L: % al ge Care 2 U 4 ” Et Ju 37 - NE me * ÿ à à \ ë s à ve 0 a Le.” es r N er LE 2% + ME | D. À DICTIONNAIRE POUR LA THÉORIE ET LA PRATIQUE DU JARDINAGE PE TE L'AGRICULTURE, PAR PRINCIPES ; Er démontrées d’après la Phyfique des Végétaux. Par M. l'Abbé ROGER SCHABOL: M Prix 3 liv. 12 fols relie. APARIS: Chez DEBURE Pere, Libraire ; Quai des Auguftins, à Saint Paul. | 3 EM BCC'EXVE Avec Approbation & Privilege du Roë SSÈ x SSSR IQ — SK SSSE DISCOURS SUR LE JARDINAGE, Pour fervir d'introduction À l'Ouvrage qui fuivra le Diionnaire. ET Ecrit, comme ceux qui le fui: vtont, font univerfellément at- tendus depuis plus de vingt ans, = à la Cour, à la Ville, dans les Provinces & chez l'Etranger , par les Cul tivateurs, & par les non-Cultivatetirs. L’Ou: vrage eft déja comme public, dans un fens, avant que d’être à l’im preffion; d’abord parce que la méthode de l’Auteur eft pratiquée avec uñ fuccès toujouts égal dans quantité d’endroits depuis près dé 30 années, chez ce qu'il y a de à 2 iv PRÉFACE mieux dans l'Univers , avec un faccès toujours égal ; enfuite, parce que plufieurs morceaux faifant partie de tout Ouvrage , mème des Traités entiers, ont été par lui communiqués à nombre de curieux parmi les perfonnes du plus haut rang, qui les ont fair copier de fon . confentement. Le Jardinage de l’Auteur étant auf différent de celui qu’on appelle routine, pratiqué jufqu'’ici, que la Philofophie nouvelle de celle du Lycée, nombre de perfonnes ont admis chez elles la méthode de l’Auteur. Nul avancement dans le Jardinage depuis tant d’Ecrits. Voici une réflexion bien fimple à ce fajer. Tous les Ecrivains du Jardinage traitent les mè- mes fujets. ‘ous, par émulation , donnent des préceptes pour les diverfes pratiques du Jardi- nage ; on demande quelle réforme ont opéré tous ces Ecrits multipliés ? Replante-t-on moins tous les ans? Les arbres font-ils meilleurs que ceux qu'on remplace ? Les traite-t-on imieux ; en meurent-ils moins ? Croiffent-ils davantage qu'auparavant ? Donnent-ils plus, & de plus beaux fruits ? N'y apperçoit- on pas la même quantité d’argots , chicots , onglets, fauffes- coupes , chancres , gourmands provenans du vice de la taille, plaies fur plaies, & ce que l'on appelle têtes de faules ? Ont-ils ces arbres, ont-ils une figure plus réguliere ? Sont-ils plus ordonnés & plus fymmétrifés ? Enfin ces Ecri- vains ont-ils enfeigné quelques vérités intéref- SUR LE JARDINAGE. V fantes , ont-ils dit quoi que ce foit de neuf? Non, le Jardinage eft toujours le même; & l'on peut dire en outre, que plufeurs d’en- tr'eux ont enchéri fur leurs devanciers pour per- vertir le Jardinage , & qu'ils l'ont infecté de quantité de maximes erronées , & de prati- ques vicieufes , meurtrieres pour les Nr) comme on n'aura que trop d'occafons de le faire voir dans le cours de l'Ouvrage. Dans l’'Ecrit de l’ Auteur tout ef? neuf. On peut dire, en affurance , qu’il n'en eft pas ainfi de l'Ouvrage de l’Auteur. D'abord tout eft neuf en lui-même, tant pour les idées, que pour la façon d'opérer. Si l'on excepte ce que l’Auteur à cru devoir admettre, d’après des Agriculteurs renommés, dont il fera parlé ci-après, & fur lefquels il a beaucoup enchér1; du refte tout ce qu’il enfeigne pour parvenir à une plus prompte & plus heureufe végétarion que jufqu'ici, non-feulement n'eft point pra- tuiquée par le commun des Jardiniers, maisil ne fe trouve dans aucuns des Ecrits de tant d’Auteurs , qui fe font exercés à l’envi fur la culture des arbres : enfuite le préfent Ecrit, quoiqu'en apparence pour le Jardinage feul, s'érend néanmoins à tout ce qui eft du reflort de la végétation. I traite fubfidiairement | & comme par contre-coup, de l’Agriculture. Quoique dans l'Ouvrage on n’ait pas pour ob- jet direét le Labourage , proprement dit , & la culture des grains , les gécoltes & les moiffons, à 3 vj PRÉFACE. la plantation des bois , ainf que le gouverne- ment des vignes pour faire le vin, &c. néan- moins les principes de tout l'Ouvrage , les ma- yimes & les regles, les ufages & les pratiques, ainfi que les diverfes obfervations de tout l'Ou- vrage., conviennent aux unes comme aux au- tres de ces fortes de profefñons. De plus , l'Au- teur ayant recueilli, d’après des obfervations particulieres , fur ces divers fujets, d’excellens matériaux , fe propofe de les communiquer par la fuite au Public. | Tout jufau'ici s’eft fait comme par infintt, & machinalement dans le Jardinage. I. On s’eft occupé jufqu'à préfent à toutes les diverfes opérations du Jardinage, on a la- bouré , femé, plante, taillé , ébourgeonne , aliffé , fumé même & arrofé, &c. mais com- ment ? Eft-ce d’après des regles en confe- quence d’aucuns principes ? Par réflexion, & conformément à des raifonnemens fuivis ? Quels font les ouvriers qui, dans les diverfes prati- ques du Jardinage , fe font rendu compte, & À autrui, du fond & des raïfons de leur tra- vail ? Qui font ceux encore qui ont étudie & fuivi la nature, pour apprendre d'elle , pour faire d'elle feule la regle, le fondement , & la bafe de leur conduite dans le gouvernement des végétaux? Une routine, des ufages reçus fans examen , & qui ont paffc des peres aux enfans, one tenu lieu de regles & de loix; on a fait, parce que l'on vu faire & comme l'on a vu faire. Nos SURLE JARDINAGE. vi peres, dit-on encore aujourd'hui, & les. Anciens avant eux,ont travaillé de telle & celle façon, & tous les livres n’enfeignent pas autre chofe,donc. Mais enfin quelles raifons, & quelles preu- ves d’un tel travail plutôt que d’un tel autre ? Voilà fur quoi rien de pofitif encore , propre a nous guider. Dans le préfent Ouvrage , on ofe le dire , tout eft prouvé & démontré. La Phy- fique de l’Auteur eft fondée fur des faits; les rai- fonnemens ne vont qu'après fes expériences, que tous peuvent vérifier par eux-mêmes. Ilne veut point être cru fur fa parole ; auant à fes raifonnemens & à fes preuves , elles font fou- mifes de droit au jugement du Public. On n’a point raifonné dans le Jerdinage. Preuve. Pour faire voir feulement en paffant combien peu on a raifonné , même jufque fur les moin- dres opérations du Jardinage , voici un double exemple de ces mêmes operations les plus fim- ples & les plus communes de l’art ; favoir, l'arrofement & ie fumage des arbres. Pour l’un & pour l’autre on fait un fimple petit baffin ; mais où le fait-on? On le fait autour du tronc. pas un feul Jardinier n'y manque, & là on ré- and l'eau , & l’on dépofe le fumier ; quant à ce dernier , on & met auf fur terre, pour enfuite l’enfouir, Ce procédé eft bon, & il n’eft ici queftion que de la premiere façon , qui eft . la plus ordinaire, & qui eft vicieufe. Mais où l’Auteur mer-il, & l’eau, & le fumier ? À un pied , ou environ en-deçà du tronc ; il laifle à 4 vil PRÉFACE une motte au tronc, & il creufe en-decà de cette motte un baflin au pourtour en forme de tranchée , à peu près, jufqu'aux premieres racines; & là il fait fon arrofement, & :l dépofe fon fumier. On peut être afluré que l'un & l’autre feront effet foudain ; le même ne peut avoir lieu dans la pratique ordinai- re : mais pourquoi? Le voici. Le tronc eft un inftrument pañlif dans l'ordre de la végétation, & feulement quant au pompement des fucs de la terre, comme notre eftomac par rapport aux alimens à lui tranfmis après la maftieation & la déglutition. Ainf que lui, le tronc eft le vafe commun , le dépôt général , & le récipient univerfel de tous les fucs: en arrofant donc, & en fumant le tronc, qui n’eft point fabriqué pour pomper les fucs , mais pour les recevoir des racines , vos arrofemens ne peuvent opé- rer qu'à la longue, jufqu'à ce qu'ils aient eu le cernps de pénétrer jufqu'aux racines , & paf- fer de-là dans le tronc, puis dans tout le refte de la plante. Cette mème façon de travailler, ufitée dans 12 Jardinage , peche encore en ce que , comme on le fera voir en parlant du tronc, cet organe , n'étant point fabriqué , comme les racines , pour l'humide de la terre, l’eau ne lui convient point , n1 l'humidité du fumier, non plus que la chaleur de ce dernier , quand on le met au pied d'icelui. Il n'y a qui que ce foit , pour peu qu'il ait de bon fens, quoique non Jaïdinier , qui ne comprenne ceci. Jugez par-là du plus grand nombre des autres prat- SURLE JARDINAGE, IX ques du Jardinage , elles ne font pas plus re- fléchies. Le Jardinier, quand on lui fait part d’une telle réflexion, ouvre de grands yeux, & ne fair plus que dire. Caufe du dépériffement de l'Agriculture & du Jardinage. HI. Le Jardinage & l'Agriculture font par- tie de la Phyfique. Le premier eft une des plus brillantes portions de l'Hiftoire Naturelle. Ses occupations riantes firent, dans tous les temps, l'amufement & les délices des perfonnages les plus recommandables. Mais , difons-le , 1l eft fâcheux , qu’au lieu d'être pratiqué par des hommes de génie & de gout, 1l ait été , depuis un crop lone-remps , & foit encore , le partage de gens fans lettres & fans fcience ; hors d'état, par conféquent , d’être admis dans le fanc- tuaire de la nature, d'entendre d’elle - même fes oracles, de la fuivre, de l’étudier , d’in- cerpréter fon langage, &c. Pourquoi Virgile, Caton, Pline, Columelle, Varron , & tant d'autres, ont-ils écrit fi perti- nemment & fi fupérieurement fur l’Agricultu- re ? C’eft parce qu'ils étoient à la fois Cultiva- teurs & Gens de Lettres. Ce gout étoir de leur temps un refte de l’ancienne fimplicité des mœurs. Les fciences , les arts, l'Agriculture & l'Art Militaire s’allioient enfemble , & fe prétoient de mutuels fecours. La terre alors, fuivant la defcription pompeufe de Pline , fe félicitoit d’être labourée par des mains triom- x RPÉFACE phantes , & d’être fendue par un foc chargé de Jauriers (1). Voyez comment tous ces Auteurs s'expliquent , non-feulement quant à la fpécu- lation, mais quant à ce qui eft de pratique. Quoique de leur temps la Phyfique füt néan- moins fort bornée ; ils parloient & s’expli- quoient d’ailleurs en maîtres de l’art & en Cul- tivateurs d'une expérience confommée. Suivez, entrautres, Virgile dans fes Géorgiques, quels détails circonftanciés concernant les labours & les femences , la façon de herfer , de moiffon- ner, &c. par-tout ce font des defcriptions, des images les plus riches. La defcription , entr'au- tres , de la greffe , non moins élégante que naï- ve, dépofe également & en faveur de l’'Ou- vrier entendu , & en faveur du Poëte fublime & de l'homme de génie. Mais quelle diffe- rence de langage & de façon de penfer de tant de Savansilluftres, qui, faute d’ètre Cultiva- teurs , ou n'ont débité que de brillantes chime- res, ou donnerent dans les plus dangereux écarts, quand ils fe font ingérés d'écrire fur ce qui eft de pratique, & ce, faute de cette Phyfiqueinf- trumentale & expérimentale des bonnes gens de campagne , pour leur fervir de guide dans leurs cbfervations fur les phénomenes de la nature ! Néceffité de tenir pied à boule , comme on dir, dans le Jardinage. Le Jardinage donc veut ètre fuivi : il eft (1) Gaudente terra vomere laureato & triumphali aratdre. SUR LE JARDINAGE. x) impoñlble de raifonnner pertinemment fur la végétation, & d'approfondir les phénomenes de la nature , en travaillant feulement , comme à la volée , à quelques-unes des opérations les plus communes de l'Art , & n'étant que le te- moin paffager & fuperfciel des merveilles de ka nature. Elle ef , fi on ofele dire, elle eft une coquette décidée, qui veut qu'on lui faffe la cour : jamais elle n’eft plus contente, que de voir autour delle une Éule d'adorateurs afli- dus, toujours empreflés à lui plaire, à la pré- Venir , à chercher tous les moyens de captiver fes bonnes graces & de mériter fes faveurs. Pour être imitié aux grands myfteres de cette mere commune des végétaux , & être rendu par- ticipans de fes fecrets, 1l ne faut point la perdre de vue, mais 1l faut l'interroger fans cefle, & n'ecouter qu'elle feule. Le Phyficien Obferva- teur feulement, & le Jardinier fimple Culti- vateur ne peuvent parvenir à aucunes décou- vertes utiles ; l’un fans cette Phyfique inftru- mentale & expérimentale, dont on fera voir la néceflité dans le cours de l'Ouvrage ; & l’au- tre par défaut de génie & de gout : celui-là, il faut le dire encore , faute d'expérience des procédés de la nature, & ne fe rapportant qu'à des effais trompeurs, en forçant trop fou- vent & violentant cette mème nature ; & l’au- tre aufli, faute de lumiere pour obferver à pos: : cette double vérité , fera plus d’une fois rappellée dans le cours de Ouvrage. . n D L'on peut dire à cet égard que l’une des xij PRÉFACE , plus cuifantes difgraces du Jardinage, eft de voir, d'une part , les hommes de génie don- ner tout au feul raifonnement, & d'autre part, les Cultivateurs opérer, fans raifonner, comme fans réfléchir. Ces derniers, quels qu'ils foient , privés, la plupart du temps, du néceffaire , ne font occupés que des moyens de pourvoir à leur fubfftance. Le décourage- ment & le défaut d’émulation en font les fuites indifpenfables. Quand on n’eft pas nourri, & qu'on manque d’une certaine aifance , on eft, ce qu'on appelle, veule , ou liche ; le gout, l'induftrie & l’ardeur fe rallentiflent, ou s'érei- gnent. Un Jardinier dans la mifere, chargé de famille , ayant à peine du pain, ne penfe à rien , ne s’évertue à chofe au monde, & ne s'inventionne de quoi que ce foit : d’ailleurs les travaux corporels, poullés jufqu’à ua cer- tain point, appefantiflent trop fouvent l’ef- prit, énervent les couages & amoruifent le génie. I] faut donc que le Jardinier ait au pro- rata de l'Ouvrage, des gages fuffifans & au- tant de Coopérateurs, ou de Garçons, que fa place , la quantité de terrein & l'importance de la befogne le requierent, & alors ne lui faire grace fur chofe au monde. IV. Outre ces deux fortes de perfonnes | s'appliquant au Jardinage , & à ce qui eft du reflort de la végétation ; favoir , les Phyficiens ! fimples Th£oriftes , & les Manouvriers qui, ! comme on la fait voir, n’ont pu jufqu'ici ! . . » / éclairer le Jardinage, les uns faute d'expé- SUR LE JARDINAGE. xii rience, & les autres par défaut de génie ; il eft quantité de gens parmi les Amateurs de cet Art qui font de fes occupations amufantes le fujet de leur application : car , on peut le dire , c’eft une forte de petite fureur de fe dire & de prétendre être Jardinier; ces fortes de perfonnes , on les range en trois claffes ; favoir, en premier lieu des Curieux opulens , & de fimple bon plaifr; en fecond lieu, des hom- mes de gout, quoique moins partagés des _ dons de la fortune, parmi lefquelsil en eft qui, pañlionnés pour cet Art, s’adonnent plus , ou | moins à diverfes pratiques , foit pour l'utilité, | foit pour la décoration; en troifieme lieu, des Jardiniers par état : des uns & des autres de ceux qui compofent les deux premieres claffes, nul, fi l'on en excepte un petit nombre, n’a fait du Jardinage une étude fuivie, en tra- vaillant d'arrache-pied , comme on dit, à la façon d'un Manouvrier à un Art aufli en dif- crédit que le Jardinage, par rapport à tant d'ames viles dont certe profeflion eft le par- tage. Le mépris pour lOuvrier ee à l'Art même : on n'entend point 1c1, 1l faut le dire, on n'entend point comprendre dans cette gé- )néralité de tant dé‘{ujets inepres dans cette profeflion, ceux des Ouvriers, qui par leurs {talents & leur bonne conduite en font l’orne- liment & la gloire ; de ce mépris dédaigneux pour l'Art, on, aura peine à le croire, l’Au- teur a plus d’une fois éprouvé dans fa per- fonne, &il éprouve fouvent encore les marques x1v PRÉFACE les plus décifives. Quelques-uns le revardent de mauvais œil, à ratfon de ce que pêéle-mèle avec le commun des Ouvriers du Jardinage, il vaque à des exercices laborieux , le partage du Mercenaire. Pourquoi , dit-on , au lieu d’un exercice aufli vil que celui du Jardinage, né vaque-t-il pas à nombre d'occupations hon- nètes , faifant le noble amufement dé tout ce qu'il y a de mieux dans la fociété ? Le tour, par exemple , le deffein, la gravure, la rapif- ferie , &c. Pourquoi un tel choix auf bizarre? Au furplus, ajoute-t-on, à quoi bon travaille- t-1l lui-même ? Que ne commande-t-1l ? Pour- quoi ne pas laifler faire ? Il faut avouer que notre fiecle eft monté fur un ton bien étrange. On rougit de ce qui faifoit jadis la gloire de nos peres, & celle de tout ce qui eft de plus refpeétable dans l'antiquité. | On loue , on vante & l’on éleve jufaqu’aux cieux, on qualifié de Héros quiconque, dans les grades les plus diftingués de l'Art Miirar- re, ne rougiflant point de combattre en qualité de fimple foldat , affronte les fureurs du Dieu des combats, & ce, pour cueillir de fragi- les lauriers : à de tels exploits on a attaché de la gloire & des récofnpenfes. Au contrai- re, on regarde avec dédain celui qui, pour vivre heureux, coule fes jours paifbles , loin du fafte éblouiffant dans une profeffion honnètte en elle-même, la plus utile, la pre- miere de toutes, en mème-temps que la plus propre à former ce qu'on appelle l’homme SUR LE JARDINACE. XV fage , en mettant le calme dans fon ame, & le rappellant fans cefle à la Divinité. Mais quels font-ils ces gens aflez peu équitables pour cenfurer ainfi une œuvre louable en elle-mè- me, & quina pour objet qu'un bien réel? Ce ne peur être, ou que gens peu avifés dans quelque rang que ce foir, ou des gens du plus bas aloi. L’Aureur eft bien dédommagé d’ailleurs par l’eftime & l'affection dont il eft honore , par ce qu'il y a de mieux dans la Na- tion. Mais en confidérant les chofes dans leur jufte point de vue, on reconnoïtra que, fui- vant le fyftème de l'Auteur, rien de mieux que d’être foi-même à la tère de fes ouvrages par-tout où 1l eft requis, d’abord pour toujours fuivre, comme à la pifte, la nature, enfuite pour former & ftyler les Ouvriers qui compren- nent bien autrement en voyant faire, & par les divers éclaircaiflemens à eux donnés fur le tas même, que par l'inftruétion verbale. De plus l’Auteur ( perfonne même ne l’ignore) fair ne point fe compromettre ; enfin nulle autre rétribution pour lui que beaucoup d’em- barras & de farigues. | Le Jardinage eff un exercice des plus laborieux: Il Indépendamment de ce qui vient d’être dit, ce qui rebure encore & qui dégoute quantité * de gens de s’adonner tout-à-fair à cette pro- « fefllon, ce font ces mêmes travaux corporels, | les plus fatigans , qui en font inféparables. | Le Jardinage en eflec eft l'une des plus pé- U \ | | xv} PRÉFACE nibles occupations. Il ne fufhit pas, pour étu- dier & fuivre la nature, de la voir ad extra feulement dans fon brillant éclat, lors de la belle faifon , quand elle fait montre de fes r1- ches ornemens , en étalant à nos yeux fa pom- pe verdoyante, les feuilles, les fleurs & les fruits, mais 1l faut, ne la quittant pas d’un inftant, la confidérer attentivement dans fon négligé, pour ainfi dire, lors de l'ipre faifon, durant que renfermant ad intra toute fon ac- tion , elle eft comme endormie, & femble être dans un profond affoupifflement. Que de phe- nomenes alors ! que de merveilles cachées dont elle ne fair part qu'à fes feules adora- teurs ! Il eft vrai qu’elle les fait acheter cher ces fortes de faveurs; car les temps nébuleux où la terre & les plantes font abandonnées à la fureur des cruels hivers, font précifément ceux durant lefquels les plus grands travaux & les plus importans ont lieu, à commencer dès l’Automne , jufqu’au retour des Zéphyrs au Printemps ; alors même, & par après , quand l'air eft en proie aux ardeurs dévorantes du foleil, que n'at-on pas également à fouffrir ? Ainfi donc pour être ce qu'on appelle vraiment Jardinier , 1l faut braver toutes les intempéries de l'air, & efluyer, fans difcontinuer , les plus rudes fatigues : or tous, ou n'ont pas allez de courage, ou n’ont pas aflez de vigueur & de fanté pour foutenir tant de contre-rempg ficheux. Quant à ceux des opulens, qui femblent avoir L SUR LE JARDINAGE. xvij avoir du gout & de l'inclination pour lé Jar- dinage , rarement ils s'adonnent à aucune des pratiques de l’art. Ils ordonnent communé- ment, & ils font faire. L'or eft le plus puif- fant de tous les maitres ; rien ne lui réfifte; rien d'impoflible vis-à-vis de lui. Un riche com- mande , & dès lors la nature & l’art femblent de concert s’emprefler à qui mieux mieux de le fervir : il parle , & d’abord un terrein fou- vent le plus infertile eft métamorphofe en un jardin fuperbe, tel que l’un de ceux fi renom- més dans la fable , ou dans l’hiftoire, & où Pomone & Flore verfent à l'envi leurs plus ri- ches dons. Mais le fortuné mortel, maître d’un heu fi délicieux , que fait-il du Jardinage ? I! n'en a pas la moindre teinture ; le feul plai- fir de voir avec complaifance un endroit où il a entaflé des monts d’or, lui tient lieu de tout mérite à cet égard. Les autres curieux qui font épris de belle pañlion pour le Jardinage, & qui s'appliquent à ce qui eft du reffort de la pratique , de quelle utilité peuvent-ils ètre pour aucune découverte ? On les voit , fuivant le dire de Séneque, (1) fe tourmenter beaucoup pour ne rien faire; ou , felon l'expreflion de Pline, pour ne faire que des riens. Leur Jardinier , qui trop fou- vent nen fait ouere plus qu'eux-mêmes, eft leur oracle , & leur fert de guide. (2) Columelle (1) Operofe nihil agunt, Agere nihil, (2) Znfœlix ager cujus villicus magifirum non audit, fed docet, | b xvi) PRÉFACE parlant de tels maïtres, a dit : Malheureux le champ où le Jardin (ils ne faifoient qu'un alors ) dont le maitre , au lieu d’enfeigner fon Jardinier, eft lui-même enfeigné par lui. D’autresencore , &ileneft bonnombre , ont pour toute fcience beaucoup de vanité, & ils font fort avantageux ; pleins de bonne opinion pour eux-mêmes ; ils prononcent d’un ton ab- {olu fur le plus effentiel de l’art : à la faveur d’un air impofant & d'un babil qui ne taric point , ils font impreflion à gens peu au fait du Jardinage , qui leur fuppofent gratuitement du favoir. Pour quelques vétilles auxquelles ils s'entremettent, comme quelques pe en pou- pées, faites finguliérement au coin de leur feu , de peur de fe morfondre dans le Jardin, & qui ont réufh , ils fe croient autant de Laquin- tinie, ou des le Normand, Pere; telun Ma- con,ouun Appareilleur , qui , pour favoir em- ployer la pierre , ou la brique avec le mortier, ou le plâtre, fe croient autant de Vitruves & de Manfards. Il eft en outre force curieux qui ne s'appli- quent qu'à ce qui cft de fimple décoration, comme à cultiver des fleurs, des plantes exo- tiques, &c. On ne peut trop applaudir à leur gout & à leur zele infatigable pour étendre à ce fujet leurs connoiflances ; mais quelqu'efti- mables que puiffent être d’ailleurs ces Culriva- teurs, néanmoins on ne peut les ranger dans la clafle des Jardiniers proprement dits. On fe garde bien de parler ici d’un tas de LÉ es cm SUR LE JARDINAGE. X1* Jardiniers qu'on appelle Jardiniers-Commeres : le monde eft plein de pareilles gens qui affli- gent le Jardinage , & qui font le fléau des Jar- dimiers, dont à tort à travers, ils critiquent le travail, fans s’y connoïtre. Des Maîtres cré- dules ajoutant foi aux difcours frivoles de ces hommes inconfidérés , tracaflenc le pauvre Jar- dinier, qui la plupart du temps, n’eft pas en faute. Loin aufli ces empiriques du Jardinage à fecrets prétendus, qui fe vantent d’avoir des recettes dfitute pour guérir, préferver & garantir les plantes de tous les fléaux de l'air, comme de ce qui peut leur être nuifible d'ail- leurs : 1l devroit être des punitions féveres con- tre de tels impofteurs. V. Refte maintenant la troifieme claffe des Jardiniers par état. Il en eft de plufieurs for- tes ; les uns Jardiniers de hazard & par aven- ture, & les autres qu'on appelle Jardiniers de génération , comme ils difent entr’eux, ou en- core de pere en fils On demande pourquoi parmi ces Jardiniers par état , 1l eft tant d'Ou- vriers ineptes ? Parlons de bonne foi, c’eft d'abord parce que la profeflion de Jardinier eft le pis aller d'une foule de gens hors d'état de rien faire dans quantité d’autres. Un Valet d'écurie fervant de Poftillon, s'ennuie d’un métier aufh fatigant & où les profits font trop modiques : il a tracaffe dans le Jardinage en qua- lité de Journalier ; il fe met en tète d’être Jar- dimier ; il eft fouple & infinuant ; iltrouve un bon homme de Maître qui n’y regarde pas de 2 xx PRÉFACE fi près, ou bien, il met la condition au ra- bais ; 1l fe préfente avec confiance, & il eft recu : comme donc, fuivant le dire commun, à force de forger, on devient forgeron, il ac- quiert quelques notions fuperficielles du Jar- dinage, & dès lors, il fe perfuade ètre fort: habile ; en conféquence , croyant mériter une meilleure place , 1l projette de faire briller fes prétendus talens fur un plus vafte théatre, & parce qu'il a ce qu'on appelle de l’entregent , il trouve par fon patelinage des dupes qui le protesent , enfin 1l parvient; en eft-1l plus fa- vant, imème plus homme de bien ? Non : tou- jours boufilleur , paffablement méchant , il eft ce qu'il fut de tout temps, c’eft-à-dire, fort mauvais fujet. Cet autre eft un pauvre miférable qui, com- me on dit, ne fait où donner de la rète ; il n’a qu'un génie fort borné ; mais il a vu faire ; il ne fait pas mème lire, comme le plus grand nombre de ceux de cet art; il fe perfuade aufli n'avoir aucunement befoin d'inftruétion ; il prend une beche , un rateau , un hoyau, & de terraflier mal-adroit, le voilà métamor- phofé en un Jardinier confommé, parce qu'il fait payer d’effronterie vis-a-vis de Maïtres qui ne favent rien de rien. Le Jardinier donc pro- fitant de l’impéritie de fon Maïtre , fourrage inpunément tant & plus. Quiconque curieux de remonter jufqu'à la fource & à l’origine du plus grand nombre des Ouvriers du Jardinage, feroit des recherches Cp SUR LE JARDINAGE. xx & des informations à ce fujet , -trouveroit qu'il en eft ainfi du plus grand nombre. Ces fortes de Jardiniers fortuits, & manqués par confe- quent, fe marient, & font race : (car, graces au Dieu de la population , nulle Nation ne multiplie tant communément que la Nation Jardiniere ) ils prennent copie fur les efpeces végétantes faifant graine à l'infini, ou pro- duifant force boutures : telles gens ont des fils qui font Jardiniers, ainfi que leurs peres ; ce font autant de rejetons, qui, partant d’une mème fouche, ne peuvent valoir mieux. Ces fils pullulent à leur tour , & ontégalement d'au- tres fils formes par eux, & comme eux dans le Jardinage, & ainfi de race en race. De tout ceci tirez la conféquence : la plus naturelle, c'eft que de tels Jardiniers, comme autant d’automates, travaillent machinalement, fans favoir pourquoi ils le font ; aufli nul ne peut rendre raifon de rien. Il n’en eft pas de même dans les autres profeflions. Jardiniers ; en quoi entr'autres ils different des autres Artifans. Dans tous les arts & métiers, on fait un apprentiflage en forme ; & ici , comme on vient de le voir, on eft Jardinier formé d’abord. Dans tous les arts, encore l'Ouvrier eft en état de rendre compte de fon opération jufqu'à un certain point. Qu'on demande, par exem- ple, à un Menuifier , à un Charpentier, à un Serrurier & à tous autres Mere en bois 3 xxij PRÉFACE & en métal , quand ils font des pieces d’af- femblage, pourquoi le tenon doit être jufte avec la mortaife, & la cheville proportionnée à la grandeur du trou; de même qu'on de- mande à un Sculpteur pourquoi une gorge, une baguette, une moulure, une vblute, &c. font plus, ou moins fortes, plus , ou moins faillantes .. .. il n’en eft pas un feul qui ne vous donne des réponfes tirées des regles de pro- portion & des rapports de fymmétrie , &c. Mais ne vous attendez pas au femblable dans le Jar- dinage. La routine, la coutume & les ufages font loi ; ils font les feuls guides & l'unique fondement du travail : or donc c’eft pour éclai- rer les Jardiniers , & inftruire les Maitres qu'on a entrepris le préfent Ouvrage, pour appren- dre aux uns à opérer avec certitude, & aux autres pour ceffer d’être dupes , en dépenfant beaucoup à pure perte & fans jouir. Pourquoi tant d’Ecrivains [ur le Jardinage. VI. Une manie aflez finguliere dans le Jar- dinage , de laquelle on n’a point , où que très- eu d'exemples dans les autres profeflions, c'eft L démangeaifon d'écrire, foit dans les fup- pôts du Jardinage , foit dans les autres qui n'ont que des connoïffances fuperficielles de fes pratiques. Cette démangeaifon eft une ef- pece de tic, ou une frénéfie qui, comme une maladie contagieufe, fe gagne, & fair pro- grès. Un Manouvrier , à peine fachant lire, eft applaudi, ou protégé ; dès lors 1l fe fait SUR LEJARDINAGE. xxij Auteur ; il trouve un Libraire avide du gain qui fait le foible du Public pour ces fortes d'Ouvrages , parce que ce Public efpere tou- jours trouver quoique ce foit de mieux que jufqu'ici : le livre s'achete ; on le lit, fans y rien comprendre , & l’on fait exécuter à fon Jardi- nier , à celle fin que deraïfon ce qu’on croit y voir. Le Maitre & le Jardinier n’en font pas plus avancés, ni le Jardin mieux qu’aupa- ravant. Un Savant , un Phyficien, fi l’on veut, un homme d’efprit, quelqu'un qui à des talens & du génie, ou tout autre, eft poflédé du démon d'écrire :1la vu faire ;ila oui dire; ila lu ; encore quoi, & comment ? car onc iln'a pratiqué ; il tente, guidé par fa feule imagina- tion , quelques expériences fiétives rendantes à rien, & le voilà bientot un oracle du Jardi- nage. Vite du papier , des Scribes , &c. pour tracer des volumes qui, comme les champi- gnons des Jardins, paroiffent à l'improviite. Voili donc le Jardinage enrichi d’un nouvel Ecrit ; mais opere-t-on mieux d’après ce flux de paroles pare | D C’eft ce qui refte à favoir, & ce qu'on verra dans les extraits & les ana- lyfes des principaux Auteurs du Jardinage, lefquels formeront par la fuite omme une bi- bliotheque jardiniere, faifant partie du pré- fent Ouvrage , & telle eft la raifon pour la- quelle nul exemple de ce que deflus n'eft ici rapporté. À Montreuil, village compofe uni- quement de Jardiniers cultivant les feuls at- b 4 xxiv PRÉFACE bres , & dont il fera parlé ci-après, on ef bien plus avife que tout ce monde-là. Plus emprefle de bien opérer que de coucher par écrit ; 1} na jamais pris fantaifie à aucuns de ces Villageois de fe faire Auteur. Mais de plus 1l feroit contre leur fyftème de divul- guer une méthode que pendant plus d’un fiecle, ils fe font efforcés de cacher , & qui n’a tranf- piré que malgré eux. Eclairer d’abord & inftruire. VII. Le but de l’Auteur dans cet Ouvrage, n'eft rien moins que de complaire à quantité d'hommes frivoles & fuperficiels , qui , n'ayant qu'une idée confufe du Jardinage , fe mêlent de dogmatifer , ou de contenter une curiofité vaine , mais de former d’excellens Ouvriers ; our cer effet, il eft queftion d'éclairer d’a- be , & d'inftruire fur quantité de points ef- fentiels de l’art peu connus, où même ignorés jufqu'ici , enfuite de prefcrire des regles pour opérer avec certitude : afin d'y parvenir, il donne des idées claires de tout, & des notions exactes ; 1l réduit tout à des préafions , &1l le fait de façon à fe faire entendre de chacun. On peut dire ici, en pañlant , que les perfonnes mêmes, qui nées pour faire la douceur & les charmes de la fociété , ne femblent point faites pour braver dans les jardins les intempéries de l'air, n1 pour vaquer à des occupations fut- vies & de longue halaine , faififfent fes princt- pes & fes raifonnemens , que plufieurs d’en- SURLE JARDINAGE. XXV tr'elles opérent avantageufement jufqu'à un certain point d’après lui. Ces dernieres, 1l faut le dire encore, font celles qui n'ont pas fait montre de moins d'activité & d’impatience pour voir le Livre à l'impreflion. Zéle Patrio- te , l’Auteur encore, par pure commifération pour ceux de fes Confreres dans l'humanité , feroit au comble de fes vœux, fi Les fruits , qui font une des principales douceurs de la vie, pouvoient être également à la portée du pau- vre comme du riche. L’Auteur n'a donc rien de plus à cœur que de voir renaïtre les beaux jours du Jardinage & de l'Agriculture. Ses vœux fe- toient (arisaies , fi, d'après fes principes & fes | | lecons , l'Ouvrier , au lieu de travailler comme un pur automate, pouvoit fe rendre compte de tout & aux autres : bientot alors la profeflion en honneur , & l'Ouvrier en recommandation recouvreroient leur fplendeur antique ; on fe flatte d’une telle méramorphofe à la faveur de la méthode propofée. Mais cette heureufe métamorphofe , quel- que défirée qu’elle puifle être , ne peut être fubite. 11 n'eft pas poflible que dans un art aufi délaiflé, en apparence , depuis un fi grand. nombre d'années, & confié à tant de mains in- habiles, 1l ne fe foit gliffé nombre d’abus : ces abus , comme autant de mauvaifes herbes , ont ! fait d’étranges progrès ; on ne fe promet pas * de réuflir à les corriger d’abord. Il eft queftion | de défricher à plufeurs reprifes , en fubfti- | tuant à des pratiques vicieufes, des pratiques gs : XxV) PRÉFACE contraires , de déraciner enfin , fi on peut le dire , une foule de préjugés accrédités par le temps, & comme fucés avec le lait dès l’en- fance. Préjugés dans le Jardinage. Toujours la nouveauté plait , quand elle fa- vorife nos inclinations perverfes & nos pañlions déréglées , & telle eft la raifon pour laquelle tant d’Ecrits pernicieux rendant à établir le li- bertinage de l’efprit & du cœur , ontété fi fa- vorablement accueillis dans ce fiecle par un fi grand nombre , & pourquoi, entr'autres , un | Auteur le plus hardi dans fes fentimens , s’eft | fait, à la faveur d’un ftyle féduifant , tant de païtifans. Il n’en eft pas de même dans les | Sciences & dans les Arts. Ce qu'on appelle préjugés dans les unes & dans les autres, tient étrangement , ainfi que ceux de l'enfance. Voyez quelles rumeurs & quels foulévemens dans l'é- cole au fujer de la Philofophie de Defcartes! Xci le même pourroit bien avoir lieu , il n'en faut pas mème douter ; maïs ce ne pourroit ja- mais être que de la part de ceux qui ne forment point la plus faine partie du Jardinage , au moyen de quoi la querelle feroit bientot ter- minée. Du temps de Defcartes , 1l s'agifloit de: toutes opinions problématiques qui partageolent les Savans ; ici, au contraire , ce font tous faits & des vérités prouvées & démontrées, qu'on foumet au jugement d'un chacun pour en exa- miner la certitude ; des regles enfin , des pré- SURLEJARDINAGE. xxvi cepres & des loix que tous peuvent également vérifier par eux-mêmes , en les mettant en pra- Vices d'habitude difficiles à déraciner. Il eft rare qu’on fe défaffe de ce qui a pañlé : en habitude ; l'habitude , dit-on , eft une fe- } conde nature. L'Ouvrier accoutumé à ce qu'on | appelle boufiller , ne peut s’habituer à travail- ler correctement , à moins toutefois qu'une for- ce majeure , ou un intérèt perfonnel affez puif- fant , n'interviennent. Ce qu’on appelle rou- . tine dans le Jardinage, & qui n’eft autre qu'un * certain trantran d'opérer fans réflexion , de tout faire fuperficiellement , & à la légere , a un » terrible afcendant fur les génies bornés. Le | Jardinier qui ne fait que tarabufter les arbres, M& qui, de tout temps, s’eft habitué à bruf- tquer l'ouvrage , aura fortement à prendre fur lui pour opérer par principes, & d’après une mé- thode réglée & fuivie ; mais rien n’eft impof- Mfible à celui qui veut ,& le remps eft un grand maître. PET & IL efl encore de bons Jardiniers | quoique rares. VIII. Quoi qu'il en foit de ce qui eft dirici, % de ce qui fera dit par la fuite au fujet des #ibus qui pervertiffent le Jardinage, & des pra- ques vicieufes qui fe font introduites dans cet it , 1] n'en faut pas , on le répéte , il n’en Æfaut pas conclure qu’on ait pour but de com- rendre dans la même claffe tous les Jardiniers XxviIj PRÉFACE. & les Cultivateurs, parmi lefquels, comme il a déja été dit , il en eft qui fe diftinguent par leurs talens , ni qu'on ait en vue de dé- crire la profeflion. Mais par quel privilege fpé- cial le Jardinage feroit-il exempt de ce qui eft un apanage de la nature humaine ; favoir, d'être fujet, plus ou moins, aux méprifes & à l'erreur. L’Auteur ne fait autre chofe dans le préfent Ecrit , que ce que font dans la chaire de vérité les Orateurs Chrétiens, déclamant contre les vices , & non contre les perfonnes ; le même que dans le facré. Tous ee livres, au fujet des guides fpirituels , difent un bon. entre mille , & le fuave François de Salles a : enchéri en difant , un entre dix mille. Zélateurs | ou fanatiques du Jardinage. Quelques-uns ayant pris en mauvaife part ce qui a été dit jufqu'ici , tant au fujet des dépra- vations du Jardinage , que par rapport aux | Phyficiens fimples fpéculatifs, & par rapport. aux Ecrivains de cet art, ont imaginé que l'Auteur avoit eu en vue diverfes perfonnes ; fur quoi , il eft de néceflité indifpenfable que l'Auteur s'explique vis-à-vis du Public. Ref-. ponfable envers lui de fes fentimens & de fes. procédés, il fe croit dans l'obligation de lui, faire une forte de profeflion de foi jardiniere fur ce double fujet , pour le déprendre des im- preflions ficheufes que ces perfonnes fcrupu-: leufes auroient pu lui infpirer pieufement con: tre lui; car toujours on a foin de motiver de | SURLE JARDINAGE. xxx quelques fpécieux prétextes fon petit reffenti- ment perfonnel. Les Savans & les Hommes de Lettres , ainfi ) que ceux qui paflent pour tout pefer au poids ) du fanétuaire , ne font pas toujours exempts de ce qu'on appelle humeur , paflion même. Le * Parnafle & le fanétuaire ne font que trop fou- » vent les théâtres où fe paflent les fcenes les plus vives de l’animofité réciproque des uns & des autres. On peut dire d’eux, ce qu'on a dit des Poëtes,qu'1ls font une nation irrafcible. (1) Il eft à gén , Quant à ce point, & quant à ce qui fuit , d'informer d’abord le Public d’un fait par- “iculier , dont il a été dit un mot au commen- cement de cette Préface (2) ; favoir, que les Ecrits de l’Aureur font déja comme publics en partie , pour avoir été communiqués à nombre de perfonnes , qui les ont aufli communiqués à d'autres. L’Auteur à cru devoir s'expliquer fur certains écarts grofliers qui ont pu échapper à quelques Ecrivains, mais fans nommer, ni défigner perfonne. Quelques-uns ayant fait abus des paroles de l’Aureur , en ont fait des appli- cations malignes. C’eft fur un tel fondement qu'ils ont cru pouvoir , en fureté de confcien- . ce, décrier l’Auteur comme un homme dan- gereux , & le dénoncer même aux perfonne en place , qui , connoiffant l’Auteur n’en ont fait que rire. On a de plus menacé l’Aureur d'écrire contre lui, & de le relever lui-même , lui qui, “dit-on, releve fi bien les autres. (1) Genus irritabile Vatum. (2) Pagez, chiffre 1. xxx PRÉ PAGE. Sentimens & difpoftions de l’Aureur. Il faut dire d’abord que l’Auteur eft bien ! éloigné de fe croire infaillible. Il ne veut point | de grace , mais il requiert juftice; il demande * qu'au lieu de le chicaner fur des riens, & de ! donner un fens forcé à fes expreflions , le fai- ! fant parler à rebours de fa penfée, on s'en! tienne rigoureufement à festermes; du refte ! il donne carte blanche , fauf toutefois aigreur , ! animofité , pafion; & l’on peut s’affurer qu’il ne repliquera pas. Enfuite 1l déclare, quant à ce qui eft de pratique actuelle dans le Jardi-| nage, & qu'on appelle routine , mais qui n’eft | point pernicieux , qu'il eft bien éloigné de cen-! furer perfonne, non plus que pour ce qui eft problématique ; de mème tout ce qui n’eft que | méprife , bevue fimple , erreur de peu de con- féquence, ignorance légere , &c. On ne peut porter plus loin qu'il le fait les ménagemens & l’indulgence. A l'égard des abus grofhers qui partent de mauvaife volonté , d’entèrement & | d’orgueil , ou d’ignorance volontaire , il n’eft pas trop traitable ;1l eftle mème, quantaux enfei- gnemens pervers & aux maximes erronces rul- neufes pour les arbres , & débitées d’un ton do- gmatique , tanquam ex cathedra , de la part de! ceux qui fe font ingérés d'écrire fans être avoues par la nature ; il eft envers de telles gens fans mi-| féricorde quelconque , mais férvatis fervandis ;| c’eft-à-dire , avec route décence , évirant tout ce qui eft perfonnel. Il protefte même qu'il SUR LE JARDINAGE. xxx) verra toujours avec amitié & cordialité, tanc ceux qu’il fe trouve forcé de combattre , que ceux qui le releveront & qui le redrefferont ; ces derniers , il les verra avec reconnoiffance, comme fes bienfaiteurs. C'eit ainfi que dans les plaines de Mars des Guerriers magnani- mes, fans fe haïr aucunement , combattent l’un contre l’autre, chacun pour leur patrie : tels encore aux joutes du Barreau, de vaillans Cham- pions dans un autre genre, s'efcriment dans le fanctuaire de Thémis, pour foutenir les droits de leurs parties, fans celler néanmoins d'être amis. Loin donc ces hommes atrabilaires à l’hu- meur pédantefque, prétendant exercer fur les efprits un pouvoir defpotique , & affervir au- trui à leur façon de penfer , tendant à établir une forte d’Inquifition littéraire. Etes-vous de leur avis ? Oh! le galant homme, diront-ils; n’en êtes-vous pas? époufez-vous un parti con- traire ? vous êtes honni & décrié par-tour. On aura peine à imaginer jufqu’à quel point d’extravagance on a porte l'efprit de fanatifme dans le Jardinage, tant pour ce qui n’eft que de fimple opinion , que pour ce qui eft du réflort de la pratique dans les points les plus .eflentiels de l'Art. En attendant que dans un autre Ecrit que celui-ci on adminiïftre les preu- ves de la préfente propofirion , il ne tient qu'à “chacun de s’en convaincre par foi-même, en confultant les Ouvrages de ceux des Ecrivains 1 qui fe font exercés le plus particuliérement fur XXxi] PRÉFACE divers fujets dont ils n’avoient pas les premieres notions. On y trouvera des paradoxes les plus infoutenables , débités avec aflurance pour des vérités certaines , des fantomes & des chime- res, de pures vifions & des rêveries donnés pour des réalités ; & afin que certains génies préoccupés , quine veulent rien examiner , faute de lumieres , ne puiffent fe refufer à l’éviden- ce, on fe propofe de déférer le tout au tribu-. nal du Public, mais en rapportant mot à mot. les termes, avec guillemets à côté; ce qui ne pourroit avoir lieu dans la préfente Préface. Quels remedes aux maux du Jardinage. IX. Quels que foient les maux & la déprava- | uon du Jardinage, ainfi qu'on l'a fait voir, cependant ils ne font point irrémédiables; & voici comme on le conçoit. Il eft, tant au tour de Paris, que dans les Provinces , un bon nom- bre de Jardiniers zélés pour le progrès de leur profeflion, qui, d’après ce qu'ils ont vu des pratiques de la méthode qu'il eft queftion d’é- rablir , comme aufli d’après ce que la renommée publie de toutes parts à fon fujet , font dans la plus vive impatience de voir l'Ouvrage impri- mé; celle des Maîtres & des Cultivareur eft bien autre encore. Tout par conféquent eft à efpérer pour le fuccès de la méthode. On la verra peu à peu s'établir, comme elle eft déja dans une foule d’endroit , au tour de Paris, &: dans Paris mème. Enfin fi des Jardiniers, trop. fervilement attachés à la vieille routine, fe roidifloient SUR LE JARDINAGE. xx teidifloient contre ; on n'en défefpere point en- core : bientôt entraînés par l'exemple du plus grand nembre , & voyant par eux-mêmes, ils ne tarderont point à fe rendre. Quel peut donc être le but de l’Auteur, finon l'intérèc public, l'honneur & l'avancement de la profeflion? C’eft , en un mot , un curieux, un amateur, un Cultivateur, qui, pañlionné our le Jardinage ; a, pendant de très-nom- Lire années, cherché la pierre philofophale de cet art fi intéreffant pour tous , & qui fe flatte de l'avoir trouvée par des recherches fans fin , des eflais réitérés & des expériences, dont il donne les réfulrats, & dont il fait juge tout l'Univers: Jamais on n'imaginera , à coup für ; comment ; & par quels moyens l’Auteur eft parvenu au point de faire de cet art, jufqu’ici purement méchanique, une fcience proprement dite ; comment il s’eft retourné en toute occafion pour avoir , de la part de la nature elle-même , les éclairciflemens & les dénouemens rap- portés dans le cours de fes Ouvrages. Le tout _neft rapporté par lui dans un certain détail, que pour ftyler les uns & les autres à faire le femblable : il imagine bien que d’après lui, on ira indubitablement fort au - delà. Quelques anecdotes , non moins curieufes qu’inréreffan- tes pour le Public , & que ce Public ne peur improuver , donneront une jufte idée du Jar- dinage de l’Auteur , de fon travail & de fa méthode. Mais avant que de paffer outre, il eft un point effentiel fur lequel on ne peut fe dif- € | &xx1Y PR E FACE penfer de prévenir le Leéteur ; favoir , fur Fac- cufation qu’on pourroit lui faire d’avoir donné, eut-être, dans le défaut , fi juftement repro- ché à Montagne, qui eft de parler trop de foi. Mais en confidérant attentivement les chofes , & banniflant toute préoccupation d’efprit , on verra qu'il a été dans la nécefliré d’en ufer de la forte par rapport à fes recherches , fes inven- tions & fes expériences. Il protefte que, ni la vanité fotte , un fol orgueil, l'amour infenfé de fes propres Ouvrages, & tons autres mo- tifs femblables, n’y eurent jamais aucune part; autrement il y auroit de l'indécence. Ceux qui font liés intimement de longue main , avec l Auteur , favent fi telle fatuité fut jamais fon défaut. Sa philoféphie ne fe repait point de pareilles chuneres , ni d'une vaine fumée. Les faits qui vont être rapportés font connus, en plus grande partie, par nombre de perfonnes. Jardinage de l'Auteur , fes commencemens & fes progres. X. Il faut dire d’abord que l’Auteur eft ; peut-être , le plus ancien Jardimier de l'Univers, On va le voir. Il n'eft point jeune , tant s’en faut, & il jardina dès l’âge de cinq ans. Ses pere & mere avoient un fort beau jardin dans un des fauxbourgs de Paris, à proximité de leurs affaires. C'eft là que dès lors, finge du Jardinier , il le copioit en rout ce qui étoit à la portée de fes forces naïffantes. Ce gout comme SURLE JARDINAGE. xxxV inné pout le Jardinage, crut avec l’âge : il de- vint en lui une pañlion innocente , à laquelle il dut , on ne l'imaginera pas , tous les progrès qu'il fit par la fuite dans les diverfes fciences auxquelles il fut forme. Dans ce lieu fi chért, il étudioit fes leçons de clafle, qui ne lui cou- toient rien à apprendre, tant 1l avoit à cœur dé gagner du temps pour fe livrer aux travaux du Jardinage. Là les heures trop rapides pañloient comme des éclairs. De même les intervalles des clafles & des divers exercices auxquels il s'appliquoit , & les jours de congé étoient em- ployés au Jardinage , & toujours 1l fe mouloit, tant qu'il pouvoit , fur ce qu'il voyoit faire à ce Jardinier , rien moins que content des prouefles non réfléchies de fon Difciple trop novice encore. Tels furent les commencemens de fon apprentiflage dans cet art. Deftiné à Tétat Ecchéaftique , 1l fut fait penfionnaire dans une maifon fameufe alors à Paris , & protégé par le pieux Cardinal de Noailles (1). Cette Maifon , fort voiline des Chartreux, mit l’Au- teur à portée de faire connoïffance avec un cer- tain Frere François, leur Jardinier , & le direc- teur de leurs pépinieres , qui, pour être con- duites par de faints Religieux , peuvent, à bon droit, pour cela même , être réputés plus méritantes qu'aucunes , quelles qu’elles puiffent être. Ce Frere éroit fort en vogue dans fon temps. (1) Saïat-Magloire, fauxbourg Saint-Jacques, appare tenant aux Peres de lOratoire. € à #XXV) P:RÉSF.ME E Membre d'une Communauté en renom, € payant au mieux de fa perfonne par tout ce qui annonce du mérite ; 1l n'eft pas étonnant que ce Frere für alors le Coriphée du Jardinage. Il eft Auteur d’une efpece de livre , intitulé : Ze Jar- dinier Solitaire , qui eft, comme qui diroit, une forte d’abrégé de M. de la Quintinie. Difpenfé de parler fa langue par plus d’une raifon , il ne prit point pour modele le Prince des Poëtes Latins (1) dans fes Ecrits cham- pètres. Après la mort du Frere François, l’Au- teur a continué que temps fous le Frere Philippe , fon fuccefleur. L'un & l’autre ne purent montrer à l'Auteur, leur néophyte À que ce qu'ils favoient eux-mêmes; favoir, la routine pratiquée de leur temps, & enfei- gnée dans tous les livres. Durant ce temps, & jufqu'ici, fon application, à ce qui eft du refort des Belles - Lettres & de la fcien- ce de fon état , alloit de pair avec fon amour pour le Jardinage , & partagea fon temps. Mais, parce qu'il eft tout différent de tra- vailler en chef & pour foi- même, que de travailler en fecond , & comme en fous-œuvre pour autrui, l'Auteur fit, à quatre lieues de Paris (2), l’acquifition d’une maiïfon de cam- pagne. Là s'appliquant également à l'étude de la nature & aux occupations manuelles & cham- pètres , il fut Obfervateur & Culrivareur tour enfemble. Pendant 28 ans, 1l fit dans fes jar- dins , & dehors en plein champ , des recherches (1) Virgile. 3 : | (2) Sarcelles, Village fort renommé, RE is pt RS me, ee D + nm SURLE JARDINAGE. xxxvi en tout genre , des eflais, des expériences , des tentatives & des obfervations, dont on donne les réfulrats dans tout ce qui fera la matiere de l'Ouvrage qui fuivra ce Dictionnaire. On ne dit point ici combien de millier d'arbres, d’arbuftes & de plantes de toutes fortes, fu- rent facriñies pour fes divers effais , & qu'il fe fit par la fuite Difciple de Verdier (1) , afin de parvenir à la connoiflance de l'organifation & du méchanifme des plantes : 1l fut merveilleu- fement fecondé dans fon travail en ce genre par un des Membres les plus expérimentés de ceux qui compofent l’Académie renommée de Chi- rurgie à Paris (2). Pendant ce long efpace de temps, l'Au- teur n'a rien laiflé échapper de tout ce qui lui a paru fingulier & extraordinaire , fans en demander raifon à la nature elle-même, fans s’efforcer de pénétrer dans fon fanctuai- re obfcur, fans l'interroger , l'interpréter , la deviner, & entendre d’eHe-mème fes ré- ponfes & fes oracles. En relation avec les Jardiniers les plus expérimentés , fur-tout avec M. le Normand , Directeur des potagers de Ver- failles , fonciérement Jardinier , tel qu’on pou- voit l'être alors , lequel éroit pere de celui qui remplit aujourd’hui fi dignement fa place ; 1l “Îles confultoit , & fe concertoit avec eux : mais imbus , ainfi que l’Auteur lui-même , des vieil- (1) Célebre Anatomifte , qui a fait un très-beau Traité d'Anatomie. (2) M, du Bertrand, £ 3 xxxvii) PRÉFACE les maximes de la routine aveugle , fucées coms me avec le lait dès l’enfance , de quelle utilité pouvoient-ils être entr'eux ? Ils étoient com- me autant d'aveugles, fe conduifant les uns les autres, en s’égarant & s’écartant de la voie. Ces Jardiniers , dont il eft ici queftion , étoient des hommes à voir , non comme ceux qui ont la brutalité & la férocité en partage, qui font le fléau de la fociéré & l’opprobre du Jardina- ge : 1ls ne fe rendoient point odieux , fur-tout aux gens de bien ; mais ils joignoient à des ta- lents, des mœurs fociables & honoroient leur profeflion : quant à M. le Normand , il étroit vraiment digne de fa place , en fervant un Mo- narque. Comment l’Auteur , efclave de La routine, fe réforma. L'Auteur ne fachant rien de mieux que les pratiques univerfellement ufitées dans le temps, n'imaginoit pas qu'il fut poffible d'enchérir fur lui. Ses arbres cultivés avec toute l'application imaginable , étoient exempts, il eft vrai, de routes mal-propretés & difformités choquan- tes , qu'on n'apperçoit que trop dans le plus grand nombre des jardins. Néanmoins , avec tout fon travail & beaucoup d'arbres bien te- nus en apparence , il n'avoit, comme tous au- tres , que. médiocrement du fruit, en compa- raifon de ce qu'il devoit avoir : fes arbres plan- tés par lui-même , & dont , fuivant les précep- ces de tous les livres, il mafacroit les racines , € 2 SUR LE JARDINAGE. xxxix reprenoient difhcilement, ne rapportoient qu’à la longue , & il lui falloit replanter fans fin. Il eflaya donc de fe réformer fur quantité de oints : ce fut d'abord de planter des ar- D les plus forts, au lieu de petits avortons, tels qu’alors , & comme aujourd'hui encore. Au lieu de les arracher ftupidement , il les fai- foit lever avec toutes racines de toute longuewr, & 1l les replantoit de mème ; 1l confervoit fur- tout les pivots , & les plantoit dans des trous fort amples avec bon rempliffage. IH laioit , autant qu'il fe pouvoit, quelques branches à la tète, &c. On n'entre point ici dans un plus grand détail ; ce qu'il y a de bien certain, c'eft qu'il fit une ample réforme , qui lui réuflir à fouhair. Tous les Jardiniers du lieu & des en- virons , ainfi que les maitres, au lieu d’exami- ner-toutes ces découvertes pour en faire leur profit, regardoient l’ Auteur comme un homme fingulier : on glofa & l’on plaifanta tant & plus fur fon compte. Il laiffa dire, comme il a toujours fait , & comme il eft déterminé à faire par la fut- te : mais parce que l'erreur & Le faux ne préva- lent que pour un temps feulement fur le vrai, les Jardiniers du canton & ceux du voifinage , té- moins des progrès rapides de tels arbres, revin- rent de leurs préjugés, & ils rendirent juftice à la méthode de l’Auteur ; mais nul n’ofa l’em- brafler par une faufle honte, à caufe de leurs _Confreres. Quelque bien tenus & fymmétrifésque fuffenc Les arbres de l’Auseur , néanmoins ils étoient, C4 s] PRÉFACE comme par-tout , dénués du bas; ils pouffoient à outrance des gourmands que l’on coupoit fans fin ; quoique plantés fort près, ils fembloient plutôt fe fuir , que s’atteindre ; ils étoient incommodés de quantité de maladies , où que l'on regardoit comme incurables , ou qu’on né- gligeoit de guérir : enfin ils n'avoient pas plus de fruits que les autres. XI. Il n’étoit point queftion alors de Mon- treuil , finon dans les marchés , où les gens du Village & des contours étoiene feulement con- nus par leurs fruits ; mais nulle mention d’eux dans le Jardinage. Montreuil & les Villages circonvoifins , dont l’Auteur aura occafion de parler amplement , eft un endroit où l’on culti- ve les arbres depuis plus de 1$0 ans, d’après un fyftème le plus fuivi. Il fera donné par la fuite fur ce Village & les Villages adjacens, une Differtation , laquelle à déja été imprimée dans le Journal Economique. Le feul M. Girardot, à Bagnolet , ancien Moufquetaire , faifant un trafic honnète de fes fruits, & fur-tout de fes pêches , étoit en renom. Il culrivoit fes arbres fuivant la méthode de Montreuil ( car il n’en eft pas l'inventeur , comme quelques-uns l'ont avancé.) L’Auteur, jufques-là , avoit gouverné fes arbres fuivant lPufage du temps, c'eft-2- dire, en écourtant à force, en abattant tous les gourmands , en dénuant à l’ébourgeonne- ment, en appauvriflant fes arbres, & le peu de branches qu'on leur laifloit, étoit dirigé par voie de perpendicularité ; enfin les rameaux NE NE IE RS RS RES Li) DOS RES té 2 ee SUR LE JARDINAGE. xl) infortunés , échappés au tranchant meurtrier de la ferpette , étoient , à mefure qu'ils s’al- longeoient , arrêtés par les bouts, pincés & re- pincés ; fuivant la routine du temps , & fuivant ue l’avoient appris à l’Auteur les Jardiniers froqués & autres. Decouverte du fyfléme de Montreuil. Tel étroit alors le Jardinage de l’Auteur, lorf- qu’un Particulier venu pour lui faire vifite à fa maifon de campagne, lui parla en ces termes : Vous croyez , lui dit-il, favoir beaucoup , 6 vous ne favez rien: allez voir ces manans de Montreuil , & vous conviendrez avec moi que vous n'êtes qu'un ignorant. L’Auteur donc qui, comme tout le monde alors, n’avoit jamais entendu parler de Montreuil, s’enquit exacte- ment à ce Complimenteur affez brufque, de ce qu'il lui importoit de favoir à ce fujet. Il n'eut jamais rien de plus à cœur que d’appren- dre , de quelque part que ce puiffe être, il ne tarda point , fur le portrait avantageux à lui fait de ces Villageois , de fe tranfporter fur les lieux. Quoique d’abord il n'eut pas été adreflé à ce qu'il y a de mieux, ( car tous ne font pas également ouvriers à Montreuil ) néan- moins , à force de voir, de réfléchir & de com- biner , à force d'interroger, & à la faveur d'éclairciffement de la part des uns & des au- tres, 1] intercepta leur méthode, réfolu de l’admettre chez lui. Dans fon jardin, non vafte, mais d’une xl PRÉFACE étendue affez ample , étoient beaucoup d’efpa- liers : il avoit au plus chaque année, r4ou 1509 pèchesëc des autres fruits à proportion une quan- titc aufli modique : 1] commença par ôter un ar- bre d’entre deux. Ils étoient à fix pieds l’un de l'autre : au lieu de monter les branches pat voie de perpendicularité, comme il avoit rou- jours fait, 1} fupprima le canal directe de la feve, leur faifant prendre la forme d'un V un peu ouvert, fuivant la figure, tirant late- ralement, tant qu'il lui fut poflible, toutes les branches convenables, faifant fur-rtout em- ploi des gourmands bien placés, qui avoient étc Cpargnés à l'ébourgeonnement précédent ; au lieu encore de les écourter à la taille & de les dénuer, il leur fit prendre l’eflor ; & cette mème année , 1l eut quatre milliers de pèches & des autres fruits à proportion ; & le tout monta par la fuite au double & au dela. Ses arbres tenus de la forte, & dans un terrein avantageux , groffirent prodigieufement , & ne tarderent point à fe joindre. Ses vignes non te- nues de court aux efpaliers, mais allongées de la forte , non également rognées perperuellement à la poufle, firent d’étonnans progrès. L’Auteur, après avoir fuivi pendant plu- fieurs «années les gens de Montreuil dans tou- tes leurs diverfes opérations , s’apperçut que sur méthode , quoiqu'avantageufe , avoit be- foin d’être rectñée , 1l s’appliqua tout entier à la perfectionner. On ne dit point ici quels furent les différens fujets de cette réfor- | SUR LE JARDINAGE. xliï me; le detail en feroit trop long. Ces fu- jets font entr'autres la diftribution proportion- nelle des branches & la forme réguliere des arbres, l'ordre & la fymmeétrie, l1 formation des buiflons & leur direction , l'emplatre d'on- guent Saint-Fiacre fur les plaies , fur-tout aux arbres gommeux, la guérifon des chancres, la cure de la maladie du blanc , l'intégrité des racines en plantant , la force & la vigueur des arbres renouvellés , ainfi que quantité d'autres pratiques , ou mon connues, ou non obfervées ; ce qui n'empèche point que la méthode de ces habiles Culrivateurs ne foit d’ailleurs fon- ciérement bonne. Enfin l’Auteur , après vingt-huit ans d'un travail manuel le plus opiniâtre, (1) & tous les effais qu’il a pu imaginer, & dont il fera rendu compte dans le cours de l'Ouvrage, fuivant les occurences , à jugé à propos de vendre fa maïfon de campagne. Depuis cette vente, les perfonnes qui furent témoins ocu- lures des effets de fa méthode, en vifitant fréquemment fes jardins, daignerent l’appeller chez elles. Il n’a ceffé, depuis ce temps juf- qu'à maintenant, de travailler toujours lui- mème, foit pour fuivre encore & obferver la nature , foit pour former des fujets : à peine peut-il fufare à l'empreflement des perfonnes de tous les différens ordres ; & comme 1l ne peut faire toute la befogne feul , il a aflocié a fes travaux nombre d'Ouvriers de Montreuil, lefquels il emploie avec une entiere fatisfac- (1) Labor improbus. à xliv PRÉFACE tion, fi l'on en excepte quelques Particuliers, ! rien moins qu'eftimés & chéris de leurs Com- patriores , & qu'il a ceflé d'employer ; les au- tres , on les confidere par-tout comme de fortes honnêtes gens : ils font accueïilis & en recom- imandation amprès des Maïtres, & défirés non moins par les Jadiniers des lieux, qui, avec le fecours de tels exemples , fe forment & fe ftylent à la nouvelle methode. Jufqu'ici ces Ouvriers n’ont efluyé que fort peu de contra- diétions, fi ce n’eft de la part de quelques fort mauvais fujets ayant pour Maîtres ceux dont parle Columelle (1). XII. Le fieur Pepin eft un perfonnage trop recommandable à Montreuil, pour ne pas faire ici une mention honorable de fes talens. L’Au- teur , quelques années après la vente de fa maifon, qui ne connoifloit que de réputation Îe fieur Pepin , le plus célebre de tous à Mon- treuil, trouva moyen de parvenir jufqu'à lui: il fut merveilleufement accueilli par cet Ar- ufte, recommandable en fon genre, & du fieur fon fils, partageant avec lui les talens pour la direction des arbres : ilne rougit point de dire que d’une telle liaifon ila tiré de grands avantages. Le fieur Pepin, pere, fur-tout , | comme fort avancé en âge, avoit acquis une expérience confommée. L’Auteur l'annonça à tout ce quil y avoit de mieux à la Cour & à la Ville. Les Princes & Îes Princeffes du Sang Royal entr'autres, à qui il fut annoncé par l’Auteur, fe rendirent chez lui pour vifter (1) Cujus villicus magiftrum non audit, [ed docet. | SUR EE JARDINAGE. xlv _Gs arbres , & ils s’en revenoient extrèmement “(aisfaics. Ils l'ont honoré jufqu’à fa mort de * leur puiffante protection. Cet habile Cultiva- teur faifoit un commerce de fruits , le plus con- fidérable de trous. I éleva, & pourvut con- venablement fa famille , paflablement nom- breufe , & il a laifle une fucceflion honnète. Sa mémoire enfus fera en recommandation à Montreuil & dans tout le Jardinage. Son fils ne jugeant pas à propos de fuccéder à fon “pere dans fon commerce de fruits, a vendu prefque tous fes héritages à divers Particuliers de Montreuil. C'eft donc après un travail manuel, durant un fi long efpace de temps , accompagné d’une étude & d’une application aufli profondes à fuivre la nature, & en conféquence d’obfer- vations d'expériences , qui jamais ne fe fo démenties, que l’Auteur entreprend aujout# d'hui d'écrire. Quiconque veut réuflir , en quel- qu art que ce puifle être , doit obferver la mar- che de cette même nature ; alors il ne peut manquer de bien faire ; au lieu qu’on s'égare, ee on ne s’en rapporte qu'à foi. 1] eüt été ort aifc , par exemple, à M. Grew (1) & à M. Halles , (2) deux célebres Phyficiens Anglois, qui ont écrit admirablement fur les plantes, de s’éclaircir par eux-mêmes au fujet à feuil- les diflimilaires & des lobes des graines, ou (1) Anatomie des Plantes. (2) Starique des Végétaux. te ie de xlvj PRÉFACE | par autrui, en faifant des informations aux moindres des Cultivateurs : ils n’euflent pas manqué de fe réformer fur leur erreur à ce dou- ble Cgard ; erreur qui n’eft point d’ailleurs préju- diciable dans la pratique , non plus qu’au mérite de ces deux grands hommes. Si également tant d’Auteurs célebres , qui fe font exercés comme à l’envi fur l'Agriculture &le Jardinage , avoient fuivi & étudié la Nature, & s'ils euffent confi- déré toutes les productions de cette même Na- ture dans leurs parties, tant internes, qu’ex- ternes, 1ls euflent reconnu qu’il eft dans les êtres végétans , une analogie décidée avec tous les êtres vivans , & que tout ce qui fe pafle dans les premiers, eft une répétition de ce qui fe affe dans les autres : alors quelle différence de Jangage , ainfi que du côté des procédés , quant la pratique. Ce qui eft dit ici de ces hom- s célebres qu'on cite pour exemple de cer- raines méprifes dont les plus grands hommes ne font pas exempts, juftiñie la propoftion de l’Auteur, au fujet de l'étude de la Na- ture : enfin quelqu'habile que l’on foit, quel- qu'éminent favoir que l’on ait, on peut s’é- carter quelquefois du vrai, fans le vouloir & fans le favoir. Mais il n’en eft pas de mème de ces autres, qui donnent tout à l’imagina- tion & à l'efprit, faifant agir la nature à leur guife, non plus que de ceux encore qui, pré- venus aflez mal à propos en leur faveur, n'é- tant que fimples manouvriers , fe font ingérés d'écrire. TS SUR LEJARDINAGE. xlvij ‘L’Auteur n’a pas eu dans fon temps les mê- - mes avantages pour fon inftruétion que ceux - dont on eft à portée de jouir aujourd’hui. IE - ne connoifloit point , ni Montreuil, ni les Pe- » pins : il n’avoit alors , pour toute reflource, » que les livres du temps, où 1l ne pouvoit puifer aucunes inftruétions folides. L'Ouvrage qu'il donne n’eft , à proprement parler , qu'une forte de tradition fuivie, & comme une fucceflion généalogique de toutes penfées, de réfléxions )& d’inventions d’un Cultivareur pafhonné pour le Jardinage. Ce ne font plus des opérations muettes, vagues, faites à l'aventure comme jufqu'ici, ni fondées fur de fimples préfomp- tions , fur des conjectures hazardées, ou d'a- près des opinions ; non plus qu'en confcquence de préjugés d’art; ni enfin des pratiques 1fo- ces, dépourvues de principes, de raifons & de re mais tout eft lié, fuivi, raifonné & conféquent. Voici , pour juftifier ce qu’on 2 avancé juf- qu'ici, quant à l'étude de la nature , un feu exemple avec lequel on finit cette Préface : ce n'eft qu'en attendant que par la lecture de FOu- rage , on en foit convaincu par une foule d'au- tres. Celui-ci eft capital & comme la clef du Jardinage fruitier en efpalier : c’eft la fuppref- fion du canal direct de la feve & des branches verticales perpendiculaires au tronc & à la tige. On verra par cet échantillon la différence d'i- dées, de principes , de raifonnemens & detravail dans la nouvelle méthode, en la comparant xlvi) PRÉFACE | avec ce qu on appelle routine, uftée jufqu’ici: XIIL. Depuis qu'il y eut des Jardiniers tras vaillant les arbres en efpalier ( car felon M. de li Quinunie, ils étoient fort récens de fon temps )on na point imaginé de leur donner d'autre forme que celle d’un éventail , où tous les rayons partent d’un mème point, comme . ceux qui, dans un cercle partent du centre à la circonférence , ainfi qu'on peut le voir dans la figure. (1) Les branches verticales & celles qui montent perpendiculairement , plus ou moins, fortent immédiatement de la greffe : aufli font- elles prefque équivalentes en groffeur à la tige même, fouvent plus groffes. Les branches la- térales & obliques font toujours foibles, fou- vent mourantes. Ceux-là parmi les Jardiniers ontété, & font encore réputés les plus habi- les, qui ont donné, & qui donnent aux ar- bres cette forme d’éventail la plus parfaite. Par ce moyen, vous n'avez eu jufquici que des arbres, finon manqués & eftropiés, du moins très-imparfaits, dénués communément du bas & emportés du haut; & il vous a fallu fouvent replanter, & n'avoir, la plupart du temps , que des arbres fquelettes , fur-tout en fait de fruits à noyaux. Ces arbres vous ont donné d’abord quelques fruits, mais non la centieme partie de ceux que vous en eufliez tirés, fi la feve, au lieu de monter impétueu- fement par voie de perpendicularité , eût coulé obliquement, & par conféquent plus dif- (1) Lettre B, page 75. ficilement; SUR LE JARDINAGE. xlix ficilement, plus pémiblement & plus lente- ment, ce rerardement opérant un féjour & une filtration dans les pañlages , opere auf de toute néceflité une tamifation & une forte d'afhnage; elle eft cuite & digérée pendant fon féjour plus long par tous les bienfaits de l'air : c’eft la différence d’un torrent impétueux d'avec le cours d’un ruiffeau qui épanche fes eaux en ferpentant fur la molle arene : alors donc, par ce retard & par l'écoulement pé- nible , cette feve eft répartie dans routes les branches par une diftribution proportionnelle; au lieu que, parce que la feve fe porte par irruption vers le haut, les branches fatpaffenc de Diéden le chaperon du mur, en pure perte. Ces arbres communément font circonf- cripts. Ils auroient des 20, 30, ou 40 pieds détendue latérale, au lieu de 10,12, ou 15: la tige eût également groffi du double. Tou- jours à ces arbres fougueux, les branches ver- ticales ont dévoré les latérales. La préfente obfervation faites-la , fur tous les arbres des campagnes & des forêts que nous ne dirigeons point : en les confidérant attentivement, l’on verra que dans ceux qui ont des branches ver- ticales , les branches latérales font toujours plus foibles. Ici encore la comparaifon de l’eau vient à notre fecours. La feve ayant une ana- logie parfaite avec cette derniere, la compa- raifon de l’une avec l’autre donne un grand jour au fujec que l’on traite. C’eft ainfi que les eaux d'un ruifleau & de toute conduite d’eau, d Ë PRÉFACE dont Îe canal eft droit, coulent avec plus de véhémence, que celles de tous autres dont le canal eft cortueux. Un jet d’eau dont lajuf- rage eft perpendiculaire, fouetre & Jance fes eaux avec une forte de fureur , & prefque à la hauteur de fa fource. Mais panchez, ou deverfez d’une ligne l’ajuftage , l'impulfion du jet s’amoindrit de plus d'un pouce de haut, & à mefure que vous le penchez, l'impulfon diminue jufqu'à ne plus faire que baver, quand vous le couchez tout-à-fait. | En fupprimant donc le canal dire& de Îa feve, vous avez, comme 1l vient d’être dit. des arbres qui, en peu d'années, deviennent des coloffes, en comparaifon de ceux où fe trouvent des branches verticales , lefquels demeurent toujours avortons. Faites au con- traire prendre à vos arbres la figure d'un V. ouvert, vous avez alors des arbres prodiges , qui durent des fiecles, quand ils font tenus fuivant les regles. Les deux parties de cette figure d’un V ouvert, forment les deux bran- ches meres, defquelles dérivent dedans & de- hors toutes les branches groffes, moyennes & petites : ( voyez la figure * } ainfi donc au moyen de l’obliquité & du devers de ces deux bran- ches meres, point d’irruption de feve ; la dif- tribution s’en fait tant dans les branches mon- tantes qui rempliffent la capacité d’un mem- bre à l’autre de l'V ouvert, que celles qué font defcendantes au dehors d'un côté & d'un autre de ce même V. * Page 72 du Di&ionnaire, SUR LE JARDINAGE. l Comment les gens de Montreuil ont-ils apperçu ce point d'importance ? & comment les la Quintinie ne l'ont-ils point connu, ni aucun Phyfcien de ceux qui ont traité des vé- gétaux ? (1) Comment enfin ce point capital du Jardinage n'a-t1l point tranfpiré ailleurs ? 11 faut fur ce fujer entendre les gens de Mon- treuil : ce ne font point de doctes Ecrivains; ils favent mieux manier la ferpette , dreffer & former un arbre fuivant des regles, que la plume pour griffonner du papier. Leur raifon- nement fur la fuppreflion du canal direét de la feve & fur tout retranchement de toutes branches verticales , eft admirable , quoique fimple, Pourquoi, difent-ils, quand on veut qu’une branche fournifle du bas, l’arrète-t-on par en haut, quoique d’ailleurs affez mal à propos, fuivant la routine? C’eft pour empêcher, dit- on, qu'elle ne s’emporte. Pourquoi, difent- ils encore , quand on 2 des giroflées, des pois, des feves de marais, &c. qu'on veut Line ou s'étendre des côtés, ou multiplier , les ra- bat-on par en haut ? C’eft afin que, nilesuns, 4 m les autres ne s’étiolent , & ne ce the 4 1 È ce qui arriveroit indubitablement , fi on les laiMoit monter perpendiculairement. Qu’arrive- t-il de certe RME du canal dire de la fève ; car la feve , quoi que vous faffiez à la % tère de la plante , eft roujours envoyée, de la : 3 à | (1) Il fera répondu à ces queftions dans a differtation fur Montreuil, d2 Ÿ; PRÉFACE part des racines, en même uantité , foir que vous arrètiez par en haut, foit que l’on la life dans fon entier ? Or voici ce qui arrive de toute nécefhté. Cette feve arrivant toujours. en même quantité que ci-devant, & ne trou- vant plus à fe dépoler dans ces extrémités fup= primées , eft forcée de fe jerrer de toutes parts ailleurs , & de fe rabattre fur les yeux du bas, qui fourniflent des bourgeons que vous n’au- riez pas fans cette induftrieufe invention. C'eft pour la mème raifon , continuent-1ls, que, quand on plante un arbre en buiffon ; on l'étron- ! conne, afn aufli que cette feve, qui ne for- meroit que des branches verticales qui em- porteroient l'arbre » foit divifée , partagée & répandue horizontalement. Que faifons-nous autre chofe, difent-ils encore, que ce qui eft ufité d’ailleurs dans tour le Jardinage ? Nous avons vu, qu’en laiffant les branches verticales, nos arbres s’emportoient du haut, & qu'ils fe dégarnifloient du bas ; que la tige alors cef- {oit de profiter , ou qu’elle ne profiroit que foiblement ; que toutes les branches de côté maigrifloient & mouroient peu à peu; & enfin que nos arbres fluers & fans étendue , ne nous donnoient pas la centieme partie des fruits que nous avions droit d’efpérer. Nous avons tranf- porté à nos arbres d’efpalier cette pratique fi falutaire, de la fuppreflion du canal direct de la feve. Voilà un raifonnement bien fenfé & décifif, fur-tout étant d’accord avec l'expe- rience depuis plus d’un fiecle & demi dans une contrée nombreufe. SURLEJARDINAGE. fi » Telle eft la formation premiere & la difpo- fiion primordiale des arbres d’efpalier, pour en virer des avantages dont on a été privé jufqu’ici , faute de raifonner & de faire atren- tion à l'effet des branches verticales. de mème qu’à l’efter de la fuppreflion du canal direét de la feve. | Ce feul exemple, quin'eft point traité en- core dans toute fon étendue , & où l’on rend des raifons très - pertinentes de tout, eft un échantillon léger de la façon dont tous les fujets feront traités par la fuite dans l'Ou- vrage. Conclufion de cette Préface. On termine cette Préface par une réflexion importante , qui peut s'appliquer également à tout, comme à ce qui eft du reflort du Jardinage. Savoir qu'avec une excellente judi- ciaire, on fe tire avantageufement de tout. On propofe une nouvelle méthode pour opérer dé- formais dans le Jardinage ; que He fl alors cette judiciaire ? Elt-ce de rejetter d’abord? Eft-ce d'embraffer fans examen ? Non, mais de combiner , de comparer & d’effayer : alors rien de plus aifé que de fe“déterminer : mais qu'eft-ce que c’eft que judiciaire ? Ce qu'on appelle ici judiciaire eft une de ces chofes que l'on fent mieux qu'on ne peut définir : c’eft l’art de faifir le vrai par goût , & de rejetter le faux par difcernement ; & pour dire en un mot, c’eft l’ufage du bon fens palfé d 3 liv PRÉFACE, &c. en habitude. Si jamais qualité de l’entendement fut requife pour quelque Art, c’eft celle-là pour le Jardinage. Il n’eft point d'occurrencesles plus critiques du Jardinage, defquelles, par fon moyen, on ne fe tire avantageufement. Avec elle, & par fon moyen, on combine du pre- mier coup d'œil, on pefe tout murement , on conjecture à propos , & l’on prévoit fagement, on preffent ce qu'il eft plus à propos à faire , ainfi que les fuites & les effets d’une opéra- tion , d’une pratique & d’une tentative. C'eft elle qui nous décide dans le cas douteux, elle nous éclaire dans les divers phénomenes où nous nous trouvons embarraflés : avec elle encore on donne prudemment au hafard, comme on marche d'un pas afluré dans la pratique du vrai; elle feule en un mot fonde ce qu'on appelle expérience. Qu'eft-ce enün qu'un bon Jardinier ? Sinon un bon gourmet du vrai. à | CE DICTIONNAIRE. EL y 2 bien des Dictionnaires AIIE du Jardinage : on ne les dé- HE A% taillera point ; mais la plupart des définitions , on ne craint point de le dire, font, ou louches, ou obfcu- res, ou faufles. M. de la Quintinie, entrautres , en a donné un, maïs il eft en même-temps trop diffus & trop ferré ; trop diffus, en ce qu'il donne les définitions de quantité de chofces inutiles ; trop abrégé, parce qu’il omet quantité de chofes néceflaires. On s’eft appliqué, dans le préfent Diétionnai- re, à rendre plus clairement que juf- qu'ici l'intelligence de tout ce qui peut -intéreffer davantage dans tout ce qui concerne le Jardinage. On s’eft efforcé d 4 Ivj A V ES ::S ER de fe rendre clair, en s'étendant le plus qu'il a été pofhble, & cependant évitant la prolixité. Le but de lPAuteur n'étant point de former un corps complet de tout le Jar- dinage, mais bien de donner d’abord les. principes de cet art, puis l’application de ces mêmes principes, il n’a pas jugé à propos de compofer un Diétionnaire Univerfel en forme, à raifon de quoi celui-ci eft intitulé : Dicéionnaire Sur le Jardinage , & non Diétionnaire Uni- verfel. Qui eft le Payfan qui ne fait pas faire venir des pois, des feves, de lentilles, &c? Eft-il quelque Jardinier aflez ruf- taud , pour ignorer les facons qu’il faut donner à la terre, & comment il faut s'y prendre pour faire venir des choux, des panais , des carottes , de l'oignon, des raves , &c ? A l'égard des fleurs, c'eft un gout : particulier , & comme qui diroit un trantran auquel on eft formé d’abord , dès qu’on a du penchant pour cette par- tie brillante de l'Agriculture. On peut dire le même des plantes : : L'U f à CE DICTIONNAIRE. Ivij grafles, ou exotiques qu'on n’éleve qu'à force de foins , pour les garantir des outrages de l'air. Dès que l’on s’adonne dl Là ce genre d'agriculture uniquement curieule & récreative , on en faifit bien- » rot l’efprit & le gout. C’eft encore une petite bénédiction que la quantité d'écrits, qui, comme une pluie inondante , ont aflailli le | Jardinage , tant pour les légumes, que pour les fleurs , & que tous nos Ma- raichers de Paris , d’Aubervilliers , du Bourget , ainfi que nombre d’autres Villages circonvoifins, de même encore que tous nos autres Jardiniers, faifanc commerce de fleurs , entendent beau- coup mieux que pas un de ces fortes d'Ecrivains. On ne peut imaginer la quantité prodigieufe de légumes & de fleurs que de toutes parts on apporte chaque jour à Paris, rue de la Ferron- nerie & rues adjacentes, fur le carreau de Halle & rueau Fer. C’eft le fpecta- cle le plus curieux; mais il faut y aller du matin. Quant aux arbres fruitiers, on peut dire que c’eft la perfection & le fublime Jviij À NT ST SER de l'art. Le Village de Montreuil, dont l a été parlé dans la Préface , & les Villages adjacens, ont été les feuls en ce genre qui ont travaillé par principes. On à donné à ce Diétionnaire le nom d’Ærymologique & de raifonné fur le Jardinage & [ur la Végétation. IT. Le nom d’Erymologique lui à été donné, à raifon de ce que les ter- mes du Jardinage font rappellés à leur origine. On y diftingue les termes pris dans leur fens propre & littéral, & ceux employés dans un fens figuré , ou dans un fens d'application. En voici un exemple. Le mot de fumier & celui d’engrais, que communément on confond dans le Jardinage , jufqu’à M. de la Quintinie lui-même (1),ne font rien moins que fynonymes. Tout fumier eft engrais, mais tout engrais n'eft pas fumier. Ce mot de fumier vient du verbe fumer, ou rendre de la fumée. On entend par ce terme les fter- corations , ou excrémens des animaux, lefquels rendent de la fumée, foit lorf- qu'on les tire de deffous eux, foit après {1) Premiere Partie, p. 37 & 41. | | CE DICTIONNAIRE. lix qu’on les en a tirés. Or ces excrémens mis fur la terre, l'engraiflent, & la ren- ident meilleure. On Îles a appellés en- igrais & amendemens pour cette raifon- là même: mais tout autre engrais & tout lamendement qui ne rendent point pat eux-mêmes de la fumée , ne s'appellent point fumiers, tels la terre neuve, les gazons , les feuilles pourries, les mar- nes , les boues des rues & des grands chemins, la vafe des étangs, la bourbe des mares , les tripailles des boucheries, ë&c. toutes ces chofes , parce qu’elles ne s’'échauffent pas au point de rendre de la fumée , font engrais & amendemens, mais non fumier: l’on parleroit impro- rement fi l’on difoit fumer la terre avec ke marne, avec des terres neuves , &c. mais on s'exprime correctement, quand alors on dit engraifler & amender. Voici maintenant l’un de ces termes “pris dans un fens figuré ; c’eft le mot de * fougueux , en parlant de certains arbres, que jamais jufqu’ici le Jardinage com- mun n’a pu mettre à fruit, & qui pouf- fent à outrance. Cette expreflion eft | prife du manege. On appelle cheval fou.- x À VS 156 gueux, celui qui eft rétif, difficile à dompter , & qui s'emporte. Le butord qui le monte, & qui ne fait point le manier, n’en peut tirer de fervice, tan- dis qu'un excellent Ecuyer le tourne comme à fon gré. On peut dire donc ici en paffant, quant à ce point , que rien ne carac- térife davantage l’impéritie du Jardina- ge commun , que le traitement univer- {el dont on dr envers les arbres fou- gueux, On leur coupe de grofles racines, on fait de part en part un trou de vile- brequin , ou même de terriere, & l’on y chafle à force une cheville de bois dur , on les rabat fur le gros bois pour leur en faire pouffer de nouveau. On en a vu d’affez fous pour employer, à l’é- gard de ces arbres, le vif-argent ; enfin que ne fait-on pas? & toujours en pure perte, jufqu’a ce que ces arbres infor- tunés ceflent d’être fans avoir rapporté. Ce n’eft pas ici le lieu de difcuter ce point. Nous donnons ailleurs les moyens {ürs de mettre à fruits ces arbres intem- pérans, mais fans les courmenter aucu- pement, à 4 CE DICTIONNAIRE. Is; Ce terme de fougueux pris dans ce fens, eft beau , & il préfente une grande image. Il femble voir en effet un cour- fier impétueux entre les mains d’un mal- adroit cavalier , fe foulever d’abord, gambader , fauter, caracoler , puis s’em porter, fe fatiguant beaucoup fans avan- cer chemin : au contraire fous un Ecuyer expert on penfe voir l'animal indomp- table en apparence, peu-à-peu s’adou- cir , & enfin , après être réduit, avancer a grands pas. Cette image eft d’autant plus expreflive, qu’elle a plus de rapport avec ce qui fe pafle, tant de la part du traitementufté envers ces arbres appellés fougueux, que de la part de la réfftance marquée de ces mêmes arbres pour fe donner à fruit , comme on vient de le voir dans cette légere ébauche fur ce double fujet. Virgile, parlant de certe intempérance de feve dans les bleds fe fert d’un mot fort élégant, c’eft ce- Jui de /uxure. (1) III. Il eft un grand nombre de termes de nouvelle invention, inufités jufqu’ici (1) Luxuriam fegetum. Georg. Ixij AVISLSUR | dans le Jardinage , & employés fcule- | ment , foit par l'Auteur, foit par les gens de Montreuil. De ces termes en- core il en eft beaucoup qui font em- ployés dans un fens d'application , & | pris des arts, tels, entr’autres, les fui- vans. | Rappeller un arbre, pour dire le fou- | lager , en le mettant fur les bons bois inférieurs , quand il a beaucoup porté. Rapprocher, s'entend de celui qui eft un peu allongé & dégarni, lequel on tient plus de court. | Ravaler, eft pris de la Maçonnerie. Il veut dire dans cet art, s’y prendre par le haut d’un bâtiment pour le réparer, quand l’enduit eft dégradé, & aller tou- jours jufqu’en bas. C'eft ainfi qu'aux ar- bres à qui le Jardinier , peu expert , n’a laiffé que des pouffes ingrates , ftériles, & lefquels font ruinés, on fait plus que de rappeller & que de rapprocher; ou coupe fur les vieux bois pour rajeu- nir, mais non fur des bois trop gros, où le recouvrement ne peut jamais fe faire. CE DICTIONNAIRE. Ixiiÿ Le terme encore d’amufer la feve eft pris dans un fens ficuré : ce terme eft très-ingénieux , & il fignifie laiffer quan- tité de poufles inutiles, de peur que l'arbre ne s'emporte. Un Jardinier peu expert, voit ces bois inutiles, en ap- | parence, défeétueux même; il critique ) & blâme fans favoir ; mais ces poufles, | en apparence déplacées , qui ont été | Jaiffées là , de propos délibéré, on les | jette à bas par la fuite. C’eft dans le m£- , me fens qu’on dit encore, & ce mor | eff très-beau , laiffer jetter fon feu, en | parlant de la feve , lorfqu’on laiffe à un arbre beaucoup de bois furnuméraires, dont aufi on le débarraffe par après. IV. L'un de ces termes métaphori- ques, & lequel eft pris des arts, c’eft celui de ventoufe. I] à paru fi riche à M. de la Quintinie (1), qu'il en à fai ufage dans le même fens que dans le | Dictionnaire, Ce mot de ventoufe vient de vent. On dit faire une venroufe à | un tonneau de vin, à une cheminée qui fume, à une fofle de lieux d’aifance, pour faire exhaler Ja vapeur , &c. Ce FS EE SE © a | RE 5 D SE ESS (1) Tome I, quatrieme Partie, ch, 38, P: 648, Ïxiv A V ES TS US font autant de foupiraux pour attraire | & introduire l'air du dehors , afin dé faire évaporer celui du dedans. Le mê- me cft dans le Jardinage. C’eft laiffer aux arbres quantité de bois furnumérai- res encore, défectueux même auf, & ce de propos délibéré, mais avec dif- cernement pour faire évaporer & confu- mer le trop de feve: ces bois, on les fupprime , mais peu à peu par fucceflion de temps, quand larbre eft devenu ce qu'on appelle fage ; autre terme méta- phorique, qui eft très-beau, & voila ce que les Jardiniers peu inftruits n’enten- dent pas. Le terme de ventoufe , quoi- qu'ignoré dans le Jardinage commun, a été employé, il y a plus de cent ans, dans ce même fens par Bernard Palifi. V. Ce n’eft pas fans raifon qu'on à qualifié ce Diétionnaire du nom de Raifonné ; parce qu’'indépendamment de lexpofition & de l'explication des termes , on y donne, quoiqu’en abrégé, les connoiflances fpéculatives, ainfi que les inftru@tions néceflaires , en vertu defaueiles on doit opérer. Voiciencore, à l’occafion de ce terme de CE DICTIONNAIRE. Ixv de Rarfonñé, un exemple, entr'autres, quidémontrele défautde judiciaire de la part du plus grand nombre des Ouvriers du Jardinage : c’eft leut procédé à l’é- gard des faufles fleurs & &es lobes des melons, des concombres, & autres fem- blables | tous les fuppriment. On 2p- pelle lobes les deux moitiés de lé dans toutes graines. Ces lobes , lorsdela germination , fe font voir les premiers hors de terre, chacun à côté du germe qu’il renferme ; d'abord pour lui fervir d’étui , d’enveloppe & de fourreau; afin, par fon moyen , de pouvoir fendre la terre & la percer , fans que la tige naif- fante puifle être offenfée. Il faut dire ici à ce fujet, que cour ce qui fe pañle dans un accouchement fe retrace en petit dans là germination des graines, Ces deux lobes qui enferment le germe, & qui le couvrent , en le ténant ferré éntr'eux, lui ferventauffi de plaftron pour le mettre à coùvert dé tout accident f4- cheux dans la rérfe : mais voici hors de terre une fonction encore plus ef- fentielle des lobes envers la plantule. Comme cette derniere eft trop délicate € byf A VUS SUR &- pour fe nourrir d’abord & par elle-mê- me des fucs formés & fubftantiels , ils” lui fervent comme de mamelles pour l'alaiter dans fon état d'enfance ; enfin quand la plante en eft au point d’être fevrée, ces lobes, lui tenant lieu de mamelles , tariflent peu à peu , ils fe fechent & tombent. Les Jardiniers ne les connoiïffent point fous le nom de lobes, & leur donnent le nom d’orezlles. Ces bonnes gens , n’étudiant point la nature, mais travaillant comme des au- tomates, n’entendent point ce petit ma- negc de la nature ci-devant décrit ; & pour peu que la plante foit un peu formée, ils coupent imbéciilement ces deux pré- rendues oreilles, & ils croiroient faillir & faire une faute grieveen y manquant. Il faut dire pourtant qu’il en eft quelques- uns fort avifés qui les confervent pré- cieufement. | Que maintenant on demande raifon à tous les feétateurs de.cette pratique, & quel eft le fondement de leur procédé à cet égard ; ou bien ils n'en peuvent rendre, ou bien ils ne difent que des mots vuides de fens , ou bien enfin des CE DICTIONNAIRE. Ixvij faufletés groflieres ; on les fait toutes : cependant leurs melons ont toutes les peines à prendre fruit, & quand ils en prennent, le fruit ne noue que difficile- ment , & la plupart du temps avorte. Tous les ans on n'entend que dés com- plaintes de la part de toutes ces fortes de sens, qui fe défolent parce que leurs melons coulent; de plus, c’eft une des raifons pour laquelle il eft tant de me- lons fi mauvais: ils n’ont point été for- més dans l’ordre de la nature. C'eft comme ces gens à fyftème , qui , au Jieu de faire tetter les enfans, préten- dent qu’on doit les fevrer en fortant du {cin de la mere. Pourquoi l’Auteur de la nature a-t-1l donné à toutes les efpe- ces femelles qui font vivipares des ma- melles fournies de lait, & fpécialement aux femmes? C’eft renverfer l’ordre de la nature. Pour convaincre les Jardi- niers, coupeurs d'oreilles, que leur pro- cédé eft contre nature, il ne faut point de raifonnement ; il fuffit de les com- battre par des faits, en les mettant en compromis avec eux-mêmes. Nulles plantes imaginables qui n’atent a 2 Ixviÿ AVIS SUR des lobes, foit cachés dansterre, foit ap: parens hors de terre; les feves de ma- rais, les lentilles , les pois, le bled, le feigle , &c. les ont dans terre, & toutes les autres les ont hors de terre, telles que toutes les autres plantes poffbles. S'avifa-t-on jamais d’en priver aucunes d'elles ? Nul encore ne fut aflez extrava- gant pour l’entreprendre; cependant tou- tes ces mêmes plantes n’ont, à coup für, jamais pati de la préfence des lobes à cha- cunes d’elles. Les feves de haricots, les amandes & autres, ont des lobes fem- blables, prefqu’aufli larges , mais bien autrement épais que ceux des melons : & ce qu'on redoute le plus pour les. haricots , c’eft que les pigeons , fort friands de ces prétendues oreilles dans ces fortes de plantes , ne viennent pour en faire leur pâture , & l’on y fait fen- tinelle dans le temps. Les marronniers, chataigniers, noyers , aveliniers, les ont en pied dans terre; y va-t-on fouiller pour les leur enlever ? Pourquoi donc Jes melons feroient-ils exception quant à ce point dans le Jardinage ? Le fait eft encore, que dans toutes CE DICTIONNAIRE. Ixix les contrées où croiflent les meilleurs melons , on ne s’avife point de leur cou- per leurs prétendues oreilles. Nos bons Jardiniers , qui fe gardent bien de fe conduire parunetelle routine, font hués par la cohue ; mais peu les embarrafle. A l'égard des faufles fleurs des me- lons, c’eft le même quant au fond ; & lorfqu’on les fupprime , on dérange le méchanifme de la nature. Ces faufles fleurs contiennent ce qu’on appelle des poudres féminales. Ce font autant de menftrues, non moins néceflaires à la propagation de l’efpece, que le fem- blable dans les fuppôts du fexe de lhu- manité. Une foule de plantes a de pa- rcilles fauffes fleurs , de même que les” melons & leurs femblables. Les noyers, les noifettiers , les chataigniers, les cornouilliers & autres, ont de fembla- bles faufles fleurs, appellées chatons, & qui toujours précedent les fleurs du fruit. Dans ces arbres, point de cha- tons, point de fruits , & les chatons ne précedent ainfi l'embryon du fruit, que pour le nourrir & le féconder ; & dès que leurs petites fleurs , en forme de € 3 Exx AL N /T SCSADRS guirlandes, ont fourni leur contingent des poudres féminales , ils tombent d'eux-mêmes , & dans le temps la terre en eft couvefte. Voilà ce qu’on peut appeller des dé- monftrations dans le genrephyfique. Les faits ci-deflus font inconteftables ; on peut les vérifier. Or donc, c’eft à raifon des divers éclairciflemens femblables, quoique non encore dans toute leur étendue, qu'on a donné à ce Diétion- naire le nom de Raïfonné ; au moyen de quoi , on peut, à fa faveur , devenir paflablement bon Jardinier jufqu’à un certain point, pour peu qu’on ait d'in- telligence & de gout. | Ce Diionnaire eft, non pas un Diionnaire univerfel du Jardinage, mais fur le Jardinage , parce qu'indépen- damment des raifons apportées au com- mencement du préfent avis , il faudreit compofer des volumes fans nombre, fi l'on vouloit tout dire. Ileft d’ailleurs tant d'Ouvrages excellens de Botanique com- prenant le dénombrement des plantes, fans compter une quantité prodigieufe dc Livrets qui en ont donné des efpeces CEDICTIONNAIRE. Ixx; de catalogues féparés, que ce feroit per- dre le temps de tracer par écrit, cequ’on peut trouver par-tout. IV. Un tel Dictionnaire eft très-pro- pre encore à faire voir que le Jardina- ge, auquel tout le monde croit s’enten- dre, & que chacun s'imagine être une fcience la plus facile, dont tous fe mèê- lent aufli, n’eft rien moins que ce qu'on penfe. On s’eft appliqué,entr'autres, dans ce Diétionnaire , à divifer beaucoup, à fubdivifer , & à s'expliquer dans un cer- tain détail pour donner plus de jour à quantité de termes particuliers hors de la portée des Jardiniers & de l’ufage commun. On 2 cru encore devoir inftruire à la fois , & les Maîtres, & les Jardiniers ; les premiers pour leur épargner défor- mais tant de dépenfes en pure perte, & fans jouiflance ; & les feconds, pour leur ouvrir les yeux fur quantité de pra- tiques vicieufes, fondées fur l’ufage feul & la routine. Tous ceux qui jufqu’ici ont écrit fur le Jardinage, n’étoient rien moins qu’A- natomiftes des plantes, Ils n’ont donc c4 fexiÿ . A VASOMSQUIR pu apprendre à travailler d’après des prin- cipes, mais feulement d’après ce qu'eux & leurs devanciers avoient imaginé. Eft-il poflible d'arriver à un but, quand on marche au hazard & à târon ? Que penfer d’un Médecin & d’un Chirurgien, qui, dans la cure des maladies & dans le traitement des plaies, n’auroient pas Ja moindre teinture de l’Anatomie & des différentes parties du corps humain ? A quoi s’expoferoient ceux de leurs dif- ciples qui n’opéreroient qu'après de tels guides ? enfin quel feroit le fort des ma- lades & des bleffés abandonnés à Pim- péritie de lun & de l’autre ? Tous les Jardiniers, par leur état, rempliflent néceflairement cette dou- ble fon&ion de Médecin & de Chirur- gien à l'égard des plantes. Or comment concevoir qu'ils puifflent agir , à coup für, à ce double égard , non-feulement fans connoiffance quelconque des par- ties différentes qui compofent les êtres végétants, mais encore fans la connoif- fance & l'intelligence des termes de l’art? De toutes ces parties, tant inter- nes, qu'externes, on donne dans ce Dic- 4 j CE DICTIONNAIRE. Ixxii; tionnaire des defcriptions détaillées con- cernant leur tifflu , leur compofition , leurs qualités & propriétés , leur mou- vement & leur jeu ; on ne prétend pas faire des Phyficiens | mais d’excellens Jardiniers pour l'opération. V. Le rapport & l’analogie entre les plantes & les corps vivans étant comme démontrés , il eft impoflible de parler pertinemment fur l’organifation des ‘plantes, fans avoir du moins quelque teinture de l’Anatomie des corps vi- vans. Comme ce n’eft pas feulement pour les Jardiniers, mais pour les Maï- tres & les curieux, parmi lefquels il eft beaucoup de gens de très -bon fens , on a jugé à propos , dans ce Dictionnaire d’ufer de quantité de ter- mes de Médecine, de Chirurgie , d’A- natomie & de Chymie; mais on les ex- plique. On commence par donner les définitions des termes, fuivant qu'ils font entendus dans ces différens Arts & Sciences; puis on en fait l’applica- tion aux végétaux , le tout en termes clairs , intelligibles , & à la portée des uns & des autres, Quel jour & quelle Ixxiv A VTSAS TR lumiere pour l'intelligence de quantité de phénomenes de la nature dans tout ce qui cft du reflort de la végétation, & que, fans un tel fecours, il feroit impoflble d'entendre ! | Quand, par exemple, au mot d’A4f cenfion de la feve , au fujet de l’action de cette feve, après avoir été pompée par les racines , comme par autant de fuçoirs, ou de bouches qui portent au tronc les fucs, pour être par lui digérés & envoyés dans toutes les parties dif- férentes de la plante, on la compare à l'action de notre fang, qui eft lancé dans toutes les parties de nous-mêmes à la fois, par une action qui lui eft propre: quand aufli parlant des racines, on les comparc à tout ce qui, dans nous-mèê- mes, prépare les alimens; favoir, la maltication , la déglutition, &c. quand enfin on fait la comparaifon du tronc avec notre cftomac, qui cuit & digere les alimens, par le moyen defquels nous vivons , &c. quelle image! que d'idées ne préfente-t-elle pas à l'efprit ! Il ne faut pas dire que le tout n’eft pas à la portée du commun des Ouvriers du Jar- pl CE DICTIONNAIRE. Ixxv inage on peut aflurer du contraire Jour l'avoir expérimenté maintes fois; & que tous ceux à qui on à fait part “des conféquences de tout ce que def- {us , les ont faifies d’abord; toutes les autres perfonnes , telles qu’elles puif- fent être , conçoivent également le tout. VI. Il eft en outre nombre d'Arts “méchaniques & de Sciences diverfes, dont les idées & les connoiflances , les sufages particuliers, & les pratiques ont une Jiaifon finguliere , foit avec ce qui fe pafle dans les végétaux , foic avec le régime qu'on obferve à leur égard. Des uns & des autres on a emprunté les idées particulieres & le langage , lefquels on a adaptés à ce qui eft du reflort des vé- gétaux , ainfi qu'aux diverfes opérations dont on ufe à leur égard. C’eft ainfi que lon dit, par exemple , que les queues des feuilles font attachées à la peau des branches en forme de queue d’aronde , terme pris de la Charpenterie , Menui- {crie , Serrurerie, &c. C'eft ainfi en- core qu’on dit ravaler un arbre, qui eft | un terme de Macçonnceric: on fe fert Ixxv] AN TS: SAR également d’autres termes particuliers, comme bomber une allée; & auf du terme d’ajuftage en parlant de l’attion de l'eau dans les canaux, par comparaifon à ceux de la feve & à fon ation; ila donc fallu donner, de toute nécefité , ! l'intelligence de tous ces différens ter- mes. On a emprunté encore de l'Hydrau- lique quantité de comparaifons , pour. repréfenter les différens mouvemens de la feve. La feve étant, dans fon prin- cipe, un liquide femblable à l’eau, a une reflemblance la plus marquée avec. elle : auffi ces fortes decomparaifonsfont. elles très-fréquentes dans le Diétionnai- re, comme dans tout l'Ouvrage. Il en eft de même de tous les termes ufités à Montreuil; ces Cultivateurs in- génicux, agifflant en conféquence d’une Phyfique inftrumentale & expérimentale qui réfide dans lesuns & dans les autres: de plus, lAuteur lui- même en ayant introduit beaucoup de fa propre inven- tion , on n’a pu également fe difpenfer d'en inftruire le Lecteur. Quelques révifions qu’on ait faites de ce Dictionnaire, néanmoins on s’eft ap- _ en . r _ nn" RÉ MES M CORNE OR a ns me — ti, ne amet ne CE DICTIONNAIRE. Ixxvi; perçu, mais après l'impreflion , que quel- ques définitions n’étoient pas dans quel- ques membres d’elles-mêmes feulement, aufh correétes qu’on l’eût fouhaité ; on n'a pas cru devoir faire des cartons, at- ex que ces fautes ne font pas de con- féquence, & que d’ailleurs elles ne font point fréquentes. On prie le Lecteur de vouloir bien y fuppléer. Es Ixxviij A EE ane PRÉ FACE. Päge Lige E IV I FFACEZ , avec un fuccés toujours égal- x11 20 couages, lifez , courages. à xxvi 25 d'un chacun, /ifez, de chacun. DICTIONNAIRE. 1o 6 parcourt, lifez, parcoure. 28 16 ôrèz Pif. 64 2 Jardinier, lifez, Jardinage. 75 16 diringés, /ifèy, dirigés. 76 16 brindelles, /1fez , brindilles. Jbid. 18 & ligne 25 , le même à corriger. 78 2 brindelles, lifez , brindilles. 94 7 former, lifez, fermer. Ibid. 12 Anatomie, lifez, Anatomifte. 95 zo incaftrement ; lifez, encaftrement. 104 12 facrification, /ifez , {carification. 118 8 cloche, lifez , clochée. 136 9 quoiqu'on dit, lifez, quoiqu'on dife. AE _1$6 2 comme ils trouvent , lifèz ; commé ils Îes trouvent. . 187 23 & de, lifez, de. | 192 12 c'eft la méme, lifez , c'eft le même. 197 1 péri, ifez, a péri. À 156 25 prefque de fruit, lifez ; prefque point: 282 11 lifez, Tel le blanc. 322 2 fi durs, Zifez , fi drus. 257 9 tranchées, Lifez ; trachées: 476 59 on dira, lifez, on a dit. DICTIONNAIRE DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE ET RAISONNÉ oc R = BRI, ABRIÉ, ABRIER.lIine faut pas dite ABRIQUER ;, ABRITÉ,commedifentles Jar: diniers qui parlent mal. Un abri eft tout endroit où l’on eft à couvert de la pluie. En jardinage , c’eft auffi les endroits Où les plantes font en aflurance contre les | À | | F ds Il = F 2 A pluies froides , les frimats , les gelées & les mauvais vents. Tout ce qui fert aufli à parer de toutes ces chofes , comme pail- Jaflons & autres, s'appellent ABRIS. ABR1I fe dit auffi d'une muraille ou d’un lieu qui garantit les plantes des mauvais vents, & de tout ce qui peut leur être nuifible. ACCOLLER. Il vient du mot de colle; comme qui diroit coller plufieurs chofes enfemble. On le dit plus particuliérement des pampres & des bourgeons de la vigne, quand on les rapproche enfemble, & lorf qu'on les lie à l’échalat , comme à tout ce qui lui fert de fuppotrt: On peut le faire dériver de col, à caufe de ceux qui en s’em- braffant , {e {errent , & fe tiennent par le col, ou ie cou, Qu'importe d’où le mot dérive. | ACIDE veut dire aigre. Il eft pris du mot latin portant le même nom, & ayant la même fignification. Il eft décidé que dans la terre il y a des acides , qu’on appelle au- trement levains. Ils font dans les fucs de la terre comme le levain qui fait lever la | À $ pâte avant qu'on la mette au four. Sans ces levains jamais les plantes ne pourroient produire , comme la pâte ne pourroit levet fans le levain. _ ADHÉRENCE, ADHÉRENT, vient du latin , qui veut dire être uni, lié , joint & attaché à quelque chofe. Les moufles, par exemple , les incruftations d'œufs & de couveins des infectes font adhérens aux ar- bres ; mais ils n’y font pas inhérens. Voyez INHÉRENCE. ADOS & non pas RADOS, comme di- fent les Jardiniers ignorans. Ce mot porte avec lui fa fignification. Il eft tiré de l’ufage ordinaire , le dos étant en nous, & dans quantité d'animaux , la partie la plus pro- pre à foutenir contre les plus violens efforts. ÂADos eft une élévation de terre en forme de dos de bahut , plus large du bas que du haut. C’eft aufli tout endroit qui par fa nature eft à couvert des mauvais vents & des gelées, lequel eft adofé d’un mur ou d’un bâtiment, & qui a le folcil en face: Voyez; Dos DE BAHUT. À 2 4 A Nous avons introduit dans le Jardinage une forme d’ados qui va de pair , à peu de chofe près, avec les chaflis vitrés pour les pois de primeur & pour les fraifiers , ainfi que pour quantité de nouveautés. Voici en quoiilconfifte. Au lieu d'élever fon ados de 4, $ à 6 pouces de haut , comme on a de coutume, l'exhaufer d’un pied , & même de 15 pou- ces parderriere , venant en mourant par- devant , & même creufant fur le devant pour charger d'autant fur le derriere. Au moyen de cette pente ptécipitée , deux effets ont lieu : le premier , de jouir durant l'hiver, lorfque le foleil eft bas, des moin- dres de fes regards ; le fecond, de n'avoir jamais , lors des gelées & des frimats , au- cune humidité nuifible , toutes tombent de toute néceflité, & vont fe perdre dans Je bas. Cette forte d'ados fe pratique à lex- pofition fur-tout du midi le long d’une plate-bande ; mais on a un efpalier à mé- nager , & voici pour cet cffet comme on s'y prend. À 5 On laife entre le mur & l’ados 18 pou- ces de fentier ; ces 18 pouces fufh£ent pour aller travailler les arbres. Il faut pendant quelques jours , avant que de femer les pois, laifler la terre fe plomber tant foit peu. Au lieu de faire en long fes rigoles pour femer , les pratiquer en travers du haut en bas de l’ados , puis femer, après quoi garnit de terreau les rigoies & les remplir. Lorfqu'arrivent des gelées fortes , des nei- ges, &c. garnir avec grande litiere & paii- lafons pardeflus, qu'on ôte , & qu'on re- met fuivant le befoin. Pour les fraifiers, onena, ou en pots, ou en mottes , que l’on met là en échiquier en amphithéatre. Ceux en pots, les dépo- ter, fans endommager aucunement , ni of- fenfer la motte : il faut bien fe garder de _ couper tout au tour & endeftous ces filets blancs qui tapiflent le pourtour de cette motte , comme il fe pratique dans le Jar- dinage ; c’eft ce que les Jardiniers appellent chätrer \a motte , vilain terme, procédé plus puifñble, puifquen retranchant tous ces À 3 6 À filets blancs, on fait autant de plaies, par ! lefquelles , de toute néceffité , la feve flue, & qu'il faut que la nature guérifle. Il faut inftruire les Jardiniers à ce fujet, & leur apprendre que ces filets blancs qu’ils cou- : pent , prennent leur direétion naturelle ! vers la terre , & qu'ils fe détachent de cette ! motte pour darder dans terre & s'y enfon- | cer. Laiflons , autant qu'il eft pofible, la nature faire à {on gré , clle en fait plus que nous; ne nous mélons de fes affaires que quand elle nous requiert. Quant aux fraifiers en pleine terre à mettre fur ces ados, on ne peut prendre non plus trop de précaution pour les lever fcrupuleufe- ment en motte, les ménager dans le tranf- port & dans la tranfplantation. Dans un petit Traité de lAuteur fur les fraifiers , comine dans le cours de Ouvrage, on par: ticularife bien autrement tout ceci. Cette forte d'ados a un autre avantage ; ! favoir , de renouveller tous les ans la! plate-bande , & d'en faire une terre neuve. Quand on a Ôté les pois , on rabat la terre, | & on la met à plat, comme elle étoit ; | À 7 enfuite on Ÿ feme des haricots nains, qui y viennent à foifon , ou tout autre plant convenable , fans que la terre fe lafle. On explique cela plus au long ailleurs. Ces ados pratiqués de la forte , doivent être faits dans les derniers jouts d'Octobre, & fcmés au commencement de Novem- bre. On eft für , par ce moyen, d’avoir des pois & des fraifes quinze jours ou trois femaines plutôt que les autres. C’eft ainfi qu'avec peu & fans frais on fait beaucoup. ADVENTICE, pris du mot latin, qui veut dire advenir , qui advient, ou qui vient après coup , par furcroît , qui eft furajouté. On dit plantes adventices , celles qui croifient fans avoir été femées. Les mauvaifes herbes , entrautres , font des plantes advenrices ; les bonnes qui viennent, comme on dit , de Dieu grace, font autant de plantes adyenrices. | On dit aufli racines adyentices , celles qui font formées après coup aux arbres , dont, fuivant la routine, meurtriere pour eux, comme pour toutes les plantes quelcon- À 4 8 À ques, les Jatdiniers peu inftruits coupent ! toutes les racines , ou dont il les mutilent étrangement , forçant la nature à en s£e- ! produire de nouvelles , qui jamais ne font : fi franches que celles de la création pri- ! mordiale. Refpeéter par conféquent les | racines , n'en abattre jamais aucunes , ni les réceper , fi ce n’eft qu’elles fufent par | accident brifées & hors d'état de fervir. AFFAISSEMENT , S'AFFAISSER {€ dit à des terres labourées , ou remuées, ou tranf- . portées. L’affaifflement fe fait quand les ter- ses s’enfoncent,s'applatifient& fe plombent d’elles-mêmes , ou lorfqu’elles font battues par les ‘grandes pluies. Toute terre remuée ou tranfportée s’af- faiffe d'un pouce par pied : ainfi, quand on plante un arbre, on doit obferver com- bien fon trou a de profondeur. Si l’on à fait un trou de quatre pieds , il faut mettre | le tronc de l'arbre de 4 pouces plus haut que la terre ; fans quoi l'arbre fe trouvera cnterré de 4 pouces , quand la terre du trou fe fera affaiffée de 4 pouces, & voila À 9 à quoi peu de Jardiniers ne prennent point | garde ; auffi tous les arbres fe trouvent | enterrés. La greffe d’un arbre , ni le tronc, ou la fouche , ne {e trouve pas bien dans terre, comme les racines hors de la terre. … Il faut encore, quand on a fait quelque fouille quelque part , ou quelque rem- pliffage de terre , obferver de laifler la terre un peu plus haute, à çaufe de l’af- faiflement. | AGRICULTURE. C'eft l'art de culti- ver la terre & les plantes. Il vient de deux mots latins , qui veulent dire champ & culture. Agriculteur eft celui qui cultive l'une & les autres. AIGRETTE,, graines aigrettées. Ce font celles qui , quand elles muriffent , font garnies de petits poils ou duvets ramañés en forme d’aigrettes , telles que font les graines de laitues avant qu’on les batte, ainfi que nombre d’autres. AIR ef un élément liquide & fluide tout qu'externes des plantes , & à chaque inf-M 10 .\ enfemble , qui eft le plus univerfellement” répandu. Invifible par lui-même, il nous" eft connu par le fentiment & par fes effets. M Il remplit tout dans la nature , & nul vuideM quil ne s'y porte, aucun efpace qu’il ne parcourt , ni fi petit recoin où il ne porte fa préfence. Il entre à chaque inftant# dans nos poumons , ainfi que dansk tous les parois des parties tant internes tant aufli il en fort pour faire place à unM utre lui-même. Tel qu’un furet il s'infinue# & fe coule par-tout , jufques dans les en-M trailles les plus profondes de la terre ; il pé-& netre les corps les plus durs, fur lefquels il agit en pcrpétucl mouvement , lation # non interrompue eft une fuite de fa na- ture : froid en même-temps & chaud , fee & humide, épais & fubtil , &c. Il réunit@ en lui tous les contraires. Il détache fans@ difcontinuer, & attire à lui les parties infenfibles de toutes les fubftances animées # & inanimées que par-tout 1} porte avec lui & répand de toutes parts, ainfi que les vapeurs en particulier, & les exhalaifons À II “de la terre , lefquelles enfuite il lui rend fous les formes diverfes de pluies, de ro- fées , frein, frimats , brouillards , neige , grêles, givres , grefils, &c. L’Arr eftuniverfellement reconnu dans le Jardinage & dans l'Agriculture pour agent le plus puiflant , & le coopéra- teur le plus néceffaire de la végétation. C’eft lui qui difpenfe à fon gré fur la face de la terre , ainfi que fur les végétaux, tant les germes des herbages cdvercices, ou mauvaifes herbes, que les œufs & le couvein d’une infinité d'infeétes. Ileft de telle forte élément particulier des plantes, ge lui feul contribue bien autrement que les trois autres à la vie, la nutrition, l'accroifiement & la fécondité de tous. Cet élément vo- lontaire eft defireux d'avoir fon cours li- bre ; il franchit tout obftacle quand il eft gêné , & par-tout où il éprouve quelque contrainte ou ombrage, les plantes par contre-coup s'en ichéntes t, & toujours il fait réfiftance. On aura lieu , dans un Traité ne de l’Air relativement aux végétaux, de 12 À donner à tout ceci un plus grand jour , ainfi que plus d’étendue. AIR s'entend en Jardinage non - feule- * ment pour l'élément que nous afpirons & refpirons » & qui nous environne de toutes : parts , mais comme apportant avec lui" diverfes influences nuifibles ou favorables aux plantes. Voyez INFLUENCE. AISSELLES. Tout le monde fait ce que c’eft qu'aifielle dans le corps humain ; dans « les plantes c’eft à peu près le même. C’eft | l'entre-deux d'une branche qui forme une fourche , d'où fort par la fuite une autre branche. On dit aiffelles en parlant de me- lons , de concombres & des fleurs diverfes. | ALAISE ou ALONGE, pris de l’ufage | commun dont on ne voit pas trop le | : 4 1 | » ; 2 ! 1 | | Î L fondement. Quelques-uns l’appellent bride, ! C'eft quand à une branche on a quelques ! rameaux trop courts, on met, ou un ofier ! au paliflage d'hiver & du printemps , ou un jonc au paliflage d'été, avec lefquels on attache, ou bien la branche , ou bien le bourgeon , afin qu'ils ne pendent | À 13 pis , & ne faflent pas difformité. A Montreuil point d’alaife : on cloue les jets à la muraille avec de petits morceaux d’é- toffe appellées loques. Tous les Jardiniers qui paliffent d’hiver avec l'ofier , quand ils mettent des alaifes, ne manquent pas d’attacher leur ofier par le petit bout à la branche , & le gros bout au treillage. Or voici ce qui arrive. La Branche ainfi attachée par ce petit bout d’ofier , qui ferre comme une ficelle, ne manque pas de groflir ; mais l’ofiér quand il eft fec h’obéit point , il coupe la peau, & entre avant dans l'écorce , il s’y incor- pore , & l’on ne peut plus l'en tirer : il faut donc faite tout le contraire, en met- tant le gros bout de l’ofier pour lier la branche , & la tenir arrêtée au treillage lavec le petit bout de l’ofier. Ceci eft un défaut de jugement & de réflexion de la part des Ouvriers du Jardinage. De même pour le paliffage d'été avec le “jonc. Tous les Jardiniers font également sun nœud coulant au bout du bourgeon "qui n'eft pas encore afez long pour atteindre 14 À au treillage. Il arrive auffi que ie boutgco venant à groflir , eft coupé à la peau pai le jonc qui ferre d'autant que la ligature eff plus bandée. Mais voici ce qu'il faut faire; cet d mettre le jonc double par le côté d’en-bas: par lequel il eft plus gros , & vous êtes fi Ü qu'il ne coupera pas & ne maculera pa l'écorce tendre du bourgeon: de plus , at lieu d’attacher ainf le jonc vers l'extrémité du rameau , le placer à quelques yeux en deçà , où il eft plus gros & plus fort. Quel ques Jardiniers regardent ceci & le fem blable comme des bagatelles ; ce n’eft riet moins à coup für. Au furpluscoute-t-ii plu: de temps & de travail à le faire de travers ou à le faire comme il eft ici prefcrit ? Non a coup für. Donc... Ce double article " très-important: ALONGÉ , ALONGER , pris dans fa fi gnification propre , il regarde la taille de arbres. C’eft donner aux arbres toute l'é tendue qu'ils doivent avoir , & au lieu di toujours écourter les branches fans regle, | À 1 les alonger fuivant leur force , leur grof- fur & la vigueur de l'arbre. Ik AMANDE , tiré du latin. C'eft toute partie ferme & folide enfermée dans une peau parchemineufe, membraneufe & co- riacée , ou tenant de la nature du cuir, laquelle eft contenue , ou dans le centre du fruit , ou dans des goufles , ou dans des capfules , ou dans des noyaux, où dans des coquillés couvertes d’un brou , & la- quelle , par le moyen de la germination, quand elle eft en terre, fert à la réproduc- tion des plantes. Voyez GRAINE. - Il n’eft aucune graine qui n’ait une aman- de ; & cette amande eft différemment con- formée fuivant la nature & lefpece de chaque plante. Cette amande dans toutes les graines eft huileufe, & la partie huileufe # contenue fert à la nourriture & à la con- fervation du germe , & toujours le germe eft enfermé dans l’'amande. | AMANDE, fruit de l'iamandier. C'’eft fa graine où eft renfermé fon germe, laquelle €ft couverte d’un brou d’abord , enfuite 16 À d'une coquille. I] y a autant de variété dan les amandes dont eft ici mention , comme" dans les autres fruits qui ont pour premiere! énveloppe un brou. Il eft des amandes dem diverfes efpeces , des groffes , des petites 4 des tendres, des dures , des douces, des! ameres , lés unes ayant un brou fort épais, M _ on les appelle amandes-fruit ; ce brou quel-M ques-uns le mangent , les autres ayant un® brou plus mince. | AMANDIER. C'eft l'arbre qui produits le fruit qu'on nomme amande, 1 Cet arbre vient d’une amande. Nul arbre! qui croifie fi promptement. Vous mettez une amande enterre , & quand on s’en-# tend à la faire venir, fouvent l'année mé-! me l'arbre qui en provient eft bon à étrek grefté. | De tous les fujets fur lefqueis on doit orcffer des pêches , des abricots , des abii- cots-pêches , c’eft fans contredit l'aman-W dier. Il eft infiniment au-deflus du prunict\ à cet égard. Il faut laifler dire les Jardi- niers , qui , dans les unes & les autres des Li À 1} &'en d'autres des amandiers grefés en pé- chers. L'arbre de l'amandier eft préférable au prunier , comic on le verra au Traité de la culture du pêcher. Semet toujours dans un coin de terre de fon jardin des amandes pour s’en fervir au befoin. Il fera dit comment on doit s’y prendre pour réuflir. AMENDEMENT , AMENDER. Ce font toutes les chofes qui engraiffent la terre, fumier , terreau, terres nouvelles 3 Amender veut dire rendre meilleur. Il eft quantité d'Auteurs qui , pour fe fingulari- {er , bannifflent tout amendement. Tel certain Doëeur , qui réduit tout au fimple labour en le multipliant ; c’eft comme quelqu'un qui banniroit toutes les nourri- tures corroborantes & les ftomachiques. M. de la Quintinie ne veut point dé fumier aux arbres, & depuis 1$0 ans on les fume à Montreuil , & l’on s'en trouve au mieux, AMEUBLIR laterre, veut dire rendre la terre douce , maniable, la mettre en B 15 Â micttes en la labourant bien , & la re- muant fouvent , brifant les mottes , Ôtant les pierres, ne la laiffant pas durcir , ni fe fendre & fe mettre en croutes. On dit terre meuble, terre mobile, c’eft-a-dirc ;, aifée à remuer. AMUSER LA SEVE. C'eft laifler à un arbre plus de bois & de bourgeons que de coutume : par exemple , un arbre eft trop: vigoureux , il s'emporte ; un côté d’un ar- bre eft plus fort que l'autre ; il a des gour- mands ; alors pour amufer fa feve , on taille plus long le côté vigoureux , & plus. court le côté maigre , & on alonge beau- coup les gourmands , pour laiffer confu- mer par-là le trop de feve : quand on voit que l'arbre eft devenu plus modéré, on | change de conduite à fon égard , & on le ménage davantage. Ce terme d'amufer la feve , vient de Montreuil : il eft beau & bien expreflif; mais il faut beaucoup d'art & de jugement pour l'entendre , & pour le mettre en pra- tique : ikeft un mot barbare pour les Jardi- nicrs à rOutinc. À 19 ANALOGIE , ANALOGUE Où ANALO- GIQUE. Térme compoié de deux mots grecs. Il fignifie réflémblance de caratere. On dit parties analogues des plantes, fücs analogues , c’eft-à-diré , qui fe convien- nent , qui ont du fapport Enfemble, qui peuvent s'allier, s'unir, s'incorporer , s’i- dentifier même. Il y a de l’analogie entre une greffe de poirier & une branche de coignaflier ; mais il n'y en a pas avec une branche de pêcher & d’âämandier de la part d'un poirier & d'ün pommier. ANATOMIE des plantes. Mot grec qui veut dire difletion. Ce mot eft appliqué aux plantes ; c’eft la fcience qui apprend à connoitre toutes les parties intérieures & extérieures des plantes , leurs fonctions particulieres , leurs liaifons & leurs rap- ports , leurs ufages propres , leur compo- fition , & tout ce qui fe pañle en elles de La même maniere que les Médecins & les Chi- rurgiens connoiflent l'anatomie de notre COrps pour nous conduire , nous panfer & nous guérir. Il eft impofñlibie de favoir bien l'anatomie des plantes fans être bon Jar- B 2 LÉ 10 À dinier , comme il eft impoñible d’être bon Jardinier fans favoir l'anatomie des plantes, du moins en gros, & jufqu’à un certain point. Si les Jardiniers avoient la moindre teinture de la connoiffance des parties in- téricures des plantes & de l’aétion de la fe- ve, combien ne feroient-ils pas plus réfer- vés pour ne point leur faire des plaies con- tinuelles fans néceffité ? ANNEAUX ou Ripes qui fe trouvené aux branches frutueufes , & à tous les bou- tons à fruit des arbres à pepins. Ces anneaux ou rides ne font pas connus des Jardiniers qui les voient tous les jours, mais fans les remarquer. Ce font de petits plis & replis à côté les uns des autres, qui fe multiplient à mefure que la branche fruc- tucu{e s'alonge. d Ces anneaux ou rides font faits pour cri- bler, filtrer & épurer la feve. \ Quand les boutons à fruit s'alongent trop , & que ces anneaux ou rides font trop multipliés , ils ne peuvent plus être féconds ; 8 quand on voit ces boutons à A 11 fruit fi alongés , 1l faut les abattre , parce que d'eux-mêmes ils fe pourriroient & tomberoient ; au lieu qu’en les abattant, il s’en forme de nouveaux. La raifon pour Jaquelle ces rides trop multipliées aux bou : tons à fruit, les rendent inféconds , c’eft parce qu'en pañlant par tant de cribies , la feve eft trop atténuée , amincie & fpiri- tualifée ; elle n’a plus de corps, ni de fubf- tance: tel un aliment trop cuit; telle une liqueur trop filtrée , qui eft dépouillée de fes parties onétueufes , anodines , &c. Ce vice provient de bien des caufes: de même qu’en nous lorfque le fang eft divifé, dé- compolé & trop fpiritualifé , il faut alors ufer de calmans , d’adouciffans , de tem- pérans & de coagulans ; de même à l'égard de tels arbres , il faut du fumier ou du ter- reau gras de vache, le fond d’un vieux trou a fumier , des eaux bourbeufes de mars , de fofles à fumier de vache, &c. ANNUEL veut dire qui vient tous les ans. On appelle plantes annuelles celles qui ne durent qu'un an fur terre , puis meurent, Il en cft qu'on nomme Bis-AN- B 3 22 À NUELLES , parce qu'elles durent & vivent l'efpace de deux ans ; d’autres TRIS-AN- NUELLES, parce qu'elles ne vivent pas au- dela de trois années. Voyez VIVACE. ANODIN. Ce mot dérive du grec, & veut dire adouciffant. Les parties anodines des plantes font celles qui font douces & favoureufes. On dit parties anodines de la feve ; elles ne font autres que les fucs qui compofent en partie cette feve, & qui forment les différentes faveurs des produc- tions de la terre , conjointement avec les parties acides, falines & vitrioliques des divers autres fucs de la terre. De cette di- verfité de tant de parties, de leur mêlan- ge , leur combat & leur agitation naiffent les gouts & les faveurs diverfes. AOÛTER , S’'AOUTER. Ce mot vicnt | du mot d’Août , à caufe que c’eft envi- ron à l'entrée du mois d’Août que les bour- geons de la vigne & des arbres brunifient peu-a-peu & fe changent en bois. On dit aufli AOUTÉ , en parlaht des | graines & de certaines produétions de Îa À j terre, parce que c'eft aufli aux environs du mois d’Août que les graines acquierent leur degré de maturité , & que les citrouil- les, par exemple, font aflez formées & aflez mûres pour être mangées ; voilà pourquoi l'on dit CITROUILLE AOUTÉE, APPROCHE. Il fe dit d’une greffe qui fe fait par la conjonétion de deux branches de fruits différens. On fait une entaille à chacune dans la peau , & on les encaftre June dans l’autre, les retenant avec de la laine, & au bout de fix femaines ou envi- ron , lorfque la foudure s’eft faite , on fc- vre la partie qui a été greffée fur autre. Sevrer ici veut dire couper. APPAREIL. Pris de la Chirurgie. Il fi- gnifie dans le Jardinage à peu près Ie mé- me que dans cet Art. On ne doit pas faire une plaie un peu notable à quelqu'arbre que B bord , de peur que quelque chofe ne fe répande , ou n'éboule. On dit qu'il faut border les allées, pour que les terres des planches & des quarrés ne fe répandent dans les allées , fur-tout fi elles font fablées. Les bordures les plus communes des jar-: dins font celles de buis. On fait des bor- dures avec toutes fortes de plantes qui mon- tent peu, entrautres le thym, l’hyflope , la fauge , la lavande & autres herbes odo- riférantes ; on enfait avec le perfil, l’ofeille, les fraifiers , &c. _ Maintenant on fait des bordures de par- terres avec des planches de bois de chêne, épaiffes d’un bon pouce , & qu'on attache avec de petits avant-pieux enfoncés en terre : on laifle ces planches faillantes de quelques pouces de plus que la terre, & on les peint en verd. | | BorDER fe dit également des planches du jardin avec le dos de la beche , en met- tant un cordeau le long de chaque planche: on bat la terre en la labourant , ou après. qu'elle a été labourée , afin qu'elle ne fe répande pas , ni ne s’'éboule dans les allées . & dans les fentiers , & aufli afin que les B 53 eaux des pluies & des arrofemens ne puif- - {ent fe perdre. BOSQUET, terme de Jardinage. Il vient originairement du mot BOUQUET , & par corruption BOosQuET. C’eft un efpace de terrein garni d'arbres à plein vent non frui- tiers & de charmilies par compartimens , où l’on pratique des allées. Comme cet aflemblage d'arbres , d’arbrifleaux , d’ar- buftes , & de diverfes plantes formant un tout de verdure, reflemble à une forte de bouquet, on a dit BOsQUET au lieu de BOUQUET. BOTANIQUE eft un mot grec qui fi- gnifie la fcience des fimples , autrement dit des plantes ufuelles , ou d’ufage , ainfi que celle des plantes médicinales & de fimple curiofité. BOTANISTE, eft celui qui s'applique à cette fcience. Tournefort eft un fameux Botanifte. BOUILLON. Ce terme eft nouveau & inconnu dans le Jardinage. Il eft pris de l'ufage commun , & employé dans fa figni- fication propre. On prend un bouïllon pour s'humeéter , en même - temps que D 3 $4 B pour fe fuftenter. Le même eft par rap- port aux plantes. Le bouillon dont il eft ici queftion eft compolé d’onétueux, d'humec- tans & de corroborans, & voici comme il fe fait. Prendre pour un feul bouillon une cou- ple de feaux d'eau, & les mettre dans un baquet ; y jetter ce qui fuit : | Crottin de cheval la valeur d’un demi- boifleau , lequel mis en miette avec les mains & pulvérifé, Crottin de mouton pulvérifé auffi , pi les deux mains. Bouze de vache environ un demi-boif- feau , laquelle bien délayée auffi avec les mains. Terreau gras & vif de couche, rem que deffus. Par terreau gras & vif on entend celui qui n’a point été évaporé pour avoir été long- temps à l'air, au hâle, & délayé par les pluies , mais nouvellement amoncelé & misenuntas, quand on a brifé les vieilles couches. Dans le cas de difette de celui-là, on le prend tel qu’on peut l'avoir ; mais on leve celui de la fuperficie pour plonger B 55 & aller en fond. Il en eft du terreau comme de quantité de nos alimens, qui fe pañlent, étant gardés un certain temps , les uns plus, les autres moins. Commencer par bien battre , 8& mêler le tout enfemble , puis le jetter dans le ba- quet, & avec les mains bien délayer. Faire un baflin autour d’un arbre, non pas autour du tronc , dont la fonétion principale n’eft pas de pomper, mais de recevoir & de contenir les fucs ; faire ce baflin en-decà , environ à 6, 7 & 8 pou- ces du tronc , Ôtant la terre jufqu’aux pre- mieres racines , & verfer le tout dans la Jauges 8: comme au fond du baquet il en refte toujours , le bien nettoyer avec les mains , & répandre le tout dans la jauge. Quand l'imbibition eft faite , remettre la terre , afin que rien ne s'évapore. Faire le femblable à tout ce qui en a befoin , arbres, arbuftes , plantes en caifles & en pots. Réitérer , fi un premier bouillon ne RE pas , ce qui cft fort rarc. Lemémea lieu pour les orangersmalades. D 4 56 B Le voila ce bouillon fi fouverain , fi ef- cace , le voila en petit pour un feul arbre, Mais en a-t-on befoin pour un certain nombre d'arbres ? On augmente la dofe de chaque ingrédient au prorata du nombre d'arbres à médicamenter , le tout à vue de pays 5 un peu plus, ou un peu moins n’eft pas d’une grande conféquence : alors on bat le tout enfemble avec divers outils. C'eft ainfi que dans la cure des maladies humaines on emploie les juleps, les cor- diaux , les ftomachiques , les bouillons pulmonaires , ceux faits avec les anti- fcorbutiques , les apofemes , &c. Mais il cft une obfervation la plus im- portante ; favoir , que de même que dans la médecine humaine, quand les parties nobles font attaquées irrémédiablement , ces recettes ne peuvent rien, de même le bouillon quant aux arbres épuifés & ruinés. Mais comment les connoître ? C'eft ce qui fera dit dans le corps de l'Ou- vrage. On'eft affuré de guérir par le moyen de ce bouillon, une quantité de maladies des plantes & des arbres, telles la jauniffe, le mal RS OR CU UE OT MR Pre B 57 blanc , ou le meunier aux péchers, les effets & les accidens caufés par la cloque, par les vents roux, &c. Tels font la magie, le fortilege & les charlataneries de l’Auteur du préfent Dic- tionnaire, dont on fait chacun juge. Il eft un autre bouillon de fon inven- tion , lequel non moins efficace, & le- quel fait avec les lavures de cuifine. Il eft rapporté en fon lieu. Woyez ISSUES DE CUISINE. , BOULES, arbres en boules. Ce font ceux qu'on tond effectivement en boules, }& qu'on ne laifle point croître. Aufli ces fortes d'arbres, toujours retenus & arrêtés, ne pouflent que du chiffonnage, & de fort petites feuilles, qui eft ce qu’on fouhaite. | Ils ne profitent point de la tige, fi ce n’eft après de très-nombreufes années. BOULINGRIN. Terme nouvellement introduit dans le Jardinage, & qui eft pris | de l’anglois , quoiqu’en Angleterre ce mot ait une autre fignification que parmi nous. | En Angleterre ce font des jeux de boules fur des gazons. En France ce font des ef. paces particulieres de terreins où l’on pra- 5 B tique des compartimens de gazons pouf # lornement avec des ombrages. BOURRELET & non BourLer. C’eft ! une forte d’excroiflance ou d’élévation qui fe forme à toutes Îles plaies des arbres , : quand le recouvrement s'en fait. On la M nommé bourrelet, à caufe que la petite élévation que forme ce recouvrement d'une plaie, imite la figure de ces bourrelets mis M au front des enfans, qui font ordinaire- ment garnis de ce qu’on appelle de la bour- rc, ou qui l'étoient dans leur origine. Outre ces fortes de bouxrelets, il y ena! quantité d’autres qui £ trouvent aux bran- ches & aux bourgeons des arbres dans lesh endroits même d'où ces bourgeons font" fortis de l'arbre. | _ À toutes les greffes il fe forme un bout-M relet qui , à certains arbres, eft fouvent plus. gros que la tige même. C'eft un défaut 8 un défavantage pour les arbres. On en dira la caufe , la raifon, & les moyens dem les prévenir & de les éviter. à | On dit faire bourrelet , quand par l'arri- véc de la feve à un endroit récepé, il fe ; 1 L fe PS SE EE, © 2 7 B 59 fait peu à peu un recouvrement de la plaie: - Ileft encore des bourrelets aux arbres , lefi quels font contre nature. Ce font ceux qui font en forme de grofles loupes. On peut aufli y remédier dans les commencemens ; mais quand ils font formés , il n’eft plus temps. BOURGEON, BOURGEONNER. Mot propre au Jardinage, & qui n’eft employé ailleurs que par comparaifon : l’on dit vifa- ge bourgeonné, & aufli né bourgeonné. On appelle bourgcon , la pouffe de l’année qui provient d’un œil, ou bouton. Quand le bourgeon devient bois, on le nomme branche ; mais tant qu'il eft verd , il fe nom- me bourscon. Quelques-uns peu inftruits, confondent le mot de bourgeon & de bouton, mais mal à propos. Sans être verfé dans le Jardi- nage, on fait que toujours un bourgeon vient d’un bouton ou œil , qui lui a donné l'être. Il faut pourtant excepter de cette re- gle générale ceux des bourgeons appellés faux-bourgcons, dont il fera parlé ci-après, qui naiflent immédiatement de la peau; mais qu’on en fafie la remarque , & l’on re- . — 60 B connoitra que toujours, foit à la tige, foit aux branches où croiflent ces faux bour- geons, un petit bouton verd , renfermant le germe du bourgeon , a précédé. La diffé- rence de ce dernier avec les boutons pro- duits fuivant lecours ordinaire de la nature, c'eft que jamais le bourgeon qui naït de cet il ou bouton adventice, n’eft franc comme autre. Toujours il eft flâche & poreux; au lieu que le bourgeon contenu en petit dans l'œil, a été bien autrement travaillé. Pen- dant tout le temps que le germe a féjourné dans le bouton, il y a été cuit & digéré. BOURGEONNER fe dit , quand au prin- temps les yeux , ou boutons des arbres font paroitre au-dehors un commencement de verdure , qui s’allonge par la fuite. On appelle faux bourgeons, toutes les poufles des arbres qui ne font pas {orties d’un œil, ou bouton, mais qui percent diretement de l'écorce. | Parmi ces faux bourgeons, il en eft qui | font quelquefois très-précieux, dans le cas # fur-tout où il faut garnir un vuide dansun : arbre , ou même le renouveller. D'ordinaire on détruit les faux bour- B GI “cons, à caufé que , prefque toujours, *|s font mal placés , & parce qu'ils font - onfufion ; maisil eft des moyens fürs pour, Le ces faux bourgeons, faire des boutons à tuit. Ces moyens , on les dira dans le _emps. BOURGEONS LATÉRAUX , & BRANCHES -ATÉRALES. Tels font ceux qui croiflent 1 droite & 2 gauche , & non fur le de- ‘ant , Ou parderriere , ni perpendiculaire- nent , & d'à plomb 2 la tige & au tronc, "nais fur les cotés. Les perpendiculaires , Mirectes , verticales , & d’a plomb à la tige "Y au tronc , les fupprimer : ils emporte- soient l'arbre 3 mais fe retrancher fur les boutons & les branches de côté , ou laté- aux. J’oyez COLLATÉRAL. , BOURSES À FRUIT. On appelle ainfi certaines branches qui,aux poiriers & pom- ‘miers feulement , font de forme fembla- ble à celles des bourfes dont on fait ufage pour y mettre de l'argent. Elles font com- me elles , étroites du haut & larges du bas. Ces bourfes à fruit naiflent toujours aux extrémités des branches fruétueufes |, & elles portent des fruits durant plufieurs an- 62 B nées. Heureux les arbres qui ont beaucoup! de ces fortes de bourfes ! Elles font des fources de fécondité inépuifables. Les bour-: fes dans les arbres à fruit font des amas d’une feve bien élabourée , tel que le lait des mamelles y contenu pour la nourri- ture de l'enfant. BOUSILLER, BousiLLeur. Terme dem Maçonnerie formé de deux mots. Il fignifie! dans cet art, comme qui diroit , travailler avec de la bouc. Ce terme pris dans ce! fens, eft en ufage dans la Maçonnerie, 8! na rien de Arr à ; mais comme! dans tous les arts méchaniques on a tranf= porté la fignification de ce mot à tout ce qui eft fait grofliérement , & dans le gout de ces fortes d'ouvrages avec de la bouc ; on lui a donné une idée peu favorable. En« Jardinage, & en tout autre art, boufiller! n'eft autre que faire mal & re les ouvrages. BOUSILLEUR, eft celui qui, pourvu quil l'ouvrage foit fait,ou paroifle fait, travailleà! la hâte, fans gout, fans jugement, fans appro-! prier l'ouvrage, & fans agir conféquemment! aux regles. Ce mot qui , dans le ftyle po: B 63 pulaire , a quelque chofe de bas, eft en vogue dans le Jardinage ; il eft fort éner- gique , & fa fignification n'eft que trop ordinaire dans les fuppôts de cet art. BOUTON ou ŒIL. On ne voit pas trop pourquoi on a donné l’un & l'autre nom à cette partie des plantes , d’où naif- fent les branchages , les feuilles , les fleurs & les fruits de toute plante. Voyez ci-après BOUTURE. Un bouton eft une petite partie faillante formée de la plus pure fubftance de la feve, qui renferme l'embrion de tout rameau dans toute plante , & qui n’eft jamais produit, ni formé que par l’entremife d’une feuille. Voici une obfervation qui n’a point en- core été faite nulle part , & qui eft autant Curieufe qu'importante ; favoir , que com- me il n'eft point de boutons fans feuil- es , il n'eft pas non plus de feuilles fans boutons. La feuille eft faite pour le bou- ton, afin qu ‘elle le nourrifle & le fabf tante , de même que le bouton eft fait pour Ja feuille , afin de recevoir d’elle fa fub- fiftance. Sans feuille point de bouton; il ne peut vivre , il faut qu’il avorte, & fans 64 B bouton la feuille feroit inutile , & devien- | droit oifive. Voilà ce que le Jardinier| ignore : qu'on en fafle la remarque, &| l'on verra que la premiere chofe qui pa- roit quand tout arbre poufle , & lorfque l'œil s'ouvre au printemps , ce font des: feuilles ou des follicules aux fleurs pour! adminiftrer la nourriture au boutgeon naiffant , à l'exception de la figue , qui. poufe fans feuilles. Il en fera dit la raifon ailleurs. L'hiver le bouton n’agit pas au: dehors , parce qu'il eft privé de fa feuille, qui eft fa mere nourrice , & en tout autre temps la feuille eft attachée au bouton, tant qu'il n'eft pas tout-à-fait formé , & fitôt qu'il a fon complément , fa feuille tombe. | Telle eft la feule caufe de la chute des feuilles , quand elles tombent naturelle= ment & fans caufe forcée. Tout ce que les uns & les autres , parmi les favans, ont imaginé dans leur cabinet au fujet de la chute des feuilles , eft purement gratuit de leur part. Il faut être fur le tas même pour fuivre la nature & la voir opérer. On prouve démonftrativement dans l'Ou- vrage | } L + B 6$ vrage Cette Origine , fans recourir à des éxpédiens imaginaires. On compare les boutons, ou les ÿeux des plantes à des œufs , ou à des graines : en effet, tout ce qui fe pañle dahs la for- mation d'un œuf & d'une graine , fe re- trace dans la formation d'un bouton ; & de mêmé tout ce qui fe pañe dans un œuf qui devient animal vivant, & dans une grâine qui devient plante , fe peint égale- ment dans le bouton devenant bourgcon, fleur & fruit. | BOUTONS 4 bois. Ce font ces ÿeux que toujours accompagne une feuille > & qui jamais par eux-mêmes ne produifent des fruits , mais feulement des bourgeons, qui, pourtant bien ménagés , en donnent par la fuite. Ceci bien entendu , cf un paradoxe dans le Jardinage ; favoir > de convertir les boutons à bois en autant de boutons à fruit pout l’année d'après leur naïflance ; & voici une autre forte de pa- W radoxe en apparence auffi ; favoir , qu'il ne tient qu'à tout Jardinier intelligent d'avoir , à volonté, des boutons à fruit à es arbres. C'eft ce que nous démontrons E 66 B dans Ie Traité de la taille, où nous don- nons les moyens fürs & les plus naturels pour y parvenir. Ceci n’eft point hablerie ; on en appelle à l'expérience journaliere dans tous les endroits où nous opérons. Boutons à fruir. Ce font des yeux qui ont toujours à côté d'eux plufeurs feuilles; mais qui font plus gros , plus nourris & plus Éillans que les boutons à bois. Les boutons à fruit dans les arbres à pepins, ont autour d'eux plufeurs feuilles de différentes grandeurs , & aufi plufieurs ficurs.; au es que les boutons -des fruits à noyau n'ont-qu'une , ou deux feuilles , & aflez communément une feule fleur , -ou deux enfemble, fi l'on en excepte les ce- rifiers & leurs femblables, qui-ont des bou- | tons à fruit au milieu de plufieurs feuilles , & dont les fruits font grouppés, ou plu- | ficurs enfemble'en un tas. BOUTONNER en Jardinage eft tout différent que bourgeonner. Il ne faut pas les confondre. Boutonner veut dire com-g mencer à s'ouvrir , & à faire éclorre Je serme enfermé dans le bouton. Ce .ger- nme., quand il eft forti du-bouton.,.& lorf= Éd EEE LS B 67 qu'il à une certaine grandeur , s'appelle bourgeon. Les arbres boutonnent , quand _ leurs veux fe gonflent & grofliflent , com- mencent à fortir de leurs enveloppes, & ils bourgeonnent quand ils font voir un peu de verdure, & lorfque les yeux pro- duifent un petit montant , qui de jour à autre s'allonge, & va toujours en augmen- tant ,jufqu’a ce qu'il devienne à la fin ghésrig che formée. BOUTURES. Ce font les rejettons de tous les arbres quelconques, & de toutes les autres plantes , lefquels naïflent, ou des racines , ou du tronc , & de la fouche , foit «que cesrejcttons aient des racines, ou non. BOUTURE fe prend encore pour toute branche & pourtout rameau détaché qu'on met en terré pour y prendre racines c’eft ainfi qu'on met en terre des rameaux de grofcilliers , de fuwreaux , de jafmins , de juliennes , de giroflées jaunes , &c. & ïls prennent racine. Aux artichaux , au lieu de dire boutures d’artichaux , on dit des œilletons ; & à la vigne , on dit marcot- tes & croficttes , tant ce qui a racine , que -c€ quin'en a pas. ” E 2 68 B Ce terme de bouture vient d'un vieux mot fort ufité encore parmi les gens de campagne ; favoir , bouter , pour dire mct- tre. Boutez;-vous la, difent-ils communé- ment : boutez votre chapiau. À propos de quoi il faut obferver que tous les noms des arts méchaniques ont été inventés par tous gens groffiers , qui n’avoient d'autre but que de s'entendre eux-mêmes & entr'eux : au lieu que ceux des fciences & des arts libéraux font , pour la plupart, fignificatifs & com- pofés originairement des plus anciennes langues , fur-tout du grec & de l'arabe. Tels font les termes de la Médecine & de la Chirurgie, de l'Anatomie , la Chymie, la Pharmacie , la Botanique , l'Aftrono- mie , & autres. Comme donc ce que nous nommons.bouture , n’eft autre chofe que de menus rameaux , pour la plupart, qu'on met , & qu'on pique en terre, les Jardi- niers les ont appellées d’un mot qui leur cft ordinaire , & qui leur a paru le plus ex- preffif, comme qui diroit rameau qu'on boutce en terre. Ils difent houtures | comme ils difent aoûré , pour fignifier la formation & la confiftance de toute plante boifeufe, B ” ou ligneufe , qui eft toute autre lots du mois d’Août qu'auparavant. Ileneft de mé- me d’une infinité d’autres. | : BOUZE DE VACHE. Cet engrais fort gras & frais, convient dans les terres fe- ches , légeres & fableufes ; le laiffer pout- rir auparavant , fans quoi il s'emploie mal, il eft pourriffant & crud; il forme alors ce qu'on appelle des galertes dans terre, qui font long-temps à pourrir. C'eft avec la bouze de vache que fe fait Femplâtre de l’onguent S$. Fiacre. Voyez EMPLATRE. BRANCHAGES. Ce terme , & les fui- vans , font propres au Jardinage. C’eft l’af- femblage de plufieurs branches enfemble , ou féparément , foit dans un même arbreÿ {oit dans plufieurs. BRANCHE , eft un rameau faillant, faifant partie de tout arbre , lequel cft produit par un œil, oubouton, & qui, après avoir été bourgeon tendre , a pris la confiftance de bois dur. Trois fortes de branches fur tout arbre, des grofles , des moyennes & des petites. Ces trois fortes de branches fe partagent E 3 70 B cn différentes clafles ; favoi, BRANCHES à bois , lefquelles portent des boutons à bois. BRANCHES 2 fruir , à Caufe qu'elles ont des boutons frutueux. Elles ont des mar- ques diftinétives ; favoïit , dés rides , oudes cfpeces d'anredux à leur empattement. BRANCHES de faux bois ; ainfi appellées, parce que toujours elles pércent à travers l'écorce , & non d'un œil , ou bouton. BRANCHES gourmandes Où gourmands , à raifon de ce qu'elles prénnent toute la nourriture , & caufent la difette de leurs voifines ; fur celles-ci lé jardinagé éom- mun eft dans une gfande erreur. Perfomne encore , excepté les gens de Montreuil , n’a connu la nature, l’ufage, les propric- tés & Îles avantages qu’on peut tirer des branches gourmandes. Dans lé Traité dé la taille , nous apprenons à titer des branches nommées gourmandes ; tous les avantages poflibles , dé rendre, par leur moyen, les arbres d’une étendue irnmienfe , autant frudtueux ; & de longue durée : enfin , de n'avoir, par la fuite; que des branches dans l'ordre de la nature , Comme les arbres des 4 | +. | L | : É | B 7 forêts & des vergers ; ainfi que tous autres qu'on ne taille point, & qui, pour cette raifon, n’ont point , ou que très-pett, de sourmands. Voyez; GOURMANDS. BRANCHES folles ou chiffonnes. Ce font de menues branchettes , qui ne font d'au- cune valeur, ni d'aucun avantage pour Îles arbres & qui naïflent fur des arbres malaces, ou fur des arbres vigoureux; mais dont on à rogné les bourgeons par les bouts , ou bicn encorc fur des arbres trop vigoureux , qui regorgent de feve. Deux autres fortes de branches ; favoir, des branches perpendiculaires , dircétes , verticales & d'a plomb à la tige & autronc, & des branches latérales. Perpendiculaires veut dire en ligne droite, direéte , qui par- tent immédiatement du tronc & de la tige: verticales , d'un mot latin, qui veut dire la tête , à raifon de la façon de pouñler de ces branches, toujours placées à l'extrémité de l'arbre ; enfin d'à plomb à la tige & au tronc, à raifon de ce que ces fortes de bourgeons & de branches s'élancent du bas vers le haut , comme fi on les cüt poiées avec le plomb même, comime quand les E 4 72 B ouvriers pofent quoi que ce foit qui doit y étre : latéral, ou de côté, c'eft la même chofe, | | Dans le fyfième de Montreuil , outre ce partage des diverfes branches, on en fait une nouvelle diftribution , ainfi qu'il fuit. Aux arbres d’efpaliers , on ne haiffe que deux branches uniques , qu’on appelle #ran- ches meres. Ces branches meres font deux feules bran- ches fur lefquelles , dès la premiere tail- le , on réduit tout l'ar- bre , l’une à droite , & l’autre à gauche en forme de fourche , ou repréfen- tant la figure d'un V un peu ouvert (r). Ces deux branches meres, on les appelle encore branches rirantes, parce qu’elles tirent, & qu’elles reçoivent immédiatement de la greffe toute la fubftance , pour enfuite la répartir à toutes les autres qui naiflent d'elles. On diftingue enfuite un fecond ordre de branches, qu'on nomme membres , Où bran- (1) À ces arbres faire droit fur ces diverfes fortes de branches. ea, D GÉTEORE 6 B 73 ches montantes & defcendantes. Ces membres font des branches ménagées deidiftance en diftance fur les deux parties qui compolient VV ouvert. Les branches montantes garnif- fant le dedans , & les branches defcen- dantes garniflant le dehors , ainfi qu’on va le repréfenter. Ainfi donc, on fupprime à tous les at- bres d’efpalier le canal dire de la feve, & jamais on ne laiffe aucunc branche per- pendiculaire à la tige & au tronc. Toutes les branches font ce qu'on appelle obli- ques, & toujours de côté, Un troifieme ordre de branches acheve Ja formation & la ftruéture des arbres, fui- vant cette méthode de Montreuil. Ces branches ils les appellent #ranches-crochets , parce que de la facon que ces fortes de branches font placées fur ces membres, elles forment la figure d'autant de cro- chets, Ces dernieres garnifflent tout l'ar- bre, & l’induftrie du Jardinier eft de mé- nager toutes chofes de telle forte , que tou: jours & par-tout il y ait de ces branches: crochets , qui font les branches fruc- tueufes. 74 B | Du premier coup d'œil on imagine [+ : chofe bien difficile ; mais on va voir par ! la repréfentation de la figure , deux arbres ! difpofés de la forte , que rien n’eft plus ! fimple , ni plus aïfé; mais bien autrement | entendu , & plus profitable que nos ar- | bres dreflés en forme d’éventail, avec leurs ! M per FREE & d'a plomb à la | ge & au tronc. pets branches-crochets fe partagent en diverfes autres fortes de branches , que l’on caractérife fuivant leurs différentes façons ! de poufler, felon qu’elles font diverfement | difpofées , & conformément à la place | qu'elles tiennent fur l'arbre; favoir : Des branches fortes , ou gourmandes , des branches demi-fortes, où demi-gour- | mandes , des branches appellées vertica- | les , ou perpendiculaires , d’autres obliques, ou de côté. Voici en deux mots tout le fyftême. A la premiere année on fait prendre à un arbre d’efpalier la figure de l’V ouvert. Ce font les deux branches meres, ou bran- ches tirantes , qui forment chacune un cÔté de cet V ouvert. font dé déux fortes ; {avoir , branches mon- tantes & branches défcendantes , garniffant én-dcdans & en-dehors l'V ouvert. Les branches mor- tantés font ainfi placées en- se , & les branches B 73 È Les branches , appelléés membres , qui fi Les deux réunis font la f- gure préfente : s'il eft quel- qués branches en apparcn- _ ce perpendiculaires , il faut bbieivet qu elles ne font point perpendi- culaires direëtes , mais fur obliques ; ce qui fait un point eflcnticl. Les aïbtes diringés univerfellement , fuivant la routine , font tout différens. Les branches y font difpofées comme autant de raÿons qui partent du centre, Sax la préfente figure. Mais il tft démontré par le raifon- hement & léxpérience , que c’eft la gêne & la con- 7 à B | trainte que la feve éprouve, qui la rendent! féconde à raifon de ce qu'étant retardée! dans fon cours, elle eft néceffairement cui-! te , digérée & filtrée ; & au contraire , ar- rivant fans obftacle dans des branches” directes & des canaux perpendiculaires , elle y eft reçue fans être élaibourée. C'’eft! Ja différence de l’eau d’une fontaine fablée , ! & de celle qui ne left pas. Enfin de cette! diftribution des unes & des autres de tou- tes ces branches , naiflent les différentes! : branches- crochets, for-| tes, demi-fortes,& autres, ! ainfi qu'il eft repréfenté! dans la figure. Autres branches encore qu'on appelle des : brindelles & des lambourdes. | Les rindelles. Ce terme , ainfi que le fuivant , font des termes d'art, particuliers ! au Jardinage. Ce font des branches à fruits qui font fort petites & trapues , ayant des feuilles ramaffées toutes enfemble , au mis lieu defquelles il eft toujours un bouton à | fruit, ou plufieurs. Les fruits qui naiflent de ces brindelles font prefqu'aflurés : ils | font communémentles plus gros & les plus B 77 exquis. On en dit la raifon en temps & lieu. Les Zambourdes, Ce font de petites bran- _ches maigres , longuettes , de la grofieur » d'un fétu , communes aux arbres à pepins “8c à ceux à noyaux, ayant des yeux plus gros & plus près-a-près que les branches à bois , & qui jamais, dans les arbres de fruit à pepin, ne s'élevent verticalement comme elles ; mais qui naiflent d’ordi- naire fur les côtés, & font placées comme en dardant. Les lambourdes font les fources fécon- des des fruits. C’eft d’elles principalement que naïiflent les boutons à fruit. On les caffe d'ordinaire par les bouts, afin de les raccourcir , à deffein de les déchar- iger, de peur qu’elles n'aient, par la fuite, un trop grand nombre de boutons à fruits à nourrir , lefquels avorteroient , à caufe de leur multitude. Le Jardinier cafle ; mais ilignore pourquoi. Tous imaginent que c'eft ce caffement qui fait venir du fruit à ces foites de branches qui, caflées , ou non, en donneroient toujours. Il fera ci-après parlé en fon lieu du caffement. 78 B | Les Jambourdes des arbres à pepins font liffes & unies ; au lieu que les brindelles &z les autres branches fruétueufes de ces mêmes arbres , ont des rides, ou des an- neaux ; mais les boutons à fruit qu'elles produifent , en font abondamment pou VUS. BRANCHES de réferve. On appelle bran- che de réferve, toute branche laquelle ef entre deux branches à fruit , & qu'on taille fort courte , pour , l'année fuivante, four nir à la place de celles qui ont porté fruits faute de ce, les Jardiniers fe trouvent pris,! & :les arbres fe dénuent , foit du bas, foït par places, comme on ne le voit que trop dans tous les arbres des Jardins. Par lemoyen d'une telle diftribution d branches , les gens de Montreuil & nous, ainf que tous ceux à qui-nous avons com muniqué notre méthode , avons trouvé le# fecret d’avoir non -feulement des arbres immenfes , portant des fruits en abom- dance ; mais des arbres d'une fanté vigou- reufe & en embonpoint ; enfin des arbres de longue durée, fur-tout quand üls {ont ménagés un peu plus que ne font quél- B 79 ques Cultivateurs qu'on accufe de les pouf- fer quelquefois un peu trop. BRAS fe dit des melons , concombres, citrouilles , potirons , & autres plantes tampantes femblables. Ce font les pouffes qui fortent des aiflelles des groffes bran- ches de ces fortes de plantes qui s’éten- dent & s’allongent à la façon de nos bras, .&c fur Icfquelles naïflent les fruits. L'art du Jardinier entend à les faire croître , & à “en tirer des fruits, qui nouent prefque in- failliblement quand il eft pourvu d’intei- ligence ; au lieu qu'a force d’incifer & de “ en courbant fobrement & fagement , nous opérerons un ralentiflement dans la feve j tel qu'il le faut pour rendre fertile tout ar- bre fougueux , & toujours nous avons ru. COURONNE. Ce terme a dans le Jar: dinage une fignification différente que dans Jes caux & foréts. On appelle, en Jardi- nage ; fruits couronnés ceux qui étant trop dégarnis de feuilles , & expolés ; par confé- quent ; aux coups brulans du foleil en été, font brulés fur la peau & dans l'intérieur , fouvent jufqu'au noyau. Par conféquent il faut ufer de beaucoup de prudence pour découvrir, & aufli pour paliffer avec pré- caution. Les poires font füujettes aufli à être couronnées de la forte par des coups de fo- leil. Jamais un tel couronnement ne peut avoir lieu de la part de tout Jardinier at- tentif & prévoyant ; ni fous un maitre inf- truit ; qui prend intérêt à {es Jardins. Quel- ques poignées de coffats de pois jettés çà & là fur l'aibre pour brifer les rayons du fo- lil, fufiient, & rien de plutot fait. On K 2 348 C donne ailleurs d’autres expédiens encote. Voyez ÉFEUILLER. COURONNER ur arbre , fivant le dic- ton univerfel de tous les Jardiniers , c’eft tailler toutes les branches , fortes , ou foi- bles , à la même hauteur, de façon que tout arbre taillé préfente par en haut une furface égale ; ils taillent , par conféquent, une branche qui a 6 pieds de haut & 1 pouce de gros , par fuppofition ; à 6 pouces feu- lement, & une qui n'eft pas plus grofle qu'un fétu , également à 6 pouces. Voilà donc l'arbre couronné , & le Jardinier fe mirant dans fon ouvrage , eft bien content de Ini-même. Or qu'arrive-t-il ? A la pouffe la groffe branche , réduite à 6 pouces ; dont le canal regorge de feve , fait des jets pro- digieux ; la petite , au contraire , dont le diametre eft très-circonfcrit, & qui, par conféquent , ne peut contenir qu'une quan- tité de feve fort bornée, ne fait que de petits Jets fuets & mefquins. Que devient donc alors le couronnement fait à la taille ? Un tel arbre pendant l'hiver, & dans le temps où l’on ne fréquente pas les jardins, paroît couronné & fymmétrifé , & lors de RC x ne f sd ie ee to no à "à 2 mc - ne Se nr à C 149 la pouffe , il eft hideux & épaulé , quand tout le monde le voit , & fouvent pour toujours. Le principe & la regie , qui ne font autres que le bon fens , c'eft de tailler chaque branche fuivant fa force, fauf, lors de la pouffe à rabattre & ravaler , comme il fera dit en fon lieu. Il faut avouer quela pratique du Jardinage eft bien informe , & que par-tout regne dans cet art l'ignorance grofliere & la ftupidité. I n’eft pas poffible de tirer delà les Jardiniers vulgaires , & de corriger fur l’article la populace jardiniere. Que les Maîtres donc ufent de leur autorité pourempécherlaruine totalede leursarbres. Il eft encore un autre couronnement où la routine n’agit pas moins à rebours du bon {ens ; favoir , de tailler aufli dans le même gont à l'égalité, toutes les poufles du tour des buiffons ; & c’eft ce que les Jardiniers vuloaires appellent double couronne. Suivant notre méthode , on ne taille point les bran- ches du tour; mais on cafe, fauf à rap- procher , comme il fera dit aufli en temps & lieu. COURSON. Terme du Jardinage qui porte avec lui fa fignification. C'eft tout K3 159 € rameau d'arbre Coupé tout court. Quand on veut avoit à quelqu’endroit d’un arbre une branche bien forte , il n'y a qu’à la tailler à un œil , ou deux, & l’on eft für d'avoir du fort bois pour garnir où befoin cft. Il cft quelquefois néceffaire de tailler en courfon, mais autant dangereux de le faire fans nécefité, L'arbre alors poufle autant de gourmands qu'on à fait de cour- {ons. COUTEAU, On dit fruits : à couteau en parlant des poires & des pommes bonnes a manger crues, pour les diftinguer de ceux de ces mêmes fruits qui ne font bons ss cuire, ou à faire du cidre. | On dit laitues à couteau , celles qu ‘on feme dru pour faire de petites falades qu’on coupe avec un couteau dans la pri- meur. CouTEAU de bois, de buis , d'ivoire pour gratter la moufle, le noir de la pu- naife & fon couvein , fur tous arbres & vignes d’efpalier , de même que celui du ti- gre. Il faut y procéder après une grande pluie, lors d’un brouillard épais, ou mouil- ! leramplement avecuneépongeàplusd'unc | ISE reprile en grattant , jufqu'à ce que l'écorce devienne life, belle & luifante. Quand les pores de la peau font bouchés , il n’y a plus de tranfpiration , & il n’y a plus lieu à l'ac- tion de l'air, qui eft l’un des plus puiflans mobiles de la végétation. COUVEIN. J'oye; MoUCHE NOIRE; PUCERON , PUNAISE, TIGRE. COUVERTURES en fait de jardinage, eft tout ce que l’art a inventé pour garantir les arbres , les fleurs , les fruits noués, les - bourgeons & les légumes contre les in- fluences malignes de l'air. On dit couvrir - avec de la grande litiere , avec des paillaf- À fons , &c. Voyez ABRI. CREVASSES , sE CREVASSER. Pris du langage commun , & employé dans le Jar- dinage. Crevaffes dansle langage commun, ce font des gerçures & des fentes qui vien- nent à la peau, fur-tout aux mains, & qui font occafionnées , foit par le froid, foit par la grande fécherefle. Le même a lieu fréquemment dans les végétaux. Deux fortes de crevañles dans le jardina- gc , les unes aux arbres , & les autres à la _ terre. K4 si 16 Aux arbtes pareillement deux fortes de M crevafles , celles qui viennent de trop de feve , & qu'on appelle fentes , dont il fera ! fait mention amplement dans le corps de VOuvrage ; & les autres , qui ont pour ! principe la difette de feve, lorfque lesbran- ches deviennent paralytiquesen certains en- ! droits , on voit la peau qui fe feche , & Fé- k corce eft crevaflée en plufieurs endroits. Les crevafles de la terre ont lieu lors des # grandes féchereffes. Un Jardinier entendu a grand foin de ! mettre de la miette de terre dans les cre- # vafles qui fe font alors au pied des arbres, # ou proche d'eux ; par ce moyen les racines # font confervées , le pompement des fucs ! n'a plus lieu , du moins par les crevañles. ! Poyex FENTE, où ce fujet eft plus ample- » ment traité. CRIBLE , tiré de l’ufage commun , ainfi ! que de la Médecine. On appelle crible däns les plantes , comme dans le corps humain, | certaines parties internes d’elles-mêmes à travers lefquelles pañlent le fuc nourricier M & les liqueurs. Il eft des fucs qui dans leur # pañlage doivent recevoir une certaine prés # C 153 paration. C'eft ainfi que , fuivant l’idée de la Médecine , le chyle pañle à travers les glandes du méfentaire , comme par autant de cribles, pour y recevoir une nouvelle préparation. Les cribles les plus univerfels des plan- “tes, ce font les feuilles. Ce point n’a pas encore été’ fuffifamment entendu dans la Phyfique & dans l’Anatomie du Jardinage: il eft néanmoins inconteftable ; on le dé- montre en fon lieu. Quelques Phyficiens l'ontentendu jufqu’à un certain point ; mais donnant dans un autre excès, ils attribuent aux feuilles des prérogatives qu’elles n’ont pas, & ce pour n'avoir point exercé, & pour n'avoir vu que quelques effets paña- gers. On en revient toujours à ce dicton, nature veut être fuivie. CRISPATION vient du mot de crêpe. Le crêpe eft une étoffe particuliere , qui , au lieu d’être unie comme les autres , eft au contraire inégale & toute raboteufe ; elle prête , s’allonge & fe tire. Elle eft plus or- dinairement teinte en noir, & fert pour les habillemens de deuil. De la façon dont une telle étoffe eft travaillée , & du nom 154 G qui lui a été donné , a été pris le mot de | crifpation , pour exprimer la façon d'être de quantité de feuilles , de plantes, & de | parties d’elles-mêmes , qui ne font pas dans leur état naturel. C’eft ainfi que la plante | appellée fenfitive , fe contraîte, & fe re- ! tire en fe crifpant , quand elle fent l’attou- chement humain: & c’eft ainfi que le froid, la gelée, la neige & les vents defféchans & brulans, font retirer les feuilles de quantité de plantes lors des hivers. CRIST ALLINE (humeur).C’eft, en Jar- dinage , le fuc nourricier qui s’épaiflit dans la peau de l’amande d’un noyau. D'abord il s'y forme une humeur glaireufe , blanchi- tre & tranfparente comme le criftal ; après quoi, peu à peu, elle s'épaiflit , fe dur- cit, & devient enfin une amande formée. M CROCHETS, BRANCHES-CROCHETS. | Voyez BRANCHES. CROCHETS de fer. À tous les treillages on fcelle d'ordinaire dans le mur des cro- chets de fer tels qu'ils font d’ufage, & l’on nc peut qu'applaudir. Mais quand les murs ont de bons enduits , foit qu'ils foient en plâtre , foit qu'ils foient à chaux & à fable, C 155 foit qu'ils foient conftruits avec de la pierre tendre & de la brique, les cloux à crochets font préférables. Voici comme on s'y prend. On choifit dans les murs de pierre dure, faits avec la chaux & le fable, un bon joint, & l’on chañe à force une cheville de bois de chêne , dans laquelle on fait entrer un bon clouàcrochet,qui ferre mieux & bien plus jufte que les crochets fcellés. C’eft bien plutôt fait, moins couteux, moins em- barraffant , & plus de durée. Dans la pierre tendre rien de plus facile encore. Mais fi l'on à affaire à des murs de terre feulement, il faut fceller des crochets fuivant l’ufage. - CROISER. Ce mot vient de Croix; il veut dire placer quelque chofe en forme de éroix , mcttre quoi que ce foit en travers Jun fur l’autre , en imitant la figure d’u- ne + : c'eft un terme ufité pour le paliffage tant d'hiver que d'été. On appelle croifer , faire pañler une branche, ou des branches, un bourgcon, ou des bourgeons , les uns | par-deflus , les autres à contre-fens, au lieu de les placer chacun fuivant leur départe- ment. Tous, fans exception , conviennent de a difformité d’un tel travail: néanmoins | 2 LE À le plus grand nombre attache les branches & les pouffes , comme ils trouvent : c’efts plutôt fait que de les déméler Re pour leur chercher leur place. | Rien de plus ordinaire dans tous les jat- dins que des vignes , dont les pouñfes entre laffées enjambent les unes fur les autres. M L'un des effets de la croifure , outre la“ confufion & la difformité, c’eft la priva- tion d'air pour les bourgeons & les fruits. # Croifer fans néceffité eft une faute ; maisk favoir croifer à propos dans la néceflité, ef. une grande perfe&ion. Il vaut mieux croi fer, que de laiffer la muraille vuide. 7. Il faut mettre une grande différence en: tre ce qu'on appelle couler en Jardinage & croifer. Des branches croifées, enjambant en travers les unes fur les autres, commen font la plüpart , rien de plus infime. C« défaut effentiel, qui fait prendre un fau» pli aux branches en les contournant , ef très-difficile à corriger quand le bois cf aoûté, Souvent il caffe quand on veut le re" mettre dans fon fens naturel. Voyez Cou LER. _ TN CROISSANT. C’eft un inftrument COU" Tr C 157 tufté dans le Jardinage , lequel imite le croiffant de la lune par fa forme & fa figure. Ila une douille, & eft emmanché d'un morceau de bois long pour atteindre au loin. Un Ouvrier , à tour de bras, donne des coups fur les branches & fur les bout- geons qu'il veut abattre, & il les incife à pied droit pour faire une belle efplañade Me verdure. Voyez ÉLAGUER & ÉLA- | | | | | 4 > GUEUR. | CROTTIN DE MOUTON. Il convient aux terres froides & humides. Il faut com- me la fiente de pigeon, qu’il foit pendant bn an ou deux dans un trou au nord pour y pourrir. Dépoié fur terre fans étre pourri, comme il n’eft que trop ordinaire , il feche, ils’'évapore & eft en pure perte. CroTTIN DE CHEvaAL. Il eft excellent pour toutes les terres en plus, où moindre quantité , fuivant la nature des terres plus chaudes , ou plus froides , feches , ou hu- mides. Il faut le faire pourtir dans un trou au nord. CROUTE. Voyez AMEUBLIR LA TERRE. CUEILLOIR. C'eft un panier à anfe, J 58 C } plus évafé du haut, & qui fert pour conté:k nir ce que l’on cueille fur les arbres & dans! le jardin. | CUTICULE vient du latin , qui veut diré M petite peau. En terme d’Anatomie,c’eft unéW peau mince & fine,quicouvre la peau,ou le! cuir. Il eft aux plantes une femblable cu- ! ticule , ainfi qu'a tous les fruits. Elle fert ; dans les végétaux , comme dans les anis maux, de doublure à la peau , de peuf! qu’elle ne foit offenfée. D D ARD ou AïGuiLLe fe difent des fleurs quelconques. C’eft ce petit filet blanc , où! ces petits filets , qui font dans les fleurs des! fruits , & qui reftent tant que le fruit n’eft! pas nou. Comme ils s’élevent droit # on leur a donné le nom de dard. Sitôt! que le fruit cft noué , le dard fe feche. Il em eft de même des graines ; tant que la cofle, de la graine n’eft pas formée, le dard refte ,w & il difparoit quand il n’a plus befoin d'y ! D 159 être. Quand le dard cft fain , & que cette aiguille eft droite, on a bon augure de la fleur ; mais quand le dard eft penché & flé- tri avant le temps où il doit l'être, la fleur tombe, ou avorte. | On dit darder en Jardinage , quand cette aiguille eft en bon état. On dit encore dar- der en parlant des branches , qui , au lieu de s'élever , pointent en devant , ou de côté, comme un javelot , ou une fleche. DÉCAISSER veut dire ôter quelque plante que ce foit d’une caïfie , foit pour Ja changer de caifle, foit pour la mettre en pleine terre, La façon de décaiffer les plan- tes eft des plus vicieufes, en ce qu’on maf- | facre les racines. Il eft fort pofñlible de les | ménager tout autrement. DÉCAISSEMENT des orangers & autres planres; il y auroit bien à reétifier à cet égard; on donne des regles à ce fujet dans le Traité de l'Orangerie. DÉCHARNER. Ce mot eft pris méta- | phoriquement , & employé dans fa figni- | fication propre par application aux arbres æ qui l'on Ôte trop de bois, & qu’auffi l’on | Entnines 160 D taille trop courts. O combien de ces fottes d'arbres , lefquels travaillés fuivant la rou:! tine , on ne leur laifle prefque rien , &. toujours ils pouflent à faux & en pure perte poureux. De tels arbres , outre qu'ils: font hideux , rapportent peu , durent peu, font catereux , & ne donnent que des fruits mefquins. | Revenir à la grande maxime ; favoir , de! ne tailler les arbres que le moins qu'il eft" poflible , ne les tourmenter non plus à la poule , comme on fait encore ; mais leura laiffer le plus de bois qu'il eft poflible par proportion à leur vigueur. DÉCHAUSSER. Il vient de l’ufage ot- dinaire. On appelle fe déchaufler, quand on quitte ce qui entouroit le pied. En Jar- dinage , déchauffer un arbre , ou une plan- te , c’eft Ôter autour du pied & du tronc la terre qui ne doit pas y être , & qui occal fionne une humidité morfondante , empé: chant les influences d’en hant & {a chaleutf du foleil. On dit déchauffer un arbre quel- conque, foit greffé , foit non greffé, quand on lui Ôte la terre du pied qu'il a de trop." On D 16i On dit aufli dans le même fens dégorger, en parlant des greffes & des arbres , ou dé- _ Tr fs DÉCOLLER , pris de l'ufage commun î & tranfporté dans le Jardinage. Il fe dit quand , par quelqu’accident que ce foit, ha tige d’un arbre eft emportée, ou quand un bourgcon fe cafle au collet où il a “pris naiflance 3; on le dit encore des plantes que les gros vers rongent rafe terre. On dit , en parlant des greffes , le vent m'a décollé une belle greffe; aufi c’eft ce qui arrive quand la feve s’y porte avec trop d'abondance : alors il faut les raflurer en les attachant à un échalas , à une perche, Où à unc gaulctte. Mais il eft une façon de Je faire, pour que l'arbre ne foit point ef- tropié en touchant à la perche ; favoir , de garnir & de matelafer l'arbre avec mouñe, ou chiffons aux endroits où l'arbre touche à la perche. Voyez Tureur. DEMI-OSSEUX. | à DEMLLIGNEUX. ê Voyez RACINES. DÉPLANTER, c'eft le contraire dé L 16 "À planter , c'eft fon oppofé. Déplanter ef ever de terre avec précaution ce qu’on veut replanter ; on arrache ce qu’on juge à propos, & qu’on n’a pas envie de ména- | ser. Que d’arracheurs & point de déplan- ! teurs ! Voyez ARRACHER. | DÉPOTER , ou ôter une plante d’un pot, c’eft la méme chofe. Soit qu'on décaiffe, foit qu’on dépote , | ménager foigneufement les racines , & en dépotant , fe garder d’endommager la mot-… te, nc point la châtrer, comme ondit grof- fiérement , & comme encore plus, on le fait dans le Jardinage , en coupant la motte, tout autour. Les Jardinicrs ne favent pas que ces filets blancs quientourent de toutes parts la motte , fé détachent quand la plante eft mife en pleine terre, ou dans un vafe plus. étendu , & prennent leur direction du côté de la terre nouvelle. DEÉVERSÉ. Voyez GLACHIS. DIAMETRE , terme de Géométrie. Il, fignifie, dans l’ufage commun & en Jardi-, nage , le tiers de la circonférence , ou du | tour de tout ce qui eft rond. Parexemple, | on dit qu'il ne faut pas planter aucun ar: D 163 bre fruitier qui n'ait deux pouces dé gros, ou de diametre. Comme donc le diametre eft le tiers de la circonférence , un arbre de deux pouces de gros, ou de diametre , aura fix pouces de tour , ou de circonférence; ainfi qu'il eft ici repréfenté. Diametre faifant le tiers de la circonférence. DIRECTION primordiale des arbres. Lé mot de direétion vient du latin , & fignifie gouvernement. Les arbres ont , ainfi que les enfans, befoin d'éducation , & d’être dirigés , dès leur enfance, pour fe porter à bien ; mais malheureufement peu de Jar: L 2 164 D diniers entendent cette direétion , qui con fifte dans la connoiffance & dans le choix des poufles avantageufes , ainfi que dans l'induftrie, pour leur en faire produire de telles. De cette direétion primitive dépend non- feulement la belle figure de l'arbre pour toujours , mais encore fa fanté , fa vi- gueur & un très-prompt rappott ; au lieu qu'en mutilant continuellement , en ro- gnant , pinçant , repinçant & arrétant par Acs bouts dès la jeunefe des arbres ; 8 par après , comme on a la fureur de le faire, on les fait avotter dès la rtaifflance mé- me ; les arbres ne veulent point être ainfi tourmentés , incifés & écourtés fans fin. DISSÉMINÉ , FEU DISSÉMINÉ. Il vient du latin , qui veut dire répandu, épars , femé par petites parties de côté d'autre. Le feu eft un élément univerfellement répandu dans toute la nature. Nul objet créé où il ne foit , & l'air le contient & le porte par- tout. Le fumier s'échauffe, quand il eft en- tafé ; eft-il épars , point de chaleur. Vous {errez du foin trop verd, il s’enflamme , & : Jess tês met le feu à la grange. Vous frottez bien fort une clef, par exemple , fur un mor- ceau de bois, cette clef & ce morceau de . bois s’échauffent au point de bruler forte- ment, fi on l'applique fur la chair. Vous entafñlez des herbages de toute forte , ils s’'échauffent au point que vous ne pouvez y tenir la main. Il eft une foule innombra- ble d'exemples femblables , qui démon- trent l’exiftence de ce feu difléminé dans la nature. : DISSIMILAIRES. Voyez FEUILLES. .. DRAGEONNER, DRAGEONS; termes . del'art. Onentend par ces termesles poufles multiphées des arbres vigoureux qui pet- cent de toutes parts , & des écorces , & de Ja tige , & du pied. Foyez BOUTURE. DRESSER , dans fa fignification propre, veut dire rendre droit ; mais en Jardinage il a plufieurs fignifications. DRESSER wr jardin ; c'eft le former. DRESSER une allée ; c’'eft quand il y a des creux & des boffes , les réformer , ou quand elle eft plus haute , ou plus baffle à un bout qu'a l'autre , ou dans fon mi- | L3 | | 166 D lieu & ailieuts ; mettre le tout de ni2 veaut. stér, 160 CHA | On, dit drefer des arbres , comme on dit dreffer un cheval au manége , un chien pour la chafle ; &cc. C’eft à l'égard des arbres, non-feulement les tenir droits & d’alligne- ment , mais les former de jeunefle pour leur faire prendre la figure qu’ils doivent avoir pouf jamais ; c’eft encore les bien conduire , panfer;, tailler, ébourgeonner , &CC. DRESSER des paliffades ; c'eft , en les tôn- dant , avoir foin qu’elles ne foient pas dé- rangées , qu'elles ne fe déverfent pas , qu'elles ne foient pas creufes en des en- : droits , &:bombées dans d’autres. DRESSER we branche qui pend | Où qui Je jette de côvé x: c’eft Vattacher de’la façon qui convient pour lui faire prendre un bon pli. TETE DRESSER wne planche ; C'eft ; après qu’elle a été labourée, & avant que de la femer, lui donner un coup de rateau ; mais avec le rateau à groffes dents ; puis la difpoler pour la femer , en tirant des lignes deflus avec ie D 167 tordeau, quand c’eft pour femet en rigole; pour planter c’eft le même. On dit encore drefler un piege pour pren- dre des animaux nuifibles au jardin ; dreffer un 4 de chiffre pour prendre les loirs qui mangent les fruits, & pour les mulots, &c. DISTRIBUTION proportionnelle des bran- ches & des racines : ceci €ft la pierre de tou- che du Jardinage, C’eft le point le plus im- portant , peut-être, & cependant le plus ignoré. DISTRIBUER proportionnellement les branches aux arbres , ainfi que Les bourgeons . durant la pouffe ; c’eft en laifler fuffifam- ment aux uns fuivant leur vigueur , & aux autres men laifler pas plus qu'il ne faut , quand ils font foibles , favoir d’ailleurs faire le difcernement des boisà laiffer , ou à oter, toutes chofes pour lefquelles il ne faut pas _ être novice cans le Jardinage , non plus que pour le fuivant ; c’eft en un mot tenir un jufte équilibre dans toutes les parties de l’ar- bre , afin que tout foit plein à la fois, fans que rien mal à propos domine. = DiISTRIBUER proportionnellement les racines ; c’eft , avant que de planter un arbre, diriget L 4 163 D avec art celles qui font mal placées , qui & couperoient , qui fe croifent & qui s’entre- laflent ; mais ce n’eft pas les mutiler , ni les écoutter , comme font tant de Jardiniers. Jamais on ne doit planter qu'en laiffant les racines de toute leur longueur, rafraïîchif- fant feulement la petite extrémité de celles qui font fracturées , & où fe trouvent des filandres , mais à l’épaifleur d’un fou neuf. On dit encore diftribution proportion- nelle de la feve dans les branches. Elle dé- pend du génie, de l’adreffe & de l'intelli- gence du Jardinier. Il eft le maître de la di- riger de façon qu’un arbre ne s'emporte d'aucune de toutes les manieres dont on n'a que trop d'exemples dans le Jardinage. DOS D’ANE ; c’eft une élévation de terre plus haute dans le milieu que des côtés. Voyez Dos DE BAHUT. | | | F 169 TS ie E BOTTER, ternre de Jardinage : il veut dire abattre, en partie, les branches d'un arbre. L’ébottement fe fait quand', en cou- pant un arbre, on ne lui laifle que les plus groffes branches taillées fort courtes. C’eft, par rapport à un arbre, comme fon der- nier facrement. Si, après une telle opéra- tion , il ne fe remet pas, il n’eft plus bon qu'à chauffer fon maitre. Aux plaies ne pas oüblier l'onguent Saint-Fiacre ; rarement a-t-on vu un arbre ébotté reuflir ; la raifon qu'on en donne ailleurs eft palpable. Ce- pendant on ébotte tant & plus dans le Jar- -dinage , à tort, à travers pour, dit-on, mettre à fruit les arbres , ou pour leur faire poufler du bois ; & quoique jamais l’un & l'autre n'arrive, on ne laiffe pas toujours que de recourir à ce trifte expédient. : ÉBOURGEONNEMENT,, ÉBOURGEON- NER. C'eft l'art de fupprimer avec gout & avec difcernement les bourgeons furnu- 176 E mérairés pouf ne laifler en place que les né: ceffaires , ou les plus convenables. | L'ébourgeonnement eft un art particu- . lier , d’où dépendent & la belle figure d’un arbre , fa fécondité & fa fanté. I va de pair avec la taille des arbres pour l'importance, s’il ne l'emporte pas. Mais qui eft-ce qui le poféde cet art ? M. de la Quintinie, fameux Jardinier ja- | dis de Louis XIV , & qui a beaucoup écrit fur le Jardinage , veut qu’on ébourgconne | les arbres en buiflon, comme ceux des ef- paliers & contre-cfpaliers : a-t-ilraifon , ne l'a-t-il pas ? C’eft ce qu’on verra dans notre Traité de l'Ébourgeonnement. Ceux qui ne les ébourgeonnent pas ont grandement raifon , parce qu'ils ne s’y entendent pas. L’ébourgeonnement eff l’art des arts. ÉCHALAS. Vignes échalaffées des jar- dins différentes de celles des champs ; elles doivent être fymmétrifées & au cordeau.On dit échalas de quartier , parce qu'ils font faits avec des bois fendus en quatre , & écha- Jas de cœur de chêne , parce qu'ils font for- més de la partie intérieure du bois , & non de celle où eft l'écorce. Ces derniers font | E 171 les meïlléuts. On dit ficher un échalas, les tirer de terre, les aiguifer : ils doivent être au moins de 6 pouces avant dans la terré ; 8 ou 9 encore micux , alots on frappe avec un maillet. ÉCHALAS pofés tranfverfalement dans des murailles. J’oyez AUVENT. ÉCHENILLOIR. Voyez CHENILLE. ÉCHIQUIER. Voyez; QUINCONCES. ÉCLATEMENT , mot d’ufage. Ilvient du verbe éclater. Il eft de notre invention. Nous l'avons établi & introduit dans le . Jardinage fur des faits conftans, pour domp- ter & réduire les branches intempérantes &c les bourgeons fougueux d’un arbre qui Semporte. Il fe fait en pliant, commefi lon vouloit cafler tout-à-fait , & fitot que Ja branche , ou le bourgeon a craqué, l'on s'arrête, & l’on rapproche enfuite les par- ties disjontes qu'on lie emfemble avec ofier, Ou jonc , & un peu d’onguent Saint-Fiacré; par ce moyen la branche eft domptée & ne meurt pas. ÉCLISSES. Voyez; BANDAGES. ECOBUE , inftrument d'Agriculture & de Jardinage , autant connu & célebre dans 72 E J'Anjou , qu'il l’eft peu pat-tout ailleurs: Cet outil admirable , le partage des bien- M aimés du Ciel, nous a été manifefté par. M. le Marquis de Turbilli , Fondateur des Sociétés d'Agriculture en France , qui , de- # puis leur établiffement , ont fi bien mérité de cet art pour l'exploitation des terres, ! pour la multiplication des grains , & les dé- frichemens , que déformais notre France ne peut manquer d’être le grenier au moins de toute l'Europe. | L'écobue eft un inftrument de fer , qui eft recourbé à peu près comme une houe , & qui a un long manche de bois. Il fufhit de pofiéder un bien pour n’en point ufer. Nos Laboureurs & nos Manouvriers , au lieu de favoir gré à ce bienfaiteur de l'Agriculture d’une telle découverte , ont laiflé l’Anjou feul en poffeffion de cet Inftrument tant vanté dans le livre de fon inftituteur. Nous renvoyons à ce livre ceux qui defireroient en favoir davantage : ce livre, quia mérité les fuffrages d’un corps célébre , compolé, fans doute, de tous gens confommés dans Y'Agricultute. ECORCE. Ce mot vient du latin corsex, | | 1 | E) 173 qui veut dire auffi écaille. Ce terme eft ap- pliqué fpécialement aux arbres , & fe dit également de quelques fruits. C’eft la par- tie extérieure de tout arbre qui lui fert de couverture & d’enveloppe , au-deflous de laquelle eft la peau , & après elle la partie ligneufe , ou le bois. A raifon de ce que l'écorce des arbres eft communément épaif- fe, on a employé ce mot pour fignifer l'enveloppe extérieure de certains fruits , & l’on dit d’un melon qu'il a une écorce fine, ou épaifle , unie, ou brodée , &c. On dit aufli écorce de citron , d'orange. Mais on ne dit pas l'écorce d’une poire, d’une pomme, d’un navet , d’une rave, &c. Il faut donc mettre une différence entre peau \. / 46C ECOrCC. 5 *. [left des écorces unies, & telles on les voit dns lesjeunes arbres, & dans ceux du moyen âge, environ jufqu’à 9 ou toans, après quoi elles deviennent graveleufes, raboteufes & écaileufes. Ces fortes d’écailles font, par fra- gmens; elles fe pourrifflent peu à peu, & tombent fucceflivement, étant pouflées de- hors!par d’autres qui f forment au fur à mefure. C'eft ane tranfpiration fucceflive % ! 174 Ë des arbres , qui eft à leur égard , commé la mue eft à l'égard des animaux. Mas M comme dans ces derniers la mue eft pério- M dique, & n'a lieu que dans un temps pré-| fixe ; au contraire cette mue des arbres efE dans tout le cours de chaque année. ÉCROUTER la terre. Voyez AMEU* BLIR. ÉCUSSON. Il fe dit des greffes. On dit gréffe en écuffon , autrement dit à ccil dor- mant , parce que l’écuflon qu'on leve fur une branche pour l'appliquer fur un autre arbre, reflemble , par fa figure, à l’é- cuffon des armoiries du blafon. On ne dit pas ici la façon de greffer en‘écuflon, foit ce qu'on appelle à la poule, foit à œil dormant, & autres : le moindre payfan le: fait & le met en pratique mieux que ne: l'enfcignent tous les livres. On apprend cette opération en la voyant faire , plu: tôt que par tous les préceptes & les defcrip- tions les plus détaillées. Joyez GREFFE. EFFEUILLER. C'eft, peut-être, une des opérations la plus délicate & la plus fca- breufe du Jardinage. C’eft l’art de fuppti= mer habilement les feuilles qui peuvent | FE 175 s’oppofer à la maturité des fruits , & à leur beau coloris. On ne doit jamais arracher les feuilles , _ fice n’eft aux branches , ou rameaux inuti- les; mais les couper à moitié, ou vers la queue à ceux des bourgeons dont on attend “du fruit, ou fur lefquels on prévoit qu'on taillera l’année fuivante. On coupe ces feuil- les avec l’ongle, ou avec des cifeaux. Un bouton à fruit effeuillé avec feuilles arra- chées , ou avorté, c’eft la même chofe. La .fcuille eft la merc nourrice du bouton ; vous lui Ôtez cette nourrice, il faut qu'il creve de difette & de faim. Si une autre feuille naît à la place de celle que vous avez . ôtéc, comme il eft infaillible , cette feuille cft formée de la fubftance même du bou- ton : & telle eft la raifon pour laquelle il avorte. L'expérience décide. Il eft aufli un ordre & une méthode pour effeuiller avec modération. Dans le Jardinage, c’eft aflez la coutume d’effeuiller les raifins pour les avancer & leur faire prendre couleur. Il eft une foule de Jardiniers qui les effcuillent an point qu'il ne refte pas une feule fouille. Le fait : he msi Re + — 176 E cit qu'ils ceflent de profiter , qu'ils n'ont. plus de gout, qu'ils fe fanent & fe rident. | Ce qu'on avance ici eft inconteftable ; il git en fait: cependant nul de ceux qui fuivent | cette pratique fi déraifonnable , nc veut fe | rendre ; ils prétendent que quand même | les feuilles y feroient , le méme arriveroit. Nous renvoyons ces hommes srofliers au. moindre des Vignerons. Ils ont grand foin , quand ils effcuillent , de laifler des feuilles de diftance én diftance pour portct la nourriture. Ces Vignerons les inftruiront encore d'un autre fait inconteftable à ce fujet ; favoir , que quand les feuilles de la. vigne, ou féchent, ou tombent , le raifin 1e murit plus , 1l faut faire vendanger. Autre pratique femblable à ce fujet pout les concombres & les melons ( car dans le” Jardinage tout eft routine, ufage , caprice, prévention. ) Nous nous gardons bien de confondre ici quantité de gens fenfés qui honorent l’art & en font la gloire. Ces au- tres , qui n'ont que le nom de Jardiniers, ne manquent pas, dès qu'un concombre, ou un melon a du fruit noué, de couper les feuilles tout autour : ils croient avancer au Ë 74 . Au contraire ils tetardent la progreffion, &, par conféquent , la maturité, en Otant les meres nourrices du fruit. Il eft bon d’ôtef le touffu, faifant trop d'ombragé, mais avec difcrétion & retenue. Le même eft pour les pêches : fi l’on n’à pas foin , outre ce quieft dit de la façon d'effeuiller , de laifler autour de la péche dans Île voifinage , des feuilles pour fervir d'auvents & de parafols , une foule d’elles eft ce qu'on appeile couronnée , c'eft-à- dire , brulée jufqu’au noyau, & ces fruits ne font pas mangeables. Cependant rien de … plus commun qu'un tel événement. - EFFONDRER % rerre. Le terme expri: me par lui-même l'aétion fignifiée. C'eft la creufer en fond, afin que s’il eft de la srou, du tuf, du fable , de la glaife , des pierres, es cailloux, de la craie, &c. on les enleve pour y fubftituer de la bonne terre. Jamais on ne doit planter fans avoir ef- fondré. Quiconque y manque, a temps pour s'en repentir , & plante plus d'une fois. | EFFRITER , terme de l’art. Terre effri- tée, eft une terre appauvrie, dénuée de fucs; s M 178 É & qu'on à trop fait porter fans la remons À | ter , & fans la renouveller par des engrais. On effrite encore la terre , fuivant M. de la Quintinie , à force de la labourer trop. Trop de labour nuit , en ce que la terre n’a plus de corps, & elle devient ce qu’on ap- pelle veule ; & voilà en quoi peche le fyf- tème d’un Doéteur de nos jours , qui, à telle fin que de raifon, prefcrit des labours | fans fin ;, banniffant tout engrais. M. de la Quintinie en favoit bien autant que ce nou- veau, dogmatifant dans le fond de fon ca- binet : auf tel fyftème avorta en naïffant. En labourant ainfi coup fur coup, on ne donne pas le temps, dit M. de la Quinti- nie , aux engrais de l’air qui ont bénéficié lc defius, de pañler dans l'intérieur de Ia terre. De plus, ajoute-t-il, vous remettez, de toute néceflité, en-deflus les mauvaifes. herbes que vous aviez enfouies , ou leurs w graines. Il eft un milieu dans tout. ÉJECTION vient d’un mot latin,qui veut direjeter, mettre dehors, poufler dehors.Ce terme eft tiré de la Médecine, & s'applique, par analogie, aux arbres: de même qu'en | nous par tousles différens vaiffleaux,&c par les | 4 + | E 179 bores de la peau , les humeurs, Îes parties fuperflues & les fpiritueufes , ainfi que les vaporcufes s'échappent perpétuellement, & vont fe perdre en l'air, de même dans les végétaux : quantité de femblables par- ties font pouflées dehors & reçues par l'air: Les odeurs qui émaneént des plantes odo- xantes & des fleurs en font foi. De plus, la double tranfpiration a également pour prin- cipe cette éjection. Les feuilles qu'on croit tomber par défaut de feve , font poufiées & jettées dehors , quand le boyau umbili- cal , par lequel leur étoit apportée la nour- riture , eft bouché. La feve qui le remplit pouffe par voie d’éjettion la feuille au de- hors. C’eft ainfi que nos cheveux font pouf: {és dehors , & que nous devenons chauves; quand, intérieurement, le canal qui por- toit la nourriture aux cheveux, fe bouche ; &c en fe fermant, le poufle dehors. - ELAGAGE,, terme de Jardinage. C’eft l'art de décharger à propos ; avec difcerne- ment & avec gout , les gros bois de te 3 ainf qu'il bis: ÉLAGUER , c'eft éclaircir un arbre en Jui Otant les branches qui font confufion. M 2 150 E C'eft le décharger de fa quantité trop grande de bois au milieu , au côtés & aux pour- tour , avec gout & difcernement , non à boulevue & fans regle. , Quand on élague , couper toujouts près de l'écorce ; ne point pourtant l’approcher trop ; ne jamais laifier non plus d’argots, ni chicots, & ernployer lemplâtre d'on- guent Saint-Fiacre. On dit aufli élaguer une paliffade, quand elle eft trop touffue & trop épaifle, lorfqu’on la décharge & qu'on l'évide , fans néanmoins la rapprocher. ÉLAGUEUR , terme d’art, comme def- fus. Les Élagueurs font des Ouvriers du Jardinage qui , avec le croifiant , ou les cifeaux à tondre , dreffent , uniflent , for- ment des paliflades , des avenues, des ber: ceaux, des compartimens de verdure , & tous les arbres de fimple ornement. Rien de plus rare que de trouver de bons Élagueurs ; cette forte d'hommes ne rai- {onne en façon quelconque fur leurs opé- rations. Ils taillent, ils abattent, ils fabrent fans gout & fans difcernement. Mais ce que nous ne pouvons fouffrir dans leur tra- vail, c'eft cette miférable habitude de laïfleg É 181 Par-tout des potenceaux & des sibets, qui font horreur , & rendent un arbre le plus difforme. Ces gibets ne produifent que des toupillons hérifiés de branchettes, qui ne peuvent jamais s'allonger & former une belle verdure ; mais qui font une foule énorme de nids de pies & de têtes de fau- les. Les propriétaires de ces fortes de bois - & d’avenues devroient bien ouvrir les yeux fur de tels abus , & ne pas s’en rap- porter à des hommes , qui ne favent que charpenter. Il vaudroit beaucoup mieux abattre tout-a-fait ces branches ainfi mu- tilées ; du moins l'arbre poufieroit d’autres _ jets , qui feroient francs & de bon aloi, donnant un agréable ombrage. Parmi ces gibets , ces potenceaux & ces argots qu'ils laiffent aux arbres, la plupart , loin de fournir de la verdure , meurt ; ils le voient fans cefle , & cela ne les corrige pas. Don- nez-y un coup d'œil, & vous le reconnoiï- trez par vous-mêmes, Nous donnons dans notre Ouvrage un Traité de l’Élagage à la fuite de celui de l'EÉbourgeonnement. ÉLAGUURE. Ce font les branchages d ont il vient d’être parlé. 182 ÊF | ÉLANCEÉ , S'ÉLANCER , ARBRE ÉLAN® CÉ » BRANCHE ÉLANCÉE. Ce terme eft tiré de l’ufage commun, & employé par application dans le Jardinage. Arbres & branches élancés , c’eft quand l’un & l’autre s'élevent trop fans être fournis du bas, fans profiter en groffeur par proportion à la hau- teur. Il faut alors rabattre fur le jeune bois du bas. Voyez ÉTIOLÉ. S'ÉLANCER fe dit de la feve , quand au lieu de fournir également par-tout , elle fe porte toute avec impétuofité vers lehaut, laiflant le bas dans la difette. Il eft des. moyens pour la retenir , mais très-ignorés ge tous. On veut faire monter un jeune arbre, pour en faire un arbre de tige ; que fait-oR d'ordinaire ? On coupe depuis le bas jufqu’a la tête du jeune arbre toutes les poufles , 8 la tige s’élance , fans pouvoir fe foutenir 3 mais les bons Pépiniériftes laiflent, de dif- tance en diftance, des branches-crochets » : fervant à attraire la feve ; & dans la fuite ils les jettent à bas. ÉLASTICITÉ , mot tiré du grec. Il fi-. gnific reflort : on dit élafticité de l'air ; on par la vertu & le pouvoir du reflort. EMBRYON,, terme d’Anatomie , qui veut dire tout être vivant , qui , dans le fein de la mere , n’eft pas encore formé , & où l'ont n’apperçoit , quand il en eft dehors, qu’un commencement de formation. On confond aflez communément le fétus avec l'embryon. Quoi qu'ilen foit, on emploie le mot d'embryon , dans l’Anatomie des _ plantes , pour fignifier tout fruit dès qu'il eft noué. Il faut fuppofer , comme un point in- conteftable , que tout ce qui a vie ne fe reproduit , ne fe renouvelle , ne fe multi- plie , ne fe conferve , & ne fe perpétue que par voie de génération. Comme donc les fruits font réellement des êtres vivans, con- tenant en eux-mêmes un germe de vie, principe de leur reproduétion ; favoir , leurs graines , qui font des Ctres vivans & orga- nifés , en partie , il faut qu'eux - mêmes foient vivans,& qu'ils aient un commence- ment de formation , enfuite leur naïflan- ce; puifque paffant par les degrés de l'en- fance , de l’adolefcence, & de la pubcité, M 4 | E 185 dit encore élaftique tout ce qui fe meut | | | L 184 E ils arrivent auffi à la vieilleffe. Tout dans 14. nature végétant , comme dans le refte , eft un tiffu de merveilles fans fin. ÉMIÉE , ÉMIER , au lieu d'ÉMIETTER ;, quoiqu'on dife MIETTE. On dit émier par préférence, à caufe du mot de mie de pain. Émier la terre, c’eft en la labourant , la di- vifer en menues parcelles ; c’eft caffer les mottes à mefure qu’elles fe rencontrent, & les mettre en poudre, comme de la mie _! de pain broyée dans les mains. Jamais , en plantant un arbre, on ne doit jetter fur les racines que de la mictte, point de mottes, ni de pierres. EMMANNEQUINER , terme de Jardi- nage. C’eft tirer de terre un arbre, arbufte, arbrifileau , &c. pour les mettre dans un mannequin , lequel , par la fuite, on leve de terre pour le placer ailleurs. Mais on ne doit emmannequiner aucun arbre , ni au- cune plante à longues racines , à raifon de ce que, pour cet effet, on eft obligé de couper les racines , qui font le premier principe de vie dans les plantes. C’eft pour cette raifon , que jamais on ne doit planter d'arbres en mannequin de chez les Jardi- Î î LE 4 | | 4 | | L : vY } à | + 109 : E 185$ hiersfleuriftes, lefquels rarement réufliffent, pour avoir été écourtés par les racines , & de plus , pour avoir été nourris dans le ter- reau à force d’eau. Voyez MANNEQUIN. ÉMONDER vient du latin, qui veut dire rendre pur : c’eft nettoyer un arbre, Ôter non pas les bourgeons fuperflus , ce qui appartient à l’'ébourgeonnement , mais le débarraffer & le décharger des membres morts , des chicots , des argots , des on- glets, des chancres , des sommes, des ga- les, & de tout ce qui eft difforme , ou nuif- fible , comme aufli le débarrafler de la pu- “naïfe > des pucerons, des chenilles , des vers qui s’entortillent dans les feuilles, des perce- oreilles qui déchiquetent ces dernieres , des moufles qui les 2byment , en les rongeant & en morfondant la feve, &c. & c'eft ce a quoi l’on s'occupe le moins dans le Jar- dinage. EMOUSSER , en Jardinage , veut dire Ôter la moufle aux arbres. Voyez Mousse. EMPLATRE , terme de Médecine & de Chirurgie. C'eft tout médicament fimple ou compofé de quoi que ce puifle être , de £e qui eft jugé propre à la guérifon des 186 E plaies, & lequel eft appliqué extérieures : ment fur icelles. Le même eft précifément ! pour les végétaux qui ont des plaies. On ! peut dire que jufqu'ici la Médecine & la ! Chirurgie du Jardinage ont été fort mal : exercées, & nullement entendues. Quel | eft le livre du Jardinage qui a encore traité ! ex profeffo , des maladies & des plaies des { arbres, de l’origine , des caufes & des effets des unes & des autres ? Quelqu'un d'eux t-il fait une étude particuliere de la con- texture & de l’aflemblage des parties , tant internes , qu'externes qui les compofent, pour s'y conformer dans l'application des remedes convenables? On a bien travaillé jufqu'ici à les hacher, les morceler & les. déchiqueter ; mais non à les conferver , les | panfer , les médicamenter & les guérir. Nous voyons , au contraire, que dans le peu dont on s’eft avifé pour leur cure, on a pris tout le contre-pied de ce qu'il falloit pour les guérir. Sans entrer dans aucun détail de recettes quelconques hazardées fans examen , que l'on confidere , loin de toute prévention, la cire verte employée pour les plaies des F1 187 orangers , & l’on reconnoît:a que, loin de leur être utile , elle leur eft très-préjudicia- ) ble. 1°. La cire, par elle-même, eft un defficatif: par conféquent , elle ne peut attirer la feve , & doit reculer la guérifon. 2°. Elle eft en même-temps un graiffeux , qui jamais ne peut faire alliage avec aucun | liquide , telle que la feve. 3°. Perfonne n'i- . gnorc que le verd-de-gris , qui fert à verdir | cette cire, ne foit un poifon. Le peu qu'il enentre, ne peut être que dommageable. _ Auñfi les plaies des orangers ainfi panfées , font des temps infinis à guérir ; au lieu qu’a- - vec la bouze de vache , elles cicatrifent d’a- bord. Un peu de jugement fuffit pour com- prendre que tout ce qu’on appelle graiffeux, ne peut jamais s’allier avec aucun fércux , _&z que la feve étant féreufe , ne peut fym- patifer jamais avec, ni poix , nihuile , ni beurre , ni réfine , ni graifle , &c. Enfin, quelque précaution qu'on prenne, iln'eft pas poflible d'empêcher toutes ces matieres onCtueufes & graifleufes , & de fondre lors des ardeurs brulantes du foleil en Juillet & Août , du moins aux endroits des plaies où il darde à plomb. Alors les parties grafles qui 185 E | font fondues , s’étendenthorizontalement," & imbibent une grande place , & bouchent a8 dehors les pores de la peau , & en de-" dans elles abreuvent le parenchyme , dont” les parties font fpongieufes , & la feve, qui” f eft féreufe , ne peut plus y pañfer. Ce point important eft difcuté ailleurs, ; & mis dans tout fon jour. Voyez ONGUENT SAINT-FIACRE. EMPOTTER , EMPOTTÉ , ou mis avec" de la terre dans un pot, c’eft la même chofe. Voyez Por. ( EMPORTÉ, S'EMPORTER , tiré du lan- gage ordinaire , & employé ici par méta- | phore. On dit d’un cheval fougueux, qu'il s'empotte , d’un chien de chaffe le même, ! &c. Un‘arbre s'emporte , quand il ne pouffe que du haut, & point, ou peu du! bas &c des côtés. Alors il faut le rabattre. Il eft un art pour empêcher que jamais un aïbre ne s’emporte. Voyez ÉLANCÉ , DIs- TRIBUTION PROPORTIONNELLE. ENCAISSEMENT , ENCAISSER , terme de Jardinage, il veut dire mettre dans une caifie avec de la terre. On dit encaïfler un oranger , quand on le met dans une caifle DAPRORES © NE | E 189 neuve. On appelle encore encaifier un oranger , OU toute autre plante , quand là terre étant ufée, on les tire de leur caiffe | avec la motte deterre, dont on Ote touté . la vieille terre pouren mettre de la neuveà ‘fa place. Cette opération, pour être bien | faite , requiert des talens. . On appelle demi-encaiflement , quand, au lieu d’ôter la terre, on Ôte feulement celle du tour de l'arbre pout en mettre de Ja neuve : on l'appelle auffi demi-change. ENFOUIR , terme de Jardinage &z d’A- griculture ; c’eft comme qui diroit fouir de- dans. Enfouir eft différent d’enterrer. Enfouir, c'eft cacher dans la terre feulement en fu- perficie, au lieu qu'enterrer , c’eft mettre ‘avant dans la terre. + On dit enterrer un aïbre , & enfouit des graines &c des femences pour les faire ger- mer. Un Laboureur en envoyant herfer fes. grains , dit qu'il faut les enfouir , de peur que les pigeons, & autres , ne les mangent; » mais il ne dit pas enterrer fes grains, non 1 plus que le Jardinier enfouir un arbre. | ENGORGEMENT , ENGoRGEr. Ce 4 | | 1 190 . E terme a la même fignification dans le jar: dinage que dans la Médecine ;, lorfqu'il fe! fait en nous des obftruétions par abondance d’'humeurs. Il eft de femblables engorge mens de feve dans les plantes. Ils ont pouf principe dans les végétaux trop de plénitude dans les conduits & dans les canaux de la feve. C'’eft ainfi que quand on n’a pas foin! de lâcher une greffe en coupant la ligaturé par derriere, 1l s’y forme un engorgement;! une obftrucion , & ce qu'on appelle ftran: gulation , ou étranglement. Ts ont égale- ment pour principe quelque vice parttiCu lier de la feve, qui cft arrêtée & interceptée dans fon cours en quelque partie d'eux- mêmes; & telle eft la raifon pour laquelle tant de branches d’arbres ont des efpeces de paralyfies dans divers endroïts d'elles: mêmes , & où l'écorce fe feche. Ces par- ties , aflez communément , ne reprennent pas vie, & l’oneft obligé deles réceper plus bas à quelqu'endroit bien vivant. On verra dans le cours de l'Ouvrage comment , à! force d’ôter -continuellement aux arbres leurs poufles , & leur faifant plaies fur ghies, qui , én cicatrifant ; forment des Ë 191 bourrelets fans fin, la feve n'a plus fon cours , étant privée de fes canaux & de fes | xécipiens. ENGORGEMENT des greffes dans la terre. : Combien de greffes enterrées dans tous les jardins >? De 100 arbres , qu'on en fafle oi-même la remarque , il y en a commu- nément 80 dont les greffes font ergorgées. On plante fans réflexion , à la hâte , & des arbres à racines écourtées. Si l’on réfléchif- foit en plantant , on oblerveroit que toute terre remuée fe plombe & s’affaifle d’un pouce par pied. Que , par fuppofirion, le trou de l'arbre ait 4 pieds de fouille, in- failliblement la terre s’affaiflera de 4 pouces. Si donc le Jardinier , au lieu de mettre fa greffe à 4 pouces plus haut , comme il ie devroit , la met à fleur de terre, ainfi que tous ont coutuine de faire, ileft démontré que l'arbre , entraîné par la terre , defcendra de 4 pouces avec elle. Tout d’ailleurs fe fait trop à la hâte dans le Jardinage pour me- furet des yeux , à vuc de pays, le niveau de la terre avec Femplacement, ou la pofition de la greffe : pourvu qu’on expédie , qu'im- porté. Enfin, rous les Jardiniers ne plan- mb 192 E tant que dés arbres à racines écourtées , ii n'eft pas étonnant que de tels arbres defcen- M dent plus aifément que ceux qui les ont de! toute longueur. Mais pourquoi une greffe « enterrée cft-elle nuifible à l'arbre ? Le voici en deux mots, Toujours un arbre eft mal à fon aife, j quand la partie de lui-même , fabriquée M par la nature , pour jouir des bienfaits À & du fec de Fair, eft imbibée , détrem- pée & morfondue par lhumide de la terre. M C'eft la même que dans l’oppofé, fi les ra= F cines , au lieu d’être cachées dans terre , | étoient en plein air & au foleil, pour qui elles ne font point faites : ceci n’eff ici qu eh quifté. | Voici des faits conftans, par rapportaux, creffes enterrécs , dont nous rendons rai: | us ailleurs , & dont on ne peut difcon-| venir. F1 Les arbres à greffes engorgées dans terre, | ou ne donnent point de fruit, ou n'en donnent que peu, ou que de mauvais. L'expérience apprend enoutre , à quicon- que cft obfervateur , que de tels arbres font | fujets communément à quantité d’ infirmités : _… cdi E t93 & de maladies , la jaunife fut-tout ; ils dé- périflent peu à peu & languiflent , nombre de leurs branches meurt d'année en année, puis tout l'arbre. Les baflins qu’on fait aux pieds desarbres pour dégorser les greffes, font une foible reflource , comme on le fait voir en fon lieu. _ Déformais on ne fera point excufable d'enterrer les greñes , à moins qu’on ne lé veuille de propos délibéré. Nous donnons, dâns notre Traité de la Plantation , une regle infaillible, di&éc par la nature elle- "même, pour planter avéc toute la précifion & la correétion poflibles. Il eft étonnant que perfonne encore n'ait faifi ce point où la nature, de toutes parts , fait entendre démonftrativement fa voix. On en jugera, ENGRAIS. J’oyez AMENDEMENT. ENTE , ENTER (1), c’eft la même chofe que greffe & greffier ; quoique des gens imyftérieux prétendent y mettre de la diffé- rence, c’eft un raifonnement de quelques- uns,qui né fait point loi. Quelques Jardiniers (1) Voyez le Traité des Greffes de M. de la Quiatinie, V. partie, p. 60 & fuivances, | N 194 E du vieux tefnps difent encore entutre. On fe fert aufi du mot d’infertion , pour dire greffe : ce dernier mot, qui vient du latin, exprime bien l'action d’enter , en inférant un autre fruit. L’ente , ou l’aétion d’enter, eft une opé- ration du Jardinage , par laquelle en pla- gant, d’une certaine façon , un œil, où un bout de rameau d’une autre arbre fur une branche d’un arbre d’un autre efpece, on change l’efpece de celui fur lequelon greffe. On ente, ou l’on greffe également les ar- brifleaux & les arbuftes ; un jafmin d’Ef- pagnc , par exemple , fur un jafmin com- mun, foit en fente, foit en écuflon , foit en approche. On greffe auffi la vigne ; mais en pied & dans le tronc même : autrement l'ancien fujet repoufleroit toujours , & ruineroit la greffe. On peut greffer auffi les | fleurs & les herbages même; mais à quelle | fin ? Il eft quantité de fortes de façons d’enter : & de greffer. Les anciens greffoient des fruits fur les arbres des forêts ; maïs ces fortes d’entes ne durent qu'un temps, après quoi elles pé- rfent. 1 | À E L 0 Le mot d’ente, ou de greffe fe prend éga- lement pour l'arbre même enté, ou greffé. J'ai, dit-on , quantité de fort belles entes dans mon jardin ; mes greffes , ou mes en- tes de l’année derniere font merveilles, pour dire mes arbres greffés , ou entés, Voyez ÉCUSSON , FENTE. Au fujet des entes , ou des greffes , voyez tous les livres du Jardinage , qui entrent à leur fujet dans le plus ample détail ; en- trautres un petit Ditionnaire d’Agricul- ture & de Jardinage , &c. À Paris, chez David le jeune , à l'entrée du quai des Au- suftins ; au S. Efprit, M. DCC. LI ,ou, &c. avec planches gravées. Là, comme dans les autres livres du Jar- dinage , on trouvera toutes les autres façons de greffer dans le plus grand détail ; ce qui nous difpenfe d’y entrer , parce que cela nous meneroit trop loin. Qu'on ne penfe pas que , parce que nous renvoyons à ces fortes d'Ouvrages , & par- ticuliérement à ce petit Diétionnaire , nous prétendions autorifer le peu d’exactitude dans les opérations les plus effentielles du Jardinage , dont les maximes font toutes N 2 196 F différentes des nôtres. Nous y renvoyons iculement pour les opérations méchani- ques , fans titer à conféquence pour le refte. De ces fortes de livres on ne peut tirer au- cun avantage pour les opérations du Jar- dinage , qui ne font , ni raifonnées , ni ré- féchies , mais purement machinales, d’a- près une routine aveugle. ÉPATTÉ , S'ÉPATTER. L'origine du mot & fa fignification s'annoncent d’eux- mé- mes ; il vient de patte. Il veut dire s’éten- die & s'alonger ; de même qu'une patte ge quelqu’animal que ce foit, qui s'étale en marchant fur terre. Ce mot fe dit prin- cipalement du bled , & aufli de celies des plantes qui rampent fur terre. On dit auñli chicorée épattée , celle qui s'étale & s'al- longe fur terre. Ce mot a lieu encore pour la plantation des afpérges. On dit épatter fon plant d’af- perges , en étendant exaétement , & en ef- paçant les racines. EPAULÉ , ÉPAULER. Ce terme pris du langage commun, a le même fens ici; on dit bête épaulée. Arbre épaulé, eft celut qui eft tout de coté, parce que la moitié E 197 delui-même, ou une partie notable péri par quelqu’accident. Jamais il ne fut au- cun arbre épaulé , que par la faute du Jar- dinier en plus d’une maniere : ou bien il n’a pas eu foin de ménager toujours , com- me on fait à Montreuil , des branches & des bois de réferve , en cas d'accident ; où bien il a mal conduit fon arbre de longue main fans le renouveller, voyant du bois veule & défectueux ; ou encore par mal- ‘adrefle , il aura café & éclaté une groffe branche , faute de précaution & de ména- gement ; ou enfin l'arbre étant épaule par cas fortuit , par accident , il ne l'a pas re- dreffé en le dépaliffant en entier , & le repa- Hfant , fi c’eft un arbre d’efpalier ; & fi c’eft un buiflon , en attirant des branches du côté du vuide. ÉPIDERME. Voyez SURPEAU. ESPALIER.. On ne voit pas trop l’origine de ce mot dans le Jardinage. Il pourroit venir d’efplanade , terme de fortification , avec lequel il a quelque rapport. M. de la Quintinie dit que les efpaliers n’étoient pas fort anciens dans fon temps , & qu'il les a vus prefque naître. En effet , dans tous les N 3 198 EF dd anciens Châteaux on n’y voit pas d’efpalier& anciens.Les murs n’étoient pas revêtus d’au- cuns arbres. Les Seigneurs étant toujours en guette les uns avec les autres , ne fon- gcoient qu'a fe défendre & à fe mettre en aflurance contre leurs ennemis , ou bien les autres avoient pour clôtures de larges foflés fort profonds , tels qu’on les voit en- core dans quantité de vieux Châteaux. ESPALIER eft une muraille au pied de 1a- quelle on planté des arbres qu’on attache fur icelle , foit à un treillage , foit de quel- qu'autre maniere que ce puifle être. Quand on plante des arbres en efpaliers , il faut les déverfer en les plantant en-deca du mur, a la diftance de 9 pouces , où envi- ron, autrement les racines touchant au mur , ne pourroient point agir. De plus, quelque pluie qui puiffe tomber , jamais ils ne s'en reflentent , quand ils font plantés à plomb du mur. | Ne jamais planter un arbre de tige entre deux nains, à moins que la muraille n'ait 10 à 12 picds de haut. Aux murailles même de 12 pieds de haut,des nains bien conduits doi- vent, au bout de 9 ou 10ansau plus , avoir atteint le mur. PE CRE SR DR me - Y : hi à nu ue FE 199 La direction des efpaliers eft un des chefs- d'œuvre du Jardinage. Rien de plus rare qu’un bel efpalier , bien conduit fuivant les regles de l'art. Pour en juger, il faut être connoifleur. On fe pique de gout , & l’on fe paflionne pour un oignon de fleur, une plante rare & étrangere , & l’on ne fait pas prifer le travail entendu & régulier d’un ef- palier formant le plus fuperbe coup d'œil. Que de gens, même dans les rangs les plus diftingués , qui ne font que des profanes en ce genre ! ESQUILLE.C'eft la même chofe dans un _ fens, quant au Jardinage , que dans la Chi. rurgie. On appelle efquilles dans le Jardi- nage, certains petits filets, & certaines par- ties inégales , qui refkent toujours à toute extrémité d'un rameau café. Ce font ces efquilles qui , formant des inégalités , em- pêchent que jamais la feve ne recouvre la branche à l'endroit où elle a été cafféc. Voyez CASSEMENT des branches & des bourgeons. ESSORER , S'ESSORER , ou S'ESSUYER, c'eft la même chofe ; il fe dit des terres qu'on ne doit pas travailler après de longues LE humidités , qu’elles n'aient été reffuyées par le hâle & les vents. | ÉTIOLÉ, S'ÉTIQLER , terme de l'art, On dit arbre étiolé , branche étiolée, quand l'un & l’autre ne forment que des jets mef- quins , maigres & allongés. Il fe dit auff des plantes qui ont été femées trop dru , & quince font que s’allonger fans grofir. Voyez ÉLANCÉ. ÉTRIPER un arbre. On ne voit pas trop l'étymologie de ce mot. C’eft faire quelque chofe de plus que de l’élaguer , & quelque chofe de moins que de l’ébotter ; c’eft-a- dire , lui ôter des branches de diftance en diftance pour le rajeunir, lui en faifant poufler de nouvelles, & rabaiffer les autres en les coupant où il peut y avoir du bon bois. Beaucoup de Jardiniers confondent toutes ces chofes. Si un arbre , pour avoir cté toujours incifé & dépouillé de fon bois a mefurc qu'il a pouflé, n’a pas donné de fruit , cfpere-t-on qu'en Fétripant , pour le rajeunir , 1} deviendra fécond , quand ce nouveau bois fera traité de la même ma- nicre que le précédent ? Nous pouvons af- firmer que, depuis plus de 40 ans de travail 4.2 * — din Oise. Alès dde. lee [ PE | | EF 201 | & d'expérience dans le Jardinage , nous avons bien vu des arbres étripés , ébottés , récepés , étronçonnés , & mutilés de toutes facons imaginables ; mais que nous n'en avons pas vu un feul réuflr. ÉTRONÇONNER un arbre , C'eft ne lui Jaifler que le tronc ; c’eft lui couper la tête quand il eft nouvellement planté , ou bien quand les racines étant bien faines encore, & lorfque fon bois eft ufé , le réceper fur la fouche pour le renouveller. Tels arbres, à moins qu'ils ne foient d'âge moyen & bien vigoureux, ne tiennent pas contre une telle opération ; peu à peu ils meurent , à l'ex- . ception de certains vieux pêchers fur aman- dier & quelques autres. ARR Les arbres des bois en coupe dans les fo- rêts, font coupés rafc terre, & ils repouf- fent. Il n’en eft pas de même des arbres fruitiers des jardins , ils font plus délicats ; on en appelle, à ce fujet, à l'expérience. De plus, quand on coupe les arbres de fo- sêts , ils repouffent , parce qu'on les récepe dans le tronc même rafe terre, comme il vient d'être dit, & ils font de nouveaux jets ; au lieu que les arbres fruitiers, étant 202 E coupés au-deflus du tronc, où la peau eff bien plus dure, la feve ne perce point d’or- | dinaire , & ne pouvant s'y faire pañfage, elle retourne aux racines , & l'arbre meurt par en haut. Ce point eft ignoré dans le ! Jardinage. Voici, à ce fujet , une obfervation qui mérite de trouver place ici , quoique Dic- tionnaire , il eft intitulé raifonné, C'eft, par rapport aux vicux arbres étronçonnés, qui d'ordinaire meurent. Voici ce que chacun ! peut obferver à par foi. Quand on tire de terre quantité de ces fortes d'arbres, de même que nombre d’au- tres ceflant de poufler tout-à-fait, ou mou- rans par la tête , il en eft quantité à qui on : voit des racines immenfes les plus faines & les mieux nourries, tandis qu'aux arbres les mieux portans qu'on veut détruire , le même ne fe rencontre point. On eft tou- ché de compañlion à la vue d’un tel fpec- tacle, quand on ignore le fous-œuvre ca- ché de la nature. Voilà le fait, il eft à Ja portée de tous; mais ce fous-œuvre caché de la nature quel eft-il ? On le difcute dans J'Ouvrage. On avance feulement ici, qu’on L ul, Là FE 203 he peut rendre raïifon d’un tel phénomene, qu'en fuppofant que dans ces fortes d’ar- » bres les fucs font pompés , comme à l'or- dinaire , par les racines ; mais que ne pou- vant plus arriver dans la tige, dont les ca- maux épuifés font obftrus & bouchés , la feve reflue dans ces mêmes racines, & telle paroïit être la raifon de leurs embonpoint fi exceffif. ÉVASE, terme d’ufage: il vient du mot de vafe , comme qui diroit ayant la figure d’un vafe , tel qu'un verre à boire. Il fe dit des arbres en buiflon , & même de certai- nes tiges qu'on taille. L’art du Jardinier eft de faire prendre à ces arbres la figure d'un gobelet , ou d’un verre à boire. Pour y par- venir , l'unique moyen c’eft d'y mettre des cerceaux ; autrement on cftdes 10à 12 ansa former un buiflon. 7. CERCEAU, BUISSON. *: ÉVENTAIL, arbre en éventail. C'eft.un arbre qui imite, dans fa figure, celle de l’é- ventail , inftrument , où ornement des fem- mes, pour agiter l'air autour de leur vifa- ge , en faifant du vent , afin de fe rafraichir durant l'été. Jufqu’ici l'on a dreflé en éventail tous 204 E les arbres d’efpaliers , au moyen de quoi” on n'a eu que des arbres manqués & eftro- piés. Dans la méthode de Montreuil, cha- ” cune ,des branches forme un éventail : les branches qu'on appelle verticales, & qui : {ont perpendiculaires à Ja tige & au tronc, | toujours ont dévoré & anéanti celles des | côtés. Voyez BRANCHE, & la figure qui eft ! à l'endroit même. ÉVENTER 4 fève ; expreflion familiere : dans le Jardinage. C’eft faire de trop gran- des plaies aux arbres, ou bien tirer fes cou- pes & {es tailles trop en longueur. Toute | coupe, toute taille, pour être bien faites, doivent toujours être courtes , & prifes un peu de près, & les tailles doivent étre tant {oit peu en bec de flûte. Tel eft le fenti- ment de M. de la Quintinie ; & quand le Jardinier alonge trop fa coupe, on dit qu'il évente la feve, & l’on à raifon. Voyez FAUSSE-COUPE. ÉVIDÉ, ÉVIDER , Viennent du mot de # vide. Les arbres en buiflon , à qui l’on ne Jaife point , dans leur milieu , des branches, s'appellent des arbres évidés. On dit évider un arbre, quand on éclaircit le trop grand 4 | F 205$ nombre de branches. On dit oranger bien vidé. Voyez ÉVASÉ. | EXCAVATION. Ce mot vient du verbe caver. Il fignifie dans le fens propre une fouille de terre en forme de cave. C’eft l’ac- tion de creufer la terre en fond ; mais pris dans un fens d'application, il veut dire mi- ner ,ronger, carier. C’eft dans ce dernier fens qu’un Ancien a dit : Gutta cayat lapidem, non vi, [ed [epé cadendo, Et c'eft cette penfée que Quinaut a rendue en ces termes , l’eau qui tombe goutte à goutte , perce le plus dur rocher. Voilà précifément ce qui arrive aux plantes quelconques , dont les parties internes incifées font à décou- vert , quand, mal à propos, ou par acci- dent , leur font faites des plaies graves , où toutes autres qu’on n'a pas foin de panfer avec l'appareil d’onguent $. Fiacre. Il ar- rive alors le même qu'en pareil cas aux ani- maux raifonnables & irraifonnables, quand le fang putréfié, ou une humeur acre & mordante ronge , cave & carie les chairs & les os. Ce fujet (on ne fait que l’effleurer ici , ) eft un des plus importans par rapport 206 5 à tous les arbres quelconques , & des re] intérefans pour ceux des jardins. L'excavation dont on parle , & dont on" va donner quelques exemples en pafant ;" eft dans les arbres , ce qu’eft , en Chirurgie," Ja gangrene dans les chairs & l’exfoliationm dans les os , quand, à l’occafñon d’une hu-W meur purulente , les chairs font minées & les os cariés. Examinez ce qui fe pañle jour: naliérement dans vos arbres , & que, fans | le remarquer , ou fans y remédier, les Jar- à diniers voient à tout inftant dans leurs] Jax-| dins. ( Tous les arbres qu’on appelle gommeux 3h tels que les cerifiers , pêcheïs , abricotiers ;! amandiers, pruniers, & autres femblables,) lorfque la gomme , qui n’eft autre qu'une! feve RE découle le long d’une bran-| che , font minés & cavés au point d'y caus\ fer un chancre corrodant , qui pénétre juf4 qu’à la moëlle , qui trop fouvént fait mous. rir la branche, & quelquefois tout l'arbre k Si donc le Jardinier, vifitant {es arbres , ! avoit l'attention de l'enlever cette somme, | ce qui eft la plus petite chofe du monde, : FE 207 vos arbres en fanté donncroient fruits & profpéreroient. On fait des plaies énormes aux arbres quelconques , fans y mettre d'appareil ; qu’arrive-t-il alors ? La feve hors de fon couts s'extravafe ; cette feve , comme notte fang hors de nos veines , qui, frappé par Yair , fe corrompt , fe putréfie, fe con- vertit en une humeur fanieufe, qui coule le long des branches & de la tige, & qui mine dedans & dehors. Voyez une foule d'arbres ainfi traités parmi ceux de vos jar- dins qu'on récepe, qu'on ébotte & qu'on étronçonne , quand ils font d’une certaine groffeur, le bois tombe en canelle , ou bien | eft comme du liege , ou enfin fe pourrit. Voyez tous les arbres des boulevarts de | Paris, ceux des grands chemins qu’on tail- | Jade de la forte, & vous y remarquerez cet | écoulement de feve dont il vient d'être _ parlé. On la voit fuinter de la plaie, & fe répandre fur la tige. On y apperçoit une | tache livide, d’une couleur blafarde , qui _ dure long-temps , même après la plaie fer- mée. Qu'eft-ce autre chofe dans les eaux & fo- b. 208 F | rêts, que cé qu'on appelle couronnement deg | arbres ? finon une feve appauvrie, telle que | dans les humains un fang fondu , un fang diflous par une hurientei corrofive. À ces. fortes d’arbres les extrémités defléchées ne! pouflent plus, & grand nombre d’iceux eft M pourri en dedans. Feue Mademoifelle , Comtefle de Cha- rolois, à Atys, près de Paris, vendit fur pied 3 un certain nombre d’ormes d'environ 3 pieds de diametre ; faifant 9 à 10 pieds de! Î tour. Jadis ces arbres avoient té coupés M du haut pour être rabaïiflés : les pluies , les l neiges, les frimats avoient pénétré dans, l'intérieur , & ces arbres , nous les avons : vus , quand ils furent abattus , étoient | creux comme le tour d’une mardcïle de! puits. | Que conclure de tout ce que deffus ? fi- non que tout Jardinier doit être extrême: | ment réfervé, quand il eft queftion de plaies graves fur un arbre. Tous les jours ces mé-| mes Jardiniers font des greffes , foit fur des ] branches, foit fur des arbres de $, 6,7, où 8 pouces de gros. Ces greffes fouvent pren- nent , elles fubfiftent quelque-temps : nous avons : —, :- ne E 209 avons bien des années, & plus de 40 ans d’obfervations & d'expérience dans le Jar- dinage ; mais nous n'en avons pas vu un feul durer & fubfifter ; à la fin tout créve, & l'on a perdu bien des années. * EXCORIATION , terme de Chirurgie: Dans le Jardinage il fignifie , comme dans cétart, écorchure , déchirement & enlé- vement de la peau. Nulle excoriation aux arbres où il ne foit néceflaire d'appliquer lemplâtre d'onguent S. Fiacre , fans quoi naît un chancre corrodnt. Mais qui eft le jardinier qui y penfe ? + EXCRETION. Voyez ÉTECTION. EX CROISSANCE. C'eft , en Jardinage; a même chofe que dans la Chirurgie. Les arbres ont des loupes , des enflures parti- culicres , des grofieurs , des tumeurs, des poireaux , ou verrucs , &c. Toutes ces cho- {es viénnent d’un amas de la feve, arrêtée par ce qu'on appelle obftruétion , qui em- pêche la feve de pañer , & qui caufe un gonflement au-dehors dans la peau de l’ar- | bre, ou du fruit. . De ces excroiffances il en eft de deux fortes : les unes naturelles , & qui advien- O 210 EF nent dans les atbres, comme dans Îes hu« mains , fuivant le cours de la nature ; en eux par l'épanchement d'unefeve qui ren- contre des obftacles à fon pañlage , ou des obftructions , comme pareilles chofes dans ces derniers au cours & à la circulation du fang ; & les autres font -accidentelles & occafionnées. Ces dernieres viennent, foit de la mauvaife conduite & de l’impéritie des Jardiniers, qui , par des fouftrations continuellesdes parties organiques des plan- tes , dérangent leur méchanifme , tant in- terne, qu'externe. Rien de plus commun aux ormes qu'on élague tous les trois ans, 8 für qui l'on fait des coupes de fort bois, ue ces {ortes d'excroiflances. Ilen ceft de même des arbres fruitiers & autres , que les Jardiniers vulgaires tourmentent & muti- lent de toutes façons diverfes. Le cours de la feve cft troublé, interrompu, intercepté | &r arrêté 3 dès-lors il feifait des dépôts de | feve, où il n’en devioit point étre. C'efi ainfi que dans les humains par défaut de | conduite & de vie fobre & frugale , ou par débauche , il fe fait des extravafñions de fang , desdépots d'humeurs formant des AR ee S - h. de EF 211 loupes, des fquirres , des tumeurs & des flux immodérés d’humeurs fanieufes. Il eft des fruits auxquels ces excroiffan- ces font naturelles , comme les limons & les bigarades. Enlever dès leur naiffance aux arbres , dé même qu'on fait aux animaux vivans , ces excroiflances , qui font contre nature, & mettre à ceux-là l'emplâtre d’onguent Saint- Fiacre. EXOTIQUE. Joyez BARBARE. EXPERIMENTAL, Phyfique expérimen- tale. Ce n’eft autre que la connoiffance de … Ja nature & de fes effets dans tout ce qui fe pañle , tant dans l'intérieur , que dans l'extérieur de la terre & des plantes, pour; enfuite de cette connoiflance , agir dans la pratique. Cette {cience eft requife dans tout Jardinier. On ne demande point de lui qu’il fache toutes ces chofes , comme un favant du premier ordre; mais on defiré qu'il foit à l'égard des plantes , ce qu’eft un bon LC de campagne à l'égard du corps humain. Les gens de Montreuil onf cette RAyque expérimentale ; ; pourquoi O 2 212 F les autres ne pourroient-ils pas l'avoit corn me eux ? Au lieu de fe conduire , comme on fait par routine & en aveugle, au moyen de cette connoiffance de la nature & de fes cffets , on parvient à entendre ce qu'on fait, & pourquoi on le fait, & l’on auroit la fatisfaétion de rendre raifon de toutes fes opérations, l'ouvrage n’en iroit que mieux, & l’on travailleroit à coup für. Ce qui fait qu'on méprife les Jardiniers, c’eft que la plupart n’ont pour guide, com- mc Îes animaux , que la feule routine : ils font , parce qu'ils ont vu faire, & comme ils ot vu faire. Mais fi, au contraire, ils avoicnt , comme les gens de Montreuil, cette fcience expérimentale , ‘on les con- fidéréroït comme gens de mérite. Tout bon Ouvrier, en quelque genre que ce foit, eft toujours regardé de bon œil, furtout par les perfonnes de gout. De plus, fi les Jardiniers étoient tels , furement on leur donneroit de plus forts gages , & même des récompenfes , & l’on ne plaindroit point la dépenfe à leur égard. Il eft dans cet Ouvrage un Traité de la Phyfique + E 113 expérimentale , dont on fait voir la nécef fité & les avantages. EXPOSITION. C’eft tout emplacement de quelque lieu que ce foit , jardin , ow autre , par rapport au regard du foleil. Il y a quatre expolitions , le levant, le mi- di , le couchant & le nord. Toutes ces ex- pofitions tiennent un peu chacune l’une de l'autre. ; EXTRÉMITÉ pe rousses. Ce terme cft non fufhifamment connu , ni entendu dans le Jardinage. On appelle de ce nom toute branche qui a pouflé du dernier œil de la branche taillée. L'ufage eft d’abattre cette branche , 8 même les autres qui font au- deflous , & de tailler fur celle qui a poufé au dernier œil d'en bas. Par ce moyen l’ar- bre a poufié à faux , & en pure perte pour lui , toutes ces branches fupérieures dont on lc dépouille. En outre , au lieu de croi- tie, de s’allonger & de donner fruit , :il refte toujours circonfcrit, avorton & fté- tile. Mais qu’au contraire, on taille longue la branche qui a pouffé à l'extrémité de la coupe précédente , on a, en peu d'années, des arbres immenfes, frudtueux au poflible, 0 3 114 E groffiffant de la tige à propoïttion ; & voila ce qu'on ne connoit pas dans le Jardinage. Tout par routine, fans réflexion , ni rai- fonnement. On fuppofe ici que ces extrémités de pouffes font telles qu’elles doivent être dans un arbre bien conformé ; car dans le cas où les extrémités de poufles feroient fluettes , il faut fe garder de leur donner tro p d’allon- gement. FA Facox, FAÇONNER. C'eft l'art de former & de drefler la terre , les arbres & les plan- tes. On dit façonner une terre,donner toutes les fiçons aux arbres & aux plantes. C'eft labourct, facler, faire les fouilles , dreffer, tirer au ratcau, répandre les fumiers , les enfouir , arrofer, biner, & faire à l'égard de la terre & des plantes, tout ce qui eft requis pour les cultiver. Communément on donne trois façons a la terre , aux vignes & aux arbres ; favoir , labour d'hiver, la- bour du printemps, & ün labour au com- SRE à PE a a. ns me us ie un. , | F 21$ » mencement de l'été; ce dernier, plus léger queles deux autres, fans préjudice des dif- férens binages dans le courant de la pouñfe. . Nous ne parlons pas ici des autres façons que, pour l'exploitation des terres, les La- boureurs ont coutume de donner à leurs terres , ce qui n'eft pas de notre compé- tence. Dans cette généralité font comprifes les différentes opérations de la taille , de l'é- _ bourgeonnement & du paliflage, dont il eft parlé à chacun de ces articles. FACTICE. Voyez TERRE , T AUPIERES. » FAUX - BOURGEONS. Foyez BoUR- GEONS , BRANCHES, FENTES des arères. Ce font des crevañles qui {e font à l'écorce des arbres. La peau fe déchire , & les deux parties féparées fe retirent , comme fait un parchemin , du cuir , ou unc étoffe trop bandée, cédant à l'effort. Il en cft de deux fortes, des fortes & des foibles : les unes & les autres ont la même origine. Elles viennent d’une abon- daace de feve ; les fortes d’une abondance, exceflive, & voici comment. Un arbre re- çoit des racines plus de feve que la capa- 04 216 FE cité du diatnetre de la tige ne peut en con: renir 3 & comme elle eft lancée par voie d'impulfon qui preffe , poufle & appuie toujours plus fortement à mefure qu’un flot de feve nouveau eft furajouté , alors ke tiflu cellulaire , qui n’eft autre qu'un amas de feve , & de nature fpongieufe , prête, {e gonfie & s'étend ; la peau conféquem- ment fe bande de plus en plus, elle fe dé- chire jufqu'a la partie ligneufe , & lon voit le fuc nourricier congelé aux deux côtés où la peau eft féparée. C’eft ainfi que quand l'eau eft pouflée avec véhémence , & en trop d’abondance dans un tuyau , elle fe « fait jour en le crevant ; c’eft ainfi qu'en nous les hémorrhagies ont lieu , quand un vaifleau cft brifé par l'impulfion violente du fang. Ces fentes font , en effet , comme des efpeces d’hémorrhagies de feve. Juf- qu'ici le Jardinage n’en a tenu compte; & comme dans quelques arbres elles fe gué- riffent d’elles-mêmes , nul ne s'emprefie de les panfer. On donne en fon lieu des pré. ceptes à ce fujet. La on fait voir les divers accidens fâcheux , provenans de ces fortes de fentes négligées , fur-tout aux arbres de : Di 1 F 217 fruits à noyau , par les épanchemens de gommes cariantes. Les fentes légeres qui ne font, ou que des déchiremens d’une petite étendue, ou » de fimples gerçures à la peau, ne font pas plus dangereufes , qu'en nous certaines pe- tites hémorrhagies qui n’ont pas de fuites. . ILen eft parmi ces dernieres, que nul ne re- marque dans le Jardinage, finon ceux à qui on les fait appercevoir. Ces petites fentes, ougercures font de légeres ouvertures à la | peau, qui font de couleur jaunâtre, & qui ) font répandues çà & là, foit à la tige , foit ) aux groffes branches. On les compare, & en effet, elles reflemblent à ces gerçures de | pain , formant ce qu’on appelle des gri- gnons. Elles font autant de marques de vi- gueur & de fécondité dans les arbres; les caducs & les infirmes ne préfentent pas de pareils fymptomes d'abondance du fuc nourricier, qui, pour fe faire paflage, di- late ainfi la peau. Les jeunes greffes fur-tout abondent en ces fortes de petites gerçures occafionnées par une extravañon du fuc nourricicr furabondant. . Outre çes fentes naturelles , il en y ef G d'at- À 218 [A j tificielles que l’induftrie , mere de rive tion, met en pratique ; telles la faignée, le cautere, & autres, de même que ce qu'on appelle greffe en fente. | Les greftcs en fente ne fe font que fur Certains arbres, & n’ont pas lieu pour ci comme la greffe en écuflon. Les Jardiniers # réufiflent affez communément à ces for! tes de menues opérations du Jardinage, dont on ne croit pas devoir faire ici men- ion plus ample , étant fort communes &e 1 fort aifées. | FERMENTATION. Il vient du latin:e C’eft le mouvement de totites les parties! tant acides , que de toute autre nature, qui. compofent les fucs de la terre, leur agitation, | leur combat entr'elles, opérant un bouil-1 lonnement par le moyen de la chaleur na! turclle de la terre, de celle du foleil , ainfr, que des engrais, qui tous produifent en=\ femble , ce qu’on appelle végétation. L'air eft le principe & le premier ile detou-. tes ces chofes. IL fe fait dans les plantes ; # par le moyen def acides, le même qui ar® rive dans une pâte où l’on met du levains À pour la faire fermenter. Ferment , ou-le- ah F 219 pain, c’eft la même chofe. Voyez ACIDE. |} FERRUGINEUX, compolféde deux mots latins , qui veulent dire fer & rouille. Il ignifie , qui participe à la qualité du fer. On appelle eau ferrugineufe, celle qui, en paflant à travers des mines de fer , contracte le gout & la qualité du fer. Il en eft de même de la feve. Elle prend les gouts des terroirs différens , fuivant leurs qualités 'particulieres. L'expérience le fait voir dans les vins , dans les fruits & dans les légu- mes. Voyez ROUILLE. FEU , 3ETTER sON FEU. Il fe dit d’un ar- bre , qui pouffe vigoureufement d’abord, & qui enfuite dégénerc de cette ferveur pri- mitive , en ne faifant plus que des poufles mefquines , tels que la plupart de ceux trai- tés fuivant l’ancienne routine. | On dit faire jetter fon feu à un arbre, quand , non-feulement on le charge am- plement en bois & en fruit, mais encore quand on lui laifle beaucoup de bourgeons furnuméraires à deflein dé le mater par-la | & de le rendre fage , comme difent les gens de Montreuil. Mais après que l'arbre à ainfi jetté fon feu , ils changent de mé- 210 EF thode , le tenant plus de court , fuivant l'occurence. Voyez AMUSER LA SEVE. On" dit encore laiffer jetter fon feu à la feve dans « lc même fens que deflus. FEUILLE eft une partie extérieure des plantes , qui a toujours au-deffus d’elle un h œil , ou bouton, dont elle eft la merem nourrice, & qui eft compofée d'une queue, M de fon plat , qui a un endroit & un envers, M & des différens contours. Les feuilles font M tellement néceflaires à toute plante , que fans elles, point de boutons, de fleurs , de fruits , ni arbres , ni plantes quelconques. NW Les feuilles fervent à travailler , à pré parer & à perfc@ionner la feve, pour 14 faire pañler enfuite dans la branche , dans la fleur, dans le fruit , dans locil , & dans | | toutc la plante. Voyez BOUTON. FEUILLES des fleurs Ou pétales. Ce fon celles qui compofent & conftituent lesw ficurs. On dit rofe à cent feuilles. Cesu feuilles font néceffaires à toutes les fleurs M devenant fruits , ou graines pour allaitet" &c fubftanter ce même fruit 8 cette même graine, quand ils ne font encore qu’em- 4 bryons, Mais quand le fruit noué, ou L | | | F 221 Lcoffe renfermant les graines , peuvent fub- fifter par le moyen des nourritures plus {o- lides , alors la fleur épanouie jette fes feuil- les qui fe fanent. }" FEUILLES diffimilaires , ou diffemblables. Ce font les deux premieres feuilles de toute plante, & qui croifient aux deux côtés de latige naiflante lors de la germination d'une graine. Toujours elles font placées au-def- fous des deux lobes, qui font les deux par- ties compofant l’amande de la graine. Ces deux premieres feuilles ne reflemblent en tien à toutcs les autres qui croiflent après pour raifons trop longues à déduire ici. Voyez LOBES , leur différence d'avec ces feuilles diffimilaires. - Tous les bourgeons qui croiffent à cha- cun des boutons , ont infailliblement à leur empattement de ces fortes de feuilles diffi- milaires. À la vigne elles font des plus re- marquables dans chacun des bourgeons. FIBRE, FIBREUX , RACINES FIBREU- SES , terme d'Anatomie , lequel eft em- ployé dans le Jardinage dans le même fens que dans celui de l'Anatomic, pour fignifier Jes différentes parties qui compofent le | 222 F 1 tiflu des plantes. Ce mot peut venir du. mot de fil, parce que les fibres en rental rcffemblent fort à des fils raffemblés M placés & couchés les uns fur les auttes , tels” qu on les voit dans ce qu’on appelle un“ écheveau de fil. i Dans le corps humain, les fibres ne font" autres que des filets blancs, menus & dé liés , étendus en long, compofant les di" verfes parties, tant internes , qu'externess des corps vivans. Telles également on les! voit dans les plantes, les feuilles , les fleurs & les fruits ; mais dans les plantes elles on leurs formes & leurs couleurs particuligres: on dit fibres ligneufcs, celles qui compo“ fent les racines offeufes , & celles du bois de tout arbre. : | + Troisifortes de fibres dans toute plante; des fibres longitudinales, tranfverfales 82: fpirales. On appelle fibres longitudinales # celles qui font de fil& étendues en long5# c’eftainfi qu’on les voit dans les tiges & dal les branches. Les fibres tranfverfales font celles qui au lieu d’être de fil & en long, comme les“ précédentes , font en travers. Une branches | | | | F 223 » à bois plie fans cafer ; on la courbe même “jufqu'a lui faire prendre la figure de cer- au, parce que fes fibres font en long ; mais les brindilles qui font les bois frutueux & tous les boutons à fruit cafient d’abord, parce que leurs fibres font en travers, & el- ‘es s’éclatent dès qu’on les plie. Il eft une troifieme forte de fibres , qu'on nomme fpirales , parce qu'elles font cour- bées & repliées les unes fur les autres , ainfi qu'un fil dévidé fur un peloton : telles on les apperçoit dans lies bourrelets cicatri- fans des plaies des arbres ; telles encore \élles font dans les greffes , dans tous les nodus des divifions des branches , à l’en- droit où chacune d'elles tient , foit à la ti- ge, foit aux branches meres & autres. LA par-tout vous vOyCz autant de petites émi- nences , où faillies en forme de bourrelers. La feve arrive là; mais à raifon de ce que la branche eft là comme foudée , & qu’elle y arrive avec plus d’abondance , que la cir- conférence du bourrelet n’en peut conte- nir, elle eft forcée de fe replier fur elle- même ; ne pouvant paffer outre. C’eft ainfi que toute plante qui eft dans des pots, giro: 24 F fée, œillet , & autres , fait tourner fpiraï lement fes racines fibreufes dans la circon: férence,& le long des parois du be qu'elles # ne peuvent percer. On dit racines fibreufes, celles qui, at" licu d'être dures , compaétes & ligneufes , ne font autres que des filets blancs d'ordi-! naire, & fort menus, tendres & caffans. L C’eft ainfi qu'on les voit aux oignons , poi- 4 reaux , ciboules , melons, concombres, baflics , & autres femblables. Toutes les! racines de toutcs les plantes quelconques, : ont été fibreufes dans leur origine, & c'eft| par fucceflion de temps que ces mêmes ras! cines acquierent les divers degrés de con-1 fiftance propres à chaque efpece. Toutes les plantes appelléesbulbeufes,ouäoignons,;| n’ont point d’autres racines que des fibreu- fes. Il n’y a point de Jardinier qui, avant. de mettre dans terre toutes ces fortes de: plantes, ne les ébarbent , les uns plus, les autres moins. Qu'on leur demande pour-! quoi? Il n’en eft pas un qui puifle en AppOr*| ter une raifon folide. C'’eft l'ufage donc... * La vraie raifon, la voici , c’eft pour accé: rer, & pour aller à la décharge de la peine. : F 22 “peine. On a plutôt planté un millier de poireaux & de ciboules ; fans racines quel- conques , qu'un cent avec chacune toutes leurs racines. Mais vous qui êtes pourvu de Jugement , & qui favez que Îles racines font les premiers principes de la végéta- tion, les meres nourrices , les pourvoyeu- fes , & comme les vivandieres des plantes, cflayez de planter deux poireaux , par exemple , l'un avec toutes racines de toute longueur , en le mettant dans un trou fu£ fifant, pour ne point rebrouffer les raci- nes, & l’autre en ébarbant , fuivant la rou- . tinc, & vous verrez Par vous-mêmes quelle _prodigieufe différence. De plus , le Jardi- nage coupe la fane ; mais vous , laiffez- … lalui cette fane , alors décidez-vous. Voyez RACINES. FIENTE DE PIGEON ; elle eft un deg | plus puiffans & des plus chauds engrais, Elle convient beaucoup dans terres fortes ; froides & humides. Elle feroit bien meil- | leure dépofe en terre dans un trou pendant unan, ou deux, pour confumer les graines des mauvaifes herbes & les œufs de quan- tité d’infeétes dont elle eft remplie. P 226. F FIENTE DE POULE, c'eft à peu près le même que pour celle de pigeon. FIENTE des autres animaux. Toutes font bonnes ; il n’eft queftion que de les em- ployer à propos. FILANDRE, FILANDREUX , vient du mot de fil. Il fe dit en Jardinage de tout cé qui a la forme d’un fil, qui fe tire & s’a- longe comme du fil. Ainfi l'on dit , en par- lant de la coupe & de la taille des branches, qu’elles doivent être nettes , & aucune- ment filandreufes. Pourquoi fi peu de cou- pes correctes ? C’eft d'abofd parce que tout fe fait à la hâte dans le Jardinage , mal- adreffe enfuite , & gaucherié dans nombre de fuppôts du Jardinage ; enfin le plus orand nombre des Jardiniérs éft outillé au ! plus mal. Les maitres devroiïent bien leur ! fournir des ferpettes fuivant nôtre méthodes ! Les frais en font bien modiqués. FILET , graines à filet , Où en filet , font telles qui font fort menues & déliées , lon- guecttes & plates, en plus grande partie, commé celles des marguerites de toute ef- pece, des rofcs d'Inde, d'œillets d'Inde, ainfi que la fleur appellée ohidès , où ama- santne ohdès. Le ms Rte 50. " F 127 - FILTRER , FILTRATION, FILTRE , ter- me de Médecine & de Chymie. Filtrer , c’eft couler une liqueur à travers quoi que ce foit , pour la clarifier. On entend en Médecine par filtration dans le corps hu- main , une aétion & une fonétion de la na- ture , par laquelle , au moyen de certains organes, les différentes humeurs contenues dans le fluide commun s’en féparent, ainfi qu'il fe voit quant à notre fang. A l'égard des plantes , c'eft cette même action de la nature par rapport à la feve, pour être rendue propre à toutes les fins différentes , pour lefquelles elle eft ainfi travaillée dans les conduits des plantes. Cette ation de filtrer ainfi les fucs , eft pour épu- rer & fpiritualifer la feve , afin qu’elle puifle s’infinuer jufques dans les moindres plis , ceux mêmes des feuilles. Cette même action de filtrer appartient encore à quan- tté de parties internes des plantes ; mais plus fpécialement aux feuilles dont le mi- niftere cft d'épurer & d’amincir la feve. Ce font elles qui font des plus grands filtres de Ja feve dans les plantes. Voyez CouLoirs, CRIBLE , FEUILLE, P z 228 F FLÉCHIR , terme de Jardinage. Aïbre . qui fléchit , ou qui dépérit , c’eft le même. Combien d'arbres de ce nombre , qui pé- riflent faute d’être fecourus ? Nous don- nons un Traité de toutes les maladies des plantes, avec la cure & les remedes propres à chacune , mais non des recettes de pure charlatanerie. FLEUR, eft une produétion des plan- tes , laquelle eft compofée d’une tige, ou queue, d'un vafe , ou calice contenant toutes les différentes parties qui conftituent la fleur , ainfi que de petites feuilles qui E forment la figure , la couleur & les odeurs propres à chacune des fleurs. Toute fleur eft faite pour devenir fruit ou graine, ou pour fervir de préparation à l’un, ou à l’autre. Les fleurs font faites encore pour fervir à repro- duire d’autres plantes , femblables à celles {ur lefquelles elles croiflent , & à les mul- tiplier par la voic des graines qu’elles pro- duifent ; toutes les fleurs font le principe de la fécondité des plantes , fuivant l’ordre ordinaire de la nature, auquel cependant quelquefois elle déroge. FAUSSES FLEURS, On appelle ainfi & sn F 229° eclles qui, par elles-mêmes, ne nouent ja- mais : telles font en particulier celles qui croiflent au collet , ou près de la fouche des melons, citrouilles, concombres , & leurs femblables , qui, par elles-mêmes, & dans l’ordre de la nature , ne font point fé- condes , mais qui ont une autre deftina- tion , & l’on fait fort mal de les ôter. Elles font néceflaires , ainfi qu’on le fera voir en temps & lieu. El eft conftant qu'elles contiennent ce qu’on appelle des poudres féminaies , comme les chatons d'arbres à brou. Quoique dans ordre commun Îles fleurs {oient faites pour devenir graines, ou fruits, néanmoins 1l en eft nombre qui font ftéri- tiles par elles-mêmes ; telles les giroflées doubies , les juliennes , les cives d’Angle- terre , l'eftragon , & nombre d'arbres, d’ar- buftes , d’arbriffeaux & de plantes diverfes, qui toutes fe multiplient par la voie des boutures , des rejettons & des marcottes. Voyez; CHATON , MENSTRUES. ELUTE,, 4ec de flûte , fe dit de la coupe des arbres. Tous les livres prefcrivent de tailler en bec de flûte, & malheureufement P 3 230 F ils n’ont que trop de difciples trop docilesi Voyez COUPE, FAUSSES-COUPES , TAILLE. F&UTE à un autre fens en parlant d’une gteffe. On appelle greffe en flûte, celle qui {e fait par le dépouillemententier de la peau du fujet qu'on applique fur la branche qu’on veut grcfier, & à raifon de ce que cette peau ainfi dépouillée d’une feule piece, eft ronde & creufe ; on lui a donné le nom de flûte, FOLLICULE eft un diminutif de feuille, & veut dire petite feuille. IlLeft à toutesles plates trois fortes de feuilles, des grandes, des moyennes &despetites.Cette gradation. eft néceflaire dans l’ordre de la nature, com- ne il fera démontré en fon lieu. FOLIOLE eft un diminutif de follicule, Elle forme une quatrieme clafle de feuilles, : &c font les plus petites de toutes. Elles font | communément à côté des grandes, une à | droite & l’autre à gauche , & ont aufi leurs # fonétions propres. | FONDRE , SE FONDRE, veut dire de- venir à rien : on dit qu'une plante fe fond, quand clle RER pou à peu. Voyez Cou- LER: F- 231 FONGUEUX , terme de Botanique & de Médecine. Il eft pris d’un mot latin, qui veut dire un champignon , & il fignifie, participant à la nature du champignon, ou qui a des parties fpongieufes & cellulaires dans route fa fubftance. Ce mot eft em- ployé , ainfi que beaucoup d’autres pour ex- pliquer la nature de quantité de plantes, ou des parties quides compofent. Tel l’a- garic aftringent du fieur Broffart , lequel ar- rête les hémorrhagies externes , & qui n’eft autre qu'un champignon formé fur les ché- nes , & de leurs fubftances. Ces fortes de champignons font des excroiffances vicieu- fes d’un fuc dégénéré qui s'extravafe , & qui {e coagule à l’air, comme notre fang hors de nos veines. Ces fortes d’épanche- mens de feve ne font pas de bon augure; ils font contre nature , & communément ils n’apparoiflent que fur des branches, ou des arbres caducs , & toujours à l'endroit de leur adhérence , l'écorce de l'arbre cft defléchée. Jamais le femblable n'arrive dans les jeunes arbres vigoureux & de bonne fanté. FORT des racines. On nomme ainfi l’en- | P 4 232 F droit des racines où elles font dans leur groffeur formée. Les racines des arbres & du commun des plantes font faites allant toujours en diminuant & dégénérant en pointe, & l’on entend par leur fort, cet endroit où elles font dans leur groffeur. C'eft un crime énorme en fait de Jardinage, que de raccourcir les racines dans leur fort quand on plante. On ôte à l'arbre ce qu'il faut que , de toute néceflité , il repouffe ; on dit de même le fort d’une longue bran- che. Le fort des branches, c’eft comme dans les racines l'endroit qui eft comme mitoyen entre leur groffeur formée , & l'endroit où elles commencent à diminuer de sroffeur. Confidérez une rave, un navet, une ca- rotte, &c. leur fort eft depuis la tête d’i- ccux , jufqu'au commencement de leur di- minution, de même dans les branches for- tes , & c'eft cela même qui fert de regle pour la taille de ces branches, ainfi qu'il fera dit. ; | FOSSE A FUMIER. C’eft un trou plus ou moins grand fait dans la terre , ordinai- rement dans les bafles-cours , pour plus L pa Luis mate; 524068 s ES ed. perree”T "NOR détaittt F 235 grande commodité : l'on y dépofe les fu- miers , pour, enfuite les enlever au be- foin. La plupart des gens de campagne n'ont point de latrines , & ils ne fe fervent pas d'autre endroit pour y faire leur befoin. La ils y jettent leurs urines , les balavures de la maifon , les épluchures de leurs herba- ges , les iflues de la cuifine , les lavures de vaiflelle , & la charrée, autrement dit la cendre qui a fervi à la lefive , 8: même leur eau de leflive , en quoi ils fe montrent ÉCO- . nomes fort avifés: voici où nous en voulons yenir. à | } | Les Jardiniers devroient toujours avoit quelqu’endroit à l'écart dans le jardin , où il y eût une fofle femblable , afin d’avoir en réferve des fumiers qui v pourriflent , & les avoir à leur portée dans le befoin , | fans étre obligés de les charrier de la baffe- cour dansles jardins. Au lieu de mettre | 1 dehors les fanes des plantes aifées à pourrir, les légumes du jardin qui font montés, & les faclures des mauvaifes herbes, excepté le chiendent , les y mettre pour s'y confu- met & pourrir , ils en retirerolent un grand 234 F profit. Ceci devroit être de l'ordonnance # du maître; car il eft plus court pour le Jar-! 4 dinier , & plus aifé de fronder dehors toutes” ces chofes, que de les enfouir , ou les porter" dans le trou. ù FOUGUE , FOUGUEUX , terme pris dun mancgc. I! fe dit d’un cheval rétif, difficile : à dompter ; il eft employé par application Ù dans le Jardinage. | Un arbre fougueux eft celui qui poule M à outrance fans donner du fruit. On ne peut! les dompter, qu’en les laiffant poufñler tant, & plus. Le Jardinage commun ignore en-k core le moyen d’en tirer du fruit : tous les! Jardiniers les tourmentent perpétuellement! & à outrance , & toujours inutilement ; les ! uos leur coupent les grofles racines , les! autres leur font des troux de terrieres dans! le tronc , & y chaflent à force une cheville. Nous en avons vu porter l'excès de folie jufqu’à y mettre , dans ce même trou , dus mercure ; non contens de les tourmenter! ainfñ dans l’intérieur de la terre , ils les fac- ; cagent par la tête en leur coupant les gros # bois , & en les récepant pour leur en faire“ pouffer de nouveau. C'eft ainfi qu’en toute * PEN A F 135 ‘ccañon, fans aucun difcernemert , on violente la nature,qui toujours mécontente de pareils traitemens , ne fe prête à rien, & après bien des tourmens &c des peines, ‘Jés arbres ainfi maltraités, meurent fans lavoir rapporté. Nous donnons dans notre | Ouvrage des moyens fürs &c immanqu ables | de réduire de pareils arbres, fans leur faire de | pareils traitemens. FOURCHE eft un inftrument champé- | tre à trois dents de fer & à douille,çcomme | les fourches ordinaires a fumier ; maïs dont Jes fourchons font tout difiérens. Ils ne | font pas fi pointus , fi écartés , ni fi menus. Is font aufli moins courbés , mais autre- . ment forts. Ces fourches dont eftqueftion, _ font en ufage dans bien des Provinces , mais | peu autour de Paris. Rien de mieux pouf travailler les terres mattes & caillouteufes, fur-tout pour la tranfplantation des arbres. - Nul jardin où il ne devroit en être, fur-tout | pour labourer au pied des arbres, fans en- dommager leurs racines. FOURMI. Le Jardinier ftupide accufe infenfément cet infeéte des ravages faits -aux arbres par les pucerons & par la pu- 236 F La naife. {Il en eft d’aflez extravagans poui” imaginer que c’eft la fourmi qui engendre“ ces deux fortes d’infeétes ; parce que NS tout où fe trouvent fur les arbres la punaifem & le puceron , par-tout là auffi fe trouve la fourmi. C’eftle raifonnement de quelqu'un" qui diroit que le loup engendre la brebis, k le renard la poule, le chat la fouris ; à caufem que les uns & les autres de ces animaux $ vont à la pourfuite de ces autres , qui font! leur pâture, comme le gibier eft celle du chien de chaffe. Qu'il n’y ait , ni Los à ni punaifes, ni aucun autre infecte , jamaisM vous n'y verrez de fourmi. Détruifez les, punaifes, les pucerons & les œufs des unes &c des autres , dès-lors nulles fourmis. M Tous les Jardiniers apperçoivent dans les! fourmillieres les œufs des fourmis, lefquels # ils ne manquent pas de détruire communé:, ment ; ils les voient en labourant , quand | clles ne font que d’éclore : alors elles font blanchatres & fort petites, puis deviennent roufsatres , vivant alors des racines des ‘plantes, puis au fortir de terre, elles bru- “niflent : ils font témoins du tout , & néan- moins il fe font illufion au point de les ” be hs mb cl Er “1 | re 237 établir pour les peres & les meres des pur naifes 8 des pucerons : on a peine à fe fi- gurer qu'il puifle être des gens aufli dépour- vus de fens. FOURRER , BRANCHE FOURRÉE. Ce terme regarde particuliérement le paliffa- ge ; par branche fourrée , on entend toute branche que le Jardinier pareffeux fourre par derriere les voifines , pour s’épargner la peine de les paliffer. On dit arbres fourrés , celui , ou ceux que lès Pépiniériftes mettent parmi les autres, &z qui ne font, ni du mérite , ni de la va- leur , ou même de l’efpece de ceux qu’on lui demande. 1 FRANC. Voyez ARBRE. …FRANC, en parlant du bois des arbres & de leurs branches. On dit d’un bois qu'il eft Franc , quand il eft bien nourri & qu’il aune belle écorce. Une branche qui eft franche, ft celle qui n’a, ni chancre, ni contufon, & qui n’eft point noueule , Jaquelle on peut plier fans danger de la caffer quand il en cft befoin. Terre franche. Voyez TERRE. On dit pied franc en Jardinage , quand, | au lieu de faire une fouille Le long du mur,à Le 138 F Ja plomb même du mur,on laifle un pied de terre au mur fans le fouiller, de peur d'é branler le mur, & le mettre portant à faux! FRANC SUR FRANC. I fe dit desar: bres déja greffés qu’on regreffe. De tels ar bres font des arbres prodiges , & donnent des fruits monftrueux , fur-tout quand ils font regreftés fix , fept & huit fois , mên me au-delà , en changeant toujours d’ef” p£ce. H | FRANC fe dit des greffes. Un poiries grcffé fur un fauvageon de poirier,s’appelles franc , à caufe qu'il eft greffé fur un arbrt de la forte. Au contraire , on dit fur cok gnaflier , quand il eft greffé fur un fauva gcon de coignaflier. Les poiriers fur fran: font bien fupéricurs en tout aux poiriers fur coignafficr. Les Jardiniers font d'avis contraire , & ont, à cet épard, des fentu mens les plus baroques , dont les ignorañ & les imbécilles ne veulent fe départir. Il ne pcuvent mettre à fruit le franc, pare“ que toujours ils le tailladent, & le coiM onaffier nain abondant en {eve , v réfifte. Tel eft l'effet du préjugé de s'avcugler oi même , & en conféquence fe refufer à fé. E à 239 » fidence. Que les Jardiniers plantent en gens "fenfés , & des arbres tels qu'il les faudroit, ceft-àa-dire , fains , de groffeur convenable, » non des avortons ; & qu'ils plantent avec » toutes racines de toute longueur, qu'ils n’é- -courtent point les arbres, ni ne les mu- *tilént point , régiffant d’ailleurs de même, » & ils pourront planter par-tout du franc ; ‘ils auront des arbres immenfes , fruits en bref fans nombre , & ne réplanteront pas perpétuellement fans jouir. Voyez PLAN- TER. " FRETIN. Ce mot eft un diminutif de fret, terme de Marine , ou de frai: fretin ‘En terme de pêcheur, eft le poiffon de re- but , & il a pañlé dans le Jardinage pour exprimer , foit de vilains arbres , foit des | pouffes mefquinés , foit des fruit petits & xabougris. Voyez RABOUGRI. FRIABLE ou MANIïABLE, c’eft la mé- | me chofe. Voyez ÉMIÉ. | * FRUIT, METTRE À FRuIT. Fruiteft un mot générique , qui comprend toutes les productions de la terre fervant à nous ali- menter. Le mot de fruit vient du verbe la- tin /rui , qui fignifie jouir. Les fruits en gé- = -- —- 240 . néral , quels qu’ils foient , les moiflonis, n à vendange , les produ&tions des arbres , tant à pepin qu'à noyau , à brou, à coffe , &c." les légumes & toutes les plantes ufuelles , on les voit naître, croître & fe former ; on! attend après leur maturité pour les moif£ M fonner , les cueillir , frrer ceux qui dé E : mandent d’être dan , & toujours on at-* tend impatiemment cette maturité : le! L plus grand nombre trouve du plaifir à les" voir , foit fur terre , foit fur les at" bres, foit fur table, pour en faire leur nourriture , toutes chofs qui Su 8 ce qu'on appelle jouiffance. Les fruits de toutes efpeces font fans nombre. Tous ne! viennent pas également dans toute terre & dans tout climat. 1 Mettre les arbres PET CEE à fruitil eft la chofe la plus fimple, la plus aifée, & néanmoins la plus univerfellement igno- rée. On ne fait autre chofe dans le Jardi2w nage que chicotter, tourmenter & char-* penter les arbres de toutes les façons ima-\ ginables , foit par les racines & par la tête " en les plantant , foit après qu'ils font plan: tés , en eftropiant leurs branchages. Or que pout- | D #69 ee F 24 péut-On efpérér de tels arbres qu’on trouble | perpétucllemenñt dans leur façon de végéæ fer, dont on dérange, & l’on détruit le méchanifme ; en fupprimant continuelles } ment lès canaux & les réfervoirs deftinés par la nature à recevoir , à contenir & à | charier la feve ? Le grand art confifte à fe. | conder la nature > En taillant , le moins , qu'il eft poflible, évitant néanmoins la con- ufñon. Cet accord, comme on le verra en » détail dans Ouvrage, n’eft rien moins que : difficile. | Etre à fruit ; terme de Maçonnerie. Il fe dit des muraïlles ;-foit de terraffe , {oit de | foute autre formant les cfpaliers , lefquelles Las cn-devers , avançant par en-bas , & xeculant du haut. Les gens de Montreuil | | ont obfervé que les efpaliérs trop à fruit » Étoient pernicieux. pour le pêcher, étant * alors plus expofés aux influences malignes de l'air , des neiges, des frimats , des SIVIes;, | des gréles, des humidités morfondantes , | que quand les murs font d'a plomb. \ À frui fe dit aufli des paliffades & des | charmilles, qui , au lieu d’être d’à plomb, ! S'écartent par en haut, & rentrent du bas, Q 242: F & voila ce qu'un tondeut habile doit évis ter, de même que le contraire ; c’eft-à-dire,, de furplomber en faillant plus du haut que du bas. FRUITERIE. Lieu où l’on ferre les fruits. Il n’eft rien communément de fi mal logé : que les fruits ; aufi en perd-on beaucoup. La grandeur de la fruiterie, fa pofition, fon expofition , la hauteur du plancher, l'épaifkur convenable des murs , les ou- | vertures des portes & des croifées , la pro-. preté, les tablettes & les diftances entr’el-+M les, ainfi que leur largeur , le tranfport & ù l’arrangement des FRE cn icelle font tou-r « tes chofes d’un trop long détail pour trou-! ver place ici. On en fait une mention très- détaillée dans le corps de l'Ouvrage. j FUMAGE. Il fe dit en Jardinage, com me labourage , paliffage , & autres , quoi À qu'on dife arrofement , & non artofage. . Fumage eft l’aétion de fumer la terre avec les ftercorations des animaux. On dit amen- " der & engraifler , quand on remonte la terre 1 avec tout ce qui n'eft point ftercoration " d'animaux. #oye; REMONTER , TERRES | REMONTÉES. F 243 Il eft à l'égard des fumiers un ordre de providence , tant pour nous débarraffer , & faire emploi de ces fortes d’excrémens qui nous empefteroient , fi nous n’en faifions point ufage , que pour remonter, par leur moyen , les terres qui s'ufent & s'épuifent par les diverfes produétions que nous en tirons. Que faifons-nous en fumant la ter- re ? Sinon de lui rendre ce qui vient d’elle, & qui, dans le temps, a fervi de nourti- ture aux animaux. Ceux-là , fans contredit, ne fe montrent pas fort avifés , qui préten- dent bannir tout fumier & tout engrais dans ce qui concerne la végétation , - réduifant tout au fimple labour fré- quent , ainfi qu'on a fait dans ces derniers temps. FUMER , c’eft répandre fur la terre , & enfouir ce qui a fervi de litiere aux ani- maux domeftiques , & qui contient leurs excrémens. | FUMIER & ExGrais font tout-à-fait différens ; cependant le plus grand nombre confond l’un & l’autre. Prefque tous les livres du Jardinage font dans l'erreur à cet Q 2 144 F égard. Tout fumier eft engrais , mais tout engrais n'éft pas fumier. On appelle fumier, : les ftercorations des animaux , parce qu'’ef- fectivement , foit qu’on les leve de deflous les animaux , foit qu’on les entafle en les dépofant quelque part que ce foit, ou en les remuant , elles s'échaufient & rendent de la fumée. Mais ce qu’on ap- pelle engrais , font les terres neuves , lés gazons, les feuilles pourries , les ter- reaux, les balayures, vanures, les mar- nes , les boues des chemins, la vafe des étangs, des pieces d’eau des jardins & des mares defléchées , ou écurées , les bêtes mortes, les tripailles de boucheries, &c. ce font-la des engrais ; mais ce ne font pas des fumiers. Toutes ces chofes ne s'échauffent pas , comme les fterco- rations des animaux , jufqu’à rendre de la fumée. - M. de la Quintinie bannit tout fumier pour les arbres, & M. Thull pour les 1 grains. Ces deux illuftres cultivateurs éga- lement extrêmes , font grandement dans ” l'erreur. L'un eft démenti par un peuple” qui fait foi dans le Jardinage ; c’eft Mon- te ner de Te 7 UV Ÿ CT a | Air 245 treuil. La depuis cent cinquante ans, avant que M. de la Quintinie eut écrit, on fume les arbres qui deviennent des colofles , portant des fruits fans nombre , de grof- feur au-delà de l'ordinaire & exquis, & ces arbres durent des fiecles. Le fecond reviendra , à coup für , de fes préjugés. IL eft homme de trop d'efprit pour ne pas réfléchir fur un parti pris fans trop de connoiffance de caufe ; la pratique de fumer les grains & les légumes eft de mé- me date que la formation du monde, & eft de toutes les contrées ; elle eft fondée fur des raifons péremptoires. Voyez ÂMEN- DEMENS. Gare eft la même dans les arbres que dans les animaux. C’eft une maladie qui attaque la peau des arbres & qui la ronge, & enfuite y produit des chancres. L£ gale, quand on n’y remédie pas, fait mourir peu à peu les branches, empêche la fécondité Q3 246 [@ + 8 mine les arbres , les faifant enfin péri Cette maladie commune aux arbres & aux animaux raifonnables & irraifonnables a le même principe dans tous. Elle n’eft autre dans les arbres qu’une humeur âcre d'une feve crue & mal digérée qui ronge la peau. Indépendamment des caufes inter- nes , elle en a d’externes , telles que les grêles , les givres que le foleil fond , & qui par après fe regelent , les mauvais vents , &c. Les effets de cette maladie font de rendre la peau des arbres raboteufe & noiratre , pleine de petites croutes qui s’c- caillent , de rides & de creux, au lieu de life , d’unie & de reboendie qu'elle étoit auparavant. Les pluies venant à s’infinuer dans ces cavités & dans ces rides de la peau, ainfi que les gelées & les frimats, leur caufent un préjudice notable; les branches meurent fnccecflivement , puis l'arbre périt , après avoir langui nombre d’années. À proportion que la peau des arbres eft plus tendre 8: plus mince , à proportion les arbres font plus fujets à cette maladie, & telle eft la raifon pour laquelle les beur- rés cntrautres, les bergamottes Royales , TS ns Ut G 247 Jes rouffélets , & beaucoup d’auttes fruits d'été, font plus fouvent attaqués de cette maladie. Non-feulement elle attaque l'écorce & le bois des arbres; mais encore les fruits , fur-tout lors des grandes humidités , com- * me lors de leurs contraires. Les poires de Saint-Germain dans les terreins humides, ainfi que les Maïtin-fecs , font communé- mént galeux. La gale attaque auffi quelquefois les aï- bres & les fruits à noyau. Que d'arbres . galeux dans les jardins, & auxquels on ne _ fait rien! Il eft néanmoins bien des reme- des très-sürs ; un fimple enduit de bouze de vache ( la chofe n’eft pas bien difficile } eft le plus excellent antidote. Voyez CHAN- CRE. GALERNE. C'eft le vent du nord tirant fur l’oueft , ou couchant, & qui brûle, par fon haleine defléchante , les verdures de la campagne & des jardins. GAZON vif & tout faignant, pour ainft dire. On nomme de la forte tout gazon levé & employé fur le champ, foit pour remplir les trous des arbres , foit pour Q 4 214$ [a gazonnet quelqu'endroit. C’eftaffez ta coù: M tume dans le Jardinage de lever provifoi-| rement des gazons , qu'enfuite on laifle fur terre, puis on les enlevé quand on peut. ! Alors le hâle les prend , Fair en emporte toute la faveur , & quand c’eft pour ga- Zonner , jamais il ne reprend fi vite. Ne point lever de gazon que jufqu'a la con- currence de la confommation a&tuelle. Les gazons, tels qu’on les prefcrit ici, | font un des plus puiffants engrais. GELATINEUX , terme de Phyfique em-. ployé dans l'Ouvrage , en parlant de la fa- çon d'être de certaines parties des végétaux lors de leur formation. Ce mot vient de celui de gelée : on dit gelée de pommes, de grofeilles , de viande & autres, quand ces chofes, de liquides qu'elles étoient , acquierent par lation du feu plus de confiftance , s'épaiffiflent & {e coagulent. Elles forment alors un corps plus compaëte, qui eft tranfparent comme | la glace , & femblable aux diverfes congel- : lations durant leshivérs. | Dars l'Ouvrage ce mot eft employé quand il eft queftion d'Anatomie des végé- G 492 taux. C'eft ainfi que quantité de fruits & d'amandes de noyaux font d’abord muci- Jagineux , glaireux , & comme une efpece de bave , puis peu à peu, ils prennent plus de confiftance , & arriventenfinà la folidité des corps durs ; & tels font tous les fruits à brou & les amandes des noyaux. Voyez les noix qu'on mange en cerneaux , quand la noix n’eft pas fufffamment formée, de même que les amandes qu'on mange en verd , elles font alors gelatineufes & tranf- parentes , comme de la gelée. Le bled de- vient une bouillie blanche, quand il ger- me ; il eft de même en lait avant d’être for- mé. Que de métamorphefes fucceflives dans les végétaux jufqu’a leur entiere for- mation ! _ GENOUILLERE, terme nouvellement introduit par nous dans. le Jardinage , &il Vient du mot de geneu , & voici à quelle occafion.. C’eft une pratique univerfelle- ment obfervée dans le Jardinage , de tou- | Jours couper le pivot à quoi que ce foit qu'on plante. Nul livre qui ne la prefcrive. L'un des prétextes dont on fe fert pour au- | torifér cette pratique meurtriere pour les 250 G arbres , c’eft le peu de fond de certains ter-M rains où l’on veut planter. Mais nous , après" de mûres réflexions fur les maux réfultans d’une telle opération, avons inventé & mis" en pratique de courber le pivot en lui fai-M fant prendre la figure du genou , quandil cit plié. Au moyen d’une telle attitude, ce pivot , au lieu de plonger en terre, devient" racine horizontale , & cette invention , ou- 4 tre qu’elle fauve aux plantes une opération M cruclle , facilite toute plantation dans les terrains les plus ingrats , & elle eft infailli- nous donnons divers expédiens immanquas bles pour planter tous les terreins pour peu“ qu'ils foient praticables. GERMINATION vient de germer. C’eft\ le développement de toutes les parties conf | titutives de toute plante quelconque, fui- vant fon efpece , par l’entremife des fucs de latetre, & de toutes les autres caufes concurrentes de la végétation. C’eft l'aétion de toutes ces mêmes caufes agiffant de con- cert avec la graine, pour faire éclore Ia. plante renfermée 8 contenue en petit dans ectte graine , en faifant plonger dans terre | ble. Dans notre Traité de la Plantation, | | | | +! 351 ha partie inférieure d’icelle , & darder vers me haut la partie fupérieure. Tout ce qui fe “affe de la part d’une poule qui couve par apport à l'œuf, qui devient poulet, fe ré- “octe dans la germination de la part de la verre par rapport à la grainc. La terre n’eft sr l'égard des plantes qu’une pure matrice. Nous ne nous engageons point ici dans la difcuffion des divetfés opinions des Phyfi- -iens fur la préexiftence des germes. } Ilya donc dansla germination une dou- ble ation , l'une de la part de la terre, & “autre de la part de la graine. Il faut un concours des deux. Graine fans terre ne Zerme point, du moins fuivant l’ordre ommun , & terre fans germe ne peut pro- duire, ou du moins fans un équivalent à lagraine, tel qu'une bouture, &c. Bcau- coup de graines serment à la faveur de l’eau, mais c’eft parce que l’eau contient en elle- même beaucoup de parties terreftres , quel- qu'épurée qu'elle puifle être. Au double concours dont 1l vient d’être parlé , il faut que l'air intervienne , fans le fecours duquel nulle germination. Il faut pré- parer la terre avant que de femer, & perfection. On compare encore la germiM nation , & tout ce qui fe pañfe alors dan l'intérieur de la terre & au-dchors > ACC QU arrive communément dans les accouche mens, & ce rapport cft très-fenfible. 1 GLACIS , terme de Jardinage & de dif. férens arts. Il vient du mot de glace , à rai fon de ce que tous les glacis font toujours en pente précipitéc,& que lorfqu’on y mar che en defcendant , on glifie , & on rifque de tomber , comme d'ordinaire , fur 1h glace; il fignifie tout ce qui eft en pente” plus alongé du bas, & plus reculé dim haut. Voyez; Dos DE BAHUT. > GLAIREUX , terme de Médecine , de“ Chymie & d’ufage commun; c’eft tout ce qui cft gluant, limonneux, & comme qui diroit morveux. Il fe dit , en fait d’AM natomie , des plantes de l'humeur gluantew qui tapifie les parois & le parenchyme des racines de toute plante , pour faciliter le pañage des fucs de la terre , comme auffi. de certains fruits non formés encore , tels" que les noix qu'on mange en cerneaux , les | G 253 mandes mangées en verd , & autres. Voyez SELATINEUX. MOLAISE , GLAISEUX. La glaife ft une terre qui cft matte , épaiñle , luante & condenfée. Ses parties rappro- “hées des unes , des autres, ne permettent point l’entrée , ni la fortie, ni à l'air, ni 1 l'eau , ou que très-dificilement ; par con- Equent elle n’eft aucunement propre à la tésétation par elle-même; elle eft d’ailleurs oide , dépourvue de fuc, & retenantles iumidités, elle fait pourrir les racines. Elle Æpétrifie au foleil & au hâle. Elle donne an fort mauvais gout à toutes les produc- tons de la terre. Lors des gelées, foit celles dhiver , foit les printanicres , les plantes des terres glaifeufes ont étrangement à fouffrir. Elles demandent les mêmes traite- mens que les terres argileufes. Voyez AR- GILE. GLANDE , GLANDULEUX , terme pris de la Chirurgie & de l’Anatomie. Les glan- des font dans les corps vivans des parties molles & fpongieufes , qui ont diverfes fon&ions ; ; elles font de diverfe figure & \groffeur ; on les apperçoit dans quantité de Es = __ — 4 2$4 G | fruits, fur-tout dans certaines prunes &M pommes où l'on trouve de pétits corp glanduleux. Par exemple, la pomme qu'otil nomme glacée & qui eft tranfparente , ef remplie, dans différens endroits de la pul- pe, de quantité de ces petits corps glandu! ie Icux. j Ces glandes font accidentellement dans } quelques fruits où la feve a été mal travail lée par quelque caufe que ce puifle être. GLANDULEUX. Ce mot vient de! gland , qui eff le fruit au chêne , parce que! ce qu’on appelle communément glande,! cft de figure à peu près femblable à celle du gland. Les glandes dans le corps humain fépa-" rent la falive & les autres humeurs d’avech lc fang. C'eft une queftion de favoir , s’ill eft de ces glandes dans les plantes. M. Grev, Médecin Anglois , célebre Anatomiftc des’ plantes , les bannit des végétaux , ainfi que“ les valvules. On verra dans Ouvrage s'ilas raifon , Ou non. fl GLU. Voyez; GOMME ci-apres. | GOMME , GorME, ou GOURME. Tou- * tes ces chofes ne font qu’une. La gomme re 25$ eft le fuc naturel , & comme le fang de route plante, qu'on appelle ne Dans fon principe elle eft claire & liquide, &elle ne fe fige, que parce qu’elle n’eft plus dans fes conduits , comme notre fang qui fe caille , quand il n'eft plus dans nos | veines , comme aufh le lait, lorfqu'il fe prend & fe caille. | La gomme n’eft jamais nuifible , quand on l'ôte à mefure , & qu’on ne luidonne pas letemps de caver. Ne jamais laifler amaffer la gomme , & ne l’ôter qu'après une humidité, ou une ro- fée abondante. GORME. Beaucoup de gens à Montreuil difent ainfi, quand ils parlent d’une certaine | qui prend aux bourgeons du pé- cher durant Juin & Juillet, & qui les fait | 0 Mais il faut dire gomme. Cette hu- meur n’eft autre que la gomme qui fe dé- » pofe fur ces bourgeons verds & tendres, & qui par conéaces fait fur eux plus d’im- » prefhion encore , qu’elle n’en fait quand ces . bourgeons font devenus bois. * GOURME,, c’eft encore la même chofe. | Tous ceux qui difent gorme, ou gourme 256 G parlent mal, & quoi que difent quelques! pellent & gorme & gourme. Les bons Jar « diniers de Montreuil , ceux de la haute vo- lée , n'y mettent, dans le fond , aucunes différence , & cette différence n’eft ques pour le temps feulement, & la manicrem dont cette gomme prend aux arbres. Len détail de la naiffance du progrès & des e£M fets de la gorme , gourme, ou gomme eff! rapporté ailleurs , ainfi que la cure d'& celle. | 1 GOURMANDS ou BRANCHES GOUR*M MANDES. Ce font des branches, ou des ra=1 meaux des arbres qui font produits par la: nature avec une capacité plus grande, pour contenir plus de feve que les branches or-M dinaires. Comme la nature eft plus fage que: nous, & qu’elle ne fait rien en vain , ceux" qui ont du jugement , & qui font ufage” de leur raifon, favent tirer de ces fortes dem branches de grands avantages. Le Jardinieé M butord les abat, & il perd fon arbre fansi# en tirer prefque de fruit. Le Jardinier:in-! clligent qui entre dans les deflens de 4 nature » | CG 257 nature , trouve le fecret de former fon ar- Pre par le moyen de ces branches, & d'a- voir des arbres prodigieux en étendue & en grofleur , produifant des fruits à l'infini. Mais il eft un art pour s’en fervir à pro- pos. On à qualifié ces branches de gourman- des , à caufe qu’elles prennent toute la fubftance , & affament leurs voifines. Mais … en fondant le fous-œuvre caché de la n2- tt Bums deu * latine : LG RS ture , & fon deflein dans la production de ces fortes de branches , on raifonne & on agit tout différemment que jufqu'ici. Ote: +-on aux arbres des forêts leurs gourmands? Si dans les arbres taillés on en ôte, c’eft par néceflité , & quelques-uns feulement. On traite amplement ce fujet en temps & lieu. DEMI-GoOurRMANDS. Ce font des bran- ches moins fottes que les gourmands, mais plus nourries que les branches ordinaires , & qui affament aufli, quoiqué moins, Jeurs voifines. - Il eft des gourmands qu’on nomme na- turels ; & tels font les précédens ; & ilen eft qu'on appelle artificiels , & que l’in- KR 258 G duftrie du Jardinier fait naître, & il. eft le maître d’en faire naître : on en donne les moyens fürs , comme il dépend de lui de n'en point avoir , ou du moins fort peu, en donnant plus l’eflor à fes arbres qu'il ne PE fait. On n’a de prétendus gourmands, que ” parce qu'on taille trop & trop court. On & Ôte à la feve fes logemens & fes conduits naturels , où elle devroit fe dépofer , elle s’en fait d’autres. C’eft une fource, dont on amoindrit le canal ; il faut , de toute né- ceflité, qu’il y ait débordement & inonda- tion. GOUSSES. Voyez Cosse & CossATs. | GRAINES ou SEMENCES {ont la même : chofe. On entend par graine, toute pro- duétion des plantes formée des fucs les plus » purs & les plus travaillés, qui , après avoir L été fleur en fon temps, eft renfermée dans | fa goufle & dans fon fruit, où elle acquicrt eg -< mt [es SES Mc : la forme & la groficur propres à fon ef- « pece pour fervir à la multiplication des ! plantes. Toute graine eft compofée d’une enve- “ Joppe extérieure , qui a toujours une dou- ble pçau ; d’une amande, qui fe partage le mar CRE R Ce G 259 plus communément en deux parties , au milieu defquelles eft ce qu’on appelle le germe. GRAINES proprement dites , font toutes les femences des plantes , de quelque naturé qu'elles foient. Il en eft à coquilles, com- me noix , noifettes , noyaux. D’autres font à fimple peau , comme eft le plus grand nombre de toutes les graines. D’autres en- core ont un brou, telles que les marons & les chataignes. Il en eft qui font renfer- mées dans le centre des fruits, comme font tous les pepins des arbres & ceux des ci- trouilles , concombres, melons & autres. _ Il eft des graines qui , au lieu d’être parta- gées en deux ;, comme le plus grand nom- bre font d’une feule piece , tels le bled , le {cigle , l'avoine &c leurs fembiables. GRAINES où GRENAILLES. Ce font cel: les qui font employées à notre nourrituré & à celle des animaux domeftiques ; favoir, pois ; feves , lentilles , pois-chiches , fé veroles, & autres. Voyez GERMINATION: GRAPIN , terme de Fortification. C’eft, en ce fens, une forte de croc de fer, qui fert à attacher & à retenir, On fe fert de R 2 260 G ce mot pour défigner les liens & les atta: ches que-la nature a donnés à la vigne vier- ge , au lierre pour s'accrocherpar-tout , & à quantité d’autres plantes femblabtes. GREFFE. Voyez ENTE. Il faut dire ici un mot important par forme de fupplément au mot d’ente. C’eft le plus grand hazard , quand on trouve dans les jardins quelques arbres dont les greffes ne foient pas enter- rxéces ; ou bien les uns mettent les greffes, à vue de pays , fans trop y regarder , ou bien les autres les mettent à fleur de terre ; enfin quelques-uns les placent à un, deux, ou trois pouces hors de terre, & ces mêmes greffes {e trouvent toujours enterrées plus , ou moins. Tous favent néanmoins les fui- tes fâcheufes des greffes enterrées. Le mal vient de ce que, ni les uns, ni les autres ne fupputent point. Le fait eft, que tout affaiflement de terre remuée fe fait d’un pouce par pied. Vous avez une fouille de 5 à 6 pieds de profondeur ; & en outre il faut que la greffe foit plus haute d’un pouce que la fuperficie ; par conféquent il faut que votre greffe foit de 6 à 7 pouces plus haute que la fuperficie ; & quand l’affaifie- TR CET À EE G 16r ment des terres fera fait , la greffe fe trou- vera être , par ce moyen, dans fa pofition requife. S'il eft des arbres greffés dans le tronc même , comme il n'arrive que trop par l’avarice du Pépiniérifte , les rebuter, &c n’en jamais planter un feul. On a encore, dans fe Jardinage, pour maxime de ne point mettre la greffe du côté du foleil ; mais toujours du coté du nord. De-là un arbre cft difforme , le coude de fa greffe faifant la plus vitaine figure. IL faut toujours mettre l’arbre dans fon fens . naturel; qu'importe où foitlagreffe. SiFon appréhende le folcil pour elle, y mettre l’'emplâtre d’onguent S. Fiacre pour la ga- gantir. Voyez FLUTE, ŒIL DORMANT. GREFFOIR eft un inftrument fait en forme de petit couteau , qui a au bout du manche une efpece de petite lame d'ivoire en forme de fpatule pour entrer dans l’é- corce & la lever , afin d'y faire entrer l’é- cuflon. Voyez OUTILS DU JARDINAGE. GRIFFE fe dit de certaines plantes que la nature a pourvues de petits crochets en forme des griffes des animaux , & avec Jefquelles çes plantes attachent leurs ra- R 3 262 G meaux à tout ce qu'elles rencontrent. Tels le lierre , la vigne-vierge , les moufles, &cs Voyez GRAPINS. On appelle griffes les petits oignons des fleurs , de femi-doubles & de renoncules ; parce que ces petits oignons imitent BR fi= gure des griffes des animaux. GROU ; GROUETTE & GROUETTEUX;, termes de Jardiniers, de Terraffiers , La- boureurs & autres. La grou eft une ma- tiere pierreufe qui fe trouve au-defflous de la fuperficie des terres. Si lon n’a pas foin, avant que de planter , de percer la grou bien avant , & au pourtour , il eft impoñii- ble d'y réuflir. GROUETTE fignifie petite grou , c’eft- a-dire , une grou moins dure & moins pier- reufe que la grou , & qui eft un peu mêlée de terre. À cette derniere il ne faut pas faire plus de grace qu'à la nn cine quand on plante un arbre. Terrain grouctteux , eft celui qui tient de la nature de la grou. Il veut être fumé amplement avec fumier gras bien confom- mé , item arrofé & labouré , pour empêcher qu'il ne fe fcelle, ls 263 : GROUPPÉ, terme de Sculpteur. Il fe dit des fleurs & des feuilles. On appelle fleurs grouppées, celles qui au lieu d’être feules à feules , ou folitaires , font plufieurs enfem- ble fur une même tige en forme de bou: quets. Les pieds-d’alouette, les giroflées , les lis , les tubéreufes , les thlafpi , les cam- panelles font toutes fleurs grouppées : au contraire la tulipe , larofe, l’œillet, &c. font des fleurs folitaires , parce qu'elles {ortent feules à feules , & ont chacune une tige. Toutes les fleurs qui font plufieurs enfemble attachées les unes près des autres s'appellent fleurs grouppées, telles qu’on les voit dans les boutons à fruit , des arbres fur-tout à pepins & autres. GRUMEAU , GRUMELEUX , SE GRU- MELER. Ces termes ont lieu par rapport aux fruits, & ils font pris de l’ufage com- mun , & ont ici une fignification pro- pre. On appelle grumeaux dans les fruits cer- taines petites parties de la chair des fruits qui font plus dures, plus feches que le refte, & filandreufes. Il eft des fruits où ces fortes de petits grumeaux fe rencontrent plus R 4 264 GG communément que dans les autres : telsies abricots , fur-tout d’efpaliers , quantité de prunes, quelques pêches, & nombre de pommes , ainfi que quelques poires , 87 ces fruits on les appelles grumeleux. SE GRUMELER fe dit de la formation de ces petites parties plus feches , plus dures que le refte de la chair du fruit, & qui font filandreufes. On les prendroit pour des corps glanduleux. Voyez GLANDES. GUI. Le gui eft une plante qui fe for- me fur quantité d'arbres, & quiaune feuille a peu près comme celle du buis. Le gui de chêne eft fort renommé dansla M édecine pour différens remedes. Il ne vient que fur des arbres fort âgés, & toutefois il n’efk pas bon figne pour l'arbre. Il eft formé d'une fubftance étrangere fur les arbres oùil croit. Force pommiers vieux & caducs ont des guis qui font périr les branches & l’ar- bre , quand on n’y remédie pas. Le remede eft de les Ôter , dès qu’ils croiffent, e _— H 263 Fi Haexxer un Arbre par les racines. Tet« me bas & populaire du Jardinage. Le petit monde dit , habiller un porc, quand onen te les iflues ; & cette vilaine façon de s’ex- | primer a tranfpiré dans le Jardinage ; ainfi habiller un arbre, c’eft, fuivant la pratique du plus grand nombre des Jardiniers , les . écourter au point , qu'il ne reftei prefque _. Le... plus rien d'eux-mêmes : mais , fuivant la bonne méthode , ce feroit rafraichir fim- plement le petit bout des racines, Ôter cel- » les qui font fendues , caflées , torfes , écla- tées & défetueufes , comme aufli de fup- primer celles qui feroient en danger de fe couper en groflifflant. Voyez RAFRAI- CHIR. HABLEUR. Jardinier hableur, eft celui qui fait tout , & qui ne fait rien ; qui dit beaucoup , & qui ne fait point; qui fe vante tant & plus, fanstalens quelconques; qui fe fait fort de tout , fans réuffir à quoi LL Le ! 266 H 14 que ce foit ; qui blâme , cenfure , critique & condamne à tort à travers tout ce qu'il ignore, faifant toujours, en toute occafion,» Je procès à tous fes confreres ; qui ne croit rien de bien fait que par lui. Combien deu ces hableurs dans le Jardinage, plus que dans les autres profeflions ? | Il eft aufli de ces fortes de gens parmi les! Écrivains du Jardinage , qui fe vantent d'u ne multitude d'épreuves qu’ils n’ont point, faites. Voyez CHARLATAN. \ HANNETON , HANNETONNER. Tout le monde fait ce que c’eft que le hanneton:M ne faut jamais planter des bois taillis l’an- née où ces fortes d'animaux , fortant de ter- re, dévorent la verdure ; car alors ils fe: débandent fur les pouffes tendres du jeunes plant, & le font avorter ; mais bien l’annéeh d'après, quoiqu’ils ne laiffent pas que de. Jui nuire aufli dans terre, quand ils font, vers blancs , appellés aufli ao & mans; mais beaucoup moins alors. HANNETONNER , c'eft, dans le Jardi) 1 ‘ nage , fecouer les arbres & les branches lots du foleil levant , temps où ces animaux” font endormis, &c les écrafer. H 267 - Quand les vers de hanneton rongent les nes des arbres , on découvre ces raci- | es, & l'on tue les vers, Il ne faut pas fe affer de leur faire aflidument la guerre ; de même pour les fraifiers , laitues , &c. que es animaux ravagent. HÉMORRHAGIE DE SEVE. Le terme ient du grec, & eft pris de la Médecine. D'eft dans les arbres le même que dans les aumains. L'HÉMORRHAGIE DE SEVE eft ordinaire aux pêchers fur-tout. Un arbre eft le plus vivant aujourd’hui , & le lendemain on le voit mort , foit avec tous fes fruits, foit après les avoir donnés. En vifitant au de- hors de tels arbres , comme en les difié- quant , on leur trouve toutes les parties no- ; bles les plus faines , la moëlle , les écorces, le parenchyme , les racines , le tout intact. ” Alors on fuppofe engorgement , pléthore , ou réplétion , obftruétions occafionnant la. |fafocation. L’hémorrhagie de Re eft bien manifef- tement marquée dans les greffes de fruit à noyau , qui font , dit-on , noyées par la gomme , quand la feve eft trop abondante. nn cr 268 H Souvent auffi dans les greffes de fruit à pet pin, quand la feve furabonde, & il fe fai. au-deffous de la ligature un bourrelet con. fidérable ; & il faut , tant aux unes qu'au. autres , veiller foigneufement pour préven. ir ces hémorrhagies de feve , en lâchant - les greffes par derriere , c'eft-àa-dire, et. coupant la ligature. Voyez ASCENSION D. LA SEVE, 7. BOURRELET. | HERBAGES. Par le mot d’herbages or } entend tout ce qui refte toujours verd fun terre , fans jamais parvenir à la confiftancen, du bois dur des arbres, des arbrifileaux hi 5 des arbuftes. Le mot d’herbages , dans l’ufage ordinai” te , s'entend des légumes & de toutes les denrees du jardin potager fervant à la cui. fine. HERBES , MAUVAISES HERBES , où PLANTES ADVENTICES. Le vulgaire, &. quelques prétendus Phyficiens , croient que la terre contient dans fon propre fonds, 8" produit ce qu’on appelle mauvaifes herbes." Ils attribuent le même aux fumiers. Nous démontrons le contraire, & nous proue, vons invinciblement que fair eft le grand ’ Ü 269 ":meut , & le colporteur des femences des mauvaifes herbes. Les fumiers peuvent en ontenir de celles qui fe trouvent , foit dans es pailles , foit dans le foin , & autres ourritures des animaux , de même que les anures & les balayures qu’on met avec les vumiers , & aufli la fiente & Iles ftercora- ions des animaux : mais nulle de ces cho- es ne les produit direétement & par clles- -nêmes. Les plantes qui croiflent fur les Mnurailles & fur les toits , fur les rochers, es vieux bâtimens, les friches, &c. qui ft-ce qui les y feme, finon l'air par l'en- “remife des vents ? Quelqu'un qui a écrit fort amplement Mur le Jardinage , & dont il a été déja parlé plus d’une fois , avance , entr'autres cho- fes, que les graines des mauvaifes herbes fe confervent pendant 20 ans dans la terre; parce qu'une terre qui , 20 ans aupara- vant , avoit été portée dans un trou, & qui enfuite , ayant été prife de-là , avoit été couverte de mauvaifes herbes. Donc, con- clut-il, ce font les graines de 20 ans. Je ne m'arréterai pas à réfuter ce fenti- ment, F 270 H HERMAPHRODITE , eft un terme dé Médecine , de Chirurgie & de Botanique tout enfemble. C’eft toute créature raifon: nable , ou irraifonnable qui poféde les deux fexes , & qui eft enfemble mâle & femelle Grands débats dans la Botanique entre les favans ; favoir , fi les plantes font hermas phrodites , ou s’il en eft de mâles ; & d’au- tres femelles. Cette opinion qui , dans. le fond , n’intéreffe point la pratique, ne vaut pas la peine que nous nous mélions dans la querelle. Nous fommes fimples fpeétateurs, 8: nous favons d’ailleurs à quoi nous en tenir. Dans le couts de notre Ou! vrage nous difons à cet égard ce que nous! penfons, fans trop rien prendre à cœur fur ce fujet. HERSE , PETITE HERSE , inftrument {emblable en tout à celui du labour » CAN cepté que la herfe du J ardinage eft plus pe- ) tite. Elle fert à tirer les allées des grands jardins , après qu’elles ont été labourées Ë avec la petite charrue. Un homme avec une » fangle à travers fon corps, laquelle eft at: tachée à cet inftrument , latire Ou bien un | cheval. | 150 | EH 271 + HORIZON. Mot crec. C’eft la circon- “férence de l'étendue & de la partie du Ciel “qui nous environne de toutes parts, & au- delà de laquelle la vue ne peut rien apper- “cevoir , ni du Ciel , ni du continent. » HORIZONTALEMENT, en Jardinage, veut dire en circonférence. On dit racines “horizontales, & brancheshorizontales celles “qui font en circonférence , chacune fui- want fa poñition. ». HOUE cft un inftrument de l’Agricul- “ture & du Jardinage , ayant un fer large & alongé, renverfé & recourbé en-dedans, - avec douille & manche. » Il y a de petites houes, qui font des di- | minutifs de celle-là. HOUE FOURCHUE, eft un inftrument, qui , au lieu d’être d’une piece, comme la ) houe ordinaire , eft fendu en forme de fer à cheval , & qui a une douille & un man- | che. Elle fert pour les terres grouetteufes, où la houe ordinaire & la bêche ne pour- | roient aller. On dit houer une vigne , ou uncterre, pour dire les labourer à la houe. | HOULETTE eft un inftrument de fer à 272 H femblable à celle d’un berger , excepté que! À le manche de bois qui eft dans la douille eftw d'environ un pied de long. Cet inftrument fert à faire de petits trous dans terre pour le: ver,comme pour mettre en terre de menues" plantes,& faire certains petits labours légers. HOUPÉ , FLEURS HOUPÉES, GRAINESW Houprées. Ce font celles qui font faites en" forme de houpes , telles , par exemple, les rofes de Gueldre. Les graines houpées font celles des piffenlits , des fcorfoneres , ou 1 falffis d'Efpagne , & le blanc. | HOYAU cft un inftrument de Jardih nage , que l’on confond avec la befoche” & la pioche. Ces trois inftrumens différent # peu ; ils font trop connus pour s amufcris) | en faire ici la defcription. HUMIDE. Voyez RADICAL, JARDIN ÿ J ARDIN eft un efpace de terre particu- lier, féparé , ou par un mur, ou par une . haie , ou par un foffé , dans lequel on cul- tive des arbres , arbriffleaux & arbuftes, ainfi que des légumes, des fleurs, & ce qu’on appelle des fimples , ou des plantes médi- cinales , ou bien les unes & les autres de _ toutes ces chofes , à raifon de quoi ils en \ xctiennent le nom : ainfi l'on dit jardins fruitiers , potagers , ou légumiers , fleu- riftes & botaniftes , ou de plantes médici- nales. JARDINAGE eft l’art de vaquer aux exercices & aux fonétions de tout ce qui concerne les jardins. . Deux fortes de jardinage; lutile & le cu- rieux , ou de bon plaifir feulement, L’utile a pour but les fruits & les légumes ; le ;ar- dinage curieux regarde les fleurs , les com- partimens & les ornemens. | JARDINER veut dire s’'amufer à divet- S 274 I fes pratiques du Jardinage , comme font quantité d’honnêtes gens, qui ne font pas de la profeflion. Heureux les jardins, fi les maîtres favoient jardiner ! | JARDINIER n'eft pas feulement celui M qui eft prépofé pour diriger, conduire & arranger le jardin ; mais celui qui pofféde | Ja fcience & les talens requis pour tous les exercices & les fonétions du Jardinage. On peut dire des bons Jardiniers en général, fans taxer perfonne , qu’ils font auffi rares que /es bons direëteurs des confciences : un entre dix mille, dit-on. Comment eft-il poffible qu'un Jardinier … entende la fcience du Jardinage , & pofléde toutes les pratiques d’un art auffi étendu, qui requicrent , outre le génie & le gout , une expérience confommée, ainfi qu'une étude fuivie de la nature ? Où, quand, & avec qui auroient-ils appris quoi que ce foit de ces chofes ? Le fils eft guidé par fon pere, qui eft jardinier manqué, n'ayant qu'un trantran & une routine qui lui viennent de fes peres , aufli peu éclairés que lui. Celui- ci, pour avoir vu, avoir tracaflé dans le Jar- dinage , & manié la beche & le hoyau , {€ Ï 27$ croit déjà Docteur ; il cherche condition , & fous un maïtre qui n’en fait guere plus que lui , il eft montré à faire comme il voit faire. Tel autre ne fachant que faire , après avoir taté de tout inutilement , fe fait , ou Jardinier , ou Moine, ou Soldat. On peut dire que le Jardinage eft le pis-aller de tous ceux qui font impropres à toutes les autres profeflions. Il n’eft pas étonnant que tant de gens de toute trempe fe tournent du côté d’un art où nuls frais à faire , ni étude quelconque. Ne foyons donc pas furpris que le Jardinage foit rempli de tant de gens incptes , & qui pervertiflént tout , détruifent, maffacrent, faccagent les arbres. Quoi qu’il en foit du général, il eft pour- tant des éxceptions. Indépendamment de ceux que nous ne connoiflons pas, il en eft un bon nombre, foit avec qui nous fommes en relation , ou que nous con- noiflons par la renommée ; il en eft que nous prifons particuliérement , & même que nous protégcons , & que nous produi< fons. | | Voyez dans M. de la Quintinie ,tomelT, L. partie, chapitre IV, fon efpece de dif- | S 2 276 I fertation fur le choix d’un Jardinier. IDEAL. Phyfique idéale, ou Phyfique fpéculative eft la fcience de ceux qui rai- fonnent fur les végétaux , mais fans Îles avoir fuivis dans la pratique. Ceux qui ne raifonnent que d’après elle, fans avoir fuivi la nature , font fujets à s'égarer , &z à don- ner dans de grandes erreurs : s’ils fe mêlent d'écrire, que de travers, grand Dieu ! que d’écarts! que d’inepties ! On le fait voir dé- monftrativement dans une forte de Biblio- theque jardiniere , où l’on pañle fommai- rement en revuc un grand nombre d'Écrits faits fur le Jardinage. Voyez EXPÉRIMEN- TAL. JECTICE. Voyez TERRE. JET vient du latin jaëus, & du françois jetter. On nomme jet la pouffe d’un arbre , parce qu'il monte & qu'il s’éleve : après avoir été bourgcon, il devient branche & bois formé. | JEU de la nature, Ce terme eft d’une grande reffource pour réfoudre quantité de pro- blêmes qui pañlent les bornes de notre en- tendement. On appelle jeu de la nature dans Je Jardinage , & dans tout ce qui eff 4 I 277 du reffort de la végétation , toutes les pro- duétions extraordinaires , fingulieres & inattendues de la nature , dont on ne peut rendre raifon. Tels font tous les effets fur- prenans, bizarres en apparence, & fi diverfi- fiés , dans lefquels , fuivant notre façon de pen{er , la nature femble jouer ; ces effets, quoiqu'’ils paroiflent s’écarter des regles or- dinairés de la végétation , font néanmoins dans l’ordre de la nature. Mais de quel côté vient-elle cette préten- duc bizarrerie ? ou de nous qui taxons la nature de fantafque, quand elle varie fes procédés, ou d'elle-même qui agit toujours conféquemment à des regles fages , mais dont le fous-œuvre nous eftcaché. Mundus, dit un Ancien, exteriora monftrat , interiora cepit. Que de phénomenes éclatent de tou- tes parts à nos yeux qui nous déconcertent! On.jette différentes graines en terre de plantes les plus curieufes, & au lieu de pro- duire leurs fembables, lanaturene faitéclore que des plantes les plus communes. Au contraire , parmi les graines de plantes les plus communes , la nature en fait éclore pluies, ro- {es , fereins , brouillards , neiges , frimats , givres, grêles , &c. enforte qu'il eft dans chaque hémifphere un flux & reflux perpé- tucls du bas en haut, & du haut vers le ns cpsigtoi de nn plas L: rie Li a tt ms ah rit ot nage digne. Ms Ï 281 bas. Rién ne monte qui n'ait defcendu , & rien ne defcend qui neremonte. Voilà une idée fommaire de ce qu’on appelle influen- ces de l'air. Ce font ces influences de l'ait - avec le concours de la chaleur du foleil, qui fervent d’alimensaux plantes. La terre eft - Je théâtre où s’operent tous les grands myf- -1cres de la végétation par le concours des » influences d’en haut , elle eft la matrice qui . recoit dans fon fein toutes ces mêmes in- - fluences pour les tranfmettre enfuite dans - les végétaux , à chacun füuivant fa façon d'être. On démontre en temps & lieu que . Ja terre n'étant qu’une pure matrice, ne contribue pas plus de fon propre fonds à la - formation & à l’accroifiement des plantes que la poule à l'égard du poulet dans un œuf. Cette propofition , qui au profane vulgaire , femble un paradoxe d’abord , eft portée à l'évidence, & l’on réfout toutes les difficuités populaires à ce fujet. Deux fortes d’influences , des bénignes , telles que les rofées fécondes, les pluies hu- meétantes, &c. des malignes ; favoir , des vents roux , des brouillards vermineux ap- portant les œufs de quantité d'infeétes & _ 282 Ï de graines de mauvaifes herbes , dont l'ait” feul eft le colporteur & le diftributeur. M IGNÉ, mot pris du latin , qui veut dire” ayant du feu , ou étant de la nature du feu. On dit les parties ignées de l'air, du fo" leil, de la terre, &cc. Voyez DiISSÉMINÉ M FEU DISSÉMINÉ. à INHÉRENCE , INHÉRENT, pris du 2 tin. C'eft une qualité accidentelle , qui eft! jointe à un fujet , & qui lui cft furajoutée:| ? Le blanc, ou le meunier , qui eft une ef À pece de lepre du pêcher, laquelle rend touts à blancs d’une forte de duvet la peau, les feuilles & les fruits. La jauniffe qui prend! aux arbres infirmes, comme femblable ma" Jadie aux humains, font inhérens , y tien-" nent, quoiqu’accidentellement , én quoi! telles chofes different des moufles & des femences d’infeétes , qui ne font que fim- plement adhérens aux arbres. INNE. Chaleur innée de la terre, pris du latin, & qui fignifie ré avec. On appelle de k ce nom ce qui en elle eft un principe de M chaleur renfermée dans fes entrailles, par ! le moyen de laquelle s'opere toute végé- ! tation. Cctte chaleur innée concourt avec ! à j ‘4 I 283 élle du foleil pour agir dans les plantes. “ile eft établie fur les mêmes principes quant aux végétaux, que celle du corps iumain & des autres animaux qui ont le ang chaud. On fuppofe d’abord, comme un principe inconteftable , que l'élément du feu eft ré- pandu par-tout dans tous les êtres imagi- nables , & qu'en outre il eft une chaleur naturelle fpéciale & individuelle dans la terre. L'exemple des caves & des puits chauds en hiver en eft une preuve, quoi- qu'il foit démontré que les uns & les au- tres ne font pas plus chauds dans un temps que dans un autre. Toute la différence n’eft que relative à nous, à caufc de l'air du de- hors qui nous environne en différens temps. | Woyez FEU CENTRAL. INOCULATION. Ce terme eft com- : pofé de deux mots latins, qui veulent dire mettre un œil dedans, ou un bouton. Il | veut dire greffer. Voyez ENTE. | INSECTE vient d'un mot latin, qui veut dire marcher en fe trainant. Quelques- uns prétendent que le mot d’infeéte dérive d'un autre mot latin , qui veut direincifer, 284 Ï | parce que nombre d'infetes ont au miliet u du corps , comme des coupures , ou fépan rations ; telles que les mouches, les abeil,. q: les , les guêpes & autres. Ce mot eft générique, & comprend Ie totalité de ces fortes d'animaux, foit ceux" qui rampent fur la terre , foit les autres quim s'élevant dans l'air, s’attachent aux arbres & aux plantes. Tous ces animaux deftruc teurs ont pris ce nom d’infeéte , qui ren ferme leurs différens genres & leurs diffé rentes cfpeces. Ils font divers , fuivant les divers lieux , les contrées , les climats. AM en eft de terreftres , d’aériens & d’aquatil ques. Tout, par un effet de la Providence; ont leur utilité pour nourrir une infinité d'autres animaux. Les hirondelles , par exemple, ne vivent que de ces infeétes ». qui peuplent la région fupérieure des airs à & quand Pair s “épaifhit par quelque brouil- 4 lard, ou nuage épais , les infectes fe ra battent fur la terre , pour échapper au dan“ ger menaçant d’un orage prochain ; les hi-# rondelles rafent alors la terre pour les y. venir chercher. M. de Réaumur à fait un. Traité des Infeétes , qu'a bon droit on pout- Ï 285 “jt réduire. Ce favant Phyficien à dit é très.- excellentes chofes d’ailleurs fur ifférentes particularités concernant cet- > partie curieufe de l'Hiftoire Naturelle, Vous traitons occafionnellement dans no- re Ouvrage quelques-uns de ces points, ui de vif & par notre propre expérience, on für le rapport d'autrui. M. Pluche, en on Spectacle de la Nature, en a parlé aflez iértinemment dans le peu qu'il a traité. INSTRUMENT AL. Voyez; EXPÉRIMEN- FAT. MJONC, il vient du verbe joncher , qui eut dire répandre çà & là. Le jonc dont ‘ft queftion en Jardinage , étant un herbage lémarais, qui croît en touffe & par place eulement , a été, pour cette raifon , ap- ellé de la forte. C’eft une herbe qu'on ne ème, ni qu'on nc cultive point , & qui ent dans les lieux humides. Au lieu de feuilles il produit de petits tuyaux ronds dun verd foncé, qui font toujours droits 1X' fans aucun nœud , de la hauteur d’un pied , ou d’un pied & demi. Il a une forte de petite moëlle blanche. Il eft plufeurs lortes de joncs : le menu , qui eft plein & 256 I ferme; c’eft celui-là qui fert dans le Jatdu nage pour lier les bourgeons tendres , & Jes attacher aux trcillages quelconques , qui s'appelle paliffer. Les autres joncs hi font creux , longs, mollafles & gros, n valent rien. Il faut que le jonc foie verd quand il eft feché il cafe. Il eft un joncm rin qui cft menu & trés-fort: quantité d Jardiniers s’en fervent ; mais il coup! le bourgeon ; & comme il y a deflus un» forte de vernis , il agace d’abord les ferpes | tes les mieux tacle 1 Nous confeillons d’en faire lever des tous fes dans les lieux marécageux,& de les plan ter dans les jardins à l'écart en place perdu“ au frais & à l'ombre pour en avoir au be foin fous fa main. Rien de mieux, non! feulement pour le paliffage, mais pour fer vir de liens à la place de ja paille aux menu! légumes , 8 même pour attacher les vigne aux échalas. ; ISSUES DE CUISINE , Ou LAVURES D) VAISSELLE. C’eft là un des plus puiflan“ engrais , quand il a fermenté. Le hazard » ou ce qu'on nomme ainfi , eft le pere des quantité de découvertes & d'inventions. Ï 297 + JAuteur avoit planté dans une encoignure le fa cour au midi & au levant un figuier, jui pouvoit avoir alors 2: pouces & demi à de gros , ce qui fait environ 8 pouces le tour. En moins de 6 ans l'arbre devint le 6 à 7 de diametre , & s’éleva à la hauteur du toit de la maifon. Les figues fans nom- re étoient de grofleur fort au-delà de ordinaire , & d’un gout fupérieur à tous es fruits de parcille efpece. Les racines \voient percé à travers les joints des moël- ons des fondemens , & pafloient fous le pavé de la cuifine de la longueur de plus le 30 picds. En fuivant les racines, on re- connut par l'événement qu’elles remplif bient toute la capacité d’un puifard , qui étoit la-même pour recevoir les eaux de la cuifine , qui étoit plus bafe de 2 à 3 pieds que le pavé de la cour. D'après cette dé- couverte l'Auteur fupprima le plomb qui dégorgeoit les eaux de la pierre à laver de la cuifine dans le puifard; il fit faire un large baquet , ayant deux mains de fer, dans lequel tomboient toutes les iflues de la cui- fine , & les lavures de vaiffelle, & chaque jour on portoit le tout dans la bafle-cour 233 T dans des tonneaux défoncés , où on \ hifoit fermenter. On avoit foin , en allant & venant , de remuer avec un bâton. L’ Au teur, de même que ceux à qui ila commu- niqué cette découverte , en a tiré des avan pour la guérifon de quantité de maladies des arbres, fur-tout pour les orangers ; mais il faut être fort circonfpe® dans l’ufage d’un tel ingrédient, qui, par lui-même, eft brue lant. On donne dans l’'Ouvrage des regles" pour s'en fervir à propos. Issues DE BoucHertes. Ce font touités les parties , tant internes qu’externes , des animaux deftinés à nous nourrir, qui, me pouvant être employées , foit à la confom-# mation, foit à d’autres ufages , font jettées dehors , & qui étant décompofées par la putréfaétion , contiennent quantité de par- ties volatiles propres à la végétation. Telse le fang , les inteftins qu’on ne mange points" les cornes de la tête & des pieds non-mifes en œuvre pour divers ouvrages , &c. rien! de meilleur encore , mais il faut favoir en! ufer. Les bêtes mortes, chevaux, vaches, | | moutons & autres, vont de pair en ce gente | . | | k £ à Fr re [ & L 189 genre avec les iffues de boucheries , & fer- vent d’excellens engrais. Voyez BouIL- LEON» Lasour ;» LABOURAGE , LABOURER ; termes aufli anciens que le monde, & qui ont la même fignification dans toutes les Jangues. - LaBour eft lation de remuer la terre avec quelque outil , ou inftrument que ce puifle être , mettant le deflus en deffous , 8: le deflous à la place de la fuperficie, pour la rendre féconde. On dit labour fon- cier, quand il cft profond , & lorfque le fol a du fond ; labour léger , quand il eft fu- perficiel.On ne peut trop labourer les terres fortes pour les atténuer , les brifer , les divifer & les réduire en menues parcelles; mais il eft des temps propres acc. Quant aux terres légeres , il faut être grandement en réferve à ce fujet. Dire qu'on doit Ia- bourer davantage les terres légeres que les $; 290 | # terres fortes , eft un paradoxe des plus ir foutenables. LABOURAGE fe dit de la FOI-eeS ion d'exploiter lesterres à la charrue. LABOURER, c’eft retourner la terre, comme il vient d’étre dit, avec les divers inftrumens ufités , fuivant les lieux & les : terreins. On dit labourer à Ia houe , à la ! fourche, à la beche , &c. Le labour Ie plus parfait de tous eft celui de la beche. LAMBOURDE. Voyez BRANCHES. LATERAL vient d’un mortlatin,quiveut dire de coté. On dit branches latérales , & bourgeons latéraux. Voyez l’un & l'autre à leur lettre. LÉGUME & LécumiEer Ce mot vient du latin. Il comprend toutes les plan- tes qui compofent le potager , ou ce qui fert pour la cuifine. Le jardin légumier eft celui où font cultivés les légumes , ou le potager. Voyez POTAGER. Jaïrdinier légumier, où maraicher , eft celui qui fe confacre uniquement à culti- ver les légumes. C’eft une merveille de voir à Paris la quantité de légumes que , fans manquer un feu] jour , on étale fur le cars : L 291 teau de jahalle, & qui y font apportés de tous les endroits circonvoifins ; il faut en être témoin pour le croire. Voyez MARAI- CHÉS. LEPRE, Voyez au B LE BLANC, Ou LE MEUNIER. LESSIVE. Mot écorché du latin. On entend par ce mot en Jardinage certaines compofitions de drogues inconnues, em- ployées par les Charlatans pour guérir les arbres , ou pour les préferver de certaines maladies , ainfi que des infeétes nuifibles. Ces Jardiniers affronteurs attribuent à ces re- cettes dangereufes des effets miraculeux:; tel celui qui gâta à Plaifance , par-delà Vincen- nes,les arbres de M. Paris du Verney;tels une foule de Charlatans , qui débitent des eaux &c des compofitions pour les Fermiers, afin d’occafionner une heureufe germination & une récolte abondante. Ces diftribu- teurs de pareilles drogues font quelques dupes , mais s’en vont le grand chemin à l'hôpital. Que d'Écrits! que d’Auteurs qui n'enfeignent & ne débitent que de fembla- bles charlataneries ! LessivE fe prend aufli en bonne part, 2 292 E. quand un jardinier entendu lave avec une eau de favon Îles arbres tout noirs de punai- fes, & où fe trouve une incruftation du couvain de l'animal appellé tigre ; on les frotte avec un couteau de bois , puis avec unc brofle courte , on les lave enfin avec l'eau fimple. LEVAINS de /a terre. On appelle ainfi les fucs de la terre & des engrais qui font Je même effet dans les plantes , que le le- vain qu'on met dans la pâte pour la faire lever quand on fait du pain. Voyez ACIDE. LEVER , BOUILLONNER & FERMEN- TER , fe dit des fucs de la terre & des en- grais qui font agir la feve dans les plantes , & qui la mettent en mouvement. LEVER fe dit des graines qui, mifes en terre, y germent & s’élevent fur la fuper- ficie de la terre. LEVER fe dit d’un arbre qu'on déplante pour le replanter. C’eft fort mal parler de dire arracher alors. Jamais on ne peut prendre trop de précautions pour bien lever tout arbre qu'on veut remettre en place. l'en eft ainfi de tout ce qu’on replante , fi les Jardiniers , au lieu d’arracher ftupidc- Fr Le nent comme ils font, s’adonnoient , en gens qui raifonnent, à lever avec toutes ra- cines , & à replanter fans en couper aucu- nes , ils y gagneroient cent pour cent. Quand on arrache , alors toutes les racines qui reftent en terre font en pure perte pour la plante, puifqu'il faut qu’elle en produife d’autres : d’ailleurs à toute caflure de tou- tes racines , ce font autant de plaies qu'il faut que la nature guérifle. Alors donc, quel retard? Le même eft de la part de ceux qui coupent les racines en plantant quoi que ce puifle être. Voyez ARRACHER. LEVRES. On appelle levres d’une plaie en Chirurgie , les deux parties féparées de Ja peau. Le même eft pour toutes les inci- fions faites aux arbres : les deux parties de l'écorce féparée fe disjoignent & fe con- traétent , & par-deflous il fe fait un épan- chement du fuc nourricier pour réunir les deux parties féparées. LIGAMENT , terme de Chirurgie, qui vient du latin. Il eft compolfé du mot de lier, & de celui de main , comme qui di. roit lier avec la main, ou avec les mains. Ce terme alors pris dans ce fens général 13 294 L & dilaté, fuivant fon étymologie, pour: roit exprimer tout ce qui fert à attacher enfemble , à joindre , à tenir unies toutes les parties rafflemblées , les rapprocher , les maintenir chacune en leur état & dans leur place. Outre cette idée générale , ce mot a un fens particulier qui lui eft propre en Chi- rurgie & dans l’Anatomie , & que nous employons dans le Jardinage. Il fignifie dans ce fens , tout ce qui dans les corps vr vans , fert de liens & d’attaches pour tenir enfemble les diverfes partics dans les corps vivans , afin qu'elles puiflent avoir leur jeu, & faire leurs fonétions. Les os font atta_ chés & retenus par des ligamens. On dit les ligamens de la langue. Il eft dans les plantes de ces fortes de ligamens à l'infini, que tout bon Anatomifte des plantes apperçoit. Tout dans les plantes, comme dans nos corps, n’eft autre qu'un tiflu de fibres raflemblées qui fe tiennent enfemble. Coupez , fendez, déchirez, caflez, brifez en long , en large, en travers quoi que ce puifle être de tout ce qui conftitue les plantes, & par-tout vous y appercevrez de L 295 ces fortes d'attaches & de ligamens propre- ment dits. LIGATURE, pris de l’ufage commun, terme aufli de la Chirurgie, qui vient du la- tin. C'eft tout ce qui fert à ferrer, lier, rapprocher & contenir extérieurement ; telles les ligatures préparatoires à la faignée. Ce mot nous fert pour tout ce qui eft d’u- fage dans notre art , afin de tenir ferme, fuivant les occafons , des bandages , des cataplafmes fur les parties malades & les bleflures des arbres. Voyez; BANDAGE. LIGNEUX vient du latin, qui veut dire ayant la nature & la confiftance de bois. On dit plantes ligneufes , toutes celles qui ont les parties folides du bois dur, tels le chêne , ie poirier, pommier , &c. les her- bages aucontraire, les plantes bulbeufes,les fleurs, les légumes & autres femblables, ne font pas des plantes ligneufes. On dit couches Zigneufes , ou cercles Z- gneux dans les arbres , les empreintes qui _ fe font chaque année dans l’intérieur d’eux- mêmes du fuc nourricier , fefigeant & fe durciffant , ainfi qu’on les voit dans la pré- 296 Ü fente figure. En coupant tranfverfalement un arbre, ou une groffe branche, on les apperçoit très-diftinétement , & par leur moyen on fait au jufte l'âge d’un arbre. Ces. cercles ligneux font i inégaux entr’eux , d’a- bord felon les expofitions : du côté du midi ils font bien plus amples & plus nourris que du côté du nord, enfuite on les voit plus , ou moins dilatés fuivant le temps de chaque années plus , où moins propre à la | végétation. Ils font aufli différenciés fui- pr vant les terreins bons , ou mauvais, ainfi : que conféquemment à la fanté & à l'infit- mité de l'arbre. Dans les années froides & pluvieufes, ou trop feches , de même dans Fi 297 - elles où les chenilles ont dévoré la verdu- €, ainfi que dans les terreins ingrats , ces - cercles marquent beaucoup moins : alors » ils font fi minces , & tellement rapprochés, “que fouvent on ne peut les diftinguer. “Quand vous ferez abattre quelqu'un de ces "arbres , lefquels , durant une longue fuite - d'années , on a mutilés , leur faifant plaies * fur plaies , faites-les fcier tranfverfalement, & vous reconnoitrez toutes ces variations . exprimées dans les cercles. Enfin le dernier cercle , celui. qui eft comme incorporé & identifié avec la peau de l'arbre , eft bien - plus gonflé que tous les autres , plus po- - xeux & plein du fuc nourricier. Ce fuc eft - contenu dans toutes les parties cellulaires de ce dernier cercle , pour être envoyé & réparti dans tout l'arbre. L'’impétuofité avec laquelle ce fuc eft fouetté du bas en . haut, prefle contre la peau de l'arbre , ainfi que l’eau d’un réfervoir , ou d’une pompe contre les parois du tuyau qui la contient. Cette peau cédant à l'effort , prête & obéit; elle fe dilate au point , que dans les jeunes arbres , rien de plus commun que ces ger- çures & ces fentes expliquées dans le pré- 298 Eh fent Ditionnaire ; on peut y recourit" Voyez FENTES & GERÇURES. Dans les vieux" arbres c’eft le même , avec cette différence” que la peau devenant plus épaifle avec le temps , au lieu de fe fendre feulement par! place, comme dans les jeunes , fe gerce de. toutes partsen forme d’écailles raboteufes.! Telle eft l'origine & la caufe de la croiffancew des arbres du moins en grofleur. A partie du fuc nourricier qui fe fige de la forte chaque année , eft ce que dans les bois! employés par nous aux divers ouvrages ; on nomme aubier , qui veut dire en latin! blanc , ce dernier cercle étant toujours blan-: châtre. Il ne fe durcit & ne brunit que quand l’année fuivante, à force de s'être / / \ | dégorgé dans tout larbre, il s’affaifle ; ce: » pendant au fur à mefure, il fe fait un nou- » velenvoi de ce même fuc , qui forme aufñfi | une nouvelle incruftation: ce dernier pouf- fant fortement à fon tour , appuyant & preflant fur fon prédécefleur , le prefle auf , il l’'applatit , faifant également effort contre la peau de l'arbre. II faut dire ici que pendant que le tout s’opere dans l’intérieur de l'arbre , l’air au-dehors agit fur la peau, . - L 299 . fait pañer à travers les pores de la peau “uantité de parties fubftantielles qui la di- : tent auffi , la bandent & la font audi pré- …:r. Ceci n'eft point une conjcéture , ni une appoñition, puifque tous les cercles du ôté du nord font maigres & rapprochés, andis que ceux du côté du midi font plus nourris & plus gonflés. … Une obfervation que tout le monde peut “aire avec nous, c'eft la fuivante; favoir, que ces mêmes cercles ligneux font dans le as , à mefure qu'ils approchent du tronc, “xaucoup plus amples, à raifon de ce que e bas de l'arbre eft toujours plus gros que .e refte de la tige. On peut le voir dans out arbre coupé raze terre. Quiconque fc- “oit curieux d'approfondir davantage ce phénomenc de la nature , qui eft fi dione d'admiration , n’auroit qu'a fe tranfporter dans les jardins lorfqu'on détruit quel- ques-uns de ces arbres fi maléficiés par les plaies fucceflives qu’on leur a faites durant une longue fuite d'années, il n’y trouvera que des cercles ligneux très-circonfcrits, au lieu que faifant la même expérience fur les arbres dirigés d'origine , ou de longue 300 L main , fuivant notre méthode , on trou à vera tout le contraire, nos arbres groffif i fant plus en une feule année, que ceux:l ” en 4 OU 5. | On n’a jufqu’ici communément obferv ces couches & ces cercles produits pa! 1 l'empreinte du fuc qui fe forme chaque an née que dans les plantes ligneufes;mais nou! 1 les avons reconnus dans une foule d'autre“ plantes de toute nature ; & fans cherche“ au loin, vous trouverez dans vos plante domeftiques le femblable , fur-tout dans lé" plantes de vos jardins, qu’on nomme ra cines , panais, navets, carottes , raves M oignons , &c. L'une de ces plantes où ces” empreintes furajoutées du fuc nourriciet font plus diftinétement marquées ; c’efl” dans la betterave coupée tranfverfale- ment. Dans ces dernieres les cerctes ne marquent point les années , la plupatt étant plantes annuelles 3 mais feule ment les différentes progreffions fucceffis” ves du fuc nourricier s'épaifliffant & fe. coagulant. Comme ce n’eft point ici le” lieu dé traiter un tel fujet , nous n’infiftons point. 4 L 307 . LIMONNEUX, pris du latin, qui veut | ire limon. En parlant des fucs de la terre de ceux des plantes, il fe prend en bonne 2 mauvaife part: en bonne part, quand n parle des fucs de la terre & de ceux des vantes : alors il veut dire gluant, épais, gras, nétueux; en mauvaife part,pour exprimer Rsqualités défavantageufes de ces mêmes ucs & de ces mêmes plantes dans les mau- ais terrcins : alors limonneux veut dire mat , groflier , épais , bourbeux, &c. c’eft à différence de tout ce que produit une jonne terre franche, d'avec ce qui vicnt lans un terrein argilleux , glaifeux & ma- écageux. Voyez GELATINEUX. LYMPHE , LYMPHATIQUE, terme d'A. datomie pris du latin, qui veut dire eau, ou de fa nature de l'eau , ou qui contient de l'eau , ou bien toute liqueur approchante de l'eau. Les Médecins & Chirurgiens ap- pellent vaifleaux lymphatiques ceux qui contiennent une humeur aqueufe, ou d’eau. On dit , en terme d’Anatomie, des végé- taux les parties lymphatiques des plantes, cclles qui tiennent de la nature de l’eau. La 302 L feve cft lymphatique dans le plus grand nombre des plantes. LIMPIDE, pris du latin, qui veut dire u clair & tranfparent. On attribue dans la Phyfique du Jardinage la limpidité de l'eau à la feve , & l’on dit feve limpide. Dans la vigne , quand on la coupe dus » rant qu'elle eft en feve , ilen fort une quan: » tité d’eau prodigieufe , & cette eau eft fa plus limpide , telle que celle qui auroit été filtrée à pluficurs reprifes. C'eft la diffé- " rence de Ja feve de quantité d’autres végé- taux où elle eft vifqueufe, glutineufe , lai- teufe , &c. LISETTE ou CourE-BOURGEON. L'in- " fete à qui l’on a donné ce nom, à caufe : qu'il s'attache aux bourgeons tendres, & les coupe, cft en petit ce que le hamaeton cft en grand. Il vole & va d'arbre en «bre, & avec deux petites pinces, dont fa tête eft armée , il entame l'extrémité tendre : d'un bourgeon , & le coupe en deux. IE s'attache encore à quantité de plantes naïf- fantes , & à force de les pâturer , il les fait avorter : telles font entr'autres les raves, les cardons, les girofiées ; ces derni:res , | 3 393 il les affeétionne particuliérement. Il eft comme impoñlible de fe garantir des incur- fions de ce petit ennemi , qu'à peine on apperçoit , qui voltige fans cefle, & mar- che toujours en bande nombreufe. Tout ce que vous difent & tout ce que vous pro- mettent à fon fujet pour fa deftruétion les charlatans, font autant de fupercheries & d’impoftures pour attraper votre ar- gent. . LOBES eft un terme d’Anatomie , dont on fc fert pour défigner les deux parties du poumon. Ce terme a été introduit dans ce qu'on appelle la Phyfique du Jardinage pour exprimer les deux parties qui compo- fent certaines graines , telles que l’'amande, fruit de l'amandier , l’amande des noyaux, les deux paities aufli d'une feve , d’une amande de citrouille , melon , concombre, &c. à caufe de la reffemblance que ces deux parties peuvent avoir avec les lobes des poumons. Le bled, le feigle, l’avoine, & autres femblables , n’ont point de lo- : bes , ces graines font d’une feule piece. Ces lobes s'ouvrent lors de la germination, pour laifler pañfer la tige qu'ils renferment. 304 J Il eft de grands débats entre les Phyfciens au fujet des lobes ; favoir , s’ils font les mé? mes où non que ce qu’on nomme feuilles diffimilaires. La queftion eft bientôt déci- dée , quand on eft obfervateur. Certains Jardiniers du bas étage appel- Jent oreilles ces deux parties de l’'amande des melons , & ftupidement ils les cou- pent, fans pouvoir dire pourquoi. Par ce moyen ils font un grand tort à la plante naiffante , ces lobes lui fervant alors com-! me de mamelles. Sitôt que la plante n’a plus befcin d’eux , ils fechent & tombent d'eux-mêmes, fans qu'il en refte aucun vef- tige. Quand on demande à ces fortes d’hom- mes, pourquoi ils ne les Ôôtent point aux amandes d'aucuns noyaux lors de la ger- mination, ni aux feves de haricot, aux cardons , aux raves , à la poirée , ainfiqu’ toutes les autres graines germées , ils ne favent plus que dire. Les bons Maraichers & quelques jardiniers fenfés fe gardent bien ‘ de les ôter ; mais le commun du Jardi- page n’y manque pas : auffi les melonsainff | traités ont toutes les peines à nouer, & l’on | na Ca | L 350 #'a que dé mauvais melons. Telle en eft la £aufé en partie. LOGE fe dit dans lés plantes de quantité de petits efpaces vuides qui reçoivent & contiennent la feve. Loge, ou cellule , où partie cellulaire ; font la même chofe. L'é- ponge eft compoiée de toutes parties cel- lulaires , ou de loges. Le même a lieu dans les plantes. On les apperçoit à la faveur du microfcope. Il en eft où on Îes apperçoit palpablement, telles les moëlles du figuier, . du furéau , de la vigne & autres. LOIRS , & non pas LERRES, comme dit . le groffier du Jardinage. C'eft une forte de » rat de jardin , qui ne vit que dé fruit. Il . reffemble un peu à l'écureuii pour la figure & la couleur du poil. Il fait fon nid dans les arbres , comme les oifeaux. Cet animal cft fix mois & plus fans prendre aucune nourriture. Il dott le jour , & ne paroît que la nuit pour aller à la picorée, Il ne fréquente point les lieux habités ; mais il {e retire dans des creux d'arbres & dans des pierres , dans de vieilles murailles & dans les bâtimens abandonnés. Pour les prendre on leur tend' des pieges avec des amorces 14 306 F favoir , des noix, du pain d'épice , toutes fortes de fromages , des amandes, des ave- lines & des mendians de carême , des mor- ceaux de pommes, ou de poires gardées : jufqu’alors. Mais il eft un avis important & particuliers favoir , que pour les loirs il faut mettre l’amorce , ou la recette avant le commencement de la maturité des fruits, & dans le temps auquel ces animaux s'é- veillent pour fe débander dans les Jardins vers la mi-Mai. L'animal, lors des fuits muüriffant, ou mûrs, ne quittera pas aifé- ment fa pâture naturelle pour aller à une autre, & il s’en prend bien moins qu’a- lors. | LOQUE. Ce terme , quoiqu’ancien dans lc Jardinage , eft nouveau dans un fens. La loque n’eft autre chofe qu'un petit mor- ceau d’étoffe avec lequel on attache chaque branche , & chaque bourgeon à leur place dans les murailles , chaffant avec un mar- teau un clou fur chaque loque dans cette muraille. On dit paliffage & palifler à la loque. Ce paliffage eft feul en ufage à Montreuil , & aux villages circonvoifins. Là on ne fe L 397 . frt pagd'ofier , ni de jonc aux efpaliers. Le palifflage à la loque n'eft pas fi ma- gnifique que le paliflage fur les treillages peints en verd ; maïs il eft bien plus avan- tageux , il n'y a pas de comparaifon, pour l'abondance & le gout , la beauté & la maturité des fruits. En général plus un fruit quelconque approche de la muraille, plus il acquiert de qualité , de couleur & de faveur. Telle eft la raifon pour la- quelle les fruits de Montreuil font fi re- cherchés. LOQUETTES. Ce font ces petits mbor- ceaux d’étoffe avec quoi l’on palifie à Mon- treuil. | LOTION. Voyez LESSIVE. LOUCHET , outil du Jardinage , dont on ne fait l’étymologic. Il eft fait comme la beche pour la figure , à l'exception que Ja beche eft toute de fer, & que le louchet eft de bois garni de fer tranchant pour fen- dre la terre. Il eft fort d'ufage en diverfes provinces. LOUPES. Il vient de la Chirurgie. Ce font des groffeurs qui naiïflent aux écor- L' 308 EF ces & à la peau des arbres , comme à nous les excroiflances de chair. On peut les couper fans danger , dès leur naif- fance , en y appliquang l'emplâtre d’on- guent S. Fiacre , mais non quand elles ont vicil. LUBRIQUE,, terme de Médecine , qui veut dire ontueux , gluant , limonneux. Il y a dans l'écorce de toutes les plantes , &c fur-tout dans les racines , une humeur lubrique, qui fert à faire couler la feve. Sans ce lubrique, ellé ne pourroit , ni mon- ter, ni couler , pas plus que notre fang dans nos veines , pas plus que les alimens dans notre éfophage & notré gofier ; ni que les excrémens dans nos inteftins fans un parcil gluant , fans un fembiable onétueux & li- monneux , qui en facilite l'écoulement &z ic paffage. On dit auffli labrifier , ou lubré- fier , pour dire rendre lubrique & gliffant. — - M 309 M M ACHINAL, mot pris du latin. Il veut dire le bâtis , la carcafle , pour ainfi dire, des plantes. Il eft pris aufli pour la mécha- nique & le jeu des reflorts qui agiflent en iles. C'eft encore la difpofition , l’ordon- nance , la correfpondance , & le concours de toutes les parties entrelles, leur aflem- blage , leur emboitement , comme celui des os dans les cavités , ou des tenons dans leurs mortaifes. Le machinal pris dans un autre fens, & confidéré , dans quantité de nos Jardiniers, par rapport aux opérations du Jardinage, veut dire cette routine aveugle qui les guide d'ordinaire. | MALADIES des planres. Elles ont , com- me nous, des dérangemens de fanté cha- cune, fuivant fon efpece. Les maladies des plantes font aufli nom- breufes que celles des animaux raifonna- bles & autres. Il en eft , comme en nous, V 3 310 M d'internes & d’externes , de naturelles & d’accidentelles, ou occafionnées , &c. On n'a pas encore étudié à fond, nicon- nu les maladies des plantes , faute de cette. connoifiance de la nature, appellée Phy- fique inftrumentale. Un Médecin & un Chirurgien qui ignorent les caufes des ma- ladies , faute de favoir la ftru@ure du corps humain , ne peuvent pas les traiter , ni les guérir. en eft de même du Jardinier , qui doit étre le Médecin & le Chirurgien des plantes. Nous donnons dans notre Ouvrage non- feulement le dénombrement des ces mala- dies, & nous en aflignons les caufes ; mais nous prefcrivons les remedes fürs, ce qui n’a point encore été fait. MALE, PLANTE MALE, PLANTE FE- MELLE. La queftion des deux fexes dans les plantes eft un jeu d’efprit qui n'intérefle point pour la pratique. MANNEQUIN. Arbres en Mannequin. Ce font des arbres que des Jardiniers tirent de terre, & mettent dans des mannequins, ou panicis d’ofier , lefquels enfuite ils re- M 311 mettent en tetre pour les lever & les tranfplanter avec leurs mannequins. C'eft , peut-être , la plus maudite ma- nœuvre du Jardinage : on croit jouir plutôt en plantant de tels arbres ; mais ces arbres, pour mille & mille raifons, ne réufliflent jamais. Voyez PANIER. Il n’en eft pas de même des arbres er7- mannequinés dans le jardin même , & avec les précautions requifes , dont eft fait men- tion en {on lieu. MARAIS. Voyez LÉGUMES & LÉGu- MIERS. MARAISCHEÉS , JARDINIERS MARAIS- cas. Ils ont été ainfi nommés à caufe qu'ils conftruifent leurs jardins légumiers dans des bas, par rapport à ce que les lé- gumes y viennent mieux qu'aux endroits élevés , & que les puits y font moins creux, & aufli par la confidération du tranfport plus facile des fumiers. Les Jardiniers ma- raifchés de campagne autour de Paris, & fur-tout dans la plaine de S. Denis, portent leurs denrées à Paris. ILeft des villages nom- breux , où, en pleine campagne , on fait venir les gros légumes en une quantité V 4 312 M prefque incroyable. Ces Maraifchés font différens des autres qui font autour de Pa- ris dans les fauxbourgs : ceux de campa- gne ne s'appliquent pas, comme ceux de Paris, aux menus légumes & aux plantes hâtives , ni à faire des couches, comme ces derniers. Ces Ouvriers font les plus grands travailleurs du Jardinage. Il eft fait, de ces travailleurs, mention plus ample en plus d'un endroit de notre Écrit. MARCOTTE , MARCOTTER. On ne voit pas trop l’origine de ce mot. C'eft faire prendre racine à un rameau de quelque plante en le couchant en terre. | Deux fortes de marcottes, la fimple , & celle à entaille. La fimpie fe fait en cou- chant fimplement en terre quelque rameau de celles des plantes qui prennent aifément racine. C’eft ainfi qu'on marcotte la vigne, le figuier , le coignaffier , le jafmin , le gro- feiller , le murier & autres. La marcotte à entaille eft celle qui fe fait par une incifion au rameau , avant que de ie coucher en terre & telle on la pratique aux rameaux d’oœctkiets. Foutes ces marcottes on les {cvre en les M 313 coupant au-deffus de l'endroit où elles ont pris racines, & on les tranfplante. Il eft une façon entendue de marcotter la vigne, & de fevrer les marcottes. La pratique uni- verfelle eft de coucher tellement quelle- ment en terre, & de tirer à force dans le temps pour l'avoir , puis de couper fort près les racines au plus grand nombre d’el- les. C’eft mal travailler , il faut lever ; il en réfulte des avantages infinis. MARNE , MARNER ,;, MARNEUX. La marne eft une terre graffe , qui tient beau- coup de l’argille. Les Jardiniers la laiffent aux Laboureurs , qui en tirent de grands avantages. On appelle terres marneufes , celles qui tiennent de la nature de la marne, ou bien celles où cette terre domine. Voyez ÂR- GILLE. | MASSE, en Phyfique, veut dire amas. On dit l'air en mafñle , quand il eft ramañlé; & au contraire , quand il eff divifé, mot- celé, épars , on dit l'air en bulle. C'eft de cette derniere façon que l’on confidere l'air, quand , chaffé par le feu , lorfque l'eau com- . mence à frémir avant de bouillir , on voit 314 M de petites bulles s'élever du fond du vafé | qui le contient. Voyez MOLÉCULES. MASSIF ou ÉpPaïs, c’eft la même chofe. On à donné ce nom à certains arbres, qui, à mefure qu'ils pouflent du haut , font coupés en forme de planifphere, ou plate- forme. On les tond avec des croiffans fort longs & des cifeaux de même : ces maffifs font des maflifs réguliers. Il en eft d’irré- guliers , qui font en pente & en glacis. Certains Jardiniers qui ent de pareils maf- fifs , au lieu de les tondre dans le temps de la pouffe & en verdure , laiflent croître Îles bourgeons, qui forment de vrais hériflons, faifant un vilain coup d'œil. D'ailleurs ces maflifs font pratiqués pour ne point ôter la vue, au lieu que ces fortes de bour- scons hérifiés, vilains à voir, Otent cette vue, & tels Jardiniers les élaguent d'hiver: des maîtres , bonnes gens , le veulent bierr. Volenti non fit injuria. Voyez; MOULER. 5 MAT veut dire brut, groflier & non travaillé. On dit, en parlant des fucs de la terre, fans être cuits , ni fubtilifés , mais cruds & indigeftes, qu'ils font mats ; & tcls font ceux des atbres à greffes enterrécs. | | | M 315 L'humidité de la terre qui imbibe la greffe, à qui il faut du fec, délaie trop, abreuve trop, & morfond les fucs qui pañfent alors par fon canal. MAXIMES , SENTENCES , PROVERBES, regles de conduite qui fervent dans la fa- con de gouverner les plantes, font la mê- me chofe. MÉCHANIQUE , terme grec, qui fi- gnifie ce pourquoi il faut des outils & divers inftrumens. Ce mot au pluriel fignifie les arts qui s'exercent plus par les forces & le travail du corps, que par les talens de l’'ef- prit. Ce n’eft pas que les derniers n’y en- trent pour quelque chofe ; mais les autres prédominent. On dit la méchanique des plantes, comme on dit la méchanique du corps humaïn. Voyez CONFIGURATION, CONFORMATION , MACHINAL. MÉCHANISME eft l'aflemblage, ainf que la fonction de toutes les diverfes par- ties qui compofent un être vivant. Voyez MACHINAL. MÉDICAMENT , pris du latin ; médi- camenter les plantes. Par médicamenson entend tout ce qui peut foulager & guérir. 316 M MÉDICAMENTER es plantes ; c'e employer les remedes convenables à la na- ture de leurs maladies. Mais auparavant il faut connoitre, & les maladies, & les dif: pofitions des parties qui compofent lin- téricur des plantes, & la vertu des reme- des. Qui cfi-ce qui fait toutes ces chofes parmi les Jardiniers ? Qui font ceux qui s'empreflent de guérir ? & que d’arbres pé- riflent faute de fecours? On a plutôt fait de rcplanter , fur-tout de la façon dont le vulgaire plante. Quantité de Jardiniers vous difent , au fujet d’un arbre qui meurt faute de foin, bon, il n’a point d’ame à fau- ver. Poyez BOUILLON. MEMBRANE , terme d'Anatomic. Elle eft une peau formée d’un tiflu de fibres dis verfement arrangées , & entrelaflées enfemk ble , qui font plus ou moins épaifles , plus ou moins étendues , fuivant les parties u’elle couvre, ou qu’elle renferme. Leu# ufage cft de fervir d'enveloppe aux parties pour lefquelles elles font formées, & d'y pratiquer des cloifons pour les féparer des autres leurs voifines. On dit la membrane du foic, de la ratte , &c. Dans l’Anatomie M 317 des plantes , il eft de pareilles membranes, fur-tout dans les pulpes des fruits , & dans les feuilles. Les peaux de toutes les plan- tes & de tous les fruits font autant de mem- branes. MEMBRANEUX, veut dire, qui eft de là nature de la membrane , ou qui a une membrane , ou des membranes, MEMBRE. J'oyez BRANCHE. MENSTRUES , dans les plantes, font le même, en un fens , qué dans les animaux vivans Où elles ont lieu. Ce terme ef pris ici dans un fens différent que dans l’Anato- mie , & dans un fens d'application. Les châtaigniers, les novers , & quantité d’au- tres arbres , ont de ces fortes de faufes- fleurs qualifiées de menftrues. Ce font des efpeces de guirlandes longucttes, & qui font un amas de petites fleurs srouppées , pen- dantes vers le bas. Elles précédent toujours la fleur , & il ne vient point de fruit ailleurs oüpareilles chofes ne fe rencontrent point. Elles ne durent que quelques jours, puis {c fanent , noirciffent & tombent. Quand au printemps l’on pañle fous des noyers, on voit la terre qui en eft couvertes. A leur 318 M figure , par terre , alors on les prendroiti pour des chenilles. Que de merveilles €a-! chées dans la nature ! Pourquoi ces moyens employés pour faire frudtifier ces arbres, & point les autres ? Pourquoi ces derniers donnent-ils leurs fruits , fans ces fortes d’a- vant-coureurs & de fignes de fécondité, & non ceux-là ? Indépendamment de ces amas de fleu-| rettes , appcllées communément des cha- tons, il eft à chaque fruit du noyer deux petites fleurs jaunâtres, ou une feule à la tête du fruit, formant comme un croif- fant. Au mois de Mai, quand les châtaigniers pouffent leurs chatons dehors & fleurifient, il fe répand dans l'air un gout fade, que nombre de perfonnes ne peuvent fuppor- ter, & dure environ quinze Jours , ou trois femaines. Voyez CHATON. MESQUIN. On dit arbres, branches, fruits mefquins & poufles mefquines , quand toutes ces chofes font mal faites & mal configutées. Voyez RABOUGRI. MÉTHODE, terme ufité en Jardinage pour dire facon de régir & de traiter les | | M 319 plantes & les arbres fuivant des principes & des regles. Il n’eft point d’excrément du Jardinage qui ne fe fafñle une méthode à fa guife, la- quelle il a la fotte vanité de croire la plus excellente , quoique fans principe & fans taifonnement. La méthode de Montreuil eft la feule qui {oit füre pour avoir de beaux arbres, d’un prompt rapport , d’une longue durée , & des fruits exquis. Mais ceux des Jardiniers qui croient & qui difent la connoiître, n’en ont pas la moindre idée. De plus , à Mon- treuil même un grand nombre eft novice encore , fur quantité de points très-impor- tans des pratiques eflentielles que nous avons réformées , ou perfetionnées. MEUNIER. Voyez BLANC. MIETTE , MIETTES DE TERRE, METTRE LA TERRE EN MIETTES. ’oyez AMEUBLIR. On ne doit, quandon plante, mettre que de Ja miette fur les racines , & jamais, ni mot- tes, ni pierres: on devroit pañler la terre a la claie , ce feroit le plus für expé- dient. MOBILE , MoBiLiAIRE, MEUBLE en 320 | M parlant de la terre. Voyez AMEUBLIR ; EMIER, | MoBiLe veut direencorela principale cau- | fe de quelque chofe que ce foit. Le grand | mobile detout ce qui fe paffe quant aux plan- tes , c'eft l'air, comme fait l'or pour les chofes de ce bas monde. MOLÉCULES , terme de Phyfique. Il fe dit de l'air. Molécule eft un diminutif de mañe; il veut dire petite mafle. On fuppole , comme il eft de fait, que l'air étant pefant, appuie, prefle & pouffe, ce qu’on ne peut concevoir, fi l'on n'admet, point dans lui une pefanteur , & ce qu'on. appelle gravitation , ou la faculté d’ap- quyer , de prefier , & de poufler forte: ment. | MONTÉE, MonTER, s'entend dans le Jardinage en bonne & en mauvaife part; 1%. pour toute produétion qui s’éleve con- venablement ; 2°. pour tout ce qui au lieu ou de pommer , ou de s'étendre fur terres monte en graine. On dit de la feve qu’elle monte, qu'elle defcend.Quand 8 après une gelée blanche , les gens de campagne voient, la rofée monter , ils annoncent de Ja pluie : M 325 pluie : je même eft par rapport au brouil- lard. à MONTREUIL, Village à une lieue , où … environ de Paris. C’eft l'endroit de l'Uni- vers où l’on cultive le mieux toutes les plantes dont on fait commerce des fruits. - On a fupputé, à vue de pays, à combien pouvoit fe monter la vente des pêches feu- ss, & l'on a trouvé qu'elle pouvoit aller, bon an, malan , à cent mille écus ; qu'il . s’y vendoit pour environ dix mille écus de fraifes ; les autres fruits , fleurs & denrées peuvent encore aller à autant que le tout. Mais il ne faut pas imaginer que le tout foit . pur gain. Les frais de loyérs de terre , de murs, de fumiers , de voitures , d’échalas , de journées d'hommes & de chevaux, ainfi que tous les faux frais, confument beau- coup ; à quoi ajoutez que le Village paie de fortes impofitions au Roi tous les ans , . &z que les loyers des terres y font prodi- gicufement chers. Le Village & ceux ad- jacens , ne font point ce qu'on appelle ri- ches ; l’on y vit, mais à force de travail & d’induftrie. Pour quelques-uns qui ont de- quoi, il en eft d’autres qui ne font rien à 7 + Pos 312 M moins qu'opulens ; perfonne ne fait mieux que nous ce qui en eft. | Il y a énviron un fiecle & defni, que le gout de travailler le pêcher s’y eft introduit, fans qu'il ait tranfpiré ailleurs que depuis environ quinze ou vingt ans. Maintenant la méthode de Montreuil a percé & s'étend de toutés parts ; mais particuliérement au fauxbourg $S. Antoine à Paris, où nombre d’excellens Jardiniérs vont de pair avec Montreuil, & en une foule d’endroits où nous l'avons admife ; mais elle n’a point tranfpiré encore dans les Provinces , ni dans les pays étrangers. Les Anglois, nation la plus induftrieufe , curicufe & inventive , ne la connoiflent en façon quelconque, quoi que prétendent à ce fujet quelques curieux parmi ceux de cette nation. Quelques Jar- diniers Anglois , appellés ici pour Îes ana- nas &c les ferres chaudes , mais les plus no- vices fur tout le refte du Jardinage réglé &z raifonné , ne peuvent la digérer cette mé- M thode, & ils la bliment hautement fans la connoiître. Il n’en eft pas ainfi de quantité de perfonnages d’un mérite diftingué parmi ces Infulaires , gens fenfés , qui raïfonnent LT ": A | M 325 & refléchiffent. Ces derniers l'ont idmif avec connoiflance de caufe. On ne fait nul doute que les curieux , parmi ceux de cette contrée, ne l’embraflent , dès qu'ils l’au- ront étudiée & approfondie : elle eft digné de la fagacité particuliere de ces hommes de génie , comme il eft fort en fa place qué d'autres , fans principes quelconques , in- fatués de leur prétendu mérite , la blâment fur l'étiquette du fac, comme on dit. Montreuil, quant à la culture des arbres, eft un nom colle&if, c’eft-à-dire, qu’il comprend les Villages circonvoifins ; Ba- gnolet , Vincennes , Charonne & autres. Voyez; MÉTHODE. MORFONDU fe dit en Jardinage de la . feve lors du printemps , & à l’occafion des greñes enterrées. Quant au printemps , il eft certains coups de foleil vifs , qui d'a- bord mettent tout en mouvement , & font monter précipitamment la feve , & enfuite à ces coups de foleil fi pénétrans fuccédent tout-a-coup des vents de Galerne , dont le froid faifit & refroidit ces arbres, où cou- loit d’abord rapidement la feve: on { fert alors du terme de morfondre, pour expri$ X 2 Ps - 324 M mer ce qui fe paffe dans les plantès. Il leus afTive CE que nous éprouvons nou$-mé- mes , quand , pañlant fubitement d’un ex- cés de chaleur à un froid faififfant , nous fommes frappés de fluxion de poitrine. Il fe fait alors en mous un mélange & un bouleverfement d’humeurs qui brouillent le fang. Le même arrive dans les plantes 3 & c'eft de-là que vient cette maladie, fi fatale au pêcher , qu’on appelle la cloque, ou la brouiflure. On dit encorc feve morfondue en par- lant des grefles enterrées. Ainfi quand par l'impéritie & la mal-adrefle du Jardinier, dont il n’eft prefque aucun qui fache plan- ter, la greffe eft enterrée, la feve qui pañle par ces greffes qui font abreuvées par l’hu- midité de la terre , ne peut être que mor- fondue. Les greffes des arbres font faites pour recevoir les impreflions de Fair, comme les racines font faites pour lhu- mide de la terre , & non pour l'air. De mé- me donc que les racines qui font faites pour l’'humide de la terre périroient à l'air, de méme auffi les greffes qui font faites pour l'air , fe trouvent fort mal d’être étouffées M 32$ &z motfendues dans la terre. Ce fujet, on ne peut trop le rebattre, ni trop infifter deffus à raifon de fon importance , & parce que le mal eft prefque univerfel. | MOTTE à plufieurs fignifications. On entend par mottes de terre, ce qui étant defféché par le hâle , fe durcit & fe fcelle. Jamais en labourant on ne doit laifler de mottes. Voyez ÉMIER. On dit planter en motte, quand on leve un arbre avec fes racines, en total , ou en partie , la terre tenant au pied: il ne fait pas bon planter en motte des arbres trop vieux ; c'eft temps , peine & argent perdus. Pendant quelque temps ces fortes d'arbres paroiflent réuflir, & au bout de cinq, fix, fept, ou huit ans, il faut replanter. Ceci eft d'après l'expérience la plus confom- méc. Jadis on plantoit en mottes , & gens qui ne raifonnent point le font encore. La pra- tique eft vicieufe , en ce que l'on eff force de couper rafibus de la motte teutes les ra- cines qui font le premier principe de toute végétation. Cela réuflit par fois , mais avec des dépenfes énormes. X 3 326 M MOTTE fe dit encore de tout ce qui cf planté, ou femé dans des pots, & qu'on tire de ces mêmes pots pour les tranfvafer, ou pour les mettre en pleine terre. Suivant la méthode du préfent Diionnaire , qui a pour but de fuivre en tout, d’imiter & de feconder la nature , tes mottes dont eff ici queftion , font d’un fréquent ufage ; on n'arrache rien de tout ce qu’on tranfplante, arbres , arbrifleaux, légumes & fleurs , foit en les tirant des pots pour les placer fur couche, foit pour les mettre en pleine terre. eft queftion de fe conduire convenable- ment quant à ces mottes, & ace fujet on fe fert des termes fuivans. Ménager la motte, ne point ébranier la motte , ne point l'éventer, la brifer DURE à déranger, ne point la châtrer. Ce dernier mot cf fort impropre , & a une fignifica- tion odieufe. Il eft donc queftion d'enlever & de tirer du pot une motte pour la placer quelque part que ce foit. Alors renverfer fe pot fans deflus deflous, puis par un pe- tit Chranlerment la faire fortir pour la met- te en place fans la déranger, mais en la laiffant dans fon entier, , M #7 Tous les Jardiniers font dans l’ufage, de ce qu'en terme de Jardinage ils appellent châtrer la motte, quand ils dépotent quoi que ce foit. La. plante pouffe quantité de filets blancs, qui, ne pouvant peïcet le pot , fe replient le long de la motte en deffous & tout autour. Or ces filets blancs, qui font autant de racines épanchées , les Jardiniers les coupent tout autour & en deflous. Ils ne favent pas que ces mêmes racines, quand on met la motte en terre ; ou dans un vafe plus grand, fe détachent de la motte par leur extrémité, & fuivent eur diétion en s'épanchant dans terre, 8 que de couper tous ces filets blancs, c’eft faire à ces racines autant de plaies d’où fort te fac nourricier , & qu'il faut qe la na- ture les guérifle. Jis font plus. Au lieu de ménager la motte, pour ne point-Ja brifer lorfqu’ils la mettent en terre, ils appuient , au con- traire , à force cette terre contre la motte, & , de toute néceflité , ils la brifent ; au lieu qu'il faut tout fimplement la pofer dans un trou proportionné, & approcher lé- X 4 328 M gérement la terre tout autour ; l’eau qu'ofr y met la foude avec la terre. | MOUCHE NOIRE. C'eft une mouche de la petite fpece, qui, COMME une co- lonie nombreufe , va parbande , & fe fixe fur certains arbres & fur certaines vignes. Elle les charbonne par fà fente au point qu'on les croiroit pcints exprès en noir. Laver alors, éponger , frotter à diverfes reprifes. Il n’eft pas d'autre cxpédicnt con- tre cet infeéte. MOULER des arbres > veut dire , en les taillant aux cifeaux , leur faire prendre di. verfes figures. On fe fert aufli du terme de figure en parlant des ifs. On fait prendre à tous les arbres telle fi. ‘ gurc qu'on veut, en Îles moulant de jeu- nefle. À Marly & à Verfailles, il eft de ces arbres moulés qui forment des corps d’Ar- chitcéturc , des portiques ayce des cintres, des timpans , des aftragales , des pilaftres , des chapiteaux , des bafes , des picdeftaux, des corniches, &c. La facon la plus ordi. naire de mouler des arbres , eft de les dref. {er en boules, ou en pommes, & en maf- {s. Voyez BOULES, Mass1rs. M 319 MOULES, terme pris des arts mécha- niques , & employé dans la Phyfique du Jardinage , pour exprimer la façon dont la feve fe modifie & fe diverfifie à l'infini dans les plantes. De même que ce font les dif- férens moules où l’on jette le métal fondu qui forment les différentes figures , de mé- me la feve eft configurée dans les plantes fuivant les différens couloirs d’elles-mé- mes par où elle ee Voyez COULOIR , CA- LIBRES. MOUSSE. La mouffe eft véritablement une plante qu'on aappellée parafite à raifon “de ce qu’elle vit aux dépens des arbres fur qui clle croit. La moufle a , comme tou- tes les plus grandes plantes , des racines, un tronc , des branches , des feuilles , des fleurs & des graines. Nos yeux ne font pas capables de diftinguer toutes ces chofes ; mais le microfcope les fait voir dans la moufe. La moufie fait tort aux arbres , en ce qu'elle empêche leur tranfpiration , en ce qu'elle tire à elle les fucs , & qu'elle vit de Ja fubftance des arbres , & en ce qu'elle gâte leur peau par l'application des petites srif 330 M | fes de fes tacines qui entrent dans cette peau & qui la piquent ; ‘enfin parce qu'ell morfond la feve par l’humide qu’elle retient. On dit en Jardinage émoufler. C'eft avec un petit morceau de bois fait en forme de lame de couteau , où même avec le dos dé la ferpette gratter les parties mouffeufes. dés arbres. Jamais on ne doit émoufiet qu'après des humidités. On dit arbre moufleux , celui qui eft couvert de moufle. MUCOSITÉ , MUQUEUX , terme de Médecine pris du latin. Il fignifie la mé- me chofe que lubrique. Voyez LUBRIQUE, RACINES. MULE de fumier. Quelques-uns difent meule. C’eft un amas de fumier qu’on éleve à telle hauteur que l'on veut pour s’en fer- * vir au becfoin. MULOTS. Secret pour s’en débarraffer. Poyex Loirs. Ce qui eft dit des loirs pour : leur deftruétion , eft applicable aux mu-. lots. | | MURS , ou MUuRAILLES. Murs coupés 1 & pratiqués en tout fens. Ce font les pe- M 331 its murs pratiqués à Montreuil pour brifer #s vents. Voyez BRISE-VENTS. "MUR , maturité des fruits ; elle fe fait ap- ércevoir, pour peu qu'on ait d'ufage de à façon de gouverner les arbres. Grand ombre les prefle en enfonçant leur pouce ledans ; ils y font des contufons qui les léshonorent & les font pourrir. M. de la Quintinie fe fiche rudcment contre ecs atineurs qui font ainfi des contufions aux fuits. » MUSCLES, terme d’Anatomie. Ce font dañs le corps humain des parties charnues qui font un tiflu de fibres capables de ntraétion , d’extenfion & de relache- ment. Ces mêmes parties fe font apper- voir en plus d’une façon dans les plan- tes. On ne peut, par exemple, fuppofer ce double mouvement que nous apperce- vons fi manifeftement dans la fenfitive, à Poccafion de notre attouchement , ou à loccafion du froid & du chaud, de Fhu- mide & du fec , qu'en l’attribuant à l'aétion des fibres mufculaires qui éntrent dans la compofition de fon être , ou dans la con- figuration de fes parties. Il eft une infi- 332 M nité de plantes où le femblable fe re contre, c'eft-a-dire, ce double mouve ment de contration des mufcles & 4 leur relâchement. Elles penchent leur feuilles 8 leurs fanes lors de la grand ardeur du foleil , & au ferein, & aL roféc elles les relcvent. Les fleurs durant le jour s’'épanouiflent communément , & fe ferment la nuit ; du moins tel eft Le plus grand nombre , leurs branchages plient au gré des vents, s'élevent s'abaiflent ; or le tout , & autre fem blable, ne pourroient avoir lieu , fi da les plantes il n’étoit point des parties mu= culcufes capables de reffort. CR N 333 Le N N'ATURALISTE eft celui qui s’appli- ue à la confidération & à l'étude des ef- ts de la nature dans les êtres vivans & in- nimés , qui font partie de ce qu’en appelle : matiere univerfelle. NATURALISTE , dans ce qui concerne le ardinage & la végétation , eft un obfer- ateur qui ne laifle rien pañler de tout ce juc la nature offre à fes veux , fans le faifir Y fans l’examiner , pour en connoitre la aufe & le principe , & agir en confé- juence quant au gouvernement des plan- es; c’eft un obfervateur & un cultivateur out à la fois. Quelques Naturaliftes ont pris à gauche Y fe font écartés du vrai, en prêtant à la . ture des vues & des idées qu’elle n'eut amais. Plufeurs ont induit une foule de perfonnes en erreur, à qui ils promettoient au-delà de toute efpérance. L'Ouvrage, en- trautres, de Bernard Palifi, &: autres de du Médecin Agricola , ne font remplis qu d'exagérations , & de toutes chofes impra ticables. Parmi quantité de morceaux € cellens répandus dans les Mémoires célé bres des diverfes Académies fur l’Agricu ture & la végétation, il en cft où , faut d'être cultivateurs, des hommes de géni d’ailleurs ne rencontrent pas toujours juftel & c'eft ce que , fans déroger à l’eftime & la vénération dues à leur éminent favoir | nous démontrons en temps & lieu. Pline entrautres, eft un grand Naturalifte. 1 NATURE. Ce mot a bien des fignifica: tions. Le fens le plus ufité, quant au Jar dinage , & quant à tout ce qui en dépend. c'eft celui qui nous repréfente la natures comme le principe univerfel , & la caufe dk | toutes les produétions dela terre.C'eft cerorl dreadmirable& invariable qui regle le COurSÈ Ordinaire de tout ce qui fe pañle dans Iesk plantes & hors des plantes. C’eft l'affem-l blage & le concours de toutes les caudes particuliers , qui toutes enfemble coopé rent à la naiffance , à la formation , à lac croiffement , à la confervation , à la mule Ed D N 335 Hplication & à la fécondité des plantes. C'eft, en un mot, tout ce qui ne dépend en aucune façon de l’art des hommes ; mais que cet art toujours fuppofe comme pre- mier principe. NATURE pris dans un autre fens, veut dire qualité , propriété , vertu , efpece. On dit chaque plante a fa nature particuliere, changer la nature d'une terre, qui, par elle-même , eft ingrate & ftérile. La nature d'un tel fruit , d’un tel herbage, pour dire leurs qualités particulieres. NAVRURE , du mot NAVRER , em- ployé dans fa fignification propre en Jardi- nage. Il eft terme aufli de Treillageur & de Tonnelier. Navrer une branche, ceft donner un coup de ferpette , ou d’un outil tranchant , pour enfuite , en appuyant def- fus , ouvrir l’entaille, après quoi l’on rap- proche les parties divifées , & on les atta- che avec une ligature, y mettant l’onguent S. Fiacre. Ce moyen ef efficace pour em- pêcher, par exemple , qu'une branche ne prenne trop de fubftance dans un arbre trop fort d’un côté, & maigre de l'autre, Elle a lieu en quantité de rencontres. Nous 336 | N dirons à quelle occafion nous avons intro: duit une telle opération dans le Jardi- nage. | | NIELLE, & non pas NUILE ; NIELLER, & non pas NUILER , comme difent nom- bre de Jardiniers. C’eft une humeur âcre qui vient de l'air , & qui endommage beau- coup les plantes. Quelques Jardiniers charlatans fe font fort , & fe vantent de préferver les plantes de la niclle. Ce font des fourbes. Quantité de Phyfciens, dans ces derniers temps, ont donné diverfes diflertations fur la nielle. Ils s'efforcent de remonter à fon origine , à fa caufe, & à fes divers effcts, Ils prefcrivent divers préfervatifs 8 des an- tidotes qui n’ont poirit encore produit tous les effets qu'on attendoit. Il faut efpé- rer qu'enfin on arrivera à quelque décou- verte qui comblera nos vœux. Les moindres des gens de. campagne ;: travaillant à la terre, prétendent que la nielle des bleds vient tout-a-coup, & fe manifefte en 24 heures. Voici un fait re- cueilli par tous nos Campagnards. | Le foleil fe leve dans toute la fplendeur N 337 la plus brillante , & tout à coup du fein de la terre, ou d’en haut, on voit éclorre un brouillard le plus épais. Le foleil, après aveir ceflé pendant quelque temps de dar- der fes rayons fur la terre , reparoït fur l'horizon dans tout fon éclat. Alors tous nos bonnes gens de campagne s'accordent à dire, gare La nuile pour les bleds , ou bien, J'aurons du velin , pour dire du venin , autre- ment des infeétes dé toute nature. En effet, ce qu'ils prédifent ne manque pas d'arriver. NITRE , NITREUX , SEL’ NITREUX » termes de Phyfique. On l'appelle aufli fal- pêtre. C’eft un fei qui eft fort répandu dans toute la nature, fur-tout dans les bâtimens _ humides, dans ceux qui font vieux & ca- ducs. C'’eft une forte de minéral chaud par lui-même , fec & mordant , actif & pro- _duifant du mouvement. On fuppofe la ni- tre être un agent fort puiflant pour la vé- gétation. La terre ne pourroit produire fans lui. Tous les Phyficiens l’exaitent au- deflus de tous les autres agens de la végé- tagion ; & du temps de Virgile , on en fau- poudroit les terres pour les faire produire. H {croit dangereux d'en uier fans de fages 355 N précautions. On dit le nitre de Fair, parcë qu'il en porte par-tout avec lui. La neige eft bienfaifante aux plantes , parce qu’elle eff, dit-on , nitreufe , c'eft l'opinion com- mune. NODUS eft un mot latin, qui veut dire nœud. Il eft employé dans la Chirur- gie, d'où il a pañlé dans le Jardinage. On appelle rodus dans la Chirurgie toute srof- {cur, foit naturelle , foit contre nature , qui fait quelque faillie en quelque partie du corps humain. On dit les zodus des doigts faifant la jonétion des articles; on dit de même les rodus du bled & des autres plan- tes femblables, où le long de la tige font des groffeurs faifant faïllie, & ces fortes de rodus font dans l’ordre de la nature pour des raifons qui ne font point du préfent fujet. Les nodus qui font contre nature {font des tumeurs qui ont pour principe un dépôt d’humeurs vicieufes : tels dans les gouttcux les nodus qui fe rencontrent aux jointures, & qui y font des dépôts d’nu- meurs virulentes , & aufli les tumeurs & groffeurs occafñonnées dans le corps hu- main après la guérifon de certaines plaies N 339 aux parties af & charnues. Le même eft dans les plantes , quand , par des coupes vicieufes & des plaies réitérées, il fe fait en clles des tumeurs faillantes de quantité de bourrelets cicatrifans. Une plaie n’eft pas encore fermée , que l’année fuivante à côté d'icelle, au-deflus & au-deflous , on en fait de nouvelles formant de nouveaux calus, J'un auprès de l’autre , ce qui occafionne ces gros rodus fi difformes. Une branche, un gros bois , auront été forcés, tors, contournés par quelque caufe que ce puifle être ; alors il s'y forme des zodus par l'ac- ccflion du fuc nourricier. Il furvient une grêle fort grofle fouettée par le vent , la- quelle hache , brife , & enleve la peau, faifant des contufions & plaies fur plaies : alors par-tout aux vignes, comme aux ar- _ bres ce ne font que de ces fortes de rodus. Pour le tout font des remedes fürs , mais, Ou ignotés , Ou négligés. NOGUETS , ou Noquers. Ce terme cft d’ufage à Montreuil. Ce font certaines mannes d’ofier fort plates , fur lefquelles les gens de Montreuil arrangent leursfruits, dans de pétits paniers d’ofier aufli , pour à 340 00 les porter au marché. Ces noguets , ils les portent fur leurs têtes. Voyez PANIERS. NOMBRIL. Le nombril des fruits eft ce qu'on appelle la tête, ou la couronne; c'eft dans les fruits la même chofe que le nombril de l'enfant , qui eft la cicatrice du boyau coupé, par lequel il tenoit à la mere. Le nombril du fruit eft dans le mé- ime fens la cicatrice d’une forte de petit boyau , par lequel le fruit , avant que d’être noué, tenoit à l'œil, ou bouton de la fleur. NOUER fe dit de toutes les plantes qui portent des fruits, ou des graines. Le fruit eft noué, quand, de la fleur épanouie, fort le fruit formé en petit. On dit que les graines , Ou grenailles nouent , quand la fleur épanouicauffi fait voir la coffe formée également en petit. NOUEUX fc dit des arbres & de leurs tiges , quand il s'y trouve beaucoup de nœuds & de calus. Ne planter jamais de jeunes arbres dont la tige foit noucufe ; mais de ceux en qui elle eft bien unie. Ces nœuds , qui font les anciennes plaies des fouftraétions de branches faites le long de N 34Y latige, & lefquelles ne font point encore totalement refermées , marquent peu de vigueur dans l'arbre. De plus, quelle dif- férence pour la facilité du pañlage & de la communication de la feve par une tige lifle & unie, avec une autre raboteufe, remplie de rodus & de cicatrices entañées une fur l’autre, qui font un obftacle au cours de la feve? C'eft la différence d’un tuifleau , dont les eaux coulent fans obf. tacle quelconque, d'avec un autre où fe trouvent des pierres & autres, occafionnant des détours. Voyez Nopus. NUD. Planter à nud, c’eft-à-dire, les racines à découvert , & non en manne- quin, ni en motte, nien pots. Toujours planter à nud, on voit ce que l’on fait, & Jon fait à quoi s'en tenir ; autrement on agit en aveugle. Les racines peuvent étre chancies , pourries , chancreufes , &c. fans qu'on puifle le voir & y remédier, © 3 OBLIQUE. Voyez; BRANCHES. OBSTRUCTION , terme qui vient du latin, & qui appartient à la Médecine. IE a pour les plantes la même fignification que pour le corps humain. On appelle obftruétion en Médecine, un engorgement, ou embarras caufé par la quantité & l’amas des humeurs vicieufes , groflieres ; ou étrangercs , lequel fe fait dans la cavité des tuyaux , & qui forme un obftacle à la circulation des liquides , d’où réfultent dif- férentes tumeurs , foit intérieures , foit extérieures. Dans les plantes toute obftruc- tion vient également d’une humeur vi- cicufe , qui fige & qui coagule le fuc nour- ricier , qui l'empêche par conféquent de couler comme auparavant ; c’eft en un mot une affeétion dans les conduits de la feve, laquelle y caufe , ou un gonflement contre nature, où un affaiflement. L'une & Fau- tre caufcs, quoique différentes entr'elles ; à 2 (@) 34: produifent néanmoins les mêmes fymp- tomes. Pour appercevoir , OU CES gonflemens , ou ces affaiflemens dans les parties des plan- tes à l'extérieur , ou dans l’intérieur , il faut être tout autrement Jardinier qu'on ne l'a été jufqu'ici , de même que pour les préve- nir & y remédier. ŒIL. Voyez Bouton. On dit, en par- lant d'une greffe qui eft la plus ufitée , greffe à oil dormant, celle qu’on fait en Juillet , Août & Septembre , laquelle ne pouffe qu'au mois de Mars fuivant. Cette greffe , appellée autrement €n écuflon , a été appellée à œil dormant, parce que l'œil femble dormir durant l'hiver. ŒILLETON , comme qui diroit petit œil. Ce font de petits yeux en effet, qui partent de la fouche, qui, peu à peu grof- fiffent & s’alongent. Ces efpetcs de bour- tons naiflent au pied des plantes, percent la terre, & forment de petites fouches au- tour du maître-pied. On dit œilletons d'ar- tichaux. On dit lemême des petits rameatix qui croiffent autour de Ja fouche , ou des pieds d’ocillets. Y4 344 ÔO ŒILLETONNER,, c'eft Ôter ces particé qui naïflent autour de ce maître-pied. On œilletonne les artichaux , parce que fi l’on leur laifloit tous ces œilletons aux pieds , ils ne pourroient les nourrir tous , & ils avorteroient. De même aux œillets ils af. foibliroient le maitre-pied. ONGLET. C'eft le bois mort reftant de la coupe d’une branche, laquelle n'a pas été faite aflez près de l'œil > Ou de la brans che , & qui forme , par fon cxtrêmité, un cxcédant refflemblant à la faitlie, ou l’extré- mité de l’ongle de l’un de nos doigts, quand il n'eft point coupé. L'onglet empêche que la fève ne puifle recouvrir la plaie de la coupe faite à la bran- che. On ne doit pas laiffer de ces fortes d'onglets, fous prétexte de les abattre l'an- néc fuivante : c’eft faire deux plaies pour ane, ce qui recule d'autant le recouvrement de la plaie. Mis | ONGUENT SAINT-FIACRE. On à donnécenomàl'emplâtrefaiteaveclabouze de vache,ou le terreau gras,ou la terre graf- fe , ou mème la terre du lieu, à caufe que O 345 les Jardiniers ont pris Saint - Fiacre pour leur Patron. Voyez EMPLATRE. M. de la Quintinie s’eft fervi du même terme , & pour les mêmes caufes (1). OPÉRATION, veut dire aétion , travail & pratique de quelque chofe , dans quelque art que ce foit , fuivant une méthode & des regles. L'opération fans la théorie dans le Jar- dinage , & la théorie fans l'opération , fans la pratique , ou l’expérience, ne peuvent jamais rien faire de bien. | OPÉRER, c'efttravailler enconféquence des regles dans quelque art que ce foit. Que de gens dans le Jardinage, comme en tout autre genre , fe tourmentent tant & plus, & s'agitent pour ne rien faire! Opero/e nihil agunt , dit un Ancien (2). » ORDONNANCE ; une belle ordonnan- ce, en terme de Jardinage, c’eft l’ordre, arrangement & la propreté ; c’eft l’afflem-. blage de toutes les parties du jardin d’après un plan bien dirigé , fuivant lequel un jar- din eft conftruit &c dreflé, La belle ordon- | | (1) V. Partie, p. 57 & 59: (2) Séneque, 346 O nance regarde non-feulement les jardins de propreté, les parterres & les ornemens, mais encorc les jardins fruitiers & pota- gers. Dans tout , la belle ordonnance n'’eft autre que l'ordre , la fymmétrie & le rap- port de toutes les parties formant un bel enfemble , & un tout qui plait. OREILLES. Voyez LOBES. ORGANES , ORGANIQUE, ORGANT- SATION , ORGANISÉ. Tous ces termes font tirés de la Médecine, de la Chirurgie & de l'Anatomie ; ils appartiennent auf aux plantes. ORGANE eft dans les plantes la même chofe que nos organes, tels que l’œil qui cft l'organe de la vue , & les autres. On ap- pelle organes dans les plantes tout ce qui fert en elles aux fonétions particulieres qui Icur font propres pour les divers effets aux quels la nature les deftine ; les racines, paf exemple , font différemment faites que le tronc, la tige & les branches , & elles ont des fonétions & des deftinations toutes au: | tres : elles font les premiers organes des. plantes ; les feuilles font aufli des organes O 347 les plantes, & elles ont des fonétions tou- es différentes encorc. On appelle parties organiques des plan- “es, celles qui, fuivant la deftination de “a nature , produifent en elles les effets qui eur font propres. Aiïnfi les premieres par- ties organiques des plantes font les raci- nes. Elles font les feules qui reçoivent la nourriture immédiatement de laterre. Tou- tes les autres parties organiques la tiennent d'elles. C'eft ainfi encore que les feuilles font après les racines les parties organiques les plus néceffaires , & les plus employées pour travailler la feve , Ja préparer , & la communiquer enfuite a tous les yeux, ou boutons. Ce qu'onappelle organifation , eft la dif poftion des parties faites pour les effets auxquels elles font propres. L’œil eft autre- ‘ment fabriqué par la nature que l’ouie & J'odorat : de même les racines étant fabri- quées par la nature autrement que les feuil- les, ont des fon@ions , & produifent des _cffcts tout différens que les feuilles. Corps organifé , eft tout corps vivant ayant toutes les parties , tant internes qu’exter- 343 O nes, propres à lui entretenir la vie & l’ac tion. Les plantes font des corps organifés, comme les nôtres, & qui ont toutes lesk parties qui leur conviennent pour tout ceh qui cft conforme à leur nature en tou genre. | Les graines & les femences de toutes les plantes , de même que tous les œufs des animaux appellés ovipares, volatils & infeétes, font des corps organifés. Jamais nulle graine ne pourroit lever dans terre , 8 ni aucun animal ne pourroit éclorre d’au- cun œuf, fi l'un & l’autre n’avoient vie. On voit dans une graine la plante future 5 clle y eft repréfentée en petit, comme le plus grand tableau eft tout entier dans une mignature. De même le plus grand chêne eft en raccourci dans un gland. Tous deux, favoir , la graine & l'œuf, renferment & contiennent chacun en {oi un corps orga- nifé , avec toutes leurs parties appellées in= tégrantes. | ORIFICE. Il vient d’un mot latin, & veut dire petite bouche, petit trou , petite ouverture , ou bien petite embouchure. | Ce terme eft de la Phyfique, & cft em | O 349 Éployé dans je Jardinage & dans la végéta- “tion , pour exprimer toutes les différentes ouvertures qui {ont dans le tiflu des pro= ductions de la terre, & par lefquelles Fair & la feve leur font communiqués. Il eft dans les extrémités des racines quantité de ces fortes d'ouvertures , ou orifices , par lefquels les fucs font lancés , ou pompés, pour être communiqués dans toute la plante. Ce qu'on appelle pores dans les plantes , font autant d’otifices par lefquels les bienfaits de l'air leur font diftribués & répartis. OSSEUX. Il vient du latin, & il ef pris de l’Anatomie. Il veut dire qui fait partie de l'os , qui eft de la nature de l'os, ou qui en a la figure , la reflemblance , la dureté & les qualités , ou bien encore faifant les fonctions de l'os , & tenant lieu d’un os. _ On appelle racines offeufes celles qui, couvertes d’une peau épaifle , font ee dures & plus compactes que le bois des branches, & qui imitent la dureté de nos os, ou bien encore celles qui par leur po- fition font placées & arrangées comme nos 350 O os dans nos membres pour leur fervim de foutien./’oyez LIGNEUX , RACINES. OVIPARE, ANIMAUX OVIPARES À Mot compolé de deux mots latins, qu . veulent dire/produifant , engendrant par 1 moyen d'un œuf. On dit par contraftt animaux vivipares ceux qui font produit: L immédiatement dans le corps de quelqu’a nimal que ce foit. Les plantes font des êtres végétans er: ième-temps ovipares , qui fe reproduifent & multiplient par la voie des graines, quid font des œufs bien réels , tels que ceux deñ. tous les infcëtes. Ces derniers c’eft le foleil, ou fa chaleur qui les couve & qui les fait éclorre , & ceux-là germent dansterre , & s’élancent au dehors par la chaleur innée, & le feu central de cette même terre , fecon-M. déc & aidée par celle du foleil. Il eft cette différence entre:les animaux Ovipares & Iles plantes , que, quoiqu'elles foient également ovipares , plufieurs d’en: trelles peuvent être régénérées par d’autres À voies que par les graines , ou les œufs ; fa: M voir, par les marcottes , les boutures & O 351 es rejctons , privileges dont ne peuvent ouir les animaux ovipares. | OUTILS, ou INSTRUMENS DE JARDI- NAGE. Ce font les uftenfiles propres à opé- rer dans tout ce qui eft du reflort de cette profeflion. Trois fortes d'outils fervant aux travaux du Jardinage, des gros, des moyens & des petits. Les gros, tels que les diverfes échelles , fimples & doubles , les bars, les civicres , les brouettes , les arrofoirs , &c. appartiennent d'ordinaire au maître : on les donne par compte au Jardinier qui doit les bien foigner. Les outils moyens ; fa- voir , les beches, les rateaux , ratifloires, pelle, ferpe, marteaux , &c. font d'ordi- maire, & prefque teujouxs au Jardinier. Enfin les petits outils leur appartiennent également , & tels font les diverfes ferpet- tes & fcics à main, le greffoir, &c. Mais parce que les Jardiniers font montés au plus mal, & que l’ouvrage n'en va pas mieux , nous avons examiné d’où venoit la faute , & nous avons reconnu qu'elle étoit toute de la ‘part des Couteliers, qui | ne furent ftylés & dreffés jufqu'ici à fabri- 352 O quer ces fortes d'outils d'après des reglés! En conféquence , nous avons jugé à pro“! pos, pour le bien des uns & des autres, d'établir une réforme quant à ce point: Depuis environ une vingtaine d'années qu'elle eft établie , il eft prefqu’incroyablé combien a été grand le débit de ces for: tes d'outils de nouvelle invention. Ils font repréfentés dans la planche ci-jointe. Il ne faut que les comparer avec ceux faits jufs qu'à préfent, pour juger de leur utilité & de leur fupériorité au-deffus de ceux des anciens. Voyez comme ces derniers font figurés dans M. de la Quintinie, tome 1 # partie IV, p.520. Les ferpettes ont une lame alongée , de la longueur même du manche; & ne font que médiocrement courbées par le bec. Le manche eft fort court; le reflort affleurant la garniture du manche ; & l’entaille de la lame qui emboite le ref- fort étant également à fleur du manche * comme le tout eft à tous les couteaux , les cloud rivé de la lame eft, par une confé: . néceffaire, fur le petit bord du manche , ce qui n’eft rien moins que {o- lide. Au contraire aux ferpettes de notre invention O A Anvention lé manche eft d'un pouce plus long ; le reflort , au lieu d’être à fleur, eft plus court au moins d’une ligne ; par conféquent l’emboiture de la lame def cend d’une ligne de plus, & le cloud rivé _ fe trouve plus bas d'autant , ce qui fait qu'une partie de la lame eft enfermée dans le manche , & jamais elle ne peut , ni branler , ni fe cafer : la longueur de la lame ne faifant qu'embarrafler , nous avons tenu la nôtre beaucoup plus courte. Enfin le bec de la lame des anciennés ferpettes étant tiré fort en long, & étant fort peu courbé, ce qui aufli empêche qu'on ne puifle faire l'ouvrage proprement , commodément & promptement , nous avons jugé à propos de donner aux nôtres beaucoup plus de croiffant. Ces ferpettes de notre invention font de quatre fortes: des groffes , pour les gros ouvrages, quand on veut travailler dans les haies , les broffailles & dans les bois: de celle-ci nous ne donnons point de mo- deles, parce qu'elles font d’un ufage peu fréquent dans le Jardinage ; dès moyennes pour tous les ouvrages quelconques ; d’au- Z 354 O trés d’après celles-là , 8: qu'on nommé demi-ferpettes , pour les moindres ouvra- ges ; enfin des petites appellées ferpillons , qui font de la plus grande commodité pour l’ébourgeonnement & le paliffage , & pour nombre de menues béfognes, com- me pour marcotter des œillets, tailler les melons & concombres , &c. Les greffoirs font aufli fabriqués diffé- remment ; la lame en’eft moins mafhive ; & le manche parcillement. Quant aux fcies à main , nous avons cru auffi devoir les rendre plus commodes & portatives que celles de M. de la Quinti- nie. Voyez le tome 1 , IV partie, p. 225. Le manche en eft rond, & par fon extré- mité il eft du double de la groffeur d’en haut. De plus , ces manches font trop courts , & les dents de la fcie fort groffcs. Les fcies qui font ici figuréces font tout l'oppofe. Ileneft de diverfes fortes 8 gran- deurs , fermantes & non fermantes , à manches de buis 8 decorne de cerf: nous préférons ces dernieres , qui férment à ref fort , à celles de buis fermantes à virole. On peut allonger les lames & les manches « d’un pouce de plus. Quoi qu'il en {cit de on Em O 355 tés fcies à main , beaucoup plus commo- des que les anciennes , néanmoins nous penfons qu’on peut enchérir fur nous. C’eft à chacun à s’avifer à ce fujet. Pour les uns & les autres de ces outils; nous n'avons rien trouvé de mieux parmi les. Coutelliers de Paris , que le nommé Bofnier , rue des Cinq Diamans , au coin de la rue Ogniart, quartier S. Merri , à YAigle d'Or. Sa trempe eft parfaite. Con- yenu avec lui que, fi quelque ferpette fe trouvoit pailleufe , ou graveleufe ; il la re- prendroit. Nous avons auf fixé, de con- cert avec lui, les prix fuivans ; les groffes Serpettes à 3 livres , les moyennes à 40 fols, & le refte à 30 fols ; les grandes fcies à main de buis à virole à 4 livres & à $ livres, fuivant leur force , & les autres moyennes de corne de cerf à 3 livres. Comme nous ne prétendons point favorifer un feul au préjudice d'autrui , 1l ne tiendra qu'aux au- tres Coutelliegs de Paris & de la Province, d'en faire de femblables. Le grand débit qu'en ont fait avant ledit Bofnier quelques Coutelliers , & lui-même , dépofe en fa- veur de ces fortes d'outils. A la priere #2 2 356 (@ dudit Bofnier , nous avons joint ici un m6< dele d’échenilloir, qui n’eft pas de notre in- vention. OUVERT , OuvriR , terme pris dans fa fignification propre. Il fe dit de tout arbre d’efpalier , dont les branches , au lieu d’être ferrées & rapprochées les unes contre les autres , font à des diftances pro- portionnées, qui , au lieu d’être en forme d’éventails montées perpendiculairement , font un peu déverfées & couchées fur les cotés , formant un V un peu ouvert. Voyez BRANCHES , PERPENDICULAIRE. P Par rasson ; c'eft un affemblage de pailles longues de froment , de feigle & autres, qu'on arrange les unes près des au- tres à une certaine épaifleur , & qu’on at- tache enfemble, foitavec des ficelles , foit avec des ofiers fur des échalas , fuivant une longueur & une étendue plus, ou moins grandes , & déterminées quant au befoin. P 357 Les paillaffons & les brife-vents , ainf que les autres abris , font dans le Jardi- nage , par rapport aux plantes, ce que font dans les apparremens les paravents , ainfi appellés , parcequ'ils parent du vent. Voyez AUVENT , BRISE-VENT. PALISSADE vient de l’art Militaire. C'eft en Jardinage le même , quoique dans un autre fens. Ce qui, en terme de forti- fication , eft un aflemblage de pieux mis dans terre , pour fe défendre contre l’en- nemi, eft un aflemblage d'arbres & d’ar- brificaux plantés près à près d’un feul rang formant une tapiflerie verdoyante de telles longueurs, hauteur & figure que ce foit. Cette paliffade fe tond au croiflant, ou aux cifeaux. PALISSER , PALISSAGE ont une fem- blable origine , à caufe qu’en arrangeant dextrement les rameaux des arbres , cha- cun fuivant fa place naturelle fur une mu- raille , ou fut un treillage , l'arbre forme Ja figure d’un paliffage bien ordonné. Quel- ques-uns difent paliffader , mais fort mal. PALISSAGE eft l'action d’arranger & d'attacher à un mur , ou à un trcillage au Z3 358 P | moyen de quoi que ce puiffe être , avec of: dre , & d’après des regles, les diverfes bran: ches & les bourgeonsdes arbres & desarbrif feaux. Lc paliffage à la loque éft le plus parfait de tous. J’oyez LOQUE. PAMPRES , ou RAMEAUX vERDS; C’eft la même chofe. Le mot de pampres fe dit de la vigne plus particuliérement que des autres plantes ; ce font les bourgeons char- gés de raifins. PANIER à plufieurs fignifications dans le Jardinage , & eft de lufage ordinaire, fuivant lequel , panier vient de pain, ou corbeille dans laquelle on met du pain. PANIER pour cueillir les Iégumes & les fruits. On a à Montreuil des efpeces de mannes longuettes , ayant de fort petits re- bords & une anfe dans le milieu s on les y nomme des noguets. Rien de mieux pour cucillir des fruits, même pour cueillir la provifion des denrées du jardin, les frais n’en font pas confidérables. Voyez No- GUETS. PANIER, arbres en panier. Voyez; MANNE- QUIN. ? 359 PARADIS. C'eft le nom qu’on donne à ‘ne petite pomme, dont l'arbre croît peu, qui refte toujours fort petit, & qui na auffi que des fruits fort menus. On grefte fur les : arbres de cette efpece toutes fortes de pom- mes , qui y deviennent fort grofles ; mais l'arbre refte toujours petit , & rapporte promptement & en abondance. - On dit planter fur franc, quand on plante des pommiers greffés fur des arbres venus de pepins , ou de boutures , & plan- ter fur paradis , quand on plante des arbres greffés fur ces pommiers de pommes ap- pellées pommes de paradis. Enfin greffer fur doucin , appellé ainf, parce que l'arbre porte des pommes douces , & que fur ces pommes douces on greffe diverfes pom- mes. PARENCHYME. Mot grec, terme d’A- natomic. Dans cette fcience , on entend par ce mot une fubftance cellulaire conte- nant un fluide. La rate eft un parenchyme. Ce mot a lieu par rapport à l'Anatomic des plantes. C’eft proprement la partie de toute plante & de tout fruit qui répond immé- diatement à la peau intérieure des uns &c Z 4 360 P des autres , & qui eft un peu plus poreufe: C'eft là ce que dansles srosarbres on appelle. | plus particuliérement laubier. Cet aubier cft un parenchyme à caufe de fes parties molles , cellulaires & étendues dans ta cir- conférence de l'arbre & de chaque partie qui le compofe. Le parenchyme d’une graine , comme d’une amande , par exem- ple , eft la partie moins compañe & plus poreufe qui compofe les lobes. Voyez le Traité d'Anatomie des Plantes par Grewe, célcbre Phyficien Anglois. PAROIS, terme d’Anatomie. C’efttoute païtic du corps humain qui unit & fépare tout enfemble. Par exemple, la partie Car- tifagineufe intermédiaire du nez qui fépare les deux narines , s'appelle un parois. Ce mot cft employé dans ce même fens par ap- plication aux végétaux ; ainfi toutes les membranes, les tuniques , qui, dans eux fervent d’enveloppes aux différentes parties d'eux-mêmes , comme la peau , font au- tant de parois qui féparent & conjoignent ces mêmes parties. Parois , ou contours intérieurs des vaiffleaux contenant quoi que ec foit , font la même chofe. Ainf lors du ki P 361 | froid les parois des veines £ retirent, ils fe » retréciflent , ils £ rapprochent ; & lors du chaud , quand le fang abonde, ces mêmes | parties prêtent, s'étendent & fe dilatent. | Tels, dans l’ordre de la végétation, les vaifleaux lymphatiques des plantes. Con- fidérez , lors des grands froids , les plantes des jardins, & au-dehors les bleds & au- tres, leurs parois font tellement rappro- chés , qu'à peine les voit-on, & quand le dégel arrive , vous les voyez couvrant la terre,que les uns & les autres tapiflent d’une riante verdure. jadis on fe fervoit du terme de parois, pour dire une muraille fervant à clore & à féparer un terrein d’avec celui du voifin. PARTICULE veut dire petite partie. On appelle, en Phyfique , particule, tout ce -qui échappe & fe détache de toute ma- tiere d’une façon infenfible, ou impercep- tible. La tranfpiration infenfible des corps n'eft autre que l’'émanation des diverfes par- | ticules de nous-mêmes , qui s’évaporent à tout inftant. Les odeurs ne font autres que des particules émanées des fleurs & de tout ce qui rend des odeurs. Ces particules font ape tte $6z P réparces en nous par les nourtitures & les ! autres parties fubftantielles, & fe renou- vellent continuellement. Quatre perfon- nes font dans une voiture, dont les glaces {ont fermées , à l'inftant les glaces font ter- nes. Ces mêmes particules émanent de nous & de tous Îles animaux vivans , & produifent dans l'air des traces & des vef- tiges de nous-mêmes. C'eft à ces veftiges & à ces traces que l'animal, fymbole de la fidélité , reconnoiït fon maître , & le dif- tinguc de tout autre. Lors de la grande ardeur du folail, toutes les plantes font lâches , veules, molles, & ce qu'on appelle fanées , parce que les particules humides qui les abreuvoient & les imbiboient , font enlevées & évaporées, Qu'il furvienne une pluie, d’abord tout eft réparé, & tous les vuides font remplis, au moyen de quoi il fe fait de leur part un nouvel envoi de femblables particules , qui perpétuellement a lieu , plus ou moins, & perpétuellement fe répare,plus ou moins auf ; telle en nous la double tranfpiration fenfible & infenfible. PASSER. Ce terme a plufeurs fens dans | | | P 363 fé Jardinage. On dit entrautres , pañler par-deflus Fouvrage, quand on fait toutes Chofes fuperficiéllement, quand les Jardi- Miers s'embarraflent peu fi l'ouvrage eft bien , ou mal , pourvu qu'il paroifle fait. PASSE fe dit des fruits trop mius, & qui mont plus de gout. PASSER à /2 claie ; c'eft jetter la terre avec la pelle fur une claie faite de grand ofier , & qui eft un peu à chire voie , afin que la terre puifie pañler à travers , & que les pierres reftent en-deça au bas de la chaie. Jamais ne planter , ni remuer les terres où il y a des pierres & des cailloux fans les pañler à la claie. Jamais non plus ne pafñfer à la claie que de bonne terre ; pañler de mauvaife terre à Ja claie , comme font quantité de gens, c'eft perdre fon temps, fa peine & fon argent. PEAU. C'eft dans les arbres la même chofe qu’en nous. La peau eft ce qui cou- vre nos chairs , nos offlemens, & tout no- tre corps à l'extérieur. Dans les plantes, c'eft ce qui fort d'enveloppe à toutes les 364 P | parties intérieures qui compofent les plan: tes. Les racines, les branches, les fleurs ,« les bourgeons , les feuilles, les fruits & les graines, ont tous des peaux particulieres. k Voyez SURPEAU. | Les peaux des plantes ont divers ufages, comme les nôtres. C’eft d’abord pour con: # tenir toutes les parties internes & leur fer- vir de robe, d’étui, defourrure , &c. enfuite ! pour parer tout ce qui pourroit endomm a- ger les parties internes que ces peaux renfer- ment. C’eft encore pour fervir à ce qu’on appelle la tranfpiration & la refpiration. | Toutes les peaux des plantes font criblées de petits trous imperceptibles comme notre peau , & par ces trous déliés , l'air pénetre, | les rofées s’infinuent , & aufli l'air en fort, le foleil & l'air en pompent l'humide qui | leur eft rendu par les rofées, ou par l'humi- dité de la nuit. Toutes ces chofes ont Jieu par l’entremife des peaux des plantes. Il n’y a point de peau dans les plantes, ou dans les parties d’elles-mêmes , qui ne foit double , comme en nous. Toujours ilyaune premiere peau , qui eft étendue fur la feconde ; la premiere eft toujours | P 365 fort mince, à caufe de quoi on la nomme spcllicule , ou petite peau; puis une autre fur laquelle cette petite peau eft collée. Les peaux des arbres font différentes de ce qu’on nomme écorce , & non écof- fes. On appelle communément écorce cette partie extérieure des arbres, qui a été peau en fon temps, & qui, par la fuite, eft devenue fendue de toutes parts, & écailleufe , ou toute par écailles. De ces écailles la nature fe débarrafle peu-à-peu, en les pouffant dehors par parcelles ; mais toujours fous ces écorces écailleufes, eft une peau qu’on appelle furpeau, autrement dit en Chirurgie épiderme, ou peau de deffus , puis la peau qui eft appliquée fur le bois, ou fur la partie folide de toute au- | tre plante. Voyez ÉCORCE. _ PÉDICULE , tiré du latin. C’eft un di- minutif de pied , comme qui diroit petit pied. Par ce mot on entend la partie des feuilles, des fruits, des fleurs , des grai- nes , des boutons & des bourgeons qui leur fert d'attache , où le tout eft né. Le pé- dicule d'un fruit eft l'endroit de la queue par lequel cette queue eft enchañée , où 366 ? encaftrée dans la Franche qui l'a produitéi Elle y eft placée, comme on dit en termé d'art, en queue d’aronde , ou comme un diamant dans fon chaton. | PELLE ; inftrument du Jardinage, vient du mot de peller, en ce qu'enlévant de deflus la terre les immondices avec une pelle, on la rend unie comme la peauz C’eft un oùtil de bois plat & large , un peu creux dans le milieu , avec deux rebords aux côtés 8 un manche. ILeft des pelles de fer applati, Fatt mincé, ayant une douille auf de fer ,.& un man: che de bois. Elles font d’une grande utilité pour enlever la terre meuble. Cette pelle de fer n’eft point employée;dans. le Jardi; nage ; mais fort mal à-propos,, car elle a de grands avantages PELLICULE. Mot latin, dininutif de peau , comme qui diroit petite peau: C'eft une membrane mince & fert.déliéequicou- vire une autre peau: Hoyer CUTACULE, Ép1- DERME. | -PÉPINIERE. ET c'étoit un lieu confacré à Ja femence dés pepins pour | y élever des arbres provenans de ces pepinsÿ | P 367 mais à préfent c’eft un endroit où l’on éleve toutes fortes d'arbres ; d’arbriffleaux & d’ar- buftes fruitiers & non fruitiers. Les meilleu- res pépinieres font celles de Vitry, maison - arrache , au lieu de lever ; au moyen de quoi l'on ne peut avoir de la fatisfation des plan- tations. | Les pépinieres d'Orléans font un grand débit , & l’on y arrache comme ailleurs. . Quant à celles des Chartreux de Paris, c’eft le même à cet égard. Ces pieux Ana- choretes font commerce d'arbres pour le feul bien public. On fait d'eux - mêmes qu'elles leur caufent plus d’embarras que de profit ; autre chofe eft d'exploiter par foi-même, comme font tous les au- tres Pépiniériftes, & autre chofe de faire façonner par autrui. Ils font trop hon- nétes gens pour tromper , mais ils ne font pas exempts d’erreur. Ils confondent l’Abricot de Nancy avec ce qu’on appelle Abricot-Pêche , qui font auffi différens l’un de l'autre, que l’Abricot commun de tous ceux des autres efpeces. Il a fallu regrefter en vrais Abricots-Pêches, tous les Abricots de Nancy par eux fournis pour le Roi * 368 F Choify , ainfi que chez les principaux $Sci- gneurs de la Cour. Nous donnons un Traité: des Pépinieres. Nul jardin de certaine gran- deur où ne doive être pépiniereconvenable, PÉPINIÉRISTE ceft celui à quiappartient. la pépinicre, ou du moins ce qui eft fur la terre : c’eft celui qui la feme & la plante, qui en cultive les arbres, & qui en fait commerce. PERCE-OREILLE, animal long d’en- viron un demi-pouce, étroit & plat , ayant deux pinces , avec lefquelles il entame, il ronge, il perce & déchiquete les feuilles , & mange les fruits. Il a à l'extrémité de fon corps deux petites pointesen forme de croif- fant. Cet animal fe refugie communément fous les feuilles dans lefquelles il s’enferme. Là il tend une forte de petite toile blanche, il y dépofe fes œufs & meurt. Il fe refu- gie également dans les creux des murail- les , dans les replis des écorces d’arbres, & dans toutes fortes de recoins. Il n’éclot que lorfqu'’il y a de la verdure formée, vers la fin d'Avril. Il eft dés fecrets infaillibles pour détruire cette pefte des jardins. On tend des cornets de papier, ou des tampons de feuillages | ‘4 L F 369 feuillages dans lefquels il fe refugie. On les fécoue tous les matins, & même dans le Jour ; ils tombent, & on les écrafe. Il ne paroït communément que la nuit. : PERCER. Ce mot fe dit en Jardinage au fujet des plantes en caiffe que l’on arrofe. On dit, en parlant des arrofemens qu'on fait aux orangers , qu'on veut atrofer à fond, il faut les baigner & les percer, c'eft-a-dire , jufqu'a ce que l’eau pañle à travers les joints de la caiffe par en bas. PERPENDICULAIRE , terme de Géo- métrie. Ce terme a lieu dans le J ardinage, particuliérement par rapport aux branches qui montent droit, foit de la tige , foit du tronc de l'arbre. On les nomme encore branches verticales. Ces branches dans les arbres dévorent toujours les latérales & les obliques. Jamais il ne faut laiffer à tous arbres quelconques que des branches obli- ques & latérales. Obferver qu'il eft ici que. tion d'arbres fruitiers en efpalier & en contre-cfpalier, & non des autres quelcon- ques. Quant aux branches perpendiculaires qui croiflent {ur les obliques, comme elles ne A4 | 370 .P le font pas direétement, ni primitivement, elles ne peuvent emporter la feve, à moins qu'elles ne fuflent branches gourmandes : alors fi elles font mal placées , on Îles fup- prime. L'expérience ici , comme dans le” refte , eft un juge fans appel. Foyez BRAN= CHES. PÉTALE, terme de Botanique. On ne : fait pas trop pourquoi l’on a appellé de ce nom les feuilles formant les fleurs. On dit monopétales , polypétales , les fleurs qui n'ont qu'un rang de feuilles , ou cel- les qui en ont plufieurs. Ce font des va- riétés de la nature , dont on ne peut rendre raifon. | PHÉNOMENE. Mot qui vient du grec: | il cft de la Phyfique ; il fignifie tout ce | qui eft apparent dans la nature, mais | dont on ne connoît pas la caufe, ni le prin- cipe. 1 On appelle communément phénomencs | tous les événemens qui s'offrent à nos yeux dans les effets de la nature , foit dans l’air & dans le ciel, foit fur la terre, foit enfin dans tout ce qui compofe la matiere uni- verfelle , & dont.on cherche les caufes par- ficuleres. P 371 Les phénomenes du Fardinagé font tous les effets de la végétation que bien nous ap- percevons , mais dont nous ignorons les vrais principes. Cet art offre de toutes parts à nos yeux des phénomenes fans nombre & à tout inftant. Le vulgaire du Jardinage, qui en eft le témoin oculaire , n’en apper- çoit quoi que ce foit, lefquels les favans ne peuvent appercevoir , parce qu'ils ne pra- tiquent pas. PHYSIQUE. Voyez; EXPÉRIMENTALE, PHYSICIEN , vient du grec. Il veutdire obfervateur de la nature 3; tous les Jardi- nicrs devroient être tels , du moins jufqu’a un certain point, & comme le font les sens de Montreuil. Voyez OPÉRATION ;, Voyez ci-après PRATIQUE. PIE , ou Prep. C'eft la partie d'en bas de toute plante, celle qui eft à la fuperñicie de la terre, où cft la jonétion du tronc avec la tige. On dit le pied d’un arbre, un pied de vigne , &c. le pied du mur. Le mot de pied en Jardinage fe prend fouvent pour la plante même. On dit un beau pied d'arbre , un pied de fraifier, de Aa 2 me | P chicorée, de cardon , de melon , de con ! combre , de céleri, un pied d’œillet, de bafilic , de giroflée, &c. PIETINER /a terre. Voyez ci-après TRÉ- PIGNER. | PINCEMENT , PINCER, c’eft arrêter & cafer , ou couper par les bouts les bour- geons de la pouffe de l’année , quand ils font à une certaine longueur. Ce pincement eft en ufage univerfelle- ment dans le Jardinage , excepté à Mon- treuil, & chez toutes les perfonnes qui font ufage de leur raifon. Comme on a trouvé ce pincement éta- bli & pratiqué dans le Jardinage , on a imaginé qu'il ne pouvoit être que bon fans autre examen. Cependant il eft la ruine des aïbres. Tout ce que difent les partifans de cette opération meurtriere des arbres pour Ja juftifier, n’eft qu’un pur ue enfanté par l'ignorance. PINCER , c'eft, avec l’ongle du pouce & le fecond doigt , caffer l'extrémité d’un rameau tendre , ou bien , quand Ie rameau cft devenu bois dur , Véclater par le bout avec les doigts, ou le couper avec la fer- pette : ainfi font tous les Jardiniers pin- P 373 eeufs au crand détriment des arbres. Il eft pourtant des occafions où l’on pince à Montreuil , mais c’eft avec difcer- nement , ou dans Île cas requis : par exem- ple, lors de fa taille , au lieu de faire des coupes aux bourgeons latéraux , ou de côté des arbres en buiflon , & même de ceux en éventail , ce qui fait d’un arbre un nid de pie; ne faire que pincer & éclater par les bouts, & vous êtes für d’avoir , en peu de temps , des fruits à l'infini ; & par après, d'année en année , vous rapprochez tant & plus , fuivant le befoin. Voici encore une occafion où le pince- ment a lieu, où même il eft néceflaire. Vous voulez dormpter un gourmand de milieu , & en faire une branche avanta- geufe pour garnir votre milieu. Si vous le laiffez pouffer à fa volonté, il abforbera toute la feve , il appauvrira Îes autres bran- ches , & ruinera tout votre arbre. Quand donc il a environ deux pieds de long, vous le ravalez & le réduiféz à un pied feule- ment. Alors les yeux au-deflous du pince- ment poufent plufieurs bourgeons que vous étendez en paliffant ; & au bout d’un Aa 3 374 P_ mois, vous le raccourciflez encore , en r4 valant de nouveau fur les bourgeons qui ont pouflé plus bas. C'eft le cas encore d'un buiflon que vous voulez former , & qui ne poufle qu’une feule branche, ow deux branches ; vous pincez alors pour faire drageonner. Enfin vous pincez heu- reufement & à propos une giroflée & au tres femblables pour les évafer , quand , ne pouflant qu'un jet, elle s'étoileroit. Hors ces cas , & leurs pareils , c’eft, en Jardina= ge, un crime énorme de pincer ; néan- moins un tel pincement eft de pratique ei Mae Lam te tt tt. cé univerfelle |, & même il eft prefexrit par tous les livres. Tous jufqu'ici , faute de Jumieres, faute de phyfique & de réflexion, fe font entendus à détruire ainfi, ou du moins à troubler étrangement l'ordre & le méchanifme de la nature, PIOCHE eft un outil du Jardinage connu de tous. Quelques-uns l’appellent aufi be- foche. Ils ne different qu’en ce que lune eft un outil pointu , en langue de chat, & l'autre eft camus , applati & large à fon ex- trémité. PIVOT. Ce terme cft pris des différens ‘ P 375 arts. On dit une porte qui roule fur fon pivot, quand elle eft fupportée par un mor- ceau de fer, qui eft perpendiculairement en deflous. C'’eft d’après certe idée qu’en Jardinage on à appellé pivot , ou racine pivotante, la grofle racine d’un arbre , la- quelle eft placée immédiatement fous le tronc, & qui darde en terre. Tous les Jardiniers {£ font accordés juf- qu'ici, & s'accordent encore dans la prati- que de fupprimer tout pivot à tout arbre. Qu'on en demande les raïifons, il n’en eft que de fi miférables , qu'elles font pitié. Telle eft la force du préjugé & de l’igno- rance. La plupart des jeunes arbres ne périffent que par-là. Il eft à ce fujet une obfervation la plus importante , également ignorée par les Phyficiens &c par les Jardiniers ; favoir, qu'en fupprimant un pivot , comme le prefcrivent tous les livres du Jardinage, & comme tous les Jardiniers le pratiquent ; deux événemens s'enfuivent: le premier , c'eft le dépériflement , la langueur , & fou- vent la mortalité de l'arbre : faites une ex- périence à ce fujet. Pañlez votre main dans Aa4 376 ‘P terre fous Ie pivot coupé ; & vous trouve? rez que le tronc qui eft le réfervoir com- mun de la feve, où toutes les racines re- portent , ne peut plus contenir la feve > 40 trouvant à Jour perpendiculairement en- deflous , & que la terre eft trempée à cet endroit-là même , comme fi elle avoit été mouillée exprès, & cela durant un affez Jong temps , jufqu’à ce que , ou Farbre meurc , Ou que la plaie guériffe , quand l'ar- bre cft aflez vigoureux pour foutenir cette cruelle opération. La feconde obfervation n’eft pas moins certaine ; favoir , qu'à la place du pivot coupé, la nature, quand l'arbre reprend , fait éc.orre du tronc un autre pivot, ou des racines pivotantes , équivalentes au pi- vot récepé. Vifitez tels arbres an an ; OÙ deux ans après, & vous en ferez con- vaincu. Ces deux points font inconteftà- bles. Pourquoi donc priver une plante d’u- ne partie eflentielle d'elle-même , dont la privation lui eft mortelle, ou que la nature eft obligée de reproduire ? Enfin toutes les plantes imaginables , à l'exception des plan- tes bulbeufes & de quelques arbres & ar- P 377 buftes à racines, qu’on appelle fibreufes , ont inconteftablement un pivot; perfil, ofeille , carottes , panais, cardons , raves, choux , chicorées fauvages , &c. ainfi que tous les arbres des forets plantés par la na- ture. Mais voyez tous les arbres des forêts qui croiflent d’eux - mêmes : ils ont leur pi- vot ; viennent-ils moins bien ? Au con- traire. On peut ajouter un troifieme fait ; favoir, qu'un arbre qui a fon pivot, profite plus en trois Où quatre ans , que l’autre en dix. C'’eft encore une épreuve à faire. Malheureux le Jardinage contre lequel Yhomme d’efprit, comme le ftupide , conf- pirent également ; ils femblent travailler à l'envi à fa deftruction. Tous s'accordent, contre toute vraifemblance , à fupprimer le pivot, qui eft une partie effentielle des arbres. Il ne faut point d'effort de génie 3 il ne faut que du bon fens pour apperce- voir la néceflité du pivot dans toute plan- te , puifque la nature le procrée dans toutes les plantes imaginables , à l'exception des plantes bulbeufes & à racines fibreufes , à 378 P qui, par un ordre particulier de cette meré | commune des végétaux ; il n’eft point né- ceflaire , parce qu'il ne peut y avoir lieu. Parmi ceux des Auteurs modernes conju- rés contre les pivots, il en eft un, fort. galant homme d’ailleurs , qui leur en veut juiqu’a la mort. Il appréhende tellement qu'on n'oublie de les profcrire , qu'en cent endroits de fes Écrits il en ordonne la fup- preflion. Quel acharnement , grand Dieu! mais fur quoi fondé ? Nulle raifon. Voulez-vous planter fans couper le pi- | vot dans un terrain quin'a point, ou que fort peu de fond? Courbez-le en genouil- Jere , par ce moyen vous ferez de lui une facine horizontale ; & quant aux autres racinés, qui piquent en en bas comme le pivot, courbez-les de même en genouil- ere , & alors vous pourrez , à la faveur d'un tel expédient , planter dans un ter- rain qui n'autoit qu'un pied de bonne terre. Il faut dire à ce fujet deux chofes qui font effentielles : 1°. qu’en ce cas il faut arrofer de tels arbres lors des féchereffes : 2°. qu'il faut planter des arbres avec des racines de toute leur longueur , & qu’on puifle cour- P 379 ber, ce qui ne fe peut, quand elles font écourtées fuivant la routine. Voyez GE- NOUILLERE. PLAN , ou DESsEIN , c’eft la même cho- fe ; mot pris de l'Architeture. On dit plan d’un jardin, comme on dit plan d’un bâti- ment , d’un château , d’un palais , &c. Afin qu'un jardin puiffe étre bien , il faut | qu'il foit fait d’après un plan. Rien de plus rare qu'un jardin correét. Prefque tous font de pieces & de morceaux , comme on dit, | & tous communément affez mal aflortis, A mefure qu’un jardin change de maïtre, chaque propriétaire veut y mettre du fien, & les Architeétes enchériffent fur ce qu'ont fait leurs devanciers. : PLANCHE, en terme de Jardinage, eft un efpace de terre que l’on dreffe d’ordi- aire , & qu'on pratique de 4 pieds de lar- ge , fur la longueur du quarré dont elle fait partie. Toujours une planche a à droite & à gauche un fentier d’un pied de large. On dit dreffer , formet , labourer , border, femer , fæler, &c. une planche. PLancHEs à Montreuil fe dit des plan- ches de bois qu’on met àx plat fur des po- 380 P: | tençaux de fer le long du chaperon des | MUIS, pour détourner les eaux & les in- fluences malignes de l'air. Voyez PAILLAS- | SONS PLATS, ABRI. | PLANISPHERE , terme latin compolé, qui eft pris de la Géographie & de l’Aftro- | nomic. Il veut dire furface plate. Telle eft | la figure qu'on fait prendre aux arbres tail- | lés en mañifs réguliers. Toujours on les Coupe à plat à mefure qu'ils pouffent. Voyez MaASSsIrs. PLANT , qui vient du mot de planter , s'entend de plufeurs manicres. On dit du plant de laitues , de chicorées, de melons , de concombres. C'eft , en géné- ral, tous les éleves qu'on fait des graines femées, pour les replanter enfüuite. On dit auf du plant d’afperges, de fraifiers » 8. lorfqu'il eft queftion de les mettre en place. | Le mot de plant fe prend encore pour la chofe même plantée , ou femée > COM- me quand on dit un plant d’artichaux , un plant de haricots, de grofles feves »:de fraifiers, framboifiers, &c. quand les unes & les autres font fur terre. P 391 PLANT d'arbres. C’eft l'affemblage de plu- fieurs arbres de mêmes, ou de différentes efpeces, plantés en un même lieu. On dit plant de poiriers , plant de cerifiers , plant d'ormes , ou de tilleuls en quinquonces. PLANTATION eft l'action de planter. | Voyez PLANTER. | PLANTE eft un terme général, qui comprend toutes les différentes fortes d’ar- bres , d’arbrifileaux , d’arbuftes , d’herbages, de fleurs , de légumes & autres qui croif- {ent , foit dans les terres , foit dans les jar- dins , foit dans les campagnes & les bois. Il eft des plantes de tant de diverfes efpe- ces, qu'on ne pourroit les nombrer. Toute plante eft un corps vivant orga- nifé venant de graine, ou de bouture, ou de marcotte , ou de rejeton , lequel eft nourri des fucs de la terre, ayant des raci- nes , un tronc , une tige , des branches, des feuilles , des yeux , ou boutons , des fleurs , des graines & des fruits , le tout en- femble , ou féparement. PLANTER. C'eft, après avoir ouvert Ja terre en largeur & en profondeur con- venables , & fait un trou fuivant les re- 382 P gles , mettre dedans une planté, puis {a réM couvrir de terre. Rien de plus rare que de trouver un Jardinier qui fache planter ; ce-# pendant les non jardiniers s’en mélent auf, comme du refte du Jardinage. :@ On verra par le détail de l'opération de ja plantation , fi elle eff fi aifée, & les effcts” de la bonne & de la mauvaife plantation. L'on y apprend à planter pour la prompte jouiffance, & pour ne plus replanter fanse fin, comme jufqu'ici. Il eft bien des façons de planter, outre celle ci-deflus ; fayoir , en bordure , en ri- gole , en échiquier , au plantoir, dans des pots , en caifle , en mannequin , en rayon, en pépinicre , en motte, en quinquonce ; ëcc. | | On dit planter fur franc, fur coignaffier, fur doucin, fur paradis. Voyez aux différen- tes lettres dans le préfent Diétionnaire ces | différens articles. | ILeft un proverbe qui dit, qui ob d’heure (ou de bonne heure) gagne un an. Il eft un. autre proverbe qui dit encore , qui plante | bien en gagne dix. | PLANTER un arbre ; rien de plus aifé en P 353 apparence. Tous plantent, & croient fa- voir planter : cependant , à bien le pren- dre , ils ne favent que ficher un morceau de bois en terre , qui verdit d'abord , puis re- £higne la plupart du temps , & meurt. De cent arbres , que par fuppofition l’on plante , qu'on en fafle l'obfervation , il y en a , au plus, la moitié qui fait un peu quelque chofe , & l’autre moitié périt peu à peu en moins de dix ans. La preuve sît en fait. Combien d’arbres ne replante-t-on pas chaque année dans tous les jardins ? Quiconque fut planter ne replanta ja- mais , fi ce n’eft par des accidens qu’on ne peut prévoir. PLANTOIR eft un morceau de bois coudé en forme de béquille , lequel eft de diverfes grandeur & grofleur , fuivant les plantes qu’on veut mettre en terre. Il for- me la figure d’un 7, dont la quarre eft un peu arrondie à fon coude , & il dégénere en pointe. On appuie deflus le manche pour faire un trou dans terre, puis on l'en retire , & l’on met fa plante dans le trou. Les plantoirs pour les buis font par en bas applatis des deux côtés & garnis de fer. 384 P 1 PLATE-BANDE. C'eft ufi terrain long & étroit, bordé d'un côté feulement , ou! de tous les deux , lequel eft deftiné & em- ployé à des fleurs, ou à de menues plantes. Elles font mal nommées préfentement ; cas l'ufage univerfel eft de les tenir plus hautes du haut que du bas, foit celles des parter- res, foit celles des murailles. Mais com- me ces parties de terre étoient plates dans leur inftitution , elles ont confervé leur’ nom. PLAIES des arbres. Ce mot a la même fignification pour eux comme à notre égard. C’eft tout dérangement interne, ou externe en quelque partie d’eux - mêmes , foit qu'il y ait rupture entiere & fraure, foit qu'il n’y ait feulement que déchirement & ce qu'on appelle fimple léfion , en un: mot toute folution de continuité dans la partic offenfée. Deux fortes de plaies aux arbres & aux plantes : des plaies naturelles venant du vice 4 du fuc nourricier qui s’épanche , ainfi qu'il | arrive aux arbres gommeux , quand la goim- me y forme des chancres , ou bien encore par la qualité défeQueufe d’une humeur maligne P 385 : maligne dont ce fuc eft formé. Ces mêmes | plaies font accidentelles & forcées , com- me celles qui arrivent aux arbres par les grêles , les vents & toutes les caufes vio- lentes qui caflent , brifent, détruifent & arrachent. Il eft encore une troifieme forte de plaie aux arbres , lefquelles font occafionnées exprès , & qui font artificielles , favoir , celles que nous leur faifons en les taillant; en les greffant , les rapprochant , les réce- pant , &c. Toutes ces plaies font traitées appro- chant de même que les nôtres. J’oyez BAN- DAGES, MÉDICAMENT. Il ne faut pas attendre que les plaies foient frappées par l’air pour y apporter les xemedes ; mais les traiter dès leur naïffance. Il eft des moyens non-feulement de les gué- tir, mais aufli d'en prévenir , & de leuren épargner beaucoup. Indépendamment de l’Écrit ci - hrant mentionné , préfenté par ordre du Roi à JAcadémie Royale de S. Côme, fur les plaies des arbres , on donne dans l'Ouvrage pour lequel le préfent Diétionnaire eft fait, Bo 586 P un Traité des maladies particulieres des ar bres, avec les remedes les plus éprouvés;, en même-temps que les plus fimples. PLOMB, D'A PLOMB ; c’eft quand quoi que ce foit eft perpendiculaire, fans être plus d’un côté que d’un autre. If eft pris des méchaniques & des arts, Maçonne- rie , Charpenterie , Menuiferie , &c. Un arbre , foit en pleine terre, foit en caïffe , doit étre toujours fur fon à plomb, pour- quoi ie Jardinier foigneux doit y regarder, de peut que l'arbre ne fe dette ; ni plante quelconque. Les paliffades doivent être te- nues toujours d'a plomb , plutôt un peu à fruit qu’en furplomb. PLOMBER, veut dire s'affaiffer. La terre remuée fe plombe & s'affaifle d’un pouce par pied : voila à quoi il faut pren- dre garde quand on plante, pour que Îa greffe ne foit pas enterrée , & voilà à quoi perfonne ne prend garde: telle ef la raifon pour laquelle tant d'arbres infertiles. Leurs greffes font enterrées. POILS. Il eft quantité de plantes en qui l'on voit des poils, & des formes de du- vets répandus en différentes parties d’eux- P 337 fièmes. Ces parties, fuperflues énapparen- ce, furent placées en eux par la nature pour les mémesufages & la même fin queceuxqui font aux corps vivans, & cntr'autres , pouf ja tranfpiration & l'écoulement de quan- tité de petites parties infenfibles qui s’é- vaporent par-là. En les examinant au mis crofcope , on les apperçoit creux, àpeu près comme font nos cheveux. POLYPODE. Mot grec compofé ; qui veut dire ayant plufeurs pieds. Il eft plan- te, mais étrangere à l’arbre fur lequel il croit contre l’ordre de la nature. Le po ivpode a des feuilles femblabices à celles dé ja fougere. Il vit de la fubftance même de l'arbre fur lequel il {e forme. Le nombre de fes racines qui s’enfonçent dans l'écorce de l'arbre fur lequel il monte droit , lui a fait donner le nom de plante à plufieurs pieds , ou polypode. Il croît fur l'arbre même d'un fuc dégénéré , de même qu'en nous certains corps glanduleux, fquir- theux , les loupes , & autres concrétions de chair mollaffe & baveufe. Cette plante bätarde a de grandes propriétés pour la Médecine. a: vieux arbres font plus fujets Bb 2 388 P à ces fortes de corps étrangers que les autfész Les polypodes font ftériles , ne donnant ja- mais, ni graines, ni fruits ; du moins n’en a-t-on point encore apperçus. Ils font monf- tres dans le genre de la végétation. POMPER , POMPEMENT. Pris dans l'u- fage commun & appliqué dans le même ens aux racines. On fuppofe qu’elles af- pirent les fucs de la terre, comme les pif- tons d’une pompe afpirent l’eau pour la faire monter jufqu’au tuyau de décharge de Ja pompe. Non-feulement les racines pompent & afpirent les fucs qui leur font contigus, c'eft-à-dire, ceux qui font à l’entour d’el- les, mais encore les fucs éloignés haut & bas & au pourtour. C'eft ainfi qu'à mefure qu'on tire de eau d’une fource , l'eau lui arrive des lieux circonvoifins. Pour donner à ce point curieux & intéreflant de Phyfi- que , jufqu’ici non traité, une étendue con- venable, il faudroit être moins borné qu'on ac l’eft dans un Diétionnaire , mais voyez au mot SUÇOIR. PORES , POREUX , POROSITÉ. Le mot de porc pourroit venir de porte. En cffet, p 389 ge qu'on appelle pores font autant d’ouver- tures infenfibles , où prefqu'infenfibles à travers lefquelles fe fait la tranfpiration dans les animaux vivans. Ils fervent d'écouie- ment aux humeurs fuperflues , & d’intro- duétion à l'air. Ces petits points qui font à notre peau, font autant de pores pour tels ufages. C’eft ie même pour les plan- tes, toutes font criblées de femblables ou: vertures , pour évacuer leurs humeurs fu- pcrflues , & recevoir Es influences d’en haut. POREUX , qui à des pores. Il eft dans es plantes grand nombre de fujets fort poreux, celles à odeurs fortes , choux , ail, oignon , de même toutes es plantes aro- matiques , & les fleurs parfumant les airs. POROSITÉ , ou la qualité poreufe plus ou moins grande des corps & des végé- taux. POTAGER. Jardin potager , eft celui où Yon cultive les plantes qui fervent pour la cuifinc, & en particulier pour le potage & à la foupe , d’où lui vient ce nom. Un potager bien tenu , proprement, avec ordre , où tous les légumes fe fuccédent , Bb 3 - 39 F & où la propreté, ainfi que fa belle ordon< nance régnent de toutes parts , & où foi- fonnent en tout temps les légumes de tou+ tes les faifons , vaut bien un parterre de ficurs. Plantes potageres , font celles qu’on fait venir dans ces fortes de jardins pour fervir à notre nourriture. Plantes potageres & Îé- gumes font la même chofe , ainfi que jar- din potager , & Jardin fécumier. La halle de Paris eft le plus beau jardin potager de l'Univers, & où lon a des lé- gumes en tout temps, les plus beaux & a meilleur compte. Mais font-ils auffi fa- voureux venant fur couches , à plein col- lier, comme on dit, dans le terreau & à force d’eau, que ceux qui croiffent dans les terres fubftantielles des campagnes ? Un arpent de jardin potager à foyer fort cher , fait {fouvent vivre toute une famille, & quelquefois un de trois, quatre & cinq, même au-delà , ne peut fuffire pour une maifon bourgeoife. La raifon eft bien fim- ple ; Fun travaillant pour fon compte eft bienautrement avifé& clairvoyant quecelui qui travaille pour Iecompte d'autrui, Oculus 393 magiftri , dit Columelle , optima_ffercoratio, POTS , en Jardinage , font de trois for- tes ; des pots communs de terre cuite pour y mettre diverfes plantes ; d’autres , foit de fayance, de toutes grandeurs & de toutes figures, foit de cuivre, de fer fondu, &c. pour y mettre des fleurs & des plantes cu- sicufes ; enfin des pots de fimple ornement appellés vafes, & qui font de toute ma- ticre , lefquels font ornés & fculptés, & dans lefquels on ne met rien. On dit arbres en pots. Ce font d'ordi- naire des Paradis , ou des pêchers nains de ja petite efpece , mais dont les pêches ne valent rien. Ne jamais acheter d'arbres, ni de marcottes de vignes en pots; mais bica des fleurs & des arbuftes. Pour placer des arbres, fi petits qu'ils puiflent être, dans des pots & dans des mannequins , il faut , de toute néceffité , circoncire toutes les racines qui, COMME ;l a été dit , font le premier principe de vie des plantes. En fuppofant qu'a la faveur du terreau & des arrofemens, ces arbres reprennent , que peuvent-ils devenir , foit quand ces mêmes racines pouffant , iront Bb 4 392 P 1e brifer contre le pot , foit lorfque , plai cés dans la terre , ils n'auront plus que des nourritures fortes} Tel un Jeune enfant , dont , à force de chattcrie & de friandi- fes , on a altéré le tempérament ; au lieu qu'élevé avec bon pain de pâte ferme , il devient robufte & de bonne conftitution. Les Fleuriftes qui font commerce de pa- rcils arbres , favent bien à quoi s’en tenir à ce fujet ; mais quantité de gens veulent étre dupes, & en faveur du gain, ils s'y prétent. Le même eft, à peu de différence près , au fujet des mannequins. L’unique façon de planter avantageufement , c’eft de plan- ter à nud. POUDRES SÉMINALES , ou Pous- SIERES. Dans le fyftême de la diftin@ion des deux fexes dans les plantes , ce font elles gui par l'entremife de l'air & des vents, operent une conjonétion pour fe fécon- der réciproquement. Dans le {yftême op- polé clles font des menftrues. Ces poudres ne font autres que les odeurs des fleurs. Poyez FLEURS, CHATONS. POUDRETTE. On a donné ce nom: au térreau qui fe forme au bout-de deux , LL 2 P 393 * trois, ou quatre années des vuidanges , dont on fait les décharges hors de Paris, de ma- tieres appellées fécales. Ce terreau alors ne fent plus rien du tout ; mais il eft fort chaud , & il faut le bien battre, & le mé- ler avec la terre, fi l’on le mettoit deflus, de même qu'on fait à l'égard du terreau ordinaire , comme il ne manqueroit pas de bruler les racines ; ce terreau étant fort fpi- ritueux , feroit bientôt évaporé, s'il étoit long-temps au grand air. La poudrette ne convient qu'à certaines plantes & aux ter- res froides , ainfi que la fiente de pigeons. La poudrette entre dans la compofition de la terre à orangers ; mais il faut qu’elle foit employée avec prudence. POUPÉE, GREFFE EN POUPÉE. On appelle de ce nom toutes les greffes en fente , parce que pour retenir les greffes dans leur place, ainfi que pour empêcher que l'air ne les faififfe & ne les deffeche, pour également empêcher que les pluies, les rofées , les brouillards , n’entrent dans Ja fente , on applique deflus de la terre graffe avec du foin qui fert à les entourer, 394 EE en détrempant le tout dans de l’eau avee du foin. Voyez ENTE , GREFFE. | POUSSER. Arbre, ou plante qui pouf, eft celui, ou celle qui produit des rameaux! verds, des feuilles , des fleurs , des yeux, ou boutons, des graines & des fruits , ou l'une , ou l’autre de ces chofes. C’eft en- core groflir , s'étendre & profiter en tout {ens. POUSSER fe prend en mauvaife part dans le Jardinage , en parlant des arbres qu'on n’a pas affez ménagés. Arbre poufié & épuifé, c’eft la même chofe. On dit ar- bre pouflé , comme on dit cheval pouffé. On dit encore poufer à l'eau, en parlant des herbages & des fleurs, c’eft-à-dire , les arrofcr abondamment , pour qu'ils ne mone tent pas en graine , & pour les avoir plutôt & plus nourris. On s'exprime encore d’une autre façon, en difant faire poufler un arbre, ou toute plante , quand, à force de fumer , labou- rer , biner, facler, mouiller, &c. on leur fait faire des progrès. POUSSE des arbres. Ce font les jets nou VEAUX. | | P 395$ | - PRATICIEN. Jardinier praticien, eft Icelui qui exerce le Jardinage. Jardinier fpé- culatif, eft celui qui, fans avoir pratiqué, mais qui, à la faveur de quelque teinture fuperficielle du Jardinage, médite’, raifon- ne & dogmatife , s'ingere même trop fouvent d'écrire. Combien de ces fortes de | gens, pervertiffant le Jardinage , inondent cet art par des volumes entaflés , & qui ne font imprimés que par la feule démangeai- fon d'écrire : & c’eft ce que nous ferons voir en analyfant quelques-uns de ces fortes d'Écrits dans la fuite du préfent Ouvrage. On y verra, tant de la part des Jardiniers- Travailleurs qui ont ofé fe faire Auteurs, que des autres fimples fpéculatifs , tous non avoués par la nature , combien d’er- _reurs grofferes , de méprifes, de bévues , de préjugés faux, de mauvais raifonnemens, de pratiques vicieufes & meurtrieres pour les plantes quelconques. Il eft donc quef- tion d’une réforme univerfelle , autant dans la façon de penfer, que dans celle d'opérer. Cette réforme elle s'établit depuis nom- bre d'années, & elle perce en quantité d’en- droits , de pour en jour. 394 P Ce mot de praticien a une autre fignif- cation. Ii veut dire un Jardinier ftudieux , “ AL] économe , induftrieux , qui, avec peu de ! dépenfe , fait beaucoup de bons Ouvrages; un Ouvrier qui , au lieu de tout laifler pé- « rir , faute de foin, faute de veiller fur cha- que chofe , & de raccommoder dans le temps , fait {on capital de pourvoir & tout. PRATIQUE eft toute opération du Jar- dinage, conformément à des regles à & des principes. On dit la pratique de Montreuil, pour dire la façon de cultiver les plantes ufitée à Montreuil. PRATIQUE s'entend auffi des arts & des fciences , où l’on opere par des exercices corporels, ce qui forme ce qu'on appelle expérience 3 fuivant le dire des bonnes , à force de forger on devient forgeron. PRATIQUER un art, ou une fcience, c'eft exercer l'un , ou l’autre , s'y former , y acquérir des connoiïffances & de l'expé- riencc. On dit pratiquer le Jardinage, comme on dit pratiquer la Médecine & Îa Chirurgie. PRIMITIF , PRIMORDIAL. Voyez Di- RECTION. Es PTE Lite PE TT À | P 397 - PROBLÈME. Mot grec , qui veut dire opinion , point particulier , fujet , quef- tion , propofition pouvant fouffrir le pour & lc contre, & qu’on peut foutenir de part & d'autre. Dans le Jardinage ce qu'on appelle pro- blème , eft un événement dans la nature fur lequel les uns & les autres opinent à leur gré ; il fait le fujet des préfomptions & des fuppofitions pour découvrir les fe- crets de la nature. C'’eft un problème continuel & le plus furprenant de voir comment la feve peut fe modifier en tant de manieres# dans les racines , la tige , les branches , les feuilles , les fleurs & les fruits ; le changement d’un mauvais fruit en un bon par le moyen des sreffes , eft un problème ; de même de favoir pourquoi la ciguë & l’aconit font mourir , tandis que la laitue bienfaifante , ou toute autre plante falutaire vivifie. Les vapeurs des fruits & des herbages, les nuances & les forrhes fi diffemblables des fleurs, &c. font autant de problèmes , & toujours ilsdonne- ront lieu à des raifonnemens & à des fyfté- mes fans fin. 398 Te P PUCERON. C'eft comme qui ditoit unc petite puce. C’eft un infeéte qui s’atta- che à quantité de plantes , fur-tout aux! feuilles du pêcher , qui les ronge, & quil par là-même, caufe un préjudice confidé: rable à ces arbres. Il èft des pucerons de toutes efpeces. Il en eft qui font fi petits, qu'on ne peut les appercevoir qu'a la faveur de la loupe , ou du microfcope , inftrumens qui groffiiflent les objets bien autrement! que les lunettes. L’air ef plein de ces infeétes & de leurs œufs, comme il eft rempli de graines de mauvaifes herbes. Telle eft la raifon pour laquelle , après des brouillards , qu’on ap- pelle vermineux , toutes les plantes fe trou: vent couvertes de toutes fortes d’infeétes que le foleil , lors du printemps & en été,” fait éclorre en 24 heures. On dit arbre empuceronné ; celui qui cé attaqué de pucerons. On dit encore épus" ceronner, comme on dit écheniller , poux | dire Ôter les pucerons. Les recettes de drogues, quelles qu’elles ! puiflent être , ne font point mourir les pu+ cerons ; OU, fi elles les tuent , elles ne peu- | . j | P 399 vent je faire fans danger pour l'arbre. On ne peut les détruire autrement qu'en les cherchant & les tuant , de même que les vermines humaines & celles des animaux. On donne des moyens ailleurs qu'ici pour y parvenir. PUNAISE DE JARDINS. Infeéte qui incommode les arbres. Il en eft de deux for- tes , la grande & la petite efpece. C:ux de la grande font de la largeur d’une groffe lentille, & ont une odeur infeéte. Ces fortes de punaifes mangent les fruits ten- dres, & fur-tout les pêches. Elles ont des _ doubles aïles ; celles de deflus font comme des écailles femblables à celles des hanne- tons , & en-deflous d’autres aïles qui font repliées , & qui font à jour comme des ré- feaux. Ces animaux on les détruit en les cherchant & en les écrafant. Il faut sy prendre lors du foleil , qu'ils chériflent beau- coup. On arrache une feuille, & on a foin de les prendre avec ; autrement les doigts feroient empeftés par leur odeur abomi- nable. L'autre forte de punaïife de la pctite efpece n’a aucune odeur, mais eft bien plus à redouter pour les arbres. Ce petit animal, 400 ._P dont il eft fait ailleurs par nous la defcrips tion , ronge les feuilles en-deffous , & par! fa fiente , noircit & charbonne les feuilles , l'écorce & les fruits, de même que les! treillages & la muraille. Il fait des coques | d'œufs qu’il répand par-tout & qui pullu- | lent à l'infini. Ces œufs n’éclofent que lorf que la verdure eft fuffifante pour les nour- | tir, vers le mois d'Avril & de Mai. Si l'on. néglige de les détruire , l'arbre s’en trouve fort mal, & trop fouvent il meurt nécef- fairement. Quand on les a laiffé engre- ner jufqu'a un certain point, il n'y a pas d'autre moyen, pour s’en débarrafler , que de laver les arbres , les treillages & la mu. raille avec de l’eau de favon, puis épon- ger avec de l’eau fimple. On n’en eft pas quitte pour unc feule fois. Il faut recom-- mencer à plufieurs reprifes d'année en an- née , à raifon de ce que, quelque précau- tion qu'on prenne, il refte toujours du cou- vain , qu'on ne peut appercevoir. De plus, il en renaït d’autres. Le temps d'y procé- der eft lorfque les boutons ne font pas en mouvement durant l'hiver. De plus , au licu de frotter du haut en bas, ou horizon- ! talement ,. P doi talement, il faut toujours frotter du bas en haut , de peur d’arracher , ou d’endomma- ger les boutons. Il eft une troifieme forte de punaifes qui font rouges & de moyenne grofleur. En Normandie , où elles font fort nombreufes;, on les appelle des mazarins. Elles ne laiffent pas que d'être répandues par-tout ailleurs, Elles vont en bande & défolent les jardins, dévorent les fruits, criblent les feuilles & les mettent à jour. Âu printemps , quand ces animaux attaquent un pêcher, ils ron- gent toute la verdure naiffante jufque dans l'écorce même , & font périr l'arbre : com- me ils aiment foft la chaleur, ilss’adonnent aux efpaliers , & ne fe débandent ailleurs que lors du temps chaud. Le plus grand nombre des jardiniers qui n’obfervent rien, ne s'apperçoit nullement de tous ces dégâts, les voit d’un œil tranquille, & les laiffe bon- nement faire , ne les foupçonnant aucyne- ment ; on les détruit en les écrafant. Cc Quart de jardin. C’eft un efpace particulier du jardin ayant une forme quar+ rée & des allées au pourtour, qui païta- gent le jardin & le coupent en différentes pieces. On coupe enfuite & l'on divife Les quarrés par planches , ayant autour d'elles des fentiers. Il eft aufli des quarrés en une feule piece , & uniquement employés & une feule forte de plante ; on dit un quarré de choux, de navets, de pois, &c. Alors ces quarrés on les feme à la volée, & on n'y pratique point , ni planches , ni fen- tiers; mais il eft plus propre & plus régu- lier , fur-tout dans un jardin qui n’eft pas imimenfe , de partager les orre en plan- ches & en fentiers. QUEUE fignifie , dans le Tabdinape ; toute extrémité attachée à quelque chofe , ou ce à quoi quelque chofe eft attachée. On dit la queue d’une feuille, d’une fleur & 493 d'un fruit ; c’eft l'atrache qui les tient à la branche , ou à la tige. Il faut bien prendre garde de caffer la queue des fruits en les cueillant ; ils ne font plus , ni de mife alors fur la table, ni de garde au fruitier. La queue des feuilles , des fleurs & des fruits qu'on voit tous les jours ; fans y faire attention , renferme des curiofités dignes d'être remarquées. Elle eft le canal par le- quel les feuilles , les fleurs & les fruits re- coivent la nourriture de la branche , & elle contient quantité de petites parties , qui fervent également à fa fubfiftance , & à celle des chofes pour lefquelles elle eft faite, & dont le détail feroit ici déplacé. Les queues des plantes font auffi diverfes que les figures mêmes des plantes. QUEUE D'ARONDE. Il veut dire queue d'hirondelle , & par corruption queue d’a- ronde. C’eft un terme de quantité d'arts. Il a lieu parmi les Menuifiers, Charpen- tiers , Serruriers & autres. C'’eft un em- boitement de deux pieces enfemble , encaf trées de façon que l'entrée foit beaucoup plus étroite que le fond. Mais pour pous Ccz C- 404 voir loger dans l’entaillé cette extrémité, beaucoup plus large que l'entrée , on l'y introduit par en-defflus. Cette figure de queue d’arondc fert à expliquer comment les feuilles des plantes font enclavées dans leur peau , comment celles des arbres peuvent tenir contre l'effort de eertains grands vents, & comment, lors de leur chuté , ces feuilles , en fe rétréciffant & en diminuant de volume , fe détachent de leurs entailles dans la peau , & tom- bent. Pluficurs Attifans difent encore quéue d’hirondelle, quoique l’ufage foit queue d’aronde.Cette figure eft en effet celle de la queue de cet animal , & c'eft d’après fa reffemblance avec elle, qu’elle eft ainfi appellée dans les différens arts. QUINCONCES. Mot grec , & non quinconges , comme difent quelques- uns. Ce font des rangées d'arbres en échi- quier , & non en échiquict. Elles préfen- tent des allées , de quelque côté qu’on Les regarde. La façon de planter la plus univerfelle, cft de tout planter en échiquier , ce qui eft nc forme qe quiaconce. Elle eft fort ne : 405 atantageufe pour gagner du terrein , pour faire plus aifément les labours légers & les faclages , ainfi que pour le coup d'œil. C’eft ainfi qu'on plante & qu'on doit planter tout dans les jardins utiles, & dans ceux de fimple ornement , à l'exception des plate-bandes , des allées , de plein-bois & des mañhiis. R : R az AISSER un arbre. C'eft quand ü monte trop , le ravaler en le coupant plus bas , ou fur des bons yeux, ou fur des bran- ches jeunes & vigoureufes. On dit encore dans un autre fens rabaiffer les branches fur les côtés quand , au lieu de les placer per- pendiculairement aux efpaliers , Où aux contre-efpaliers , on les tire de côté , de- puis le bas du mur , ou du contre-efpalier jufques en haut. C'eft les étaler à la façon dont nous étendons nos bras de toute leur longueur ; au lieu qu’en les montant droit, comme on a coutume de faire, on a tou-« CEcs3 406 R jours de fort vilains arbres, prefque pas de fruits , & là muraille eft toujours dégarnie du bas. J’oyez: EMPORTÉ. RABOUGRT, terme populaire. Il fe dit des arbres, de toute plante & des fruits: Ratatiné & racorni. font la même chofe. C'eft , en faït d'arbres , celui qui ne fait que rechigner , dont les poufles font maigres, qui ne donne que des fruits mefquins , dont l'écorce eft toute raboteufe , qui, au Heu de profiter, femble décroitre, unarbre enun mot hideux , vilain à voir. Ces fortes d’arbres péchent par le prin- Cipe ; vicé d’origine , mauvaife plantation, mauvais régimé , défaut aufli quelquefois de fa part de laterre. Le remede eft d'en mettre un autre à la place , mais en changeant laïterre , &c: Plantes rabougries fe dit des herbages & des feurs qui ont les mêmes défauts que les arbres &c les fruits rabougris. Les-fruits rabougris font de petits fruits ratatinés , graveleux en dehors , pleins-de bofles & de creux , picrieux en-dedans , & qui n’ont nulle faveur... Le Jardimier! eft le maître d'empêcher les arbres d'avoir de tels fruits, R 4? &z ce en mille manierés trop longues à dé- tailler ici. RACINES, font la partie inférietire de toutes plantes , laquelle réfide & eft ca- chée toujours en terre. C’eft cêtte partie d'ellesmêmes qui toujours eft formée la premiere dans toutes les femences , & qui recoit, où qui pompe directement les fués de la terre pour lés faire pañler continuélle- ment à tout le refte des plantes. Lés racines font compoñées d’une fur- peau & d’une peau, & elles font criblées de petits trous de toutés parts. Dans toutes eft un gluant dont ii va étre donné une Lé- gere ébauche. La deuxiémie peau eft toujours imbibée de ce gluant , qui eftun fuc limonneux & gras , fervant à faire couler la feve, com- me dans notre gofier le femblable, qui fert à fairé couler fes nourritütés, fans quoi elles s’y attacheroient. Toutes les racines font creufes par les bouts , & ouvertes pour pomper, Où poux recevoir les fucs de la terre. If eft auffi dans toutes des efpaces vui- des, des loges, des interftices , des parois, Gc4 403 R qui fe vuident fans cefle, & qui égale: ment à tout moment fe rempliffent, de même que nos veines où le fang pañle & s'échappe continuellement ; mais qui cf auf fans cefle remplacé par ce même fang artivant toujours fans difcontinuer. On range dans quatre clafes les diverfes racines ; favoir , des srofles , des moyennes, des petites , & le chevelu, defquelles va être dit un mot. On dit racines chancies, moifies , pour- rics, ufées, épuifées , brulées par les bouts & chancreufes. À toutes ces chofes font des remedes , mais que nul ne connoît, ou ne pratique. On laifle périr quantité d’ar- bres faute de foin, ou de favoir pour les panfer. On appelle racines , quantité de plantes qui fervent à nous nourrir , telles les pa- nais , navets, carottes , raves ; falfifis , &c. | Ces quatre fortes de racines font des li- gncufes,ou offeufes,qui font ainfi appellées, à caufe qu'elles tiennent de la nature du bois & de nos os pour la folidité, Des demi- Hgneuics, ou demi-offeufes , qui font in- R 409 férieures à celles-à. Des fibreufes , qui font des filets creux , plus, ou moins gros & alongés ; enfin les chevelues, à caufe qu'el- les ne font pas plus groffes que des che- veux. Ailleurs on traite au long ce fujet. Faute d’avoir étudié fufifamment la na- ture dans les racines ; pour conncitre leur tiflu , leur organifation , leur méchanifme, leurs fonions diverfes, leur ation & leur jeu , non -feulement on ne les a pas aflez ménagées; mais on a péché griève- ment à leur égard, la pratique univer- felle étant de les mutiler étrangement. Tous en effet s'accordent en ce point , de n’en laifier prefque point en plantant , & nul livre qui ne le prefcrive. Monfieur de la Quintinie , entr'autres, excelle en ce point : il donne des préceptes pour le faire avec art , & il entre, à ce fujet , dans un détail le plus ample. Quiconque eft au fait du méchanifme, tant interne, qu’ex- terne , des racinés, &c de ce qui compolfe leur tiffu intérieur, fe garde bien de les offen- fer aucunement; & c'eft fur quoi il eft quef tion d'inftruire ici par rapport à un point ef- fentieluniverfellement ignoré, & qui eft des 410 R plus curieux, & autant impôttant pour 14! pratique. | Il n’y a point de plante, fi petite qu’elle puifle être, où ne fe rencontre néceffaire- ment dans l’intérieur des racines une cou- che inhérente d’un muqueux, un gluant, un collant qui tapiflc les parois du parenchy- mc. À ce muqueux eft toujours Joint un acide , ou un levain, tel qu'il puifie être, lequel eft propre & particulier à chacune des efpeces des végétaux ; de cet acide l'in- térieur de la racine eft toujours impregné. Ce muqueux fert d’abord à faciliter , com- me a été dit, l'introduction & le pañlage des fucs de la terre dans les racines , puis dans tout Le refte de là plante , où le fem- blable cft placé par la nature. C’eft ainfi que le Créateur a placé dans l'œfophage, ow le gofier de tout être vivant , un glaireux, un limonneux , un gluant , pour l’écoule- ment des nourritures dans l’eflomac. Pa- reil muqueux , & une forte de velouté eff, pour diverfes faifons , également dans nos vifceres. L'acide , ou le levain, qui femblablement vréfide , fert à décompofer les fucs de la R Che: terre , & à les rendre proptes à chaque ef- pece de plantes. La feve , qui eft un liquide fpiritueux c@mpolé de toutes parties ni- treufes , fulphureufes , onétueufes en mé- 0me-temps que balfamiques , n’eft qu'une, quoi que dife ; au contraire , le profane vulgaire , & même quelques favans Culti- vateurs. Les uns & les autres prétendent que la terre contient autant de fucs qu'il y a de plantes différentes , & que la feve eft autant diver{e : nous faifons voir dans no- tre Traité de la feve, qu'elle n’eft qu’une. C'eft à la faveur de ce levain , ainfi que pat le moyen des moules intérieurs & des ca- libres où eft le muqueux que cette feve ac- quiert tant de formes diverfes, de configu- rations fi variées, de qualités &z de proprié- tés particulieres ; & telle eff la raifon , du moins [a plus apparente , pour laquelle la ciguë donne la moït , tandis que la laitue vivifie. Ainfi dans les animaux les nourri- tures , quoique les mêmes , font modifiées diverfement. C’eft en conféquence aufli | qu'une greffe appliquée fur un arbre , la- | quelle ne vit que de la fubftance du fauva- &con, porte des feuilles, des fleurs & des : | #12 R fruits tout autres qu'auparavant , à raifor | du changement d'organes travaillant tou différemment la feve. | C4 Ce muqueux , qui eft dans le parenchyA me des racines , qui s'étend , & qui fe com munique à toute la plante, produit con: jointement avec le levain, & auffi par les moyen des organes, la diverfité de forme® &z de gout dans les feuilles , les fleurs & les fruits. Enfin les caux minérales & autresk contradant des qualités ferrugineufes , 84 diverfes autres , fuivant les veines de terresh par lefquelles elles pañlent , peuvent donner® un grand jour à ce problême. On peut, 8 fans recourir à des expériences fitives avec le vinaigre , l'eau-foite, & l'application de toutes matieres corrofives, s'aflurer du vrai en difféquant , & en mettant dans fa bou: che , ou en décompofant des morceaux de {es racines. Ce muqueux s’apperçoit plus particuliérement dans les racines fibreufes; en les froiflant & les brifant dans les doigts: De tout ce que deflus que conclure à Une foule de conféquences , qui nous mencroicnt trop loin ; mais en deux mots; qu'il faut refpecter les racines, & en mieux R 413 ufer envers elles, qu’on n'a fait jufqu'ici: enfin, qu'il en coute prodigieufement à la nature pour réparer tous les dommages qui lui font faits par la mutilation & le retran- chement des racines , dont on dérange , & dont on détruit l’organifation & le mécha- pifine , tant interne qu'externe. Voyez SU- ÇOIR. RACORNI, vient du mot de corne, qui, quand elle fent la chaleur , ou le feu , fe replie , fe refferre ; dont alors les parties fe rapprochent les unes des autres, com- pofant un moindre volume , & remplit- fant un moindre efpace ; ou bien quand, étant à l'humidité , elle fe gonfle & fe dé- jette. Ainfi le cuir, le parchemin & autres, éprouvent le femblable, à l'occafion de ces deux contraires. C'eft dans le premier fens qu'en Jardinage on dit de la peau d’un ar- bre, d'un fruit, d’un légume qu'ils font racornis, quand ils fe fanent , fe rident , & lorfque cette peau n'eft point bandée, comme elle doit l'être, bouffic & rebon- die. C'éft figne de dépérifflement. Un Jar- dinier intelligent aimant fes plantes , n'at- 1% tend pas que les chofes en viennent la: il 414 R t | prévient le mal, ou il y remédie, & ens cherche la caufe. On donne en fon lieu tous h enfeignemens à cet égard. RACORNISSEMENT n'eft autre queh comme deflus , un flétrifflement des par-" ties & unc forte de rétraction fur elles mêmes , un trétréciflement. Voyez ES | TION. | RADICAL , HumipE RapicaLr , ilk vient du latin , & veut dire principe d’hu-M midité. On le dit particuliérement de la! terre: fi ce principe tarifloit , c'en feroit! fait de toute plante; & lorfque cet hu-# mide radical eft altéré , ces mêmes plantes ont beaucoup à foufirir , fi les arrofemens. n’y fuppléent. RAFRAICHIR les racines des arbres 8! des plantes avant que de les mettre en terre; ce n’eft pas les écourter, comme font tous les Jardiniers , qui les réduifent prefque : Q rien; mais c'eft Ôter feulement à à l'épaif- feur d un fou neuf l'extrémité, qui eftun peu gercée , ou fanée , ou bien auxquelles » il fe trouve de petits lambeaux par les bouts. . Voyez HABILLER. | R __ 4S |: RAGRÉER. Voyez RAFRAÎCHIR, RÉ- PARER. RAJEUNIR un arbre ; c’eft ie tailler uni- quement fur les branches de la nouvelle poufle , & fupprimer la plus grande partie du vieux bois. Cette opération doit être faite avec toutes les précautions & Les con- ditions requifes , & toujours en em- ployant l’onguent S. Fiacre fur les plaies férieufes. RAMEAU. Voyez; BOURGEON. RAMIFICATION. Ce mot eft compofé du terme de rameau & du verbe faire, comme qui diroit , fait de différens ra- meaux. On appelle ramifications dans les plantes les diverfes diftributions des rameaux , ou branches moindres qui tirent leur origine de rameaux plus gros. C’eft ainfi qu'à nos veines On apperçoit quantité de ramuf- cules , ou petits rameaux dérivant des grofles. | RAMIFICATIONS DES FEUILLES. Ce font certains filets qu'a travers les feuilles on | apperçoit dans leur intérieur , & qui fur le ; plat de ces mêmes feuilles font ras & unis, k 416 1 | mais faillans & raboteux au reves. C'eft par-là que Îa feve leur arrive, & eft difper- fée dans toute la capacité de la feuille, pour y être cuite & digérée par l'air qui les: frappe, & tamifée dans tous leurs contours & leurs circuits faits eñn forme de l1by- rinthes. 4 RAMPANT , PLANTES RAMPANTES. Ce font celles qui , {étant extrémement tendres, creufes en dedans, & remplies d'une humeur féreufe , ne peuvent fup- porter d’être attachées à quoi que ce foit, 8 font répandues à plat fur terre, où elles s’é- tendent au loin, chacune füivant leur capa- cité. Tels les melons, les concombres , les citrouilles , les courges & autres. Il eft quantité d’autres plantes également ram pantes , comme font la plupart des légu- mes , perl, ofeille, épinards, pourpier. Il eft des plantes farmenteufes , telles que la vigne & fes femblables, qui rampent également fur terre ; mais à qui il faut des fupports , ou à qui la nature a accordé des grifes pour s'attacher , ou des grapins, tels. le lierre , la vigne-vierge & autres. Il eftaufi de ces fortes de plantes rampantes à qui ÇCttc R 417 cette même nature a donné la faculté de s’entortiller autour de tout ce qu’elles ren- contrent , ou fpiralement , tels que les pois, les haricots , les lizerons , &c. RAMUSCULE , diminutif de rameau, & qui veut dire petit rameau. Ce {ont dans les feuilles les divifions de ces filets qui for- tent des plus gros , & dans les racines , ce font les petites qui fortent des moyennes a différens étages. RAPPELLER un arbre , eft un terme nouveau ; mais inventé avec Jugement , & employé à Montreuil avec autant de difcer- nement. Rappeller s'entend des arbres qui, après avoir été quelque temps laiflés un peu a cux-mêmes Juiqu'a un certain point , à çaufe de leur trop de vigueur, font, par la fuite , tenus un peu plus de court. On les rappelle alors ; c’eft-à-dire, on les foulage à la taille , on les rapproche un peu , on les rabat & on les décharge. RAPPROCHEMENT , RAPPROCHER, fe dit des arbres & des paliflades. Le rap- prochement des arbres à lieu, quand les arbres s'étant trop allongés du haut & des cotés font dépouillés du bas & du milieu ; Dd 418 R alors on eft obligé de les tailler plus bas pou les regarnir. Mais ce rapprochement fe fait par gradation , un peu dans une année, & un peu dans une autre, en 3, 4, $ , OU6 ans ; & voila ce qui n'eft rien moins qu’en- tendu dans le Jardinage. On ne fait que tout fabrer d’abord , étri- per, ébotter , réceper , étronçonner, tout abattre , voila ce qu’on entend au mieux ; mais ménager de bon bois pour fe repren- dre deflus , ravaler adroitement, peu-à-peu, d'année en année , pour ne pas tout-à- coup épuifer un arbre , à force de lui faire des plaies graves, où fouvent les chancres & là gangrene gagnent & carient les ar- bres. S'atticher à tirer avantage de certai- nes poufles heureufes , inattendues & ca- pables de renouveller tout l'arbre ; lui don- ner le temps de fe remettre, le remonter avec de bons engrais , quand il y a lieu de tout efpérer encore d’un arbre vif d'ailleurs; enfin fe retourner habilement de diverfes façons pour fauver un arbre en qui eft en- core de la reffource ; voilà ce qu’on ignore. L'on à plutôt fait d’arracher & de planter. Mais ce nouvel arbre combien duxera-t-il ? R 419 Après peu d'années un pareil fort l’at- tend , qui n’eft que la fuite d’un traitement femblable à celui de fon prédéceffeur. C’eft ainfi qu'on ne jouit point en dépénfant gros, en perdant beaucoup de temps, & toujours lon n’a rien en comparaifon de ce qu’on pourroit & devroit avoir. : RAPPROCHER une paliffade de char- mille , d’ormille, d’érables , de tilleuls , &c. C'eft quand , au bout d’un certain nombre d'années qu'elle s’eft trop allongée &c éclaircie , on la coupe tout près du vieux bois pour lui faire poufñler de nouveaux fcions. | RAT dansles Jardins. Moyen de s’en dé- livrer. Voyez TAUPES. RATATINÉ. Voyez RABOUGRI , Ra: CORNI. RATEAU , RATELER , RATISSER , RA: TISSOIRE , termes d’ufage dans le Jardina- ge , pour fignifier des outils de cet art, & l'aétion de travailler avec. RATEAU eft un outil de bois où font des dents de fer, avec un long manche, pour attirer à foi les immondices du Jardin, les 4mafler pour les enlever. Dd 2 429 R RATELER, c ‘cit avec le rateau faire ce que deflus. RATISSER, c’eft avec la ratifloire grat- ter le deflus de la terre pour ôter les mau- vaifes herbes, & les enlever par le moyen du rateau. _ RATISSOIRE eft un inftrument de fer plat replié,long d'environ un pied & étroit, ayant üne douille & un long manche de bois. Ït eft une autre ratifloire qu’on appelle à poufler, & dont le fer eft à plat, & l’on pouffe en avant pour écrouter la terre; au lieu qu'avec celle ci-deflus on fait en tirant a foi. RAVALEMENT , RAVALER. Ce terme cft pris de la Maçonnerie. Dans cet art on appelle ravaler un bâtiment , quand en s’y prenant du haut , on fait un nouvel en- duit en allant toujours jufqu’en bas. Le même fe pratique dans le Jardinage , quand un arbre eft emporté , & qu’on le rabat fur les branches inférieures. Voyez RABAIS- SER ; RAJEUNIR , RAPPELLER & RAPPRO- CHER. RAYON. Semer & planter par rayons. R 421 Rayon, ou petite raie, c’eft la même cho- {e. On dit rayon d’afperges , de vigne , &c. Voyez TALUS. Semer par rayons, c’eft , après avoir fait avec un traçoir unc raie fur terre au cor- deau , y répandre de la femence, ou des graines , & les couvrir de terre. Planter en rayons fe dit de la vigne & des afperges plus particuliérement. Voici l'u- fage commun. On fait au cordeau une fouille d’un , ou de deux pieds de profon- deur , fur autant , ou environ de large, & on laifle un entre-deux de terre de fembla- ble grandeur , fur lequel on jette la terre de la fouille , & l’on plante dans ce fond ainfi creufé, puis d'année en année on prend de Îa terre de cet entre-deux pour rechaufler toujours le plant , jufqu’à ce que le fond foit rempli, & que tout foit de ni- veau. Tel eft l'ufage ordinaire. Quoiqu'il ne foit point blâmable en lui-même ; ce- pendant on peut le perfe&ionner de la fa- çon qui fuit. Au lieu de deux pieds d’un rayon à l’autre & d’un ados fembiable , en donner quatre ; par conféquent chaque planche & chaque rayon auront quatre Did ; A22 R pieds. Alors il y aura beaucoup moins d'ombre que de la part des ados, fidurs, & fi près l’un de l’autre , à deux pieds de dif- tance feulement : les plantes par confc- quent recewont plus amplement tous les bienfaits de l'air. Il fera loifible en outre d’efpacer davantage fon plant , qui aura plus de nourriture. Enfin combien de facilités pour les labours & pour placer les engrais , ainfi que pour tout le travail ? 11 cft encore d’autres avantages qui ne font point à comparer à ceux de l’ufage com- mun. On peut en eflayer. Tout ce que deflus eft d’après l'expérience. RAYONNER. C'eit tirer & marquer avec un outil des raies fur la terre , & la creufcr enfuite , fuivant ce qu'on veut y planter. On dit rayonner pour planter des afperges & de la vigne , &c. RAYS , terme ufité à Montreuil, & in- connu par-tout ailleurs. Ce font les rayons des vieilles roues de carofles que des gens achetent à Paris, pour déchirer & mettre en piece. Les gens de Montreuil achetent ces rayons pour les faire fceller au haut de Jeurs murailles en faillic, & deflus ils po- R 425 £ent des paillaflons plats, comme a été dit. Voyez PAILLASSONS. Pourquoi plutôt ces rays, ou rayons de roues que d’autres bois, comme plu- fieurs en ont ? C’eft par rapport aux di- verfes couches de vermillon en huile qui les garantit dela pourriture. REBOTTÉ , terme de Pépiniérifte, On appelle un arbre rebotté , celui que le Pé- pinicrifte n’a pu vendre , & qu'il a coupé tout près de fa greffe. Il poufle un , ou deux jets, qui reflemblent beaucoup aux jets des greffes ; mais ces arbres ainfi rcbottés, à çaufe de ces deux plaies , fi proches l’une de l’autre ; favoir, celle de la greffe de l’an- née précédente , & celle du rebottement faite tout près de celle-là en dernier lieu, font fort rifquables. Cependant il en eft qui nc laiflent pas que de bien faire : mais cela eft plus rare que le contraire. Beaucoup de Jardiniers , qui ne s’y connoiffent point , Ou qui n'y regardent pas , prennent de ces arbres rebottés , & font fort fouvent trom- pés. Le rebottement n’a lieu que par rap- port au pêcher, qui, quand on le laiffe fans le rabattre, fe dégarnit du bas, & n’eft Dd 4 424 R plus de défaite ; ce qui n'arrive point aux autres arbres qui percent du bas, au lieu que rarement le pêcher. RECEPER vient du latin , & veut dire couperune feconde fois. C’eft un arbre déja rebaiffé qu’on rabat plus bas encore , parce qu'il ne s’eft pas remis. Voyez ÉBOTTER & ÉTRIPER. RECHIGNER. On entend par rechigner être de mauvaife humeur , chagrin, trifte, bourru , mélancolique , & lon dit par comparaifon qu'un arbre rechigne quand 1l fait mauvaife figure dans le jardin, foit pour avoir été mal planté avec les racines écourtées & mutilées , comme aufh pour être trop avant dans terre, foit pour être charpenté continuellement, & privéde fes rameaux , qu’on Ôte , ou qu'on pince & re- pince, qu'on racourcit fans fin, & qu'on tourmente en toutes manieres , foit pour être dans un terrein défavantageux , &c. Voyez RABOUGRI. RÉCHAUF, RÉCHAUFFER , fe dit des couches. On appelle réchauf du fumier de cheval , ou de mulet fortant de deffous l'a- nimal, lequel on place tout autour d’une R 425 couche à l’'épaiffeur d'un pied, quand la couche commence à fe refroidir. Si l'on fabriquoit les couches , comme il eft prefcrit à l’article des couches dans le préfent Diétionnaire , on ne feroit pas dans la néceflité de réchauffer après coup, ni aufli fouvent qu’on le fait. 11 eft hors de doute que les couches tiendroient leur cha- leur le double du temps ordinaire. On peche aflez communément dans le Jardinage au fujet des réchaufs. On attend ordinairement que la couche foit prefque froide pour appliquer le réchauf; de plus on met la plupart du temps le réchauf de niveau avec fa fuperficie, au lieu de l’exhauf- fer au moins de 6 pouces de plus: en ou- tre il faudroit qu'il füt bien foudé, battu & piétiné ; en fus encore il feroit queftion d’avoir toujours une feconde couche toute prête, & lorfque la précédente commen- ceroit à fc ralentir , on tranfporteroit fon plant fur la nouvelle faite ; bien entendu qu'on n’arracheroit point , & qu'on ne ti- reroit pas hors de terre de quelque façon que ce puifle être le plant ; mais qu'ufant de petits pots à bafilic, on les tranfportte- 426 R roit tout brandi fur la nouvelle couche ," & qu'on enfonceroit jufqu’au rebord, com-M me ils étoient. Enfin en fuppofant uneterre! faétice pour fubftituer au terreau , qui eft" extrémement poreux , & qui par confé- ? quent fe refroidit aufli aifément qu'il s'é 4 chauffe , la couche conferveroit bien plus “ long-temps encore fa chaleur avec cette terre plus compaéte & plus ferrée, com- | poféc d’ailleurs de tous ingrédiens propres à s'échaufter fuffifamment , fans trop s’en- | flammer. | Ce qui eft propofé ici , tant pour les ré- chaufs que pour les couches, n'empêche- roit pas que pour les falades de primeur, on ne pratiquât, comme on à fait Juf- qu'ici, en laiffant fon plant à demeure fous chaque cloche ; mais il faudroit remonter & renforcer le terreau en lui donnant plus de corps. Voyez COUCHE , TERRE FACTICE. Tout ce que deffus , ainfi que ce qui cft | dit à l’article des couches, ne préjudicie en rien aux chaffis ; feulement il y faudroit fubftituer auterreau la terre factice. Ceci R 427 eft tellement d'importance, qu'on ne peut trop le rebattre, ni infifter deflus. RECHAUFFER des afperss. On pour- roit s’y prendre autrement qu'on ne fait pour réchauffer des afperges. Elles font communément maigres, petites , COUftCS & toutes blanches , filandreufes, fouvent ameres , ou fans gout. On les leve deterre, & on les met dans le terreau , foit fous chaflis , foit fur couches chaudes. Le ter- reau cft trop veule pour leur donner de la qualité. De plus ces afperges qu'on rc- chauffe ainfi , ont d'ordinaire été cucillies l'année même , par conféquent elles ne . peuvent être valeureufes : enfin la plupart du temps ces afperges qu'on réchauffe font de vieux plants ufés qu'on veut dé- truire , & qui font invalides. Voici donc comme il faudroit s’y pren- dre. Au licu de déplanter, ce qui altere & affoiblit la plante, il faut réchauffer en place ; faire pour cet effet aux deux côtés d'un rayon d’afperges de $ à 6 ans dans fa pleine vigueur , deux tranchées d’un pied & demi de large, & d’autant de profon- deur, La mettre du fumier chaud que l’on 428 R à piétine tant & plus pour qu’il tienne 3" chaleur , & l’exhauffer de chaque côté de 6 bons pouces de plus que la terre du rayon. # Couvrir le rayon avec de la grande paille# qui n'ait pas été fous les chevaux , laquelleW on brife , ou de la grande litiere , qui ait# été long-temps à l'air depuis qu’on l’a tiréeW de deflous les chevaux , & qui par confé-W quent n'ait point de gout. Si l’on a des! chaffis en commandement, on porte un, ou plufcurs chaflis fucceflivement fur le fayon , & l’on poufe plus , ou moins pour accélérer , ou retarder , fuivant le befoin. Sur cette grande paille brifée , ou fur la li- tiere, on met une épaiffeur de 8 , ou 9 pou- ces de fumier chaud, & par-deflus des ! paillaflons pour parer contre les humi- dités. | De temps à autre on leve le tout quand le froid n’eft pas grand pour faire brunir & verdir les afperges , puis on recouvre. Si les gelées font fortes, on fe tient coi , & lorfqu'il eft un rayon d’un beau foleil , on en profite. On ne réchauffe pas tout à la fois, mais fucceflivement; faire à cetégard, favoir pour couvrir 8 découvrir , le mé- R 429 me que pour les plants d’artichauts. On obferve de ne pas cueillir l'année même les rayons d’afperges que l’on def- tiné pour réchauffer , & on les laiffe auffi année d'après fans les cueillir, &, par con- féquent , on peut , de deux années l’une, réchauffer alternativement les mêmes rayons. Ces afperges , qui ont été réchauffées , on les reftaure pour les remettre de leur fa- tigue , avec fumier bien confommeé ; on Ôte la grande litiere qu’on a mife deflus & le fumier des réchaufs , & on remet la terre qu'on avoit Ôtée. Ne point laifler de lacunes ; & fi quel- qu'afperge vient à manquer , la rempla- cer par unc autre , qu'on leve avec toutes fes racines à un bout de rayon qui cft fa- crifié pour ce fujet. Sur tout ce que deflus , on peut enché- rir & perfectionner. On Ômet ici beau- coup de menus détails auxquels on peut | fuppléer; mais voilà le principal. | s | D'après cette pratique, on a des afper- ges , à peu de différence près , aufi grof- 450 R fes, auffi belles & auffi favoureufes que dans la faifon. 4 Tout ce qui eft ici prefcrit eft dans ur fens moins embarraffant , qu'en déplantantk & en tranfportant fur couches , ou fou chaffis , & eft bien plus fimple & plus na turel. Le tout à commencer vers Ja fin d'O&tobre, & continuer Jufqu'au prin-M temps. Renouveller les réchaufs en cas def befoin. Nous convenons que le tout cft# plus couteux que fuivant la facon ordi-k nairc. Mais qui font ceux qui mangent d'un tel mêts? fi ce n’eft les oppulens cu= rieuX , à qui rien ne coute pour fefatisfaire. Quoi qu'il en foit, il vaut mieux patien- TT pour avoir chaque chofe en fon temps. RECOQUILLE , & non pas RECRO= QUEBILLÉ. Recoquillé veut dire > Cn par- lant des feuilles, qui eft rcplié en forme. de coquilles : c’eft ce qui arrive au prin- TEMPS , quand les temps font contraires M Voyez CLoQué. REGREFFER veut dire greffer un arbre qui l’a déja été, parce que fon fruit n’eft pas bon , ou pour toute autre raifon. ; | R 431 ” Quiconque veut avoir des fruits monf- trueux , n'a qu'à greffer tous les ans un même arbre fur la poufle de la nouvelle greffe , en changeant toujours d’efpece de greffes ; & au bout de 9, 10, II,Ou72 ans , les fruits qui viendront fur la der- niere greffe feront furprenans. L’expé- tience juftifie ce point. Elle en a été faite plus d’une fois , & fpécialement par lAu- teur du préfent Dictionnaire jufqu’à neuf fois , & en dernier , il a eu des fruits monf- trueux. REMEDES quant aux plantes. Voyez MÉDICAMENT. : REMONTER DES TERRES, TERRES REMONTÉES. Ce font celles qui, dépour- vues de fubftance , foit parleurnature, foit pour avoir trop porté, font renouvellées par d’autres terres qu'on y rapporte , OÙ par | abondance de fumier qu'on a mélés avec elles , foit avec force terreau gras. | RENOUVELLER. Voyez RAJEUNIR. | RÉPARER, terme de Jardinage. C'eft , | lorfqu’on a fcié quelque branche , unir la plaie en ôtant avec le tranchant de la {erpette toutes les bavures , les efpeces d’'ef- 432 R ; | quilles, les petits lambeaux de l'écorce oc: cafionnés par les dents de la fcie. C'eft à quoi il ne faut pas manquer ; autrement la plaie ne fe recouvriroit point , le bois fé- cheroit , & il s’y feroit un chancre. Sur- tout emplâtre d’onguent S. Fiacre. | REPLANTER veut dire planter une fe- conde fois , foit un arbre à la place d’un. autre , foit un arbre qu'on tranfporte d’une place dans une autre. Quiconque plante bien , & fuivant une méthode, cft bien für de ne point replanter. Ne devroit-on pas être las de replanter fans fin , comme fans jouir ? Que de temps perdu ! RÉSERVE , BRANCHE DE RÉSERVE, Voyez; BRANCHE. RESSORT. Voyez ÉLASTICITÉ. REVERS DES FEUILLES, ou leur EN- VERS. C’eft cette partie plate d’elles-mé- mes qui cften-defflous. Toujours le revers, | ou l'envers des feuilles eft différent du def. | fus. La nature a fes raifons dans ces fortes de diflemblances dans un même fujet, & dont ailleurs on rend raifon. RIDES. J’oyez ANNEAUX. RIGOLE , RIGOLER, terme de Jardi- nage. R 433 hadc. Rigole ;-ou petit creux tiré en long. . Par rigole, on entend une fouille étroite faite dans la terre pour y mettre des femen- ces, ou de menues plantes. Il eft quantité de graines & de plantes qu'on feme & qu’on met dans des rigoles , comme l'ofeille , le perfil , le cerfeuil , les laitues à couteau, &c. Il cft aufi des groffes femences que pa- rcillement on met dans des rigoles , telles lés pois , la poirée , la chircorée fauvage & autre. Le même eft pour quantité de plan- tes & de fleurs qu’on met en bordures par risgoles ; les fraifiers , par exemple, dont nous avons donné un Traité. RIGOLER, c'eft faire de ces tranchées étroites , ou fouiller des terres pour y met- tre certaines.plantes qu'on veut faire blan- chir dans la terre , comme le céleri, que dans la fuite on butte , & autres plantes. RIGOLER pour faire écouler Îles eaux ; c'eft faire de petites tranchées en forme d’or- nicre, pour diriger les eaux déhors. Il eft auffi des rigoles faites avec des gouttieres pôur porter les eaux d'un quartier du Jar- EE 454 R din dans un autre, comme «en ont la plus part des Maraifchers autour de Paris. ROBE , fruits à robe. Ce font tous ceux qui ont, à l'extérieur, une forte de fur- tout en forme d’écorce , dans lequel'eft en- chafé le fruit. Tels les avelines , les noi- {ettes & le gland. ROGNER. Voyez; ARRÊTER , PIN- CER. ROUILLE eft une maladie des arbres 8 des autres plantes. Elle eft appellée ainfi à caufe des taches livides de la couleur de la rouille du fer qui les prend. Cette ma- ladie , qui vient de bien des caufes , fait grand tort aux plantes. Il ceft des remedes pour la guérir, quand elle n’a point fait trop de progrès. Les arrofemens faits avec des eaux trop dures & trop crues de puits fort profonds , & qui font trop froides, ou bien qui ont pañlé à travers des bancs de pierre tendre, font rouiller & périr quantité de plantes , les melons, entr'autres , & les concombres , le céleri , comme auffi quan- tité de plantes tendres & délicates. Les hu- midités froides produifent le même effet : les pluies démefurées encore. 28 _K 43 _ Arrofér en plein midi les plantes tendres fur les feuilles, occafionne la rouille. Lé contrafte du chaud & du froid produit dans es plantes es mêmes effets qu'en nous, lorfqu'excédés de la chaleur , nous allons dans un lieu froid ; où nous buvons alors très-frais. Telle ef la caufe la plus ordi naire de la rouille des plantes. La rouille cft préjudiciable aux plantes, en ce qu'elle attaque leurs feuilles , qui font les ouvrieres de la feve, & qui lui fervent de cribles & de tamis; une plante rouil- lée cefle de profiter, elle va toujours en dépériffant ; enfin la plupart du temps elle avorte. Dès que Îles ouvricres , faites pour travailler , cuire ; digérer la feve, & de plus pour pomper au-dehors les bienfaits de l'air & les influences d’en haut , afin de les tranf- mcttre à toute la plante, font hors d'état : de faire leurs fonctions à raifon du déran- gement de leur tiffu ; la plante patit de toute néceflité. Les taches livides impri- mées fur les feuilles, font autant de froif. femens , où la feve ne peut plus arriver; ces parties ainfi froiflées venant à fe {echer, deviennent paralytiques. | EE 3 436 R La rouille a pour caufe , entrauttes , les vents brulans auxquels fuccéde tout-à-coup une pluie froide &z morfondante , qui in- cife & déchire les parties membraneufes de ces mêmes feuilles. Dans les lieux hu- mides, foit du côté de la terre, foit du côté de l'impreffion de la trop grande hu- midité des vapeurs le long des étangs & amas d’eau , contribue encofe à la rouille. Les Maraifchers autour de Paris arrofent fans obferver quoi que ce foit de tout ce que deffus; mais d’abord ils ne peu- vent faire autrement 3 enfuite ls ne s'en trouvent pas MIEUX : enfin ils ufent de précautions envers les plantes déli- cates, de même que les curieux pour les feurs & pour les plantes grafles. Nous trai- rons de la rouille dans notre Traité des ma- ladies des plantes. | $ SACLER , OU SARCLER. M. de la Quin- tinie dit l’un & Flautre, I. Partie, p. 97, & dans fon Diétionnaire ; mais le dire uni- verfel des Ouvriers & des gens de campa- gnc ft facier. On entend par ce mot ôter, de quelque façon que ce foit, les mauvaifes herbes. SACLAGE eft l'aétion de facler. SACLEUR , eft celui qui facle. ‘Il eftun art pour le faire à propos , fañs nuire aux plantes utiles. SACLOIR , eft l'inftrument-de fer avec lequel on coupe les mauvaifes herbes. Cet iftrumentæft connu de tous les Jardiniers, & il eft d’une différente forme & figure , fuivant l’ufage des lieux. | | Jamais on ne devroit facler dans un Jar- din bien entendu , mais biner & ferfouir. En Ôtant les mauvaifes herbes , dès leur naiflance , on ne leur donne point le temps äe s'approprier & de confumer en pure Ée: 438 S perte les fucs de la terres ces mauvaifes herbes font au moins autant de confom- mation de ces fucs, que les bonnes & les utiles. Il ne faut qué comparer la produc- tion de ces herbages fortuits avec tes plan- tes fruébucufes qu'un même efpace de ter- rein peut rendre, & l’on verra qu'ils font équivalens à celles-ci , s'ils ne Femportent. Voyez HERBES. SAGE.. Ce mot , dans le Jardinage , eft confacré à Montreuil , pour fignifier l'état d'un arbre qui, après avoir pouffé. folle: ment par'trop de vigueur 8 d'embon- point, cft enfin ce qu'ils appellent fubju- gué , à force de lui avoir-laiflé poufler des gourmands & des demi-gourmands, & de lavoir chargé, tiré & atlongé , pour, com- me difentencore les bonnes gens de ce lieu , lui faire jetter fon feu. C'eft donc alors qu'un tel'arbre eft devenu fage. Cette fa- gefle, attribuée alors à cet arbre , confifte à ne plus poufier que modérément ,.& tou- tes branches frutueufes. Telle eft ja façon dont cés agriculteurs s'y prennént pour r<- duire ces arbres indociles , & ils y parvien- nent pour leur profit particuler , & pour RUE 00 RS er dt S 439 l'avancement de l'arbre qui, au moyen de ce qu’on lui lâche la bride, comme ils le difent encore , fait, en peu d'années , des progrès immenfes. Dans la vieille routine , on raccourcit _ toujours , on ravale & l’on rapproche fans cefle ; au moyen de quoi l’on n’a, niarbre, ni fruit , & l’on eft des 10, 12, 15 ans a former des arbres. Ils ufent encore de ce même moyen pour ceux des arbres qui s’obftinent à ne pas donner de fruit. Les Jardiniers pendant des 10, 15 & 20 années, les tourmentent de toutes façons en pure perte. Mais fans les tourmenter ainfi & les mutiler , ils les ont bien-tôt rendu fages. Ils ufent encore d’au- tres moyens non moins fenfés & réfléchis, mais ignorés dans le Jardinage commun. _ Ce mot fe trouve employé dans la mé- me fignification par M. de la Quintinie, IV Partie, ch. XXXvIL, p. 645. SAIGNÉE des arbres. Tiré de la Chirur- gie. Cette opération n’eft entendue , ni faite à propos qu'a Montreuil. C'eft une incifion faite avec précaution & connoif- fance de caufe par la pointe de la ferpette à Ec 4 44° S l'écorce des arbres, ou des branches. C'eft un des moyens dont fe fervent les gens de Montreuil pour traiter leurs arbres dans différentes circonftances où cette opéra- tion a lieu. Elle a fes regles & fes princi- | pes. Il faut être bien avifé & bien prudent 1 pour ne pas l’emplover contre les regles, : par exemple, en fàce du foleil , & à lex- pofition des pluies , ni à des arbres caté- reux ; mais toujours de côté & par derriere. Cette invention n'eft pas pratiquée feule- ment à Montreuil. Il y à environ deux cens ans qu'elle fut mife en avant par ke Doûteur Tongres , Médecin Anglois , comme il pa- roit par les Mémoires de l’Académie de Londres. Nos Jardimiers , bonnes gens, n'a- buferont pas d’une telle invention ; ils ne la connoiflent pas. On dit, par métapho- re , faigner un ruifleau pour diminuer l'eau, &c. SARMENT , nom qui a été donné au bois formé & aoûté de la vigne. SARMENT EUX , PLANTE SARMEN- TEUSE ; c'eft toute plante qui, de même que la vigne , quoique ligneufe , ne fe fou- ticnt point par elle-même, comme les S #4 ätbres , telles la vigne - vierge , &c. SAUVAGES , en parlant desfruits, font Ceux qui viennent fans être cultivés, ni greffés , tels que ceux des bois. SAUVAGEON.IIfedit de tous lesarbres, qui,ayant befoin d’être greffés pour rappor- ter des fruits favoureux, ne porteroient que des fruits fauvages , comme ceux des bois. Tous les arbres font originairement fau- vagcons. Ceux que nous greffons ont été pris dans les bois, & apportés dans nos jardins pour être entés fur d’autres fauva- geons. Tous les jours on découvre dans les “forêts de nouveaux fruits. M. de la Quin- tinie parle, dans fon Ouvrage , de poires à lui apportées des bois par un Curieux de Guienne. Les Chartreux , dans leur lifte des fruits , accufent quantité de nouveaux fruits , qu'ils donnent pour tels, ainfi que pour excellens. Il eft une efpece de poire, entrautres , qu'on nomme la bergamotte “de Hollande , qui fe garde jufqu’au mois d’Août , laquelle eft aflez belle , paflable- ment bonne, elle eft de date aflez récente. Tous les curieux devroient s'appliquer à multiplier ce fruit, pour les compottes fur- 44° S tout, & qui n’eft pas indifférent à étre em ployé au couteau. d: SCARIFICATION , terme de Chirurgie: par nous adapté au Jardinage. Cette opé-#: ration cft pour les arbres la même que pour #. les humains. Un arbre pouffe ä outrance ,%: il fleurit toujours & ne poïte jamais ; fca-k rifiez-le, & lui laiffez tout fon bois durant unc année fans le tailler aucunement , & & à coup für, il rapportera la même année del l'opération. Elle fe fait ainfi. | Avec le tranchant de la ferpette vous in-& cifez tranfverfalement du bas en haut tou- tes les branches jufqu'à la partie ligneufe , en faifant une efpece de hoche, en cou- lant la ferpette en-deflous , & la couchant par conféquent. Vous faites de fembla- bles incifions dans tous les fens , pardevant, | par derriere , & des deux côtés. La diftance ! d'une incifion à l’autre doit être depuis 7 , | 8, OU 9 pouces jufqu'a 1 pied. Si l’on fai- | foit les incifions du haut vers le bas, les in- cifions ne tarderoient pas à fe fermer , & toujours la feve reprendroit fon même cours ; mais ces incifions étant faites en- ! deflous , du bas en haut , il faut, abfolu- S 445 nent ; que cette feve foit retardée dans on cours, qu'elle n'arrive que difhicilement & par menues parcelles ; & par ce moyen lle eft , de toute néceflité, élabourée , cuite K digérée. De telles opérations , & de Mquantité d’autres femblables , dont on s’eft fivifé , on rend dans l'Ouvrage les raifons Vlus détaillées ; mais elles font rendues bien Éiutrement certaines par l'expérience & le fuccès. On la fait au renouveau, en Mars. . SCIE À MAIN. Voyez OUTIL DU JAR- DINAGE. 4 SECRÉTION. Ce terme vient d’un mot latin , qui veut dire féparation. La fecré- ftion eft un terme ufité en Médecine , & il #fignific la féparation des parties grofheres Ê8z fuperflues des nourritures d'avec les par- fties alimentaires. Le mème a lieu dans les yégétaux. M. Halles , dans fon Traité ad- mirable de la Statique des Végétaux, ad-, met dans les plantes de même que dans les animaux vivans , unc faculté de fe déchar- ger des parties fupcrflues par voie d'éjec- tion, & l’expériencele confirme. Leur peau eft criblée de pores, comme la nôtre, par efquels ils tranfpirent d'une façon auf 444 S fenfble que nous. Ils fe dépouillent de leuk vicille écorce par parties, & une autr( écorce naiffante , pouffant celle-là , pren fa place. Les baumes , les sommes, les rék fines , fluant fans caufes forcées , &c. ainfl que les odeurs des fleurs, les chatons dé certains arbres & autres, font une preuve de cette vérité. [} SECTION, vient d’un mot latin, quk veut dire coupure. Il s'applique aux végés taux & aux infe@tes. Le bled , par exem:- ple, l'avoine, le feigle, & leurs fembla: bles , font fendus par le milieu, d’une ex: trémité à l’autre , & cette fente, ou cou-k ure , s'appelle fe&tion. Dans les infeétes À comme dans les mouches à miel, les gué: pes , les bourdons ; ce qu’on appelle fec: tion, c’eft le milieu de leur corps après leur! cftomac , qui paroît ne tenir qu’a un fil. SEL. On dit les fels de la terre, c’eft-x* dire , les parties fpiritueufes qui font dans la terre , & qui participent à la nature du cl. Voyez NITRE, NITREUX. | SEMENCES. Voyez GRAINES. | SEMER , c'eft répandre la femence für! terre, &-l'y enfouir en la couvrant de terre: ! S 445 Il y a plufeurs façons de femer ; favoir, champ, ou en plein champ, ou à la vo- ée , en rigole, en pots, c'eft-i-dire, en Aifant de petits baflins pour y mettre pois, &ves , lentilles, &c. On dit encore femer ju talon dans les terres meubles & les ter- es légeres , lorfqu’en frappant fermement du talon fur la terre, on y fait un trou, dans lequel on met des pois , & autres fe- mences , qu'enfuite on recouvre de terre. Semer fagement, rien de plus rare. Tous mettent au moins le double de la femen- ce , toujours ils ont peur de ne pas afiez charger ; & quand le plant leve, il faut éclaircir , finonil s’étiole ; & alors onna rien. Il eft un proverbe qui dit : qui eme dru recueille clair, & qui feme clair recueille dru. Les habiles femeurs font chiches de femence ; auff recueillent-ils le double des autres. Les Jardiniers prodigues de femen- ce, difent pour raifon, qu'ils doutent de la bonté de leurs graines. À ce frivole pré: texte, on répond en deux mots ; favoir , que pour s’affurer des femences, il eft un | expédient infaillible, le voici. Mettre trem- per toute graine dans de l'eau tout fimple- ment , durant $ ou 6 heures , plus , Of moins , peu importe. Toutes les grainew qui ont des amandes bonnes vont au fond®# & celles qui font vuides furnagent. Ave une écumoire enlever tout ce qui flotte , & le jettez en route fureté. Mettez les graine du fond fur un torchon clair au foleil , où en lieu fc, pour fe reffuyer, puis femez; & vous êtes für qu’il n’en manquera pas unc fcule graine. Mais parce que cela de: mande quelques momens , du foin , dé l'attention , & une forte de fujétion , & que tout fe fait à la hâte dans le jardinage, on feme à telle fin que de raifon. Si la fe- mence cft trop drue, on en eft quitte, dit-on , pour l’éclaircir. Mais le plant trop près fe nuit , ( on ne peut en difconvenir }5 d’ailleurs c’eft de la femence perdue ; en outre , quel temps employé mal à propos, à éclaircir le plant ? Enfin en arrachant le plant de trop près , n’incommode-t-on pas le plant voifin >? On ne peut encore en dif- convenir : fi au contraire la femence ne leve point , on en ef quitte, dit-on encore, pour reflemer ; mais alors il eft des femen-, ces dont la faifon eft pañléc, & on n'y res. vient plus. ins | S 447 * On donne ici pour maxime à l’occafon préfente , de ne jamais rien femer , fans au- paravant l'avoir mis tremper. M. de la Quintinie eft de cet avis, quant au bien qui en réfulte. L’amande de la graine alors fe gonfle , la peau fe bande & s'étend , le ger- me humeété s’élance déja pour fortir , tou- tes chofes qu'il faut que la nature faffe, ë&c dont, par ce moyen , on lui épargne les frais : aufli elle en eft tellement recon- noiffante , que la germination en eft admi- rablement diligentée. Mais point de ces mixtions folles , qui font de pures charla- taneries ; de l’eau tout fimplement. SEMINALES , FEUILLES SÉMINALES. Voyez DISSIMILAIRES. SERFOUETTE & SERFOUIR , inftru- ment & action du Jardinage. La ferfouette eft un outil du Jardinage qui a une partie de fon fer faite en forme de petite befo- : che , & l’autre en forme d’une petite four- che à deux dents , lequel fert à donner un Jabour léger aux plantes. Voyez BINAGE, Diner , binette ; ferfouette & ferfouir étant , à peu de chofes près , les mêmes que binette & biner. SERFOUIR, c'eft labourer avec la bi- 448 S | nette , de l’un, ou de l’autre de fes côtés ! ou de tous deux , pour , ou enfouir , ou enlever les mauvaifes herbes. Quelques Jardiniers , peu inftruits dari leur art , corrompent ce mot. Les uns di: fent farfouir , les autres farfouer , d'autres encore /érfouerter. Tous ces termes font contre les regles de l’art. SERPETTES. Voyez OUTILS DU Jar DINAGE. SERRE vient du mot ferrer. C’eft tout lieu deftiné pour ferrer pendant l’hiver les plantes qui redoutent le froid. Aujourd’hui l'on pratique des ferres d’une nouvelle ins vention toutes différentes de nos anciennes; mais qui font fi difpendicufes, que chacun n'y peut atteindre. _ Les Auteurs des nouvelles ferres font principalement les Anglois & les Hollan= dois , à caufe de la température ingratte du climat ; ils ont inventé des ferres où , pat le moyen d'une chaleur douce & modérée des fourneaux y pratiqués pour y faire un feu égal & fucceffif , on fait venir des pois en Mars, des haricots , des fraifes ; & en! Mai des pêches, des figues, du raifin , des melons | S 449 Melons , des rofes, des jafmins , des œil- lets, &c.Les Allemands s'y appliquent auñffi. Il eft au Jardin Royal des Plantes, à Paris, de ces fortes de ferrées ; mais pour des plan: tes de fimple curiofité, Nombre de Seigneurs & de Particuliers opulens ont de femblables ferres. Il en eft dans les Maifons Royales. Nos Järdiniers n’ont pu encoreatteindre au gouvernement de telles ferres ; & communément ce font des Ouvriers qu’on fait venit des Pays étrangers , qui régiflent ces fortes de fer- res ,tant le] ardinage éft encore borné chez nous. La chofé n’eft pourtant rien moins que difficile. Il fe pañfera encoré un fort long-temps jufqu’à ce que nos gens y mordent. Accou- tumés aux chofes de routine, à ce qu’on appelle trantran ; lorfqu’on les retiré de là, & qu'on les emploie aux chofes où ils ne font pas verfés , ils n’y font plus. On en connoît plus d’un, pour qui l’on a fait les frais de les envoyer fur les lieux , & qui en font revenus , àa-peu-près , tels qu'ils étoient partis ; défaut d’abord de lumié- ic, dé capacité, d'intelligence , d’induf- F£ 450 5 trie & de génie ; défaut enfuite d’éduca- tion , de difpofition naturelle ; enfin dé- faut de volonté & d'application, Vous en- voyez à Rome de jeunes Éleves de Peintu- re , de Sculpture , d’Architeäure , &c. mais ils ont , outre des commencemens & quelques notions de ces arts, un fonds avantageux du côté des talens : or quant à ceux des Jardiniers qu'on fait voyager dans les contrées où fc pratiquent les ferres chandes., à peine favent-ils les premiers élémens de l'art dont ils font profeflion ; comment imaginer qu'ils pourront fe fty- ler à des pratiques toutes différentes de celles ufitées chez eux ? Pour réuflir , il faudroit envoyer un jeune homme qui n'eût pris aucun pli, qui, ayant du feu & de Ja bonne volonté , reftat plufcurs an- nées & s'appliquât. Notre méthode n'eft pas , comme on dit, la, mer à boire, & l'on ne peut, ou l’on ne veut y mordre. SEVE. On entend par ce mot , un li- quide fpiritueuix provenant des fucs de la terre , lequel cft le principe de la for- mation des plantes, de leur accroiffement, de Jeur fécondité & de leur multiplication. S 4st - La feve eft proprement le fang des ar- bres. Elle fait en eux; ainfi que dans toutes les plantes, les mêmes fon@ions que le fang dans les animaux. Elle eft auffi différente en eux que celui-ci dans ceux-lA. Seve fe prend quelquefois pour gout. On dit d’un fruit, ou d'un vin qu'ils ont une feve exquife, pour dire un gout ef- quis. On dit'encore que les arbres font en feve, quand les boutons commencent a mouvoir: Il faut , dit-on auffi, faifir le temps de fa feve pour greffer. Il cf, lors du folftice & durant la cani- cule, un renouvellement de feve. On dit premiere feve , feconde feve, feve d'Août. La feve , quoique la même dans fon principe , eft diverfe dans les différentes plantes pour fa couleur , fon gout, fa for- me, fa figure , fes qualités & propri- tés. De toutes ces chofes, il eft des rai- fons très-pertinentes déduites ailleurs. On dit arrêter la feve, la troubler dans fon couts , retarder la feve , la précipiter , l'éventer , l'épuifer, &c. comme encore action ;, le mouvement , limpétuofité ; Ff 2 452 o J'irruption , l'intempérance & la furabôn- dance ; la fougue même de la feve , & aufi feve appauvrie, défaut de feve , inondation de feve, noyé par la feve, en parlant de l’é- cuffon d’une greffe, &c. On dit encore amufer la feve , en laiffant beaucoup de bourgeons à unarbre. Eft un Traité en for- mc fur la fcve, faifant partie du préfent Ouvrage. | SEVRER. Tiré de l'ufage commun & tranfporté dans le Jardinage. C’eft quand ayant couché en terre un rameau de quel- que plante, ee qu'on appelle marcotte, on le coupe, & on le fépare de la plante fa mere, après que ce rameau a pris racines , pour le replanter ailleurs. SILIQUE. Voyez GOUSSE, CossATS. SILLON. Ce mot a lieu dans le Jardi- age , comme dans le labourage. On dit fees pour faire un plant a vigne dans un des quarrés du jardin. On dit encore ti- ret un fillon d’un bout à l’autre d’une allée pour planter dedans des fraifiers d’après no- tre méthode, toute différente de celle juf- qu'ici. En général tout fillon dans le Jar- dinage , comme dans le vignoble , doit S 453 être fait au cordeau , pour être droit & ré- gulier. SILLON & rayon, quoiqu'ils ne foient pas fynonymes , approchent bien lun de l'autre dans l’ufage commun du Jardi- nage. SORTIES. Mot barbare pour les Jardi- nicrs du commun ; il vient du mot fortir. Nous appellons forties , tous boutons , ou à bois , ou à fruit fortant de la tige par en bas aux arbres nains qu’on plante. Tous les Pépinieriftes , parce que leurs arbres font plantés trop près , coupent toutes les pouf- fes du bas, lefquelies s’offufqueroient , & qui empêécheroient d’aller , de venir & de labouret dans la pépiniere ; maïs ces arbres privés de forties , quand on les plante dans fon jardin, ont toutes Îes peines imagina- bles à percer une écorce épaifle quelque- fois de deux lignes , & fouvent meurent à la peine ; en outre, fi ce font des arbres fruitiers , combien de temps font-ils à fe mettre à fruit? Aux arbres de tige, c'eft différent ; il leur faut auffi des forties , mais aux branches ; pourquoi , au lieu d’abattre les têtes des arbres de tige, comme très- Et: 454 S ineptement on fait, laifler toujours quelques branchettes pour fervir au paflage & à l'intro- duion de la feve. Par ce moyen ona des ar- bres qui, la premiere année,ont des têtes ré- gulieres formant déja un coup d'œil agréa- ble , au lieu qu’en abattant la tête , votre arbre n'eft plus qu'une perche fichée en terre, faifant un fort vilain coup d'œil. À la feconde année , un arbre planté de la forte, c’eft-à-dire , ayant des forties fur le vieux bois , lefquelles font amplement des poufles que l’on éclaircit, en ôtant tout le fretin , préfente déja un arbre touffu , & a la troifieme , il eft arbre formé , comme d'ordinaire à dix , fuivant la routine d’été- ter. Le même eft pour tous les arbres fruitiers , ou non , efpaliers , contre- efpaliers , buiflons , quand on peut avoir des forties aux arbres qu'on plante, & du vieux bois fortable, fur qui on puifle fe reprendre. Mais il faut tout dire, c'eft qu’on doit planter non à racines écourtées, ou hachées , mais des arbres levés avec tou- tes racines de toute longueur ; & quand on eft aflez dépourvu de fens pour planter fans racines, ou à racines maflacrées , il $ 455 faut ététer commele ftupide vulgaire, parce que ce font les racines feules qui peuvent fournir , & aux forties , & aux vieux boïs, Par tel moyen on jouit & l’on n'attend pas. Ce point concernant les forties aux arbres, quand on plante, eft une des clefs du Jar- dinage. Une autre raifon pour laquelle if eft affez difficile d’avoir des forties aux arbres naïns &c aux tiges ; c'eft, en premier lieu, parce que la plupart des pépinieres étant en plein champ , on empaille les arbres l'hiver, de peur que Île gibier ne mange l'écorce ten- dre de ces arbres, & afin de pouvoir les empailler, on coupe toutés les fortics des arbres mains , ce que pourtant on pourtoit fe difpenfer de faire : en fecond lieu, on coupe les têtes en entier des tiges à caufe du tranfport , & aufli par routine. SOUCHE. C'eft la partie de toute plan- te, qui eft entre la tige & les racines, & autrement dit le tronc auquel font atta- chées les racines. Voyez TRONC. SOULEVER LA TERRE, voici ce que c’eft. Un Jardinier plante un arbre telle- menf quellement; ceci n'eft que trop or- Ff 4 456 S dinaire : au bout d’un mois, ou fix femai- nes , quand la terre eft affaiflée , l'arbre fe trouve enterré de 3, 4, $, Ou 6 pouces. Âu lieu de fouilleralorsavec précautionla terre, pourentirer l’arbre, fans offenferles racines, & le replanter fagement , que fait-on? Tous , fans exception , fourrent la beche entre deux terres plus bas que les racines , & faifant une pefée , ils la foulevent avec l'arbre, fourrant enfuite un peu de terre en- deffous. C’eft tout d’un coup fait. Mais fi l'arbre a des racines , que deviennent-elles ? Comment s’accommodent-elles d’un pa- reil traitement? Ce qui cft de certain, c’eft que cette terre ainfi foulevée , ne tarde gucre à s'affaifler , à peu de chofe près, comme auparavant , & que l'arbre refteen terré. Le même eft ufité pour toutes les autres plantes trop enterrées , foit fur cou- che , foit en pleine terre. On fouleve de la forte, & l’on brife les racines. C’eft ainf que , fans croire mal faire, fans y faire at- tention , prefque tout eft fait à rebours dur bon fens. Voilà fur quoi il faut abfolument fe réformer. Terre foulçvée s'entend des terres. gon- S. 457 fées dans leur fuperficie. Les labouts fou- Jevent la terre , puis, peu à peu, elle s'af- faille : les taupes en fouillant la terre , la foulevent. Rien ne fouleve tant la terre & ne la rend plus meuble , ou mobile, que la neige & les gelées. Les pluies d'orage battent , au contraire , la terre & la plom- bent. t SOUPIRAUX , ou TRANCHÉES, terme d’Anatomie. Dans les plantes , on appelle foupiraux quantité d'ouvertures impercep- tibles , par lefquelles l'air entre dans la ca- pacité intérieure des plantes , & en fort, de même que dans les corps animés. Woyez PORES. Faute de liberté de ces foupiraux dans les plantes , ou elles languiffent , ouelles pé- riflent. Les arbres plantés trop avant ne patifilent & ne viennent à leur fin que par cette raifon. C'’eft auffi pour le même fu- jet , que les arbres galeux & moufleux ne profitent pas. Les arbres encore qu’on entortille avec quoi que ce puifle être par la tige , pour quelque motif que ce foit , ceflent auffi de profiter. Les arbres encore à qui on 458 S laiffe trop long-temps de fuite les paillaf. fons au printemps, blanchiffent & s’atten- driflent , faute de refpiration. Toutes les plantes qu'on veut faire blan- chir & attendrir, on les prive de l'air , tel- les les chicorées, le céleri, les cardons; enfin les plantes qui pomment par clles- mêmes , comme les laitues, les choux & autres, ne blanchiffent & ne s'attendrif- fent que faute de foupiraux dans l’intérieur d'elles-mêmes , ou de leur obftrucion. Voyez; VENTOUSE. SOUS-YEUX fe dit de la vigne & des arbres. On appelle fous-veux ces petits yeux, ou boutons qui font placés au-deflous des veux formés de tous les arbres. Toujours ils font plus petits du double que ces yeux formés. Chacun de ces fous- yeux a une plus petite fcuille auffi , qui lui fert de mere nourrice , & cette feuille cft conftruite tout différemment que les grandes feuilles qui font aux yeux formés. Ces fous-yeux reftent toujours nains , & ne produifent que des bourgeons nains aufli. Il eft un moyen d'en tirer avantage R | R DR RER HSE mn | S 459 8& de les convertir en boutons à fruit par le caffement. Voyez CASSEMENT. SPÉCULATIF. Ce font ceux des favans Phyficiens qui ont raifonné & raïfonnent fur les phénomenes de la nature dans le Jardinage & la végétation; mais qui n'ayant pas opéré dans les diverfes fonctions de l’A- griculture , ne font pas à portée de raifon- ner d’après une expérience fuivie. C'eft, en fait d'Agriculture & de Jardinage, ce qu’eft un Médecin théorifte qui n’a jamais prati- qué la Médecine, & qui n’a pas vu de ma- Jades. SPIRALE. Voyez FIBRE. STERCORATION vient d’un mot la- tin , qui veut dire excrément. Ce mot en Jardinage fignifie tous les excrémens des animaux fervant à amander la terre & à faire venir les plantes. Voyez FUMIER. : SUCCION, Sucorrs, vient du verbe fucer. Ce qu'on nomme fucer eft attirer à foi , par le moyen des levres, tout liquide renfermé dans quoi que ce puifle étre. Un enfant fuce ainfi la mamelle de fa mere pour en tirer le lait. La bouche & les le- vies de l'enfant font les fuçoirs ou les or- 460 S | gancs & les inftrumens qui fervent à fus cer le lait de la mamelle. La fuccion ef l'aétion de cette faculté de fucer. On fup pofe donc dans les plantes , de la part dei les fucs de la terre 3 & comme l’enfan nc tettc que pour faire pañler le lait d fon cftomac, afin d’être fuftenté , de mê“ me les racines n'afpirent les fucs de la terre le réfervoir commun , d’où ils font répar tis dans tout l'arbre. A propos de ces fuçoirs ( ceci eft un de points le plus eflentiel du Jardinage fur le: quel on ne peut trop infifter ) : on avanc ici deux vérités inconteftables , capables ; s'il en füt jamais , de faire impreflion fu ceux qui , faute , ou de lumieres , ou de ré: flexion , ou d'expérience , tarabuftent tant & plus ces fuçoirs, & fur-tout les pivots des arbres , qui enfeignent à le faire , &, qui pis eft, le prefcrivent. Il eft, fans contre- dit, une grande différence entre tre fim- ple fpéculatif, ou être cultivateur &c ob- fervateur tout à la fois ; entre ne voir que: de loin & fuperficicllement , ou confidérer S 461 le près , & voir attentivement fur le tas méme fans difcontinuer. Voici une pre- miere vérité démontrée par l'expérience & ane foule de faits. Non-feulement les racines fucent , pom- pent & attirent les fucs prochains de la terre ; mais encore ceux qui font aû-delà à des diftances éloignées , par proportion à la faculté de chacune d'elles , pour pomper &c attraire la feve. C’eft un fait certain que toutes les racines ne pompent , ne travail- lent & ne charient la feve qu'à raifon de leur étendue & de leur capacité. Pourquoi les arbrifleaux & les arbuftes ne parvien- nent-ils jamais à la grofieur des chênes , des ormes , des noyers, marronniers & autres? C’eft parce qu'ils n’ont que de petites raci- nes, & en quantité bornéc. Il faut pour- tant obferver que quelquefois la muititu- de des fuçoirs dans certaines plantes , com- medans l'if, le pin, le fapin,le cyprès, &au- tres femblables à racines touffues , équivaut par un ordre particulier de la nature à Ja grofieur des fuçoirs de nos arbres les plus gros,qui furent pourvus de racines ligneufes d'une groffeur prodigieufe & d’une étendue 462 S immenfe. Les autres raifons étant étränA geres au préfent fujet, font déduites ailleurs: mais cette exception nous fait voir que Ia nature, inépuifable en reflources , produit fouvent les mêmes effets, & arrive à la même fin par des moyens, en apparence; fl tout-à-fait difparates. : | À mefure donc que les fucoirs des ar: bres & des plantes quelconques pompent les fucs de la terre, il fe fait aux environs, de proche en proche, un énvoi fucceffif dé fucs nouveaux , fans quoi la fève tariroit: de plus s'il n’en étoit point ainfi, il feroit fort indifiérent de planter près à près, ol non. La comparaifon de l'enfant qui tetté cft la plus jufte, quant au préfent fujet : cet enfant qui tette , afpire non-feulement lé lait qui eft contigu au bouton de la mas melle, mais encore celui qui eft au-delà pui ‘a ue à mefure qu'il tette , il fe fait, det proche en proche, de la part des vaifleaux laétés , un dégorgement & une émanation! fucceflive de nouvelles portions de ce laits qui fe porte vers le bouton d'icelle. On conçoit que, s’il n’en étoit point ainfi, I mamelle , après quelques gorgées de lait | S 463 de la part de l'enfant , tariroit infaillible- ment. Voilà une image la plus reflemblante de l’action des racines pompant la feve. En offenfant donc , en coupant & en raccout- ciffant les fuçoirs des plantes, qui font le premier principe & les agens de la végéta- tion , les pourvoyeufes , les meres nour- rices des plantes , que fait-on autre chofe, finon d’altérer & de détruire l’organifation des plantes, de troubler & de déranger leur méchanifme ? Ceux qui fuivent & obfervent la nature _ fur le tas même, font à portée de vérifier le tout. On abat, par exemple , quelques gros arbres, confidérez la terre tout autour, &c au loin par-delà les racines, & vous la verrez comme de la cendre. Le même eff, par proportion aux plantes moyennes & aux petites, en femblable cas. Telle eff la raifon pour laquelle dans le Jardinage, quand on plante un atbre à la place d’un autre , foit vivant, foit mort , on obferve fcrupuleufement de changer la terre. Quant à la plantation d’un nouvel arbre dans le même trou d’un autre qui y cft mort , M. de la Quintinie dit , que le nouvel arbre 464 S qu'on y plante, fans changer ja tetie périt, à caufe d’une impreffion & d’une odeur dé mort laiffée dans le trou par le prédécef" feur. C’étoit opinion de fon temps. | L'autre vérité n’eft pas moins digne de toute l’attention , fur-tout des hommes dé génie; favoir , qu’en détruifant , de propos délibéré , quelques fuçoirs pour en faire pouller nombre d’autres, Ceft infirmer la végétation , au lieu de la procurer. Ce n'’eft pas tant la multitude des petites racines ; & fur-tout de telles racines procréées con- tre l’ordre de la nature, qui opérent la vÉ= gétation , que le volume, la force, la lon- sueur & le diametre. Cette propofition générale eft vraie, toute proportion gar- déc, dans toutes les fortes de plantes. Qui- | conque prétend, en coupant les fuçoirs’; les multiplier, & par-là bien faire aux plan- tes, fait le même raifonnement que celui qui difoit , qu'au lieu d’un tuyau d’un pied de diametre à une pompe, on à un ré- fervoir , il en faudroit appliquer douze d’un pouce de diametre chacun ; qu'au lieu d’un gros cable pour enlever quelque fardeau , on n’auroit qu'à multiplier les ficelles. Si cCUXx S 46$ éeux qui fe font déclarés contre les raci: nes , à telle fin que de raifon , avoient exa- miné & fuivi les opérations de la nature, ils fauroient qu'une feule racine offeufe tire plus de feve , & la travaille mieux que cent racines fibreufes , & un millier de chevelus. Entre des exemples à l'infini de cette vérité, on produit celui des arbres fruitiers , ce qu’on appelle fur franc. Ces fortes d'arbres n’ont, la plupart , pour tou- tes racines qu’un pivot en forme de crofle allongée ; cependant nuls arbres auffi abon- dans en feve. Les Jardiniers n’en veulent point, parce qu'avec tous leurs efforts, ils ne peuvent les mettre à fruit, & dans nos mains ils portent fruit d'abord. À de tels arbres Ôtez le pivot, c’eft autant de morts. Si les Phyficiens fimples raifonneurs étoient en méme -temps manouvriers , ô! qu'ils changeroient de langage ; & fi nos manou- vricrs étoient Phyficiens jufqu’a un certain point , combien ils fe réformeroient quant à l'opération. La Phyfique dont nous en- tendons parler ici, eft cette Phyfique inf- trumentale & expérimentale dont nous Gg avons fait un Traité particulier que nous produirons en fon temps. Il cft un miférable proverbe du Jardina- ge, contre lequel d’honnêtes gens & desgens fenfés ne peuvent trop s'élever , & que nous difcutons ailleurs ; favoir que , Æ r Jardinier plantoit fon pere ; il lui couperoit la tête & Les pieds. En conféquence on a agi, & on agit encorc. Des hommes de mérite d’ailleurs , ne rougiflent point de fe décla- rer les apologiftes & les partifans d’une pra- tique aufli perverfe & auffi contraire à la na- ture. Ÿ. POMPEMENS , POMPER, RACINES. SUPPURATION , terme de Médecine & de Chirurgie. Ce mot eft un mot com- pofé , qui vient principalement de celui de pus. Le pus eft une humeur corrompue, provenant de toute plaie quelconque. La fuppuration eft l'écoulement de cette hu- meur. Dans les végétaux, pour peu qu'on {oit obfervateur , on reconnoîtra le fem- blable. On fait combien d’arbres font fujets à de pareils écoulemens d’humeurs prove- nantes du fuc nourricier çorrompu , ou pu- tréfié. Les arbres gommeux & réfineux en font foi. Combien d’ormes, entr'autres , à $ 467 qui l’on à fait des plaies graves , fuppurent durant un très-long-temps ? Il eft un temps où la vigne & le bouleau, fur-tout , à l'occafion des plaies à eux faites , diftillent d'abord une lymphe très - limpide 3 mais cette humeur ainfi découlante , à caufe qu'elle eft dérangée de fon cours ordinaire, fe pervertit enfin, elle fe coagule & s’é? paiflit , formant un vrai pus dégénérant en fanie, qui ronge, cave & carie, faifant mourir fouvent la partie maléficiée de l’ar- bre. Ceux qui exploitent les bois n'apper- coivent rien de plus fréquent que des ar- bres totalement cariés & creux en dedans, en conféquence de pareilles humeurs vr cieufes du fuc nourricier croupiffant , lor{- qu'il eft hors de fa place. _ La même eft, par rapport aux racines des arbres. Le commun des Jardiniers coupe les pivots des arbres, ainfi que le prefcrivent tous les fappôts du Jardinage. Donnez-vous la peine de pañfer votre main dans terre, de temps à autre, fous l'en- droit incifé, & vous la trouvercz mouil- le, & une humeur putréfiée y fluant du- ant plufieurs mois ; & comme de cent Gg 2 468 S : arbres à pivots amputés, il y en a ci quante qui périffent durant un certain cours d'années , examinez la plaie du pivot , & vous verrez un chanci , un moifi & un chancre corrodant , ayant miné les pat- ties. | Nous avons fait voir dans un Ouvrage manufcrit encore , dont il a déja été parlé, & lequel a été envoyé par Sa Majefté à P'A- cadémie Royale de S. Côme, à Paris, l'a- nalogie , la conformité & la refflemblance parfaite des plaies des végétaux avec celles des animaux vivans. Cette Académie ho- norable nous a fait délivrer le certificat le plus authentique en faveur de l'Ouvrage,qui cft fondé uniquement fur des faits. Cette picce, précieufe pour nous, fera produite dans le temps avec l'Ouvrage. On pañle volontiers à l’'Auteur de l'Hif£ toire Naturelle d’avoir frondé ce fentiment établi ici, faute par lui d'être verfé dans ce qui eft du reflort de la végétation. Quel- ques talens qu’on ait , on ne peut être uni- verfel. Voici les termes de cet Autcur cé- lebre. »Comme nous ne connoiflons nous- » mêmes qu'une voie pour atfiver à un S 469 » but, nous nous perfuadons que la natu- » re fait & opere tout par les mêmes » moyens.... Cette maniere de penfer a » fait imaginer une infinité de faux rap- » ports entre les productions naturelles ; » les plantes ont été comparées aux ani- » maux .... leur organifationfi différente » & leur méchanique fi peu reflemblante, a » été fouvent réduite à la même forme. » Le moule commun de toutes ces cho- » fes fi diflemblables entr’elles , eft moins » dans la nature que dans l'efprit de ceux » qui l’ont mal connue, & qui favent aufli » peu juger de Îa force d’une vérité, que » des juftes limites d’une analogie com- » paréc , &c. « Maniere de traiter l’Hif- toire Naturelle, page 10, 1 vol. page 12, au commencement. SURPEAU. Ce mot eft compolé de deux mots, de /ur & de peau. C’eft, fuivant les Anatomiftes , & en Chirurgie, une peau mince & déliée , qui eft appliquée fur li peau, ou Île cuir. On la nomme aufli épiderme , mot tiré du grec. Toutes plan- tes quelconques ont , de même que tous jes Étres vivans, unç furpeau fervant d’en- | Gzg 3 47° S veloppe , de foufreau & de couverture à la peau. La peau, furpeau, ou épiderme, font fort différens de ce qu’on appelle écorce. Il eft permis, dans le langage des Eaux & Forêts , de n’en pas faire diftinétion ; mais non à un Phyficien. Ce qu’on appelle ftric- tement écorce, eft la partie épaifle & écail- leufe de l'arbre , furajoutée à la peau dans les arbres formés & âgés. Mais pourquoi cette partie écailleufe ainfi furajoutée ? Pourquoi quantité d'arbres n’en ont-ils point ? À toutes ces queftions & leurs femblables, le plus court feroit de dire, qu'il a plu à l'Être Souverain que cela füt ainfi ; néanmoins perçant à travers le voile de la nature, on peut dire que cette in- cruftation de l’écorce ligneufe furajoutée a la peau de ces fortes d’arbres , fcrt à deux fins ; d’abord à leur tranfpiration aétive & pañlive. Ces parties écailleufes qui font gra- veleufes & raboteufes , & de qualité fpon- gicufe , reçoivent , confervent & rctien- nent les influences nourricieres d’en haut, qui de-là font envoyées à travers la peau pour pañer jufqu’au tiflu cellulaire. Ces parties écailleufes à force de fervir de la forte, s'amolliffent , s’attendriflent & s’u- R 471 fent ; alors elles tombent , étant jettées dehors & pouflées par des nouvelles que la nature formeau fure à mefure. Il eft donc à préfumer, d’après ce double effet de 1a nature, qu’à ces fortes d'arbres ces écorces écailleufes furent formées pour tranfpirer de la forte , & que le même ordre de la na- ture a pourvu par d’autres moyens aux di- vers befoins des arbres , à peau unie fans écorce écailleufe. On peut dire enfuite, que ces écorces écailleufes font aufli dans l'ordre de la nature, autant de plaftrons , de ramparts , de préfervatifs contre les ef- fets de l’air, les gelées , les grands vents, les rayons perçans du foleil , & contre tous les accidens nuifibles, dont , pour fe parer, tels arbres peuvent avoir befoin , & non les autres. Voyez ÉPIDERME. SURPLOMB , vient des arts. Quand on veut voir fi quoi que ce foit eft droit & perpendiculaire , on à un petit morceau de plomb fufpendu à une ficelle qu’on préfente à telle longueur qu’il eft néceflaire, & file plomb , ou s'écarte , ou rentre , alors on voit fi la chofe eft d'à plomb. On voit du {cul coup d'œil, fi un arbre , ou une pa- 5 4 472 S liffade font d'a plomb. Voyez PLoMs, D’A PLOMB. SURPOUSSES. Le mot porte avec lui fa fignification. C’eft une pouffe furajoutée à une pouffe de l’année. Ces furpouffes font de deux fortes , les unes naturelles , & les autres qui font occafionnées. | Ceci eft très-curieux , connu jufqu’à un certain point, mais non approfondi : il faut obferver que jufqu'au folftice toutes les produ&ions fe font en conféquence d'un mouvement univerfel produit par la nature à l’occafion de lapplication des rayons du foleil animant la feve. Toutalors eft ordonné fuivant des regles dont la na- ture ne fe dément gueres : mais lors du folftice , il fe fait un ébranlement & un nouveau mouvement produits par l’aétion du foleil dardant prefque perpendiculaire- ment, & c'’eft ce que nos gens de campa- gne appellent renouvellement de [eve , ou /eve d’ Août, feconde feve. De ce renouvellement de feve , nous avons fait en fon lieu un ex- pofé fort en détail. Or donc alors toutes les pouffes qui fe font aux arbres étant plus précipitées par l’action vive du {oleil , ne S 473 font pas fi franches, que celles qui font dans l’ordre ordinaire : en confidérant at- tentivement ces poufles nouvelles , elles paroiflent comme furajoutées & entées fur les précédentes. La couleur en eft plus pà- le ; la peau en eft comme velue, & il n’eft pas difficile de les diftinguer de la poufle primitive, telles que celles qui font dans l'ordre commun de la nature, opérant lors du printemps fucceflivement & par degrés. La différence de ces deux façons d'opérer de la part de la nature, vient de ce qu'au printemps le foleil va toujours en avan- çant jufqu'au folftice , & après le folftice, toujouts en rétrogradant. Quelle fource de réflexions pour un Obfervateur ! Quant aux furpoufles qui font occafion- nées, elles font à peu près femblables à celles-là , & ont tous les mêmes indices : elles n’adviennent que parce que l’on a coupé & rogné les poufles pr mitives. Communément on ne fait point d'ufàage de ces furpoufles ; on fe garde bien de tail- ler defflus. Mais nous autres nous'en fai- {ons ufage , quand il eft queftion d’arrêter 474 S la feve, de Ja détourner & de la confumer, . Voyez; VENTOUSES.. SYSTÈME. Il vient du grec. On entend par {yftêéme, un afflemblage de penfées, d'opinions & de raifonnemens, d’après lef- quels on va en avant & l’on agit. On dit , en Jardinage , fyftême de Mon- treuil. Il eft le plus entendu , le plus induf- trieux & le plus conféquent qui fût jamais cn aucun autre genre. Il eft impoflible de connoître le fyftême de Montreuil, qu'on ne fréquente les uns ëc les autres des gens du lieu. Il eft répandu dans tous les habitans ; mais il eft des par- ticularités dans la façon d'opérer des uns, qui ne fe trouvent pas dans les autres. Quant aux principes & aux fondemens , ils font à peu près les mêmes dans tous, mal gré la diverfité de quelques pratiques, de quelques fentimens particuliers & d’opi- nions. Il fant avec cux , en quantité d’oc- cafions, deviner , conjcéturer , fuppofer , fupputer , combiner &c tirer des confé- quences. Outre que les gens de Montreuil entendent mieux à opérer qu'a s'expliquer; n PE I RER 7 ee Cm S 475 ils font ferrés & diflimulés, cachés & myf- térieux , ne voulant fe découvrir à perfon- ne, fur-tout aux Jardiniers ordinaires , qu'ils ne font rien moins que fàchés de voir dans des pratiques ruineufes pour les arbres. Ils ne fe communiquent point à eux. Ils leur font prendre le change en toute occafon, & fe donnent bien de garde de les relever & de les inftruire. Mais parce que ce procédé fingulier de la part des gens de Montreuil envers les Jardiniers ordinai- res , pourroit donner lieu de mal penfer fur leur compte ; ce qui vient d’être dit a befoin d’un petit éclaircifiement : le voici en peu de mots. Jufqu’a il y a environ 39 ans, les gens de Montreuil étoient les plus renommés, fur-tout pour les pêches, particuliérement du temps de M. Girardot , pere , à Bagno- let , lequel avoit été Moufquetaire. Alors tous les fruits de Montreuil avoient la vo- guc; ils tiroient par préférence aux au- tres , & fe vendoiïent fort cher. Ceux des Jardiniers ordinaires qui intercepterent quoi que foit de leur méthode , n’y com- prirent rien & fe déchaincrent contre, at- 476 S tribuant le fuccès de leurs dentées à la feule bonté du terrein , grand cheval de bataille & refrein ordinaire des non-connoifleurs , comme des mal -intentionnés , voulant croupir dans l’ignorance fansrien examiner. De cette vicille antipathie réciproque, il reftc toujours quelques veftiges ; & quoi- que la méthode de Montreuil foit divul- guce & pratiquée en nombre d’endroits , néanmoins elle eft méconnue en une infi- nité d’autres, même autour de Paris, dans les Provinces , & par-tout hors du Royau- me , où d’après tout ce qui nous a patu de la part de perfonnes de gout chez l’Étrangér,on attend après notre Ouvrage pour embraf- fer cette méthode. Combien donc ceux- là font-ils loin de compte, qui s’imaginent connoitre leur fyftême , ainfi que le préten- dent la plupart des Jardiniers ? On dira dans la Préface comment on eft parvenu à Ja découverte du fyftême des Montreuil- lois. Jardiniers à fyftême. Ce font ceux qui , ayant enfanté dans leur cerveau quelque façon paiticuliere de diriger les arbres & les plantes , agiflent cn conféquence _ mm ee © “ L pe S 477 fans vouloir fe départir de leurs fenti- mens. Tel un Médecin époufant par fyftême des pratiques deftruétives de la fanté ; il faudra bien , difoit-il , qu'a la fin la maladie s'y fafle. Dans le Jar- dinage rien de fi commun. Voyez tous les écrits faits fur le Jardinage , & vous n'en trouverez pas un qui n'ait une forte de fyftême. Tels , entrautres, certains Jar- diniers, foit difant, ne voulant point de fumier , & réduifant tout au fimple labour, & une foule d’autres. 4h À T'asrerres. Voyez AUVENTS, PAIL- LASSONS PLATS, PLANCHES. TAILLE des arbres. Tailler c’eft un ter- me commun à bien des arts. On taille la pierre , on taille une plume , on taille quantité d’autres chofes utiles pour les arts particuliers. | On dit tailleur d’habits , tailler en plein drap, tailler des étoffes de toutes les for- 478 ; à tes. La taille"des arbres eft contrée nature. On ne taille pas les arbres des forêts, non plus que ceux des pleines campagnes & des vergers. Cependant ces derniers , parce qu'ils ne font pas taillés, pouffent prodi- gicufement, groffifilent & s’allongent en peu de temps ; un feul d’entreux porte plus de fruits qu’une douzaine de ceux par nous taillés. | Voici ce que c’eft que la taille des arbres. C'eft la fuppreffion des rameaux fuperflus & Ie raccourcifiement de ceux qui font néceflaires , & que l’on fait par le moyen d’un inftrument tranchant , ou de la fcie à main. Les raifons de la taille, les condi- tions , les regles , le temps, la maniere d'y procéder, &c. font d’une trop longue dif- cuflion pour être ici traités. Mais Ja taille de tout arbre doit étre faite avec prudence, avec fagelle, avec difcernement. Tailler n’eft point écouter les arbres , les mutiler, les incifer fans raifon , les charpenter & les réduire prefque à rien. Que diroit-on de quelqu'un qui, au lieu de tailler une pier- re , la réduiroit à la fimple qualité de moi- s me PE Ts : 4 479 lon, ou qui, en taillant une plume , l'af- fameroit au point qu'il en Oteroit tout k taillant ? Voilà ce que font d'ordinaire tous les Jardiniers, & voilà ce qu'apprennent tous les livres. La fin de la taille eft la fanté de l'arbre , fa fécondité, fa belle figure, fa durée , ainfi que la beauté des fruits & leur gout exquis. Il eft un proverbe très-fenié , qui dit, caille; peu, paliffez prou. Toujours on taille trop & trop court. Voyez COUPE, FAUSSES-COUPES, FLUTE , BEC DE FLUTE. Confidérez tous les arbres généralement quelconques , taillés par les Jardiniers or- dinaires , & vous les verrez mutilés au point que ce ne font que plaies fur plaies, for- mant des rodus les plus difformes. Ces r0- dus de tant de plaies non renfermées encore, font autant d'obftacles à la communica- tion de la feve ; auffi à ces arbres ainfi ma- léficiés , péritil continuellement quelque branche ; ils deviennent épaulés par la fui- te: grand nombre fuccombant à tant de mauvais traitemens , périt à la fin. Voici, quant à la taille , 8: quant à toute fouftraétion , quelle qu’elle foit, des ra- meaux des arbres, l’une de ces vérités capi 430 tales , décifives quant à l’opération ; vérité méconnue , & dont l'ignorance eft la four- ce trop féconde des mauvais traitemens à cux faits Jufqu’ici. Ceci eft un point de Phy- fique des plus curieux , non moins intéref- fans pour tous , Jardiniers, ounon Jardi- nicrs : il paroïîtra paradoxe à quelques- uns. Tel traitement qu’on puiffe faire à la tête d'un arbre , les racines n’en pompent pas moins la même quantité de feve qu'aupa- ravant. Cette feve cft toujours , comme ci-devant, portée, lancée & foucttée du bas en haut , & avec la même abondance ; mais les vafes, les récipiens & les canaux formés par la nature, pour la recevoir pour la contenir , la travailler, la charier & la tranfmettre où befoin eft, & ce font les différentes branches , ces canaux , n’y font plus, du moins dans la plus grande partie. Que fait-elle cette feve? Ne trouvant plus des canaux fuffifans pour s’y épancher, elle s'en fait de nouveaux. Ces nouveaux font de deux fortes, ou des gourmands , ou des branches de faux bois ; & telle eft leur ori- gine (car aux arbres bien dirigés, & fuivant notre T 48t notre méthode , il y a très-peu, ou point des uns & des autres, tout eft profit pour l'arbre). Voici en pañlant une réflexion à cette occafion. Tous les Jardimiers ne peuvent revenir de leur étonnement de voir les arbres diri- gés par nous, groffir & s'étendre prodigieu- fement en peu d'années , & donner des fruits en fi grande abondance : s'ils réflé- chifloient , ils reconnoitroient que c’eft parce qu'au lieu de les appauvrir, de les tourmenter , & de les dénuer comme eux, nous les ménageons ; 8 parce que cette énorme quantité de bois dont ils privent un afbre à la taille , & que cette infortu- née viétime de leur impéritie a produit, en pure perte pour lui, a tourné tout à fon rofit par notre façon de le travailler; & c'eft ce qu'ils ne peuvent concevoir. En conféquence , #lafphemant ce qu’ils ignorent , quelques-uns d'entreux (& ce n’eft pas la plus faine partie de ceux de la profeffion ,) déclament à tort, & travers contre nous, difant que nos arbres ne peuvent durer. Il en eft qui ne rougifient point de dire qu’au bout de 4, ou $ ans tous nos arbres pé- Eh. 482 T riflent. Nous n'avons d'autre réponfe à leur faire que celle-ci : allez dans tous les jardins où nous travaillons depuis 25 à 30 ans, & vous ferez défabufés. Pour revenir donc à notre fujet,ces gour- mands& ces branches de faux bois occafion- nés par une coupe vicieufe ; au lieu de s’en fervir pour l'avantage & le profit de l'ar- bre , on les fupprime encore l’année fui- vante, puis celle d’après , & l'arbre, par la raifon que nous avons dite, poufle tou- jours à faux, & d'autant qu’on lui ôte plus de bois. C’eft une fource dont vous amoin- driflez, ou fupprimez le canal : quoi que vous fafliez à ce canal, la fource n’en épan- che pas moins la même quantité d’eau. Mais qu'arrive-t-il alors? Débordement & inondation de toute néceflité. Il arrive en- core à ces fortes d'arbres qu'on dépouille des canaux & des réceptacles de la feve , le même que ce qui fe pañle dans le corps hu- main , toute proportion gardée, quand a été faite l’'amputation de quelque membre, unc jambe , ou une cuiffe : l'eftomac n’en fait pas moins la même quantité de chyle qu'auparavant ; mais que devient le fang T 483 contenu auparavant dans ce membre am- puté ? La Médecine & la Chirurgie con- viennent de deux chofes: la premiere , que celui qui a ce membre de moins, doit être fort réfervé fur le boire & le manger, & fe faire faigner de temps à autre, fans quoi il pourroit être fuffoqué , comme il n’ar- rive que trop fouvent ; la feconde, qu'a moins d’une très-forte tranfpiration, un tel particulier ne pourroit vivre , s’il mangeoït comme ci-devant. Si donc , au lieu d’éner- ver les arbres , de les appauvrir , & de les dénuer , comme on fait , en les deftituant de prefque tout leur bois, on ne faifoit fimplement que les décharëer de ée qui fait confufion , & dé ce qui peut nuire à leur figure réguliere , on fecondoit la nature ; on auroit , comme nous & comme ceux qui pratiquent notre méthode des arbres immenfes , de groffeur prodigieufe en peu d'années , avec des fruits fans nombre , & de durée éternelle. Enfin nous en revenons à notre diéton ; favoir , qu'on ne taille point les arbres fruitiers des campagnes & des vergers , ni les autres des forêts , dont nous avons les Hh 2 484 T femblables dans nos clos & dans nos parcs, & voyez quelle différence d’avec les nôtres perpétuellement tourmentés : auffi avons- nous dit en ce fens , que la taille eft contre nature. | TALUS, terme de Maçonnerie adapté dans le Jardinage à toute élévation de terre, qui, au lieu d’être de pied droit & d'à plomb, eft un peu couchée ; tel un mur de terrafle , qui cft ce qu’on appelle à fruit. Talus, en Jardinage, n'eft autre qu’une élévation de terre, ou naturelle, ou arti- ficielle , qui a du devers , étant beaucoup plus faillante par en bas que par en haut. On dit talus d’un rayon d’afperges , d’un rayon de vigne , de céleri & autres, On dit également talus d’une terrafle retenue par des gazons en guifc de muraille. Border unc allée, ou une planche en talus, c'eft- a-dire , qu'il faut battre les terres , afin de les faire rentrer du haut , & que le bas foit plus faillant. On bat avec le revers de la beche , ou avec le dos d’une pelle, pour empêcher que les terres ne s'éboulent dans les fentiers. Voyez Dos DE BAHUT. TAN & TANNÉE. C’eft de l'écorce de i 455 chêne piiée & battue , réduite en poudre par le moyen des moulins à ce deftinés. Dans la tannerie & dans la fabrique des cuirs , on fe fert de ce tan & de ces écor- ces pilées pour travailler les peaux des ani- maux, & préparer tout ce qu’on appelle cuirs. Après les avoir bien lavés & bien ra- tiflés , on les met dans des cuves cerclées de fer , & enterrés jufqu’au bord. On met deux , ou trois pouces, plus, ou moins d’épaifleur de ces écorces réduites en pou- dre , & l’on en garnit le fond de la cuve. On met fur ce tan des peaux étendues à plat, & l’on en fait un premier lit. Sur chaque lit de ces peaux ainfi placées, on met un lit de ce tan de la même épaif- feur que ci-deflus , & ainfi jufqu’à parfait rempliffage de la cuve. On laifie durant 4, $ ;, 6 mois, un an, plus, ou moins, ces peaux dépofées de la forte , après qu’on les a bien humeétées avec de l’eau. Les parties fpiritueufes de cette écorce pañlent dans les peaux ; au moyen de cette couche de tan fur chacune des peaux , deflus & deflous elles fe gonflent , fe reflerrent , elles fe re- plient fur elles-mêmes , & acquierent une Hh 3 486 T épaifleur qu'elles n’avoient pas auparavant. Après que ces peaux ont été fuffhifamment impregnées des parties fpiritueufes de ce tan , ou écorces pilées ; on enleve la pre- micre couche d'icelles , & on les met en un tas ; après quoi l'on tire chaque peau l'une après l’autre , puis on travaille ce tan, qu'on appelle alors de la tannée. C’eft de ces poudres qui ont été ainfi dépofées, qu'on fait, ce qu'on appelle à Paris des mottes , qui fervent de chauffage aux pau- vres gens , après qu'elles ont été féchées. Le tan eft employé dans le Jardinage pour mettre fur des couches de fumier chaud. Mais qu'on ne fe trompe point ; ce n'eft pas la tannée dont il vient d’être parlé , laquelle eft deftituée de tous fes ef- prits, & {ans vigueur. C’eft le tan lui-mé- me & qui n’a pas fervi. On en met fur ces couches chaudes communément un bon pied d'épaifleur. On dépoie au fond fur le fumier même,leplus gros de cettepoudre, quitient plus la chaleur que les parties fines & déliées de lui-même. Dans cette fuperficie on fait des trous , & l’on y dépofce des pots de terre pleins d’une terre factice, où lon T 487 feme & où l'on plante des ananas , & d’au- tres plantes curicuies, qui ne peuvent vc- nir que par artifice. Ce tan ainfi dépofé fur une couche de fumier, tient fort long-temps fa chaleur ; elle dure le triple & le quadru- ple des couches de fumier ordinaire. C’ef principalement aux Anglois & aux Hol- landois que nous fommes redevables de cette invention. Mais avouons que nos Jardiniers font encore bien novices, quant a l'ufage de ces couches de tan. Il faut cipérer qu'avec le tempsils s'yentendront. TATONNEMENT , TATONNER, TA- TONNEUX ; cela regarde les fruits, quand, pour voir s'ils font mürs , on y enfonce les doigts. M. de la Quintinie cft furieux contre les tätonneuïs. Si c’eft une pêche, outre qu'elle cft déshonoréc , étant meur- trie , elle ne tarde guere à pourrir , de mé- me unc figuc , un abricot , une prune , une poire. Tätonne-t-on les fruits rouges, ce- rifes de tout genre, les frailes , les fram- boifes , les grofeilles , de même les raifins? Comment connoiït-on la maturité de tou- tes ces fortes de fruits fans étre Jardinier ? La vuc feule décide. De même il eft des Hh 4 438 à indices ptéfque certains de la maturité des autres fruits. Il eft pour un grand nombre des moyens infaillibles pour s’en affurer , toutes les pêches , par exemple. Voici comme on s'y prend. Une pêche à toutes apparences d'être müûre,pour le favoir vous lempoignez avec les cinq doigts; mais fans appuyer aucunement , & vous tirez légé- rement à vous fans biaifer en tirant. Si elle eft müre, elle cede au plus petit effort, & laïfle fa queue à la branche ; quand on force tant foit peu plus , la queue vient , & toutes les fois qu’une pêche vient avec fà queue , elle n’eft point mûre. Mais en l’em- poignant , comme il vient d’être dit , elle vient d'abord dès qu'elle eft mûre. Quant aux autres fruits, il feroit trop long de s'expliquer ici, on le fait ailleurs. TAUPES dans les jardins. Secret infail- lible pour les détruire. Prendre des noix : autant de trous dans lefquels lestaupes fouillent , autantde noix. Les faire bouillir une heure & demie dans de l'eau avec une bonne poignée de ciguë. En mettre environ de la groffeur d’une noix dans chaque trou ;.on fuppofe qu'on 34 489 n'aura mis de l’eau que pour que la préfente recette ait un peu de confiftance mollette. La taupe fort friande de ce mets , nena pas plutôt mangé, qu’elle meurt. Le même pour les rats, les loirs & les mulots. Cette recette eft tirée de la Gazette du Commerce , comme ayant été fort éprouvée de longue main. On cite , mais on ne garantit point pour ne l'avoir pas éprouvé. TAUPIERES , ou TERRES DE T AUPES. Cette terre que les taupes jettent dehors, après l'avoir broyée avec leurs pattes , & la pouffant avec leur petit grouin , eft peut- étre lé plus excellent engrais pour toutes les plantes. Par ces terres de taupieres , on n'entend pas ici toutes les terres quelcon- conques que ces petits animaux fouillent indiftinétement dans toutes fortes d'en- droits bons & mauvais; mais celles des bons terreins , & fur-tout celles des bas prés où, de toutes parts, ces petits ani- maux élevent au-dehors des monceaux d’u- ne terre noire, douce, émiée & pulvéri- fée. Voilà ce que vraiment on doit appel- ler terre-franche : elle doit faire la bafe de 490 T toute terre factice, foit pour lés orangers , foit pour les fleurs quelconques, les œillets cntrautres , foit pour les légumes , & par- ticuliérement pour les melons, & pour les plantes curieufes , & aufli pour garnir les couches en guife de terreau pur, qui cit l’excrément & le caput mortuum du fu- mier , & qui, par conféquent , eft deftitué de fucs, d’efprits & de toute vertu ; ou, s’il contient encore quelques fucs, ils font trop déliés, & pas aflez fubftantiels ; raifon pour laquelle tant de melons fi mauvais. Il eft étonnant que nulencore n'ait fait attention a ce point , & que tous, jufqu'’ici , fe foient accordés à employer le terreau pur pour les couches. Qui eft-ce qui ne fent pas la. différence d’un légume fur terre , d'avec un autre {ur terreau? On donne dans un Traité des melons les moyens sûrs de les avoir tous excellens , & par le moyen d’une terre faétice , & par le moyen d’un régime fenfé, qui exclut toute mutilation , tant du côté des racines en les arrachant de deflus la couche pour les tranfplanter, au lieu de les femer dans de petits pots , & de les tran{- planter avec leur motte, qu’enincifant les k : 491 différens membres de la plante, fur-tout les privant de leurs feuilles, qui font les metres nourtices des fruits , & qui leur fervent de plaftrons, d’auvents, de para- {ols, &c. TENDRE,, verbe aif ; s'entend d’un cordeau , quand on veut drcfler une allée, une plate-bande, une rigole , une tranchée, un rayon, &c. Ne jamais rien faire de tou- ‘tes ces chofes , qu’on ne tende auparavant le cordeau,pour tracer fur terre ce qui eft à faire , autrement tout eft de travers. Voyez CORDEAU. TENDRE , adjetif. On dit années tendres. On appelle ainfi celles durant lefquelles les pluies font fréquentes & abondantes , par oppofition aux années feches. TENONS. Ce mot vient du verbe te- nir. Ce font ces liens verds en forme de cornes , qui croiflent à la vigne & à quan- _tité de plantes avec quoi les bourgeons s’at- tachent l’un à l’autre , & s’accrochent à ce qui fe rencontre dans le voifinage. Aux vignes bien gouvernées dans le Jar- dinage , on ne voit aucun de ces tenons qui confument inutilement la feve, & qui 492 s à font confufion & difformité. On les ap- : pelle auffi des vrilles , parce que leurs ex- trèmités font repliées , 8 comme torfes, ainfi que l'extrémité des meches des vrilles pour pouvoir creufer & faire des trous. C’eft par le moyen de ces fortes d’attaches, ainfi pratiquées par la nature que les ra- meaux des vignes tiennent fi fort à tout ce à quoi ils peuvent s'accrocher. TERRASSIERS. Ce font des Ouvriers du Jardinage faifant des fouilles de terres pour drefler des jardins , former des terraf- ies , &c. Mais rien ne reffemble moins à un Jardinier qu’un Terraffier , pourquoi fe bien garder de confondre l’un & l'autre en- {cmble. Un Terraflier n’eft qu’un manou- viier propre à des exercices pour lefquels . il ne faut qu’un corps vigoureux & de bons . bras ; au lieu que pour l’autre, il faut, outre ces talens corporcls,du génie, de la pénétra- tion, de l’adivité & de l'invention. En eft- il grand nombre de la forte ? TERRE. La terre eft un des quatre élé- mens , laquelle nous habitons. Mais en Agriculture & en Jardinage , c’eft cette partie d'elle-même que nous cultivons pour | T 493 en tirer de quoi pourvoir à notre fubfiftance & à nos befoins. Différentes fortes de terres, terroirs , ou terreins. Chaque portion de cet élément _folide, à la culture de chacune defquelles nous nous exerçons , prend divers noms, fuivant fes différentes qualités. IL eft des terres fableufes , marneufes , argilleufes, glaifeufes , grouetteufes , fortes , légeres , froides , brüulantes , humides , feches , &c. bonnes enfin, médiocres & mauvaifes. La terre eft une matrice univerfelle, | comprenant dans fon fein les qualités pro- pres à produire tout ce qui fert à nos be- foins , comme à nos plaiirs. Rien de plus rare que de trouver parmi les cultivateurs de bons gourmets en fait de terres. M. de la Quintinie, après avoir expofé tous les caraëteres diftin@tifs d’une bonne terre, établit pour preuve infaillible de la bonté de toute terre, la vigueur & J'embonpoint de toutes fes produétions. On dit terre neuve, ou novale, rovalis ager , dit Virgile. C’eft celle qui eft nouvel- lement défrichée, ou mife en valeur , de quelque façon que ce puifle être. 494 Fr Terre vierge , celle qui n'a jamais rap- porté , comme les terres en fonds que l’on: creufe , foit celle des caves, des fofles , ou: foflés , foit celle des terreins particuliers où Jon fouille fort avant. Terre franche , eft toute terre exempte. d’aucunes mauvaifes qualités , & qui pof- fede toutes les bonnes qu’on requiert pour : la végétation de toutes fortes de plantes. : M. de la Quintinie la définit encore, en difant que toute terre bonne à bled, & où il réuflit parfaitement , eft vraiment. terre franche , n'importe de quelle cou- leur. Tous les Jardiniers prennent pour terre franche une terre jaunâtre , matte , pefan-, te, argilleufe , dont on fe fert communé- ment pour enduire , foit des fours, foit des murs de clôture, comme pour la conftruc- tion d'iceux ; maisils font grandement dans l'erreur fur cet article , comme fur bien d’autres. La feule terre franche eft celle dé: fignée par M. de la Quintinie, & celle des taupiercs. Voyez T AUPIERES. On dit terre à cheneviere, pour fignifier la plus excellente terre, parce que pour le T 495 chanvre , Comme pour le lin, il ne peut être de trop bonne terre. On dit auffi terre effritée, qui eft ufée & appauvrie , &c. qui a trop porté , & qui n'a pas été remontée par de bons en- grais. On appelle terre fadtice ( ce mot vient du latin , qui veut dire faire, ou faite}, tontc terre apprétée , compolée & mélan- gée , telle celle des orangers, & des diver- fes fortes de fleurs , de fruits & de légumes, qui requierent qu’on ait recours à l'art pour les faire venir dans certains climats, ou pour les avoir plus promptement ; telle en- core la terre propre pour avoir de bons me- lons , à la place de tant de mauvais. Voyez T'AUPIERES. TERRES JECTICES , mot qui vient du latin, & qui cft rendu en françois par celui de jetter. On appelle ainfi toutes les terres des fouilles quelconques , qui font tranfportées , jettées & répandues , foit pour s’en débarraffer , foit pour hauffer des terreins , remplir des creux , & former des voiries , ou chemins. Les démolitions de bâtimens , les immondices qui embarraf 496 T fent , les piérailles , les écurures d’étangs , de foflés , de baflins, de canaux & de ma- res, qu’on enleve & qu'on tranfporte , &c. tout cela s'appelle terres jectices. Parmi ces terres nommées jeices, il en eft quelques-unes qui font très - bonnes ; telles font celles qu’on répand pour former des jardins & des terrafles. Celles fur-tout des boues & des immondices, des chemins & des rues des grandes villes ; les iflues d’a- nimaux provenant des boucheries , les vi- danges des foffes des lieux d’aifance, pour- vu qu’elles aient été eflorées pendant une couple d’hivers , avant que d’être tranfpor- tées dans le jardin pour y être employées ; car plutôt elles brüleroient les plantes. TERRE de gadoue. À Paris on appelle dans le Jardinage terre de gadouc les amas de boucs des rues , qu’on enleve tous les jours dans des tombereaux. On les dépofe hors l'enceinte de la ville dans divers lieux indi- qués pour ce fujct par la Police. Il eft en- joint aux villages circonvoifins d'en enlever chacun leur quote-part ; & quand ils man- quent d'en prendre la quantité requife , les habitans font mis folidairement à une forte amande, s T 497 amande, & telle eft une des raifons pour laquelle tant de gros légumes, dont la halle de Paris abonde. De plus, quantité de gens dans les con- tours de cette grande Ville vont, avec des voitures , enlever tous les matins à la halle & dans les marchésles herbages & les éplu- chures de toute nature , qu'ils mettent pourrir dans des fofles, & l'hiver ils en font trafic. Un tombereau comble à trois che- vaux coute autour de 6 livres , y compris la voiture. Les Vignerons autour de Paris en font une grande confommation , pout- quoi abondance de vin, mais fort mau- vais. TERRE DE POUDRETTE. Woyez Pou- DRETTE, TERRE DE TAUPIERES. Woyez TAU- PIERES. TERREAU, C'eft le réfidu , l'excrément & l’arriere-faix du fumier. Il n’a qu'un fuc délié, & non fubftantiel. Pour avoir de bons melons, point de terreau pur ; mais une terre faétice, à peu près comme pour les orangers , excepté qu'il la faut moins mat- te, mais douce & mollette ; on en donne Ii 498 ts la recette dans un Traité de [a Culture des melons : au moyen de cette recette & du régime , nul mauvais melon. TÊTES de faules. Il fe dit de certains toupillons de toutes fortes de branchettes , qui croiflent quelquefois naturellement à des arbres appauvris & ruinés, mais tou- jours aux meilleurs arbres par Îa faute la plus ordinaire des Jardiniers. C'eft ainfi qu’à force de rogner par les bouts , de caf- fer les extrémités des’/bourgeons & des poufñles de l’année , de pincer & repincer, {ur-tout ceux du pêcher, il fe forme en ces endroits-là même de ces toupillons de branchettes , qui pullulent fans fin, & qui plus on les Ôte, plus ils repouffent en plus grand nombre , au moyen de quoi lon épuife inutilement la feve. De plus, on force les yeux du bas, qui ne devroient s'ouvrir que l’année d’après, pour donner des fruits , de s'ouvrir prématurement l’an- née même de leur pouffle, & on les fait avorter ; au lieu que laiffant les bourgcons de toute leur longueur , rien de toutes ces chofes n'arrive , & l’accroiflement a lieu {ans troubler la nature & fans déranger fon Æ. 499 tours , fon méchanifme & fes organes. TIGRE. C'eft un petit animal, l’un des plus préjudiciables aux poiriers & aux pom- miers d’efpaliers du midi , du levant & du couchant. On l'a nommé tigre , à caufe qu'il a fur le dos de petites taches noires, femblables à celles de l'animal féroce dont il porte le nom. Il eft plat & fait, à peu près, comme une très-petite punaife dé Chambre. Il eft produit vérs la mi-Mai, quand les feuilles font formées. Il les mange én-deffous par le revers, & elles font tou- tes déchiquetées, & incruftées de fa fente, Elles font alors par-deflus de couleur livi- de , & la peau des branches eft incruftée du couvein de l'animal, qui dépofe là fes œufs. Deux chofes à faire ; chercher l’ani- mal & le tuer; on prend pour ce, des fem- mes : enfuite éponger, gratter & laver les branches : tout le refte eft pur charlata- nifme. TIRANT, BRANCHES TIRANTES. Voyez BRANCHES. TIRER. Ce mot fe prend en bonne & en mauvaife part dans le Jardinage ; en bonne part, pour dire allonger un arbre, Frs $00 T Jui donner toute l'étendue dont ïl eft capa- | ble , conformément à fa vigueur , & non pas l’écourter & le circoncire , comme on a coutume de faire ; en mauvaife part, quand on donné une charge difproportion: néc à la portée de l'arbre, & dans ce der- nier fens, tout arbre tiré, ou trop allongé, {ont la même chofe. On dit également , il faut tirer cet arbre » il pouffe trop , ou bien, il faut bien fe donner de garde de tirer cet autre, il ne pouñle pas aflez. On dit coupe tirée, celle qui eft allongée & prife de trop loin. Il eft une regle infaik- lible pour une coupe réguliere ; favoir , qu'on ne doit jamais faire fa coupe plus bafle que la naïffance de l'œil fur lequel on afleoit fa taille. Si la coupe eft plus bañle , le petit canal, ou ce qu’on appelle le boyau umbilical qui charie la feve , eft altéré &c coupé, il n’y a pas plus de temps à mettre, & iln'y a pas plus de difhculté à faire fa coupe, comme il eft prefcrit ici, qu’a la faire irréguliere & dommageable, comme tous font. Mais pour l’un, il faut de l'at- tention, & l’autre fe fait, comme on dit , + ru 0 … ù ct EE PT ei Re EN PP 9e ET RS EE j sor à boulevue , en brufquant l'ouvrage. TIRE , BRANCHE TIRÉE. C’eft une in- vention de M. de la Quintinie, pour avoit des fruits à plein vent & d’efpalier tout en- femble. Voici ce que c’eft. On détache de l’efpalier une branche de pêcher , ou d'abricotier, & l’on fiche en terre quelques échalas , auxquels on atta- che dans la plate-bande ces fortes de bran- ches , lorfque le fruit eft bien noué & à couvert de tout danger. On laifle ainfi ces branches jufqu’environ une quinzaine de jours avant la maturité. Alors on les ôte des échalas , & on les remet en leur place, les paliffant à l'efpalier, donnant du jour aux fruits , afin que le foleil leur donne du coloris , & par ce moyen l’on a des fruits de plein vent aux efpaliers. TIRER. On dit tirer les allées du jardin, quand , après avoir ratifié la fuperficie , on fe fert du rateau pour unir, applanir , dre fer & égaler les terres, ou le fable de ces mêmes allées. TONDRE, TONDEUR, TONTURE. En Jardinage ces mots ont la même fignifica- tion que dans l’ufage commun. Tondre 1573 $°2 T une brebis , c’eft lui couper fa laine. Ton- dre quelqu'un, c’eft lui couper fes cheveux. Ainfi tondre les arbres , c’eft leur couper les bourgeons, pour leur faire prendre di- verfes formes. On les tond en paliffades , en boule , en mafhfs, &c. Aux ifs, parle moyen de ja tonture , on fait prendre la fi- gure d’oifeaux , & de quantité d'animaux. On tond les grands arbres avec le croiffant, & les arbrifleaux , arbuftes & moindres plantes, avec les cifeaux à tondre, on tond les gazons. | TONDEUR eft celui qui, avec ces for- tes d’inftrumens , coupe Îles bourgeons. Que les bons Tondeurs font rares , ain que les bons Élagueurs! | TONTURE eft l'action de tondre les arbres , arbriffleaux & autres arbuftes. TOPIQUE eft un mot grec, pris de la Médecine & de fa Chirurgie. Il veut dire remede , Gu médicament extérieur , qui n'entre point dans la capacité intérieure du corps humain. C’eft un diéton ordinaire , que les topiques ne peuvent nuire , à raifon de ce qu'ils ne font appliqués qu'extérieu- rement. Mais ce diéton vulgaire et dé- T 03 montré faux en Jardinage , comme en Mé- decine & en Chirurgie. On veut faire paf- fer des dartres vives qui font fur le vifage, lhumeur rentre , elle fe dépofe fur ce qu'on appelle les parties nobles , & il en réfulte chofes ficheufes , fouvent la mortalité. Un charlatan pour guérir des rhumatifimes , & autres infirmités douloureufes , applique des topiques aftringens , diflolvans, corro- dans , &c. qui font fouffrir des maux cruels , jufqu’à attaquer le gente nerveux ; fouvent jufqu'à faire périr. Le méme a lieu quant au Jardinage. Une foule d'Empy- riques, pétris d’ignorance, s’ingere de com- pofer quantité de recettes myftérieufes , {oit en liquides , foit en une efpece de pâte ondueufe, pour détruire Îles infectes , & auffi pour en garantir & préferver les ar- bres ; mais tous , fans excepter un feul , font bêtes, ou frippons , & d'ordinaire Jun & l'autre. Tous les topiques graiffeux ; appliqués fur les arbres leur font funeftes. Si l'on enduit avec de l'huile un arbre en- tier , il périra infailliblement , foit plutôt, foit plustard. Voyez EMPLATRE, CHAR- LATAN. Ji 4 $04 ie TORSE. Ce mot vient de tordre, pris dans fa fignification propre. On tord , ou fortuitement & fans le vouloir , ou de pro- pos délibéré une branche & un bourgeon. Un Vigneron & un Jardinier veulent cou- cher en terre un cep de vigne pour pro- vigner , & il leur arrive de Îe contourner. Alors il fe fait un craquement , qui dénote que l’arrangement des fibres du dedans eft détruit : en effet , cette vigne ne poule pas l'année même , & ne donne pas de fruit. On veut empêcher une branche , ou un gourmand de profiter , il n’y a qu'a les tor- dre. Cette action de tordre eft la même que celle dont fe fervent les faifeurs de fagots tordant des harres, excepté que la torfe des arbres ne fe fait qu'a un endroit,au lieu qu'a la harre c’eft tout du long. TRACER, c’eft tirer fur terre des li- gnes, ou droites , où courbes, foit pour former des allées , des quarrés, des fen- tiers , foit pour y planter ; dans ce fens on dit tracer une plate-bande , un parterre, &cc. On dit encore tracer une fouille de terre, un rayon de vigne , un rayon d’af- perges , &cC. L ‘ À y | | $ R s0$ TRAÇOIR cit un inftrument du Jardi- nage , qui n’eft autre qu'un iong manche, au bout duquel eft un morceau de fer , dé- générant un peu en pointe camufe , & qui fert à tracer fur terre des deflecins de par- terres , ou telles & telles autres figures di- verfes. TRAINASSES vient du mot de traïi- ner. Ce font de menus filets alongés, qui partent de la fouche même des fraifiers , & qui rampent fur terre. Ces traînaflss ainfi rampantes , ont divers nœuds , d’où for- tent des racines qui piquent dansterrc. La premiere trainafle devenue plante , pro- duit fon femblabls , qui fe plante égale- ment lui-même, & en produit aufli d’au- tres à fontour, jufqu'a $, ou 6 de fil. De cette fouche du fraifier, d’où eft partic cette premiere trainafle fi féconde, pullulent à un fraifier vigoureux $ , ou 6 autres pul- Julans de la forte. Mais toutes ces produc- tions fi multipliées , font avorter le maître- picd , qui dépérit d'autant. Quiconque veut conferver fes faiñers, doit , durant le cours de la belle faifon , arracher tous les huit jours chacune de ces trainafies ; & c’eft à 506 s quoi communément nul des Jardiniers des maifons de campagne ne veut s’aftreindre: auffi n’ont-ils , excepté quelques premieres fraifes , que des avortons , & on replante fans fin. On a évalué à dix mille écus par an la vente des fraifes à Montreuil ; com- me c’eft leur gagne pain , ils ont grand foin d’arracher les trainafles. À quatre pas de Montreuil, chez un Sei- gncur diftingué en plus d’un genre , & qui mérite le plus d’être fervi , on a planté , de fcience certaine , depuis environ 6 ans, au moins douze milliers de fraifiers de la ville du Bois où l'on fait trafic de fraifiers, &z tous les ans on dépenfe en la table de ce brave Seigneur au moins pour $0 écus de fraifes. Le Jardinier en eft quitte pour dire que cette plante ne fe plaît pas dans le lieu. Ainfi l’on vous berce, Maîtres, qui ne vous cntendez pas au du , & vous êtes dupes. TRANSPIRATION , mot qui vient du latin, & qui eft d’ufage dans la Médecine. C’eft l'émanation, la fortie & l'envoi con- tinuels des parcelles fenfibles , ou infenfi- bles de tout ce qu’on appelle corps, & ief- + 507 quelles vont fe perdre continuellement aufii dans la capacité de l'air. Dans les corps vivans cette déperdition de ces parcelles d'eux-mêmes fe réparent au fur à mefure par les nourritures. Deux fortes de tranfpirations ; l’une fen- fible , qu’on apperçoit , telle que la fueur & toutes les parties grafies qui s’extrava- fent au-dehors, celle qui fe fait en nous par la falivation & par le canal du nez, &c. l'autre infenfible , qui eft une fortie conti- nuclle de quantité de parties fpiritueufes & volatiles par les pores de la peau , & par la refpiration. Les corps inanimés tranf- pirent aufh d’une façon infenfible fuivant tous les Phyficiens : mais ce détachement continuel des parcelles d'eux-mêmes , ne fe répare point comme dans les êtres vi- vans. | Tous les végétaux ont, ainfi que les animaux, une double tranfpiration. Les odeurs des fleurs & des fruits en font preu- ve , ainfi que le changement d’écorce des atbres, qui eft une efpece de muc; mais à travers leur peau & leurs feuilles , il fe fait une grande diflipation de quantité de par- s08 T ties d'eux-mêmes, & qui fe réparent. Lors d'un foleil pre, vous voyez les feuilles fe faner , fe rider , fe recoquiller , & le len- demain matin , après la fraîcheur de la nuit ë la rofée , vous appercevez leur peau , Jâiche auparavant , être alors bandée & re- bondie, leurs feuilles droites & d’un verd riant , montrer leur furface applatie. Tout, pour peu qu'on foit obfervateur , fans être cultivateur , annonce dans les végétaux la double tranfpiration , telle que dans les au- tres étres vivans. M. Halle, célébre Anglois, a traité favamment ce point dans fa Stati- que des Végétaux. TRANSPLANTATION. C'eft le tran£ port d’un arbre placé dans un lieu pour le planter dans un autre. Cette opération du Jardinage eft , peut-être , de toutes, la plus fcabreufe , ainfi que la moins entendue. Deux fortes de tranfplantations; l’une d'un lieu prochain du jardin à un autre ; & l’au- tre dans un lieu diftant du Jardin. Celle qui fe fait en proximité eft bien plus facile & plus heurcufe ; mais cellé qui fe fait au Join , eft moins fujette à réuffir, à caufe du tranfport , durant lequel les racines , quel- L 509 que couvertes qu’elles foient , font frappées & exhalées par l'air. Dans l’autre , au con- traire, bien moins d’évaporation. Il eft des regles sûres pour réuflir dans cette opération. Deux fortes d'arbres s’of- frent pour être tranfplantés ; des jeunes, qui n'ont pas des racines fortes , & d’autres plus âgés, qui ont des racines plus alon- gées. Pour les uns comme pour les autres, laiffer , avant que de fouiller , une motte d'un bon pied au pourtour, puis en-deça de la motte faire une tranchée jufqu’aux premieres racines : fitôt qu’on rencontre les racines, cefler de fouiller avec la beche, &z employer les fourches de nouvelle in- vention , allant jufqu’a l'extrémité de ces mêmes racines , & les dégager toutes ainfi, fans en couper une feule. Sapper par en- deffous la motte , qui tombe d'elle-même, Tenlever & replacer l'arbre dans un trou avec les racines , ainfi qu'elles étoient lors de la déplantation , {oulager l'arbre par la tête en le déchargeant amplément. Un tel arbre travaillé , ainfi qu'il doit être, repren- dra infailliblement & portera fruit. TRANSYASER. Mot pris du latin. C’eft 51 Là tirer d’un vafe , de quelque façon conve: nable que ce puiffe être, une plante avec fa motte & {es racines fans les endommager, & la mettre dans un autre vafe plus grand, ou plus convenable. TRANSVERSAL. Voyez FIBRE, TREILLAGE , TREILLAGER, TREIL- LAGEURS. Les treillages , tels qu’ils font en ufage de nos Jours, font une invention fort nouvelle dansle Jardinage, au dire de M. de la Quintinie. Les treillages en échalas quar- rés, attachés par mailles avec dufil de fer , font plusbrillans que la loque de Montreuil; mais la loque a des avantages infiniment au-deflus. Voyez LOQUE. TREILLAGER. C'eft faire toutes fortes de treillages de toutes mailles. Mais pour bien treillager , il faudroit peindre les bois avant que de les employer , fauf à donner par la fuite quelques coups de crime où befoin fera. Quand on peint en place , on ne peut peindre que les faces pardevant, &c non par- derriere, & par-làa même le treillage périt trop fouvent ; au lieu que peignant les qua- tre faces, les trcillages durent le double. OP CESSE 2, 2 Da nds GE ER d e à sEés & ge $11 On peut alors , au bout de 1$ , ou :0ans, lorfque la couleur eft pañlée , y donner une couche pardevant. TREILLAGEURS, font les ouvriers qui s’adonnent à la fabrication de ces fortes de treillages. Ce ne font point des Jardiniers, mais les Jardiniers peuvent & doivent être Treillageurs. On appelle treilles des pieces de trcillages fabriqués pour foutenir des vignes. Les Treillageurs font gens à redou- ter pour les arbres, comme les Peintres qui mettent les treillages en couleur, & les Maçons qui travaillent aux murs, C'eft l’af faire du Jardinier d’ufer de tous moyens, lefquels détaillés ailleurs pour prévenir & empêcher le dégat. TRÉPIGNER a terre. Il a deux fignifica- tions. On trépigne la terre néceffairement & forcément , quand on eft obligé d'aller autour des arbres pour les travailler; & on la trépigne exprès, quand on veut femer, ou planter dans des terres trop légeres, & qui n’ont point de corps. Ce lééier trépigne- ment eft un art, & il eft façon des ÿ pren: dre. TROCHET fe dit des fruits qui font raf- s1z FT femblés en un tas les uns près des autres. 11 eft des efpeces de fruits qui viennent ainfi par trochets , fur-tout les poires de blan- quet , d’ognonet , celles nommées caflo- lette , le rouffelet, ainfi que tous les fruits de petites efpeces. TRONC, terme de Jardinage & de Bo- tanique. Par le mot de tronc communé- ment on entend cette partie de l'arbre qui tient le milieu entre les racines & la tige. À lui font attachées les racines , & ileft le vafe commun auquel toutes reportent. Sur lui, comme une colonne fur fa bafe, porte d’à plomb la tige ; les racines font comme oudées avec lui, la tige eft comme entée & incorporée avec lui. À l'endroit où les ‘racines tiennent à lui, ilena la dureté & la roideur ; & à l'endroit où la tige ne fait qu'un avec lui, il eft d’un tiffu moins dur : ainfi le tronc eft une partie intermédiaire entre les racines & la tige, qui tient des unes & de l’autre. Comme racine, il doit être dans la terre, & cominc tige, il ne doit point y être jufqu’à être trop humeété par l’humide de la terre. Son emplacement, par conféquent , eft la fuperñcie de la terre; T 513 tètre, ou entre deux terres. Là il eft aflez avant pour être, comme racine, fuffi- fimment humeété par l'humide de la terre, fans néanmoins être morfondu ; & là auffi il n'eft pas trop dehors pour étre trop frap- pé par l'air, & en proie aüx rayons du {o- kil. Il eft un fait univerfel à fon fujet ; fa- voir , que dans toutes les plantes quetous fement,ou que la nature produit d’elle-mé- fne , il n’y en a pas une feule où le tronc ne fe trouve, comme il vient d'être dit, à la fuperficie de la terre. | Nombre de Jardiniers s’aviient à la fin de l'automne de découvrir les troncs de tous leurs arbres. Qu'on leur en demande la raifon, ils n’en favent point , ou n’en donnent que de pitoyables. Cette prati- que ceft pernicieufe , ruineufe même. La gelée mord fur ce tronc, le ride & 1e bru- le, au lieu qu'étant couvert par la terre, comme il eft fait pour l'être , il eft garanti par cette terre de la trop forte impreflion de l'air pour lequei il n’eft point fait, & des gelées. Il eft fâcheux que M. de la Quin- Kk S14 * tinie ait donné dans pareil écart. Il pref- crit cette pratique. TUBE, ou TuyaAU, c’eft la même cho- { ; il eft de la Chyÿmie : & quand on l’em- ploic dans la Phyfique du Jardinage , c'eft par application , pour fignifier un corps creux & allongé , tel le rofcau & autres plantes creufes. TUBERCULE , ou TUBÉROSITÉ. Voyez TUMEUR. TUBÉREUX change de too en Botanique & en Jardinage. Il fe dit de cer- taines plantes, qui n'ayant , ni peau, ni écailles ; ont des racines fibreufes rougeä- tres ; tel l’aconit d'hiver , qui déploie fes fleurs jaunes au commencement de Jan- vic£. TUER , dans le langage des gens de Montreuil s'entend des gourmands. Les Jardiniers les tuent en les abattant jufqu’a ce que l'arbre épuifé ne pouñle plus, ni ne à , ni autre branché. Les Mca- cuillois les tuent ces gourmands, en les HAS prodigieufement , & les mé- ta hôrbhofant en branches fruétucufes , & c'eft dans ce fens qu'il faut entendre ce 4 à s1$ proverbe , Commun parmi eux : é/ faur tuer des gourmands | mais non les détruire. TUMEURS vient d’un motlatin,qui veut dire grofleur. Les arbres ont , à cet égard, les mêmes infirmités que nous. Ils ont des loupes , des fquirres , des polypes , des vers rues ; Ou poireaux , &c. Ces tumeurs , ou sroffeurs font contre nature, comme dans le corps humain. Il y a du remede quand on ne laiflé pas vieillir ces chofes. Voyez LoOUPEs. TUTEUR , pris de l’ufige commun. C'eft un morceau de bois de bout , une per- che , ou un échalas , auxquels on attache, ou un arbre trop foible , ou une branche qu'on craint que le vent ne cafle, ou une jeune greffe qui poufñle trop impétueufe- ment, & que le vent pourroit décoller, On donne encore le nom de tuteur à une tige d'arbre morte , à laquelle par en bas a pouflé un beau rameau qu’on dreffe le Jong de cette tige. On n'abat cette tige morte que quand ce rameau eft fufffamment grand , & lorfqu'il eft aflez fort pour fe pañler de tuteur , & pour fe foutenir tout feul. KKk 2 si6 d Peu dans le Jardinage entendent à placer des tuteurs aux arbres. On fait communé:- ment plus de mal en les employant auñfli gauchement qu’on le fait, que fi on ne leur en mettoit pas. | Il faut garnir l'arbre avec de la mouffe bien pelotée, ou un fort bouchon de pail- le, ou quelque vieux chiffon à tous les en- droits où la perche toucheà l’arbresfans quoi l'ébranlement, l'agitation & la fecoufle des vents cauferoient autant d’entamures à la tige & aux branches , qu'il y auroit d’en- droits où la perche toucheroit à l'arbre: faute de telle attention ;, uue foule d'arbres périflent tous. Au lieu d'employer des cor- des & des ficelles, qui coupent & qui ma- culent la peau, il faut ; pour retenir l'arbre, faire ufage d’ofer, ou de harre. Que de quinconces & d’allées dont les arbres font de guinguoi faute de tuteurs ! Le mal de- vient fans remede , quand les arbres ont sroff ; alors la difformité eft éternelle. D V ÿ17 V'arvuze , terme d’Anatomie pris du latin, qui veut dire porte, ou petite por- te, parce que, foit dans l’Anatomie hu- maine , foit dans l’Anatomic végétale, ce qui eft compris fous ce nom en fait la fonc- tion. VALVULES , en terme d’'Anatomie, font de petits corps membraneux , eomme des efpeces de foupapes, fervant à arrêter le cours précipité & impétueux du fang, & qui lui fervent de digues dans nos vaif- feaux. M. Grew , favant Anatomifte des plan- tes, prétend qu'il n’eft point de ces valvu- les dans les conduits de la feve. Mais ne pourroit-on pas dire , à bon droit , que les nodus qui font à toutes les jon“tions des branches , à celles des bourgeons , & à cel- les des veux , ou boutons , pourroient bien faire dans les plantes la fonéion de valvu- les dans le même fens que les valvules de Kk 3 518 V nos veines? On pourroit, peut-être, dire le même de la jon&ion des feuilles , ainfi que des liaifons , des rayons & des ramifi- cations de ces mêmes feuilles. Il en eft de même de ces efpeces de petits boutons, qui font à l’une & à l’autre extrémité de chaque queue des fruits. Chacune de ces extrémités eft toujours plus groffe que le refte de la queue , ayant la peau plus épaif- fe , ainfi que ie dedans , qui eft plus gonflé & plus fibreux. Mais ce qui caraétérife davantage ces val- vules dans les plantes, ce font les rides qui font à tous les boutons à fruit & aux branches fruueufes : c’eft ce que M. de la Quintinic appelle des anneaux , à caufe, en cffet, que ces rides font pofées, com- me Île feroient plufieurs anneaux, ou des bagues , qui feroient mifes l’une proche de autre. Ces rides , ou anneaux fervent à arrêter la feve, & à la retenir pour la faire fluer avec mefure & peu-à-peu , au lieu de s’enfiler d’abord, comme elle fait , dans les branches à bois qui n’ont pas de fem- blables rides , leur fervant de valvules pour s’oppoler au cours précipité de la feve. V 19 VAPEURS de la terre. Ce mot eft pris dans un fens particulier en Jardinage. Il s'entend des humidités dépofées fur la terre & dans fon fond , de quelque na- ture qu'elles foient ; pluies, neiges, brouil- lards, rofées , ferein , grêles , givres , fri- mats , arrofemens, humidité des fumiers, &cc. Toutes ces humidités tombant fur la terre , remontent enfuite , & font pom- pécs , puis emportées dans ce qu’on ap- pelle la moyenne région de Fair, fuivant ce principe que rien ne defcend qui ne remonte de tout ce qui eft des influences d'en haut , comme rien de tout cela ne remonte, qui ne redefcende enfuite. C’eft un flux & reflux perpétuel de ce qui monte dans la moyenne région de l'air , & quien redefcend. Dans le printemps, lors des gelées , ces humidités remontant pour être tranfpor- tces dans l'air , trouvent dans leur chemin les bourgeons tendres , les fieurs & les fruits nouvellement noués ; elles s’y atta- chent , elles s’y collent, & par leur qua- lité morfondante , elles les font périr. Mais quand ces mêmes humidités froides KKk 4 $2® ont une fois gagné le haut > & trouvent à {€ répandre ça & là, elles ne font pas grand mal, Auf toujours les bas gelent d'abord , ainfi que tous les fonds , tandis que tous les hauts font , ou Sarantis , ou moins maltraités. En confidération de ce que deflus,les Mon- treuïllois couvrent le bas de leurs arbres avec des paillaffons, & ils fe contentent pour les hauts de petits paillaffons plats, qui, rompant le cours de ces humidités nuifibles , Sarantifient COMmmunément les hauts, VASE, où LiMoN DE Riviere » D'É- TANG, DE MARES, & DE Tour AMAS D'EAU. C’eftun dépôt de parties terreftres de toute nature que l’eau entraîneavec elle, & dont elle fe décharge , foit pat-tout où elle pañle , foit par-tout où elle féjourne. Cet engrais eft très-bon 5 imais il eft des obfervations à faire, & des précautions à prendie , ainfi que des regles de conduite à cet égard. Toutes les vafes n'étant pas les mêmes, ne Conviennent pas également aux différentes terres. Les eaux qui charient avec elles des V f$2r particules de terres fableufes, marneufes, glaifeufes , argilleufes & grouetteufes , &c. les dépofent toutes également : or donc avantd’en faire ufage, il faut confidérer prin- cipalement deux chofes ; d’abord la nature du fol dominant, dont l’eau détache & en- traine avec elle les parties différentes; enfui- te la nature du terrein où lon fe propofe d'employer ces fortes d'engrais : mais qui eft-ce parmi les Jardiniers , & parmi les Maï- tres , s'entremettantaux chofes du Jardina- ge , qui faffent attention à ces deux points fi effentiels? Une foule de gens, faute de cette double obfervation , pervertifilent totale- ment leur terrein. Ilen eft de même des engrais de terres neuves , des démolitions, fumiers, & tous autres engrais. Mais quels remedes alors ? On va le voir d'après les deux exemples qui vont être rapportés. Deux Curieux non Cultivateurs , ché- riflant également leurs jardins , s’aviferent de réformer & de renouveller leur terrein, l'un de fon chef, & l'autre à l'inftigation & par le confeil de l’un de ceux appellés Jardiniers-commeres | gens avantageux , ne doutant jamais de rien , grandement ha- George $22 V bleurs , & s'entremettant à tout. L'un avoit un terrein fort froid, on le remonta avec de la vafe de riviere ; l’autre avoitun terrein paflablement bon, mais un peu marneux & glaifeux ; on le couvrit de fa- ble jaune & blanc pour l’alléger. Deux ou trois ans fe pañlent durant que tout va en dépériffant. Le premier fut obligé d’em- ployer des reftaurans , & force fumiers de qualité chaude; l’autre, de faire enlever les fables , fablons , &c. Mais quels frais! Quiconque veut ufer de la vafe , ou de terres de rivieres , qui toujours font froi- des, mattes & crues, doit les laifier s’ef- forer à l'air, & fe brifer, s'amalgamer, pour ainfidire , durant au moins un été & un hiver. Virgile le prefcrit durant deux ans. Ileft encorc d'autres regles qu'on ne fait que rappeller : elles regardent le temps, la faifon, la facon, la quantité plus, ou moins grande, &c. le tout demanderoit un trop long détail. VASES, pour fignifier canaux , con- duits, récipiens de la feve. Voyez CANAL, CONDUIT. VÉG2TAUX, vient d’un mot latin. On V 523 appelle végétaux tout ce qui eft planté, foit plante terreftre , foit plante hydrauli- que , les arbres , arbriffleaux , arbuftes , her- bages &z tout ce qui a des boutons , des branches, des feuilles , des fleurs , des fruits & des graines. VÉGÉTER veut dire devenir vigou- reux , croitre & fe fortifier. On dit végé- tation pour dire formation, accroiflement & multiplication des végétaux , ou des plantes. Ces mots font confacrés à cet ufage dans le Jardinage. Trois chofes en quoi confifte la végétation ; favoir , la nu- trition à même des fucs de la terre, l'ac- croiflement en longueur , largeur & pro- fondeur ; enfin dans la multiplication par le moyen des graines pour fe renouvelle & fe perpétuer. VEINE de terre, terme figuré, comme on dit langue de terre ; l’un & l’autre pour fignifier la différence de la terre dans le même fol , comme nos veines, qui, contenant le même fang, font plus, ou moins grofles : ces termes métaphoriques ne font em- ployés que par rapport à l'étendue & au volume, & non par rapport à la qualité particuliere du fang, 524 VENTOUSE , vient principalement du mot de vent. On dit faire une ventoufe à un tonneau de vin pout lui donner de l'air. Dans la Maçonnerie c’eft la même chofe que batbacane, On dit auffi dans ce art ventoufe, ce qui fert à donner de l'air , faire une ventoufe à des lieux d’ai- fance , à une cheminée qui fume ; ce font autant de foupiraux pour attraire & intro- duire l'air du dehors > & faire évaporer celui du dedans. Dans ce même fens, en fait d'hydraulique , on dit, pratiquer des Véntoufes aux conduites d’eau » de peur qu'elles ne crevent. C'’eft dans un fens mé- taphorique & d'application , que , confor- mément à ces idées , le mot de ventoufe eft employé dans le Jardinage. Il y eft in- Connu par le commun des Jardiniers. Un auteur, appellé Bernard Paliffÿ , Y'a intro- duit dans cet art il y a plus d’un fiecle, & l'idée des différens effets de ces ventoufes eft connue des gens de Montreuil , quant à la chofe fignifiée , & voici ce que c’eft. Ce terme employé dans le fens dont il eft queftion , a paru fi propre & fi énergique à M. de la Quintinie, qu'il en a fait ufage un Sn os mme à be combi se fs él PS LS em + nn. V 525 pour lès mêmes raifons que dans le préfent Diétionnaire , & dans le fens dont il eft queftion il eft pris par de très-habiles Jardi- niers , pour toute branche , tout bois, tout jet , tout rameau qu'on laifle à cer- tains arbres pour confumer la feve quand elle eft trop abondante , & lefquels on jette à bas par la fuite quand l'arbre fe mo- dere & fe tourne à bien. Sans cette pré- caution & cette induftrie , les arbres four- milleroient de branches gourmandes, & de branches de faux bois. Les Jardiniers qui voient de pareils bois dans la taille de l'Auteur , ne manquent pas de critiquer fa méthode & s'élever contre, déclamant à tort & à travers fur ce qu'ils ignorent. Mais quand, interrogé par eux, il entend leurs difficultés, on leur répond en leur donnant tous les éclairciflemens conve- nables, & on leur fait voir la néceflité de conferver ces faux bois , ces faufles poufles, & ce que communément on ap- pelle furpoufies. VERMINE des jardins. Ce font tous les infeétes , de quelque nature qu’ils foient , qui tourmentent les plantes , com- 526 V me les vermines à notre égard, & les au: tres vermines à l'égard des animaux. On fait, dans l'Ouvrage , l’expoié de tous les ennemis vivans , & des ennemis inanimés des plantes , & on donne des recettes les plus fimples pour les en délivrer , comme pour les en garantir autant qu'il eft pof- fible. Voyez PUCERONS , PUNAISES. VERTICAL , ou PERPENDICULAIRE. Voyez; BRANCHE. VEULE, en Jardinage, veut dire fans vigueur. On dit branche veule, celle qui na, nicorps, ni force, ni embonpoint ; & tels font les arbres mal plantés, ou en mauvaife terre, les plantes femées trop près, & celles qui n’ont point d’air. Voyez ETIOLÉ. | VISCOSITÉ , VISQUEUX. 7. GLUANT, COLLANT , LIMONNEUX. VIVACE, du mot de vivre. On ap- pelle plantes vivaces , celles qui vivent durant un certain cours d’années. Le chêne & l’oranger paflent , parmi nous , pour les plantes les plus vivaces. VIVE JAUGE fe dit de l'ation de fu- mer, quand , au lieu de ne mettre qu'une l'a 52? fuperficie de fumier fuffla terre, on fait des tranchées , où l’on fait entrer une _ bonne épaifleur de fumier. C'’eft ainfi qu'on fume les arbres en les dégorgeant, & mettant au pourtour du fumier , qu'on laiffe tout l'hiver , puis qu’on enfouit au printemps. C’eft de la forte que les Vigne- rons fument leurs fofles, & que les Ma- raichers fument leurs planches d'afper- ges. VIVIPARE. Voyez OVIPARE. VOLÉE , femer à la volée. oyez SEMER; CHAMP. VORACE , tiré du latin, Plantes voraces, Par ce mot on entend les plantes qui mangent les autres, & qui effritent la terre. Le chiendent eft une plante vora- ce, le chou & les autres végétaux qui confument beaucoup. L'orme cft unc des grandes plantes les plus voraces. Il ne faut jamais planter au pied des arbres , ou près d'eux , aucune plante vorace , ni plan: ter des arbres dans le voifinage des gran- des plantes voraces , dont les branches ra- viflent tout l'air , & les racines pompent au loin tous les fucs de la terre. Les mouf- {es font plantes voracss. 528 VRILLE. C'éft ce qui s'appelle tenox dans la vigne , & que par corruption les bonnes gens difent rilles. Voyez TENON, CoRNES. USUELLES, ou D'UsAGE, c’eft la mé: À me chofe. On dit plantes ufuelles, celles qui font d’ufage oïdinaire pour la nourri- ture & pour la fanté. M. Chomel , Méde- ! cin, a fait un excellent Traité des Plantes ! ufuelles. EE 4h | Veux. Voyez; Boutons. FIN. u PR EE Le softs APPROB AT I:0 N. Ai lu, par ordre de Monfeigneur le Vice- Chanceher , un Ouvrage intitulé : La Théo- rie & la Pratique du Jardinage , premier Volu- me, qui eft un Diéionnaire étymologique & raifonné fur le Jardinage. La longue expérience & la réputation de l’Auteur dans le gouverne- ment des arbres fruitiers , Les fuccès qu'il an- nonce avoir eus, & qu 1l promet à fesimirateurs, rendent fon Livre un objet de curiofité pour les Jardiniers & les amateurs du Jardinage : on y trouve la méthode de tailler les arbres frui- tiers , ufitce à Montreuil près de Paris, & qui n'a point encore été publiée , ainfi que plufieurs pratiques extraordinaires qu'il eft important d'apprécier en les éprouvant. Fait à Paris, ce 17 Juiller 1767. LE BEcuz DE PRESLZ. PRIVILEGE DU ROI. - mets par la grace de Dieu, Roi de France & de Navarre : A nos amés & féaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Re- quêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Pré- vôt de Paris, Baillis, Sénéchaux , leurs Lieutenans- Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra , SALUT. Notre amé GuiLLAUME-NicoLAs DESPREZ , notre Impri- meur-Libraire ordinaire & de notre Clergé de France, Nous à fait expofer qu'il défireroit faire imprimer & don- L1 530 ner au Public, La Théorie & la Pratique du Jardinage par principes, d'après la Phyjique des Végétaux , ou le Jardi- nage 6 l’ Agriculture démontrés, précédé d'un Diéfionnaire fur le Jadinage ; par M.T Abbé Royer Schabol , s'il Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilegé pour ce nécef- faires. À ces cAUSES , voulant favorablement traiter l'Ex- pofant, Nous lui avons permis & permerttons par ces Préfentes, de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera , & de le vendre, faire ven- dre & débiter par tout notre Royaume, pendant le temps de dix années confécutives, à compter du jour de la date des Préfentes. Faifons défenfes à tous Im- primeurs, Libraires & autres perfonnes, de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreflion étrangere dans aucun lieu de notre obéif- fance ; comme aufli d'imprimer , ou faire imprimer , vendre, faire vendre , débiter, ni contrefaire ledit Ouvrage , ni d'en faire aucun extrait, fous quelque prétexre que ce puifle être, fans la permiflion exprefle & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits, de trois mille livres d’amende contre cha- cun des contrevenans , dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dicu de Paris, & l’autre tiers audit Expofant , ou à celui qui aura droit de lui, & de tous dépens, dommages & intérêts ; à la Fe que ces Préfentes feront enrégiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l'impreflion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en beau papier & beaux caraéteres, conformément aux Réglemens de la Librairie, & notamment à celui du 10 Avril 172$, à peine de déchéance du préfent Pri- vilege ; qu'avant que de l'expofer en vente, le Ma- nufcrit qui aura fervi de copie à limpreflion dudit Ou- vrage , fera remis dans le même état ou ut pr y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier , Chancelier de France le Sicur de Lamoïgnon ; Las LOU CT RE 531 & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliotheque publique , un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notredit Sieur de Lamoignoen, & un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier Vice-Chancelier & Garde des Sceaux de France , le Sieur de Maupeou ; le tout à peine de nul- lité des Préfentes. Du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans caufes, pleinement & paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble, ou Re Vou- lons que la copie des Préfentes , qui fera imprimée tout au long au commencement , ou à la fin dudit Ouvrage, foit tenue pour duement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l’un de nos amés & féaux Confeillers- Secrétaires , foi foit ajoutée comme à l'Original. Com- mandons au premier notre Huiflier , ou Sergent fur ce requis, de faire, pour l'exécution d'icelles, tous actes requis & néceffaires , fans demander autre permif- fion , & nonobftant clameur de Haro , Charte Norman- de , & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir. Done à Paris , Le trente & unieme jour du mois d'Août, l'an de grace mil fept cent foixante-fept, & de notre Regne le cinquante - deuxieme. Par le Roi en fon Confeil. LE BEGUE. Regifiré [ur le Regifre XVII de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires €7 Imprimemrs de Paris, N°. 1052, fol. 2721, Con fermément au Réglement de 1723. A Paris , ce $ Septembre 1767. N. M. TILLIARD, Adjoint, + : , Mon vd < 26 « s is 25 2 ge ae L ALI - Ses + S DE.) EMPANT | 1 ‘as 7 4 _ .. = vo Ve - re |: | * L À F4 LAS Le" ia Fa PR à Je j 4 J ra fé 0 Pere gr. EPCE LR T" er * dir LÀ x: ï x , LA ” L _ hr 6 ; | y nn nt tif . réutit Æ:# RS nv