésie ,, qui publia . en ïGjo , des tables d'astronomie.

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En 1793 , Madame Lefrancais a donné des Tables horaires pour la marine. Cette production est immense pour le calcul. Elle a valu à sou auteur une des couronnes et une des inédailles que le Lycée des Arts de Paris a décernées aux savans et aux artistes distingués. Madame Lefrancais a réduit plus de deux mille étoiles , et il y a 56 opérations à faire pour chaque étoile. Elle a entrepris d'en réduire encore 5o mille ; et , pour cet ouvrage , elle a autant de zèle et d assiduité que Miss Herscliel en met à la recher- che des comètes. Les astronomes doivent lui savoir gré de ce nouveau travail ; comme les navigateurs , des Tables horaires qu elle a publiées pour la marine.

LEGROÎNG-LA-MAISONNEUYE, ( Fra^çotse- TherèSE-AntoIN ETTE ) née àBruyères dans les Vosges , le II juin 1764') s'est consacrée à 1 éducation des jeunes personnes de son sexe , et cultive les lettres. On lui doit : Zénohie , reins cV ufirménie , 1795 ; 1^ . édit. , an 8. Ce roman annonce de la délicatesse et du goût. Essai sur le genre d'instruction le plus analogue à la destination des femmes ^ Paris, Charles Pougens, an 7, in-i8; 2«. édit. Paris, Charles Pougens, an 10. Cet heureux essai fait 1 éloge du mérite de Madame Legroing. Les personnes qui s'intéres- sent à 1 éducation des jeunes demoiselles lui sauront gré de s occuper, jusques dans ses écrits , d'une chose aussi utile quelle est négligée. Clémence , roman moral , dans le- quel les jeunes personnes dont le cœur serait engagé , trouveront des principes et des exemples utiles ; Paris , Duprat,aiiio, 3 vol. ia-12. Cet ouvrage, dont Tiaction intéresse la curiosité et captive Tattention , attache en même tems par un style doux et simple et des sentimens vrais. Plusieurs articles dans la Bibliothèque française.

LEH iç)9

LEGUERCHOIS^ ( N. d'Aguesseau , Dame ) sœur flu célèbre chancelier d'Aguesseau , naquit à Paris en 1679. Elle fut, pendant tout le cours de sa yie , un modèle de sagesse et de vertu. A ces qualités, elle joignit des con- naissances et du goût pour l'étude. Elle eut le bon esprit d'employer ses talens à l'instruction de ses enfans. C est pour eux qu elle fit : Avis d'une mère à son fils. Instruc- tion sur les Sacremens de Pénitence et de l' Eucharistie. Pratique pour se disposer à la mort. Ces trois ouvrages, réimprimés en 1747 1 foi'ment 2 vol. petit in-12. Ré- flexions chrétiennes sur, les livres historiques de l'Ancien Testament , in-12. Madame Leguerchois mourut le 9 dé- cembre i740'

LEHAY, ( Elisabeth- Sophie Chrron , Dame) naquit à Paris , le 5 octobre 1648. Tous les talens furent son partage. La musique , la peinture, la gravure, les langues savantes et la poésie firent tour-à-tour ses délices. Son père , qui était un peintre en émail , de la ville de Meaux , lui apprit les principes du dessin. Ses progrès furent si rapides , que son pinceau la rendit célèbre dès l'âge de i4 ans. Elle devint si habile dans cet art, quen 1672 Lebrun la jugea digne d être présentée à l Académie de peinture et de sculpture qui s'empressa de l'admettre au nombre de ses membres. Madame Lehar fit des ta- bleaux dhistoire très-estimés : de ce nombre sont une Fuite en Egypte j Jésus-Christ au tombeau, et Cassandre interrogeant un génie sur la destinée de Troye. On conserve plusieurs de ses dessins d après l'antique. Peu de per- sonnes ont possédé comme elle le talent de dessiner les pierres gravées. Elle s'exerça avec un grand succès dans le genre du portrait , et le traita savamment et dans

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manière liistorique : on doit à son pinceau le seul qui soit resté de Madame Deshoulières. Elle peignait les portraits de vses amis , ou pour leur eu faire présent , ou pour les placer daus son caLiuet : « J'ai, disait-elle, eu leur ab- 7^ sence , le plaisir de m entretenir avec euxn. Anne et Ursule de Lacroix., nièces de son époux, furent ses élèves dans l'art de la gravure. Ce n'était point assez pour le gcuie de Madame Lehaj de se faire admirer dans ses ta- Ideaux , par son goût de dessin , sa grande facilité de pinceau, et son intelligence supérieure du clair-obscur; elle ajouta encore à sa gloire , par des vers pleins de na- turel , de force et de grâce. Ses ouvrages sont : Essai des Pseaumes et Cantiques mis en l'ers , enrichis de figures ; Paris , 1695, in-8". Les figures ont été gravées par Louis Cliéron 1 son frère. Traduction en vers français d'une Qde latine , ou Description de Trianon , par l'aLLé Boutard ; Paris , i6()6 , in-8°. Préface , à la tète d une production intitulée : Livre à dessiner , composé de tètes tirées des plus beaux ouvrages de Raphaël , gravé par M. Lehay ; Paris, 1706, in-fol. Elle s' v exprime avec une simplicité pleine de noblesse. Cantique d' Hahacuc , et le Pseaume io5 , traduits en vers français , avec des estampes qui en représentent le sujet ; Paris , 17 17 , in-4'*. Cette traduction fut publiée par Monsieur Lehay , sou époux. Elle apprit 1 hébreu , pour mieux entrer dans le sens des pièces qu'elle roulait traduire. Les journalistes de Trévoux as- surent qii'elle a fait plus qu'elle ue prétendait; qu'elle est encore entrée dans l'esprit de ceux qui en sont les au- teurs , et que nulle traduction n a mieux conservé le sublime des Pseaumes. Digne rivale de J. B. Pioussean , elle eut le mérite de le précéder dans la carrière Ivrique. Ce graiil poète esllmail particulièrement le Pseaume 73,

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qu'elle avait imité ; il le fit imprimer à la fin de ses Poé- sies Sacrées, clans lédition qu'il en donna peu de tems avant sa mort. Les Cerises renversées , Pocme en trois chants , publié en 1717^ avec La Batrachomyomachie d'Homère. Ruux l'a traduit en vers latins qu il a fait im- primer (an 10), à la suite d'une traduction, en vers français, des Géorgiques de Yirgilc. Le héros de ce pocme est M. Lehav , sous le nom de Damon , et l'une des Dames du cai'osse est Madame Lehav. Son talent pour la poésie, et la richesse de sou imagination , se font sentir dans ce hadinage ingénieux. , dont la fable est régulière , et les descriptions sont naturelles et vives. Cette pièce à laquelle le poète Rousseau trouvait du mérite, valut à son auteur, en 1609, une place dans 1 Acadcmiedes RicovraLi de Padoue. Elle y fut admise sous le nom de la Muse Erato. Madame Lehay joignait à tous ces lalensles qualités du cœur, une grande modestie, et l ai-t de se mettre à la portée de tout le monde , et de faire valoir le mérite des autres. Parmi les artistes qui eurent part à ses bienfaits « on cite Soleras , son maître de musique, quel âge elles infirmités réduisirent à 1 indigence, et un fameux, sculp- teur, labbé Zumbo. Sa maison était le rendez -vous de presque tous les gens de lettres de son tems. Louis XIY la gratifia d'une pension. De Piles la citée avec honneur dans la deuxièiue édition de son Abrégé de la Vie de» Peintres. On doit son éloge à Fermelhuis, docteur en médecine j Paris, 1712 , in-S». L'abbé Boscpùllon fit les vers suivans pour le portrait de Madame Lehay :

De deux talcns exquis rasscmblage nouveau Kenclra toujours Lhtron rorncment de la Franeej Biua ne peut de sa plume eijaler l'exteil» nre, Que les glaces de son piuccau.

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A soixante ans j elle éponsa Monsieur Lehav , qni n'était guère plus jeune qu elle. Elle mourut a Paris le 5 sep- tembre 1711 , âgée de près de 65 ans.

LE JARS DE GOURNAI , ( Marie-Catherine , ) née à Paris , en i565 , eut , dès lenfance , un goût décidé pour léuide. Lhistoire , la philosophie j la morale, la physi- que, la géométrie , 1 éloquence et la poésie loccupèrent tour-à-tour. La plupart des langues savantes lui devinrent familières. Ayant perdu fort jeune son père , elle voulut , à la manière des Romains , s'en donner un autre par la voie de l'adoption. La réputation de Montagne lui inspira un tel degré d'enthousiasme et de vénération, qu en i588, elle quitta sa terre de Gournay pour aller avec sa nière , à Paris , rendre hommage a l'auteur des JEssais. Dès-lors elle donna le nom de père à cet illustre écrivain , qui la reconnut pour sa fille d alliance. La vicomtesse de Gama- ches , fille du philosophe , l'appella sa sœur. Montagne légua ses manuscrits à Mademoiselle de Gournay^ qui les fit imprimer en i 596 , iGo2 et i635. Elle dédia cette der- nière édition au Cardinal de Richelieu , et elle y mit une préface dans laquelle ^ dit Sabatier , Pascal a puisé trois ou quatre de ses Penséesles plus brillantes. Mademoiselle de Gournai fut recherchée non- seulement par tous les savans de l Europe j mais encore par la meilleure compa- gnie. Les Ménage , les Balzac et les Toiture la consultaient. Heinsius , Juste-Lipse , Baudius^ le chancelier Seguier, Saint François de Sales , Laroche-Posay, évéque de Poi- tiers , Godeau, évèque de Yence , le duc de Mantoue , Maynard , Le cardinal Duperi^on^ Mademoiselle de Schur- mann, etc. , étaient en commerce de lettres avec elle. La comtesse de Soissons , la duchesse de Longueville , la

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princesse de Gonzague-Nevers aimaleut à sinstruire dans sa coiiA'ersation., qui était toujours lumineuse et charmaute. Bouliours l'a mise au rang des plus illustres filles desprit; Hilarion a fait son éloge dans ses Femmes Savantes ; Montagne parle très-avantageusement de son mérite , à la fin du ly^, chapitre du livre 2*^. de ses Essais ; Dominique Baudius l'appelle la syrène de la France. Le cardinal de Richelieu qui avait pour elle une bienveillance particulière, lui fit donner une pension du roi. Elle mourut à Paris , le i3 juillet 1645. Sa mémoire fut honorée de plusieurs épl- taphes , parmi lesquelles on remai'que celle de Colletet.

On lui doit : les Avis et les Présens de Mademoiselle de Gournai, i654i i64i. Ce livre roule en partie sur la langue française. Idolâtre du vieux langage , elle veut y remettre en vigueur les diminutifs tombés en désuétude, et regrette généralement .toutes les expressions dérivées du gi'ec. Le Bouquet du Pinde , dédié à la vicomtesse de Gamaches. L'Omhre de Mademoiselle de Gournai : cet ouvrage a été imprimé plusieurs fois. On y trouve un discours à Henri IV sur léducation des princes ; mi petit plan d'études pour le Dauphin , qui fut depuis Louis XIII ; une disser- tation très-philosophique et très-morale sur la médisance, adressée à la marquise de Guerclieville ; des réflexions sur la manière de traduire les anciens auteurs ; un traité dédié à la Reine de France , on elle établit l'égalité de mérite entre les deux sexes ; une défense de la poésie et du lan- gage des poètes, adressée à Madame Desloges ; les vertus vicieuses ; différentes questions de morale , l'on trouve de la profondeur et du discernement ; des pièces fugitives ; manière de traduire les orateurs , à M. de Gelas , évèque d Agen. A la suite de son système de traduction qui est Irès-lamineux , elle a placé les morceaux suivans , quelle

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a transmis dans natre lanr^ue : la Harancfue de Galba dan» Tacite , celle de Marius au peuple romain dans Salliiste ; iHéroïde de Laodamie à Protésilas dans Ovide ; la seconde Philippique de Cicéron contre Marc-Antoine; une partie du premier chant de l'Enéide , le second tout entier , et presque tout le quatiùème. Cette dernière traduction est en vers.

Mademoiselle de Gournai avait une grande étendue de connaissances et un discernement rare. Elle pensait libre- jnent et fortement. Sans adopter aucun genre , elle avait- embrassé tout ce qui était utile , et au moyen des langues, qu elle connaissait parfaiteinent , elle moissonnait cliex tous les peuples.

LEMASSON LE GOLFT , ( Mademoiselle ) née au Havre le aS octobre 17 jo, de la ci-devant Académie d Ar- ras, du cercle des Pbiladelplies , a doumé : Entretiens sur le Ilai^re , 1781 , in- 12. La Balance de la nature , Paris , lîarrois l aiué, 1 784 , in-i 2. Esquisse d'un tahleau général du genre Jiumain , 1787 , in-iii. Lettres rekUwss à V Edu- cation, Paris , itSSj in- 12. Mémoires sur l'iris ^ les ombres coloriées, las mouches communes , etc. en diiïérens journaux.

LENCLOS, (ArsNE de) dileXinon, fille dun gentil- lionime de ïouraine, naquit à Paris, le i5 mal i()i5 ou ÏO16. Sa mère voulait la rendre dévote; son père en /It uue épicurienne. Elle u avait que i5 ans lorsqu elle perdit l'un et l autre. Dès làge de dix ans, elle avait lu et médllé les ouvroges^ de Montagne et de Charron. YXie louchait très-bien du clavecin , chantait avec tout le goût possible, et dansait avec beaucoup de grâce. Elle conserva sa beauté

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jtisquà la caducité de làge. L'amour de la liberté la fit reuoucer au mariage. St-Evremont donne une jusPe idée des mœurs de Ninon dans ces vers qu il mit au bas de son portrait :

L'indulgente et sage nature A formé le cœur de INinon , De la Tolupte d'Epicure Et de la vertu de Calon.

Elle ftit volage dans ses amours , constante en amlllé , dune probité scrupuleuse , dune humeur égale, d un commerce charmant et d'un caractère vrai. Sa maison était le rendez-vous de ce que la cour et la ville avaient de plus poli , et de ce que la république des lettres avait de plus illustre. Scarrou la consultait sur ses romans ; Salnt-Evre- mont sur ses vers ; Molière sur ses comédies ; Fonte- nelle sur ses dialogues ; Tabbé Gedoyn sur ses ouvrages. Leç femmes les plus aimables et les plus respectables de son tems la recherchèrent. On remarquait parmi ses amies la comtesse de la Suze , la maréchale de Castelnau , la duchesse de Sully , Madame de Lafavette , Madame de Coulanges , Madame du Tort, la marquise de Lambert, et Madame Lasabllère. Madame de Malntenon entretenait avec elle un commerce épistolalre , et lui fit des Instances pour la fixer auprès d elle. Ninon préféra sa liberté à l'es- clavage brillant de la cour. Voltaire fut présenté chez elle à l"âge d environ 1 5 ans : elle pressentit ce qu'il devait être jour. Dans son testament, elle lui fit un legs de 2000 francs pour acheter des livres. A 1 âge de 22 ans , elle eut une lualadle dans laquelle on désespéra de sa vie. Ses amis déploraient sa destinée. " Hélas ! dit-elle , je ne laisse que y< des mourans ?». Elle conserva , jusqu'à la fin de sa car- Tlère , la séréuitc de son ame , et les agrémens de son

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esprit. « Si Ton pouvait croire , comme Madame de Che- n vreuse , disait-elle quelquefois , qu'en mourant ou va yt causer avec tous ses amis dans 1 autre monde , il serait y> doux de penser à la mort » . Elle fat enlevée à la société le 17 oclohre 170$ ou lyoG. Sa Yie a été écrite par Bret; Tabbé Kavnal a donné les Mémoires de Mademoiselle de Lenclos , et Douxmenil a publié: Mémoires et Lettres, pour servir à l'Histoire de Mademoiselle de Lenclos.

On lui doit quelques Lettres qui se trouvent dans les OEuvres de Sainl-Evremont. Elle n'est point auteur de celles que Damours a publiées sous sou nom. Les véritables Lettres de ISinon sont écrites avec plus de délicatesse et avec moins d apprêt. La morale y est toujours assaisonnée par r enjouement , et 1 esprit ne s'y montre que sous les apparences d'une imagination libre et naturelle.

LEPAUTE, (Nicole- Reine -HORTENSE Etable DE LaBRIÈRE , Dame) née à Paris le 5 janvier 172!), épousa en 174^ Lepaute l'aîné, qui commençait à se faire connaître par ses rares talens en horlogerie. Son esprit et *es grâces lui donnèrent un rang distingué dans la société ; ■elle se fit remarquer des savans par ses connaissances. Son nxérite fut apprécié de l'Académie de Beziers qui se l'asso- cia. Parmi les services que Madame Lepaute a rendus à l'as- tronomie , on doit citer l'attention qu elle eut de faire venir à Paris Lepaute d'Agelet , pour l'attacher à cette science. Elle fut enlevée à la société , le 6 décembre 1788 , au mi- lieu des soins assidus qu'elle donnait depuis long-tems à json époux malade. Le célèbre Lalande a fait son éloge, qui a été inséré dans le Journal de Paris. L'un des pré- noms de Madame Lepaute , Hortense , a été donné à la ro«e du Japon , par Commersou qui, ayant été frappé de

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la beanlé de cet arbuste , le dédia à l'épouse de son ami particulier. D'abord il le nomma Jyf/>aw^/«; ensuite , ne trouvant pas son hommage assez direct, il 1 appela ZTor- tensia.

Elle a donné la Table des longueurs des Pendules dans le Traité d'Horlogerie de son époux. Eu 1757 , elle con- courut avec Clairaut et Lalande , au travail que ces deux astronomes avaient entrepris pour calculer Tattrac- tion de Jupiter et de Saturne , sur la comète prédite par Halley , afin d'avoir exactement son retour. Depuis 1769 jusqu'en 17741 ^^^ travailla k la Connaissance des Tems , ouvrage que T Académie des Sciences publiait cliaque année, pour l'usage des astronomes et des navigateurs. A l'occasion de plusieurs éclipses qu'elle avait calculées, elle sentit l'avantage d une table des angles parallactiques, et elle en fit une très-étendue , qui parut dans la Connais- sance des Tems de 1765 , et dans le livre intitulé : Expo- sition du Calcul astronomique. En 1764, elle calcula , pour toute l'étendue de l'Europe , léclipse annulaire du Soleil, prédite pour le i^'^. avril de cette année , |et elle publia une Carte , l'on voyait , de quart-d heure en quarl- d heure, la marche de léclipse , et ses différentes phases. Madame Lepaute a calculé plus de dix ans les Ephémé- rides de l'Académie ; c'est ainsi que les sœurs de Manfredi calculaient les Ephémérides de Bologne , et que les trois iceurs de Rirch ont calculé long-teins les Ephémérides cle -Berlin. Les calculs du Soleil, de la Lune et de toutes les planètes , qui se trouvent dans le i8*'. volume des Ephé- mérides , publié en 1785 , sont de Madame Lepaute. Elle est aussi l'auteur de divers Mémoires d'Astronomie , lus à l'Académie de Beziers , et dont les extraits ont para dans l«s Mercui'^s.

ioS L E R

LEROUX, (Mademoiselle) àrâge de i5 ans , a publié :

Plan d'un établissement , consacré au bonheur et à la gloire des personnes du ssxe , l'y 86.

LÉVESQUE , voyez PETIGNI.

LEYIS , (N. Demoiselle de) vécut sous le règne de Philippe-Auguste. Elle eut beaucoup de mérite , et tint un rang distingué parmi les pootes provençaux. Ses vers ne sont pas venus jiisqu à nous. Savari de Mauléou fut sou chevalier , et il la célébra dans ses poésies.

LEZAY-MARNÉSIA , (Madame) vécut dans le i8«. siècle. On lui doit des Lettres de Julie à Opîde , dont il y a eu plusieurs éditions. Elles ont été insérées dans diffé- rens recueils. Cet ouvrage a toujours paru sous le voile de l anonyme. On ignorerait encore quel est le nom de lauteur, si son fils , Adrien Marnésia , n'avait révélé ce secret dans le Plan de lecture qu'il a publié pour une -jeune Dame. D'après l hommage qu'il rend à sa mère , il paraît qu'aux charmes de 1 esprit elle réunissait les qua- lités du cœur.

LIANCOUR, (Jeanne de Schomberg, Duchesse DE ) fut, par ses vertus , la digne fdle de Henri Scliom- berg , surintendant des finances , qui , après avoir exercé cette charge pendant deux ans , se trouva moins riche de 4^0,000 livres. Douée d un cœur excellent, etdun esprit délicat , solide et profond , elle joignit au goût des lettres et des sciences , même les plus abstraites , ime grande aptitude pour les langues , et un talent marqué pour la poésie et la peinture. Elle donna elle-même les

dessins

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dessins des beaux Jardins et des belles eaux de sa maison de Liancour, que La Fontaine a célébrées dans sa Psyclié. On cite diiférens traits de sa générosité. Elle fut très-liée avec les solitaires de Port-Royal , et leur donna asile contre leurs persécuteurs. Elle mourut à Liancour le i4 juin 1674.

On lui doit : Règlement donné par une Dame de haut» qualité à Mademoiselle * * * ^ sa petite-fdle , pour sa con- duite et pour celle de sa maison ; Paris , 1698 , in-i2 ; Paris^ Ï779 , in-i2. L'abbé Boileau , chanoine de Saint-Honoré à Paris, a été l'éditeur de cet ouvrage. 11 y a joint un autrq Règlement j que Madame de Liancour avait fait pour son usage , et il a mis à la tête du volume uu avertissement qui contient la Yie de l'auteur. Cette intéressante produc- tion est pleine d'excellentes maximes , sur 1 éducation des eufans. Deux Pièces de Fers , Tune sur le Saint Sacre- ment de l'Autel, et l'autre sm* Tlncaj-nation de J. C.

LIBOREL , (Mademoiselle) donna, sur la fin du i7«. siècle , de petits ouvrages de sa composition, éci'ils avec autant de goût que de délicatesse.

LIÉBAUT , ( Nicole-Etienne , Dame ) née à Paris , dans le iG*. siècle, fille unique de Charles Etienne , im- primeur, épouse de Jean Liébaut , médeciii, s'adonna de bonne heure à l'étude des belles-lettres. Elle était aima- ble , savante , et avait du talent pour la poésie. On lui doit plusieurs pièces de vers , entr'autres : le JHépris d'A-* mour ; des Stances pour le iWcwfa^g, en réponse à celles que Philippe Desportes avait faites contre 1 Hymen. Il n'est resté de «es productions qu'une ZJ^/^wse en prose, pour les Femmes , contre ceux qui les méprisent. Madame

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aïo LIE

Llél)aut n'est pas la seule femme de mërile de sa famille ; Perrette Badius , épouse du célèbre Robert Etienne , parlait la langue latine aA'ec autant de grâce que de faci- lité , et secondait son époux dans la partie littéraire de ses travaux.

LIENCOURT, (Madame DE) vécut vers la fin du 17». siècle. Les vers qui nous restent de cette Muse , prouvent qu'elle s'exprimait avec autant de délicatesse que de senti- ment. Vertron lit pour elle ce madrigal :

Quand on sait accorder sa voix à tous les tons , ■Qu'on clianle t^galemeut Je tendre et rhéroïque, On est sans flatterie , en son espace unique j Et c'est aller de pair avec nos Apollons.

LIMEUIL , (N. DE LA Tour d Auvergne, Demoi- selle DE) fille d honneur de Catherine de Médicis , vécut dans le 16"". siècle. Elle fit, avec ime de ses compai^nes , un petit Ecrit satyrique contre toutes les personnes de la cour. _

LIJsTOT, (Catherine Caillot, Dame de) vécut

à Paris dans le 18^. siècle. On lui doit : trois nouveaux Contes de Fées, avec une préface de 1 abbé Prévost, Paris, Didot, 1755, 1 vol. in- 12. Histoire de Mademoiselle de SaLens , la Haye, 1740 1 2 vol. in- 12. La jeune Amé- ricaine, et les Contes marins , la îlaye , 1740, 1 toni. eu i vol. in- 12. Histoire de JMadame d'Atilly, la Hâve, I745i 1 vol. in-i2. Ses Romans sont pleins d'imagination et de chaleur.

LOISEAU, vovez LAIRE.

LOM ait

LOMBARDA , Dame Toulouzaine , du i5^ siècle, était belle , aimable et savante. Elle se fît remarquer sur-tout par son heureux talent pour la poésie. 11 reste d'elle en manuscrits , dans la bibliothèque du Vatican , plusieurs pièces quelle avait composées à la louange Bernard Arnaud.

LONCHAMPS, (Pixel) composa : TUapouf, ou U Voleur ^ comédie en un acte , jouée le 4 novembre 1687. Cette pièce eut trois représentations. EUe n"a point été imprimée.

LONGUEVILLE, (Anne-Geneviève de Bourbon,

duchesse DE ) sœur du grand Coudé , naquit en i6i8, an château de Yinceunes. A làge de a5 ans , elle épousa Henri, d'Orléans, duc de Longueville. Elle eut beau- coup de part à la faction de la Fronde ; elle prit parti clans la dispute qui s'éleva pour les sonnets d'Uranie par Voiture, et de Job par Benserade , et elle donna asile aux grands écrivains de Port-Royal, qu'elle déroba à la persécution. La protection qu'elle accorda aux gens de lettres , honore sa mémoire. Elle avait de la justesse dans 1 esprit et un goût sûr. C'est la duchesse de Longueville qui dit, lorsque tout le monde se récriait sur la beauté du pocme de la Pucelle : oui, cela est beau ; mais cela est bien ennuyeux. Après la mort de son époux en i665 , elle quitta la cour , et mourut le i5 avril 1679, aux Carmélites du faubourg Saiut-Jacques. A'illefore a donné la Vie de la duchesse de Longueville, Amsterdam, 1759,2 vol. petit in-S''.

LOQUET, (Marie-Françoise) née à Paris le a novembre 1750, a publié : Voyage de Sophie et d'Eulalie

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au palais du pj'ai bonheur j 1781 , in-12. Cet ouvrage Ta fait connaître avantageusement clans la république des lettres. Entretiens d'Angélique , pour exciter les jeunes personnes du sexe à l'amour et à la pratique de la vertu, Paris, 1781 , in-i2. Cette production est dédiée aux demoiselles pensionnaires des dames Miramionnes. On y trouve beau- coup d érudition. Cruzamante ou la Sainte Amante de ■ia CroJar_, Paris , 1786, in-ïa. Entretiens de Clotilde , ^788, iu-13.

LOS RIOS , ( Mademoiselle ) maîtresse de pension , a publié : Magasin des petits Enf ans, ou Recueil d amusemens à la portée de leur âge , suivi de deux traités instructifs et édifians , Paris, 1771 1 in-12. Encyclopédie enfantine, 1780, in-8°. Abrégé historique de toutes les Sciences et des Beaux-Arts j 1789, in-12.

LOUISE DE SAVOYE , naquît au Pontdin en Savoye, 1.6 1 1 septembre 1476 ou i477- Elle avait à peine 12 ans , quand son oncle , Louis XI , la maria avec le comte d'An- goulème , au mois de février 1488. Son époux mourut en 1493. Elle resta veuve avec deux enfans , dont l'un fut François I*^"^. et Tautre Marguerite , reine de Navarre. Louise était douée d'une grande beauté et de beaucoup d'esprit. Elle cultiva les sciences et encouragea les savans. Pendant les guerres d'Italie, elle fut régente du royaimie, La sagesse de sa conduite augmenta son autorité et latta- cbement que le roi son fils avait pour elle. Après la bataille de Pavie , la France était menacée par différentes puis- sances. Louise parvint à les engager à se liguer contre Cliarles-Quint. Cet empereur donna la liberté à François I^r j lûais il demanda les deuxiiU du roi qui étaient encora

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fort jeunes , on les meilleurs capitaines de la France , pour servir de g,arans au traité de Madrid» La régente fit céder sa tendresse au bien de l'état , elle conduisit les jeunes princes à Andaie , pour les donner en otage. Elle négocia, en iSag, avec Marguerite d'Autriche , le traité de Cambrai qui rendit la paix au royaume. Louise ne jouit pas long-tems de son ouvrage , elle mourut à,Grez , petite ville du Gâtiuois, lésa septembre i55i. Son corps, inhimié à St.-Denisj fut couvert de fleurs parles gens de lettres, qu elle avait protégés. Ou trouve ses Mémoires écrits par elle-même dans le tome 1 6 de la collection universelle des Mémoires historiques relatifs à l'histoire de France. II» sont curieux et écrits avec naïveté.

LOUISE MARGUERITE DE LORRAINE, Princesse de Conti , fille de Henri duc de Guise , dit le Balafre , naquit à Blois, en iSSs. Elle épousa, le 24 juillet i6o5 , François de Bourbon, prince de Conti , dont elle devint veuve , le 5 avril 161 4- Les Muses la consolèrent de cette perte. Elle se consacra entièrement à la littérature , et protégea les gens de lettres. Elle mourut à Eu, le 5o avril i65i.

On. lui doit : Roman royale ou Aventures de la Cour, Paris ^ 1620. Il parut sous le nom du sieur du Pilouse; ensuite on le publia sous les titres suivans : Les Amours d'Henri IK , Leyde , i663 , in-12; les Amours du grand Alexandre, dans le Journal de Henri III , 1744 > 5 vol. in-8°.; les Amours du grand Alexandre ; Paris , Didot Taîné , 1 786 , 2 vol. petit in-8". Le style de ce roman est léger ; les objets que l'auteur y présente sont écrit» avec précision , clarté etf rapidité.

2i4 L o u

LOU\^ ENCOURT , (Marie de) naquit à Paris en 1680. Douée de toutes les grâces et de tous les talens^ elle fut rornement de la société et brilla sur le Parnasse. A la voix la plus charmante , elle joignait le goût le plus exquis. Elle jouait parfaitement du tuorbe, et chantait , en s'ac- compagTiant, les jolis vers qu'elle avait faits. Son humeur était douce , sa conversation pleine de charmes et d agré- mens. La modestie ajoutait un nouveau lustre à son mérite. La nature qui semblait s'être plue à la former, lui refusa une longue carrière : elle mourut à Paris , eu novembre

Mademoiselle de Louvencourt a laissé plusieurs cantates , dont voici les titres : Aiiane ; Céphale et l'aurore ; ZépJiiî' et Flore ; Psyché; l' Amour piqué par une abeille; Médée'^ Alphée et Aréthuse ; Léandre et Héro ; la Musette ; Pygma- lion ; Pirame et Thishé. Bourgeois a fait la musique des quatre premières cantates , et Clérambault la musique des sept dernières. Elles ont été gravées. Si Ion excepte les cantates de Rousseau , il en est peu de comparables à celles de Mademoiselle de Louvencourt. Elle a composé d'autres poésies qui se trouvent dans le Recueil de Yertron. Les vers qui lui échappèrent^ peu de momens avant sa mort , présentent le tableau d une ame ferme et calme , à qui la philosophie n'était pas étrangère.

LOYNE, voyez MOREL.

LOYNES 1 ( Mademoiselle DE) fille d'un président a mortier du parlement de Metz, vécut dans le i'^^. siècle. Elle s'est fait connaître par des poésies fugitives , qui an- nonçaient son goût et son esprit.

LUB aif»

LUBERT , (Mademoiselle DE) fille du président Lubert, née à l'aris vers le commencement du 18". siècle, vécut dans la retraite et cultiva les lettres. La fiction est le genre dans lequel Mademoiselle liubert s'est exercée. On lui doit : le Prince glacé et la Princesse étincelante , conte , la Haye , i'743 , iu-12. La princesse Camion^ conte , 1745, in-i2. TjU Princesse Couleur-de-rose et le Prince Céladon , conte ^ la Haye, i']^'^^ in-12. La Princesse Lionnette et le Prince Coquerico , conte, la Haye, 1743 ■> in-12. La Princesse Sensible et le Prince Typhon, conte , la Haye, 1743, in-12. La Princesse Coque-d' (Euf et le Prince Bonbon, 174^, in-12. La Veillée galante , 1747 1 iii-x2.

Blanche Rose, 1751, iu-12. Amadis des Gaules, 1751 , réduit à quatre A'olumes in-12. Mademoiselle Lubert «est pour ainsi dire approprié ce roman. Le style n'en était plus supportable ; les cbangemens qu elle y a faits eu ont rendu la leeture agréable. Les hauts faits d'Esplan- dian , 1752 , réduits à 2 vol. in-12 : elle a rajeuni ce roman.

Léonille, nouvelle , Paris , 1755, 2 tom. en i vol, iu-12. Cet ouvrage contient des situations intéressantes. La tyrannie des Fées détruite , ou la 3Iachine de Marly , 1 756 , 2 vol. in- 12. Le Revenant, in- 12.

LTjSSAN , (Marguerite de) fille naturelle du prince Thomas de Savoie, comte de Soissons, naquit à Paris en 1682. Son père la fit élever avec beaucoup de soin. Dès 1 âge de dix. ans elle annonça tout le mérite qui devait un j<jur la rendre recommandable. Ce tut le savant Huet qui l'engagea à composer des romaus. Aux talens littéraires, elle Joignit les qualités de Tame. Elle eut d illustres amis , parmi lesquels on compte le prince Eugène et le prince de Condc. La mort lenleva à la société le 3i mai itSS.

ai6 LUS

On lui doit : la Ccmtesse de Gondès, Paris, venve Pissot» 1727, 1 vol. ia-12; inS-i, 1 vol. iu-13. Le sujet en e&t simple et les épisodes bien amenés. Anecdotes de la cour de P kilippe- Auguste , Paris , ï 753 , 6 vol. in-i i. Cette production a été réimprimée plusieurs fois. C est le meil- leur ouvrage de Mademoiselle Lussan. Les Veillées de Thessalie , Paris , 1741 <> 4 ^ol. in-ia. Il y en a eu plusieurs éditions. Cest iin Recueil de contes agréables et de fictions ingénieuses. Mémoires secrets et intrigues de la cour de France sous Charles VIII , 1741^ iu-12. Anecdotes de la cour de François /.«'" , Paris, 1748, 5 vol. in- 12. 3Iarie d' Angleterre , 1 749 ^ in- 12. Cette anecdote bistorique qui parut sous les auspices de Madame de Pompadour, est intéressante et bien écrite. Annales galantes de la cour d'Henri II , Paris , 1749 1 2 aoI. in-i 2. Histoire de la vie et du règne de Charles VI, roi de France , Paris, Pissot , 1755, 9 vol. in-i2. Histoire du règne de Louis XI, Paris , 1755 f 6 vol. in-12. Cette production est dédiée au prince de Condé. Histoire de la révolution de Naples , dans les années iGUj et i64S , Paris, lySô, 4 "Vol- in-12. Cet ouvrage renferme des faits très-curieux. La vie du brave Crillonj, Paris, 1757 , 2 vol. in-12. Les Œuvres de Mademoiselle de Lussan ont beaucoup de mérite ; mais le style n'en est pas aussi précis et aussi serré qu ilpourrait rétre.

M A D 217

M.

MADELEINE , dite du Saint - Sacrement , naquit à Saint-Sever-Cap , petite ville de Gascogne , le 6 avril 1617. Dès son enfance elle montra beaucoup de piété. Elle se fit religieuse carmélite à Bordeaux. La mort Teu- lera à ses compagnes à làge de quatre-vingts ans.

Elle composa deux petits ouvrages , l'un touchant les Vertus Théologales, et l'autre sur la Prière. Ces produc- tions se trouvent à la fin de sa vie » écrite p?ir le R. P. Dom Jean Martianay.

MAINE , (Anne-Louisf.-Bf.neîdictine de Bour- bon, duchesse DU ) petite-fille du grand Coudé , naquit le 8 nov. 1676. On la maria, le 19 mars 1692, au duc du Maine , fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Mon- tespan. Madame du Maine', avide d apprendre et capable de tout savoir , trouva dans sa maison le maître qu'il lui fallait ; ce fut Malezieux qui avait été précepteur du duc du Maine. Elle aimait avec passion les sciences > les lettres et les beaux-arts. Ceux qui les cultivaient , trouvèrent en elle une protectrice. Sa maison de Sceaux , si célèbre par les fêtes et les spectacles quelle y donnait, était le lieu elle rassemblait les personnes les plus distinguées par leur esprit. Parmi les littérateurs qui composaient sa société » on remarque Saint-Aulaire , l'abbé Genest , liamotte , Fontenelle et Voltaire. Personne , dit Madame de Staal , n'a jamais parlé avec plus de justesse , de netteté et ^q rapidité que Madame du Maine , ni d'une manière plus noble et plus naturelle. La mort lui enleva son époux le 14 mai 1756. Elle termina sa carrière le a5 janvier 1755»

2i8 MAI

On trouve quelques vers de sa composition dans l'ouvrage

intitulé : Divertissemens de Sceaux.

MAIXTE^'OIW ( Françoise dAubioe, daLord Dame SCARRON , ensuite Marquise DE) petite-fille de Théodore-Agrippa d'Aubigné , naquit le 8 septenibre i655, à la conciergerie de ^Niort, étaient enfermés son père et sa mère. 11 semble qu'elle fut destinée à éprouver toutes les vicissitudes de la fortune. Conduite à làge de trois ans en Amérique , ramenée orpheline à làge de douze ans , traitée avec la plus grande dureté chez Madame de Neuil- laut , sa parente , elle se trouva trop heureuse d épouser, à làge de seize ans , lauteur du Roman comique. Elle resta veuve en iGGo. La mort de Scarron la fit retomber dans 1 indigence. Elle soUiclla long-lems et vainement auprès de Louis XIY une pension dont avait joui son époux; Madame de Montespan la lui fit obtenir et la chargea de 1 éducation de ses enfans. Les soins quelle leur donna, et sur-tout la manière dont elle éleva le duc du Maine, lui valurent des gratifications de la part du roi. En 1674 1 elle acheta la terre de Tviaintenon. Louis le Grand, qui d'abord avait eu pour elle de l'antipathie , passa de laver- sion à la confiance , et de la confiance à l'amour. En 1679 , il lui donna la place de dame d atours de la dauphine. Elle devint son épouse vers la fin de i685 , dans sa 5o'^. année. Ce mariage fut tenu secret. Eu gé- néral elle fut plus occupée de complaire au roi , que de le gouverner. Elle ne regarda la faveur que comme un fardeau que la ])ienfaisance seule pouvait alléger. L'abbé Testu , Racine , Despréaux. , Bussi , Montchevreuil , Mademoiselle de Scudérv , 3Iadame Deshoulières , éprou- vèrent les effets de sa protection. C'est délie que Boileau a dit dans sa Satvre contre les Femmes :

MAL 219

J'en sais une chérie, et du Monde et de Dieu, Humble dans les grandeurs , sage dans la fortune , Qui gémit, comme Eslbcr , de sa gloire importune," Que le vite lui-même est contraint d'estimer.

Ce fut à la prière de Madame de ^ÏNIaintenon , que Louis XIV fonda, en 1686, dans Tabbaye de Saint-Cyr , une communauté pour y élever et instruire trois cents Jeunes demoiselles. Elle fît les réglemens de cette maison» avec Godet- Desmaréts , évèque de Chartres. Cet établis- sement rappelle celui que limpératrice de Russie fonda , à Pétersbourg , à l'instar de Saint-Cyr. Après la mort du roi , Madame de INIaiutenon se retira à Saint-Cyr , elle donna l'exemple de toutes les vertus. Elle y mourut , le i5 avril 17 19, à 84 ans. Labeaumelle publia la Tie de cette femme célèbre , en 1705^ et Caraccioli en 1786. Labeaumelle fit paraître , en 6 volumes , des Mémoires pour servir à l'Histoire de ^ladame de Maintenon. Son portrait , peint par Pierre Miguard , se trouve à lécole centrale du département des Deux-Sèvres.

On lui doit des Lettres , publiées par Labeaiunelle ; Nancy , 1755 , 2 vol. in- 12 ; i 756 , 9 vol. in-12 ; traduites en anglais , Londres ^ 1759» 2 vol. in-i'2. Les Lettres de JS/ladame de Maintenon sont un modèle excellent dans la partie des affaires. Elle dit ce qu'il faut dire , le dit bien , et ne dit que cela. Maïntenoniana , Amsterdam , 1773, in-8°. Cet ouvrage est un recueil d" anecdotes , de por- traits , de pensées et de bons-mots , tirés des I^ettres et ^ç.?, Mémoires de JMadame de Maintenon. ]Monta2uac a

o

donné , eu 1771 , 1 Esprit de Madame de Jlahitenoa.

Û20 MAL

MALADIÈRE, (Madame DE LA) reçut dans le i8«. Siècle. Elle a piihlié : jihrégé de Mathématiques , à l'usage des jeunes-gens ; Paris, 17791 in-12. On trouve dans cet ouTrage de la précision , de la clarté et de la méthode.

MALARME, (Charlotte de Bournon , Bame DE ) membre de 1 Académie des Arcades de Rome , est née à Metz eu 1755. Son premier ouvrage est un Traité d'éducation. A l'âge de 24 ans , elle a publié : Milady lAndsey j ou V Épouse pacifique ; Paris, 1780 , 1 vol. in-12. On lui doit encore : Mémoires de Clarence TVeldone , ou le Pouvoir de la Vertu , histoire anglaise ; Paris , 1 780 «

1 vol. in-12. L'objet de cette production est bien rempli : la vertu y triomphe du vice ; cependant on pourrait désirer que 1 auteur eut soigné davantage son style. Anna- iîose-TVée^ histoire anglaise , 1785, 2 vol. in-12. Ew^ génie Bedfort , ou le Mariage cru impossible , i784i 2 vol. Richard Bodley , ou la Prévoyance malheureuse, 1785 ,

2 vol. ia-i2. Tout est possible à l'amitié , ou Histoire de jMylord Lou8-Rose et de Sophie Mostain , 1786, 2. vol. Lettres de Mylord TP'alton à Sir Hugh Battle , son ami , 1788, 2 vol. Les trois Sœurs , ou la Folie guérie par l'Amour ; an 5 , 4 ^^^' Les trois Frères , ou Lydia Churchill ; an 6 , 2 vol. Théobald Leymour , ou la Mai- son murée y an 7 , 5 vol. Les évènemens de ce roman sont piquans et naturels. Miralba , chef des brigands ; Paris , an 8 , 2 vol. Le lems passé , ou les Malheurs de Mademoiselle de Mo. . . . émigréej au 9 , 2 vol. in-12. f eut-on s'en douter? ou Histoire véritable de deux Familles de Non\'ick ; P^Hs , an 10 , 2 vol. in-i2. Les deux Bor- gnes, ou Lady Jusiina Dunbar; Paris, au 11,5 vol. in-i2. Les romans de Madame de Malarme offrent de ILntérct.

MAL 231

MALARTIC, ( Ambroise-EDLALIE de) est née en.

1737 a Montauban. L'Académie de cette ville la admise au

nombre de ses membres. Elle a domié : Essais sur le Goût.

Des Mémoires et des Poésies , dans différens Journaux..

MAL-ENFANT^ (Madame la présidenle DE) de Pa- miers en Languedoc, vécut dans le 17®. siècle. Elle s'est fait quelque réputation par ses Lettres , et par ses Poé' sïes fugitives.

MARCUAND, (Françoise DUCHE , Dame le) fillo de Joseph Duché , de 1 Académie des Inscriptions et Belles-Lettres , hérita de l'esprit et des talens de son père. A ces qualités , elle joignit toutes celles qui rendent une femme aimable et la font estimer. La mort l'enleva à la société , vers 1754-

On lui doit : Nouveaux Contes allégoriques , 1755. Un des plus iutéressans de ces contes , Boca , est écrit avec agrément , et la fable n'y sert que d'enveloppe aux traits de morale qui s'y présentent en foule. Cette ingénieuse fiction parut en 1756 , sous le nom de Madame Ilusson. Le larcin fut découvert. Madame Ilusson convînt de son vol dans une lettre pleine d esprit qu elle écrivit à un journa-» liste. Boca a été inséré , en 1776, dans la Bibliothèque imiverselle des Romans , ainsi que l'analyse de deux co- médies en trois actes et en prose de Madame Le Mai'- chand. Ces pièces sont intitulées , l'une : le Mystérieux , et l'autre , le Défiant. Elle a laissé plusieurs ouvrages Bianuscrits.

MARCHAND, (Flore Lefebvre ) est auteur de Lucien, ou V Enfant abandonné , Paris, an 9, 2 vol. in- 18. Ce roman est intéressant. Le style en est naturel. Nor nine du Manchester ^ Paris , au 10 , 5 vol. iu-iu.

a2U M A R

MARCHEBRUSC , (N. Chabot , Dame de) vécut au ; coiumeucement tlii i4^. siècle. Vers i546, elle quitta son

pays , le Poitou , pour aller demeurer à Avignon. Elle y ;

tint ime cour tVamour , Ton accourait pour renlendre j

juger les causes et décider les contestations galantes qui j

étalent portées à ce tribunal. Son mérite et sa réputation i

furent si grands, que les poètes ses contemporaius reclier- ! cliaient avec empressement les productions de sa Muse. Le Monge des Isles d Or lui attribue un traité ^ intitulé :

De la natura cV Amour. Elle y décrit très-élégamment les i

biens et les maux que 1" amour produit, j

MARENNES , (Anne de Parthenay - l'Arche- | VÈQUE, Dame DE PONS , Comtesse de) fut de cette \ illustre maison du Poitou , qui prit le surnom de T Arche- vêque, vers le commencement du ii^. siècle. Elle eut pour mère ISichelle de Saxibone, gouvernante de la se- conde fille de Louis XII. En i555^ elle épousa Antoine \ de Pons , comte de Marennes, à qui elle fut très-attachée. i Son savoir et la délicatesse de son esprit , la rendirent l'un j des principaux ornemens de la cour de Pieuée de France , duchesse de Ferrare. Elle est connue dans la république ' des lettres par sa science et par la protection quelle ' accorda aux savans. La langue latine lui était familière , j et elle lisait les auteurs grecs. L'étude des hautes sciences ^ ne lempècha pas de cultiver les arts d'agrémens. Lélio | Giraldi , qui avait dédié son premier Dialogue sur l'Hls- ' toire des Poètes , à la duchesse de Ferrare , dédia le : second à la comtesse de Mareunes. Il y a lui grand éloge ^ de cette dernière dans la dédicace qui est à la tète du ' Dialogue dont il lui fait hommage. " Parlerai-je , dit-il , y> de votre goût pour la poésie , soit comme juge , soit \

JVI A R 225

n comme aulem'? Mais vous ne vous bornez pas àlacoui- r position : tous les talens sont de voire ressort. Vous niet- yt tez eu air, vous chantez vos vers avec une délicatesse et >i des grâces admirables». Parmi les autres savans qui, dans leurs écrits , ont cél^ébré le mérite de la comtesse de Marennes , oix^listiugue Marot , qui lui adressa une épître.

MARGUERITE DE VALOIS , duchesse d Alençon , et reine de Navarre, sœur de François 1^' , naquit à Angou- léme , le 1 1 avril 1492. Au mois de décembre iSog , elle épousa Charles duc d Alençon et de Berri , qui mourut eu avril i525. L'année suivalite , elle fut mariée en secondes noces à Henri d Alhret 11^. du nom , roi de Navarre. Elle eut une très-grande influence dans les affaires du gouver- nement, et elle les conduisit avec habileté. Animée du même goût que son frère pour les lettres , elle ne contri- bua pas moins que lui aux progrès rapides qu elles firent sous le règne de François I^'. Les savans lui étaient chers; les malheureux lui étaient sacrés ; tous les humains étaient ses frères. Elle ne divisait point , à 1 exemple de ses cou' temporaius , la société en orthodoxes et en hérétiques % mais en oppresseurs et en opprimés. Elle employa pres- que tous ses revenus à secourir ceux qui furent persé- cutés pour leurs opinions religieuses. Cette conduite est d'autant plus admirable , quelle donna des preuves de catholicisme les moins équivoques ; et dans ce tems-là même , les Catholique* avaient la fureur d exterminer par la flamme et le fer tout homme soupçonné d'hérésie. Marguerite de Valois eut une grandeur dame et une force <le génie supérieures à son siècle. Sur la fin de sa vie , elle fonda phisieurs hôpitaux , entr autres , celui des Enfans-. Rouges à Paris. Elle mourut en décembre 1 5.(9 , au château

Q!i4 M A R

<VOclos en Bigorre. Sou Oraison fionèbre , écrite en latin par Charles de Sainte-Marthe , a été imprimée en i55o. Ou a publié en son honneur un volume d épitaphes, composées en diverses langues par les hommes les plus savans de 1 Europe. Sa mémoire a aussi été célébrée par" trois Anglaises qui étaient sœurs , Anne , Marguerite et Jeanne Seymour. EUes composèrent , sur ce sujet, cent quatre distiques latins. Hilarion de Coste parle de cette princesse dans ses Eloges des Dames illusti'es. Madeinoiselle <le Laforce a donné iHistoire de INIarguerite de Valois.

On lui doit : le Miroir de VAnte jjécheresse ; i555. Ce livre pai'ut suspect à la Sorbonne ; il fut condamné. L'Uni- versité désavoua la censure. Les Marsuerites de la Mar- giterite des Princesses; Lyon, Jean de Tournes, i^\'] , I vol. in-8°. ; Paris, Etienne Groulleau , i558 , in-i6. Ce recueil , publié par de Lahaye , son valet-de-chambre , parut sous les auspices de Jeanne d'Albret , fille de Mar- guerite de Yalois. On y trouve quatre Bîy stères ou Comé- dies pieuses ; deux Farces ;'wa. poème intitulé : le Triomphe de V Agneau ; Histoire des Satyres et Nymphes de Diane , dédiée à Marguerite, fiUe de François I^*^ ; des Èpitres ; des Chansons spirituelles ; des Sonnets italiens, et plusieurs autres Poésies. Ses vers lui acquirent le surnom de dixième Muse. Églogue ; Pau , 1 552 , in-40. Eptameron , ou les Nouvelles de la Reine de Navarre ; i56o , rn-4°. (édi- tion de Gruget) ; Paris, Gilles Robinot , iSG^ ; Amster- dam, 1698 , 2 vol. in-8° , figures de Romain de Hoogue; Paris, Jacques Bessln, 1698, 2 vol. in- 12. Ses Nouvelles sont un modèle de naïveté. L'esprit et Timagination les caractérisent. Elles ont fourni des sujets ou des situations à différens auteurs. La Fontaine y a puisé le fonds et même les ornemens de plusieurs de ses Contes.

MARGUERITE

MAR 2a5

MARGUERITE DE FRANCE , duchesse de Berry et de Savoie , fille de François I^'". , iiaquil à Saiut-Germaia- en-Laye , le 5 juin iSaâ. Elle épousa » le 9 juillet iSSg, Philibert , duc de Savoie. Les langues grecque et latine lui étaient familières. Sa bienfaisance et sa bouté la firent surnommer par ses sujets la mère des peuples. Elle mourut à Turin , le i4 septembre 15^4-

Marguerite protégea les poètes Ct les savans. Ronsard, Dubellav , Jodèle , Dorât , lielleau et le chancelier de 1 Hôpital eurent beaucoup de part à ses libéralités. Sou nom fut célébré par toute TEurope.

MARGUERITE DE FRANCE, reine de Navarre , fille de Henri II et de Catherine de Médicis , naquit à Fontai- nebleau, le i4 mai i552. Elle épousa^ le 18 août iSya, le prince de Béarn , depuis Henri IV. Leurs nœuds furent rompus par le divorce en iSgg. Elle se fixa à Paris en i6o5. Sa maison fut 1 asile des gens de lettres. Elle mourut le 27 mars 161 5. Son histoire a été publiée par Mongez , i'^']']-, in-80.

On lui doit; des Poésies j parmi lesquelles il y a des vers heureux. Des Mémoires depuis i5G5 jusqueu i582; Paris, i6a8; Liège, i7i5,in-8°. ; la Haye , 1715, in-12. Ces Mémoires ont été publiés par Auger de Mauléon. La «econde édition , la meilleure des trois , a été donnée par Godefroi. Le style de cet ouvrage est naïf et agréable , les anecdotes sont cmneuses et amusantes. Après la Saint- Barthélémy , elle fit un Mémoire justificatif ^ponr Henri, son époux. En 1575 , elle donna audience aux ambassa- deurs polonais qui étaient allés à Paris , pour chercher leur roi , le duc d Anjou. Us firent à Marguerite un com- pliment en laliuj auquel elle répondit Irès-éloquemmeut.

226 M A R

MARIE DE FRANCE , voyez FRATs^CE.

MARIE DE BRARANT , fîUe de Henri III , duc de

Brabant., épousa Philippe le Hardi , roi de France , en 1274. Elle eut beaucoup de part au gouvernement de l'état. Devenue veuve , en 1285 , 'elle consacra le reste de sa vie à la retraite et à létude. La mort termina sa car- rière en iSai .

Elle cultiva la poésie , et protégea les poètes. Ses bien- faits en attirèrent mi grand nombre à la cour de France.

MARIE DE CLÈVES , princesse de Condé , fille de François de Clèves , duc de Nevers , épousa le prince de Condé, en juillet 1572. Elle mourut à Paris, le 5o octobre i574»

On a d'elle : Oraison et Remontrance de haute et puis~ saute Dame Marie de Clèves , sœur de très-haut et puis~ saut Seigneur le Duc de Clèves et de Gueldres , faite au Roi d' Angleterre et à son Conseil, traduite en français ; im- primée à la Rivour , in-4°. , par Nicole Paris , imprimeur de Messire Jean de Luxembourg.

MARIE DE MÉDICIS , fille de François II de Médi- cis 1 grand-duc de Toscane , et de Jeanne d Autriche , naquit à Florence le a5 avril 1575 , et épousa en 1600, Henri IV , roi de France. Elle se fit remarquer par sa beauté , la délicatesse de son esprit et la générosité de son ■cœvir. Ses bonnes qualités furent obscurcies par des dé- fauts. A la mort du roi , en i6io , elle fut nommée régente du royaume. Après avoir été la cause de l'élévation du cardinal de Richelieu , elle fut la victime de l'ambition et ile lingratitude de ce ministre. Obligée de quitter la

M A R 227

France, en i63i , elle erra dans plusieurs cours de 1 Eu- rope. Enfin elle se retira à Cologne , elle vécut dans I indigence , et mourut le 5 juillet 1642. Entr autres éta- blissemens , elle fonda deux hôpitaux pour les malades , au faubourg Saint-Germain à Paris, et un hôpital à Chaillot pour les enfans orphelins. Sa Vie fut publiée à Paris , en 1774 1 3 vol. in-8". Son portrait , gravé par Jean-Baptiste Massé, se trouve à la tête du Recueil d'Estampes , d'après les Tableaux de Rubens , de la galerie du Luxembourg.

Marie de Médicis cultiva et protégea les arts. Elle a gravé en bois la tète d une jeune Dame eu profil , que Ton croit être son portrait. Rubens fut appelle pour embellir le palais du Luxembourg , qu'elle avait fait bâtir. Mal- herbe et Gombaut eurent beaucoup de part à ses bienfaits.

MARIE DE L INCARNATION , voyez MARTIN.

MARILLAC , ( Louise de ) religieuse de 1 abbaye de Poissy, s'adonna à l'étude des langues savantes. On lui doit une traduction des Pseaumes pénitentiaux , impr. en 1G21 , et dédiée à Jeanne de Gondy sa prieure. Elle décéda en 162g.

MARILLAC ,( Madame DE ) a donné : le Temple*du Destin, ou l'Hommage des cœurs français à Madame la Dauphine , poëme en cinq chants , en prose , Paris , 1 770 , in-i 2. Appel au public du Jugement de l' Académie Fran- çaise , suivi d'un Kloge de Charles de Sainte~]Maiire , Duc de Montausier , avec des notes sur différens objets , Paris , 1782, iu-S'^.

MARQUETS , (Anne de) native du Comté dEu, fut élevée avec beaucoup de soin. Les langues grecque et latine

i5..

228 M A R

lui élaient familières. Elle avait du talent pour la poésie. Sa naissance , sa fortune et son mérite pouvaient lui faire jouer un rôle brillant dans la société ; mais elle préféra la vie monastique. Elle fit profession à Poissy dans un couvezit de l'ordre de Saint Dominique. L'austérité du cloître ne 1 em- pêcha pas de sadonner à la littérature , et de conserver ses correspondances avec des gens de lettres. Ronsard et plu- sieurs autres poètes , ses contemporains , ont fait féloge de cette savante. Quelque tems avant sa mort, elle perdit la vue. Elle" termina sa carrière dans un âge avancé le n mai i588.

Ou lui doit : Sonnets et Devises , pour rassemblée des prélats et docteurs , tenue à Poissy en i56i , Paris , Guil- laume Morel , i562. Traduction des Collectes de tous les Dimanches. Traduction en vers français des Poésies pieuses et des Épigrammes de Flaminio , le latin à côté , Paris, Nicolas Chesneati , iSôg, in-8*^. Cet ouvrage parut sous les auspices de Marguerite, sœur de Charles IX. 38o Sonnets spirituels sur les Dimanches et principale* Solemnités de Tannée , Paris, i6o5.

MARRON, ( Marie -Apsme Carrelet, Dame de) née à Dijon en 1725 , annonça de bonne heure les disposi- tions qu'elle avait pour les arts. Dès làge de quinze ou vingt ans , elle fit de grands tableaux. On en plaça un dans 1 église de Notre-Dame de Dijon. La nature lavait douée d'un rare talent pour la poésie dramatique 5 elle ne s'en aperçut qu à rage de 42 ans. La sensibilité et la vertu qui régnent dan* ses ouvrages , faisaient le fond de son caractère. En 1^52 , elle épousa M. de Marron , baron de Meillonaz. Ses mœurs, et son attachement à ses devoirs , lui ntéritèrent et lui acquirent une très-grande considération. Elle mourut à

M A R liât)

Bourg-en-Bresse, le i4 décembre 1778. Son éloge composé par le savant Lalande , a paru eu 1780, dans le Nécrologe des hommes célèbres de France.

Vers la fin de 1766, elle se trouva dans une société Ion vint à lire la Sopbouisbe du grand Corneille. Madame Marron observa que le rôle d'Erixe produisait peu deffet dans la pièce, et lui semblait inutile ; cette opinion fut com- battue. Dès le lendemain , elle commença vni plan de tra- gédie en prose. Sans diminuer rinlérêt du sujet , elle y évita 1 inconvénient qu elle avait relevé ; on trouva qn il ny man" quait que la versification. Madame Marron ne se doutait pas qu'il lui fut possible d y ajouter ce mérite ; cependant elle mit la main à Tœuvre , et dès le commencement de 1767 , elle termina une Sophonisbe en vers. En 1 768 , elle composa deux autres tragédies : Tune a pour sujet les Héraclides , ou le dévouement de la famille d' Hercule ; le héros de 1 autre est Childéric , roi de France. Elle avait vu dans un roman de Fontanelle , un fils coupable , qui avait pour juge son propre père. Cette situation lui fournit, en 1769 , une pièce appel- lée d abord le Prisonnier ^ ensuite le Comte d'Harville. La même année , elle composa encore une Tragédie et une Comédie. Le premier de ces ouvrages a pour litre : les Atrides ; le second est intitulé : Clarice : c'est un Lovelace qui est ramené à son devoir par la vertu de Clarice. En 1 770» le roman de Gilblas lui inspira lidée de faire f^alerie, tra- gédie. Saurin a traité le même sujet dans Blanche et Guis- card. Il parut deux, tragédies de Gabrielle de Yergi , dont les auteurs sont Dubelloy et d Arnaud ; elle crut qu'elle pouvait en faire une troisième du même nom , dans laquelle elle éviterait les défauts quelle avait remarqués daus les autres. Cette tragédie fut faite en douze jours. Son époux U fit imprimer à son insçu, à Lyon , chez les frères Périsse,

23o M A R

en 1770. Elle composa, en 1775, la tragédie â^Antigone; en 1774 1 elle fit sa dixième et dernière jJièce. C'est une comédie envers, intitulée : le bon Père, ou V École des Pères. Depuis il ne sortit de sa plume que le premier acte d'ime tragédie de Cyrus., et différens morceaux de Télémaque mis en vers. Ses écrits sont pleins de sentiment et de pathé- tique; la versification en est facile et harmonieuse. Cepen- dant il n y aurait que quelques-uns de ses ouvrages qui seraient dans le cas d être donnés au public ; les souffrances dont elle fut accablée dans les dernières années de sa vie , ne lui permirent pas de mettre la deruière main à ses pro- ductions. Voltaire qui avait lu plusieurs des pièces drama- tiques de Madame IVIaiTon , rendit liommage à ses talens.

MARTIN, (Marie GUYERT,Damc) surnommée Marie de llncarnation , mère de D. Claude Martin qui s'est rendu illustre dans la congrégation des bénédictines de St. Maur, naquit à Tours le 18 octobre iSgg. Elle devint veuve à 19 ans ; et , à Tàge de Sa , elle prit le voile che« les Ursulines de Tours. Appellée à la conversion des filles sauvages du Canada, elle passa, en iôSq, à Québec elle établit un Couvent de son ordre , qu elle gouverna avec beaucoup de sagesse et de prudence. La mort l'enleva à ses compa- gnes , le 3o avril 1673.

Elle composa : l'Ecole Chrétienne , pour les novices den Ursulines de Tours. Cet ouvrage a du mérite. On lui doit encore : Retraites et Lettres , in-4°. U a paru deux Vies de cette religieuse ; lune écrite par elle-même , a été donnée au public par D. Claude Martin son fils ; l'autre dont le P. Charlevoix, Jésuite , est auteur , a été publiée en 1724 1. in-i3.

MAS 25ï

MASQUIÈRE, (Françoise) Parisienne, était fille d'un mai tre-d hôtel du roi. La fortune ne lui fut pas favorable ; mais son économie , et son amour pour les lettres lui pro- curèrent une vie heureuse. Elle fut en relation avec plu- sieiu's personnes d'un mérite distingué. La mort l'enleva à la société en 1728. Son amie , Mademoiselle L héritier, fit pour elle l'épitaphe suivante :

C'est ici le tombeau de la sage Masquière ,

Pour elle au Roi des rois , passant , fais ta prière.

Sou esprit, éclairé d'une docte clarté.

Fut rempli de solidité. Ses vers furent ornés d'une noble élégance ; Et Ton vit ses vertus , ses talens , sa science

Couronnés par la piété.

On remarque parmi ses poésies, qui ont été insérées dans différens recueils , \si Description de la Galerie de St.-Cloud ; ï Origine du Luth ; uneOde sur le martyre et une élégie. La facilité 1 la délicatesse et la sensibilité caractérisent ses vei's.

MAUGONNE , ( Mademoiselle DE ) a composé : Ins- tructions pour les Jeunes Demoinelles ; Paris, 1784, in- 12. Dans cette production , 1 auteur s occupe d tme manière très-avantageuse de former le cœur et de rectifier 1 esprit de la jeunesse.

MAUPEOU , (Marie - Marguerite de ) dite Tl érèse de Saint-Joseph, d'abord prieure des Carmélites de Saint-Denis , ensuite prieure des Carmélites de Pout- Audemer, vécut vers la fin du 17^. siècle. Elle a traduit les Lettres de Sainte Thérèse ^. publiées avec des notes , par dom La Taste ; Paris, Mazières et Gamier, 1748 , 2 vol. in-4°-

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MAUZÉ^ ( Agnès ) issue dune honnête famille de Riche- lieu, fut orpheline dès làge le plus tendre. L'amour de la retraite et le goiit de 1 étude lui firent prendre le voile. Elle €utra dans le monastère de Richelieu, à làge de 17 ans. La nature lavoit douée d'un esprit vif , et d'un cœur généreux, et bienfaisant. La modestie embellissait encore ces qualités. Sans autre maître quelle-même , elle était devenue très- habile dans la peinture et dans la sculpture. Elle construisit en cartons dorés , et exécuta en relief des édifices de dif- féreus genres ; entr'autres : la Vue du Port-Mahon et du, fort Saint-Philippe ; la Vue du port de Brest ; les Plans du, château de Richelieu , de la chapelle de Versailles , et du temple de Diane d'Èphèse , brûlé par Érostrate. Tous ces ouvrages ont reçu des connaisseurs les applaudissemens qui leur étaient dus. La broderie , la musique et la poésie occupaient encore ses loisirs. Son style épistolaire avait du mérite. Après avoir passé par toutes les dignités de sou couvent j elle en devint supérieure. Les infirmités qui 1 ac- cablèrent dans les dernières années de sa vie , l'engagèrent à se démettre du fardeau de la supériorité. La mort l'enleva à ses compagnes, le 6 mars 1788, dans la 75^ année de son âge.

MAZARIN, ( HORTENSE Manciisi, Duchesse DE) nièce du cardinal de ce nom , fut amenée en France , à làge de 6 ans. Son oncle lui fit épouser/ en i66i , Armand- Charles de la Porte de la Meilleraie , à qui il laissa sou nom et ses biens. Elle était alors dans sa \b^ année. Celte union ne fut point heureuse. La duchesse de Mazarin , ayant detnandé une séparation quelle ne put obtenir, elle se détermina à sortir de France, Après avoir parcoiu-u différons pays , elle passa en Angleterre , elle mourut le 2 juillet 1G90.

M A Z 255

La nature l'avait clouée d'une grande beauté , et de beau- coup d'esprit. Elle fut Tune des protectrices du bon La Fontaine. La duchesse de Mazariu a donné ses Mémoires; Cologne j 1675 , in- 12. Ils ont été insérés dans les Œuvres de Saint-Évremont j ainsi que ceux quelle opposa aux factums de son époux.

MAZEL , ( Madame ) vécut dans le 17^. siècle. Elle

s'adonna à Tétude des belles-lettres. On lui doit des Pièces

fugitives j parmi lesquelles on remarque celle quelle a

composée sur le siège de Mons^ fait par Louis XIV. Vertron

dans sa Pandore fait Téloge de Madame Mazel.

MEHEUST 1 ( Madame ) a donné au public : Histoire d'Emilie ou les Am,ours de Mademoiselle de *** y Paris , 1732 1 in- 12. Ce roman inspire beaucoup d'intérêt.

MENARD , ( Madame ) a publié : Les Veillées d'une Femm.e sensible; Paris ^ 1796^ 2 vol. in-18. Ce recueil contient des Discours sur diftérens sujets , des Contes Moraux, des Epitres , des Romances, et plusieurs autres Pièces fugitives. Quelques-uns de ces morceaux sont écrits agréablement. On y trouve beaucoup de sensibilité et quel- quefois des traits de génie. En parlant de Voltaire et de Rousseau elle dit : pour toute pompe funéraire le goût pleure sur leur tombeau. Cependant toutes ses productions sont loin d être parfaites : il en est même qui n'étaient pas digues de l'impression. Les Malheurs de la Jalousie , ou Lettres de Murvilhe et d'Eléonore M.elcour ; Paris 1, 1 798 , 4 vol. in-18. Ce roman nest pas sans mérite.

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MENON» ( Mademoiselle) vécut dans le i8^ siècle. On trouve dans quelques journaux , des pièces de vers de sa composition , entr autres, une fable intitulée : La Rose. Elle a traduit de l'italien un ouvrage d'Algarotti ^ qui a pour titre : L' Assemblée de Cyihère\ 17 58, in- 12.

MÉRARD SÂINT-JUST, ( Anne-Jeanne-Félicitè dOrmoYj Dame) est née le 28 juillet 176$, à Petlii- viers, département du Loiret. Aux agrémens de Tesprit , elle réunit beaucoup de modestie. Ses ouvrages ont tou- jours paru sous le voile de lanonyme. On lui doit : différens Contes en prose , insérés dans le Journal de Monsieur. Des Opuscules ., ou Bergeries-, Paris , P. DidotTaîné, i vol. in- 18. La JMère coupable , ou les Dangers de la passion dujeuj Paris , le Prieur, i vol. in-i8. Le Château noir, ou les Souffrances de la jeune Ophelle , Paris , le Prieur , an 7 , in-i 2. Le Petit Lavater , Paris, Demoraine , an 8 , an 9 et an lo , 3 vol. in- 18. Les Orphelines par la révo- lution j 3 vol. in- 12 , sous presse. Madame Jollveau a mis au bas du portrait de Madame Mérard Saint-Just , gravé par Chrétien , les vers suivans :

Du voile delà modestie, Saint-Just s'efforce en vain de couvrir son esprit, Dès qu'elle parle ou qu'elle écrit , Elle se voit soudain trahie.

MEULAN, ( Mademoiselle DE) est auteur de la Cha- pelle d'Ayton.., 5 vol. in-i3. Cet ouvrage a beaucoup de mérite. «

MILLY , ( Mademoiselle DE ) vécut dans le i8e. siècle. Elle a donné l'Histoire du Cœur, 1768, in-12.

MOL 235

MOLE , ( Madame ) actrice , a traduit de Kotzebue : Misanthropie et Repentir, drame en 5 actes, représenté pour la première fois sur le théâtre français de TOdéon , le 7 nivôse de lau 7 , Paris , an 7 , in-8°. Cette pièce qui a fait courir tout Paris , et qui a fait verser tant de larmes, n'a point été à l'abri de la censure. Cependant, si l'on en croit Pope :

Tout poème qui plaît n'est jamais mal e'crit : Rarement sur le goût le cœur trompa l'esprit.

MONBART , ( Madame DE LescunQ de) est allée demeurer en Prusse , oii elle a suivi son époux. Elle joignait à beaucoup d'esprit tous les agrémens de la jeu- nesse, quand elle a publié : les Loisirs d'une jeune Dame , Berlin, Decker, 1776, in-8°. Ce Recueil est composé : de Pièces fugitives , de quatre Idylles, en vers alexandrins, imitées de Gessner, et CieXst. Description dun voyage, en vers , mêlés de prose. Malgré les taches qui déparent quelquefois la prose et les vers de Madame de Monbart , on ne peut y méconnaître les marques d'un talent distin- gué. On lui doit encore ; Sophie , Berlin. C'est un Traité de léducation des filles. Aux agrémens du style, et à la délicatesse des réflexions qui caractérisent cet ouvrage , on croirait que ce sont les mains légères des Grâces qui l'ont écrit sous la dictée de la s&ine raison. Lettres Taïtiennes, Bruxelles, 1786, 2 vol. in- 12. Ce roman ins- pire de l'intérêt; la lecture en est attachante.

MONBEL, (Louise Taveàu DEMoRTEMER,Dame DE ) fille du sieur de la Chèze et de Saint -Martin la Ri- vière , en Poitou , A'écut dans le 17^. siècle. Elle cultiva les lettres. H Je lui dois , dit Michel de Marolles dans ses

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n Mémoires , nu Recueil considérable de ses poésies , ff écrit à la main, oîi tous les vers me paraissaient natu- n rels , ingénieux et bien tournés. r< On trouve , dans un Kecueil de portraits, publié en i6Sg, des productions poétiques de Madame de Monljel.

MONNET , ( Marie Moreatj , Dame ) fille duu perruquier de la Rochelle , épousa un inspecteur-général des miues. Son mérite l'éleva au-dessus de la classe elle naquit. Ses ouvrages donnaient une haute idée de son esprit à ceux qui ne la connaissaient pas ., et les qualités de son cœur la rendaient chère aux personnes qui rappro- chaient. Elle eut d illustres amis ; Thomas fut du nombre. Madame Monnet sentait vivement les charmes de lamitié, et elle en remplissait fidèlement les devoirs. Beaucoup de gens pourraient-ils dire comme elle : « Je n'ai point à me y> reprocher d'avoir oublié une seule fois un seul de mes fi amis (i) .'' n Cette femme ingénieuse et sensible mourut à Paris , le 22 brumaire, an 7.

On lui doit : Contes orientaux , ou les Récits du sage Caleb , voyageur Persan , Paris, 1779, in-12; 2^. édition idem. Quand on lit cette production , on sent la justesse de ces vers de Thomas à Madame Monnet :

Ta grâce même en leçons est féconde j

Tu fais chérir les deux biens de ce monde,

Le tendre amour et les douces vertus.

Les Contes orientaux sont écrits avec soin. Le sentiment, l'art de peindre , Tharmonie et la richesse du style en font

(1) Extrait d'une lettre de Madame Monnet, en date du 12 fe'vrier 1780.

MON 237

le mérite. Histoire d' Ah-dal-Mazour , suite des Contes orientaux , troiaième récit du sageCaleh , voyageur P ersan j

1 ^84 } in- 12. Lettres de Jenny Bleininore , Paris , i ^87 ,

2 vol. in- 12. Il faut connaître et chérir fortement la vertu» pour parler aussi bien son langage. Les lettres de Jenny Bleinmore sont pleines d'esprit , d'images et d'idées pro- fondes. L'auteur a mis dans cet ouvrage sa charmante Idylle sur les Fleurs , qui est digne de faire le pendant de la meilleure IdvUe de Madame Deshoulières. On y trouve encore , de la composition de Madame Monnet, une comé- die en prose et en deux actes , intitulée : Zadig, ou l'Épreuv» nécessaire. Le dialogue en est facile. On y remarque des traits d'esprit et de gaieté. Essais en vers , au profit des cultivateurs maltraités par lorage du i5 juillet 178-8^ Paris, 1 788. Ce Recueil est tout-à-la-fois un acte de bienfaisance et une preuve de talent. Il contient : la Femme docile , conte ; des Vers à Barthe ; un Impromptu à Mademoiselle BeaulieUj de l'Académie de peinture de Rome , après avoir vu le tableau elle a peint la veuve d'Hector ; des Stances sut la vanité ; des Vers présentés à un ami (Tliomas) le jour de Saint Antoine, son patron. Toutes ces pièces sont char- mantes ; les Stances, sur-tout, ont beaucoup de mérite.

Des Poésies , insérées dans différens ouvrages périodi- ques , parmi lesquelles on' distingue : des Stances sur le bonheur de la sagesse , quelle fit à 1 âge de 16 ans ; des Stances à M. de Voltaire , quelle composa à 1 âge de ig ans.

Plusieurs manuscrits ^ qui seraient dignes de voir le jour , dont on cite : sa Correspondance avec Thomas , et quelques Pièces de théâtre ^ reçues ou destinées à l'être. A làge de 18 ans, elle fit un Poème sur les dangers de la célébrité , qui n'a point été publié.

2j8 mon

MONTALEMBERT , (Marie de Comarieu , Dame DE ) a composé : Élise Duménil, Paris , au 9 , 6 vol. in-12. TJn style pur , souvent harmonieux et quelquefois élevé , caractérise ce roman , qui offre beaucoup d intérêt. Les situations touchantes y sont en grand nombre ; laction est peu compliquée et le dénouement est du plus grand efifet.

MONTANCLOS , ( Madame de Princen , depuis Madame DE) a donné : Journal des Dames , in-12. Cet ou- vrage périodique commencé par CampigneuUes en 1759, fut Interrompu en 1769, et repris en 17741 P^r Madame Montanclos qui le céda ensuite à M. Mercier. Le Choix des Fées par l'Amour et F Hymen à la naissance du Dauphin , comédie en un acte et en prose , Paris , 1782 , ln-8^. Cette pièce qui a du mérite , fut reçue en 1781 , parles comédiens français ; des circonstances particulières en empêchèrent la représentation. Le Déjeûner interrompu , comédie en 2 actes, en prose, 1785. Œuvres diverses en vers et en prose j Paris , 1791 , 2 vol. in-12. Robert le bossu, pièce jouée en Lan 7 , au théâtre Montansier. Cet ouvrage est charmant ; 11 respire la plus douce morale. Les Mabi- tans de Vaucluse , opéra, joué en lau 7 , au théâtre Mon- tansier. La musique est de Mengozi. Cette production a été applaudie ; mais elle ne vaut pas la précédente. Le Fauteuil, comédie. Les trois Sœurs dans leur ménage , ou la suite de Robert le bossu , vaudeville en un acte , joué en Van 8, au théâtre Montansier. La bonne Maîtresse , comédie en un acte , en prose, représentée pour la pre- mière fols sur le théâtre des jeunes Artistes de la rue de Bondy , le 18 messidor an 1 1 , Paris , in-8°. Un grand nombre de Pièces fugitives Insérées dans plusieurs recueils. Les vers de Madame Montanclos sont écrits avec beaucoup de facilité , de grâce et de délicatesse.

MON 2%

MONTBRUN , ( Mademoiselle DE ) du Daupliiiié , petite-fille d'Alexandre Dupuy, marquis de St. -André Moatbruu, vécut dans le 17"". siècle. L'auteur de la nou- velle Pandore la mise au rang des femmes savantes de la France. On trouve son éloge et des Lettres de sa composi- tion , dans le troisième tome du Cabinet des Grands , par Pontier.

MONTAUSIER, (JULIE -LuciNE d'Angennes de Rambouillet , Duchesse de ) fille de la marquise de Rambouillet , naquit en 1607. Sa beauté , sou mérite, et la protection qu elle accorda aux gens de lettres , lui don- nèrent une grande célébrité. Dès sa plus tendre jeunesse , elle pénétrait les défauts les plus cachés des ouvrages des- prit, et elle en discernait les traits les plus délicats. Elle fulTun des principaux ornemens de 1 illustre hôtel de Ram- bouillet. C est gu elle reçut les hommages des personne» les plus renommées par leur esprit et par leur politesse. Le marquis de Salles , depuis duc de Montausier , fut l'un de ses plus fidèles adorateurs : c'est à lui quelle dut la Guirlande de Julie. Jamais 1 amour n inventa de galanterie plus ingénieuse ni plus nouvelle que ce bouquet poétique. Le duc de Montausier fit peindre , sur vélin , les plus belles fleurs par Robert , célèbre artiste d alors ; au bas de chaque figure , on laissa assez d'espace pour y mettre un madrigal, qui aurait pour sujet la fleur peinte et qui serait à la louante de Julie ; le duc de Montausier engagea les poètes à se cliar- ger de la composition des pièces , et il en fit lui-même quel- ques-unes ; elles furent écrites au bas de chaque fleur par Wicolas Jarry , homme inimitable en ce genre. Cet ouvrage fut relié magnifiquement , par Gascon , qui n'avait point d'égal eu son art , et orné en dehors et en dedans du chiffre

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entrelacé de J. L. ( Julie-Luciue). Le duc de Montausief en fit faire deux, exemplaires pareils. Chacun fut enfermé dans un sac de peau d'Espagne. A son réveil, Julie trouva ce présent sur sa toilette , le i"^!". jour de Tan i655 ou i634. Les madrigaux qui composent ce recueil forent publiés à Paris , en 1729, à la suite de la vie du duc de Montausier. Quelque tems après , on les réimprima encore avec la vie du duc de Montausier, et en 1784 -, Didot fit une édition des madrigaux seulement. On y trouve le joli sonnet de Ménage sur la Guirlande de Julie,

Elle conserva long-tenis de réloignement pour le mariage, et ce ne fut que le i3 juillet i645 , quelle donna sa main au duc de Montausier : cette union fut très-heureuse. Les titres et les honneurs viurent accueillir la duchesse de Montausier ; elle fut gouvernante du Dauphin , et on la nomma dame dliouneur de la reine. Fléchier dans loraison funèbre dont elle est l'objet j célèbre sa sagesse dans une condition privée, sa modération dans les plus grandes dignités de la cour , et sa patience dans une longue et ennuyeuse maladie. Made- m.oiselle de Scudéry la peinte dans ses romans sous le nom d'Arténice. Ce portrait eut tant de célébrité , que Fléchier lui a conservé ce nom dans loraison funèbre consacrée à sa mémoire, \olci un trait cpii honore la duchesse de Montau- sier : Tun de ses frères fut frappé de la peste ; rien ne put lempècher de se renfermer dans la chambre du malade et de lui donner ses soins; elle l'assista avec une présence d'esprit et une tranquillité toujours égales jusqu'au moment il succomba à. la violence du mal.

La duchesse de Montausier fut enlevée à la société , le i !> novembre 1671.

MONTÉGUT,

MO?f nU

MONTÉGUT , ( Jeanne SÉGLA, Dame de ) née à Toulouse le 25 octobre 1709, perdit son père à lâge de deux ans. Elle épousa , à 16 ans , M. de Montégut , trésorier de France , de la généralité de Toulouse. De ce mariage elle eut un fils. L'éducation de cet enfant founiit à Madame de Montégut l'occasion de développer son goût pour les lettres , et ses dispositions pour Tétude des langues. Bien- tôt elle fut aussi habile que les maîtres du jeune Montégut , et voulut elle-même lui servir de précepteur. Elle apprit l'anglais , Titalien et l'espagnol. Le dessin lui devfnt familier-, et elle s adonna avec succès à la musique. La physique et les mathématiques ne lui furent point étrangères ; elle fit une étude particulière de la botanique , et composa des remèdes pour les pauvres. A tous ces taleus -, elle -joignit celui d'exceller dans les ouvi'ages de son sexe. Elle avait près de 5o ans , lorsqu'elle fit ses premiers vers. L'Acadé- mie des Jeux floraux de Toulouse la couronna trois fois. Celte triple victoire lui valut le titre de Maîtresse des jeux. L'indulgence , la bonté , la bienfaisance et la modestie furent son apanage. Elle perdit son époux en i-jSi. La doideur qu'elle en ressentit , ruina son faible tempérament. Ses forces s'épuisèrent ., son corps se dessécha ; une mala- die épidémique qui régnait à Toulouse, acheva de l'éteindre. Elle fut enlevée à la société « le 4 juin lySa.

On trouve plusieurs de ses Pièces dans les Recueils de l'Académie des Jeux floraux. Ses ouvrages ont été réunis et publiés par son fils , sous ce titre : (Euvres mêlées , Paris , i^jBq, 2 vol. Ce Recueil contient des Réflexions morales , des È pitres , Aes, Idylles , des Eglogues j des Elégies , des Cantates , des Odes , des Idylles imitées de Théocrite , dea Eglogues de Pope , mises en vers français ; le Poème sécw laire d'Horace , et iin grand nombre des Odes de ce poêle %

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traduites en vers li'ançais. Les poésies de Madame de Montégut respirent cette douce tristesse et cette mélan- colie philosophique , qui fout le charme des écrits de Madame Deshoulieres. Sa Traduction des Odes d'Horace est en général élégante et fidelle.

MO^'TENAY, ( GeORGETTE de ) Demoiselle de Jeanne dAlbret , reine de Navarre, vécut dans le i6^. siècle. Elle était encore jeune, lorsque son père et sa mère moururent de la peste. Sa beauté et son esprit la rendirent célèbre. Elle publia : Emblèmes chrétiens, Lyon, Jean Marcorelle , 1 571 , in-8" , avec figures ; Zurich , i583. A cette seconde édition , on ajouta une version latine. Georgette de Montenav a expliqué chacun de ses Em- blèmes par huit vers français. Elle a placé à la tête de son Recueil ime Epître dédicatoire , en vers , adressée à Jeanne d Albret , et elle a mis , à la suite de ses Emblèmes , huit Sonnets et une Epitre allégorique.

MONTESPAN , (Françoise-Athénaïs de Roche*. CHOUARD-MORTEMAR , marquise DE) native du Poitou , fut d" abord connue sous le nom de Mademoiselle de Ton- nav-Charente. Elle donna sa main, eu i665 , au marquis de Montespan. Ce fut en 1666 que Téclat de sa beauté , et les grâces de son esprit , la firent aimer de Louis XIV. Elle abandonna la cour vers 1680. Protectrice des gens de lettres , elle savait apprécier leurs talens et leurs ou- vrages. La Fontaine , qui lui connaissait ce mérite , dit, en Jiii dédiant le 7*^. livre de ses Fables :

Il n'est beauté dans nos écrits '

Dont vous ne connaissiez jusques aux moindres traces.

Elle a écrit des Lettres^ dont quelqnes-imes ont été pu- bliées , entr autres -, celle qui a été insérée dans le Recueil

MON 243

clés leltres de Madame de Maintenon. Madame de Mon- tespan mourut aux Eaux de Bourbon , en 1707 , à lâge de 66 ans.

MONTESSON , ( Madame DE ) a composé des comédies, Paris, Didot, 1782, 7 vol. in-8°. On en a tiré un très - petit nombre d'exemplaires qui n'ont point été rendus pu- blics. Elle a fait jouer ses pièces dans son liôtel; cepen- dant il en est une , eu cinq actes et en vers, qui a été représentée sur le tbéàtre français , sous le titre de Madame de Chazelles. Les ouvrages dramatiques de Madame de Mon tesson ont obtenu le suffrage des liommes de lettres les plus distingués.

' MONTMORT , (Mademoiselle DE ) vécut vers le com- mencement du i8<'. siècle. Elle parlait litalien avec beau" coup de facilité. Si on en croit Yertron , il est sorti de sa plume des ouvrages ingénieux. Elle a composé des Dia~ logues , une comédie en prose , intitulée : Heraclite et Démocrite,

MONTOLTEU, (Madame ISABELLE DE) réunit aux char- mes de l'imagination toutes les richesses du sentiment. Lezay- Marnesia , dans son Plan de lecture pour une jeune Dame , rend hommage aux talens et aux vertus de Mad. de Monto- lieu. Elle est auteur de Caroline de Lichtfield, 5 vol. in-12 ; et de la Traduction de Charles Engelmann. On lui doit encore : Nouveaux tableaux de famille , ou la Kie d'un pauvre Ministre de village allemand , et de ses enfans, ti-a- dnit de Tallemand d'Auguste La Fontaine , Paris , Pougens , an 10, 5 vol. in-12. Le village de Lobensteinj, on l'Enfant Trouvé , traduction libre du roman allemand d'Auguste La Fontaine, intitulé : Théodore ^ Paris, an 1 1 , 5 vol. in- 1 2.1 Le Fils d'adoption, ou Amour et Coquetterie ^ trad. libre

iG. .

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d un roman allemand d'Auguste La Fontaine, intltidé : Heri' riette Behnan , Pai'is, an 1 1 , 5 vol. in- 12. Aristomène , trad. delallem.d'Aug. La Fontaine , Paris, Debray, an 12. 2 Tol. in-i2. Recueil de Contes , Génère, Paschoud ,an 12 , 5 vol. in-i2.

MONTPENSIER,(ANNE-MARIE-LOtJISEDORLl^ANS) connue sous le nom de MADEMOISELLE, fille de Gaston, frère de Louis "XIII, naqviit à Paris le 29 mai 1627. Le commencement de sa vie fut marqué par les plaisirs et les intrigues , le milieu par les amours et les chagrins ; elle passa dans la dévotion et l'obscurité les dernières années de sa pénible existence. Elle protégea le célèbre Lullv. A la mort de CroniAvel , dont on porta le deuil à la cour de France , elle eut le courage de paraître en habit de couleur, et de protester contre rhommage qu on rendait à cet usur- pateur. Ayant pris le parti de Coudé , dans la guerre de la Fronde , elle fit tirer, en lôSa , le canon de la Bastille siu" l'armée royale , et la força de se retirer. Cette action , qui sauva peut-être la vie au grand Condé^ et qui fit cesser l'horrible carnage qui se faisoit de I élite de la noblesse , à la porte Saint- Antoine , la perdit dans l'esprit de Louis XIV. Poiu' la punir , la com^ s'opposa toujours aux alllancea quelle eût désirées. Cette princesse , après avoir plusieurs fois manqué d'épouser des souverains , voulut faire , à 44 ans, la fortime d'un simple gentilhomme. Elle obtint, ea 1669 , la pennission de donner sa main au comte de liauzim, capitaine des Gardes-du-Corps, et colonel-général des dragons. On représenta au roi rinjure que cette union faisait à la famille royale , et Louis XIY la défendit , après l'avoir permise. Ces amans infortunés se firent donner secrètement la béuçdictiou mipliale. Laïuim ayant éclaté

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contre Madame de Montespan , à qui il attribuait en partie 6a disgrâce , fut enfermé pendant dix ans à Piguerol. Il obtint sa liberté , à condition que Madenioiselle céderfiit au due du Maine une partie de son bien. Le bonbeur de cette tendre épouse ne fut pas de longue durée ; les mauvais procédés de I^auzun la firent repentir de l'attacbement qu il lui avait inspiré. Elle mourut le 5 avril i6g5.

On lui doit des Mémoires , qui ne sont autre cbose que l'bistoire de sa vie , racontée dans les plus petits détails. Cependant on y trouve des cboses curieuses ^ et le style e\\ est assez pur. Ces Mémoires ont eu différentes éditions. Celle d'Amsterdam , Paris, 1755, 8 vol. in-12, contient différens ouvrages de IMademoiselle ; en voici les titres : •un Recueil des Lettres de M-ademoiselle de JMontpensier à jyiadame de Motîeville ^ et de celle-ci à cette princesse } les Amours de Mademoiselle et du comte de Lauzun } Tin Recueil des portraits du roi ^ de la reine et des autres personnages de la cour ; deux Romans , lun intitulé : La Relation de l'Isle imaginaire ^ et 1 autre , la Princesse de- Paphlagonie^ Le Cyrus de ce dernier Roman est M. le Prince , mort en 1686 , et la reine des Amazones est Made- moiselle de Montpensier. La coutume de jouer un rôle dans son ouvrage n'est pas étrangère aux auteurs. Regnard est le béros de sa Nouvelle, intitulée : la Provençale ; et La Fontaine s'est représenté d.M\s sa Psyché sous le nom de Polyphile. INLademoiselle a encore composé des Ré- flexions morales et chrétiennes sur le premier liv're de l'Imi- tation de Jésus-Christ , et im Ecrit sur les Béatitudes,

MONTRElJL , sœur de Jean Montreul , de T Académie» française , cultiva la poésie avec quelque succès. On cite avec éloge le Sonnet qu elle axlressa à son amant , lorsqu'elle-

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se retira , vers 1640 , dans un couvent de religieuses Ursuliues.

MOREL , ( Antoinette de Loynes , dabord Dame d'Allier et ensuite Dame ) née à Paris , est une des femmes de mérite du 16^. siècle. On lui doit plusieurs petits poèmes qui se trouvent dans le Tombeau de la reine de Navarre , Paris, Fezandat , i55i, iu-8°.

MOREL, (Camille, Anne, depuis nommée Diane, et Lucrèce ) filles de la précédente et de Jean Morel d" Ambrun , lim des beaux esprits de la France sous Henri II , nées à Paris dans le 16". siècle , furent les dignes émules des Seymours , qui se distinguèrent dans la littérature anglaise. Les Demoiselles Morel reçurent tine excellente éducation. Elles eurentpourinstituteur Charles Uthénovius , bomme d'un très-grand mérite. Leur esprit et leur savoir les ont fait regarder comme les merveilles de leur tems.. Le grec et le latin leur étalent familiers , et elles composè- rent des poésies dans Tune et l'autre de ces langues. Camille fut encore plus savante que ses soeurs. Elle possé- dait parfaitement litallen et l'espagnol. Ou lui doit des vers sur différens sujets ; quelques-uns sur la mort de son père , et d'autres sur celle de Henri II , furent imprimés à Paris, chez Federic Morel, en i585. Parmi les pièces échappées à saplunae , on admira une Epigramme en grec, faite sur la mort de Jean ?rIorel d" Ambrun. Le chancelier de 1 Hôpital , dans ses poésies , a donné des louanges aux trois sœurs. Jean Douza , dans une lettre adressée à l'au- teur de leurs jours , dit , en parlant de Canaille : u. Toute l'Europe étonnée publie que tout ce qu'elle fait n'est pas l'ouvrage d une mortelle , soit que la lyre retentisse sous ses doigts enchanteurs , soit quelle développe la tendre

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îiarmonie de sa voix céleste , soit qu'elle donne lessor à sa rerve ravissante, n Lucrèce et Diane étaient encore fort jeunes quand la société les perdit. La première mourut à Paris en juin i58û ; la seconde y termina sa carrière eu i58i. Camille leur survécut Jusqu'en i585.

MORELLE , (Julienne ) de Barcelone , fit profes- sion , en i6io, dans Tordre de Saint Dominique, à Sainte Praxède d'Avignon. A làge de i3 ans, elle soiilint publi- quement à Lyon , en 1607 , avec lapplaudissement général de tous les savans , des thèses de phllosopliie , qii elle dédia k Marguerite d" Autriclie , reine d Espagne. L illustre Gro- tius avait quinze ans quand il soutint avec le même succès des thèses sur la philosophie. Julienne était très -versée dans la jurisprudence, et elle parlait quatorze langues. Dans ce genre de savoir , on cite Cléopâtre , et Cléopàtre ne parlait que huit langues. Peu de femmes peuvent être comparées à Julienne pour l'érudition. Les sciences ne lui firent pas négliger les arts d'agrément ; elle excella dans la. musique. Elle composa dans sa retraite un Traité de philosophie et de physique. La mort l'enleva à ses com- pagnes en i655.

MORENCY, (Madame G. DE) a composé plusieurs Ro- mans, entr autres, Illyrine , eiles Ilermites du ISl ont- Blanc.

MORNAY , ( Charlotte Arbaleste, Dame be Pas-FeuquièRES , ensuite Dame de) épousa en se- condes noces, l'an iStS , Philippe de Mornay. Elle est connue , dans la répTibllque des lettres, par Touvrage sui- vant : V iede Philippe de Mornay ^ S. du Plessis Marly j ( dressée sur un Journal de Charlotte Arbaleste , sa femme , et continuée par David de Liques ; publiée avec une Préface

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de Yalenliu Conrart , par JeanDalUé) Leyde , Elzevîr, i647- Madame de Moriiay mourut, le i5 mal i6o6, àlàge de 5 7 ans.

MORTEMART , (Madame de) a donné : Jmusemeris du, Jour , ou Recueil de petits Contes , dédiés à la reine , Paris , 1780 , ln-8". On trouve , dans ces légers opuscules , des descriptions riantes , de sages réflexions , des traits de morale heureusement exprimés , et des portraits agrécd)le- rnent touchés.

MORYILLE , (Mademoiselle Fatné DE ) a traduit di£- férens morceaux. , Insérés dans le Parnasse des Dames.

MOTTE , ( Mademoiselle DE La) a donné : Célide , ou les Mémoires de la Marquise de Bleville ; Paris , 1775, 1 vol. in-i2. Histoire de Zulmy Tfartliey; Paris , 1776, iu-i2. Ce roman est écrit avec sensibilité ; le style en est pur. Cependant Touvrage nest pas sans défauts. -^ Lettres du Marquis de Sézaiines au Comte de Saint-Lys ; Paris, 1777» 2 vol. In-i2.

MOTTEYILLE , ( Françoise Bertaud , Dame PE ) fille d'un gentilhomme ordinaire de la chamlire du Roi , nièce du poète Bertaud , naquit en Normandie en 161 5. Elle apprit les langues llalienue et espagnole en mème-tems que la langue fréuiçaise. Son esprit et son ama- bilité engagèrent Anne d'Autriche à la garder auprès d elle. Quoique très-jeune , elle se trouva enveloppée dans la dis- grâce des favorites de cette princesse. Retirée en Norman- die avec sa mère , elle épousa Nicolas Langlols , seigneur de Molteville , premier président de la Chambre des

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Comptes de Roneu , dont elle devint veuve au bout de deux ans. La mère de Louis XIV la rappela à la cour , aussi-tôt après la mort du cardinal de Richelieu qui l'en avait exilée. Sa prudence , sa discrétion et sa bonne con- duite lui méritèrent la confiance et l'amitié des reines , ,Anued Autriche , Marie-Thérèse d Autriche , et Henriette- Marie de France. Madame de Motteville mourut à Paiis le 2Q décembre 1689.

On lui doit : Mémoires pour seruir à l'Histoire d'Anna d'Autriche , -épouse de Louis X.III , 1725, 5 vol. in>i2 ; 1750, G vol. in- 12. Cet ouvrage a encore eu d'autres éditions. La familiarité avec laquelle Madame de Motte- ville vécut avec la mère de Louis XIV , la mit dans le cas de connaître des particularités qu'on ignorerait , si elle ne les avait écrites. Presque tous les historiens , postérieurs à Madame de Motteville, ont fait usage de ces Mémoires pour développer certains faits dont le ressort avait été jusqu'alors inconnu. Elle a eu la sagesse de don- ner comme douteux ce dont elle ne se croyait pas assez instruite : Tair de sincérité qui règne dans toute sa narra- tion , lui fait pardonner les négligences de son style , qui est quelquefois prolixe et languissant. On trouve plu- sieurs de ses Lettres dans le recueil de Mademoiselle de Montpensier. Elle écrivit , dans les dernières années do sa vie , différens Traités sur la Religion.

MOIJGNE , ( Roberte) est l'une des savantes du 17». siècle. Après 26 ans de veuvage , elle publia en 1616 , un ouvrage , intitulé : le Cabinet de la Veuve Chrétienne , con- tenant prières et méditations sur divers sujets de lÉcriture Sainte.

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MOURET , ( Madame ) a donné : Annales de V Éduca- tion du Sexe i ou Journal des Demoiselles ; 1790, in-S".

MOUSSART , ( Mademoiselle ) vécut vers la fin du 17^. siècle. Ses Poésies ont été insérées dans les Mer- cures de son tems. On y remarque de la facilité et du goût.

MURAT, (Henriette - Julie de Castelnau , Comtesse de) fille du marquis de Castelnau , gouver- neur de Brest , et mestre-de-camp d un régiment d'infan- terie , naquit en 1670. Elle épousa le comte de Murât , colonel d infanterie , et brigadier des armées du roi. La^ vivacité de son esprit , ses inconséquences et son goût pour le plaisir , oc casionnèrent des bruits qui firent tort à sa réputation. Après la mort de son époux, le roi 1 exila à Aucîi. On ignore la cause de celte disgrâce. Le duc d Or- léans , régent du royaume , lui donna sa liberté. L'année suivante , elle mourut à son château de la Buzardlère , au pays du Maine , le 24 septembre 1 716.

Madame de Murât est une des femmes qui se sont le plus distinguées dans Vart d écrire les romans. On lui doit : la Comtesse de Châteaubriant , ou les Ejfets de la Jalousie j Paris, 1696, I vol. lu-12. Ce roman blstorique est revêtu de toutes les circonstances capables d'Intéresser et d'at- tendrir. — Mémoires de JMadame la Comtesse de Murât j awant -sa retraite j Varis , 1697,2 vol. in-12. Ijes Nou- veaux Contes des Fées , Paris , Barbin , 1698 , 2 vol. in-i2. Les Lutins du château de Ker7wsi; Paris^ lyio, i voL in-12. Le Voyage de Campagne, 2 vol. in-12. Cette production a été insérée dans les Œuvres de Madame Durand. Le Comte de Danois, o\\ Mademoiselle d'Alençon,

N A R 25i

Ce roman se trouve clans les ouvrages de Madame \ illedieu. •— Histoires sublimes et allégoriques , i vol. Ce recueil contient quatre Contes de Fées. Chansons , et autres pièces de Poésies, insérées dans plusieurs re- cueils. Elles sont marquées au coin de Tesprit et des grâces.

N.

NARP , ( Madame DE) a composé les deux Insulaires , roman ; Paris , i v. in-i2. Plusieurs Nouvelles , insérées dans la Bibliothèque des Romans , 5^. année.

NECKER , ( CURCHOD, Dame ) fille d'un ministre pro- testant de Suisse, épouse de Necker, ministre des finances sous Louis XYI , mère de Madame Staël , parente du célèbre Saussure , fut amie des hommes les plus savans de son tems. Jusqu'à làge de i^ ans , elle connut toutes les privations qui naissent de la détresse , et les supporta avec courage. Lorsqu'elle fut comblée des faveurs de la fortune , elle s'exerça aux actes de la bienfaisance la plus active, et cultiva les lettres. I^e zèle qu'elle mit, et les soins qu'elle se donna pour soidager Thumanilé souffrante, rendent sa mémoire chère à toutes les âmes sensibles. A Paris , elle dirigea particulièrement un hospice qui porte son nom , et qui était devenu l'exemple et le modèle des établissemens de ce genre. Dans tous les momens de sa vie , la bienfaisance fut lame de ses pensées et de se» projets. Ses vues sages et son attachement à ses devoirs « étaient encore relevés par ses connaissances et son esprit. Elle fut en relation avec les gens de lettres les plus distin- gués , entr" autres a,vec Gibbon, Diderot, Saint-Lambert,

232 NEC

Buffon et Thomas^ C'esl chez Madame Necker que se fît la souscription pour la statue de Voltaire. L'auteur de la Henriade 1 eu remercia par un morceau de poésie. Lebrua lui adi'essa une lettre , 1 on trouve ces vers :

O de Buffon illnstre et digne amie ! .Vous , dont il m'a vante l'ame et les agre'mens

Si chers à sa docte Uraniej Vous , qui d'un trait de feu peignez avec génie

L'Ode et ses fiers ravissemens , Que vous inspirez bien les nymphes de mémoire f Qu'il est beau de tenir le flambeau de la gloire.

Et d'en éclairer leurs amans !

Elle mourut à Copet , en 1796.

On lui doit : les Inhumations précipitées , rygo , în-5**. Réflexions sur le Divorce , 1 ^qS , in-S'^ ; Paris , Charles Pougens , an 10 , in-8°. Cet ouvrage respire la vertu. Sur l'établissement des Hospices. Mélanges extraits des manuscrits de Madame Necker, ouvrage posthume ; Paris, Charles Pougens , an 6, 5 vol. ln-8°. Son époux, est l'édi- teur de cette prodaction. Dans les observations qu'il a mises à la tête de cet ouvrage , il répand des fleurs sur la tombe de sa compagne , et il rend hommage à ses vertus et à ses talens. des Mélanges conùennenlàes Poi"- traits , des Leth-es , des Fragmens ^ écrits , ou pour ses amis , ou pour exercer son style ; des Traits et àes^nec- €?o/es qui la frappaient, et des Pensées fugitives , que les eirconstances ou ses méditations lui suggéraient, et qu'elle fixait jonmellemcut sur le papier. Ce recueil qui annonce une belle ame , et qui prouve que Madame Necker aurait obtenu facilement , si elle l'eût désiré , un des premiers Tangs parmi les femmes de lettres , renferme cependant ^cs maximes qui ne sont pas touj^ours vraies , du faux

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l»el-esprlt , et tle la métaphysique qui dans plus dun en- droit est obscure et entortillée. JS^ouveaux Mélanges , extraits des manuscrits de Madame Necher; Paris , Charles Pongens , an lo , 2 vol. in-S". Ce second recueil de 3'Ié- lunges offre, comme le premier, des beautés et des dé- fauts. Il est composé de réflexions détachées , sous le titre de Fragmens , d'anecdotes , de traits , de bous-mots, inti- tulés : Pensées et Souvenirs. Si on doit louer M. Necker d'avoir fait connaître au public les productions de son épouse , on doit aussi lui reprocher que «a yénération pour la mémoire de 1 amie qu il a perdue , lui ait fait publier de% choses que le goût aurait dû. retrancher.

NEMOURS , (Marie dOrleans - Longueville , 'Duchesse DE) comtesse souveraine de Neufchàtel , en Suisse , née le 5 uiars i6-25, perdit sa mère dès l'âge de 12 ans. Madame de Nemours ne partagea point les opi- nions de sa belle-mère , la duchesse de Longueville , si célèbre dans l'histoire de la Fronde. Elle parvint même à détacher son père de ce parti. Dans un moment ovl les cabales et les factions déchiraient la France , elle eut le bon esprit de ne s'occuper que des moyens qui pou- vaient ramener le calme et la. paix. Sa vertu et la tran- quillité de sa vie la mirent à l'abri des orages de la cour. L'étude faisait sa plus grande jouissance. Elle mourut le iG juin 1707. Son portrait fut gravé , d après Rigaud, par Pierre Drevet.

Celle qui avaitJ|^ontré tant de prudence et de sagesse , ^ dans un teras où*es premiers hommes de l état parurent en manquer , devait être plus propre qu'une autre à trans- mettre les évènemens arrivés pendant la minorité de Louis XIY. La fidélité avec laquelle Madame de Nemours

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a écrit ses Mémoires , Justifie cette assertion. Son ouvrage a été publié en 1709, i vol..in-i2; réimprimé en 1718 ; Amsterdam , Bernard; et en 1777 , Paris.

NEUFUY , (Madame DE) a traduit en français ^ J^tawe de Montemayor. On trouve daus les Œuvres poétiques de Bertaut , édition de i653 , un Sonnet qu'il lui adressa sur cette traduction , dont il dit :

rîul ouvrage français ne s'y peut comparer : H n'est pas peu savant, qui sait bien l'admirsr.

f

NEUFVILLE , ( Magdeleine de l'Aubespine , Dame DE) épousa, en iSôa, Nicolas de Neufville , sei- gneur de Yilleroi, secrétaire d'état. Sa beauté et sou esprit la rendirent un des ornemeus de la cour de Charles IX , de Henri III et de Henri IV. Ronsard la célébra dana un Sonnet. Elle a traduit en vers les Epitres d'Ovide, et elle a composé dlfféreus ouvrages en vers et en prose. Elle mourut à Yilleroi le 17 mai i5g6, à 5o ans. Bertaut lit son épitaphe.

NINON, voyez LENCLOS.

o.

ODEAU , (Françoise) religieuse à l'abbaye de Poissy , près Paris , vécut vers le mil^u du 16"^. siècle. Son érudition lui donna im rang distingué parmi les fem- mes savantes de la France. Elle traduisit du latin des Serinons et des Méditât ion a de Saint Bernard , abbé de Clairvaux, quelle dédia à Jeanne de Gondi, sa prieure.

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OLIVIER , ( Mademoiselle ) a pabllé : Pratiques et Prières pour la neuvaine de Sainte Thérèse , 1770, iu-«8°.— Abrégé de la Vie de Sainte Thérèse , '^171 > in-S"»

ORMOY, (Charlotte Chaumet, présidente d' ) mère de Madame Mérard Saint-Just , et de Madame de Vauvineux , auteur de quelques pièces fugitives , uaquit à Etampes vers 1752. Les talens de Madame d'Ormoy la firent admettre à l'Académie des Arcades de Rome , sous le nom de Laurilla. Ou lui doit : les Malheurs de la jeune Emilie ; Paris , 1777 1 in-12. Cet ouvragé est intéressant.

La Vertu chancelante , 1778 , in-12. Cette production est dédiée au roi de Prusse , Frédéric I*"'". Le Lama amoureux , conte , impr. Zelmis , ou la jeune Sauvage, comédie en un acte , mêlée d'ariettes , jouée à Versailles , publiée vers 1781. Opuscules , 1784 •, in-8°. LesDan- gers de la passion du Jeu, 1790 , in-8°. Cette femme de mérite fut enlevée à la société en janvier 1791.

ORVAL, (Anne-Éléonore de Béthune D')abbesse Je Notre-Dame du Val-de-Gif , fut élevée dans Tabbaye de Royal-Lieu , près de Compiègne, oii elle prit le goût de la vie religieuse. EUe embrassa cette profession dans sa lô*^ année. L'abbesse du Val-de-Gif, Madame de Clermont- Monglat , instruite du mérite d'Eléonore d'Orval , forpaa le projet de se faire remplacer par cette savante religieuse, Louis XIV ayant approuvé ses intentions, Eléonore d'Orval fut nommée abbesse à l'âge de 29 ans. Elle prit possession au commencement de 1687. Ses vertus et ses talens la rendirent le modèle de ses compagnes. Dans lesmomens de son loisir, elle composa : Réflexions sur les Evangiles.

Idi» df la perfection chrétienne et religieuse , pour une

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retraite de dix jours. Réglemens de Vahhaye de Gifj avec des réflexions. J^ ie de 3Iadame de Clermont-Monglat» Eléonore tl Orval mourut le 28 novembre i^aô, à làge de 76 ans.

OUVRIER, (Mademoiselle D') vécut dans le 17» siècle. Elle publia à Toulouse, sa patrie, uu recueil de Poésies qui nest pas sans mérite,

P.

PARIGOT, (Mademoiselle) a publié en 1-84 , ie Comte de IValtham ou V Amitié trahie , drame en trois actes et en prose.

PARTHENAY , ( A>NE de ) voyez MARENNES.

PARTHEXAY, ( Catheriive de) voyez ROHAN.

PASCAL , ( Françoise ) native de Lyon , vécut dan« le 17® siècle. Elle a composé une tragi-comédie^ intitulée : Endymion ; Lyon, 1637. On voit dans la préface de cette pièce,' qu'elle est auteur d'une autre tragi-comédie, appelée AgatlionphUe. Le Vieillard amoureux , ou l'heureuse Feinte , comédie en un acte et en vers de quatre pieds ; Lyon. Antoine Ofîray, 1664, in-12.

PASCAL, ( Jacqueline) sœur du célèbre Biaise; Pascal , naquit en iG25 , à Clermont en Auvergne. Les soins que son père donna à son éducation ne furent pas inutiles. Ainsi que son illustre frère , elle annonça de bonne lieure qu'elle aurait du mérite et du savoir. Dès

làge

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lage de I2 ans, elle fit des vers qui lui méritèrent les éloges des meilleurs connaisseurs. A peine eut-elle atteint sa i5e année , qu elle remporta un prix de poésie à 1" Aca- démie de rimmaculée Conception de Caen. En i65a, elle entra à labbaje de Port-Royal-des-Champs , et y fît pro- fession Tannée suivante , sous le nom de Sainte Euphémie. Dans sa retraite , elle composa : Cantiques spirituels. Règlement pour l'éducation des enfans de Port-Royal , im- primé en iG65 , avec les constitutions de Port-Royal. La mort lenleva à ses compagnes, le 4 octobre 1661.

PATIN, (Magdeleine HOMMETS , Dame) épouse du célèbre Cbarles Patin, vécut dans le i-j^ siècle. Elle fit sa résidence à Padoue ; l'Académie des Ricovrati de cette ville l'admit au nombre de ses membres, sous le nom. de Modeste. L'étude faisait sa plus douce occupation. Elle est auteur d un recueil de Réflexions morales et chrétiennes,

PATIN, ( Charlotte-Catherine, etGABRiELLE- ChaRLOTTE) de Paris j filles de la précédente , vécurent dans le 17^. siècle, et résidèrent à Padoue. Leur mérite les fit recevoir à l'Académie des Ricovrati de cette viUe , Tune sous le nom de Rare , et l'autre sous le nom de Diserte. Charlotte-Catherine a publié : Tabellœ selectœ ac explicatœ à Carolâ- CatharinâPatinâ, Parisinâ^ AcademicâfPAàoxie^ 1691, iu-fol. , avec des figures, gravées pour la plupart parJosepb Juster. Ces tableaux , au nombre de 4* ■> se voient à Padoue , et ils sont de la composition des peintres les plus célèbres. Il y a une ^1^. estampe représentant la famille des Patin. Elle a écrit des Poésies , et plusieurs Discours , entr'autres , une Harangue latine sur la levée du siège de Tienne.

17

258 , PER

On compte pariiTi les productions de Gabrielle-Cliar- lotte , une Dissertation sur le phénix d'une médaille de Caracalla ; Venise , i685 , in-4°. Le Panégyrique de JLouis XJK , prononce en i685 , dans T Académie de Padoue.

PEROCHE^ (Mademoiselle) de Compans , s'est fait connaître vers la fin du i8^. siècle^ par des Poésies légères , insérées dans plusieurs ouvrages périodiques. La délicatesse et le sentiment caractérisent ces productions.

PERONJVE, ( Claude) Lyonnaise , vécut vers le mi- lieu du 16''. siècle. Elle sest rendue recommandable par des Ouvrages de vers et de prose , qu elle dédia à Henri IL

PERONNET, (AlN"TOI>F.TTE) a composé une ^/?i7re placée à la tète de 1 Institution de la Vie humaine , ou- Trage traduit en français par Pardoux du Prat , imprimé à Lyon, chez la veuve Cotler , iS-jo, in-S». Cette tra- duction a été publiée par Autoinctie Peronnet , après la mort de Pardonx du Prat.

PERRIER, (Fra^çoise-Gilberte Pascal, Dame) sœur de Jacqueline Pascal , naquit à Clermont en 1620 , et mourut à Paris le 2 5 avril 1687. Dès son bas-àge , elle annonça les plus heureuses dispositions pour 1 étude des sciences ; elle posséda plusieurs langues savantes , et elle s'occupa de philosophie et de théologie. On lui doit la Vie de sou frère , Biaise Pascal. Cette production se trouA^e à la. tète des Pensées rsur la Religion , dont l'illustre Pascal est auteur. En écrivant la "S ie de son frère , elle s'est plus occupée de prouver quil était un Saint, que de faire con- oiaître qu'il était un grand homme. Pascal est peut-être

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cause en partie tle ce défaut ; car il rendit tous ses parens dévots et jansénistes , après en avoir fait des physiciens et des savaus. On a de la fille de Madame Perrier (Mar- guerite ) , lin Mémoire au sujet de ]M. Singlin , inséré dans le recueil de plusieurs pièces pour servir à Ihistoire de Port-Royal ; Utrecht , 1740 , in- 12.

PERRIER , ( Madame ) est auteur d nn grand nombre de Poésies fugitives , dont quelques-unes ont été insérées dans le petit Magasin des Dames. Elle a dans son porte- feuille plusieurs comédies en un acte.

PERRIN , ( Louise Charly , Dame ) dite Labé , sur- nommée la belle Cordière , célèbre par sa beauté , soa courage et ses talens , naquit à Lyon en i5'j6. Ses parens lui donnèrent une éducation distinguée. A peine sortie de l'enfance , elle excellait dans la musique vocale et ins- trumentale. Elle savait nième le grec , le latin , 1 italien et l'espagnol. Toutes ces occupations ne lui firent pas négli- ger Tart de faire des tapisseries. Son cœur était tendre et bon , sou ame était forte et élevée ; tous ses goûts furent des passions : elle eut d'abord celles de la musique , de la chasse et de la guerre. L'amour de la gloire lui fit embras- ser le parti des armes. Elle n'avoit pas encore atteint sa seizième année, quand elle alla, en i542, au siège de Perpignan. Elle y donna des marques de la plus grande valeur. Ses exploits éclatèrent sous le nom de capitaine Loys. Elle abandonna le champ de Mars pour le Parnasse, Bientôt elle épousa Enuemond Perrin , homme âgé et très- riche, qui faisait un commerce considérable de cordages. La maison qu'elle habitait était une des plus belles de la ville; ses jardins élaienl immenses, et très-ornés pour le

17.,

aôo P E R

siècle elle vivait. Les Lvonnais ont perpétué sa mé- moire, en V ouvrant une rue qu'ils ont appelée la belle Cordière. Elle rassembla clans sa bibliothèque les meilleurs ouvrages qui existaient dans tontes les langues quelle con- naissait. La liante considération dont Louise jouissait, la lia avec les personnes les plus distinguées. Les étrangers s'empressaient de lui rendre leurs hommages. Plusieurs d eutreux fixaient leur séjour à Lyon , pour jouir des chai'mes de sa société. Les savans et les poètes de toutes les nations se firent un devoir de la célébrer dans leurs écrits. Son époux fut sensible au bonheur de posséder une femme d'un mérite si rare ; il laima toujours tendre- ment , et dans les derniers momens de sa Aie , il disposa de tous ses biens en sa faveur. Après la mort d'Ennemond Perrin, elle aima et elle fut année de lamant de Clé- mence de Bourges. Elle était très -liée avec cette der- nière j mais cet événement les désunit. Elle mourut au mois de mars i566.

On lui doit : Recueil de Poésies et autres œuvres , Lvon , Jean de Tournes , i555 , vol. in-8*^. ; Rouen , Jean Garou, i556, in-i6-, Lyon, i'-62,in-i2.Ce recueil qu'elle dédia à Clémence de Bourges, alors son amie, contient des Elégies ; des Sonnets,dont un en italien; etun Dialogue en prose, inti- tulé '.Débat deFolie et d' Amour. Celie production qui porte le nom de Dialogue est la seule comédie du 1 6^. siècle dans le cenre charmant de l'auteur de l'Oi'acle et des Grâces. Si les Français ont fourni les premiers modèles de la bonne tragé- die, les Françaises peuvent , à leur tour, se yanter d'avoir donné le premier exemple d une bonne comédie. L'on est convenu depuis long-tems , que l'antiquité même n'a point de fiction plus ingénieuse et plus morale que celle qui sert de base au Débat de Folie et d Amour. Cette allégorie que

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tant de poètes ont voulu sapproprier, a fourni à I^a Fon- taine la fable que Voltaire trouvait la plus jolie. Lespoé- sies de Louise ont de la délicatesse; laniour qui

Dans ses écrits encore exhale sa chaleur,

la fit nommer à juste titre la Sapho de son siècle , on aurait pu ajouter : la Sapho de la France , car elle est peut-être la seule femme poète que les français puissent mettre en parallèle avec l'amante de Phaou. Elle a fait différentes pièces de vers grecs , latins , italiens , espagnols et français qui n'ont point été insérés dans ses OEuvres.

Quelques auteurs ont loué sa chasteté et ses vertus ; d'au- tres au contraire l'ont regardée comme une courtisane. Ses ouvrages lui firent beaucoup d'amis et d'ennemis. Ils frappèrent d'admiration ceux qui avaient le goût des belles choses ; mais ils devinrent un sujet de scandale pour les autres, quoique les productions du tems elle vivait ne fussent pas écrites avec plus de décence que les siennes. Les dames Lyonnaises sur-tout lui furent opposées : inca- pables de sentir le prix des lalens, elles ne purent voir ceux de Louise sans jalousie. Pour motiver leur haine, elles prétendirent que dans les poésies de leur célèbre compa- triote, il y avait des passages elle leur reprochait ^indi- rectement leur ignorance et leur frivolité. Ne pouvant di- minuer sa réputation littéraire, elles attaquèrent ses mœurs. Sa rupture avec Clémence de Bourges les fit triompher. Elles peignirent Louise sous les plus noires couleurs , tan- dis qu'elles auraient la plaindre et lui pardonner. On peut lui appliquer ce qu'on a dit de Sapho ( Anacharsis édit. in-8°. t. 2 , p. 71. ) : «La mort n'a pas encore effacé n la tache imprimée sur sa conduite , et peut-être ne sera- 7) t-eUe jamais effacée j car l'envie qui s'attache aux aoms

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r illustres , meurt à la rérité ; mais elle laisse après elle

n la calomnie qui ue meurt jamais ».

PERRINE PERRUCHOT , a publié : Clémentine , ou le Legs fatal , traduit de langlais , Paris , an 7 , 2. voL iu-i8.

PETIGNI DE SAINT -ROMAIN , ( MARIE -Louise- Rose LÉVESQUE , Dame ) fille de Charles Lévesque , de rinstitut national de France , est née k Paris le 5 novembre 1768. On lui doit : Idylles , ou Contes champêtres ^ Paris ^ 1786, I vol. petit in-i2 ; Paris, an 1 1 , 2 vol. in-i8; trad. en allemand par Reinhart. Madame Petigny a dédié ses IdvUes aux auteurs de ses jours. « Ce recueil (a dit Palis- sot) u respire la vertu et les grâces ; et jamais enfant n"a »i présenté aux Muses des prémices plus heureuses » . Flo- rian vantail beaucoup les Idylles de Mademoiselle Léves- que , et Gessner la nomma sa petite fille.

PICARDET , ( Anne) Dame DE Moulieres et Des- 5ARTINES, vécut au commencement du 17^, siècle. Elle se distingua par ses vertus et par son talent pour la poésie. Ou lui doit : des Sonnets , des Cantiques spirituels , des Odes et plusieurs autres ouvrages qui ont été publiés en i6i8.

PINON , ( Madame ) institutrice de jeunes demoiselles , a publié : Abrégé de Géographie et d'Histoire ; nouv. édit. revue et augmentée d'un Abrégé de Ihistoire de France, Paris , Leclerc , an 1 1 , i vol. in-i2.

PIPELET , ( CONSTA^-CE-MARIE DE Theis, Dame ) du Lycée des Arts séant à Paris , du Lycée de Paris , de ceux de Toulouse , de Marseille, et de la Société des belles- lettres de Paris , est née à Nantes* le 7 novembre 1768. Dès

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sa plus tendre jeunesse , elle s'est a^nnée à la poésie , elle est même une des femmes qui aient manié avec le plus d avantage le vers alexandrin. Les lois du rkytme et do l'harmonie lui sont parfaitement connues. Quelques-uns de ses écrits ont pour objet de combattre le préjugé qui voudrait interdire les beaux-arts à- sou sexe. Ce genre d'ouvrage lui a donné une grande célébrité. C'est ainsi que Walstooncraft , dame anglaise et lettrée, s'est principale- ment fait connaître par une production sur les droits des femmes.

Madame Pipelet a' donné i Sapho , opéra en trois actes ^ musique de Martini , représenté pour la première fois , à Paris , le 'i.1 frimaire an 5 , imprimée la même année , in-S''. Cette pièce a été couronnée par le succès le plus brillant ; elle est écrite avec chaleur et délicatesse. Épître aux Femmes, an 5 , 2^. édit. Paris, Desenne , in-ia. Le sexe n'a point eu de défenseur plus zélé , et ses droits n'ont jamais été réclamés en de plus beaux vers. Éloge Jiistoi rique de M.-J. Sédaine , lu par l'auteur au Lycée des Arts , le 3o messidor an 5 , Paris , 1 797 , in-8". Cet éloge est remarquable par une éloquence abondante et vive , par des réflexions pleines de philosophie^ et par un style tou- jours pur et élégant. Six Romances dont elle a failles paroles et la musique, imprimées. La sensibilité les inspira, le goût les écrivit. l^ers sur les Dissentions des gens de lettres^ lus par l'auteur au Lycée républicain, le aS plu^ viose an 6, Paris, an 6, in-12. De beaux vers tels que ceux-ci :

N'cst-il donc que les sots qui puissent vivre en paix?...

Il faut être honnête homme avant dV'lre poète

L'art (3e blesser n'est pas un art si difficile : K'est-on pas tous les jours piqué par un reptile?

264 PIS

Sa franchise et son courage lui ont peut-être fait quelques ennemis ; mais les suffrages des âmes honnêtes , des véri- tables amis des arts, la vengeront assez dans tous les tems des injustes critiques. Rapport sur les Fleurs artificielles de Madame Roux-3Iontagnac , lu par son auteur au Lycée des Arts , le 3o vendémiaire an 7 , impr. in- 12. On y trouve de la grâce et de la philosophie. Vers sur les Vers de Société. Rapport sur l'ouvrage du citoyen Theremin j intitulé : de la Condition des femmes dans une république , lu par l'auteur à la séance publique du Lycée des Arts de Paris , le 34 pluviôse an 8, Paris , an 8 , în-S". Ce rapport «st rempli d'idées ingénieuses , de raisonnemens justes et ,pressans. Le style en est très-soigné. Camille on Amitié et Imprudence , drame en 5 actes et en vers , réprésenté à Paris , le 10 ventôse an 8. Le Roman connu sous le titre : Lettres de deux filles de ce siècle , a fourni à Tauteur le sujet de son drame. Eloge historique de Pierre Gaviniés , lu à la séance publique du Lycée des Arls de Paris , le 20 fruc- tidor an 9 , Paris , an 10 , in-80. Epître sur le 3Iariage , lue au Lycée de Paris, en Tan 10. C'est une réponse à la satyre de Juvénal et à celle de Boileau contre les femmes. Ces deux derniers ouvrages ont mérité et obtenu le plus grand succès. "Un grand nombre de Pièces fugitives , insérées dans différeus Recueils , parmi lesquelles on dis- tingue : Stances à un Inconstant , Stances sur le Divorce, des Chansons j des Idylles traduites de Gessner.

PISAN , voyez CASTEL.

PISAY, (Philiberte DeFleubs, d'abord Dame de IjABAULME , ensuite Dame DE ) vécut dans le 16*". siècle. Elle était encore jeune , quand elle perdit Jean de

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Labaulme ., sou premier époux. Elle en témoigna ses re- grets dans unpoëme de 5oo vers , qui a pour titre : Soupirs de la viduité. liCS fragmens de cet ouvrage qu'on lit dans Duverdier , annoncent que Philiberte avait de la sensibilité et du talent pour la poésie. Cette production, et les autres vers qu elle a composés , n ont point été imprimés. Elle a fait une réponse au discours de Gerland , intitulé : le Pur- gatoire,

PLATBUISSON , ( Madame DE ) vécut vers le commen- cement du I -j^. siècle. Les historiens ne rapportent aucune particularité sur sa vie ; mais il est probable qu elle a passé au moins quelques années à Paris dans la société de Made- moiselle de Scudéri. Elle a composé des vers qui ont été insérés dans différens Recueils , enti'autres , dans les Conversations de Mademoiselle de Scudéri.

PLESSIS-BELLIÈRE , (Madame la Marquise DU) du i8«. siècle, est auteur d'un Recueil de Sonnets , en bouts-rimés , sur la mort de son perroquet.

PLISSON , (Mademoiselle M. P. ) naquit k Chartres en 1727. Elle n'eut , dans ses études, d'autre guide que son goût pour les lettres, et ses dispositions naturelles pour les cultiver. A vingt ans , elle publia ses premiers vers. Ses Poésies ont été insérées dans les ouvrages pério- diques de son tems. On distingue parmi les pièces de sa composition : Ode sur la Vie champêtre, l'^So. Ode sur la Naissance du Duc de Bourgogne. Stances sur la Nais- sance du Duc d' Aquitaine , l'jSS. Ode à l'occasion des pluies survenues l'année dernière , 1754- Le style de ces pièces est aisé et facile. Ou doit encore à Mademoiselle

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Plisson : Projet pour soulager la misère des Pauvres de Fa. campagne ; Chartres, 1758. Ce projet , qui honore son auteur , rappelle que Mademoiselle Matllde Perrino , Na- politaine , donne , dans ses Lettres , qui ont paru en 1787, les moyens de soidager dans leurs maladies les liahitans des campagnes de la Pouille. Réflexions critiques sur les Ecrits qu'a jvoduits la Question sur la légitimité des naissances tardives ^ 1765 , in-8°.

POLIER , (Madame de) est auteur du Journal litté- raire de Lausanne^ publié pour la première fois vers 1 792^. Cet ouvrage périodique , qui a paru pendant plusieurs années , a obtenu du succès. Il offre des morceaux neufs et curieux. Les jinecdoLes Suisses. Le Nord indus- trieux, savant et littéraire , ou Indicateur analytique uni- versel de tout ce qu'on y publie , relativement aux Arts , aux Sciences et à la Littérature , aux JMœurs ; orné de por- traits ; en société avec de Maimieux, inventeur de la Pasi- graphie, an 8. LeJMidi industrieux, savant, moral et liité~ raire , ou Indicateur analytique universel de tout ce qu'on y publie relativement aux Arts , aux Sciences et à la Litlé- rature , aux 3Iœurs j elc. ; orné de portraits; en société avec de Malmieux , an 8. Ces deux derniers journaux méritent une place honorable dans les fastes de la Litté- rature , par le plan et lexécution , par limportauce et la Tariété des matières -qu'ils traitent. Bibliothèque Ger- manique , el Bibliographie universelle; en société avec Labaume , Cramer et de Maimieux ; an 8. Cet ouvrage est consacré à la Littérature allemande ; il n a pas été continué.

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POMPA.DOUR , (Jeanne-Antoinette Poisson, Dame D ÉTIOLES , Marquise DE ) fille d'un boucher de Paris , se distingua de bonne heure par les charmes de la figure et les grâces de 1 esprit. Quand Louis XV laima , elle était épouse de Lenormaud d Étioles , fermier-géné- ral. En 1743 •> elle fut créée marquise de Pompadour. Elle se servit de sou crédit pour favoriser les beaux -arts, qu'elle avait cultivés dès son enfance. Plusieurs gens de lettres et divers artistes lui durent des pensions ou des places. Parmi les littérateurs qui donnèrent des marques de la reconnaissance qu'ils lui devaient, on doit distinguer Bridart de Lagarde , chargé des fêles particulières que le Roi donnait dans ses apparlemens , et rédacteur de la partie des Spectacles pour le Mercure de France. Cet homme sensible tomba , à la mort de sa bienfaitrice , dans une mélancolie qu il ne put jamais dissiper. Les plus célèbres tragiques du 18'^. siècle , Crébillon et Vol- trfire , lui ont dédié , lun son Catilina j et l'autre , son Tancrède. Tous les deux la félicitent de la protection qu elle accorda aux talens. Voici les paroles de Voltaire : « Je vous dois beaucoup , Madame , et je dois le dire. r> J'ose encore plus , j ose vous remercier publiquement w du bien que vous avez fait à un très-grand nombre de « véritables gens de lettres , de grands artistes , d hommes y> de mérite en plus d un genre y. Elle a gravé plusieui's sujets , d'après des pierres gravées par Guay, qui forment nn vol, composé de 65 planches , non compris le frontis- pice, et divers autres petits morceaux , d après Boucher , Eïsen , etc. Il y a assez d esprit dans ses gravures à Teau- forle. Elle avait , en peintures et en livres , un des beaux cabinets de Paris. On connaît 1 impromptu de Voltaire à Madame de Pompadour , qui dessinait une tête :

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Pompadour , ton crayon divin

Devrait dessiner Ion visage ; ^

Jamais une plus belle main

N'aurait fait un plus bel ouvrage.

Madame de Pompadour mourut à Paris en 1764 i à 44 ans. Elle eut le sort des personnes en faveur ; les uns exagérèrent ses vertus , et les autres ses défauts.

On a publié : Idémoires de Madame la Marquise de Pompadour , 1765 , 2 vol. in-8". ^ Lettres de Madame la Marquise de Pompadour , 5 vol. in-8°. Ces Lettres sont mieux écrites que les Mémoires.

POPELINIÈRE, (Madame DE Là) sœur de Madame

Dupin , épouse d'un fermier - général , vécut dans le i8«.

siècle. On doit à sa plume : VExtrait du Système de Ra-

yneauy inséré dans le Pour et Contre, et Y Histoire delà

Succession d'Espagne , dite du comte Offieri.

r

PORCAIRAGUES, ( AZALAïS de) d'une famille distin- guée de Montpellier , vécut dans le la^. siècle. La vivacité de son imagination , et la sensibilité de son ame rengagè- rent dans la carrière des Troubadours. Elle composa, pour son amant Gui Guérujat , des Chansons qui eurent beau- coup de succès. Il nen reste qu'une , qui est très-bien ver- sifiée pour le tenis elle a été faite.

PORRETE^ (Marguerite) du Hainault, composa

un livre rempli des opinions renouvelées par les Quié-

tistes modernes. C'est pour avoir soutenu cette doctrine ,

quelle fut victime delà barbarie de son siècle. En i5io , on

^ la condamna au supplice du feu.

POT a69

POTAR DULU , (Marie-TherèSE) née à Paris au conimencement du 18^. siècle, se fit connaître très-avan- tageusement par des Pièces de vers insérées dans les ilier- cures. Les amateurs de la poésie citeront toujours avec éloge le Songe , ode anacréontiqne , qu'elle composa à Tage de 17 ans. Cette ode a été mise en musique par Moulet, qui la fait graver en Tan 1 1 .

POULAIN DE NOGENT , ( Mademoiselle ) a publié : Lettre de Madame la comtesse de la Rivière, Tableau de la parole , 1783, in -12. Nouvelle Histoire de Port- Royal , 178*, 4 "Vol" ? 178^1 in-8". Anecdotes intéres-' santés de V amour conjugal^ Paris, 1786. in-80. Poésies diverses , 1787 , in-8°.

PRÉMONTVAL,(MArie-Anne-VictoirePigeon P'OSANGIS , Dame DE) née à Paris en 1724 % épousa Pierre le Guay de Prémontval , de l'Académie de Berlin. Elle fut lectrice de la princesse de Prusse, femme du prince Henri.. On lui doit : le Méchaniste Philosophe y Mémoires concernant la vie de Jean Pigeon , 1750, in-8°. Elle perdit son époux en 1767. Peu de tems après cet événement , la mort l'enleva à la société.

PRINGI , ( Madame de) vécut dans le 17e. siècle. Elle a publié : les Différens caractères des femmes du siècle ^ avec la Description de V amour-propre,, Paris , 1694 , 2 par- ties in-12. Cet ouvrage, qui est dédié à Marie d'Orléans , duchesse de Nemours , renferme les chapitres suivans : les Coquettes , les Bigotes , les Spirituelles , les Economes , les Joueuses et les Plaideuses. L'auteur n'a pas voulu repro- cher aux femmes ces différens défauts , sans leur donner'

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les moyens de s'en corriger. Ce motif lui a fait ajouter à sa production six autres chapitres qui traitent de la mo- destie j de la piété, de la science , de la règle , de loccu- pation et de la paix. La seconde partie de cet ouvrage contient encore sept cliapitres , elle décrit l'amour- propre de chacun de ces caractères. Madame de Pringi a pour but , dans cet écrit , de faire sentir aux femmes le plaisir de la perfection, de les éloigner de 1" amour-propre, et de leur donner du goût pour la sagesse. Junie , ou les Senfimens des Romains , i vol. in-i2. L'Amour à la mode. On lui doit quelques autres Romans. Elle a aussi composé plusieurs Discours à la gloire de Louis XIV. Le premier a pour sujet : Le discernement du roi dans le choix des personnes à qui sa majesté a confié l'éducation du duc de Bourgogne ; le second est sur la Prise de Mons. Dans le troisième , 1 auteur introduit la Yictoire , qui parle au roi de la Conquête de Namur ; le quatrième a pour objet le TriompJie de sa majesté sur la religion protestante ; le cinquième est à la Gloire du dauphin, sur son retour d'Allemagne.

PL ISIEUX , ( Magdeleine Darsam , Dame de )

née à Paris dans le i8®. siècle, épousa Puisieux, avocat aupai'lementde Paris , et traducteur d'un ouvrage intitulé : La Femme n'est pas inférieure à l' Homme. Dès sa jeunesse , elle annonça les plus heureuses dispositions pour les lettres , quelle cultiva avec succès. On lui doit : Conseils à une Amie , 1749^ nn vol.; 1755. Cette production ren- ferme des principes déducationpour les jeunes personnes. Dans la traduction anglaise qui parut de cet ouvrage , on eut l'inattention ou la mauvaise foi de substituer au noni de Madame de Puisieux , celui dune autre Dame.

PLI 27J

Les Caractères , 1750, 2 vol. In-8<*. Cet écrit est pour les hommes ce que le précédent est pour les femmes. C est celui qui fait le plus d honneur à Madame de Puisieux.

Le Plaisir et la T^olupté , conte allégorique , 1 7 52, in-i 2.

L' Education du marquis de * * * , ou Mémoires de la comtesse de Zurlac , 1754 2 vol. in- 12. Zamor et uilmanzine ^ ou l'Inutilité de l'esprit et du bon sens , 17 55,

3 vol. ia-i2. Réflexions et Avis sur les défauts et les ridicules à la mode ^ 1761 , in-12. Madame de Puisieux y donne des conseils aux femmes , sur la manière de se conduire. Alzarac , ou la ^Nécessité d'tlre inconstant ^ 1762 , in-i 2. Le JMarquis à la mode , comédie , 1 763 , in-12. Histoire de Mademoiselle de Teruille ^ Ï768, 6 part, in-12. mémoires d'un Homme de bien ^ Paris, i^t)8, 3 part, in-12. Histoire du règne de C/iarles VII^

4 vol. in-12.

PUISMIROL DE SAINT-MARTIN , ( Mademoiselle ) Languedocienne, vécut vers la lin du 17®. siècle. Elle a fait beaucoup de vers , qu'on a recueillis dans un volume ixuprimé à Toulouse.

R.

RADÉGONDE , fille de Berlhaire , roi de Thuringe , née en 5ig , fut du nombre des prisonniers qui tombèrent en partage à Clotaire 1^"^, après la défaite des Tluirin- giens. Ce prince , qui la fit élever dans le château d'Athiès en Vermandois , ne tarda pas à l'épouser. L'éclat d'une couronne ne put attacher Radégonde à la condition de reine, et préférant une vie pieuse et solitaire , elle prit le voile à Novou , de la maiu de Saint 3Iédard. Elle fonda

^73 RAM

à Poitiers le célèbre monastère de Sainte-Croix , et s'y choisit une abbesse à laquelle elle voulut se soumettre , •comme la moindre de ses compagnes. La supériorité des vertus et des talens fut la seule qu'elle ne dédaigna pas. Les malheureux trouvèrent toujours en elle une zélée protectrice. On la regarde comme une des lumières de son siècle. Elle écrivait fort bien en latin , et elle cultiva les Muses. Ses productions ont mérité les éloges de For- tnnat ; son Testament est le seul écrit de sa composition qui se soit conservé. Plusieurs auteurs 1 ont inséré dans leurs ouvrages. Elle protégea quelques savans , entr autres , Fortunat et Grégoire de Tours. Parmi les historiens qui parlent du mérite de cette religieuse, on remarque Tabbé Trilhème ; le cardinal Baronius , dans ses Annales ; Sige- bert , dans ses Chroniques ; etAincent, dans son Miroir lilstorlal. La mort enleva Radégonde à ses compagnes , le i5 août 587. Sa Vie a été écrite par Fortunat , par Bau- donivle , et par Hildebert.

RAMBOUILLET, (Catherine de Vivonne, Dame D'ANGENNES , Marquise DE ) épousa en 1600, Charles d'Angenues , marquis de Rambouillet. Elle se rendit cé- lèbre parla protection quelle accorda aux lettres. La mai- son qu'elle habitait à Paris , connue sous le nom d'hôtel de Rambouillet , était pour ainsi dire le sanctuaire Ton allait lui payer le tribut d'hommages à sou mérite. Elle y recevait une foule de gens estimables par 1 esprit et la politesse. Des personnes de tout rang , de tout âge , de tout sexe , et de tout pays j s empressaient de s'y rendre. On y accourait comme à une école de vertu et de goût : la vertu s'y faisait voir avec ses attraits les plus touchaus , et le eoût s'y montrait avec celle délicatesse qui fait tout le

prix

RAM 273

■prix de la science. L'hôtel de RamLonillet était tm tribu- nal où Ion décidait souverainement du mérite des ouvrages et des personnes. Cette illustre femme , qui aux qualités de l'esprit réunissait encore celles du cœur, fut enlevée à la société en i665.

RAMIEZ, (Mademoiselle) de la ville de Marseille, vécut dans le 17^. siècle. Elle sest f.iit connaître dans la république des lettres , par la Traduction, en vers français, de plusieurs Odes d'Horace.

RAOUL, (FaNNY) de Saint-Pol-de-Léon, départe- ment du Finistère , est née le 20 décembre 1772. Ou lui doit : Opinion d'une Femme sur les Femmes ; Paris , an g, iu-12. Elle y combat avec force les préjugés qui oppri- ment son sexe. Cet ouvrage , qui mérite dêtre plus connu , est bien écrit ; la logique en est pressante , et il contient des vues saines et neuves.

RAUCOURT , ( Mademoiselle ) célèbre artiste du théâ- tre français , est auteur à Henriette , drame en 3 actes et en prose, représenté pour la première fois sur le théâtre la Comédie française , le i^"". mars 1782 ; Paris , 1782 , in-8°. Cette pièce eut du succès. TMademoiselle llaucourta été peinte en Hermione par Trinquène.

RAZILLY, (Marie de) d'une ancienne famille de la Touraiue , fut en liaison avec la plupart des littérateurs de son tems. Son goût pour les vers alexandrins , qu'elle composait presque toujours sur des sujets héroïques , lui fit. donner le surnom de Calliope. Ses Poésies ont paru dans différeus recueils. On y trouve beaucoup délé-

18

274 R E B

gance et de naturel. Ses deux pièces les plus estimées sont des Stances à ]M, le duc de Noailles , et un Placeù au Roi. Ce dernier morceau est précédé d'une requête , dans laquelle elle expose à Sa Majesté la Iriste situaliou la réduisait le peu de bien que lui avait laissé sa famille. Louis XIV lui donna une pension de aooo liv. Elle mourut à Paris en 1707 ., à 85 ans.

REBOUllS , ( Madame AlS EL LE ) a publié : ^vis aux JVLères qui veulent nourrir leurs enfans TJtrecbt, 1767 % in-i2 ; 2®. édition, Paris , 1770 , in-12 ; 5®. édition , 1775, in-i6 ; 5^. édition, Paris , an 7 , in-12. On trouve à la tête de ces éditions, excepté à la tète de la première, une Lettre du célèbre Tissot à Tauteur ; un Rapport fait à la Faculté de Médecine de Paris , le 20 janvier 1770, sur la produc- tion de Madame le Piebours , et un Certificat du doyen de cette même Faculté. Dans la Lettre de Tissot , on lit : u Les ^4vis aux Mères qui veulent nourrir j ne renferment

pas un précepte qui ne soit fondé en raison Je

» ne connais pas d ouvrage qui puisse faire autant de « bien.... Yoiîs avez rendu un service à Ibumaulté en ri écrivant. Toutes les personnes sensées eu jugeront n ainsi , etc. w. Le Rapport fait à la Faculté de Médecine de Paris , renfei'mc , entr autres phrases , celles-ci : « Ma- » dame le Pvebours est peut-être la première qui ait prouvé n par des raisons claires et évidentes , qu il faut qu Une « mère donne à teter an nouveau-né le plutôt possible » après sa naissance .... Nous pensons donc qu'il est à » souhaiter que cet ouvrage se répande de plus en plus » dans le public , et que toutes les mères s y conforment VI exactement ». Dans le Certificat du doyen de la Faculté , Ou voit que tes Avis aux JMères qui veulent nourrir , ont

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été unanimement regardés 'comme très-utiles. Supplé- ment, ou Observations sur le danger et l'inutilité de prépa~ rer , pendant la grossesse , le sein des femmes qui se pro- posent de nourrir leurs enfans ; Paris, 1772 , iu-12. Il paraît que Vauteur n"a cl autre but , en écrivant, que celui d'être utile à ses semblables.

RECLAM -STOSCH, (Madame) fut élevée à Lino , TlUage dont son père était pasteur. Quoique cet homme éclairé prit beaucoup de soin de sou éducation , elle eut peu de secours pour se former dans la poésie française , étant allée rarement k Berlin, qui est assez éloigné de Lino. Elle est une nouvelle preuve que le talent s'ouvre lui- même une roule. Allemande par sou père , et oricfinaire d'une famille française par sa mère , elle cultiva la poésie allemande comme la poésie française. J^es pièces qu elle a composées dans cette dernière langue, ont été publiées sous ce titre : Recueil de Pièces fugitives ; Berlin , Auguste Mylius , Ï777 1 in-i2. Lauteur a dédié ce Recueil char- mant au célèbre Bitaubé. La Dédicace est une Èpltre en vers , qui se termine par les deux suivans :

L'immortalité que j'csptTC Est dans le cœur de mes amis.

RENARD, (Anne-Élizaeeth Tourtille Sau- GRAIN, Dame) naquit à Paris, dans le iS'^. siècle. L'Académie des Arcades de Rome la compta parmi ses membres. On lui doit : 1^ ers à M. de Sartine , ministre de la Marine, 1776, iu-4°- Divers autres morceaux de poésies , enlr autres , ime jolie Romance qui se trouve dans TAlmanacbdes Muses de 1-780.

576 ÈEN

RENÉE DE FRANCE, duchesse de Ferrare, fille cle Louis XII , et d'Anne de Bretagne , naquit à Blois , le iS octobre iSog, ou i5io. On destina sa main, dès i5i5 , à Charles d'Autriche , depuis empereur ; quelques années après, elle fut demandée par Henri VIII, roi d'Angleterre. Des raisons d'état s'opposèrent à ces projets de mariage. En i527 , cette princesse épousa Hercule d'Est, 1^ du nom, duc de Ferrare. Cette union ne fut pas très-heureuse. Le zèle patriotique de Renée , et son goût pour le protestan- tisme , en furent en partie cause. Son époux qui ne se réglait que par les circonstances , abandonna brusquement les intérêts de la France pour ceux de Tempereur. Elle désapprouva cette conduite. Hercule irrité lui fit dévorer les chagrins les plus amers. Cette princesse possédait les dons du cœur et de l'esprit. Au rapport de Brantôme , après la guerre malheureuse du duc de Guise , en Italie , Renée sauva plus de dix mille français qui passèrent à Ferrare , et qui , sans elle , seraient mort& de faim. Cette action héroïque rappelle que Bersa , Dame de la Fouille , recueillit dans ses maisons , à Canouze j les débris de l'ar- inée romaine , après la bataille de Cannes. A la mort d'Hercule , arrivée en iSSg , la fille de Louis XII retourna en France. Montargis lui fut assigné pour retraite ; elle y donna asile à une foule de malheureux protestans. Le duc de Guise, pour l'engager à livrer ceux qu'elle cachait , lui fit craindre le siège de la ville. Elle n'opposa à cette me- nace qu'une noble fermeté. Un ordre du roi lobligea de renvover les quatre cent soixante réformés , dont elle avait été le refuge. Elle pourvut aux frais de leur voyage , et à leur départ elle fondit en larmes.

Son amour pour l'étude lui fit apprendre l'histoire, les langues , les mathématiques , et xxiëme l'astrologie. Luc

RE s 077

CauTÎc Imitia dans les secrets de cette dernière science. Elle ne les apprit pas pour s'en servir , mais seulement pour payer tribut au goût de son siècle. La philosophie , la géométrie et lastronomie furent ses occupations favo- rites. Elle voulut connaître aussi les questions les plus difficiles de la théologie. Ce travail lui fit embrasser le parti du luthéranisme. On ne put jamais le lui faire aban- donner ^ malgré les sollicitations et les menaces qui lui en furent faites par le roi de France et le pape. Parmi les gens de lettres et les savans qu'elle protégea , on distingue Morati , Celio Alcagnini, Lelio Gregorio Giraldi , Clé- ment Marot qui fut son secrétaire , et Daniel Tossanus» Ce dernier est un des protestans qu elle sauva du massacre de la Saint-Bartliélemy. La célèbre Olympia Fulvia Mo- rata lui dut son éducation. La fille de Louis XII mourut à Montargis, le 12 juin 1575. On la pleura sincèrement. Dans le Roland Furieux , de TArioste , il y a une octave qui contient un magnifique Eloge de la duchesse de Fer- rare. Brantôme Ta placée parmi ses Femmes illustres,. Sa vie a été publiée par Catteau , 1781 , in-8".

RESTIF DE LA BRETONNE, ( Agnès Lebègue, Dame ) d'Auxerre , est épouse de Restif de la Bretonne , auteur dun grand nombre de Romans.' Elle a composé eu 1785, sous le noua de Maribert-de-Courtenai, un Recueil de Lettres , en quatre parties , intitulé : la Femme infidèle» On lui doit aussi quelques Pièces anonymes.

RETAU DU FRENE, (Madame) vécut dans le i8v «rècle. On lui doit : Histoire de la ville C/ierhourgy Ï760 , iu-iQï.

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RETZ, ( Claude - Catherine de Clermont- TONrs'ERRE , dabord Dame D'ANNEBAULT , ensuite Duchesse DE) dame d'honneur de la reine Catherine de Médicis , gouvernante des Enfans de France , naquit en i545. Dès sa phis tendre jeunesse , Tétude fit ses dé- lices. La Croix du Maine dit : « qu elle mérita d être mise au rang des plus doctes et mieux versées , tant en la poésie et art oratoire qu'eu philosophie, mathématiques , histoire et autres sciences w. Elle parlait avec la plus grande faci- lité le latin , le grec et plusieurs langues étrangères. Son génie , et l'étendue de son savoir , contribuèrent beau- coup à la fortune et à l'élévation de sa maison , et lui attirèrent 1 estime des savans. A. ses talens , elle joignait un grand courage. Pendant 1 absence de son époux , qui était eu Italie, les Ligueurs menacèrent détendre leurs fureurs sur ses terres ; elle assembla des troupes à ses frais, se mit à leur tète, et dissipa les projets des rebelles. EUe mourut à Paris le i8 février i6o5. On voit, au Musée des monumens français , sa statue en marbre blanc , sculptée par Prieur.

En iôtS, elle répondît publiquement en latin , pour Catherine de Médicis , aux ambassadeurs qui apportèrent -au duc d Anjou le décret d élection à la couronne de Pologne. Quoiqu'elle neut eu qu'un jour pour se prépa- rer , son discours remporta le prix , d'une commune voix , sur ceux du chancelier Birague et du comte de Chiverni , qui répondirent , lun pour Charles IX , et l'autre pour le duc d'Anjou.

RICART , (Mademoiselle) vécut vers la fin du i^». siècle. Elle se fît connaître dans la république des lettres , par une Epitre eu vers , adressée à la reit:« d'Espagne.

R I C ^rg

PiTCCOBONI, (Hélène-Virginie Balletti ) dite Flaminia ^ fille, épouse, mère et belle-mère de persomies c|iii suivirent la profession du théâtre , naquit à Ferrare le 27 avril 1686. Ses parens soignèrent son éducation , elle y répondit au-delà de leurs espérances ; dès sa plus tendre jeunesse , elle fut une des meilleures actrices impromp- tuaires de son pays. Ses talens ne se bornèrent pas à ceux du théâtre. Elle se fit un nom dans la république des lettres. Les Académies de Rome , de Ferrare , de Bologne et de A enise 1 admirent dans leur sein. Son mérite Qt rechercher sa main par Louis Riccoboui , directeur d'une troupe de comédiens. De concert avec lui, elle fit ses efforts pour rappeler parmi ses compatriotes le goût delà bonne comé- die qu ils avaient perdu vers 1620. N'ayant pu y parvenir, elle accepta , ainsi que son époux ^ 1 office qui leur fut faite , en 17 16 , d'établir leur troupe à Paris , à Ihôtel de Bour- gogne. Madame Riccoboni à qui les langues latine et espa- gnole étaient aussi familières que la sienne , s'appliqua à l'étude de la langue française. Dès 1724 , elle osa l'écrire et le fil avec succès. En 1752, elle abandonna la carrière dramatique. Dans sa retraite , la pratique des vertus fut sou occupation. La mort l'enleva à la société le 5o décem- bre 1771. Son éloge se trouve dans le Mercure de Mars 1772 ; et dans le Nécrologe des hommes célèbres de France, 1775.

Ou lui doit quelques pièces de vers sur différens sujets. Ses Poésies écrites en italien , lui firent ouvrir les porte» de plusieurs Académies. Lettre critique sur la Iradiiclion ds la Jérusalem dilivrée du Tasse , de JMirahaiid , à l'abhé C'o/7ii , Paris , I7'i5, i vol. iu-12. Ij abbé Conli lui avait demandé son avis sur la première édition de la. Ji^rusalem délivrée^ traduitepar Mirabaud. Cet auteur ^.en réimprimant

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quelqties années après , sa traduction , ne dissimula point dans sa préface, les obligations qu'il avait à la critique de Madame Riccoboni. Le Naufrage , comédie en prose et en cinq actes. La lecture du IMercator et du Ruclens ^ de Plaute , lui donna , en 1726 , l'idée de faire cette pièce. Le succès uen fut pas heureux. Ahdilly , roi de Grenade , tragi-comédie , en trois actes et en prose , représentée le 19 décembre 1729. Cette pièce ^ qui n'eut qu'une repré- sentation , ne fut point reçue favorablement. Madame Riccoboni la composa en société avec Delisle de la Dre- vetlère , célèbre par les comédies qu ll^fit pour les Italieïis. La cbtite de ces ouvrages dramatiques la dégoûta du théâtre , et fut la cause de sa retraite.

RICCOBONI, (Marie-Jeanne de Meztères de

LabORAS, Dame) née à Paris en 1714 1 d'une famille originaire du Béarn , épousa Riccoboni , dit Lêlio , fds de la précédente. En entrant dans une famille les talens semblaient héréditaires , elle avait contracté l'engagement d eu soutenir la réputation , et elle 1 acquitta. Se* Romans ont placé son nom à côté des femmes les plus célèbres dans ce genre d ouvrage. Le théâtre italien la compte pai'mi ses actrices. Elle y parut avec distinction. Après sa retraite , faite en 1761 , elle se livra entièrement à 1 étude des lettres. Cette femme de mérite fut enlevée à la société , le 6 dé- cembre 1792.

On lui doit : Lettres de Miss Fanny Buttler , Amsterdam , 1757, in-i2. Histoire du jyiarquis de Cressy , Amsterdam, 1758 , in-i2 ; traduction en anglais , Londres, 1759;, in-ia. Lettres de JMilady Caieshy , Amsterdam , 17^9 , in- 12 ; 1760 ; 1785 , in- 12. Ce Roman a fourni le fond de Cécile , comédie eii 5 actes, jouée aui Italiens eu 1782. Las

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Caquets^ i'-6i , in-8°. Cette comédie eut du succès ; elle est imitée d une pièce de Goldoui _, intitulée : Pettegolezze délie Donne. Madame Riccoboni composa celte production pour une société ; sou époux, y iit quelques changemens , et la donna au théâtre. L'Aveugle , conte, imprimé en 1761. Desfontaines a tiré de ce conte le sujet dune pièce , mêlée darrielles , qui fut représentée en 1766, sur le théâtre de la comédie italienne. Amélie , roman de Fielding , traduit de l'anglais , Paris, 1762 , 5 vol. in-12; Liège , 1 764 ; 1 790 , 2 vol. in-i 2. Histoire de 3liss Jenny l^evel , 1764, 4 ^ol. iu-i2. Recueil de Pièces détachées ; 1765 , in-12. Lettres cl' Adélaïde de Dammartin , comtesse de Sancerre , à M. le comte de Rancé , 1 766 , 2 parties in- 12; trad. en anglais, Londres, 1767 , 2 vol. in-12. Cet ouvrage est dédié au célèbre Garrick. Nouveau Théâtre anglais , Paris , I 769 , 2 vol. in- 12 Lettre* d' Elisabeth-Sophie de V aller e à Louise- Hortense de Cantel^u, 1772, 2 vol. in-12. Lettres de Milord Rivers à Sir Charles Cardignan , 1 7 77 » a vol. iu-i2. Ernestine. Ce roman , qui n'a que peu d étendue j a été compai'é à un diamant sans tache; il a fourni le sujet d Ernestine , drame lyrique en trois actes , joué aux Italiens en 1777. Suite de la Marianne de Marivaux. Salnt-Foix. soutint un joxu' , chez Madame Ric- coboui , que le style de Marivaux était inimitable. Cette dispute lui donna l'idée de faire la suite de Marianne. Deux jours après la contestation , on la lut sans eu nommer Tauteur. Semblable à ces peintres qui rendent leurs mo- dèles avec tant de vérité , qu'on croit l'original et la copie produites par le même pinceau , Madame Riccoboni imila si parfaitement le style de Mai'ivaux , que Salut-Foix lui- même y fut trompé, -r Œuvres , Neufchatel, 1 781 , 8 vol. ; 1785,, 10 vol. iu-12. Recueil de Pièces , contenant A loy se

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de Livaro , Christine, reine de Suède, etc. , 1783, a vol. iii-i2. Histoire de deux jeiuies amies , imprimée daus le Wercure de 1 786. (Euvres complètes , Paris ., 1 786 , 8 vol. iu-8".

RICHEBOURG, ( Madame La GrANGE DE ) vécut dans le 18^. siècle. Elle rajemiit le style d'anciennes tra- ductions françaises de Romans espagnols , dont voici les titres : Aventures de Clamades et de Clarmunde , Paris , Morin , 1753, I vol. iu-12. Aventures de Flore et de Blanchejleur , Paris , Diipuis, 1755, 2 vol. in-12. Aven- tures, de Dont Ramire de Roxas , et de Dona Léonore de JSÏendoce , Paris , 1707 , 2 vol. in- 12, Ce Roman renferme deux comédies , intitulées : Tune , le Talisman , et l'autre. Arlequin Suhdélégué de l'Amour. Persiles et Sigismonde , liistoire septentrionale , traduite de Micliel Cervantes , Paris, 1738, 4 "^'ol. in-12. La Keuve en puissance da mari. On y trouve le Capiice de l'Amour , comédie.

RIVAROL, ( Louise Mather Flïnt de ) épouse d'Antoine de Rivarol , de l'Académie de Berlin , a traduit plusieurs ouvrages de l'anglais , entr autres : Les effets du gouvernement sur F agriculture en Italie , avec une notice de ses dlfférens gouvernemens ^ 1 7971 in-8<'. On lui doit aussi : Notice sur la vie et la mort de M. de Rivarol , en réponse à ce qui a été publié dans les Journaux , Paris , au 10 , iu-ia. Encyclopédie morale., Paris, Favre , an 10, in-ia.

ROBERT, (Marie- Anne de Roumier, Dame) naquit à Paris en 1 705. Elle annonça de bonne heure d'iieu- reuses dispositions pour l'étude des lettres. Fontenelle s'en aperçut , et lui donna des leçons et des conseils. Elle

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épousa M. Robert, avocat trcs-estimé. La mort l'enleva à la société le i u janvier 1771-

On lui doit : la Paysanne philosophe , 1 762 , 4 vol. in- 1 ->.. La Voix dp. la Nature , ou Aventures de Madame la Marquinede*** , 1760, 5 vol. in-i2. Voyage de Mdord Ceton dans les sept planètes , ou le Nouveau Mentor, 1 76) , 7 vol. in-i2. Nicole de Beauvais , ou l'Amour vaincu par la reconnaissance ^ Paris , 1767 , 1 vol. in-12. Les Ondins^ conte moral j Paris, 1768, 3 vol. iu-r;i. Ses ouvrages offrent de l'imai^inallon , et un ton de sentiment qui inté- resse. Le style en est simple et naturel.

ROBERT, ( Lolise-Ffltx Guynement de Ker4- LIO , Dame) fille de Keralio , auteur distingué, et de Madame Keralio ^ dont il est fait mention dans ce diction- naire. Son mérite n'est point inférieur à celui de ses pareus. Dès 1 âge le plus tendre , elle s'est adonnée à Tétude. Elle était très-jeune , lorsqu'elle fit paraître son premier ouvrage. On lui doit : Essai sur les moyens de rendre leà facultés de V homme plus utiles à son bonheur , traduit de l'anglais, de J.-E. Grégorv , Paris, Lacombe , 177 5, i vol. in-i 2. Traduction de differens morceaux des Mémoires de r Académie de Sienne en Italie ; Paris , Pankouke, 17771 i v. in-i 2. Traduction des quatre derniers volumes de l'histoire du grand-duché de Toscane, sous le gouvernement des Mé- dicis , Paris, Cucliet, 1785 , 4 vol. in- 12. Voyage dans les deux Siciles , de HeuT'i Swinburne , dans les années lyjy , i'yS, ij~d et tj8o , traduit de l'anglais, Paris, Barrois le jeune , 1 785 , i vol. in-80. On doit féliciter IMadame Robert d avoir ti'ansmis dans la langue française un voyage toiû-à- la-fois si agréable et si utile., Histoire d'Elisabeth , reine d'Angleterre, lii-ée des écrits originaux anglais, actes ,

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titres j lettres , et autres pièces mannscrites , qui n'ont pas encore paru, Paris, Lagrange , 1786, 1787 et 1788, 5 vol. m-80. Eu composant cet ouvrage , Madame Robert a rem- pli une des lacunes de la littérature française : car on n'avait dans cette langue aucune vie d'Elisabeth. Cette production est le fruit de dix années d études , de recher- ches et de travaux. Elle est précédée d un discours préli- minaire, Ion trouve la science dun jurisconsulte et la sagesse dun politique. L'auteur a déployé dans cette his- toire une profusion de connaissances. En général, le style en est plus sage qu élevé , plus égal que rapide, rarement éloquent , et quelquefois trop didactique. Collection des meilleurs ouvrages français , composés par des Femmes , 1786 , 1787 , 1789 , i4 vol. in-8". Les vol. 7e, , 8«. et 9^^. n'ont point été imprimés. Madame Robert a dédié cette collection aux Françaises en général et à sa mère en parti- culier. Le plan de cet ouvrage est vaste et étendu. Il devait contenir environ 56 vol. Cette production , qui i^enferme l'intéressant tableau de létat des lettres dtius les Gaules , remplit dignement sou titre , et fait l'éloge de la nation , du sexe et de la personne de son estimable auteur. Ma- dame Robert , après avoir élevé un monument à la gloire de ses compatriotes , avait le projet d'en élever un autre du même genre aux femmes anglaises et italiennes. Elle a travaillé au ISlercure National ^ rySg-iygo. Elle a coopéré au Censeur l'nivei'sel. L'Académie d Arras , et la Société patriotique Bretonne l'admirent au nombre de leurs membres. Il est à regretter , pour la république des lettres , qu'elle n ait pas suivi la carrière qu'halle avait conmiencée dune manière si glorieuse. Les succès dont ses travaux ont été couronnés , lui sont un garant de ceux qu elle aurait pu obtenir encore long-tems.

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ROCHECHOUARD-MORTEMAR , (Marie-Mag de- ÎLeine-Gabrielle-Adelaïde de) fille du duc de Mor- temar , pair de France , sœur de la marquise de Montespan , naquit en 164 5. On la destina de bonne heure à la vie mo- nastique. Après quelques années de religion à 1 Abbaye au Bois , ordre de Saint Bernard , elle fut nommée , le 16 août 1670, chef et générale de Tabbaye et ordre de Fonte- vraidt , diocèse de Poitiers. Elle y fit fleurir les belles- lettres et les sciences. Louise de Bourbon , élue abbesse de Fontevraidt en 167 1 , établit un séminaire à la Flèche, ses religieux allaient faire leurs cours de philosophie et de théologie ; Jeanne-Baptiste de Bourbon qui lui avait succédé en 1657 , fonda une école de théologie à Fonte- vrault ; Adélaïde de Rochechouard y joignit une école de philosophie. Elle parlait et écrivait en latin avec élégance et facilité. La langue grecque lui était familière; elle pos- sédait encore 1 italien , l'espagnol et quelques autres langues vivantes. La philosophie , soit ancienne soit moderne, na point de système qu elle ne connut. Les Cathégories d'Aris- tote 1 les Universaux de Scot ne Tétonnèrent point. La Théologie et lÉcriture-Sainte n'eurent pour elle riea d'abstrait ni de difficile. Huet, évèque d'Avranches , rend liommage , dans ses Mémoires , aux talens et à la modestie d'Adélaïde de Rochechouard. Ménage a parlé d elle dans sa Liste des Femmes philosophes. Cette savante mourut le i5 août 1704. Son Oraison funèbre a été composée par l'abbé Anselme, et imprimée à Paris, 1705 , in-4°.

De tous les ouvrages qu'elle a faits , il n"a été publié que la Question sur la politesse résolue , par ISladame Vahhesse de Ji^***, Cette production , qui est une preuve de la jus- tesse et de la finesse d'esprit de son auteur , a été insérée 4aus uu Recueil de Pièces diverses , imprlm. à Bruxelles ,

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Ï736, m-ia. Oii a d'elle, en mannscrit , clés ouvrages de piété , de morale , de critique , des traductions , et un grand nombre de lettres. Elle traduisit quelques livres de llliade', qui obtinrent les suffrages des connaisseurs. Dans ses momens de loisir , elle composa des pièces de vers , dont on vanta la délicatesse, l'élégance et la légèreté. Ses ordon- nances étaient si judicieuses et si sensées , que quelques prélats sen sortt servi pour le gouvernement des maison» religieuses de leurs diocèses.

ROCHEFOUCAULD, (Silvie Pic de laMirande, Comtesse DE LA) fille de Galéas Pic, prince de la Mirande, et d'Hypolite de Gonzague, sœur de la comtesse de Randan , célèbre par sa vertu , vécut dans le 16". siècle. On Tarnena très-jeune à la cour de France , par les ordres de la reine Catherine de Médicis. Elle épousa François , prince de Marsillac , comte de La Rochefoucauld , et mourut en couches de son fils François lY du nom. Sa douceur, sa modestie et les charmes de son esprit la firent regretter de son époux. Elle protégea les gens de lettres. Ils célé- brèrent son mérite dans leurs écrits. Joachim Du Bellai fit son épitaphe.

ROCHEGUILHEM , ( MademoiseUe DE la ) naquit vers i6j5, et mourut en l'jio. Elle se fit connaître dans la république djes lettres par plusieurs ouvrages de fiction. On lui doit : Histoire des Guerres ciinles de Grenade , trad.- de l'espagnol, Paris, Claude Barbln, iG85 , 5 vol. in-12. Le grand Scanderherg , nouvelle, Paris, 1688, i vol. in-i2. Zingis , histoire tartare , Leyde , 1692 j la Haye , ï-ii , I vol. in-i2. Les Nouvelles historiques , Leyde, 1692 , 1 vol. iu-i2. Arioviste , histoire l'omaiue , Pains ,

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1696, I vol. in-ia. Histoire des Favorites , Amslerclaiii ^ 1697 "i ^ ^^' ^'^"^2 ' '7*^^i 1708. Cette production est Tune tles meilleures qu'elle ail composées. JJ A initié singu- lière, Amsterdam , 1708 , i vol. ii)-i2. Dernières (Euvres^ contertant des histoires galantes , Amsterdam , Paul Marret, 1708 , I vol. in- 12. ' Aventures Grenadines , Amsterdam, 17 10 , I vol. ia-i 2. (Euvres diverses , Amsterdam , 1711» I vol. ia-i2. Les anecdotes quou trouve dans ses ouvra- £;es sont propres a faire connaître les différentes Nations , dans les annales desquelles Mademoiselle de La Roche- guilhem les a puisées. Les sujets qu'elle a traités , sont agréables.

RODOTjPHE , ( p. C. ) jeune dessinatrice , est auteur de Poésies, recueillies et publiées par un bomme de lettres, Paris, Logerot, an 8 , in-12. IjC manuscrit de cet ouvrage communiqué à 1 éditeur, était écrit de la main de P. C. Rodolphe , et le sujet de chaque pièce était dessiné par elle au-dessous de chaque morceau. Ses talens pour la peinture et pour la poésie ont donné l'idée de ce quatrain qui sa trouve à la tète du recueil :

Votre plume et votre crayon Sont dignes des honneurs qu'on dispense au Parnasse ; Venez-y prendre Tolre place , Entre Deshou{icre et Che'ron.

Le volume poétique de P. C. Rodolpbe est de 44 P^g^sj mais qu'Importe sou peu d'étendue , si les productions qu'il renferme ont du mérite. Ou se rappelle qu'un petit nombre de pages a suffi pour immortaliser Chapelle , et qu une seule Églogue (^le Rendez-vous^^ a prouvé qu'eu ce genre labbé Mangeuot était supérieur à Foûteuelle et à

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la Motte. Les vers de P. C. Rodolphe sont faciles , pleins de grâces et de seusiljilité ; eu les lisant , ou regrette d'y trouver quelques uégligeuces.

ROHAN, (Catherine de Parthenay-lArche- VÈQUE, d'abord Baronne DE PONT , ensuite Yicomtesse de) fille unique et héritière de Jean de Par thenay-1 Ar- chevêque , seigneur de Soubise , et nièce de la comtesse de Marennes , dont il est fait mention dans cet ouvrage , naquit en i554. Elle se maria en i568 avec Charles de Quelleuec , baron de Pont , qui se trouva enveloppé dans le massacre de la Saint-Barthélemi. En iS']5 ^ elle épousa, en secondes noces René deRohan, quelle perdit en i585. Le tems qu'elle donnait à la défense du parti protestant et à la culture des lettres, ne lempécha pas de prendre le plus grand soin de l'éducation de ses enfaus. Elle fut cé- lèbre par sa beauté , sou esprit et son courage ; elle écri- vait dans les langues latine et grecque. A l âge de 74 ans , elle se renferma dans la ville de la Rochelle pendant qu'on en faisait le siège. Cette femme courageuse brava la mau- vaise fortune de sou parti ; elle aima mieux demeurer pri- sonnière de guerre , que d'être comprise dans la capitu- lation. On la transféra au château de Niort, le 2 novembre 1628. Elle mourut au Parc en Poitou , le 26 octobre i65i.

La vicomtesse de Rohan a composé plusieurs comédies et tragédies. Parmi ces dernières, on cite Holopherne , quelle fit représenter avec succès à la Rochelle en i574' Cette pièce est la première que Ton connaisse de ce nom. D Amboyse ne fit paraître sa tragédie d Holopherne qu'en i58o^ et Denis de Sainte-Marthe ne donna la sienne qu'en 1666. La vicomtesse de Rohan a encore écrit plusieurs Élégies ou Complaintes sur la mort de sou premier époux,

sur

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sur celle de l'amiral Coligny , et de plusieurs autres illustres personnages. Elle a traduit les Préceptes d'Isa- crate à Démonique. Ces dlfférens ouvrages lui ont fait un. grand nom dans la république des lettres ; mais ils n'ont point été imprimés. On lui attribue XApologie pour Henri IK, insérée dans les dernières éditions du Journal de Henri III. Quoique cette satyre ait été regardée par plusieurs personnes comme un ouvrage de Cayet , Fon- tette assure qu elle est incontestablement de la vicomtesse de Rohan. Cette production est remplie d'esprit et de déli- catesse.

ROHAN , ( Anne de ) fille de la précédente , répondit aux soins que sa mère prit de son éducation. Elle hérita de ses talens et de sou courage. Les langues savantes lui étaient familières. On a d'elle quelques Vers et quelques Lettres , dont une se trouve dans les OpusciUes de Made- moiselle de Schurmann. La Muse d'Utrecht faisait un très-grand cas du mérite d'Anne de Rohan. Elle soutint avec une fermeté stoïque , et elle supporta avec constance les incommodités du siège de la Rochelle. Pendant les trois mois qu elle fut réduite à quatre onces de pain par jour , elle écrivit au duc de Rohan , de concert avec sa mère : « de ne rien faire au préjudice de son parti , quoi qu'on n leur pût faire souffrira. Ayant refusé d'être comprise dans la capitulation , elle fut renfermée dans le château de Niort avec la vicomtesse de Rohan. Elle mourut à Paris , le 20 septembre 1646 , à l'âge de 62 ans.

ROHAN, (MaRIE-ÉléONORE de) fille d Hercule de Rohan - Guémenée , duc de Montbazon , entra chez les liâmes Bénédictines du couvent de Montargls , elle

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fit profession en i649- ^^^^ fi^* depuis abbesse de la Tn* ïiitë de Caea , et de Mahioue , près de Paris. On a d'elle î la Morale du Sage ^ in-12. C'est une paraphrase des Pro- rerbes , de lEcclésiaste , et de la Sagesse. Para- phrase des Pseaurnes de la Pénitence , imprimée plusieurs fois avec l'ouvrage précédent. Plusieurs Exhortationa itux Vêtures et aux Professions des Filles quelle recevait. •^- Des Portraits en vers et en prose , pleins de délicatesse et d'agrémens. Elle mourut, le 8 avril i68i , à lâge de 55 ans.

ROLAND , (Mademoiselle) du 17^. siècle , a écrit sur la Révocation de lEdit de Nantes. 11 est à regretter pour sa gloire qu elle ait employé ses talens à célébrer un édlt dans lequel, contre la maxime de Clément XIV, on a oublié la charité , pour malntealr la fol. Quelques auteurs parlent, d'après Vertron , d vme Demoiselle Roland , re* commandable par sa beauté , par son mérite et par les dif- férens prix, de poésie qu elle remporta. Cette Demoiselle est sans doute la même que celle qu.i fait l'objet de cet article.

ROLAND , ( LOUVET , Dame) naquit à Honfleurs en 1^54. Dès son enfance , elle montra du goût pour l'étude» lia musique , le dessin et la littérature devinrent bientôt ses plus chers amusemens. A des connaissances utiles , à des talens agréables , elle unissait les charmes de la figure, les qualités de 1 esprit , un bon caractère « une sensibilité profonde , et beaucoup de modestie. Le règne de la ter-* leur vint l'arracher à la solitude et au bonheur dont elle jouissait. Elle gémit une année entière dans les ca- chots ^a despotisme. Cette longue détention abrégea ee«

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Jbars. Elle Inourut vers la fin de Tan 5 , regrettée de tous ceux qui la conuaissaieut.

On lui doit : M-émoires de 3îiss Séraphie de Gange ; Paris, an 9 , 1 V. in-i 2, publiés par P. A. M. Miger. Mad. Roland a ■Voulu prouver, dans ce roman, que rhomme est aussi sou- vent malheureux par sa faiblesse , que par la méchanceto tl autrui. Elle est encore auteur Ae Poésies f^l deConies mo- raux, composés la plupart pendant sa captivité, et qui sont manuscrits. Avec tous les moyens de plaire dans ses ouvra- ges , elle n"a eu dautre ambition que celle d'être utile.

ROLAND, (Marie-Jeanne Pheltpon, Dame) fdlé" d'un graveur, naquit à Paris en i^56. Elle reçut le jour d'une mère aussi bonne que vertueuse , et d'un père qui ne songeait qu à devenir riclie et qui se ruina. Deux be- soins semblent avoir occupé entièrement son ame pendant sa jeunesse , celui d'aimer sa mère et celui de s'instruire^ Ses premières années se passèrent au sein des beaux-arts. Elle cultiva avec succès la musique , le dessin , la gravure et les lettres. A neuf ans , elle lut et goûta Plutarque ; à dix-huit ans , elle écrivit sur des matières abstraites des réflexions profondément méditées ; à vingt-cinq ans , elle connaissait tous les bons livres anciens et modernes , avait fait des extraits de la plupart , et s'était approprié le génie des meilleurs écrivains français. L'anglais et l'italien lui étaient familiers. Elle comjiosait dans ces deux langues avec facilité et même avec grâce. En 1780, elle épousa Roland. A la beauté , elle unissait des mœurs douces , une *me forte, un esprit solide , im cœur très-affectueux. Dans son séjour à Amiens , elle fit un herbier des plante» de la Picardie. A son retour d'Angleterre, en 1784 , elle établit sa demeure à YiUefranche, pclrie du son époux, et s adonn»

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tftQt à réconomie champêtre , qu'aux actes de la l>ienfaî~ sance. En 1787 , elle parcourut la Suisse , et rapporta de ce voyage beaucoup de counaissjinces en histoire naturelle et en politique. Elle habita Paris en 1790. Sa maison devint le rendez-vous des législateurs les plus célèbres. C'est alors que la révolution développa en elle les idées libérales qui lui étaient, pour ainsi dire , innées. Elle crut que le terme des abus , 1 encouragement des vertus et des talens allait résulter de ce nouvel ordre de choses. Il lui semblait que la France allait être le séjour de 1 industrie et du commerce ; que les sciences et les beaux-arts y établiraient leur em- pire , et quelle ne serait peuplée que d'amis. Madame Roland, en décembre 1792, fut accusée, ainsi que son époux, d'avoir conspiré contre la république. Appelée à la barre de la Convention nationale , elle confondit son accusateur, et força par les grâces de sou éloquence , ses ennemis à se taire et à 1 admirer. Après le 5i mai, époque Roland se déroba aux poursuites de ses persécuteurs , elle crut pouvoir rester sans danger à Paris , elle s occupait de l'éducation de sa fille. Les ennemis de son époux , qui étaient également les siens , la firent arrêter. Elle fut jetée dans les cachots de l'Abbaye^ le i^r. juin 1795 , et peu de tems après, elle fut transférée à Sainte- Pélagie. On lui offrit les moyens de s'évader ; elle les rejeta , dans la per- suasion où elle était qu'en servant de victime à la fureur de ses ennemis , elle détournerait l'orage près d éclater sur Roland, Dans sa jeunesse , sous le tranquille abri du loît paternel , elle fut heurevise avec des fleurs et des livres ; ces mêmes objets lui faisaient souvent oublier dans sa pri- son l'injustice des hommes, leurs sottises et ses maux. Ses compagnons d'infortune trouvaient en elle des consolatious. Elle lear parlait avec la philosophie la plus douce et la plus

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généreuse. Ordinairement sa conversation était sérieuse- sans être froide, et elle s'exprimait avec une pureté , un nombre et une prosodie qui faisaient de son langage une espèce de musique dont loreille n'était jamais rassasiée. Pour la perdre , on raccusa de ce qui fait peut-être le plus d'honneur à sa mémoire. Sa correspondance et ses liaisons avec les députés connus sous le nom de Girondins , servi- rent de prétexte pour 1 immoler. Ne pas faire l'apologie des 2 et 5 septembre , et soulever le masque qui couvrait les assassins de ces affreuses journées, c'était donner non- seulement des marques de probité , mais encore de vertu : cependant c^fut la véritable cause qui la conduisit à l'é- chafaud le 8 novembre 1795 Qig brumaire an 2 ). IjC jour de son supplice , elle prouva que sa grande ame était supé- rieure à tous les évènemens. Associée à un homme que le même sort attendait, elle parvint à lui donner du courage, et mên\e elle fit naître plusieurs fois le rire sur ses lèvres. Au pied de l'échafaud, elle eut désiré confier au papier les nouveaux sentimens qu elle avait éprouvés depuis la con- ciergerie jusqu'au lieu du supplice ; mais on lui en refusa l'es moyens. Elle reçut la mort avec une sérénité et ime constance héroïque , car elle savait que la postérité change , pour l'innocence et la vertu immolées , les échafauds en triomphes , et qu'une gloire immortelle remplace une ignominie passagère. La société pei'dit en elle une femme qui avait été bonne fille , bonne épouse et bonne mère, ij'amitié , ce sentiment sacré si' souvent profané et si peu co;inu , ne fut point un vain nom pour Madame Roland. Sa vénération et son attachement pour les 22 députés survécurent à la proscription de ces hommes illustres , et quoiqu elle prévit que leur sort déciderait du sien , elle ue cessa pas de les proclamer ses amis. Plusieurs artistes

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ont fait son portrait. Il a été gravé par Gauclier.

IMadame Roland employa les loisirs de sa captivité h écrire ses Mémoires, ils furent publiés d abord par Bosc , ensuite par Cliampagueux. L'édition quen a faite ce der- nier est intitulée : QLuvres de M, J. Ph. Roland , femme de V ex-Ministre de l' Intérieur j contenant les Mémoires et Notices historiques qu'elle a composés dans sa prison , en 1T()5, sur sa vie privée, f^ur son arrestation, sur les deux ministères de son mari, et sur la révolution ; son procès et sa condamnation à mort , par le tribunal révolutionnaire ; ses ouvrages philosophiques et littéraires , fai^s avant son mariage ; sa correspondance et ses voyages; précédés d'un discours préliminaire, par L. C. Champagaeux , éditeur, et accompagnés de notes et notices , du même , sur sa détention , Paris , an 8*, 3 vol. in-8°. En général le style des ouvrages de Madame Roland est mâle et courageux , ses idées sont fortes et grandes. Ses Mémoires renferment quelques détails trop minutieux , et quelques négligences de rédaction ; mais ou doit dire qu ils furent écrits dans lespace de deux mois , au milieu des chagrins et des inquiétudes. De tous ces oîivrages, elle n avait fait que ses Mémoires pour être imprimés sous sou nom, et elle ne les composa que pour repousser la calomnie qui la poursuivait.

Les écrits de IMadame Roland ont du mérite ; cependant «a plus grande gloire réside dans les sentimeus libéraux quelle a montrés , dans la conduite quelle a tenue et dans le courage quelle a déployé à une époque , la plupart des amis du bien public n'osaient élever la voix. Elle eut quelque part au ministère de Roland. C'est elle qui éciivit au roi la fameuse lettre qui fit ùtcr le ministère à son époux. ^Ue composa aussi^ QU noui du Conseil exécutif provisoii'e^

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la lettre qui engagea le Pape à donner la liberté aux artistes l'raucais emprisonnés à Ronïe.

ROLLY , (Barbe PorquTNI, Dame) Italienne d ori- gine, naquit à Liège. Elle avait, disent les historiens , les mœurs diin ange. Sa vertu et son amour pour les lettres lui donnèrent de la eélébrlté.. Elle écrivit en latin le Jar-" din de VJme, et quelques autres ouvrages que loue Yalère André. On lui doit aussi un traité latin fort intéressant : TInJliience des Femmes sur le caractère des liommes. EUe mourut vers lan 1620.

ROME, (Morville-Marnf. , Dame) a publié des Contes qui ont été insérés dans le Mercure. Mes Délas" semens , ou Recueil choisi de Contes moraux et historiques, traduits de différentes langues; Paiis , 1771 , 6 vol. in-i2. Ce recueil renferme les contes les plus intéressans qui aient été faits dans les langues anglaise , allemande et ita- lienne. Ce choix fait l'éloge du bon goût de Madame Rome. L'Homme tel qu'il est , ou ]\lémoire du Comte P. , écrit pflT /«wn^/ne y traduit de r allemand ; 177I1 2 vol. Elle a rendu son auteur avec la plus grande exactitude. La Égaremens réjyarés , ou Histoire de JMiss Louise Mildemay , traduction libre de Tanglais ; Paris, 1775, in-12. On aper- çoit dans ce roman quelques traces dugénle dcRic}iardson,v dans sa Clarisse ; ces deux ouvrages tendent au même but, quoiqu'ils n'aient nuls rapports dans les détails.

ROMTEU, (Marie de) n.ative du YiA-arets en Lan- guedoc, vécut dans le i6«. siècle. On lui doit : une Ins~ truction pour les jeunes Dames ; fjyon , Jean Dicppi, i ^7?), l xo\. in-ia. Briefi Discours , que l'excellence de la

agS R O Q

Femme surpasse celle de VHom,me ; Paris , Lucas , Breyer^ i58i , I vol. I11-12. Ce petit poëme , écrit en vers, est adressé à son frère Jacques de Romieu, en réponse à une satyre qu'il avait faite contre les femmes. Ce fut Jacques de Romieu qui le fit imprimer. Il y joignit quelques autres poésies de Marie de Romieu, parmi lesquelles on lit une Élégie , très-iprécieuse pour le tems elle a été com- posée. Elle a fait aussi léloge du /2ie/i.

ROQUE MONTROVSSE, (Madame de) née à Car- pentras dans le 17^. siècle, mérita par son érudition et sou talent pour la poésie , de tenir un rang parmi les femmes de lettres. La philosophie et la géométrie ne lui étaient point étrangères. Elle a traduit , en vers latins , un Dicb' logue sur les prem^ières Conquêtes de M. le Dauphin ; une Devise à la gloire du. même prince ^ et des P^ers sur la Ikforf de Madame Deshoulières _, et de plusieurs savans, ses con- temporains , avec lesquels elle fut en relation.

ROSSï , (Madame DE) a puhlié; Oraison funèbre de ?non y4mie ; Amsterdam , 1780. Cet ouvrage fait l'éloge de sou cœur et de ses talens. On y trouve lexpression de la sensibilité la plus vraie ; seulement les exclamations y sont trop fréquentes.

ROZET , (Madame) vécut dans le iS^. siècle. Elle a donné au Théâtre Français , en société avec Madame Cliaumond : l'Heureuse Rencontre , comédie en un acte et en prose.

SAC aô7

S.

SACHON , ( GabrielLE) née en i65i à Sémur en Auxois, fut religieuse cJiez les Jacobines de la même ville. Ses parens lavaient forcée d embrasser cet état. Quelques années après, elle réclama contre ses vœux , et la cour de Rome Ten releva. Retirée auprès de sa mère, elle se con- sacra entièrement à l'étude des belles-lettres , et mena une vie très -solitaire et très -occupée. Elle ne connaissait d'autre récréation que celle d'instruire de jeunes enfans- Cette savante fille composa divers ouvrages. Il en est un dans lequel elle a soutenu que « lautorlté , la liberté et » la science , qui rendent les hommes si importans dans n le monde , ne leur sont pas si exclusivement propres , « que les femmes ne puissent pas avoir part aux mêmes « avantages , et que si elles en sont«privées , c'est plutôt r> un effet de la coutume qu'une marque de leur incapa- i> cité naturelle ». Gabrielle Saclion mourut à Dijon , le 5 mars 17OJ.

SADE , (Laure de NoVEi , Dame DE ) dite la belle Laure , naquit dans le bourg de Saze près d Avignon , le 4 juin i5i4. Après la mort de ses parens , sa tante, Eslé- pbanette des Gantelmes, prit soin de son éducation. Ses grâces , sa beauté , son esprit et sa vertu lui soumettaient tous les cœurs. Elle fut de la seconde Cour d'Amour. Pé- trarqxie a immortalisé Laure dans ses vers. Il a fait à sa louange, 5i8 Sonnets et 88 Odes ou Cbansous. Elle avait vingt ans quand il conçut pour elle la passion la plus vive. Laure mourut de la peste à Avignon, en ij48. Lorsque François l^"". pa?sa par celle ville , il ordonna de

o^S S

rétablir le tomLeau de Laure. Ce prluce fit pour elle un«^ ëpitaphe en vers français. Elle fut peinte par Simon Mem-> mi , intime ami de Pétrarque. Son portrait est un des premiers qui aient été faits en Italie.

Elle écrivit en langue provençale des Poésie* qui n'ont point été imprimées , et qui , dans le tenis elle les com- posa , lui donnèrent de la célébrité.

SAINCTONGE , ( Louise-Geneviève Gillot dr BeaucoUR, Dame DE) naquit à Paris, en i65o , et mourut dans la même ville, le 24 mars 1718. Elle était fille de Madame Gillot dont il est parlé dans ce diction- naire^ et épouse de Sainctonge , avocat au parlement de Paris. Sa mère lui donna une excellente éducation. E11& cultiya de bonne heure la littérature. On lui doit : Didon , opéra avec un prologue , représenté par l'Académie ro} aie, en 1695 ; Paris, Chitstoplie Ballard , in-4°. Cet opéra , dont la musique est de Desmarets , a été remis au théâtre en 1704. Çircé , opéra avec un prologue, représente par l'Académie royale , en 1694 ; Paris , Christophe Bal- lard , in-4°. Desmarets en a composé la nauslque. Cette pièce est la seule de ce n#m qui soit lyrique. La versifi- cation de ce dernier opéra ne vaut pas celle du premier ; mais la conduite de 1 action en est meilleure. Histoire de Dom Antoine , roi de Portugal; Pavis , 1G96, i volume in- 12. Dans cet ouvrage Madame Sainctonge apprend que son grand-père eut part aux malheurs de dom Antoine, eL qu'elle a écrit Ihisloire de ce prince , d'après un manuscrit trouvé dans les papiers de son aieul. Celte production est très-précieuse , si lauteur en a réellement puisé les faits dans la source qu il indique. L.a Diane de ]\lonte^ mayor, mise en nouveau langage ; Piu'is.» i6{j0 et 1G99,

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I vol. iu-ia; Paris , Praiilt, 1755,2 roi. in-12. Madame Saiuctonge a placé à la suite de ce roman une Idylle sur le mariage de Madame la duchesse de Lorraine , et des Lettres en vers burlesque*. Elle a rajeuni le style de la traduction de la Diane de Montemayor, et elle en a retranché ce que les gens de goût y avaient condamné. Poésies galantes \ Paris, Jean Guignard , 1G96 , i vol in-12 ; Dijon , Antoine de Fay^ 17^4 » 2 vol. in- 12. On y trouve des Hpitres , des Elégies, A.es Idylles , des Chansons , des Bouquets, des Madrigaux , des Épi grammes , des È ni gm.es , un ballet in- titulé : Les Charmes des Saisons. La seconde édition de ces poésies renferme aussi : Griselde , ou La princesse de Sa- luces , comédie eu vers et en 5 actes , et \ Intrigite des Concerts, comédie en un acte et en vers , avec un divertis- sement. Ces deux pièces furent jouées k Dijon , en 17 14' Les vers de Madame Sainctonge sont écrits avec facilité ; mais en général ils sont au-dessous du médiocre.

SÂTNT-ANDRÉ ,( Mademoiselle DE) vécut dans le 17e. siècle. Elle est auteur de deux pièces de vers. L'une , qui n est pas sans beautés , est la Description de la chapelle de Sceaux .> peinte par Lebrun ; làutre a pour titre : l'Hyver de JCersaiUes. Si dans ce dernier morceau la critique y re- marque des négligences , le goût y recomiaît une poésie facile et une allégorie ingénieuse.

SAINT - BALMONT , ( Alberte - Barbe dErne- COURT, Comtesse DE) naquit en Lorraine , le i4 mai 1607. Elle avait un courage intrépide , beaucoup d imagination , de prudence et de modestie. Le lieu de sa naissance n clait quunvUlage; elle en fit une place d'armes, elle reçut et protégea une foule d" artisans et de la])0ureurs de 1<\ J^orralne et de la Champagne , contre les C/araif.s_, espèce^

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de maraudeurs qui ravageaient le pays. Le i^'^. mai i656, cent cavaliers lui enlevèrent un troupeau de vaches. Indi- gnée de cette témérité , elle se met à la poursuite des ravisseurs , suivie de quelques gentilshommes , et de ceux de ses paysans qui composaient son infanterie. Les at- teindre et les terrasser, fut pour elle la même chose. Dans l'action elle rcçiit cinq coups de feu , dont un lui enleva son chapeau, et elle se ressentit long-tems des blessures «jue lui firent les quatre autres. Un officier de cavalerie était venu demeurer sur ses terres ; il s'y comporta fort mal. L)" abord elle employa les Voies de la douceur ; ce moyen n'ayant point réussi , elle lui envoya un billet sous le nom de chevalier de Saint-Balmont , elle lui disait que le mauvais traitement qu il avait fait à sa belle-sœur , Vobligeait à la venger , et qu'il le voulait voir lépce à la main. Le défi fut accepté , et elle se battit avec lui , sous un habit dhomme. Après lavoir désarmé , elle lui dit : Yous avez cru , Monsieur, vous battre contre le chevalier de Saint-Balmont ; mais c'est Madame de Saint-Balmont qui vous rend votre épée^ et qui vous prie , à 1 avenir , d'avoir plus de considération pour les Dames. Elle mourut le 22 mai 1660.

On lui doit : Marc et Marcelin , ow. Ijes Jumeaux martyrs, tragédie chrétienne en 5 actes , représentée en i65o ; Paris, Augustin Courbe ^ i65o, in-4°. ; i65i , iu-12. Cette pièce, composée en quinze jours , fut imprimée à linsçu de l'au- teur. — La Fille généreuse , tragi-comédie en 5 actes , en vers, ms. i65o. Il a paru deux vies de Madame Saint-Bal- mont. L'une j qui est de Jean Marie , religieux du tiers- ordre de Saint François , fut publiée en i6';8 ; et l'autre , dont le P. Desbillons est auteur , fut donnée au public en 1773.

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SAÏNT-CHAMOND , (Claire Mazarelli, Marquise DE LA ViEUVILLE DE ) naquit à Paris , ea 1751. Elle n'avait pas encore i4 ans, lorsqu'elle fut promise à un homme de qualité , que la mort enleva au mois d'août 17.50. Il paraît qu elle fut son épouse avant d être celle du mar- quis de Saint-Chamond. Au mois de septembre 1760 , cIIq eut un procès , dans lequel ses adversaires attaquèrent vainement sa naissance , son caractère et ses mœurs. Se» juges et le public lui rendirent Justice. Ce procès se ter- mina vers Tannée 1755. Son esprit fit pressentir de bonne heure , cette force et cette énergie qui se trouvent dans ses écrits. Elle ne s'adonna décidément à Tétude des lettres » et ne composa des ouvrages , que par le désir de plaire à son époux , le marquis de Saint-Chamond. Ainsi lorsqu'on la félicitait de ses succès littéraires , elle eut pu répondi'e par CCS vers de Laharpe :

Plaire à celui que j'aime est ma seule victoire, Et mes talcns pour lui sont de nouveaux tributs. Je les ai cultivés sans prétendre à la gloire ; «

J'ai clicrché pour l'amour un langage de plus.

Les productions sorties de la plume de Madame Saint- Chamond , honorent sou cœur et son esprit. On lui doit : son P ortrait ,\xi&éxé dans le Mercure de 1751. Lettre à J. J. Rousseau , publiée dans l'Année littéraire , lyÔJ. De- puis elle a été imprimée séparément iu-ia. Eloge de Sully, Paris J Duchesne, 1764 1 in-8°. L'Académie française avait proposé, en 1763^ ce sujet pour prix, d éloquence. Madame Saint-Chamond recueillit , sinon le prix de 1 Académie , du moins les suffrages des académiciens et ceux du public. Camedris , roman ; i 765^ in- \i. Cette fiction ingénieuse, n'est point une lecture de pur amuseiueat ; la morale y

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est adroîlement semée, on y reconnaît la main des Grâces.

Eloge de René Descartes ; lyôS , in-S". Cet éloge quun philosophe ne désavouerait pas , est accompagné de notes* la doctrine de Descartes est éclaircie et développée.

Les Amans sans le savoir , comédie en 5 actes et en prose ; 1 77 ï i iii-12. Cette production est estiméç. Madame Saiut-Chamond est auteur de plusieurs autres pièces dc théâtre , que le public a reçues favorablement.

SAINT-GERMAIN , ( Madame DE ) née à Paris , vécut dans le 18^. siècle. On ne sait aucune particularité de sa "vie ., si ce n'est que sa société était composée de gens de mérite , et que le désir de s'occuper lui fit embrasser la carrière littéraire- Le public lui doit les Lettres d'Henriette et d'Emilie. Cet ouvrage , quoique traduit de lauglais , ap- partient eu partie à Madame de Saiot-Germain , d après les changemens qu elle y'a faits en le traduisant. Ces lettres font aimer la vertu et haïr le vice. Il y a de lintérêt, de la naïveté et de ce naturel qui annonce dans l'auteur uu esprit sage et un cœur sensible.

SAINT-HYACINTHE , ( Madame Charière DE ) est née eu Hollande. Elle a composé : Lettres Neufchâte^ toises. Lettres de Lausanne , ou de quelques Dames Suisses. Ses ouvrages ont du mérite.

SAINT-MARTIN^ ( Madame DE) vécut dans le i7<'. siècle. Elle s'adonna à létude des lettres. On lui doit : îa Reine de Lnsitanie ; Paris, 1698, 3 vol. in-i3. Cet ouvrage est imparfait; la mort enleva Madame de Saint-Martin, »u milieu de son travail.

s AI 3o5

SAINT-MAYOLLE , (Madame la Comtesse de ) vécut

i^ans le 17^. siècle. Née avec beaucoup de goût pom-1 étude, elle traduisit en vers français un ouvrage italien qui a pour titre la République de Naples. \ertron la mise au rang des femmes savantes.

SAINT-PHALIER, voyez DALIBARD.

SAINT - QUENTIN , ( Mademoiselle DE ) fille d\m avocat de mérite , au parlement de Paris , vécut vers la fin du 17^. siècle. Elle était très-versée dans la philosophie de Descartes. On lui doit un traité. Sur la possibilité de l'inv- mortalité corporelle^ avec une réponse aux objections qui lui furent faites. Cet ouvrage fît beaucoup de bruit lors- qu'il parut. Yertron a composé pour cette savaate ^ le quatrain suivant :

Qui cherche en tout la vérité, Qui raisonne si bien et des corps et des âmes , D'un commun jugement des hommes et des femmes.

Mérite l'immortalité.

SAINT-SAUVEUR , ( Madame ) a composé : Recueil de Pièces intéressantes et morales , convenables aux théâtres de société ; 1800, in-12.

SAINT - VAST , ( Thérèse AVillems de ) naquit à Calais, le 25 décembre 1722. Elle a publié : \ Esprit de Sully , avec le portrait de Henri IV, ses Lettres à Sully^ et ses Conversations avec le même ; 17G6, in-i2. On y trouve les détails de la vie privée de Henri IV. C est le principal mérite de cette compilation. 1^' Esprit des poètes et ora- teurs célèbres du règne de Louis XIK ; l'/f^J , io-12. Cet Ouvrage est divisé en deux parties. La premièi'e renferme

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des pensées qui ont rapport à la religion ; la seconde est consacrée aux vertus morales , aux devoirs de tous les états. L'auteur a voulu donner un recueil qui fut tout à-la- fois agréable et utile : il y a réussi.

SAIjS'T-VENANT ,( Madame DE) a publié : Olimpia.

Constance , ou la Destinée f Paris, an lo, 2 vol. in-i2.

Derville et Natalie de Saint-Hilaire , ou les Effets d& la M.alédiction paternelle'-, Paris , an lO, 2 vol. in- 12.

SALIEZ, (Antoinette de Salvan , Dame de) naquit à Albi , en i658. Son mérite la fit admettre en 1689 à l'Académie des Ricovrati de Padoue. A beaucoup des- prit, elle Joignit un grand goût pour les sciences. Ayant perdu de bonne heure son époux , Antoine de Fonvielle , seigneur de Saliez , elle consacra la liberté que lui donnait le veuvage, à la culture des lettres et de lamitié. En 1704 •, elle forma une réunion, sous le titre de Société des chevaliers et chevalières de la Bonne-Foi. Elle en dressa les statuts , dont voici le premier :

Une amitié tendre et sincère , Plus douce mille lois que Taraoureuse loi , Doit èlre le lien , TaimabJe caractère ,

Des chevaliers de bonne-foi.

Elle termina sa carrière le i4 juin i'^5o.

On lui doit: la Comtesse d'Isemhourg, princesse de Hohen-^ zollern., roman historique, 1678, in-12. Cet ouvrage a été traduit en plusieurs langues , enlr autres en italien , par la princesse Capisati. Les Princesses de Bavière , Isabelle et Margueiite , roman historique. Des Paraphrases sur les pseaumes de la pénitence ; des Réflexions chrétiennes ; des Relations ; diverses Lettres et Poésies insérées dans les recueils de sonlems,

SANCY,

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SANCY, ( Madame DE ) est auteur de la Belle-mère j Paris , Maradaa , an 6, 3 vol, iu-ia. Cet ouvrage n'est pas sans iutcrét.

SAUVAGE, ( Mademoiselle LE ) vécut dans le i^e. siècle. Elle avait beaucoup d'esprit , et elle a souvent dis- puté les prix, proposés par l'Académie des Jeux floraux à Toulouse.

SCHOENAUGE , ( Elisabeth de) abbesse de l'ordre de Saint Benoît, diocèse de Trêves, vécut dans le i2«. siècle. On lui doit un ouvrage sur \ Origine de la Fête de Sainte Ursule et des onze mille Fierges. I^lle a eu des révé- lations dont Egbert son frère a fait ti'ois livres. Ce dernier a composé la vie d Elisabeth de Schœuauge. Le tout a été imprimé à Cologne , en 1628.

SGUDÉRI, (MaGDELEIIVE de ) naquit au Itavre-de- Grace , en 1607. Dès quelle parut à Paris , on s'empressa de l'accueillir à riiôlèl de Raraboiiillet. Sa réputation l'y avait devancée. Bientôt les plus beaux génies de 1 Europe furent en commerce de lettres avec elle. Le prince de Paderborn, évêque de Munster , lui fit présent de ses ou- vrages et de sa médaille. La reine Christine de Suède lui donna son portrait, une pension et son amitié. Le car- dinal Mazarin lui laissa une pension par son testament; le chancelier Boucherat lui en établit une sur le sceau, et Louis XIV , à la sollicitation de INIadame de Maintenon , la gratiOa, en i683 , dune pension de 2000 francs ; quel- ques années après, il lui enVova une de ses plus belles et plus magnifiques médailles. L'Académie des Ricoi^rati de Padoue venait de perdre Hélène Cornaro , lorsqu elle en- voya, poui' l'emplacer cette savante, des lettres d'association,

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à Mademoiselle Scudéri , et une lettre particulière écrite par Charles Patin , qui commençait ainsi :

« Mademoiselle , quand notre Académie vous a choisie pour être de son corps , elle n"a pas prétendu rendre « votre mérite plus connu qu'il ne lest déjà par vos ou- vrages. Elle a voulu marquer à toute la terre , qu'elle n connaît parfaitement ce mérite si exquis ; et elle u a pas » moins songé à se faire honneur qu à honorer vos excel- w lentes qualités n .

Toutes les autres Académies les femmes sont admises, s'empressèrent de la recevoir. L'auteur des 5 derniers vol. de Pharamond, Vamnorière, lui dédia Agiatis.

La gloire ne lui fit pas négliger les douceurs de lamitié. Sa belle ame , et la douceur de son caractère lui procurè- rent d ilKistres amis. On l'avait fait peindre en vestale , entretenant le feu sacré. Le mot foveho était au bas de l'autel , pour marquer quelle avait soin de nourrir le fea de l'amitié. Le célèbre INanteuil la peignit eu pastel, ell« 1 eu remercia par ces vers :

Nanteuil , en faisant mon image , A de son art divin signalé le pouvoir ;

Je hais mes traits dans mon miroir , Je les aime dans son ouvrage.

Jusqu'à la fin de sa vie , elle conserva tout l'agrément et toute la vivacité de son esprit. Elle termina sa carrière à Paris , le a juin 1701. Deux églises se disputèrent Ihon- neur de lui donner la sépulture. Bosquillon composa l'éloge de cette femme de lettres , qui mérite par son érudition de tenir la première place après Madame Dacier.

On lui doit : Ibrahim , ou l'illustre Bassa / 1 64 1 1 4 "^oX, în-8°. ; Paris, lôSa, 4 "V'ol. in-8°. Ce roman a fourni à Mairet le sujet de sa tragédie da Grand et dernier Soliman,

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on la Mort de Mustapîia. Ce même ouvrage a donné à Geor- ges de Scudéri le sujet d'Ibrahim , ou Tillustre Bassa, tragi- comédie. Bliu-de-Saiumore a cgalemeut pris dans 1 Ihialiim de Mademoiselle de Scudéri le sujet de sa tragédie de Mus- tapha et Zéangir. Artamène , ou le grand Cyrus; i65o, 10 vol. iu-8^ ; Paris, i653. 10 vol. ia-8". Mademoiselle de Scudéri étant en voyage avec son frère, s entretenait un soir avec lui, dans lauberge ils étaient logés , de la coin»- position de ce roman. Qu,e ferons-nous , lui disait-elle , du prince Mazare ? Ils convinrent, après quelques contes- tations, qu'on le ferait assassiner. Des marchands qui étaient dans une chambre voisine , écoulèrent cette conversation, et crul'ent qu'on projetait la perte de quelque grand j^rince. La justice fut avertie , le frère et la sœur furent arrêtés. Ils ne tardèrent pas à se justifier et à obtenir leur liberté. Cette anecdote rappelle que Flelcher, un des meilleurs auteurs dramatiques de l'Angleterre , récitait un jour avec feu , dans un cal)aret , des vers d une de ses tragédies , il s'agissait dun complot contre un roi ; des passans l'entendirent et allèrent le dénoncer. Le poète fut mis en prison ; mais ayant fait connaître la méprise , il n'y resta pas long-tems. Clélie ; Paris , 1660, 10 volumes iu-8". jlirnallide , ou l'Esclave Reine \ Paris, 1660, 8 vol. in-8". CéUnte ^ nouvelle; Paris, i66i , i vol. in - S''. ~— Femmes illustres , ou les Harangues héroïques ;Va.Y\s ^ i665 , 2 vol. in- 12. Mathilde d'Aguilar j histoire espa- gnole ; Paris , 1667 , 1 vol. in-8". La Promenade Versailles , et Histoire de Célamire ; Paris, 1669^ i vol. in-S". ; 1698, in-12. Discours sur la Gloire jVavis , iG-ji , I volume in-12. Cet ouvrage remporta le premier prix d'éloquence que l'Académie française ait décerné. Conversations sur divers sujets ; Paris , 1680 , 2 vol. iu-12 ;

20. .

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Conversations nouvelles sur divers sujets; Paris , 1 684 j 2 vol. În-i2 ; Conversations morales; Paris , 1686, 1 vol. in- 12 ; Nouvelles Conversations de Morale ; Paris , 1688 , 2 volumes in- 12 ; Entretiens de Morale; Paris, 1692, 2 vol. iii-ia. Ses Conversations et ses Entretiens sont ce qu'elle a fait tle meilleur : autrefois on les lisait pour se former à la politesse. Ils inspirèrent à Mademoiselle de Louveucourt ces vers pour Mademoiselle de Scudéri :

Dans tes écrits touchans , par le goût épurés ,

La vertu ne prend point un air triste et sévère j

Sensible, elle reprend, avec des yeux de mère

Qui veut bien rappeler ses enfans égares.

Tu viens pour les remettre au chemin qu'il faut prendre.

Et tu nous fais goûter les biens dont tu jouis.

Le ciel dut Arislote au siècle d'Alexandre 5

Mais il ne dut Sapho qu'au siècle de Louis.

-— Nouvelles Fables en vers; Paris, i685, 2 vol. in-ia. Les Bains des Thermopiles , insérés dans ses Conversa- tions , imprimés depuis séparément , avec des notes , de Fr. Parfaict, 1730, in-12. Delacroix a donné VEsprit de Mademoiselle de Scudéri, 1766, in-12. Ses romans ont été traduits en toutes sortes de langues , même en arabe. On en aclietait clièrement les feuilles , à mesure qu'on les Imprimait. Ils offrent assez souvent le tableau de ce qui se passait k la cour de France , et ils annoncent beaucoup d'esprit , de fécondité et d'imagination. On y trouve des morceaux heureux , des traits d'une délicatesse et d'une supériorité qui ferait honneur aux meilleurs écrivains , et des portraits très-bien rendus et pleins de finesse. Ce n'est pas que ses productions soient parfaites , elles ont en partie les défauts du commencement du siècle elles ont été composées. Elles sont tonabées daiis l'oubli par leur

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prolixité et l'afféterie préciense de langage avec lequel elles sont écrites , et qui alors était de mode. Dans ce lems » on ne parlait point des effets sans remonter à leurs causes , et on ne citait aucun fait sans en détailler les circons- tances. Boileau a critiqué les ouvrages de Mademoiselle de Scudéri ; mais ce quil y a de répréhensible ne lui a pas fermé les yeux sur ce qu'il y a de bon. On lit dans les Œuvres de cet auteur, ,qu ayant vu la puérilité des romans d'alors , il composa son dialogue il les attaque , et particulièrement ceux de Mademoiselle de Scudéri t M Cependant » ^ dit-il , « comme Mademoiselle de Scudéri rt était alors vivante , je me contentai de composer ce M dialogue dans ma tête » et bien loin de le faire imprimer, n je gagnai même sur Hioi de ne point l-écrire , et de ne le « point laisser voir sur le papier , ne voulant pas donner n ce chagrin àtme fille qui , après tout, avait beaucoup de '»i mérite ». Si on songe quelle a pidîlié quelques-uns de ses romans ayant la fixation de la langue , on doit être étonné de ne pas en trouver le style plus défectueux. On. la compte au nombre des premiers réformateurs de romancie. On lui doit des J^ers qui sont agréables et ingé- nieux. Elle avait souvent des saillies heureuses , et faisait facilement des impromptu.

SCUDÉRI, (Madame de) de Normandie , belle - sofntr de la précédente, mourut en i^i i. Les Lettres de sa com- position , imprimées parmi celles de Bussi-Rarbutin ^ annoncent quelle avait beaucoup d'esprit.

SEGUIER, voyez VERGKE.

5io SEN

SENAICTERE , ( Maaemoiselle DE ) vécut vers la fin du 17*'. siècle. Le romau d Orasie , dont elle est auteur, n'a été imprimé qu" après sa mort. Les héros de son. ouvrage sont dignes de Tancieune chevalerie.

SERMENT, (Louise-ANASTASIE) de TAcadémie des Ricovrati de Padoue , naquit à Grenoble. Elle cultiva avec succès les Muses latines et françaises. Les auteurs les plus illustres recherchèreut sa société , et célébrèrent son jnérite. Corneille , Quinault et Pavillon la consultaient sur leurs ouvrages.

Ses productions consistent dans plusieurs morceaux de Poésies latines et françaises , quelques Lettres en prose , insérées pour la plupart dans le recueU de pièces acadé- jjiiques , publié par Guyonnet de Yertron. On trouve aussi quelques-uns de ses vers dans la Pandore de Vertron. Ceux qu'elle fit peu d instans avant sa mort , donnent une heureuse idée de sa versification et de sa philosophie. Elle termiuasa carrière à Paris, vers lan 1 692, à Tâge de 5o ans.

SERRIE , ( Madame DE LA ) du département de la Yendée , a composé : Andorine et Isidore , ou V Amour conjugal y nouvelle vendéenne. Zénobie^ reine de Pal- myre, enôchants. Eulaliede Rochester , vicomtesse de*** , nouvelle vendéenne ; Paris , Didot jeune , an 9.

SERTIN, (Magdeleine Deschamps , Dame) vécut vers la fin du iG'^. siècle. Elle fut épouse du contrôleur Servin , et mère du célèbre Louis Servin , avocat-général au parlement de Paris , sous Henri TH. On lui doit des Poésies françaises , grecques et latines , sur la mort de François Balduin , homme renommé pour la jurisprudence et Ihistoire. Elle a recueilli, dit la Croix du Maine , plu- siems Mémoires sur la police de France , non imprimés.

s E V 3ii

SEVIGNÉ, (Marie de Rabutin » Dame de ChaNTAL et DE BOURBILLI , Marquise DE) petite-fille de Françoise Frémiot , Dame de Chantai , fondatrice de Tordre de la Yisitaiion , naquit le 5 février 1626. Elle n'avait ({u'ua au et quelques mois, lorsqu'elle perdit soa père. Marie de Coulauges sa mère , et Christophe de Cou- langes son oncle , soignèrent son enfance , et cherchèreut à cultiver les heureuses dispositions quelle avait reçues de la nature. Elle apprit le latin, l'espagnol et l'italien. A lâge de 18 ans , le i^''. août i644 1 elle épousa Henri , marquis de Sévigné , qui mourut le 2 février i65i. Elle le regretta sincèrement , quoiqu'il n'eût pas eu pour elle tout l'attachement dont elle était digne. Yeuve à aS ans , favorisée des dons de la fortune , et douée des charmes de la figure , elle renonça à de nouveaux liens , pour se consacrer à l'éducation de son fils et de sa fille. Elle maria cette dernière , en janvier 1669 , au comte de Grignan qui dans la suite eut le gouvernement de la Provence. Cette circonstance fut pour Madame de Sévigné la source de ses inquiétudes et de sa gloire. Toutes ses pensées ne se portèrent plus que sur les moyens de revoir sa fille. Tan- lot elle rattirait à Paris , et tantôt elle allait la chercher au fond de la Provence. Leur séparation donna naissance à ces lettres dont il n'y a point de modèle. Madame de Sévigné fit son dernier voyage à Grignan , vers la fin du mois de mai 1694- Le chagrin et la fatigue que lui causa une longue maladie de sa fille , la conduisit au tomheau. Elle fut attaquée , le 6 avril 1696 « d une fièvre continue , qui l'emporta le 14^. jour. Son ame était belle et vertueuse. Elle pardonna avec la plus grande générosité à son cousin Bussi-RaLutiu , les sarcasmes qu 11 avait laucés coutr'elle , dans sou Histoire amoureuse des Gaules , sous le nom de

011 SEV

Madame cleCliemyîlle. Yoltalre Ta placée clans son Temple du Goût. Le portrait qu a fait d'elle son illustre amie , Madame de Lafarette , donne une haute idée des qualités de son esprit et de celles de son cœur. Son éloge , par Madame Brisson , fut couronné en 1777 par l'Académie de Marseille. Un auteur célèbre (Laharpe) a dit dans un poème qui n a point été acheté :

Charmante Sévignë , quels honneurs te sont dus! Tu les as mérités , et non pas attendus. Tu ne te flattais pas d'avoir pour confidente Celte poste'rilc pour qui l'on se tourmente. Dans le c<Kur de Grignan tu répandais le tien: Tes 1( tires font la gloire , et sont notre entretien. Ce qu'on cherche sans fruit, tu le trouves sans peine. Que tu m'as fait pleurer le trépas de Turenne 1 Qui te surpassera dans Tari de raconter? Ces portraits d'une cour qu'on se plai^ à citer, Se relraccnt chez toi bien mieux que dans l'histoire : Ces héros , dont ailleurs je n'appris que la gloire , Je les vois , les entends, et converse avec eux, etc.

Laniour maternel de Madame de Sévigné fil son bonheur et son génie.

Ses Lettres furent publiées avec une préface et des notes , par le chevalier Perrin, 1754 , 4 ^'O^* in- 12 ; Paris, Rolin , 1755, 6 vol. in-i2; 1754:, 9 vol. in- 12; 1763; 1775, 8 vol. in-i2-, Paris, Bossange , an g, 10 vol. in-12. On trouve à la tète de cette dernière édition , le portrait de Madame de Sévigné , un précis de sa Yie et des réflexions sur ses Lettres. Labbé Pierre Barrai donna en 1756, in- 12 , les Sevigniana, avec des notes. Il n'a presque com- pilé , dans ce Recueil , que ce qui regardait les Solitaires de Port-Roval et leurs amis. I-es Lettres de Madame de Sévigné se mettent entre les mains des étrangers , qui

SÉV 3i5

Teulent apprendre la langue française. Rleu n'est égal à la YÎvacilé de ses tournures et au bonheur de ses expres- sions. Elle avait le talent d'embellir les moindres choses , et de donner de lintérêt aux plus petites. Tous ses récits «ont des tableaux de 1 Albane ; son style est inimitable , comme celui du bon La Fontaine. Elle est , dans le genre épistolaire , ce que le tablier est dans le sien , négligée et originale. Quelques auteurs ont prétendu que les senti- mens de tendresse qu elle témoignait à sa fille étaient faux et affectés. Cette assertion est non-seulement dénuée de preuve , mais encore de probabilité. Si elle ne sentait rien, qui donc l obligeait à faire paraître le contraire ? A quoi bon cette pénible et longue hvpocrisie ? Le cœur d'nne mère ne peut se contrefaire ainsi ; et l'on voit claire- ment que lui seul a inspiré à Madame de Sévigné ces fré- quentes expressions de tendresse , qui ne pouvaient se sauver d une ennuyeuse monotonie , qu'à force de vérité. Boileau a dit :

Le faux esl toujours fade, ennuyeux, languissant j Mais la nature est vraie, et d'abord on la sent.

On a reproché à Madame de Sévigné de n'avoir pas rendu justice au mérite de I\aciue. Les beautés de Corneille ^ qu'elle appelait ses vieilles admirations, 1 emportaient , à son avis , sur celles de l Euripide français. Quelqu un qui , dans sa jeunesse, n avait vu, n'avait admiré que l'auteur de Cinna , n était-il pas excusable d avoir conçu que rieu ne régalerait jamais ? Bailleurs, les réputations eu im- posent. Son enthousiasme pour Corneille ne lui fit point illusion sur les endroits il est resté au-dessous de lui- même. On sait que Racine n a été mis à sa place , que 5o ans après sa mort. Cet auteur semble avoir favorisé l'espèce

3t4 SIB

fie culte exclusif qu'on rendait à Corneille , qaan<î il a dit de lui : u On trouve , dans ses écrits , une certaine y force , une élévation qui surprend , qui enlève , et qui yi rend jusqu'à ses défauts , si ou lui en peut reprocher n quelques - uns , plus estimables que les vertus des autres ». Si elle s est trompée à légard de Racine , doit-on en conclm'e quelle manquait de goût , tandis que, dans plusieurs autres occasions , elle a donné des preuves du contraire ? Na-t-elle pas trouvé le stvle de la Cléopàtre détestable , dans un tems tout le monde , excepté Des- préaux , en célébrait l'auteur ? Se laissa-t-elle abuser par 1 amitié qu'elle portait à Benserade , et par les vers qu'il avait faits pour sa fdle , dans les ballets de la cour , elle parut ? u Les rondeaux de Benserade , dit-elle , sont fort •K mêlés ; avec un crible , il eu demeurerait peu ». On ne doit point oublier , pour la gloire de Madame de Sévigné^ qu'elle a fait dans ses Lettres léloge des hommes les plus célèbres de son siècle , eutr'autres , de La Fontaine.

- SIBUT , (Mademoiselle) de Lyon , vécut dans le 17*. siècle. Elle a fait des Vers a. la louange de Madame la Dauphine , et elle réussissait dans les Devises.

SILLERY, ( Stéphanie -FÉLICITÉ Ducrest , d abord Comtesse DE GenLIS , ensuite Marquise DE ) a été gouvernante des enfans du duc d'Orléans. Depuis ce tems , elle s'est consacrée à 1 éducation de la jeunesse. Elle lira de 1 infortune les petits-neveux du grand Racine , en obtenant pour eux ime pension du duc d'Orléans. Peu de femmes ont donné autant d'ouvrages que Madame de Sillery. On lui doit: Tliéàtre à l'usage des jeunes Personnes^ «u Théâtre d'Éducation ^ Parb, 1779, 7 vol. ia-8°; 1785,

SIL 3i5

5 vol. îu-12; Berlin, 1795, 4 vol. iu-S**. Dès qiie cette production parut , ou eu fit deux traductions ailemaudes. L'une est de M. Weisse; l autre , de M. Albert \ittemberg. Madame de SlUery fit imprimer cet ouvrage par un motif de bienfaisance. Le public seconda ses vues. Il y eut des exemplaires qui lui furent payés mille écus. Le produit de cet écrit fut employé à tirer de prison trois personnes qui avaient perdu un procès de 60 mille livres. Théâtre de Société ; Paris, 1781 , in-S» i Suisse, 1781 , 1 vol. in-8° ; Genève, 1781 , 2 vol. iu-12 ; Paris^ 1782 , 1 vol. iu-18. Annales de la Vertu , ou Cours d' Histoire à l'usage des Jeunes Personnes ; Paris, 1781 , 2 vol. in-8° ; Maëstriclit, 1785,3 v,in-i 2; Paris, an io,Maradan, 5v. in-ï2-, idem, 5 v. in-80. Adèle et Théodore , ou Lettres sur l'Éducation , 1783 , 5 vol. grand iu-8° ; Hambourg , 1785 , 5 vol. in-8° ; Maëstricbt , 1784 , 5 vol. in-12 ; Paris , 1785 -, 1789,3 vol. in-8''; Paris, an 10, Maradan, 5 v. in-S*^ ; idem, 4 v- in-i3. Les Veillées du Château , on. Cours de Morale à l'usage des Enfans; Paris, 17841 5 vol. gr. in-8°. La Religion consi- dérée comme l'unique base du Ronheur et de la véritable. Philosophie , i*"^. et 2^. édit. 1787, in-8". Pièces tiréesde l'Écriture-Sainte , Genève , 1787 , in-8°. Discours sur la suppression des Coupens des Religieuses , et sur l'Éduca- tion publique des Femmes, 1790, in-8°. Discours sur l'Éducation de M. le Dauphin, et sur l'Adoption ; Paris , 1790. Leçons d'une Gouvernante à ses Lleves , ou Fragmens d'un Journal, qui a été fait pour 1 éducation des enfans du duc d Orléans ; Paris, 1791 , 2 vol. in-12. Discours sur l' Education publique du Peuple , 1 791 , iu-S". Nouveau Théâtrs sentimental , à l'usage de la Jeunesse , 1791 , iu-8''. Discours sur le Luxe et l'Hospitalité , considérés sous leurs rapports avec les mœurs et l'éducation

5i6 S IL

nationale^ ''7Qï'> in-8°. Œuvres complètes, contenant les Annales de la Vertu ; Adèle et Théodore ; le Théâtre des jeunes Personnes; les Veillées du Château , eX les Leçons d'une Gouvernante , 1791 , 17 vol. in-S". ou 17 vol. in-12.

Les Chevaliers du Cigne , ou la Cour de Charlemagne , conte historique et moral , pour servir de suite aux Veil- lées du Château , et dont tous les traits , qui peuvent faire allusion à la révolution française , sont tirés de l'histoire ; Hambourg, 1795, 3 vol. in-8". Epitre à l'Asile que j'aurai ; suivie de deux. Fables ; du Chant d'une jeune

Sauvage ; de XEpître à Henriette Sercey, ma nièce , et des Réflexions d'un Ami des Talens et des Arts ; Hambourg , 1796, in-8°. Précis de ma conduite, etc. Hambourg, 1796, in-8^. Les T^œux téméraires, ou l' Enthou- siasme , an 7 , 5 vol. in-12. Herbier moral , ou Recueil de Fables nouvelles et antres Poésies Ji/gitives -y Paris, an 8, I vol. in-i^; idem, i vol. in-8°. Les Mères rivales , ou la Calomnie ; Berlin , an 8 , 5 vol. grand în-8" ; Paris, an 9, 4 vol. in-S*^ ; idem, in-r2. Manuel du Voyageur, în^ia.

Les Petits Emigrés ^ ou Correspondance de quelques En- fans , 2 vol. iu-8°. Le Petit Labruyère j sirivi dun Re--

cueil de Pensées diverses, an 9, i vol. in-8°. Des Mor- ceaux dans la Bibliothèque des Romans. Nouvelle Mé- thode d' enseignement pour la première Enfance ^ an g, i vol. iii-12; Paris , an 10 , I vol. in-12. Nouvelles Heures , h 1 usage des enfaus depuis làge de 5 ans jusquà 12 ; Paris , an g , 1 vol. in- 18. Nouveaux Contes moraux , et Nou" velles historiques , 5 A'ol. in-12. Projet d'une Ecole rurale pour l'éducation des Filles ; Paris , au 10, i vol. in-8". Mademoiselle de Clennont , nouvelle historique ; Paris ^ an 10, Maradan ^ i vol. in-i8. Cette nouvelle est un petit chef-d'œuvre. Vie de la Duchesse de la V allier e ^

SIM 3i7

Paris , an 12 , Maradan , i vol. în-8*' ; idem, -i vol. iu-12. •— Les Soui'enirs de Felicie L** . Paris, au 12, Maradan, t vol. in-i2.

Plusieurs auteurs ont tiré des ouvrages de Madame de Sillery , des sujets de comédies et d'opéra.

SIMIANE, (Pauline de Grigjman , Dame de) petite-fille de IMadame de Sévigné , hérita du talent de son aïeule , pour le genre épistolaire. Si dans ses Letti-es ou ne trouve pas autant de sensibilité que dans celles de Madame de Sévigné , on y reconnaît au moins les mêmes grâces et la même légèreté. Elles ont paru dans le Recueil des Lettres nouvelles ou nouvellement recouvi'ées de Madame de Sévigné ^ "777 1 '1-12. Pauline de Grignan épousa M. de Simiane , marquis dEsparon. Elle mourut en 1757. Ses vertus et son esprit lui firent tenir un rang distingué dans la société. Elle connaissait la langue italienne.

SIMONET , (Madame) a puîilié : Connaissance de la JVlythologie , ou Extraits de l'Histoire des Divinités du Paganisme, par demandes et par réponses , à l'usage des jeunes Dames ; Paris , Fuchs , an lo^ i vol. in-r2.

SOMMERY , (Mademoiselle Fontette de) a donné:

Doutes sur différentes Opinions reçues dans la société ; 2^. édition, 1783, 2 vol. ; 0^. édition , sous le nom de lA***, 1784, 2 vol. in- 12. Cet ouvrage est bien écrit ; ou y trouve de la profondeur et du jugement. Lettre à Deslon , yreao-raériAei!^?' ; Glasgow et Paris , 1784^ ia-80. Lettres de JSladame la Comtesse de L'^**' . au Comte de R^**. 1785, in- 1 2. Lettre de IMademoiselle de Tour ville , à Madame la Comtesse de Lenoncourt , 1788, in-8°. L'Oreille, conte asiatique, 1789, 5 vol. ia-12. Quelques Pièces dans rAlmanach des Muses.

5i8 S OU

SOUZA , ( Adèle. . . . daLord Dame DE FlaHAITLT , ensuite Dame DE) est née k Paris. Elle a publié: Adèle de Senange , ou Lettres de Lord Sydenhain ; Londres , 1794 1 in-S" ; an 6 , Paris ^ Maradan , 1 vol. in-i'2 ; idem , 1 vol. in-i8. Cet ouvrage , dit Legouvé , commença et fit la réputation de son auteur. Il parut dans un tenis 1 on était inondé des sombres productions des romanciers an- glais , qui croient plaire avec des spectres et des hor- reurs ; et , comme il n"a rien d un si lugubre appareil , comme tous les ressorts eu sont simples , il reposa agréa- blement de ces compositions tristes et couvulsives. H lie dut pas le graud succès qu il obtint à ce seul contraste ; il le dut sur-tout à l'intérêt de laction , à 1 ingénuité des caractères , à la légèreté du style , à lart des dévcloppe- mens, et aux sentimens délicats dont il est orné. Emilie et Alphonse , qu le Danger de se livrer à ses premières impressions , 1799 ■, 3 vol. iu-12. Cet ouvrage est digne du précédent. Charles et Marie , Paris , Maradan , an 10 , in-i2. Cette production est très-intéressante.

STAAL, ( DE LaUNAI , Comtesse de ) naquit à Paris, vers 1693. La misère entoura son berceau. Son père était peintre à Paris ; il quitta la France , et fut en Angleterre exercer sa profession. Sa mère , après avoir été la gou- vernante de Mademoiselle de Ventadour^ se retira dani \n\ couvent. L intérêt que la jeune de Launai inspirait, la rendit chère à Mesdames de Grieu, dont lune était abbessè de Saint-Ltjuis à Rouen, et l'autre simple religieuse. Elles rélevèrent dans leur monastère , et soignèrent son édu- cation. Elle y resta depuis I âge de deux ans , jusquâ celui de seize ou dix-sept aus. A cette époque , la mort lui enleva ses protectrices. En 171 1, elle fut placée auprès de la duchesse du Maine , en qualité de femme - de-

STA 3i9

cl) ambre. Livrée à des emplois qui ne convenaient ni à ses goûts 1 ni à son mérite , elle cherchait les moyens cl" amé- liorer son sort. Loccasion s'en présenta bientôt. Une jeune beauté , nommée Têtard , se disait possédée du démon. Tout Paris courut voir cette prétendue merveille. Fonte- nelle v alla, et en parla moins en philosophe qucn apôtre: M^'« de Launay , qui était très -liée avec l'auteur des Mondes , lui écrivit à ce sujet. Dès le même jour, il se trouva dans une société on lui fit des plaisanteries k 1 égard de Mademoiselle Têtard. En voici de meilleures que les vôtres, répondit-il, en montrant Tingénieuse lettre de M'^^ de Launay. On en prit de« copies ; tout le monde voulut la posséder. La duchesse du Maine la lut et en fut contente. Dès-lors elle employa M'^* de Launay dans toutes les fêtes qui se donnaient à Sceaux. Elle faisait des vers pour quelques-unes des pièces que Ion y jouait, dressait les plans de quelques autres , était consultée pour toutes, et en faisait elle-même. Sous la régence, elle fut enveloppée dans la disgrâce de Madame du Maine. On la renferma à la Bastille , le 29 décembre l'j 18. Ayant recou- vré la liberté dans les premiers jours de février 1720, elle retourna auprès de la duchesse. Le célèbre Dacier , veuf depuis «quelque tems , conçut le projet de se marier avec elle. Madame du Maine ne voulut pas y consentir. Elle lui fit épouser M. de Slaal , lieutenant aux Gardes-Suisses , et depuis capitaine et maréchal-de-camp. Madame de Slaal devint dame d honneur de la duchesse. Elle eut la gloire d'avoir pour amis la Rochefoucault , l'abbé de St-Pierre , Tabbé de Yertot , Toureil , Malezieu , Yalincourt et Chau- lieu. Quelques-uns d eux eurent pour elle un sentiment plus tendre que celui de l'amitié. L'abbé de Cbaulieu , oc- togénaire et presque aveugle , fut un de ses adorateurs , et fît beaucoup de vers à sa louange. Il avait passé la saison

. 3iô S T A

des amours : il y fut ramené par la rue de ]Madame de Staal . qui a'ors était Mademoiselle de Lauuai. Elle mourut au mois de juin i^So.

Ou lui doit : Mémoires de sa vie^ 5 vol. in-ia. Ils ont été imprimés après sa mort. On y ajouta en i^55 , un 4®- Tol. qui contient deux comédies en 5 actes et en prose , dont lune est intitidc'e : U Engouement ; et Vautre , la Mode. Elles furent jouées à Sceaux. La dernière a aussi été repré- sentée aux Italiens en 1761 , sous le titre des Ridicules du jour. Ses Mémoires sont écrits avec autant d agrément que de finesse. On y trouve de l'élégance et de la simplicité, de l'esprit et du naturel. En lisant Madame de Staal, ou fait un cours de morale-pratique : car il v a de tems en tems des aperçus du cœur humain qui montrent une femme accoutumée à regarder de près et les autres et elle-même. Quaut à ses comédies , le dialogue eu est vif et spiritviel. Recueil de Letti'es de Mademoiselle de Launai ait cheva- lier de JSIenil, au marquis de Silly et à 31. d' Héricourt , auxquelles on a joint celles de M. de Chaulieu à Mademoi- selle de Launai , et celles de M. Remond à la même, et le portrait de IMadame la duchesse du Maine par Mademoiselle de Launai , Paris, Bernard , an 9 , a \o\. in-12. Ces lettres sont au nombre des modèles du genre épistolaijre. On remarque dans celles au chevalier de Meuil , cet hem-eux abandon qui plaît sans le vouloir et sans le savoir. Les lettres adressées au marquis de Silly et à M. d Héricourt inspirent beaucoup dintérêt. Le portrait de Madame du Maine annonce qu'elle avait le talent de Labruyère. Elle a eu beaucoup de part au recueil intitulé : Amusemens de Sceaux. La Naissance du Quolibet et son Èpigramme sur un grimacier oui été insérées dans divers recueils.

STAËL

s T A 021

STAËL DE HOLSTEIN,'(iVECRF.R,Dame De) fille de Madame Necker , épousa Slaël de Holsleln , qui fut ambassadeur de Suède en France. Le mérite de Madame de Staël n'est point un mérite vulgaire , ses connaissances étonnent par leur variété et par leur étendue ^ et son talent pour écrire est d une grande supériorité. Ou lui doit : Lettres sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau , "X". édit. 1789, in-12; 5"^. édlt. augmentée d une lettre de Madame de Yassj , et d une réponse de Madame de Staël, 178g, in-8*^. Cette production a obtenu de justes éloges.

Sentiment secret , comédie. Héflexions sur la Paix , adressées à M. Pitt et aux Français , Londres , 1 795 , iu-8".

Recueil de morceaux détachés , Lausanne., 1795., in-8*^. 2^. édit. revue et augmentée , Leipsick , 1796. De l'in- Jluence des Passions sur le bonheur des individus et des na- tions ^ Paris j 1796^ in-8". Paris, 17971 2 vol. iu-i8. Cet onvrage est plein d observations, de vues nouvelles et d idées fécondes. De la Littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales , an 8 , 2 vol. in-8° ; 2^. édit. revue et augmentée , Paris ., an 9 ., 2 vol. in-8*'. Le titre seul de cet ouvrage annonce une importante conception. u Le style , dit Paiissot, si Ion en excepte un petit nombre de traits la recbercbe se fait sentir et nuit à la clarté , est toujours proportionné à la grandeur des objets qu'elle traite ; il est même une observation qui s'est constamment offerte à nous en lisant son ouvrage : c'est que si Ton faisait un recueil des pensées détachées qu on pourrait en extraire , et qui mériteraient d''ètre reniarquées , aucun recueil de ce genre ne serait plus abondant et plus riche. r> Madame de Staël a adopté dans son ouvrage le système de la perfectibilité. Plusieurs philosophes ont soutenu cette opinion d'une manière générale. Madame de Staël est

21

322 S T E

peut-être la première qui Tait appliquée à la littérature. Horace ( liv. 5, ode 6. ) prélend que les hommes vont en se détériorant ; Fonlenelle avance , dans ses Dialogues , que tous les siècles se ressemblent ;Boufflers a montré de lindécision sur le système de la perfectibilité ; Fergusson , Kant, Tiirgct, Condorcet et Talleyrand-Périgord sont persuadés que la perfectibilité est lapanage de 1 homme. Quant aux critiques qu on a faites de la Littérature j consi- dérée dans ses rapports avec les institutions sociales , ne pourrait-on pas dire avec Charles Pougens : La liaine et l'envie sèment au hasard , la paresse recueille, 1 insou- ciauce prononce : mais la postérité venge. Charles Pougens a donné une analvse bien raisounée de 1 ouvrage de Ma- dame de Slaél , dans la Bibliothèque Française , an q , n". 6 , 8 et I o. De l'influence des réi^olutions sur les lettres , in-8^. Delphine , CTeuève , an lo, Paschoud , 4 '^'ol- in-i2 ; Paris , Maradau , 6 vol. in-i2 ; "b^ . édition , Paris , an 1 1 , 6 vol. iu-i2 ; traduit en anglais et en allemand.

STECK, (GuiCHELlN , Dame) est fille dun menuisier. Les Grâces et les Muses lont comblée de leurs faveurs. La manière heureuse dont elle a débuté dans la carrière littéraire , a juslilié la bonne opinion que ses premières années avaient fait concevoir de sou intelligence. Ses talens lui ont procuré d illustres protecteurs, de sincères amis, et un époux recomniandable à plusieurs égards. Il est à regretter que son hymen Tait enlevée à sa patrie. Elle ha- bite la Suisse.

Madame Steck a composé, à l'âge de ii ans^ Vers sur la mort de Léopold , duc de Brunswick , Versailles, ï7'8']; , xn-<H°. Ou lui doit aus^i le Hameau abandonné , qu'elle a traduit de Goldsmith , et une Épitre à T Obscurité. Ce dernier

SUA 32!

ouvrage, inséré en clîfférens journaux , a mérité à soa auteur les vers siiivaus de Lebruu-Piudare :

Ta raodeslie enclianteresse Brille d'un éclat miTitéj Et les ^el•s à robscurilë Wiront jamais à leur adresse.

SUARD , ( Madame ) épouse du secrétaire perpétuel cle la seconde classe de llustilut national de France, est aute ir de quelq-ies Lsttras i.isérées dans les Mélanges M. S'.iard , an ii. Ou allrihîie aussi à xMadame Suard traduction de quelques Rômaus anglais.

SUCCA , ( Mar I F. DF. ) rdie de Benoît de Succa , célèhre jurisconsulte, naf|uit à Liège en 1600. Elle reçut de la nature, de 1 esprit, des grâces et de la beauté. A la connais- sance desbeanx-arls , elle joignit celle des niatliéinati(jues. Elle étudia le latin , et au bout dune année , elle fût en état d'entendre (licéron ; bientôt mcuio , elle écrivît dans langue de cet orateur aux savans de son siècle. Yalore André, qui avait vu plusieurs de ses lettres entre lé.^ mains de Lambert Vlierdène, à qui elles étaient adréssé'es , les trouve pleines de naturel et d élégance. Cette femme , dont les talens la faisaient regarder cotnnae uqe merveille, termina sa carrière dès làge de vingt-cinq aii$.

SUR'VILLE, (MARGURRITE-ÉtRONORE-CLOTILDE

DF. Vallon-Chalis, Dame DR) pacte français du i5^. siècle, est connue par des Poéai^s^ publiées par Ch. Van- derbourg , Paris , Henrichs , an 1 1 , vol. iu-8". Ces po('sies , fort ingénieuses, sont, au langage près, dignes du iS^. fiiècle. Plusieurs littéi'ateurs doutent de 1 authenticité des

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productions qui ont paru sous le nom de Madame de Surville.

SUZE, (Henriette de Coligny, Comtesse de la) fille du second maréchal de Cliàtillon, petit-fils de 1 amiral de Coligny , naquit à Paris en 1618. On la maria très- jeune à Thomas Adington , seigneur écossais. Devenue veuve peu de tems après , elle donna sa main au comte de la Suze. Elle abandonna la religion de Calvin , pour se faire catholique. Ce changement la brouilla pour toujours avec son époux , qui était protestant : ils se séparèrent. Devenue libre , elle se livra entièrement à l'étude des lettres. Son enthousiasme pour la littérature fut poussé trop loin , car il lui fit négliger ses affaires domestiques « qui ne tardèrent pas à se déranger. Sa maison était le ren^ dez - vous des poètes les plus célèbres de son tems. Différens auteurs ont chanté sa beauté et son esprit. Le fameux. Largillière la peignit assise sur un char roulant sur des nuages. Les vers mis au bas de ce portrait, ont été attribués par les uns , à Fieubet , et par les autres , aa P. Bouhours , les voici :

Quae dea sublimi vehitur per inania curru ?

An Juno , an Pallas , an Fenus ipsa vcnit ?

Si genus inspicias , Juno ; si scripla , Minerva j Si specles oculos , Mater anaoris erit.

Ces vers ont été traduits de la manière suivante :

Quelle déesse ainsi vers nous descend des deux ! Est-oe Vénus , Pallas , ou la reine des dieux , Dont nous ressentons la présence ?

Toutes trois en vérité,

C est Junon par sa naissance ,

Minerve par sa science.

Et Vénus par sa beauté.

r ' " ^

SV Z 3aS

jDans le roman de Clélie , de Mademoiselle de Scudéri , Hésiode endormi sur le Parnasse , voit les Muses en songe , et Calliope lui montre les poètes qui naîtront dans Ja suite des tems :^« Regarde n lui dit Calliope , en parlant de Madame de la Suze , » cette femme qui t apparaît ; « elle a , comme tu vois , la taille de Pallas , et sa beauté « a je ne sais quoi de doux , de languissant et de pas- y> sionné j qui ressemble assez à cet air cliarmaut que les » peintres donnent à Vénus ; cette illustre personne sera r> dune si grande naissance , qu'elle ne verra presque que n les maisons royales au-dessus de la sienne ; sache quelle n naîtra encore avec plus d'espiut que de beauté , quoi- n qu elle doive , comme ta vois , posséder raille charmes ; 71 elle aura même une bonté généreuse qui la rendra rt digne de toutes les louanges , sans te parler de tant n d autres admirables qualités que le ciel lui prodiguera r n apprends seulement qu'elle fera des Elégies si belles , si n pleines de passion, et si précisément du caractère qu'elles 9t doivent avoir , qu elle surpassera tous ceux qui l'auront »» précédée, et tous ceux qui la voudront suivre n. Titon du Tillet la mise dans son Parnasse. Elle termina sa car- rière à Paris , le lo mars i6^5.

On lui doit : Poésies; Paris, Charles de Scrcy , 1G66, îa-i2 ; 1684 , 2 vol. in-i2. On les réimprima avec plusieurs pièces de Pélisson , et de quelques autres , en rGgS , et eu 1725 , en 5 vol. in-12. Les Poésies de Madame de la Suze sont des Elégies , des Odes , des Chansons , et des Madri- gaux. Ses Élégies qui sont d"»n agrément infini , dit Boileau, lui donnèrent une grande célébrité. Tjcs pensées en jont iogéuieuses , el les sentin^ens délicats»

526 TAR

T.

TÂRDIEU , (Madame) apnhlié : Encyclopédie de la jeunesse, ou Nouvel Abrégé élémentaire des Sciences et des jirts , secontle édition . corrigée et augmentée, ornée de deux cartes géographiques coloriées, et de figures; Paris , Tardieu , au 1 1 , 2 vol. in- 12.

ÏENCIN, (Claudine-AlexandrineGuérin de)

fille d'Antoine Guérin , président à mortier au parlement du Daiiphiné , naquit à Grenoble, en 1681. Sa famille l'engagea à se taire religieuse ; cinq ans après avoir pris le voile , elle se dégoûta de la vie monastique. Elle aban- donna son couvent et se retira à Paris. Fontenelle charmé de 1 esprit de Madame de Teucin , sollicita le rescrit da pape, qui la releva de ses v^eus.. Ce bref ne fut pas fulminé; mais son obtention suffit pour qu on ne 1 inquiétât pas sur la liberté dont elle jouissait. Liée avec le fameux Law , elle s entbousiasma pour sa banque, et le jeu des billets. Elle ne s engagea pas avec moins d ardeur dans les que- l'elles des Jansénistes et des Molinistes. La plupart de ces derniers se rassemblaient dans sa maison. Elle leur parlait avec feu , et les animait par ses discours. Les évéques , les jésuites , en sortaient pleins de colère et de courage contre leurs adversaires. Pour calmer les orages qu elle formait , on lui envoya l'ordre de se retirer à Orléans. Son frère qui commençait à jouir de la faveur du cardinal de Fleury, la fit rappeler. Revenue de son exil , elle s'entoura des hommes les plus aimables de la cour, et des savans les plus goûtés de la capitale. Leur commerce épura son goût et tourna ses idées du côté de 1 étude. Depuis sa sortie du

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cloître , sa vîe avait été orageuse ; du moment elle cultiva les lettres , elle entra pour ainsi dire dans le port. Ses jours devinrent plus paisibles et plus heureux. Son esprit et sa facilité pour expi-imer ce qu elle sentait , la faisaient paraître avec avantage partout elle se mon- trait. Les grands , les ministres , se plaisaient à 1 eu tendre ; elle se servit habilement de 1 ascendant qu'elle avait sur eux , pour l'élévation de son frère. Sa célébrité fut assez grande pour qu'on recueillit ses décisions , et le sujet même de ses entretiens. Ce fut elle qui commença à rendre hom- mage à l'Esprit des Lois. Dès qu il parut, elle en prit uu grand nombre d exemplaires , qu'elle distribua à ses amis. Celte femme de mérite mourut à Paris , le 4 décembre 1 749. On lui doit : Le Siège de Calais ^ in-12. Quelqu'un pré- tendit que les romans qui avaient paru jusqu'alors , commençaient tous^Jar une déclaration d amour , et finis- saient par le mariage. Madame de Teucin promit d en ébaucher un, dont le commencement serait la conclusion des autres , et elle composa le Siège de Calais. C'est d après cet écrit que du Rozoy a fait sa tragédie des Uéclus fran- çais , et que Dubellov a donné sa tragédie du Siège de Calais. Mémoires de Comminges , in-12. Ce roman , dit Laharpe , peut èlre regardé comme le pendant de la prin- cesse de Clèves. Il a fourni à Dorât le sujet d une lettre en vers , et àDurnaud le sujet d un drame. Les Malheurs de l'Amour , 2 vol. in - 12. Ses romans sont consacrés à peindre lamour. Ils sont écrits avec délicatesse , et les passions y parlent le langage qui leur est propre, Anecdotes d'Edouard II , 177G, in~i2, ouvrage posthume , fini par Madame Elle de Beaumont. Ses (Euvres , Paris, I78(}, 7 vol. in-12. Delandine a mis à la tote de ce recueil des observations sur les romans , et en particulier sur ceux

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de Madame de Tencin. Elle est encore auteur de plusieurs productions anonymes, entr autres, de la Traduction de Chrisal ^ ou les Aventures d'une Guinée, histoire anglaise , 1767 , in- 12.

THIERRI, (Madame) a donné au théâtre du Vaude- ville 1 en société avec Lambert, Arlequin tailleur, 1795.

THOMAS , voyez BAZINCOURT.

TIBERGEAU , ( Madame la Marquise DE ) protégea l'auteur du Glorieux. Sitôt que Destouches eut fait sa pièce du Curieux impertinent , il la lut dans quelques sociétés. M Cela fit du bruit , et parvint jusqu'à Madame la marquise n de Tibergeau , sœur du marquis de Puisieux , alors notre 71 ambassadeur en Suisse , femme d'un esprit rare , et d un « goût sur. Elle accueillit le jeune auteur, l'encouragea , y> lui donna de bons conseils , daprès lesquels il refondit r, presque tout son ouvrage. Quand il fut au point qu'elle » désirait , ^lle voulut en amuser l'ambassadeur dans une n fête. Elle fit distribuer et apprendre les rôles dans la » maison , et se chai'gea elle-même du rôle principal ». ( D'Alembert, éloge de Destouches ). Dans les OEuvres mêlées du comte Hamilton , il y a une lettre de Madame de Tibergeau, qui commence par ces vers :

Les Muses et l'Amour veulent de la jeunesse : Je rimais autrefois, et rimais assez bien. Aujourd'hui le Parnasse et la douce leudresse Sont étrangers pour moi ; je n'y connais plus rien.

La mort l'enleva à la société , avant 1755 , dans un Age fort avancé. Elle conserva jusqi» u la fiii de sa vie toutes» les grâces de son esprit.

T O R 339

TORT^ (Madame DU ) est comme par îles Ouvrages

en prose et en vers , insérés dans les Mercures de son

tems. Fontenelle mit des vers de sa composition au bas du

portrait de Madame du Tort. Elle mourut vers 17 '20.

TOULOlSGEON, (Madame DE) a publié : Lettres de la Vendée j écrites en l'ructidor an 5 ^ jusqu'au mois de ni- vôse an 4 1 trait historique ; Paris , Treuttel et Wùrtz , an 9, 2 vol. in-i2.

TRECIGNY, (Madame DE) chanoinesse, vivait dans le 18^. siècle. Elle a composé quelques Pièces fugitives , adressées , sous le bom de La Bergère Annette , à M. de la Louptière. Ce dernier les inséra dans le recueil de Poésies dont il est auteur.

TREMOILLE, (Catherine de la) fille de Gilbert de la TremolUe, sénéchal du Poitou, fut nommée, en i64o, abbesse de Sainte- Croix de Poitiers. Elle succéda dans cette place à Flandriae Charlotte de Nassau. On lui doit : m pitre funèbre j est contenu un abrégé de. la vie de feue Mad. Charlotte-Flandrine deNassau, sœur de S. A. d Orange^ très-illustre abbesse du monastère de Sainte-Croix de Poitiers^ de l'ordre de Saint Benoit , Paris , Antoine Mesnier , 1640 , in-8" de 2.2. pages. « On trouve dans cette lettre qui est un M éloge funèbre , ( dit l'auteur de la bibliothèque du Poitou ) » le style particulier à ces sortes d'ouvrages , ce coloris de n la piété supérieur aux grâces du style , cette éloquence yi naturelle qui exclut l'art en faveur du sentiment , et ■» d'autant plus persuasive qu'il paraît qu'on pense moins u n pei'suader. S il y a quelques défauts , c'est au goût du yi siècle qu'il faut les imputer n. Catherine de la Tremoiile mourut le 7 avril i65o.

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TRUE DE MAIRONA, (CASTELLOZA,Dame) femme

Troubadour , native d'Auvergne , a célébré dans ses ver$ Armand de Bréon. Il reste de Castelloza trois Chansons , parmi lesquelles il eu est nue qui est remarquable par naturel et la sensibilité.

TUDE, (HyppOLITE-Claire de la) dite Clairon, actrice au ibéàtre français , naquit vers 1722. Voltaire écrivait à Mademoiselle Clairon , en lui dédiant Zulime : u Cette tragédie vous appartient, Mademoiselle; vous l'avez r> fait supporter au tliéàtre. Les talens couime les vertus n ont un avantage assez unique, c esi celui de ressusciter »? les morts . . . Les vraies passions sont faites pour la scène; y> et personne n a été plus digue que vous de les inspi- >i rer . . . w. Une personne digne de cet éloge, devait faire pour les Français ce que Miss Bellamv, célèbre actrice de Londres , a fait pour les Anglais ; elle devait donner à ses contemporains les réflexions que 1 étude lui avait suggérées sur 1 art tliéàtral. Elle a rempli à cet égard les vœux des ams des arts. On lui doit : Mémoires d' Hyppolite Clairon , et 7-éftexions sur la Déclamation théâtrale , Paris , an 6 , in-8° ; Paris , an -y , in-8° , avec portrait de 1 auteur. D'Hen- netaire en donnant \ Art du Comédien , et Raimond de Sainte-Al])ine en publiant le Comédien , ont devancé Made- moiselle Clairon dans la carrière ; mais les différens auteurs qui écrivent sur le même sujet , offrent à ceux qui veulent étudier, une réunion précieuse de lumières. Mademoiselle Clairon voulut faire lever 1 excommunication attachée à l'état de comédien. Cette courageuse tentative donna lieu à un ouvrage , auquel elle eut beaucoup de part. Ce sont des Mémoires , intitulés : Libertés de la France contre le jpouvoir arbitraire de l'excommunicationj Amsterdam, 1761,

U L R 33t

în-i2. Maclemoiselle Clairon mourut an mois de pluviôse au 1 1. Elle conserva, jusqu'à son dernier moment, le sou- venir des preuves d estime que lui avait données sa nation. Yoici une des clauses de son testament : « Je n" attribue » qu'à 1 indulgence de ma nation, 1 espèce de célébrité dont j ai joui : je la réclame en ce moment pour qu'elle daigne accepter le don que je lui fais de mon buste en w marbre , exécuté par l'aimable et savant ciseau de n Leinoinc , et la médaille d or que des protecteurs et des »» amis respectables ont l'ait frapper pour moi. Le ministre n qui préside aux arts, en accordant un prix à mes éludes, »» peut eu iaire un objet d'émulation pour d autres w.

u.

ULTIIC , (Mademoiselle) est auteur de la folle Enchère j comédie en un acte et en prose, 1771-

UNCY , ( IMademoiselle ) s est fait connaître par des Contes moraux , qui ont paru en i-63.

URSINS , ( Claude Juvenale des ) religieuse ù l'abbaye de Poissy , vécut dans le 16^. siècle. Elle composa un Traité de l'Instruction pour les Novices, avec des Exhor^ talions spirituelles aux i-eligieuses.

USSE , ( Madame D' ) vécut dans le 18*. siècle. Elle est auteur de quelques F^ers de société ^ insérés dans les Amusemeus du cœur et de l'esprit.

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V..

VACHER , ( Madame S. M. LE ) est auteur de NeTla ou la Carinthienne , Paris , an 8 , 5 vol. in-12. Minna , ou Lettres de deux jeunes J^énitiennes. Paris, an lOj 2 v. iu-12.

VALINCOURT , ( Madame DE ) a publié : Ode sur la vie et le dévouement héroïque du Prmce de Brunsn^ick , i787,in-8o.

VALLIÈRE, (Louise-Françoise de la Baume LE Blaisc, Duchesse DE LA) fille dhoaneur dllenrlette dAngletei^re , première épouse de Philippe d Orléans , na- quit à Tours au mois d'août i644- Elle devint favorite de Louis XIV, en i665. Ce prince érigea pour elle, en mai 1667 , les terres de Vaujour et de Saint-Christophe eu duché-pairie sous le nom de la Valllère. Sa figure était charmante ; on croit volontiers , dit lauteur des mémoires de Madame de Maintenon , qu elle fit naître à La Fontaine l'idée de ce vers :

Et la grâce plus belle encop cfue la beaaté;.

Son caractère était vrai , bon , doux et naïf; son cœur fait pour aimer, était incapable de toute autre passion; un goût exquis sur tout ce qui appartenait au sentiment^ la caracté- risait encore. Elle ne mit point la France à ses genoux, elle n'entra point dans les intrigues des courtisans , elle ne sut quaimer. L inconstance de Louis XIV ne put faire changer les seutimens qu'elle avait pour lui. Elle préféi'a d'entrer aux Carmélites , plutôt que d'épouser Lausuit, ou d'ac- cepter les vœux du duc de Ijongueville. En iGyS , elle fit profession sous le nom de Sœur Louise de la Miséricorde. Pendant quelle était à la cour , le célèbre Mlgnard la

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peignît an milieu de ses deux enfans , Mademoiselle de Blois et le comte de Vermandois ; renfermée dans sou cloître , elle servit de modèle à Tun des chefs-dœuvres de Lebrun, le tableau de la Magdeleine pénitente. Elle mourut le 6 juin 17 lO. Labbé Lequeux a donné , en 1767 , l'His- toire et les Lettres de la duchesse de la Vallière. Blin - de- Sainmore est auteur d'une Lettre , ou Èpttre en vers , de la duchesse de la Vallière à Louis XIV, précédée d'un abrégé de la vie de cette femme illustre. Madame de Genlis vient de publier , tout récemment , une histoire de sa vie , sous ce titre : la Duchesse de la F^alUère.

On a d'elle : Réflexions sur la Miséricorde de Dieu , im- primées pour la première fois en 1680, in-12. Cet ou- vr*tge est écrit avec onction. Elle paraphrasa aussi le Can- tique où David déplore ses égaremens.

VANESBESC , ( l^adame ) est auteur d'un Roman. '

VARANÇAI, (Adélaïde de) a tradi^t de l'anglais:

Lettres de Mistriss Fanni Buttler ' à JUilord Charles-Alfred de Caitombridge , Comte de Plisinte , Duc de Rafflingth ; Amsterdam , Schneider, 175'; , iu-ia ; 2^. édition , Paris , 1769 , in-12.

VATRY, (Louise-Marguerite Buttet, Dame) naquit en 1682. Belle, spirituelle et vertueuse, elle fut l'objet des chants de plusieurs poètes. Elle eut le bonheur d'avoir pour amie Madame de Lambert. Madame Vatry mourut à Paris le 22 mai 1752.

Elle a composé des Poésies fugitives , dont plusieurs ont été insérées dans les Amusemens du Cœur et de l'Esprit.

VERDIER , (Mademoiselle DE) de Toulouse, vécut dans le 17^ siècle. On trouve de ses Poésii^s dans le

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Triomphe de la Violette ^ recueil publié par Robert Tous- sain , de Toulouse.

YERDIER , (Madame DU ) de la ville d'Uzès , tient un rang distingué parmi les femmes qui cultivent la poésie. Son talent et sa modestie ont fait dire à nn poète :

Vous fuyea vainement Thonneur d'être immortelle j Vous l'êtes déjà malgré vous.

L'Epître de sa compos-ition , intitulée : le Bandeau de l'Amour, a été couronnée en 176.), par lAcadéinie de Toulouse, et imprimée à Toulouse en 1770, dans le re- cueil des ouvrages de poésie et d'éloquence présentés à l'Académie des Jeux, floraux, en 1769. Cette Fpître réiyilt à une fiction ingénieuse , le charme de l'harmonie et les grâces du sentiment. Les poésies de Madame du Verdier, qui ont été insérées dans les journaut , prouvent encore son esprit et sa sensibilité. LTd> lie qui a pour titre: la Fontaine de Vi-çtuclase , est son chef-d œuvre. Laliarpe , qui la publiée dans ses CHiuvres , en 1778, et qui est le premier qui Tait fait connaître , en parle ainsi : « Je n'en » ai gucres lu de meilleures. La tournure des vers est r, élégante et facile ; il y a des idées , des sentimens , des »» images; et la pièce entière est d'un excellent goût » . Madame du Yerdier est auteur de plusieurs autres poé&ies inédites.

YERGNE , (zVnNE Sf.GUIER, d'abord Dame DUPRAT et ensuite Dame DE la) dune famille qui a donné d il- lustres magistrats à la France , vécut dans le 16'. siccle. Elle eut de son premier époux, mort en i585 , Anne et Philippine Duprat, connues par leur mérite littéraire. Ce fut vers le commencement de i584 , qu elle épousa Hugues

V I D 335

de la Vergne. On lui doit : des Poésies chrétiennes , précé- dées d un Dialogue en prose , dont les interlocuteurs «ont la Vertu , l'Honneur , le Plaisir , la Fortune et la Mort.

VERRUE, (Barbe de) vécut dans le i5«. siècle, sous le règne de Saint Louis. Elle a laissé des Stances , les idées les plus douces et les plus aimables sont présentées avec grâce et précision. Celte pièce anacréonllque , trou- vée dans un manuscrit de la Bibliollièque de Saint-Ger- main-des-Prés , a été publiée , en l'an lo , dans la Décade philosophique. M. Mérard-Saint-Just, auteur de diflereiites poésies, et M.Giraud, lont traduite en nouveau langage.

VERTILLA.C , (Madame la Comtesse DE ) morte le 2i octobre 1731, à làge d environ 60 ans , a donné une Lettre ou Dissertation sur le Style. Reraond de Salut -Mard la insérée dans le Recueil de ses Œuvres. Burigni a fait réloge de Madame de Vertillac , dans le tome a du Mer- cure de janvier 17 52.

VERZURE , (Madame DE) épouse d'un banquier de Gènes , a composé : Réflexions hasardées d'une Femme ignorante , qui ne connaît les défauts des auti'es que par les siens , et le monde que par les relations et par ouï-dire y 1766, 1 vol. in-i2.

VIDAMPIERRE , (Madame DE) nièce de la célèbre Duchastelet , a donné : Mélanges de Poésie et de Prose ^ 1777 , in-i6. Sa prose lemporte de beaucoup sur ses vers qui sont eu général très-faibles.

VIGNE , ( Mademoiselle DE LA ) belle-sœur de Mad. la Vigne de Villedo qui se distingua par son érudition ,

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naquit à Vernon-siir-Seine. Elle était de la plus belle taille du monde ; elle avait les yeux, beaux et doux, le nez bien fait , la bouche agréable , le teint blanc , uni et délicat; naturellement éloquente, elle s expliquait avec autant de grâce que de facilité , sans être embarrassée dans le choix des expressions , qu'elle trouvait toujours heureusement ; elle était fort civile , et en même-tems très-fière ; sou cœur était généreux , et rempli de senti- znens honnêtes , mais peu tendres. Le talent qu elle avait pour la poésie , se manifesta de si bonne heure , qu'on a dit que les Muses 1 avaient allaitée. L Académie des Rico- vrati de Padoue se lassocia. Elle fut eu liaison avec les littérateurs célèbres de son tems , entr'autres , avec Pe- lisson , Ménage , et Mesdemoiselles de Scudéri , Descartes et Dupré. La mort Tenleva à la société k la tleur de son âge. Elle termina sa carrière à Paris en 1684.

On lui doit des poésies ; les principales sont : Une Ode , intitulée : Monseigneur le DaupJiin au Roi. Celte pièce lui valut nne gratification de la cour , et des vers à sa louange qui lui furent adressés par un inconnu , avec une boîte de coco , renfermant une lyre d"or émaillée. \Jne Ode à Mademoiselle de Scudéri, sur le prix d"Eloquence que cette dernière avait remporté à l'Académie Française. Pellsson la fit imprimer à la suite de son Histoire de l'Acadé- mie. Mademoiselle delà Vigne avait envoyé son Ode à l'au- teur de Clélle , dans une jolie boîte , elle était attachée avec des rubans de diverses couleurs à une petite guir- lande de lauriers d or , émaillés de verd. Mademoiselle de Scudéri témoigna sa reconnaissance par une réponse quelle répandit dans le public. Une Réponse k la pièce que Mademoiselle Descartes lui avait adressée sous le titre de l^Ombre de Descartes. Quelques autres Pièces de

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/^er« , qnon a recneillies à Paris dans un petit iu-8°, et que Sauvigui a mises dans son Parnasse des Daxnes. La vivacité de Tesprit et la force de T imagination de Made- moiselle de la Yigne , rendaient son style pittoresque.

YILFRANC, (Madame DE) a publié : les Faiblesses d'une jolie Femme , ou Mém.oires de IVLadame de ITilfranc , écrits par elle-même ; 1779 , 2 vol. in-ia.

VILLARS, (Marie Gigault de Bellefonds ,

Marquise DE) mère du célèbre Louis-Hector, maréchal- duc de Villarâ , mourut le 24 juin 1706 , à làge de 82 ans. On lui doit : des Lettres à Madame de Coulanges; Ams- terdam , 1759, in-i2. Elle les écrivit en 1679, 1 680 et 1681 , pendant quelle était ambassadrice en Espagne. Le «tyle de ces Lettres est agréable , et les anecdotes qu elles renferment sont intéressantes. Madame de Sévigné écrivait à sa fille : " Madame de Villars mande mille choses î» agréables à Madame de Coulanges , chez qui on vient n apprendre des nouvelles. M. de la Rochefoucault eu n est curieux ; Madame de Yins et moi , nous en attrapons Il ce que nous pouvons » .

YILLEDIEU , voyez DESJARDINS.

VILLENEUVE, ( Gabrielle -SUZANNE Barbot, Dame DE) épousa Gaallon , seigneur de Villeneuve, lieutenant -colonel d'infanterie. Peu favorisée des biens de la fortune , elle chercha à s'en procurer par ses écrits. EUe fut en commerce de lettres avec plusieurs littéra- teurs , entr autres , avec le célèbre Crébillon , qui lui fut

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très-attaché. Madame de Yilleueuve mourut à Paris , le 29 décembre 1755.

On lui doit : le Phénix conjugal, lySS , in-12. Gaston de Faix , nouvelle historique , galante et tragique ; Cons- tantinople , 1741* ^ vol. in-12. Les Contes de cette année, I744i i^^-i!*' Le Loup galeux et la jeune Vieille, contes ; Leyde , 1744 1 ^ '^^^ vnr-xi. Les belles Soli- <a/res ; Amsterdam , 17 45 1 i vol. in-12. La Jardinière de V incennes , ou les Caprices de V Amour et de la Fortune; 1750 , 4 ^^' iw~i2 ; 1755. Les Ressources de l'Amour ; Amsterdam, 1752, 2 vol. in-12. Le Juge prévenu, 1752 , I vol. in-12. La jeune Américaine , ou les Contes Marins , 4 parties In-ia. Le Beau-frère supposé , 4 par- ties in-12. Mémoires de Mesdemoiselles de JMai'sange , in-12. Le Tems et la Patience^ 1768 , 2 vol. in-12. Ces romans ont eu du succès ; il& offrent en général , dit Saba- thier, des situations pathétiques , des sentimens vifs et généreux , des réflexions morales , nobles et sensées ; mais les plans nont rien de neuf ; les évènemens n'y sont pas toujours d'accord avec la vraisemblance , les situations sont souvent forcées ; le style , d'ailleurs , est inégal , diffus , incorrect et chargé de détails minutieux. La Jardinière de V incennes est le chef-d'œuvre de Ma- dame de "Villeneuve. Ses Contes de Fées sont écrits avec assez de légèreté et de finesse.

VILLENEUVE , a donné , au mois de brumaire an 6 , au Théâtre de la République ,. les vrais Honnêtes- gens , comédie. C'est une pièce de circonstance. On y trouve peu d'action ; mais elle renferme des scènes agréables.

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VILLERS , (Mademoiselle DE) vivait dans le 18". siècle. On lui doit: Dialogue sur la Musique, 1774» in-80.

VILLETTE, (Madame lAbbesse de Sainte - Perrine DE la) a traduit, vers 1704 , dn latin eu français , la Via spirituelle de Saint Vincent Ferrier. Il avait paru , environ 80 ans auparavant , une traduction française du même livre , mais en vieux langage , d'une religieuse de Sainte- , Praxède d'Avignon , de Tordre de Saint Dominique.

VINCENT, (Labille, dabord Dame GUIARD , en- suite Dame) s'est fait connaître par son talent distingué dans 1 art de peindre : recommandable comme artiste , elle l'était encore comme auteur. Elle présenta à l'As- semblée constituante un Mémoire dans lequel elle propose un établissement oîi les Femmes pourraient subsister in- dépendantes par le produit de leur travail. Dans son ouvrage , elle ennoblit les arts , en les associant au commerce , et en les appliquant aux produits de 1 in- dustrie. Puisse le Gouvernement méditer , un Jour , le Mémoire de Madame Vincent , en sentir l'importance , et le réaliser pour la gloire de la patrie et le bonbeur de la société ! Quoi qu'il en soit , l'auteur n'en aura pas moin» Lien mérité de son sexe , et honoré le siècle qui la vit naître. Madame Vincent est morte au mois de floréal au II.

VIOLAINE , ( Madame DE) a composé : Mémoires de Saint-Gory. Poésies , 1777 « in-8". Ces poésies sont médiocres.

aa..

34o VIO

YIOT, ( Marie -Anne -Henriette Payan de

L'EstaNG , d'abord Madame DÂNTREMONT , ensuite Madame DE BOURDIC , euûn Madame) naquit à Dresde en 1746. L'étude de lallemand, du latin, de l'italien et de langlais occupa les premières années de sa jeunesse. Elle avait la répartie vive et très-spirituelle. Les Aca- démies des Arcades de Rome et de IVismes , les Musées de Bordeaux et de Toulouse , la Société patriotique de Bretagne et les Lycées littéraires de Paris lassocièrent à leurs travaux. Plusieurs pocîes l'ont célébrée dans leurs vers , entr autres , Voltaire , Blin-de-Saininore , la Trem- bla) e et Laharpe :

Et des talens et de la grâce Bourdic r«çut le double don.

Elle se servit avec beaucoup d'avantage de la plume de Pline le Jeune ^^ et la lyre de Saplio ne fut point déplacée dans ses mains. Elle a écritl'i'/oo-e du Tasse, celui de Ninon de Lenclos ; des ï,ettres marquées au coin de l'esprit et 4e limagination ; et la Forêt de Brama , opéra mis eu mu- sique par Gresnick. On trouve , dans les ouvrages périodi- ques de son tems , beaucoup de Pièces fugitives de la com- position deMad.Viot. Elle mit le sceau à son immortalité en donnant au public l'Eloge de Montaigne ; Paris , Ch. Pougens , an 8, in-12. Ce discours avait été lu, en 1782 , à l'Académie de Nismes. Il est divisé en deux parties. L'une est consacrée aux écrits du philosophe de la Guyenne , et l'autre , à ses vertus. On y trouve de la jus- tesse dans les idées , delà précision et de lenergie dans la manière de les exprimer , un grand nombre de belles pensées , un style lleuri et élégant ; enfin , il a toutes les

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qualités du Panégyrique de Trajan , sans en avoir le» défauts.

Madame \ iot avait une bonté de cœur parfaite , et une facilité de caractère charmante. C'est à ses soins qua Madame Duboccage dut la pension quelle obtint du Gou- vernement sur la fin de sa vie. Madame A iot est morte le 19 thermidor an 10, à la Ramière , près Bagnols.

VOLLANGE , ( Madame de) a publié: le Génie, 'épître ; 1774 •> in~8°. Xe Bonheur des Peuples ^ poëm& au Roi ; 1774 1 in-8°. Les Beaux-Arts , poëme qui a concouru pour le prix, de l'Académie l'rançaise ; 1775% in-S".

w.

WARENS , (DE LatoUR , Baronne DE) naquit en 1699 dans le pays de Taud , et mourut à Chambéry en 1759. Elle dut presque tous ses malheurs à une trop grande sensibilité. Ses parens n'approuvèrent point le choix que son cœur [avait fail^ dun époux ; ils la forcèrent de se marier avec un homme qu elle n aimait pas , et qu elle abandonna. Etant allée, habiter Annecy , elle y embrassa la religion catholique , en 1726. L'activité de son esprit lui fit faire plusieurs entreprises qui la rui- nèrent ; mais 1 infortune n altéra point sa gaîté. Elle était d'un caractère doux , et d une sensibilité excessive pour les malheureux. Un inconnu arrivait-il chez elle avec l'ombre de quelque talent , elle s'intéressait à lui : éci'i- vains , poètes , artistes , tous étaient également accueil- lis. Ses bienfaits firent souvent des ingrats ; on regrette de trouver sur celte liste le nom de J. J. Rousseau : il

ft2. . .

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outrage , clans ses Confessions , la mémoire de Madame de Warens. Une personne , indignée des imputations de galanterie qu'il faisait à sa bienfaitrice , voulut , pour les détruire , exposer aux yeux du public la Yie de cette femme de mérite , et publia : Mémoires de Madame de JVarens , suivis de ceux de Claude ,Anet ; Cbambéry , 1786, iu-8°. I/éditeur de ces Mémoires assure que les premiers sont écrits par Madame de Warens , et les seconds par Claude Anet. Après la mort de Madame de Warens, ou trouva , parmi ses papiers , deux ou trois petites pièces de théâtre; Tune, intitulée : les Perdrix , était prise d'un Conte qui a été mis en vers par Pons de Verdun.

WASSE, ( CORNÈLIE WOUTERS , Dame de) naquit à Bruxelles en 175g. Elle épousa fort jeune le baron de Wasse , qui lui fit parcourir une partie de l'Europe. Les voyages développèrent en elle l'esprit juste et observateur que lui avait donné la nature. Elle fut savante sans pé- dantisme, aimable sans chercher à le paraître; sa philo- sopbie était douce , et sa sensibilité exquise. Le bonheur ne fut pas toujours son partage. Pendant la guerre de la révolution française , elle ne put jouir de ses biens situés en Angleterre et en Allemagne ; elle fut réduite à la plus cruelle détresse , qu'elle supporta avec courage. Dans la prospérité , les lettres et l'amitié embellirent sa vie ; dans linfortune , elles furent son refuge et sa consola- tion. Ija joie qu'elle ressentit à la nouvelle de la paix gé- nérale , fut si vive, qu'elle en mourut le i5 germinal an 10.

On lui doit : J^ie des hommes illustres d'Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande, ou le Plutarque anglais , contenant l'histoire publique et secrète des guerriers , navigateurs ,

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hommes d'état et d'église, citoyens , philosophes, poètes , historiens, etc. depuis le règne de Henri YIII, jusqu'à nos jours , trad. de langlais , nouv. édition augm. de la vie de William Pitt, comte de Chatam; d'un précis historique sur la vie et le caractère politique de AVilUam Pitt, chan- celier de lEchiquier , et Charles Fox , memhre de la chambre des Communes, 12 vol. in-S». ; Paris , Mongie l'aîné , an 8. TraducLion du Théâtre anglais , depuis 1 ori- gine des spectacles, jusqu'à nos jours ; 1784-87, 12 vol. in-8". Elle a fait cette traduction eu société avec sa sœur Marie "Wouters. Les Imprudences de la jeunesse ^ roman trad. de l'anglais , de Mistriss Bennet; Londres , 1 788, 4 vol. in- 12. L'Aride corriger et de rendre les hommes constans , 2«. édit. Paris, Pioyez , 1789, in-8°. L'Art de rendre les femmes fidelles inspira a Madame de "Wasse l'Art de corriger et de rendre les hommes constans. Cet ouvrage est écrit avec "légèreté et délicatesse j ou y critique d'une manière ingé- nieuse , \Art de rendre les femmes fidelles. Le JMariage platonique , imité de l'anglais , 1789 , 2 vol. petit iu-12. , Constitutions des empires , royaumes et républiques de l'Eu- rope , avec un Précis de leurs finances , dettes nationales , ressources, commerce , etc. Ouvrage périodique, commencé en 1 790. La belle Indienne, ou les Aventures de la petite- fille du grand Mogol ; Paris , an 6. Elle a laissé quelques manuscrits, entr autres, La nature dévoilée, qu Précis d'his- toire naturelle, à l'usage des Dames , ouvrage élémentaire ; et Essai sur Voxigéne , ou les Progrès de ta chimie , traduit de 1 -anglais, du docteur Watson, évêque de Landorf.

WÏLLIAMOR , ( Madame ) est auteur de Léonore de Grailly , et Gaston de Foix. Les Anecdotes Suisses,

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WILLIAMS , ( Hélène-Mari A ) née à Londres , le 17 juin 1769 , vint habiter Paris en 1791. Elle a écrit presque tous ses ouvrages en anglais. D'après le caractère des personnages auxquels Mademoiselle Williams s'attacha , pendant la révolution , et d'après les idées qu elle a émises dans ses écrits , on voit qu'elle a pris j pour la France , tout lintérét que les hautes destinées de cette patrie adop- live devaient inspirer à Tune de ces âmes privilégiées, à l'un de ces esprits de feu , qui , malgré les ténèbres dont .s"enveloppe l'avenir, le sentent et le voient dans le pré- sent; comme le philosophe sent et voit la conséquence dès les prémisses. Envain dira-t-on qu'une femme ne doit point se mêler de politique : quand la cause est belle , qu'im- porte le sexe de ceux qui la défendent. On est étonné que Mademoiselle Williams ait survécu au 9 thermidor an 2 : car elle fut du pai'ti de la Gironde , et ses Lettres sur la révolution, quelle avait eu le courage d'écrire et d'adres- ser en Angleterre , furent imprimées , et le gouvernement français en reçut vin exemplaire. Cependant il lui fut permis de sortir de France , et c'est à cette conjoncture qu'on doit son voyage en Suisse. Aux dons de l'esprit , elle réunit toutes les qualités du cœur. Ses ouvrages la font regarder, tour-à-tour , comme poète et comme historien. Elle parle l'anglais avec beaucoup d'élégance ; le français et l'italien avec facilité.

Mademoiselle Williams n'avait que 17 ans lorsqu'elle fît paraître un Poème , en six chants , sur la Conquête du, Pérou; Londres, 1 786. Poésiesfugitives ; Londres, 1 787. Le Commerce et l esclavage des nègres ; Londres , 1789. Les Poésies de Mademoiselle Williams l'ont placée à côté des poètes les plus célèbres de l'Angleterre. Julia ^ roman » 1790 , 2 vol. Poème , en quittant l'Angleterre ,

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1791. Lettres sur les événemens de la révolution fran-» çaise , 8 vol. Ces lettres ont été écrites et publiées depuis 1790, jusqu'en 1795. Dans cet ouvrage, l'auteur a donné aux anglais des idées justes et précises sur les faits dont la France a été le théâtre pendant le cours de cinq années. Paul etV irginie, XrdiA.. en anglais, mêlé de poésies originales; Londres, 1794 1 i vol. in-8". Voyage- en Suisse ; Lon- dres, 2 vol. in-S". 1798; traduit en français, la même année, par J. B. Say. u^perçu de l'état des mœurs et des opinions dans la République française , vers la fin du 18'. siècle, 2 vol. in-80. 1801 ; traduit en français, la même année , par Madame Grandcliamp. Les grâces , la sensibi- lité et léneijgie de la vertu animent cet ouvrage. Ode à la Paix. Cette pièce a été insérée , ainsi que la traduction française qui en a été faite , dans la Décade philosophique du 20 nivôse an lo. Correspondance politique et confiden- tielle, inédite de Louis X.VI., etc. avec des observations, par Hélène-Maria Williams ; Paris , Debray , an 1 1 , 2 vol. in-8°. Cet ouvrage est curieux, et intéressant.

WOUTERS , (Marie ) a donné : le Décaméron anglais, ou Recueil des plus jolis Contes traduits de l'anglais > 6 parties in-r^. Traduction du théâtre anglais, depuis l'origine des spectacles jusqu'à nos jours , 1784 -87 , 12 vol. in-8°. Elle a fait cette traduction en société avec sa sœur , Madame de Wasse. Nelson, ou L'yivare puni ; Paris , Lepetit, an 6, 3 vol. in-12. Marie Woutcrs a consi- gné dans des vers pleins de sensibilité , les regrets qu elle a éprouvés à la mort de Madame de Wasse.

WUIET , (Caroline ) académicienne romaine , rédi- geait^ en l'an 7 , un Journal qui d abord eut pour titi'c U

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Phénix , ensuite celui de Chrysalide , et qui reprit enfin le nom de Phénix, On lui doit différons morceaux de Poésie^ insérés dans la Mouche ^ recueil périodique, an 6. Essai sur V opinion publique ; fragmens de poésies fugitives, dédié à Madame Bonaparte , an 8, in-i2. Mémoires de Babiole j dédiés à la duchesse de Devonshire; Paris , Buisson ^ an 11,5 vol. in-i2.

FIN.

ERRATA.

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AGE lo, ligne 21 , pour la marier à, lisez pour marier Anne avec , etc. .

P. 27 , 1. 2 , ce qu'en écrivit, lises ce qu'écrivit.

P. -jQ , ligne 5 , la même dont , lisez la même que celle dont.

P. 86 , 1. 7 , née , lisez naquit.

P. i3o 1 1. 21 , supprimez Zilia , roman pastoral.

P.. 144.» J* 2 , la retrouvaient , lisez la trouvaient.

p. 194 n 1- 16, lisez iG5G.

p. 198 , 1. 6 , deux mille , lisez dix mille.

P. 209 , ligne 2 , célébrées , lisez célébrés.

P. 2i4 . !• 9 ■> plue , lisez plu.

P. 200 , 1. 16, Bénédictines, /wez Bénédictins.

P. 256 j 1. 2 , paraissaient , lisez paraissent.

P. 252, 1. 20, cette production, lisez ce recueil.

P. 275 , 1. 25 , Saugrain , lisez Saugrain.

P. 292 , 1. 8 , allait 1 lisez devaient.

p. 299 ,1. 22 , la critique y remarque , lisez la critique remarque.

P. 3o5 , 1. 8 , Schœnauge , lisez Scbonaugie.

P. 5 1 1 , 1. 27 , conduisit , lisez conduisirent.

p. 5i5 , lignes 24 à 28 , au lieu de quelqu'un qui , etc ; lisez: quelqu'un qui, dans sa jeunesse, n'aurait vu, n'aurait admiré que l'auteur de Cinna, ne serait-il pas excusable d'avoir pensé que personne n'égalerait ce poëtè ? Les réputations en imposent. D'ailleurs l'enthousiasme do Madame de Sévigaé pour Corneille ne lui fit point illusion , etc.

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