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Gc 971 .2 M819d Morice, A. G. 1859-1938. Dictionnaire historique dei Canadiens et des Métis . .

DICTIONNAIRE DES CANADIENS DE L'OUEST

Enregistré par l'auteur, au Ministère de l'Agriculture et de la Statistique, à Ottawa, en l'année 1908, conformément aux dispositions de l'acte du Parlement du Canada concernant la propriété littéraire et artistique.

Typ. Laflammk & Proulx, Québec

DICTIONNAIRE

HISTORIQUE

DES CANADIENS

Et (les Métis français

DE L'OUEST

PAR

LE R. P. A.-(;. MORICE, 0. M. I.

VoMs VOUS étendrez à l'occident. Gen., xxviii, 14.

A QUEBEC

Chez j.-P. GARNEAU. libraire

6, me de la Fabrique

X MONTRÉAL

Chez GRAXGER FRERES 43. Notre-Dame Ottest

A SAINT-BONIFACE

M. l'Assistant PROCUREUR

L'Archevêché

1908

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A Sa Grandeur

M^»» L.-P. Adêlard LANGEVIN, O. M. I. Archevêque de Saint- Boniface,

LE GARDIEN VIGILANT DU DÉPÔT SACRÉ DES INTÉRÊTS RELIGIEUX ET DES ASPIRATIONS NATIONALES,

Ce Volume

EST RESPECTUEUSEMENT DÊDlé.

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EXTRAIT

d'une lettre de M*^*" lyANGKVIN

À l'Auteur

. . . De grand cœur je vous bénis encore et encore^ et vous félicite de faire une œuv7'e aussi intéressante et aussi utile^ à la grande admira- tion de ceux qui vivent ici et qui n'^ont osé la faire.

Saint- Boni face, ii janvier iço8.

INTRODUCTION Q)

Des Canadiens de l'ouest, y en a-t-il jamais eu ? Le Français d'Amérique ne s'est-il pas cantonné dans l'est, et l'immense région qui s'étend du lac Supérieur à l'océan Pacifique n'est-elle pas l'apa- nage exclusif de la race anglaise ? Ces superbes plaines chaque été Cérès étale maintenant ses dons de choix auraient-elles donc connu l'audace des petits-fils de la Gaule ?

Le présent ouvrage est la réponse à ces questions. Il démontrera sans ambages que, bien que la race anglo-saxonne affecte aujourd'hui les airs d'une maîtresse au Nord-Ouest et que les innombrables étrangers qu'on y a transplantés ignorent jusqu'aux premiers éléments du rôle joué par les enfants de la belle France dans ces immenses contrées, ses découvreurs et ses pionniers étaient des Canadiens- français ; ses hordes sauvages furent réconciliées avec notre civilisation par des Canadiens-français, et des apôtres de la Croix venus du Saint-Laurent y précédèrent les ministres de n'importe quel autre culte.

(i) Comme la présente introduction contient un grand nombre de faits et de dates historiques, avec d'autres rensei- gnements, qui ne peuvent se répéter à chaque article, il est de la plus haute importance que le lecteur en prenne connaissance avant de consulter le dictionnaire.

86S91

X INTRODUCTION

Traiteurs et trappeurs, coureurs de bois et explo- rateurs y étaient à l'oiigine, et demeurèrent long- temps, presque tous de notre nationalité. Durant de longues années, qui disait blanc disait Canadien- français au Nord-Ouest. L'Anglais et l'Ecossais s'y trouvaient parfois ; mais ils y étaient plutôt étrangers, et la langue de Shakespeare devait, même sur leurs lèvres, faire place à celle de Corneille et de Bossuet.

Ce sont ces faits incontestables que j'ai voulu consacrer implicitement par les pages qui suivent. Si la disposition de sa matière me force à donner à mon volume le nom de dictionnaire, son sujet n'en est pas moins celui d'une histoire. Dictionnaire par la forme, il est au fond l'histoire des Canadiens de l'ouest. Mon but a été d'y faire ressortir l'action de l'élément français dans ces vastes régions et, par corrélation, y affirmer les droits qui lui sont acquis, en groupant les faits et gestes, ou même simple- ment les noms de ceux qui furent pour quelque chose dans l'établissement des intérêts canadiens au Nord-Ouest.

Tous ne sont pas des héros, bien s'en faut. Mais de même que l'artiste romain se sert des moindres petites pierres pour composer sur la muraille le tableau qu'il copie ou que son imagination enfante, ainsi ai-je voulu montrer, même par d'assez humbles représentants du Canada-français, que certains de ses fils s'étaient à telle et telle époque établis dans telle et telle localité, composant par l'ensemble de mes éléments historiques un tout complet, une

INTRODUCTION XI

espèce de mosaïque montrant le rôle que nos com- patriotes jouèrent dans les destinées de l'Amérique du Nord.

Et puis, après que des générations se sont pâmées d'admiration à la vue de la hardiesse et des travaux des explorateurs de langue anglaise, n'est-il pas temps d'accorder leur juste part de publicité à ces humbles mais dévoués compagnons, guides ou in- terprètes, sans lesquels ils n'auraient rien pu faire ? Pourquoi ceux qui ont été à la peine n'ont-ils jus- qu'ici jamais été à l'honneur? Les exploits des Mackenzie et des Franklin leur ont assuré l'im- mortalité : qui a même jamais entendu mentionner les noms de ceux des nôtres qui partagèrent leurs dangers et par leur dévouement rendirent leur succès, ou du moins leur gloire, possible ?

Loin de moi l'intention d'amoindrir même indi- rectement le prestige d'aucun de ces explorateurs. Le malheureux sort de Franklin, par exemple, non moins que son indomptable énergie et son inlas- sable persévérance, lui ont valu les sympathies du monde entier. Mais puisque nous parlons Canada, ces fidèles auxiliaires qui, lors de sa première ex- pédition, moururent l'un après l'autre de faim et de misère le long du grand steppe boréal n'ont-ils pas eux aussi droit à notre admiration ? Ils n'étaient point mus par le désir de s'attirer les applaudis- sements du monde : le simple sentiment du devoir les guidait. Raison de plus pour leur accorder aujourd'hui le tribut de notre sympathie.

Ceux qui sont au courant de la littérature con-

XII INTRODUCTION

temporaine et savent lire entre les lignes ne peu- vent ignorer que le traitement dont on les gratifia à l'heure de la détresse générale ne dut pas être des plus généreux, puisque eux qui étaient pour la plu- part de constitution robuste et par ailleurs aguerris aux misères du grand nord, durent semer leurs os le long des déserts arctiques, tandis que leurs maîtres, gens de bonne famille et partant peu faits aux pri- vations de la vie du coureur de bois, survécurent aux angoisses de 182 1 (^). Et pourtant qui a jamais célébré ces humbles héros ou même simplement relevé leurs noms ? Le lecteur trouvera dans mon dictionnaire le récit succinct de leurs principaux travaux et de leurs derniers jours dans ces régions inhospitalières oii John Franklin les avait conduits. Mais ils sont loin d'être les seuls héros ienorés

(i) Vu traiteur de la Cie du N.-O. qui se trouvait sur les lieux dit, en parlant d'une autre exploration projetée en 1823 : *' J'espère et désire qu'elle ne soit pas exposée aux mêmes diffi- cultés et misères qui furent si fatales à l'Expédition Arctique [de Franklin ] dont le retour fut attristé par la perte de onze vies, tandis que les officiers qui leur survivent ont laissé parmi les traiteurs et les natifs du pays des souvenirs qui ne sont pas tout à fait à leur honneur. Mais, étant donné la distance du théâtre de leurs actions, il est douteux qu'un rapport authen- tique de leurs opérations soit jamais soumis aux lecteurs d'An- gleterre. Il est à supposer que, les journaux de l'expédition devant être publiés par eux mêmes, ces officiers prendront soin de n'y pas exposer leurs propres erreurs et leur manque de conduite. De fait, l'un d'eux fut assez candide pour admettre en ma présence qu'il y avait des circonstances qui ne devaient pas être connues [italiques de M. Wentzell, le traiteur en ques- tion] ; cependant on dit que «les pierres parlent quelquefois». {^Les Bourgeois de la Cie du N.-O., vol. I, pp. 145-46).

INTRODUCTION XIII

que mon petit ouvrage voudrait élever sur le pié- destal qui leur convient. A l'exception de l'expé- dition de Samuel Hearne (1769-72), qui partit d'un point exclusivement anglais, les Canadiens et leurs descendants, les métis français, furent de toutes les explorations overland. Voyons plutôt.

En 1789, Alexandre Mackenzie descendit jus- qu'à l'océan Glacial le noble fleuve qui porte aujour- d'hui son nom. Il était accompagné de Canadiens. Trois ans plus tard, le même voyageur traversait les montagnes Rocheuses et, bravant des périls sans nom, il se rendait aux rives de l'océan Pacifique. Son succès fut encore à des Canadiens-français.

De même, lorsque les capitaines américains Lewis et Clarke remontèrent le Missouri et se rendirent à la Colombie en 1804-06, leur interprète était un Canadien.

Le premier fort de traite établi à l'ouest des mon- tagnes Rocheuses et au nord de ce qui est aujour- d'hui la frontière américaine date de 1805. Il fut fondé par des représentants de la Compagnie du Nord-Ouest, et ce fut un Canadien qui en eut, au moins provisoirement, le premier la direction, avec deux compatriotes pour le seconder. Puis, lorsqu'en 1808 Simon Fraser entreprit l'explo- ration du fougueux cours d'eau qui depuis porte son nom, entreprise dont les périls incroyables font frissonner de peur, il avait des Canadiens pour cano- tiers, et il'un de ses lieutenants, dont il donna le nom à une rivière importante, était encore un Canadien.

XIV INTRODUCTION

Deux OU trois ans plus tard (1810-11), un finan- cier de New- York, John-Jacob Astor, envoyait sur les traces des capitaines Lewis et Clark, ainsi que par un voilier devenu tristement célèbre (V. BruslÊ dans le dictionnaire), une double expédition destinée à établir des postes de traite dans ce qu'on appela bientôt après l'Orégon. Au lieu de prendre pour guides, interprètes et bateliers des Américains ou même des Louisianais, il envoya chercher à grands frais des « voyageurs « canadiens jusqu'à Montréal pour assurer la réussite de son projet. Pareille aventure était réputée trop dangereuse et d'exécu- tion trop difficile pour d'autres que des Canadiens.

Vient maintenant la première tournée d'explo- ration conduite par l'intrépide Franklin (1820-22), laquelle eut une issue si fatale pour les Canadiens qui en faisaient partie. En 1825-27, sir John revient à la charge, toujours accompagné de Canadiens.

L'année suivante (1828), sir George Simpson, depuis quelque temps gouverneur de la Compagnie de la Baie d'Hudson, voulut en visiter tous les postes et se familiariser avec son nombreux per- sonnel. A cet effet il entreprit un voyage à travers le continent américain qui est resté célèbre par la promptitude avec laquelle il fut exécuté. Sans les Canadiens et les métis français qui le servaient, il n'eut jamais pu faire preuve de tant de célérité.

Même lorsqu'un noble étranger, le prince Maxi- milien de Wied-Neuwied, quitta l'Autriche pour jouir, en 1832-34, du grand air des prairies amé- ricaines, tout en explorant le cours du Missouri

INTRODUCTION

XV

supérieur, il ne put guère se procurer cette jouis- sance qu'avec l'aide de Canadiens, dont il eut une trentaine à son service. Il constate dans son ou- vrage, Voyage dans V Intérieur de V Amérique bri- tannique du Nord^ que, même en-dehors du Canada, « les employés de la Compagnie des pelleteries sont pour la plupart des Canadiens-français ou des des- cendants de colons français établis sur les bords du Mississipi et du Missouri ». Il ajoute que ces gens « sont fort à préférer pour ce service aux Anglo- Américains, qui ne se soumettent pas avec autant de gaieté et d'obéissance à tous ces travaux Q). «

Pour en revenir à notre historique des grandes explorations et des principaux voyages dans le nord américain, nous avons en 1833-35 la tournée du capitaine George Back et du docteur Richard King à la recherche de sir John Ross qui, parti d'Angle- terre en 1829 pour explorer les mers polaires, n'avait pas encore donné de ses nouvelles et dont le public anglais se préoccupait à bon droit. Les denx voyageurs relevèrent le tracé de la rivière aux Baleines (^), toujours avec des Canadiens et des métis français pour guides et interprètes, dont ils virent mourir neuf de faim et de misère (^).

(r) Op. cit., vol. I, p. 262.

(2) Le vrai nom de la rivière aux Gros-Poissons des cartes et des explorateurs eux-mêmes, qui ne se rendirent pas compte du fait que les Indiens désignaient par cette expression les cétacés de la mer arctique qui fréquentent son estuaire.

(3) Cf. Petitot, Autour du Grand Lac des Esclaves, p. 83, Paris, 189 r.

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:SÏ^ INTRODUCTION

En 1836-39, Thomas Simpson, malgré son aver- sion pour notre race, fut accompagné de Canadiens pendant son voyage aux côtes arctiques. Il les trouva « d'une ignorance déplorable (^) » ; mais il ne dit nulle part que cette ignorance rendit leurs services moins précieux.

Deux ans après (1841), sir George Simpson repiit la route du Pacifique en partant de Montréal. Il poussa même cette fois jusqu'en Alaska, et de en Sibérie. Pendant sa traversée du continent américain et tant qu'il vogua sur les eaux du Pacifique, il fut suivi de ses fidèles Canadiens.

En 1845, sir John Franklin entreprit son fatal voyage de découverte par les mers arctiques. Comme depuis longtemps il ne donnait point signe de vie, le D'^ John Richardson, qui avait déjà fait l'expé- rience de pareilles aventures, fut choisi pour aller à sa recherche. Il fit en 1848 une grande tournée dans ce sens, au cours de laquelle les voyageurs canadiens et métis l'aidèrent considérablement.

Pendant ce temps, et toujours dans le même but, un navire sous le commandement d'un capitaine Moore était envoyé à la mer de Behring. Deux de ses officiers, MM. PuUen et Hooper, en furent dé- tachés pour remonter le Mackenzie et explorer l'in- térieur du pays (1848-49). Ce fut encore un Cana- dien qui les pilota au travers du dédale d'îles qui forment le delta de ce fleuve.

(l) Narrative of thc Discoveries on the North Coast 0/ Ame- rica, p. 220. Londres, 1843.

INTRODUCTION XVII

Si nous tournons maintenant nos regards vers le sud, nous y verrons en 1842 nu général français- américain explorer les montagnes Rocheuses et les contrées avoisinantes, toujours en compagnie de Canadiens. Puis quand, les deux années suivantes, le même voyageur (J.-C. Frémont) atteignit l'Oré- gon, en quête d'aventures aussi bien que de décou- vertes, il eut encore des Canadiens à son service.

Retournant au territoire britannique, nous trou- vons en 1857-58 S.-J. Dawson explorant le pays situé entre le lac Supérieur et la rivière Rouge. Bien qu'envoyé par le gouvernement d'Ontario, il a un Canadien-français comme chef de son com- missariat.

En 1862, lord Milton et le D*" Cheadle traversent le continent par les grandes prairies du Nord- Ouest. Partout des gens de notre race, en tout ou en partie, leur servent d'interprètes et d'auxiliaires, et sans un métis franco-assiniboine ils n'auraient certainement jamais vu les rives du Pacifique.

Même lorsque, peu après, l'Américain Cyrus Field voulut mettre à exécution son projet de relier le nouveau Monde à l'ancien, au moyen d'un fil télégraphique, un Canadien-français fit partie de l'expédition qui, en 1865-66, explora dans ce but les cours d'eau et les tundras de l'Alaska,

Mais c'est surtout dans ses rapports avec les races indigènes de l'Amérique que le Canadien s'est rendu célèbre. Au lieu d'affecter pour l'Indien cette morgue et ce superbe dédain dont l'Anglo- Saxon se départit rarement à son égard, le premier

XVIII INTRODUCTION

préféra s'abaisser jusqu'à lui pour le relever. Il le fit même participer à la formation de sa famille, et admit la mère de ses enfants à tous les droits de l'épouse légitime. D'où ses succès comme com- merçant en fourrures. D'où aussi cette nombreuse descendance métisse qui, fière de son origine, a tant fait pour la cause de ses pères, en même temps qu'elle a si merveilleusement facilité l'évangéli- sation de ses ancêtres maternels.

Le traiteur libre, c'est-à-dire celui qui faisait le commerce des pelleteries à son propre compte, sans être précisément une anomalie dans l'ouest, n'en était pas moins assez rare. Dans tous les cas, il faisait très généralement son apprentissage du mé- tier au service d'une des grandes compagnies qui se disputèrent longtemps la suprématie commerciale dans ces régions si éloignées de tout centre de civi- lisation.

La plus ancienne comme la plus puissante, était la Compagnie de la Baie d'Hudson. Etablie par charte royale en date du 2 mai 1670, elle dut pour- tant limiter pendant des années la sphère de ses opérations aux plages désolées de l'immense baie à laquelle elle avait emprunté son nom. Composée à l'origine et longtemps après d'Anglais, ses membres n'osaient s'aventurer chez les Indiens de l'intérieur, et avaient du reste à se défendre chez eux de l'au- dace des Français.

En tant que corporation anglaise, elle fut l'adver- saire naturel des traiteurs canadiens-français, de la Vérendrye et ses successeurs dans l'ouest, puis de la

INTRODUCTION XIX

Compagnie du Nord-Ouest quand, peu après la la cession du Canada à l'Angleterre, les principaux marchands de Montréal qui s'adonnaient à la traite des fourrures des Ecossais pour la plupart se groupèrent (1783), avec leurs agents chez les sau- vages, en vue de lui faire face avec plus de succès.

Aussitôt après, deux de ses « bourgeois hiver- nants )), comme on appelait alors ces agents, mé- contents du sort qui leur était fait dans l'organisa- tion de la société, fondèrent, de commun avec certains capitalistes de l'est, une association rivale dont le fameux explorateur Alex. Mackenzie devint un des principaux directeurs. Cet élément de compétition n'eut pourtant pas la vie longue. Mais en 1802 une seconde scission, suscitée par le même esprit remuant, eut pour résultat une corporation connue généralement sous le nom de C'® X Y, qui fit une guerre à outrance à l'organisation première. Cette rivalité effrénée donna lieu à des excès qui rendirent, le 5 novembre 1804, une réconciliation nécessaire.

Cet amalgame laissait désormais la C'® du N.-O. seule en face de la puissante, mais moins active, C^^ de la Baie d'Hudson. Quelle que fut la natio- nalité de ses directeurs, la première était exclusi- vement servie par des Canadiens-français, et cette circonstance lui assura en peu de temps une prédo- minance incontestée dans l'ouest. On l'appelait la compagnie française, par opposition à celle de la Baie d'Hudson qui passait pour la compagnie an- glaise, et même les Ecossais en charge de ses forts

XX INTRODUCTION

devaient savoir le français pour se tirer d'affaire avec son nombreux personnel. Cette circonstance pourrait, indépendamment de l'amour du lucre qui animait également les deux associations, expliquer l'incroyable amertume de la guerre qu'elles se firent jusqu'à leur coalition finale.

Au sud de la frontière internationale, différents corps commerciaux, servis eux aussi du moins partiellement par des Canadiens, briguèrent si- multanément ou l'un après l'autre les faveurs des chasseurs indiens. Un des premiers au point de vue chronologique et comme importance fut la C^® de Fourrures du Missouri, fondée en 1808 par Manuel Lisa et d'autres négociants de Saint- Louis.

La même année fut organisée (le 13 avril) la grande O^ Américaine des Fourrures qui, au début, n'était guère qu'un prête-nom représentant des intérêts commerciaux assez peu 'homogènes. John- Jacob Astor, de New- York, en fut le fondateur. Le 23 juin 1810, le même financier établit un corps commercial non plus fictif mais très réel, la C^^ du Pacifique, dont le premier soin fut d'envoyer une grande troupe d'hommes s'emparer de la traite de l'extrême nord-ouest américain déjà visité par Lewis et par Clarke, mais non encore annexé aux Etats-Unis. Deux ans plus tard, cette association dut pourtant se défaire de ses propriétés, tant meubles qu'immeubles, sur la Colombie, pour éviter de les voir confisquées par les vaisseaux de guerre anglais (1813).

La C'® du N.-O. bénéficia de cette transaction.

INTRODUCTION XXI

Mais en 1816, à l'instigation du fondateur de la du Pacifique, le Congrès des Etats-Unis ayant dé- fendu le commerce des pelleteries aux étrangers, la C^ du N.-O., tout en restant dans l'extrême ouest qui n'était pas encore admis sans conteste comme partie intégrale de leur Union, dut se désister à l'est des montagnes Rocheuses en faveur de la nouvelle C'*' Américaine des Fourrures.

Le redoublement d'activité qui en résulta au nord de la ligne internationale donna lieu, cette même année 1816, au conflit sanglant avec la de la Baie d'Hudson décrit au cours de nos articles M. BouRASSA, F.-F. Boucher, La vigne, etc. Cette rivalité par trop aiguë ne pouvant durer, les deux corporations se fusionnèrent le 26 mars 182 1, for- mant par leur amalgame une association qui, sous la raison sociale de Compagnie de la Baie d'Hudson, eut dès lors le monopole incontesté du commerce des pelleteries dans tout le territoire britannique.

On comprend que la vie de ces traiteurs au sein des peuples barbares du continent américain ne pouvait être sans aventures, et partant sans dan- gers. Raison de plus, ce me semble, pour la mettre en relief par les épisodes d'une authenticité absolue qui la caractérisent. Cette circonstance prêtera peut-être à mon livre, en dépit de son titre, un intérêt que n'aurait pas un simple dictionnaire bio- graphique d'hommes plus ou moins illustres.

Je tiens à le dire, et j'aimerais qu'on ne l'oublie point : je ne pense pas qu'il existe au monde une autre nation en état de fournir la matière d'un

XXII INTRODUCTION

ouvrage semblable à celui-ci. Qu'on prenne, par exemple, l'article Joseph Larocque : quels dan- gers ne suppose pas le peu que les limites dans les- quelles j'ai me restreindre m'ont permis d'en dire ! D'un autre côté, quelle intrépidité et quelle merveilleuse activité au milieu des privations de toutes sortes qui furent le partage de ce traiteur typique !

Et puis nous avons le rôle si important dans l'histoire de l'ouest canadien joué par nos frères les métis et les français. Oii trouverons nous ailleurs la matière d'articles comme ceux que j'ai pu consa- crer à Louis Riel, Gabriel Dumont, Ambroise-D. Lépine, André NauU, Pierre Parenteau et tant d'autres ? Mon dictionnaire non seulement redira leurs exploits, mais dans beaucoup de cas il prêtera ses pages à la publication de détails qui sont demeu- rés jusqu'ici parfaitement inédits. En sorte que le lecteur n'aura qu'à consulter les articles consacrés à ces personnages désormais historiques pour avoir, par exemple, un exposé complet des insurrections de la Rivière-Rouge en 1869 et de la Saskatchewan en 1885 (^). Il pourra aussi par se rendre compte

(i) De même pour une foule d'autres événements plus ou moins importants de l'histoire du Nord-Ouest. J'ai concentré sur le nom de certains individus le récit de faits auxquels ils ne furent mêlés qu'en qualité d'accessoires, quand le principal était de race anglaise. En sorte que mon livre contient, sous une forme alphabétique, l'histoire presque ininterrompue de ces immenses contrées. Par exemple, avant la fusion des com- pagnies du Nord-Ouest et de la Baie d'Hudson, un des plus tristes événements de cette époque troublée dans les grandes

INTRODUCTION XXIII

du fait que, sans leur fidélité aux institutions britan- niques dans la première circonstance, tout le nord- ouest canadien, y compris naturellement le Mani- toba, ferait très probablement aujourd'hui partie des Etats-Unis. Or, comme le disait récemment un jeune publiciste qui a déjà bien mérité des lettres canadiennes, « le moins que nous puissions faire, en tout cas, c'est de perpétuer le souvenir des hommes qui jouèrent un rôle si gros de conséquences, et ne point permettre qu'on fausse leur histoire (J-). »

Pour en revenir aux traiteurs de fourrures, le lecteur peu au courant du fonctionnement des grandes compagnies commerciales mentionnées plus haut pourra s'étonner de voir que j'aie si souvent pris la peine d'enregistrer les noms de simples com- mis ou même de guides et d'interprètes. J'ai déjà remarqué que ces individualités, disséminées du lac Supérieur aux rivages du Pacifique, et même assez souvent aux Etats-Unis, concourent très effecti- vement à former un tableau, une mosaïque histo- rique proclamant l'influence française en Amérique sur les points les plus divers.

plaines de ce qui est aujourd'hui le Manitoba et territoires avoisinants f ut la prise et la captivité suivie de l'évasion, d'un bourgeois du nom de Frobischer. Bien que ce traiteur n'eut pas été de notre race, l'exposé de son malheureux sort n'en est pas moins relevé dans les pages qui suivent, simplement parce que ses compagnons de captivité, A. Turcotte et autres, étaient canadiens. C'est surtout dans ce sens que notre ouvrage est réellement un dictionnaire historique, et non pas simplement biographique.

(i) Omer Héroux, dans la Vérité du 23 novembre 1907.

XXIV INTRODUCTION

Ensuite il ne faut pas oublier qu'un «commis» dans ces corporations était un personnage infini- ment plus important que ne le fait soupçonner aujourd'hui son nom, et que même les guides et les interprètes formaient une classe à part, une espèce d'aristocratie parmi leurs employés. Ils jouissaient de privilèges fort appréciables et, comme par guides on entendait alors surtout les pilotes le long des rivières parsemés de rapides des plus dan- gereux, ils se faisaient souvent une réputation enviable par leur adresse et leurs connaissances hydrographiques, tandis que l'intelligence, le tact et le savoir-faire d'un interprète pouvaient, dans des circonstances difficiles, être le salut d'un établisse- ment tout entier, ce qui naturellement rendait les services de cette classe d'hommes d'autant plus appréciés et leur position proportionement hono- rable.

Quant aux soi-disant commis, ils n'étaient géné- ralement appelés ainsi que parce qu'ils n'étaient pas des « bourgeois » proprement dits, c'est-à-dire des actionnaires ou agents principaux dans la du N-0., ou bien des associés dans les profits de la de la Baie d'Hudson. Pour parler plus strictement, ces derniers étaient, jusqu'en 1872, de deux grades bien distincts. Il y avait les facteurs- en-chef et les traiteurs-en-chef. Les profits annuels de la corporation tout entière étaient divisés en cent parts, dont soixante revenaient aux propriétaires, ou actionnaires proprement dits des capitalistes de Londres généralement qui fournissaient les

INTRODUCTION XXV

fonds, tan'lis que les antres quarante étaient subdi- visés en quatre-vingt-cinq dividendes ou parts secon- daires, dont deux allaient annuellement aux facteurs- en-chef et une autre aux traiteurs-en-chef. Chacune de ces dernières représentait un actif d'environ trois cent soixante livres sterling, lequel pouvait naturellement varier selon les succès commerciaux de la corporation.

La manière de rétribuer les commis était diffé- rente. Ils avaient des gages indépendants des fluc- tuations du marché de Londres, lesquels, en 1835, variaient entre cinquante et cent livres selon leurs états de services, et pouvaient à l'occasion être plus considérables. Malgré leur nom officiel, ils n'en étaient pas moins, pour la plupart, préposés aux différents postes de la compaj^nie, excepté les plus importants qui étaient réservés aux bourgeois, quand ceux-ci n'avaient pas la charge d'un district tout entier. On conçoit de quelle influence et de quelle considération pouvaient jouir ces prétendus commis les « bourgeois » de leurs propres subor- donnés — quand ils se trouvaient stationnés à des centaines de lieues de tout centre de civilisation, alors que leur parole faisait loi pour leurs employés aussi bien que parmi les tribus indiennes qui dépen- daient d'eux pour leur approvisionnement d'armes, de munitions et de ces nombreux articles du ménage aborigène, tels que haches, couteaux, chaudières, etc.

En outre des explorateurs, voyageurs et traiteurs de fourrures auxquels sont consacrés un si grand nombre des six cent vingt-cinq articles de ce dicr

XXVI INTRODUCTION

tionnaire, celui-ci comprend des missionnaires, des hommes d'Eglise, d'Etat ou de loi qui ont bien mérité de la patrie canadienne. Comme beaucoup d'entre eux, et non des moins méritants, n'ont pas encore disparu de la scène de ce monde, j'ai dû, pour me restreindre dans de justes limites, me borner à ceux dont la vie a déjà acquis un cachet plus ou moins historique et négliger les plus récents, quels que soient d'ailleurs leurs titres à la considération du public. L'année 1870 étant un point culminant dans l'histoire de l'ouest canadien, ceux de nos con- temporains qui n')' étaient pas encore ou ne s'y sont point rendus alors ne trouveront point place dans les pages qui suivent. En ce qui regarde ceux qui nous ont déjà quittés, l'auteur n'a pas cru devoir s'astreindre à ces réserves. Quelle qu'ait été l'époque de leur arrivée dans l'ouest, une courte notice bio- graphique leur a été consacrée chaque fois que le sujet a paru le mériter.

Tout original qu'il soit, il va sans dire que notre ouvrage tient considérablement de la nature d'une compilation. Bien que, eu égard à la fragilité humaine, je ne prétende pas .le présenter comme exempt d'erreurs (^), je puis certifier que je n'ai rien épargné pour en faire une autorité digne de foi,

(i) Par exemple, sur la foi d'Alex. Begg, la grande autorité sur l'histoire contemporaine de la Rivière-Rouge, j'ai parlé dans le premier tiers du Dictionnaire de la Convention du 25 décembre 1869, laquelle ne se tint en réalité qu'en janvier de l'année suivante. J'aurais aussi pu remarquer que le vrai nom du fondateur de Dawson, le Ladue des Anglais, est Ledoux.

INTRODUCTION XXVII

et lui assurer un degré de crédibilité que j'ai cher- ché en vain dans certains ouvrages de référence publiés au Canada. Dans le but de le rendre digne de la confiance du public, outre au inoins une tren- taine de partis des mieux renseignés avec lesquels j'ai entretenu une correspondance plus ou moins suivie, j'ai compulsé diligemment les cent-cinquante et quelques publications qui suivent, dont j'ai véri- fié les dires, et qui m'ont fourni la plus grande par- tie de mes matériaux sans compter les autres livres que j'ai consultés sans y rien trouver.

Anonyme. Statement respecting tlie Earl of Selkirk's Settlement upon the Red River. lyondres, 1817.

Report of the Proceedings connected with the Disputes between the Earl of Selkirk. and the North-West Company. Londres, 18 19.

Correspondence relative to Coraplaints of the Inhabitants of the Red River Settlement. Lon- dres, 1849.

Report from the Select Committee on the Hudson's Bay Company. Londres, 1849.

Papers relative to the Afïairs of British Colum- bia. 4 vols. Londres, 1852-62.

Papers relative to Rupert's Land. Londres, 1869.

Correspondence relative to the récent Distur- bances in the Red River Settlement. Londres, 1870.

Dix ans sur la Côte du Pacifique. Québec, 1873.

Preliminary Investigation and Trial of Am- broise D. Lépine for the Murder of Thomas Scott. Montréal, 1874.

Vingt-cinquième anniversaire de l'épiscopat de S. G. M^^ Taché. Montréal, 1875.

Historical Sketch es of the Catholic Church in Oregon. Portland, 1878.

XXVIII INTRODUCTION

Riel, Martyr du Nord-Ouest. Montréal, 1885.

The Story of Louis Riel, the Rebel Chief. To- ronto, 1885.

L,a Question Riel, (sans date).

Polémiques et Documents touchant le Nord- Ouest et l'Exécution de Louis Riel. Montréal, 18S6.

The Gibbet of Regina. New York, 1886.

Le véritable Riel. Montréal, 1887..

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Il va sans dire que toutes ces publications ne m'ont pas été de la même utilité. Certaines ne m'ont fourni que quelques détails sur la vie d'un individu, tandis que j'ai puisé dans d'autres tous les éléments d'un des articles les plus courts. Pour donner un exemple de la manière dont la plupart des biographies de quelque importance ont été pré-

INTRODUCTION XXXV

parées, je crois pouvoir citer l'article Pambrun, père.

En écrivant ma History ofthe Northern Interior of British Columbia^ j'étais déjà tombé sur des do- cuments manuscrits qui se rapportaient à son séjour dans ce qu'on appelait alors (1826) la Nouvelle-Ca- lédonie. Ces lettres et journaux contemporains m'avaient mis au courant de sa position dans ce pays lointain. Une note du juge L.-A. Prud'homme {D Elément français au Nord-Ouest) m'apprit qu'il avait antérieurement résidé au fort Cumberland, et que c'était qu'il avait pris femme. Puis les Sketches of the Catholic Church in Oregon me le montrèrent à la tête du fort Walla-Walla, son union reçut la consécration de l'Eglise, en même temps que sa femme et ses enfants étaient admis au baptême.

Cet ouvrage anonyme de M^ N. Blanchet place le berceau de notre personnage à Vaudreuil. Mais en consultant le Dictionnaire généalogique de M^ Tanguay, je m'aperçois d'une légère inexactitude dans les Sketches: élevé à Vaudreuil, Pambrun na- quit à l'Islet. Cet important répertoire me fournit en outre la date exacte de sa naissance.

Ensuite, toutes les publications qui lui furent contemporaines nous parlent du rôle qu'il joua lors du conflit sanglant entre les deux compagnies riva- les du Nord-Ouest (18 16). Par elles j'apprends qu'il était alors au service de la C''^ de la Baie d'Hudson, et leur mention de son titre de lieute- nant me font faire des recherches d'où je conclus

XXXVI INTRODUCTION

qu'il avait, en 1812, été à la tête d'une com- pagnie de Voltigeurs canadiens. Le Statement respectivg the Earl of Selkirk''s Seulement upon the Red River (Londres, 18 17) m'apporte ensuite sa déposition sous serment relative à ce qu'il eut alors à souffrir des employés de la C'^ du N.-O. Puis le Report of the Proceedings connected with the Dis- putes between the Earl of Selkirk and the North West Company^ publié deux ans plus tard dans un intérêt contraire, me révèle d'autres détails concer- nant le rôle qu'il joua en cette circonstance, et me fait entrevoir la nature de ses relations avec le gou- verneur Semple.

J'ai ensuite les explications et appréciations des auteurs modernes, le D^ George Bryce {The re- markable History of the Hudson''s Bay Company et Manitoba^ its Infancy^ etc.) ; Robert-B. Hill, dans son Manitoba^ et l'abbé Georges Dugas dans D Ouest Canadien^ lesquels m'aident à former une opinion correcte de son caractère if).

Retournant au bassin de la Colombie, je trouve dans les Adventures of Captain Bonneville^ par Washington Irving, des détails significatifs sur ses rapports avec les Indiens et son zèle pour la reli- gion. Puis le Journal of an Expioring Tour beyotid the Rocky Mountains^ par le Rév. Samuel Parker, m'apprend que sa courtoisie s'étendait aux

(i) Il est quelque peu singulier qu'aucun des premiers histo- riens du Manitoba, Alexandre Ross, Joseph-James Hargrave, ou même Donald Gunn, n'a rien à dire de Pambrun.

INTRODUCTION XXXVII

ministres de tous les cultes. Là-dessus m'arrive l'ouvrage admirable de Joseph Tassé, Les Cana- diens de VOuest^ qui me confirme ces données, en même temps qu'il me permet par de nouveaux ren- seignements de combler les vides dans sa bio- graphie.

Enfin une remarque accidentelle de l'ouvrage Narrative 0/ a Joiirney round the World^ par sir George Simpson, me le montre comme venant de passer de vie à trépas au moment l'auteur arrive à son établissement. Par j'apprends la date et la cause de sa mort, pendant qu'un ami, qui est aujourd'hui l'autorité par excellence sur tout ce qui a trait à l'administration de la de la Baie Baie d'Hudson, me met au courant des avantages pécuniaires dont il jouissait dans la société, et de la manière dont celle-ci traita sa veuve et ses enfants après sa mort. *

Telle est la genèse d'un des articles de moyenne importance de mon dictionnaire. Elle représente assez bien l'origine de la plupart des biographies de même étendue. Dans ce cas spécial, peut-être n'eussé-je pas eu besoin de tant de recherches si, de prime abord, j'avais eu à ma disposition les deux volumes de Jos. Tassé, dont l'un contient une notice biographique du même individu. Pourtant je pense qu'il n'y a rien de tel comme de recourir aux sources et de comparer les dires des différents auteurs.

Et puis, sans vouloir déprécier en aucune manière l'excellent ouvrage que je viens de mentionner, je

XXXVIII INTRODUCTION

dois dire que certains détails de la petite monogra- phie en question prêtent à la critique. D'abord, les Porteurs de la Nouvelle-Calédonie ne sont pas appe- lés ainsi « parce que, n'ayant pas de bêtes de somme, ils transportaient leur bagage sur leurs épaules dans leurs voyages (^) ». Leur nom est à la circons- tance que, dans cette tribu, les veuves portaient autrefois sur leur dos les ossements calcinés de leurs défunts maris. Les tribus avoisinantes, les Séka- nais et les Babines, n'avaient pas plus de bêtes de somme que les Porteurs, et devaient par conséquent recourir au même mode de transportation pour les différents objets du ménage ; mais elles ne connais- saient point la coutume des Porteurs en ce qui regarde les restes de leurs morts.

Ensuite je ne puis guère comprendre l'assertion de l'auteur que Pambrun « quitta Kamloups un matin et vingt-qitatre heures plus tard il atteignait le lac Mac-Leod, après avoir franchi une distance de cent cinquante milles (^) ». Le fort McLeod se trouve juste par le 55® degré de latitude et un peu à l'ouest de Kamloops, qui est situé au sud du 51* ; en sorte que, à vol d'oiseau, et sans tenir compte des mille et un obstacles présentés par des mon- tagnes sans nombre et une forêt sans fin, les deux places sont séparées par une distance d'au moins deux cent quatre-vingts milles géographiques. Je sais pertinemment que, même aujourd'hui, un

(i) Les Canadiens de V Ouest, vol. II, p. 304. (2) /6/rf.,p. 305.

INTRODUCTION XXXIX

ballon seul pourrait se rendre de Kamloops au lac McLeod en moins de cinq ou six jours de marche forcée.

L'épisode rapporté pp. 105 et 106 a trait en réa- lité à deux incidents de nature différente dont j'ai eu les pièces originales entre les mains. Non seu- lement Wankin (Waccan) ne fut pas tué pendant le séjour de Pambrun au fort Babine (qu'il quitta en 1827), mais il abattit d'un coup de fusil le meurtrier de son frère utérin, et ne mourut lui- même qu'en 1850, à cent trente-cinq milles de ce fort. Et puis ce n'est pas (f au mois de juin 1839 * que Pambrun reçut la première visite des prêtres catholiques de l'Orégon (^), mais le 18 novembre 1838. Enfin Pierre-Chrysologue n'était pas son fils aîné (^). C'était le second de ses enfants, puisque, en 1838, il n'avait que quinze ans contre dix-sept que M^"" Blanchet attribue alors à son frère Domi- nique (^).

Ceci soit dit simplement pour montrer comment les erreurs peuvent se glisser dans les meilleures productions de l'écrivain, surtout lorsque celui-ci n'a pas les moyens d'acquérir, par la comparaison de plusieurs auteurs et la vérification de leurs don- nées au moyen de documents contemporains, une connaissance approfondie de son sujet.

Par la longue liste de mes autorités qui précède,

(i) Ihid., p. 314.

(2) Ibid.^ p. 319-

(3) Sketches ofthe Catholic Church in Oregon, p. 47.

XL INTRODUCTION

j'ai déjà indiqué les sources j'ai puisé pour mes renseigneinents sur les personalités qui sont réelle- ment du domaine de l'histoire. Je dois pourtant reconnaître en terminant les obligations toutes spéciales que j'ai contractées envers quelques-uns de ces auteurs. C'est d'abord M. le juge L.-A. Prud'homme, de Saint-Boniface, en ce qui regarde les anciens Canadiens de l'ouest ; M. l'abbé Georges Dugas, pour ce qui est des premiers missionnaires de la Rivière-Rouge (^) ; Jos. Tassé relativement aux Canadiens des Etats-Unis, et enfin l'hon. L.-R. Masson, dont la précieuse compilation. Les Bour- geois de la Compagnie du Nord-Ouest^ est une mine inépuisable pour quiconque veut écrire sur les anciens traiteurs de l'ouest.

Néanmoins, même pour ce qui est des sujets qui se rapportent à leurs spécialités, je n'ai pas voulu m'astreindre aux matériaux qu'ils m'ont fournis, pas plus que je n'ai cru devoir les suivre aveu- glément dans toutes leurs assertions. Il n'en est pas moins vrai que leurs œuvres ont singulièrement facilité ma tâche en de qui regarde l'objet de leurs recherches préférées. A tous et à chacun de ceux qui m'ont aidé à mener à bonne fin ma petite entreprise, j'envoie un chaleureux merci.

A.-G. MORICE, O. M. I. Kamloops, B. C, le 6 janvier 1908.

(i) Du moins en ce qui regarde leur carrière dans ce pays là.

ERRATA

Une correction typographique absolue est une qua- lité difficile à obtenir pour un ouvrage de ce genre. Pourtant les seules fautes importantes du présent dic- tionnaire peuvent se réduire aux suivantes :

44,

ligne

20, au li

2ude compagnie lire colonie.

56,

II, '

' d'une épisode "

d'un épisode

S8,

27,

' y comprit "

y compris.

119.

6, '

1805

1885.

147.

15,

' foissonnaient "

foisonnaient

241,

5,

' Prévost "

Provost.

247,

24,

' cette même année ' '

1867.

298,

5,

' viraire "

vicaire.

305,

19,

' ennivra "

enivra.

305,

24,

' rempant "

rampant.

313,

19.

' Verennes "

Varennes.

N. B. O. v. est l'abréviation du latin q2Lem vide, lequel voyez, et tient lieu de référence.

DICTIONNAIRE DES CANADIENS DE L'OUEST

A

Adam, Jean=Baptiste. Métis franco-déné. Servit d'interprète à sir John Franklin. Après les incroyables dangers qu'il courut dans les steppes glacées du nord, et des semaines entières passées sans manger autre chose qu'une espèce de lichen appelée tripe-de-roche, il fut sauvé par l'arrivée d'une bande d'Indiens au moment il se mourait de faim. Il quitta alors le service de l'explorateur pour s'unir à la tribu des Couteaux-Jaunes, en décembre 182 1.

Adam, Joseph. Porteur du courrier de l'Ile-à-la- Crosse au lac Athabasca, avec J.-B. Charbonneau(q.v.) vers 1820. Il eut à subir tous les incidents, fatigues, famine, etc., propres à ces corvées dans le nord, et fut même un jour accosté par un sauvage qui lui demanda de la poudre et du plomb, qu'il se repentit bien de lui avoir donnés quand il le vit tirer de son sac de voyage un morceau de chair humaine.

Adhémar, Jacques. Canadien-français qui fut d'a- bord traiteur libre au lac Népigon (1799- 1804). Il avait alors à soutenir la concurrence des Compagnies de la Baie d'Hudson, du Nord-Ouest, et de celle dite X Y, qui était sous la direction du fameux explorateur Alex. Mackenzie. La conséquence en était un gaspillage ruineux pour tous, sans compter la démoralisation des Indiens par les liqueurs fortes, au moyen desquelles

2 AlvLARD, R. P.

chacun cherchait à se les gagner. Après s'être rendu à la Rivière- Rouge, il fit de bonnes affaires, il se mit au service de la C* du N.-O. Un fort situé 7 milles à l'est du Portage la Prairie porta longtemps son nom.

Allard, O. M. I., RÉv. P. Joachim=Albert. à Saint-Joachim de Châteauguay, près de Montréal, le 30 janvier 1837, Ayant terminé, en 1862, ses études classiques et philosophiques au collège des Sulpiciens de Montréal, il fit sa théologie au grand séminaire de la même ville, et fut ordonné prêtre par M^'' Guignes, évêque de Bytown (Ottawa), le 23 septembre 1865. Le 6 octobre suivant. M*"" Bourget le nomma vicaire à Berthier ; puis onze mois plus tard il partit pour la Rivière-Rouge en compagnie du vénéré M^ Taché (17 septembre 1866). Il y arriva le 13 octobre de la même année, et cinq jours après il commençait son noviciat chez les RR. PP. Oblats de Saint-Boniface. Le 4 novembre 1867, il faisait ses vœux perpétuels dans la cathédrale de cette ville, entre les mains de M^"" Taché, O. M. I.

Après avoir passé un an comme professeur au collège de Saint-Boniface, le nouvel Oblat fut nommé (octobre 1868) curé de la mission de Saint-Charles dont il avait la desserte depuis son oblation. Il y resta jusqu'en 1876, à l'exception de quelques semaines de chaque été, pendant lesquelles il visitait les catholiques de Péguis, fort Alexandre, lac Winnipeg, Portage-du-Rat, fort Francis, Lac Seul, etc., localités qui n'étaient alors visitées qu'une fois l'an par le missionnaire. En juil- let 1876, le P. Allard fut mis de résidence au fort Alexandre, il établit une école, bâtit une église, et jeta les fondations d'une petite colonie canadienne- française connue aujourd'hui sous le nom de Saint-

AI^LARD, R. P. 3

Georges de Châteauguay, sur la rivière Winuipeg, à neuf milles au sud-ouest du fort Alexandre.

Au printemps de 1880, M^"" Taché autorisa l'établis- sement d'une école dans la réservée indienne de Saint- Pierre de Péguis. Le R. P. Allard fut chargé de cette fondation. Deux ans plus tard, il en ouvrit une autre sur Netley Creek, et bâtit à Péguis une église qu'il desservit jusqu'en 1898.

Affable autant que digne dans ses rapports avec les gens du monde, il avait, plusieurs annçes auparavant, attiré l'attention de son archevêque qui, avec l'agré- ment du T. R. P. Général de sa Congrégation, l'avait nommé grand-vicaire (1887). C'est en cette qualité qu'il reçut l'année suivante de la part de M. Greenway, récemment arrivé au pouvoir suprême au Manitoba, la promesse spontanée que rien ne serait changé relati- vement aux écoles séparées et à l'usage officiel de la langue française dans la province. Lorsque plus tard le politicien, pour pallier son manque de parole en violant précisément ces deux droits garantis par l' Acte du Manitoba, eut l'effronterie de nier qu'il eût jamais fait aucune avance à ce sujet, le P. Allard le confondit par un document dont il garantit l'exactitude sous la foi du serment et qui fut rendu public.

Au cours de la dernière maladie du grand arche- vêque, il fut assisté par le P. Allard, et après sa mort ce fut encore le même Père qui le remplaça comme administrateur du diocèse pendant la vacance du siège. Kn 1899, il fut chargé de la Mission de N.-D. du Perpétuel Secours, fort Francis, Ontario, oii il résida jusqu'au mois d'avril 1905, quand il fut nommé chape- lain des Sœurs de la Miséricorde et du pensionnat Sainte-Marie, à Winnipeg, avec résidence dans la mai- son des Pères de Sainte-Marie. Mais il dut bientôt

4 AIvLARD, O.

après reprendre la charge de ses anciennes missions.

M^"' Ivangevin, O. M. I., lui a continué la confiance de son vénérable prédécesseur en le nommant premier vicaire général du diocèse.

AUard, Ovide. Officier de la C de la Baie d'Hud- son. Etait en charge du fort Yale, sur le bas Fraser, dans la Colombie anglaise, au commencement de 1859, époque il rendit des services aux représentants de l'autorité coloniale venus pour aplanir des difficultés parmi les chercheurs d'or des environs.

Alphonse, Marie Jacques, dite Scëur. Une des fon- datrices de l'établissement des Sœurs Grises, à Saint- Albert (V. Emery, S^). Née le 21 novembre 1835 à la Rivière-du-Eoup, aujourd'hui Eouiseville, elle fit ses vœux le 3 février 1857, et, comme ses compagnes dans les pénibles missions du nord, elle eut à s'occuper de toutes sortes d' œuvres, devant même parfois s'adon- ner aux travaux des champs et au soin des bestiaux. Elle mourut le 7 octobre 1879.

Amyot, Capitaine Jean=Baptiste. Faisait partie des troupes envoyées à la Rivière-Rouge en 1870.

Angèle, SoeuR Marie. Née Angèle Gauthier, elle vit le jour à Vaudreuil, Bas-Canada, le 9 février 1828. Etant entrée dans l'Institut des Sœurs de Sainte- Anne alors récemment fondé, elle y fit sa profession reli- gieuse le 16 janvier 1852. Douée d'excellentes apti- tudes pour le gouvernement, " elle fut peu après élue supérieure générale. Puis, redevenue simple religieuse, en conformité avec les constitutions de sa communauté, elle fut envoyée aux missions de la Colombie anglaise en avril 1858. (V. SacrÊ-Cceur, S' M. du). Affable et naturellement portée à l'optimisme, elle fut d'un grand secours à ses compagnes, qu'elle était toujours prête à aider de toutes manières. Sa charge d'assis-

AUBRY 5

tante et d'économe de sa communauté la retint presque continuellement à Victoria. Pourtant elle se trouvait à Quamichan, sur l'île Vancouver, quand elle mourut, le 25 mai 189S.

Annance, François=NoeI. Métis qui était commis de la C'" de la Baie d'Hudson au fort lyangley, sur le bas Fraser (Colombie Anglaise) quand sir George Simpson y arriva le 10 octobre 1828 après son grand voyage au travers du continent. Cinq ans plus tard, nous le retrouvons à Norway House (juin 1833), tou- jours en qualité de commis pour le même corps com- mercial. Delà il se rendit, en compagnie du D" R. King, de l'expédition du capitaine Back, jusqu'au fleuve Mackenzie. Le 28 août suivant, il quitta le fort Chippewayan, sur le lac Athabasca, en charge d'une brigade de barques chargées de provisions pour les membres de l'expédition. King professait beaucoup d'estime pour lui.

Arcand, Joseph. Un des principaux métis qui par- ticipèrent à la révolte de 1885. Il fut un des délégués de Gabriel Dumont auprès des tribus sauvages en vue d'assurer leur concours. Après la prise de Batoche, il fut condamné à un an de détention.

Aubry, François=Xaxier. Célèbre commerçant et explorateur. à Maskinongé le 4 décembre 1824, il s'expatria dans le but de venir plus vite en aide à ses parents dans la gêne, et se rendit à Saint-Louis, puis au Nouveau-Mexique, à Saint-Pierre, la Prairie-du- Chien, etc., cherchant partout la fortune qui fut lente à lui sourire. De il retourna à Saint-Louis, et ayant obtenu des marchandises à crédit, il alla les vendre à Santa-Fé, traversant un territoire infesté des plus redou- tables sauvages de l'Union américaine. En route, il se défit avec profit de son équipement, et se procura

6 AUBRY

bientôt après un fonds de marchandises de la valeur de $40.000.

Il fut longtemps célèbre aux Etats-Unis pour une course qui montre bien son indomptable énergie. Il s'agissait de porter des dépêches importantes du fort Union, Nouveau-Mexique, au fort Indépendance, sur le Missoinri, distance d'environ huit cents milles. On lui promit mille piastres s'il la faisait en sept jours ; il n'en prit que cinq et seize heures. Mais six des chevaux dont il se servit moururent à la tâche, et au bout du trajet il était tellement rendu qu'on dut le descendre de cheval. Cette course furibonde lui valut de devenir le lion du jour.

Cependant Aubry continuait et augmentait même ses opérations commerciales. Un jour il acheta pour $130,000 toutes les marchandises contenues dans un magasin de Saint-IyOuis. Cette quantité lui paraissant insuffisante, il y ajouta pour $170,000 d'effets. Il avait l'habitude de revendre ses marchandises à environ mille milles de Saint-I^ouis, au Nouveau- Mexique, il les expédiait en deux caravanes annuelles de 100 à 130 wagons conduits par 260 ou 300 hommes.

Dans une seule expédition il perdit la fortune consi- dérable qu'il avait amassée. Les sauvages avaient mis le feu à la prairie, rendant ainsi la voie ordinaire impra- ticable aux animaux qui s'y trouvaient sans fourrage. Aubry prit alors une route détournée ; mais, dans la vallée de la rivière Purgatoire, sa caravane fut assaillie par un ouragan épouvantable suivi de neige, qui ren- dit toute avance impossible. C'étaient 400 hommes, 1,200 mulets et une quantité immense de marchan- dises voués à une perte imminente au pied des mon- tagnes Rocheuses. Après avoir expédié plusieurs messagers au gouverneur du Nouveau- Mexique qui,

AUBRY 7

malgré les offres pécuniaires alléchantes qu'il leur avait faites, revinrent après avoir pataugé quelques milles dans une neige trop épaisse pour permettre d'avancer, il partit lui-même pour Santa- Fé, alla réveil- ler de grand matin le gouverneur espagnol et le força à lui prêter le secours de ses troupes pour le tirer d'em- barras. On ne put pourtant emporter qu'une partie de sa cargaison, mais ses hommes étaient sauvés. Ce fut pour lui une perte de $90,000.

Sans se laisser abattre par ce revers, Aubry recom- mença ses opérations ; puis, dans le but de faciliter ses expéditions commerciales, il chercha avec opiniâtreté et finit par découvrir une voie plus courte entre Santa- et Indépendance, laquelle porte aujourd'hui son nom. En outre, il étendit son commerce jusqu'en Cali- fornie, explorant en 1833 une route par Albuquerque, à la tête d'un parti dont les exploits n'augmentèrent pas peu son prestige aux yeux des Américains. Mainte attaque par les sauvages mit sa vie en danger. La plus périlleuse fut celle du 14 août. Son expédition fut assaillie au moment même oii elle allait lever le camp. Soixante Indiens, aidés de deux cents guerriers cachés derrière les collines, tombèrent sur elle armés de mas- sues, et faisant pleuvoir dans ses rangs une grêle de flèches. Malgré qu'il en eut déjà tant vu, Aubry crut un moment sa dernière heure venue. Pourtant il mit ses dix-huit compagnons en ligne de défense et les exhorta de la voix et par ses actes, en sorte que, après une lutte furieuse, les sauvages voyant qu' une trentaine des leurs avaient mordu la poussière, tandis qu' un bien plus grand nombre étaient blessés, abandonnèrent la partie. Douze des hommes d' Aubry avaient été atteints, quoique non mortellement, par des projectiles ennemis, et lui-même n'avait pas reçu moins de six blessures.

8 AUGER, J.

Le 27 août, il se trouvait dans le pays des terribles Apaches, dont il ne vit heureusement qu'un petit nombre qui, tout en lui témoignant beaucoup de défiance, ne refusèrent pas de traiter avec lui. Ils lui donnèrent des poignées d'or en échange de quelques vieilles loques, et il constata que ces Indiens connais- saient si peu la valeur du précieux métal qu'ils s'en fabriquaient des balles quand ils n'avaient plus de plomb pour leurs fusils. Cette expédition, faite à ses frais, bien que dans un but d'utilité publique, lui valut les éloges unanimes de la presse américaine. Elle confirma son goût pour les explorations des contrées les plus sauvages, et il devint un véritable pathfinder.

Ce fut pourtant sa perte. Un certain major R.-H. Weightman, agent d'une puissante compagnie de che- min de fer, prit ombrage de la réputation que les hauts faits du Canadien lui avaient acquise. Un jour qu'une compagnie un peu trop peu gaie était à fêter le retour d'Aubry, l'Américain le provoqua par des paroles blessantes ; puis le lança lui contenu de son verre dans les yeux, en même temps qu'il lui plongeait un poignard dans le cœur. C'était le 20 août 1855, à Santa-Fé, la capitale du Nouveau-Mexique.

Aubry jouissait à Saint-Louis d'une telle réputation qu'on donna son nom à trois magnifiques bateaux, dont l'un faisait le ser\nce entre cette ville et la Nouvelle- Orléans. Plusieurs routes portent son nom, et une ville de l' Arizona s'appelle Aubry Citj^ tandis qu'au Colorado un poste militaire porte le nom de fort Aubry.

Auger, Joseph. Canadien au service de la C'*' du N.-O. En 1793 il était à la tête du fort Souris, près de Qu'Appelle, il avait pour voisin Donald McKay, qui était en charge de l'établissement de la C'*" de la Baie d'Hudson. La concurrence que les deux traiteurs

BATOCHE, X. 9

se faisaient eut pour résultat des difficultés, en consé- quence desquelles Auger fit arrêter ce dernier pour s'être rais en embuscade et avoir tiré sur lui.

Auger, Pierre. Employé de la C'' du N.-O. Se trouvait en 1799 stationné dans le haut de la rivière Rouge.

Ayotte, Joseph. Employé d'un M. lyivingston, dans l'extrême nord, cet Anglais explorait le pays en vue d'y découvrir des gisements d'argent. Il fut tué par les Esquimaux (1802).

Azuré, Joseph. Servait en 1804 la C'"' du N.-O. en qualité de guide pour le district de la Rivière-Rouge. En 1804-05, il accompagnait F. -A. I^arocque (q. v.) dans son voyage aux sources du Missouri.

B

Barrieau (ou Bériault, François. Compagnon de sir Alex. Mackenzie, dans son expédition de 1789, à l'embouchure du fleuve qui porte maintenant son nom.

Basinet (ou Bazinet), Jean=Baptiste. Le lieu- tenant de Malhiot (q. v.) au lac Flambeau, Wisconsin, oii il servait d'interprète eu 1804-05.

Batoche. Le seul métis qui fut tué à la bataille de la Grenouillère. (V. Bourassa, M.)

Batoche, Xavier Letendre dit. Métis influent qui a donné son nom à une localité maintenant historique, dont il fut le premier habitant. Cette place s'appelait originairement la Traverse de la rivière du Gros- Ventre, en anglais Belly River. M. Letendre y ouvrit (1871-72) un grand magasin pour accommoder la population métisse de cette partie de la Saskatchewan : cinquante familles, soit environ six cents âmes. Pendant long- temps il hébergea le missionnaire catholique qui s'y

10 BA.TTENOTTE

trouvait sans résidence ni même d'église. Il passa l'hiver de la rébellion (1884-85) à la rivière Carotte, il faisait la traite des fourrures. Puis, après les troubles, il se retira sur une terre à dix-huit milles de Batoche.

11 était à l'aise, et possédait environ trois cents têtes de bêtes à cornes avec plusieurs chevaux. en 184 1 dans les environs de la rivière Rouge, il s'y maria et y résida jusqu'au soulèvement de 1869 ; après quoi il alla s' éta- blir sur la Saskatchewan. C'est dans sa maison que le colonel French fut tué en 1885 (V. L/ETKndre, L.).

Battenotte, Louis. Le fameux guide des voya- geurs Milton et Cheadle qu'ils ont immortalisé dans leur narration sous le sobriquet de l'Assiniboine, vu qu'il avait passé son enfance au sein de la tribu de ce nom. D'abord au service de la C'^ de la Baie d'Hudson, il dut la quitter pour avoir tué, dans un moment d'ivresse, un métis de mauvaise réputation. Il vivait sans feu ni lieu dans le voisinage du fort Pitt quand les voyageurs anglais l'engagèrent, avec sa femme et son fils, pour les conduire au travers des montagnes Rocheuses et jusqu'aux rives du Pacifique. Sujet de terreur pour l'ineffable M. O'B., il fut d'un très grand secours aux deux Anglais qui seraient certainement morts de faim et d'inanition sans lui. Il se rendit à Victoria, sur l'île Vancouver, oii il put admirer pour la première fois les merveilles de la civilisation. Puis il retourna à Kamloops, y passa l'hiver de 1863-64 au service de la C'*" de la Baie d'Hudson, et alla, l'année suivante, retrouver les grandes prairies du pays natal. Il était métis.

Bazile, Charles. Un des pionniers de Saint-Paul, Minn., à Nicoletle 5 novembre 18 12. Il se rendit d'abord à la Prairie-du-Chien, Wis., puis à Saint-Paul, il s'établit dans l'automne de 1843. Pendant un

BEAUBIEN, C. II

certain temps propriétaire d'une partie de cette ville, il fit don à l'Ktat du terrain connu sous le nom de Capitol Square, et mourut dans la gêne, alors qu'il aurait facilement pu devenir millionnaire.

Beaubien, Alexandre. Le premier enfant blanc dans les limites de ce qui est aujourd'hui la ville de Chicago. Il était le fils de Jean-Baptiste Beaubien, Canadien qui fut tour à tour voyageur, trappeur et commerçant en fourrures. Alexandre vit le jour en 1822, dans une cabane qui se trouvait près de ce qui est devenu la rue South Water et l'avenue Michigan, et son enfance se passa dans les grandes herbes qui recouvraient ce qu'on appelait alors le Portage de Chicago. La place comptait dans ce temps-là moins de vingt personnes. Alex. Beaubien était déjà homme fait lorsque les premiers étrangers arrivèrent pour se fixer près de son père, attirés par la protection qu'ils cro3^aient trouver dans le voisinage du fort Dearborn. Il vit la localité devenir un gros village, puis grandir jusqu'à ce qu'elle eut atteint le rang de ville à la taille respectable. Il vit la première brique arriver et le premier trottoir placé ; il connut personnellement les premiers membres de la police municipale ; fut témoin de l'arrivée du premier steamboat dans la rivière ; s'intéressa aux premières tentatives de la presse locale ; prit part aux fêtes organisées pour célébrer le cinquan- tième mille de la population, puis à toutes les célé- brations subséquentes de caractère similaire, jusqu'à ce qu'au printemps de 1907, époque de sa mort, le chiffre de la population de la cité qu'il avait vue naître se fut élevé à plus de 2,000,000 d'habitants, dont pas un ne s'y trouvait lors de sa propre naissance.

Beaubien, Charles. Reçut dans son enfance une instruction soignée et commença même sa théologie.

12 BEAUCHAMP, J.

Ne se sentant pas appelé à l'état ecclésiastique, il entra dans le commerce des pelleteries et se mit au service de la C'^ de la Baie d'Hudson. Vers 1820, il était parti avec uu certain nombre de Canadiens pour une expé- dition de traite chez les sauvages de l'ouest des Etats- Unis quand il se perdit dans les bois, et, après avoir erré quelque temps à l'aventure, il fut surpris avec ses compagnons par une troupe de Mexicains qui s'étaient eux-même avancés au delà de leurs possessions. Ceux- ci firent les Canadiens prisonniers et les emmenèrent dans leur pa3's où, traduits devant le gouverneur, ils furent sur le point d'être mis à mort.

Mais un compagnon du nom d'Alvarez, espérant par avoir la vie sauve, fit tant qu'on les conduisit à la capitale du pa^'s. C'était un voyage de 2,000 milles dans les conditions les plus pénibles. Arrivés à Mexico, ils furent bien reçus par le vice-roi qui, non seulement leur permit de retourner au Nouveau-Mexique, mais fit donner à chacun d'eux, outre de quoi payer les frais du voyage, une somme de mille à quinze cents piastres.

Beaubien s'établit alors au Nouveau- Mexique, il fut élevé à la dignité de juge de comté, tandis que ses compagnons, isolés longtemps de tout pays civilisé, prirent plus ou moins les habitudes des sauvages envi- ronnants, et eurent même de la peine à conserver leur langue maternelle. Un auteur américain cite Beaubien comme un de ceux qui ont le plus travaillé à donner à son pays d'adoption la forme du gouvernement territorial.

Beauchamp, Jacques. Un des compagnons de sir Al. Mackenzie dans son voyage de 1793 à la côte du Pacifique. Il fut tué en 1802 par les Esquimaux dans le pays desquels il cherchait, avec un nommé Livingston, à trouver des gisements d'argent (V. Ayotte).

Beauchemin, André. Métis délégué aux Conven-

BEAUDRY, P. 13

tions de novembre et de décembre 1869 par les élec- teurs de Saint- Vital, Assiniboia. Fut aussi élu par la même circonscription membre de la première Assem- blée législative du Manitoba, le 30 décembre 1870.

Beauchemin, Baptiste. Membre de la Convention de décembre 1869 convoquée par le Gouvernement Pro- visoire de la Rivière-Rouge.

Beaudry, Baptiste. Interprète au service de la C* du N.-O. en 1804, époque il était stationné au fond du lac Athabaska.

Beaudry, O. M. I., RÉV. P. Patrick. Le premier prêtre métis français de l'ouest. Il naquit au diocèse de Saint-Albert en 1875 ; entra en 1897 dans la Congré- gation des Oblats, et fut ordonné prêtre par M^"" Grandin, au cours de l'année 1901.

Beaudry, Prudent. Un de ceux qui ont le plus contribué au développement de la ville de Los Angeles, Californie. Issu d'une famille de Montréal, il s'établit au mois d'avril 1852 dans cette jeune ville américaine, il fit le commerce avec succès. En 1855, il retourna à Montréal et, après un voyage en Europe, il y orga- nisa un corps de cavalerie dont il fut le capitaine pendant six ans. Au mois de janvier 1862, il retourna à Los Angeles, et y fut mêlé à des questions de mines qui lui firent perdre une somme considérable. Des transactions ayant pour objet des propriétés immeubles lui réussirent mieux. Il fit alors construire à ses propres frais un aqueduc qui eut pour résultat de dé- cupler la valeur du terrain qu'il avait acheté. Le réservoir que nécessita cette entreprise avait une contenance d'un million de gallons. Il créa en outre un parc public agrémenté de toutes les commo- dités modernes. Aussi, les auteurs américains ne tarissent-ils point d'éloges pour son esprit d'entreprise.

14 BEAUDRY, V.

Eu 1871, il fut élu couseiller municipal de Los Angeles ; puis, trois ans plus tard, il en devenait le premier magistrat. Se reportant alors au pays natal, il créa, le 26 mai 1875, une bourse annuelle de cent cinquante piastres pour l'entretien d'un élève pauvre à l'école polytechnique de Montréal, dirigée par les commissaires des écoles catholiques.

Beaudry, Victor. Frère du précédent. à Sainte-Anne-des-Plaines le 22 février 1831, il se rendit en 1849 à San Francisco, il ouvrit une agence pour les goélettes qui navigaient entre Stockton et Sacra- mento. Puis, de société avec son frère Prudent, il établit une manufacture de sirop. De il se dirigea vers le Nicaragua, il organisa une ligne de trans; port. En septembre 1854, il revint au Canada, d'où il repartit en février 1856 pour Los Angeles. Au début de la guerre de sécession, il fut nommé fournisseur de vivres pour l' armée régulière, et suivit en cette qualité les régiments qui se rendaient à Washington. Con- trairement à ce qui arrive ordinairement en pareil cas, cet emploi ne l'enrichit point. Différentes entreprises plus rémunératives l'appelèrent ensuite à Los Angeles, Indépendance, et autres localités de l'ouest américain. Il découvrit le procédé de la fonte du minerai, et posséda de dix à douze sources d'eau, d'une grande valeur dans un pays minier. Malgré des pertes énor- mes, il parvint à amasser une fortune d'environ $300,000. Beaulieu, Etienne. Petit-fils du suivant. Jouissait d'une grande considération dans le nord. Il ser\'it de guide dans les déserts glacés du nord-est {Barren Groimds) au voyageur Warburtou Pike, qui dit de lui que «malgré tous ses défauts, il était passé maître dans l'art de voyager en canot et en traîneau à chiens ; prompt dans les moments difficiles, et beaucoup plus

BEAULIEU, F. 15

courageux que la plupart des métis du Grand Lac desEsclaves. » C'était en 1886. Etienne, ou Le Roi (/Cing-) comme l'appelle Pike, avait alors trois fils, François, José et Paul, « chacun d'eux marié et père d'une si nombreuse famille que c'est à faire trembler pour l'avenir du Grand L,ac des Esclaves une fois que la prochaine génération sera grande », remarque plai- samment le voyageur anglais. Malheureusement, ces enfants, nés d'une sauvagesse, ne semblent pas valoir le père.

Beaulieu, François 1°. Canadien qui fut le père du premier métis franco-déné dont l'histoire ait con- servé le nom. Il accompagna sir Al. Mackenzie dans son grand voyage au Pacifique (1793).

BeauHeu, François 2°. Le doyen des métis fran- çais au nord-ouest canadien. Naquit, en 1771, du pré- cédent et d' une mère dénée de la tribu des Montagnais. En 1883, il vit arriver le premier blanc du Grand Lac des Esclaves, et en mars 1829 il était déjà si familier avec la géographie du grand nord que sir John Franklin eut recours à ses lumières pour se fixer sur la voie qu'il avait à suivre dans son exploration. A cet effet, le métis lui traça une carte grossière du cours de la Coppermine et de la côte attenante qui devait être si correcte qu' un Indien, qui entra pendant qu'il était à l'œuvre, reconnut immédiatement le pays qu' elle repré- sentait. Beaulieu se trouvait alors au fort Wedderburne, le poste que la C''' de la Baie d'Hudson entretenait sur une île en face du fort Chippewayan, établi par la C'^ du N.-O. sur le littoral du lac Athabasca. Beaulieu devint plus tard le chasseur attitré et un des inter- prètes de sir John pendant le temps que l' explorateur passa au Grand Lac des Ours.

Avant l'arrivée des missionnaires, François était uu

i6 BKAUIvIEU, J.

grand batailleur, et le récit de beaucoup de ses prouesses a encore cours parmi ses nombreux descendants. Sui- vant la mode de ses ancêtres maternels, il avait aussi pris plusieurs femmes, et les Indiens ne l'en estimaient que plus grand chef.

A l'arrivée des missionnaires, il les reçut avec des transports de joie, et fut baptisé par le P. Taché en 1848, à l'âge d'environ 76 ans. Dès lors il fut, au dire de M^'' Taché (1856) « l'enfant soumis de l'homme de la prière «, qu'il servait toujours avec empressement et générosité. De son côté, à la date du 9 juillet 1862, M''' Grandin raconte dans son journal que, n'ayant pu s'arrêter chez lui, le bon vieux, qui était alors âgé de 90 ans, alla lui-même le trouver à son campement afin d'y avoir l'occasion de remplir ses devoirs religieux.

Bien plus, malgré son âge avancé, il offrit gratuite- ment ses services au missionnaire, dans le but de l'aider à désabuser des Indiens séduits par le ministre protes- tant. De même, en dépit de sa propre pénurie, il avait peu auparavant fait don d'un billet de vingt livres à la mission d'Athabaska, et il se montrait tou- jours prêt à venir en aide au missionnaire.

Il était depuis longtemps établi à la rivière au Sel avec une bande de sauvages Couteaux-Jaunes, dont il était le chef, quand il y mourut en novembre 1872. Indépendamment des deux langues de ses parents, il parlait le dialecte de ces Indiens et celui des Flancs-de- Chien.

Beaulieu, Jacques. Parent de François B. (qui l'appelait son oncle, bien qu'il fut métis comme lui- même). Il devint l'interprète du premier blanc qui visita le Grand L,ac des Esclaves, et se mit à sa suite

(1784).

Beaulieu, Pierre. Fils de François B qui, malgré

BEAUPARIvANT 17

son âge avancé, était en 1889 « un des voyageurs les plus alertes» que W. Pike ait jamais vus. Cet amateur de sport anglais paraît non moins satisfait de ses ser- vices comme timonier et canotier en général.

Beaumette, Guillaume. Un des pionniers de Saint- Paul, Minnesota, naquit vers 1800 dans l'est du Canada, et passa, en 181 8 ou 18 19, à la Rivière-Rouge, il fut employé comme maçon à la construction du fort Garry. Plus tard il émigra au fort Snelling, puis s'établit à Saint- Paul, il épousa une sœur de Victor Guérin (q. V.). Il y mourut en novembre 1870.

Beauparlant, Gabriel. Canadien au service de sir John Franklin (1820-21). Au cours d'une tournée de plus de mille milles à pieds dans les steppes du grand nord, il lui arriva de se geler la figure, ce dont il fut d'autant plus mortifié que les anciens voyageurs regar- daient cet accident comme une disgrâce, un signe de manque d'expérience, bon tout au plus pour les nou- veaux venus. Mais cette mésaventure ne fut rien en comparaison du sort lamentable qui l'attendait. Après des semaines entières passées à voyager sans autre nourriture que du lichen, avec quelquefois de la râpure de peaux ou des os broyés, il fut détaché du parti principal et chargé, en compagnie de Saint-Germain et de Salomon Bélanger (q. v. ), d'accompagner le capitaine Back au fort Entreprise, on espérait pou- voir trouver du secours.

Parti le 4 octobre 1821, Beauparlant, qui était déjà bien affaibli par ses com^ses précédentes et ses longs jeûnes, vit bientôt sa condition devenir telle qu'il ne pouvait plus avancer sans la plus grande difficulté. Par surcroît de malheur, le temps devint très froid, et dans l'après-midi du 16 octobre il déclara qu'il ne pouvait plus faire un pas. A quelque distance se trouvait un

i8 BEAUSET

bosquet vers lequel ses compagnons se dirigèrent poiu* y passer la nuit, laissant en arrière Beauparlant qui avait promis de s'y rendre après un moment de repos. La nuit venue, il ne les avait point encore rejoints. On tira alors quelques coups de fusil, auxquels il répondit fidèlement. Comme il n'avait point encore paru le lendemain matin, Back envoya Saint-Germain à sa rencontre. Celui-ci le trouva étendu sur le dos, les membres démesurément enflés et gelé raide (17 octobre 1821).

Beauset, Capitaine E. Commandait, en 1885, la troisième compagnie du bataillon canadien-français envoyé pour réduire les métis de la Saskatchewan.

Bélanger, Alexis. Type de métis heureusement peu commun dans l'ouest. en 1816 d'une mère de la tribu des Cris, il entra à l'âge de 13 ans, dans la C'de la Baie d' Hudson,qui l'envoya bientôt dans la Nouvelle- Calédonie, comme la majeure partie de la Colombie anglaise était alors appelée. Son penchant pour la vie indienne et son jeune âge lui rendant facile l'acquisi- tion des langues de son nouveau pays, il fut généra- lement employé comme interprète, et en cette qualité il rendit de réels services. Mais sa paresse, son incon- stance et son aversion pour toute contrainte ne lui per- mirent pas de garder longtemps le même poste. S'il n'était vite changé par ses supérieurs, il désertait de lui-même, emportant de l'établissement qu'il quittait ce qui pouvait être de son goût. En outre, son manque de conduite était notoire : il lui coûta la vie. Au printemps de 1848, il avait réussi à se faire accepter comme timonier d'une des cinq barques qui montaient du fort Alexandre, sur le Fraser, les marchandises nécessaires à la traite dans le nord. Comme il traver- sait le fleuve à l'endroit il reçoit les eaux de la

BÉLANGER, H. 19

rivière Quesnel, une détonation d'arme à feu se fit entendre ; Alexis s'affaissa dans sa barge, et peu de jours après il expirait des suites d'une blessure produite par une balle que lui avait envoyée un sauvage. Sa mort fut de la part de la C'' l'occasion de terribles et injustes représailles.

Bélanger, André. Voyageur qui retournait au Canada avec G. Franchère quand, le 25 mai 18 14, il se noya dans un rapide.

Bélanger, Horace. L'un des principaux officiers de la C" de la Baie d' Hudson dans ces derniers temps. Originaire du Bas-Canada, il servit plusieurs années dans le district du lac de la Pluie avant son transfert à celui de Cumberland, dont il reçut le commandement après quelque temps de séjour. Il y resta en qualité de surintendant jusqu'en 1888. De juin 1889 à octobre 1892, il fut en charge du district de la factorerie de Norway. Homme distingué et bien vu de tout le monde, il semble, lui et les siens, avoir été poursuivi par une étrange fatalité. Son père s'était noyé à la Baie d' Hudson, près de la factorerie de l'Orignal {Moose Factory), au moment il allait recevoir de l'avancement. Deux de ses propres enfants avaient péri de la même manière près du fort Cumberland pen- dant qu'il en était chargé. De plus, un de ses oncles trouva une mort semblable non loin de la ville de Québec. Il se noya lui-même, en octobre 1892, dans le rapide de la Mer {Sea Rapid), sur le fleuve Nelson.

M. Bélanger avait été nommé traiteur-en-chef en 1872 ; puis facteur l'année suivante, et enfin facteur- en-chef en 1885. Il est le seul Canadien-français qui ait jamais atteint ce dernier rang dans la C" de la Baie d' Hudson. D'après la constitution de ce corps com- mercial, élaborée en 1871, un traiteur-en-chef avait

20 BÉLANGER, J.-B.

droit à une action et demie de la C'^ un facteur à deux, et un facteur-en-chef à deux et demie. D'un autre côté, chaque action équivalait à un centième des pro- fits annuels de la Compagnie tout entière. A la mort de M. Bélanger, sa famille jouit d'une pension consis- tant en deux cents livres sterling par chaque action qui lui revenait de son vivant, soit cinq cents livres pour les années 1892 et 1893.

Bélanger, Jean=Baptiste et Salomon. Deux Cana- diens qui accompagnèrent sir John Franklin lors de sa première expédition. I^e 1 7 avril 182 1 ,ils furent envoyés tous deux au Grand Lac des Esclaves avec les dépê- ches de l'expédition, et au retour l'un d'eux eut à marcher sans désemparer durant 36 heures au milieu d'une tempête qui sévissait sur les Barreji Grounds, ou steppes incultes du nord-est. L' Indien qui l' accom- pagnait n'osant s'aventurer dans le désert avec un pareil temps, n'arriva au fort Entreprise qu'un jour après le Canadien. Salomon tomba dans un rapide, et dut pendant assez longtemps rester dans l'eau glacée, parce que la violence du courant empêchait le canot de s'approcher de lui. Il était sans connaissance quand on put l'en tirer. Cette mésaventure lui arriva en trois endroits différents. Franklin l'appelle « le plus diligent et le plus obéissant de son parti. « (V. Beauparlant). Quant à Jean-Baptiste, il fut tué et mangé par l' Iroquois Michel Teroahauté dans un moment d'extrême disette.

Belcourt (ou Belcour,) RÉv. Qeorges= Antoine. Le premier missionnaire qui se soit consacré d' une manière spéciale à la conversion et à l'instruction des sauvages de la Rivière- Rouge. Né, le 22 avril 1803, à la Baie-du- Febvre,du mariage d'Antoine B. et de Josephte Lemire, il fut baptisé le lendemain, et reçut pour patron princi- pal le saint dont l'Eglise faisait alors la fête. Il fit ses

BKI.COURT, RÊv. G.- A. 21

études au collège de Nicolet et fut ordonué prêtre le 10 mars 1827. Après deux ans de vicariat aux Trois- Rivières, il fut nommé à la cure de Saint-François-du- Lac, et en 1830 il était transféré à celle de Sainte- Martine. Il s'y trouvait encore lorsque, l'année sui- vante, M^'' Provencher de passage au Canada le gagna à la cause de ses pauvres missions. Après avoir étudié pendant quelques mois l'algonquin, au lac des Deux- Montagnes, il se rendit à la Rivière-Rouge et se mit immédiatement à l'étude de la langue sauteuse.

Ses efforts furent couronnés de succès, et, avec le temps, il en acquit une telle connaissance qu'il put en composer une grammaire et un dictionnaire. D'après l'historien A. Ross, M. Belcourt était un homme actif, plein d'intelligence et remarquable par son esprit d'ini- tiative. Il fut longtemps le professeur attitré des nou- veaux missionnaires destinés aux missions sauvages du pays.

En 1834, il fonda la mission delà Baie Saint-Paul, sur r Assiniboine, pour le bénéfice des Sauteux qu'il essaya sans trop de succès, de grouper autour de l'église. Cette même année-là, se trouvant de passage à Saint- Boniface, il eut l'occasion de rendre aux autorités de la colonie un service qu'elles semblent avoir vite oublié. Un jeune commis, du nom de Thomas Simpson, qui devait plus tard se faire une réputation comme explo- rateur arctique, fendit la tête d'un métis qui demandait impérieusement ses gages. Indignés de ce traitement, ses compatriotes voulurent venger sur son auteur l' ou- trage fait à leur race. Ne pouvant être apaisés ni par le gouverneur, ni par ses lieutenants, ceux-ci durent avoir recours aux bons offices de M. Belcourt en allant eux-mêmes le prier de venir prévenir un malheur.

Son ministère de paix ne fut pas exercé en vain.

?2 BÉIvÉQUE

Mais dans la suite sa grande sympathie pour les Cana- diens et les métis l'ayant porté à rédiger une pétition contre ce qu'on regardait comme les exactions de la C'* de la Baie d'Hudson, il encourut l'ire du gouver- neur qui exigea son départ de la colonie sous peine de faire peser son courroux sur tout le clergé catholique du paj'S. En conséquence, nous le trouvons le 21 dé- cembre de l'année suivante à Québec, d'où il écrit une belle lettre de justification qui fut imprimée avec les documents ofiîciels de 1849.

Kn 1838, il était curé-desservant de Saint-Joseph de Ivévis ; puis il retourna à la Rivière-Rouge, il fut stationné à Pembina (1849), juste sur les confins du territoire américain, échappant ainsi à la vindicte de sir George Simpson. Il y resta dix ans, s'y dévouant au soin des métis et des sauvages qui s'y donnaient rendez-vous. De retour au Canada, il exerça son minis- tère d'abord à Rustico, dans l'île du Prince- Edouard (1859) ; puis à Sainte-Claire, comté de Dorchester, il fut nommé curé en octobre 1865, retournant à Rus- tico peu après. Il mourut à Shédiac, le 31 mai 1874, et fut inhumé à Memramcook.

Béléque, Pierre. Un des premiers colons canadiens de la Colombie. Reçut avec transports les premiers missionnaires dans cette région (1838).

Belleau, Antoine. Engagé de la C'^ du Pacifique, sur la Colombie il se rendit en 1 8 1 1 par le voilier Tonquin. Il déserta, le 10 novembre de la même année, en compagnie de Jean-Baptiste Belleau et de Jérémie. Il fut vite fait prisonnier et réduit en escla- vage par un chef indien. M. Franchère le racheta douze jours après son escapade.

Belleau, Jean-Baptiste. Participa à la même aven- ture que le précédent.

BERGER 23

Belleau, Pierre. Traiteur de la C* du N.-O. Com- mandait, en 1799, le fort inférieur des Prairies, qui se trouvait alors près de l'endroit devenu la ville d'Ed- monton. Ses gages étaient de 2,400 chelins, le plus fort salaire de n'importe quel bourgeois « hivernant)). Duncan Cameron recevait aussi les mêmes appointe- ments. En 1802, nous trouvons au célèbre fort Kaministiquia un M. Belleau peut-être la même personne qui avait été envoyé pour diriger, sous M. John McDonald, de Garth, un personnel connu pour être intraitable. Son supérieur immédiat dit de lui qu'il était «un des hommes les plus forts qu'il ait jamais rencontrés. »

Bellefeuille, Régis de. Traiteur au lac Népigon pour le compte de la C'^ du N.-O. En 1804, il fut mis en charge d'un poste dans le voisinage du lac Saint- Joseph.

Bellegarde, Charles. Se trouvait à la Grenouil- lère le 19 juin 1816, et c'est dans sa maison que les métis incarcérèrent temporairement les trois prison- niers qu'ils avaient faits parmi les colons.

Benoit, Joseph. Un des compagnons de sir John Franklin, lors de sa première expédition. Malgré les incroyables misères qu'il eut à supporter, fatigue, froid et surtout une famine de plusieurs semaines, il paraît avoir été un de ceux qui y résistèrent le mieux, puisque, le 18 août 1821, il fut le seul avec l'es- quimau Auguste capable d'entreprendre le voyage du fort Providence, le commandant de l'expédition espérait trouver le moyen de secourir ses hommes qui se mouraient de faim.

Berger, X. Etait déjà «un vieux trappeur)) en 1830-31. Ayant servi dans sa jeunesse au fort des Prairies (Edmonton), il avait acquis une certaine con-

24 BERGER

naissance de la langue des Pieds- Noirs qui le fréquen- taient. A l'époque ci-dessus mentionnée, il se trouvait dans les environs du fort Union, haut Missouri, quand il fut envoyé avec onze autres Canadiens par M. Kenneth McKenzie, le bourgeois de ce dernier poste, vers les sources du fleuve, en vue de s'aboucher avec les Pieds-Noirs et préparer l'établissement d'un poste dans leur pays. En raison du caractère périlleux de cette mission chez une puissante tribu qui s'était tou- jours fait remarquer par son hostilité contre les Amé- ricains, ceux qui la composaient avaient été laissés libres de refuser la corvée qu'on leur offrait.

Après un voyage d'environ quatre semaines, les Canadiens tombèrent inaperçus sur un grand camp des terribles Pieds- Noirs, et plusieurs d'entre eux se sen- tirent mal à l'aise jusqu'à ce que Berger, drapeau en tête, se fut avancé vers les étrangers qui, surpris et les prenant pour des Américains, ne savaient trop comment les recevoir. Le chef de la petite bande ayant alors crié son nom Pied- Noir, ce ne furent bientôt que poignées de main suivies de festins.

Ayant persuadé une quarantaine de ces guerriers de l'accompagner au fort Union, dont il leur dissimula à dessein la distance, Berger courut en leur compagnie les plus grands dangers après qu'ils se fussent aperçus qu'il les avait trompés. Un soir qu'ils ne se trouvaient plus qu'à une journée de marche du but de leur voyage, les Pieds- Noirs refusèrent net d'aller plus loin. Le Canadien, sûr de la distance, leur promit alors sa propre scalpe et tous les cheveux de ses compagnons s'ils n'arrivaient pas au fort le lendemain.

Comme résultat des pourparlers avec le directeur de l'établissement, sa C" {Americmi Fur Co.) établit (1831-32) pour leur bénéfice un poste qui fut appelé

BERLAND 25

fort McKenzie, au confluent de la rivière Maria, ou Marayon, comme disaient les Canadiens, avec le Mis- souri. Peu après, trois autres établissements semblables furent fondés, qui formèrent avec le premier le « dépar- tement du Missouri supérieur." Berger y devint l'in- terprète pour les Pieds- Noirs avec un salaire annuel de $800. Bn 1845, il était encore assez robuste pour prendre part à l'occasion aux voies de fait qui servaient alors d'arguments pour convaincre un compétiteur dans le commerce des fourrures.

Berland, Edouard. Canadien au service de la C'^ de la Baie d' Hudson stationné à la Colombie en 1838-39. Son nom mérite d'être cité à cause d'un incident qui démontre l'influence du milieu, même quand ce milieu est purement aborigène et que la personne influencée appartient à notre race. Au cours de son grand voyage autour du monde, sir George Simpson, gouverneur de la C", arriva vers la fin de juillet 1841 à la traverse de la rivière à l'Arc, Berland devait l'attendre avec une bande de chevaux envoyés à sa rencontre par les autorités de la Colombie. La maladie l'ayant forcé à s'arrêter avant d'atteindre cette place, le Canadien, qui pouvait signer son nom, mais était tout à fait inca- pable d'entreprendre une lettre en règle, n'en trouva pas moins le moyen de communiquer avec sir George. Après bien des recherches, celui-ci finit par découvrir une épître d'un nouveau genre écrite au charbon sur un arbre dépouillé de son écorce. Une forme humaine y était grossièrement dessinée, en-dessous de laquelle se trouvait ce qu'avec beaucoup de bonne volonté on pou- vait prendre pour la signature de Berland. A côté était un quadrupède dans lequel les voyageurs virent un cheval accompagné du chiffre 27. Puis un cours d'eau était tracé, lequel s'élargissait en deux endroits pour

26 BERTRAND

former autant de petits lacs. Sir George et ses com- pagnons n'eurent pas de peine à interpréter le message : Ed. Berland se trouvait avec une bande de 27 chevaux près de l'endroit la rivière se transformait en deux pièces d'eau stagnante. Ils cherchèrent cet endroit et y trouvèrent leur homme.

Bertrand, Jean=Baptiste. Traiteur aux sources du Missouri, en 1793-94.

Bisson, Jean=Baptiste. Membre de l'expédition de sir Al. Mackenzie au travers des montagnes Ro- cheuses et jusqu'à l'océan Pacifique (1792-93).

Bissonnette. Traiteur de la C" du N.-O. en 1790.

Blanchet, M»' Al.=Augustin=Magloire. Evêque de Nesqually, Etat de Washington. Né, le 22 août 1797, à Saint-Pierre de la Rivière-du-Sud, il commença l'étude du latin chez un M. Davigon et termina son cours au séminaire de Québec. M*'' Plessis l'ordonna prêtre le 3 juin 1821, et le nomma vicaire à Saint- Gervais. L'année suivante, il devint missionnaire aux îles de la Madeleine, puis curé de Sainte-Luce et de Jean Dorchester en 1828. Deux ans plus tard, il était transféré à Saint-Pierre-du-Portage qu'il échangeait, en 1830, contre Saint-Charles et Saint-Marc. En 1838, il était appelé à la cure de Soulanges, et en 1842 son évêque le nommait chanoine du chapitre de Montréal.

C'est alors que son frère, François-Norbert (q. v.), jeta les yeux sur lui pour lui confier l'administration d'une partie de ce qu'on appelait alors l'Orégon, c'est- à-dire l'immense région s' étendant à l'ouest des mon- tagnes Rocheuses à partir de la Californie jusqu'au 52* degré de latitude nord ou à peu près. Le 27 sep- tembre 1846 il fut sacré évêque de Walla-Walla, et quitta Montréal pour son nouveau diocèse le 4 mars de l'année suivante, prenant la voie des prairies améri-

BLANCHET, M^^ A.-A-M. 27

caines, après avoir passé par Pittsburg, I^ouisville et Saint-Louis.

A cette dernière localité, il fut rejoint par les pre- miers Oblats allant au Pacifique, quatre Pères et deux Frères, qui firent monter à 14 le nombre des membres de sa caravane. Après quatre jours de navigation sur le Mississipi, la bande apostolique arrivait à Kansas, ville qui n'avait encore que huit maisons (i" mai 1847). De là, ils partirent en charrettes à bœufs en compagnie d'une troupe d'émigrants américains qui avaient si grand peur des sauvages qu'ils se formèrent en corps militaire, avec capitaine, sentinelles, etc. , et toute une série de règlements dont quelques-uns paraissaient pas mal ridicules aux missionnaires qui, étant de sang français, entretenaient de tout autres sentiments vis-à- vis des indigènes.

Le 25 juin, ils atteignirent le fort Laramie, et le 5 septembre l'évêque et sa suite arrivaient à Walla-Walla.

C'est peu après que fut commis le meurtre du D"' Whitman et d'autres américains, relaté à l'article Brouillet. En sa qualité de directeur de la mission, M^ Magloire (comme il était familièrement connu pour le distinguer de son frère) reçut, le 16 décembre, une lettre du fugitif Spalding le priant d'assurer aux sau- vages que le massacre ne serait point vengé par les Américains ; ce qui ne l'empêcha pas dans la suite de hâter l'arrivée de leurs soldats et de leur indiquer même ceux des Indiens sur lesquels ils devaient surtout faire retomber le poids de leur vengeance.

Le 31 mai 1850, le siège de M^' M. Blanchet fut changé en celui de Nesqually, dont il se défit en 1879, quand il se retira avec le titre d'évêque d'Ibora. Il mourut le 25 février 1887, et fut inhumé dans la cathé- drale de Vancouver, Wash.

28 BIvANCHET, M^R F.-N.

Blanchet, M^ François = Norbert. Archevêque d'Oregon City, et, avec M^' Demers (q. v.), premier missionnaire à la côte du Pacifique septentrional. à Saint-Pierre, Rivière-du-Sud, le 3 septembre 1795, il commença ses études du latin à la même école que le précédent et les termina pareillement au séminaire de Québec. Il fut ordonné prêtre le 18 juillet 18 19 par M^"" Plessis, qui le chargea, en octobre 1820, de la mission de Richibouctou, dans le Nouveau-Brunswick. En 1827 il devint curé des Cèdres, près Montréal, d'où il quitta le Canada pour se rendre dans l'extrême ouest y fonder l'église d'Orégon. Les circonstances qui précédèrent ce grand acte de dévouement et accompa- gnèrent son voyage au Pacifique se trouvent relatées à l'article Demers, M^' (q. v.). Faute de place dans les canots de la C'^ de la baie d'Hudson, l'abbé Blanchet ne put quitter Montréal qu'un an après M. Demers, c'est-à-dire le 13 mai 1838. Arrivé à la Rivière-Rouge il prit avec lui ce jeune prêtre et, muni de pouvoirs de vicaire général que lui avait conférés M*' Proven- cher, il se rendit au fort Vancouver, sur le fleuve Colombie, qu'il atteignit le 24 novembre 1838. Le lendemain il disait la première messe qui fut jamais célébrée au nord de la Californie et à l'ouest des mon- tagnes Rocheuses.

Vancouver était alors le chef-lieu des traiteurs de fourrures sur le Pacifique, lesquels comptaient à leur service un grand nombre de Canadiens dont plusieurs avaient fait partie de l'expédition de J.-J. Astor en 1810-12. D'autres s'étaient retirés sur des fermes prises généralement dans la vallée de la rivière Walla- mette. Presque tous s'étaient unis à des sauvagesses et en avaient des enfants. Le premier soin du mission- naire fut donc de régulariser ces unions après avoir

BLANCHET, MGR F.-N. . 29

instruit et baptisé les Indiennes et leurs enfants. M. Blanchet se consacra principalement au soin de la popu- lation canadienne et métisse, se réservant le côté méri- dional de la Colombie, territoire dont l'Angleterre et les Etats-Unis se disputaient alors la possession.

Pourtant, en conformité avec .ses instructions, il dut commencer par les catholiques établis à Cowlitz, sur la rivière du même nom, que chacun s'accordait à regarder comme appartenant à l'Angleterre. Il s'y rendit le 14 décembre 1838 et y construisit une chapelle- presbytère. I,e mois suivant, il rendait le même service aux Canadiens de Wallamette qui avaient d'eux-mêmes érigé une chapelle. Il y fonda même une mission qu'il mit sous le vocable du grand apôtre des nations. Plusieurs autres établissements s' ensuivirent, qui eurent le double résultat d'exciter l'antagonisme des ministres protestants qui pullulaient dans le pays et de provoquer une rénovation religieuse chez les Canadiens. Des conversions d'hérétiques vinrent même récompenser son zèle. Ce fut, eu 1839, celle d'un M. Montour, ancien commis de la C'^ et, trois ans après, celle du fameux D' John McLaughlin, qui abjura le schisme d'Angleterre entre ses mains le 10 novembre 1842. McLaughlin était le gouverneur de la C* de la Baie d'Hudson pour tout l'extrême ouest, un homme tout à fait supérieur et dont la mémoire est en bénédiction chez les Américains aussi bien que parmi les Canadiens de ce pays.

On comprend que cette conversion fit du bruit dans l'Orégon. Tout en rehaussant l'ascendant de M. Blan- chet sur la population blanche, elle ne contribua pas peu à ameuter contre lui les nombreux représentants des diverses sectes protestantes. Il ne se cantonna pourtant pas exclusivement parmi la classe supérieure

30 BLANCHKT, M^R F.-N.

ou même au milieu des Canadiens, fermiers ou employés de la C'^ Différentes tribus sauvages reçurent aussi le bénéfice de son ministère.

Ce ne fut que le 17 septembre 1842 que le zélé vicaire général reçut ses premiers renforts dans la personne de MM. A. I,anglois et J.-B.-Z. Bolduc (q. v.), dont l'assistance lui permit d'étendre considérablement la sphère de l'action catholique sur le Pacifique. Après l'arrivée de ces recrues, il établit lui-même ses quar- tiers généraux au fort Vancouver.

C'est peu après (i" décembre 1843), qu'à la demande des évêques de Québec et de Baltimore le Saint-Siège érigea l'Orégon en vicariat apostolique avec M. N. Blanchet pour premier titulaire. Mais tel était l'isole- ment de sa lointaine mission que celui-ci n'en reçut avis officiel que le 4 novembre de l'année suivante. Il dut alors passer au Canada pour y recevoir la consécration épiscopale, que l'évêque de Montréal lui conféra le 25 juillet 1845. M^' Blanchet considérant le fardeau trop lourd pour ses faibles épaules voulut le faire partager à d'autres. A cet effet, il se rendit à Rome, il obtint la nomination de son frère Magloire à l'évêché de Walla-Walla, et celle de M. Demers à celui de l'Ile Vancouver, deux sièges créés pour la circonstance. Quant à lui, il échangeait son titre d'évêque de Drasa in partibus infidelhim pour celui d'évêque d'Oregon City. Ces importantes mesures datent du 24 juillet 1846.

En vue de se procurer des ressources en sujets et en argent, il parcourut alors l'Europe, et fut reçu en audience par les rois de Belgique et de Bavière, par l'empereur d'Autriche et par Louis- Philippe qui, en trois différentes circonstances, lui manifesta le plus grand intérêt et lui accorda des secours pécuniaires.

BIvANCHET, M^'R F.-X. 31

Le samedi, 26 août 1846, il était de retour à la rivière Wallamette avec un nombreux jiersonnel de missionnaires et de religieuses. Le 29 juillet 1850, son siège était élevé au rang d'archevêché et les évêques de Nesqually (qui remplaçait Walla-Walla) et de l'Ile Vancouver devenaient ses suffragants. Dans le cours de 1855 il fit un long voyage dans l'Amérique du sud, dans le but de se procurer des ressources, et deux ans après il se rendait au Canada, d'où il revenait avec une nombreuse colonie de religieuses et trois nouveaux prêtres. En 1866 il assistait au second Concile plénier de Baltimore, puis, le 18 juillet 1869, il quittait l'Orégon pour Rome, l'appelait la tenue prochaine du Concile œcuménique. Enfin le 27 février 1881 il se retirait du ministère actif, cédant sa place à M*' Seghers, et le 18 juin 1883, à l'âge de 88 ans, il rendait son âme à Dieu, pleine de jours et de mérites.

M^' F.-N. Blanchet est l'auteur du petit ouvrage anonyme Historical Sketches of the CatJwllc CJuirch in Oregon. Il composa aussi une espèce de résumé de l'histoire et de la doctrine catholiques en images qu'il appela l'Echelle Catholique, et qui fut du plus grand secours aux premiers missionnaires chez les sauvages.

Blanchet, M^' François=Xavier. à St-Charles de Bellechasse, le 22 juillet 1S35, du mariage d'Hubert B. et de Julie Prévost. Il fit son cours d'études clas- siques au petit séminaire de Québec et sa théologie au séminaire de Saint-Sulpice, à Montréal, il fut ordonné par M^' Bourget, le 12 avril 1863. Il partit le 12 juin suivant, pour l' archidiocèse d' Oregon City, son oncle, M*"^ Norbert B., avait en mains l'autorité ecclésiastique, et y arriva le 24 juillet. Il fut alors envoyé comme missionnaire à Jacksonville, dans le sud de l'Orégon, il demeura jusqu'en 1888. Puis on

32 BLANDINE des SS. ANGES, S»*

lui confia la paroisse et les missions de Saint-Paul. En 1895 il fut transféré à Gervais, et trois ans plus tard il était nommé chapelain de l'hospice Saint- Vincent, à Portland. En 1903, il fut élevé à la préla- ture romaine, et mourut à Portland le 22 mai 1906.

Blandine des SS. Anges, Scëur. Née Zéphirine Collin, elle vit le jour à Longueil, le 9 mars 1837, et entra à l'âge de 17 ans dans la communauté des Sœurs de la Providence, elle fit sa profession le 28 août 1856. Elle exerça les charges de maîtresse des novices, économe, supérieure et institutrice, rendant de grands services à sa communauté par ses belles qualités intel- lectuelles. Elle fonda plusieurs maisons, et se dévoua longtemps comme supérieure dans les missions sauvages de Tulalip et de Yakama. Rappelée au Canada, il y a quelque temps, elle revint en 1906 célébrer, dans l'ex- trême ouest, ses noces d'or et celles delà maison pro- vinciale à Vancouver, Wash., elle est momentané- ment de résidence (juin 1907).

Blette, Louis. Commis de la C'^ du N.-O., après qu'elle eut absorbé la C'" X Y. Etait alors stationné au lac Seul.

Blondeau, Louis. Canadien qui était, en 1804, interprète pour la C" du N.-O. au fort des Prairies (Edmonton). En 1815-16, il se trouvait au fort Cum- berland quand son maître Duncan Campbell, lui demanda d'aller faire la guerre aux Anglais de la Rivière-Rouge, ce qu'il refusa. Il se mit bientôt après au service de la C'" rivale qui, pourtant, l'emprisonna pour dette sous prétexte qu'il se proposait de déser- ter, l'ayant relâché momentanément pour lui permet- tre de testifier contre ses anciens maîtres au procès qui suivit la bataille de la Grenouillère (V. Bourassa^ M.).

BOI.DUC, MGR 33

Boileau, François. Employé de la C' du N.-O.,

stationné en 1799 au Grand Portage, avec 1,000 che- lins de gages par an.

Boileau, Louis. Après la fusion de la C'" X Y avec la C'" du N.-O., il fut employé en qualité d'inter- prète au Pic.

Boivin, Nicolas. Canadien qui, bien que dépourvu de toutes connaissances légales, fut nommé juge au Wisconsin, B.-U. Il demeurait à la Prairie-du-Chien, et, en vertu d'un traité conclu avec les Ouinibagons, les Etats-Unis lui versèrent, en novembre 1837, ^^ somme de $6,000 en compensation de ses droits terri- toriaux.

Bolduc, M^' Jean=Baptiste=Zacharie. Un des pre- miers prêtres de l'Orégon. Il naquit, le 30 novembre 18 18, à Saint- Joachim, comté de Montmorency, et fit ses études au petit séminaire de Québec. Vers la fin de son cours, on constata qu'il n'avait pas été baptisé validement, et en conséquence il reçut le baptême devant toute la communauté que cette circonstance impressionna vivement. Il fut ordonné prêtre, le 22 août 1841, dans sa paroisse natale, et il partit le i" septembre suivant pour les missions du Pacifique. Il n'arriva à l'entrée de la Colombie que le 10 septembre 1842, ayant passé par le cap Horn et séjourné quelque temps au Chili, ainsi qu'aux îles Gambier, Tahiti et Sandwich.

A la Colombie il se mit immédiatement à Tévangé- lisation des indigènes. Il fut le premier prêtre qui visitât l'île de Vancouver, il accompagna sir James Douglas quand celui-ci s'y rendit, le 15 mars 1843, pour y établir le fort Victoria, aujourd'hui la capitale de la Colombie anglaise. Le 19 du même mois était un dimanche ; M. Bolduc y célébra la première messe 3

34 BOTTINEAU

enregistrée par l'histoire comme ayant été dite sur ces parages ; puis il visita les tribus sauvages d'alentour et même de certaines îles adjacentes.

De retour au continent, il se mit vaillamment à l'étude des langues indiennes, surtout du snohomisli, et aux missions, tout feu et flamme quand il réussis- sait, mais inconsolable dans les revers. En novembre 1844, il résidait au milieu des Canadiens de Walla- mette, qu'il déclarait être «de plus en plus fervents j), tandis qu'il trouvait les sauvages (f toujours indiffé- rents. » Pourtant, le 25 octobre de l'année suivante, bien que se trouvant toujours à Wallamette, il écrit qu'il a «formé le projet de retourner au Canada dans peu d'années si les choses ne changent pas. » Il était alors découragé par les ravages que faisait l'ivrognerie parmi son troupeau, grâce à des Irlandais qui, en dépit de ses remontrances, y avaient installé une dis- tillerie à whiskey.

De retour dans l'est, il fut longtemps à l'archevêché de Québec avec la charge de procureur (1867), après avoir été vicaire à Saint-Roch et aumônier à l'hôpital de marine, en même temps que chapelain à l'asile des aliénés de Beauport. Quand M='' Taschereau fut nommé cardinal, M. Bolduc fut élevé à la dignité de prélat domestique de S. S. Léon XIII. Il mourut le 8 mai 1889, après seulement deux jours de maladie.

L'historien H. -H. Bancroft qui, ainsi que tant d'au- tres protestants, voit des Jésuites un peu partout, le range à tort parmi les membres de cette Société dans son histoire de la Colombie anglaise.

On doit à M^ Bolduc un intéressant journal de voj^age publié dans les Annales de Québec et reproduit séparé- ment sous le titre de Mission de la Colombie, vers 1844.

Bottineau, Pierre. Natif de la Rivière-Rouge,

BOUCHER, RÉv. F. 35

fils d'un Canadien et d'une Sauteuse. S'établit en 1837 au fort Snelling, Etats-Unis, et fut employé quelque temps comme guide et interprète parle général H. -H. Sibley. En 1841 il se fixa à Saint-Paul puis émigra six ans plus tard près de la chute'Saint- Antoine. Il fut le fondateur de Maple Grave, ou Bottineau's Prairie, dans le comté d'Hennepiu. Il parcourut le nord-ouest américain dans tous les sens, accompagnant comme guide et interprète l'expédition du colonel Noble à la rivière Fraser en 1859, celle du capitaine Frisk à l'Idalio en 1862, et celle du général Sibley au Missouri en 1863. Il a donné son nom à un comté du Dakota.

Boucher, François. Interprète au lac Athabasca (Fond du Lac) en 1804.

Boucher, RÉv. François. Naquit le 12 mars 1804 à Saint- François de la Beauce. Après avoir fait ses études à Nicolet, il reçut la tonsure, puis partit pour la Rivière-Rouge à l'âge de 25 ans, et y fut ordonné par M*'" Provencher le 16 août 1829. Il rendit de grands services à la population de ce paj's, surtout par son assiduité à faire le catéchisme et la manière attrayante dont il s'acquittait de sa tâche.

En 1833, il retourna dans l'est et devint curé de r Ange-Gardien, sans pour cela abandonner complète- ment le ministère près des tribus sauvages, puisque chaque été il desservait de les postes du Roi et les indigènes des territoires de Mingan et de Chicoutimi. En septembre 1844, il fut transféré à la cure de Saint- Ambroiseet, malgré la grande étendue de cette paroisse il voulut encore prodiguer ses soins aux Montagnais du lac Saint-Jean, aux Hurons de la Jeune-Lorette, et aux Micmacs de la province de Québec. Il fut un des pionniers de la colonisation du lac Saint-Jean, un ami

36 BOUCHER, F. -F.

des races aborigènes et un père de l'enfance dont il aimait à pourvoir aux besoins spirituels et temporels. Aussi, après sa mort, M^' Ant. Racine put-il dire de lui qu'il « n'avait rien à donner par testament parce qu'il avait tout donné pendant «a vie. » Il s'éteignit à Saint-Ambroise le 4 décembre 1880.

Boucher, François=Firmin. L,e parlementaire à la bataille de la Grenouillère (V. Bourassa, M.). Il était Canadien pur sang et même employé en qua- lité de commis par la C" du Nord-Ouest. Quand, arrivé aux fourches de la Rivière- Rouge et de l'Assi- niboine, son parti aperçut le gouverneur Semple et sa suite se dirigeant vers les métis qui voulaient passer inaperçus, ceux-ci firent volte-face et, disposant leurs rangs en forme de croissant pour prendre les Anglais entre deux feux, allèrent à leur rencontre. Boucher se détacha alors des métis et se dirigea vers le gou- verneur, tout en faisant signe de la main qu'il voulait parler. Que voulez-vous ? dit-il à Semple. Que voulez-vous vous-même ? fit celui-ci. Nous voulons notre fort, dit Boucher. Eh bien ! allez à votre fort, répliqua le gouverneur. Vieux coquin, vous l'avez détruit, observa le Canadien avec une imprécation.

Là-dessus Semple saisit la bride du cheval du parle- mentaire et porta la main à son fusil. Boucher sauta à terre, et presque immédiatement après un coup de feu partit qui tua un des lieutenants du gouverneur de la C" de la baie d'Hudson. Après le massacre qui s'ensuivit. Boucher sauva la vie à un Anglais nommé John Pritchard qu'un métis voulait tuer pendant qu'on l'emmenait prisonnier (19 juin 1816).

En conséquence de la part qu'il avait prise à la «bataille », Boucher comparut comme témoin au procès qui s'instruisit à Toronto vers la fin d'octobre 1818 et

BOUCHER, J.-B. 37

qui n'aboutit à rien. Il était jeune alors, et son père était un propriétaire respectable de Montréal.

Boucher, James. Fils du suivant et de Nancy McDougall, Naquit vers 1818 au lac Stuart, Colombie anglaise, et hérita, dans une certaine mesure, de l'in- fluence de son père sur les Indiens. Il fut comme lui l'interprète du fort Saint- James, sur le lac Stuart. S 'étant rendu encore jeune dans l'Orégon avec la bri- gade du nord, il s'y maria avec une métisse du nom de Rosalie Ploufïe ; mais à la suite d'un incident peu honorable pour lui, il tua son beau-père pour sauver sa propre vie et retourna au plus vite dans le nord, il s'unit à une Indienne du Fond du lac Fraser qui lui donna sept ou huit enfants.

Cette circonstance empoisonna sa vie de chrétien jusqu'en 1901, lorsque la mort de sa femme légitime lui permit de convoler à de nouvelles noces, ce qu'il fit immédiatement malgré ses quatre-vingt-trois ans. Après la mort de son père, il fut le trait d'union entre les traiteurs du nord et les sauvages, et assista notable- ment les premiers en mainte circonstance. Il vivait encore en juin 1907.

Boucher, Jean=Baptiste dit Waccan. Métis fran- co-cris, l'homme de sa condition le plus influent et le plus respecté à l'ouest des montagnes Rocheuses. Parti le 20 mai 1806 d'un poste immédiatement à l'est de ces montagnes, il accompagnait Simon Fraser quand celui-ci découvrit le lac Stuart, et dès lors il s'établit en permanence dans l'extrême ouest. Deux ans plus tard, il se trouvait encore avec le même ex- plorateur dans son terrible voyage le long du fleuve qui porte aujourd'hui son nom (mai-août 1808). Boucher fut le premier des étrangers venus de l'est à prendre femme parmi les natifs (janvier 181 1) ; mais

M

38 BOUCHER, J.-B.

l'union qu'il contracta alors dura peu, vu qu'il se maria bientôt après avec la fille métisse d'un traiteur du nom de James McDougall.

Bouclier, ou plutôt Waccan, comme il était plus communément appelé de son nom cris, était courageux jusqu'à la témérité. Aussi s'acquit-il en peu de temps une influence sans égale sur les tribus sauvages. Ku 1828, son frère utérin avait été tué par les Indiens Babines. Sans hésiter, il partit seul pour un voyage de cent trente-cinq milles, et en présence de plusieurs amis du meurtrier il alla droit à lui, le tira à bout por- tant et blessa un des spectateurs qui faisait mine de venir à son secours, défiant en même temps les assis- tants, stupéfaits de tant d'audace, de le toucher.

Rien d'étonnant alors si, le contremaître en charge d'un fort établi chez ces Indiens turbulents ayant été tué par eux en 1843, Waccan fut l'âme du parti de Canadiens envoyés du lac Stuart pour venger sa mort. Son nom seul frappait d'épouvante les tribus d'alen- tour. S'attardaient-elles auprès du fort Saint-James, sur le lac Stuart, oii il résidait? On chargeait Waccan de leur faire quitter les jeux de hasard qui absorbaient leur temps et de les envoyer à la chasse aux fourrures. Un employé désertait-il son poste ? Waccan était mis à sa poursuite, et il était rare qu'il revînt sans le fugitif. Un convoi de vivres demandait-il un soin tout particu- lier? On le confiait à Waccan. Au fort il remplaçait le commandant pendant ses nombreuses absences, bien qu'en théorie il ne fut que l' interprète-en-chef.

Lorsqu'en 1841 les missionnaires de la Colombie firent Rappel à la générosité des catholiques du nord, J.-B. Boucher souscrivit selon ses moyens pour leur œuvre, et l'année suivante il bénéficia amplement de la visite de M. Demers (q. v.), qui baptisa et instruisit

BOUCHER, P. 39

ses dix-sept enfants. Il mourut de la rougeole au printemps de 1850, le dernier survivant de l'expé- dition du découvreur Simon Fraser. Il n'y avait pas moins de quarante-quatre ans qu'il se trouvait au lac Stuart.

Boucher, Montbrun. Canadien qui, arrivé à la Rivière- Rouge, épousa une métisse franco-monta- gnaise et se fit passeur sur la rivière Assiniboine. Rarement de mauvaise humeur, une langue de terre près des fourches de la Rivière-Rouge et de l' Assi- niboine fut appelée d'après lui la Pointe-à-la- Malice, surnom que lui valurent ses reparties spirituelles.

Boucher, Pierre. Voyageur qui accompagnait, en juin 1819, John D. Campbell et Benjamin Frobisher, deux bourgeois de la C'" du N.-O. quand ils furent arrêtés au Grand Rapide et faits prisonniers par l'ex- pédition de William Williams (V. Racette), de la Rivière-Rouge, Un nommé Louis Mageau, compa- gnon de Boucher, se trouvait avec eux ; tous les quatre furent momentanément incarcérés dans la loge de Racette. Puis Frobisher, qui avait essayé de résister aux soldats de Meuron qui l'arrêtaient, fut traité avec brutalité jusqu'à ce qu'il tombât sans connaissance, étendu sur le plancher par un coup de crosse de fusil sur la tête. Bientôt après, déportés dans une île sous la garde de soldats, Boucher et ses compagnons eurent à souffrir toutes sortes d'indignités jusqu'à ce que, le 22 du même mois, on les eut fait partir dans des canots séparés pour la rivière Jack. Le i" juillet suivant, ils arrivaient à la factorerie de York, sur la Baie d'Hudson.

Tenus alors dans la plus stricte captivité, mal nourris, malades et sans pouvoir communiquer entre eux, ils se demandaient ce qu'allait être leur sort

40 BOUCHER, X.

quand on fit passer au Canada Campbell et les deux Canadiens, plus Joseph Paul et son fils dont on avait privé la brigade du N.-O. afin d'en assurer la perte. Arrivés à Montréal le 30 novembre de la même année, ils furent tous relâchés faute de preuves de culpabilité.

Quant à Frobisher, on le laissa languir dans sa prison avec ses deux compagnons, Turcotte et Jos. Lépine (q. V.), jusqu'à ce qu'il se fut évadé avec eux pour trouver, après un long voyage au cœur de l'hiver, une mort misérable non loin d'un poste de sa propre C* (V. Turcotte, Amable).

Boucher, X. Contremaître et guide sous John McDonald, de Garth. Vers la fin de 1805, il se trouvait sur la Saskatchewan, qu'il remontait pour se rendre au poste son maître était envoyé. Celui-ci s' étant momentanément absenté dans l'intérêt du commerce avec une bande d'Indiens, l'avait laissé en charge de sa brigade de barques et de canots avec l'ordre de ne continuer son chemin qu'à un jour fixé. I,es berges de la rivière étaient très hautes, et empêchaient de voir de la grève ce qui pouvait se passer sur la prairie. Quelqu'un qui venait de les gravir lui annonça un jour qu'on avait aperçu dans le lointain ce qui parais- sait être un grand parti de sauvages à cheval. Comme on lui conseillait de partir immédiatement pour éviter le danger, Boucher refusa d'y consentir, vu que ses ordres indiquaient le lendemain comme date de départ de la brigade. Pendant la nuit, une volée fut déchargée sur sa tente qui le tua avec ses deux compagnons, tandis que ceux des engagés qui se trouvaient sur les barques ripostaient de leur mieux et pouvaient se défendre avec leurs fusils. Quant à ceux qui étaient couchés sous les canots renversés, ils perdirent deux des leurs en essayant de mettre leurs embarcations à l'eau.

BOULET, Rêv. J.-B. 41

Boulanger, Charles. Canadien-français qui ac- compagna l'explorateur Back dans son expédition à la rivière des Gros-Poissons (1833).

Boulet, RÉv. Jean-Baptiste. L'aîné d'une famille de cinq enfants, il naquit le 30 juillet 1834 à Sainte- Marie de Monnoir (aujourd hui Marieville), du ma- riage de J.-B. B. et de Clotilde Bonneau. vSon édu- cation, commencée à sa paroisse natale, fut continuée à Pittsburg, E.-U., Saint-Hyacinthe et Vancouver, Wash. Il fut longtemps dans l'incertitude concernant sa vocation. Au printemps de 1859, on lui conseilla d'entrer en qualité de frère convers chez les Passio- nistes de Pittsburg, et il s'y était rendu quand la place ayant providentiellement manqué, on voulut le faire étudier pour la prêtrise. Avec crainte et tremblement il essaya de suivre cette voie, mais y renonça bientôt. Ce ne fut qu'en 1863 qu'il commença ses études théo- logiques, avec l'intention de se consacrer aux mis- sions de l'Orégon. Encore ne fut-il, jusqu'en mars 1868, que professeur laïque au collège des SS. Anges, Vancouver, il s'était rendu par la voie de Panama le 15 octobre 1864. Puis il s'adjoignit à M. Saint- Onge (q. v.), missionnaire des Yakamas, avec lequel il resta jusqu'en 1871.

Enfin, M. Brondel, qui devait mourir évêque d'Hé- léna. ayant réussi à le persuader de sa vocation à l'état ecclésiastique, M. Boulet se mit vigoureusement à l'œuvre, et fut ordonné prêtre le 19 juillet 1874 par M^' Magloire Blanchet, évêque de Nesqually. D'abord secrétaire de l' évêque diocésain, il fut successivement nommé économe de l'évêché, chapelain des Sœurs de la Providence et missionnaire de la région contiguë à Vancouver, Wash. Au mois d'août 1878, il remplaça à l'école industrielle de Tulalip les RR. PP. Oblats

42 BOULLARD

qui s'en retiraient. Il donna alors des leçons de typo- graphie à ses enfants indiens, avec le concours des- quels il publia d'abord un petit livre de prières (1879). puis pendant cinq ans (1881-86) une revue anglaise» The YoutJi' s Co^npanioji, d'une typographie irrépro- chable. Les produits de sa presse lui avaient déjà permis de bâtir un grand nombre d'églises pour les sauvages ; lorsqu'en 1889 il fut transféré à ce qui est aujourd'hui la ville de Bellingham, sa propre indus- trie le mit en état d'y ériger une belle église pour la population catholique, avec une résidence fort conve- nable pour son pasteur.

On peut dire que le Rév. M. Boulet a été un grand bâtisseur d'églises, pas moins de quinze localités ayant bénéficié de son activité sous ce rapport. Dans l'automne de 1904 il fut, à sa demande, déchargé de la grande paroisse de Bellingham, et transféré à Ferndale, il fait en ce moment (juin 1907) les fonc- tions de curé. De il dessert encore plusieurs points de l'Etat de Washington, sans compter qu'il publie, c'est-à-dire compose et imprime lui-même, une petite revue mensuelle intitulée Good Tidings.

Boullard. Un des employés de la C'" de John Jacob Astor sur la Colombie. Il est probablement le premier Canadien qui résida à l'ancien fort Okanagan et à Kamloops, dans la Colombie anglaise. Il avait accompagné l'explorateur D. Thompson dans son ex- pédition sur la rivière qui porte son nom, et fut échangé pour un engagé de la corporation américaine. Le 22 mars 181 1 , il quitta le fort Astoria nouvellement établi et remonta la Colombie jusqu'à Okanagan, il arriva le 24 avril suivant. Il y resta jusqu'au 6 mai, époque il accompagna l'auteur Alexandre Ross dans une expédition de traite à la fourche de la Thompson, que

BOURASSA, RÉv, J. 43

son maître appelle Cumcloups (Kamloops). Arrivé le 16 mai, il y séjourna dix jours en compagnie d'au moins deux mille sauvages qui étaient si avides des marchandises qu'on leur offrait, qu'un matin avant le déjeûner ils n'apportèrent pas moins de cent-dix belles peaux de castor. Ils les laissèrent entre les mains des traiteurs en retour de tabac, à raison de cinq feuilles par peau. A la fin, quand il ne restait plus qu'une aune de cotonnade aux blancs, un des chefs la leur paya vingt peaux de castor.

Mais ce séjour manqua d'être funeste au Canadien. Comme Ross était pour retourner à Okanagan, il s'a- perçut que Boullard s'était amouraché d'une sauva- gesse qu'il voulut faire payer à son maître sous peine de l'abandonner à son sort. Mais une bonne fustiga- tion lui rendit vite la raison, et il retourna vers ses pénates du fort Okanagan.

Bourassa, Joseph. Guide métis de la Rivière- Rouge, dont le Rév. M. Gordon, ministre protestant, vante dans son livre, Moimtain and Prairie, l'habileté à faire face aux accidents de voyage en charrette le long des grandes plaines de l'ouest (1880),

Bourassa, Rêv. Joseph. Fils de Joseph B. et d'Angèle Bégin, il naquit à Saint- Joseph de vis, le 31 mai 1817, et fut ordonné à Québec le 14 avril 1844. Il passa cette même année à la Rivière-Rouge, oii il se dévoua immédiatement au soin des sauvages. Le 10 décembre 1845, il était à la Grande-Prairie, sur la rivière la Paix, il s'était rendu du lac Sainte- Anne et du Lac des Esclaves, en faisant maint baptême aux postes les bateaux de la C" de la Baie d' Hudson lui permettaient d'aborder. Il fut le premier mission- naire des Castors, et ambitionna même d'évangéliser les Sékanais des montagnes Rocheuses. De concert

44 BOURASSA, M.

avec M. Thibault (q. v.), il visita aussi annuellement le lac la Biche jusqu'en 1851, en même temps qu'il prodiguait ses soins aux chrétiens d' Edmonton et du lac du Poisson-Blanc. En 1853, il quitta définiti- vement le lac Sainte- Anne, et deux ans après (avril 1855) il était de résidence à Saint- François-Xavier, sur la rivière Assiniboine, d'oii il visitait aussi la mission de la rivière Esturgeon.

En 1856, il retourna au Canada, et fut curé de Saint-Bernard, diocèse de Québec, jusqu'en 1884. Malgré son grand âge, il accepta alors la cure de Saint- Maxime de Scott, et passa les sept dernières années de sa vie à l' Hôtel-Dieu de Lévis, oîi il mourut le 8 avril 1900. (c II a fait peu de bruit, mais beaucoup de bien»; tel a été le verdict d'un écrivain sur sa longue vie.

Bourassa, Michel. Un des principaux métis qui prirent part au combat de la Grenouillère, près de ce qui est aujourd'hui Winnipeg. Après de longs démêlés entre les C'""' du N.-O. et de la Baie d'Hudson occasionnés par la compagnie que lord Selkirk, un des actionnaires les plus influents de la dernière corporation, avait fondée en 18 12 à la jonction des rivières Rouge et Assiniboine, le fort Gilbraltar, qui appartenait à la du N.-O., avait été pris et rasé par manière de re- présailles pour des actes semblables au crédit de cette dernière. C'est alors que, pour en finir avec la colonie et capturer le fort Douglas commandait Robert Semple, une bande de soixante-dix hommes armés, pour la plupart métis, avec six sauvages et quelques Canadiens-français, arriva à quelque distance du fort anglais le soir du 19 juin 18 16.

Ee gouverneur Semple étant allé à leur rencontre avec vingt-sept hommes, il eut une altercation avec un nommé F. -F. Boucher (q. v.), au cours de laquelle

BOURBONNAIS, A. 45

celui-ci lui reprocha d'avoir détruit le fort canadien, c'est-à-dire celui qui appartenait à la C" du N.-O. Un coup de feu abattit alors un commis de la corporation anglaise nommé Holt ; puis le gouverneur lui-même tomba atteint d'une balle, et fut peu après tiré à bout portant par un sauvage. A la fin du massacre qui s en- suivit, vingt-et-un Anglais avaient mordu la poussière, tandis que les Canadiens ou métis n'avaient perdu qu'un homme. Dans l'excitation du moment, la plupart des blessés furent cruellement achevés par les sauvages et quelques métis (V. Deschamps, F., père).

Alex. Ross dit qu'un de ceux qui prirent part à la bataille nommé Bourassin (sic) mourut ensuite de mort violente à la Saskatchewan, lequel devait être le sujet du présent article.

Bourbonnais, Augustin. Etait trappeur dans le Missouri supérieur quand, au commencement de no- vembre 1836, il se rendit au fort Union pour y disposer d'un ballot de peaux de castor d'une valeur d'environ $500. Agé seulement d'une vingtaine d'années, il était, dit Lrarpenteur «un très bel homme «, remar- quable surtout par une longue chevelure blonde qu'il laissait reposer sur ses épaules. Cette circonstance lui valut une aventure avec la jeune compagne indienne du grand bourgeois K. McKenzie (V. Berger) qui le chassa honteusement du fort. Humilié mais non dompté, Bourbonnais jura vengeance, et pendant plu- sieurs jours il parada, le fusil sur l'épaule, en face de l'établissement, appelant à grands cris le bourgeois pour le tuer. Celui-ci, las de se trouver prisonnier dans sa propre maison, finit par lui faire tirer un coup de fusil au moment il se disposait à partir. Sa blessure n'étant pas mortelle, il fut traité par le chi- rurgien de la place, il fit une assez longue maladie.

46 BOURBONNAIS, F.

Bourbonnais, François. Natif de Beauharnois, il s'établit en 1835 à l'endroit de l'Etat d' Illinois qui devait porter son nom. Cette paroisse est tristement célèbre par sa défection presque complète sous la con- duite de l'apostat Chiniquy, laquelle ne fut pourtant que momentanée. Comme l'écrit Jos. Tassé, il n'y a pas aujourd'hui « un groupe canadien aux Etats-Unis qui soit animé d'un esprit plus véritablement religieux que celui de Bourbonnais. »

Bourguignon, Isaac. Interprète de la C" du N.-O. au lac Népigon, en 1804.

Bouthilier, François. Emigré aux Etats-Unis, il fut nommé juge de la cour du comté de Brown par le gouverneur Cass, du Wisconsin, le 12 mai 18 19, et mourut en 1833 ou 1834.

Bouvier. Canadien qui, dans l'été de 1808, se dirigeait vers la Saskatchewan avec J -B. L,agimodière et sa femme (q. v.) ainsi que deux autres compatriotes, quand un accident lui arriva qui mit sa vie en danger, et montre sous un jour tout spécial les innombrables dangers dont le pionnier du N.-O. était entouré. Un soir qu'il se chauffait au feu de bivouac, il poussa un cri soudain et appela au secours. Lagimodière, qui se trouvait du côté opposé du brasier, en ayant fait le tour pour découvrir la cause de l'alarme, 5^ vit une ourse avec deux petits qui emportait Bouvier, tout en le frappant rudement au visage pour l'assommer. Vou- lant lui faire lâcher prise, Lagimodière et ses compa- gnons la harcelèrent à coups de crosse de fusil, n'osant tirer de peur de tuer le malheureux Canadien qui poussait des cris désespérés. Comme leurs efforts combinés n'avaient point l'effet voulu, Lagimodière fit feu à bout portant et blessa mortellement la bête fauve. Celle-ci lâcha alors sa victime et voulut .se ruer sur son

BRANCONNIER 47

agresseur. Ce que voyant lyagimodière courut à son ca- not chercher un autre fusil déjà chargé, constamment poursuivi par l'ourse qu'il finit pourtant par achever.

Quant à Bouvier, il avait la peau du visage arrachée de la racine des cheveux jusqu'au bas du menton. Il ne lui restait plus ni yeux ni nez. Aveugle à partir de ce jour, il dut vivre de la charité de ses compa- triotes. En 18 18, ayant appris l'arrivée des premiers prêtres à la Rivière- Rouge, il se fit descendre chez eux, et mourut plus tard chez M^' Provencher.

Boyer. Etait en charge, avec un M. Bruce, du fort aux Trembles, sur l' Assiniboine. quand ce poste fut attaqué, dans l'automne de 17S0, par plus de cent guerriers sauvages. Boyer et Bruce avaient alors sous leurs ordres vingt-et-un coureurs des bois ; mais onze d'entre eux se croyant perdus sans retour, se cachèrent, laissant les douze autres défendre le fort, ce qu'ils firent avec succès, tuant ou blessant une trentaine des assié- geants. Trois des leurs, Belleau, Fecteau et Ivachance, trouvèrent pourtant la mort dans cet engagement. Les survivants, craignant un retour offensif des Indiens, abandonnèrent le fort et en transportèrent les effets en radeau à l'embouchure de l' Assiniboine.

En 1781, Boj^er fut envoyé fonder un poste sur la rivière la Paix pour y attirer les sauvages qui jusque- s'étaient rendus à la baie d'Hudson pour y traiter leurs fourrures. Puis, après la formation de la C" du N.-O., ses autorités lui confièrent un poste impor- tant parmi la tribu des Castors. Il a donné son nom à une rivière qui se décharge dans la rivière la Paix, non loin du fort Vermillon.

Branconnier, Jean=Baptiste Canadien au service

de la C'" du N.-O. Il se trouvait au fort Gibraltar quand Colin Robertson s'en empara au mois d'avril

48 BRELAND

1815. Fait alors prisonnier, il fut envoyé à la Baie d'Hudson, puis en Angleterre, d'où il ne revint que longtemps après.

Breland, Hon. Pascal. Un des métis les plus in- fluents et les plus respectés du Manitoba. Bien que la seconde moitié de sa longue vie se soit écoulée dans l'exercice de fonctions éminemment pacifiques, il com- mença sa carrière publique en s' associant à une dé- monstration dont le résultat fut une véritable révolu- tion économique dans la colonie d' Assiniboia. En 1849, il faisait partie du comité formé par Louis Riel, père, en vue d obtenir la liberté du commerce des fourrures. Plus tard, il devint juge de district, puis collecteur de la douane sous le gouvernement d'Assi- niboia.

En 1869-70, ses conseils furent toujours empreints de modération ; ce qui ne l'empêcha pas d'être nommé membre de la première Assemblée législative du Mani- toba par la circonscription de Saint- François-Xavier est (30 décembre 1870). Trois ans plus tard, il fut transféré au Conseil du Nord-Ouest, avec le titre d'honorable. Puis, quand les Sioux, inquiets par suite des mesures prises en vue d'assurer la délimitation des frontières internationales, se montrèrent menaçants, M. Breland fut chargé de les pacifier, tâche dans la- quelle il réussit pleinement.

L'historien R -B. Hill l'estime «un descendant vrai- ment noble des deux races. . . , un homme qui réussit complètement comme traiteur sur la grande prairie, un homme dont quiconque sollicita jamais Ihospitalité se rappelle avec plaisir la franche générosité.»

Brisebois, Auguste. Traiteur en charge du poste du Portage la Prairie de 1804 à 1805.

Brisebois, Joseph. Etait en 1804 employé comme

BROUILLET, RÉv. J.-B. 49

guide par la C' du N.-O. dans le district de la Rivière- Rouge.

Brouillet, Rêv. Jean=Baptiste=Abraham. Vicaire général du diocèse de Walla-Walla (Nesqually). Est connu surtout par la longue lutte qu'il dut soutenir dans la presse américaine contre certains calomniateurs des missionnaires catholiques de l'Orégon. le 11 décembre 18 13 du mariage de J.-B. B. et de Charlotte Drogue dite Lajoie, il fut ordonné à Montréal le 27 août 1837. Il était professeur de philosophie au collège de Chambl}' quand il partit, en mars 1847, pour les missions de l'Orégon. Après un long voyage en char- rette à partir de Saint-Louis, il arriva, le 5 septembre de la même année, à Walla-Walla avec M*' Magloire Blanchet dont il devint immédiatement le vicaire général.

Ea première année de son séjour dans le pays fut marquée par un événement qui bouleversa l'Orégon tout entier, et eut plus tard son écho dans les autres parties de l'Union américaine. Un D"' Whitman, mi- nistre presbytérien établi depuis assez longtemps chez les Indiens cayouses^ était accusé par eux d'être la cause d'une épidémie qui les décimait. On prétendait l'avoir entendu déclarer à un confrère du nom de Spalding qu'il fallait à tout prix se défaire des sauva- ges afin de s'emparer de leurs terres. (V. Raymond). Ee 28 novembre 1847, six d'entre eux furent enterrés. Ee lendemain dans l'après-midi, après les funérailles de trois autres Indiens, un certain nombre de survi- vants massacrèrent le docteur, sa femme et huit Amé- ricains.

M. Brouillet était alors à exercer son ministère à quelque distance de là. A son retour (i" décembre), il alla consoler les quelques femmes qui avaient été 4

50 BROUIIvLET, RÊv. J.-B.

épargnées et rendre les derniers devoirs aux victimes de la férocité sauvage. Puis a)^ant quitté le lieu du massacre, il fut suivi d'un des meurtriers, ainsi que de son interprète, qui pouvait le trahir s'il tenait des propos compromettants avec Spalding qu'il ne tarda pas à rencontrer. M. Brouillet fit alors tant d'ins- tances auprès de l'Indien que celui-ci retourna brus- quement prendre conseil près de ses complices. Immé- diatement le vicaire général révéla tout au ministre et le pressa d'aviser à sa sûreté personnelle, allant jusqu'à lui donner ses propres provisions. Spalding s'enfonça alors dans le bois et peu après trois hommes arrivaient, probablement pour lui jouer un mauvais tour.

A partir de là, M. Brouillet, accusé ç)ar les Ca3^ouses d'avoir fait échapper leur proie, dut se tenir prêt à toute éventualité. En conséquence de sa charitable intervention, les missions catholiques furent même un moment menacées dans leur existence. Des troupes ayant été envoyées pour punir les coupables, M. Brouillet dut quitter ses ouailles après la première ba- taille (19 février 1848). Son départ, qui était un blâme indirect, exaspéra les sauvages. Ils saccagèrent sa résidence et y mirent le feu.

Mais ce à quoi il fut autrement sensible fut la noire ingratitude de celui-là même auquel il avait sauvé la vie. Au lieu de l'en remercier, il l'accusa publique- ment d'être, avec ses confrères, la cause du massacre, accusation qui fut victorieusement réfutée par M. Brouillet dans une brochure de ceut huit pages, qui ne parut malheureusement qu'après que beaucoup de mal eut été fait par les rapports mensongers de per- sonnes qui avaient intérêt à les disséminer. Ce fut au point que la législature de l'Orégon fut saisie d'un projet d'exil de tous les missionnaires catholiques, qui

BRUCE, J.

51

fut pourtant repoussé par les deux tiers de ses membres. Mais l'infâme accusation qui la provoqua fut mainte fois renouvelée et même portée jusqu'à Washington. M. Brouillet la réfuta chaque fois, son dernier écrit à ce sujet datant de 1872.

Forcément séparé de ses cliers Cayouses par la guerre avec les Américains qui dura deux ans il donna momentanément ses soins à ses compatriotes de la Wallamette et du fort Vancouver. Mais en 1850 il retournait chez ses sauvages qui réclamaient son mi- nistère ; après quoi il revint à Walla-Walla. Puis vers 1860 il se rendit à Washington, capitale des Etats- Unis, d'abord dans l'intérêt de certaines propriétés du diocèse de Nesqually, ensuite afin de venir en aide aux missions indiennes de toute l'Union américaine. C'est ainsi que fut fondé le Bureau pour les Indiens catholiques à la tête duquel M. Brouillet fut presque jusqu'à sa mort qui arriva le 4 février 1884. L,a bro- chure dont il a été question a pour titre : Authentic Account of the Murder of D^ Whitma7i, et une seconde édition en fut publiée à Portland, Orégon, en 1869.

Brousse, Jean=Baptiste. Métis qui servit de guide aux docteurs Richardson et Rae, en 1847.

Bruce, Jean. Premier président du Gouvernement Provisoire de l' Assiniboia Louis Ricl n'en était à l'origine que le secrétaire-général, bien qu'en réalité ce fut lui qui dirigeât les affaires. Le 21 octobre 1S69, il signa l'ordre défendant à Wm. McDougall de mettre les pieds sur le territoire de la colonie, et ap[)Osa éga- lement s.H signature comme président à la proclamation officielle du Gouvernement Provisoire le 8 décembre de la même année. Le 25 suivant, il cédait sa place à Riel et devenait commissaire des travaux publics. Bruce était métis.

52 BRUCE, J.-B.

Bruce, Jean=Baptiste. Naquit le 15 septembre 1807 à rile-à-la-Crosse et fut le premier guide de l'ex- pédition des docteurs Richardson et Rae à la recherche de Franklin (1850), voyage excessivement périlleux et prolongé. Bruce était regardé, avec Lespérance (q. V.), comme l'un des guides les plus habiles de l'ouest. Il était le fils d'un Canadien de Sorel, Pierre B., par une Montagnaise.

Bruce, Pierre. Interprète en 1804 au service de la C" du N.-O. à la rivière aux Anglais.

Bruce, X. Surnommé le « Grand Couteau » par les Assiniboines qui le craignaient et l'estimaient pour sa bravoure. En 1780, il contribua avec Boyer (q. v.) à la défense du fort aux Trembles.

Bruguier, Régis. Canadien de bonne famille qui, après avoir été dans le commerce au pays natal, se fit traiteur de fourrures parmi les indigènes de la Saskat- chewan, il perdit toutes ses marchandises. Il s'était alors fait chasseur libre, traversant les montagnes Rocheuses et s' établissant d'abord à la rivière Spokane, puis à Astoria, sur la Colombie, oii il arriva le 5 octobre 181 1. Le 5 décembre suivant, il en repartit pour con- tinuer sa vie de chasseur d' animaux à fourrure. ly' auteur à' Astoria l'appelle Brugière. Il fut un des premiers, sinon tout à fait le premier, à remonter jusqu'à sa source la rivière Canot, tributaire important de la Colombie.

D'un autre côté, le Rév. M. Belcourt, missionnaire dans le sud de la Rivière-Rouge, parle dans une lettre datée du 6 août 1846 d'un M. Bruguier, «jeune Cana- dien de l'Assomption » qui, en juillet de la même année, était commis au fort des Gros- Ventres, Etats-Unis, et qui pourrait bien avoir été de la famille de Régis.

Bruguière, Jacques. Commis au servdce de la C'

BRUNEAU, F 53

américaine des Fourrures en 1838, époque il était de résidence au fort Union. Il s'y trouvait encore en octobre 1847. Mais l'année suivante il se mit de société avec lyarpenteur, un vieux commerçant français qui a laissé des mémoires intitulés « Quarante ans Traiteur de Fourrures», dans le but d'exercer sa pro- fession chez les Têtes-Plates. Malheureusement, ces derniers ayant eu une escarmouche avec les Pieds- Noirs, durent s'enfuir au loin, occasionnant pour les deux associés de longs voyages dont les péripéties sont décrites dans le second volume du dit ouvrage.

Bruguière, Théophile. Etait en charge du fort Vermillon, à l'embouchure de la rivière Petit-Arc, Dakota méridional (1836-37). En 1851, Earpenteur, lui-même un vieux traiteur qui a laissé d'intéressants mémoires, le rencontra dans un moment de grand embarras. Il profite de la circonstance pour remar- quer que « Bruguière était un de ces hommes simples et doués d'un grand cœur qui aideraient n'importe qui à se tirer de pareille difficulté. »

Bruneau, Athanase. Un des guides des fameux voyageurs Milton et Cheadle qu'il accompagna jusqu'au fort Pitt en 1862. Homme sans malice et bon garçon, il était le fils d'un magistrat de la Rivière-Rouge, probablement le suivant.

Bruneau, François Métis qui, en 1849, faisait partie du comité organisé par Riel père en vue d'obte- nir l'acquittement de Sayer (q. v.) et la liberté de la traite. Il fut juge de district sous le gouvernement de l'Assiniboia. Remarquable par son intégrité, il fut aussi nommé membre du Conseil de la colonie. Il avait été, de concert avec le juge J. Black, constitué en commission de recherche dans les affaires de la maison McKenny et C'°, dont le fameux D' Schultz

54 BRUSLÉ

faisait partie, quand il mourut de la fièvre dans l'été de 1S65.

Brusié (ou' Brûlé), Louis. Engagé d'abord comme canotier pour l'expédition d'Astor à la Colombie, il fut choisi pour servir à bord du Tonqiivi, après que ce petit voilier eut déposé ses passagers et sa cargaison à l'embouchure du fleuve. 1,6 5 juin 181 1, le bateau mit à la voile pour aller faire le commerce des fourrures le long de la côte du Pacifique. Arrivé en face d'un village d'Indiens Nawattés, le capitaine Thorn jeta l'ancre et se mit à traiter avec les sauvages assisté d'un M. Mackay, qui s'attira de suite les bonnes grâces de ceux-ci. Mais Thorn n'avait ni son tact ni sa patience. Au bout d'un certain temps, il eut une difficulté avec un des principaux chefs, à l'occasion de laquelle il le chassa de son navire et le frappa même avec le paquet de fourrures qu'il lui avait apporté.

Peu après, une grande pirogue contenant une ving- taine d'indigènes, tous munis d'un paquet de pelleteries qu'ils tenaient sur la tête en signe de désir d'échange, approcha du voilier qui admit les Indiens à son bord. Un second canot, puis un troisième vinrent de la même manière, suivis de plusieurs autres pleins de rameurs qui demandaient à traiter. En sorte que le petit navire regorgea bientôt de sauvages qui paraissaient anxieux d'échanger leurs fourrures contre les marchandises des blancs.

Alarmés à la vue d'un si grand nombre d'étrangers, qui avaient d'ailleurs été admis en violation des règlements, les principaux membres de l'équipage demandèrent au capitaine d'en renvoyer une partie et de prendre les précautions nécessaires en vue d'assurer la sécurité de ses gens. Mais celui-ci affecta de ne voir aucun jdanger. Pourtant, au bout d'un certain

BRUSIvÊ 55

temps voyant une bonne brise s'élever, il en prit occa- sion pour congédier ses visiteurs sous prétexte qu'il allait mettre à la voile. Un cri de guerre effroyable sorti de toutes les poitrines indiennes fut toute la réponse qu'il reçut. Puis chaque Nawatté tirant un coutelas des pelleteries qu'il avait apportées, se jeta sur Thorn et les membres de son équipage, qui succombèrent bientôt sous leurs coups. Un sauvage au service du voilier se mit alors à la mer et fut recueilli par les femmes dont il se constitua l'esclave. Puis ce fut un pillage général.

Cependant cinq matelots qui s'étaient tenus dans les cordages (parmi lesquels se trouvait probablement Bruslé) ayant pu descendre jusqu'à fond de cale, en profitant de la mêlée générale, parvinrent à se débar- rasser de la horde barbare en faisant usage de leurs armes à feu. Pendant assez longtemps personne n'osa plus approcher du Tonquin. Ce que voyant, quatre de ses défenseurs s'esquivèrent dans une chaloupe qui fut poursuivie et dont les occupants furent massacrés.

Croyant le navire complètement abandonné, les natifs reprirent courage, et s'y portèrent en grand nombre afin de s'en approprier tout ce qui était à leur conve- nance. Comme ils s'y trouvaient au nombre de plus de deux cents, une terrible détonation s'y produisit soudain, et une colonne d'épaisse fumée s'élança en l'air, éparpillant de tous côtés des morceaux de corps humains. Têtes, bras, jambes, mains, pieds, et des milliers de fragments de chairs saignantes retombèrent bientôt sur la surface des eaux, qui ne portaient plus que des débris de ce qui avait été le To7iquin. Ce voilier venait de sauter, probablement par l'interven- tion du cinquième matelot qui avait mis le feu aux poudres.

56 CADOT, A.

c

Cadot (ou Cadotte), Augustin. Canadien qui fut l'un des premiers habitants connus de la Rivière-Rouge. Il y avait trente-huit ans qu'il s'y trouvait lorsqu'il comparut comme témoin au procès qui se plaida à Toronto en octobre 1818 en conséquence de l'affaire de la Grenouillère. (V. Bourassa, M.) Il avait été en 1804 commis et interprète de la C' du N.-O. en bas de la Rivière-Rouge.

Cadot, Louis. Peut passer à l'histoire, non pas pour ses services ou ses hauts faits dans l'ouest, mais à cause d'une épisode de sa vie qui tient du roman. D'origine française quoique fils ou petit-fils d'une Sauteuse, Cadot exerçait en 1840 le métier de charpen- tier au Sault Sainte-Marie quand Catlin, le fameux peintre de la vie indienne, conçut le projet de mener à Ivondres une troupe de sauvages sauteux pour les exposer comme curiosités dans la grande métropole. L'Américain le prit pour en faire le chef de sa troupe indigène, et le charpentier non seulement consentit à se prêter à cette innocente supercherie, mais s'acquitta admirablement de sa tâche. Sa longue chevelure, son teint bistré et ses discours grandiloquents en imposèrent tellement aux Londoniens qu'il ne tarda pas à passer pour l'un des potentats de l'Amérique du nord. Bien plus, une jeune demoiselle de bonne famille s'éprit de lui, et malgré les menaces et les supplications de ses proches, elle résolut d'épouser le puissant chef sauvage qu'elle croyait commander à des milliers de sujets.

On devine son désappointement quand, à son retour dans les forêts du Nouveau-Monde, son mari la con- duisit à une cabane sur le bord d'un lac elle eut à

CADOTTE, J.-B. 57

passer deux longues années dans l'isolement le plus complet. Et pourtant, bien que ses rêvées de grandeur eussent été si cruellement brisés, elle accepta coura- geusement sa nouvelle position et refusa de retourner dans sa famille. Elle fit plus. Cadot étant revenu au Sault-Sainte- Marie, elle s'y fit instruire par le prêtre et embrassa la religion catholique. Mais, peu habituée à la vie de sacrifice qui était devenue son partage, et d'ailleurs assez mal traitée par son mari, elle s'éteignit bientôt munie des consolations de la sainte Eglise.

C'est alors que Cadot put mesurer la- grandeur de sa perte. Il lui éleva un monument funéraire, et à partir de ce moment il devint un autre homme, passant son temps à lire, à prier en anachorète et à méditer sur ses torts envers celle qui avait été pour lui un ange de douceur et un modèle de fidélité. En 1853, il pleurait encore celle dont il avait brisé la carrière d'une manière si étrange.

Cadotte (ou Cadot), Jean=Baptiste. L'ancêtre du précédent et le père du suivant, fut un des princi- paux traiteurs du nord-ouest avant et après la cession du Canada. En mai 1762, il était en charge du fort établi en 1750 au Sault Sainte- Marie, et était marié à une Sauteuse du nom d'Anastasie qui lui donna deux enfants, Jean-Baptiste et Michel. Dans l'été de la même année, son fort tomba aux mains des Anglais ; mais cet établissement étant peu après devenu en grande partie la proie des flammes, Cadotte et son ami Alexandre Henry, dont il devait dans la suite devenir l'associé, passèrent au fort Michillimakinac en compa- gnie du commandant anglais, qui y fut bientôt après massacré avec toute la garnison. Henry n'échappa que comme par miracle et grâce à l'intervention de Cadotte.

En 1765, les deux amis se mirent de société dans la

58 CADOTTE, J.-B., Fii^

traite des fourrures, résidant au Sault Sainte-Marie, Cadotte avait une belle et spacieuse maison, de vastes hangars et une grande étendue de terre, dont seize arpents étaient en culture en 1788. Le 24 mai 1796, brisé par l'âge et les fatigues d'une vie labo- rieuse, Cadotte donna tous ses biens à ses deux fils, à condition qu'ils prendraient soin de lui durant le reste de sa vie. On prétend qu'il ne mourut qu'après 18 12. Son nom s'écrivait originairement Cadot ou Cadeau, Cadotte étant la forme française de Cadot prononcé à l'anglaise.

Cadotte, Jean=Baptiste. Fils métis du précédent, épousa iine Sauteuse dont il eut quatre enfants qui reçurent, le 5 août 1826, une section de terre du gouver- nement des Etats-Unis. Eeur père était mort vers 18 18.

Cadotte, Michel. Fils métis de J.-B. Cadotte, père, qu'il suivit dans la carrière du commerce avec les sau- vages. S' étant aggrégé à la C'" du N.-O., il fut en 1798 mis à la tête d'un poste à la rivière Tortue. Six ans plus tard, il dirigeait un fort sur la rivière Montréal, et avait en outre la surintendance de tous les comptoirs de cette région. Un de ses fils suivit Malhiot (q. v.) au lac Flambeau.

Cadotte, i,e Petit. Commis au fort Dauphin au compte de la C" du N. O., en 1804.

Cadrant, Thomas. Métis qui faisait partie de l'ex- pédition du D' Richardson à la recherche de sir John Franklin (1848-49).

Capois, Antoine. Serv^ait en 18041a C'^ du N.-O., en qualité d'interprète en haut de la Rivière- Rouge.

Capois, François. Commis en 1804 au ser\dce de la O^ du N.-O., en haut de la Rivière- Rouge.

Cardinal, Jacquot. Un des compagnons de l'ex- plorateur David Thompson en 1800. Après un court

CARTIER 59

séjour au fort Auguste (Edmonton), il se rendit le 7 avril au fort des montagnes Rocheuses, situé sur la rive nord de la Saskatchewan, un mille et quart au-dessus de la rivière à l' Eau-Claire. De là, avec trois compa- gnons, Chaurette, I^agacé et Clément, il s'embarqua sur la rivière la Biche, et la descendit ainsi que la Saskatchewan du sud qui n'avait encore jamais été explorée. D. Thompson, retenu par les suites d'un accident, ne put faire ce voyage.

Cardinal, Joseph. Interprète en 1804 au fort des Prairies (Edmonton). En 1787, sir Alex. Mackenzie l'avait avec lui à la rivière Maligne. Il est probable- ment le même qu'un Canadien du même nom qui s'était depuis longtemps établi à l'Ile-à-la-Crosse quand, en 1854, M^'' Taché lui administra le sacrement de confirmation. Il était alors âgé de 98 ans, et avait eu nombre d'enfants d'une sauvagesse. A l'époque de la visite épiscopale, Cardinal avait près de lui une posté- rité dont il voyait la cinquième génération.

Carrier, Damase. Métis, ami intime de I,. Riel, qui, après la prise de Batoche (mai 1885), fut, dit-on, traîné une corde au cou par les soldats du général Middleton, jusqu'à ce qu'il eut rendu le dernier soupir. Ee lendemain, des femmes métisses le trouvèrent les deux mains crispées de désespoir autour du lien fatal dont on s'était servi pour l'étrangler.

Carrière. Canadien qui faisait partie de l'expé- dition d'Astor au fleuve Colombie (i 810- 12).

Cartier, Joseph. Interprète de Wm. McGillivray au lac Serpent en 1786. En 1799, il servait en la même qualité la C"" du N.-O., et résidait à la rivière Churchill. Ee grand explorateur A. Mackenzie écrit de lui à son cousin que c'était un « garçon insinuant et très intelliarent. »

6o CASSAULT

Cassault, Colonel Louis=Adolphe. Commandait le bataillon des tirailleurs de Québec envoyé sous le colonel Wolseley établir l'autorité du Canada à la Rivière-Rouge (1870).

Cauchon, Hon. Joseph=Edouard. Un des premiers gouverneurs du Manitoba. Naquit à Saint-Roch de Québec le 16 décembre 18 16, et fit ses études au sémi- naire de cette ville ; puis se prépara au barreau il fut admis en 1843. Pendant qu'il faisait son stage, il s'associa à M. Etienne Parent dans la publication du Canadien, et quand ce dernier entra au parlement, M. Cauchon devint l'éditeur-en-cbef de ce journal. En 1844 il fut élu membre de l'Assemblée législative pour Montréal, et y représenta cette ville pendant huit ans. En 1855, il fut nommé Commissaire des terres de la couronne, et s'occupa activement de la construction d'un chemin de fer entre Montréal et Québec. Il fut aussi un ardent défenseur du projet d'union des pro- vinces canadiennes sous un gouvernement central, et une brochure qu'il publia dans ce sens en 1857 ^^ con- tribua pas peu à familiariser ses compatriotes avec cette idée.

Après la Confédération, il en fut récompensé en étant élu président (ou « orateur ») du sénat, charge qu'il occupa jusqu'en 1872. Il fut alors élu pour représenter Québec aux Communes du Canada ; puis l'hon. M. McKenzie l'admit en décembre 1875 dans son cabinet, dont il fit partie jusqu'en 1877.

Nommé alors gouverneur du Manitoba, il entra en fonctions le 2 octobre suivant. Sa femme étant morte trois jours après, son règne fut nécessairement dénué de grande importance au point de vue social. En ce qui est de la politique, la mesure par laquelle il afi&rma surtout son autorité fut probablement le veto qu'il

CHABOILLEZ, C.-J.-B. 6i

opposa au projet de reconnaissance légale de l'ordre des Orangistes déjà votée par la chambre. Ce fut une de ses dernières mesures. vSon terme d'office dura jusqu'au 2 octobre 1882.

Il se retira alors chez son fils, qui demeurait à Whitewood près Qu'Appelle, il mourut le 23 février 1885.

Cayen, Alexandre. Métis qui prit une part impor- tante à la révolte de 1885. Gabriel Dumont l'envoya chez les Assiniboines solliciter leur concours. A la fin des hostilités, il fut condamné à sept ans de péniten- cier.

Cayen, Louis. Métis franco-déné, issu vers 1792 d'un père parisien ; il fut un caractère inconstant et volage. Sur ses vieux jours il se livra aux protestants et plaida chaleureusement leur cause près des Indiens du Grand I^ac des Esclaves, tout en récitant pieu.sement son chapelet dans le secret de sa cabane. Deux fois excommunié, apostat et persécuteur de la foi, il mourut en prédestiné. Il se confessa avec les marques du plus grand repentir, et dès qu'il vit entrer le prêtre avec le saint Viatique, il se jeta à bas de son lit, ne voulant recevoir son Dieu qu'à genoux sur le plancher de son humble demeure. Il aida A.-R. Mcl^eod à fonder le fort Reliance pour l'expédition de Back, et fut l'un des guides de cet explorateur.

Chaboillez, Charles = Jean = Baptiste. Bourgeois important de la C du N.-O. Il naquit à Trois-Rivières, il fut baptisé le 27 novembre 1742. Son père, François Ch., était lieutenant des troupes en 1759, et sa mère était Marguerite Cardin. En 1796, Charles- J.-B. construisit un fort à l'embouchure de la rivière aux Rats. L^e 14 mars de l'année suivante, il recevait à Pembina le célèbre géographe David Thompson qui,

62 CHABOIIvIvEZ, C.

s' apercevant que son poste était au sud de la ligne qui allait probablement diviser les possessions anglaises du territoire des Etats-Unis, lui conseilla de le reconstruire plus au nord. En 1799, Chaboillez se trouvait à ce dernier poste, et en 1804 il fut promu au commande- ment du district de l' Assiniboine. Il poussa alors les opérations de sa compagnie jusqu'au Missouri et au delà, organisant à cet effet une expédition dont il confia le soin à F. -A. Larocque (q. v.). En 1805, il fut remplacé par M. de Rocheblave (q. v.) et mourut à Terrebonne en 1809.

Chaboillez aimait la vie aventureuse et libre des grandes prairies, et même à un âge avancé il faisait son tour du nord-ouest comme le plus jeune bourgeois. Son extrait de baptême écrit son nom Chaboillé.

Chaboillez, Charles- Fils du précédent, succéda à son père dans la C" du N.-O. Il visita le Missouri en 1806 et se rendit jusque chez les Gros- Ventres afin d' échanger ses marchandises pour des chevaux. Il survécut peu de temps à son père, et mourut comme lui à Terrebonne, en 181 2.

Chambly, Bernard. Interprète au lac Seul en 1804 pour le compte de la C'*" du N.-O.

Champagne, Emmanuel. Métis qui fut un des douze conseillers du gouvernement de Riel en 1885.

Charbonneau, Jean=Baptiste. Canadien dont l'abbé G. Dugas a esquissé la vie, qu' il représente comme typique de celle du « voyageur » d'autrefois. à Boucherville le 25 décembre 1795, il devint à l'âge de douze ans apprenti maçon à Montréal. Quatre ans plus tard, il s'engagea comme volontaire à l'occasion de la guerre anglo-américaine, et assista à la bataille de Châteauguay. Cette guerre terminée, il tourna ses regards vers l'ouest, et le 5 mai 18 15 il partit pour la

CHARBONNEAU, J.-B. 63

Rivière-Rouge avec Colin Robertson, de la C'" de la Baie d'Hudson, au service de laquelle il s'était mis.

Arrivé au fort Douglas, il eu fut vite expédié à la rivière Brochet. Au lac Winnipeg, il fut lai.ssé sur le rivage par ses trois compagnons partis pour visiter un camp sauvage. Ils n'en revinrent jamais, et Charbonneau aurait péri s'il n'eut été recueilli le septième jour par deux bourgeois de la Compagnie, heureusement de pas.sage. De il se rendit à la factorerie de York, sur la Baie d'Hudson ; puis peu après il fut dirigé sur l'Ile-à-la-Crosse, oii il resta quinze ans, faisant de temps à autre quelque vo^^age au lac Athabaska. (V. Adam, J.)

Il revint alors à Saint-Boniface en qualité d'homme libre, comme on disait alors, et aida M''''' Provencher dans la construction de sa cathédrale (1832). Puis, las de la vie sédentaire de la Rivière-Rouge, il partit pour le Minnesota, gagnant jusqu'en 1860 une vie plus ou moins précaire comme chasseur, pêcheur, et même parfois porteur de courrier.

En 1862, il eut la bonne fortune d'échapper au fameux massacre des Sioux qui arriva tout près de lui. Il habitait alors les bords de la rivière Saint-Pierre, non loin de la colonie allemande qui eut tant à en souffrir. Exaspérés par la mauvaise foi des autorités américaines et les péculations auxquelles se livraient ses représen- tants, aussi bien que par l'insolence de quelques colons, les Sioux, au nombre de trois mille guerriers, tombèrent le 19 août sur les blancs, dont ils massacrèrent près de cinq cents, commettant sur les cadavres les plus hon- teuses mutilations, clouant de petits enfants contre la porte des maisons, en attachant d'autres par les jambes et les suspendant la tête en bas, etc. Charbonneau fut fait prisonnier, et sa qualité de Canadien le sauva très

64 CHARBONNEAU, T.

probablemeut d'un sort plus cruel. Délivré par les troupes américaines, il revint à Saint-Boniface, il vécut de la charité de M^' Taché, et mourut en 1883.

Charbonneau, Toussaint, Fameux guide et inter- prète de l'ouest, à la fin du dix-huitième siècle et au commencement du suivant. Bn 1793, il était à la Rivière-Rouge au service de la C'^ du N.-O. Trois ans plus tard, il passa à la vallée du Missouri et s'éta- blit chez les Gros- Ventres. De il accompagna plusieurs expéditions célèbres, entre autres celle du major IvOng aux montagnes Rocheuses. De 1803 à 1804, nous le trouvons en charge du fort Pembinaavec Alexandre Henry. Retournant au sud, il servit d'in- terprète aux capitaines I^ewis et Clarke lors de leur expédition au travers des montagnes Rocheuses (1804- 05). Les explorateurs le cédèrent alors, moyennant certaines conditions, à F. -A. I^arocque (q. v.). Avant de partir avec son nouveau maître, il dut aller avec le capitaine Clarke, accompagné de vingt-cinq hommes et un parti de Mandanes, essayer de punir des Sioux qui avaient tué un Mandane. Pendant qu'il servait sous I^arocque il s'unit, le 8 février 1805, à une femme de la tribu des Gens-des-Serpents qui avait été faite prisonnière par d'autres Indiens.

Les deux explorateurs américains disent qu'il était bigame.

Au mois d'avril 1826, il se trouvait établi chez les Gros- Ventres, lorsque, le 6, l'eau du Missouri s'éleva si rapidement et si haut qu'il fut obligé de se sauver avec quelques effets sur un hangar à maïs à deux milles du fleuve, il resta trois jours sans feu et exposé aux intempéries d'une saison maussade. Cette même inon- dation causa la mort des habitants de quinze tentes, dakotas.

CHORON 65

Il vivait encore au printemps de 1838, époque Larpenteur fut heureux de le rencontrer, à quelque 70 milles du fort Clark, chez les Mandanes. Il avait alors passé « quarante ans parmi les Indiens du Mis- souri », dit ce traiteur dans ses mémoires.

lyC prince Maximilien de Wied-Neuwied mentionne Charbonneau en termes très flatteurs dans son « Voyage dans l'intérieur de l'Amérique du Nord», et lui donne crédit pour beaucoup de renseignements précieux sur les mœurs des différentes tribus qu'il décrit. Il était très connu des Mandanes qui lui avaient décerné cinq noms différents. Lewis et Clarke l'appellent Chabo- neau. Charbonneau était arrivé dans la vallée du Missouri vers 1798, et y resta plus de quarante ans.

Charette. Commis en charge du fort Hudsou's Hope, sur la rivière la Paix en 1872.

Charlois, Antoine de. Pionnier de l'ouest cana- dien dont le nom (écrit de Charloit par l'explorateur Back) s'est transfornié en Desjarlais, sous lequel G. Franchère le mentionne. D'abord guide au service de la C'^ du N.-O., il devint plus tard interprète et commis à la Rivière-Rouge pour le même corps commercial. En 1803 il était en charge d'un poste au lac Manitoba, et l'année suivante il fut envoyé au lac du Chien. En 1805 il quitta le servdce et s'établit au lac la Biche, il se mit à chasser à son compte. Il s'y trouvait encore en juin 18 14, avec une nombreuse famille métisse, quand Franchère (q. v.) y passa en retournant au Canada. Tel était alors son isolement du monde civi- lisé qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de se faire lire des lettres qu'il avait reçues depuis déjà deux ans. Ses parents résidaient alors à Verchères, P. Q. Pour un de ses enfants, v. Desjarlais, A.

Charon, Joseph Roy dit. Contremaître au service 5

66 CHAROUX

de la C'"' du N.-O. En 1804 il était stationné dans le district d'Athabaska.

Charoux, Charles. Commis au fort de la C du N.-O. sur le lac la Pluie en 1804.

Charpentier, N. Canadien qui servit en qualité d'artilleur lors de la rébellion de 1885, et mourut des suites des blessures qu'il reçut à la bataille de Batoche.

Charpentier, X. Un des compagnons de sir Geo. Simpson lors de son grand voyage au travers du con- tinent américain (1828).

Chartrand, Paulet. Canadien qui résidait à la Pointe-aux-Chènes, sur le lac Manitoba, il s'occu- pait de la manufacture du sel, lorsque, en 1861, un voisin en état d'ivresse le soumit à tant d'indignités et l'insulta si violemment que, n'y tenant plus, Chartrand lui donna dans le côté un coup dont il mourut quelque temps après. Son procès, qui eut lieu le 21 novembre, fut l'événement de l'année pour la petite colonie. I,e prisonnier était de taille herculéenne ; il admit sans broncher ce qu'on lui reprochait, mais fit remarquer que la provocation qui avait causé son acte irréfléchi dépassait tout ce qu'un homme pouvait endurer patiemment. Condamné à neuf mois de prison, il fut gracié six mois après par suite d'une pétition couverte de signatures.

Charrette, Siméon. Commis d'abord pour la C'*" du N.-O., en 1799, époque il se trouvait au sud du lac Supérieur, puis au service de la C'" X Y peu de temps avant sa fusion avec la première corporation (1804-05). Il faisait alors concurrence à M. Malhiot (q. V.) au lac Flambeau, Wisconsin, par le bon marché de ses marchandises et les présents de rhum, dont ce dernier n'était guère plus ménager avec les Indiens. Sous le rapport des prix, Malhiot écrit dans son

CHATEI.AIN, Iv.-J.-F. 67

journal : « Je n'ai jamais connu, depuis onze ans que j'hiverne, un adversaire qui traite à aussi bon marché que Chorette. Je crois que I^ucifer hii apporte des marchandises de Londres à mesure qu'il en a besoin. » Pendant qu'il passait sur le lac Winnipeg non loin d'un parti de la C'" du N.-O., ceux-ci tirèrent à plomb sur lui. Aussi appelé Chorette.

Châtelain, Louis=Jean=François. Commis de la C'* du N.-O. dans les premières années de son existence. Il naquit à Trois- Rivières et fut baptisé le 27 novembre 1742. Son père était François Ch., lieutenant des troupes en 1739, et sa mère Marguerite Cardin. En 1790 il était en charge d'un fort six milles en dessous du poste de la branche méridionale de la Saskatchewau, auprès duquel se trouvait un établissement du même genre appartenant à la C" de la Baie d'Hudson. Celui- ci fut attaqué par les sauvages au nombre d'environ cent-cinquante, qui massacrèrent tous ses habitants à l'exception d'un homme qui parvint à se cacher. Après avoir pillé le fort, ils y mirent le feu et se dirigèrent vers le poste commandait Châtelain. Cet établissement ne contenait alors que trois hommes, quelques femmes et des enfants. Les premiers prirent leur place dans les bastions, et soutinrent bravement le feu des Indiens jusqu'à l'approche de la nuit, lorsque ceux-ci crurent prudent de se retirer avec leurs morts et leurs blessés. De son côté, M. Châtelain profita de leur départ pour emballer ses marchandises et descendre la rivière avec tout son monde l'espace d'environ deux cents milles, jusqu'à un endroit oii il bâtit un nouveau fort.

Neuf ans plus tard, il commandait au fort des montagnes Rocheuses, et le 21 septembre 1805 D.-W. Harmon le trouva à la tête du fort de la branche sud

68 CHATELAIN, L.

de la Saskatchewan. Celui-ci écrit son nom Chattel- lain.

Châtelain, Louis. Emploj-é de la C'' du N.-O. qui

se trouvait en 1799 au fort Dauphin. Peut-être le même que le Châtelain surnommé le « Petit Livre » par les sauvages, qui fut plus tard un interprète distingué pour la C" de la baie d'Hudson au fort Francis. Prud'homme dit qu'il mourut presque centenaire.

Chaurette, Jean=Baptiste. V^oyageur canadien qui en 1799 se trouvait au fort des Prairies (Edmonton), et fit le même voyage de découverte que J. Cardinal (q. V.).

Chenette, Louis. Commis en charge du fort de la C du N.-O. au lac la Pluie en 1804.

Cîappine, Antoine. Timonier d'un des canots de l'expédition d' Astor à la Colombie. Il était déjà vieux en 1 8 1 1 , mais était considéré comme « un des plus précieux voyageurs » de ce temps-là. Le 28 octobre de ladite année, comme il dirigeait son embarcation au milieu d'un rapide de la rivière aux Serpents, le courant le jeta contre un roc qui la fendit et la fit chavirer. Ses quatre camarades parvinrent à se sauver ; mais Clappine s' étant cramponné au canot renversé, les flots turbulents du rapide le lancèrent contre une autre roche. Le choc lui fit lâcher prise, et il fut noyé.

Clause. Canadien qui tenta en 1767 de pénétrer au nord-ouest par le lac Népigon afin de rencontrer les sauvages qui avaient repris le chemin de la baie d'Hudson pour leur commerce. Il atteignit une assez grande distance à l'ouest de cette pièce d'eau, mais eut beaucoup à souffrir de la faim, étant réduit avec ses gens à manger des ballots de fourrures. Quelques années après, il fut tué par des sauvages au Fond du lac Supérieur.

CORNE SAINT-LUC (de la) 69

Clément, Antoine. Compagnon de J. Cardinal (q. V.) dans son exploration des rivières la Biche et Saskatchewan.

En 1804 il faisait partie du personnel du fort des Prairies (Edmonton), au service de la C" du N.-O., et deux ans plus tard (novembre 1806) il se trouvait avec l'explorateur D. Thompson au fort des montagnes Rocheuses, après avoir passé l'été en sa compagnie au fort Koutenay.

Collerette, Michel. Commis en 1804 au bas de la rivière Rouge, oii il faisait la traite des fourrures pour le compte de la C'" du N.-O.

Comtois, François. Compagnon de sir Alex. Mackenzie dans son expédition de 1792-93 au travers des montagnes Rocheuses.

Constant. Guide distingué qui, étant entré en 1783 au service de Côté (q. v.), essaya de pénétrer au nord-ouest par le lac Népigon, et perdit dans cette expédition quatre de ses hommes qui furent tués et mangés par des sauvages mourant de faim. Il épousa une Sauteuse qui lui donna plusieurs enfants.

Corne Saint=Luc, Capitaine Louis Luc de la. Un des Canadiens du régime français qui jouirent de la plus grande influence sur les tribus indiennes, laquelle dans le cas présent se prolongea même après l'aban- don du Canada par la France. à Cataracoui (Kingston) le 6 juin 1703, il ne put être baptisé que le 21 juin de l'année suivante, à Montréal. Il était fils de Jean-Louis de Chapt, sieur de la Corne, et de Marie, fille de Louis de la Vérendrye (q. v.). Un de ses premiers exploits fut la prise du fort Clinton en 1747. Il se distingua aussi à la bataille de Carillon, il enleva un convoi de cent-cinquante chariots au général Abercrombie.

70 CORNE SAINT-LUC (de la)

En 1753, il succéda au sieur de Saiut-Pierre dans la direction des postes de l'ouest canadien. 11 se rendit alors au fort Poskoyac, sur la Saskatchewan. I,' ayant restauré et aggrandi, il lui donna son nom ; puis il explora la vallée de la rivière Carotte et y ensemença quelques arpents de terre, méritant par d'être appelé le premier agriculteur connu de l'ouest (1754).

Son séjour dans les grandes plaines du Canada cen- tral fut pourtant de courte durée. Préférant la car- rière des armes aux paisibles conquêtes de l'agricul- ture, il reprit le chemin de l'est vers 1755. Trois ans plus tard (août 1758), avec une force de six cents hommes dont un tiers étaient des Indiens, il tua cent- dix Anglais et en fit soixante prisonniers à une troupe de deux cents qui escortaient un convoi de cinquante chariots, avec deux cents bœufs, non loin du fort Georges. Au mois de juillet 1759, une bande de cent- trente sauvages de l'ouest était probablement sous ses ordres immédiats à la bataille des plaines d'Abraham. Il assista à la bataille de Sainte-Foy, il fut blessé.

Après la conquête, il voulut passer en France ; mais le vaisseau qu'il devait prendre ayant fait naufrage sur la côte du Cap Breton (15 novembre 1761), il revint au Canada après une longue marche à travers bois, et s'y fixa permanemment.

Lors de la guerre de l'Indépendance américaine, il n'hésita pas, malgré ses soixante-six ans, à reprendre les armes à la demande du gouverneur du Canada. Il y commanda sous le général Burgoyne un corps de sauvages qui, ne trouvant pas dans les Anglais la sym- pathie à laquelle ils étaient habitués de la part des Français, ne donnèrent pas la satisfaction à laquelle on s'attendait. Le général Burgoyne en rejeta publique- ment la faute sur M. de Saint-Luc, qui lui répondit

COUTLÊE, Sr 71

vigoureusement (23 octobre 1778) dans une lettre qui parut dans les journaux de Londres, au cours de la- quelle il rappelait à son accusateur entre autres choses que son origine à lui, de Saint-Luc, valait bien celle du général anglais (qui était bâtard) ; que ses cin- quante années de service démontraient amplement qu'il n'avait jamais craint les périls de la guerre, et que si les sauvages avaient graduellement déserté son drapeau, c'était parce que lui, Burgoyne, n'en avait pris aucun soin.

Après la guerre anglo-américaine, de Saint- lyuc fut fait conseiller législatif, et défendit vaillamment les droits politiques des Canadiens. Il s'éteignit à un âge avancé.

Coté. Organisa en 1783 une expédition de traite dans l'ouest dont le commandement fut confié à un nommé Constant. Homme d'une grande distinction, Côté était un traiteur libre dont une des filles épousa F. -A. Larocque (q. v.) et une autre l'honorable J.-M. Quesnel (q. v.).

Cournoyer, Emmanuel. Canadien qui accompa- gna sir John Franklin pendant la première partie de son expédition de 1820-21. L'explorateur écrit son nom Connoyer et Cournoyée. Il dut le renvoyer pour cause de santé.

Coutlée, ScHUR Anastasie=Qertrude, dite S' Saint- Joseph. Fut une des fondatrices de la communauté des Sœurs Grises à la Rivière-Rouge (V. Valade, Mère). Elle naquit aux Cèdres le 15 novembre 18 19, et fit sa profession religieuse le i" juin 1838. A Saint- Boniface elle devait s'occuper des novices ; mais en attendant des sujets elle fit la classe aux garçons. Après de longues années de dévouement, pendant lesquelles elle ne cessa de faire preuve d'une grande

72 CRÊBASSA

humilité et d'une charité sans bornes, elle s'éteignit le i*"" février 1897.

Crébassa, Jean. D'abord contremaître en charge d'un poste au bas de la rivière Rouge, au service de la C" du N.-O., il devint, en 1800, assistant-traiteur au fort Pembina. En 1804, il était retourné à son premier poste en qualité de commis et d'interprète. Il en était encore le commandant quand Franchère y passa en juin 18 14. En juillet 1817, un Canadien du même nom était en charge du fort Alexandre, sur le lac Winnipeg.

Crédit, Mathieu Pelonquin dit. Un des com- pagnons de sir John Franklin au cours de sa malheu- reuse expédition arctique de 1820-21. Après les inexprimables difiScultés d'un voyage au travers d'un désert quelques poignées de lichen étaient sa nourriture ordinaire, il devint, le 4 octobre 182 1, d'une faiblesse qui l'empêcha d'avancer, d'autant plus que, contrairement à la majorité des voyageurs, son estomac ne pouvait s'accommoder de cet étrange aliment. Comme fiche de consolation, on lui permit de manger ses vieux mocassins, et il n' eut désormais à porter que ses couvertures et son fusil. Et pourtant, vers le midi du même jour, il dut rester en chemin au milieu d'une tempête de neige, au sein de laquelle il mourut de faim et de fatigue, abandonné de son chef et de ses compagnons obligés d'avancer tant bien que mal pour sauver leur propre vie.

Cusson, ScEUR Cécile. La première à prononcer ses vœux dans l'ouest canadien. Elle naquit le 13 février 182 1 dans la paroisse du Saint-Esprit, diocèse de Montréal, et, ayant commencé son noviciat chez les Sœurs Grises de Montréal le 22 juin 1845, elle s'em- barqua le lendemain à destination de la Rivière- Rouge

DANDURAND, R. P. 73

en compagnie du R. P. Aubert et du Frère Taché, tous les deux O. M. I. Leur voyage eut cela de remar- quable qu'il fut pour les missionnaires le dernier accompli par la voie fastidieuse des canots, leurs cara- vanes subséquentes ayant constamment suivi celle des prairies américaines. Sœur Cusson prononça ses vœux à Saint-Boniface le 21 novembre 1847, et depuis s'oc- cupa diligemment à toutes sortes d'ouvrages, maniant avec la même facilité la faucille, la pioche, le râteau, le rouet, le métier et l'aiguille. Après la mort de S' Gosselin (q, v.), elle fut aussi sacristine à la cathédrale, et mourut le 20 juin 1906.

D

Dandurand, O. M. I., RÊv. P. Damase. Le pre- mier Oblat canadien. le 24 mars 1819a Laprairie, il fit ses études à Chambly, et fut tonsuré à l'âge de 16 ans. Ordonné prêtre le 12 septembre 1841 par M^"' Bourget, évêque de Montréal, il habitait à l'évêché de cette ville quand il y introduisit les premiers Oblats qui arrivaient de France. M^' Bourget leur offrit alors comme novice le jeune abbé qui n'avait jamais pensé à se faire religieux. Le soir même, il disait l'office canonique avec les nouveaux venus, et prenait bientôt après l'habit de leur Congrégation. Il fit ses vœux perpétuels le 2 septembre 1842, et deux ans après (11 mai 1844) il était nommé curé-missionnaire de Bytown (Ottawa) ; puis, le 28 juillet 1848, en vertu d'une dispense de son supérieur général, il devenait grand vicaire de M^ Guignes, O. M. I., premier évêque de cette ville. A la mort de ce prélat, il admininistra le diocèse jusqu'au sacre de M^^ Duhamel, auquel il avait fait faire sa première communion. Il fut en outre

74 DARVEAU, RÊv.

vicaire général du cardinal Taschereau jusqu'à la mort de ce dernier.

I<e i6 mai 1875, il était parti pour Leeds, Angle- terre, où l'envoyait son supérieur général, quand M*'' Taché obtint son retour au Canada et sa nomination aux missions du Manitoba. Il arriva à Winnipeg le 28 août de la même année, et fut d'abord chargé des catholiques de cette ville naissante. I,e 26 août 1876, il fut nommé curé de Saint- Charles, puis le 28 août 1900 il devenait chapelain et aumônier de l'hospice Taché, avec résidence à Saint-Boniface.

Le R. P. Dandurand est actuellement (juin 1907) le plus ancien Oblat du monde (n° 104), en même temps que le plus vieux prêtre du Canada et des Etats- Unis.

Darveau, RÊv. Jean=Edouard. Un des premiers missionnaires de la Rivière-Rouge. Naquit à Québec le 17 mars 18 16, et après avoir fait ses études au séminaire de cette ville, il fut ordonné prêtre le 21 février 1841. Il se rendit la même année à la Rivière- Rouge, et passa son premier hiver avec M. Belcourt dans le but d'apprendre la langue sauteuse. Au prin- temps de l'année suivante, il fut mis en charge de la mission de la Baie-des-Canards, sur le lac Manitoba, d'où il visitait le Pas et autres postes de la Saskat- chewan, donnant les plus belles espérances, quand il périt victime de son zèle, se noyant dans le lac Mani- toba. Son corps fut trouvé sur la grève, et inhumé dans la cathédrale de Saint-Boniface (1844).

Dauphinais, Hon. François. Métis qui fut un des trois délégués du district électoral de Saint-François- Xavier à la Convention convoquée par le gouverne- ment de Riel le 16 novembre 1869. Le 8 janvier sui- vant, il devint vice-président du Gouvernement Provi-

DECOIGNE 75

soire ; ce qui ne l'empêcha pas d'être nommé, le lo mars 187 1, un des sept membres du Conseil législatif du Manitoba.

Dazé, Louis. Canadien qui s'était donné aux mis- sions de Saint- Albert et qui, après une vingtaine d'années de dévouement, périt victime de l'intérêt qu'il portait aux biens des missionnaires. Vers le milieu de novembre 1874, il accompagna un Père Oblat qui évangélisait les Cris et les Pieds- Noirs à vingt-cinq ou trente journées de marche de Saint- Albert. Les vivres commençant à manquer, il partit avec des sauvages pour la chasse du buffle, dont de grandes bandes furent rencontrées à soixante-dix ou quatre-vingts milles du campement. Après en avoir tué plusieurs, ils revinrent le soir à un point désigné d'avance, et presque aussitôt après une terrible tem- pête de neige se déchaîna sur la prairie. Malgré l'avis de ses compagnons, Louis Dazé partit pour ramener au camp des chevaux de la mission que les sauvages n'avaient pu trouver. Naturellement, aveu- glé par la poudrerie, il se perdit, et ce ne fut que quatorze jours après qu'on retrouva son corps inanimé. Malgré les quatre pieds de neige qui étaient tombés, il avait fait plus de soixante milles à jeun et s'était dirigé du côté de la mission, dont il n'était plus éloigné que de quatorze milles et à cinq minutes d'un camp de sauvages. D'une boîte de deux cents allu- mettes qu'il avait prise en partant il avait usé tout le contenu, excepté une seule, et ses joues étaient sillon- nées de larmes glacées. Il était un excellent chrétien et avait communié huit jours avant sa mort. Il fut pleuré par les missionnaires comme on pleure un frère.

Decoigne, François. Natif de Berthier ; il devint

76 DELAUNAY

un des principaux traiteurs du nord-ouest. D'abord au service de la C'" du N.-O., il se trouvait en 1799 à un poste non loin des montagnes Rocheuses. En 1804, il était en charge du département de la rivière Athabasca, il resta longtemps. Plus tard, il joignit les rangs de la C'" de la Baie d'Hudson, sous les aus- pices de Colin Robertson, fameux dans les annales de la colonie de lord Selkirk. Kn 18 10 il la représentait dans le district d' Athabasca. M. Wentzell l'appelle (de célèbre Mons. De Quoine». John MacDonald, un des principaux bourgeois de la C'** du N.-O., l'estimait beaucoup pour l'avoir connu au fort Georges (1799) et au fort Auguste, près d'Edmonton, qu'il avait bâti lui-même. En mai 18 14, il était encore en charge du fort de la Montagne quand il se joignit au parti de Franchère pour retourner au Canada.

Delaunay, Joseph. Membre de l' expédition d'Astor à la Colombie (181 0-12). De concert avec trois autres blancs, il fut envoyé, le 28 septembre 181 1, pour faire la chasse au castor. Mais il fut pillé et maltraité par les Indiens Corbeaux. S' étant ensuite rendu à la Colombie, il continua à servir les traiteurs américains en qualité de chasseur ou trappeur (18 13). Puis, envoyé au pays des Gens-des-Serpents pour y exercer son métier, il se sépara du petit parti auquel il appar- tenait et ne fut plus revu. Certains auteurs l'appellent Pierre.

Délorier (ou Deslauriers). Un des compagnons de F. Parkman dans son grand voyage au travers des plaines de l'ouest américain (1846). «Ni fatigue, ni danger ou rude labeur ne pouvait jamais altérer sa bonne humeur et sa gaieté, pas plus que son extrême politesse vis-à-vis de son bourgeois», dit de lui l'écri- vain américain.

DEIvORME, P. 77

Delorme, François. Employé de la C''' du N.-O. Etait, en 1799, stationné dans le bas de la rivière Rouge.

Delorme, Joseph. Métis qui prit part à la bataille du lac Canard (26 mars 1885), et s'y battit « comme un lion », dit son commandant, Gabriel Dumont. Par extraordinaire, il fut un de ceux que les tribunaux acquittèrent à la termination des hostilités. Il avait déjà fait connaissance en 1874 avec la justice cana- dienne (V. Nault).

Delorme, Hon. Pierre. Un des deux délégués de la circonscription de la Pointe Coupée à la Convention nationale du 21 décembre 1S69, sous le gouvernement de Riel. Il eut l'honneur d'être le premier repré- sentant de Provencher aux Communes du Canada, auxquelles il fut élu le 2 mars 1871. Le 30 décembre de l'année précédente il avait été élu pour représenter Saint-Norbert sud à la première législature du Mani- toba. En décembre 1873, il était nommé membre du Conseil du Nord-Ouest, dont il devenait en octobre 1878 le président, en même temps qu'il recevait le portefeuille de ministre de l'agriculture dans le gou- vernement du Manitoba. L'année suivante (29 mai), il sortit du cabinet de M. Norquay en compagnie de M. Royal (q. v.). En 1875, il était devenu un fermier prospère sur les bords de la rivière Rouge, non loin de Saint- Norbert, quand il fut visité par M. J.-C. Hamil- ton, qui devait bientôt rendre témoignage de ses excel- lentes qualités dans un livre qu'il intitula T/ie Prairie Province. Pierre Delorme était alors le patriarche d'une nombreuse et très intéressante famille, « un grand métis français, avec des cheveux frisés qui grisonnent », dit cet auteur, qui ajoute qu'il avait un excellent cœur, et des propriétés sufiSsautes pour pouvoir se montrer- généreux.

78 DELORME, U.

Delorme, Urbain. Métis qui en 1849 contribua puissamment à l'acquittement de Sayer (q. v.) et à la déclaration de la liberté du commerce à la Rivière- Rouge. Il était considéré comme le chef des prairies, et présidait aux grandes chasses organisées annuelle- ment dans ce pays. Les Sioux le redoutaient, et Prud'homme raconte que, attaqué un jour par un de leurs plus vaillants chefs, il retendit mort à ses pieds. Tous les sauvages l'estimaient depuis lors un grand guerrier.

DeSorme, X. Etait en charge du poste de la Longue- Prairie pour le compte de la C" de la Baie d'Hudson en 1S04-05. En 1828, un Delorme accom- pagnait aussi sir George Simpson pendant son grand voyage au travers du continent américain.

Deniers, RÊv. Louis=Benjamin. à Saint- Nicolas, P. Q., le 5 juin 1838, du mariage de Modeste- Basile D. et de Christine Olivier. Son père s' étant établi aux Etats-Unis, il entra au collège de Beauhar- nais, puis suivit à la Nouvelle-Orléans un jeune prêtre qui lui fit continuer ses études. Ordonné prêtre au diocèse de Chicago, il exerça d'abord le saint ministère dans les environs de cette ville, et^ eut à lutter contre les attaques du fameux Chiniquy. Puis il se dirigea vers rOrégon, M^' Blanchet l'employa dans ses missions. Il poussa même jusqu'en Californie ; mais à la mort de son père il rentra au Canada, il fut chargé par l'évêque de Sherbrooke de la nouvelle paroisse de Saint-Fortunat de Wolfstown. Le mauvais état de sa santé le força bientôt d'abandonner ce nouveau poste, et il repassa aux Etats-Unis. Il mourut dans le nord de l'Etat de New- York en avril 1888.

Demers, Mgr. Modeste. L'apôtre de l'extrême nord-ouest et le premier missionnaire chez la plupart

DEMERS, M«^ 79

des tribus indiennes de la Colombie anglaise. Il naquit à Saint-Nicolas, P. Q., le ii octobre 1809 du mariage de Michel D. et de Rosalie Foucher. Naturellement porté à la piété et d'une conscience plutôt timorée, il manifesta de bonne heure l'intention d'embrasser l'état ecclésiastique. Il fit ses études préparatoires chez un M. J. Bezeau, puis entra au séminaire de Québec, et fut ordonné prêtre par M*' Signay, évêque de cette ville, le 7 février 1837. Pendant quatorze mois il fut vicaire à la paroisse de Trois- Pistoles. C'est alors que, à la demande de M^ Provencher, il résolut de se con- sacrer aux missions difficiles de l'extrême ouest. Ce prélat avait précédemment reçu une demande de missioimaires .signée par plusieurs pères de famille établis dans la vallée de la Colombie à la suite des expéditions du fameux J.-J. Astor, et il gémissait de n'avoir personne à leur envoyer. Il savait en outre que ce lointain paj^s était habité par de nombreuses peuplades indiennes ; aussi fut-ce avec une immense satisfaction qu'il reçut l'offre de coopération du jeune prêtre. Malheureusement ses parents, quoique pleins de foi, ressentirent avec une extrême vivacité le sa- crifice qu'on leur demandait, et quelques mois après son départ, son père et sa mère mouraient l'un après l'autre.

Il s'embarqua à I^achine le 27 avril 1837, et cinq semaines après il arrivait à Saint- Bonif ace, M^'' Provencher le garda quatorze mois, non seulement parce qu'il avait besoin de ses services, mais encore parce que son futur supérieur à la Colombie, M. Norbert Blanchet (q. v.), n'avait pu obtenir de pas- sage dans les canots de la C" de la Baie d'Hudson. Quand celui-ci l'eut rejoint l'année suivante, les deux prêtres se mirent ensemble en route pour l'océan Paci-

8o DEMERS, M^^

fique le lo juillet 1838. Le 26 du même mois, ils s'embarquèrent avec la brigade de bateaux delà C" et, remontant la Saskatcbewan, ils arrivèrent le 18 août au fort Carlton, ils firent trente-six baptêmes et sept mariages. Aux forts Pitt et Edmonton, un total de cinquante baptêmes vint encore réjouir leurs cœurs d'apôtres. Puis, disant adieu à la grande rivière des prairies canadiennes, ils échangèrent leurs dix bateaux contre soixante-six chevaux, et le 2 octobre ils attei- gnaient le fort Jasper, au pied des montagnes Rocheu- ses. Ils firent trente-cinq baptêmes, pour la plupart d' enfants métis. De ils remontèrent le versant orien- tal de la grande chaîne, au sommet de laquelle ils tinrent à célébrer les saints mystères, en guise de prise de possession au nom de J.-C. des territoires arrosés par les cours d'eau qui y prennent leur source. Ils se trouvaient alors à quelque quatorze cents lieues de Montréal.

Entrant peu après dans la Colombie, ils descendirent ce fleuve jusqu'à Walla-Walla, ils arrivèrent le dimanche 18 novembre 1838, enchantés de trouver en charge de ce poste un excellent Canadien, P.-C. Pam- brun, père (q. v.), dont ils régénérèrent les enfants dans les eaux du baptême. Puis, continuant leur che- min, ils atteignirent bientôt le fort Vancouver, poste principal du pays, d'où ils purent faire leurs plans pour l'évangélisation de l'immense contrée qui leirr était confiée.

Sans négliger les blancs qui se trouvaient sur son passage, M. Demers se dévoua surtout aux âmes les plus abandonnées, celles des pauvres sauvages qui étaient alors plongés dans l'ignorance la plus profonde et se ressentaient malheureusement de leur contact avec les blancs. Il commença par s'initier aux secrets

DEMERS, M«« 8j

de leurs langues, surtout du jargou tchinouk nouvel- lement créé. Puis il se mit à v^isiter les tribus envi- ronnantes, leur enseignant de courtes prières avec quelques simples cantiques de sa composition, en même temps qu'il s'efforçait de faire pénétrer dans leurs âmes, avec la connaissance du vrai Dieu et de sa doctrine, un grand désir d'y conformer leur conduite. Il fut généralement bien reçu et écouté avec la plus grande attention, en sorte qu'en peu de temps, malgré que les désordres auxquels les Indiens étaient habitués ne pussent pas disparaître en quelques jours, on con- stata une amélioration sensible dans leurs mœurs et des dispositions plus pacifiques à l'égard des étrangers.

Puis étendant la sphère de son activité, M. Demers monta graduellement vers le nord, atteignant en peu de temps le bas Fraser, il fit un grand nombre de baptêmes d'enfants indiens. il eut occasion de faire connaissance avec la terrible tribu des Youkltas, les Normands du Pacifique septentrional, qui vivaient de guerre et de rapine, fondant à l' improviste sur les autres tribus dont ils mettaient les villages à feu et à sang. Non seulement il baptisa l'enfant de leur chef, mais on raconte que ce nouveau Rollon, voyant dans le missionnaire un être plus ou moins surnaturel, n'osa s'en approcher « qu'en se traînant à genoux et en tremblant de tout son corps «.

M. Demers visita ainsi la plupart des tribus du littoral jusqu'à une latitude assez septentrionale, lais- sant partout de son passage et de son ministère un souvenir qui est demeuré ineffaçable. Enfin, ambi- tionnant de nouvelles conquêtes, il se dirigea vers ce qu'on appelait alors la Nouvelle-Calédonie, c'est-à-dire la partie de la Colombie anglaise au nord du 52' degré de latitude. 6

82 DEMERS, M^"^

Dans ce but, il se joignit à la caravane qui trans- portait à dos de cheval le ravitaillement des postes du nord. C'était en juillet 1842. Il avait déjà visité les sauvages d'Okanagan ; il fut heureux de les revoir et de ranimer leur foi. De il se rendit chez les Chouchouapes de Kamloops qui le reçurent comme l'envoj'é de Dieu. Continuant son chemin, il atteignit le fort Alexandre, sur le haut Fraser. Cette place était alors le principal poste des traiteurs chez les Indiens Porteurs du sud. Se trouvant dès lors en contact avec une nouvelle race d'aborigènes, il étudia les rudiments de leur langue si difficile, puis composa des prières et de pieux cantiques qui, bien que rem- placés depuis par des formules plus correctes, n'en sont pas moins conservés avec un religieux respect par les vieillards des tribus septentrionales.

IvC 16 septembre il arrivait au fort Saint-James, la capitale du nord, il prêchait, baptisait et pardessus tout préparait les voies aux missionnaires qui devaient le suivre, en prévenant les indigènes contre le danger de confondre le vrai pasteur avec sa contrefaçon. Ses instructions sous ce rapport ont fait un bien incalcu- lable, et n'ont jamais été oubliées. Aucune des tribus sauvages qu'il évangélisa n'est jamais passée au pro- testantisme.

A son retour, il s'arrêta chez les Chouchouapes du lac William il bâtit une église et compléta le chiffre de quatre cent trente-six baptêmes administrés au cours de cette tournée apostolique. Il n'en revint qu'en mai 1843. Après cette laborieuse expédition dans le nord, il fut quelque temps curé d'Oregon City, ville naissante il fit beaucoup par son affabilité pour dissiper les préjugés des protestants contre la religion catholique. M. Blanchet étant parti pour l'Europe par suite de son

DEMERS, M"»^ 83

élévation à l'épiscopat, M. Demers le remplaça comme administrateur des missions de l'Orégon. Puis, en conséquence des démarches de.M'*' Blanchet lui-même, il reçut les bulles qui le nommaient à l'évêché nouvel- lement créé de l'Ile Vancouver, qui comprenait au début tout le territoire adjacent jusqu'aux montagnes Rocheuses. Avec une humilité évidemment sincère, le dévoué missionnaire refusa d'abord énergiquement la dignité qu'on lui offrait. Mais il dut se soumettre, et il fut sacré à Oregon City par M^' N. Blanchet le 30 novembre 1847.

Il passa alors en Canada et en Europe, afin de se procurer des ressources et des sujets pour un pays tout était à créer. C'était en 1848 : il dut attendre à Québec la fin de la tourmente qui bouleversait alors la face de l'Ancien Monde. Puis il passa en France, en Belgique et en Italie, il fut reçu en octobre 1850 par le vicaire de Jésus-Christ. A son retour, il vint prendre possession de son siège, Victoria, qui n'était encore qu'un simple poste de commerce.

Il n'avait que quelques prêtres : il en envoya deux explorer le pays, gardant les autres à Victoria il bâtissait une humble cathédrale en bois. Au prin- temps de 1855, il voulut juger par lui-même de l'état des choses et fit une longue visite de la côte orientale de l'îie. Il fit impression sur les tribus sauvages avec son «long chapeau et son bâton croche", ainsi qu'elles désignaient la mitre et la crosse. Ses enseignements produisirent de grands fruits de salut, et même les farouches Youkltas voulurent enterrer la hache de guerre et se joindre à leurs anciens ennemis dans la prière.

A Victoria, l'état progressif de la population lui fit bientôt songer à l'éducation de la jeunesse. Il bâtit

84 DEMERS, N.

un collège pour les garçons, et en 1858 fit venir les Sœurs de Sainte- Anne pour les filles des blancs et des métis. Il alla lui-même chercher ces dernières, tout en tâchant de se procurer des ressources pour son pau- vre diocèse.

Les dernières années de son épiscopat ne furent pas sans épreuves. Les protestants firent à ses œuvres une guerre acharnée, et il dut même se défendre dans la presse. D'un autre côté, il eut la consolation d'ob- tenir le concours des Pères Oblats, en faveur desquels Rome devait bientôt détacher de son diocèse toute la partie continentale de la Colombie anglaise (1864). En 1866, il assista au second Concile plénier de Balti- more, puis se rendit peu après au Concile œcuménique du Vatican. Il eut beaucoup de peine à en revenir, et le 21 juillet 1871 il rendit son âme à Dieu dans sa ville épiscopale. Missionnaire zélé, prélat doux et humble de cœur, il fut regretté des protestants aussi bien que des catholiques.

Demers Nicoîas. Interprète de la C" du N.-O. Fut tué par les Esquimaux en 1802, au nord du Grand Lac des Esclaves, avec Joseph Ayotte. (q. v.)

Deneau François. Interprète en 1804 au fort des Prairies (Edmonton), au service de la C"" du N.-O.

Dénommé, P. Interprète pour la C'' du N.-O. au fort des Prairies (1804).

Desautels, Jean=BaptJste. Commis au service de la C" de la Baie d'Hudson. D'abord à Pembina, il fut ensuite aux lacs Manitoba et Winnipegde i8i2ài8i7.

Deschambeault, Georges Fleury. Officier de la C'^ de la Baie d'Hudson. D'abord en charge du fort au lac Caribou, il servit aussi dans les districts du Mac- kenzie, de la rivière aux Anglais et de Cumberland. Pendant plusieurs années il fut à la tête des deux der-

DESCHAMBEAUIvT, P. F. 85

niers. Il avait été promu en 1847 ^^1 grade de trai- teitr-en-chef. Ayant quitté le service en 1869, il mourut à peu près subitement à Saint-Boniface, en décembre 1870, laissant une nombreuse famille.

Il était originaire de Boucherville, M"' Taché avait passé sa première enfance, et comme le prélat fut de longs mois à l'Ile-à-la-Crosse alors que Descbam- beault était chargé du fort et du district de ce nom, cette circonstance fit écrire au premier : « A mille lieues et plus de Boucherville, le chef spirituel et le chef temporel sont tous deux de Boucherville. » L,e commerçant, qui était d'ailleurs un homme de distinc- tion, traita le jeune évêque avec la plus grande défé- rence, et se montra constamment excellent catholique, ainsi que sa femme et ses sept enfants (1853). Les Deschambeault sont issus de la noble famille des Fleury d'Eschambeault et de la Gorgendière, qui a fourni au Canada des financiers, des commerçants et des militaires distingués, généralement remarquables par leurs dispositions affables et généreuses.

Deschambeault, Pierre Fleury. Fils aîné du pré- cédent. Naquit dans le district du Mackenzie d'une mère indienne, et reçut son éducation à Saint-Boniface. Etant entré dans la même compagnie que son père, il servit d'abord dans le district de la rivière au Cygne, puis dans ceux de la rivière aux Anglais et de Cumber- land. Il fut pendant nombre d'années en charge du fort au lac Brochet, il se trouvait quand il prit sa retraite en 1888.

En 1875, il avait reçu le titre et les émoluments de petit traiteur-en-chef ; en 1883 il fut promu au grade de traiteur-en-chef. En congé pendant 1889, il reçut chacune des deux années suivantes l'assurance de deux cents livres sterling par actions dans la C'^ Son

86 DESCHAMPS. C.

dernier titre en comportait une et demie, soit, dans cess conditions, trois cents livres par an, plus la moitié d'une action (ou cent livres) pendant chacune des six années suivantes. Il mourut à Norwood, Saint- Boni- face, en janvier 1904.

Deschamps, Charles. Second fils du suivant par une sauvagesse. Imita la conduite irrégulière de ses frères, et partagea leur sort pendant la nuit du 28-29 juin 1836 (V. Deschamps, François, fils).

Deschamps, François, père. Canadien qui, de concert avec toute sa famille, s'acquit une triste célé- brité par les violences et autres procédés irréguliers qui marquèrent la plus grande partie de sa vie. Nous le trouvons d'abord employé en 1799 par les traiteurs de fourrures dans le voisinage des montagnes Rocheuses. En 1804, il avait déjà vécu assez longtemps avec les Indiens, chez lesquels il avait pris femme, pour en devenir l'interprète au fort des Prairies (Edmonton). Ivors de la bataille de la Grenouillère (V. Boucher, F. -F. ; BouRASSA, M.), il se fit remarquer par sa cruauté, et reçut en conséquence les éloges publics des officiers de la C'" du N.-O., à laquelle il appartenait. Iv' annotateur de lyarpenteur l'accuse, apparemment sans raison suffisante, d'avoir achevé d'un coup de fusil le gouverneur Robert Semple qui n'était pas blessé mortellement.

Après cette triste affaire, il .se retira à Pembina, sur la frontière internationale. L'historien Alex. Ross se trompe en disant qu'il y tomba mort, sur la glace delà rivière près de laquelle il avait bâti sa maison. Ea vérité est que la mauvai.se conduite de ses enfants le força à émigrer avec eux au Missouri supérieur, vers l'an 1827. Là, père et fils s'attirèrent l'inimitié de tout le monde par leurs brigandages, violences et

DESCHAMPvS, F., Fils 87

meurtres même, dans les environs du fort Union ils s'étaient retirés. Les choses en vinrent au point que la mort du père et de son fils aîné fut résolue, et le 23 juillet 1836, un nommé Baptiste Gardepie assomma le premier d'un coup du canon de sa carabine et blessa grièvement le second, qui finit par demander grâce.

Deschamps, François, fils. Fils aîné du précédent, il naquit dans les dernières années du dix-huitième siècle, et, malgré son jeune âge, n'en assista pas moins à la bataille de la Grenouillère (V. Bourassa, M.), en 18 16. Plus tard, il aimait à parler de cette triste affaire, et .se vantait d'y avoir tué six Anglais. Vers 1827, il passa avec son père et toute sa famille au Mi.ssouri supérieur, et en 1832 il fit partie de l'expédi- tion du prince Maximilien de Wied-Neuwied au nord- ouest des Etats-Unis. Ce voyageur dit qu'il était «un excellent tireur et très brave dans le combat. » Le 23 juillet 1835, il manqua d'être tué au fort Union par l'assassin de son père, qui lui reprochait, paraît-il, de lui avoir proposé d'acheter sa femme.

Une réconciliation semblait s'être opérée entre les deux familles quand, au cours de l'été suivant (28 juin 1836), alors que François se trouvait avec ses frères et sa vieille mère au fort William, sur le Mis- souri supérieur, cette dernière demanda à ses enfants, déjà pris de boisson, de venger la mort de leur père. Ceux-ci tuèrent alors un ami de son meurtrier, et menacèrent de traiter ainsi tous les blancs et les métis delà place, qui résolurent d'anéantir leur famille.

Armés d'un canon et de fusils, ils assiégèrent la maison du fort ils s'étaient réfugiés. L'un d'eux avait déjà été tué lorsqu'on permit aux femmes, des Assiniboines, de se sauver. La vieille Deschamps se montra bientôt après avec un calumet de paix pour

88 DESCHAMPS, J.

demander grâce ; mais uue balle lui traversa immédia- tement le cœur. J. Mayotte, qui causa sa mort, fut peu après blessé au cou par un projectile des assiégés. Comme, malgré une fusillade bien nourrie, la nuit avançait sans que les assiégeants eussent pu atteindre leur but, ils résolurent de mettre le feu au fort, et de tenir des cavaliers montés sur des chevaux de course, prêts à intercepter ceux des Deschamps qui essaieraient de s'échapper.

On vit alors François se précipiter vers un des bas- tions, sur lequel le canon fut immédiatement braqué et mainte fois déchargé sans pourtant faire d'autre dom- mage que des trous à la bâtisse. Quand le feu eut été à peu près éteint, un métis nommé Jos. Vivier voulut s'en approcher pour mieux viser celui qui s'y était réfugié. Mais un coup de carabine l' étendit mort, au grand contentement de François qui poussa alors un cri de triomphe. Ce que voyant, les assiégeants redoublèrent de courage et leur feu devint de plus en plus meurtrier, jusqu'àceque, ne recevant plus de réponse du bastion, les plus hardis se hasardèrent à aller s'assurer si l'as- siégé vivait encore. Ils le trouvèrent accroupi dans un coin de la bâtisse, le poignet fracassé et à court de munitions. Ils le tirèrent alors à bout portant. Ua de ses frères, âgé de dix ans seulement, mourut le len- demain des suites de ses blessures; tous les autres, au nombre de huit y comprit leur mère, avaient été tués ou brûlés dans leur repaire.

Deschamps, Joseph. Surnommé la « Grosse Tête», était le frère du précédent, et comme lui prit part à la bataille de la Grenouillère. Alex. Ross dit qu' il mourut d'un coup de fusil tiré par un sauvage du Missouri au travers des piquets d'un fort de traite. En réalité, il périt dans l'affaire du 28 juin 1836 (V. le précédent).

DESMARAIS, J.-B. 89

Descoteaux, M. Employé de la C" du N.-O. qui, en 1804, faisait les fonctions d'interprète à la rivière aux Anglais.

Desilet, Louis. Interprète au lac Népigon pour la C du N.-O. en 1804.

Desjarlais, Antoine. Fils métis d'Antoine de Charlois (q. v.) dans les environs des montagnes Rocheuses, dirigea l'expédition de Back et de King (1833) au travers des steppes du nord de l'Amérique. Le premier écrit son nom de Charloit ; mais Petitot dit qu'il est devenu depuis assez longtemps Desjarlais. Back nous assure qu'Antoine était «un des hommes les plus adroits du pays» comme timonier, et l'explo- rateur fait de sa force et de son habileté un portrait des plus flatteurs. Il était aussi très actif et généra- lement chanceux comme chasseur. Il quitta le service de Back le 7 décembre 1833, emportant avec lui les dépêches destinées à l'amirauté anglaise.

Desmarais, François. En 1804, servait la C'" du N.-O. en qualité d'interprète en haut de la rivière Rouge.

Desmarais, Jean=Baptiste. Canadien au service de la C" du N.-O. qui l'employa d'abord au lac Rouge. En 1793 il se trouvait à Pembina, d'où il passa au bas de la rivière Rouge (1799) ; puis en 1800 il fut mis en charge d'un poste à la rivière aux Gratias. Dans l'hiver 1814-15, il était campé avec deux ou trois ser- viteurs de la compagnie dans ce qui est aujourd'hui le Dakota, quand un parti de quinze ou seize hommes envoyés par Miles McDonell, gouverneur de la colonie d'Assiniboia, le força, les armes à la main, à se défaire en faveur de celle-ci des provisions qu'il avait amas.sées pour les besoins de sa propre corporation. L'historien Gunn l'appelle Démarrais.

90 DESNOYElvLKS

Desnoyelles. V. Noyelles.

Desnoyers. V. Noyon.

Despatis, RÊV. André=Augustin Forget. à

Terrebonne le 30 novembre 1835, il fit ses études au petit séminaire de Montréal et prit l'habit ecclésiasti- que, mais ne put recevoir les ordres à cause de ses atta- ques d'épilepsie. Il enseigna avec distinction pendant une dizaine d'années à l'institution oii il avait lui- même étudié, puis se fit zouave pontifical et passa même en Terre sainte. Arrivé au Manitoba dans le cours de 1871, il devint le secrétaire de M^ Taché, et n'ayant point eu d'attaque de son mal depuis son arri- vée dans l'ouest, il fut ordonné prêtre le 13 janvier 1875. Il fut alors nommé directeur du collège de Saint-Boniface, et mourut le 9 juin 1881, regretté de tous pour ses brillantes qualités et son affabilité.

Desrosîers, Jean=Baptiste. Compagnon du géné- ral J.-C. Frémont dans sa seconde expédition aux montagnes Rocheuses en 1843. Les fatigues de la route et les étreintes de la faim lui troublèrent l'esprit au point qu'il quitta un jour le camp et ne fut plus revu.

Destroismaisons, Capitaine J. Commandait en 1885 la deuxième compagnie dn bataillon canadien- français envoyé pour réduire les métis de la Saskatche- wan.

Destroismaisons, RÉv. Thomas. Un des premiers missionnaires du Manitoba. Naquit à Saint-Pierre de la Rivière-du-Sud le 12 janvier 1796, et fit ses études au séminaire de Québec. Ordonné prêtre le 17 octobre 1819, il passa à la Rivière-Rouge l'année suivante pour remplacer M. Provencher qui allait rendre compte de sa mission à l'évêque de Québec. M. Destroismaisons resta sept ans dans les missions de l' Assiniboia il se

DORION, P. 91

fit aimer par son affabilité, et il fut le premier mission- naire de la Prairie-du-Cheval-Blanc, plu.'* tard vSaint- François-Xavier. Il s'occupa aussi des Sauteux, mais ne put acquérir une pleine connaissance de leur langue, et retourna au Canada en 1827.

Détayé, Pierre. Un des membres de l'expédition envoyée par John-Jacob Astor de Saint-Louis à la Colombie en 18 10. Ayant été détaché du gros delà caravane pour faire la chasse au castor sur la haute Colombie (septembre 181 1) avec trois autres blancs, son parti fut attaqué par des sauvages de la tribu des Corbeaux, et il fut tué pendant que les autres étaient dépouillés de tout ce qu'ils avaient.

Dorion, Louis. Commis en 1804 au bas de la rivière Rouge pour le compte de la C"' du N.-O.

Dorion, Pierre. Fils métis de Dorion, l'interprète de Lewis et de Clarke pendant leur fameuse expédition. Fut d'abord employé avec la même charge par la C" de fourrures du Missouri, mais bientôt après engagé pour interpréter M. Wilson P. Hunt, le chef du parti envoyé par Astor en vue de traiter avec les sauvages de la Colombie (18 10). Malgré sa passion pour les liqueurs fortes, et un caractère assez peu aimable, ses services paraissent avoir été très estimés, puisqu'un M. P. Lisa, représentant une corporation rivale, fut assez longtemps à ses trousses dans le but de le déta- cher de M. Hunt.

Le 9 août 1810, on s' aperçut qu'il manquait à l'appel ainsi que deux des chasseurs de l'expédition. On ralentit le pas, alluma des feux sur les points les plus en vue ; mais les absents ne reparurent que quatre jours après, exténués de fatigue et mourant de faim. S' étant attardés à la poursuite des buffles, ils n'avaient pu retrouver le .sentier de la caravane, vu que tout le pays

92 DOUCET

était couvert des pistes de ces animaux. Remontant un des affluents du haut Missouri, l'expédition arriva au territoire des Gens-des-Serpents. Elle atteignit la Colombie à la fin de l'hiver 1812, et un fort de traite fut immédiatement élevé sur ses bords, non loin de son embouchure. Pendant que Dorion était au service des traiteurs américains, il fut envoyé à la chasse au pays des Gens-des-Serpents, qui le tuèrent en janvier 18 14. Ross Cox l'appelle Dorrien.

Doucet, IviEUTENANT A.=E. Servit en 1885 contre les métis de la Saskatchewan, et fut blessé à la bataille de la rivière aux Poissons le 24 avril. Il faisait alors partie de l' état-major des troupes de Middleton.

Doucette, Charles- Accompagna sir Alex. Mac- kenzie dans ses deux expéditions de 1789 et 1793. Certains auteurs l'appellent Ducette.

Dubé, Joseph. Compagnon de Thomas Umfreville en 1785. Il se rendit avec lui du lac Népigon à la rivière Winnipeg. En 1793, il se trouvait au lac Qu'Appelle, d'où il se rendit au Missouri et fit la traite des fourrures avec les Indiens de cette contrée dont il fut l'un des premiers traiteurs libres.

Dubé, O. M. I., Frère Louis. Naquit le 7 octo- 1819 a Kamouraska, diocèse de Québec, et alla de bonne heure s'établir aux Etats-Unis. Il se trouvait à New- York, quand les premiers Pères Oblats envoyés au Canada y débarquèrent. Il les vit à l'église et en fut édifié. Comme conséquence, il alla peu après frapper à la porte de leur noviciat, il fit ses premiers vœux en qualité de Frère conversen 1845. Malgré une santé qui fut toujours délicate, il partit pour Saint-Boniface le 9 août 1846, et fit ses vœux perpétuels le 8 décembre de la même année, le stage préparatoire de cinq ans n'ayant point été exigé dans son cas. Peu après,

DUBOIS, X.

93

il fut envoyé à l'Ile- à -la-Crosse, il déchargea le P. Taché et M. L,aflèche du soin de la cuisine et autres travaux peu conformes au caractère de leur état. Il montra toujours le plus grand dévouement à la mis- sion et fut très attaché aux petits orphelins qu'on lui confia après que sa santé ne lui eut plus permis les travaux manuels. « Si le frère Dubé avait voix au chapitre», écrit à ce sujet M**' Grandin, « nous aurions pris à notre charge tous les petits enfants sans excep- tion. » Pendant sa dernière maladie, montrant quel- ques lits vacants au dortoir : « voilà », dit-il, « toute la cause de mon mal. » Il mourut le 29 avril 1872, et voulut être enterré au milieu des orphelins qui l'avaient précédé dans la tombe.

Dubois, Jean=Baptiste. Canadien au service d'un officier subalterne de la C" de la Baie d'Hudson qui, pour des motifs d'immoralité, ayant retenu les sauvages près de son fort, situé sur le versant occidental des montagnes Rocheuses (60° lat. N. ou à peu près), occa- sionna parmi eux une famine qui les porta aux plus honteux excès de cannibalisme. Pendant que les en- gagés vivaient maigrement des fourrures du fort, qu'ils dépouillaient de leur poil et faisaient bouillir en guise de viande, le commandant se défit secrètement de Dubois et le mangea. En dépit de ses mensonges, ce fait est clairement prouvé par la circonstance qu'il fut un jour trouvé se repaissant de chair humaine, et que les habits du Canadien disparu furent tout ce qu'on trouva dans sa tombe (hiver de 1848-49).

Dubois, Maxime. Un des principaux métis qui prirent part à l'insurrection de 1885. Il était un des conseillers de Riel, et fut en conséquence condamné à sept ans de détention.

Dubois, X. Canadien tué et mangé par le dernier

94 DUBORD

sun-ivant de ses compagnons (V. Lapierre. Jos.).

Dubord, J. Canadien en charge du fort des Grandes Fourches, puis, de 1804 à 1805, du poste de la rivière aux Morts, cours d'eau qui se trouve près de l'entrée du lac Winnipeg, et dont le nom est à une circon- stance typique de la vie indienne avant l'arrivée des blancs. Les Cris ayant un jour laissé sur les bords de cette rivière leurs femmes et leurs enfants pendant qu'ils se rendaient eux-mêmes au fort York, sur la Baie d'Hudson, les Sioux fondirent sur ces personnes sans défense et les tuèrent presque toutes.

Dubuc, HoN. Joseph. Un des hommes les plus marquants et les plus respectés du Manitoba, il s'établit au cours de 1870. Il naquit à Sainte- Martine, province de Québec, en 1840, et fit ses études classi- ques chez les messieurs de Saint-Sulpice au collège de Montréal. Il était tout jeune avocat quand il se rendit au Manitoba, il fut pendant quelque temps l'hôte de M^ Taché qui lui témoigna la plus grande confiance. Dès les premiers mois de son séjour dans la nouvelle province, il se concilia la sj-mpathie de la population qui le porta immédiatement aux honneurs dont elle pouvait disposer. Le 50 décembre 1870, la circon- scription de la Baie Saint- Paul l'élut à la première As- semblée législative du pays depuis son entrée dans la Confédération canadienne, ce qui ne l'empêcha pas d'exercer sa profession en société avec M. Jos. Royal (q. V.). En janvier 1873, la Canada G'a^l?//<? annonçait sa nomination comme membre du Conseil du Nord- Ouest, et l'année suivante il devenait procureur-général dans le cabinet de M. Royal. Inutile d'énumérer tous les postes de confiance qu'il occupa. Il suffira d'ajouter que pendant de longues années il fut un des membres les plus en vue du conseil de l'université du Manitoba,

DUCHARME, J.-M. 95

il représentait le collège de Saint-Boniface. Il avait déjà fait ses preuves dans la maj^istrature, dont il était un ornement depuis 1879, quand il fut nommé (août 1903) juge-en-chef de la Cour du Banc du Roi prési- dent du tribunal de première instance, comme on dirait en France.

Dubuque, Julien. Le fondateur de la ville de ce nom dans l'Iowa, Ktats-Unis. Naquit le 10 janvier 1762 à Saint-Pierre-les-Becquets, comté de Nicolet, du mariage de Noël- Augustin D. et de Marie Malhiot, sœur du traiteur de ce nom (q. v.) Il se dirigea de bonne heure vers l'ouest, et en 1785 il était établi à la Prairie-du-Chien, Wisconsin. Il acquit bientôt un ascendant prodigieux sur les sauvages, qui le regar- daient comme un grand sorcier. Le 22 septembre 1788, il se fît céder par eux une étendue de terrain de sept lieues de front sur trois de profondeur le long du Mis- sissipi, en vue d'y exploiter le plomb qu'elle recelait. En octobre 1804, il se dessaisit de près de la moitié de cette terre en faveur d'Auguste Chouteau, frère du fondateur de la ville de Saint-Louis.

Il y établit alors des mines qui produisirent bientôt un rendement annuel de 40,000 livres de plomb, et déjà il pouvait compter sur un succès complet, lor.sque la mort vint le surprendre au printemps de 18 10. On rapporte que son souvenir était si vivace chez les tribus environnantes, qu'elles maintinrent pendant plusieurs années une lampe allumée chaque soir sur son tom- beau.

Ducharme, Jean=Marie. Canadien dont la vie fut des plus mouvementées. vers 1723, il demeurait à Lachine lorsque les Américains envahirent le Canada en 1775-76. Forcé alors d'endosser l'habit militaire, il fît bravement son devoir sous le drapeau anglais ;

96 DUCHARME, J.-M.

mais à la fin de la campagne il fut condamné à un an de prison pour avoir vendu des vivres aux troupes américaines. Après sa libération, il se mit dans le commerce des fourrures, se dirigeant d'abord sur Michillimakinac, puis étendant ses opérations jusqu'à la chute Saint-Antoine dans le Minnesota.

La Louisiane appartenait alors à l'Espagne, et on ne pouvait y traiter qu'avec un permis, qui était rare- ment accordé aux étrangers. Ducharme résolut de s'en passer. Accompagné d'un fort parti, il descendit le Missouri, en charge de plusieurs canots pesamment chargés, qui furent saisis par des troupes envoyées de Saint-Louis. Il réclama quelque indemnité des auto- rités de cette ville, mais ne réussit qu'à se faire mettre en prison, il resta près d'un an. Il fut même con- damné à mort sur les instances d'intrigants qui préten- daient qu'il avait trop d'influence sur les tribus sau- vages. Mais ayant prouvé que cette influence lui avait fait sauver la vie à des Espagnols, il fut élargi.

Résolu de laver dans le sang l'outrage qu'on lui avait infligé, il prêcha la guerre aux tribus indiennes, parmi lesquelles il rassembla près de quinze cents braves, auxquels s' adjoignirent quelques soldats anglais et bon nombre de Canadiens. Avec cette troupe hété- rogène il traversa une partie du continent américain, et vint mettre le siège devant le fort Saint-Louis qui n'était défendu que par cent-cinquante ou cent-soixante hommes. Mais la vue du danger décuplant les forces de ces derniers, ils repoussèrent l'ennemi qui s'en vengea en massacrant une soixantaine de colons, pen- dant que treize autres étaient traînés en captivité, crime entièrement aux sauvages et que Ducharme fut le premier à déplorer après l'effervescence de la mêlée.

DU G AS, Riîv. G. 97

Deux ans plus tard, ce dernier, toujours en difficultés, fut condamné par le gouverneur de Michillimakinac à une amende de quinze cents bottes de foin pour avoir fait la traite sans permis. Il retourna à Lachine vers 1800, et y mourut trois ans plus tard.

Ducharme, Nicolas. Ktait en 1804 guide au fort Dauphin pour la C'" du N.-O.

Ducharme, Pierre=Etienne. Traiteur au passage de la Corne-du-Cerf, près de la montagne la Bosse, au commencement du dix-neuvième siècle.

Ducharme, X. Canadien en charge d'un fort sur la rivière Rouge de 1803 à 1804.

Dugas, RÊv. Georges. L'historien populaire du Nord-Ouest canadien. le 5 novembre 1833 à Saint- Jacques de l'Achigan, du mariage d'Edouard D. et d'Hedwige I^agarde, il fit ses études au collège de l'Assomption et fut ordonné prêtre à Varennes le 5 avril 1862, par M-' Taché, évêque de Saint-Boniface. Il était chapelain de l'hospice Lajemmerais quand il se décida à aller prêter main-forte au prélat qui l'avait admis à la prêtrise. Parti pour la Rivière- Rouge le 7 septembre 1866, il arriva à Saint-Boniface le 13 octobre suivant, et fut immédiatement nommé directeur du collège de la ville épiscopale. Cette institution lan- guissait alors : aidé du R. P. Allard. (q. v.), l'abbé Du- gas parvint eu peu de temps à en faire une maison d'éducation modèle. Il y ouvrit le premier cours latin qui soit demeuré sans interruption jusqu'à ce jour.

Lors des troubles de 1869-70, il ne contribua pas peu à donner au soulèvement de la population le caractère d'une démonstration sans violences inutiles contre les agissements d'Ottawa. Une forme d'activité qui lui fut propre dans ces temps agités fut la défense des métis et de leurs actes par voie de correspondances 7

98 .DUMAS, M.

anonymes adressées aux journaux français de l'est.

Kn 1870, M^' Taché le nomma curé de sa cathédrale, et il garda ce poste honorable jusqu'en 1878, époque il fut chargé du pensionnat et de l'orphelinat de Saint-Boniface. Pendant ses huit ans de cure, il mit à profit ses connaissances musicales pour former un chœur de chantres qui fit l'admiration de Winnipeg, de même que pendant sa présidence du collège il en avait organisé la première fanfare (1867). I^orsqu'en 1875 le monde canadien voulut fêter le vingt-cinquième anniversaire de la consécration épiscopale du grand archevêque de cette ville, ce fut l'abbé Dugas qui fit circuler à Montréal la souscription dont le résultat fut la présentation d'un orgue à tuyaux pour sa cathédrale.

En 1887 il retourna au Canada, et s'établit chez son frère, curé de Sainte-Anne-des-Plaines, il a utilisé ses loisirs eu écrivant la plupart de ces petits livres jui ont tenu l'ouest canadien présent à l'esprit des multitudes instruites. Ce sont : La Première Ca7ia- dienne du Nord- Ouest, 1883; MoJiseig7ieîcr Provencher, 1889; U71 Voyageur des Pays d' En Haîit, 1890; E Ouest Canadien, le plus important de ses ouvrages (1896), qui a eu les honneurs d'une traduction anglaise; Histoire vé)idique du Mouvernent des Métis, 1905, et Histoire de l ' Ouest Canadien, 1906. Il a en outre publié à Montréal, tous ses ouvrages ont vu le jour, une charmante pla- quette intitulée : Histoire de la Paroisse de Sainte- An7ie- des- Plaines (1900).

Dumas, Michel. Un des métis qui furent députés de la Saskatchewan au Montana pour déterminer Riel à aller se mettre à la tête du mouvement destiné à obtenir du gouvernement les droits qu'il refusait d'ac- corder aux métis.

Après avoir pris part à la bataille de Batoche, il

DUMONT, G. 99

s'enfuit aux Etats-Unis eu compagnie de Gabriel Dû- ment (i6 mai 1885).

Dumas, Pierre. Commis-interprète de la C" du N.-O. au lac Népigon en 1804. Kn 1820-21, un Ca- nadien de mêmes nom et prénom accompagnait sir John Franklin dans son expédition arctique.

Dumont, Edouard. Frère cadet de Gabriel D. dont il fut le lieutenant pendant la rébellion de la Sas- katchewan (1885). Quand celui-ci eut été blessé au lac Canard, Edouard le remplaça dans le commandement des métis. Pendant la bataille de la rivière aux Poissons, c'est encore à lui que fut dévolu le soin de défendre Batoche. Mais entendant gronder le canon canadien du côté de cette localité commandait Gabriel, Edouard n'y tint plus, et il partit avec quatre-vingts hommes à cheval pour porter secours à son frère. Après la prise de Batoche, il dut réussir à se soustraire aux recherches des troupes ; car nous ne voyons nulle part qu'il ait eu à souffrir de la part qu'il avait prise à la rébellion. Longtemps après ces événements, il vivait dans les environs de Batoche, quand il mourut subitement le 13 janvier 1907.

Dumont, Gabriel. Le chef militaire de l'insurrec- tion de 1885 à la Saskatchewan. Etait fils d'Isidore D. et de Louise Laframboise, deux métis dont le pre- mier avait eu pour père un Canadien-français venu de Montréal et employé au service de la C" de la Baie d'Hudson. Gabriel naquit au Manitoba en 1838 et fut élevé comme un chasseur, demeurant illettré toute sa vie. A l'âge de dix ans il était considéré comme un fort tireur à l'arc, et bientôt il excellait dans l'art de monter à cheval. Tout jeune encore, il accompagna son père dans un voj^age du fort Pitt à la Rivière- Rouge, au cours duquel il entendit un jour la terre

loo DUMONT, G.

trembler sous des piétinemeuts innombrables. Il crut à une attaque de cavaliers sauvages, et courut deman- der à son père un petit fusil pour se défendre. Ce n'était qu'une fausse alerte: un troupeau de buffles qui passait. Pour le récompenser de ce trait de cou- rage, son oncle lui donna alors le premier fusil qu'il ait jamais possédé.

Il n'avait que treize ans quand il assista à sa pre- mière bataille, la fameuse journée du 13 juillet 1851 (V. Malaterre;, J.-B.). Il y prit part comme s'il eut été deux fois plus âgé, et son père y reçut une grave blessure. Les années suivantes furent employées à chasser, à pêcher et à courir la plaine jusqu'à ce qu'il se mariât avec Madeleine Welkey, qui ne lui donna point d'enfants. A l'âge de vingt-et-un ans il fut choisi comme chef par les tribus environnantes qui admiraient sa bravoure déjà bien connue. Puis il se fit trappeur, et commença à nouer des relations avec la de la Baie d'Hudson.

Six ans plus tard, le pays était bouleversé par les menées des émissaires d'Ontario. Quand Riel deman- da aux métis s'il devait permettre l'entrée des troupes dans la colonie, Dumont fut pour la résistance. Il ne crut point aux belles promesses du gouvernement d'Ottawa ; mais pour ne pas se trouver en contradic- tion avec M"" Taché qui était moins défiant, il s'effaça et alla faire la paix avec les Pieds- Noirs avec lesquels il avait jusque-là été en guerre.

Non loin de se trouvait, sur la branche sud de la Saskatchewan, une colonie de métis français datant de 186S et composée d'environ deux cents familles. Il devint leur guide et leur chef. Il avait même organisé une espèce de gouvernement modelé sur celui qu'il était d'usage d'établir au cours des grandes expéditions de

DUMONT, G. loi

chasse, lorsqu'en 1875 le gouverneur Morris crut prudent d'intervenir et de lui faire abandonner cette tentative qu'il jugeait dangereuse. Mais ces familles n'avaient aucun titre légal aux terres qu'elles occupaient et pouvaient en être dépossédées par le premier venu, bien que, d'après les arrangements postérieurs aux troubles de la Rivière-Rouge, un septième des terres eut été mis à la disposition des métis de ce territoire. Pour s'assurer le même avantage, les métis du Nord- Ouest se trouvait Gabriel Dumont envoyèrent, dès 1877, des pétitions au gouvernement fédéral qui n'en fit aucun cas. Le clergé et tout ce qu'il y avait de respectable dans le pays, anglais et français, les soutin- rent de tout leur pouvoir. Ce fut peine perdue. D'un autre côté, un chemin de fer se construisait qui allait amener des flots d'émigrants : qu'allaient devenir, en face de cet envahissement, les pauvres métis, les pionniers du pays et les héritiers naturels des tribus aborigènes qui ne se souciaient point d'agriculture? Dans l'anxiété générale, Dumont fut consulté et des assemblées publiques furent tenues, dont le résultat fut une députation qui fut envoyée à Louis Riel, alors au Montana (V. RiEL, L-)-

Après un voyage de sept cents milles, Dumont et trois compagnons décidèrent Riel à aller leur prêter le secours de son expérience, et vingt-deux jours après leur départ du Montana (juin 1884), la petite bande était de retour avec celui que les métis regardaient comme leur sauveur. Riel s'établit à Batoche, et Du- mont se constitua son protecteur.

Malheureusement, après de longues délibérations auxquelles les Anglais prenaient une part active, ap- puyant les métis français dans leurs réclamations, après mainte pétition envoyée et dédaignée, Riel, que

I02 DUMONT, G.

le souvenir du passé et la vue des difîicultés présentes aigrissaient, ne put se contenir dans les limites de la légalité. On fit dire aux métis de moins parler, et le i8 mars 18S5 un nommé Clark, passant à Batoche, annonça qu'ils allaient bien vite cesser de tant s'agiter, vu qu'une troupe de cinq cents hommes de la police à cheval venait enchaîner leur chef. Devant tant de provocations et après tant d'injustices les métis n'y tinrent plus. A une assemblée publique on décida d'opposer la force à la force, un gouvernement provi- soire fut créé avec Riel comme chef politique et Dumont comme chef militaire, et quelques heures après on commençait à arrêter ceux qui pouvaient entraver le progrès de l'insurrection.

lyC 25 mars, Dumont alla avec trente hommes s'em- parer des denrées et munitions des magasins tenus au lac Canard par les partisans d'Ottawa ; puis il reconnut la route du fort Cari ton, oii il fit quelques prisonniers. Le matin du 26, le major Crozier qui commandait à ce dernier poste envoya des traîneaux escortés d'une quarantaine d'hommes, afin de ramener du lac Canard des provisions appartenant à un nommé Mitchell ; mais Dumont les empêcha d'accomplir leur mission. Sur ce, Crozier partit pour le lac Canard avec une force de cent hommes et un canon, sans compter les quarante soldats qui escortaient le convoi et auxquels il fit rebrousser chemin. Dumont avait avec lui vingt- cinq cavaliers, plus quelques hommes à pied dont il ne put se servir. Il se trouvait à environ quatre milles du lac lorsque Crozier et ses gens furent signalés. Il fit alors occuper par sa suite certains bas-fonds il se croyait à l'abri du canon. Ce que voyant, Crozier fit faire feu à ses troupes un coup de carabine tiré par un métis anglais avait déjà tué le frère de Dumont.

DUMONT, G. 103

La première décharge atteignit un sauvage qui tomba mort. Puis ce fut de chaque côté une fusillade générale, au cours de laquelle Duraont fit des prodiges de valeur, jusqu'à ce qu'il tombât blessé à la tête, tandis que son cheval s'enfuyait atteint, lui aussi, d'un projectile de l'ennemi. Sa chute fut pour les siens l'occasion d'vni moment d' lié.sitation ; mais il ranima leur courage et confia le commandement à son frère Edouard. Son cousin, Auguste L,aframboise, tomba bientôt après, et Gabriel voulut se traîner jusqu'à lui « pour lui dire une petite prière », comme il remarqua dans la suite.

Cependant les rangs de l'ennemi étaient ravagés par les balles des métis, à tel point que le major Crozier fit sonner la retraite. Edouard Dumont voulut alors lancer ses gens à leur poursuite ; mais Riel s'y opposa, faisant remarquer qu'il y avait déjà eu trop de sang répandu. Les x\nglais avaient perdu quatorze hommes; les métis n'eurent que quatre des leurs, plus un sau- vage, de tués.

Telle fut la bataille du lac Canard. Elle n'avait duré qu'une demi-heure. L'ennemi laissa entre les mains des métis huit chevaux, cinq voitures et douze ou treize fusils, plus neuf morts il emmena les corps de ceux de la police qui étaient tombés. Quand, peu après, la police abandonna le vieux fort Carlton, pour se réfugier à Prince- Albert, Dumont aurait voulu aller la surprendre en chemin ; mais Riel s'y opposa encore.

Les métis étaient alors environ trois cent-cinquante, dont deux cents seulement étaient armés. Moins d'un mois après la bataille du lac Canard, leurs éclaireurs annoncèrent la venue des troupes envoyées par le Canada sous le commandement du général Middleton. Dumont forma alors le plan d'aller au-devant d'elles.

I04 DUMONT, G.

et de les harceler jour et nuit de manière à les démo- raliser. C'était évidemment une excellente tactique ; mais cette fois encore les vues humanitaires de Riel prévalurent. En revanche, Dumont se donna le tort de convoquer à la lutte les tribus indiennes avec lesquelles il était depuis longtemps en relations. Un des résultats indirects de cette démarche inconsidérée fut le massacre du lac la Grenouille (V. Fafard).

Cependant l'ennemi avançait. Comme l'inaction imposée par le chef politique des métis menaçait de devenir désastreuse pour les insurgés, Dumont fit tant qu'il obtint d'aller les rencontrer, le 23 avril. Il partit le soir en compagnie de deux cents hommes, dont il dut presque immédiatement renvoyer cinquante au secours de Batoche, qu'on disait menacée d'une surprise par la police. Avec ce qui lui restait il se rendit jusqu'à la rivière aux Poissons {Fish Creek), il laissa cent-trente hommes tandis qu'il allait lui-même à l' avant-garde avec vingt. A 7.20 heures du matin, la troupe commença à tirer sur ses gens, dont plusieurs faiblirent bientôt et s'enfuirent il avait avec lui un certain nombre de sauvages peu habitués aux combats face à face. Comme on lui faisait remarquer ces défections, Dumont alla malgré les balles et la mitraille retrouver le gros de ses gens, et parvnnt à arrêter une quinzaine de fuj^ards. Du détachement de cent- trente hommes il n'en restait plus que quarante- sept qui se battaient de leur mieux, plus quinze hommes qui l'accompagnaient aux avant-postes cinq avaient déserté. La bataille dura toute la journée, et vers le soir le commandant métis fit mettre le feu à l'herbe de la prairie, ce qui gêna considérablement l'ennemi, qui parvint pourtant à l'éteindre. Lorsque, vers 8 heures du soir, la fusillade prit fin, les métis

DUMONT, G. 105

n'avaient perdu que deux hommes avec autant de sauvages, tandis que dix Anglais avaient mordu la poussière ou moururent des suites de leurs blessures.

Les métis se replièrent alors vers Batoche ils s'étaient retranches, pendant que le général Middleton faisait reconnaître les environs de cette place. Puis il se mettait en marche avec le gros de son armée pour investir le village, l'attendaient Duraont et les siens. Pendant près de quatre jours, ceux-ci essuyèrent le feu d'un ennemi cinq fois plus nombreux, et muni de canons et de mitrailleuses. L'attaque, commencée le 9 mai, fut vivement repoussée, et l'ennemi perdit d'abord du terrain. Puis ce fut un feu plus ou moins nourri le 10 et le 11. Le 12 les munitions commencè- rent à manquer aux métis, et Middleton, informé, dit- on, de cette circonstance, ordonna une charge générale vers deux heures de l'après-midi, qui eut pour résultat de tuer un certain nombre d'assiégés et de disperser les autres, pendant que plusieurs se rendaient. La somme totale de leurs pertes durant ces quatre jour- nées fut de seize hommes tués, dont un enfant et un vieillard de plus de quatre-vingts ans, plus trois bles- sés. Du -côté des assiégeants les pertes ne se mon- tèrent qu'à huit hommes, dont la moitié étaient des officiers, avec quarante-six blessés.

Pendant quelques jours, Dumont rôda autour de Batoche à la recherche de Riel. Comme il ne pouvait le trouver, on lui persuada de fuir aux Etats-Unis, ce à quoi il ne consentit que le 16 mai. Son premier soin après avoir traversé la frontière fut de se jeter à genoux et de réciter le chapelet avec Michel Dumas qui l'accompagnait. Une fois sur le territoire étranger, il fut fêté partout et même présenté au président Cleveland.

io6 DUMOULIN, RÊv.

Il resta quelque temps sur le sol américain, il fut rejoint par sa femme qui lui apprit la mort de son vieux père, et qui mourut bientôt elle-même. Puis il rentra au Nord-Oouest sans pouvoir pourtant jamais s'accom- moder de la vie paisible des champs. Il vendit la terre qu'il avait dans les environs de Batoche, puis s'établit à Bellevue, non loin de là, vivant de chasse et de pêche jusqu'à ce qu'il mourut presque subitement le 19 mai 1906, intrépide et généreux, « sans peur et sans re- proche, j)

Un auteur anglais, E.-B. Osborn, l'appelle « un homme qui avait réellement des capacités militaires. )>

Dumoulin, RÉv. Sévère = Joseph = Norbert. Le compagnon de M. Provencher quand il se rendit à la Rivière-Rouge pour la première fois. Il naquit le 5 décembre 1793 à Sainte- Anne, île de Montréal, fit ses études au séminaire de Nicolet et reçut la prêtrise le 23 février 1817. Le 19 mai de l'année suivante, il partit pour la Rivière-Rouge (V. Provencher, M^'), il fut de suite employé parmi les métis et les Canadiens de Pembina, qu'il instruisit par l'intermédiaire de l'école aussi bien que par les instructions données à l'église. Peu de temps après son arrivée, il avait soixante élèves dans ses classes.

Les sauvages le regardaient, paraît-il, comme un être surnaturel, et l'abbé Dugas raconte qu'un jour, pendant qu'il disait son bréviaire sur le bord de la rivière, un Indien voulut s'assurer si une balle aurait sur lui l'effet qu'elle a sur les simples mortels. Visant à la tête du missionnaire, il lui envoya une balle qui lui traversa le chapeau à deux pouces au-dessus des cheveux. Comme le prêtre n'en recevait d'autre mal que la peur, le sauvage demeura persuadé qu'il était réellement invulnérable.

EMERY 107

lyC poste de Pembina ayant été abandonné en 1823^ après qu'on eut découvert qu'il se trouvait sur le terrir toire américain, M. Dumoulin repassa au Canada, eu août de la même année, et fut vivement regretté de la population tout entière. Il mourut en 1853.

M. Dumoulin fut l'auteur d'une Notice sur les Mis- sions de la Rivi'ère- Rouge et du Sault Sainte-Marie, qui fut imprimée à Saint-Pierre, Rivière-du-Sud, le 10 mars 1824.

Dupuis, Louis. Etait en 1804 un des interprètes de la C" du N.-O. au lac Népigon.

Durand, Louis. Guide pour la C" du N.-O. au fort des Prairies (Edmonton) en 1804.

Durocher, Amable. Commis-interprète au Fond- du-Lac pour la C du N.-O. en 1804.

Emery, Zoé Leblanc, dite Scëur. Fondatrice des établissements des Sœurs Grises à Sainte-Anne et à Saint- Albert, Alberta. Naquit le 4 octobre 1826 à Saint-Jacques de l' Achigan. et fit sa profession religieuse le 23 janvier 1851. Huit ans et demi plus tard (3 août 185g), a3'ant été choisie pour diriger la fondation des premiers établissements du nord, S"^ Emery quitta Saint- Boniface pour le lac Sainte-Anne, elle arriva après un voyage de près de sept semaines, au cours duquel elle eut à essuyer toutes les intempéries d' une saison exceptionnellement maussade.

Arrivée au lac le 24 septembre suivant, elle établit aussitôt un orphelinat! pour les enfants délaissés, qui fut peu après (20 mars 1863) transféré à Saint- A-lbert, et qui lui permit de faire aux métis et autres un bien incalculable. S"^ Emery se montra constamment à la.

io8 ETTIER

hauteur de sa tâche et d'une charité à toute épreuve vis-à-vis des pauvres et des malades. Déchargée à sa demande du supériorat, elle sollicita plus tard la faveur de retourner mourir à sa chère mission de Saint- Albert, elle passa de vie à trépas le 5 août 1885.

Ettier, Capitaine L. Commandait en 1885 la huitième compagnie du bataillon canadien-français envoyé à la Saskatchewan contre les métis révoltés.

Fafard, O. M. I., RÊv. P. Louis=Adélard. Naquit le 8 juin 1850 à Saint-Cuthbert, diocèse de Montréal. En 1872 il entra au noviciat des Pères Oblats à I,achine, aux portes de cette dernière ville, et deux ans plus tard, le 29 juin 1874, il faisait ses vœux perpétuels. E' année suivante, il reçut son obédience pour les missions de Saint- Albert que dirigeait alors M'"' Grandin. Ee 8 décembre 1S75, ce bon prélat l'ordonna prêtre, et le lança immédiatement dans les missions sauvages sous la direction d'un Père expérimenté. Il s'y distingua toujours par son zèle et son dévouement.

Il était depuis deux ans supérieur d'un district et s'était créé un bel établissement au lac la Grenouille, lorsque des événements imprévus mirent fin à sa carrière. C'était le Jeudi-Saint, 2 avril 1885, l'année de l'insurrection des métis, qui avaient eu la malen- contreuse idée d'appeler à leur secours les tribus sauvages de la Saskatchewan. A peine l'office du matin était-il terminé, que tous les iblancs du village du lac la Grenouille, y compris les missionnaires, étaient sommés d'avoir à se rendre au camp du chef Gros-Ours qui s'était déclaré pour la guerre. Comme ils marchaient avec les PP. Fafard et Marchand, qui

FALARDEAU 109

récitaient des prières, à leur tête, l'agent du gouverne- ment refusa soudain d'aller plus loin. Aussitôt une balle le fit tomber raide mort. Un autre blanc fut bientôt après frappé de même par les Cris ; ce que voyant, le P. Fafard courut lui donner l'absolution. Pendant qu'il prononçait la formule sacramentelle, une balle le frappa lui-môme au cou, sans le tuer immédia- tement. Entendant dire que .son confrère venait de tomber, le P. Marchand, auquel une déclivité de terrain avait caché ce qui venait de .se pa.s.ser, accourut pour le .secourir. Mais à peine avait-il fait quelques pas qu'il reçut lui-même une balle sur le devant de la tête. Sa mort fut instantanée, tandis que le P. Fafard aj-ant essayé de se relever, un sauvage qui voulait le sauver l'engagea à faire le mort. Mais la douleur ou une autre raison l'en empêcha, et un mauvais chrétien auquel il avait précédemment défendu le divorce l'acheva eu le tirant à bout portant.

Après ce double meurtre, les sauvages scalpèrent leurs victimes ; puis déposèrent les corps des deux missionnaires dans l'église à laquelle ils mirent alors le feu. Plus tard, les volontaires d'un régiment cana- dien-français leur donnèrent la sépulture.

Faignan, Raphaël. Se rendit en décembre 1793 aux sources du Missouri pour y traiter avec les Indiens.

Falardeau, Miche!. Canadien au service de la C" de la Baie d'Hudson dans l'extrême ouest. Il se trou- vait à la jonction des deux branches de la rivière Thompson, Colombie anglaise, à un poste important devenu la ville de Kamloops, quand il tomba victime de la brutalité d'un bourgeois qui lui donna un coup dont il mourut quelque temps après. Comme les habitants du poste étaient à préparer soigneusement son cercueil, le commandant leur fit remarquer que de

iio FAI^CON. P., PÈRE

simples planches brutes étaient assez bonnes pour un pareil coquin. Là-dessus un des ouvriers, qui était iroquois, fit tout haut la réflexion que ce bourgeois n'en aurait peut-être pas même autant à sa mort. Quelque temps après, ce dernier était tué en voyage par un arbre qui tomba sur sa tente. Il dut être enterré sans cercueil (1852).

Falcon, Pierre. Père du barde des métis de la Rivière-Rouge. Fut d'abord traiteur libre au Missouri supérieur, il s'unit à une sauvagesse. En 1799 il se rendit au Canada avec son fils Pierre, et en revint en 1802. Il se mit alors au service de la C'° du N.-O., et en 1 804 il la représentait en qualité de commis dans le haut de la rivière Rouge, oii il mourut pendant l'hiver 1805-06. Pierre Falcon était fils de parents français du diocèse de Beauvais, et avant de passer au Nord-Ouest il avait épousé (6 juillet 1763) à la Baie Saint-Paul Marie- Geneviève Tremblay, dont la mort fut peut-être l'occasion de son départ.

Falcon, Pierre, Fils. Le barde des métis de la Rivière- Rouge. Il naquit le 4 juin 1793 au fort du Coude, district de la rivière au Cygne, du précédent et d' une sauvagesse du Missouri. Etant encore tout jeune enfant, il passa à Laprairie, près de Montréal, retour- nant dans l'ouest à l'âge de quinze ans avec son père, qui s'établit à la Rivière-Rouge, et se mettant bientôt comme lui au service de la C" du N.-O. Il était pré- sent à la bataille de la Grenouillère (V. BouRASSA, M.) qu'il célébra dans un « chant de vérité » qui a passé à la postérité, grâce au D"' Earue, qui le premier le publia en 1863. Cette chanson et d'autres du même auteur ont été longtemps populaires parmi les métis, et malgré l' in- correction du style, elles sont remarquables comme étant le produit d'un chasseur qui ne savait ni lire ni écrire.

FARIBAUIvT III

Quand la C'" de la Baie d'Hudson eut absorbé sa rivale (1821), Pierre Falcon en suivit les fortunes jusqu'en 1825, époque il s'établit à la Prairie-du- Cheval - Blanc, aujourd'hui Saint - François - Xavier. Marié depuis 181 2 avec Marie Grant, il en eut trois fils et quatre filles. Son manque d'instruction ne l'em- pêcha pas d'atteindre la dignité de juge de paix et d'en exercer les fonctions à la satisfaction de tous. Lors des troubles de 1869-70, .son ardeur martiale longtemps contenue manqua d'éclater. En dépit de son grand âge, il aurait voulu marcher au combat, di.sant que pendant que l'ennemi serait occupé à le tuer, .ses amis pourraient lui infliger des pertes .sérieuses. Il pas.sa près de cinquante ans sur les plaines du Cheval-Blanc, oii il jouit de la plus grande considération parmi ses compatriotes.

Faribault, Jean=Baptiste. Naquit à Berthier au cours de l'année 1774, et au sortir de l'école, en 1790, il obtint une place de commis chez un marchand de Québec. Peu après, il s'engagea dans la C'° du N.-O. et quitta Montréal en juin 1796 pour Michillimakinac, d'oii il alla fonder un poste de traite à Kankaki, Etats-Unis. il fit un commerce lucratif avec les sauvages, en sorte que son supérieur lui confia bientôt un poste plus important, Bâton-Rouge, sur la rivière Des Moines. Il 3' resta quatre ans, puis fut chargé du fort des Petits-Rapides, .sur la rivière Saint-Pierre, il eut à secourir un ami nommé Campbell que les sauvages voulaient tuer, après avoir massacré ses deux commis. Il y avait trois ans qu'il .se trouvait à ce poste quand il épousa une métisse.

Après dix ans de bons services dans la C*" du N.-O., Faribault se mit à traiter à .son propre compte, et se fixa alors à la Prairie-du-Chien, il eut la gloire

1X2 FAYE

d'être blessé d'un coup de couteau pour avoir refusé de la boisson à un sauvage ivre. En 1812, a^'ant refusé de servir contre les Américains, il fut fait prisonnier à bord d'une canonnière anglaise. Relâché sur parole, il apprit la ruine de tous ses biens par l'ennemi, en sorte que tout fut pour lui à recommencer.

Il fut le premier à défricher le sol à l'ouest du Mississipi et au nord de la rivière Des Moines. Après s'être établi sur une île du premier fleuve, il transpor- ta ses pénates à Mendota. En 18 17, un prêtre égaré dans ces déserts avait béni son mariage et suppléé les cérémonies du baptême de ses enfants. En 1840, il recueillit chez lui l'abbé Galtier, un missionnaire bien méritant, et construisit à ses frais la première chapelle catholique de tout l'Etat du Minnesota. L,' abbé Ravoux disait de Faribault qu'il était « réellement un homme d'une piété exemplaire. » Il mourut ie 20 août 1860. Son fils Alexandre fut le fondateur et le principal propriétaire d'une ville qui porte aujourd'hui le nom de sa famille.

Paye, Hébert. Compagnon de Jean-Baptiste La- pointe (q. V.) quand fut perpétré le meurtre de Keveney.

Fecteau. Périt au siège du fort aux Trembles en 1780 (V. Boyer).

FilHon, RÉv. Joseph=David. à Saint-Hubert, province de Québec, en 1845, il fut ordonné prêtre à Sainte-Thérèse en 1870. En septembre 1873, il partit pour le Manitoba, il se fit missionnaire et fondateur de paroisses françaises. D'abord stationné à l'arche- vêché, il allait tous les quinze jours visiter les catholi- ques de N.-D. de Eorette, dont il fut le premier mis- sionnaire. E' année suivante, il fit reconnaître par le gouvernement d'Ottawa leurs titres aux terres qu'ils

FORCIER 113

occupaient, ce qui lui valut de leur part une bourse qu'il fit servir à l'érection d'une chapelle. Mais bientôt après il fut transféré à Sainte- Agathe, et en 1875 il fondait les paroisses de Saint-Pierre et de Saint-Jean- Baptiste. Deux ans plus tard il fut nommé curé de la dernière, il bâtit de suite une église, tout en éten- dant sa sollicitude aux nouveaux centres de Saint- Joseph et de Saint- Pie. En 1884, il remplaça son église par un édifice plus digne du culte auquel il était destiné, et continua à prodiguer à ses paroissiens les trésors d'un cœur aimant, jusqu'à sa mort qui arriva le II janvier 1907, des suites d'une piqûre d'épingle.

Bien doué de la nature et d' une force peu commune, la grande douceur qui lui était naturelle ne l'empêcha pas, dans une circonstance mémorable, de montrer ce dont il était capable. Peu après son arrivée au pays, alors que les traces des troubles de 1870 n'é- taient pas encore complètement effacées, sa résidence fut envahie par une bande d'orangistes dont un le menaçait de son revolver. Empoigner le pygmée et le terrasser fut pour le jeune prêtre l'affaire d'un instant.

Florineau (ou Fleurimond.) Fils d'un Français et d'une Siouse. Il se rendit à l'âge de douze ans à Mont- réal dans le but d'y acquérir quelque instruction; mais il soupirait tellement après ses grandes prairies qu'il retourna au Dakota dès qu'il sut un peu lire et écrire. Par la suite, il adopta la vie d'un sauvage, et en 1800 il était considéré comme un des principaux chefs de la nation siouse. Il résidait alors au lac du Diable et était déjà avancé en âge.

Forcier, Jean=Baptiste. Guide de l'explorateur Robert Campbell, qui donna son nom, en 1850, à un tributaire du Youkon. 8

114 FORTIN

Fortin, Louis. Servait en 1804 la C" du N.-O. en

qualité de commis à la rivière aux Rats.

Foucault. Un des deux premiers Canadiens qui cultivèrent la terre dans la vallée de la Wallamette, Orégon. L'historien John Dunn dit que lui et son associé Plamondon (q. v.) pouvaient facilement couper six cordes de bois chacun dans une journée. Pendant qu'ils étaient au service de la compagnie, ils avaient la surintendance des ouvriers occupés à éri- ger des forts.

Fournier, Jacques. Célèbre centenaire près de Trois-Rivièresvers 1747, et qui disait avoir été témoin de la bataille des Plaines d'Abraham en septembre 1759, bien qu'il ne mourut qu'en 1871. Il quitta le Canada après la guerre de l'Indépendance des Etats- Unis, et de fort en fort il se rendit jusqu'à la Nouvelle- Orléans. Il y demeura jusqu'en 18 12. Il offrit alors ses services comme volontaire contre les Anglais, mais il était déjà si vieux qu'on les refusa. Plus tard, il s'établit à la ville de Kansas, sans rien changer à ses habitudes de laborieuse simplicité, demeurant presque jusqu'à la fin dans une ciLane qu'il avait bâtie de ses mains, n'ayant pour couche que la peau d'un buffle qu'il avait tué lui-même, et cultivant un petit jardin dont il était propriétaire. Il était occupé à cet humble travail malgré ses cent- vingt-quatre ans lorsque, le 15 mai 1871, on le vit s'affaisser tout-à-coup. On le fit reposer à l'ombre d'un arbre qu'il avait planté ; il fut administré par le prêtre de l'endroit, et mourut un peu avant le coucher du soleil.

Fournier, X. Canadien qui fut employé au trans- port du courrier du Grand Lac des Esclaves au lac Athabasca.

Franchère, Gabriel. Auteur, traiteur et voyagevu:.

FRANCHÈRE 115

Naquit le 3 novembre 1786 à Montréal, son père était marchand. Au printemps de 18 10, il entra au service de la C" du Pacifique, formée par John-Jacob Astor de New- York. S' étant engagé le 24 mai en qualité de commis pour une période de cinq ans, il quitta le Canada en juillet 18 lo, et prit passage sur le Tonqiiin que commandait un homme bourru et sans pitié du nom de Jonathan Thorn. Après avoir doublé le cap Horn et longé la côte du Pacifique, le parti auquel Franchère appartenait aborda, le 12 avril 181 1, à la rive méridionale du fleuve Colombie, à quinze milles de son embouchure, fut établi le principal poste de la compagnie qui fut appelé Astoria, en l'hon- neur du patron de l'expédition.

Franchère fit preuve d'aptitudes peu communes pour les langues sauvages, et se rendit par ailleurs extrême- ment utile. Après que la guerre de 181 2 eut forcé la corporation américaine à se fusionner avec celle du N.-O. pour sauver ses biens des frégates anglaises, il servit temporairement dans cette dernière compagnie. Mais malgré les offres avantageuses qu'on lui fit pour le retenir, il retourna à Montréal, traversant le conti- nent en territoire britannique, montant au nord jusqu'à la source de la rivière Athabasca, puis par la voie des rivières jusqu'au lac Winnipeg et aux grands lacs de l'est. Il parut sous le toit paternel le i" septembre 1 8 1 4, à la grande surprise de ses parents qui le croyaient mort dans le désastre du Tonquin (V. Brusi.ê).

Six ans plus tard, Franchère publiait à Montréal sa Relation d'un voyage à la Côte du Nord- Ouest de V A->né- rique septentrionale, qui fut très goûtée et forme aujour- d'hui un volume fort apprécié des bibliophiles. Cet ouvrage eut en 1854 les honneurs d'une traduction anglaise qui parut à New- York.

ii6 GABOURY

En 1834, Franchère se fixa au Sault Sainte-Marie avec sa jeune famille, et se livra au commerce des fourrures. Plus tard, il entra en société avec Pierre Choteau, de Saint-Louis ; puis il s'établit à New- York comme chef de la maison Franchère et C'^ Il mourut en 1856 chez son beau-fils, maire de Saint-Paul.

Gaboury, Marie=Anne. La première Canadienne de la Rivière -Rouge. Naquit le 6 novembre 1782 à Maskinongé, diocèse des Trois-Rivières. Elle était fille de Charles G. et de Marie- Anne Tessier. A l'âge de vingt-cinq ans elle épousa (21 avril 1807) un voya- geur fraîchement arrivé des pays d' en-haut, comme on disait alors, du nom de Jean-Baptiste Lagimodière (q. V.). Grande fut sa surprise quand, à peine mariée, elle entendit le chasseur parler de son retour prochain dans l'ouest. Par pur sentiment du devoir, elle réso- lut de l'accompagner dans les solitudes lointaines vers lesquelles il soupirait et de partager ses privations et ses dangers, bien que les premières fussent naturelle- ment bien plus pénibles pour une jeune femme sans aucune compagnie de ses semblables, que pour un homme déjà aguerri à pareille vie.

Sa première étape fut au fort Gibraltar, au confluent des rivières Rouge et Assiniboine, près duquel son mari planta d'abord sa tente, et le premier danger sérieux qu'elle courut fut, après deux tempêtes es- suyées sur les grands lacs, une tentative d'empoison- nement par une sauvagesse avec laquelle son mari avait vécu avant son voj^age au Canada. Le couple passa alors à la rivière Pembina le premier enfant de M™" Lagimodière naquit (V. Lagimodière, Reine).

GARDEPIE, F. 117

Puis en 1808 elle dut encore plier sa tente et se diriger avec son nouveau-né vers la Saskatchewan, son mari se rendait en compagnie de quelques Canadiens (V. Bouvier). Une foule de dangers, tentatives de vol ou d'achat de ses enfants par les sauvages, sur- prises par ceux-ci en l'absence de son mari, rencontres de partis hostiles, etc., l'assaillirent dans les grandes plaines du Nord-Ouest, sans compter les interminables chevauchées et les fatigues inséparables de pareilles expéditions, surtout pour une mère embarrassée de petits enfants.

Au printemps de 181 1, son mari ayant appris la fondation prochaine d'une colonie à la Rivière-Rouge, dit adieu à la Saskatchewan et prit la route du lac Winnipeg. Elle passa l'hiver 1811-12 près du poste de Pembina oii son premier enfant était né. Bien que désormais en plus nombreuse compagnie, son mari n'en continuait pas moins sa vie de chasseur libre, laissant sa femme seule avec ses enfants de longs espaces de temps. Mais cette solitude lui parut plus tolérable quand, à partir de 18 18, elle put recourir aux consola- tions de la religion dont M. Provencher (q. v. ) était devenu le dispensateur. Elle profita avec avidité de son ministère, et fut toujours pleine d'égards et de générosité pour l'apôtre de la Rivière- Rouge, et plus tard pour les premières religieuses du pa3^s. Elle perdit son mari vers 1850, et mourut elle-même près de Saint-Boniface à l'âge de 96 ans.

Gagné, Joseph. Compagnon de sir John Franklin dans sa première expédition arctique (1820-21).

Gaillard, Louis. Interprète au lac la Pluie pour la C" du N.-O. en 1804.

Gardepie, François. Canadien au service de la C" de J.-J. Astor, sur la Colombie. Comme il revenait

ii8 GARDKPIE, J.-B.

d'une petite expédition de traite parmi les Indiens, il fut rejoint, le 31 août 181 2, par Ross Cox, un des commis (plus tard auteur) qui faisaient partie d'une bande de traiteurs appartenant à la même compagnie. Celui-ci venait de passer quatorze jours errant à l'aven- ture, sans pouvoir retrouver ses compagnons dont il avait perdu même les traces, vivant de racines et de baies sauvages plus ou moins édibles, marchant presque constamment dans une région infestée de serpents à sonnettes et de bêtes féroces, pieds nus malgré les pierres et les épines, sans couvre-chef quoique dévoré par les ardeurs d'un soleil tropical, et ayant eu, dans un moment d'extrême débilité, à chercher un refuge dans les branches d'un arbre dans lequel un ours s'ef- forçait de grimper pour lui donner le coup de grâce et au pied duquel il monta longtemps la garde.

Gardepie, Jean=Baptiste. " Beau métis », dit Lar- penteur ; Ipeut-être le fils du précédent. Se trouvait en 1835 au fort Union, sur le Missouri supérieur, quand l'inimitié que lui portait François Deschamps, père (q. v.), le porta avec d'autres à tremper ses mains dans son sang. Il paraît n'en avoir pas voulu à la famille du vieux Canadien, puisque peu après on le vit chasser en compagnie de trois de ses enfants. L,arpen- teur, déjà cité, parle d'un «vieux métis» du même nom qui périt en essayant de mener à l'assaut d'une grande bande de Sioux des blancs auxquels ceux-ci avaient volé un grand nombre de chevaux. Le nom de cette famille, que des auteurs écrivent aussi Garde- pied, est devenu Gariépy.

Qariépy, Philippe. Métis qui joua un rôle impor- tant pendant l'insurrection de 1885. A la bataille du lac Canard, il sauva la vie à un blessé qu'on voulait achever, ce qui ne l'empêcha pas d'être con-

GASCON, R. P. 119

damné à sept ans de détention à la cessation des hos- tilités.

Gariépy, Pierre. Un des douze conseillers de Riel en 1885.

Garnot, Philippe. Fut condamné à 7 ans de déten- tion pour la part ([u'il prit à la révolte de 1805. Il avait été le secrétaire du gouvernement que Riel avait formé sur les bords de la Saskatchewan, et il fut le seul Canadien qui fut mêlé de si près à cette affaire.

Gascon, O. M. I., RÉv. P. Zéphirin. Est à Sainte-Anne-des-Plaines le 29 juillet 1826, du mariage de Jean-Baptiste G. et d'Angélique Thérien. Il fit ses études au séminaire de Sainte-Thérèse, et fut ordonné prêtre le 12 novembre 1854. Il accompagna M'^'' Taché à la Rivière-Rouge' en 1857 ^ puis, voulant se consa- crer à Dieu d'une manière plus complète, il entra dans la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée le 9 mars 1861. Avant son admisssion finale, les besoins des missions l'appelèrent au Mackenzie. Il séjourna longtemps au Grand Lac des Esclaves, après avoir commencé son pénible ministère en se constituant l'élève en montagnais du patriarche de la rivière au Sel, le vénérable Beaulieu (q. v.). De il se rendit au fort Rae, il prodigua ses soins aux serviteurs de la C"" de la Baie d'Hudson. En septembre 1861, il fonda la mission de Saint-Raphaël, sur la rivière aux Eiards, qu'il atteignit en raquettes (avril 1862), tout en faisant ses quartiers généraux de la mission du Grand Eac des Esclaves. Le 2 juillet de la même année, il partait avec un frère convers pour commen- cer sur le Mackenzie l'importante station de la Provi- dence ; puis il descendit avec M^' Grandin jusqu'au fort Simpson et peu après jusqu'au fort Good Hope, la mission catholique la plus septentrionale de l' Amérique.

I20 GAUDET

Pendant de longues années il se dévoua dans ces régions désolées au soin des peuplades nomades qui y passent une vie pauvre et souffreteuse, jusqu'à ce que, dans ces derniers temps, on lui eut assigné une retraite dans les environs de Winnipeg.

Gaudet, CharIes=Philippe. Canadien qui, pendant de longues années, fut commis au fort Good Hope pour la C'^ de la Baie d'Hudson. Il entra au service de cette corporation en 1851, et fut immédiatement dirigé sur le Mackenzie. Après avoir passé quelques années au Youkon, il revint en avril 1856 au fort Good Hope avec l'intention de quitter le service. Mais, à la recom- mandation de M. Roderick Macfarlane, il resta dans le pays, et fut mis en charge du fort McPherson, sur la rivière Plumée. En 1866, il fut promu au comman- dement du fort Good Hope, qu'il a retenu depuis. En 1878, il fut fait (( petit-traiteur-en-chef )', et en 1881 « traiteur-en-chef « par les autorités de sa compagnie. Il est renommé dans le Mackenzie comme un grand marcheur à la raquette et l'un des meilleurs conduc- teurs de toboggan du pays. Sa femme est une fille du traiteur-en-chef R. Fisher de Montréal. En 1887, il était un des nombreux officiers qui se réunirent en conseil à Winnipeg.

Gaudinot, Etienne. Canadien qui, en 1878, pas- sait pour l'homme le plus âgé des Etats-Unis. dans les environs de Québec le 19 mars 1752, il disait avoir été témoin de la bataille des Plaines d'Abraham. S' étant marié à l'âge de vingt ans, il alla s'établir sur le lac Champlain. Le commandant du fort Ticonde- roga l'employa comme éclaireur, et il fut fait prison- nier par Athan Allen eu revenant (mai 1775) d'une expédition au bas du lac. En 1793 il s'était fait trap- peur dans le voisinage de la rivière Niagara. Il sendt

GERVAIS, B. 121

trois ans dans la guerre anglo-américaine et fut blessé deux fois à la bataille de Lundy's Lane, après laquelle le général Scott le félicita publiquement de sa bravoure. En 1878, il vivait avec son arrière-petit-fàls à Franklin, Ohio.

Gauthier, Charles. Traiteur au compte de la C" ■du N.-O. au lac Flambeau, Wisconsin. Ne donnant pas satisfaction, il fut remplacé, le 2 août 1804, par F.-V. Malhiot (q. v.), qu'il servit ensuite comme lieu- tenant. Il ne paraît pas lui en avoir trop voulu, puis- qu'il le fit passer près des Indiens pour le frère d'un des directeurs de la compagnie. En retour, son maître ne manque pas de louer sa conduite : « Il ne boit plus », écrit-il, « et se comporte en honnête homme. » Il .ser- vait alors comme interprète.

Qenton, Joseph. Métis de la Rivière-Rouge élu par Saint-Boniface à la Convention du 21 décembre 1869.

Gère, Amable de. Plus connu sous le nom de Larose, il naquit à Montréal et émigra dans son jeune âge à Michillimakinac. Il assistait à la bataille de Monongahéla (V. Laxglade, Ch. de). Puis, après avoir pris part aux dernières batailles qui décidèrent du sort du Canada français, il s'adonna au commerce des fourrures. Il séjourna plusieurs années à la Baie- Verte, et mourut à Montréal à un âge très avancé sans s'être jamais marié.

Gérome, Pierre. (V. Jérôme, P.)

Gervais, Basile. L^e premier enfant blanc qui ait vu le jour à Saint- Paul, Minn. Il naquit le 4 septembre

1839.

Gervais, Benjamin. Père du précédent. Naquit à la Rivière-du-lyoup le 15 juillet 1786, et se rendit à la Rivière-Rouge vers 1803, il fut plusieurs années

122 GERVAIS, J.

au service de la C de la Baie d'Hudson. Le 29 sep- tembre 1823, il épousa à Saint-Boniface Geneviève garent, native de Berthier, et en 1857 il alla s'établir avec sa famille près du fort Snelling, Etats-Unis. De là, il émigra à Saint- Paul l'année suivante, puis, cinq ou six ans plus tard, il fonda, à huit milles au nord de cette ville, une colonie française, aujourd'hui paroisse florissante sur les bords d'un lac qui porte son nom. Il l'appela Petit-Canada, et elle est connue des Améri- cains comme le New-Canada. En 1849, Gervais fut élu commissaire pour le comté de Ramsay, et il mourut en janvier 1876.

Gervais, Joseph . Membre de l' expédition d' Astor à la Colombie, en 18 10-12. Il fut un des premiers colons de la vallée de la Wallamette, oii il s'établit en 1830. Quatre ans plus tard, il était un des signataires de la pétition envoyée à M^' Provencher, évêque à la Rivière-Rouge, pour lui demander des prêtres, et en. 1838 il était un des premiers Canadiens à venir sou- haiter la bienvenue à ceux que ce prélat leur avait envoyés. Il a donné son nom à une ville de l'Etat d'Orégon.

Qibotte, Louis. Interprète en 1804 à la rivière aux Anglais pour la C"' du N.-O.

Girard, Hon. Marc=Amable. Naquit à Varennes P. Q., le 25 avril 1822, et fit ses études au collège de Saint-Hyacinthe, il fut le condisciple de M^' Taché. Il était notaire de profession et avait été maire de Varennes quand, en 1870, il partit pour l'ouest avec ce prélat et M. Royal. Il prit de suite place parmi les hommes marquants du pays. En automne de cette même année, il fut élu par acclamation à la première législature du Manitoba par la circonscription de Saint- Boniface-est, et le 10 janvier suivant il était appelé

GIROUX, Rkv. L.-R. 123

comme ministre des finances clans le premier cabinet formé depuis l'entrée du pays dans la confédération canadienne.

D'un tempérament doux et porté à la modération, il était entouré de la considération de tous. En décembre 1871 il fut nommé sénateur, ce qui l'empêcha de donner autant d'attention aux affaires d'ordre local. Par contre, il fut, en janvier 1873, fait membre du Conseil des Territoires du Nord-Ouest, et l'automne de la même année il contribua à la défense d' Ambroi.se lyépine (q. v.) accusé du meurtre de Thomas Scott. Puis lorsqu'une crise gouvernementale éclata en juillet 1874, il eut l'honneur de devenir premier ministre du Manitoba.

Le gouvernement qu'il forma alors fut la première admini.stration régulière de la jeune province, vu qu'avant lui il n'y avait pas eu de chef de cabinet. Ce ministère ne dura que quelques mois. En novembre 1879 on dut de nouveau faire appel à ses services, et il entra dans le cabinet de Norquay en qualité de secré- taire-provincial, poste qu'il échangea deux ans après contre le portefeuille de ministre de l'agriculture. Il le retint jusqu'en 1883. Sa mort, arrivée à Saint- Boniface le 12 septembre 1892, fut l'occasion d'un deuil général au Manitoba.

Girardin, Louis. Etait en 1804 commis au fort Dauphin pour la C" du N.-O.

Qiroux, RÊv. Louis=Raymond. Curé de Sainte- Anne-des-Chênes, au Manitoba. le 4 juillet 1841 à Sainte-Geneviève de Berthier, il fit ses études classiques au collège de Montréal. Après avoir passé comme surveillant à l'école normale Jacques-Cartier, il fit sa théologie au grand séminaire de la même ville, et fut ordonné prêtre par M^' Grandin le 24 mai 1868. 11

124 GIvADU, P.

partit pour la Rivière-Rouge le 2 juin de la même année, prenant la voie ferrée jusqu'à Saint- Cloud, puis se rendant en charrette à Saint-Boniface, il arriva le 7 juillet suivant. Employé d'abord comme profes- seur au collège de la ville épiscopale, il en devint le directeur en septembre 1869, tout en étant chargé de la desserte des paroisses de Saint- Vital et de Sainte- Anne, à six et à vingt-huit milles respectivement de sa résidence. En 1870 il ajouta à ces œuvres et à d'autres d'intérêt local le soin de la garnison du fort Garry sous le Gouvernement Provisoire.

C'est en automne de cette même année qu'il fut nommé curé-résident de Sainte- Anne-des-Chênes, pa- roisse qu'il a constamment desservie depuis, et qu'il a rendue une des plus pieuses et des plus prospères de l'ouest. A l'origine, il était aussi chargé des missions de lyOrette, la Broquerie, Thibaultville et Sainte-Gene- viève ; puis, depuis 1876, de celles du lac des Bois, du portage du Rat, du lac la Pluie et du fort Francis. Pendant qu'il donnait ses soins à ces différents postes, un prêtre le remplaçait temporairement à Sainte- Anne.

lyC zélé curé a fait de son église comme une succur- sale de la grande Thaumaturge de Beaupré. On s'y rend en pèlerinage, et de nombreuses faveurs récom- pensent la foi des pieux fidèles. En 1898, son arche- vêque y bénit un noble édifice qui est maintenant pres- que achevé. A côté, une humble cloche de cent- vingt- cinq livres relie le présent au passé par les souvenirs qu'elle évoque, ayant été transportée en 1845, l'année même de l'arrivée du Frère (plus tard M^') Taché, sur une des charrettes légendaires de la Rivière- Rouge par la voie de Saint-Paul et des prairies américaines.

Gladu, Pierre. Surintendant des Travaux publics sous le gouvernement d'Assiniboia.

GOSSEIvIN, S»^ 125

Gladu, Lisette. V. Quinn.

Godin, Antoine. Métis qui fut un des guides de l'expédition du capitaine Bonueville racontée par W. Irving. On le disait si agile qu'il pouvait suivre un buffle à pieds et l'abattre à coups de flèches.

Gosselin, ScEUR Scolastique. Religieuse de l'In- stitut des Sœurs de la charité dites Sœurs Grises. Elle se trouvait à l'évêché de Saint-Boniface quand un acci- dent dont elle fut témoin eut sur les œuvres catho- liques de la Rivière-Rouge les conséquences les plus désastreuses. Un jeune prêtre français, M. l'abbé Goiffon. qui avait succédé à M. Belcourt (q. v.) dans la charge de Pembina, retournait à sa mission quand, le 3 novembre 1860, il fut assailli par une violente tempête de neige au milieu de laquelle il eut pourtant le courage de chevaucher toute la journée. Le .soir, il s'aperçut que ses jambes étaient gelées, et .son cheval lui-même ne tarda pas à succomber au froid et à la fatigue.

Ne pouvant plus marcher, le pauvre missionnaire en fut réduit à se repaître de tranches de viande crue qu'il taillait dans les flancs de sa monture morte à ses côtés. Il resta cinq jours entiers dans ce pitoyable état, et fut trouvé le 8 suivant parjun blanc qui en prit soin pendant quelque temps. Quand ses pieds commencèrent à dégeler, les chairs en tombèrent en putréfaction. Apprenant sa triste situation, les missionnaires de Saint-Boniface l'envoyèrent chercher, et le 3 décembre les médecins lui amputèrent la jambe droite, attendant qu'il eut repris quelques forces pour lui couper le pied gauche. Mais la rupture d'une artère occasionna une perte considérable de sang qui acheva de l'épuiser. Le 13 au soir, on perdit tout espoir de le sauver.

Aussi, de peur d'être pris au dépourvu, fit-on secrè-

126 GOUIN

tement les préparatifs de ses funérailles. Dans ce temps-là presque toutes les commodités de la vie civi- lisée devaient se confectionner sur place. C'est ainsi que les chandelles, par exemple, se fabriquaient au foyer domestique. Une fille de confiance était occupée dans la cuisine de l'évêché à en faire en prévision de la mort prochaine de M. Goifîon, quand elle eut le malheur de renverser sa chaudronnée de suif fondu qui, tombant sur le poêle, s'enflamma aussitôt et mit le feu à la cuisine. lya S' Gosselin qui se trouvait fit tout ce qu'elle put pour l'éteindre, mais en vain. Deux Pères Oblats se précipitèrent alors vers la chambre du moribond qu'ils emportèrent comme mal- gré lui. On craignit un instant que l'air froid du dehors ne lui fut mortel : ce fut son salut. Il arrêta l'hémorragie et sauva le malade qui, à l'heure oii ces lignes sont écrites (juin 1907), est encore en vie et bien portant.

Cependant de l'évêché le feu se communiquait à la cathédrale. S'' Gosselin qui avait la charge de la sacristie s'y précipita alors et parvint à sauver les vases sacrés et tovis les ornements de prix. Elle fit des prodiges de valeur, et ne quitta le lieu du sinistre que lorsqu'elle eut été à moitié suffoquée par la fumée, sa coiffure étant même déjà toute en feu.

Ce désastre arriva dans la journée du 14 décembre 1860. Le soir il ne restait plus rien de l'évêché, et de la cathédrale dont le poète Whittier chanta les « tours jumelles », vm édifice en pierre qui était la gloire du pays, il ne restait que des pans de murs calcinés.

S' Gosselin était née à l'Ile d'Orléans, Québec, le 22 juin 1806. Elle fit sa profession religieuse le 8 juillet 1828, et mourut le 5 octobre 1876.

Qouin, Charles. Charpentier qui fut une des

GOULET, HoN. R. 127

victimes du massacre du lac la Grenouille en 1885. (V. Fafard). Il était natif du Nord-Ouest canadien.

Goulet, EIzéar. Métis de la Rivière-Rouge qui, en 1870, fit partie du conseil de guerre qui condamna Thomas Scott à mort. Se trouvant à Winnipeg peu après l'arrivée des troupes de Wolseley, il fut reconnu comme tel et, bien que par ailleurs d'une parfaite hono- rabilité, il fut poursuivi dans les rues par une plèbe menée par des officiers de l'armée d'occupation. Ayant se mettre à l'eau pour sauver sa vie, il fut atteint d'une pierre pendant qu'il se dirigeait à la nage du côté de Saint-Boniface et, étourdi par le coup, il se noya (13 septembre 1870). Il était le frère de l'hon. Roger Goulet (q. v.).

Goulet, Georges. Lieutenant-général du Gouver- nement Provisoire de la Rivière-Rouge en 1869-70.

Goulet, HoN. Maxime. Métis qui fut élu le 18 décembre 1878 pour représenter Saint- Vital à la légis- lature du Manitoba. Bientôt après (7 janvier 1880), il entra dans le cabinet de Norquaj' en qualité de minis- tre de l'agriculture.

Goulet, HoN. Roger. Métis français dont les capa- cités et l'honorabilité étaient reconnues de tout le monde. Il naquit en 1834, et eut pour parrain M"' Provencher, qui veilla lui-même à son éducation. Avant le transfert du territoire de la Rivière-Rouge au Canada, il fut arpenteur, juge de district et membre du Conseil de l'Assiniboia. Le dernier acte consigné dans les registres de ce corps politique est une autorisa- tion à M. Roger Goulet d'agir auprès des chefs du mouvement de protestation contre les empiétements d'Ottawa en vue d'arriver à une entente.

Le 9 février 1870 il fut nommé collecteur de la douane par le Gouvernement Provisoire. Il fut plus

128 GRENON

tard chargé en mainte circonstance de régler les titres aux terres des anciens colons de la Rivière- Rouge, et Prud'homme assure que telle était la confiance dont il jouissait dans les cercles gouvernementaux, que les représentants de la Couronne se laissaient toujours guider par ses décisions. Il mourut le 25 mars 1902.

Grenon, Joseph. Etait, en 1799, au fort Dauphin en qualité de commis de la C" du N.-O.

Groulx, Charles. Guide pour la C du N.-O. au poste du lac la Pluie en 1804.

Quérin, Vital. Un des pionniers du Minnesota, Etats-Unis. à Saint-Rémi le 17 juillet 181 2, il s'adonna de bonne heure au commerce des fourrures. En 1832, il était au service de G. Franchère (q. v.) et en cette qualité il se rendit de Montréal à Mendota, Minn., en charge de cent-trente-trois hommes. Après nombre d'années passées dans ce genre de vie, il s'établit à un endroit qui devint plus tard la ville de Saint-Paul, et en 1841 il fut le premier blanc à se ser\àr de la charrue dans ce qui est aujourd'hui les rues de cette métropole, avec des bœufs qui venaient de la Rivière-Rouge.

Il venait de se marier (26 janvier 1841) avec Adèle Perry, fille d'un des pionniers de cette localité, quand, un jour, un parti de neuf ou dix Sioux en état d'i- vresse firent une attaque en règle contre la çiaison de Guérin dont ils menaçaient de massacrer les occu- pants. Ayant brisé une fenêtre, ils voulaient entrer par et sa femme, folle de peur, s'était déjà cachée sous un lit, quand Guérin prit une hache, bien résolu à en fendre la tête au premier qui entrerait, ce qu'un chef lui évita la peine de faire.

Désapprouvant les désordres dont la boisson est constamment la source chez les sauvages, il eut maintes

GUILLOTTE 129

fois à essuyer les affronts de ces derniers. Conjointe- ment avec Benj. Gervais (q, v.), il donna le terrain sur lequel s'éleva plus tard la première église catholique de la localité, qui fut dédiée à Saint-Paul, le i" novembre 1841 par l'abbé Galthier, prêtre français qui fit donner ce nom à la place elle-même. Plus tard, quand un évêque eut été nommé pour ce qui est deve- nu la ville de Saint-Paul, dans la personne de M. Jos. Crétin (1851), M. Guérin vendit vingt-et-un lots à son représentant pour la modique somme de huit cents piastres. lyorsque le 22 mai les habitants de Saint- Paul se réunirent pour faire constituer le Minnesota en Territoire autonome, Vital Guérin fut un de leurs représentants. Quand cette ville fut choisie comme capitale, il aurait pu amasser une immense fortune sans les intrigues de certains filous qui abusèrent de sa probité et de son imprévoyante générosité. Il mourut pauvre le 11 novembre 1870, et le conseil municipal de la ville s'honora en lui élevant un monument dans le cimetière catholique reposent ses restes.

Quilmette, François. Canadien qui faisait partie du peloton qui exécuta Thomas Scott le 4 mars 1870 (V. RiEL, L.). Comme la première décharge ne l'avait point tué, Guilmette lui donna le coup de grâce en le tirant à bout portant avec un pistolet.

Guillemont, Louis. Etait en 1804 commis et inter- prète au fort du lac la Pluie pour le compte de la C** du N.-O.

Guillotte, Noël. Faisait l'office d'interprète pour la C" du N.-O. en 1804, époque il était stationné au lac Seul.

I30 HAMEL

H

Hamel. Canadien eu charge du fort de la colline au Poil (Hair Hills). En janvier 1801, il fut dépouil- lé de toutes ses marchandises par les Indiens.

Hamelin, Baptiste. - Métis de la Saskatchewan qui, en 1885, se fit remarquer par sa constance dans la foi catholique, alors que l'iniluence de Riel, momentané- ment dévoyé, faisait apostasier la plupart des métis sous ses ordres. Persécuté chaque jour pour son atta- chement à la religion de ses pères, rien ne put ébranler sa détermination de tout souffrir plutôt que de la renier. On en vint au point de le condamner à être fusillé, et les exécuteurs du Gouvernement Provisoire l'entouraient déjà lorsqu'il leur cria, en présence de sa femme et de ses nombreux enfants : (f Puisqu'il vous faut le sacrifice de ma foi ou de ma vie, mon choix est fait depuis longtemps : le bon Dieu me donne assez de force pour braver vos menaces et vos fusils. Si un seul de mes frères ici présents en a le cœur, qu'il frappe ! » Personne n'osa lui faire de mal.

Hamelin, Louis. Un des compagnons d'armes de Charles de Langlade (q.v.). S' étant établi après la guerre à Michillimakinac, il fut, un jour d'hiver qu'il péchait sur le lac Michigan, poussé au large par un vent violent qui détacha un gros glaçon sur lequel il se trouvait. Il passa plusieurs jours dans cette affreuse position, et un vent favorable finit par le ramener au rivage au moment oii il désespérait de son salut.

Hamelin, Hon. Salomon. Un des sept membres du Conseil législatif du Manitoba, nommé le 10 mars 187 1 par l'hon. Adams G. Archibald, premier gouver- neur de la province. Il était métis et a laissé une nombreuse descendance.

HOUI.E. A. 131

Hébert, Manuel. Canadien attaché en 1850 au fort de Good Hope, sur le bas Mackenzie. Descen- daut ce fleuve au printemps de cette année-là, il fut témoin d'un massacre d' Esquimaux par un parti de lyOucheux, et le lieutenant Hooper donne clairement à entendre qu'il en fut lui-même l'instigateur. Les lyoucheux, au nombre de quatorze, tous armés de fusils, invitèrent les Esquimaux à une partie de traite agré- mentée de danses. Ceux-ci n'avaient que des arcs et des flèches, dont ils se défirent avec ostentation pour bien montrer leurs intentions pacifiques. Au moment ils s'y attendaient le moins et sans provocation aucune, les Loucheux en tuèrent quatre et en blessè- rent deux à la première décharge de leurs armes. Un autre s'était mis à l'eau et s'y cachait sous un tas de bois charrié ; mais on l'aperçut vite, et comme il plongeait pour éviter les flèches qu'on lui décochait, il fut expédié à coups de fusil.

Ees Indiens ayant dans la suite rejeté la faute sur Hébert qui, assure Hooper, avouait avoir tiré trois fois vSur les Esquimaux, il fut envoyé au Canada sous l'in- culpation de meurtre pour y subir son procès.

Hervieux. Commis d'un commerçant de fourrures, Dominique Rousseau, qui, en 1801, vit son droit à la traite avec les Indiens contesté par les représentants de la C"' du N.-O. Arrivé au lac Supérieur, on coupa en morceaux ses marchandises, et il dut rebrous- ser chemin après un voyage de près de treize cents milles.

Hesse, Charles. Commis de la Cdu N.-O. en 1799, époque oti il était stationné au Grand Portage.

Houle, Antoine 1°. Un des principaux métis qui prirent part à l'affaire de la Grenouillère (V. Bou- RASSA, M.).

132 HOULE, A.

Houle, Antoine . Interprète en 1867 pour la C'^ de la Baie d'Hudson au fort Youkon, sur le fleuve du même nom. Il jouissait d'une certaine considération, malgré qu'il vécut avec deux femmes indiennes. Il rendit des services au cours de l'expédition de W.-H. Dali. Etait métis.

Houle, Louis. Employé de la C" de la Baie d' Hud- son qui, dès 1793, était réputé un de ses plus anciens serviteurs. Cette année-là, il fit partie de l'expédition de Faignan et autres au Missouri, puis construisit un fort à la montagne la Bosse.

Hurteau, Pierre. Employé de la C'" du N.-O. qui, en 1799, se trouvait à la rivière Churchill.

J

Jéboint, Paul. Servait en 1S04 la C'"" du N.-O. en qualité d'interprète en haut de la rivière Rouge.

Jemmeraye, Christophe Dufros de la. Neveu du grand explorateur de la Vérendrye. Il naquit en 1709, du mariage de sieur Christophe et de Marie-Renée de la Vérendrye, et fut jusqu'à sa mort le bras droit de son oncle. Malgré sa jeunesse, il en reçut en 1731 la mission d'aller fonder un poste au lac la Pluie. Il l'établit dans l'automne de la même année à la décharge de ce lac, et lui donna le nom de fort Saint- Pierre. Le printemps suivant il alla chercher son oncle à Kami- nistiquia et l'emmena au fort Saint-Pierre, oùill'intro- duisit à de nombreux sauvages accourus pour le voir et traiter avec lui. Puis il l'accompagna au lac des Bois, ils bâtirent ensemble le fort Saint-Charles. Au printemps de 1733, il fut chargé de transporter à Michillimakinac les fourrures amassées pendant l'hiver et d'en rapporter un nouvel assortiment de marchan-

JÉRÔME, M. 133

dises. En même temps, il avait ordre de rendre compte au gouverneur de toutes les opérations de son oncle jusqu'à cette date.

De retour dans l'ouest, la Jemmeraye ne tarda pas à tomber malade, et le 10 mai 1736 il mourut au petit poste appelé la « Fourche des Roseaux », .sur la rivière Rouge, à quinze milles environ de son embouchure. C'est qu'il fut enterré à l'ombre de la croix que ses deux cousins élevèrent à sa mémoire. Il était le frère de Madame d'Youville, fondatrice des Sœurs de la Charité dites Sœurs Grises. Pour le récompenser de ses services, le gouverneur de Beauharnois lui avait octroyé une commission d'enseigne en second. Son nom est aussi quelquefois écrit La Jemmerais, La Jemraerays, Lajemmerais, etc.

Jérémie, P.=D. Canadien au service de la C"' du Pacifique. Participa à l'escapade d'Antoine Belleau (q. V.).

Jérôme, Martin. Homme politique du Manitoba. Naquit à Saint-Norbert le 23 novembre 1850 d'un Canadien-français et d'une métisse, Angèle Landry. Il reçut son éducation à l'école de sa paroisse natale, puis au collège de Saint-Boniface. Il épousa en jan- vier 1S71 Léocadie, fille d'André Carrière, de Saint- Pierre. Il fut pendant trois ans maire de Youville et membre du bureau provincial d'agriculture. A l'élec- tion générale de 1888, le comté de Carillon l'envoya à la législature du Manitoba, et en décembre 1899 il défit M. Roger Marion (q. v.) ; mais en 1903 il fut lui-même battu par le candidat conserv^ateur.

Libéral en politique, M. Jérôme abandonna son chef, Greenway, sur la question des écoles (V. R. P. Allard) ; mais retourna à son parti après le compro- mis de sir Wilfrid Laurier en 1896-97. Dans ces

134 JEROME, P.

derniers temps, il a été attaché au bureau fédéral d'immigration à Wiunipeg, poste dont il s'est récem- ment démis.

Jérôme, Pierre. Emplo3^é de la C'^ du N.-O. près des montagnes Rocheuses en 1799. Cinq ans plus tard, il était interprète au fort des Prairies (Edmonton). Appelé aussi Gérôme.

Jessaume, Octave. Un des guides-interprètes de l'expédition Lewis et Clarke au nord-ouest des Etats- Unis (1804-06).

Jette, Théophile. Canadien de la Rivière-Rouge dont le nom se rattache à un incident de l'insurrection de 1869. Parmi les individus désignés pour gouverner le pays sous Wm. McDougall, était un capitaine Cameron qui, impatient de tout joug, voulut forcer la barrière érigée par Riel à Saint-Norbert, et se rendre au fort Garry malgré la défense qu'en avaient reçue le pseudo-gouverneur et les gens de sa suite. Arrivé, dans une belle voiture conduite par un superbe équi- page, à l'endroit se dressait l'obstacle, Cameron cria aux gardes d'un ton qui n'admettait pas de réplique : « Enlevez-moi cette infernale barrière ! » Puis, comme on n'obtempérait point à ses ordres, il cingla ses chevaux d'un vigoureux coup de fouet pour le leur faire franchir. Mais deux métis les saisirent immédiatement par la bride, et forcèrent l'impérieux guerrier à descendre de voiture. Il fut alors conduit chez Théo. Jette, il fut quelque temps gardé à vue par un Joseph Delorme, père du métis de ce nom (q. v.) qui se signala plus tard à la bataille du lac Canard ; après quoi il fut reconduit sous escorte à la frontière. (V. Provencher, J.-A.-N.).

Joncquart, Chrysostome. Traiteur de fourrures aux sources du Missouri en 1793-94.

JOURDAIN 135

Joseph du Sacré=Cœur, Mère. Première supé- rieure des Sœurs de la Providence dans l'ouest, et l'un des premiers membres de son Institut. Dans le monde Esther Pariseau, elle naquit le 17 avril 1823, à Saint- Martin, près Montréal ; entra en religion le 26 décembre 1843, et fit profession le 21 juillet 1845. -^ ^^ sollici- tation de M^"" Magloire Blanchet, premier évêque de Nesqually, la maison-mère de l'Institut envoya cinq sœurs pour la première fondation au fort Vancouver (Wash.), en tête desquelles était S' Joseph du Sacré- Cœur. L,eur départ de Montréal s'effectua le 3 novem- bre 1856, et elles abordèrent à Vancouver le 8 décembre suivant, après avoir suivi la voie de Panama.

Ces courageuses femmes se trouvaient alors à l'extré- mité opposée du continent américain, sans aucun espoir de retour, au milieu d'immenses forêts peupl es de sauvages peu moraux et, çà et là, d'une poignée de blancs qui avaient à peu près oublié les contraintes et aménités de la vie civilisée. Malgré les privations inhérentes à un poste si isolé. Mère Joseph se mit cou- rageusement à l'œuvre, fondant avec le temps des éta- blissements qui font honneur à son zèle et à ses aptitu- des pour les affaires. Partout dans l'extrême ouest amé- ricain et canadien ses œuvres la proclament une femme au-dessus du commun. Bien des églises peuvent aussi se féliciter de la part qu'elles eurent à ses largesses.

Elle fut supérieure pendant dix ans, et s'occupa ensuite plus spécialement des fondations de son Insti- tut dans l'extrême ouest. Puis elle alla recevoir la récompense de ses bonnes œuvres le 19 janvier 1902, après avoir été témoin, le 29 août 1895, des noces d'or de l'établissement de son Institut au Pacifique.

Jourdain, Joseph. Guide au service de la C" du N.-O. au lac la Pluie en 1S04.

136 JUNEAU

Juneau, Laurent=SaIomon. Le fondateur de la ville de Milwaukee, aux Etats-Unis. Naquit le 9 août 1793 à l'Assomption, de François J. dit Latulippe et de Thérèse Galarneau. D'abord employé comme voyageur par la C'*' de la Baie d'Hudson, il se fixa sur les bords de la rivière Milwaukee dans l'automne de 1818, et le 14 septembre de cette année-là, il s'installa avec sa femme, Josephte Viau. dans une pauvre cabane en troncs d'arbres. En 1835, sa place commença à prendre les dimensions d'un village, dont il traça lui- même les rues et qui fut d'abord appelé de son nom. Il en devint le premier maître de poste, et l'année suivante la localité grossit considérablement, ce qui procura toute une fortune à son fondateur. C'est dans sa maison que la première messe fut célébrée par l' abbé Bonduel.

A la première élection d'un maire en 1846, les suf- frages de ses concitoyens se portèrent unanimement sur lui. Plus tard, toute sa fortune passa entre les mains d'adroits spéculateurs, et il dut reprendre le chemin du désert pour y trouver, comme autrefois, le moyen de faire vivre sa famille. Il s'établit alors à Theresa, il fit un commerce considérable de fourru- res avec les sauvages. En 1856 il se rendit à Cincinnati comme l'un des délégués du Wisconsin à la convention du parti démocrate qui nomma Buchanan candidat à la présidence des Etats-Unis. Il mourut le 14 novembre de la même année, muni des sacrements de l'Eglise, et ses restes furent transportés à Milwaukee selon le désir qu'il en avait maintes fois manifesté. Ses concit03^ens l'appelèrent « Juneau le noble et le bon ». Deux de ses enfants, Paul et Narcisse, ont siégé dans la législature du Wisconsin.

Jussiaume, René. Canadien qui servit en 1797 de

LABICHE 137

guide et d'interprète à David Thompson quand cet astronome releva la frontière internationale. Parti de Brandon le 29 novembre, il était de retour à la Rivière- Rouge le 14 mars 1798, après avoir reconnu les sources du Mississipi. Puis il retourna au Missouri, il fit la traite avec les sauvages pendant quinze ans.

K

Klyne, Georges. Passait pour un métis français, et fut élu membre de la Convention du 26 décembre 1869 à la Rivière-Rouge. Il représentait le district électoral de la Pointe-à-Grouette, et fut un des trois métis considérés comme français malgré leur nom anglais qui firent opposition au gouvernement de L,. Riel.

L

Labarge, Michel. Canadien-français qui, après avoir passé la plus grande partie de sa vie aux Etats- Unis, fut en 1866-67 <i6 l'expédition américaine en- voyée dans l'Alaska préparer les voies à une ligne de télégraphe destinée à relier le Nouveau- Monde à l'ancien, par le détroit de Behring et les possessions russes. C'était juste avant le succès final du câble transatlantique. Après la mort de M. Kennicott, un des ofliciers préposés à l'expédition, Labarge, eut, de concert avec un Américain, à explorer la région située entre Nulàto et le fort Youkon. Au dire de Whymper, l'artiste du parti, il était « un homme gai et expansif, le favori de tous. » Un lac important du Youkon porte son nom, que des Américains écrivent impropre- ment Lebarge et Laberge.

Labiche, François. Un des guides-interprètes de

138 LABOMBARDE

l'expédition des capitaines Lewis et Clarke au nord- ouest des Etats-Unis, en 1804-06.

Labombarde, Alexandre. Arrêté après la prise de Batoche (12 mai 1885) pour sa participation à l'in- surrection de la Saskatchewan, il fut relâché sans autre condamnation que celle d'avoir à se présenter de nou- veau en cas d'appel.

Labonté, Louis. Un des membres canadiens de l'expédition d'Astor à la Colombie (181 0-12). Il s'établit en 1831 dans la vallée de la Wallamette, où. quelques-uns de ses compatriotes avaient déjà pris des terres. Plusieurs auteurs américains ont fait d'un Labonté le type du voyageur ou coureur des bois.

Labrie, Pierrot. Fournit dans sa personne un des nombreux exemples des misères auxquelles étaient exposés les employés canadiens des compagnies de traite dans le grand nord. Il était au fort Chippe- wayan au service de la C' du N.-O. quand, le 6 décembre 1799, il fut trouvé à quelque distance du poste, les pieds gelés et couverts de blessures faites par sa hache dont le tranchant pénétrait les chairs sans qu'il s'en aperçut. Il avait été six jours sans manger et quatre sans feu. Malgré tous les soins qu'on lui prodigua, il en mourut peu après (16 décembre). Chose excessivement rare parmi les voyageurs, il vécut pauvre et laissa deux mille huit cents livres à sa mort.

Lachance. Commis au service de la C"" du N.-O. qui, en 1804, accompagna F. -A. Larocque (q. v.) dans son expédition au Missouri.

Lachapelle, André. Chasseur canadien au service de la C'" de J.-J. Astor, sur la Colombie, en 18 13. Faisait partie d'une petite expédition envoyée au paj^s des Gens-des-Serpents faire la chasse au castor et essayer de retrouver trois emplo3'és qui s'étaient per-

LACOMBE, R. P. 139

dus. Il fut tué par les sauvages au commencement de 18 14.

Lacombe, O. M. I., RÊv. P. Albert.— L'apôtre des Cris et des Pieds-Noirs. Il naquit à Saint-Sulpice, province de Québec, le 28 février 1827. Ordonné prêtre à Saint- Hyacinthe par M^' Bourget le 13 juin 1850, il fut d'abord placé comme vicaire à Berthier. Puis, ayant rencontré M''"' Taché qui revenait d'Europe il avait été sacré l'automne précédent, le jeune prêtre obtint facilement d'accompagner le non moins jeune évêque vers les solitudes de l'ouest. En consé- quence il partit de Montréal le 10 mai 1852 et, arrivé à la Rivière- Rouge, il eut d'abord la charge des métis groupés à Pembina, près de la frontière américaine. Puis il fut envoyé à la mission du lac Sainte- Anne, d'où il rayonna pendant douze ans à la recherche des Cris et des métis qui chassaient dans les plaines de la Saskatchewan.

C'est pendant qu'il était attaché à cette mission, située à quarante milles au nord d'Edmonton, qu'il entra dans la Congrégation des Oblats de Marie Imma- culée. Commençant son noviciat en septembre 1855, après une visite au Petit Lac des Esclaves et à la rivière la Paix, il fit ses vœux perpétuels juste un an plus tard.

Au cours de ses nombreuses tournées apostoliques immédiatement à l'est des montagnes Rocheuses, il faillit être tué par les sauvages dans les circonstances suivantes. Il se trouvait, la nuit du 3 décembre 1860, dans un camp de Pieds-Noirs établis momentanément en pleine prairie, quand une attaque par un fort parti de Cris mit tout le monde en émoi. Le missionnaire se mit alors à parcourir les loges pour administrer et baptiser les mourants. La fusillade était terrible, et

I40 LACOMBE, R. P.

l'obscurité, que rendait encore plus profonde la neige qui tombait à gros flocons, n'était dissipée que par la lueur des armes à feu, pendant que les flèches ennemies sifiûaient de tous côtés. Comme le P. I^acombe exer- çait son ministère de paix, une balle qui avait fait ricochet le frappa à la tête et le fit un moment chan- celer. Ce que voyant, les Pieds-Noirs crièrent qu'on venait de tuer le missionnaire. Par bonheur, des Cris entendirent la remarque et mirent fin à la bataille, tout en protestant qu'ils ignoraient sa présence au milieu de leurs ennemis.

En 1863, il fonda à neuf milles du fort Edmonton une mission appelée à un avenir brillant, qu'il mit sous la protection de son saint patron. Saint- Albert a depuis donné son nom à toute la province civile dans laquelle il se trouve, en sorte que le P. lyacombe est indirectement le parrain de l'Alberta.

Un pionnier parmi les missionnaires de l'ouest cana- dien, M. Thibault (q. v.), avait écrit à M»' Provencher : « Quand le dernier bison sera mort, on pourra tenter alors quelque chose du côté des prairies. » Le P. La- combe n'attendit pas si longtemps pour essayer d'amé- liorer le sort spirituel des nomades des grandes plaines de l'ouest. En 1865, lors du passage du Visiteur ofiiciel des Oblats, il en reçut la mission de courir les prairies avec les Cris et les Pieds- Noirs. Il exerça longtemps ce pénible ministère, apprenant les langues indiennes, vivant de la vie des sauvages et se faisant tout à tous. Dans une seule saison, il baptisa plus de quatre cents Pieds- Noirs, que la visite d'une épidémie avait rendus moins réfractaires aux choses du ciel. Puis il se dirigea vers les Cris, eux aussi éprouvés par la maladie, et se mettant à la charrue, il confia à la terre les premières semences sur lesquelles ces nomades

LACOMBE, R. P. 141

aient jamais compté pour une partie de leur subsistance.

En 1866, il établit la mission de Saint-Paul-des-Cris, sur la Saskatchewan, d'où il continua ses interminables courses parmi les enfants de la prairie. Plus tard, il se dévoua d'une manière plus spéciale au salut des Pieds-Noirs, et en étudia le dialecte. Puis, en 1872, il .se rendit à Montréal pour y publier ses ouvrages en langue crise, et poussa même jusqu'en Europe. De retour de ce grand voyage, nous le trouvons à Winnipeg, oii il exerça pendant trois ans les fonctions de curé de la paroisse de Sainte- Marie. En 1876, il quittait ce minis- tère par trop sédentaire pour assumer le rôle d'agent d'immigration catholique et française au Manitoba. Ses efforts dans cette direction procurèrent quelque neuf cents colons français à un pays découvert par les Fran- çais, évangélisé et civilisé par les Français, bien que menacé d'un envahissement complet par la race anglo- saxonne.

Ces tournées dans l'est et aux centres canadiens des Etats-Unis durent être interrompues en 1879, époque à laquelle il repassa en France en qualité de délégué au Chapitre général des Oblats tenu cette année-là à Autun. A son retour il fut chargé de la visite des chantiers d'ouvriers occupés à la construction du chemin de fer transcontinental. En cette qualité il rendit de grands services à la C'" du Canadien-Pacifique, grâce à son influence sur les Pieds- Noirs qui voyaient de très mauvais œil les empiétements de la voie ferrée sur leurs domaines patrimoniaux.

En 1882, il retourna à son ministère préféré, l'évan- gélisation des Indiens du Nord-Ouest, établissant ses quartiers généraux tour à tour à Calgary, à McEeod et à Pincher Creek. Eors de la rébellion de 1885, il obtint la neutralité de la puissante tribu des Pieds-

142 LACOMBE, R. R.

Noirs, et par prévint encore d'incalculables calamités. Depuis, il fut souvent nommé par ses frères en religion pour les représenter aux chapitres généraux de son Ordre, ce qui occasionna autant de voyages en Europe. En 1904 il en profita pour passer jusqu'en Terre sainte.

Les dernières années de sa verte vieillesse furent surtout consacrées au ministère paroissial parmi les blancs, sans compter la part tout à fait prépondérante qu'il prit à la fondation d'une colonie de métis sur une immense réserve qu'il obtint du gouvernement d'Ot- tawa. Cœur sensible à l'excès, le P. L,acombe s'est acquis sur les aborigènes, particulièrement les Pieds- Noirs et les Cris, un ascendant qui en a fait une véri- table puissance dans l'ouest canadien. Un mot de sa part aux fiers enfants de la prairie vaut plus qu'un régiment aux ordres d'Ottawa.

Ses supérieurs ecclésiastiques ont tenu à reconnaître ses services au point de vue religieux. Avec l'autori- sation de son Supérieur général, NN. SS. Taché et Grandin lui octroyèrent des lettres de vicaire général, et M^' L,egal, le successeur de ce dernier sur le siège de Saint- Albert, lui a depuis continué cette marque de confiance. Ses ouvrages sont très nombreux, et sont tous destinés aux Indiens ou à leurs pasteurs. C'est d'abord le Nouveau Testament en langue crise (Saint-Boniface, 1875) ; un livre de Prières sauteux en caractères sylla- biques (Montréal, 1880); l'Abrégé du Catéchisme dans la langue des Sauteux {ibld., 1881) ; un livre de Prières en langue crise, caractères syllabiques, imprimé à Montréal en 1886 ; plus certains ouvrages de moindre importance, parmi lesquels nous ne devons pas oublier son catéchisme en images à l'usage des Indiens, qui paraît un perfectionnement de l'Echelle Catholique de M^ F.-N. Blanchet (q. v.).

LACOURSE, X. 143

Lacourse, François. Canadien au service de la C de la Baie d'Hud son dans la Nouvelle-Calédonie, main- tenant Colombie anglaise. Est un exemple frappant de la manière brutale avec laquelle les employés de cette corporation étaient traités dans ce pays lointain il y a une cinquantaine d'années. Il fut un jour roué de coups par son « bourgeois », P. Odgen, et tellement malmené qu'il en fut dans la suite sujet à de fréquentes attaques d'épilepsie. Plus tard, un M. D. Manson, commandant du fort Saint-James au lac Stuart, lui lança une hache à la figure, mais manqua son coup et tailla seulement une raie dans son habit. Ce fut à tel point que sir George Simpson, gouverneur de la com- pagnie, dut intervenir, et de plus faire rendre à La- course, que tant de violences avaient forcé à se retirer du service, les gages d'une année entière dont Manson l'avait privé (juin 1853).

Lacourse, Pierre. Fut un des compagnons de sir George Simpson dans son voyage de 182S à travers le continent américain. Il fut envoyé le 18 septembre au fort Thompson, aujourd'hui Kamloops, pour y construire une barque en vue de descendre le Fraser jusqu'au fort Langley, non loin de l'océan Pacifique. C'est avec cette embarcation que la partie du fleuve qui n'avait pu être franchie par Simon Fraser à cause de la saison défavorable (temps des crues du printemps), c'est-à-dire de l'embouchure de la Thompson à Yale, fut descendue pour la première fois par des blancs, et même probablement par des sauvages.

Lacourse, Théodore. Canadien qui fit partie de l'expédition d'Anderson (V. Montigny, Ed.).

Lacourse, X. Peut être mentionné comme démon- trant par un incident de sa vie de voyageur un des nombreux dangers auxquels cette classe de Canadiens

144 LADUE

était exposée. Se trouvant en 1812 au service de la O^ du Pacifique établie dans le bassin de la Colombie, il lui arriva de s'endormir sur la terre nue, accablé qu'il était par les fatigues d'une pénible journée de vo^-age. Dans cet état un serpenta sonnettes s'appro- cha de lui et s'entortilla autour de son corps. Le moindre mouvement de la part du dormeur eut occa- sionné une morsure suivie d'une mort inévitable. D'un autre côté, les spectateurs terrifiés se demandaient comment tuer le reptile sans réveiller Lacourse. Ce ne fut qu'avec d'extrêmes précautions qu'on parvint à l'en débarrasser avant qu'il n'en eut été piqué.

Il est possible que ce Canadien soit le même que le précédent.

Ladue, Joseph. Le premier habitant de Dawso'n Cit}", et le millionnaire du Klondyke, comme les auteurs anglais l'appellent. L'explorateur Frederick Schwatka le rencontra pour la première fois sur le Youkon le 25 juillet 1883, et fit une partie de sa descente du fleuve en sa compagnie. Ladue était alors de société avec un traiteur du bas Youkon oii il avait un magasin ; mais il passait souvent son temps libre à la recherche de l'or. Plus tard, il bâtit un poste de traite à l'em- bouchure de la rivière Soixante- Milles (60 mile Creek), et un voyageur qui l'y rencontra le décrit dans un livre comme un homme « au sourire plaisant, vêtu de hail- lons et chaussé de bottes imperméables, w Le i'"' sep- tembre 1896, il éleva près de la rivière Klondyke, et sur la rive droite du Youkon, une cabane destinée à devenir comme une annexe à son établissement de la rivière Soixante-Milles. Peu après, l'or fut découvert en grande quantité tout près de ; les mineurs s'y portèrent en foule, et la ville de Dawson fut fondée avec sa cabane pour première maison. Ladue y pos-

I^AFIvÈCHE, M'"' 145

sédait 178 arpents d'un terrain (jui, divisé en lots de ville, se vendit de $100 à $10,000 par lot.

Lafantaisie, Jacques. Voyageur au service de la C'" d'Astor à la Colombie, il se rendit par le voilier Tonqum (V. BruslÊ).

Laflèche, Mgr Louis=François=Richer. Mort évo- que de Trois- Rivières, après avoir passé douze ans dans les missions du Nord-Ouest. Il naquit le 4 septembre 1818 à Sainte- Anne de la Pérade, P. Q., et, après de bonnes études au collège de Nicolet, il fut ordonné prêtre le 7 janvier 1844, quand il se rendit à la Rivière- Rouge et donna les prémices de son ministère aux pénibles missions de cette contrée. Le 8 juillet 1846, il partit avec le P. Taché, O. M. I., pour la mission de rile-à-la-Crosse il fit un bien incalculable. Bien- tôt, cependant, sa santé se trouva compromise par un travail excessif qui l'obligea à garder la maison, tandis que son compagnon courait partout à la recherche d'âmes à sauver. Cela n'empêcha pas M'^'" Provencher de le demander comme coadjuteur, et son nom parut même sur les premières bulles expédiées de Rome. Mais l'humble missionnaire fit agréer ses excuses, et le P. Taché le remplaça dans la charge onéreuse qu'il redoutait (1850). Aussi quand M°' Provencher mourut en 1853, uii <l6S principaux soins de son successeur fut- il de le nommer grand vicaire, dignité dont il put d'autant plus facilement exercer les fonctions que, depuis quatre ans, la maladie l'avait arraché à l'Ile-à- la- Crosse.

En 1856, M. I^aflèche retourna au Canada, et fut immédiatement nommé professeur au collège de Nicolet, puis vicaire général de Trois-Rivières en 1859, évêque titulaire d'Anthédon et coadjuteur de M^ de Trois- Rivières, recevant l'onction épiscopale le 25 février

146 IvAFLEUR, B.

1867. Trois ans plus tard (31 avril), il succédait au titulaire du diocèse, et malgré ses nombreux travaux passés, il fournissait une longue et brillante carrière, prenant place parmi les grands évêques du Canada. Il mourut le 14 juillet 1898. On raconte que, peu avant de rendre le dernier soupir, il chargea une personne de son entourage, familière avec la langue crise, de dire à ses chers sauvages d'autrefois qu'il avait pensé à eux en quittant cette terre. Il était bon écrivain, et avait publié quelques brochures (V. Malatkrre, B.).

Lafleur, Baptiste. Interprète de D.-W. Harmon dans son vo3'age à la Nouvelle-Calédonie (nord de la Colombie anglaise) en 18 10. Peut-être le même que celui qui accompagna en cette qualité sir George Simpson lors de son grand voyage à travers le continent américain en 1828.

Laforce, Vital. Canadien avec un peu de sang indien dans les veines, vers 1840. Il découvrit le ruisseau aurifère appelé en son honneur Vital Creek, dans le nord de la Colombie anglaise. Il fit plusieurs fortunes dans sa chasse à l'or, mais ne put rien garder.

Laframboise, François. Interprète au fort Pierre, Dakota septentrional, en 1863.

Laframboise, Michel. Un des Canadiens qui firent partie de l'expédition d'Astor au fleuve Colombie en 1810-11. Il fit le voyage par mer, et, après avoir servi quelque temps les traiteurs de ce district, il s'établit dans la vallée de la Wallamette, les premiers missionnaires catholiques le trouvèrent en 1838. Fut marié l'année suivante par M. F.-N. Blanchet, comme il commandait la brigade de la C'^ de la Baie d'Hudson qui se rendait périodiquement à la recherche des four- rures de la Californie.

Lafrance, Jean=Baptiste. Etait, en 1804, un trai-

LAFRANCE, J.-B. 147

teur libre dans le pays de l'Assiniboine, et il avait déjà exercé son métier pendant plusieurs années partir du 10 décembre 1793) au Missouri supérieur quand, à l'automne de 1804, il fut choisi pour accompagner F.- A. Ivarocque (q. v.) dans une partie de traite au pays des Mandanes, en qualité de commis, guide et inter- prète. Comme Lafrance ne savait pas lire, on lui donna pour assistant un nommé Charles Mackenzie qui écrivit plus tard le récit de cette expédition et de celles qui suivirent.

IvC 3 juin de l'année suivante, il refit ce voyage en compagnie des mêmes commerçants, et souffrit beau- coup sur les grandes prairies du nord-oue.st américain. D'abord, vers la mi-août 1805, il se trouva avec ses compagnons dans une contrée les bisons foisson- naient à tel point que pendant la nuit on était obligé de tirer des coups de fusil pour les tenir à distance, et encore pouvait-on à peine fermer l'œil, poursuivi qu'on était par la crainte d'être écrasé par eux au moment l'on y pensait le moins. Ensuite les maringouins ne laissaient de relâche à personne. Enfin, chacun fut menacé de mourir de soif. Arrivé un soir à un petit lac que Lafrance, comme guide, avait indiqué d'avance, on le trouva à sec. En creusant un trou dans son lit, on obtint au bout d'un certain temps une eau fétide et salée qui augmenta la soif plutôt qu'elle ne l'étan- cha. Ee lendemain, pas une goutte d'eau toute la journée, etfda détresse des voyageurs devint insup- portable », écrit Ch. Mackenzie. « Eafrance perdit patience », continue le chroniqueur, « et il jura tant qu'il ne put jurer davantage... A la fin, sa vue se troubla, et l'on crut qu'une crise sérieuse approchait pour lui. » Fort heureusement, son compagnon tomba peu après sur une flaque d'eau potable, vers laquelle

148 I^AFRANCE, J.

tout le inonde se précipita à l'envi, alors que le Cana- dien, le teint livide et les lèvres couvertes d'une croûte noirâtre, paraissait plus mort que vif.

Lafrance, Joseph. Métis qui, dans la première moitié du dix-huitième siècle, fit le voyage du lac Su- périeur au lac Winnipeg et de à la baie d'Hudson. Il en communiqua les détails à Arthur Dobbs, qui les rendit publics dans un livre qui parut en 1744. C'est la plus ancienne relation que nous ayons de ce voyage.

Lafrance, SceuR Marie=Hedwige. Née à la Pointe- aux-Trembles, P. O., le 13 mai 1815, elle entra dans la Congrégation des Sœurs Grises à l'âge de vingt-quatre ans et y fit sa profession religieuse le 13 juillet 1840. Quatre ans plus tard, elle fut une des premières profes- ses envoyées à la Rivière-Rouge (V. Valade). A Saint- Boniface elle fut chargée de la classe des filles jusqu'en 1850, quand elle fut adjointe à S"' Lagrave (q. v.) dans son nouveau poste à Saint-François-Xavier. Elle mourut le 20 mars 1882.

Lagacé. V. IvEGACÊ.

Lagarde, Joseph. En 1804 faisait fonctions d'in- terprète pour la C" du N.-O. au poste du Fond-du-Eac.

Lagimodière, Benjamin. Canadien à la Rivière- Rouge qui, en 1849, fut avec Louis Riel, père, un des principaux instigateurs des mesures qui eurent pour résultat l'acquittement de Sayer (q. v.) et la procla- mation de la liberté de la traite. Riei, qui avait épou- sé sa sœur, le nomma membre du comité qu'il orga- nisa en vue d'obtenir ce double but. Etait fils du sui- vant, et était à Pembina dans l'hiver de 1811-12.

Lagimodière (ou Lajimonière), Jean=Baptiste. Trappeur de la Rivière-Rouge et du nord-ouest cana- dien, qui épousa la première Canadienne de ces pays

LAGIMODIÈRE, J.-B. 149

(V. Gaboury). Il était de Maskinongé, et s'était rendu à la Rivière-Rouge en 1801 ; puis, après un stage de cinq ans, il était retourné à sa paroisse natale il épousa Marie-Anne Gabourj- le 27 avril 1807, laquelle eut le courage de le suivre aux vastes soli- tudes de l'ouest l'année même de son mariage. Lagi- modière était par nature indépendant, et il passa sa vie à courir la prairie, à la recherche de gibier et d'aventures. Chassant d'abord dans la vallée de la rivière Rouge, il se rendit bientôt après à la Saskat- chewan, il resta nombre d'années (V. BoirvaER). Il revint à la Rivière-Rouge à l'établissement de la colonie de lord Selkirk, à laquelle il rendit un service signalé.

C'était en 18 15, au moment les agissements de la C"' du N.-O. mettaient les colons en danger. On lui confia des dépêches importantes pour le noble fonda- teur qu'on savait arrivé dans l'est, et, le i" novembre de cette année-là, il quitta le fort Douglas pour Montréal sans aucun compagnon et ne prenant que son fusil, une hachette et une couverture pour effectuer un trajet d'environ dix-huit cents milles, au cœur de l'hiver et par des sentiers soigneusement gardés par les agents de la C'" du N.-O., qui avait juré une guerre à mort à l'établissement de la Rivière- Rouge. Il fut assez habile pour éluder les recherches de ses représentants, et le 6 janvier suivant il remettait ses dépêches à lord Selkirk. Celui-ci fut si touché de cet acte de dévouement qu'il ne put s'empêcher de demander au voyageur ce qu'il désirait en retour. Ce à quoi Lagimodière répondit sans hésiter : « Des prêtres ; donnez-nous des prêtres au plus vite. » lyord Selkirk lui confia d'autres documents à porter au fort Douglas ; mais le Canadien fut arrêté cette fois près du fort William par des sau-

I50 LAGIMODIÈRE, M»'^

vages au service de la C'" du N.-O., et il ne put retourner à sa famille avant les fêtes de Noël 1816. Il mourut vers 1850.

Lagimodière, Madame; J.=B. V. Gaboury, Ma- rie-Anne.

Lagimodière, Reine. Le premier enfant blanc à la Rivière-Rouge. Etait la fille de Jean-Baptiste L. et vit le jour le 6 janvier 1808 au fort Pembina. Fut nommée Reine en l'honneur des Rois mages dont l'Eglise faisait la fête le jour de sa naissance. Elle n'avait guère plus de quatorze ans quand elle épousa un Canadien nommé Joseph Lanière, qui l'emmena aux Etats-Unis quatre ans après. Elle y passa quarante-six ans, et mourut au commencement de mai 1894 sans avoir eu la consolation de revoir sa vieille mère.

Lagimonière, Elzéar. Métis de la Rivière-Rouge, qui, impliqué dans l'exécution de Thomas Scott, fut honorablement acquitté par le jury (V. Nault, A.).

Lagrave, Sceur Marguerite=Marie=Eulalie. —Une des premières religieuses de la Rivière-Rouge, elle se rendit en 1844 avec Mère Valade (q. v.) et deux autres compagnes. Elle naquit le 2 mai Ï805 à Saint- Charles, sur la rivière Chambly, et fit sa profession religieuse le 23 novembre 1823. Un accident qui lui arriva durant le trajet entre Montréal et le lieu de sa destination lui rendit le voyage particulièrement pénible. S' étant fait une entorse en chemin, elle fut pendant longtemps dans l'impossibilité de marcher ; d'où nécessité pour deux Iroquois de la transporter dans un brancard le long des nombreux portages qui interrompent la navigation. A Saint-Boniface elle fut assistante jusqu'en 1850. Cette année-là elle fut dési- gnée pour aller fonder l'établissement des Sœurs à

I.AI.ONDE 151

Saint- François-Xavier, à vingt milles de la ville épis- copale. M. Laflèche (q. v.), plus tard évêque de Trois-Rivières, était alors chargé de cette paroisse. Pendant neuf ans elle s'y dévoua aux œuvres propres à son Institut, jusqu'à ce qu'une mort prématurée vint l'arracher à ses enfants le 4 août 1859.

Lajeunesse, Basile. Un des compagnons du général J.-C. Frémont dans ses trois expéditions aux mon- tagnes Rocheuses (1842-45). Alors qu'il se rendait en Californie par la voie du lac Salé, il eut la tête tran- chée par les sauvages Tlamaths, qui assaillirent l'ex- pédition pendant qu'elle était plongée dans le plus profond sommeil. I^ajeunesse était alors dans la fleur de l'âge et, selon un auteur américain, « il était géné- reux, désintéressé, beau autant que brave. Son énergie et sa résistance à la fatigue ne sauraient être surpassés.»

Lajeunesse. Canadien qui était, en 1801, chargé du poste de la Longue- Prairie appartenant à la C" du N.-O.

Lalancette, Antoine. D'abord au service de la C* X Y, il travailla énergiquement contre la C'*" du N.-O. au lac Flambeau, Wisconsiu, il avait pour supérieur immédiat S. Charrette (q. v.).

Lalancette, François. Interprète de la C" du N.-O. au lac Népigon (1804).

Laliberté. Canadien qui, d'abord avec Roderick McKenzie dans le département du nord (1786), faisait en 1804 l'office d'interprète pour la C" du N.-O. au fort des Prairies (Edmonton).

Lalonde. Guide en charge de la brigade qui con- duisit Roderick McKenzie de Sainte-Anne au nord- ouest canadien en 1789. Celui-ci écrit de lui qu'il était « un guide bien connu parmi les voyageurs de ce temps- là. » Son expérience dans le métier lui fit sauver la vie

152 I^AMAIvICE

de McKenzie et des bourgeois de la C" à son bord, vu qu'il refusa net de partir sur le lac Huron un jour une tempête menaçait d'éclater, laquelle fit le même jour périr sur le lac Nipissing onze personnes, dont le guide avait eu moins de perspicacité.

Lamalice. Homme de peu de valeur, mais qui eut l'honneur d'être le premier commandant d'un fort de traite, fort McLeod, établi à l'ouest des montagnes Rocheuses (1805). I,' année suivante il accompagna Simon Fraser dans sa découverte du lac Stuart et la fondation du fort Saint- James ; après quoi il fut envoyé au lac Athabasca en quête des objets de traite néces- saires à l'équipement des postes de l'extrême ouest.

Lamarche, Charles. Guide pour la C" du N.-O. en 1804, époque à laquelle il servait au lac Winnipeg.

Lamarre, Séraphin. Commis et interprète de la C^ du N.-O. stationné d'abord au Fond-du-Lac (Duluth). Pendant la guerre anglo-américaine, il fut enseigne au régiment des voyageurs (1812-13) et nommé major des tribus sauvages et des pays conquis, c'est-à-dire de la contrée cédée après la reddition de Michillimakinac. De il passa à la Rivière- Rouge, et lors des premiers troubles entre les deux compagnies rivales, il se trou- vait au fort Gibraltar, d'où il sortit le 11 juin 18 15 pour attaquer le fort Douglas en compagnie d'un cer- tain nombre de métis. I^es colons de lord Selkirk ayant décidé d'abandonner leurs fermes, il alla quelques jours après incendier leurs maisons avec l'aide de cinq ou six serviteurs. L'année suivante, il commandait, vers la mi-juin, une des escouades de Canadiens et de métis destinés à opérer contre les établissements de la C'^ de la Baie d'Hudson. Il se montra partout par- tisan dévoué, sinon violent, des intérêts du corps commercial auquel il était attaché, et il mourut avant

LAMOTHE 153

le procès qui suivit, en 1818, la bataille de la Gre- nouillère.

Les documents contemporains publiés par les soins de la C" de la Baie d'Hudson écrivent sou nom Lamar et l'appellent constamment l'enseigne des voyageurs. Sou grade lui fut pourtant retiré, ainsi que celui de douze autres officiers (traiteurs de fourrures pour la plupart), le 17 août 1816, probablement en conséquence de la part active qu'il prit aux ho.stilités contre les établissements de la C'" de la Baie d' Hudson à la Rivière- Rouge.

Lambert, Clément. Un des «cinq meilleurs com- pagnous» du général T.-C. Frémont dans son voyage aux montagnes Rocheuses en 1842. Le 24 août de cette année-là, comme son parti descendait un rapide, son canot se heurta à un récif caché au bas d'une cas- cade qui le fit chavirer. Lambert, qui était bon nageur, entreprit alors de sauver un camarade du nom de Descoteaux qui allait se noj-er. Le saisissant par les cheveux, il s'efforçait de le tenir à flot et aux exhor- tations réitérées du naufragé : « ne lâche pas, mon frère », il répondait constamment : « ne crains pas ; je vais mourir avant de te lâcher. » Malgré la fureur des flots, tous les deux échappèrent au danger.

Lamothe. Commis de M. de Rocheblave (q. v.) dans la C" X Y, près du fort Auguste (Edmonton). Un jour de l'hiver 1802-03, des sauvages envoyèrent dire à ses concurrents de la C du N.-O. d'aller cher- cher des ballots de fourrures qu'ils leur destinaient et un M. King, de cette compagnie, partit dans ce but avec Lamothe. La seconde nuit de son absence, sa petite fille, une enfant de six ans, réveilla sa mère en disant qu'elle voyait son père se tenant au pied du lit, le cou tout rouge. Le surlendemain, le corps inanimé

154 LAMOUREUX

de Kiug était ramené sur un des traîneaux, le cou tout ensanglanté. A la suite d'une dispute à propos de fourrures, Lamothe, pour défendre sa propre vie, lui avait tiré un coup de fusil. Le commis de M. de Rocheblave était de bonne famille et tout à fait respectable, tandis que King, fort gaillard assez porté à abuser de la faiblesse des autres, avait la réputation d'être un homme capable de tous les excès. En con- séquence, Lamothe fut absous sans difficulté de l'accu- sation de meurtre.

Lamoureux, Baptiste. Canadien au service delà C'^ du Pacifique. I^.Iembre d'un parti de soixante per- sonnes, il fut tué par les Tchinouks comme il aidait, le 8 août 1814, à faire un portage le long d'un rapide sur le fleuve Colombie (V. Larocque, Jos.).

Lamy, Scëur Adèle. Née à Yamachiche le 9 avril 1835, elle fit sa profession dans l'Institut des Sœurs Grises le 3 février 1857. Deux ans plus tard, elle fut choisie pour être une des fondatrices des établissements de Sainte- Anne et de Saint- Albert, dont elle partagea les premières épreuves avec S'" Hmery et Alphonse (q. V.). Puis, après une vie bien remplie, elle retourna mourir à la maison-mère de Montréal le 16 janvier 1 892.

Landry, François. Chasseur canadien au service de la C" de traite fondée par J.-J. Astor au fleuve Colombie en 18 10. Envoyé chez les sauvages Serpents, il fut tué par eux au commencement de 18 14.

Landry, Joseph. Fit partie des deux expéditions de sir Alex. Mackenzie, à l'océan Glacial en 1789, et à l'océan Pacifique en 1793.

Landry, Nicolas. Interprète au lac Rouge et au lac Seul pour la C" du N.-O. (1804).

Laneau. Commis de la C'^ du N.-O. chargé en 1804 du fort de la Longue-Prairie.

LANGIvADE, CM. de 155

Langlade, Augustin de. Naquit aux Trois-Ri- vières en septembre 1703 de Pierre Mouet de Moras et d'Elisabeth Jutras. Il fut le premier à porter le nom de Langlade, qui resta attaché à ses descendants. Vers 1727, il se rendit à Michillimakinac et y fit le com- merce des fourrures. En 1763 ou à peu près, il émigra à la Baie-des-Puauts, aujourd'hui Baie-Verte ou Green Bay, Wisconsin, il continua à traiter avec les sau- vages. Après une vie semée de dangers et d'aven- tures, il s'éteignit vers 1777. Il était fermement attaché à la religion catholique, et les missionnaires du temps trouvèrent en lui un généreux appui.

Langlade, Charles=Michel de. Naquit à Michilli- makinac au commencement de mai 1729 du précédent et de veuve Domitilde Villeneuve. Dans sa jeunesse il suivit son père à la Baie- Verte, et forma avec lui et quelques autres Canadiens le berceau de l'Etat du Wisconsin. D'abord traiteur de fourrures, il fut, au commencement de juillet 1755, mis à la tête de troupes formées de sauvages et de coureurs des bois et dirigé sur le fort Duquesne. Il partit bientôt de pour aller attaquer les Anglais, sous le sieur de Beaulieu, com- mandant des troupes au service de la France dans cette partie du pays. Le 9 juillet il les mit en déroute, leur tuant des centaines d'hommes et les forçant à aban- donner un riche butin. Cette affaire est connue dans l'histoire sous le nom de bataille de Monongahéla.

L'année suivante, de Langlade guerroya encore dans les environs du fort Duquesne, avec le grade d'ensei- gne dans l'infanterie, et toujours à la tête de Cana- diens et de sauvages. Puis, en 1757, il se rendit dans l'est pour prêter main-forte à Montcalm. De il fut envoyé comme officier en second au fort Michillimaki- nac (1758). En juin 1759, il repassa avec M. de la

156 LANGlvADE, C.-M. de

Vérendrj-e au Canada, il se distingua par sa bra- voure et ses bons conseils, qui ne furent malheureuse- ment pas toujours suivis. Il se trouvait à la bataille des Plaines d'Abraham le 13 septembre de la même année et s'y surpassa.

Il y gagna une commission de lieutenant, et à la cession du pays aux Anglais, il retourna à Michilli- makinac avec sa famille en qualité de traiteur, tout en conservant, grâce à la générosité du commandant anglais, sa charge d'agent des sauvages et même son titre de chef de la milice. L,e 4 juin 1763 eut lieu le massacre de la garnison par les Indiens en union avec Pontiac, massacre que Langlade essaya maintes fois de prévenir en avertissant le commandant anglais qui ne voulut jamais croire à aucun danger. I^e nombre des victimes s'éleva à dix-.sept, plus cinq soldats qui furent bientôt après massacrés. En sa qualité de Canadien- français, de Langlade ne courut aucun danger.

lyors de la guerre de l'Indépendance américaine, les autorités anglaises eurent recours à ses services pour décider les Indiens à se ranger de leur côté. Après avoir réuni un corps nombreux d'aborigènes, il se rendit à Montréal, eurent lieu de grands pourpar- lers, selon la coutume indienne. Il servit sous le géné- ral Burgoyne à la fin de juillet 1777, avec son ami lyUc de la Corne (q. v.). Mais les sauvages, mal vus des officiers anglais, ne donnèrent point alors toute la satisfaction à laquelle on s'attendait. Puis il se rendit au Michigan, il réussit à soulever des Indiens que d'autres avant lui n'avaient pu persuader. Malheu- reusement il en fut pour ses frais, vu que le comman- dant anglais du fort qu'il voulait secourir avait capituler avant son arrivée.

Après la guerre, il revint à Michillimakinac, d'où

LANNIAU 157

il poussa à l'occasion jusqu'à la Baie- Verte. Le 12 août 1754, il avait épouse Charlotte- Ambrosine Bou- rassa, et en 1763 il s'établit avec elle à cette dernière place. Il y exerçait ses doubles fonctions d'agent des sauvages et de commandant de la milice quand il mourut en janvier 1800, respecté de tous ses conci- toyens. Les historiens américains lui ont décerné le titre de « Père du Wisconsin. »

Langlois, Rîîv. Antoine. Un des premiers prêtres de rOrégon, oii il arriva le 17 septembre 1842 en com- pagnie de M. Bolduc (q. v.). Stationné à différents postes selon les besoins de la mission, il paraît avoir surtout réussi dans l'instruction de la jeunesse. En 1844 il était'en charge de la mission de Cowlitz ; mais cinq ans plus tard il quitta l'Orégon pour la Californie. Eu 1864, il était de retour à Saint-Hyacinthe.

Langlois, Michel. Traiteur de la C'" du N.-O. En 1800, il était en charge d'un de ses forts sur la rivière Rouge. L'année suivante, on le mit à la tête de l'éta- blissement au lac Rouge ; puis on l'envoya diriger le poste de la montagne du Poil, otj il resta plu.sieurs années.

Lanniau, Pierre. Etait en 1789 en charge du Grand-Portage, oii il avait déjà résidé longtemps. Il avait passé sa jeunesse à Détroit, et, au dire de Rod. McKenzie, son adversaire local dans le commerce des fourrures, « il parlait les principales langues indiennes aussi bien que les sauvages eux-mêmes, et était un très agréable jeune homme. » Il était sans grande instruction, mais fertile en ressources. Il quitta peu après le nord-ouest pour s'établir daus le Haut-Canada, cil il fut nommé surintendant des affaires indiennes. Il y vivait encore en 1830, époque il jouissait d'une généreuse pension.

158 LANGUE, de

Lanoue de. V. Noue, de la.

Lapensée, Basile. Jeune homme de bonne famille qui s'engagea comme canotier au service de la C'^ du Pacifique, et se rendit à la Colombie par le Tonquin. Envoyé avec un nommé Fox par le capitaine de ce voilier, homme sans entrailles ni considération pour personne, dans le but d'opérer des sondages à l'embou- chure de ce fleuve, bien que l'état orageux de la mer ne permit évidemment pas pareille manœuvre, il fut englouti par les flots et périt le 22 mars 181 1, en vue du port vers lequel il tendait.

Lapensée, ïgnace. De même condition que le pré- cédent, il participa aux mêmes dangers et se noya dans la même circonstance.

Lapensée, OIivier=Roi. Engagé par les représen- tants de John-J. Astor, il survécut au terrible voyage du Tonquin et même à toutes les misères des gens de sa condition tant que dura la compagnie au service de laquelle il s'était mis. Mais le 25 mai 18 14, comme il retournait au Canada avec Franchère, il se noya dans un rapide de rivière torrentielle. Ces trois Lapensée étaient probablement parents, peut-être frères. Des deux premiers, Franchère dit qu'ils s'étaient acquis par leur bonne conduite l'estime du capitaine (homme pourtant bien difficile à contenter), de l'équipage et de tous les passagers.

Lapierre, Jean=Baptiste. Employé de la C'^ de la Baie d'Hudson dans la Nouvelle-Calédonie (Colombie anglaise). En 1837, il avait déjà été au service des traiteurs de cette corporation et, auparavant, de la C'° du N.-O., pendant trente-quatre ans, lorsqu'il fut mis temporairement en charge du fort Chilcotin. un des postes les plus dangereux de l'extrême ouest, qu'il garda toute une saison sans autre garnison que la sau-

LAPOINTE, A. 159

vagesse avec laquelle il vivait. Aussi, son exemple était-il cité par ses supérieurs à un jeune commis qui, plus tard, avait peur d'y rester avec quelques hommes. Pourtant les services du Canadien durent être assez mal récompensés, puisque quatre ans s'étaient à peine écoulés qu'il crut devoir déserter le service de la com- pagnie (1847). Il était un excellent ouvrier, et le sur- intendant du district, ne s' apercevant point de l'exces- sif mécontentement causé par les mesures violentes des chargés de postes dans ce pays lointain, se berça longtemps, mais en vain, de l'espoir de le voir revenir au bercail (V. Faladeau; Lacourse, Fr., etc.).

Lapierre, Joseph. Canadien qui survécut à un parti de sept personnes qui, ayant perdu leur canot dans un naufrage pendant qu' ils se rendaient à Spokane en mai 18 17, furent réduits à vivre de ceux que la faim abattait. D'après son récit il était resté seul avec un nommé Dubois, quand, se défiant des intentions de celui-ci, il feignit un soir de s'endormir. Son com- pagnon aurait alors saisi son coutelas pour lui couper le cou et prolonger sa propre vie en se repaissant de ses restes ; mais il ne lui en laissa pas le temps. Après une lutte désespérée pour obtenir possession de l'arme, Lapierre aurait eu le dessus et aurait expédié Dubois pour prévenir sa propre mort. Mais on dit que les restes des autres membres du parti qu'on trouva peu après portaient également des marques non équivoques de violence. En conséquence, Lapierre fut arrêté et conduit au Canada pour y subir son procès. Mais comme les preuves contre lui étaient de nature purement incidentelle, il fut acquitté. Il était arrivé en Colombie par le voilier Tonqidn en 1 8 1 1 .

Lapointe, Antoine. Canadien qui se rendit à la Rivière- Rouge en 1803, et se mit au service de la C'"

i6o LAPOINTE. J.-B.

du N.-O. Il se trouvait au fort Gibraltar quand ce poste fut pris par les représentants de la C* de la Baie d'Hudson (1815). Lors de la bataille de la Grenouil- lère, il était stationné au Portage-la- Prairie, ce qui ne l'empêcha pas d'être appelé comme témoin au procès qui s'ensuivit en 181 8.

Lapointe, Jean=Baptiste. Voyageur au ser\nce de la C"' du N.-O., dont le nom est resté attaché à l'un des plus tristes épisodes de la guerre que se faisaient au commencement du dix-neuvième siècle les deux sociétés commerciales de la Baie d'Hudson et du N.-O. C'était peu après la bataille de la Grenouillère (V. BouRASSA, M. ; Boucher, F.-F.). Un bourgeois delà première compagnie nommé Owen Keveney se rendait de la baie d' Hudson à la Rivière-Rouge. Ce monsieur était de caractère hautain et peu trai table, et il voyageait tout à fait à la militaire : sentinelles pendant la nuit et armes toujours prêtes pendant le jour. Son bateau était muni d'une énorme espingole qui tournait sur un pivot à la proue de l'embarcation, dans laquelle se trouvait en outre un coffre contenant tout un assorti- ment d'armes, fusils, baïonnettes et une grande quantité de munitions. En route, Keveney avait fait saisir et forcé de se mettre à son service un jeune homme qui retournait chez ses vieux parents. Son aide ne paraît point avoir changé le caractère de l' équipage, composé en grande partie d'Irlandais querelleurs et chicaniers. Une nuit, Keveney saisit la baïonnette de la sentinelle qu'il avait trouvée endormie et la lui plongea dans la hanche. Puis, comme un des rameurs, épuisé par une nuit passée dans l'insomnie après le rude labeur de la veille, avait eu le malheur de se laisser surprendre par le sommeil, il lui tira à la face un coup de fusil chargé à poudre qui le défigura momentanément.

I^APOINTK, J.-B. i6i

Rien d'étonnant si après cela les deux métis anglais à son service décampèrent avec des sauvages à la première occasion favorable. Puis ce fut le tour des Irlandais qui, ayant appris le voisinage d'un fort de la C" du N.-O., s'y rendirent furtivement pendant la nuit. Le même matin, un natif des îles Orkney suivit leur exemple. Chacun des déserteurs déposa alors une plainte en bonne et due forme entre les mains d'un M. McLeod qui avait les pouvoirs d'un juge de paix. Celui-ci fît arrêter le malheureux Keveney qui fut amené au fort, on le traita assez bien. Mais comme il profitait d'un bal pDur escalader la palissade en vue de s'échapper, on le mit au secret dans une chambre ; puis, quelques jours après, on le dirigea sur le fort William, se trouvaient les quartiers généraux delà C" du N.-O.

En route, J.-B. Lapointe et H. Faye, qui menaient M. Alex. McDonell du lac la Pluie à la Rivière- Rouge, rencontrèrent le captif. Il avait les menottes aux mains, parce que, dit-on, il était devenu intraitable. McDonell le leur confia, et leur adjoignit un sauvage qui essaya bientôt et à différentes reprises de le tuer, ce à quoi les deux Canadiens s'opposèrent constam- ment. Cette conduite leur valut plus tard les reproches et mauvais traitements des autorités de la C'" du N.-O., tandis que l'Indien s'en vengeait en détruisant leur canot.

Keveney ayant été laissé temporairement sur le rivage, un M. McLellan, de la même corporation, l'en reprit plus tard avec une nouvelle embarcation. Mais le prisonnier n'avait pas fait plus de trois lieues quand il fut de nouveau mis à terre et un métis lui tira une balle dans le cou après quoi un ancien soldat le trans- perça de deux coups de sabre (V. Mainville). Son

i62 LAPORTE

corps fut laissé sans sépulture sur l'île, et les employés de la compagnie reçurent ordre de ne rien dire de l'af- faire (9 septembre 18 16).

Laporte, Jérôme Saint=Georges dit. Canadien qui, en 1849, servait de guide aux lieutenants î*ullen et Hooper quand ils remontèrent le Mackenziè après avoir hiverné sur les côtes asiatiques. Ce fut en dépit de ses protestations qu'ils s'engagèrent dans la^rivière Plumée, pensant toujours suivre le Mackenziè. Huit ans plus tard, il accompagnait M. Rod. Macfarlane dans une reconnaissance du fleuve arctique Anderson. Il était en charge d'un des canots quand l'expédition se trouva, le 16 juin 1857, suivie et entourée d'une multitude de kayaks esquimaux dont les occupants étaient évidemment animés de dispositions hostiles, ou du moins décidés à piller la cargaison qu'ils sa- vaient se trouver sous la bâche de chaque embarcation. Macfarlane leur ordonna de se tenir à distance ; ils n'en firent rien. Pour les effrayer, il fit prendre les armes aux Indiens de sa suite ; les Esquimaux ripos- tèrent en brandissant sept fusils et en mouillant leurs arcs dans la rivière en guise d'avertissement qu'ils allaient s'en servir. Ce que voyant, les sauvages prirent peur, et l'explorateur dut abandonner ses canots avec les pièces les plus embarrassantes de sa cargaison pour gagner par terre le fort Good Hope, il arriva le 14 j uillet. lyaporte éleva ensuite une famille de métis près du cercle polaire, oii il vécut à peu près comme un sauvage.

Laprise. Métis franco-déné du Grand Lac des Esclaves, qui aida l'expédition de Back (1833-34) par ses connaissances géographiques, que l'explorateur admet avoir été très correctes, et par maint service comme chasseur et comme guide.

LARIVIÈRE, A.-A.-C. 163

Laramie, X. Fut un des premiers voyageurs ou coureurs des bois canadiens qui chassèrent le castor dans cette partie du Wyoming se trouvent situés les fort, rivière, montagne et plaine qui portent main- tenant son nom (1835). 11 fut tué parles sauvages Ara- pahos, vers la source de la rivière Laramie. Son vrai nom était probablement La Ramée.

Larante. Un des compagnons de sir George Simp- son lors de son grand voyage à travers le continent américain ( 1828).

Larence, Norbert. Surintendant des Travaux pu- blies sous le gouvernement d'Assiniboia, puis juge de paix sous le Gouvernement Provisoire (1869-70). Etait métis. ^

Larivière, Hon. Alphonse = Alexandre Clément= Larivière dit. Homme d'Etat du Manitoba, à Montréal le 24 juillet 1842. Il étudia au collège des Jésuites de cette ville, et fut gradué à l'école militaire en 1867. Deux ans plus tard, il devenait président du cercle Saint- Pierre lors de sa fondation par les Oblats de sa ville natale. Eu 1870, il passa au Manitoba, il se concilia de bonne heure la sympathie de tous. Il y fonda en 1872 l'association Saint- Jean- Baptiste, dont il devint le président trois ans plus tard.

Puis il fut successivement membre et secrétaire du bureau d'éducation, en même temps que surintendant des écoles catholiques, membre du conseil de l'univer- sité du Manitoba, et enfin député de Saint-Boniface aux élections générales de la province en 1878 et 1889. Sa carrière politique a été signalée par une succes- sion de charges publiques qui font honneur à son talent. Secrétaire-provincial en 1881, ministre de l'agriculture en 1883, il devint trois ans plus tard trésorier-provincial et commissaire des terres de la

i64 LARIVIÈRE, F.

Couronne. En 1889 il entra dans l'arène fédérale. Elu alors aux Communes du Canada, il y fut envoyé de nouveau en 1892, 1896 et 1900. Pendant quatre ans (1S92-96) il fut président du comité des débats de la chambre et défendit courageusement les intérêts catho- liques et français, comme il l'avait fait, du reste, pen- dant les années qu'il dirigea le journal Le Ma^iitoba. En juin 1907 il était de résidence à Montréal, il s'occupait de colonisation.

Larivière, François. Canadien qui fit l'ofifice d'interprète pour la C'^ du N.-O., à la rivière aux Anglais.

Larocque, Antoine. Métis de la Rivière-Rouge qui fut, à l'automne de 1834, victime de la brutalité d'un jeune commis de la C'*" delaBaied'Hudson nommé Thomas Simpson, celui-là même qui devait plus tard se faire un nom comme explorateur arctique, pour aboutir ensuite à une mort prématurée sur les plaines du Dakota (V. Eegros). Fatigué d'attendre, Larocque demanda ses gages en termes très accentués, et reçut de Simp- son un coup de tisonnier qui lui fendit la tête, ce qui mit les métis dans un état de surexcitation difficile à contenir. Ceux-ci voulant absolument donner une bonne leçon au commis anglais, le gouverneur lui- même dut aller solliciter l'intervention de M. Belcourt (q. v.j à Saint- Bonif ace. I^e missionnaire parvint à calmer les esprits ; mais une compensation pécuniaire dut être accordée à Larocque. Cet incident fut le point de départ de l'aversion de Simpson pour les métis et leurs parents canadiens. Il explique les allégations de son frère et autres qui attribuaient sans l'ombre de raison sa mort tragique au ressentiment qu'ils suppo- saient avoir été causé par cette affaire chez cette classe d'hommes.

IvAROCQUE, F. -A. 165

Larocque, François=Antoine. Commis au service de la C'" du N.-O., homme instruit, de grand courage et fécond en œuvres, bien que sa carrière de commer- çant en fourrures ait été d'assez courte durée. Quand M. Chaboillez (q. v.) voulut, au cours de l'automne 1804, pousser la traite jusqu'au Missouri, il le mit en charge de son expédition qui était composée de deux autres commis et de quatre voyageurs. La petite troupe partit le 11 novembre et, après quinze jours de marche, elle arriva au village des Mandanes, où. elle fit la rencontre des capitaines Lewis et Clarke chargés par le gouvernement américain de l'exploration du haut Missouri et de l'extrême nord-ouest du pays que les Etats-Unis convoitaient déjà. Grâce à sa parfaite connaissance de la langue anglaise, Larocque .se trouva à l'aise avec les deux officiers, qui lui donnèrent même un interprète (V. Charbonneau, T., et Lafrance).

Cette première expédition n'eut pas de grands résultats au point de vue commercial. Larocque fut pourtant envoyé de nouveau dans ces parages, avec mission de pousser cette fois jusqu'aux montagnes Rocheuses. Sur les bords du Missouri, il vint alors en contact avec la nation des Gros- Ventres, au moment ils dansaient autour de trophées qu'il était facile de reconnaître comme ayant appartenu à des blancs, ce qui n'empêcha pas le courageux voyageur de nouer connaissance avec eux.

Quinze jours plus tard, plus de deux mille Indiens de la peuplade appelée Corbeaux, tous à cheval, fiers et parés de leurs plus belles plumes, descendaient solennellement la colline au pied de laquelle Larocque était campé avec ses nouveaux amis. Tout d'abord, le chef des Corbeaux ne sut que faire quand Larocque lui tendit la ipain en signe de bienvenue. Mais quand

i66 LAROCQUE, J.-B.

le Borgne, chef des Gros- Ventres, lui eut expliqué le sens de cette formalité des blancs. Veau- Rouge (le chef des nouveaux venus) lui présenta les deux mains. Puis, grâce aux bons offices du premier, les Corbeaux consentirent à l'accompagner jusqu'aux montagnes Rocheuses, et leur chef l'adopta même comme son père.

Larocque partit donc avec seulement deux blancs, mais escorté de deux mille Corbeaux, qui eurent le don d'inspirer un tel effroi à quelques-uns de ses com- pagnons antérieurs qu'ils en devinrent « malades », et furent contents de le laisser partir sans eux. Commencé en juillet 1805, son voyage ne se termina que le 19 novembre de la même année.

Peu après, F. -A. Larocque retourna au Bas-Canada, et s'établit à Montréal il fut malchanceux dans ses affaires. Il passa les dernières années de sa vie dans la retraite et l'étude, et mourut à Saint-Hyacinthe à un âge très avancé.

Larocque, Jean=Baptiste. Interprète en 1804 à la rivière aux Anglais, au compte de la C" du N.-O.

Larocque, Joseph. Frère de François- Antoine. Moins studieux et plus remuant, il se trouvait tout à fait dans son élément dans la vie aventureuse et libre du traiteur de fourrures, dont il peut être considéré comme un des types les plus accomplis. Il servit sous deux compagnies d'abord rivales, puis fusionnées en un seul corps commercial, les compagnies du N.-O. et de la Baie d'Hudson, commençant son stage au lac la Ronge, sur la rivière aux Anglais, il était commis en 1804, puis se rendant en 18 12 au fort Whaps, sur la côte du Pacifique, dont le commandement lui fut confié. Il n'y demeura pas longtemps. Au commen- cement de juin de l'année suivante, il arrivait avec M.

LAROCQUE, J.

167

G. McTavish, bourgeois de la même compagnie, au poste d'Astoria, nouvellement fondé par les Américains, ils acquirent au nom de leur corporation les fourru- res et le stock que le blocus causé par la guerre anglo- américaine forçait les représentants de J.-J. Astor à abandonner.

Delà, J. Ivarocque se rendit en compagnie de soixante- et-onze hommes, dont quelques-uns étaient des «bour- geois» et d'autres des commis de la C du N.-O. ou de la défunte C" du Pacifique, aux forts Spokane et Oka- nagan. En faisant le portage d'un rapide, un fort parti d' Indiens leur vola deux ballots de marchandises ; puis, s' armant de leurs arcs et de leurs flèches, ils leur barrèrent le passage. Earocque fut alors député avec quelques hommes pour s'emparer des vieillards, des femmes et des enfants qui s'étaient cachés et dont on se proDOsait de faire des otages. Une bande en fut bientôt surprise, dont les uns aiguisaient des têtes de flèches pendant que les autres les trempaient dans du poison. Ceux-ci et plusieurs autres ayant été captu- rés pendant que le gros de la troupe attirait l'attention' des sauvages, ces derniers, surpris par cette ruse de guerre et s' attendant à un massacre général des prison- niers selon leurs propres habitudes en cas de refus de satisfaction, cédèrent vite aux instances des Canadiens et leur rendirent leur bien.

Pourtant, la nuit suivante, les sentinelles des trai- teurs ayant été attaquées au nouveau campement oii ils s'étaient rendus, les blancs se retranchèrent derrière leurs canots, manœuvre qui n'empêcha pas une nuée de flèches de se diriger vers eux des profondeurs d'un bois avoisinant. Des volées de balles furent alors envoyées dans cette direction, et non sans effet, à en juger par les cris et les plaintes qu'on entendit bientôt

> «f ff.^

i68 I.AROCQUE, J.

de ce côté-là. Grâce à la protection de leurs canots qui, dans ce pays, sont de bois— les voyageurs n'eurent qu'un homme d'atteint par les flèches ennemies, plus un métis du nom de Pierre Michel (q. v.) qui en eut son chapeau transpercé. Un Iroquois ayant eu l'obli- geance de sucer immédiatement la blessure du premier qu'on croyait causée par une flèche empoisonnée, l'ac- cident n'eut pas de résultats fâcheux.

Dans l'automne de cette même année 1813, Jos. lyarocque poussa jusqu'à la lointaine Nouvelle-Calédo- nie, prenant la voie du Petit I^ac des Esclaves et de la rivière à la Paix. Le 17 novembre, il arrivait au lac Stuart, commandait Dan.-W. Harmon ; puis, au commencement de janvier de l'année suivante, il se rendit dans le sud, retournant par le lac Fraser à la Colombie, il portait l'express des postes du nord et reprenait sa vie aventureuse et ses expéditions de traite chez des sauvages qui étaient plus souvent traîtres qu'amis.

Dans une de ces tournées, pendant la nuit du 8-9 août 18 14, son parti fut encore attaqué au même rapide. Un homme y fut tué (V. L amoureux), et une flèche se planta en terre entre le cou de Larocque et celui de son compagnon de tente. Les Indiens Walla- Wallas déclarèrent peu après que leurs agresseurs avaient été des membres de la tribu des Nez-Percés, dont M. Clarke, le chef des traiteurs, avait précédem- ment fait pendre un des guerriers pour cause de simple vol (V. Pillet) ; tant il est vrai que les indigènes oublient difficilement un tort.

Toujours en mouvement, J. Larocque arrivait de nouveau au lac Stuart le 18 octobre 18 14 avec deux canots chargés de marchandises, et porteur de la nouvelle que D. McTavish ainsi que l'auteur Alexandre

I^AROCQUE, J. 169

Henry et cinq matelots s'étaient noyés à la Colombie le 22 mai précédent, en se rendant eu canot au voilier qui devait les prendre. De là, notre infatigable voya- geur allait rétablir le fort Fraser qu'un incendie avait détruit. Harmon profite de cette occasion pour remar- quer dans son journal les progrès que son ami avait faits dans les voies spirituelles.

Véritable Juif-Errant, non seulement lyarocque ne pouvait tenir en place, mais il devait voyager avec une rapidité absolument surprenante. En effet, Harmon nous le montre le 3 novembre au lac Fraser et sur le point de redescendre à la Colombie, contrées sises à quelque huit cents milles de' distance, et, d'après Ross Cox, le 18 du même mois il quittait Astoria, à l'em- bouchure du dernier fleuve, pour une nouvelle expé- dition de traite chez les sauvages de cette vallée. Cette fois le parti avec lequel il voyageait fut attaqué plus haut que le rapide qui avait jusque-là été le théâtre du mauvais vouloir indien. Dans une violente tentative de pillage, les sauvages eurent deux hommes de tués et un de blessé, circonstance qui mit bientôt après les traiteurs à deux doigts de leur perte. Ils durent compenser les parents de leurs victimes pour ne pas s'exposer à des représailles interminables.

En avril 18 16, Larocque se rendit d'Okauagan, à l'ouest des montagnes Rocheuses, jusqu'au fort William sur le lac Supérieur, et le 31 juillet de l'année suivante il se trouvait au lac la Pluie, en route pour la Colombie il retournait avec un détachement de quarante hommes, des Iroquois pour la plupart.

A l'époque de la coalition de la C" du N.-O. avec celle de la Baie d'Hudson (1821), il fut promu au grade de traiteur-en-chef dans la corporation qui résulta de l'amalgame des deux corps commerciaux. Il s'en

I70 LAROCQUE, X.

retira à la fin de l'année fiscale 1830, retenant la pre- mière année de sa retraite ses droits aux émoluments d'un officier de sa condition, et en recevant la moitié pendant les six années suivantes.

Après trente ans d'une vie aventureuse dans l'extrê- me ouest, Joseph Larocque retourna au pays natal, sans briser immédiatement avec la C* de la Baie d'Hudson, qui lui confia alors le poste de Mingan, dans le bas Saint-Laurent, avec la surintendance de tous ses postes dans cette région. Quand, quelques années après, il se retira définitivement du service, il possédait environ quinze mille louis, sans compter la fortune de sa femme. Archange Guillon, qu'il épousa peu après sa démission, au mois de mars 1833.

En 1837, il passa en France et y resta jusqu'en 185 1. A son retour d'Europe, il vécut plusieurs années à Montréal dans une retraite studieuse. Puis il s'établit chez les Sœurs Grises d'Ottawa (septembre 1857), auxquelles il fit beaucoup de bien. En 1863, il perdit sa femme, et dès lors il ne songea plus lui-même qu'à la mort et à l'éternité. Une attaque de paralysie l'emporta le i" décembre 1866.

Larocque, X. Canadien au service de la C'° du N-O. qui, ayant été envoyé en avril 1817 pour recueillir les fourrures d'une bande d'Indiens fortement endettés avec sa corporation, fut cruellement mis à mort avec son compagnon par les débiteurs de ses maîtres, dé- pouillé de tous ses vêtements, et laissé en pâture aux oiseaux de proie et aux bêtes féroces.

Laronde, Henri de. V. Ronde.

Laronde, Louis. Le principal^ guide des célèbres voyageurs Milton et Cheadle en 1862-63. Il avait d'abord accompagné le D^ Rae dans sa pénible expé- dition au travers des pays arctiques. Grand, beau et

IvAURENCE 171

bien fait, il avait une excellente réputation comme chasseur et comme trappeur, laquelle ne perdit point par ses états de service sous les deux Anglais. Il fut leur favori, leur homme de confiance, et il pouvait se vanter d'un contrôle sur lui-même suffisant pour lui faire refuser quand il le voulait toute boisson enivrante, alors même qu'on faisait des efforts pour lui en faire accepter. Laronde était métis.

Laronde, Toussaint. Interprète du poste de la C* du N.-O. au Fond du lac Athabasca en 1804.

Larose. (V. Gère, A. de.)

Larose, Baptiste. Servait en 1799 la C'" du N.-O. en qualité de commis au fort inférieur des Prairies.

Larose, François. Interprète au lac Rouge (C'Mu N.-O.) en 1804.

Larose, X. - Compagnon de sir George Simpson lors de son grand voyage de 1828.

Lascerte, Louis. Délégué aux deux conventions de novembre 1869 et de janvier 1870 sous le Gouverne- ment Provisoire de la Rivière-Rouge. A la première il représentait Saint-Norbert ; à la seconde il était député par la circonscription de Pointe-Coupée. Cer- tains écrivent son nom I^acerte.

L'Assiniboine. V. Battknotte.

Latour, Charles. Commis de la C'^ du N.-O. En 1799 il la servait au lac la Pluie. Le 6 juin 1805, F.-V. Malhiot (q. v.) enregistre dans son journal la mort d' un M. Latour qui est peut-être ce traiteur.

Laurence, Régis. Canadien qui eut à souffrir du monopole de la traite que réclamait la C'^ de la Baie d'Hudson à la Rivière-Rouge. En 1828, aj^ant été accusé d'avoir en sa possession des pelleteries achetées aux Indiens, le gardien du fort Garry envoya enfoncer sa porte et s'emparer de toutes les fourrures que sa

172 LAURENT

maison pouvait contenir. Gunu l'appelle Régiste LaRance ; son continuateur, Tuttle, Régis Laurent ; Begg, Régiste Larant, et Jos. Tassé Registre Larant. Dans un document manuscrit datant de 1822, son nom est même écrit Lourange. De nos jours il s'est aussi changé en Larence et en Larance, circonstance qu'il est bon de ne pas oublier si l'on veut se rendre compte des parentés.

Laurent, Joseph. Etait commis au lac Winnipeg en 1799, au service de la C'" du N.-O., qui lui donnait un salaire annuel de mille francs,

Lavallée, Jean=Baptiste. Interprète en 1804 pour la C'"" du N.-O. à la rivière aux Anglais.

Lavallée, Pierre. Métis influent de la Rivière- Rouge qui fut un des trois délégués de Saint- François- Xavier à la Convention du 16 novembre 1869. Il était plus connu sous le nom de P. Ayotte, et tous les auteurs semblent le confondre avec Pierre Léveillé (q. v.), qu'ils appellent de commun avec lui Laveiller et Lavieller.

Lavigne, Augustin. Canadien originaire de Lacbine près Montréal, qui joua un rôle honorable à la bataille de la Grenouillère (V. Bourassa, M.). Les partisans de la C'" du N.-O. l'avaient enrégimenté de force au fort Brandon ; mais, au plus fort de la mêlée, il sauva la vie, au risque de perdre la sienne, à un Anglais du nom de Pritchard qui en appelait à ses sentiments de chrétien et qu'un métis écossais voulait tuer. Peut- être est-il le même qu'un nommé Boursier dit Lavigne qui, à la fin de 1793, partit pour une expédition de traite au Missouri. Lavigne se noya en traversant la rivière Rouge.

Lebeau, Auguste. Jeune homme au service de la C'" du N.-Ô. dont la fin tragique est un terrible exem- ple des excès auxquels l'esprit de'parti peut conduire.

I,EBI.ANC, X. 173

en 1778, il était fils d' Antoine ly. , deSaint-Cutlibert, et n'avait que vingt-deux ans quand, s'étant lié avec des représentants de la C'" de la Baie d' Hudson, il forma le projet de passer dans les rangs de cette dernière. Il demeurait alors à un fort non loin du lac Népigon, ayant pour maître un nommé Frederick Schultz, commis de la C*" du N.-O. Celui-ci ayant appris la résolution du jeune Lebeau, lui envoya l'ordre de revenir immédiatement à son poste au moment oii il se préparait à partir pour la factorerie de Norway. Schultz prétextait que son assistant se trouvait en dette avec sa corporation ; ce à quoi le jeune homme fit répondre qu'il était tout prêt à paj^er ce qu'il devait, mais qu il ne retournerait jamais à son ancien maître, lyà-dessus, Schultz affila sa dague et se rendit au fort delà C" de la Baie d' Hudson. Il demanda alors à Lebeau s'il n'allait pas retourner avec lui. Celui-ci, intimidé, balbutia une réponse telle que la désirait r agent de la compagnie rivale ; mais un moment après le croyant désarmé, il voulut se précipiter vers la porte et s'enfuir. Le commis le saisit au passage et lui enfon- ça sa dague dans les reins. Lebeau expira le soir même, et l'auteur du crime, bien que changé de rési- dence, ne fut pas autrement inquiété par ses supé- rieurs ou les autorités civiles. Les auteurs anglais appellent improprement le premier Labau.

Leblanc, Baptiste. Métis qui avait été au service de la C" du Pacifique lorsqu'un ours affamé sauta sur un des Canadiens qui étaient à prendre leur repas et r entraîna à quelque distance du foyer, Leblanc finit par le tirer sans atteindre celui qui paraissait destiné à devenir sa victime. Cet incident arriva en 1816 dans la vallée de la Colombie.

Leblanc, X. Commis canadien-français au fort

174 IvEBRUN

Norman, sur la côte septentrionale de la baie Keith, Grand Lac des Ours. Son nom se trouve mêlé à un épisode qui montre, avec une foule d'autres, la bruta- lité des officiers des compagnies de traite dans les pre- miers temps de leur existence. Un M. MacKenzie, surnommé le Grand-Cou par les Canadiens, y accablait ses employés de travail, tout en ne leur donnant que quelques poissons et de l'eau pour nourriture. Un jour qu'il les trouva fumant la pipe pour se reposer, il les apostropha sévèrement, leur reprochant leur paresse, au point qu'un nommé Desmarest ne put s'empêcher de lui répondre. Mais ce dernier en fut pour sa peine et pour un coup d'épée que l'Ecossais lui donna dans la cuisse ; après quoi le bourgeois essuya tranquillement sur sa botte son arme ensan- glantée et la remit dans le fourreau.

A la vue de cet acte de cruauté, François Beaulieu (V. Beaulieu 2") prit son fusil et coucha en joue son auteur, qui s'esquiva alors et alla se renfermer chez lui. Heureusement, M. Leblanc s'efforça de calmer l'effervescence des Canadiens et du métis ; puis il leur fit au nom de leur commun maître des présents qui finirent par les désarmer. Ceci se passait au printemps de 1799, au fort de la C du N.-O.

Lebrun, Antoine. Le grand chasseur du fort Union, sur le Missouri supérieur, en 1844.

Leclair, ou Leclerc. Partagea le sort de Larocque X. (q. v.).

Leclaire, Rêv. Guillaume. à Montréal, le 23 avril 182 1 ; il en partit le 4 mars 1847. ^^ compagnie de M^' Blanchet (Augustin-Magloire) pour Walla- Walla, Orégon, et fut ordonné prêtre le 26 octobre 1848. En 1850, il prit la direction du collège de Saint- Paul de Wallamette ; en 1862, fut curé de Hemming-

I.ECLERC, G. 175

ford, alors dans le diocèse de Montréal, et en 1863, entra au monastère de la Trappe, township Langevin, P. Q.

Leclerc, Charles. Guide pour la C" du N.-O. sur la rivière Churchill. Etait Canadien.

Leclerc, François. Canadien qui faisait partie de l'expédition envoyée par John-Jacob Astor de Saint- Louis à la Colombie (18 10- 12). Il était sous le com- mandement d'un M. Crooks quand, après avoir passé plusieurs jours sans manger, il rejoignit, exténué de fatigue et mourant d'inanition, M. Hunt, le chef de toute l'expédition qui voyageait du côté opposé du Missouri. Celui-ci venait de ttier le dernier cheval de sa caravane et en nourrissait ses gens après avoir lui- même subi une longue période de famine. Comme Leclerc et son supérieur immédiat étaient trop faibles pour suivre la bande de Hunt, ils durent être laissés en chemin avec deux peaux de castor pour toute pro- vision. Quelques jours après (10 décembre 181 1), le parti du commandant-en-chef ayant surpris une bande d'Indiens, lui prit cinq chevaux dont un fut immédia- tement tué et mangé, pendant qu'une partie de sa chair était envoyée à Crooks et à Leclerc. Bien que, indépendamment de la longue course de Montréal à Saint-Louis, il eut déjà fait trois mille cinq cents milles d'un voyage remarquable par toutes sortes d'aventures et de misères, Leclerc n'hésita pas à accompagner en qualité de guide Robert Stuart qui portait les dépêches d'Astoria, sur la Colombie, à Astor qui se trouvait à New- York. Ce nouveau voyage fut entrepris le 29 juin 1812.

Leclerc, Gilles. Chasseur canadien au service de la C*° de traite formée par J.-J. Astor pour opérer sur la Colombie. Fut envoyé en 18 13 au pays des Gens-

176 IvECLERC, X.

des-Serpents pour y faire la chasse des animaux à fourrure et essayer de retrouver trois hommes de la compagnie qui s'y étaient perdus. En janvier 1814, pendant qu'il était occupé avec ses pièges, il fut un jour surpris par une bande de sauvages, qui l'assaillirent et le laissèrent pour mort après que deux de ses compa- gnons furent tombés sous leurs coups. S' étant péni- blement traîné jusqu'à la hutte était restée la femme d'un de ces derniers, l'interprète P. Dorion (q. v.), il en fut pris en pitié, et parvint avec la plus grande peine à monter un de ses chevaux pour retourner au fort de traite. En route, les quatre voyageurs la femme de Dorion avait deux petits enfants rencontrèrent un parti d'Indiens dont ils eurent à se cacher soigneuse- ment. Mais la nuit suivante l'infortuné trappeur mourut de ses blessures.

Leclerc, X. Etait, vers 1850, à la tête d'un petit fort à l'embouchure de la rivière Niobrara, dans la vallée du Missouri supérieur.

Lecomte, Pierre. Appelé par l'auteur de Greater Ca72ada <c probablement le dernier des voyageurs et trappeurs canadiens-français à la chemise rouge et aux pantalons de cuir. « Il naquit vers 1802, et passa les premières années de sa jeunesse au service des traiteurs du Canada. Mais à l'âge d'environ vingt- cinq ans il émigra au Wisconsin, il vécut de la chasse aux animaux à fourrure dont il vendait les dépouilles au fort Dearborn, aujourd hui Chicago.

Une circonstance qui se rattache aux premières années de son séjour sur le territoire américain en dit long sur le peu de familiarité avec les usages du monde dont jouissaient les gens de sa condition. John-Jacob Astor, le grand financier de New-York, était alors pour les traiteurs des Etats-Unis ce que sir George

IvEFEBVRE 177

Simpson était pour leurs frères canadiens, le « bour- geois » par excellence. Peu satisfait de son agent au fort Dearborn, Ivccomte, qui avait amassé un peu d'ar- gent, résolut d'aller trouver Astor et de traiter direc- tement avec lui. Arrivé à New-York avec son ballot de fourrures, notre coureur des bois fut fort surpris de voir que sa résidence était un édifice qui ne paraissait avoir rien de commun avec un fort de traite. Ce qui ne rétonna pas moins fut que, ayant sonné pour y être admis, on lui dit après l'avoir toisé des pieds à la tête, que Monsieur n'était point «chez lui ». Qu'à cela ne tienne ; j'attendrai, remarqua lyccomte, comme on lui fermait la porte au nez.

Au bout de trois heures d'attente, croyant que «le bourgeois» avait eu le temps de rentrer au logis, le trappeur, qui était patiemment resté sur le perron, se hasarda à sonner encore pour s'en assurer. Pour toute réponse à sa question, le valet partit d'un éclat de rire et disparut. Intrigué de cette réception, Lecomte finit par demander aux passants ce qui pouvait être la cause de l'hilarité du domestique. Les renseignements qu'il recueillit alors le décidèrent vite à reprendre le chemin du fort Dearborn avec son paquet de fourrures. On ne le revit jamais plus aux comptoirs de la C" Astor.

Ses dernières années s'écoulèrent à environ dix-sept milles de la Baie- Verte (Green-Bay), où, peu avant 1900, il fut un jour trouvé comme assoupi dans son humble fauteuil avec son chien dormant à ses pieds. Quand son visiteur entra, l'animal se réveilla ; mais son maître était déjà dans l'éternité. Il était âgé de quatre-vingt-dix-sept ans. Osborn, l'auteur ci-dessus mentionné, l'appelle Le Count.

Lefebvre, Jean= Baptiste. Le premier habitant de

178 LEGACÉ

Superior City, à l'extrémité occidentale du lac Supé- rieur. Né vers 1815, il entra de bonne heure dans la O" de la Baie d'Hudsou. Puis il fit la traite à son propre compte et s'établit en 1853 à l'endroit qui est devenu Superior Cit}^ il mourut dans l'automne de 1871.

Legacé, Charles. Se trouvait en 1799 au fort des Prairies (Edmonton) au service de la C" du N.-O. ly' année suivante, il fut membre du parti qui navigua pour la première fois la Saskatchewan du sud (V. Cardinal, Jacq.). C'était en avril 1800. Le 5 octobre de la même année, il accompagna l'explorateur D. Thompson au pays des Koutenays, oii il passa l'hiver. En 1808-10, nous le retrouvons en compagnie du même voyageur, qu'il abandonna le 17 mai de la dernière année. Pourtant ses services doivent avoir été réelle- ment appréciés, puisque le 22 juin 181 1 il se trouvait encore avec lui aux chutes de la Chaudière {Kettle Falls), sur la Colombie, qu'il descendit le 29 août suivant. Son nom a été écrit improprement La Gassé et Lagacé par des auteurs anglais.

Legros, Antoine. Canadien qui, en 1840, paya de sa vie un moment d'aberration mentale de la part de l'explorateur Thomas Simpson. Voulant devancer en Angleterre ses compagnons qui avaient pris une autre direction pour y rentrer, celui-ci s'était engagé dans les prairies du Dakota, après avoir quitté la Rivière- Rouge en compagnie d'une bande de métis parmi les- quels se trouvaient deux Canadiens, x\ntoine Legros et son fils. Comme il trouvait les métis trop lents, il prit les devants le 10 juin 1840 avec les deux Cana- diens et deux métis écossais.

Simpson semblait obsédé par la peur que ses compa- gnons aux rives arctiques n'arrivassent avant lui au

LEGROS 179

pays natal, et par moments il était préoccupé de la pensée assez saugrenue considérant que ses guides étaient parfaitement illettrés que ceux-ci voulaient lui voler ses dépêches et comptes rendus. I^e soir du 12 juin, comme L,egros aîné était occupé à lui monter sa tente aidé d'un métis, il les étendit morts de deux coups de fusil, et il fît remarquer à un autre qu'ils avaient conspiré contre sa vie. Là-de.ssus, les deux survivants s'enfuirent, et allèrent rejoindre le gros de la caravane qui suivait à distance.

Six métis se rendirent alors au campement de Simpson. Mais, n'osant approcher, ils se contentèrent de l'appeler par son nom. Un coup de feu fut la seule réponse qu'ils reçurent. Après quelques minutes d'incertitude, l'un d'eux se hasarda d'aller aux infor- mations en se traînant sur le ventre dans l'herbe de la prairie. Il trouva Simpson étendu mort, avec le bout de son fusil appuyé sous le menton.

Le frère de l'explorateur et d'autres écrivains anglais ont voulu depuis attribuer à un crime la fin prématurée de Thomas Simpson, allant jusqu'à donner à entendre que ses compagnons de voyage l'assassinèrent pour se venger de la manière dont il avait traité A. Larocque (q. V.) six ans auparavant. Mais cette accusation est dénuée de tout fondement, puisque les seuls métis français qui eussent pu attenter à sa vie avaient été laissés loin en arrière. Il n'était accompagné que de Canadiens et de métis écossais qui n'avaient rien à voir dans l'insulte faite aux métis français, lesquels l'avaient du reste oubliée depuis longtemps. Le fait qu'il avait sans provocation aucune tué un homme aussi inoffensif que Legros, qu'il avait lui-même choisi parmi tous les autres pour l'accompagner dans sa marche en avant, prouve jusqu'à l'évidence que, sous

i8o LEMAY, E.

l'empire d'une peur que rien ne justifiait, il s'était suicidé après avoir tué un Canadien et un métis écossais qui ne lui voulaient que du bien.

Lemay, E. Servant dans le 65" bataillon lors de la révolte de 1885, une balle lui transperça le poumon au cours d'une escarmouche avec les sauvages (28 mai).

Lemay, Joseph. Membre de la première législa- ture du Manitoba pour Saint- Norbert nord (30 décem- bre 1870). L'historien R.-B. Hill dit que dans cette assemblée il était la pièce de résistance et toujours plein de sarcasme.

Lemay, Pierre Delorme dit. Canadien qui accom- pagna sir Alex. Mackenzie dans son expédition le long du fleuve qui porte son nom (1789). Trois ans plus tard, il le suivait encore au poste que l'explora- teur avait établi au confluent des rivières Boucane et la Paix. Il 3^ passa l'hiver 1792-93, et au printemps il transporta au fort Chippewayan le produit de la traite avec les sauvages qui chassaient dans ces parages. En 1804, Lemay se trouvait au lac Athabasca, oii il occupa plusieurs charges de confiance.

Lemieux, François=Xavier. Avocat de la province de Québec qui défendit L. Rielà Régina (juillet 1885).

Lepage, Jean=Baptiste. Un des guides-interprètes de 1 expédition des capitaines Lewis et Clarke à l'ouest des montagnes Rocheuses (1804-06). Les explorateurs donnèrent son nom à une rivière de l'Orégon.

Lépine, Ambroise=Dydime. Adjudant - général dans le gouvernement de L. Riel en 1S69-70. en 1833 ou 1834 d'un Canadien et d'une métisse de la Ri- vière-Rouge, il paraît s'être comporté lors des troubles comme un homme de peu de mots et même quelque peu hautain, mais plein du sentiment du devoir. Il commandait le peloton qui chassa Wm. McDougall, le

LEPINE, A.-D. i8i

pseudo-gouverneur, du territoire de l'Assiniboia, et quand plus tard les volontaires anglais que Boulton avait levés en opposition au Gouvernement Provisoire se furent débandés à la vue des mesures de précaution prises par Riel, ce fut encore lui qui fut envoyé à leur poursuite. Il en revint avec quarante-huit prisonniers. Il fut un des députés de Saint-Boniface à la Convention du 25 janvier 1870, et six jours après il était nommé chef militaire du gouvernement. En cette qualité il présida la cour martiale qui condamna Thomas Scott à mort. A l'arrivée des troupes canadiennes en 1870, il passa momentanément aux Etats-Unis, et en revint l'année suivante. Lorsque les menées des féniens mirent alors tout le Manitoba en émoi et que tous les yeux se tournèrent du côté des chefs métis d'où semblait dépen- dre le sort du paj'S, Ambroise Lépine fut le premier à se prononcer contre leurs projets d'invasion et en faveur du gouvernement manitobain, pour lequel il s'engagea nettement à lever des troupes, à une assemblée des chefs de sa nation tenue chez Louis Riel, le 6 octobre 1871. Le lendemain, il était choisi pour capitaine des troupes métisses levées par Saint-Boniface, et le 8 du même mois, il était publiquement présenté à leur tête au gouverneur Archibald.

Pourtant, au commencement de 1872, les furevirs des Ontariens causées par l'exécution de Scott forcèrent M^" Taché, à la demande des gouvernements fédéral et provincial, à engager fortement Lépine et Riel à s'effacer pour un temps en retournant aux Etats-Unis. Le premier refusa d'abord, puis finit par se laisser convaincre. En compagnie de son ancien chef, il se rendit de nuit dans une voiture fermée protégée par deux hommes de police d'abord à la frontière, ensuite jusqu'à Saint-Paul, il resfa près d'un an.

i82 LÉPINE, A.-D.

De retour au Manitoba, il fut arrêté le 27 septembre 1873 comme coupable de participation au meurtre de Scott. L,épiue était de taille herculéenne et d'une force à l'avenant. Aussi ne put-il s'empêcher de faire remarquer aux deux individus qui lui demandaient de les suivre que, s'il le voulait, il pourrait les traiter comme deux petites pelotes et les mettre en pièces .sans la moindre difficulté. Pourtant il ne fit aucune résis- tance. On l'amena à Winnipeg. et il fut logé dans un des bastions du fort.

Son arrestation fit sensation, et il eut à subir un long procès dont toutes les pièces furent plus tard réunies en brochure. Brillamment défendu par MM. Dubuc, Girard et Ro3'al, ainsi que par M. Chapleau venu exprès de Québec, il n'en fut pas moins trouvé coupable de meurtre avec recommandation à la clé- mence du tribunal, recommandation dont le juge-en- chef Wood ne tint aucun compte. Condamné à mort le 4 novembre 1874, sa sentence fut, à la demande de M^"' Taché, commuée en deux ans de prison avec pri- vation perpétuelle de ses droits civils.

Après avoir purgé cette dernière sentence, il se diri- gea vers le nord, émigrant d'abord du côté de Batoche, et s' établissant définitivement dans la paroisse de For- get, Sask., il se trouve actuellement (juin 1907).

Un écrivain anglais aucunement sympathique aux métis ou à leur cause, le Rév. R.-G. Macbeth, dit qu'il était « un homme d'un splendide ph3^sique, haut d'au moins .six pieds trois pouces et bâti en proportion, droit comme une flèche, avec des cheveux d'un noir d'ébène, un nez aquilin bien formé, et des yeux perçants ; un homme d'une force prodigieuse, un cavalier habile et enfin un individu dangereux dans une rencontre hos- tile.)'

I.EROUX, A. 183

Lépine, Baptiste. Métis qui en 1870 faisait partie du conseil de guerre qui condamna Th. Scott à mort. Il vota, dit-on, contre l'exécution du prisonnier. Dans l'automne de 1871, il accompagna André Nault (q. v.) dans sa mission secrète près des chefs féniens et en rendit compte devant les principaux métis assemblés chez Iv. Riel le jeudi 6 octobre de cette année-là.

Lépine, Joseph. L'oncle d'Ambroisely., ainsi que du suivant, il vint du Bas-Canada à la Rivière-Rouge comme employé de la C'" du N.-O. Il était timonier à son service quand en 18 19 il fut arrêté avec Amable Turcotte (q. v.), dont il partagea le sort jusqu'à la mort de Frobisher.

Lépine, Maxime. Frère d'Ambroise-D. Alla du Manitoba chercher un lieu sûr et à l'abri de l'envahis- sement de la race blanche dans la vallée de la Saskat- chewan, il était traversier quand éclata la révolte de 1885. Il y joua un rôle prépondérant ; fut un des conseillers du Gouvernement Provisoire, et en consé- quence il fut condamné à sept ans de pénitencier quand la paix eut été rétablie.

Leroux, Antoine. - Au commencement du dix- neuvième siècle, il fut pris par les Mexicains et suivit la fortune de Charles Beaubien (q. v.) dans son aven- ture à la capitale de leur pays. De retour au Nouveau- Mexique, il se fit chasseur et guide. En cette qualité il accompagna la brigade du colonel Cook qu'il conduisit en Californie (1846-47). En 1851, il servit de guide à l'expédition du capitaine Sitgreaves chargé de trouver une route de Zuni au camp Yuma, sur le Colorado, en vue d'y tracer plus tard une ligne de chemin de fer. Leroux fit alors des prodiges de valeur, gravissant en éclaireur des montagnes escarpées et recevant un jour qu'il était à l' avant-garde une volée de flèches sau-

i84 LEROUX, h.

vages dont trois se plantèrent dans sa tête et sur son bras. L'année suivante (mai 1852), il était au service de M. John-R. Bartlett, commissaire des Etats-Unis pour la délimitation de la frontière entre ce pays et le Mexique. Puis ce fut une longue suite d'expéditions qu'il servit comme éclaireur et guide. Un auteur américain l'appelle un «célèbre guide»; un autre en parle comme d'un guide «expert et bien connu». Plu- sieurs points topographiques perpétuent son nom. Il mourut vers 1875.

Leroux, Laurent. Le premier blanc qui ait visité le Grand Lac des Esclaves. En 1784, il partit du lac Athabasca avec Cuthbert Grant, et fonda le fort Réso- lution au point la rivière des Esclaves se jette dans le lac du même nom. De il poussa jusqu'à l'endroit qui devait plus tard recevoir le nom de Providence, en vue de porter les Indiens à aller traiter aux postes canadiens. Ses efforts furent couronnés de succès, au point que la C'" du N.-O., nouvellement fondée, résolut de fonder un fort au lac la Martre. En 1789, on le fit revenir au lac Athabasca ; mais il ne voulut pas quitter le Grand Lac des Esclaves sans se rendre à sa rive septentrionale, afin d'engager les sauvages qui la fré- quentaient à porter leurs fourrures au fort Chippe- wayan.

Le 22 mars 1789, il était de retour au lac Athabasca, qu'il quitta bientôt après avec l'explorateur Alex. Mac- kenzie qu'il accompagna jusqu'au lac des Esclaves. Puis il bâtit le fort Providence non loin de cette mer intérieure. A son retour du nord-ouest en 1796, il s'établit à l'Assomption et se maria avec une demoi- selle Esther Loiselle. En 1831, il représentait le comté de Lein.ster à l'Assemblée législative, et il mourut en 1855 à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans.

LESPERANCE, A.-B. 185

Leroux, Pierre, Partagea le sort de son frère Antoine et de Charles Beaubien (q. v.) dans leur aven- ture au Mexique.

Lesieur, Toussaint. Le fondateur du fort Alexandre à l'embouchure de la rivière Winnipeg. Il l'établit en 1792 pour la C" du N.-O., après avoir été, en 1789, de service à la rivière aux Trembles et au portage de l'Ile avec Simon Fraser. En iScz). il était commis de première classe et interprète dans le bas de la rivière Rouge, et la même année il fut mis en charge du poste de la montagne du Poil.

Sir Alexandre Mackenzie l'appelle « le fameux LesieUr » dans sa correspondance.

Lespérance, AIexis=Bonami. Le premier guide et pilote du nord dans la première partie du dix-neuvième siècle. S 'étant mis au service de la C"' de la Baie d'Hudson. il se rendit dans l'ouest en 18 16 ; puis accompagna sir Géo. Simpson au Pacifique en 1828, et fut envoyé ensuite à la rivière la Paix. Pendant de longues années, il fut en charge de la brigade de bateaux qui allait annuellement chercher au portage la lyoche les fourrures qu'5' transportaient les barges du nord et qu'à .sou tour elle descendait par la rivière Nelson jusqu'au fort York, l'attendait le navire envoyé d'Angleterre par les autorités de la compagnie. De là, cette brigade revenait au fort Garr}', après avoir parcouru quatre mille milles. Lespérance fut le pre- mier à exécuter pareil voyage dans une seule saison (juin-octobre).

L'explorateur Hooper fut un de sespassagers en 1849, et il lui rend le témoignage que «son adresse et son expérience étaient incontestablement très gran- des. )) Lespérance était Canadien, et on le disait doué d'une force prodigieuse.

i86 LESPÉRANCE, P.

Lespérance, Pierre. Fut pris par les Mexicains et partagea le sort de Charles Beaubien (q. v.).

Letendre(ou Batoche), Jean=Baptiste . Canadien qui se trouvait en 1804 au fort des Prairies (Edmonton), il faisait les fonctions d'interprète pour la C**" du N.-O. AA^ant quitté le service, il pratiquait en 1808 le métier de chasseur libre dans la vallée de la Saskat- chewan, il s'était uni à une Crise qui fut tuée par les Sarcis en juin de l'année suivante, alors que lui-même dut son salut à une fuite précipitée vers le fort Edmonton. Il prit plus tard le chemin de la Rivière- Rouge et s'y maria à une autre sauvagesse qui lui donna un fils, Louis (q. v.) ; en sorte que ce Batoche Eetendre fut le grand-père du métis connu plus tard presque exclusivement sous le sobriquet du sujet de cet article, sobriqiiet qu'il devait transmettre à une localité maintenant fameuse dans les annales du Nord-Ouest (V. Batoche, L. dit).

Letendre, Louis. Fils du précédent. Il avait vers 1850 une grande réputation comme chasseur de buffle. Il s'établit à Pembina, aujourd'hui Emerson, en qua- lité de traiteur libre, et jouit longtemps de la considé- ration des autorités de la C" de la Baie d' Hudson au fort Garrv. Il était le père de Xavier L. dit Batoche

(q-v.).

Levasseur, Noël. le 25 décembre 1799 à Saint- Michel de Yamaska, il partit à dix-sept ans pour le sud-ouest et fit la traite des fourrures avec diverses tribus sauvages, demeurant une dizaine d'années à un poste des Illinois appelé Les Iroquois, au service de J.-J. Astor, de New- York. A l'expiration de ce temps il se mit à son propre compte, et dix-huit mois plus tard il avait réalisé la somme de dix-huit mille piastres. Trois ans après (1836), il s'établit à Bourbonnais,

I.ÉVEII.LÉ, P. 187

localité ainsi appelée du nom de son fondateur canadien (q. V.), Plus tard, il fut chargé par les autorités américaines de conduire trois mille sauvages à Council's Bluff, on les établissait. Ce voyage ne dura pas moins de trois mois. Lorsque vint la tourmente qui, sous l'impulsion du trop fameux Chiniquy, fit momen- tanément passer au schisme la majorité des habitants de Bourbonnais, L,evasseur refusa d'abandonner la foi de ses pères. Il ,y mourut à un âge avancé.

Léveillé, Pierre. «Colon influent" de la Rivière- Rouge, au dire de l'historien Alexandre Begg, il joua dans une circonstance mémorable des troubles de 1870 le rôle de chef d'opposition à l'autorité du président L. Riel. M. Donald- A. Smith était arrivé en qualité de représentant du Canada, mais avait laissé ses lettres de créance et autres papiers officiels à Pembina, en dehors du territoire de l' Assiniboia. Riel eut voulu les voir avant que leur contenu ne fut divulgué, afin de pouvoir régler sa conduite en conséquence des ins- tructions données à l'étranger. Dans ce but, il chargea un de ses hommes d'accompagner le messager envoyé par Smith à leur recherche ; mais Wm. McTavish, le gouverneur de la O" de la Baie d'Hudson, craignant que celui-ci ne. s'en emparât au bénéfice de son maître, dépêcha Léveillé avec un Anglais pour empêcher pa- reille tentative de réussir.

En revenant de Pembina, les représentants de McTavish et de Riel étant arrivés à Saint-Norbert avec leurs précieux papiers, accompagnés d'une cin- quantaine de métis racolés en chemin par Léveillé et son compagnon, Riel qui venait de les rejoindre, voulut passer en avant afin d'arriver le premier au fort Garry et intercepter ces dépêches. Mais Léveillé le menaça alors de son pistolet, et le président dut garder

i88 LIONNAIS

le second rang dans ia procession formée par les traî- neaux. Il parvint pourtant à entrer le premier dans l'enceinte et en fit immédiatement fermer les portes. Après quelques pourparlers, il finit par y admettre les porteurs des documents de Smith, et L,é veillé voulut y rester avec ses amis pour veiller à leur sûreté jusqu'à ce qu'ils eussent été lus devant la population assem- blée dans ce but les 19 et 20 du mois de janvier 1870.

Plus tard, Léveillé devint un des plus chauds par- tisans de Riel, et, pour oblitérer le souvenir de l'acte susmentionné, il lui fit même présent d'un fusil qui lui avait coûté $300. Lorsqu'il fut question de con- clure des traités avec les tribus sauvages du Manitoba et du Nord-Ouest, il assista J. -A. -N. Provencher (q. v.) dans ses négociations avec elles (1873), et, au dire d'Alexandre Begg, «il rendit de grands services en leur assurant un succès final. » lycs écrivains anglais l'appellent I^aveiller, Lavieller et Lavaillier. D'autres le confondent avec Pierre Lavallée (q. v.).

Lionnais, Auguste. Interprète en 1804 au fort des Prairies (Edmonton ) pour la C" du N.-O.

Lorimier, Jean=Baptiste Chevalier de. Etait « capitaine dji département indien », et accompagnait l'expédition de lord Selkirk quand elle s'empara (13 août 18 16) du fort William, le chef-lieu de la C" du N.-O., par manière de représailles pour la destruction de la colonie de la Rivière-Rouge (19-22 juin 1S16). Ee 14 août de la même année, il fit partie d'une espèce de tribunal qui examina les prisonniers faits à la pre- mière localité, c'est-à-dire les directeurs mêmes de la puissante corporation avec quelques-uns de leurs servi- teurs.

Puis, comme on les dirigeait sur le Canada, il empê- cha le naufrage de bon nombre d'hommes en prenant

LUCIE, B. 189

sur lui de faire aborder son canot à une île malgré l'ordre de McGillivray, un des principaux bourgeois de la compagnie, qui avait insisté pour partir au milieu d'une tempête que les deux guides déclaraient dangereuse. Le canot de Lorimier fut submerge et huit personnes se noyèrent (26 août 18 16) : mais tous les membres du parti auraient infailliblement partagé leur sort s'ils se fussent dirigés le voulait McGil- livray. Les deux canots qui suivaient celui de Lori- mier, croyant à un changement d'ordres de la part de celui qui était en charge, prirent la même direction et leurs occupants furent sauvés.

Enfin, s'étant ensuite rendu à la Rivière-Rouge avec lord Selkirk, de Lorimier fut un de ceux qui signèrent le traité que fit avec les Indiens, le noble fondateur de la colonie de ce pays lointain", en vue de s'assurer aussi légalement que possible la propriété des terres qu'il distribuait à ses colons.

Louvières, d'Amours Sieur de. Gentilhomme qui accompagna de la Vérendrye dans l'ouest. En septem- bre 1738, il se trouvait en charge du fort Maurepas, sur la rivière Winnipeg, avec quatorze employés. C'est alors qu'il fut pris en passant par M. delà Marque, qui suivait l'itinéraire déjà tracé par le découvreur, puis laissé à la jonction des rivières Rouge et Assiniboine, oii il fonda le fort Rouge dans l'angle sud formé par les deux cours d'eau. Il était l' arrière-grand-oncle de M. le juge L.-A. Prud'homme, de Saint-Boniface.

Lucie (ou Lucier), Basile. Canadien au service de la C" du N.-O. immédiatement après qu'elle eut absorbé la C" du Pacifique par suite de la guerre anglo-améri- caine (1813-14). Il était d'une force prodigieuse, ce qui lui donnait sur les autres voyageurs une autorité morale dont il ne manquait jamais de se prévaloir, et

I90 LUCIE, F.

en faisait comme leur représentant attitré dans leurs réclamations auprès de leurs maîtres.

Lucie (ou Lucier), François. Employé de la C'^ de la Baie d'Hudson, dont le nom mérite de passer à la postérité par un trait de courage et de fidélité à ses maîtres qui l'honore. Quelque temps avant 1840, une bande d'Assiniboines avaient volé vingt-quatre chevaux au fort Edmonton. Poursuivis par des em- plo5'és de la compagnie, les sauvages furent rejoints à une rivière appelée Boutbière. Lucie, toujours à cheval, se mit immédiatement à l'eau, et au milieu du courant saisit à bras-le-corps un Indien qui lui était infiniment supérieur en taille et en force. Malgré la disparité des contestants, le Canadien tint son homme si étroitement serré que celui-ci ne put bander son arc pour s'en servir. Il finit pourtant par lui en donner un coup sur la tête qui non seulement le força à lâcher prise, mais le désarçonna et le fit tomber à l'eau.

Se relevant immédiatement sans quitter le lit de la rivière, François était sur le point de poignarder r Assiniboine quand celui-ci arrêta le mouvement de son bras en s' accrochant à un fouet qui pendait par une boucle au poignet du Canadien. »S' emparant brusquement du manche, l'Indien, avec un ricanement satanique, le tourna en-dessous du bras de son adver- saire jusqu'à ce que la corde, en se tordant et le serrant fortement, l'eut presque réduit à l'état de parfaite impuissance. Cependant, François, tout paralysé qu'il était dans ses mouvements, s'attaquait peu à peu avec sa dague aux doigts de l' Assiniboine, qui dut bientôt lâcher pri.se. Prompt comme l'éclair, il lui enfonça alors son arme dans le cœur, et les chevaux de ses maîtres furent recouvrés.

Lucier, Etienne. Faisait partie de l'expédition

MAGDALIS 191

d' Astor en 1 8 1 o- 1 2 . Las de la vie errante du voyageur, il se mit, en 1829, à cultiver la terre près du fort Van- couver, sur la Colombie ; après quoi il s'établit dans la vallée de la Wallamette. Il fut un des pionniers qui reçurent les premiers missionnaires catholiques en 1838.

Lucier, Toussaint. Un des douze conseillers de Riel en 1885. Il était alors réputé l'homme le plus fort du Nord-Ouest.

Luména, ScEur Marie. Née Virginie Brasseur, elle vit le jour à Vaudreuil le 15 février 1833, et entra au noviciat des Sœurs de Sainte- Anne à Saint-Jacques de l'Achigan le 30 août 1855, faisant sa profession religieuse deux ans plus tard (12 août). En 1858, elle fit partie de la petite bande de religieuses qui partirent pour l'extrême ouest afin d'ouvrir des écoles dans le diocèse de M^' Demers (q. v.). D'abord stationnée à Victoria, elle fut envoj^ée quelques années plus tard à la mission Sainte-Marie, sur le bas Fraser, elle fut longtemps supérieure de l'école indienne de cette loca- lité. Puis, après 1885, elle passait successivement par les écoles de New- Westminster, Kamloops et Quami- chan, dans la Colombie anglaise. Elle se trouve en ce moment (juin 1907 J à Victoria, en bonne santé malgré plus de quarante ans de classe à son crédit.

M

Machard, Michel. Commis de la C'* du N.-O. En 1799 il la servait au lac la Pluie.

Magdalis, Jérôme. Un des éclaireurs des métis de la Rivière-Rouge dans leur fameuse rencontre avec deux mille Sioux, le 3 juillet 1851 (V. Malaterre,

192 MAINVILLE

B.). Pris par ces derniers, il parvint à s'échapper, et fit part à ses compatriotes du danger qu'ils couraient.

Mainville. Métis qui fut l'instrument principal des autorités de la C'* du N.-O. dans le meurtre de Keveney (V. Lapointe). On venait d'apprendre le départ de l'expédition conduite par lord Selkirk en vue de s'emparer du fort William, chef-lieu de cette corporation, et, pour se débarrasser d'un homme qui, comme le prisonnier anglais, pouvait causer tant d'en- nuis aux bozirgecis de l'intérieur si, comme on l'ap- préhendait, les troupes poussaient jusqu'à la Rivière- Rouge, on le confia à un nommé Reinhard avec ordre secret de s'en défaire à la première occasion favorable. Reinhard était un Tj-rolien qui, après avoir fait partie du régiment de Meuron alors à la solde de lord Selkirk, était passé au service de la C'^ du N.-O. Il emmena donc Keveney en compagnie de Mainville et d'un sau- vage qui avait déjà essayé plus d'une fois de le tuer. Aj^ant momentanément mis à terre leur prisonnier, comme celui-ci se disposait à rentrer dans le canot, Mainville, suivant les directions que l'étranger venait de lui donner, lui tira un coup de fusil dans le cou, tandis que l'ancien soldat l'achevait de coups de sabre (9 septembre 18 16).

Majeau, Louis (ou Mageau). Employé delà C*^ du N.-O. Partagea en 18 19 le sort de Pierre Boucher (q.v.).

Malaterre (ou Malateur), Baptiste. Métis de la Rivière-Rouge. Se trouvait le soir du 12 juillet 1851 un peu au sud de la frontière américaine quand il fut député, en compagnie de quatre chasseurs, pour s'assu- rer de la nationalité et du nombre des occupants d'un camp aperçu dans le lointain. Il fut alors pris par les Sioux qui le composaient au nombre d'environ deux mille. Deux de ses compagnons ayant réussi à s' évader,

MAI.GUE 193

le parti qui les avait envoyés en avant, composé de soixante-sept chasseurs seulement, se fortifia le mieux qu'il put en prévision d'une attaque. Le lende- main, les Sioux s'avancèrent en masse contre les étrangers, parmi lesquels se trouvait M. Laflèche(q. v.), plus tard évêque de Trois- Rivières. Ayant entouré leur petit camp de plusieurs ceintures de cavaliers sauvages, ils passèrent une bonne partie de la journée à l'assiéger et le cribler de flèches et de balles, qui se logeaient pour la plupart dans le bois des charrettes dont les métis s'étaient fait un rampart, ou bien se perdaient dans le vide.

A trois heures de l'après-midi, un des chefs sioux ayant aperçu le prêtre en surplis s'écria qu'ils perdaient leur temps, puisque les métis avaient avec eux un ma- nitou qui les protégeait. Ils se retirèrent bientôt en emmenant leurs morts et leurs blessés dans les mêmes charrettes qui les avaient suivis en vue du butin dont ils se croyaient sûrs.

Au plus fort de la mêlée, deux des éclaireurs restés prisonniers parvinrent à rejoindre les métis. Quant au pauvre Malaterre, on trouva sou cadavre gisant sur le sol percé de soixante-sept flèches et de trois balles. Les pieds et les mains en avaient été emportés comme trophées, et son crâne avait été fracassé. Ses restes furent enterrés avec les prières de 1 Eglise.

Malgue, Capitaine Paul Marin de la. Baptisé à Montréal le 19 mars 1692, il était fils de Charles- Paul Marin de la M. et de Marie-Madeleine Niquet. Il fut le lieutenant du sieur de Saint-Pierre (q. v.) dans l'ouest ; mais il s'occupa plus de fourrures que de découvertes.

Après un certain temps, on le dirigea vers le sud, oîi il fut mis en charge du district de la rivière Ohio. 13

194 MALHIOT, E.-E.

Il mourut au fort Lebœuf dans l'automne de 1753.

Malhiot, E=E. à Saint-Pierre-les-Becquets en 1814, il émigra à la Louisiane après les troubles de 1837 et s'y distingua comme avocat et comme homme politique, à tel point qu'il y fut élu sénateur en son absence. Il réalisa toute une fortune au barreau ; mais la guerre de sécession lui en fit perdre une bonne partie. En 1866, il put cependant acheter une grande étendue de terre, sur laquelle il établit une cinquan- taine de familles canadiennes. Il y construisit une chapelle et obtint pour ses colons les secours religieux d'un prêtre canadien. La mort le surprit au mois d'août 1875. '

Malhiot, François=Victor (ou Erambert). Cana- dien au service de la C" du N.-O., dans laquelle il entra en 1791, âgé d'à peine quinze ans. Après cinq ans d'apprentissage, il fut promu au grade de commis et envoyé à la Rivière-Rouge, qu'il quitta en 1804 pour aller fonder un poste au lac Flambeau, dans le Wisconsin. Il s'y construisit un fort dont il paraît très fier dans son journal et qui fut achevé en avril 1805. La protection de ses palissades n'était pas inutile au milieu de sauvages gâtés par la concurrence que se faisaient alors la C'** du N.-O. et celle connue dans l'histoire sous le nom de X Y. Le rhum paraît avoir coulé copieusement des deux postes rivaux du lac Flambeau, et la conséquence sur les Indiens en est facile à deviner. « J'envoie Bazinet verser un baril de rhum aux loges j), écrit-il un jour. Cette seule phrase en dit plus qu'une longue dissertation sur les mœurs des traiteurs du temps. Rien d'étonnant après cela s'il croit pouvoir écrire de ceux qui traitent avec lui et son concurrent Charrette (q. v.) : « Il y en a encore quelques autres que je pourrais mettre au

MANDKVIIvIvE, J.-B. i" 195

compte des bons sauvages ; mais en général si je pou- vais tous les mettre dans une poche et savoir que Lucifer en voulut, je les lui donnerais tous pour un denier. . . Si autrefois ils étaient des agneaux, aujour- d'hui ce sont des loups enragés et des diables déchaî- nés. »

Trop peu instruit dans sa jeunesse, il ne put atteindre parmi les traiteurs le rang que lui destinait sa grande pénétration d'esprit. Aussi ne tarda-t-il pas à se dégoûter d'une vie sans autre avenir pour lui que celui de subalterne toujours à la peine et rarement à l'honneur. En conséquence, il retourna au Canada en 1807, accompagné d'un fils qu'il avait eu cinq ans auparavant d' une sauvagesse. Il s'établit à Contrecœur et y mourut en 1840. Il était le frère aîné de l'hon. F.-X. Malhiot.

Mallet, CoLONEiv Jean=Baptiste. Fondateur de la ville de Péoria, Illinois. Il vit le jour sur l'île Michil- limakinac vers 1753. En 1778, ayant perdu des parents et des amis dans une expédition de guerre commandée par un Américain du nom de Brady, il réunit environ trois cents guerriers sauvages, dont les rangs furent grossis de quelques Canadiens et Américains, qu'il mena au fort Saint-Joseph commandé par des Anglais qui capitulèrent et auxquels il permit de retourner au Canada. Il y trouva des marchandises de la valeur de cinquante mille piastres, qu'il distribua à sa troupe. Il mourut en 1800 ou 1801, tué par un individu avec lequel il s'était pris de dispute.

Mallette, François. Commis de la C'" du N.-O., qu'il servait en 1799 dans le haut de la rivière Rouge.

Mandeville, 1°, Jean=Baptiste le Camarade de. Métis d'origine normande en 1798 d'une mère ap- partenant à la tribu des Castors, il fut élevé parmi les

196 MANDKVILI.E, J.-B.

Montagnais. Homme d'une nature droite et franche- ment chrétien, il fvit l'interprète de sir John Franklin lors de sa première expédition de 1820-21, et aida plus tard A. McLeod à construire le fort Reliance pour l'explorateur Georges Back. En 1863, il était inter- prète en second au fort Résolution, et avait alors douze enfants vivants.

Mandeville, 2°, Jean=Baptiste le Camarade de. Fils du précédent. Etait, au dire de l'abbé Petitot, un homme «d'une innocence de vie étonnante et d'une sagesse de sacliem w. Il naquit en 1831 d'une sauva- gesse de la tribu des Esclaves, et fut le chasseur du fort Résolution. En 1863 il avait déjà .six enfants.

Mandeviîle, Michel. Métis qui, en 1869, était l'in- terprète-en-chef du fort Résolution, un excellent homme, d'après le voyageur anglais W. Pike, qui n'est pourtant guère porté aux compliments.

Mandeville, Moise. Frère de Michel et un « splen- dide timonier», dit Pike qui, comme compagnon, l'estime moins que ce dernier.

Manolly, Q.=H. de. Artilleur qui fut tué à la ba- taille de TAnse-aux-Poissons {Fish Creek) le 24 avril 1885.

Marcotte, I. Servit en 1885 sous le général Strange contre les sauvages du Nord-Ouest révoltés en même temps que les métis, et fut sérieusement blessé à la bataille de la petite rivière la Biche (28 mai).

Marion, Joseph. Métis employé le i" décembre 1869 par William McDougall pour afficher sa procla- mation prématurée au Portage-la-Prairie.

Marion, Roger. Un des hommes politiques français du Manitoba contemporain. Il naquit à Saint-Boniface, Man., le 4 août 1846, du mariage de Narcisse M., ori- ginaire de l'Assomption, P. Q., et de Marie Bouchard,

MAYOTTE 197

de la factorerie de York, sur la Baie d' Hudson. Son père arriva à la Rivière-Rouge vers 1820, et pendant long- temps il fut au service de la C" delà Baie d' Hudson en qualité de forgeron. Roger fut élevé au collège de Saint-Boniface alors tenu par les Frères de la doctrine chrétienne, et le résultat de la bonne éducation qu'il y reçut fut que, plus tard, ses concitoyens l'appelèrent au poste de maire de la ville épiscopale qu'il occupa trois années consécutives. En outre, il fut élu en 1886 pour représenter le comté de Carillon à la légis- lature du Manitoba. En 1889, Saint-Boniface lui con- fia un semblable mandat, et en 1896 son premier comté le réélut à la même charge. Il fut quelque temps un des grands propriétaires du pays, ayant en sa posses- sion la pièce de terre connue aujourd'hui sous le nom de Norwood Grove, un des faubourgs de Winnipeg. Une des principales rues de cette ville porte son nom.

Il est le beau-frère du commodore Kittson, de Saint- Paul, Minn., et le facteur-en-chef H. Bélanger (q. v.) était aussi marié avec une de ses sœurs. M. Marion occupe actuellement (octobre 1907) une position offi- cielle sous le gouvernement du Manitoba à Saint-Boni- face. Il a toujours appartenu au parti conservateur.

Martin, Michel. Prit part à la bataille de la Gre- nouillère (V. BouRASSA, M.), et fut un des déposants en faveur de la C" du N.-O. au procès qui s'ensuivit à Toronto en 18 18, et qui ne condamna personne pour sa partipation à cette malheureuse affaire.

Maurice, François. Métis qui servit d'interprète à J.-W. Tyrrell dans son voyage d'exploration au travers des déserts glacés du Canada nord-est (1893). Parlait le français, le cris, le montagnais et un peu l'anglais.

Mayotte, J. Assistait au massacre de la famille

198 MAYRAND, Rêv. J.-A.

Deschamps (V. Deschamps, F., fils), et fut respon- sable pour la mort de leur mère (28 juin 1836).

Mayrand, RÉv. J.=Arsène. Un des premiers mis- sionnaires canadiens à la Rivière-Rouge. Naquit à Deschambault le 3 mai 181 1, et, après avoir fait ses études à Nicolet, il fut ordonné prêtre le 6 avril 1838. Cette même année, il partit pour la Rivière-Rouge en même temps que M. Blanchet qui se rendait à la Colombie, et fut stationné à Saint-Bonifaceet à la Baie Saint-Paul, partageant avec M. Laflèche (q. v.) le soin de la dernière mission. En 1839, on lui confia le poste de Saint- François-Xavier, ou la Prairie-du- Cheval- Blanc, comme on disait alors. Il y resta jusqu'en 1843, époque le départ de M^' Provencher occasionna son rappel à Saint-Boniface. Deux ans après il retournait au Canada.

Mélanson, Jean. Membre du premier corps de la police à cheval organisé au Manitoba en 1870.

Ménard, François. Frère de l'hon. Pierre M., il partit en 1795 pour le sud-ouest et passa une grande partie de sa vie sur le fleuve Mississipi, en charge de brigades et de bateaux marchands. Il mourut à Kas- kaska le 28 septembre 1853.

Ménard, Joseph. Contremaître au service de la C'*" du N.-O. En 1804, il était stationné dans le dis- trict d'Athabasca. Etait originaire de Montréal.

Ménard, MicheI=Branamour. à Laprairie le 5 décembre 1805, il passa de bonne heure aux Etats- Unis, il fit le commerce des fourrures avec les sau- vages. S' établissant au milieu des Chânis, il devint bientôt leur chef. Vers 1833, il émigra au Texas il trafiqua avec les Mexicains et les Indiens. Ees Texiens étaient alors en pleine révolte contre les auto- rités mexicaines dont ils voulaient secouer le joug.

MICHEIv 199

Ces dernières voulurent soulever les tribus sauvages ; mais, à la demande des premiers, Ménard parvint à les pacifier. Plus tard, il se fixa à Galveston, et fut, en 1838, choisi pour représenter le comte du même nom au Congrès, il joua un rôle considérable. Il mou- rut à Galveston en 1856.

Ménard, Hon. Pierre. à Québec en 1767, il partit à dix-neuf ans pour l' Illinois, et en 1808 il fut admis dans l'importante société commerciale de I^isa & C'"', dont les opérations s'étendaient jusqu'aux montagnes Rocheuses. Le gouvernement américain le nomma plus tard agent des sauvages, ce qui lui donna l'occasion de conclure des traités avec plusieurs tribus. En 1S03, il fut élu à la législature de l'Indiana et fut plus tard nommé à l'unanimité président du Conseil législatif, siégeant dans ses salles ju.squ'en 1S18. Il fut alors élu gouverneur de l'Etat, après une modification apportée au projet de constitution expres- sément en vue de rendre son élection légale. Il remplit ces fonctions jusqu'en 1822. Cet intrépide pionnier, que Parkman appelle « le vénérable patriarche de r Illinois )', s'éteignit en 1844 à Kaskaska. Son nom fut officiellement donné en 1839 à l'un des comtés les plus florissants de cet Etat.

Ménéclier, Louis. - Commis pour la C**" du N.-O. En 1804, il était de résidence au lac Winnipeg.

Messier, CFiarles. Employé de la C du N.-O. Se trouvait à la rivière Churchill en 1799.

Michel, Pierre, Chasseur au service de la O" du Pacifique, fils d'un Canadien respectable par une sau- vagesse, il occupa aussi une position d'interprète. Ses services étaient très appréciés de ses supérieurs. Il accompagna les Têtes-Plates dans deux de leurs cam- pagnes contre les Pieds-Noirs et y gagna une excel-

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lente réputation parmi les indigènes. On cite comme preuve de la considération dont il jouissait le fait qu'il obtint la main d'une jeune fille que convoitait ardem- ment un Indien, et Cox, qui fournit les détails de ses noces, nous assure qu'il fut le seul employé des blancs auquel les Têtes- Plates consentissent à donner une de leurs filles en mariage (1814).

Millet. Etait employé vers 1805 à un fort de traite dans la vallée de la Saskatchewan quand il fut envoyé avec trois autres Canadiens porter des provisions à un poste avoisinant. Pendant son absence, un jeune sauvage qui avait traité avec le commis du premier établissement mourut le même jour en rejetant la faute de son trépas sur les maléfices de l'Anglais. En conséquence, ses compatriotes massacrèrent non seule- ment le commis du fort, mais encore Millet et ses compagnons quand ils revinrent à leur poste.

Monier, Joseph. Etait guide au service de la C" du N.-O. immédiatement après qu'elle eut absorbé la C X Y. Employé alors au lac Népigon et au lac Seul, il était « un homme très soigneux et très honnête, mais sans grands talents pour se tirer d'affaire avec les sauvages», dit son maître Duncan Cameron qui, le 27 septembre 1804, ne l'en mit pas moins à la tête d'une expédition de traite au nord du lac Népigon.

Montigny, Charles. Un des membres du « Comité élu par le Peuple » de la Rivière- Rouge en vue de prendre des mesures pour obtenir la mitigation de ce que les Canadiens et les métis considéraient en 1846 comme les exactions de la C" de la Baie d'PIudson. Certifia, en compagnie de Louis Riel père et de quel- ques autres métis, la validité des neuf cent soixante- sept signatures 'apposées à la pétition de M. Belcourt (q. V.).

MONTIGNY, O. 201

Montigny, Edouard. Canadien au sen^ice de la C" de la Baie d'Hudson. Etait stationné à Kamloops, Colombie anglaise, en 1846 quand il fut nommé membre du parti d'Alexandre-C. Anderson destiné à trouver une nouvelle route pour les brigades de chevaux de la compagnie. Partis de Kamloops le 1 5 mai de cette aihaée- là, ils descendirent la Thompson jusqu'à un point ils la quittèrent pour se rendre au travers des montagnes à la rivière au Chapeau, puis au Pavillon et à la Fon- taine. Avant d' atteindre cette dernière place, ils furent reçus avec les démonstrations les plus hostiles par les sauvages d'un village qui les prenaient pour un parti de guerre. A travers les défilés et des montagnes réputées impassables, ils parvinrent au fort lyangley, sur le bas Fraser, qu'ils atteignirent le 24 du même mois, après quoi ils se remirent en route pour de nouvelles explorations.

Montigny, Ovide de. Canadien qui fit partie de l'expédition d'Astor à la Colombie, oii il se rendit en qualité de commis par le voilier Tonqiiin. Arrivé à destination, il fut d'abord membre d'un parti envoyé le 2 juin 181 1 explorer le pays et s'assurer s'il était vrai que des blancs fussent déjà établis en haut du fleuve. Au cours de cette expédition, comme il dou- blait un jour une pointe formée par un coude de la rivière Cowlitz, il fut confronté par une vingtaine de canots de guerre indiens avec lesquels son supérieur, M. McKay, parvint à force de patience et de bonne volonté à parlementer. Quand peu après on lui demanda d'accompagner le même monsieur à bord du Tonquin, il prétexta le mauvais effet de la mer sur sa santé et évita ainsi une mort certaine (V. BruslÊ). Au lieu de cette expédition maritime, il se joignit le 23 juin 181 1 à un parti d'exploration destiné à accoutumer

202 MONTOUR, B.

les sauvages, alors fort nombreux et mal disposés, à porter leurs fourrures aux blancs. C'est ainsi qu'il se rendit jusqu'à l'embouchure de la rivière Okanagan oii, de concert avec M. David Stuart et l'historien Ross, il établit le premier fort de ce nom. Il s'y trou- vait-encore le 23 avril 18 14.

Montour, Bonhomme. Un des premiers métis de la Rivière- Rouge qui, en sa qualité d'un des quatre chefs de sa «nation», signa le 25 juin 1815 un ordre à la C" de la Baie d'Hudson d'avoir à faire disparaître tout vestige de colonie dans son pays.

Montour, Nicolas, PÈRE. Issu d'une famille venue de France dans la personne de Pierre Couc dit I^afleur, naiif de Cognac en Angoumois, qui s'établit à Trois- Rivières en 1651 et y épousa, six ans plus tard, une Algonquine de famille influente parmi ses congénères. Nicolas s'engagea de bonne heure dans le commerce des fourrures, et en 1789 il représentait la C" du N.-O. dans le voisinage de la rivière du Pas. Il devint bientôt l'un des as>ociés de cette corporation, dans laquelle il possédait deux actions. Par une exception excessivement rare parmi les vieux traiteurs, il avait amassé une véritable fortune quand il prit sa retraite en 1790. Avec les vingt mille livres qu'il avait réalisées dans ce commerce, il put acheter la seigneurie de la Pointe-du-Iyac, près de Trois-Rivières, il vécut à partir de ce jour, gaspillant sou avoir avec sa femme Geneviève Wills. Nommé alors juge de paix, il fut élu en 1796 représentant du comté de Saint -Maurice, et se montra assez peu enthousiaste des intérêts cana- diens-français.

Montour, Nicolas, Fii^s. Fils du précédent, il se mit comme lui dans le commerce des pelleteries au service de la C'^ du N.-O. En 1799 il était stationné

MORIN, L. 203

au lac Dauphin, et cinq ans plus tard il faisait les fonctions de commis au fort des Prairies (Edmonton). Eu 181 1, il fut chargé d'un poste établi par l'explora- teur-géographe D. Thompson près des montagnes Rocheuses au nord des Spokanes. L'année suivante, il s'y battit en duel par suite de différence d'opinion et de sympathies commerciales avec un M. Pillet (q. V.), commis au service de la C'*' américaine du Paci- fique. Cox, qui rapporte le fait, dit que la balle de chacun des combattants porta ; mais il ajoute avec une pointe de malice que le tailleur suffit pour réparer le mal qu'ils se firent.

Morigeon. Canadien natif de Saint-Martin, P. Q., que le fameux P. de Smet rencontra aux sources de la Colombie en septembre 1845. Il y avait alors vingt- six ans qu'il avait quitté son pays, et sa demeure con- sistait en une grande loge faite de treize peaux d'orignal, il résidait avec sa femme et sept enfants, avec lesquels, raconte le missionnaire, il faisait régulière- ment ses prières du matin et du soir.

Morin, Antoine. Interprète au lac Sainte- Anne (1854), natif de Maskinongé, P. Q. Quand il s'agit de bâtir une église à un mille de son fort, il se chargea de fournir le fer-blanc nécessaire à la couverture du clocher, dépense qui s'éleva à la somme de onze livres sterling.

Morin, François. Servait la C'*'du N.-O. en qualité de guide à la rivière au Rat (1804).

Morin, Louis. Métis de la Rivière-Rouge qui fut élu capitaine des troupes levées à Sainte- Agathe, en vue de repousser l'invasion fénienne (7 octobre 187 1).

Morin, Louis. Canadien qui fut un de ceux qui prirent le fort Douglas à la C'^ de la Baie d'Hudson (21 juin 18 16) après l'affaire de la Grenouillère, à

204 MORIN, X.

laquelle il assista probablement. Les documents con- temporains écrivent son nom Morain.

Morin, X. Partagea le sort de Millet (q. v.).

Morin, X. Le « vieux et fidèle» compagnon de sir George Simpson, de Lachine à la Rivière-Rouge, lors du second voyage de ce gouverneur au travers du continent américain (1841). L'équipage des deux canots, qui consistait en vingt-sept Canadiens et Iro- quois de Caughnawaga, était sous ses ordres.

N

Nadeau, Joseph, Jeune Canadien de bonne famille qui, arrivé à l'embouchure de la Colombie après un terrible voyage sur le voilier Tonquin, se noya avec d'autres que le capitaine Thorn, homme bourru et sans pitié, envoya opérer des sondages malgré la tempête qui rendait la navigation impossible à une chaloupe (22 mars 181 1).

Nault, André, 1°. Naquit à la Rivière-Rouge en 1829 d'Amable N. et de Josette Lagimodière, fille de la première Canadienne de l'ouest. Son père était originaire de Berthier, P. Q. Ayant passé sa vie parmi les métis, André finit par être considéré comme l'un d'eux. Malgré son jeune âge, il assista le fusil sur l'épaule au procès et à la délivrance de W. Sayer (q. V.) en 1849. Exactement vingt ans plus tard, il prit une part active aux troubles qui eurent pour résultat la reconnaissance des droits de la population de l'Assi- niboia par le gouvernement canadien. Ce fut lui qui érigea la barricade de Saint-Norbert (V. RiEL, L.). et y monta le premier la garde. C'est lui qui commandait les métis qui s'emparèrent peu après du fort Garry, et

NAULT, ANDRÉ 205

il devint aussitôt un des capitaines de la garnison. En cette qualité, il fut mêlé à l'exécution de Thomas Scott vota pour sa mort au conseil de guerre et diri- gea le feu du peloton qui mit fin à ses jours.

Quand, peu de temps après, on apprit l'arrestation à Ottawa de deux délégués du Gouvernement Provi- soire, O'Donoghue voulut remplacer le drapeau britan- nique par celui des Etats-Unis. Riel s'y opposa et stationna Nault au pied du mât avec ordre de tirer sur quiconque voudrait y toucher.

Malgré cela, celui-ci eut bientôt à souffrir des troupes envoyées à la Rivière-Rouge par les autorités britan- niques et canadiennes. Ayant été, vers le 15 février 187 1, accompagner M™" Riel qui voulait soigner son fils Lrouis malade à Saint-Joseph, Etats-Unis, non loin de la frontière internationale, il s'arrêta en revenant de chez l'exilé à une pension tout près de cette fron- tière, mais du côté anglais. il trouva un soldat qui ayant entendu un métis l'appeler « mon capitaine », s'informa de son nom et courut avertir d'autres trou- piers qui rôdaient dans les environs. L'hôtelier le pressa alors de regagner au plus tôt le territoire améri- cain, ce que Nault fit, mais non sans avoir eu à repous- ser par des menaces ou par la force plusieurs soldats qui voulaient l'arrêter.

Arrivé tout essoufflé au poteau délimitateur, il s'y reposa en s'y appuyant du côté américain, il se croyait désormais à l'abri de toute attaque de la part des représentants de l'autorité canadienne. Mais une quinzaine de volontaires l'y assaillirent à la fois, et l'un d'eux lui donna un coup de baïonnette sur la tête qui le fit s' affaisser. Laissé pour mort par les Ontariens, il parvint quelque temps après à se traîner chez un métis qui en prit soin pendant une semaine. M. Nault

2o6 NAUI.T, ANDRÉ

porte encore comme souvenir de ces temps troublés une profonde cicatrice, qui atteste en même temps le peu de respect pour la légalité qu'entretenaient les troupes envoyées à la Rivière-Rouge à la suite des événements de 1869-70.

Ces mauvais traitements n'altérèrent pourtant point ses sentiments de loyauté envers les institutions bri- tanniques. Immédiatement avant l'invasion fénienne en 187 1, il fut secrètement invité au Conseil des meneurs américains, en vue de se concerter avec eux sur les mesures à prendre pour pousser les métis de la Rivière-Rouge à la révolte. Il s'y rendit sur l'avis de Riel, qui voulait s'assurer de leurs plans ; mais à son retour il se rangea immédiatement du côté de l'autorité canadienne, et devint même un des ofi&ciers des recrues levées par son ancien chef politique pour s'opposer aux féniens.

Ces marques non équivoques de loyauté ne l'empê- chèrent pourtant pas d'être arrêté, en février 1874, sous l'inculpation de meurtre pour la part qu'il avait prise à l'exécution de Scott. Il subit son procès, mais le jury ne put arriver à un verdict. L'amnistie géné- rale depuis si longtemps promise fut bientôt après promulguée, ce qui mit fin à toute poursuite ultérieure. André Nault vit encore (septembre 1907) à Saint- Vital, Manitoba.

Son nom est généralement, mais à tort, écrit Neault dans le Nord-Ouest,, et quelques-uns de ses ancêtres signèrent aussi Naud ou même simplement Nau.

Nault, André 2°. Le plus jeune fils du précédent. Se trouvait au lac la Grenouille quand y furent mas- sacrés les PP. Fafard (q. v.) et Marchand, qu'il essaya vainement de sauver. Fait lui-même prisonnier, il ne dut la vie qu'à l'intervention d'un métis nommé Blondin.

NIVERVILLE 207

Nault, Baptiste. Contremaître au service de la C" du N.-O. en 1804, époque il était de résidence au lac Népigon.

Nault, Napoléon. Commerçant canadien qui fut un des principaux citoyens de la Saskatchewan à demander le secours de Riel pour obtenir ce qu'ils considéraient comme leurs droits en 1885. Il eut dans ce but une entrevue avec lui à Saint- Vital dans l'été de 1883. Etait fils aîné d'André Nault (q. v.). Il prit part à la bataille de Batoche, après laquelle il se réfugia aux Etats-Unis.

Niverville, Joseph Boucher Chevalier de. Naquit à Chambly le 22 septembre 17 15 du mariage de Jean-Baptiste Boucher, seigneur du fief de Niverville^ et de Marguerite-Thérèse Hertel. Il était enseigne des troupes du Canada lorsqu'il accompagna le sieur de Saint-Pierre (q. v.) de Montréal aux grandes prairies de l'ouest découvertes par son parent de la Vérëndrye (q. v.). Arrivé au fort Maurepas, Saint- Pierre lui fit prendre les devants, l'envoyant à la Saskatchewan que lui-même ne devait jamais voir. Il avait ordre d'établir un fort trois cents milles plus haut que celui de Poskoj^ac. Ayant quitté le fort la Reine (Portage-la-Prairie) alors que l'automne de 1750 était déjà avancé, il dut bientôt continuer le voyage à pied. I^e 29 mai de l'année suivante, il expédia du fort Posko- yac deux canots montés par dix hommes qui devaient se rendre aux montagnes Rocheuses, et qu'il se proposait de suivre un mois plus tard. Mais une maladie grave qui le conduisit aux portes du tombeau l'empêcha de sortir de Poskoyac.

Ces dix Français se rendirent alors à l'endroit se trouve aujourd'hui la ville de Calgary, ils construi- sirent un grand fort qu'ils appelèrent la Jonquière et

2o8 NOLIN, AD.

dont on a découvert les ruines à l'emplacement de la caserne de la polic^ à cheval, sur la rivière des Arcs.

Au printemps de 1753, ayant fini par se rétablir, de Niverville quitta la Saskatchewan il était resté deux ans et demi, eu compagnie de ses dix hommes qui, apprenant sa maladie, étaient venus le rejoindre. Il reprit alors le chemin de l'est, en sorte que le fort de»la Jonquière ne servit jamais à rien.

Nolin, Adolphe. Métis qui fut fait prisonnier par les Cris après le massacre du lac la Grenouille (V. Fafard). Il donna son cheval pour racheter M*"* Delaney dont le mari avait été tué et qui était elle- même prisonnière entre les mains des sauvages. C'était une formalité basée sur les us et coutumes de ces der- niers qui, par cette transaction, abandonnaient leurs droits sur elle sans toutefois la rendre à la liberté. Le major Boulton parle en excellents termes de ce métis et de sa famille.

Noîin, Augustin. Métis de quelque influence à la Rivière- Rouge qui, avec deux autres, s'était chargé de convoquer une assemblée de représentants anglais et français en vue de discuter la question de leurs droits et d'en envoyer l'exposé à McDougall, le soi-disant gouverneur resté à la frontière. C'était leur intention, sur sa promesse de les accorder, de le faire venir au pays en dépit de Riel et de son parti. Nolin était, paraît-il, à délibérer sur cette question avec un certain nombre de partisans, lorsqu'on apprit que les Anglais allaient attaquer les métis français. Cette nouvelle fit avorter toute entreprise contraire aux vues de Riel (décembre 1869).

Nolin, Charles. Un des principaux métis delà Ri- vière-Rouge. Il naquit en 1823 à Pavanagh, Dakota septentrional ; mais, à l'âge de deux ans, il émigra

NOUN, C. 209

avec ses parents à Saint-Boniface, M*' Provencher lui donna une bonne éducation. Après s'être livré quelque temps au métier de traiteur, il se consacra à l'éducation des Indiens, auxquels il fit l'école pendant de très longues années.

Au commencement des troubles de la Rivière- Rouge, il fut envoyé le 4 décembre i86g à Wm. McDougall, le soi-disant gouverneur du Nord-Ouest, pour lui com- muniquer la liste des droits réclamés parla population. Il fut élu délégué aux deux conventions de novembre et de janvier par les divisions électorales de Sainte- Anne et de la Pointe-aux-Chênes respectivement. Il fut ensuite un des trois membres français désignés pour dresser, d'accord avec les représentants de langue anglaise, une autre liste officielle des droits dont on exigerait la reconnaissance par le gouvernement d'Otta- wa. Il se fit généralement remarquer par son indépen- dance vis-à-vis de Riel.

Lorsque, peu après la formation de la nouvelle pro- vince du Manitoba, l'existence de tout l'ouest canadien comme possessions britanniques, fut menacée par les complots des féniens sous O'Donoghue, Charles Nolin se prononça immédiatement contre les envahisseurs, et le 7 octobre 1871, il fut élu capitaine des troupes métisses levées à la Pointe-de-Chênes en vue de les repousser.

A la fin de septembre 1873, quand il fut question de conclure un traité avec les Sauteux en vue d'obtenir la cession de leurs terres au Manitoba, Charles Nolin fut de la plus grande utilité au commissaire Provencher (q. V.). En mars 1875, il entra dans le cabinet de John Norquay, métis comme lui, en qualité de ministre de l'agriculture ; puis aux élections provinciales de 1878 il fut élu pour représenter la division de Sainte- Anne. H

2IO NOLIN, Di^LES

Ayant ensuite gagné vers le nord à la suite d'une foule de métis que poussait à s'expatrier le flot irrésis- tible de l'immigration des races blanches, il prit part à l'agitation qui précéda la révolte de 1885. Mais il désapprouva la prise d'armes ordonnée par Riel et Dumont, et se cacha même pendant deux jours pour n'avoir point à y participer. Découvert par les agents des chefs métis, il dut pourtant s'exécuter. Il assista même au combat du lac Canard (V. Dumont, G.) ; mais il en profita pour s'évader et se réfugier à Prince Albert.

Il mourut en novembre 1907 à l'âge de quatre-vingt- quatre ans, et fut enterré à Saint-Boniface le 21 de ce mois. «Jouissant de la confiance et du respect de ses compatriotes, opposé aux mesures extrêmes, il repré- sentait distinctement l'élément le plus conservateur parmi les métis français de la vallée de la Rivière- Rouge», dit la presse anglaise à l'occasion de sa mort.

Noiin, Demoiselles. lycs premières institutrices du Manitoba. Elles étaient deux sœurs, filles d'un ancien officier de la C" du N.-O. par une Indienne de la Rivière-Rouge, et avaient reçu une bonne éducation chez les Sœurs de la Congrégation à Montréal. De retour au pays natal, M^' Provencher fut heureux de les avoir pour fonder à Saint-Boniface une école de filles, en 1829. Cette école ne dura point, vu que les institutrices avaient peine à rester loin de leur vieille mère. En 1834, elles suivirent M. Belcourt à la Baie Saint-Paul, elles ouvrirent une école pour les sau- vages.

ISolin, François 1°. Etait en 1799 au fort Dauphin en qualité de commis de la C'° du N.-O.

Nolin, François 2°. —Fit partie de la bande de métis qui auraient voulu admettre à la Rivière- Rouge le

NOLIN, L. 211

gouverneur-élu, W. McDougall, moyennant sa recon- naissance des droits de la population qui y était déjà établie.

Nolin, Qervais. Faisait partie de la bande de Charles Beaubien (q. v.) quand elle fut prise par les Mexicains, et il en suivit la fortune jusqu'à son retour au Nouveau- Mexique. Ivà il se livra à des spéculations commer- ciales qui lui firent acquérir plus d'une fortune ; mais il ne put rien garder.

Nolin, Joseph. Métis de la Rivière-Rouge établi à la Pointe-aux-Chênes. Pendant les troubles de 1869-70, il fut secrétaire d'Ambroise Lépine adjudant-général, et fut appelé en 1874 à testifier au procès pour haute trahison qui fut intenté par la couronne à ce dernier et qui résulta dans une condamnation à mort (V. LÊPiNE, A.-D.).

Nolin, Louis 1°. Le premier Canadien connu de la Rivière-Rouge, il se rendit en 1776, l'année de la plus forte inondation dont l'histoire ait conservé le souvenir. Il put faire voile cette année-là de la rivière du lac Rouge jusque dans la partie inférieure de ce qui fut plus tard la colonie d'Assiniboia, toute la contrée étant alors couverte d'eau. Quand les compagnies ri- vales se furent établies dans ce pays, il se rangea du côté de la corporation anglaise, et quand lord Selkirk fit son traité avec les tribus indiennes le 18 juillet 181 7, Louis Nolin fut un des signataires de la pièce officielle qui en fit foi, ayant servi d'interprète au noble lord. Il signa aussi la pétition des catholiques de la Rivière- Rouge à M*' Plessis en vue d'obtenir des prêtres pour la colonie. Il y avait alors deux Louis Nolin dans ce pays dont le second était :

Nolin, Louis 2". Un Canadien qui émigra à la Rivière- Rouge en 18 15 avec Colin Robertson, un des

212 NOUE

bourgeois les plus remuants de la C'° de la Baie d'Hud- son. Il se trouvait au fort Douglas lors de la bataille de la Grenouillère (V. Bourassa, M.), et fut un des déposants ou témoins au procès qui s'ensuivit. Il fut aussi un des signataires de la pétition envoyée à M*' Plessis, évêque de Québec, par les habitants de la Ri- vière-Rouge afin d'obtenir des missionnaires.

Noue, Zacharie Robutel de la. Explorateur et trai- teur canadien à Montréal, il fut baptisé le 4 juin 1665. En 1686, il fit partie de l'expédition du chevalier de Troyes à la baie James, ayant sous lui un détachement de soixante-dix Canadiens. En juillet 17 17, il partit de Montréal avec huit canots et se rendit à la rivière Kaministiquia, il construisit un poste de traite qui fut le précurseur du fameux fort William, si célèbre dans les annales des voyages canadiens. Des conflits incessants entre les tribus siouses et crises le forcèrent à se renfermer longtemps dans les limites de son établissement ; mais comme il ne réussissait pas à mettre à exécution le plan qu'on lui avait confié d'éta- blir une chaîne de trois postes jusqu'au lac Winnipeg, il fut rappelé en 1721.

Il s'était marié le 18 avril 1689 avec Catherine Le- moyne, dont il eut neuf enfants.

Noyelles, Charles=Joseph Fleurimont de. Fils du suivant par sa femme Marie- Charlotte Petit le Villiers, naquit à Montréal le 7 juillet 17 19. En 1746, il com- mandait à Michillimakinac.

Noyelles, capitaine Nicolas=Joseph Fleurimont de. Dit aussi Merle Desnoyelles, il fut le successeur immédiat du grand de la Vérendrye dans l'explorai ion de l'ouest canadien. Il naquit en 1694 ou 1695 du mariage de Joseph Fleurimont de N. avec Marguerite Boisdoux de Crécy, du diocèse de Meaux. Il était

NOYON 213

lieutenant dans les troupes du Canada dites de la marine quand, le 8 août 17 18, il épousa à Montréal Marie-Charlotte Petit le Villiers. En 1735, il com- manda une expédition contre les Indiens Renards sans trop de succès, et en 1 744 il se rendit dans les plaines de 1 ouest pour y continuer l'œuvre de la Vérendrye.

Il fit alors son possible, mais sans résultats appré- ciables, pour retenir les sauvages qui, depuis le départ du grand découvreur, reprenaient la route de la baie d'Hudson pour y traiter leurs fourrures. Afin de mieux réussir, il fit appel aux fils de ce dernier, et le chevalier Pierre Gaultier se rendit au fort la Reine en 1745. Puis il prit' des mesures en vue de pacifier les sauvages toujours en guerre les uns contre les autres ; mais le succès ne répondit point à ses espérances.

Cette même année, il fut fait capitaine, et en 1748 il se rendit pour la première fois au fort la Reine avec le chevalier de la Vérendr5^e et son frère François. De ce poste il envoya les deux frères établir des forts aux lacs Manitoba et Winnipeg. En 1749, il fut promu au rang de chevalier, et l'année suivante il quitta le pays, laissant la direction des affaires au sieur de Saint-Pierre (q. v.). En 1751, il devint major des troupes du Canada ; puis, de 1753 à 1760, nous le trouvons à Trois-Rivières comme major de la garnison, et enfin lieutenant du roi. On ignore la date de sa mort.

Noyon (ou Desnoyers), Jean de. Voyageur cana- dien né à Trois-Rivières en 1642 de parents originaires du diocèse de Rouen. Vers 1688, il remonta la rivière Kaministiquia et hiverna à l'entrée du lac des Bois, sur la rivière la Pluie, en compagnie du sieur de la Croix. Il mourut à Boucher ville il fut enterré le 10 mars 1692, laissant après lui dix enfants qu'il avait

214 OIvIVIER

eus de sa femme, Marie Chauvin, avec laquelle il s'était marié le .?o juillet 1665.

o

Olivier, Louis. Accompagna l'expédition du D Rae envoyé le i" mai 1849 par le D"^ Richardson explorer l'extrémité nord-est du continent américain en quête de vestiges de l'expédition de sir John Franklin.

Ouellette, Joseph. Père de Moïse O. Il avait qua- tre-vingt-trois ans lorsque, en 1885, apprenant que ses parents, ses enfants et ses petits-enfants avaient pris les armes pour défendre leurs droits et leurs propriétés, il partit lui aussi pour le combat. Il était grand par- tisan de Notre Saint Père le Pape, pour la conserva- tion duquel il faisait célébrer plusieurs messes par an et dont il défendit chaudement l'autorité en présence de Riel qui l'avait rejetée. Il tomba à Batoche, percé d'une balle au premier rang des insurgés, et après avoir persisté à s'exposer aux coups ennemis malgré les représentations de Gabriel Dumont.

Ouellette, Moise. Métis originaire du Manitoba, qu'il quitta comme tant de ses compatriotes après les événements de 1869-70 pour se rendre à la vallée de la Saskatchewan. En juin 1884. il fut un des délégués envoyés par les métis pour demander à ly. Riel de venir les guider dans leur lutte pour leurs droits que le gouvernement d'Ottawa s'obstinait à méconnaître. Pendant la révolte qui s'ensuivit, il joua un rôle pré- pondérant, et en conséquence il fut, à la cessation des hostilités, condamné à trois ans de détention.

Ouellette, Rêv. P. Norbert. Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, en (1831 à Machiche, diocèse de Trois- Rivières. Il fit ses premières études au col-

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lège Sainte-Marie de Montréal, puis entra au grand séminaire de Nicolet il fut ordonné. Sa première paroisse fut L,avenier, il resta sept ans. En 1867, il fut reçu à L,achine, près Montréal, dans la Congré- gation des Oblats, et séjourna neuf ans à Québec en qualité de missionnaire. Puis il fut envoyé à Winnipeg, il travailla quatorze ans, poussant de jusque dans l'extrême ouest, il exerça d' abord le saint ministère à New Westminster pendant sept ans. En 1896 on l'envoya dans le district de Koutenay, toujours dans la Colombie anglaise, et il y fonda la paroisse de Cranbrook qu'il dirigea jusqu'en 1905. C'est alors qu'on lui confia l'organisation de la nouvelle paroisse du Sacré-Cœur à Vancouver, œuvre à laquelle il se dévoua jusqu'à sa mort, qui arriva le 24 mars 1907 après une très courte maladie. Le P. Ouellette était un homme capable, ennemi de la flatterie autant que de la dissimulation, et possédant un cœur d'or.

Ouimet, Colonel J. Commandait en 1885 le bataillon canadien-français envoyé, avec les autres troupes du Canada, soumettre à son autorité les métis de la Saskatchewan qui voulaient s'y soustraire. Il fit partie de la colonne du général Strange, et eut ses quartiers généraux à Edmonton.

Page, Alex. Un des trois délégués de Saint- Paul

à la Convention du 25 janvier 1870, sous le gouver- nement de Riel.

Page, Xavier. Un des représentants de Saint- François - Xavier à la Convention de janvier 1870 (Rivière-Rouge). Il fut un des quatre membres de cette convention qui allèrent s'informer si McTavish

2i6 PAGET

se considérait encore comme le gouverneur de l' Assi- niboia. Celui-ci se déclara alors dépourvu de toute autorité, et conseilla vivement la formation d'un gou- vernement (19 janvier 1870).

Paget, Antoine. Commis-interprète au service de la C'" du N.-O. en 1804, qu'il servait alors à la rivière aux Anglais.

Pambrun, Pierre=Chrysologue 1°. Un des ofiS- ciers les plus distingués de la C'^ de la Baie d'Hudson dans la première moitié du siècle dernier. Il naquit à ITslet le 17 décembre 1792, et alla ensuite s'établir avec son père à Vaudreuil. lyOrs de la guerre anglo- américaine (1812), il servit en qualité de lieutenant dans les voltigeurs canadiens et se distingua à Châ- teaugua^^ Entré peu après dans les rangs de la com- pagnie anglaise, comme on appelait alors la C* de la Baie d'Hudson, il était en 181 6 stationné à la Rivière- Rouge, d'où il se rendit au fort Qu'Appelle chercher, avec cinq bateaux, six cents sacs de pemmican pour ravitailler les colons de lord Selkirk. Mais, surpris en route par les employés de la C"' du N.-O. sous la con- duite de Cuthbert Grant, il fut fait prisonnier et sa cargaison confisquée (12 mai 1816) un peu plus d'un mois avant l'affaire de la Grenouillère. Il dut proba- blement la vie à cette circonstance, ayant été, le jovir de la fatale rencontre, en captivité au Portage-la- Prai- rie.

En 1818, il assistait comme un des principaux témoins au procès qui s'ensuivit à Toronto, et qui n'aboutit à rien, et trois ans plus tard il se trouvait au fort Cumberland, il s'unit à une des filles de Thomas Umfreville. Puis il traversa les montagnes Rocheuses, et, après quelques mois de séjour au lac Stuart la capitale de la Nouvelle-Calédonie, comme on appelait

PAMBRUN, P -C. 217

alors le nord de la Colombie anglaise, il fut mis en charge du fort Kilmars, sur le lac Babine (1826). De il fut transféré au fort Orignal, sur la baie d'Hud- son, d'oii il passa dans l'Orégon vers 1830.

Ces deux changements occasionnaient des déplace- ments d'environ deux mille lieues, dont la moitié dut être parcourue pendant l'hiver en compagnie de toute sa famille. Des chiens dressés au métier tiraient les légers traîneaux qui portaient les effets du ménage ambulant. Ou raconte, comme circonstance typique de pareils voyages, que trois de ces chiens s' étant noyés par suite du peu de solidité de la glace d'un lac, on les retira de l'eau pour faire servir leurs chairs aux repas qui suivirent.

lyC 18 novembre 1838, il commandait à l'important poste de Walla-Walla, et y reçut avec la plus grande cordialité les premiers missionnaires catholiques. L'un d'eux baptisa non seulement ses cinq enfants, mais encore sa femme, une métisse dont il légalisa le mariage demeuré jusqu'alors sans consécration religieuse faute de ministre du culte dans les différents postes qu'il avait occupés. Il mourut en 1841 d'une blessure qu'il s'était faite avec le pommeau de sa selle, laissant une nombreuse famille pour le pleurer. Il avait été promu au grade de traiteur-en-chef un an auparavant. Sa veuve et ses enfants jouirent pendant quelques années des avantages pécuniaires que ce titre lui assurait de son vivant.

Washington Irving l'appelle Pambrune, et dit, entre autres choses, qu'il contribua considérablement à l'in- troduction du christianisme chez les sauvages de l'Oré- gon, et alla jusqu'à leur donner un code de lois « aux- quelles ils se conformaient avec une fidélité scrupu- leuse. »

2i8 PAMBRUN, P.-C.

Pambrun, Pierre=Chrysologue 2°. Fils du précé- dent. Naquit en 1823, et se mit de bonne heure au ser- vice de la corporation pour laquelle son père avait tra- vaillé si longtemps. D'abord commis au Mackenzie, il fut aussi longtemps dans le district de la Saskatchewan. En 1853 il était à Norway House, probablement au cours d'une des tournées qu'il faisait périodiquement à la tête de la brigade de bateaux qui y déversaient les fourrures des postes de son district. En mai 1863, les célèbres voyageurs Mil ton et Cheadle jouirent de son hospitalité à Edmonton, oîi il s'était rendu de son poste au lac la Biche pour prendre le commandement de cette brigade. Il traversa maintes fois les monta- gnes Rocheuses par le fort Jasper et par le col de l' Atha- basca. En 1870, il était au fort Carlton, et il mourut dans le district de la Saskatchewan vers 1895.

Pambrun, X. Métis qui fut fait prisonnier par les sauvages de la Saskatchewan au cours des hostilités de 1885, et qui devint plus tard guide pour le major Boulton. Celui-ci trouva en lui « un homme méritant et digne de confiance.»

Paquette, O. M. I., Rêv. P. Mélasippe. - Mission- naire au Nord-Ouest qui eut quelque peu à souffrir de la rébellion de 1885. Il se trouvait à Saint-Laurent quand, vers minuit (18 mars), Louis Riel lui annonça le nouvel ordre de choses qu'il voulait inaugurer, même au point de vue religieux, et lui enjoignit de suivre désormais les directions que le Gouvernement Provi- soire jugerait à propos de lui donner. Non seulement le missionnaire refusa d'obtempérer à ces ordres, mais il partit avant le jour pour annoncer aux autorités du fort Carlton que les métis avaient levé l'étendard de la révolte et menaçaient ce poste. De retour à sa mis- sion, il cacha longtemps des familles dont les chefs ne

PARENT, P. 219

voulaient point prendre les armes ; mais après le mas- sacre du lac la Grenouille (V. Fafard), il dut s'enfuir pour ne pas partager le sort des deux Pères qui y avaient trouvé la mort. En chemin il empêcha les sauvages du lac Vert de piller le poste de traite, selon leur intention première. De il se rendit par un froid terrible à l'Ile-à-la-Crosse qu'il atteignit après quatre jours de voyage (ii avril), accompagné des traiteurs et de beaucoup de leurs marchandi.ses, ainsi que d'un certain nombre de sauvages, amis des blancs.

Il n'y trouva que le commis du fort : le bourgeois, les Sœurs et les métis s'étaient rendus à une île située à soixante milles de là. Arrivé à leur lieu de refuge, le missionnaire parla aux métis et aux sauvages dans le sens de la loyauté aux institutions établies. Puis trois bateaux furent envoyés au lac Vert protégés par cinquante hommes armés qui rebroussèrent chemin en apprenant que Gros-Ours et ses guerriers se dirigeaient vers rile-à-la-Crosse pour en réduire le fort en cendre. Les Montagnais s' unirent alors pour défendre la mission et l'établissement de la compagnie.

Après avoir passé trois semaines sur l'île, la popu- lation retourna au fort ; mais ce ne fut que le 27 mai que la nouvelle de la fin des hostilités étant parvenue à ce poste, le P. Paquette put retourner à sa mission, il trouva tous ses effets détruits. Ce missionnaire est en 1849 ^^ diocèse de Saint-Hyacinthe. Il entra dans la Congrégation des Oblats en 1876 et fut ordonné l'année suivante. Il mourut le 20 mai 1905.

Parent, Jean=Baptiste. Un des compagnons de Franklin dans sa malchanceuse exploration des déserts arctiques en 1820-21. Le journal du commandant de l'expédition est assez sobre de détails à son sujet.

Parent, Pierre. Premier habitant de la ville de

220 PARENTEAU, I.

Saint-Paul, Minnesota. Il s'établit à l'emplacement de la future métropole le i" juin 1838, après avoir habité successivement le Sault Sainte-Marie, la Prairie- du-Chien et Mendota, sans avoir trop mérité d'être regretté dans ces localités, vu qu'un de ses faibles était l'âpreté au gain, qu'il réalisait surtout par la vente des boissons enivrantes aux sauvages (V. Guêrin, V.).

Parenteau, Ignace. Métis qui fut condamné à un an de détention pour la part qu'il prit à la révolte de 1885.

Parenteau, Moise. Fils du précédent ; subit le même sort pour une raison identique.

Parenteau, Pierre. Métis influent de la Rivière- Rouge, qui fut délégué aux conventions du 16 no- vembre 1869 et du 25 janvier 1870. A la première il représentait Saint- Vital ; à la seconde, Saint- Norbert. Après l'établissement de l'autorité du Canada dans son pays, il joua avec L,. Riel et A. Lépine un rôle prépondérant parmi les métis qui se déclarèrent contre l'invasion fénienue et en faveur du gouvernement de M. Archibald. Le 7 octobre 187 1, il fut élu capi- taine des troupes levées à Saint- Norbert ; puis, bien qu'illettré, il signa, de concert avec L. Riel et A. Ivépine, la lettre par laquelle les chefs métis offraient ofi&ciellement à Son Honneur les services de leurs compatriotes contre les flibustiers américains. lyC len- demain, il fut un des trois capitaines présentés au gouverneur quand celui-ci passa en revue les troupes métisses réunies à Saint-Boniface.

Cette loyauté des chefs métis eut pour résultat de conserver à la Couronne britannique non seulement le Manitoba, mais tout ce qu'on appelait alors les Terri- toires du Nord-Ouest. S'ils se fussent prononcés en faveur des envahisseurs, qui avaient l'appui secret

PARISIEN, N 221

d'influences puissantes, ceux-ci n'eussent rencontré qu'une résistance absolument ineffective, et tout l'ouest de l'Amérique anglaise fut passé aux mains des Amé- ricains, qui, du reste, ne cachaient pas leurs convoi- tises pour ce riche pays.

Ayant plus tard émigré dans le nord, Parenteau devint en 1885 un des douze conseillers de Riel au cours de l'insurrection de la Saskatchewan. En con- séquence, il fut, après la pri.se de Batoche, condamné à sept ans de pénitencier. Il était célèbre comme chasseur de bison.

Parisien, Jean=Baptiste. Un des participants à la bataille de la Grenouillère en 18 16. Périt d'une balle envoyée par une arme inconnue pendant qu'il chassait le buffle dans les plaines de Pembina, quelque temps après.

Parisien, Norbert. Métis qui fut victime des trou- bles de 1S69-70 à la Rivière-Rouge. Le 16 février de la dernière année, il fut fait prisonnier par le parti canadien-anglais qui cherchait à soulever la population contre le Gouvernement Provisoire, ostensiblement dans le but de forcer Riel à délivrer ses prisonniers, mais tout aussi probablement afin de mettre fin à son administration. S'étant échappé, Parisien s'empara d'un fusil qui se trouvait sur un traîneau de passage. Une foule d'Anglais se mirent alors à sa poursuite, criant à un nommé Sutherland de l'arrêter. Le fugitif se croyant menacé par cet étranger, qui était parfaite- ment inoffensif, retendit mort d'un coup de fusil et se réfugia dans les buissons.

Ayant été repris par les Anglais, il en fut horri- blement maltraité, eut les mains gelées parce qu'on les lui avait attachées derrière le dos, etc., en sorte qu'il en mourut le 6 mars suivant.

222 PAUL, B.

M^ Taché dit qu'il était mal équilibré, et il semble aussi avoir eu des difficultés avec Riel.

Paul, Baptiste. Canadien qui fut mis en charge du fort Confidence par le D' Richardson en mai 1849.

Paul, Joseph. Fameux guide et timonier de l'ouest, natif de Sorel, P. Q. Dès 1809 sa réputation sous ce rapport était faite. Il traversa alors les montagnes Rocheuses en compagnie des officiers John McDonald et John-J. McTavish. Dix ans plus tard, il dirigeait avec son fils Pierre la brigade de la rivière aux Anglais, quand elle fut arrêtée le 20 juin 18 19 par les gens du gouverneur Williams, de la C" de la Baie d'Hudson (V. Racette ; Boucher, P. ; Turcotte). Fait pri- sonnier dans le seul but de faire périr sa brigade par le manque de guide expérimenté pour la diriger au travers des rapides, il fut conduit à la factorerie de York, il eut à subir une longue détention avant d' être envoyé au Canada sous l'accusation d'avoir pris part aux actes de violence qu'on reprochait à la C'^ du N.-O. au service de laquelle il se trouvait. A Montréal, on ne put rien prouver contre lui, et il fut relâché.

Joseph Paul avait la réputation d'être l'homme le plus fort du Nord-Ouest, et l'on rapporte que, autant pour s'assurer de l'étendue de sa force que pour rire à ses dépens, le commis d'un poste remplit un jour de plomb de chasse un baril qui avait contenu du sucre et le cacha au milieu d'antres barils du même genre. Puis il pria notre homme de vouloir bien les lui passer. Un baril de sucre ne pesait guère au bras de Paul ; mais quand il fut venu à celui qui était plein de plomb, il s'aperçut immédiatement du tour qu'on lui avait joué. Pourtant, sans faire mine de rien, il fit un suprême effort, leva le fardeau à bout de bras, et le laissa retomber violemment sur le comptoir en disant :

PELLETIER

223

«Tiens, mou p'tit, ramasse ton plomb.» Le commis ne riait plus; son comptoir s'était effondré, et son plomb roulait au fond de la cave et dans tous les coins du magasin.

W.-F. Wentzel l'appelle dans ses lettres « le fameux pugiliste.»

Paul, Pierre. Fils du précédent. Partagea son sort en 18 19.

Pauline, ScEUR Marie. Dans le monde Délina Brault, elle naquit au Bas-Canada le 28 janvier 1858 et fit sa profession dans l'Institut des Sœurs de Sainte- Anne le 26 juillet 1884. Cinq ans plus tard, elle arri- vait à Victoria, sur l'île Vancouver, et peu après elle était choisie pour faire partie du premier contingent des religieuses qui se dévouent à l'instruction des pauvres sauvages dans les déserts de l'Alaska. A la mission de Sainte-Croix, sur le Youkon, elle s'occupa surtout des intérêts temporels de l'établissement de son Institut. Puis, en 1907, elle fut envoyée à Kam- loops, Colombie anglaise, oii elle se trouve en ce mo- ment (décembre 1907).

Payant. V. Saint-Onge.

Payette, Jean=Baptiste. Membre, avec Charles Montigny et quelques autres, du « Comité élu par le Peuple» de la Rivière-Rouge en 1846. Un des prin- cipaux protestataires contre le monopole de la C" de la Baie d'Hudson au Nord-Ouest.

Payette, X. - Etait en charge du fort Boisé, Orégon, au service de la C'^ de la Baie d'Hudson, quand le général Frémont y arriva le 7 octobre 1843. Il se montra, écrit celui-ci, «très hospitalier et très bon» pour les membres de son expédition.

Pelletier, Joseph. Canadien qui accompagna J. Franklin au cours de sa première expédition dans les

224 PELONQUIN

régions subarctiques. Il bâtit, avec une douzaine de ses compatriotes, le fort Entreprise ils passèrent l'hiver 1820-21. L'année suivante fut l'année des grandes misères et des désastres. Pelletier (dont Franklin écrit le nom Peltier) en eut sa bonne part. Il était plein de considération pour ses maîtres, et l'explorateur rapporte que, malgré les angoisses de la faim, les fatigues de la route et le froid de l'hiver qui approchait à grands pas, l'humble Canadien se plaisait à se priver du nécessaire en faveur du commandant. Un jour que celui-ci partait pour aller chercher du secours. Pelletier lui céda volontiers une partie de son propre accoutrement, afin qu'il eut moins à souffrir du froid.

Ses compagnons étaient devenus d'une faiblesse telle que c'était presque exclusivement à lui que reve- nait le soin de trouver le bois de chauffage, rude corvée pour un homme qui pouvait à peine se tenir debout, pressuré qu'il était par la faim. Ee 29 octobre, sa propre condition devint alarmante. On essaya bien de lui cueillir du lichen pour en faire une soupe ; il était gelé, et personne n'avait la force de faire le moindre effort pour en casser. Puis sa gorge, échaudée et comme écorchée par cet étrange aliment, refusait désormais de le laisser passer. Franklin raconte ainsi ses derniers moments : « A la fin, il glissa de son siège à son grabat comme pour dormir, et resta dans un état de langueur pendant plus de deux heures... Nous fûmes alors surpris de l'eatendre râler, et le docteur s' étant approché de lui, constata qu'il ne pouvait plus parler. Il mourut pendant la nuit. »

C était le i" novembre 1821. dat2 à laquelle il avait plus d'une fois déclaré qu'il ne pourrait pas survivre.

Pelonquin, Matthieu. V. Crédit.

PÉPIN 225

Pépin, Baptiste. Métis franco-déné qui, par une aventure de sa vie d'enfant, donne une idée des dangers que courent les missionnaires du nord. Il pouvait avoir douze ou treize ans quand, le 14 décembre 1863, il accompagna M'"' Grandin de la Grande-Ile à la Mission Saint- Joseph, sur le Grand Lac des Esclaves. Peu avant d'arriver à destination, les deux voyageurs, qui étaient précédés de quelques employés de la C" de la Baie d'Hudson, furent surpris par une épouvantable pou- drerie qui, soulevant la neige en épais tourbillons, leur déroba bientôt la vue du rivage. Ne voyant plus rien et suivant instinctivement la direction du vent qui changeait à tout instant, ils crurent prudent de s'arrêter sur la glace vive du lac. La nuit venue, le froid qui était déjà intense redoubla de rigueur, et le thermo- mètre descendit à 40° en-dessous de zéro. Les deux égarés essayèrent alors de se blottir à l'abri de leur traîneau, mais un engourdissement qui, dans les cir- constances, devait être mortel les envahit malgré eux, et, bien qu'ils eussent déjà fait leur acte de contrition et récité force prières pour se préparer à la mort, le petit Baptiste voulut encore se confesser, ce qu'il fit non sans peine au sein de la tempête qui hurlait de plus belle, et avec un accompagnement de larmes abon- dantes que lui arrachait le froid.

La neige, balayée par le vent, pénétrait dans les replis les plus inaccessibles de leurs habits et, fondant au contact de leurs personnes, se transformait presque aussitôt en glace, ce qui les faisait grelotter incessam- ment et empêchait tout repos. Ne pouvant résister plus longtemps, l'évêque et son petit compagnon se remirent en route avec les plus grandes diflScultés. Baptiste s'endormait malgré lui, et l'évêque, compre- nant que cet assoupissement n'était rien moins que 15

226 PERIGNY

r avant-coureur de la mort, dut se montrer rude avec lui pour le sauver. Enfin, ayant trouvé un banc de neige durcie assez épais, les deux voyageurs y creu- sèrent un trou et s'y couchèrent avec leurs chiens. Ee lendemain matin, deux hommes vinrent à leur ren- contre. C'étaient les parents du jeune métis qui étaient à la recherche de son cadavre. Quand M^ Grandin entra à la chapelle de la Mission, un Père y disait la messe pour le repos de son âme.

Baptiste devenu grand s'est fait guide pour les blancs du nord, et son aventure sur le Grand Eac des Esclaves n'a pas peu contribué à lui donner de l'expérience. En cette qualité il traversa les montagnes Rocheuses vers igoo, et se rendit jusqu'au lac Stuart, Colombie britannique, muni d'excellentes lettres de recomman- dation de IV'F'' Grandin, qui ne lui trouvait guère qu'un défaut : une certaine faiblesse devant les boissons enivrantes.

Périgny, Louis. Etait en 1804 commis au fort de la C du N.-O. sur le lac Winnipeg.

Perrault, Jean=Baptiste. Un des délégués de Sainte- Anne à la Convention du 16 novembre 1869 sous le gouvernement de Riel. Peut-être le même que le métis de ce nom qui partagea un moment le plan d'Augustin Nolin (q. v.) en faveur du pseudo-gouver- neur du Manitoba.

Perrault, Louis. Comparut le 22 octobre 1818 devant le tribunal de Toronto sous l'inculpation d'avoir été un des quatre principaux fauteurs de la bataille de la Grenouillère (V. Boucher, F.-F.). Mais Boucher ayant été formellement acquitté, le cas de Perrault fut abandonné.

Perreault, Ignace. Canadien au service de la pre- mière expédition de J. Franklin (1820-21). Celui-ci

PERREAULT, X. 227

rapporte comme une preuve de sou bon cœur que, au milieu de la plus poignante détresse causée par la faim, il fit présenta chacun des officiers de 1 expédition d'un morceau de viande qu'il avait épargnée sur sa ration quotidienne. Laissé en arrière pour cause de faiblesse il fut tué et mangé par l'Iroquois Michel Teroahauté en octobre 1821.

Perreault, Jean-Baptiste. Traiteur du Nord-Ouest, homme de bonne éducation, d'excellente mémoire et d'une urbanité à l'avenant. en 1760, il fit ses études au séminaire de Québec, et partit pour l'ouest en 1783. Sans s'éloigner beaucoup du lac Supérieur, il s'adonna avec une intelligente énergie au commerce des fourrures à son propre compte. En 1792 il se trouvait encore dans le voisinage de cette mer intérieure et paraissait prospérer malgré son isolement quand John Johnston, membre influent de la C" du N.-O., l'y rencontra, voyageant le long de rivières impratica- bles avec des canots de son invention, des treillis d'osier recouverts de peau d'orignal.

Il fiait par se joindre à la C'*" du N.-O., et sept ans après nous le trouvons au fort du Pic dont il avait le commandement. 1,'année suivante (1809), il avait été transféré au lac Nipigon. Quatre ans plus tard, il quitta ce poste, probablement pour revenir au lac Su- périeur. Il mourut le 12 nombre 1844 au Sault Sainte- Marie, il avait de son vivant donné des leçons de français au célèbre indianologue Schoolcraft. Il est l'auteur d'une intéressante étude sur «la vie indienne dans les contrées du Nord-Ouest », que ce dernier tra- duisit et inséra dans sa Hlstory of the Indian Tribes of North America.

Perreault, X. Voyageur qui, d'après Iv.-A. Pru- d'homme, accompagnait les fils de la Vérendrye en

228 PERRIER

1748, lorsqu'ils fondèrent le fort Bourbon et qu'ils donnèrent à la rivière Saskatchewan le nom de leur grand-père maternel, le sieur de l'île «du Pas». Per- reaultsemble s'être rendu jusqu'à la factorerie de Nor- way, dont il baptisa l'emplacement la Pointe-du-Nord. Plus tard la C de la Baie d'Hudson y construisit un établissement qu'elle appela fort aux Brochets, à cause de la grande quantité de ce poisson dans ces parages. Lorsque plus tard on eut envoyé des Norvégiens à la colonie de lord Selkirk, on les dirigea sur le fort aux Brochets pour ouvrir un chemin d hiver à travers bois jusqu'au fort York, sur la baie d'Hudson ; d'où le nom de fort Norvège, Norway-House, qui fut substitué à l'appellation de fort aux Brochets. Perreault (ou Perrault) fut le premier blanc qui en visita le site.

Perrier, Georges. Probablement le premier juge de paix de la partie continentale de la Colombie an- glaise. James Douglas, gouverneur de la colonie alors encore au berceau, le chargea d'exercer cette fonction très onéreuse dans les circonstances à Hill Bar, sur le bas Fraser, le premier endroit l'or fut trouvé en grandes quantités dans le territoire de la nouvelle co- lonie (juin 1858). En décembre de la même année, ayant fait arrêter un nommé Farrell pour un délit commis à Yale, non loin de là, celui-ci fut incarcéré à cette dernière place par le commissaire local, qui alla jusqu'à emprisonner l'agent de Perrier pour mépris de sa propre autorité. Perrier fit alors non seulement recouvrer par la force son prisonnier, Farrell, mais même arrêter le magistrat rival, qu'il condamna à payer une amende de cinquante piastres. Comme un parti connu pour être un repris de la justice américaine se trouvait mêlé à cette affaire, le gouverneur Douglas dut envoyer sur les lieux une commission d'enquête.

PILLET 229

pour prévenir les troubles sérieux qui semblaient inévi- tables, en conséquence de l'attitude menaçante des mi- neurs qui épousaient la cause de leurs officiers respectifs. Ledit repris de justice se trouvant du côté de Perrier, celui-ci en souffrit naturellement, et fut privé de son titre ainsi que le coustable qui avait exécuté ses ordres (janvier 1859).

Perrone. Traiteur au service de la petite C" X Y. Il arriva le 23 mai 1800 et s'établit près du fort Chip- pewayan, la C'" du N.-O. régnait presque toute- puissante. Il y fut mal reçu et généralement mal vu par James McKenzie, un homme peu discret et porté aux excès, qui représentait la grande compagnie dans ces parages.

Persigny. D'abord commis dans la C"' du N.-O., il retourna au Canada d'où il revint avec une cargaison de marchandises pour faire la traite avec les sauvages des environs du lac WinUipeg. Il était à son propre compte quand, le 6 août 1807, D.-W. Harmon le ren- contra au Grand-Rapide, à l'extrémité nord-ouest de ce lac, il avait établi sa résidence.

Picard, Augustin. Centenaire canadien, à la Rivière-du-Sud, comté de Montmagny, le 24 mars 1767. Il mourut à Rochester, Ohio, après avoir atteint sa cent-dixième année. Son père mourut à 108 ans, sa mère à 104, et une de ses sœurs avait, dit-on, plus de 107 ans en 1878.

Pillet, François=BenJamin. Commis au service de la C" du Pacifique (de J.-J. Astor). Se rendit à la Colombie par mer à bord du Tonqiiifi avec Franchère (q. V.). Puis, après l'établissement d'Astoria, sur la Colombie inférieure, il partit le 22 juillet 181 1 en tournée d'exploration et de traite au milieu de sauva- ges qui, pour la plupart, n'avaient encore jamais vu de

230 PILON, F.

blancs. Il était accompagné de vingt-six personnes sous le commandement d'un M. Clarke dont il devint le premier commis à Spokane. Il atteignit cette loca- lité le 1 6 août 1 8 1 1 . C'est ce même Clarke qui chassa à coups de fouet un de ses commis du nom de Ross Cox (qui écrivit ensuite ses aventures, sans dire la vraie cause de celle qui fut incontestablement la plus dangereuse, V. Gardepie, F.), le laissant quatorze jours sans aucune provision, errant au hasard en pays ennemi et mourant de faim et d'inanition. C'est aussi le même individu qui fit pendre un sauvage pour le crime d'avoir volé un gobelet.

Peu après son arrivée à Spokane, Pillet fut envoyé au Koutenay pour y faire concurrence à Montour (q. V.), de la C'° du N.-O., avec lequel il eut plus d'un démêlé. Il avait, peu auparavant, reçu par accident une balle dans la jambe qui l'empêcha de marcher pendant un mois. Il avait avoir commercé avec les Cris avant son voyage dans l'extrême ouest, puis- qu'il en parlait la langue. Après la fusion de la C* du Pacifique avec celle du N.-O., il retourna au Canada avec Franchère et d'autres par la voie de la rivière au Canot et de la Saskatchewan, voyage au cours duquel il manqua de se noyer. Puis, suivant les fortunes de son ami, il s'établit à New- York, nous le trouvons en 1853.

Pilon, François. Employé de la C" du N.-O. au Mackenzie. Mourut de faim l'hiver de 1810-11.

Pilon, Joseph. Un de ceux qui, arrêtés après la prise de Batoche (12 mai 18S5), furent relâchés sans autre condamnation que celle d'avoir à se présenter de nouveau devant le tribunal en cas d'appel.

Plamondon, Simon. Un des pionniers de la Co- lombie. Reçut généreusement les premiers mission-

POITRAS, A. 231

naires catholiques (1838), qui se servaient souvent de sa maison pour y célébrer les saints mystères. Il mourut le 11 septembre 188 1, après un siècle moins huit mois de passé comme colon, interprète ou guide, fonctions dont il s'acquitta à la satisfaction de tous. L,' historien John Dunn l'appelle Plomondeau (V. F'ou- CAULT).

Poiré, Mgr Charles=Edouard. -- Fut missionnaire à la Rivière-Rouge entre 1832 et 1839. le 3 août 18 10 à Saint-Joseph de Lévis, il fit ses études théolo- giques à Québec, puis se rendit à Saint-Boniface, il fut ordonné prêtre en 1833 et chargé de la desserte de Saint-François-Xavier. En 1838 M*-'' Provencher lui confia la mission de la Baie Saint-Paul, sur l'Assi- niboine ; mais il retourna au Canada presque immédia- tement après.

L,à, il fut nommé curé de sa paroisse natale, qu'il échangea en 1843 pour la cure de vSaint-Joseph de la Beauce, puis trois ans plus tard pour celle de Descham- bault. En 1857, il se rendait en la même qualité à Saint-Anselme, position qu'il conserA'a jusqu'en 1875, époque à laquelle il fut transféré à Sainte- Anne de la Pocatière. Il dirigea cette paroisse jusqu'en 1895 et fut supérieur du collège local de 1875 à 1878 et de 1886 à 1896, tout en résidant au presbytère. Il était pro- tonotaire apostolique quand il mourut à Sainte- Anne le 15 décembre 1896.

On raconte que, après toutes les vicissitudes de sa longue vie. le matin même de sa mort il pensait aux bons métis qui avaient eu les prémices de son ministère sacerdotal et exprimait son regret de n'être point au milieu d'eux.

Poitras, André. Canadien qui, en 1804, était com- mis au service de la C'* du N.-O. dans le haut de la

232 POITRAS, I.

rivière Rouge. Il s'était uni en 1793 à une jeune sauvagesse, prisonnière chez les Cris. Il devint aussi commis en charge d'un fort sur la rivière Qu'Appelle.

Poitras, Ignace. Métis qui joua un rôle actif dans la révolte de 1885, ce qui, à la cessation des hosti- lités, lui valut d'être condamné à un an de pénitencier.

Poitras, Pierre. Délégué à la Convention du 16 novembre et à celle du 25 janvier 1870, qui repré- sentait chaque fois la circonscription électorale de Saint- François-Xavier (Rivière-Rouge). Le 8 janvier 1870, il fut nommé membre d'un comité chargé de l'administration de la justice.

Poitvin, André. —Commis de la C du N.-O. En 1799 il se trouvait dans le haut de la rivière Rouge.

Pominville, Jean=Baptiste.— Etait en 1799 commis au lac Népigon pour le compte de la C'^ du N.-O, qui lui donnait des gages annuels de mille francs.

Portier, Jacques. à Montréal en 1765, il y reçut une bonne éducation, et devint en 1791 lieute- nant d'une compagnie de volontaires. Il émigra en- suite à la Baie- Verte, il se mit dans le commerce des fourrures, pénétrant à l'occasion assez loin dans l'ouest. En 18 12 il épousa la cause des Anglais ; puis en janvier 18 15 il fut nommé juge de paix et capitaine de milice à la Baie- Verte. En septembre 1820 il de- vint juge-en-chef du comté de Brown, et il resta dans cette charge jusqu'en 1836, époque le Wisconsin fut érigé en territoire autonome. Il mourut le 12 juillet 1839. Il fut probablement le premier habitant de la Baie-Verte, ou Green-Bay, et en vertu d'un traité conclu le 3 septembre 1836, les autorités américaines lui versèrent la somme de sept mille cinq cents pias- tres comme compensation de ses droits territoriaux.

Portneuf , X. Trappeur canadien qui fut tué par

PRÉFONTAINE. RÊv. F.-X. 233

les sauvages daus le nord-ouest des Etats-Unis au com- mencement du siècle dernier. Il a donné son nom à un affluent de la rivière aux Serpents.

Pothier, Toussaint. Fut major des régions con- quises jusqu'au 17 août 18 16. (V. Rochiîblave et Lamarre).

Poudrier, Louis Lemay dit. Employé de la C' du N.-O. au Mackeii/.ie. Mourut de faim l'hiver de 1810-11. Praxède de la Providence, MÈRE. Née De.sanges Lamothe le 20 janvier 1820 à Saint-Grégoire, P. Q., elle était la nièce de M''' Jean-Charles Prince, premier évêque de Saint-Hyacinthe. Entrée chez les Sœurs de la Providence le 16 septembre 1845, elle fit sa profes- sion religieuse le 21 juillet 1847, et en 1856 elle fut une des cinq fondatrices des établissements de son Ins- titut dans l'ouest (V. Joseph, Mère). Elle fut d'abord maîtresse des novices et première assistante ; puis, dix ans plus tard, elle fut nommée Mère Vicaire, charge qu'elle exerça pendant 15 ans à la satisfaction de tous. D'un caractère doux et retiré, ses œuvres témoignent d'un grand sens pratique.

Elle s'éteignit à Vancouver, Wash., le 24 septembre 1889.

Préfontaine, RÉv. François=Xavier. Un des prin- cipaux prêtres du Pacifique. Naquit à Longueil le 20 septembre 1838, fit ses humanités au collège de Nicolet et sa théologie à Montréal, oii il fut ordonné prêtre le 22 novembre 1S63. Il était missionnaire au lac des Deux-Montagnes quand il partit pour l'extrême ouest en décembre de la même année. Il arriva à la côte du Pacifique en janvier 1864, après avoir pris la voie de l'isthme de Panama. Il fut d'abord stationné à Port Townseud, oii la première église sur le fiord Puget (Puget Sound) avait été bâtie par le P. Rossi,

234 PRÉVOST, H.

et de il deservit la contrée avoisinante pendant deux ans. Puis il s'établit à Seattle où. il réside aujour- d'hui. Il est un des prêtres doyens du diocèse de Nesquall}'.

Prévost, Capitaine Henri. Commandait en 1885 la septième compagnie du bataillon canadien-français envoyé contre les métis et les sauvages de la Saskat- chewan révoltés.

Prévost, Jean=Baptiste. Un des voyageurs cana- diens qui faisaient partie de l'expédition d'Astor à la rivière Colombie (1810-12). Après une longue période passée sans manger, comme il était hors de lui-même et affolé par la faim, un autre parti de la même expé- dition, campé sur la rive opposée du Missouri, apporta à sa propre bande de la viande d'un cheval qu'on venait de prendre aux sauvages. Prévost insista alors pour passer avec le batelier qui s'en allait de l'autre côté de la rivière oh un repas se préparait, déclarant qu'il se mourait et ne pouvait attendre que ce qu'on venait d'apporter fut cuit. Traversant alors dans le léger esquif qu'on avait improvisé avec la peau du cheval dont la viande devait régaler les pauvres affamés, sa joie fut si grande à la vue des grillades qui rôtissaient au feu de bivouac qu'il se mit à crier, à sauter et à danser juste comme il allait aborder, ce qui fit chavirer le canot, et Prévost, emporté par le courant, se noya en face du festin qu'il convoitait (10 décembre 18 11).

Primeau, Joseph. Interprète en 1804 au fort des Prairies (Edmonton ) pour la C"' du N.-O.

Primeau, X. 1°.— Employé de la C'' du N.-O. qui se signala à la bataille de la Grenouillère (V. Bourassa, M.). En octobre suivant, il fut chargé de transporter au fort du bas de la rivière Rouge les effets de l'infor- tuné Keveney (Y. Eapointe, J.-B.). Les documents

PROVENCHER, J.-A,-N. 235

contemporains parlent d'un nommé Pruneau qui se battit contre Semple, lequel n'est évidemment pas un autre individu que le sujet de cet article, dont le nom a été défiguré par une erreur de copiste facile à expli- quer.

Primeau, X. 2°. Commis-interprète pour la C" delà Baie d' Hudson au fort Francis. De il fut transféré à un poste de la Saskatchewan, oii il a donné son nom à un lac situé au nord de l'Ile-à-la-Crosse.

Proulx, Raphaël. Canadien qui accompagna le général Frémont dans son expédition aux montagnes Rocheuses en 1842, ainsi que dans son grand voyagea rOrégon et à la Californie septentrionale les deux années suivantes. L'explorateur écrit son nom Proue.

Provencher, Joseph=Alfred=Norbert. Le neveu du premier évêque de la Rivière-Rouge, naquit le 6 janvier 1843 à la Baie-du-Febvre, paroisse aujourd'hui annexée à Nicolet, et fit ses études classiques au collège de cette dernière ville, terminant son cours à l'âge de seize ans et quelques mois. Reçu avocat dès qu'il eut atteint sa majorité, il n'exerça jamais sa profession, vu qu'il entra de bonne heure dans la carrière du jour- nalisme. Quand la Revue Canadienne fut fondée, en 1864, il fut choisi comme assistant de M.' Jos. Royal (q. V.), qui était le secrétaire du comité de publication. En octobre 1869, il accompagna M. Wm. McDougall, nommé prématurément gouverneur du Nord-Ouest, en qualité de secrétaire-général du gou\ernement qu'on avait préparé d'avance pour le territoire appelé jusque-là Assiniboia. Envoyé par lui pour amener les njétis à reconnaître son autorité, il fut arrêté le i" novembre 1869 à la barrière élevée près de la rivière Sale, paroisse de Saint-Norbert. (V. Jette).

Conduit alors aux chefs du Gouvernement Provisoire,

236 PROVENCHER, M«^

il expliqua aux métis la nature de certaines trans- actions entre les autorités impériales et fédérales. Mais on lui fit remarquer que les choses étaient allées trop loin pour qu'on put admettre McDougall dans l'Assiniboia, bien qu'on fut prêt à traiter avec des représentants dûment attitrés du gouvernement d'Ot- tawa. Puis Proveucber, escorté d'une force armée, fut reconduit à Pembina d'où il était venu.

En 187 1, il fut nommé Commissaire des affaires in- diennes, et à la fin de septembre, après de longs pour- parlers, il parvint à conclure un traité avec les Sauteux du lac des Bois, qui cédaient leurs terres au Manitoba moyennant compensation. Le 7 octobre 1876, il deve- nait membre du Conseil de Keewatin, puis le 8 octobre de l'année suivante il était un des représentants du collège de Saint-Boniface au conseil de l'université du Manitoba. En i88r, il retourna à Montréal, il reprit la carrière du journalisme et y mourut le 28 octobre 1887.

Provencher, Mgr Joseph=Norbert. L'apôtre de la Rivière-Rouge et le premier évêque de Saint-Boniface. Il naquit à Nicolet le 12 février 1787 du mariage de Jean-Baptiste P. dit Belleville et d'Elisabeth Proulx. Il était le sixième d'une famille de douze enfants et fut élevé par un de ses oncles, Alexis Provencher. Après avoir fait ses études au collège de cette ville, il fut ordonné prêtre le 21 décembre 181 1 et fut d'abord employé comme vicaire à Québec. Mais sa santé, qui était alors assez débile malgré des apparences de vigueur peu ordinaires, l'empêcha d'y rester, et il fut successi- vement assistant des curés de Vaudreuil et de Des- chambault. En 18 14, M*' Plessis lui confia la paroisse de la Pointe-Claire, près de Montréal ; puis deux ans après il le nommait à la belle cure de Kamouraska.

PROVENCHER, M^'' 237

Pendant ce temps, les Canadiens et les Ecossais ca- tholiques établis à la Rivière- Rouge demandaient des prêtres à l'évêque de Québec, dont tout cet immense pays dépendait alors, et lord Selkirk, le noble fondateur de leur colonie lointaine, appuyait leur requête du poids de son grand nom. En conséquence l'abbé Provencher fut choisi avec un autre prêtre pour répon- dre à leurs vœux et jeter les fondations de ce qui est devenu la florissante église de Saint-Boniface. Après avoir fait faire les pâques à ses paroissiens, il dit adieu au Canada et partit le 19 mai 18 18, muni de lettres de grand vicaire et emmenant avec lui une quarantaine de Canadiens, dont quelques-uns étaient accompagnés de leur famille. Après un voyage sans incident remar- quable par la voie des rivières et des lacs canadiens, il arrivait le 16 juillet 18 18 au pied du fort Douglas, non loin de la jonction de l'Assiniboine avec la rivière Rouge, oii il reçut l'hospitalité du gouverneur, un ca- tholique du nom de Miles McDonell.

Il se mit aussitôt à l'œuvre, et se bâtit une résidence- chapelle qui fut ouverte le i*" novembre de la même année pour la première communion de trois personnes de sang français. Cette première église, avec la maison y attenante, fut élevée sur la rive droite de la rivière, en face de l'embouchure de l'Assiniboine, parmi les quelques colons canadiens et allemands qui s'y trou- vaient déjà. Ce fut la fondation de Saint-Boniface, la plus ancienne paroisse de tout l'ouest canadien, ly' année même de son arrivée, il y établit une école et alla jusqu'à enseigner le latin à deux élèves qu'il croyait pouvoir être appelés à l'état ecclésiastique.

En 18 19, il commença l'érection d'un édifice plus approprié aux besoins du culte, dont l'achèvement traîna forcément en longueur. L'année suivante, il

238 PROVENCHER, W^

passa au Canada pour rendre compte de sa gestion des affaires, et y apprit que des bulles datées du i*'' février 1820 le nommaient évêque. Il lui en coûta beaucoup pour les accepter, et il resta longtemps dans l'incer- titude de ce qu'il avait à faire. Entre temps, il s'ac- quitta des fonctions de curé à Yamachiche. Enfin, le 19 mars 182 1, il se résigna à accepter la charge épis- copale, et le 30 mai 1822 il était sacré par M*"' Plessis avec le titre d' évêque de Juliopolis et vicaire aposto- lique du Nord-Ouest. Le 7 août suivant il rentrait à Saint- Bonif ace, il était reçu avec enthousiasme par ses nouveaux diocésains.

La dignité épiscopale ne l'empêcha pas de s'acquit- ter des fonctions de simple prêtre. Plus d'une fois on le vit même la main à la charrue ou faisant l' office de manœuvre lors de la construction de sa cathédrale. Pendant qu'il veillait à l'instruction des enfants, il donnait à leurs parents des leçons d'agriculture et les aidait dans la mesure de ses faibles mo}^ens à se créer des ressources.

Dans l'été de 1830, nous le retrouvons au Canada, il était descendu pour se procurer quelque assistance pécuniaire en vue de se bâtir une cathédrale en pierre. Il en revint avec de généreuses aumônes et un sujet de choix dans la personne de l'abbé Belcourt, qu'il affecta immédiatement aux missions sauvages. Ce n'est pourtant qu'en juin 1833 qu'il put commencer l'érec- tion de la cathédrale « aux tours jumelles », dont les cloches devaient être chantées par le poète Whittier. Un an après, il reçut une pétition signée d'une vingtaine de familles canadiennes établies sur la rivière Walla- mette, affluent de la Colombie, qui lui demandaient des missionnaires. N'ayant personne à leur donner, il résolut de passer encore au Canada et de pousser même

PROVENCHER, M"« 239

jusqu'en Europe afin de chercher des recrues. A cet effet, et pour s'acquitter de sa visite ad limina, il se rendit à Rome en 1835, pendant que M. Thibault, son vicaire général, poussait vigoureusemet les travaux de sa cathédrale. En Angleterre, il fut traité avec la plus grande courtoisie par les membres du gouvernement avec lesquels il fut en relations. Il fit même impression dans la métropole par sa belle taille, six pieds quatre pouces— et son port majestueux.

De retour en Amérique, il put enfin se procurer deux prêtres, MM. Deniers et Blanchet (q. v.), pour les missions de l'Orégon et il revint lui-même à la Rivière-Rouge en 1837. Toujours soucieux du bien- être matériel de ses diocésains isolés du reste du monde, il fit venir cette même année deux tisserandes pour enseigner le tissage aux filles des colons ; mais leur établissement devint la proie des flammes en 1839. Un an après, il n'avait encore que trois prêtres dans son vicariat; mais ces prêtres M. Thibault surtout faisaient des merveilles, parcourant le pays dans tous les sens pour faire profiter de leur ministère les Cana- diens et autres catholiques des postes les plus reculés, ainsi que les sauvages éparpillés jusqu'aux montagnes Rocheuses et bien avant dans le nord.

Cependant, vu la difficulté de se trouver des colla- borateurs en nombre suffisant dans les rangs du clergé séculier et en vue d'obtenir des religieuses pour ses écoles de filles, il passa en France au commencement de 1844. En conséquence, des Sœurs Grises abordaient à Saiiit-Boniface le 21 juin de la même année; puis, par l'intermédiaire de M°"'Bourget, évêque de Montréal, il obtenait des missionnaires Oblats de Marie Immacu- lée, dont l'un, tout jeune encore, le Frère Taché, était appelé à jouer un rôle si glorieux dans l'histoire de

240 PROVOST, R. P.

son pays d'adoption. C'est le 25 août 1845 que, par l'arrivée de ces deux religieux, la Congrégation des Oblats assumait officiellement la charge des missions sauvages de l'ouest et du grand nord canadien. Le 29 novembre 1849, M^' Provencher annonçait au supé- rieur général de cet Institut qu'il avait fait choix du R. P. Taché pour coadjuteur. Celui-ci fut sacré deux ans plus tard.

Après s'être assuré d'un si digne successeur, le vé- nérable prélat put entonner son Nunc dimittis, et le 7 juin 1853, à l'âge de soixante-six ans et quatre mois, il rendait son âme à Dieu, qu'il avait servi avec un dévouement et une constance dignes de tout éloge.

Provost, O. M. I., RÊv. P. Philémon. Naquit à Montréal le 5 avril 1841, et après de fortes études dans sa ville natale, il fut reçu docteur en médecine et pra- tiqua sa profession au Nouveau -Brunswick. Au bout de six ans, il entra au noviciat des RR. PP. Oblats à Lachine, et le 9 août 187 1 il prononçait ses vœux de religion. Des études supplémentaires le conduisirent alors à la prêtrise, qu'il reçut le 26 octobre 1873, après quoi il fut stationné à Ottawa.

Son nom mérite d'être cité parmi les Canadiens de l'ouest en considération de la part qu'il prit à l'expé- dition envoyée en 1885 rétablir l'autorité du Canada dans la vallée de la Saskatchewan. Il fut nommé chapelain du 65" bataillon, poste qu'il accepta immé- diatement malgré le mauvais état de sa santé, état qui était de fait si inquiétant qu'on crut sans aucune hési- tation à sa mort quand, peu après son départ, le télé- graphe annonça par erreur qu'il avait expiré {died, en anglais) à une certaine place l'on voulait dire qu'il avait dîné i^dined^. Comme il était aimé de tous, la nouvelle subséquente que l'omission d'une lettre était

QUÊRET 241

la cause du malentendu porta la joie parmi ses con- naissances d'Ottawa et d'ailleurs.

Le voyage, entrepris à la fonte des neiges, fut exces- sivement pénible pour un homme mal portant comme était le P. Prévost. Arrivé au lac la Grenouille, il n'eut rien de plus pressé que de faire transporter au cimetière de la mission les restes de ses confrères, les PP. Fafard (q. v.) et Marchand, sur la tombe desquels les soldats canadiens érigèrent une grande croix qu'il bénit.

Peu après son retour à Ottawa, il fut nommé (avril 1886) recteur de l'université de cette ville. Mais le 28 novembre de la même année il remit sa belle âme entre les mains de Dieu, regretté de tout le monde et surtout de ses compagnons d'armes.

Quéret, Pierre. Natif de Montréal, il fut un des vaillants compagnons de Charles de Langlade (q. v.). Il s'occupa aussi de la traite des fourrures, et servit en qualité d'interprète le colonel R. Dickson, dans l'au- tomne de 1812. S' étant égaré dans une partie de chasse, il perdit la pierre de son fusil, et parut destiné à mourir de faim. Après un long jeûne, un épervier qui laissa tomber une perdrix de ses serres lui fournit, avec une légère réfection, la force de se traîner à un lac oii il eut pour toute nourriture un poisson à demi pourri. Après avoir erré cinquante jours dans les bois, il put atteindre le voisinage de Michillimakinac, réduit à l'état de squelette ambulant et presque dé- pourvu de raison. Il repartit quelque temps après pour le Canada, oii il termina son aventureuse exis- tence. 16

242 QUESNEL

Quesnel, Hon. JuIes=iVlaurice. Traiteur et explo- rateur dans l'extrême ouest et frère de l'Hon. Frédéric- Auguste Q. Il entra dans la C" du N.-O. quelque temps avant 1804, époque nous le trouvons en qualité de commis au fort des Prairies (Edmonton). Trois ans plus tard, il traversa en automne les mon- tagnes Rocheuses pour aller prêter son concours à Simon Fraser, le fondateur des premiers postes de traite dans la Nouvelle-Calédonie, qui ne dataient alors que de deux ans au plus. Quand, l'année suivante (1808), celui-ci fit la reconnaissance du fleuve qui porte son nom, Quesnel l'accompagnait dans cette expédi- tion qui maintes fois mit les hardis explorateurs à deux doigts de leur perte. Chemin faisant, Fraser donna le nom de ce commis à la première rivière importante qu'il rencontra depuis son départ du fort Georges. Une bourgade et un lac important, situés respective- ment à l'embouchure et à la source de ce cours d'eau, sont de nos jours également appelés d'après lui.

En 181 1, il quitta le service de la C'^ et séjourna plusieurs années dans le Haut-Canada, il fit le com- merce avec MM. Saint- Georges et Baldwin, Il amassa une grande fortune, puis se rendit à Montréal il fut nommé conseiller législatif et mourut en 1842, regretté de tous pour ses belles qualités et estimé pour ses talents et son énergie.

Quinn, Lisette. Métisse française, née Gladu, remarquable par le grand âge qu'elle atteignit. Elle mourut au commencement d'avril 1907 âgée de 115 ans, laissant une postérité qui pouvait compter de quatre-vingts à cent personnes. Elle passa la plus grande partie de sa vie à suivre les partis de chasseurs, et s'éteignit dans les environs d' Edmonton. Son nom vient de l'homme auquel elle s'unit bien longtemps

RAINVIIvLE 243

avant l'arrivée des missionnaires dans son pays, et son âge est rendu d'autant plus certain que les registres du lac Sainte- Anne contiennent l'acte de baptême, écrit en 1845 par M. Thibault (q. v.), d'un de ses frères qui avait alors 47 ans. Or Lisette était l'aînée de la famille.

R

Racette, Charles. Trappeur qui se trouvait de- puis près de trente ans au Nord-Ouest quand, le 16 ou le 17 juin 1819 il vit arriver au Grand-Rapide, tout près du lac Winnipeg, une grande barge armée de ca- nons, de fusils avec baïonnettes et tout un accoutre- ment militaire sous le commandement de William Wil- liams, gouverneur-en-chef de la C" de la Baie d'Hud- son en Amérique et successeur immédiat de Robert Semple (V. Bourassa, M.), Le but avoué de cette expédition était de s'emparer du poste de la C'^ du N.-O. au Grand-Rapide ; puis de le fortifier et d'inter- cepter ses communications avec le nord. En consé- quence de plusieurs arrestations (V. Boucher, P. ; ' Paul, J. ; Turcotte), la loge de Racette fut momen- tanément convertie en prison ; puis il fut lui-même déporté sur une île avec sa femme et ses deux enfants, ainsi que les quatre représentants de la C' du N.-O. qu'on avait arrêtés. De if fut conduit à la factore- rie de York, sur la baie d'Hudson. Envoyé ensuite au Canada, il arriva à Montréal le 30 novembre 18 19, et fut bientôt relâché faute de preuves de culpabilité.

Rainville, Joseph. Trappeur canadien qui fut la souche d'une famille de métis qui joua un rôle impor- tant dans l'histoire du nord-ouest des Etats-Unis. Son fils, Joseph, en 1779 près de l'endroit devenu la ville de Saint-Paul, fut d'abord employé comme in-

244 ' RAPHAËL

terprète par les explorateurs Long et Pike qui en furent très satisfaits. Il jouissait d'une grande influence sur les Indiens et devint un des chefs des Sioux. Pendant la guerre de 1812, il servit sous les Anglais avec le rang de capitaine et commanda avec distinction un détachement de Sioux. A la fin de la guerre, il reçut une pension du gouvernement britannique, et entra dans les rangs de la C" de la Baie d'Hudson. Puis, brisant avec cette corporation et renonçant à sa pension, il organisa en 1822 la C de traite de la Colombie, qui prospéra jusqu'au jour de son union avec la C* de traite américaine. Il mourut au Lac-qui- Parle en mars 1846, excellent chrétien et bienfaiteur des missionnaires. Son neveu, Gabriel R., devint le chef des Sissetons, et, après le massacre du Minnesota (V. Charbonneau, J.-B.), il fut fait capitaine d'éclaireurs sous le général Sibley, se faisant remarquer par ses brillants services. en avril 1824, il mourut le 26 août 1892.

Quant à la souche de cette famille, le Canadien Joseph, il mourut vers 1790. Les auteurs américains écrivent son nom et celui de ses descendants Renville.

Raphaël, Jacques. Commis au fort des Prairies (Edmonton) en 1804. Etait au service de la C'^ du N.- O., qui, dès 1799, lui assurait un salaire de 1,200 francs par an.

Raymond, Augustin. Testifia le 12 septembre 1848 que le D"" Whitman, dont le massacre fut indûment mis au compte des missionnaires catholiques (V. Brouillet), empoisonnait ses melons pour rendre malades les sauvages qui les volaient, ce qui, ajouté à la grande mortalité qui affligea alors le pays, persuada ces derniers qu'il était lui-même l'auteur du fléau.

Réaume, Charles. à Laprairie en 1752, il fut successivement traiteur, capitaine au département des

RIEL, J.-I.. 245

sauvages et juge au Wisconsin. En cette dernière qualité, il fut assez célèbre par ses bizarreries. On le trouva mort au printemps de 1821, alors qu'il était redevenu commerçant en fourrures.

Réaume, Joseph. Employé de la C" du N.-O. stationné en 1799 à Fond-du-L,ac, avec des émoluments de 1,000 chelins par an. Cinq ans plus tard, il se trouvait encore dans le « département » de la rivière Athabasca, et signait alors Rhéaume.

Rhéaume. V. Rêaume.

Richard, François. Employé de la C'" de la Baie d'Hudson qui se trouvait au fort McLoughlin, sur la côte du Pacifique, vers 1840, époque oii il disparut complètement. Comme on soupçonnait les Indiens Bellabellas d'être la cause de son absence, on s'empara de leur chef , qu'on constitua otage | jusqu'à ce que le Canadien fût rendu à ses maîtres. Cette mesure fut l'occasion d'une escarmouche, au cours de laquelle un membre de la garnison fut fait prisonnier par les In- diens et deux autres furent blessés, tandis que du côté des indigènes deux hommes étaient tués et plusieurs autres blessés. Malgré tout, le sort de Richard de- meura un secret bien gardé jusqu'à ce qu'une sauva- gesse avouât qu'il avait été tué par un individu que sir George Simpson, gouverneur de la compagnie fit dé- porterlors de sa visite à cette localité en 1841.

Riel, J.=Louis. Père du président du Gouverne- ment Provisoire de l'Assiniboia. Il naquit le 7 juin 1817 à rile-à-la-Crosse, de Jean-Baptiste R., Canadien de Berthier-en-haut et d'une métisse française. A l'âge de cinq ans, il partit pour Montréal avec ses parents qui, de retour dans l'ouest après un long séjour pendant lequel l'enfant, devenu homme, 'avait appris le métier de cardeur, s'établirent à la Rivière- Rouge. En 1838,

246 RIEL, J.-I..

Louis s'engagea pour trois ans au service de la C* de la Baie d' Hudson et fit son temps au lac la Pluie. Il retourna alors dans l'est, et resta deux ans au noviciat des RR. PP. Oblats. Puis, désireux de revoir les grandes prairies de l'ouest, il repassa à la Rivière- Rouge, il se trouvait depuis quelque temps quand, au cours de 1847, les métis anglais et français envoj'è- rent à Londres une pétition contre le monopole de la C* de la Baie d' Hudson. Un nommé J. -Louis Rielle, évidemment le sujet du présent article, attesta avec quatre autres membres d' un « Comité élu par le Peuple » la spontanéité et l'authenticité des neuf cent soixante- sept signatures qui furent apposées au document français.

La démarche des habitants de l'Assiniboia n'ayant point abouti, l'agitation continua, et quand au prin- temps de 1849 un chasseur du nom de Guillaume Sayer (q. v.) fut emprisonné pour avoir traité des pel- leteries avec les Indiens, Riel fut l'âme dirigeante de l'assemblée qui arracha son élargissement et la liberté du commerce aux autorités constituées.

Plus tard, un ministre protestant du nom de Corbett qui devait bientôt après s'attirer une notoriété peu enviable par le procès et la condamnation qu'il eut à subir pour crime de nature infamante publia dans le journal de la colonie une série de lettres protestant contre le titre de Lord Bishop. ou Seigneur Evêque, dont le greffier du Conseil de l'Assiniboia avait gratifié M^' Taché dans un rapport officiel. Louis Riel, sans être un académicien, voulut encore défendre dans la même publication l'acte du fonctionnaire colonial.

Il possédait déjà un moulin dont les machines ser- vaient à la fois à moudre le grain et à carder la laine pour les Sœurs de la Charité de Saint-Boniface. Il

RIEL, I.. 247

demeura d'abord à la pointe Douglas ; puis il trans- porta son établissement sur la rivière la Seine, à trois milles de Winnipeg, circonstance qui lui valut de la part de la population anglaise le surnom de « meunier de la Seine «. La meilleure preuve de son industrie se trouve dans le fait qu'il avait eu assez de persévérance pour creuser un canal de quatre pieds de large et douze milles de long pour amener l'eau à son moulin. Il mourut à sa seconde résidence le 21 janvier 1864.

Riel, Louis. Le chef des métis de la Rivière-Rouge et du Nord-Ouest et l'homme le plus remarquable de sa race. Il naquit à Saint-Boniface le 22 octobre 1844 du précédent et de Julie Lagimodière, fille de la pre- mière Canadienne de l'ouest (V. Gaboury). M*' Taché remarqua de bonne heure les qualités d'esprit et de cœur du jeune métis et, grâce à la protection de M"' Masson, mère de l'hon. L.-R. Masson, plus tard gouverneur de la province de Québec, il l'envoya en 1858 au collège de Montréal il fit ses humanités, Louis eut le malheur de perdre son père en 1864, au moment oii il commençait son cours de philosophie. Comme il était l'aîné de onze enfants dont neuf vivaient encore, il dut rentrer dans ses foyers l'automne de cette même année, après avoir passé quelques mois à Saint-Paul et à Saint-Joseph, Etats-Unis. Il s'établit à Saint- Vital, sur la ferme de son père qu'il remplaça comme chef de la famille jusqu'en 1869.

C'est alors que commença sa carrière publique qui fut si mouvementée et eut un dénouement si tragique. Les anciennes provinces du Canada venaient de s'unir sous un gouvernement central, et elles ne cachaient pas leur intention de s'adjoindre tous les territoires adjacents de l'Amérique anglaise. La nouvelle confé- dération avait même acheté de la C** de la Baie d'Hud-

248 RIEL, L.

son les districts de la Rivière- Rouge et du Nord-Ouest,

sur lesquels celle-ci avait jusque-là exercé sa juridic- tion, et cela sans prendre la peine d'en consulter les habitants. Elle y avait déjà envoyé des agents qui arpentaient pour les colons qu'on se proposait d'y amener d'Ontario les terres des métis qu'on devait, disait-on, chasser du pays ou réduire au rôle de char- retiers pour les émigrants anglais. Un gouverneur avait même été nommé dans la personne de M. W" McDougall, ancien ministre du gouvernement fédéral, lequel ne devait pourtant entrer en fonctions qu'au transfert du pa)'S au Canada, qui ne se fit qu'en juillet 1870.

Il fut donc résolu de mettre un terme aux opérations de ses représentants et d'empêcher McDougall lui- même de se rendre à son poste avant d' avoir reçu des garanties sérieuses de justice et de bon vouloir de la part des autorités d'Ottawa. lyC premier acte de pro- testation contre les empiétements du Canada eut lieu le II octobre 1869, et dès l'origine ce fut Riel qui en assuma la responsabilité. A la tête d'un parti de dix- huit métis non armés, il intima à M. Webb l'ordre de discontinuer l'arpentage des terres appartenant aux métis. Le 17 du même mois, il éleva près de la rivière Sale, dans la paroisse de Saint- Norbert, une barrière sur le chemin public, qu'il fit garder par des hommes armés qu'il chargea d'arrêter tout représentant d'Ot- tawa qui voudrait la franchir. Puis, comme on savait que McDougall s'était fait accompagner d'une quantité d'armes et de munitions pour ses partisans qui l'avaient devancé dans l'Assiniboia, on lui fit défendre quatre jours après de pénétrer dans la colonie. Celui-ci envoya alors son secrétaire, M. J.-A.-N. Provencher (q. V.), dont le nom, pensait-il, devait lui servir de

RIEL, L. 249

passeport. Mais il fut arrêté à la barrière de Saint- Norbert le I'' novembre 1869 et, ainsi que le fougueux capitaine Cameron qui avait vainement tenté de fran- chir l'obstacle, il dut retourner à Pembina se trou- vait son maître (V. Jette).

Le lendemain, Riel s'empara du fort Garry, d'où il lança une proclamation invitant la population de lan- gue anglaise à élire une convention de douze membres pour avi.ser, de concert avec un nombre égal de repré- sentants français, à ce qu'il y avait à faire dans les circonstances. Cette assemblée se réunit au fort Garry le 16 novembre, et comme le 22 le délégué d'une pa- roisse anglaise proposait de laisser venir McDougall, quitte à lui poser ensuite les conditions qu'on jugerait équitables, Riel s'opposa vivement à cette proposition qui cachait un piège, en sorte que, par suite de la diffé- rence des intérêts en jeu, le résultat des délibérations fut médiocre.

Pourtant, Riel fit constamment son possible pour amener l'union de la population des deux langues dans une même protestation, digne et ferme, contre les agissements des envoyés du Canada. Malheureusement d'autres influences étaient à l'œuvre qui travaillaient la colonie dans un sens contraire. Se laissant guider par l'antique adage de diviser pour régner, le soi-disant gouverneur des nouveaux territoires s'efforçait par ses agents d'empêcher les deux races d'en venir à un accord parfait en ce qui concernait sa mission. Un parti d'étrangers ou de nouveaux colons anglais, de connivence avec McDougall resté à la frontière, s'était même fortifié dans la demeure d'un D' Schultz en attendant de pouvoir coopérer avec les recrues que le colonel Dennis levait au nom du pseudo-gouverneur, qui venait d'usurper l'autorité royale dans une procla-

250 RIEL, L.

mation publiée au nom de la Souveraine alors que rien ne l'autorisait à pareille mesure. Le 7 décembre, Riel les fit prisonniers au nombre de quarante-cinq.

D'un autre côté, comme McDougall s'était déclaré lieutenant-gouverneur du Nord-Ouest, M. William McTavish, le ci-devant gouverneur de l'Assiniboia, admit lui-même sa propre déchéance, en sorte que, la première autorité étant nulle par le fait de prématurité, Riel se trouva le seul dépositaire du pouvoir légitime.

Il en profita pour promulguer son Gouvernement Provisoire dans un document au ton grave et tout à fait approprié à la circonstance (8 décembre). Puis il songea à grouper et à formuler les réclamations de la population. Il eu fit une Liste des Droits dont il exigeait la reconnaissance par Ottawa comme condition d'entrée dans la confédération canadienne. Ce fut seu- lement alors (25 décembre) qu'il assuma ostensiblement l'autorité suprême qu'il avait en réalité exercée depuis le commencement des troubles jusque-là il n'avait voulu agir qu'en qualité de secrétaire-général sous un M. John Bruce (q. v. ), président nominal du Gouver- nement Provisoire.

Deux jours après, M. Donald- A. Smith, membre in- fluent de la C" de la Baie d'Hudson, arrivait en qua- lité de représentant du pouvoir fédéral, avec mission de s'assurer des aspirations réelles de la population de la Rivière-Rouge, et de la tranquilliser sur les inten- tions d'Ottawa. Son séjour au pays donna lieu à l'in- cident raconté à l'article Léveillé, P. (q. v.), et à une assemblée générale du peuple les 19 et 20 janvier 1870. Elle fut aussi l'occasion d'une nouvelle convention, composée cette fois de quarante membres élus en nom- bre égal par les PVançais et les Anglais de la colonie. Inaugurée le 25 janvier, elle siégea jusqu'au 11 février

RIEIv, L. 251

suivant. Craignant un piège, Riel se tint contamment sur la plus grande réserve à l'égard de M. Smith. Par moments sa patience fat aussi mise à une rude épreuve par des députés qui n'avaient pas sa pénétration d'es- prit, et il crut parfois devoir se montrer assez autori- taire, ce qui indisposa quelque peu les Anglais contre lui.

Le résultat des séances quotidiennes de l'assemblée fut l'envoi de trois délégués à Ottawa se trouvaient les autorités qui pouvaient seules tout régler. Disons de suite que la presque totalité des demandes formulées par le jeune président et son parti furent accordées, circonstance qui devrait à elle seule lui assurer la reconnaissance du peuple manitobain. L,e lendemain de la clôture des sessions (12 [février 1870), Riel fit relâcher seize prisonniers Schultz et quelques autres s'étaient évadés auparavant.

Cependant, bien qu'il n'y eut plus dès lors d'autre autorité régulière à la Rivière-Rouge que celle du Gouvernement Provisoire, des Canadiens-anglais, pour la plupart nouveaux venus au pays, ne cessaient de comploter contre son existence. On apprit bientôt qu'une centaine d'entre eux venaient du Portage-la- Prairie sous la conduite du major Boulton pour se joindre aux Anglais du bas de la rivière qu'on avait fini par suborner, et attaquer le fort Garry oii se trou- vait Riel. Le 15 février, la troupe improvisée passait au travers de Winnipeg pendant que l'un de ses mem- bres, Thomas Scott, prisonnier qui s'était échappé et s'était fait remarquer par son insubordination dans la captivité autant que par la violence de ses conseils quand il était libre, cherchait Riel pour le tuer ou en faire un otage celui-ci avait coutume de se ren- dre journellement.

252 RIEIv, L.

De peur d'être pris au dépourvu, le Président ins- talla alors une garnison dans l'évêché de Saint- Boni- face et augmenta le nombre des défenseurs du fort Garry. Ce que voyant, les Anglais se dispersèrent sans bruit, et les métis se mettant à leur poursuite, en firent quarante-huit prisonniers, entre autres Thomas Scott.

Exaspéré par ces menées hostiles qui étaient le fait d'étrangers venus pour tout bouleverser, Riel voulut eu finir en frappant un grand coup. Il avait déjà gracié quatre prisonniers condamnés à mort pour cause de trahison par un conseil de guerre. Il laissa une semblable sentence s'exécuter sur la personne de Thomas Scott, qui était connu comme un perturbateur invétéré de l'ordre public (4 mars 1870). Si ce fut une faute de la part de Riel, personne ne soutiendra qu'elle eut été sans provocation.

Cette exécution eut pour effet de désarmer les adver- saires, et les choses reprirent alors leur cours normal, d'autant plus que, cinq jours après. M*' Taché revenu tout exprès du Concile du Vatican apportait des con- seils de paix et assurait la population des bonnes inten- tions du gouvernement fédéral. Puis, le 20 juillet, le capitaine Butler arrivait à la Rivière- Rouge avec le texte d'une proclamation du colonel Wolseley, com- mandant des troupes envoyées pour veiller à l'inaugu- ration du nouveau gouverneur, l'hon. M. Archibald, qui remplaçait McDougall devenu impossible. Riel fit lui-même imprimer ce document ; puis, peu après, comme on lui faisait remarquer que les volontaires d'Ontario en voulaient à sa vie, il quitta le fort Garry un quart d'heure avant leur arrivée, et se retira aux Etats-Unis.

Sur cette première action politique de lyouis Riel,

RIEL, I.. 253

il ne peut y avoir qu'une opinion parmi les gens non prévenus : à part la malencontreuse exécution de Scott, les résultats en furent pleinement satisfaisants. On peut même s'étonner à bon droit qu'un jeune homme de vingt-cinq à vingt-six ans, d'une nature ardente et quelque peu autoritaire, ait pu faire passer le pays sans plus de fautes par une crise pour laquelle ceux-là seuls étaient responsables qui avaient voulu en vendre les habitants comme un vil troupeau.

Aussi, ses compatriotes se montrèrent-ils reconnais- sants de son intervention. Bien qu'il fut proscrit par suite des menées des Ontariens et malgré le service qu'il avait rendu en levant une troupe de deux cents à trois cents métis pour s'opposer aux féniens des Etats-Unis, en octobre 1871, service dont le nouveau gouverneur lui sut gré dans une circonstance publique, il fut plusieurs fois élu pour les représenter à Ottawa. Par déférence pour les conseils de M^' Taché, il se désista généralement en faveur de quelque Canadien influent. Une fois, il procura même de cette manière l'élection de sir Georges Cartier qui avait été battu dans son propre district électoral (1872).

Si, au lieu de se prononcer en 1871 en faveur de l'autorité établie au Manitoba, I,. Riel avait pris parti ponr les féniens qui voulaient annexer le pays aux Etats-Unis, il est moralement certain que tout l'ouest canadien (que cette puissance convoitait secrètement) eut passé aux mains des Américains. Agissant de con- cert avec les étrangers, dont près de deux mille devaient prochainement être congédiés par les contracteurs des chemins de fer en construction auxquels ils travaillaient et qui auraient été heureux de se mêler à pareille aven- ture, les métis français n'eussent rencontré qu'une ré- sistance absolument ineffective. C'est ainsi qu'on peut

254 RIEL. ly.

dire que, sous l'influence de M^' Taché qui l'avait sondé à ce sujet, Riel sauva près des deux tiers du Canada actuel à la Couronne britannique.

Mais les sectaires en voulaient à sa vie. Dès le 31 décembre 1870, un juge de paix de la nouvelle pro- vince n'avait pas eu honte de signer un mandat d'arrêt il était enjoint de lui amener le corps de Riel « mort ou vivant. » Puis le gouvernement d'Ontario avait offert une prime de $5,000 à quiconque procurerait son arrestation et celle d' Ambroise L,épine (q. v.) pour la part qu'ils avaient prise à l'exécution de Scott. lyC 17 septembre 1873, il dut donc de nouveau s'enfuir pour éviter d être arrêté avec son ex-adjudant, ce qui ne l'empêcha pas d'être élu en janvier de l'année sui- vante par la circonscription de Provencher. Bien que sa tête eut été mise à prix, il eut alors le courage de se rendre à Ottawa et de signer son nom comme député sur les registres des Communes du Canada. Il en fut officiellement expulsé le 15 avril 1874, et le 24 février 1875 il fut même déclaré hors la loi.

Rien d'étonnant si, après tant d'émotions diverses et une série de pareilles persécutions, il fut obligé d'aller demander la paix de l'esprit à un asile de Québec. A sa sortie de cet établissement, le 21 janvier 1878, il se rendit à Washington, puis pendant un an il séjourna à Saint-Joseph du Minnesota. Il s'établit enfin au Montana et y épousa Marguerite Belhumeur, fille d'un métis français du fort EUiott, dont il eut un garçon (4 mai 1882) et une fille (17 septembre 1883).

Il se trouvait en qualité d'instituteur à la mission Saint- Pierre desservie par les RR. PP. Jésuites, quand, le 4 juin 1884. une députation de métis de la Saskat- chewan vint le remettre sur la scène du monde politique en lui confiant la direction de leur campagne contre la

RIEL, L. 253

négligence du gouvernement d'Ottawa qui persistait à mépriser leurs justes réclamations. Riel assistait à la sainte messe quand les délégués arrivèrent. Il hésita avant d'accepter un rôle qu'il prévoyait devoir lui causer de nouveaux déboires. Puis, réfléchissant que la cause de ses compatriotes devait être bien juste puisque leur démarche était hautement appuyée par un de leurs plus anciens missionnaires, qui le pressait personnellement d'accéder à leur demande, il accepta leur invitation, tout en protestant que c'était son in- tention de revenir au Montana l'automne suivant.

Arrivé à la Saskatchewan, ses conseils furent d'abord empreints d'une sage modération. Puis, la contradic- tion aidant, il abandonna peu à peu les voies constitu- tionnelles, s'excita parfois et convoqua des assemblées secrètes, jusqu'à ce que, sous l'empire de la maladie qui l'avait mené à Beauport, il brisât avec l'autorité ecclésiastique, qui aurait voulu le contenir dans de justes limites, et donna le signal de la révolte contre les pouvoirs établis. Malheureusement, la plupart des métis sous ses ordres, Gabriel Dumont et ses gens, fascinés par sa parole entraînante et la ferveur extraor- dinaire de ses sentiments, le suivirent dans son aposta- sie religieuse (V. Hamelin, B.).

Les événements qui s'ensuivirent sont détaillés à l'article Dumont, G. Il suffira de faire remarquer ici qu'au lieu d'être le lâche que les journaux anglais et même des auteurs bien intentionnés l'ont représenté, Riel assistait sans autres armes qu'un crucifix aux batailles du lac Canard, de l'Anse-aux-Poissons et de Batoche. Mais il n'était pas sanguinaire. On pour- rait même lui reprocher de s'être montré animé de sentiments trop modérés dans les circonstances. Ce n'est pas lui qui appela au secours des métis les nations

256 RIEL, L.

barbares de la Saskatchewan, et il fut toujours contre l'effusion inutile du sang. Il est permis de penser que sans lui Gabriel Dumont, qui était parfois porté à guerroyer à la sauvage, aurait infligé aux troupes canadiennes plus de revers qu'elles n'en essuyèrent. Mais son lieutenant avait en lui une foi aveugle et r écoutait comme un enfant écoute son père.

Les ennemis de Riel l'ont également représenté comme pétri d'égoïsme. Il n'était certainement pas dénué d'ambition ; et pourtant après la bataille du lac Canard, qui fut si désastreuse pour les représentants du gouvernement fédéral, au lieu de s'en attribuer le mérite, il fit mettre les métis sur deux rangs et leur dit : « Criez trois fois : ' Vive Gabriel Dumont ! ' et re- merciez Dieu de vous avoir donné un chef si valeu- reux. M

Hors les cas où, dans les derniers temps, les intérêts religieux et politiques étaient en jeu, il était courtois même avec ses adversaires, et bien rares furent les cir- constances où la passion le fit se départir de l'urbanité d'un gentilhomme. Quand à Batoche, en réponse à ses plaintes que les troupes du général Middleton tiraient sur les femmes et les enfants, celui-ci lui eut fait dire de les mettre dans une bâtisse à part, Riel accueillit avec reconnaissance sa suggestion, qu'il fit aussitôt mettre à exécution.

Après la prise de cette place, il eut facilement pu se sauver, ainsi que G. Dumont. Croyant par servir la cause des siens, il préféra se rendre au général Middleton (i6 mai) qui le livra à la justice de Régina, alors capitale du Nord-Ouest, il subit son procès pour haute trahison. Brillamment défendu par ses avocats, déclaré irresponsable quant à l'objet de la poursuite par la majorité des aliénistes consultés, et

RIEL, L. 257

recommandé d'ailleurs à la clémence royale par les membres du jury, tous anglais pourtant, il n'en fut pas moins condamné à mort par le juge Hugh Richard- son, un Ontarien doublé, dit-on, d'un orangiste.

Sa sentence fut l'occasion d'une avalanche de protes- tations dans la province de Québec et ailleurs ; mais le gouvernement fédéral n'eut pas le courage de la commuer, et elle fut exécutée à Régina le 16 novembre 1885.

De l'aveu des Anglais eux-mêmes, Riel marcha à la mort en homme, et, revenu des erreurs dues à réchauf- fement d'un esprit surmené, il mourut en véritable saint, assisté du P. André, O. M. I., et d'un autre prêtre. M*"" Taché lui fît de splendides funérailles à Saint-Boniface, ses restes furent inhumés.

D'un tempérament peu ami de la contradiction, Louis Riel savait pourtant reconnaître un tort. Un récent auteur anglais, E.-B. Osborn, admet, dans son Greater Canada, qu'il « était sans contredit un homme naturel- lement très capable», et un natif de la Rivière-Rouge devenu ministre presbytérien, M. F. -G. MacBeth, ne peut s'empêcher d'avouer ( The Making of the Canadian Wesf) qu'il «n'était aucunement sans cœur». D'un autre côté, le fameux écrivain, Goldwin Smith, l'a certainement mal jugé quand, faisant allusion aux éga- rements de sa dernière année, il le définit un être «moitié patriote et moitié imposteur». Il était un homme peu ordinaire, portant dans l'excès de ses bonnes qualités les germes de ses défauts ; un vrai tribun du peuple et, par nature, un être profondément religieux. S'il eut survécu aux troubles de 1885, 1^ souvenir de ses fautes eut pu obscurcir le lustre de ses services passés. Mais en le faisant exécuter, le gou- vernement fédéral lui éleva un piédestal qui ajoute 17

258 RITCHOT, J.-B.

d'autant à la gloire qu'il s'était acquise par ses efforts pour la cause de ses semblables.

On sait assez peu généralement que L,. Riel peut prétendre au titre d'auteur. Il écrivit pourtant un essai bien pensé sur la race métisse qui a été publié plus d'une fois. Il aspira même au rang de poète. En 1886 parurent à Montréal quarante-deux pages de Poésies religieuses et politiqzies qu'il composa en 1879, pendant son exil au Montana. L'auteur s'y montre pénétré du sentiment de sa mission comme homme public, bon chrétien, plein de reconnaissance pour son bienfaiteur, M^' Taché, et animé du plus profond mé- pris pour les politiciens du jour. Sa diction prête parfois à la critique ; mais quand il flagelle ses ennemis politiques, il fait preuve de beaucoup de verve et même d'une certaine facilité qu'on ne rencontre pas toujours dans des pièces de vers écrits en vue de la publicité.

Pour plus amples détails sur les troubles auxquels cet homme remarquable fut mêlé, V. Dumont, G. ; jETTiî ; IvÉPiNE, A.-D. ; LÊVEiLLÊ, P. ; Nault, A; Parenteau, p. ; RiTCHOT, M^' ; Taché, M^, etc.

Ritchot, Jean=Baptiste dit Janvier. Métis de la Rivière-Rouge qui, le 11 octobre 1869, fut avec L. Riel un de ceux qui empêchèrent les arpenteurs cana- diens de continuer leurs opérations sur les terres des métis, inaugurant ainsi le mouvement de protestation qui devait bientôt résulter dans la formation du Gou- vernement Provisoire. Le 3 mars 1870 il faisait partie du conseil de guerre qui condamna Thomas Scott à mort, et il vota alors pour la peine capitale. En con- séquence, il fut arrêté en février 1874; mais la pro- clamation de l'amnistie coupa court à toute poursuite légale.

Ritchot, Mgr Joseph=Noel. Naquit à l'Assomp-

RITCHOT M«« 259

tion le 25 décembre 1825. Voulant laisser au temps le soin de l'aider à découvrir sa vocation, il n'entra au collège qu'à l'âge de vingt ans et fut ordonné prêtre à trente, c'est-à-dire le 22 décembre 1855. Il exerça le saint ministère dans la province de Québec, devenant avec le temps curé de Sainte- Agathe-des- Monts, jus- qu'en mai 1862, époque à laquelle le brillant évêque de Saint-Boniface le gagna à la cause des missions de la Rivière-Rouge. Il s'y rendit le 7 juin de la même année, et commença par fonder une mission à Qu'Ap- pelle. Puis il fut nommé à la cure de Saint- Norbert il resta jusqu'à sa mort. En 1868, il passa au Canada pour y recruter des prêtres et en revint avec l'excellent M. L.-R. Giroux.

M®' Ritchot est connu surtout pour la part qu'il prit aux troubles de 1869-70. Homme d'un grand bon sens et profondément attaché à la population métisse, il prévit l'assujettissement auquel des étrangers fanati- ques voulaient la soumettre, et pour l'empêcher dans la mesure du possible, aussi bien que pour prévenir de trop nombreux écarts, il fit acte de patriotisme et de bon prêtre en l'aidant de ses conseils. Ce fut de sa paroisse que sortirent les premières protestations contre les empiétements du gouvernement d'Ottawa et les mesures provocatrices de ses agents. I^e conseil des métis se tint d'abord dans sa résidence, et c'est sans doute à cette circonstance qu'est due en grande partie l'animosité dont il fut poursuivi, animosité que reflé- taient surtout les dépêches officielles du colonel Dennis, le principal représentant du pseudo - gou- verneur McDougall, qui n'eut jamais que du mal à dire du clergé catholique et de ceux qu'il croyait naïvement lui appartenir. Et pourtant, à la conven- tion réunie pour entendre Donald Smith, l'envoyé du

26o RITCHOT, M«^

gouverneraeut fédéral, M. Ritcliot parla bien claire- ment eu faveur de la paix et de la concorde, comme l'attestent les rapports officiels eux-mêmes.

11 fut l'un des trois délégués du peuple de l'Assini- boia chargés de porter et de faire adopter à Ottawa la liste des droits dont il réclamait la reconnaissance. Il quitta donc la Rivière-Rouge le 22 mars 1870. Mais telle était alors la violence des haines sectaires d'Ontario que le gouvernement d'Ottawa crut devoir lui envoyer des hommes de la police secrète pour le protéger.

peine arrivé à la capitale (11 avril 1870), le parle- mentaire n'en fut pas moins arrêté, contrairement au droit des gens, et poursuivi pour complicité dans l'exé- cution de Scott, accusation dont il fut, d'ailleurs, honorablement acquitté. Puis une autre difficulté se présenta. Pour n'avoir pas à reconnaître officiellement le Gouvernement Provisoire de Riel, on voulut traiter ses représentants comme uniquement chargés de pour- parlers officieux entre une partie de la population canadienne et son gouvernement central. Mais M. Ritchot fut aussi fin que les vieux diplomates d' Ottawa : il refusa de répondre jusqu'à ce qu'on l'eut reconnu comme délégué officiel d'un autre pouvoir.

Sa mission fut couronnée de succès, et la loi pour- voyant à l'entrée de l'Assiniboia dans la confédé- ration canadienne est complètement basée sur le mémoire confié aux délégués par le Gouvernement Provisoire. M. Ritchot était l'âme de ces négociations, puisque l'un de ses compagnons, M. Alfred Scott, se rangeait toujours de son avis. Parti d'Ottawa le i" juin, il rentrait à Saint-Boniface le 17, et une semaine après il rendait publiquement compte de sa mission au fort Garry, devant une assemblée qui s'en montra très satisfaite.

ROCHEBIvAVE 261

De retour à Saint- Norbert, il se remit avec zèle au soin de sa paroisse, sans oublier pourtant la cause métisse en général, qui eut bientôt à souffrir dans ses représentants les plus éminents des suites immédiates du mouvement de protestation. Il réclama vivement l'accomplissement des promesses d'amnistie faites lors de son passage à la capitale, et le 8 février 1872 il adressa même une pétition à la Reine dans ce sens.

M. Ritchot était un homme pratique et doué d'une grande prévoyance. Il sut se créer des ressources qu'il n'employa qu'à des fins charitables et dans l'intérêt de la religion. Non seulement il eut toujours la main ouverte aux indigents, mais c'est en grande partie grâce à sa générosité que les Trappistes purent s'établir dans sa paroisse. C'est aussi lui qui fit bâtir l'église en brique de Saint-Norbert , et les Sœurs de la Miséri- corde lui doivent le terrain sur lequel elles ont construit leur charitable institution.

Pour récompenser tant de services, M^' Langevin lui obtint en 1898 des lettres de protonotaire apostoli- que, que le bon vieillard reçut avec la plus grande humilité. Par contre, une des épreuves de ses derniers jours fut la destruction de son presbytère qui brûla le 10 janvier 1905, alors que la maladie s'était déjà appe- santie sur lui. Ce sinistre dut hâter sa mort, qui arriva le 16 mars de la même année. Son archevêque et ses confrères lui firent de belles funérailles le 22 du même mois.

Robillard, Jean=Baptiste Lambert dit. Guide au service de la O" du N.-O. à la Rivière-Rouge. En 1799, il se trouvait dans le nord, au fort Chippewayan, sur le lac Athabasca, il avait épousé une sauvagesse dont il avait déjà plusieurs enfants.

Rocheblave, Pierre de Rastel Sieur de. Gentil-

262 ROCHEBLAVE

homme canadien qui se mit dans le commerce des four- rures et s'y acquit une place importante. en 1761 ou 1762 à Montréal, il était le fils de Pierre-Louis de R. et de Marie-Joseph Duplessis. En 1801, il était bourgeois de la C'^ X Y formée sous les auspices de l'explorateur Alex. Mackenzie, et il était alors préposé à la charge de tout le district d'Athabasca. Iv' année suivante, il hiverna près du fort Auguste (Edmonton), oii son commis Lamothe (q. v.) ayant tué pour s'en défendre le représentant de ses concur- rents de la C" du N.-O. à la même place, de Rocheblave, malgré son excellente réputation, eut à en souffrir dans ses rapports avec ses voisins.

Stationné en 1804 au fort de l'Ile, il fut un des signataires de la convention de cette année-là par laquelle sa corporation se fusionnait avec la grande C'' du N.-O. Il devint alors un des membres les plus influents du corps commercial qui résulta de la coa- Htion.

En 18 10, il quitta le grand nord pour hiverner au Pic, sur le lac Supérieur; et en 181 7 sa compagnie l'envoya au fort William pour faire arrêter lord Selkirk qui avait fait saisir ses biens et était entré de force dans son principal poste. Il fut alors considérablement mêlé à des mesures agressives qui lui convenaient d'autant plus que, cinq ans auparavant, il avait servi dans la guerre anglo-américaine, ayant alors commandé en qualité de capitaine un régiment de « voyageurs » ca- nadiens. Deux ans après cette campagne (18 14), il avait été promu au grade de major des tribus indien- nes et des pays conquis, c'est-à-dire de la région qui fut cédée après la reddition de Michillimakinac.

Mais ce grade lui fut retiré le 17 août 18 16, alors que tous les officiers traiteurs de la C du N.-O.

ROIvETTE 263

pourvus de pareils titres en étaient destitués, proba- blement par suite des illégalités commises par les re- présentants de cette corporation dans les pays d'en haut.

De retour dans l'est, il entra dans l'arène politique, et fut élu membre de l'assemblée législative pour la ville de Montréal. Plus tard, il fut nommé membre du Conseil législatif et exécutif du Bas-Canada. Il exerça en outre les fonctions de commissaire pour l'érection civile des paroisses et, en cette qualité, il contribua, entre autres, à la reconnaissance par le gouvernement de lord Gosford de la paroisse de Sainte- Anne-des-Plaines (9 octobre 1835).

Pierre de Rocheblave était le neveu de Philippe de de Rastel, sieur de Rocheblave, qui, en 1778, fut pris à Kaskaskia par G.-R. Clark.

Rocheleau, Baptiste. Arrêté à la prise de Batoche (12 mai 1885) pour participation à la révolte, il fut relâché sous caution.

Rolette, Joseph. Fils de Jean-Baptiste R. et d'An- gélique lyortie, il naquit à Québec le 23 septembre 1781 et fit de bonnes études au séminaire de cette ville. Au mois d'octobre 1803, il se fit commerçant à Montréal, d'où il se rendit peu après à Détroit, Sandwich et enfin à la Prairie-du-Chien, Wisconsin, y faisant bientôt la traite à son propre compte avec les Sioux et autres tribus sauvages. En mai 1807, il épousa Marguerite Dubois dont le père avait été assas- siné par les Indiens, circonstance qui l'avait laissée entre les mains de Julien Dubuque (q. v.).

Pendant la guerre anglo-américaine, il prit partie avec les Anglais et fut un des membres les plus influents de la bande qui s'empara sans coup férir du fort Michillimakinac, alors au pouvoir des Américains.

264 RONDE, DE I.A

Puis il contribua en qualité de capitaine à la prise du fort de la Prairie-du-Chien, le lo juillet 1814.

Pour le punir de sa fidélité au drapeau britannique, on expulsa Rolette après la guerre et on l'exila même sur une île déserte oii il passa l'hiver 18 18- 19. Il pro- testa contre cet acte de tyrannie, et le ministre de la guerre américain le réintégra dans son ancien poste. Il se remit alors au commerce des fourrures, et en 1820 il devint membre et agent principal de la compagnie fondée par J.-J. Astor.

Généreux et hospitalier au suprême degré, il était l'homme le plus influent de la contrée. Son commerce était très étendu, et ses barques sillonnaient les lacs et les rivières du Wisconsin et de l'Iowa. Quand en 1826 l'inondation eut dévasté la colonie de la Rivière- Rouge, Rolette lui envoya un troupeau considérable d'animaux. Puis, après 1828, ses services et ses lar- gesse.s furent récompensés par l'office de juge-en-chef de Crawford que lui octroya le gouverneur Cass. Et pourtant, comme la plupart des traiteurs de fourrures, Rolette mourut pauvre le i" décembre 1842.

Il laissa entre autres, un fils de même prénom, aux Etats-Unis, qui devint un citoyen influent du Minnesota et se trouve mentionné dans les dépêches officielles qui ont trait aux troubles de 1869-70 à la Rivière-Rouge.

Ronde, Henri de la. Officier de la C'" de la Baie d'Hudson qui, en 1879, fut promu au rang de petit traiteur-eu-chef, et se retira en 1890 avec les mêmes garanties de pension que Pierre Dcschambeault (q. v.).

Rondeau, Joseph. Prit du service à l'âge de dix- sept ou dix-huit ans dans la C de la Baie d'Hudson ;qui l'envoya d'abord sur les côtes du Pacifique. II passa, plusieurs années sur les bords du Fraser ; puis

ROUSSAIN 265

fut dirigé vers le Grand Lac des Esclaves, le fort Ed- nionton et d'autres postes de traite. Vers 1827, il prit une terre dans les environs de Saint-Boniface et y épousa Joséphine Boileau, Mais la disette occasionnée par le fléau des sauterelles le fit émigrer plus tard dans le voisinage du fort Snelling. De il se rendit à Saint- Paul, Minn., il s'établit définitivement. Une rue y porte son nom, et il en était le plus ancien habitant quand il mourut.

Rondeau, Rèv- Pierre. Un des pionniers les plus méritants parmi les prêtres de l'extrême ouest. Il naquit à Berthier (alors du diocèse de Montréal) le 19 juillet 1824, du mariage de Pierre R. et de Marie Lévesque. Après avoir fait ses études au collège de l'Assomption, il devint surveillant et professeur au collège de Terrebonne. Ordonné prêtre, à Montréal, le 30 août 1857, il voulut se dévouer aux missions alors excessivement pénibles du Pacifique. Il partit donc avec M^' Demers (q. v.) nouvellement sacré évêque de l'Ile Vancouver, le 8 avril 1859, et arriva à destination le 5 juin suivant. Il fut immédiatement nommé cha- pelain des Sœurs de Sainte- Anne qui venaient de se rendre en même temps que lui dans l'extrême ouest, et il exerça ces fonctions délicates pendant de longues années. On lui confia en outre le soin des deux villages indiens de Quamichan, il eut dès les débuts sa résidence, puis les blancs qui vinrent se fixer dans les environs de cette localité. Il se dévoua pendant plus de quarante ans à ce triple ministère, faisant beaucoup de bien par son obligeante charité et son zèle à toute épreuve, surtout parmi les sauvages qui lui étaient très attachés. Il mourut à l'hôpital Saint- Joseph de Victoria le 11 avril 1900, et fut inhumé à Quamichan.

Roussain. Canadien qui était en charge du fort

266 ROUSSEAU

Babine, Colombie anglaise, en 1831. C'était un homme assez instruit, qui avait une écriture excessivement élé- gante. Appartenait à la C de la Baie d'Hudson.

Rousseau, RÊv. Louis=Pierre=Qodefroy. Fils de lyouis R. et de Joseph te I^acasse, à Saint-Henri de Ivauzon, P. Q., le 20 juin 1823, il fut élève au collège de Nicolet de 1841 à 1845. Se destinant aux missions de rOrégon, il quitta sa charge d'économe à Nicolet le 18 novembre 1846, et se rendit au grand séminaire de Montréal. Avec M*' Aug.-Magloire Blanchet, il partit de Montréal le 4 mars 1847, ^t arriva à Walla-Walla le 5 septembre suivant. Il fut ordonné prêtre à Saint- Paul de Wallamette, Orégon, le 20 février 1848, et devint missionnaire aux Dalles ; puis il succomba au choléra, le 24 juillet 1852, sur V Empire City, en se rendant de San Francisco à New- York.

Roussel, Benjamin. Voyageur au service de la C'^ d'Astor, qui se rendit à la Colombie par le fameux voilier To7iquin en 181 1.

Roussin, Eustache. Commis interprète pour la C'' du N.-O. En 1799 il se trouvait au poste du Fond du lac Supérieur, et cinq ans plus tard nous le trouvons à la tête du fort situé au Fond du lac Athabasca.

Roy, Jean. Canadien qui accompagna Edouard Umfreville dans son expédition du lac Népigon à la rivière Winnipeg en 1785 (V. Saint-Germain, J.-B.).

Roy, Jean=Baptiste=Louis. Canadien établi sur les bords du Missouri au commencement du dix-neu- vième siècle. Mérite une mention spéciale à cause d'un fameux siège qu'il eut à souffrir de la part des sauvages. En 18 14, il était établi avec plusieurs fa- milles canadiennes à la Côte-sans- Dessein, les villa- geois avaient élevé des palissades autour de deux maisons destinées à servir de refuge en cas d'attaque.

ROYAL 267

Nombre de sauvages ayant un jour assailli ces forts primitifs, ils furent d'abord repoussés, et feignirent alors de prendre la fuite. Mais faisant soudain volte- face, ils massacrèrent les Canadiens qui s'étaient mis à leur poursuite. Puis, retournant au village, ils atta- quèrent les maisons fortifiées Roy, jeune encore, venait de transporter sa vieille mère dont il avait chargé ses épaules malgré les balles "qui sifflaient de tous côtés. Pendant que sa femme faisait fondre du plomb pour le convertir en balles, Roy tenait les Indiens à distance par des coups de feu bien dirigés.

Malheureusement, un des assiégés ayant été tué pendant qu'il mettait la tête à une meurtrière, le dé- sordre et l'inaction momentanés qui s'ensuivirent en- hardirent les assiégeants qui, s' approchant des bâtisses, lancèrent des matières enflammées sur le toit, que Roy n'éteignit qu'à grand' peine, pendant que sa femme tenait les sauvages en échec en faisant feu sur eux. Pendant trois jours entiers ce fut comme une bataille intermittente, et les assiégeants ne levèrent le siège que le quatrième, après avoir perdu quatorze hommes.

Roy, Vincent. Etait en 1804 interprète au fort du Fond du lac Athabasca pour le compte de la C** du N.-O.

Royal, HoN. Joseph. Ecrivain de mérite et l'un des premiers hommes d' Etat du Manitoba. Il naquit le 7 mai 1837 ^ Repentigny, P. Q., de parents plus riches en honorabilité qu'en biens de la terre. Ayant eu la bonne fortune de trouver un protecteur dans la personne d'un M. Venant Pilon, chanoine de Montréal, il fit de bonnes études d'abord au collège de cette ville, puis chez les PP. Jésuites. Il commença sa car- rière publique comme journaliste, et se fit remarquer par sa verve et l'atticisme de sa diction. Aussi suivait- il ses goûts personnels quand il fonda, de compagnie

268 ROYAL

avec d'autres écrivains distingués, La Revue Cana- dienne, qui n'a cessé d'exister depuis.

C'était en 1864. Six ans plus tard, sa destinée le porta vers les grandes plaines de l'ouest, et il arriva à la Rivière- Rouge juste à temps pour assister à la dernière séance du gouvernement de Riel.

Le 30 décembre 1870, le district électoral de Saint- François- Xavier ouest l'envoya à la première assemblée législative du Manitoba. C'est lui qui fit paraître l'année suivante le premier journal de langue française, Le Métis, qui devint en 1882 Le Manitoba. Cette même année 1871, il fut élu à l'unanimité président (ou orateur, comme on dit au Canada) du parlement qui venait de se réunir. Le 15 mars 1872 il échangeait ce poste honorable contre celui non moins important de secrétaire-provincial, qu'il occupa, sauf une interrup- tion de cinq mois, jusqu'en mai 1876, époque il devint procureur-général, tout en conservant le porte- feuille de secrétaire-provincial. En sorte que de 1872 à 1879 il demeura le plus considéré, même par les Anglais, des membres du gouvernement manitobain.

Il fut l'auteur de la loi universitaire et devint immé- diatement vice-chancelier de l'institution à laquelle elle donna lieu. C'est à lui aussi qu'on doit la pre- mière loi scolaire, et il fut également nommé le premier surintendant de l'éducation. En 1885, lord Lans- downe lui décerna la médaille de la Confédération, et trois ans plus tard, il fut appelé au poste de lieutenant- gouverneur de la province.

Ce fut le couronnement de sa carrière dans l'ouest. A l'expiration de son terme d'office, il retourna à Montréal, oii il reprit sa plume de journaliste. En 1894, la société royale du Canada reconnut son mérite comme écrivain en l'admettant au nombre de ses

SAINT-DENIS 269

membres. Il s'éteignit doucement à Montréal le 23 août 1902, au moment il achevait un travail impor- tant, l'histoire du Canada depuis la Confédération.

Sacré=Cœur, Scëur Marie du. Dans le monde Salomé Valois, elle naquit à Vaudreuil le 30 avril 1830, et entra à l'âge de vingt-et-un ans au noviciat des Sœurs de Sainte- Anne, oii elle fit profession le 9 juin 1853. Cinq ans plus tard, elle fut nommée supé- rieure de la petite bande de religieuses envoyées dans l'extrême ouest à la demande de M^' Demers (q. v.), évêque de l'Ile Vancouver. Elle partit avec trois compagnes de Saint-Jacques de l'Achigan, le 8 avril 1858, en la compagnie de ce prélat et des Rév. MM. Rondeau et Vary, prenant le chemin de Cuba, Pana- ma et San Francisco, et arrivant à Victoria le 5 juin de la même année. Une semaine après (12 juin), les jeunes religieuses ouvraient deux classes, l'une pour les enfants blanches et l'autre pour les métisses. Une petite maison de trente pieds sur vingt-quatre servait à la fois d'école et de logement pour les Sœurs.

Après la fondation de l'hôpital Saint-Joseph, dans la même ville, S' Marie du Sacré-Cœur y fut long- temps employée. Elle ambitionnait surtout les tâches les plus ingrates, se montrant spécialement bonne pour les vieillards et les personnes atteintes de maladies dangereuses. Elle mourut à Victoria le 12 novembre 1906.

Saint=Denis, François, Un des compagnons de sir George Simpson lors de son grand voyage au travers du continent américain (1828). En mars 1795, un Canadien du même nom était au fort Qu' Appelle, avec

270 SAINT-GERMAIN, JAC.

John McDonnell, lequel fut, en 1804, stationné dans le haut de la rivière Rouge.

Saint*=Germain, Jacques. Traiteur en charge d' un poste à la lyOngue-Prairie de 1800 à 1804.

Saint=Qermain, Jean=Baptiste. Canadien qui fut contremaître sous Edouard Umfreville dans son voyage du lac Népigon à la rivière Winnipeg en 1785. Le but de cette expédition était de trouver une nouvelle route pour pénétrer dans l'intérieur du pays. Se diri- geant vers l'entrée du lac Népigon, elle atteignit le portage de Roche-Capitaine le 17 juin, puis passa par les lacs Esturgeon, Miunitakie et Seul et tomba sur la rivière Winnipeg à un endroit appelé le Portage de l'Ile.

Deux ans plus tard (1787), Saint-Germain se trou- vait au lac Athabasca, il était entré au service de la C* du N.-O. nouvellement formée. En 1790, il fut mis en charge d'un fort sur la rivière la Pluie, et l'an- née suivante la compagnie le préposa à son poste de la rivière la Biche. Dans la suite nous le voyons au fort Chippewayan, et en 1799 un Baptiste Saint-Germain était commis à Michipicoten sous un homonyme sur- nommé lycmaire, avec des gages de 1,200 francs par an, lequel est probablement le même traiteur que l'an- cien contremaître d' Umfreville. Il était estimé par ses supérieurs, qui faisaient grand cas de ses conseils.

Saint=Qermain, Joseph 1°. Commis - interprète dans le bas de la rivière Rouge en 1804. Etait au service de la C' du N.-O. Le 22 juillet 18 16, il se rendit dans le Haut- Canada, il interpréta certains chefs sauvages qui témoignaient des avances que leur avaient faites les représentants de cette compagnie dans le but de les porter à faire la guerre aux colons de lord Selkirk, à la Rivière-Rouge.

SAINT-GERMAIN, X. 271

Saint-Germain, Joseph 2". Métis de la Rivière- Rouge qui fut élu capitaine en second pour la paroisse de Saint- Norbert en vue de repousser l'invasion fénien- ne (7 octobre 1871).

Saint=Germain, Lemaire. Canadien en charge du fort Michipicoten en 1799. La C* du N.-O. lui don- nait alors un salaire de 1,200 francs par an. En 18 14 il était à la tête du poste de la rivière Tortue, il remplaça John McLeod.

Saint=Qermain, Pierre. Métis franco-déné qui servit d'interprète à sir John Franklin lors de sa première expédition aux pays arctiques (1821). Bien qu'admettant qu'il fut le plus intelligent de tous ses interprètes, l'explorateur semble parfois douter de sa fidélité. Il n'y a pourtant aucun doute que Saint- Germain lui rendit d'immenses services par son habi- leté à la chasse et les ressources inépuisables de son esprit inventif. Il partagea les incroyables privations de l'expédition, auxquelles il parait avoir été celui qui résista le mieux. Il était évidemment le plus entre- prenant de toute la bande. Envoyé avec le capitaine Back chercher du secours au Fort Entreprise, il eut le bonheur de rencontrer le fameux chef Gros-Pieds (Akaicho), qui fut l'instrument de leur salut. La mère de Saint-Germain était montagnaise.

Saint=Germain, X. Est par sa fin prématurée un exemple frappant des dangers que couraient les Cana- diens parmi les sauvages de l'ouest. Il fut un jour envoyé avec trois autres, Montour, Millet et Morin, porter des provisions à un fort de traite situé quelques lieues plus haut, sur la Saskatchewan il était de résidence. Pendant son absence, le commis de son fort ayant, sans penser à rien, mis la main sur la tête d'un jeune Indien venu acheter de la poudre, il arriva

272 SAINT-JOSEPH,

que celui-ci mourut le jour même en attribuant sa fin au sort que l'Anglais lui avait jeté. Ses compagnons tuèrent alors ce dernier et se mirent à piller son fort. Pendant ce temps, les Canadiens revenaient à leur poste après avoir accompli leur mission. Une vieille métisse, voulant les sauver de la rage des Indiens, alla se porter sur une île à quelque distance de ; mais elle ne put attirer leur attention comme ils des- cendaient gaiement la rivière. Tous les quatre furent impitoyablement massacrés (vers 1815).

Saint= Joseph, Scëur. V. CoutlÊE, S'.

Saint=Luc. V. Corne, de la.

Saint=Martin, Sauveur. Accompagna le D' Ri- chardson dans son expédition à la recherche de sir John Franklin (1848-49).

Saint=Onge (ou Saintonge, ou encore Payant), RÉv. Louis=Napoléon. Missionnaire en Orégon, le 14 avril 1842 à Saint-Césaire, au sud de Montréal. Après avoir étudié pour le barreau, il quitta le monde pour se consacrer aux missions de l'extrême ouest, il fut ordonné par M®' Magloire Blanchet le 31 mai 1866. Un de ses premiers soins fut de rétablir la mission Saint-Joseph détruite en 1856 par les volontaires de r Orégon. Il l'eut bientôt mise sur un bon pied.

En septembre 1867, il fut chargé de la mission des Yakamas ; mais le mauvais état de sa santé le força d'interrompre ses travaux apostoliques chez les sau- vages. Il employa un long séjour à l'hôpital à com- poser deux petits livres pour les Indiens ; puis, de l'avis de son médecin, il entreprit un voyage en Europe. A son retour il occupa différents postes dans les Etats de l'est Brattleboro et Rutland, Vt., ainsi que Glennis Falls, N. Y. jusqu'en 1891, époque ses infirmités l'obligèrent à se retirer du ministère

SAINT-PIERRK 273

actif. Il mourut le 26 novembre 1901, après une trentaine d'années de maladie.

Le nom sous lequel il était le plus connu vient de la province d'où sa famille était originaire.

Saint=Pierre, Capitaine Jacques Repentigny Le Gardeur, Sieur de Fils de Jean-Paul L,e Gardeur et de Josette Leneuf de la Vallière, il naquit en 1701, et pas plus de quinze ans après il commença à servir son pays chez les sauvages. En 1735, il fut nommé commandant du fort Beauharnois, chez les Sioux. et deux ans plus tard il était envoyé à la tête d'une expédition chez les Chickasaws. En 1745, nous le voyons conduire un parti d'éclaireurs au fort Saint- Frédéric ; puis en 1747 il fut mis en charge de l'im- portant poste de Michillimakinac. Trois ans après, ayant déjà été promu au grade de capitaine pour de brillants états de service, il reçut l'ordre de continuer les explorations du grand de la Vérendrye (q. v.) dans l'ouest canadien.

A cet effet, il partit de Montréal le 5 juin 1750, et se rendit successivement aux forts Saint-Pierre, Saint- Charles et Maurepas, exhortant partout les sauvages à mettre fin à leurs dissensions, mais sans résultat satis- faisant. Par suite de la disette se trouvaient les établissements dont il avait la surintendance, il envoya à la rivière Poskoj^ac son lieutenant Boucher de Niver- ville (q. V.), avec un contingent d'employés qui fail- lirent mourir de faim dans ce voyage. De Niverville avait pour mission d'établir un fort trois cents milles plus haut que celui de Poskoyac, ce dont il s'acquitta en fondant le fort la Jonquière.

Pendant ce temps, Saint- Pierre était au fort la Reine (maintenant le Portage-la- Prairie). Plus porté à péculer qu'à explorer, bien que brave au moment du 18

. 274 SAINT-PIERRE

s 'danger, il essaya de se rendre à la Saskatchewan en 1751-52 ; mais la nouvelle d'un massacre qu'il reçut •en route lui fit rebrousser chemin. D'un autre côté, comme il était plus militaire que diplomate, il encourut le mauvais vouloir des Assiniboines qui faillit un jour lui être fatal. Le 22 février 1752, se trouvant au fort la Reine avec seulement cinq Français, ces sauvages au nombre de deux cents, tous armés, envahirent son établissement sous prétexte de fumer, mais en réalité pour tuer de Saint- Pierre et piller son fort. Celui-ci s'empara alors d'un tison ardent, enfonça la porte de la poudrière et déclara aux Indiens qu'ils allaient tous périr ensemble. Ce fut immédiatement un sauve-qui- peut général parmi les braves de la prairie qui, ayant précipitamment évacué la place, y laissèrent le com- mandant avec son tison qu'il eut bien soin de ne pas appliquer à la poudre.

Cette aventure le porta pourtant à retirer ses hommes du fort pendant une absence causée par son voyage an- nuel dans l'est avec les fourrures qu'il avait amassées. Quatre jours après son départ, les Assiniboines rédui- sirent le fort en cendres, ce qui le força de s'arrêter à la Rivière-Rouge à son retour ; en sorte que, ceux qui avaient fondé le fort la Jonquière l'ayant abandonné par suite de la maladie de leur maître, l'administration de Saint-Pierre devint en réalité un mouvement de recul de mauvais augure pour l'influence française dans l'ouest. Les forces réunies des défunts forts la Jon- quière et la Reine se portèrent alors (juillet 1753) vers le Grand- Portage.

En septembre 1753, de Saint-Pierre était de retour à Montréal, laissant la succession de l'ouest entre les mains de Saint-Luc de la Corne (V. Corne, de la). On envoya alors le premier à la rivière Ohio, et l'an-

SAMANDRÊ 275

née suivante il fut mis à la tête des sauvages alliés dans l'expédition du baron Dieskau. Il fut tué dans le premier engagement à la bataille du lac Georges, le 8 septembre 1755. Comme officier, il était brave et*^ chevaleresque ; mais comme explorateur et traiteur, il eut le tort d'être âpre au gain et de refuser le concours que lui offraient les fils de la Vérendrye qui avaient moralement droit à sa place, et pourtant ne deman- daient qu'à servir sous lui.

Salaberry, C01.ONEL CharIes=René=Léonidas de. Fils du vainqueur de Châteauguay, à Chambly, P. Q., le 27 août 1820. Ses parents étaient Charles- Michel de S. et Anne-JuHe Hertel. En 1857-58, il accompagnait l'expédition de S. Dawson à la Rivière- Rouge, et avait la charge de son commissariat. Puis, lors des troubles de 1869-70 dans ce même pays, il fut choisi par le gouvernement fédéral pour aller, de com- pagnie avec le grand vicaire Thibault (q. v.), assurer les métis et autres des bonnes intentions du Canada. Malheureusement, comme les pouvoirs accordés aux deux commissaires étaient des plus restreints, leur mission ne put avoir un succès appréciable. I^e 30 janvier 1849, de Salaberry avait épousé à Saint-Mathias Marie-Victorine P'ranchère.

Samandré, François. Canadien-français qui ac- compagna Franklin au cours de sa première expédition dans les steppes glacés du nord américain. Il faisait fonctions de cuisinier pour la bande affamée, et n'eut pendant longtemps que des râpures d'os et de peaux, avec une espèce de lichen appelée tripe de roche, à faire cuire. L,es marches incessantes et le froid ajoutés à ce régime débilitant eurent bientôt épuisé les forces des plus robustes. Les membres canadiens du parti tombaient les uns après les autres, généralement pour

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276 SANSCHAGRIN

ne plus se relever, en sorte que celui-ci fut bientôt ré- duit à quelques squelettes ambulants. En octobre 182 1 , Franklin étant parti avec deux hommes pour aller chercher du secours au fort Providence, Samandré lui offrit une partie de son propre habillement en retour de ses haillons, et resta à garder Adam (q. v.) qui ne pouvait plus avancer. Mais leur commun chef ayant cassé ses raquettes en route, il fut contraint de retour- ner au campement des Canadiens, une cabane dont ils brûlaient graduellement les madriers, vu qu'ils étaient trop faibles pour aller couper du bois de chauffage à la plus petite distance. Franklin dut même bientôt se faire le cuisinier des invalides. Devenu de plus en plus faible, Samandré vit un compatriote, Jos. Pelletier (q. v. ), mourir d'inanition dans la nuit du i" au 2 novembre. Il commença alors à se plaindre du froid et d' un engourdissement douloureux des membres, et expira, lui aussi, avant le lever du soleil (V. Vaii,- LANT).

Sanschagrin. Commandant du fort la Reine (Por- tage-la-Prairie) pendant l'absence de l'explorateur de la Vérendrye, parti pour visiter les Mandanes (1738-39).

Sansregret, Jean=Baptiste. Guide de la C" du N.-O. à la Rivière-Rouge en 1804.

Sansregret, Johny. Un des conseillers de lyouis Riel pendant l'insurrection de la Saskatchewan en 1885.

Sansregret, Louis. Métis de la Rivière- Rouge qui, le 7 octobre 1871, fut élu capitaine en troisième des troupes levées à Saint- Vital dans le but de repousser l'invasion fénienne projetée par O'Donoghue.

Saucie, Pierre. Servait la C* du N.-O. en qualité d'interprète dans le haut de la rivière Rouge en 1804.

Sauvé, Jean» Baptiste. Métis qui faisait l'ofiSce

SAYER 277

d'interprète pour la C" du N.-O. en 1804. Il était alors de résidence au lac Népigon, et en 1805 il alla faire la traite au lac Seul pour le compte de la compa- gnie à laquelle il appartenait.

Sayer, Guillaume. Fils métis d'un bourgeois fon- dateur ou propriétaire de la C" du N.-O., John S., qui en 1799 se trouvait au Fond du lac Athabasca. Elevé parmi les Canadiens, Guillaume devint insensiblement métis français. Il a passé à l'histoire comme ayant été l'occasion d'une révolution commerciale dans la petite colonie de l'Assiniboia. Il habitait la mission de Saint-François-Xavier quand, en 1849, il fut arrêté et emprisonné pour avoir traité des fourrures avec les Indiens malgré le monopole de la C" de la Baie d' Hud- son. Admis à caution, il fut momentanément libéré et son procès fixé au jour de l'Ascension suivant. Les autorités pensaient prévenir par une affluence gê- nante de métis français dont le mécontentement n'était un secret pour personne. L'âme du mouvement de protestation était J.-L. Riel (q. v.), qui convoqua ses amis des paroisses ou missions environnantes avec un tel succès que la foule, ayant entendu une messe basse au lieu de la grand'messe sur laquelle les autorités avaient compté, il n'y eut pas moins de trois cent- cinquante fusils dans ses rangs, à part d'autres armes et des missiles de toutes sortes.

Ce que voyant, le tribunal offrit aux métis de se choisir douze représentants pour former une espèce de jury pendant qu'on instruirait la cause de l'inculpé. La proposition fut acceptée, mais à condition que le procès ne durerait qu'une heure, après laquelle les métis se réservaient le droit de donner eux-mêmes la décision finale. L'heure écoulée, Riel réclama l'ac- quittement de Sayer, mais le juge Thom demanda un

278 SCHMIDT

sursis. Riel déclara alors d'une voix de stentor que la cause était vidée et que l'accusé était libre. Là- dessus la multitude de répéter son exclamation triom- phante : le commerce est libre ; vive la liberté ! Et, malgré les protestations de Thom, Sayer fut rendu à la liberté, et le monopole de la compagnie réduit à né- ant. Le juge, discrédité par cet événement qu'avaient, dit-on, préparé ses propres menées, ne parut bientôt plus à son tribunal, et il fut peu après remplacé par un magistrat venu de Montréal.

Schmidt, Louis. Métis qui, en dépit de son nom allemand, était considéré comme Français et joua un rôle dans l'insurrection de 1869-70 à la Rivière-Rouge. Le 8 janvier 1870, il fut nommé secrétaire du Conseil ; puis fut élu par Saint-Boniface un de ses quatre repré- sentants à la Convention du 25 de ce mois, laquelle en fit le secrétaire officiel de la partie française de ses membres. Il fit alors partie du comité nommé en vue de préparer une liste des Droits dont on se proposait d'exiger la reconnaissance par le gouvernement d'Ot- tawa comme condition de l'entrée de l'Assiniboia dans la confédération canadienne. Puis il devint sous-secré- taire d'Etat lorsque le Gouvernement Provisoire eut été régulièrement constitué avec la coopération des représentants de la partie anglaise de la population. Enfin, après l'organisation du gouvernement provincial du Manitoba, L. Schmidt fut nommé commis au bureau des Terres de Prince Albert.

Sénécal, P.=A. Ancien marchand de Montréal, passa plus de quinze ans au Missouri et au Nouveau- Mexique, il arriva vers 1845, s' établissant à San Miguel en qualité de négociant. Cinq ans plus tard, il accompagnait avec un certain nombre d'employés la grande caravane de traite du fameux F.-X. Aubry (q.

SICOTTE 279

V.)- Un M. White avec sa femme et sa petite fille les avaient aussi rejoints, cherchant dans leur compagnie la sécurité contre les hordes sauvages qui infestaient alors le pays que le nombre seul pouvait leur procurer. Las de la lenteur avec laquelle l'immense caravane se traînait au travers de ces plaines désertes et se croyant désormais à l'abri de tout danger, l'Américain voulut prendre les devants avec sa famille, un Allemand, un autre Américain, un serviteur nègre et un nommé Gosselin que Sénécal lui céda à contre-cœur.

Peu après, cette petite bande fut assaillie par les sauvages, contre lesquels elle lutta bravement. Sénécal prévenu de l'attaque par Gosselin qui était revenu l'en avertir en toute hâte, partit aussitôt avec plusieurs membres de sa propre caravane, dans le but de prêter main-forte aux voyageurs trop pressés. Quand ils arrivèrent sur le champ de bataille, ils ne trouvèrent que des cadavres. Tous les hommes avaient été mas- sacrés, et les Indiens emmenaient Madame White et sa fille sur leurs chevaux.

Après une course furibonde, le sauvage qui empor- tait la première, ne pouvant fuir assez vite à cause du double poids dont sa monture était chargée, mit pied à terre et transperça de sa lance la malheureuse femme qui en mourut immédiatement. On ne put rejoindre celui qui emmenait sa fille. Mais Sénécal parvint à la racheter après deux ans de captivité.

Sicotte, Capitaine François. Prit part en 1813 à une expédition contre les sauvages des environs de Détroit, qui se livraient depuis quelque temps à des déprédations considérables sur les propriétés des blancs. Les Indiens s'enfuirent à l'approche de la troupe, qui était en majorité composée de Canadiens. Mais ceux-^ ci, pour les punir de leurs méfaits, incendièrent leuts

28o TABEAU, Rêv. A.

villages, leur inspirant par une crainte si eÉBcace qu'elle mit fin à tout brigandage de leur part.

Supernat, Baptiste. Commis de la C'^ du N.-O. Etait en 1 799 stationné à Michipicoten, avec un salaire de 1 , 200 francs.

. Tabault. V. le suivant.

Tabeau, Antoine. Traiteur libre au nord-ouest des Etats-Unis, dont le concours fut particulièrement utile à l'expédition des capitaines Lewis et Clarke (1804-06). A la date du 2 mai 1794, John McDonnell mentionne dans son journal un Tabault qui était alors de résidence non loin de la fourche de la rivière Qu'Appelle. Ce traiteur était probablement le même individu qui dut finir par s'établir au sud du théâtre de ses premières opérations commerciales.

Tabeau, RÊv. Antoine.— Le premier prêtre canadien qui se trouve mêlé à l'histoire des missions de la Rivière - Rouge. Ordonné en 1805, il fut d'abord vicaire à Québec, puis curé à Sainte- Anne-des- Plaines, il arriva vers la fin de 18 10. En septembre 18 13, il fut nommé à la cure de Saint-Jean-Port-Joli, puis à celle de Boucherville.

En 18141a C" du N.-O. avait demandé quatre prêtres à l'évêque de Québec, deux pour le fort William, son poste principal, et autant pour l'intérieur du pays. Mais à cause de son hostilité vis-à-vis de la C"" de la Baie d'Hudson et de l'état d'insécurité qui s'ensuivait, on n'avait pas cru devoir se presser pour accéder à sa requête. Néanmoins, on fut loin de la perdre de vue, et deux ans plus tard, M*' Plessis, soucieux du salut éternel des âmes « qui s'en vont par centaines en

TABEAU, J.-B. 281

enfer faute de secours spirituels », comme il disait, chargea MM. Tabeau et Crevier d'aller s'assurer de ce qu'on pouvait faire pour la religion dans ces pays lointains et d'aviser aux meilleurs moyens d'y établir des missions.

A cause de la recrudescence des troubles précisément à cette époque, les deux envoyés ne se rendirent qu'au lac la Pluie au lieu d'atteindre la Rivière-Rouge qui était alors le théâtre de scènes sanglantes (V. Bou- RASSA, M.) et de désordres sans nom. Par ailleurs, ils firent tellement traîner en longueur leur visite, que ce ne fut qu'en 18 18 que M. Tabeau put faire parvenir son rapport à son supérieur ecclésiastique. Ecrit sous l'influence des troubles dont les deux prêtres avaient été plus ou moins les témoins, ce rapport concluait au simple envoi annuel de missionnaires à la Rivière- Rouge et contre l'établissement de missions perma- nentes dans ce pa3^s.

Mais la décision de l'évêque, quelque peu impatient des lenteurs de ses représentants, était déjà prise. Elle ne fut pas dans le sens du rapport de M. Tabeau, mais en conformité avec la pétition des habitants de la Ri- vière-Rouge et de la demande formelle du noble bien- faiteur de leur colonie, lord Selkirk. M^' Plessis offrit d'abord cette mission à M. Tabeau ; puis, par suite du délai que celui-ci mettait à se décider, il en chargea M. Provencher (q. v.). M. Tabeau était un prêtre d'un rare talent, et il fit une excellente impression sur les bourgeois de l'ouest.

Tabeau, Jean=Baptiste. Accompagna le général J,-C. Frémont dans sa deuxième expédition aux mon- tagnes Rocheuses (1843), ^^ fut tué par les sauvages près de la rivière à la Vierge {Rio Virge7i), le 5 mai 1844. Comme il était allé à la recherche d'une mule,

282 TACHÉ, M«^ A.-A.

les Diggers, Indiens dégradés qui se nourrissent de vers de terre et de lézards, tombèrent sur lui et lui décochèrent une de leurs flèches. D'après ce que l'explorateur vit ensuite, le malheureux employé lutta vivement pour sa vie, mais tomba épuisé par la perte de son sang, et « il était facile de voir qu'on l'avait traîné au rivage et jeté dans la rivière ». Frémont ajoute : « Tabeau avait été l'un de nos meilleurs hommes «.

Taché, O. M. L, Mgr AIexandre=Antonin. Pre- mier archevêque de Saint-Bonif ace, le plus remarquable de tous les Canadiens de l'ouest, zélé missionnaire, grand prélat, écrivain distingué, homme d'Etat et patriote. Il était le troisième enfant de Charles Taché et de Louise-Henriette de la Brocquerie, le premier un brillant officier, frère de sir Etienne-Pascal, la seconde une descendante de la célèbre famille canadienne des Boucher de Boucherville. Alexandre naquit à Fra- serville le 23 juillet 1823. Ayant perdu son père à l'âge de deux ans et demi, l'enfant fut élevé par sa mère, toute jeune encore, et par son oncle maternel, auquel il voua plus tard un culte de véritable amour filial.

Sa première enfance s'écoula à Boucherville, d'où il entra au collège de Saint-Hyacinthe pour y faire ses études classiques. Puis, se sentant appelé à l'état ecclésiastique, il se rendit au séminaire de Montréal le i" septembre 1841, et, pour suivre jusqu'au bout les conseils évangéliques, il sollicita bientôt, après son admission au noviciat des RR. PP. Oblats, dont les premiers représentants au Canada étaient arrivés de France depuis seulement trois ans. Il eut pour maître des novices le P. AUard, plus tard vicaire apostolique de Natal, Afrique méridionale.

TACHÉ, MG"^ A. -A. 283

Sur ces entrefaites, et avant qu'il eut fait ses vœux de religion, M^' Provencher, évêque du Nord-Ouest, c'est-à-dire de la Rivière-Rouge, avait obtenu la coopération des nouveaux religieux pour ses difficiles missions. I^e Frère Taché fut choisi pour accompa- gner le R. P, Aubert dans ce lointain champ d'action. Bien qu'âgé de moins de vingt-deux ans, le jeune no- vice dit bravement adieu à sa mère et partit de Longueil en 1845, Is 24 juin, jour de Saint-Jean-Baptiste, fête patronale des Canadiens, prenant la route des canots et des portages, route longue et ennuyeuse s'il en fut. Le 25 août suivant, fête de Saint-Louis roi de France, les deux missionnaires étaient reçus à Saint-Boniface par M^' Provencher.

Le Frère Taché n'était encore que sous-diacre et, doué d'un physique agréable, il paraissait encore plus jeune qu'il n'était. Aussi fit-il d'abord une impres- sion assez défavorable sur le vénérable prélat, qui aurait pu occuper immédiatement une douzaine de prêtres. « J'ai demandé des hommes, et voilà qu'on m'envoie un enfant », dit-il en le voyant. Il ne tarda pourtant pas à s'apercevoir que celui qui lui arrivait n'était point un enfant ordinaire.

Il l'ordonna diacre le premier dimanche qui suivit son arrivée (31 août) ; puis, usant des larges pouvoirs qu'il tenait du Saint-Siège, l'évêque-missionnaire le promut à la prêtrise le 12 octobre suivant. Le P. Taché n'avait que vingt-deux ans, deux mois et dix- neuf jours. Le lendemain, il faisait son oblation per- pétuelle entre les mains de son supérieur, le P. Aubert. Ce furent les premiers vœux de religion prononcés aux Pays d' En-Haut, et celui qui les émit était l' arrière- neveu du découvreur de ces contrées (V. Vêrendrye, sieur de la).

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Le P. Taché fut d'abord retenu à l'évêché, M. Belcourt (q. v.) lui donna des leçons de sauteux. 1,'été suivant, après un séjour de quelques semaines à la Baie Saint-Paul, il fut envoyé (8 juillet 1846) à l'Ile-à- la-Crosse avec M. Laflèche (q. v.), plus tard évêque des Trois-Rivières. Il arriva à son poste après un voj^age qui avait duré jusqu'au 9 septembre, et y passa quatre ans, faisant un bien incalculable aux Montagnais qui fréquentaient la mission que son compagnon y avait fondée, ainsi qu'à plusieurs peuplades lointaines. En effet, le jeune missionnaire était d'autant plus souvent en marche que la maladie condamnait M. Laflèche à un repos relatif. C'est ainsi qu'il poussa d'abord jusqu'au lac Caribou, oii il fut reçu par des mercis sans fin. De retour à la mission, il se livra avec ardeur à l'étude des langues; puis il repartit, cette fois pour le lac Athabaska, qu'il atteignit le 2 septembre 1847, et il passa un mois au milieu d'une population avide de la parole de Dieu.

Le P. Taché était de retour à l'Ile-à-la-Crosse quand les D'' Richardson et Raey passèrent. Le premier, qui l'appelle Monsieur Tasché dans son journal, tout en le prenant pour un Jésuite, ne fut pas sans remarquer l'ascendant que le jeune apôtre s'était déjà acquis sur ses ouailles par sa grande charité et son dévouement à toute épreuve.

Dès le 8 mars de l'année suivante, le P. Taché re- partit pour une seconde visite au lac Caribou, qu'il ne quitta qu'à la fin de mai ; puis, après un séjour de deux mois à sa mission, il retournait au lac Athabasca, il célébrait les fêtes de Noël 1848. Le 16 janvier suivant, il revoyait sa mission de l'Ile-à-la-Crosse, le départ de M. Laflèche le laissait avec un confrère de son Ordre, le P. (plus tard M*') Faraud.

TACHÉ, W^ A. -A. 285

Pendant que le P. Taché se livrait avec une ardeur toute juvénile aux travaux d'un pénible ministère, de hautes destinées se préparaient pour lui. Sentant le besoin d'un coadjuteur, M^' Provencher avait d'abord jeté les yeux sur M. Laflèche. Mais les infirmités précoces de ce digne missionnaire lui firent refuser l'honneur, et, malgré son extrême jeunesse, le P. Taché fut désigné pour le remplacer. Le supérieur général de sa Congrégation, M'^' Charles- J.-E. de Maze- nod, évêque de Marseilles, avait justement résolu de rappeler ses missionnaires de ces pays qu'on lui avait représentés sous un faux jour. L'élection du P. Taché à la charge épiscopale, faite à l'insu du supé- rieur, sauva les missions en forçant moralement celui- ci à ne pas abandonner la contrée sur laquelle son sujet devait exercer sa juridiction. Le fondateur des Oblats voulut voir le nouvel élu, et non seulement il ne s'opposa point à sa consécration, mais il lui fit un devoir d'accepter le lourd fardeau de l'épiscopat.

Le missionnaire n'avait que vingt-sept ans. Il dut donc passer en France son Père en Dieu le sacra évêque d'Arath in partibus infidelium, le 23 novembre 1851. Après une visite au tombeau des apôtres, au cours de laquelle il eut deux fois le privilège d'une audience avec Pie IX, M^' Taché repassa au Nord- Ouest, en compagnie de M. Albert Lacombe qui, entré comme lui dans la Congrégation des Oblats, devait bientôt se faire un nom par son zèle pour la conversion des âmes les plus abandonnées.

Le dimanche 27 juin, le jeune prélat rentrait à Saint-Boniface, l'attendait une inondation dont les ravages furent bien de nature à tempérer quelque peu la joie du retour.

Mais des difficultés d'ordre local l'appelaient à sa

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chère mission de l'Ile-à-la-Crosse. Les Indiens, irrités du départ successif de ceux qui pouvaient seuls leur parler avec fruit, donnaient des preuves de mauvaise volonté, et s'abandonnaient à un découragement qui menaçait de se communiquer à leurs nouveaux mis- sionnaires, qui avaient bien de la peine à balbutier leur langue si difficile. L'arrivée, le lo septembre, de leur ancien pasteur maintenant revêtu de la dignité épisco- pale renouvela la face de la mission.

Au milieu des occupations du ministère paroissial et des tournées apostoliques auxquelles il se livrait comme un simple prêtre, une triste nouvelle vint bientôt le surprendre et lui faire toucher du doigt les responsabilités de sa charge. M^' Provencher venait de mourir (1853), et comme il lui succédait en qualité d'évêque de Saint-Boniface, titre qu'il avait obtenu d'échanger contre celui par trop vague d'évêque du Nord-Ouest, il dut un moment tourner son attention du côté de la Rivière-Rouge.

Pourtant, sans prendre prétexte de sa nouvelle posi- tion pour s'établir à un poste moins difficile, M^' Taché partit peu après pour le lac Athabasca et autres loca- lités du grand nord, le fort Pitt, Sainte-Anne, lac la Biche, etc., prêchant, baptisant et confirmant les nou- veaux chrétiens.

Ce ne fut qu'en 1854 qu'il se dirigea vers Saint- Boniface. Un des premiers soins du jeune évêque fut d'y faire venir des Frères des Ecoles chrétiennes pour le collège fondé par son prédécesseur. Malheureuse- ment ces religieux furent rappelés six ans plus tard, en sorte que les Oblats et des prêtres séculiers durent tour à tour le diriger et y enseigner. Puis il organisa les paroisses de Saint- Norbert et de Saint- Charles, non loin de sa ville épiscopale.

TACHE, M^'^ A. -A. 287

Enfin, après avoir réglé les affaires du diocèse, il repartit pour l'Ile-à-la-Crosse, le 5 juin 1855. De ce point central, il dirigeait les missions du nord qui prenaient de jour en jour de plus grands dévelop- pements. Malgré le mauvais vouloir des autorités de la C" de la Baie d'Hudson, il fondait même peu après un établissement au Grand I^ac des Esclaves.

Mais s' apercevant bientôt qu'une seule tête ne pouvait suffire à la direction d'un territoire vaste comme plusieurs royaumes, il songea à se procurer un coadjuteur pour l'aider à faire face à tous les besoins, surtout en ce qui regardait les missions les plus loin- taines. En conséquence, il se rendit en Europe (sep- tembre 1856 -novembre 1857), il fit agréer de son supérieur général le choix qu'il avait fait du P. Vital Grandin, O. M. I., pour ce poste difficile. A son retour, il séjourna à Saint-Boniface, il devint l'ami des pauvres et le père des orphelins, donnant en parti- culier à la population métisse les gages d'une affec- tion qui ne se démentit jamais. Son diocèse compre- nait alors (1858) quatre paroisses régulières, plus cinq missions résidentielles avec nombre de succursales visi- tées périodiquement par les missionnaires.

Ce fut seulement l'année suivante (30 novembre 1859) que son coadjuteur put être sacré. Continuant alors la série de ses courses apostoliques, il visita en 1860-61 plusieurs des missions du nord, fort Carlton, Ile-à-la-Crosse, lac la Biche, lac Sainte-Anne, Saint- Albert, dont il désigna l'emplacement au P. Lacombe, fort Pitt, etc.

C'est au retour de ce grand voyage qu'il apprit l'incendie de sa cathédrale et de sa propre résidence consumées par les flammes le 14 décembre 1860. Ce désastre fut un coup de foudre pour lui. Tout était

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à recommencer. Aussi dut-il se rendre au Canada et se faire mendiant, prêchant partout sur le texte : tran- sivhmis per igneni et aquain, nous av'ons passé par le feu et par l'eau (Ps. lxv, 12), d'autant plus approprié à la circonstance qu'une inondation désastreuse avait, cette année-là, répandu la désolation partout.

Puis il passa jusqu'en Europe, il eut encore deux audiences du Pape et fit la connaissance de son nou- veau général, le R™" P. Fabre, qui venait de succéder au fondateur de sa Congrégation (5 décembre 1861). Il obtint en outre la division de son diocèse, dont la partie septentrionale fut confiée aux soins du R. P. Faraud, O. M. I., qui assumait le titre d'évêqued'Ané- mour. Puis, au commencement de mai 1862, il ordon- nait à Boucherville M. E. Grouard qui, devenu Oblat comme lui et presque tous ses missionnaires, devait plus tard succéder à M^'' Faraud.

De retour à Saint-Boniface il put, grâce aux géné- reuses aumônes qu'il avait recueillies, commencer les travaux de la nouvelle cathédrale, moins grande, hélas ! que celle de M^"^ Provencher, ce qui autorisait les bons métis à s'approprier les regrets des anciens Juifs qui avaient connu le temple de Salomon. Enfin il multipliait les établissements religieux, missions, écoles, hôpitaux, orphelinats, etc., dont il confiait les derniers aux dévouées Sœurs Grises.

L'événement de 1864 fut la visite canonique du R. P. Vandenberghe, envoyé par son supérieur général comme visiteur extraordinaire des œuvres confiées à sa Congrégation. M*' Taché fit alors comme toujours preuve du plus grand attachement à l'Ordre qui l'avait recueilli avant même son admission au sacerdoce. Il voulut l'accompagner lui-même dans les missions du nord, ce qu'il fit en passant par la vallée de Qu'Appelle

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qu'il ne connaissait point encore. Le P. Visiteur ne le quitta qu'au commencement de l'année suivante, enchanté de tout ce qu il avait vu.

La division de son immense diocèse et l'aide fourni par son pieux coadjuteur le dispensèrent dès lors des longues courses à la raquette ou en traîneau à chiens auxquelles il était habitué. Sauf des absences momen- tanées, il fera maintenant de Saint-Boniface sa rési- dence ordinaire. Désormais ses fonctions seront sur- tout épiscopales, au lieu de tenir principalement du missionnaire ambulant. Mais dans sa retraite, quelle activité prodigieuse ! C'est d'abord un splendide ou- vrage plein de cœur et d'esprit qu'il écrit pour son supérieur général sous le titre de Vvigt Aimées de Missions (Montréal, 1866). Une seconde édition tirée à douze mille exemplaires est depuis longtemps épui- sée. Puis c'est une longue étude pour une classe dif- férente de lecteurs. Esquisse sitr le Nord-Ouest de l'A- mérique, lequel, écrit dans un style élégant et châtié, a pris rang parmi les ouvrages classiques sur le pays. En outre d'une seconde édition, cette étude a eu les honneurs d'une traduction anglaise. Enfin nous ne devons pas omettre une lettre importante à M. S. Dawson dans laquelle, à côté de renseignements utiles, bien des préjugés reçoivent le coup de grâce.

A ces œuvres littéraires, toutes remarquables par la délicatesse de la forme aussi bien que par la solidité du fond, s'ajoutent une foule de travaux dans l'ordre spiri- tuel et de fondations qu'il serait trop long de détailler.

En 1867, se tint un chapitre <^ui est resté mémorable dans les fastes de sa Congrégation. En qualité de supérieur vicarial, M*"" Taché dut s'y rendre. Il profita de ce voyage pour recueillir des ressources en hommes et en argent. Il en était à peine revenu que le Concile 19

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œcuménique du Vatican le fit de nouveau traverser les mers pour se rendre à Rome.

L'année 1870 inaugura une nouvelle phase dans la vie de l'évêque de Saint-Boniface qu'une décision de Rome allait bientôt (22 septembre 1871) élever à la dignité archiépiscopale, avec le même siège, et pour suffragants l'évêque nouvellement nommé de Saint- Albert, ainsi que les vicaires apostoliques du nord. Ses belles qualités comme patriote vont dès lors avoir mainte occasion de se déployer, et s'il ne réussit pas toujours dans son rôle d'homme d'Etat, la faute devra en être imputée à la droiture de son caractère peu fa- milier avec les roueries des politiciens et le manque de parole des opportunistes. Pendant qu'il était au con- cile, éclata à la Rivière-Rouge l'orage qui grondait depuis quelque temps déjà, et que les étrangers venus d' Ontario avaient provoqué par leurs empiétements sur les droits des métis et autres colons.

Le gouvernement d'Ottawa s' apercevant de la faute qu'il avait commise en ne tenant aucun compte des justes aspirations des habitants de l'Assiniboia, lui demanda de revenir pacifier le pays (V. Riel, L.)-

M*"" Taché se rendit à son désir. En passant à la capitale, il eut de longues conférences avec les princi- paux ministres et même avec le gouverneur général, au cours desquelles il reçut l'assurance de leurs regrets pour les agressions indues de leurs agents à la Rivière- Rouge et leur promesse que tout serait oublié et les auteurs du soulèvement amnistiés, pourvu qu'ils con- sentissent à l'union de leur pays au Canada.

Quand il arriva au fort Garry, Scott avait été exécuté depuis cinq jours. Le prélat écrivit alors à M. Howe, secrétaire d'Etat pour les provinces, et repoussa au nom de la population de l'Assiniboia les

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accusations de rébellion et de déloyauté qu'on aurait déjà voulu faire peser sur elle. Puis il eut une entre- vue officielle avec Riel et les membres du Gouver- nement Provisoire, qui se montrèrent satisfaits de la promesse d'amnistie qu'il leur apportait. En consi- dération de cette promesse et de l'assurance que leurs droits seraient respectés, ils s'engagèrent à ne pas mettre d'obstacle à l'entrée du pays dans la Confédé- ration canadienne. Afin d'obtenir la reconnaissance officielle de ces droits, M*' Taché insista sur la néces- sité d'envoyer à .Ottawa la délégation déjà nommée (V. RiTCHOT, M^''), avec une liste de leurs réclama- tions légèrement différente de celle qui avait été adop- tée. ^

D'un autre côté, des offres pécuniaires for allé- chantes étaient arrivées des Etats-Unis au Gouver- nement Provisoire, en vue de provoquer une demande formelle d'annexion de la colonie à l'Union améri- caine. M^' Taché dissuada fortement Riel de les accepter. Sous son influence, le journal officiel de la Rivière-Rouge, qui s'était montré favorable au mou- vement annexionniste, dut changer de ton et paraître bientôt ouvertement loyal à la Couronne britannique.

Malheureusement, le gouvernement canadien, dont les agents étaient au fond responsables pour les troubles passés, devait non seulement ne pas tenir compte de ces services du grand évêque, mais même oublier les promesses de pardon qu'il avait faites à son peuple et qui n'avaient jamais été consignées par écrit. Ce fut une des grandes croix de la vie d'homme public de M^' Taché. Démenti plus ou moins ouvertement à Ottawa, il devenait par suite de son insuccès presque suspect de mauvaise foi à la population métisse pour laquelle il avait tant fait.

292 TACHÉ, M^"^ A. -A.

Pendant trois longues années il dut lutter sans relâche contre l'inertie de ministres plus au courant avec les faux-fuyants de la politique qu'avec la loyauté d'hom- mes d'honneur, écrivant lettres sur lettres, brochures sur brochures, en français et en anglais, pour faire obtenir justice aux chefs du mouvement de protes- tations qu'on persistait à traiter en parias. Ce ne fut que le 28 octobre 1874 qu'une amnistie partielle fut proclamée, mais pas avant qu'Ambroise Lépine eut été condamné à mort, sentence contre laquelle le noble archevêque protesta le jour même, et qui fut peu après commuée en dix-huit mois de prison pour Lépine et en cinq ans d'exil pour Riel.

Dans l'organisation de la nouvelle province. M*' Taché eut une part honorable. Il fit venir de Québec des hommes supérieurs qu'il préposa, de concert avec le gouverneur local, qui lui était très favorable, et après entente préalable avec ses chers métis, aux places les plus importantes, empêchant par même le sacrifice des intérêts de ses co-nationaux. Il fonda en outre un journal pour en être le porte-voix, et s'efforça de créer un mouvement d'immigration fran- çaise, afin de pouvoir faire face dans une certaine mesure à l'envahissement dont le menaçaient les races anglaises et autres. Puis il multiplia les paroisses et partant les centres français.

Impossible de le suivre sur le théâtre de ses travaux multiples en faveur de la double cause du catholicisme et du patriotisme. Ces diverses entreprises occasion- nèrent une foule de déplacements, voire même de grands voyages, qui, avec ses infirmités naissantes, ne laissaient pas que d'être très méritoires. Son biographe évalue à pas moins de quarante-trois mille deux cents cinquante lieues kilométriques la somme des distances

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qu'il parcourut jusqu'en 1872 seulement, époque après laquelle il dut faire nombre de voyages dans la province de Québec et ailleurs. Le résultat de ses efforts dans l'intérêt de l'immigration catholique et française fut, indépendamment de celle de Sainte-Marie à Winnipeg (1873), 1^ création des paroisses de Sainte- Agathe (1872), N.-D. de Lorette (1874), Saint-Pierre et Saint- Jean-Baptiste (1875).

Cette dernière année était le vingt-cinquième anni- versaire de sa consécration épiscopale. On en prit oc- casion pour lui faire une série de fêtes accompagnées de riches cadeaux, entre autres celui d'un orgue à tuyaux pour sa cathédrale (V. Dugas, Rév.), qui réjouirent grandement son cœur et le consolèrent quel- que peu des amertumes dont la déloyauté des gouver- nants d'Ottawa l'avait abreuvé.

Puis il tourna de nouveau son attention vers la colo- nisatiôn du pays et le perfectionnement de son collège, qu'il devait peu après confier aux soins des RR. PP. Jésuites et qui faisait déjà partie intégrale de l'uni- versité du Manitoba nouvellement créée. Le 5 jan- vier 1877, il érigeait canoniquement les trois paroisses françaises de Saint-Jean-Baptiste, Saint-Joseph et Saint-Pie. L'année suivante, celle de Saint-Léon à la montagne de Pembina voyait également le jour.. Puis c'étaient des tournées de confirmation et même de longs voyages dans l'est occasionnés par les œuvres diocésaines.

Toute atteinte à la discipline ou au dogme catho- lique le trouvait sur la brèche. En 1878, il condamne la loi du gouvernement du Nord-Ouest sur le mariage, dont plusieurs n'étaient pas assez perspicaces pour voir tous les dangers. Deux ans après, les mesures persécutrices du gouvernement français à l'égard des

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Ordres religieux sont de sa part l'objet d'une sem- blable réprobation.

Mais son œuvre préférée depuis 1870 était sans nul doute celle de l'immigration catholique. Indépen- damment des deux paroisses qu'il avait déjà érigées dans Winnipeg, l'accroissement de la population fran- çaise lui permet de fonder Saint- Alphonse (1883), la Brocquerieou Saint- Joachim (1884), sans compter une foule d'institutions catholiques, pensionnats, hôpitaux, orphelinats, écoles industrielles, etc., dans les centres déjà existants.

Ce fut pendant que le grand archevêque s'adonnait à ces œuvres d'une importance capitale que l'année 1885 vint rouvrir la plaie que lui avaient faite au cœur les dénis de justice dont ses métis avaient si longtemps été l'objet. Il déplora la rébellion de la Saskatchewan (V. DuMONT, G.), mais n'en resta pas moins sympa- thique à son ancien protégé, l'infortuné Riel. Sa brochure sur La Situation du pays à cette époque troublée est un chef-d'œuvre de calme dignité et de bon sens pratique (7 décembre 1885).

L,es années suivantes se passèrent dans l'exercice d'un zèle pour la cause catholique au Canada central, qui ne se démentit jamais, en dépit de la maladie qui s'acharnait après lui. Sa santé chancelante lui inspi- ra de bonne heure de demander un coadjuteur oblat au supérieur général de sa Congrégation qui, après un refus formel longtemps maintenu, finit pourtant par prendre sa requête en considération, bien que l'exécution de son projet ne dut pas s'accomplir de son vivant. En attendant, il embrasse dans une même solli- citude chacun des coins de son vaste archidiocèse, et le 16 juillet 1888 il est fier de compter trente-six églises avec prêtres résidants sous sa juridiction immédiate.

TACHÉ, M«« A. -A. 295

ly' événement de 1889 fut le concile provincial qui, sur son initiative, se tint dans sa cathédrale du 13 au 24 juillet. lyCS Pères avec voix délibérative y étaient au nombre de sept. I^a même année, le métropolitain érigeait les paroisses de Fannystelle, la Salle et Grande- Clairière.

Ces joies du cœur furent malheureusement trop tôt compensées par la grande épreuve de 1890. C'est alors que fut consommée la grande iniquité qui, malgré la foi jurée et en dépit des termes si clairs de l'Acte du Manitoba, priva la minorité catholique de ses droits les plus chers, l'usage officiel de la langue française et la liberté de faire élever ses enfants en conformité avec les injonctions de sa conscience. M^'' Taché protesta avec toute l'énergie dont il était capable contre cet indigne vandalisme, et ses diocésains l'aidèrent noble- ment dans sa lutte. On eut recours aux tribunaux, non sans succès ; mais la majorité demeura sourde à toutes les remontrances. Cette persécution fut le crève- cœur de ses dernières années. Elle assombrit outre mesure le soir de sa vie et influa même d'une manière désastreuse sur sa santé déjà bien délabrée. Elle fut en même temps l'occasion d'une de ses précieuses brochures, Une Page de V Histoire des Ecoles du Mani- toba, où ses qualités d'homme d'Etat se révèlent sur- tout.

Et pourtant cette immense tristesse de ses derniers jours ne l'empêcha pas de remplir jusqu'au bout les devoirs de sa charge avec un soin jaloux. Sous son impulsion les nouvelles paroisses se multiplièrent, et les œuvres déjà commencées se consolidèrent. Son futur coadjuteur vint s'initier près de lui aux difficul- tés de la carrière qui lui était réservée ; de nouveaux Ordres religieux furent introduits dans l'archidiocèse,

296 TAILLEFER

de nombreuses églises furent bénites, jusqu'à ce que, épuisé par les travaux de son ministère sacré et miné par un mal qui ne pardonne pas, il dut définitivement s'aliter, subir une opération dangereuse et mourir, muni de tous les secours de cette sainte Eglise qu'il avait si bien servie, le vendredi 22 juin 1894.

Ses restes, exposés pendant cinq jours dans une chapelle ardente, furent visités par des multitudes de fidèles, et l'on a estimé à quinze mille le nombre des protestants qui voulurent lui rendre ce dernier hom- mage de leur respect. Puis, au milieu de solennelles funérailles auxquelles assistaient toutes les sommités du pays, M°' Duhamel, archevêque d'Ottawa, fit son oraison funèbre en anglais, tandis que son ancien compagnon d'armes que la maladie avait autrefois écarté de la charge que le cher défunt devait si digne- ment remplir, M^' Laflèche, évêque de Trois- Rivières, redisait en français les hauts faits de sa noble carrière (27 juin 1894).

Taillefer, Capitaine Joseph. Natif de la province de Québec qui, après avoir été zouave pontifical, se rendit en 1870 à la Rivière-Rouge en qualité de capi- taine d'un des bataillons canadiens-français envoyés y établir l'autorité du Canada. Il se maria avec Jane McDermott, fille d'un marchand bien connu de Win- nipeg. En 1878, il fut élu par acclamation pour repré- senter Sainte- Agathe dans la législature du Manitoba, siégeant parmi les conservateurs. Il mourut à l'hôpital de Saint-Boniface vers 1896.

Taillon, Louis. Contremaître au service de la C" du N.-O. En 1804 il était de résidence au fort Dau- phin.

Tenton, Joseph. Un des habitants de la Rivière- Rouge qui, avec Pascal Breland (q. v.), s'opposa dès

THIBAULT, RÊv. J,-B. 297

l'origine (1868) aux empiétements des arpenteurs canadiens sur les terres des métis français.

Tessier, François. -Compagnon du général Frémont dans son expédition aux montagnes Rocheuses en 1842.

Thibault, RÊv. Jean= Baptiste. Vicaire général du diocèse de Saint- Bonif ace, et 1 un des missionnaires les plus méritants de la Rivière-Rouge et du Nord- Ouest, oii il fournit une carrière plus longue que celle de n'importe lequel autre prêtre séculier. Il naquit à Saint-Joseph de Lévis le 14 décembre 18 10, du mariage de Jean-Baptiste T. et de Charlotte Carrier. Après avoir fait ses études classiques et théologiques à Québec, il se rendit à la Rivière- Rouge, il fut ordonné le 8 septembre 1833.

D'abord professeur d'humanités au collège de Saint- Boniface, il administra la mission entière de M^' Pro- vencher pendant l'absence qne fit ce prélat de 1836 à 1837. Il desservit la Prairie-du-Cheval-Blanc (Saint- François Xavier) de 1838 à 1839 ; visita en 1841 la Baie-aux-Canards, et y bâtit une petite église. Puis il étudia la langue crise, et pénétra en 1842 dans l'ouest jusqu'aux montagnes Rocheuses. L'année suivante, il se dirigea vers le nord pour dispenser les secours de la religion aux employés de la C* de la Baie d'Hudson et autres. En 1844, nous trouvons à son crédit rétablissement de la mission du lac Sainte- Anne ; puis une course apostolique au lac la Biche et une visite au lac Froid.

En 1845, visite du portage la lyoche, et l'année suivante retour de mission au lac la Biche et à l'Ile-à- la-Crosse. Il ne se reposait qu'en 1852 en s'installant à la Rivière-Rouge au lieu de retourner à Québec selon son intention première. Impossible de donner

298 THIBAULT, J.

en quelques lignes une idée exacte de l'importance de ses travaux apostoliques dans l'ouest canadien. Pen- dant trente-neuf ans il s'y dépensa au salut des âmes les plus abandonnées, honoré de son supérieur ecclé- siastique qui lui avait conféré le titre de viraire général et aimé de ses ouailles qui conser\'èrent de lui le meilleur souvenir après que l'état alarmant de sa vieille mère l'eut obligé à retourner au Canada, en septembre 1872.

Telle était son influence sur les populations de l'ouest, particulièrement les métis, que lorsque les agissements des émissaires du gouvernement d'Ottawa eurent bouleversé la face du pays en 1869-70, les auto- rités fédérales crurent ne pouvoir mieux faire que de le charger d'une mission de pacification, alors qu'il était momentanément revenu dans l'est (V. Sala- berry). D'un autre côté, M^' Taché lui décerna le titre d'apôtre de la Saskatchewan, et personne ne dira qu'il ne le méritait pas.

De retour dans l'est, il fut chargé en 1874 de la cure de Sainte-Louise, comté de Kamouraska, et en 1876 de Saint-Denis, dans le même comté. C'est qu'il mourut, le 4 avril 1879.

Thibault, Joseph. Premier habitant de Beloit, lo- wa. Il était traiteur et polygame et fut tué, selon toute apparence, dans l'hiver de 1837-38, à la suite d'une querelle de famille. Pourtant, un auteur amé- ricain l'appelle «un homme très libéral qui, par son infatigable énergie, a su faire progresser rapidement le village ».

Thibault, X. Canadien qui était un des gardes du fort Union, sur le haut Missouri en 1836. Larpenteur écrit son nom Tibeau.

Thibert, Henri. Canadien qui, en 1869, quitta la

TOURANGEAU, X. 299

Rivière-Rouge pour une grande partie de chasse et d'exploration dans l'extrême nord-ouest du Canada. S' étant fait mineur, il s'adjoignit en 1867 un Ecossais du nom de McCulloch, avec lequel il hiverna près de l'ancien fort Halkett, sur la rivière aux L,iards. En 187 1, les deux mineurs atteignirent le lac Dease, dans le nord-est de la Colombie anglaise, avec l'intention d'y passer l'hiver. Mais ayant entendu dire par les sauvages que des blancs étaient à la recherche de l'or sur la Stickine, ils se rendirent à ce cours d'eau. L,' année suivante, ils découvrirent un creek, ou ruis- seau de montagne, oii l'or était en grande abondance et qui porte aujourd'hui le nom de Thibert Creek.

Thibert, Pierre. Un des trois délégués représen- tant la paroisse de Saint-Paul (Rivière-Rouge) à la Convention du 25 janvier 1870.

Toupin, Jean. Interprète au fort Walla-Walla, Colombie inférieure, à partir de 1824 jusqu'en 1841. En 1848, il témoigna à l'enquête occasionnée par le meurtre du D' Whitman (V. BrouiIvLET ; M. Blan- chet) de l'animosité des Indiens contre les mission- naires protestants. V. aussi Raymond.

Tourangeau, Antoine.— Commis de la C" du N.-O. en 1799. Se trouvait alors dans le district de la rivière aux Anglais, et recevait mille francs par an. Pro- bablement le père du suivant.

Tourangeau, X. Fils d'une Montagnaise et d'un Canadien originaire des environs de Montréal qui passa à la Rivière- Rouge à la fondation de la C* du N.-O. On l'envoya dans son enfance recevoir quelque instruction et faire sa première communion au Cana- da, d'où il revint à l'âge de douze ans pour s'établir avec sa famille à l'Ile-à-la-Crosse. Plus tard, il s'unit à une métisse franco-castor, bien à l'ouest de ce poste.

300 TOURNON

Le couple mérite d'être cité principalement à cause du grand sens religieux de la jeune femme qui, ayant par accident entendu parler de l'enfer, fit tant près de son mari qu'ils entreprirent tous les deux un voyage d'environ quatre cents lieues, au cœur de l'hiver, pour se faire instruire des vérités de la foi à la Rivière- Rouge. Ce fut vers 1825 que M^"" Provencher eut le bonheur de baptiser la femme et de marier le couple. En 1846, M^' Taché les retrouva avec une famille des plus ferventes.

Tournon, Baptiste. Un des délégués de Saint- Norbert, Rivière-Rouge, à la Convention du 16 no- vembre 1869.

Touron, Baptiste. Métis influent de la Rivière- Rouge qui se prononça d'abord pour la neutralité entre le gouvernement du Manitoba et les féniensle 5 octobre 187 1 ; mais, cédant bientôt à l'influence de Riel et des autres chefs métis, il vota pour la répulsion par la force armée de l'invasion projetée par O'Donoghue. Il fut en conséquence élu capitaine en second des troupes levées dans ce but par la circonscription de la Pointe-Coupée (7 octobre 1871).

Tourond, X. Métis qui fut un des douze conseil- lers de Riel en 1885. Il y eut alors deux métis de ce nom (que les Anglais écrivent aussi Tourand), François et Poitrie, qui, arrêtés après la prise de Batoche (12 mai) pour leur participation aux troubles de la Saskat- chewan, furent relâchés sans autre condamnation que celle d'avoir à se présenter au tribunal en cas d'appel ultérieur.

Touton, Baptiste. Un des trois délégués de Saint- Norbert à la Convention du 25 janvier 1870, sous le gouvernement de L. Riel.

Traquen, André. Métis français qui, en juin 1816,

TURCOTTE, A. 301

fut un de ceux qui s'emparèrent du fort DouglavS, à la Rivière- Rouge. Il était au service de la C" du N.-O.

Tranquille, Joseph. Stationné au fort Espérance, sur la rivière Qu'Appelle en 1793, il partit le 10 dé- cembre de la même année pour faire la traite à son propre compte au Missouri supérieur, en compagnie de huit autres Canadiens,

Tremblay, Alexis. Interprète et contremaître au service de la C'" du N.-O. Après la fusion de celle-ci avec la C X Y, il fut stationné au lac Népigon.

Trottier, Joseph. Reçut une blessure grave à la bataille de la Grenouillère, il se trouvait du côté des métis (V. Bourassa, M. ; Bouchkr, F. -F.).

Turcotte, Amable. Le 20 juin 18 19, était un des engagés de la C'^ du N.-O., et faisait partie d'une brigade de sept canots venant de la rivière aux An- glais, quand celle-ci fut arrêtée au Grand-Rapide par la troupe armée de W. Williams, gouverneur-en-chef de la C" de la Baie d'Hudson en Amérique. Celui-ci voulant évidemment causer la perte des marchandises de la corporation rivale, bien que n'osant en assumer ouvertement la responsabilité en la confisquant, fit prisonnier Joseph Paul qui commandait la brigade, et lui demanda quels étaient ceux de ses hommes qu'il jugeait le plus capables de le remp'acer au milieu des endroits dangereux de la rivière. Il désigna alors Turcotte et Joseph Lépine, qui furent immédiatement arrêtés et adjoints aux prisonniers qu'on avait déjà faits (V. Racette ; BorcHER, P.), et qu'on traitait avec une cruauté inouïe, surtout un M. Benjamin Frobisher. coupable d'avoir opposé de la résistance aux mercenaires qui s'emparaient de sa personne.

Ce M. Frobisher était un des associés de la C'" du N.-O. et, à partir du jour nous le rencontrons au

302 TURCOTTE, A.

Grand-Rapide, son sort fut intimement lié à celui des deux Canadiens, Turcotte et Lépine. Après avoir été détenus quelques jours sur une île de la rivière, on les fit passer à la factorerie de York, sur la Baie d'Hudson, ils arrivèrent le i" juillet suivant. Ces arrêts et emprisonnements étaient faits par manière de repré- sailles pour la prise par les représentants de la C" du N.-O. du fort Douglas qui appartenait à la C'^ de la Baie d'Hudson, ainsi que pour la mort du gouverneur R. Semple et de ses compagnons sur les plaines de la Grenouillère (V. Bourassa, M.; Boucher, F.-F.).

Pendant que les autres détenus étaient, au bout d'un certain temps, envoyés soit en Angleterre, soit au Canada, Frobisher et les deux Canadiens étaient gardés à vue, privés des choses les plus essentielles à la vie civilisée, même de nourriture et de soins médi- caux, et maltraités de toute manière. L'biver appro- chant et, avec lui, toute probabilité d'évasion dimi- nuant, on finit pourtant par être moins strict dans la garde qu'on faisait autour d'eux. Les prisonniers en profitèrent pour s'échapper.

Dans la nuit du 30 septembre 1820, ils s'appro- prièrent un petit canot laissé sur la grève, et, profitant d'une bonne marée, ils remontèrent la rivière, empor- tant avec eux assez de pemmican (résultat de longues épargnes sur leur misérable pitance quotidienne) pour leur durer une quinzaine de jours, plus un filet que l'un d'eux avait longtemps tenu caché sur sa personne, et quelques petites bagatelles.

C'était un voyage d'un millier de milles qu'ils en- treprenaient, affaiblis par les rigueurs d'une détention cruelle et, dans le cas de Frobisher, par les coups qu'il avait reçus des soldats Meurons au Grand- Rapide, à l'entrée de l'hiver et au travers des régions les plus

TURCOTTE, A. 303

désolées du monde pendant cette saison. L,eur objec- tif était la Rivière-Rouge, se trouvaient un grand nombre de leurs associés ou bourgeois.

Pendant la première moitié du trajet, leur filet leur fut de la plus grande utilité et le poisson assez abon- dant, ainsi que le témoignent les portions du journal de Frobisher qu'on peut déchiffrer. Mais vers la mi- octobre le froid devint très gênant, les cours d'eau gelèrent et ils durent abandonner leur canot (24 octo- bre), et avec lui la voie des rivières, pour s'aventurer presque au hasard à travers des régions qui leur étaient parfaitement inconnues. Sans tente ni habits conve- nables, ils souffrirent terriblement du froid.

Heureusement que trois jours après ils trouvèrent des Indiens qui leur donnèrent un guide. Mais celui- ci les abandonna après deux jours de marche. Néan- moins la carte grossière qu'il leur laissa leur permit de se guider quelque peu dans la direction du lac Win- nipeg. De plus, ils furent assez chanceux avec leurs rets jusqu'au 7 novembre. Après cette époque, ils ne purent prendre un seul poisson.

Exténué de fatigue, amaigri et les pieds enflés par la marche et une chaussure incommode, Frobisher ne suivait plus qu'avec peine les deux Canadiens, hommes forts et faits aux misères du nord. Parfois ils le por- taient sur leurs épaules ; mais bientôt la faim les eut réduits eux-mêmes à l'état de squelettes, et comme il restait encore quatre cents milles à faire, et que par ailleurs le fort de Norway House (qui appartenait à la C* de la Baie d'Hudson) était proche, ses compagnons lui conseillèrent de s'y rendre et d'en appeler aux sentiments d'humanité de ses habitants. Mais Fro- bisher refusa carrément.

En peu de temps ils furent réduits à manger leurs

304 TURCOTTE, J.-B.

mocassins, une peau tannée qu'ils avaient emportée et le cuir sur lequel ils purent mettre la main. La der- nière date du journal de l'infortuné bourgeois est le 12 novembre. Pendant les huit jours qui suivirent, il put encore se traîner le long du steppe glacé ; mais l'état de ses pieds empirant au point que les chairs meurtries en laissaient voir les os et les nerfs, le coura- geux voyageur tomba terrassé par la fatigue et la faim (19 novembre), à deux jours de marche d'un des forts de sa propre compagnie.

Il envoya alors les deux Canadiens chercher du secours à ce poste, pendant que, plus mort que vif, il restait couché près d'un bon feu, avec un morceau de peau pour toute provision. Ne connaissant pas le chemin d'hiver, Turcotte et son compagnon n'arri vèrent au fort que le 24. Trois jours après, les em- ployés envoyés au secours de l'infortuné Frobisher le trouvèrent étendu, mort et le corps à moitié brûlé. Il avait mangé son morceau de peau, plus le talon de ses souliers ; mais avait vraisemblablement roulé dans le feu, sans avoir la force de s'en retirer, au moment il essayait de l'attiser.

Turcotte, Jean=Baptiste.— Canadien au service de la compagnie de traite fondée par J.-J. Astor, dont les opérations avaient pour théâtre la Colombie inférieure (181 1). Il mourut pendant l'hiver de 1813-14.

Turenne, Jean^Baptiste. Canadien qui, en 1804, accompagna F. -A. L,arocque (q. v.) en qualité de voyageur.

Tuso, Henri=S. Canadien au service de la C'^ de la Eaie d Hudson, dans laquelle il entra en 1853. Il appartenait au district de l'ouest, il servit pen- dant un certain nombre d'années en qualité de mé- decin. Il fut prcmu au rang de tiaiteur-en-chef en

VAILLANT 305

1865, et quitta la compagnie cinq ou six ans plus tard.

u

Urbain. Canadien dont le nom se trouve mêlé à un de ces drames qui ne peuvent guère surprendre dans un pays éloigné de tout centre de civilisation et l'influence de la religion est des plus minimes. Il était un des employés d' un fort établi sur la Stickine, dans le nord de la Colombie anglaise, quand, le soir du 20 avril 1842, il prit part à un attentat contre la vie du commandant dans lequel trempèrent à peu près tous ses subordonnés, Canadiens, métis et Canaques. L'homme à la tête de l'établissement était un nommé John Mc- Loughlin, fils du docteur de ce nom, connu dans l'his- toire comme le « Père de rOrégon ». Il était accusé d'excessive cruauté et d' un despotisme insupportable à l'égard de ses engagés, surtout des Canadiens auxquels, paraît-il, il reprochait leur licence avec les sauvagesses des environs de son fort.

McLoughlin ayant été averti sous main du sort qui l'attendait, il ennivra ce soir-là la grande majorité de ses gens, puis se mit à la recherche d'un Canadien qu'il soupçonnait être l'âme du complot. Ne pouvant le trouver dans les ténèbres de la nuit, il s'enquit d'Urbain dans le but de le tuer. Mais comme il se diri- geait en rempant vers un coin du fort il pensait le trouver, plusieurs coups de feu dirigés vraisemblable- ment par celui-ci lui fracassèrent la poitrine et reten- dirent mort. Le Rév. G. Hines. qui rapporte le fait, écrit Urbaine le nom de ce Canadien.

V

Vaillant, Régis.— Canadien qui fit partie de la mal-

3o6 VAILLANT

heureuse expédiition arctique de sir John Franklin, qu'il servait en qualité de bûcheron (1820-21). En dépit de son nom, la faim, le froid et la fatigue eurent autant de prise sur lui que sur ses compagnons, et leurs résultats furent tout aussi déplorables. A la date du 4 octobre 1821, Franklin a ce qui suit dans son journal :

« Vers midi, Samandré nous informa en arrivant que Crédit et Vaillant ne pouvaient plus avancer. Comme nous avions découvert quelques saules dans une vallée non loin de là, je proposai d'y faire arrêter le parti pendant que le Dr Richardson retournerait les voir. J'espérais aussi que la pensée qu'on avait allumé du feu si près d'eux encouragerait les invalides à faire tous leurs efforts pour l'atteindre ; mais cette espérance fut déçue. Le docteur trouva Vaillant à environ un mille et demi en arrière, très épuisé par le froid et la fatigue. L' ayant exhorté à se rendre au feu de bivouac, le Canadien essaya après maintes sollicitations, mais retomba à chaque pas dans la neige profonde. Le laissant dans cette situation, le docteur alla près d'un demi mille plus en arrière, à l'endroit l'on disait que Crédit avait fait halte ; et le sentier ayant été presque oblitéré par la poudrerie, il devint dangereux pour lui d'aller plus loin.

« En revenant il passa près de Vaillant qui, ayant avancé seulement de quelques verges durant son ab- sence, était tombé sans pouvoir plus se relever ou même répondre facilement à ses questions. Dans l'im- possibilité où il était de le secourir, il se hâta de venir nous informer de sa position. Quand J.-B. Bélanger eut entendu son triste récit, il partit immédiatement pour aider Vaillant et apporter son fardeau. Quant à Crédit, Samandré nous dit qu'il s'était arrêté une petite distance en arrière de Vaillant, mais que c'était

VALADE 307

son intention de retourner au campement de la nuit précédente.

« Quand Bélanger nous revint avec la charge de Vaillant, il nous dit qu'il l'avait trouvé couché sur le dos, transi de froid et incapable d'être réveillé.»

Là-dessus, le reste des Canadiens auraient voulu partir allèges pour le fort Entreprise, dont ils ne con- naissaient même pas le chemin. Ils durent abandonner les invalides. Vaillant et Crédit (ou Pelonquin), à leur triste sort. Ee lecteur devine aisément ce qu'il fut.

Valade, Mère. Supérieure des premières reli- gieuses de la Rivière- Rouge. Elle naquit le 27 dé- cembre 1808 à Sainte- Anne-des-Plaines, diocèse de Montréal," et reçut au saint baptême les prénoms de Marie-Eouise. Ayant de bonne heure manifesté de l'attrait pour la vie religieuse, elle avait à peine ter- miné sa dix-septième année quand elle voulut se con- sacrer au service de Dieu et de son prochain en entrant au noviciat des Sœurs de la charité dites Sœurs Grises. Elle prononça ses vœux le 21 octobre 1828.

D'un jugement sûr et d'une aptitude peu commune pour les affaires, la S' Valade fut bientôt nommée éco- nome de sa communauté, charge qui était loin d'être une sinécure, puisqu'elle entraînait le soin matériel de centaines de personnes, sans compter l'administration de plusieurs propriétés, entre autres de certains biens seigneuriaux appartenant à son Institut. Puis, lors- qu'en 1843 M^'' Provencher, de passage à Montréal, fit appel au dévouement des Sœurs de la Charité pour sa lointaine mission de la Rivière-Rouge, S' Valade fut nommée supérieure des religieuses qui lui furent accordées.

Partie de Montréal le 24 avril 1844, elle arriva à Saint -Bonif ace le 21 juin de la même année, après

3o8 VAI.ADE

avoir suivi la voie des canots que les missionnaires devaient bientôt abandonner pour celle des prairies américaines.

Il est à remarquer qu'en acceptant les missions delà Rivière- Rouge, les filles de M^'d'Youvillene faisaient que continuer la tradition établie par leur fondatrice. On rapporte en effet que celle-ci fit parvenir aux sau- vages de ce qui est aujourd'hui le Manitobades habil- lements préparés de ses propres mains, et qui furent probablement confiés à sou oncle, M. de la Vérendrye. En outre, ses premières Sœurs avaient depuis long- temps prévu ces lointaines missions, et il était passé en proverbe dans son Institut qu'elles seraient un jour leur partage.

Arrivée à Saint-Boniface avec ses trois compagnes, la supérieure de la petite bande apostolique eut un lourd fardeau à porter. Dans un pays nouveau et absolument isolé du monde civilisé, tout était à créer, et des privations de toutes sortes devaient être son pain quotidien. Pendant trois ans les exilées volon- taires n'eurent même pas un toit à elles pour abriter leur communauté naissante. Mais, grâce à la divine Providence, et à la sagacité de la supérieure, elles finirent par se bâtir un établissement tout à fait con- venable, qui fut le précurseur des splendides édifices que leur Institut possède aujourd'hui au Canada cen- tral. Pendant dix-sept ans. Mère Valade fut l'âme de sa communauté. Elle fonda de plus cinq missions dans différentes parties du pays et, malgré les fatigues inhérentes à pareilles tournées avant la construction du chemin de fer, elle fit deux fois le voyage de Mont- réal, où l'appelaient les intérêts de ses œuvres.

Elle était déjà mal portante lorsqu'elle partit pour le Canada en 1838. A son retour, elle sentit les pre-

VALLÉE, Iv. 309

mières atteintes d'un mal qui ne pardonne pas, un cancer qui, pendant les deux dernières années de sa vie, lui fit souffrir le martyre. Ce ne fut pourtant que sur l'ordre formel de ses supérieurs ecclésiastiques qu'elle consentit à faire trêve à ses travaux ordinaires pour s'aliter, jusqu'à ce que, le 13 mai 1861, la mort vint mettre un terme à ses souffrances. Et pourtant, même après le trépas, son corps qui avait tant pâti put à peine reposer en paix. La cathédrale de Saint- Boniface avait été détruite par les flammes cinq mois auparavant (V. GossELiN, S'), et la rivière venait jus- tement de briser ses digues pour inonder tout le pays ; en sorte qu'on ne trouva pas un pouce de terre sèche dans les ruines de l'édifice sacré l'on consigna ses restes mortels.

Vallée, André. Membre de l'expédition d'Astor au fleuve Colombie (181 0-12). Malgré les trois mille cinq cents milles qu'il venait de parcourir, sans compter la course de Montréal à Saint-Louis, il se mit à la dis- position de Robert Stuart en qualité de guide quand celui-ci partit d'Astoria pour New-York, en charge des dépêches du nouveau poste à son propriétaire, John-Jacob Astor (29 juin 181 2).

Vallée, Louis 1°. Guide au service de la C'° du N.-O. qui, en 1804, l'avait mis de résidence au lac Rouge. En 1816, il prit part à l'affaire delà Grenouil- lère (V. BouRASSA, M.), et fut quelques années plus tard mis à mort par un parti de Sioux, sur les plaines de Pembina, en présence de ses compagnons.

Vallée, Louis 2°, Communément appelé Louison ; il était en septembre 1861 « un des meilleurs chasseurs de bison et d'autre moindre gibier que (Larpenteur) eut jamais vu. Agé d'environ cinquante ans, il avait six pieds trois pouces, était bâti à l'avenant, et était

3IO VANDAL, B.

doué d'une grande force et d'une terrible capacité pour la marche.))

Vandal, Baptiste. Métis qui fut un des douze con- seillers de Riel lors de l'insurrection de la Saskat- chewan. Il prit part à la bataille du lac Canard et, pour le rôle prépondérant qu'il joua durant la rébel- lion, il fut ensuite condamné à sept ans de détention (1885).

Vandal, Pierre. Un des douze conseillers de Riel pendant l'insurrection de la Saskatchewan en 1885. Il fut un de ceux qui furent envoyés solliciter le con- cours des tribus indiennes, et fut dans la suite con- damné à sept ans de pénitencier. Etait métis.

Vandreil. V. Vaudreuil.

Vary, RÊv. Charles. Un des premiers prêtres du diocèse de l'Ile Vancouver, aujourd'hui l'archidio- cèse de Victoria. le 16 mai 1825, de Charles^V. et de Rosalie Bourdon, il fut ordonné prêtre à Montréal le 21 mars 1858, par M^' Demers, et partit la même année pour les missions de l'Orégon, en compagnie de M^' Demers (q. v.). Il ne resta que trois ans dans l'extrême ouest, et retourna au Canada avec l'inten- tion de se faire trappiste. Il'entra au noviciat des Jé- suites en 1867 (V. Rondeau, Rév. ),

Vasseur. Métis qui prit soin sur le champ de bataille du gouverneur Semple, après que celui-ci eut été blessé au genou pendant le conflit de la Grenouil- lère. V. BOURASSA, M,

Vaudreuil, Charles. Etait en 1789 au service de la C'° du N.-O. qui lui avait donné la direction de son poste à la rivière la Paix. Dix ans plus tard, il se trouvait au Grand-Portage, à l'extrémité nord-ouest du lac Winnipeg. Ees traiteurs du temps écrivent son nom Vandreil.

VÉRENDRYE, J.-B. DE I.A 311

Vaudry, Toussaint 1°. Canadien-français au service de la C" du N.-O. En 1803, il était chargé du poste de la rivière aux Morts, et l'année suivante il était guide sur la rivière Rouge. En 18 12, il avait la direc- tion du fort de la rivière Tortue. Six ans plus tard, il fut un des témoins au procès intenté à sa compagnie pour la part qu'elle avait prise à la bataille de la Gre- nouillère (V. BoURASSA, M.), Il déclara alors qu'il avait vécu plus de trente ans à la Rivière-Rouge, et avait vu les ruines des anciens forts français dans le pays.

Vaudry, Toussaint 2°. Un des guides des fameux voyageurs Milton et Cheadle en 1862 était un Toussaint « Voudrie », probablement un fils ou neveu du pré- cédent.

Vautrin, Jean=Baptiste. Canadien qui fit partie de l'expédition d'Anderson. V. Montigny, Edouard.

Vérendrye, François de la. Troisième fils du sieur delà Vérendrye, le 22 décembre 17 15. Accompagna son père et le remplaça dans l'un ou l'autre des postes de traite qu'il avait fondés. Il était avec son frère aîné, le Chevalier, dans son voyage aux montagnes Rocheuses en 1742-43 (V. Vérendrye, P. Gauthier). Il se trouvait aussi avec lui lorsqu'il rebâtit en 1748 les forts Maurepas et la Reine. Plus tard, il fut pro- mu au grade d'enseigne et périt au siège de Québec

(1759).

Vérendrye, Jean=Baptiste de la. Fils aîné du dé- couvreur du Nord-Ouest canadien ; naquit à Sorel le 5 septembre 17 13. Il aida considérablement son père dans ses découvertes et la traite des fourrures aux postes qu'il établit. Il n'avait encore que vingt ans quand il l'accompagna jusqu'à la rivière Rouge, qu'il remonta environ quinze milles, et y bâtit le petit fort

3fi3f VÉRENDRYE. J.-B. DE LA

defe fourche aux Roseaux (printemps de 1733) ; puis retourna au fort Saint-Charles.

L'année suivante, il fut envoyé au lac Winnipeg, d'où il revint le 27 mai. En automne 1734, il alla avec son cousin de la Jemmeraye (q. v.) établir le fort Maurepas, sur la rive septentrionale de la rivière Winnipeg, à l'entrée du lac du même nom.

Mais c'est surtout par sa fin tragique qu'il est connu dans l'histoire. En juin 1736, il se trouvait au lac Saint- Charles, sur le lac des Bois. Le 8 de ce mois, il le quitta en compagnie du P. Jean-Pierre Aulneau de la Touche, S. J., et de dix-neuf Français. Après une navigation d'environ vingt-et-un milles, ils cam- pèrent sur une île située à l'ouest de l'Ile de la Baie. Cris et Sioux étaient alors en guerre. Les derniers ayant aperçu la fumée de leur feu de bivouac, fondirent sur eux pendant la nuit et les massacrèrent jusqu'au dernier. Le missionnaire, frappé d'une flèche, tomba à genoux. Un sauvage lui asséna alors un coup de hache qui mit fin à ses jours. Au même moment, déclarèrent plus tard les Sioux, un coup de tonnerre ébranla l'île jusque dans ses bases et sema la terreur dans les rangs des meurtriers, qui se hâtèrent de dé- guerpir.

Douze jours après, cinq Canadiens accompagnés d'une bande de Cris trouvèrent les corps des voyageurs gîsant sur la grève. Les têtes des Français étaient scalpées pour la plupart et reposaient sur des robes de castor. Le P. Aulneau était encore à genoux, la main droite élevée comme s'il donnait l'absolution à ses compagnons d'infortune. Quant au fils du découvreur, il était couché sur le ventre et avait le dos tailladé de coups de couteau et une houe enfoncée dans les reins.

Le 1 7 septembre de la même année, de la Vérendrye,

VÉRENDRYE, P.-G. DE LA 313

père, envoya six hommes exhumer les corps de son fils et du P. Aulneau, ainsi que les têtes de leurs dix- neuf compagnons, qu'il fit transporter au fort Saint- Charles, dans la chapelle duquel on leur donna la sépulture.

Vérendrye, Louis^Joseph de la. Etait le plus jeune des enfants du grand de la V. Il naquit en 17 17 et partit pour l'ouest le 21 juin 1735, en compagnie de son père qu'il assista de son mieux dans les opérations qui l'ont rendu célèbre, l'accompagnant dans ses voya- ges et l'aidant à traiter avec les sauvages. Le 7 no- vembre 1755, il épousa Marie- AmableTestard de Mon- tiguy, dont il eut une fille. Sa première femme étant morte en 1756, il se remaria le 31 janvier 1758 au vil- lage de Laprairie. Sa seconde femme était Louise- Antoine Mézière de Lapervenche, et il est douteux si elle lui donna jamais un fils. Dans tous les cas, le nom de cette noble famille s'éteignit avec lui en 1797.

Vérendrye, Pierre Gaultier de Verennes, Sieur de la. Le découvreur de l'ouest canadien. Naquit à Trois- Rivières le 17 novembre 1685 de René Gaultier, Chevalier et Sieur de Varennes, qui, arrivé au Canada vingt ans auparavant en qualité de lieutenant dans l'armée française, épousa le 26 septembre 1667 Marie, fille de Pierre Boucher, le fondateur de la célèbre famille de ce nom. Pierre Gaultier était le dernier d'une famille de neuf enfants qui furent laissés pres- que dans la gêne à la mort de leur père, le 4 juillet 1689. Etant entré dans l'armée, il servit dans la Nouvelle- Angleterre et à Terre-Neuve, puis passa en France en 1707. Il assistait le 11 septembre 1709 à la bataille de Malplaquet, il reçut neuf blessures et fut laissé pour mort, ce qui lui valut d'être promu au grade de lieutenant, que l'état précaire des finances

314 VÊRENDRYE, P.-G. DE I.A

royales réduisit bientôt à celui d'enseigne. De retour au Canada, il se vit même privé de toute paie comme officier ; mais il obtint en revanche la permission de faire la traite avec les Indiens.

Le 29 octobre 1712, il épousa Marie- Anne Dandon- neau du Sablé, dont il eut quatre fils : Jean-Baptiste, Pierre Gaultier, dit le Chevalier, François et Louis- Joseph. Autant par nécessité que par goût pour la vie aventureuse de l'explorateur, il accepta d'abord la direction des postes fondés sur le lac Népigon par de la Tourette, frère de Duluth (1727). Il utilisa les loisirs que lui laissait le soin de ces établissements en étudiant les moyens d'empêcher d'une manière efficace les Indiens de fréquenter les factoreries anglaises de la Baie d'Hudson, et s'aperçut bientôt que des postes plus à l'ouest devenaient nécessaires.

On parlait déjà de la grande mer de l'ouest (l'océan Pacifique), et le vent était aux découvertes. On les désirait à Paris ; mais on ne put rien faire pour les lui faciliter, sinon de lui accorder le privilège de la traite des fourrures avec les tribus qu'il pourrait se gagner.

Le 8 juin 1731, il quittait Montréal avec environ cinquante engagés, et prenait |en route le P. Messai- ger, S. J., en qualité d'aumônier de l'expédition. En même temps, il envoyait son neveu, M. de la Jemme- raye (q. v. ), établir un poste au lac la Pluie, hiver- nant lui-même à Kaministiquia, à l'entrée du lac Né- pigon. Parti le 8 juin, il l'y rejoignit le 14 juillet de la même année et y trouva un grand nombre de sau- vages réunis pour la traite. Après l'échange de pré- sents usuel en pareille circonstance, il descendit la rivière la Pluie et entra dans le lac des Bois avec une flottille de cinquante canots ; puis, sur sa rive occiden- tale, il érigea un fort qu'il appela Saint-Charles.

VÊRENDRYE, P.-G. DE LA 315

Au printemps de 1733, il fit partir des canots pour emporter dans l'est les pelleteries reçues pendant l'hiver et en ramener de nouvelles marchandises. Le P. Messaiger, malade, en profita pour retourner à Montréal. Pendant ce temps, il allait lui-même avec son fils aîné établir un poste sur le lac Winnipeg ; puis, remontant la rivière Rouge une quinzaine de milles, il y construisit un petit fort qui ne fut jamais beaucoup plus qu'un pied-à- terre pour les traiteurs, et retourna au fort Saint-Charles.

Au cours de l'automne 1734, il envoya son fils aîné fonder un autre poste de traite sur la rivière Winnipeg, le demandaient les Cris. Cet établissement, appelé fort Maurepas, lui fit négliger celui qu'il avait élevé sur la rivière Rouge.

Ayant ainsi accompli en tous points le programme qu'on lui avait tracé au début, il retourna à Montréal au printemps de 1734, pour essayer de mettre ordre à ses affaires jqui étaient déjà en si mauvais état qu'il avait dès lors 43,000 livres de dettes au lieu des grands profits que la Cour de France pensait qu'il faisait. Dans l'espoir d'amasser de nouvelles fourrures pour payer ses créanciers, il réussit après maintes sollicita- tions à se procurer les marchandises nécessaires, et le 21 juin 1735 il partit de nouveau pour l'ouest.

Quatre mois après, il se trouvait au fort Saint- Charles, accompagné, cette fois, du P. J.-P. Aulneau de la Touche, de la Compagnie de Jésus. C'est qu'il hiverna, tandis que son neveu et ses enfants faisaient la traite aux différents postes qu'il avait établis.

Bientôt après, il eut le malheur de perdre son neveu et son fils aîné. Ce dernier ayant été cruellement mas- sacré par les Sioux (V. V., François), huit cents Cris

3i6 VÉRENDRYE, P.-G. DE LA

offrirent à son père d'aller venger sa mort ; mais de la Vérendrye ne voulut jamais y consentir.

Le 8 février 1837, il se mit en route pour le fort Maurepas, sur la rivière Winnipeg, il arriva le 25 du même mois, puis retourna à Montréal avec quatorze canots chargés de pelleteries. Malgré son grand deuil, on le reçut froidement, et on lui fit même des repro- ches pour ce qu'on appelait son âpreté au gain, qui n'était en réalité qu'une sage prudence et une marque d'honnêteté de sa part, puisque son esprit d'économie résultait simplement de son désir d'être en état de payer ses dettes.

En juillet 1738, nous le retrouvons sur le chemin de l'ouest. Parti le 20 de ce mois avec six canots montés par vingt-deux hommes, il arrivait le 22 septembre suivant au fort Maurepas, il prenait cinq hommes pour pousser, avec deux de ses fils, ses découvertes dans l'ouest. Deux jours après (24 septembre 1738), il atteignait l'embouchure de l'Assiniboine, et était le premier blanc à fouler le sol de ce qui est aujourd'hui la grande ville de Winnipeg. Il y trouva dix loges de Cris, et fut reçu par deux chefs qui lui promirent de ne plus se rendre à la Baie d'Huson pour la traite des fourrures, mais de faire désormais le commerce avec lui et les siens.

Comme il voulait se rendre le plus loin possible dans l'ouest avant l'hiver, il repartit le 26 du même mois et remonta la rivière Assiniboine jusqu'à l'endroit ap- pelé aujourd'hui le Portage-la-Prairie, il fonda un poste qu'il décora du nom de fort la Reine (3-15 octo- bre). Le 18 octobre il partait pour un voyage chez les Mandanes du haut Missouri, avec une suite de cin- quante-et-une personnes, dont vingt-cinq étaient des sauvages. En route, près de six cents Assiniboines

VÉRENDRYE, P.-G. DE LA 317

se mirent à l'escorter, accompagnés eux-mêmes de meutes de chiens qui aidaient les femmes à porter les bagages. Il fut bien reçu partout, et arriva le 3 dé- cembre au premier camp maudane. Comme tous les autres villages de cette tribu, il était fortifié au moyen de palissades et de fossés.

Après avoir passé dix jours chez ces Indiens, remar- quables par leur industrie non moins que par la supé- riorité de leur physique sur celui de leurs voisins, de la Vérendrye reprit la route du fort la Reine, qu'il at- teignit le 10 février 1739, après avoir terriblement souffert du froid. Au printemps, il fit reconnaître par son fils, le Chevalier, le pays au milieu duquel il s'é- tait établi.

Les pelleteries qu'il envoya alors dans l'est furent saisies par ses fournisseurs, en sorte qu'à l'automne de cette année-là il manquait des choses les plus indis- pensables au commerce indien, et se trouvait en outre grevé d'une dette de 40,000 livres. Ces difficultés financières sans cesse renaissantes l'empêchaient de donner à ses explorations tout le développement qu'il aurait voulu, et au printemps de 1740, il dut laisser le commandement du fort la Reine à son fils, le cheva- lier, pour se rendre à Montréal.

Sa mission à cette ville eut pourtant des résultats assez satisfaisants. Il obtint des marchandises et se remit en route au printemps de l'année suivante. Le 13 octobre il revoyait le fort la Reine, il trouvait son fils, Pierre Gaulthier, de retour du pays des Man- danes. Il l'envoya aussitôt fonder le fort Dauphin sur le lac de ce nom, et le 29 avril 1742 il lui donna mission d'aller de nouveau visiter les Mandanes et de se rendre le plus à l'ouest qu'il pourrait. C'est alors que celui-ci découvrit les montagnes Rocheuses (V.V.

3i8 VÉRKNDRYE, P. -G. DE LA

Pierre Gauthier), pendant que son père dirigeait la traite des fourrures à son poste le plus occidental. Le Chevalier fut quatorze ou quinze mois sans pouvoir donner de ses nouvelles à son père. A son retour, celui-ci dut encore se rendre à Montréal pour essayer de parer les coups que lui portaient les envieux.

Bien qu'il eut sacrifié son avenir militaire pour effectuer des découvertes dont tout le monde pour- rait bénéficier dans une certaine mesure, on lui fit toutes sortes de reproches et on lui refusa tout avance- ment. Ses fournisseurs le traînèrent même devant les tribunaux, et, de guerre lasse, il dut se résigner à abandonner son entreprise (1743).

Mais dans la suite le comte delà Galissonnière étant repassé en France (1749), il réussit à ouvrir les yeux de la Cour sur l'injustice dont la Vérendrye était la victime. Le roi lui accorda la croix de l'ordre mili- taire de Saint Louis et le promut au grade de capitaine.

Il ne devait malheureusement pas jouir de ces avan- tages. Comme il se préparait à reprendre le chemin de l'ouest, il mourut, six semaines après la réception de ces honneurs, le 5 décembre 1749. Ses restes furent déposés dans les caveaux de l'église Notre-Dame, à Montréal.

De la Vérendrye était une de ces âmes d'élite qui, dominées par le sentiment du devoir, ne peuvent s'a- baisser aux intrigues des soi-disant diplomates, et sont en conséquence en butte à l'envie et aux menées des petits esprits. Grand chrétien, honnête homme et pa- triote en dépit des injustices des gens de Cour, il ouvrit à la France les portes d'un empire, et lui en concilia les habitants par son tact, son intégrité et son géné- reux oubli de torts qui auraient ému toute âme moins fortement trempée que la sienne.

VÉRENDRYE, Chev. P.-G. DE LA 319

Vérendrye, Pierre Gauthier Chevalier de la. Second fils du découvreur de l'ouest canadien. Il na- quit le 26 décembre 17 14, et, par la fin prématurée de son frère Jean-Baptiste, il devint l'aîné de la famille, étant généralement connu comme le Chevalier. A l'instar de ses autres frères, il accompagna son père ou le remplaça dans la direction de l'un ou l'autre des établissements qu'il avait fondés. Après la mort de son frère aîné, il fut envoyé au fort Maurepas, sur la rivière Wiunipeg (1736) pour préparer les voies à son père, qu'il alla chercher l'année suivante au fort Saint- Charles. Pendant que celui-ci passait au Canada, il dirigea la traite des pelleteries, et se procura le plus de renseignements possibles sur le pays.

L,e 16 avril 1739, il reçut de son père mission d'aller explorer le lac Manitoba en vue d'y fonder un éta- blissement. L'année suivante, il fut mis en charge du fort la Reine pendant que son père se rendait à Montréal. Durant son absence, il fit un voyage chez les Mandanes du sud-ouest, et à son retour il se rendit au lac Dauphin, il établit un poste qui porta le même nom (automne de 1741).

C'est alors qu'il fit, en compagnie d'un de ses frères, François, et de deux Français seulement, le célèbre voyage qui aboutit à la découverte des montagnes Rocheuses. Parti du fort la Reine le 29 avril 1742, il arriva le 19 mai chez les Mandanes du Missouri supé- rieur, au milieu desquels il demeura jusqu'au 23 juillet. Puis il se remit en route, et suivit pendant vingt jours une direction ouest-sud-ouest. Le 1 1 août il atteignait la montagne habitait une tribu qu'il appelle Gens- des-Chevaux peut-être les Syiow Mountai?is du Mon- tana central il fut abandonné par ses compagnons mandanes, excepté un guide avec lequel il continua

320 VÊRENDRYE, Chev. P. -G. DE LA

son voyage, rencontrant peu après une autre nation indienne qu'il désigne sous le nom de Beaux-Hommes.

Prenant alors une direction sud-sud-ouest, il atteignit le 19 novembre les Gens-des-Chevaux, qui étaient plon- gés dans la désolation, parcequ'ilsvenaient d'être déci- més par les Gens-des-Serpents, peuplade féroce qui ha- bitait l'Idahoet le sud de l'Orégon. Bien qu'il ne put obtenir d'eux le concours sur lequel il avait compté, le Chevalier n'en poursuivit pas moins son expédition jusqu'au 21 du même mois, époque il s'adjoignit à une bande de sauvages d'une autre tribu qui avait connaissance des Espagnols par les rapports que leur en avaient faits ceux d'entre eux qui étaient précé- demment tombés entre les mains des Gens-des-Serpents.

L,e i" janvier 1743, il se trouvait en vue des monta- gnes Rocheuses, et le 12 il en atteignait les premiers contreforts qu'il se mit immédiatement à escalader. Enfin, pensait- il, nous voilà au terme de notre voyage; peut-être même s'imaginait-il entrevoir bientôt cette fameuse mer de l'ouest dont tous les esprits du temps étaient préoccupés. Quelle déception pour lui quand les éclaireurs de la troupe qu'il accompagnait, deux mille guerriers environ, annoncèrent la découverte du principal village des Gens-des-Serpents sur une des premières assises de la montagne ! Malgré le nombre de ses compagnons, ce fut parmi eux un sauve-qui- peut général, et le pauvre chevalier, le cœur gros de désappointement, dut rebrousser chemin. Le 18 mai il était de retour chez les Mandanes, et le 2 juillet il rentrait au fort la Reine. Tout bien calculé, il dut atteindre les montagnes Rocheuses à l'extrémité sud- ouest du Montana, un peu à l'ouest du col traversé par le chemin de fer de la C* Union-Pacifique. Il se trou- vait alors à plus de trois mille milles de Montréal.

VIERVII.LE 321

Deux ans après ce grand voyage, nous le voyons encore au fort la Reine. En 1748, il rétablit le fort Maurepas brûlé par les sauvages et le fort la Reine qui tombait en ruines. Cette même année, il fonda le fort Bourbon sur le lac Winnipegosis et à l'embouchure de la rivière la Biche ; puis le fort Poskoyac, à la jonction des deux branches de la vSaskatchewan.

A la mort de son père (1749), il retourna à Montréal pour y faire valoir ses droits à la succession de celui-ci comme explorateur et traiteur de fourrures. Sa lettre au ministre des colonies (30 septembre 1758) est un chef-d'œuvre d'éloquente simplicité qui méritait cer- tainement un meilleur sort. Comme on refusait péremp- toirement de reconnaître ses droits, il dut se réfugier dans la carrière des armes. Il devint lieutenant, et périt naufragé au moment il se rendait en France (octobre 1761).

Versailles, Louis. Interprète de la C'^ du N.-O. Nous le voyons d'abord dans le nord en 1786, époque il se trouvait avec sir Alex. Mackenzie qui, s' étant rendu cette année-là au Grand-Portage, le laissa en charge du poste qu'il avait fondé au lac Serpent, près de l'Ile-à-la-Crosse. En 1799, Versailles servait à la rivière aux Anglais avec des gages de 800 francs par an. Il s'y trouvait encore cinq ans plus tard. Etait Canadien-français.

Vierville, Gaultier de. Neveu de Charles de Lan- glade (q. v.). Naquit en 1737, et combattit sous son oncle à la bataille de Monongahéla ; puis, lors de la guerre de l'Indépendance américaine, il rendit de grands services à de Langlade en poussant les sau- vages appelés Sacs et ceux connus sous le nom de Renards à se ranger du côté des Anglais. Accusé plus tard (1793) de s'être approprié une partie des

322 VILLEBRUN

effets destinés aux tribus sauvages, il fut destitué de l'emploi d'interprète qu'il avait jusque-là exercé ; puis dirigé sur Montréal, il subit un procès dont l'issue est demeurée inconnue. Vers 1798, il quitta Michil- limakinac, oii il était revenu, pour aller passer ses dernières années chez son gendre, Michel Brisebois, à la Prairie-du-Chien. il mourut en 1803.

Villebrun, Maxime. Membre du premier corps de la police à cheval organisé au Manitoba (1870). Un métis du même nom, surnommé Plouffe, avait la char- ge des prisonniers quand fut délivré Sayer (q. v. )•

Villeneuve, Constant. Traiteur canadien étabh au lac la Cloche en 1789. Roderick McKenzie, qui visita alors son petit poste, dit qu'il était «très indolent, très pauvre, mais très honnête ». Le commerçant écossais ajoute qu'il avait en grande partie adopté la vie des Indiens, <f ce qui n'est pas étonnant», ajoute t-il, « vu qu'il a passé la majeure partie de sa vie avec eux». Il mourut à Terrebonne vers 1830.

Villeneuve, Capitaine Q Commandait en 18851a cinquième compagnie du bataillon canadien-français envoyé pour soumettre les métis de la Saskatchewan révoltés.

Vincent de Paul, Scëur. Née Adélaïde Thériault, elle vint au monde le i" janvier 1826 dans la paroisse de Saint-Denis de Kamouraska, et, désirant entrer dans l'Institut des Sœurs de la Providence, elle fit partie de la première caravane de religieuses qui se rendirent à la côte du Pacifique en 1856 (V. Joseph, Mère). Elle fit sa profession le 19 novembre 1858, à Vancouver, Wash. Humble et charitable comme son saint patron, elle s'est dévouée jusqu'aujourd'hui (novembre 1907) aux œuvres propres à son Institut.

Voudrie. V, Vaudry, T. 2".

INDEX

Dbs principaux Représentants de certaines

Classes de Canadiens et de Métis, ainsi

QUE DES Points remarquables de

l'Histoire de l'Ouest

Affaires (Hommes d')— Beaudry, P. et V.;Sénécal.

Ancienneté. Dandurand.

Anecdotes. V. Traits typiques

Anse=aux=Poissons (Bataille de 1'). Dumont, G.

Ag^riculteurs (Premiers). Corne ; Faribault.

Aster (Expédition). Clappiue ; Delaunay ; Détayé ; Franchère ; Gardepie, F. ; Gervais, J. ; Lacha- pelle ; Lacourse, X. ; Laframboise, M. ; Lapensée ; Leclerc, F. et G. ; Lucier, E. ; Prévost, J.-B. ; Vallée, A.

Auteurs. Blanchet, M^' N. ; Bolduc, M"'; Brouillet ; Dugas ; Franchère ; Lacombe ; Malhiot ; Per- reault, J.-B.; Riel, L.; Saint-Onge ; Taché, W.

Aventuriers. Beaubien, Ch. ; Berger ; Ducharme, J.-M.

Baie=Verte. V. Green Bay.

Barrière (Incident de la). Jette ; Nault, A. ; Pro- vencher, J.-A.-N. ; Ritchot, J.-B.

Batailles. Boucher, F. -F. ; Bourassa, M. ; Des- champs, F., fils; Dumont, E. et G. ; Lacombe ; Larocque, J. ; Malaterre, B. ; Richard ; Roy.

Batoche (Bataille de).— Dumont, E. et G. ; Ouellette, J.

Beloit (Fondateur de).— Thibault, J.

324 INDKX

Bisons. Dumont, G. ; Lafrance, J.-B.

Bourbonnais (Fondateur de). Bourbonnais, F.

Brutalité (Actes de). Falardeau ; Lacourse, F, ; La- pierre, B. ; Larocque, A. ; I^ebeau ; Leblanc, X. ; Pillet.

Canadienne (Première). Gaboury.

Cannibalisme (Cas de). Adam, J. ; Dubois, J.-B. et X. ; Lapierre, J.

Canots (Singuliers). Perreault, J.-B. ; Prévost, J.-B.

Cathédrale incendiée. Gosselin.

Centenaires. Beaulieu, F. 2°. ; Fournier ; Gaudinot ; Picard ; Quinn.

Chansonnier. Falcon, fils.

Chapelains. Prévost ; Rondeau, P.

Chasseurs (Grands). Desjarlais ; Michel ; Saint-Ger- main, P.

Chicago (Premier natif de). Beaubien, A,

Commerçants. V. Affaires.

Coulée^aux^- Poissons. V. Anse-aux-Poissons.

Courage (Traits de). Boucher, J.-B. ; Fillion ; Lucie, F. ; Ouellette, J.; Saint-Pierre.

Dangers de l'Ouest. Boucher, X.; Bouvier; Gar- depie, F. ; Guérin ; Hamelin, L. ; Lacourse, X. Laporte ; Larocque, J. ; Leblanc, B. ; Lorimier Montigny, G. ; Pépin.; Saint-Pierre. V. aussi Fins tragiques. Poudrerie et Sauvagerie.

Dawson (Fondateur de). Ladue (Ledoux).

Découvertes. Laforce, V. ; Thibert ; Vérendrye, père et fils.

Dévouement (Traits de). Boucher ; Dazé ; Lagimo- dière, J.-B, ; Lambert; Roy.

Diplomates.— Ritchot, M"' ; Taché, M*'.

Dubuque (Fondateur de). Dubuque.

INDBX 325

Ecrivains. V. Auteurs.

Egarés. Beaubien, Ch. ; Gardepie, F. ; Pépin ; Pillet;

Quéret. Eglise (Hommes d'). Allard ; Boulet; Bourassa ; Brouillet ; Dandurand ; Despatis ; Diigas ; Fillion ; Giroux ; Ivanglois ; Ouellette ; Préfoutaine ; Pré- vost ; Tabeau. Etat (Hommes d'). Cauchon ; Dubuc ; Girard ; La- rivière ; Méuard ; Ployai. Etats=Unis (Canadiens des). Aubry ; Beaubien, Ch. ; Guérin ; Levasseur ; Mallet ; Ménard ; Rolette ; Rondeau, J. ; iSénécal. V. aussi Fondateurs. Evêques. Blanchet, M. et N. ; Demers ; I^aflèche ;

Provencher ; Taché. Explorateurs. Aubry ; Jemmeraye ; lyouvières ; Ni- verville ; Noue ; Quesnel ; Vérendrye, père et fils. Famine (Cas de). Adam, J.-B. ; Dubois ; Leclerc, F.

V. aussi Cannibalisme et Franklin. Faribault (Fondateur de). Faribault, Féniens au Manitoba. Lépine, A.-D. ; Nault, A. ;

Nolin, Ch. ; Parenteau, P. ; Riel, L. Fins tragiques. Aubry; Ayotte ; Bélanger, Al. ; Bélanger, And. ; Bélanger, H. ; Boucher ; Car- rier ; Clappine ; Darveau ; Delaunay, J. ; Delau- nay, P. ; Deschamps, père et fils ; Desrosiers ; Détayé ; Dorion, P. ; Fafard ; Lachapelle ; Lajeu- nesse, B. ; Lamoureux ; L<apensée ; Larocque, X. Lebeau ; Leclair ; Legros ; Nadeau ; Pambrun i ° Portneuf; Prévost, J.-B. ; Richard; Saint-Pierre Sénécal ; Tabeau, J.-B.; Thibault, J.; Turcotte Urbain; Vérendrye, J.-B. Foi (Hommes de). Cayen, ly. ; Hamelin, B. ; I,an

326 INDEX

glade, A. ; Levasseur ; Morigeon ; Rainville.

Fondateurs de villes. Beaubien, A. ; Bourbonnais ; Dubuque ; Faribault ; Gervais, B. ; Guérin ; Ju- neau ; Ladue (Ledoux) ; Lefebvre ; Parent ; Por- tier ; Thibault, J.

Forts (Hommes). Lespérance.A.-B. ; Lépine, A.-D. ; Lucier, B. : Paul, J.

Franklin (Compagnons de). Adam, J.-B. ; Beaupar- lant ; Bélanger, J.-B. et S.; Benoît; Crédit ; Pelletier ; Saint-Germain, P. ; Samandré ; Vail- lant.

Frémont (Compagnons de). Lajeunesse, B. ; Lam- bert ; Proulx.

Frère Convers. Dubé.

Frobisher (Misérable sort de). Bouclier, P. ; Paul, J. ; Racette ; Turcotte, A.

Qreen Bay (Fondateur de). Portier.

Grenouille (Massacre du Lac la). Fafard ; Gouin.

Grenouillère (Bataille de la). Boucher, F. -F. ; Bou- rassa, M. ; Deschamps, F. père et fils ; Lamarre ; Lavigne.

Guides célèbres. Bottineau ; Desjarlais ; Lalonde ; Leroux, A. ; Lespérance, A.-B. ; Paul, J.

Illinois («Patriarche)) de 1').— Ménard, P.

Incendies. Gosselin.

Indiens dégradés. Tabeau, J.-B.

Ingénuité (Trait d'). Berland.

Inondation. —Charbonneau, T.

Institutrices (Premières). Nolin, D"^'.

Insurrections.— V. RiviÈRE-RouGE et Saskatche-

WAN.

Interprètes célèbres. Boucher, J.-B. ; Charbonneau, T. ; Dorion, P. ; Nolin, L. i" ; Saint- Germain, P.

INDEX 327

Juges. Dubuc ; Falcon, fils ; Goulet, IR. ; Perrier ;

Réaume, Ch. Keveney (Meurtre de). Lapointe ; Mainville. Linguistes. Belcourt ; Lanniau ; Maurice ; Lacombe. Lac Canard (Bataille du). Dumont, E. et G. Législateurs. Breland ; Delorme, P. ; Larivière ;

Menard. V. aussi Etat et Politiques. Mackenzie (Compagnons de). Beauchamp ; Bisson ;

Comtois ; Lemay, P.-D. Magistrats.— V. Juges. Massacres. Charbonneau, J.-B. ; Ducharme, J.-M.;

Fafard ; Hébert; Sénécal ; Vérendrye, J.-B. V.

aussi Sauvagerie et Whitman. Métis influents Batoche ; Beaulieu, F. ; Boucher,

J.-B.; Breland; Delorme, P. ; Dumont, G. ;

Falcon, fils; Goulet, R. ; Nolin, Ch. ; Riel, L. Militaires du Régime français. Corne ; Langlade ;

Noj^elles ; Saint-Pierre ; Vierville. Milwaukee (Fondateur de) -Juneau. Misères du Nord. Labrie ; L,afrance, J.-B. V. aussi

Dangers, Fins tragiques et Franklin. Missionnaires. Belcourt ; Gascon ; Lacombe ; Ra- quette ; Rondeau ; Saint-Ouge ; Taché, M*' ;

Thibault, J.-B. Monopole. Riel, J.-Iy. ; Sayer, G. Morts violentes. V. Fins tragiques. Naiveté (Traits de). Dumoulin ; Lecomte. Négociants.— V. Affaires.

Nouveau=Mexique (Pionnier du). Beaubien, Ch. Orégon (Pionniers de 1'). Béléque ; Blanchet, M. et

N. ; Brouillet ; Demers ; Foucault ; Gervais, J. ;

Laframboise, M. ; Plamondon. V. aussi Astor. Orthographe défigurée. Laurence ; Léveillé ; Lebeau.

328 INDEX

Ouest (Pionniers de 1'). Boucher, J.-B. ; Lafrance, J. ; Lamalice.

Peoria (Fondateur de). Mallet.

Perfidie (Traits de). V. Sauvagerie.

Perdu.— V. Egaré;.

Petit=Canada (Fondateur du). Gervais, Benj.

Pionniers en général. Beaudry, P. ; Beaulieu, F. i Boullard ; Gaboury ; Gervais, B. ; Lafrance, J I,eroux, L,. ; Lesieur ; Nolin, D"" ; Nolin, h. Perrier ; Provencher, M^'; Royal. V. aussi Fon- dateurs.

Pionniers (Prêtres). Bouclier ; Bourassa ; Darveau ; Destroismaisons ; Dumoulin ; Mayrand. V. Mis- sionnaires et Ouest.

Politiques (Hommes). Delorme, P. ; Jérôme, M. ; Marion ; Nolin, Ch. ; Riel, L. ; Taillefer. V. Etat.

Poudrerie (Effets de la). Dazé ; Gosselin ; Pépin.

Prélats romains. Blancliet, F.-X. ; Bolduc ; Poiré ; Ritchot.

Prêtre métis (Premier). Beaudry, P.

Rébellion. V. Saskatchewan.

Religieuses. V. ScEurs.

Rivière=Rouge (Insurrection de la). Goulet, Elz. ; lyépine, A.-D. ; I^éveillé ; Nault, A. ; Nolin, Ch. ; Parenteau, P. ; Parisien, N. ; Riel, ly. ; Ritchot, M«^

Saint=Paul (Fondateur de). Guérin ; Parent.

Salaires. Bélanger, H. ; Deschambeault ; I^arocque, J. ; Pambrun, i°.

Saskatchewan (Rébellion de la). Dumas, M. ; Du- mont, E. et G. ; Paquette ; Riel, ly.

Sauvagerie (Actes de). Guérin ; Hébert ; Larocque,

INDEX 329

J. ; Leclerc, G. ; Malaterre, B. ; Richard ; Saint- Germain, X.; Saint-Pierre; Sénécal. V. aussi Massacres et Sioux.

Sièges. Boyer ; Châtelain, L.-J.-F. ; Ducharme, J.-M.

Simpson (Mort tragique de Th.). Legros.

Sioux (Bataille des). Dumont, G. ; Malaterre.

Sioux (Massacre des). Charbonneau, J.-B.

Sœurs. Alphonse; Angèle ; Blandine ; Coutlée ; Cusson ; Emery ; Gosselin ; Joseph ; L,afrance ; Lagrave ; L,amy ; I^uména ; Pauline ; Praxède ; Sacré-Cœur ; Valade ; Vincent de Paul.

Séniorité.— V. Ancienneté.

Soldats. Gaudinot. V. Militaires.

Superior City (Fondateur de). I^efebyre, J.-B.

«Tonquin« (Destruction du). Bruslé.

Traiteurs principaux. Bélanger, H.; Cadotte, J.- B. ; Chaboillez ; Decoigne ; Deschambeault ; Franchère ; Gaudet ; Larocque, F. -A. et J. ; Malhiot ; Montour, N. ; Pambrun, 1°. ; Perreault, J.-B.; Rainville ; Rocheblave ; Rolette.

Traits typiques. Aubry ; Belleau, A. ; Berger ; Ber- land ; Bourbonnais, A. ; Cadot, L. ; Charbonneau, T. ; Charlebois ; Deschamps et fils ; Dumoulin ; Gosselin; Lamothe ; Pambrun, 1°.; Paul, J.; Quéret.

Whitman (Massacre du D') . Blanchet, M. ; Brouil- let ; Raymond.

Wisconsin « Père» du). L,anglade, Ch.-M.

FIN

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