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Muséum Libnn

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I7il ^.2.

DICTIONNAIRE

RAISONNE UNIVERSEL

D'HISTOIRE NATURELLE.

■^•!

TOME SECOND.

lOl.

BA « CAO

I

DICTIONNAIRE

RAIS ON N M UNIVERSEL

P'PISTOIRE NATURELLE,^

CONTENANT

UHISTOIRE DES ANIMAUX, DES VÉGÉTAU3Ç £T DES Minéraux , et celle des Corps célestes i des Météores » et des autres principaux Phénomènes de la Nature ;

UHISTOIRE DES TROIS REGNES, et le détail de« u$iages de leurs productions dans la Médecine , dans rEconomie domestique et champêtre , et dans les Arts et Métiers ;

fj me Table concordante des Noms Laàns , etc. et k renvoi aux ohjets mentionnés dans cet Ouvrage.

\ Par Mr*i A L M O N T^% o

M A RE^

(voyageur et Démonstrateur d'Histoire Naturelle avoué du Gouvernement ; ancien Censeur Royal ; Directeur des Cabinets d'Histoire Naturelle , \ de Physique , etc. de S. A. S. Monseigneur le PRINCE DE CONDÉ ;

Honoraire de la Société Economique de Berne ; Membre des Académies Royales des Sciences de Naples , de Médecine de Madrid , Impériale des Curieux de la Nature , Impériale et Royale des Sciences de Bruxelles s Associé Regnicole des Acaçlémies des Sciences , Belles-Lettres et beaux Arts de Rouen et de Dijon ; des Sociétés Royale des Sciences de Montr pellier , Littéraires de Caen , d'Orléans , de la RocheUe , etc* y d'Agrî* çuluve de Paris ; Membre du Collège de Pharn^acîe.

^u^TRXEHE Edition , revue et consîdérahl^ient atiptuntit

par l'Auteur,

T O M ]E SECOND,

4 LYON,

Chez BRUYSET Frère»;

M. I?çç. ^Çl

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*. V.

I

DICTIONNAIRE

^.^.41, s.\â I s O N N È D'HISTOIRE NATURELLE.

lB.

B

»ABI-ROSA, aux Indes Orientales, eft le " hahiroufa. Voyez Barbi-rouSSa.

BABOUCARD ou Baboucarp. Nom qu'en lan- gue Jalofe , on donne au manin-pêcktur du Sénégal , de M. Bnffon. Tout ce qui eft bleuâtre dans notre martin-pêchtur , eft d'un bleu tirant fur le vert dans le baboucard.

BABOUIN ou Babon. C'eft un nom de làmille dans la grande peuplade des finges , & qui déftgne trois efpeces groflès , à queue courte , à face alongee , à mufeau large & relevé , qui font le pstpion , le mandrill , & vouanderou. Voyez ces mots. Au refte ^ le nom de babouin a été plus fpécialement dojiné à l'efpece particulière du papion. Vonjci. auffi l'article . 5l»GE.

BACCHANTE. Foyei à la fuite de l'article HÉROS, Terne //, A

i ' BAC B A D

BACHE. Nom donné au fruit du iatanîer. VoyftC ci mot.

BACILE. Voyei Passepierre.

BACKELEYS. Voye^ Bakeleys.

BACKER , eft le nom d'ime hirondelle de met* ; très-connue aujourd'hui en Eiland ou Œlande , partie de nfle de Gothland en Suéde , & dans Plile de Su- deroop , près de Pelvorm* Lorfque quelqu'un va dans l'endroit Pun de ces oifeaux a fon nid , il vole autour de fa tête , & femble vouloir le fuivre & l'at- taquer â coups de bec. Son cri eft fort aigu , & il répète fans interruption ce monofyllabe ùr-tirr. Voye^ Hirondelle de mer,

B ACOPE îKjuatique , Bacopa aquatka , Alihlet. Plante de la famille des Lyfimackies , & qui croît fiir le bord des niiffeaiix dans l'Ifle de Cayénne. Les Habitans l'appellent herhe aux bruluns , & prétendent

3ue fon application fur la plaie les guérit en peu e temps. Ses tiges font herbacées , fucculentes y cylindriques , branchues , noueufes & rampantes ; elles pouffent de leurs. noeuds des racines capillaires, blanches & rameufes ; les feuilles font oppofées y feffiles , amptexicaulès , linéaires , lancéolées , con- caves 5 pointues , vertes , gjabres & d'une confiA tance tm peu charnue; les fleurs font bleues, pédun- culées , îblitaires y & naiffent alternativement dans ^ les aiffelles des feuilles ; le fruit eft une capfule membraneufe y uniloculaire y & remplie de femences très-menues.

BACOVE ou Pacobe. Voye^^ à Vartich BanaNîer.

BADAMIER , Terminalia, Nom donné à un genre de plantes à flevu's incomplètes , de la famille des Chalefs , ( Elaeugnus ) & qui comprend des arbres ou des arbriffeaux exotiques ^ dont les feuilles viennent plufieurs enfembk aux noeuds des branches , difpofées en rofettes ou en manière de verticilles ; les fleurs naiffent en grappes fim^îes , fituées entre les feuilles j

B A D f

tè^ Wits ibnt des noix cymMfbMies» tjës èfpèctés à^ ce genre font: :

i.^ Badamier de Malabaf , Adamafam^ RhèçA

Jmygdalus ïndica^ NkuK Raj*. Cet arbre ^ qui eft

très-beau , très-^rand , d*une forme pyramidale , com*

parable à celle du fapin , croît naturelleinènt dans lel

endroits fablonneux des forêts du Malabar^ Son bois

tft blanc 5 tfès-dur ; fon écorce eft liffe ^ grisâtre en

dehors , rouge en dedans ; ies feuilles font ovoïdes ^

élargies vers leur fommet ^ avec une pointe coiiite ^

légèrement crénelées ert leurs bords , vertes & liifei

en deffus , velues & d\in vert jaunâtre en deffous ^

& foutenues par des péduncîules courts j, velus & rou-*

geâtres ; elles font difpofées fix ou fept enfemble j, à

chaque nœud des raftieaux qu'elles entourent ; leui?

longueur eft de fix à neuf pouces ^ & leur largeur de

qiian*e ou cinq» Les fleurs font petites ^ inodores ^ d'un

vert blanchâtre ; les fruits ont une coque elliptique

feroufTâtre , qui renferme un noyau oblong, très-dur^'

lequel contient .une amande blanche dont le gpût ap-*

proche de celui de l'aveline* Dans les meilleures table»

de l'Inde on ttiange ces antàndes entes. Oïl en tire païf

e35)reffion une huile douce & qui ne fe rancit jamais*

Le fuc de fes feuilles ^ mêlé avec de l'eau de liz , fert

aiix Indiens pour modérer la côliqiie ^ l'ardeur de k

bile , & les maux de tête qui ont pour caufe de mau-»

Vaifes digefiions*

1.^ Badamier des Moluques ^ Caitùppd ^ Rumph; Ses feuilles font glabres des deux côtés , nullement crénelées en leurs bords J elles font plus grandes^ plusi larges que dans l'efpece précédente ; mais le tronc ^ qui eft droit & épais, eft moins élevé , auflî fa.cime efr-elle plus belle ^ plus étalée > & fournit plus d'om-» brage. Cette efpece ou variété , ôbfervée par M* Sow ^trat , croît aux Molitques ^ à Java , & dans les autres Mes qui en font voifines. Les amandes de fes frujitsi fe niangejrtt auifi toutes crues, A Batavia on fait doit

A a

H B A D

plantations régulières de cet arbre , dans les jardins 8c les grandes places publiques , pour jouir de fon ombrage.

3,^ Badamier de Bourbon, ou le Faux-Benjoin , Terminalia MaurUiana ; Arifioulia , Commerf. ; Pamea Guiancnjîs , AubL Suivant M. de Commtrfon ^ c'eA le plus grand & le plus gros arbre des Ifles de France & de Bourbon. Ses feuilles , qui fe rétréciffent un peu vers levu" pétiole , font bien moins larges à proportion de leur longueur. Cet arbre croît par-tout dans les bois des lieux cités ci-deffus. On préfère le bois de cet arbre pour les pirogues, U eft vraifemblablement très-réfineux , car M. de Commtrfon lui avoit d'abord^ donné le nom de njinaria , comme on le voit dans fon heAier.

!. 4.^ Badamier au benjoin 5 Croton beniot^ Linn. Mant 297. Cet arbriffeau , que Pon cultive aâuellef- ment au Jardin du Roi , croît dans les Indes Orientales* Ses rameaux répandent un fuc laiteux quand on let coupe , & l'on préfume aujourd'hui , dit M. deUMarck , que c'eft lui qui produit l'efpece de réfine, connue ious le nom de benjoin , & non vm laurier , comme l'avoit penfé Linnaus d'après Commeiin. Les nerviures des feuilles de ce badamier font rouges.

5.® Badamier au vernis , Arbor vernicis. C'eft Varbre au yerms. Voyez ce mot.

BADA. C'eft' VAbada. Voyez ce mot. , BADÉ , fleuronedes rhancus , Brouifonet C'eft Varama^a de Marcgr. ; dans l'Ifle d' Anamoka , badé ; Se pathi-mattre y dans l'Ifle d'Ulietea. Ce poiffon eft du genre du PleuroneSe ; il fe trouve dans la mer Paci- fique. Son corps eft comprimé ; les écailles font en recouvrement ; il s'en trouve aiiffî fur les deux côtés de la , tête ; la ligne latérale eft arquée ; la partie pof- térieure de la tête, eft comprimée & aufli large que le corps ; il y a un enfoncement entre les yeux ; l'ou- verture de la gueule eft ample ; le menton ofire im ,

B A D B^A G }

tubercule obtus Se oiTeiix; il y a d^s châqifflriâchoiré deux' doubles rangs de dents , petites , fixes , déliée^ & pointues ; la rangée extérieure eft plus courte & plus épaiffe. Les yeux font fur le côté gauche de' kl tête ; ils font ovales , très*écartés l'un de l'autre ; Tins eft argentée , la prunelle oblongue eft noire. -La nageoire dorfale commence au deftlis du mufêau, & fe termine près de la nageoire de la ^ueùe ; fts rayons font fourchus à leur fommet ; la nageoire' peâorale gauche eft échancrée ; l'autre eft ovale , ôrleurs rayons iont iîmples , ainiî que ^eux des* abdominales ; U, nageoire de l'anus eu longue & écailleufe ; celle de la queue eft d'une figure ovale , plus large que longue* La furâice gauche de ce poîftbn eft cendrée y avec des points noirs &c des taches d'im blanc verdâtre de dif- férentes grandeurs ; la ûir&ce droite eft dHm blanc verdâtre , moucheté de bnm.

BADGER. Nom donné par quelques-uns au blaireau. Voyez u mot. , ' »

BADÏAN ou Badiane , Itticium\ Linn. Genre de plante à fleurs polypétalées , de la famille des Ancncs ^^ & qui comprend des arbres ou des arbrifteaux exoti- ques. Voyt^f^ Vaniclt Anis iroiLÉ de la Chine.

BAGAGE. Nom donné aux cannes à fucre qui ont pàfte au moulin , & dont on fe &rt poiu^ brûlei; après les avoir féchées aa foleil : on nourrit les beftiaux avec celles qui ont été trop btifées fous, le cylindre.;

Voye:(^ CaNNE A SUCftE. -

BAGADAL Nom donné à une variété ou race dan9 Pefpece du pigeon de volière. Voyez ce mot.

BAGASSÎER ^ ÊagaJJa arbor qud Indi ad extrumdos Imtres utuntur^ Barr. Fr. Equin. p. lo. C'eft un très- grand arbre de la Guiane ; fon tronc eft droit &. s'élève à (juatre-vingts pieds de hauteur , fur quatre à cinq de diamètre. Son bois eft blanc &: recouvert d'une écorce Me & cendrée ; fes rameaux font nom- heux^ s'étendent a\i loin de tous les côtés ^ 6c lui

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é>itn^^sine eîme vafte & touffue ; ils font garnis êi feiûlles opppfées , pétiolées , amples , à demi divifées en trois. Jobes ptointus , âpres au toucher , vertes & munies chacune à leur bafe de deux flipule^ lancéolées ^j caduques. Les fruits ont la forme & la groffeur flHme . orange moyenne ; ce. font des baies jaunâtres , recouvertes, d'\me peau grçnuei kur chair intérieiure isft ferme,- ô( 1-extérieure , qui eft moUe & fuccu- lente , enveloppe un grand nombre de femences , qui ont la forme {5epins bruns & vifqueux. Ces fruits fonj d'un très-bon gpûti ks Créoles & les Naturels du pays les manant avec plaiiir.

Le iagaj^r fe trouve dans les forêts de la Guiane» Lorfqu^on l'entame il rend un fuc laiteux. Son tronc eft employé pour conftruire de grandes pirogues , ôc Ton ea peut .tirer des courbes , &c* pour la conftruc* tion des navires,

. Oh feit.dans le pays une différence entre les arbres qui croiffent fur les mornes ou petites montagnes > &i dans les marécages. On prétend que .le bois du tagaf* fitr des.mornés , quoique coriace & plus difficile à fe fendre, eft plus léger , & qiiil flotte; celui des marécages eft plus pefant ; de forte que la pirogue qui en eft conftruite coule à fond lorfqu'elle fe remplit d'eau ^ tandis que les autres reviennent fur Teau dans la même circonilance, La partie d'Oyapock eu la plus abondante en baga£îers. Les Habitans de' ce Canton font un commerce de ce bois y avec les Habitans de C^yenne,

BAGLAFECHT. Oifeau d'Abyflînie , qui n'eft qu'une variété du toucnam-^ourvi : il n*en diffère que par quelques nuances &c diftributions de couleurs ; il te rapproche encore du toucMm-^ourvi par la manière dont u fufpend fon nid , prefque toujours au-deffus d'une eau dormante , à Textrémité d'une petite branche , & l'ouverture tournée du côté de TEft i mais il lui donne* une. forme différente de celui du

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iouenam ^ & il le i^uie en fpirale ^ à-peu-près comme un nautile.

BAGNAUDIER , Coltaca. Genre de plante à fleurs polypétalées ^ de la famille des Ugumineufes , qui a Deaucoup de rapports avec celle des ÀjiragaUs , 6c qiû comprend des arbrifleaux, des fous-arbriffeaux & des herbes dont les fleurs font papilionacées » les fruits véûculeux Ô6 fans doifon , parraitement uniloculaxres ^ avec des femences réniformes , attachées aux deux bords des futures fupérieures ; les feuilles ailées avec impaire.

Bagnaudier commun ou Faux-Séné , Coluua , Dod, Pempt. 784 ; Coluua v^ficaria^ C. B. Pin. 396; Cobuta arborefcens j Linn« 1045» Arbrifleau rameux , haut de huit à dix pieds , & dont les fleurs font en grappes , jaunes & légmnineufes ; on obferve une ligne rotigeâtre , courbée , à la bafe de leur étendard. l^s feuilles font alternes , ailées , compofées de neuf à onze folioles , d'un vert glauque , fur-tout en deflbus ^ ovales , un peu échancrées par le bout : à la fleur fuccede urife goufle très-renflée , en forme de vefïie affez grofle & prefque vide , dans laquelle on trouv«

filufieurs femences figurées conmie un rein. Cet ar- rifleau , qui croît naturellement en Italie , & dans les Provinces Meriionales.de la France , fleurit fou- vent deux fois par an , en Mai & en Septembre ; il eft très-propre a décorer les bofquets du printemps & d'autonme. Il convient fort dans les remifes , car. il fe multiplie très-facilement. Son écorce efl d'un gris- brun. Les feuilles & gouflès de cet arbrifleau font au bagnaudUr , ce que les feuilles du féné & les fol- licules font à l'égard de la plante du fini : elles font également purgatives ; mais il en faudroît une plus grande dofe que de celles du fini : on ne s'en fert guère en Médecine. Le fruit du bagnaudUr , qui mûrit fur la fin d'Août , fert en quelques pays à engraiflet le$ btehij^ & à leur fsure *aYok beaucoup de lait : U ç^

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bon aulC pcmr les volcûlles» Les abeilles en sument k fleur. On diflingue une variété à gouffes porpurines^r

On connoît encore trois autres efpeces auffi à tige ligneufe ; la première fe nomme tagnaudier ^ Ethiopie^ Colutea JEthyopica , fion purpureo , Toum. C'eft un Irès-joli arbufte , mais bien plus petit que le nôtre ; fes feuilles font oblongues & fes fleurs purpurines , de couleur de feu ou d*un rouge affez vif ^ il mérite d'être placé auiH dans les bofquets du printemps 6c même dans ceux d'été : on l'eleve de femences fur couche & fous des cloches pour en orner les /ardins,

La deuxième eft le tagnaudier du Levant , Coluua Oriintalis , fiorc fanguinei coloris y luud macidâ notato ^ Tourn. Cor. 44. Ses fleurs font d'un rouge de fang , avec une double tache jaune à la bafe de leur étendard»

La troifieme efl le bagnauditr tPAUp , Colutea foliis €vatis integerrimis , caule fnaicofo , MUl. Il commence à fleurir dans les premiers jours de Mai , & continue ainfi fans interruption jufqu'à la mi-Oâobre. On cul- tive ces trois efpeces au Jardin du Roi.

Les bagnaudiers à tige herbacée font ^ i .^\ le bagnaU' ^dicr annuel d'Afrique , Colutea Africana , vejuulis com^ prejjis , fioribus atro-rubentibus , Volk* Les fleurs font d'un violet-brun.

2.^ Le bagnaitdier des Alpes , Pkaca Alpina^ linn; Les^-fleurs font jaunâtres , avec quelques poils noirâ* très & courts fur leur calice. Cette plante croît fur les montagnes du Dauphiné , de la Suiflè , de la La- jJbnie & de la Sibérie.

3 .^ Le bagnauditr Auflral , Pkaca Aufiralis , Linn. C'eft l'efpece la plus petite de ce genre ; elle croît dans les montagnes de la Provence , de l'Italie & de la Suifle, Ses fleiurs font d'un blanc-jaunâtre avec une teinte de violet à l'extrémité de leur carène..

BAGRE 5 Silurus Bagre , Linn. Poiflbn du genre du 'Silure. Il fe trouve dans le Bréfil , & dans les autres gran^ fleuves de l'Amérique Méridionale ; on le fert

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ht fes tables. Selon Gronovius , ce poîffon n'a pomt tfécailles ; fa peau eft lifle & d'une couleur à reflet tf or & d'argent , mais d'un bleu fonibre fur le dos. Le bagrt a la tête courte ; la mâchoire fupérieure eft plus longue que l'inférieure ; les dents très-fines , & difpofées comme par groupes fur autant de petits ef- paces. La gueule très-ample ; les yeux fitués près les angles de cette dernière partie ; quatre barbillons , dont deux font comprimés & fitués avant les yeux , & ont trois fois la longueur de la tête ; ils font fortifiés à leur hafe par im offelet articulé. Les deux autres barbillons font courts , déliés , & pendent fous le menton. La ligne latérale eft droite , & a des ramifications courtes & oppofées , deux à deux , qui fortent en plus grand ncinbre près de la queue»; la première nageoire dorfaie efl petite , triangulaire , & garnie de huit rayons , dont le premier , qui a une longueur égale à celle de tout le tronc , eft triangulaire à fa bafe , terminé en forme d'aiguille , & hérifie de petites épines fur la furface antérievire ; la féconde nageoire du dos eft près de la queue , & eft d'une confiftance charnue. Les nageoires peûorales offrent douze rayons , un peu rameux , qui d^)affent la membrane qui les unit , & dont le premier eil roide , aigu & hériffe de petites dents fur fon bord intérieur; un filament très-alongé fort de la partie fu- périeure de ce premier rayon. La nageoire de l'anus contient trente -deux rayons fourchus à leur fommet; celle de la queue , profondément divifée en deux lobes, dont le fupérieur eft le plus long , contient quinze rayons , fans compter ceux des parties latérales qui font plus petits que les autres.

Il y a ime autre efpece de bagre appelée le Matou. Voy^i ce mot.

BAGUENAUDIER. C'eft le Bagnaudier. Foyci ce mot.

BAGUETTE DIVINATOIRE ou Verge d'Aaron. Oq donne ces beaux noms à une branche de faule ou

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à un rameau fourchu de coudrier , ou d'aune , ou dfe chêne , ou de pommier , dont les Jongleurs ou Empi- riques en Métallurgie fe fervent , lui attribuant des vertus merveilleufes pour découvrir , en vertu des éma- nations p les mines , l'eau fouterraine , une pièce d'or ou d'argent cachée. Nous doutons très-fort de l'au- thenticité de ce phénomène : depuis long-temps la faine Phyficpe a défabufé fur ces ufages fuperffitieux , & nous ne craignons pas de dire que l'intérêt mafqué par l'at« tuce & la charlatanerie , trouve toujours des reflburces afliirées dans l'efprit des gens fimples & crédules. On trouve cependant des personnes qui , quoique très-inf- tRiites d'ailleurs j donnent encore leur croyance à ces tours de main & de paffe-paffe , & qui ont de la peine à revenir de ces erreurs. Si on a trouvé effeftivement des mines dans l'endroit l*on avoit vu ou cru voir tourner la baguette , c'eft parce que celui dans les mains de qui elle tournoit par un mouvement purement mé- canique , & qui dépend de la pofition initiale d'un point donné par rapport au centre de gravité , ne la niifoit jouer qu'à propos , c'eft-à-dire après s'être affuré de la nature du terrain. On peut confulter im Traité qui a été fait fur cette matière par M. l'Abbé Je Vdmom^ & la DifFertation que M. lAmah en a donnée dans le pre* mier tome d'un Journal Littéraire qui paroît à BerUn , fous le nom H Amiifcmms Phyfiqius.

B AHEL-SCULLI , Barkna ImgifolU , Linn^J^^rbrifTeau épineux , qui aoît naturellement dans les lieux aqua- tiques , aux Indes & au Malabar. Ses t^es font fim- ples , dures ^ articulées , tétragones , rougeâtres , hériffées de poils blancs. Ses feuilles font oppofées , étroites, enfiformes , rudes au toucher. De l'aiffelle de chaque feuille fortent trois épines roides , rougeâtres : fes fleurs font vertîcillées & d'ime couleur pourpre foncé. C'eft le gcnijlafpinofa Indica , vtrticiUata ^ fioreyurpurzo-cçtrW' ho. On attribue à ïa décoôion de fa racine & à fa feuille conSte dans du vinaigre , la vçrtu de provoquer les

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ittînes 5 fur-tout fi la décoâîon a été faite dans l'huile du ficus infemalis. On ajoute que les feuilles du bahd'^ fculli , réduites en poudre & prifes dans de l'huile tirée par expreflion dxx ficus infemalis , réfolvent les tumeurs des parties naturelles. ( Ancienne Encyclopédie, )

Ce genre de plante (^Barleria^ eft delà divifion des Perfonnées. Il offre encore la Barreliere à feuilles de mo* rdle , de l'Amérique Méridionale ; la Barreliere hirijfonne^ des bides Orientales , qui eft le Lycium Indicum Seba , & qui a luie variété défignée ainfi dans Rheed. Mal. co^ Utta-vetla. La Barreliere à feuilles de buis ; celle à crête ; celle à longues jUurs , dn Malabar & de l'Inde ; celle à fimrs ècarlaus , & celle à épis pyramidaux de Saint-Do- mingue.

BAJANG. Fcyei Bessi.

BAIE , Bacca. On donne ce nom à de petits fruits qui, daiîs leur maturité., font motisr, pulpeux , fuc* culens , plus ou moins arrondis ou ovales , qui ne font point réimis en grappes , mais ifolés , & qid , fous une enveloppe charnue , contiennent des pépins ou des noyaux non renfermés dans des loges , mais flottans dans la chair ou le parenchyme ; ce qui s'obferve dans les fruits du folanum : tels font encore ceux du gent^ vrier , du laurier & autres. On donne le nom de Bacciferes aux plantes qui portent des baies comme la hr'wne , le chèvre -'feuille , le fceaurde^Salomon , le lis des jardins y la beUe^de-nuit ^ Vafpergc.

Lorfque de pareils fruits font petits , réunis en grappes ou en corymbe , on leiur donne alors le nom de grwis. Par exemple , on dit des gnUns de grofeille , un gnwzî de raifin , un grain de fureau. On confidere fouvent le nombre de femences contenues dans la iait ; on dit baie monofperme , quand il n'en a qu'une , comoie dans les thymêltes & les fumacs ; ^Jpermc ^ quand il y en a deux , conune dans le caffeyer , le vimtier ; trifperme , quand il y en a trois , comme dans le muguet ; polyfperme , ^pignd il y en a un

li .BAI B A K

nombre îïidétennîné , coinme dans le capritt. Voye^ff

VarticU PLANTE.

Baie ou Baye , JEJluanum. Nom donné à an petit golfe. C'eft un petit bras de mer qui fe jette entre deux terres , & qui s'y tenrnne en cul-de*fac , par un enfoncement plus grand que celui de Vanfc , & plus petit que celui du golfe. Darls une boit les vaif- îeaux font ordinairement à Tabri des vents & des tempêtes. Tous les Navigateurs connoiiTent la baie de Sierra-Leona , & celle de Bénin en Afrique. Foye^ Us articks GoLFE & Mer.

Baie a ondes. On lit dans YEJfaî fur tHiJtoirt NaturdU de Saint-Domingue , que ce nom eft donné dans cette contrée à un arbre de moyenne grandeur^ qui eft fort commun dans les Savannes. U fe plaît dans les endroits fablonneux. Sa racine eft fibreufe & traçante ; fon tronc noirâtre , droit , trevaffé. Il fe divife en plufieurs branches qui fe fubdivifent en ramilles fourchues , auxquelles les feuilles font atta- chées. Ces feuilles font oblongues de quatre à cinq lignes , larges d'ime à deux lignes , difpofees par paires juiqu'au nombre de vingt fur une même ramille , tmviTfées dans toute leur longueur par un petit filet, écartées durant le jour , repliées durant la nuit les unes liir les autres. Les fleurs font légumineufes , jau- nâtres , inodores ; elles croiffent par bouquets aux extrémités des branches. A ces fleurs fuccedent des gonfles longues d'un demi-pied , arrondies , & qui rentèrment plufieurs petites graines plates , alongéés , brunes , luifantes , grofles comme une lentille , envi- ronnées d'une pulpe blanchâtre , fans odeur ni faveur.

BAISONGE ou Badzenge. roye^ tarticU Puce- ron.

BAKELEYS ou Bakkeleyers ou Backeleys. Efoece de bœiifs à bojfe ou bifons que l'on voit en Afrique chez les Hottentots , il y en a de cfifFé- rentes tailles ^ des giamls , des petits , dès moyens ^

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B A K ij

iie in&ne qu'on en voit aux Indes : les Hottentots prennent pour ces animaux les mêmes foins que les Arabes pour leurs chevaux ; ils les élèvent avec tant de douceur , que ces quadrupèdes courageux devien- nent affeôionnés , fenfibles , mtelligens , & qu'ils font ar amour ce qu'ils ne font chez nous que par crainte ; eur nature s'élève même par la douceur de l'éduca- tion & par les attentions affidues , au point qu'ils deviennent capables d'aûions prefgue humaines : auffi le bœuf eft-u l'objet de la vénération & du culte fiiperftitieux des Indiens.

Les Hottentots en élèvent pour la guerre , dont ils fe fervent comme les peuples de l'A fie emploient les cléphans ; on choifit toujours les plus fiers & les plus généreux. Chaque armée eft fournie d'un bon trou- peau de ces bœufe de combat , qui fe laiffent gouver- ner {ans peine , & que leurs conduâeurs lâchent à propos : ils font auffi dociles à leur voix que le font ici nos chiens ; habitués à connoître l'ami & l'en- nemi , au moindre fignal , ces animaux belliqueux tombent fiu* l'armée ennemie avec fureiu: ; rien ne peut les arrêter ; ils frappent des cornes , ils ^ruent , ils renverfent , éventrent , foulent aux pieds avec une férocité affreufe , tout ce qui fe préfente devant eux; 3s s'élancent au milieu des rangs , y jettent le défor- dre & la confufion fans que rien les effraie , & pré- parent ainfi une viftoire facile à leurs maîtres ; mais dociles à la voix de leiu: condufteur , ils modèrent kur furie , & rentrent dans l'obéiffance à fa volonté. Ainfi cet animal joint à l'intrépidité martiale du cheval l'affeâion & la fidélité du chien.

Le génie des anitnaux qui fe flétrit par la <a*aînte,' fe développe donc , comme on le voit , lorfqu'on ks traite avec douceur , & qu'on les élevé avec art.

Les Hottentots ont encore de ces bœufs qui font inftruits à garder les troupeaux lorfqu'ils font au pâr turage\ à les ramener quand ils s'écartent ^ & les défen- «

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dre des botes féroces. Dans chaque village 11 y en â plufieurs qiii font dreffés à ce maniége; ils connoif- lent tous les Habitans du lieu , hommes , femmes , en- fans , qui peuvent impunément approcher des trott- peaux , & pour lefquels ils ont le même refpeft quHm chien a pour tous ceux qui demeurent dans la maifon de fon maître ; mais fi quelque étranger , & en parti- culier un Européen , s'avifoit d'approcher du troupeau , fans être accompagné d'un Hottentot, ils iroient fur lui au grand galop , & s'il n'étoit pas à portée d'être entendu du Kraal ( Village Hottentot ) , ou qu'il n'eût point d'armes à feu , ou qu'il ne trouvât pas d'arbre pour s'y fauver en y grimpant , il feroit tué à coups de cornes & foulé aux pieds. Cette flireur à la vue d\m étranger qu'ils ne connoiffent pas , leur vient de ce qu'on les a drefles à courir contre tous ceux qùî approchent des troupeaux , afin de fe garantir des( bujchis ou voleurs qui font aflez fréquens dans ces pays, & qui en veulent aux troupeaux. Toutes les habitudes qu'on voit prendre à ces fortes de bœufs à boffe , font beaucoup d'honneur au génie & à l'induf- trie des Hottentots. Bachelcys , dit Kolbe , en langue des Hottentots , fignlfie la guerre^

Aux Indes on fe fert auffi de ces bœufs à bojfe ^ comme nous nous fervons ici des chevaux pour voyager ; il y en a qui font tout blancs ; leur allyre ordinaire eft douce , on ne leur met au lieu de mors qu'une cordelette paflee eh double par le tendon des narines , & on renverfe par-defliis la tête de l'animal un gros cordon attaché à ces cordelettes , qui fait l'ef- fet d'une bride que l'on afllijettit par la boffe. On les couvre de belles bouffes , on leur met quantité de fonnettes au: cou , on garnit les bouts des cornes d'é- tuis de cuivre ou d'un autre métal. On leur met des felles , & il y en a qui courent aufîî vite que de bons chevaux. On fe fert de ces bêtes généralement par toutes les Indes ^ poiur tirer les cattrolTes ,'les voitures?

B A K îj

tôtûtnuiies , les chariots. On attelle ces animaux avec un long joug qui eft au bout du timon , & qu'on pofe fur le cou de deux bœufs ; le cocher tient à la main le coidoiî qui fert de bride pour les conduire. Ces bœufs attelés à une voiture peuvent faire des voyages de foixante journées, en parcourant depuis douze jufqu'à quinze lieues par jour & toujours au trot : à la moitié de la journée on leur donne à chacun deux ou trois pelottes de la groffeiu* de nos pains d\m fou, faites de farine de froment , pétrie avec du beurre & dii fucre noir ; le foir on leur donne des pois-chiches concafles qu'on a laiffés tremper une demi-heure dans Teau. Tavemier avoit deux de ces bœufs attelés à fon ^ carrofle. Ils avoient coûté lix cents roupies.

Il femble que le bœuf eft d'un naturel propre à fupporter toutçs fortes de climats , les plus chauds comme les plus froids. On a trouvé , dit M. de Buffon y quantité de blfons ou bœufs bojfus dans toute la partie Septentrionale de l'Amérique. Ces bïfons qui habitoient autrefois les bois des terres du Nord , ont probablement paffé d'un Continent à l'autre; ils font devenus , comme tous les autres animaux , plus petits dans ce nouveau Monde ; & félon qu'ils fe font habitués dans des cli- mats plus ou moins froids , ils ont confervé des four- tiires plus ou moins chaudes : leur poil eft plus long & plus fourni , leur barbe plus longue à la Baie d'Hudfon qu'au Mexique; & en général ce poil eft plus doux que la laine la plus fine. On ne peut guère fe refufer à croire que ces bifons du nouveau Continent ne foient de la même efpece que ceux de l'ancien ; ils en ont tous les caraâeres principaux , la boffe fur les épaules y Içs longs poils fous le mufeau & fur les parties anté- rieures du corps ; les jambes & la queue courtes. On voit aufïî aâiiellement dans toute l'Amérique des homfs fans bojfe , que les Efpagnols & les Européens ^^ ont fiicceflïvement tranfportes ; ils s'y font très- ien miiltipliés , mais ils font devenus plus petits d^ns

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f^ B A K BAL

ces terres nouvelles. Voyc^ Bison C article AuROCHSj

BAKKA, Voyei^ à PaiticU Bangue.

BALANITE , eft le gland de mer devenu foffile. Nous en avons trouvé aux environs de Lamoflon , près Montpellier , & en Suiffe dans le territoire de Bâle.

BALAOU. Voyt[ à tarûde BÉCASSE (poiffon).

BALATAS. Arbre qui croît en Amérique & fur- tout dans la Guîane : on en diftingue de plufieurs efpeces. Il y a i .^ le Balatas blanc ou maou des Nègres, dont le tronc s'élève dans les bois de la Guiane , à foixanté pieds de hauteur , fur près de quatre pieds de diamètre ; il eft affez droit ; fon écorce extérieure eft gercée , l'intérieure eft compofée de plufieiurs feuillets minces qui fe féparent , & qui , en fe deflechant , de- viennent d'une couleur de cannelle. Son bois a affez d'aubier blanc; le centre eft rougeâtre ; les branches forment une gii^nde cime; les feuilles font alternes , entières , ovales , aaiminées ^ glabres , rougeâtres étant jeunes , longues de fix pouces , fur deux & demi de largeur. Le fruit eft une capfule ligneufe , trigone , & comme tronquée ; fes graines font oblongues , apla- ties , & bordées d une aile membraneufe. Les Natu- rels du pays it fervent de fon écorce , qu'ils coupent par larges bandes , dont ils forment une corde en manière d'anneau autour des grands arbres , & par le moyen de laquelle , en fe plaçant entre le tronc & la corde, ils parviennent à grimper jufqu'au fommet. Le bois de ce balatas fe fend au foleii; il attire les poux de bois qui le pénètrent jufqu'au centre ^ & s'in- finuent d'un bout à l'autre du tronc : quand on em- ploie le bois du centre pour la charpente ^ fa couleur rougeâtre difparoît dans la fuite , & le bois devient affez blanc. Cet arbre eft le couratarl de la Guiane. an Balabouç & caouroubara des Caraïbes ?

2.° Le Balatas rouge , appelé à Saint - Domingue fapotilkr maron ^ fe trouve fur les mornes dans les

terrains

BAL 17

terrains rocheux & arides : il vient ordînaîrement au bord des rivières : il l'emporte fur tous les autres par fa beauté , par fa tige droite , aînfi que par fa groffeiir & par fa longueur : il a moins d'aubier que le balatas liane , par conféquent il ell plus abondant en bois proprement dit. Son écorce eu grife - jaunâtre , cre- vaffée , gommeufe & filamenteufe , comme dans les plantes malvacées. Son bois eft dur, compade, & d'un rouge-brun. Sa feuille eft grande , ovale , mou- chetée ; fa fleur grande ; fon fruit ovale , pointu & gris , ou longuet & jaune ; quelques-uns le trouvent d'une faveur douce , agréable & fucrée , d'autres le trouvent fade : on en mange au deffert. Ce bàlatas eft eftimé à Cayenne le premier des bois poiu: bâtir : c'eft un de ceux quji réfiftent le plus à l'air , & lorfqu'il eft à couvert , il diure aufti long-temps que le chêne ; en un mot , il eft excellent pour toutes fortes d'ou- vrages. Il s'éclate quelquefois & fe fenjd au ibleil j il perd auftl de fa couleur rouge-brune , mais elle ne devient que griiatre. Son écorce eft propre à fah-e des cordes.

3.^ Le B datas a grojje icorcc : il vient auffi haut & plus gros que le balatas rouge , mais il eft tortu ÔC plein de nœuds. Son bois n'eft bon qu'à de gros ou- vrages , étant trop plein de fève , & trop fujet à fe retirer ou à faire la gouttière. Maif. Ruji. de Caymnc.

B ALAUSTIER , Punica balaujlus. Nom que quel- ques-uns donnent au grenadier fauvage. En Provence en donne auffi ce nom , ou celui de paparoi , à uae efpece de grenadier qui donne des fleurs doubles. Le calice de ces fleurs eft aplati & large : les pétales font quelquefois fi nombreux , que ces fleurs reflem- blent à de grandes rofes de couleur foncée. Les Apothicaires font ufage de ces fleurs fous le nom de halaufies ; mais ils donnent ce nom indifférem- ment aux fleurs de toutes fortes de grenadiers, Voye^ Grenadier.

Tome IL ' ^ B

i^ B A t

BALBUZARD , Aquila marina ^ aquila anatarîal Cet oifeau a été nommé auilî aigU de mer , craupe-- cherot , OU corbeau pêcheur tn Bourgogne. Tout confi- déré , dit M. ^ Buffon , on doit dire que cet oifeau n'eft pas un aigle , quoiqu'il reffemble plus aux aigles qu'avtx autres oifeaux de proie : il eft bien plus pe- tit que l'aigle , il n'en a ni le port , ni la figure , ni le Vol ; fes habitudes naturelles font auffi très-diffé- rentes , ainfi que fes appétits , ne vivant guère que de poifTons qu'il prend dans l'eau , même à quel- xjues pieds de profondeur. Ce qui prouve que le poiffoa eft en effet fa nourriture la plus ordinaire , . c'eft que fa chair en à ime très-forte odeur; il a les jambes nues , & ordinairement de couleur bleuâtre ; cependant il y en a quelques-ims qui ont les écailles des jambes '& des pieds jaunâtres , les ongles noirs , très - grands & très-aigus ; les pieds & les doigts fi roides qu'on ne peut les fléchit ; le ventre tout blanc , la queue large , & la tête groffe & épaiffé ; il diffère donc des aigles en ce qu'il a les pieds & le bas des jambes de derrière dégarnis de pliunes , & que l'ongle de derrière eft le plus court , tandis que dans, les aigles cet ongle de derrière eft le plus long de tous ; il diffère encore eh ce qu'il a' le bec plus noir que les aigles, & que les pieds , les doigts & la peau qui recouvre la bafe du Bec , font orcunairement bleus , au lieu que dans le$ aigles toutes ces parties font jaunes. C'eft une eiteur populaire de croire que cet oifeau nage avec ùrî pied y tandis qu'il prend le poifTon avec l'autre. \jt hcdhkiard ne peut pas être nommé proprement aigle de mefj car il ne fréquente pas de préférence les côtes de la mer ; on trouve le phts fouvent dans ' les tèités méditerranées voifines des rivières , des étangs & d'autres ëaiix douces ; il eft peut-être plus commun en Boiurgogne , qui efi au centre de la France , que fur aucune de nos côtes maritimes. Le balbuzard pond fouyent quatre ceufs ^ & ^rarement moins de troiS[ %

BAL i^

aii lîeu d'habiter les rothers efcarpés & les hautes montagnes comme les aigles ^ il fe tient plus volon- tiers perché fur un arbre élevé , dans les terres baffes & marécageufes 9 à portée des étangs &c des lacs poiâbnneux : on prétend qu'on peut le dreffer pour la pêche , comme on dreffe les autres oifeaux pour la chafle ; il eft moins fier que V aigle : il a un pied onze pouces du bout du bec à celui de la queue ; fon envergure eft de cinq pieds, & {es ailes pliées dépaffent un peu fa queue. Le balbuzard efl une efpece des plus nombreufes des grands oifeaux de proie , & elle eft répandue affez - généralement en Europe, du Nord au Midi , depuis la Suéde jufqu'en Grèce , & même on la retrouve dans des pays plus chauds , comme en Egypte , & Jufqu'en Nigritie ; & il paroît <jue cet oifeau appartient également au nouveau Con- tinent , car on en a reçu plufieurs fois de la Louifîane*»

BALEINE , Balana. La baleine tient , fans contredit, le premier rang entre les animaux de mer de Pordre des Cetacées. C'eft le plus grand de tous les animaux connus ^ & on peut le regarder comme le roi des mers.

Perionne n'a donné des détails aui& curieux & auffi fatisfeifans fur les différentes efpeces de baleines , que M. ATiderfon , dans fon Hijïoire Naturelle d^IJlande & du Groenland. On ne s'attachera ici , fuivant le plan qu'on s'eft propofé , qu'à jeter un ^ coup d'œil générai uir les efpeces de baleirus les plus curieufes , & fui* celles dont on retire le plus d'utilité. On ne peut rien foire de mieux que de parler , en partie , d'après . le curieux Navigateur Anderfon , ainfi que l'ont fait tous ceux qui depuis lui , ont traité des baleines.

Hijïoire des BALEINES en général.

Ct gerare de feux poiflbn de mer fe diftingue d'une maniée très-marquée de tous les vrais poiffons de mer. La baleine , notamment celle de Groenland , danà Sa forme extérieure & dans le total de fa figure .

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*o BAL

préfente Celle d'un monftrueux polflbn , au corps enflé , au mufeau arrondi , &c, ; mais à l'intérieur , fon organifetion offre presque toute la charpente d'un énorme quadrupède , comme emprifonné Se coufu dans la peau d'im poiffon : nous expoferons ici les traits d'analogie les plus frappans , les mieux connus.

Le fang des baleines eft chaud: elles refpirent par le moyen des poumons ; & c'eft pour cette raiion qu'elles ne peuvent refter fous l'eau. Elles s'accou- plent comme les animaux terreftres : elles font vivi- pares 4 elles ont du lait , & leurs petits tettent. Tous les animaux du genre des baleines ont fur la tête une ou deux ouvertures par oii ils rejettent , en forme de jet , l'eau qu'ils ont avalée. Ces ouvertures fe nom- ment év€ncs,

La Nature a pourvu ces animaux de nageoires d'une flniôure & d'une force proportionnées à leur mafTe. Les nageoires des vrais poiffons font compofées d'arêtes jointes Jes unes aux autres par des membranes fort minces j les baleines ont à leur place des os articulés , qui , tant par leur flruâure que par l'ufage qu'en fait la baleÎTu pour embraffer & emporter fon baleineau , reffemblent à des bras ; au moins , ils font figurés comme ceux de la main & des doigts de l'homme , & font foutenus & mis en mouvement par des muf- çles vigoureux. Il eft bon d'obferver ici en paflant y que ces os ont été pris quelquefois , par des perfonnes peu inftniites , pour des os de mains ^hommes marins ^ pu àejîrenes. Dans la charpente des os de la baleine , on dlftingue les côtes articulées & conformées de même que celles des animaux de la terre. A la vérité ,. la fubftance de ces divers os eft plus cellulaire & moins compacte que celle des os des quadrupèdes ter- iceftres , néanmoins elle eft de la même nature. . Tout le genre de ces animaux de mer a , outre ces vigoureufes nageoires , une queue lajge & épaiffe ,

taillée comme en deux denû-lunes ^ ôc couchée hori-.

BAL 21

iofttalement fur Teaii , qui leur a été donnée pour diriger leur com-fe & modérer leur defcente , afin que rénorme maffe de leur corps ne fe brisât pas contre les rochers , lorfqu'ils viennent à plonger.

La Nature a conftruit ces maffes organifées ,*de manière qii'elles peuvent s'élever à la furface des eaux , ou s'abaiffer dans leur profondeiu: à volonté. Du fond de leur gueide part un gros inteftin fort épais , fort long , & fi large qu'un homme y pafferoit tout entier. Cet inteôin eft un grand magafln d'air que ce cétacée porte avec lui , & par le moyen duquel il fe rend à ion gré plus léger ou plus pefant., fuivant qvi'il l'ouvre ou qu'il le comprime , pour augmenter ou pour .dimi- nuer la quantité d'air qu'il contient. '^

La couche énorme de graiffe qui enveloppe léi haleines , allège beaucoup la maffe de leur corps , qui auroit été trop pefante pour pouvoir être mife en mouvement D'ailleurs .cette enveloppe de graiffe tient l'eau à une diftance convenable du fang qui , fans cela , pourroit fe refroidir ; ôc elle^fert dimt à conferver la chaleur naturelle de l'animal.

On ne peut rien dire de biçi^ certain fur la grandeur des différentes efpeces de baleines.. On en a*Vii qui avoient jufqii'à cent trente , & même jufqu'à deux cents pieds de long; On. lit dans, l'ancienne Encyclo- pédie , à l'article baleine , que l'on trouva en 1620*, près de l'Ifle de Corfe ^ une baleine qui avoit cent

pour tirer du corps de 1 animal le gros teftin , dont la capacité étoit fi grande , qu'un homme à cheval auroit pu y entrer. L'épine du dos étoit compofée de. trente-deux vertèbres. Cette baleine étoit femelle ôc pleine ; on tira fon fœtus , qui^avoit trente pieds de longueur , & pefoit quinzie cents livres^ (Cette longueur & ce poids du fœtus de la baleine , ,nous paroiiïent exagères. ) Quelque énormes qiift

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foieiit ces proportions, & fi monflruèux qiie (bit réellement cet animal marin , l'amour Six merveilleux a fans doute fait dire qu'on avoit vu dans les mers de la Chine des baleines qui avoient jufqu'à neuf cents foixante pieds de longueur ; auflî les a-t-ort comparées à des écueils ou à des Mes flottantes , & de , fans doute , eft née chez les Pêcheurs du Nord , ridée de leur kraken ou poijfôn montagne. Voyez Kraken.

Quoi qu'il en foit *de ces relations , on afliire que les premières baleims que l'on a pêchées dans le Nord , etoient beaucoup plus grandes que celles que l'on y pêche préfentement , parce qu'elles étoient plus vieilles*. On ignore la durée de la vie de ces animaux ; mais îl y a apparence qu'ils vivent très-long-temps. On les voit quelquefois dormir fur la furface des eaux , ils font comme immobiles.

Anderfon décrit jufqu'à quinze efpeces de baleines afférentes* On pourroit les cÊvifer en baleines à tuyaux & en baleines à narines. Ces dernières efpeces font très^ rares. A Pégard de celles qui refpirent par les tuyaux', les unes en ont deux , comme la véritable baleine de Groenland y & d'autres n'en ont qu'un , comme le cachalot.

Quelques efpeces de baleines n'ont point de dents ^ & n'ont que des lames barbues ; telles font celles de Groenland & le nord-caper ; d'autres ont des dents. De ces dernières , les unes ont vme feule dent comme la licorne ; d'autres en ont plufieurs , qui font placées tmiquement , ou du moins pour la plus grande partie , à la mâchoire d'en bas , comme dans le cachalot , également dans les deux mâchoires > comme dans le daup/^n & le marfouin.

diyifion la plus frappante à la. vue , de ce geni^e ^d'aiiimaux de mer , efl: en baleines à dos uni , & en baleines à dos raboteux. La véritable baleine de Groën- bfîd & le nord-^aper font de la première fous-divifio»;

BAL ai

le poîffonr de Juplur &c Vipéc des GroenUndois font de la féconde fous-divifion.

BaUinc de Groenland.

La baleine de Groenland^ Balœnavulgarls , edentula^ dorjo non pinnato , Ray. Cette baleine dont on retire tant de profit , & pour laquelle fe font proprement toutes les expéditions de la pêche , eft tres-groffe très-maflive. Sa tête feule fait un tiers de ^ maffe ; eUe parvient jufqu'à foixante à foixante-dix pieds de long ; l'endroit le plus gros de l'animal , & qui efl près de la tête , a en circonférence ^ le tiers de la longueur totale de l'animaL

Aux côtés du corps , près de la tête , font deu^ grandes nageoires ou larges palmes , de ûx à huit pieds de long ; fa queue y qui efl étendue & couchée hori* zontalement , a quatre braffes de large. Lorfque cette haleine eft couchée fur ^e côté , elle en donne des coups terribles , capables de renverfer & de fubmerger la plus forte chaloupe. On ne peut voir fans étonne- ment avec quelle vîteffe cette xnaffe énorme & pefante fend les flots de la mer à l'aide de f^ queue , qui liû fert comme d'une efpece de rame.

Cet animal marin ne fe fert de fes nageoires ou bras que pour fe diriger & aller de côté ou tourner dans l'eau ; rn^s la temelle en fait auffi ufage lorf- qu'elle eft en fuite , pour embrafTer & emporter fon baleineau.

La peau de cette baleine eft im cuir fort dur , de couleur noire ^ liffe & fans aucun poil j de l'épaiffeur d'un doigt ; il recouvre immédiatement la graifte qui a huit , dix .& douze pouces d'épaiffeur , & eft d'un beau jaune quand l'animal fe porte bien. ( Il y 3 dès taleints dont la graiffe ou lard eft blanchâtre , d'autres l'ont rpugeâtre. } La chair qu'on trouve fous la graiffe eft rouge , & fenjiblable à celle des animaux terreftrcs,. L'QUYçrture de la gueule a quelquefois plus de yinp^t

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pieds ; lès mâchoires ne font pas années de derîtsr i mais garnies des deux côtés de longues & larges lames , qui ont la courbure d^une lame de faux , pointues comme elle , & d'une fubftance de corne noire , flexible , élaÔique , & qui finit pat fe franger aux bords en manière de foie de fanglier. Ces lames font appelées fanons. On obferve que ces lames , dans la mâchoire fupérieure , s*ajuftent obliquement entre les lames de la mâchoire inférieure comme dans un four- reau , & qu'elles embraffent poiu* ainfi dire la langue des deux côtés. Ces lames font garnies du côté de leiu- tranchant de plufiéurs appendices ; & ces appendices ou franges fervent en partie à l'animal pour empêcher fes lèvres & fa langue d'être coupées par les lames , & en partie à prendre & à contenir , comme dans im filet , les petits poiffons & les vers ou infeftes que ce cétacée attire pour fa nourriture , & qu'il écrafe entre fes lames.

La langue de ce faux poiffon n'eft prefque qu'un gros morceau de graiffe , dont on peut remplir plufiéurs tonneaux; elle eft fi molle que lorfqu'on l'a tirée hors de la gueule , on ne peut plus l'y faire rentrer. Les yeux ne font pas plus grands que ceux d'un bœuf: quelle petiteffe pour un animal auffi volumineux 1 Ils font diftans de feize ou vingt pieds l'un de l'autre. Contre l'économie animale des poiffons , ces yeux font revêtus de paupières & de fourcils , comme ceux dçs animaux terreffares : ils font placés fur le derrière de la tête ; pofition fans doute la plus avantageufe pour que cet animal marin , d'une fi longue étendue , pût voir éga- lement en avant comme en arrière , & peipendiculaî- rement au deffus de lui ; ce qui femble convenir le plus à fes befoîns journaliers.

Ces cétacées ont un inftînft naturel & convenable à leur fureté , qui eft de fe tenir volontiers cachés fous les glaces ; mais comme d'un autre côté ils ne faurôiçnt vivre long-temps fans r^pirer , ils cherchent

BAL if

au delïus d'eux: des endroits oh la lûmîefe f ravcfrfe glace ,& par conféquent celle-ci eft'la plus mince^ Ils font en ces endroits des efforts; & quoique la glace ait fouvent deux ou trois pieds d'épaiffeuf , ils la rompent avec leur tête pour fefpirer un nouvel airj Sans cette reffource , ils (croient dans la néceflîté de fortir chaque fois des glaces , & de s*expofer aux: pour- fuites de leurs ennemis. C'eft fur la têf e qu*eft ouvert le tuyau ou évene , par lequel elle afpire Tair & rejette Veau avec une force & un bruit prodigieu3f.

La baleine a Pouïe extrêmement fine , & reconnoît de fort loin le danger qid la menace. Comme ce cétacéé multiplie très-peu, la. Nature lui a donné fans doute cet avantage iur les vrais poiffons , pour Pavertir à temps des pièges contimiels que hiitendept les hommeà & certains monftres de mer. On n'apperçoit au dehors aacun veftige d'oreilles 4 mais on découvre fous Pépi- derme derrière Pœil, une tache noire qui marque conduit auditif par lequel le fon pénètre fans doute jufqu'au tympan. C'eft pat ce conduit que les Marins introduifent leurs crochets jufqu'à environ quatre pieds de profondeiu" , QÎi ils rencontrent la coquille qui eft un os fervant à Porgane de Pouïe , & qu*Us nomment oreille de baleine.

Ces os font commimément appelés dans les Apo- thicaireties , nfâis très-improprement ^ pierres de tiburon ou de loup marin , ou pierres de manati ou de lametitin y animaux de mer bien différens. Foyé[ Lamentin \ Tiburon , Manati & Loup marin , celui qui eft amphibie. Ces os d'oreille de baleine n'ont pas la moindre reffemblance avec ce qu'on appelle pierre de .pciffon : on en fait ufage comme abfdrbans.

Excrémens , parties génitales & accouplement de

la Balbine.

Les excrémens de la baleine n'ont rien de répugnant pour Podorat, Leur conteur eft communément d'un

i$ BAL

rouge de verimllon. Quelques perfonnes ont tenté d^eit faire ufage en teinture , notamment fur la toile : la couleur a toujours paru confiante & agréable.

Le mâle de la baleine a une verge de plus de ûx

fieds de Ipng , de figure conique ( la bafe du cône eu, fpn origine, & a ftpt à huit pouces de diamètre )^ renfermée au-dedans du corps , cachée comme dans un fourreau ;' par ce moyen elle efl garantie de tous les accidens. extérieurs. Il ne paroiyt point de teAicules en dehors : cette verge a des corps caverneux, & ne fort de ^intérieur de fon corpç qu'à Pinftant de Taccou- piement. La partie naturelle de la femelle eft &ite comme dans les quadrupèdes. A la partie antérieure du corps ( on dit que c'eft près ck la vulye , ) il y a de chaque côte une mainelle, que la mère, lorfqu'elle a des petits ^ piewt pouffer en dehors pour les faire teter. Ces mamelles ont dix pu douze pouces de diamètre , & fept pu huit de longueur cans le moment que U baleine allaite. Ce moment pajpTé , la baleine retire par contrajâign fes mamelles , de manier^ à oe laiffer paroître aucime éminence fur fùn ventre, ,

Suivant le rapport unanime des Pêcheiurs Groën-f landois , l'accouplement des baleines fe fait de telle forte , que les deux arufçaux fe laiffent tomber per- pendiçulairement fur leiur queue. Ils s'approchent en le tenant fufpendus droits dans l'eau , &: fe ferrent l'un contre .l'autre, avec leurs nageoires qui font l'ofr fice de bras : il parpît que l'accpuplement ne fe fait pas de même dans toutes les efpeces de baleine. Les TranfaSions PUhfçphiqu^ Jîarjient d'un accouplement oii la femelle :fe jcouçhe fur le dos , replie fa queue^ & reçoit le mâle fiir elle , en le ferrant & l'embraf- fant avec fes nageoires.

Chaque efpece de baleine s'accouple en partiailîer,^ & ne le mêle jamais avec les. autres. On prétend .ftueUaccouplem^tn'a Jiçii .^ue.^tous tes deux ans» Avi

B A t Vf

refte , les baldnts fe tiennent toujours eniefld>le , & voyagent en grandes troupes,

Temps de la portée 4^ la Bai^INE. Soin qudlt prend

de fon petit»

La mère porte fon foetus pendant environ dix mois : elle eft alors plus graffe , prindpalemeiit vers le temps elle ^ doit mettre bas. Le balùneau , lorfqu*il vient de naître , a dix pieds & plus de longueur , & eftpour le moins de la groffeur d'im taureau. La baleine ne porte ordinairement qu'un petit , rarement deux. Lorf^ qu'elle veut donner à teter , elle fe jette de côté à la furfàce de la mer , & le petit s'attache à la mamellç. Son lait eft comme le lait de vache. La baleine h un foin particulier de fon petit : elle le tient pour Pallaiter , l'emporte par-tout avec elle lorfqu'on la pourfuit , en le ferrant étroitement entre fès-btas ou nageoires : elle ne le quitte pas même étant bleffée. On a remarqué que quand elle plonge au fond de l'eau , elfe pourroit refter pendant plus d'une demi-heure fans re- venir prendre l'air , elle remonte plutôt*, malgré k danger qui la menace , parce qu'elle fent que fon petit ne peut pas reiler fi long-temps fous l'eau fans refpirer.

Les petits tettent pendant un dîn , ôc les Anglois les appellent alors courus^tetes. IJs ftnt extr&ïiement gras , & donnent , <lit-on , cinquante tonneaux de graifle ; les mères au contraire font alors fort mai- gres. Lorfqu'ils^ ont deux ans, on les i\ov^xù.t bétes ^ parce qu'ils font comme hébétés après avoir quitté la mamelle. Ils ne donnent 'alors* que vingt-huit ton- neaux de graiffe : après ce t^ps. on ne fait guère leur âge que par la longueur de leurs barbes.

Nourriture de la-BALElKE.

On ne peut apprendre fans étonnement qu'une bête auffi énorme que la baleine nt fe nourrit que de petits animaux marins } ^ que malgré, cela elle

\

28 BAL

engralfle beaucoup plus que les autres anîmaux. H paroît qu'elle fe nourrit , errtre autres , de beaucoup .de petits vers qui flottent par pelotons dans la mer , ou qui fourmillent par millions fut le fond de plufieurs mers , & notamment dans celles diii Nord. Les Pê- cheurs HoUandois ont nommé ces vers ou infeâes de mer Walfifchaas , c'eft-à-dire , amorce ou nourri^ turc de la baleine. Ces vers font conformés en rond comme les limaçons , ayant des appendices membrar jieux dHme ftruâure admirable , dont ils fe fervent pour nager. Les fanons des baleines en font toujours garnis ; & ces fanons , dont les plus grands ont de fix., )ufqu'à dix & douze pieds de longueiu: , fix pouces de largeur moyenne , & environ trois , quatre à cinq lignes d'épaiffeur , font autant de grands râteaux ou. de filets avec lefquels la baleine va recueillant au fond des mers fa patiu-e. Il eft à préfumer qu'en ramaffant ainfi fa nourriture , la baleine doit aufli .engloutir dans fon large gouffre difFérens poifTons , -tels que des harengs y, de^ petites morues^ &c. Mais il ne parok pas qu'elle les chaffe ni les recherche, à la différence du cachalot qui les dévore par milliers : . & le cachalot a de- véritables dents.

Ce que les Anciens ont dit fur le poiffon con-

duâeur de la baleine , paroît abfolumejit fabuleux ;

car les Modernes n'ont rien obfervé de femblable.

. Peut - être ont - ils pris pour guide de la baleine le

, baleineau , que la mère fuit toujours jufqu'à ce qu'elle

P^t fevré. , . . .

IL n'eft pas rare de voir fur les baleines des plantes

î. de mer , des coquillages , ou autres animaux tefla-

cées qui y font attachés. : ce monftre flottant eft

pour eux une ifle ou ua rocher. Il y a une efpece

de gland detner qui s'attache fur le corps & jufque

'dans la graiffe d'une efpece de ^<î/lfiw femblable à la

haleine du .Groenland ,' qui fe trouve dans les mêmes

' pargges ,.& qqp Ton nomme le nord-caper. Elle n'^

BAL z9t

diffère qiie p'àr fa petïteffe ; aufS eft-elle plus agile , & la pêche en eft-elle plus dangereufe.

Après avoir vu les baUmcs qui , au lieu de dents , ont des barbes ou fanons , on va jeter un coup d*œil fur les efpeces||di^ baleines à dents y en commençant par celle qui n'en a qu'une ; on la nomme licorne de mer,

Ucorne de mer ou NarkwaU

*

La licorne de mer eft le monoceros-plfiis , nahrwal lundis , de Ray , Vunicomu marinum de Charleton , le touwack des Groënlandois & le narhwal des Danois & des Iflandois. La Ucorne de mer eft un grand ani- tnal du genre des Cétacées , & qui fe trouve de même que la grande baleine dans les mers du Groenland. La licorne de mer a trente à quarante pieds & plus de longueiu-. Ce cétacée eft remarquable entre tous les autres. Sa tête eft armée extérieurement d'une défenfe qui eft cannelée en fpirale , comme tordue dans tdUte la longueur , & finiffant en pointe ; cette défenfe eft longue de fept pieds & davantage* On tend à prouver que c'eft ime véritable denj:, & non pas une corne. Cette défenfe qui fort de la mâchoire fupérieure ^ au deffus de la lèvre ^ & plus communément du côte eauche que du côté droit, fe dirige en avant, imite l'ivoire ; mais on peut l'en diftinguer , tant parce que fes fibres font plus déliées , que parce qu'elfe eft plus folide , plus pefante que l'ivoire , èc n'eu pas fi. fujette à jaunir : en un mot , le tiffu de la corne ou défenfe du narhwal n'offre pas à l'œil la même organifation que celle de V ivoire. Voyez ce mot^

On a vu des narhwals avec deux défenfes ; ( en 1684, ^^ Capitaine Dirk Peterfcn apporta à Hambourg une tête de narhwal armée de deux longues dents ) , & l'on prétend que dans ceux qui , comme il arrivé plus communément , n'en portent qu'une , on diftingue de l'autre côté l'alvéok de la féconde , qui n'a pa$

^o BAL

pris fon accroîfliement : mais nous certifions n'avoir pas toujours reconnu le trou ou alvéole dans les têtes de narhwals qui n'avoient qu'une défenfe.

C'eft cette défenfe offeufe que l'on voit depuis long- temps dans les Cabinets des Curieux , fous le nom de corne de licorne , & que quelques përfonnes avoient regardée autrefois comme la corne d'un animal qua- drupède, auquel on prétendoit donner auffi le nom de licorne. La licorne quadrupède eft tm être fabuleux.

Les licornes de mer font vivipares comme la baleine , & ont plufieurs des carafteres propres aux baleines^ Anderfon vit, en 1736 , un narhwal échouer à l'em- bouchure de l'Elbe. Ce cétacée , dit-il , étoit fort gros relativement à fa longueur: il n'avoit que deux na- geoires ; la tête étoit comme tronquée ; la dent ou défenfe fortoit du côté gauche de la mâchoire fupé- rieure au defllis de 4a lèvre. Elle étoit contoiu-née en ipirgle , & elle avoit cinq pieds quatre pouces de longueur. Le côté droit du mufeau étoit fermé & couvert par la peau. La queue étoit fort large & couchée horizontalement. La peau avoit beaucoup d'épaifTeiu- ; elle étoit très-fclançhe & parfemée fur le dos d'une grande quantité de taches noires , qui péné- troient fort avant dans la fubftance ; la peau du ventre étoit très-blanche aufli , mais fans taches , luifante & très-douce au toucher. Ce narhwal n'avoit point de dents au-dévant de la gueule , dont l'ouverture étoit très-petite , car elle n'excédoit pas la largeur de la main , & la langue remplifloit toute fa largeur. Les bords du mufeau étoient un peu durs & raboteux. Il y avoit au-dejfTus de la tête un trou ou tuyau garni d'une foupape qui s'ouvroit & qui fe fermoit au gré de l'animal , par il jetoit l'eau en expirant l'air. Lès yeux étoient petits , fitiiés ' au bas de la tête , & garnis d'une efpece de paupière. Ce narhwal étoit mâle. Sa longueiu: étoit de dix pieds & demi , depuis le bout du- mitfeau jufqu'à l'extrémité de la queue , qui avoit

BAL

trois pîcds deiix pouces & demi de largeur ; chaque nageoire n'avoit que deux pieds de longueur. Par cet cxpofé on voit que ce narhwal étoit d\tne bien petite taille ; car , fi l'on en croit Anderfon , il s'en trouve qui ont plus de foixante pieds de longueur.

Les narhwals mâles & femelles font armés de ces vigoureufes défenfes offeufes dont nous venons de parler, pour rompre les glaces , lorfque ces animaux veulent venir fur la furface des eaux pour refpirer.

On rencontre fôuvent de ces cétacées dont la dé* fenfe eft mutilée , & l'on trouve une grande quantité de ces armes fur les Côtes d'Iflande , de Groenland , &c du Détroit de Davis.

Il arrive quelquefois à ces animaux de mer d'en donner un coup contre les navires ; ce qui leur occa« fionne une fecouffe fenfible. Lorfqu'on radoube enfuite les navires , on y trouve un morceau de cette défenfe rompu & enfoncé dans le bordage.

Les Groënlandois & les Danois qui vçnt à la pêche de ce grand animal , regardent les licornes comme les avant-coureurs des baleines : l'expérience leur ayant appris que par-tout il y a des licornes , il doit y avoir des baleines dans les environs ; ce qui peut venir de ce qu'elles vivent de la même noumtiure , & que par conféquent elles fuivent toujours les mêmes bancs, La licorne , faute de dents , ne peut mâcher rien de dur ; elle eft obligée de s'en tenir à fucer des inféâes de mer. Au refte , le narhwal fe rend redoutable à la haleine , qu'il combat & qu'il perce fouvent de ik longue défenfe.

Ces animaux font d'excellens nageurs : leur queue leur fert de rame & les feit avancer avec ime vîteffe étonnante : on auroit de la peine à en attraper , s'ils joignoient par troupes. Auffi-tôt qu'on les attaque , ils fe ferrent de fi près en mettant leurs dents ou défenfes les ims fur le dos des autres ^ qu'ils s'em-» barraflent . & s'empêchent par -là eux-mêmes de

%x BAL

plonger & de s'échapper : auffi en attrape-t-on tôujoursi quelqu'un des derniers,

; Il eft parlé dans VHiJioirc naturelle des Antilles ; d'une efpece de licorne qui diffère du narhwal par fa corne qui fort du front , & non de la mâchoire fupé- rieure ; par les dents qui garniffent fa gueule , & par fa nourriture qui diffère de celle du narhwal. Suivant les relations , les licornes des grandes Indes , de l'Afrique & de l'Amérique , font des efpeces différentes de celles du Nord. Il lemble par-là que les mers du Nord ne font pas les feules oîi ces cétacées foîent confinés. Peut- être auffi que la prétendue licorne des Indes n'eil pas ce même animal du Nord.

On retire de la dent ou défenfe de licorne les mêmes principes que de l'ivoire ; auffi peut-on l'employer aux mêmes ufages. Voye^^ l'article Ivoire du Narhwal^ & le mot Licorne.

Cachalot ou la petite Baleine.

é

Quelques Ecrivains ont regardé le cachalot comme le mâle de la haleine , mais M. Anderfon croit que ir'eft une baleine d'une efpece particulière , & il a jaifon.

Les cacJialots font de l'efpece dés baleines qui au lieii de fanons ont des dents. Il y en a de plufieurs fortes : les uns ont la mâchoire inférieure toute garnie d'un ou de deux rangs de fortes dents , & n'ont point , ou n'ont que très-peu de dents uniquement mâchelieres dans celle d'en-haut ; le refte de cette mâchoire fupé- rieure eft parfemé de trous ou alvéoles , deftinés appa- l-emment à recevoir les dents de la mâchoire inférieiu-e , lorfque les deux mâchoires fe rapprochent ; d'autres ont de groffes dents , courtes , arrondies & plates par le bout , d'autres les ont minces & recourbées en fau- cilles : la fubftance de ces dents paroît femblable à celle de l'Ivoire : elle en a la dureté. Willughby a décrit un cachalot dont 'le palais étoit pefcé de quarante deux

^ alvéoles y

B A )l

ÛvèAti ; vingt -un de chaque cèté ^ ■^^81$ fe%iel$ totiolent autant de denté dont étoit garnie mâchoire inférieure*

Les Marins diftinguent eiicore deux ef^iees de iù4U:ha^ hts^qak fe rèflemblént -pàifaitetnent jjar ta figure du corps & par les dents , mais qui différent eii ce que les uns font d*un nbit vétdâtre Air te dos , & ont uii crâne ou couvercle dur & ofleux parKlefTus le cerveau , & que les autres aU contiraire font gris fur le dos , &t blancs foUs le ventre , & que leUt cerveau ri*eft fecou-» Vert que d'une forte membrane de répaifTeur du doigt t on prétend que cette différence ne dépend pas de l'âge du poifTon. C'eft cette dernière efpece qu*eft le cachalot , dont les elTemens ont été e^pofés a la vue ài public à l'Hôtel de Soiffons ^ ( aujourd'hui la Nou-« velle Halle ) & fur les Boulevarts à Paris : le fpe^cle de ce fquelette fert à fe fojrmer une idée de ces monf^» trueux animaux^ Le tathatot eft le plus grand cétacée ^ après la bakinè de Groenland»

On ne trouve ^ dans le Détroit de Davis & aux environs de Spitzbetg , qu^une èfpece de caàhalou C^efl celle qui a les dents courtes , groffes èc aplaties ; la tête fort grofTe ; deux nageoires épaiffes , longues aux côtés ^ & une forte de petite nageoire fur le dos ; la queue large de douze à quinze pieds ^ bifurquée & horizontale*

Le cachaiot que l'on pf end fur les Qttti de la Nou^i vette Angleterre & aux Bermudes ^ eil différent de celui de Groenland } fes dents font plus gf ofTes & plus larges ^ elles reflemblent aux dents de la roue d^engtainage d'un moulin ^ & font de la grofleur du poignet.

C'eft prefque toujours vers le Cap du Nord & (vàt les Côtes de Finmarchie ^ qu'habitent aulfi ces efpecei lie bakÎTiiSé Un Capitaine de vaifleau afTure aVoir vu arriver un jour du côté de Groenland , une grande troupe de pareils animaux , à la tête de laquelle il y en avoit un de plus de cent pied^ (du Rhin) d|| Tom$ Ilê C

54 B A t

Jongueùry i|i^ paroiflbit être le toi , & mit ,^ l'^pfeâ du vaiueau ^ aVoit fait un bruit û terrible en ^foufflant Peau , que ce bruit avoit été comme celui des cloches ^ & û, fort 9 que le vaiilèau, en avoit tremblé pendant ouelque temps ; qu'à ce ûgnal toute la troupe s'étoit àauvee» avec précipitation.

Ces cipeces de taleines font plus agiles que la vrait baieine de Crçëniand , & plus fauvages ; aum font-elles fort difficiles à attr^er , parce qu'il n'y a qu'un endroit ou deux auprès de la nageoire puifTe prendre faci- lement le harpon ; d'ailleurs leur graifle eft tendineufe & ne rend pas beaucoup d'huile. Le cachalot a fur le mufle une ouverture , ou évent , qvii lui fert à rejeter l'eaiu

On trouve dans le preinter volume des Mémoires fur ^diffirmt^s parties des Sciences & des Arts , par M. Gmttard , la defcription ^'im ^ cachalot jeté à la côte près Saint-Pô , au mois de Mars 1 76 1 . Cette defcription qui eft faite par M. Serard , Médecin de Calais , & par M. Blondeau , alors Profeflèur d'Hy- drographie de la même ville , curieufe & infhxiâive : on y lit que l'animal doit être beaucoup plus léger que fa mafle énorme ne femble le comporter , ôf qiji'U doit fe mouvoir facilement dans le nulieu il vit. .Comme le fang de cet animal , mort depuis plufieurs joiu-s , eft encore très-liquide , très-vermeil & très- jmifcible à l'eau , & qu\ine petite partie de ce fang peut teindre une grande quantité d'eau , on a la facilite de fuivre cet animal très4oin à la pifte de fon.feng ^dans l'eau de la mer , lorfqu'il a été blefle.. . - .

L'efpece de cachalot des Remiudes eft d'autant pluj remarquable ^ qu'indépendamment de fon lard , ;elle fournit deux précieux médicamens, le blanc de b^lci^e ^ ,& ^ félon M. Anderfon , V ambre gris. Ofi lit dans le^ Tranfaciions Philofpphiques , qup l'on trouve VofUhrp ms dans les entrailles de cet animal , & qu'on peut [e regarder comme ime concrétion de parties huikvifc^

BAL 35

& bottantes au milieu d'une liqueur couleur d'orange

foncée , qui a la même odeur & encore plus forte

que les boules d'ambre qui y nagent librement. On

prétend que ces boules d'ambre ne fe trouvent que

dans les cachalots vieux & bien formés , & , comme

Ton croit communément , dans les feuls mâles ; mais

on ne fauroit décider quelle eft leur matière & d'oii

elles fe forment. Ce qu'on avoit.pris dans les boules

d'ambre pour des becs d'oifeaux uniquement , ne

font communément que des becs de jechcs , dont

ces baleines ïont leur principale nourriture. On dit

cependant qu'on a trouvé aulfi dans l'eftomac d'un

de ces monures , des arêtes. & des carçaffes à moitié

digérées de poiffons de fept pieds &. davantage de:

longueur.

n réfulte de ces obfervations qu'il refte. beaucoup d'incertitude fur la nature de V ambre gris. Voyez ce mot.

Blanc de Baleine^ furnômmé improprement jj^enwe oit nature de BaUine\ ou ambre blanc.

La tête du cachalot eft énorme à proportion de fon corps , mais elle eft certainement bien proportionnée fuivant l'intention du Créateur > qui lui a donné cette tèt<è immenfe pour pouvoir contenir dans fa vafte capa- cité la quantité fuffifante de ce précieux cerveatu, non- feulement pour les befoins de l'animal 'même ^ niais encore pour fervir de réceptacle à un médicament utile au genre humain , & fur-tout nécefTaire djans un cliniât tel que celui du Nord , oii les maux de poitrine font très-fréquens. C'eft ce cerveau préparé qui donne le blanc de baleine {à)* ' .

( a ) 11 eft tris-probable , dît M, Halter- , que te cachaioi a le, cenreau fait comme les poiffon». 1^ ont gënéraleii^ent l? dure->-mere attachée au crâne , ôc très* éloignée de la pie-mere 8c du cerveuu. Linteryalte eft rempli d'un tiflRi .cdhilaîre extrêmem^rtf tendu, ôi fout' rcînpli d'huile. Dans^ l'Anatoftife fiiperficielle des Matelots , cette huile aura été prife pour le' cervea«,-qm n^occupe que la patrie inférieure du crâne, M. Hilt aflttre ^qué leiMc d€ htUmt h'eft ^«îe l'huile ordinaire de baleine raffinée»

/

iS fl A t

Lorfqu^pn a enlevé Tépaiffe metnbmftê qttî recotl* Vre le cerveau du cachalot qui n^a point de crâne ^

* On trouve une coudie de graiffe épaiffe de quatre doigts} au*-deflbus une membrane très- nerveufe, qui fert de crâne , & plus bas xme autre cloifon , affez femblable à la première , & (îui s'étend dans toute la tète depuis le mufeau jufcju^a la nuque. La première

^ chambre qui éft entre ces deux membranes , renferme le cerveau le plus précieux & dont on prépare le meilleur èlanc baleine. Cette chambre du cerveau eft divifée en plufieurs cellules , formées par une forte de réfeau , reflemblant en quelque façon à un gros crêpe ; 6c elle fournit c(ans le cachalot jufqu'à lopt i huit tonneaux d'huile claire 6c blanche : au-' deffous de cette première chambre , il y en a un^ autre qui fe trouve au-deffus du palais , & qui , félon la grandeur de l^Miimal ^ a depuis quatre juiqu'à fept

Îneds & d^ de hauteur , eft également remplie de a matière du hlanc de haleine , qu on nomme matière fpermatique â caufe de l^ifage qu^on en .fait fous le nom impropre de Jperme de baleine ^ ( Sperma cetî. ) Il y eft éntùméj renfermé comnie le miel dans de petites cellules , dont les parois reiTemblent à la pelli-' cule irttétieure d'un (»\rf. A tïiefure que Von eekve le blan^ de baleine de cette chambre ou cavité , elle fe tempïît nouveau d^ fp^rme qui y eft conduit de tout le corps par un gfos vaifeau^ & Von en tire jfouVe^t de c^tte façon Jufqu'à onze petits tonneaux* Le VmfTeau dont on vî^nt de parler ^ a la grofTeur de la çvà& d'un hoiiime ; il s'étend le long de l'épine du dos jufqu'à la queu^ ^ oii ia groffeur iî'eft |ilus qite d'un doigt. Ainfi l*on voit que ce prétendu Jperme qui vient remplir la cavité d^oîi on

en la falfani cuira à <!iffér<întes U^tiCea ave« beaucoup d^cân. Deâ Chirurgiens , t^itioinsi de la préparation du hlM€ de halmtU^ nous ont eepen/iâAt-aâuré qu*on Ce fer voit des fufafiaiïces médtfUaire^ du çertetUj -du cetvelet ^ de la moelle dpiniere ; à la yéritd pn j Joi^oit é^ iliuile qui dtoit coatanue dans le tiâ^u cellulaire*

BAL 37

a âré le hlane de baUim ^ n'eâ autre chbfe que fa moëtte de Pépine. ^

Loifque l'on dépecé le corps du cmhalot pour en trancher le lard , on évite avec grand foin de coupeç le canal de la moelle épiniere , de peur que le blanc de balûnc ne s'en écoule & ne fe perde*

A Bayonne & à Saint- Jeanrde-Luz on prépare bcai!- coup de blJtc de baleine ; on fait . fondre la cervelle du cachalot fur un petit feu , on la met enfuite dans de$ moules f^mblables à ceux oîi l'on jette le fiicre ; zfxhsi. qii'elle efl: refroidie & égouttée de io^ huile , on la retire & on la refond jufqu'à ce qii*elle io\% bien purifiée & très4)lanche ; on la coupe enfuite en écailles telle qu'on la voit d«ms le commerce. .

X.e plus beau blanc de baleine eft en écailles blan- ches, claires, tranfparentes, d'une odeur fauvagine r on reconnoît facilement s^il efl falfifié avec de la cire , à fon odeur , à fon blanc mat & à 6>n peu d'épaifleur. On conferve cette drogué dans des vaiffeaux de verre bien fermés , parce que le contaâ de 1 W la rend jaune & lui donne une odeUr rance*

Le blanc d4 baleifc efi ^ dk'-on , un, des meilleurs remèdes pour la poitrine ; il en adoucit les âcretés , en déterge & confolide les ulc^es : appHqué extérieiue*- ment , il adouciilant , émolUent , comblidanL Cette dernière propriétié n'eft pas équivoque , car, fuivant la rémarque de M. , Jïf//er , iputes aes Wles & tous les baumes embarraflênt les^^^^ges <^ poumon, &: laiflènt une difficulté ' de rej^irer très - lenfible ; par conféqueht It -blanc de ba&he peut être que très- nuifibfe à la poitrine. On l'emploie auflï, & peut-être avec plus d^efficacité , comme ip -ccifinétique dans le fard & dans ïès pommades^ , ppur adoucir la peau & pcizr embellir le teint. .,.' ~

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î« B A L .

Pèche des BALEINES. Avantages qû^ on en' retire.

De toutes les pêches qui fe font clans l'Océan & , dans les autres mers, la plift difficile & la plus péril- leufô eft fans contredit celle de la' battmei Lés Baïques fçnt les premiers qui l'aient entreprife, vers le XV* fiecle , malgré Pâpreté des mers du Nord ^ & les mon- tagnes de glaces au travers defquelles il falloit paffet : ( cair un inftinft falutaire fait appréhender à . la haleine les bas-fonds j fa grolïeur l'empêche d^approchef des côtes,, te la retient dans^ les abymes 'T[)refqué inaccef- fibles de la nier du Pôle , vers le Spitzberg, le Groën^ bndj'ôc le Détroit de' Davis. ) Ils ont lés premiers enhardi *âux différens détails de cette' pêche les autres Peuples Maritimes de l'Europe. Les HoUàndois , tou- jours habiles' à profiter des découvertes des autres Peuples , . & attentifs à faiïïr tes différentes manières de s'enrichir , fe foht fofttés'à^ cette pêche , qui eft devenue un des ' ôbjete lejT plus impomns ^ ^^ commerce ; ils^ y ont éiripïoyé , dit-on , jùfqii'â trois ou quatre cents bâtiment /tntiùis de. harpons ^ dérlances, d'une grande quantité de^..€c^rde5% & deiix' trois mille Matelots , ( fàfis èomptèr neuf à dix^miîle per- sonnes que. cette pêche pccupe encore après le retour des navires) ,* ce qui leur produit deslothnies très- confidér^les , car ilîT' Whiffent feuls, ôû îrrefque ieuk ; toute rEurOpe^'''#A«z}& & de fayôn'de bàUine.

^L'atinée 1667 eft' ;âtée ,dans les annales de la pêche de^ la B'a/eine; coittuije îa plus riÀ^ & là: plus abondante ." loi vaifleaùx*de différentes Nations , dont les HoUandôis en avôïerità éuix feuls 129^ prirent 1968 haUinei ^àont on tita' 37^4450^ florins/ Cette pêche n'a pas"^ ièté- depuis aiiffl cônfidérablé ;rhl^iinioîns les HoUandoîs e^^ortent affez régulièrement par dnnée , tant en fanons qu'en huile, pour im million de florins ; par-là^ ainfi que par les pêches du hareng & de la morue , (Voyez ces mets y) ils^pnt , depuis plus d'un fiede , ajouté de&

B A t 39

finnmes îmmeÀfes à leurs- rkkefiles ^' ad/Ir-^^bien qu'à la force de leur Etat cbûûdé^é comme PuifTance Maritime. : ;. . j

C'eft dans le Détirotf.de .t>àyîs que Id vraie iaUinc fe trouve en abondance ^ dans les mois, de Féyrier &C de Mars ; après ce temps les balùms fe perdent peu-à-. peu fur ces côtes ^ en prenaait la ixHite de rOueft. vers celles l'Amérique; Elles ne font plus; £ abondantes préfentement ; car voilà près d'un fiecleSc; demiiqu'elle^ y font attaquées par les HoUandois & par 1^ autres Na« tions. On trouve dans le; Détroit de Davis v vers Wfle Difco , des baUints de dbixante «^ dix pieds : de* longer Elles font plus difficiles à harponner , parce qu'elles^ plongent , & reviennent alternativement fur l'eau. Cette pêdie Ji'eft point fi périllelife que celle qui fe fait liir les Côtes de Groenland, oii- les navires courent de- grands dangers j à caufe des glaces qui viennent s'y» attacher^ les arrêtent ibns qu'ils puiffent s'en débar- jfaiTer , &. les font périr i»m reffaurce'y ainfi que l'éprouvent tous les ans queimies HôUandôis ( tf ). . ' Oit avitaillé pour petif mois les vaifieaux qui par- tent pour, la pêche .dé hibalei/» : .ils" vont pôutfmvroi ks bakittcs jufque fur les Côtes de l'j^ixierique ^ &L continuent la pèche jitfqu'à Jai.fin du moi^dlÂoût.

Quelques. Pêchairs rd)Utés d^ dangers , font venu& faire la pêche de la; ^^oe.vers l'Ifle. de Finlande ^ . dans l'endroit nommé Sarde. .Les , baleines ^^y {pjnt plusi petites que celles du Groenland. La pêche de la baleint for lès Côtes de Spitzberg , étoit déjà xonfidérable vers la fin du feiziemé fîecie. ' . .

Voici en. peu de mots la manière donè:£i| &it la pêche de ce monftrueux cétacée. . > .

•T (et) Les hardi» Navigateurs » qur T-Ofit nous, dierclm^e Thuile au. jDHiea des glaces , y vont plu^eurs ejpfemble ; & , p^<9u^ chaque. année il y périt quelque» bfU^mtns éalfiinUrs tedés . daôs les glacés ;> nais les Matelots des autres, qui- n'y foqt pas encore «enfermés , vont chetchef.leùrf camaradt» ûir û«- glaces , & c*eft qui les enhardit» à aller & loia« , v. '

C 4

40 BAC

LotiqiiW bâtiment e& arrivi dans les parages oS doit fe Êiiie le paifage & la pêche des baleines j ua Matelot placé au haut du mât de hune , en vedette ^ avertit aufli-tôt qu'il voit une haleine. Il crie , en langue bafque , iaHa J ialiaj L'équipage fe jette auffi*»tôt dans les chaloupes qui étoient lufpendues aux côtés du bâ«-» timent , & qu'on a mifes à l'eau , & on fait force de famés pour atteindre la baleine appeicue. Le plus hardi & le plus vigoureux Pêcheur , arme d'im harpon , fe place lur l'avant de la chaloupe ; dès qu'il à portée de la baleine ^ il lance avec adrefle le harpon iur les endroits les plus feniibles de l'animal y tels que le deiTous de l'ouïe , la plus grande partie du dos. 6c les parties de la génération , quelquefois la tête. Le Har^ ponneur court de grands rufques ; car la baleine ^ après avoir été bleifée y ^agite , iàit de grands mouvemens , donne de fiirieux coups àe quene & de nageoires qui battent l^au , la font fauter & jaillir en brouillards ^ tuent ibuv^t le Harponneur àc les Rameurs ^ briiènt Qsn renvérfent la chaloupe ^ tf ),

Lorfqvie le harpon à bien pris ^ on fe hâte de Ski la. corde à laquelle il tient , 6cla chaloupe fuit à la; vne« Lorique la baleine , qui au coup 'de harpon a ptis la fiiite & plongé dans la mer , revient for l'eau peu»

ffpirer , on tâche d'^jiphever de la tuer en la perçant coups d& lance , mais en évitant toujours, avec grand ibin ia queue & fes nageoires , qui donnenit des coups

( tf ) Le. hiorpçft eft nji iQftnunent de fer légèrement tremj^é » dt twî^ pieds de longueur , avec un manche et. bois de (ix pieds de long , plu^ gros en haut qu*en bas, Qc crcut jufqU'à ta moitié pouf y faire entre? » fer. La pôiniie da haqton eft triangulaire & a la forme d'une flecbe* Le poids du fer étant en bas , de qitelnue manière que le hargon. Çp\% lancé , il tombe toujours fur' ta pointa. A ce fer , près manâtr; attachée la harpoin^ qui eft une corde de (îx à fept bralTes de longueur fur un pouce drépaifreùr } elle' doit être faite du chanvre le plus do\ix & le plus fin , Se Oins être goudronnée ; on la r^ule » afin qU*eIle ne retienne pas le hatfon lorfqU*ori le liKce. Cette corde «ft liée 4 une mitre , placée à l'autre bout du futrpoA , pbur fuivre ranimai dans (m fuite. Cette dernière eft bien goudronnée ,-4iite d*UA chaArre rt^ei ^ beaucoup plus groiTe ^ plu< Igrte ^ue U h^r^wu i . .

BAL 4^

inoTtel^; Ce moment eft le plus dangereux. Toujours elle rejette Peau avec fureur & un bruit épouvantable ; fouvent elle feit rejaillir fon fang en fi grande qua»- tité, qu'elle en couvre les chaloupes & les Pêcheiurs, & que la mer en paroît teinte dans im grand efpace^ Le bâtiment toujours à la voile , fuit de près , afin d'être à portée de remorquer la baleine harponnée» Lorl'qu'eile eft morte , ou que l'animal épuifé n'a plus de force , ce qui fe reconnoît à la corde qui parcît lâche , ôc au foible bruit de l'eau que la baleine rejette alors par fes nafeaiix , on la remorque , on lui coupe la queue , ,&: on l'attache aux côtés du bâtiment avec des chaînes de fer : la tête eu vers la poupe j & Tendroit oii l'on a coupé la queue , vers la proue. Auffi^tôt les Charpentiers ie mettent defllis la baleine y vêtus d'habits de cuir , avec des bottes ar-» mées 4e crampons ide fer aux iemelles , aainte de g^iâbc fur la peau. D^ cet état ^ ils edevent le lard de la halwu fu£>endue dans l'eau ^ & on le pçrte à l'inftan^ ^ans le bltiçiçnt on le fait fondre.

Lès Hollandôis craignant les dangers du &u dans kflf vaîffeaux , tranfportent les barriques de .^raiiTe dans kur pays pour ki faire fondre , en (nioî ils fe mon."; trent moins hardis que les Çafques. La hardieiTe de ces denitm xé^^^ çi^fk qu'ils font, qui eft commuoément txiple oe c4v^. des Hollandôis^

Comme le» FiraAçbîs ^ les B^^ies ifibnt fondre 1^ graiflè ou le laird des k^^k^. à fl^çfiire qti'oo l'enieye ^ ks huiles, françoijfes toni auifi meiUf lures^ & QipM^ puantes que celles ^fiiQl préparent les Hollandpis.

Une baleine moyenni^ prçxkiit' environ sxpoc^ ^m^ pefaut d'huUe. EJk dpnne \m plus grand nombre dc^ barriques d'huile , à raifon de fa graoideur & de fo% embonpoint. £n général y la cquc^ de lard dc^t une bonne baleine eu totalement recouverte^ a dix oi^ douze pouces d'épaifiSeur* Les eouteaus; .dont QSh ^ fert dans cette apà:«ïtPA. «tf .jufqit!à cinq, pie^s de

4i BAL

longueur : on fe tient loin àe la graîffe , on la croîl capable de caufer une contraftion de nerfs, & de ren- dre perclus les bras & les mains.

Lorfqu'on a tourné & retourné la baleine pour en enlever la graiffe , on retire les barhes ou fanons qui font attachés dans la gueule , & que nous avons dit lui fervir de dents,

La côte entière & ofFeufe appartient non-feulement au propriétaire du vaiffeau , mais encore à tous les întérefles dans Péntreprife. L'Equipage a la moitié dii produit de Phuilé , & le Capitaine , le Pilote , le Charpentier, ont. encore par-deffus les autres une gratincation fur le produit des -iarbes ou fanons.

L'huile & les fanons font les grands produits que Ton retire de baleine. L'hùik fert a brûler à la lampe , à faire le favon du Nord , à la préparation des laines des Drapiers , aux Çorroyeurs pour adoucir les cuirs , aux Peintres pour' délayer certaines cou* leurs , aux Marins pour graiffer le brai qui f^t à enduire & ipalmer les vaifléaux , a\ix Archite£les & aux Sculpteurs* pour faire une efpece de maftit- avec 3e la cérufe &: de la chaux , lequel durci , fait xm€ croûte fur ,1a pierre^ & la gfflrahtit des impreffîons^ de l'air & des4n)urés (du teitips. ,.z ::\

' On diftinguë" à Paris deux fortes ^hàte baleine. Celle qu'on nomme ^e grande baie on àt ptché fran^ çoife y ell la mèillètïre, par k ràîfon qlie' l'on a dite â-deffus, A l'égard des lames , appelées /i/^ar?;^ ak ^^- kine^ Se que le vdgaire nomme iniprôprement cous de baleine , leltt ufage s'étend; a iHie infinité de chofes utiles : on s'éhTért d'ans les Arts, & en particulier dans l'ajùftemerit^^ dés, feftirtie^ , à faire tout ce qui exige à la fois de force & de la-foupleffe , du reifort fans roideur,^ & de la flexibilité fans 'molleir42i ; en un mai y on en fait des -bufques -de corps, des branches- et parafol , & mille autres ouvrages.

La chair des-&*?€fw eft difficiie 4 digérer^ mais

^ . B A L 4j

cependant proprç aux eflomacs robuftes des Habitans des contrées au'elles fréquentent.

La néceffite a appris aux lilandois & aux Pêèheurs des Ifles de Féroë , le moyen de s'emparer de Pef^ pece de baUinc qu'on nomme le nord-coftr^ quoiqu'ils foient dépourvus chaloupes, de bâtimens & des uftenfiles néceflaîres à cette pêche. Lcrfqu'ils apper- çoivent le nord-cape^ donner la \ chaffe aux harengs ^ & les poufler adroitement fur les côtés pour en attra- per un plus grand nombre à la fois , ils jettent à rinflant dans kurs. canons ; ils pQurfuiyent la baleine par-derrière à force de rames i & fi le vent foufl^e/ur la côte, ils verfent dans la itfèr quantité de fang^ dont ils ont fait bonne provifîon. La baleine qui veut regagner la haute mer , s'effraie lorfqu'elle voit ce feng; & plutôt que de nager à' travers, elle retourne en fuyant vers la côte , elle échoue , * & aloi^ ils s'en emparent aifémeht. V ^ /

Emiemis des Baleines.

(

Les baleines ont, indépendamment de l'homme J ^îufièurs ennemis très-dangereux^ dont quelqlies-uns font eux-mêmes véritables baleinés , mais d'efpèce différente ; telle eft la licorne de mer ou le narhwaU Voyez au comrhehcemmt de cet ariicU LiCORNE DE Mer. "Tel eil Yourquè'oxx èpaulard dont nous pàiierons d-après. " ; :" . , ' ' \r/[ . ; ^ T- '

Les baleines , malgré leur force 8î' la groffeur pro- digieufe de leur tnaffe , tremblent à l'a^eô di^ Vé^éè de mer de Groenland, & de lay?/e de mer; elles s'a- ffltent en fautant 'd'une façon extraordinaire ^ & fe lauvent avec précipitation du côté oppofé. P^oye{ farr iicle Scie de Mer, & d-aprèf^VEE de Mer de Groenland. - " - * */

baleine a im autre ennenu qui la tourmente beau- coup , quoiqu'il foît en apparence infiniment moins redout^le que TOitx dont ncâis venons de parler j

BAL

ç'eft un ver teftacée , qui, lorfqu'il.eft étendu, peitt avoir fix à fept pouces de long , & qu'on nommç poy, de baleine. Cet animal eft armé d'une coauille à nombre de pans , dont les deux extrémités forment une ouverture par oîi il paffe fes bras , avec de longs poils qui lui fervent à piquer la balàne & â fe nourrir de fa graiffe. Cet animal fe loge fous les nageoires , dans les oreilles & vers le membre génital Lprfqu'il eft étendu , il a tout l'air d'un polype de meu Voyez Poy DE Baleine, .

EpU de mer de Groenland.

VÊpée du Groenland eft une petite efpece de ha-^ Uine de la longueur de dix à douze pieds', d'une agilité étonnante. Ses deux mâchoires font armées de petites dents pointues : fa queue eft horizontale ; & elle rejette , comme baleine ^ p^ un évent , Vesw cu'elle avale. Elle porte ftir le bas du dos une efpece a'épée ou de fabre , d'oîi lui eft venu fon nom. Cette efpece de fabre i trdi^ quati^e pieds de haut ^ Se reifemble plutôt à un pieu pointu qu'à un fabre. De plus , il eft revêtu de la même peau que l'animal , Sc pafoît être hors d'éiat de bleffer la baleine,. On penfë qu'il fert à cet anixp^I pour s'arrêter dans fa courfe j^ ou pour en modérer quelquefois la trop grande raw-^ dite. Ce pieu eft-il une eibece de nageoire ? M^ Srî^n déligne ainfi cette efpece Ciépie de mer: Dclphinus pinnd in dorfo uni gladii rccury} amuM ^ den^jfius aeuiU , rofiro fua£ tpmcaeo^ ^

Ç'eft par le\ir gue^l^ que ces animaux font à crain- dre ^ ils marchiçjint troupe ^ ôç attaquent tous enfçcabîe! la baleine : ils lui arrachent avec leurs dents , chacune de Umx côté , quelcjiiçs morceaux du corps , jiifc^'à ce qu'étant harcelée & fatiguée , elle quvre la gueule^ & en fait ii?rtir, fa Içngiie. A Vm&^t ils s'élancent fitr cette langue, qyi. eu prejfque ia ^<^e partie déla^ ïialcim propre^ à leur nouirinure ^ & s'étsnt prefcj^ft

BAL 4j

fetïoâmts tlans ïâ gueiile , ilsTarrachent toute entières ce qui feit que les Marins trouvent quelquefois des haUints mortes . qui Ont pef du la langue. Vipéc de mer el^ le kafatki des Kamtfchadales ! il eft aufli très- commun dans leurs mers* Les Pêcheurs de ces Infu- laires le redoutent tellement , que loin de l'attaquer , ik ^évitent , & lui font mêfUe des offres pour qu'il ne leur faffe pas de mal : tout cela ne l'empêche pas de renverfer leurs barques* Les Pêcheurs de baleines^ fur les Côtes de la Nouvelle Angleterre ^ l'appellent VUUurs , i^^Sf^JP^\ A l'égard de VipU de mer dite efpadon ^l^iSon feid de fon genre , f^aye{EsPADON«

Marjbttin ^ félon quelquesi^-uns ^ U Sxmffloir vulgaire.

Le Matjhuln ou cochon de mer^ ùiiporc de mer, c'efl le turfio des Latins y le phocana des Grecs. Le nom de marjouin eft dérivé , fuivant Belon , de deux mots du ]>as-Allemand ; meer , mer , &cfchwein , pourceau ; de forte que marfouin veut &xt pourceau de mer^ & cette dénommation. eft aifez jufte. Le marfouin , par la ftruc- ture de fon mufeau, & par fa conformation intérieure, ayant beaucoup de rapports avec le cochon.

Le marfouin eft le plus petit dei animaux cétacées ^ & eft regardé par M. Anderfon comme une très-petite efpece de baUine, Sa longueur ordin^re eft de cinq à fix pieds ; mais , quoique moins long que le dauphin , il a le corps plus fourni à proportion , & plus épais ; il a , comme lui , un trou ou évent fur la tête , par lequel il rejette ' l'eau. Sur le dos s'élève une nageoire échancrée en demi-lune vers la queue , laquelle eft taillée en faucille & horizontale , de même que les flageoires. La gueule eft garnie , tant en haut qu^en bas ^ de petites dents fort pointues ^ efpacées & dif- pôfees de manière qu'elles s'engrènent réciproque- tnent les unes dans les autres. Le tnarfouin n'a point d*oreilles externes , & l'œil peut à peine reconnoître l|s conduits auditils \ \%% dç^ûc trous de$ narines font

4^ BAL

furmoiités chacun par un poil ou une ifoîe rude y longue d'un demi-pouce , & qui fe trouve même dans le fœtus de cet animal. Sa langue efl frangée par les bords , courte & attachée au fond de la bouche. Les parties de la génération font apparentes dans les deux fexes. La femelle ne produit qu'un ou deux petits.

Le marfouin n'a pas la gaieté pétulante du dauphin ; il paroît morne & lourd ; il a beaucoup de reffem- blance avec Tourque pour la forme du corps , mais il eft plus petit. Au relie , l'efpece du marfouin renferme quelques variétés ; car on en voit de cou- leur bnme , & d'autres tout à fait blancs. Il paroît que les marfoums blancs habitent les fleuves de pré- férence à la mer ; qu'ils font moins nombreux , plus folitaires que les bruns ; qu'ils ont auffi la chair moins bonne. Quelques-uns nomment pourjilk , Tefpece bnme , & moim de mer , Tefpecé qui èft blanche & qui a comme une forte de coqueluçhon. Cette efpece eft très-nombreufe & univerfellement répandue. On la trouve dans toutes les mers , & même dans quelques- uns des grands fleuves de la Chine & de l'Amérique. Ces petits cétacées vont par troupes , quelquefois de plufieurs milliers , & en telle quantité que la mer en eft couverte dans gin efpace de plufîeiu'S lieues. Us fuivent les navires , & quand ils s'en approchent de fort près, c'eft, au dire. des Mariniers, un préfage de tempête prochaine.

Le marfouin entre & monte affez haut dans les grandes rivières avec le flux ; on l'y voit s'y jouer , eh pirouettant & s'élançant à liii-corps hors l'eau ; fouvent il fait entendre un flfilèmenl pareil à celui que rend un bœuf par une refpiratiôn ^profonde ; & c'eft' , à ce qu'on prétend encore , le préfage d'un temps orageux.

La nourriture des marfouins co'nfiftè en fàrdînes ,* maquereaux , & fur-foitt en harengs, La pêche de ces petits cétacées fe fait de différentes manières i la plus

•• •• * t^ « »

BAL 47

uiltée çft de les harponnter avec le bargoik , ^ un, gros javelot monté d'un fort, bâton, auquel eu attaché une corde que le Pêcheur laiffe filer à mefure que le marfouin bleffé s'éloigne. On a obfervé que les autres marfquins viennent s'abreuver du fang qm fort en grande abondance de la blefTure de celui qiù ed harr penné , & que fi par hafard le harpon ie détache , ou que le marfouin retombe lorfqu'on le tire de l'eau , les autres ne le quittent point qu'ils ne l'aient mangé. Lorfqu'on les jette fiu: le tillac après I4 pêche , ils pouffent une forte de gémiffement femblable à celui d'un cochon qu'on vient d'égorger. Le fang des moT'^ foidns efl aum chaud que celui des animaux terreilres:; Les Pêcheurs du Mont-Farville en Normandie fe fer- vent pour la pêche des marfouins , de rets ou filets de gros fil , avec des mailles neuf pouces en carré : lorlque les Pêcheurs» apperçoivent de haute mer à la côte des marfoiân^ dans les petites anfes que forment les ppintes des rochers , ils approchent , ferment une efpece d'enceinte au moyen du filet ; alors les mar- fouins reftent à (^c , au reflux de la mer , & échouent les uns fur les autres ; on les prend facilement , on les affomme : on en voit quelquefois franchir le filet eu s'élançant , quand U y a encore affez d'eau pour qu'ils puiffeçt nager. Au Canada , dans le temps de la baffer marée , on fiche dans la vafe ou dans le fable des piquets garnis par, le haut de verdure : on attache à ces piquets des filets en forme d'entonnoirs , & lorfque, la marée monte ^ les marjbuins qui pouriliivent les; harengs que la verdure attire, paffent par l'entonnoir, fans pouvoir retourner à la haute mer ; , ils reftent à fec lors du reflux parfait , & on les affomme à coups de bâton.

On dit (ce qui payqît très-fingulier) que tous les

ans, dans le mois de Juin j le marfouin devient aveugle^

par l'effet d'une petite membranç ou efpece de taie qui

forme, fur fes ye\ix. Les Iflandois ne manquent pas

jfi BAL

<le profiter de cette faifon , & ils cil cîiaffeiit qùeU quefois jufqu'à trois cents à la fois vers les côtes ^ ils les prennent fecilement. Us mangent les jeunes marjbuins , & retirent un peu d^huile des autres. En général la chair des marfouins eft peu délicate & de difficile digeftion ; il n'y a guère que le foie & la tête qui en foient mangeables ; &l la plus grande utilité qu'on retire de la pêche des marjbmns , confifte dans leiu" lard , qu'on fait fondre pour en tirer de l'huile ^

Îii fert à orùler , &c qu'on emploie auili dans les anneries , les Savonneries > &c* On prétend que la peau du marfouin , apprêtée , donne un cuir léger , fouple &c impénétrable aux coups de feu.

Epaulard ou Ourque (Orca).

Rondelet donne ce nom à une efpece de baUine , qui efl le buti^opf d'Anderfon. On le nomme dorg;ua ert Languedoc ; c'efl le delphinus pinnâ in dorjb unâ ^ dentibus cbtujk de M. BrifTon ; le delphinus roftrofur^ Jum repando , detidbus lotis ferratis d'Artedi. C'eft urt cétacée de moyenne grandeur ; il n^a guère que quinze à feize pieds de longueur , & reflTemble en tout li fort au marfouin , tant à l'intérieur qu'à l'extérieur , qu'on ne pourroit le regarder que comme une efpece de très-* grand marfouin , ou comme la première entre cellef des petits cétacées , marfouins & dauphins* Vourqué a , comme tous ces animaux: marins , im conduit poui» afpirer l'air & rejeter l'eau : c'efl un ennemi qui fe tend redoutable , même aux plus grandes baleines , pat fa "férocité , fk force & fon agilité dans l'attaque , ÔC par les dents larges , tranchantes & pointues , dont fa gueule efl armée ; il mord U baleiru & la fait mugir & fiiir fur les côtes , ce qui efl très-favorable aux Pêcheurs : aufS empêchent-ils autant qu'ils peuvent ^ qu'on ne blefle 6c qu'on ne tii^e les épaulards,

- - DaupJdfti

BAL 49

Dauphin.

Le Dauphin, eft mis au rang des baleines. Son nom eft formé dans la plupart des langues du Grec «TgA^/y ; c'eft la baUzna minor , utrâque maxillâ dent^td , dorfo pinnato , delphinus vulgb diSa , d'Anderfon. C'eft un animal marin dont la figure a peu de rapport à celle qui entre dans le. Blafon , & à la forme fous laquelle les Sculpteiurs & les Peintres repréfentent cet animal. Le dauphin eft un cétacée moins grand que Vourque , & plus grand que le marfouin ; tous trois forment le groupe des petits cétacées , qui j poiu" toutes les di- minuons , font infiniment au-defl(ous des baleines & des cachalots. Le dauphin a communément dix pieds de longueiu" & deux d'épaiffeur à l'endroit le plus gros du corps ; fa queue eft à-peu-près de la même largeur. ( Celui qu'on a vu à Paris en 1773 , avoit un peu plus de dix pieds de longueur , il étoit gros comme un bœuf, & du fexe mâle : on le montroit au public fous le nom de puiu baleine. ) Il a deux nageoires ou palmes latérales , longues d'environ feize pouces , & larges de dix ; & luie autre d'un pied & demi de hauteur , élevée en manière de gouvernail fur le milieu du dos. La forme du corps eu ronde , oblongue , renflée à la partie antérieure , & fe terminant en pointe ; fa peau eft dvire & très4iffe , noire fur le dos & blanche fous le ventre. Le mufeau eft cylindrique , très-alohgé en manière de bec , d'où vient le furnom de bec d'oie , que l'on a donné au dauphin : ce long bec ou mufeau eft profondément fendu , & les deux mâchoires font garnies , fur plus d'un pied de longueur , de petites dents pointues , rangées en peigne , & dont l'atteinte paffe pour être venimeufe. Sur la tête paroît Tévent ou l'ouverture de la trachée par laquelle il afpire l'air & rejette l'eau. Les yeux font affez grands , & beau- coup plus à proportion du corps ^ que dano les plus grands cétacées.

Tome //» . D

50 BAL

Béton dît qiie le fquelette du dauphin reflemble à celui de Phomme ; il faut en excepter les Jambes , il n*en a pas. On y diftingue vingt-quatre greffes ver- tèbres , dont les premières font percées & contiennent la moelle épiniere ; mais celles qui defcendent depuis Tamis jufqu'à l'extrémité de la queue , font autant de petites rouelles rondes, attachées les-lmes aux autres & non percées, La queue eil uniquement compofée d'ime matière nerveule , fans autres offemens ; mais les bras & avant-bras , quoique courts , ont les mêmes offemens que dans l'homme. Le dauphin a aufli vingt- tjuatre côtes , un fternum , des omoplates , des clavicu- ïes ; l'efpece de main eft compofée aufS de cinq doigts à articulation ; le pouce a deux os , le doigt d'après en a trois , le maître doigt en a quatre , celui d'après en a trois, le petit doigt n'en a qu'un. On lui. trouve auili les os du poignet in carpo , au dedans de la main* JE/r. Poijf. foL 46 & 46.

Le dauphin paroît être le plus vif, le plus léger & le plus intelligent des cétacées : il nage , s'élance dans l'eau & pourfuit fa proie avec tant de vîteffe , qu'on l'a nommé làfiechc de mer : il devance les navires à la voile ; il eu , dit Pline , plus vîte qu'un oifeau , plus Tapide qu'un trait : Ocyor volucre , ocyor telo ; & fuivant la remarque du même Naturalille , aucun poiffon ne pourroit échapper à fa pourfuitè , ni éviter de devenir fa proie , fi l'ouverture de fa bouche n'étoit coupée de manière qu'il eft obligé de fe renverfer fur le flanc pour faifîr , ce qiii laiffe au poiffon yn inftant pour échapper. Cependant les nageoires du dauphin font affez petites , & la rapidité de fes mouvemens tient plus a l'élancement & à la force mufailairé de fon corps qu'à l'impulfion de fes rames. Il lui arrive quelquefois , ' en pourluivant avec cette impétuofité les poiffons fiu- les bords de la mer,de fe mettre à fec,ainfi que lorfqu'il eft , dit-on , tourmenté par de certains petits infedes qui le mpleftçnt d'une m,aniere înfuppoitoplç»

/

Bal yr

La génération & l'accouplement de ces efpecfcs de

cétacées font les mêmes que dans la talein^ ; k

femelle ne porte ordinairement qu'un fœtus , & .rare-*

nv?nt deux ; fon terme eft à fix mois ; elle allite foa

petit , & le porte tent qu'il ne peut nager ; tout fon

accroifferaent eflr à! dix ans. On croit que la durée d^

leur vie eft de vingt-cinq à trente ans. On les. voit;

ordinairement nager par troupes , ou feulement deux

à deux. On en voit dans prefque toutes les tfierij^j^

les Grecs difent qu'ils font des migrations ^, qu'ils yônX

de la Méditerranée vers l'Hellefpont , qu'ils jeftenj^

quelque temps au fond du Pont-Euxin , & qu'ils re?»

viennent enfiiite d'oîi ils font partis. Lorfqif'on. le^

voit s'agiter , s'élancer , bondir à la furface de ï'çau ^

& pour ainfi dire fe jouer fur ta mer, en tempscalnie ^

on en tire l'augure d'une tempête. On dit qu'ils fe

battent par troupes contre Ats tonius &(, les âltifpfcs.

Ces bonites , ainfi que les albicof es ( ou thons ) pour*

fuivent les poijfons volans pour s'en nourrir, f^oyc^

Bonite & Poisson volat^t, ' ; .

Malgré ce qu'on a dit dii caraâere focîàl de ces animaux , de rafFeftion que les dauphins \ Oï;iï^ ^oyxé^ les hommes , & leur goût prétendu pour la'mufîqiie ^ s'ils fuivent les vaiffeaux , s'ils en approchent cle^.trçs- «*àn ^'^rfque les Mariniers les fij(Hent , (»»-^^ -»-1"*a*

mandife d'attraper ce qu'ôa leur

pour l'homme ; aufïi les attrap( morceau de viande mis au bout d'un hameçoù ; 4'awir^* fois on les pêche en les harponnant, çomm^lçs ^i^res cétacées. Néanmoins, dans les'niérsdè Grefj ils con? fervent une cfp'ece de franchife, fpnd.ée .apjp^emiJien^ fiir la tradition des hîiftoires quÇ contôit l'ar^enhe Crece , du fervice qu'ils avoiéiit rendu' à , ptu^^irs Grecs, &c; , en ïes iauvarif du naufrage : & ^^&^ dit que jamais aucun des Pêcheurs Turcs , Grecs ^Êfclay pas, & Albanois , ne fait de mal à un daiiptdii, . CoQ^iiltçj; ^ihPoiJf. paf 7, nrjQ.

P »

52 B A L

\ Le dauphin peut vivre plus long-temps dans Paît fens eau , que fens air dans î*eau , oîi il ferait fiifFoqué , s'il he pouvoit venir de temps en temps refpirer à la furface. Gefncr en a vu un qui vécut trois jours hors àe Peau. On raconte que lorfqu'ils font pris , ils ré- î^ndent des larmes & font entendre quelques fons (laintifs.. On prétend auffi que , flottant & donnant â îk liirface de la mer , on les entend ronfler.

Le dauphin a , comme tous les cétacées , un lard ou èrî^^raiffe qui lui récouvre tout corps , d'où vient ^le (Jtielqiiés-uns Pont appelé porc de mer , nom qui néannipins appartient au marfouin. On retire de la graiflif DU lard du dauphin une hiule qui n'eft bonne ^l'àiltrrûler. Sa chair eft noirâtre , a une odeur & wn goût; défagiréables ; elle eft difficile à digérer.

'_. . . ;•: . Autns ejpeces de BALEINES.

•"Lés mers du Nord ne font pas les feules Poli frouve des baleines ; on en voit auflî dans la mer des îndes\ au Cap de Bonne-Efpérance. Ces animaux ont en général la même conformation , à Pexception ^ peut-être , de quelques petites différences. L'hiftoire qu'cmx a dôxmée des baleines convient donc auili à celleS%. "

On lie peut apprendre fans étonnement quelle eft la force^^oc radrefîe de Phomme fauvage , privé de tous iés» féèblifs que Pihdùôrie de Phomme dvilifé a îtîîagiïiés y & jouifTant de toutes les forces de la Naâïé: : - -

iLorfqùé les Sauvages de P Amérique apperçoivent une' baleïm^ ^ ils^fe jettent à la nage , vont droit à elle & ôtif P^ii^efle de jeter fur fon cou , en évitant fes nagetJire^ & fa èlrôîiè: ,

"" ;LôJrjfbué;la baleine a lancé fon premier jet jd'èau , le Sauvage, prévient fécond , en mettant un tampon lié ' fois" qtiSf renfonce à c de maffue dàhs un des

^veHts'^'ou Mç'âwx**"àé U baleine; celle-ci plonge

BAL ,. 55

tuffi*tôt , & entraîne avec elle le Saùva^ qtiî la tient fortement embraffée , au moyen de. crochets qii-ip a promptement feit entrer dans fa peau. La baldnt , cjiiî a beloin de refpirer , remonte fur Peau , & donne le temps au Sauvage de lui enfoncer un fécond- tanipon dans Pautre nafeau , ce qui l'oblige à replonger dans le fond de la mer , elle eft étouttée faute de pouvoir faire évacuation de fes eaux pour refpirén

Dans les mers qui baignent les liïes de i^eroe , on voit plufieurs efpeces de ces haldh&s , que les Pêcheurs de ce pays , qui ne font pas auffi hardis que ' les Sauvages , n'ofent attaquer. La plus d'arigereufe toutes eft celle qu'ils appellent trold^wal , qui culbute fouvent leurs barques , ou qui les fouleve paflknt par-defTous , & les foutient fur fon dos , comme fur un rocher. Les Pêcheurs ont cependant trotivé ùrt fecret de les éloigner, en cachant du ckjlêrtum entre des planches fur le devaiit de leur barque ; l'odeui* défagréable qui s'en exhale , & qui fe fait îentîr Sqs baleines , dont l'odorat eft très - délicat , les fait ftiir auffi^tôt. Les Kamtfchadales n'ont pas d'autrS manières de prendre les baleines , qu'eh les perçant de traits? empoifonnés. On a remarqué d^epuis quelques années j que ces cétacées fréquentent volontiers les mers de Kamtfchatka ; on y en voit de très-grands qiiir appro- chent quelquefois des bords du rivage , & élèvent leur dos au-deffus des eaux , afin que les grollâs & les moïunes puiffent enlever les coquillages qui s'attachent à leur corps & les incommodent beaucoup. ^

B A L I , Coluber plicatilis , Linn. Ce lerpent à' au moins un pied de longueur. Sa tête eft ovale , lifle , à peine anguleufe ; les yeux très-petits , les ouvertures des narines très -peu fenfibles , 8c fituées au fornihet du mufeau; les dents peu confidérables ; le tronc épais, livide en deffus , marqué fur les côtés d'une bander longitudinale , formée par des écailles bnmes , excepté^ k leur fommet elles £>nt blanchâtres ;, l'd^dometif

B3

U B A îi

eu aiTez' blanc i maïs, fur chacun de fes eàtés, ttt itfK^ rangée petites écailles jaunâtres ; les grandes plaques €]ui couvrent Tabdomen font au nombre de ii8 ; la <queue eft très-courte & garme de 46 paires de petites plaques , ayant chacune une tache brune afTez grande ; on diiftingue aufli quelques points bruns fur l'abdomen & fur les premières grandes plaques. Ce ferpent eft du troifieme genre.

.BALICASSE. C'eft le choucas des Philippines \ de M. Brijforij & dits pL ml. 603. Il eft à-peu-près de la grofleur du merle; fa queue eft foiu-chue ; le bec , les ongles & les pieds font noirs. On prétend que le chant du balicajfe etl auili agréable que le cri des choucas eft rauque. Leplumage à\xbalicajfc eft noir changeantenvert*

BALISIER ou Çannë d'Inde ou Baralou ,

^ Baroulou ) Arundo, Indica FlorUa , Cannacorus quorumdam^ Lobel. Icom 57; Cannacorus mufa folio & facit , Barr. EfT. p. 30^ Racua-canga , Pif. Katu-bala , Rheedr Mal. ; Alpina racêmofa , Plum.; Canna Indica^ Lînn. ï> Les Caraïbes l'appellent couroualy , halyri ; c*eft le cannacorus latifolius ^ vutgaris ^ Tourn. Inft. 3670 Le halijitrj^ une fort belle plante qui croît en Amérique^ notamment au bord des'ruifTeaux. Sa racine eft un peu tubéreufe & garnie de ^res ; elle pouffe des tiges £mples , droites , feuillées & hautes de trois à quatre

Eieds & plus. Ses flevu-s font en épi terminal , d'une elle couleur rouge ^ & reffemblent en quelque forte à celles slu glaïeul : elles font , dit M. Deleu[e^ d'une feule pièce droite ^ partagée çn fix lanières , dont une eft courbée en dehors : elles n'ont qu'une étamine & qu*un piftil j auquel fuccede une capfule ovale à trois loges 9 garnies de femenccs globuleufes. Ses feuilles ^ qui ont environ quatre pieds de long fur vingt pouces de large ,. font ovales & reffemblent à celles du bananier : celles font alternes , pétiolées , d'un vert fatirté , munies de nervures très-fines & parallèles : elles fe développent tn & d4r9ulant comme un çQtmu C'eft fiur ççs fevultes^

BAL ff

Sue Von étend le cacao , lorfqu'on le fait fécher. Les milles du balijier fervent quelquefois à envelopper la. gomme ilémi , & à faire des cabas. Les Sauvages s'en fervent en guife de ferviettes. On en faitufage à Cayenne pour couvrir les cafés , en les fendant par le milieu le long de la côte , & les rangeant enfuite fucceflivement fur le toit qu'on veut couvrir ; on les coud de pied pied, pour qu'elles ne foient pas endommagées par le vent : d'autres les attachent côte à côte ; de cette dernière manière les couvertures durent le double du temps. La racine de cette plante eft regardée comme é'urétique & déterfive, La graine du balijier teint en beau pourpre : il feroit à délurer qu'on pût fixer cette couleur & la. rendre durable. Divers oifeaux , les pigeons ramiers fur-tout , font fort friands de cette graine , ce qui rend leur chair amere dans la faifon oîi ils en mangent. Barrerc dit que les Sauvages mangent auffi ces graines par délices. Dans quelques contrées on fe fert de ces mêmes graines en place de plomb , pour tuer les animaux. On aifure que le baliJicr fe trouve auffi dans l'Ifle de Madagafcar , & dans les régions chaudes de l'Afie & de l'Afrique.

Il y a le baliJicr à feuilles étroites , Canna Indica ,' anguftifolia ^ Linn. Cette efpece eft plus petite ^ & fes feuilles font lancéolées , étroites ; les fleurs jaunâtres^i Elle croît en Amérique entre les Tropiques.

On diftingue ime variété à fleurs d'un jaiuie pâle , tacheté de rouge.

M. Le Vicomte de Qucrhoint^ habitant du Croific en Bretagne , nous mande que le Balifier d'Amérique s'eft parfaitement naturalifé au climat du Croific. » J'en ai , » dit-il , en pleine terre depius plufieiurs années , à » différentes expofitions & fans aucun abri , qui me n donnent tous les ans des graines parfaitement mûres,. y^ Ses tiges périflent tous les ans aux premières gelées , y^ & dès le mois d'Avril les nouvelles pouffes repa- ^ roiffent. Comme il n'a pas encore gelé ici , ( 1 5

56 BAL

» Novembre 1779) j^ai aduellement des halijîers en » fleut. Il en eft de cette plante comme de Vyucca de » Virginie que Ton a d'abord tenu en ferre , & qu'on » a éprouve foutenir enfuite les plus rudes hivers de » ce pays. Barrcre fait un conte, lorfqu'il dit que les » Sauvages mettent les fruits capfufcires du badjiér » auprès du feu pour qu'ils s'ouvrent & donnent » leurs femences. Les graines du hdifi^r font renfermées » dans vme enveloppe herbacée , à trois loges , très- » aifées à rompre «.

BALISTE. Nom d'un genre de poijGTons cartilagineux. P^oye[ à VarticU PoiSSON.

BALIVEAU. Voye:(^ U mot Bois.

BALLOTE. V(ryt:^ Marrube noir & puant. Les Arabes donnent le nom de ballou à un chêne dont les fruits , doux comme les châtaignes, donnent de ITiuile & fervent de nourriture aux Habitans de l'Atlas.

BALSAMINE , Balfamina fcmina , C. B. Pin. 306 ; BalfamincL perfic(Z folio , impatiens balfamina , Linn. 1 3 18 ; Tilo-onapu , Rheed. Mal. Plante annuelle , cultivée dans les jardins poiu: l'ornement des parterres en automne. Des mêmes graines que l'on feme , il levé des plantes dont les unes donnent des fleiurs fimples , k$ autres des fleurs doubles.

Cette plante pouffe des tiges droites , cylindriques , hautes d'environ un pied & demi , tendres , fucailentes , un peu renflées , qui portent des feuilles d'un beau vert , alternes , oblongues , pointues , lancéolées , dentées , affez femblables à celles du péchzr. Des aiflelks des feuilles fortent des fleurs ou d'un beau rouge ou

Î)anachées , compofées de cinq pétales inégaux , dont a fupérieure eft voûtée , & dont l'inférieure reffemble à une chauffe y hippocras ou à un capuchon : les deux latérales tombent en devant en manière de Kibat , garnies chacune d'une oreillette. A la fleur fuccede un fruit de la longueur d^ln pouce , ayant la forme d'iuie poii-e, ôc compofé de plufipurs pièces affemblées cc^nie

BAL 57

les douves d-iin tonneau. Lorfque ce frmt eft mûr , auffi-tôt qvi'on k touche il fe détache ^ne des pièces ; les autres , par une force élaftique , fe roulent fur elles- tnêmes , & la graine eft lancée aux environs ; ainfi toutes les parties de ce fruit paroiflent tendues comme des refforts , que la maturité ou le contaâ détendent. C'eft un des moyens dont la Nature fe fert dans certaines plantes pour femer les graines. Cette balfamint eft originaire des Indes.

La plante connue fous le nom ^herhe impatiente de merveille àjUurjauru , s'appelle baljamine fauvage ou des bois , Balfamina lutea , ( impatiens ) , noli me tangere , C, B. Pin. 306 , Linn. 1 319. Sa racine eft vivace , à fleur de terre, & fibreufe. Sa tige eft haute de plus d'un pied , cylinchrique , glabre , verdâtre , genouillée , creufe ; fes feuilles pétiolées , ovales , dentelées & alternes ; fes fleurs font jaunes & fuccédées de fruits longs , menus , noueux , & qui s'ouvrent comme ceux de la baljamine ordinaire. Cette plante croît dans les bofquets , aux lieux hunaides & ombragés de l'Europe , de la Sibérie & de l'Amérique Septen- trionale : on la peut placer entre lès plus puiffans diurétiques. M. Boérhaave aflure que les feuilles de cette plante ayant été employées poiu: des lavemens au lieu de mercuriale ^ à laquelle elles refiemblent aftez , l'eflfet en a été trèi-pernicieux. M. Odhelius a décrit dans les A9es {PUpfal de 1 774 , une fubftance concrète de la groffeur d'un grain d'orge , qu'il a trouvée dans le nefîbire de cette balfamine , & qui étoit im vrai fucre natif , dur , tranfparent. On a appelle noli me tangere cette plante , parce que , quand cUe eft mûre ^ elle a cette propriété finguliere , que pour peu qu'on touche aux tiliques qui contiennent fa femence , elles s'ouvrent & la laiffent échapper : c'eft une propriété commune à l'une & à l'autre efpece.

Le genre des balf aminés offre encore d'autres efpeces. Il y a la balpmine de la Chine y Impatiens Chinmfis ^

5? BAL

Linn. ; fa tige cft rouge , & fa fleur pourpre. Lsi balfaminc à faâUts larges de PInde , ImpatUns latifolia , Linn, ; A^^ //i-o/w/i/ , Rheed. Mal. ; faveur eft roueeâtre, La balfaminc fafciculU du Malabar , Impatiens fafcicu^ lata j Linn. ; Onapu , Rheed. Malab. ; fa fleur eft rouge^ La balfaminc à feuilles oppofées ^ Impatiens oppofitifoUa ^ Linn. ; Koudan-pullu ^ Rheed. ; fes fleurs font d'un pourpre-bleuâtre : cette efpece fe trouve dans les lieux fablonneux de l'Ifle du Ceylan & du Malabar. La balfaminc cornue , Impatiens comuta y Linn. ; fon capuchon eft très -long & filiforme : cette plante fe trouve à Ceylan. La balfaminc à trois fleurs ^ Impatiens triflora^ Linn. ; la fleur eft d'un rouge agréable : cette pïante croît dans les lieux humides à Ceylan.

BALTIMORE , Iclerus. Oifeau du genre des Troupiaks. On en diftingue de plufieurs efpeces. Ces oifeaux font à-peu-près de la groflTetir du pinçon ; ils ont la tête , la gorge , les parties fupérieures du cou , le haut du dos , les ailes âc la queue d'un beau noir brillant ; le bas du dos & les autres parties du corps d'un très-bel orangé. Il y a ime bande de cette couleur à l'origine des ailes & au bout de la queue ; les pieds & les ongles font de couleur plombée. Ces oifeaux fe trouvent en été dans la Virginie & le Maryland. Le baltimorc vulgaire eft repréfenté y pi. enl. 506 , fig* I. «Celui du Canada eft appelé bahinwrc bâtard , pL enl. 506 , fig. z ; il a les couleurs un peu fombres. Le baltimorc vert de Saint-Domingue eft zigiçtXè fîffleur. Voyez ce mot.

Ces oifeaux difparoiflent en hiver. Ils placent leur nid fur les arbres les plus élevés , ordinairement à l'extrémité d'une branche aflez forte , & pour l'affurer ils entrelacent dans fes bords une menue branche de chaque côté. Les femelles ont les couleurs moins vives que les mâles : il y a des baltimores mâles qui ont les grandes plumes des ailes bordées ^ à l'extérieur , d'ujoie Ugne blanche.

B A L ;B A N 5^

Baltimore , Baltimora ereSa , Linn. ; Chryfanthemum Amtncanum , cauU alato , ampUoribus foliis binatis y fioribus pallidh lutefcentibus ^ parvis , Pluk. Cette efpece de plante radiée croît dans le Maryland , auprès de la ville de Baltimore ; elle eft annuelle. Sa tige eft tétragone , velue , rude au toucher , ainfi que fes feuilles. Ses fleurs font compofées , jaunes , terminales.

BALTRACAN. Plante qui croît dans la Tartarie , dont les feuilles , dit-on , reflemblent à celles de la rave. Sa tige eft groffe comme le pouce , haute de deux pieds , creufe & revêtue d'une écorce verte- jaunâtre. Son fruit s'ouvre dans la faifon , & il répand alors l'odeur de l'oranger : il contient des graines fcmblables , pour la figure & l'odeur , à celles du fenouil. Les Tartares mangent ce fruit pour fe foutenir en voyage.

BAMBLA , pL ml, 703 » Nom donné à un oifeau de l'ordre des Fourmillurs , & qui fe trouve quelquefois à la Guiane ; fon plumage eft d'un brun-rouflâtre*

Voyt^ FOURMILLIER.

BAMBOCHE, f^oyc^^ à VanicU Bois de Bambof. BAMBOU, f^oyt^ Us mots Bois de Bambou &

VOULOU.

BANANIER ou Figuier d'Adam , ou figueira ; en latin , mufa , Plum. ; Bala , Hort. Malab ; Poma paradifi^ palma humilis , longis latifquc foliis , C. B. Le bananier paroît être plutôt une plante herbacée qu'un arbre , dit le Père Nicoljbn ; car il n'y a point d^rbre fans bois ni brjanches , & le bananier n'a ni l'un ni les autres : fon port , fa grandeur repréfentent cependant à la vue un arbre plutôt qu'une plante herbacée. Le bananier ne feroit-il pas un paflage de la Nature entre ces deux manières d^être des végétaux ? Le bananitr eft, fi l'on veut, une efpece d'arbre exotique qui croît dans les climats chauds de l'Afie , de l'Afrique & de l'Amérique, & dont le plus grand diamètre du tronc eft de huit à dix pouces. Ofi n'y diftingue ni écorce ni

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bois proprement dît ; on ne peut repréfenter le tronc ou tige arborée & fimple , que comme un gros rouleau de plufieurs feuilles couchées les unes fur les autres , & non adhérentes. Cette groffe tige, qui eft verdâtre , très-tendre , s'élève à la hauteur de dix à douze pieds , ( à Saint-Domingue de fix à fept) : on l'abat facilement d'un coup de labre. On voit cette grande plante dans les ferres du Jardin du Rdî , mais bien infé- rieure fans doute à celles Cjyi croiffent dans leur pays natal : on Ta cependant vu fleurir & porter des fruits en 1744.. Lorfque la tige commence à fortîr de terre, elle a la figure conique; elle produit enfuite deux feuilles roulées , qui peu-à-peu fe déploient , s'éloignent du centre pour faire place à deux autres qui en fortent de même ; à celles-ci fuccede une troifieme paire , & ainfi de fuite ( en total quatre à cinq paires ) , jufqu'â ce que la plante foit parvenue à fa grandeur naturelle.

Les feuilles , en y comprenant le pétiole ou la queue qui les foutient , ont fix à neuf pieds de longueur , & prefque deux pieds dans leur plus grande largeiu". Ces feuilles font donc plus longues & plus larges qu'aucunes que nous connoimons ; deux fuffifent pour envelopper un homme : elles font d'un vert fatiné admirable , foncé en à^us , & pâle en deflbus ; obtufes à leur fommet; compofées d'une quantité de petites nervurçs tranfverfales , parallèles & ferrées étroitement les imes aux autres ; quelques-unes d'entre elles font plus appa- rentes , & forment autant de bandelettes de huit à dix lign^ de largeur : le moindre vent fuffit pour les divifer ; mais le plus fort ne peut leur faire quitter la côte , qui eft le prolongement du pétiole auquel elles font attachées. Ces pétioles s'élèvent du centre de la tige en ligne droite , fe fuccedent à mefure que la plante croît , & ne s'écartent que peu les uns des autres ; ils font convexes en dehors , plats en dedans , verdâtres , d'un goût fade , ( les feuUles font d'vm goût douceâtre & un peu

BAN 6i

ôftrlngent) , compofés de filamens blancs & fermes , divifés intérieurement par des cellules & des cloifons , ^ul fe refferrent à mefure qu'elles approchent de rextré- mité de la feuille. Lorfque toutes tes feuilles ont paru , il s'élève de leur centre une groffe, tige comme un rameau unique , ligneufe , verte , penchée ou pen- dante , divifee par nœuds , terminée par un bouton alongé , pointu, long d'un demi-piéd. Il eft compofé de plufieurs feuilles oblongues , appliquées les unes fur les autres , verticillées , veinées , d'un rouge - clair en dedans , rembruni en dehors , couvertes d'une efpece de rofée bleuâtre. Ces petites feuilles ou écailles fpathacées s'ouvrent les unes après les autres , tombent & laiffent à découvert les fleurs & les embryons des fruits attachés quatre ou cinq enfemble fur le même péduncule.

La corolle du bananier ^ félon Nicolfon , eft compofée

ie quatre pétales blancs , dont deux oblongs , droits ,

épais, veinés , creufés en cuillers ; les deux autres font

minces , terminés en pointe : le centre eft occupé par

cinq étamines droites,, blanches , qui environnent un

piftÛ cylindrique , terminé par un ftigraate épais ,

arrondi , rouflatre. Les fleurs qui fortent. des aiflelles

des dernières feuilles vers la pointe du bouton , font

flériles & ne produifent point de fruits , fans doute

parce que l'arbre , dit le Père Nicolfon , a épuifé toute

fa vertu prolifique en fécondant les premières fleurs :

celles-ci ie changent en un fiiiit oblong , arrondi , long

de cinq à huit pouces , tantôt droit , tantôt arqué comçae

nos concombres .,. recouvert d'ime pellicule épaiflîe ,

tinie , d'abord verte , enfuite jaune ^ compofée de

filamens longitudinaux. L'intérieur eft rempli par une

fubftançe jaunâtre , molle , onûueufe , hvunedante ,

d'un goût douceâtre^ aigrelet , agréable , divifée par

plufieurs filets longitudinaux , parièmés de petits points

noirs , qui font les feules graines que cette plante

prodiiit : elles ne fruftifient point. Ces firuits groiflent.

6t BAN

en grappe , & forment neuf à dix étages autour de la tige ligneufe : plus ces étages approchent du fommet de la tige , plus l'intervalle qui les fépare eft grand. Ils font compofés deç, 6,7, 8 ou 9 individus ferrés les uns contre les autres : c'eft ce qu'on appelle aux Ifles , patte de banane ; l'enfemble des pattes fe nomme régime de banane. Chaque fruit eft appelé banam par lés Indiens : il devient d'un brun-noir quand fa maturité eft paffée. Les plus gros régimes font compofés de plus de cent fruits dans les individus vigoureux qui vivent dans leur climat naturel.

Les fruits appelés bananes font très-nourrifTans , mais de difficile digeflion. Les Egyptiens en font ufage contre les âcretés de la poitrine. A Cayenne , on les mange crus ou aiits au four , ou coupés en trois morceaux fur le gril , ou coupés en deux & féchés au foleil : on les mange auffi au vin , à l'eau , au fel, ou cuits avec de la graiffe. Dans ce même pays ^ on donne le nom à^embagnon à une forte de Ix)uillie qui fe fait avec des bananes. Les Habitans de la Grenade en font vme efpece de pain , qui eft d'un grand ufàge parmi eux. Enfin on en fait une boiiTon agréable : des bananes cuites avec leur peau dans de l'eau, la rendent fucrée ; après avoir ôté la peau , on les braffe. Cette boiffon eft très-néceffaire aux Nègres.

Quelques Auteurs croient que c'eft ce fruit qu'ap- portèrent à Moife les elpions qu'il avoit envoyés à la découverte dans la Terre Promife , & que deux hom-* mes avoient peine à porter, (c'étoit lans doute im régime entier. ) Dans les pays oti croît le bananier , on retire des fils de fa tige , en lui donnant certaines préparations.

L'eau qui fort du corps de la plante ou d*une feuille qu'op romprait, eft jaunâtre, & laifTe au linge une tache

3ui ne s'efface jamais : mêlée avec le jus des feuilles u pois de fept ans , qui rend une belle couleur verte ^ elle lui donne de la confîfli^ce ^ & l'empêche de pâlir^

BAN 6^

On Et J dans VHiJloire générale des f^oyages , Tome 2 , que la banane , fruit qui croît dans PIfle de Madère , eu effimée des Habitans avec une forte de vénération ^ comme le plus délicieux de tous les fruits ; jufqu'à fe perfuader que c'eft le fruit défendu du Pa- radis Terreftre, fource de tous les maux du genre humain. Pour confirmer cette opinion, ils allèguent la grandeur de fes feuilles , qui ont aiTez de largeur pour avoir fervi à couvrir la nudité des premiers pères du genre hiunam.

M. de Prefontaine dit auffi ( Maif. Rujl. de Cay, ) que les Portugais n'ofent manger de ces fruits par fu- perftition , parce qu'en les coupant en travers , ils croient , dans la figure qui s'y trouve marquée , recon- noître la croix du Chrift. Ce n'efï qu'un Y. Ce tàème Auteur dit que dans la Guiane il y a deux efpeces de bananiers , ou deux variétés qui différent par le fruit. Le fruit de l'une s'appelle pacobe ou baciAfe , & on lui donne le nom de figue banane. Il efl plus court , plus gros , plus droit & même moins pâteux , plus zofidant & plus délicat que celid de la banane com- mune & ordinaire ^ qui cil plus long. La tige du baccvier^ Mufa fruHu cucumerino breviori , Plum. , efl: en dehors d'un vert- jaunâtre , taché de noir ; celle du bananier eft toute verte* Le bacovitr croît dans les Indes , & fpécialement en Guinée , au Bréfil , aux Antilles & dans la Guiane. M. de Préfoniaine ajoute qu'il n'y a qu'une figue bacovè à Cayenne ^ mais qu'il y a plufieurs fortes de bananes qu'on diftingue par des noms différens , & qu'un Habitant doit avoir de toutes fur fon habitation. La Jîmple & la mufijuie font celles dont les Blancs font le plus d'ufage. C'eft une excellente nourriture : les Nègres de la Grenade ne vivent prefque pas d'autre chofe. Les fruits du bananier mufque font de quatre à cinq pouces de lon- gueur , un peu arqués & d'un bon pouce de diamètre. la banane-ÇQçhm €Û U plus groife . çUç çâ arquéç

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& a quelquefois plus d'un pied de longueur fur déivi à trois pouces de diamètre. C'eft ime variété de la iananc proprement dite y Mufa fruUu cucumerino j Ion* giori y Pliun. , c'eft le plantain ou planianier des Efpagnols ; le piffang-'tando de Rumph. : fon fruit], quoique moins délicat , fe mange avec plaifir , fur- tout quaiid il eft cuit au fovir. La guinga fournit moins que les autres : elle ne rapporte que cinq ou lix fruits par régime , les autres en donnent vingts- cinq ou trente. Les Sauvages , pour avancer la maturité ^e ces fruits , les enveloppent dans des feuilles de la plante même , & les mettent dans un trou pratiqué au coin de leurs cafés ; quelques joiurs après ils les retirent mûrs & d'un beau jaune.

On voit aux Indes Orientales une autre forte de petite hananc appelée banane de finge , parce que ces animaux en font très-fHands ; elle n'a que deux à trois pouces de longueur fiu: cinq à fix lignes de diamètre : c'eft de toutes les bananes celle dont le goût eft le plus fin & le plus délicat. On trouve dans les Molu- ques un bananier à grappe droite^ Mufa troglodytaruai , Linn. ; Mufa uranofcopm , Rumph. Son fruit ne fe mange que cuit. Il provoque l'urine , & la teint en rouge. Les régimes en contiennent jufqu'à cent cin* quante & plus.

Les régimes des bananes ont cela de particulier , qu'ils ne mûriffent jamais bien tant qu'ils font atta- chés à la plante ; il faut les couper verts , & leur laiffer prendre ainfi toute leur .maturité. Les bœufs , moutons, &c. aiment beaucoup les tiges des bana-^ niers ; & comme elles confervent long-ten^s leur fraî^ cheur, on en embarque fur les vaiffeaux en guife de fourrage , pour la nourriture de ces beftiaux , dans les voyages de long coiurs.

Le kananier offre un genre de plante qui paroît très- voifîn de celui des baltjiers. Le bananier fe multiplie , comme Vananas , par des oeilletons ^ui naîffent au

BAN ^j

pied. Il lîê porte jamais qu'une feule foîs ; après quoi , foit qu'on le coupe ou non , il fe flétrit peu - à - peu comme un rofeau , fe feche & tombe ordinairement : mais fa racine , qui eft une efpece de groffe bulbe ar- rondie , remplie d'Une liqueur vifqueufe , couverte de petites fibres ligneufes ^ & qui forme une touffe d'envi- ron un pied de diaûietre , produit des caïeux avant que fa tige périfle ; ainfî cette racine a bientôt poufle d'autres rejetons , qui dans l'efpace de douze à quatorze mois portent du fruit & meurent enfuite. Un caïeu de bananier^ planté dans un terrain convenable à ce végétal , fleurit communément au bout de neuf à dix mois ; il a acquis en quelque forte toute (a, grandeur à c^t âge ; fa culture exige un terroir humide, gras.& profond.

Les étoffes faites avec la filaffe de bananier , font beaucoup plus belles que celles qui font faites avec le fil a agave.

Les Caraïbes appellent halatana les grofles bananes s baloufou y les petites bananes.

BANC , Stratum. On donne ce nom à des lits de pierre qui s'élèvent les uns fur les autres , tantôt ho- rizontalement > comme la pierre calcaire , & tantôt inclinés à l'horizon , comme ceux de l'ardoife." On ne peut fixer ni la hauteur , ni la largeur du banc ; elles varient l'une & l'autre , félon la quantité de la ma- tière , la profondeur , l'étendue & la nature de la camere.

On dit aulîî un banc de fable , ( armarum cumuli ) j c'efl un amas de fable qui s'élève dans la mer vers Ici- furfece de l'eau ; celui de Terre-Neuve efl le plus grand qu'on connoifle ; il a environ cent cinquante lieues de long fur cinquante de large , & n'a au-deffus de lui qu'environ vingt brafles d'eau. Ce banc n'efl pas dan- gereux ; les Ei\ropéens y font la pêche çle la morue» Voyt\^ ce mou On dit auffi banc de baleines & 'bam^dc^ f tries. Voyez BALEINE j 6'/Wi<^ J^AÇRE BE Perlej^ Tome 11^ ' ' Ë

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B ANCHE. Efpece de pierre tendre & feuilletée , qiié M. de Réaumur regarde comme de la glaife durcie par la vifcoiité des eaux de la mer. La hanche , à fa furrace fupérieure , eft affez dure ; plus on iapproche, de la pure glaife , plus elle paroît auffi infenfiblement s'ap- procher de la nature de cette terre , & cela par degrés fi infenfibles , qu'il n'eft pas poflible de déterminer precifément la tanche finit &r oii glaife commence. La hanche^ de grife qu'elle eft , devient blanchét & dure lorfqu'elle n'eft plus humeâée par l'eau. Nous avons obfervé que la tanche (celle que M. de Réaumur a défignée fous ce nom , & qu^il dit faire partie des couches de terres qui bordent certains parages) eu une forte de marne compofée du tritm des coquilles marines , & de glaife ou vafe fine de la mer y le tout plus ou moins endurci.

BANDE BLANCHE (la) , Efpece de tortue; Tcjbida terrefiris pujilla , ex Indiâ Orientali , Worm. ; Tejludo tejfellata minor Jf ricana , Edvards & Rai ; Tejludo pcdi^ bus fub^gitans , tejld hemijpkaricd , fcutellis convexis trapeiiis ^ marginejiriatis ^ difco punSatis ^ Linn. L'écaillé fupérieure de cette tortue eft à peine longue de quatre doigts ; elle n'a pas plus de largeur ; elle eft compofée de trois rangées de lames , & d'un rebord qui règne tout autour. Ces lames font agréablement panachées de noir , de blanc , de purpurin , de verdâtre & de jaune ; & lorfqu'elles tombent en s^sxfoliant , les par- ties dont elles fe font détachées paroîffent d'un jaune noirâtre. L'écaillé inférieure eft blanchâtre dans toute fon étendue , avec différentes lignes qui imitent des dentelures. La tête , en y comprenant le mufeau , reffemble à celle d'un perroquet avec fon bec ; elle a fur fon fommet quelques protubérances d^me couleur de vermillon , mélangée de jaune ; le cou eft étroit. Les pieds de devant font garnis , ainfi que les bras , de petites écailles qui reffemblent à de la corne ; ils ' font armés de quatre ongles. Les cuiffes , ou plutôt

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les jambes de derrière , font plus alongées ^ plus minces , & couvertes d'une peau conunune qui a l'afpeô d\in cuir ; les pieds de ce même côté font écailleux & pourvus de quatre ongles comme ceux de devant. La queue eft effilée , terminée en pointe , & à peine longue de la moitié d*un doigt. Wormius ^ qui a donné cette defcription , rapporte dans fon Mufaum , p. 317, qu'il a nourri long-temps dans (on jardin une tortue de cette efpece , qui lui avoit été apportée par des Marchands.

Bande d'argent , Clupea atherinoîdes , Linn; Poiflbn du genre du Clupe ; il fe trouve à Surinam. Selon Unnaus , le caraôere de ce poiflbn confifte dans une large bande de couleur argentée , qu'il a fur les deux cotés : à l'endroit la plupart des poiflbns n'ont qu'une fimple ligne latérale , le poijfon d^argeru proprement dit , & le jotl ont une pareille bande ; mais ils appartiennent d'ailleurs à des genres très- différens. F^oye^ à ^article PoissON. Le poiflbn bande d'argent , a le corps comprimé ; la nageoire dorfale a douze rayons ; chacune des peâorales en a quatorze ; chacune des abdominales , Se qui font petites , en a huit; celle de l'anus en a trente -deux; celle de la queue dix-huit

Bande noire. Voyei Serpent esculape.

BANDURA. Foye^ Anramatique.

BANGUE ou Banque ou Chanvre des Indes ;

Cannabis Indica , Rumph. Amb, ; Cannabis fimilis exotïca y Bauh. Pin. 320 ; Kalengi cansjava j Rheed^ Mal. ; Tsjeru-cansjava , ibid. Plante qui croît dans les Indes Orientales , & qui a beaucoup de reffemblance avec le chanvre : elle eft moins grande , plus ra- meufe , à tige plus dure , prefque cylindrique-, & fes feuilles font toutes conftammént alternes. Les individus mâles portent cinq ou fept folioles ; les inividus femelles n'en ont conununément que trois fur chaque pétiole. La dureté de' |a tige , & foA

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écorce mînce ^ tendent cette plante incapable de four* hir des filamens pour la filature. ^

Les Indiens font ufage de la gradne de cette plante , de diverfes manières. Ils la pulvérifent avec de l'opium, de Paréca & du fucre , & prennent de civette compo- fitioh lorfqu'ils veulent s*etôiu:dir le cerveau pouf oublier leur chagrin , calmer leurs itiaux & dormit fans inquiétude. Lorfqu'ils veulent être joyeux & facétieux , ils mêlent cette graine avec du mufc ^de Pambre & du fucre. Cette préparation du bangue , que les Indiens appellent majuh , paroît avoir beaucoup de rapport avec le maffàc Ou malach des Turcs ^ dont ils font ufage en plufieuts maladies. Lemery dit que les Indiens mangent des feuilles & de la graine de cette plante pour eicciter leur appétit , & fe rendre plus habiles à Pafte vénérien ; ils y joignent du camphre.

IL paroît que cette lîiême plante croît au Cap de Bonne-Efpérance chet les Hottentots , oh elle eft connue fous le nom de bakka. C^eft un chanvre fauvage , que les Européens fement & qu'ils y cultivent prin- cipalement pour les Hottentots qui l'euiment beaucoup, ïls en font ufage en guife de tabac , lorfqu'ils ne 'peuvent s'en procurer , ou ils le mêlent avec leitr labac , lorfque la provision vient à s'épuifer.

BANIAHBOU. Les Habitans du Bengale donnent

xe nom à un oifeau o^Edwards a déligné fous k

nom de ^rivt brune des Indes ; c'eft le merle de Êengalc

de M. BriJJhn. On foupçOnne que c^eft le canorus de

4f^Linn(ziLS , & probablement ime efpece de moqueur,

BANISTERE , .Banijleria. Genre de plante à flëiù-s polypétaléès , qui a beaucoup de rapports avec les )mourelliers ^ &c qui comprend des arbres ou des arbrif- feaux exotiques , la plupart farnienteuix ou grimpans ^ •dont les feuilles font ordinairement oppofées ; le calice 'divifé en cinq partiel' ; la corolle à cinq pétales & ouverte en rofe. Le fruit compofé de trois capfules 'jnonôfpèrmes ^ & terminées chacime par vme aile ou

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ïangiietté membraneufe , comme dans les fruits de l'érable. Ni. le Chevalier Je la Marck en cite treize efpeces :

i.** BanistERE anguleuse, Banîjlcria foliisjintuup* angulàfis , Linn, Cette plante farmenteufe croît fpécia- lement à Saint-Domingiie ; fes fleurs font jaunes.

2.® Banistere a fleurs pourprées y Banifieria foliis ovads , fpicis latcralibus , feminibus creSis , Linn; Elle croît natiu^Uement dans TAmérique Méridionale.

3.° Banistere a feuilles de laurier , Banip* ttria laurifolia , Linn. Elle croît à la Jamaïque & danj la Guiane ; fçs fleurs font jaunes.

4.^ Banistere a fleurs bleues , Banifteria cœru^ ha , Unn. Elle croît dans l'Amérique Méridionale.

5.® Banistere unicapsulaire , Banifltria unicap* fularisy an Banijtqia Benghalmjis y Linn. r Toutes les parties de la fleur font cotonneufes ; la corolle efl: rougeâtre. Ce petit arbre croît à la Côte de Malabar» Les Indiens le cultivent dans leurs jardins , & fe fer- vent de fès fleurs , dit M. Sonntrat , pour parer leurs Dieux.

6.** Banistere a rameaux fourchus , Bamp*

ttria dichotoma , Linn. Elle croît dans l'Amépque Méridionale ; fes fleurs font jaunes.

7.^ Banistere a fruits éclatans , BarMtria fuirais , Linn. ]EUe fe trouve dans l'Amérique Méri-* dionale j fes fruits font d'un jaune d'or éclatant.

8.® BanisteUe BRANCHUE , Baniûeri^ branchiata ^ Linn. Elle fe trouve dans la Contrée citée ci-defTus^ Ses rameaux font ramifiés , difRis & grimpans.

9.^ Banistere de sinemari > Banijleria Sinfima^

rltnfis , foliis ovatis , acuminatis , fioribus luteis , corymbojis , AubL C'efl un arbriffeau qui croît dans la Guiane , au bord des forêts qui entourent les Savanes & les terrains défrichés ; fe branches font rameufes , farmenteufes , & fe roulent & s'étendent fur les branches des arbres vpiiins,

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10.^ BanisteRE a CORYMBES, Banificria quapara:^ Aubl. C'eft le quapar'w des Galibis ; il ne diffère guère du précédent qu'en ce qu'il eft un peu plus élevé j fes fleurs font jaunes auffi , axillaires & corymbi- formes.

11.^ Banistere DOREE , Bonifieria chryfophylla. M. de Commcrfon a obfervé cet arore au Bréfil ; fes feuilles reffemblent à celles du caimitier. Voyez ce mot. Celles de cette banijlere ont en-deffous un duvet très- court , foyeux , luifant & d'un roux doré.

II.® Banistere à feuilles luisantes, Banif- uria nitida. M. d& Commerfon a encore obfervé cette efpece dans le Bréfil ; mais fes rameaux ne font point

J)arfemés de petits points vemiqueux, comme dans 'efpece précédente» Le deffous des feuilles eft blan- châtre , luifant & comme fatiné ; le "deffus eft glabre. 1 3 .^ Banistere ciliée , Banijlena faliis cordato^

fubrotundis , auricidatis , glabris , margiTie ciliatis , La Marck» Elle a été obfervée au Bréfil , par M. ^ Commerfon. Ses fleurs font jaunes , affez grandes , & ramafitées prefque en tête.

BANTAME* Voyez Coq de Bantamyk l'article COQ.

BANTIALE , Bantiala. C'eft le nom Macaflare d'une plante parafite , qui fe trouve dans les Molu- ques fiur les arbres. Les Malais appellent cette plante parafite ruma-fumot , qui fignine nîd de fourmis^ Rumphius en diftingue deux efpeces , Tune noire ^ l'autre rouge.

BantiaLE noire, Nidus formicarum niger^ Herbar.. 'Amb. p. 1 1 9. t. 5 5. f. I . C'eft une tubérofité arrondie ^ grife en dehors , couverte de verrues , lefquelles font

Eointillées comme un à coudre j elle pend aux ranches des arbres , elle fe trouve attachée par de petites racines qui naiflènt de fa partie inférieure» Sa fubftance interne eft blanche , yerdâtre fur les bords , & toute percée de trous en galeries & en labyrinthes y qui fervent d'habitations aux fourmis. Du fommet

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cette tubérofité partent quatre à cinq tiges cylindri- ques articulées , longues de plus d'un pied ^ chargées en leur fommité de quelques feuilles amplexicaule^ , alternes , ovales , pointues aux deux bouts , un peu épaiffes , fermes , glablres , liffes , fans nervures laté- rales, & longues de quatre à cinq pouces. Rumphius dit Ïiie du milieu des feuilles fupérieures naît une petite eur fimple & folitaire , à quatre pétales blancs. BâNTIALE rouge ^ Nidus formicanim ruber , Herb. Amb. Ibid, C'eft une tubérofité un peu plus grofle que la précédente ; elle eft fphéroïde , couverte nigolités , à-peu-près comme Porange dite pampd^ moufiy d'un beau vert, à écorce molle, tendre ôc féparée de la fubftance intérieure , qui eft charnue , & que Ton peut comparer , par fon organifation , aux gâteaux des ruches a miel ; les cloifons de W fubftance interne de la bantiaU rouge font habitées par des fourr mis. De la partie fupérieure de cette tubérofité part une petite tiee trigone , ftriée , dont Técorce ^ft écall^ leufe ; elle eît chargée vers fon fommet de plufieurs feuilles difpofées prefque en faifceau , lancéolées , poin; tues , molles , avec quelques nervures latérales & obliques. Après la chute des feuilles paroiflent le^ fleurs ; elles font blanches & à quatre pétales. Cettç efpece de tubérofité eft fufpendue au tronc & aux greffes branches des arbres. La grofliur de ces tube- routés qui leur fert de racine , paraît occafibnnée par 1 extravafation d'une portion de la fève , caufée par les fourmis qui les habitent. La fubftance de ces tii- bérofités eft d'une nature un peu caufticjue. ( Èncyclo^ piiit ancienne, ) BAOBAB. Voyei à VarticU Pain DE SINGE. BAQUOIS , Pandanus. Genre de plante unilobqe, qui , félon M. de la Marck , paroît avoir des rappojft? avec les ananas , & qui comprend des plantes exoti- ques qui s'élèvent prefque à la manière des palmiers , iontjnunies de feuilles umples bordées de cils épineux ,

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& portent des fleurs dioïques , difpofées fur une forte de chaton terminal , qui eft environné de toutes parts de ramifications courtes & très-nombreufes. Le fruit eft une groffe tête ovoïde , formée par l'affemblage de qviantité de noix anguleufes , rétrécies prefque en fèrme de coin par leur bafe , ferrées les unes coritre les autres^ & qui renferment chacune une femence lifle & ovale. ( UnnœiLs fils , Suppl. 64. )

BaqùOIS odorant , Pandanus verus , Rumph. Amb. ; Kaida , Rheed.; Keura odorifera , Forsk. ^gypt. Cette efpece croît naturellement dans l'Inde & aux: Mohiques : on la cultive à l'Ifle de France , oii elle eft connue fous le nom de baquois ou de vacoua. Les chatons des fleurs mâles répandent ime odeur très- agréa-ble , & affez forte pour quHm ou deux chatons fleuris puiflent fufiire pour parfiimer une chambre pendant un temps aiFez long. En Egypte on vend ces chatons à Un grand prix pour la bonne odeur qu'ils C7;halent loffqu'ils ibnt cueillis nouvellement/

BAt^UOIS À PLI; SIEURS TÊTES, Pandamis {paly--

^tçpKcdiis ) hiimiÏLs , Rvmiph, Cette efpece croît dans les Moluqiiçs , dans ' les teirains fablonneux ou pierreux iqui avoifment la mer. Ses fleurs font inodores. Du inilieu. des' -feuilles , dans les individus femelles , fort tirf péduTLCUle ' trigone , dur , & qui foutieht cinq à liùit têtes gîobuleufes , difpofées en ime grappe droite ; îes feiàillesr intérieures de chaque faifceau de feuilles Tont 5 dans leur jeuneffe , très-blanches vers leur bafe, ïnolies 5 d'un^ faveur douce , & fe mangent comme les î)ourgeons ou lès jevmes feuilles de certains palmiers qu'on nomme choux palmijlcs,

Baquois faîsciculaire, Kaldata dai^ Rheed. MaL Cette efpece croît au Malabar. Son fruit eft une très^ ]^jpffe tête ovoïde , formée par l'affemblage d'uç grand nombre de faifceaux particuliers , féparés les uns des ^autres dan's leur partie fupérieure , & compofés chacun

iJç fix à hvut noix ptdoiiguçs, Ce gros fruit ^ft rougç

BAR 7 j

îdans fa maturité ; la chair intérieure de chaque noix eft jaune ; celle du réceptacle commun eft blanche , fpongieufe , & a ime cavité dans fon milieu.

BaquoiS CONOÏDE , Pandanus ceramicus , Rumph» Amb. Cette* efpece fe trouve dans les Moluques , & fpédalement dans PIfle de Ceram. Son fruit , qui eft rouge dans fa maturité , a plus d*un pied de long ; il eu conique , obtufément trigone. Ses noix font très- nombreufes & petites.

BARALOU ou Baroulou. Voye^ Balisier.

BARBAIAN. Foye^ Duc.

BARBARESQUE ou Écureuil de Barbarie.

Voye[ à la fin de l* article Rat PALMISTE.

BARBARINE ou Barbaresque. Voyc[ à la fidte de f article CouRGE à limbe droit.

BARBARINS. Nom donné aux petits barbeaux , & diwfurmuUt.

BARBASTELLE. C'eft ime efpece de chawe-fouris^ Voyez ce mot.

BARBE , Barba. Nom donné au poil qui croît fur la partie inférieure du vifage de Thomme. Ce poil eft le caraâere de virilité le plus conftant ; la barbe pa- roît à Page de puberté , & croît Jufque dans Page le plus décrépit ; feulement elle change de couleur & de folidité. Voye[ ce qui en efi dit à ^article PoiL , 6* i celui de /'HoMME.

Barbe ou Fanons de baleine. Foyei à f article

Baleine de Groenland. Barbe de bouc. Foyei au mot Sersifi sauvage* Barbe de Chèvre , Barba capm fioribus oblongis , C. B, Pin. 163 , Tourn. ; Spirceaaruncus ^ Linm Cette plante reffemble à la reine des prés ( ulmaria ). Ses tiges font hautes de quatre pieds ou environ , rondes , rameufes; fes feuilles oblongues , pointues , dentelées , attachées phtfieurs fur une même côte qui eft terminée par une feule feuille , n'ayant entre elles aucunes petites feuijles^ comme dans la reine des prési;

74 . BAR

Ses fleurs naiffent en grappes longues aux fommîté^ des branches ; elles font blanches & compofées de cinq pétales difpofés en rofe. Ses femences font oblongues« Sa racine eft fibreufe. Cette plante vivace & propre à TEurope , croît aux lieux humides , dans les bois , fur les montagnes y &c efi eftimée afbingente, La petite iarbe de chèvre eft k reine des prés. Voyez ce mot.

Barbe espagnole ou Caragate mufciforme ,

Vifcum caryophyUddes -^ tcnuijfimum è ramis arborum mujci in modum dépendons , foliis pruince inflar candi-^ cantibus , fiore tripetalo , femine jUammtofo , Sloan. Jam. Suivant le Père Nicolfon , c'eft une efpece de gui qui s'attache aux arbres & forme de longs filamens enchâffés les uns dans les autres , ( ils ne font que mâles ) & qui flottent au des vents. Ils font couverts de petites écailles , & renferment un petit filet noirâtre , élaftique , aiOTez femblable au crin de cheval. Ils font divifés dans leur longueur par des nœuds , placés à deux ou trois Ipouces les uns des autres ; de chaque nœud fort une petite fleur obloneue , jaunâtre , à trois pétales , envi- ronnée de cinq , fix ^ fept ou huit filamens , qui s 'éten- dent de tous côtés , & fe divifent également en nœuds qui en produifent d'autres , & ainfi de fuite. Aux fleurs fticcede une capfule oblongue à trois côtes , qui s'ouvre en trois parties par le fommet , & qui contient les femences. Cette plante parafite fe trouve fur les arbres qui croiflent au bord de la mer , le long des rivières & des étangs , à Saint-Domingue ^ à la Jamaïque , dans le Bréul & dans la Virginie.

Barbe de Jupiter , Barba Jovis , pulckrh lucens , J. B. J. 385 , Toiu-n. 651 ; Anthyllis barba jovis y Linn* Petit arbrifleau , haut de trois pieds à fix , qui croît dans lés lieux pierreux & montagneux , en £{pagne ^ en Provence , en Languedoc & dans le Levant. Cette plante , dont l'afpeâ eft affez agréable , . «I une tige dure ^ Ugneufe y droite ^ rameufe ^ fes jeunes

BAR 75

fameaùx & fes feuilles font couverts d'un duvet courte couché , luifant , très-foyeux & d'iuie couleur argentée ; fes feuilles font rangées comme par paires fur leurs côtes ; la foliole terminais eft feffile. Ses fleurs petites , jaunâtres , légumineufes , qui reflemblent à celles du genêt , naiflent aux fommîtés des tiges : à ces fleurs liiccedent des goufles ovales , contenant chacune une femence. Cette plante eft apéritive.

Barbe de renard , Adragant ou Épine de* BOUC , Tragacamha^ C. B. Pin. 388 , Cluf. Cur. Poft. Add. 60 ; Tragacantha Maffîlimjis , J. B. J. 407 , Tourn. 417. Sous-arbrifleau épineux qui croît naturellement en Provence. Sa tige eft épaiÎTe d\m pouce , haute d'environ un pied ; elle forme par fes ramifications nombreufes une touffe large , diffûfe , couchée en rond fur la terre ; fes rameaux , qui font comme hérifles d'épines , font dénués de feuilles à la partie inférieure , qui paroît feche & comme morte : la partie fupérieure . eft chargée de petites feuilles oppofees , oblongues , obtufes , cotonneufes , blanchâtres , & même un peu foyeufes ou argentées lorfqu'elles font je\mes. Les fleun font petites , légumineufes , axillaires & blan- châtres : aux fleurs' luccedent des gouffes velues , renflées , à deux loges & remplies de petites graines de la figure d'un rein. Cette plante , ainfi que la fuivante , eft de la famille des AfiragaUs.

Barbe de renard de Crète , Tragacantha Cntica încana , fiore parvo lincis purpureis Jlriato , Toumef. Cor. 19, Sous-arbrifTeau qui croît dans le Levant , & fpécialement dans l'Iile de Candie. M. de Toumefort en a trouvé une grande quantité dans les vallées qui font auprès du Mont Ida. Ce fous-arbrifl!èau à tiges ligneu- fes , très-rameufes , velues , noirâtres , très-piquantes , ^ hautes ou longues de deux à trois pieds , forme une touffe par-tout bien garnie; les épines , comme dans l'efpece précédente , font les pétioles dépouillés de kurs foholcs ; ils font fort aigus, roides & jaunâtres;

BAR

les feuilles cotonneufes & blanchâtres ; les fleurs fonf d*un pourpre clair & rayées de blanc.

Au commencement de Juin , jufqu'en Août , découle naturellement le fuc gommèuX , qui eft connu dans le commerce fous le nom de gomme adraganthc , Traga- cantha gummi. Les fibres dont la tige & les branches font tiffues , dit M. de Toumefort , le contraâant dans les grandes chaleurs , expriment le fuc glaireux dont cette plante abonde ; ce fuc extravafé le congelé eu gros mets , ou en manière de petits rubans tortillés , ou comme autant de petits vermiffeaux , qui percent à travers Técorce dans les endroits elle réfifle le moins ; les Bergers meurtriffent en marchant diffé- rentes parties de ce fous - arbrifTeau , & c'efl par. ces entfroits meurtris plutôt que par les autres, , que les kmes ou filets vermifcrmes de la gomme adragantç s'échappent.

Lorfqu'on met tremper dans Teau cette gomme , elle fe gonfle beaucoup , & paroît comme une efpece de crème glacée : c'efl ce mucilage de gomme adraganthc que Pon emploie en Pharmacie & chez les Confifèurs , pour donner du corps aux compofitions dont on veut former des pilules , des pâtes , des tablettes , des paf- tilles , &c. On mêle aufS cette gomme avec du lait pour faire des crèmes fouettées , & Ton y joint un peu d'eau-rofe ou de fleur d'orange.

La gomme adraganthe , priië intérieurement , efl Jiu- meftante , rafraîchifTante , aglutinante , propre à calmer les douleurs de colique , les ardeurs d'iurine & la toux. Lorfqu'on veut la pulvérifer promptement , il faut que le mortier foit chaud , afin de difïiper l'humidité aqueufe qu'elle contient.

Les Peintres en miniature rendent le vélin fur lequel ils veulent peindre , aufîi uni qu'une table d'ivoire , en le vernifTant avec de la gomme adraganthe. Pour cet effet , ils mettent du mucilage de cette gomme dans un nouet

ëe linge fin , & çn frottent le vélin. Les Teintvuriers

BAR 77

to {bïe & les Gaziers emploient fou vent cette* gomme par préférence pour donner de la confiftance & un luftre particulier à leurs ouvrages.

Projper Alpin , de cxoticis , fait mention d\me féconde efpece de plante adraganthe , tragacamha alura , qui reffemble en quelque forte au dos du hériffon ter- reftre , & même à certains gros ourfins garnis de leurs piquans» Sa racine eft fibrée. ( On voit cette plante dans le Cabinet de Chantilly avec cette étiquette , Lim(H nium erinaceum Creticum, Plante cueillie fur le Mont Ida ou PfiUority , le lo Juillet 1730, par M. Saume^ Conful à Candie ).

BARBEAU ou Barbot , Cyprinus barbîis , Linn. Eil Italie , barbio ; en Allemagne , barble ; en Angleterre barbcL PoifTon de rivière & de lac d'eau douce , dii genre du Cyprin, Au bout ou plutôt aux angles de fort mufeau , qui eft pointu & cartilagineux , pendent deux barbillons de chaque côté , d'oii lui eft venu le nom de barbeau. Une petite veine rouge règne dans l'inté- rieur de ces barbillons. Les yeux ibnt petits & tournés vers le bas ; la couleur des iris eft dorée ou argentée, avec des taches brunes. La forme du corps du barbeau eft oblongue & un peu arrondie dans fon contour ; le dos fe courbe en arc , & a à fon fommet ime arête aiguë. Le ventre eft plat , en forte que quand ce poif- fon repofe fur cette partie , fa gueule touche la terre ^ ainfi qu'on l'obferve dans prefque tous les poiflbns qui fe tiennent au fond de l'eau. La ligne latérale eft for- mée d'une fuite de petits points ; le dos eft aufli par- femé de points noirs. La mâchoire ftipérieiu-e plus longue que l'inférieure. Il n'a point de dfents ; la fente des ouïes eft petite , ce qui fait qu'il vit long-temps hors de l'eau* Ses écailles font peu grandes , tendres , & minces ; leur couleur eft olivâtre fur le dos , & argentée fur le ventre. Les nageoires du ventre font Jaunes , & celles de la queue font rougeâtres. La nageoire dorfale

a dis rayou^, do»î le feçon4 oft h plus élevé \ les. nai-.

78 BAR

geoires peôorales font d'une grandeur moyenne ; kjS abdominales ont chacune neuf rayons ; celle de Panus en a fept ; celle de la queue eft échancrée en forme de fourche. Ce poiflbn a communément un pied ou un pied & tlemi de longueur , & pefe ordinairement deux ou trois livres ; il s'en trouve dont le poids va à huit livres & plus. Quand il efl péché dans les eaux pures , fa chair eft blanche & d'un très-bon goût. Les anciens Romains faifoient un grand cas de ce. poiflbn , qui fe plaît plus dans les rivières que dans les lacs. Le froid leur eft nuifible , car ils font languiffans en hiver. On . doit éviter en tout temps de manger les œufs du bar-- beau , car ils troublent la digeôion , & purgent par haut & par bas , . quelquefois très-violemment , fur- tout dans le printemps. Comme ce poiflbn eft vorace, il fe prend fecilement à la ligne. Son fiel eft eftimé Jtrès-propre à rétablir 4a vue : on en a eii un exemple bien frappant à Paris en 1767 , dans M. BaraddU , Artifte très-connu pour les inftrumens de Mathéma- tiques. L'on prétend même que c'étoit le remède ,qu'avoit j^ployé le jeune Tob'u pour guérir la cécité de ion père. Les infeâes, les petits poiffons y .même ceux de fon efpece , font fa nourriture ordi- naire. Il eft moins gras & moins bon à manger en hiver qu'en été. La laite de ce poiflbn eft , en certaines faifons, grcfffe , d'un blanc-rougeâtre & bonne à manger. On donne à ce poiflbn le nom de barbillon quand il eft jeune , & celui de barbeau quand il a acquis fa croiflance.

Barbeau. Foyei Bluet. A l'égard du barbeau jaune , &c. Foyei à V article CENTAURÉE.

Barbeau de Mer. C'eft le Rouget.

BARBET. Nom donné à une race de chiens qui font couverts d'un poil long , fourni & laineux comme une toifon. Pour le refte des caraderes du barbet , Voyez à V article Chien.

BARBICAN ,7?/. enlr. 6ox. M^ de Buffon a donné

BAR 79 ^

te nom à un oîfeau apporté des Côtes de Barbarie,

oîi il n'eft pas rare. Son nom indique d'une manière

affez jufte fa nature mixte. Il reffemble aux toucans Se

aux barbus par le nombre & la pofition de fes doigts.

Il a le bec fort & dentelé . comme le toucan , mais bien

plus compaâe , bien moins long , comprimé fur les côtés

& cannelé ; il reffemble au tarbu par des poils qui

lentourent la bafe de fon bec , & par la conformation

de fa langue. Le barbican a le plumage de couleur

noire fur la tête , le cou , le corps , les ailes , les cuiiTes

& la queue ; la gorge eft rouge ; le ventre eft rôugeâ-*

tre ; une large bande noire travferfe la poitrine ; le bec

eft jaunâtre , long de dix-huit lignes fiu: dix d'épaiffeur.

Les pieds font bnms. Cet oifeau a neuf pouces de

long ; fa queue en a trois & demi.

BARBICHON , /?/. enl. 803. Efpece âe gote "^ mouch de Cayenne , long de près de cinq pouces , & d'un jaune verdâtre. Sa femeÛè eft un peu plus grande que lui , & la couleur du plumage eft plus foncée ; le bec eft noir , les pieds grilatres ; de longues barbes ou foies entourent la oafe du bec. Cet oifeau femble fiffler dou- cement les deux fyllabes pipL Le mâle & la femelle vont affez de compagnie ; leur nid eft pofé fur les ra- meaux les moins touffus , & conftruit avec de la mouffe. Ce nid eft d*ime groffeur exceflîve , il a un pied de haut , cinq pouces de diamètre , & une petite ouverture fur le côté à trois pouces du fommet.

BARBIER , Labrus anthias , Linn. Poiffon du genre du Labre ; il fe trouve dans les Mers de l'Europe & de l'Amérique Méridionale. Ce poiffon , dit Unnctus , a toute la furface du corps de couleur rouge ; la queue eft fendue en forme de fourche ; la nageoire dorfale a dix-neuf rayons , dont dix-fept font épineux ; les opercules des ouïes font' dentelés comme la lame d'une fcie.

Selon Rondelet , cet anthias a le premier rayon de la nageoire du dos long ^ fort & tranchant comme

So BAR

un rafoîr , & de efl: venu le nom de barhUr à ce poifîbn J Les Anciens étoient dans l'opinion qiie Vanthias voyoit fort clair & de loin , & que quand il étoit pris à la ligne , il la coupoit avec fon aiguillon tranchant : on a dit plus , on a ajouté que les autres poiffons de la même efpece venoient au fecours de celui qui étoit pris , & le délivroient en coupant la ligne... La chair de ce poiffon eft d'un goût agréable & le digère facilement. Voilà tout ce qu'on fait fur le barbier. «

BARBILLON. Nom donné au barbeau encore petit; Foyei Barbeau.

On donne axiflî le nom de barbillon à une efpece de chien de mer , dont il eft mention à la fuite de l'article barbu. Voyez ce dernier mot,

BARBI-ROUSSA ou Barbi-ronsa ou Baby-roes a ou B ABIROUSS a. Faux fanglier des Indes Orientales , de la grandeur du cetf , dont il a à - peu - près la figure. Ce n'eft ni un fanglier ni un cochon ; il n'en a ni la tête , ni les foies , ni la queue ; il a les jambes plus hautes & le mufeau moins long ; il eft couvert d'un poil court & doux comme de la laine ^ & fa queue eft terminée par une touffe de cette laine ; il a auffi le corps moins lourd & moins épais que le cochon ; fbn poil eft gris , mêlé de roux & d'un peu de noir ; {é% oreilles font courtes & pointues. Le caraôere le plivs remarquable , & qui diuingue le babirouffa de tous les autres animaux , ce font quatre énormes défenfes ou dents canines , dont deux fortent de la mâchoire fupé* xieure en perçant les lèvres , & s'étendent en courbe jufqu'au - deffus des yeux , en imitant parfaitement des cornes ; les deux autres dents , qui font moins longues , partent , comme celles du fanglier , de la mâchoire inférieure. Ces défenfes font d'un très - bel ivoire , plus net & plus fin , mais moins dur que celui de l'éléphant. On prétend que les femelles manquent de celles de la mâchoire fupérieure. Ces inorme^ défenfes donnent à ces animaux un air

formidable >

BAR 81

formidable ; cependant ils font peut-être moins dan- gereux que nos fangliers. Quoique groffiers & féroces Us s'apprivoifent aifément.

Cet animal , dit-on , fe fufpend la nuit par fes dents d'en haut à une branche fort élevée d'un arbre , pour dormir en fureté & à Tabri des tigres &c autres ani- maux fauvages : refte à concevoir de cruelle manière ce quadrupède grimpe plus facilement fur des arbres que fes ennemis , d'ailleurs plus agiles. & plus fouples que lui. Il paroît plus naturel de dire avec M. de Buffon , que le babiroujfa ne s'accroche ainil à des branches que pour repofer fa tête ou pour dormir debout. Cette habitude lui efi cornmune avec l'éléphant , qui pour dormir fans fe coucher , foutient fa tête en mettant le bout de fes défenfes dans des trous qu'il creufe à cet effet dans les murs de fa loge.

Le babirouffa marche légèrement & en troupe ; il exhale une odeur forte qui le décelé , ce qui fait que les chiens le chaffent avec fuccès. Il grogne terrible- ment , fe défend & bleife des défenfes de deflbus : car celles de deffus lui nuifent plutôt qu'elles ne lui fer- vent. Comme il a le poil fin & la peau mince , il ne réfifte pas à la dent des chiens , qui le chaffent de pré- férence aux fangliers , & en viennent fecilement à bout.' II a l'odorat très-^fin , & fe dreffe fouvent contre les arfxres pour éventer de loin les chiens & les Chaffeurs : mais s'il eft pourfuivi fans relâche & long - temps , il court fe jeter à l'eau , il nage aufli bien que le canard l plonge de même , & échappe de cette manière fou- vent aux Chaffeurs.

Les Indiens, trouvent la chair de cet animal très- délicate., la plus favoureufe & la meilleure de toutes celles des bêtes fauvages ; cette chair fe corrompt en aflez peu de temps.

Le babiroujfa fe trouve en Afie , danss Tlfle de Bouro , l'une des Moluques : on prétend qu'il fe trouve auffi dans les Contrées Méridiopiales de l'Afrique. Tquic Ilm F

îi BAR

BARBON , Andropogon. M. le Chevalier de la Marck donne ce nom à un genre de plante unilobée, de la femille des Graminées , & qui comprend des herbes dont les fleurs , en général , font difpofées fur un réceptacle linéaire , denté alternativement , formant foit un feul épi , foit plufieurs épis fitués en faifceau cil comme des digitations. Les fleurs font glumacées , velues ou laineules à leur bafe , & de deux fortes fur chaque épi ; lés unes font hermaphrodites & feflîles , & les autres font mâles & légèrement pédiculées.

Parmi les efpeces dont les fleurs font difpofées ert un feui épi ou en panicule , on compte :

I .^Barbon CARIQUEUX , Andropogon JpicâfolUarld^ imbrîcatd , feminibus hirfutis , arijlis nudis , contortis , Linn. Selon Rhumphius , fes tiges ont quatre à cinq pieds de hauteur. Cette plante croît dans les Inde$ Orientales ; on s'en fert à Java & à Balaya pour couvrir les maifons ; les pauvres ramafTent le duvet foyeux fes épis pour en former des couflins & en garnir leurs lits. En général, comme cette plante eft plus nuifiblê en incommodant les Chaffeurs , en bouchant les chemins , & en gênant les beftiaux dans leur pâtu?- rage , qu'elle n'eft utile , on la détniit ordinairement par le feu.

2.^ Barbon A épis tors, Andropogon fpicâ folltaridy fioribus inferioribus muticis , Linn. ; jEgilops Maderap- patana , glumis pilojis ^ ariflatis , Scheuchz, Cette eipecé croît naturellement dans Tlnde ; fon épi eu un peu tors en fpîrale.

3.^ Barbon a fleurs divergentes , Lagurus

humilior , paniculd conicd , laxd , niélante , culmum terminante , Gronov. Virgin. Cette efpece fe trouve dans la Virginie.

4.® Barbon panicule , Andropogon panUuùt

peduncuUs fimpliciffimis tfifioris ( aut quadrifioris ) jhfculo hermaphrodito , arijlato , ciliato , baji barbato ^ Lilin. ; Phçenix , Hall ; Mgylops bromdides , jub£

B A R 8)

furpurafçenu , Bauh. Hift. Cette efpece croît à Vérone , aux environs de Montpellier & dans la Suifle.

5.*^ Barbon penché , Andropogon paniculâ nutanu , aripis tortuojis lavibus , glumis calycinis hirfutis , Linn, Cette efpece croît dans la Virginie & à la Jamaïque»

6.® Barbon QUADRIVALVE , Andropogon paniculâ nutante , calyçibus quadrivalvulihus , trijloris , Jlofculo hzrmaphrodito arijlato , Linn, Mant. Cette efpece croît dans l'Inde.

7. Barbon CYMBIFERE, Andropogon cymbarium^ Linn. Ses braôées font purpurines & cymbiformes.

8.^ Barbon couché des Indes Orientales j, Andropogon projlratum y Linn. Ses tiges, qui font très- rameufes , font couchées fur la terre , & y prennent racine.

9.® Barbon AlopÉcuroïde , Andropogon Alope-^ turoïdes y linn. Cette efpece croît dans ^Amérique Septentrionale. Sa tige eft haute de fix pieds ; fou panicule eft long, lâche ôç laineux.

io.° Barbon a fe allés rudes de ITfle de Ceylan , Andropogon fquarrofum , Linn. Ses tiges font glabres & flottent à la furface de l'eau dibs étangs profonds oîi elles croiffcrtt. .

II.® Barbon des IsLES , Andropogon infulart ,' Linn. Cette efpece croît à la Jamaïque. Brown dit qu'elle eft vulnéraire & déterfive.

II.** Barbon NARD , Andropogon natdus ^ LînnJ On croit que c'eft le nard Indien des boutiques , c'eft- à-dire , le fpica^nard. ^oyt'L C article NarD.

Les barbons à fleurs difoofées fur plufieurs épis fitués en faifceau , ou en torme de digitations , ou par paires , font :

i.° Barbon double i.n ^ Andropogon dtflachium ^ Linn. Cette plante croît dans les Provinces Méridio^ nales de la France , fur les côtes feches & pierreufesj Ses épis font fouvent im peu violets.

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S4 BAR

2.® Barbon hérissé , Andropogom hinum , Lînn* Cette efpece croît dans la Sicile , en Provente . dans TEfpagne & le Portugal. Ses épis font courts , barbus & hériffés,

3.^ Barbon odorant , j4ndtopogon fchcmantus y Linn. C*eft le jmc odorant. Voyez SchÉnante.

4.^ Barbon de Virginie , Andropogon Virginicum , Linn.

5.^ Barbon bicorne , Andropogon bicorne , Linn. C'efl: le cupupéba de Pifon. Cette elpece croît à la Jamaïque , au Bréfil; on la trouve aum en Arabie*

6.^ Barbon CRÊTELÉ , Andropogon barbatum ^ Linn. Cette efpece , qui eft le kouda -pullu , Rheed. Mal. , croît dans les Indes Orientales.

7.^ Barbon MUTIQUÊ , Andropogon muticum ^ Linn. Cette efpece croît au Cap de &)nne-Efpérance,

8.^ Barbon DIGItÉ, Androvogon ifchamumy Linn. Cette plante fe trouve dans les lieux ftériles & pierreux de PEurope auftrale.

9.^ Barbon de Provence , Gramen daBylon

vîlîofum , ramofum , altijjimum , GalloprovinciaU , Tournef. 3 1 1 . On fo^pçonne que c'eft une variété de Telpece précédente.

10.® Barbon fascicule , Andropogon fafcicu-- latum , Linn. Cette efpece croît dans les Indes.

11.^ Barbon a épis nombreux, Andropogon polydaByhn y Ijxin. Cette efpece croît à la Jamaïque.

1 1.^ Barbon a anneaux , Andropogon annulatum , Forsk. Cette efpece croît en Egypte , le long des rives du Nil.

BARBOTE franche. Voyt^ Franche-barbote.

BARBOTINE. Voyci Poudre a vers.

BARBU , Buuo. Genre d'oifeau dont le caraâiere eft d'avoir quatre doigts , deux devant & deux der- rière , le bec un peu convexe en defTous & comprimé par les côtés. On en diftingue plufieurs efpeces , qvvî

toutes ont pour trait fpéçialçmçnt c«:aèénflique ^

BAR 85

une cfpece de barht à la bafe du bec , qui eft cotnpofée de plumes roides comme du crin, & tournées en devant. Ces oifeaux ont les mœurs fanguinaires , à-peu-près comme les pies - gricches , & font propres à l'Ancien Continent : les tamatlas qui ont beaucoup de rapports extérieurs avec les barbus , font d'un na- turel tranquille , qui approche de la ftupidité , &'font propres au Nouveau Continent. Les barbus & les iomatias ayant les ailes fort courtes , ne peuvent four- mr un long vol , & par conféquent , dit M. de Buffbn , n'ont pu paffer d'un Continent à l'autre ; ainu les tamaûas doivent compofer un fous-genre du Barbu.

Barbu ( à gorge jaune ) des Pmlippines , pU ml. 331. Il eft au moins de la groffeur du moineau-franc ; longueur totale eft de cinq pouces trois lignes ; l'envergure de neuf pouces quatre lignes; la queue n'a que quinze lignes de longueur : la partie anté- rieure de la tête eft dans le mâle d'un beau rouge ; une bande de cette même couleur fur la poitrine ; le refte du plumage fupérieiur d'un vert obfcur ; le refte de l'in- férieur jaune , mais d'une teinte foible fur le -ventre , avec des traits d'un vert obfcur ; l'œil eft auffi entoiuré de jaune ; le deffous de la queue d'un cendré-bleu . : les jambes & les pieds jaunâtres ; le bec & les ongles bnins. Il y a le barbu à gorge noire de Tlfle de Lucon. ( Voyage à la Nouv. Guin. ) Le barbu àplajlron noir du Cap de Bonne-Efpérance , //. enl. 688, Jig. i. Le grand barbu de la Chine, //. «2/. 871 ; le vert eft la couleur dominante de fon plumage : cet oifeau a près de onze pouces de long. Le barbu vert de Mahé ; fon bec eft blanchâtre. Voyez pi. enl. 870. Le petit harbu du Sénégal ; fon bec & fes pieds font jaunâtres» Voyez pi. enl. 746 ,/g^. 1. A l'égard du barbu à gros h^y de celui k poitrine noire , de celui à ventre tacheté , de ceux à tête & gorge rouges de Cayenne & de Saint- Dommgue , & du barbu à^s Maynas , Foye^ P article Tamatïa,

F 3

8(5 BAR

Barbu. M. Broujfomt donne ce nom à une efpece

de chitn de mer de la feôion de ceux qui ont une nageoire derrière Vanus , avec les trous des tempes ; mais ce qui diftingue ce barbu , ef't le grand nombre d*appendices

2u'il a fur la partie Inférieure du mufeau. La (lefcrîption e cette efpece , donnée par M. Bronjjonet , eft extraite des manufcrits du Dodleur Solander.

» Sa tête étoit large , aplatie & courte ; Touverture » de la gueule fituée prefque au bout du mufeau ; les v^ dents en forme de lance* , & difpofées en plufieurs ^ rangs : à la partie inférieure du mufeau étoient » plufieurs appendices de différentes forme & longueur ; » il y en avoit une d'un demi-pouce de long , placée » au-devant de chaque narine ; elle étoit diviiee latéra- >> lement en plufieurs autres plus petites ; il y en avoit » cinq autres de chaque côté ; au-deffus de Pangle ^ que formoit l'ouverture de la gueule , elles étoient >► vermiformes , & avoient vm demi-pouce de long : » on en obfervoit encore deux de chaque côté au-delà » de l'angle de l'ouverture de la gueule ; l'antérieure ^f étoit la plus longue & bifide : on en voyoit en outre » deux autres au-delà de celles-ci ; la poftérieure » formoit plufieurs divifions : enfin , entre ces dernières » & les nageoires peôorales , on en trouvoit deux » afliz grandes , divifées fur un de leurs côtés en w lobules obtus ; les trous des tempes étoient grands ; >> les narines placées immédiatement au-devant de » l'ouverture de la gueule ; il y avoit cinq bouton- » nieres ou évents ( expiracula ) de chaque côté ; » l'anus placé au-delà du milieu du corps ; la pre- » miere nageoire doifale à l'aplomb de l'anus ; la M fecohde utuée entre la première & l'aplomb de la y> nageoire de derriére.l'anus : les pedorales plus grandes » que les abdominales ; la nageoire de la queue légé- » rement divifée; la peau recouverte de très-petites ^ écailles , dures , lifTes & luifantes : le corps avoit ^ trois pieds & dexni de long y & il étoit garni taches

BAR sr

)^ de différentes graildeurs , noires ^ platées fafts ordre , » rondes & anguleufes , entourées d'un cercle blan- » châtre , & reffemblant en quelque forte à des yeux. » Cette efpece de chUn de mer a été prife dans la Mer du Sud , fur la Côte de la Nouvelle Hollande , >> dans une Baie que le Capitaine Cook a nommée » Sting Rays^Bay , à caufe de la grande quantité de » Taie$ qu'il y a trouvées «.

M. Broujfonet fait mention d'une autre efpece de chien de mer , qu'il nonune le barbillon : >► Celui-ci ( dit-il ) » eil de la même feftion que le barbu ; mais une w appendice vermiforme à chaque narine forme un » caraâere diftinôif dans l'efpece du barbillon , & lui >> en a fourni le nom. Le barbillon eu de couleiu: » rouffe. Les individus dont la longueur n'excède pas >> un pied, ont fur tout le cOrps de petites tacnes » noires , rondes , qu'on ne retrouve point dans les » gros. Cette efpece de chien de mer fe trouve dans » les Mers d'Amérique «. M.. Broujfonet en a vu plu- sieurs individus qui avoient été péchés aux environs de la Jamaïque ; M. le Chevalier Banks l'a encore vue dans la Mer du Sud , fur la côte de la Nouvelle Hollande. Les plus longs que M. Broujfonet a eu occaiîon d'examiner , avoient un peu plus de cinq pieds; les écailles font larges , aplaties , très-luifantes : comme elles font auffi très - rapprochées ,. notre Obfervateur préfiime qu'on pourroit faire avec leiu-s peaux def- féchées , les plus beaux ouvrages en galluchat ; mais qu'elles prendroient , à la vérité ,. difficilement les couleurs. On voit au Cabinet du Roi un aflez grand nombre d'individus de cette efpece defféchés , d'après lefoiiels M. BrouJJonu a fait la defcription . fuivante , & d'après pKifieurs individus confervés dans la liqueur, & qui fe voient dans la CoUeâioa de M., le Che- valier Banks.

» La tête du chien de mer , appelé le baiiUlon , f ft P. aplatie j le mufeau comrt & obtus ;. !lej. lèvre*

' ^ F X'

88 BAR

^ épaiiTes lur les côtés; les dents en grand nômbt^ ^

^ atongées ^ aiguës &c dilatées à leur bafe ; au-devant

» de chaque narine , une appendice vermiforme ; les

» yeux & les trous des tempes très-petits ; cinq évents

f^ ou boutonnières de chaque côté ^ dont les deux

^ derniers plus rapprochés , fur-tout dans les adultes ^

» femblent n'en teire qu'un feul : les nageoires peâo-

^ raies grandes ; l'anus également diftant du bout du

9f mufeau & du bout de la queue ; les nageoires qui

» l'entoiurent arrondies , &i phis petites que les peâo-

» raies ; la première du dos à l'aplomb des abdominales ;

^ la féconde fituée avant l'aplomb de la nageoire de

» derrière l'anus ; celle-ci efl: petite & très-rapprochée

^ de la queue : la queue forme le quart de la longueur

^ de tout l'animd ; elle eft d'abord divifée en deux

» lobes , & légèrement échancrée vers l'extrémité «.

BARBUE , Ophidium barhatum , Linn. Poiffon du

genre de la Don[elU. Il eft commim dans le Golfe

de Venife ; fa chair eft blanche & ferme ; Bdon

dit qu'elle eft d'un goût très - délicat. Ce poiffon a

beaucoup de rapport, pour la figure, avec VanguilU

& le congre ; mais la barbue a le corps bien plus covui:

à proportion de fon volume , plus comprimé par les

côtés , & d'une couleur plus claire : le dos eu d'une

teinte cendrée ; le milieu des côtés a un éclat argenté ;

la peau a de petites écailles oblongues , étroites ,

éparfes & fans auam ordre ; la gueule eft fpacieufe ;

les mâchoires & le palais font heriffés de très-petites

dents ; la langue eft aiguë ; les yeux font grands ,

recouverts par une membrane commune , tranfpar ente ,

leurs iris argentés. Les quatre barbillons que ce poiffon

a fous la mâchoire inférieure , partent d'un point

commun , & ont un pouce de longueur. De mtême que

VangulUe , la barbue n'a que trois nageoires ; favoir ,

deux pç^orales ; & l'autre fur le dos , à la diftance

de deux';pouces & demi de la tête ; elle fe prolonge

de manière qu'elle fait , fans intemiption , l'office

BAR 89

de nageoire dorfale ; de celles de la queue & de l'anus , elle fe termine à cette dernière partie ; le bord fupérieur de cette nageoire unique , eft noir comme dans le congre.

Fillughby obferveque laveflie aérienne de cepoiflbn^ a le fond percé d'un trou dans lequel s'infère un petit tube fermé feulement par une membrane d*im tiffu lâche & délié ; en forte que quand on comprime, la veflie , Pair entre dans le tube & le diftend : ce même tube eft rempli d'ime liqueur vifqueufe & tranfpa- rente. A la partie oppofée de la veflie , eft un corps dur & glanduleux , femblable à im opercule ; en forte que cette veflie paroît avoir deux prolongemens dan$ la direftion de fon axe.

BARDANE , Glouteron ou Herbe aux 1^1^

Q}^VX ^ Lappa major y arclium Diofcoridis ^ C. B. Pin. 198 ; Perfonoiafeu Lappa major aut Bardana^ J. B. 3, 570; Lappa tomentoja , arSium lappa y linn. 1143* C'eft une plante annuelle qui crQÎt naturellement dans les prairies & fur les chemins , dont la racine eft blanche en dedans & noirâtre en dehors , d'une faveiu: douceâtre , terreufe & un peu auftere ; elle rougit légé- tement le papier bleu. Sa tige eft haute de deux ou trois pieds , épaifle , ftriée , un peu cotonneufe. Les feuilles de la bardant font molles , cordiformes , pétiolées , vertes en-defliis , blanchâtres en-dcflx>us , larges , & longues d'un pied & plus. Ses fleurs , ramaflees en bouquets , font compofées de plufieurs fleurons pur- purins , contenus dans un calice globuleux , compofé d'écaillés imbricées , terminées par un crochet qui s'attache aux habits lorfqu'on en approche. Aux fleurs fuccedent des femences ovales à aigrette.

La racine de cette plante eft regardée comme un excellent fudorifique; fa décoâion eft préférable à celle de la fcorfonere dans les fièvres malignes ; on prétend que fon infiifion a guéri des goutteu^^ : mais elle eft bien délagréable à boire. Les feuilles de

90 BAR

bardant font réfolutives , Vulnéraires , & doivent leur vertii au nitre qu'elles contiennent ; car étant feches ^ fes feuilles fufent fur les charbons* Sa femence un puiffant diurétique. On appelle auffi la bardanc , herbe aux teigneux y parce qu'employée extérieurement elle eft très-utile pour la gale. On fe fervoit autrefois de {ts feuilles pour fe mafquer le vifage , ce qui Pavoit feit nommer perjokata.

Le genre de la bardant a de très -grands rapports avec les chardons. La petite hardane efl le glaiteron^ Yoyez'Ce mot,

BARDEAU. C'eft le nom donné au mulet provenant du cheval & de l'âneffe. Foyei â l'article MuLET* BARDEAUT , en Guienne , eft le bruant. BARGE , Caprkeps aut Limofa. Oifeau aquatique & de paffage , très-commun en Egypte , affez femblable au courlis. Cet oifeau , très-délicat à manger , a vm cri qui imite celui du bouc & de la chèvre. Il vient for nos Cotes en Septembre , & cherche à vivre la nuit dans les marais falugineux , ainfi que font la plu* part des oifeauxr de nuit : comme les becaffes , la barge vit de vers & de vermiffeaux qu'elle tire de la vafe : cet oifeau court très-vite.

M. de Buffon , à l'occafion des barges , obferve que de tous ces êtres légers ( les oifeaux ) , fur lefquels la Nature a répandu tant de vie & de grâces , & qu'elle paroît avoir )etés à travers la grande fcene de fes ouvrages , pour animer le vide de l'efpace & y pro- duire du mouvement ; les oifeaux de marais font ceux qui ont le moins de part à fes dons .... Auam d'eux* n*a les grâces ni la gaieté de nos oifeaux des champs : ils ne favent point , comme ceux-ci , s'amufer , fe réjouir enfemble, ni prendre de doux ébats entre eux fur la terre ou dans l'air ; leur vol n'eft qu'une fuite ^ une traite rapide d'un froid marécage à un autre. . . . Us gifent à terre & fe tiénnenf à l'ombre pendant le jour ; une vUe foible , im natiu:el tixnidè , leur fout

BAR 91

préférer Pobfcurité de la nuit , ou la lueur des cré- pufcules , à la clarté du jour ; & c'efl: moins par les yeux que parle taft, ou par l'odorat, qu'ils cherchent leur nourriture. C'eft ainli que vivent les bécafTes , les bécaffines , les barges , & la plupart des autres oifeaux de marais.

La barge eft d'un genre partiailier ; on en diftingue plufieurs efpeces : leiu* caraâere eft d'avoir quatre doigts , trois devant & un derrière ; le bec eft menu , fort long , plutôt recourbé en haut que droit , & obtus par la pointe.

fl y a la barge griji , pi. enl. 876 ; c'eft la barge ûboytufe , le totàno de^ Vénitiens , le crex de Belon : la barge aux jambes ^ pieds rouges: la barge brune ^ pi. enl. 876 : la barge commune , pi. enl. 874 , fon plumage eft en général d'un brun rouflatre : la barge rouffe , pi. enl. 900 ; elle fe trouve dans le Nord des deiuc Continens ; c'eft le francolin à poitrine rouge d'Edvards , & l'on en diftingue en Amérique une très- grande efpece , pi. enL 916: la barge variée reflemble a la barge grife ou aboyeufe , mais le croupion de celle- ci eft blanc , & fes pieds font gris ; l'autre a le crou- pion brun & les pieds d\m noir verdâtre : la barge^ blanche fe trouve à la Baie d'Hudfon ; Edwards lui domie le nom de francolin blanc.

BARNAQUE. yqye[ Bernacle & Conque ana-

TIFERE.

BARNET. Nom donné par M. Adanfon à une efpece de buccin qui offre une éngularité remarquable. Toutes les vieilles coquilles , dit-on , foit mâles , foit femelles , fe caflent par l'extrémité du fommet , lorfqu'elles ont atteint le nombre d'onze à douze fpires , de manière <ïu'il ne refte que les quatre ou cinq fpires d'en-haut ou de fa bafe. Par quelle mécanique l'animal peut-il procurer cette rupture dans une coquille* operculée , auffi dure & aum épaifle que l'eft celle-ci dans fa vieiUefle ? .

92 BAR

BAROUTOUS. Nom que l'on donne à Cayennc à une tùurttrdU qui y eA aflez commune ; on diroit d'un grand cocoeiin. Voyez ce mot.

BARRAS, yoyei Galipot.

BARRE. Nom donné par les Normands au flot ou flux des eaux de la Seine , lorfque la mer monte, yoyei r article Mer.

Barre ou Barrus aux Indes Orientales , eft IV/e- phant. Voyez ÉLÉPHANT.

BARRÉ 9 (le) Sïlurus fafiiatus , Linn. Poiffon du genre du Silure, Cette efpece fe trouve au Bréfil & à Siuinam : c'eil le myjlus cirris fex , rnaxilld ihfcriGre brevwri , rojlro plagio^plateo , lato , de Gronoviiis. Cet Auteur dit que la tête de ce poiffon eft aplatie en deffus , marquée d'un fiUon longitudinal ; elle eft par- tout de la même largeur que la plus grande de celle du corps ; la gueule eft un peu ouverte & placée fur le deffus du mufeau ; les mâchoires , le palais & le gofier font garnis de petites dents ; la mâchoire lupérieure eft immobile , & beaucoup plus longue que celle de deflbus ; des fix barbillons , deux font beau- coup plus longs que la tête , & fortent de l'angle de la mâchoire inférieure ; les quatre autres , un peu moins longs , font difpofés fur cette même mâciiolre. Les yeux font faillans , arrondis ^ petits , litués iiir le fommet de la tête ; les opercules font dépourvus d'aiguillons ; les lignes latérales font liffes &: relevées à leur naiffance. La première nageoire dorfale eft garnie de fept rayons rameux , excepté le premier qui eft fimple; la féconde dorfale eft petite ; les peâorales ont chacune dix rayons , dont l'antérieur eft roide ; les abdominales font dépourvues d'aiguillons , mais garnies chacune de fix rayons ; celle de l'anus en a treize ou quatorze ; la queue eft très-échancrée , & fon lobe iriférieur bien plus long que celui de deffus. La peau liffe & fans écailles ; la couleur des parties de deffus eft rouflâtre } celle de deffous eft blanchâtre;

BAR BAS 9j

les côtés font panachés de grandes taches d*Un6 teinte fombre , & les nageoires parfemées de taches noires^ Linnaus prétend que le dos eft marqué de bandes blanches fur un fond noir.

BARRELIERE, Foyei à rarticU Bahel-sculli.

BARRIS ou Homme des bois , ou Grand Orang- outang. yoy€[ Homme sauvage , l'anidc Singe & celui <£*Orang-outang.

BARROS. P^oyei Bucaros.

BARTAVELLE. Efpece de perdrix de Savoie & de Grèce. Foye^ à VarticU Perdrix.

BASAAL. Genre de plante à fleurs polypetalées , qui paroît avoir des rapports avec les Antifdcrms ; Voyez u mot. Il y a le bafaal à pétales pointus , Bhud. Mal. ; les Brames l'appellent viUngi ; les Por- tugais , fruita perdrica ; & les HoUandois , fif^inr-beffen. C*cft un arbriiTeau toujours vert ; il croît dans les terres fablonneufes du Malabar , & particulièrement aux environs de Cochin. Sa dxu'ée eft d'environ quinze ans. La décoâion de fes feuilles dans Peau , avec un eu de gingembre , foulage dans les maux de goi^ ; es Naturels frottent le front & les tempes des fré- nétiques avec fes baies rouges , fucculentes & frites dans le beurre ; fes amandes font blanchâtres & efli- mées vermiftiges.

Une autre efpece de bafaal , eft à pétales arrondis. C'eft le tsjcnum-cottam , Rheed. Mal. ; le ramifol des Portugais , & le liis-bcffen des HoUandois. Cet arbrif* feau croît naturellement à la Côte de Malabar.

BASALTE , Bafalui. Ce nom défigne , en Minéra« logie , une efpece de pierre de touche propre à éprou- ver les métaux , & qui fe trouve en Lorraine ^ en Bohême , en Saxe , en Siléfie. C*eft une pierre dure dont Pline a parlé le premier , & qu'il dit fe trouver en Ethiopie (a). Quelques Naturaliftes modernes re-

(«) PltM entend par le nom hâfdlit , la pierre d^Etkiopiê noire & ttès-dare, dont Strapon a vtt des col^n&çi U des aorçrnu d'uno

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gardent comme un hafaltt la fkmeufe pierre de Stolpen en Mifnie , près de Drefde : cette pierre , qui a diverfes configurations & grandeurs , eft en maffes qui fe dé- tachent communément en morceaux de figure carrée. On a aufli trouvé dans le lit du Rhin , proche Bonne , im véritable bafaltt , & nous en avons confervé un bel échantillon dans notre Cabinet : il efl hexagone., Telle eft encore la pierre connue fous le nom de pavi de la chauffée des Géans ^ {bafanos maximus Hibernicus^ ) & que l'on voit dans le Comté d'Antrim , au Nord de rirlande. >

La pofition naturelle des morceaux de cette forte de pierre ou pavi des Gians , offre en cette contrée un fpeftacle digne de l'attention des Nàturaliftes : qu'on fe figure une immenfe quantité de pierres fort obfcures , noirâtres , pefantes , très-dures , affez liflès en leur fur- face extérieure , d une figure prifmatique ou polygone , commimément à cinq pans & quelquefois à fix , à fept, rarement à huit , à neuf, à trois & à quatre pans; chaque pierre ordinairement convexe par une furface & concave par l'autre , très-rarement plane par les deux furfaces : plufieurs de ces pierres de la même configuration ,, empilées perpendiculairement à l'horizon les unes fur les autres , de manière que ce font comme autant d'articulations ç[ui s'emboî- tent , s'engrènent ou fe joignent toujours exafte- ment pour former une colonne. Chaque artiailation eft facile à féparer. Voilà la première. efquifTe de ce phénomène aufli curieux que fmgulier. On re^- cohndît déjà que la nature , la figure & la pofitioh de ces pierres leur donnent un caraâere unique ; main- tenant qu'on fe figure un affemblage^ de plufieurs inlUiers de colonnes angulaires , (on diroit d'un groupe de folides piliers artificiels ) dans ime grande éten-

^paîfleur confîdërablc. D*une feule colonne , TEmpereur Veffaptn fit faire une fiatue entière , avec (eize eufans , qu^il dédia au Nil » 4aas ■Je Temple de la iPaix*

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due de terrain , & qui fait une digue vers TEcoflè ; autre beauté des plus frappantes. Chaque articula- tion ou morceau a environ dix-huit pouces de haut & vingt de. large, &c même plus. Quant à la diffé- rence des figures que Ton obferve entre quelques- unes de ces pierres , ne poim^oit-on pas dire que ceci a dépendu de la différence des milieux, dans lefquels les matières conftituantes fe feront réunies pour s'y criftallifer? Uéquilibie des fluides ou leur agitation, peut-être l'intervention accidentelle de corps étran- gers , auront produit ces différences. Quant à l'efpece d'irrégularité dans les affifes continues &: refpeâives des colonnes , ce fait eft .plus difficile à expliqu€j\. On peut dire feulement qu'elles auront pris leurs hau- teurs par intervalles dans l'eau chargée de la matière du bafaltc; &c comme dans ime même maffe chargée de cn&àxxx de roche ou de fels , il y des criftaux plus gros, plus grands & plus réguliers les uns que les au^ très , il a arriver que les articulations ayant acquis chacune dans la même direâion plus de volimie, les colonnes qui en feront compofées dépafferont les co- lonnes voîfines. La féconde articulation fe fera criflallifée fur la première déjà confolidée; la fuperficie convexe de la première aura donné fon* empreinte en creux dans la ailaffe de celle du deffus , & ainfi de fuite. Cette emlication fuppofe des dépôts affez tranquilles , ou des fluides peu agités : cependant un bon Obfer- vateur très-connu , M. Dcfmarefls , regarde ces criflal- lifations comme le produit des volcans, une matière graniteufe comme vitrifiée ou en fufion; & cette forte de lave , en fe refroidiffant , a fe criflallier , peut-être fe filer , fe fendre, fe divifer en morceaux auffi réguliers : il a trouvé des articulations de bafalu en Auvergne , d'une groffeur énorme , dans des en- droits qui ont autrefois fubi des éruptions & des cataraâes de feux fouterraips. Ce dernier fyflême ne ladfle pas d'avoix dfi3 partifans. M. Defmareds dit çnçojfQ

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que les hafattes articulés ne peuvent être confidéréî comme PdFet de la retraite de la matière de la lave , mais comme celui de la compreffion des boules de lave. Journal dt Phyjiquc^ Juillet & Août lySj. Peut-être ces boules bafaltiques ont-elles été formées ainfi lors de Péniption du volcan; peut-être font-ce des noyaux de prifmes ou de colonnes bafaltiques ufées &: chariées

{>ar l*eau. Revenons à la hauteur des colonnes en rlande ; il y en a depuis trois & quatre pieds^ jufqu'à trente & quarante; on n'en trouve prefque point d'ifo- lées ; elles forment des mafies énormes; la plus grande eft particulièrement appelée la chauffée des geansj l'autre {)orte le nom de jm d^orgue ; celle-ci n'eft compofée que de foixante piliers, tandis que dans celle de la chauffée on en compte plus de trente mille. Dans les baffes marées on obferve que cette chauffée s'avance de cent .tolfes dans la mer, &: il eft probable que fa longueur eft beaucoup plus confîdérable. On effime plus grande largeur à deux cents quarante pieds ^ & fa plus petite à cent vingt. Du côté des terres on trouve plitfieurs de ces colonnes à plufieurs milles à la ronde. On en a découvert auili dans les roches graniteufes des montagnes Euganéennes près Padoue en Italie.

Cette pierre eft ti'un tiffu ferré, feit feu avec le briquet , & prend un beau poli ; elle eft brillante dans fes fraâures; on n'y découvre point de corps étrangers, ni bulles, ni pores; fa duretç la rend difficile à être travaillée ; elle peut fervir de pierre de touche pour effayer les métaux ; elle ne fe calcine pc^nt au feu ordinaire , elle y acquiert une couleur ferrugineufe , & fe convertit , à l'aide de la foude dans un feu vio- lent, en un verre noir. On voit trois beaux mor- ceaux de bafalte d'Irlande dans le Cabinet de Leyde, & fept à huit au pied du grand efcalier du Mufaum à Londres. Fôyt[ ^article Lave , & confului notre Minéralogie & le Supplément du Dictionnaire de Cham*

bers, au mot Giants-Causeway.

Dom

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Dom de Al[au y Ramyns a mandé du Mexico à V Académie Royale des Sciences , qu'on voit dans le domaine royal des mines de Paftucca une montagne formée de pierres taillées de la groffeur & de la figure dont on peut les défirer^ On n'a que la peine de les détacher du monceau. Ces pierres ne font pas rangées horizontalement, mais perpendiculairement % Phorizon; & telle qu'eft une de ces pierres, on peut Être affuré que toutes celles qui font au-deffus ou au- deffous lui reffemblent. Ces pierres paroiffent être encore un bafalte de même nature que celui de la chauflee des Géans. M. Montent a auffi trouvé du hafaUe en Languedoc. Le bafaUe du Nord eft bien différent, Voye^ l'article Pierre de Bafalte.

A l'égard du bafalte de roche , Voyez à l'article ^PUrre de Corne.

BASELLE, Bafella. Genre de plante à fleurs incom<« pietés , de. la famille des Arroches , & qui comprend des herbes exotiques, dont les tiges font grimpantes^ les feuilles fimples-&-^ernes , & Tes fleurs difpofées en épis axillaires qui n'ont aucun éclat. Le fruit eft une lemence recouvette par le calice qui , en groiïiffant, a acqms une confiilance charnue , ëc pris la forme d'une baie.

II y a la Bafdlt à tiges ^un rouge-pourpre , Bafella Tubra , Linn. ; c'eft le gondola rubra , Rumph. Amb. Cette efpece croît dans les Indes Orientales , & on l'y cultive dans les jardins, pour en manger les feuilles cuites en guife d'épinards. Ses baies donnent une belle couleur rouge, en teinture, mais peu durable; La bafelle blanche efl le marafahki de Kâempfer ; cette efpece croît au Japon ,^ns la Chine & au% Moluques : la bafelle à feuiUW en coeur du Malabar : c^Vat â feuilles, luifantes de l'Inde : celle à femlU$ wales ^ rhomboidales du Japon : enfin celle à fruits véficuUux du Pérou ; celle <- ci eft Vanridira d^ Efpagnols.

Tonu lU Q

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BASII^ ^ çpî couronné, Bafilaa coronat^^ 'CorcHA ngalis , lilu-folio crenato^ DiU. i FridUaria, re^a , Linn^ 5on épi de fleur eft denfe , & couronné par un bouquet de feuilles femblables! à celles du bas de la plante , pais petites , & qui a quelque analogie avec la couronne Yanands. Cette plante croît naturellement au Cap de Bonne-Efpçrance ; M. Unnaus la rapporte au genre des Frinllaius i mdis M. ^ iaMarck^ dit que fa racine ed tubéreufe comme celle des ajphodeles.

BASILIC , Ocymum. Plante dqs plus agréables par fa forme élégante , par foh odeur fuave & aroma- tique. Elle eô. indigène aux Indes , en Perfe , à Saint- Doiyiingue : elle s*efl naturalifée en Europe , oîi elle eft aflez comnaun,e : elle croît dans Içs lieux fablonneux ^ incultes. On en connoît de plufieurs fortes , qui croiffent avec ^u fans culture. Il y a le ba/îlic grand ou franc-^bafin 4esjndes & de TA^nérique ; c*eû leyS^Wi- ïirtava , nala-tirtava de Rheçd. Mal. ; Ocymum vulgatius ^ C. B. Pin. 126; Ocymum magnum yT^ern. Icon; 343 ; Ocymum bajilicum , Linn. 833 : le bafiUc moyen & vertj Ocymum médium j le bajilic moyen & violu ; le bafilU petit &C violet ; le bafitic petit & vert , Ocymum minimum , C. B. Piiî. 216, Lmn. 833 : c'eft la petite efpece veru que Ton élevé communément dans des pots, & fes' fteurs font hermaphrodites , chacune a quatre étamines & un piftïl. Les fleurs de ce genre de plante font en verticilles , axillaires., difpofées en épis , fort odorantes ^ variées en couleur fuivant les efpeces ; chacune de ces fleurs en gueule , 1^ lèvre inférieure eft entière , la fupérieure divifée en quatre ; le calice eft à deux lèvres , dit M. Deïm^e, L'efpece de bajîtic dont on fait ufage dans les fauces, eft le bafilic moyen ^ qui s'élevê à la hauteur d'envir^ un demi -pied , & dont les fçuilles reflemblent à celles de la pariétaire. Ces plantes annuelles fleuriflent en Juillet & Août ; Texcellence de leur odeur les a fait noauner bafjlk ^ comme qui diroi^ plante royale.

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JJnnaus fait mention du ba/îlic blanc^ Ocymum album ^ linn. , Mant. 84. Il eft originaire de Java & annuel ; fa tige eft haute d'un pied , verdâtre ; fes feuilles larges d'im pouce ou environ , concaves , nerveufes , glabres , à peine dentées; fes fleurs verticillées , garnies de brac- tées 5 ovales , cordiformes & pointues ; la corolle eft blanche.

On diftingue encore le ^and bafilic fauvage , Clinopo» dium origano Jîmile , elatius , majore folio , C. B. Pin; ai 5 ; & le petit bafilic fauvage , Clinopodium arvmfe , ocymifacie , C. B. Pin. 12 5 ; Acinos midtis , J. B. 3 , 1 59. Le grand bafilic fauvage ^ Clinopodium vulgàre , Linn. 821^' a une tige de deux à trois pieds , fimple , velue , carrée ; fes feuilles font oppofées , pétiolées , ovales , un peu dentées & velues ; fes fleurs font verticillées & termi- nales en tête , garnies de braftées fétacées. Cette plante croît le long des bois.

On diftingue auffi le bafilic des Moines ou le bafilic velu d*Egypte ; le bafilic inodore de PInde : c'eft le fulafii-putiutan de Java.

M. de Prefontairu ( Maifon Ruftique de Cayenne , ) fait mention du bafilic du Para ou baume de Savanne. Cette plante s'élève à deux pieds de hauteur ; fa feuille eft rude & d'un vert-noir ; la fleur eft petite & bleue, \]vi<^ poignée de ce bafilic cuite dans du fort vinaigre , & appliquée fort chaud fur le point de côté , le guérit s'il ne provient que de vents.

Toutes les efpeces de bafilic , dont nous n'avons cité que les plus remarquables , font eftimées cordiales & céphaliques ; deflechées & réduites en poudre , on les mêle avec les autres herbes aromatiques : bien des perfonnes s'accommodent mieux de cette poudre que du tabac , qui leur irrite trop les fibrilles nerveufes la membrane, pituitairé. L'inHifion de cette plante , prifê en guife de thé , eft très-utile pour les douleurs de tèlt. Il y a des Cuifiniers afl!ez habiles pour employer ayçc tant d'art U baJUic , k ferpoUt ^ la farriette ^ iç^

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ihim , & quelques autres herbes aromatiques , que les mets quHÎs préparent avec ces aflaifonnemens , font auffi agréables au goût , que s^ils y employoient les épices des pays étrangers ; auffi ne faut- il pas s'étonner fi quelques Épiciers font aujourd'hui dans Tufage de jfaire entrer dans leur compofition c^épices ces fortes d'aromates indigènes avec les exotiques.

Basilic ( le ) , Lacerta ( bafiUfcus ) caudâ urcd ïongâ , pinnd dorfali radiatâ , occipiu crijiato , Linn. Ce U^iard , qui fe trouve dans l'Amérique Méridionale y êft remarquable par une efpece de crête ou de mem- brane qu'il porte fur l'occiput ; cette crête eft couverte d'écaillés &c s*éleve en forme de cône comprimé ; le dos & la queue font ornés d'une autre crête également élevée , partagée en plufieurs fegmens par des efpeces de rayons , & couverte de petites écailles, Lorfque l'animal eft tranquille fur un arbre , il replie & déve- loppe alternativement cette crête comme un éventail. Ce U[ard eft du quatrième genre.

Des Ecrivains ont donné auffi le nom de bajilic à un animal febuleux , que Ton mettoit au rang des dragons &c des ferpens; y on prétendoit qu'il tiroit fon origine de l'œuf d'un coq ^ & que le feul regard de ce hafilic donnoit la mort. On débitoit fur cela plufieurs autres contes, qui ne méritent point quyon en parle. Nous nous contenterons feulement de dire ici que le ia/ilic que les Charlatans & les Saltimbanques expofent tous les jours avec tant d'appareil aux yeux du Public pour l'attirer & lui en impofer , n'eft qu'une forte de petite raie . qui fe trouve dans la Méditerranée , & qu'on feit deffecher fous la bizarre configuration qu'on lui donne.

BASSE, yoyei à Particle Perche.

BASSET. Nom donné à une race de chiens à jambes jpourtes & baffes. On peut voir à l'article C/uen U% caraâeres & la filiation de cette race. .

BASSOMBE. roye^ Accrus DES Indes,

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BATATTË ou PatatTe. On va réunir dans cet article le topinambour & la pomme de um , parce qu'on ^inguera mieux par oppofition ces plantes , qui toutes foilt originaires de l Amérique , & que quelques Auteiurs ont confondues enfemble , en attribuant ces différens noms à ime feule plantée Cette réunion fera d'autant plus à propos , que ces plantes , dont la grande utilité dépend des racines , demandent à-peu-^ près la même adture»

La baiatte <^ o\\ patiatu ^ Battata^ efl^ dit-on , un convolvtdus dont la tige eft verte & rampante, & pouffe de nouvelles racines chevelues & laiteufes. Ses feuilles font d'un vert clair en-deffus , & un peu blanchâtre en-deffous, le plus fouvent taillées en cœur pointu; fes fleurs font petites , vertes extérieurement & blanches intérieurement , femblables par leur forme à celles du iiferon. A Ces fleurs fuccede un fruit qui renferme de petites graines, La battate fe multiplie par \t$ racines ; il ne s'agit que de les fendre par quartiers & de les tranfplanter , elles reprennent aifément. Suivant des avis reçus de Stockholm , la culture de cette plante , introduite en Suéde par la Comteffe de GarJke , y réuflît parfaitement ; on en feit du pain , de l'amidon , de la poudre , & Ton en tire auflî de l'eau-de-vie. Cette plante n'aime que les pays chaivds : elle vient naturellement entre les deux Tropiques , en Afie , en Afrique & en Amérique r on en active auflli en Efpagne, Sa iracine eft tuberculeufe , plus ronde que longue , d'un jaune plus ou moins rougeâtre. La pataùe cuite dans l'eau ou fous la cendre , a iui.goût approchant de celui du marron. C'eft Vapichu des Péruviens ,. & le maby des Caraïbes : ces peuples appellent canncha fa patatte blanche ; hultromtm , la patatte à mademoifellé ; alaeti , la patatte marbrée ; chimouli , la romilliere ; yahmra , la verte ; hueléche , celle qui eft rouge en dehors , jaune en dedans.

Nicolfon diftingue fix efpeces de patattes ; favoir^

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les pataius blanches à greffes racines , dites à gros bois J les patatus blanches , moins greffes , dites patancsfuif; lespatanes violettes en dehors & en dedans ; les patattcs , jaunes , à feuilles luifantes ; les patattcs d'un jaune £ abricot , dites de Samana. A Saint-Domingue les tiges de cts patattcs fe donnent aux chevaux , & le nomment bois patatte; elles leur tiennent lieu de fourrage; les racines font la nourriture ordinaire des Nègres.

Pomme de Terre.

La Pomme de terre ou Morelle tubéreuse ?&>

ment^ire j Solanum tuberofum efculentum^ C. B. Pin. 167, Linn. 265; Battata Virginiana^ Park. Theat. 1385. Cette plante pouffe, dit M. Lejliboudois ^ une tige groffe comme le pouce , & qui s'élève à deux ou trois pieds de hauteur : elle eft rameufe , anguleufe , ftriée , légèrement velue ; fes feuilles font conjuguées & rangées fur une côte , fans pédicule , de figure oblongue ; fa couleur efl d'un vert trifte, tachetée fouvent d'un point noir-purpurin ; fes grandes feuilles un peu lanu- gineufes & découpées ^ fe trouvent ordinairement au nombre de fept ou neuf, toujours terminées par une impaire plus ample que les autres : dans les inter- valles de ces feuilles , il s'en trouve d'autres plus petites à la côte , qui forment ce que les Botanifles appellent aile. Cette plante a de plus une petite feuille particu- lière que l'on appelle décurrente , ( parce qu'elle règne vaguement le long de la tige , fans pédicule , ) un peu firangée ou repliffée. Ses fleurs , qui paroiffent en Juin & Juillet , fortent par bouquets du fommet des tiges ; elles font compofées d'une feule pièce à cinq angles , formant une rofette un peu pliffée; elles font commu- , nément au nombre de huit , dix , douze , s'ouvrant alternativement, & de couleur blanche-purpurine ou Ç'is de lin , & d'une odeur qui approche de celle du tilleul ; chaque fleur a cinq etamines & un piftil , qui fe raffemblent & forment une forte de bouclier qui

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wne la fleur. Ses fruits font de greffes baies charnues , molles , à-peu-près de la groffeur de nos cerifes , de couleur verte ; elles deviennent jaunes en ihûriffant '^^ même d'un rouge fale , & contiennent une pulpe mucilagineufe , d'un çoùt défagréable , remplies de quantité de petites femences plates. Cette plante poufle en terre vers fon pied trente ou quarante racines tubê- reufes , de différentes groffeurs ^ irrégulieres , qui xeffemblent en quelque façon à un rognon de veau d'où partent les tiges & les petites racines blanches &. chevelues : il y a de ces . tubercides longs , oblongs y quelcpiefois gros comme le poing , & qui pefent jufqu'à huit & douze onces ;^ il s'en trouve de diffé- rentes couleurs , blanchâtres , jaunes , gris , couleur de^ chair , rouges , purpurins :. ces derniers font les plus communs.. Lorfqu'on les tire de la terre , on les voit garnis , outre leur pelHcule , de petits nœuds ou mame- lons qui annoncent les germes d'autres plantes toutes, prêtes à fe développer , fi on les remettoit en terre.

Cette plante aime les pays froids, une terre meublé & un peu humide, A force de la cultiver , on parvient Bientôt à des variétés qui pourroient paffer ( mais mal- à-propos ) pour de^ efpeces originaires. Cette plante eu originaire du Chily , oii les Naturels l'appellent gapas : racine leur fert de pain ; ils la mangent bouillie ou rôtie , & ne la confervent qu'après l'avoir €xpofée au foleil ou à la gelée. On verra par ce qui fiiit, cjfxehi pomme de terre dk peut-être le meilleur pré- fent que nous ait fait le Noûvcau-Monde. C'eft k. Kartoffd des Allemands (<z)..

(«) M. Domhayz ictit à M. ÙUcliefnt k VtrU ,. une Lettre datée de tîmt le 20 Mal 1779: en Yoici l'extrait : >* Les Péruviens , detenips inunëmorial ». n- ont (a Ce préferver de toute efpece de difette Si de famine , par la culture de cette plante, qui, avec le maïs,eR. leur unique nourriture. Comme M cette denrée eft fufceptible de la pourriture , les Péruviens ont obvié M à cet inconvénient par deux manières (impies de les préparer. Ces. Peuples fobres ehtr\eprennent les pTu$ grands voyages à pied avec ùik »>bavxerac plein de pomuus de térrc deflécttét^ le an' peu de mdu <§J?t[%.

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On doit ètxt iuipris que ce n'ait été qu*au com- mencement du dix-ieptieme fiede , long-temps aprè^ via découverte de l'Amérique , que les Européens ont penfé à en faire ufage. Les Irlandois commencèrent les

firenûers cette culture. La Bretagne eft, après l'Irlande, 'iendroit elle croît le mieux. De l'Irlande , la cul- ture de cette plante a paffé bientôt en Angleterre , de fucceffivenïent en Flandres , en Picardie , en Franche- Comté, en AMace , en Bourgogne , en Languedoc & daiK d'autres endroits de la France ; enfin en Suiffe , depuis vingt-cinq à trente ans la culture s'en eft tellement accrue dans les champs , que cette manne fiait en hiver |a nourriture du peuple, fur-tout des enfans, qui, comme l'on fait, ne deviennent pas des hommes moins robuftes que nos François nourris avec le plus beau froment.

La culture de la pomme de une n'a pas été traitée jufqu'à préfent avec autant de foin qu'elle le méri- toit. Elle eft digne d'attirer l'attention du gouver* nement & de chacun de nos Cultivateurs modernes, fur-tout fi l'on feit réflexion à la grande utilité dont éBe peut être en cas de difette; & avec d'autant plus de raifon, qu'un petit efpace de terrain peut fufHre pour produire la nourriture d'une famille con- fidérable; car par la culture dont on parlera plus bas, un arpent de terre qui produiroit douze quin- taux de froment, en rapporteroit deux cents à& pommes

M mâchent continuellement : ta première préparation nommée par les .M VétMyitTi^, papa fica ^ con(ifte à faire cuire Xapomnu de terrt dans Teau^ on la pete » on Texpcfe enfuite au ferein , puis au foleil , îufqu'à ce qu'elle Toit feche ; dans cet état, elle peut fe conferver phifîeurs fîedes , M en la garantiiTant de Phumidité. Dans le pays on en fait une grande M confommation , mélangée avec d'autres alimens. L'autre préparation eft « appelée chunno : on fait geler la pomm€ de terre , on la foute enfuite M aux pieds pour lui faire quitter la peau : aînfi préparée » tes Péruviens »» la mettent dans un creux d'eau courante , & la cfi argent de pierres ; quinze é¥ ou vingt jours après» ils la fortent de feau, & rexpofent au ferein & »> au foleil jufqu'à ce qu'elle foit feche. Ces Peuples en font des efpeces M dt confitures , une farine pour lu convalefcens. &bi mélangent arcc m prefque tous leurs sacts «^

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ik eerrt. Dans les cas même d'abondance de grains , cette plante 9 tant par fes tiges que par fes racmes , four- nira une excellente nourriture à nos animaux domei^ tiques. La culture en feroit beaucoup plus lucrative que celle des menus grains; d'autant mieux que^ lorfque les chevaux y font habitués, ils mangent la pomme dt ttrrt avec le même plaifir que \avoinu Cet aliment étant cru paroît un peu acre, & étant cuit im peu £ïde ; mais des pèrfonnes qui ne deman* dent qu'à fe fubftanter, s'y accoutument bientôt, avec d'autant plus de ^cilité, qu'il n'eft point mal- &i{ànt Des Sybarites reprochent à la pomme de terre d'être venteufe; mais qu'eft-ce que des vents pour les organe^ ^goureux des Payfans & des Manœu- vres ? On peut faire manger généralement à toutes fortes de volailles les pommes de terre cuites; on peut de même les &ire cuire pour commencer à y habituer les bœufs, vaches, chevaux, moutons & cochons; enfuite ils en viennent à les manger toutes crues.

Après avoir labouré la terre, on doit fonger, à la mi de Février ou au commencement de Mars, iliivant que la faifon eft précoce, à femer les pommes de terre. On met les petites tout entières à deux pieds les unes des autres : on peut couper les groffes pommes ( racines ) par tranches ; car il fuffit qu'il y ait fur chaame de ces* tranches im ou deux yeux f germes ) pour qu'elles puiffent pouffer. ( M. Bourgeois dit que les Cultivateurs ont cependant obfervé que les pommes de terre qu'on coupe par tranches , & les petites qu'on planta, ne viennent jamais auffi groffes que Icnciqu'on fait un choix des plus belles & des plus groffes pour les planter; d'ailleurs elles produi- xtnt moins de pommes latérales , & la récolte en >efl: beai)coup moins abondante )• On peut faire cet enfemen- cement en fe fervant d'une charrue qui trace les rigoles , à laquelle eft attachée une trémie, d'où fortent les

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tronçons de pomme de une , qui fur le chaïap font recouverts par un râteau qui eft attaché à la charrue; autant de germes qui fe trouvent dans cha-^ que tronçon, ne tardent pas à fe montrer par une petite pointe blanche, rouge, purpurine, qui eft le

f)rincipe de la plante. A mefure qu'elle s'élève on 'entoure de nouvelle terre , afin de la foutenir & de faire multiplier les racines; par ce moyen on s'affure d'une plus grande récolte ordinairement affez conii- dérable ; quelque temps qu'il faffe on ne la voit jamais manquer entièrement. Vers le mois d'Août, on peut faucher le feuillage, que les beftiaux nixangent très-- bien en vert; & en automne, même dans prefque tout le coiurs de l'hiver, on peut récolter les pommes de terre.

Suivant un Cultivateur zélé , ( Voyez le Joum. Econ^ /yôi. ) la pommz dt^ terre eft nourriffante , légère &. tempérante : elle tient le ventre libre; elle efl; un: excellent anti-fcorbutique. Les Ànglois la cultivent avec foin dans toutes leurs Colonies, notamment à Sainte-Hélène , & la préfèrent à toutes les autres racines qui* y croiffent. Nous avons dit ci-deffus que quand les hommes fe font accoutumés à cette nour^- riture, elle plaît au goût, fur-tout fi on fait cuire^ ces pommes avec un peu de lard. On peut retirer,, dit M. Duhamel^ de la pomme de terre ^ une farine- très-blanche , laquelle , inêlée avec celle du froment y, fait d'affez bon pain. J'en ai mangé, dit-il, it n'étoit entré de farine de froment, que ce qui avoit été neceffaire ppur faire lever la pôte. M.MuJlel^ Che— valier de Saint -Louis , a préfenté , en 1770 , à la: Société Royale d'Agricul^re de Paris du pain fait avec moitié farine de froment , & moitié rarine de pomme de terre : nous goûtâmes ce pain , qui fut trouvé très - bon & fans fadeur. Le même citoyen, fit goûter du pain il n'étoit entré que très- peu de froment , & il fut trouvé excellente CeU

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ufage de la pomme de une eft fans contredit le plus utile : il eft facile d'y réuflir en fuivant la méthode imaginée par M. Mujlel. On fe fert pour cela d'une elpece de varlope renverfée , en un mot femblable à celle des Tonneliers ; on promené fur la longueiur <ie cette varlope, garnie de fon fer, une efpece de petit coffre fans fond & rempli à-peu-près aux trois quarts de pommes de terre , que Pon a pelées aupara- vant; ces pommes font recouvertes d'une planche qui f)uifle facilement entrer dans l'intérieur du coffre ; on met un poids quelconque fur cette planche , afin de la charger & de la faire pefer fur les pommes : la

nche doit être percée de plufieurs trous, qui snt un paftage à l'eau que l'on verfe de temps en temps pour raciliter l'opération : à l'aide des deux mains , on fait aller & venir fur la varlope le coffre garni de pommes de terre; ce qui s'en trouve râpé â chaque coup de main, tombe par la lumière de la varlope, en \me bouillie que reçoit un vafe placé defTous.

En veut-on faire du pain , on incorpore cette bouillie avec telle quantité que l'on veut de ferine de froment ou de feigle , &c. Quelques pcrfonnes , pour manger les pommes dt urre ,ife contentent de les faire cuire fous la cendre , puis on enlevé leur pellicule , & on accommode la chair pulpeufe coupée par tranches , en la manière des culs d'artichauts , &c. On en retire auflî une fécule qui produit une efpece d'amidon , &c.

M. Mujlel obferve que les terres qu'on laifTe en jachère peuvent être employées à la culture des pom-- mes de urre : elle améliorera celle du blé j & même la terre déjà bien difpofée par le remuage qu'on eft obligé de faire pour leur récolte , n'exigera qu'un labour. Que d'avantages réunis ! Maintenant on peut confulter V Examen chimique des pommes de terre , & les divers Mémoires fur cette plante , par un vertueux & favapt citoyen , M. ParmmtUr-y Apothicaire Major des Inva-

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lides. Heureux celui qui confacte fes (ueuirs au bîerf de l'Etat & au bonheur de l'humanité ! Coiifultez âufS les Obfervations fur ce végétal , par M, Ltjliboudois , Joum. de Phyjîquc iyy4*

Topinambour.

Le TOPINAMB OUR , Corona folis pafvojlore , tuhcrosâ radice , Tourn. Inft. 489 ; Baetatas de Canada , Parle. 1383 ; Hdianthus tuberofus , Linn. 1178 ; c'eft le gnmdbim des Allemands ; V artichaut de terre ; la poire de terre ; la turatoujU. C'eft une plante dont la tige efl: affez groffe , & s'élève à la hauteur de cinq à fix pieds , quelquefois plus. Son écorce eft verte , rude au tou- cher ; fes feuilles , qui ont plufieurs nervures , font larges vers la queue , & fe terminent en pointe. Sur le haut des tiges font des fleurs radiées , comme nos foleils vivaces de jardin , mais plus petites. Ses racines font de gros tubercules verdâtres , qui tiennent fou- vent de la figure de nos poires ; mais quelquefois de forme irréguliere. Ces tubercules pouflent en telle abondance , que fix pieds en carré peuvent en donner trois à quatre boiffeaux.

Cette plante eft originaire de l'Amérique Septen- trionale , & naturelle à la Nouvelle-Angleterre : elle porte rarement graine en France , quoiqu'elle y fleiir- riffe ; mais elle le multiplie par fes racines , & fa cul- tiu*e eft la même que celle de la pomme de terre : on dit qu'on pourroit préparer fon écorce comme celle du chanvre. Les beffiaux en mangent bien les feuilles^; les vers à foie pourroient même s'en nourrir. On peut feire dès mèches avec la moelle des tiges , comme on en fait avec celle des rameaux du fureau. On mange quelquefois fes tubercules cuits à la manière des artichauts.

BATAULE. f^oyei Beurre de Bambuck.

BATIS maritime , Bâtis maritima ^ Linn. ; KaR fru" dcofum conifèrum , Jlore albo y Sloan. Petit arbriffeau

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^mii croit à la Jamaïque &C aux Antilles , dans les lieux Mlés & voifins de la mer. Les jeunes ranteaux font verts & tétragones , munis de quatre filions & oppofés. Ses feuilles font courtes , convexes fur le dos , un peu aplaties en deffus , charnues & fucculentes comme celles de certaines foudes. Ses fleurs font incom- plètes , dioïques , fort petites , & viennent fur des chatons axillaires ; les fruits font des baies unilocu- laires , qui renferment chacune quatre femences trian- gulaires & pointues.

BATRACHITE. Foyei Brontias.

BATTAJASSE , Battelessive ou Battequeue^ \royei Lavandière.

BAVANG , AUiaria^ Rumph.; Maliact cajurbawang. CTeft un grand arbre des Moluques , très-remarquable par Podeur d'ail qu'exhalent prefque toutes fes parties» Ses feuilles ont un côté plus large que l'autre ; fes fruits font des noix piriformes , verdâtres en dehors , & qui , fous une coque d'un rouge de fang , renfer- ment un noyau dont l'amande peut fe dîvifer en trois à cinq parties. On fe fervoit autrefois , à Amboine, de ces .fruits pour affaifonner les alimens en guife d'ail & d'oignon , qui fortt maintenant en ufage depuis qu'on les y a tranfportés de Java & des autres Régions de Wnde. Le bavang femble avoir des raj^rts avec les crotons. ( EncycL Métk. )

BAUBIS. Efpece de chien Anglois , qui fe plaît à chafler le renard , le fanglier , & autres bêtes d'une odeur forte. Les haubis ont le nez dur , & font domme des barbets à demi-poil , plus longs & plus bas de terre <jue les autres chiens. Voyt^ Chien.

BAUD. Nom donné à une race de chiens courans qui, viennent de Barbarie. Us font propres à la chafle du cerf: la plupart font blancs & d'une feide couleiu*. On les appelle auffi thUns muets , parce qu'ils ceffent d'aboyer quand le jcerf vient au change.

BAUDIR les chiens, en termes chafle, c'efl: les cxciten Foy, Chien,

iio B A U

BAUDET, royei Ane.

BAUDROIE , Lophius , Lînn. Nom d*un genre poiffons à nageoires cartilagineufes , & qiii ont un évent près des ouïes. 11 y a :

La grande Baudroie , Lophius pifcatonus , Linn. ; Rana pifcatrix , ( marina ) Belon ; en Italie , Marina pefcatore & Diavolo-di-marc , c'eft le g^alanga de Ronde- let ; Pefcheuau à Montpellier. Ce poiflbn eft conunun f>rès de la côte de Gênes ; mais il fe trouve auiïi dans a Manche & dans l'Océan. Willughby dit que fa chair eft blanche & d'un goût femblable à celui de la gre- nouille de marais. RondtUt dit qu elle eft molle, de mauvais goût & facile à digérer.

La forme de ce poifîbn fingulier a du rapport avec celle d'im têtard , & cette reSemblance , jointe à fbn adreflie pour pêcher , lui a fait donner le nom de grenoidlk pêcheufc. Le volume de fa tête égale ou même fvupaffe celui de fon corps; elle eft dune figure cir- ailaire. L'ouverture de la gueule eft très-fpacieufe ^ & la mâchoire de deffous depaffe celle de deflus , ce qui fait que ce poiffon a toujours la gueule ouverte en partie ; les mâchoires , & fur-tout l'inférieure , font armées de dents longues , aiguës & ferrées , dont plu- fieurs font mobiles ; le palais & la bafe de la langue offrent auffi des df nts. Dans la gueule fous l'angle de la mâchoire fupérieure , eft un large trou , avec ime cavité fituée vers le cerveau , que JFillughby foup-- çonne faire la fonûion de narine ; il y a auffi deux rangées de chacune huit dents , qui partent des angles de^ ce trou ; la langue eft grande & large. Les yeux peu faillarfs , & fitués fur la partie lupérieure du corps ; les iris font blancs. Il y a quelques rides qui vont des yeux vers la gueule.

Sur la tête font deux rayons mobiles au gré de l'ani- mal y longs d'environ un pied ; on prétend que la baudroie s'en fert comme de lignes pour pêcher les autres poiftbns qui viennent ea mordre l'extrémité^

R A U fit

& qu?ll recourbe alors ces mêmes rayons vers fa gueule pour y feire tomber fa proie. Vers le milieu dii dos font trois rayons moins longs que les précédens, Au- defliis des deux côtés de la mâchoire fupérieure fe trouvent deux fortes épines, A l'entour & au-deffus des yeux paroifTent des tubercules épineux; la nageoire demie eft placée près de la queue , & garnie de dix rayons ; le dos en brunâtre ou verdâtre , avec une teinte de rouge , parfemée de taches blanches ; la

3ueue affez. ample, n'eft pQint fourchue, & les rayons ont elle eft garnie font ramifiés. Les rayons de toutes les nageoires dépaffent les membranes qui les- réuniffent. Les nageoires peâorales font placées fous la gorge , voifines l'une de l'autre , & diviiées en cinq rayons ou efpeces de doigts, ( Belon a comparé ces nageoires à des efpeces de pieds femblables à ceux de la grenouille, & prétend que la baudroie s*en fert pour mar- cher au fond de Peau, ) Les nageoires abdominales font fituées vers les bords latéraux du corps , chacune con- tient vingt rayons ; l'extrémité de ces nageoires, ainfi* que celle de la queue , eft d'une couleur noire ; fous ces mêmes nageoires du ventre font deux grands trous , au fond defquels fe trouvent les ouïes. Le corps de ce poiffon eft entouré dans fes bords d'appendices char- nues , difpofées par intervalles. Nous avons vu plu- fieurs de ces poiffons , au fortir de la mer , dont l'un avoit plus de quatre pieds & demi de long ; fa plus »ande largeur étoit d'environ deux pieds , lur un pied d'épaifleur. On trouve dans le Journal de Médecine , (Janvier 1765 ) la defcription & la figure de deux, dMbles de mer , échoués fur le fable dans la Rade de Breft , en 1 764 : l'un d'eux avoit dans fon eftomac, un petit chien de mer de la longueur du bras, & une anguille de mer ; ce fait prouve la voracité de la grande baudroie.

Comme la figure de ce poiffon a quelque chofe de nonftrueuxp quelques-un^ Vont notamé diable de mer y

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en effet , fa figure hideufe , fon regard de côte , fa ^eule énorme , tout répoqd aflez à Tidée fentaftique que l'on s'eft formée de l'être mal-faifant , furnommé le Prince des ténèbres , ( le Diable. ) Des perfonnes fe font im amufement puéril , de produire , à l'aide du corps de ce poiffon mort , une illufion effrayante , en lui introduilant une bougie allumée dans le ccnps , après en avoir retiré les entrailles , & en Texpoiant ainfi comme un fpeâre dans l'obfcurité.

Baudroie tachée , Lophius hiflrio , Linn. ; Gua^ ptTva Brajilimjibus , Willug. , Marcg. ; Pifcis Brafilienjîs comutus , Petiv. Gaz. Cette efpece , dit Linnaus , fe trouve dans l'Océan , parmi les fucus qui flottent fur Peau. Lorfque ce poiffon nage il étend fes nageoires en même temps qu'il enfle fon corps , qui prend à-peu- près la forme d'un ballon. Il fe nourrit de fquiÙes ; la chair ne fe manee point. Selon Willughby , fa gueule étant ouverte , imite à-peu-prcs celle jd'un chien. S^ dents font très-petites ; fes yeux ont à peine la grof* feur d'un grain de millet ; ils font d'un bleu de tur- quoife. Sur le front eft une petite corne qui ie redreffe vers l'arriére , & devant cette corne eft un fil délié ^ mobile au gré de l'animal , long d'un pouce , dirigé en avant & terminé par une petite appendice. La nageoire dorfale longue d'un pouce , ainfi que celles de l'anus ^ de la queue ; les deux peâorales très-petites. Vers le milieu du corps , il fort de chaque côté une efpece de bras , termine par une nageoire longue de huit lignes , fur autant de largeur ; cette nageoire renferme huit petits rayons divergens , épineux & faillans j chaque bras eu compofé d'une feule articulation, & fe recourbe vers la partie antérieure du corps. Ce poiffon n'a point d'ouïes ; fa peau eu fans écailles ^ molle à l'endroit du ventre , & par-tout ailleurs rude ani toucher. Ce poiffon a environ quatre pouces de lon- gueur, fur fix d'epaîffeur ; la couleur eft d'un rouge-bnm> avec des taches noires ondées ^ éparfcs fur tout le corps.

B A U iiy

Une troîfîeme efpece du genre de la baudroie porte ie nom Cïïauve-souris (poiiTon). Foye^ ce mot.

BAUDRUCHE. Nom donné à la pellicule d'un boyau de bœuf apprêtée , dont les Batteurs d*or fe fervent pour étendre l'or , &c. f^oye^ à la fuite de rhiftoirc du TAUREAU.

BAVEUSE , Blennius photis , Lînn, ; Bavofa , à livourne ; Galcto , fur les Côtes de Cornouailles ; en Angleterre , Mulgranoc 6c Bulcard. Poiffon du genre du Blmne ; il fe tient dans les cavités des rochers , ce qui lui a fait donner par pkifieurs Naturaliftes le nom de ptTct'pitrre. On le trouve fréquemment dans la Méditerranée , fur-tout près d'Antibes , & dans l'Océan. On dit qu'il mord quelquefois la main des Pêcheurs , mais que cette morlure n'eft point dangereufe ; retiré de l'eau , il vit encore pendant plufieurs heures. Sa chair n'eft pas un mets très-eftimé. Le nom de baveufe a été donné à ce poiffon à caufe du fuc muqueux ,' ou de l'efpece de bave gluante dont tout fon corps eft enduit ; il a plus de facilité à i^ager , à l'aide de cette (Miéhiofité qui rend fa furface gliuante.

Ce poiffon a la tête comprimée latéralement ,amîncîe en forme de tranchant par fon bord fupérieur ; les yeux petits , recouverts d'une menirane ; les iris blancs miés de rouge ; la gueule médiocrement fendue ; la mâchoire de deffus plus longue que l'inférieure ; les dents difpofées dans un ordre régulier ; un enfonce- ment entre la tête & le corps femble former un cou à ce poiffon ; les opercules des ouïes font réunies & forment ime membrane continue. Gronovius a obfervé autour des narines plufieurs barbillons courts , fem- blables à des poils foyeux. La nageoire dorfale eft fort étendue , & garnie de trente-deux rayons ; celle de l'anus en a vingt-huit ; la queue bien déployée eft de forme circulaire* La veffie aérienne eft adhérente au dos. La couleur de la baveufe varie beaucoup ; il y en a qui font olivâtres , d'autres ont fur les côtés , Tome 11^ H

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fur le dos & fur la nageoire dorfale , des bandes tranlr verfales d'un bleu clair , qui font un effet agréable ; celles du dos ont leurs interftices d'une couleur qui , félon Texpreffion de WiUughby , imite celle des feuilles de vigne defféchées ; d'autres individus ont deux bandes de cette même couleur , & une jaunâtre , fur la lon- gueur du dos : il y a auffi entre les yeux de petites bandes brunes qui aboutiffent à trois autres bandes azurées. Le ventre eft blanchâtre.

BAUGE , Apri volutabrum. Les Chaffeurs donnent ce nom au lit du fanglier , qui eft ordinairement dans l'endroit de la forêt le plus fort & le plus fourré , fur un tas de feuilles feches. F(^c[ Sanglier.

BAUHINE , Bauhinia. Genre de plante à fleurs po- lypétalées , de la famille des Légumineufcs , qui a des rapports avec les cajjes & le courbaril , & qui comprend des arbres & des arbriffeaux remarquables par leurs feuilles , qui font toujours partagées en deux lobes plus ou moins profonds : les fruits font des gouffes affez longues , communément comprimées , unilocu- laires , & qui contiennent plufieurs femences aplaties , réniformes ou elliptiques.

Il y a douze efpeces de ce genre : favoîr , la bauhinc grimpante ; c'eft le Naga^ma-^valli ^ Rheed. Mal. La iauhine à fleurs pourprées , celle à fleurs couleur de rofe & panachées de jaune & de pourpre , celle à feuilles cotonneufes ; les Indiens fe fervent de fes fleurs , qui font d'un blanc jaunâtre , pour parer leurs idoles ; la bauhins à fleurs en grappe , celle à feuilles un peu pubefcentes en deflbus , & dont les deux lobes font acuminés ; c'eft le Fdutta^mandaru , Rheed. Mal. Toutes ces efpeces croiflent- dans, les Indes , notam- ment au Malabar, dans les Moluquès. Il y a la bauhine à feuilles d'un bnm - rouflâtre d'Afrique : les autres efpeces font de l'Amérique Méridionale , telles que la batihiTu à ti^e & rameaux épineux ; celle dont les deux lobes des feuilles font pointus & divergens; celle à

B A U M,

lobes dtôîis ; celle à feuilles glabfeâ ; celle de la Guiane ^ appelée Atimouta à feuilles dorées»

BA VION des Allemands» C'eft le Babouin. royef(. ce mot.

BAUME , Balfamum. On ne donnoit autrefois ce nom qu'à Parbre d'oîi découle le haume^ nommé en latin opobalfamum , dont on veJrra Phiftoire au mot Baume de Judée , jointe à la defcription de Tarbre d'oîi découle cette liqueur balfamique & réfineufe. On appelle en latin cet srhre y ialjhmum verum. Main- tenant le mot Baume eft devenu un nom générique , fous lequel on comprend non-feulement le baume de Judée ) opobalfamum , mais auffi tous les fucs réfineux , balfamiques , foit defféchés ^ foit liquides > plus com- munément fluides ou moUaffes y & qui approchent ^ par leur odeur ou par leur vertu , du baume de Judée^^ Tels font les baumes de Copàhu , de Tolu , du Pérou , du Canada , même la térébenthine vulgaire ^ &Cé

On comprend auffi fous le nom de baume ^ leâ liqueurs fpiritueufes faites par Part , dont les vertus font vulnéraires , & dans lefquelles il entre des liqueurs balfamiques , telles que font le baume vulnéraire de Fioravemi & autres , dont la recette fe trouve dans tous les Difpenfaires de Pharmacie. Les Charlatans n'ont pas niianqué d'appliquer à leurs remèdes le nom de baume ^ auquel eft attachée Pidé^d'un re- mède excellent. Le baume naturel n'eft qu'une fub- ftance réfineufe , huileufe , odoriférante , provenant des incifions faites à certaines plantes ou arbres : les réfines ne font en quelque forte que des baumes def- féchés ; cependant l'analyfe chimique , dit M. Mefai[e , Apothicaire à Rouen , donne dans les baumes des fels volatils , & les réfines n'en fourniflent jamais. Voye^

RÉSINE.

Baumê de l^ Amérique ^ ou Baume de Cartha- GENE, f^oyei Baume de Tolu. Baume du Brésil. Voyei Baume de Copahv» ^

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ïiiî B A U

Baume de Calàb a. Foyci à P article Baume vert.^ *

Baume du Canada , Balfamum Canadmfe. C'eft une f éfine plus ou moins liquide > très-limpide , prefque fans couleiu- & fans odeur , mais d'un goût de téré- benthine la plus agréabk , ne caufant aucune naufée : on s en fert intérieurement , & de préférence à toutes autres fortes de térébenthines , dpnt elle eft une efpece. Des perfonne^ , attaquées d'abcès internes , en prennent à la dofe <le deux gros , foit dans le bouillon , foit avec l'huile d'amandes douces , ou plus ordinairement incor- porés avec un jaune d'œuf. Cett« térébenthine , ainfi nommée baume , à caufe de fes bons efïets , découle d'une forte de Japin appelée finette , fort femblable à la pejje , par fon port , & qui croît àms le Canada & dans la Virginie. On a donné , dans le conunerce , le nom de baume dur , fapinette de Québec , ou de rifinc epinette du Canada , à cette même térébenthine épaime , parce qu'elle découle d'une forte de fapin de Canada , abies Canadenjîs , dont les feuilles font rangées en ma- nière de dents de peignes <Hi de touches £ipimtu^ Voyez à V article Sapin,

Baume a Cochon, ou Sucrier de Montagne,

'Terebinthus betuUe cortice , P. PLUMIER. C eft une li<pieur réfineufe d'une couleur & d'une confiftance femblables à celle du baume de Copaku ; elle en a aufli un peu l'odeur ôe^a faveur. En vieilliffant ^ le baume fucrier rougit un peu. On l'eftime un excellent vulnéraire ap- pliqué fur les plaies , & pris intérieurement pour les maladies de poitrine. Du temps des premiers Naviga- teurs , lors de la découverte de l'Amérique , croît le fucrier de montagne , ce haumc , d'une odeur forte & aromatique , y étoit déjà d'un grand ufage; on le tire par încifion faite à l'écorce d'un arbre qui porte le même nom. On prétend que les cochons marrons , lorsqu'ils ont été bleffés par les Chafleurs , vont fe frotter contre l'arbre pour s'oindre du baume qui en tranffude , & que de

cil venu le nom baume à cochon , & à Taibre , celui

B A U . «i/

de hois à cochon. On l*a appelé auffi fucrîcr de mon^ tagne , parce qii'oii fait avec le bois de l'arbre les douves des tonneaux à fucre-cafïbnade. On trouve fréquemment cet arbre dans les mornes , à Saint-Domingue & dans quelques autres Mes de TAmérique»

L'arbre du bois à cochon eft tres-élevé ; on en voit monter jufqu'à cinquante & même foixante pieds : fori tronc , alors , a quatre à cinq pieds de circonférence. Sa première écorce eft grifôtre , unie ; l'enveloppe cellulaire , verdâtre , comme gommeufe ; le liber rouge & gommeux aiiffi ; le bois folide , rougeâtre, fendant? iès feuilles ovales , terminées au fommet par une pointe alongée , fans denteliu:e , minces luifantes ,' ondées , d'un vert mêlé de jaune , longues de cincj à fix pouces fur trois de largeiu* ., rangées par paire^ fur une côte qui eft toujours terminée par ime feuille impaire. Ses fleurs naiffent par grappe aux extré* mités des ranrilles : elles font blanches & fe changent en lui fruit aufli en grappe ^ gros comme une petite noix , divifé en deiix ou trois parties , couvert d'ime: écorce verte , coriace , qui renferme une pulpe blan-; che , charnue ,. fucrée ^ d'une odeiu* aromatique ; chaque divifion contient un noyau aplati , ligneux ,' qui renferme une amande amere & onâueule. Dti bois de cet arf>xe , on en feit du merrain & des effentes J On tire de fes amandes une huile aromatique , qu'on eftime beaucoup pour les maladies de la poitrine.

Baume de Copahu ou Huile. Cqpau , Malfa^'- mum BrafiUmfc aût Copdhci^, Il y en. a de deux efpeces ^ dont l'une eft un fuc réiineux , de la confiftance de l'huile j lorfqu'il eft récent y mais qui devient tenace avec le temps.^ D; eft d'uii blanc-jaimâtre , d'un goût amer y acre >. & d une odeiir aromatique : c'eft le plus agréable & plus eftimé. L'autre , qui a la confif- tance du miel , & une odeur pénétrante , approchante de celle de térébenthine , eft chargée d'im peu de liqueur

trouble > ôc eft ipctmt dçs ram^âvu 6c de l'écorce dq^

ïi^ B A XJ

l'arbre par décoûîon. On le vendoit , îl y a qiielqités années , fous le nom de baume Malpcyr ou Malpain , du nom d un Epicier de Paris qui en faifoit un gros débit, La première efpece , au contraire , découle par incifion , quelquefois à la dofe de douze livres dans rintervalle de trois heures , lorfque le temps eft favo- rable , du tronc de Tarbre Copahu. Il faut que Pinci- fion foit profonde , perpendiculaire , & de lix à fept pouces de longueur ; on glifle enfidte dans cette fente im morceau de calebaffe , pour diriger VhuiU balfa^ mique & la faire tomber dans une calebaffe entière. Cette incifion étant couverte auflî-tôt que l'écoule- ment ceffe , avec de la ciré ou de l'argile , elle répand encore fa liqueur réfineufe en affez grande quantité , une quinzaine de jours après. On fait Tincifion en Mars ou en Septembre,

Cet arbre doublement ntlle , dont Marcgrave ( Z)^/^ cript. du Brijil , in-foL 1 648 ) donne l'hifloire , s'appelle Copaïba ou Capdier^ Pif. ; Arbor balfamifera Brajilunjis , Ray. ; Copaiftra officinalis , Linn. ; Copcuva , Jacq. Amer. Il croît dans les forêts épaiffes qui font au milieu des terres du Bréfil ; il vient auili dans l'Ifle de Maranhaon ou Maragnan , & dans les Ifles Antilles voifines. Il s'élève droit , devient fort gros , & a vingt-deux pieds de haut : fes racines font groffes & nombreufes ; fon écorce eft épaiffe , grifâtre; fon bois, d'un rouge foncé , & pariemé de taches qui font d'un rouge vif , comme cekii du vermillon , a la dureté du hêtre ; auflî eft-il très-recherché par les Me- nuifiers pour en feire des meubles , & pour des ouvrages 'de marqueterie , à caufe de fe riche cou- leur : ce bois fert auffi dans la teinture. Ses plus petits rameaux font fléchis en zig-zàg. Ses feuilles lont nombreufes , alternes , ailées & portées fur ime affez groffe queue de la longueur d*enviï6n deux pouces. Les folioles font plus étroites d'un coté que de l'autre , ôc à pédicule court. Les fleurs de cet

B A U 11^

arbre font blanches , compofées de quatre à cinq p^ taies , & croiffent fur des grappes paniciilées & axil- laires , à l'extrémité des rameaux ; à ces fleurs fuccedent des gouffes arrondies , qui contiennent une amande de la groffeur d'une aveline , munie d'une enveloppe pvilpeufe dont les finges font très-friands.

Les Portugais apportent en Europe le baume de Copahu du Bréfil , de Rio-Janeiro , de Fernambouc & de Saint - Vincent ; on le tranfporte dans des pots de terre pointus par le bout , & qui contiennent encore beaucoup d'hunridité & d'ordures mêlées dans Je baume , mais dont on le purifie ; après quoi on le met en baril ou en eftagnon de fer-blanc.

On fait beaucoup d'éloge de ce baume pris intérieu- rement depuis dix gouttes jufqu'à trente , dans quelque liqueur convenable ou en pilules , foit avec la poudre de rcgliffe , foit avec celle du fucre , ou diffous dans un jaune d'œuf. Outre les vertus femblables à celles des autres baumes que poffede le baume de Copahu , il a de plus éminemment la propriété d'arrêter le cours de ventre, la dyffenterie, les pertes rouges & bbnches des femmes & les gonorrhées : il convient auffi dans le fcorbut , mais il faut ne le donner qu'avec conhoiffance , loin des repas , & en petites dofes ; autrement il irrite les tuniques délicates des premières voies , & porte le fang à l'inflammation. Ce baume , ainfi que l'obferve M. Bourgeois , a encore la propriété de purger douce- ment par les felles , comme la térébenthine , & de pouflTer fortement par les urines ; ce qui le rend recom*- mandable poiu: chaflTer les glaires & les graviers arrêtés dans les reins & dans la veflie : il eft aufll utile dans rhydropifie pour rétablir le cours des urines.

Ce baume eft admirable pour déterger , confolider & produire la fynthefe des plaies : les Juifs s'en fervent après la cîrconcifion pour étancher le fang. Indépen- damment de la propriété vulnéraire & aftringente qu'a ce baume , il communique , de même que la ter ébexv»

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lîO B. À U

thine , Tôdeur la violette à l'urine de ceux quï en font ufage intérieurement.

Baume d'Egypte ou du Grand -Caire* Foye:^^ Baume de Judée.

Baume Focot ou Faux Tacamaca. yhyei à t article RÉSINE Tacamaque.

Baume de Galaad ou de Gilead. Foyei Baume DE Judée.

Baume ou Huile d'Ambre liquide, f^oyti

LiQUIDAMBAR*

Baume des Jardins ou Menthe domestique ,

^Mentha hortenjis , venUUlata , ocymi odorc , C B. Pin. 217 ; Mcntha fufca five vulgaris , Ray Sy- nopf. 3 , 131; Mentha gentilisj Linn. Il y a un très- grand nombre d'efpeces de menthe , qui ont toutes prefque les mêmes propriétés. L'efpece que l'on cul- tive dans les jardins , & dont on met les feuilles dans la falade , eft d'une odeur très - agréable* Sa vertu balfamique . lui a fait donner le jiom de baume.

Cette plante pouffe des tîges qui s'élèvent à la hauteur d'un pied & plus , carrées , velues & rougeâtres. Les feuilles du bas font oppofées & arrondies , celles du haut font plus pointues ; les fleurs font en gueule , petites , purpurines , & paroiffent en Juillet & Août.

On feit infufer les feuilles & les fleurs de cette plante dans de l'huile , & elles lui communiquent une vertu balfamique , qui la rend propre pour toutes fortes <le plaies & de contufions : toutes les merahes en général font carminatives , ftomachiques & hépatiques ; mais on fait ufage par préférence du baume des jardins. L'eau de cette menthe diiUUée eft d'un grand ufage dans la Médecine : c'eft un excellent remède dans toutes les efpeces de coliques , notamment dans celle qui eft venteufe. Elle arrête le cours de ventre & les vomiffe- mens , & calme les douleiurs de la dyifentçrie. Voy^i^

Menthe,

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Baume de Judée, d'Egypte , du Grand-Caire, DE LA Mecque , de Syrie , de Constantinople ,

ou Baume blanc , Opohalfamîim feu Balfamum Ju-» dàiciim. C'eft une réfine liquide , d'un blanc jaunâtre , d'un goût acre & aromatique , & d'une odeur péné- trante , approchante de celle du citron , d'une laveur amere & aifcringente. Comme cette réfine eft précieufe, on la falfifie fouvent avec le baume de Canada & l'huile effentielle de citron , ou avec de la térébenthine fine ou autres drogues ; tromperie qui peut fe cônnoître à Podorat & au goût. Pour parvenir à dîftinguer le baume de Judée nouveau , qui eft toujours le meilleur , on en verfe dans l'eau ; s'il eft récent , il fera fluide & fiirnager^ , quoique verfé de haut , & formera * une pellicule fur la furface de leau , laquelle fe coagule , & on le retire de l'eau en entier & très- laiteux : le baume qui eft vieux a beaucoup plus de confiftance , de couleur , & va tout de fuite au fond de l'eau ; il ne revient à fa furface que lentement.

Ce baume fi précieux pour fon ufage , tant interne qvi'externe , eft une réfine qui découle par incifion pen- dant la çaniaile , & que l'on retire d'vm arbriffeau que l'on appelle amyris de Gilead ou baume véritable ( balfa^ mum verum lentifii folio , jEgyptiacum ^ Belon. )

Cet arbriffeau , qui eft toujours vert , s'élève à la hauteur du troène , porte des feuilles femblables à celles du lentifque , & des fleurs purpurines , odorantes , blanches & en étoiles, (M. Haller dit que cet arbriffeau eft efïeûivement de la famille des Térébintkes & des Lentifqtus. ) Les femences font renfermées dans des follicules rougeâtres, & on en exprime une liqueur jaune , femblable à du miel. Le véritable pays natal de cet arbre précieux , eft l'Arabie heureufe. Il a été auffi ailtivé dans la Judée & l'Egypte , d'où lui eft venu le nom de baume de Judée ou ai Egypte y ou baumur du Levant. Lors de l'invafion des Turcs dans

b Judée y ces arbres y furent détruits i mais un Sultan

ïîi B A U

en fit apporter de l'Arabie hevireufe dans fes jardins y oii ils lont cultivés foigneufement , & gardés par des Janiffaires ; ce qui fait que ce baume mérite plutôt le nom de baume du Grand-Caire que celui de baume de. Judée. Les Arabes l'appellent bcàeffan.

Les Anciens ne recueilloient , pendant la canicule ^

3ue le baume qui découloit de lui-même ou par incifion , e cet arbriffeau ; mais aujourd'hui on en reaieille de trois efpeces. Celui qui découle des arbres efl très- rare en Europe , parce qu'il eft employé par les Grands de la Mecque & de Conftantinople : l'autre efpece eft celle que l'on retire à la première ébuUition , & qui furnage fur l'eau , dans laquelle on fait bouillir les ra- meaux & les feuilles du baumier : cette féconde efpece eft comme une huile limpide & fluide , & eft réfervée pour lufage des Dames Tiurques , d'Egypte & de quelques Afiatiques , qui s'en fervent pour adoucir & blanchir la peau du vifage & de la gorge , & pour en oindre les cheveux ; auffi ne nous parvient-elle que par le moyen des Grands qui en font des préfens. L'huile qui furnage après la première ébullition , eft lus épaiffe , moins odorante ; elle , eft apportée par es Caravanes ; & c^eft ce baume blanc qui eft le plus commun. Les Dames qui fe fervent de ce baume parmi nous en qualité de cofmétique , en font par art le lait virginal & une pommade à la fultane , qui font fort eftimés pour l'embelliffement de la peau.

Comme la grande vertu de ce baume pour l'ufage intérieur dépend de parties très-volatiles , il a d'autant plus d'efRcacité , qu'il eft plus nouveau. Les Egyptiens en font un ufage très-fréquent en Médecine ; ils en prennent tous les joiu-s un demi-gros , comme le remède le plus efficace dans la contagion de la peôe. Il eft eftimé alexipharmaque & employé chez eux à diverfes maladies. On dit que les femmes d'Egypte fe guérif- foient de la ftérilite , foit en l'avalant , foit en 1 em- ^ployant en fugpofitoire ou en fumi^tion. Quoi qu'il

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en foit , jce haiime a toujours été fort recommandé pour guérir les plaies. ^

Il eA intéreflant d'obferver que le baume de la Mecque^ .comme tous les balfamiques & réfineux , eft très- utile pour la réunion des plaies il n*y a que fo- lution de continuité , parce qu'en empêchant le con- tad de l'air , ils hâtent la réunion qiii fe feroit faite naturellement , mais plus Jéntem^nt, Si la plaie eft accompagnée de contufions , qui font ordinairement fuîvies de fuppuration , ces baumes , au lieu d'être utiles , font défavorables , parce qu'alors la matière qui doit s*écouler étant retenue , augmente par fon acrimonie l'inflammation de la partie malade , & les chairs ne peuvent Ken fe réunir qu'après la ftippiu-a- tîon. On trouve dans les boutiques des Droguiues le fruit du baumier ,fous le nom de carpobalfamum , & le bois , ou plutôt l'extrémité des petites branches , fous celui de xilobalfamum. Quoique produdions du même arbriffeau , leurs vertus font bien inférieures à celles Al baume dont il vient d'être queftion ; & cependant iés Difpenfâires recommandent aux Apothicaires de les «mplover toutes trois dans leur plus fameux antidote , qui eft la Thériaque.

On donne auilî le nom de baumkrk une efpece de peuplier. Voyez ce mou

Baume de Marie ou Baume de Calaba. Voye:^ Baume vert.

Baume de momies , Gummi funerum. Nom que l'on donne aujourd'hui dans le commerce & chez les Curieux , à ï^ajjphalte ou bitume de Judée , parce qu'on l'employoit dans les embaumemens des corps. Foye[ Asphalte & l'article Momie.

Baume du Pérou , Balfamum Peruvianum. On en diftingue de quatre efpeces ; le blanc qui eft liquide , le roux ou rou^e qui eft fec , , & le brun ou noir liquide > ils tirent cependant tous les quatre leur origine du même arbre ; que l'an, appelle hoi^ifr

loxilt OU arbor balfami Indici. C'eft le capurciha des Brafilieiîs.

Cet arbre eft de la hauteur du citronnier , & porte des feuilles qui ont quelque reffemblance à celles de Tamandier ; ton bois eft rouge & odoriférant comme le cèdre ; fon écorce eft cendrée , épaifle d'un doigt & couverte d'une pellicule roufsâtre ; fon fruit eft de la groffeur d'un pois , & fe trouve à l'extrémité d'une gouffe étroite de la longueur d'un doigt. Cet arbre croît dans les pays chauds de l'Amérique Méridionale ^ comme le Pérou , & plus fréquemment encore dans le Mexique & dans le Bréfil , fiu- les rives de Rio-Janeiro* Il découle de fon écorce , fur-tout après un temps de pluie , & dans le mois de Mars , un fuc réfineux , îluide , d'un blanc jaunâtre , inflammable ,. d'une odeur approchante de celle du ftyrax : il n'eft alors que peu coloré ; & quelques Naturels du pays en confervent en cet état dans des bouteilles bien bouchées : on l'appelle baume d!*inciJion. Celui que l'on trouve dans le commerce , eft ordinairement dans des coques de la grofl'eur du poing , qui ont fervi à le f ecevoir : voilà le baunu en coque, Lorfqu'il découle de l'arhre , il eft d'abord moUaffe ; mais il devient fec & d'un brun rougeâtre plus ou moins tranfparent. On nous l'envoie dans des boîtes : c'eft le baume dur ou fec.

On retire , en faifant bouillir dans de l'eau l'écorce & les rameaux de cet arbre , un fuc réfineux tenace , d'un roux qui tire fur le noir , d'une odeur approchante de celle du benjoin ; c'eft ce dernier qui porte le nom de baume brun ou noir , ou de baume de lotion. On doit jejeter celui qui eft Afolument noir & qui a une odeur d'empyreume.

Lemeri noxis apprend que les Indiens , après avoir tiré ce baume brun des rameaux de l'arbre , font évapo- rer la décoûion reftante jufqu'à confiftance d'extrait ; ils y mêlent un peu de gomme , & ils en font une pâte fblide dont vs foraient des grains de chapelet qiû

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aenleitreflt noirs & odorans , principalement fi après les avoir formés , on les enduit extérieurement avec un peu de baume. On nous apporte beaucoup de ces chapelets d'Efpagne & de Portugal.

On eftime le baume du Pérou , propre aux mêmes ufages que le baume de Judée ou d* Arabie : il eft eftimé extérieurement pour la contufion des nerfs : fon odeur vive peut quelquefois afFeâer la tête. En unifiant un .peu de camphre au baume noir , l'en en fait un fpécifi- que pour les engelures. On a auflî quelquefois contre- fait le baume du Pérou en faifant bouillir une demi-once de fantal rouge dans une livre & demie d'huile d'olive , puis y ajoutant une livre de cire jaune fondue , une livre & demie de térébenthine ck Venife , & une once de batime noir du Pérou ; mais ce mélange fe re- connoît facilement.

On donne auffi le nom de faux baume du Pérou au lotier odorant. Voyez ce 'mot.

Baum£ de Savanne ou Basilic du Para. Voye:^ à Tarticle Basilic.

Baume de Tolu , Balfamum Tolutanum , connu aufli fous le nom de Baume de l'Amérique , Baume de Carthagene , Baume dur , Baume SEC. C'eft un fuc réfineux , tenace , d une confiftance qui tient le milieu entre le baume liquide & le fec y tirant fur la couleiu* d'or ou d'im blond rouflatre , d'une odeur qui approche de celle du benjoin ; d'un goût doux & agréable , ce qui le fait différer eflentiellement àes autres baumes qui ont ime faveur acre & amere. La faveur agréable de celui-ci le rend plus propre à être pris intérieurement , ayant fur-tout l'avantage de ne point exciter de naufée comme les autres baumes ; lorf- qu'il eft bien fec , il eft fragile & caffant.

Ce baume découle , comme les autres , par incificn de l'écorce d'un arbre qui croît cjans une Province de l'Amérique Méridionale , fituée entre Carthagene &

Nombre-dç-Dios , pays ou province que les Indiens

lîtf ô A tr

appellent Tolu , & les Efpagnols Honduras, Cet arbf e a quelque reffemblanGe aux bas -pins , & porte des feuilles toujours vertes , femblables à celles dii carou- bier. Les Indiens en recueillent le fuc réfineux loriqu'il découle , dans des couis ou cuillers faites de cire noire , & le verfent dans des calebaffes. Les Anglois font fur- toutufage de ce baume dans la phthifie & les ulcères internes. En général il a les mêmes vertus que le baume de Jvdtt. Voyez u mot.

Baume vert , ou Baume de Calaba , ou Baume DE Marie. C'eft la réfine que fournit un arbre appelé fooraha à Madagafcar , palo^Maria aux Philippines , & tacamaque aux Mes de France & de Bourbon. C'eft le Calaba de Plumier y le Calophyllumàt Linné. Cet arbre que Ton trouve auffi * fur les bords de la mer , aux Antilles , a la tige haute de vingt à trente pieds , droite , d'une moyenne groffeur. Son écorce eft liffe , foongieufe , brune ; Tenveloppe cellulaire verdâtre ; foh bois flexible , d'un vert-jaune. Ses feuilles ovales, fans dentelures ni nervures , apparentes , obtufes , lar- ges de quinze à dix-huit lignes , longues de deux à trois pouces , lifles , luifantes , douces au toucher, d'un vert gai en deffus , pâle en delTous , couvertes d'une infinité de petites fibres ferrées les unes contre les autres ; elles font oppofées deux à deux fur une ramille , qui eft terminée par une paire de feuilles ; fa fleur eft petite , blanche , odorante , en rofe , compofée de quatre pétales arrondis , creufés en cuil- ler ; il y a plufieurs étamines dont les anthères font jaunes , & un piftil arrondi , lequel fe change en un petit fruit fphérique , d'im vert pâle , charnu , gros comme ime cerife , dans lequel eft renfermé un noyau ligneux qui contient une amande. Cet arbre, qui prend aifément de bouture , fert aux Mes à faire des entourages. M. Pouppé des Portes dit qu'on en tire par incifion un fuc gommeux , d'un jaune-verdâtre , qui s'épaifiit &. devient d'un vert très-foncé, C'eft une

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téfine d'un jaune-verdâtre qiii , lors de fa tranffuda- tion , eft liquide au-deffus du vingtième degré de chaleiur , & qui devient concrète & caffante comme une réfine feche aiï-deffous de ce degré. Les Efpa- gnols l'appellent balfamitm del Maria , 6c le préfèrent au baume de Copahu , & fouvent à celui du Pérou. Son odeur eft fuave , aromatique, f^oye^ Calaba.

BAUMIER ou Balsamier. Nom d'une famille de plantes qui contient plufieurs genres ; on y trouve des arbres ou des arbriffeaux , dont le fuc propre eft ordi- nairement réfineux , coloré , odorant ; les fleurs de ces végétaux exotiques font polypétalées. Amyris eft le nom latin du genre des Balfamicrs proprement dits. Il y a , dit M. le Chevalier de la Marck , le baumicr de la Mecque & ceux qui donnent les réjines EUmi.

Le Balfamier des bois , Amyris fylvadca , Linn. Il fe trouve près de Carthagene en Amérique , dans les bois & les lieux maritimes ombragée.

Le Balfamier vénéneux , Amyris toxifera , Linn* Cette e{pece fe trouve à la Caroline & dans les Ifles de Bahama.

Le Balfarhier de Java , Amyris protium , Linn. Il croît fur les montagnes.

Le Balfamier de la Jamaïque , Amyris balfamifera , Linn. C'eft le bois de Rhodes de la Jamaïque. Voye^ cet article.

Le Balfamier de la Guiane , Amyris Guianenfîs ; Tere-^ binthus mxixima , pinnis paucioribus majoribus atque rotundioribus , fruBu racemofo fparfo , Sloan, Jam. Hift. C'eft, un grand arbre qui croît dans les forêts de la Guiane , & à l'Ifle de France , au quartier de Moka ; fon écorce incifée rend un fuc balfamique , qui , étant defleché , devient rouflatre & d'une odeur de citron.

Le Balfamier kataf ^ Amyris kataf ^ foliis tematis ^ apice ferratis , pediculis dichotomis , Forsk. iEgypt. p. 8o»

Cet arbre croît da^s TArabie j fon bois eft blanc.

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Dans les mois pluvieux , au rapport des Arabes J cet arbre paroît fe gonfler , & enfuite cette forte cl'épai{^ fiffement fe réfout en une pouffiere rouge d'une odeur très- agréable , & dont les Dames du pays fe fervent pour fe parfumer la tête.

Le Balfamicr kafal , Amyris kafal , Forsk. ibid. Cet arbre fe trouve auflî en Arabie ; mais il eft plus haut ; fon bois eft rouge & fes rameaux font épineux à leur fommet ; fes feuilles font velues dans leur jeunefle ; elles deviennent glabres en vieilliflant ; fi on entame fes fruits , dont la pulpe eft verte , & d'une odeur de baume très-fuave , il en découle un baume réfi- neux , qui eft blanchâtre. Son bois eft un objet ccn- fidérable de commerce dans ce pays ; on le tranfporte en Egypte , oîi l'on s*en fert pour faire contraûer aux vaiffeaux de terre qu'on expofe à fa fumée , un goût qui plaît dans cette région. M. le Chevalier de la Marck préuime que le Balfamicr kafal pourroit bien être l'arbre même d'où découle la myrrhe. Voyez ce mot.

Le Balfamier huileux ; Amyris oleofa : Nanari menjac Malaïcenjium. Cet arbre croît dans les Moluques ; fes fruits font d'un bleu-noirâtre ; lorfqu'on entame l'écorce de fon'tronc , il en découle d'abord un fuc hiii- . leux , trahfparent & jaunâtre , & enfuite une vifcofité qui noircit en peu de jours , & fe change en petits grumeaux qui adhèrent à l'arbre. Ces fucs réfineux ont une odeur forte , cependant agréable.

BAUQUE. C'eft le nom que l'on donne en Lan- guedoc à une efpece à^ algue à feuilles étroites , qui croît dans les étangs falés aux environs de Montpellier, On s'en fert , dit M. Deleu^e , pour fumer les terres & pour emballer. Voyei Algue. . BAURD-MANNETJES. Le Voyageur Bofman a appelé âinfi une forte de guenon noire à barbe blan- che , & qui doit être rapportée à Pefpece du Talapoin. Voyez ce mot.

BAZAN, Foyei Pasan.

BDÈLLIUM^

B D E BEA t29

BDÈLLIUM. C'eft une gomme-rcjîm qui vient d'Arabie & des Indes : les Auteurs ne s'accordent point fur l'arbre tjui la produit. Samuel Dah foupçonne que c'eft un arbre femblable à celui qui s'appelle arbor ùui^cms ncu^ Uata , foliis qtumis , AmericarUi. D'autres prétendent que c'eft une efpece de palmier appelé par les Arabes Diami ou Mokhl. Quoi qu'il en foit , l'expérience ap- prend qu'une partie du bidlium fe diffout dans l'eau , ôi l'autre dans l'eforit de vin ; que toute fa fubftance fe diffout dans l'eiprit de vin tartarifé , dans les liqueurs alkalines , dans le vin & le vinaigre. Cette gomme^réjine]^ à l'extérieur , reffemble un peu à la myrrlu œmmunt ; elle eft ou en lames demi * tranfparentes , de couleur grife * jaunâtre , ou en maffes ^ & d'un brun un peu rouflâtre à l'intérieur ; elle s'amollit dans la bouche & s'attache aux dents ; elle eft d'une faveur im peu amere & vapide : la partie réfineufe s'enflanune en partie fur le feu , & pétille à caufe de la partie faline aqueufe. On fait peu d'ufage à l'intérieur du bdeUium ^ mais on l'em- ploie extérieurement pour réfoudre les tumeiurs , déter» ger les plaies &: les conduire à cicatrice.

BEARFISCH , Infede marin , très-malfaifânt, & nommé ainfi en Norvège. Son corps eft recouvert d'une écaille blanchâtre , dure , brillante & cornée , divifée en deux anneaux de cercles ; & par le deflbus & du côté plat , il a douze pattes. Cet infeâe attaque diverfes fortes de poiffons , & fur -tout la morue. Hijloire Naturelle de Norwegs.

BEAUMARIS - SHARK* Ptnn. Brit. ZooL tom. 3. p. 104. tab. //. Voyez Nez (le).

BEAUMARQUET. Nom donné à un moineau de la Côte d'Afrique , (/>/* enL xo-^.fig , i.) dont le plu- mage eft varié & peint de couleurs fort brillantes ; près du bec & à la gorge ^ d'un rouge éclatant ; cendré fur le derrière de la tête ; le dos & les couvertures des ailes , jaune-verdâfife ; le pennage des ailes noir ; ks plumes de la queue rouges ; le cou orné d'im Tome IL I.

V

I3a BEC

collier d'un beau jaune ; tout le deffous du ventre & de la poitrine à cercles noirs-jaunâtres , avec un point blanc ; le bec & les pieds rougeâtres.

BÉCADE. Foyei Bécasse.

BÉCARDE. M. de Buffon donne ce nom à une efpece d'oifeaux qui lui a été envoyée de Cayenne y Tune fous le nom de pic^grieche grife , pi. enl. 504 , & l'autre fous le nom de pie-grUcke tachetée , pU enl. 373. Ces oifeaux lui paroiffent être d'ime efpece <li£- férente de nos pies^grieckes d'Europe : il les nomme bkardes à caufe de la grofleur & de la longueur de leur bec , qui eft de couleur rougeâtre , mais noir à fa pointe , il fe courbe en un crochet trèsrfort; ces bécardts différent encore de nos pies^grieches ^ en ce qu'elles ont la tête toute noire , ainfi que le pli de l'aile , les grandes pennes & la queue , & l'habitude Al corps plus épaiffe & plus longue ; le refte du plu- mage eft cendré , même les pieds ; les ongles font noirs. L'oifeau qu'on lui a envoyé de Madagafcar fous le nom de vanga , lui paroît être de ce genre : on l'appelle becardt à ventre blanc ; c'eft Vécorckeur de Madagafcar, pL tnl. ix8 ; l'occiput eft d'un noir- verdâtre ; le refte de la tête & tout le plumage in- férieur font d'im beau blanc ; le refte du plumage fupérieur eft noir , chaque plume étant bordée de noir- verdâtre ; les plumes de la queue & des ailes offrent im peu de blanc. On diftingue encore une bécarde à ventre jaune; c^eûlapU'-grieche/aime de Cayenne, de M. Brijfon.

BEC d'oiseau , Rojirum. C'en cette partie de la tête des oifeaux qui leur tient lieu de bouche , & qui, en effet , répond par fes ufages à la bouche de l'homme > à la gueule des animaux , aux mâchoires , à la ti'ompe des infoûes , au fuçoir & aux mâchoires des vers & à^s zoophytes , fans reffembler en rien d^ailleurs à ces organes. Cette partie de l'oifeau ( le bec , ) eft remar- quable ; elle eit en générai longue , épaifle , feite

en pointe pour fendxe Tair ^ dure \ folide ^ lifle ^ Se

BEC 131

de la nature de la corne pour fuppléer au défaut de dents ; cependant il y a des oifeaux , tels que les plongeons , dont le bec eft dentelé à-peu-près comme une Icie : l'ufage de ces fauffes dents , car elles ne fpnt point logées dans des alvéoles comme les dents des quadrupèdes , eft de retenir le poiffon gliffant que l'oifeau a attrapé. D'autres oifeaux ont k bec crochu ou arqué pour arrêter & déchirer la proie. Chez ceux qui doivent chercher leur nourriture dans les endroits marécageux , le bec eft long & mince ; au contraire , chez ceux qui la cherchent dans la vafe , le bec eft long & large. Le bec des oifeaux leur fert non-feule- ment pour preridre leurs alimens , mais ils l'emploient auflî comme arme ofFenfive & défenfive ; c'efl: avec leur bec qu'ils conftruifent leur nid , qu'ils donnent à manger à leurs petits , & qu'ils arrangent leurs

Elûmes. Quelques-uns , tels que les perroquets , les ecs-croîfés , &c. s'en fervent comme d'une main pour iàliîr & tenir les objets , & pour monter le long des arbres. En un mot , la Nature a donné aux difFérens oifeaux des becs très-variés pour la grandeur & pour la forme , mais appropriés chacun aux befoins de l'animal , ainfi qu'on aura lieu de le remarquer à la defcription des diverfes efpeces d'oifeaux. Ce tableau eft frappant dans les Cabmets des Curieux , oîi l'on voit reunis im grand "nombre d'oifeaux, Fqye^ tarticU Oiseau,

Voici les dénominations employées par les Auteurs ^

& qui concernent les caraâeres génériques établis ou

tirés de la conformation du bec de l'oifeau : bec en toit ,

rojlrum umbricatum; en hameçon , hamatum; en faux,

falcatum ; partie en feux & partie en hameçon , hamato^

falcatum : bec courbe , arciiatum ; en fautoir , decuf-*

fatum ; en forme d'alêne , fubulatum ; en forme de

couteau , cultratum ; en forme de couteau & voûté ^

cultrato-gibberum ; en forme de fpatide , fpaihulatum ;

conique ^ comcum ; conique & courbe , conicchincurvunu

\ X

ijl BEC

Bec ALONGÉ, ChaioJon rojlratus ^ Vinn. ; Jaculatar^ A&. Angl, 1765 , p. 89 , t. 9. Poiffon du genre du Chetodon : il fe trouve dans la mer des Indes. Les in- feftes font fa nourriture ordinaire ; aufli-tôt qu'il en apperçoit un qui voltige à une petite diftance , il lui lance adroitement , à l'aide de fon mufeau en forme de tuyau , ou afTez femblable au long bec de certains oifeaux , une goutte d'eau qui le fait tomber , & à l'inflant il faifit fa prgie & la dévore. Ainfi la déno- mination de bec alongéj & celle de jacuLator ^ indiquent le caraftere fpécifique de ce poiffon.

Ce poiffon a le corps large , court , & peu épais ; la tête large , aplatie par les côtés ^ & très-inclinée vers le mufeau , qui eft d'ime fubftance offeufe. L'ouverture de la gueule ample ; la mâchoire de deffus efl un peu dépaffee par celle de deffous ; les narines ont chacune deux ouvertures ; les yeux font placés haut , arrondis & tournés de côté. Les opercules des ouïes ont beaucoup d'écaillés , & les ouvertures des ouïes font très-amples. Le dos eft uri peu arqué ; la nageoire dorfale offre trente-neuf rayons , dont les premiers font fermes , courts & épineux ; les peôorales font amples & garnies de quinze rayons ; les abdominales en ont chacune fix , flexibles & rameux , excepté le premier qui eft épais & aigu ; celle de l'anus en a vingt-quatre , dont les trois premiers font épineux* La queue eft large , courte & d'ime forme arrondie ; les écailles font grandes & peu adhérentes à la peau. La couleur de tout le corps eft d'un blanc- jaunâtre , mar- qué dans fa longueur de quatre bandes tranfverfales ; il y a en outre , à l'origine de la queue , une ligne noire tranfverfale , & à la bafe de la nageoire dorlale une tache noire affez grande.

Bec d'argent. Voyei à tanidc Cardinal.

Bec de cire. Nom donné au Senegali rayL Voyez ^t mot, '

Bec en ciseaux , pi. enl. 357, ou Coupeur

B Ë C 15^

D^ÊAtJ , àe Catesby , en latin Rygckopfatla. Genre d'oifeau dont le caraftere efl d'arvoir trois doigts anté- rieurs palmés , & un poftérieur ifolé ; un trait oien plus faillant , & qui n'appartient qu'à lui , le diftingue de tous les bipèdes : le l>eCj compolé de deux pièces minces , moufles à leur extrémité , eu édenté , droit , aplati & déprimé par les côtés ; la mâchoire inférieure eft beau- coup plus longue que la fupérieure , fiUonnée & creufée dans (a longueur , & les bords en font fort tranchans, La mâchoire fupérieure , qui , lorfque le bec eu fermé , ie trouve comme emboîtée dans Pinfcrieure , à la ma- nière du tranchant d'un couteau entre les deux côtés du manche , eft arrondie en deffus ; en deflbus elle eft tranchante & en forme de lance. C'eft avec ce hc d'une conformation fi particulière , & qui paroît d'un iifage fi difficile , que le bec en cifeaux prend le poif- fon dont il fe nourrit : il le faifit en rafant d'un vol tent la furface de l'eau , d'aflez près pour que la partie inférieure de fon bec plonge dans l'eau par fon extrémité ; c'eft de qu'on a donné à cet oifeau le nom de coupeur dUau , comme celui de bec en cifeaux exprime le mouvement & le jeu de fon bec.

Le bec en cifeaux a plus d'un pied & demi de lon- gueur; fon envergure eft de trois pieds & demi ; fon plumage eft , fur le cou & le dos , d'un brun noirâtre ; le deflbus du cou & du corps eft blanc ; la queue eft fourchue & variée , ainfi que fes ailes , de brim-noirâtre fur vm fond blanc ; (es pieds font roitges , les ongles ftoirs ; le bec eft rouge à fon origine , & noir dans le refte de fa longueur. On trouve cet oifeau , qui eft unique dans fon genre , à Cayeime , à la Louifiane & à Saint-Domingue.

Bec courbe. Foyei Avocette.

Bec croise , pL ent, 118^, en latin Zr<?^/^. Genre d'oifeau un peu plus grô$ que le moineau franc , re- connoiflable fur-tout par la forme fînguliefe & unique de fon bec , lequel eu compofé de deux pièces pro-r

i y

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longées , courbées à leur extrémité en fens côrttraîff l'une de l'autre , ( la fupérieure de haut en bas , & rintérieure de bas en haut ) & qui fe croifent mutuel- lement ; ce qui a fait donner à cet oifeau le nom de bec croifé. La fituation de ces pièces n'eft pas toujours la même dans les oifeaux de cette efpece. Il y en a dont la pièce fupérieure paffe à droite en fe cfoifant avec la pièce inférieure : & dans d'autres , elle trouve à gauche. La forme de ce bec fert à ces oifeaux pour grimper , poiur s'accrocher , pour ouvrir , fendre par le milieu les pommes de fap'in , tous les fruits des arbres conifères , même , fuivant la faifon , les poromes ^ les poires & autres fruits , pour prendre dans leur antérieur les pépins ou femences ou amandes , dont ib font fort friands : on voit cet oifeau au Cabinet du Jardin du Roi. On dit que la' couleur de fon plumage, excepté celui de la queue & des ailes , changé trois fois de couleur par an , fuivant les faifons de l'année ; C[u'il eft vert en automne , jaune en hiver , & rougeâtre au printemps ; d'autres affurent qu'il paffe par cracune de ces couleurs d'une année à une autre : fentiment qui paroît auffi vraifemblable , ce changement pouvant trèsi-bien dépendre autant de l'âge & du fexe de l'oifeau que dp la mue. Le chant de cet animal eft foible mais affez agréable , & ne fe fait entendre que pendant l'hiver. Il fait ordinairement fon nid fur les fapins , vers la fin de l'hiver ; il ne fait qu'une ponte par an ^ & elle eft de quatre ou cinq œufs. Ces oifeaux qui ibnt fortement imprégnés de l'odeur de térébenthine , ont cependant la chair d'un bon goût ; ils font com- muns en Allemagne en Suéde, & en Norvège; il en vient aufti quelquetois fur' les Cptes Occidentales d'Angleterre , oîi ils font grand dégât dans les vergers. Il y a environ trente ans qu'on en vit arriver ime grande quantité aux environs de Paris* Qn ne compté qu'une véritable efpece de bec croifé^ celle dont nous venons de parler , Loxia vcrjicolor , dont le dos eft

BEC i3f

noirâtre ^ la poitrine & le ventre, font d'un brun- pourpre ; Vautre n'eneft qu'une variété ,& s'appelle le bec croiff roufsdtrcj Loxia rufejcens. Sa tête eff affez rouge.

Bec a cuiller, f^oyei Cuiller.

Bec a Faucon de DampUr. Voyez à Van. Tortue;

Becf-aal. V<^t[ à tarcicU Torpille.

Bec-Figue , pL ml. 6^8, fig. f , en latin jî^^^^i^ Genre de petit oîfeau à-peu-près de la groffeur de la linotiCj qui a été connu des Anciens } fon plu- mage efl fort fombre ou d'un gris-brun fur. le dos^ & d'un gris-blanc fous le corps. Le bec , les pieds & les ongles font noirâtres. Le cçraâere du bec ^.fi^ dk d'avoir les narines découvertes comme Valouccte ; mais le dpigt poftérieur eft arqué. Xjès fauvettes appartiennent au genre du bec -figue ^ ainii que les petits oifeawc $ippelés figuiers.

Les bec --figues font friands en général de tous tes fruits éui ont une faveur fucrée. Us n'aiment pa^ moins le raifin que les figues» comme le marque Martial dans ce diftique.

Cùm me ficus alat ^ dtm pafcar diddSus uvïs ; Cur potiîts nomen non dédit uva mihi^

On voit de ces oifeaux dans les lieux oîi il y 9 beaucoup de ces fruits ; ils ne quittent que tard , au

Erintemps , les régions du Midi , & y reviennent de onne heure en automne : il y en a qui pénètrent jufqu'en Suéde. Dans les pays chauds ^ ils deviennent comme de jietites pelottes de graifle légère & fon^ dante , & font alors un manger très-délicat. A Venife^ on les appelle beccafico > on en fait un grand com- merce.

En été, le bec-figue ne fe réunit point par bandes : le mâle ne vit çuere en foeiété qu'avec fa femelle ; il habite les bois y sW nourrit ainfeûes , en atten* dant la fàifon des fruits , s'y tient dans les parties les plus fourrées ^ y cache ïçn nid avec art» Axix

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approches des premiers froids , les hurfigues ^gnent peu-à-peu les régions Méridionales , ils fe réuniffent y, ils volent par bandes : c'ell alors qu'ils font com- muns dans ces Contrées , en Italie , en Gr^ce , fur les -Côtes d'Afrique , &:c.

Chaque Province, chaque Canton a , pour ainfi dire , fes prétendus bec-figues ; on en applique le nom aux différentes efpeces de cette nombreufe claffe d'oi- féaux à bec efRlé, qui, en automne, becquetent les figues & en font une partie de leur nourriture : c'eft ainfi que dans le Bugey , on donne improprement le nom de bec'figiu ^ hiver à Y alouette -- pipi ; & dans la Provence à la iimnte vulgaire des vignes : on Taj^elle vinette en Boiu^gogne ; mûrier ou petit pinçon des lois ^ en Lorraine.

Dans Pille de Cayenne il y a , dit-on , plufieurs efpece^ de bec-figues qui font, pour ainfi aire, les deftrufteurs des papaies^ des goyaves y des bacoves & des bananes , dont- ils fe nourriffent. Ces oifeaux font des figuiers. Voyez ce mot.

Bec de grue , en latin Géranium. D'im très-grand nombre d'èfpeces qu'il y a de géraniums , on ne feit ufage en Médecine que de trois i favoir, i.° D*une éfpece annuelle dont les fe.iilles refftmblent à celles At\à mauve; c'eft le Géranium columbinum ^ Linn. 956^ aut folio malvce rotundo , C. Pin. 318; Pes colum^ binum , Dod. Pempt. 6 1 , en françois pied de pigeon ou bec de grue; fes fleurs font affez grandes, rouges ou bleuâtres , portées fur de longs pédicules. Il vient en abondance dans les prés & dans les jardins.

%.^ D'une autre nommée herbe à Robert , Géranium Robertianum , Linn. 955 ; i , viride , C. B. Pin. 31, aus murale , J. B. 3 , 480 , dont les feuilles font découpées comme celles de la matricaire . & ont une odeur aie panais y ou plutôt de lamium : elle efl bifannuelle , croît fur les vieux murs , dans les haies & fur les décombres., La troifieme efpece^ que l'on nomme bec de gru^

B E C 137

fangiàn^ Gcraniitmfanguimum , Lînn. 958 , & maximo flore j C. B. Pin. 318, porte des tiges nombreufes , rou- geâtres , velues , & nouevifes , rameufes , hautes d'uiie coudée. Sa racine eft vivace , épaiffe , rouge & fibreufe : elle , pouffe tous les ans de nouvelles racines dans les forêts & les buiffons, même dans les prés. Ses feuilles font pétiolées , partagées ordi- nairement en cinq lobes ou lanières découpées }uf- qu'à la queue ; chaque lobe eft découpé en trois. Toutes ces efpeces de géranium portent des fleurs en rofe de couleur purpurine , petites , excepté la der- nière efpece dont les fleurs font grandes. La fleur eft grande, folitairé, compofée d'un calice à cinq feuilles , dHme corolle rouge à cinq pétales , de dix étamines réunies à leur baie autour d'un piftil à cinq ftigmates. Ces plantes^ font remarquables par leur fruit , qui reffemble à un bec de grue marqué de cinq rainures. Leur graine eft jetée dehors quand elle eft mûre , par le recoquillement du bec des cap- fules. Ces capudes, au nombre de cinq, renfermant chacune une femence , dit M. DeUu[e , font attachées à la bafe du pivot du fruit , & furmontées chacune d'une lame élaftique placée dans une des rainiures du pivot.

Toumefon compte foixante - dix - huit efpeces de géranium ; M. de i^avani/le en porte le nombre à cent vingt - huit. Ce Botanifte divife les géraniums en deux grandes claffes ^ à corolles régulières , & à* corolles irrégulieres. La premiei-e contient en général les ef- peces Européennes , & a communément les feuilles oppofées. La féconde réunit la plupart des efpeces Africaines , dont les feuilles font le plus fouvent alternes , & contient foixante - onze efpeces. Ce genre de plantes eft , dans l'ordre naturel , très» voifin des Malvacées. Miller nomme au moins qua- tBnte géraniums , qui font cultivés en Angleterre dans les jardins des Curieux : de ce nombre il y en a pluiienrs qui le méritant par la beauté do

138 BEC

leurs ileiffs. Tels font le géranium annuel à lar^ feuilles & à fleurs bleues; le géranium à petites feuilles & à grandes fleurs purpurines; le géranium d'Afrique à feuilles d'œillet & à fleurs d'écarlate.; le géranium Africain qui s'élève en buiflbn , & qui €ft à feuilles de mauve & à. fleurs d'un rouge de carmin. On l'appelle bec de grue y pot de feu , Géra-- mumfulgidum. D'autres efpeces de géraniums y outre la beauté de leurs fleurs nombreufes , rouges ou violettes y répandent dans l'atmofphere , après le cou- cher du foleil, une odeur fort balfamique ou muf«« quée.. Tel eft le géranium mufqué^ Géranium mqf' €hatumy folio ad myrrhidem accedenUy minus , J. B. 3 y 479 ; Géranium cicuta folio , minus & fupinuriiy C. B. Pin. ^19; Géranium cicmarium y Linn. 951, Il eft annuel. On en ailtive dans les ferres chaudes une efpece dont les feuilles , légèrement preflees y taiflent aux doigts l'odeur de l'encens. On diftingue encoiie le géranium, trijley Géranium trille y Linn. 950. Il eft vivace par la racine. Sa tige eu une hampe avec une feule feuille y foutenant plufîeurs fleurs jaunâtres, d'un œil triile , mais répandant la nuit beaucoup d'odeur. Les pétales font marqués de brun-noir j le calice eft d'une feule pièce; les feuilles qui partent de la racine font très •- découpées. Ce géranium eu originaire des -Indes. Il y a le hec de grue à cercle noir fur la feuille. Géranium ^on^ile. Le iec de grue panaché y Géranium variegatum. Le géranium brun , Géranium fufcum y Linn. ( MaruijT. 97 ). Le calice eft velu y & les pédicules à deux fleurs brune$ & fran* gées. KMe a le premier fait mention du géranium épineux du Cap de Bonne-Efpérance y dont la racine defle- •chée eft d'un blanc citrin , à trous étoiles à l'endroit des nœuds d'où partent le chevelu. Cette ^nguliere racine eft très-inflammable , fur-tout au centre 9 noirâtre & d'une odeur de benjoin mêlée de ftorax. , M. Umi(ms {JAantiff^ 97, ) a donné l'épithete Hhi*

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iridum à un beau géranium y à prefent très-commun^ dont les fleurs font d\m rouge éclatant. Cette efpece qui perMe Phiver , eft , fuivant ce Botanifte , une produdion du géranium inquinanSy avec le géranium acetofum d*Afrique.

Ces diverfes efpeces de géraniums font d'excellens vulnéraires aflringens , fur-tout V herbe à Robert y qui eft un aftringent très-tempéré. L'infiifion de fe$ feuilles dans du vin arrête toutes fortes d'hémor- ragies; mais elle n'eft pas fébrifiige, comme on la prétendu. Le bec de gruefanguin, dont les feuilles tont ftiptiques , & dont le fuc colore en rouge le papier bleu aufli vivement que Palun, arrête le fang d'une manière fui^prenante ; aufli les gens de la cam- pagne en font-ils grand ufage pour Içiu^s bleflures* On donne à ces plantes le nom d^ herbe a Pefquinancié , parce qu'elles font utiles dans cette maladie ; mais la véritable herbe à Pefquinancie eft la petiu garance.

Bec de hache. Voye^ Pied-rouge.

Bec d'oie. Nom que l'on donne au Dai^him Voyez r article Dauphin ^ à la fuite du moi Ba- leine.

Bec ouvert. Nom donné à un oifeau trouvé aux environs de Pondicheri, par M. Sonnerai. Cet oi&au qui eft de paflage , & paroît fur la Côte de Coro-» mandel , dans les trois derniers mois de l'année , reflTemble aflez au héron , il en a . les habitudes & vit de la même manière ; mais la mandibule fupc*** rieure n'a point fiu: chaque côté 'la rainure longî-^ tudinale qu'on ôbferve chez le héron ; fon bec eft renflé dans le milieu , tant en defliis qu'en deflbus , & ces portions convexes en dehors du bec ^ font excavées ou échancrées en dedans , ce qui fait que les bords des deu^ mandibules laiflient entre elks un vide dans le milieu de leur longueur j l'ongle du milieu n'eft pas dentelé comme àms les hérons* Le bout du bec fupérieur eft dealelé ; les doigts <te

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devant unîs par une membrane jufqu'à la première articulation.

Bec rond, A la Gulane on donne ce nom à des efpeces de petits bouvreuils^ l'un à plumage bleu, & Tautre à ventre roux , pL ml. 319, fi§. 2 ; le premier fe trouve au Bréfil & à la Caroline , l'autre à Cayenne ; leur bec eft moins crochu & plus arrondi que celui de nos bouvreuils. Voyez u mot.

Bec-scie. Oifeau aquatique de la Louifiane , dont le bec eft réellement dentelé comme la lame d'une fcie- : les dents de la partie fupétieure s'adaptent exaâement avec celles de la partie inférieure. Cet oifeau eft un hark. Voyez et mot.

Bec a spatule ou Palette. Voye^^ Spatule.

BÉCASSE, pL enl. 885 , en latin Stolopax. Oifeau de paffage, très-bon à manger, un peu moins gros que la perdripc^ & pourvu d'im long bec obtus par le bout ; fon vol eft aflez pefant : le roux , le noir & le cendré forment fa couleur. Il a quatre doigts y trois en devant & un en arrière.

Ces oifeaux fe rétirent dans l'été fur le haut des- montagnes de la Suiffe, de la Savoie, des Pyrénées^ des Alpes, L'hiver (dès la mi-Oâobre) ils defcen- dent dans la plaine , & alors on en voit en France & dans^ tous les pays voifins. Ils s'envolent par paires , ou un à un, & fréquentent les bois humi- des & les ruiffeaux près des haies, ils trouvent des vers dont ils font leur nourriture , & oh ils lavent en même temps les pieds & le bec qui fe trouvent enduits de terre. Il paroît qu'une lumière foible leur convient ; car c'eft le foir & le matin que les bécajfes volent pour chercher leur picorée; auffi eft-ce l'heure oii on les prend fur les lifieres ÀQS bois , dans des filets à la paffée , ou fur le bord des ruiffeaux avec des lacets. Pendant le jour , elles fe tiennent cachées : on dit qu'elles viennent & s'en Tont la nuit ou par des temps de brouillards. Les

BEC 141

tccajjcs regagnent les hauteurs au mois de Mars ; elles partent appariées. Il en refte quelquefois dans le pays ; elles y pondent & y couvent. Elles font leur nid à terre , & ce nid efl: compofé d'herbes feches & de petits brins de bois ; elles l'appuient contre un tronc d'arbre ou une groffe racine : leurs œufs, au nombre de quatre ou cinq par nid, font oblongs , un peu plus gros que ceux du pigeon , de couleur rougêatre-pâle , & bigarrés d'ondes & de taches bien foncées. Le père & la mère prennent . également foin des petits. Pendant l'incubation , le mâle demeure fouvent couché près de' la femelle , & ils paffent réciproquement leur bec fur le dos l'im de l'autre , ce qui eft probablement chez eux une marque de tendreffe. Les petits quittent le nid fort peu de temps après être eclos. Ces oifeaux ne font entendre le cri qui leur eft particulier que dans le temps de leurs amours ; car les bicajfes font muettes le refte de l'année. Si le vol de cet oifeau paroît rapide , il n'eft ni élevé , ni foutenu ; il bat des ailes avec bruit en partant, file ou fait le crochet, fui- vant le Heu d'où il s'eft levé , s'abat bientôt comme une mafte abandonnée à fon poids; après fa chute, il trotte à terre avec une grande vîteffè , & eft déjà bien loin du Chaffeur à l'inftant oîi il l'apperçoit. Au refte la bécajjl eft d'im naturel obtus, prefque ftu- pide , & l'efpece de cet oifeau eft généralement répandue dans l'un & l'autre Continent. La chair de la bécajfe eft noire , mais excellente & nourrif- fante ; auflî cet oifeau eft-il très-connu fur nos tables. Autant l'homme en aime le fumet & la faveur, autant fon odeur & fon goût déplaifent-ils aux chiens ; ils répugnent à la rapporter ; on n'y peut guère accoutumer que les chiens barbets ; & tous refiifent d'en mander la chair.

On diftingue plufieurs variétés de bécajje. On a Vil, pendant quelques années , au Café de Southaropton ,

i4t BEC

me de la Chancellerie à Londres , une bicajje blanche confervée dans une boîte de verre. Son bec étoit jaunâtre, ainfi que fes jambes & fes pieds.

La bécajje eft la bécade de la Guienne , & le vidccoq de plufieurs autres Contrées.

BÉCASSE DE MER , VOye[ HuiTRIER.

BÉCASSE ÉPINEUSE. Coquillage univalve, cannelé & tubercule, que les Conchyliologiftes eftiment appar- tenir au genre des Pourpres. Voyez ce mot,

La bécajfe épiruufe eft très-fragile , fa bouche ovale eft bordée d'im liferé couleur de chair vive. Sa robe eft grife & fauve ; elle eft armée , tout le long de fa queue , d'un grand nombre d'épines courbées & arran- gées en dents de peigne par quatre compartimens : il y en a une efpece qui n'a point d'épines , & que l'on nomme feulement tête de bécajfe.

BÉCASSE d'arbre. Voye^^ à l'article Huppe.

BÉCASSE desSavannes,/?/. enL 895. Sorte de ^^^ qui fe trouve très-communément à Gayenne; elle eft

f)rès d'un tiers plus petite que celle d'Europe , mais a chair eft aufli bonne , & fon bec eft plus long. Son plumage eft d'un brun-rouflatre , varié ou rayé de noir, fur-tout à la tête; le haut de la gorge eft blanchâtre. Cette becaffe n'habite que les lieux les plus bas des favannes ou prairies qui ne font pas noyées. Elles vont pîar paires, font plufieiurs pontes de deux œufs , nichent uir des tertres , dans des trous tapiffes d'herbes feches : elles fliient les bois.

Bécasse , ( poiffon ) Centrifcus Scolopax , Linn. A Gênes , Trombetta ; à Rome , Fojjietta. Poiffon du genre du Centrifque.^ Il eft long de quatre pouces ; fon mufeau , efpece de trompe très - alongée , eft compofé d'un os fîmple , large vers la tête, droit, étroit par le bout , tenniné par un orifice recouvert d'un operaile qui tient à la partie inférieure , & qui s'élève pour fermer l'entrée de la trompe , & s'abaiffe pour l'ouvrir. La reffembl^ce vague qu'un prçmiex coup d'œil a indi-

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rpée entre cette partie & celle qui lui correfpond dans certains animaux , a fait donner à ce poiuon , felon les pays , les noms à^ éléphant & de hécaffe D'autres rapprochemens ont produit les dénominations populaires de foufflu & de trompuu.

Le corps de ce poiffon eft comprimé, large d'un pouce, couvert d'écaillés rudes; les yeux grands; les iris blancs, nues de rouge; le devant du ventre en forme de tranchant aigu; les deux nageoires dor- fales ; la première confifte en une arête tr-ès-longue , très-forte, & articulée; elle s'abaiffe & fe relev^; éXt eft dentée fur les côtés : autour de cette arête font trois autres petites ; la deuxième nageoire dorfale a douze rayons ; les peâorales en ont quatorze ; celle de Panus en a dix - huit ; la queue eft légèrement foiu-chue ; au lieu des nageoires abdominales fe trou- vent deux dents comme ofleufes, & au-defîbus une troifteme dent, plus longue que les autres.

On préfume que ce poiflbn eft le même que ïe Balaou , qui fe trouve abondamment à la Martinique, & qui eft bon à manger; il fe laifie facilement prendre ^ la lueur d'un flambeau , avec de petites foênes garnies d'hameçons redrefles ou d'un rets autour d'un cercle.

BÉCASSEAU , Tringa , (quelques Auteurs l'ont nom- mé Cinclus , & d'autres Glareola ), Nom donné à un genre d'oifeau différent de celui de la bécajje , & dont on diftlngiie plufieurs efpeces. Le caraâere du bécaffeau eft d'avoir quatre doigts à chaque pied, trois devant & un derrière , le bec d'un vert obfcur , droit jus- qu'au milieu de la longueur un peu obtus , & légère- ment courbé vers la pointe.

Le bécajjeau vulgaire , pi. enl. 843 , qui porte auffi le nom de cuUblanc , pied-vert , pivmc , fiffUJJon , a les pieds verts , le corps brun tacheté de blanc , le cou cendré tacheté de brun , & eft de la groffeiu: du pluvier doré. Les ailes étant croifées font prefque de la Ic«î- S^eur de la quçue i les pieds font verdâtres & les

144 BEC

ongles noirâtres : ce bicajfeau fe plaît [dans les lîeux paifibles & folitaires , excepte dans les temps de Pap- pariement; alors le mâle & la femelle vont de com- pagnie ; mais on ignore en quels lieiix ils font leur fionte. Ils fréquentent ordinairement , pendant la fin de *Eté & l'Automne , les bords découverts & fableux des rivières & des ruiffeaux ; cet ^ oifeau fe nourrit de vers & de différentes efpeces d'infeâes qui vivent dans Peau ou en peuplent les bords ; il les prend à la courfe ou au vol ; il entre affez fouvent dans Peau , on l'y voit faifir fa proie ; il court légèrement & ^vec grâce , en balançant fouvent la queue ; il rafe en volant la furface de Peau ; fon cri n'eft pas défa- gréable. Les bicaffeaux n'ont de rixes entre eux qu'à la découverte d'une proie ou plus abondante , ou pour laquelle ils ont un goût plus décidé.

BÉCASSINE , pL tnl, 883 , en latin Gallinago minor. Oifeau de paffage , de la groffeur à-peu-près de la caille , remarquable par la longueur de fon bec qui a près de trois pouces. Les plumes du dos de cet oifeau font de la couleur de celles de l'alouette ; le deflbus de la gorge &: des ailes eft blanc & entremêlé agréablement de noir dans plufieurs endroits. L'iris des yeux eft de couleur de noifette , les pattes font d'un vert pâle , les doigts font longs & ieparés dès leur naiflance. La bécajjim eft du genre de la bicaffc.

Ces oifeaux nous arrivent de l'Allemagne en Au- tomne 5 & s'en retournent au Printemps : ils vivent affez folitaires , & habitent les prairies baffes , les lieux marécageux : ils fe plaifent fur les bords des petites mares d'eau , ou dans les herbages & les plants d'ofiers qui bordent les rivières , oîi ils cherchent des vers & d'autres infeftes à l'aide de leur bec. Ils^ nichent quelquefois dans les parties les moins acceffibles de nos marais ; ils placent leur nid au pied des faules ou des aunes ; ce nid eft conftruit d'herbes feches , & garni de plumes à l'intérieur. La femelle pond

quatre

BEC »4f

<ffa2ttte ou cinq œufs blancs tintés de rouge. Lorsque la ticojfine prend fon effor , elle jette un petit cri : elle efi fort difficile à tirer y à tnoins qu^ôn ne chôififTe' rinftant oîi elle vole en ligne droite i car fon Vol eft le plus communément très-ûnueux ^ .c'e(l-à*dire , en crochet.

L'efpece de la UcaJ/mertû, très-rcpandue fur les lerres des deux' Continens, On en voit beaucoup dans les parties Méridionales de la France* Ellçs..jCc5nt très- communes en Hollande .^epuis le mpis de.^ pëçembre îufqu'à rentrée du Printemps. Celle du Càp de Bonne* Ëfpérance , pi, enl. xyo , a en quelque fôrite le plumage du geai ; celle de Madâgafcar , pL e/^/, 9iz , eft/de grofleur de la nôtre, mais elle a le bée beaùcQûp t)lui! court & les Jambes mçins lonj^ues ; celle de la Chine , pL enL 8S i > a le plumage fupieirieur r^yé qu ^nouchètl de brun , de noir ^ de blanc. & de jaiihâtre , fur un ^nd gris-bleuâtre ;- l'inférieur eif )}lànç ou bïanchâti^e^ cependant le haut de la poitrme onre Un^ lar^e bandé noire. Celle de Madras/a le plumage de perdrix, & le doigt poftérieur eft aûfUlong m^^ ceux de devant, La hkcJBru d'Angleterre ou d'Êcoffe a au conli-àirè doigt poitérieur fort i;ourt, C'eft le diuUin des.Ahglois ^ ou la hruxutu, Lb bkaJRru de favannt , ou de Cayenne , un peu ^\jis grufle quq la nôtare, A regard de bicajpnt bUmchù^ Voyez Gi^atUr blanc, hàtlcaj^e ej^ un mets çléUcat &, fort recherché. , ., ,

La puiu bécaffmc proprement dite , pV^tnt. %%j^^ i^eù, pas fi r^af^due que la grande ^ecaffîne ; elle fe tient cachée ipus les joncs &c lés plantes aquatiques ; elle ne quitte pas nos maraisv» elle y niche.; ia chair eu aufS très * efHmée ; les ChafTeiurs rappellent la fourde ,. parce qu'elle refte obftinément à terre , malgré le bniit <ju'on fait en venant à elle ; foii vol eil moins rapide & moins finueux. Les Pourvoyeiu'S & les Traiteurs à Paris lui donnent improprement le nom itbècajfeau.

Tamt II. K '

M^ BEC

: BECCABUNGA ; . Kttonkà^ aquitUa. Cette plan»

^ft une vironîque aquatique qiii croît fur le bord des niîjfîeatix. On en diftingé deux efpeces î*

La/pfëmlefe eft la Vlromqût crcffonnU ^ Veronïcd jBcccatunga 'j lAnxié i6 ; Ferônica aquaticd major foLo filbroeundo yMoûï. Hift. 0:^on. JPart. 2, jiajc^eftle JBeccaT>iinga à feuilles- Ton<fes. Ses racines font vivaces , fibreufes , blanches & rampantes ; fes tiges font un peu couchées ftir terre , Jtendres ,* cylindriques , rougeâtres & branchués.* Ses feuilles font très-hffes -, d'un vert foncé , épaîffcs , ovales , arrondies , oppofées deux à ^eiix. Pes hœuds dss tiges- s'élèvent dfes pédicules trarichiis portant quèlc[ue!5 fleurs bleues , fort jolies ^ en îiofette'V. 4^coùpee's cri cjuàtre parties , doht Û y en ^ toujours une Jpliisr -petïte'^î caraâere- di^nôif des véroniques :! le miit a la figure* crun cœur-^^On fait un, gi-and yûïage ^ i^^^ cette plante , ainfi qu«' de"rautre ^fpécç gui eA plus petite t" on' les- préfereà toutes Ici $utrçs '|)lahtes , ântifco^huti^ius \ parce qii'ellèS' font nîoîns âctes^l^ .tomme le crépon de

fontaine , eïlé éfr très*i;tiie*^aiix- tcmpéranie^ &

chauds., Y ;.. ; ^^V ; ^'^ ^ . . . .: . , * tir' (Têùkîe Aie 'lefpete f en ' ' Èeccalimga k (Quilles lon^iQS V f^fronièa "àqiïizHca ^'fnajor ^ fotiù 'obiongo^ J^J[pniQ' ibïâi .3x3; P^^ron'ica , dnagalUs ,- Liilil; ï6f ; on râppètte àûffi^ Véràrlqùe'i^oî^ohnit. Elle difllWre <peu de la précédente ; fes tiges font plus droiteis , lâais^ fes feiifllps font étroites & pbintites. -^ .

'' BECCÀKD. Voytik rarticU Sau'M<>N. . ' ttmP^XJrmft.de PAcai. tom* IIÏ; G^efl le FU^ inhnl â*e*M. Brijfohlon It-'-Fiàmbantl et Selon ; le Ï7tf/^^/ d'Amérique de^ pk M. 63 ; le Phenicâpure ^ en Idîûn' Pkœnjcoptems ; en anglois Flamingo : les Hâbi*-. tans de la Gitiaile' l'appellent Tococi). M. 'Mauduyt dit que mot phlhicoptérc dérivé du nom que ies Grecs à voient' donné à l'oifeau que tiôus nommons aujovu*-* d'hui fiamhmt ou fiamant , lignifie , félon fon étytao*

BEC i4f

lôgle l oifiau aux ailes de fiamme , & peint bien le fUnicopure , dont les ^iles font en effet d*un rouge très-yif. Le nom de becham lui a été donné à caufe de la figure particulière de fon bec , qui eft recourbé comme le manche d*une charrue.

Cet oifeau eft feul de fon efpece , & compofe lui feul un genre particulier : fes caraôeres font quatre doigts , dont les trois antérieurs fe trouvent joihts enfemble par des membranes entières , le poftérieur eft féparé ; les jambes avancées vers le milieu du corps , hors de l'abdomen , & plus longues que le corps ; le bec afleaç gros , dentelé , courbé en en-bas vers le milieu de fa longueur ; la mandibule inférieure plus large que la fupérieure;la partie inférieure des jambes (des cuiffes) dégarnie de plumes.

Le btcharu ou phénicoptere a le corps peu épais , les jambes & le cou menus & exceffivement longs. Cette difpofition & la forme fmguliere de fon bec le rendent un oifeau en quelque forte bizarre , mais diP tingué par la beauté de fon plumage ; il a les pieds palmés, quoiquHl ne nage pas & qu'il ne fréquente que Içs rivages. Les phénicopteres différent beaucoup pour la taillé & même pour le pliunage, M. Mauduyc dit ^ue ceux qu'on voit le plus ordinairement ont quatre pieds quelques pouces du bout du bec à celui de la queue ^ & environ fix pieds jufqu'à Pextrémite des doigts : ils ne font guère plus gros que Voie domejliquc; leur envergure eft de cinq pieds quelques pouces , & les ailes pliees s'étendent julqu'au bout de la queue ; les yeux font petits ; l'iris ordinairement rouge : tout le plumage , pourfuit M. Mauduyt , eft d'uo très-beau rouge , plus vif cependant fur les ailes , excepté les grandes pennes qui font noires ; le bec ^ la partie nue des cuiffes, les jambes^ les doigts, leurs membranes & les ongles font rouges; mais le bec eft noir par le bout.

Il faut obferver que , dans la première année , Ut

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fhénicoptîrti Ont le plumage varié de blanc & de giîs J excepté les grandes pennés de l'aile qui font déjà noi- res ; k bec & les pieds ibnt gris : dans la féconde année , la tête , la gorge & tout le corps font d'un blanc animé par une teinte couleur de rofe ; les grandes pennes de Paile font noires ; les plumes fcapulaires & les couvertures des ailes font d'un rouge aflez vif, & c'eft alors que cet oifeau mérite vraiment l'épithete ( aux aiUs dtfianum ) que les Grecs lui avoient donnée ; il a le bec & les pieds jaunes , ou d'un jaune - rou- geâtré avec l'extrémité d'un bleu - noirâtre : ce n'eft qu'alla troifîeme année que le phenicopterc devient tout rouge , & tel que nous l'avons^ecrit d'abord ; & comme il y a de ces oifeaux d'un rouge plus vif les uns que les autres , il eft très-probable que ce font les mâles qui font les plus fortement colorés ; l'Or- nithologifte , que nous citons , a obfervé que tous les phmicopteres qui nous viennent d'Amérique , ont le plumage de tout le corps d'un rouge plus uniforme & plus foncé que ceux qui nous font apportés de l'an- cien Continent ; le corps de ces derniers eft d'un rouge-rofe vif, & les ailes coideur de ponceau : ceux d'Amérique font auffi , en général , un peu plus grands que ceux <lii vieux Monde ; au refte , les ^ifférens/^A^ nicopteres font tous de la même efpece , & les diffé- rences qu'on remarque entre eux ne tiennent qu'à des circonftances locales & dépendantes probablement du climat ; ajoutons , de l'âge & du fexe*

M. Mauduyt dit que le phinicoptere habite en général les Contrées du Midi : on le trouve dans Tancien Continenj , depuis les bords de la Méditen-anée , jufqu'à la pointe la plus auftrale de l'Afrique ; les Côtes qu'il fréquente en Europe , font celles d'Ef- pagne ,' d'Italie , de Provence , de Languedoc , parti- culièrement vers Montpellier & Martigues , & les marais près d'Arles. Ces oifeaux font très-commiuis liir toutes les Côtes Occidentales de TAâique : on les

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connoit en Amérique , à Cuba, à la Côte de Vénézula ^ aux liles de Bahama ^ à Saint-Domingue , aux Antilles ^ à la Guiane , au Pérou ^ au Chili, &cc.

Le Père Laiat dit que , près de Gefines ^ eft un village habité par des Nègres , oîi ces oifeaux font regardés comme facrés ; ils s'y raflemblent par milliers , fur les arbres , & y font un bruit qu'on entend d'un quart de lieue : malheur à un étranger qui feroit fur- pris , par ces Nègres fuperftitieux , à tuer un de ces oifèaux facrés , ils en vengeroient l'injure & la mort.

Ces oifeaux font voyageurs , mais feulement entre les latitudes méridionales ; ceux que Ton voit quel- quefois dans l'intérieur des terres &c dans les Régions Septentrionales , font égarés & hors de leur route. Ils volent fouvent en troupes très-nombreufes , & quel- quefois ils voyagent feuls ; ils font leiu"S nids fur^ les terres bafles & noyées ; ce font des amas d'une terre glaifeufe , relevés d'environ vingt pouces ; ils ont la Forme d'un cône tronqué , dont la bafe ^ qui a un pied &c demi de diamètre , refte plongée dans l'eau , & dont le fommet , à fec & defféché , creux & dé-»

Î)rimé , reçoit immédiatement les œufs , fans aucune iibftance intermédiaire. Au rapport des Voyageurs , la femelle couve fes œufs , les jambes pendantes &c tombantes dans l'eau , comme un homme ailis ou à califourchon fur lin tabouret ; la ponte eft de deux ou trob geufs , blancs , gros comme ceux de Voie , un peu plus alongés ; les petits , peu de jours apî^s leur naif- fance , courent avec une finguliere vîteffe , mais ils ne volent que quand ils ont acquis à-peu-près toute leur grandeur.

Ces oifeaux fe nourriffent de coquillages , de frai de poiffons , d'infeftes aquatiques ; ils cherchent leurs ali- mens en enfonçant leur bec dans la vafe ^ & en la remuant continuellement avec leurs pieds , qu'ils agi- tent en les levant & les baiflant fans ceffe : ils man- gent auâi du poiûbn ^ 6c Içs dentelures de leur b^c

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leur fervent également à falfir & retenir tous les aK- mens qui leur font propres.

Ces oifeaux ,en cherchant & faîfiffantleur picorée, remuent çà & leur tête , mettent le deffus du bout du bec à plate terre , & leur cou femble fe tordre. Le bec fingulier du phinicopure a mérité Tattention de plufieurs lavans Naturalises & d'Anatomiftes habiles , fans qu'ils foient d'accord laquelle de la portion fupé- rieure du bec , ou de l'inférieure , eft mobile , & laquelle eft immobile ; c'eft encore , dit M. Mauduyt , un point à éclaircir dans Phiftoire de cet oifeau fingulier & unique dans fon genre. Les pkinicoptercs s'éloignent fort peu des rivages de la mer , & ne fréquentent guère ceux des fleuves qu^à leur embouchure ; foit qu'ils pè- chent ou qu'ils fe repofent fur la plage , ils ont Tha- bitude , quand ils font en troupe , ce qui eft le plus ordinaire , de fe ranger , les jeunes & les vieux mêlés , fur une feule file : mais , comme ils font très-méfians , il refte toujours quelqu'un d'eux pour faire fentinelle ^ examiner ce qui fe pafle , & au befoin , donner lalarme par un cri aflez jfeniblable au fon d une trompette : alors toute la troupe , voyant le danger de refter plus long-temps dans cette ftation , prend fon vol y en obfervant un ordre femblable à celui des grues. Si cependant on peut les approcher en fe cachant , & que Von en tue un à coup de fufil , il arrive quelquefois ^e les autres , falfis d'étonnement , prennent difficile- ment leur eflbr. On prétend que, comme les grues ^ les pkmicopures dorment , en Europe , les pieds pofés à terre fur un pied.

Le phénicoptere , quoique très-fauvâge , ou peut- être très - craintif dans l'état de liberté , s'apprivoife àfTez facilement , fur-tout étant pris jeune ; mais il a de la peine à s'accoutumer à nos climats , dans les ménageries il languit & vit peu de temps : dans quelque pays qu'on le retienne captif, il refufe de fe reproduire i il y a apparence que le défaut d'alimens

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iëônvéfiablesr.lm nuit autant en domeftîcîté dans* nos contrées , que k température du climat ; il trempe dans Peau le pain dont on le nourrît , 'èc il mange plus de nuit que de jour.

En Amérique , les Indiens tirent parti du beau plumage de cet oifeau;.ils en- font des.ûoUiers , des £>onnets ou tours de ,tête , des ceintures & autres atours dont ils fe parent très-fouvent. On peut em- ployer le duvet ces oiièaux aux mêmes ufagqs que celui du cygne. LesAnqiens regardoijent la chair au phénicoptcre , encore jeune , comme un mets fort exquis , & c'eft encore le fentiment de pïufieiirs Voya- geurs ; fa langue y dit-on , a un goût de moelle de bœuf;, on eh fervoit aflèz communément /ui^ la table du Prince Méliogaba/e, Cependant. k Montpellier, ou Von tue quelquefois de ces oifeaux , ils font peu efli- mes comme comeilible; mais la diverfité des climats & de la nourriture peut apporter beaucoup de diifé- rence à cet égard. . , ,

On trouve, dans les Mém.de VAcad. des Sciences ^ tom. III, part 3 , page 43., la defcription ànatomiqiîe du phinicoftere ou bécham.

BECHE 6u Coupe-bourgeon. Foye^ fort article , à fuite du mot Lisejte.

BECHET & Becquet, Dans le Maine & l'Anjou, c'eft le Brochet. On Pa nommé ainfi à caufe.de foa long. bec.

BECMARE , Khinomacer. Infefte coléoptere qui ref- femble au charançon : il vi^ïi diffère que par fes antennes qui font tputes droites , & Meurs articles qui font prefque tout auffi longs les uns que Jes autres. Au bout de la trompe on obferve les mâchoires de Pin- feôe, qui font fort petites. On trouve XéMcmare fur les fleurs , le chardon , le charme & dans les bois.

BECONGUILLES. Foye^ Ipécacuanha.

BECOT & Becquerolle. Noms triviaux donnés •à la petite bécaffiru^ Le becquçbo eft \q pùyvert.

' K 4 *^ " ^

n(i BEC B E G

BECQUE-FLEUR ou Quindé. Nom donné ait Pérou à une efoece de eoHM. Voyez ce mot.

BÉCUNE. n eA à pr^umer que ranimai de mer défigné fous ce nom par quelques Voyagçurs , eft , 6u une efpece de requin , ou Ve/padon.

BÉDAÛDE. Efpece de chenille épineufe qui fe trouve fur Torme , fur quelques autres plantes , & que l'on nomme ainii», parce qu'elle eft habillée de deux coideurs. Sa partie antérieure éft d*im cannelle clair ^ & le refte du deflus de fon corps eft d'un blanc-jau- nâtre. Elle fe change en un papillon roux, tacheté de noir, & à qui la découpure finguliere de fes ailes a fait donner, dit M. DcUuie^ le nom de Rokert U diabU y & qui eft décrit fous le nom de double c. Voyez ce mot. Il y a auffi la cigale bedaudt. Voyez à CardcU Cigale.

On a donné encore le nom de hldauâe à la comdlle mantelie. Voyez C article CORNEILLE.

BEDEGUAR ou Eponge d'Eglantier. y(^€[ à

^article RosiER.

BEEKBOK. Voyei à ^article Nagor.

BÉFROI. Oifeau du genre des FourmiUers , & du genre XXII.* de M. Briffm. On en diftingue deux efpeces , l'une grande & l'autre petite & grivelée ; on les trouve à la Guiane. Le bijroi , grand , a envi- ron fix pouces & demi de longiieur ; le deiTus du corps d'un brun pâle , le defTous en blanc ; le bec eft noir en dèiTus , blanchâtre en defTous ; les pieds & les ongles d'une couleur plombée. Cet oifeau a une voix très-forte , femblable au fon d'une cloche qui fonne l'alarme. Son chant , qui offre des fons précipités , fe fait entendre foir & matin , pendant une heure , & on le diflingue de très-loin. PL enl. 813 & 706.

BEGONE , Bégonia. Genre de plante à fleurs in- complètes & irrégulieres , qui comprend des herbes exotiques , qui , par leur port & leur faveur , femblent fe rapprocher d€s ofeilles. Les fleurs font ordinaire-!

B E H lyf

tnent toutes unîfexuelles , 6c de deux fortes fur chaque individu.

Il y a la bégone à racme tubéreufe des Indes Orien- tales ; la bégom à tiges rougeâtres du Malabar ; c'eft le Ts/crla-narinampuli , Rheed. Mal. Il y en a une variété dans PIfle de Bourbon ; on l'y appelle ofcilU fauvage. La bcgom à feuilles velues de la Guiane ; c*^ Vherbc à cchduffure. Voyez ce mot. Les Colons rappellent ofdUc dts bois. Ses feuilles font couvertes de poils courts ; elles ont un côté plus large & plus long que l'autre, & font veinées de rouge ; les fleurs mâles iont fur Un pied, & les femelles fur un autre. La icgone à feuilles liffes ; on la trouve fur les troncs des vieux arbres , dans la Guiane. La bigone rampante de Saint-Domingue v elle croît dans le voifinage des ruif- féaux. La bigone à grandes feuilles de la Martinique ; la bigone à feuilles rondes ; ,elle fe trouve attachée aux rochers ou aux troncs d'arbres dans l'Attiérique Méridionale. La bégone à fleurs violettes de l'Amérique. La bégone femigineufe de la Nouvelle Grenade ; le deflbus de fes feuilles cfl: muni de petites écailles colo» rées ; les fleurs font monoïques & de couleur de fang.

BEHEMOT, On foupçonne que cet animal , grand , puiflant, formidable, dont Job a parlé, efl \q chevtU de rivière appelé hippopotame. Voyez ce mot. Peut-être le bekemot n'eft-il autre chofe que la vache marine \ car on prétend que les os fofllles qui fe trouvent en Ruflle & en d'alitres Contrées du Nord , font des dents d'un bel ivoire. Les Turcs & les Perfans font des manches de poignard & des poignées de fabre avec cet ivoire, qui peut fouffrir le poli. Tout ceci convient fort aux deux grandes dents de la vache marine & à celles de VéUphane. Voyez ces mots &

celui YVOIRE FOSSILE.

BÉHEN, C'eft une racine dont il y a deux efpeces, l'une blanche & l'autre rouge. Il y a eu grande diver- iîté de iendmens au fujet de cette racine, que les uns

ïÇ4 B E H .

attribuoîent à une plante d'une efpece, les autres li une autre. L'illuftie Toumefort a rapporté de TOrient la femence d'une plante qu'il a fémee au Jardin du Roi foii5 le nom de jacic Orientale ^ qui porte dois feuilles femblables à celles du canhame , & des fleurs jaunes : on a reconnu cette plante pour être celle qui donne le béh&n blanc des Arabes , Jaçea Onentalis patuJay carthami facie y flore luteo magno^ Tourn. Cor. 31. L'^^- jine du bêhen rouge n'eft point encore connue. On fait préfentement peu d'ufage de ces racines, quoique les Arabes difent qu'elles fortifient, engraiflent & aug- mentent la femence. L'une & l'autre nous viennent du Levant. M. Haller rapporte que le favant M. Hydc donne , dans fon livre fur la religion des Perfes , deux figures des deux béhens qui ne permettent pas de les placer parmi les jacées. C'eft plutôt une valériane ou quelque autre plante à petites fleurs pentapétoïdes , rangées en ombelles. M. de Toumefort n étoit pas aflèz înflruit dans les langues Orientales pour faifir le fens des Auteurs Arabes.

Des Botaniftes défignent ainfi le béhen rouge ^ f^al> rïana rubrce Jimilis pro Lxmonio mijfa^ Dod. Pempt. 351; lÀmonium Maritimum majus , C. B. Pin,. 192 ; Limonium majus multis , aliis Betien rubrum , J. B. 3 , app. ^'j^. Ils ont ainfi défigné le bien ou béhen blanc des jardins j Lychnisfylvejlris^ qua Behen album vulgd ^Tourn. 335, C B. Pin. Z05 ; Been album officinar. J. B. 3, 356; Beoh album five Polemoniumj Dod. Pempt. 172.

Pour ce qui concerne le Béhen rouge de nos jardins ^ yoye:(^ à la fuite de V article Statice.

L'efpece appelée Béhm blanc ou Camillct , Cucu^ balus Behen ^ Lmn.. 591, eft vivace par .la racine. Ses tiges font longues de deux à trois pieds , noueufes vers le bas, brancnues y< étalées , foibles & garnies de poils (bibles. Ses fleurs font pédunculées, blanchâtres & pendantes : la corolle eft à cinq pétales écartés; le

calice cfl: globuleux & veiné ; les feuilles font lancéo^

BEI BEL ï5f

΀es^ aîgues, glabres & d'un vert-glauqiie. Cette efpece croît naturellement dans les prés fecs, fur le bord des champs & des chemins. Foyei rarticlc CucuBALE» BEIDELSAR ou Beidel-ossar. Efpece ^apocin ou plutôt ^afcUpias^ dont on fait beaucoup d'ufage en Afrique contre la fièvre, & fur-tout contre la xnorfure des bêtes venîmeufes. Les Nègres réduîfent en poudre l'écorce de fa racine, & la mêlent avec de la poupre de charbon' de la même racine : ce mé- lange eft un excellent cauftique qui ronge les boutons galeux & vénériens. Voyt:^ Apocin.

BÉJUCO GRIMPANT , Hippocratca fcandens ^ Linn, Jacq. ; Coafcandens ^frucbi trigemino ^fubrotundo^ Plum. ; Bzjuco pmdulus j Jloribus ptndiculatis j Laefl. C'eft un arbre farmenteux, qui grimpe & fe foutient fur les arbres qui font près de lui , fans s'entortiller autoiu* de leur tronc. Ses fleurs font fans odeur , petites , à cinq pétales, & d'un jaune- verdâtre ; les fruits font compofés de trois capfules obtufes , comprimées ; elles contiennent chacime environ cinq femences, garnies d'une aile membraneufe. Les feuilles font oppofées, ovalaires, légèrement dentées. Cet arbre croît à Saint* Domingue, à la Martinique, & aux environs de Car- thagene dans l'Amérique Méridionale.

BEKKER-EL-WASH. Les Arabes donnent ce nom au Zebu , petit bœuf à boffe. Voyc^ AuROCHS & Zebu.

BEL AME , CluptA Balama , Forsk ; Clupca fetirofiris , BroufTonet , Icht. decas prima. Poiffon du genre du dupe. D fe trouve dans la Mer Pacifique. Son corps comprimé, de la forme d'un fer de lance; entre la gueule & l'anus, eft une efpece de dentelure for- mée par environ vingt-cinq offelets pointus, dont chacun a deux autres offelets adjacens qui s'élèvent en liffit droite; les écailles font en recouvrement, dif- pofées fur des lignes obliques , peu adhérentes à la peau ; la tête comprimée par les côtés, en forme de carène par*de2bus; la peau de la tii^ percée d'une multitude

15^ BEL

de troiis inégaux; la mâchoire de deflus plus larg# que celle de delTous; les dents courtes & d'inégale grandeur; chaque narine a deux ouvertures; lesyetuc font orbiculaires , les paupières noires ; leurs iris ar*

Î;entés , &c nues de vert & de rougeâtre , fur - tout vers e haut ; les operailes argentés ; la nageoire doriâle a fes rayons mous & flexibles , & les derniers font fourchus à leur extrémité. Ce poiÛbn a des nageoires peâorales , abdominales ; celle de Tanus & celle de la

3ueue font partagées en deux lobes égaux. La couleur u dos eft d'un bleu- verdâtre ; les cotés & le ventre d'un brillant d'argent; les nageoires font blanchâtres»

BÊLEMENT , Balatus. Se dit du cri du bélier , des brebis , des agneaux & de la chèvre. Quand le petit de ces efpeces bé/e , la mère qiri l'entend lui répond. Les moutons btlene beaucoup en ibrtant le matin de rétable , pour aller aux champs , & le foir quand ils en reviennent, f^oyei Brebis & Chèvre.

BÉLEMNITTE. Corps foffile, diu-, pierreux, cal- caire^ de forme conique, de diverfes groffeurs, & que Pon trouve dans toutes fortes de hts de tetre^ de fable , de marne ou de pierre , prefque toujours accomr pagné de coquillages ou autres dépouilles de l'Océan» Dans toutes les langues on a nommé les télemnites pierres de foudre ou de tonnerre^ dans la fauffe fuppo- iition qu'elles étoient formées dans les nues , & qu'elles tomboient avec la foudre. D'autres les ont nommées pierres de lynx y prétendant qu'elles fe formoient dans l'urine du lynx. Les Natiu-aliftes ne font point d'accord fur l'origine . de ce foffile : on n'a pas encore prouvé d'une manière bien décifive 9 fi c'en une pétrincatfon originaire du règne animal. Eft-ce une holothurie Joffîlej ou une forte lHorikocératite^ ou une pointe d^ourfin d'ime efpece particulière, ou une dent JC animal?

Quant à leur ftruûure , on peut remarquer que les bilemnites font en général d'une figure fort régu- lière y quoique de formes difFérçntes çntre ellçs. Les une;s

Ibnt parfaitement conicfiies, ou reffemblent au fer d\ine flèche, les autres prçfque cylindriques, & les autres renflées dans le milieu ou en fufeau , ou comprimées, ( M. yiaUe , de la Société de Chdlons , en a trouvé près de cette ville une à deux pointes : Ton en a vu au<H deux femblables dans notre Cabinet , qui ont été trou* vées prèsdeCaën), Leur longueur eft depuis deux pouces jufqu'à huit & plus. Leur groffeur eft depuis celle d'une plume à écrire' jufqu'à trois ou quatre pouces de circonférence. Elles ont à leur furfaçe une ou plu- ifieurs cannelures plus ou moins marquées qui régnent depuis la bafe julqu'à la pointe. Dans leur intérieur On obferve un petit tuyau ou fiphon pyramidal, qui tfaverfe tout le cône & en fait Taxe, & la matière paroxt difpofée en rayoès qui divei^ent du centre à h circonférence , ainfi ifjiton Tobferve dans celles qui font caffées. Elles font auffi toutes compofées de couches drailaires, qu'on peut aifément feparer les unes des autres , en mettant la pierre fur un charbon ardent ou à la flamme d'une forte bougie, & la plon<^ géant enfuite dans de l'eau froide. Alors il en fort tme mauvaife odeur de corne brûlée, ou d'urine de chat.

C'eft cette conformation organique qui a déterminé M. Bourgutt , dans fes Lettres phUofofhiquts fur la for*, motion des fels & des crijlaux , à regarder les bélemnites comme les dents de quelques animaux , & particuliè- rement comme les dents droites du crocodile. M. U Marinier , d'après d'autres obfervations , les regarde tomme appartenantes au règne minéral.

Enfin dans le DiSionnaire d*0ri3ologie , oîi l'on voit une aflèz longue diflertation fur les bélemnites , on les foupçonne d'avoir été la demeure & l'ou- vrage d'un polype articulé , ofleux , & doué d'un fiphon.

D'après cet expofé , & la comparaifon du nombre prodigieux de bélemnites que nous ayon$ pu faire, fpî^

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dms les Cabînete, foit en voyageant i nous {enotsa tentés de croire que la hcUmnUectt un coquillage droite fans Jpiraks , mais chambré &foj[filCj d'autant plus que toutes celles qui font entières ou les mieux conf er-» vées 9 ont à leur bafe une cavité de figure conique , plus ou moins large & longue ; cette cavité eft fou- vent vide , & quelquefois pleine de fable ; d'autres fois auffi on y trouve une alvéole fort curieufe , corn- pofée de petites cloifons ou coupes orbiculaires , convexes en deffus , femblables aux verres des montres, de poche , empilées Time dans l'autre , & qui , toutes cnfemble , forment un cône fort analogue à Vonhocé^ ratite. Voyez ce mot. Ces coupes femblent commu- niquer entre elles par un petit fiphon ou canal , qui fe prolonge dans toute la longueur de Taxe de la béUmniu.

On prétend que la béUrjimu calcinée eft la bafe du &meux remède lithontriptique de Mademoifelle Stefens de Londres. Les Allemands la croient bonne contre le. cauchemar.

BELETTE , BUnnitts mufislaris , Linn. Poiffon du ' genre du Blmne ; il fe* trouve dans la Mer des Indes, La première nageoire dorfale n'a que trois rayons ; la féconde en a environ quarante ; les nageoires pedorales en ont chacune feize ou dix-fept ; les abdominales deux ; celle de l'anus vingt-huit ou. vingt-neuf; celle de la queue en a environ douze. Cette efpece de blmnc n*a point de crête fur la tête.

Belette , Muflela vulgaris. Joli petit quadrupède i_ d'une forme alongée , très-bas de pattes , & qui iemblQ fait pour fe gliffer & s'infinuér dans les plus petites ouvertures. Son dos & les côtés du corps font de cou-» leur rouffe ; la gorge & le ventre font blancs ; {a tête eft alongée ; fes oreilles qui font courtes , ont ^e fin-^ gulier que la partie poftérieure de la conque eft double, c'eft-à-dire compofée de deux panneaux qui forment une forte de poche y dont l'entrée eft au bord de la conque*

BEL ij^

Cet animal , qui a fix dents incifives à chaque mâ-^ choire & les doigts onguiculés , eft aufïi commun dans les pajrs tempères & chauds , qu'il efi rare dans les climats froids. Comme parmi l^s belettes ordinaires il y en a quelques-unçs qui , comme Vhermine , devien» nent blanches pendant PHiver , même dans notre climat, cela avoit donné lieu de les confondre , & de les prendre pour le même animal. Il eft à obferver que Vhermine , rouffe en Eté , blanche en Hiver , a en tout temps le bout de la queue noire : la belette au contraire, même celle qui blanchit en Hiver , a le bout de la queue jaune ; & cette queue , ainfi que la corpulence de la belette,^ font fenfiblement plus petites. De plus, y hermine habite les déferts & les bois , & ne fe trouve qu'en très-petit nombre dans les régions tempérées : on n'eq trpuve^ $fm% vers le ' Midi ; mais elles : font trèsrâbohdàntes dans.;le Nord. Koyei Hermine. \A,bdettc '.eft. avec Thermine , la plus petite , maïs non la moins fanguinaire de cette claffe inférieure de menues bêtes de proie à corps alongé & à marche rampante , furûts /fouines , putoi^ , qui s'infinuent dans les colombiers ,, les poulaillers , dans les volières , & y font les exécutions les plus fanglantes.

La belettttk'iort vive & fort agile: en Hiver elle habite dans .Je^,t greniers , Içs granges,, les étables, & fur-tout dans les trous en terre. En Été ,, elle Va à quelque diftane^ ^s. maifons , fiiMout dans les lieux l»s , aut0iur des moulins , le long des ruiflèaux & des rivières. Sa jufe la porte à fe cacher dans les buiffons pour attraper de petits oifeaux. La beleue , quoique moins forte quiç le putois & la fouine , puifqu'elle n*a que fept pouces <le longueur ^ fait néanmoins la guerre aux volailles , aux pigeons , &c. En effet , elle eft le âéau des baftès-cours & du gibier. Elle cherche avec avidité les o^ufs de poules & de pigeons , qu'elle caffe pour les fucer. Ce petit animal tue les jeunes poulets & les petits pouâins , d'un cQup de d^nt qu'il leuc

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donne à la tête y & les emporte les uns après les intstt clans fon trou. Il çft très-triand de cervelle. Il parcourt les champs & les prairies , dévore les cailles & leurs ceufs. Il eft fi courageux &: fi hardi , qu'il attaque des animaux plus gros que lui , tels que de gros rats d'eau : on prétend même qu'il leur donne la chafTe de quelque cfpece qu'ils folent. Il furprend les taupes dans leur trou : il eft affez lefte & affez fin pour attraper des chauve-fouris & ^s moineaux , &c. dont il fuce le fang. Il ne dédaigiie çoint d'attaquer les mulots & le^ couleuvres , & de lavourer la chair corrompue. U n'entre point dans les ruches comme le putois & la fouine , n'étant point friand de miel. Dans fes couriès fanguinaires , la teleete ne marche jamais d'im pas égal, elle ne va qu'en bondifiant par petits fauts inégaux âc précipités ; & lorfqu'elle veut monter fiir un arbre , elle fait un bond par lequel elle s'élève tout d'un coup à plufieiu^ pieds de hauteiu* ; elle bondit de même lorfqu'elle veut attraper un oifeau. La femelle met bas au Prmtemps ; fes portées font de quatre ou cinq petits , qu^elle tient dans le foin ou la paille. Lorfqu'elle met bas dans le creux d'un vieux faule , elle leur prépare un lit avec de l'herbe , de la paille , des feuilles. Ces petits naiffent les yeux fermés , mais en peu de temps ails prennent affez d'accroiffement & de force pour fuîvre leur mère à la chaffe.

Cet animal dort les trois quarts du jour , & emploie la plus grande partie de )a nuit à manger ou à chercher fa. proie. Il marche toujours en filenc^ , & ne domie jamais de voix qu'on ne le firappe ; il pouffe alors vtn cri aigre & enroué qui exprime la colère ou la dou- leur. En Été il a une ockur extrêmem^ent forte & défagi;éable : on dit cependant qu'en fe frottant fur les arbres il y laiffe une efpece d'humeur onôueufe , qui fent beaucoup le mufc ; ce qui pourroit être , puifque l'odeur du mufc elle-même efl très-défagréable lorf- <]u'elle eft trop concmtrée, La hlcuc ç^ û âxouche ^

fi

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û conftamment fauvage , qu*on ne peut l'apprlvoifer r elle s'agite dans fa cage , & cherche à fe cacher ; c'eft pourquoi , fi oa veut la conferver , il faut mettra dedans un paquet d'étoupes , dans lequel elle pulffe fe fourrer.

A Pégard de la beleue Amériquainc à longue queue & à griffes d'écureuil , Foye[ à FarticU PoxTO.

La beUtu de Java , eft le Vansire. yoyei^ ce motj

La grojfc beUtu noire du Bréjil ^ eft le Tayra. VoyeT^ ce mot.

BÉLIER , Arles. Ce quadrupède à pied fourchu eft Je mâle de la brebis. Il porte le nom à^ agneau ( agnus ) dans les premiers temps de fa vie , & prend celui de mouton (^vervex ) , lorfqu'il a été coupé.

La brebis (ovis) porte auffi les noms ai agneau & mouton dans les mêmes circonftances. Voye^^ Agneau.

On peut dire en quelque forte , que les moutons font des animaux faâ&ces , que l'induftrie humaine a façonnés pour en tirer plus d'avantages. L'homme a joui de tout fon empire fur cette efpece d'animal, qui , fuivant la remarque de M. de Buffon , ne doit , pour ainfi dire , fon exiftence qu'à la proteftion qui lui a été donnée. Sans le fecours de l'homme , cet animal foible feroit devenu & deviendroit encore la proie de la voracité des efpeces qui font fes ennemis : auffi obferve-t-on que l'on ne trouve point de brebis faùvagcs dans les delerts , tandis qu'on y retrouve les analogues des diverfes autres efpeces d'animaux domef- tiques. Nous difons que notre brebis domeJUque , tell« qu'elle eft aujourd'hui , ne pourroit fubfifter d'elle- même , c'eft-à-diré , fans le fecours de l'homme ; mais il eft également certain que la Nature ne l'a pas pro- duite auffi foible qu'elle l'eft préfentement : cet animal a donc dégénéré , il s'eft abâtardi entre nos mains , & Ton en peut reconnoître la fouche primitive dans 1«^ mouffbn qui fe trouve en Ruffie , en Tartane , en Perfe y fn Syrie , &c. Voye^ MOUFFLON»

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De tous les animaux quadrupèdes dans Vétat de domefticité , cette efpece eft la plus ftiipide ; elle a moins de relTources & de fentiment que la chèvre : & ce qui dans les animaux , dit Tilludre M. de Buffon ^ paroîi être le dernier degré de la timidité ou de Tin- fenfibilité , la brtbis fe laiffe enlever fon agneau fans le défendre , fans s'irriter , fans réfifler & fans marquer fa douleur par un cri différent du bêlement ordinaire. Mais cet animal , ajoute-t-il , fi chétif en liii-même , fi dénué de qualités intérieiu-es , eft poiu* Thomme l'animal le plus précieux , celai dont l'utilité eft la plus immédiate & la plus étendue ; feul , il peut fufEre aux befoins de première néceffité ; il fournit tout à la fois de quoi fe nourrir & fe vêtir , fans compter les avan- tages particuliers qu'on fait tirer du fuit , du lait , de la peau , & même des boyaux , des os & du fumier de cet animal , auquel il femble que la Nâtiue n'ait pour ainfi dire rien accoitlé en propre , rien donné que pour le rendre à l'homme ; auffi cette efpece eft»^ elle immolée à nos befoins.

Il n'y a que l'amoiu* , dit M. ^ Buffon , qui dans les animaux eft le fentiment le plus vif & le plus général , qui femble donner quelque vivacité & quelque mou- vement au bllitr : lorfqu'il eft en rut , il devient pétu- lant , il fe bat , il s'élance contre les autres béliers ; ijuelquefois même il attaque fon Berger. Mais la brebis quoique en chaleur , n'en paroît pas plus animée ^ pas plus émue : elle n'a d'inffinâ: qu'autant qu'il en faut pour ne pas refufer les approches du mâle , pour choifir fa nourriture , & pour reconnoître fon agneau. L'inflinâ eft d'autant plus sûr , qu'il eft plus machinal , & , pour îdnfi dire , plus inné. Le jeune agneau cherche lui- même dans un nombreux troupeau , trouve. & faifit la mamelle de fa mère , fans jamais fe méprendre.

Il y a des efpeces dans la Nature oîi la femelle peut également fervir à deux mâles d'efpeces différentes , ^ produira d9 tous deux ; la brebis prodvjiit avec te

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}mic «uifi bkn qu'avec le biUer , & produit toujours «les agneaux , des individus de ion efpece ; le bilUr , au contraire, ne produit point avec la chèvre ; on peut donc regarder la brebis comme une femelle conunune à deux mâles différens , & par conféquent elle conflltue Tefpece indépendamment du mâle. Que de conjediu-es fur le croifement des eipeces s'oiErent ici à l'efprit qui réfléchit }

Le bilier porte for la tête des cornes > qui viennent fc contourner fur le devant en forme de demi-cercle : «lies font auffi quelquefois contournées en fpirale y creufes & ridées. On connoit Page du bélier par ces cornes : eltes paroiffent dès la première année ^ louvent même dès la naiflance , & crc^fTent tous les ans d'un anneau jufqu'à l'extrémité de fa vie* Communément les brebis n'ont pas de cornes ^ mais elles ont fur la tête des proéminences off<nifes aux marnes endfoits oit naiflent les cornes des béliers. A un an les béliers , les brebis Sc les moiuons perdent les deux dents de devant de la mâchoire inférieure ; car ils manquent de dents Incifiives à la mâchoire fupérieure. Ils perdent le refle de leurs premières dents jufqu'à l'âge de trois ans ^. ' oîi elles lont remplacées par d'autres qui font égales,, afiez blanches , mais qui y à mefure que l'animal vieil** lit , fe déchauffent quelquefois , s'émouffent , & de- viennent inégales & noires. Ainfi on juge de l'âge; des moutons par l'état de leurs dents. Ils n'ont d'abord que huit dents canines à la mâchoire inférieure; deux de ces dents font , au bout d'un an , remplacées par des mâchelieres , quatre à deux ans , fix à trois ans , & lès huit enfin à quatre ans. Elles fe foutiennent en bon état environ un an ; & leur dépériffement fucceflif indique la fuite de cet âge.

Il y a des bélitrs qui n'ont point de cornes ; on en voit beaucoup en Angleterre ; mais ceux qui en ont paffent pour être plus ardens & plus prppres à féconder \^ brebis. On.doijt choifir pour couvrir, les brebi^^

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& pour fe procurer une belle race , les téliers qitî paroiffent les plus vigoureux &c les plus propres à la génération. Tels font ceux dont les leilicules font les plus gros , qui font les plus garnis de laine dans les endroits oii il en manque ordinairement. Ils doivent avoir la tête forte & groffe , le nez camus , le front large , les yeux noirs & gros , les oreilles grandes , le corps long & élevé , l'encolure & le râble large , le ventre grand , la queue longue , & de belles cornes ^ quoique ces armes les rendent dangereux ou incom- modes dans un troupeau ; mais pour les empêcher de daguer , on leur perce les cornes près des oreilles , à Tendroit elles fe courbent ; d'autres fois on attache à la racine des cornes un morceau de planche garni de pointes de fer tournées du côté du front , qui piquent l'animal toutes les fois qu'il donne un coup de tête. Les brebU dont la laine efl la plus abondante , la plus toufiue , la plus longue ,. la plus foyeufe & la plus blanche , font aufli les meilleures pour la propagation; fur-tout fi elles ont en même temps le corps grand , le cou épais & la démarche légère. On obierve aufli

3ue celles qui font plutôt maigres que grafTes , pro- uifent plus sûrement que les autres. La durée la plus ordinaire des iéiiers eft de douze à quatorze ans. Cet animal pourroit engendrer à dix-huit ou vingt-mois , «lais on ne doit lui permettre de faire ufage àe fes forces qu'à l'âge de trois ans ; deux ans pour les treiis ; jf un feul peut fuffire à vingt-cinq ou trente irebîs ; & par un goût qui doit nous paroître bizarre , 51 s'attache de préférence aux brebis âgées , & dédaigne les jeunes. Au bout de huit ans il n'eft plus guère propre *"à la génération l'efpece. Alors on le biP tourne , ( c'eft lui comprimer & lui tordre les tefti- cule^ , ) afin de le faire engraifler ; mais fa chair tient toujours un ^eu de l'odeur & du goût de celle du bouc. Il n'en eft pas de même die celle du moucom

qiu a fubi la ^caib^Uon ddn$ fa jewiçfie.

BAL, ï^5

Quoique la toîfon d'un bélier foît èntiértment blan- ' ehe , on prétend qu'il ne produit que des agneaux tachetés , îorfqu'il a la 'moindre tache à la langue ou au palais. On ne voit en France que des moutons blancs , bruns , noirs & tachetés ; il y en a de rouK en Efpagne , de jaunes en Ecofle.

La bnbis & les moutons , dont le naturel eft fi Am- ple, font d'un tempérament délicat. Dès qu'ils cou- rent , ils palpitent , & font bientôt efibufSés ; la fatigue les abat; la grande chaleur , l'ardeiu* du foleil les incommodent autant que l'humidité, le froid & la neige : quelquefois ils deviennent boiteux , ou de laffitude , ou parce que leurs ongles font ramollis pour avoir refté long-temps dans la fiente de l'animal. Les moutons & les brebis font fujets à la vermine , à la gale , à la fièvre , à l'enfliue , à la difiîculté de ref- pirer , à la morve , à Vavcrtin , vertige ou ctourdif- fement ( ^ ) , en un mot à un grand nombre de n;îa- ladies > dont la plupart font contagieufes. Les mauvaifes herbes qu'ils peuvent rencontrer dans les pâturages y contribuent beaucoup ; notamment la crapaudine éc une efpece de renoncule, appelée par les Payfans douve, & par les Botaniftes y Ranuncuius longifolius palujlris y ( Gafp. Bauh. Pin. ); cependant la crapaudine ,yîi/«r/Vij,. ne leur eft point encore fi dangereufe que cette efpece de renoncule. Les moutons font quelquefois tourmen- tés par un infede qui dépofe it% œufs dans leur nez^ Cerf un Oeflre. Voyez l article MouCHE DES VERS-

DU NEZ DES Moutons.

Les Bergers appellent du nom de claveau ou cUv^ velU , ou clavin , une maladie qui fait beaucoup de ravage parmi les brebis ; c'efl: une efpece de petite vérole qui eft beaucoup moins dangereufe dans le

(tf) M. TAbbé Fùntana dît qu'il fe troure une yefllîe au cerveau;.

parti*

^ans le côté oppofé à celui fur lequel les moutons , dans leur accès de folie , tombent » c*eft une efpece d*hydatid'e remplie d*une lympbe

c«liere,-& dans laquelle fe trouTent dies vers «vifocmes.

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printemps Si Pautomne qu'en été & tn hiver. Ceffé maladie fe mamfefte par d^ pufhiles ou boutons qm s'élèvent fur tout le corps de ranimai , & princip»- lemènt fur les parties dénuées de laine. L'éruption eâ: retardée ou accélérée félon la température de, Pair , la force & l'âge des bêtes, 6c que le troupeau eil plus ou moins nombreux. En un mot , les périodes & les circonflances de cette maladie ont beaucoup de refTemblance avec ceux de la petite vérole qui affeûe les hommes. Confultez le Traité intitulé ; Médecine des Bétes à laine. Il paroît que l'air eft le véhicule de ce venin contagieux , de même que dans la plupart des maladies épidemiques ou épizootiques. En effet , une Irebis attaquée du virus variolique, communique très rapidement ce mal à tout un troupeau. Une obfer- vatiott bien digne de remarque ^ c'efi: que tous les agneaux qui naiffent de tretis infeâées y ne font point attaqués 9 même en tétant leur mère durant tout le cours de la maladie. Ces agneaux n'auroient - ils pas eu la maladie dans le ventre de la mère ? Dès que le clavin fe manifeAe 9 la brebis devient trifte & lanr» guiflante ; il faut aufli-tôt la mettre dans ime étable à part , vafte , plus aérée en été qu'en hiver. Il faut faire prendre dix foufre ou de Vajfa fœtida en poudre à l'animal , à la dofe d'une demi-once mêlée avec du fon & un peu de fel marin. L'un de ces remèdes agit par tranfpiration , & l'autre par les urines. Il faut auffi faire ufage d'un feton enduit de bafilicum. On propofe aujourd'hui d'inoailer le clavin à l'infbir de l'inocula- rion de la petite vérole.

La faifon de la chaleur des brebis eft depuis le commencement de Novembre jufqu'à la fin d'Avril» Cependant elles ne laifTent pas de concevoir en tout temps , ii on leur donne ^ auffi^bien qu'au bélier , des nourritures qui les échauffent , comme de l'eau falée & du pain de' chenevis. Elles portent cinq mois , & mettent bas au commencement du fîxieme : elles ne

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proàulfent ordinairement qu*un agneau , & quelquefois deux. Dans les climats cnauds elles peuvent produire deux fois par an ; mais en France & dans les pays plus froids , elles ne produifent qu'ime fois par année. Pendant les premiers jours qui fiuvent la fécondation , Tœuf d\me irehis , dit M. de Halhr , ( Mémoires de t Académie des Sciences , année //ij , ) paroît ne ren- fermer qu'une efpece, de lymphe ; il eft encore gélati- neux le dix-feptieme joiu-. Après ce terme , Von diftin* gue fort bien le fœtus enveloppé de fes membranes. Sa longueur eft d'environ trois lignes» Il avoit donc pris un accroiffement confidérable fous la forme de fluide , & enfuite fous celle de gelée ; mais fa tranf- parence ne permettoit pas de le reconnoître.

Les brebis mettent bas difficilement : auffi eft - oiî fouvent obligé d'aider à leur accouchement ; elles font fujettes à fe bleffer, à avorter fréquemment ; elles devien- nent quelquefois ftériles , & il n'eft pas rare qu'elles faffent des monftres ; auffi demandent-elles beaucoup plus de foins qu'aucun des autres animaux domeftiques^ On ne laiffe point teter à l'agneau le premier lait contenu dans les mamelles de fa mère , parce que ce lait, dit-on, eft gâté, & feroit beaucoup de mal à l'agneau ; mais c'eft une erreur.

Xfg brebis a du lait pendant fept ou huit mois 9 & en grande abondance. Ce lait eft une affez bonne nour riture pour les enfans & les gens de la campagne ; on en fait auffi de bon fromage , fur - tout en mêlant avec celui de vache. Le temps de traire les brebis eft avant qu'elles aillent aux champs , ou immédiatement après qu'elles en font revenues : on peut les traire deiuc fois par jour en été , & ime fois en hiver.

Les brebis & les momons aiment beaucoup le fel , qui leur eft en effet très-favorable ; car on a obfervé que quelques troupeaux avoient été garantis de mala- dies contagieufes par l'ufage du fel , ainfi que des trou- peaux de vaches & autres bêtes à cornes \ le fel pror

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duit un effet merveilleux ; il leur facilite la dîgeftîoii ; & ces animaux extraient de la même quantité d*herbes une plus grande quantité de fubftance nutritive , ce qui leur procure une plus grande abondance de lait. On eft dans Tufage, en Languedoc, de ne donner du fel aux beftiaux que pendant l'hiver* La quantité qui leur fuffit eft une livre de fel en huit jours pour vingt moutons : on a foin de les empêcher de boire le refte tîu jour ils ont mangé du fel ; ils ont enfui te un

Îjrand appétit. Les laines des moutons qui ufent de el, font plus belles & meilleures. Il n*y a que le Gouvernement qui puifle faciliter cet ufage important, icn diminuant le prix du fel ; ce feroit une perte paf- iagere qui tournerolt en plus grand émolument. Voyc:^ le Tome I des Mémoires préfcntés à l* Académie Royale 'des Sciences*

La chair des moutons qui paiffent dans un terrain ïec & dans des pacages ou près falés , acquiert un goût des plus agréables, (tels font les moutons de Dieppe, connus fous le nom de moutons de pré f aie , ceux de Ganges en bas Languedoc , & ceux de la plaine de la Crau en Provence ;. Aufli dans quelques bergeries a-t-on foin de mettre dans quelque endroit un fac de jfel ou une pierre falée , {^f^^légre) , que les moutons .vont tous lécher tour-à-tour-

Rien ne contribue plus à l'engrais des moutons que l'eau prife en grande quantité , & rien ne s'y oppofe davantage que l'ardeur du foleil ; mais ceux qui les ont engraifles de cette manière , & même de toute autre , doivent s'en défaire aufli-tôt qu'ils font en- graifles , c'efl-à-dire les vendre pour la boucherie ; car on ne peut jamais les engraifler deux fois , & ils periflent par des maladies du foie, occafionées par les Vers qui s'y engendrent. Les moutons n'ont pas d'au- tre graijje que Xtfuifj & cette matière domine fi fort dans l'habitude de leur corps , que toutes les extrémi- tés de la chair en font garnies ; & le mouton a le fui/

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pliis abondant , plus blanc , plus fec , plus ferme & de meilleure qualité qu'aucun autre animal, f^oyei Parti- cle Graisse.

La caftration doit fe faire à Page de cinq ou fix mois , ou même un peu plus tard , au printemps ou en automne , dans un temps doux. Cette opération peut fe pratiquer de deux manières. La plus ordinaire fe fait par incilion en enlevant les tefticules ; mais on peut aufli Amplement lier avec une corde les bourfes au-def- fus des tefticules ; & l'on détruit par cette compreflion les vaifTeaux fpermatiques.

Tous les ans on feit la tonte de la laine des mou^ tons , des bnbis & des agneaux. Dans les pays chauds , Ton ne craint pas de mettre l'animal tout- à- fait à nu , l'on ne coupe pas la laine , on l'arrache , & on en fait fouvent deux récoltes par an. En France & dans les climats plus froids , on fe contente de ton-, dre les moutons une fois par an. Le temps le plus favorable eft au mois de Mai ; la toifon a le temps de recroître pour garantir les moutons du froid de l'hiver. La laine du cou & du dos des moutons eft de la pre- imere qualité : celle qui recouvre les autres parties eft moins bonne. La laine blanche eft plus eftimée que celle qui eft colorée ^ parce qu'à la teinture elle peut pren- dre toutes fortes de couleurs. La laine lifle vaut mieux que la laine crépue. '

Les laines d'Italie , d'Çfpagne & même d'An- gleterre , paffent pour être plus fines que les laine's de France , & la France fe voit néceffitée d'ache- ter fort cher de l'Étranger des laines longues , blanches , fines & foyeufes qu'elle pourroit tirer de fon propre fonds , ainfi que le prouve un boh Citoyen dans un Mémoire qui a pour titre ; Cori- Jidcrations fur Us moyens de rétablir en France les hennés efpcces de Jbêtes a laines. Cet objet mérite tellement d'attirer notre attention par fa grande utilité & par fon importance poiu: la richeffe de l'Etat,

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e Von Va prëfentçr un tableau raccour d des vues e ce Patriote.

La France , ainfi que le prouve très-bien cet Auteur, a été en poffeflîon , pendant près de fix fiecles , de pro-- duire d'excellentes laines , tant de carde que de peigne , de toutes les qualités , & fi belles , que l'Etranger etoit obligé de venir fe fournir en France d^ laines & même des étoffes dont il avoit befoin. Elle a perdu cet avan- tage depuis que l'Efpagne & l'Angleterre ^ la. Hollande & la Suéde ont eu le fecret de perfeftionner la qualité , & d'augmenter la quantité de leurs laines par l'impor^ tation d'une race étrangère meilleure que celle du pays.

L'avantage qu'a eu la France autrefois , peut €e recouvrer. Le climat & les pâturages qui influent tant fur la qualité des laines , font les mêmes qu'autrefois , peut-être même ces derniers font-ils perfeftionnés. Les véritables moyens à employer font d'importer & de multiplier en France de bonnes efpeces de moutons , & des races choifies , appropriées au climat & à l'efpece de pâturage des Provinces oîi on les renouvellera ; car on a dans la France plufieurs fortes de climats , & qui font pour le moins aufli avantageux pour élever les moutons , que ceux des voifins qui nous ont fupplantés. Les foins que l'on prendra de ces animaux influent auflî beaucoup fur la beauté de leurs laines.

Il efl: utile de détruire un préjugé enraciné depuis long-temps , & de montrer dans le dernier degré d'évi- dence , que la France poflede des laines de la même qualité que celles d'Angleterre. L'Auteur , d'après lequel nous parlons , s'eft afluré , par un examen exad ^ que. la laine des plus beaux moutons de Flandres , eft d'une qualité femblable à celle d'Angleterre y en lon- gueur , en blancheur & en finelfe. Après avoir fait pafler par un Ouvrier intelligent une peau en fuint d'un mouton de la meilleiure efpece des environs de Lille en Flandres , il obferva que lorfqu'on-enlevoit la fuperficie de la toifon oîi la fiente avoit féjourné , & qui avoit

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ïine covdettr jaune fale , le refte étoît d'une blancheur éclatante. Les flocons de la mere-laine de cette toifon avoîent fept pouces de longueur ; encore faut - il ol>- ferver que l'on avoit tué l'animal cinq mois avant le temps de la tonte : les filets de la laine préfervée ref- fembloient à de la foie blanche , tant ils étoient fins & luifans. Cette laine comparée à celle d'Angleterre filée , car on ne la reçoit jamais autrement en droiture , ne préfenta pas la moindre différence en qualité. Û fuit donc de ces obfervations , que l'on pourroit recueil* lir , fans fortir du Royaume , en tenant les bêtes à laine proprement , & en en prenant les foins néceffaires , des laines auffi longues , aufii blanches & aufii fines que celles d'Angleterre*

Le François ayant la manie de préférer les matières étrangères , à qualités égales, à celles de fon crû, les Mar- chands font convenus dans le commerce de vendre fous le nom de laine (C Angleterre la belle laine de Flan- dres triée , qui , ainfi que celle d'Aogletcrre , fe vend jufqu'à cent fous la livre. Les HoUandois en ufent de même, & on a recoiurs à la même fupercherie pour certaines étoflFes de foie.

S'il exifte quelque légère différence entre nos belles laims de Flandres & celles d'Angleterre, c'eft que les nôtres ne prennent pas auffi bien la teinture de cou- leur de feu que celles d'Angleterre , défaut qui difpa- roîtra dès qu'on aura foin de tenir proprement les bêtes à laine.

On peut faire de toutes les qualités de laines deux clafifes principales , & rapporter toutes les laines cour- tes à la clafle des laines d'Efpagne, les longiies à la clafife de celles d'Angleterre. Le Roiiffillon, le Langue- doc , le Berry , font des qualités d'Efpagne ; les mour- tons de ces Provinces donnent ordinairement quatre livres d'une laine qui diffère peu de celle que donnent les moutons des plaines de Ségovie en Efpagne. Les moutons Flandrins , qui font notre efpecc la plus greffe^

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donnent depuis huit îufqu'à dix livres de laîne de fe même efpece que celle d'Angleterre. En jetant ainfi lin coup d'œil général fur les diverfes Provinces du Royaume, on voit qu'elles font propres à nourrir diverfes efpeces de moutons.

Comme il y a une analogie, un rapport eflentiel entre les pâturages , la laine & la chair des moutons ^ il faut nécefTairement affortir les pâturages à chaque efpece de moutons. L'efpece de mouton choifîe, que l'on fera paître fur le penchant des collines, fur les peloufes d'herbes fines, donnera une laine fine, courte & très-belle. L'efpece dont la corpulence demande une nourriture plus fubftantielle , donnera ,dans des pâtu- rages abondans & fous un climat favorable, une laine longue, belle & foyeufe. La France pourroit donc fe pafTer de tout fecours étranger en perfeôionnant , mul- tipliant les bonnes races, fupprimant les moindres,. & appropriant chaque* efpece de mouton au climat & à la nourriture qui lui eu propre- Un coup d'œil jeté fur la manière dont les étran- gers s'y font pris pour nous fupplaiiter dans cette efpece de commerce, fera peut-êtrë^très-propre à rani- mer notre émulation , & à nous faire profiter de leurs leçons pour recouvrer notre ancienne fupériorité.

Vers le miKeu du quatorzième fiecle. Dam Pedrc IV ^ Roi de Caftille , fucceffeur d'^^Ao/2/J , ayant appris qu'il y avoir en Barbarie des moutons qui fàifoient à leurs propriétaires un grand profit , fit venir en Efpagne un certain nomWre de cette belle efpece de hilurs & Ae brebis d^oiitremer y ganaJos-merlnos; voilà l'origine des belles laines de Gaftille. Cette race de moutons^ tranfpprtée en. Efpagne réuffit affez bien pendant deux fiecles. Le Cardinal Ximenh^ fous le règne de Ferdi^ nand h Catholique & êilfabcllc de Caftille , la voyant dégénérer, fit venir de nouveau des béliers de Barbarie de la plus belle efpece. En Miniftfe intelligent, ce grand homme eut foin d'exciter parmi les Efpagnols une

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anoble émulation pour le foîn des troupeaux, en forte qu*encore aujourd'hui des Chefs de familles très-diftin^ guées fe font un plaifir de vifiter eux-mêmes leius troupeaux, & que le jour de la tonte, jour d'une nouvelle foiu'ce de richeffes , eft célébré par des fêtes brillantes & fomptueufes. Les Efpagnols fe fouviennent que les Rois étoient autrefois propriétaires de la plus grande partie de ces troupeaux : de ce grand nom- bre d'Ordonnances, de lois pénales, de privilèges & d'immunités, établis fous difFérens règnes pour la con- fervation & le gouvernement des troupeaux; de cet ancien Tribunal formé fous le titre de Confiil du grand troupeau royal , ( Conccjo de la mejla, ) C'efl: par une telle attention que les moutons rapportent annuel- lement dans le tréfor plus de trente millions de réaux : auffi les Rois d'Efpagne , dans leurs Ordonnances , les appellent-ils k précieux joyau de. la Couronne. On fe rappelle que Philippe èakXxt ^ en 1429, [Ordre de la Toifon^dury en mémoire d'une vente de laine très- confiderable , dont le produit avoit beaucoup aug- menté la richeffe de fes peuples dans fes domaines de Flandres & de Brabant. Tout cela annonce de quelle importance eft pour la Nation ce genre de richefl'es^ X*a Nature s'embellit & fe perfeûionne fous la main du riche poffeffeur; cette émulation à foutenir la bonne race des moutons par le choix des béliers^ eft même devenue en Efpagne ime forte de jaloufîe fi grande, qu'on a vu de riches particuliers payer jufqu'à deux cents ducats un excellent bélier. Ce font ces mêmes foins qui leur procurent de« chevaux d'une fi belle forme, & d'une taille fi élégante. P^oye^ à Vartick Cheval.

Au quinzième fieclè , Edouard IV , Roi d'Angle- terre , fit venir , avec la permiflîon du Roi d'Efpagne, trois mille bêtes blanches de cette belle race 'de mow* tons dont on vient de parler. Par la fagefle de Tadmi- jj^a^pn, r Angleterre p au bout de quelques années.

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fiit peuplée de cette précieufe efpece. On forma des écoles de Bergers , on leur donna les inAruâions né- cefTaires ; on parvint par degrés à habituer les moutons qui paffoient d'un climat fous un autre bien différent, à fupporter le froid de Thiver en plein air au milieu d'un parc. L'Angleterre nous fupplanta alors par les foins qu'avoit eus le prédécefleur A^ Edouard , d'attirer en Angleterre des ouvriers François. La Reine Elifahtth 5'eft couronnée de gloire par l'attention de renouveler cette race de moutons^ pour l'empêcher de dégénérer; gloire que lui avoit préparée Hmri VIII. L'Angleterre doit beaucoup à ce Roi.

Toutes les laines d'Angleterre ne font pas de la même beauté ; les Anglois ont trois fortes de bêtes à laine : l'efpece commune qui eft l'ancienne , & dont les toifons ne valent pas mieux que nos grofles laines de Picardie ; l'efpece bâtarde produite par les bilurs d'Efpagne & les brzbis d'Angleterre , dont la laine tient le milieu pour la bonté ; & enfin la troifieme efpece qui eft celle d'Efpagne. Il eft digne de remarque que le féjour des bêtes Efpagnoles en Angleterre a fait changer leur laine de nature. Elle eft beaucoup plus longue , mais moins fine que celle d'Efpagne , appa- remment par la nature des pâturages & du climat. Elle eft auffi plus blanche & plus nette , parce qu'on y a l'attention de tenir les troupeaux plus proprement qu'en Efpaene. Une des caufes en général qui peut contribuer le plus à la beauté & à la blancheur des laines , c'eft la méthode de laver la toifon fur le corps des moutons , fur-tout lorfqu'on feit ufage d'eau favon- neufe , telle qu'en donnent quelques fontaines ; ce lavage purifie parfaitement bien les laines. En Efpagne , 4es Pafteurs conduifent leur bétail dans des vacans immenfes , fous un ciel doux pour la faifon , & c'eft de ces promenades d'un territoire à l'autre , que ces moutons ont été nommés bétts trafumantcs > l^trans-' humantes,) La vie de ces animaux & des Bergers qui

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les gouvernent , eft un voyage continuel , un paflage des pâturages d'été dans les pâturages d'hiver ; point de bergerie ; point d'abri ni de parcs domeftiques ; point de féjour que le temps néceffaire à l'opération de la tonte. Les Anglois raffemblent leurs bêtes à laine dans de vaftes enceintes, le long des côtes de la mer, ou à la campagne dans des terrains circonfcrits de haies vives , ou par d'autres défenfes. Ce font autant de prairies naturelles ou artificielles ; les moutons y mènent la vie fauvage , tant de jour que de nuit , fans Berger & fans chiens. Il faut en convenir , on ne voit point de loups en Angleterre , & les voleiu-s n'exercent guère leur cupidité que fur les grands chemins.

Au fiede paffé les Hollandois convaincus par l'exem- ple des pigeons , des poules-d'Inde & d'autres animaux transfplantés , que les efpeces de la vaûe contrée des Indes Orientales , accoutumées une fois à l'air de l'Europe y y deviennent plus fécondes & y multiplient à fouhait , tranfporterent des Indes Orientales ime cfpece de téliers & de brebis , haute , alongée , groffe de corfage , & dont la Idne égaloit prefque les laines d'Angleterre en fineffe & en bonté. Cette race , tranf- plantée dans le Texel & dans la Frife Orientale , y réuflît au point que les femelles donnoient quatre agneaux par année. En général l'expérience a toujours démontre que les moutons profperent lorfqu'ils font accoutumés au froid , & qu'ik ne foufFrent point d'al- tération en paffant d'un pays chaud dans un pays froid,- n en eft tout autrement , lorfqu'on les tranfporte ^un climat froid fous unciel beaucoup chaud.

Dans le Texel on retire de ces moutons tranfplantés des Indes Orientales , des toifons qui donnent depuis dix jufqu'à feize livres d'une laine longue , fine & foyeufe , dont on fait commerce fous le nom de /aine d'Angleterre. Les Hollandois permirent aux Flamands

de tranfporter quelques bêtists Indiennes ^yxsi environs

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de Lille & de Varneton ; elles y réuffirent fi bien J que toute Tefpece tranfplantée des Indes en prit le nom de moutons Flandrins.

Les Suédois , quoique fous un climat plus rigou- reux , ont auffi tranfporté chez eux des bêtes à laine de la meilleure efpece d'Angleterre & d'Efpagne ; & par les foins qu'ils en ont pris , ils recueillent pré- fentement des laines auffi belles que celles d'Angleterre & . d'Efpagne. Confultez le D'y cours fur la race des Brebis à laine fine , prononcé par M. Alftroemer dans V Académie Royale de Stockholm , le 15 Avril 1770. Ce difcours eft rempli de recherches très-favantes & très-curieufes.

De femblables exemples ^ ne doivent-ils pas nous animer ? Que Ton multiplie cette efpece de mouton Flandrin , qu'on en confeiTe la race pure & fans mélange , qu'on la répande dans toutes les Provinces elle peut trouver à fe nourrir , & on fe procurera ' par la fuite des moutons couverts d'une belle laine & en grande quantité ; car le mouton a ordinairement près d'un tiers de laine de plus que le bélier & la brebis. Que l'on multiplie dans le Cotentin , prefqu'Ifle de la Normandie , l'efpece de bêtes à laine d'Angleterre y celle à grand corfage : la nature du pâturage , la difpo- fition du lieu , tout annonce qu'on y recueillera une laine pareille à celle des plus belles toifons d'Angle- terre. Que l'on répande enfuite ces efpeces dans les différentes Provinces , fuivant la nature de leur climat. . C'eft dans l'original même qu'il faut voir les caufes qui ont fait dégénérer jufqu'ici les meilleures efpeces de moutons dans nos différentes Provinces , les abu$ qui ont nui à la perfeftion des laines de France , & les divers moyens propofés d'après l'exemple des étran- gers poiu- rétablir cette branche de commerce ; tels font les foins de^ former des écoles de Bergçrs , & ce

2ui concerne les parcs & les étables. Cet objet, d'un étaîl abXolument économique, deviendroit ici trop

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long. Les vues de cet excellent Citoyen poiirroient peut-être devenir auffi très-utiles , appliquées à une autre efpéce d'animaux domeftiques , dont on retire déjà tant d'avantages ; je veux parler de la chcvre & du bouc. Voyez à VartitU Bouc. On devroit auffi s'atta- cher à marquer les moutom autrement qu'on ne fait; la marque en couleur à l'huile , au goudron , au tare ou à la poix noire , eft une forte de caraâere indélébile qui gâte la portion de laine qui en eft flétrie & la fait mettre au rebut.

La France ne tirant pas tout le profit poffible de fon propre fonds , & employant beaucoup de matières dans les Manufaâures , eft obligée de tirer auffi des laines du Levant par la voie de Marfeille. Smyrne & Conflan-* tinople fourniffent les meilleures. (On fait qu'en S3nrie, les brebis ont la toifon d'une beauté parfaite ; & la brebis d* Angora , de même que le chat & la chèvre de la même Contrée , femble être vêtue de foie plutôt que de laine ou de poil. Tavemier dit que la plus grande partie de ces laines du Levant, fi belles & H fines , fe trouve dans la Province de Kerman , qui eft l'ancienne Caramanie. ) La laine nouvelle eft toujours préférable , parce que , gardée dans le magafin , elle jaunît & devient huileufe. Lorfqu'on embarque la laine du Levant , il faut qu'elle foit extrêmement feche , de peiu que l'humidité ne s'y mette & ne l'échaufFe.

On donne , dans le commerce , le nom de laine de. chevron , à ime forte de laine noire , rouffe ou grife , que l'on tire du Levant: la noire eft la plus recherchée; elle entre dans la fabrique des chapeaux. On diftingue aifément cette laine parmi les autres , par la perfefiSoiiî de fa couleur , par fa fineffe , par Ibn odeur , qiS approche de celle du mufc , odeur qu'elle retient dç$ chèvres fur lefquelles on la tond. Il fembleroit qu^oa devroit plutôt lui donner le nom de poil de chevron: Quoi qu'il en foit, toutes les Nations qui trafiquent^ gu Levant , enlèvent de cette muichaadife. Foye^ povuii

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Thiftoire de la ckcvn , U mot Bouc. H nous reftt maintenant à faire mention de quelques efpeces de moutons qui méritent encore d'être connus ; tels que le mouton d'Iilande ^ celui des liles Danoiies y ceux du Cap de Bonne-Efpérance , &cc.

Notre bretis , telle que nous la connoiiTons y ne fe trouve qu'en Europe & dans quelques parties tempé- rées ^de l'Afie ; tranfportée dans des pays plus chauds ^ elle perd fa laine & fe couvre de poil ; elle y multiplie {>eu y &c fa chair n'a plus le même goût. Dans lefi pays très-froids elle ne peut fubfifter ; mais on trouve dans ces mêmes pays troids , & fur-tout en Iflande , une race de brebis à plufieiu^ cornes y à queue courte, à laine dure & épaiffe ^ au-defTous de laquelle fe trouve une féconde fourrure* d'une laine plus douce, plus fine &c plus touffue. Ces moutons ont , dit M. Anderfon , le même fort que les chevaux du pays , c'efl-à-dire qu'il n'y a point d'étable pour eux ni en été , m en hiver. Cette efpece de mputon refle toujours en pleine campagne , ils fe mettent à couvert fous les éminences des rochers , ott dans les creux des piontagnes , & fe nourriffent comme ils peuvent , étant pour ainfi dire abandonnés à eux -«mêmes. Ils vivent toujours avec les chevaux , qu'ils fuivent par-tout en hiver , pour profiter , dans les fortes gelées y du peu de moùfTe qui refle à découvert dans les creux que les chevaux font pour eux-mêmes dans la neige , & oit Jes moutons n'auroient pu atteindre à caufe de la foi- blefTe de leurs jambes : on a même fouvent obfervé c[ue , tourmentes par la faim , ils mangent le crin des jueues des chevaux , ce qui leur forme bientôt une \agropiU dans l'eflomac. Quand il neige avec un grand vent , ils quittent les mpntagnes , & courent comme S*ils*youloient devancer le vent; ils prennent alors la route de la mer , & s'y jettent quelquefois ; en forte ^u'il en périt fouvent de grandes quantités. Si au contraire ils fe trouvent furpris par unç neige fubùe |

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8c fi confidérabîe , cjii'ils en foient promptetnent cou-* verts , alors ils fe joignent en très-grandes troupe^^ en mettant leurs têtes ensemble , & reftent immobiles en préfentant le dos à la neige ; fouvent ils y périffen j par le froid. La faim les'^ oblige quelquefois de fe ronger réciproquement la laine , pour fe fotitenir jufqu'à ce qu'ils foient fecounis. Les payfans con* noiflent l'endroit oti fe tient la troupe , par la vapeur qui s'en élevé. La foumire extérieure de ces moitoni eft fort groffe & rude ; on ne la tond jamais ^ mais elle fe renouvelle tous les ans vers la Saint- Jean , après avoir formé fur le dos de l'animal une couverture compofée de fils entortillés , qui tombe d'elle-même tout à la fois comme une peau fuperficielle. Pour recueillir leurs toifons , on les affemble en lèuj don-** nant la chaflè. Un Berger , accompagné de chiens bien dreffés , monte fur une colline , & ayant donné le fignal avec fa corne , les chiens fe détachent chacun de fon côté , & chaffent les moiaons de tous les en- droits , en les forçant d'entrer dans un certain parc immenfe , qui eft fort large fur le devant , & qui fe rétrécit peu-à-peu vers l'autre extrémité. Forcés dans ce retranchement, il eft aifé de les dépouiller de la foumire extérieure qui ne tient plus à leur peau ; enfuite on tond aux deux tiers de longueur , la four- rure intérieure dont nous avons fait mention. Au refte , ces moutons fe propagent volontiers dans ces cam- pagnes gelées , comme les nôtres dans l'afile d'un parc , ou dans la paix d'une étable.

Toutes les efpeces de moutons d'Illaride ont les cornes extrêmement grandes & tournées efi fpirale ; il y en a"^qui en ont deux , quelquefois quatre & quelquefois cinq , & une feule , dit-on , qui fort droite de la tête en avant. Au contraire les autres bêtes à cornes des autres pays en ont moins ou point du tout quand elles font tranfplantées dans cette Ifle, Les ioinçs font d'un grand kïv\c^^\xsi moutons '&l^^aàQ ^

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pour les défendre contre les oifeaux de proîe de toiité efpece qui abondent dans ce pays défert.

Il y a cependant certins encfroits de l'Iflande oii le commerce confifie principalement çn moutons ; lesf Payfans gardent chez eux les brebis ^ & envoient les ié/iers à la montagne. Dans Tautomne , lorfqu'il s'agit de tuer des moutons pom les vaiffeaux qiu font à la rade, on les chafle , par le moyen des chiens, en réignce des Juges, afin que chacun puiffe retirer ht ête qui porte fa marque.

Les moutons des Ifles Danoifes ou de Feroë font vagabonds comme ceux d'Iflande ; ils fe retirent dans l'hiver fous les rochers , & ils s'y tiennent ferrés entr« eux autant qu'il eft poflible : ceux qui font bien échauffés au dedans de la troupe , vont relever de temps en temps ceux qui font en dehors , & qui vont à leur tour s'échauffer pour en relever enfidte d'autres. Quand la terre efî gelée & couverte de neige , au point qu'ils ne peuvent plus atteindre la bruyère ou la mouffe avec leurs pieds , ils fe niangent la laine les uns aux autres , & fe foutiennent par-là jufqu'au dégel ; dans l'été leur pâturage efl affez bon.

Dans les pays chauds on ne voit que des moutons à cornes courtes & à queue longue , dont les unes font couvertes de laine , les autres de poil , & d'au- tres encore de poil mêlé de laine. En pluiieurs endroits de l'Afrique les Européens donnent le nom de mou^, tons de cmq quartiers , aux brebis à grofTe & longue queue. Le mouton de Barbarie efl connu aufS fous le j nom de rpouton d'Arabie.

Les moutons du Cap de Bonne - Efpérance font fort nombreux ; leur chair efl de bon goût : les pauvres emploient la graifTe de ces animaux au lieu de beurre & de fain-doux, & cette graifTe n'a pas la confiflance du fuif de nos brebis ; on diroit que c'eft un fain-doux ou ime huile figée. La queue de ces moutons , ainfî c[ue de ceu^ de Madagafcar^ eft fouvent large de plus

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jffun pkd & pefe quinze à vingt livresl - A^û rfefte , oti moutons n'ont rien de rematxjuafele. cpiè la queue '^ cu'ik portent comme fi on leur avoit^ttache tm couiïia iousla queue. La furabondance de k ^raiiTe qui, dans nos moutons^ fe fixe fiir les reins, delcend dans cette race de moutons à grojfè^ à large & longue qutue , fous les vertèbres de la queue. Les autres parties du corps: en font moins chargées que dans n^ moutons grasi & cette race de moutons à queue fi voliuniheufe ,, paroît plus répandue que la nôtre : on la trouve êbm--* munément en Tartarie, en P^rfe , en Syrie, en Egypte^. en Barbarie , en Ethiopie , à Mofambique , à Madagafcar ,1 &au Cap de Bonne-Efpérance, ainfi qu'il eft dit ci-deffus.

Les moutons des Côtes dTeman & de ZéiTà ont la laine du corps blanche , & celle de la tête noire : il leur pend à Textrémité du dos une groffe maffe de chair ^ d'oîi fort ime queue femblable à celle du cochon de lait. Les moutons de la Garabrà ont une queue- groflfe, fi longue, fi graffe & fi pefante, que les Ber- gers font obligés de la foutenir fur une efpece de petite brouette, pour foulager Ranimai dans fa marche. La queue des moutons des Eleuthas en Tartarie , pefe quel- ouefois jufqu'à quatre-vingts livres : ils ont une bofle iur le nez comme les chameaux, & les oreilles pen- dantes. Quelques - unes de ces bêtes ont jufqu'à fix cornes de différentes formes. - \

Les moutons de la Côte de Malaguette ont une cri- nière aflez femblable à celle du lion : ceux de la Côte d'Or ont du poil au lieu de laine ; c'çft ce qui a fait dire à Artus , qu'en ce pays le monde efl: renverfé : les hommes y ont de la laine , & les moutons du poiU Les moutons de Guinée , les grandes brebis du Sénégal , ont un bêlement . abfolument différent de celui- de nos moutons : ils font différens aufli par leur poil bnm & noir. Foye[ tarticle ÂDIMAIN.

Les moutons de la Baie de Sambras font fort grands & d'une extrême beauté } ils ont aufiî^ au lieu de laine^

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un poil femUaUe/ à ^celui de$ chèvres : le four de leîtf queue a près, de deux pieds.

5 Les mQutonS' de Undoftan & de la Perfe ont une jainç courte & très-fine , qui tombe d'^le - même en cert^ns terçipsr

Qléarius dit que les moutons des Tartares Usbecks

6 de Befcl^ac , font chargés d'ime laine grifâtre & longue 9 {xiîé,^ at% bout en petites boucles blanches 6c ferrées en forme de perles, ce qui fait un très -bel effet ; c'eft pourquoi Ton eftime bien plus la toifoit que. la chair ; cette forte de founure étant la plus pré- çieufe de toutes celles dont on fe fert en Perfe & à Aftracan,5r après la Zibeline. Ces fortes de moutons que Ton . retrouve auffi en Afie , n'ont point dc;^ queue, mais le train de derrière ejft fort gras. A Tégard de la race de brebis domeftiques , que Btlon appelle brebis firep^ ficheras , elle ne diffère nos brebis ordinaire que

par les cornes qu'elle. ^ droites & cannelées en fpirale. Elle fe trouve dans les Ifles de l'Archipel , & princi- palement dans riile de Candie. On lui donne aufli le nom de mouton de Crète.

L'on a toujours remarqué dans ces contrées étran- gères, ainfi que dans les nôtres, que plus les climats font froids & peu herbeux^ plus les moutons font couverts d'une laine roide , peu blanche , courte & mauvaife ; maïs que plus les climats font doux ou tempérés , & les pâturages abondans , plus la laine des moutons & le poil des chevra font fins , fouples , lones & de bonne qualités Uoe autre çonfidération , c'eu que fi un mouton refte toute l'année dans le même , endroit , & pendant les. nuits d'hiver enfermé dans une. bergerie bien clofe , fa laine .fera groffiere ; au lieu que fi un momon vit toujoiu*scn pleiaair ( aumolns^ dans une étable ouverte nuit & jour, & dont la litière foit bien propre & enlevée tous lès huit ou quinze jours ) , . & qu'il voyage deux fois l'année , fa laine fera fine, ainfi qu'on le.poiirroit pratiquer dans le

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I5auphîné , dans la Provence , dans le Languedoc & d'autres Provinces Méridionales , oîi lés pacages mon- tueux & les herbages font convenables, obfervant toutefois de ne leur faire paffer Thiver que dans les plaines tempérées ^ & c|ue le Berger ne les laiffe pas manquer de fel ; ce qiu fert beaucoup à entretenir la iànté des moutons , & à rendre leur conftltution plus ferme lorfqa'ils paiffent fur des terres argileufes ; car fi la terre de leur pâturage eft uji débris de terre cal- caire , il^ dédaignent le fel ; & en effet ils n'en ont pas befoîm On ne peut encore qu'approuver ceux qui la- vent par intervalles le corps aes moutons avec une eau chargée de terre favonneufe.

Dans deux Mémoires lus à tAcadimle 4fs Sciences en 1768 & 1769, M. Daubenton rapporte les expé- riences qu'il â faites pour conftater les avantages reel^ qu'on trouve à tenir les bêtes à laine en plein air pendant ITiiver, fans qu'il leur arrive même auam accident. II démontre que la. fueur eft plus à craindre pour les animaux nimin'ans que pour les autres , parce qu'elle fufpend ou diminue la (ccrétion de la férofité du fang qui eft néceflaîre pour la rumination. Les bêtes à laine étant en fueur lorfqu'elles ruminent , ont une double évacuation de férofité : alors leiu- corps fe deffeche ^ le fang s'épaiflît & s*échaufFe , l'animal devient altéré , il boit plus qu'il ne convient à fon tempérament : l'ex- cès de tranfpiration & de chaleur prive la laine d'une partie de fa noiu^riture , ou la fait croître trop promp- tement , pour qu'elle prenne affez de confiftance. Ainû en logeant nos bêtes a laine dans des étables oîi elles fuent en été & en hiver , par des foins mal-entendus , par ime dépenfe inutile & même nuifible , nous alté* rons leur fanté & nous gâtons leur laine.

La Nature a vêtu ces animaux de façon qu'ils n'ont pas befoin de couvert. Le froid , la pluie , ni les injures de l'aif dans nos climats , ne leiu: font point de mal : ils ne craignent que la grande chaleur* M. Daubenton

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a fait parquer en plein air, nuit &'jour', fans aiiam abri , un petit troupeau pendant tout l'hiver de 1 768. Ces animaux , tous de la race des bêtes à laine de l'Auxois, ëtoient placés dans un lieu expofé au Nord, .& \\\n des plus froids du canton ; ils ont éprouvé des gelées qui ont fait defcendre le thermomètre dt Réaumur |ufqii'à quatorze degrés & demi au-deffous de la congé- lation ; ils ont été expofés à des vents très-violens , à des pluies continuelles, à des brouillards, au givre & à laneîge; ils ont fubi toutes fortes d'épreuves des intempéries de l'air, & cependant ils ont été plus fains, & même par la fuite plus vigoureux que ceux que Ton avoit renfermés dans des étables. L'épaiffeur de la laine 9 fon fuint , empêchent Teau de la pluie de pénétrer jufqii'à la peau de l'animal , & la partie de la laine qui fe mouille cft bien plutôt féchée au grand air que dans les étables. Des brebis ont mis bas lors de ces fortes gelées , & les agneaux , comme les mères , n'en ont eu aucim mal* Notre Obfervateur prétend qu'en gouvernant ainfi les bêtes à laine , il n'y a point de moyen plus sûr pour les maintenir en bonne fanté , . pour leiu- donner de la vigueur, poiu* les préferyer de la plupart des maladies auxqtielles elles font fujettes , pour donner un meilleur goût à leur chair & pour rendre la laine plus blanche, plus abondante & de meilleure qualité. A la force du raifonnement fe joint ici l'authenticité des faits : ce font des innovations dont on démontre le fuccès au doigt & à l'œil, hts économes vraiment citoyens doivent mettre en pratique un exemple àufli utile , & ne jamais perdre de vue ce point de difcipline rurale. Il n'y a qu'à gagner , puifque Pon augmentera la vigueur du bétail , la bonne qualité & la quantité de la laine ; les peaux en feront aufli plus grandes & plus fortes. Voilà le meilleur moyen pour relever Tefpece des bêtes à lapine en France, y multiplier, y maintenir de bonnes races, & procurer à la Nation ïes laines néceffaires pour fes Manufaûures. Nous pouvons attefler , comme témoin

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t>ciilaire , qiie les Ânglois , les EcofToîs , les Irlandois ne retirent à Tétable en aucun temps leurs moutons & autres beftlaux. ( Nous avons déjà dit que ces moutons înfulaires n*ont rien à craindre du loup. ) Il y a feule- ment quelques endroits on les met à demi-abri , mais en plein champ , au moyen de toits foutenus par des percnes , & oii Ton arrange des râteliers que Ton garnit de bon foiu-rage'; mais c'eft uniquement quand la terre cft couverte de neige. . Cet article étant très-important, vu Futilité de fon objet , nous invitons encore notre Leâeur à confulter un très - bon Mémoire fur Viduuuion dts troupeaux & ta culture des laines ^ par M, R. D. L. InfpeSeur général des Manufactures de Picardie , &ç* çonfigné dans le Journal de Phyfique , Juillet lyyg. L'éducation des trou- peaux &C la culture des laines font ime des fources les plus fécondes de la profpérité des Empires. Les laines 9 dit-il j font aux manufaâures ce que l'argent eft à guerre» La France , ce Royaume piiiiTant par fon étendue , fa population , fa iituation , fes produâions , le génie & l'afHvité de fes Habitans , peut rendre tri- butaire le refte du monde ; cependant la France Feft des Etats agricoles qui Tentourent. Son induftrie eft gênée dans la partie dont il eft queftion. L'Angleterre ^ la Hollande , le Danemarck , le Bas-Rhin , prefque toute l'Allemagne , & principalement la Saxe & les Marches du Brandebourg , qui produifent les plus belles laines' de CCS vaftes contrées , font les fources oîi notre induf-^ trie va puifer la matière première. Sans elles il faudroit' renoncer aux étoffes remarquables par leur fineffe & leur légèreté : fans elles , plus de ces chef-^d'œuvres de l'art qui montrent la fupériorité de l'induftrie Frânçoife , ( les camelots , les bouracans , les ferges , les étamines , les tamifes , les calmandes , &c. &c. , la bonneterie , le tricoté , &c. &C. 9 les tapijferiej des Gobdins , & t»nt de beaux ouvrages à l'aiguille. ) Jaloufe de cette main- ' d'œuvre , l'Andeterre s'eiForce encore de nous en .

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priver. On feroît effrayé par le calcul des femmes qite nous faifons paffer cHaque année pour Tacquit de la prodigieufc quantité d'étoffes dont elle inonde la France» La Saxe nous confidcre du même œil , & nous lie des mêmes chaînes. Du côté du Midi , lIEfpagne , Tltalie , !a Tiu'quie d'Europe & d'Afie , les Côtes de la Barba- rie , alimentent nos Mamifaftures de draperies fines » & la plupart des communes , qui fans elles n'exifteroient pas. La France , dans toute ion étendue , fabrique des étoffes de laine. Ses établiffemens en matières natio- nales font , du côté du Midi , en draperies ; & du côté du Nord , en étoffes rafes. Les grandes Fabriques de ce dernier genre , font celles de Picardie , de la Flandre, de la Champagne & du Mans. Les Manufaûiires de draps d'Abbeville, de Sedan , de Louvîers , d'Elbeuf , des Andelis ,' de Darnetal & autres , n'emploient que des laines étrangères. C'eft d'après ces considérations que notre Obfervateur , (Citoyen zélé , voudroit qu'on s'ocaipât davantage en France de l'éducation des trou- peaux & de la ^culture des laines. Nos Fabriques ne feroient alimentéé^s que des laines de nos moutons. La France , dit-il , poiuroit en exporter^ & pUis aifément arrêter l'introduâion des étrangères. L'éducation , la culture augmentent ou altèrent les qualités primitives y & les variétés immenfes des êtres ne proviennent que de l'une ou de l'autre. Les animaux , comme les plantes y prennent un cafaôere particulier au climat ils fe trouvent tranfportés. La France pourroit avoir de toutes les qualités & de toutes les fortes de laines. Il faut en- coiu-ager le Cultivateur dans l'éducation des troupeaux , & les Manuikâures dans leurs çntreprifes. M. R. D. L. convient de la beauté des laines des vaftes plaines de Narbonne , mais il fe plaint de l'éducation qu'on y ob- ferve. Il profcrit auffi l'ufage des étables. Une bergerie t& toujours mal-propre : le cK)ttin , l'urine croupiffent dans les toifons ; le fuînt en devient cauftique , les rend jau- nâtres &les brûle. Lldée feide de la chaleiu* étouffante ^

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de Taîr «mpefté que les animaux refpîrent entaffcs dansf ces étable? toujours trop étroites , oîi ils font conti* nuellement dans l'ordure & mal nourris , doit faire juger de leiu- état de foibleffe , de langueur , du nombre de maladies qui les affligent , & de la quantité qui en ^érit. Ce tableau eft plus ou moins conforme à -ce qui fe pratique généralement en France. Notre Obfervateur convient auflî que les moutons devroient être toujours à Tair libre , hiver & été , quelque temp^ qu^il feffe : jamais i Tétable , au plus fous des hangars^ ou dans un parc en barricades ; car on obferve que les moutons craignent beaucoup la grande chaleur i même à Tair libre , & qu'ils ne mangent point aux heures oîi elle fe fait le plus ifentir , quand ils ont pu fe raffafier dès le matin , & à leur choix. Il ne faut pas attendre que les hUiers foient ufés & que les brebis n'aient plus de lait 9 peau- s'en défaire. La laine diminue , & la vigueur de l'individu s'altère par l'âge. Il faut donc fe hâter de remplacer Tefpece avant la caducité ; en un mot , fou- tenir & renouveler les belles races ; de les belles toifons« On peut croifer les moutons de la plaine avec ceux qui vivent fur les hauteurs \ c'efl un moyen de varier les laines. On ne doit donner le bilur aux brebis ^ première fois , qu'à l'âge de dix-neuf à vingt mois , & les brebis ne doivent être couvertes qu'au même âge ^ & au nombre de vingt par bélier. La féconde & troifiemé année de fervice on peut donner à chaque biUer qua- rante à cinquante brebis. On ne doit pas faire l'ampu- tation de la queue de l'animal , mais en tondre fouvent la laine , ainfi qu'aux proximités de l'anus & des parties fexuelles s'attachent ordinairement beaucoup d'or- dures. L'amputation de la queue, quoique ufitée en Angleterre , en Hollande , en Allemagne , en Efpagne & ailleurs , n'efl pas fans conféquence poiu: la fanté de l'animal. Il faut laver la lainfe liir le dos de l'animal huit à dix jours avant la tonte , & préférer l'eau courante à une eau (lagnante. Tous > ou [H-efque tous

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les autres détails qu 'on lit dans le Mémoire de M. Jl. D. tl confirment ce que nous avons dit dans tout cet article. Confultez encore un Mémoire fur Us moyens de per-- ftSionner Us laines de la France , &c. par M. VAbbi Cartier : Journal de Phyjique , FévrUr , Mars & Avril , §68^ ; &C enfin le Mémoire fur U premur drap de laine . fuperfine du cru de la France , par M. Daubenton* Même Jcum. Août lyS^»

En Aftronomie on donne awfli le nom de bélUr au premier des douze Signes du Zodiaque. Foyei le mot Constellation.

BELLE-DAME. Ce nom a été donné à un papillon remarquable par la beauté de Tes couleurs & Félégance de fa forme. Ce nom lui convient d'autant mieux , que la parure de fes trois états ( chenille , chryfalide & papillon ) femble avoir été très-r«. cherchée. Sa robe n*eft point déchiquetée ; le diapré du deffus eft brim , orné vers le bord des ailes inférieures , de bandes de couleur de cannelle foncée , avec des points noirs , & deux en bleu chatoyant. Les ailes fupérieures ofîrent des taches blanches , fauves & roug -s* Le deiTous des ailes eft marlwé de prefque toutes les couleurs : on y dKftingue cinq petits yeux. Le papillon belU-dame paroit pendant tout Tété. On en voit fouvent une prodigieufe quantité pendant l'automne. Il parcourt les prairies & hs chemins ; il vifite fur-tout les fleurs de navette pen- dant l'automne. Il fe borne à une enceinte dans laquelle îl paffe Us beaux jours ; il s'en écarte peu. Il eft connu dans toute l'Eiu-ôpe. On le trouve aufli dans les autres Parties du Monde ; en un mot il fe voit par-tout U y a des chardons & des épines. On l'approche aifé- ment , & par cette raifon il eft facile à prendre. C'eft peut-être de tous les jwpillons celui qu'on trouve dans la faifon la plus avancée : on en voit encore au mois de Novembre : il eft auffi celui des papillons de jour qui vole le plus tard ; les autres fe retirent au coucher (ju foleil i la bdler^darm au contraire vole encore longr

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itemps après , & avec beaucoup d'agîlîté : en en voit fouvent dans les grands jours à neuf heures du foir, particulièrement le long des grands chemins. Ce papillon n'emploie que quatre pattes pour marcher. PaUons à fon état de chenille.

Dans cet état d'enfance , les deux fexes fe dlflînguent par la diverfité des couleurs & des ornemens. Cepen- dant Tefpece mâle & l'efpece femelle varient beaucoup pour la couleiu". Il en eft de bnmâtres , de rougeâtres, & quelques-unes des chenilles ont une bande blanche de chaque côté du corps , les interférions toujours jau- nâtres; mais en général les mâles font. plus bnms que les femelles. Cette chenille qui eft de Tordre des épineujis^ TL2L point de piquans à la tête ni fur l'anneau du cou ; les troifieme & quatrième en ont chacun quatre ; les fuivans chacun fept ; l'avant^dernier quatre , & le dernier deux j en tout foixante & dix épines. Ces chenilles paroiflènt deux fois l'an , au mois de Juin & au mois d'Août. Elles fe nourriffent de toutes les efpeces de chardons , c'eft pourquoi des Auteurs en ont appelé les papillons char-' donneras , ou papillons du cnardon , Papilio cardui^ Elles fe trouvent auffi fur l'artichaut , & rarement fur les orties ; elles vivent folitaires & féparées. En fortant de l'œuf elles fe forment avec leur foie des loges d'un tiffu blanc ; elles mangent les parties les plus délicates des feuilles dont elles n'attaquent jamais la nervure ; ,ellcs ne percent pas même ces feuilles tout-à-fait. Quelque temps après , elles quittent leiu: première demeure & s'en conftruifent une autre , en rapprochant quelques feuilles dont elles fe forment une retraite arrondie qu'elles cimentent avec leur foie. Elles y la^ffent une porte poiu- fortir & aller picorer , & elles n'y rentrent, que lorfque leur faim eft aflbuvie. Elles bâtiflent plu- (leurs de ces maifons pendant leur état de chenilles; mais fi une fois elles fe trouvent comme emprifonnées . ou trop gênées dans leurs loges , elles renoncent ab- solument i la bâtifle , vivwt à découvert & dans ua

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état de liberté. Quoique leur habitude foît d'être folî- taires & ifolées , on en trouve cependant quelquefois pluiieurs raflemblées ftir la même plante : leur tiffu alors eft femblable à des nids d'araignée. Leur chry- falide , qui eft nue , angulaire & lufpendue par la queue , varie beaucoup de couleur comme dans Tétat de chenille : plufieiu-s ont des taches d'or , d^autres d'argent ; il en eft même qui font tout-à-fait dorées ; quelques-unes font Amplement grifâtre^ ou brunâtres.

Belle-dame ou Belladone baccifere & vul- gaire , Bclladona aut Solarium UthaU feu maniacum ; Bdladona majoribus foliis & jhrlbuSy Toum. Inft. 77; Solanum melanocerafus ^ C. B. Pin. 166; Atropa bcUa" dona , Linn. z6o. Plante qui s'élève à la hauteur de quatre à cinq pieds , branchue , reffemblante à la morelU des jardins , mais plus grande & plus velue. Ses feuilles font ovales , entières , géminées , une grande & une petite. Sts fleurs font en cloche , découpées en cinq quartiers , rayées , un peu velues , d'un pourpre noi- râtre: aux fleurs fuccedent des fruits prefque fphériques, mous , femblables à un grain de raiun , noirs , luilans , feffiles & remplis d'un fuc vineux. Sa racine eft vivace, épaifle, longue , rameufe & blanchâtre.

Cette plante croît aflez volontiers autoiu* de Chan- tilly , à dix lieues de Paris ; elle fe trouve autour des forêts , dans les fofles , le long des murailles & des haies ombragées : elle eft commune en Angleterre ; il eft utile de la connoître , car l'ignorance des eflfets de £bn fruit a été fatale à plus d'une perfonne. Il eft parlé de jeunes Anglois qui , prefles de la foif dans unvoyage y mangèrent imprudemment des baies de belladona ; ils moururent fous dans un demi-aflbupiffement. De deux jeimes gens qui dans le Jardin des .Plantes de Leyde mangèrent deux ou trois de ces baies , l'im mou- rut le lendemain, & l'autre fut très-mal. On eft d'abord attaqué d'un court délire ; on fait des éclats de rire & différentes gëftîculatîbns même audacieufes i enfuite QXt

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tombe dans une véritable folie ^ après ceb daiis une ftupidité femblable à celle d'ung perfonne ivre furieufe, & qui ne dort pas ; enfin Ton meurt. On trouve dans le Recueil périodique de Médecine , Août lySg , une obfervation remarquable au fujet de deux jeunes filles qiii fiirent frappées de manie & des fymptômes pré- cédens , pour avoir mangé deux à trois baies de morelle furuufi ou belladone , & qu'un Médecin guérit par; Mage de Témétique en lavage.

Le vinaigre , le fuc de limon , & en général tous les todes végétaux, paffent pour être les contre-poifons cle toutes les efpeces dangereufes de morelle. Les feuilles de la htUadona appliquées extérieurement en cataplafme ^ font réfolutives. Ces remèdes affoupiflàns ne doivent pas être appliqués , même à Textérieur , fans beaucoup de précaution.

M. Gataker , Chirurgien de Londres , vient de com- muniquer des Obfervations fur Pufage intérieiu: du folanmn : on y lit que- M. Lambergen , Profeffeur à Groningue , a publié, en 1754 , Phiftoire d'un cancer guéri avec le foLmum lethale la belUdona ( belle- dame) ; ce qui donna lieu à M. Goiaker de travailler fur cette plante. Il commença par le folanum de jardin ou la morelle , dont il prit lui-même Pinflifion avant de la donner à fes naïades. Il y trouva à-peu-près les mêmes vertus que dans le folanum lethale. Son ufage ^ dit-il , guérit les ulcères les plus invétérés , ramollit les parties adjacentes , & diffipe les éruptions fcorbu- tiques 1 un grain de cette feuille infufé dans imè once d'eau boitillante , pouffe par la tranfpiration & les urines* La décofHon de deux grains manque rarement de faire vomir: notre Auteur confeille de ne com- mencer que par l'infîifion d'un demi-grain de la feuille , de fe mettre enfuite au lit , & de continuer un peu plus long-temps Tufage du remède. M* de Haller ol>- ferve ici que l'ufage interne de la belladona eft entié-

lewAt toçobé, C'eft , dit- il , w poifon yioknt &

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narcotique , qui a pu diminuer rirrltabilité des fbrés ;* mais il prétend ' qu'il ne change pas la nature des fuc» corrompus. Le Doâeur Munch a fait une differtation fur l'utilité de Pufage de la beUadona dans la mélan- colie , la manie , l'épilepfie & la rage. Des Peintres en miniature font macérer le fruit de cette plante , & en préparent un très-beau vert.

On diftingue deux autres belladones : Pefpece à . feuilles de nicotiane , Belladona frutefcens , fiore albo , . nicotiana foliis , Pliun. ; elle croît dans l'Amérique Méridionale. L'autre eft la Belladone d'Efpagne, Belladona frutefcens ^ rotundifolia y Hijpanica. Toum, Voye[ MORELLE.

Belle-dame des Italiens , Amaryllis rofea ; Lilio^ narciffus Indicus ^ faturato colore purpurafcms , Morif. , Tournef. 385. C'eft une amaryllis à fleur rpfe , & à-* jlpathe multiflore ; une hampe élevée d'environ deux pieds porte à fon fommet ime ombelle magnifique , compofée de cinq à huit grandes fleurs campartulées , régulières ; fes feuilles , qiu reflemblent un peu à celles des narciffes , ne naiffent qu^après que les fleurs ont

Ϋru 5 & fe confervent jufqu'à-peu-près au temps oii a tige qui doit porter de nouvelles flôurs commence à croître ; alors les feuilles fe fanent & fe détachent de l'oignon qui les jiourriflbit. Cette belle plante croît naturellement aux Antilles & à Cayenne ;-elle ne fleurit qu'en Septembre & même en OÔobre. On la cultive dans les jardins , & fur-tout en Italie , pour la beauté de fes, fleurs qui y font un bel effet. Les Dames d'Italie font, avec le fuc ou l'eau diftillée de cette plante , un fard dont elles fe frottent le vifage pour blanchir la peau.

La Belle-dame (^Belladona) jaune d'Afrique, Ama^ ryllis A f ricana , a fes feuilles longues , étroites , lan- céolées & en gouttière ; elles font plus longues que la hampe n'eft haute.; quatre flevurs jaimes; les^éta- iQmt% dépaflent la corolle.

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BÉLLE'-DE-NUIT. Plante à racine \âvace , que î'on cultive pour l'ornement des jardins dans l'au-» tomne , & que quelques-uns rapportent au genre de la plante appelée jalap. On en diftingue deux fortes, la grande & la petite efpece. La grande bdUiU'nuit eft défignée ainfi par les Botaniftes , Mirabilis iongi* pra^ Linn» 352; elle diffère des bcUes-^de-nuit ou mirabelles de la petite efpece de notre pays > fios mira*- b'dis , par fa tige qui eft beaucoup plus élevée , par ' fes feuilles tapiffées de duvet, gluantes & d'un vert grifâtre.

La ^nde heUe ^ de ^ nuit eft originaire du Pérou; auflî rappelle-t-on quelquefois merveille du Perçu. On lui donne le nom de beUe-^der-niât , parce que fes fleurs qui font odoriférante^ , ne commencent a s^épanouit qu'à l'approche de 4a nuit \ l'impreffion des rayons de la lumière les fait refermer C'eft parmi les végé* taux une petite maîdrefte , qui dérobe aux ardeurs du foleii & à l'éclat de la lumière la délicatefte de fes couleurs : le jour la bleffe ; mais lorfqu'il vient à baif- fer , elle déploie fes richeffes , fes fleurs fe dévelop- pent, elle étale dans un parterre fes grâces & iës atours»

La tige de cette plante eft cylindrique > & s'élève à la hauteiu: de deux à trois pieds, quelquefois davantage ; fouvent elle eft couchée * Ses feuilles font oppofées , d'im beau vert, garnies d'im duvet doux &: court ^ entières , ovales , pointues ; fes fleurs font axillaires , en entonnoir , de couleur rouge ou jaune , ou mêlée de blanc. (Il y en a une variété qui eft blanche , & dans laquelle le tuyau de l'entonnoir , c*eft-à-dire , le tube de la corolle , eft long de trois pouces , quelquefois davantage ; elle répand le foir & pendant la nuit une odeur très-agréable. ) Aux fleurs fuccede le fruit qui a la forme d'une capfule à cinq angles.

On prétend que la racine dont on fait ufage dans les boutiques fous le nom de jalap , fe tire d'un^ Xomc Ih N

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plante affez femblable à la hclU-dc-nuit vulgaire ^ &: qui n'en diffère que parce que fon fruit eft plus ridé i c'eft une efpece de lifcron d^Amérique. On prétend encore que la plus grande difFéi^ence qui exifte entre ces deux plantes , dépend fans doute de celle qu'apporte le climat ; car la racine la bdU^dc-^ntiit , quoique ctdtivée en Europe, eft charnue & eft aulîi purgative à la dofe de deux gros. Cependant M. Halkr & d'autres Botaniftes inftruits , difent que le jàlap eft la racine <l'une' efpece de convoLvulus d'Amérique , au lieu que la bdlerdi-nuit eft d'un genre très-différent d^ convol- vulus par le fruit , & par la pofition de la f!eur.

On a donné encore dans quelques Provinces le nom ide belle- de --nuit à l'oifeau appelé roujjirole. Voyez ce mot,

BELLES-DE-JOUR. Nom donné aux plantes dont les fleurs ne s'ouvrent que le matin , & fe ferment à l'approche de la nuit ; telles font les fleurs du genre des Malvacées. Voyez ce mot.

Le nom de belle-de-jour eft donné particulièrement à une efpece de convolvulus dont la fleur a le tour liipérieur ou les bords de couleur bleue , eft blanche au milieu du limbe , & d'un jaune de foufre au fond , c'eft-à-dire au centre de la fleur. C'eft le Uferon à trois couleurs, Convolvulus tricolor ^ Linn. 225. On cultive cette plante annuelle dans les jardins ; elle eft ^originaire d'Efpagne ; fa tige eft longue d'un pied Se ' plus 5 foible ; fes feuilles font lancéolées , ovales , glabres & lifles ; ks fleurs folitaires & pédunculées^

BELLUGE ou Bélouga. C'eft le grand cjlurgeon. Voyez ce mot.

BELO ou Bois de pieux , Arborpalomm , Rumph. ; c'eft le cajii^belo des Malais. Rumphius fait mention de trois arbres ou arbriffeaux helo , dont il diftingue deux fous le nom de bois de pieux blanc , l'im à petites feuilles , & L'autre à feuilles larges ; & le troi-^

fieme qu'il afçelle bois de pieux noir ; ils croiffent danji

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fcs Moluques, L'écorce des premiers eft grifatre ; celle du trolfieme eft noirâtre. Les fleurs font odorantes & r^ffemblent affez à celles de V aubépine. Le bois des tiges , en vieilliffant , devient tortueux , noueux & difficile à couper. Les tiges les plus longues & les plus droites fervent à faire les pieux dont on forme les viviers & autres enceintes deftinées à renfermer le poiffon,

BELONE , Efox Belone , Linn. ; Ahanigcr , Albert. ; A eus OppioJii , Aldrov. Jonft. ; en Angleterre ^Garfish ou Hornjish ; à Rome , Acticdla ; à Vemfe , Angujicîda ; ailleurs Aiguille & Broche , par allufion à la forme effilée de ce poiflbn. Il fe trouve dans la Méditerranée & l'Océan ; il prend peu d'accroifTement ; il pefe or- dinairement de deux à quatre onces. Rondelet dit que chair eft dure & feche. La telone , félon WilUigkby , a le corps long , fluet , un peu arrondi , aplati à l'endroit du ventre , & approchant de la forme qua- drangulaire vers la queue. La tête eft plane ; le muleau très-alongé , mince^aigu^i la mâchoire de defîbus dépafle celle de deffus ; l une & l'autre font armées d'une mul* titude de petites dents aiguës ; les yeux font grands ,' arrondis , jaunes ; les narines bien ouvertes ; la ligne latérale eft droite. La nageoire dorfale offre dix-huit rayons ; les peftorales , chacune treize ; les abdomi- nales en ont fix , rameux à leur fommet , excepté le premier ; celle de Panus a viftgt rayons. La queue eft fourchue. On trouve à la fuite de l'article poijfon , une obfervation de M. Mauduit , qui tend à prouver que cette aiguille de mer eft vivipare. La belone paroît être V orphie.. Voy a ce mot.

BELUGO. f^oyei Milan marin.

BELVEDERE ou Belle-a-voir , Chenopodium fcoparium Linn. Dodonée la nomme Ofyris. Par fes feuilles elle reffemble un peu à la linaire , & eft auflS commune à la Chine que le faule : fa racine eft fîbreufe ; fes tiges font menu«s , un peu velues , droites , fort rameufes , cançielées ^ rougeâtres vers le fommet , Se

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s'élèvent en Avril & Mai à la hauteur de trois à quatre pieds : fes branches forment naturellement une pyramide : fes feuilles font vertes , étroites , longuettes , pointues , un peu velues en leurs bords , attachées lans queue le long des rameaux : fes fleurs naiflent en petit paquets fefliles & verdâtres , le long des rameaux & à l'extrémité des tiges ; elles font compofées chacune de cinq pétales dilpofés en rofe , & de plufieurs étamines : il leur fuccede des femences menues & hoirâtres : elles mûriflent en automjie.

Cette plante eft en vigueur en été , & eft très- agréable a la vue. Le Dofteur Marqua , dans fon Dictionnaire portatif des Herborifies , lui attribue tine vertu apéritive , déterfive , atténuante , propre pour enlever les obftruâions du foie & de la rate , foit qu'on l'emploie intérieurement , foit qu'on l'applique extérieurement.

Le P. du Halde , dans une de fes lettres datée de Pékin , & inférée dans le Recueil des Lettres édifiantes , fait connoître particulièrement les vertus de cette plante. Les Botaniftes François n'en font pas beaucoup de cas. Cette plante fe nomme en Chinois fio-uhcou-* tfao ou kive , c'eflrà-dire plante pour les balais. \! Her- bier Chinois cite les vertus fans nombre de cette plante qui croît natiurellement dans la Grèce & en Italie.

BELZEBUT de M. Brifon. Efpece de finge de la famille des Sapajous^ qu'on voit aftuellement au Jar- din du Roi , & qui a paru , il y a quelques années à Paris , aux yeux du public , fous les noms de bel^e* but , de diable de tinde. On l'appelle quoata à la Guiane ^ & chameck au Pérou. C'eft le quatto de Surinam. Les Hollandois lui donnent le nom de Jlinger^aap ( finge voltigeur ) qui exprime très-bien l'allure de ce qua- drumane , d'autres l'ont appelé diable des bois à caufe de fa couleur noire. Ce hl^ebut du Jardin du Roi , reflemble un peu à l'homme par la face. II l'a efFe&ve- mejit moitié alongée ou plus aplatie que celle des

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iaioîuns &C des guenons^ fur-tout au-deffus des yeux. Sa fece eft de couleur rouflâtre , & feroit entièrement nue s'il n'y avoit par-ci par-là quelques poils afftz longs. Ses oreilles font noirâtres , nues & faites comme celles de l'homme ; fur les côtés de la tête , au devant des oreilles , fe voit un petit rang de poils ; la lèvre fupérieure a im peu de barbe , l'inférieure en a davan- tage ; les yeux font fort gros : le front n'a point de cils , mais il eft élevé , & le poil qui y croît entre les yeux fe dirige en bas & fe termine en pointe. Le nez eft aflez large , long , aplati , & defcend avec tout le mufeau en ligne oblique. Les narines ne font ouvertes que vers les côtés. Les dents antérieures font au nombre de quatre à chaque mâchoire, indépendamment des autres dents de chaque côté , qui , fur-tout celles de deffus, font plus pointues & la moitié plus longues que^ les autres. Ce Jinge n'a point de falles ou poches au-deflbus des joues ; prefque tout fon corps eft d'un beau noir; les poils des côtes font roux; toute la partie inférieure du corps & l'intérieur des jambes, font d'un blanc-jaunâtre : il manque de pouce aux pieds de devant ; Xes ongles font noirs. On obferve que fa queue , qui eft longue , eft à fon origine fort épaiffe , couverte d'un poil ferré , noir & fe terminant en ime pointe ; mais elle n'a point de poils en-deffous vers l'extrémité : on y voit une efpece de peau noire & femblable pour la dureté à celle de la plante de pieds de l'homme. Cette queue lui fert comme d'une cinquième main : elle fait, de même que la trompe de l'éléphant, -l'office de main, & lui fert pour porter fa nourriture à la bouche , ôc pour tout faifir. On voit aftuellement (en 1775 ) à la Ménagerie de Chantilly , un de ces fînges : il eft aflez docile ; U donne la main aux dames , fouille dans leur poche & fait y prendre la boîte aux bonbons qu'il mange : il prend à pleines mains le tabac en poudre & en frotte tout fon poil. Il marche fur la corde lâche & s'y fufpend par la queue qui ferre très-fort.

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Il y a queliqiies années qiie je vis un femblable qua- drumane à Amflerdam, dans la Ménagerie de M. Ba^' meyer. Il étoit attaché par une chaîne & un anneau , à une longue corde tendue, autour de laquelle il entortillolt fa queue d'une manière fi ferrée , que fans autre appui il s'y fufpendoit , faifoit toutes fortes de tours , & volti- geoit d'une manière furprenante. Je me fouviens que pour avoir voulu badiner avec cet animal , il faifit ma main de fa queue , & la ferra affez fortement poiu- me caufer de la douleur : on fiit même obligé de frapper l'animal pour lui foire qidtter prife. J'eus le temps d'ob- ferver que cette efpece A^JingCy fans être méchant, cft un peu traître. Je remarquai auflî que le bel[tbut mange prefque de tout ce qu'on lui prefente ; mais il fembloit préférer les fruits, ainfi que le font toutes les efpeces de finges. Damp'ur dans les Voyages , Eiiu Franc. (TAmJi. 171 1 , in-8^, T. III ^ p. 91 ; & Wafir^ dont les Voyages font imprimés à la fuite de ceux de Damphr^.T. //^, /. 87, fon^ mention de cette efpece de Jinge , & ce qu'ils en difent mérite d'avoir place ici. En voici 1 extrait :

Ces Jinges fe trouvent à l'Ifle de Séries dans la Baie de Campêche , &c. Ce font les plus laids du genre des Singes. Tout le deffus de leur queue efl: garni , ainfi que tout le çéfte du corps , d'un poil rude , long , noir & hérifle. Us vont vingt ou trente de compagnie rôder dans les bois, ils fautent d'un arbre à l'autre : s'ils trouvent ime perfonne feule , ils font mine de vouloir la dévorer : c'éft ce qui arriva à Dampku Les uns craquettoient des dents & faifoient beaucoup de bruit , tandis que d'autres faifoient des grimaces de la bouche, des yeux , & mille poftures grotefques. Quelques-uns rompoient des branches & les lui jetoient; d'autres répandoient leur urine & leurs excrémens fur lui : le plus hardi d'entr'eux defcendit de branche en branche & fauta tout droit contre Dompter^ ce qui le fit reculer «n arriert ; bientôt le finge beb^ebut fe prit à une bran-

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che avec le bout de fa queue; 11 demeiu'a fufpendu en fe balançant & lui failant des mines. Il faut la pré- fence de plufieurs hommes pour les faire enftiir. Les femelles font fort embarraffées pour fauter après lés mâles avec leurs deux petits : elles en portent un de leurs bras , & l'autre , qui eft aflîs fur leur dos , fe tient accroché à leur cou avec {es deux mains. Quand ils veulent pafler du fommet d'un arbre à un autre , dont les branches font trop éloignées pour y pouvoir attein- dre d'un faut, ils s'attachent à la queue les uns des autres, & ils fe balancent ainfi jufqu'à ce que le der- Jîier attrape une branche de Târbre voifin, & tire tous les autres après lui. JP^a/er dit que ces Jinges font fort gras dans la belle faifon , lorfque les fruits font mûrs : la chair en eft bonne à manger.

Ce finge bel^ebut eft le Coaïta. Voyei^ ce mot.

M. Vofmàér a donné la defcription d'un Singe Voltl^ geur Américain, furnommé leji0eur; ce fapajou Jifflêur reffemble , dit-il plus 2isxfajoubnm qu'au bd'{chut\ cepen- dant il en diffère tant par la forme que par cette pro- priété naturelle & remarquable qui lui a fait donner le nom àt Jifflêur. Le Jingc de cette elpece eft naturellement affez bon; mais il fe fouvient des perfonnes qui l'ont offenfé , & - alors il paroît méchant envers elles , & il crie lorfqii'il fe met en colère : mais quand l'anima! n'eft point provoqué & qu'il eft en paix , il fiffle comme im homme, & à chaque inftant; ce fbn eft monotone,* très-fort en commençant & s'affoibliflant par degrés. Ce Jinge qui fe voit aujourd'hui dans le Cabinet du Stathouder à la Haye, eft grand ou long de quatorze pouces , ^ prendre du fommet de la tête jufqu'à l'ori- gine de fa queue : la face tout autour des yeux & du nez eft nue ou pelée , mais un peu plus loin fe voient des poils très-courts , gris-bruns , couchés à plat jufque fur les lèvres ; les oreilles font fort grandes & peu velues ; les yeux gros & fans fourcils ; le nez plat & les narines ouvertes ; les dents aatérieures ou inciiives font

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au nombre de cjtiatreà la mâchoire inférieure ^ & de trois à la fupéneure^ les canines font au nombre de ouatre de chaque côté, tant en haut qu'en bas , & une fort groife défenfe , &cc. Chaque pied eft à cinq doigts fort longs & à trois articulations; (le coaita ou bcliebiu T^dL que trois doigts aux mains ou pieds de devant ) les deux doigts du milieu font les plus longs , & les pouces^ les plus courts; les ongles font noirs, aplatis par les côte;s , recourbés en bas & pointus ; ceux des pouces des pieds de derrière font un peu pliis larges & mieux arrondis : les doigts font couverts de poils courts & noirs jufque fur les ongles. La queue eft affez longue & ^mie jjufqu'au bout d\m poil noir , fort ferré : la couleur du dos eft d*un brun obfcur, plus clair aux flancs & à la poitrine : la tête & les pieds de derrière tirent plus fur le noir; l'articulation fupérieure des

Î>ieds antérieurs eft en devant d'im jaune-brunâtre clair ; a face chauve & dlin gris-rouflâtre , donne à ce finge ime figure de mafque. Quoique fa queue foit totale- ment velue , il s'en fert comme le bd^but pour, tout faifîr , pour f e tenir ferme en montant & en def- cendant, ou pour foulever fa chaîne dans les maifons lorfqull grimpe, & fou vent on le voit, au moyen de cette queue , ramaffer à terre & porter en haut plufieurs chofes qu'on lui jette. Ce caudimane prend plaifir à voltiger fufpendu uniquement par fa queue , & la plu- part du temps il marche en portant le bout de cette efpece de main recourbé. H eft très-friand d'œufi & d'araignées , qu'il cherche avidement. Au refte il mange & boit volontiers de tout. Celui qui a vécu pendant plufieurs années à la Ménagerie du Stathouder ne refu- îbit pas Feau-de-vie de genièvre : c'étoît un mâle d'un tempérament f6rt .chaud; fouvent il fe lavoit toute la face avec fa propre urine , qu'il recevoir à cet effet dans fes pattes antérieures.

BEN. Petite noix de figure tantôt oblongue , tantôt arron^e ou triangulaire, couverte d'une coque bki^

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châtre, fragile, contenant uhe amande blanchâtre aiTez groffe : on l'apporte d*Egypte.

C'eft le fruit d'un arbre appelé gtans tmguentaria , Bauh. Pin. 401, dont on voit la figure dans VHortîis Famejianus : arbre que Bdon dit reffembler au bou- leau , & qu'il a vu auprès d'une montagne d'Arabie que l'on appelle pharagou , dans le chemin qui conduit du Caire au Mont Sinaï. Cet arbre porte, dit -on, deux fortes de feuilles, l'une fimple & l'autre branchue; la feuille branchue eft affez femblable à un petit rameau de genêt; ces rameaux de feuilles en portent d'autres petites à leurs nœuds.

On retire par expreffion de l'amande de la noix de bm une huile épaifle & une autre huile effentielle acre, d'où dépend la vertu que l'on attribue à ces noix d exciter le vomifTemcnt & de purger. Mais comme elles troublent l'eftomac & qu'elles ont même quelque chofe de cauftique , on en a aboli l'ufage parmi nous : on ne fe fert qu'extérieurement de l'huile tirée par expreffion pour corriger les vices de la peau , & cette hiule eft prefque toujours figée. Nous devons dire que dans le conunerce on fubftitue fouvent à l'huile àtbcn^ celle de fefame. Voyez V article Jugoline.

l^ Parfiimeurs recherchent beaucoup cette dernière cfpece Shuilt de ben , parce qu'elle eft très-propre pour fe charger de l'odeur des fleurs odorantes , puilqu'à peine parvient-elle jamais à rancir; la raifon en eft, dit M. Bucquet , Qu'elle eft éloignée de la fluidité , état favorable à la fermentation , & qu'étant fans odeur, elle n'altère point celle des fleurs. Pour cet effet, on prend un vaifleau de verre ou de terre , large en haut , étroit par le bas ; on y arrange de petits tamis de crin par étage ; cnfuite on met des fleurs par lits fur ces tamis , & fur ces fleurs du coton cardé imbibé ^huile de beiu Cette huile fe charge de l'efprit reâeur des fleurs qui conititue l'odeur : on remet ce même coton iur de nouvelles fleurs ; on exprime enfuite l'huile

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du coton, & elle a l'odeur de VhuiU effcntlelle is. ces plantes.

Il y a une autre forte de groffe noix bcn triangulaire, €]ui s'appelle mouringou , Kheed. ; Guilandina moringa , Linn. ; Balanus myrtpfica,^ Blackv*; Moringa oleifera. C'eft le fniit d'un arbre qui croît abondamment dans les fables du Malabar, de Ceylan , Moringa Zeylanica , fcliorum pinnis pinnatis ^ jlon majore^ fruSu angukfo^ Burm, Les Indiens le cultivent dans leurs jardins, à caufe de fa femence que l'on envoie vendre comme les fèves au marché. Cet arbre eft haut d'environ quatre toifes; fon écorce eft blanchâtre en dedans & noirâtre en dehors , d'vme odeur & d'un goût de raifort fauvage» Uécorce des branches eft verte, & celle des racines jaunâtre. Les feuilles font ailées , alternes ; & les fleurs qui paroiflent en Juin , font blanchâtres , hermaphrodites , difpofées en grappes éparfes à l'extrémité des rameaux. A ces fleiurs fuccedent des> goufles cylindriques, lon- gues d'im pied ou environ, cannelées, à trois pan- neaux , contenant dix-huit à vingt noix fur un feu! rang , triangulaires , de la groffeur d\me noifette. Sous l'écorce de ces coques font des amandes blanchâtres très-huileufes. Les Indiens préparent des pilules anti- fpafmodiques avec les feuilles , l'écorce de la racine & les fruits. Hort. Malai. Tom. FI y page 19, tab. 11. Cette efpece paroît la même que la précédente.

BENARI. Elpece à^ Ortolan paffager en Languedoc, qui devient très-gras, & qu'on fert fur les grandes tables comme un mets des plus exquis. Foyc^ Ortolan.

BENÊT. Nom donné par quelques Voyageurs à rpifeau appelé Fou. Foye^ ce mot.

BENGALL Nom donné à de petits oifeaux du genre des Moineaux : il y en a de bnms , à ventre bleu &c de

Eiquetés. Ces petits bipèdes, qui ont la plupart le ec rouge, font -d'une forme charmante, du pliuna^e le plus agréable, de la groffeur de la linotte : ils habi- tent également la Terre Ferme & les Ifles de l'Afrique

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& de PAfîe, maïs notamment le Royaume de Bengale, ce qui les a fait appeler bengalis : ceux-ci ont le delffus du corps d'un joU gris & le refte bleu, au-deffous des yeux un trait pourpre ou rouge; ceux de Java font piquetés de petits points blancs fur un plumage rouge différemment nuancé, comme du nougat : on les appelle amandava.

'Les bengalis vivent de grain, & ils font, par leur nombre, de grands dégâts dans les plantations de millet;;^ Les Nègres en prennent une grande quantité par le moyen de calebafTes qu'ils tiennent ^ demi-foulevées avec un bâton aucjuel ils ont attaché une ficelle qu'ils tirent quand le grain , mis fous la calebaffe , y a attiré un nombre fuffifant de ces bipèdes. Ces oifeaux s'appri- voifent aifément; quoique vifs, leurs habitudes lont très-douces. On en peut nourrir plufieun (mâles & femelles ) dans ime même cage ; leur chant çft foible , cependant agréable. On en apporte fouvent dans nos climats , mais il en périt beaucoup en route. On diftin- gue le bengali^ appelé par nos oifeleurs le cordon bleu , & le maripofa ; celui-ci a le trait rouge fous l'œil , en travers : le bengali brun : le bengali piqiuté. Voyez pLinL 11^ y fig. 1 , 1,3, A regard du bengali rouge de Ja Guiane, Foye^ Senegali.

Benguelinha di Edward. Voyez 4 tarticU Ven-

COLINE.

BENJOIN , Ben[oinum aut Bel:(oinum , feu Ajfa dulcis Officinarum. C'eft ime réfine feche , dure , fragile , inflammable , d'une odeur fuave & pénétrante , fur-tout iorfqu'on la brûle. Cette réfine découle naturellement ou par incifion d'un arbre appelé bel[of ^ (c'eft le comingham des Chinois , le louanjaoy des Malais , ) lequel croît dans les bois du Royaume de Siam & dans ceux des Ifles de Malacca , de Java & de Sumatra^ M. Linnceus , Spcc. Ç 3 G , le place parmi les lauriers. Mais M. Bernard de Jujffieu obferve dans la Pharmacopée de Lille y que ce n'eu pas le lauruS'- benioin qui fournît

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H la vraie réjmt de benjoin. Nous ne connoiffdns point » encore, dit ce favant Botanifte , l'arbre d'oii elle » découle ; cet arbre ne croît que dans les Indes Orien- » taleis. Le laurus benjoin ne vient que dans la Virgi- » nie & autres pays d'Amérique ; fes feuilles froiffees » ont une odeur approchante de celle du benjoin^ » ce qui avoit fait croire à Boèrhaave que c'étoit le vrai » benjoin. Enfin l'on croit aujourd'hui que Varbre au » benjoin eft le Badamier au benjoin. Voyez t article

B ADAM 1ER.

Quand l'arbre qui donne le benjoin a cinq ou fix ans , on lui fait des incifions en longueur & un peu obliquement à la couronne du tronc; c'eft de que découle cette excellente réfine, qui eft d'abord blan- che , glutineufe & tranfparente , & qui fe fige & fe durcit peu-à-peu à l'air , & devient grlfe-jaunâtre , quel- quefois d'un brun-rougeâtre , maculé comme des aman- des caffées ou du nougat , ce qui l'a fait appeler benjoin amygdaloïde ou amande. Si on fépare cette réfine dans le temps convenable , elle eft belle & brillante ; mais fi elle refte long-temps à l'arbre , elle devient bnme , & il s'y mêle des ordures. Voilà ce qui fait la diffé- rence des deux fortes de benjoins tn forte & en larmes^ qu'on trouve dans les boutiques.

On ne retire pas plus de trois livres de benjoin d'un même arbre. Comme les jeunes arbres donnent plus de réfine que les vieux , les Habitans ne les laiffent pas Croître au-delà de fix ans ,. à compter de l'inflant qu'ils commencent à donner de la réfine.

Le benjoin fe fidîlime en fleurs argentées , lorfqu'on le tient fur le feu dans une cucurbite entourée de fable & couverte d'un cofnet de papier, & mieux encore d'un cône de verre. Les fleurs de benjoin font le fel effentiel que l'on retire par la fublimation. Ce fel a une /faveur acide très-marquée; il rougit le firop de violette , & fait effervefcence avec les alkalis. Les iels neutres qu'il forme avec eux, n'ont pas encore

BEN 20^

bien examinés. Ce fel de bmjoîn paroît être l'acide de ce baume rendu concret par une portion de fon huile. Ces fieurs dt benjoin font employées dans les par- fums 9 en Médecine pour les maladies du poumon , &: dans la Chirurgie pour réfifter à la gangrené : on pré- tend qu'elles enlèvent les taches de roufleur, La refine en nature , diffoute dans de l'efprit de vin , donne une teinture dont quelques gouttes jetées dans de l'eau , la rendent trouble & laiteufe ; c'eft ce que quel- ques-uns appellent lait virginal. Les Dames en font ufage à la toilette comme d'un cofmétique. Le benjoin en nature eft auffi , félon M. Bourgeois , un très-bon re- mède dans la phthifie pour fondre & déterger les ul- cères tuberaileux du poumon; il eft moins aftif & ftimulant que les fleurs qui font , dit-il , très-efficaces dans l'afthme pituiteux.

On donne le nom de benjoin françois à Vimpera-^ toire. Voyez ce mot. A l'égard de l'arbre appelé yaiM? benjoin , Voyez Badamier de Bourbon.

BENITIER. Nom donné à une coquille de la fa- mille des Peignes : fes oreilles font égales : la valve inférieure eft très-convexe , & la fupérieure un peu concave. Voye[ Peigne.

BENOIT, Foyei l'article Fou.

BENOITE , Galiote ou Recize , en latin Ca- rlophyllata vulgaris , C. B. Pin. 311; Et flore parvo bitte y J. B. 2 , 398 ; Geum urbanum^ Linn. 716. C'eil une plante dont la racine eft vivace , un peu fibreufe , & qui , lorfqn'elle croît dans un lieu fec & chaud , & qu'on la recueille au printemps , a une légère odeur de clou de girofle. Sa couleur eft bnme-noirâtre; fes tiges font droites , hautes d'une coudée , velues , garnies de rameaux alternes & feuillées. Les fleurs de cette plante naiflcnt au fommet des rameaux & font en rofe > de couleur jaune, pédunculées , compofées de cinq pétales , & de plufieurs étamines attachées au bord intérieur du calice i il leur fuccede une tête fphérique , çompofée

to6 B E N ^

de plufieurs femences velues , terminées chacune ^ dit M. Deltu^t^ par un filet recouAé par le bout. Ce filet eft plus alongé dans d'autres efpe,ce3 , & garni de poils qui le font reffembler à une plume. Les feuilles fupérieures , c'eft-à-dire , celles de la tige , font d'un vert foncé , découpées en trois lobes; les inférieures ou radi- cales font dentées & accompagnées de deux petites ailes à la bafe. Ces deux fortes de rcuilles font un peu velues.

Cette plante croît le long des haies , dans les bois & dans les lieux incultes en Europe. La racine fraîche contient beaucoup de fel volatil , ce qui la rend ttès- utile dans les obftrudions de la tête : lorfqu'elle eft feche , elle contient moins de ces parties volatiles , & eft plus aftringente, L'infufion de cette racine dans du vin occafionne la fueur , & , donnée au commencement du friffon, facilite la guérifon des fièvres intermit- tentes. On prétend qu'un fachet de cette même racine coupée par morceaux ^ & mis dans un tonneau de bière , empêche cette liqueur de s'aigrir. Toujours jcft - il vrai que la tifane faite avec toute la plante , eft un vulnéraire très-utile dans les chutes , & dans tous les cas oii il y a à craindre qu'il n'y ait intérieu- rement du fang extravafé.

On diftingue dans ce genre de plantes vivaces ^ à fleurs polypétalées & terminales , & à fruit en tête ^ plufieurs autres efpeces. Il y a la benoîte de Virginie , Geum Virginianum , Linn. ; fes fleurs font petites & blanches. La benoîte aquatique , Geum rivale , Linn» ; elle fe trouve dans les lieux humides ou voifins des ruifleaux , en Europe ;' fes fleius font penchées & d'une légère couleur de rofe. Il y a une variété appelée par- ticulièrement benoîte à fleurs penchées , Geum nutans , Hort. Reg. : fes fleurs font jaunes , les pétales cordi- formes ; les tiges forment de larges touffes. La benoîte de montagne , Geum montanum , Linn. : une feule fleiu: g-ande & d'un beau jaune : on la trouve fur les monr tagnes des Pyrénées , du Pauphiné , de l'Auvçrgne ;i

BEN B E R 107

fle la Suifle , & de l'Autriche. La bmoîu rampanu , Gcum nptans , Linn. ; indépendamment des feuilles & des tiges qui portent chacune une belle fleur jaune ,' elle pouiïe des rejeta grêles , numis de quelques petites feuilles , couchés & rampans ; cette elpece fe trouve dans la Vallée de Barcelonnette , dans les montagnes de la Provence , du Dauphiné , & de la SuifTe. La btnUtt de Kamtfchatka , Dry as ptntapetala , Linn. Amœn* Acad. : la tige de cette benoîte qui croît naturelle-* ment au Kamtfchatka , eft une hampe terminée par une fle^U" blanche, hai- benoîte a fetdUes de potentille ^ c'eft le dry as gcoïdes de M. Pallas : elle croît dans la Sibérie.

BENTAVEO, rqyeç Tyran. /

BEORI ou Dante ou Manipoûris. Woyei Tapira

BEPOLE. royei^m^o.

BERBÉ. Nom que les Nègres de Guinée donnent à Pefpece de geneue ou de fouim , que npus appelons fojfane. Voyez FOSSANE.

BERBERIS. Voye[ Épine-vinette,

BERCE ou Fausse Branc-ursine , Sphbndillunt

vulgare^ hirfutum ^ C B. Pin. 137; Sphondilium qui* bufdam Jive Branca-urfina Germanica , J, B. 3. Part. 2,' 160; Spondilium ^ Dodon. Pempt. 307. Herachunt fphondilium ^ Linn. 358. C'eft une plante qui croît au bord des bois , dans les prairies humides , & fleurit en Mai & Juin. Sa racine eft vivace , charnue & pleine d'un fuc jaunâtre ; die poufle une tige haute de deux à trois pieds , & même plus , xreufe , cannelée , cylin* drique , rameufe , velue , qui foutient des feuilles cou*- vertes , notamment en deflbus , d*un duvet aflfez fin , fort amples & déc^oupées en plufieurs lobes ou parties qui font affez reffembhntes à celles du panais. On a donné à cette plante l'épithete de faujfe branc-urjine , parce qu'on a cru trouver dans fes feuilles quelque reffemblance avec les pieds d'un oiurs. S^s fleurs font «n ombelle ^ blîmçheç çu purpurines ; à cincj pétalç*

aoS B E R

inégaux ; il leur iuccede des graines aplaties , rayées fur le dos.

Dans ce genre de plantes à fleurs conjointes , & de la famille des OmbclUfcns , on compte auffi la berce à feuilles étroites , Heradcum angujlifolium , Linn. ; elle croît en Suéde & en Angleterre. La berce de Si- bérie , Herackum Sibericum^ linn. ; on mange fes jeunes feuilles en guife de légumes dans le pays. La berce à larges feuilles , Voyez Grande berce. La beru d'Autriche, Heracleum Aufiriacum , Linn. Il y a auffi la beru des Pyrénées & celle des Alpes. Enfin la beru naine du Dauphiné.

Quelques-uns prétendent que notre herce vulgaire eft plus nuifxble qu'utile , qu'elle infefte les prés & les pâturages , & détériore les foins elle fe trouve trop abondante. Cependant les feuilles de la berce font réputées émollientes; la femence & les racines font incifives & apéritives ; la racine , appliquée en cata- plafme , diffipeles callofités. Les Polonois & les Lithua- niens font avec fes feuilles & fa femence une forte de boiflbn qu'ils appellent parjl , & qui tient lieu de bière aux pauvres gens. Les lapins font friands des feuilles de cette plante. On fait quelquefois ufage du fuc de cette plante afoiré par le nez avec de l'eau de mar- jolaine , pour faire couler la pituite lorfqu'on efl enchi- frené ; mais Ohus Borrichim dit dans les ABes de Coppmhague , en avoir vu des effets très-fâcheux : le vif âge groffit prodigieufement , & la perfonne efl atta- <juée de vertiges , d'infomnie , &c. M. Haller dit crue les membranes blanches de l'intérieur des tiges fîftu- leufes de la berce , macérées & diflillées , donnent \m efprit inflammable , que les Ruffiens préparent dans le Kamtfchatka. On vante la berce , dit le même Auteur , pour guérir la plica Polonica. Voici , fuivant M. Steller^ î'ufage & les propriétés de cette plante chez les Kamtfchadales :

La berce leur eft d'im auffi grand ufage que la fàraru.

y oyez

B E R M9t

Voyez et mot. Ils en mettent dans leurs tartes & leurs foupes 5 & ne peuvent s'en paffer dans leurs eérémo-. nies fuperftitievrfes : elle eft ^i nombre de leurs plaitfes douces. Lorfque les Rxiffes fe furent établis dans ce pays , ils remarquèrent qu'on jpouvoit tirer de la ^isros une liqueur fpiiitueufe , & c'eft la feule, eau-de-vie qu'on y vend aujourd'hui publiquement. La btru y eft très-commune. Les Habitans la cueillent & la pré- parent de la manière fuivante : ils coupent les pédi- cules des feuilles à l'endroit de leiu: iniertion» y ils les ratiffent avec un coquillage , & en font des paçieta de dix chacun ; dès que ces paquets commencent à fentir , ils les enferment dans un fac , & il s'y formé une pouffiere douce qui provient vraifemblablement du fucre ou fuc de la moelle de la plante. Cette pré-: tenckie planu fucrée , comme ils l'appellent, approche^ difent-ils , du goût de la régliffe : elle eft affez agréable»

Ce font les femmes qui en font la récolte; elles font néanmoins obligées de mettre des gants.; ow fon fuc fi acre & fi cauftique , qu'il fait élever de» ampoules fur la chair par-tout il tombe,. Quand les Ruffes veulent en manger dans la faifon du prin- temps , ils fe contentent de la mordre , & prennent? garde d'y toucher avec ks lèvres. M. SuU^r dit avoir vu des perfonnes qui , pour n'avoir pas pris cette précaution , ont eu les lèvres , le menton , le nez &c les îoues couverts de puftules; & quand elles crèvent, l'enflure ne fe dîfiipe qu'au -bout ck huit jours.

Pour retirer de Peau-d^Vie de cette planle, on met plufieiu^s braffées de berce dûns un petit vaiffeau qu'oii place dans un Ueu chaiid^ oii on le laiflb jufqu'à ce que la liqueur fermentei, ce qu'elle ne tarde pas à opérer ; & fouvent en caffàrît le vaifleau. Après ea avoir préparé d'autres- de la même ma^jere, on les* mêle enfemble , & le tottt fermente au bout de vingt- quatre heures. On met ks lier^eis & la liquaur qu'elles ont produites dans une ià^<îiere que l'ocu couvre feu-» Tomt IL O

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iement avec Un chapiteau de bois , auquel on adapte un canon de fuiil* La première liqueur qui en fort à la force de Tcau-de-vie. Cette eau-de-vie cohobée , c'eft^à^dire diftillee une féconde fois , produit un efprit qui corrode le fer. Ce font les riches du pays qui ufent de cet efprit reâifié i le peuple fe contente de la première.

Le marc qui refte dans l'alambic fert ^ faire fer- menter de nouvelles infufions ; quelquefois on le donne au bétail pour l'engraiffer. Il convient d'obferver que reau-de-vie qu'on retire de la plante fans Pavoir ratif- iée , jette dans la mélancolie ceux qui en boivent , & leur caufe des délires. Suivant les remarques de M. Suller , cette eau-de-vie eft très-pénétrante & con* tient un efprit acide qui noircit & coagule le fang. Elle enivre pour peu qu'on en boive , & rend le vifage noir : il fuffit d'en avaler quelques drachmes poiu: avoir pendant toute la miit des fbnges affligeans , èc le len- demam des inquiétudes &c des frayeurs ^ telles qu'on ie' croit être menacé de grands malheurs; &c ce qui ^ très-extraordinaire , c'eft que notre Auteur a vu des gens qui ayant bu de l'eau froide le lendemain qu'ils s'étaient enivrés avec, cette eau - de - vie , font retombés dans une ivreffe qui les empêchoit de pouvok tenir debout. Les Habitans fe lavent les che- veux avec le fuc qu'ils Ârent de cette plante au prin- temps pour fe garantir de la vermine ^ & trouvent que ce remede.eft le feul qui leur réuffiffe. Parmi les Kamtf chadales -,: ceux qui veulent avoir des enfans, ne man^ gent podnt de la berce fermçntée y dans la perfuafion ils font que cette plantée ainfi préparée éteint la puiffance reprodi-iâive..... Jel eft l'extrait du détail .hiftoriqueiiu Iz^Mrce , par M. $teUer. Que de propriétés étranges & oj^oiSées ! Cette ^êr^^ ^-elîe bien la nôtre ? Eft-ce le dimat;ou la préparation qid lui donnent de telles vertus ? N'éft-ce pas h ^^ce. de Sibérie ? On lui ÎI-; donné le jnool de fphmdiUmi^^ ,pafce que fa femence

B È R tu'

a l'odeuf défagrëable du fphondiU , efpece ver qui ronge les racines des plantes.

On donne aufli le nom de berce à la gorge-rouge & à la plante qui donne Vopopanax. Voyez ces mots &C

f article GRANDE BeRCE.

BERGAMOTE. Foye^ Citronnier*

BERGE. Nom donné aux rochers élevés à pic fur Teau. Il y a fur la côte de Poitou des rochers que Toà appelle les berges cPOtonne^,

BERGERONNETTE, MotaciUa. Petit oifeau du genre XL de M* Briffon^ & dont on a pluiîeurs efpeces ou variétés très - répandues dans l'ancien Continent. i.^ La bergeronnette grife^pL enL 6j^^fig. i. Tout fon corps de couleiu: cendrée ; les couvertures de la queue font noirâtres ; la gorge & le cou , d'un gris-blanc , avec une efpece de collier d'un gris-brun chez le mâle unique- ment ; le deffous du corps eiî d'un blanc-gris ; les plumes des ailes , bnmes & terminées de blanchâtre ; le bec , les pieds & les ongles font bnins-grifâtres.

Ces jolies efpeces d'oifeaux ont reçu leur nom de l'habitude qu'ils ont de fuivre les troupeaux dans les champs, & fpécialement les moutons. Ils font naturel- lement familiers & ne paroiffent pas éviter la fociété de l'homme ; ils ne fuient pas loin ; ils reviennent auflî- tôt que Fapparence du péril eft paffée. En été , ils fe nourrifTent de mouches , de moucherons ; en hiver , ils fe retirent fur le bord des lieux aquatiques pour s'y noiurir de vers. Les bergeronnettes ne s'accoutument point à la captivité. Quand ces oifeaux font en amour, leurs mouvemens font précipités 5 les mâles courent & tournent autour de leurs femelles ,en renflant les plumes du dos. Ils font communément leur nid à terre , près des ruiffeaux , fur les rivages , & quelquefois au milieu des blés. Ce nid eft conftruit extérieurement de moufle & dTierbes feches , garni en dedans de laine , de crin »• de plumes. La femelle fait d'une feule ponte fix ou huit ceiifs aun blaac fale , parfemés taches & de ligne*.

O 7.

212 . ,* ,^ ^

brunes dlfpofées irrégulièrement. L'efpece de la herge^ ronnette paroît s'ctendre dans l'Eiu-ope en général. Leur, chant eft doux, très-différent d'un cri aigu qu'elles jettent en. prenant leur effor. ( Bdon les déSigne ainfi : Autre fom de LAVANDIERES. )

Il y a aufli : hàtergeronnette grife des Indes. La bergeron- nette jaune , pU enL 18. La bergereae; c'eft Xtficedula de M. Brijfon , & le cavda tremula des Italiens ; elle eft un peu plus grande que Tefpece. grife : le mâle a ime tache noire placée fur la gorge , & une raie blanche fous chaque joue ; le deffous du corps eft jaune. La bergeronnette du printemps , pi. enl. 674 , fig. r , reparoît des premières dans nos campagnes à fin de l'hiver. Ces oifeaux ne différent entre eux , peut-être , que par l'âge. La fe/gsc- ronnette à collier , de l'Ifle de Luçon ; la bergeronnette de Madras , grande & petite y ( motaciUa Maderaspatana y nigro alboque mixta y Rai. ) , ont le bec y les ongles & les pieds noirâtres , ainfi que les bergerotmettes du Cap de Bonne-Efpérance , /rf. enl. 7.% y fig. 2. Celle de l'Ifle de Timor , a les pieds d'un rouge-pâle ; fon bec efî large d'abord , rétréci enfuite , puis renflé. La bergeron- nette de Java ne paroît être qu'ime variété de la berge^ geronnette jaune.

BERGFORELLE, Salmo alpiusy Lînn. ; Umbla minory Gefn. , Aldr.,Willugh. ; en Suéde, Rotele^ Roding; en Suiffe , Reut^; en Angleterre, Torgoch. Ce poifTon eft du genre du Salmone : il fe trouve dans les lacs de ïa Laponie & de l'Angleterre , oh l'on prétend qu'il n'y a aucune autre efpece de poiffon. Willughby dit qu'ils nagent par troupes : leiur chair eft molle & tendre ; elle prend une légère teinte de rouge par la cuiflbn : on la regarde y dans le Comté de Galles , comme un aliment très-délicat , & on lui donne la préférence fur les mets les plus recherchés. La forme de ce poiffon a des rap- ports avec celle de la truite ; mais elle eft plus alongée & plus efEÎée : l'ouverture de la gueule eft ample ; la mâchoire inférieure eft plus rétrecie & un peu plus

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iongue qiie la fupérieure: elles font, airïii que la langue, garnies de petites dents aiguës : les trous des narines i'ont doid^es de chaque côté. Il y a treize rayons à la nageoire du dos ; quatorze , aux peâc^-ales ; dix , aux abdominales ; douze, à celles de Tamis ; dix -neuf, à celle de la queue. Le dos eft d'im vert-olivâtre, par- femé de pomts d'un gris-obfcur ; le ventre d'un rouge plus ou moins clair , ainii que les nageoires de la partie inférieure. Les yeuxj ont l'iris jaune , marqué de points noirs* Il y a de ces poiflbns qui ont douze à feize pouces de longueur.

BERGSNYLTRE , Latrus fuillus , Linn. ; Spavus btr^nyltra , It. Wgoth. 179. Poiffon du genre du Lahrt. On le trouve dans l'Océan. La nageoire du dos a dix-fept rayons , dont neuf font épineux , accom- pagnés d'un filament qui fort de la partie poftérieure de leur bafc. Les peôorales ont chacune treize rayons ; les abdommales fix , dont t^is ^ineux ; celle de l'anus dix , dont trois épineux ; celle de la queue en a quatorze : la furfàce fupérieure eft marquée d'une tache noire.

BERJCHOT. Viyyt:^ Roitelet.

B£RIL , Beryllus. Nom que les anciens ont donné à Vdiguc" marine Orientale des Modernes , & même à pliÂeurs autres efpeces de pierres précieufes qui por- tent préfentement d autres noms. Le icril tenoit le huitième rang fur le peôoral du Grand -Prêtre Juif.

yoyei AlGUE-MARÏNE.

BERINGENE. r&yei Melongene.

BERLE ou Ache-d'eau, Sium aut Apium palujlrei foliis ùbiongis ^ C. B. Pin. 154 ; Benda offkinarum , Chom. 41 6 ; Sium latifotium , Linn. 361. C'eft une plante aquatique qui croît dans les ruiffeaux & les fi&ffés aqua- tiques , comme k creffon de fontaine. Ses racines font vivaces , noueufes , rampantes , blanches & fibreufes. Sa tige eft cannelée , droite & branchue , haute de deux fiieds ou environ. Ses feuilles font lancéolées j longues

114 B E R

de deux polices ,' dentées & rangées par paire fur nné côte terminée par une feule feuille : elles ont une faveur acre. Ses fleurs font blanches, enrofe, difpofées en ombelle ; il leur fuccede de petits fruits arron- dis , compofés de deux graines acres , odorantes. M. De/euie obferve qu'à la naiffance de Tombelle géné- rale & de chacune de fes fubdivifions eft une fraife de feuilles courtes rabattues. Cette plante eft antifcorbii- tique : on la mange en falade : on la prefcrit dans les bouillons apéritifs , lorfqu'il s'agit de rétablir le refTort des folides & la fluidité des liqueurs. On prétend qu'elle eft nuifible aux beftia^ix qui en mangent , & qu'elle produit une frénéfie dans les bqeufs ou les vaches , qui les porte à fe battre à coups de tête* La hrle diffère de Vache ordinaire , qui n'eft qu'une efpece àe céleri fauvage. Foyc[ CÉLERI.

On diftingue la bcrU arcmatiqut , Sium aromaticum , S if on oficinarum , Tourn, Inft. jo8 , on la cultive dans nos jardins : c'eft le fijon faux^amomc , Sifon amomum^ Linn. 362. ^^ femences .ont l'odeur de Vamomc en grappe des boutiques. On nous apporte . quelquefois cette femence du Levant : on l'eflime. propre pour la colique venteufe. Il y a la berle des blés, Sijbnfegetumj Linn. La berU nod'ifiore , Siurn nodifiorum , Linn. La "i^erk de Virginie, Sium rigidius y Linn. La berle à feuilles dlntées en manière de faucille , Sium fa/caria : c'eft VAmmi perenne de Tournef.'305 ; VEryngium monta" num y Lobel. La berle à feuilles de panais , de la Sicile , Sium Siculumy Linn. : c'eft \^ Myrrhis pajlinatœ foliis j latè virentibus , Tourn. Cor. %%. La btrU Grecque, Sium Gracum , Linn. : c'eft le LiguJIicum Gracum , folio j4pH , Tourn. Cor. 23. La berle de Canada, Sifvn Çanadenfe^ Linn. ; Myrrhis Canadenfis trilobafa , MoriC La berle inondée , Sifon inundatum :, Linn. La berh verticillée ^ Carvi foliis tenuijffîmis , Afphodeli radiu , Tourn. 306 : c'eft le Daucus pratenfis de Dalechamp. La berle à tige nue , Sium nudicauU : cette eijjeçe croît

B E R it^

dans la Ruffie & dans les lienx falins , Ëmgëinc & fté- riles qiii avoifinent le Wolga : elle fleurit en Août. Le cb/vi , le ninjzn appartiennent aufli au genre de hBerJe^ BERMUDIENNE (la), royei à Vart. Iris BuiBEUXW BERNACLE , ou Bernaghe. ^ ou Bernig&e ëir Bretagne , Conque anatifeae. Efpece de coqutibge multivalve des plus finguliers. ^ qui , iAoa les opfer^* tions de Néedluun , parok tenir beaucoup des polypes à panaches. Voyes u qi^U m ta dit au mot CONQUE

ANATIFERE.

Le nom de bemachc ou hrmacht fe donne auffi à une efpece d*oie , Bemida. Viyyez Oie Nonnette.

BERNARD-UHERMITE ou le Soldat , Cancdlus; Animal demi-cnifiacée qui refiend>le beaucoup par :1a partie antérieure à Véçrtviffc ou à la Imgoi^e ^ mais doitf la partie poâérieute .n'eâ P<>int recouverte. d*€cailte$»' La Nature lui .a donné Finmnâ.dé fe réfu^r dans des coquilles vides 9 unsvalves &:': contournées » qu'il ren- contre , & de s'en approprier une pour un sin , plus ou moins grande 9 félon le degré de fon accroiflement an* nuel« On en diftii^ue deux efpeces , cehii de merii ççlui de ttm. Celui de mer , Cancellus marinm 9 fe log€;.qiielf quefois auffi dans les [oopfyus qui ont des cavités propres i le recevoir, ou dans d'autres corps (piTil trouve çonver nables pour mettre les parties m^les de fon corps if, l'abri de tout qui pourront le blefler , & aflèz i^er$ pour qu'il piûfle le déplacer avec fa loge , loifqu'U veut changer de lieu.

On donne à cet animal le nom de hcmAri-'Vhemiuc i parce qu'il vit fc^itaire dans fa cellule ;'& cçlui étfol^ dot , parce qu'il eft dans fa coquille comme un foldat dans la guénte. La partie anténeune de fon corps efî cruilacée, couverte de quelques poils épars çà.^ ; «lie eft garnie ou environnée^ cinq paire? de prîtes violettes ^ quelquefois de couleur rofe 9 velues & cou- vertes de tubercules ^ tantôt ^pktis j ftanjtôt poîi^tuSj tNicolfon dit que la premi^e pâtre de pattes ^-çpoi*

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ii« B î; n

^poCéedeclnq ardculatîons, dont la dernière tH terminée par une tenaille garnie de dents : les deux antres paires imvantes (ont compoféesde fix artiailations , dont la éertùèt^* terminée par ime griffe poîntiie & arquée^ <}es ^atre pattes fervent znfo/dat pour marcher. La ^laitieniie paire de pattes plus mmce , plus courte , ^ a cinq- articulations , dont la dernière porte une petite tenaille arquée dans la partie fupérieure. Les 4leux dernî^^s pattes font les plits petites , à cinq articulations , une tenaille dentelée les termine. Les yc«x;lejf antennes. Ut bouche font comme chez !*<&/•«- viffi de mer : deux petits bras articulés fervent à •porter 4a nourriture â la bouche. Le dos eft divifé en «quatre comps^imens cuiraflés cm criiâacees , unis en- ^mble par une meml^-aiie* La partie poâéiieure du corps €U charnue, moHaffe , couverte d^une membrane unie , divifëe en defTous par quatre anneaux terminés fur les bords des ckux côtés par une efpëce d'aileroo mince' ^ tranfparent & un peu velu. La queue, propre- jnent dite , elIt à la fuite des anneaux ; plnfiein-s lames âfiez minces & légèrement cruilacées , la compofent : Tamis eit placé. un peu au-deiTus des lames.

C eft par le moyen de ces groffes piattes ou tenailles, femblabtes à celles des icreviyis , que lefoUae fe cram- ponne' (Ur * le fable , & <qpi'il défend rentrée de fa Coquille : elles lui fervent zx^i à faifir les petits poiffons &lcsinfeftes doiit il fe nourrit. Lorfqu'il entend quelque briiit , il fe retire fi avant dans fa coqmlle , qu'on la prendroit pùOSt une coquille vide.

Cet ahinial ne fort & n^abandonne fa coquille que jpour dépc^r fes œufs & chercher fur le rivage une nouvelle^ coquille : car à ttiefure qu'il prend de Tac* Icroiflement , la coquille qu'il avoit habitée devient trop jétroite. C'eft un fpeâacle affez âgréabte de voir ïiTi^'décesfoidaes occupe à chercher un nouveau domi^ cile. Dès qu*il^renc6ntre une coquille, il fort de fou ancienne ^ & il effaie ce i&ouveaii logement. Si elle

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fi^eft ps proportionnée à fa taille , il va plus loin en chercher une autre , jufqu'à ce. qu'il en trouve une qui lui convieone. L'a-t-il trouvée , il fourre Ton derrière nu dedans avec grande précipitation y & fait gaiement irois ou quatre caracoles fur le rivage. Ce cynique , £ l'on peut parler ainfi , roule la coquille d'autrui comme fon propre tonneau. S'il arrive que deux foldats s'arrêtent a la même coquille > il fe livre un combat, & le foible, obligé de céder au plus fort, abandonne la coquille , qui devient le prix du vainqueur.

On trouve le btrnard-l^htrmite fm: le bord de la mer , dans la boue. C'eft une erreur de penfer que chaque efpece à^foldai foit attachée à une efpece de coquille; chacun choifit celle qui lui convient le mieux , & c'eft toujours dans celles qui Ont des foires. Lorfqu'on prend ce demi-cruAacée , il jette , oit-on., un petit cri , & tâche de faifir avec fa ferre celui qui veut le prendre ; s'il l'attrape , il le pince de toutes fes forces. Le meilleur moyen de lui faire lâcher prife , eft de chauffer rcoquille ; c'eil mîême atiffi le moyen de l'en faire fortir; car on ne l'en retire pas raci^ lement.

En Amérique , il y a des foUats , ( Caracol-foldado ,) que les habiians mangent, & ils les trouvent affez hos^ ; mais on dit qu'ils font pernicieux pour les étrangers. On trouve dans leur coquille environ une demi-cuillerée d'eau claire , qui' efl Mn remède fouve- f ain contre les piifiides , qu'excite fur la peau le lait du mancénillur , efpece d'arbre^ ^<îy^ç MANci-î

NILLIER.

Lorfque les Sauvages pèchent im certain nOftibre de ces cruuacées , ils les enfilent & les exp<^ènt'au fô* leil poiu: en faire fondre la graiffe , qui fe convertit en une efpece d'huile , dont la vertu ^H adnûfabk pour les rhiimatifmes , auxquels ils font fujets. On oWerve eue les foldats marins , qui ont été pris dans les làfsts des Pêcheurs languiflent &: meurent au . bout

/"

ii8 B E R B E S

de quelques heures , s'ils font privés de leur élément habituel. On en voit quelquefois de monftrueux qui font logés dans les lambis ou dans d'autres grones coquilles.

Le foldat de terre , CanceUus terrejlris , eft affez fem- blable à celui de mer ; mais il eft communément plus petit. Les plus gros ont à peine quatre pouces de longueur. Il ne le loge que dans les coquilles ter- reftres; il recherche les endroits fecs. On en trouve vers les bords de la mer & clans les mornes. Il évite les lieux fangeux oh l'on ne trouve que de petits Crabes. Il fe nourrit d'excrémens , d'infeâes , d'herbes, de feuillages. Nicolfon dit que fi on le met dans l'eau ^ foit de mer , foit de rivière , & qu'un obftacle Pem- pêche d'en fortir , il y périt en peu de temps.

Nicolfon fait mention du^i^ bemard^Phermite , qu'il définit ainfi ; CanceUus marinus in bivalvibus deg^ns. Le defTous de fon corps eft feulement cruflacée , tandis que le defTus eft moUafTe , membraneux , & tient corn* munément à la valve d'une came ou d'un cœur. Des Obfervateurs inftruits , &• qui oint vifité les parages qu'a parcourus Nicolfon ^ nient Texiftence d'im tel hernard'-Chermite , & les fiiigularités qu'il attribue à cet animal. Au refte , confultez cette merveille dans VEffai fur PHiJl* Natur. de Saim-Domîngue , pag. 338 & fuiv.

BERTONNEAU. Ceft le turbot. Voyiez ce mot.

BERVISCH. Nom que les HoUandois donnent i la LoMPE* f^oye:^ ce moti

BESONS- Voyei à Carticle Bouc.

BESSI y Mfitrojideros Arhhoinenfis , Rumph. Amb. ; Ugnum ferreum vulgare Andfoinerî/îum ; Malaïch Caju- beffi^ Macaffarià Bajang.he be0eû un grand arbre afTez commun dans les Moluques ; il paroxt être de la famille des Légumimufes , & avoir des rapports avec les ca- néficiers. Son tronc , qui eft rarement droit , foutient une cime fdrt étendue 4e toutes parts.; fon izotit

B E s B E T 219

feft grifatre , Me , mais crevafîee & détachée par lam- beaux vers le bas du tronc. Ses feuilles font ovales , fermes , coriaces , glabres & d'un vert gai. Ses fleurs font jaunâtres , à cinq pétales , & viennent en grappes courtes à l'extrémité des rameaux. Les fruits font des gouffes t*niades , alFez droites , longues de huit à onze pouces , lar|:,es de deux pouces & demi , d'un brim* foncé dans leur maturité , & qui renferment quatre à fix graines.

Lprfqu'on entame un peu profondément la fubftance de cet arbre, il en découle un fuc d'un beau rouge de fang , qui fait fur le linge des taches prefque inef- façables. Dans les individus tout-à-fait développés , l'aubier n'a . pas plus de deux doigts d'epaifleur ; le bois , proprement dit , que cet aubier recouvre , eft d'un beau brun , pefant & très-dur. Rumphius cite une variété de cet arbre , dont la couleiu: du bois eft tfun TOUX pâle , Mttrofideros rubra^ Le heffi eft le principal & le meilleur des bois de charpente que l'on emploie dans les Moluques ; & comme le bois prend un beau poli , à caufe de fa dvireté , on en fait divers meubles & des ouvrages de tour qui préfentent une furfece luifante , d'im brun très-agréable. Il paroît que le beJli eft le bois de fer de l'Ane,

BESTEG, Terra pinguis. Nom que les Mîneuiip Allemands doiment à une terre onûueufe de différentes couleurs , qui paroît être la même que celle que des Minéraîogiftes ont nommée befiieg , & dont la décou- verte annonce , de même que le quart^ gras , la pro- ximité des filons ; car cette terre les accompagne tou- jours & indique leur richeffe.

BÉTAIL , Pecus. Nom donné à toutes les efpeces de quadrupèdes dont l'homme fe fert, foit pour fa nourriture , foit pour la culture des terres. On diftri- bue les beftiaux en bétes. a cornes , (^armtnta , ) tels que les bœufs & les vaches ; ou en bCtes à laine , tels font

les moutons , Içs brebis , ks boucs & les çhevrçsv

210 B E T

BÊTE , Befiia. On entend par ce nfôt un anîitt^ brute , affranchi des lois de la raifon , qui cônferve ion être particulier & fon cfpece parPattrait du plaifir, & par l'inftinâ du befoin. La betc veut & agit ; mais toutes les fondions qui marquent de l'intelligence font bornées chez elle. Elle fubit , comme nous , la mort, mais fans la connoître. La biu efl comme un inAni* ment aûif qui exécute & fiiit ks volontés de Phomme. Voyez au mot Homme , la différence de la béu avec Tefpece humaine. Voyez auffi vA mot Animal, la progreffion comparée dans l'échelle des différens genres «'animaux.

BixE A LA GRANDE DENT. Foyei VACHE MARINE.

BÊTE A DIEU. Voyei COCCINELLE.

BÊTE A FEU. yoy€[ à Partidc MouCHE LUISANTE.

BÊTE NOIRE des Boulangers. C'eft une efpece de Blatte. Voyc^^ ce mot.

BÊTE PUANTE. C*eft le nom d*un animal qui eft fort commun à la Louifiane ; il eft plus petit qu'un chat de huit mois. Le poil du (nâle eft d'un très- beau noir ; celui de la femelle eft mêlé de blanc : il a les oreilles & les pattes d'une fouris. Cet animal foible &: tf ès-leiit dans fa démarche , a été pourvu par la Nature d'une finguliere arme défenftve. Lorfqu'on «ft prêt de l'atteindre en le pourfuivant ^ il lance fon urine fur celui qui le pourfuit ; & elle eft d'une odeur fi forte & n fuffoquante ^ qu'aucun homme & aucun animal n'ofé en approcher , ou l'on efl; obligé fe retirer pour reprendre haleine , ce qui donne le temps à la hétt puanu de s'éloigner par la fiiite. Recommence -t -on à la pourfuivre, elle lâche une féconde dofe & continue ainfi de battre en retraite , juf- ^u'à ce qu'elle fe trouve en fUreté. De plus , cette odeur infupportable eft fi tenace , qu'elle ne fe diffipe ^ue très-Klifficilement. Ce qu'il y a de remarquable y c'eft que cependant cet animal ne fe nourrit que de fruits & de différentes graines, L^ béu puanu du Cap

B E T ziw

de Bonne - Efpérance , appelée par quelques-uns le; blaireau puant ^ fe fert de la même rufe. f^<?ye{ Blaireau PUANT. La hitt puantt de la Louiiiane eft ou le coafc ou le conepau. Voyez à C article Mouffettes.

BÊTES rouges. Petits animaux d'une belle couleur rouge , luifans , & de la groffeur de la pointe d'une épingle. Ces infeâes fe font tellement multipliés à la. Martinique & dans les autres Ifles de l'Amérique, qu'on ne fauroit foire un pas fans en être fort incom- modé , à moins qu'on ne foit dans les bois : on les trouve par-tout & par lîiilliers fur la terre nue , comme fur les plantes , mais particulièrement dans les favannes o\i prairies. Quand on s'y promené , on eft auffitôt aflàilli de ces petites bêtes par tout le corps. Elles montent quelquefois jufque dans les cheveux. Elles s'attachent à la chair , oîi elles enfoncent leur trompe pour fucer ; cette piqûre fait naître ai^ffi^tôt une petite enflure enflammée , & qui çaufe les plus cuifantes dé- mangeaifons. Comme il eft prefque impoflîble d'y, réfifter fans fe gratter , il en réfulte fouvent des UK ceres qui font toujours dangereux & longs à guérir^ Pour fe délivrer des bêtes rouges , on fe lave avec l'eau dans laquelle on mêle du jus de citron , ou l'eau-de-vie , ou du tafia. Ces animaux , quoiqu'un peu moins dangereux que les cMques y s'attachenf encore à la peau des animaux ^ notamment à cemi qui font à la pâture , & leiu* caufent aui& une démangeaifon fi cruelle , fi épouvantable ^ que , pour s'en délivrer , ils fe frottent contre les pierres & les arbres , conune s'ils vouloient fe déchirer. Foyc{^ Chiques.

BÉTEL , BÉTRE ou Temboul , Betela^codi^ C'eft une plante que l'on dit être de la famille des Convolyulus^ & qui croît dans les lieux maritimes aux Indes Orien? taies. Elle s'attache » comme le lierre 9 aux arbres voifins. Ses feuilles font en cœur ; elles refltmblent flioins à celles du citronnier qu'à celles du grand Hferonp

3:

112 B E T

& ont un petit goût d'amertume. Ses fruits reffemblent à la queue d'un lézard ou d'un loir. On cultive cette plante comme la vigne.

Les Indiens mâchent prefque toujours de ces feuilles , u'ils mêlent avec de Varéca^dn cardamome ^dts* girofles ^ caté ou autres aromates , & des écailles d'huîtres calcinées ; ce qui donne à kur falive & à leurs lèvres une couleur rovige enfangjantée , qui nous déplairoit beaucoup. Cette compofition raréfie la pituite , fortifie Feftomac , raffermit les gencives , & donne à leur haleine une odeur très-agréable. On prétend que , fans l'ufage du bétel , ils auroient naturellement l'haleine fort puante.

Lorfqu'on fe quitte pour quelque temps , on fe fait préfent de bétel '^ que Ion offre dans une bourfe de loie. On n'ofe parler à un homme en dignité fans avoir du bétel dans la bouche. Les femmes , & fur-tout les femmes galantes , en font grand ufage , & le regardent comme un puiffant attrait pour l'amour. On mâche du bétel pendant les vifites ; on en tient à la main ; on s'en offre en fe faluant & à toute heure , comme ^ous faifons ici de la poudre du tabac. Une boîte à bétel eft ordinairement garnie des drogues fuivantes : j.^ de feuilles de bétel}, 2.^ de chaui de coquilles ; 3.° de noix d'areque ; 4.^ de caté-cambé , ou caté Indien; 5.** de cardamome; 6.® de feuilles de tabac. Par ce moyen chacun affaifonne fa feuille de bétel fui- Vant fon goût. Le grand ufage qu'en font les Indiens leur carie les dents de bonne heure ; fouvent ils n'en ont plu$ à l'âge de vingt-cinq ans. On lit néanmoins clans V Encyclopédie , que 1 ufage du bétel devroit être préféré au tabac , au moins pour l'odeur ; & que fi les dents s'en trouvoient mal , l'eftomac en feroit plus faîn & plus fort ; car il y a dans ce pays-ci plus de gens qui manquent par l'eftomac que par les dents..

BÉTOINE , Betonica vulgans purpurea ^ J. B. 3 , 501,' C. B. Pin. 235 ; Betonica off^ifiaUs, Linn^-^^JO ; c'eft

B ET iij

Une {dante qui croît communément dans les bois & les lieux ombragée , en Europe. Sa racine efl: annuelle , de la groffeur ou pouce , coudée , brune , fîbreufe & araere. Ses tiges quadrangulaires , droites & fimples ,, légèrement velues , s'élèvent à la hauteur d'ufl pied &c demi. Ses feuilles font d'un vert foncé , crénelées tout autour , d'une odeiu- aromatique , ovales , oblongiies , ridées & un peu velues , oppofées deux à deux , pétiolées y & laiffant entre fes feuilles beaucoup d'in- tervalle de la tige à nu ; les feuilles fupérieures prefque feflîles & dentelées. Ses fleurs font verticillées , en gueule , purpurines ( une variété les a blanches^ ) & difpofées en épis denfes & interrompus ; la lèvre fupérieure efl: peu concave , échancrée par le bout. Ses graines font arrondies , brunes , & renfermées au fond d'une capfule qui étoit le calice de la fleur , & le calice efl à cinq pointes égales.

On diilingue une tétoine du Levant ; Bctonica Orienr- talis , Linn. 8 1 1 , Tourn. Cor. 1 3 . Sa tige efl haute de deux pieds , carrée & velue ; les feuilles qui partent de la racine font en cœur , très-alongées , crénelées & velues ; celles de la tige prefque feflîles. Ses fleurs font d'un pourpre clair , en verticilles rapprochés & non interrompus. On trouve encore dans le Levant une autre efpece de ce genre , c'eft la bétoine laimuft^ Bctonica luracUa ^ Linn, Il y a aufll la bitoine velue ^ Betonica hirfuta , Linn. BetonUa rubicundifpmo fiore , Montis Aurei , Tourn. 103 : cette efpece fe trouve fur les Alpes , les Pyrénées & le Mont d'Or, Il ne feut> pas la confondre avec la bétoine alopècurcide , Betonica . alopecuros , Linn. ; Betonica Alpina latifolia major , villofa y jLore luteo^ Tourn. 103 ; Betonica montana ^ liaea^ Barell. Icon. 339 : cette efpece croît iwx les montagnes de la Provence & des Alpes. Ses fleurs font d'un jaune pâle.

Les feuilles & les fleurs de la bétoine. vulgaire font i'un grand ufage en Médecine : »elle< font apériûves ,.

114 B E T

réfolutîves, céphaliques & vulnéraires. Leur décoQion cft utile dans les migraines & eingourdifTeméhs des membres : on prétend que pUifieurs goutteux ont été guéris par Tulage continue des feuilles 6c fleurs de tétome ^ accompagné d'un régime approprié.

Les parties lubtiles odorantes qui s'élèvent de cette plante lorfqu'elle eft verte , font fi vives ^Ique Von dit que les Jardiniers & autres gens qui arrachent de la bétoimy deviennent ivres & chancelans , comme s'ils avoient bu du vin. Aufîi M. HalUr dit-il que la bctoim ayant une odeiu- à&'lamium , en a apparemment les effets , qui ne peuvent être céphaliques ; & que les Anciens avoient une plante du nom de bétoine , dont on a attribué les vertus à la nôtre , qui pounroit bien être très-diiférente de celle des Anciens.

Les racines de bétoine purgent par haut & par bas , effet bien différent de celui des feuilles & des fleurs ; ce qui prouve que les diverfes parties d'ime même

Elante peuvent avoir des vertus différentes , fuivant i nature des fucs qu'elles- contiennent & la cUfférence d'organifation.

BÉTOINE d'eau, yoyei Scrophulaire aqua- tique,

BÉTOINE DES MONTAGNES , dite le TaBAC DE J^ONTAGNE. f^oyci à Vartklt DORONIC.

BÉTOIRES. Nom donné dans les campagnes à des trous peu larges & peu {Jrofonds en apparence , qui abforbent » dans les terrains oîi il s'en trouve , l'eau de la pluie fans la dégorger. Voyt:^ f article RiviERE , inféré à la fuite du mot FONTAINE. La bétoire eft une forte d'abyme ou de gouffre aquatique. Foye^ Abyme.

BETTE ou POIRÉE COMMUNE , Beta vidgaris , Linn. 322. Plante bifannuelle, potagère, dont on dif- tingue plufieurs efpeces ; favoir , la bette ou poirécblanche ou réparée^ Beta alba vel pallefcens , quœ Cicia officlfia-* rum^ C B. Pin. i x8 , Toum. 502 ; Beta candidat Dod. Pempt 6x0 j & kl rouge , Beta rubra vulgaris , C. B.

Pin.

y

B E T li,

Kn. iî8: ces plantes , de la famille des Arraches y ont des racines dures & cylindriques , blanches & de la groffeur du petit doigt. Elles portent fur des tiges droites , hautes de trois pieds & cannelées , des fleurs petites 9 à étamines , formant de longs épis, & aux-, quelles fuccedent des fruits prefque fphériques , qui contiennent deux ou. trois graines. Les feuilles de ces

Î)lantes font alternes , larges, épaiffes & fucculentes; es unes font blanches , les autres rouges. Il y a auffi la bette de Crète à femence épineufe.

Les cardes poiréés fe replantent aux mois d'Avril & de Mai : ce ne font guère que les pieds de poirée.blonde ou légèrement jaunâtre , replantés en planche , quj pouffent de grandes feuilles , dont la côte blanche & épaiffe eft la véritable cardt qui fert aux potages & aux entremets , comme celles du cardon d'Efpagne ^ avec lefquelles il ne faut pas les confondre.

Les bettes appelées betteraves , font à groffes racines de rave. Ce font des efpeces ou des variétés du genre de la Bettei. Il y en a à racine rouge , Beta riéra , joêke râpa , Bauh. Pin. 1 1 8 ; Beta rubra Romana , Dod. Pempt. ; d'autres font j aimes , Beta lutea , major;, d'autres font blanches , Beta paLlidl virens ,• major , Bauh. Pin. , Tourn. ; cts racines font charnues , tendres ^ épaifles de deux ou trois pouces , longues de fept à dix pouces , & faites comme celle de la rave, La tige des betteraves s'élève im peu plus que celle des poîrées. La betterave rouge a fa racine de couleur de fang en dedans & en dehors ; & fes feuilles , fur-tout leurs pétioles , d'im rouge foncé. La betterave à racine jaune a les côtes de fes feuilles jaunes; tout ce qui eft rouge ou jaune dans ces deux betteraves , eft blanc oa d'un vert pâle dan^ la betterave blanche. Ces plantes font originaires des lieux maritimes de l'Europe Auf- trale. On mange les betteraves coupées par tranches^ en falade , après les avoir fait cuire : les jaunes font les plus délicates» On prétend que Pefpece qui ei^j Tome II. P^

2i« B E T B E U

rouge , donne à Turine cette couleur. Les feuilles de poiric font émolUentes : le fuc de la racine , pris par le nez , excite Pétemuement ; mais cette errhine a été i&tale à une jeune pedbnne , qui en foufFrit des dou- leurs cruelles dans la tête qui enfla prodigieufement. Malgré cette propriété de la bute , M. Margraf en a tiré , ainfi que de la racine du chcrvis , un fel effentiel cui eft un véritable ilicre. La racine de la btturavt ^uvage ou c|iampêtre , eft appelée aujourd'hui radnt dt difttu : on l'emploie ^ ainu que fes feuilles ^ en fourrage.

On trouve fur les bords de la mer , en Provence & icn Angleterre , une poirit bifannuelle , dont la tige longue d'un pied §c demi 9 efl un peu couchée à la bafe , glabre , cannelée ; les feuilles alternes , ovales , liffes & fucculentes ; les fleiu-s font axillaires , prefque en épi alongé , garnies de petites feuilles« Les femences en forme de rem,

BETTERAVE. Voyt^^ cUdeJfus Bette.

BELHICHON. Nom , en quelques Provinces , du RoiuUt huppé.

BEURRE DE BAMBUK ou Batauie. Ceft une cfpece de graiffe végétale que les Maures & les Nègres du Sénégal recueillent d'un arbre qui croît dans le pays de Bambuk , & dans <fuelques autres endroits fur les bords du SénégaL

L'arbre qui produit le fruit dont on tire cette graiffe «ft d'une groffeur médiocre. Ses feuilles font petites y rudes , & rendent tm jus huileux lorfqu'on les preffe. Le tronc de l'arbre même donne aiiifi par inciiion un peu de cette liqueur grafle. Son fruit eft rond , d^ la groffeur d'une noix & couvert d'une coque 9 avec une petite peau feche & brillante. il eft d'un blanc rougeâtre , ferme comme le gland , huileux , & d'une odeur aromatique. Le noyau eft de la groffeur d'une mufcade > & contient une juaandeé

B E U B E Z xvf

Les Nègres font paffîonncs pour ce fruit. Après en avoir féparé une partie qui tient de la natiure du fiiif , ils. pilent le refte, & le mettent dans l'eau chaude. H fumage pour lors une graifle qui leur tient lieu de beurre & de lard. Les Eiuropéens qui en mangent ne le frouvent pas différent du lard , à l'exception d'une petite âcreté qui n'eft pas défagrëable. Cette graiffe , ians être auiS blanche que celle du mouton , a la même confiftance. Les Nègres l'emploient & ^ la préfèrent à l'huile de palmier pour les doideurs de nerfs. Hifioirt des Voye^gcs , tome II.

Beurre de pierre. Voyt[ à VanicU Alun.

BEZETTA. f^oyei Ujinde V article CocHENILLEj

BÉZOARD ou Calcul d'animal y Calculas ani-- malis. Concrétion inorganique , folide , comme pier- reufe^ qui fe trouve &c ie forme dans le corps de certains animaux y Sc dans différentes parties , telles que l'eflomac , le canal falivaire ^ les inteftins , la véfîcule du fiel , la veflie & les reins. Ces divers té^ {oards différent par la fubftance , la forme & le volume; n y en a qui reffemblent à une fève , d'autres foiît ronds ou oblongs , ou ovoïdes , tantôt unis , tantôt raboteux , &c. Il y en a depuis la grofTeur d'un pois jufqu'à celle d'un melon ; mais on les connoîtra mieux en les examinant dans les Cabinets des Curieiix y que par les defcriptions qu'on en poiu-roit donner.

Les animaux herbivores des régions de l'Afîe Mérîi dionalc , & auffi de l'Afrique & de l'Amérique , pro- duifent plus communément des bi[oards que les am« maux des climats tempérés : ceux des pays froids en fourniflent encore moins.

On diftingue principalement les bi^oards en Orien* taux & en Occidentaux. Les gabelles ou chèvres des Ittdes donnent le bct^oard Oriental ; V y fard ou chamois^ le lama & ^alpaca du Pérou , donnent le bi^oard Oc- cidental ; les chèvres domefiiques donnent les bi^oards

•rdinaires. Ceux qui viennent il*£gypte y de Perfe ^

iz8 B E Z ^

des Indes , de la Chine , font tirés d'une efpece de bouc. Il y a auiîî les béioards du caïman , du porc-épic, du fanglier, du finge-douc , de la tortue , de l'éléphant, du cheval , du mulet , du rhinocéros , de la vigogne , du chien , du bœuf, du morfe , du caftor. La pierre de la veiHe de l'homme eft auffi une efpece de béioard. Voj'^ez tardcU Calcul.

Les béipards font compofés de couches concentri- ques , de couleur verdâtre ou olivâtre , tachetées de blanc dans leur épaiffeur. Toutes les lames n'ont ni la même couleur ni la même épaiffeur : elles s'écrafent facilement fous la dent , ont une faveur glutineufe, urineufe , & donnent une légère teinte à la falive. On remarque prefque toujours au centre du béioari quelques corps , tels ' que des pailles , du poil , des grains , du bois , des noyaux , &c. Ces corps ont fervi de point d'appui pour la formation des couches. Les bc^oards fonnent quelquefois comme les géodes , en les agitant ; effet produit par le corps dur qui avoit fervi de point d'appui , & qui s'eff détaché. . On attribue au bé^oard^ fur-tout à l'Oriental, de grandes vertus fudorinques : on croit qu'il chaffe les venins hors du corps. Ces bc[oards qiii proviennent des chèvres & gazelles de l'Afie , font d'autant pliis chers , qu'ils font plus grois. Comme les vrais bé[oards font très-chers , on en a fait de fadices. Par exemple , les compofitions nommées pierres de G on ou de Malacca^ font, de faux béioards. Voici la manière dont on s'y prend.

On fait avec des Cerres d^écreviffis de mer ^ des co- quilles à^huîtres broyées fur le. porphyre , du mufc & de V ambre gris , une pâte que l'on réduit en boulettes , de la forme des bé^oards , & qu'on roule enfuite dans I cles feuilles d'or. Ceux qui veulent imiter davantage les vrais bé^oards ne les recouvrent point de feuilles d'or. Cette fupercherie feroit cependant utile pour imi- tgr les be{oards de bosuf^ s'il étoit vrai^ comme on le

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lit dans une obfervation des Éphéméndes^^t^xt les bé^aardi de cet animal ont une couleur d'or & im brillant métallique , lorfqu'on a enlevé les premières couches. On diftingue ces bé^^oards faftices , en imprimant une trace fur un morceau de papier frotté de cérufe , de craie ou de chaux ; fi la trace devient d\m jaune ver- dâtre ou olivâtre , c'eft la marque que le bé^oard eft naturel; du moins jufqu'à préfent on n'a pu donner cette propriété aux bé^oards faftices. Les bé^oards na- turels s'imbibent^ d'eau & d'efprit de vin , troublent ces liqueurs , & font effervefcence avec les acides. '

On peut regarder comme des efpeces de bé^oards les pierres nommées improprement yeux d^ccrevijfesi Quant aux perles , ce font des efpeces d'exoftofes na- crées.

De tous les bé^oards , celui du porc-épic ( piedra del porco ) , eft le plus cher. Il eft gras & favonneux à l'œil & au toucher, d'une couleur verdâtre ou jau- nâtre : on en trouve auffi de rougeâtres & de noirâtres. On auroit peine à croire le cas qu'on en fait en Hol- lande. Nous avons vu un de ces béioards , de la groffeur d'un petit œuf de pigeon , chez un Juif à Amfterdam y qui le vouloit vendre fix mille livres. On les loue dans ce pays & en Portugal dix livres ^\k fous ( un ducat ) par jour aux gens qui fe croient attaqués de contagion , & qui s'en préfervent en les portant en amulette , de même qu'on fait en Allemagne des pierres à* aigle , pour faciliter l'accouchement ; de V aimant en France , pour guérir de la fièvre ; du jade en Efpagne , pour prélerver de la gravelle. Voilà un tableau afliez fiappant de la fuperflition & des folies de l'imagina- tion humaine. Voye^ Pierre de Porc-épic.

Ainfi les bé[oards varient relativement à la différence des animaux , des climats , & des caufes accidentelles. En général , il paroît que le bé^oard eft , ou une fubf- tance mucilaglneufe & tartareufe , durcie; ou un réfidu de nourriture végétale , & qui ne fe trouve pas i

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ou rarement , dans les animaux carnafliers , & qui fe produit que dans ceux qui fe nourriiTent de plantes: quelques Chimiftes foupçonnent que les bi[oarJs de la veflîe font formés , pour la plus grande partie , par un acide concret particulier.

Le bé[aard d'Allemagne eft le bi[oard de poil , plus connu fous le nom è^égagropiU. Voyez u mot y & ce qui eft dit des bt^oards que fourniiTent les lamas ^ &c« à VarticU PacOS.

BÉZOARD FOSSILE. Pierre arrondie^ de couleur jj cendrée , compofée de couches concentriques , friables, depuis la grofieur d'une aveline juiqu'à celle d'un œuf d'oie. Au centre de cette pierre eft quelquefois \m grain de fable , une petite coquille , ou un morceau de char- bon de terre. Une de ces matières a fervi de noyau , de point d'appui , & venant à rouler fur des terres molles , à demi-trempées , elle s'eft ainfi accrue par couches roulées comme une pelotte de rubans. On en trouve dans divers terrains près de Montpellier & de Compoftelle : les plus gros le rencontrent en Sicile & dans le fleuve de Dezhuatlan à la NouvcUe-Efpagne. Les Italiens vantent beaucoup cette pierre contre le poifon, &c.

BizoLE DE Rondelet. Selon Artedi , c'eft une .variété du lavaret. Voyez ce mot.

BIBBY. Arbre qui croît dans l'Ifthme de TAmérique. On dit que c'eft une efpece de palmier ; il eft de la grofieur de la cuiffe d'un homme : ton tronc eft droit & haut de foixante à foixante-dix pieds^ fans branches ni feuilles jufqu'au fommet. Cet arbre eft chargé de pointes. Son bois eft dur & noir comme l'encre. Son fruit, qui «ft de la groffeur d'une noix mufcade, blanchâtre & huileux y croît au-deftbus & tout autour de l'endroit les branches commencent à pouffer. Les Indiens tirent une huile de fes fruits écrafés ; pour l'obtenir , on les écrafe dans un mortier , on les tait bouillir , & on les met à la prefle > on écume k liqueur à n^efure

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^i*elle fe refroidit , & ce deffus devient une huile très-claire , que les Indiens mêlent avec les couleurs dont ils fe peignent le corps. Lorfque cet arbre eft jeune, on y feit une incifion , d'oii il découle par une feuille roulée en forme d'entonnoir, un jus qui reffemble à du petit-lait , d'un goût aigrelet , affez agréable , que les Indiens boivent après l'avoir kifle repofer pendant quelques jours. Les Indiens donnent auili à ce fiic le nom àe bibby. Ce palmier paroît avoir beaucoup de rapport avec celui appelé Aavora.

BIBE , Gadujcîdus y Linn. ; en Angleterre , au pays de Cornouaille y bib &c blinds.. Poiflon du gera^e du Gode, Il fe trouve dans l'Océan Européen ; il n'a ja-* mais , félon Willaghiy , plus d'im pied de longueur i. couleur eft olivâtre ou d'un jaune fale fur le dos, & argentée fous le ventre ;, fes, écailles ont plus du double en grandeur que celles de, la morue. Sa gueule efl médiocrement fendue; il a un barbillon fous lai mâchoire inférieure ; les deux mâchoires garnies d'unt rang de dents aiguiës & recourbées , avec d'autres ran-% gées. intérieures &: tournées, en dedans de la gueule ; il fe trouve auili fur le palais pluûeurs rangs de petites dents. Les narines ont chacune deux ouver-: tures ; les yeux font couverts^ d'une membrane lâche y, qui s'enfle , dit - on , comme une veflie , au gré du poiflon ; la langue eft molle & lifle : il y a troi& nageoires dorfales ;, la première a douze rayons , dont le fécond eft le plus élevé ;. la nageoire du milieiL eft la plus longue des trois > & a; vingt-trois rayonç; la dernière dorfale en a vingt : la queue n'a avicune échancnire ; fes deux nageoires ont , la première vingt-fept rayons, & l'autre vingt-un;, les peftorales. en ont feize> les abdominales ont chaame fept ou. huit rayons , dont le premier s'avance en forme de pointe alongée.

BIBION. Nom que l'on donne à mouche de Sairu^ fdarc. Voyez; ce mot^

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BIBLIOLITES. On donne ce nom aux pierres qoi portent l'empreinte des feuilles de végétaux. On en trouve en différens endroits , notamment dans le Ké* mont & à CEninghen.

BICHE. C'eft la femelle du ceff^ Voyez ce mot. MM. de l'Académie ont donné le nom de biche de Sardaigm à Vaxis , Voyez ce mot. La biche des bois & la biche des palkuvieres à Cayenne , font des chevreuils , Voyez

V article CHEVREUIL.

Biche. M. DcUu[e obferve qu'on a donné auffi le nom de biche à un infeâe coléoptere du genre du cerf volant , & qui en diffère principalement par la forme de ks pinces , qui , au lieu d'être longues & ràmeufes , font petites , faites en croiffant , & font feulement garnies chacune d'un petit denticule. La grande biche infede , eft un peu moins grande que le èerf volant , auquel elle reffemble pour la couleur ; la petite n'a que la moitié de fa grandeur.

Biche. Nom donné par quelques-uns à l'efpece de chien de mer bleu. Voyez Glauque.

BICHON ou Chien de Malthe. Très-jolie petite efpece de chiens dont le nez eft court , le poil long & fort délié ; ces petits chiens font fort recherchés & fort aimés des Dames. Voye^ à f article Chien.

BIDENT , Bidens. Nom d'un genre de plante à fleurs conjointes , qui , félon M. de la Marck , a beaucoup de rapport avec les verbejînes , & qui comprend des herbes dont les feuilles font oppofées , & dont les fleurs communément flofculeufes , ont quelquefois quel- ques demi-fleurons à leur circonférence : le fruit con- iifte en plufieurs femences oblongues , terminées cha- cune par deux dents ( quelquefois quatre , dont deux oppofées font plus petites ) , ou deux pointes droites , roides , & qui ont louvent de petites afpérités tournées en bas. M. de la Marck réunit au genre du bidens , celui du fpilanthus , de Linnàus. Il y a le bident à calice fiuilU j c'eft Veupatoire femelle ou bâtarde , Voyez

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mot. Le iident velu , de l'Amérique ; on en trouvé une variété à la Chine & dans les Moluques , & qui eft VAgrimonia Molucca de Rumphius. Le bident â feuilles de ciguë , de la Virginie. Le bident à fleurs penchées des lieux aquatiques de l'Europe; cette éfpece donne une teinture jaune , comme le bident à calice feuille. Le bident à tiges filiformes , du Cap de Bonne-Efpé- rance. Le bident à feuilles lobées , d'Italie ; il eft ori- ginaire d'Amérique. Le bident à fleurs blanches , de la Caroline. Le bident à fleurs venicillées , de la Vera- Crux, Le bident à tige grimpante , de la même contrée. Le bident nodijlore , du Bengale. Le bident dit acmella , Voyez Acmella. Le bident à faveur de pyrethre , vulgairement le creffon de Para , Spilan^ thus oleracea , Linn. Le bident à fleuilles de bafilic , du Pérou. Le bident â feuilles d^un rouge^brun y de l'Amérique Méridionale. Le bident à feuilles étroites ; il croît dans les endroits fablonnéux , près de Cartha- gene , en Amérique ; fa faveur eft piquante. Le bident infipidg , de la Havane. Le bident â feuilles d^arroche , de l'Amérique Méridionale.

BIDET. Petit cheval qu'on trouve en quantité à Ouëffant en BalTe-Bretagne. On en voit d'une petitefle extrême en Chine , & dont la forme eft très-belle. Foye[ Cheval.

^ BIERKNE , Cyprinus biœrkna , Linn. ; Cyprinus quin-» cunàalis , &c. Arted. Poiffon du genre du Cyprin. Il eft commun dans le Lac Mêler , en Uplande. Il fraie vers la fin de Juillet. Ce poiiTon a tant de reflem- blance avec celui appelé le rougeâtre , qu'il n'y a guère ^que les Pêcheurs exercés qui puifTent diftinguer facile- ment l'un de l'autre.

Le corps du bierkne , félon Artedi , eft à peine long d'une demi-palme ; la tête eft comprimée latéralement ; l'ouverture de la gueule très-étroite ; les mâchoires de longueur égale ; les dents fituées près du gofier ; l'iris des yeux de couleur argentée & nuée de quel-

^34. B I E B I G

Sues points verdâtres ; les nageoires ,oh blanches , ovi ^ \m gris obfcur; celles du ventre ont dans quelques individus , une légère teinte de rouge ; elles ont cha- cune neuf rayons ; les peaorales en ont quinze; celle de Panus vingt-cinq ; la dorfale en a onze ; celle de la queue , qui eft fourchue , en a dix-neuf ^ outre d'autres bien plus courts , & qui fe trouvent vers f extrémité. BIEVRE* royei Castor. On donne auffi le nonn de hievre à un oifeau aquatique & palmé, roye^ Harle^ BIFEUILLE. Nom que M. Y^tbé Dicqmmart donne à ime efpece de [oophyte^ qui fe trouve dans les plages du Havre; Tenfemble de Tanimal imite une rofette un peu tranfparente, &, en général, d'un très-beau

de cet enfemble eft ovale ; de chaque tuyau fort un tube tranfparent , flexible , évafé par le bout ; cette efpece de fourreau eft d'un vert foncé. On voit de temps en temps fortir de fon intérieur , & beaucoup au dehors, une tige auffi trairfparente & de même couleur, terminée par un bouton qui fe déploie

maUté cachée fous une forme finguUere. Joum. de

Phyjiquty Juin iy86.

BIGARADIER. Voyti ^ l'article Oranger.

BIGARREAUTIER. Voyei Cerisier.

BIGNONE , bignonia. Nom donné à un genre de plante à fleurs monopétalées , de la divifion des Per- fonnics , qui , félon M. dt la Marck , paroît avoir quel- ques rapports avec les gratioles , les digitales , &c. , & qui comprend un affez grand nombre d'efpeces qui , la plupart, font des fous-arbrifleaux , des arbriffeaux & des arbres exotiques , dont les feuilles font commu- nément oppoféesp & dont Içs fleurs campanulées, ou

B I G 135

(Ml entonnoir, ont en général un afpeû agréable oc d'affez belles couleurs. Le calice eft court; les fleurs n'ont que deux étamines feniles , & trois fîlamens ftériles ; un piftil. Le fruit eft une capfule partagée intérieiu-ement en deux loges ; elle s'ouvre par deux battans , & renferme des femences nômbreufes , apla- ties , munies de chaque côté d'un aile membraneufe ^ & couchées les unes fur les autres. Des Auteurs ont réimi à ce genre de plante , des lianes y des ibenes g^ de faux jafmins ^ &c«

Signants a fiuilles Jîmples»

Catalpa ou BiONONE â fmilU m cotur^ B'gnonia catalpa , Linn. Ceft un arbre d'un beau port , & qu'il nous intéreffe de connoître. Il croît naturellement dans la Caroline & au Japon. La beauté & la fraîcheur de^ fon feuillage, l'élégance de fes panicules de fleiu-s qui paroiiTent dans un temps oîi la plupart des autres arbres en font dépourvus, & l'avantage de pouvoir fubfifter en pleine terre dans nos climats s tout affigne à cet arbre ime place, diftinguée dans nos bofquets d'été , dont il peut faire le plus bel ornement ; ainfî qii'oQ le voit à Chantilly , dans l'endroit appelé le Hameau.

Le Catalpa s'élève à la hauteur de quinze à vingt pieds , fur im tronc droit , robufte , recouvert d'une écorce grifâtre , & qui foutient une cime aflez ample , hémifphérique , & bien garnie. Son bois cft blanc , peu dur , & contient une moelle afTez abondante ; î'écorce des rameaux eft d'un beau vert ; ils portent des feuilles difpofées communément trois à trois à chaque nœud , fort grandes , pétiolées , cordiformes , pointues , entières , d'un vert agréable , glabres en defliis , & chargées de poils courts en deiflfous , avec des nervures alternes & faillantes. Elles font larges de quatre à fept pouces , & longues de fept à onze , non compris^ leiu* pétiole, qui a quatre à fix pouces de

i^6 ^ B I G

longueur; les fleurs viennent à rextrémîté des bran-^ thés , en beaux panicules , dont les ramifications font oppofées ; elles font campanulées , courtes & bien cva* fées; leur corolle eft d'un blanc de perle, marquée de points pourpres ou violets , & rayée de jaune dans fon intérieur. En Amérique , elles produifent des cap- fules longues de quinze à dix-huit pouces , prefque cy- lindriques , très-grêles , droites , pendantes / & qui reflemblent à de longues filiques ; les femences qui y font contenues , font minces & munies de chaque côté d'une aile membraneufe , longue , étroite , & terminée par une petite houppe de poils.

Il y a une variété dont les feuilles font velues des deux côtés ; c'eft le kakusju , vulgb kawara-fifagi , de Kaempfer.

BiGNONE à feuilles ondées^ Bignonia qutrcus , Hort. Reg. On l'appelle vulgairement le chêne noir ^ àjîliques^ d'Amérique. Foye[ cet article.

BiGNONE toujours verte , Bignonia fempervirens , Linn. C'eft le grand jafmin odorant , de, la Caroline, f^oye[ à Varticle Jasmin.

BiGNONE à feuilles de Caffine. M. de Commerfon a découvert cet arbriffeau aux environs de Rio-Janeiro , au Bréfil, & un aurre à feuilles obtufes.

BiGNONE à petites feuilles , Bignonia arhor ^ Buxi folio tenuiore^ Plum. Cet arbriffeau croît à Saint- Domingue.

Bignones à feuilles conjuguées ou ternies.

BiGNONE à griffe de chat , Bignonia Americana , Ctf- preolis aduncis donata^ fîliquâ longifjimâ ^ Tourn. 164. Cette efpece eft la liane à griffe de chat. Voyez cet article,

BiGNONE equinoxiale , Bignonia cequinoxialis , Linn. ^ vulgairement liane à crabes , liane à paniers , liane blanche. Voyez ces mots^

B I G 237

BiGNONE pamculic , Bignonia tifolia fcandens , fiore> violaceo odoro , frucbi ovato duro , Plum. Elle croît dan$ rAmëriqiie Méridionale.

BiGNONE poru - croix , Bignonia crucigera , Linn, ; ia tige y qiii eft farmenteufe , eft remarquable en ce que, lorfqu'on la coupe en travers, elle repréfente une croix. Elle croît dans l'Amérique Méridionale.

BiGNONE â jkurs orangées , Bignonia capreolata , linn. Elle fe trouve en Amérique.

BiGNONE pubefunu , Bignonia puhefcens , Linn. Cette efpece croît aux environs de Campêche & dans la Guiane. M. AubUt dit qu'elle s'étend fur la cime des plus grands arbres des forêts de la Guiane.

Il y a encore : La bignoru â trois feuilles ,^de la Vera-^ Crux ; la bignorie à rapt , des forêts de la Guiane & des environs de Carthagene: les fruits font hériffés de pointes dures. La bignone à longues itamincs , de Saint-Domingue , Toum. 1 64. La bignone à fleurs in^ carnaies ; elle fe trouve dans les forêts de la Guiane , & particulièrement vers les bords de la rivière de Sinèmari. Les Galibis fe fervent de fes farmens, en place de cordes ; les Nègres en fabriquent des paniers & de grands chapeaux comme des parafols, qui les garantiffent de la pluie & de l'ardeur du foleil. La bignone à liens , c'eft la liane franche , Voyez ce tnou La bignoru à odeur d^ail , c'efl la liane à l^ail , Voyez cet article»

BignoneSf , à feuilles digitees.

On dlftingue l'efpece à cinq feuilles ; c'eft le poirier des Antilles , Voyez ce mot. La bignone à ébene , Voyez ébene jauru & verte. CcjS arbres fe trouvent dans l'Amé- rique Méridionale. La bignone aquatique , de la Guiane. L'efpece k fleurs velues & jaunes ^ de l'Inde. La bignone à feuilles divergentes en manière de rayons ; elle croît au Pérou. ^ ....

-Hl

23S B î G B I H

Signones â fctdlUs une ou deux fois allées J

Il y a : La bignone de Firginie , Bignonia radkans J Lînn. ; c'cft le Gelfcminum hederaceum Indicum , Coriu Canad. , vulgairement le jajmin de Virginie. La bignone multifiore & rouge , de la Chine ; la bignone à feuUles de frêne ^ de Saint -Domingiie, & la m^me efpece du Pérou ; la bignone de l Inde & du Malabar , c'eft le Falega-pa/anellij Rheed. Mal. ; ùs fleurs font d'un blanc- jaunâtre, & ont une odeur défagréable. La bignone d* Afrique ou du S inégal \ fes fruits font de la forme de nos concombres & longs de deux pieds , coriaces ; la bignone à grappes ^ de Madagafcar ; celle à rameaux aplatis , de l'Inde , c'eft le fevarantou de V Herbier de M. Poivre^ La bignone jpathacie , Bignonia fpathacea , Linn.; cette efpece croît au Malabar, dans l'ifle de Ceylan , à Java & à Amboine, dans les lieux humides ou près des rivières : la fecilité de travailler fon bois le rend propre à en former divers uftenfiles commodes : cet arbre eft le Lignum equinum , Rumph. Amb. ; le Nûr^pongelion , Rheed. Mal. ; Singi Bram.

M. de la Marck range aufli dans cette dernière fec« tion des bignones à feuilles digities : la bignone a ^fruits âors^ Bignonia chelonoides^ Linn. ; Padri , Rheed. Mal. ; cet arbre croît au Malabar & dans l'Inde; fes fleurs fraîches, jetées dans l'eau , lui communiquent une odeur agréable ; on fe fert de cette eau pour arrofer le matin les Temples , & en purifier 1 air croupifiant. La bignone farmmeeufe j noueufe & â fleurs blanches ^ de la Guiane. L'efpece à fleurs bleues , des Ifles de Bahama; M. Aublet défigne aînfi une variété , Bignonia copdia. I^ Bignone du Brijil ; on préfume que c'eft le Jaca^ randa de Pifon. Voyez ce mot.

BIHAI , Heliconia. Nom d'un genre de plante uni- lobée 9 de la famille des Bananiers , & qui comprend 4es herbes exotiques dont les feuilles font fimples & engaîaées à l^iur bafe > & dont les fleurs viennent

B ï H 13^

èommunément dans des fpàthes diftlqiies & cymbifor- mes ; le fruit eft une capfule ob'ongue 5 à trois côtés arrondis , tronquée à fon fommet , & di vifée intérieu- rement en trois loges qui , chacune , contiennent luie feule femence dure & oblongue.

Il y a : Le bihai des Antilles , Heliconîa Cariiaa , tihai foliis amplijfîmis ^fiorum vajiculïs coccimis , Plum.; cette belle plante eil commune aux Antilles, dans les bois humides & les lieux fangeux. M. AubUt dit qu'on la cultive à rifle de France ; que 'c'eft avec its feuilles que les Nègres couvrent leurs cafés , & que les Créoles & les Galibis ( dans la Guiane ) les emploient à faire des cabanes fiu- leurs pirogues , pour fe garantir de la pluie & de l'ardeur du foleil. Il y a aum : Le bïhai à ftuilUs ' pointues ^ Hdiconia bihaî ^ Hmu, \ cette efpece croît dans l'Amérique Méridionale , on lui donne le nom de balifitr. Le bihai des Indes Orientales £e des Moluques , c'eft Folium bmcinatum afptrum ^ Rumph. Amb. Le bïhxii des perroquets ^ HeUconia pju^ tacorum , Linn, ; cette efpece croît à Surinam. Le bihai velu , Hdiconia hirfuta , Linn. ; l'axe qui Soutient la fru6Hfication eft velu , & fléchit en ag-zag ; cette ef- pece fe trouve dans PAmérique Méricuonde,

BÎHOR. Voyei Butor.

BIHOREAU,/^/. ml. 758 le mâle ; 759 la femelle; c'eft le roupeau de Behn , en latin Pfeudo-nyBicorux'^ c'eft une efpece de héron de moyenne taille , & qui fe trouve fur Jies côtes de Bretagne ; le bihoreau a la tète , le cou plus gros à proportion , les jambes moins longues & le corps plus épais & plus fourni que dans la plupart des autres hérons ; il a un pied huit pouces du bout du bec à celui de la queue , & trois pieds deux pouces d'envergure ; il eft à-peu-près de la grof- feur d une corneille , coiffé dW nâr changeaat en vert, ayant fiu* le finciput ime bande blanche, courte & étroite ; de l'occiput partent trois plumes (rarement

140 B I H B I M

& terminées par une pointe fort aiguë , ce qiû lia forme une huppe élégante & d'un très -beau blanc; Toifeau , à volonté , écarte & roule les imes autour des autres , ces trois plumes ;. un blanc tirant un peu fur le cendré diftingue la partie fupérieure & les côtés du cou ; le haut du dos & ler plumes fcapulaires font d'un vert foncé-obfcur ; le refte du corps en deffus eft ' cendré , & le deffous blanc ; l'iris eft d'un jaune-orangé; le bec d'un vert-jaunâtre à fon origine , & noirâtre dans le refte de fa longueur ; les pieds d'un vert-jau» nâtre , & les ongles noirâtres. La femelle du bihoreau n'a point de huppe ; fon pliunage eft cendré-rouflâtre , & les ongles d'un gris-brun.

bihoreau eft un . oifeau erratique & . trifte ; fon cri eft rauque , très-fort , & n 'imite pas mal le bruit prx)duit par les efforts que fait l'homme en vo- miflant : c'eft la nuit , fur-tout , qu'il le fait entendre , ^& qu'il fe met en mouvement : il fe tient caché pref* que tout le jour ; il fe trouve dans les deux Contî* nens , fréquente également le bord des eaux douces & les rivages de la mer ; à défaut de poifTons , il fe nourrit de reptiles , de vers , d'infeftes.

On a repréfenté le bihoreau de Cayenne ^pL enl. 899.

Le véritable nyBicorax des Grecs y ou le vrai corbeau-^ dc-^nuit , eft la hulotte^ Voyt'L ce mot.

fiIJON. Voye\^ Térébenthine.

filLIMBL Voye^^ t article CaramboUER.

BILLONS. Voye^^ à f article Garance.

BIMBELÉ ou Fausse Linotte. Les Nègres , à Saint-Domingue ^ donnent le nom de bimbelé à un oifeau qui paroît être du genre XL de M. Brijjon^ c'eft un des oifeaux de la ieâlon particulière, faite par M. de: Montbeillard , fous le nom de demi-fins ^ il n'a aucun rapport avec la vraie linotte ; foi), chant ne roule que fur quatre ou- cinq notes ; mais les tons en font pleins , doux & moelleux ; le deffus du corps eft brunâtre ^^ le deftbus eft d'un blanc

fale;

B I N 241

(aie ; wi dîftingue une teinte jaune au ventre & fous la queue. BINERY. royei Bruant.

BINOCLE. Norh que Toh donne ààtïsVÏUJidire abrégic des InfeScs des environs de Paris , à une efpece d'ani- mal aquati^ie qui s'attache aux poiflbns. Plufieurs autres animaux qui s'attachent aux poiffons de mer , paroiffent être de ce genre ; aufli Baker en a-t-il donné plufieurs figures fous le ilom de poux des poijp>ns.

On va réunir auffi fous cet article les petits ani- maux que TAuteur de VHifioire des Infectes appellfe monocLs , parce que ce font detix geni"'es d'animaux qui fe rapprochent beaucoup. Le monocle a été décrit par Swammerdam , foiis le nom de piue aquatique arhonf^ cente , Fulex arborefcens.

La puce aquatique ou le monocle , ou Perroquet itm , que l'on trouve dans les eaux des mares & des baffins , eft un animal très-petit , qui n'a guère plus d'une ligne de longueur. Tous les ainimàux de ce genre font três-finguliers & très - recorinoiffables par des carafteres qui leur font propres. Ils ont des an* ternies branchûes , qui font garnies de poils , ce qiû les fait paroître touffliei. Ces antennes leiur fervent comme de bras pour nager : ils s'avancent & s'élèvent dans Peau comme par bonds & en fautillant ; ce qui les a fait nommer puces d^eau ; & arborefctntes\ à caufe delà ramification de leurs antennes. A l'aide de leurs fix pattes & de leur queue , dont la forme varie , fimple dans quelques efpeces , fourchue dans d'autres, mais toujours mobile oc qui leur fert d'aviron , ils exécutent dans l'eau diverfes fortes de mouvement. Un dès caraâeres de ces petits animaux, c'eft celui de n'avoir qu'un feul œil, ^nu que l'a obfervé M. Geoffroï; ce qui les lui a fait nommer rnonocUs , quoique cepen- dant Swammerdam ait crû en voir deux. Ces animaui font tous ovipares ; & leur corps , plus ou moins ferme & dur , eft il tranfparent , que \oti voit leurs œufs ^ Tome //. Q

à4i B I N

travers de la peau. On en voit quelques-uns quî por» tent ces œufs à l'extérieur fufpendus en paquets à leurs côtés. Obfervés dans des bocaux pleins d'eau, on les voit fe défaire de chacun de ces paquets à la fois ou fcparément.

Les puus d'^tau font des animaux fi petits , qu'ils n*ont pas befoin de prendre beaucoup de nourriture ; aufli ne font-ils point carnaflier« : il paroît qu'ils ne fe nourriffent que du débris des plantes , & c'eft pro- bablement la différence de la couleur des fucs de c^ plantes qui donne à ces animaux la différence des cou" leurs qu'on leur voit. On obferve , du moins dan5 plufieurs efpeces , qu^ils varient du blanc au vert & au rouge plus ou moins foncé, C'efl la multitude de ces vers-infcScs dans certaines eaux qui les a fait pa* roître quelquefois rouges comme du fang , & a porté la terreiu" dans l'efprit du peuple. Cette prétendue tranf- ttiutation d*eau en fang le remarque en tout pays, & notamment en Suéde , oti , dit M. Linnxus , l'un des trois étangs qui fe Voient dans le Jardin d'Upfal , & dans lequel il n'y a point de plantes aquatiques , paroît toujours fe changer en fang au temps du folftice d'été, fur-tout par le temps calme ; alors tous les matins , ajoute le même Auteur , cet étang paroît de tous les <}uatre coins comme fi l'on y avoit répandu de la poudre à canon. Cette poudre voyage peu-à-peu des bords au centre, comme autant d'armées, marchant en-Aon ordre ; & au bout de quelques heures elle s'arrête & s'alTemble toute au centre de l'étang. L'eau fur laquelle cette poudre a pafTé , paroît couverte d'ime pellicule grisâtre , & prefque imperceptible : fi l'on amalTe un peu de cette poudre dans une cuiller, on voit avec ctonnement que tout eft en vie , & compofé de mil- lions de vers^infccUs , que M. de Gé^r a parfaitement bien décrits & deffinés fous le nom Atpodura aquatica. En même temps on voit fous l'eau une fubftancè fan- £uine qui rougit Teau oîi çUe fe trouve , & la fai^

B I N 24j^

paroître (le coùkur de chair : cette, fiibftance eft tantôt plus, tantôt moins folide; elle le diffout quelquefois & devient invifible , pendant qu\me autre . nouvelle prend fa place. L'eau en efl alors fi /emplie , que per- fonne n'ofe s'en fervir pour la cuifine. Vers neuf ou dix heures du matin , tout femble fe diffoudre & difpa- roître; mais le même phénomène fe renouvelle vers le foir. On Pobferve auffi de grand matin, fur -tout quand il a plu pendant la nuit. Auffi-tôt que Peau croupit , elle devient trouble ; alors ces vers-infe&es y trouvent abondamment de la nourriture. On ne peut que s'étonner de la quantité inconcevable de ces petits animaux & de leur multiplication rapide par millions. Trop fpibles par nature , ils deviennent la proie des canards qui en font leurs meilleurs repas.

Ces monocles fervent auffi de pâture à plufieurs in- feôes aquatiques , & même aux polypes , qui les en- trelacent dans leurs bras , & les avalent enfuite. Il y a cependant quelques efpeces de monocles qui font ren- fermés dans une coquille bivalve , & qui par confé- quent ne peuvent devenir la proie des polypes. Cq monocle refte dans fa coquille , fi on le tire de l'eau»; Cette coquille s'entr'ouvre en deffous , l'animal fait fortir fes antennes , à l'aide defquelles il nage très-vite dans l'eau de côté & d'autre , cherchant un corps folide, pour s'y arrêter, & c'eft alors qu'il fait 'ufage de fes pattes pour marcher , en les alongeant par l'ouverture de fa coquille. On trouve volontiers ces vers-infe&es <lans les ruiffeaux bourbeux & dans leseaux: dormantes.,' Lorfque , dans un verre de cette eau , on met quelques gouttes d'eau - de - vie , ils meurent fur le champ ÔC tombent au fond. Kôyei Pucerons branchus.

Le binocle ou le pou des poijfons , a beaucoup de ref- femblance avec l'infefte que l'on vient de décrire : il en diffère , parce qu'il a deux yeux bien diftinfts ; ce (}ui Va fait nomrher* binocle. Il eft pourvu d'antennes ^i ne font point garnies de poUs latéraux. Sa queuii

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eft fourchue dans quelques efpeces , & en plumet dam cl*autres : fon corps eft recouvert d*écailles. Les infeâes de ce genre ont en général une figure qui les fait ref^ fembler en petit aux crahes de mer , fur-^tout à Tefpece appelée crate des Moluqucs ^ & qu'on voit dans les Cabinets. Voyc^ Pou des Poissons. ,

Les binocles vivent dans l'eau ; mais ils font voraces : ils s'attachent aux poiflbns ^ qu'ils fucent fortement par le moyen des organes ( fuçoirs ) placés à la partie mférieure de leur corps. On en voit des efpeces qui ont près d'un pouce de longueur , d'autres moins : on en voit peu dans les eaux des environs de Paris , mais beaucoup fur les poiflbns de mer.

BIONDELLA. Voyci à l'article Bois gentil.

BÎOURNEAU ou Bigourneau. Foyei Vignot,:

BIPEDE, C'eft un animal qui a deux pieds. Foyc^ Oiseau.

BIQUE. Nom populaire de la chèvre qui allaite ou qui donne abondamment du lait. Ce mot eft trivial ; néanmoins il femble confacré dans notre langue , par l'ufage qu'en à fait un Poëte très - aimable ( La Fontaine^. La bique allait remplir fa traînante mamelle^ Fab. XV. Liy. iv.

BIRCKHAHN, f^oye^ à l'art. CoQ t>ES Bruyères.

BISEMUS. Nom donné en Siléfie à la mufaraignc^ Voyez ce mot.

BIS -ERGOT. Cet oifeau a été envoyé à M. ^ Buffon fous le nom de perdrix du Sénégal^ pi. enU 1 37 î inais il lui paroît avoir plus de rapport avec tes francolins qu'avec les perdrix , foit par la grofleur , foit par la longueur du bec &f. des ailes , foit par {ts éperons* Son plumage eft inêlé de gris & de brim. Il donne à cet oifeau le nom de bis-ergot , parce qu'il a à chaque pied deux ergots ou plutôt deux tubercules de chair dure & calleufe ; caraûere qui lui paroît en faire une efpece & une race particulière. On trouve aulfi , dit-on 3^ à i'Hk FriUiçç bis - ergot. On y appelle raçUufy

B I S I4i

tette efpece de perdrix , parce qii*on trouve que fon cri a quelque rapport au bruit produit par deux corps durs , frottés l'un contre l'autre ; fon plumage tient un peu de celui de la caille ; les pattes & le bec font verdâtres ; elle niche eii Septembre ou Oâobre , & habite préférence les bois des montaghes ; elle fe perche fur les arbres , hors le temps de fes amours. Au relie , cette perdrix à deux ergots eft étrangère à l'Ifle de France , fuivant ce que nous a mandé M. le Vicomte it Querhoënt ; la chair de cet oifeau efl blanche.

La perdrix rouge de Madagafcar a aufli deux ergots à chaque pied.

BISET 9 pL enl. 5 1 o. Voyez à C article Pigeon.

BISMUTH , Wifmuthum. Demi-métal connu auflî foiis le nom Setam de glace , & qu*on a fouvent qua- lifié de marcajjite par excellence. Cette fubflance , dans l'état de# régule, pairoît formée d'un -afTemblage de feuillets groupés en cubes ou en ftries, fort pefans & caffans. Sa couleur approche de celle de l'étain. Le caraftere diftinôif de la mine de bifmmh eft de pré- fenter , lorfqu'elle a été expofée à l'air , les couleurs variées de la gorge de pigeon ; telle eft la mine appelée fieurs de bifmuth. La mine de bifmuth eft minéralifée ou par le foufre ou par l'arfenic. Elle contient ordinaire- inent ou du cobalt ou de l'argent , mais en très-petite quantité. Il y a plulieurs efpeces de mines de bifmuth , que l'on trouve dans la Saxe , dans la Bohême , dans la Suéde , ô^c. & qui varient en cpulevur , ainfi qu'on peut le voir dans les ouvrages des Minéralogiftes. U y en a de grifes , de bleuâtres & brillantes , &c.

On diftingu^ le bifmuth vierge ou natif; il eft quel- quefois en maffe , quelquefois en écailles minces , ou appliquées les unes fur ks autres , ou ii)cniftées fur une gangue ou fur d'autres fubftances métalliques ; la mine de bifmuth grife^cendrée , eft la mine de bifmiuk commune : fi fon tiffu reflemble à l'antimoine , elle •ft minéralifée par le foufre , eft très-fufible & diffo-

î4^ BIS

lubie dans les acides. Celle qui eu d'un gris clair eft du bifmuth combiné avec le cobalt, & plus d'arfenic que de foufre. La mine de bifmuth chatoyanu , eft la mine de bifmuth .qui paffe à l'état de chaux. Cronjlcdt fait mention d'une mine de bifmuth fcrrugincufc ; elle eft en écailles angulaires.

Le bifmuth fe fond à la fimple flamme d'une bougie ; par conféquent il facilite la fufion des autres métaux , mais il les rend auflî caftans que lui : mêlé au cuivre dans la fonte , il le blanchit , ainfi que Tétain , qu'il rend plus fonore. Il donne même à ce dernier une confiftance qui approche de celle de l'argent , ainfi qu'on l'obferve dans l'étain d'Angleterre, qui, dit-on, eft allié d'un mélange de bifmiuh , de régule d'anti- moine , & même d'une portion de cuivre. Lorfque l'on fond le bifmuth avec l'argent , l'étain & le plomb , il rend ces métaux plus propres à s'amalgamer avec le mercure; &.fi on paffe l'amalgame à la peau de chamois , on remarque que le meraire entraîne vifi- blement avec lui beaucoup plus de métal qu'il n'auroit fait fans cela. On dit même que rfeft un moyen que certaines gens emploient pour augmenter le poids , ou plutôt la quantité apparente du mercure. La propriété qu^a le bijmuth de s'unir à toutes les fubftances mé- talliques , même les plus dures ( excepté le zinc ) , lui a mérité quelquefois le nom ^aimant dts métaux. Le bifmuth eft volatil : expofé au feu , il s'en élevé des fleiu^ en flocons qui font la terre métallique privée de prefque tout phlogiftique.

On retire du bifmuth , en le diffolvant par l'acide nitreux & le précipitant par la fimple addition de l'eau, Wne chaux blanche que l'on nomme blanc de bifmuth , blanc d^Efpagne ou blanc de perles. Lorfque cette chaux eft bien édulcorée , elle donne un beau blanc éclatant, qu'on fait entrer dans la compofition d'un fard dont les Dames font ufage à la toilette pour fe blanchir la peau. Comme ce fard n'cft qu'une chaux métallique |

BIS _ 147

xjiû fe charge très -facilement du phlogiftîqiie réduit en vapeurs , & qu'elle devient noirâtre par cette addition , les femmes fardées avec ce blanc courent rifque de voir leur blanc fe changer eii noir , fi elles s'expofent aux vapeurs phloglftiquées qui s'exhalent des matières en putréfaâ^on , des latrines , du foufre , du foie de foufre , de rail écrafé , &c. Ainfi l'avantage de ce far J eft contre-balancé par de grands défauts , fans compter celui (k dégrader & de gâter confidérablemeht la peau à la longue. Puifque ce fard , ainfi que tous ceux qu'on ' peut employer , altèrent la peau des jeunes perfonnes, & ne reparent point les ruines du vifage , voici ce qu'il feut mettre en ufage , dit im Auteur moderne : » Des grâces fimples & naturelles , le rouge de la pu-* » deur , l'enjouement & la complaifance : voilà le rard » de la jeunefle. Pour la vieilleffe , il n'eft point de » ferd qui puiffe l'embellir que l'efprit & les connoif- » fanées «• f^oye^^ maintenant VarticU PiERRE A FARD. Le bifmuth diffous dans l'acide nitreux donne une encre de fympathie. On écrit fur du papier avec cette dif- folution, & il n'en refte pas la-moindre empreinte appa- rente. Que l'on étende enfuite légèrement fur le papier ^ avec un pinceau , du foie de foufre diffous dans l'eau ^ à Pinflant l'écriture devient lifible , effet produit par le phlogiflique du foufre qui reffufcite le métal en s'uniffant avec lui , & lui fait reprendre fa couleur, naturelle*

BISON, Bos jubatûs. Race de bœufs à boffe , en partie fauvage & en partie domeflique , qui fe trouve dans les Contrées de l'Afrique , dans la plupart de celles de l'Afie , & qui s'efl retrouvée dans le nord de TAmérique.

Cet animal peut être regarde comme une variété de \ aurochs , qui efl le taureau fauvage ; car ces ani- maux produifent énfemble. Le bifon efl le chef de la race fecondâire provenue de V aurochs ; il efl auffi le chef des bœufe à boffe. Cette boffe à\x bifon , ainfi qite, *

Q4

%4n. BIS

Celle de toutes les efpeces de bœu& boffiis , n^eft

3ii*une excroiffance , une efpece de loupe , un morceau e chair tendre , auffi bonne à manger que la langue des bœufs. Il y a de ces boffes qui pefent jufqu'à qua- rante pu cinquante livres, f^oye^ au mot Aurochs, la manière dont on prouve que le bifon n'eft qu'une variété du taureau fauvage. *

En 1769 nous avons vu à Paris un de ces bifons y^vans, II avoit été pris, en 1763 , dans TAmérique Sep- tentrionale , au nord du Miiliflipi , près de ls#petite rivière Arreco : le propriétaire nous affura que peu de temps avant fpn départ , cet animal , qui étoit du fexe inâle , avoit couvert deux vaches appartenant au Gou- verneur du lieu ; mais qu'il ne favoit pas ce qui en étoit provenu : il nous affura encore que ces animaux vont «ans les bois par groupes de dix , jufqu'à vingt , tous Tun après Tautrè , & que la femelle eft plus grande que le mâle ; que la chair en eft bonne & d'un excel- lent goût de venaifon ; qu'ils coiuent fort vite , & qu'étant pourfuiyîs ils jettent en arrière toutçs les pierres qu'ils rencontrent^ qu'ils joignent en certaines circonftances à la force , le courage & la férocité ; qu'il eft trèsrdifficile de réduire leur inftinft natiu*el, qui eft infiniment moins brut que celui de nos bœufs dpmeftiques ; que ce n'avoit pas été fans danger qu'oi) ayoit fprcé le bifon qui fe voyoit à Paris , à paffer lés mers , & qu'on avoit éprouvé les mêmes diffi- c^iltés pour le débarquer en Hollande , à fon arrivée tjn.Eiu-ppe; comme il refufoit quelquefois de marcher , éf, qu'il s'efforçpît de maltraiter fes conduûeurs , le propriétaire prit le parti de Penfermer dans une forte cage en bois , pofee fiu* quatre roues , & tirée par 4e3 chevaux,

Nous ayons, examiné en Naturalifte cet animal pen- dant fbn féjour à Paris : ce bifon arraché des mains de vieille Nature, devenu captif , fon.caraftere pétu- Jajxt Vdl: flétri ou adouci par l'efclavage^ p^t les mau--

BIS 249

fais traîtemens & par le befoin : on l*a dompté en quelque forte ; il annonce une forte d'intelligence , ae docilité & d'éducation : il y avoit des momens oti il paroiffoit afFeéHonné & fenfible à Tafpeâ: & à la voix de fon maître : dans les inftans la Nature lui faifoit fentir Peffervefcence du rut, il en annonçoit le befoin ou le défir avec vigueur & fureur ; il mugiffoit tantôt d'une manière lamentable , & tantôt il rugiflbit un peu à la manière du lion ; & alors il s'efForçoit de rompre fes lien», donnoit des coups de tête contre lin poteau avec tant de force que fes cornes en étoient mutilées.

Nous avons mefuré exaûetnent ce quadrupède : la ligne horizontale , latéralement , depuis le mufeau juf- qii*à la queue ou au jarret , étoit de neuf pieds deux pouces ( il faut ôbferver qu'il porte fa tête dans une pofition alongée ) ; la hauteur prife. du garrot ou du fommet de la boffe jufqu'à la pointe du iabot ou pied antérieur , étoit de cinq pieds quatre pouces.; h hau- teur , prife au niveau ou à l'origine de la queue jus- qu'au bout du fahotou pied pouérieur, étoit de trois pieds dix pouces ; la groffeiu* , mefurée par le garrot & le fàoon , avoit dix pieds de circonférence ; la grof< fevu- , prife entre les faufles côtes & les cuiffes , étoit de cinq pieds & demi ; la ligne diagonale de la tête , depuis la bafe des cornes jufqu'aa bout du mufeau , etoit de vingt-trois pouces; la largeur du. front, entre hs cornes ,' étoit de feize pouces & demi. Les cornes petites , eu égard au voliune du hifon comparé avec iios bœufs domeJftiques , font d'un brun - grifâtre depuis la bafe jufqu'au milieu de leur longueur, & noirâtres dans le refte de leur, longueur jufqu*à la pointe. Les pointes des cornes font éloignées Tune de IWre de deux pieds. Leur pofition ou leur direûion tft à-peù-près la même que dans nos boeufs.

Ce cjuadrupede coloffal , qui femble n'ofBîr que des difibmutés^ des monilruofités; eft cependant un animal

150 ^ BIS

d'une beauté furprenante ; fon enfemble offre tout-à-k- fois à l'œrl & à l'efprit un fujet d'étonnement & d'admi- ration ; fa tête , qui eft paffablement groffe à propor- tion du corps , paroît d'un volume prodigieux par la quantité & la longueur du poil bnih-fauvc dont elle eft garnie , on diroit de cette jubé , une couronne de poils ; d'autres poils plus foyeux , très-longs , plus doux au toucher que la laine , & luftrés , forment en- deçà du bourlet de la mâchoire inférieure & fur les abajoues , une* barbe merveilleufe. (Jes mêmes poils ^rniffent aufli la gorge , le fanon , & le dedans des jambes antérieures juifqu'au genou. Ses épaules & fon cou font couverts , ainfi que la boffe , d'un poil dru , long , comme crépu , mais fin & extrêmement doux au toucher. Cette forte de chevelure forme une four- rure très-chaude , & donne au bifon l'afpeft noble & îjnpofant du lion : auffi Ta-t-on appelé bos jubatus : les Sauvages l'ont nommé muthufufa. Les oreilles iie font pas fort grandes , le long poil de la tête les cache prefque entièrement ; leur pofition eft affez droite : près des cornes elles paroiflent comme pliflees , prefque pointues & garnies de poil ras. Ses yeux qid font grands, orbiculaires , bruns & bleuâtres au» milieu^ nir ime cornée blanche , manifeftent d'ime manière prompte & pathétique la douceur ou la colère. Autour des paupières , de la largeur de deux doigts en deffus & de trois' en deffous , la peau eft d'un noir fauve y rafe , fans poil. Le nez nu , fort large , d'un noir fauve. Les narioes font fort grandes , & par le haut beaucoup plus éloignées l'une de l'autre 'que par le bas. Quand cet animal ouvroit la bouche , on comptoit huit dents incifives & très -blanches à la mâchoire inférieure. Lorfqu'on lui préfentoit un morceau de pain , il felfoit fortir fa langue , * gui eft longue , épaîfTe ^ noirâtre , & alors il attirait & faififToit le paih , en formant un crochet avec fa langue. A la moitié du dos y même plus près des épaules , s'élève une boffe

N

BIS i^f

ou loupe (qiû eft une vafte maffe de chaîr) quî s'abaifTe latéralement & vers la tête. La partie la plus élevée de cette boffe eft perpendiculaire aux omoplates , c'eft- à-dire , entre les épaules. Ses Jambes font affez courtes» Le bas des jambes antérieures , depuis le genou , ainfi que la partie poftérieure du corps , font en été rafes ^ & la peau eft d'un noir fauve. En hiver le derrière du corps , la croupe & les cuiffes font garnis d'un poil court & aflez doux : il n'y a que ce poil qui tombe au moment de la mue. Sa queue eft longue de feize pouces , rafe , mais garnie par le bout d'une houppe de crins fort doux , & qui pendent à la longueur de huit pouces. La croupe eft rétrécie , très-eftilee. Les fabots font f ointiis , noirâtres , ainfi que l'ergot»

On donne auflî au bifôn le nom de bœuf Illinois ^ parce que les prairies de ce pays font rouvertes de boeufs à Doffe. Les femmes des Illinois n'ont d'autre occupa- tion que de préparer le poil de ces fortes de bœufs, & d'en faire, des jarretières , des ceintures & des facs. Ces peuples ont l'art auflî de préparer les peaux des bifons , de les rendre fort fouples & blanches : ils y tracent des compartimens de différentes couleurs. On voit une de ces peaux dans l'im des Cabinets de curio* fîtes de Chantilly.

BISSUS ou Poil de nacre , Bypis animalis. C'eft le nom que l'on donne à des filamens d'une efpece de foie brune , & longs d'environ cinq ou fix pouces , dont la pinne marine fe fert pour s'attacher & fe fixer aux corps contre lefquels die veut s arrêter. Ils lui fervent comme autant de cordages pour fe foutenir y de même que font les moules. Ces fils , vus au microf- cope , paroiffent creux , & donnent , quand on les brûle , une odeur urineufe comme la foie. Le bijfus de la pinne marine eft propre à l'ourdiflage , & plus précieux que la laine. Les plus habiles Critiques n'ont pas en- core bien eclairci ce que les Anciens entendoient par le bijfus^ Comme ils confbndoient fous ce nom les

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cotons , les ouattes y même l'amiante , en im mot tout ce qui fe fiioit & étoit plus précieux que la laine y il n'eft pas aifé de dire ce que c'etoit , & s'ils n'en tiroient point de la pinne marine.

Au refte on voit communément en Italie & en Corfe des camifoles , des bonnets , des gants , des bas & autres ouvrages fabriqués avec le bijfus des pinnes marines. L'on a de la peine à foutenir la chaleiu: de tels vêtemens , que l'on eftime fpécifiqiies pour les rhumatifmes & la goutte. Ces ouvrages leroient peut- ^tre plus recherches fi la Voie étoit moins commune. Avant de filer ce biffus , on le laiffe quelques joiu^ dans la cave afin quTl s*humeâe & fe ramolliffe ; en- fuite on le peigne pour ' en féparer la bourre & les autres ordures , & on le file çomnxe la foie. Il eft bon d'obferver que ce biffus ne prend point la teinture fjuis en être altéré. Foy^i Pinne marine y& Us Mém. Je CAcad. des Sciences ^ ann. iji^^p^^ 2,04.

BissxJS 9 Bijfus. Genre de plante cryptogame, de la famille des Algues , ait M. de ia Marck , qui a beau- coup de rapport avec les conferves , & qui comprend ^es fubfiances qui naifient fur des matières humides: çlles ont l'apparence ou d'un duvet poudreux plus ou moins coloré , ou d'un duvet filamenteux , à filets fim-

Î>les y cylindriques , tantôt ramifiés , tantôt en réfeau y buvent articulés , & plus ou moins longs. Quelques- uns regardent les bijfus comme des plantes imp^faites; parce qu'elles paroiffent dépourvues de quelques par- ties qu'on obferve dans les autres. On n'y découvre aucunes racines , ni feuilles 9 ni fleurs , ni fruits. MicheU , Boccone & Dillen n'ont donné rien de fatîs- faifaqt fur les graines des bijfus ou fur la manière dont ils fe reproduifent. M. Adanfon dit avoir élevé pendant quinze mois des touffes de cette plante dans 4es bocaux , & avoir reconnu affez clairement que chaque articulation féparée naturellement ou par l'art, végétoit comme une graîoe , & produifoit une plante

-^m.^^^

BIS ifî

toute femblable à fa mère. On a un ej^emple de ce genre de plante fi fingidier dans le conferva. On eh trouve qui reffemblent à un amas de fils de foie , à uh tapis , à ime peau de bête à poil , à une toifon brebis , à un morceau de drap , à ime toile d'araignée» M. Haller dit avoir vu les articulations d'un petit bijftts vert , & qu'elles fe détachent efFeâivement ; mais on doit à M. Adanfon l'expérience qui femble prouver que cette plante eft vivipare , comme certains polypes. Voye^ maintenant l'article tremellc On feroit prefque tenté de regarder Cette forte de plante comme un corps organique faifant la nuancfe ou le paffage du végétal à l'animal. Voici les efpeceS. de bijfus connues.

Bis su s m duvet filamenteux.

Il y a : Le hipis des caves , FL Franc. ; Bijftts feptïca , Linn. ; il a im tiffu très-mou , épais d'enT- won deux lignes , fort large , léger , d'abord blan- châtre , enfuite brun. Ce tiflli eft formé de filamens fimples , très -menus , entrelacés , & reffemble en quelque forte à un morceau de drap , ou à une pièce d'amadou. On trouve cette efpece dans les caves, fur les tonneaux , ou fur leur chantier ; dans les celliers y fur les bois qui fe pourrififeilt , & fous les carreaux qui pavent les maifons. Le biffas flottant ou ftcur-^d'eau , Biffas flos aqua y Linh. 1637; il offi*e des filamens courts, plumèux, extrêmement fins, formant à la fur^ face des eaux croupiffantes urte croûte verdâtre & très- molle. Le bijjus à filamens crolfés & comme grillés de toutes parts, È^us cancellata , Linn, ; il flotte, comme une moififlure , d'un vert, jaunâtre , dans les eaux douces & tranquilles. Le bijJus à filamens fort coiuts , formant un duvet lanugineux , d'un pourpre- violet , Bijfus pkofphorea , Linn. ; il fe trouve fur les bois qui pourriflent. Le bijfus velouté^ Bijffus veLm f'^na , Linn. ; cette efpece fe trouve fur la terre & fur

154 B-I S

les pierres , oîi elle forme un duvet très-fin , foyeux J court & de couleur verte : fes filamens font rameux. Le bijfiis doré , Bijfus aurca , Linn. ; on le trouve fiu: les murs & fur les pierres ; il forme des efpeces de couflînets laineux , convexes , ramaffés , d'un jaune rouflâtre , & qui deviennent eriiatres en fe defféchant. Le bijfus des cavernes , Bijjus cryptarum y Linn. ; on le trouve dans des cavernes , fous des rochers , en laponie & en Suéde. Il a des filamens capillaires, grifâtres , permanens, & fortement adhérens aux rochers. Le bijfus orangé , Bijfus aurantiaca ; M. de la Marck idit avoir trouvé cette belle efpece fur des morceaux de bois qui pourriffoient & étoient expofés à la pluie. Ce bijfus eft affez grand , forme une barbe d'un jaune-orangé, compofée de filamens droits, très-moiis, longs de dix-huit lignes , comme entrelacés à leiu* bafe, .mais libres , & im peu plus épais dans leur partie fupé- rieiue.

B ISS us à tijfu prefque poudreux.

Il y a : Le bijfus des antiques, Bijfus aneiquieatis, Linn. ; c'eft lui qui noircit les anciennes murailles, la fuperficie des marbres blancs & des ftatues cal- caires fculptées depuis un temps confidérable : il «û compofé de filamens très-menus , couverts d'une poudre noire. Le biffus poudreux & cendré des vieux rochers , Bijfus faxatilis , Linn. Le bijfus rouge & odorant, Bijfus jolithus^ Linn. lôjSyMich. r. 89 , / 3 : il fe trouve fur les pierres & dans les fentes des rochers ; il y forme une croûte large , prefque poudreufe , affez rouge dans fa jeuneffe & qui pâlit en fe féchant : il exhale une odeur de violette ou d'iris affez remarquable. Le bijfus bleu , Bijfus carulea ^ FUFr. ; cette efpece , que M. de Beauvois a trouvée fur des planches à demi- pourries , forme une croûte mince, large , prefque poudreufe , & d'un beau bleu d'indigo, mais qiû dçvi^çnt im peu grifôtre en féchant. Le bi^us

fi j s I55

Jaiine , Bijfus canddaris , Linn. ; il fe trouve fur les vieux murs , fur Pécorce des arbres ^ & fur les bois des bâtlmens , à Texpoûtion du vent & de la pluie , oii il forme une croûte jaune ^ poudreufe , & qui a Tafpeâ: d'im lichen naiffant. Le hijfus pourpre , Bijjiis purpurea , FI. Fr. ; cette efpece fe trouve au bas des murailles humides & fur le bois à demi-pourri ; elle forme une croûte poudreufe , très-étendue , & de couleur de lie de vin rouge. Le bijfus vert , Bijfus botryoides , Linn. ; cette efpece eft très-commune , & reffemble à une poudre verte, répandue fur l'écorce des arbres, fur les pierres & fur terre , dans les lieux obfairs & un peu humides. Le hiffus blanchâtre , Biffus incana y Linn. ; on le trouve fur la terre nue & glaifeufe , fur le bord des foffés & des chemins ; il forme une croûte blan- châtre , farineufe & peu cohérente. Le bijfus d'un blanc de lait , Bijfus laUza , Linn. ; cette efpece vient fur récorce des arbres & fur les moufTes , oti elle forme une croûte très-blanche , fpongieufe , farineufe , ou quf reffemble à de la chaux.

Bissus MINÉRAL, Nom donné à Vamianu. Voyez ce mot. '

BISTORTE , Polygonum bijiorta , Linn. 516. Cette plante efl ainfi nommée , parce que fa racine vivace ^ oblongue & noueufe efi plus ou moins torfe ou re- pliée fur elle-même à la manière du ferpent. Elle pouffé des feuilles longues , larges & pointues comme celles de la patience , courantes fur leurs pétioles. Ses tiges s'élèvent à la hauteur d'un pied & plus , garnies de quelques feuilles ; elles foutiennent des fleurs à étaminest de couleur purpiurine , rangées en épi & formées d'une corolle fans calice, divifée en cinq quartiers ,& portant huit étamines. A ceis fleurs fuccedent des femences à trois coins. La racine de la bijlorte êû brune en dehors , rougeâtre en dedans : elle a une vertu balfamique vul- néraire & aflringente ; elle efl aufïi alexipharmaque* Oa nous l'apporte feçhe des pays chauds , oii cette

25« BIS BIT

plante croît dans les lîeiix humides & montagnettx? elle croît chez nous dans les prés & les bofquets. On diflingue la bijlonc à racine moins repliée , Bijlorta major ^ radicc minus intortd^ C. B. Pin. 191.; Biflona major rugojioribus folïis ; Bijlorta ^ Dod. Pempt. 333. Voilà pour la grande bijlone : car la petite biflone eft défignee ainfi par Cafp. Bauhin , dans fon Pinox^ 193 , Bijlorta major , radice magis intortd.

BISTOURNÉE. Voye^ Dévidoir.

BISULCE. Voye[ Quadrupède.

BITARDE ou BISTARDE. roye^ Outarde.

BITUME , Bitumen. Les bitumes font des matières huileufes & minéralifées , qu'on rencontre dans le fein de la terre fous une forme fluide , & nageant quelque- fois à la furface des eaux , ou fous une forme tantôt 'moUaffe , tantôt concrète , & plus ou moins folide.

On ne connoît qu'une feule efpece de bitume liquide ; c'eft la ( ou le ) pétrole ou huile de pierre , ainfi nommée parce qu'elle découle des fentes des rochers : car il paroît que ce qu'on nomme naphte n'eft autre chofe que la pétrole la plus fluide ^ la plus blanche & la plus piu-e. Voye^ Pétrole,

Les bitumes folides font Je fuccin , le jayet ou jais y Vafphalte & le charbon de terre ■': il y en a de mollafles ôc qui poiffent la main comme la pijfajphalte. Voyet chacun de ces articles.

Le défir de répandre quelque jour fiir l'ori^e des bitumes ^ queftion intéreffànte fur laqiielle les Natu- raliftes ne font point d'accord , nous a engagé à ob- ferver foigneùfement , toutes les fois que nous avons vifité des minières bitumineufes ^ les différentes fubf- tances dans l'ordre dîes s'y trouvoient y & les iin- gularités qu'elles pouvoient omir. Plufieurs phénomènes nous ont déjà paru expliqués dans notre Minéralogie , & à l'article charbon minéral de ce Dictionnaire T on y lit que l'origine des bitumes paroît due à des végétaux emévelis dans la terre par des révolutions locales*

Cette

BIT 1J7

Cette opinion eft nouvellement appuyée par des expé» riences chimiques , préfentées fous un feul point de Vue dans le Diciionnairc de, Chimie , Pon tâche de démontrer que les bitumes font le réfultat des fub-». fiances végétales , qui ont été amenées à ces différens états de pétrole , de fuccin , &c. par leur union avec les acides minéraux , & par leur long féjour dans les entrailles de la terre ; car il eft bien démontré qu'il n'y a pas un feul cor^s d'une origine bien décidément minérale , dans lequel on trouve un feul atome d'huile ,' piilfqu'il n'y en a pas même dans le foufre , celle de toutes les lubftances minérales qiu approche le plus des bitumes.

L*analyfe chimique démontre que les bitumes , ainfî que toutes les matières huileufes concrètes du règne végétal & animal , font compofés d'huile & d'acide- Ils différent des réfines par leur folidité qui eft plus confidérable , par leur indiflblubilité dans l'efprit de vin , & par quelques autres caractères chimiques , ainlî qu'on peut le voir dans le Dictionnaire de Chimie » Entre les bitumes , il y en a d'affez cOmpaûes pour fe tailler & fe polir : tels font le fuccin & le jayeU Voyez ces mots. On vient de découvrir dans le Der- byshire un bitume êUjiique , mou & foffile , & qui reunit les propriétés phyfvco-chimiques de la gomme élaftique ou caout-chouc ; fa couleur eft d'un brun foncé à l'extérieur , & d'un jaune-verdâtre intérieure-* ment ; les morceaux fe trouvent mélangés avec de la galène de plomb & du fpath calcaire. Il paroît que le bitume éîajliqtie en queftion eft la même fubftance , ou au moins une fubftance très-analogue au caoutchouc ; mais ce dernier ne fe trouve aujourd'hui que dans l'Amérique Méridionale. Ceci confirme donc les an- ciennes révolutions qu'a éprouvées notre globe. Voye^^

RÉSINE ELASTIQUE.

Les bitumes étant très-inflammables^& très-abondans ,' on les regarde comme une des caufes de la fiUmm^ Tome IL R

ajj BIT B L A

perpétuelle des volcans , & de tous ces autres phéno-*. menés défaftreux qui ont donné lieu à tant de difler- tations , & qui méritent bien de fixer encore l'attention des Savans. Foye[ Volcans.

Bitume des Arabes. C'eft un compofé de poîx minérale & de poix végétale. Voye[ Pissasphalte.

Bitume de Judée. Foyci Asphalte.

BIVALVES , Bivalvia. Nom que l'on donne aiix coquilles à deuxbattans , c'eft-à-dire, pièces ou écailles. Les HoUandois les appellent doutlaus ; telles font les huîtres , les moules , &c. Il y a des bivalves de mer dont les pièces font inégales ; d'autres les ont égales & femblables l'une à Pautre. Les premiers font les huîtres de notre pays ; les autres font la mere-perle , k moule , &c. Parmi les bivalves , il y en a dont les deux pièces ferment exaûement de tous côtés , comme la came , le peigne ; dans d'autres , les deux pièces ne ie touchent qu'en partie , & laiflent une ouvertiu-e à chaque bout , comme le coutelier. VoycT^ Coquille.

BIZARDA. Voyc\ et que c^cjl à l'article CITRONNIER.

BLACOUEL , Blakwellia. C'eft , félon M. de U Màrck , un nouveau genre de plante , qui paroît avoir beaucoup de rapports avec Vacomas , & qui comprend des arbres & des arbriffeaux exotiques , dont les feuilles font fîmples & alternes ; & dont les fleurs velues, petites & nombreufes , font difpofées en grappes ou en panicules : le fruit paroît être une petite capfide unilocul^re , polyfperme. Il y a le blacouel à feuilles entières , de l'Ifle de France ; le blacouel paniculé ou le bois à ccorce blanche , de l'Ifle Bouibon ; le blacouel à fleurs axillaires , de l'Ifle de Madagafcar. Les fleurs font terminales dans les deux efpeces précédentes.

BLAIREAU , en vieux françois Taïsson , en latin Taxus ou Mêles. Le blaireau qui reffemble au chien par le mufeau, eft un animal lourd, bas de jambes. Il a le corps alongé , le cou court , les oreilles coiurtes , ^oi^dies , aflez femblables à celles du rat domestique »

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le poîl long , très-épais , & rude à-peu-près comme des foies de cochon. Le dos de cet animal eft mêlé de noir & de blanc , ce qui lui a fait donner le furnom de grifart : les poils de deffous le ventre Ibnt preique noirs , ce qui eft affez remarquable ; car dans prefque tous les animaux le poil du ventre eft d'une couleur moins foncée que celle du dos. Ses jambes , quoique coiutes , font très-fortes , ainfi que la mâchoire & les dents : les ongles , fur-tout ceux des pieds de devant , font trèsr-longs & très-fermes. Il a des caraôeres tran- chés & dignes de remarque qui lui font propres : telk font les bandes alternativement noires &: blanches qu'il a fur la tête , & Tefpece de poche qu'il a entre l'anus & la queue. Cette poche afl'et large ne com- munique point à l'intérieur , elle ne pénètre guère qu'à un pouce de profondeur ; il en fuinte continuel- lement une liqueur onâueufe d'affez maityaife odeur , qu'il fe plaît à fucer : la queue eft courte '& garnie de poib longs & forts.

Le blaireau , dit M. de Buffon , eft un animal paref* feux , défiant , folitaire , qui fe retire dans les ^lieux les plus écartés , dans les bois les plus fombres \ & s'y creufe une demeure fouterraine ; il femble fuir fo- cîété , même la lumière , & paffe les trois quarts de fa vie dans ce féjour ténébreux , d'oïl il ne fort que pour chercher fa fubfiftance. Cette demeure eft tor- tueufe , oblique , & pouflée quelquefois fort loin. Le renard , qui n'a pas la même facilité que lui à creufer

quitter

tinelle à l^entrée , en l'infeftant même de fes ordures \^ enfuite il s'en empare , l'élargit , l'approprie & en fait fon terrier. Le blaireau ne change pas pour cela de

z6ù B L A

danger : il n'a qiie ce moyen de fe mettre en fureté ^ car il ne peut échapper par la fuite , il a les jambes trop courtes pour pouvoir bien courir. Lorfqu'il eft furpris par les chiens , il fe jette fur le dos , combat long-temps » & fe défend courageufement & jufqu'à la dernière extrémité, avec fes griffes & fes dents qui font de profondes blejfTures ; quelquefois il s accule comme le fanglier & fe lance comme lui fur les chiens. Sa peau , comme fa vie , efl fi durç

3u'il eft peu fenfible à leurs morfures : on dit cepen- ant que pour peu qu'on le frappe fur le nez , il en meurt.

La chaffe du blaireau eft un peu laborieufe ; il n'y a guère que les bajfcts à jambes torfis qui puiffent entrer dans leurs terriers. Le blaireau fe détend en reculatnt , & éboule ,de la terre afin d'arrêter ou d'enterrer les chiens. Lorfqu'on juge que les chiens l'ont acculé Jufqvi'au fond , on fe met à ouvrir le terrier par-deffus ; on ferre le blaireau avec des tenailles, & enfuite on Je mufelle pour l'empêcher de mordre. Les petits sf apprivoifent aifément , ainfi que l'a jobferyé M, de JBuffon : ils jouent avec les petits chiens & fiiivent comme eux la perfonne qu'ils connoiffent & qui leur donne à manger ; mais ceux que Ton prend vieux demeiu-ent toujours iauvages. Ils ne font ni mal* faifans , ni goiu-mands comme le renard & le loup , & cependant ils font carnafliers ; ils mangent de tout ce qu'on leur offre , de la chair, des œufs , &c, ; ils préfèrent la viande crue à tout le refte ; ils dorment la nuit entière & les trois quarts du jour , fans être cependant fujèts à l'engourdiflement que les marmottes ou les loirs éprouvent pendant l'hiver. Ce fommeil fré- quent fait qu'ils font toujours gras , quoiqu'ils ne mangent pas beaucoup ; & c'eft par la même raifon qu'ils fuppqrtent aifément la diète , & qu'ils reftent Couvent dans leur terrier trois quatre jours fans

ÇA iortk.i iw-tout dsns ks îçmps d^ aeige,

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Les Blaireaux ûetment toujours leur domkîle propre, ils n'y font jamais leur ordure. On trouve rarement le maie avec la femelle : lorfque celle-ci eft prêtç à mettre bas , die coupe de l'herbe , en fait une efpece de fagot qu'elle traîne entre fes jambes jufqu'au fond, du terrier , elle fait \m lit commode pour elle & poiu* fes petits. C'eft en été qu'elle met bas , & fa portée eft ordinairement de trois ou quati-e petits. Lorfqu'ils font devenus un peu grands , elle leur ap- porte à manger ; elle ne fort que la nuit , va plus au loin que dans les autres temps ; elle déterre Içs nids des abeilles - bourdons , & en emporte le miel ; elle prend ks jeunes lapereaux , faifit auffi les mulots , lézards , ferpens , faiiterelles , enlevé les œufs des oifeaux & tout ce qu'elle peut attraper , pour le porter à fes petits , qu'elle fait fouvent fortir fur le bord du terrier , foit pour les allaiter , foit pour leiu: donner à manger.

Les blaireaux font naturellement frileux, & ceux qu'on élevé dans la maifon ne veulent pas quitter le coin du feu : ils s'en approchent fouvent de fi près qu'ils fe brûlent les pattes , & ne guériffent pas aifé- ment. Ils font auffi fort fujets à la gale: les chiens qui entreilt dans leuirs terriers prennent le même mal , à moins qu'on n'ait grand foin de les laver.

L'efpece de blaireau , originaire des climats tem- pérés de l'Europe , ne s'eft guère répandue au-delà de î'Efpagne , de la France , de l'Italie , de l'Allemagne , de la Pologne & de la Suéde ; & elle eft par- tout aflez rare. Il n*y a que peu ou point de variétés dans Fefpece , & même elle n'approche d'aucune autre par les carafteres finguliers dont on a parlé plus haiit. En effet , l'efpece de cet animal ne fe trouve point en Afrique ni en Afie , & Ton n'eft pas fur qu'elle foit en Amérique , à moins qu'on ne regarde comme une variété de l'efpece , un animal envoyé de la Nouvelle Yorck , & décrit par M. Brijfon , fous le nom de W^zi- Tum blanc i & qviant à cette raçç ou variété dont

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parlent les Chafleurs , & qu'ils appellent hlalfeau^ cochon ( Du Foiùlloux , dans fon vieux langage ^ dit ujfon "porchin ) ; elle n'eft caraûérifée que par quelques différences légères dans la grandevir y la couleur , &c. , qui font toutes accidentelles ; & les plus grandes recherches de^ Naturaliftes n'ont pu faire trouver ce prétendu blaireau à groin de cochon. On peut donc conclure que le blaireau eft une efpece unique & ifolée.

La chair du blaireau n'eft pas abfolument mauvaife à manger , & Ton foit de fa peau des fourrures grof- fieres , des colliers pour les chiens , des couvertures pour les chevaux de trait. Quant à fon poil , il eft toujours gras & ma^-propre.

Blaireau puant du Cap de Bonne-Espérance; M. de Buffon regarde cet animal , décrit fous ce nom par Kolbe , comme une efpece tout-à-fait différente du blaireau. Cet animal eft le plus grand peteur , le plus grand veffeur & le plus puant animal qu'il y ait Ibus le ibleil , dit le P. Labat. Cette puanteur eu même la meilleure défenfe que la Nature lui ait donnée contre fes ennemis; car dès qu'il fent fon ennemi affez près de lui , il lui lance en fuyant une bouffée d'odeur fi déteftable , qu'elle étourdit l'animal , & l'oblige de fe retirer. La bcte puante de la Louifiane fe défend à-peu- près de même en lançant fon urine. Voye^ Bête puante.

Blaireau de rochers. Les Zoologlftes Hollan- dois l'appellent kUpdaas. C'eft le même animal que le daman du Cap. Voyez t article Marmotte BatarD£«

BLANC, (le) Voye:;^ à t article Quatre DENTS.

BLANCHAILLE , Rouissaille & Blanquet. Noms donnés aux poiffons des étangs qui ne font point encore marchands , & plus particulièrement aux petits poiffons blancs , dont les Pêcheurs ne peuvent encore diftinguer l'efpece , & dont on emploie la chair pour faire des appâts. '

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BLANCHET , Silums fœuns , Lînn. Poiffon du genre du Silure : il fe trouve à la Caroline ; il a le corps long & effilé ; la tête affez ovale ; les yeux noirs , & leurs iris rougeâtres ; la gueule très-fendue ; les mâchoires , le palais & la langue garnis d*une mul- titude de petites dents aiguës. La première nageoire du dos a douze rayons ; la féconde , très-petite , eft d'une fubftance charnue ; les pedorales ont chacune quatorze rayons ; celle du ventre en a huit ; celle de la queue douze ; celle-ci eft échancrée en forme de croiffant ; la couleur du corps eft d'un noir cendré.

BLANG-JAUNE , Salmo Niloticus , Linn. Poiflbn du genre du Salmone : il fe trouve dans le Nil ; toute la lurface de fon corps eft blanche ; les nageoires font d'une couleur jaune ; celle du dos a neuf rayons ; les peôorales en ont chacune treize ; celle du ventre en a neuf ; celle de Tanus vingt-fix ; celle de la queue dix-neuf, celle-ci eft fourchue.

Blanc de baleine. Voye[ Cachalot à PartkU Baleine.

Blanc-nez. Nom donné à la petite guenon à lèvres blanches , dont l'efpece eft rapportée au Mouftac. Voyei Moustac.

Blanc d'Espagne , Blanc de perle ou Blanc DE BISMUTH. Foye[ BiSMUTH. On donne auffi le nom de blanc d^EJpagne à de la craie très-friable.

Blanche-coiffe ou Geai de Cayenne, /?/.€«/. 373. Cet oifeau eft un peu plus gros & plus grand que notre geai , mais fa forme eft moins maflive ; le finci- put , les joues , la gorge , & le bas du cou font noirs ; trois taches blanches lur chaque côté de la tête ; le fommet & le derrière de la tête blancs , ainfi que le haut du cou , la poitrine , le ventre & les côtés ; le dos d'un violet clair , ainfi que prefque tout le refte du plumage ; le bec , les pieds & les ongles gris.

Blanche-raie, eft Vétourneau des Terres Magella- niques»

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BLASIE naine , Blafia pufilla , Linn. ; & lichm fyxidad facit , Michel. ; Mnium llchcnis facit , Dill. Mufc. Z37. Cette plante , que l'on trouve fur les bords des foffés , & dans les bois humides de TEiuDpe , eft très-petite ; elle eft cryptogame & de la famille des Algues. Elle a l'afpeû d'un lichen , & fa fructification paroît conftituée par deux fortes de parties , qu'on prend , l'une pour des fleurs mâles , & l'autre pour des fleurs femelles.

BLATTAIRE. C'eft Vkcrbe aux mites. Voyez ce mot.

BLATTE DE CONSTANTINOPLE , Blatta ByidJl-

tma. Nom donné au couvercle oti opercule carti- lagineux d'une coquille vmivalve , oblongue , dont la fubftance refîemble aflez, à de la corne : il y en a de très-grands qu'on nomme feuilles de laurier : cet oper- cule étoit autrefois fort en ufage pour fimiiger la matrice , & en fuppofitoire. Il y a eu de grandes dif- putes entre les Naturaliftes ^ pour favoir fi le blatta étoit le couvercle de la pourpre murex , ou fi ce n'étoit pas V ongle odorant. Tout ce que nous pouvons dire ici , c'eft que les divers blatta que nous avons eu occafion de voir , font des opercules de buccin. Voye^^ Ongle

ODORANT.

Blatte , Blatta. Nom que Ton a donné à plufieurs fortes d'infeûes de nature très-différente , tels que les vers qui naiflent dans les oreilles , & ceux qui rongent les étoffes ; très -connus fous le nom de teigne. 'S oytT leur hijloire au mot Teigne. Suivant M. Linr Tîceus , on ne doit réunir fous le nom de blatte que les înfedes dont les antennes font longues , filiformes , dont les fourreaux des ailes font mous & comme mem- braneux 5 & dont la poitrine eft aplatie & arrondie. Ces infeftes courent affez vite ; ils ont cinq articles aux deux premières paires de pattes , & quatre feuk- itnent à la dernière ; ils font affez hideux à la vue , & remarquables fur-tout par deux appendices en forme <ie longues véficules ridées & placées aux deux côtés

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de l'anus : quelques-unes de ces efpeces d'infeftes volent , fur-tout les mâles ; car la femelle n'ayant que des moignons d'ailes fort courts , ne peut aucunement voler. Une autre diftinftion , c'eft que les étuis dé- bordent le ventre d'un bon tiers dans les mâles, & nullement dans les femelles.

La larve des blattss ne diffère guère de l'înfefte par- fait que par le défaut toral d'ailes & d'étuis. Cette larve fe nourrit de farine , dont elle eft très-vorace ; à fon défaut elle ronge à la campagne les racines des plantes. C'eft de ce même genre qu'eft ce fameux ka- kerlac des Ifles de l'Amérique , qui dévore fi avidement les provifions des Habitans. Foye^ Kakerlac. Cet înfeâe , ainfi que nos blattes , fuit le jour & la lumière : tous ces infeâes fe tiennent cacliés dans des trous dont ils ne fortent que pendant la nuit.

Du nombre des blattes font les infeâes qu'on trouve fur les lunettes des latrines , dans les bains , dans les boulangeries , dans les étuves , dans les cuifines. Ils font très-fréquéns dans les poêles des Finlandois , ils rongent leur pain pendant la nuit. On trouve aufîî cet infeâe dans les cafés des Lapons : il y en a une «fpece qui fe loge entre les écailles des poifTons que l'on fait deflecher fans être falés. La blatte des cuifines eft l'opprobre des maifons qu'elle habite , par fa fécon- dité , fa figure & fa mauvaife odeur ; c'eft la béte noire des Boulangers ; Blatta Orientalis de Unnœus. On la croit originaire du Levant.

BLATTI acide , Blatti feu Jambos fylvefins , Rheed. Mal. ; Mangium cafeolare rubrum , Rumph. Amb. ; iî/zi- {ophora cafeolaris , Linn. ; Bagatbat Camelli^ Raj. Luz, 8 5 5 N.^ 1 0 ; Pagapate , Sonnerat. Arbre qui croît au Malabar , dans les Moluques & à la Nouvelle Guinée , dans les lieux humides. Il eft de la famille des Myrtes , & ne s'élève qu'à environ quatorze pieds de hauteur ; fa cime eft arrondie ; fes rameaux font oppofés , à giiâtre angles tranchans , & d'im rouge-brun ; Técorce

i66 B L A BLÉ

eft épaîffe & cendrée ; les feuilles oppofées , orale 5 ^ glabres , épaiffes & veineiifes ; les fleurs rouges , grandes , folitaires & terminales. Le fruit eft une eroffe baie prefque fphérique, enveloppée dans fa moitié in- férieure par le calice , auquel elle adhère par fpn fond, divifée intérieurement en vingt -fix loges ^ par des membranes fines ; chaque loge eft un tiffu véficuleiix rempli d'un fuc acide , & dans lequel font répandus quelques pépins ovoïdes & anguleux. Le fuc , tiré de ce fridt par expreffion , fe donne avec le miel pour guérir les aphtes & pour tempérer l'ardeur des fièvres. Les Malabares font cuire ces fniits pour les manger avec d'autres mets. Ils font , avec fes feuilles pilées , un cataplafme qu'ils appliquent fur la tête pour diffiper les vertiges , & procurer le fommeil dans les fièvres continues.

PLAVÉOLE. royei Bluet.

BLÉ ou Bled , ou Froment , Trhkum hyier- num , arijlis carens , C. B. Pin. 21 , Tourn. ; Tri' ticum vulgart , glumas trituranio dtpomns , J. B. 2 , 407. C'eft fans contredit de toutes les plantes la plus precieufe k l'humanité : c'eft elle qui , dans nos climats , fait la nourriture de la plus grande partie du genre humain ; elle eft , ainfi que les autres dons du Créa- teur , un bien toujours renaiflant , fe rajeuniffant , fe perpétuant fans ceffe pour la confervation de l'efpece humaine. Quelle fécondité furprenante dans chacun de fes grains ! quelle nourriture plus falutaire & plus ap- propriée à nos organes , fur-tout depuis que l'art a trouvé le moyen de faire de ces grains une nourriture légère ! L'origine de cette plante & de fa culture fe perd prefque dans l'origine du monde ; peut-être a-t-elle été d'abord foulée aux pieds , & n'étoit-elle point plus remarquable qu'un fimple gramcn : la culture l'aura amenée au point de 'perfeâion oii on la voit ; car on obferve tous* les jours que l'Auteur de la Nature a donné à l'homme une forte d'empire & un pouvoir

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prefque createtif fur les fruits , fur les fleurs & liir plufieurs autres produôions naturelles ; il les embellit , les perfeâionne , les rend prefque méconnoiflables par la beauté qu'il leur procure à force de foins & de travaux affidus , & par fa fagacité à mettre à profit les moyens que lui prefente la Nature. C'eft une forte de récompenfe utile & agréable , accordée à l'homme pour le fruit de fes travaux.

Quel que fut le bli dans fon origine que Ton pour- roit peut-être connoître par voie de dégénération , c'efl préfentement une plante qui pouffe , d'une racine compofée de fibres déliées , plufieurs tuyaux de quatre ou cinq pieds de hauteur , plus ou moins gros , félon la nature du fol , & félon que le gîain a été femé plus ou moins clair. Ces tuyaux font garnis d'efpace en efpace de nœuds qui leur donnent de la force. Ils font creux en dedans , & garnis au dehors de feuilles longues , étroites , femblables à celles du chiendent. Ils foutîennent à leur extrémité des épis longs, oii naiffent des fleurs par petits paquets , compofées d'étamines auxquelles fuccedent des grains ovales , moufles par les deux bouts , convexes fur le dos & fiUonnés de l'autre côté , de couleur jaune en dehors , remplis en dedans d'une matière blanche & farineufe , avec laquelle on fait le pain. Ces grains font enve- loppés dans les écailles qui ont fervi de calice à la fleur , & qu'on appelle la balle du froment.

De tout temps les travaux des Cultivateurs ont tendu à recueillir la plus grande quantité poflible de We dans un efpace donne , parce que defliné à la nourriture de l'homme , fon excellence le rend la matière d'un commerce néceffalre qui ajoute encore à fon prix. L'on peut avancer que la fécondité des hlis dans une terre nouvelle tient quelquefois du prodige.

Pline dit qu'un des Intendans d'Augufl:e lui envoya d\m canton d'Afrique il réfîdoit , une curiofité afïez

169 BLÉ

furprenante ; c'étoît un pied de tlé qui contâioit quatir cents tiges , toutes provenues d'un feul & même grain tle blé ; fi ce fait eft vrai , on peut dire que ce font-là de ces phénomènes curieux la Nature fignale fon texceflive libéralité. Cette terre n'étant plus auffi riche

Eréfentement en principes nutritifs , les chofes ont ien changé depuis ; car , fiiivant le rapport exaâ d'un Voyageur Angiois , nommé Thomas Shaw , un boijQTeau de froment n'y rapporte aujoiu-d'hui que douze , ou tout au plus que dix-huit boifTeaux , encore dans le meilleur terrain ; au lieu qu'autrefois il rapp'ortoit cinquante boiffeaux , & poiu" la fécondité , un grain ne produit que douze , quinze ou vingt tiges , quel- iquefois cinquante ; mais cela eft extrêmement rare. f^oyci Blé de miracle.

M. Buc^ho[ , dans la cinquième lettre fur Us végétaux^ dit avoir vu dans les mains d'un Laboureur , à Caftel- naudary en Languedoc , une trouffe de bU compofée de cent dix-fept tiges ; cette trouffe lui parut de l'efpece qu'on nomme Triticum arijlis longioribus , fpicd alhâ. Les tiges avoient cinq pieds de hauteur , plus folides & plus groffes que celles du froment ordinaire. Chaque €pi contenoit foixante grains , & la trou|re en tout fept mille vingt grains. Nous avons vu dans un petit terrain du Faubourg Saint-Antoine à Paris , toutes les trouffes d'un blé qu'on avoit fait tremper dans une liqueur végétale avant de le femer , compofées de foixante à quatre-vingts épis: quelle fécondité ! Il faut croire que la macération appropriée ouvre les conduits des germes multipliés dans chaque grain , & les développe & les rend propres à recevoir une plus grande abondance de fève. Cette grande multiplication tiendroit-elle au principe de la fuperfétation ?

En France il n'y a rien de décidé fur la multipli- cation du bit : cependant on peut dire en général , que dans les terres médiocres vm boiffeau de bll^xvi rend deux ou trois boiffeaux ^ dans les bonnes terres

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huit & dix , dans les meilleures douze ^ & par extra- ordinaire quinze; mais tout cela eft fujet à des varia- tions infinies. Il eft des pays oîi , pour procurer la multiplication des tuyaux ïiir un pied de froment ^ on iait brouter le fuperflu du vert par des beftiaux ^ afin de ne laiffer à chaque pied de froment que la fève néceflaire pour bien nourrir Pépi principal , & faire végéter les épis latéraux. Virgile nous apprend , qu'on pratiquoit defon temps cette méÛioà.txLuxuriem fege^^ tum tenerâ depajcit in hcrbâ.

Les récoltes font plus ou moins abondantes fuivant que la faifon a été plus ou moins favorable , félon la bonté des terres , & les préparations que lui donne le Cultivateur intelligent. Ces préparations de la terre varient fuivant la nature du terrain , que chaque éco- nome doit étudier. En général la bafe de l'agriculture eft que la terre foit, avant de femer, bien préparée par les labours & par les engrais, tels que la marne, le fiimier & autres. Il faut qu'elle foit nettoyée de toute herbe étrangère qui enleveroit la nourriture aux blés , & lui conferver le plus qu'il eft poflible fon état d'humidité fi favorable à la végétation : moyen qu'on ne peut employer qu'en faififlant l'inftant propre à faire paffer la herfe fur la terre. Les blés pouffent alors avec vigueur, donnent en abondance de beaux grains; & lorique la faifon devient favorable, on fait d'amples récoltes.

La méthode ordinaire des Laboureurs avant de femer le blé^ eft de donner un premier labour à la terre qui a rapporté de l'avoine , & dès4ors la terre refte en jachère : c'eft-à-dire , fans qu'on lui faffe rien rapporter pendant ime année , afin qu'elle profite des influences de l'atmofphere, & qu'elle recouvre de nouveaux fels. Lorfque la terre s'eft repofée ainfi pendant une année , on y feme le blé vers le mois d'Oûobre , après avoir eu loiçi de donner deux ou trois labours , fuivant la

laturç te tjrrç, p^odjUJtt l'aQP^Ç dg repos. Le grand

27Ô BLÉ

art eft de femer bien également, afin qiie les radnes des blés fe répandant également fur la furfàce de la terre , puiffent également tirer leur nourriture : on fait rapporter à la terre qui a donné du blé cette année , de l^voine Tannée fuivante, & à la troifieme année on la laiffe repofer.

M. Duhamel j ce citoyen fi éclairé & fi zélé pour le bien public , propofe , d'après M. Tull , une nouvelle Culture des terres très-ufitée en Angleterre , la grande école de l'Agricultiure ; méthode fur laquelle M. Duha- mel & plufieurs bons Citoyens ont fait un nombre infini d'expériences. Voici une légère idée de cette nouvelle méthode qui paroît avoir de très- grands avan- tages , & dont le but eft de difpofer le bU de manière à extraire de la terre & de Tatmofphere la plus grande quantité de nourriture poflible, & de profiter des labours donnés à propos.

Lorfqu'on veut femer , par exemple , un arpent , la terre ayant été préparée par les labours néceflâires, on laiffe fur le bord de la pièce deux pieds de terre fans la femer; on feme enlulte avec un femoîr fait exprès, & qui feme avec égalité, trois rangées de froment qid occupent deux pieds de lareeiu* ; parce que Ls grains des rangées fe trouvent éloignes de fept à huit pouces. On laifle enfuite quatre pieds de terré fans y mettre de femence : de ces quatre pieds de terre , deux l'année fuivante feront femés en blé y & lès deux autres de même , la troifieme année. Après ces , quatre pieds de terre laifTés fans femence, on feme encore trois rangées de froment , & ainfi de fuite dans toute Féten- %' due de Tarpent : on a foin au printemps de vifiter les rangées, & d'arracher les pieds de blé qui font plus près les uns des autres que de quatre à cinq pouces , & de donner aux plates bandes qui font entre les rangées, avec une charrue faite exprès, un premier labour, ce qui fait taller le blé^ au point que chaque grain qui dans l'ancienne méthode n'auroit 4Qnaé quç deux ou

BLÉ 171

trois tuyaiix, en produit depuis douze jufqu'à vingt, <jiii portent tous de gros épis. Lorfque le bU des iran- gées eft en épis , on lui donne un fécond labour qui lid fait prendre de la nourriture , en forte qu'il fleurit & défleurit promptement , & s'il fur vient des chaleurs, il mûrit fubitement. .

Selon cette méthode , la terre étant toujours dégagée d'herbes étrangères, la plante profite de toutes les in- fluences deFatmofphere. Il réfulte de diverfes expériences , qu'un arpent ainfi cultivé rapporte un tiers de plus de blé que fuivant la méthode orcEnaire , & quelque- fois le double , par la longueur & la grofleur des tuyaux & la quantité de beaux grains qu'ils contiennent. On tait entrer en ligne de compte . dans cette méthode le prbc qu'il en coûteroit pour les fumiers que Ton emploie très-peu, & la moindre quantité de femence qu'on eft obligé d'employer. On a l'avantage de recueillir trois ans de fuite àwblé^ dont le rapport eft plus grand que celui de Tavoine; car la récolte d'avoine n'eft effimée que le tiers de celle du froment, C'eft dans le livre de la Culture des terres par M. Duhamel , qu'il faut voir un détail plus ample de cette méthode , de ks avantages , de laTéponfe aux objeâions faites contre^ Cette nouvelle culture.

Quoique cette méthode ait parfaitement bien réuflî à quelques Cultivateurs , les dÛBcultés , dit M. Dulia-- nid^ fe multiplient à mefure qu'on veut la pratiquer plus en grand. Un Payfan n'éprouvera aucun embarras à la pratiquer lui-même, & fùrement il fe procurera des avantages réels ; le Fermier au contraire qui doit faire prefque toutes fes opérations avec des charrues, y trouvera plus d'embarras. La difficulté fe réduit cependant à avoir l'adreffe d'exécuter le labour dans des bandes de terre qui oxit tout au plus trois pieds & demi de largeur. On ne doit pas efpérer d'y réuflir dans les terres trop difficiles à cultiver. Les vrais, principes de l'agriculture étant dén^ontrés dans cette

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nouvelle méthode , après avoir apperçu le but oh îl feut parvenir, c'eft à chacun d'imaginer les moyens d'y atteindre.

Des circonftances , qui naiffent de la dlftribution des terres, rendent dans certains endroits cette méthode impraticable. Une branche de cette nouvelle culture qui eft plus aifée à pratiquer, & qui pour cette raifon eft déjà adoptée par plufieurs Cultivateurs, c'eft Pufage du no\xy çzw femoir qui épargne beaucoup de femence par la manière dont il la répand , & qui procure une meilleure récolte.

On a obfervé plus haut que l'on feme le blé en automne ; il levé fort vite , il a déjà pris du corps avanC l'hiver, auquel il réfifte ordinairement très-bien, & cette faifon lui eft très-favorable pour lui faire poufler une plus grande quantité de racines. Si on ne femoit le blé qu'en Mars , il ne réuffiroit pas ; auflî dans la terrible année de 1 709 , les blés ayant été gelés par une alternative continuelle de gelées & de dégels, on fema en Mars une autre efpece de blé^ que l'on nomme blé barbu. Voyez ci-aprh BlÉ de Mars.

Nous voyons tous les jours j^ie prefque chaque plante eft appropriée à chaque climat : c'efl donc ici que l'économie de la Providence eft remarquable , en ce que notre blé y l'aliment d'une partie de l'efpece jiiumaine, foutlent également les deux extrêmes, le chaud & le froid. Il croît aufli bien en Ecoffe & en Danemarck, qu'en Egypte & en Barbarie.

Maladies du blé.

Avant que le blé parvienne à fa parfaite maturité ,' il eft fuj'lt à plufieurs accidens & à plufieurs mala- dies. Lorfque fon épi commence à fe former , il fur- vient quelquefois des vtnts fi impétueux, qu'ils bri- fent ou plient la paille du tuyau ; alors la fève ne peut plus monter dans l'épi , le grain ne prend plus de nour- riture, ne fe remplit point farine, il refte petit &

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ffièilU, c^eft Ce qii^on nomme des tles retraits. La même- chofe arrive lorfque les hlés ont été nourris d^hiimidité, & que fiur le champ il furvient de grandes chaleurs qui deffechent la paille & le grain; il mûrît fans être rem- pli de farine, ce que Pon appelle l'Us échaudés & retraits^ Si les vents ou les pluies qui font ainfi verfer les blés furviennent lorfque le grain eft déjà formé, il n'en réfiilte point le même inconvénient» Au refte, ces efpeces de blé font de très-bon pain, mais deux facs de blé retrait ne fourniffent quelquefois pas plus de pain^ qu'un fac de bon blé.

La rouille ( rubigo ) éft Une maladie des bUs qui con» fifte en ime fubftance rouffe , pulvérulente , de couleur de rouille , qui bouche les pores des feuilles & des tuyaux du froment , & empêche de croître les parties de la plante qui en font attaquées» Elle y produit une défor- ganifation, & noircit les tiges. Cette poulîîere, peu adhérente, inodore & fans faveur, jaunit tout ce qu'elle touche. Si la rouille attaque la plante avant que les tuyaux fbient formés , le mal n'en pas grand , il croît d'autres feuilles; mais elle attaque les jeunes tuyaux^ la moiflbn en fouffre, à moins qu'il ne furvienne une pluie abondante qui détache la rouille & lave tous les tuyaux : on attribue cette maladie à des brouillards fecs fuivis d'un foleil ardent. La rouille qui fe trouve auj(Ii fur les feuilles du rofier & fur celles du tithy- male à feuilles de cyprès , reconnoît la même caulè que le givre des plantes, y^oye:^ ce mot à la fuite de t article ArbrE.

La coulure eft une autre forte de maladie des hlés\ on la reconnoît lorfqu'au lieu de trouver les épis rem- plis de bon grains dans toute leur longueur, on en trouve l'extrémité dépourvue, ou lorfqu'ils ne con- tiennent que de petits grains fans farine. Cette mala- die eft occafîonnée par un défaut de fécondation; s'il furvient des jpluies abondantçs & de gros vents lorf- gué le blé eft en fleur ;j^ toutes les pouflîeres des éta-% Tome Ilm S

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ôiines font enlevées par ces fluides, & la chaîne qui ti*a point été fécondée refte petite & fans rarine. On prétend auffi que la vivacité des éclairs fait couler les tlés. M. Duhamel a vu , après de grands orages , des arbres perdre toutes leurs feuilles, & d'autres mourir fans quHls paruffent avoir été frappés du tonnerre. La gelée qui attaque les épis les fait auifi couler»

La nidlc & le charbon font deux maladies qui ren- dent les blés noirs. Ces maladies ont été fouvent con- fondues; elles ont cependant des carafteres qui leur font propres , & qui doivent les faire diftinguer Tune de l'autre. Il eft vrai que dans. les années oîi les grains font irtfeâés de nicUc , on trouve ordinairement beau- coup de charbon.

La nidU eft une maladie qui détruit totalement le germe & la fubftance du grain. Toute la partie fari- neufe du grain & fon enveloppe font réduites en une pouffiere noire & de mauvaife odeur, qui n'a nulle confif- tance. Cette pouffiere légère eft facilement emportée par les vents & lavée par les pluies : elle ne peut donc point faire de tort aux grains làins que l'on enferme dans la grange, & il ne paroît pas même que cette pouftîere loit contagieufe comme celle du charbon.

La maladie de la nielle peut fe reconnoître dès les mois de Mars & d'Avril , lorfque l'épi eft encore tout

Lorfque l'épi fort eniuite des envelopp< feuilles , il paroît menu & maigre : les enveloppes des grains font tellement amincies , que la pouffiere noire le manifefte au travers.

Il y a eu grande diverfité de fentimens fur la véri- table caufe de cette maladie , qui paroît être la même que celle du givre. Les expériences de M. Aimen lui ont fait conclure que la moififfure eft une des caufes de la nielle. Après avoir examiné plufieurs grains d'orge, & avoir mis à part ceux fur lefquels y. appercevoit

BLÉ vff

taclies noires , qui à la loupe fe montroîent cou-» Vertes de moififlure , il fenia ces grains , qui tous pro* duifireAt des épis niellés ; tandis que des autres graine mis en réferve , les uns ou ne levèrent point , ou ne produifirent point de nielli, ( Voyez les Mémoires pré* fentis à V Académie^ Tom^ ///, 17G0 ^ pag, Sj^ & Tom. /f% pag. 3^i. ) Cependant les expériences de M. Tillet nous aflurent que la moififlure ne fe com« inunique nullement , même en faupoudrant les grains avec cette pouffiere noire , & qu'elle eft due à un vice interne dont la blancheur du calice ou de l'enveloppe extérieure de la fleur , indique Pexiftence avant foa développement. On a remarqué dans le maîs &: dans rœillet fauvage ^ que ce mal commence par les anthères^ & pourroit bien être une maladie diflerente ; car dans les autres plantes il commence par le réceptacle de la fleur , fous la forme de petits pomts noirs qui gagnent peu-à-peu les autres parties de la fleur ^ la corolle &C les étamines , fans attaquer autrement le piilil qui avorte cependant pour Pordinaire* Des Cultivateurs croient avoir reconnu que la £emence du tic qui a mûri & féché fur fon pied, avant d'être fcié, n'efk que peu ou point fujette à la nielle.

Le iremede pour prévenir cette tnaladîe , eft celui qui convient à la maladie des blés charbonnés dont on va parler.

Le charbon ( ufiilago ) , que l'on nomitie âulïî carit ou boffe en quelques pays ^ fur *- tout en Beauce ^ cloque dans le Vexiri ^ c/iambucke dans te Lyonnois , &Cé. eft une maladie beaucoup plus funefte & colitagieufe aux blés que la nielle. Les épis attaqués du charbon , font d'abord aflez difliciles à diftinguer des épis fains ; maïs lorfque la fleur des blés eft paflee , ils prennent, eii partie , une couleur d'un vert foncé tirant fur le bleu , & deviennent enfuite blanchâtres. Lorfqu'on vient à, preflTer ces grains , q^ii f^^^t petits, & qui àî Pexté-» neur paroiflent très- fains , pii les trouve remplis d'unç'

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ifiatiere çraffe au toucher , pulvérulente , brane , tîranf fur le noir , & de mauvaife odeur , comme la pôuffiere îfe la veÔe-dc-loup. Une partie des grains chatbonnés cft écrafée par le fléau ; Todeur de maquereau poiirri cjui s*en exhale , rempliffant dans ce moment^la grange, incommode les Batteurs. Cette pouffiere noire infeâe les bons grains & s'attache principalement aux poils qui font à Pextrémité du grain oppofée au germe , ce «jue les Fermiers défignent en difant mie ce bit a le hvut. Ces gtains ainii infeâés donnent à la farine une icouleur vioiétte , un goût & notamment une odeur défagréable. On a oblervé que la nitlU endommage les grains beaucoup plutôt que le charbon , fit que le charbon attaque plus partiailiérement Pavoine que le froment ; au refle , la paille des épis cariés déplaît aux beftiaux , & fon ulage peut même leur devenir |)réjudiciable.

La véritible caufe de la maladie du charbon n'etf pas encore bien connue jufqu'à préfent. Quoi qu'il en îbit , l'expérience démontre que cette maladie eft con- îagicufe ; & il a paru que les pailles infeâées de cette pouffiere , mais qui n'étoient point réduites en fumier, communiquoient cette maladie aux grains. La conta*-^ gion eft encore plus fenfible , lorfqu'on mêle avec de la terre de la poudre ^épis charbonncs. M. Ainun affure avoir procure cette maladie par la pouffiere de vcffc;* de-bup. De nouvelles obfervations à cet égard poiu-- roient donner lieu à une découverte très-importante , d'autant mieux qiie cette mabdie fe communique aux grains d'autres plantes , comme l'ivroie , & récipro- quement. La pouffiere noire fi contagieufe pour le froment , rie l'efl ni pour lefeigle , ni pour Vorge carré. Le blé de miracle ou de Smyme eft moins fufceptible de cette maladie que les^ autres grains; mais les blés de Mars en foufFrent de grands dommages , ainfi que le forgo. ou grand millet , & la perjicaire brûlante^ On peut confulter un Mémoire fur les animalcule du bl^

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rachuîqm ^ par. Dom Maurice Roffredi; Journal de Phy^ fiqut. 6* d'Hifi. Natur^ Janvier & Mars l'jyS.

A une année abondante en charbon , il en fuccede une autre on n'en trouve prefque pas : la î^ifon en eft que les grands hivers âifant fans doute périr les pieds afFeâes du charbon , ils arrêtent les progrès que cette maladie pourroit faire fans cette heureufe circdnfbnce. On peut prévenir le charbon , en chauffant le grain avant de le femer , c'eft-à-dire ^ en le lavant dans une forte leifive de cendre ^guifée d'un peu de chaux vive.

Ver^pt ou le clou eft une autre maladie différente" de la mdk &C du charbon ^ qiii attaque quelquefois le froment , mais plus communément le feigte^ Voyez ce, qui en eft dità tarâcU S£IGL£«

Les Cultivateurs ont obfervé qu'un des meilleuïs moyens pour fe garantir des bU$ noirs ou mouchetis , eft de lefEver la femence daxos^de l'eau de chaux. Cette mé^ thod(2i ,, quoique très-bonne ^ eft quelquefois infuffifante : le miçux eft d'avoir recours à de fortes leffives alkar lines , telli^s que celles de la fonde 9 de k potaffe , des cendres ^velées , ou des cendres ordinaires , ou biea à u^e forte faxunure de fel marin , dans lefquelles on fait paffer le blé en le tenant dans des corbeilles y ainfi qu'il' réfulte des expériences qui en ont été faites à Trianon par M. Tillet , par ordre de Louis XV; M. Puhanid penfe que l'eavt de la leflîve qui a fervj à blanchir k linge , en la fortifiant avec un peu de foude & doiublant la dofe de chaux vive, produiront les mêmef eStts.

Un Cidtivateur intelligent a appris par l'expérience que: la b^onne préparation & l'excellente cidtiire que l'on donne aux terres avant de femer , garantiffent auiîi beaucoup des blés niellés. La plus sûre méthode pour s'en préferver , eft de changer de femence , & l'on eftime la meilleure celle qui viwt dans le^ terjci^ fortes.

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Il y i des années oh la paille du l^lé eft parfêméè de taches noires ; on croit que. ces taches font des cxcrémens d'infedes qui attaquent la paille. Si ces in- feâes n'endommagent la paille que lorfque l*épi eft formé , ils ne font point de tort , mais plutôt ifs ren- dent le tlé retrait en interceptant la nourriture. Les récoltes font donc plus ou moins abondantes , félon que les faifons ont été plus ou moins favorables , tc <jue ces caufes de deftniâion, ainfi que quelques au- tres , telles que les mulots , vers & autres , n'ont point eu lieu.

On fait que le bU eft une plante robufte qui réfifte très-bien à la gelée ; on obferve même que les récoltes font plus abondantes lorfqu'il y a eu des gelées , qui , empêchant Pherbe de pouffer , donnent aux racines le içmps de pouffer , de croître dk^vantage , & de fournir enfuite un fuc plus abondant. On lit dans les Mémoires de t Académie de Stockholm , qu'on a obfervé que le bU ^ui avoit paffé l'hiver fous la neige battue & fcellée ^ donnoit une récolte plus belle 8c plus abondante ; ce qui indiqueroit qu'il feroit peut-être très -favorable 'de fouler la neige avec deç rouleaux. Ces bons effets •font attribués à ce que la gelée pénètre plutôt fous de la neige battue , que fous celle qui ne l'eft pas.

Les caraûeres diftindifs d'un beau hU^ font d'être

1>efant ^ compaâe , bien mûr, d'im jaune clair ,. bril- ant , fec , tonfervant néanmoins une forte de fraîcheur, ce que les Marchands appellent avoir de la main. Le iU retrait î^ diftingue au premier coup d'œil : on re- connoît que le bli a été mouillé ^ lorfqu'il eft d'un blanc mat.

Une année trop humide, aînfî qu^ine année trop ïeche y font contraires au ble; Tannée *trop feche dimi- nue la quantité , car les blés font petits ; l'année trop humide eft préjudiciable à la qualité & non à la quan- tité. On reconnoît encore la bonté des bUi, à la quan-

|lté 4'^u quç boit U ^iaç lorfqu'on la pétrit. Mai^

BLÉ ±751

une des méthodes les plus sûres pour diftinguer les bons blés , & celle à laquelle o^t recours les Boulangers , e'eft de comparer leur pefanteur fpécifique. Le blé le plus pefant à volume égal, eft toujours le meilleur ; car il eft bon de faire remarquer que même le blê mouillé a ime pefanteur abfolue moindre que le bli bien fec. Cette différence eft même fi conudérable , qu'un feptier de bon blé & bien fec pefera deux cents quatre-vingts livres , au lieu qu'un feptier de blé mouillé n'en pefera que deux cents quarante.

La France eft de toutes les contrées la plus fertile ^vi froment de toutes les efpeces , principalement dans les Provinces qui environnent Paris ; entre autres l'Ifle de France , la Brie , le Hiu^epoix ^ la Beauce & le Vexin.

Lorfque le blé a été récolté , battu & mis dans les greniers , il demande des foins pour pouvoir être con-- fervé, car il eft fujet à être attaqué par des ennemis très-dangereux , tels que rats^ fouris , teignes ^ charen^ çons & vers de blé. Voyez ces mots^

Confcrvation du ble^

' Le charençon , le plus grand deftruâeur du blé , fe nourrit de ia fubftance farineufe : cet infeûe fe mul- tiplie quelquefois fi prodîgieufement, fur-tout lorfqu'on a mis les blés en grange avant d'être parfaitement fecs ^ qu'il réduit une grande quantité de blé en fon , & qu'on eft oblige de fe défaire de ces blés & de\ les vendre à bas prix. Voyc^^ Charençon*

La teigne eft un petit papillon brun qui dépofe fiur les tas de blé des œufs d'oti fortent des vers qui s'en- veloppent fous des grains de blé qu'ils réunifient & qu'ils détndfent. Us communiquent de plus au blé une odeur défagréable, qu*on défigne en difant que le bU a 1 odeur de mite.

Tous les moyens propofés îvifqu'à préfent pour garantir les blés des charençons ^ font ou infuftifans ou impraticaWes, malgré ks recherches qui en ont été

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faites par les Naturaliftes , par les Phyficîens & par les Amateurs du bien public. L'expérience faite par M. Duhamel^ de renfermer du bit attaqué des charen" çons dans une caiffe verniffée d'huile effentielle de téré- benthine , oîi les charençons fe font très-bien maintenus, donne lieu de fe méfier de ces prétendus moyens de les faire périr ou de les chaffer avec des décodions d'ail ou d'autres plantes d'ime odeur forte & défagréa- ble. La feule vapeur du foufre les fait périr , mais communique au blé une od|eur défagréable. Si quelqu'un pofTédoit le précieux fecret de garantir les blés de ces infeûes deftruâeurs , dans les greniers de conilniûion ordinaire , l'amour de l'humanité devroit l'engager à le <livulguer. M. Argond a déjà propofé de répandre fur le plancher d'une grange qiu ne contiendra alors grains , ni pailles , ni foins , quelques facs de fourmil- lieres , parce qu'auffi - tôt les fourmis fe mettent en ^uête de tous les côtés , attaquent & dévorent en peu de )oiifs tous les charençons : il fuffit de balayer enfuite & de tranfporter ailleurs la terre des fourmillier'es , pour que les fourmis elles - mêmes difparoiffent. On peut tenter ce moyen aux approches de 1^ Saint- Jean, L'ufage ordinaire, qui ne fait que diminuer le mal fans le détruire dans la fource, eft de remuer le bll fréquemment , de le cribler &' de le pafTer fur un gril- lage de fil de fer en plan incliné , dont les fils Tbnt aflëz ferrés pour que le b6n grain ne fafle que couler deffûs , tandis que le grain vermoulu & les charençons paiTent entre les fils, font reçus dans une poche de peau , & fe trouvent ainfi féparés d'avec les bons grains» Dans quelques Provinces on mêle des grains de millet avec lesbUs^ parce qu'on a remarqué que les charençons s'attachent par préférence à ces grains. On a enfuite un crible fait exprès , fur lequel on Jette les blés qui y font retenus , & le millet avec fa poufliere paffe a tra- vers. Dans l'Ouvrage cm a remporté le prix propofé par la Société (P Agriculture de Limoges, yî/r/</ manicn

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2e détruire Us charcnçons , on lit que ces înfeûes aimant la tranquillité , pour peu qu'on les inquiète en remuant le blé , & qu'ils ne^Te fentent pas en fureté , ils percent les grains ils ont pris naiflance , ils fortent , ils les guittent, & cherchent à fe procurer un autre abri, C'eft fur quoi font fondés la plupart Ats bons effets qiii réfuîtent du pellàge du blé; dès qu'on les remue vigoureufement à la pelle , ces infeftes commencent à fiiir ; ils grimpent même aux mur^Ues , lorfqu'il s'y en trpuye d'oppofées à leur pafl'age; & dès qu'ils font parvenus à la hauteur., ils s'en précipi- tent fans rien craindre , à caiife de la folidité de leur çuirafTe; après leur chute on les voit quelquefois immobiles, non par nife; ou pour contrefaire les morts, comme il leur arrive quelquefois, mais par étour- diffement ; ils en reviennent peu-à-peu dans fintervalle de deux minutes , & ils continuent leur niarche du côté oîi rien ne s'oppofe à leur pafiTage ^, à leur fliite. Orx eil quelquefois étonné de voir forjiir. dççreffaijns de charcnçons d'un tas de bié^ qui peu aypi^ravant avoit paru bien faii) , & qui cependant eft prefque à moitié rongé. Les çharmçons n'aimenf .pas. fevilement la tran-i quillité , mais encore l'obfcurité. Ils fuient conftamment la lumière, & s^îs habitent de préférence le coté du midi , il n'en.eft pas moins yrai qu'ils afteâent l'endroit du grenier le plus abrité , le plus reculé & li^^us, obf- cur. Voilà le principal motif pour lequel les ^charcn-* çons fe plaifent dans le blé^ pour y faire leur p^onte &: s^tn nourrir. Les grains de végétal fort rapproclaés par leur petitefîe, lés dérobent entièrement à la clarté du jour, à une profondeur cependant peu conûdçrable,.à deux ou trois pouces au plus;. Pans Uhiver ces animaux refient tapis, & fans bouger, dans des trous oti ils ne mangeur pas Des le mois d'Avril ils fe mettent en quête; vers les fepj; he,ures du matin. ils mangent avec avidité & fans relâthe, ce qui prou^ieieur befoin; en^ cette faifon ils ne ^unoient-pas xàhait refter huit jours

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fans prendre de nourriture , ils quittent volontiers le hll quand ils trouvent un autre aliment plus tendre , de leur goût , & la liberté du choix. Ils ne préfèrent le bll que pour y dépofer leurs œufs. Au printemps & en ^té , le grain , par fa fermeté , par fa configuration , par fa peti- teffe , eft de toutes les fubftances peut-être la plus pro- pre pour conferVer leurs petits y depuis la ponte jufqu'à leur métamorphofe. L'on a obfervé qu'on ne trouve guère dans le hU que des charençons jeunes. Ceux-ci ne s*en vont qu'après avoir dépofé à leur toiy: une ponte , 6c leurs générations en fpnt de même. Pour cela la femelle fait une piqûre ( avec fa trompe ^ qui eft com- J)ofée d'anneaux & armée d'un dard, ) à la peau du grain , qui la tient un peu foulevée. en cet endroit , & y forme une éruption prefque infenfible. Ces fortes de trous ne font point perpendiculaires à la furface du grain , mais ils font obliques ou même parallèles. La fe- melle ne dépofe ordinairement dans le grain de W«' qu'un œuf, au plus., deux. Dans les grains des végétaux qui font plus volumineux , elle y en dépofe trois & quatre r leur multiplication eft prodigieufe. On a démontré que deux charmions y un mâle, l'autre femelle, peuvent produire depuis le 15 Avril jiifqu'aiv 15 Septembre^ tant par eux que par leur génération, iix mille qua- rante-cinq individus. Les jeunes vers une fois éclos, s'enfoncÂt dans le cœur, du grain, en rongeant tou- jours de^nt eux ; les avenues de ces trous font toujours remplies par les excrémens qu'ils laiffent après eux , & qui ne différent prefque point en couleur ni en confi- nsmce de la fubftance du grain : on diroit d'une poudre grenue que l'on reconnôît en la froiffant entre les doigts. Le channçon fortant de Vétat de nymphe , eft tout blanc , Gtwnme tranfparent ; mais bientôt il acquiert de la confiftance & une Couleur de châtaifi clair , t^nt qu'il refte dans le grain. Eft-il expofé à l'air , il devient brun. On Jie peut trop admirer , à Taidè du microfeope, la «naniçre avçc laquçîle le j^harmçon fait ion trou poui;

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Sortir du grain oîi il a fubi {es développemens. Le mé- canifme au bout de fa trompe eft fort fingulier. On croit y voir deux efpeces de mâchoires tout-à-&it noires , qui s'ouvrent horizontalement , & raclent avec une vîteffe & une a6Hvité étonnantes. Confultez le Journal {PHiJloire Naturelle par M. l'Abbé Rozier, Mois de Janvier lyyz. '

La Méthode qu'on emploie ordinairement dans la plupart des Provinces pour conferver lès hlês^ eft fujette à des déchets & à des frais confidérables, & demande des bâtimens fpacieux lorfqu'on veut en conferver de grandes quantités; fans compter qu'il eft expofé à la rapacité d'un très-grand nomore d'animaux. M. Dukor md a imaginé une forte de machine qu'il appelle un grenier de confervation ^ & qui mérite par fon utilité, la plus férieufe attention & les plus grands éloges. Cette machine a l'avantage , i .^ de renfermer une très-grande quantité de froment dans le pliîs petit efpace poflîble ; 2:° d'empêcher qu'il ne fermente , qu'il ne s'y échauffe," qu'il n'y contrafte un mauvais goût; 3.^ de le garantir la voracité des rats , des fouris , des oifeaux, fans Texpo- fer à être endommagé par les chats ; 4.^ de le préferver des mîtes ^ Sqs teignes , des charençons^ &c de toute efpece d'infeûes ; 5 de le conferver auffi long-temps qu'on voudra , & cela fans frais & fans embarras. On va don- ner une légère idée de fes curieufes f è^herches ; mais c'eft dans fon Traité de la confervation des grains qu'il feut voir ce détail fi intéreffant.

M. Duhamel a donné des defcriptiohs de greniers de> toutes fortes de grihdeiu-s , depuis celui qui luffit pour la fubfiftance d'une ^fàfiiille , jufqu'à celui qu'il faudroit pour l'approvifiônnement d'une ville entière. Vôicf l'idée d\in grenier de moyenne grandeur , propre à con- tenir mille pieds aibes de froment : il eft bon d'obfer- ver que pour les conferver fuivant l'ufage ordinaire , il feudroit un grenier de cinquante-neuf pieds de long fur dix-neuf de large. Le grenier dpnt il s'agit doit être fait

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à-peii-près coxnme une grande c^ffe, i laquelle oii donne treize pieds en carré fur fix de -haut : on fait avec de fortes planches les côtés & le fond : on la pofe fur des chantiers. A quatre pouces de ce premier tond, on en fait un autre de deux rangs de tringles qui fe croifent à angles droits ; on le recouvre d'une forte toile de crin, qui empêche le blé de s'échapper, & laiffe à l'air un paffage libre, A la partie Supérieure de cette caiffe , on fait un couvercle plein , pour empê- cher les fouris & autres animaux d'y entrer : on y prati- tjue feulement quelques trotis qni s'ouvrent & fe fer- ment à volonté : on met le bit dans cette grande caiffe ; & pour le conferyer , on fait jouer des foufflets* Un homme peut faire jouer , à l'aide d'un levier , deux de ces foufflets imaginés par M. Ualcs , & auxquels il a donné le nom de vemiiatmrs. Ce fôufflet , ap[diqué fi heureufement par M. Duhamel k fon grenier de con- servation, afpire l'air extérieur, &, par le moyen d'un porte-vent , introduit l'air par un trou pratiqué au fond de la caiffe. L'air, pouffé vivement dans l'elpace qui fe trouve entre les deux fonds , traverfe rapidement le grain , fe charge de rhumi4ité, & fort par les ouvert;ures du couvercle fupérieur .: le vent traverfe fi puiflàmment le froment y qu'il él^ve dc^- ^ains jufqu'à un pied de hauteur.

G>mme dans nos pays Se dans tous les pays Septen* trionaux les blés font toujours humides, M. Duhamel exige , avant de mettre le grain dcjns le grenier de con- fervation, lui donner 4eux préparations : la pre- mière, celle du nettoiement; la féconde, celle de f^ire paffer à Tétuve. La. manière doi^ ^nous avon^ dit que l'on s'y prenoit commimément pour la confeirvarion des grain$i, continuée pendant une année , fu^t lorfqu'on ne met que peu de grains daiis le! grenier de conferva- tion ; m^s lotfque la quantité de bli ^ft grande, ^}^k& avoir paffé le grain à travers les cribles, on pwt le laver dans l'eau > &ie mettre fécher dans une étuyet Le bU-j.

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perd toute fon humidité : la chaleur de l'étuve fait périr les teignes fanS exterminer les charençons ; mais toutes les expériences donnent lieu de penfer qu'ils ne peuvent fe multiplier dans le grenier de confervation , parce que le bU y eft tenu dans un état de fraîcheiur- contraire à leur multiplication.

Un Fenjïier qui n'auroit que mille pieds cubes de fro* ment à cohfefver, peut conftruire à peu de frais une petite étuve de cinq à fix pieds en carré avec des claies > & réchauffer par le moyen d'un grand fourneau de tôle il mettroit du charbon. On ne dépenfe que pour vingt à trente fous de bois pour étuver deux cents pieds cubes àt froment. La chaleur de Fétuve pour le paifait defféchement, doit être de cinquante à foixante degrés; on reconnoît que le Mi eft bien fec , lorfqu'en le caffant fous la dent , il rompt comme un grain de riz , fan» qiie la dent y faffe impreflîon. C'en dans les fources même qu'il feut puifer un plus grand détail de tous ces objets.

Mal|ré les grandes difficultés qui fe rencontrent dans la confervation des grains , on a l'exemple d'un ma- gàlîn dans la citadelle de Metz , oîi le bU que le Duù SEperhdn y avoit fait dépofer, s'eft confervé dans fon enïier pendant cent trente-deux ans, ainfi qu'on l'apprit par la date marquée fur le b/é mtme. En 1707, on en ht du pain qui fut trouvé très- bon ; Louis XIV en mangea & plulîeurs performes de fa Cour. [1 s'étoit formé à la furface du tas de ce grain , tme croûte qui contribua le plus à fa confervation. On-dit qu'à Metz:^ les Habîtaris font" dans l'ufage de conferver ainfi du b'ie dans des magafins fouterrains , ayant grand foin d'y former , par le moyen de la chaux , une croûte fuperficielle. Le b^le qui eft fur la furface du tas , germe ^ & pouffe une tige qui périt l'hiver ; après cela on eft sur que le tas de blé fe conferyera : on n'y regarde plus que lorfque la néceflîté preffe les Habita ns. Lors

'de la inaladie de LquU ^F^ à Metz , en 1744 , ou

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fit avec du hié gardé iin fieck & demi , du paîn que feu Mgr. le Dauphin goûta & trouva excellent.

Dans toute TAfrique on conferve les grains dans des puits très-profonds , creufés au milieu des rochers , & qui font fecs en tout temps : les Arabes les nom- ment mattamotes. L*entrée de ces puits eft fort étroite ; ils vont en s'élargiffant ; on en tapiffe le fond avec de la paille feche avant que d'y jeter le grain î lorfqu'ils font pleins , on les ferme d'ime manière bien fimple , avec de petits morceaux de bois bien entrelacés , fur lefquels on jette du fable, & par^deffus quatre pieds de bonne terre en talus , afin que Teau de pluie n'y féjoiu'ne pas. Les blés fe [confervent dans ces fouter- rains un temps confidérable fans fe gâter , ni fe cor- rompre. Il arrive même quelquefois que les proprié- taires , qui ont tout à Craindre fous une domination arbitraire & defpotique , n'en ofent faire aucun ufage , & qu^on ne les retrouve que pluiieurs années après leur mort.

En Ukraine" & dans le Grand-Duché de Lithuanie , ks Habitans ne ferrent leurs blés c^ dans de fem* blables greniers fouterrains ; mais ils ont foin de ne point ouvrir ces foffes à bU tout d^un coup, & de les éventer par degrés , fans quoi il en fortiroit, dit- on , des exhalaifons fi meurtrières , qu'elles étouffe- roient tous ceux qui, par ignorance ou par mégarde, fe trouveroient expofés à cette ouverture : c*cft ce que l'on apprend de M. Dejlandes , dans fon Traite fur la manière de conjirver les grains. L'ufage des mattamores eft certainement d'un grand avantage ; en cas d'înceii- . die , la perte de l'habitation n'entraîne poijit celle des fubfiftances, malheur trop ordinaire dans nos pays. yoye:;^ maintenant t article FARINE. Conililtez auiflî les Obfervations fur les blés germes , pat le Comité de t École gratuite de Boulangerie ^ à Paris ; & Recherches fur V origine des mattamores , par M, k ^ Baron de Setyieres* Joum^ de Phyf Dec. 178^4

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BLÉ 187

Bl)É d'abondance. Voyti^ Blé de miracle.

Blé barbu* ou Sorgo. Voyc^^ aux articles Millet Ble de Mars.

Blé de Guinée. Voye^ Millet.

Blé d'Inde ou Blé d'Espagne. Foyei Blé de Turquie.

Blé ergoté ou cornu, yoyes^ tartlde Seigle.

Blé De Mars , Triticum œjlivum, Ceft une efpece. de ^ût froment qu*on ne feme guère qu'au printemps , & que l'on técolte dans la même faifon que le blé ordinaire qu'on a femé en automne. Il y en a de deux efpeces; l'une qui aies balles renflées , velues & garnies ^ de longues barbes , & que l'on nomme bU barbu range , Triticum arijèis circumvallatum , granis & fpicâ rubentibus ^ glumis lavibus & fplendentibus , Raii Sinopf. 224 ; & lautre qui eft ras , c*eft-à-dire , à balles non velues. Tous les deux donnent une bonne farine , mais rendent peu. Ces efpeces de blé ont été d'une grande reffource en 1 709 ; comme les blés furent gelés , on .fema , après l'hiver , de ces bUs , qui donnèrent leurs épis en abondance au mois d'Août; au lieu que le blé d'au-- tomne , que l'on femeroit en Mars , ne donneroit que peu de tuyaux & des épis fort petits, dans lèfquels le grain feroit à peine formé , à moins qu'après le printemps il ne furvînt un temps des plus favorables pour le froment.

La paille du blé barbu diffère elTentiellement de celle du ble ordinaire ; car elle eft pleine de moelle , & n'eft creufe que vers le pied ; auÔî cette efpece de blé étant fur pied, eft-elle moins fujette à être'attaquépar les in- feôes ; ou fi la paille l'eft , le grain n'en fouffre point, & eft toujours plein , dur & pefant.

Dans les hivers doux , les blés de Mars ne periflent point , & dans ce cas ceux qu'on a femés en automne viennent plus beaux, & donnent plus de grains que ceux qu'on a femés vers le printemps. Ces blés font auffi fujets à la nielle que les blés ordinaires.

iM BLÉ

Deux raîfons empêchent les Fermier^ de femer beau- coup de ces bUs de Mars ; Tune , parce que quand ils font à leur maturité , ils s'égreneht trop ailément ; & la féconde, parce que s'il ralloit femer leurs blés dans le temps de Mars , ils ne pourraient fuffire à tous leurs travaux. Il eft cependant eifentiel que les Fermiers en recueillent une certaine quantité pour fervir de reffource dans les cas malheureux.

Blé de Miracle , Triticum fpicd multipUci^ C. Bauh, Tourn. Inft. 512; Triticum turgldum , Linn. Cette ef- pece de bli^ qu'on nomme auffi bU de Smyrru , Sabonr dance ou de Providence ^ modmt ^ outre Tépi principal, des épis latéraux. Il n'eft pas rare de voir des trouffes de ce bli compofées de trente-fix tuyaux ou chalu-* meaux , & chaque chalumeau avoir dix épis , dont Pun occupe le milieu. Tous ces épis de chaque cha- lumeau réunis forment un volume plus gros qu'un ceuf de poule ordinaire. Chaque épi contient trente , trente-cinq à quarante grains , & le total des épis eft de trois cents cniquante grains ou environ ; & le pro- duit total des trente-fix brins ou chalumeaux fera de douze mille fept cents quatre-vingts grains ou environ , pour la fécondité d'un feul. C'eft fans doute de ce blé dont le Gouverneur de Byzance envoya à Néron une trouffe compofée de trois cents quarante tiges. Ceft probablement le même que Pline cite , & dont nous avons fait mention à l'article Bli froment. De fept livres de femcnce , on en a retiré quatre cents trente livres de grain*; , dont] on a fait de bon pain. Suivant M. Bourgeois , on grue le bli de Smyrru comme Pcrge & l'avoine , & on en fait d'excellentes foupes ; mais ce grain ne peut réuflir que dans les terres fubftan- tielles , bien amendées & bien cultivées , parce qu'il demande beaucoup de nourriture ; femé dans des terres trop maigres ou trop feches , il n'a prefique pas d'épis ra- meùx. On feme ce blé en automne ; mais étant femé

çn Mors , iQrfquê la faifoiji dgviçnt favôr^ible , c'efl-à-

dire,

B L Ê 18^

dîre ^ forfqii'elle eft chaude & légèrement humide , il produit davantage que le bU de Mars , que l'on feme au printemps. Ce hlé a encore un avantage fingulier , c'eft de n'être pas fujet au charbon : on a feulement la précaution de l'enfoncer avec la herfe un peu plus avant que le blé ordinaire , parce qu'il prend plus de racine. Il ne doit pas être femé fi dru que le froment. Huit boiffeaux fuffifent pour cnfemeiicer un arpent. Ce feroit bien ici le cas de dire, Ofortunatos nimiùm , fm fi bona nôrint , agricolas. On connoît auffi un défa^ vantage dans ce bU , c'eft que les lièvres en font fort friands lorfqu'il eft jeune , & cni'ils le détruifent prefque entièrement , fi on n'a pas loin de les éloigner ; & quand il éft à fa maturité , la force de fa paille eft telle , que les oifeaux s'y perchent & en dévorent tous les grains : on éft pour lors obligé d'avoir recours à des épouvantaîls. Les gelées fortes lui font auffi quel- quefois préjudiciables. Le blé de miracle eft. à-peu-près de la même g^offeur que le bU de Mars; mais ion poids excède d'un douzième celui du fromeni ordinaire. Au refte , le blc de Smyme , fuivaiat M. Adanfon , peut être qualifié , préférablement à toute autre plante ^ d?e/^ ftu nouvelle. C'eft une monftruofité par excès & plus confiante dans la multiplication qu'aucune autre ; néan- moins fi on néglige fa culture , il rentre bientôt dans l'efpece dont il eft originaire , qui eft en épi fimple & régulièrement conformé.

Blé noir. Voye[ à Varûcle Sarrastn;

Blé de Providence. Voye^ Blé pe miracle.

Blé rouge. Voye;^ à [article SARRASIN.

Blé de Smyrne, Foyei Blé de miracle.

Blé trémois. C'eft le feigle d'été.

Blé de Turquie ou Blé d'Inde , connu auffi fous le nom de maïs. On donne à cette plante cu-^ rieufe & utile le nom de bU d^Inde , Tritkum Indîcum ; Frumentum Indictqp. , Mays diSum , C, B. Pin. a-5 ; Zca mays^ Linn, 1378 , parce qu'elle tire, dit-on^

190 B L Ê

{on origine des Indes , d'où elle fiit apportée en Turquie , Triticum Turciçum , & de dans toutes les autres parties de l'Europe , de l'Afrique & de l'Amérique. On donne à cette plante y dans la Guienne , dans l'Angoumois & dans le Limouûn on en cultive , le nom de bU d'Efpagne. Maïs eft le nom Américain, Quelques-uns l'appellent auffi gros millet ; ( en Allemand , Turkijchcr wcitim ; en Anglois , Indian Wheat ; en Italien , Maliga^ MclUca^ Saggina. )

Cette plante pouffe une groffe tige roide , noueufe, haute de quatre à fix pieds, & pleine d'une moelle blanche qui a le goût fucré. Elle porte fur le même

f>ied des fleurs mâles &; femelles , mais fans pétales ; es fleurs mâles font au fommet de l'épi , compofées de trois étamines ou blanches , ou jaunâtres ,. ou pur- purines , & formées d'un grand nombre de paniailes. Des noeuds des tiges fortçnt des timiques compofées de plufieiu's feuilles ; & du fommet de ces tuniques , il, fort de longs fîlamens qui font autant de piftils , au bas defquels font les embryons de chaque graine. Lors- que les étamines font mures, elles s'ouvrent & fé- condent ces piftils qui font au-dçffous. Les feuilles du hU d^Inde font éngamées , d'un beau vert , très-longues , larges d'un à trois pouces , & femblables à celles du f oleau ; fes racines font nombreufes , diu-es , blanchâ- tres y fibreufes & traçantes.

La tige fraîche de cette plante , efpece de gramî- née , eft de couleur de vert d'eau , & contient un (wc de même que la canne à fucre ; on en peut faire un firop très^doux , & qui a le véritable goût du fucre. On propofe , dans les Mémoires de V Académie , d'effayer s'il ne pourroit point fe criftallifér comme le fuc de la canne à fucre^ Les Américains tirent auflî im bon parti des tiges defféchées ; ils les taillent en pluiieiirs lilamens , dont ils font des paniers £( des corbeilles ^^ diiFérente$ formes & grandeurs.

BLÉ 191

L'épi du mtâs croît par degrés , quelquefois jufqu'à la groffeur du poignet , & à la longuei^r de près d'un

f>iedL A mefure qu'il groflit & qu'il mûrit, il écarte es tuniques & paroît jaune , rouge , violet, bleu ou blanc , fuivant Pefpece ou variété : celle à grains jaunes eft la plus eftimée ; c'eft du moins la plus univerfel- lement répandue ; Mays granis aureis , Tourn. Inft. 531. Les hommes Caraïbes l'appellent Aouachi , & lei femmes , MarichL On voit des épis , & même des grains qui préfentent à eux feids cette bigarriu-e de trois & quatre couleurs. Lorfqu'on feme cette plante ea plein champ, comme le blé ^ elle ne rapporte qu'ua épi; inais u on la feme, ou plutôt fi on la plante féparément , même par touffes , à dix-huit pouces de diilance les unes des autres , fes racines prenant plus de nourriture , elles rapportent plufieurs grappes , c'eft- à-dlre, plufieurs épis. Ces grains de blé de Turquie multiplient prodigieufement : celui qui croît dans les liides , rapporte quelquefois des épis qui ont fept cents grains.

n n'eft peut-être point de plante oîi la diftributiôn des grains loit plus lenfible que dans le mdi^ ou blé de Turquie. On fe plaît à l'y obferver. Les épis de cette plante , fi féconde & fi utile , forment des maffes coniques qui ont quelquefois plus de neuf à dix pouces de longueur', fur deux à trois pouces de diamètre à leur bafe ; nous l'avons déjà dit. Les grains de figure elliptique , & un peu plus gros que des pois , font, dit M. Bonnet , rangés a la nie fur plufieurs lignes , tantôt droites ou parallèles à l'axe de l'épi , tantôt courbes ou qui montent en fpirales autour de cet axe. Les grains font placés fur ces lignes de façon que leur grand diamètre coupe à angles droits Taxe de l'épi. M. Bonnet ayant eu la curiofité de compter le nombre des lignes , ou des rangées de différens, épis , a reconmi que la plupart en avoient douze ou quatorze î notrç Obfervatgur ^ curieux s^affurer fi

i^i fi L É.

l'Auteur de ïa Nature avoit préféré ces polygones $ toute autre figure pour la diflributlon des grains du hU de Turquie , exanîina enfuite fept cents vingt- quatre épis de cette plante. De ce nombre il en trouva cent quatre-vingt-dix-neuf oîi la diftribution des grainî étoit irrcguliete ^ c'eft-à-dire , les rangées étoient tellement confondues les unes dans les autres , qu'il ne put les. fuivre diftinftement d'un bout à l'autre de l'épi. 11 a reconnu que cette confufîon étoit bien plus grande à la bafe de l'épi que vers (on extrémité fiipèrieure. i Venons aux épis réguliers , ceu?^ dont les rangées étoient parfaitement diftinftes : il en trouva trois la diflribution des grains étoit fur huit lignes ; feize cette diftributiojn étoit fur dix-huit lignes; trente- deux fur dix lignes ; foixante-dix-huit fur feize lignes; cent quarante-quatre fiir quatorze lignes ; deux cents cinquante-deux fur douze lignes. On voit par cet exa- men que les polygones de douze & de quatorze côtés font ceux qui dominent dans les épis du }>U de Turquie. Nous avons dit ci-deffus que les grains de hU de Turquie font elliptiques ; cela eft très-vrai , comme l'a remarqué M. Bonnet , de ceux qui font placés vers le milieu de l'épi ; mais il a paru à cet Obfervateur que ces grains s'arrondiffoient à mefure qu'ils s'ap- prochoient de la bafe de Tépi ou de fon fommet Quelle eft la raifon phyfique de ce changement de forme ? Quelle en eft la caufe finale ? Les grains placés dans le milieu de Fépi j plus prefles par les grains qui font au-deffus & au*deïlous d'eux, que paV ceux qui font placés fur les côtés, trouveroient-ils plus de facilité a s'étendre dans ce dernier fens que dans le premier ? Le blé de Turquie offre une efpéce précoce & une efpece tardive ; & l'on en diftingue plufieurs variétés par rapport à la longueur de^ la tige , le volume & la couleur de l'épi. Le blé de Turquie donne une farine blanche , lorfqu'elle eft féparée du fon , & on en ^'*^ du paûi aiïfiz agréiablç ^ niais qitt €Û pefant ^ & ^i

BLÉ 29;

nVft bon que pour les eftomacs vigoitreiix & les per- fonnes qui y font habituées de jeuneffe» Cette farine, mêlée en petite quantité , comme d'une huitième partie , avec de la farine de froment , donne au pain un goût favoureux.

Les avantages que Phumanité retire de ce grain font infinis. Une grande partie des hommes & des animaux privés.en font leur nourriture. Cette plante eu cultivée avantageufement dans prefque tous les climats des quatre Parties du Monde : elle eft un objet intéreflVt de commerce dans la Bourgogne , la Franche-Comté , la Brefle , oit on engraiffe des volailles qui profitent à vuiî d*œil avec cette feule nourriture : les chapons de Brefle, fi fort en .réputation , & qui pefent dix à douze livres , en font preuve. Cette nourriture fait prendre aux cochons un lard ferme : les fameux cochons de Naples , qui pefent jufqu'à cinq cents livres , ne font engraifles qu'avec ce grain. La chair des pigeons de volière qu'on en nourrit , eft blanche & tendre ; leur graifle eft ferme & favoureufe. Les feuilles en vert font un excellent fourrage pour les beftiaux, qui en font avides Ce blé , qui ne demande à être; femé qu'après l'hiver , peut être quelquefois d'ime grande reÔburce ; on le mange & on le prépare de diverfes manières^ Les Indiens en mangent les grains en vert comme les petits pois , ou grilles ou bouillis. On le mêle, comme nous l'avons dit , avec la farine du blé pour en faire du pain : on en fait aufïi de la bouillie. On a même trouvé le moyen d'en faire un mets délicat : on aieille les jeunes grappes lorfqu'elles font de la groffeur du petit doigt , & encore vertes ; on les fend en deux , &C on les fait frire avec de la pâte comme des artichauts. On les confit auflî dans du vinaigre comme des corni-» chons , & ils font très-agréables dans la falade. Quand le grain eft prefque mûr y, il eft encore fucré : nous avons dit qu'on peut en manger cpmme d<ss petits, pois, & les préparer de même. Les Américains rett*

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rent de ces grains piles & macérés dans de l*eau l Ufté liqueur vineul'e qui enivre ( c'eft la ckicka ) ^ & dont on peut extraire un efprit ardent. Les Sauvages de la Loui- iiane , dès que le maïs du printemps commence à mûrir ^ font une fête qui dure huit jours, pour remercier le Bon J^fprity qu'ils logent dans le foleil , de leur avoir fait un auiîî beau préfent. Les François de ce pays nomment ces réjouiflances la grande fête du petit blé.

Le blé de Turquie fe conferve plus facilement que le froment vulgaiie: il fe plaît principalement dans les terres graffes & fortes : le binage que l'on donne au pied de la tige , fait qu'elle poufle avec vigueur. Lorf- c[ue les feuilles font grandes , & que la pouffiere fécon- dante eft diffipée , on coupe une partie des feuilles, ainfi que la tête de la tige , afin que la plante prenne plus de corps. Le blé de Turquie eft fujet à la nielle ou au charbon. Voyez ce que c'eft à Varticle Blé. Mainte- nant confultez le favant Mémoire fur le maïs , couronné en 1784 , par l'Académie de Bourdeaux: ce Mémoire eft de M. Parmentien

Blé de vache. Voye^ à T article SaRRASIN.

BLECHNE, Blechnunt ^Linn.Ctû. un genre de plante cryptogame , de . la famille des Fougères , qui a des rap- ports avec les doradilles , & dont le caraaere diftinftii eft d'avoir la fruâification difpofée fur deux lignes

{)aralleles & rapprochées de la côte des feuilles. Il y ? a blechne Occidentale, de l'Amérique Méridionale ; la blechnt Orientale , de la Chine ; la blechne Auftrale , du Cap de Bo^ne-Efpérance ; la blechne de Virginie ; la hlechru à feuilles radicantes , de Madère ; la blechnt du Japon.

BLENDE, Galena inanis aut Pfeudo-galena. Subf- iance minérale. Ce mot , dans le langage des Mineurs Allemands , fignifie une fubflance qui aveugle ou qui trompe , parce qu'il y en a qu'on prendroit au

{}remier coup d'œil pour de la mine de plomb, tant cur tiflu eft également feuilleté ou çompofé de lames

BLE i9Ç

Se différentes grandeurs , & difpofées de manière à produire quelquefois des cubes. MM. Pott & Margraff^ de l'Académie de Berlin , & dont l'autorité eft d'un grand poids en Chimie , ont examiné cette fubftance: il refaite de leiu"s obfervations , fur-tout de celles de M. Margraff^ que la bkndc eft ime vraie mine de :^nc; qu'on peut s'en fervir comme de la calamine pour convertir le cuivre rouge en laiton. Elk a uiie forte de conformité extérieure avec la galène ou mine de plomb cubique. Outre le zinc , elle contient du foufre & quelquefois de l'arfenic , communément du fer , quel- quefois même de logent ; mais qu'il eft très-difficile d'en féparer , à caufe des parties arfenicales & volatiles avec lefquelles il eft combiné* La blende eft une mine de iinc vitreufe ; elle fe trouve dans prefque toutes les mines en Allemagne , en Suéde , &c. fous différens états de couleur , de dureté & de denfité 9 & avec différentes

f)ropriétés particulières ; l'une eft fort femblable à de a corne , & s'appelle hom^blcnâe ; une autre eft noire , lamelleufe^ à petites écailles , luifantes^ comme la poix^ & porte le nom de pech-hUnde. On en fencontre encore une cfpece qui eft brune , jaunâtre ou rougeâtre ^ quel- quefois criftallifée & tranfparente comme la mine d'ar- gent rouge : celle-ci eft rare & paroît phofphoriqiie ^ fi on la frotte dans robfcurité; elle abonde en foufre, tandis que Celle qui eft grife & jaunâtre ^ participe encore de beaucoup d'arfenic r il y en a aiiffi de ftriée.

M. Bergmannohferve que pluiieurs variétés éepfeudâ- galènes ( fauffes galènes 9 ou efpeces de blertJe ) frottées dans les ténèbres , donnent de la lumière : celle d'entre elles qui mérite 9 dit-il 9 le plus de célébrité , eft celle de Scharfenberg en Mifnie. Frottée avec du verre, un os 9 clu fer , ou quelque autre matière dure , elle fent mauvais , & dans l'mftant du contaÛ , donne ime lumière couleur d'or , même dans l'eau ; & enfin dans^ les acides , elle retient cette propriété après une forte mandefcence. Jêumal de /'Anbé Rozier , JuiUtt , 1 780^

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•. f

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M. Dcleu^e obferve qiie prefque toutes les htenédf font efFervefcence avec les acides; calcinées, elles de- viennent rouges ou grifes. On en compte , dit-iï , deux efpeces principales : la première , de couleur obfcure ou noire , a pour variétés Xhom^kndc & la ptch-bUndc dont il eft parlé ci - deffus , & qui font teffufeires ; la firalil'bUnie , qui eft à écailles en parallélogrammes, & quelques autres. La féconde eft rougeâtre ; il en eft parlé à la fin de cet article. Foye^ Calamine & Zinc.

Blende de fer, ou mine de fer en bkndcy eft une cfpece de wolfram. Voyez ce mot.

BLENNE , BUnnius. Nom d'un genre de poljfon. .Voyez ce mot.

BLETTE, en latin Blitum. Plante très-commune , qiri croît dans les terres graffes , dans les potagers , & dont on diftingue deux espèces générales ; Tune blanche & l'autre rou§e. La première, Blitum album majus^ C. B. Pin. 1 1 8 , croît jufqu'à la hauteur de quatre piedSr Sa racine eft longue & grofle comme le pouce , & d'un ïoût fade. Sa tige eft ferme, blanche & r^pieufe. Ses feuilles font femblables à celles de la poirée. Ses fleurs font petites, à étamines , verdâtres ; il leur fuc- cede des femences oblongues , qui ont beaucoup de rapport à celle de Vatriplex ( arroche ) : il y a aum la petite blette blanche. La deuxième efpece , qui eft rouge, un peu noire, Blitum rubrum majus y C, B. Pin. ii8; Blitum nigrum , Ang. , ne diffère , pour ainfi dire , de la précédente que par la couleur & par la petiteffe de ks feuilles , qui font quelquefois femblables à celles dii folanum. Il y a auffi la petite blette rouge. On effime leurs vertus humeftantes , rafraîchiffantes & émoUientes»

Il y a encore la blette épineufe de l'Amérique ; la hlatt à fruits en tête , Blitum capitatum , Lin. ; elle croît dans quelques régions de l'Europe tempérée & auftrale: la blette effilée , Blitum virgatum , Linn. ; elle croît dans la Tartarîe , l'Efpagne , le Languedoc & la SuifTe : la bUtt^ à feuilles d'anferine , de la TartariÇt

BLE Î97

BLEU (le), f^oyei Glauque. Bleu d'émail , ou Bleu d'azur , ou Bleu de Cobalt. Voyc[ V article Azur & le mot Cobalt. Bleu d'Inde. Voye^ Indigo. - Bleu-manteau. f^oyc[ Goéland à manuau gris.

Bleu de montagne, Caruleum montanum. Minéral ou efpece. de pierre bleuâtre , tirant un peu fur le vert- d'eau , & affez femblable au lapis^-la^uli , ou à la pierre Arménienne tTEurope. Voyez ces mots.

Le bUu de montagne diffère cependant de ces fub- ftances , parce qu'il eft plus tendre , plus léger , plus poreux & plus caffant : en un mot , il ne. peut recevoir le poli , & fa couleur ne réfifte point de même au feu. Il ne faut pas confondre la mine de cuivre appelée bUu de montagne , avec celle qui eft connue fous le nom de mine de cuivre apurée ; le Heu de montagne eft tou- jours graveleux , pierreux , fouvent lamelleux fuperfî- ciellement ^ quelquefois étoile , plus communément folide.

On trouve cette fubftance minérale en Sibérie ^ en France, en Italie , en Allemagne , & fur-tout dans le Tirol & la Saxe , près des lieux il y a des mines de aiivre. On la regarde aujourd'hui comme une terre colorée par urt ocre cuivreux : quoique l'on fâche que cette couleur bleue n'appartient pas feulement aux mines de cuivre; car l'expérience a appris que le fer, furchargé d'une plus grande quantité de phlogïftîque, donne auffi avec l'alkali minéral cette couleur : tel eft le bleu de Pruffe ou de Berlin ; & on dit que les Hol- landois l'imitent , en faifant fondre du foufre , & y mêlant du vert-de-gris pulvérifé.

On réduit cette pierre en poudre ; on la broie pour l'employer en peinture en détrempe ; mais ce bleu dans la peintiu"e à l'huile eft fujet à devenir verdâtre , tout au contraire du bleu ^ email , qui eft fort vif au jour , & qui paroît gris aux liunieres. Voye^^ Cendres bleues.

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Bleu d'outremer, f^oyei Lapis-Lazuli;

Bleu pe Prusse du Commirce, Ce n'eft poîilt une produâion de la Nature , c'eft une compofition tirée du fer divifé par un acide , & par le moyen de Talkali fixe végétal, bien phlogiftiqué , &c. M. Baunach^ apothicaire à P Hôpital miluaire de Met^^ a configné dans le Journal dt Phyfiquc , &c. Avril lyyS , des Ôbferva- lions chimiques nir la préparation du bleu de Prujfe^ ufîtée en Souabe près d'Augsbourg, dans les Fabriques en grand. Confultez aufli le Dictionnaire de Chimie.

Le bUu de Pruffe naturel eft un fer qui s'eft uni avec Talkali minéral & le principe inflammable. Cette fub- tance préparée par les mains de la Nature , eft fort rare.

BLEUET. Nom que Ton donne en Canada à Vairclle, Voyez ce mot.

Bleuet eu auffi le nom du martin-^pécheur , en Pro vente.

BLONGIOS de Suiffe, pi. enL ii'^j Ardeota. Oifeau, l'un des plus petits du genre des Hérons , & de la fec- tiort de ceux que M. de Buffon nomme crabiers^ de l'ancien Continent. C*eft le petit butor SEdyt^ards ; il n'eil: pas plus gros qu'un râle , & il habite les marais de la Suiffe. On en difliingiie deux efpeces ou variétés .* la première a le bec & les pyds d'un vert-jaunâtre , le deffus de la tête & du corps, Snfî gue les pennes des ailes & de la queue , d'un noir vert-brillant & lul peu doré ; le cou , le ventre , le deffus des ailes font d'un gris* fauve ou marron : un blanc mêlé d'une légère teinte de feuve marque le bas-ventre ; celles de la poitrine font Cfuelquefois mêlées ou variées de grandes taches noires. Cet oifeau replie fon cou , l'efFace quelquefois au point de paroître n'en point avoir , & que fa tête femble pofer fur le haut de fon dos : à volonté il déploie fort cou , & frappe de la pointe de fon bec qu'il tient fermé. JLa féconde efpece ou variété de blongios eft coiffée d'un noir-verdâtre ^ avec des bords couleur de marron fur le front ; tout fon phunage eft d'un roux plus oi\ moin^

B L U 29^

fotîcé. fl y 5 lift hlongios tacheté , Ardeold navia : on foupçonne qiie c'eft la femelle , ou un jeune de la pre- mière efpece. Ses couleurs font moins foncées.

BLUET , Cyanus , J. Bau. 3,11; Cyanus fegetum , flore cxruleo , C. B. Pin, 273 , Tourn. 466 ; Cyanus fos y Dod. Pempt. 251 ; Jacea fegetum , Centaurea cyanus y Linn. 1289. Cette plante annuelle eft connue aiiflî fous les noms Saubifoin^ blavéole^pirooley barbeau ^ jàtée des blés & cajje-lunene. Elle croît communément dans les champs , parmi les blés. Sa racine eft ligneufe & garnie de fibres. Sa tige eft haute, d'un à deux pieds , an^leufe , creufe , un peu cotonneufe & branchue. Ses feuilles inférieures font découpées profondément & fort menues : tes autres font longues , entières , garnies de nervures. Elle eft remarquable par fes fleurs terminales, à fleurons de différentes fortes ; ceux qui occupent le centre de la fleur font plus petits que les autres , & panagés en cinq lanières ; ceux de la circonférence font partagés en deux lèvres. Les bluets font ordinaire- ment d'une belle coideùr bleue. On cultive cette plante dans les jardins, où* elle devient double par la culture ; & par la femence qui eft oblongue & aigretée , on obtient beaucoup de variétés : on en a à fleurs blan- ches , couleur de chair , purpurines , panachées , qui font fort agréables à la vue par leur élégance. On retire , par la diftillatîon des fleurs du Muet commun , une eau qui diflîpe la rougeur & l'inflammation des yeux ; comme cette eau eft bonne pour éclaircir la vue, on lui a donné le nom i^eau de cajje" lunette. M. Haller dit qu'on a imaginé en Angleterre de faire une couleur de miniature bleue de fleurs de bluety comme on l'a fait jaune avec le fafran : l'opération eft affez difficile ; il faut feire une efpece de gâteau avec les fleiu*ons de bluet , qu'il faut féchcr avec beaucoup de précautions.

BLUET(oifeauy Voyei^ytoviL.

n y a aufli le ferpmt dit U bbut.

500 B L U BOB

BLUETTE. Quelqiies-iins ont donné ce nom à It pintade , oifeau d'Afrique, f^oye^ Pintade.

BOA. Suivant Pline , on nommoit ainfi des ferpem ijui étoient fi grands que Ton trouva un enfant tout entier dans le corps d'un de ces animaux > que Ton avoit tué au Vatican. Lémeri dit que cet événement arriva fous le règne de TEmpereiu- Claude , & qu'il fe trouve quelquefois de ces ferpens dans la Calabre, Pline ajoute que le nom de Boa venoit de ce que ces ferpens fe nourriffaient de lait de vache ; M. Dau- henton doute qu'il y ait jamais eu d'auffi grands ferpens ta Italie j & il ne lui paroît pas vraifemMable que ces grands ferpens fe nourriffent de lait de vache ; mais il paroît , dit - il , que le nom de boa vient de bos. Voyez VarticU Serpent. Le fcrpent itouffcur eft du genre du boa. Voyez tarticU Devin.

BOB A* Arbre des Moluques> dont il eft mention dans V Herbier ^Amboint. St% fridts reflemblent affez aux myrobolans chebules , mais ils font moins anguleux ; l'amande eft d'un mauvais goût. ^

BOBAK ou BOBAQUE. Petit quadrupède qui fe trouve en Pologne & dans les autres contrées du Nord ; il reffemble beaucoup à la marmotte par les habitudes naturelles : il fe creuîe de même un terrier qu'il garm't de foin ^ & irpafle l'hiver , y vivant de la pro- vifiofl d'herbes fecnes qu'il y a amaffees en été. Son poil eft d'un jaune foncé* Les pieds de devant ont une efpece de pouce ou plutôt de cinquième ongle : au lieu que la marmotte n'a que quatre doigts , le pouce liû matique.

On prétend que le bobak T^?i que quatre dents , deux çn haut & deux en bas ; qu'on apprivoife cet animal, & que fes manières , alors , font des minauderies qiû font autant de plaifir que celles du finge. Quelques- uns ont écrit que les bobaques font des animaux her- maphrodites ; mais cela eft plus que douteux. Ils font , dit-on , fi rufés , que lorfqu'ils fortent pour picorer

B O B B G D jor

Sans la plaine , il y en a un qiii fait fentinelle , & qui au moindre bniit fiffle pour avertir les autres de ce qu'il découvre , & chacun fe fauve dans fon trou^ Des Auteurs placent cet animal dans le genre des Marmotus. Voyez et mou

BOBART des Indes Orientales , Bobarticf Indîca ^ linn. Cette plante , qui n'efl pas rare aux environs de Madras , eft une graminée qui a Tafpeft S\infoucbet ou d'im fcirpe. C*eft le Gramen Cyperoïdes Madtrafpatanum ^ capitt è fpicis plurimh acuminatis in cacuminc cauli^ glomerato , Pluk. Alm.

BOBR. Ce nom qui veut dire cajlor^ eft donné par les Ruffes de Kamtichatka , à la faricovimne. Voyez a mot,

BOCAMELE, Nom que les Italiens donnent à une tfpece de telette , qii^ Jlrijiou a décrit fous le nom ffittide , & qid ne fe trouve guère qu'en Sardaîgne.

BOCCA DTOERNO. Nom donné ea Italie à un. météore qui paroît fouvent aux environs de Bologne , lorfqu'il fait obfcur. Ce font des exhalaifons enflam- mées , auxquelles les gens du pays attribuent la malice de chercher à égarer les voyageurs. Les gens du peuple en difent autant parmi nous de ce qu'on appelle feux, follets. Voyez ce mou

BOCCONE , Bocconia frutefcms , Linn. ; Bocconia râccmofa , fphondiHi folio tomtntofo , Plum. ; Chdidc^ nium majus arboreum y foliis quercinisySlozn. Jam. Hift. ; Cocoxihuid y Hem. Mex. 158. Petit arbriffeau qui croît natiu-ellement au Mexique , à la Jamaïque , dans rifle de Cuba & dans celle de Saint-Domingue : il s'élève à la hauteur d'environ neuf pieds ; il a quel- ques rapports avec les chilidoiries. Son tronc eft creux & moelleux comme celui àxifunau ; toutes fes par- ties donnent un fuc jaimâtre , dont on fe fert dans le pays pour teindre de cette couleur.

BODDART , Gobius boddarii , Pallas. Poiffon du gçojç du Ç^ic ; Q^ ^jt qu'il fe trouve dans lia mer de

joz B (E T B (E U

rinde. Il eft à-peu-près de la grandeur du goujon or- dinaire ; la tête obtufe ; la membrane des ouïes d'une couleur bleue , & à quatre ou cinq rayons ; lés écailles petites & molles ; cinq rayons mous à la première nageoire dorfale , qui eft d un bleu-noirâtre , tachetée de blanc; la féconde dorfale .a vingt-cinq rayons déliés comme des fils de foie , avec des lignes blanches , dif- pofées fix à fix ; les peâorales ont chacune vinet-iin rayons; les abdominales, comme réunies en une feulcj^ ont en tout trente-quatre rayons ; celle de l'anus en a vingt-cinq ; la queue eft bleuâtre & en a dix-huit. La couleur du ventre eft d*un jaune pâle ; celle du refte du corps eft ardoifée ; il y a des mouchetures de brun & de blanc fur la tête ; lept taches très-brunes fur chacim des côtés.

BCETSOI. Nom èa. /Vienne en Laponie. roy. RjiENNEà

BCEUF. Voyei à l'article Taureau.

B(EUF A BOSSE. Foye^^ BiSON.

BcEUF d'Afrique. Foye[ Buffle.

BcEUF DES Illinois. Voye^ Bison.

Bœuf domestique. C*eft le taureau châtré. Foyt^ Taureau.

Bœuf gris du Mogol , de plufîeurs Voyageurs. C'eft le NiL-GAUT. Voye[ ce mot.

Boeuf guerrier & Berger. Voye^ Bakeleys.

Bœuf de marais. Voye[ Butor.

Bœuf de mer. f^oye[ Phocas. On donne encore le nom de bœuf marin au lamentin , & à la raie au hng bec. Voyez as mots. A Saint-Domingue , le bœuf marin. eft Vofcabrion.

Bœuf musqué. Nom donné à une variété de l'urus mâle, qui fe trouve dans les parties Septentrionales de l'Amérique , & qui eft le iijôn du Canada, Voyes^ Bison & Urus.

Bœuf sauvage. Foyei â Partide Taureau. a regard de l'animal appelé le père aux bœufs des Saw^ vages du Canada ^ Voyez à lUttick MamANT»

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flOOGO ou BooGOO. Nom donné gar les Nègres de la Côte d'Or au mandrill^ grande efpece de babouin. Voyez Mandrill. ^

BOGUE , Spams boops , Linn. ; Bo§a , fur les bords de la Méditerranée ; il eft abondant dans la mer de Tofcane. Ce poiffon eft du genre du Sparc Sa lon- gueur eft â-peu-près d'un pied; le corps eft long, effilé , un peu cylindrique ; la tête courte ; les yeux très-grands ; les iris argentés ; la gueule médiocre ; les dents petites ; la langue aiguë ; la ligne latérale large & brvme. La nageoire dorfale a vingt - neuf à trente rayons , dont les quinze premiers font épineux ; celle de l'anus a trente rayons. Les écailles font aiTez grandes fur le dos , & de couleur changeante d'olivâtre en jaune brillant ; le ventre eft de couleur blanche argentée. On remarque fur les parties latérales de fon corps de légers traits , qui régnent de la tête à la oueue , fur quatre lignes de chaque côté , dont les uns lemblent être dorés ^ les autres argentés.

On mange de ces poiffons en Italie ; leur chair eft faine 9 d*un goût agréable , & convient aux eftomacs \ts plus délicats.

BOHON-UPAS. Nom d'un arbre qui croît dans rifle de Java , & qui paroît être du genre de VAhouaî. Voyez ce mot. On l'appelle arbn-poifon , par excellence; on prétend qu'il n'y a point de poifon plus fubtil & plus dangereux que l'efpece de gomme qui tranflude à travers le bois & l'écorce du bohon^upas , & que fes vapeiurs détruifent tout ce qui a vie à trois ou quatre lieues à la ronde ; on afture que le Mataram ou Em- pereur de rifle , le fait recueillir par les crinûliels condanmés à mort. La plupart y périflent ; mais quel- ques-uns en revierment , & obtiennent alors leur grâce. Le Prince pourvoit même à leurs befoins pendant le tefte de leurs jours. Ainfi dans l'efpoir de conferver la vie , ils ne balancent point à fe charger de cette com- jpaiflion périlleufç, 11$ ont fouj ai prendre le vent, U

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304 B O I

recueillent I4 gomme dans une boîte, d'argent ou d'écaillé de tortue. On afTure qu'il en revient à peine un fur dix. On trempe dans ce poifon la pointe de toutes les armes. Il faut en convenir , fi le bohon-upas >xiftoit dans un Royaume d'Eiu-ope , il feroit bientôt détruit ; mais le Mataram de Java le conferve avec foin comme un don précieux de la Providence. Con- fultez Journ. ginér. de Franc, n.^ 74 ; & Journ. dt Paris , n*^ 139» d'après les Mélanges de lÀttérdturc étrangère^ tom. i.*" , 1785. f^oye^ Ippo.

BOICININGUA de Marcgrave ; ou BoiQUiRA des Brafiliens , Crotalus horridus , Linn. ; Serpms crotalo- phora , feu Vipera caudijbna , AmerUana , Seba. Ce ierpent du genre de ceux à queiu formante ou à cW- nons , eft commun aux deux Indes 9 & particulière- ment dans les Occidentales ; il eft très-dangereux par fon poifon , & communément défàgréable par ion odeur. C'eft le cafcavel des Portugais , & le tangedor des Efpagnols.

Ce ferpent , qui eft du premier genre , n*a guère plus de iix à huit pieds de longueur , & eft quelque- fois de la groffeur du bras. On en voit deux de cette taille dans le Cabinet de Chantilly. Sa tête eft plate en deffus , étroite ou ovale fur le devant , & s'élargit en arrière vers le corps : les narines rondes , creufes & très-près de la gueule ; fes yeux font étincelans , d'un brun foncé , & pouvant , comme les chats , con- centrer la lumière dans fes yeux au moyen de- deux tuniques qui s'approchent l'une de l'autre ; fa langue eft noire , flexible , fourchue en devant , & comme renfermée dans une gaine au fond de la gueule. Le deffus de la tête de ce fetpent eft joliment figuré de raies noires tranfverfes & latérales , de la même cou- leiur de celles du cou qui font au nombre de deux. Son dos eft peint de taches d'un brun-noir , difpofées fur ime ligne longitudinale , & dont chacune eft bordée

de blanchâtre. Les écailler qiû g^rfûiTçiit le defliis du

corps

B O I 305

tôtps font d\ine couleur cendrée-jaunâtre ; les grandes plaques de l'abdomen font d'un jaime plus clair ; on en compte cent foixante-fept fur cette même partie ^ & vingt-trois fur la furface inférieiu"e de la queue ; ces dernières font comme blanchâtres.

Sa cqfcabeUt ou crefcerclU ou fonnau eft placée à Pextrémité de la queue ; c'efl: un alîembkge d'anneaux d'une fubftance de corne très-mince , fonores , emboîtés ' les uns dans les autres , & attachés à un mufcle de la dernière vertèbre de cet animal» Chaque artîailation eft mobile , & , félon M. Vofnuur , intérieurement compofée de trois oiTelets gui tiennent 1 un à l'autre d*ime manière admirable, marcgrave dit que l'on con- noît l'âge de ce ferpent par le nombre des grelots ou offelets fa fonnette» parce qu'il lui en croît un tous les ans. Quot annos Jerpens , tôt habet annulas crepitu'^ tulum hoc. La Nature a voulu que ce dangereux animal ne pût cacher fa marche ; 'car il ne peut ie remuer fans faire entendre fa fonnette.

Ce ferpent rampe avec tant de vîteffe fitf les ro- chers , que les Mexicains lui ont donné le nom d'ec^- ami , qui fignifie U vent. Sur terre il marche plus len- tement , & même la lenteur de fa courfe ne lui permet I»s de pouvoir y pourfuivre les honunes ; mais fa ra- pidité , ditM>n , eft extrême fur l'eau , , quand il nage, il reffemble exaftement à une longue veffîe. Il y a autant de danger à l'attaquer fur cet élément , qu'il y a d'imprudence de refier fur le tillac des petits yaiffeauxV quand il nage anprès 1 il s'y Tance avec tant de vîteffe , qu'il n^efl plus poflîble d*é viter fes morfures. On prétend que ce reptile , l'un des pjus dangereux qu'il y ait , n'eft fiirieux & terrible que lorfqu'il pleut , ou qu'il eft tourmenté par la faim. Alors il pouffe des fifflémehs qiû tiennent beaucoup du bruit que font les cigales. Les écailles dont il eft couvert font articulées librement , qu'il peut les dreffer & même les faire bruire, lorfqu'il ç^ ^n CçlerCi Suivant les obferyations Tome lU VT

50^ B O I

de M. Kabn , de rAcadéniie de Suéde, la mâchoin (te ce ferpent eft garnie de quantité de dents canines, Sur- tout la mâchoire fupérieure ,où ron-obferve de pliis deux longues dents» crochues & aiguës y cachées dans une efpece de fourreau ,' d'oii Taninaal, le$ fait fortir lorfqii'il veut mordre. ( La forme ,, tant des dents ve* nimeufes que des autres , ainfi que celle de toute la tête diflequée y eft parfaitement repréfentée & décrite •par le Doôeur Miad. Voyez Mechanical .Accotmt of ' Peifons , Lond, /747. ) Les Indiens difent qu'on vent fouvent le ferpent afonnetu entortillé autour d un arbre, les yeux fixés en haut fur quelque écureuil , qui , après avoir manifefté fa frayeur par i^s cris & fon agitation , tombe enfin au pied de Tarbre , & eft dévoré fur le champ. M. Vofmair qui a fait à la Haye de nou- velles expériences fur les.effet;s mortels de la morfure d'un boiciningua qu'il avoit en vie , dit que les animaux qu'on lui jetoit dans fa'cage^ oifeaux, fouris, ténioi- gnoient une grande frayeur de ce reptile ; d'abord ils cherchoieïîi à fe tapir dans un coin, enfuite ils cou- roient comme faifis des angoifles de la mort., à la rencontre de leiu" ennemi qui ne ceffoit de fonner de fa queue. Watfon décrit fort agréablement cette faculté attraâive , ce charme invincible qu'on attribue aux boîtininguas quand ils regardent fixeniént leur proie, & au moyen de laquelle tous les animaux devroient comme accourir , ou tomber d'eux-mêmes dans leur gueule béante.

Ces ferpens fe raffemblent tous aux approches de l'hiver, & paffent cette faifon enfévelis fous terre ou dans lés fentes des rochers , & m reparoiffent qu'au printemps. Les Indiens faififfent ce temps , pîi ils font foibles. & encore engoiurdis , pour les détruire. Des Nègres ou Efclaves qui favent les furprendre quand ils font entortillés , ou, comme ils difent , endormis, les faififfent très-promptement près de la tête ; le (e^ |)ent veut fe débattre ^utoar du bras ^ vom fes mou?

B O I 507

Yemens font îrifruftiieux. C'efl aînfi qu'on les prend en vie. De tous les ferpens, qui croiffent dans T Amé- rique Septentrional^ , le boiciningua qui . s'y trouve auffi , eft celui qui franchit le pltis grand efpace ; ce- pendant cet efpace ne s'étend jamais au-delà de I9 moitié de fon corps. Se replier en cercle , s'appuyer fur fa ,queue , s'élancer fur fa proie , la bleffer & fe retirer^ ji'eft pour lui qu'un inîlant. On a cru remar- quer que le bruit de leurs grelots eft autant l'effet de crainte que de la colère, & leur fert auiS poiur appeler leurs femelles au temps de l'accouplement.

Ces ferpens ne pondent pas un auflî grand nombre d'œufs que les autres;. par conféquent us ne multi- plient pas tant ; mais en échange ils vivent plufieurs années. Les Indiens en mangent la chair , qu'ils trou- vent très-bonne ; mais qui , â ce qu'on afllire , devient un poifon lorfque l'animal s'eft^ mordu > comme il lui arrive quelquefois dans fa fureur.

Dans les^ranJkSions Philofophiqu^s , Ton trouve ime ample differtation renfermant pluueurs expériences que le Capitaine Hall a faites dans la Caroline , touchant les {effets de la morfure du boiciningua fur divers ani- maux. Il fit attacher à un piquet un de ces ferpens à fonneue , long, d'environ quatre pieds. Trois chiens en furent mordus. Le premier en mourut en moins d'un ' quart de minute. Le fecond , mordu peu de temps après, mourut au bout de 'deux heures dans des convuluons. Le troifieme , mordu une demi-heure après , fubit l'effet yifible du venin au. bout de trois heures feulement. Quatre jours après une femblable expérience , mourut un chien en une demi-minute , & un autre enfuite dans quatre minutes. Un chat fiit trouvé mort le len- demain. Huit jours agrès ime grenouille mordue mounit en deux minutes , & un poulet de trois mois y dans trois minutés. Quelque temps après on mit auprès de ce boiciningua un ferpent commun blanc , fain & vi- goureux ; ils fe mordirent Tun l'autre. Ce ferpent^ a

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fonruttt répandit même quelques gouttes de fang | néanmoins le ferpent blanc mourut en moins de huit minutes > & Tautre ne donna auam figne de maladie. Oh agita affez le bolciningua poiw le forcer à fe mordre jkii-meme , ce qui réuflît, & en moins de douze minutes îl mourut. Ceci nous paroît fort furprenant ; feroit-ce l'effet d'un excès de colère ?

Le poifoh de ce ferpent à fonrutu eft fi violent qu'il réduit la perfonne qui en a été mordue dans l'état le plus fâcheux : il furvient une enflure générale ; la bou- che s'enflamme , & ne peut contenir le volume de la langue , tant elle eft enflée. Une foif dévorante accable le malade : s'il boit, il eft perdu ; la plus petite goutte d'eau hâte fa mort , & redouble les tourmens de fou .agonie. Parmi ceux qui , blefles par le boiciningua , ont le bonheur de guérir , il n'y en a aucun qui ne porte toute fa vie les marques de fon trifte accident. Les uns xeftent jaunes , ou gardent jufqu'à la mort des taches qui confondent leurs traits. Ceux qui paroîffent parfai- tement guéris refîentent , pendant une ou deux années, auflî vivement que les premiers jours qu'ils ont été mordus , de violentes douleurs , accompagnées d en- flure. Le remède le plus préfent contre la morfure de ce ferperit , dont faffent ufage les Américains , eft d'en écrafer la tête , dont ils font un emplâtre. D'autres fois ils appliquent fut la plaie , après l'avoir fcarifiée , la racine d une plante qu'ils appellent yi/igw/w du nom de la couleur rouge de fon fuc.

La racine de œllinfonla ( de vipérine ) , ainfi que quelques autres , eft très-efficace. L*huîle d'olive , le beurre , appliqués fur la bleffure & pris intérieure- ment , font , de même que le fel commun , du nombre des remèdes indiqués par M. Ralm.

Quelque dangereux que foit ce reptile , im affez léger coup de baguette frappé fur fon dos , le fait inourir incontinent. Les fignes de mort font fouvent équivoques dans les autres efpeces de ferpens \ mai*

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par le filence de la fonnette de celuî-cî , on eft fur qu'il rie refplre pliis. Les animaux les plus féroces tremblent à leur toiu* devant d autres animaux ^renriemî le plus cruel de ce ferpmt , eft le cochonrmarmn , qui le recherche & le dévore avec avidité fans ei;i être in- commodé. Auflî , lorfqu on veut cultiver un champ occupé par ces reptiles , commence-t-on par y rçnferr mer Ats cochons-marrons. Voyez U Journal Encyclopcdi-r que, , 03. lyGx, Nous préfumons que la graiffe qui efl un corps infeniible , &dont l'arrangement eft. bien diffé- rent chex le porc que chez les autres animaux , eft ua moyen pour que la morfure du boidningua n 'altère qii^e peu ou point 1 *efpece du cocAo/r. On a encore obfervé que par-tout oii croît le pouliot fauvage , du diâame de Virginie ^ on ne voit point de boiciningua , & l'on prétend que , quand ce firpcnt mord , il s'engourdit pour quelques momenSi. Foye[ maintenant 1 article^r- pent àjonnctte,

BOICU AIB A. Serpent du pays des Incas ^ long d'envie ron vingt pieds, noir dans la moitié antérieure defon corps , & jaunâtre dans le refte. Cet animal fait une guerre perpétuelle aux autres ferpens & les dévore ^ iiir-tout une efpece àtfcrptnt àfoimtttt. Il n*en con-r traâe pour cela aucun venin dans fa chair , puifque les Indiens le mangent , dit-on , fans crainte.

BOIGA , Coluber ahatulla . , Linn. Serpent qui fe trouve en Afie & en Amérique ; il eft du troifieme genre. Le tronc eft plus long de moitié que la queue j fa gr<^eur , vers la tête , furpaffe à peine celle d*unel plunie d oie , & elle eft égale à celle d\me plume de- cygne , à l'endroit de fa plus grande largeun

Le boiga a la tête garnie de neuf écailles difpofées par paires , excepté qu^entre les yeux il y en a trois : celles de la féconde & de la dernière paire font plus grandes que les autres. Les narines très-petites & arronr dies. Les écailles ont toute leur furface liffe , leur fcm* met fans diviûon ,, & ne font relevées par aucune arète^

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iio B O I B O J

L abdomen eft recouvert par eent foixantc-cîéux grâtt^ des plaques , qui forment fur cette partie de légères faillies anguleufes. La queue , qui eft très-déliée , eft garnie par-deffous de cent cihquante paires de petites plaques, La mâchoire fupérieure eft blanche , & le defTus de la tête bleuâtre ; ces deux couleurs font féparéespar une ligne noire qui s'étend derrière les yeux. L'abdo- men eft d'une teinte blanche ; la couleiu" du dos , notamment celle de la partie voifine de la tête , eft d\m vert-bleuâtre , avec une ligne blanchâtre , qui la traverfe longitudinalement. Le bord des écailles eft noir, fur-tout vers leur fommet. Toutes ces bordures for- ment ime efpece de réfeau , dont 1 effet eft très-agréa- ble à la vue , & font fortir la couleiu* principale , en forte que le dos de ce yi^^mf paroît moucheté d une multitude de taches rhomboïdales , verdâtres , difpofées dans un ordre régulier. On a obfervé que les reflets de la lumière du foleil fur la couleur du hoiga , lui donnoient un éclat femblable à celui de Fon

BOIGDACU. yoyei Ibiboboca.

BOJOBI , Boa canina ^ Linn. ; Serpens omatiffîma , ^Amboinenjis ^ Boiguatrara diSa , Seba Miif. i, t. 8i, f . I ; Serpens Bojobi , Brajilicnjis ^ id. t. 96 , f 2.

Le ferpent défigné par la première phrafe de Seba^ eft du deuxième genre , ainfi que l'autre variété, n fe trouve à Amboine & à Ceylan : il a le regarcf affreux , les lèvres épaifTes & pendantes , les dents pointues , cachées dans un fourreau qui %\nionc^ dans la mâchoire , & qui eft couvert d une enveloppe membraneufe. Les lèvres font bordées de grandes écailles , relevéçs en boffe , & d'un rouge pâle. Les

J^eux font enflammés ; le defTus du corps ^ orangé , uifant , parfemé de taches d'un jaune clair , avec une bordure d'un rouge foncé*- Ces taches courent en fer- pentant fur le dos , & tout cet affortiment de cou- leurs 5 diverfement nuancées , produit un effet agréable à la vue.

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lie ferpent défigné par la féconde phrafe de Seba , fe trouve au Bréfil & dans d autres pays de l 'Amé- rique ; il reffemblé au précédent , excepté que le fond de fa couleur eft le vert de mer , au lieu de l'orangé. On affure-que les bojohh entrent quelquefois dans les maifons , oîi ils ne nuifent à perfonne ; mais fi on les irrite , ils. font des morfures dangçreufes , non par le venin^ qu'ils infinuent dans la plaie , comme quelques Auteurs Pont avancé , mais en déchirant la partie mordue avec leurs dents fines & acérées , ce qui pro-^ duit ime inflammation qui efl: fuivie de la mort , fi Ton* ne r^nédie promptement au mal.

Uwuzus dit que dans cette efpece , le deffous de la queue eft garni de foixante-dix-fept plaques , & l'ab- domen eft recouvert par deux cents trois grandes pla- ques. y<rye[ maintenant VarticU GuiMPE.

BOIQUIRA. f^oyei^ Boiçiningua.

BOIS. Ce terme a deux grandes acceptions : ou il fe prend pour im grand canton de terre planté d'ar- bres (^fylva ) propres à la conftruûion des édifices , au clwronnage , au fciage^ au chauffage , &c. ^ ou pour cette matière dure que nous fournit l'intérieur àts arbres & arbrifleaux.

Le bois proprement dit ( Ugnum ) , varie en pefan- teiu: , en denfité , en dureté dans les divers arbres , & même dans les mêmes efpeces d'arbres qui ont crû dans diiFérens terrains', ou dans des climats différens. La denfité du bois a toujours un rapport avec le temps de fon^ accroiiTement : les arbres qui crpiflTent le plus lentement ont le bois le plus diu: , au, contraire des autres. Les couches ligneufes commencent d'abord par être molles & tendres avant d'acquérir la folidité qu'elles ne prejment que peu-à-peu ; & comme elles s'appliquent extérieurement les unes fur les autres 9 il s'enuiit que les intérieures , dans un arbre bien fain , font plus dures & plus colorées que les extérieures, & ont leurs fibres plus reflerrées : ce font ces couches.

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intérieures qtte Ton. appelle iois; les couches cxtérieit- res , qui font plus tendres & communément d'une couleur différente , s'appellent atihiffr ; ainfi Vaubur vitii lui-même qu\m bois nouveau > fort imparfait , qui n'a pas encore acquis toute fa folidité ; mais qui en eft lufceptible , comme on le verra ci-après. VaubUr n'eft bien diftinâ que dans les bois durs , comme Véhau , le gayac ^ la grenadilU , même le chêne & le pin , &c. Dans les arbres mous au contraire , c^ii ne peuvent as prendre beaucoup de folidité , tels que le ùUeul , e bouleau , Vaune , le cdba , le baobab , ôcc. 9 il n'y a pas à* aubier ^ ou , pour mieux dire , il n'y a pas de bois ^ parce que le corps ligneux refte toujours clans fon pre- mier état A* aubier , fans jamais fe durcir. C'cfft cet au-- bier qu'attaquent & rongent les infedes qui sW logent & s'en nourrirent. Les arbres vigoureux ont plus à^au- bier , mais en moindre nombre de couches , que ceux qui languirent. Le chêne a communément depuis fept

i'ùfqu'à vingt-cinq de ces couches, quife rejettent dans 'emploi que l'on fait de ce bois pour la menuiferie.

La nature différente des bois , dont les uns fe cou- fervent mieux dans l'eau , d'autres dans l'air , les rend propres à divers ufages. Il y en a qui font fufceptibles d'un beau poli & d'une grande divifibilité , ainfi qu'on le voit dans les ouvrages de placage. Plus les bas ont de dureté , de folidité , meilleiu-s ils font pour toutes fortes d'ouvrages , & fur-tout poiu- le pilotage & la menuiferie. Les Allemands, chez qui les Hollandois vont chercher leurs bois de menuiferie , ont un fecret bien fimple pour leur procurer ces qualités. Au prin* temps , lorfque la fève monte en abondance 9 on enlevé l'écorce qui fe détache très -facilement , & on les laiffe fur pied ainfi pendant toute l'année. Le prin- temps fuivant ils jpouffent encore quelques bourgeons,, des feuilles, des fleurs & même des fruits (la féconde aanée il ne paroîtroît point de fruits) : & 1<h-s de la faifon la coupie on abat ces arbres^ qui pour

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lors fournîffent un bois bien meilleur par la durée. Suivant les expériences qu'a faites M. Je Buffon , Yaubier de l'arbre aiiifi écorcé & laiffé fur pied, devient aufîi dur que le cœiu: , il augmente de force & d'in- tenfité ; par conféquent cet aubier , qui aiuoit été perdu , devient propre à être travaillé comme le relie du bois , & n'eu point alors plus fujet que lui à la piqûre des vers.

La connoifTance de la force dés bois , auxquels on fait fupporter tous les jours des fardeaitx énormes , étant un objet important d'utilité , a mérité l'attention des yeux philofophiques du favant Académicien que nous venons de citer. Il a fait fur ce fujet im très- grand nombre d'expériences , dont on peut voir un ample détail dans les Mémoires de P Académie. «Suivant fes obfervations , la force du bois n'efl pas propor- tionnelle à fon volume : une pièce , doid)le pour ht grofTeur d'une autre d'égale longueur , efl beaucoup plus du double plus forte. Le^ois de même nature, qui dans le même terrain a crû le plus vite , efl le plus fort ; celui qui a crû plus lentement , ^dont les cercles annuels font plus minces , efl moins fort. La force du bois efl proportionnelle à fa pefanteur. De deux pièces de même grofTeiu: & longueur , la plus pefante efl la plus forte , à-peu-près dans la même proportion l'elle efl plus pelante. Une pièce de bois chargée implement des deux tiers du poids capable la faire rompre, ne rompt pas d'abord, mais bien au bout d'un certain temps. Il réfulte de ces ingénieufes expé- * ricnces , que dans im bâtiment qui doit durer long- temps , il ne faut donner aii bois tout au plus que la moitié de la charge qui peut le faire rompre.

Dans certaines contrées oh le travail du' fer efl encore inconnu , les Nègres , quoique les moins ingénieux de tous les hommes , ont néanmoins imaginé , dit M. de Buffon , ( Hiji. Narur. des Miner. ) de tremper le bois dans l'hxule ou dans d^ graifTes» dont ils ti&

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iaiffent s'îmbîber , ènfiiite ils l*envelôppent avec -andes feiiillès , comme celles du bananier ^ & mettent ►us de la cendre chaude , les inftnimens de iois qu'ils veulent rendre tranchans ; la * chaleur fait ouvrir les pores du tois qui s'imbibe encofe plus de cette graiffe, & lorfqu*il eft refroidi , il paroit liffe , fec & luifant > & il eit devenu fi dut qu'il tranche & perce comme une arme de ter : des zagaies de tois dur & trempé de cette façon ; lancées contre des arbres à dtibnce de quarante pieds , y entrent de trois ou quatre pouces ^ & pouiroient traverfer le corps d'im homme ; leurs haches de bois , trempées de même , tranchent tous les autres bois. On fait bailleurs , continue M. de Buffon , qu'on feit durcir le bois eji le paffant au feu , qui lui enlevé l'humidité qui caufe -en partie fa moUeffe ; aînfi , dans cette trempe , à la /grailfe ou à l'huile , fous la cendre chaude , on ne fait que fubftituer aux parties aqueufes du bois une fubftance qui lui eft plus analogue & qui^cn rapproche les fibres de plu^ près» '

H convient de citer ici une expérience de M. Faggot^ de Suéde , qui prouve que le bois , lorfqu'il eft im-' prégne d'alun , içi'eft plus inflammable : ce moyen fur pour garantir les bois de charpente de l'aâion du feu, <onfifte à les faire féjourner quelque temps dans une eau qui a diflbus ou du viti^ol ou de l'alun, ou même vn autre fel qui ne foit point chargé de parties in- flammables : par ce même procède , on garantit le tois de la pourriture , fur-tout fi,, après l'imprégnation , on enduit ce bois de goudron ou de peintiu"e. M. Salberg prétend que du bois qui auroit été trempé dans un fimple bain de vitriol , ne feroit point infeâé d'in- feôes, que les punaifes n'y logeroient point, & que la graine des champignons n'y germeroit jamais. Mémoires de Stockholm ^ tom. i , 1740, Confultez aufli le Mémoire fur les diverfes méthodes inventées jufqilà préfent pour garantir d^inceâdie les édifices en bois ^ par M. /'Abbé^ iMann i Journ. de Pkyf* OHobt^jyjS , & Avril lyy^m

Ce Mémoire expofe aiiflî des vues & des procédés utiles , par deux illuftrës Anglois (•M. HartUy & Milord MahmT) Ces hommes méritent par leurs inventions , lîon-feulement , dit M. XAbbt Mann , la reconnoiflance de leurs Concitoyens & de leur fiecle , mais auffi de toutes les Nations & de la Poftérité. - -

Quel objet plus intéreffant que la confervation des hois ou forêts qui nous reft^nt, & le renouvellement de ceux qui font détruits en partie ! Auffi M. de Buffon en a-t-il fait le fujet de fes expériences. Il eft d'iuage de conferver dans les coupes des bois , des baliveaux que l'expérience déjà trop longue montre être. d'une mauvaife qualité. De plus y fuivant les obfervations de M. de Buffon , ils font beaucoup de tort aux taillis. Pans deux cantons voifins de bois taiïïis ^ placés à la même expofition dans un terrain femblable, la gelée a fait un ii grand tort à un bois taillis furchargé de baliveaux de quatre coupes, qu'il a été devancé de cinq ans fur douze par les bois taillis voifins , ^1 n'y avoit que les baliveaux de la coupe aduelle r effet pernicieux , qu'on ne peut attribuer qu'à l'ombre & a l'humidité occafionée par les baliveaux. On ne ' doit pas compter fur les glands que fourniffent les baliveaux pour regarnir les bois ; car , de cette grande quantité qui en tombe ^ à peine en leve-t-il quelques- uns. Le défaut d'air , les eaux qui dégouttent des arbres , la gelée qui eft plus vive à la furface de la terre , tous ces obftacles réuhis détruifent le plant dans fa naiffance. Si l'on voit quelques arbres de brin dans les taillis , ils ne viennent que de graine , car le chêne: ne multiplie pas de rejetons, & ne pouiTe pas de la racine; il eft. à remarquer que ces arbres de brin étant éloignés des baliveaux , ne doivent leur naiffance qu'à des geais , mulots ou autres animaux, qui y ayant apporté ces grains pour leur npiu'ritiu-e , les y ont laiffés.

lia manière de tirer d'un taillis tout l'avantage & tout le profit pofl^iblè , n'eft pas la méthode ordinaire

>

3i($ B O f

de mettre les taillis en coupe réglée ; méthode qnî fans doute doit fa Aveiu' à fa grande commodité. Pour la coupe des bois , il faut avoir égard à la na- ture du terrain ; on gagne à attendre dans les bon^ terrains ; mais il faut les couper fort jeunes dans le^ terrains oii il n^ a pas de fond. Il eft effentiel d'ob- ferver que, dans les premières années, le bois croît toujours de plus en plus ; que la produâion d'une année furpalOfe celle de Tautre , jufqu'à ce que , par- venu à un certain âge, fon accroiiTement diminue» L'économe doit donc faiiir ce point ^ ce maximum y pour tirer de fon bois tout le profit poflîble. Un arbre entre en retour , fuivant M. Duhamel j quand le^ feuilles de fa cime jaunifTent & tombent de bonne heure en automne; quand une partie ^de Téccrce fe defleche & fe détache, ou qu'elle fe fépare de dif- tance en diftance par des gerçiure^ qui fe font en tra- vers. Ces marques de vieilleffe ou ces progrès de dé* périffement , s'offrent encore dans les armées qui fe couronnent , c'eft'^à-dire , quand il meurt quelques branches du haut, fignè infaillible que le bois du centre s'altère , fe dégrade confidérâblement. Nous avons configné à l'article arbre ^ les différentels mak- dies des végétaux.

L'expérience a encore appris à M. de Buffon^ que le foin que l'on prend de nettoyer & de bien cultiver le terrain oti l'on veut faire des femis ou plantations^ eft plus nuifible, que profitable ; ordinairement , dit-il , on dépenfe pour acquérir ; ici la dépenfe nuit à Tac- quifition. La meilleure manière de réuffir à faire aoître du bois dans toutes fortes de terrains eft d'y femer des épines , des buiffons ; & par une culture d'un ou deux ans , d'amener le terrain à l'état d'une non-culture de trente ans. Tpus ces buiflbns font autant d'abris qui garantiffent les jeunes plantes , brifent la force du vent , dimimient celle de la gelée , & les défen- dent contre l'intempérie ^es faifons. Un terrain cou*

B O I 317

Vert de bruyères ^& un bois à moitié fait, & qui peut-être a dix ans d'avance fur un terrain net & bien cultivé. On peut femer dans certaines terres de Pavoine \

avec les glands , elle garantit le plam dans fon enfance. Pans les 'deux premières années , Pactroiffement

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du planf va toujours en augmentant ; mais le plus |

ibuvent dès la troifiemte il va en diminuant, & il }

continueroit de fuite dans les années fuivantes ; il faut faifir cet inâant pour couper le jeune pianc jufqu'au- près de terré, fur-tout dans les terres fortes. L'arbre !

étant ainfi coupé , toute la fève fe porte aux raci- nes, en développe les germes; de tendres & her- bacées qu'elles étoient, elles deviennent fortes , & pé- nètrent dans le terrain ; il fe forme une grande quan- tité de chevelus, d*o{i partent autant de fuçoirs; l'arbre pompe abondamnlent aes fucs noiuriffiers ; & dès la première année , il donne un jet plus vigoureux & 4)lus élevé que ne l'étoit l'ancienne tige de trois ans. Par cette jnéthode facile & peu coùteufe , on fup-

J>lée aux labours , & . on accélare de plufieurs années e fuccès d'une plantation, Lorfque les jeunes plants ^ ont été gelés , le vrai moyen de les rétablir , eft de les couper de même ; on facrifie trois ans , pour n'en pas perdre dix ou douze.

Pour tirer aufli tout l'avantage poffible d'un ter- rain , il faut entremêler les arbres qui tirent leur now- rlturè du fond de la terre, avec ceux qui la tirent de la fiurface ; c'efl-à-dire , il faut mêler les arbres à racine pivotante avec cevix à racine traçante. On doit auffi confulter la nature du terrain , pour diflinguer l'efpece de plant qui lui convient. On trouvera ces détails itnportans dans les Mémoires donnés par M. de Buffon , & inférés dans ceux de V Académie des Sciences , -années *7J^ 6* //^j). Voyez auffi les mots Fofeâx ^ Taillis.

Quant à la manière dont le tois fe forme & le '^veloppe, yoye{^ Arbre. Nous parlerons . ci-après

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des arbres dont le nom vulgaire commence par le moi bois. s

Bois. En Zoologie ou dans l'Hiftoire Naturelle des, animaux , on appelle bois cette produâion qui croît en manière de corne rameufe & s'élève fur la tête de plufieurs efpeces d'animaux fauvages : tels font le ctrj\ \e»daim^ le chevreuil ^ V clan y le rkmne , &c. Voyt[ maintenant PanicU CoRNE.

Bois agatifié. Voye^^ à V article PÉTRIFICATIONS.'

Bois d'Agouty ou Bois lézard. Aux Mes Fran- çoifes, l'on a donné ce nom à un arbre aflez grand & mal-feit , dont le fruit , qui eft comme une petite hoifette , fert quelquefois de nourriture au petit ani* mal nommé tfg(?«/y. Voyez ce ^ mot. On prétend que cet arbre tire fon nom de celui de Vagoûty , animal qui a coutume de fe loger dans fon tronc qui efl fouvent creux. Le bois de cet arbre , qui eft Vj/attouhai des Car cubes dure long-temps en terre. Il eft ençloyé dans qvielques ouvrages de, charpente, ^ Bois d'Agra. Voye\^ Agra.

Bois p'Aguilla. Voyt^^ Fimpi.

Bois d'Aigle.^ Voyc\^ à l article Boi? d'Aloès^

Bois d'Ainon, Nom d\m grand arbre de Saint- Domingue ; il fe plaît dans, les endroits marécageux ; fa tige . eft affez élevée , un peu crochue , crevaflee , de couleur cendrée. Son bois fehjdant , blanchâtre ; fes feuilles qui font longues de fix à fept pouces & laiges de trois , croïffent à Textrémité des branches rangeas par paire fur une côte qui eft toujours terminée par une impaire ; elles font pointues , d'un vert pâle en deffous , d'un vert foncé & luifant en deffus. Le bois d'ainon s'emploie dans les ouvrages de chatv- ronnage. ^

Bois d' Aloès , Lignum Alojes^ mtXiloalotSy feu Agalr

lochtan. C'eft le bois d'un arbre étranger & qui eft abfo-

. lument différent dé^ la plante dont on retire le fuc

. ^alocs purgatif, fi ufité dans les boutiques, Lçs çaJrs^-^

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leres botaniques de l'arbre à lH>is d*alo^s ne font pas encore bien connus. .

. On diftingiie trois efpeces de bois (Taloh, La pre- mière eft le càlambac dis Indiens ou tombac , nommé en latin Agallochum pmfiann£îmum , Bauh. Pin. 393 j Calambac Indorum , Kmam Cochinçhinenjium , «S/Jt- kiang Sincnjîum , Dal. ; Sokio , G, Camell. C'eft im bois gras , réfineux , noirâtre , veiné de grifâtre , fo- lide , pefant * dont des parties cèdent en quelque forte fous les dents comme la cire. Il a une faveur un peu amere & une odeur très-aromatique : il fe fond fur le§ charbons comme la réiine ,'6c répand une odeur des plusfuaves; aufli eft-il très -recherché dans Tlnde, fur-tout par les Grands de la Chine , du Mogol & du Japon, il fe.vend prefque au poids de Tor. Les Chinois en brûlent dans leurs Temples. Lorfqu'ils veulent recevoir tme perfonne avec magnificence , & qu'ils veulent faire des feftins fomptueux , ils font .mettre des petits morceaux de ce bois de fenteur dans des caffolettes , dont Todeux fuave embaïune les appartemens , quand on les approche des perfonnes qu'on veut^ honorer ; ces caffolettes font couvertes d'ime grande toilette foie , pour qu'elles ne per- dent rien de leur parfum , qui; outre fon odeur. agréa- ble ^ a, dit-on, la propriété de fortifier le cerveau, le cœur & l'eftomac , de ranimer les efprits , chaffer .le mauvais air ^^ ,& réfifter au venin. Ce bois eft fi précieux^ & fi recherché dans ces pays , qu'il n'en vient prefque point; ici. Les Grands du pays s'en 6>nt faire des poignées . de .fabre , & divers petits ouvrages.

La féconde efpeçe de bois tPalois , & qui eft celle que l'on trouve dans les boutiques, agallochum officia nanim , lignum Alo^s vulgan ; Tckin-kiang Sinenjium, Thim-hio , nous eft apportée en morceaux de diverfés jgroffeurs , pefans ,.d'un rpuge-bnm ^ parfepés de lignes xifineufes & noirâtres^ rçmpUs de petits trbus^ daijs

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lefquels eft contenue une réfine roufsâtre & odorante : ce bois , mis fur des charbons ardens , répand une odeur affez agréable. On apprend des Chinois & des Siamois , que le calamhac & le hois d^aloh croiffent dans le Royaume de Siato , dans les Provinces de Tsjampa & de Bonna auprès de la mer , aînfi que fur les montagnes prefque inacceffibles de la Cochinchine ou Anamico , & de la Province de Junam ; mais notamment à Sjampaha en Chine , dans la Province de Coinemen ou Quinam y ce bois eft appelé tsyen - tsjeny. On ne !:etire du calamhac des arbres , que lorsqu'ils commencent à vieillir : la réfine fe raf- femble alors en plus grande quantité aux environs deis nœuds. Ce font ces morceaux épars çà & dans Farbre , que Ton fépare & qui font fi précieux. ,Le calambac le plus réfineux & le plus odorant, fe retire du tronc près la racine^ Il refte indécis fi \t bois ^ dois cfl: la partie du bois qui refte lorfqii'on a féparé le calambac i, on fi c*eft le bois d'un autre arbre. Les Aa- glois vantent ces efpeces de bois pour la guérifon de la goutte & des rhumatifmes.

La troifieme efpece ,de bois Valois ^cû ce que Toil nomme calambouc ou bois if aigle , ou garo de Malacca: Aquilaria Malaccenjîs , Sin-koo , Kaempf ; Agallochuni fecundarium , Rumph. ; Pao de aquila des Portugais ; Kawo richi , •( c*eft-à-dire , bois d'une bonne odeur, ) par le commun des Japonnois ; les Siamois l'appellent Kijjpna ; c'eft le lignum aquila des Latins. Il parak ' que l'arbre qui fournit ce bois fe trouve aufiî aux Ifles de Timor & de Soîdr , & même au Mexique ; Agallo^ chum fylvejlre feu Lignum aIocs Mexicanum: on eii apporte de grofles pièces de ces contrées ; le bois eft moins pefant que celui des précédens : il eft peu ré- sineux, cependant d'une odeur agréable , d'un bnin- verdâtre & d'une faveur amere. On fait ufage de ce boîs en marqueterie ; on en fait des boîtes , des écritoires , des émis » des chapelets , &:c»

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Le iaîs {Taloès a été ainfî nommé , à Caiife de fon amertume qiii tire fur celle de l'extrait à^aloès. Rumphius ^Amboinc a fait mention d'un agallochum des Ifles Moluques , qu'il nomme Arbor excacans ; cet agal^ lochum paroît être de la famille des Euphorbes ; les autres agallochums paroiffent s'^n éloigner beaucoup.

Bois amer de Surinam* f^oyei Bois de Quas*

SIE. On donne auffi le nom de hois amer zyxfimarouba de Cayenne.

Bois d'anis. Voyei^ Anis de la Chine & t article Avocatier.

Bois d'anisette. Ceft le Sauturus frutefcens de Plumier y le Joborandi ou Bihimitrou des Caraïbes* , Bois arada. Foye[ Tavernon.

Bois bâcha. Foye^ Bois a caleçons/

Bois de bambou , Tabaxifera ; Arundo arbor. Cet arbre eft nommé par les Chinois tchouHfe , & par les Européens bambou ; c'eft l^^Ily chw-tfe de VHortus Malab. C'eft une efpece de rofeau des pays maritimes <les Indes Orientales ^ dont la racine eft blanchâtre , couverte de petites fibres , remplie de nœuds feparés les uns des autres. Ces nœuds en produifent d'autres , & il s'en élevé , comme d'autant de racines , plufiaurs tiges vertes , lefquelles en fortant de terre paroiffent fous la forme d\me groffe afperge naiffante : le bambou croît quelquefois à la groffeur d'un arbre ; commune* ment il eft de la groffeur de la cuiffe par la bafe , & va toujours en diminuant jufqu'à fon fommet , qui porte un panicule de fleurs. Cette tige s'élève per** pénfficulairement ^fit" rapidement depuis vingt jufqu'à trente , & même plus de quarante pieds de hauteur. Son bois eft duf t, fendant , creux & moelleux en dedans , & ivife par des nœuds ou articles plus durs encore ; de ces nœuds , lorfque le bambou eft parvenu à la hauteur de dix à douze pieds , félon le climat , fortent des rejetons , c'eft-à-dire , divers rameaux col- latéraux , creux auffi çn 4çdans y la tige eft armée à Tqiite Ih X

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Vetténeyxr de quelques épines oblongues. Il fatit cepei> dant obferver que les épines ou piguans noirs font uniquement fiu: les enveloppes circulaires placées entre les nœuds , & ces piquans tombent avec les enve- loppes. Chaque enveloppe s'ouvre à mefure que le jet fe développe, & tombe quelque temps après avoir fait place aux feuilles & aux branches. Âinfi les nœuds qui garniffent les tiges , environ à un pied de diftance, produifent des ramilles fujr lefquelles les feuilles font alternativement placées.

Au fommet & des nœuds des rejetons diihamhouciin a atteint ime grande partie de fa hauteur, fortent fucceffi- vement des feuilles d'un vert pâle , tant en deffus qu'en deffous , cannelées , c'eft-à-dire , ftriées dans leur lon- gueiu:, longues d'un empan, larges d'un pouce près delà queue, & fe terminant en pointe , féparées en deux par une côte fort mince , rudes au toucher , garnies fur les bords de petites dents, qui font inclinées vers le fom- met de la feuille , dont la bafe eft attachée à la tige par im pédicule fi petit qu'on le prendroit d'abord à la vue pour une feuille ieflile. Ces feuilles , dont les beftiaux font friands , font fuivies de branches princi- pales qui fe garniffent à leur tour de plufieurs autres petites branches. Les feuilles font attachées aux bran- ches & jamais au tronc. Le bas de la tige eft fans branches : les fleurs reffemblent aux épis du froment. Suivant les Auteurs de VHortus Malabaricus , les fleurs du bambou font à étamines ; elles naiffçnt aux nœuds des rameaux & forment plufieurs épis écailleux ; lorfqu'ils s'ouvrent , ces fleurs femblent en fortir , & ne tenir qu'à des filamens très-minces ; mais elles y rentrent bientôt comme font celles du riz , & font alors affez femblables au froment renfermé dans l'épi , mais plus petites.

Lorfque les jets font tendres & nouveaux , ils font d'un vert-brun , prefque folides , contenant une moëlI« fpongieufe > que les Indiens fucent avec avidité , à

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k:aufe de fa faveur agréable. Au bout de qiielgue temps ces jets deviennent d'un blanc-jaiuiâtre & luifant. Il fuinte & découle albrs naturellement de ces tiges , une liqueur qui fe coagule près des nœuds par Tardeur du foleil , & forme des larmes dures & fragiles. Ces larmes font une efpece de fucre naturel , t|ui efl: le tabaxir des Anciens. Les Perfes , les Turcs & les Arabes lui donnent encore le même nom & celid de faccar^ mambu. Il parcît que les Anciens n'ont connu d'autre fucre que ce fucre naturel , qui découloit de lui-même du bambou ou de la canne à fucre : on efl porté à croire qu'ils ont abfolument ignoré l'art de retirer par expreflion le fucre des cannes à fucre. Voyez ce mot.

Les jeunes rejetons du bambou font très-fucculens, ainfi qu'on l'a dit, & font la bafe d'une célèbre com- pofition , que l'on appelle achar ou achiar , & qui eft recherchée comme délicieufe dans les Indes & en Europe.

Les Médecins Arabes , Indiens , Perfkns & Turcs font im grand cas de ce fucre naturel qui découle du bambou ; ils l'eftiment très-utile dans les inflammations internes & externes , & l'on dit qu'il fe vend en Arabie au poids de l'argent. La raifon pour laquelle on ne voit plus dans les boutiques de ce fucre naturel , c'efl que depuis que Part a appris aux honmies la manière de tirer une plus grande quantité de fucre des cannes en les coupant & en les comprimant , il efl arrivé que les Indiens ont coupé tous les ans les ro- feaux , & en ont planté d'autres à leur place ; & comme il ne refloit plus de vieux rofeaux qui fuflent remplis du fucre de plufieurs années , l'opération de la Nature a été troublée ; & par ce moyen le fucre na- turel des Anciens s'efl perdu ; du moms tel efl le fèn- timent des Auteurs de la Matière médicale.

Le bambou fe multiplie beaucoup par la racine , de laquelle il s'élève une touffe rameufe à la manière de quelques efpeces 4^ gr^mçns ; ou plus naturellement ^

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la manière des cannes de ITEiirope ; car il eft du même genre que la canne. Nous avons dit que le bambou croît promptement. Il furpaffe tous les autres rofeaux en hauteur & grofieur; il aime les lieux hiunides.

, Nous voyons avec quelle facilité certaines plantes fe naturalifcnt , & paflant de climats en climats , y croiffent par la fiiite , comme fi elles étoient dans leur pays natal. Le bambou qui croît à la Chine , fe retrouve en Afrique , & a été porté à la Martinique & à Saint- Domingue , oîi il vient très-bien : il y croît à la hau- teur de plus de vingt pieds ; cependant il n'avoit point encore donné de fleurs au bout de quinze ans qu'il y avoit été tranfporté. Le rofeau bambou eft d'un ufage infini dans ces Colonies ; fes tiges font employées pour faire des pieux dont on entoure les champs , & il arrive fouvent que ces efpeces de haies deviennent vivantes , les pieux prenant quelquefois tracine ; on en fait dès chevrons , des fabliers , & des faîtages pour les cafés à Nègres ; en les refendant on en retire de la latte , du cercle & du clilTage pour ces cafés. En un mot on peut dire que cette produâion efl ime des plus utiles qui ait été tranfportée aux Ifles*

Le bois de bambou , quoique très-facile à fendre , eft très-difficile à couper : il efl fort dur & ferme ; les Indiens en font des bateaux , des pilotis pour foutenir de petites maifons feites du même bois , & qu'on bâtit flir les canaux ; toutes fortes de meubles & d'ufïenliles pour Tufage de leurs cuifines & de leurs tables ; les bâtons fur lefquels les efclaves portent cette efpece de litière qu'on appelle poianquia ou palanquin ; ils cou- pent ce bois en fils déliés & en font des nattes , des ouvrages.de vannerie , des boîtes & divers ouvrages affez propres. Ce bois efl fi dur , que lorfque les In- diens veulent fumer du tabac ou allumer leurs gar- foulis , ils en frottent deux morceaux , & fans que ce lois 6'çoââpmiS jji éÛjac^U^ ^ uaç feu^e feche qu'oa

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applique deffus , prend feu à Tinflant. On en fait aufli des plumes à écrire.

Il y a plufieurs efpeces de bambou. Voyez VouLOU, Les petits jets font les cannes que l'on api>elle bam-- hoches , qu'on voit en Europe chez les Merciers, On fait à la Chine une grande quantité de papier , pref- qu au£B uni que le vélin , avec la pellicule ou le liber qui enveloppe le bois de bambou ; la plupart des livres ia^>rimés à la Chine font de ce papier.

Bois de 3Aume ou Xïlobalsame. Foy.ei à Var^

ticle Baume de JudÉE# A l'égard du bois du petit baume d'Amérique , Foye[ Croton BalsamiféRE. Le bois de baume à grandes feuilles , eft le croton k fwilles de peuplier.

Bojs BENOIST FIN. Aux Antilles on donne ce nom à un arbre d'une ^ffez belle venue , grand & gros. On s'en fert pour faire de beaiix meubles^ Ce bois a leè veines plus rouges que celles du bois fatiné ; le fond en eft jaunâtre. Foye^ Bois

DE FÉROLES.

Bois blanc de la Guiane. hxxx Mes fous le vent , & notamment dans l'Ifthme d'Amérique , on donne ce nom plus communément à V arbre de Saint- Jean qu'au bois de favanne dont il eft parlé dans l'article Poirier fauvage. Voyez ces mots.

Bois a boutons. Foye^ t article CÉphalante/ Bois de Brésil ou Bresillet , Cafalpiriia ; Lignum Brajîlianum, C'eft un genre de plantes à fleurs polypétalées , de la femille des higwniruufes , qui , félon M. le Chevalier </<e la Marckp a des rapports avec les poincillades & les canéficiers , & qui comprend des arbres ou des .arbriire^u;^ . exotiques ., . communépient epipeux , & dont les feuilles font deux fois ailé^. .Le,s fleurs font à cinq pétales ; il y a dix étamines. Le fruit eft une gouffe ou ovale , ou ohlongue , avec une pointe oblique à fon fommet , un peu aplatie , uni-. ' loailaire, & qui contient de deux à fîx femences. ovoïdes

jilS B O I

ou rhomboïdales. On diftingue plufieiirs efpeces de lois de Bréjil ou brlJUltt.

Le BriJilUt de Fernaxnbouc , vulgairement hou à Bréjil y Arbor Brajilia , Rai. Hift. ; Pfeudo-fantdim rubrum y feu Arbor Brajilia^ Bauh. Pin. 393^; Acacia gloriofa , fpinis armata , ( cujus lignum Brajilia diSum ) ^ncloria , Pluk. Alnv 5 ; Arabôutan , quorumdam ; IbirapUanga , Pifon. C'eft un arbre qui croît naturel- lement au Bî;éfil , dans les bols & parmi les rochers ; il devient fort gros & fort grand ; fon écorce , tant fur le tronc que fur les branches , eft brune & année de piquans courts & épars ; fes rameaux font longs & étalés ; fes feuilles font alternes , deux fois ailées , & portent des folioles comparables à celles du buis. Les fleurs viennent en grappes fimples ; elles font petites , panachées de jaune & de rouge , & ont une odeur agréable. Les firuits font des gouffes aplaties , oblongues, d'un brun obfcur, hériffées à ^extérieur de beaucoup de petites pointes , & qui renferment quelques femences liffes & d'un rouge-brun. ' ' Le bois intérieur du tronc de cet arbre eft rouge , mais il eft recouvert d'un aubier fort épais. Ce bois eft très-pefant , fort fec , & pétille dans le feu , il ne produit prefque point de fumée, à caufe de fa grande fécherefle ; ce bois , à i'inftant qu'il eft divifé en éclats , paroît d'un rouge pâle , mais^ frappé par l'air , il devient d'une teinte plus foncée ; étant mâché , il donne une faveur comme fucrée. Il eft propre pour les ouvrages de tour , & prend bien le poli ; mais fon principal ufage eft pour la teinture , il fert à teindre en rouge , & fait , fous ce point de vue , un grand objet de commerce en Europe : néanmoins c'eft une faufle couleur qui s'évapore aîfément , & qu'on ne peut employer fans l'alun & le tartre. C'eft communément avec ce bois que l'on teint en rouge la coque des œufs de Pâques , les racines de guimauve pour nettoyer les dents , & plufiçurs autres chofes»

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On en tire auffi , par l"e tnoyen de Palun , une efpece de carmin végétal , & le faux ht:^tta ; on en fait une laque liquide pour la miniature y & c'efl de la teinture de ce bois , qu^eft compofée cette craie rouge âtre qu'on nomme rofttu , & qui fert pcKir la peinture.

Le BréjUkt de Bahama , Pfciiio^fantalum croceum ^ Sloan. Jam. ; Câtesb. Carol. C'eft un fort arbriffeau ouï croît dans les Ifles de Bahama & à la Jamaïque ; les piquans dont fes rameaux font armés , font redreffés ; les fleurs font blanchâtres & viennent en grappes droites: les femences obrondes* Son bois fert en tein- ture ; fa couleur eft d'un rouge de fafran.

Le BréJîlUt à veffies , Cafalpinia vejîcaria , Lînn, C'eft un arbre qui croît naturellement à la Jamaïque; il s'élève à la hauteur d'environ quinze pieds. Son tronc eft à-peu-près de la groffeur de la cuiflTe , un pai tortu y & recouvert d'une écorce unie & blan- châtre ; fes rameaux font tortueux & munis de pi- quans. Les fleurs font jaunes ; les fruits font des gouueà ovales 5 prefque obtufes , noirâtres , fiUonnées , & qui ne contiennent que deux ou trois femences. Cet arbre eft le Coliuca verœ crucis , Vcjicaria de Pluknet Tab. 165.

Le BréJîlUt des Antilles , Cafalpinia crifla , Linn. C'eft un petit arbriffeau qui croît aux Antilles ; fon tronc eft à peine de la groffeur de la cuiffe , & ne s'élève qu'à environ quatre pieds de hauteur ; il partage à fon fommet en plufieurs branches , de la groffeur du poignet , hériffées d'aiguillons nombreux y épars , coiu-ts , crochus , très-roides , noirâtres , & pofés chacun fur im tubercule. L'écorce du tronc eft im peu épaîffe , cendrée à l'extérieur , & rouge à l'in- térieur ; le bois , proprement dit , eft rouge , pefant , folide , facile à rendre ; fes fleurs font d'un vert- blanchâtre & à cinq étamines ; elles font en grappes droites & pyramidales.

Le Bréfiiht des Indes , vulgairement bois de Sapan ^ ià\xbréflU$ du Japon « Cafalpinia Sappan , Linn» ^

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3i8 . ^ ^ ï.

JJgno Brafiliano JimiU , Bauh. Pîn. 393 ; Ugnum Sûp^ pan , Rumph. ; Tsjampangam , Rheed, C'eft iin arbre qui croît aux Indes Orientales , à Siam , dans les Moluques & au Japon ; il s'élève de dix à quinze pieds de hauteur ; le tronc eft un peu plus gros que la cuiiTe ; les branches font chargées de beaucoup de piquans , courts , courbés & épars. L'écorce eft cen- drée , rouffâtre à Pintcrieur ; le bois eft dur , d'un rouge pâle, & la moelle eft bien diftinde au centre du tronc. Les fleiurs font jaunes ; les fruits offrent des gouffes aplaties , prefque en forme de coin , d'un rouge-brun , & contierment deux ou trois femences. Son bois , appelé auflî par comiption bois de Lamon , fe vend dans les Indes povvt teindre en rouge , &

Eour faire de jolis meubles. Si l'on fait bouillir ce ois dans Peau , il donne une teinture noirâtre , mais qui devient rouge lorfqu'on y mêle de Palun , & eft d'un grand ufage pour teindre en im beau rouge , les cotons & les laines.

Le BréJîlUt à feuilles (Tacacie du Malabar, Cafd- plnia mimofoïdes ; Kal-tadda-vaddi , Rheed. Mal. C'eft wti arbrifteau d'environ quatre pieds de hauteur, dont la tige , les rameaux , les pétioles & les pédun- cules font chargés de piquans ou aiguillons nombreux , très-aigus , petits & épars. Rheede dit que les pin- miles & les folioles des feuilles de cet arbriffeau fe contraâent lorfqu'on les touche, comme celles des fmjîtivcs. Voyez ce mot. Ses fleurs font aflez grandes , jaunes , & difpofées en longues grappes' ; les fniits ibnt comme dans l'éfpece précédente.

Le BnJilUt bâtard^ Spondiasfpurius. Cet arbre croît dans les mornes , aux Mes fous le vent. Son bois donne une couleur plus brune que rouge ; fon écorce eft aftringeqte.

Le Bréjillet faux d'Amérique, ou Bréjillot ^ Brafr Hajlrum Ammcanum , De la Marck ; Tariri arlor nn3(h ria , folUs alurnis ohfcuri violaceo 9 Barr. 1 06. M. à

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la Marck dît qiie cet arbriffeaii eft de la famille des Balfamitrs. Il croît dans la Giiiane , à la Jamaïque & àr^aint-Domingue ; il s'élève à la hauteur de huit à dix pieds ; fa tige a deux pouces de diamètre ; les rameaux font couronnés de grandes touffes de feuilles ; les folioles font ovales , pointues , entières , lifTes , vertes & luifantes en diffus , velues dans leur con- tour , & foutenues pat* un pétiole rougeâtre. Elles prennent une couleur pourpre-noirâtre en fe deffé- chant. Les fleurs font petites , d'un rouge obfcur , d'un feul fexe fur chaque individu , & viennent fur des grappes rameufes & terminales. Les fruits font mous , pulpeux , de la forme de nos olives , d'un rouge de corail , légéré<nent acides , & contiennent chacun un noyau.

Plumier dit que quand on entame le tronc , il en fort un fuc qui noircit , & qui , par fa caufticité 9 forme une tache prefque ineffaçable s'il tombe fiu: ouelque partie du corps. Son bois , qu'on nonmie faux'bréjilkt en Amérique , parce qu'U eft comme le brijillu de Femambouc , propre à teindre en rouge , donne une couleur qui eu plus brune que rouge. Ce bois eft d\m rouge-brun , ou au moins prend cette couleur quelque temps après qu'il a été expofé à l'air. M. AuhUt dit que l'es feuilles écrafées toutes vertes & prefTées dans du coton , lui donnent d'abord une teinture verte, qui peu après devient d'une couleur violette.

11 croît à Saint-Domingue un breJîlUt plus petit , dont le bois eft d'un blanc pâle , & les feuilles tout- à-feit glabres : il eft bien moins propre en teinture.

Bois cabril bâtard. C'eft le Beurreria de Brown ; le Cordia , de Linnaus ; le Jafminum de Sloane.

Bois caca ou Bois de merde ^ StercuUa , Linn, Grand arbre aflez commun à Caycnne , & dont le bois étant employé eft de peu de durée en terre. J-*odeur très-fétide qu'il répand , quand on le coupe ,

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liii a tait donner le nom foiis lequel il eif connu; Cette odeur s'évapore en féchant. On prétend qiie cet arbre eft le kavalam de XHortus Malabaricusn

Cet arbre qui fe trouve auffi dans les endroits fa- blonneux & inailtes , à Saint-Domingue , a la racine greffe , pivotante , fîbreufe , blanchâtre & un peu amere; ion tronc eft couvert d*une écorce épaiffe, d'un vert-cendré en deffus , blanchâtre en deffous; fon bois eft blanc , poreux , filandreux ; fes feuilles oblongues , terminées par une pointe qui eft recour- bée d'un côté , unies , d'un vert clair en deffus , obfciir en deffous , d'une odexu* forte , portées fur des queues qui font gonflées vers la bafe ; les fleurs font petites , à cinq pétales étroits , formant une rofe de couleur rouffe en dehors , d'un vert-jaunâtre en dedans & velouté ; ces fleurs font tantôt ifolées , tantôt portées deux à deux fur de longs pétioles ; elles ont une odeur femblable à celle des excrémens de l'homme , & leur odeur eft même plus fétide que celle du bois. Les fruits qui leur fuccedent, croiffent à l'extrémité d'un pédicule commun; ils font ferrés les uns contre les autres , oblongs , couverts d'aune écorce épaiffe , dure , & renferment une pulpe blanchâtre, & neuf ou dix graines attachées à un placenta ; ces graines font oblongues , noirâtres, remplies d'une fubftance blanche, farineufe. , M. Thunbcrg , dit que le bois <U merde croît auffi Spontanément dans les Ifles de Java & de Ceylan. Ce favant Botanifte Suédois a vu fa décodion guérir comr plétement plufieurs vices ctitanées chroniques.

Bois a caleçons ou Bois Bâcha. C'eft , félon Nicoljbn , un aîrbrifïeau qui fe plaît dans les endroits montagneux & dans les rochers à Saint-Domingue ; fa racine eft fibreufe , peu profonde ; il s'en élevé plufieurs tiges hautes de (Ux à douze pieds , » & d'un pouce de diamètre par le bas ; elles fe fubdivifent par le haut en plufieurs petites branches flexibles ; fon écorce eft grisâtre y Uffe \ fon bois mou , blanc , fendant > fes

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fexûUes minces , d'un vert foncé , oblongues , alternes , longues de deux à trois pouces , & larges d'environ deux pouces , divifées vers le milieu en deux parties obtufes ; fes fleurs font blanches , difpofées par bou- quets , légumineufes , inodores ; au centre fe trouvent plufieurs etamines longues , déliées , & un piftil dont le fty le eft terminé par un ftigmate brun , oblong : à ces fleurs fuccedent des gouffes de quatre à cinq pouces de longueur & d'un demi-pouce de largeur , brunes , très-minces , brillantes , qui renferment dix à douze petites graines aplaties & grifâtres.

Bois de Campêche ou Bois de la Jamaïque ,

Lignum Campefcanum , Sloan. Jam. ; c'eft VHamatoxi^ lum de Linnaus ^ le TJiam pongam de VHort. Malabar. ; le faux bréJUUt d'Amérique , Pfmdo-brafilium , Plum. Les Auteurs ont confondu mal-à-propos cet arbre avec celui appelé bois J^Inde : ce dernier eft de la famille des Myrtes. Le bois de Campêche eft de la famille éts Légumineufes. On trouvera à la fin de cet article la defcription àts ufages du bois d^Inde ; & afin qu'on en puiffe mieux juger , ou trouvera à l'article Poivre de la Jamaïque , la defcription de l'arbre appelé bois d*Inde. L'arbre qui donne le bois de bréjîl ou bréfîUei de Femambouc eft auffi très-différent.

L'arbre appelé bois de Campêche eft très-grand & fort épineux ; fon tronc s'élève perpendiculairement , répand des rameaux de tous côtés ; il eft communé- ment à côtes , fur-tout par le bas ; fon écorce eft grife - bnmâtre ; l'aubier jaunâtre ; le cœur du bois eft rouge ; fes feuilles font petites , prefque rondes ^ rangées deux à deux fur une côte ; fa fleur eft d'un jaune-blanc , petite , & fe change en une follicule membraneufe , lancéolée , mince , plate , qui ren- ferme quelques petites graines aplaties : cet arbre croît également bien par-tout , à Saint-Domingue , & partiailiérement aux environs de Campêche. A Saint-Domingue, félon Nicolfon ^ on .ea fait des

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haies vives qiu croiffent en peu de temps , & font urt auffi bel effet que le citronnier, pourvu qu'on ait foin de les tailler cinq ou fix fois par an , ce qu'un Habitant attentif ne manque jamais de faire , car lorf» que l'on ceffe de couper les branches de cet arbre , elles s^élevent en peu de temps à une hauteur confi- dérable , produifent quantité de graines qui donnent naiffance à une infinité de jeunes plants qu'on a bien de la peine à détruire ; les épines viennent fur les branches , & ont quatre à ûx lignes de longueur.

Le bois d^Inde dont l'arbre eu décrit à l'article Poivre de la Jamdiqiu ^ eft un bois dont on fait ufage en teinture pour les couleurs noires & violettes , & pour les gris : il eft fourni par un grand arbre qui croit en Amérique , dans l'Ifle de Sainte-Croix , à la grande Terre de la Guadeloupe , à la Grenade , aux Grenadins , à Marie-Galante , au gros Morne de la Martinique , an quartier des Tartanes. Ses fetiilles font aromatiques &: ont quelque reffemblance avec celles du laurier ordinaire , ce qui l'a fait nommer auffi laur Tur aromatique ; mifes dans les fauces , elles leur don- nent un goût femblable à celui de pluiieurs épices. Ses fruits font de la grod^ur d'un pois , d'un goût piquant 9 femblable à un mélange de cannelle , de girofle & de poivre. On connoît ce finit, en Angle- terre , fous le nom de graine des quatre ipkes ; il eft f)ropre à alfôifonner les fauces. Les ramiers , les grives , es perroquets font avides de ces graines : fi on en met digérer <Èins de l'eau-de-vie , on en retire par la diflil- lation une liqueur d'une odeur agréable , qui devient délicieufe au goût, & propre à fortifier l'eftomac, en y ajoutant une quantité fuffifante de fucre. Cette liqueur efl: très-eftimée dans les Mes.

Le bois d^Inde eft dur , compaâe , d'un beau hnin- marron , tirant quelquefois fur le violet & fur le noir : on en voit à fond brun tacheté de noir très- réguliérçment ; on en fait des meubles très-précieux.

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car il prend un très-beau poli , & ne fe corrompt jamais : les Luthiers emploient ce bois , qui a quel- quefois le coùp-d'œil de Pécaille, pour faire des archets. On s'en fert dans la teinture : fa décoâion eft fort rouge , lorfqu'on fait ufage d'alun ; mais fi on n'y en ajoute point , la décoâion devient jaunâtre , & au bout de quelque temps noire comme de Pencre : auffi fait-on ufage de cette décoftion pour adoucir & velouter les noirs ; c'eft ce velouté qui fait tout le mérite des noirs de Sedan,

Le bois de Campêchc eft pefant , rouge ; il brûle fort bien , & fért à teindre en rouge ou en violet ; comme c'eft le cœur de Tarbre qu'on emploie pour la tein- ture, on enlevé tout l'aubier qui l'environne avant de le tranfporter en Europe. Quelque temps après qu'il eft coupé , il devient noir ; & s'il eft mis dans l'eaii^ il lui donne une couleur d'encre affez vive , & on s'en patt fervir pour écrire : il peut donc teindre auffi en noir.

Bois de Cannelle. Nom donné à la Cannelle BLANCHE. Voyc[ ce mot.

Çois A canon. Foyei Ambaïba.

Bois Capitaine, ^ojeç Cj^risier Capitaine;

Bois Capucin ou Bois signor. Très-grand arbre dti pays de Cayenne , que l'on peut regarder comme une efpece de balatas ( Voyez ce mot ) , mais d'un grain plus fin. 5on bois , quoique bon pour bâtir , eft encore de peu d'ufage ; peu d'Habitans le connoif- iènt, quoique les quartiers de Ko & de Provat en foient affez fournis. On en doit même la connoifTance à des Indiens fugitifs <lu Para. Maif. Rujt. de Caym,

Bois de Cavalam. Il a l'odeur fétide d'excré- mens humains , ce qui lui a fait donner le nom de hais de merde dans les Pays chauds. Foye^^ BoiS CACA.

Bois de Cayan. Foyc[ Simarouba.

Bois de chambre. Nom donné dans nos V[eSy Cii Amérique , à uflç pl^ç 4oBti 1* tige fet d'iUiMidewu

ÎÎ4 ^ ^ \

Cette plante qui eft annuelle , croît dans les lieux maré- cageux & incultes ; elle s'élève à plus de iix pieds ; fa racine eft blanche , chevelue ; fa tige eft grofle comme le doigt , cannelée & fpongieufe , rougeâtre ; fes rameaux oppofés en croix ; fe^ feuilles alongées , d'un pouce & demi de longueiur fur deux lignes de largeur , difpofées deux à deux jufqu'au nombre de cinquante fur une côte, d'un vert pâle , couvertes d'une pouffiere fine.

Bois de chandelle. C'eft le Taouia ou Jlacolay des Caraïbes : on en diftingue deux efpeces , le blanc & le noir ; le premier eft un arbre de moyenne gran- deur 9 & croît dans nos Ifles , en Amérique , dans les bois qui font iitués aux bords de la mer. Son bois eft compaâe , dur, pefant , réfineux , odorant; auffi les Indiens le coupent par éclats , & s'en fervent pour s'éclairer la nuit, ce qui lui a fait donner le nom de hois de chandelle. Sa belle couleitf citrine le rend propre à faire de beaux ouvrages de marqueterie; il prend avec le temps im poli auffi beau que celui du coco : à la beauté de la couleur il réunît une odeur approchante de celle du citron y ce qui l'a fait appeler bois de citron y Lignum citri , par quelques-uns. Jes feuilles font pointues , en forme de fer de lance , fermes , odorantes , fans dentelure , de deux pouces de longueur , larges d'im pouce , paroiflant percées lorf- qu'on les regarde au foleil , luiiantes , d'un vert fcncé en deffus , d'un vert pâle en deffous , difpofées-trois à trois à l'extrémité des branches , qui font toujours terminées par une feuille impaire : fes fleurs font petites , blanches ; il leur fuccede de petites baies noires , qui , comme les fleurs , font d'un goût aro- matique , & d'une odeur qui tire un peu fur celle du jalmin , ( ce qui a fait auffi nommer par quelques* uns , cet arbre , bois de jafmin. ) ^ Le bois de chandelle noîf a fes feuilles plus longues & plus larges; fon écorce eft noire , & fon bois eft plus pefant , plus réfineux & noirâtre,

A regard du iols de chanddU PHle ût France Voyez Dragonier à feuilles réfléchies.

Quelques-uns prétendent encore que le bois de roft de la Guiane eft le même arbre : on le nomme auffi bois citron & bois jaune aux Ifles ; c'eft Varbor ligno ci-^ trino rojam fpirante de Barrere^ p. i6. Son bois eft de couleur de citron , ayant une petite odeur de rofe ; fa feutlle a Todeur de citronnelle , & quand on la fait bouillir avec le bois de crabe , elle donne à l'eau une odeur qui tient du citron & de la cannelle : cette liqueur eft agréable à boire. Les Naturels l'emploient aufli dans les bains contre les efFervefcences de fang , appe- lées échauboidures^

Bois de Cheval. Voyei Bois major.

Bois de la Chine. Voye[ au dernier article du mot

Bois de Palixandre.

Bois de Chypre. Voye^^ Bois de Rose.

Bois Citron. Voye^^ à la fin de f article Bois de Chandelle.

Bois de Clou du Para. Foye[ Cannelle giro- flée.

Bois a cochon. Voye^ Baume a cochon.

Bois de corail d'Amérique. Voye^ Bois immor- tel. Le bois de corail des grandes Indes , eft le condori rouge. Voyez ce mot.

Bois côtelet ou BoisdeGuitard, Citharexilum cirurcum. Linn. Arbre qu'on trouve aux Ifles , particu- lièrement à Saint-Domingue , & qu'on a nommé ainfî à caufe de fa tige qui eft garnie de côtes faillantes ; fon écorce eft d'un bnm-cendré , unie , peu crevaffée : fon bois eft blanc , tendre ; on l'emploie dans la charpente du pays , & il dure affez long- temps , pourvu qu'il foit à l'abri du foleil & de la pluie : fes feuilles font oblon- gues , pointues aux deux bouts , d'un vert commun , îmestant tu deffus qu'en deflpus, luifantes, fans den- telure , alternativement poféés , très-veinées : fes fleurs

ipm petites , monopét^es ^ blajnichâtre^ y odpraates; il

^.(5 B O î

tiU" iacceÀe de petits fruits à trois côtes , verts ^ endûte ' rouges-noirs,

4^ Bois de couille ou Pétard , Breynia. Ceft, dit Nicolfon , le Menecouy ou JUptlecou des Caraïbes. » Ceft » un-arbriffeau qui trouve fréquemment furies bords f^ de la^mer, à Saint-Domingue. Ses tiges fdht grêles, n minces , [droites., & fe divifent en plufieurs rameaux » qui s'clevent perpendiculairement. Son écorce e^ gri- y^ fâtre, unie ; fon bois blanc , fendant , légier ; fes feuilles font fermes , bien nourries , caffantes , d*un vert foncé ,

^ >> longues de quatre à cino pouces & larges de deux à » trois pouces, ovales, très-veinees, fans dentelure,

,i '%> divifées par une côte rougeâtre , portées fur un petit

^ » pédicule d'un rouge -brun. La fleur eft en rofe, » compofée de cinq pétales blancs, arrondis, pointus, » creuîés en aiiller , portée fur un calice mono- » pétale, dentelé : le centre eft ocaipé p^ plufieurs yy étamines minces, dont les anthères font fphériGues; ^ elles environnent le tùftil , ^li eft très-long , tlan- » châtre , arrondi , gonflé au fommet : %e piftil devient » une goufle d'un demi- pied de long , boffelée , arroa- ^ » die, d'un demi-pouce au plus de diamètre, jaunâtre ,, >f en dehors , rouge en dedans , ligneufe , d'un goût » un peu amer , divîfée intérieurement en plufieurs » loges r,les graines qiii y, font contenues ont environ » deux lignes de diamètre & quatre lignes de longiieiu", » d'un vert fombre , couvertes d'une pellicule rou- » geâtre , d'un goût fort amer. La racine de ce^ arbrif- ». feau eft employée- en décoâiîpn dans les maladies » vénériennes «.

» Jacquin , à l'article Marcgravîa umbdlata^ donne la » defcription d'une plante parafite que les Habitans de » la Martinique appellent hois des couilks ; mais** elle >> n'a auajine reffemblance avec l'aAriffeau dont on n vient de^faire mention «. Bois de couleuvre ou Bots couleuvre, l^i"

mm cQlubrinumwi OphioxUum /cf^mùmms en langue

Malaicj

m

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Malale, Caju-ular ; i Ceyian , &c. Rametul , Camc^ ml , Nay-ldli , Ehawtya. C'eft une racine ligneiife de la groffeur du bras , qid renferme fous une écorce brune, marbrée, un bois dur, compaôe , fans odeur , d'un goût acre & très-amer. On appelle cette racine bois de couleuvre , parce que Ton dit que ce bois guérit de la morfure des ferpens, ou, félon d'autres, à caufe de récorce des racines , qui eft marbrée comme la peau à^s ferpens. On nous apporte ce bois des Mes de Samar ou Soloo , & de Timor , il eft appelé caju-naffi. Cet arbre porte une efpece de noix vomique , beau- coup plus petite que la noix vomique ordinaire ; mais qui lui reffemble par la confiftance , le goût & la cou- leur. Quoique quelques perfonnnes faffent beaucoup d'éloges de cette racine pour chaffer les vers & pour les fièvres intermittentes , elle ne paroît cependant pas exempte de danger ; car on fait mention 4e perfonnes qui , en ayant fait ufage , ont été faifies de tremblement & de ftupeur , f ymptômcs prefque femblables à ceux qui font produits par la noix voniique. Voyez ce mot. Le pohon ou foulamoe-^aju des Malais , & qui eft peut- être le bouati amer, ( Foyei ce mot, ) eft encore un pareil remède en vogue à Ternate , où' il eft appelé panawa-majfou , oepas^majfou , & panowar-plpis : c'eft la racine d'une plante qui croît à Java & dans les Mes Moluques. On foupçonne que c'eft aufîî une efpece Sopjûoxylon : quelques - uns prétendent que c'eft la racine du bois des Moluques. Voyez ce mm. Le bois de couleuvre des Antilles eft une efpece A'arim. Voyez l'^r- ticle PiÉ DE Veau.

BOJS DE CRABE OU DE GRAVE. Voyei CANNELLE GIROFLEE.

Bois de Cranganor. Foye^ Pavate.

Bois de cuir. Foye^ Bois de plomb des Cana- diens.

Bois des Dames ou Bois d'huile. C'eft VÉrytrho- xylon à feuilles de millepertuis, Foye[ ÉRYtroxylon, Tome JI, Y

y

3)8 B O t

Bois de dentelle. Foye[ Lagetto;

Bois dur du Canada. Voyci Charme & Acacia

tOMMUN.

Bois d'ecaille. Faye[ à Fartide Bois de Campécki Bois a écorce blanche. Voyei Balouet. Bois a enivrer le poisson ou Bois-ivrant- Voyé[ Arbre a enivrer les poissons , & PartkU

CONANI.

Bois Di'iBÊNE. Voye^ Ébene.

Bois épineux des Antilles. Sous ce nom on crt "fliftingue deux fortes : Tun qui eft blanc , & appelé totonnitr^mapou ; Voyez à C article FROMAGER : l'autre «ft jaune ; c*eft un clavaUtry Voyez ce mot ; & on eit diftingue deux fortes , le grand & le petit.

Le bois épineux jaune y grand , eft VAgoualaly des jCaraïbes : on le trouve par-tout , fur-tout dans les mornes , tant aux Antilles qu'à Saint-Domingue. Nicolfon dit qu*il s'élève & devient gros comme le chêne du pays : fon tronc eft droit , élevé , très-bran- chu , couvert d'épines fortes , peu npmbreufes ; l'écorc* rude , légèrement crevaffée , rouflatre ; le bois jaune, dur y compaâe ; les feuilles oblongues , pointues , un peu dentelées , rangées deux à deux fur une côte qui eft terminée par une feuille impaire , d'un vert gai en deiTus 5 pâles en deflbus , armées de trois ou quatre petites épines. Les fleiu's naiffent le long des ramilles : elles font blanches & produifent une graine noirâtre , grofle comqie un grain de millet. Sow bois eft recherché pour les bâtimens.

La féconde efpece de bois épineux jaune , eft bien plus petite que la première ; elle s'élève à peine à douze pieds : fon tronc n'a guère que cinq à fix pouces de diamètre, L'écorce eft noirâtre en dehors, |aime en dedans , couverte de quantité d'épines plus petites & plus aiguës que celles du précédent , d'un ;oût fort amer : il lui reffemble dans tout le refte. Son >oisôc fon écorce peuvejit foiurflir en teinture unebellç

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roxilèiw jaûfte-fafranée. Les Sauvais font iifage de rinfufion de fon écorce pour guérir les vieux ulcères : c*eft un vulnéraire déterfif aui pafle poiu: excellent Elle a encore la réputation d'être fébrifuge.

Bois de fer , lÀgtium feni ; Ihra puterana ; Ibira ohi , Marcg» ; Sidtroxylum Americanum ^ Pluk. ; Side^ roxyhîdes femum , Jacq* Ce bois eft ainfi nommé k cauife de fa dureté : il nous eft apporté de l'Amérique en groffes pièces. Il eft très -pelant & va au fond de l'eau ; fa couleur eft rougeâtre ou obfciure ^ & on Tem^ ploie pour des ouvrages de menuiferie : il prend un très-beau poli. Les Indiens en font divers inftrumens ; les Sauvages en font leurs flèches : mais ce qui eft fingidier 5 c'eft que fon bois , quoique dur ^ fit très-- fuj€t à être attaqué par les» poux bois* Les Indiens font ufage de l'ecorcç de bois de fer râpée ^ dans les maladies il faut exciter la tranfpiration. L*arbre da bois de fer fe voit dans les ferres du Jardin du Roî.

I^ns nos Ifles en Amérique , on diflingue deux efpecea de bois de fer \ le blanc ^ & le rouge. Le bois de fer blanc\ eft un grand arbre dont la tige eft droite, haute, très- branchue, garnie de feuilles au fommet; Técorce eft épàiffe , cendrée en dehors , brune en dedans , d'iuie faveur aftringente, profondément fiUonnée; fon bois amer, fort dur, jaunâtre; le centre eft de couleur de fer rouillé ; fes feuilles font ovales , terminées par une pointe moufTe, larges d'environ un pouce , longues de deux pouces, peu veinées, difpofées tantôt alternatif vement , tantôt deux à deux fur les rameaux , d'un vert foncé en defTus, un peu pâle en deffous, lulfantes , fans, dentelure : fes fleurs croifTent par bouquets ; elles font en entonnoir, d'une couleur violette & blanchâtre, affez femblable à celles du lilas. Il leur fuccede une baie d'abord violette , enfuite noirâtre, qui renferme trois petites graines. Cet arbre fe trouve dans les mornes : fon bois eft employé dws les ouvrages de charpentç & de memûferiet . -

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L'arbre appelé le bois de fer rouge diffère du précé- dent , par les feuilles qui îbnt longues de cinq à fix pouces, larges d'environ deu:iij; pouces, divifëes dans toute leur longueur par trois côtes {aillantes, fans nervure apparente ni dentelure , fermes y d'im vert fom- bre ; fon écorce eft rouge tn dedans ; Ifon bois eft rouge,

Eefant, plus dur que le blanc, & prend un bien plus eau poli. On l'emploie aux mêmes ufages que le pré- cédent , & on lui attribue les mêmes vertus antivené- riennes & antifcorbutiques.

M. de Commerfon a obfervé à l'Ifle de France , un arbriffeau appelé vulgairement le bois de fer de Judasy Cofjlnia pinnata. Ses feuilles font ailées , alternes , lan- céolées ^ à cinq ou fept folioles, vertes en deffus, un peu cotonneufes & blanchâtres en defTous ; le bout des rameaux eft couvert d'un duvet roulïatre; les fleurs font blanches, paniculées, terminales ; elles ont cinq pétales; le fruit eft une capfule ovale, trigone & coton- neufe ; les femences font globuleufes & noirâtres.

D croît aufTi à la Chine , dans la province de Qiiang- Tong , une efpece de bois de fer y qui en a la couleur , & qui eft fi dur , qu'eau rapport du- P. du Halde , les Chinois en font des ancres pour leurs vaifTeaux de guerre. Ce bois de fer de la Chine eft profaablenient l'arbre appelé Beffy. Voyez ce mot. Bois de Fernambouc. Voye^ Bois de Brésil. Bois de F^roles ou Bois MARBRi, FeroUaarkr^

ligna in modum marmoris variegato ^ Barr. EfT» p. 51» Arbre de Cayenne & des Antilles; il eft fort toijffu: à Saint-Domingue, c'eft un arbriffeau dont les tiges ne s'élèvent guère ; elles font couvertes d'une écorce mince, membraneufe, blanchâtre; le bois eft dur, très-pefant, lifTe , à fond blanc , rempli de veines colorées ; il eil comme jafpé ou conune parfemé de taches qui refTem- blent à celle d'un marbre veiné de rouge, de blanc & de jaune ; ce qui lui a fait aufîi donner le nom de hois marbré ou œlorU^ M. de Prifoméne dit qu'il conferve le

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nom de Bols de FéroUs , parce qu'il a été trouvé pour la première fois dans une habitation à^M.de FéroUs^ alors Gouverneur de Cayenne, C*eft , dit-il , le bois le plus recherché pour les ouvrages de marqueterie & pour difFérens meublas : nous avons dit que le fond en efl blanc. Quand le fond en eft jaunâtre, on l'appelle bois bmoififin : c'eft le même arbre que le bois fâtiné^ ou une variété; & on lui donne ces difFérens noms, fuivant les couleiu-s, les nuances & d'autres accidens qu'on y remarque, & qu'il offre étant coupé à différentes hau- teurs. Ses feuilles font oblongues, pointues parles deux bouts , fans dentelures , très-veinées , d'un vert foncé & luifant en deffus , pâle en deffous , portées fur de petits pédicides.

Bois des Fièvres. Voyei Quinquina.

Bois à flambeau. Nom donné au bois rouge par la propriété qu'a fon écorbe de brûler & de faire l'office d'un flambeau. f^oyc[ Bois rouge.

Bois de Fléau ou Bois Flot. Voyez Cotonnier JiffUux^ à l'article Mahot.

Bois fossile , Lignum inhumatum. Oefl commu- nément du bois non dénaturé , qui s'eft trouvé enféveli à différentes profondeurs par des éboulemens de terre & d'autres déplacemens occafionés par diffé- rentes caufes , foit par des torrens , foît par des inon- dations , foit par des tremblemens de terre ou par d'autres révolutions de la Nature. On peut citer en exemple une forêt entière qu'on a découverte ces années dernières dan§ les marais du Comté de Lancaflre en Angleterre : les arbres s'y trouvent couchés l'un auprès de l'autre , & «tendus fous une terre molle*, fpongieufe & noire , à la profondeur de trois pieds ou environ. Ces arbres font la plupart entiers ou flétris de coups de hache ; mais ils font aufîi noirs & aufïi durs que Tébene. On eft porté à croire que cette forêt fouterraine a été enfévelie du temps que les Romains conqiûrent l'Angleterre. En 1754 des gens du lieu fouillant parmi ces arbres, trou*

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verent iin cadavre humain très-bien confervé : {es haKt^ qui étoient auffi entiers que le corps , ont fait Juger que c'étoit quelque Voyageiu: qui , en paflant par ce marais, y a été^englouti ; & 1 on eftime que Taccident peut être arrivé depuis un fiede. Tous les jours des Chaffeiirs s'enfoncent en parcourant la furface de ce terrain mou & poreux ; ils fe meurtriffent même les jambes contre les branches de ces arbres fouterrains. Un ruiffeau groffi par les pluies ayant entraîné^ en fe débordant, plus de huit arpens de la furface de la terre d\in de ces marais, donna Toccafion de tette découverte.

On trouve en Ulande quantité de gros troncs dW- ires foj^csy pénétrés de pétrole concrète > qui leur a donné une couleiu" noire & une manière de brûler qiri n*eft pas propre au bois feuî. L'affemblage des cercles de couches concentriques qui y dans un tronc d'arbre coupé tranfverfalement , montrent les accroiffemens an- nuels parallèles aux plus éloignés , fe trouve com- -primé en une lame mince.

Il eft digne de remarque que la plupart des terrains bourbeux ont la propriété de conferver les bois , &c. , témoins quelques pilotis de l'ancien Pont d'Orléans, & ce tronc d'arbre trouvé parmi les fouilles de la Gare de Paris , & ceux de chêne découverts dans le lit de la Seine , à l'occafion des fouilles faites pour la conftruo tion du Pont de Louis XVL Ces bois font noirs , très- durs & femblables à cei^x de Lancaftre. On a vu à Paris quantité de cannes à main faites des pilotis de l'ancien Pont d'Orléans.

En 1768 on découvrit, en creufant les fondations des nouveaux murs de Nanci , un chêne d'^enviroh cin- quante pieds de longueur fur cinq de diamètre; ce chêne etoit entièrement de couleur d'ébene , néanmoins très- fain , à l'exception de quelques nœuds qui fe trou- voie nt changés en une efpece de charbon tbflîle. Il eil probable que cet arbre y étoit enterré depuis plufieurs iiedes, & qu'il n'a été entièrement couvert de tent

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qu^ la longue , par le changement de lit de la rivière de Meurthe , qui paffe aftiiellement à près de trois cents toifes de Pendroit marécageux il s'efl . trouvé ^ , & oii il étoit enfoncé environ à cinq pieds de profondeiu*.

Enfin , on trouve près de Bruges , en fouillant la terre à cinquante pieds de profondeur, une quantité immenfe de boisfojjile ; on y voit des troncs , des rameaux & des feuilles , fi bien confervés , qu'on diftingue les différentes efpeces d'arbres.

Bois Fredoche ou Bois d'Ortie , ou Bois PELÉ. Nom qu'on donne à Saint-Domingue à un arbre très-élevë qu'on trouve dans les endroits rocheux & arides de cette Contrée. Son tronc eft droit, j^rand & gros; l'écorne unie^ membraneufe , grifâtre; Ion bois, qui eft dur , compafte & blanc ,. eft recherché par les Charpentiers ; il dure long-temps étant garanti du foleil & de la pluie. Ses feuilles font en forme de lance , pointues au fommet , arrondies vers la bafe , fans den- telure, d'un vert foncé en deffus, clair & luifant en deffous, longuQS de hidt à neuf pouces, & larges.de cinq à fix , iialées , les unes éloignées des autres*

Bois de Fustet, Cotinus coriara. Dod. Pempt. 780; Connus , Linn. 383-, L'arbriffeau qui donne ce hbis, s'élève de cipq à fix pieds , & croît en Italie & dans les Provinces Méridionales de'la France , à Antibes , & à ce qu'il paroît, auffi à la Jamaïque. Ses feuilles font ovales , fimples , arrondies par le bout , liftes , pétioléès , nerveu- fes , blanchâtres ^n deflbus : (es fleiu-s , d'im vert obfcur, viennent dans des touffes de filamens rameux. Lorfque le bois de cet arbriffeau eft d'un beau jaune & agréa- blement veiné, les Ebéniftes & les Luthiers l'emploient à différens ouvrages^ Ce bois , garni de fon écorcp ^ dpnne en teinture une couleur jaune , qui n'eft point folide* Les Teinturiers l'emploient aufli pour les couleurs ver- tes, en faifant pafler dans le bain de gaude les étoffes qui fortent de la cuve de paftel. Sa femlle eft emplpyéc çkez les Corroyeurs,

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Bois a gaulettes. Arbriffeaii très-commun clans le pays de Cayenne : c'eft le coubouliroua des Caraïbes. Il eft droit , & a environ neuf à dix pieds de hauteur : on en fend le bois en morceaux très-minces , & on leur ^onne le nom de gàuUttes ; elles fervent en guife de lattes pour tapifler les murailles. Maif. Ruji. de Caymnu Bois gentil, Mézéréon, Garou , Trentanel , Thymelée, Lauréole , Sain-bois, Malherbe. Ce font autant d'efpeces de petits arbriffeaux que Tort cultive. Le Bois gentil eft le Daphne meiereum , Linn. 509; c'eft la Lauréole femelle, La ThymeUe^ Daphne Thymalea , Linn. 509 ; la Lauréole maie , Daphne Lau- reola , Linn. 510. La petite ThymeUe des Alpes, Daphne Cneorum^ Linn. Le Sain-bois ou Gar4)u^ Da- phne Gnidium , Linn. Ces arbriffeaux font des eipeces de laureoUs qui croiffent bien dans les pays chauds , fur- tout dans les environs Cortone , ils font appelés hiondella par les gens du pays ; ils portent au fommet de leurs rameaux des bouquets de fleurs en forme de tuyau, évafées en haut & découpées en quatre parties oppofées & contenant huit étammes. Lés uns ont des fleurs rouges , les autres des fleurs blanches , d'autres des fleurs d*un rouge pâle , &c. Elles paroiffent avant les feuilles. Il y a de ces arbriffeaux qui fe trouvent auffi dans les bois de la partie Septentrionale de TEurope , & jufque dans la Laponie. Ils fe plaifent aux expofitions du Nord , & fur-tout à Tombre ; ils fe multiplient de bouture & de graine. On les plante dans les terres fran- ches , humides & mêlées de fable ou de pierrailles.

Ces arbuftes donnent des baies ou fruits de la grof- feur de ceux du myrte , ovales , remplis d\m fuc fort acre & cauftique ; rouges lorfqu'ils font mûrs , caufant des diarrhées & des douleurs très-vives dans les en- trailles ; on en prépare avec de la viande un appât pour faire mourir les loups & les renards , mais les perdrix & autres oifeaux en font très-friands ^ & n*en font point ^incommodés.

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Le hois gentil annonce le printemps par les fleurs rouges, qui font très-jolies, & qui s'épanouiffent dès le commencement de Mars. La beauté , la durée & la bonne odeur de ces fleurs feflîles, latérales, difpofées trois à trois , font un ornement dans les jardins.

La tige du bois gentil^ eft haute de deux ou trois pieds , & rameufe : Pécorce eft brilne , fes feuilles font ovales & lancéolées , alternes. Le bois gentil croît dans ^ les bois du Nord.

Tous les mi!^rtons ^ lauréolts , &c. font de vîolens purgatifs dont on ne fait plus d'ufage , fînon en Tur- 'quie. L'écorce du garou àjetiille de lin^ connu auflî fous le nom Atfain-bois , Thymœleafoliis Uni , appliquée fur le bras, tient lieu d'un cautère. Cette écorce eft lifTe , épaifle & jaunâtre. Les racines de cet arbre font jaunes, moUaflTes, courtes & lifles. Ses feuilles font longues , étroites , ver- dâtres en deflTus & bleuâtres en deflbus. On perce quel-

3u,efois les oreilles , & on y introduit un petit morceau e bois de ce garou pour attirer la férofité. Les Tein- turiers fe fervoient autrefois de ce bois pour colorer en jaune ou en vert, en le faifant bouillir avec le paftel

îndigoté. f^oyei MALHERBE , ThYMELEE & LaUREOLE.

Bois de Girofle ou Bois de Grave. Foye^ Gan-

NELLE giroflée.

Bois de Grenadille. f^oyei a tarticle Ebene. Bois de Grignon. f^oyei Grignon. Bois de Guitard. Fcye^ Bois côtelet. Bois d'Huile, f^oye^ Bois des dames. Bois de la Jamaïque, f^oyei Bois de Campêche. Bois de Jasmin. J^oyei Bois de Chandelle. Bois Jaune. Foyei Tulipier. Aux Mes on donne aufîî le nom de bois jaune au bois citron. Voyez ce mot.

Bois immortel , Erytmrine ou Arbre de Co- rail des Antilles , Corallodendron triphyllum America-- . ^^m , fpinofum , flore ruberrimo , Tourn. 66 1 ; Siliqua fylveflrisfpinofa^ arbor Indica , Bauh. Pin. 401 ; Coralarbor Americana , Cluf. , Comm, , Barr. , p. 41 . ; c'eft VAhiphiy

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Tuinanti-Iba des Caraïbes. Arbre de la Guîane qm vient aifément de bouture & de graine , & qui eft excellent pour faire des entourages ou des haies. Toutes les parties de cet arbre , écorce, branches , ^bois & racines , font cftimées dans le pays, pour guérir le mal d'eftomâc* Les Nègres en font ulage dans Teau ferrée. On Ta nommé bois immortel^ parce qu'il eft d'un très-bon ufage 5 & diu-e très-long-temps étant employé* Il croît par-tout, & très-promptement. Sa tige s'élève à douze ou quinze pi^ds & fe divife en plufieurs branches qui forment ime tête très-toufiue. Ses feuilles font alternes > à trois folioles , fans dentelure , arrondies , terminées en pointe , lifTes , minces , d'un vert-jaunâtre & rougeâtre , portées fur de longues queues. Ses fleurs , qui paroifTent en Février & Mars , font de l'ordre des Ùgumineufts , d'un rouge de corail t»ès-vif, & naiffent avant les feuilles; il leur fuccede des goufïes longues de. cinq à fix pouces , cylindriques , boflfelées , d'im vert-rougeâtre, quj contiennent plufieiirs graines en forme de fève , arrondies , couvertes d'une pellicule de rouge foncé ; elles renferment une fubftance blanchâtre, tarineufe, im peu amere. Cet arbre fe trouve aufli à Saint-Domin- gue. Son tronc eft quelquefois muiû d'iguillons.

Bois d'Inde. Voyc[ a t article Bois de Campêche,

Bois Indien. Nom que l'on donne à Caycnne à ime grofTe Uancy qui fe trouve dans les gros bois dont la racine battue & jetée dans l'eau des trous des favannes, a la pro- priété d'enivrer le poifTon* yoye[ Us unicles Liane & Conani-Franc.

Bois Joli. C'eft le bois gentil. Voyez <e mot^

Bois laiteux. Foye[ VarticU Arbre laiteux des Antilles.

Bois de Lamon. Voyt^ Brésillet des Indes.

Bois de Lance. Voyt:^ à tarticlt Cornouiller.

Bois Latanier. Nom donné à Saint-Domingue à un arbre de moyenne grandeur , & qu'on trouve coni- tnunément fur le bord des riyierçs i il ne feut pas le

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confondre , dît Nicolfon , avec l'arbre nommé Latanier. Voyez ce mot. Le bois latanier a fes feuilles diftribuées deux à deux fur une côte ; elles font minces , d'un vert pâle, oblongues, pointues. Ses fleurs fe changent en un petit fruit rond , alongé , divifé en quatre caj^ules qui renferment autant de graines triangulaires , un peu oblongues, revêtues d'une pellicule liffe, mince, jau- nâtre, groffe comme ime petite fève. ^

Bois de Laurier des Antilles. Ceft le croton à feuilles de noifetier.

Bois de Lettres. Arbor lauri folio ^ Ugno varkgatOy vulgb Lignum litteratum^ Barr. p. i6. C'eft le Baira des Canûibes. Arbre de la Guiane , dont les feuilles ref- femblent à celles du laiurier : le bois eft beau , luifant, très-dur, à fond rouge & moucheté de noir. Il y en a dont le fond eft jaune : l'un & l'autre s'emploient en meubles, fur-tout pour des montans de chaife & des pilons , parce que le cœur a peu de largeur , n'excédant pas trois à quatre pouces de diamètre. L'efpece à bois jaune fert plus ordinairement de canne aux Nègres. Ce bois eft fort recherché en Europe par les Ébéniftes. On dit que c'eft le même que le bois tapiré- Voyez ce mou

Bois Lézard. Foye^ Bois d'Agouty.

Boiç DE Liège. Voyez Cotonnier fifflmx , à l'article Mahot.

Bois long. Arbre laiteux , qui eft le .pao comprido des Portugais du Para. Son.fuc acre &.corrofif eft fi dangereux pour fes yeux , qu'on ne peut trop prendre de précautions quand on en taille le tronc: ce fuc s'épaiffit fans aucvm mélange, & a beaucoup de rapport avec celui du bois de feringue , pao^xiringa qui produit la réjim élajiiqm. Voyez cet article. Cet arbre eft très- rare dans la Guiane , & n'y eft connu fous aucun nom. Suivant la defcription que nous en donne M. Frefnau, il eft extrêmement haut , de groffeur proportionnée , fans branches autour de fa tige, avec une belle tête ronde & de petites racines. Sa feuille eft pointue par les deux extrémités , liffe en deffus^ rude en deffous y de couleur

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vert clair tirant fiir le jaune : fon finît eft long & gros à-peii-près comme le petit doigt , jaune dans fa matu- rité : fop noyau eft fort long & dur. On mange ce finit (pii eft doux & agréable au goût. Confultez les Mémoires dt C Académie des Sciences de Paris ^ 'T-^'jP^S^^^SS^ î /?/. 19 , n.^ 6 , 7 , 8 , 9. On y voit la figure de l'arbre , de fa feuille , de fon fruit , & de fon noyau.

Bois DE Lumière ou Pala de Luz. On donne ce nom dans l'Inde Efpagnole à une plante qui s^éleve ordinairement de la hauteur de deux pieds ; elle eft compofée de plufieurs tiges- qui fortent d'une racine commune ; qui font droites & unies jiifqu'au ibmmet , elles pouffent de petits rameaux garnis de feuilles très -menues ; ces tiges font à-peu-près égales : elles ont environ trois lignes de diamètre ; lorfqu'on a coupé cette plante , elle s'allume quoique toute verte , & donne une lumière aufli forte que celle é\in flambeau. Ce phénomène , tel qu'on l'expofe , paroît hors de vraifemblance : il eft vrai que des plantes qui abondent en fubftance huileufe , inflammable , vo- latile , peuvent s'enflammer ; mais il faut exciter cette flamme en y approchant la lumière , comme on le fait à la fraxinelU , Voyez DiCTAME BLANC ; ou bien il £iudroit fuppofer que le frottement occafioné en la coupant , fut affez violent pour déterminer la plante à l'inflammation. Obfervez encore que cette plante croît dans les paramos du Pérou : ce font des elpeces de plaines extrêmefment froides , & communément couvertes de neige , qui fe trouvent entre les fommets des montagnes qui forment les Cordillieres des Andes. Bois de Mafoutre des Madagaffes. f^oycik^-*

TIDESME.

Bois de Mahagoni ou de Mahogani. Les

Anglois & les HoUandois donnent ce nom à un bois dont ils fe fervent très-communément pour faire des tables , des boîtes , & ce qui eft en bois dans les inftnunens de Phyfique. Ce bois eft d'un rouge fl^

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bols de bréjillet ou H amarante ; il eft fufceptible de poli, & devient bnin à la longue. On prétend que les An- glois tirent ce bois d'une de leurs Colonies. Améri- caines. Cattshy ^ fait mention de l'arbre qui foiu-nit ce bois ; voici fes caraâeres botaniques : Cinq à onze feuilles impaires & paires ; les fleurs en épis & pani^ cules ; le calice à quatre ou cinq dents ; la corolle à qiiatre ou cinq pétales ; les étamines , huit ou dix réu- nies ; le piftil , un ftyle & un ftigmate ; le fruit efl à quatre ou cinq loges & de quatre ou cinq valves ; les graines font plates , ailées , imbriquées dans chaque loge. On prétend que le mahagoni eft Yacajou à planches. Voyez à VarticU ACAJOU.

Bois mav>b ou Boi$ de Cheval, « Sa racine, •» dit Nicolfcn , efl mince , fibreufe , grifâtre ; il s'en élevé » plufieurs tiges articulées de trois à quatre pouces cfe >> diamètre , droites , couvertes d'une écorce minc-e , » liffe , grifâtre dans les vieilles branches , vertes dans » les jeunes. Le bois eft léger , blanc , compafte , flexible ,. » rempli d'une moelle blanche comme le fureaiu Ses w feuilles font alongées , pointues au fommet , rudes au » toucher , fans dentelure , divifées par une côte qui fe » fûbdivife en plufieurs nervures , qui font toutes diri- >> gées vers le fommet , d'im vert pâle tant en diffus » qu'en deflbus , portées fur un pédicule très-court , v> longues d'un demi-pied , & larges de deux à trois » pouces. Ses fleurs croiflent par bouquets au fommet » des branches ; il leur fuccede une petite grdne jau- » nâtre de forme ovale. On emploie les feuilles du bds » major en décoâion pour panfer les plaies des che- » vaux. Ce bois croît dans tous les endroits humides n à Saint-Domingue ».

Bois Manprou. On lit dans VEffai fur rHiJlmû Naturelle de Saint-Domingue , que c'eft un arbre dont les feuilles font de différente grandeur ; les unes ne font longues que de trois pouces & demi , d'autres ont jufqu'à neuf pouces de longueiu" , & deux à trois

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pouces de largeur ; elles font liffes , d'un vert foncé en deffus , d*un vert pâle en deifous , pointues , fins dentelure , divifées par ime groffe côte Taillante , portées fur un pédicule recoiu-bé du côté de la branche oii il eil attaché.

Bois Makaque. Qrand arbre des Antilles & de peu de durée : il eft plein de trous. L'arbre eft ainfi appelé , parce que Pefpece de finge makaque préfère fon fruit à tout autre.

Bois marbré. Voyc^ Bois de Féroles.

Bois Marie. Nom donné à Tarbre dont on tire par incifion le baume vert. Voyez ce mot.

Bois de mèche. Voye[ Karatas & Ouaye,

Le bois de mèche des Créoles , eft VApeUki^oUis glabris^ fioribus virefcentibus , fruHu ajptro , de M.^ Aublet. C'eft im arbre de la Guiane , qui croît près de la Crique des Galibis ; fon tronc s'élève à la hauteur de douze pieds ou environ ; il a huit à dix pouces de diamètre ; les fleurs font polypétalées , en grappes & terminales; le fruit eft une capliile arrondie , aplatie en deffus & en deifous , & chargée dans toute fa furfece de petites afpérités qui reffemblent aux dents d'une liiiie. Les Garipous appellent cet arbre yvouyra ; ils fe fervent de fon bois , ainfi que les Galibis , pour avoir du feu : en frottant l'un contre l'autre deux morceaux de ce bois arrondis & pointus , ils parviennent bientôt à en avoir.

Bois de merde. Voyti^ Bois caca.

•Bois de Merle. <];'eft le celafin onduU , Celafims vndulatus , Hort. Reg. ; Omitropha merularia , Comm. Cette efpece de célajlre eft un arbrifleau haut de huit à douze pieds , & qui croît à Madagafcar & aux Ifles de France & de Bourbon. Ses fleurs font blanchâtres & difpofées en bouquets ombelliformes.

Bois minéralisé. F(yye[ à l'article MINERAUX.

Bois des Moluques , Lignum Molucenfe. C'eft le bois d'un arbrifliau qui croît aux Mes Moluques, ( Crotum TigUuijt ^ Linn, Sp. ) Voyez Ricin Indien,

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B O î jjï

fioiS NÉPHRÉTIQUE , Lignum mphntiCUm mit pere-^ grinum. C'efl un bois d'un jaune pâle , pefant , d'un oût acre & un peu amer , dont l'écorce eft noirâtre : e coeur du bois eft d'un rouge-brun. Ce boîs a une fingularité remarquable : lorfqu'on a fait inflifer dans de l'eau le véritable Bois néphrétique , l'eau mife dans un vafe tranfparent , paroît d'un beau jaune fi on la regarde en tenant le vafe entre fon œil & la lumière; mais fi on tourne le dos au jour , l'eau paroîtra bleue ; effet qu'il faut vraifemblablement attribuer aux parties - colorantes , qui font conftituée's de manière à laiffer paffer les rayons jaunes comme un tamis , & à réfléchir les rayons bleus que l'œil ne peut appercevoir que lorfqu'il eft entre le vafe & la lumière. Si» l'on mêle une liqueur acide dans le vafe , la couleur bleue dif- paroît fur le champ ; & de quelque manière qu'on . regarde l'eau , elle a toujours alors la couleur d'or ; aifii-tôt que l'on y ajoute un fel alkali , la couleur bleue lui eft rendue. Tous ces effets fi finguliers font produits par les divers arrangemens des parties colo- rantes , & leurs combinaifons avec les matières falines.

L'arbre dont on retire ce bois , eft le Guilandimi moringa , Linn. Sp. , & croît en Amérique , dans la Nouvelle Efpagne. On prétend que cet arbre eft ori- ginaire du Ceylan. On l'appelle dans le Malabar mo^ ringu , & dans le Ceyfan katu-^murunglia ou wattu-^ murunga. Ses feuilles reffemblent à celles des pois- chiches. L'infufionde ce bois' eft apéritive & utile , dit-on , dans la néphrétique , ce qui lui a fait donner ce nom ; on l'eftime aufti très-fébrifuge. Quoique bien des perfonnes fajQTent de grands éloges de cette infu- fion pour diffoudre la pierre , les Auteiurs de la Matière médicale doutent fort de cette vertu. S'il exiftoit quel- que difTolvant véritable de la pierre , ce feroient les favons^, qui , compofes de parties falines &c huileufes , font propres à diffoudre les parties conftituantes de la pierre»

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Comme ce bois eft peu ufité , on le trouve rare^ ment dans te commerce : des Marchands de mauvaife foi lui fubftituent Ibuvent l'aubier du gayac d^Europe. Quelques-uns foupçonnent que le muncudu ou htnr cîidu ou lakki^lakki , dont les racines donnent dans la teinture une belle couleur rouge , eft Tarbre à bois nlphritiqiu du Ceylan , tranfporté à Malacca , à Java & aux Mipluques ; d'autres prétendent que cette ra- cine à teinture rouge eft le Ronas^ Voyez Racine d^ Arménie.

Le bois néphrétique d'Europe eft le bouleau. Voyez ce mot.

Bois de lait de l'Ifle de France , Antafara. Il paroît que c'eft le franchipanier à feuilles retufes. Son bois, eft eftimé pour toutes fortes d'ouvrages au tour & pour la marqueterie.

Bois de Nicarague. C'eft le Bois defang. Voyez

ce mot.

Bois noir. Ses feuilles croiffent oppofées le long des ramilles ; elles font oblongues , pomtues , longues de quatre à cinq pouces , & larges d'environ deux pouces , fans dentelure ; portées fur de petites queues , elles font d'un vert très-foncé en deflus, tirant fur le noir & luifantes , d'un vert fombre en deffous. Telle eft la defcription trop fuccinte de ce bois , par l'Auteur de VEJfaifur VHifix Nat. de Saint-Domingiu.

On diftingue le bois noir de Malabar ; c'eft V Acacia de Malabar , Mimofa Icbbeck , Linn. ; Acacia non fpi- nofa Indice Orimtalis , coluttce foliis y filiquâ crufia- ced y &c. Pluk. Cet arbre croît dans l'Inde & dans l'Arabie. L'écorce en eft affez unie & grifatre; fes feuilles font deux fois ailées ; les folioles ovales , oblongues , glabres & d'im vert glauque ; les fleurs font blanchâtres , difpofées en faifceau ombelliforme ; les étamines nombreufes & très -longues ; les fruits font des goufTes longues de fept pouces , larges d'un pouce & demi, très * aplaties , d'im blanc jaunâtre »

prefque

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ptéiinîë tuifanies i & qui renferment chacune huit à dix lemences planes & orbiculaires. Bois d'or du Canada. Voye^ à t article Charme; Bois d'Ortie. f^oyc[ Bois deFrédoche. Boii5 La PaIile. Foye[ à VanicU Sang- Dragon.

Bois De PaLixandrë ou Bois^ violet ^ Uffium nolaceum. C'eft un bois que les Hollandois nous en- voient des Indes en eroffes bûches. Il réunit à une odeur douce & agréable une belle couleur tirant (ut le violet ^ & enrichie de marbrures : ce bois eft d'au- tant plus eftimé que fes veines tranchent davantage^ Comme fon grain eft ferré ^ il eft fufceptible de prendre un poli luifant î il eft propre au tour & à la marqueterie. On en feit grand ufage pour les bureaux , les mbliotheques & autres ouvrages. C'eft de ce boià que les Luthiers font la plupart des archets de violon. Il nous vient encore par la voie de Hollande , une autre efpece de bois de couleur rougeâtre tirant fur le violet , propre à la marqueterie ; mais il fe ternit aifément , & il eft trop fujet à fe fendre , fi on n'a foin de le cirer de temps en temps : on le nomme improprement tois de la Chine ; car on prétend que l'arbre dont on le retire , ne croît que dans le Conti* nent de la Guiane en Amérique , au bord des mare* cages ; il eft monté fur des arcabàs , dit M. ^^ Pré-* fontaine. C*eft le Spartium arbortum trtfolium ligna violaceo. Barr. Eff. p. 105.

Bois Palmiste. Les Habitans de Saint-Domingue donnent ce nom à un arbre qu'il ne faut pas confondre avec les palmifics proprement dits. La tige du bois pal-* mifte eft d'une hauteur médiocre , droite , branchue dans fon fommet & très-garnie de feuilles ; fon écorce eft d'un noir cendré , liffe dans la jeuneffe de l'arbre > & crevaflee lorfqu'il vieillit ; fon bois eft d'un blanc fale & pefant ; fes feuilles aflez femUables à celles- du noyer , plus étroites cependant & conjuguées } fes Tome II. Z

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fleurs (ont rameufes & d'un blaoc pourpré ; il leur fuccede un fruit femblable à celui de Vfurmoda3c^ ( ££ai fur HHifi. NaturdU d$ Saint-Domingue. )

Bois pelh. Foyei Bois de Fredoche.

Bois pétrifié ou Dendroutk^I/VAojt/Avz. Voyei

^ Vartick PÉTRIFICATION.

Bois a pians% Nom donné à Sa>nt - Dosiingue à un arbre très-branchu , & qui s'élève beaucoup ; il croît dans les endroits humides de cette contrée. Ses feuilles font oblongues , arrondies par la bafe , ter- minées au fommet par une pointe alongée & recourbée d'un côté, d'un vert très^foncé en deffus, un peu clair en dcffous , lifles , opaques , fans dentelure , lon- gues de qiiatre cinq pouces , larges d'environ ua pouce , diipofées fur une côte tantôt par paire , tantôt alternativement ; chaque raitiille eft terminée ou par une feuille ou par deux fevdlles. Aux fleurs fuccede une gouife plate , longue de deux à trois pouces , large d'un pouce ôc demi , qui renferme une ou deux graines ridées , cotonneufes , d'un vert pâle , très- veinées , plates , en forme de cœur , de douze à quinze lignes de diamètre , rouifâtres , d'un goût défa^éabk. On prétend que les feuilles de cet arbre , ^)pliquée$ en cataplafme fur les pians , les guériflent radicalement. On emploie Técorce de l'arbre pour teindre en jaune.

Bois de pieux. Voyc[ Belo.

Bois piquant. Voyc^^ Tavernon.

Bois de plomb des Canadiens , ou Bois DE

CUIR , Dina palujlris , Linn. ; Jhymcdta fioribus altis primo vere erumpentibus , foliis oblongis acuminaiis y viminicus & Cortice valdi tenacibus , Gron. Virg. Petit arbriffeau de la iàmille des Garous ; il croît naturelle- ment dans les endroits marécageux & couverts, de l'Amérique Septentrionale. Son bois eft léger ; fes ra- meaux & fon écorce fort tenaces , & peuvent à peine fe rompre fans le fecours d'un couteau ; fes feuilles , qiii tombent tou$ Içs an^ ^ font vertes & glabres ea

B O I },5

âdïuS , blanchâtres & un peu velues en deffous , alternes , ovales ; les . rameaux font à articulations comme enthevlllées les unes dans les autres. Les fleurs paroiffent avant les feuilles développées , trois en- femble , latérales , pendantes 6c blanchâtres ; le fruit eft baccifere , ovale & monofperme.

Bois pouilleux. Foyi^^ u qut. Ctjt à VanicU Arbre.

Bois de ptisane. Dans le pays de Cayenne on donne ce nom à la liant feguine ; on en prend une ou deux poignées , que Ton mêle avec force citrons , pour faire tremper les malingres. Voye^ à Partich Liane.

Bois puant. Voyc^ à VankU Anagyris. Il ne faut pas confondre ce bois puant avec le hois caca. y(yj.ti, ce mot.

Bois punais, Voyc^ Cornouiller sanguin. Bois de Quassie , Quajjîa amara , Linn. Spec.

Î>ag. 553. Il nous vient d'un arbriffeau qui croît dans es forêts de Surinam , & porte le nom d'un efclave Negrc nommé Quaffi qui l'avoit découvert , & s'en fervoit avec fuccès pour guérir les fièvres malignes de fes camarades dans la Colonie de Surinam , dont l'air chaud & humide eft très-mal-fain. M. de la Borde y Médecin à Cayenne , nous a dit qu'on a tranfporté dans l'Ifle de Cayenne plufieurs plants de quaj/îc ; qu'ils y ont bien réuflî ; que vers la fin de 1 77 1 , ils avoient déjà fleuri & fruâifié ; qu'ils fe plaifent dans les lieux frais & humides ; & qu'en les plantant fiu" les bords des rivières , il y a lieu de préfumer qu'on les verra multiplier autant qu'on peut le défirer. Planté de graines , cet arbrifleau y donne ks premières fleurs au bout de deux ans , ou de deux ans & demi. Il eft y dit M. Patris , de moyenne hauteur , produifant une ou plufieurs tiges d'un pouce de diamètre , qui s'élèvent de fix à huit pieds , avant de donner des branches, Jufqu'à ce que les tiges commencent à fe

Z &

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ramifier , elles font , dans toute leur longueur , garnies de feuilles , dont elles fe dépouillent affez ordinaire- ment après la formation des branches.

La tige de l'arbriffeau eft cylindrique & cendrée ou grifâtre. Les jeimes pouffes ont Pécorce verte & très- îegérement pointillee de blanc ; celle des branches , dans leur naiflance , eft d'un beau rouge , bniniffant & fe marquant de quelques lignes ou ftries grifatres en vieilliffant. Les feuilles font alternes , compofées de trois ou quatre rangs de folioles fans pétales , mais de forme ovale. Cet arbriffeau quitte rarement fes feuilles.

Les fleurs de qiiaj[pc , dit M. Linnxus , font difpofées en grappes à Textrémité des branches , & ont le port & le volume des fleurs de la fraxinelle ; leur couleur eft d'un beau rouge de corail ; le calice eft court & compofé de cinq pièces ; les pétales font auffi au nombre de cinq , égaux , arrondis , larges à leur baie , roulés en cornet les uns fur les autres , & ne s'éps- nouiffant jamais ; les filets des étamines font au nom- bre de dix , furmontés de fommets oblongs , jaunes , & qui ont une pofition à -peu -près horizontale; le piftil eft un peu plus long que les étamines. Il ki fuccede cinq femences de forme ovale.

La racine du quafpt eft pivotante , groffè comme le bras, blanchâtre en dedans, & jauniffant à Tair. Elle eft toute en aubier , & l'on ne peut pas en féparer la moelle : fon écorce eft fine , grife , rabcteufe , & comme gercée en quelques endroits.

Cet arbriffeau eft un des plus agréables à la vue par la multiplicité de fes bouquets & la variété des cou- leurs dans fes feuilles. La racine , feule partie en ufagc de l'arbre , eft légère & n'a point d'odeur , fur-tout li elle a été defféchee à propos ; elle eft , ainfi que toutes les parties de cet arbriffeau , d'une amertume extrême , durable, fans avoir la ftipticité du quinquina. On eftime ce bois très-baliàmique , & propre , par fon amertume >

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à réfifter aux acides & à la piitréfaftion , les deuji principaux deftrufteurs des végétaux & des animaux. On s'en fert dans l'Amérique pour les fièvres intermit- tentes , continues , malignes & putrides. Oh le prend en poudre , & plus efficacement en décoûion. Un gros de cette racine râpée fiiffit pour une livre ou çhopine de vin; on peut auffi fe fervir d'eau au lieu de vin. Il n'y a que peu d'années que ce remède s'eft introduit dans la Médecine de TEurope. On fert auffi de fa teinture au vin contre la goutte & pour fortifier l'ef- tomac. On en prend deux cuillerées à foupe avant le repas. En un mot le bois de quaffie peut fuppléer au défaut de quinquina , il a les mêmes vertus , &c fouvent même il termine des fièvres qui avoient été très- rebelles au quinquina & aux fleurs de poincillade.

Bois Quinquina , Malpighia latifoUa cortice fangui- nto^ Barr. Eff. p. 71 ; dans la langue des Galibis , -Xbzz- rouquouy. On ne fait point , dit M. dz Préfofitainc , ce qui a fait donner à ce bois le nom de quinquina , avec lequel il ne paroît avoir aucun rapport. Cet arbrifleau croît naturellement dans les grandes favannés y ou prai- ries abandonnées depuis long-temps, dans la Guiane. Bamre ajoute qu'on s'eft fervi quelquefois , dans la dyflenterîe , du bois &• de l'écorce de ciet arbriffeavi , avec le même fuccès que du Jîmarouba. Voyez ce mot.

M. Deleu^e dit que les fleurs de cet arbre & des autres. plantes du genre des Malpighia^ font à dix éta- ' mines & trois pillils , & ont dix neûaires en dehors du calice.

Bois Ramier. Foye^ Bois de soie. ^

Bois RaMon. Nom d'un arbrifleau qui croît à Saint-Domingue ; fon écorce efl: amere ; fes feuilles ' font épaifles , rudes au toucher , d'un vert foncé , larges ; fes fleurs croiflTent par bouquets , d'un blanc- jaui^atre & d'ime odeur agréable , qui fe changent en un fruit aflez femblable à une amande. ( EJJai fur rHiJl. Natur. de Saint-Domingue. )

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Rois t>K RemETTE. Foy^i Dodonee à feuilles

ilroius.

Bois de Rose , Lignum Rhodium ; ainiî nommé à çaufe de foh odeur, qui approche de celle de la rofe: on l'appelle auffi bois de Rhodes ou bois de Chypre , parce qu'il croît dans ces Ifles , ainfi que dans celles de Canarie , aufîî bien qu'au Levant , le long du Da- nube , & à la Martinique on le nonune auffi afpalixtK Nous avons obfervé que ce bois odorant n'offre guère que la partie des racines.

Il y a diverfité de fentimens fur Tarbre dont on retiré ce bois aromatique , qui eft de couleur de feuille-morte, dur , tortueux & rempli de veines , qui , par leurs va- riétés, forment des compartimens agréables. Les An- tilles en fourniffent beaucoup : il eft très- propre pour le tour & pour la marqueterie , parce qu'il reçoit très-bien le poli , ainfi qu'on en peut juger par les jolis meubles qui décorent nos appartemens & nos cabi- nets : il eu d'un jaune pâle & qui devient roux avec le temps ; il eft rcfmeux , dur , amer & parfemé do ' nœuds : fon aubier eft blanc & fans odeur. Quelques- uns croient que c'eft le même que le bois citron. Voyez ce mot. p autres foupçonnent que le lignum Rhodium eft un cytife.

Les Hollandois retirent, par la diftillation du bois de rofe , une huile très -pénétrante , que l'on peut fubftituer à l'huile effentielle de rofe dans les baumes apopleâiques , céphaliques. Les Parfumeurs fontufage de ce bois de rofe , à caufe de fon odeur.

Il y a une efpece de bois -de Rhodes ^ ayant peu d*odeur, qui croit à la Jamaïque : Amyris baîfamifcraj Linn.; Lauro affinis tcnbenthi y folio alatOy ligno odoratOy candido , fiore albo , Sloan. Jam. Hift. ; Lutvnium , Pluk. Quelques perfonnes le prennent pour le bois derofi^ quoiqu'à bien examiner il en diffère. L'illuftre Natura- lifte Sloane dit que le tronc de cet arbre , qui s'élevc à «nviron vinet j)ieds , eft blanc en dç<ians \ & que ce '

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boîs réfineux étant brûlé , répand une odeiir de rofe très-agf éâble. Ses fleurs font blanches , en bouquets , comme celles drf fureau. Ses fruits reflèmblent aut baies du Idurier. Il y a auflî à la Ciiiane im bois qu'où appelle bt>is de rofe. Voyei à Vartidc Bdis DE CHAN- DELLE. Le bois de rqfc de Saint-Doiïiingue , dit Nicol-- fin ^ a les feuilles oblongues , larges douze à quinze lignes , longues de deux à ti'ois pouces , terminées au fommet par une pointe moufle , recourbée d'un c'Ôté, d\ift vert clair en deffous , plus foncé eh defïiis ; très- veinées , fans denteliH-e.

H croît à la Chine un bois de rofe nommé tfetan > qui eft d une très-grande beauté. Sa couleur eft d'un noir tirant fur le rouge , rayé & femé de veines très** fines qu'on diroit être peintes : c'eft Very^cepeum àt quelques-uns. Les buvrages faits de ce bois font fi eftimés qu'ils fe vendent ]plus cher qite ceitx auxquels on applique le vernis. Da litdde.

Bois rouge ou Bois i>£ sat^g ou Bois sanglant*.

Terebinthus procera balfamiftra mira , fiarr. p. 1 07 ; afi Cabueriba , Pifon. CVft ^Anacoucou des Caraïbes. Ce bob provient d'un très^grand arbre qui ctoît en Améri- que , près du Golfe de Nicaragua & dans les environs de Cayenne. Le cœur de ce bois eft d'un très-beau rouge étant travaillé , mais il s'éclaircit & devient gris à la longue. Son écorce qui eft grife d'abord , devient rouge en féchant , tant en dehors qu*eri dedans. Les Indiens fe fervent quelquefois de cette cottleut pour colorer certains ouvrages. Ce bois eft cher ; ils s^en fervent cependant pour s'éclairer, de ftiêmè qu'on emploie le pin dans les Pyrénées. M. de frifontaine dit que c'eft , après le balatas , le meilleur bois pour bâtir. ^

On donne auiS le nom de Bois rouge , Lîgnmft rubrum , PttrocarpuÈ dfacoràs fanguis , à un arbre qui croît à Java , Sumatra & Malacca, & que les Indiens dppelient en iaingire Malaie Anxatut.

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Nicolfon obferve qiie le hois rouge eft un grand arbre dont on diftingue plufietirs efpeces , qui different entre elles tantôt par les fleurs ^ tantôt par les feuilles. Dans le quartier de Léogane , au bord de la mer , à Saint- Domingue , il en croît une efpece fort commune > qui s'élève environ à vingt pieds. Son bois eft lifle , gri- latre , dur , pefant , mailif : fes feuilles ont fix à ièpt pouces de longueur & environ deux pouces de lar- geiu" ; elles font oblongues , terminées par une pointe recourbée d'un côté , d'un vert gai en deffiis , clair en deffous , fans dentelure , partagées par une côte & plufieurs nervures faillantes. Sa fleur devient une baie iphérique , de quatre lignes de diamètre , remplie d'unç pulpe molle , mmce , charnue^ d*une odeiu: aromatique , d'un goût fade ; Técorce qui covtvre ce fruit eft mince, grifâtre , lifle en dedans. On trouve au centre une graine prefque ronde , divifée en deux lobes , dure, noirâtre , farineufe , ayant le même goût & la même odeur que la pulpe. Son bois eft employé dans les ouvrages de menuiferie.

Bois sain. C'eft le garou^ Voyez ce mot.

Bois saint. Voyc{ Gayac.

Bois de Saint- Jean. Voyez Arbre de Saint-Jean^

Bois de Sainte-Lucie. Voyez Makatep^ à rarticle Cerisier.

Bois de sang. f^oye[ Bois rouge.

Bois de Sapan* C'eft le bréJUlu des Indes. Voyez à

Carticle BoiS DE BRESIL»

Bois satiné. Bel arbre des Antilles ; c'eft le même que le bois de Féroles. Voyez u mot. On emploie fon bois en marqueterie : il a le fond rouge , veiné de jaune. lie bois faune d'Europe eft le prunier. Voyez ce mou

Bois e»e Savanne. Voyè:^ Poirier sauvage de Cayenne.

Bois savonneux. Voyt^^ Savonnier.

Bois de Saxafras. Voyt:^ Sassafras.

Bois de Senil. Voye\^ Conise à jfeuilUs de faulcp ^

B O I 3^1

Bois de seringue. Voye^ à Canich RÉSINE ÉLAS- TIQUE.

Bois siffleux. Voyi^^ Cotonnier siffleux , à

VarticU Mahot.

Bois signor. Voye^^ Bois Capucin.

Bois de Soie ou Bois Ramier , Munùngia folio

fericeo molli ^ fruclu majori , Plum. Gen. 41. C'ell ua arbre de la famille des Tilleuls ; il s'élève à environ trente pieds de hauteur ; fon écorce eft épaiffe de près d'un demi-pouce; elle eft blanche & toute hachée ;^^ fon bois eu gris , il a le fil long , tendre & plein de fève ; cet arbre eft affez branchu , de belle apparence y bien fourni de feuilles , qui approchent fort de celles du charme ; elles font alterne^ , tendres 5^ douces , fines & couvertes notamment en defîbus d'un petit duvet blanchâtre , doux & fin comme de la foie. Son bois n'eft bon qu'à faire des douves pour les barriques , encore durent-elles peu. A Saint-Domingue , cet arbre fe trouve , les Nègres font des cordes avec fon écorce. ,

Bois de ,Tacamaque. ^(jye:^; Tacamaque.

Bois tapiré. Grand arbre de la Colonie de Cayenne , dans lequel le cœur du bois eft mêlé de rouge & de jonquille : on en fait des meubles dans le pays ; & comme il eft d'une excellente odeur , il la com-, niunique au linge qu'on renferme dans les armoires faites de ce bois. L on commence à nous en apporter çn Europe pour Tufage des Ébéniftes.

Bois trompette. Foye^ Ambaïba.

Bois veiné. Nom donné par des Amateurs à une. coquille univalve du geiîre des Murex , parce que fa couleur imite celle du bois veiné. Voyez Murex.

Bois vert , ainfi nommé de fa couleur dominante. C'eft le bois £ébene de la Guadeloupe & de toutes les Antilles. Voye^ à VarticU Ébene.

Bois violet. C'eft le Bois de Pauxandre ; cependant les. Ébéniftes appellent plus particulière-

3<5î BOL

ment hois violet , celui dont les veines tranchent davan- tage & font plus vives, royei ^^^^ DE Palixandm,

BOLDU , BoUu arbor oliviera , Plum^ Jourru du Pérou. Arbre qui paroît avoir quelques rapports avec les lauriers , & qui croît dans les forêts au Pérou : il s'élève à la hauteur de vingt à vingt-quatre pieds ; fon tronc eft de la grofleur d'un homme. Son écorce a le goût de la cannelle ; fes feuilles font oppoféçs , cordiformes , longues de trois pouces , cfe moitié moins larges , vertes , un peu velues ^ .& d'une odeur d'encens. Les fleurs viennent en bouquets au bout des branches ; elles font blanches , à fix pétales difpofés en rofe ; il y a fix étamines jaimes , & un piftil ; le fruit reflemble à nos olives ; fon noyau eft noir , rond & ofleux. Les Indiens mangent ce fririt par délices.

BOLET , Bohtus , Linn. Gêner. iiîO. Voyt{^ i r article CHAMPIGNON.

On a donné le nom de Bolet' de cerf ^ (^ Boktus urvinus , ) à une efpece de champignon à cavité pul- vérulente ; ceux que nous ayons vu fous ce nom font des vefles-de-loup , petites , otbiculaires.

BOLS , Terres bolaires ou Terres sigillées,

Terrœ bolares. Ce font de vraies argiles ; mais il pa- roît qu'on a affeâé finguliérement ces noms à celles qui font un peu poreufes , affez friables , s'attachent & happent fortement en etepâtant la langue , de même qu'à certaines argiles remplies d une grande quantité de terre ferruginettfe , & colorées par cette terre d'une manière uniforme en jaune ou en rouge , &c.

Il y a ime efpece de terre hdaire de conteur At chair, que l'on voit avec étonnement avoir été de tous temps célèbre parmi les hommes , puifque du temps même à^ Homère & H Hérodote , on ne la tiroit de la terre qu'avec de grandes cérémonies. On nous ^porte cette terre fous la forme de paftilles convexes cPon cdté , ^ aplaties dt l'autre par l'imprelfion du

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cachet que chaque Souverain des lieux oti il fe trouve aujourd'hui des bols , y fait appofer , moyennant un tribut , ce qui lui conferve le nom de tern Jîgillée. Autrefois les Prêtres y imprimoîent l'image d'une' thevre , fymbole de Diane. Les bols (m tems Jigillées qui nous viennent de Saxe , font en paftilles rondes au pourtour , & planes tant en deffus qu'en deffous r Tune des faces offre rettipteinte de deux fabres croifés.

On voit en Allemagne , dans les boutiques , plu- fleurs efpeces de terres Jigillées , marquées de cachets difFérens. La plus grande partie de la tehe JigUlee , que l'on nomme auflî terre de Lemnos , parce qu*on la. tire de cette Ifle , appelée aujourd'hui Stalimene ^ eft marquée du fceau du Grand -Seigfiein:. Le Gou- verneur de rifle en vend aufli une partie aux Mar- chands , fut laquelle il imprime foîi fceau.

Les Anciens ont beaucoup vanté cette tefre , dont on ne fait aujourd'hui prefque point d ufage : Its cé- rémonies qu'on emplôyoit pour la tirer de la terre , ne côntribuoient pas peu à augmenter , dans l'efprit du peuple toujours crédule , l'idée de fa vertu. Ils la regardôient <5omme im alexipharmaque , comme un remède* très-utile à la dyffenterie , & propre à refer- mer les plaies récentes; effets qui, quoique très-foi- blés , pouvoient être produits par l'acide vitriolique , qui eu contenu dans les terres argileufés. Henckel dit que l'ufage de ces terres efl propre à engendrer & à augmenter les calculs , de même qtie le talc que les Cfinois brident , & qu'ils boivent nlêlé avec du vin , comme un remède propre à prolonger la vie. ïl efl étonnant que les terres bolaires foietit toujours dVm itfage âufli familier dans la Médecine. Il efl reconnu que tes acides n'agiffent pas fenfiblement fur les terres grafes; fi ces diffolvans ne peuvent les attaquef , il ^y a guère lieu de Croire que ceux qtd fe trouvent ^3 reftofûac produîfent cet- effet. Nous élirions vo-

3^4 BOL

lontiers ^ avec la pliis faine partie des Médecins mC^ trults , qu'on peut regarder comme un abus Tulàge des t-irres bolaircs &'des ums jigUlits. Effeftivement , fi elles ne fe diffolvent point dans les premières voies , elles ne peuvent que fatiguer l'eftomac fans paffer dans l'économie animale. S'il s'en diffout une partie , c'eft ime preuve que la urrt holairc étoit mêlée d'une portion de ttrrt calcaire ; & alors il vaudroit mieux em- ployer des terres abforbantes , telles que la c/vwV lavU ^ les yeux d^écrevijfes , &c. Si c'eft à la partie ferrugi- neufe qu'on attribue les vertus des terres JigilUes , il feroit beaucoup plus fimple d'employer des remèdes martiaux.

On a des bols & des terres figillées de plufieurs autres Contrées , & ces bols font aufli plus ou moins vantés. La terre de Mafia , près de Lisbonne , a la réputation de guérir les cancers. Celle de Smnt- Ulrich a , dit-on, la vertu de chaffer les rats' ; & celle du Chav au Pérou

{)afre poiu rendre les femmes fécondes. En Allemagne es terres bolaires ont encore beaucoup de cfédit.

On met au rang des bols une terre du Mogol de couleur grife tirant fur le javme , que l'on nomme terre de Patna ; on en feit des pots , des bouteilles , des carafes que Ton nomme gargoulettes , capables de contenir une pinte de Paris , mais fi minces & fi lé- gères , que le fouffle de la bouche les fait rouler çà & fur le parquet. On prétend que l'eau y con- tra ûe un goût & une odeur agréables , ce qui n'a point lieu dans ce pays-ci , lorfqu'on veut répéter Fexpérience dans ces vafes. Quoi qu'il en foit , ce vafe s'humeâe infenfiblement , & après que les Da- mes Indiennes ont bu l'eau qu'il contenpit , elles le croquent & mangent avec plaifir , & principalement quand elles font enceintes ; car alors elles aiment avec fureur cette terre de Patna ; & fi on ne les cb- fervoit point , dit plaifamment Limerï , il n'y a point / de femme groffe au Mogol qui , en peu de temps ,

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rfeùt grugé tous les plats , les pats , les bouteilles , les coupes & autres vafes de la maifon. On dit qu'en Efpagne on fait ufage d'iuie efpece de tem qui a pref- que les mêmes vertus , & qu'on nomme bucaros. Voyez ce met. Le bol d^ Arménie , fi célèbre comme ingrédient de la grande thériaque , eft d*iin rouge- brun. Il s'en trouve d'affez femblable auprès de Saumur. Les Naturaliftes diftinguent encore ptufieurs autres efpeces de terres bolaires par leur couleur , ainfi qu'ils donnent à beaucoup d'argiles des épithetes qui indi- quent leur couleur ; comme argiks blanches , argiles grijes , argiles bleues. Mais toutes ces dénominations , comme le dit avec raifon l'Auteur du DiBionnaire de Chimie , ne donnent que fort peu ou même point du tout de connoiffances fur la vraie nature des diffé- rentes argiles naturelles. Ne feroit-41 pas-, dit-il ', plus avantageux d'examiner d'une manière plus particu- lière , & fur-tout par des épreuves chimiques , quelle^ font les matières hétérogènes dont le mélange altère dans les différentes argiles naturelles la pureté de la ttrre argileufe , fimple & primitive , à laquelle elles doivent tout ce qu'elles pnt de propriétés argileufes , & de leur donner des noms qui indiquaflent ces ma- tières hétérogènes , ou du moins celles d'entre elles qui dominent , en y joignant , fi l'on veut , la cou- leur de V argile ? Dans ce plan de nomenclature , on auroit les argiles blanches , fabUufes ^ micacées , c^/- caires ; les argiles grifes ou bleues , pyriteufes ; les ar- giles jaunes ou rouges , ferrugineufes : les argiles noires ou bitumineufes. Ces observations judicieufes prouvent combien la Chimie peut répandre de liuniere dans V Ni flaire Naturelle fur l'objet préfent & fUr une infi- nité d'autres , particulièrement dans la Minéralogie.

Comme cet article a une liaifon intime avec (îelui de la glaife & de Vargile , Voyez Argile & Glaise. BOM , Borna, Grand ferpent du- Bréfil & du pays

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d'Angola > qui fait im bnilt fingiilier en rampant , & dont il eft parlé dans VHiJloirç Générale des Foyagcs^ Le Borna eu le Boa. Voyez ca article.

BOMBARDIER ou Canonnier. Nom donné à une efpece de buprefie qui fait par l'anus une explofion femblable à un coup de feu. Cet infefte , que M. SoLandtr a fait comioître le premier , eft de moyenne groffcur & de l'efpece des vers-luifans ; voici la phrafe qui défigne fes carafteres : Cicindela capïte , thorace , pedibufque rufis^ elyms nigro-caruleis. Le bombardier a les yeux faillans & d'un bleu- noirâtre ; (es cornes font courtes. Il a la tête , l'eftomac , le ventre & les pattes d'un rouge mat : l'extrémité des pattes de derrière eft d'un bleu foncé. Les étuis de fes ailes ont luie largeiu- inégale & des pointes obtufes. C'eft vers le commen- cement d'Avril que cet infede fort de terre : il refte d'abord caché fous des pierres ; mais Iprfqu'il fe met en marche , il va toujours en fautant & fans faire ufage de fes ailes ; fi on le touche , il jette auffi-tôt par l'anus , avec un bruit prefque femblable à celui d'une arme à feu , une fiimée qui parok d'un bleu fort clair. L'Obfervateur avoue que dans la frayeur que lui caufa pour la première fois cette explofion , il lâcha Pin- îefte ; mais que dès qu'il en eut trouvé un autre , & qu'il l'eut pris , l'animal tira fon coup comme le pre- mier. M. i o/a/2^r , familiarifé avec l'artillerie de ces petits animaux , s'avifa de chatouiller celui-ci avec une épingle fur le dos , & il tira jufqu a vingt coups de fuite. Etonné de voir tant d'air contenu dans un fi petit corps , il ouvrit l'infeâe , & il lui trouva vers l'anus une petite veflie afFaifîée. Cette vefiîe eft donc l'arfenal foudroyant de cet infeâe , qui eft lui-même une efpece de petite baftille , dont la manoeuvre pé- tulante & fans effet nuifible , mérite l'attention de l'Obfervateiu:. Cet animal à un ennemi qui lui dpnne continuellement la chaflë , c'eft le grand carabus dé- crit dans le FoMna Sufciça de Linmeus, Quan^ le tireur

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cft fatigué par les pourfuites du carabus ( qui eft iin autrç buprefte) , il fe couche devant ion ennemi. Celui- ci , la bouche béante , & les pinces ouvertes , eft tout prêt à dévorer fa proie ; mais à l'inftant qn^il s'apprête à fauter fiu- elle > le tireur lâche fon coup de bombe , & le carabus effrayé recule. Le bonAardur pourfuivî cherche à mettre le chaffeur en défaut , & s'il cil aflez heureux pour trouver un trou , il échappe cette fois au danger ; autrement le carahus , qui revient tou- jours à la charge , le prend par la tête , ie coupe & l'avale, M. Solandcr eft furpris que cet infcfte qui a des ailes , ne cherche pas à fe fauver en volant ; mais il ajoute que cet infeâe fait apparemment comme Toie qui, dit-on, vole devant lepervier , & ne fait qiie fauter devant le renard. M. Solander vient de nous feire connoître une autre forte d'infeûe fort fingu- lier : c'eft une chenille qui mange de la foupe & d'autres chofes graffes.

BONANA. Nom tranfporté par corruption au pin^ çon de la Jamaïque de M. Brijjon , parce qu'il a l'ha-» bitudç de fe percher fur le conana pour fe nourrir des fruits ou femences de cet arbre. Causby dit que c'eft par la mêoie raiibn qu'on donne auftl au iroupiale le même nom de bonana.

BONASUS. Efpece de taureau que Ton trouve en Péonie , dans les vaftes forêts de Lithuanie* , & dans quelques parties des Monts Crapacs , & peut-être dans le Caucafe. Ce quadrupède bifulce eft de la grot feur . de notre taureau domefiique , mais fon cou eft depuis les épaules jufque fur les yeux couvert d'un long poil , bien plus doux que le crin du cheval. Cet animal vient originairement de V aurochs , qui eft le taureau fauvage , animal fupérieiur au bonajus pour la grandeur & pour la force, yoye^ , au mot Auroghs, toute la variété des bœufs & ks cawfes de Içur dégé- nération. Le bonafus a été connu à^jirijiotc ; c'eft le monops ^Elim , le tauruiu fauvage de Peonie , le même

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animal que Jules-Céfar a décrit fous le nôitt genîiaîfl ii^urus ; en un mot , c'eft une efpece de bifon. Voye2 u mot.

BONDRÉE ,/?/. ml. 410. Goiran de Belon , Buuo apivorus. Cet oifeau de proie a tant de reffemblance avec la bufe , qu*à moins de les comparer bien foi- gneufement , il eft aiié de les confondre. Ces deux efpeces , quoique voifines, .& quoique ayant beau- coup de carafteres communs , offrent cependant des traits de différence dans le naturel , dans le caradere, dans les habitudes , fuffifans pour conftituer deux efpeces. La hondree eft à-peu-près auffi grofl'e que bufe ; elle a vingt-deux pouces de longueur depuis le bout du bec jufqu'à celui de la queue , & dix- huit pouces jufqu'à celui des pieds ; {^s ailes , lori* qu'elles font pliées , atteignent au-delà des trois quarts de la queue } elle a quatre pieds deux pouces d'en- vergure ; fon bec eft un peu plus long que celui de la bufe ; la peau nue qui en couvre la bafe eft jaune , épaiffe , inégale ; les narines font longues ''& cour- bées ; lorfqu'elle ouvre le bec , elle montre une bouche très-large & de couleur jaime ; Tiris des yeux eft d'im beau jaune ; les jambes & les pieds font de la même couleur , & les ongles , qui ne font pas très-crochus , font forts & noirâtres ; le fommet de la tête paroît large & aplati : il eft d'un gris-cen- dré. Ces oifeaux , alnfi que les bufes , compofent leurs nids avec des bûchettes , & les tapiffent de laine à l'intérieur ; c'eft fur elle qu'ils dépofent leurs œufs, qui font d'une couleur cendrée & marquetés de pe- tites taches brunes. Quelquefois ils occupent des nids étrangers ; on en a trouvé dans un vieux nid de mi- lan. Ils nourfiffent leurs petits de chryfalides , & particulièrement de chyfalides de guêpes. On a trouvé des têtes & des morceaux de guêpes dans un nid il y avoit deux petites bondréts : elles font dans ce premier âge couvertes d'un duvet blanc , tacheté de

noir;

BON 5(?^

^ït ; elles otit alors les pieds d'un jaune pale , & lai peau , qui eft fur la baie du bec , blanche. On a àuffi trouvé dans Peftomac de ces oifeaux , qui eft fort large , des grenouilles &c des. lézards entiers. La femelle eft , dans cette efpece , comme dans toutes Celles des grands oifeaux de proie , plus groffe que le tnâle ; & tous deux piettent &c courent , fans s'aider de leurs ailes , auffi vite que nos coqs de baffe-cour» La hondrée eft moins commune qiie la bufe; fa maniera ordinaire de chaffef , eft de fe placej: fur les arbres en plaine , pour épier fa proie. Elle prend les mu- lots^, les lézards , les grenouilles , les chenilles & autres infeftes. Elle ne vole guère que d'arbre en arbre ^ & de buiffon en buiffoh , toujours bas & {ans s'é- lever comme le milan > auquel du refte elle reffemble affez par le naturel , mais dont On pourra toujours la dif- tinguer de loin & de près , tant par fon vol que pat fa queue , qui n*eft pas fourchue comme celle du milan. Comme la bondree eft graffe en hiver , & que fa chair alors eft affez bonne à manger , on tâche, dans cette iaifon prendre cet oifeau au piège.

BONDUC ^ Guilandina^ Genre de plante à fleurs polypétalées , de la famille des Liguminmfes , & qui * comprend des arbres & des arbriffeaux exotiques , épineux , dont les feuilles font une ou deux fois ailées ,' & dont les fruits font des gouffes courtes, prefque Irhomboïdales , tout-à-fait unlloculaires , & qui renfer- ment quelques femences dures , offeufes , & la plupart;, prefque fphériques»

BONDUC commun^ Ou PoiS QUENIQUE , OU GtJJÉNIC ^ ou CniquiéR , ou (ElL t>E CHAT , Guilandma Bon^ duc , Linn. ; Bonduc vulgarc , majus ypolyphyllum ^ Plum %^ Acacia glorloja kntifci folio , Jpinofa ^ fion fpicato ImeOy Jiliqua magna, muricatâ , . Pluk. Âlm. ; Lobus ecfdnaeus ^. fru3u jlavo , foliis rotundionbus , Sloan. Jam* \Pruux Globulorum , Rumph. Amb. Ceft im arbrifféau épineuaS <im croît nàtiu-elleméot. da.n^ Jeç climats chauds ^ei Terne LU A a

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deux Indes ; on le trouve très-communément au bord de la mer , aux Ifles fous le vent ; fes tiges font ver- dâtres , cannelées , comme farmenteufes & caffantes ; la tige , les rameaux & les pétioles des feuilles font munis d'aiguillons nombreux , fort petits & en crochets ; fes feuilles font deux fois ailées , à pinnules oppofées & fans impaire , & à folioles ovales , glabres , un peu pétiolées ; les fleurs font affez petites , jaimâtres ou rôuflâtres , terminales , garnies de dix étamines très- déliées : le piftil devient une gouffe ovale ou rhom- boîdale , légèrement comprimé^ par les bords , renflée au milieu , d'un bnm rouflatre , large de quinze à dix-huit lignes , longue de trois à quatre pouces , couverte d épines fouples & nombreules ; cette gouffe eft uniloculaire , & contient deux ou trois graines fphériques , fort dures , lifles , d'un gris bleuâtre ou nué de vert, groffes comme des avelines; chaque graine renferme ime efpece d'amande blanchâtre, ridée , huileufe , d'une odeur & d'un goût de pois vert, mais amer ou peu agréable ; quand la gouffe , garnie de fes graines , eft bien defféchée & qu'on l'agite , elles réfonnent.

BONDUC rampant , Guilandina BonduuUa , Linn. ; Crifia pavonis , glycirrhiiœ folio , minor ^ repcns ^Jpin<h fijpma , &c. Bregn. Prodr. ; Caruti , Rheed. Malab. Cette efpece eft plus petite & plus rampante que la précédente; les H^itans du Malabar s'en fervent comme d'irn fpécifique dans les hernies : on en peut faire des haies impénétrables aux animaux y à caufe de la grande quantité d'aiguillons dont fes rameaux , qui s'étalent à la manière des ronces , font garnis*

BONDUC à goufftsUjfcs , Guilandina nuga , linn. Cette efpece croît à Amboine, dans les lieux pierreux, vers les bords de la mer.

BONDUC à ficurs m grappts panicutccs , GuUanJirut panicidata , Linn. Cette efpece croît au Malabar. M. de CQmn«rfon dit l'^ivoir vue à la Nouvelljg Brç:^

BON 371

tagne : c^eft le Catit^muLIu , Rheed Mal. ; le Ticànto da M. 'Adarifon.

BONDUC à jkurs^ axi&iires , GuUandina axillarîs^ Cette efpece croît dix Malabar, dai3$ les bois épais: ç'eft le B^m^amti , Rheed. MaJL

BON-HENRI ou Épinard sauvage , Bonus hcn^ ricus^l. B. %y 965 ^ Linn. 320; Chmopodium folio triant gulo , Tourfl. Inft. 506. Plante à fleurs à étamines , aiïeç Jemhlahle, pour la figure extérieure, aux épinards ^ qu'on peut leur fubftituerj étant également émolliente laxative. On dit que i^s feiUlles écrafées & appliquées ^n cataplâfine fur les plaiies nauvelies , les cicatrifent promptement , réunifiant le double avantage de net^ joyer les ulcères &c les plaies. On trouve fréquemment cette plante dans les lieux incultes , les maiiires , le long des chemins. Des perfonnes la cultivent auflji avec les herbes, potagères ; Pon mange fes jeunes tiges jen manière d'afperges ^ & fes feuilles en guife d'épinardsj

Le bon-'henri , dit M. Ddeu^ , eft du genre appelé païU'-^ouy ( Chenopodium. ) Sa racine eft vivace , épaifle , rameufe , jaunâtre dans fon intérieur , acre & amere ; fes tiges font hautes d'un pied & plus, épaiffes , droites , creufes , cannelées & garnies de feuilles alter- nlBS , triangidaires , fagittées, un peu ondulées , liffes, nerveufes, ftns dentelures dans leur contour, d'un gros vert en deffus, & comme chargées d'une pouf- fiere farineufe en deffous ; elles font portées fur de longs pédicules & renfoncées à leur infertion : fes fleurs fiaiflent en épis au bout des branches ; elles font d'ùnf couleur herbacée.

Bon -HOMME, f^cjy^î Bouillon-blanc.

Bon-jour-commandeur. Nom donné, \ Cayenne , à un petit oifeau qui a le plumage , lès mœur^ & le? çaraâeres dje notre moineau ; fon chant fe fait entendre de grand m^tin, & C'eft le premier des oifeaux idpnt le cri frappe l'oreiUe 4^ ceux qui commandent

372 BON

BONITE. Poiffon fort commun dans la mer AtlaiS tique , d'ime couleur affez approchante de celle des fnaquereaux , auxquels il reffemble auffi pour le goût j mais il en diffère beaucoup par la grandeur ; il a jufqu'à deux ou trois pieds de longueur. Son corps eft fort épais , charnu & couvert d'une petite écaille fi ferrée , qu'à peine Papperçoit-on : quatre raies jaunâtres qui naiffent du côte de la tête , régnent le long du corps è diftance à-peu-près égale , & le réunifient à la queuç, La bomu a l'œil grand & vif.

Ces poiflbns fe trouvent plutôt en pleine mer qim près des côtes ; ils vont en troupe , & la mer en eil quelquefois prefque toute couverte : on les prend à la fouine , au trident & de diverfes autres manierez Si l'on attache une ligne à la vergue du vaiffeau lorfr qu'il vogue , & qu'on l'amorce avec deux pliunes df pigeon blanc , on a le plaifir de voir les bonites s^élancei îur ces plumes qu'elles prennent pour un poiffon volant ^ & fe prendre ainfi à Thameçon.

Quoique les bonites ou germons des mers d'Amen^ que & d'Europe foient un excellent manger, on dit que la chair de celles que l'on pêche dans les mers d'Angola eft très-pemicieufe. Les Nègres de la Côtç d'Or mettent ce poiffon au rang de leurs DieiLX ou Fétiches. Ce poiffon n'eft-il pas le Thon è

BONITON. Foyei Amie.

BONNE-DAME. Foyei Arroche.

BONNET-CHINOIS. Ceft un finge de la fimilte des Guenons , & qui paroît n'être qu'une variété l'efpece du malbrouck. Voyez ce mot.

Bonnet d'Électeur. Foyei à la fuiu de l'ari ticle Courge à limbe droit ou BoNNET de Prêtre, Ceft une race de pepons. On l'appelle pajlijfon.

Bonnet DE Neptune. C'eftim fongîpore de forme arrondie ; fa partie convexe eft quelquefois terminée par wnetfpe.çe de tubercule en façon de bouton, d'oùt p;utent en tous fens des lames mijacçs fort {sni^%

"Bon .571

^ont les dentelures farllantes forment de dHlance en diftance de petits tubercules comme étoiles, qiû leur font donner le nom de grand bonnet de Neptune , ou la rj^trc Polonoife. Les efpeces ordinaires font plus petites , & n'ont point ces tubercules étoiles , mais quelquefois des boucles irrégulieres. La partie concave du bonnet de Neptune eft garnie de ftries granuleufes , quelquefois pointues. On donne auffi le nom de bonnet de Neptune à une efpece d'épongé , dont l'organifation imite celle du fongi- pore décrit ci-deffus. Foye^^ Us mots MADREPORE &

FONGIPORE.

Bonnet de Prêtre ou Fusain commun , Évoni^ mus^ Dod. Pempt. 783 ; Evonimus vulgaris, granis ru- htnûbus , C, B, Pin. 418 ; Evonimus multis aliis tetra^ gonia y J. B. 7 , ICI ; Evonimus Europaus , Linn. i86* Ceft un arbriffeaii dont le bois efi dur , & toutefois fecile à fendre , de coidcur jaunâtre pâle ; fa tige eft droite ; les branches encore jeunes paroiffent qua- drangulaires , parce que Técorce , félon M. Deleu^e , eft marquée de quatre lignes rougeâtres un peu éle- firées; les feuilles font ovales ,, lancéolées , nnement ilentelées par les bords , vertes , pétiolées , & pofées deux â deux fur les branches/; les fleurs font petites ^ couleur d'herbe , compofées de ouatre ou cinq feuillet & d'autant d'étamines avec un feul piftil : aux fleurs fuccedent des fruits membraneux , relevés de quatre ou cinq côtes de couleur rouge , compofés de quatre capfules qui renferment chacune une {emence de cou- leur fafranée en dehors.

Cet arbrifl^eau qui s'élève à la hauteur de fix à fept pieds , croît naturellement dans les haies ; fon bois eft employé pour faire des lardoires & des fiifeaux , ce qui Pa feit nommer fufmn. Il fleurit à la fin de Mai & eft propre à mettre dans les remifes ou les bof^ Juets d'agrément. La belle couleur rouge de fes fruits £)riae un ai&z htl afpeâ en automne.

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174 . B O O B O R

On drftingue plufieurs autres efpeces ou variétés ivL fitfain ; (zvoix ^\q fufain à fruit blanc; celui iiJUurrom qui fe troirve en Hongrie j en Moravie & dans la Baffe- Autriche ; lefufain à larges feidlUs ou k grand fiifain; celui de Virginie , dont il y a deux e^eces , l'un qui <{uitte fa feuille , & l'autre qui demeure toujours vert* On dit que les feuilles & les fruits iufufain font pernicieux au bétail , &c que deux ou trois de ces fruits purgent violemment. Heureufement tout le bétail a âe la répugnance pour cet arbrifieau ; les infeâes mêmes lie s'y attachent .pas. La poudre des capfules du/ufak répandue fur les cheveux & fur les habits tue les poux. On tire une teinture rouge ée l'enveloppe <les graines. En faifant bouillir les baies àa/ufain dans -une leffive , elles peuvent fervir à dcmner aiDc che- yeux une coulejur blonde ; fon bois qui jaune , obéit au dfeau ^ èceû quelquefois employé ^ans les ouvrages de failpture. On fait avec des baguettes de fiifain des crayons noirs->poiff les DeffisiaCeurs. Pour cet effet , on prend un petit canon de fer que l'oa ix>udie par les deux bouts , on le remplit de baguettes de ^iéfain , on le met dans le feu , & le fufain s'y con- vertit en un charbon tendre & très-propre pour les efquiffes. Lorfque l'on taille ces crayons > il faut faire la pointe fur un des cotés pour éviter la moelle.

Quelques-uns donnent aufli le nom de ionnu Je iPrctre au bonnet d^ÈUBmr. Voyez u dernier mot.

BOOSCHRATTE ou Rat des bois. Nom donné par les Hollandois au farigue , eipece de dïddphe. Voyez à V article Didelphe.

BORAMETZ. P^oye:^ AGNEAU TaRTARE ou DE

Scythie.

BORAX (tf). Le borax eft une combinaifon de

^«} Les deuils dtns tefquek je vais entrer , font longs à la ¥^'t^ ; nais comme ils ont été lus en forme de Mémoire, en 17^ , à l'Acadé- mie Koyale des Sciences » & que ce Mémoire a été égaré deux fois, perdu trois fois dans l«s nains de Tua des CommiâBices ùat%i de

^ O R 57y

Talkalî-imncral avec le fel fédatif ; c'eflun feî (I*vin grand ufage en Médecine , & très -employé par divers; Artiftes.

Les Nktiiraliftes le défignent comme un fel foffile ; des Chimifles le placent auffi dans le reene minéral. Pes Commerçans prétendent que cette fubUancç n-'eft point un corps naturel ,mais un produit de l'art. Divers Auteurs ont dit que le borax naiffoit ou fe trouvoit dans des mines de cuivre en Afie , dans les mines d'or & d'argent des grandes Indes & de la Tartarie , & fur-tout dans l'We de Ceylan. Malgré tous les tra^ vaux qu'on a tentés fur ce fel pour en découvrir la nature , & quoi qu'en aient penfé ou foupçonné la plupart des Ecrivains & des Artiftes , il paroît qu'oa eft toujours fort incertain fur l'origine & le raffinage du borax.

Je me propofe de donner ici non-feulement une bonne defcription du tinkal & des différentes efpeces de borax connus dans le Commerce , mais encore leur origine , leur ufage , la manière de raffiner le borax à l'imlar des HoUandois , & de difcuter quelques points chimiques ^ tendans à éclaircir ou à confirmer les notions que nous avons de la nature & de la forma- tion de ce fel fingulier. Le borax brut^ ou cru & groffier , tel qu'il nous vient de l'Inde Orientale , ref- femble à une terre plus grifatre que jaunâtre , gni-» meleufe , affez pefante , d^urie faveur de fucre , & d'alkali de fondé ou de fel marin. Dans cet état il contient beaucoup de corps étrangers , différemment

rex^roîner ; & qu'en 1773 M. Cadtt ayant ët^ nommé en place de feil M. Baron ^ pour en faire le rapport conjointement avec M. Bouriclin'^ é*après lequel rapport fait » TAcadémie conclut que Ton ne feroit «tt'un extrait de ce Mémpire pour être inféré dans THiftoire de ladite Académie , j*ai cru que mes Leéleurs ne me fauroiént pas mauvais gré <le trouver ici la totalité de mes recherches & de mon travail fur Id horax» Quant à deux autres Mémoires , Tun fur la vitrioiifation , Vautra fur le camphre , que )*avois lus en 1760 & 1761 , à la même Académie i ils n*ont été égarés qa*une fois ; mais comme je les ai réclamés férieufe* ment , 1* Académie les « fait imprimer dans les Mémoires d(s Savan^ Etrani;crst '

Aa 4 ^

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colorés , tefreux & pierreux. H n'elb pas rare J?y trouver des crlftaux d'un borax à demi-tranfparent ^ verdâtres & réguliers comme le borax raffiné ; on nomme ce fel borax gras & brut de l'Inde.

On trouve aufli dans le Commerce du borax en paîn^ il reflemble à du fucre peu tranfparent & candi , ou à un amas de criftaux confus de tartre vitriolé. Onl# nomme borax en rocher de la Chine^

L'autre efpece de borax efl afTez tranfparent, luifant, d'un blanc mat , dur ; fa figure efl un pnfme hexaèdre , comprimé , & tronqué par les deux bouts. On le nomme borax . raffiné J^ Hollande , Borax depuratus , albus , oSangularis Wallerii (tf). Son goût eft d'abord afTez doux ; il devient enfmte âcre-piquant; mis fiu" des charbons embrafés , fon odeur , ^ qui efî fuave au commencement, devient enfuite alkaline & «rineufe.

Le raffinage du borax efl une efpece de manipulation t[ue les Hollandois annoncent comme un fecret ; mais ils s'en font fait trop gratuitement un privilège excliifif. Je peux dire d'avance qu'il en efl du raffinage du borax comme de celui du camphre. Pendant combien de tempa n'a-t-on pas dit que le camphre ne fe pouvoit purifier que par la fimple liquéfadion ? Quelques-uns cependant loupçonnoient que cette réfine fi finguliere pouvoit être purifiée par la fublimation : tant d'incertitudes auroient faire tenter l'expérience ; mais chacun parloit le lan- gage de fon Auteur ; il n'y avoit que les Hollandois <5ui favoient feuls profiter de notre trop crédule corn* plaifance^ jufqu'au moment (en 1761 ) oii j'ai com* muniqué à l'Académie des Sciences que le véritable pro»- cédé du raffinage du camphre brut , fe rédùifoit à une feule fublimation, au procédé que j'ai décrit avec les détails nécefTaires pour accélérer & raciliter l'opération. Si l'on eût tenté en France la purification du borax brut

{a) J'ai expofé aux yeux de TAcadémie ces différentes efpeces dt ^oTox y & toutes les expériences que j'ai fik^s fur te fel»

B O R 37f

île l'Inde & qu'on l'eût rendue publique , on fauroit qu'on en peut faire le raffinage uns l'intervention de Teau de chaux vive & jd'autres matières , qu'on a pré* tendu ou ignorer ou foupçonher. Enfin on fauroit déjà que la purification du borax eft fondée fur le même

!)rocédé ufité pour les autres fek que l'on piurifie par a voie de la diffolution , de la filtration , de l'évapora-^ tien & de la criflallifation.

Etant à Âmfierdam, un riche Négociant de cette' ville me fit entrer dans un de ces fameux laboratoires , cil l'on ne feit des opérations de Chimie qu'en grande quantité : la théorie eft bannie de ces efpeces d'atteliers ,' la pratique feule conduit la main d'un ouvrier qui ne manque jamais de réuflîr , & de produire à fon maître un bénéfice dont la fpéculation lui tient lieu de toutes réflexions phyfiques. Ce fut dans ce laboratoire HoUan- dois oii je puifai diverfes inftruûions , dont je rendrai compte dans un inftant.

Le borax brut nous eft apporté de Bengale & d'Ormus : on en trouve auflî dans la grande Tartarie.

De tous les vaiffeaux Européens qui mouillent dans le Bengale , ce font ceux des HoUandois qui apportent le plus de borax ; je fais même que ce qu'en apportent quelquefois les François ou les Anglois , eft auffi-tôt revendu à quelques Négocians d'Amfterdam qui ont Part de le purifier. Les Vénitiens ont eu les pre- nùers la réputation de raffiner ce fel ; mais ils pré- tendent que la longue guerre des Turcs avec les Perfans ayant interrompu toute efpece de commerce dans les Echelles du Levant , ceux qui avoient à" .Venife l'art de raffiner le borax des Indes , manquant de matière à borax , périrent de mifere , & emportèrent avec eux leur fecret. Que ce fait foit ou non , toujours cft-il vrai que les Vénitiens & tous les Européens tirent aujourd'hui & uniquement le borax rafiiné des Droguiftes de Hollande , & que ceux-ci font un myftere de la manière de U raffiner.

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UAuteur du DlcHonnain du Citoyen dît à cet égffj que le grand fecret des HoUandois eft l'économie & leur application à rendre la maiivd'oeuvre à très-bon marché^ pour empêcher les autres Nations de tenter la même chofe ; fecret qu'ils appliquent efFeftivement à plufieurs autres objets de commerce , tels que la préparation du mimtmt^ du cinabre, Anfublimé corrojify les htdles de mufcàdey de girofle ^ de, bois de rofe^ de fajpifrasy de t^édooire , de coulilawan j de cannelle , & df plufieurs autres matières , dont ils font feuls le commerce à l'exclufion de toutes autres Nations. Je reviens au borax y comme étant le feul objet que je me fois propofé de traiter dans ce Mémoire.

La quantité de borax brut qui m*a paffé par les mains, ou que j'ai eu occaiion de voir dans (es magafins de Maneille , de Londres , d'Anifterdam & de plufieurs autres endroits de l'Europe , les récits de plufieurs Négocians Arméniens ÔC de Voyageiu"s inftruits que j'ai entendus dans mon dernier voyage , tant en Angleterre! qu'en Hollande, tout me porte à dire que le borax fe tire par lixiviation d'une terre graffe & laline , laquelle fe trouve en manière de dépôt dans des efpeces de puits creufés? exprès eh certains cantons de la Perfe & du Mogol , & oîi l'on n'a l'art de purifier ce fel qu'à demi , même à l'aide d'une féconde diffolution. Le procédé ufité dans l'Inde pour cette première purification du borax appelé borax gras bnu de VInde , diffère peu de ce qu'on lit dans le premier voliune de notre Minéralogie , pre- mière édition, lySzypag. ^^44 , &c. d'après la lettre qui m'avoit été écrite en 1754 dlfpahan. Voici le précis de cette lettre ;

Le borax tire fon origine d'une terre grifStre , fablon- neufe , graffe, que Ton trouve en Perfe & dans le Mogol, proche des torrens de Radziaribron , & notamment au bas des montagnes de Purbeth , d'oii il découle une eau mcàiffeufe, laiteufe, acre , lixivielle & comme favon- neufe; Lorfque la terre eil dure & par monceaux, on

fi O R 379

Pcxpofe à Phumîdîté de l'air, oh elle s'amollît & devient marbrée en (a fuperficie. Cette terre ou pierre à borax ^ & cette eau , font les matrices , les matières premières du borax. On ramafTe auffi une eau de la coniiflance d'une gçlée très-claire qui fe trouve en Perfe dans des foflfes très- profondes, près d'une mine de cuivre jaune; cette liqueiu: a un œil verdâtre , & la faveur d'un fel Éide. On mélange la pierre à borax avec l'eau favon- neufe & la liqueur gélatineufe ; on les leffive ; on fait évaporer la liqueur jufqu'à coniiilance requife ; puis on la verfe à demi-refroidie dans des foffes enduites de glaife blanchâtre ; on couvre ces foffes d'un toit ou cha- piteau enduit de la même matière. Au bout de trois mois on trouve un dépôt terreux , grifâtre , d'une confiflance vifqueufe , d'une faveur faline & nau- féabonde^ entremêlée de ^elques criftaux plus fales, verdâtres & affez opaques; quelquefois auffi le dé- pôt eft griiStre & peu tenace, mais d'un goût plus alkalin. On diffout auffi ce dépôt terreux & falin ; on procède comme ci-deffus ; on verfe la liqueur dans unç autre foffe femblable à la première > &: deux mois après l'on y trouve encore un dépôt terreux , mais plus ialin , remj^i d'un plus grand nombre de criflaux plus réguliers , demi-tranfparens. Tel eft le borax qu'on apporte en Europe fous le nom de borax brut.

Celui qui m'a affuré, en 1766, que ce procédé eft toujours le même dans Tlnde, m'a dit auffi que le pro^ chût des foffes à borax des diftrids de Patna , du Décan , de Vifapour , de Golconde & de quelques autres con- trées du M(^ol , étoit porté à Bengale ; tandis que produit des foffes de Schiras, de Kerman & de quelques autres lieux de la Perfe , étoit porté à Gomnon , ou Bender-Abaffy. Le même Narrateur m'affura qu'avanç la guerre des Tiurcs contre les Perfans , les Arméniens alloient, par Smyrne, près l'ancienne Babylone^, oîi il y avoit auffi des puits ou foffes à borax ^ & que ils achetoient le borax brut^ & l'apportoient aux Véni-

jSo B O R

tiens , qui alors avoient Tart de le raffiner ; îl me mcn^ ira airffi un bârax naturel^ qu'il me dit fe trouver tan- tôt dans des cavernes en Perfe , 8c tantôt dans un lac du grand Thibet (a). Ce horax natif qu'il me donna 9 eft blanchâtre , formé par couches , & un peu fableux » d'im jgoùt très-alkalin & peu fucré , ou moins fede que le torax ordinaire : on l'appelle fd de. Perfe. En cet état il ne peut fouder; il lui manque l'onftueux du einkalcp^on lui donne à volonté (f) ; c'eft de ce fel dont les femmes Tartares fe fervent quelquefois poiu: adoucir la peau <les bras & du vifage.

{a) M. Binot , Chirurgien fur Tun des vaîiTeaux cle la Compagnie det Indes , a communiqué les détails fui vans à M. Balliert , de TAcadémir de Rouen , à-peu-près dans le même temps que nous irons lu ce Mé** moire :

Le horax eft un Tel foflile qu*on tire d*un endroit du Rojaume da fi g^nd Thihet , nommé StmhuL II y a dans ce lieu-là un grand lac f » de cinq lieues de tour ou. environ. Dans un certain tenpsde Tannée» les gens du pays débouchent des égouttoîrs qu'ils ont pratiqués pour tt faire fortir du lac autant d'eau qu'il leur eft poflible : il en refte ordî- M nairement deux ou trois pieds. Alors fept ou huit hommes fe Jettent M à l'eau après s'être bien bouché la bouche & les oreilles : fans cette f* précaution , cette eau leur feroît enfler tout le corps, ce qui arrive pt Couvent. Ils rangent en file dans l'eau , 6c tous raclent avec les »t mains & les pieds pour détacher le borax qui eft au fond. Ils le 9s mettent enfuîte dans des bourfes pour le bien laver en le frottant entre les mains. Ils le font pafler ainfi de main en main iufqu'aa »t dernier homme qui met ce horax dans un grand vafe attaché à un >* poteau au milieu du lac. Quand ce vafe eft plein , ils mettent le tout )> dans une outre ou fac de peau , & au moyen d'une corde , ils ti» rent le horax hors du lac , fans y faire d'autres préparations. On ne trouve pas autre chofe dans ce lac. Il y a feulement auprès de cet 9* endroit une minière d*or. En partant de Négral pour aller à Sembul y lieu du horax , il faut marcher entre le Levant & [a Tramontane ; le chemin eft à-peu-près de trois cents lieues >t, ( Ce horax ne feroit-i( pu un natron)}

(h) Cette fubftance onâueufe eft le t'tnkal même » cette matière dont le horax brut eft mélangé » & qui étoit inconnue aux Chimiftes & aux' Katuraliftes. Cependant, en 1741 , M. KnoU , qui étoit à Tranquebar , «nvoya à M. Langiut , Profefleur à Hall , de la mine du horax & du fel qui en avoit été tiré avec du favon & du verre qui en avoient ^té faits. M. Pou , Chimifte de Berlin , fît par la fuite des recherches fur la terre fablonneufe & lîxiviclle du horax, & découvrit qu'elle con- tenolt en effet un fel alkali terreftre. J^oyei Pott da Borate , pag. ;. Mais on ignore toujours la manière dont le tinkal fe fait avec un a|f kali terreftre , & peut-être M. Knoll aura-t-il donné de plus graads éclairciifemens fur cette importante matière*

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On me fit en même temps obferver la forme &c la nature des inftrumens dont on fe fervoit dans le laboratoire Hollandois : j'examinai d'abord le tamis à filtrer ; le tiffu de fa toile étoit ourdi entièrement de fils très-fins de cuivre jaiine ; cette circpnftance jointe à la nature & à l'emplacement du réfervoit qui contient la liqueur comme gélatineufe , & dont il eft fait mention ci-deffus , me firent un peu réflé* chir fur l'origine de la partie terreufe & de la por- tion verte cuivreufe , foupçonnée par les uns , & comme démontrée par M. Cadet. C'eft cette même couleur verte du Borax brut qui a fait dire à pref- que tous les Auteurs que le borax naiffoit dans diffé^ rentes mines de cuivre ; on a même avancé qii'ua tel borax étoit préférable pour les Arts à celui qui fe tiroit des autres mines.

Examinons maintenant fi les Hollandois ajoutent ou diminuent la dofe du cuivre dans la purincatiori qu'ils font du borax , & fi les artifans qui fontu(age de ce fel , emploient également celui qui eft tranfpa- rent/fans couleur , très-rafiiné , & celui qui eft un peu tranfparent verdâtre , &c qui contient plus de cuivre en apparence.

Dans le laboratoire déjà cité j'appris :

i.^ Qu'ils diftinguoîent deux fortes de bomx Brutl l'un apporté par mer de Gornnon & de Bengale ^ c'étoit le plus commun. L'autre étoit un borax de caravane y apporté par terre de Bender-Abaffy à Ht- pahan , & jufqu'au Gihlan, on l'embarque fiu*4^ Mer Cafpienne jufqu'à Aftracan , & de on l'apporte par terre à Pétersbourg , & de Pétçrsbourg par mer à Amfterdam. Le borax d$ carava^ eft prelque tout €n criftaux verdâtres. . ^

x.^ Que cent livres de borax brut de l*Inde ne donsv noient que quatre-vingts livres de borax purifié.

3.^ Que ce fel , dans fon état d'impureté , eft fi idiffidk à fe diffoudre dans l'eau ^ qvi'iji ùXiX fl'y ^^^^>

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dre jufqu'à huit & quelquefois douze tepiifês , & verfer à chaque fois le double du poids d'eau chaude, pour en extraire ou féparer toute la matière purement laline.

4.® Que par ce moyen on pouvoit obtenir huit& douze criftallifations de borax , différentes entre elles par la couleur , la figure , la tranfparence , la pefan- îeur & l'excès des propriétés.

5 .** Qu'avant de procéder à la diffolution du iorax hut y on en retiroit tout ce qui paroiffoit trop hétéro* gène, purement terreux & abfolument pierreux. . 6.^ Que pour difpofer la fubftance faline à fe difrou«> dre plus facilement , il étoit important de Ja feire macérer pendant huit jours avec un poids égal d'eau chaude.

7.® Qu'on verfoit chaque diflblutioii toute bouil- lante Air un tamis à fils de laiton , lequel tamis étoit adapté à l'ouverture d'un filtre de laine taillé comme la chauffe d'hypocras.

. 8.*^ Que les premières leffives fe feifoient avec len?» teur , & étoient rouflâtres. Les dernières étoient au contraire peu colorées , & exigeoient peu de temps.

9*^ Que les inflnimens , tels que jattes , badines & chaudières , étoient de plomb.

lo.^ Que l'aliment du feu qu'ils employoient pour ces opérations , étoit la tourbe du pays de Gouda.

I iJ^ Qu'on verfoit la liqueur très-chaude & éva- porée à petit feu dans un vafe de plomb y fait comme un très-grand creufet ; lequel vafè étoit à l'abri & en- touré de beaucoup de paille hachée fort menu , & f ouvert d'un rond de bois plombé en fa partie infé- rieure , & garni de nattes de rofeau & de toile en ùt partie fiipérièure. Ces précautions , dit-on , font iies moyens furs pour que la liqueur reliant long- temps chaude & très-fluide , les corps hétérogènes s'y précipitent plus facilement , & que la crifbllifation fe iafîe lentement Se plus rég^éroment ; cettg dernkif

B O R 38}

^ératîon , qiii me parut fuivant les principes deTart, exige vingt jours de temps. Voilà tout ce que j*ai vu, tout ce que j'ai appris en Hollande fiu: cette matière*

On m'avertit auffi qu'il y avoit une douzième con-» dition requife , abfôlument néceflaire pour le raffinage du borax. Cette condition devoit être la bafe Ai fecret. Etoit-ce l'addition d'une eau de chaux vive ? On a prétendu en Europe que ce pouvoit être la bafe du myftere. Nous verrons dans im moment que fi Ion n'avoit pas été fi long^temps dans une forte d'm- difFérence au uijet de ce fel , il etoit facile de dévoileç tout le fecret que les Hollandois afFeâent de cacher , & acquérir par-là une connoifiance de plus fur U fuUlance faline que nous traitons.

De retour à Paris , j'ai tenté quelques expériences fur le raffinage & la nature du borax. J'ai lu d'abord toutes les analyfes que d'habiles Chimiftes François ont faites de ce fel. J'ai reconnu que M. Homberg eft le premier qui a retiré le fel fédatif fublimé du borax , en diftillant ce fel avec l'acide vitriolique ; que M. Lémery le fils a découvert qu'on pouvoit auffi retirer le fel fédatif du. borax , par ïes acides nitreux & marins ; que M. Geoffroy a trouvé le moyen de l'obtenir par l'évaporation & la criftallifation ; il a auffi démontré le premier que le borax contient la bafe du fel marin ; que le célèbre M. Baron paroît être k premier qui ait bien connu la nature du borax ; non-feulement il a prouvé qu'il étoit pofiîble d'obtenir le fel fédatif du borax , en fe fervant des acides minéraux , mais encore à l'aide des acides végétaux; il a même dé^ montré que ce fel exiftoit tout formé dans le^^r^r, & que le borax n'eft autre chofe qu'un compofé. de fel fédatif & d'alkali du fel marin; & qu^n combi- nant le fel fédatif avec la bafe du fel marin ^ on re- faifoit du borax ; que l'illuilre M. Bourdelin a fait un très -grand travail pour décompofer le fel fédatif; ^nfin^ que M. Coda le premig: qui «ut gru r^.

3«4 ^ B O R

i:onnoîtfe dans le borax l'exiftence du aiîvre dégiiîfc par un principe arfenical & une terre vitrifiable , terre qui avoit déjà été analyfée par M, Pou ^ Chimifte de Berlin , & dont les procédés fur cette matière étant ^fFérens de ceux de M. Cadet , ont néceffaire* ment amener à des rçfultats différens.

D'après tant de travaux faits fur la même matière par d'aufli grands Maîtres, je ne devois tenter au- cune des opérations , ni répéter aucune des expérienœs idéjà décrites. Qu'il me foit permis d'avouer que l'exif- •tence du cuivre reconnue par M. Cadet comme partie jtonftituante & effentielle à la nature du borax , me paroiffoit fi finguliere , que j'ai ofé défirer voir par mes yeux un tel phénomène.

On . doit bien préfumer que pour cette opération je devois être fur du borax que j'emploîrois ; il me falloit donc en purifier moi-même , & en même temps m'affu- rer du rafiînage du borax. Voici mon travail :

J'ai pris fix livres de borax brut de Bengale ; j'en ai retire quelques graviers de granité qui s'y trou- voient , & tous les corps durs abfolument pierreux ; il y en avoit fix onces. J'ai verfé fiu" le borax trié & piis dans une terrine de grès deux livres d'eau bouil- lante ; le mélange étant bien remué avec une fpatiile de bois dur, je T'ai laifîe macérer pendant huit jours; aij bout de ce temps j'ai verfé trente livres d'eau bouillante fur la même mafle faline , que je remuai long-temps avec la fpatule ; je laiflai un peu repo- fer ; je filtrai la leflive encore chaude au travers d'un morceau de drap appelé W^î/zcA^/, Je verfai fur le dé- pôt falin qui reftoit fur le blanchet quinze livres de nouvelle eau bouillante ; enfin fix autres livres fur le deuxième dépôt, & quatre livres fur le troifieme; alors la terre qui refta me parut infipide , je la mis à part : j'en parlerai dans un inftant.

Je mêlai les difi^érentes diffolutions dans une tenine *s grès placée dans uo bain ^t fkbJç > 5c j'évaporai

jiifqii'à

B O R 38^5

jufqu'à l'inftant oîi des flocons falins partaient eiT abondance du fond de - la terrine ver^ la fuperficie de. la liqueur. Je portai ainfi la terrine avec fon bain de fable dans un endroit bien clos ; je la couvris d'une autre terrine chaude , gueule contre gueide ; j'entourai promptement & avec foin cet appareil , de gros linges que j'avois fortement chauffés ; par ce moyen , j'ai obtenu au bout de vingt jours ( huit m'euffent fuffi ) , des criftaux tranfparens fans couleur , à fix pans tron- qués par les deux bouts , & d'une groifeiu- propor- : tionnée à la quantité de borax brut que j'avois em-. ployée.

Il eft peut-être important de dire qu'avant de retirer . l'excédent de la liqueur qui ne s'étoit pas criflallifée , ^ j'obfervai avec furprife im rhomb de rayons ,qui di- vergeoient très-réguliérement du centre à la circon- férence. Ces rayons étoient les rudimens; & la route de la matière déjà criflallifée & de celle à criflallifer; ils étoient aufli plus gros , plus multipliés du côté oïl la terrine avoit été 4e moins couverte ^ par con- féquent plutôt refroidie ; c'efl aufïi de ce même côté il y avoit le plus de criflaux-, mais en même temps moins réguliers. Cette obfervation juftifie les Hollandois du foin qu'ils ont de faire refroidir la li- queur par degrés infenfibles , & de ne la pas porter fubitement au frais , comme il efl d'ufage diez la plu-: part des Chimifles , à deffein d'accélérer la criflallifa- tion de leurs fels.

Craignant que mon borax raffiné n'eût fouffert quel-, que décompofition , quelque altération, en un mot qu'il ne contînt pas effentiellement autant de cuivre que M. Cadet en a reconnu dans celui que Jes Hol- landois nous envoient fous le nom de borax raffiné *j. d'ailleurs inflruit par état que des artifans de Paris faifoient moins de cas d'un borax raffiné par des Par- ticuliers de cette Capitale , fous prétexte qu'il pétille trpp dans le feu ^ qu'il a une couleur aufli verdâirt Tom^ Ih Bb

^8tf B O R

que celui d'Hollande eft blanc, .& qu'il ne bîafe pas aufll bien ^ ni ne vitrifie pas û facilement , je craignois que le principe de cette couleur verte vifible dans le t^rax ra^ni à Paris , invifible , mais reconnue par M, Cadu , dans celui d'Hollande , je craignois , dis- je , que mon borax n'eût pas les mêmes propriétés qu'on défire en Médecine , en Chimie , pour la teinture , & dans la Métallurgie. Voici ce que j'ai feit à cet égard : - Mon borax raffiné réduit en poudre , s'eft affez bien diffous dans l'efprit de vin ; arrofé de vinaigre , il n'a . point fermenté , il m'a paru avoir conftam^ ment toutes les propriétés d'un fel neutre ; il n'a produit d'effervefcence qu'étant diffous dans Teau , & cp lui affociant peu-à-peu les acides nitreux , ou marins , ou^ vitrioliques. Ces combinaifons m'ont donné des liqueurs d'un Jaune laiteux, & affez ana- logues à celles qui rcfultent de lalkali du fel marin, faturé féparément par chacun des trois acides miné- raux. J'ai tiré de celui qui étoit combiné avec l'acide vitriolique , la fubilance faline connue fous le nom de fd pdatif ou fel narcotique de mtriol. Mon borax expofé fur le charbon enflammé , s'y eft liquéfié & a bourfoufié y l'odeur me parut d'abord fuave , & pnfuite alkaline urineufe. Le borax mis dans un creufet, s'y: eft converti- en une maffe vitriforme* Ce verre falih & tendre jdiffous dans de l'eau ^ mis enfuite à évaporer jufqu'à pellicule, le borax a repris fa pre- " miere forme criftalline. Ces criftaux avoient la même propriété qu'avant de fubir l'aâion du feu , la même qualité fondante & vitrifiante ; diffous de nouveau $L arrofés d'alkali très -volatil , ils n'ont donné aucune teinte bleue. Cette expérience eft la pierre de Couche ordinaire pour reconnoître fi une lubftance contient , ou non , du cuivre»

Mais comme la lefture des Mémoires de M^ Cada fur le borax ^ m'annonçoit que le cuivre étoit non- fçidement déguifé, mafgué dans ce. fel par im prin^»

B O R ,587

CÏpe arfenîcal , xnaîs encore qii^il y entroît comme partie effentielle à fa manière d'être / & n'ofant , pour les raifons que j'ai expofées , me rendre à une telle afiertion , ayant d'ailleurs exécuté mes opérations avec le borax le moins vert , & ayant banni tous inflru- mens de cuivre , tout m'engageoit à répéter les expé- riences décrites par l'Académicien , d'autant plus que M. Modtlly Chimifte renommé à Pétersbourg, n'a jamais pu découvrir quel étoit le principe de la cou- leur verte du borax brut. Indépendamment des expé- riences faites par M. Cadet , & que j'ai répétées, j'en ai tenté un grand nombre d'autres que je ne rougirai pas de rapporter : elles pourroient paroître fingulieres , fi je n'expofois ici quelles ont été mes réflexions fur le borax , telles que les différences entre la criftallifa- tion , & la couleur du borax brut & du borax purifié ,• je me fuis fait cette objeâion : Le borax feul ne donne point à la flamme de l'efprit de vin une teinte verte y tandis que le fel fédatif , tire par la combinaifon du borax & de l'acide vitriolique , donne avec l'efprit de vin ime flamme d'un vert de cuivre rouillé. Ce phéno- mène ne dépendroit-il point d'une portion de cuivre qui fe trouveroit unie a l'huile de vitriol , acide mi- néral que l'on retire fouvent des pyrites fulfiireufes , un peu martiales, mais qui contiennent quelquefois, auffi du cuivre.

I ^ J'ai pris du même acide vitriolique dont je m'étois fervi pour extraire le fel fédatif , j'ai verfé deffus de l'alkali volatil , & il n'a point paru de teinte bleue.

1.^ L'alun , dont l'acide paroît être vitriolique , uni au borax , Tun & l'autre réduits en poudre & enveloppés dans un papier blanc que j'ai trempé enfuite & en cet état dans de Tefprit de vin , préfenté à une bougie allumée , n'a point donné de flamme verte.

3 ,** Le fel de Glauber eft compofé de Tacide vitrio- lîque & de la bafe alkaline du fel marin , telle qu'on la démontre dans le borax : j'ai fait un. mélange du

Bb X

588 B O R

lel de Glauber avec le borax , j'ai procédé comme ci-deffus , la flamme n'a point changé de couleur.

4.® D'après les mêmes confidéralions , J'ai eflfayé le borax avec le tartre vitriolé , avec le fel de cui- fine , avec le gypfe de Montmartre ; la flamme a tou- jours été confiante , c'eft-à-dire > fans couleiu* cuivreufe.

5.° Les vitriols naturels blancs & verts , mais très- puS , pulvérifés féparément avec le borax , ou fans borax , & jetés dans de Tefprit de vin enflammé , n'ont point altéré la couleur de fa flamme,

6.^ Les vitriols du commerce contiennent tous plus ou moins de parties cuivreufes ; auflî ont-ils donné , étant unis au borax\ ime coideur verte à la flamme de Teiprit de vin. Le vitriol blanc faftice, & non mêlé avec le borax ^ n'a cependant point altéré la flamme. Le vitriol vert faâice , non uni au borax , en a fait autant ; le vitriol bleu faâice , non pulvérifé avec le borax , a feul donné à la flamme de l'efprit de vin une teinte légère de vert.

7.^ J'ai traité ces mêmes fubftances folides , tantôt avec le borax d'Hollande , tantôt avec celui que j'avois rafiîné ; enfin je me fuis fervi , au lieu d'efprit de vin ordinaire , tantôt de l'éther vitriolique , & tantôt de la liqueur vitriolique d'Hoffmann ; toutes mes expé« riences n'ont rien offert de plus. Je conviendrai ce- pendant qu'en jetant dans de l'éthér enflammé le fel fédatif préparé avec mon borax , la couleur verte paroît infiniment plus belle qu'avec l'efprit de vin.

D'autres expériences , faites tant chez moi que chez divers artifans , m'ont affuré que le borax que j'avais rafliné vitrifiioit très-promptement les pierres, facili- toit finguliérement la fufion de l'or ^ de l'argent ic du cuivre {a). ( Comme le borax a la propriété de pâlir l'or dans fa fiifion , les Afiineurs ont foin de joindre à ce flux ou fondant , du nitre ou du fel ammoniac

(a) M. Achard prétend que la propriété qu*a le borax de vitrifiai: Ic^

leri^s I viSAt (itt fel (edatif qui «otre dans fa compgÂuoi^

B O R 389

qui maintient l'or dans fa couleur naturelle. ) On Pa aufli employé avec fuccès pour brafer & fonder ces métiux les uns avec les autres , même avec le fer. Un Teinturier , très-habile dans fon art , m*a affuré qu'il donnoit éminemment de l'éclat aux étoffes de foie, & qu'il lui paroiffoit avoir au moins toutes les qua- lités du plus beau borax d'Hollande : on s'en eft fervi avec fuccès pour blanchir des dentelles.

Je reviens à la liqueur reftante de la première crif- tallifation ; je l'ai tait évaporer affez rapidement au degré d'ébuUition & au bain de fable. J'ai tranfvafé la liqueur dans une terrine que j'ai couverte d'un fimple papier gris , je l'ai portée au frais , & j'ai ob- tenu au bout de trois jours des criftaux moins tranf- Îarens ^ tumultuairement groupés , en un mot fem- lables au borax de la Chine que les HoUandois nous vendent fous le nom de borax dcmi^raffinL Non con^ tent de ces imitations des différentes fortes de borax plus ou moins raffiné , j'ai diffous de nouveau du borax gras brut : je n'ai paflTé la diffolution que par un tamis de crin , & je n'ai obtenu que des criilaux confus , colorés & affez obfcurs ; ainfi l'on peut dire que le borax demi" raffiné des Chinois , travaillé en Chiné ou dans le Bengale , diffère de celui qui eft raffiné en Hollande , moins par les corps étrangers qu'on feroit en droit d'y foupçonner , vu fon opacité & fa diffé* rence de criftallifation , que parce que ces efpeces de criftaux ne contiennent pas effentiellement tout ce qui entre dans la compofition d'un borax bien clair & fait fuivant les principes de l'art. Mais ceci demande une explication plus détaillée & des exemples.

Nous avons vu que le borax brut terreux contient des criftaux de ce même fel , & qu'ils font d'un vert de poireau , prefque opaques & rhomboidaux ; nous avons vu aufïi que le borax raffiné tH au contraire en criftaux affez tranfparens , &t tf ime figure communé- ment oftogone» J'ai pris des criilaux de borax verdâtrcsL

Bb j

I 390 B O R

& opaques , je les ai diffous , & j'en ohtenn par Pévaporation des criftaiix d'un vert plus clair , plus purs, mais rhomboîdaux.

J'ai diffous une partie de ces mêmes criftaux verdâ- très , & fans en iéparer la terre vifqueufe & faline qui leur fert comme de matrice , & j'en ai obtenu des criftaux odogones ; donc la terre faline du borax eu effentielle à la nature & à la configuration de ce fel , indépendamment des autres précautions requifes ^ lors- qu'on veut avoir des criftaux bien réguliers , précau- tions qui dépendent de la quantité du diffolvant , de la force du feu , du degré d'évaporation , de l'équi- libre que la liqueur éprouve en fe refroidiffant ; de fon refroidiffement même & de plufieurs autres cir- jconflances que les gens de Tart fentent de refte ^ mais que les Chinois , ou plutôt les Habitans du Bengale , & d'autres Nations méprifent ou ignorent.

Des Chimiftes , difons plutôt les ouvriers du labo- ratoire HoUandois dont j'ai parlé , m'ont dit aviffi que les dernières criftallifations de leur borax raffiné étoient opaques ou rouffes , parce qu'ils n'y portoient pas autant d'attention que pour la première criftallifation , & qu'ils vendoiênt ce borax terne pour du borax demi- raffiné de Chine , mais qu'il falloit bien fe donner de garde de le confondre avec le véritable tinkal , cette drogue fi recherchée dans l'Inde Orientale , & dont les Auteurs ont parlé avec beaucoup d'obfcurité. Le tinkd eft le tyncar des Arabes ; le borax raffine eft le v/rpr ^(MfA^vi des anciens Grecs ; le borith des Hébreux ( car le nater ou nathcr des Hébreux eft le natron ; & quand les anciens Grecs fe fervoient du natron , ils diloient feulement vn^ùv ; ) le ;;tf:iço%oXAcfc ou- le ^j^fct^v des Grecs modernes ; le baurach ou bora des Arabes ; le horcck des Perfans ; le borax des Latins , & le burack 4es Turcs. Enfin le tinkal n'eft , à proprement parler ^ We la terre vifqueufe & faline du borax , celle qui

AÇ3t.de matrice aus; criftaux k\ çncQrç brut^

B ô a 391

On m*a affuré que le tinkal eft infiniment plus efficace pour la fonte des pierres , pour brafer & fouder les métaux. J'en ai propofé Pexpérience à un Chaudron- nietj elle lui a très-bien réuffi. On m'a dit encore que le tinkal eft plus efficace en Médecine que le borax. Je fais auffi que les Apothicaires d'Allemagne achètent beaucoup de borax brut y & l'emploient ainfi pour lés maladies des femmes {a).

J'ai examiné la terre que j'ai ramaifée fur les filtres de laine & de papier ; elle eft légère , d'un gris-blan- châtre , tenace , d'un goût vifqueux , comme înfipide i je l'ai expofée à l'air libre pendant un mois ; elle à augmenté fenliblement de poids , & la faveur propre au borax s'y eft décélée de nouveau ; phénomène qui me confirme de plus en plus que la matrice terreufe des fels , celle qui eft comme partie intégrante du fel même , fe convertit peu-à-peu en fubûance faline. Il en faut feulement excepter la terre abfolument pure ^ & qui n'a ppint été attaquée ou combinée , elle refte élémentaire.

Maintenant nous favons d'o& fe tire le borax , &c comment on s^y prend pour l'extraire & le purifier» Nous pouvons déformais le raffiner nous-mêmes ; nous avons intérêt de partager avec les HoUandois le corn- merce lucratif de ce tel.

Peut-être que fi l'on faifoit beaucoup d'expériences ftlr les terres glaifevifes de la nature de celles de l'alun ^ ou de la marne combinée avec des fubftances alka- lines , &c. parviendroit-on à découvrir en Europe des matériaux propres à faire en grand le borax»

Si j'avois plus de temps à moi , Je continuerois mon

(d) Le hora» eft eflirnë comme un excellent apéritif » propre à divî- fer Se atténuer les humeurs épaifTes & viiqueufes ; on en fait un ufage fréquent dans la fuppreilion des règles des femmes •& des lochies. Oa k regarde aufll comme un cofmétique propre à blanchir le teint , & à faire difparoitre les taches de rouflfeur. Nous avons dit que c'eft avec le borax & ('acide minéral » connu fous le nom d'huile de vitriol , qu'on obtient le fel fédatif A*Homberg , qui eft fort eftimé pour calmer \t% fefienrtfceaccs ^ les rêveries « dit M. Bourgeois»

39Î B O R

travail fur cet objet. Trop heureux fi je pouvôis par* venir à une découverte fi importante pour le progrès de la Chimie , & fi utile pour le commerce de ma patrie !

Nous avons déjà l'exemple d'un Particulier de Drefde , qui découvrit en 1755 dans TEleâcrat de SaTce une terre minérale dont il compofa un borax propre à la foudure & à fondre l'or & l'argent. Les Conmiiflaires que le Gouvernement avoit chargés d'en faire l'examen , ont jugé que ce borax avoit toutes les propriétés de celui qu'on raffinoit autrefois à Venife. Les environs d'HalberJftadt , le lac Cerchiaco , ont aufli fourni ou du borax combiné , ou la matière du borax {a).

Tout ce que j'ai rapporté dans cet article , tend à confirmer de plus en plus les connoiflances que nous avions déjà fur le bmax , & on peut en déduire les corollaires fuivans ; ifavoir :

I .^ Que la matière première du borax eft fofiîle , & fe trouve en Perfe & dans le Mogol.

2.® Que la terre graffe & vifqueufe qui englobe le borax , entre efîentiellOTient daos la compofition de ce fel.

(«) M. Bttumi a donné , en 1767, un procédé pour fabriquer du hù^ rax, lequel confiée à faire digérer féparément de la graiffe arec des matières vitritiables très -atténuées , telles que du fable , de la terre d'alun , de Targile , du quartz & un peu d'eau. Voyt\ ce procédé qui a occaiîoné quelques difcufTions chimico-polémiques dans YÀvant-CoU'^ reur , année ij6j , moi* de. Décembre & fuivans. Lémery , Traité dt» JProgues , dit que Ton fait un borax artificiel avec du nitre filé par les charbons"» de l'alun & de l'urine. Oii fait cuire le tout enfemble jur* qu'à ficcité , & l'on y ajoute , dit-il , d'autres matières , fuiyaot l'idée qu'on a dans le travail.

Le hafard a fait rencontrer à M. Hafer le fel fédatîf tout formé dans les eaux du lac de Cerchiaco en Tofcane.

M. Antoine Carrere , Médecin établi au Pptoii , vient de découvrir en cette contrée des Indes Occidentales plutieurs mines de tincan ou horax : il dît que les mines de Viquintipa ,Jk celles qu'on trouve dans les environs d'Efcapa , offrent ce fel en abondance ; les gens du pays l'appellent qucmajon , & le font fervir dans la fonte des mines de cuivre aflez nombreufes dans ces parages. Ils l'emploient tel qu'il fort de la terre.

B O R 395

3.*^ Qu'on peut purifier ce fel à l'aide de Peau pure , & que Peau de chaux vive y paroît inutile^ d'autant plus que fi l'on verfe de l'eau de chaux dans la leffive nltrée du borax , il fe fait auflî-tôt un dépôt grifâtre qui annonce une forte de décompolî- tion , laquelle me paroît être de la nature de la terre tinkal. Le point néceflTaire à fa criftalUfation s'annonce par des flocons falins , femblables à ceux du fel fédatif fublimé.

4.^ Que le borax eft un véritable fel neutre ; il ne tombe point en déliquefcence , mais en efflorefcence.

5.®. Qu'il fe fond , fe calcine & le vitrifie fans fe décompofer.

6.® Qu'en raifon de ia terre , ce fel exige beaucoup plusî d'eau pour entrer en diffolution , qu'il n'en re- tient dans rétat de criftallifation. J'ajoute qu'il femble que par des diffolutions réitérées , on réduit prefque toute la bafe de ce fel ondueux à un état comme terreux.

7,^ Que la bafe du borax eft alkaline , terreufe & minérale , & qu'elle a beaucoup de rapport avec l'alkali du fel marin , & notamment avec le natron d'Egypte,

8.® Que la portion de principe cuivreux qui fe trouve caché dans toutes les efpeces de borax , n'eft point un être de raifon , & qu'il y exifte , & que s'il n'y eft point effentiel , au moins il ne nuit point à fes propriétés ; en un mot , que fon origine eft due autant & même plus à une efpece d'intervention lo- cale , qu'au produit des uftenfiles dont on s'eft fervi pour la purincation ordinaire de ce fel , & dont nous avons fait mention.

9.® Que la différence des criftaux de borax raffiné ^ comparés à ceux du borax brut , dépend de la terre ùnkal qui fe trouve combinée dans le borax purifié , tandis Qu'elle fert prefque uniquement d'enveloppe aux criuaux de borax brut.

594 B O R B O S

1 o.^ Enfin , que la matière graffe , falîne , terreuie & vitrefcible du borax brut , eft le tinkal fi célébré des Chinois , & , jufqu'à ce jour , fi peu connu en Europe. , BORDELIERE , Cyprinus balUrus , Linn. Poiffon du genre du Cyprin. Il eft fort femblable à la brème , & très-commun dans tous les lacs de la Suéde & de la Savoie ; il fe tient toujours au bord de l'eau , ce qui lui a fait donner le nom de borddurc. Sa tête eft petite & comprimée latéralement; l'iris de fes^ yeux eft argenté , fouvent mêlé de jaunâtre au-deffus de la prunelle ; fon corps eft couvert d'écaillés minces , petites , de couleur argentée , fur un fond noirâtre : la nageoire dorfale offre dix ou onze rayons ; les peâorales , chacune feize ; les abdominales , neuf ou dix ; celle de Tanus , qui eft large & ample , qua- rante ou quarante -un; celle de la queue, qui eft fourchue , en a dix-neuf grands. On ait qu'il n'a ni dents ni langue , mais les os de fa mâchoire font durs, & fon palais charnu. Artédi dit que toutes les nageoires font blanchâtres ; mais Rondelet dit que celle du dos eft noire, & les autres rougeatres : ce poiffon eft le blick des Allemands.

BORÉE. Dans la CoUeûipn 6ss papillons d* Europe ^ on donne ce nom à un papillon de jour qid a beaucoup de rapports avec Tefpece appelée le fatyrc ; le borée eft cependant plus grand : il fe trouve aux environs de Meuron fur le Wolga en Ruflie.

BORSUC. Nom que l'on donne en Pologne au blaireau. Voyez ce mot^

BOSBOK. Ce nom, qui Veut dire bouc des bois ^2. été donné par les Hollandois établis au Cap de Bonne» Efpérance , à une efpece de gabelle de moyenne gran* deur. Cet animal le tient dans les forêts , & ne fe trouve guère qu'à foixante lieues de ce Cap , dans l'intérieur des terres ; le poil qui couvre fon dos , eft fauve-bnm, tiqueté de petites taches rondes & blanches; ie mâlç porte dçs CQrnçs , noires , légèrement coût-

B O s BOT 395

bées en avant, mais torfes en longues fpirales : cette gabelle bosbok n'a -point de larmiers ; fur les côtés des quatre mamelles font deux poches , oîi Pon peut faire entrer le doigt; la voix de cet animal reffemble à l'aboie-, ment du clûen.

BOSTMCYiE^Boftrichus. Infeôe coléoptere, dont les antennes en mafle compofée de trois articles font pofées fur la tête , qui n'a point de trompe. Son corfelet vehi eft d'unç forme cubique , excepté fur le devant , eft un enfoncement qui reçoit ,k tête comme un camail ; fes pieds font épineux, Hijloire des InJèSes dts environs de Paris. Le bojtriche; eft très-rare.

BOTANIQUE , Botanica, C'ëfl le nom que Pon donne à cette belle partie de i'Hiftoire Naturelle , qui a pour objet la connoiffançe intime du règne végétal en entier; ainfi la Botanifi0 eft la fcience qui traite de tous les végétaux confidérés feulement comme êtres naturels. On ne peut parvenir à connoître Pécopomie végétale , ( fcience qui eft la phyfique des végétaux , ) fi Pon n*eft inftruit de la manière dont les plantes fe dé- veloppent , quel eft le mécanifme de leur germination , de leur accroiftement , de leur multiplication ; leur organifation en général , de la ftruôure de chacune de leiu"s parties en particulier , & des termes par lefquels on les défigne ; du mouvement & de la qualité de la ftve; enfin, fi on ne fait en quoi le terrain & le climat peuvent influer fur les plantes. Il faut aufli avoir la connoiiTance des Sciences & Arts qui ont des rap- ports immédiats avec les corps orgaiiifés dont il eft queftion.

Parmi les produâions de la Nature , dont Phomme eft parvenu à retirer quelque utilité , ce font les végétaux qui en offrent les objets les plus importans & les plus nombreux ^ puifqu'ils fourniffent aux befoins les plus ^flentiels de la vie ; que la Médecine , dans le traite-* ment dçs maladies ^ en obtient fes principales reflburces ^

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& qiie les Arts les plus utiles à la focîété font telle^ ment enrichis de leurs tributs y qu'ils ne feroient prefqiie rien fans eux.

Le détail de la Botanique eft divifé en trois parties principales ; favoir , la nomenclature des plantes j leur culture j & leurs propriétés. Les deux premières ne doivent nous ocaiper qu'autant qu'elles peuvent contribuer à Eure valoir la troifieme ( vertus & ufages ) ; mais mal- heiireufement il paroît, par l'état préfent de la Bota^ nique & par l'expérience du paffé, que l'on s'efl ap- pliqué à la nomenclature par préférence aux autres parties de cette fcience : il eft tnême à craindre , ainâ qu'il eft dit dans l'ancienne Encyclopédie , que cette conduite ne foit un obftacle à l'avancement de la Botanique. Pour s'en convaincre , dit-on , il faut exa- miner quelle eft l'utilité que l'on a retirée de la feule nomenclature des plantes pouflée au point de par- feâion que des Botanijles le ibnt efforcés de lui donner. La connoiftance des plantes ei} ou dogmatique y ou empirique.

La Botanique dogmatique eft la connoiftance des vé- gétaux par principes , par une méthode qui apprend à reconnoître les caraderes fpécifiques & eflbntiels , à mettre de l'ordre dans la nomenclature de ce nombre prodigieux de plantes femées fi confiifément à la fur- fece du globe ou au fein des eaux , & les réduit toutes à un petit nombre de claffes , par le moyen defquelles on defcend enfviite aux différentes feftiqns , genres & efpeces qui les diftinguent. Ainfi la Botanique dogmor tique ou élémentaire eft agréable , utile & bienfàifante. La Botanique empirique eft la connoiftance fortuite des plantes ; c'eft vm amas de notions vagues , que l'on a acquifes par hafard , par routine ; & une telle connoiffance eft toujours foible , incertaine , peu fatis^ feifante , fouvent nuifible dans l'ufage.

Quelques Obfervateurs ont diftingué environ dix- huit à vingt mille efpeces de plantes , en comptant

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toutes celles qui ont été obfervécs tant dans le nou- veau que dans Tancien Continent : ( favoir ; trois mille en France & en Angleterre ; deux mille en Efptigne, en Italie & dans le Pays du Nord de l'Europe ; deux mille dans les Pays Orientaux ; mille depuis le Canada jufqu'au Miffiffipi ; autant depuis le MiflîfEpi jufqu'à Surinam ; autant dans les Ifles de '■ rAmérique ; autant dans le Bréfil & le Pérou ; autant fur la Côte de Bar- barie & une partie de l'Egypte ; autant au Cap de Bonne-Efpérance ; autant dans Tlfle de Ceylan & fur la Côte de Malabar ; autant dans les Mes Moluques ; autant dans les Mes Philippines & la Chine ), Si l'on avoit parcouru tpute la Terre , on en auroit vraifem- blablement trouvé cent mille & plus , à en juger par proportion de ce qui vient d'être dit. C'eft d'après iine telle comparaifon que M. Adanfon a ajouté au dénombrement fait ci-deffus des plantes connues , le calcul fuivant de vingt-cinq mille plantes. Cet Auteur dît pofitivement que tout l intérieur connu de l'Afri- que peut fournir au moins cinq mille plantes ; Tinté- rieur de l'Afie , trois mille ; la grande & belle Me de Madagafcar , quatre mille ; les Mes de France , Rodrigue & autres adjacentes , mille; Surinam & Cayenne , deux mille ; l'Amérique Méridionale depuis le Bréfil jufqu'à la Terre de Feu , quatre mille ; les montagnes du Pérou , deux mille ; les Mes de la mer du Sud , mille ; enfin, les Terres Auftrales qui relient à découvrir , & qui peuvent égaler une des quatre Par^ ties du Monde connu , trois mille.

On remarque en général que plus on approche des climats chauds, plus il y a d'efpeces différentes de plantes , & plus la totalité eft abondante,

C'efl: fur les parties de la floraifon ou de la fruc* tification que font établis les fyftêmes botaniques les plus vantes , les plus accrédites , les plus lumineux , les {itos profonds ; celui de Toumefort & celui de lin- uausi & ce double fyftême paroît approcher davan.

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tage de celui de la Nature ? Il faut même convenir que cette manière de connoître les plantes & de dif- tinguer leur caraâere effentiel , eft un art fur , facile & ingénieux , qui doit furprendre ceux qui ne font pas dans l'habitude d'exetcer leurs yeux & leur mémoire. L'appareil fcientifique , connu fous le nom de phraje botanique j en indiquant les caraâeres efTentiels & naturels de la plante , n'efl pas moins utile. C'efl par ime fuite de ces indications , bien fenties & bien déterminées , que [les Botanifles Ont tiré des Etrangers l'orme , le plane , le marronnier , le pêcher , l'abri- cotier , le rofier & tant d'autres que l'on a naturalifés chez nous. Tous les difFérens objets d^agriculture font bien dignes d'occuper les hommes , & principalement ceux qui fe font voués à la Botanique , & c'eu ce que font continuellement quelques Savans de ce fiecle. En effet , n'efl-ce pas par de telles obfervations que l'on a reconnu les changemens opérés par le climat ou par la culture dans les plantes potagères > dans les plantes d'agrément , & dans les fromens ? C'efl ainfi , par exemple , que l'on a obfervé que le tabac & le ricin , qui forment des arbriffeaux vivaces en Afiique , ne font qu'herbacés & annuels en Europe. La Nature paroît encore moins confiante & plus diverfe dans les plantes que dans les animaux. Il y a , dit M. Adanfon , des quadrupèdes & des oifeaux parmi lefquels l'accou- plement de deux efpeces différentes ne produit rien : il y en a d'autres oîi il donne une efpece bâtarde , mais qui ne peut fe reproduire , & périt dès la première génération. Les végétaux franchiffent le pas , & forment , dit-on , au lieu de mulets , des efpeces vraies & franches", qui fe reproduifent fuivant les lois ordinaires à leur génération, jufqu'à ce que de nouvelles caufes les fafient ou rentrer dans leur pre- mier état , ou dans un troifieme état , différent de celle des deux premières , &c. Mais cette derAre affertion mérite d'être difcutée plus amplement. Foy^l

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tarûclc Plante & Vanich Fleur. On trouvera auffi

aux articles arbn , bois , tcorcc , fetdllc , branche , fruit ^ ' racine , tige , quelques vues générales , en un mot , ua fommaire fur les connoiffances acquifes jufqu'à ce joiu" fur cette belle partie de la Botanique , appelée PAy- Jique des végétaux.

BOTRYS. 'Plante dont on diftingue deux efpeces principales ; l'une croît en Efpagne le long des ruif- leaux , & 1 autre eft originaire du Mexique.

I .^ BOTRYS VULGAIRE OU PiMENT , Chenopodium ambrofioïdes , folio Jînuato , Tourn. Inft. 5 06 ; Botrys ambrojidides , vulgaris , C. B. Pin, 1 3 8 ; Chenopodium Botrys , Linn. 3 lo. Il eft ainfi nommé à caufe de fon odeur aromatique. Cette plante annuelle , pouffe une tige droite , velue , rameule , qui s'élève d'un pied ou environ; elle foutient des feuilles découpées comme celles du chêne , mais vertes , traverfées de veines rouges , ^u feulement rougeâtres en leiurs bords , & portées fur de longues queues rouges : fes fleurs font à étamines , petites , gluantes , difpofées en épis ou en petites grappes , dans les aillelles. des feuilles , au haut des tiges & des rameaux ; aux fleurs fuccedent d.es graines femblables à celles de la moutarde , mais plus petites. Ce botrys croît natiu*ellement dans les lieux incultes , fecs & fablonneux de nos Provinces Méridionales.

Toute la plante eft enduite d'un mucilage réfineux, qui tache les mains quand on la aieille ; elle a une faveur acre & aromatique* Par fes particides fubtiles y elle divife .& incife les humeurs épaiffies ; ce qiû la rend utile dans la toux & dans l'afthme humide ; elle eft carminative ; appliquée extérieurement , elle eft utile pour les tranchées qui furviennent après l'ac- couchement Les Dames Vénitiennes regardent le botrys comme un remède in&illible contre les accès de la paffioo hyftérique.

Xn^ Botrys du Mexique j, Chenopodium ambro^

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fi)idcs ^ Me^icanum , Tourn. Inft. 506, Linn. 3105 Botrys ambrojîoïdcs ^ Mexicana ^ C. B. Pin. 138. On r^eve dans "les jardins; les feuilles ont une faveur aromatique qui approche de celle du cumin. Sa tige eft haute d*im à deux pieds , droite , rameufe ; its rameaux {ont fimples & feuilles ; fes feuilles font iimples , d'un vert pâle , lancéolées , dentées ; fes fleurs font verdâtres & refTemblent à celles de Tarro- che blanche : cette efpece eft fudorifique , carmina- tove , utile dans Tafthme & les obftruâions. On l'ap- pelle aujfli thé du Mexique ; elle croît naturellement au Mexique & dans le Portugal.

On affure que cette plante , femée avec le blé , tue les vers qui font nuifibles au grain.

M^ Haller dit , avec raifon , que le piment , Pimimu^ eft le nom du capjicum. Voyez Piment de Guinée. Le botrys ordinaire , dit-il , vient en abondance en Suifte dans les graviers ; celui du Mexique fe familia- rîfe aifément avec notre climat. L'odeur de l'un & de l'autre eft très-forte ; celle du botrys du Mexique approche de celle du cirniin, mais me répugne beaucoup. On l*a en effet donné comme une efpece de thé à Rome ^ fur une reflemblance très4égere , & on ^ recommandé rinfiifion des feuilles contre les maux de reins & les douleurs que caufe la pierre. Les botrys font de la fa- mille de Varroche puante , ainfi que les plantes appelées paues d^oie, ^

BOUATI AMER , Soutamea amara , Rex amarôrisy, Rmnph. Amb. Petit arbre ou arbrifleau qui croît dans les Indes Orientales & dans les Moluques. Il a été obfervé au Port-Praflin dans la Nouvelle Bretagne , par M. Commerfon. Rumphius dit que toutes les parties de cet arbriffeau, fur-tout fes fruits, fa racine & fon écoree, ont ime très-grande amertume. On s*en fert avec fuccès pour guérir les fièvres , rétablir les forces & s'oppofer aux ravages des poifons. Linnmts croit que cet arbre eft le même que fôn ophioxylou ( bois r

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èc Couleuvre ) ; mais M. de la Marck dit qu'il en diffère totalement par fa fruSification* Son bois eft jaunâtre , caflant ; l'écorce cendrée ; les feuilles fimples , pétio* lées 9 entières , molles , pubefcentes fur les nervures poftérieures ; elles ont neuf pouces de longueur & trois de largeur : les fleurs font petites , en grappes, fimples ; la corolle eil à trois pétales pointus ; fix étaniînes, im ovaire î le fruit eu une petite capfule cordiforme, aplatie , biloculaire; une femence dans chaque loge.

BOUBIES. VoyciùPanicUfoXf.

BOUBIL de la Chine. C'eft, fuivant M, Sonnerai ; un oifeau du genre du Merle ; mais il eft un peu moins gros ; fon plumage eft d'un brun fombre ; le bec & les pieds font d'un gris-jaunâtre. C'eft , dit le même Auteur , le feul oifeau de ce vafte Empire qui ait du chant , ce qui l'a fait appeler , mais improprement y roffignU , par les Européens.

BOUC > Hircus. Le bouc eft le mâle de la chèvre ; il diffère du bélier en ce qu'il eft couvert de poils & non pas de laine, & en ce que fes cornes ne font pas autant contournées que celles du bélier. De plus, il porte fous le menton une longue barbe , & il répand une mauvaife odeur. Du refte , c'cft un affez bel ani- mal , quoique fort puant ; il eft très-vigoureux & très-* chaud ; il paiTe même pour le fymbole de la lafçivetéj En effet , un feul peut fuffire à plus de cent cinquante chèvres ; mais cette ardeur qui le confume dès fa première année révolue , ne dure que trois ou quatre ans , & ces animaux font énervés , & même vieux ^ à l'âge de cinq ou iix ans.

Communément les boucs & les ckcures ont des cor- nes ; cependant il y a , quoique en moindre nombre f des chèvres &C des boucs fans cornes ; ils n'en font pas ^ dit-on , moins bons pour la génération , & font même préférables dans un troupeau , fur-tout les boucs , parce qu'ils font moins pétuUûlS ÔC xsxqïï^ dangereux» Jjitm^ IL Ce

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La chèvre , Capra , a , de même que le bouc , un toupet de barbe fous le menton , & de plus , deux glands ou efpeces de groffes verrues qui lui pendent tous le cou. Sa queue eft très - courte , ainfî que celle du bouc. Notre efpece de chevn eft remarquable

f)ar la longueiu: de fes deux pis qui lui pendent fous e ventre. Cet animal étant devenu domeftique , varie par la taille & a acquis diverfes couleurs ; auflî voit-on des chèvres blancnes , noires , fauves , & d'autres couleurs.

La chèvre , dit M. A Buffon , a de fa nature plus de fentiment & de reflburce que la brebis ; elle vient à l'homme volontiers : elle fe familiarife aifément ; elle eft fenfible aux careffes , & capable d'attachement ; elle eft aufli plus forte , plus légère , plus ' agile & moins timide que la brebis ; elle eft vive , capricieufe , lafcive & vagabonde ; ce n'eft qu'avec peine qu'on la conduit & qu'on la réduit en troupeau ; elle aime à s'écarter dans les folitudes , à grimper fur les lieux efcarpés , à fe placer & même à dormir fur la pointe des rochers & fur le bord des précipices. Toute la foupleffe des organes & tout le n^f de fon corps , fuffifent à peine à la pétulance 6c à la rapidité des mouvemens qui lid font naturels. L'inconftance de fon naturel fe marque par l'irrégularité de fes aftions ; elle marcîhe , elle s'arrête , elle court , elle bondit , elle faute , s'approche , s'éloigne , fe montre , fe cache ou fiiit comme par caprice , & fans autre caufe détermi- nante que celle de la vivacité bizarre de fon fentiment intérieur. Elle eft robufte , aifée à nourrir ; prefque toutes les herbes lui font bonnes , & il y en a peu cjui l'incommodent. Elle n'eft pas fujette à un auflî grand nombre de maladies que la brebis ; elle s'expofe volontiers aux rayons les plus vifs du foleil , fans que fon ardeur lui caufe ni étourdiffement ni vertige comme à la brebis. Elle ne s'effraie point des orages , ciç s'impatiente pas à la pluiç.

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Lés chèvres entrent ordinairement fen ehaleur aux mois de Septembre , Oftobre & Novembre ; elles cherchent le mâle avec empreffement , & s'accou- plent avec ardeur ; elles portent cinq mois , & mettent bas au commencement du fixieme. Elles allaitent leurs petits pendant un mois ou cinq femaines. Elles ne commencent à produire que depuis rage d'un an ou dix - huit mois , jufqu'à fept ans J Elles ne mettent bas ordinairement qu'un chevreau ,' Hctdîis , quelquefois deux , très - rarement trois , & îamais plus de quatre» Elles n'ont point, non plus que la brebis ^ de dents incifives à la mâchoire fupérieure : le nombre des dents n'eft pas confiant dans les chèvres ; elles en ont ordinairement moins que les ioucs : elles ont , ainfi que les bœufs & les moutons , quatre ellomacs , & elles ruminent.

Dans la plupart des climats chauds on nourrit des thevrcs en grande quantité. En France elles périroient £ on ne les mettoit à l'abri pendant l'hiver. Il paroît cependant que celles qui font habituées au n'oid ,' pourvu qu'il ne foit pas auffi exceffif qu'en lilande , y réfiftent bien , quoiqu'elles ne multiplient pas tant dans les pays froids. Lorfqu'on conduit les chèvres en troupeau avec les moutons , elles ne reftent pas à leur fuite , mais les précèdent toujours.

On peut commencer à traire les cAevrw quinze jours après qu'elles ont mis bas ; elles donnent du lait en très-grande quantité pendant quatre à cinq mois foir & matin , & même plus que la brebis. Les chèvres dont le corps eft grand , la croupe large , les cuiffes fournies , la démarche légère , le poil doux & touffii ,' les mamelles groffes & les pis longs , font les meil- leiu-es. Elles font fi familières qu'elles fe laiffent aifé* mient teter , même par les elifans qui les appellent , & pour lefquels leur lait eft une très-bonne nourriture. Elles font /comme les vaches & les brebis , fojettes à être tétées par la couleuvre^

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L'efpece delà ckevn eft beaucoup plus répandue que celle de làbrebis^^ &c on trouve des ckcvrcsfemblables aux nôtres dans plufieurs Parties du Monde ; car , indépen-- damment des deux races fauvages du bouquetin Se du chamois , on trouve en Guinée , à Angole &i fur les autres Côtes d'Afrique , une chèvre à laquelle on a donné le nom de bouc de Juda , & qui ne diffère de la nôtre qu'en ce qu'elle eil plus petite ^ plus trapue & plus grafle. Sa chair efl auifi bien meilleiue à iiuuiger , & on la préfère dans le pays au moutoiu On trouve également en Afrique une autre variété , à laquelle on a donné le nom de chtvre naine , à caufe de fon extrême petiteffe.

Les chvres d'Héraclée , ainfî qu'on le lit dans la Matière médicale , font de la taille de nos moutons ^ & ont de petites cornes. Leur poil eft plus blanc que ia neige , aflez long , mais plus délié qu'un cheveu. On ne les tond pas comme les brebis , mais on leût arrache le poil. La chair en eft aufti délicate que celle du mouton , & ne fent point la fauvagine comme celle de la chèvre ordinaire. Tous les phis fins came- lots fi eftimés , font faits de la laine de ces cluvres.

Les chèvres d'Angora & de Syrie font de la même cfpece que les nôtres , car elles fe mêlent & produi- fent eniemble , même dans nos climats. La tête du bouc d'Angora eft ornée de cornes qui s'étendent ho^ rizontalement de chaque côté , & font agréablement contournées : elles forment des fpirales à -peu -près comme un tire -bourre. La femelle en porte aidS , mais d'une forme différente ; elles font^ courtes & fe recourbent en arrière , en bas & en avant , de forte qu'elles aboutiflent auprès de l'œil ; fes oreilles font

Rendantes. Il y a eu de ces chèvres à la Ménagerie du ; & on voit avec plaifir ces animaux peints de la manière la plus élégante dans le Recueil de VHifioirc Naturelle qui eft dans le Cabinet des Eftampes à la Bibliothèque Royale. Ces chèvres ^ ainfi que prefquei

tous les animaux de Natolie & de Syrie , ont le poil très-blanc , très-long , très - fourni , bien frifé & n fin qu'on en fait des étoffes auffi belles & aufïi luftrées que nos étoffes de foie. C'eft de ce poil précieux qu'on feit le beau camelot de Bruxelles. D'après ce qu'on vient de dire , il paroît que les chèvres d'Héraclee fe rapprochent beaucoup des chèvres d'Angora ou Angourî ( Angora efl l'ancienne Ancyre dans l'Alie mineure , aujourd'hui Natolie. Le climat a fans doute la propriété de rendre le poil des animaux plus doux & plus long, C'efl de que viennent les chats d'Angora , que nos Dames appellent angola , parce que le nom efl plus doux à prononcer ; ce qui a induit quelques Natura- lifles en erreur. Angola efl un grand pays d'Afrique dans le Congo ; il n'en vient point de chats. )

Dans le même pays , en Syrie , aufïi bien qu'en Egypte & aux Indes Orientales , on trouve la chèvre mambrinc ou chèvre du Levant à longues oreilles pen- dantes ; cette chèvre qui n'efl qu'une variété de celle d'Angora , donne beaucoup plus de lait ; il efl d'affez bon goût , & les Orientaux le préfèrent à celui de la vache & du buffle. Le fromage qu'oa en fait efl auffi meilleur ; elle porte ordinairement deux che- vreaux. Son poil efl très-fîri & bien fourni.

Ce font les chèvres de Barbarie , de TAfie mineure & des Indes , qui fourniffent la plus grande quantité de ce beau poil de chèvre , avec lequel on fait des étoffes. Cette marchandife efl fujette à être altérée frauduleu- iement par le mélange de la laine avec le fil de chèvre»

En Provence il y a une petite efpece de chèvre à poil gris , & dont les chevreaux s'appellent béfons.

La chèvre commune en Europe, le chamois^ le bou^ quetin , ne font point originaires en Amérique ; ils y ont été tranfportés d'Europe. Us ont , ainfi que la brebis , dégénéré dans cette terre nouvelle ; ils y font devenus plus petits ; la laine des brebis s'efl changée un poil rude , comme celui de la chèvre. Dans les^

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premiers temps , lorfque les Efpagnols transportèrent les chèvres au Pérou , elles y furent d'abord fi rares qu'elles s'y vendoient d'abord jufqu'à cent dix ducats pièce ; mais elles s'y multiplièrent enfuite fi prodi- ;ieufement , qu'elles fe donnoient prefque pour rien ,

que l'on n'eftimoit que la peau ; elles y produifent trois , quatre & jufqu'à cinq chevreaux d'une feule portée, tandis qu'en Europe elles n'en portent qu'un ou deux. Les grandes & les petites Ides de l'Amérique font auiïï peuplées de chèvres que les Terres du Conti- nent ; les Efpagnols en ont porté jufque dans les Mes de la mer du Sud ; ils en avoient peuplé VIJU de Juan Fernandis , elles avoient extrêmement mul- tiplié ; mais comme c'étoit im fecours pour les Flibuf- tiers , qui dans la fuite coururent ces mers , les Efpa- gnols refolurent de détruire les chèvres dans cette Ifle, & pour cela ils y lâchèrent des chiens , qui , s^y étant multipliés à leur toiu" , détniifirent les chèvres dans toutes les parties acceffibles de l'Ifle ; & ces chiens y font devenus fi féroces qu'aâuellément ils attaquent les hommes.

On trouve dans le nouveau Continent , i .^/le capri- corne , qui n'eft qu'un boîiqiutin dégénéré ; 2.° une petiu chèvre à cornes droites , recourbées en arrière au fonmiet , & à poil court , qui ne paroit être qu'un chamois d'Europe auflî dégénéré & devenu plus petit en Amérique ; 3.^ une autre petite chèvre à cornes très-' courtes , très-rabattues , prefque appliquées fiur le crâne, & qui a le poil long. Cette petite chèvre , qui tire ion origine de celle d'Afrique , produit avec le petit char mois d'Amérique dont nous venons de parler.

Les Hiftoriens Nomenclateurs , féduits par quelques carafteres équivoques , ont fait de ces variétés autant d'efpeces différentes ; mais après les avoir confidérées une à une & relativement entre elles , il paroît que de ces dix efpeces dont ils parlent , l'on n'en doit faire qu'une : d'abord , i ,^ le bouquetin ou bouc fauvage efl

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la tige & la fouche principale de Pefpece ; 2.® le ca- pricorne n'eft qu'un ic?r/j'^er//2 bâtard, ou plutôt dégénérç par l'influence du climat ; 3 .^ le bouc domefliquz tire Ion origine du bouquetin ; 4.® le chamois femble n'être qu'une variété dans l'efpece fauvage de la cht^vre , avec laquelle il doit , comme le bouquetin , fe mêler & pioduire; 5.^ la petite chèvre à cornes droites & re- courbées à la pointe , n'eft que le chamois d'Europe devenu plus petit en Amérique ; 6.^ l'autre petite chèvre à cornes rabattues , & qui produit avec ce petit chamois d'Amérique , eft de la même race que le bouc d'Afrique ; 7.*^ la chèvre naine , qui probablement eft la femelle du boîic d'Afrique , n'eft , <iufli bien que fon mâle , qu'une variété de l'efpece commune ; 8.^ il en eft de même de la chèvre & du bouc de Juda , & ce ne font auflî que des variétés de notre chèvre domefliquz ; 9.® la àuvrt d'Angora eft encore de la même efpece , puif- qu'elle produit avec nos cAerrej ; lo,^ hi chèvre mam-' brine à très-grandes oreilles pendantes , eft une variété dans la race des chèvres d'Angora : ainfi ces dix ani- maux n'en font qu'un pour l'efpece ; ce font feule- ment dix races différentes , produites par l'influence du climat. Au refte , de l'union de la brebis & du bouc , on obtient aifément des métis , qui ne différent guère des agneaux que par la toifon, qui, au lieu d'être de laine , eft de crin ; ces individus dont on a vii naître les premiers dans nos Mes , y font appelés chabins^

La chèvre eft un animal pour le moins aufîi utile que la brebis ; aufïi M. de Buffon dit-il que l'on peut re- garder en quelque forte la chèvre ainfî que l'âne , comme des efpeces auxiliaires qui pourroient à bien des égards remplacer la brebis & le cheval , & nous fervir aux^ mêmes ufages dans le cas ces deux pré- ôeufes efpeces viendroient à nous manquer. Ces ef- peces auxiliaires font même plus agreftes , plus robuftes que les efpeces principales.

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Que de richeffes ne retirons-nous pas de ces am-* tnaiix domefHques ! La chèvre nous donne du fuif en

auantité , & un lait qui tient le milieu entre le lait e vache & le lait d'ânefTe ; & ce lait efl moins épais que le premier , & moins féreux oue le fécond ; ce qui le rend très-propre aux temperamens pour les- quels le lait de vache feroit trop pefant, & celiiî d'âneffe trop aqueux. Son ufage eu très -propre à rétablir les enfans en chartre , & à donner de l'em- bonpoint aux perfonnes qui feroient extrêmement maigres fans en être incommodées. Le lait de la chèvre a une petite qualité aftringente ^ parce que cet animal fe plaît à brouter les boiu-geons des chênes & autres plantes aftringentes , ce qui commimique à fon lait cette propriété ; auffi eft-il utile dans les maladies con- fomptives , accompagnées de cours de ventre féreux. Ces propriétés des plantes dont l'animal fe nourrit , fe communiquent tellement au lait malgré tous les couloirs & tous les filtres au travers defquels il paffe , que le lait d'une chèvre à qui l'on a donné des pur- gatifs , avalé par une pourrice , piwge doucement & luffifamment l'enfant qu'elle allaite. Il eft donc eiflèn- tiel , lorfqu'on boit le lait d'une chèvre , d'avoir atten- tion à ne lui faire brouter que des herbes dont les fucs fdient bénins & modérés ; car elles font friandes des tithy malts , dont le fuc eft acre & cauflique. On fait avec le lait de chèvre des fromages excellens : ce lait fe caille aifément.

Le bmc réformé du troupeau eft mis à l'engrais avec les vieilles chèvres & les jeunes chevreaux maies, que l'on coupe à Page de fix mois , afin de rendre leur chair plus fucculente. La chair du houe eft encore moins bonne que celle de la chèvre , quoique l'odeur forte de cet animal ne vienne pas de fa chair, mais de fa peau,

La barbe du bouc croît d'une fi grande longueur, qu'on s'en fert pour faire des perruques en la mêlant

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avec des cheveux. Les Chandeliers font un grand uiage du fuif de cet^nimal : cette efpece de graiffe paffe pour un excellent émoUient. On prépare les peaux de bouc & de chcvrc de différentes manières : on les rend au£B douces & auffi moëlleufes que celles du daim y &c elles font d'une auffi bonne qualité , & meilleiu-es que celles du mouton* On les prépare auffi en chamois , en mé- gie & en marroquin rouge & noir. Le plus beau & le meilleur marroquin rouge vient du Levant : on le rougit avec de la laque & autres drogues : on le pafTe en fumac ou en galle , & à Palim. Le plus beau marroquin noir vient de Barbarie. Ces marro- quins font d-autant meilleurs , qu'ils font plus hauts en couleur, d'un beau grain , doux au toucher, & qu'ils n'ont point d'odeur défagréable. On prépare auffi des marroquins dans plufieurs villes de France & d'Efpagne ; mais ils n'ont ni la bonté ni la durée des précédens.

On dit que le touc s'accouple volontiers aVec la èrebis , & le bélier avec la chèvre , & que ces accou- plemens font quelquefois prolifiques ; cependant on jie voit point que le produit en foit bien connu : nous fommes un peu mieux informés des jumars^ c'eft-à-dire du produit de la vache & de l'âne , ou de la jument & du taureau, f^oye^ Jumar. Les Latins expriment par le mot caper , le bouc châtré. Hœdus fignifie le jeune bouc , & cdpella la petite chcvre ou chevrette.

Bouc. Nom du mâle de la Mendole ( poiffon ). Voyt[ ce mot.

Bouc Damoiseau. M. Vofmaer a donné , il y a quelques années , lliiftoire naturelle de ce joli petit quadrupède ruminant & originaire de Guinée. Il eft connu chez la plupart des Naturaliftes fous le nom de chèvre de Grimm , parce que Grimm eft le premier qui en ait fait mention. C'eft la Grimia de Linnœus ; la Capra fylvejlris Africana Grimii de Ray ; la Capra niSitans de M, Pallas ; M, Brijfon le nomme

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chcvrotin (TJfnquCy Tragulus Africanus^ page 97 , n,^ 4. M. Vofmdér l'a appelé bouc damoifeau , à caufe de la grande déliéatefle de cet animal. Il a la grandeur d un faon de daim ou d'un chevreau de deux mois ; fes membres font bien proportionnés , & fes jambes , quoique minces & grêles , très-bien afforties au corps, A la courfe cet animal ne le cède à aucun de fon efpece. Sa tête eft belle & reffemble affez à celle d'un chevreuil. Les narines ont la forme de croiflans alon- gés ; les bords du mufeau font noirs ; la lèvre fupé** rieure , fans être fendue , fe divife en deux lobes ; le menton a peu de poil , mais plus haut on leur voit de chaque côté une efpece de petite mouftache , & fous le gofier une verrue garnie de poils, la langue eft arrondie.

Les cornes font droites, pyramidales, noires , finement fillonnées , c'eft-à-dire (triées longitudinalement comme celles des gazelles , & longues d'environ trois ou quatre pouces , ornées en leur bafe de trois à quatre anneaux , & en même temps dirigées horizontalement en aniere ; la pointe en eft aiguë & liffe. Les poils du front font \m peu plus longs que les autres , rudes , gris , hériffés à l'origine des cornes entre lèfquelles le poil fe redreffe encore davantage , & y forme ime efoece de bouquet ou de toupet pointu & noir, d'où defcend une bande de poil de même couleur qui vient le perdre dans le nez également noir.

Les oreilles font grandes , & ont en dehors trois ca- vités qui fe dirigent du haut en bas. Les yeux font vife, pleins de feu, affez grands & d'un brun foncé. Le poil des paupières eft noir, long & ferré. Des deux côtés > entre les yeux & le nez , oju au deffous de chaque œil^ fe montre une énorme cavité nue & noire : elle a une propriété remarquable & fmguliere; cet enfoncement, qui feit d'abord reconnoître cet animal, eft fi grand dans la mâchoire fupérieure , qu'il ne laiffe qu'une lame d'os très-mince contre la doifon du nez. Vers le milieu de

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cette cavîté, qui eft comme calleufe & toujours humide, découle une petite quantité d'une liqueur gralîe , vif- queufe, jaunâtre, qui avec le temps fe durcit & devient noire , & dont Todeur participe de celle du caftoreuni & du mufc. L*animal femble fe débarraffer de temps à autre de cette matière excrémentitielle , car on la trouve comme collée aux bâtons de fa loge.

Le cou eft peu long , couvert par le bas d\m poil affez roide , d\m gris-jâunâtre , tel que celui de la tête, mais blanc au gofier , gris au ventre ôc blanchâtre vers les cuiffes. Le poil du corps eft noir & roide , quoique doux au toucher. Les jambes font noirâtres près des fabots. Les genoux font ornés d'une raie noire. C'eft la même couleur des fabots , qui font pointus & liftes. La queue eft fort courte , blanche en deflus , marquée d'ime bande noire. Les parties de la génération font fortes ; le fcrotum eft gros , ooir , pendant entre les jambes ; le prépuce eft ample. La femelle du houe damoiftau ne porte point de cornes ; mais , fuivant le témoignage de Grimm , elle a fur la tête une touffe de poils droits.

L'efpece du bouc damoiftau fe trouve aux environs du Cap de Bonne-Efperance , oîi on lui donne le nom de chèvre plongeante^ parce qu'elle fe tient toujours parmi les brouflailles, &, dès qu'elle apperçoit un homme , elle s'élève par im faut pour découvrir fa pofition & fes xnouvemens , après quoi elle replonge dans les brouf- failles , s'enfuit , & de temps en temps reparoît pour reconnoître fi elle eft pourfuivie.

Ces animaux font d'un naturel fort timide; le moindre mouvement, & fur-tout le tonnerre , les effraie. Si on les pourfuit , ils donnent à connoître leur épouvante , en ioufflant du nez fubitement & avec force. Cependant ils s'apprivoifent peu-à-peu. Quand on les appelle par leur nom du pays , tetje ( qui dérive de teuig , c'eft-à- dire net ou propre ) , ils fe laifTent volontiers gratter la tète&c le cou. Ils aiment effeftivement la propreté ; auflî ne leur voit-on jamais la moindre ordiue fur le corps ;

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ils fe grattent fouvent à cet efFet de l'un de leurs pîedi de derrière. La taille fvelte , les jambes minces , &c. dénotent dans ces animaux une agilité extraordinaire; fouvent ils tiennent une de leurs jambes antérieures éle- vée & recourbée, comme s*ils étoient grêts à courir, ce qui leur donne un air agréable ; ils s'élèvent avec grâce fur leurs pieds pofiérieurs pour prendre les alimens qu'on leur prefente.

Bouc DE Hongrie ou Saïga. Efpece moyenne entre les chèvres & les gazelles, ^oyq Saïga.

Bouc DE JuDA. Variété dans Tefpece de la chèvre, Voye^ à FarticU Bouc. /

Bouc Sauvage, Bouc-Estain , ou Bouc-Stein; ou Bouquetin, ou Bouc des Rochers , ^/rcw fylvefiris aut Ibtx. C'eft le bouc fauvagc qui habite les Alpes de la Siiiffe & de la Savoie,* fur-tout près des Glaciers. On le rencontre auffi dans les Pyrénées , dans les montagnes de la Grèce & celles des Mes de l'Archipel. Ce bouc reffemble entièrement & exaâement au bouc domeflique par la conformation , l'organifation , le natu* rel & les habitudes phyfiques ; il n'en diffère que par deux différences ; l'une à l'extérieur , & l'autre à l'inté- rieur. Le bouquetin furpafle en grandeur le bouc domef- rique , décrit fous le feul nom de bouc. Ses cornes font bien plus grandes, ayant jufqu'à trois pieds de longueur, brunes , noirâtres , larges à leur bafe , un peu -recoure bées en arc fur le dos, très-fortes y ayant deux arêtes longitudinales (celles du ^oz^ commun n'en ont qu'une)^ marquées au deffus de toute leur longueur par des éiai- nences qui font autant de gros nœuds ou tubercules tranfverlaux , lefquels indiquent les années de Taccroif- fement ; leur nombre ordinaire pour un bouquetin qtkî a pris tout fon accroiffement , eft de vingt; alors le poids des deux cornes eft de i6 à 20 livres. (Celles au bouc commun ne font marquées que par des ftries au lieu dtf tubercules). Les cornes de la femelle font très-diffé- rentes de celles du mâle; la rate eft ovale & faite

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t^me celle des animaux fauvages réputés les meilleurs coureurs. Ses jambes font menues ; fon poil eft de cou- leur fauVe, ainfi que fa barbe qui eft très-longue; ksr yeux font grands & pleins de feu.

Les bouquetins vont par petits troupeaux de douze ou xjuinze ; ils font fi légers à la courfe qu'ils égalent le cerf en vîteffe ; ils fautent plus légèrement que le che- vreuil ; ils font plus agiles , & plus forts que le bouc domeftique; ils nranchiffent les précipices en bondiffant de rochers en rochers les plus efcarpés. S'il leur arrive en fautant de fe précipiter , ils tombent fur leurs cor- nes & ne fe font aucun mal. Lorfqu'on chaffe ces ani- maux fur les montagnes couvertes de neige ( car ils ne fe trouvent point en plaine ) , & qu'ils font au large , ils fe ruent fur les Chaffeurs, les frappent d'un coup de tête , & les renverfent fouvent dans le précipice voifin. Mais lors , dit-on , qu'ils n'ont pas aflez d'efpace pour fe tourner , îls perdent courage & fe laifTent prendre.

Le bouquetin conune le chamois^ eft couvert d'une peau ferme , mais moins folide, & vêtu en hiver d'une double fourrure , d'un poil extérieur affez rude , & d'im poil intérieur plus fin & plus fourni. Tous deux ont auflî une raie noire fur le dos , & fe frayent des chemins dans les neiges. Enfin quelques-uns croient qu'il y a identité d'efpece entre ces deux animaux ; que le bou'- quetin eft la tige mâle , & le chamois la tige femelle de î'efpece" des chèvres : on a eu tort de dire que les cornes du bouquetin femelle refTemblent à celles du chamois. En été , l'un & l'autre demeurent au Nord de leurs montagnes; en hiver, ils cherchent la face du Midi, & defcendent des fommets jufque da»s les val- lons. Mais la femelle du chamois a quatre mamelles ,' & porte deux petits ; celle du bouquetin n'a que deux mamelles & ne porte qu'un petit. Le bouquetin a une très-longue barbe ; le chamois^ dit M. Girtanner^ n'en a point, & cet Obfervateur prétend que le bouquetin ne produit jw avec le chmo^ pi avec la chèvre domelt

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tique. M.SenhotU van Berchen a cependaftt Vu & dédit de petits chevreaux appartenans au Gouverneur d'Aigle, & iiTus de différentes chèvres qui avoient été fécondées par un bouquetin apprivoifé. La femelle du bouquetin «'appelle Etagru.

Les Payfans de Suiffe fe fervent dans leurs maladies éafangde bouquetin comme d'un excellent- fudorifîque ; ils font même fécher de ce fung^ le mettent dans des veilies & le vendent affez cher. Ce Jang eft d'autant plus aâif , que l'animal s'eft nourri de plantes abon- dantes en parties volatiles. On en faifoit autrefois plus d'ufage dans le traitement des pleiu-éfies ; mais aujour- d'hui-il n'eft guère employé que par les gens de la cam- pagne qui craignent les faignées , & auxquels il réuffit très-bien.

Le Quadrupède , connu fous le nom de capricorne ,' n'eft qu'une variété du bouquetin , un bouquetin bâtard j pu dégénéré par l'influence du climat.

On trouve dans les boucs fauvagts , lorfqu'ils com- mencent à vieillir , une efpece de bé[oard ; on dit que fi l'on n'a pas foin de le retirer dès que l'animal eft tué , il difparoît par ime prompte diffolution. Quoique ce bé[oard foit fort mou lorfqu'on le retire , il acquiert à l'air une grande dureté. Voye[ BizOARD.

BOUCAGE , BoucQUETiNE , Persil de Bouc ,

ou PiMPRENELLE SAXIFRAGE & BLANCHE, TrogO*

fdinum majus , utnbdlâ candidâ , Tourn. Inft. 309 1 Pimpinella faxifra^a , major y umbcUd candidâ , C. B. Pin, 159; Saxi/ragia hircina , major , J. B. 3, part. 2 , III. C'eft une plante qui pouffe d'une racine îiififorme , blanche , acre & aromatique , une tige ftriée , rameufe & qui s'élève à la hauteur de deux à trois pieds. Ses feuilles font dentées ; les unes font radicales , attachées par des pétioles le long d'une côte, ovales , arrondies & trilobées ; celles qui tiennent im- médiatement à la tige , font compofées de trois folioles ; les feuilles fupériçures de la tige fgnt ailées de cinq

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à neuf folioles ; l'impaire ta à trois lobes. Les fleurs font blanches , en ombelles » nues ou fans fraife , dif- pofées en fleiu-s de lis. A ces fleurs fuccedent des femences jointes deux à deux , planes d'un côté & convexes de l'autre , avec trois ftries faillantes.

Il y en a plufieurs efpeces qui font apéritives , dé- terfives , vulnéraires & fudorifiques. On diftingue une grande efpece de boucage à ombelle rougeâtre , Trago^ Jelinum majus , umbcUâ rubentc , J. R. He^b. On trouve . . fur les peloufes la petite efpece de boucage , Tragofi--' linum minus , Tourn, Infl. 3 09 ; PimpincUa faxifraga rrùnory C. B. Pin. 160, Linn. 378. La grande boucage fe trouve dans les prés; l'une & l'autre font vivaces par la racine.

Lémery dit que l'on trouve en certains lieux fiu- les racines de la grande efpece de boucage ^ des grains rouges qu'on a nommés coclunille fylvejlre ou cochenille de graine^ mais improprement Foye^ Cochenille. M. Haller obferve qu'il y a une efpece de tragofelinum dans le Brandebourg , qui eft remplie d'un fuc bleu» L'efpece commune étoit avec la mille-feuille , la plante favorite de Stahl; il en tiroit une teinture vulnéraire & incifive , dont il fe fervoit quand il falloit ranimer Teflomac & le ton des fibres.

M de la Marck diftingue encore dans ce genre de plantes à fleiu-s en ombelles, fans collerette : La boucage à fruits velus , du Dauphiné ; la boucage annuelle , d'Italie ; la boucage à feuilles lacihiées, du Levant; la boucage à fruits fuaves , c'eft l'anis ordinaire ; la boucage à feuilles d'angélique , c'eft la petite angélique fauvage ; la boucage fourchue , d'Efpagne ; la boucage dioïque; il y a des indi- vidus mâles , & d'autres qui font hermaphrodites. Cette efpece croît dans l'Autriche , la Suifle & la Provence.

BOUCARDE. Coquille bivalve appelée cœur boeuf. Voyez u mot^

BOUCHARL En Bourgogne , c'eft la pie - griech grifc.

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BOUCHE , Os , ricbis. C'eft cette partie de la tkt qui eft compofée des lèvres , des gencives & des dents, du dedans oes joues 6c du palais : toutes ces parties , excepté les dents, font tapiffées d'une tunique glan- duleufe qui fe continue mr toute la fur&ce interne des joues. Les glandes de cette tunique féparent une forte de falive qui fert à entretenir dans la bouche rhumidité ic la (oupleffe.

M. Dtrham obferve que dans les animaux zooph^es la boucht ou ^itult efl large & taillée profondément ^ poxu- brifer plus aifément une nourriture dure , d'un gros volume & qui réfifte. Dans ceux qui vivent d'her- bes , elle eft taillée moins avant & étroite. Celle des infeâes eft très-remarquable : dans les uns elle eft en forme de pinces pour faifir , tenir & déchirer la proie: dans d'autres elle eft garnie de mâchoires & de dents pour ronger & arracher la nourriture , & pour traîner des fardeaux : dans quelques-uns elle eft pointue pour percer & bleffer certains animaux & fucer leur fang, ou poitf perforer la terre & même le bois le plus dur, & jufques aux pierres même , afin d'y pratiquer des retraites & des nids pour les petits. La boucht ou htc des oifeaux n'eft pas moins remarquable^ étant fait en pointe pour fendre l'air , &c. Voyc^^ ce qui en efi du au mot Bec.

Bouche d'Eole. Nom donné par les Italiens à des crevaffes ou petites cavernes ouvertes par la Na- ture dans le flanc d'une montagne qui eft à Cefi , petite ville fituée à cinq à fix milles au Nord de Terni. De 'ces ouvertures femeufes & appelées par les Italiens, Bocche dei venti , fortent des vents , qui font d'autant plus forts & d'autant plus froids que la chaleur de l'air extérieur eft plus grande; on dit qu'en hiver elles afpirent & pompent l'air extérieur & le réchauffent en même-temps. Les Habitans de Cefi favent tirer un très-grand parti de ces vents : ils bâtiffent leurs caves

à l'entrée des foupiraux dont iis jfortçnt» Les vins s'y

çonfervent

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ôonfervent des fiecles , & les fruits , même ceux d'été , y réfiftent pendant très - long - temps à la pourriture. Ils conduifent par des tuyaux cet air frais jufque dans leurs appartemens & les rafraîchiffent plus ou moins à leur gré , en ouvrant plus ou moinis les robinets placés à l'extrémité de ces tuyaux. U ]j en a même qui ont pouffé la recherche jufqu'à conduire cet air fiais fous la bouteille de vin qu'ils boivent à leur table.

BOUCLÉ (lé), Brucus. Nom que M. Broujfomt a donné à un chim dt mer , de la feaion de ceux qui ayant les trous des umpeSy n^ont point de nageoire der-*, riere Panus.

Le boucle fe trouve dans l'Océan ; M. Brouffonet Ta décrit d'après un individu femelle qui fe voit au Cabinet du Roi : 11 eft long d'environ quatre pieds ; fa peau eft liffe & recouverte , même fur la partie fupérieure des nageoires , de tubercules à bafe large & ronde, armés d'ime ou deux pointes courtes, légèrement recourbées. ; ces tubercules font placés fans ordre , de grandeur inégale , & prefque fem- blables aux piquans des raies bouclées ; on ne peut les détacher fans déchirer la peau. Ce caraâere par^ ticidier à cette efpece fuffit pour la diftinguer des autres chiens de mer. Le mufeau du bouclé eu faillant & de forme conique ; les narines placées un peu ea avant des yeux ; l'ouverture de la gueule eft médiocre , armée de plufieurs rangs de dents prefque carrées , comprimées , & dont les bords préfenrent des zigzags irréguliers ; les yeux grands , placés ea devant des trous, des tempes ; cinq évents {expiraculay de chaque côté ; les nageoires pedorales larges , ainâ que celles de Tabdomen; les nageoires dorfales très-» rapprochées de la queue ; la première fituée prefque à l'aplomb des abdominales, & plus grande que U féconde ; au-deffous de la queue , eft une nageoire aai guleufe. Bouclée (la), Voye:^^ Rai* bouclée. Tome II. Ddi

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BOUCLIER , Çyclopurus. Nom d'un genre de poîf* . fons à nageoires cartilagineufes, f^oye^ à rartuk Poisson.

M. P allas défigne fous le nom de Cyclopterus mïnutus , une efpece de bcuclur^ qui paroît appartenir à l'Océan Atlantique. M. Daubmton Ta nommée le menu. Sa forme a du rapport avec la lompe ; la tête plus épaiffe que le corps & prefque quadrangulaire ; le mufeau garni de trois tubercules ; les mâchoires & le palais garnis tie très- petites dents ; les iris brunâtres. P allas Sfi- cileg. fafcic. 7 > p. 12, tom. III ^ fig. 7 , 8 , 9.

Bouclier, Ptlds. Nom donné par M. Geoffroy^ un genre d'infeûes , à caufe de leur forme qui imite affez celle des boucliers des Anciens* Les efpeces de ce geme différent des caflides , parce que leur tête déborcfe 6c paroit au dehors, au lieu que dans les catfides ht tête eft tout-à-fait cachée fous le corfelet. Le ca- raûere des boucliers eft d'avoir les antennes de plus en plus grofles , en avançant de la bafe vers l'extré- mité ^ & en même temps perfoliées ou composées de lames tranfverfes > enfilées par le milieu , & d'avoir le corfelet affez plat & bien bordé , ainfi que les étiiis» Les larves des boucliers ont fix pattes y font affez vives ^ brunes , dures , prefqtie écailleufes , aplaties & plus tîtroites vers la queue qu'à la tête. On les trouve dans les corps d'animaux morts & à moitié gâtés ; c'eft-là qu'elles, fe nourriffent , qu'elles croiffî^nt & qu'elles fe métamorphofent ; c'eft aufli dans les mêmes endroits que l'on trouve fouvent l'infefte parfait , qui fe nourrit de ces charognes , & y dépofe fes œufs.

BOUDIN DE MER. Animal de l'ordre des mol- lufques y nommé ainfi par M, TAbbé Dicquemart , & que l'on trouve dans les parages du Havre-de-Grace. Pour avoir une idée de ce corps marin , qu'on fe figure un | tuyau mou, gros comme le pouce , d'un blanc iale , taché de couleur jaunâtre comme une vieille yeffie de cochon , d'environ un piei de long , pliant >

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tÈtïûinè en pointe obtufe & déchiquetée par les deux bouts ; telle eft l'enveloppe du boudin de mer. L'animal renfermé dans ce tuyau eft d*une forme très*finguliere. La partie antérieure a un peu la forme d'une felle alongée en avant , elle eft terminée par deux crochets ; à chaque côté , font dix petits ailerôrts garnis de poils fins , foyeux , de couleur dorée ; vers le quatrième aileron ^ il fe trouve quelques poils courts , noirs , Toides comme du crin; un appendice, accompagné de deux grands ailerons^ joint cette partie à celle du milieu par un étranglement fi fin , fi délicat , que fouvent , lorfqu'on ouvre le tuyau , on trouve l'animal féparé en deux ; la partie du milieu eft compofée d'un canal fur lequel font ajuftées dix-huit nageoires de chaque côté , de manière que chaque paire de nageoires repré- fente une efpece de fourchette à deux aiguillons ; à la partie poftérieure fe trouvent trois poches offrant par leur afTemblage, leur forme & leur mouvement, une forte de refTemblance avec les godets ou augets de certaines chaînes hydrauliques ; ces poches font bordées d'iui fefton blanc , & ont au bout un appendice qui a la forme d'une chryfahde, & qui en a lui*même d'autres petits , mais ces derniers varient dans différens indi*^ vidus. Il eft bon d'obferver que toute cette partie & le canal de celle du milieu font remplis d'une efpece d'éthyops plus épais que celui de la feche, Tout l'a- nimal hors de fon logement a au moins fix pouces long. Journal de Pkyjîq, 03ob. lyyS.

BOUE , Liuum , eft en général un amas d'ordures & de terre atténuées par le frottement des voitures & détrempées par l'eau. La boue des villes contient beaucoup plus de fer que celks des campagnes ; auffi eft - elk d'une couleur noirâtre & pefante. Foy^i Limon.

BOUFRON. Voyci Sêche.

BOUILLEROT. Foyei GouJON DE RivlERE.

- BOUILLEUR DE CANARI, /"oj^, Bout PetOn.

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BOUILLON-BLANC , Molêne , Bon-Homme , erf latin , Vtrbafium, C'eft une plante bifannuelle dont on difiîngue pluûeurs efpeces; nous citerons ici les plus con^ nues &c celles qui font d'image en Médecine; la première eft le bouUlon^blanc mâle ou ailé , Vtrhafcum mas laùfo-' lium lutaim ; C. B. Pin« 139 ; Tapfus barbatus , Gérard y 619; Vtrbafcum thapfus ^TuoïSi. 252. Cette plante pouffe une tige à la hauteur de trois , quatre & cinq pieds y droite , cylindrique , ferme & un peu velue. Ses feuilles font grandes , ovales , pointues , décurrentes , molles , couvertes d'un duvet blanchâtre & cotonneux des deux côtés. Mais le duvet de la furface inférieure eft beau- coup plus épais que celui de la furface oppofée. Les fleurs font mfpofees en rameaux , ou en épi fort long & cylindrique , formées en rofe , d'un beau jaime & à cinq étamines. ( M. DcUu^t bbferve que la co- rolle des verbafcum eft monopétale , découpée en rofette im peu irrréguliere , ou à cinq pièces inégales ) ; il leur fuccede des coques ovales , terminées en pointe. Cette plante fleurit en Juin , Juillet , Août ; elle croît le long des chemins.

Toute la plante eft adouciffante y vulnéraire & dé^ terfive. Ses fleurs font principalement employées dans les tifanes adoudflàntes y les dyffenteries y la colique & le ténefme. Ses feuilles pilées & réduites en un^ efpece d'onguent avec de ITiuile , font excellentes dans les plaies récentes ainfl que les emploient les payfans. Son ufage , tant interne qu'externe , eft propre poiu: les hémorrhoïdes & les demangeaifons de la peau.

Le bouillons-blanc femelle y f^erbqfcum fœmina , ftort lutîo magno y C. B. Pin. 239 ; Vtrbafcum tommtofum; Verbafcum phlomoidtSy Linn. 253. Cette efpece croît dans les lieux fablonneux ; fa tige eft haute de deux à trois pieds > un peu branchue , garnie de flocons blancs & cotonneux ; les feuilles qui partent de b racine font ovales y fort grandes y épaiffes & comme

Râpées ; rçcQUYÇi:tes d'un durçt très-blv^c y \%% fi?uiUe$

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rupérieurcs cmbraffent la tige, font feffiles & non décurrentes ; les fleurs font grandes , jaunes , forment tin épi garni de braâées lancéolées , qui foutiennent quatre fleurs chacune ; la capfule eft oblongue.

Le touillon^nolr y Verbafcum nigrum^ Linn. 15 Cette plante à racine vivace , fe trouve dans les villa- ges , fur-tout en Flandres ; fa tige eft haute de deux pieds , droite , anguleufe , terminée en épi ; fes fleurs font jaunes , & les étamines garnies de poils rouges ou purpurins ; les feuilles inférieures oblongues , cor- diformes , pétiolées , crénelées , un peu cptonneufes en deflbus ; les fupérieures feffiles , prefque glabres , d'un vert obfciu*.

Le bouillon^mîtkrs eft Therbe aux mittes. Voyt[ cet article. .

Bouillon Sauvage. Voye^ Sauge en Arbre.

BOUIS. Voye[ Buis.

BOULEAU, Betida , Dod. Penïpt. 839, J. B, i, 1 48 ; Betula alha , Linn. 1 393. C^eft un arbre qui vient droit y & qui , lorfqu'on le laifle croître , s'élève juf- qu'à fonçante à foixante - c^x pieds de hauteur , fans avoir une groffeur proportionnée ; il n'eft qu'un ar- briffeau dans les terrains montagneux , pierreux & arides , ou lorfqu'on le tient en taillis. Il a plufieurs écorces ; l'extérieure eft épaifle , raboteufe , très-blanche ; la féconde eft mince , Hfle, luifante^ fatinée, blanchâ- tre. Quelques-uns ont penfé que les Anciens , avant le fiecle d'Alexandre le Grand, & même depuis les Gaulois , fe fervoient de cette dernière & fine écorce comme de papier , fur lequel ils écrivoient ou gra- voient leurs penfées avec un poinçon. Le bois du tronc eft blanc , & ce tronc eft nu dans les trois quarts de fa longueur; il foutient une cime médio- cre , ovale , médiocrement ramifiée , & à rameaux pendans ; fes feuilles font alternes ,' ovales , un peu triangulaires , pointues , finement dentelées à leur contour > un peu épaiftes ^ d'un vert clair eqi deiFus }

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blanchâtres en deflbus , odorantes , d'une ^veiir amere j les rameaux qui portent les feuilles font très-menus , extrêmement flexibles , glabres , d un bnm-rougeâtre , & fouvent parfejnés de très-petits points blancs , comme réfineux. Cet arbre porte des fleurs mâles & des fleurs femelles , féparces & attachées à différentes parties de l'arbre ; les fleurs mâles font difpofées en forme de chaton aflez long , cylindrique , grêle , un peu lâche & pendant , portées fur un filet commun , & corn- pofées de petites étamines , favoîr, quatre dans chaque fleur , & trois fleurs fur un même calice ; les fleurs femelles font plus grofles , elles font oblongues & paroiflent fous la forme d'un cône écailleux : les jeunes fiaiits pouffent en même temps que les chatons & fur les mêmes branches , mais dans des endroit)? féparés. Chaque fruit contient dans fa maturité des femences aplaties ou bordées de deux petites ailes membranejes. ^

Cet arbre efl: commun dans les bois de la France & dans toute l'-Europe Septentrionale. Quoique le bouleau fe plaife particulièrement dans les bonnes terres humi- des, il vient cependant auflî dans les terrains ftériles: on l'a vu réuflîr dans des endroits oii tous les autres arbres périflbient. M. le Baron de Tfchoudi dit que ceux qui ont des terrains crayeux , arides & pierreux , ne fauroient mieux faire que d'y établir des tailUs de boaiUaux. Cet arbre eft le dernier que l'on trouve yer& le Pôle Arftique ; <^eft le feul que produife le Groenland.

Linnaus fait mention du bouleau nain , Betula nanct^ Lînn. , qui fe plaît fur les hautes montagnes les plus arides de la Laponie , & n'exige prefque aucun toncf de terre. Il n'a que deux à trois pieds de hauteur, & fupporte bien le froid des hivers les plus rigoureux» Le bouleau nain eft remarquable par la petitefle & la forme de fes feuilles , qui lui donnent un a{pe6è agréable. Cette petite efpece ne dédaigne pas les lieux

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hiimkles des montagnes , même dans celles de la Siiiffe ; ion écorce eft d'un rouge- brun.

On trouve dans rAmérique Septentrionale , un bou* Icau àfeuilUs de Marfeau , B&tula pumila , Linn. Oeft un arbriffeau im peu moins petit que le précédent ; il a trois à quatre pieds de hauteur ; fon écorce eft d'un brun-grifâtre ; l'es rameaux font pnbefcens.

On diftingue auffi le bouleau appelé merifier par les Canadiens , Betula Icntay Linn. ; Bctulajulifira ^fruciu concile , viminibus kntis , Gronov. Virg. , Ouham. Les Canadiens foot un grand ufage de fon bois ; fon «corce a un goût & une odeur aromatique affez agréa^ ble ; its feuilles font oblongues , un peu échancrées en cœur à leur bafe , acuminées & doublement den^ tkts en leiurs bords ; elles reffemblent en quelque forte à celles du mnijier ou cerifier des bois; cet arbre croît naturellement dans le Canada & la Virginie , c*eft le fugar hirch ou hlack blnh des Anglois : on ep tire une très-petite quantité de fucre. On trouve dans ces dernières Contrées , ^& même en Laponie , le bouleau à canot , Betula nigra , Linn. ; il eft nommé alnfi , " parce qu'on en fait en Canada de grands canots ' qui durent long -temps & qu'on nomme pirogues ; c'eft un bel arbre qui s'élève encore plus que notre beuleau; fes feuilles font plus grandes , un peu rhomboïdales 9 inégalement dentées en leurs bords, & d'un vert plus fombre ou noirâtre.

Lorfque le bouleau de France eft à la hauteur des tail- lis ^ on en fait des paniers , des corbeilles & des cer- ceaux pour les tonneaux & pour les cuves ; fon bois eft recherché pour faire des fabots. De jeunes bouleaux courbés de bonne heure , fervent ^ en Suéde & en RiHîîe , à faire les jantes des roues , qui font , dit-on , fort bonnes. Tout le monde fait que l'on fait des balais d'un bon ufage avec les menues branches de cet arbj-e. Linder donne une manière de faire avec les feuilles de bouleau ' une couleur jaujne propre à la peinture ; on peut coiii-*

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muniquer cette couleur à la laine que Ton fait bouillir

avec elles. Les feuilles font d'un goût amer, & glu- tineufes. Les feuilles du bouleau noir de la Laponie donnent une plus belle couleur que celles de notre pays. Les femences du bouleau nain fervent de nour- riture aux lémings. Voyez ce mot. On peut retirer des chatons de cet arbre , une efpece de cire , par un procédé femblable à celui qu'on emploie pour en retirer des graines de Varbre cire. Voyez ce mot.

Les Canadiens font avec Técorce de la grande efpece de bouleau , difFcrens uftenfiles & meuj||es qui durent long-temps ; fon likr peut fêrvir de papier ; nous en îivons une quantité d'échantillons. En Suéde & en I-aponie on couvre, avec Pécorce du bouleau , les cabanes , & Ton en fait des efpeces de bouteilles. On peut vraifemblablement attribuer cette efpece d'incor- ruptibilité de récorce des bouleaux à la partie réfineiife riont elle eft remplie ; aufli les Habitans des Alpes en font-ils des torches qui brûlent & les éclairent très- bien. Il n'eft pas rare de rencontrer fous les climats glacés , vers le Pôle Arâique , des bouleaux dont le bois , depuis un temps innni , eft mort & détruit cle vétufté , mais dont l'écorce fubfifte feule , & con- ferve encore à Tarbre fa figiu-e. En Norvège , oii le bouleau eft très-commun , c'eft même le bois le plus ordinaire pour le chauffage. A Saint-Pétersbourg , Pécorce intérieure de ce bois fert à tanner les peaux , & à faire des filets & des voiles pour des baixjues. Le bouleau hlanc acquiert ime telle grofleur chez les Kamtfçha- dales, que Ton en conftniit de petites chaloupes ou canots d'une feule pièce. Le bouleau de ce pays eft beaucoup plus rempli de nœuds & d'excroiffances que ceux d'Eiurope. Les Habitans fe fervent de ces nœuds pour faire des. aflîettes , des taffes & des aiillers. Ils font auffi grand ufage' de 1 ecorce , qu'ils dépouillent lorfqu'elle eft encore verte ; & après l'avoir coupé inenue comme le vermicelle , ils en mangent avec le

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kavlar fec. Dans tous les villages de cette Pénlnfule ^ on voit toujours les femmes occupées à hacher cette écorce avec leurs haches d*os ou de pierre. On la lait encore fermenter avec le fuc ou la fève du même arbre, & cette boiffon eft fort de leur goût. En Ruffie , on retire per dcfcenjum , de 1-écorce du boultau , ime huile empyreumatique , que Ton appelle dans le pays , dioggot , c'eft-à-dire huile ou goudron de bouleau : cette diftillation s'opère dans des creux faits dans la terre,

Siu- la fin de l'hiver , le bouleau eft plein de fuc , & répand des larmes. Van-Htlmont obferve à ce fujet ime chofe curieufe. Si on fait une incifion à cet arbre près de la racine , la liqueur qui en fort eft de l'eau pure & infipide : fi , au contraire , on perce jufqu'au milieu une tranche de la grofleur de trois doigts, il en découle une liqueiu* qui a plus de faveur , qui eft légèrement acide &: agréable, même fucrée : elle eft vantée pour le calcul des reins & de la veffie , & pour le piffement de fang. Il Jàut recueillir cette liqueur avant que les feuilles paroiflent ; car lorfqu'elles font venues , elle n'eft plus fi agréable : lorfqu'elle a fermenté, elle devient bonne à boire , & comme vineufe ; elle a une agréable odeur , & peut fe t:onferver une année dans des vaifleaux bien fermés, avec un peu d'huile par defllis. Les Bergers fe défalterent fouvent dans les forêts avec cette liqueiu: , fortant des mains de la Na- ture : d'un feul rameau , dit-on , diftille quelquefois en un jour plus de huit ou dix livres de cette liqueur : on afifure qu'elle enlevé les taches du vifage , fi on l'en lave plufieurs fois par jour, & qu'on la laiffe fécher fans l'effuyer.

Les bouleaux prennent leurs feuilles de très-bonne heure ; ainfi il^convient d'en avoir quelques pieds dans les bofquets^du pfàaitemps.

BOULEREAU , Gobius nigcr , Linn. ; Jojtt , à Venife ; ZoUro , à Gênes. Efpece de goujon ou de

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poliroc âa genre àx GcbU. On îe îtoîivc isr^s les raeis c*£u^op^ ÔC d'Alîe , près eu rivage , & sum cLins ks iViïi^ iâlés. Sa chair eflgroJie &cailàiite; cmenàir cas à Venife , ou Tca pêche communémenc ce foiSonz £à langueur eil d'cuvîron un |»ed ; fa tète eft groù'e^ & les mâchoires gonilies ; les yeux petits, rap^nocbcs ; les prunelles bordées d'un cercle doré; la gueule am- ple ; les mâchoires garnies d^un <iouble rang ce petites cents ^ & deux groupes de pareilles au fond du parais; le corps mou; la peau glîitànte, quoique les écailles foîcnt fermes ; le corps & les iris mouchetés ; la pre- mière nageoire dorl'ale a fix rayons ; la féconde en a quatorze ; celle fies ptâorales , feize ou dix-fept ; les abdominales , chacune dix ou douze ; ( les Pécheurs Anglois prétendent que ces nage ires fervent à ce poiflfon pour s'attacher aux rochers ; ) celle de Tanus , douze ou quatorze ; la queue , quatorze à dix-huit ; elle €Û circulaire.

BouLEROT. Voyez Gou/on de mer, BOULET DE CANON ou Couroupite de la Guîane , Pckia fi-ucbi maximj globrfj , Barr. pag. gx. Ceft le Kêurou Piteutoumcn des Caraïbes ; Ptqmafivc Pckia ^ Plion , 1658 , p. 141. Sagroffeur & la forme fphérique du fruit de cet arbre , lui a fait donner par les Crcoles & les Nègres le nom de bouUt de canon z il eft de la groffeur d'un boulet de trente-fix. Quel-* ques-uns le nomment abricot fauvage. Uécorce de ce fruit capfulaire & rond , eft épaiiTe , dure , jaunâtre , madrée de gris , ayant dans îa partie fupérieure un rebord circulaire ; fous la chair ou pulpe qui eft fibreufe , on trouve une féconde caplule g-obu- leufe , mince , caftante , partagée dans fon intérieur en fix loges par des cloifons membraneufes , & conte* nant dans chaque loge plufieius femences arrondies , comprimées , nichées dans une pulpe fucculente , d'une faveur acide. En agitant ce fruit defîeché , les femences font du bruit. Les Sauvages aiment ce fruit ; mais les

B O U .47

Blancs n*en font ufage que dans les maîaclies de poi- trine. La feuille de cet arbre eft liffe, longiie d'un pied fur quatre pouces de largeur , pointue , entière , glabre y liffe & pétiolée; fa nervure principale s'étend jufqu'à fon extrémité ; les autres font affez diftantes entre elles , & obliques. Les fleurs grandes , belles , couleur de rofe , d'une odeiu: fuave , & naiffent en grappes droites ^ fituées fur le tronc & fur les branches. L'arbre s'élève à une grande hauteur ; le tronc a deux pieds de dia- mètre ; le bois eft blanc , mais rougeâtre à l'intérieur ; il eft peu folide.

Pifon dit qu^il y en a une autre efpece que les Por- tugais nomment Setim , dont le bois ne fe pourrit jamais , & qui feroit très-propre à faire des canots. y'oyei la figure de l'arbre & du fruit dans Vjippindix de Marcgrave , page ac^j.

BOULETTE, royci Globulaire. On donne atiffi le nom de boulette au chardon échinope. Voyez cet article^

BOUQUETIN. Voyei Bouc sauvage.

BOUQUIN. Ce nom n'eft guère en ufage que parmi les Chaffeurs , pour défigner le lièvre mâle, f^oye^ Lièvre.

BOURAGINJÉES , Borragines aut Afpeiifolicé. Les Botaniftes donnent ce nom à une famille de plantes qui paroiffent tenir un milieu entre les Apocins & les JLabiées. La plupart font herbacées & vivaces par leurs racines. Il y en a peu d'annuelles , & quelques - imes forment des arbres ou arbriffeaux qui quittent tous leurs feuilles dans l'année. Leurs racines font rameufes & garnies de fibres : leurs tiges & branches font rondes , les feuilles rudes au touchjer : les fleurs font hermaphrodites , complètes , monopétales , à cinq étamines & un piftil , & fuccédées par quatre femen- cts. Ces plantes comprennent la bourrache , la confoude ^ la cynoglojje , Vkéliotrope , la pulmonaire , la buglofe , Vherbe aux vipères , le gremil , &c. yoye:^ ces mots. La plupart font mucilagineufcs ^ prefque fans goût & fans

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odeur : étant cieffechées , elles fufent comme le mite fiir les charbons ardens.

BOURDAINE ou Bourgene , ou Aune noir , Rhamnus frangula ^ Linn. i8o, Dod. Pempt. 784; Al- nus nigra baccifera , C. B. Pin. 418 , J. B. i , 560. C'eft un grand arbriffeau du genre du nerprun , & qui croît principalement dans les lieux humides & les bois taillis. On le voit dans les bofquets : il porte des fleurs en rofe , auxquelles fuccedent des baies rondes , divifées par une rainure qui les fait paroître comme doubles , vertes d'abord , enfuite rouges & noires lorfqu'elles font mûres. S^s feuilles font d'un beau vert , affez fem- blables à celles de Vaum , mais plus noirâtres , pétio- lëes , chargées de nervures parallèles , placées akema- tivement lur les branches. Son écorce eft noire en dehors , d'un Jaune fafrané en dedans. Le bois de cet arbre eft blanc , quelquefois jaunâtre & tendre ; fon -ccorce eft bnme ; on réduit ce bois en un charbon lé- ger , fort fec , & eftimé le meilleur pour k fabrique de la poudre à canon.

Il eft permis au Commiffaire -Général des Poudres, & à fes Commis , de faire exploiter dans les bois du Roi & autres , tant de bourdaines qu'il leur plaît , de- puis l'âge de trois ans jufqu'à quatre , & en quelque temps qu'ils le jugent à propos , après toutefois en avoir obtenu la permiffion des Officiers des Eaux & Forêts , & ayoir appelé les Gardes à la coupe.

Un quintal de ce bois , dit M. Duhamel y qui coûte à-peu-près quatre francs-, ne produit que douze livres de charbons. Il va des Provinces oii les Cordonniers ne font point .d'ufage d'autres bois pour les chevilles de fouliers. La féconde écorce , iur-tout celle de lai ra^ cine de cet arbriffeau , eft amere , un peu gluante , apé- ritive & employée par les gens de la campagne dans l'hydropifie & les fièvres intermittentes ; elle purge lorfiqu'elle eft defféchée ; elle eft émétique quand elle eft verte. M. HalUr dit qu'on peut tirer ime huile de

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la gr^e de Vanne noir ; elle fert à entretenir la lampe* Les baies de cet arbre , étant vertes , peuvent fervir à teindre en vert des étoflfes de laine, L'écorce teint en jaune.

BOURDON , Bombylins. Voyez à lafuiu du mot Abeille VarùcU des Abeilles^ Bourdons.

BOURDONNEUR.Nom donné au colibriM oy. ce mot.

BOURET DE MER. Voye^ à C article BucciN,

BOURGEON , Gemma. Les Cultivateurs donnent ce nom aux boutons ouverts ou développés que Ton obferve fur les branches des arbres ; ils difent que les atbres & les *arbriffeaux bourgeonnent , lorfque leiurs boutons groffiffent & commencent à s'ouvrir. Us ap- pellent auffi bourgeons les jeunes pouffes de l'année , & ils difent ébourgeonner un arbre , quand , pour le ren- dre plus vigoureux ou pour lui faire porter plus de fruit , ils retranchent des boutons à bois ou de jeunes pouffes fuperflues. En Botanique , bourgeon & bouton font fy^ nonymes. Voye^ aux mots Plante , Arbre , &c.

BOURG-ÈPINE. F(>yeî Nerprun,

BOURGMESTRE. V. Goéland à manteau gris-brun.

BOURLOTTE. Nom qu'en Bretagne l'on donne à une efpece de ver blanc ^ doqt on fe fert pour amor-* cer le poiffon.

BOURRACHE , Borrago officinalis , Linn. 1 97 ; Bor^ ragofioribus cariileis , J. B. 3 , 574 , Tourn. 133. C'efl une plante annuelle des plus ufitées en Médecine, &; que l'on cultive dans prefque tous les jardins ; ellç 5'y multiplie d'elle-même & s'y naturalise en quelque forte. Sa racine eft blanche , longue , de la groffeur du doigt , tendre & d'une faveur vifqueufe ; fa tig« eft velue , creufe , haute d'une coudée , branchue , cylindrique , creufe , fucculente , hériffée de poll$ 4COurts & rudes. Ses feuilles font d'un vert foncé , larges , . obtufes , hériffées de pointes fines & fciillan- tes , rudes au toucher , pétiolées & oppofées à la jbafe ^ feffiles $c alt^rne^ dans le hâut : au fonu^et

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des rameaux nalflent des fleurs d'une belle couleur bleue , (rarement blanchâtres ou de couleur de chair) ^ en rofette d'une feule pièce , formant ime étoile , ou imitant la molette d'un éperon : les fruits contiennent quatre femences noires , prefque femblables à des têtes de vipères.

La bourrache commune eft , fuivant quelques-uns , originaire d'Alep , & s'eft répandue prefque par- tout dans nos climats.

La bourrache vulgaire , dit M. Haller , eft naturelle- ment fade , vifqueufe , & le lieu oii elle prend naif- fance , lui procure des parties qui la rendent foible- ment favonneufe.

Le fuc de bourrache clarifié , évaporé au bain-marîe , en confiftance de miel épais , eft du nombre de ceux qu'on nomme extraits favonneux , parce qu'ils fe diflblvent en partie dans l'efprit de vin. Le fuc de bourrache , diftillé à feu nu , fe bourfoufle confi- dérablement , donne un peu de flegme infipide , qui eft bientôt fuivi d'un elprit alkali volatil très-péné- trant ; il pafle enfuite une huile empyreumatique fétide & pefante ; il refte un charbon fort léger qui fe réduit aflez difiîcilement en cendres ; ces cendres leflîvées donnent un alkali fixe déliquefcent , tel que le fourniflent la plupart des végétaux ; le charbon lui-même leflîvé avant l'incinération , foiurnit beaucoup de nitre , quelque peu de fel marin & un fel alkali fixe déliquefcent.

Il eft clair , dit M. Bucquet , que de tous ces prin- cipes il n'y avoit dans le fuc de bourrache (^^i le flegme , la partie huileufe , le nitre , le fel marin , l'al- kali fixe & la partie terreufe. A l'égard de Talkali volatil , il eft le produit du feu qui l'a formé aux dé- pens de Talkali nve & de l'huile , puifque ce produit y quoique très-volatil ne paffe qu'après le flegme, & quand la décompofifion eft déjà avancée ; d'ailleurs de quelquç manière qu'on opère pour féparer les fek

fconteniis dans le fuc de bourrache , on n'y trouve jamais d'alkali volatil.

Cette plante divife les humeurs épaifles & groffie- res, rend le fang plus fluide, rétablit Ls fecrétions & excrétions , & eft utile dans toutes les maladies il faut éviter les remèdes chauds, comme dans la pleuréfie , la péripneumonie , &c. Elle eft eftimée diurétique , adoucillante , expeâorante & béchique. Les fleurs àt bourrache font mal-à-propos placées au nombre des fleurs cordiales; lorf qu'elles font feches, elles n'ont guère de vertu ; auflî dans l'hiver ordonne* t-on préférablement les racines de la bourrache , parce qu'étant fraîches elles ont toute leur vertu. On eft affez dans l^fifage de mettre fes fleurs fur les falades , avec celles de la capucine , pour les orner par leurs belles couleurs.

Il y a plufieurs autres cfpeces de bourraches*^ I la bourrache des Indes Orientales , Borrago Indïca , Linn. La corolle , qui s*épanouit en Juillet y eft d'un bleu pâle ou légèrement purpurine , & mar- quée intérieurement de cinq taches aurores , ou de touleur de rouille de fer; i.® la bourrache d'Ethio- pie , Borrago Africana y Linn. ; elle eft très - rude au toucher; fa fleur eft petite, penchée, bleuâtre en dehors , jaune en dedans , avec cinq taches purpurines ; 3.^ la bourrache de Ceyîan , Borrago Zcylanica , Linn. ; le calice de la fleur eft velu , blanchâtre , point auriculé , & auflî long que la corolle ; 4.^ la bourrache de Candie, ou du Levant ^^ Borrago Orientalis , Linn, ; cette efpece croît naturel- lement aux environs.de Conftantinople ; Toumefort la défigne ainfi, Borrago Conjlantinopoïuana ^ fiore rejlexh c^ruleo , calice vejïcario ; elle fleurit à l'entrée du prin- temps , avant l'entier développement de fes feuilles radicales.

A l'égard de la petite bourrache (^Omphahdes y) Voyez Herbe eu nombrlL

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BOURRE , Tommtum. Nom donné au poil de plu^ fieurs quadrupèdes , comme taureaux , bœufs , vaches , veaux , bufles , cerfs ^ chevaux , &c. On le détache par le moyen de la chaux , ou on le rafe avec im long couteau , de deffus leurs peaux ou cuirs , lorfqu'on les prépare dans les tanneries ou qu'on les paffe en mégie. La bourre fert à garnir des felles , des bâts y des chaifes , des tabourets , des banquettes , &c. Voyc^ VarticU Poil.

Il y a aufli la bourre de foie : c'eft la filofelle ou fUuret , c'eft-à-dire , cette partie de la foie qu'on rebute au dévidage des cocons , mais qu'on a l'art de filer &c de mettre en écheveaux comme la belle foie : on en fait des padous , des ceintures ^ des lacets , du cor- donnet , &C. Voyei^ à V article Ver A SOft.

Bourre & Bourret. Nom donne en quelques endroits , à la femelle & au petit du canard domeftique,

BOURREAU des arbres. Voye\lUrticUY.yo^\WiO\iy^^

BOURRIQUE, Nom donné par le vulgaire à l'a/z^. Voyez ce mou

BOURSE ^ Tetrojodon. Nom donné aux Mes de France , de Bourbon & à Madagafcar , à différentes çfpeces de Guapervas. Voyez ,u mot. Les poiffons bourfes ont des écailles très-fines , & femblables à des épingles ; leur pointe s'éloigne du corps ; cette direc- tion devenoit indifpenfable dans ces poiffons , qui enflent à volonté leur corps & le réduifent tout de fuite en un très-petit volume.

Bourse a Berger ou Tabouret , Burfa pafiorls ,

Linn. 903 ; & major y folio Jînuato y C. B. Pin. 108* Cette plante annuelle croît naturellement dans les chemins , dans les lieux incultes & déferts ; racine blanche & fibreufe pouffe une tige qui s'élève à la hauteur d'une coudée , plus ou moins , félon les variétés ; fes feuilles inférieures ou radicales font découpées comme celles du piffenlit; celles qui em- braffent la tige font plus petites y garnies d^>reilles à leurs bafes > ou fagittées ; fes fleurs font petites y

blanche

\

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Wanchcs , en croix , & naiffent au fommet des î;ameaux t à ces fleurs fuccede un fruit aplati , en forme de petite bour/e ; ( c'eft une filique , en cœur renverfé ; ) ce qui lui a fait donner le nom àt bourfc à pajhur.

Cette plante eA mife par quelques Médecins au rang

des rafraichiffantes & des vulnéraires aflrïngentes ;,

elle eft regardée comme fpécifîque dans ]e- piiTement

de fang : la plante pilée ou ijne tente de charpie

trempée dans fon fuc, arrête les hémorragies des

narines ; la plante fraîche pilée & appliquée fur les

plaies récentes , arrête le fang & prévient Tinflam-

mation. Mais M. Halkr regarde le tabouret comme

Paftringent le plus foible de fa clafle crucifère ; il

n'eft ^ dit-il , point en ufage. Les Méthodifles rangent

le tabouret dans la feâion des thlaspL Voyez ce mot*

On a donné le nom de drave printanniere ^ Draba,

vema , à la petite efpece de bourfc à berger qui croît

fur les murs.

BOUSCARLË. Les Provençaux donnent ce nom à une fauvette qui eft un peu plus petite que Tefpece kppellée grifute ; tout le deiïus du corps eft rouflatre ^ le plumage inférieur eft mêlé de blanc & de roux clair ; les pennes des ailes & de la queue font noirâtres ^ bordées de rouflatre > pi. cnl. 655»

BOUSIER ou BouziER, Copris, Le caraftere de ce genre d'infeâes eft d'avoir les anteones en mafîe à feuillets , & de n'avoir point d'écuflbn entre ks étuis , à Tendroit de leur origine ou de leur attaiçhe avec le corfelçt. C'eft par ce dernier caractère qu'ils différent des fcarabées proprement dits j outre ce caraftere particulier , tous les infedes . de ce genre ont un certain port que leur donnent leurs longues

Î>attes ; celles fur-tout de la dernière paire font fort ongues ; en forte qu'il femble que ces animaux foient montés fur des écnafles : quelques efpeces ont une corne fur la tête ; d^autres en ont deux ; leur ufage ^'eft pas aifé à déterminer , peut-être leur fervent- * Tome IL ^ E e

l

4U * 0 tf

elles pdlif s'enfoi^cer plus aifément dans les boitzei de vaches , \tsr fientes d'animaux & les irtimondîce^ Its plws Pàks, oîi on les ti-ouve ordinaîren\^nt. C'eft-là lie éfes infeétèi- dépofent leurs œiift , que leurs larves clofent , ctôiffent & fe métamorphofent. On en dîftingue de pluficurs fortes , connues fous les noms de capucin ^..hottentot, af-aignée^ &C.

BOUSSEROLE. royti Raisin £)'Ours.

BOÙTàRQUE ou Poutargve. Dans les Pays Méridionatiîc on donne ce nom à une préparation d'oeufs de poiflbh. '^oyt^ à tarticU MuGE.

BOUT DE PETUN ou Ani des Brafiliens , Cro^ 90p/uigiis. Oifeaii du Lïl* genre, de la Méthode de M. Sriffhn ; on en diftingue deux efpeces , favoir : le grûfzd bout dï'petuk , pL enl. loi , fig. 2 , ou Vani des palttttviersi le hont dcpettm petit, ou \ani des favanncs. Le prèîtiîei- eft à- peu-près du double plus grand qiie le deuxième : celui-ci eft gros à-peu- près comme un fort Aierle. Ces oîfeia«5c font pro^pVes au nouveau Contiûent. Bs font fort comftnms dans rAmérique Méridionale , au Bréfil , à Cayenne & à Saint-Domingue , 8cc. Les Cï'éoles ôftt donné à ces oifeaux le nom de boiu it pttiin ^hcùt dt tabac ^ diable de'sfavannes , diable des paUtuviers ; on les a nommés aufîi bouilleurs de Canari ^ barce que , dk-bn , ktir cri reffembîe au bruit que l'eau fait en bouillant ; cependant leur cri , ou Ton veut, lelir chant , eft ime forte de fiiHeitient toujours aigre & défagréable.

Les ànis ou bouts de petun , vivent en troupes , & l'on prétend que pkifieiirs femelles fe réuniffent pour îcohftruîre uri nid dans lequel elles pondent , & oîi elles couvent eh <:cmmim ; le nid eft conftruit de brins de bois fec , fans garniture à l'intérieur , proportionné y dit-on , ^u nombre de femelles qui fe font affocîées pour le confîruire & y couver ; on prétend qu'il y a dans ce nid bannal des féparations qui diflihguent leurs «ufe en particulitn (^uand les femelles quittent Içuï»

Il,

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tjeufe , elles les couvrent avec des féiûlles. Les œufs font de couleiu" d^aigue-marine uniforme, & fans taches; Les femelles font deux ou trois pontes par an i elles nburriffent indifféremment tous les petits , aux-* miels elles donnent la becquée , & les mâles aident à fournir les alimens. Ces oifeaux réunis , même dans temps des amours , contre ce qui eft ordinaire aux autres oifeaux , vivent également en fociété' dans le refte de l'année ; les compagnies font composées depuis huit à dix individus julqu'à vingt-cinq.

Le plumage des anis eft noir dans les deux efpec^ ; mais la nuance eft plus foncée , & les reflets de violet ^ de vert-doré , font, fuivant les afdefts, plus fenfibles , plus vifs & plus étendus dans la grande efpece. Le beC & les pieds font noirs ; le bec eu court , crochu , plus épais que lai*ge ; la mandibule fupérieure eft déprimée fiu: les côtés , & relevée en demi-cercle tranchant. Les plumes de la queue font au nombre de dix. Les doigts longs ^ arrondis & placés deux en avant & deux en arrière.

Ces oifeaux ont le vol Court & peu élevé ; ils fe pofent plus fouvent fiu- les buiiTons que'fiu* les grands arbres ; ils fe placent très .- près les uns des autres ; rinftinâ focial a beaucoup d'impulfion fur tous leurs mouvemens. Ils fe noiurriflent de graines ^ d'infeftes & de reptiles ; comme les pies , ils fe perchent fui? les bœufs , pour chercher les tiques & les autres infeftes attacnés au cuir de ces animaux ; ils ne font ni farouches , ni craintifs ; on les . approche aifément ; mais on en tue peu , parce que leur chair n*eft pas mangeable , & qu'ils ont , même vîvans , une odeur défagréable. Vani s'apprivoife aifément , il apprend à parler , & dans Tétat de liberté il ne fait aucune forte de. tort,

BOUTIS. Terme ulîté dans la chaffe du fanglier. Voyci^ le Tableau alphahitiqu^ des termts de Vinmc % la fuite de Vartide Cerf.

4^6 B O U

BOUTON D'ARGENT. Nom que les Jardinîert Fleuriftes ont donné à la ptarmique à jUurs.douhlts. On connoît le bouton £ argent d'Ar^leterre dont la racine eft une patte rèffemblante à celle de l'afperge , & U feuille à celle du fraiiier.

Bouton de mer. Nom que Ton donne à Vourfin, Voyez umot.

Bouton d'or & Bouton blanc, Voye^ Immor- telle & Ptarmique, ^oyc^ aujfi VankU Herbe Blanche,

Bouton & Bourgeon, Voyez us mots dans le

Tableau alphabétique^ &c. à&V article PLANTE.

Bouton gris. Nom donné par M. VAbbé Dicqiur mare à un corps marin & animal , dont le nom fait prefqiie feul la définition extérieure. Joum^ de^Phyf. JuilL 178^.

BOUT-SALLICK. Ceft le coucou hrun & tacheté de Bengale. Foye^ Coucou.

BOUTURE. Voyez à V Alphabet <Us termes à la fuite du mot Plante.

BOUVERET & BOUVERON. Foye^ à C article BOU- VREUIL.

BOUVIER. Voye^ Gobe-mouche ( Oifeau ).

BOUVREUIL, pi. enL 145, fi§. i , le mâle; jig. 2, la femelle ; Pivoine de Selon ^ Pyrrhula, Genre d'oifeau un peu plus gros que le moineau appelé pierrot , & que fes couleurs mâles & foncées rendent agréable : le deffus de la tête eft d\in noir brillant ; le deffus du cou , le dos & les pliunes fcapulaires font de couleur cendrée , très - légèrement teintes de roux ; le croupion eft blanc , ainfi que le bas-ventre ; les ailes & la queue d'un noir luftré & à reflets violets. Le mâle a toute la poitrine , le cou & les joues d'une belle couleur rouge : ( chez la femelle cette partie du plumage eft de couleur brune- vineufe ; ) fon bec eft noir , gros , court , fort , convexe en deffus & en deifcus , & I3 partie fupérieure eft

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courbée en en bas à fon extréinité ; fes ongles l'ont noirs , & fes pieds bruns.

Les bouvreuils aiment les pays montueux & bolfés. Us paffent Pété dans les bois , vivent de grains , font leur nid fur les buiffons , & le compofent de mouffe en dehors ; de laine , de plumes , &c, à l'intérieur. La femelle pond communément quatre œufs , d'un blanc teint de bleuâtre , & tachetés vers le gros bout de violet & de noir. En hiver , ces oifeaux fe répandent par bandes dan^ les plaines ; on les prend alors avec des nappes. Cet oifeau, pendant le printemps, fait un grand dégât dans les vergers ; il aime beaucoup les premiers boutons qui précèdent les feuilles & les fleurs des pommiers , poiriers , pêchers & autres arbresi , auxquels il caufe de grands dommages : auffi les Nor- mands l'appellent-ils bourgconnier ou ibourgeonneux\ le bouvreuil eft un des oifeaux qui réunit le plus d'agrémens : il plaît par la beauté de fon plumage , par fes mœurs fociales & par la douceur de fon chant. On l'élevé facilement en cage ; mais fa belle couleur rouge s'y afFoiblit. On en a vu qui y prenoient un plumage pres- que totalement noir, & d'autres prefque tout blanc. Le bouvreuil eft fufceptible d'attachement & d'une belle éducation; il apprend, fans beaucoup de peine, à imiter le fon de la flûte , & à répéter des airs. Son chant eft agréable , mais cependant moin§ fort que celui de la linotte. On dit que la femelle chante auffi bien que le mâle : fi cela eft vrai , c'eft une des exceptions que la Nature fe plaît à mettre aux règles générales , pour répandre plus de variétés dans fes produâions. Suivant M. de Sakrne , le bouvreuil eft appelé bouvreux , bour^ geonmer en Baffe-Normandie ; bœuf ^ pinçon^-maillé en "Cologne; cbojfpard ^ grojje tête noire en Picardie ; pive €n Provence ; pivane en Berry ; pion ou piene en Lor- raine ; pinçon J! Auvergne en Saintonge ; & ailleurs pinçon rouge , fiffltur , jlûteur , groulard , perroquet de France , écojfonncuX^ roj/ignol-monet y civière ,y tapon»

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4)« ^ BOY

Parmi l'efpecc du bvuvreuU , on diifingue i Le vreuil tout noir & à tcc blanc de la Gukne : le bomtran ou petit bouvreuil noir d'Afrique ; il a trois bandes blanches fur la tête ; la partie antérieure du cou , & le deflbus du corps d'un beau blanc ; les plumes du bas-ventre , jufgu'au-deffous de la queue, font longues, contournées , irifées à contre-fens. On trouve auffi <lans le Bréûl , le tcuvercn à plumes plus ou moins frifées, fl.. mL 319 j^i?» I Le bouvreuil bleu d'Amérique, Voye^ Bec rond : Le bouvreuil d* Hambourg ^\oytz Hambowreux : Le bouvcret ou le bouvreuil de Tlfle de Bourbon & du Cap de Bonne-Efpérance , pL enL 204 : ils ont le deflbus du corps blanc , le deûlis & la queue de couleur orangée ; le bec brun & les pieds rougeâtres : Le bouvreuil ""huppé d'Amérique ; il eft beau- coup plus gros crue les nôtres ; une belle huppe noire s'élève fur fa tête ; le deffus du corps , les ailes & la queue font d'un rouge d*écarlate \ le deflbus du corps eft d'un b!eu éclatant ; fon bec eft blanc. Le grand bouvreuil noir d'Afrique , eft de la taille de notre gros - bec ; tout fon plumage eft noir ^ excepté ime petite tache blanche au milieu des ailes ; le bec & les pieds d'im gris -blanchâtre. Le bouvnuU noir du Mexique , à bec rond, noir Se blanc. Les bouvreuils violets^ à bec rond de la Caroline & de fiahama ; ceux de B^hama ont la gorge , la queue & les fourcils rouges.

BOYAUX 5 Imefiina. Nom donné aux inteftins. Il y a des animaux dont les boyaux, font utiles dans le Commerce > après avoir été préparés par les Boyaur dicrsi. Tout le monde connoit les cordes de violon, de bafîe ÔC d'autres inftnimens de M^ifique. Foye{ h manière dont les Ouvriers s'y prennent pour fabri- quer les cordes à boyau, à la fin de C article AGNEAU, & dans le Diction, des Arts & Ateliers.

On a donné le nom de boyau dt çhqt à Vtdva in- 'UfiinaUs4 Voyçz à Vardcle Ulve,

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BRAC. Ceft le Calao d'Afrique. Foyei <i ranicb Calao.

BRACELETS , Armillœ. On voit d^ns les Cabinets ces ornemens des Anciens ; ils paîolffent avoir été du goût prefque toutes les Nations, Oa, les a portés autrefois au haut du bras , çiuelquçfois auÀi on mettoit de femblables anneaux aux jambes. Ils ont été des jnat- ques arbitraires d'honneur ou d'^efclavage ; c'étaient quelquefois des récompenfes de \^ valeur. Il y en a eu de fer , d'ivoire , d'argent , de cuivre jaune & de lames d'or. On a trouvé a Store , près de l'Ifle Adam y dans un endroit appelé le Camp de Juks - Çifar , des fquçlettes huniains qui avoient encore des hauffe-cols, des hacçkts 6c dçs anneaux d'un cuivre comme doré, cil l'on fufpendoit des bulles d'or ou d'argent. Les Sauvages çn ont de coco ou de coquilles. On fait que le goût du luxe & de la parure n'eft pas moins vif chez les Sauvages que parmi les hommes policés. N'a-t-on pas vu des peuples barbares vendre leurs* parens , piême leurs pères , leurs niercs , leurs femmes & leurs enfans pour pofîeder des braciUts de verrote- rie ? &c,

BRADYPE. Foyei Paresseux.

BRAI. Voyc[ Poix liquide auifç articles Pin & Sapin. Le hrai fec eft Varcançon.

BRAINVILLIERS. Foyc^ Spigeua.

BRAIRE , BeaiemenTp Nom du cri rauque , bruyant & difcordant que pouffe Vdne , lorfque le défir , l'impatience ou le beioin le prefiènt. f^oye^ à ïartkU Ane.

BRAMIE 9 B^ami , Rheed. Mal. Plante qui croît dans l'Inde & au Malabar , dans les lieux humides ; elle eft rampante comme certaines, gr^/io/e^; fcs tiges font d'un vert-rougeâtre ; fes feuilles prefque f^fublables à celles du GratiaLa, monn'ura de Linnmm ; les fleurs (qi:^ txLO^ nopétales^ bleues, foUtaires , axillaircs. Le fruit ^ne capfule coni^ç , ^vironnée . par. ks feuilles du

£e 4

440 B R A B R E

ôdice unilocukire y & qui contient beaucoup iemences menues.

BRANCHES , RamL Voyez ce mot dans le Tabkojà alphabctiquc , &c. À l^arncU PLANTE,

BRANCHIALE. Voye[ à l'article Lamproie.

BRANCHIES. Se dit des oides des poifibns. Voyc^ Poisson.

BRANC-URSINE. Voye^ Acanthe.

BRANDHIRTZ. Voyei À ranicle Cerf.

BRAQUE. Nom donné à une race partiailiere dans refpece du chien. Voyez fes carafteres â farêicle Chien.

BRASIL. Les Mineurs Anglois donnent ce nom à une marcaffite fouvent lamelleufe , mais unie & fem- blable au laiton ou au cuivre jaune. J^oye^ Mar- cassite.

BRASSICAIRES. Ce font les papillons du chou, yêjyq Chenille du chou.

BRÉANT ou Bruant, royei Bruant.

BREBIS. rc»y«î à CanicU Bélier.

BRÉCHITE ou Goupillon de mer. M. Guueari donne ce nom à un foflile qui pourroit être re^dé comme une forte Sarrofoir marin , mais d'une elpece finguliere. Le caractère générique de ce polypite ou •poiipier foifile , eft d'être d'une figure conique , & d'être percé de trous en fon fommet , d'avoir des crêtes circulaires & des ftries longitudinales.

BRÉDE de Malabar. C'eft V amarante epineuft. On remarque entre les fleurs , qui font difpofées en épis vcrdâtres, quelquefois purpurins , droits, plufieiirs écailles en alêne & fpinuliformes : cette plante fe trouve à Amboine , à Ceylan , & en Amérique dans les Antilles.

BREDIN. Vùyei Lepas.

BREHAIGNE. Mot populaire reçu en Vénerie, & qui exprime que la Uche ou un autre individu femelle rft ftérile & n'engendre point. Voye:^^ â l'article Cerf.

BREHÉME, royei Melongéne»

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' BREHIS- Nom d'une licorne quadrupède \ de la grandeur d'une chèvre , & que l'on dit fe trouver à Madagafcar. Son exiftence eft une chimère , ainfi que celle de la licorne terreftre , appelée camphur. Voyez ce mot,

BRÈME, Cyprlmis (^latus). En Angleterre , Bream; en Allemagne , BraJJem ; en Suéde , Brax ; Brama , Linn. Poiffon du genre du Cyprin; il fe trouve dans les eaux douces de l'Europe , notamment dans les lacs & dans ceux qui confluent aux embouchures des grandes ri- vières ; on le pêche plus fréquemment au printemps que dans les autres faifons. Ce poiffon a le corps large & aplati latéralement ; il y en a d'un pied de long & même plus. Le deffus de la tête eft prefque noir ; la gueule eft petite , & les lèvres font groffes ; on diftingue plufieurs dents qui font crochues ; la langue eft fixée au palais & rouge ; les iris des yeux de cou- leur d'or , quelquefois argentés ; le dos très-convexe ; la ligne latérale courbe ; les écailles grandes & en re- coirvrement , difpofées fur des lignes parallèles , d\me couleur jaune pâle & mêlée de bnm ; celle du ventre eft argentée. J^a nageoire dorfale , qui a douze rayons branchus , eft d'un gris foncé , avec une bordiu-e noire ; les peâorales ont chacune dix-fept rayons ; les abdominales en ont neuf ou dix ; celle de l'anus , qui eft noirâtre , en a vingt-fept ; celle de la queue , qui eft fourchue , en a dix-neuf, La chair de ce poiffon eft blanche & délicate ; mais elle paroît défagréable , fi le poiffon a été péché dans des eaux fangeufes. La brème que les Pêcheiurs nomment gardonnée , n'eft qu'une -jeune brème qui a les écailles plus brillantes à cet âge.

Brème de mer« Brame , Spams Rhomboïdes , Linn. ; Perça Rhomboïdes , Catesb. Poiffon du genre des fpares ; il fe trouve dans les mers de l'Amérique. Le dos eft fillonné par une efpece de canal comme iians les fcicnes. Les mâchoires font garnies de dents

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obtiifes; une tache noire entre les nageoires peôofalçs. & la dorfale ; celle-ci a vingt-trois rayons , dont les douze premiers font épineux ; les peâorales en ont chacune feize ; les abdominales ûx , dont un épineux ; celle de l'anus quinze , dont trois épineux ; celle de la queue vingt. Le corps eft de couleur jaune , marqué longitudinalement de plufieurs lignes •qui le font pa- roître ftrié. Les trois dernières efpeces de nageoares font ronfles. On eftime la chair de .ce poîffon bonne à manger. .BRENACHE ou Bernache. royci Oie nonv

KETTE.

BRESILLET & Bresilliot- Foyei à l'article Bois j^E Brésil.

BRESLINGE. Nom d'une race de Fraijîcr. Voyez cet article.

BRESSDIUR. Efpece à'Ours de Norvège, Foyci Ours.

BREVE. Nom donné à des oifeaiix de Pancien Continent , qui , dans la Méthode de M. Briffim , font du genre XXII : ce font des merles , mais qui ont le beo plus épais , plus fort ; les jambes beaucoup plus longues , & la queue & les ailes au contraire beaucoup plus courtes que les autres oifeaux du même genre. On en diftingue quatre ou cinq efpeces : \.^ la brève de Bengale , pL ml, 158 , qui eu le merU vert des Mo- luques de M. Briffon ; fa gorge eft noire ; une variété eft la brève de Bengale à gorge blanche ; x,^ la brève du Ceylan , c'eft la pie à courte queue de§ Indes Orienta- les y A^Ed^^ards ; j.^ la brève de Madagafcar , c'eft le merle des Moluques , pL enL 257 ; 4.^ la brève de Ma- làca ^ ( f^oyag. aux Indes); 5.^ la brève des Philippines, c'eft le merle vert à tet^ noire des Moluques , de M. Brljfon , pi, enL 89,

BRIDÉ , (le) Chatodon capifirutus , Linn, ; Pifds pûlitaris ^foldatea or klipvifch^ Ruyfc. Poifîbn du genre du ChUodm ; il fe trouve dans TOcéan Atlantique,

BRI 445

foxis la Zone torride. Gronovius a décrit un de ces poiflbns ; il avoit trois pouces & un quart de Ion- gueiu: ; la mâchoire inférieure plus longue que celle de deffus , & toutes deux garnies d\ine multitude de petites dents oblongues ; les yeux affez grands ; les opercules des ouïes liffes & écailleiix. La nageoire dorfale garnie de douze rayons épineux , & de douze autres flexibles & rameux ; les peûorales ont chacune quatorze rayons ; les abdominales en ont fix , dont le premier eft épineux ; celle de Panui en a dix -huit , dont les deux premiers font forts & épineux ; celle de la queue , qui eft arrondie, offre dix -huit rayons. Les lignes latérales offrent un arc convexe. Le corps & la tête font recouverts de grandes écailles liffes ; le fond de la couleur eft jaunâtre* Il y a fur chaque côté du corps , vers Textrémité de la nageoire du dos , deux taches noires , grandes , & une blanche ; la partie fupérieure des côtés eft marquée de plufieurs lignes obfcures , parallèles entre elles , & qui s'étendent obliquement ; une partie allant de la nageoire dorfale aux opercides , .& Vautre allant en fens conti;aire du dos à la nageoû'e de Panus ; en forte qu'elles coupeot les premières , & forment une fuite d'angles continus fur les furfaces latérales du corps.

Bridé , Spams capijlratus , Linn. M. Daubcnton donne ce nom à un poiffon du genre à\xfparc;\\ fe trouve dans les mer? de l'Amérique. Les écailles font dlfpofées à l'aife , & bordées antérieurement de deux petites bandes blanchâtres , qui , par leur jonâion , forment un angle droit , de manière que le corps du poiffon paroît marqué d'un réfeau blanc. Les deux premières dents de la mâchoire de deffus , & les quatre premières dans celle de deffous , font beaucoup plus grandes que les. autres ; la nageoire dorfale eft très- jbngue £i garnie de vingt rayons , dont les neuf pre- miers font épineux ; les pe^orales en ont chacune . 4Quze y le$ ^pnùnale^ lu % dçipt uu eft épineux .;

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celle de Tanus (eize , dont le premier efl: épineux ; celte

de la qiieue en a quatorze.

BRIGNOLIER. Nkolfon dit qu'on en dîftingiie deux efpecesà Saint-Domingue , Tun â fruit jaime, & l'autre à fruit violet ou d'un rouge - violet. Les feuilles font longues , terminées 'en pointe , affez épaiffes & bien nourries , verdâtres & luifantes en deflvis , lanugineufes en defTous ; fes fleurs petites , blanches , épaiffes , ferrées par bouquets les unes contre les autres ; elles fe changent en un fruit oblong, de la forme d'une olive , mais plus petit , mou , charnu , un peu aigrelet. On en mange les fruits avec plaifir. ^ BRIN D'AMOUR. -Suivant l'Auteur de VEjpd fur VHijl, Natur. dt Saint- Dominant , c'eft un végétal dont la tige a deux pouces de diamètre , & fept à huit pieds de hauteur ; elle eft verte , cylindrique , tendre , Ipongieufe , couverte d'aiguillons très -fins & trè^- aigus ; fes branches font difoofées alternativement autour de la tige ; ' elles fe foudivifent en plufieurs petites branches , au bout defquelles font placées des feuilles tendres- , luifantes , d'un beau vert foncé en deffus & mat en deffous , découpées largement fur les bords , longues de huit à neuf pouces , fur fix de lar- geiu" , terminées en pointe , portées fur une greffe queue de quinze à dix-huit lignes de longueur , cou- vertes d'un duvet fin & piquant, qui s'infinue pro- fondément dans la peau lorfqu'on y touche , & excite une démangeaifon très-aiîfante , qui dure cinq à fix heures. Les nervures de ces feuilles , ainfi que la zq\& à laquelle elles aboutiflient , font garnies de petits ai- guillons jaunâtres , très-piquans. Autour de fa tige & des principales branches , naiffent de petites fleurs d'un Touge de carmin , très -agréables à la vue , qui de- viennent bientôt de petites baies fphériques , grofiès comme un grain de grofeille, tranfbarentes , blanches, luifantes , attachées à un long pédiaile : elles renfer- ment deux ou trois petites graines oblongues , envi^

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ironnées d'une fubftance douce , agréable* On dit que ces fruits excitent à l'amour. Cette plante croît dans les endroits fecs & rocheux à Saint-Domingue.

BRIN BLANC & Brin Bleu. Noms donnés par quelques-uns à des efpeces de colibris à longue queue ; le premier eft de Cayenne , & l'autre du Mexique. f^oye[ Colibri.

BRINDONES. Fniit des Indes Orientales , & dont les Portugais, établis à Goa , ont fait pendant long- temps un commerce affez confidérable , fa pulpe étant d'ulage en teiiîture , & fon écorce fervant à la. confec- tion du vinaigre de ce pays. Le brindoms eft rougeâtre en dehors , & d'un rouge de fang en dedans. Il con- ferve toujours fa couleur intérieure , ainfi que fon goût , qui eft affez acre ; mais à mefure qu'il mûrit , il devient noirâtre à l'extérieur. On en mange quel- quefois, mais rarement. Ray. Hiji. Plant. 1831.

BRISE-OS. Voyei ^ l^* article Chiendent. On a donné âuffi le nom de brije-os à Toifeau Orfrayc. Voyez ce mot.

BRISSOIDES ou Brissites. Nom donné à un genre èiOurJins devenus fofliles. Voye^ f article OuRSiN.

BRIZE , Bri[a , Linn. Nom donné à un genre de plante unilobée de l'ordre des Graminées : on en diftin- gue plufieurs efpeces : i .^ La bri^e très-grande , Bri^a maxima^ Linn» 103 , celle que l'on cultive dans les jardins , qui eft originaire d'Italie & qui s'eft naturalifée & très-multipliée en France : fa tige eft grêle , cylin- idrique , longue d'un pied ou environ , terminée par un panicule de deux à fept épillets fort gros , liffes , pana- chés de blanc & de vert , pendans & compofés chacun de cinq à fept fleurs : x.^ La brii^ tremblante , Briiç^ treniula ; la mobilité des panicules de cette plante lui a fait donner le nom qu'elle porte : elle produit un effet agréable dans les bouquets dés Dame^au moment qu'elle? danfent. 11 y en a deux variétés : l'une , Bri^a mcdia y Linn. 101 : l'autre, Bri^a minor^ Linn. 103 ; elle eft annuelle, les épillets font orales ou ttiangulaires, m.'lés

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de blanc ou de violet, compofés de cinq k fept fleiiirs t elle crdÎT dans les prés fecs : j .^^ La briie amourette , BriiçL tragrojlis , Linn. 103 ; elle croît dans les lieux fablonncux ; les épillets font lancéolés , d\in vert-brun , olivâtre ou violet : ils contiennent chaciui quinze à vingt-cinq fleurs imbriquées fur deux rangs oppofés ; on la trouve en France & dans d'autres régions TEuropc Auftrale & tempérée. La brire vtrdâtrc d'Ef^ pagne , B'iia virens ^ Linn. La bn^z de la Caroline , Bri^a Caroliniana , Linn. ; elle fe trouvg auffi dans la Virginie*. La belle brisée bipinnec d'Egypte , Bri^a bipin» nota , Linn. La briit mucronit de Tlnde , Uniola mucro- nata , Linn. La bn^e en ipi , Uniola fpïcata y Linn. ; cette efpece fe trouve dans les lieux maritimes de l'Amérique Septentrionale.

BROCARD DE SOIE. Nom donné par les Cittieiix à une coquille du genre des rouleaux. Sa couleur eit gris de lin nué de couleur de chair , à bandes longi- tudinales de taches d*un rouge-brun , en forme de réfeau , ^& à deux zones de grandes taches de même couleur. Sa tête eft aplatie , & les orbes en font un peu tuberculeux. Voyti^ Rouleaux,

BROCHET , Efox luc'ms , Linn. Poiffen du genre de )Lcfou ; il fe trouve dans les lacs , étangs & rivières* Il eft remarquable par fa tête longue , de figure fingu- ' liere , aplatie dans fa partie antérieure depuis les yeux jufqu'au bout du bec , de forme carrée , & percée d'en- viron douze petits trous. Sa mâchoire inférieure eft plus longue que la fiipérieure , ayant fur les CQXé% environ treize trous , elle eft armée de petites dents très- aiguës , alternativement fixes & mobiles ; il n'y en a J)oint à la fupérieure , mais il y en a deux rangs fur e palais. Le ventre du brochet eft évafé & large. Il a le dos obfcur , la queue fourchue , la ligne latérale affez droite , fon ventre tacheté de points blancs & lui- fans : fes yeux enfoncés dans leur orbite ; les iris iont môles de blanc , de noirâtre , de verdâtre & de jaune .

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obfcur ; les prunelles ovales & bleuâtres ; les narines font placées devant les yeiix , grandes , ouvertes , & ont deux orifices.

M. Delm^e obferve que le brochzt efl: du genre des poiffons à nageoires molles : celle du dos , formée, de ' vingt-un rayons, efl: placée tout près de la queue ,.& il a quatorze rayons à la membrane des ouïes. Les rayons de la nageoire dorfale font en partie fourchus à leur extrémité , & formés de deux offelets étroite- ment unis entre eux ; les peÛorales ont chacune quinze rayons ; les abdominales , chaame onze ; celle de l'anus en a dix - huit ; celle de la queue en a dix-neuf. Les nageoires font jaunâtres , tachetées de noir.

Ce pôiffon n*aime nullement les eaux falées ; il ne fe trouve que rarement aux embouchures des rivières , à moins qu'il n'y foit porté par Pimpétuofité de l'eau; alors il devient makrç «Se fec. Il eft très-yorace, dé- trmt les autres poiflons , & preffé par le befoin , ceux de fon efpece ; il fuit les carpes dans le temps elles iraient , pour avaler leur frai, Qçs poiflons , dont la jueule eli ample & fendue prefque jufqu*aux yeux ^ lont fi camaflî«rs , qu'ils s'efforcent d'avaler d'autres

E^oiflTons prefque aufl[î gros qu'eux ; ils commencent par a tête , & ils attirent peu-à-peu le refte du corps , à mefufe qu'ils digèrent ce qui efl: dans leur efîomac. On a vu de ces poiflTons d'égales forces vouloir fe dévorer l'un l'autre , & l'un , rcftant engagé dans la gorge àt l'autre , s'étouffer réciproquement , & venir - expirer fur le rivage. Le brochet s'élance avidement fur la grenouille & même fur le crapaud ; il. les avale , mais il vomit ce dernier, ainfi qu'on en a fait l'expé- rience. On dit qu'il n'attaque point les groffes perches, parce qu^elles font armées d'aiguillons qu'elles hérîiTent; d'autres affurent qu'il les prend en travers , & les ferre jufqu'à les étouffer.

La femelle du brocktt , îorfqu'elle veut jeter fon frai', (^ç'eft en Mars ^ Avril , ) s'éloigïîe ^ dit-on ;, du liçu

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oîi elle a coutume de demeurer , de peur que fes œufe ne foient dévorés par d'autres brochets : ce qui paroît afîez vràifemblable , vu que les mâles de plufieurs autres efpeces de poiffons pourfuivent les femelles qiû font prêtes à mettre bas , pour en avaler les œufs auflî-tôt qu^ils font jetés.

Dans bien des pays on fe garde bien , lorfqu'on empoiffonne un étang , d'y jeter du brocheton i car il s'en trouve toujours affez fans qu'on y en ait mis. On croit que cela vient de ce que les oeufs du brocha fe collent aux pattes ou aux cuiffes du héron , s'en détachent enfuite lorfqu'il vient à la pêche dans un autre étang, & le peuplent ainfi de frai de brochet. Quelques - uns ont dit que quand un héron , ou un canard , ou quelqiv'autre oîfcau , après avoir avalé des œufs de brochet ^ venoient à fienter fur Teau d'un étang, il naiffoit des brochets de cette fiente remplie d'œufc întafts & féconds. On eft dans l'ufage , dans certains pays , d'enfermer les brochets dans des caiffes de bois qu'on laiffe flotter fur les étangs , & dans lefquelles on les engraiflfe en leur jetant de la nourriture.

Le brochet efl: rufé ; il fe tient comme à l'affût contre le coiu-ant de l'eau, & lorfqu'il apperçoit quelque proie , il fe jette defllis avec avidité. On dit que ce poiffon vit très-long-temps : on cite pour preuve celui que l'impereur Frédéric II jeta dans un étang avec un anneau d'airain paffé dans les opercules de les ouïes, & portant une infcription Grecque ; on aiTurç que ce brochet fiit retrouvé deux cents foixante - deux ans après : mais ce récit a bien l'air d'une fable. Le brochet eft auffi un des^ poiffons qui entend le mieux. On en a vu dans le vivier du Louvre, du temps de Charles IX ^ qui, quand on crioit lupule ^ lupule , fe montroient & venoient prendre le pain qu'on leur jetoit.

Les brochas différent entre eux pour la grandeur & pour la couleur , fuivant l'âge & les lieux ; il n'eft pas rare d'en voir qui ont jufqu'à deux ou trois coudées

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fïeîonglieun M. Darcy y ancien Contrôleur de la bou- che de S. A. S. Mgr. le.Pripçç. de Çondi ^ nous a (Ut avoir vu, chez le Prince Loikoviti en Bohême, deux brochets qui pefoient chacun cinquante livres , & qui fiirent ftrvis lur la table de fon S. A. S. Mgr. le Prince de Conti. On a troiiyé quelquefois des taenia attachés aux inteftins de ce poiffon.

On appelle le petit broche^ pu brocheton^ lanceron ou lançon ; fon dos eft verdâtre : le mpyçn , celui qui eft gros comme 1# poing , brochet, pu poignard ; & le gros » ^ui a plus de dix-huit pouces entre cpil &,bat, brochet^ carreau^

La fécondité de ce poiffpn efl merveilleufe : on a compté dçins un brocha femelle de moyenne gran- deur , jufqù'à CQxxt. quarante -hitfc ^Ue^oçufs, Ces œufs excitent des naiifées & purgent violemment : auffi les gens du peuple s'en, fervent - ils quelquefois pour fe purger,

La chair du broçht eft blanche , fè-me , & fe divife par feidllets. Ceux des lacs & des grandes rivières font les plus eftimés, H n'^ft pas rare d'en voir dont la groffe arête & une partie de lachair font d'une coideur verte ; les gens friands eftiment beaucoup cette variété. Le foie du brochet eft très^bon ^ manger. On les prépare de plufieurs manières , au court-bouillon , à la faucé d'anchois & à la Polonoife; on les frit, on les met. en ragoût , ou on les farcit. Il y a des brochets , aini; que quelques autres poiflbns , auxquels on a trouvé en même temps des œufs & une laite ; d'oîi l'on peut conclure qu'ils étoîent hermaphrodites. Comme ce poiffon. eft fort vorace , & que par conféquent il court beaucoup , la pêche en eft fort facile ; il fe prend de lui-même dans les filets ou mord à l'hameçon. Sa grande voracité lui a fait donner le furnom de loup ou de tyran des eaux. On en a vu dévorer de petits chats & des chiens nouvellement nés que l'on avoit jetés dans un vivier. Gmelin dit qu'en Sibérie il y ^ Tom^ IL Ff

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des Pêcheurs qui font fécher les Brochets à î*air lîtré au foleil , pour les conferver.

On emploie en Médecine les mâchoires & la graifTe de brocha : cette dernière eft fort en ufage dans bien des pays , & on en oint la plante des pieds pour détourner les catarres & pour appaifer la toux. La mâchoire inférieure eft , dit-on , fpécifique dans pleuréfie. Ces mâchoires ont donné le nom aux PilluUe de mandihula lucii.

Le brochet s'appelle en Italie , luccio ou lu^o ; en Allemagne , heckt; en Flandres , fnook ; en Angleterre, pike ; en Suéde , giadda ; en Turquie , turna ; à fiourdeaux , luc[i ; en Anjou , bequet & bechet.

Brochet de mer. roye[ Spet. On donne auiS te nom de brochet de mer y au merlus. Voyez à l* article

Morue.

Brochet de terre. Ceft le lézard , appelé mabouja.

.Voyez u mot.

BROCOLIS. Voyei à l" article Chou-FLêur.

BROME ou Droue , Bromus, Genre de plante unî* lobée , de la famille des Graminées j qui a beaucoup de rapports avec les avoines & les fétuquts , & qui comprend des herbes dont les fleurs font glumacées 5 & ont communément leurs épillets difpofes en pani- cule , oblongs , plus ou moins cylindriques , contenant des balles florales, difpofées fur deux rangs oppofés & tout garnis de barbes , placées dans plufieurs elpeces fur le dos des écailles florales , un peu au-deflbus de leur extrémité ; le fruit eft une femence oblongue 3^ convexe d'un côté , munie d'un fillon de l'autre , & enveloppée dans la balle florale qui tombe avec elle lans s'ouvrir.

Ce genre contient im aflez bon nombre d'efpeces.

Il y a : Le Brome seglin , Bromus fecalinus & mollis , Linn. 1 12. Cette efpece qui eft haute de deux pîeds , & qui croît fur le bord dès champs , des che- mins & fiir. les murs en Europe ^ ofte çlufieun va*

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frietes. Le hromt rude & à barbes dlver^nies^ Bromui fquarrofus , Linn. ; il fe trouve dans les champs. Le brome cathartiquey Sromus purgans ^ Linn. ; une efpece croît dans le Canada ; une autre dont parle FeuilUe , croît au Chili , & fa racine eft purgative ; les Habîtans de cette Contrée en font beaucoup d'ufage en décoâion* Le brome à épillets nus , dn Fejluca Maller ? Bromu^ inermis , Linn. ; cette efpece , qui a beaucoup de rap-* ports avec la fétuque flottante ^ croît en Allemagne & dans la Suifle. Le bromt de buiffons , Bromus dume^ torum , Flor» Franc* ; c'eft le plus grand de tous ; il fe trouve dans les lieux couverts & les bois , en Eu* rope. Le brome â balles ciliées , Bromus ciliatus , Linn. ; il fe trouve dans le Canada. Le brome Jlérile , Bromus jlerilis ^ Linn. 113; il croît dans les lieux incultes , en Eiu-ope ; lUie variété eft la Fejluca avenacea JleriliÈ flatior , Bauh. Pin. 9* Une autre plus petite eft le Bromus teSorum , Linn. Le brome à liges gènouillées , . tlu Portugal , Bromus gcniculatus , Linn, Le brome â petiti épillets y Bromus giganteus , Linn. ; malgré fa dé- nomination latine , il eft moins grand que celui des buiflons ; il fe trouve fur le bord des champs mon-^ tueux & pierreux , en Europe. Le brome à épillets droits^ Bromus praienjis y Fejlucd pratenjîs Idnuginofa^ Bauh. Pin% i o ; il eft Commun dans les champs ôf les prés fecs , an Bromus racemofuS > Linn. ?

On diftingue encore le bromt à panicules rougeâtres^ iPEfpagne , Bromus rubens , Linn. Le brome en balais ^ Bromus fcoparius , Linn. ; Cette efpeCe croît en Ef- pagne. Le brome à épis dilatés , d*Efpagne , an BromuS Madritenjis , Linn, ? Le brome à épi roide ^ du Portugal , Bromus rigens ^ Linn. Le brome trijlore ^ Bromus erflo-* rus , Linn. ; cette efpece croît dans les bois de TAlle- magne & du Danemarck. Le brome à panicules épais ^ dltalie & d*Efpagne , an Bromus flipoides , Lim. ? Le brome rameux^ du Levant & du Portuçral, Bromus ra^ êcmofus ^ linn, 114. Le brome comiculé ^ Bromus pirvf\

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natus 9 Linn. 1 1 5 ; il fe trouve dans les champs & \tt endroits montueux. Le brome des bois, Sromusjylva" jlcus , FI. Franc. 1 1 8 1 . Le brome à barbes en crête , Bromus crijlatus , Linn. ; cette efpece croît dans la Tartane & la Sibérie. Le brome à ipilltts plats , Bromus dijiachyos , Linn. ; il fe trouve dans diâerentes Régioni de l^Europe Auftrale.

Forfkal a découvert quelques autres bromes en Egypte.

BRONTIAS. Pierre fort célèbre chez les Anciens , qui la nommoient auffi batracfdte^ & chélonite ; ils prétendoiént , mais fans aucun fondement j qu'elle tomboit des nuages avec la grêle. Le brontias n*eft qu'une pyrite fulfureufe martiale , brimâtre à l'exté- rieur, ftriée du centre à la circonférence. D y en a de différentes groffeurs. f^oye^ V article Pyrite.

BROU , Viride nucis corium. C'eft ainfi qu'on ap- pelle Tenveloppe verte de la noix, f^oye^i a.Variuk Noyer.

BROUILLARD , Nebula. Efpece de météore com- pofé de vapeurs & d'exhalaifons , que la chaleur des rayons du foleil élevé infenfiblement de la furfece de la terre & des eaux , & qui retombent enfuite lente- ment de la réeion de l'air , en forte qu'elles y paroif- fent comme fiifpendues.

Les brouillards ne font le plus fouvent compof& que de parties aqueufes , alors ils n'ont point de mau- Vaife odeur , & ne font point nuilibles à la fanté'; mais quelquefois ils font mêlés d'exhalaifons , comme cela eft affez ordinaire dans les pays fulfureux & ma- récageux ; alors ils ont une mauvalfe odeur , & font très-mal-fains. Selon M. Bourgeois, les brouillards froids & glacés de l'hiver font prefque toujours nuifibles à la fanté , quoiqu'ils ne foient point chargés d exhalai- fons fulfiireufes & putrides , parce qu'ils diminuent & fuppriment en partie la tranfpiration infenfible. Lorf- iju'jjs uurent plufiçurs femaines , on voit ordinaire^

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ment régner à leur fuite des maladies épidémiques très - dangereufes. Lorfque le brouillard eft compofé tfexhalailons , & qu'il eft tombé , on trouve quelque- fois fur la furface des eaux ime pellicule rouge , & même allez épaiffe.

En général , les brouillards font plus fréquens en hiver qu'en aucun autre temps , & plus fenfibles le foir & le matin : lorfqu'ils jparoiffent , l'air eft calme & tranquille , mais ils fe dimpent dès que le vent vient à fouffler. Les plus forts brouillards^ dans nos climats, paroiffent en automne & au printemps.

Quand les années font pluvieufes , il tombe fouvent en France des brouillards gras , que l'on croit caufer aux blés la maladie que l'on nomme nielle. Le feiglc fur-tout fe corrompt quelquefois à un tel point , que le pain dans lequel on en met ^ occafionne la gangrené^ . Foye[ au mot BU l'article des maladies du blé , ainfi qu'au mot Seigle les maladies de ce grain*

Les brouillards ne font que de petits nuages placés dan? la plus baffe région de l'air , & les nuages ne font que des brouillards qui fe- font élevés plus haut. M. de Saujfure dit que les brouillards font formés par l'eau réduite fous la forme de vapeur véficulaire.

Les objets qu'on voit à travers le brouillard ^ pa- roiffent plus grands & plus éloignés ; effet produit par la refraâion de la lumière. Si le brouillard eft fort délié & difperfé dans une grande étendue de Patmof- phere , on peut alors envil'ager le foleil à nu fans en être incommodé ; mais alors cet aftre paroît pâle , tan» dis que le refte de Tatmofphere eft bleu & ferein. Les Matelots donnent le nom de hrumè au brouillard qui fe voit fur mer.

L'année 1783 eft devenue mémorable dans une partie de TEiu-ope , notamment dans les Régions Sep- tentrionales y par fes brouillards extraordinaires , no- tamment en Juin & Juillet ; & comme ces brouillards avoient été précédés de la teixiJble cataftrophe de la

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Sicile & de la Calabre , des idées ûniifaies de touta clpece avoient préoccupé refprit du peuple ; & com-« bien dans ce lens le peuple n'eft-il pas nombreux J Ces brouillards étoient dus aux faîfons froides & hu-* mides qui avoient précédé ; le foleil paroiÇoit d'im rouge de grenat; il en étoit de même de la lune. Cette année 1783 a été fertile en météores de toute efpece.

BROLNE, Browrua coccinca , Linn. C'eft un arbriC- feau de la famille des Légumineufcs ; il croît dans les bois de l'Amérique Méridionale. Selon M. Jacqidn , il eft rameux ; fon bois affez dur ôç jaune ; les fleurs font grandes , de couleur écarlate , dilpoiees fix à dix enfemble par bouquets latéraux : le fruit çft une goufTe uniloculaire.

LROUSSIN D*ÉRABLE. Voye^ Érable.

BRUANT y pl^ enU 30, fig. 1. .En lafin Emberîia^ Le bruant des Ornitholcgiftes eft le verdierçn langue vulgaire ; & le verdUr clts Oiieleurs & des gens de la campagne eft le bruant des Ornithologiftes ; le bntant eft le verdelet des Provençaux ; verdat en Sologtae; verdoie en Poitou ; verdangc en Périgord ; binery dans rOrléanois ; bardeaut en Guienne.

Le bruant a la forme , les couleurs du plumage , la chair délicate, la quantité de graifte & le bec de Vortolan ; il eft à-peu-près de la grolieiu- du moineau franc , mais il eft plus alongé ; la tête , les joues , & la gorge font plus ou moins jaunes ; le deflus du cou eft olivâtre ; les plumes du dos èc les fcapulaires font mêlées de roux , de noir & de blanc ; le croupion eft marron clair ; la poitrine eft jaunâtre ; le ventre d'un jaune, fans tache : les grandes plumes des ailes & de la queue font , les unes bnmes & bordées de gris-blanc , les autres font olivâtres ; les pieds jaunâtres ; le bec & les ongles bnms ; l'iris couleur de noifette ; les jambes couleur de chair.

Le bruant fait fon nid à terre , au milieu de quelque

touâe d'herbes , 4'<^utres fois il le pofe fvu: uq buijflbft

BRU 455

fort bas ; il le compofe à l'extérieur de foîn , d'herbes feches, de moiiffe; rintérieur eft garni de crin, de laine. La ponte eft de quatre ou cinq œufs, tiquetés de brun fur un fond blanc; il y a plufieurs pontes par an , & la dernière eft en Août ou Septembre. E131 été , cet oifeau fe retire en partie dans les bois ; en hiver , il fe répand dans les plaines , s'approche des lieux habités , -fréquente les haies , le bord des chemins : c'eft' dans cette faifon qu'on le prend au lacet & avec àes nappes.

Le caradere du bruam eft d'avoir quatre doigts^ trois devant & un derrière , le bec conique & aigu ^ les bords des deux portions du bec rentrans en dedans i la mâchoire fupérieure eft intérieurement armée d'un petit tubercule ofleux qui iert à ces oifeaux pour brifer les graines dont ils fe nourriftent»

Le bruant eft l'un de ces oifeaux qm , par fon édu- cation privée , eft admis dans l'intérieur de nos mai-^ fons ; Ion chant eft agréable £ç répand la gaieté dans nos appartemens. On élevé cet oifeau facilement en cage & dans les volières , en le nourriilknt de mUict ^ de navette & de chmevis^

On diftingue plusieurs fortes de bruants :^

TX y 2i '.ht bruant des haies yOMy^i^pL enl. 653 ^fig^t le maie , jig^ i la femelle ; en latin , Emberi:^ fepiaria ; il n'habite guère que les Provinces Méridionales de l'Europe ; il fe mâe volontiers avec, les pinçons dont il imite/le chant ; tantôt il fe perche fiu* les arbres^ tantôt il court fur les terres nouvellement labourées cil il cherche fa picorée , mais les grains font le fond de fa nourriture. Le bruant des près de France , pL enU }0, fig. 1 ; eft fimiommé bruant fou , parce qu'il donne plus aifément dans les pièges que les autres bruants ; c'eft te Cirlus flultus^y d'Aldrovande , & le verdier fonnette de nos Oifeleurs. Le bruant du Canada eft fur^ommé cul^ rouffet. Le bruaru familier S A&t ^ défigné mnfi par Lin\ mfus ^ Familiarisemberi^ gfijio maadata , apicibus. ^"

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4^6 BRU

cùm alhis , Joffo pojlico fiavo. Le bruant du Mexique ^ appelé thinfc jaum\ pi. enl. 386, fig, 1. Le bruant de Surinam , indiqué fous le nom de gonambouck par Seba. Le bruant du Bréfil , connu fous le nom de guimegat ; on en trouve quelquefois chez nos Oi- feliers ; ils ' l'appellent moineau-^paille , nom qui donne une idée de la nuance de fon plumage. Le bruant de rifle de Bourbon , ou le bruant mordoré. Le bruant de Saint-Domingue , furnommé Xolivt ; la couleur domi- nante de fon pliimagp eft olivâtre. Le bruant bUu de- Canada , eft Va:(uroiix.

BRUCHE 5 Bruchus. Genre d'infeâe coléoptere , à antennes filiformes , dont le corfelet & le corps font arrondis en boflè ; ils ont fix articles à toutes les pattes. On ne connoît guère que deux efpeces de ce genre, la bruche à bandes j & la bruclie fans ailes; toutes deux font petites & vivent* dans les champs & dans les maifons , de fubftances animales ou végé- tales , mais deflechées. On les trouve dans les tas de feuilles feches , dans le foin & dans les herbiers , même dans les animaux confervés dans les cabinets des Curieux.

La bruche â bandes , Cerambix fur ^ Linn. , a une ligne & demie de long ; fon corfelet eft chargé d'af- pcrltés , couvert fur les côtés de poils blanchâtres ; fek étuis font convexes, couverts de points enfoncés qui les font paroître comme ftriés , & traverfés de deux bandes de poils blancs fort courts ; les antennes font beaucoup plus longues que le corps.

La bruche fans ailes en moins abondante que celle à bandes ; elle n*a qu'une ligne de long : comme tovit fcn corps eft arrondi , cet infefte reffemblé à un petit globe mouvant ; fes antennes n'ont pas tout-à-fait la longueur de fon corps qui eft d'un brun luifant ; les étuis font convexes , réunis enfemble , immobiles , & ils s'étendent en dcffous du corps qu'ils enveloppent preif^ que en entiçr.

BRU 4J7

La larve des bruches a iix pattes ; elle eft couverte «le poils qui forment des anneaux alternativement bruns & alternativement blanchâtres. Pour le métaraorpho*- fer , elle creufe im trou dans le bo^s ou dans le carton , y entre & forme une coque en barillet oblong , d\in tiffu ferré , foyeufe , grite en dehors , latinée & de couleur de perle en dedans.

Ces infeâes font à craindre avant & après leur métamorphofe ; il^ ne font formidables que par leur nombre , encore n'endommagent-ils guère que les col-r leâions de grands animaux; mais ils ravagent fou vent les coUeôions d'infeâes , . en s'introduifant dans leur corps & y vivant fans être vus.

On trouve les bruches en automne , au printemps & fur-tout en hiver; c'eft au milieu des plus grands froids pendant les jours les plus rigoureux de cette faifon , dans le temps que les autres infedes font morts ou engourdis , ou que leur race n'exifte que dans les œufs & les çhryfalides qu'ils ont laillés , que les bruches ont plus de vigueur & d'aûivité ; elles ont les mêmes craintes & les mêmes inclinations que les dermejles , par rapport à la lumière qu'elles évitent , au bruit & au mouvement qu'elles redoutent; rare- ment fortent-elles de leur gre pendant le jour , mais la nuit elles vont & viennent; & c'eft alors qu'on peut les appercevoir , en obfervant , la lumière à la main , les coUeâions d'animaux defféchés. Les excré- mens des bruches font grenelés, grifatres; leurs dé- pouilles velues, ceintes d'anneaux blancs & d'anneattx grifatres ; l'un & l'autre très - peu voliunineux , & cépofés pêle-mêle au bas des animaux que les bruches iongent.

BRUGNON ou Brignon. C'eft une efpece de pêche, Voyei PÊCHER. Dans le commerce de l'Epicerie on donne le nom de brugnoUs à des prunes de . Provence féchées au foleil : elles nous viennent dans des boîtes à la

maïuere des confitures &ches« F<>yti âfarticU PfiUNiER.

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BRUIA, Cali-calic. Oifeaux eiïvoyés àe Mada-

Îjafcar à M. ^ Buffbn : le premier eft la femelle , & e dernier le mâle. Ils font de la groffeur de notre^/- ^uct ; le deffua du corps eft cendre , le croupion rouf* (atre , la gorge noire & le ventre blanc ; les ailes font brunes. Par leur petitefle ils fe rapporteroient à notre écorchcur (T Europe ; cependant ils en différent aflèiL poiu" être regardés comme oifeau d'une efpece diffé- rente. C'eft la petite pU - griêcht de Madagafcar , de^ Planch, tnlum. 299.

BRUINE , Pruina. C'eft une petite pluie fort fine qui tombe très-lentement. Lorfqu'il ne fait point de vent ^ la pefanteur fpécifique de ces petites gouttes d'eau n'eft

{>refc|ue pas différente de celle de l'air , fur-tout quand a diflblution de la nuée commence par le bas. Voy^^ Pluie.

BRULEBEC. f^oyei Scandebec.

BRULOT. A la Louifiane on donne ce ' nom aux ckiques & aux tétcs rouges. Voyez ces mots.

BRUMAZAR eft , félon Beccher^ une matière onc- tueufe , formée par les vapeurs & exhalaifons fulfu- reufes & mercurielles qui viennent des entrailles de la terre , & qui mifes en mouvement par une chaleur continuelle , s^uniffent étroitement. Cet Auteur dit que perfonne ne veut admettre pareille chofe dans les mé- taux , quoiqu'on l'y apperçoive clairement : c'eft ^ félon lui , la matière première des métaux , & le fer- ment qui les conduit à la perfeétion. Foye[ Caràck MÉTAUX & celui de, MiNES.

BRUME. Voye[ Brouillard & Ver a tuyau.

BRUN - ROUGE. C'eft le nom que l'on donne à ime efpece A^ochrc ferrugineux , & dont on fait ufagp dans la peinture , foit à l'huile, foit en détrempe. Son ufage eft fort étendu. Les Hollandois ont pimé pendant long-temps la matière première de cette fubA tance. Ils venoient acheter dans la Province du Berry Vochrt jaune feize fons le quintal ^ & par ime légère

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calânatîon qu'ils felfoient fubir à cette efpece à!ochre , qui acquéroit alors une couleur rouge plus ou moins ioncée , ils nous revendoient cet ochre ainfi déguifé , dix livres le quintal. Cthrun-rotigt étoit excellent; quand on a fu leur fecret , on a voulu s'approprier cette branche de Commerce ; on a refiifé de vendre la terre aux Hollandois. Uétabliffement fait dans le Berry pour la préparation de cette terre , a langui , parce que l'empire du préjugé eft tel , qu'à toutes choies égales , ce qui vient de loin vaut mieux que ce que nous avons chez nous* Les Hollandois ont été ailleurs ; le brun - rouge qu'ils nous fourniffent aujoiu"d'hui eft fablonneux & de mauvaife qualité. Foye[ OCHRE.

BRUNELLE , BruncUa , Toiurn. tab. 84. Plante à racine vivace y dont on diflingue deux efpeces princi- pales. La brunelle vulgaire , Brurulla major , folio non dijfeSo , C. B. Pin. , Toum. i8l ; Prunella vulgaris , linn. 837. C'eft ime plante d'Evu-ope qui croît dans^ les prairies , les bois , ainfi que la bugle , de laquelle elle diffère peu au premier afpeâ* Mais la différence eft facile à iaifir par la fleur , qui dans la brunelle eft d'ime feule pièce en gueule , & dont la lèvre fupé- rieure eft en cafque ; au lieu que dans la bugU » à la place de la lèvre fupérieure, il n'y a que des dente- lures ; M. Deleu^e dit aufli que les étamines font four- chées par le haut en deux petits filets , dont l'un porté J'anthere. Ses tiges font hautes de fix à dix pouces ^ droites ou couchées , carrées , & un peu velues ; fe^ feuilles font oppofées ; les fupérieures im peu pétiolée^ & dentées : fes fleurs font bleuâtres ou purpurines , quelquefois blanches , terminales , en épi verticillé j^ garnies de braftées en cœur: fes fruits çonfiftent en quatre femences nues , ovoïdes , & attachées au fond du calice. Le nom de cette plante dérive de l'AUe- tnand , dit M. Haller , & indique que fon infufion eft bonne dans les maux de gorge ; elfe a auflî la pro- pxiété de raffermir les dents vacillantes par la faUva^^

4^0 B R U I

tion mercurielle. Elle eft employée dans les dyffenteries & autres excrétions fangiiines. Ses autres propriétés font les mêmes que celles de la bugU. Voyez ce mot. La brundU à feuilles découpées , Prunella laciniaia ^ Llnn, 837. Cette plante croît fur les peloufes , & n'eft pas une fimple variété de la précédente ; les feuilles qui partent de la racine font petiolées , ovales , oblon- gues , entières ; celles du bas de la tige font dentées , & les autres au haut de la tige , lont à découpures étroites & diflantes : les fleurs font blanches ou un peu rougeâtres.

Il y a la brundk à feuilles d^hyfope , des Provinces Méridionales de la France , Brurulla hyjfopifolia. Il y a .encore la bmnelle odorante de Portugal , à grande jlair ifioleite ou bleuâtre.

BRUNET. Nom donné par M, Brijfcny au merle brun du Cap de Bonne - Efpérance , T. //, pL 27; & zw pinçon de Virginie, T. /, pL 34.

BRUNE TTES. Nom que les Curieux donnent à quelques efpeces de coqidllages de la famille ôsbRou-- leaux. Voyez u mot.

On a donné encore 1e nom de brunette , traduit du mot Anglois dunlin , à la bécafpne d'Angleterre. yoyt[

BÉCASSINE.

BRUNOR. C'eô le petit pinçon rotege de M. Brif[on , & la pivoine brune petite di Edwards.

BRUNSFEL , Brunsfelfia Americana , Linn. ; Brum- fdjia flore alboyfuBu croceo molli ^ Plum, Gêner, iz. C'eft im arbre médiocre qui croît à la Martinique, Vers les bords de la mer , dans le lieu appelé le Fonds de Saint-Jacques. Son tronc acqiûert la groffeur du corps de Thomme; fon bois eft blanc , affez folide; fa moelle femble charnue ; fon écorce eft blanchâtre , ayec des rides rouffatres; fes feuilles reffemblent un peu à celles du citronnier, mais elles font plus minces & un peu plus grandes. Cet arbre fleurit & fruâifie dans le mois de Mai 5 les fleurs font grandes 9 mono;

—BRU , 4^1

^étalées > en entonnoir , d'un blanc-jaunâtre , avec des poiiïts violets , diipofées trois ou quatre enfemble aux ibmmités des rameaux. Leur tube eft fort long. Le fruit eft une baie fphérique , un peu plus groffe qu'une noix 5 d'un rouge-orange , unilocuîaire , &c qui con- tient beaucoup de femences rouffâtres, placées entre récorce de la baie & une fubftance charnue qui en occupe la capacité. Cette fubftance charnue eft pleine de fiic ; d'abord fort blanflie , elle noircit enfuite & fe putréfie. ( EncycU Méth )

BRUSC Voyci Genêt épineux. BRUTE , Bnuum animal. C'eft la bêu. Voyez ce mot. BRUYERE , Erica, C'eft un genre de plante à fleurs monopétaléês ; on en diftinguè im grand nombre d'ef* peces ; les unes s'élèvent très-peu ; les autres s*élevent en petits arbrifleaux très-rameux ; leurs tiges font li- gneufes & perfiftantes l'hiver. Ces plantes Ibnt remar- quables par la petitefle de leurs feuilles; elles font fimples , entières , très-nombreufes , peu écartées les unes des autres , & communément oppofées ou vertî- cilléés , deux à cinq enfemble à chaque nœud. Les bruyères fleuriflent vers 1^ mois de Juin & Juillet ^ & font voir de petites fleurs en cloche fort jolies ^ & - diverfement colorées fuivant les efpeces. Elles font à huit étamines; le calice eft à quatre feuilles, & la corolle monopétale partagée plus ou moins profon- dément en quatre quartiers, Leu^ pî^î^, devient dans la fuite jun. fruit; ordinairement aprondi , qui s^ouvre en quatre parties. IL eft plus fomvent partagé en quatre loges , & il renfermé des femënccs nombreiifes aflez * petites. M., le Chevalier de la Marck divife ainfi les bruyères :

Bruyères à anthères à deux cornas ; feuilles oppofus;

. BRtTYERE COMMUNE, Erica vulgaris ^ Linn., O glabra,y Bajuh, Pin. 48s , Tourn. 6oz. Cette efpece qui çft commune dans les landies , les terrains incultes &

4fi BRU*

arides de ^Europe , eft un fous - arbrlffeau qiiî formé des touffes baffes , étalées , diffufes , hantes d'environ un pied & demi , à vieux rameaux tortueux , roides , affez épais, & dont Técorce efl rude & rougeâtre ; ies feuilles font ferrées contre les rameaux, comme imr briquées fur quatre rangs , d'un vert tendre. Les fleurs font petites, d*un rouge vif, quelquefois blanches , difpofées en grappes iîmples &c terminales. Ses feuilles & fes fleurs font eftimées diurétiques , propres à chaA fer les fables &c les petits calculs des reins &c de la veflîe; on prétend que fon eau diflillée eu ophtal- mique. Les abeilles font d'amples récoltes fur les fleurs des bruyères , mais le miel qu'elles ramaffent fur cette plante n'efl pas eflimé ; il efl jaune & finipeux.

Dans cette feûioi> , il y a la bruyère à fleurs jaunes, du Cap de Bonne -Efpérance.

Bruyères â anthères à deux cornes ; feuilles temées.

Elles croifTent, 1^ plupart, au Cap de Bonne-Efj>é- rance ; il y a : La bruyère à fleurs veficuleufes y Erka halicacabu^ Linn, Celle regerminante, Erica regenninans^ Linn. Celle à rameaux chargés de poils , Erica hijpi-^ . duUy Linn. La bruyère à fleiu-s muqueufes : celle à calice réfléchi : celle à tiges couchées : la bruyère pilulifere d'Ethiopie : celle à fleurs d'un vert-pourpî^é^ Cette efpece croît dans le Portugal & dans les Provinces Méridio- nales de la France. L^ b/uyere urcéolée , Erka penta^ fhylla , Linn. Celle à tige d'un noiif rx)ugeâti3e , Erica nigrica. 'lÀfm* Celle à. ieuiUes planes. La bruyère tar^ <live, Erica vejperdna, Linn. La bmyere blanche , Erica monjfbni/m^ , Linn. ; cette efpece fe -trouve, dans l'in- térieur de l'Afrique.

Il y a encore dans cette deuxième feâion , la bruyère à corolle tétragone ; fes fleurs font jaimes ; cette efpece s'élève à la hauteur de trois à quatre pieds. La bruyère à balais, Erica fcoparia^ Linn. 50i;c'efl:un arbriffeau ^ s'éleye aufli à la hauteur de trois à quatre piech»

BRU 46^

il croît dans les lieux incultes & ftériles de l'Europe Auftrale ; il fe trouve dans les landes de Bourdeaux ^ aux environs d'Orléans & ailleurs. Cette efpece quitte fes feuilles tous les ans ; fes rameaux font droits , &c les plus petits font grêles, effilés , flexibles , un peu blanchâtres & très-glabres : on s*en fert dans plufieurs Provinces pour faire des balais. La bruyère en arbre , Erka arborta , Linn. , Erica maxima alba , Bauh. Piil. 485, Tourn. 601; cette efpece fe trouve en Pro- vence & dans d'autres régions de l'Europe Méridionale ; la tige de cet arbrifle^u s'élève de quatre à fix pieds ; les plus petits de it% rameaux font couverts d'un coton blanc tres-fin ; fa racine produit un charbon très-dur & excellent pour les forges.

Bruyères à anthères à deux cornes; feuilles quaternées^

Il y a : La bruyère à rameaux efiîlés , Erica ramcn-' tacea^ Linn, Celle à calices ciliés, La bruyère à feuilles dif- pofées en croix, Erica tetralis , Linn. ; cette efpece fleurit en automne & au printemps : on la trouve en France dans les lieux marécageux & dans les folTés humides qui bordent les chemins. bruyère à fleurs pubefcentes: celle à feuilles de fapin : celle â fleurs lâches , an ^Erica mammofa , Linn, ? La bruyère cafre ;. cette efpece eft de la grandeur du genévrier, elle fe trouve ea Ediiopie. La bruyère à fleurs feflS.lesv

Bruyères à anthères m crête ; feuilles ternies^

n y a ; La bruyère à trois fleurs ; celle à fleurs ert iaie. La bruyère gnaphaloïde : celle à feuilles de Coris : celle à tige comme articulée, La bruyère braftéolée : celle à calice ample ôr prefque ouvert en roue : l'ef- pece à écorce cendrée; elle croît en France fur les coteaux arides & fablonnéux ; elle vient aufli en An- gleterre , dans l'Efpagnç ôc dans le Levant. La bruyère paniçulée.

4«4 BRU

Bruyères à anthères en crête ; feuilles quatetrues.

Il y a : La bruyère auflrale ; elle croît en Efpagne î l'efpece à fleurs enflées : celle à feuilles de camarine : celle à feuilles recourbées , Mala y Linn.

Bruyères mutiques & enfermées; feuilles oppofies.

Il y a : La bruyère à feuilles menues, & celle qui a le port de la paiTei ine*

Bruyères a anthères mutiques & enfermées ; feuilles

ternies,

U y a : La bruyère blanchâtre : celle à calices triflo- res y Mala , Unn. La bruyère à fleurs en têtes globu- leufes & laineufes : celle à anthères noires. La bruyère cjui a le port de l'abfinthe. La bruyère à feuilles ciliées; cette efpece fe trouve dans le Portugal & en France , félon M. Richard , dans les landes qui avoifinent le chemin de Tours , à deux lieues au-delà du Mans.

Bruyères à anthères mutiques & enfermées ; feuilles

quatemées»

Il y a : La bruyère tubiflore : celle à fleurs courbes : celle à fleurs de melinet : celle à fleurs en bouquet : celle à calice aibique : celle à fleurs vifqueufes : celle à calice court & fcarieux , ou granulé. La bruyère pam- prée , Erica comofa , Linn. Celle à fleurs hériflées , Eriea Sparmanni , Linn. FI. La bruyère oâogone , Erica Majjoni , Linn. FI.

Bruyères à anthères mutiqttès& faïUantes ; feuilles

ternies,

U y a : La bruyère à longues étanûnes : celle à fleurs en pinceaux : celle à fleuri nues :. celle à calice laineux : celle à Veuilles de mélèze. La bruyère à fleurs à ombelles ; celle à anthères blanches : celle à longs pétioles.

Bruyères

BRU B R Y 46^

Bruyères à anthères mutiques & f aillantes ; feuilles quaternées ou plus nombreufes aux vtrticilles.

Il y a : La bruyère à fleurs pourprées ; elle croît dans les Provinces Méridionales de la France. La bruyère herbacée, des lieux montagneux de l'Europe Auftrale, La bruyère multiflore , des Contrées précédentes, La bruyère méditerranéenne , Erica meJitermnea.j Linn. ; elle croît dans le Portugal. La bruyère à têtes velues.

Bruyères â feuilles aJumes , fans former de verticilles

dijlincls.

Il y a : La bruyère à feuilles de roflbli. Celle à feuilles de myrte ; elle croît en Irlande Sf, dans les environs de Bayonne. Enfin la bruyère dont les fleurs font en im failceau terminal.

A regard de la plante, appelée bruyère à fruit noir ou vacietj c'eft une camarigne. Voyez ce mot.

BRY , Bryum. Nom d'un genre de plante crypto- game , de la famille des Moujfes , & qui comprend beaucoup d*efpeces prefque toutes indigènes de l'Eu- rope , formant la plupart , au moyen de leurs tiges droites & la plupart fimples , de» failceaux ou de petits gazons convexes & ferrés. Les brys portent des urnes munies d*opercules , à coiffe glabre , & foutenues com- mimément par un filet terminal , qui naît d'im tuber- cule, & rarement d'une gaîne. Ces plantes, <£t M.. de U Marcky n ont point les rofettes de feuilles particu- lières , que l'on trouve dans les mnies^ \es,polytriçs , &c. & n'ont point leiu-s urnes fituées latéralement comitie les hypnes. Voici les efpeces :

Brys à urnes fejples ou prefque fefjiles^

Il y a : Le bry apocarpe, Bryum apocarpos ^Xxnn. Qn^ trouve cette plante fur les pierres & les troncs d^arbres v la variété eit le Mufcus faxatilis tortuofus^ ^ic^n^c^-^ Tome 11^ G g

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Tourn. 555. Le iry a coiffe JirUc ; \\ fe trouve fur teè troncs d'arbres.

BrYS à umcs pidUulces & droites.

* Il y a : Le Bry pomiforme ; cette efpecé , à urnes gîobuleufes , croît dans les lieiix frais , fablonneux & pierreux. Le iry â urne pyriforme ; il croît dans les terrains argileux. Le Bry a urne en étcignoir. Le ^ry a urne en forme d'alêne , Bryum fubulatum , Linn. ; il croît dans les bois. Le bry rujlique^& à umcs cylin-- driqtùs ; il croît fur les toits des maifons de campagne» Le bry des murs ; il eft d'un beau vert , & brunit en vieilliilant. Le bfy à balais , Bryum fcoparium , Linn. ; il fe trouve dans les bois. Le bry à feuilles ondulées , des bois. Le bry à feuilles glauques , des landes. Le hry blanchâtre , de TMe de la Providence. Le Bry à feuilles tranfparentes , des lieux fangeux. Le Bry à urnes (zns cils , Bryum imberbe , Linn. ; il fe trouve auprès des haie?. Le bry unguiculé & barbu ^ des fablons. Le Bry à urne dont l'opercule eft aigu , Bryum acicu/are^ Linn. ; il croît dans les montagnes , en Angleterre > en Aflemagne & en Suifle.

Cette deuxième feôion ou foudivifion , comprend aiffîi : Le Biy à pidictSes fléchis en [ig^ag j des bois. Le bry élégant ; il forme au pied des arbres , dans les boîs , 'de petits gazons fôyeux & d'un beau vert ; fès feuilles font capillaires , & la plupart courbées en faucille: Le bry a tiges roujfes par le bas , des montagnes de la Siiiffe. & du Dauphiné. Le bry à feuilles tortilUcs dans divers fens , des nigntagnes. Le bry à urru tron-- quée;ïi eft très-petit , ainfi que le fuivant ; il croît dans les terrains argileux. Le bry verdoyant , des bords des foffes-humides ; fes tiges ont à peine une ligne & demie de longueur, h^ Bry hypnoïde ; il croît mr les perres & dans les lieux fablonneux ; fes tiges font couchées & lon]^iés de deux à cinq pouces. Le bryvtr* ÛùUi^^yUu; ^ croît fur les côtés des collines* Le

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bry d'eu ; il croît dans les marais ; il a Pafpeû d'un conferva. Le bry à longs pédicules ; les tiges font très- courtes : cette efpece croît dans la Suéde , TAUemagne & la SuifTe. Le bry à feuilles imbriquées comme fur cinq rangs & recourbées ; cette efpece , qui croît dans les marais de l'Europe Septentrionale , eft le Bryumfquar* rojum y Linn.

Bry s à urnes penchées ou pendantes.

Il y a : Le bry d'un vert argenté ; il croît fur les murailles & fur les pierres , ainfi que le bry couffinety qui eft le Bryum pulvinatum , Linn ; celui-ci eu d'un vert-noirâtre , velu ou laineux. bry de ga^on ; fes pédicules font purpurins dans leur partie inférieure: cette efpece croît dans les lieux frais & fur les murs. Le bry rougeâtre , Bryum carruum , Linn. ; il croît dans les lieux frais & argileux. Le bry à tiges fimpUs & â pédicules rouges , des prairies. Le bry des Alpes ; cette efpece eft d'un rouge-noirâtre.

BRYONE ou CouLEuvRÉE ou Vigne blanche^ Bryonia. Quelques-uns en diftinguent deux efpeces principales , dont Time porte des baies rouges & ovales, de la grofleur d'un pois, & l'autre des baies noires. La première , dont on fait plus d'ufage , Bryonia afpera fivc alba j baccis rubris , C. B. Pin. 297 , Toum. 102 ; Bryonia alba , Linn. 1438 , a une racine vivace,plus ou moins groffe , dont la fiibftance eft marquée par des cercles , d'une faveur acre , défagréable y & d'une odeiu" fétide. Cette plante poufle des tiges herbacées , longues de cinq à fix pieds , grêles , grimpantes , an- guleufes , garnies de petits poils roides & diftans. Les feuilles reflemblentun peu à celles de la vigne, elles font alternes , pétiolées , anguleufés , palmées , cordiformes & un peu rudes au toucher ; à la bafe chaque feuille naît une longue vrille , (impie & roulée en fpirale ; des aiflelles des feuilles fortent des fleurs mocopétalées , petites , d*ua Uanç-verdâtre , en forme .de baflin , dé^

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coupées en cinq parties. Il y a deux efpeces de ces fleurs fur le même pied ; les unes plus grandes , qui ne font point ^ fertiles , & d'autres plus petites , aux- quelles (uccedênt des baies de la groffeur d*un pois , rondes , rouges lorfqu'elles font mures , pleines d'un fuc qui excite des naufées. Cette plante croît dans les haies , autour des villages , en Europe.

La racine a la forme d'un navet , elle eft d'un blanc- jaunâtre, & a un goût acre ; c'eft pourquoi quelques-uns la nomment le navet du diable. Des Charlatans & des Bateleurs fe fervent de cette racine pour en faire des efpeces de figures monftrueulç s , qu'ils mettent quel- ques jours dans le fable (^c^ & qu'ils vendenjt en- fuite pour des mandragores. Voyez ce mot. On a pré- tendu que cette racine étant fraîche , diffout puiflam- ment la pituite tenace ; mais c'eft un purgatif acre trop violent : on dit encore qu'étant, tempérée par la crème de tartre , elle étoit utile dans l'hydiopifie , les affeâions foporeufes , & la plupart des maladies chro- niques. M. le Doâeur Harmand la recommande aujour- d'hui comme un fpédfique certain contre les diffen- teries épidémiques ; cependant cette racine , mangée même en petite quantité , eft un poifon. M. Morand y réfléchiflant fur la nature de ce poifon dont il avoit vu des effets funeftes , a examiné cette racine , & lui a trouvé beaucoup d'analogie avec celle du manioc , dont on retire , quoiqu'elle foit im poifon , la cajfavt qui eft une efpece de pain. Il a fait macérer cette racine , & en a retiré par la macération ime efpece d'amidon ramafle en grumeau , qui , traité & préparé de la même manière que le manioc , lui a donné un pain ou galette femblable à la cajfave. Voyez la manière de préparer la cajfave au mot Manihot, Après la ma- cération de la racine il ne refte que le fquelette ifolc de tout le parenchyme , qui étoit renfermé dans le lacis réticulaire. Il réfulte de ces expériences , qu'il ^!eft pas imp.ofly>le d'enlever le mauvais goût & \t

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poifon qiie contiennenrt ces plantes , pour s'approprier les parties amidonnées , qui dans des temps fâcheux pourrolent devenir une nourriture douce & fucculente. Il en réfulteroit un avantage confidérable par la facilité avec laquelle ces plantes croiffent foontanément : la culture les dépouilleroit peut-être de leur amertume & de leur qualité vénéneufe. M. Baume a prouvé auffi par des expériences , que la fécule que Ton retire de la bryonz , dégagée de fon fuc par la filtration & par le lavage , foumiflbit une matière fort analogue à Pami- don. La racine de bryont à baies rouges , appliquée extérieurement , eft , félon M. Bourgeois , très^^cace dans les fciatiques & rhumatifmes invétérés. On pile cette racine dans un mortier avec un quart de fon poids de beurre frais , & on en frotte la partie malade trois à quatre fois de vingt-quatre heures en Vingt- quatre heures ; elle fait lever de petites veffies qui rendent beaucoup de férofités acres.

Il y a auffi la bryone palmée , de Tlfle de Ceylan , Bryonia palmata , Linn. ; fes baies font jaunâtres. La hryoTU à grandes fleurs , de l'Inde , Bryonia grandis y Linn. La bryone de Madras , an Mucca-piri ? Rheedv Mal. ; elle croît au Malabar & dans Tlnde. La bryone. à feuilles en cœur , du Ceylan. La bryone amplexicaule , de l'Inde , an Karivi-valli ? Rheed. Mal. La bryone à feuilles laciniées , du Ceylan ; fes péduncule's (ovd prefque épineux , & le font même plus que la tige ; le fruit efl: marqué de fix raies d'un blanc de lait. Cette plante paroît être le Néhoémeka de Rheede, La bryone herijfée des Indes Orientales. La bryone d'Afrique. La bryone naine d'Afrique. La bryone d'Abyffinie. La bryone de Crête ; fes feuilles font tachées de blanc. La bryone d'Amérique ; elle fe trouve jux Antilles , dans les haies. La bryone à feuilles de figuier ; elle croît aux environs de Buenos-Ayres.

l^fceau de Notre-Dame , ou la racine vierge ^ Bryo" nia Uyis five nigra , racemofa , eft , félon quelques-uns ^

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470 B U B

une autre efpece de bryonc ; mais , fviivant M. HalUr ; le fccau dt NotTù-Damc n'a rien de commun avec la bryone , qiii eft de la claffe des Cucumiracécs , claiOfe naturelle & très -bien déterminée. yoyc[ Racine

,VlERGE.

BUBALE. Quadrupède défigné chez les Anciens fous le nom de Bubalusy & dans plufieurs Auteurs fous celui de BucuU urvina. Animal qui tient pour la forme de celle de la vacJu & de celle de la biche ; il paroît faire une efpece moyenne entre celle du bœuf & celle du urf: deux caraâeres , effentiels fépcU^nt le bubale du genre des cerfs ; le premier , ce font les cornes qui ne tombent pas ; le fécond , c'eft la véficule du fiel qui fe trouve dans le bubale ^&c qui , comme l'on fait, manque dans les cerfs , l^s daims ^ les chevreuils , &c.

Le bubale eft affez commim en Barbarie & dans tou- tes les parties Septentrionales de FAfrique. On retrouve cet animal dans Pintérieur des terres du Cap , oh on les voit courir en grandes troupes & avec une vîteflë qui furpafie celle de tous les autres animaux. Il paroît qu'ils n'habitent que les plaines. Leur cri , difent les Voyageurs , eft une efpece d'éternuement ; leur chair eft d'un très-bon goût ; les Payfans qui font éloignés du Cap la coupent par tranches minces , qu'ils tont fécher au foleil, & qu'ils mangent avec d'autres viandes au lieu de p^n.

Le bubale eft de la grandeur du cerf d'Europe ; il a le train de devant plus élevé que celui de derrière ; fes dents font larges , tronquées & égales ; la lèvre in- férieure eft noire , & porte un petit faifceau de poils noirs de chaque côté. Il y a fur le menton & le long du chanfrein , ime bande noire terminée fur le front par une touffe de poils plantée en devant des cornes ; des bandes de même couleur font placées de chaque côté de la tête , & fur les cuiffes & les jambes. La tête eft longue , étroite ; les yeux vifs , d'un noir -bleu , & des laixoiers au*deftbus. Les cornes font permanentâ^»

N

B U C iji

iK>îres 5 fortes , epaiffes , & chargées de gros anneaux , rapprochées par la bafe & très-diftantes à leur extré- mité , recourbées en arrière & torfes comme une vis. La queue longue d'un pied & garnie au bout 'd'un boucpiet de crins. Les oreilles femblables à celles de Tantilope. Le pelage du dos d^un rougè-bi^n% dair fur les flancs, blanc au ventre, à la croitpe , à Tinté-^ rieur des cuiffes & des jambes. j

La femelle du bubale n-a que deux mamelles , ne fait qii\in petit à la fois , met bas en Septembre y quel- quefois en Avril ; fon corps eft uniformément roux , mais toutes (es parties font plus petites que dans -te mâle.

On prétend que cet animal eft fi timide , qti'S n^a d*autre reflburce que la foite pour éviter Us bêtes féroces ; mais il eft très-léger à courfe.

Quelques-iuis veulent que le bubale folt le tnètùé animal que la vache de Barbarie dont a parlé M.Pér* ratdt dans les Mémoires' de P Académie. Voyez VACHE PE Barbarie. M. Pallas range le bubale parmi les antilopes lyri-comes. Voyez à rarticle GA7;ELiE.

BUCARDITE , eft la coquille bi^lve appelée ccéur de bœuf y & devenue foflile. ^

BUCAROS ou Barro^. Il eft dit dafts ranciertie Encyclopédie , qu'on donne ce nom en Efp^ne & en Portugal à une efpece de terre figillee ou bolaire qui eft rouge & fe trouve dans ces pays , notamment dan^ le voifihàge de la ville d'Eftremds , darfs la Province d*Alentejo; T^oye;;; TERRE SIGILLÉE €• iWtîcle BOL^.

On attribue à cette terre beaucoup de propriétés & de vertus ; elle eft fort flyptique & aftringente ; -on la dit bonne dans pliifieurs niàladies , on prétend que c'eft im excellent antidote' contre toutes fortes de poi- fons. Lés Dames Efpagnoles fe font fait autrefois une telle habitude de mâcher & de prendre continuelle- ment du bucaros , ( les François prononcent boucaro ) qu'on pétend que la péniteiice la plus févere que le$

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^1 B U C

Çonfe0éâ'ts de ce pays-là pouvoiçnt împofeî à leurs pénitentes , étoît de s'en priver feulement pendant un jour , foit que les vertus qu'on lui attribuoit , les détenniqoient à en prendre fi opiniâtrement , foit que la forte de l'habitude la leur eût rendu néceflaire.

Le vin confervé dans des vafes feits de cette urre^ en prend le .goût .& l'odeur qui font afTez agréables. Il en eft de même de l'eau ; mais quand on l'y verfe , il fe fait vioe efoece de bouillonnement & d'efFervefcence ; & fi elle y iéjourne quelque temps , elle en fort à la fin y parce que la matière de ces vafes eft très-poreufe & fpongieiil'e,

BUCCIN, Buccïnwn. Genre de coquilles univalves, £^. nommées ainfi à <mife de leur refTemblance avec use trompette. Le caraâere diftinâif de ce genre de coquil- les , eft d'être contournée en volute , à plufieurs fpirales, dçnt la plus baftç eft beaucoup plus grande que les autres ; ce qui les rend groftes par le milieu. Un autre c^adere .^ c'eô d'avoir le ventre un peu gros ^ l'ouver- ture de 1^ co^iille ou bouche , large, très-alongée, peu garnie de* dents , ou entière ou échancrée , ou terminée par luie efpece de queue plus ou moins alongée ( cet alongement prod|À par le noyau , s'appelle le iec de la coquiiU-^ &î^e bec eft. fouyent recourbé & creufé en gQuttiere ) , quoi il diffère àes pourpres , dont l'ouver- ture eft ronde ; il<differe aufll des murex y en ce que fa coquille n eft point couvéïfte de pointes proprement di^es. En perçant le petit boutou fommet du buccin maria appelé bouret de mer ^^r quelques-uns, on s'en fert C9nuTié d'un cor ou d'une trompette pour fe faire enten- dra de loin. Cette efpece de trompette eft citée plufieurs fois dans l'Exode ; on attribue l'invention de. cet inftru- ment à vent à Thyrrene fils à^ Hercule , l'an du monde a 8 84. Les Rabbins prétendent que le premier buccin , iiit une des pornes du bélier c^jibraham immola à Dieu au lieu de fon fils Ifaac. On fe fervoit du buuin à l'armée, pour avçrtir Içs fgldats^ pendant la nuit^ des heures

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auxquelles Us dévoient monter & defcenâre la garde. Les Anciens dlfoient A/arc/Vzw/z darc , fonner ou donner du buccin ; de les Anatomiftes ont appelé mufiles bucci^ nateurs^ ceux des joues qui fe dilatent ou s'enflent quand on fouffle à l'embouchure d'im inftrument à vent.

Quoique Ton fafle trois familles des buccins^ des munx & des pourpres , par rapport à la figure exté- rieure de leurs coquilles, l'animal qui les habite eft prefque entièrement le même ; ils ont tous la propriété de donner une liqueur femblable à celle que les Anciens tiroient de la pourpre.

On diftingue les buccins en buccins à bouche entière & fans bec , en buccins à bouche échancrée & fans bec , ep buccins à bouche garnie d'un bec peu long, & en Buccins à bouche garnie d un long bec.

La famille des biucins contient un grand nombre d'efpeces de coquilles , tant de terre que d'eau douce. On a donné à celles de mer divers noms qui ont quel- ques rapports avec leiurs formes ; telles font la quenouille ; le grand fufeau blanc , efpece de buain fort rare ; la mitre à fond blanc , tachetée régulièrement de rouge; V ivoire ou mitre jaunâtre'^ la tour de Babel, dont les con- tours font formés de différentes moulures rayées de taches raugés ou noires fur un fond blanc ; la tulipe remarquable par fa belle marbnu"e de couleur brune ou jaune fur un fond blanc ; le minaret, la tiare ou cc^- ronne Papale, V aveline *, V oreille de Midas ; Id. licorne ',\e cabejlan'j la trompe marine oa conque de Triton ; la corde-- liere ; le tapis ou la robe de Perfe ; & im trop grand nomr bre d'autres dont la vue dans un coquillier flatte plu^ que les defcriptions qu'on poiu-roit en donner, quel- que détaillées qu'elles fiiATent.

L'animal qui habite les coquilles que l'on nomme buccins, eft remarmiable par une trompe qu'il porte à l'extrémité de la tête, qui lui fert à fouiller le limon & à pomper l'eau de la mer ; c'eft par ce canal qu'il laiiTe écouler la liqueur purpurine employée par les

474 . B U C

Anciens , aînfi que celle de la pourpre , pour teindre en rouge. Le réfervoir de cette liqueur eft dans un petit vaiâfeau à côté du collier de l'animal. Ce vaifTeau ne con- tient qu'une bonne goutte d'im fluide un peu jaunâtre , qui pafle à la couleiu- de pourpre après qu'il a été expofé à l'air un certain temps. La trompe du buccin n'étant point armée de dents à fon extrémité , ainfi que celle de la pourpre^ il ne perce point comme elle les coquillages. L'animal a outre cette trompe ime bouche & une autre efpece de petite trompe qui lui fert de langue ; c'eft par ce moyen qu'il attire à foi les ali- mens néceflaires. L'opercule attaché à la plaque char- nue fur laquelle il rampe y lui fert de cloiion quand il veut renfermer.

La Société Royale de Londres a découvert , il y a en- *viron foixante & dix ans, fur les côtes d'Angleterre, une efpece de buccin très-commune qui fournit la coûUur pourpre fi recherchée des Anciens. Sur les côtes du Poi- tou , M. de Réaumur en a auiS découvert une efpece qui donne cette belle couleur. Les buccins du Poitou qid donnent la pourpre , fe trouvent ordinairement aflfemblés autour de certaines pierres ou fables , fur lefquels on voit beaucoup de grains ovales, longs de trois lignes, pleins d'ime liqueur blanche im peu jaunâtre, affez femblable à celle qui fe tire des buccins mêmes , & qui , après quelques changemens , prend la couleur de pourpre. H paroît , par les obfervations de M, de Réaumur y que ce ne font point les oeufs des buccins , ni les grains de quel- que plante, marine, ni des plantes naiffantes; il y a lien de croire que ce font des œirfs de quelque poiflbn. On ne commence à les voir qu'en automne. Ces grains écrafés fur la toile , ne font d'abord que la jaunir imper- ceptiblement ; mais fi on expofe cette toile au grand air, à im foleil vif ou au feu, elle paffe en trois ou quatre minutes , de cette couleur foible à un beau rouge de pourpre, qui s^ffoiblitun peu par le grand nombre de ^blanchiffages. Si la toile n'étoit expolée qu'à un foleii

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peu vîf , elle prendroit d'abord iine couleur verdâtre , enfuite une couleur de citron , un vert plus clair , & piiis plus foncé ; de le violet , & enfin un beau pour- pre. Ce feroit une chofe affez curieufe que de fixer à volonté ces couleurs , à chacune des nuances par lef- quelles elles paffent fucceffivement.

Suivant les expériences de M. de Rcaumur^ l'effet de l'air fur la liqueur des grains , confifte non en ce qu'il lui enlevé quelques-unes de fes particules, ni en ce qu'il lui en donne de nouvelles , mais feulement en ce qu'il <:hange l'arrangement des parties qui la compofent, M. de Riaumwr n'a pas manqué de comparer la liqueur que Ton tire des buccins avec celle de ces grains; & les expériences lui ont démontré que ces liqueurs font à- peu-près de même nature. Celle des grains eft feulement plus aqueufe , elle a ime faveur falée ; au lieu que celle des buccira paroît extrêmement poivrée & piquante. La cochenille donne line très belle couleur rouge, mais qui n'eft bonne que fur la laine & fur la foie. Le cartame donne le beau ponceau & le couleur de rofe ; mais ce n'eft que fur la foie , le fil & le coton. Peut-être , dit M. de Fontenelle , les grains de M. de Réaumur nous fourniroient-ils le beau rouge pour la toile. Si on vou- loit faire ufage de cette couleur en teinture , il feroit plus commode & moins coûteux de la tirer des grains que des buccins. On pourroit écrafer une grande quantité de grains à la fois ; au lieu que pour avoir la liqueur des buccins , il faut ouvrir le réfervoir de chaque buc- cin tn particulier. Ce qui demande beaucoup de temps : ou fi, pour expédier, on écrafe le plus petit de ces coquillages , on gâte la couleur par le mélange des diffé- rentes matières que fournit l'animal.

La Chimie , cette fcience qui analyfe tant de pro- duftions de la Nature & les fait paroître fous di- verfes formes , pourroit trouver des moyens de per- fectionner cette couleur , de la faire paroître plus promptement , plus belle , & de la rendre plus tenace;

47^ B U C

M. de Réaumur a éprouvé que le fubllmé corrofif pro- duit cet effet fur la liqueiu- des buccins.

Les buccins fluviatiles périffent quelque temps après avoir été tirés de l'eau ; ils n'ont que deux tentacules larges & aplatis comme des oreilles. Quoique herma-

Îhrodites , Taccouplement n'eft pas double comme dans 5 limaçon. Mais il n'efl pas rare de trouver dans les ruiffeaux , notamment à Gentilly , près Paris , des ban- des très-confidérables de ces animaux , dont tous font Poffice de mâle & de femelle avec deux de leiu-s voi- fins , tandis que les deux qui font aux extrémités de ce chapelet, moins fortunes que les autres par leur poiition , n'agiiTent que comme femelle ou comme m^le feulement.

BUCCINITES. On appelle ainfi des buccins de- venus foffiles, Voyei Buccin.

BUCÉPHALE. Foyei t article Cheval fur la fin.

BUCK-BEAN , ou Trèfle aquatique à feuilles moins larges que celles du ménianthe vulgaire , Menianikes palujlre angafii/olium & triphyllum , Toiirn. Infl. ; Tri* folium palujlre minus , acutiore folio , C. B. Pin. 317 ; Trifolium fibrinum , Tabem. Icon. 5x1. Parmi les ani- maux de première utilité , nous voyons des efpeces en quelque forte fecondaires , & qui elles feules nous tiendroient lieu des efpeces principales , fi elles ve- noient à manquer : Pane peut être regardé comme Pefpece fecondaire du cheval , & la brebis comme celle de la vache. Il eft encore plus fréquent parmi les végétaux de trouver des efpeces fecondaires , & qui peuvent être fubftituées aux premières , lorfqiie celles-ci ne font point affez nonabreufes , ou même qu'elles viennent à manquer. La plante appelée buck- bean eft dans ce cas : elle pourroit aîfément remplacer le houblon , & donner à la bière une amertume agréa- ble : à ces qualités elle joint l'avantage de pouvoir fe multiplier facilement dans des terrains très-marécageux

il ne croît quç de mauvaifçs herbes.

B U C 477

e La racine de buckrbcan eft fort grande, d'une forme

îrréguliere & d'une fubftance fpongieufe ; elle eft longue,

fort épaiffe & ne perce pas perpendiculairement dans

la terre, mais elle coule obliquement fous la furface,

envoyant de divers côtés les pouffes de fes feuiUes ;

par ce moyen elle s'étend & fe multiplie confidérable-

ment. Les feuilles y font placées fur chaque pédicule

comme dans les trèfles , mais elles font beaucoup plus

grandes que dans ces plantes , d'une forme ovale & de

la grandeur d'une feuille de laurier. Il s'élève enfemble

plufieurs tiges; de forte que fouvent une feule plante

produit une quantité cohfidérable de feuilles. Lorfque

les tiges fleuriiTent, elles ont environ dix pouces de

hauteur. Les fleurs dont elles font chargées ont une

couleur blanche avec une nuance de rouge, & elles

font un peu velues : il leur fuccede des capfules à

graines qui font ovales & contiennent beaucoup de

femence. Le buck-bean eft une plante fort connue en

Médecine fous le nom de trèfle de marais , & nous

l'avions déjà défignée dans notre féconde édition fous

le nom de ménianthe , nom que* Toumefort a tiré de

Théophrafle pour le donner à cette plante. Foye[ l'article

MÉNIANTHE.

Cette plante croît naturellement en Angleterre dans lés marais & les lieux humides , & mêipe autour des terres à tourbe. Lorfqu'on veut faire une plantation de cette plante , on peut choifir une pièce de terre qui foit humide par elle-même , ou fujette à être fouvent fubmergée , qui ne produife que des joncs , des gra- mens en joncs, & autres plantes inutiles; on doit commencer par arracher toutes les grandes touffes de rofeaux ou de flambes cuiii peuvent y croître : quant aux autres productions on peut les laijÇfer. Le buch- beau n'en fleurit que mieux quand fa racine court fous une fiuface couverte. La plantation eft des plus aifées : il ne s'agit que de fe pourvoir de morceaux de çiçines de cette plante qui aient ç»virpri dç\J^ poucç

478 ^ ^ Ç

de longueur , & une bonne tête ou œil. Pour les

planter on prend une truelle coupante avec laquelle on coupe une touffe d^herbes ; on place la racine du buck^bean à un pouce ou environ au-deflfous de la furface , & on en laiffe retomber le gazon par-deffus. Cette plante s'empare peu-à-peu du terrain , & fi com- plètement , que les mauvaifes herbes ne peuvent plus y trouver place. Comme on n'a en vue dans cette plantation que de faire pouffer les feuilles en abon- dance , il faut faire couper légèrement avec la faux les tiges à fleurs.

La manière de recueillir les feuilles de cette plante cft de la faucher & de la tranfporter fur un terrain fec , poiu: la faner en la remuant fréquemment y comme on le fait pour le foin. La faifon vraiment favorable pour la cueillette , c'efl lorfque les feuilles font pleinement ouvertes; fi on attend plus tard, elles perdent leiu" couleur verte & fi^îche , & dimi- nuent de qualité. Quand elles font entièrement féchées , il feut les féparer d'avec les tiges ; car il n'y a que les feuilles qui poffedeiU les qualités du houblon. La tige eft fpongieufe , aqueufe ; & bien loin d'avoir de Tamer- tiune , elle reffenmle à de la farine lorfqu'elle a été bien féchée & réduite en poudre au moulin. M. Linnaus prétend mên^ que dans les pays Septentrionaux , le petit peuple , dans les difettes de blé , fe fert de cette tige au lieu de fàrme pour faire du pain.

Les feuilles de buck-^bean étant bien defféchées , peuvent fe conferver en bon état pendant trois ou quatre ans , ou même phis long-temps , s'il ne leur arrive point d'accidens par l'humidité ou autrement ; mais elles font toujoiu's meilleiures dans la première année. Il paroît certain que ces feuilles , employées d'une manière convenable par un Braffeur expérunenté, égaleroient pour le moins le houblon ; elles donnent à la bière une amertume qui n'a rien défagréable^ çoQu^e çell^ de l'abfinthe qu'on avoit cherché à

' B U F 479

fltbfHtiier au houblon ; peut-être même povuroient- elles empêcher quelques-uns de ces accidens nom- breux qui arrivent à 1^ bière lorfqu'on la garde , & qui , quoique attribués à des caufes fort différentes , font la plupart occafionés par le houblon.

Les vertus médicinales du iuck-bcan font celles de tous les amers ^ c'eft-à-dire , de fortifier Peftomàc & d'aider à la digeftion : fes feuilles font aulli diurétiques lorfqu'on les prend fimplement en infufion ; elles ne peuvent donc donner à la bière que de très-bonnes qualités , fans pouvoir lui communiquer rien de nuifible,

BUFFLE , Buffdus. Animal quadrupède bifulce , originaire des climats les plus chauds de l'Afrique & de l'Afie , & qui eft devenu domeftique en Europe : il flit amené en Italie vers la fin du feizieme fiecle , depuis ce temps Ton s'en fert , ainfi que dans quel- ques-unes de. nos Provinces Méridionales , pour cul- tiver la terre ; & il y a confervé l'avantage de fe re- prodidre. Il vit de dix-huit à vingt ans.

La taille & la grandeur de cet animal juilifient & rendent confiante une obfervation faite par un grand Philofophe ; c'eft que Ton trouve les plus gros qua- drupèdes fous la Zone Torride ; tels font V éléphant , le rhinocéros , Vhyppopotamc , après lefquels Ton peut mettre le bujfle pour la groifeur.

Le bwffh reffemble pour la forme au taureau ; il eft domeftique comme lui , fert aux mêmes ufàges , & fe nourrit des niêmes alimens que le bœuf; mais il ef^ en. général plus grand , plus fort que le bœuf ; il a corps plus court &c plus gros , les jambes plus hautes , la tête proportionnément plus petite , les corner moins rondes , noires & en parties comprimées , un toupet de poil crépu fux le front ; fa peau & fon poil font d'une couleur foncée; fon poil eft fort comme celui du fanglier ; le ventre , la poitrine , la croupe , la plus grande partie des jambes .& de la queue font entièrement ras , 6c en général il n'y a que peu de

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poil fur le corps de cet animal ; fa peau eft dure Sz très-épaifle ; fa chair noire & dure , eft non-feulement défagréable au goût , mais répugnante à l'odorat.

Ce quadrupède eft d'une autre efpece que le tau- reau , car les mâles & les femelles de ces animaux ^ quoique également réduits en efclavage , & fe trou- vant fouvent réunis dans les mêmes pâturages, fous le même toit , ont toujours reflifé de s'unir , malgré qu'on eût cherché à y exciter les mâles par Pabfence de leurs propres femelles ; leur natiure eft par conféquent plus éloignée de celle du taiureau , que celle de l'âne ne l'eft de celle du cheval , elle paroît même antipa- thique ; car on affure que les mères buffles refufent de fe laifler teter par les veaux , & que les vaches re- fufent de nourrir les petits buffles (a).

Ces animaux différent aufli par le caraôere. Le Buffle ^ dit M. de Buffon , eft d'un naturel plus dur & moins traitable que le bœuf; il obéit plus difficilement; il eft plus violent; il a des fantaiues plus brufques & plus fréquentes ; toutes {ts habitudes font groflieres & brutes ; il eft , après le cochon , le plus lâle des ani- maux domeftiques, par la difficulté qu'il met à fe laiffer nettoyer & panfer : fa figure eft groffiere & repouf- fante , fon regard ftupidement farouche ; il a la vue très-foible ; il voit mieux la nuit que le Jour ; il avance ignoblement iç^n cou , & porte mal fa tête , prefque toujoiu-s penchée vers la terre ; fa voix eft un mugif- fement épouvantable , d'un ton beaucoup plus fort en- core & beaucoup plus grave que celui du taureau ; il a les membres maigres, la queue nue, le mufeau noir

comme

(â) Des expériences faîtes dans le Brandebourg, par \as foins de

M le Préfident dt Bcnckcndorf , prouvent cependant que quelques vaches domef^iques ont été fécondées par des buffles ; mais Ton eft généralement d'opinion à Âftracan,, que les ve^ux mulets qui en rél'uitent ne vivent pas , & que très-fouvent les vaches mêmes périiTent des fuites d'une telle portée; il faut en convenir, quoiqu'il y ait beaucoup de difproportion entre la taille des buflu &• celle des vaches» elle n'eft pas auffi conûdérâble qu'entre le taureau ôc TàneÛ'e qui produifeoç i& juman, **

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^60mme le poil & la peau ; cet animal aime beaucoup à fe vautrer & même à féjourner dans Peau ; il nage très-bien & traverfe hardiment les rivières les plus rapides*: comme il a les jambes plus hautes que le bœuf, il court auffi plus légèrement fur la terre.

Le biiffie efl très-ardent en amour ; il combat avec flireur pour fa femelle , & quand la viftoire la lui a affurce, il cherche à en Jouir à Pécart : elle porte en- viron douze mois , ne met bas qu'au printemps ; elle a quatre mamelles , & ne produit qu'un petit ; ou fi par hafard elle en produit deux , fa mort eft pref- que toujours la fuite de cette trop grande fécondité ; elle produit deux années de flûte , & fe repofe à la troifieme , pendant laquelle elle demeure ftérile , quoi- qu'elle reçoive le maie ; fa fécondité commence à i'âge de quatre ans , & finit à douze ; duand elle entre en chaleur , elle appelle le mâle par un mugiffement particulier, & auquel il ne manque pas d'accourir.

Quoique le buffle naiffe & foit élevé en troupeau , il conferve cependant fa férocité naturelle ; en forte qu'on ne {5eut s'en fervir à rien , tant qu'il n'eft pas dompté : on commence par marquer , à l'âge de quatre ans , ces animaux avec un fer cnaud , afin' de pouvoir dîftinguer les buffles d'un troupeau , de ceux d'im autre ; on donne à chaque buffle un nom qu'on répète fou- vent d'une manière qui tient du chant , & en careflant en même- temps l'animal fous le menton. L'habitude d'entendre ces tons cadencés eft telle pour le buffle , que fans cette efpece de chant, il ne felaifl'e point approcher, fur-tout la femelle pour fe laiffer traire. La marque eft fuivie de la caftration , qui fe fait à l'âge de quatre ans , non par compreffion des tefticules , mais par in- cifion & amputation. Cette opération paroît néceflaire pour diminuer l'ardeur violente & furieufe que \e buffle montre au combat , & en même temps le difpolèr à recevoir le joug pour les difFérens ufages auxquels pn veut l'employer. Peu de temps après la caftration , Tom IL H h

^t B U F

on lui paiTe un anneau de fer dans Us narines ; tR^i la force & la férocité du tuffie exigent beaucoup d'art pour parvenir à lui paffer cet anneau. Après l'avoir fiiit tomber au moyen d'une corde que l'on entrelace dans {es jambes , des hommes fe jettent fur lui pour lui lier les quatre pieds enfemble , & lui paiTer dans les narines l'anneau de fer; ils lui délient enluite les pieds, & l'abandonnent à lui-même : le tuffie fiuieux court de côté & d'autre ,^ & , en heurtant tout ce qu'il ren- contre , cherche à le débarraffer de cet anneau ; mais avec le temps il s'y accoutume infenfiblement , & l'habitude aut^it que la douleur l'a^nent à l'obéif- fance. On le conduit avec une corde que Ijon attadie à cet anneau , qui tombe par la fuite , au moyen de l'effort continuel des Conduâeurs , en tirant la corde; mais alors l'anneau eft devenu inutile , car ranimai déjà vieux ne fe refufe plus à fon devoir. C'eft ainfi que les hommes , poiu: dompter & diriger les animaux^ les faifiiTent par les parties les plus feniîbles.

Le buffle paroît encore plus propre que le taiireavi à ces chafies dont on fait des mvertifTemens publics ^ fur-tout en Efpagne ; auffi les Seigneurs qui tiennent des iuffies dans leurs terres , n'y emploient-ils que ces animaux. La férocité naturelle du iuffle augmente lorP* qu'elle eu excitée , & rend cette joute auffi animée qu'elle périlleufe. En eifet , le biiffle pourfuit l'homme avec acharnement , jufque dans les maifons , dont il monte les efcaliers avec une facilité particulière ; U fe préfente aux fenêtres , d'oh il faute dans l'arène , franchiflant même les murs , lorfque les cris redoublés du peuple font parvenus à le rendre fiirieux.

Les buffles font cependant des animaux très^itiles ; conwne leur corps en très-maffif , ils font propres au labour ; on leur fait traîner & non pas porter les fardeaux ; on en fait un grand ufage en Italie ; il y a des endroits dans ce pays , comme par exemple les confins dç, la Tofcane &c de TÉtat Éccléfiaflique ^ dans

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les Fermes de Marfiliana , Montaoutô ^ CaÔîglione ^ Corneto , &c, l'on laiffe paître les buffics domef* tiques dans les bois : (les marais Pontins & les ma^ rtmmts de Sienne font en Italie les endroits les plus favorables aux bufflts ; mais ils y gagnent fouvent le batbone^ expreflîon Italienne qui a rapport au fiége principal de cette maladie très-contagieufe , & qui eft dans ces animaux , à la gorge & au menton.) Lorfque le Laboureur vient à la charrue ^ il fait figne à un de fes chiens ( ce font de ceux de forte race ) d'aller danâ les bois ; le chien court , faifit avec la plus grande adréffe un buffle jMir l*oreille , (& fans quitter prife il Tameneàfon maître, qui l'attache fous le joug pendant qu'il retourne dans les bois lui en chercher un autre , qu'il met à côté du premier. Le Laboureur leur fait tracer fes filions , les fait tourner à volonté d'un côté & d'autre, & les conduit facilement en tirant une petite corde qui eft attachée à cette forte d'anneau de fer, dont nous avons fait mention, & dont la pointe picote le nez de ^animal. Lorfque les buffle^ ont fourni leur travail , on les ôte de la charme , & ils retournent dans lesL.bois fe repofer & fe nourrif jufqii'au lendemain oti les chiens viennent les y cher- cher de nouveau. Comme ces animaux portent natu- rellement leur cou bas, ils emploient en tirant tout le poids de leur corps; auffi un attelage de deux buffles enchaînés à un chariot , tire-t-il autant que quatre forts chevaux. Nous tenons ces détails d*un homme de mé- rite, qui a fait valoir des fermes confidérables dans les cantons d'Italie dont nous avons parlé plus haut* Il y a une grande quantité de troupeaux de bufflti fauvages dans les contrées de l'Afrique & des Indes , arrofees de rivières & oîi il fe trouve de grandes prairies. Ces animaux ne font point de mal , à moins qu'on ne les attaque ; mais fi on vient à les blefTer , ils vont droit à leur ennemi , le terrafTent & le foulent aux pieds, Uafpeft du feu les effraie ; la couleur roug^

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les irrite & les met en fureur , au point que l'on n'oft s'habiller de rouge dans les pays il y a des buffics; parmi nos bœufs nous n'en voyons que peu fur lef- quels cette couteur faffe cette impreffion.

Les Nègres de Guinée & les Indiens du Malabar vont à la chaffe des buffles fauvages : ils n'ofent les attaquer de face ni les pourfuivre à terre ; ils grim- pent fur les arbres & de ils leur décochent leurs flèches ; ils font un grand profit de leurs peaux & de leurs cornes , qui font plus dures & meilleures que celles du bœuf; ils trouvent la chair de ces animaux afTez bonne à manger : la langue eft le mets le pliis délicat de tout l'animal. En Italie les Juifs mangent la chair du buffle engraiffé, & Ton fait d'exceUens fromages avec le lait des femelles buffles , qui en donnent en grande abondance ; ce lait a un petit goût mufqiié ; on dit qu'en Perfe il y a des femelles qui en fournif- ient par joiu- jufqu'à vingt-deux pintes.

Les cornes , les ongles , la gtaifTe & la fiente du huffle ont, dit-on, les mêmes vertus en Médecine que celles du bœuf. Quand fa peau a été paffée à l'huile comme celle du chamois , elle porte le nom de huffle. Les Militaires s'en fervoient anciennement pour armure; & les Grenadiers Anglois , de même que la Cavalerie Françoife , l'emploient encore à préfent, à caufe de fa légèreté , de fa dureté & de fa refiftance : on s'en fert à feire des ceinturons , des bourfes , &c. Le buffle îsàt xm objet de commerce très-confidérable chez les Fran- ' çôis , les Anglois & les HoUandois , qui en trafiquent à Conftantinople , à Smyrne & le long des Côtes d'Afrique; mais combien de peaux d'élans, de bœufs, d'orignacs , & d'autres animaux de la même efpece , qui étant paffées à l'huile & préparées comme celles du buffle , en prennent le nom , & fervent de la même M panière aux gens de guerre , &c. ^

Buffle a queue de cheval. On trouve inférée dans le Journal (U Ph^Ji^ue ^ /uff, qSz ^ top. XXI.

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la defcriptîon du buffle à queue de cheval^ par P. S. Pallas. La race fauvage de ce bétail eft connue au Tibet fous le nom de Yak-^ c'eft le poéphagus d*Eiien^ le farlik des Mongols : on en voit chez les Princes Mongols y & dans les troupeaux des plus riches de ces Nomades. On emploie les queues toutes blanches de quelques-uns de ces huffîes , tant pour cette efpece d'étendard des Orientaux , connu fous le nom de queue de chsval , dont Tufage eft très-ancien aux Indes , & commun aux Perfans &; aux Turcs , que pour l'orne- ment des éléphans , des chevaux , & pour les chaffe- mouches des Indiens. Les Chinois , qui fe fervent du crin blanc de ces buffles ^x^ént d'un beau rouge, pour former les houppes dont ils ornent leurs bonnets d'été, en ont introduit la race dans leur pays ; mais ils tirent la plus grande partie de ce crin du Tibet , oîi les Marchands de l'Inde & de la Perfe viennent auffi en feire emplette, & renchériffent fur-tout les queues de ces buffles , dont le prix varie félon la longueur & la beauté du crin , qui joint à la fineffe & au luftre de la plus belle foie , une roideur élaftique , approchante de celle du crin de cheval. Celles d'entre ces queues qui ont plus d'une aune font les plus eftimées. Grew en décrit une de la Société Royale de Londres , qui avoît un crin gris de cinq quarts d'aune de longueur : on en conferve une autre toute blanche , de fix pieds , dans le Mufœum de Londres.

Ceci démontre que cette race domeftîque de buffles à qmue dt cheval varie. Witfen dit qu'il en naît chez les Mongols de roux & de noirs, & qu'on y trouve des vaches qui ont les cornes blanches comme l'ivoire. Au Tibet & chez les Mongols on tâche de multiplier fur-tout la variété qui naît avec la queue & l'arriere-train , ou quelque autre partie du corps blanche , parce que ce font les crins & queues blanches fufceptibles de teinture , qui font les plus recherchés dans le commerce. La variété qui2 Gnulin a décriteavoit

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des^ cornes longues , minces , recourbées , fans arêtes m aplatiffemens. JrUfcn dit qu'en Daouries les mâles de ces buffles portent de très-grandes cornes aplaties & courbées en demi - cercle , dont on fe fert pour la fabrication des arcs, Rubruquis rapporte que les Ti- bétains font dans l'ufage de leur couper les cornes ; M. P allas n'a vu oiie des individus fans cornes dans les deux fexes ; ils lont , dit-il , vifs , inquiets & bon- diffent avec une forte de légèreté : leur caraftere de férocité ne permet pas qu'on les approche de fort près ; ils ne font qu'indifFérens pour leurs furveillans, mais ils ne peuvent fouffrir les étrangers. Les couleurs des habits d'une teinte vive , notamment en jaiuie ou en rouge , les rend fluieux ; approcher de leurs veaux, c'eft fe faire attaquer par les vaches. Pour premier ligne de colère , ces buffles fecouent leurs corps , relè- vent & agitent la queue , & lancent des regards me- naçans ; ils font d'autant plus à craindre , qu'ils ont les mouvemens brufques & la courfe affez rapide. Malgré ce natiu-el farouche , ces buffles , dit M. Pallas , fe mêloient volontiers aux troupeaux de vaches do- meftiques , & l'on a vu les mâles couvrir x:clles-ci , quoique les taureaux ordinaires ne vouluffent jamais rendre cette politeffe aux buffles femelles. Les accou- plemens des premiers n'ont rien produit. Les mâles de ces buffles à queue de cheval approchent de leurs fe- melles , la tête étendue en avant , la bouche béante à la manière des buffles ordinaires , & la queue levée; ils font extrêmement lourds & lents à s'accoupler. Dans l'été , pour éviter la chaleur , ces animaux cher- chent l'ombre , ou fe plongent dans l'eau & y reftent des heures entières. C'eft à caufe de cette propriété, qui les rapproche encore des buffles ordinaires , que les Chinois leur ont doxuié le nom de fi-nijoû ( vache qui fe lave ) ; ils nagent fort bien , fouillent de leur tête la terre. Les deux fexes grognent comme le co- chon , mais d'un fon. grave & monotone j kur taillq

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éft celle June petite vache domeftique ; ils reffemblent par la forme & le port de la tête au buffic ordinaire : l'encolure des mâles eft beaucoup plus groffe que celle des femelles ; le dos forme une boffe à l'endroit des épaules , qui paroît confidérable à caufe d'une touffe de poils crépus , laquelle s'alonge fur le cou en forme de crinière ; le refte du poil elt affez court & dirigé vers la tête : le deffous du tronc , la gorge & le gros des quatre jambes , produilent des crins très-touffus & longs d'une demi-aune ; les fabots font très-grands , les ergots très-faillans. Ce buffle du Tibet a quatorze paires de côtes, & autant de vertèbres dans la queue; une boffe offeufe , convexe à l'occiput ; en tout trente- deux dents.

BUFOLT, Foyei Suctolt,

BUFONE , Bufonia tmuifolia , Unn. Plante de la famille des Morgelims ; fes feuilles font menues ; fes fleurs font blanches , axillaires & terminales ; fon fruit contient deux femences : cette plante fe trouve dans les Provinces Méridionales de la France , de l'Efpagne, & de l'Angleterre.

BUFONITES. Foyt[ Crapaudine.

BUGHUR. En Perfe, c'eft le Chameau à deux faoffesj Voyei Vankle Chameau.

BUGLE , Bugula. Genre de plante à fleurs mono- pétalées , de la famille des Labiées , & qui comprend des herbes la plupart indigènes de l'Europe , dont les feuilles font oppofées ; les fleurs viennent en épi ter- minal ; le fruit confifte en quatre femences nues , oyales , oblongues & fituées au fond du calice qui eft court & perfiftant.Ondiftingue plufieurs efpeces de bugle^

BuGLE rampante vulgaire , Ajuga reptans , Linn. ; Bugula , Dod. Pempt. 135; ConfoHda média pratenjis cœrulea , Bauh. Pin. 260. Cette efpece eft prefque entièrement glabre dans toutes fes parties , & fe dif- tingue facilement des efpeces fuivantes par les rejets traçans , rampans ^ qui naiffent de la bafe de fa tige;

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An B V G

Cette plante croît dans les bofquets & les prairies ; fa racine eft vivace , menue , blanche & fibreufe ; fa tige cft haute de cinq à fix pouces , droite , fimple & carrée ; (es feuilles font oppofées , ovales , oblon- gues , fpatulées , d*un vert foncé , légèrement fmuées , très-peu dentées , quelquefois purpurines à leur partie inférieure : leur faveur eft un peu amere & aftringente. Ses fleiurs fortent des aiffelles des feuilles ; elles font bleues , quelquefois pourprées , verticillées & difpofées en épi terminal ; ces fleurs font labiées , mais n'ayant qu'une feule lèvre : à la place de la lèvre fupérieure il y a des dentelures ; elles- font garnies de braâées , fouvent colorées en bleu.

Cette plante eft aujourd'hui très -peu d\ifage en Médecine ; cependant on eftime qu'elle eft très-utile tant à rintérieiu" qu'à l'extérieur ; car c'eft un excel- lent 'Vulnéraire aftringent. La décoftion de la hug/e eft reconnue pour un fpecifique dans les maux de gcrge ulcéris & gangreneux , qui fuppurent après des efqui- nancies rebelles. Elle a de plus la propriété de diflbudre le fang grumelé ; c'eft pourquoi on en fait boire aux perfonnes qui ont fait de grandes chutes : elle con- vient auflî dans les hémorragies , le crachement de fang , la dyffenterie & les fleurs blanches. Son fuc appliqué à l'extérieur , guérit les coupures , les plaies & les ulcères.

Les autres efpeces de tugles font : la tugà des Alpes , Ajuga Alpina. M. de la Marck l'a auffî obfervée fur le Mont Cantal en Auvergne. La hugle en épi py- ramidal & feuille , Ajuga pyramidalis , Linn. ; Bugula fylvcjiris v illofa ^Jlore cœruleo^ Tourn. 209 ; cette efpece, qui le trouve dans les endroits fablonneux , & les prés montaeneux & couverts , eft abondamment velue & n'a point de rejets rampans comme l'efpece pfemiere. La buglc du Levant , Bugula Orimtalis villofa , ficre invcrfo caruleo^ albâ macula notato ^ Tourn. Cor. 14;

fes fleurs font panachées de bleu ÔC de blanc , ou cfe

BUG 489

blanc & de pourpre ; la lèvre inférieure de la fleur eft tournée en haut.

BUGLOSE vulgaire , Buglojfum vulgare majus , J. ^* 3 > 57^ > ^^ Buglojfum angujlifolium , Lob. Icon. -570 ; & majus fion caruUo , C. B. Pin. X56 ; Anchufa officinalis ^Uixin. 191. Cette plante, qui eft de la fa- mille des Bouraginécs , croît dans les champs , fur le bord des chemins , en France , en Italie & dans TAl- lemagne. Elle eft d\m afpeft agréable lorfqu'elle eft en fleur. Sa racine eft vivace , de la groffeur du petit doigt , rougeâtre ou noirâtre en dehors , blanche en dedans , remplie d'un fuc gluant ; les tiges font hautes de deux pieds ou environ , rameufes , cylindriques & chargées de poils roides & épars. Ses feuilles alternes , lancéolées , très-pointues , fimples , & difperfées fur les tiges auxquelles elles font attachées immédiarement , ne font point ridées comme celles de la bourrache , mais garnies des deux côtés de poils fcmblables ; & la buglofc en diffère encore effentiellement paf k^ fleurs , qui ïont d'une feule pièce , en entonnoir , d'un bleu - piupurin , garnies dans leur milieu d'un bouton obtus , compofé de cinq petites écailles velues qui couvrent cinq étamifies ; le calice eft oblong , & re- fendu profondément en cinq pièces : les branches qui portent les fleurs font repliées comme la queue d'un icorpion , avant que les fleurs s'épanouiflent.

La buglofe s'ordonne avec la bourrache , ou y eft fubftituée : fa décoftion avec le lait , eft utile dans la dyfl'enterie ; fes feuilles fiifent fur les charbons comme le nitre ; auflî fes vertus font:^elles fcmblables à celles de la bourrache. Voyez ce mot. Ses feuilles bouillies dans de l'eau avec de l'alim donnent une belle cou- leur verte.

On diftingue plufieurs autres plantes de ce ge^e à fleurs motaopétalées. Il y a : La buglofe à feuilles étroites , Buglojfum angujlifolium minus ^ Bauh. Pin. X56; ce lî^eft peut-êtr^ qu'une variété de la précédente, La

ç ...w: . lij: Il bifhankum , tchii folio un^

f: ' .^. •^-:. :2fne dpece fe trouve dans le

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c - ^ lt .^-j glcmerulés & roulés dans

< •..:.. I ^s '. ariêtcs de cette efpece , à

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. . - . . .Li .- .T. :!S c Alger , a beaucoup de

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... ^JL ' -T ^-RCA^ETTE. La buglofe de,

... ... : :- ^-^ ^-L: , f:i-: ^cjLzpmt Amcricam.

_ -:. : . :!.- i.'^> - -:r w^ua beau jaune &

. .: ^- ^. li> rL-X3rs de l'Amérique

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:r^ «--^-^-iit iue croît naturelle- . ._ •= i- ; _ -*- ::r perâflantes l'hiver» . :r :':\-^ l''^^^Jfickufa longifolia. ^ _ ^._ Irr S-ttiaoïty humifufuniy

z - ^ .. -.:nr:. _Sw,Toum,Cor. 6i

;•-•.-'- --ifls rifle de Candie ,

. _. _ . . iuJ!e5 verruqueufes ^ -^/z-

^. >^ ^r croit en Egypte ; fes

•__ ;- ^t vert & de blanc ; i^

^^ _ _ i ie Crète à feuilles bul-

_. ^ :..- ^ emies perlées, blanches

-^ji^-,;i;/n Creticttm y annuum ^

_^.:a; , Toiim. 134 ; an Lyco^

_! :uC''^{i hmiiée , comme épi-

^ . ,_:j^ ; c al Tefpece la plus hénf-

_:i cucJcue ibrte , de petites épines

>

j

Svî^ - Genre de plante à fleurs poly- ;_.Ci ^ -i .:-i-w-:ri£Qiot plus ou moins

BUG 49^

epîhèux, dont les feuilles font fiinples ou ternies, &c dentelées en leurs bords. Le fruit eft ime gouffe fort courte , enflée , communément un peu velue , unilo- culaire , & qui renferme quelques femences rénîformes J Ce genre de plantes offre un aflez grand nombre d'efpeces. Il y a , félon M. le Chevalier de la Marck :

Les BuGRANES à fieurs purpurines ou blanches J mais point panachées de jaune,

La bttgraru à longues épines , vulgairement arrête-hceuf. Voyez ce mot. La bugrane des champs ou Varrête-bœuf des champs ; Ononis arvenjîs , Linn. ; cette efpece eft commvme danS les champs incultes & fur les bords des chemins* Ses tiges (ont dures , très - rameufes , rougeâtres , velues , & ordinairement couchées & étalées fur terre ; elles n'acquièrent d'épines qu'en vieilliflTant. La bugrane rampante^ des lieux maritimes & fablonneux de l'Angleterre , Ononis repens , Linn. ; elle n'eft point épineufe , mais pubefcente dans prefque toutes fes parties. La bugrane élevée de la Siléfie , Ono^ nis altiffima , Linn. Celle à jlipules blanches , du Por- tugal , Ononis mitijjima , Linn. La bugrane à fleurs en épis feuilles , épais , barbus , longs & terminaux , Ononis alopecuroïdes , Linn. ; cette efpece croît dans la Sicile , l'Efpagne & le Portugal, ik, bugrane à grand calice flrié , des Ifles Baléares , Ononis calycina , an Ononis pubefcens , Linn. Mant. 267 ? La bugrane à goufles penchées , Ononis reclinata , Linn. ; cette petite efpece , à duvet vifqueux , fe trouve dans le Dauphiné , en Italie & en Efpagne. La bugrane a feuilles cunei-^ formes du Mont Cenis , Ononis Cenifia , Linn. La bu-^ grane fluette des Provinces Méridionales de l'Europe , Ononis Cherleri ; Anonis pufilla^ yifcofa & villofa , pur^ purefceme flore , ToiU"n. 408. La bugrane a feuilles rondes des Alpes & des Pyrénées, Ononis rotundifolia , Linn. La ^«gnz/ze précoce, Ononis fruticof a ^ Linn.; cette efpece qui croît dans les montagnes du Dauphiné ,

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buglofe ondulée , Buglojfum Lujitanicum , tchil folio ùn^ duUto ^ Tourn. 134; cette eipece fe trouve dans le Portugal & en Efpagne ; fes fleurs font bleues, termi- nales , & difpofées en épis glomerulés & roulés dans leur jeimefle : il y a des variétés de cette efpece , à feuilles tout-à-fait linéaires & légèrement dentées. La Buglofe laineufe , Anchufa lanata , 'Lhin. ; cette efpece qui fe trouve aux environs d'Alger , a beaucoup de rapports avec la buglofe teignante , & qui eft Vorcanettc proprement dite. Foye[ Orcanette. La buglofe de , Virginie , Anchufa minor lutca , Virgmiana y puccoon ( aut paccoon ) indigmis dida , qudfepingunt Americani. Pluk. Alm. 30 ; fes fleurs font d'un beavi jaune & d'un afpeft agréable. Les Habitans de l'Amérique Septentrionale fe peignent le corps en rouge avec fa racine. La buglofe à larges feuilles , Buglojfum latifoUum fempcrvirens , Bauh. Pin. 2 5 6 ; on dit qu'elle eft ori- ginaire d'Angleterre : cependant elle croît naturelle- ment en Efpagne ; fes feuilles font perfiftantes l'hiver. La buglofe à feuilles longues d'Italie , Anchufa longifolia. La buglofe en gazon , Buglojfum Creticum , humifufum y acaulon , perenne , echii folio anguftifjimo , Tourn. Cor. 6 > cette efpece a été découverte dans l'Ifle de Candie , par Tournefort. La buglofe à feuilles verruqueufes , An-- chufa verrucofa , H. R. ; elle croît en Egypte ; fes feuilles paroifTent panachées de vert & de blanc ; fes fleurs font jaunâtres. La buglofe de Crète à feuilles hui- lées , ou chargées comme de verrues perlées , blanches & chargées de piquans , Bugloffum Creticum , annuum ^ foliis bullatis , flore variegato , Tourn. 134 ; ^m Lyco-- pfîs variegata , Linn. ? La buglofe hérifiee 9 comme épi- neufe , Anchufa echinata ; c'eft Tefpece la plus hérif- fée ; (ts poils font , en quelque forte , de petites épines blanches.

BUGRANE , Ononis. Genre de plante à fleurs poly- pétalées de la famille des Légumineufes , & qui com- prend des herbes ôc des fous-arbrifleaux plus ou moins

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ëpîhéux: , dont les feuilles font fimples ou ternies, & dentelées en leurs bords. Le fruit eft une gouffe fort courte , enflée , communément un peu velue , unilo-^ culaire, & qui renferme quelques femences rénîformesj Ce genre de plantes offre un aflez grand nombre d'efpeces. Il y a , félon M. U Chevalier de la Marck :

Les BuGRANES à fieurs purpurines ou blanches "^ mais point panachées de jaune.

La iugrane à longtus épines , vulgairement arrête-hœuf. Voyez ce mot. La bugrane des champs ou Varrête-^bœuf des champs ; Ononis arvenjîs , Linn. ; cette efpece eft commune dan^ les champs incultes & fur les bords des chemins* Ses tiges font dures, très - rameufes , rougeâtres , velues , & ordinairement couchées & étalées fur terre ; elles n'acquièrent d'épines qu'en vieilliflant. La bugrane rampante , des lieux maritimes & fablonneux de l'Angleterre, Ononis repens^ Linn.; elle n'eft point épineufe , mais pubefcente dans prefque toutes fes parties. La bugrane élevée de la Siléfie , Ono^ nis altijjima , Linn. Celle à Jlipules blanches , du Por- tugal , Ononis mitijjîma , Linn. La bugrane à fleurs en épis feuilles , épais , barbus , longs & terminaux , Ononis alopecuroïdes , Linn. ; cette efpece croît dans la Sicile , l'Éfpagne & le Portugal. La bugrane à grand calice ftrié , des Ifles Baléares , Ononis calycina , an Ononis puiefcens , Linn. Mant. 267 ? La bugrane à goufles penchées , Ononis reclinata , Linn. ; cette petite efpece , à duvet vifqueux , fe trouve dans le Dauphiné , en Italie & en Efpagne. La bugrane à feuilles cunéi-* formes du Mont Cenis , Ononis Cenijîa , Linn. La bu-^ grane fluette des Provinces Méridionales de l'Europe , Ononis Cherleri ; Anonis pufilla^ yifcofa & villojk , pur" purefcente flore , Tourn. 408. La bugrane a feuilles rondes des Alpes & des Pyrénées, Ononis rotundifolia , Linn. La bugrane précoce, Ononis fruticofa , Linn.; cette e/pece qui croît dans les montagnes du Dauphiné ^

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buglofe ondulée ^ Buglojfum Lujîtanicum 9 tchii folio lin^ duLdto^ Tourn. 134; cette elpece fe trouve dans le Portugal & en Efpagne ; its fleurs font bleues, termi- nales , & difpofées en épis glomerulés & roulés dans leur jeimeffe : il y a des variétés de cette efpece , à feuilles tout-à-fait linéaires & légèrement dentées. La Buglofc laineufe , Anchufa lanata , 'litin. ; cette efpece qui fe trouve aux environs d'Alger , a beaucoup de rapports avec la buglofc teignante , & qui efl Vorcancuc proprement dite. Foye[ Orcanette. La buglofc de , Virginie , Anchufa minor lutta , Virgmiana , puccoon ( aut paccoon ) indigcnis dicla , quâfcpingunt Amcricam. Pluk. Alm. 30 ; fes fleurs font d'un beau jaune & d'un afpeû agréable. Les Habitans de l'Amérique Septentrionale fe peignent le corps en rouge avec fa racine. La buglofc à larges feuilles , Buglojfum latifoUum fcmpcrvirens , Bauh. rin. 256 ; on dit qu'elle eft ori- ginaire d'Angleterre : cependant elle croît naturelle- ment en Efpagne ; fes feuilles font perfiftantes l'hiver. La buglofc à feuilles longues d'Italie , Anchufa longifolia. La buglofc en gazon , Buglojfum Crceicum , humifufum y acaulon , pcrcnnc , cchii folio angujiifjimo , Tourn. Cor. 6 > cette efpece a été découverte dans l'Ifle de Candie , par Tournefort. La buglofc à feuilles verruqueufes , An-- chufa vcrrucofa , H. R. ; elle croît en Egypte ; fes feuilles paroiffent panachées de vert & de blanc ; fes fleurs font jaunâtres. La buglofc de Crète à feuilles hui- lées , ou chargées comme de verrues perlées , blanches & chargées de piquans , Buglojfum Crcticum , annuum , foliis buUatis , fbrc varicgato , Tourn. 134 ; ^z/z Lyco^ pfîs varugata , Linn. ? La buglofc hériflee , comme épi- neufe , Anchufa cchinata ; c'eft l'efpece la plus hérif- fée ; fes poils font , en quelque forte , de petites épines blanches.

BUGRANE , Ononis. Genre de plante à fleurs poly- pétalées de la famille des Lcgumincifcs , & qui com- prend des herbes ôc des fous-arbrifleaux plus ou moins

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ëpîhéux^ dont les feuilles font fimples ou ternies, & dentelées en leurs bords. Le fruit eft une gouffe fort courte , enflée , communément un peu velue , unilo-^ culaire, & qui renferme quelques femences rénîformesj Ce genre de plantes offre un afTez grand nombre d'efpeces. Il y a , félon M. U Chevalier de la Marck :

Les BugRANES à JUurs purpurines ou blanches J mais point panachées de jaune.

La bugram à longues épines , vulgairement arrête-bœuf. Voyez ce mot. La bugrane des champs ou Varréte-bœuf des champs ; Ononis arvenjîs , Linn. ; cette efpece eft commune dans les champs incultes & fur les bords des chemins. Ses tiges font dures y très - rameufes , rougeâtres , velues , & ordinairement couchées & étalées fur terre ; elles n'acquièrent d'épines qu'en vieillifTant. La bugrane rampante , des lieux maritimes & fablonneux de l'Angleterre , Ononis repens , Linn. ; elle n'eft point épineufe , mais pubefcente dans prefque toutes fes parties. La bugrane élevée de Siléfie , Ono^ nis altiffima , Linn. Celle à jlipules blanches , du Por- tugal , Ononis mitijjima , Linn. La bugrane à fleurs en épis feuilles , épais , barbus , longs & terminaux , Ononis alopecuroïdes , Linn. ; cette efpece croît dans la Sicile 5 l'Éfpagne & le Portugal. 1^ bugrane à grand calice firie , des Mes Baléares , Ononis calycina , an Ononis pvbefctns , Linn. Mant. 267 ? La bugrane à gouifes penchées , Ononis recVmata , Linn. ; cette petite efpece , à duvet vifqueux , fe trouve dans le Dauphiné , en Italie & en Efpagne. La bugrane à feuilles cunéi-^ formes du Mont Cenis , Ononis Cenijia , Linn. La te-* grane fluette des Provinces Méridionales de l'Europe , Ononis Cherleri ; Anonis pufilla^ yifcofa & villojk , pur^ puref cerne flore , ToiU"n. 408. La bugrane a feuilles rondes des Alpes & des Pyrénées, Ononis rotundifolia , Linn. La bugrane précoce^ Ononis fruticofa ^ Linn.; cette efpece qui croît dans les montagnes du Dauphiné y

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biiglnfe ondulée ^ Buglojfum Lujîtanicum 9 echii folio un^ duUto ^ Tourn. 134; cette efpece trouve dans le Portugal & en Efpagne ; fes fleurs font bleues , termi- nales , & difpofées en ép:s glomerulés & roulés dans leur jeimefle : il y a des variétés de cette efpece , à feuilles tout-à-fait linéaires & légèrement dentées. La Buglofc laineufe , Anchufa lanata , 'liïin. ; cette efpece qui fe trouve aux environs d'Alger , a beaucoup de rapports avec la buglofc teignante , & qui efl Vorcanctu proprement dite. Foye[ Orcanette. La buglofc de , Virginie , Anchufa minor lutca , Virginiana ^ puccoon ( aiit paccoon ) indigcnis diSa , qud fc pingunt Americani^ Pluk. Alm. 30 ; fes fleurs font d'un beau jaune & d'un afpeft agréable. Les Habitans de l'Amérique Septentrionale fe peignent le corps en rouge avec fa racine. La buglofc à larges feuilles , Buglojfum latifolium fcmpervirens , Bauh. Pin. 2 5 6 ; on dit qu'elle eft ori- ginaire d'Angleterre : cependant elle croît naturelle- ment en Efpagne ; fes feuilles font perfiftantes l'hiver» La buglofc à feuilles longues d'Italie , Anchufa longifolia. La buglofc en gazon , Buglojfum Crcticum , humifufum y acaulon , pcrennc , cchii folio angujlifjimo , Tourn. Cor. 6 > cette efpece a été découverte dans l'Ifle de Candie , par Tournefort. La buglofc à feuilles verruqueufes ^ An^ chufa vcrrucofa , H. R. ; elle croît en Egypte ; {t^ feuilles paroilTent panachées de vert & de blanc ; fes fleurs font jaunâtres. La buglofc de Crète à feuilles hui- lées , ou chargées comme de verrues perlées , blanches & chargées de piquans , Buglojfum Crcticum , annuum , foUis buUatis , jlorc vancgato , Tourn. 134 ; ^m L,yco^ pjis varitgata , Linn. ? La buglofc hériflee 9 comme épi- neufe , Anchufa cchinata ; c'efl: l'efpece la plus hérif- fée ; fes poils font , en quelque forte , de petites épines blanches.

BUGRANE , Ononis. Genre de plante à fleurs poly- pétalées de la fanrille des Lcgumineufcs , & qui com- prend des hçrbçs & des fous-arbrifleaux plus ou moins

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ëpîhéux , dont les feuilles font fimples ou terniées, & dentelées en leurs bords. Le fruit eft une gouffe fort coiirte , enflée , communément un peu velue , unilo- culaire, & qui renferme quelques femences réniformesj Ce genre de plantes offre un aflez grand nombre d'efpeces. Il y a , félon M. U Chevalier de la Marck :

Les BuGRANES à fieurs purpurines ou blanches J mais point panachées de jaune.

La bugrane à longues épines , vulgairement arrête-bœuf. Voyez ce mot. La bugrane des champs ou Varrête^bœuf des champs ; Ononis arvenjis , Linn. ; cette efpece eft commune dan^ les champs incultes & fur les bords des chemins* Ses tiges font dures , très - rameufes , rougeâtres , velues , & ordinairement couchées & étalées fur terre ; elles n'acquièrent d'épines qu'en vieilliflant. La bugrane rampante , des lieux maritimes & fablonneux de l'Angleterre , Ononis repens , Linn. ; elle n'eft point épineufe , mais pubefcente dans prefque toutes fes parties. La bugrane élevée de la Siléfie , Ono^ nis akijfima , Linn. Celle à fiipules blanches , du Por- tugal , Ononis mitijjîma , Linn. La bugrane à fieurs en épis feuilles , épais , barbus , longs & terminaux , Ononis alopecuro'ides , Linn. ; cette efpece croît dans la Sicile , l'Éfpagne & le Portugal, ik bugrane à grand calice firié , des Mes Baléares , Ononis calycina , an Ononis puhefcens , Linn. Mant. 267 ? La bugrane à gouffes penchées , Ononis reclinata , Linn. ; cette petite efpece , à duvet vifqueux , fe trouve dans le Dauphiné , en Italie & en Efpagne. La bugrane a feuilles ctméi-^ formes du Mont Cenis y Ononis Cenifia , Linn. La bu^ grane fiuette des Provinces Méridionales de l'Europe , Ononis Cherleri ; Anonis pufilla^ vifcofa & villojk , pur-^ purefcente flore , ToiU"n. 408. La bugrane a feuilles rondes des Alpes & des Pyrénées, Ononis rotundifolia , Linn. La bugrane précoce^ Ononis fruticofa ^ Linn.; cette

efpece qui croît dans les montagnes du Dauphiné ,

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caules. Le buplevre à feuilles à trois nervures ^Buplevmm edontUès , Linn. ; cette--efpece fe. trouve dans les mon- tagnes du Valais &• en Italie , dans les enckoits pier- reux & les vignes. Le bupUvrt à ombelles demi-compo fées , BupUvrum ftmiccmpojitum , Linn. ; cette plante fe trouve en Efpagne. M. Gouan dit que fes femences font chargées de petits points faillans. Le bupUvre mmu^ FI. Fr. 5 BupUvrum tmuiffimimi , Linn» ; cette éfpece fe trouve en Italie , en France & en Efpagne , dans les endroits fecs & pierreux. Le buplevn à rameaux efHés , Buplcvrwji juncmm , Linn. ; on le trouve dans les lieiLx incultes en Provence , dans la SuiiTe & dans l'Alk- magne. U y en a deux variétés.

BUPLEVRES à tige ligneufe.

.U y a:Xe hupUvrt fruufcmt d'Efppgne, Buplevrum frutefcens , Linn. ; il naît fur les ramifications de la tige principale , des tiges grêles , herbacées , garnies à leur bafe de feuilles linéaires & aiguës. Le buplevn épineux d 'Efpagne , Buplevrum Hifpcaûcum , fruticofum acu" leatum , graminco. folio , Tourn; jio; les dernières ramifications font aiguës & reffemblent à des épines. Le buplevre d'Ethiopie , Buplevrum fruticofum^ Linn. Ce petit arbriiTeau toujours vert , toujoiu^ garni de feuilles, convient à la décoration des bofquets. Il fe trouve auffi dans le Levant & dans les Provinces Méridionales de la France. Toutes fes parties ont une odeiu: qiii approche de celle du panais & du chervi. Sa femence "eft eftimée bonne contre la morfiue des bêtes veni- meufes. Le buplevre des environs .de Gibraltar, BupU- yrum Gibrklûarium.^ Linn. Il pafloît n*être quune va- riété du précédent. Ses fleius font jaimes - verdâtres. Enfin le buplevre hétérophylle , Buplevrum difforme , Linn. Il croît dans l'Ethiopie^ dans ITûver ou à ren- trée du printemps ; il porte deux fortes de feuilles; les unes font petites , pétiolées , compofées de trois *^oles plàaes , trifide$ ^ inçifées ôc auez -femblables

A ;

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Il celles du perfîl; les .autres , & TarbriAVau çonforvè celles-ci en été , font plus longues, menues , filifornajes^ angiileufes , vertes & à demi-divifées en crois paifties pareillement iîliformes. , mais dont celle^ du mi^lieu effc plus longue , terminées chaame par trois petites pointes*^

BUPRESTE , Buprefius aut Buprejiis. Ce nom. eft formé de dçux mots gre;cs , . qui fignifient faire crtv^n Us bœufs. Cet infeûe eft le. même ou du même ordre ^ <jue VmJUr bauf. M. ÙtUu:^ dit avec raifoh que la nomenclature varie JRCuir les ixifeôes comme pôiu: les autres parties de lîliftbire Na:t\irellek M^ Gtoffrpy^ qui a ipis beaucoup .,. de fagacite dans la divifioa iynoptique ou 1 etahu^Teraent des caraâerçs des.infeâes donne le nom de buprejle à un genre- de \co]é<^tere qui fe diftingue des autres genres du même ordre.

Leseïpeçés de bupnjies font des plus, nombreufes t leur caraélere eu d. avoir les antennes 'iîlijformes oUj faites en filet , c'eft-àrdire.,j jjrefque d^égaie groljfeur par-tout , diminuait feulement un peu vers leurs pointas & compôiees d annaux o\i artld^s qiû ne font pas fort gros , &L peu faillans ; mais \m càraâere; parti- culier & effentiel à ce genre de coléppt^^ , dont toutes les jambes ont cinq krtiatlations aux » tarfes ,: c'eft.imè grande appçndicç qui fe trouve près de 1 arti^ culation ou'à la.bafe des cuiffes ,j)ofterieures , fem- blable à un jmoignon'd\me autre .cuifie : xes infeftesr font encore remarqiiahles par la forme de leurs fnâ-^ choires pincent fortement & qui font plus grofles, & débordent dav^aintage la tête' que dans la plupart des- infeôes à étuis ; par leurs longues patt^j^', Jl^îégéj'eté^ avec laquelle ils courent ^ leur odeur puante, Se fétide", comme tabac corrompu , & qui eft Hue à une ef-» pece. det .liqiieur brimé , acre & cauftique que jettent

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poiat fous leurs étuis, '

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Les buprefies font des infeôes tf ès-voraces , tjiiî àan* gént & dévorent impîtoyabletijent tous les autres , & même ceux: de' leur genre ou de leur èfpece , & cela hîorts ou Vifs ; on les rencontre fouvent dans les jar- dins , dans les endroits Hhmides , fous les pierf es dans fcs Campagnes , parijnî les ta^ de plantes pourries , &c. Lent courie eft très^rapîde : plùfieurs de leurs efpeces ont une pânife fort belle ', fort brillante ; quelques-uns ont des points de couleur d*or. Ceux qui font entiè- rement dôrës , & qu'on voit courir rapidement dans les champs , font de ceux qui mancjaent d*ailes fous leurs étuisi. Il y a des huprejïcs d\m petit voliune , comme une puce ; d'autres font de la longueur d'wn travers de doi^t , &c.

Nous avons dit que la plupart de ces infeâes^ même ceux. qui ont une parure brillante , font dange- reux : il faut fe méfier de ces dehors trompeurs , c*eft un habit perfide qui caché le poifon : il feirt donc les prendre avec précaution y car. ils contiennent tme li- queiir acre , cauftique & brûlante , capable d "becafio- ner à un O^férvateur une cuiffon & une douleur affez vive , lorsqu'elle r^aillrt fôit dans Fœîl , foit fur les kvf es. prt doit auffi fe "gairàntir de leurs pinces. On prétend- que ' lorfque les bœuft ou autres animaux pâ- turaris eh ont mangé , ou avalé , ils enflenf , qu'il leur furvient une fuppreffion d urine & qu'ils périffent ; ce qui à faïf nommer cet infeâîe ^mût-bizuf. ; V Lès larvëi de ces înfeâes vivent en teire ; c'eft ce qui fait qu'elles font 'difficiles à rencontrer ; & le èupPêfic dans Têtat de larVè ( ou ver ), eft auffi vorace que fous' cehît'jtfinfeâe ailé & parfait. Ces larves font longues y cylindriques,' molles , blanchâtres , armées de fix pattes bfunès , îcaîUeirfes ; leur tête" eft de même de couleur brim^ ; elle a en deffiis une efpece de petite plaque ronde \ bnme , écailleufe , au-devant de laquelle ^ieft la bouche, accompagnée de deux fortes de mâchoires*: ce? larvées induÔrieiifes par néceffité ont

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recours j»ur vivre ^. la force ou à la nife ; les unes font ouvertement la guerre aux infeftes qu'elles pour- iliivent ; d'autres s'établiffent dans de^ nids de chenilles proceilionnaires ; d'autres enfin fe, mettent en embuf» cade àf l'ouverture ronde de leur trou : car ces larves, dit M.: Geoffroi ,. le creuient en terre des trous cylin-t driques, profonds, perpei:idiai}aires , dans lefquels elles fe logent ; l'ouverture de Q|i trous eft parfaitement ronde ; quelques .efpeces les font dans des terrains fecs & arides ou fablonneux ; d'autres dans des terres plus humides y au bord des ruiiTeaux. C'eil au fond de ces trous qu'on rencontre fouvent la larve dii bupnfie. Pour la trouver & la furprendre,.il faut creufer peu- àrpeu le terrain dans lequel ce trou eft pratiqué. Mais comme fduvent dans cette opération la terre , en s'écroulant , remplit le trou, & empêche de le reçon- sioîtré & de le mivre , il eft néceffaire d'ufer d'ime pre- mière précaution , c'eft de commencer par enfoncer dedans une paille ou un petit «lorceau de boi$ , qi^ pénétrant jufqu'au foncide la retraite , fert à conduire & à empêcher de perdce la foite ^e ce condidt. Lors- qu'on eft parvenu au fond , on trouve la larve e<l queftion , qui tirée hors de terre, fe replie volontiers en zigzag. Ces ouvertures que pratique dans la terre cette larve ^ ne lui fervent pas feulement à fe loger & à mettre à l'abri fon corps qui eft mou & ten^ , mais encore à fe cacher pour dreffer des pièges aux in^eôes dont elle fe nourrit. Cette larve fe tient en embufcade^^ ^récifément à l'ouverture ronde de ce trou» Sa tête eft fleur de terre , & l'ouverture ou entrée eft ejçaûe- ment remplie & bp\icbéç, p^^i".!^ plaque ronée & écail- leufe que la larve a au-deff^s de fa tête. C*eft dans cet état que fe, tient patiemment cette larve , à .moins que quelque alarme ne la Êtfle enfoncer dans fa retraite. Les infeâes qui ne fe défient pas du piège , fe- pro- mènent fur ce terrain , & venant à paner fur Touver- tiure du tiou c^vt fergo^e % t^te ^ la larve , ou font

5Ôi B U P B^ U R

faifîs par- les fortes mâcrhoirès de ?ennctftr' qtri \ei guette , ou bien s'ils ne font pas arrêtés fur champ par. ces pinces vigoureufes, ils tombent dans le préci- pice ( dans le trou ) qui s'ouvre fous leurs pas par le mouvement que fait la tête de la larve , prédfement comme une bafcule. Telle eft la rufe de la larve du huprefle pour dévorer fa proie à loifir. Rien n'eft plus émulant ^ue d'obferver le manège de cet infeâe , qui fans fortir de fa retraite , trouve moyen de faire tomber dans fes pièges les autres infeftes dont il fe nourrit. Tous les curieux peuvent trouver un grand nombre de cts vers au commehcement dii printemps.

M* Linnœus donne le nom de buprefle h. fept efpeces d'infeôes coléoptères , mais qui font réellement d'un genre différent ; tels font les hannetons , les cantkaridts» .Voyez ces mâts.

Bupreste. C'efl: auiS le nom, mais impropre, d'une petite araignée rouge , qui dévorée par les bœufs , leur caufe les mêmes accidens que; le buprefie enfle -bœuf iiont on vient de parler.

BURBOT. Nom donné par quelques-uns à la LotteJ ^oye:;^ ce mot.

BURES. Nom donné aux^ puits profoncfc que l'on pratique dans Une mine : on en fait deux ordinai- rement à la fois ; l'un pour remonter les matières & donner de l'air ( c'efl la bure d'airage ) ; l'autre pour rétabliffement des pompes à épuifement. Gn pratique cette dernière bure plus profonde , afin de donner lieu* à l'écoulement facile dfes eàùx. Voy^,

V article M INES.

BURGAU. Limaçon à bouche ronde,, qui , félon le P. du Tertre dans fon Hifloïre' Naturelle des Antilles y eft âuffi commun dans 'ces Mes bordées de rochers, que Jes limaçons en Fraiice." Il y fen à de plufieurs efpeces différentes : on voit de ces coquillages de la groflèur du poing ; mais communément ils n'en excédent point la moitié. Il y en ^ une çfpece très-grande^^appeléç

B U R 503

idearla ou rotunda , qui contient quatre livres H'eàu : on en f aifoit ufage autrefois pour mettre de l'huile.

Lorfqu'on retire ces coquillages de la mer , la coquille paroît grife - brune ; mais lorfqu*à l'aide des acides on a enlevé toute la matière terreufe & répiderme qui Tenvironnoient , & qu'oii Pa fait . paffer fur une meule douce ^ alors on voit brilkr une coquille argentée ou nacrée , nuancée de grifaille d'une manière inimitable. Il y a une efpece de burgau très-beaii , émaiilé de vert , & que l'on appelle la peau dt firpmu

C'eft de ces diverfes efpeces de coquilles , & notam- ment du nautile épais , autre efpece de coquille , que les Ouvriers tirent cette belle nacre qu'ils appellent iurgaudine , & qui eft plus brillante que celle des perles: ils font avec cette nacre de jolis ouvrages de bijouterie , comme tabatières , navettes , couteaux & autres.

Le burgau a pour opercule une écaille noire , ronde ^ & mince comme une feuille de papier ^ mais plus forte que la corne , avec laquelle au moindre danger il s'en- ferme exaâement dans fa coquille. On ne peut retirer * l'animal de fa coquille qu'en le faifant cuire : on n'en fliahge quç la partie tournée en limaçon , après avoir ôté un inteftin verdâtre qui contient fes excrémens , & que l'on dit être fiévreux.

BURMANE , Burmannia. Nom d'un genre de plante unilobée , qui paroît avoir quelques rapports avec les cdragates , & qui comprend des herbes exotiques dont la tige eft fimpîe &: dont les feuilles radicales font gra- minées. La fleur confiée en un calice monophylle , coloré , long , prifmatique , à angles membraneux , & divifé en fon bord en fîx découpures , dont trois inté- rieures & pétaliformes , petites ; il y a fix étamines & lin ovaire : le fruit eft une capiule trigone , cpuverte par le calice, triloculaire , & qui contient des femences irès-meaues.

H 4

V

)04 B U R pus

Il y a : La burmanc à deux épis , Burmannia dijlicha ^ Linn. ; elle croît dans les lieux hiunides & marécageux de PIfle de Ceylan. La burmanc à deux fleurs , Bup- mannia biflora , Linn. ; elle croit dans les lieux humides la Virginie. Les fleurs font de couleur piupunpq : celles de refpece précédente font bleuâtres .

BURNET. Foy^j^ PiMPRENELLEJ

BURUM CHANDALI. Voy. Sain-foin oscillant.

BUSARD , Circus. Oifeau de proie dont on diftingue plufieurs efpeces ; il y a : Le gros bufard ou bufard des fl. ml. 413 ; c'eft une variété de Pautour ou l'autour >blond. Le bufard varie ; autre variété de l'autour. Le bufard roux ou harpayc ; il en exifte aiiffi ièpt efpeces à Cayenne. Le bufard du Bré/îl ; Voyez caracara du Bréél. Le faux pcrdrieu de Btlon , ou le bufard de marais , pi. enl. 414 , en latin , Milvus aruginofus ; celui-ci, que nous décrirons , eft de la grolieur de la comeilU: les plumes du corps font de couleur de rouille foncée ; le deflus de la tête eft d'im jaune-rouflatre ; le bec eft noir , crochu , & a prefque un pouce & demi de longueur ; membrane qui couvre le bec eft d'un

Î*aune-verdâtre : l'ouverture des narines eft oblongue : e dedans de la bouche eft moitié noir & moitié bleu ; la langue fort large : les yeux font peu gros , l'iris eft de couleur de fafran: quand les ailes font pliées , elles s'étendent prefque jufqu'au bout de la queue ; les pieds & les jamkes font jaunes., & les ongles noirs ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu par ime membrane^ H eft à remarquer que le côté intérieur de l'ongle du milieu eft trancifcnt.

Le bufard eft en général im à\(tm qui a quelque reflemblance avec le milan : il en diffère parce qu'il a^ comme la bufe &c la bondrée y le cou gros & court ; au lieu que les milans l'ont beaucoup plus long ; & on diftingue aifément le bufard de la bufe^y i.^ par les lieux qu'il habite ; 2.** par le vol qu'il a plus rapide & plus ferme ; 3.^ parce qu'il ne fe perche pas fur de graodi^

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arbres , mais fur des arbufles , & que communément il fe tient à terre ou dans cks buiffons ; 4.° on le reconnoît à la longueur de fes jambes , qui , comme celles de Vaifeau Saini-Martin & de la foubuft , font à proportion plus hau:es & plus minces que celles des autres oifeaux de rapine.

Cet oifeau eft; plus vorace & moins pareffeux que la bufe , & c'eft peut-être par cette raifon qu'il paroît moins flupide & plus méchant. Il fait une cruelle guerre aux lapins , & il eft audi avide de poiflbn que de gibier. Au lieu d'habiter , comme la bufe , les forêts en mon* tagœ, il ne fe tient que dans les buiffons , les bruyères , les haies , les joncs , & à portée des étangs, ^ts marais ^ -& des rivières poifTonneufes. Il niche dans les terres baffes , & fait fon nid à peu de hauteur de terre , dans des buiffons , ou même fur des mottes couvertes d'herbes épalffes ou en friche. Il pond trois œufs ,, quel- quefois quatre, & quoiqu'il paroiffe produire en plus grand nombre que la bufe , qu'il foit , comme elle , oifeau fédentaire & naturel en France , & qu^ y demeiu'e toute Tannée , il eft néanmoins bien plus rare ou bien plus difficile à trouver. ^

Le hufard chaffe de préférence les poules d*eau , les plongeons , les canards , & les autres oifeaux d'eau : il prend les poiffons vivans , & les enlevé dans fes ferres. Au défaut gibier ou de poiffon , il fe nourrit de reptiles , de crapauds , de grenouilles & d'infeâes aqua- tiques. Quoiqu'il foit plus petit que la bufe , il lui faut ïme plus ample pâture , & c'eft vraifemblablement parce qu'il eft plus vif, & gu'il fe donne plus de mou- vement y qu'il a plus d'appétit : il eft auffi plus vaillant. Bdon affure en avoir vu qu'on avoit élevés à cliaffer . & prendre des lapins, des perdrix & des cailles. Il vole plus pefamment que le milan , & lorfqu'oa veut le feire chaffer parades fiançons , il ne s'élève pas comme celui-ci , mais fuit horizontalement : un leul faucon

fu£t pas pour le prendre | il fauroit s'en débacraffer

5C($ BUS

& même l'abattre ; en forte qii*au lieu d'un feul feucon il en feut lâcher deux ou trois poiur en venir •à bout. Les hobereaux & les crécerelles le rédoutent , évitent fa rencontre , & même fuient lorfqu'il les approche.

BUSE , pL cnL 419, en latin, Buteo vutgaris. C'eft , 'après Vaigle , le condor & le grand faucon , le plus gros de nos oifeaux de proie ; on le voit fréquemment dans ces pays-ci ; il eft de la groffeur diifaifan. La longueur de ion corps eft d'environ vingt pouces ; fes ailes éten- dues ont quatre pieds & plus ; la queue n'a que huit pouces, & (es ailes, lorfqu'elles font pliées, s^eteitdent lui peu au-delà de fon extrémité ; le plumage fupérieiu: de cet oifeau , eft mêle de couleur de rouille & de nojr ; celui du ventre & de la poitrine eft varié de blanc fale & de bnm ; l'iris de fes yeux eft d'un jaune pâle & prefque blanchâtre ; il a , ainfi que tous les autres oifeaux de proie 5 la vue perçante , & eft armé d\m bec noirâtre , pointu , un peu recourbé , & de griffes vigoureufes & noires ; les pieds font jaunes , auffi bien que la membrane qui couvre la bafe du bec*

Lorfque la iufe efl^ en colère , elle ouvre le bec & y tient pendant quelque temps fa langue avancée juf- qu'à l'extrémité. L'obfervation n*a point confirmé ce que Ton a voit avancé , que le ntâle avoit trois teflî- ciiles. Cet oifeau , dit M. de Buffon , demeure pendant toute l'année dans nos forêts. Il paroît affez ftupidè , foit dans l'état de domefticité , foit dans celui de liberté. Il eft affez fédentaire & même pareffeux : il refte fou- vent plufieurs heures de fuite perché fur le même arbre : fon nid eft conftruit avec de petites branches, . & garni en dedans de la^ne ou d'autres petits maté- riaux légers & mollets. La bufc poiid deux ou trois oeu& qui font blanchâtres , tachetés de jaune : elle élevé & foigne fes petits plus long -temps que les au- tres oifeaux de proie, qui prefque tous les chaffent du nid avant qu'ils fgient ea état de fe pourvoir. Ray^

BUS . Ç07

âflure même que le mâle de la bufe nourrit & foigne fes petits lorfqu'on a tué la mère. Cet oifeau de rapine, le plus commun dans nos campagnes , eft un chaffeiur qui ne donne pas. la chaffe à fa proie en la pourfiiivant au vol ; il refte fur im arbre , un buiffon ou une motte de terre , & de fe jette fur tout le petit gibier qui paffe à fa portée; il prend les levrauts & les jeunes lapins , auffi bien que les perdrix & les cailles ; pen- dant Tété , il dévafte les nids de la plupart des oifeaux ; il fe nourrit auffi d^ grenouilles , de lézards , de fer- pens , de fauterelles ; & lorfque le gibier lui manque, il n^ dédaigne pas au befoin les rats , les taupes & même des vers de terre. S'eft-il emparé d'une groffe proie , il fe retire à l'écart dans vm lieu folitaire , pour j dévorer paifiblement fa picorée. Cette ei^ece eft fujette à varier , au point que fi l'on compare cinq ou fix bufes enfemble , on en trouve à peine deux bien femblables. Il y en a de prefque entièrement blanches , d'autres qui n'ont que la tête blanche , d'au- tres enfin qui font mélangées différemment les unes des autres , de brun , de blanc. Ces différences dépendent principalement de l'âge & du fexe ; car on les trouve toutes dans notre climat.

Buse a figure de Paon , de Catesby. Voyez Urubu.

Buse cendrée , Buteo colon cinereo. Cet oifeau , appelé par M. Brijjon , Faucon de la Baie (FHudfon , eft de la grandeur d'un coq ou d'une poule de moyenne groffeur. Il reffemble par la figure , & en partie par les couleurs , à la bufe commune : le bec & *la peau qui en couvrent la bafe , font d'une couleur plombée, bleuâtre ; la tête & la partie fupérieure du cou , font couvertes de phimes blanches , tachetées de brun foncé dans le milieu ; la poitrine eft blanche comme la tête , mais marquée de taches brimes plus grandes ; le ventre & les cotés font couverts de plumes brunes , mar- quées de taches blanches , rondes ou ovales j les jambes

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font couvertes de plumes douces & blanches 9 irré» guliérement tachées de brun ; les couvertures de defibus la queue font rayées tranfverfalemeitt de blanc &: de noir; toutes les parties du cou , du dos 5 des ailes & de la queue , . font couvertes de plumes d'un brun -cendré , plus foncé dans leur milieu , & plus clair fur les bords ; les couver- tures du defTous des ailes font d*un brun {otabre ^ avec des taches blanches ; les plumes de la queue font croifées par - deiTus de lignes étroites & de couleiu: obfcure , & par - deffous croifées de lignes blanches; les jambes & les. pieds font d'une couleur cendrée , bleuâtre ; les ongles font noirs , & les. jambes font couvertes )ufqu'à la moitié de leur longueur , de plumes de couleur obfcure. Cet oifeau fe trouve dans les terres de la Baie d'Hudfon , & fait fa principale proie de gelinottes bl^mches. M. de Buffon ayant comparé cet oifeau avec les hufcs , foubufcs , harpayes & bufards , il lid a paru différer de tous par la forme de fon corps & par fes jambes courtes : il a le port de Taigle , & les jambes courtes conmie le faucon , & bleues comme le Unier. Il lui a paru qu'il vaudroit mieux le rapporter au genre du faucon ou à celui du lanier : mais , dit M. de Buffon^ comme M. Edwards efl un des hommes du monde qui connoit le mieux les oifeaux^ & qu'il a rapporté celui-ci aux bufcs , nous avons cru ne pas devoir tenir à notre opinion, & fuivre la fienne. Aufîi, par cette raifon , M. de Buffon place-t-il cet oifeau à la fuite de l'hiftoire des bufes.

Il efl mention dans le Voyage aux Indes & a la Chine ^ Swnt petiu buft criarde &C difficile à approcher ; elle fe tient dans les champs enfemencés de riz.

BUSELAPHUS de Caîus , eft le bubaU. Voyez. Bubale.

BUSSEROLE ou BOUSSEROLE. Foyei Rjusin D'Ovrs,

fi tJ T 509

BÙTÔNIC , Butonica. |lumpK Amb. ; Mammca Afiatica , Linn. ; Commcrfona , Sonnerat, Giiîn. t. 8, 9 ; Barringtonia fpeciofa , Forft. C'eft un bel arbre de la femille des Myrtes ; il croît ordinairement vers les bords de la mer , & près de remboiichure des fleuves , dans les Indes Orientales , les Moluques , fur la Côte Auflrale de la Chine , &c. Cet arbre întéreffe non-feulement par fon port . & par Tombre ëpaiffe que produit l'étendue de fa cime , mais encore par fes fleurs qui font grandes , terminales , difpofées cinq à vingt icnfemble en bouquets folitaires , & - d*un blanc éclatant , mêlé de pourpre ; elles s'épa- noiiiffent le foir , tombent d*elles-mêmes à la naiffance du jour ; & la terre jonchée de leurs longues étamines , qui font d'un pourpre vif , paroît alors comme teinte de fang. Le tniit eft une groffe noix pyra- midale , quadrangulaire , couronnée par le calicf*, confervant le ftyle de la fleur , d'un brim-rouflStre , \ de la groflêur du poing , & qui contient fous un brou charnu , dur & épais , un noyau ovale , obtufément quadrangulaire , ndé & fibreux à l'extérieur, unilocu- laire & monofperme. Les Indiens font ufage de ces fruits parmi leurs alimens , & s'en fervent auffi poiir prendre le poiflbn qu'ils enivrent par leur moyen , en les jetant dans l'eau. Les feuilles , qui ont plu$ id'un pied de longueu;- , font élargies vers leur fommet, cunéiformes , entières , glabres , luisantes , im peu épaifles , d'un beau vert , & avec quelques nervure^ latérales. '

BUTOR. C'eft le héron Itoill. Voyez à ParticU

HÉRON.

BUTRON. Efpece de bœuf fauvage de la Floride, Ceft un bifon , efpece di aurochs. Voyez ces mots^

BUTTNERE , Buttneria. Genre de plante à fleurs polypétalées , de I9 famille des Cacaoyers , & qui com^ ' prend des arbriflêaux exotiques ; les feuilles font Am- ples 9 alternes ; les fleurs axillaires ; les r<ameaiu $C

jfj B Y A B Y S

Îthifîeurs mouiTes qiû , comme la buxbaumia , ont deox acs Tun dans l'autre, dont la capiiile eft compofée, ^'extérieur dnr & preTcfiie cartilagineux, l'intérieur tendre & foible. Il defcend du haut de ta capfule un filet oiii entre dans cette capAile , & qui s'attache à fon fond. Plufieurs hyums & un fphagnum que j'ai découvirts, pourfuit M. HalUr ^ ont la même ftrao- ture- Voyei^ Mousse.

BYARIS. Nom que les Bafques donnent an auiudct. BYSSE ou Byssus. V^t^ Bissus.

C A A 5 ij

c

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AA- APIA, Marcgr. Braf. 52, Pif. Braf. 232. C'eft une jcfpece de dorjUm qui croît au Bréfil , à Monte- Video & au Magellan, dont la racine eil de la groffeur d'un tuyau de plume de cygne , ijoueufe , garnie de filamens , d'un gris -jaunâtre en tlehors, blanche en dedans; d'abord infîpide au goût, puis devenant un peu acre & piquante. Ses feuilles font d'un vert luiiànt en defTus , blanchâtres en deffous , prefque arrondies , légèrement crénelées : fa fleur eft radiée , &: fes femences font rondes. Les Habitans du Bréûl pilent la plante entière , & font ufage de fon fuc pour arrêter le flux , faire vomir , remédier à la niorlure des ferpens & à la bleffure des flèches em- poifonnées. On» dit même qu'il fufiit de préfenter la racine du coa^-- apia ou celle d'angélique , au ferpent nommé boiciningua , poiu* Tétourdir & le faire périn Mémoires de f Académie des Sciences , lyoo. Voyez

DORSTENE.

CAAIGUARA. ' Nom donné par Marcgrave au pécari ou ^Jacu , ' efpece de fanglier du Bréfil. Foye^ Tajacu.

CAAOPIA. Petit arbre du Bréfil>, dont. l'écorce eft d'im rouge-cendré , & contient une efpece de moelle. Son bois eft fort & branchu; fes feuilles font fermes, rouges en deffous & vertes en deffus ; fes fleiu-s font en ombelle , d'im vert- jaunâtre , cotonneufes & fui- vies de baies yerdâtres , groffes comme des cerifes , cou- vertes d'une coque molle. Ce fruit donne par expref- fion un fuc d'un beau jaune. Cet arbre fleurit en Novembre , & fon fruit mûrit en Janvier. Si l'on fait une incifion à fon écorce en Oâobri? ^ il en fort une; Tome lit Kk

ff4 C A A

féfine à\m Seau Jaune, fort érofive. Les Nègres s'c» fervent pour fe purger. Ray , ffijl. Plant.

C AAPÉBA ou Li AN£ a glacer l'Eau , ou Liane

A Serpent , Ariflolothia fslio hedcracco'j trifido^ maximo fion , radict repente^ Plum. Cat. 5. C'eft une plante du firéûl, qui a beaucoup de rapports avec Varifiolock tlématiu. Elle pou& des tîges très-iartnenteufes , & qui s'attachent aux arbres voiiins. Ses feuilles font fort minces ^ verdâtres en deffus , tantôt rondes & tantôt ayant U forme d'un cœiu-. Il s'élève d'entre elles des pëdiailes roux , portant en leurs fommets au mois de Juillet des fkurs jaiuiâtres ; il fuccede à chacune de ces fleurs un petit fruit gros comme un pois , ovale ^ rouge en dehors , vert en dedans. Sa racine » principale partie de cette plante d ufage en Médecine ^ efl d'a- bord grisâtre & grofie conune le petit doigt ; mais es vieilliflant , elle devient noire , brunâtre à Textérieur & groffe comme le bras. Sa fubftance intérieure eft compaâe , ondueufe , d'un goût amer. Quelques Bo* taniltes ont cru que (^étoit le conirayerva. Voyez LOCHNER , & Us nouveaux genres du P. Plumur, D^au- très difent , mais fans vraifemblance , que le caapibi cft le pareira-brava. Voyez ce mot. Ne feroit-ce pas plutôt Vapinel} Voyez ce mot.

Le caapiba eft àlexipharmaque : coupé par tranches, infufé &c macéré pendant quelques jours dans de l'eau^ il donne à cette liqueur un goût de vin ou de bière. Cette décoftion eft bonne pour la morfure des^ lerpens venimeux. On tire auffi le fiic de la feuille & de la racine pilées enfemble, & on le mêle dans du vi» pour le même ufage. Il faut encore avoir foin d'ap- pliquer le marc fur la morfure après en avoir im peu Irotté la plaie : par ce moyen on guérit furement en vingt-quatre heures. On a appelé le caapiba , tianc a glacer , parce qu'infufée dans Teau elle la rend muci- lagineufe comme ime gelée. On a donné aufE le noffl ^ caapiba à la Uane à cœur. Voyez c€t article^

C A B fîç

CABARET, Oreille d'Homme; Rowdelle v

GiR»lRD - ROUSSIN , NaRD SAUVAGE , Aforum ,

Dod. Pempt. 3s8,Tourn. 501; Afarum Eutopêium ^ Linn. 633. Ceft une plante d'Europe qui a été en grande réputation dans le fiecle dernier , comme crthine ; elle fe plaît dans les forêts ; elle eft très- baffe , fans tige , & toujours verte ; fes feuilles , qui font toutes radicales , par paires ^ pétiolées , très^eiï- tieres , glabres , très-liffes en déffus , font réniformès ou d'une figiu-e affez approchante de celle dePôreille; ce qui Ta fait nommer ordlU <t homme ; fes fleurs font à doute étamines , purpurines ou verdâtres y portées fur des pédicules qui partent de la racine, mais fi courts ) qu'elles font cachées fous les feuilles ; à ces fleurs fuccedent des fruits divifés en fix loges , qui contiennent des graines femblables aux grains de raifin; fa racine eft vivace , rampante , petite , anguleufe , re- courbée, fibreufe, tortueufe, noueufe& brunâtre.

Les feuilles & les racines du cabaret font douées id'une odeur pénétrante, & d'un goût acre. Elles pro- voquent fortement le vomiffement & les felles» Les femmes enceintes doivent en éviter l\ifâge comme capable d^expulfer le fœtus. Les meilleures nous font apportées feches de l'Allemagne , du DaupWné , du Languedoc & de l'Auvergne*

Un Médecin Anglois a éprouvé que quatre ou cinq l^^ns de feuilles de cette plante en poudre , prifes en guife de tabac , font très-utiles dans les maux de tête* On les prend le foir en fe couchant ; le fommeil n'en eft point troublé , & le lendemain il s'évacue une grande quantité de férofités par les glandes du nez; Ge flux , fuivant l'obfervation de l'Auteur de la MatUrs MidicaU , dure quelquefois trois jours entiers , ce qùî caufe un gra^d loulagement au malade. Ce remède a été auflî éprouvé avec fuccès dans une paralyfie de la langue & de la bouche^ On appelle aufti cette plante panacée dcsJUvrcs quarts : les Payfans en font le«r

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fébrifuge. Les Maréchaux font prendre de la racine cabaret aux chevaux ^ depuis une once jufqu'à deux > pour les guérir du Êiran. On trouve quelquefois , au rapport de Pomu ^ fous les racines du cabara y e^ viron un pied dans terre , une manière de truffe ronde, de .couleur jaunâtre en dehors ^ blanche en dedans y empreinte d'un fuc laiteux , cauftique & brûlant. On a donné , dit-on , à Vafarwn le nom de cabaret , parce qu'on s'en fervoit autrefois dans les cabarets pour fe faire vomir quand on avoit trop bu.

•On voit au Jardin du Roi un très-bel afanan étran- ger , qui eft le grand cabaret du Canada , AJarum Americanum y majus , Hort. Reg. Par. ; Afaron Cano' denfcy Corn. 14.

Cabaret, pL enl. 485 , fig. 2. Oifeau de paf- fage , de la groiTeur â& à-peu-près de la couleur du roitelet; c'efè la plus petite des linottes y le picavcret de Belon. Il a le chant fort agréable , & efl encore rare ; mais on en trouve chez quelques Oiieliers àansr l'état de liberté; le ^eifus de fa tête rouge; il y a fur le croupion du mâle , une tache de la même couleur ; la poitrine eft rofiflâtre , le ventre blanchâtre^ les côtés & le deifus du corps variés de brun & de rouflâtre , ainii que la queue qui eft fourchue ; le bec }aimâtre , & terminé de noir à fa pointe ; les pieds bruns , les ongles noirâtes. Cet oifeau arrive dans nos Contrées vers le milieu de l'automne y & difparoît au printemps ; il vit ou folitaire , ou en compagnie peu nombreufe.

CABASSOU ou Kabassou. Foyei a Vartklc Armadille.

CABÉUAU ou Kabliav ou Cabtllavd.. Efpece de petite morue fraîche, nommée diifi par les Fla- mands , & que l'on fert fur nos tables en Février , &c- Sa chair eft d'un goût exquis , & paiTe généralement par-tout pour un manger délicieux» Voye^ au nwt Morue,

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CABIAT ou Porc de Rivière , Porcus fimîatUis. Quadrupède demi - amphibie qui fe trouve dans toutes les terres baffes de rAmérique Méridionale , ainfl qu'au Brésil , aux Amazones & à la Guiane ; <;'eft le capybara des BrafiUens. Confultez Marcgrave & Pif on ; c'eft le tochon d\au de Defmarchais ; le ^apivard de Frogcr ; le fus maximus paluflris de B^T' rere ; VHydrochœnis dans la Nommdaturc latine de M. Brijfon.

, Cet animal eft un fiflïpede irrégulier, i;omme le tapir ; il ne reffemble que très-peu au cochon , auquel ^plufieurs Naturaliftes l*ont comparé ; au contraire il en diffère par de grands caraôeres très - effentiels & très-apparens : fa tête efl beaucoup plus courte ; fa gueule a moins d'ouverture, & elle efl: fens dents canines ; mais chaame de fes mâchoires efl: garnie de 4eux dents inciflves & de huit dents molaires affez fingulieres , car elles font fendues à demi , chacune en trois parties , & repréfentpnt trois dents attachées les unes aux autres. Le catiai efl de la grandeur d'un co- chon de deux ans ; les plus grands peuvent pefer jus- qu'à cent cinquante livres : fon mufeau eft gros & obtus ; fes yeux grands & noirs , fes oreilles petites & pointues : il a des mouftaches longues & dures comme celles du chat ; à chaque pied de devant il a quatre doigts garnis d'ongles , & aux pieds de derrière trois feulement : tout fon corp eft couvert d'im poil brun , rude , court & affez épais ; il n'a point de queue ni de défenfes, & il a les pattes poflérieures palmées. M. de la Borde , Médecin , nous a dit que le cabiai a la tête du pak , le poil du padra , les pieds du caflor^ . Cet animal diffère encore du cochon , autant par le naturel & les mœurs , que par la conformation : il ne fouille pas la terre ; il le tient fouvent dans l'eau ^ oii il nage comme une loutre ; il y cherche de même fa proie , & vient manger fur le bord le poîffon qu'il prend & ikiiit av€C la gueule & les ongles ; il mange

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aufii des herbes aquatiques, des grains , des fruits , St fur-tout de la canne à fucre : comme fes pieds font longs & plats , il fe tient fouvent aflis fur ceux de derrière ; fon cri n'imite point le grognement du cochon , mais il reiTemble aflez au braiement de l'âne.

On les voit prefque toujours aller die compagnie ou deux à deux , mâle & femelle ; mais ils ne marchent que la nuit ; & comme ils courent m'ai , ils ne s'éloignent pas beaucoup du bord des rivières, oh ils fe précipitent tout de fuite au moindre danger, plongent & nagent entre deux eaux , & en fortent au loin , ou reftent quelquefois affez long - temps fous l'eau poiu" feire croire au Chaffeur qu'ils fe font jfauvés fans qu'il s'en foit apperçu. Quand on les tue dans l'eau , ils ne vont pas au fond comme les autres animaux; & comme les cabiais ne courent pas fur l'homme ni fur les chiens , on les attend volontiers en iilence fur le bord de l'eau , ou bien dans les endroits oîi l'eau eft baffe. .

La chair de cet animal eft graffe , blanche , tendre ,; & a plutôt le goût d'un affez mauvais poiffon; la hure eft la partie la meilleure , & qui approche le plus du goût de la viande*

Le cabiai eft d'un naturel tranquille & doux ; il ne fait ni mal ni querelle aux autres animaux : pris jeune , on Tapprivoife fans peine ; il vient à la voix , & fuit affez volontiers ceux qu'il connoît & qui l'ont bien traité. Dans l'état de nature , c'eft-à-dire , fauvage , il paroît farouche ; il fiiit les lieux habités par l'homme; il paroît , par le grand nombre de fes mamelles , que la femelle produit des petits en quantité ; mais nous ignorons le temps de la geftation , celui de l'accroiffe- ment , & par conféquent la durée de la vie de cet animal.

CABINET D'HISTOIRE NATURELLE, Mufaum Natum , fe dit d'un lieu oîi l'on met en évidence , fi( oii l'on réunit fous un ig^vX point de vue \^

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iSTCtfes prôduftions de la Nature* Foye\ à la fuiu de {"article Histoire Naturelle.

GABIONARA. Nom que Ton donne à la Guianc au cabiaL Voyez te rmH.

CABOCHE. Poiffon le plus commun qu'il y ait ilans la grande rivière de Siam , & dont les Nations voifines font giand cas« Les HoUandois en font de groffes provifions pour Batavia. Etant féehé au foleil , il leur tient lieu de jambon. Ce poiffon efl long d'un pied & demi , & gros de dix à douze pouces. Il a la tête un peu plate & prefque carrée : on en diftingu« de deux efpeces ; l'un gris & cendré , & l'autre noir, 4\vk eft le meilleur* Voye[ Hifi. genér. des Vqy^ Tome IX^

édit. în-^.'' , page 213*

CABOT ou Mulet ou Mullet. Voye^ à l* article Muge* A Tégard caiot de la Chine , V^yc^

SCHLOSSER.

CABOUILLE. C'eft le cabuja de quelques Indiens» Nom donné à Saint-Domingue à l'ALOès pitte. Voye^ ce mot.

»• CABRA. Nom qu'on donne en Portugal au chc^, vreuil. Voyez ce mot.

CABRE* Foye^^ à V article Negré,

CABRIL ou Chevreau , Hadus. On donne ce nom au jeune bouc ou petit mâle de la chèvre ; lorf« €|u'il n'a pas encore fix mois^ il efl: bon à manger; P'oyei au mot Bouc.

CABRILLET, Ehretia. Genre de plante à fleurs monopétalées , & qui comprend des arbres ou des ar- briffeaux exotiques , dont les feuilles font fimples & alternes ; la fleur en entonnoir , le calice campanule ; onq étamines ; le fruit baccifere y arrondi , & conte- nant quatre femences convexes d'im côté &: angu* leufes de l'autre.

Il y a : Le cabrillet à feuilles de thym , Ehretia tini^ fùlia y Linn. ; cet arbre fleurit en janvier ; il croît à la Jamaïque & .dans Tlfle de Cuba. Le eabrilkt épîneu^c^

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Ehretla fpînofa , Llnn ; cet arbrifleau croît eil Amc--^ rique , dans les bois des environs de Carthagene. Le cabrilla bâtard ^ Ehrctia bourreria , Linn. ; cette efpece en arbrifleau fe trouve aux Antilles. Le cabnUet à fruits fecs , Ehretia txfucca , Linn. ; cet arbrifleau fe trouve aux environs de Carthagene. Le cabrillet à longs pétioles^ Cordia pctioUua , H. R. ; cet arbriflleau eft originaire des Antilles ; on en trouve une variété dans les Indes Orientales & à PIfle de France. Le cabrillet à vrilles , Ehretia cirrhofa^ Maripafcandens , Aublet. Guian. ; cette efpece croît à la Guiane , fur le bord des rivières.

CABURE ou Caboure. Au Bréfil, on donne ce nom à un hibou qui s'apprivoife , joue avec les hommes comme un finge ; tes mouvemens , dit Marcgrave j ont quelque chofe de plaifant. Cet oifeau n'eft pas plus gros qu'une litome ; il a la tête ronde , le bec court & crochu , avec deux trous pour narines ; fes yeux font beaux., grands ; l'iris eit jaune te la prunelle noire : fous les yeux & à côté du bec il y a des poils longuets & bruns ; fur fa tête font des aigrettes de plumes ; fes jambes font courtes & entièrement cou^^ vertes , ainfi que les pieds , de plumes ou d'un duvet îaune ; quatre doigts armés d'ongles noirs & crochus ; fa queue de couleur brune , ondée de blanc en zig- irag , & large , & à l'origine de laquelle fe terminent {ts ailes : la poitrine & le bas du ventre font d'un gris-blanc marqué d'ombre pâle : le corps , le dos , les ailes & la queue font de couleur brune femi^- neufe , marquée ou diveriîfiée fur la tête & le cou de très-petites taches blanches , & fur les ailes , de grandes taches de cette même couleur : fa tête tourne fur fon cou comme fur un pivot, de façon qu'il porte & préfente facilement le bout de fon bec fur le milieu du dos. Il fe liourrit de chair crue & fait du bniit , une efpece de craquement , par le mouve- ment de fon bec. Il peut encore remuer les plumes gui font des deux côtes de fa tête ^ de manière qu'elles

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ts redf èffent , & préfentent de petites cornes ou des oreilles.

CACALIE , Cacalia. Nom d'un genre de plante à fleurs conjointes , de la divifion des FlofcuUujts , qui a beaucoup de rapports avec les tuffîlages & les fcneçons^ & qui comprend des herbes ou de petits arbriffeaux, dont les fleurs font difpofées en corymbe terminal ; le fruit coniifte en plufieurs femences oblongues , cou- ronnées d'une aigrette feflile , longue & velue.

Il y a les Cacalies à tige chamut & fnuefcente. Telles {ont : La cacalie papUlairt &c la cacalie antheuphorbc y d'Egypte ; celle â feuilles de laurcfe , des Canaries ; la cacalie ficoide , d'Afrique ; Tefpece rampante , du Cap de Bonne-Efpérance. On en confit quelquefois les feuilles & les lommités dans le vinaigre , pour les manger comme celles de la bacille. La cacalie à feuilles en coin , & celle à feuilles roncinies , du Cap de Bonne- Efpérance ; la cacalie fous-ligneufe , du Bréfil ; celle à feuilles cylindriques , d'Afrique ; la cacalie à feuilles de laurier^ du Mexique; \di cacalie à feuilles en cceur , &C celle à feuilles d*afcUpiade , de l'Amérique Méridio- nale ; la cacalie à longs pétioles appendiculés , des lieux aquatiques de Tlfle de TénérifFe.

On diftingue auffi les Cacalies à tige herbacée. Telles font : La cacalie porophylle , d'Amérique ; la cacalie à feuilles de Aiirrow; l'efpece blanchâtre , des Indes; la cacalie des Indes , particulièrement dite ; la cacalie à feuilles de verge ^ a or ^ du milieu & du Sud de la France ; celle à feuilles hajiées , de la Sibérie. ; la cacalie à feuilles fagittées ; celle a fuilles dUarrochc , du Canada & de la Virginie; la cacalie à feuilles de pétafîte , & l'efpece cotonneufe , des Alpes ; celle à feuilles d'alliaire , des Pyrénées & des montagnes du Dauphiné ; la cacalie bipinnée^ du Cap de Bonne- Efpérance.

M. Forskal fait mtntion de trois efpecesde cacalies ^ qui fe trouvent en Arabie : l'ime pendante ou à tiges

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penchées : celle dont les tiges féchées font odorantes^ & qui fervent dans le pays à faire des fumigations , particulièrement dans la petite vérole : la troiuenie eft â fmillîs de joubarbe ; arrachée de terre , elle ne fe defféche qu'après un temps tonfidérable.

CACAO ou Cacaoyer. C'eft im arbre propre au nouveau Continent , & qui croît naturellement fous diverfes contrées de la zone torride de TAmérique & particulièrement au Mexique , dans les Provinces de Nicaragua & de Guatimala , fur la Côte de Caraque. Il y en a des forêts entières fiu: les hauteurs d'Yapock^ dans la Guiane.

Le cacaoyer ou cacaotier ailtivé , Arbor cacavi oui cacavifera , Plukrt. , Hern, ; Theobroma cacao , Linn. C'eû un arbre de grandeur & de groffeur médiocres , x^\\^ varie un peu iuivant la nature des fols; ceux de la Côte de Caraque prennent plus de croiilànce que dans toutes les Ides Françoifes. L'écorce de fon tronc eft de couleiu* de cannelle, plus ou moins foncée^ fuivant l'âge de l'arbre ; fon bois eft poreux & fort léger ; fes rameaux font garnis de feuilles alternes y lancéolées , acuminées , très-entières , glabres , Mes ^ pendantes , nerveufes & veineufes en deffous , longues de huit à dix pouces, & larges d'envircm trois pouces èc demi ; elles font foutenues par (fes pétioles larges d'un pouce : aux feuilles qui tombent , il en fuccede d'autres , en forte que cet arbre n*en paroît jamais dépouillé : il eft auffi garni en tout temps , fur le tronc & fur les branches , d'une midtitude de fleiKS -en faifceaux, extrêmement petites & fans odeur; mais il en eft plus chargé vers les deux folftices ou'en toute autre faifon. Une grande quantité c^ ces fleurs coulent , & à peine fur mille y en a-t-11 dix qui nouent ; en forte que la terre qui eft au-deffous paroît tout» couverte de ces fleurs avortées ; plus la fleur eft petite , par rapport à l'arbre & au fruit , plus elle paroît fin- jgulîeit & digne d'attention. Ces fl^un font complètes;

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le caCce eft de dnq folioles lancéolées 9 pointues , pâles en dehors , rougeâtres en dedans , ouvertes & caduques; la corolle efi formée de cinq pétales feits en cuilleron & dentelés , jaunâtres , ou de couleur de chair fort pâle , tachetés de pourpre vers leur bafe : au centre eft un nutarium formé de cinq lames 9 auquel font attachées cinq étanûnes , dont chacune porte cinq ibmmets. Les fruits, parvenus à leur perfeftion , font de la groffeiu- & ont la figure d'un concombre , qui ferôit rouifâtre , pointu à fon fommet j & dont la furface feroit relevée comme nos melons par une dixaine de côtes peu faillantes. Ces fruits font fufpendus le long de la tige & des mères branches , & non point aux petites branches comme nos fruits d'Europe. Cette diipoiition des fruits n'eft point particulière à cet arbre ; elle lui eft commune avec le bilimbi , les caltbajjitrs ,' les abricotiers de Saint-Domingue , les papayers , & plufieurs autres arbres de l'Amérique.

On voit prefque toute l'année fur le cacaoyer des fruits de tout âge , qui mûriffent fucceffivement ; la capfule de ce fniit eft coriace & a environ deux à quatre lignes d'épaiflèur ; elle eft divifée intérieurement en cinq loges membraneufes , non perfiftantes , & rem- plie d^environ vingt, trente & trente -cinq femences ovoïdes , attachées à im placenta commun , & nichées dans une pulpe blanche , mucilagineufe & d'une aci- dité agréable , lorfque le fruit eft mûr : un morceau de cette pulpe , mis dans la bouche , étanche la foif , & rafraîchit agréablement , pourvu que l'on ne com-« prime point avec les dents la peau du cacao , qui eft très-amere.

Les femences ou amandes de cacao , Cacao , Cluf. Exot. 5 5 ; Amygdalis fîmilis Guadmalmjis , C. B. Pin, 441 , Inft. R. H. App. 660 , font affez femblables aux amandes vulgaires , mais plus grandes & plus groffes 9 arrondies, couvertes d\me pellicule feche & dure; lar fubilance de Tamande eft im peu violette y roufsâtre i

é\\n goût amer & légèrement acerbe , qui cependant n'eft pas dëfagréable. On en diitingite dans le commerce de deux fortes principales ; la première ^ qui eft la plus groffe , eu appelée gros cataqm ; & l'autre , cacao des IJles ou de Cayenne. Il eu à remarquer que le germe du cacao eu placé au gros bout de l'amande , au lieu que dans nos amandes Européennes il eft à l'autre bout.

On dit que plufieurs Nations de l'Amérique faifoient nfage de ces amandes comme de monnoie ; c'eft pour- quoi quelques*uns ont appelé ces amandes péamiaires. Aujourd'hui elles font la bafe du chocolats

M. Aublu fait mention du cacaoyer fauvage , dont la capTule du fruit n'a point de côtes , & du cacaoyer dont la capfule eft relevée à l'extérieur par cinq côtes. On trouva ces deux arbres dans la Guiane ; le premier croît dans les forêts ; & le fécond , dans les endroits ' 0iarécageux.

Plantation du Cacao.

Le tacao fait un objet aflez coniîdérable de comr snerce dans le nouveau Continent ; auffi apporte-t on beaucoup de foin à la culture des cacaoyers. A la Côte de Caraque on difpofe ces arbres à la diftance de douze à quinze pieds y afin qu'ils profitent mieux ; on a grande attention fur-tout de les mettre à l'abri des vents & ouragans , qui renverfent & quelquefois déracinent ces arbres , qui font à pivot & n'ont que quelques racines fuperfîcielles ; ils le pUifent dans les lieux plats & humides , au miliai des bois que l'on a brûlés pour défricher un emplacement Comme on ne fait venir ces arbres que de femences , on a foin de n^nager de l'ombre au jeune plant ; pour cet effet on plante du manihot (arbufte avec la racine duquel on fait la cajfave & la farine qui fert de pain à tous lesHabitans naturels de l'Atnérique. ^oy^^ Manihot); & c eft à l'ombre de ces arbuftes qu'on plante les limandes de cacao^ Lorfqu'au bout de neuf mois la

C A C çij'

Ipîantuîe a commencé à s'élever, on arrache le ma^ mhot & on replante , entre les rangées d'arbres , des giraumonts j des citrouilles^ des concombres y des choux caraïbes^ qui par leurs larges feuilles empêchent les herbes étrangères de croître. Au bout d'un an les cacaoyers ont environ quatre pieds de haut ; leur ma- nière de croître eft de former une tête en couronne ; fi l'on abandonne l'arbre î lui-même , il fe forme j)lufieurs ordres de couronnes, les unes au-deffus des autres ; mais elles ne font que nuire à la première , qui eft la principale / auffi a-t-on foin , eh cueillant le fruit, d'ébourgeonner les couronnes fuperflues. Nous ne faifons à ces arbres aucune forte de taille : les Efpagnols , dit-on , ont des arbres plus vigoureux & qid donnent de plus beaux fruits que les nôtres , par le foin qu'ils prennent de retrancher tout le bois mort. La nature eft fi riche dans ce pays , que per- fonne n'a encore tenté de faire fur le cacao ufage de la greffe , ce moyen fi merveilleux d'améliorer les frmts : il y a cependant lieu de penfer que les cacaos en feroient encore meilleurs. Les cacaoyers ne font dans leur plein rapport qu'à la quatrième ou cinquième année. Un bon terrain pour le plant d'une cacaotiers doit avoir au moins fix pieds, de profondeur.

Ricoltt du Ca c AO y & manière de le préparer pour pouvoir être confervé & trarr/porté en Europe.

Lorfqu'on juge que le cacao eft mûr , on envoie à» la récolte les Nègres les plus adroits , qid , avec petites gaules , font tomber les cabojjes ou cofTes mûres , prenant bien garde de toucher à celles qui ne le font point, non plus qu*aux fleurs. Dans les mois d'un grand rapport (Juin), on cueille tous les quinze jours : dans les faifons moins abondantes , on cueille de mois en mois ; on met tous ces fniits en tas pendant quatre joiu's ; ii les graines reftoient plus long- temps daiis leurs capfuks ^ ellçs germeroient ; au&

é4

^i« C A C

lorfqii'on a vovlu envoyer des graines de la Mardttî que aux Ifles voifines pour femer , a-t-on eu un foin extrême de ne commencer à cueillir que lorfque le bâtiment de tranfport ailoit mettre à la voile , & de les employer d*abord en arrivant : dès le cinqiûeme jour au matin on retire les amandes de dedans les coiTes ; on les met en tas fut un plancher couvert de grandes feuilles de balifier; on les recouvre de fem- blables feuilles qu'on affermit avec des planches , pour feîre éprouver au cacao une légère fermentation, ce qu'on nomme fiu- les lieux le faire reffuer. Les Nègres vont remuer ces tas de cacao foir & matin ; cette opération dure cinq jours : on reconnoît , à fa cou- leur roufle , qu'il a affez reffué ; plus le cacao reffue , plus il perd de fa pefanteur & de fon amertume; mais s'il ne reffue pas affez , il eft plus amer , fent le vert & germe quelquefois.

Lorfque le cacao a reffué , on le fait fécher au foleil fur des nattes faites de brins de rofeaux re- fendus , & affemblés avec des liens d'écorce de mahot. Voyez Mahot. Ce font ces graines de cacao ainfî préparées , qui font apportées en Europe , & vendues par les Epiciers qui les diftinguent , comme nous l'avons dit ci-deffus, en gros & tn petit caraque ^ ou gros & petit cacao des Ifles ; diflinâion faite moins d'après la différente préparation , que d'après le choix & la groffeur des amandes elles - mêmes ; car il n'exifle point réellement deux efpeces différentes d'arbres de cacao.

Le cacao de la Côte de Caraqiie eu plus onâueux & moins amer que celui de nos Mes ; on le préfère en Efpagne & en France à ce dernier ; mais en Allemagne & dans le Nord on efl d'un goût tout op- pofé. Il ne fauroit y avoir entre le caraque & le cacao des Ifles , des différences intrinfeques bien effentielles , puifque c'efl le même arbre qui croît audî naturel- lement dans \^^ bois de la Martinique ^ que dans ceux

C A C ^if

'ûi^ la Côte de Car aqiie ; qiie le climat de ces lîeiix eft prefque le même , & par conféqiient la température, des laifons égale. La différeoce des cacaos n'eft pas ^onfidérable , piiifqii'elle n'oblige qu'à augmenter ou diminuer la dofe du fucre pour tempérer le plus ou le moins d'amertume de ce fruit. Quant aux diffé- rences extérieures , peut-être ne viennent-elles que de la nature du fol & des foins de ceux qui les cultivent ; on dit cependant que le cac(io^araque a été terré fur les lieux pendant huit jours , c'eft-à-dire , que pendant qu'on l'a fait reffuer on l'a couvert de quelques pouces de terre : quelques-uns prétendent même qu'on le met dans ime folTe en terre creufée exprès; mais fi cela étoit , ne germeroit-il pas ? M. AubUt dit que pour conferver l'amande du cacao , lorfque le fruit eft dans fa parfaite maturité , l'on raffemble auprès d'une cuve la récolte qu'on en a faite \^ on coupe par le travers la capfule en deux portions pour en tirer toute la fubftance & les amandes qu'elle contient, qu'on verfe enfemble dan^ la cuve. Cette fubftance , en vingt- quatre heures , entre en fermentation , enfuite fe liquéfie & devient vineufe : on hiffe ces amandes dans cette liqueur jufqu'à ce que leur pellicule ait ' bruni ^ & qu'on reconnoiffe que leur germe foit mort ; "^ car la bonté du chocolat dépend en partie de la ma* turité du fruit & du degré de fermentation que l'amande a éprouvée par ce procédé. Les amandes fe féparént avec facilité de la fubftance qui les enveloppoit , & ' fechent bientôt ; la liqueur vineufe eft un peu acide , & bonne à boire : mife dans un alambic & diftillée , elle donne un efprit ardent y inflammable & d'un bon goût.

Le cacao de Caraque eft un peu plat , & reffemble aflfez , par fon volume & fa figure , à une de nos groflTes fèves; celui de Saint-Domingue, de la Jamaïque, de rifle Cuba , eft généralement plus gros que celui des Aptiiles» L'amande du cacao a l'avantage de ne fe

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point rancir ; c'eft , peut-être , le fruit le plus oléa* gineux que la Nature produife.

Les AÎnéricains, avant l'arrivée des Efpagnols & des Portugais, faifoient une licpeiu- avec le cacao délayé dans de l'eau chaude , afTaifonné avec le piment y coloré par le rocou , & mêlé avec une bouillie de mais pour en augmenter le volume : tout cela joint enfemble donnoit à cette compolition un air fi brut & im goCit fi fauvage , qu'un foldat Efpagnol difoit qu'il n'auroit jamais pu s'y accoutumer , fi le manque de vin ne l'avoit contraint à fe faire cette violence,

£our n'être pas toujoiu-s obligé à boire de l'eau pure, s appeloient cette liqueur chocolat , & nous lui avons confervé ce nom. Les Efpagnols , plus induftrieux que les Mexicains , cherchèrent à corriger le défagrément de cette liqueur , en ajoutant à la pâte du cacao divers aromates d'Orient, & plufieurs drogues du pays. De tous ces ingrédiens nous n'avons confervé que le fucre , la vanille & la cannelle.

Préparation & ufage du Chocolat.

On dépouille les amandes du cacao déjà mondées de leur écorce , par le feu ; on les pelé ; on les rôtit dans une bafiîne à feu modéré ; on les pile dans im mortier bien chaud ; plus communément on les écrafe avet un rouleau de fer fur une pierre peu épaifle, dont la furface eft courbe & creufe , & que l'on place fur un petit brafier; c'eft ainfi qu'on en forme une * pâte qu'on mêle avec prefque poids égal de fucre , & que l'on met toute chaude dans des moules de fer^ blanc dont la forme eft arbitraire ; quelquefois on l'é- tend fur un papier , oii elle fe fige & fe rend folide en très-peu de temps. Le chocolat ainfi préparé s'ap- pelle chocolat dtfantL Quelques perfonnes prétendent qu'il eft bon d'y mêler une légère quantité de vanille, qui en facilite la digeftion par fa vertu ftomachiqiie

& cordiale,

Lorfqu'on

C A C* yiçr

LoffquW veift un chocolat qui flafte les feris plus

agréablement , on y ajoute une poudre très-fine , faite

avec des gouffes de vanille & des bâtons de cannelle ,

piles & tamifés : on broie le tout de nouveau , & on

le met ou en tablettes du en moule ; ceux qui aiment

les odeurs ^ y ajoutent îïn peu d'efiènce d'amOTe. Lorf*

<jue le thoso/at tait fens vanille , la proportion dç-

la cannelle eft de deux drachmes par livre de cacao;

mais lorfqU'on emploie la vanille , il faut diminuer au

moins la moitié de Cette dofe de cannelle ; à Tégdrd de

la vanille , on en met une ou deux petites gouffes dansJ

«ne livre de cacao. Quelques Fabrieans de chocolat y

ajoutent du poivre & du gtjfïgembre*; mais les gens

fages doivent être attentifs à n'^n point tifèr qu'ils^

n'en fâchent la compofition.

Dans nos Illes Françoifes on fait des paîm de cdtaô pur fans addition ; & Idrfqu'on veut {wendrë duf €hi>colati on réduit ces tablettes en poudre > 6c ôh f ajoute plus ou moins de canftelle , de fucre ert poudré & de fleur cForange. Le chocolat ainfi préparé eft brun , d'un parfiim exquis & d'une grande* délicateffe ; quoique la vanille fcit très-commune au* ïfles , on n'y en fait point du tout d'uftge dans cette cônfediod.

L'ufage du chocolat ne mérite ni tout le bien ^ ta tout le mal qu'on en a dit ; il devient prefque indif-* férent par l'habitude : on ne voit point qu^il fàffe til OTand bien , ni grand mal aux Efpagnols , qpïi c'en font fait une telle nccefîité , que manquer de chocolat chei cux> c'eft être réduit au môme point de mifere que de manquer de f)aïiï chez nous. Le chocolat de fanti fait fans aromates , a Id propriété d'exciter l'ap'pétît de ceux qui ne font ptoiftt habitués à en prendre ; il foutient très-bien ceux qui ont l'habitude d'en prendre journellement le trtatin; Moins le cacao eft rôti , plus il nourrit Sd épaiflît les humeurs ; aU contraite ^ plus on le hrùle^ plus il excite l'effervefcence des humeurs lin corps , parce que fon huile devient plus atténuée Tom6 II. L 1

jjo C A C

par le feu. Le cliocolat fait avec du âicào peu rôti Sc très-peu d'aromates , eft très-falutaire à ceux qui font attaqués de phthiûe & de confomption.

On £dt avec les amandes de cacao , préparées à peu près comme les noix de Rouen, ime excellente connture, propre à fortifier Teftomac fans trop ré- chauffer. On retire du cacao une huile en confiflance de beurre , qu'on nomme heum de cacao , & dont on fe fert dans le befoin à Cayenne pour la cuifîne ; cette huile qui eft propre pour les rhumes de poitrine , même contre les poifons corrofifs , réimit à la vertu anodine des autres huiles l'avantage de ne point con- traâer d'odeur & de fécher promptément. Les Dames Efpagnoles en font ufage comme d'un bon cofmétique, qm rend la peau douce & polie fans qu'il y paroiflfe nen dte gras ni de luifant. Comme cette huile acquiert chez nous |^us de folidité qu'en Amérique , il faut néceffairement que nous la mêlions * avec Phuile de ben. Si l'on rappeloit jamais cet ancien ufa£e de l'antiquité , fi utile fur-tout pour les perfonnes âgées , de fe frotter d'huile pour donner de la foupleffe aux mufcles & les garantir des rhumatifmes , l'huile de cacao devroit obtenir la préférence : elle fe fécheroit promptément , & ne donneroit point de mauvaife odeur : ihconvéniens auxquels il faut vraifemblable- ment attribuer 1 anéantiffement d'un ufage fi autorifé" par l'expérience de toute l'antiquité. . CACAOTETL. Nom qu'on donne dans les Indes à ime pierre que Borelli appelle en latin Lapis continus India^ On prétend que u l'on vient à faire chaufier cette pierre dans le feu , elle fait ime explofion , un \in\\x, très-confidérable & femblable à un coup de tonnerre.

CACASTOL , il faut prononcer CaxcaxuHotL Nom Mexicain donné à un oifeau indiqué par Fcmandei. M. Briffon le regarde comme un cotinga^ & M. is

MontUiUard commç un ctoumcoui il eft varié i\m

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tout le corps de bleu & de noirâtre ; fa tête eft petite , le bec alongé , les yeux noirs , l'iris jaune ; fon chant eu défagréable ;'fa chair eft d'un mauvais goût.

Cacatin des Garipous. rqyei Poivrier des Nègres,

C AC ATOTOL ou C AT ATOL. Les Mexicains donnent le premier de ces noms à un petit oifeau de la grandeur du tarin; c'eft le tarin noir du Mcxigue , de M. Briffon r le deffous du corps eft blanc , le deffus eft yar^é de noirâtre & de fauve , ainfi que les ailes & la queue.

CACATOU ou CACATUA, Voye^ Kakatou.

CACHALOT. Pour la defcription de ce cétacée & de fes produits , Foy€[ à la fuiu du mot Baleine.

CÀCHICAME ou Cachicamo. Chez les Indiens de POrénoque , c'eft le tatou à neuf bandes. Voye^ à VarticU Armadille.

CACHIMENTIER. f^oyti à Vartich Corossolier^

CACHOLONG. C'eft ime efpece d'agathe blanche; de couleur d'opale , à peine demi-tranlparente , très- dure & très-compaâe , fuiieptible d'un affez beau poli ; on la prouve ifolée , comme la plupart des autres cmlloux , dans le pays des Calmouques , fur les bords de la rivière Caché ; & comme les habitans du pays donnent le nom de cliolong à toutes les pierres , on en a fait celui de cacholong. M. le Préfident Ogur^ ci-devant Ambafladeur de France auprès du Roi de Danemarck , a rapporté plufieurs beaux morceaux de cacholong qui avoient été trouvés en Mande & aux Ifles de Feroë.

CACHONDÉ. C'eft une pâte fort agréable au goût; & qui donne une bonne haleine. Elle eft compolee de cachou , de graines de bang^ , de calamûs , & d'une terre argileufe, farinacée , appelée mafquiqui ; quelque- fois on y mêle de la poudre de pierres précieufes, de l'ambre & du mufc. Zacutus fait im fi grand éloge de cette compofition, qu'il lui attribue les avantages de prolonger la vie & d éloigner la mort; enfin c'eft, felo{|

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53* C A Ç

lui ^ lin ?êmede vraino^nt royal. Les Malabares , les Chinois & lur-touties Japonois^ en mâchent toujours & en offrent à ceux qui Leur rendent milite , de même

3ue les Indiens & les Maures font à Tëgard du cachou &c u bcuL Voyez ces mots & celui de Terre DE MAsquiqui. CACHORRO DOMATO. Nom donné en Portugal ^xifarigucy cfpece cle didelphc\ Voyez à VarticU Didel-

. CACHOU y Catcchu^ & improprement terra Japoiuca; terre au Japon 5 feul nom fous lequel il a été long-temps connu dans le conmierce , parce que les Marchands trompés par la féchereite & la friabilité de cette fubf- tance , Pont pris pour vuie terre.

Le cachou efl: un fuc gommo-réfîheux., fait Se durci par art en mprçeaux grci[s comme un œuf de poule , de différentes couleurs & figures; opaque, communément d'un roux-noirâtre extérieurement, qœlquefois marbré de gris intérieurement ; il efl fans odeur , mais d'un goût afmngent, un peu amer .d'abord, enfuiteplus doux&: d'une faveur agréable d^iris ou de violette. lA plus pur le fond en entier dans la bouche & dans l'eau ;J[I s'enflamme , y&c brûle dansU feu. Les Nations qui le vendent y mêlent quelquefois du fable ou d'autres matières étrangères pour en augmenter le poids. On apporte le cachou des Moluques, du Malabar, de SuTate, du Pégu, 5c des autres Côtes des Indes^

Les fentimens avoient été long - temps partagés fiu: la nature du cachou. M. de JuJJiai a donné im Mémoire l)ien clrconftancié , imprimé parmi ceux de l'Académie pour Tannée 1710 > daûs lequel il démontre que le cachou n'eft autre çhofe qit'un extrait d'arec rendu foiide par évaporation. On donne proprement le nom ^arec pu areca à la femence ou noix qui fe trouve dans le fruit d'une efpece de palmier ^ qui croît fur les Côtes ma- ritimes des Indes Orientales, Palma cujus fruchisfeffilis , F AVFË.L dicitur^ Bauh, Pin^ ^rg; Areca palmûe fol'ùs ;

lïbreiife. Son troac eft haut éè trente à quarante pîeds, gros d^ln empan près de la racine , droit , nu , marqué dans toute fa longueur par des anneaux cirailairës qui font les cicatrices qu'ont laîffèes les ancienpes feuilles après leur chute; fon bois eft plus fibreux que cdiii du cocotier, fpongieux danç fa jèuneffe, enfuite tenace, dur & compaflfe , & auffi facile à fendte dans ia longueur, que 4ifficile à çoig)er eh travers. Son écorce ;€& n^erdâ- tre. Les branches feuilletés fortent du tronc en iàùtôir deux à deux ; elles enveloppent par leur J^aft le fômmçt du tronc , comme par une gaîne cylindrique & coriace ; elles forment par ce moyen une tète oblongiieàufoîrt- met : cette coufonne eft plus grofle que le tronc de P^fbrie même. Le pétiole de pes branches, fe fend Scft rbnlpf , & elles tombent fucceiÇvement l'une après loutre; Leiir côte eft crevife. Au haut du tronc il fort de chaque aîijyfe de feuille une capfule en forme de eatne , qui l'enfernje les tir .1 fl t>^ i ^ .

oii &

mince , îiflfe , d'abord d*unyert^^anchâftre , jauiie enfûite , & rfcouyré une chafîr fucculenteyWafftdie&'fibréuf qiie les Indiens mangent ^ nomrj^çxitpinangue* ï^rfqu^ ces fruits font deflec^és , leur écorce eft grifâtrç ou rjQiif- fltre, & leur firf^ftahcé eft une efpece de bourre fîl^- menteufe ,' molle , rouflajre , fans fy.c. Au centre de cette tourre eft une capfule qui contient wnt amande ou noix affez fçmbla'ble à celle de mufcaHe. Ce noyau , quand le fruit eft fec , fe fépare aîfémént de la pulpe fibreufe ; îl eft dur, difBcile à couper, de couleur rouge, pana- ché de veines rouflâfres pc griïBtres. Les Indiens don- nent le nom de koffoi ou chotool à cette amande féchéé. 6on goût un peu arom^tîqiie & aflringent , qui la rend propre pour l'eftomac , eft çaufe que les Ipdiens s'en prélentént d^ns lesvifites qirtls fe rendent. (Confultèz 'Hjslbigins & CUyer. ) Ils^ les coupent en riiorcèauj^, **■ ks préfentent fur des feuHfe àtiétei^ dans iefquelles

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ils les enveloppent après avoir recouvert la feuîtte d'une légère couche de chaux , pour conferver plus long-temps dans la bouche c<^tte faveiu- agréable. Quel- quefois ces peuples y mêlent du lycion Indien ou kaath , . & ils mâchent continutilement ce mélange ; qu'il foit dur ou qu^ll loit. ^ mou , il n'importe ; ils avalent leur falive teinte par ces ingrédiens, & rejettent le refte : leur boucKe paroît alors toute en fang & fait pear à voir ;. mais cetîe efpece d'agrément & de régal eu chez ^ipc ^n air de bienféance^ & comme Peffet de cette drogue rend à la longue les dents d'une couleur obfcure, les Indiens de diftindion, pour éviter l'air de mal-pro- preté, fe noirciffent tout-à-fait les dents. On dit que fi Ton mange léwtc encore vert, il caufe une efpece •d'iyreffe femblable à celle du vin, mais qu'on diffipe bientôt en prenant un peu de fel & d'eau fraîche.

D^qs l'Inde,. Qjî fait.le ç<z^Af>« en coupant les femences ^'aréca encore vertes .pfir.traxiches, & les faifant infiiier pendant long-temps, dans. une- eau chargée (dit Herbert dt Jagir^ de chaux de coquilles calcinées , qiû endiflbut la partie gomiporréfipeufe;, |^ q^^^ 1'^" rait évaporer cnluite en. cordlHlance dVxti:aiti Les Grands du pays & ,les riches ne le. contentent pas d'un tel cachou : pour le rendre plus .agréable & plus flatteiu* au goût, ils y meUnt du cardamome, du bois daloès, du mufc, de l'ambre & quelques autres aromates. Telle la com- poiîtion de ces paililles rondes ou plates , & de la •grofleur d'ime,. noix voraîque , que les HoUandois apportent de l'Inde en Europe, fous le nom de Siri^ ^gztagamèet;. ^.Tdle$ font aufli des paftilles noires qui ont différentes figures , tantôt rondes comme des pilules , tantôt comme des graines , des fteurs , des fruits , des mouches ^ des infeâes , &ç. que les Portugais font dans la ville de Goa, & quç les François méprifent à caufe de leur violente odeur aromatique. En Europe, & fur-tout ea France , on mêle le cachou avec du fucre , de l'ambre , & quelquefois un peu de cannellç ;

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•on fait une pâte de ce tout avec une diffotution de gomme adràgante, & l'on en forme des paftilles. Ce cackau donne à Phaleine une odeur agréable ; & par ion aflxiâion ^ il efl: falutaire dans les fluxions de gorge: il arrête les vomiSemens, les diarrhées , &: convient dans les dyflènteries : : il joint à .l''aftriftioû de l'hypocifte & de l'acacia, la douceur de régliffe & du fang - dragon , & réunit les vertus de ces <iifférens fucs ; il convient le matin à jeun , & aprèi le repas, pour faciliter la digeftion. Un gros de cette fiibftance jeté àzm unç. pinte d'eau , lui donne une couleur rougeâtre , une faveur .douce , un peu aftrinr gente , & en forme une boiflfon agréable pour ceu.:K: qui ont de la répugnance pour ,les tifanes , & propjpC; dans les dévoiemens , les.nevres bilieufes & ardentes 4I en un mot , le cachou efl: au rang des bonnes drogue$ qvu ont .le moios d'inçQnvéniens y quelque dofe, qu'oui, en.prennew . ' j . , , V

Maintenam il convient (fc rappoiler n»e obfervatîon de Bernard de Juffieus laquelle ie trouve conflgnéé dans la Pharmacopée, de Liile.y éàiU de ryyi, « C'jçflr » fur le témoignî^e de m. -^^/Xer/i, Chirurgien. Majo? ï> de Pondiehery ,. que. l'on avoit, avancé que le cachoff » étoit tiré du fruit du palmier i^eqm i m^is de^ ^ notions pl\is exaâes, fournies par yi^ Dupkiùf,^^ f> certifient que cettç fubftance efl;' une, fécule que l'OÇi » retire du fruit d'un arbre Indien , nommé cat-^cU; » & IVn croit que cet arbre eft un acack^ Acacia » mimofii eatechuy Linn« h^

CACONE. Voyez Uane acatoncy a l'article LiANET.

CACTIER ,. €aSfus^ Nom donné à un genre de pknt^ à fleurs polypétalées >. & qui comprend un graod nombre d'efpeces qui font natvirellôs à l'Amé- rique , & , prefque toutes y. des plantes épaifle$ ,. char* nues,, fucculentes ,1 munies d'aiguillons en- faifceaux,^^ la plupart dépourvues de feuilles, & tout-à-fait fiiigulieres 1^ leuc afgeâ i Î^î caUcQ de la fleur couronne l'ovaire j^,

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les pétales font notxibreux ^ diijpofiss en rofe 9 Se fiar pluueurs rangs ; les étaraines nonfihreufes ; le fruit ^ tine baie ovoid^-, ombiliquée à fbn fotmnët , à fupef* :£cie llfle ou chargée d'abrités , uniloculaire , & qui contient beaucoup de iemeaces difperfées dans une pulpe. On vah c^s plantes cultivées avec foin dans les lerres des Amateurs ; elles y (ont perftfiantes l'hiver.

CactïEKS nain^ & globidcu^ç OV^ mihmfoTmts.

^ Il y a : Le caSUt à mqmelôns ^ CaSui m^unmUlaris^ Linn. ; cette efpece , qui crpît dans TAmérique Méri- ^nale, paraii^tsTOchei^ ^ fo9me un fpbéroïde de la

goffeur ^M poing , fans côtelé remarquables , mais ^riflé de toutes |)arts de ipamelons coniques , nom- |}reux , & cotonneux , niotamment à leur fommet , qitî cft chargé de petites opines divergentes ; les fleiirs font petites 9 blanjphâlfe^ , & fcH^nt entre les mamelons ; les fniits font liffes & d'un pourpre-bleuâtre. Le caSier jglômérulé^ CaBus ghmeraius^ Linn.; il n^eil pas plus^os iqU*un œuf de poule , m^is il - vie)ît en grand nombre €nfemble , ^n jgroupe large & ferré; fes flewrs font ixHiges : f^lumiir . a ol^erye esOe çfpece à Sfidnt<» ï>omingue ,- Vers t^^ng Sacônâti^e , quartier éw Gul^ âe^Sac» Le ^^kr à côtes *dmtes^'^' virigairement mdon épineux , ^elocaSus InMa OcàtUnt^dis , Bàuhl Pin. 384, Toum. é 5 3 ; EcMno mtiôcaUus , Cluf. EiXôt. \ cette efpece crok dans l'Amérique Méridionale, aux Mes fous le vent ; on liu à dôrwjé le nom *de Utt d'Anglais : elle eft un peu plus groffe que la tête d^m homme 5 fefîîle } ètteai quater?te ou quinze côtes droites , régulières v profondes, & reffcmble à un melon dont les côtes ferbienC munies fin- leur dos d'une îangée de faifcéaux d*épines droites , divergentes , îen-p es d*ùn police,-^ rouges vers leur fommet; à afe de chaque faifcéau de piquaiis ^te troirvé comme un éçufibn d\m Aivet cotonneux j les fleurs font rouges ) & fortent du fomslet de la plante. Le caJam

ba:

C A C 537

couronné , CaSus ovaqis , pileo tomtntofo coronatus ,

yiginti angularis , de la Marck ; cette efpece eft haute

d'un pied , f^ite prefqUe en pain de fucré ; il y a vingt

côtes obliques ; elle eft couronnée- par une toque

coconneufe , blanchâtre , de trois pouces & demi de

diamètre , épaiffe , marquée d'un fillon en deffus ; les

faifceaux d'épines font difpofés fur le dos des côtes

comme dans le ca3ier a tous droites ; mais ces piquans

font moins longs , & la plupart un peu couraes : il

fort aiiffi de toutes parts de la toque , des paquets

foinules foqges, roides comme les crins d'une broffe,

fans être piquantes. Le càBitr rouge ^ CttSus nobMis\

Linn. ; cette efpeçe , qui croît à Saint-Domingue ,; dans

des lieux pierreux & maritimes , eft tout-à^rait rouge

à l'extérieur ; fes potes font obliques ou en fpîrale ;

& garnies de faifceaux longues épines blanchies , &

un peu courbées.^ '

C4ÇJJ^^^ droite , nffmblms in qu^quê firH à: 4^$

ffcrgef. , . ;

Il y a : Le caffier àfepp anghs ; il pft haut d'un à deu^C pieds, Le cjwKesr à qu'atrç angles ; il s'élève à la hau^ teur de dou:te à quinze pieds, Le cahier à cinq ^gUs\ &c articulé ; ip entre-ftœud^ font longs ^\in pied \ il eft rameux, droit, un peu grêle. I^ cactier à Jix angles i il eh a plus con^muriément huit ; il h^eft point ramèiix ,'; s'élève à une grande hauteur ; fij fteur eft blanche & foh fruit d'un hoir-pourpré : il croît A' Surinam & dan^ les Antilles , oi^ on le nopimè cicrgi épineux : il en vient un grand nombre * enfemble , qiir forment -en quelque forte ime petite forêt d'un afpeât très-firîgulier^ & hérrffée d'épines. Le c^ier .du Pérou ^^ Voyei Cierge IpjneXjx dvi Pérou. Le cafiier à côtes pnàées, CaBas iipanJusy%inn*; fcette efpece eft à huit côtes aplaties Çz ondéjes ; fon fruit eft jaune en dehors ^ avec des afpérités éparfes ^ d'un blanc de neige à l'in- tcrieiu" , Ôc contient beaucoup de femences. noires, h^

53« ^ C A C

€a3ia' lammx ^ deCmaçao; il eft piefipe à i»if ang^; il eft imim particulièrement, êntie ks épines de ion £nnniet , d'un duvet laineux , jaunâtre « & ^us loi^ que les qxines mêmes^ fon irait eft rouge en dehors^ & de la groffinuT d'une noix. Le caSier cotrninaix ; il a conifamment neuf angles ; ce n'eft peut-être qu'une variété du [nècédent. Le ca3ur à pétales âangés, CaSus fanbnatus. Le Père Pbaakr^ obfenré cette efpece à Saint- Domingue , dans les bois arides & parmi les rochers maritimes , vers le quartier nomme la Bande du Sud. Il en naît un grand nombre enfemble , & chaque in- dividu a une tige qui accpiieit la grofleui du genou de l'homme , & s'eleve à la hauteur de dix-huit à vîi^-quatre pieds ; fes côtes , gaonies d'épines , font au nombre de huit, quelquefois neuf & £x : le fommet de tige , qui a la ferme d^un cône épineux , porte de belles fleurs couleur de roiè : fon fruit eft tendre , prefque gros conune une orange, rouge , Çmt en dehors qu'au dedans, très-épineux , d'une iàveur acidulé ibrt agréable. Le caSUr à &nj< cotes andultcs^ de Saint- IXnningue, CaBus treSus ramofiis undedm angularis , Butm. Son tronc eft haut d'environ dix pieds , fur fix ou iept pouces de diamètre ; fon écorce eft gniatre , &fon corps ligneux a la dureté du chêne; il eft rameux au fommet : fes fleurs font blanches ; fes fruits font d'un rouge-brun ,' avec des tubercules verruqueux. Le eaSUrà tige cylindrique , du Pérou : fa tige n'a aucunes côtes ; elle eft réticulée en ia fuperfide par des iillons qui ^ en fe croiiant , ibrment des rhombes ou des lofanges. Le caSur à trois côtes ondUs , des environs de Carthagene , Ca3uspita/aya^lÂnn.j il acquiert quel- quefois la profteur d'im homme , & s'élève à la hau- teur de huit à douze pieds : fa fleur eft blanchâtre , & ne s'épanouit que le foir ; fon iruit a la figure & le volume d'un œuf de poule ; il eft naugeâtre en dehors ; fa pulpe eft blanche , douce & bonne à manger. H ]r en a une variété qui eft ^ameufe ^ & que Pùunicr ^

C A C 539

^bfervée à Saint-Domingue , vers le Port de Paix, près du chemin qui conduit de ce quartier au Moujlique. Le caBier paniçuU ; cette efpece , qui croît à Saint* Doniinjgue , dans les lieux incultes , vers le quartier nomme Cul-dc-Sac , efl: de la grandeur du précédent ; mais fa tige efl: à trois côtes , & foutient à ion fommet des rameaux à quatre côtes , articulés les uns fur les autres , & difpofés en un panicule ample & difFus ^ ces côtes ou angles font ondulés , prefque crénelés. Le caS'ur divergent ; il trouve à Saint-Domingue-, près de Léogâne : fon tronc efl: un peu pliis gros que jambe de l'homme , haut de trois ou quatre pieds , . affez dur , à cannelures droites & nombreufes , & affreufement hérifle d'épines très-aiguës. ; ë donne naiflance à des rameaux , fur lefquels il en vient d'autres , & qui tous font fitués en divers fens : fés fruits font d^un jaune d'or, à tuberailes vemiqueux; la pulpe efl: blanche & douceâtre.

CactieRS rampons ou grirhphHs , 6* dont les tiges

pouffent des racines latérales.

Il y^a : Le ^^/?/Và grandeis flei^rs, Caçlus grandijkfrus-jy Linn. ;66S ; cette efpece crQÎt àjia ^era-Cnrx , à la Jamaïque., 8c félon Pltmmr^ dans les bois à Saint- Domingue : . fes fleurs font latérales , ont fix fept pouces de diamètre, blanc;^es, d'une odeur aàpiirable.; chaque foir il s'épanouit une .feule fleur; elle, dure pendant toute la nuif, & fe .ferme au. lever foleil pour ne plus s'épanouir de nouveau; ik% tiges font cylindriques , à cinq ou iîx côtes peu faillant^s. Le /:tfS/Vr queue de louris ou à tiges de fouet, Caclus flagel-r /i/omiis y Linn. ; ùs tiges opt quelquefois dix angles; les fleurs font d'un rouge vîf , & quoique plus petites &c moins odorantes , elles font plus éclatantes , beau- coup plus AiraSles , &c parôlflfent en grand nombre k la fois. Le caSier parafité , CaSus parafîticus , Linn. ; cette efpece, qui croît d^s les bois à Saint-Domingue >

J40 C A C

aies tîges grêles^ cylindriques, ftriées , articulées i ramcufes & pendîtes du tronc (les grands arbres ; ce caSier perd fes épines en yieiUiffant. Le ca^r à tiges compofées d'articulations triangulaires, CaBus triangularis , Linn. ; cette efpece croît dgns les Antilles , à la Jamaïque, d^ns laGuiane &: au Bréfil; les Habitans des Baib^des la cultivent autour de leurs maifons par amour pour fon fruit , qui eft de 1^ forme & grofleur d'un œuf d'oie , rouecâtre tant en dehors qvi*au qedans, & d'une faveur acidulé fort agréqble : ce fruit eft le meilleur de tous ceux que pj-oduifent* les caSiers ; les fleurs de celui-ci font grandes , blanches ; fes tiges grimpent fur les arbres , àu:ïcquels eîleç s'attachent par ces racîîie^ qu'elles pou|fent latéralement.

Çaçtjsrs ç^mprfis dWf^^^hnJi qui r^aiffe^B ar^rm-

Ttmtm k^ mfs fur fiM^s , iS- fmj orfUnwmmt^

aplatUs ou comprimée 4^ 4s^. ÇQ^k*

Il y a : c^/çr oiQpîljifonne , Ç^Sia^ mQnWfqrms , Linn. ; cette efp^Sftç croît à Sftint-Poijajngue , parmi des rochers voifiRS de la mer , dans quartier nonuné la , Bande du Sud X de fa facinfe , qui èft prefque ligneufe , ranieufe & j-ou^tré , naît d^abord un globe épineux , gros cpmmç une noix verjte ; ce globule bientôt ^près donne tiaiffance à deux autres qui lui Teffembleht, & cextx-ci'to produHent d^tres fuccef- fivémént' ; de manière qiiè toute la planté, dit M. ia Aîarck , forme un amaç de globules diffus , étalés au laï-ge fur la terre , & âffreuftment fiériffé d'épines ; les fleurs font roygçs , ain|i que les fh^its , dont la chair eft blanche ^ atïdule & agré^Ie. Le. caSier en raquette , CaSus opuntik , Linn. ; Upuntia vid^b herbano- rum , Bauh. Hift, i , pag: 1 54 j, Tourn. 239 ; vulgaire- ment la raquttu , * le JftQuier 4* Inde , la cardajfc. Ce caclUr fournit un affç^ grand nombre de variétés, tjai crdiffent parmi ' les. rochers dans- rAméricue Mériéonale , fur la Côte de Barbarie, en Italie , eu

C A O j4i

Ëfpagne , jk même en SuifTe ; Mt de la Marek en a même obfervé autour de Monaco. Les variétés diffé- rent entre^ elles par grandeur & la forme des arti* culations y par ta longueur & la couleur des épines ou piquans. C'eft une efpece d^arbriffeau qui s'élève juf* qu'à iix ou huit pieds de hauteur 9 & qui dans f^ vieilleffe eft porté fur un tronc court > ligneux & grifâtre : il eft entièrement coilipofé d'articulations ovales ^ oblongue^ ^ comprimées , loiiguês d'un pied »

Elus ou moins ^ épaiffes d'iul pouce , charnues , à ords arrondis 5 vertes, fermes, qui naiffent toute» les unes fur les autres , uii peu obliquement , forment des ramifications & reffemblent en quelque forte à de^ raquettes: on peut regarder ccttnme les véritables feuille* de la plante , ces petites folioles lancéolées , vertes ^ qui viennent fur les articulations naiâàntes , aux endroits oii les épines croiitent par, la fuite; une haie de ces caSUrs figuiers étlnde $ feroit une barrière impé^ nétrable aux quadrupèdes : les fleurs font jaunâtres , à dix pétales ou environ -, & leîirs étamines , quî font nombreufes , ont un mouvement particulier de (Jôntraâion (leurs filets fe couchent tous circulai- rement les vms fur les autres) lorfqu'on les touche avant qu'elles aient répandu leur pouflîere fécondante ; (un monveitient femblable û été obfervé par M. de JuQieu dans les étaniines de Vhilianïheme ). Le fruit a prefque la forme d'une %uej il eft ordinairement rougeâtre, & rend l'urine de ceux qui en mangent rouge comme du fang , quoiquHl ne leur caufe aucutx mal. Les parties charnues de cette plante font eftimées anodines & rafraîchiifantes. Le caHUr à cochenille^ du Mexique, Voye[ Opuntia. Le caSicr deClJle de Curaçao; les artiaJations font prefque cylindriques y & Haifîent auffi ^es unes au bout des autres ^ mais elles forment des ramificatioils trop foibles pour fe tenir droites faris appui ; les plquans font blancs. Le caSier cruci^

j^rmc I vu^airetsent la i^rwa Lorrains 2 ^^^^

54* C A C

fpinoffimm , Hoit. Reg. ; cette efpece eft très-remar^ quable : elle s'élève à la hauteur de trois à cinq pieds mr ime tige comprimée ^ non cannelée , ni anguleufe, infiniment épineuie & un peu foible ; vers Ton fommet naifTent des articulations oblongues , très-comprimées , rétiailées en leur fuperficie , hérifTées d*épines & dif- pofées prefque ea manière de croix, c'eft-à-dire, for- mant les unes avec les autres des angles^ à peu près droits : chaque fàifceau d'épines en of&e de deux fortes ; en effet, les épines inférieures font longues, jaunâtres, très-minces & divergentes ; les fupérieures font courtes & ramaffées en paquet droit comme les poils d'un pinceau. Le caâier à feuilles de fcolopendre , CaBus phyllanthus ^ Linn. ; Nopalxock-cue^aldcqui^i ^ Hemand* Mex. ^91 ; cette efpece eft compofée d'articulations / affez longues , enfiformes , très-aplaties , larges d'eiH virôn deux . pouces , un peu fermes , & bordées de graildes crénelures ; ces articulations , qui fe ramifient , ont une nervure affez groffe & cylindrique qui les traverfe longitudinalement : les fleurs font blanchâtres ; le fruit eft à huit côtes faillantes & à tubercules écail- leux , il eft d'un rouge vif à l'extérieur ; fa pulpe eft noire & blanchâtre.

Cactiers garnis de véritables feuilles.

Il y à : Le caciier à fruits feuilles , CaBus pereskia ; Linn.; cette efpece , qui croît dans les Antilles & à la Jamaïgue , eft un arbrlffeau toujours vert , dont la tige eft toujours hériffée inférieurement d'épines lon- gues , roides & en feifceaux : il pouffe de longs rameaux cylindriques , plians , farmenteux , pleins de moelle , à écorce verte , & munis à leurs nœuds d'aiguillons géminés , courbés en bas ; les fisuilles font alternes , ovalaires, liffes, vertes , un peu fucculttites , &^de la grandeur de celles du pourpier : les fleurs font blan- ches , très-odorantes ; les fruits font globuleux ^ feuilles , d'un blaoc-^jaunâtre , gros ccmunç mie avoUne , & d'iu^

tronc eft de la groffeur de la cuiffe , & a le boii pâle & folide ; l'ecorce eft noirâtre ; les branches fom

C A e CAD (45

adclîté très-agréable. Le caSUr à feuilles de pourpier, CaSus portulacifolius y Linn.; cette efpece, obfervée par Plumier ààtïs des lieux incultes , nommés le fonds du Parijim , à Saint-Domingue , eft Un petit arbre qid acquiert l'étendue de nos pommiers ordinaires : fon

bois font étalées , garnies de faifceaux d'épines noirâtres ; les jeunes rameaux font garnis de feuilles alternes , cunéi^* foitnes y de la grandeur & confiftance de celles du pourpier ; elles ont à leur bafe une épine folitaire & longue : les fleurs font purpurines & terminales ; les fruits font globuleux , gros comme une pomme médiocre , verdâtres & ombiliqués ; la pulpe eft blanchâtre.

CACTONITE, CaJâonius. Nom que les Anciens ont quelquefois donné à la farde jaunâtre , pierre demi-précieufe , connue fous le nom vulgaire de cor-^ naliru. Voyez ce mot.

CACUIEN. Nom donné par Tïisvet au Sakiy finge de la famille des Sagouins , & le plus grand de tous» f^oye[ Saki.

CADAVRE , Cadaver^ C'eft ainfi qu'on appelle le corps d'un homme mort. Le cadavre diffère de la carcaffe , qui n'eft , à proprement parler , que le fquc^ Uttc de l'animal. Voye^ Squelette à C article Os.

Il feroit à fouhaiter , pour l'inAruftion de l'art de guérir y qu'un mort , avant de jouir de {ts obfeques , fïit ouvert par un Anatomifte ; chaque famille en iatisfaifant à fa curiofité particulière , produiroit par-» un avantage réel à la fociété. La confervation des hommes & le progrès de l'art de les guérir, ainfi qu'il eft dit dans vEncyclopédie , font des objets fi importans , que dans une fociété aufti policée que la nôtre , il devroit y avoif ime loi qui défendît l'inhu-» mation d'un corps avant qu'il fut réellement mort , &Ct siymt foiji Quv^ure. QueUe fovile de conaoii^aççjl

144 CAD

iracquerroit'-on pas pat ce moyen ? Combieii de {Phé- nomènes qu*on ne foupçonne pas & qu'on ignotera tonjours , parce qu'il n y a que U difleâion fréquente des cadavres cjui puiffe les faire appetcevoîr ! Pour moi, j'hniterois volontiers Saint François de Salis y &l tant d'autres qui étant malades ^ ou à la veilk d'être chafiés des régions de vie & de lumière , ont voulu l^ier leur corps par teflament à l'amphithéâtre de la Faculfe de Médecine.

On trouve , â f article Momie , les moyens de pré- ferver les cadavres de la corruption.

CADE, Junipems major ^ haua rufifceHte. C'eft une efpece de grand eenévrier^ très -commun en Langue- doc ^ qui dimngue des autres par fa hauteur & par la groflTeiu: de fes fruits roiiflâtres , & dont le goût moins fort ) on retire d^ ion bois, pair la cornue, une huile fétide , tedrahtùn , dont On fe fert en Mé- decine pour déterger. Celle dont les Maréchaux fe fervent pour la gale des chevaux , eft une forte de réfine tirée des vieux pins dans le Nord , lofiiju'on les bride pour en obtenir d'autres produits , que rto\is décrirons à l'hiftoire des pins terébenthiniers. Voyez à VarticU CÉDRIA 6-. à celui de GENEVRIER.

CADITES* Nom donné aux vertèbres des étoiles de mer arbrëufes; elles font en forme de petits barils/ & fofTiles.

CADMIE FOSSILE ou NatureIlé , Cadmia fof jîlis. Nom que l'on donne à la calamine ou purre calaminaire , efpece de minéral qui contient du zinc, du fer , &c. Voyei Calamine 6* Zinc.

Le mot cadmie a quantité d'autres figniiications* Chez les Artiftes , on définie , par cette expreffion , une efpece de fuie ou de mblimation métallique qiii 9'attache au haut & aux parois des fourneaux des Fondeurs en bronze , &c. Efautres difent qufe le mot cadmie vient de Cadmus , ce célèbre Fondeur Phéni- cien y qui ûrouya le premier Fart fpndre en grand ,

de

; CAD C A F y4j

àç purifier, d*âllier & de jeter en màule les métaux, & que Texcellençe de fon art fit appeler eh Grèce pour y travailler le bronze ; opération dans laquelle il entre du zinc , lequel fe fiiblime en partie & en manière d'incniftation contre les parois intérieures de$ fourneaux. Telle eft la tutie , appelée par excellence , cadmie des fourneaux , Cadmia fomacum ^ & qui a la même propriété que la cadmie foffile , pour convertir le cuivre rouge en laiton. Foye^ Cuivre.

Le nom de cadmU a encore été donné à plufieurs fubftances bien différentes entre elles , telles que Tar- fenic , le cobalt , le hutten-nicht , &c. Les Grecs , les Arabes & les Latins ont jeté beaucoup de confufion fur cette matière. Confulu^ notre Minéralogie^ Tome IL

CADOREUX , en Picardie , eft le chardonneret.

CADRAN. Nom donné , par les Amateiu-s , à une coquille du genre des Limaçons à bouche aplatie , &c qui fe trouve dans les Indes. Sa ftruâure offre , à fa plus grande furface , plufieurs plans , en manière de cadrans , mais dont les diamètres diminuent progrefiivement en gagnant Pœil de la volute

CAFÉ. C'eft le nom que l'on donne aujourd'hui par-tout à la graine du fruit d'im arbre qui s'appelle cafor ou cafeyer. Selon quelques-^uns , fonan^ogie avec |e jafmin lui a fait mériter , à jufte titre , le nom de Jafminum Arahicum. Selon M. de la Marck^ le cafeyen eft de la famille des Rubiacies , Voyez c< mot. Voici les différentes phrafes des Botaniftes qui ont défigné le cafier : Bon officinarum laurifolium ; Bon , Profp. Alp. iEgypt. C. XVI , pag. 16 ; Bon vel Ban ^arhor ^ J, B^ L. IV , p. 421 ; item Buna , Bunnu & Bunckos ejufdem f ibid. p. 421 ; Evonymo Jîm'dis jEgyptiaca ^ fruBu baccis làuri fimili^ B. Pin. 428 ; Jafminum (^fed perperàm ) Arabicum , lauri folio , cujus femea apuii nos café dicitur^ Au. .Acad. Reg. Se. Parif. ann; 171 3; Jafminum Ara- bicum > cajlanea folio , flore albo odoratifpjno , cujus. fruBus coFFY inofficinisdicuntur^ Boerh.Ind. PI. Edi,t. 2^ Tome 11. M)R)i

f4é C A T

part. i,p. 117 j^Commel. PLUf. 71; Ci^aaJraBud% Linn. Cet arbre croît en abondance dans l*Arabie Heu- feufe , & principalement au Royamne dTfeinen, ver^ le canton d'Aden & de Nfoka. Oeû dan» un excellent Mémoire -de M. de Juffieu , que l*0!i apprend plus grande partie de ce que nous allons dire du ^cafi. Ce Mémoire eft inféré dans ceux de rAcademie, année 1 71 J* L'Europe , dit M, de JuJ^tu , a Tobligation de la cul- ture de cet arbre aux ibîns des HoUandois y qui , de Moka , l'ont porté à Batavia , & de Batavia au Jardin d'Amâerdam. La France en eft redevable au zefe de M. dt Reffon , qui fe priva , en faveur du Jai^din du Roi^ d'un jeune pied de cet arbre qu'il avoit feit venir de Hollande. Lorfque M. de Juj^eu en donna la defcrip* tion dans fon Mémoire y il n avoit alors que cinq pieds ^ & étoit de la groflfeur du pouce* Le c^r ne mbfifte guère, dans les ferres chaudes , que £x ou douze ans; au bout de ce temps , il peut avoir deux pouces de diamètre , & être hattt de huit ou neuf pieds , ainâ qu'on peut le voir dans tes ferres du Jardin du Roi* Cet arbre ou arbriffeau croît aflfez vite ;- fa racine eft pivotante , peu ^reufe & rouflâtre : fon tronc j)orte des branches fonplês , cylindriques , couvertes d'une écorce qui fe gerce en fe defféchant ^ Tépiderme cft blanchâtre; l'enveloppe cellulaire d'un vert léger ^ un peu amer ; les branches font oppofées deux à deux y de manière qu\me paire croife l'autre. Le bois eft fort tendre daris les jeunes branches , aftèz dur dans les anciennes; fcs feuilles font fimples , entières-, oppofées par paires , & rangées de manière qu'une paire croife l'autre paire , corrime d^w les branches ; elle^ font tou- jours vertes, liffes & lùifantes en deffus, pâles en deffous ', fans dentelure , pointues aux deux extré- mités f rabattues en dehors y longues de quatre à cinq pouces , & larges d'environ deux pouces ; elles n'ont aucun goût partictrlier ; elles font portées fur des pédi- cules affez courts qxii font gonfles vers leur naiflance j

C À F , 547

ttiie côte faitlante en deflbus les diyife en- deux parties égales : fes fleurs fortent des aiffelles des feuilles au nombre de quatre ou cinq , foutenues chacune par un petit pédicule; elles font blanches , peu odorantes, quel* quefbis d'un rouge pâle ^ complètes , régulières , mono- pétales , c'eft-à*dire , d'une feule pièce , en forme d'en- tonnoir , partagées le plus fouvent en cinq décou^ pures y comme le jafmin d'Efpagne , hermaphrodites ^ & portant fur l'ovaire quatre ou cinq étamines., dont les filets font blancs , cylindriques , & les anthères jaunes : la partie poftérieure de la fleur eft un tuyau ^ & l'antérieure une efpece de pavillon découpé en étoile : la tête de l'ovaire , de laquelle part une trompe fourchue qui enfile la fleur , eu relevée d'autant pointes que cette fleur a de découpures ; ces pointes forment un calice verdâtre , en façon de couronne antique , dans laquelle s'articule le bas bout du tuyau de la fleur : enfin , le pifl:iî ou l'ovaire devient un fruit comme baccifere , mou , rond ou oblong , partagé in- térieurement en deux loges par un placenta poie ei^ médiaftin ; chaque loge contient une femence t le fruit eft vert d'abord , enfiiite rouge , & enfin d'un rouge* bnm ou d'ime couleur tannée , lorfqu'il efl: dans fa parfaite maturité , de la grofleur d'un bigarreau ^ ayant à fon extrémité une efpece d'ombilic ; la queue de ce fruit n'a guère que fix lignes de longueur : la chair de cette baie eft mucilagineufe , pâle , d'un goût dou- ceâtre aflez agréable , d'une odeur aromatique ; elle fert , ainfi que nous l'avons dit , d'enveloppe commune à deux coques (ou tuniques , ou loges ) minces , ovales , étroitement unies par l'endroit elles fe joignent , & qui contienhent chacune une demi-feve ou femence , liflTe , d'une nature cornée ou cartilagineufe , d'un vert pâle ou jaunâtre , ovale , convexe fur le dos , plate du côté oppofé qui eft le ventre, & creufée de ce même côte , & dans fa longueur , d'un fillon affez profond. On donne à ce fruit entier & defléché,

Mm 2

54»^ C A F

le nom de café m coque ; & l'on appelle café mondé j les femences dépouillées de leurs enveloppas propre» & communes. On fépare la pulpe qui environne la graine , en faifant paffer le fruit entre deux râpes cylindriques , que "l'on fait tourner dans un fens con- traire ; éc l'on détache le grmn de fon enveloppe , ou parchemin bien defleché, par le moyen d*un moulin à gros rouleaux , garnis de lames de fer y &c. , ou d'un pilon dans un mortier ; Taftion du Vanneur ou d un ventilàteiu" chaffe les dépouilles qui font les coquet. C'eft ce grain fi connu fous le nom de café^ & dont les feuls Habitans d'Yemen , qui Fourniffent le cafi Moka y débitent tous les ans pour plufieurs millions.

Le café Moka a une couleur jaunâtre , & une bonne odeur. Ce font des navires qid nous l'apportent du Port d'Ormus. Il eft plus gros que celui qui nous, vient du Caire par les caravanes de la Mecque ^ & dont le grain ^ eft petit, jaupe-verdâtre , meilleur au goût & a conferver. Celui de Bourbon ou de Mafia- reigne eft d'un jaune-blanchâtre , àlongé & inodore ; coîui de Java eft im peu jaunâtre ; mais celui des IJhs eft verdâtre , & a l'odeur & le goût un peu herbacés ^ fiu-tout lorfqu'il eft nouveau. Le meilleur c^e de la Martinique ïe récolte aux Anfes d'Arlet.

L'arbre du café eft toujours vert ; il croît dans fon pays natal ^ & même à Batavia , jufqu'à la hauteur de vingt , à vingt-cinq pieds; on en a vu de trente à quarante pieds ; mais le diamètre de fon tronc n'ex- cède pas quatre à cina pouces. On en recueille à la main deux ou trois fois Paiinée des fruits mûrs qiie Ton fait fécher pour en avoir la graine , & que l'on retire de la coque en la battant avec un pilon de bois dans un mortier fait en entonnoir. On nétoie la graine de la coque , la poufTiere ou la pellicule , par le moyen d'un van. Nous l'avons dit; on préfume bien que l'induftrie a inventé divers autres moyens poiu- né- toyer entièrement le grain du café , pour le rendr«

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marchand. On volt fur cet arbre , en toutes les fai- - fbns, des fruits & prefqiie toujours des fleurs. Les vieux pieds donnent moins de fruit que les jeunes , qui en donnent dès la troifieme ou quatrième année ^ de leur accroiflement. La femence du café ne germe point , ainfi que plufieiu-s autres femences des plantes , à moins d'être mile en terre toute récente & garnie de ia pulpe ; pour lors on la voit lever douze à quinze jours après : 41 fort de terre ime petite tige très-délicate , qui porte au fommetles deux lobes de la fève , & qui fe divife, peu de temps après, en deux feuilles oppofées; la tige poufle de fon centre en grandiffant deux autres feuilles , & ainfi de fuite. Ce fait , dit M. Je Jujffieu , juiftifie les Habitans du pays fe ailtive le café , de la ma- lice qu'on leur a imputée de tremper dans Peau bouil- lante , ou de faire fécher au feu celui quHlf débitent aux Etrangers , dans la crainte que , venant à élever comme eux cette planté , ils ne perdiffent un revenu des plus confidérables {a).

L'ufage du café , avant le feizieme fîecle y n'étôit

(a) Nous dérons dire ici qu'en 1779 , dans les premiers jours d^Ôârobre » un Seigneur ëtant à la table de S. A. S. Mgr. le Prince de Condé y rapporta avoir vu germer & pouffer des feuilles , à des grains de csfé Moka , dans de l'eau bouillante , entretenue en cet état pendant un quart d'heure. S. A. S. m^invita d'en faire l'expérience en la préfence : douze grains de café Moka mondé fiirent plonges dans Teaix bouillante fur un réchaud à fefprit de vin : au bout de quinze minutes , quatre grains offrirent chacun par un haut une efpece de germe lon^ d'environ une ligne ; en vingt minutes, Cix. grains parurent gsrmis; ert trente minutes, ces fix germes s'atongerent jufqu*à environ une ligner demie, dont deux étaient terminés par un petit bouton : les autres grains ne germèrent pas. Je ne diftinguai aucunement de feuilles ; l'eau continuant de bouillir fît que les grains, à force de fe heurter « perdirent leurs germes; ils s*en. détachèrent. Ces apparences de germes ne m'ont rien offert qui pût être carS^érifé^ pas même à la loupe. Depuis co temps , j'ai répété l'expérience comme ci-déffus , c'eft-à-dire, par la chaleur d'un réchaud h l'efprit de vin y ainft que par les charbons allumés , même par la fimple infufion dans l'eau bouillante & dans l'eau froide. J'ai cru reconnoître que l'expérience par le moyen, d'ua réchaud à l'efprit de vin , eft plus prompte , plus efficace , plus abon-*- dante. La feule a^ion de la chaleur pourroit donc rendre vffible l'em- bryon plufieurs jours avant le temps ou on le diftingue, lorfqu'il ne. £â 4d^Tek>ppe^ que par l«s feules forces de U nature.

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{)refque point connu. L'Arabie étoît autrefois le ferf ieu d'où il en vînt. On l'a tranfporté & cultivé avec fuccès dans diverfes Colonies appartenantes aux Eu- ropéens , telles que celles de Surinam & de Java. Nous ne pourrions fans ingratitude omettre de parler du zélé Citoyen qui a fait paffer le cajitr dans nos Mes. L'État, le Commerce & les Américains en ont l'obligation à M. Declicux , qui l'apporta de France à la Martinique. L'eau uouce du vaiffeau dans lequel il paffoit , deve^ nant rare , & n'étant diftribuée à, chacun qu'avec me- fure , ( parce que le paflage fut long & pénible , ) ce digne Citoyen fut fouvenj obligé de partager avec quelques-uns de ces arbuftes qu'on avoit dépofés & multipliés dans le Jardin du Roi , la portion qu'on lui donnoit pour fa boifTon , afin de conferver le pré* cieux dépôt dont il s'étoit chargé.

On efl quelquefois furpris aux Ifles de voir dépérir un beau cafier & même une caféterie entière en peu de temps ; cela efl fouvent occafioné par un infeÔe ap- pelé mouche a cafi : cette mouche , extrêmement longue, porte à fa tête deux fcies avec lesquelles elle entaille ces arbres jiîfqu au vif. Quelquefois les pucerons blancs attaquent auffi le cafier ; alors il faut planter des ananas entre ces arbres , parce que ces infeâes préfèrent de fe gorger du fuc acide de ce fruit qui les tue , ou les lempêche de pulluler. Il paroît que les terrains mon- tucux & bien acres , conviennent au cafier^ parce que la pluie , qui eft néceffaire à cet arbre , tombe plus fréquemment dans ces endroits ; on afTure que l'expo- fition au couchant eft plus favorable à cet arbre , que celle du levant. Les graines qui tombent du cafier^ germent dans la terre , & fournirent naturellement du plant ; il fufEt que la terre foit meuble & profonde , car la racine du cafeyn -^^ pivotante & nullement traçante ; au relie , le café ne s'élève pas fi haut dans nos Ifles , qii^ dans fon pays natal. Dans les cafiterUs^ en fait des lignés droites, en quinconce i & avec wa

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îotidict on la houe , on fait des trons Je douze à dix- huit pouces de profondeur ^ à la diftance d'environ huit pieds ; on y plante alors les petits caficrs bien alignés^ lefquels rapportent bien à la troiiieme ou quatrième année de tranfplantation. On récolte deux fois par an le café à Saint-Domingue : la récolte du moi$ de Septembre eft la plus abondante.

On préfume bien que «le cafi nous étant apporté de différentes Contrées , il ne peut pas , par confé- quent, avoir la même qualité; la variété des climats^ l'âge des arbres qui le produifent , &c. doivent néceffairemeut en diverfifier les efpeces & les qualités. Les deux efpeces les plus employées font généra- lement connues fous le nom de càfi du Levant & <le café des AndlUs^ Le café de Moka^ ville d'Arabie , efl toujours plus eftimé par fon odeur plus fuave & plus agréable. On le partage encore en trois qualités différentes , dont la meilleure appelée bahouri , eft réfervée ppur le Grand- Sàffieur & le Sérail ; les deux autres qui font le faki &c le falati , fe débitent dans le Levant en.Eiu-ope, On laifTe à d'autres, dit M. de Jujffîeu , le foin de rapporter au vrai ce qui a donné occafion à l'ufage du café , & d'examiner fi l'on en doit la première expérience à la vigilance du Supérieur d'un Monaflere d'Arabie ^ qui > voulant tirer fes Moines du fbmmeil qui les tenoit affoupis dans la nuit aux Offices du Choeur , leiu* en £t boire rinfufion , fur la relation des -effets que ce fruit caufojt aux boucs qui en avoient mangé ; ou s*il faut en attri-* buer la découverte â la piété d'un M^fti , qui , pour faire de plus longues prières , &c pouffer les veilles plus loin eue les Denis lies »plus dévots ^ â paffé pour s'en -être fervi le premier. Quoi qu'il en foit , l'ufage du ^afé efl devenu préfentement fi femilier dbez les Turcs , xhez les Perfans., chex les A^rmémens, & même cher^ différentes Nations de l'Europe , qu'il efl prefqueinu- jtile de s'étendre fur la préparation &: fur la qualité}

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des vaîffeaux & inftrumens qu'on y emploie. On doit préférer les vaiffeaux de fer à ceux de tout autre métal. On ne devroit mâme employer que ceux de terre bien aiite ; griller le grain à propos ; étant tor- réfié , l'enfermer dans un vaifTeau ; attendre qu'il fok

quelques bouillons.

II eft bon d'obferver que des trois manières d*en prendre Pinfufion , favoir , ou du café mondé & dans ion état naturel , ou du café rôti , ou feulement des 'enveloppes propres & conunimes de cette fubftance, auxquels nos François , au retoiu" de Moka , ont im- proprement donné le nom -de fleur de café ; la féconde de ces manières eft préférable à la première & à la troifîeme , appelée auffi petit café à la Sultane ; car le véritable café à U Sultane fe fait , tantôt par la feule * décodtion des graines non rôties , & tantôt en verfent de Peau bouillante dans une petite chauffe qui con- tient de la poudre des graines de café rôti, lut café y par {t% principes falins , volatils & fulfureux , caufe dans le fang une fermentation utile aux perfonnes replettes , pituiteufes , & à celles qui font fujettes aux migraines & aux aflfedions foporeufes, ou à dormir après le repas. Pris le matin y il difperfe les pavots d'un fommeil opiniâtre , & donne de l'invention à l'ame épuifée par les fatiques de la veille. Ces mêmes^ effets le rendent nuifible aux perfonnes qui font d'un tempérament très-fenfible , de même qu'à ceux qui font d'un tempérament ardent , fec & bilieux ; & l'on peut dire qu'en général le grand & fréquent - «fage en eft dangereux , fur-tout lorfqu*on îe prend fans lait ; mais il a l'avantage de ne laiffer dans la bouche aucune , odeur défagréable , d'accélérer la di- geftion , de faire ceffer l'ivreiTe , & de favorifer Tap- t>arition des règles. ( On prétend que ceux qui aujour-

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if hih grillent ou \epois chiche d^Efpagne , ou la racine de chicorée fauvagc , pour en faire une liqueur caféi- forme , fe procurent une boiffon plus falutaire. Voye[ aux articles Pois & Chicorée ). M. Brun , Doyen des Maîtres en Chirurgie du Cap , cite , dans un Ouvrage fur l'utilité du café en Médecine , Pufage des bains entiers de café , ou des bains de vapeurs du café. Cet Auteur dit en avoir obtenu des effets falu- taires & très-marqués dans la paralyfie ^ dans une hémiplégie , dans une épilepfie , dans Pefpece de fpafme appelé opifOwtonos , dans des douleurs dans les arti- culations , dans une migraine habituelle , pendant une groffeffe iliivie de vapeurs hyftériques , &c. Dans le commerce on appelle café mariné oti avarié , celui qui , dans le tranfport, a été mouillé d eau de mer: on en feit peu de cafs , à caufe de Pâcreté faline que la tor- réfacHon ne lui ôte pas. M, Ryhiner a fait l'analyfe chimique des femences du café\ on la trouve inférée dans le Journal de Phyfpar M. l'Abbé 'Rozier , Sûpplim. Tom. XIIL iyj8.

Des Botaniftes font mention du cafcytr monofperme qui croît naturellement à Saint-Domingue & à la Mar- tinique , Coffaa Ocçidentalis , floribus quadrifidis , baccis mcnofpermis , Lin'n , Jacq. Amer. 67. Tab. 47 ; Pavetta foliis oblongoovatis , oppofitis , fiipulis fetaais , Brovn. Jam.; Jafminum arborefcms lauri foliis y fiore albo odo^ ratijpmo y Plum. , Burm. ; fes fleurs font blanches , d'une odeur agréable , & viennent en grappes paniailées , dont les unes font terminales , & les autres axillaires ; les fhiits font d'un noir -bleuâtre & ne contiennent qu'une femence arrondie & ftriée,

GAGAREL. Voyti Mendole.

GAGNOT. Éfpece de fpoiflbn cartilagneux de la famille des Chims de mer. Voyez Milandre.

CAGUI. Nom qu'on donne au Bréfil au fagouin^ •y oyez ce mot.

CAÇUPUGUAÇU. Voyci Sanguinolente.

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CAHOANE ou Kaouanne. C'eft la tortue de mcr^ appelée Caouanne.

CAHUITAHU ou Kamichi. roye^ Anhima.

CAICA. C'eft la perruche à tête noire de Cayenne* CAJEPOUTOU ou Cajeput. Foye[ à rarticU Cardamome,

CAIGUA. f^oyei à tarticU POMME PE MERVEILLE..

CAILLE 9 Cotumix, Oifeau de paflage d'un ramage âffez agréable , plus petit que la perdrix , avec laquelle il paroît d'ailleurs avoir bien des rapports à rextérieiu*; mais la cmIU n'a point derrière les yeux cet efpace nu & fans plumes qu'ont les perdrix , ni le fer-à-cheval que les mâles de celles-ci ont fur leur poitrine. C*eft au peu de diu'ée de leiur vol , qui pefant & peu élevé de terre , qu'on doit la faclité de les prendre à la courfe , quoiqu'elles coiu'ent beaucoup & dili- gemment. Dans le vol, elles filent en gUflant obli* quement & en frappant l'air de toute l'étendue de l'aile par reprifes. Leur groffeur & leur plumage différent peu dans tous les climats oîi l'on en trouve , tels qu'à Madagaft ar , à la Cambra , à Cayenne & en Europe,

La cufl/e proprement dite ,/>/. enL 170 , a le bec long <l'un demi-pouce ; il eft un peu aplati ; la pièce inférieure eft noirâtre ; la fupérieure eft brunâtre , pointue & courbée. L'iris des yeux eft couleur de noifette ; le ven- tre & la poitrine d'un jaune pâle , mêlé de blanc : la gorge a une teinte de roux* L'on remarque fous la pièce inférieure du bec , une large bande noirâtre qui s'étend en bas , & au-deffous des yeux une %ne blanchâtre qui paffe fur le milieu de la tête , dont les pliunes font nuées de verdâtre. Ces divetfes couleitfs fe Tencontrent fous les ailes & dans prefque tout le plumage de cet oifeau : elles fepréfentent comme (fes écailles. La queue de la cailie eft courte; fes pattes* font grifes^ pâles , recouvertes d'une peau écailleufe comme tuilée; le deâbus du pied eft jaunâtre. Une chofe remai^ quablç ^ eft que k doigt extérieur tient par une

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.tnembrané au doîgt du milieu jufqu'à la première articulation.

La caille eft du genre de la perdrix , & fe nourrit ordinairement de blé , de millet, & de quelques autres graines ; elle avale auffi des plantes herbacées , même des vers & des infeûes. Elle ne perche point , elle fe tient à terre , & on la trouve préfërablement dans les v blés verts , ou dans leur chaume quand ils font cou- pés ; auffi ne les voit-on ni avant , ni après ce temps. Cet oifeau multiplie prodigieufement. La femelle , pour faire fon nid , gratte la terre avec fes ongles, foit au milieu des pièces de blé , ou des prairies ; ce nid eft compofé d'herbes & de feuilles : elle y dépofe douze , quinze & vingt ^ufs , mouchetés de brun fur un fond grisâtre ; cette ponte fe fait au commencement du mois de Mai : la durée de Pincubation eft de trois femaines ; auffi-tôt que les petits font éclos , ils fe mettent à trotter & font en état de prendre leur nourriture. Les femelles de cette couvée font déjà en état de s'appa-» rier vers la fin d'Août ou le commencement de Sep*- tembre. Les petits fe nomment cailUteaux : on remarque que la mère les conduit dans la campagne , & qu'elle les retire fous fes ailes à la manière des poules & des perdrix.

On fait que les cailles arrivent au printemps , tous les ans , en grand nombre des Côtes d'Afrique fur les Mes , les promontoires de l'Archipel , de la Sicile & de l'Italie ; qu'il n'y en demeure qu'une petite quan- tité , ,en proportion de celles qui ne font que s'y repofer à leur paffage, & qui de fe répandent dans les coni» trées de l'Europe : on fait également qu'au mois da Septembre , quand la faifon des récoltes eft paffée , quand la main de l'homme a dépouillé la terre , lesî cailles fe raffemblent aux mêmes ^endroits &C qu'elles repaffent fur les Côtes d'Afrique. Elles voyagent 1^ nuit ou de très-grand matin, & fe repofent pendant le jour. Le génie, de la nature qui conduit les cailles aux bords des mers par un inftinâ iectét-^ nt pouyoi);

manquer de leur révéler les moyens d'en franchir Tef- pace, & de leur indiquer la route qu'elles doiveitf fiiivre &c oîi elles trouveront vivres & température. Ces oîfeaux mitent deux fois par an , à la fin de Thiver & à la fin de Tété* Chaque mue dure un mois.

La caille jeune , tendre , grafTe & bien nourrie , tient im rang diftingué parmi les mets les plus exquis qu'on fert fur nos tables. Sa chair efl de bon fuc ; elle excite l'appétit , & convient à toutes fortes d'âges & de tempéramens : on en fait des confommés laxatifs.

Pour prendre les caillts on fe fert des nifes fuivantes. Si c'efl à leur nouvel avènement dans nos climats , c'eft-à-dire quand le blé eft dans fa verdure & dans le temps de leurs amours , l'Oifeïeiu: ayant tendu fes filets de grand matin , fe cache à une certaine diflance^ dans les blé^ ; , il contrefait par trois fois foir ô(; matin , le chant de la cailà , avec un inûrument de cuir &c d'os appelé œurcailla ou carcaillot : alors le mâle, croyant que c'efl la voix de la femelle , accourt au plus vite pour fe fatisfaire ; auffi-tôt l'Oifeleur fe levé & fe montre à lui : Foifeau voulant s'envoler , donne dans le filet & fe prend. Mais, après Tété , lorfque la faifon de l'amour eft pafTée y qu'elles ne chantent plus , ou qu'elles n'accourent plus au fon de Pappeau , & qu'elles tiennent dans les chaumes pour y vivre des grains qui font tombés des épis , on les ^prend à la tiraffe , ou anieux encore , par le moyen d'un chien couchant dreffé à cette chafTe , qui les arrête tout court , alors on les tire au fiifil , &c.

Les cailles n'oint pas les mœurs douces & fociales de la plupart des autres oifeaux; le mâle ne tient point compçignie à fa femelle; il n'a ni tendrefTe ni attachement pour die ; il ne connoît que des befoins violens & impétueux , & il n'eft jamais père dans le fens moral , puifqu'il ne prend auam foin de la couvée &c des petits : il ne fert à la propagation de l'efpece que par fon ardeur, en accourant très-loin, quelquefois

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y\ine 3emî-lieiie , à la voix de la femelle, & en en fer- vant lin grand nombre à mefure qu'il en rencontre.

Les mâles font courageux ; provoqués par leur pro^ pre tempérament , ils fe montrent jaloux les uns des autres , auflî fe battent-ils cruellement ; ils aiment tant à fe battre , qu'autrefois daûs Athènes on prenoit plaifir à les drefler au combat à la manière des coqs : on voit encore quelquefois à Naples , tout le monde s'affembler avec un vif empreffement à ce fpeôacle , comme à un combat de gladiateurs. Il eft étonnant de voir un oifeau fi foible montrer autant d*audace & de courage. Il eft fi amateur de fa liberté , que , quoiqu'on l'ait nourri pendant deux ou trois ans , pour peu qu'il trouve l'occafion de la recouvrer , il s'envole & va; chercher les endroits il fe plaît. , Des Ornithologiftes font mention de la cailie à gorge blanclu ; de la caïUc à trois doigts , de l'Ifle de Luçon. [ Telle eft aufii l'efpece appelée tumix ^ & qui fe trouve à Madagafcar. La caille blanchz eft ime variété de la caille ordinaire. La caille petite , de Gingi ; elle fe trouve à la Côte de Coromandel. La caiUe de la Chine & des Philippines, Voye[ Fraise. La grande caille de la Chine; elle eu beaucoup plus groffe que la nôtre. La caille de la Nouvelle Guinée ; elle eft d'un tiers moins groffe que la nôtre , ( f^oyag. à la Nouv. Guinée ). La caille de la Louifiane, f^oye^ Colenicui. La très -petite caille de rifle de Luçon; elle eft moins groffe qu'im moineau* La grande caUle de Madagafcar , eft du double plus grande que notre caille^ Les cailles du Mexique , Foyc:^ les articles COYOLCOS , COLiN ( grand ) & ZONÉ- COLIN : cette dernière eft huppée. La cdlle des Mo- luques ; c'eft la plus petite de toutes les cailles connues, elle n'eft guère plus groffe qu'un tarin ; fon bec n'eft point convexe en deffus comme celui de la caille ^ mais droit & conique , ainfi que les becs des deux cailles de l'Iflê de Luçon, & de celle de la Nouvelle Guinée , toutes quatre décrites par M, Sonnerai ; ce.

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qui feroit Soupçonner ces quatre colites comme d^tiff genre différent. La cailU des Ifles Malouines & celle de Madagafcar , font comme dorées fur im fond brun , leur ventre eft fauve-cendré. La cailU de Java , yoye[ RÉVEIL - MATîN. La coUU de Cayenne ; elle eft plus petite que la nôtre , & fon plumage eft moucheté de gris , de blanc & de noir ; fon bec eft noirâtre , & les pieds d'un gris-jaunâtre.

A l'égard de l'efpece appelée Roi des cailles y Voyez

RaL£ £>£ TERRE.

CAILLEBOT. royei Obier.

CAILLE - LAIT ou petit Muguet , en latin Gal-^ lium. Le caille-'lait eft une plante commime dans nos campagnes , notamment dans les prés , &t qui s'élève à la hauteur de neuf ou dix pouces. Sa racine eft vi- vace , noueufe , traçante , garnie de plufieiu^ filamens, & d'un jaune tirant fur le rouge , dit M. DeUu^e. Elle pouffe plufieurs tiges hautes de deux pieds , ou environ , rameufes , menues , carrées , & qui ont plu- fieurs nœuds : le long des tiges , font difpofées , à 1 endroit des nœuds , des feuilles en rayons ou en verticilles , au nombre de cinq , & le plus fouvent de neuf. Ces tiges foutiennent à leurs extrémités de pe- tites fleurs en cloche , évafées , partagées en quatre parties & ramaffées en grappe ou en épi paniailé. Ces fleurs font jaunes dans une efpece , Gallium luuum^ C. B. Pin. 3 3 5 ; Gallium verum , Linn. 1 5 5 ; & blanches dans l'autre , Gallium album vulgare^ Tourn. Inft. 115; Mollugo momanuy latifolia^ ramofa^ C. B. Pin. 334» Gallium mollugo y Linn. 155. Aux fleurs fuccedent des fruits compofés de deux femences d'une figure affez femblable à celle d'un croifTant.

Toumefort coinpte treize efpeces de gallium ou caille^

lait , dont la plus commune eft le caille-lait à JUurs

Jaunes , & en même temps celle dont on fait le plus

d'ufage. Les fommités fleuries de cette plante font

cailler le lait , de même que le pinguicula des Suédois,

C A î 5^^

bit grajfeue. Le eaiUe - laii appliqué extérieurement ^ guérit réryfipelé & la brûlure ; mis dans les narines , il en arrête Phémorragie. Les expériences de M. Guee^ tard lui ont appris que les racines de nos caillt-laits ^ ainfi que celles du grateron ordinaire , ont la propriété de colorer en rouge les os des animaux , comme le font les racines de garance.

L'expérience a été faite d*abord avec Tefpece de caille-lait à jUurs jaunes y qui croît en Bas -Poitou fur les côtes de la mer , dont les racines font groffes & très-abondantes. Les os des poulets que Ton nour- riffoit d\ine pâtée oîi Ton mêloît de cette racine en poudre , devinrent d'un rouge couleiu* de rofe , avec les mêmes circonftances que M^ Duhamel a obfervées clans ceux qu'il a nourris avec la racine de garance. M. Guettard a remarqué dans ces expériences > que les poulets nourris avec la racine du grateron , font devenus îrès-gras ; pendant que ceux qui l'ont été avec celle du caill triait ^ font devenus étiques. Les femences du café grillé ou non grillé , ont rendu de niême étiques les poulets qu'on en avoit nourris. '

Il eft (Hgne de remarque que les racines de ces mbiacèes teignent en rouge les os des animaux ( &L elles ne teignent les os , fuivant Tobfervation de M. Haller^ que lorfqu'ils font endurcis, & qu'ils ont. quitté l'état de cartilage^ ) tandis que les tiges , les feuilles & les femences de ces mêmes plantes n'ont point produit cet effet , quoiqu'im Auteur aAcien ait rapporté -qu'une vache ayant mangé du caille -lait y avoit rendu du lait rouge. L'indigo teint feul le chyle, dit encore M. Haller^ & je n'ai pu parvenir à le tein-» dre par la garance , ni par aucune autre couleur. On em- ployoit autrefois les panicules des feuilks de cailk-^lait , pour teindre les étoffes de laine en jaunet Diverfes expériences faites fur Torcanette & fur la cochenille , prouvent que ces matières colorantes ne produifent pas le même effet fur les os des animaïuc. Comme les

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racines du cailMak àfiatrs j aimes , du Bas Poitou \ font très-abondantes , & que cette plante croît dans les fables les plus arides , on pourroit la cultiver avec fuccès dans les mauvaifes terres ; l'expérience ayant appris qu'elles donnent un rouge aufli beau que celui de la garance. Il y a lieu de penfer que toutes les racines des rubiacées donneroient une couleur rouge , leurs racines en ayant toujoiu-s quelque teinte. On fait que les racines du cailU-lait du Nord font fort ufitées en Finlande poiu- teindre les laines en rouge: TefTai en a été fait à l'Académie de Stockholm. On foupçonne que le chavaycr {\ Êimeuxdu Malabar, eft une efpece de cailMaie Uanc.

CAILLETOT. En Normandie on donne ce nom à une efpece de petit eurboe fort délicat. Foye^ Turbot.

C AILLEU-TASSART , Clupea-thrifa , Linn. ; à la Jamaïque, Sprat, PoifTon du genre du Clupe. Il fe trouve dans la mer des Indes & dans celle de l'Amérique , &c. Il fe tient ordinairement à une petite diftance du rivage, entre les racines des mangliers ; il recherche la vafe , l'ombrage & le varech : il y fraie & il s y nourrit de cruftacees , de coquillages , d'œu& de poîfibns y &c« Les Habitans des Antilles le recherchent comme lui mets délicat : on le prend communément avec la faine.

Ce poiflbn , félon M. Broujfomt , eft long de fept ou huit pouces , fiu* environ feize lignes de largeur : fon ventre eft aminci en forme de carène dentelée , ou qui offre environ trente -trois pointes ; fon dos eft convexe ; fur le haut de la tête , derrière les yeux , eft une petite figure triangulaire ; la gueule eft i)vale , peu grande , & n'offre aucunes dents ; les écailles ibnt rhomboïdales , ferrées , & difpofées en lignes longitu- dinales ; f)n ne diftingue auame ligne latérale ; le dos eft d'un bleu-verdâtre , & chaque écaille offre un point brun ; les côtés du corps font d'un blanc-argenté , ainfi que les opercules des ouïes ; ceux de la tête & près

de

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âe la tête , font d'un vèrt.de poireau ; toutes les nageoires font blanches , mais celles de la queue & du dos font nuées de. brun ; la nageoire doriale offre au dernier de ies rayons un oflelet triangidaire , long & roide ; celle de Tanus a vingt -huit rayons légèrement rameux à leur extrémité ; la queue eu ample , partagée en deu^ lobes , dont l'angle rentrant eft obtus.

CAILLL Petit creiTon d'eau ou de fontaine , qui croît à deux lieues de Rouen , & particulià-ement à Cailli. ^oy^{^ Cresson d'eau.

Caillou. Mot fort vague dont le vulgaire fe fert, pour défigner quantité de pierres plus ou moins com^- munes, & plus ou moins aures. Il y en a de fimplcs.,- de compofés ou mélangés; les vms font plus ou moins, opaques , d'autres ont un tifTu irrégulier tant à Tinté- ^ rieur qu'à l'extérieur : il faut néceffairemeiit que le» Naturalifte emploie une épithete y s'il veut défigner &^ faire connoître telle & telle efpece de zaUlou. On dit vulgairement caillou déroche^ caillou dejafp^^ caillau de, Médoc , du Rliin , d^ Egypte , de Rennes , d *ag4^e , &c. &c . J & toutes ces pierres ont des caraâeres qui leur font propres & particuliers..

Le genre de caillou qui appartient fpécialement au. ^lex , eft une matière plus ou moins ignefcente , , &, qu'on prétend être produite , en. grande partie , par de l'argile fàbleufe. Le caraâere euentiel dii caillou ^eA^ d'être dur & de feire feu avec l'acier ; de ne pas faire effervefcence avec les acides ; de fe changer en verre avec ou fans addition , Yelon qu'il eft plus ou^ onoins coloré, plus oii moins opaque & compofé. Le feu, en réuniftant les parties du caillou ou du fable d'une manière homogène , ainfi que les parties d'argile que l'aôion de Pair & des autres élémens avoient peut- erre divî/ees« , ieur rend , félon M, de Buffon , leiu: première forme, Si l'argile en fe condenfant , dit cet Académicien , peut devenir du caillou M du verre, pourquoi le fable / en fe divifant , pouçroit-il gaji,

iQm^ iX .No'

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devmîr cîe Targife? Le verre paroît être la véri- table terre élémentaire , & tous les mixtes un verre déginfô. Les métaux , les minéraux j les fels , &c. lie font qu'une terre vitrefcible. Les fubftances cal- caires de la nature dts coquillages femblent faire une claflfe à part.

La Nature fait voir tous les Jours à rObfervateur attentif ce changement naturel de fable & de caUlou ea argile , ïnaîs par un progrès lent & infenfible. Que Ton Jette les yeux fur une de ces campagnes inailtes ou les cailloux jonchés font épars çà & ; que l'on examine la furfece des cailloux expofés à Pair : leur fupèrficie eft toujours très-blanche , tandis que le côté (^pofé qui touche la terre , conferve fa couleur natu- relle : fi on les caffe , on obferve que cette blancheur {Pénètre plus ou moins profondément dans le caillou. La partie blanche eft tendre , &: s^attache à la langue comme les bok. Il eft aifé d'y reconnoître le caillou qui s'alterff , fe décompofe , & tend à reprendre la forme & les propriétés de l'argile & du bol. dont il a été formé. Dans tous les cailloux c'eft la même luù- formité ; le côté expofé à l'air eft blanc & tendre ^ tandis que l'autre conferve fa dureté & fa couleur* Ge ne font donc point des cailloux imparfaits de diffé- rens âges , ijui n'ont point encore acquis leiu- per- feôion. '

Cette pouffiere , tantôt d'un jaune brillant , tantôt femblable à ^s paillettes d'argept dont on fe fert pour fécher •l'écrîtiire , n'eft autre chofe qu*un fable très- pur , en qiielque forte pourri , prefque réduit en fe^ principes , & qui tend à une decompofition par&ite. Ces paillettes fe feroient atténuées & divifées au point qu'elles auroient acquis les propriétés de l'argîte. H paroît que le talc éi un terme moyen entre fe verre ou le caillou tranfparent , & Taiple ; au lieu que le caillou groffier ou impiur , en fe décomposant , paflfe à TtaiHUç iws intermède;

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Les cailloux fe trouvent difpofés ou en grandes maffes ^ par couches , ou en monceaux répandus en . très-grande quantité , fait à la furfece , foit dans Pin- térietir de la terre , épars quelquefois çà & dans la craie.

L*eau , en pénétrant les couches de fable vitrifiable ( ignefcent ) ^ de grès , d'argile, d'ardoife, fe charge des parties les plus fines & les plus homogènes de ces matières, & elle en forme plufieurs concrétions diffé- rentes , tels que les talcs , les amiantes & autres. Le criftal de roche , les pierres précieufes , & même le diamant , peuvent être regardés comme des ftillations de matières ignefcentes , produites par les eaux. C'eft ainfi que dans le fyflême du monde , la même fubftance devient un cercle de mutation dont les extrémités fe; confondent.

Quant à ce qui regarde les parties conffituantes du caillou jikx , nous cErions volontiers avec Hmcktl r O caillou l .... caillou l quelU efl la matière ^ qui £cl forme? Mais nous avons cru faire plaifir à nos Lefteurs, . en îeiu: préfentant d'abord les belles idées de M. de Buffon. Nous ajouterons encore un extrait de ce qui a été écrit for cette matière par divers autres Auteurs. ^

Henckel penfé que le caillou , dans fa première ori- gine , a été forme de la marne , fondé liu: ce que la marne fans addition , a la propriété de fe durcir 4ans le feu , au point de donner des étincelles lorfqu'on la frappe avec l'acier ; ce qui fait une des principales^ propriétés du caillou : mais il ne peut pas croire que dans fa formation le feu doive être regardé comme agent extérieur.

Zimmermann dit que , fi l'on vient à caffer un caillou , on le trouvera feuilleté & tranchant à l'eqdroit il aura été caflfé ; que les. cailloux font toujours plus durs , plus purs & plus tranfparens vers le milieu ou le cenlte , qu*à l'enveloppe ; de manière que le grain ^ i^entral fe diilingue toujorn des wtres parties efmroxS^

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devenir de l'argile ? Le verre paroît être ïa vérî- table terre élémentaire , & tous les mixtes un verre dégiîîfé. Les métaux , les minéraux , les fels , &c. lie font qu'une terre vitrefcible. Les fubftances cal- caires de la nature dts coquillages femblent faire une claile à part.

La Nature fait voir tous les jours à rObfervateur attentif ce changement naturel de fable & de caillou en argite , îtaaîs par un progrès lent & infenfible. Que Ton Jette les yeux fur une de ces campagnes inailtes les cailloux jonchés font épars çà & ; que l'on examine la furface des cailloux expofés à l'air ; leur fuperficîe eft toujours très-blanche , tandis que le côté oppofé qui touche la terre , conferve fa coiueur natu- relle : fi on les caffe , on obferve que cette blancheur [Pénètre plus ou moins profondément dans le adllou. La partie blanche eft tendre , & s'attache à la langue comme les bok. Il eft aifé d'y reconnoître le caUloii cfui s'altère , fe décompofe , & tend à reprendre la forme & les propriétés de l'argile & du bol dont il a été formé. Dans tous les cailloux c'eft la même uni- formité ; le côté expofé à l'air eft blanc & tendre, tandis que l'autre conferve fa dureté & fa couleur* Ge ne font donc point des cailloux imparfaits de diffé- rens âges , qui n'ont point encore acquis leur per- feôion.

Cette pouffiere , tantôt d'un jaune brillant , tantôt femblable à des paillettes d'argent dont on fe fert pour fécher -yécriture , n'eft autre chofe qu'un fable très- pur , en qiielque forte pourri , prefque réduit en {e^ principes , & qui tend à une decompofîtion parfaite. Ces paillettes fe feroient atténuées & divifées au point qu'elles auroient acquis les propriétés de l'argtb. 0 paroît que le talc eft im terme moyen entre k verre ou le cailhu tranfparent , & l'arme ; au lieu que le caillou groffier ou impiu- , en fe décompofant , paflfe i rai|;ile &n$ intermède;

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Les calUotix fe trouvent difpofés ou en grandes maffes & par couches , ou en monceaux répandus en , très-grande quantité , fait à la furface , foit dans Pin- tërietir de la terre , épars quelquefois çà & dans la craie.

L'eau , en pénétrant les couches de fable vitrifiable ( ignefcent ) V de grès , d'argile, d'ardoife, fe charge des parties les plus fines & les plus homogènes de ces matières, & elle en forme plufieurs concrétions diffé- rentes , tels que les talcs , les amiantes & autres. Le criftal de roche , les pierres précieufes , & même le diamant , peuvent être regardés comme des ftillations de matières ignefcentes , produites par les eaux. C'efl: ainli que dans le fyftême du monde , la même fubftance devient im cercle de mutation dont les extrémités fe confondent.

Quant à ce qui regarde les parties conffituantes du caillou fihx , nous dirions volontiers avec Hmckel z O caillou! .... caillou l quelU zfl la matière ^ qui iiL forme? Mais nous avons cru faire plaiiir à nos Leôeurs^ . en leiu: préfentant d'abord les belles idées de M. de Buffon. Nous ajoitterons encore un extrait de ce qui a été écrit fiir cette matière par divers autres Auteurs. , Hmckel penfe que le caillou , dans fa première ori- gine , a été forme de la marne , fondé fiu: ce que la marne fans addition , a la propriété de fe durcir dans le feu , au point de donner des étincelles lorfqu'on la frappe avec l'acier ; ce qui fait une des principales propriétés du caillou : mais il ne peut pas croire que dans fa formation le feu doive être regardé comme agent extérieur.

Zimmermann dit que , fi l'on vient à caffer un caillou ^ pn le trouvera feuilleté & tranchant à l'endroit il aura été caffé; que \^s cailloux font toujours plus diu's^ plus purs & plus tranfparens vers le milieu ou le centte , qu'à l'enveloppe ; de manière que le grain ^ (^entrai diilingue toujours des autres parties envjxox^

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devenir de l'argile ? Le verre paroît être îa véri- table terre élémentaire , & tous les mixtes un verre déguifé. Les métaux , les minéraux j les fels , &c. lie font qu'une terre vitrefcible. Les fubfbnces cal- caires de la nature des coquillages femblent feire une daflfe à part.

La Nature fait voir tous les jours à TObiervateur attentif ce changement naturel de fable & de caillou en argîfe , ttaîs par un progrès lent & infenfible. Que Ton Jette les yeux fur une de ces campagnes inailtes les cailloux jonchés font épars çà & ; que l'on examine la furface des cailloux expofés à l'air : leur fupèrfîcïe eft toujours très-blanche , tandis que le côté oppofé qui touche la terre , conferve fa couleur natu- relle : fi on les^ caffe , on obferve que cette blancheur jiénetre plus ou moins profondément dans le caillou. La partie blanche eft tendre , & s'attache à la langue comme les bols. Il eft aifé d'y reconnoître le caUlou qui s'alter* , fe décompofe , & tend à reprendre /a forme & les propriétés de l'argile & du bol. dont il a été forme. Dans tous les cailloux c'eft la même uni- formité ; le côté expofé à l'air eft blanc & tendre, tandis que l'autre conferve fa dureté & fa couleur. Ge ne font donc point des cailloux imparfaits de difie- rens âges , qtd n'ont point encore acquis leiu: per- feôion. '

Cette pouffiere , tantôt d'un jaune brillant , tantôt femblable à des paillettes d'argeiit dont on fe fert pour fécher •yécrîture , n'eft autre chofe qu'un fable très- pur , en qiielque forte pourri , prefque réduit en {t% principes , & qui tend à une décompofition parfaite. Ces paillettes fe feroient atténuées & divifées au point qu'elles auroient acquis les propriétés de T^'gife. B paroît -que le /tf& eft im terme moyen entre le verre ou le tailhu trânfparent , & l'argile ; au lieu que le cailhu groflier ou impur , en fe décomposant, piffe i razuile i^m intermède;

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Les cailloux fe trouvent difpofés ou en grandes mafles & par couches , ou en monceaux répandus en . très-grande quantité , foit à la furfkce , foit dans l'in- térieur de la terre , épars quelquefois çà & dans la craie.

L*eau , en pénétrant les couches de fable vitrifiable ( ignefcent ) ^ de grès , d'argile , d'ardoife , fe charge des parties les plus fines & les plus homogènes de ces matières, & elle en forme plufieurs concrétions diffé- rentes , tels que les talcs , les amiantes & autres. Le criftal de roche , les pierres précieufes , & même le diamant , peuvent être regardes comme des ftillations de matières ignefcentes , produites par les eaux. C'eft ainfi que dans le fyftême du monde , la même fubftance devient im cercle de mutation dont les extrémités fe; confondent.

Quant à ce qui regarde les parties conffituantes du caillou filtx y nous dirions volontiers avec Hmckel z O caillou! .... caillou I quelle efl la matière ^ qui £eL forme? Mais nous avons cru faire plaifir à nos Lefteurs^ . en leur préfentant d'abord les belles idées de M. ^/c Buffon. Nous ajouterons encore un extrait de ce qui a été écrit fiir cette matière par divers autres Auteurs. ,

Henckel penfè que le caillou , dans fa première ori- gine , a été forme de la marne , fondé fiu: ce <jue la marne fans addition , a la propriété de fe durcir dans le feu , au point de donner des étincelles lorfqu'on la frappe avec l'acier ; ce qui fait une des principales propriétés du caillou : mais il ne peut pas croire que dans fa formation le feu doive être regardé comme agent extérieur.

Zimmermann dit que , fi l'on vient à caffer un caillou^ pn le trouvera feuilleté & tranchant à l'endroit oh il aura été cafle ; que les. cailloux font toujours plus ditfs , plus purs & plus tranfparens vers le milieu ou le centte , qu*à l'enveloppe ; de manière que le çrain , i^entral fe diilingue toujours des autres parties eonron^

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devenir de l'argîle ? Le verre paroît être ïa véri- table terre élémentaire , & tous les 'mixtes un verre dégiîîfé. Les métaux , les minéraux j les fels , &c. ne font qu'une terre vitrefcible. Les fubftances cal- caires de la nature dts coquillages femblent faire une clafle à part.

La Nature fait voir tous les jours à rObfervateur attentif ce changement naturel de fable & de caillou en argile , ifeaîs par un progt^ès lent & infenfible. Que Ton jette les yeux fur une de ces campagnes inailtes les cailloux jonchés font épars çà & ; que l'on examine la furface des cailloux expofés à l'air : leur fupèrfide eft toujours très-blanche , tandis que le côté o^pofé qui touche la terre , conferve fa couleur natiw relie : fi on les^ caffe , on obferve que cette blancheur l^énetre plus ou moins profondément dans le caillou. La partie blanche eft tendre , & s'attache à la langue comme les bok. Il eft aifé d'y reconnoître le caUlou qui s'alterff , fe décompofe , & tend à reprendre /a forme & les propriétés de l'argile & du bol. dont il a été formé. Dans tous les cailloux c'eft la même uni- formité ; le côté expofé à l'air eft blanc & tendre , tandis que l'autre conferve fa dureté & fa couleiur» Ge ne font donc point des cailloux imparfaits de diffé- rens âges , qui n'ont point encore acquis leiu- per- feftion. '

Cette pouffîere , tantôt d'un jaune brillant , tantôt femblable à des paillettes d'argept dont on fe fert pour fécher •Récriture , n'eft autre chofe qu'un fable très- pur , en qiielque forte pourri y prefque réduit en f^% principes , & qui tend à une decompofition parfaite. Ces paillettes fe feroient atténuées & divifées au point qu'elles auroient acquis les propriétés de Targà?. H paroît -que le ttdc eft un terme moyen entre le verre ou le tailhu trânfparent , & l'argile ; au lieu que le caillou greffier ou impiu-, en fe décompoiant, paflfe i VaT^û^ ^ans intermède;

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Les cailloux fe trouvent difpofës ou en grandes mafles '& par couches , ou en monceaux répandus en , très-grande quantité , (oit à la furface , foit dans Tin- térieur de la terre , épars quelquefois çà & dans la craie.

L*eau , en pénétrant les couches de fable vitrifiable ( ignefcent ) j de grès, d'argile, d'ardoife, fe charge des parties les plus fines & les plus homogènes de ces matières, & elle en forme plufieurs concrétions diffé- rentes , tels que les talcs , les amiantes & autres. Le criftal de roche , les pierres précieufes , & même le diamant , peuvent être regardes comme des ftillations de matières ignefcentes , produites par les eaux. C'eft ainfi que dans le fyftême du monde , la même fubftance devient un cercle de mutation dont les extrémités confondent.

Quant à ce qui regarde les parties coniEtuantes du caillou jihx , nous <fîrions volontiers avec Hcnckel z O caillou .^ . caillou ! qtulU 4fl la matière ^ qui icL forme ? Mais nous avons cru faire plaifir à nos Lefteurs , . en leiu: préfentant d'abord les belles idées de M. de Èuffon. Nous ajouterons encore un extrait de ce qui a été écrit fiir cette matière par divers autres Auteurs. ^ Henckel penfè que le caillou , dans fa première ori- gine , a été forme de la marne , fondé fiu: ce que la marne fans addition , a la propriété de fe durcir dans le feu , au point de donner des étincelles lorfqu'on la frappe avec l'acier ; ce qui fait une des principales^ propriétés du caillou : mais il ne peut pas croire que dans fa formation le feu doive être regardé comme agent extérieur.

Zimmermarm dit que , fi l'on vient à cafler im caillou ^ on le trouvera feuilleté & tranchant à l'endroit il aura été caffé ; que les, cailloux font toujours plus diu*s , plus purs & plus tranfparens vers le milieu ou le centte , qu'à l'enveloppe ; de manière que le grain ^ central fe diftingue toujours des autres parties eixnroiSi

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devenir de l'argile ? Le verre paroît être îa véri- table terre élémentaire , & tous les mixtes un verre déguifô. Les métaux , les minéraux y les fels , &c. lie font qu'une terre vitrefcible. Les fubftances cal- caires de la nature des coquillages femblent faire une clàflfe à part.

La Nature fait voir tous les jours à rObfervateur attentif ce changement naturel de fable & de caillou en argile , îfe'aîs par un progrès lent & infenfible. Que Ton jette les yeux fur une de ces campagnes inailtes les cailloux jonchés font épars çà & ; que l'on examine la furface des cailloux expofés à Pair : leiu* fupèrficie eft toujours très-blanche , tandis que le côté^ oppofé qui touche la terre , conferve fa couleur natu- relle : fi on les caffe , on obferve que cette blancheur jiénètre plus ou moins profondément dans le caillou. La partie blanche eft tendre , èc s'attache à la langue comme lés bols. Il eft aifé d'y reconnoître le caillou qui s'altère» , fe décompofe , & tend à reprendre /a forme & les propriétés de l'argile & du bol. dont il a été forme. Dans tous les cailloux c'eft la même uni- formité ; le côté expofé à l'air eft blanc & tendre , tandis que l'autre confefve fa dureté & fa couleur* Ge ne font donc point des cailloux imparfeits de diffé- rens âges , qtd n'ont point encore acquis leiu- per- feôion. '

Cette pouffiére , tantôt d'un jaune brillant , tantôt femblable à des paillettes d'argept dont on fe fert pour fécher -yécrîture , n'eft atitre chofe qu'un fable très- pur , en qiielque forte pourri , prefque rédidt en fes principes , & qiu tend à une decompofition parfaite. Ces paillettes fe feroient atténuées & divifées au point qu'elles auroient acquis les propriétés de Targife. D paroît que le talc ç&, un terme moyen entre fe verre ou le caillou trânfparent , & l'argile ; au lieu que le caillou groflSer ou impiu: , en fe décompofant, paffe i TtaxnUç fans intermède;

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Les cailloux fe trouvent difpofés ou en grandes maffes & par couches , ou en monceaux répandus en . très-grande quantité , (oit à la furiàce , foit dans Pin- tëriéur de la terre , épars quelquefois çà & dans la craie.

L*eau , en pénétrant les couches de fable vitrifiable ( ignefcent ) j de grès , d'argile , d'ardoife , fe charge des parties les plu« fines & les plus homogènes de ces matières, & elle en forme plufieurs concrétions diffé- rentes , tels que les talcs , les amiantes & autres. Le criftal de roche , les pierres précieufes , & même le diamant , peuvent être regardés comme des ftillations de matières ignefcentes , prodidtes par les eaux. Ceft ainfi que dans le fyftême du monde , la même fubftance devient im cercle de mutation dont les extrémités fe confondent.

Quant à ce qui regarde les parties conffituantes du caillou filex , nous dirions volontiers avec Henckel s O caillou! . caillou ! quelk efl la matière ^ qui £a forme? Mais nous avons cru faire plaifir à nos Lefteurs^ . en leiu: préfentant d'abord les belles idées de M. de Buffon. Nous ajouterons encore un extrait de ce qui a été écrit fiir cette matière par divers autres Auteurs. ^

Henckel penfe que le caillou y dans fa première ori- gine , a été forme de la marne , fondé fiu- ce <}ue la marne fans addition , a la propriété de fe durcir dans le feu , au point de donner des étincelles lorfqu'on la frappe avec l'acier ; ce qui fait une des principales propriétés du caillou : mais il ne peut pas croire que dans (a formation le feu doive être regardé comme agent extérieur.

Zimmermann dit que , (i Pon vient à caffer \m caillou , on le trouvera feuilleté & tranchant à Feqdroit il aura été caffé; que \ts, cailloux font toujours plus diu'Sy plus purs & plus tranfparens vers le milieu ou le centre , qu'à Penveloppe ; de manière que le grain ^ central fe diftingue toujours des autres parties enYtfon|

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liantes qui font plus molles & moins compaâesJ Quand on fcie & polit les cailloux^ ils acquièrent ou développent une tranfparence d'autant plus grande , que le grain en eft plus pur ou criftallin; mais il fuit de que le caillou dans Ion principe doit avoir été fous une forme liquide ; car la tranfparence fuppofe un ordre , un arrangement & une forte de fymétrie dans les parties , que Ton ne peut trouver que dans un fluide. Si le caillou eft extérieurement gercé & plein de crevaflfes, il eft clair que la * matière en eft aigre ; qualité qui vient apparemment d'une condenfation fubite ; maïs l'intérieur qui eft moins opaque , d'un tiffu plus ferré, n'a pas été faifi ni condenfé fi fubitement* Les cailloux petits & graveleux feroient peut-être devenus gros, purs & parfaits , s'ils n'enflent pas été interrompus dans leur formation.

Le caraôere de ces fortes de pierres eft d'être , ou lamelleufes ; alors c'eft un JîUx dur & formé en cou- chés continues par Jlillation ou épanchement : ou en mafîes fphériques , irrégidieres , & avec une croûte blanche ; alors il eft formé par conglutination , & le centre en eft fouvent criftallifé comme du quartz ; Fefpece qui fe trouve en mafles ifolées , & diflribuées par bancs dans les crayeres , eft noirâtre & revêtue d'une croûte blanche farineufe ; c'eft la pierre à briquet : Fefpece que l'on taille pour l'ùfage des flifils , eft de coitleur blonde, & demi-tranfparente : on en trouve beaucoup à Saint- Aignan dans le Berry. S'il eft en mafles grenues , poreufes , friables , fans dureté , & s'il ne fe cafle pas en fragmens , convexes d'une part & concaves de l'autre; alors il eft formé par aggrégation.

Les cailloux un peu tranfparens & d'un grain fin , comme les belles agates, ne fe vitrifient point (ans addition : il faut les mêler avec une fuffifante quantité de fel alkali fixe. Les cailloux blancs tranfparens (ont cftimés les meilleurs dans l'ufage de la verrerie, parce que lie contenant point de particules métalliques l ils

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ne donnent aucune couleur au verre qu'ils forment; ceux qui font durs , très-fcintillans , d'un tiffu ferré & uni y colorés & demi-tranfparens , font des fortes d'a*

Î;ate« : la fubftance eft la même. La couleiu: met feule a différence entre ce que Pon nomme fardoine , onice^ chalcédoine ^ cornaline ^ jade ^ & autres pierres qui dans la diftribution fynoptique , appartiennent au même ordre. Confulte^ notre Mincralogu , vol. l. Foyc[ dans ce DiSionnaiu chacun de ces mots & t article Agate, A l'égard des cailloux opaques , colorés , marbrés , ou à zones d'une ou de plufieurs teintes vives, f^oye^ Jaspe, yoyc[ aujjî V article SiLEX.

Caillou d'Angleterre. Voye:^^ Astroïte & Poudingue.

Cailloux d'Aiençon , de Bristol , de Médoc , DU Rhin , de Cayenne , &c. Voye\^ Cailloux- cristaux.

Cailloux arborisés. Voye^^ Dendrites , fr

tarticle AgatE.

Cailloux-cristaux. On appelle ainfi des pierres dures , plus ou moins tranfparentes , de différentes couleurs & de différentes formes ; ce font j)Our la plupart des criftaux de roche ou des quartz. Tels font I.® le caillou en quille ou diamant d^Alençon qui fe trouve dans le granit du village de Hertrey près d'Aiençon ; 2.° les crifïaux polyèdres qui fe trouvent enfermés dans des pierres arrondies & en forme de géode , 6c qu'on trouve en Dauphiné près d'Orel & de Mélan , de Remufat & de Die ; 3 .^ le caillou arrondi de Médoc en Guienne, & celui du Bas^Poitou appelé. pierre de Camberlau ; le caillou ovale du Rhin, celui, de Cayenne , & le caillou de Briflol , celui-ci eft un^ criflal de roche à deux pointes. Toutes ces efpeces de cailloux font des pierres ignefcentes dont la matière ou filicée ou quartzeufe fe rapproche par fa pureté de celle des criftaux de roche , & même de celles des pierreries dures. Foye^ Ciustajl de roche & Quartz.

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Caillou d'Egypte. Efpece de petro-JîUx opaqite & maculé. C'eft une efpece de jafpc. Voyez et mot.

Les cailloux tCÉgyptt ont été trouvés pour la pre- mière fois par Paul Lucas en 1 7 1 4 , dans la Haute- Egypte , fur le bord du Nil , proche le village d'In- chenc , fe fait la poudre \ canon pour le fervice du Grand-Seigneur. L'on a taillé de ces cailloux , lefquels ont pris un très-beau poli : il s'y rencontre des pay- fages , des arborifations , des mafques , des têtes & des figures , dans des attitudes fort fingulieres , & aux- quelles rimagination ajoute fou vent beaucoup d'attri- buts. L'efpece de caillou d'* Egypte la plus rare celle qui eft mêlée de beaucoup de blanc par fafcies, c'eft- à-dire par bandes : le fond eft brun obfcur , mêlé de Jaune. Ces cailloux fe caffent toujours en éclats tran- chans comme le filex ou comme le verre de bouteille , convexes d'un côté & concaves de l'autre. On a découvert de fen>blables cailloux dans Ifs environs de Freyberg en 1743 , dont on fait auflî divers ouvrages, Jtels que boîtes , tabatières , &c.

Caillou de Rennes. Efpece à.t poudingue. Voyei ^ mot.

Caillou de Roche. Voye:;^ Petro-silex.

CAIMITIER , Chryfophyllum , Lihn. Genre de plante à fleurs monopétalées , de la famille des SapotillcSy & qui comprend des arbres & des arbriffeaux exotiques, dont les fleurs font axillaires , & dont les feuilles Simples & alternes ont fouvent leur furface inférieure brillante & comme dorée ; le fruit eft une grofle baie globuleufe , ordinairement à dix loges , qui con- tiennent chacune une femence ofliufe 9 im peu com- primée, luifante & marquée d'une tache ou d'une «catrice latérale.

Caîmitier pomiforme ^ Chryfopkylltim cdnito , Linn. , Plum. C'eft un arbre des Antilles , fort brancha, & qui s'élève jufqu'à la hauteur de trente à quarante pieds ; fa cime eft fort ample & fort étalée : fon écorce

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fîU crevaffée , rouffatre ; fon bois tendre & blanc : fes feuilles font larges de trois à ouatre pouces , longue^ de fept à huit pouces , ovales , un peu pointues , divifées en deux parties égales par une grofle côte, d'oîi partent plufieurs nervures , parallèles , im peu obliques , fans dentelure , luifantes , unies & d'un vert foncé en deffus , couvertes en deffous d'un duvet fin , fcyeux, d'une couleur d'or ferrugineufe , portées fur des pétioles longs de huit à neuf lignes, difpofées alternativement fur une ramille : fes fleurs font petites , en cloche , évafées par les bords , découpées en cinq ou fix parties égales , portées fur un calice également découpe & dont les extrémités font arrondies : le centre des fleiurs eft occupé par un piftil dont l'embryon devient un fruit mou , charnu , gros comme, un œuf, couvert d'ime pellicule liffe , épaifle , d'un rofe nué de vert ou de jaune , ou pourprée ou violette^bleuâtre , & qui contient une pulpe moUaiTe,. laiteùfe, gluante, d'un goût fade , d une odeur purulente, & qui environne cinq à dix noyaux bnuis en dehors , un peu aplatis , raboteux par un bord, durs, liffea; Tamande eft blanche en dedans , d'un goût amer. Cet arbre croît par- tout; on en mange les fruits : fon bois fert à bâtir > & il dure affez lorfqu'il eft à l'abri du foleil &c de la pluie. On affure que les feuilles appliquées, fur une plaie , du côté vert, di vîfent, atténuent les himieurs^ & procurât une fuppuration abondante ^ tandis qu'elles en arrêtent le flux immodéré , & qu'elles reflerrent les fibres , fi on les applique du côté foyeux, qiri; eft l'iirférieur-

CAiMiTiERà firuiten forme de grofles olives , CamUo

folio fuhûts aurco yfruciu oliva formi ^ Pluîn. 9 Burm. ;

c'eft Vacomas de Nicolfon. Cette efpece eft commune

dans les bois à Saint-Domingue , & fleurit en Oâobre

& Novembre ; ,fi?s fruits font mûrs en Mai & Juin.

Le caïmiûerk feuilles glabres des deux côtés, Chry/p^ fhylLum glabrum , Linn. Il croît dans les bois i la: * Martinique,.

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Caïmitier à fruit pyriforme , Chryfophytlum Md^ couœu 9 Aublet Ce grand arbre croît dans la Guîane ; fes fruits ont un goût plus agréable que ceux des autres caïmitiers.

CAJOUS ou C AJOÛ. Voyez Acajou-pomme à l'article Acajou.

C AIPON. Nom donné à un arbre très-élevé , qiti croît à Saint-Domingue, Son tronc eft droit , grand & branchu au fommet ; Pécorce unie , épaiffe , d'un rouge-cendré ; fon bois eft blanchâtre ^ folide ^ pefant: fes feuilles font oblongues , pointues , dentelées fur les bords , luifantes : fes fleiurs font blanchâtres y & fuc* cédées de fruits ovales , verdâtres , qui deviennent rouflâtres en féchant. Son bois eft employé dans les ouvrages de charpente ; mais pour qu'il dure il do?t être à Pabri de la pluie & du foleil. Ejfai fur riTifi. Namr. dt Saint-Domingue.

CAITAIA. Au Bréfil, félon Marcgrave^ SAiiMiRii efpcce de Sapajou. Voyez Saïmiri.

CAJU-BESSI. Foye[ Bessi.

CAKATOCHA ou Catacoua. Voyei Kakatou.

CAKILE ^ Cakile maritima ampliore folio , Corel, înft. 49 ; Eruca maritima , Italica^ fiUqud haflce cufpidi fimiliy C. B. Pin, 99. Quelques Auteurs prétendent que c'eft un raifort marin ; d'autres l'appellent roqutuc de mer. Quoi qu'il en foit, cette plante croît fur les parages élevés A^ mers dans les lieux pierreux : elle pouffe beaiicoup-de tiges , hautes d'un pied. Ses feuilles font oblongues, plus ou moins étroites, graffes^, d'un goût acre & fale : fes fleurs de couleur purpurine , reffemblent à celles de la roquette. Il leur fuccede pour fruit , des gouffes courtes , pointues , ayant la figure du fer d'une pique , & renfermant chacune deux femences : on s'en fert dans les lieux cette planté naît, pour le fcorbut & pour la colique néphredque.

C AL ABA , Catophyllum. Nom d'un genre de plante à fleurs polypétalées , <jui a des rapports avec fe

CAL 5<5>

tnangoujlan , & qui comprend des arbres exotiques dont les feuilles font fimples , oppofées & remarquables par la fineffe de leurs nervures. Le fruit eft une noix fpheri- que , charnue , contenant un noyau globuleux ^ dans lequel eft ime amande de même forme.

Il y a : Le calaba à fruits ronds , des Ides de Bourbon , de France , &c. CalophyUum inophyllum y Linn.; Ponna , Rheed. Mal.; Bitangormaritima ^ Rumph, Amb. C'eft l'arbre qui donne le baume vert , Voyez ce mot. Sa variété s'appelle le bois marie , & fe trouve en Amé- rique.

Le calaba à fruits alpngés , CalophyUum calaba ^ Linn. / Tsjerou-^Ponna , Rheed. Mal. Ses fruits ibnt rouges , & reffemblent affez par leur forme & leur volume à ceux du cornouiller mâle. Les Indiens le mangent , & tirent par expreffion de fes amandes une huile qui fert pour les lampes.

Le calaba à feuilles acuminées , Bîtangor fylvejlris , Rumph. Amb. Ses fruits font vm peu pointus. On trouve cette dernière efpece dans les endroits mon-- tagneux des Moluques . & dans l'Ifle de Java.

CALAC , Cariffa. Nom d'un genre de plante à fleurs monopétalees , & qui comprend des arbrîfleaux exotiques communément épineux , dont les feuilleis font fimples & oppofées , & dont les fleurs confor- mées à-peu-près comme celles des jafmins , produifent des baies biloculaires , & à plufieurs femences.

Il y a : Le calac à feuilles obtufes , des Indes , Carijfa carandas , Linn. ; on fait avec fes baies de très-bonnes confitures. Le calac à feuilles de faille , des Indes. calac à feuilles ovales , de l'Arabie & des Indes Orien- tales, ou à feuilles de myrte , Carijfa Jpinarum ^ hinn. Le calac du Cap de Bonne-Efpérance , Carijfa arduina bifpinofét^ Linp. , Mant, 52.

CALAF. On croit que c'eft une efpece de faule nain , qui naît en Egypte , en Syrie , aux lieux humides , & dont il eft fait mention dans quelques Auteurs, fous

yyo CAL

les noms de han -, de fafsaf & de [arneb ; fa fleur naît avant la feuille. Cette fleur eft longuette, blanche , lanugineufe , odorante : fes feuilles , grafles au toucher & de couleur perlée , font beaucoup plus grandes que celles^ du faule ordinaire. Les Egyptiens diftillent les fleurs , & en tirent cette fàmeufe eau cordiale qu'ils appellent macaliahf^ dont ils font ufage pour réprimer le trop grand défir de Tafte vénénèn. Oa prépare auflî àr Damas de cette eau , & l'odeur en eft fi agréable & fi pénétrante quelle fufiît pour diflîper la défaillance. Les Maures ^en fervent tant intérieurement qu'extérieurement dans les fièvres ardentes & peftilentielles. Umcry dit que le faule que nous appelons marfeau , eft fi femblable à ce caLaf^ que TAmbafladeur de Perfe , qui vint à Paris en 1715 , en fit fcrigneufement ramafler les fleurs pour les diftiller , & en boire Teau qu'il regardoit comme un puifTant rafraîchiflant. Le calaf n'eft-il pas un chaltf^ celui appelé oUvUr de Bohême^

CALAGUALA* Plante qui croît à Qiiitto & à Popayan dan^ le Pérou. De fa racine fortent plu- £eurs pédicules coudés 9 triangulaires , creux , fines , & portant des feuilles larges par la baie , étroites par le bout , vertes , luifantes , & garnies extérieurement d'un nombre de capfules orbiailaires, feminales^ dentées & rangées fur deux lignes : ces femences font menues comme de la pouflîere » & font lancées au loin avec force élaftique tous les ans > lorfque les enfuies vien- nent à s'ouvrir.

On diftingue trois fortes de racine de calaguala^ qui eft la feule partie d'ufage en Médecine. La première ne fe trouve que fur les rochers , & eft épaiffe , de couleur jaune-brunâtre , entourée de moufle , extérieu- rement ligneufe > çompofée intérieiirement de fibres Î)lanches & longues , & au milieu de cette racine dk me moelle un peu fpongieufe.

CAL 57t

La deuxième ne croît que dans les terrains fablon- tieux ; elle eft moins volumineufe que la précédente , & fa couleur eft d'un brun-rougeâtre , quelquefois grifatre.

La troifieme forte de racine de calagîiala eft cultivée dans les jardins ; fa couleur eft obfcure , cendrée par la partie convexe.

On préfère la première forte , qui eft la mieujc nourrie, non cariée ou vermoulue, qui fe coupe faci- lement , & qui a un goût favonneux. On l'eftime apé- ritive, & très-fudorinque : on en feit ufage, foit en décoâion , foit en poudre , à la dofe d'un demi-gros & quelquefois d'un gros.

Le calapiala eft beaucoup plus connu & plus ufitç en Efpagne & en Portugal , qu'en France. Pharmacop. Matntaif. edit, a^.

CALALOU, Cucurbita pepo ^ Americana ^ an Ketmia PraJUimJîs , folio ficus ^fru3u pyramidato fulcato ? Inft. ; Kawulou y Barr. Eft". , pag. 66 ; Ouaouayama , des Caraïbes; Quingombo Lufitanis jlAàxcg. Plante rampante très-effentielle aux Blancs & aux Nègres de la Guiane ; les Habitans l'appellent auffi citrouille y potiron y gombq,ut & giraumont. Le giraumont croît naturellement à la, Louifiane : cette plante , ou race particulière dans l'efpece ànpzporiy (Voyez à la fuite de Panicle Courge à limbe droit ) porte des feuilles qiii font prefque aufS larges qu'une aiîîette ; fes fleurs font jaunes , & il leur fuccede des Jhiits tendres , remplis de petites graines mucilagineufes. Ce fruit étant jeune cueilk

Eour être mangé en falade y à l'eau & au fel. Il eft on pour l'eftomac & convenable aux convalefcens, Lorfque le fruit eft mûr , on le hache par petits mor- ceaux avec les feuilles de la plante , on fait cuire le tout avec du lard ; c'eft mets que les Dames Créoles donnent par préférence aux perfonnes les plus diftin»- giiées ; quelquefois on les met dans la foupe , on les Éricaffe ; d'autres fois on les fait cuire au four & fous.

57^ CAL

la braife. On les mange en purée ; de toutes façons ; ils font bons & agréables : on en fait auffi des beignets. Quelquefois les ff^raumons font très-volumineux , & leur écorce varie pour la couleur, fuîvant la variété, La chair eft une pulpe fine d'un jaune pâle , plus ferme , d'un fucre moins fade, & d'un goût beaucoup plus relevé que celle de la citrouille ; on en fait des confi- tures feches. Pour cet effet on les taille en forme de; foire ou de quelqu'autre fruit , & on les confît aufiï fec avec fort peu de fucre , parce qu'ils font natu- rellement fucrés. Les perfonnes qui ne les connoiiTent pas font furpris de voir des fruits entiers confits y fans trouver en dedans aucuns pépins. Il y a des giraumons

Î[ui fentent un peu le mufc ; ce qui en relevé la àveur. Nicolfon (^EJfai fur VHifl. Natur. de Saint-Dojnm'' gue^ diflingue trois efpeces de giraumons i favoir, le ven j le jaune & gros , le jaune & petit» Il dit que c'eft Manguria du Père Plumier^ le jujuru , habora Ats Caraïbes.

C ALAMB AC & Calambouc. Voye^^ Bois d'Aloès,

CALAMBOURG ou Cunambourk. Bois odori- férant de couleur verdâtre ; il diffère du calambouc qui vient de la Chine , & dont nous avons parjé au mot bois d* aides , Voyez ce mot. On emploie le calant- bourg en ouvrages de tabletterie, & dans les bains de propreté.

CALAMENT , Calamimha. C'eft une plante qui s'élève environ à la hauteur d'vm pied, & qui fe divife en plufieurs rejetons anguleux ; fes feuilles font prefque rondes , un peu pointiies , légèrement lanu- gineufes, & rangées deux à deux l'une vis-à-vis de l'autre.

On fait ufage de trois ou quatre efpeces principales de calament : favoir ; le calament ordinaire , le cala^ ment à odeur de po^iliot ^ le calament de mfmtagne ou à grande fleur, & le calament des champs ou Icpou/ict--

CAL J7J

thym. ( M. DeUu^e obferve que les trois premières font du genre de la MéliJJe , & la quatrième eft une menthe^ félon Linnatis : c'eft le calament des marais^ Menthafeu Ca/amintha aquatica ^Kai. Synop{, 3 , 131; Mentha arvenjis , j^erncillata , hirfuta , J. B. 3,217. Ses fleurs font verticillées , peu garnies ; les étamines égales 5 & quelquefois furpaffant la corolle. ) Elles por- tent dans les aiffelles des feuilles , des fleurs en gueule , de couleur purpurine , auxquelles fuccedent quatre embryons qui fe changent en autant de graines arron- dies & noirâtres. Toutes ces efpeces de plantes font remarquables par leur odeur . forte & aromatique , qui les rendent utiles dans tous les cas oîi il s'agit d'in- cifer puiflamment les humeurs vifqueufes : on en prend en manière de thé pour provoquer les règles : appli- tquées extérieurement , elles atténuent , répercutent & réfolvent.

On a donné le nom de calammt en arbriffeavi à la. farrictte de montagne. Voyez ce mot,

CALAMINE FOSSILE ou Pierre Calaminaire ,

Calaminaris lapis. La pierre calaminaire eft la caJmie--

foJJiU oar excellence , Cadmiu nativa^ ou , à proprement

parler , la matrice , la mine de zinc terreufe , ou à

rétat de chaux. Voye\^ Zinc

La calamine n'affefte point de figure déterminée : elle eft plus ou moins friable & compafte , quelque- fois poreufe , de différentes couleurs , & contient , outre le zinc , de la terre , du fable , du fer précipité | ou ochre martiale , fouvent de la galène de plomb , Voyez ce mot. En général , la calamine eft plus légère que les mine^ de fer.

Celle qui eft rougeâtre eft très-pauvre en zinc; elle contient beaucoup de fer; celle qui eftgrife ou d'uii jaune pâle contient beaucoup plus de zinc, & eft U meilleure pour conver^r le cuivre rouge en laiton; Ainfi , toute pierre appelée calaminaire , qui , mêlée

^vec des charbons & çjoAiite çxpofée à Taftion la plus

\

574 CAL

véhémente d'un feu renfermé, ne prodmt point de zinc , ou qui à un feu découvert ne compofe point le laiton lorfqu'elle eft mêlée avec le cuivre rofette* & le charbon, n'éft point une y rzit pierre calaminaire. C*eft la règle que nous en donne M. ^argraff. Toutes les calamines femblent être des réfultats ochracés pro* venant naturellement de la décompoiition & précipi- tation du vitriol de zinc & du vitriol martial dans des matrices limoneufes plus ou moins mélangées. On trouve la calamine dans les environs d'Aix-la-Chapelle, dans le Berry , aux environs de Saiimur en Anjou , & en d'autres endroits de l'Europe. Elle fe préfente très- fouvent fous la première couche de la terre. Dans le Duché de Limbourg , les mines de. calamine font abon- dantes & s'exploitent , de même que le charbon de terre , par bures , par galeries , &c. C'eft à Namur qu'on la travaille , à l'aide des fourneaux & des ma- chines faites exprès , pour en extraire le zinc , & l'af- focier au cuivre rouge. Cette opération eft difficile & curieufe. Confulte[ notre Minéralogie &c le DiSion- noire de Chimie. On emploie en Médecine la pierre calamindire a l'extérieur : on l'eftlme aftringente , propre à fécher & à cicatrifer les plaies & les ulcères , mais pour cela il faut qu'elle foit bien lavée & porphyrifée. CALAMITE. Epithete que l'on donne au fiorax ai. larmes^ à caule qu'on le mettoit autrefois dans des rofeaux appelés 'calami pour le conferver. yoyei Stor ax, M. Guatard donne auffî le nom de calamiu , Calamités^ à des polypites dont le caraâere générique eft d'être en groupe , dont chaque partie font des tuyaux pîiis ou moins cylindriques , ^ non ramifiés ou très-peu , ter- jninés par le bout fupérieur en étoiles uniques.

CALAMUS AROMATIQUE vrai ou Roseau AROMATIQUE y Calamus aromoticus verus^ Beaucoup de Pharmaciens confondent le véritable calamus avec Vaçorus vrai , ils fe trompent : ces fubftances végétales dif çrent beaucoup Tuile l'autre : il fufSt de les i^

CAL y7ç

îïïîner dans les boutiques & de les comparer dans les defcriptions de Diofcoride , de Pline , de Gallm , &c. pour s'en convaincre ; Vacorus eft une racine , Voye^ Accrus. Le charnus ou lofeau aromatique , Arimdo Syriaca foUis ex adverfo Jitis^ MoriC , eft au contraire la tige d'une plante arundinacée, creufe comme un chalumeau , grofle comme une plume médiocre , ge- nouillce, d'un jaune pâle ou d'un gris-rougeâtre en dehors , blanche en dedans , remplie d'ime lubftance fongueufe ou moelle , d'un goût acre , d'une amer- tume légère , & d'une âffez bonne odeur. On nous l'apporte des Indes 8c d'Egypte toujours fec , en petites bottes hautes de deux ou trois pieds , faciles à caffer. Paludanusy Profptr Alpin & le Portugais Gar[ias ^ font les premiers & les feuls qui aient rencontré & décrit la plante du vrai calamus aromatique. Cette plante s'appelle cc^ahel-darrira. Il fort de chaque nœud de la tige deux feuilles longues , pointues., vertes ; fes fleurs naiflent aux fommités de la tige & des rameaux , dif- pofées en petites ombelles ou bouquets jaunes , auxquels îiiccedent de petites capfules oblongues , pointues , noires , qui contiennent des graines menues & de la même couleur.

Les Peuples des Indes emploient la tige pour affaî-' fonner le poiffon & les viandes bouillies ; elle fortifie l'eftomac & facilite la digeftion : prife en décoûion elle provoque les menftrues. Les Egyptiens s'en ièrvent pour appaifer la toux , en en afpirant la fumée avec un chalumeau. Les Indiens en font foijvent ufage dans les maladies hyftériques & les douleurs de nerfs. En Europe , on l'emploie dans la thériaque , comme propre à réfifter au venin.

CALANDRE , /?/. «^A 363. ^. i , Calmira en ef- pagnol & en italien, C'eft la groffe & grande alouette; elle . a les moeurs de r alouette vulgaire , le chant & ifiême la faculté d'imiter celui de plufieurs autres ciiieaipc ^ ainû que difFéreos fonS ^ lorfq^i'çUe a ix&

<y6 CAL

eduquée de bonne heure , par les foins de Thomm^* La calandre eft répandue dans les Pays chauds ^ & on ne la trouve en France que dans les Provinces Méri- dionales: différemment de lW(7z^e//e vulgaire, la calandre brife fon grain avant de l'avaler. La calandre qui fe trouve au Cap de Bonne-Efpérance , a reçu le fumom de cravatu jaune.

CALAO. C'eft le nom générique de plufieurs efpeces d'oifeaux , aflez gros', & très-remarquables par la forme finguliere de leur bec. Les calaos font du LXI.^ genre <îe la Méthode de M. Brijfon. Des Auteurs donnent au calao , en latin , le nom dihydrocorax ; d'autres le défignent très -improprement ainfi , corvus Indicus\ îhais les calaos n'ont aucun rapport avec les corbeaux ^ & ne vivent point au bord des eaux comme fembleroit l'indiquer le nom dihydrocorax. Ce font des oifeaux terreftres & qui fe nourriffent de fruits comme les toucans ; ces derniers font propres au nouveau Con- / tlnent ; les calaos ne fe trouvant qu'aux Indes Orien- tales & en Afrique , appartiennent uniquement aux contrées chaudes de Tancien Continent. Quelques Naturaliftes appellent les calaos , oifeaux rhinocéros , quoique ce nom ne s'applique communément qu'à une efpece de ce genre.

Les calaos ont les jambes couvertes de plumes juf-

(Li'au talon ; les pieds , qui font courts , ont quatre oigts 9 gros , dénués de membranes , trois devant , un derrière ; celui du milieu des trois antérieurs eft étroitement uni au doigt extérieur jufqu'à la troifieme articulation , & ^u dbigt intérieur jufqu'à ta première ; le bec très-gros , à large ouverture , cependant foible , d'une fubftance fragile & fujette à fe féparer par écailles; il eft alongé & courbé comme une faux , dentelé le long de fes borcjs ; ce bec , incommode par fon poids , ejil encore fouvent furchargé d'excroiflances qui doivent en augmenter la pefanteur & en gêner les mouvemens.

Ççs pifç^vi» feiwknt donc êtrç mal conformés pour

/ - ©archer

3u'; oii

fiMdiéil fe percher > fe foutenîr. Si même pou^ Iprendre la nourriture dont ils ont befoin ; ils font à nos yeux des êtres traités peu favorablement ^ informes en quelque forte , & infortunés ; mais il faut croire ^ dit M. Mauduit^ c^e la Nature , occupée de la penféè de la création , a tout vu dans l'avenir ^ connu tout d'avancé > calculé les rapports & les relations entre - les parties & le tout ^ entre les befoins & les moyens ^ & que rien n*a pu fortir de fes mains informe ou mal-affortii

On diftingue plufieiu-s efpeces de calaos i iJ^ tàlao à bec ou noir ou rougc > du SénégaU f^oye^

TOCK.

%P Le calaû d AbyJJinic ^ pi. enl. 779. C'eu un des plus grands de ce genre ; tout fon plumage eft noii* j;

{es grandes pennes des ailes . blanches ; le bec noir \ ong de neuf pouces , moufle par la pointe , & une plaque rouge uir chaque côté ; la proéminence du bec ^ deux pouces & demi de diamètre.

5.^ Le talào d^ Afrique <f appelé le broc o^ trompette de broc ; il eft de la grofleur du dindon : fon plumage ^ noir j fon bect eft en partie rouge , en partie )aim0 & bordé de noir^

4,° Le càlào de Ùingi ; on le trouve à la Côte Corômandel; Cùri bec eft très-long, fortement courbé; l'excroiflance fur le bec forme comme un fécond bec , mais moitié moins long que le premier ou véritable hec 9 qui eft noir , bordé de blanc ; le pluitiage d\ui gris-brun.

5.^ Le calao â bec cifelé ou dentelé y l'îfle Panay; A4. Sonnerat dit qu'il eft à-peu-rprès de la taille du gros corbeau d'Europe ; fon bec ^ dentelé le long de fes bords i eft fiUonné en travers dans les deux tiers de. fa longiieUr ; la couleiu" du bec eft brune , mais les -rainures ou enfoncemens font couleur d'orpin ; Tex- croiflance de ce bec eft comprimée fur les cotés , tran- chante en deffus : le plumage fur le corps eft d'un Tome lié O o

^7» . C A E

noir chatoyant le bleu-verdâtre ; le deflbus du cotps iril rôiiflâtre.

6.^ Le caiao de Malabar eft de la grofleur du corbeau ; rexcroifTance furmonte & forme comme un fécond bec, appliquée & couchée fuîvant la cour- bure du véritable bec, élevée de plus de deux pouces ^^ & finit à deux pouces du vrai bec : on diroit d'un bec tronqué & fermé à fa pointe ; l'intérieur en eft cel- lulaire; fa fubftànce eft mince, blanche - jaunâtre au milieu, les deux extrémités noires; de Jongs dis ^ arqués en arriére garniflènt la paupière. On a va un de ces individus à Paris; &, en générai , la figure,' Tallure & toute la tourniu^ de ce calao ^ ont pem un compofé des traits & des mouvemens du geai, du corbeau & de la pie : il faifoit entendre un gloufiement comme la poule d'Inde qui conduit fes petits ; le plimiage à-peu»^près le même qu'au calao de rifle Panay.

7.® Le caloû de MarnUe^ pi. enl. 891. Il eft de fa grofleur du tock ; fon bec , couleur de chair pâle , eft fans ^ntelures , aftez pointu , & tranchant par les bords ; ce bec eft furmonte d'un léger fefton proéminent; fon pliunage eft bnuMioirâtre fur le corps , & d'tm blaag &le en deuous.

8.^ Le calao des Moluques , pi. en!. x2'^. Il eft de la grofieur du coq ; fon pltmiage eft , pour la plus grande pafde , de couleur fauve mêlé de noir ; le bec eft cendré-noirâtre ; l'excroiflance du bec eft blaa*r ^âtre, arrondie en arrière, plate en deftus. : 9^® Le Calao des Philippines eft de la grofleur d'un dindon ; le pliunage eft noir fur corps & blanc en deflbtts ; les pieds font verdâtres ; fon bec eft long de neuf pouces , de coulem: rougeâtre , ainfi que l'ex- croiflance qui eft longue de fîx pouces , large de trois , arrondie en arrière , concave en deflîis , & terminée par deux angles avancés ; les narines font

placées à l'origine du bec ^ fous cet|e ^çx(^i^ç§^

CAL ^79?

io.^ Le calao des Indts de M. Brlffon^ ou calao rhinocéros. U eft bien plus grand que le corbeau d'Eiu-ope ; fon plumage eft tout noir ; fon bec eft jaunâtre^ & feulement rougeâtre dans le haut de la partie fupérieiire ; Texcroiflance eft longue & en forme de corne courbe , relevée & ifolée par le bout qui finit en pointe moufle ; elle eft variée de rouge & de jaime ^ avec une ligne longitudinale 6c noire de chaque côté,

11.** Un calao dont on ne connoît que le bec,' Irepréfenté , pi. enl. 934; ce bec a fix pouces de long , prefque droit, fans dentelures ; la protubérance en forme de cafque , d'un rouge de vermillon , prefque «ronde, haute de deux {)ouces, & hu^t de circonférence. M. Briffon parle d'un calao indiqué par Bontius , fous le nom de corbeau des Indes. Voyez ce mot.

CALCÉDOINE ou Chalcedoine , Lapis chai- tedonius. C'eft une pierre qui a été mife dans la claffe des pierres fines demi-tranfparentes. La cal' cçdoine eft ignefcente , ôc femble être de la natura d'un beau caillou , filcx^ ou à pâte d^agate ; elle eft nébuleufe , de couleur blanche , laiteule & légè- rement teinte de gris , de bleu & rarement de jaune z on y diffingue prefque toujours trois couleurs dans lefquelles le bleu laiteux domine. Cette pierre a été auiîi nommée agate blanche laiteii/e. Si la teinte du bleu eft affez foncée pour approcher du brun ou du noir, la pierre prend le nom ^agatç noires fi la teinte de jaune eft aflez vive pour approcher de la couleiu: orangée , la pierre doit être appelée fardoine ; fi fa teinte étoit d'un rouge de chair vive , on l'appéleroit cornaline. Voyez ces mots^ Si la teinte de bleu domine & eft d'une belle trans- parence , la pierre s'appelle calcédoine faphirine. Les calcédoines , dont les couleurs grifes , nuées de bleu font les plus nettes & les plus vives , font réputées orientales. On en voit de luifafntes & qui chatoient d'vwie façon remarquable y nptarament la^ calcédoine

5^0 ^ CAL

faphirine , qui eft la plus dure , la plus fàf e , la pliuî belle & la plus eftimée.

La adcidoim laiuufe , d'une feule couleur y d'un blanc pâle ou blanc de lait , eft la plus commune & moins 'dure que la calcédoine orientale : elle n'eft diftin- guée de Vagate blanche qu'en ce qu^elle eft moins dure , & qu'elle eft nébuleufe. Il y a aufli la calcédoine rayée & tachetée ; elle eft panachée ; on y remarque de petites raies , de petits points , tantôt gris , tantôt rouçes , fur un fond blanc laiteux. On trouve ces cal-- €€doines communes à Chemnitz & en Flandres*

La calcédoine égale Vagate en dureté : on en &ît des bijoux y des bagues ^ des cachets , des manches de couteaux , parce qu'on trouve ces pierres ordinaire- ment en petits morceaux; on en voit cependant quel- ques vafes , mais qui font rares* Le Roi de Danemarck a donné au Cabinet de Chantilly quelques morceaux de cette pierre , & qui font d'un très-gros volume, & très-beaux : ils avoient été trouvés dans l'Ifle de Feroë. Feu M. le Préfident Og'ur , étant Ambaffadeur auprès de ce même Souverain , en avoit fait une col- feôion des plus rares, pour le volume , pour la figure, & la pureté des blocs. Les morceaux qui compofoient cette coUeÔion , avoient été trouvés en difFérens en- droits de la Norvège , fur-tout en Iflande. On pré- tend que les Anciens avoient ime fi grande effime pour la calcédoine , qu'ils ne l'employoient que dans les plus beaux ornemens de leurs édifices , & que le Roi Sabmon la prodigua , pour ainfi dire , dans le magnifique Temple qu'il fit bâtir à Jérufalem : auffi les Empereurs Romains recherchoient-ils cette pierre comme ime matière rare & précieufe.

On donne le nom de pierres calcédoineufes à toutes celles qui ont des nuages ou des teintes laiteufes irré- gulieres qui ofïufquent leur tranfparence. Ce défeut eft afTez commun dans les grenats & dans les rubis, & plus çncorç dan;s les faphirs ^ I^ chryfolites du

CAL 581

Bréfiî. On tâche de faire difparoître ces taches par !a manière de les tailler, en rendant concave Tune des faces de la pierre , & l'autre convexe.

La Chimie a trpuvé l'art d'approcher de ces beautés de la Nature , par un procède avec lequel elle imite auflî l'agate & le jafpe.

CALCHITES , Calchitis. Voyez Colcothar Fossile.

CALCOU R0U6E. f^oyei COUROUCOU à ventre rouge.

CALCUL , Calculus. Aujourd'hui on entend par ce mot , des concrétions pierreufes , inorganiques , qui ont beaucoup de rapport avec les pierres des animaux ou bé[oards. Voyez ce mot.

Le mot calcul eft même le nom générique de toutes les efpeces de^iierres qui fe trouvent dans les divers animaux, telles que hs perles ^ les pierres d^écrevijfes ^ la pierre des poijfons , celle des amphibies , des oifeaux & des quadrupèdes. Voyez chacun de ces mots.

Selon les Lithotomiltes , le mot calcul eft plus par- ticulièrement confacré à l'efpece de corps pierreux qui ie trouve en plulieurs endroits du corps humain , &

I)rincipalement dans la veilie , dans les uretères , dans es reins & dans la véficule du fiel. On nomme ces pierres Calcul d'humains ou Gravelle , Cakulus humanorum^ Elles font ou graveleufes , ou légèrement calcaires , contenant un alcali volatil , une matière gélatineufe animale ; formées par couches concen- triques comme le bézoard , tantôt unies , tantôt rabo- teufes : celles de la veffie font prefque unies, arron- dies ou oblongues, avec une coideur grisâtre & fauve ; celles des reins font protubérancées comme le fruit du mûrier ; ce qui fait qu'on les a nommées pierres murales. Celles-ti font rougeâtres, mais celles du fiel font d'un Jaune fafrané. On connoît les pierres biliaires ;^ elles font inflammables. Celles de la véficule du fiel des boeuÊs ^ font dHifage en peintiu*e.

j8i CAL

Combien de perfonnes font attaquées plufieurs fdi îdans leur vie de cette maladie grave , & combien en ' font la viftime ! En ouvrant le corps d*im Gentilhomme, mort en Angleterre en 1750, on lui trouva quarante- deux pierres dans les reins , quatorze dans la véfiaile du fiel , & dix dans la veflie qui pefoient huit onces & hernie. On lit beaucoup d*anecclotes de ce genre dans le$ Mémoires de r Académie Royale des Sciences^ années 1702, '1706, 1730& 1735, Le ^^^^ Catillony Supérieur des Barnabîtes d'Étampes , moiuait de douleurs qui annon- çoient Fexiftence de pierres ou calculs dans la veffie : à l'ouverture du cadavre , on trouva en effet neuf pierres , dont huit avoient la diweté du marbre , & ëtoient ufées , liffes & polies fur différentes faces , par les frottemens qu'elles avoient éprouvés les unes contre les autres : la neuvième étoit toute raboteufe. L'illuftre de Buj^on , mort à l'âge de 82 ans de la même maladie , ayant été ouvert j^ on a trouvé dans 6 vefîîe 56 petites pierres,

Les çaules produftives des calculs , tîrent-elles leu^ ^ffenee de la nature & des propriétés de la maffe du fang , ôç clés difïerens fluides qui le çompofenti p'eft ce que nous ne favOns pas bien ;. car les recherches q[ue l'on a faites jufqu'ici fur la formation de ces pier^ res & des concrétions * graveleufes dans le corps hu^ main, font moins une théorie exafte , que qiielgues obfçrvations faites au hafard fur ces fortes de pro* duâions ( ^ ). il fçroit cependant è défirer qu'on

(4) LwKqueufs ^uî dr^uteot ^ai»s le cofp* humain, èktA.GrmU 4hamp\ ancien Chirurgien Major de l'Hôpital Gënëral de la Charité, à Lyon» <ioivent leur fluidité naturelle à la férofité qui îçar fert de véhicule, ^ à l'aAion organique des folides qui les mettent en njouvement , les font çircvîler , & empêchent airvfi leur décompofition. Pès que ce* liquides ne font pas fournis à l^a^on. des va îfTe aux , ils sVpanchent , ft dëcotnpofçnt , fie forment à h longue des annas , des concrétions inor» ganiques de dififére^ites denfités , fuivant le volume de l'iépancheiBent, le lieu qui le reçoit , & la nature àes liqueurs épanchées. Ces concrc- tio^is font communément appelées calculs ^ pierres : il n'y a aucune parti* ^es animaux « de Thomn^e fur-tout , qui , feîon rObfervateur cité et» itS\xs y n'9it ^CQptcnvi ce^ fQxtes. de concrétions inprgaitiqu^s» Il n^

C AL ^ j«^

prouvât les moyens de garantir Phumanîté de cette maladie fi douloureufe & fi redoutable. Les matières làvonneufes prifes intérieurement, appaifent les dou- leurs ; Peau de chaux tirée des écailles d'huîtres caici-» nées , & injeâée dans la TeiSe > agit immédiatement fur la pierre avec toute fa vertu ,ceft-à-dîre', fuivant l'explication (ju'en donne M. Roux , en décompofant le iel ammoniac de la concrétion pierreufe.

Le Frère Cofmc^ célèbre Lithotomifte de Paris; nous a donné une pierre qu'il a tirée en 1771 , de la veffie dkm homme âgé de quatre - vingts ans : cette pierre , qui e(ï d'un très-gros volume , pefoit après l'opération treize onces & demie ;, aiqourd'hui elle ne pefe plus que dix onces & demie*

Indépendamment des divers endroits du corps humaîa nous avons dit qu'il fe trouvoit des cakiàs , il n'eft pas, rare de rencontrer encore une pierre ibus la langue âe l'homme. Voyt:^ dans les Mémoireâ de P Académie Royale de C&irurgU^ Tome Ill^page 46a 9 une Differ* tation de M. I/ms , &c. Il eft rare , mais il n*eâ pas: fans exemple , qu'on ait trouvé des calculs dans Futérus: de la femme. M. l'Abbé Dkquemare en a trouvé dans Tuténis d'im marfouin..

C ALDERON , Caldmmus. Animal de mer , le plus gros après la baleine^ Il a le corps plus court y mais il

porte ^ue M. Pm< , -célèbre Médecin de Paris, en si trouré une quantité prodigieufe autour des finus du cerveau de la feue Reine de France , ( tu dans la fubftance même de cet organe^ On en a obfervé dans les humeurs de l'œil , dans le fac lacrymal d*une Dame. Fratiçois CoUot- parle d'un MagiRrat, dans le poumon duquel on trouva dix pierres .très-dures de la groffeur d\ine ooifette. HoulUr » dans. Ton Commen- ±aire de rAphorifme 75 , du quatrième Livre û*Hippocratc , fait mentioA. de deux pierres blanches , dures , trouvées dans le coeur d*une femme» .14. Littre trouva à l'ouverture d'un cadavre » dan^ la capacité du bas* •ventre, un corps dur, blanc, poli>ifolé. MM. Collot ^ Ledran donnent l'obCervation d'un enfant qui naquit avec la plupart des vifceres du bas* yentre p^ti'ifiés. Ambrcifi Fari parle de la pétrification entière d'uiir enfant qui vint au monde à Sens * que la mère avoit porté vingt-neuf, ans. M. Granichamp a trouvé une pierre entre la matrice & la veilîe « & cette pierre étoit en ptttie piTeufe» M* LquU a donné un Mémaise^ Êxr ks eaUMls utédAS*

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cft également 3e la clafTe des fouffleurs^ cleft-^à-dîre J qu*il a une ouverture par il lance Teau. Soiis le règne de François / , on en a vu deux à Paris, La peau , la graifTe , la chair , la langue , les po\imons , tout eft comme dans la baleine ; peut-être en eft - il une efpece. ^oye^ U mot Baleine. CALEBASSE d'Herbe ou de Terre ; Calebas-^

SIER RAMPANT, Cucurbita lagenaria ^ Linn. 1434; €^ flore alboyfolio molli^ C. B. Pin. 313. C'eft VArouarou des Caraïbes. Voyez Courge à fleurs blanches , (on y parle âuflî de la caUbaJfe des Nageurs,) à P article Courge.

CALEBASSIÊR , Cre/cemia , Linn. Nom d'un genre de plante à fleurs monopétalées , de la divifion des Perfonnees , dit M. le Chevalier de la Marck , & qui comprend des arbres d'Amérique , dont les feuilles font iimples , alternes ou par paquets , & dont les fleurs irregulieres produifent des fruits charnus , à écorce ' dure , qui , par leur grofleur & Içur forme , approchent fouvent de nos calebajjes ou de nos courges.

C ALEBASSIER à feiiiUes longues , Cucurbitifm ûtbor jimtricàna , Sloan. ; Cujae , Plum. ÔC Marcgr. Ceft un arbre très - intéreflant par l'utilité que l'on retire de fon fruit dans les pays oii il croît, H fe trouve aux Antilles, à la Nouvelle Efpagne, & dans la Guiane, Âême à Saint- Dommgue , dans les mornes & dans les plaines. Cet arbre eft de la grandeur de notre pom- ûiier. Soft tronc eft tortueux , ainfi que fes branches ou rameaux qui prennent , la plupart, une fituation horizontale. Son écorce eft grisâtre & ridée. Son bois eft blanc & plus coriace que dur. Les rameaux font garnis à chaque nœud de neuf à dix feuilles , en pa- quets , lancéolées , rétrécies infenfiblement vers leur bafe , terminées par une longue pointe, prefque feffiles, entières , glabres , vertes & un peu luifantes. Elles ont cinq à fept pouces de- longueur , fur un pouce & 4em} dans leur plus grande largeur, ^çs fleurs naiflent açn^ feulement fuç toutes ks branches > mais eMQ^9

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autour du tronc de l'arbre. Elles font monopétales ^. anopiales , folitaires , faites en cloche , découpées dans leiu- contour en plufieurs parties blanchâtres ^ d'une odeur défagréablç , portées fur un calice féparé en deux fegmens verdatres , oblongs , creufés en cuiller ; le piftil s'élève du fond du calice environné de quatre étaniines dont les anthères font fortes & arquées ; à celles des fleiu-s devenues fertiles , fuccedent des fruits plus ou moins gros , fuivant les individus , dépuis la groffeur d*un œuf jufqu'à celle d'une citrouille , tantôt oblongs 9 tantôt fphériques , fans pointe ou mamelon à leur fommet Leur écorce eft verte , unie , dure , coriace, prefque ligneufei elle recouvre une chair pulpeufe , mollaffe , blanche , pleine de, fuç , dHm goût aigrelet, & d'une odeur vineufe, qui contient plufieur& femences brunâtres , plates , faites en cœur. On recon* noît que les çalebajffes font mûres , quand le pédicule qui les attache à l'arbrç fe flétrit ôc fe noircit , alors on peut les détacher, fi y a des Habitans qui varient la forme de la caUbaffe ; quand elle eft à moitié mûre \ ils la ferrent avec force , au moyen d'une ficelle , fui- Vant la figure à laquelle ils veulent l'affujettir. Ce fruit eft nommé par Lémery , Çakbaffe de Guinée ou d* Afrique, parce que cet arbre , qui y a été apporté d'Amérique , y eft auiîî cultivé. On nomme ce fruit machamona en Guinée, cohyne ou cuietéy ou hyguero^ dans la Nou- velle Efpagne , & couis dans nos Colonies FrançoifeSi, On çreufe , ou plutôt on vide ces calebajjes en jetant dans leur intérieiu* de l'eau bouillante pour en faire macérer & amollir la pulpe & la détacher fans pehie; ôç alors elles font d'excellentes bouteilles. Quelquefois. en y met de petites pierres avec de l'eau , pour les mieux nettoyer. On prétend qu'en mettant ces fruits entiers dans un four ou fous la cendre brûlante , on peut auffi en liquéfier la pulpe pour la faire fortir, i^Wry dit que les Cannibales en font de petits vafes ^

qu'ils emploient particulièrement poiu: im myftere qui

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regarde leiir Dîvînîté : ils les creiifent également , Si les empUfTent de maïs & d'autres femences ou de petites pierres , & les ornent au dehors de plufieius fortes de plumes ; puis les ayant percés par le bas , ils y mettent un petit bâton , & le fichent en terre. Ces peuples ont coutume de garder avec beaucoup de refpeâ trois ou quatre de ces fruits , ainfi accommo- dés , dans chacune de leurs cabanes : ils les appellent maraka & tamaraka. Us croient , quand ils manient ce fruit & l'entendent Ésdre quelque bruit , à caufe des grains & des petites pierres qui font dedans , qu'ils parlent avec leur Toupan , c'eft-à-dire, avec leur Dieu, & qu'ils ont de lui certaines réponfes. Ils font entre- tenus dans cette fuperflition par leur Paip ou Devin , qui leur fait croire qu'avec le parfum^ cUi tabac , & certains enchantemens & marmotemens, ils donnent une vertu divine à leur tamaraka.

Les Indiens pdliffent la furfàce extérieure de ces fruits vidés & defféchés , & l'émaillènt agréablement avec du roucou , de l'inctgo & autres belles couleurs apprêtées dans de la gomme d'acajou. Leurs deiBns à la fauvage font aiTez juftes pour des gens qui ne font ufage ni de règle ni de compas. On voit quel- quefois de ces ouvrages dans les cabinets des Curieux. On fait de l'écorce de ces fruits divers uflenfiles de ménage , notamment des plats ; on ne laifle pas que d'y faire chauffer de l'eau. Le calebafflcr fournit feul la plus grande partie des petits meubles de ménage

"des Caraïbes , de nos Nègres & des Etrangers qui vont aiix Ifles. Les Nègres donnent le nom de couis à ces ufleniiles , feauX , pots, bouteilles , affiettes, verres, cuil- lers , &c. Le gogligo ou coyemboue , fi utile aux Nègres & aux Sauvages pour ferrer & conferver proprement

* leur mangeaille , n'efl qu'une cahbafft vidée , ayant i«ne ouverture à pouvoir y pafTer la main ; on bouche exaâement cette ouvei'tiue au moyen d'un morceau de ^aUbaJfc taillé en cabote.

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TLes Habîtaris des lieux oii croît le cakhaffur , regar-» dent la pulpe de fon fruit comme une panacée pour un grand nombre de maladies & d*accidens. Ils l'em- ploient contre Phydropifie , la diarrhée, dans les chutes, les contufions , les coups foleil^ les maux de tête ^ même pour guérir les brûliures. Ils en rétirent une li- queur femblable à notre limonade. Aujourd'hui Ton efl dans l'ufage de feire bouillir cette pulpe, d'en paffcr la décodHon par un linge , enfuite de la mêler avec du fucre , & d'en former un fîr<J|> laxatif, dont on fait grand ufage aux Mes pour faire vider le fang caillé : ce firop devient commun aftuellement en France, oîi on l'emploie poiu- la poitrine. Il eft connu fous le nom de Sirop de caltbajfe. Les oifeaux du pays qui ont le bec fort & robufte , percent ce fruit pour en manger la chair dont ils font fort friands. La chair de ce fruit defféché, dit JJmery^ a un goût aufli agréable que le pain d'épice.

Miller nous apprend qu'on a ailtivé , par airiofîté & avec fuccès en Europe, ce calebajfier d'Amérique xlans une ferre d\me chaleur tempérée. Cet arbre de- mande une terre légère & de fréquens arrofemens : on le multiplie de rejetons & de graines fraîches.

Le P. Plumier diffingue cinq efpeces de çakhajjhri en arbre. Dans la première, les feuilles font oblongues, étroites ; les fruits gros , ovales ; c eft l'efpece décrite ci-Kleffus. Dans la féconde , les feuilles font larges ; le$ fiaiits mous , Cujeu latifolia , fruBu putàmine fru'^ gili» Dans la troifieme , l'arbre eft petit , & produit <les fruits durs. Dans la quatrième , les feuilles font étroites; les fruits petits & fphériqucs. Dans la cin- quième , les feuilles font étroites , les fruits petits & ovales. M. de Préfontaine dit, que" dans la Guiane les branches des plus gros caUbaffiers partent à trois on quatre pieds de terre , & portent les plus gros fruits^ & que le plus haut caUbaffizr ne pafle pas feize pieds. grj^nd çakbajJUr eft appelé mataUou , par les hommes

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Caraïbes ; huira ou baya , par les femmes ; tthoucoulou \ c*eft la petite caltbajft d'arbre; mouloutoucou ^ par les hommes ; commori ^ par les femmes ; la calebaje longue^ ouverte par le milieu , qui fert comme de pot-à-vin., efl appelée eomon ^ par tes hommes ; ehuéyu , par les femmes Caraïbes ; la calebajfe médiocre , pleine de petites pierres , qui leur fert dlnftrument, violon, ou tambourin , malagali , par tes hommes ; chklùra ^ par les femmes : la caUbajIe faite comine un piftolet, tamacoiUou. A# l'égard du calAaffitr à fleurs de jafmin^ & qui croit dans les Ides de Bahama ^ il paroît appar- tenir à im autre genre de plante.

On nomme en Amérique catebaffe d^herbc ou cak- baffUr rampant^ notr€ cakbaffc ou gourde Européenne qui y a été tianfportée. Quoique 1 ecorce de la caUhaft d'herbe foît plus épaîfTe que celle de la caiebaffe d'artrc, elle eft moins propre à contenir des liqueurs , parce que cette écorce qui eft moins dure leur fait eontraôer un mauvais goût. Foyei l*<^rt^i^ Courge & ci-defliis celui de Calebaffe d'herbe. A l'égard du CaUhaffitr dik Sénégal j Voyez Baobab à Tarticle Pain PE Singe.

CALENDRE. royei Charençon.

CALESJAU jRhéed. Malab. Grand arbre du Mala- bar ; il s'élève à environ 60 pieds de hauteur* Son bois eft de couleur pourprée , uni & flexible : fes fleurs croiflient en grappes à Textrémité de fes bran- ches; elles reflemblent aflez à celles de la vigne: «lies font fui vies de baies oblongues , vertes , couvertes d'une peau mince , pulpeufes , infipides , contenant un noyeau vert , aplati , qui renferme une amande blan- che : lorfque les feuilles du calesjam^ qui fontailées^ ovales , lancéolées , entières , glabres , molles & d'un vert luifant , viennent à tomber , il naît au tronc & aux branches , une excroiflance ridée en forme de rem, verdâtre & produite par la piqûre d\me efpece d'in- fede qui cherche dans cet arbre une retraite & de la nourriture^

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le cales/am donne du fruit une fois l'an^, depuis iâlx ans jufqu'à cinquante. Son écorce pulvérifée & mêlée avec le beurre , s'emploie avec fuccès dans les ulcères malins , & calme les douleurs de la goutte : cette même écorce , ainfi que les feuilles prifes en infuiion théïforme , provoquent Taccouchement*

CALFAT. Nom d'un oifeau à Tlfle de France, & qui 9 par {e& caraâeres , doit être placé , dans la Méthode , à la fuite des ortolans : fa tête eil noire , le deffus du corps , des ailes & de la queue , d'un cendré - bleuâtre ; la gorge noire ; la poitrine & le ventre d'une couleur viileufe ; une bande blanche fur les joues ; le tour des yeux nu & couleur de rofe , ainfi que Tiris & les pieds.

CALIBÉ ou CALYBÉ, pL ml. 634. Nom de Xoïfeau de paradis Vert , qui fe trouve à la Nouvelle Guinée ; il eft im peu plus gros & plus alongé que le roi des cifeaux de paradis. Il eft , dit M. Sonnerai , en entier d'un beau vert, qui a le brillant & le poli de l'acier bruni ; il paroît ^ à tiifférens afpeds , tantôt vert, tantôt bleu ; le bec & les pieds font noirâtres; Tiris eu rouge. Le calyU n*z point à la queue ces deux longues plumes , qui n'ont de barbe qu'à leur origine & a leur extré-* mité , & dont M. Brijfon fait un des caraûeres qui diftinguent les oifeaux de paradis.

CALI-CALIC. Foye^ à P article BruiA.

CALICE. Foye[ ce que c'eft à la fuite de Varticle Plante. ^

CALIN , eft 5 félon Lémery , un métal compofé de plomb & d'étain par les Chinois , & dont on fait plufieurs uftenfiles au Japon , à la Cochinchine & à Siam ; tels que la plupart des cafetières & boîtes thé , fabriquées à la Chine , que nous voyons quel- quefois ici , & qui ont la prc^riété d'être flexibles ôc de fe boffuer , fans fe caffer : on prétend même que les Habitans de ces Contrées en couvrent leurs mai- ions ^ & qu'ils en fabriquent des efpeces de ba^ aloi.

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ouelqiies parties intérieures femblables à celles de \i jeche ; en effet , il s'accouple de même ; les femelles firaient en Oâobre , & même plus tard : elles dépo fent leurs œufs en haute Mer. M. Nécdham dit qu'on voit beaucoup de ces animaux fiur les Côtes de Portugal* S'il y a quelque chofe de différent dans le calmar & la Jeche , c 'eft que le corps du calmar eft long , rond ■& finiffant en pointe; tandis que celui de \?ifcche eft court & large , de même que fon os qid eft d'ailleurs friable & fpongieux ; celui du calmar eft étroit , carti- lagineux & un peu tranfparènt ; fa jambe droite eft plus groffe; fes ailes plus larges & terminées en pointe, n'environnent pas tout le ventre , comme dans la feche. Le calmar mâle n'a qu'un conduit en dedans; les femelles en ont deux. Ces animaux rejettent encore time humeur rouge , qui les rend rougeâtres , de même que les poifTons mous , quand ils font cuits. On remar-* que encore que les calmxirs ont une xhair plus molle que la ftcht. Ils ont huit filets allez «courts ; une efpece de bec fort dur ; teiurs nageoires leur fervent à nager dans l'eau, & à fe foutenir hors de l'eau, dit*on, à la manière du poijfon volant^ Voyez ce mot. Leur vol préfage la tempête : ils font fouvent en troupes- Cet animal n'a jamais été beaucoup eftimé dans les alimens ; tel eft le jugement du SchoUaJie Anfiophaxu & de Suidas. Il dit cependant que les calmars que fourniffoit le Golfe d'Ambracie , étoient , dans les mets froids , les plus eftimés à Rome#

On rencontre quelquefois de petites efpeces de calmars^ qui différent de la précédente par leur peri- teffe j & parce que leurs nageoires font plus pointues, & leur fortent un peu plus bas qu'au grand calmar. Les loups de mer cherchent volontiers ces animaux jeunes pour en faire leur proie ; mais ils la manquent fou- vent , les calmars ayant la propriété de jeter à volonté une liqueur noire , contenue dans deux réceptacles oo <anaux fitués dans leur ventre , qui trouble Teau &

mafque

. y. : c A LT •. ,1 1^

fnàfqiie-leiur rmite; à d€£aiit?il$t^'eleyeât:^*ék>on^ daiis rair ^ & échappent par ces moyens àil'ividilBi

de leur ehaemi» Le calmar yït de ' petits. ']poiâronsv d'écrevifFes&delangouôeséetner. .M. Ntc&am^ dans' its nouvelles Objcrvativùs mkrdfcopiqtus , à -découd* vert le premier l?i femenca dansiile c^man^Ai^ \^ &^ le frai dans les- femelles; Lés; détidls dam. lèft^ il eft entré à ..cet égard & fur ranimai entier.;: méritent d'être lus dans l*Auteur même : on en trouve Textrat dans r-E/îcj'c/t^«/i«',àiL mot CAiiMABTv "

CALQUASSE, f^oy^i Pïe-griêche grise. . , ; . *

CALUMBÉi Racine tfun arbre inconnu , jcju'on nous appprte des. Indes en morceaux de la groflfeur du* pouce ; elle efl Jaune , amere & fans odeiu:^ feiiiible. Cette: racine paffe à Bengale pour un fpécifique centre les coliques , les indigeftions & contre. Je mars M' chien, maladie fâcheuie, dont les accidens ont rap« port au cokm-^morbus. Cette racine paroît être/Ia ixiêmo appelée aujourdliui raàm'dc Colombo. Elle eft .fort en ufage en Europe. . - ''

; CALUMET. On voit danslèsxabînets des Curieux,' des pijpes à tige fort longue ^ & qui font ornées de différentes manières : ce /ont les Sauvages* qm font ufage de ces grandes pipes. Dans les alliœces.ils pré-h ienteilt le calumet , orne de, pldrîies blanchesiid^gle ^ comme lefymbole de :1a paix; des Députés ri'ajjjpôr- tent en cadence, en agitant les plumes au* Vent v & en articulant la cHanfon du calumet, Cettè'pi|)è>eft une iàuve-garde y avec laquelle on peut aller pàr-tôut; il n'y a rien de plu$ facré parmi les Natiosi$::faxtyage$»

Calumet; Nom qit'cm donne aux lûe^/i» -particu- lièrement à Saint-Domingue;: ime planté (àènt^ônfdif-^' tingue deux efpeceS'i ïefiatic 8c.\e matrom^':^"'''* >- .

Le calumet franc a^ 4a racine fibreufe ; dlè porto pluûeiurs tuyaux gros comme celiri ..tEonel jplume flioyenne, de dix a douze piecjs de hauteur ^vgarnîs^ ffi debûts:de nœuds ds dxâal^e*ea diilaacô; fesiiuy^îus;» Tome IL P g

np94^ C A U C A M

^t €tivx 6c téirifemeût une fubâ^nce fpohgîeti^e i 6cilé à èéixbar yh^ ûtvasaxjiffent le long, des tiges ; i^lles ioàtîfume&de petites ^ndties alongées ^ Ueoâtres^ bniknteS') enveloppées dans les écailles qui ont fervi de cadîce à la fleur» On fe fert aux lâes des tuyaux ce jùilunut poiu* fumer , jen les ajiifbnt j après les tfroif^ lîîdés , à une tête de f ipe faite déterre fécUée au foieil) ifufon nomttie cachimbo. Cette plante .croit dans leis mornes.. . .

Le calumet man^ ou Jauvag^ ^ diffère du précédent, en ce que fes tuyaux font plus gros , plu!s remplis de mtûsàsiy phis fragiles & plus minces* H n!eft d'auaui ufage. EffaifurVHiJL Natur. 'de Stwu-'DmùngUc.

CAllHÉ. Foyei Causé. ' CALYCANT^ Cafyeamhus^ linn. Nom d*im genre fiantes, ou petits arbriâbaux exotiques, à fleurs polypétalées , qui a deâ rapports par ia fruâificatioa avec h fanûUe des Rojîtrs, Les pétales font nombreux & comme confondus avec le câHce écailleux qui les foutient. Il y a : Le calycant de la Caroline , vulgairement \^ pompàdcfur^ Catyçamhus ^ Linn, ; il fleurit en Mai; feis fleurs font d'un Touge-^run. Le calycarû du Japos & de k'Chine., Calycandms pruox y Linn. ; fes fleurs , qui font j)auisés ^ paroifleht avant les feuilles , & les pétales imërieurs iont les plus petits,; ceux de Tefpece précëdeàte \y font, au contraire, les. plus, grands. : CÀMAA des }ioUtttûios^^\e Bubale^Nùj&L ce mot. :. CAMâGNOC 'OU CAUff ANibc. Efpece de magnoc oit de -m^QC douxc, qm fe cultive à Cayenne , ic dcmt.ùn:aixsche b racine au boutade fept mois; on k mange ««dots grillée ibiis la^braife cm bouillie dans l^au. On mange comme de&. patres ^ elle n'a rien de venimeux; Si on la:hiflè plu$ long<-tem[K en terre , elle nfeâ 'l^one qu'à ê^e réduite en farine & à être travailiéenomnie le magnoc, avec cette différence que leau qui "fini fort rfeft pas dangereufe.; fa ferine même #ft;prdËéjsée à^ceUe^de ma^c ; oix $a £(it d'^xc^^vte

t A U ^ 59f

tnjdfave & de très-bon mataé y efpece âe pain. Voycf;^

MÀGNOC à r article MaNIHOT,

CAMAIL. Surnom donné au Tangara à cravate notre ^ de Cayenne , plane, enbim. 7H » fis^ 2 > demi-bec fiipérieur eft blanc à fa bafe , & noir au bout ; ïe demi-bec inférieur eft entièrement noir ^ excepté fa cravate qui eft noire ; tout le refte du plumage eft d*une couleiur imîforme cendrée*

CAMARÀ , Lantana, Nom d'un genre de plante à fleurs, monopétalées > qui a des rapports avec les ver- vtines , &c. & qiu Comprend des herbes ou de petits afbriffeaux de rAmérique Méridionale ^ dont les feuilles font oppofées , oc dont les fleurs viennent en têtes ombelliformes > très-agréables à voir ; elles ont quatre étamines ; le fruit eft compofé de baies glo-* buleufes , ramaffées plufieurs enfemble ^ & qui cou*» tiennent chacune vm noyau à deux loges^^

Il y a : Le tàmara a feuilles de meliffe > Lanïanâ,

<amara y Linn. ; Cayoli^an five Tepocànj Herq. p. 66 J

ies fleiu-s font d^abord jaunes & paffent bientôt au

rouge - écarlate ; fes feuilles fervent dans les bains

aromatiques en place de menthe & de méliffe. Le

Tamara piquant , Lantana acideata ^ Ldnn. ; fes rameaux

font chargés d'aiguillons petits , épars , & courbés en

<fcrochet comme ceux des ronces ; les fleurs font comme

les précédentes. Le camara cendré , Lantana cirurea ^

Hort. Reg. Le camara à feuilles obtufès , Lantana invo^

lutrata , Linn. Il paroît que c'eft Tefpece dont lefi

Américains fe fervent dans leurs bains aromatiques ^

& qu'ils nomment fauge de montagne ; c'eft le Mont<^

joli de Cayenne. Le camara trifolié, Lantaha trifotiata ^^

Linn. ; fes baies font purpurines , elles font d'un goût

agréable.

CAMARIGNE ou Camarïne , Empetrum. C'eft une plante haute d'un pied & demi , qui pouffe de$ tiges ranjeufes , aifées à rompre; , & couvertes d\u^ 4eorce noirâtre , garnies de feuilles vertes ^ brunes

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-éc menues comme celle de la bruyère. Ven^etrum^^ dit M. D€ieu[e , porte trois fortes de fleurs ; des fleurs mâles , des fleurs femelles , & des fleurs hermaphro- dites : toutes font compofées dHm calice partagé en trpis pièces , & d'une corolle à trois pétales : les fleurs mâles ont neuf étamines fort longues : les hermaphro- dites n'en ont que trois ; celles-ci , & les fleurs femelles , ont neuf piftils auxquels fuccedent autant de femences contenues dans une baie. Ce caïaôere générique eft eflentiellemçnt différent de celui des bruyères. Aux fleurs fuccedent, en automne, de fort jolis fruits qui font des baies rondes , blanches , tranfparentes , perlées , pleines d'un fuc acide qui même plaît beaucoup au peuple, propres pour les fébricitans. Cette plante, ou plutôt ce fous-arbrifleau , croît dans les lieux fablonneux du Vortagû^EmpctrumloiJuamcum y flore albo^'T oyxrn. 579» On diftingue une autre efpece de camarigne que des Bptanifles rangent , ainfi que la précédente , mais improprement , parmi les bruyères ; cette féconde elpece de camarigne s'appelle bruyère à fruit noir ou vacia , Empetrum montanum fruSu nigro , Toum, X c'eft un arbrifleau qui s'étend beaucoup plus qu'U ne s'élève : il poufle du pied plufieiurs tiges d'une écorce rouflatre qui rampent par terre & s'étendent au loin ; fa feuille reffemble beaucoup à celle de la bruyère commune ; {ts fleurs , qui paroiflent depuis Juillet j^ufqu'à la fin d'Août , font d'une couleur her- beufe , blanchâtre , & viennent en bouquet au bout des branches : fês fruits font des baies rondes & noires pleines de fuc , dont les coqs de bruyère fe nourriflent par préférence ; ces baies bouillies avec de l'alun teignent les draps d'une couleur noire-poiirpre. On fait auflî avec ce fruit ime efpecé de limonade , qu'on dit n'être pas défagréable. On s'en fert encore pour teindre les vieilles bardes en couleur de cerife. Les baies de cette plante , qui efl: commune chez les Kamt-

fel^dales 9 fçrvem à cç$ peuplçs pour teindre \9è

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peaux de caftors & de martes-zibelines ] cpi'ils ven»- dent enfui te plus cher à ceux qui ne leis connoiffent point. La préparation confifte à 4es faire boiiiUîr dans de Thuile de baleine chargée d'alun ; Ton frotte les gencives des fcorbutiques avec les feuilles ànvacUK Les terres chargées de mouffe , ftériles & humidei^ font celles cet arbriffeau fe plaît le mieux : il a une vie fort dure , foutient les plus grands froids , & même les émanations métalliques fans en périr : pour multiplier cet arbriffeau , il faut en femer les baies encore verdâtres : on le multiplie auffi de plant.

Il y a encore la camanne pinnée , du Pérou.

CAMBOGË. Arbre qui donne la gomm^gutte, Yoyei Carcapulli.

CAMBROUZE. roye^ à tanldc VOULOU.

C AM-CHAIN , efpece d'orange qui <â-oît ati royaume de Tonquin , d'une odeur agréable , d^ln goût délî- cieux 9 dont la peau eft épaiffe & remplie d'inégjàlité^ On permet l'ufage de ce fruit mente aux malades.

CAME , Chôma. Les Conchyliologiftes donnent, ce nom à un genre ou famille de coquilles bivalves , dont on cqimoît' plufieurs efpeces. Diaprés les fi^es & le$ défcriptions données par les Anciens de ces coquitles ^ les uimts font faciles à reconnoître :• on peut les divifer en iKihdes ou ovales régulieries > & ovales irrégulieres : ces dernières ont un èAs bords de la coquille onde & comme replié. Les premières font les vraies camts i encore s'en tîouve-t-il dont la bafe ronde un peu irréguUere par quelcfu^ pli ou finuofité. L'on appelle les fécondes palôurdis ; & les troifienie^ , tavignons. Toutes les capus ont les deux pièces convexes , par- faitement femblai>les & également élevées , & n'ont point d!ore3iles comme les peignes; elfes font plus épaiffes & moins longues que les ietlines , Vôytt ces mots. Il y en a* de minces qu d'epaiffes ,, de renflées & d'aplaties ,x'eft-à-^iretfès^u bombées, de rudes & de Uws ^ indiilinâément ^ans chactoiiede^ troi^ formes pré-,

Pp 3

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cédentts* Leur charnière eft ordinairement compc^ée éé trois dents qui s'engrènent dans trois cavités correfpoa- dantes ; en dehors efl un ligament. L'aniiâal qui habite ]a coquille ^ l'ouvre & la ferme à fon gré par la contrac- tion de fes mufcles ^ comme font tous les autres bivalves ^ dont les battans ferment exaâement. Il eu commun à toutes les cames de vivre enfoncées dans le faUe ou la fange , & de s'y enfoncer d'autant plus , cjue leurs trachées ont plus de longueur.

Les cames font plus oU moins grandes ^ fÎHgiJes & différemment colorées : on les trouve fouvent fiu: le rivage ^ dans la fange , fous la moufle > parmi les pierres. Quand la mer eft tranquille , & que, ces co- qmllages j ont un vent favorable , ils baifTent un^e de leurs coquilles^. & élèvent l'autre; celle-ci leur fert de voUe > & l'autre de navire ; quand ils fentent un vaifleau . qui approche d'eux , ou s'ils font attaqués p^ jquelque gros poifibn ^ qui veuille en faire fe proie:, ou. enfin fi un oragie fe prépare dans l'aire, ils refer- ment leu^ coquille à rinftânt , & cette peliste flotte flui YO^pit ,au gr,é d^s léphyrs , dxfparoit en fe pli»- géant ; au fpnd des edux : à§u^ tout autre tecnps , as îoot fi pefans qu'ils ne peitvtnt pas nagerw.. r II ne fâitt'p^$ confoûdr^ te^. dames avec les ^Géatrsde i^œufovL k¥f^*^^s 9' fil avê^* 4a )tt//ii2e & \^ peigne. Vo; ctsmœs. lj3L,çame ^ft moins langue & plus épaifl^ |a ulUne. Ypiçi . la nogrieiîdtfwe de quelques wriétés tirées .de . quatre fousrgenrefe ide. cames \ ^ font fronnues 4afts tous les Crf^iffets^ i.^ Celles à baw ronde régulière. ,,font le ré^u^lfè poiiu ii' Hongrie y la clo^ mjffe.\.^ Celles à baf^rrornde irréguliere^ fontl'tfirâ»^, \& gudhckée, ^.^ Celles à bàfc îoyale "régaâi«re',.forit la cech nulli},\z.\trkat4fi,Q^ là-iw:teilleyi^'^igiag^y la cam^ rîoktu,, 4,^ Celles h h^ék t)vafte îmguiiere , font

iécr'uufe ^ratdque bu ÇHijpQi/è;^:hL çh^iiue^miàas langue de chat de RumpfmAo^* ^jAtgmMScii^^^Tfés cames ironies ou con^t^j^ f^èmf ip9Xm l4& ^éun^^^wm

M. Riml de SIfk les rangt -pamir?Iès '«curs^i^teb font le coucha Vchris ^ la vicilU . ridifi: ^ &Sa d?ig^ç. û rnrticlcf.(ËifK COQVIUJE. Â l'égaid des cames ÀàQkcl\c ouverte & Ifiantc , elks stûtts paroiâS&fitvJifi^uûeatr^ Pordre des TeUints;. On- appelle ks «ûàcrai^ p^tnâéesk, ChamitiSy Voyez lW/c/eP£'FAlFfCAtIQN& Çteccmziûk <{uelquês' cames Jhviatilcs i^ étâètà^dé Mi&S&j^ entiFép»- derme j3oir, à coque épai^e , ^à-ânes* ciFC»lliirosi<<]^ téneuremefit , & nacrées ^eo dedans «• de ^'corfèpr|ifc jcliaàr^ ÎQuaot^que^l1e£ûis Tqpakb^ i^ db^ioû^*

^lîos & ks niiffeaux aux ei^itcbs^ df IBfsis^asmaàStàvt auffi une efpece de -Gat/K<4 àiqot l'animal nvirtatii^'iS: mis dans un bocal pkm^d^leaii , -montre uai^ôadjal^iajœ & deuxriifibans. Leur nouinture appareeâtJiioè^w en brins de inopffie & 4e^plalrîes: ac|aaiîE{9es.^llr«i^<£: -pas rare .de :ks voir accoii^liar.de .pems.t9utl'»i»vansb

C AM££« Nom que LV>n:donneà dos por^fta ^mom,^ de fardomcsMàt caquilUs- fcitlptécs o^ frvN^i7'%l^é& ces mots. > •-. .. t. / - . "• . ".:.\';\; ,-ri:

CAMELÉE à troi^ çpques , Garoupe ,;Otf-iyiER- Nain, Çmoami incoccitm ;. \Mn. \ Vamaùdthcoccos y. Sauh/ Phi. 462; * Ceft un p^^arbrifleau rameux ,. tbui«ii^w.ivsit..9..quii:^ifi^ la ihâbteuxvr ;c|a'4eiix à trdis pieds , foui b^iEf)irâief..djUO jolv bktâE9A\^ifliîs & >touiFui l^icoTiSC 4r.'li ^ge ^ c^ne j^aellA::^ tiges eft vérdâtrè 51 fês-^iettiks dfoxrtUYertwi^n^^brw. '& affet^iiràbUdiesihcelltli^ defifcrfixm parflei«ri&l}fb^ .fes «&uts.ibplrjauoltf¥»9:.à;trqâi, i^ ont trois otiËùiities jScicMti «ptâ^: â. leui^iAiôcikk.âH^ fruit è. tf oiscoques 9 d^aboàad dcerdâtô^: loa^ ^w dei^S^ :rouge. m siunflaiit^ & noir^ ea vitiUi£Eii&tr;.(Ces'xl<l^ * font.duces;» .6& r&yfenaeni chacuée dettK jov:.*^!^ .iemencos» Celte plante^ ^4oâl la mi^qe, lÉft AMft .& Jigneiife ^ croit aux Uetsacincaltesrdans k^puyf é^^ -CQDUKie en itaHe .& en ;i»:^doi:. .C-m.iW W^tS^ .^tnè^vioknt ^ d^nt les énc^fa» fâîibient «^^Iplis f QI^ÎS^

^oo C A M

caduque 'f on Remploie extérieurement pfour détergef lesr vieux ukièrjes;

; eAMÉtÉONjôa Chameau -Lion par. quelques^ mm:- ^^àmico^Jaitrta ( Cbamaleon ). caudd tereti brtvi JacurvJly'l duùhu iTlbuJqiU'Sginbus.\coàcùmatis ^ Linn. Ce lézasdy jqui*^ dutraifieme ^hre & propre aux «Contrées chaudes^: del^snicieQ 0>ntment ^ eu un>ammal ^èoiiiïtr thès^ranciennement *; la^ (propriété qir'an lui a dbppofêede prendre la rccimir des objets aupr^ '^Cgitefe di fe ithxivdk ^ Fa^ âit^egacder. (xnnme An :^hèàomene em ïlâiikâYe Naturelle;. La Philofc^hie. Si fEloquénce l'ont adopfé çonmie iln ^ des fymkî>les les |)lu^^>i«s(^res'à^'orner.fariâorklé bar des allégoiies Aff!aÉtvil^.'*On'\\w^ bas tour-

^i^si^. ces flatteurs. irfip'cjcoinnùin^ qui ^ n'ayant point de caiaâsne' à enx, libntliabîissi emprunter des appa- icfice'î) aflbrties aux >goût$h6c.aiirinclînâîionSvdé œux à qui ils cherchent à filatt^.<JEout le inûâde c^moît ce yers de Ai Fontaine , il peint les flatteurs de .la Cour :

. - ^.PjHPk ^,^k^^^,ff^P^^J^^£^^J^^ Maure.

^i :*L 'opinion '^'ù'^'rà étoft^^VMapP42i£a^^ le

^m^lê$ri^^ né^ vivpitr^er^itit^nlittfmt ^pperçevbir de iîouvèattu^ -tdpports entffe ifeiriblàaieiiâ l'objet qull ^tépréfijûtcâtr;- rien, rie i-m»»^ de ces

'a^^^i<^^'<!^^ ^''^^^'^ «iltsj^qiii'::liikr ^ieinroient de ;|(>^- id^êtifi;- niâilH^nipide^c^£e^^rài^

•don ^^,^ .^**^ meritiéfntdisài^yôni; t^fié lés idées qu'on j^^j':^' êaes4ufiju%lobde cet «animal devérmotrop céle- :}^^ v^:%)atî&^:iirbir eit qitt>i :te qu'il a^He réellement ;f2^iriVer dUiere jàùitWiykîA\Mli cpjforù lui. a-:pràé« t : . tihfti'^ 9 ( Amo^ «Acid. ) dit; qtte te camiUon ^ hl; tê^é i'^Ofnpttaiée parles xôtés, plate* par t^defius;^ .rtnfléè ^aiiinreâkkiAûnt .entre les :deuxyêi^ ifnftnt 5 dp jPàxtt &>d fautfevime feillie qnî s 'étend depuis de mîfeau iu;i^ :;ûu:/ies;oièkes 4es.yiaix^ U nuque

C A M ^of

tîft dîAînguée du corps p^r un enfoncement profond ^ ce qui fait que l'occiput s'ékve en un fommet aigu : les yeux font recouverts d'une membrane épaiffe , demi-fphérique , percée au milieu d'une fente longi- tudinale 3 & faifant Toffice des paupières ; cette mem- brane, eft toute hériffée de points calleux : les trous des narines font petits & tournés en bas : l'ouverture de la gueule eft très-grande; l'animal n'a point de ^ents : fa lai^e eu longue & afTez femblable par fa forme à un ver de terre. Le corps efl plat, excepté à Pendroit du dos où; il efl relevé en forme de carène ; au lieu d'écaillés , il efl couvert de tubercules ou de petites bofles,.dant celles qui fe trouvent vers les côtés , font ordinairement diipofées quatre à quatre : Tamis efl une fente tranfverfale , arrondie par le mi- lieu : la qudue efl un peu plus courte qiie le corps; elle efl épaiffe & légèrement comprimée : les pieds de devant ont cinq doigts , dont les trois intérieurs font tout-à-feit rcuras & recouverts par une membrane ; il :cn efl de même des deux doigts extérieurs : les pieds ide : derrière ont pareillement cinq doigts , réunis par irois'&.par deux-, mais dans un ordre contraire, c'efl- -à-jdîre, que les trois qui tiennent enfemble^ font les ^extérieurs :1e; corps porte aucune crête, du moins -qui foit bien fenfible; mais la future qui s'étend (\it Je dos, depuis la tête jufqu'aa n^eu-de la queue, & scelle dont la partie inférieure marquée depuis^ le -fommet du mufeau jufqu'àl'anua., aiofl que. les arêteis . qui font' fupiea cût^> de la tête ^ font^axnies de lames conimies ,. poialiies &très-^parQntes. ;

M. Perrault a configné , dàns^les Mém.\^^ VAcadides Sciences j la defcription de trois' caméléàns ^ dont déikic font reftés vivàns pendant pkifieurs mois chez M"«. .gle Sauàryy. qui les avoit reçus d'Egypte. La tête du

1>lus' .grand de ces caméléons l^miu^m pouce &c dix ignés; il y avoit quatre poucei ârdêmi dépuis tête jufqu'à k naif&ace de la queufiL^^ (joi étoit loi^e die

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fur prefque toute la peau du caméléon , expofé au grand jour , changeoit quand il étoit au foleil , & tous les endroits de fon corps qui étoient frappés par les rayons de cet aftre , prcnoient un gris plus brun & tirant fur le minime. Le refte de la peau qui n'étoit point éclairé par le foleil, le peignoit de couleiurs plus éclatantes, <}ui formoient des taches de la grandeur de la moitié du doigt. Quelques-unes de ces taches defcendoient depiiis la crête de l'épine , jufqu'à la moitié du dos ; d'autres paroiflbient fur les côtés , fur les jambes de devant & fur la queue ; elles étoient toutes de couleur ifabelle 5 par le mélange d'un jaune pâle , dont les petites éminences étoient teintes , & d'un rouge dair, dont fe coloroit le fond de la peau qui paroiffoit entre les grains/ Les interftices des taches fur le refte de cette peau qui y n'ayant point recU la lumière du foleil , étoit demeurée d'un gris plus pale qu'à l'ordinaire , reflem-* bloient aux draps mêlés de laine de pluiieurs couleurs ; car quelques*-uns des grains étoient d'un gris un peu verdatre ; d'autres d'un gris*minime; d'autres du gris- bleuâtre qu'ils avoient ordinairement , les parties k>u- geâtres qui étoient entre ces grains ayant confervé leur couleur naturelle. Lorfque le foleil cefla de luire, la couleur grife revint peu-à-peu , & fe répandit fur tout le corps , excepté le deflbus des pieds qui conferva fa première couleur , mais renforcée par une teinte un peu plus brune : & , lorfqu'étant d^is cet état , quelqu'un ce la compagnie le mania pour l'obferver , il parut aufiî-tôt fur les épaules & fur les jambes de devant , plufieurs taches fort noirâtres de la grandeur. de l'ongle; ce qui n'arrivoit point lorfqiril étoit manié par ceux qui le gouvernoient. Quelquefois il devenoit tout mar- tpieté de taches bmnes qui- tifoiént fur - le vert. On l'enveloppa enfuite dans im.Unge % & après qu'on l'y jeut laiae deux pu trois minutes , on l'en retira blan- châtre : cette couleur s'eflaça infenfiblement & ât place à ik couleur orc&qaire. ^ \.i.^^^ ;.-. . : .

E

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' Cette expérience fit voîr qu'il n'ëtbit pas vrat que le caméléon prît toutes les couleurs, excepté le blanc , comme Tont dit Plutarqut ( Traité de lafiaturic ) . & Sorim ; car celui dont il s'agit avoit tant de dilP* pofition à recevoir cette dernière couleur 9 qu'il de- venoit pâle toutes les nuits ; & quand il fut mort , il avoit plus de blanc que de toute autre couleun On n*a point non plus obfervé qu'il changeât de couleur ar tout le corps , comme l'a prétendu Ariftou; car es couleurs accidentelles qu'il prenoit, ne s'étendoient que fur certaines parties de ion corps. Pour n'omettre aucune expérience fur le changement des couleurs du caméléon , on le plaça fur des étoffes de diverfes teintes, & même on l'en enveloppa ; mais il ne prit point ces couleurs, comme il avoit fait la blanche, après qu'on l'eut enveloppé dans un linge , & même cet effet n'eut lieu que la première fois qu'on en fit l'expérience ; on la réitéra depuis à plufieurs i%prifes & en différens jours , mais fans aucim fuccès. Il eft vrm- femblable oue la blancheur qu'on obferva fur fon corps, au lortir d'un linge froid on l'avoit tenu quelqup temps caché fous un manteau , provenoit en partie de l'oofciuîté qui le fait ordinairement pâlir , & en partie du froid qui fut ce jour-là plus fenfible que celui de tous les autres jours pendant lefquels on a obfervé cet animal.

D'après tout ce qui vient d'être dit, il paroît pi-ouvé que le caméléon ne prend point la couleur des objets dont on l'approche , ainfi qu'on l'avoit cru , & que l'ont attefté les Voyageius Barbot & Bruyn , mais que les changemens de couleur qu'il fubit , font dus aux divers mouvemens intérieurs dont il efl affeâé , & aux impreffions que font fur lui le chaud & le froid , la préfence ou l'abfence de la lumière. Lémery dit que dans la joie , cet animal eft d'une couleur éme- raudée , mêlée d'orangé entrecoupé de bandes grifes Se noirâtres ; que dans la colère, il eft d'une teinte

4ùS C A U

livide Se obfaire ; que dans la crainte , il e(t pâle H d'un jaime effacé. Le P. Feuillu^ Minime ^ prétend , dans fon Journal ifOhferv. Phyf. Math. , &c. , que le chan- gement de couleurs qu*ofFre la peau de cet animal , peut dépendre des points de Vue le fpeâateur eft placé. Revenons à la defcription du camiUon , par M. Ptrratik. Sa tête reflembloit affez à celle d'un poiiTon ; elle tenoit à la poitrine par un cou fort côiut & garni fur les deux côtés de deux avances cartila^- lieul'es , qiii reffembloient aux ouïes des poiffons. Sur le fommet étoit une crête droite & élevée 5 & au- deflus des yeux , il y ^n avoit deux autres qui étoîent toiunées comme une S couchée. Entre ces trois crêtes, il y avoit dtux cavités le long du deffus de la tête. Le mufeau formoit une pointe obtufe , & avoit , ainfi que Tobferve Linnctus , deux arêtes qui defcendoient depuis les foiu-cils jufqu'à fon extrémité , ce qui lui ëonnoit de la reffemblance avec celui d'une grenouille. Sur le bout du mufeau » il y avoit un trou de chaque coté pour les narines ; & comme le caméléon n'a point d'autres ouvertures à la t^tt , on a conjeôuré qu'ettei kii tenoient lieu d'ouïes. Il paroît aufli que c'ell uni- quement par ces deux ouvertures qu'il refpire , parce que fa gueule eft pour l'ordinaire fermée fi exaâe- IQfient , qu'il femble n'en point avoir , fes deux mâ- choires étant réunies par une ligne prefque impercep- tible. Plim , Sorlin & la plupart des Auteurs qui ont décrit le caméléon , n'avoient fans doute pas vu cet animal vivant , puifqu'ils difent qu'il a la gueule tou- jours ouverte , ce qui ne lui arrive que quand il eft mort. Les mâchoires étoient garnies de dents, ou plutôt d'un os dentelé dont il ne paroiffoit faire auam ufage pour manger, ( Linnaus a dit que le caméléon n'a point de dents 4 apparemment que cet Auteur ne regarde point comme de vraies dents les parties fàillantes de cet os dont parle ici M. Perrault. ) Il avaloit les mouches fc les autres infeâes , i^s les mâcher : la gueule étoit

C A M ; 'Çû'7

(PùM Dfiamere toute partiailîere ; car Couver- ture des lèvres 9 qui, dans les autres animaux, eil plus petite que^ celle des mâchoires y s'étendoit au-delà dans le caméléon , & ce prolongement de fente avoit une direâion oblique de l»ut en bas*

Les yeux étoient fenûblement d'une forme plu» ibérique que dans les autres animaux ; car ils n'étoienc point enfoncés dans la tête ^ comme l'avance Sorlin , mais faillans en dehors de toute la moitié de leur globe. Le trou de la membrane qui tenoit lieu de paupière ^ n'avoit pas une li^e de largeur , & laiflbit voir aflez l&cilement la prunelle , qui étoit brillante , brune ^ 6c comme bordée d'un petit cercle d'or. Le devant de l'œil paroifibit attaché à la paupière , laquelle ne fe haufioit &c ne fe baiflbit pas , comme celle des autres animaux , qui peuvent donner à leur paupière na mouvement différent de cehii de l'œil ; car la {>aupiere du caméléon fuivoit exaâcment tous les mou- Yemens de l'œil ; mais ce qu'il y a de plus extraor- dinaire dans ce mouvement , c'en de voir remuer im des yeux pendant que Tautre eft immobile ; l'un fe tourne en avant , tandis que l'autre regarde en arrière ; l'im s'élève vers le ciel , quand l'autre s'abaiffe vers la terre ; & tous ces mouvemens s'étendent (i loin ^ que la prunelle fe porte )ufque fous la crête qui forme le foutdl 9 & s'enfoncç dans les coins de l'œil , au point que l'animal peut découvrir les objets placés derrière lui ^ &: ceux qu'il a direâement en face , fans que fa tête , qui eft ferrée contre les épaules , foit tournée,

La langue du grand caméléon dont il eft queftion,^

oue Unnaus a comparée à un ver de terre , étoit longue ae dix lignes , large de trois , &: im peu aplatie vers fon extrémité. Il y a apparence que les Anciens , qui

0nt cru que le caméléon ne vit <^e d'air , n's^voient pas vu l'ufage que cet animal fait de fa langue. On a ^ervé qa'fl i\mxbi gontiftildjcaient de cette partie

^

6oS C A M

une fubfiance très-glutineufe , par le moyen de laquélfe le caméléon prend les infeâes qu'on lui prèfente ou qu'il rencontre 9 & c'èft une chofe furprenante que la viteife avec laauelle il tttire fa langue dès que fa

Eoie y eft attachée. Linnaus rapporte que les Indiens iflent volontiers le caméléon s'mtroduire chez eux, pour fe débarraffer des infeôes qui les incommodent. Le plus grand des trois caméléons dont nous avons parle , fut , le feul auquel on put faire prendre des infeâes. Les deux autres ne mangèrent prefque point pendant cinq ou fix mois qu'îb véairent à Paris. Us iucerent feulement quelques grains de raiûn qu'on leur préfenta.

A l'aide de fes pieds , dont la forme étoit telle qu'elle a été décrite plus haut , le caméléon faififlbit les petites branches des arbres, comme fait le perroquet, qui, poiu* fe percher, partage fes doigts autrement que la plupart des autres oifeaux ; car ceux-ci en mettent toujours trois devant & un derrière , au lieu que le perroqtut en met deux derrière comme devant : les ongles étoient un peu crochus , fort pointus & d'un )aune pâle ; ils ne fortoient que de la moirié hors de la peau ; ils avoient en tout deux lignes & demie de longueur. La marche du caméléon etoit encore plus lente que celle d'une tortue, mais tout-à-Êdt bizarre, en ce que fes jambes étant plus dégagées & plus longues que celles de la tortue , il les portoit en avai^ avec une gravité qui femWoit afFeâée. Quelques-uns prétendent que cette démarche fi lente eft un effet de la timidité de ce chétif animal. Il paroît du moins agur avec beaucoup de circonfpjeâiori , car il femble choî£r les endroits il doit pofer les pieds; & l'on a obfervé que , quand il monte, fur les arbres , il ne fe fie point à ks ongles, quoiqu'ils foient plus pointus que ceux des écureuils qui graviffent par-<out avec tant de légè- reté ; mais lorfqu'il net. peut faifir les branches à Qiufe de kurgro^euTi^ il percha Wnfi-tçmps les fentes db

récorce.

C A M 60^

Péccrce , pow y affermir fes ongles. Cette obiervation ne s'accorde pas avec ce que dit UnnauSj que le camé^ Uon grimpe aux arbres avec beaucoup de vîteffe.

La queue , du caméléon reffembloit bien à celle d'une vipère , comme Pline le remarque , ou à la queue d'uil grand rat , lorfqu'elle s'arrondiffoit en s'enflant , car , autrement , elle étoit relevée dans fa longueur par trois éminences tranfverfales : il entortlUoit cette queue autour des branches , & elle lui fervoit comme d'une cinquième main : quand il marchoit , il la laiffoit rare- ment traîner par terre , mais il la tenôit dans une di- reâion parallèle à la furface des lieux fur lefquels il s'avançoit.

Perrault rapporte que, lorfqu'un des petits camé^ léons mourut, l'autre parut en avoir une fi grande horreur , qu'il grimpa au haut de la cage oti on les avoit enfermés tous les deux , & fe tint le plus éloigné du mort qu'il lui fixt poffible.

MathioU & la plupart des Anciens ont attribué au caméléon des propriétés ridicules qu'il feroit inutile de rapporter, M. Perrault a voulu vérifier l'opinion de Sorlin > fur l'antipathie qu'il fUppofe entre le corbeau & le caméléon , & qu'il dit être fi grande, que le corbeau meiut aufli-tôt après avoir mangé de la chair du camé-^ léon. La vérité eft qu'un corbeau donna quelques coups de bec à un caméléon mort qu'on lui préfenta ; mais on lui en fit manger plufieurs parties , & il avala le cœiu* même , fans qu'il en ait paru incommodé.

Le plus grand des trois caméléons étant mort, avoit environ onze pouces & demi de longueur totale ; il avoit dix-huit côtes ; l'épine compofëe de foixante-^ quatorze vertèbres, y compris les cinquante de la queue.

M, Jacques Parfons a donné à la Société Royale de Londres , defcription d'im caméléon dont le defliis des vertèbres eft dentelé, avec des nœuds fur leis côtés ; les dents de la mâchoire fupérieure fe plaçoient, quand l'ammal femloit la gueule , dans les intervaUai Tome IL Q q

6io C A M

alternativement praticjués entre elles , dans celles de la mâchoire inférieure; il n^ avoit ni dents molaires, ni dents canines.

Il paroît que Pefpece du caméléon eft répandue en Afrique & en Afie , mais notamment en Egypte.

Caméléon blanc. On donne ce nom à une efpece de carline ; & celui de noir à une efpece de cartamc. Voyei cts mots,

CAMÉLÉOPARD , Camelo ^ pardalls. Quadrupède

le les Italiens nomment Giraffa (^gîraffè); c'eft un [es premiers, des plus grands &des plus doux des animaux terreftres ; mais les difproportions de fa flature femblent rendre cette efpece inutile , & la confiner feule & peu nombreufe dans quelques contrées de l'Afrique & de l'Inde. La peau de la giraffe eft tigrée comme celle de la panthère & du léopard j fon cou long comme celui d'un chameau ; & c'eft fans doute d'après ces deux traits , que les Anciens avoient com- polé le nom de Camelo-pardalis ( chameau-léopard^ , qulls donnoient à la giraffe.

Le caméléopard ou la giraffe , par la douceur de fon naturel^ par les habitudes phynques , & même par la forme du corps , approche plus de la figure & de la natiure du chameau , que de celle d^aucun autre ani- mal. La giraffe a la tête petite , ainfi que les oreilles ; les yeux brillans ; les dents petites & blanches. On

{>rétend que cet animal n'a point de dents incifives à a mâchoire fupérieure ; mais il en a huit à l'infé- rieure ; fa langue eft noirâtre ; fa tête porte au-defliis du front deux cornes fimples , mouffes , d'environ fix pouces de longueur ; ces cornes ne font point creufes comme celles des chèvres ; elles font d'une fubftance folide comme le bois des cerfs ; mais nous ignorons fi elles tombent de même tous les ans/ Outre ces cornes , la giraffe a , au milieu du front , un tubeiaile élevé d'environ deux pouces , & qui reffemble à une troifieme corne ; les cornes font revêtues de poil , U

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font un peu plus; longues dans le mâle que dans la femelle,

La giraffc a la tête , étant levée , de quatorze à feize pieds de hauteur ; le cou feul a fept pieds , & Tanimal a vingt-deux pieds de longueiu" depuis Pextrémité de la queue jufqu'au bout du nez ; les jambes de devant & de derrière font à peu près d'éeale hauteur ; mais les bras , proprement dits , font u longs , en com- paraifon des cuiffes , qu'ils femblent ramener à terre la croupe de Tanimat, & que fon dos paroît être incliné comme un toit : tout ion corps eft blanchâtre , ' marqué de grandes taches fauves , de figure à peu près carrée : cet animal a le pied large &C fourchu comme le bœuf; fes fabots font noirs , obtufè , écartés; la lèvre fupérieure plus avancée que l'inférieure; la queue menue , pendante & allant aux jarrets , garnie de poil à l'extrémité , & ces poils ou crins de la queue font noirâtres & trois fois plus gros que ceux de la queue du cheval.

La giraffc rumine comme le bœuf, & mange comme lui de l'herbe; elle a une crinière comme le cheval, depuis le fonunet de la tête , jufque fur le dos , & d'une couleur rouffâtre ; quand cet animal marche , les deux pieds de devant vont enfemble , ce qui lui donne une démarche vacillante ; & lorfqu'il veut paître ou boire à terre , il faut qu'il écarte prodigieufement les jambes de devant : il mange volontiers les feuilles & les bourgeons des arbres. La giraffe , dit Bcïon , fe couche ventre contre terre , & a une callolité au fternum & aux cuiffes comme le chameau.

Le nom de giraffc eft formé de l'Arabe gimaffa ou yimafa. Lagiraffi eft propre à 1 ancien Continent, & ne s'eft jamais répandue dans les pays du Nord, ni même dans les régions tempérées. Elle ne fe trouve que dans les déferts de l'Abyffinie, de l'Ethiopie, & de quel- ques autres Provinces de l'Afrique Méridionale & des Indes. C'eft un animal doux à gouverner. Plulieurs

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Empereurs Romains ont orné leurs triomphes de quef«' eues -uns de ces animaux. On les montioit aum en fpeâade. Nous avons vu une giraffi au Jardin bota** nique de Leyde. On obferve que la Nature , pour donner des preuves de fon immenfe &c riche fécondité ^ a placé auffi dans les mêmes climats brûlans de l'an- cien Monde , des animaux dont elle a varié d'une ma* niere toute finguliere les formes. Il fufEt de jeter im coup d'oeil fur les chameaux , les éléphans y les rhi- nocéros , &c. Nous venons de voir que la giraffc eft remarquable par la hauteur démeilirée de fes jambes de devant; la gerboifc offre la même difproportion , mais c'efl dans les jambes de derrière. La gtrboifc\ quoique avec quatre pieds , paroît , dit M. Sonnim , s'éloigner im peu de la claffe des Quadruptdcs , pour prenne quelque empreinte de celle des Oifaaix^ Placée fur le premier échelon du paffage de l'une à l'autre , elle confiitue la première dégradation de» quadrupèdes > & commence la nuance de ceux-ci aum oifeaux.

CAMELINE , Myagrum. Nom d'im genre de plan<9 tes à fleiu"s polypétalées , de la famille des Crucifarcsy & qid comprend des herbes dont les feuilles font alternes , & les fleurs jaunes difpofées en grappes ou en panicules terminais ; il y a iix étamines , dont deux font plus courtes que les quatre autres. Le fruit efl ime filique courte , non comprimée , ovale ou pyriforme , ou pyramidale , fouvent articidée , ou an- guleufe , & qui contient une ou plufieiu^s femences* M, le Chevalier dt la Marck les divife ainfi qu'il fuit:

CameuKes à filique articulée.

D y a : La camelim vivace , Afyagrum permnty Lînn.; R^pijlrum monofptrmum y J. Bauh. 95 , Tourn. 211 ; cette efpece fe trouve dans l'Alface , la Suiffe & l'Al- lemagne. Lîi camcline ridée ^ de l'Europe Auflrale ^

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Myé^rum rtigofum , Linn. ; elle t& annuelle. La camc^ Une du Levant , Myagrum Orientale , Linn. Celles d'Efpagne & d'Egypte.

Cameunes à Jilîque non ^articulée.

Il y a : La cameline perfoliée , Myagrum perfoliatum^ Unn,; Myagrum monojpermumlanfolium y Q. Bauh, Pin» 1 09 ; cette efpece fe trouve dans les champs en France & dans la SuifTe. La cameline cultivée, ou féfamc d'Allemagne , Myagrum fativum , Linn. 894 ; Alyjfon Jègetum y foliis auriculatis acuds ^ ToiU"n. 117; cette efpece , qui eft annuelle , ne s'élève guère plus haut que le lin , & on la feme de même, en Flandres ^ pour exprimer Thuile de fa grdne , huile que Ton vend improprement fous le nom de celle de camomille» Cette cameline n'eft pas rare aux environs de Paris ^ dans les feigles ^ les orges & les avoines. Sa tige eft droite , cylindrique & rameufe vers fon fommet. Elle porte des fleurs jaunâtres , en croix , qm donnent des frvûts ou petites filiques en forme de poire , dans lef<* quelles font des femences triangulaires , jaimâtres ^ d'im goût approchant de celui de i ail y dont les petits oifeaux font très-friands* Sa tige eft garnie de feuilles longuettes , pointues , un peu velues y vertes y molles y à dentelures petites & diftantes ; elles embraffent par leur bafe la tige y de &çon que les deux côtés repréfen* lent deux aj^endices ou oreilles.. Cette cameline croît aulïi aux lieux montagneux. L'huile qu'on en retire eft très-propre pour adoucir la peau , & pour la lampe.

La cameline paniculée ; cette efpece fe trouve fur les bords des champs en Europe. La cameline à iiliques en bec d'oifeau ; cette efpece fe trouve en Syrie , à Sumatra , & en Autriche. La cameline à feuilles de piftenlit y Crambe Orientalis y dentis leonis folio y eruca^ ginis facie , Toum* Cor. 41 ; cette efpece croît dans le Levant. La cameline à filiques verruqueufes , d'E^ IQ^pte ^ Bunias jEgyptiaca^ Lum. La cameline à fiUquesi

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en petites mafTes , vulgairement la maffe au Bedeau^ Voyez Roquette fauvage des champs. La camdincè^v neUfe, du Levant, Bunias fpinofd^ Linn. hàcanulmt cornue , du Levant , Burfa pajioris Orientalis , dréct foliis y Jiliquis comuiis j Tourn. Cor. 15. La camdine de Mahon , Bunias Balearka , Linn. Celle des Pyré- nées , Sifymbrium Pyrmdicum , Linn. ; on en trouve auffi des variétçs cbns les montagnes de TAuvergne & de la Siiiffe. La camdine naine , Myagrum pumilum. La camtlint aquatique , Sifymbrium aquatiçum , raphm folio , fUiquâ hreviori^ Tourn. ii6 ; cette efpece croît, ainfi que fa variété , Raphanus fylveflris officinarm aquaticus , Lob. le. 319, fur le bord des eaux. La canw- Une des marais , Raphanus fîve Sifymbrium aquatiçum , foliis in profundas lacinias divifîs , Jîliqud brevioriy Tourn. 126 , Bauh. Prodr. 38.

CAMERIÉR , Cameraria. Nom d'un genre de plantes à fleurs monopétalées , de la famille des Apoçins , qui a des rapports avec les frangipaniers , & qui com- prend des arbres & arbriffeaux propres à l'Amérique Méridionale : les fhiits font folliculaires , lancéolés , univalves. Il y a : Le camerier à feuilles larges ; celui à feuilles linéaires; & celui à fleurs jaunes.

CAMICHI ou Anhima. Foyei Kamichi.

CAMOMILLE , Chamamdum, Anthémis , linn. Nom d'un genre de plantes à fleurs conjointes , de la divifion des CcmpofUs-radiées , & qui comprend des herbes annuelles ou vivaces, dont les feuilles font alternes & ordinairement très - découpées. La fleur a un calice commun , hémifphérique , imbriqué d'écaillés linéaires , ferrées ; elle eft compofée de fleurons her- maphrodites , tiibulés , à cinq dents , placés dans le difque de la fleur , & de demi-fleurons femelles qui forment fa couronne. Le fhiit confifte en plufieurs petites femences oblongues , nues , fituées fur le récep- tacle conunun, & environnées par le calice de la fleiu-.

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M. le Chevalier de U Marck dlfHngiie les plantes d^ ce genre , en :

Camomilles à couronne florale tout^à-fait blanche.

Il y a : La camomille commune dans les champs Italie , Anthémis florum paleis rigidis pungentibus , Linn. ; elle eft annuelle : fes fleurs font blanches , à difque jaune , & terminales comme dans les autres efpeces. La camomille élevée & multiflore , des parties Méri- dionales de l'Europe , Anthémis altijjimay Linn. ; Cha-' imzmelum leucanthemum Hifpamcum ^magnofljore^ Bauh* Pin, 13J. La camomille maritime des contrées Méri- dionales de l'Europe, Anthémis maritima ; ChanuE" melum marinum Dalechampii , Tourn. 494 ; Matri^ caria maritima ^ Bauh. Pin. 134; fes fleurs ont l'o- deur de la matricaire ; cette efpece eft vivace. La camomille à feuilles & calice cotonneux, des lieux maritimes de la Grèce & du Languedoc , Anthémis tomentofa , Linn. ; elle eft vivace. La camomille des Alpes ; elle eft velue dans toutes fes parties ; vivace , à tige uniflore : le calice eft noirâtre en fes bords , ainfî qu'une grande partie des paillettes de fon récep- tacle : elle croît fiu- le Mont ^Baldus & dans le Tirol. La camomille de montagne , Chamamelum Alpinum 9 abrotani folio ,* Tourn. 494 ; elle éft vivace , & croît dans les Alpes & les Pyrénées. Celle de l'Ifle de Chio ou Scio, Chamamelum Chium vemum, folio crajjîore^ flore magnoy Tourn. Cor. 37. La camomille odorante ou ro-- maine , Anthémis nobilis^ Linn. ; Chamamelum nobilefeà Leucanthemum odoratius , Bauh. Pin. 135, Tourn. 494 ; cette efpece eft vivace & fe trouve dans les pâturages fecs , en Italie , en France , en Efpagne ; c'eft la plus inté- reflante de ce genre , tant par fon odeur , que par l'ufagé fréquent qu'on en fait. L'infufion de (ts fleurs eft eftimée fébrifiige , antifpafmodique , ftomachique , anodine , hyf^ térique , catminative , diurétique , & toute la plante très- réfolutive , étant appliquée eri cataplafme ou en fbmenr

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tation ; on en retire par la diftitladon ;; une huîle qui devient d'un bleu de faphir , & qui a les mêmes pro- priétés que les fleurs de cette plante ; on en cultive dans les jardins une belle variété à fleurs doubles ^ fiore multiplici. La camomille des champs , Amhtnds arvmfis 9 Linn. ; Chamamehim inodorum y Bauh. Pin* 1 3 5 9 Toum. 494 ; elle efl bifannuelle. La camomUlc puante y vulgairement la maroutte , Anthcmis cotula , Linn. ; Chamamelum fiuidum , Bauh. Pin. Toum. ; /ivc Cotula fouida , J. Bauh. 3 1 10 ; elle eft vivace par fa racine : cette efpece qui croît dans les terres mailtes & dans les cnamps , eft eflimée fondante ^ réfolutive , fébrifuge , vermifage , carmînative & anti- hyftérique ; fon ockur eft un peu forte & défagréable : fes feuilles font d'un vert aum foncé , que cette teinte eft claire dans la camomille romaine. la camomUlc à racine falivaire ; c'eft la pyrahre. Voyez u mot.

'C-dMOMILlES à couronne florale , jaune entièrement

ou feulement à fa bafe.

Il y a : La camomille mixte , Anthémis mixta^ Linn. ; Chamamelum annuum ramofum 5 coronopi folio , flore mixto , Morif; Hift. ; cette efpece fe trouve en Italie , en France , & notamment dans le Portugal. La camo' mille de Valence , Cotula flore luteo raJlato , Toum. 495 ; Buphthalmum cotulce folio , Bauh. Pin. 134 ; cette efpece fe trouve dans les parties Méridionales de la France & dans le Levant. La camomille à feuilles crénelées ^ Anthémis repanda j Linn. ; Ckryfanthemtim parvum^flve BcUis luttaparva^ Bauh. Hift. 3 9 p. 105 , Tourn. 49 z ; cette efpece croît en Efpagne & dans le Portugal. La camomille à feuilles oppofees de l'Amé- rique Méridionale. La camomille des Teintiuîers , vulgai- rement Vctil de bûtuf colorant y Anthémis tinSoria^lÀnn. ; Buphthalmum tanaceti minoris foliis ^ Bauh. Pin. 134: cette efpece , qui eft vivace , fe trouve dans les pâturages

fecs ^ montueux des Provinces Méridionales de h

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France > 3e T Allemagne , en Italie & en plufieurs autres Contrées de l'Europe ; elle eft d'une forme élégante, & d'un afpeâ très-agréable lorfqu'elle eft en fleur ; elle mérite d'être employée conune ornement dans les par- terres; elle eft vulnéraire, apéritive & déterfive; dans le Nord, on s'en fert dans la teinture des laines, aux- <[uelles elle communique ime aflez belle couleur jaune. La camomilU Arabique , AJlerifcus annims triamhophorus crafFas Arabibus diclus^ Sha^ Afr. 58, tab. )6 , f. 58; jinth^mis caule dtcompojuo , calicibus ramifcris , linn* Hort. Clif. 413, tab/ 24.

CAMPAGNOL. C'eft le mus agreflis mînor^ de Gefner; le mus agreflis , capite grandi , de Ray & de Klein ; le mus campeflris minor^ de Brijfon; &cle raede terre ^ des Mé-* moires de l* Académie y ann. lySC. Petit animal encore plus commu/t & plus généralement répandu que le mulot .• celui-ci ne fe trouve guère que dans les terres élevées. Le campagnol fe trouve par-tout , dans les boîs , dans les champs , dans les prés , & même dans les jardins. Il eft remarquable par la groffeur de fa tête, & auffi par fa queue courte & tronquée , qui n'a guère qu'un pouce de long , & eft recouverte de poils ; au lieu que celle du mulot en eft dépoiurue. Ce petit animd reffemble tout-à-feit au rat d'eau pour l'organifation intérieure ; mais à l'extérieur , il en diffère beaucoup , ainfi que par le naturel & les mœurs. Sa longueur , depuis le bout du nez jufqu'à l'origine de la queue , n'eft tout au plus que de trois pouces. D ne fe jette point à l'eau comme le rat d'eau , & ne fe noiurit point de poiflbn.

Le campagnol fe pratique des trous en terre , divifés en deux loges , comme ceux du mulot ; mais ils font moins fpacieux & moins enfoncés fous terre. Ils y habitent plyfieurs enfemble , & y font tout leur petit ménage. Lorfque les femelles font prêtes à mettre nas , elles apportent dans leur trou, des herbes pour faire im lit à leurs petits , & ce lit a en quelque forte la forme d'un nid. Elles produifent au printemps & en

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été ; les portées ordinaires font de cinq ou fix , & quelquefois de fept ou huit.

Les campagnols font provifion dans leurs trous de grains y de noifettes & de glands. Cependant il paroît qu'ils préfèrent le blé à toutes les autres nourritures. Dans le mois de Juillet , lorfque les blés font mûrs , les campagnols arrivent de tous côtés des bois, & font fouvent de grands dommages , en coupant les tiges du blé pour en manger Pépi. Ces brigands fem- blent fuivre les Moiffonneurs ; ils profitent de tous les grains tombés & des épis oubliés. Lorfqu*ils ont tout glané , ils vont dans les terres nouvellement enfe^ mencées, & détruifent d*avance la récolte de l'année fuivante. En automne & en hiver , la plupart fe reti- rent dans les bois , ils trouvent de 1^^ faîne ^ (Voyez Hitrt^ des noifettes & du gland. Ces petits animaux paroiffent en fi grand nombre dans certaines années , qu'ils détniiroient tout , s'ils fubfiiloient long- temps ; mais pareils à ces individus qui trouvent dans leurs femblables leurs plus mortels ennemis , les campagnols fe détruifent eux-mêmes , & le mangent les uns les autres dans les temps de difette de vivres : ils fervent d'ailleurs de pâture aux mulots, de gibier ordinaire au renard , au chat fauvage , à la marte & aux belettes. Voyez ces mots.

Campagnol volant. Voyt^^ à VarticU Chauve- souris ( 14.^ Efpece).

CAMP A NE JAUNE & Ai au , Ixia-^bulbocodium ; Narcijfus fylvefiris pallidus , calice liueo , Pitt. Tourn. i ; Pfiudo ^ narcijjiis y Linn. 414. C'efl: une efpece de narciffe fauvage , dont la hampe eft haute d'un pied ou environ , fortant d'un fpathe ; fa fleur eft jaune , dorée, & a en fon centre ime campane pâle, garnie à fa bafe de fix pièces jaunes ; à cette fleur fuccede un fruit rond , relevé de trois coins : les feuilles partent de la racine ; elles font longues , linéaires , & lifles : fa racine eft bulbeufe , \^queufe & pur-

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fitîve. Cette plante croît dans les lieux: humides des ois , &c. On diftingiie le narcijft fauvage à fleur double, Nar^ ciffus fylvejlris multiplex ; on l'appelle narcijje de

doumas. Voyez Narcisse.

M. Dufrefnoy , Médecin à Valenciennes , a obtenu , par le moyen de l'extrait du narciffe des prés ou cam^ pam jauhc , des fucs pour la guéri/on des convulfions.

CAMPANETTE. Foyc^ Bulbocode.

CAMPANULE, Campanula. Nom d'un genre de plantes à fleurs monopétalées , & qui comprend un grand nombre d'efpeces qui font des plantes à fuc laiteux , à feuilles Amples & alternes , & dont les fleurs , qui reflemblent communément à de petites cloches, font d'un afped agréable , mais elles fe fletriflTent fans tomber; il y a cinq étamines : le fruit eft une capfule anguleufe, ovale , ou turbinée , ou prifmatique , divifée intérieure- ment en trois à cinq loges polyfpermes, &.qui s'ouvre fur les côtés par un pareil nombre de trous.

M. le Chevalier de la Marck diftingue les Campa-^ nules , en :

Campanules dont tes feuilles font prefqiu lijfes , & point rudes au toucher ; Usjïnus du calice non réfléchis.

Telles font : La campanule petite , du Mont Cenis ; fa fleur eft bleue. La campanule uniflore^ de la Laponie. La campanule à feuilles de cymbalaire ; elle fe trouve dans les lieux couverts & humides en Europe. Celle a feuilles de cochlearia , des Alpes. La campanule élatine , des montagnes de l'Europe Auflrale. Celle à tiges filiformes , d'Autriche , Campanula pulla , Linn. Celle à feuilleS' rondes , des pâturages fecs & montueux de l'Europe. Celle à feuilles de lin , du Mont d'Or. La campanule étalée , Campanula patuU , Linn. ; elle croît dans les Alpes de la Suifle , en Suéde & en Angleterre. La campanule appelée raiponce , Voyez ce mot. La campTi^ nule à feuilles de pêcher , Campanula perjiaz folio y

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Linn. 231 , Toum. iio ; cette efpece eft vîvace, & jfe trouve dans les lieux incultes & ombragés, en Europe. On en trouve une belle variété à fleurs doubles dans les bois , & qui eft fouvent employée conune ornement dans les parterres; Campamda anguf- tïfolia , nemorofa^ magno fion^ Tourn. m, La cani'* panulc à feuilUs di ptartnique ; Toumefon l*a obfervée dans PArménie. Celle à feuilles de li/iaire; cette efpece a été obfervée , par M. Commerfon , à Monte-Video ^ près de Buenos-Ayres.

De la même fous-divifion font encore : La campa^ nuU pyramidale, Campanula pyramidalis ^ Linn. 232; elle eu bifannuelle. Selon M, Scopoli , cette très-belle efpece croît naturellement dans la Carniole ; elle eft employée comme ornement dans les jardins , fur les terraffes , &c. Elle pouffe plufieurs tiges très-droites ^ effilées , iimples , glabres , hautes de quatre ou cinq pieds , & feuillées dans toute leur longueur ; ( les tiges vigoureufes pouffent des rameaux latéraux;) les feuilles font vertes, glabres & crénelées; les radicales font cordiformes & ont de longs pétioles ; celles de la tige font ovales-lancéolées, & à pétioles bien moitié longs: les fleurs font bleues , quelquefois blanches , & vien- nent plusieurs enfen^le ^ par bouquets latéraux & terminaux , fur des péduncules courts , & forment dans la partie fupérieure de chaque tige , un long épi pyramidal d'un afped fort agréable. La campanule à fleurs planes, Trachelium AmerUanum minus jfion cceruUa patulo , Dodart ; an Campamda Amcricana , Linn. ? La campanule à longs Jly les , de la Sibérie & de la Tar^ tarie. La campanule à feuilles de périploque ; elle fe trouve dans la Sibérie , ainfi que celle à feuilles de lis , & que Pefpece dite campanule gentianoïde ; les fleurs de cette dernière font très-grandes , & d'un bleu magnifique. La campanule à feuilles rhomboidaUs ^ des pâturages fecs & montueux du Dauphiné , de la Provence^ de la Suiffe ^ de l'Italie. La campanut^

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"^ Alpin ; elle croît en Italie , près de Baffano , dans des lieiix couverts & humides. La campanule à feuilles crépues , Campanula Orientalis , foliorum crcnis ampUo^ Hbus & crifpis j flore patulo ^ Tourn. Cor. j. Ce Botanifle Ta obfervée dans rArménie, La campanule de Tlfle de Bourbon ; fes feuilles reffemblent prefque à celles de Vyucca. La campanule yertidllée , de la Tartariei Orientale.

Campanules à feuilles rudes au toucher ; Us Jinus

du calice non réfléchis*

Il y a : La campanule à feuilles larges; elle croît dans les endroits montueux & couverts de la Suiffe ^ de la Suéde & de l'Angleterre. La campanule gantelée , ou Gant de Notre-Dame, Campanula vulgatior ^foliis urticce ; r«/ major & afperior^ C. B. Pin. 94 ; Trackelium majus Jive Cervicaria , Merc. Bot. 1,73; Campanula tra- chelium^ Linn. 235. C'efl une plante dont la racine eft vivace , affez grofle , longue , branchue , blanche , & d'un goût aum agréable que celui de la raiponce : «lie pouffe plufieiurs tiges à la hauteur de deux pieds ^ cannelées , droites , rougeâtres & velues. Ses feuilles font difpoféeS alternativement le long des tiges , char- gées de poils courts , & affez femblables à celles de Tortie commune ; fes fleurs font bleues ou violettes ou blanches , axillaires y & contenant im piftil dont le fligmate efl divifé en trois pièces , & cinq étamines attachées à autant de petites lames qui ferment le fond de la corolle. Aux fleurs fuccede un fruit membraneux placé fous le caHce ,. divifé en plufîeurs îoges trouées latéralement , & qui renferment beaucoup de femence» menues , luifantes & rouffâtres. Cette plante contient un fuc laiteux, qui la rend aftringente & déterfive« Elle croît fréquemment dans les bois taillis , dans les haies , dans les prés , &c. en Europe, Elle fleurit en, 4té , & fa graine mûrit vers l'automne. On la ailtive. ^éÊP» (juel(]ues jardijos potagers ^ à cdUiGs de fe^ j^eun^^

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du Dauphîné , de la Suiffe , du Piémont & de PAtt- triche ; il y en a une petite efpece lanugineufe dans les Alpes. La campanule àficurs^en épi lâche ^ du Valais , Campanula Alpina , altijjima hirfuta , parvo fiore , Tourn. iio. campanule à feuilles depaqueretu\ elle fe trouve dans Pifle de Candie , parmi les rochers & les pierres. Celle à capfides triloculaires , de Sibérie. Celle à feuilles de violette ^ de Sibérie. La campanule hitirophylle , des rochers de PArchipel. Celle . à feuilles à trois dents , du Levant. Celle à petites fleurs , mais très-nombreufes , du Levant. Celle dont les feidUes font m lyre , de la Grèce. La campanule , de Syrie , Campanula flriSa y Linn. Elle fe trouve auâî dans la Paleftine.

Campanules à capfules columniformes ou prifmatiqtuSn

Il y a : La campanule à tige ligneufe , du Cap de Bonne - Efpérance , Campanula fruticofa , Linn. La campanule doucette , défignée par Bradley , dans fon Calendrier des Jardiniers , fous le nom de Miroir de Vénus y Campanula fpeculumi^ , Linn. 1^8; Campanula arvenfis ere3a^ Tourn. îii , Bauh. Pm. 215. Cette efpece , qui eft annuelle , fe trouve dans les champs parmi les blés ; fes fleurs font d'un pourpre- violet , lolitaires & terminales ; la corolle eft plane , en roue , & en fe fermant le foir , elle forme un pentagone dont les angles font minces & tranchans. La campanule bâtarde des champs , Campanula hybrida , Linn. , eft une Variété de la précédente , ainii que la campanule pentagoTU , de Thrace. La campanule à feuilles de Umonium ^ du Levant. La campanule perfolice , de la Virginie ;. fes feuilles font cordiformes & amplexicaules. Enfin, M. Unnceus fils, cite plufieurs autres efpeces wde campanules moins connues ; les unes du Cap de JBonne-Efpérance , les autres de Madère & de TArabie.

CAMPHRE , Camphora. C'eft une réfine végétale , Waaçhe, t3:anfparentç, friable, légère^ concrète, très-

volatilf ,

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volatile , éthérée , fort odorante , furnageant à Peau, & y brûlant , d'ailleurs inflammable à la manière des huiles effentielles , liquéfiable par le moyen du feu » diffoluble dans refprit de vin , cependant différente des huiles*& des réfines par plufieivs propriétés effen- tielles qui lui font particulières. Cette fubftance eft d'un goût acre , amer , échauffant beaucoup la bou- che, & fi combuflible , qu'elle brûle entièrement fur l'eau ; propriété qui la fait employer dans la matière des feux d'artifice. On prétend que le camphre étoit auflî un des principaux ingrédiens du feu grégeois , dont on faifoit autrefois tant d'ufage. On en mêle auffi dans quelques compofitions de vernis , particulièrement dans celui qui eft deftiné à imiter le vieux laque. On dit que dans les Cours des Princes Orientaux, oale brûle avec de la cire pour éclairer pendant la nuit.

Le camphre des boutiques découle du tronc & des groffes branches d'un arbre qui croît abondamment <ians la partie Occidentale du Japon & dans les Ifles voi^ fines , Camphorifera arbor, ex quâ camphora officinarum^ Hermann. Catalog. ; Arbor camphorifaa Japonica , foliis laurinis , fruciu parvo globofo , calice brevijjîmo , Breyn. Cent. I*. Cet arbre, qui elî une véritable efpece de laurier, s'appelle dans le pays caphura^ & en langue Malaie , capur & cafur ; il égale en hauteur les tilleuls & le chêne. Etant jeune , fon tronc eft rond , revêtu d'une écorce liffe & verdâtre; devenu vieux , il eft raboteux, & fon écorce eft couverte de bofles. Son bois , ainfi que celui des racines , eft d'un tiffu peu ferré , d'abord blanc , enfuite rougeâtre , panaché comme le bois de noyer , & d'une odeur forte & aromatique : on en fait plufieiu-s ouvrages. Ses feuilles j femblables à celles du laurier , font petites à proportion de fa. grandeur; étant froiffées , elles ont une odeur de camphre , de même que tout le réfte de Tarbre, Des aiffelles de ces feuilles , s'élève un pédicule Jong de deux pouces, portant plufieurs petites fleurs blajticîies ,, Toma II. % R r

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eh forme de tuyau , à neuf étamines garnies de fommctl & d'un piftil tendre, A ces fleurs liiccedent des baiçs de couleur poiu'pre , brillantes , ligneufes , de la grof* feur d'un pois , portées chacune fur un calice très- court , & d'une faveur tenant du girofle & ciu camphre^ renfermant une amande blanchâtre , huileufe , couverte d'une peau noire , fe féparant en deux lobes.

Le camphrier de Bornéo & de Sumatra s*appelle Sladi; Arbor camphorifera Sumatrana , Grimm. Raii Hift. ; 6* foliis caryophylli aromatici longiùs mucronalis , fruBu majore oblorigo , calice amplijjîmo^ tulipcefiguram qucdam- modh repnfmtante , Breyn. Il eft plus petit ; fongueux comme le fureau, ayant des nœuds comme le rofeau, & des fruits de la groffeur d'une aveline , que l'on confit pour en faire ufage contre le mauvais air. Cet arbre contient très-peu de camphre ; il s'y trouve en petites larmes concrètes ; & il fuffit de réduire le bois en petits morceaux comme des allumettes j & de les froifTer , pour le retirer au moyen d'im crible. II parvient très-peu de camphre de Bornéo en Europe ; il efl réfervé pour les Grands du Pays : celui du Japon eft moins eftimé au Japon même , puifque les Com- merçans de cette Contrée donnent depuis loo livres jufqu'à 600 livres pefant du* leur , pour en avoir feulement une livre de celui de Bornéo ou de celui de Sumatra près Barras.

Le camphre eft dîfperfé fur toutes les parties de l'arbre caphur. Kcempfer dit que dans les Provinces de Satfuma & de Goteo , les payfans coupent la racine & le bois du camphrier par petits morceaux ; ils les font bouillir avec de l'eau dans un pot de fer fait en vefîîe , fur lequel ils placent une forte de grand cha- piteau argileux , pointu , & rempli de chaume ou de natte : le camphre fe fublime comme de la fuie blanche ; ils le détachent en fecouant le chapiteau , & ils en font des mafTes firiables y grenelées , jaunâtres ou bifes comme <le la caffonade^ remplies d'impuretés : tellç eft Tef*

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pece de camphre que les HoUandoîs nous apportent des Indes. Ils ont feuls Part de le raffiner en grand i &C quoique Pormty Lémery & M. Geoffroy nous ei> aient donné le procédé , on a été toujours fort in- décis fur la méthode que les HoBandois emploient pour y parvenir. L'opinion la plus commune & la plus reçue , eil que Tetat oii nous recevons le camphre purifié ^ eft un effet de la fufion , & cettie opinion eft fondée fur ce que les huiles effentielles concrètes (x:omme eft le camphre ) ne peuvent fe fondre qu'à vu* degré de chaleur femblable à celui de Peau bouillante^ & qu'elles fe décompofent à un degré plus fort, tel qu'il feroit néceflaire pour opérer la fublimation di» camphre ; que le camphre , en fe refroidilTant , prenoit la forme du fond intérieur du vafe oii il s'étoit li- quéfié. Auffi , difoit-on, le camphre purifié a confcrver la fipire du pontis de la bouteiUe,

Cet objet excita ma curiofité dans un de mes voyage* en Hollande. J'entrai dans un laboratoire à raffinerie de camphre , & je vins à bout de découvrir une grande partie de l'appareil néceflaire à l'opération. Un corps dp fourneaux à hauteur d'appui , pourvu d'un grand nombre de capfvdes garnies de fable & d autant de bouteilles à cul plat, Ibusdes couvercles de fer étamé, un feu de tourbe très-gradué, joints à plusieurs autres circonftances , me firent foupçonner que le raffinage du camphre fe faifbit par fublimation, La forme des pains de camphre , concave d'un côté & convexe de l'autre , avec un ombilic femblable à celui qu'on ob- ferve dans les pains de fel ammoniac fublimé , ne favo- rifoit pas l'idée de la feule fufion. Ainfi je me perfuadaî que le camphre purifié étoit fublimé.

De retour à Paris , je voulus m'afliirer fi mon foupçon étoit fondé , & j^ai fait à ce fujet plufieurs expériences fur divers camphres bruts , tant du Japon que de Bornéo , &c. De ce travail , dont j'ai rendu compte ea 1761 à l'Académie Royale des Sciences , i|

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réfulte : i .^ Que raxiome adopté le plus généralement , que le camphre chauffé au degré de Teau bouillante^ & même au-deffus , ne peut fe fublimer fans fe dé- cdmpofer , doit foufFrir quelque exception :- 1.^ Que pour parvenir à la fublimation du camphre ( qui eft fa purification ) , le feu doit être gradué & affez violent : 3.^ Que Tufage d'im vafe de verre'vert convient moins pour cette opération que le verre blanchâtre , & que ces vafes ou bouteilles de verre n'ont point leur fond intérieur convexe , ainfi qu'on le difoit ; il eft au con- traire très-plat : 4.^ Que Tufage des couvercles eft de faire la fonftion d*un réverbère qui , confervant & réflé- chiffant la chaleur , accélère la fufion du camphre^ étant néceffaire à fa purification & à fa fublimation : 5.^ Que le contaû de l'air extérieur bien ménagé , contribue à faciliter l'opération : le truite ou le tre- zalé qu'on obferve fur les parties extérieures des pains de camphre , ne provient que d'un refroidiffement fubit ou très-prompt à l'inftant l'on retire les bouteilles du bain de fable encore chaud , & qu'on les expofè à l'air libre ; alors on entend un cliquetis qui produit des lignes ou des raies en tout fens ^ comme le .feroit un coup de marteau fur un morceau de criftal ou d eau convertie en glace : 6.^ Que le camphre bnit du Japon ne perd que peu ou point de fon poids étant mis fcul fur le feu dans un vafe fublimatoîre ; mais qu'étant mêlé avec le même camphre purifié , il déchet d'un feptieme : le camphre purifié au contraire , étant mis feul à fublimer , ne diminue point ; tandis que le camphre brut de Bornéo perd un vingtième de fon poids : 7.^ Que la partie du pain de camphre qui touche immédiatement à la pointe du bouchon (qui eft fait d^ coton ) , au bas intérieur du goulot de la bouteille , & même l'incrufte , eft communément poreufe , fans confiftance & d'un gris-rouflatre : pour, obtenir ces pains , on caffc les bouteilles à l'aide d'im petit marteau , enfuite on prei>d ua inftriwaent dg feç doiot ]i» pvftç tranchante

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efl: cambrée , on pare les fuperficies de chaque pain , notamment celles du côté du verre ; & pour parvenir k retirer tout 'le ccton , on en arrache une partie au moyen des doigts ^ & l'on en obtient le refte en tail- lant & perçant la maffe de part en part avec le même inftrument de fer , de manière à faire un trou qui y refte , & qu'on obferve au centre des pains de camphre : 8.° Enfin, que la manière de purifier \t camphre ttWç* que je l'ai exécutée, n'eft pas auflî compliquée que celle qu'on lit dans les Auteurs ,& notamment dans la Dijfertation de M. Jean-Frédéric Gronovius , qui eft inférée dans la Madère Médicale de M. Geoffroy , & qu'il feroit peut-être difficile de répéter. Néanmoins toutes ces efpeces de camphre expofées à Tair y s'y font tota- lement diffipées à la longue, & m'ont entièrement convaincu que le camphre eft une fubftance toute par- ticulière , & qui a des carafteres qui la diftinguent de tous les autres corps du règne végétaL

On retire auffi du camphre^ du tkim^ dii romarin ^ des laurUrs^y de Yauront ^ Aq la lavande , de^ hifaiige^ & de prefque toutes les labiées ( Confultez Cartheuser ), même de l'écorce & de la racine du cannelier ^ des racines de [édoàire y de la menthe f du Jonc odorant de l'Arabie & de Perfe. ^oye^ ces mots.

Le camphre eft calmant, fédatif , antiputride & réfo- lutif : il réuffit merveilïeufement dans les afFeftions du

?;ehre nerveux ; il eft auffi d*un très-grand fecours dans es maladies contagieufes & inflammatoires du bétail ; il eft , félon M, Bourgeois , très-recommandable dans les fièvres malignes & puti-ides , accompagnées de délire & d'infomnie ; on en donne deux grains avec vingt grains de nitre de trois heiu^es en trois heures , avec le plus grand fuccès , dans ime once d'eau de tilleul. Quelques perfonnes prétendent que le camphre détruit les feux de Ifamour ; & l'on dit même que fon odeur rend les hommes impuiffims ( Camphora per nares cajlraê 0dore mares ) ; mais il eft certain que les gens qui tr^

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vaillent contînuellemeat fur \^ camphre^ n'ont .jamais rien éprouvé de femblable. Il n*en eft pas moins vrai

3ue les émanaticns du camphre parcourent un efpace ont les limites font fort éloignées , puifqu*on le knt de fort loin , & qu'il eft ii volatil , qu'il s'évapore entièrement à l'air. Il imprègne donc Tair facilement fa propre fubftance. Si l'on jette du camphre dans im baflin fur de l'eau-de-vie , qii'on les faffe bouillir ]ufquà leur eatiere évaporation dans quelque lieu étroit & bien fermé , & qu'on y entre enfuite avec un flambeau allumé , tout cet air renfermé prend feu fur le champ , & paroît comme un éclair , làns incommoder les foedateurs ni endommager le bâtiment.

CAMPHRÉE de Montpellier , Camphorata Mon/- pelienjzs , J. B. ; & hirfuta , C. B. Pin. 486 ; Cm- phorofma Mon/pcUaca ^ Linn. 178. Plante ou fous- arbriffeau qui croît aux lieux fablonneux de l'Efpagne, de la Tartarie , du Languedoc & de la Provence; fa racine eft vivace & ligneufe ; fes tiges font nom- breufes , un peu grofles , hautes d'un pied ou en- viron , ligneufes , cyEndriques , rameufes , comme velues & blanchâtres , garnies de noeuds placés alter- nativement , de chacun defquels fortent beaucoup de petites feuilles étroites , un peu rudes & velues , en- taffées & médiocrement roides, d'une odeur aroma- tique , & qui approche un peu du camphre lorlqu'on les frotte entre les doigts, d'une faveur un peu acre. Cette plante fleurit au mois d'Août & de Septembre; fa fleur eft un petit vafe herbeux fans , pétales ; elle a <juatre étamines garnies de fommets de couleur de rofe ; le calice eft perfiftant , échancré en quatre parties ; le fruit eft une capfule environnée par le calice , & qui contient une petite graine noire , lui- fante & arrondie.

La camphrée eft vulnéraire , apériti ve , céphalique , fudorifique , & elle excite les re;gtes : elle eft fort en ufage à MontpelUer pour les hydropifies ; on la prend en

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giiîfe de thé : H faut la faire infufer avec précaution. On en met une demi-once fur une pinte d'eau ou de vin blanc ; on choifit les brins les plus tendres ^ les plus déliés comme étant les plus aromatiques , & on rejette le refte. Cette plante eft d'autant meilleure , qu'elle eft plus récente; cependant elle fe conferve très-bien une année entière. On l'emploie encore avec les plus grands fuccès dans l^afthme, fur-tout fi l'on joint à cette tifane , qu'il faut prendre dans l'accès ou avant l'accès , cinq ou fix gouttes d'effence de vipère ^ .&; autant de laudanum.

. Linnceus fait mention de plufieurs autres camphrées y favoir, celle àfeuiltes aiguës^ de la Tartarie & d'Italie^ celle à feuilles glabres ^ de la Suifle; celle à péduncvlcs enjiformes & dilatés , de l'Arabie. M. linnceus fils ^ cite une camphrée à paillettes , du Cap de Bonne-Ef- pérance.

C AMPHUR. Sous ce nom , les Anciens ont défigné un animal d'Arabie & d'Ethiopie , une licorne urrejtrc , une efpece Sdne fauvage , portant une corne unique , pofée au milieu du firont. Cet animal eft inconnu , ou mal décrit ^ & même fabuleux. On en peut dire autant du brékis. Voyez ce mat.

CAMP U L OT E , Campulotus. Nom donné par M. Guettard aux tuya^ux de mer en. tire-bourre ou. villebrequin ; les fpires en font plus ou moins régu-~ lieres.

CANADE , Gajièrojteus CanadUs , Linn. Poiflbn du genre du Gajlré\ on le trouve dans les mers de la. Caroline. Selon Unnœus , ce poiffon a le corps oblong; la première nageoire dorfale eft garnie de huit rayons , tous épineux ; la féconde en a trente-trois ; les pec- torales en ont chacune deux; les abdominales , fept; celle de l'anus en a vîngt-fix , dont aucun n'eft épi- neux ; cette nageoire eft comme échancrée ; celle de la queue eft à deux lobes, & garnie vingt rayons..

CANAL DE MER ou Pas. Fôyei Détroit. On.

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clit Canal Mofambiqiu , Canal de Bahafna & Détrcii dt BabelmandtL Celui de Bahama eft dans le Nouveau Monde , le canal oîi Teau de la mer a le pkis de rapidité.

CANANG, [/varia. Selon M, le Chevalier de la Marck y c'eft un genre de plantes à fleurs raonopétalées , de la famille des Ati<mes , qui a beaucoup de rapports avec le coroffol , &c. & qui comprend des arbres & des arbrifleaux exotiques , dont les Feuilles font fimples & alternes ; les étamines très-nombreufes ; il y a fix pétales : les fruits viennent en grand nombre enfemble de la même fleur ^ attachés à un réceptacle commun; ils contiennent une à fix femences,

Canang odorant , Cananga , Riraiph. Amb. ; Arhor fanguifany Raj. Supp. Luz, 83 . Les fleursfont verdâtresou jaunâtres, & ont une odeur forte, mais très-agréable; dans cette efpece , les pétales font prefque linéaires , très-pointus , & longs d'un pouce & demi. Cet arbre croît naturellement dans les Moluques , dans Tlfle de Java & à la Chine. On le cultive dans les bourgs , près des maifons , à caufe de l'odeur agréable que répandent au loin fes fleurs. Les Indiens mettent fes fleurs dans leurs appartemens , dans leurs habits & dans la pommade dont ils fe fervent , afin de leur communiquer une bonne odeur.

Canang aromatique y vvX^xtmtnt poivre ^ Ethiopie^ Voyez ce mot.

Qk^k^sG farmenuux y des Indes Orientales, Uvaria Zeylanica , Linn. ; N arum-panel ^ Rheed. Mal.; Funis mvfarius , Rumph. Amb. Cefl: un arbrifleau farmen- teiix & grimpant ; fes fleurs , d'abord jaunes , devien- nent d'un rouge de fang , & font enduites d'un fuc vifquèux qui en découle ; les fruits font d'un jaune- f ougeâtre , & d'un goût d'abricot ; fon écorce & fes feuilles font aromatiques.

Canang monofperme, Cananga ouregou\ Aubîet. Ç'eft un arbre qui s'élève à cinquante pieds & plus , (^r

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deux pieds de diamètre ; il croît dans les grandes forets de la Guiane ; fes plus grandes feuilles ont dix pouces de longueur, fur une largeur de trois pouces & demi,

Canang à feuilles longues , Uv aria long} folia^ Sonner. C'eft un arbre fort grand & très-droit , ce qui lui a fait donner le nom d^arbrt de mature ; fes feuilles font longues de fept à huit pouces , larges d'un peu plus d'un pouce par leur bafe. M. Sonrurat a obfervé cet arbre à la Côte de Coromandel ; comme il donne beaucoup d'ombrage, on en fait des allées aux environs de Pondichery.

Il y a encore quelques autres efpeces de cananp , mais peu connues. On difttngue cependant le canang à trois pétales , des Moluques ; & le canang du Japon , Uvaria Japonica , Linn. ; Futo^kadfura , Jap.

CANARD , Anas. Sous ce nom générique nou parlerons des canards tant fauvages que domeftiques , & des canards , foit de mer , foit de rivière , &c. On trouv€;ra également dans cet article les oifeaux étran- gers qui ont des noms françois , tels que le canard dz Madagafcar , le canard à crête noire , le canard de Barbarie ou canne de Guinée , &c. Quant au cygne & à l'oie que plufieurs Ornithologlftes avoient rangés fous le nom générique précédent , nous en parlerons fépa- rément. Foye^ chacun de ces mots. Le caraftere du canard eft d'avoir quatre doigts , favoir trois antérieurs joints enfemble par des membranes entières , & le doigt poftérieur féparé ; le bec eft denticulé comme tme lime , convexe en deffus , plane en deffous , plus large qu'épais ; ( l'oie , au contraire , Ta plus épais que large, ) le bout du bec onguiailé & obtus ; & ce bec varie de forme, ainfi que la couleur du plumage , fuivant l'efpece.

Canards domefllques*

Le Canard domestique, /^/.d/z/. 776, le mâle 777 y la femelle ; en latin , Anas domejlica , eft très-

privé , quoiqu'il vienne origmairement d*œuf Je canard fa^uvage. Ces deux races font certainement de la même efpece , iffues de la même fouche , & il naît de leur union un produit fécond.

Le mâle de la race domeftique , & qui eft le canari proprement dit , ou le malaid des Normands , eft iin| peu plus gros que la femelle , du voliune d'une poule :] fon envergure a pires de trois pieds ; il pefe depuis deux livres jufqu'à trois , & a toujours au-deffus du croupion quelques plumes frifées ou retournées en rond. Les couleurs de fon plumage font belles , ordi- nairement brillantes & variées; la tête, la gorge, & environ la première moitié du cou font d'un vert * brillant , changeant en violet : au-deffous de izWt couleur eft une zone étroite qui forme im collier blanc; le bas du devant du cou & la poitrine font d'un mar- ron très-foncé ; la partie fupérieure du corps eft rayée en zigzag ' de gris-blanc & de cendré-brun ; le crou- pion eft d'un noir changeant en vert foncé ; faile iraverfée par une large bande d'un violet chatoyant le vert-doré ; au deffus eft une bande blanche , mais bien plus étroite. La femelle, appelée camu onbourcy eft communément grifâtre , variée de brun. Les plumes principales des ailes font au nombre de vingt-quatre : outre que les fix premières varient plus ou moins en couleur , elles font encore recouvertes d'autres plumes plus courtes : la queue eft compofée de vingt plumes J & eft pointue à l'extrémité ; les quatre du milieu font! d*un noir-verdâtre , *& recourbées en demi-cercle \^rs la pcirtie fiipérieure ; les latérales font d'un gris-bnin, bordées de blanc. Le canard a les jambes plus courtes que le corps, & un bec d'un jaime-vert, (rougeatre chez la femelle , ) large , terminé par une efpece de croc ou de clou : la couleur des pattes ou doigts qui foot unis par une membrane , ainfi que celle des jambes, éft orangée ; les ongles des trois doigts antérieurs noi- râtres , & celui du doigt poftérieur rougeatre : «

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marche paroît gênée ; il s'élève peu de terre pour voler. Telle eft la couleur la plus commune chez les canards domeftiques , & la plus confiante dans l'efpece fauvage.

Cet oifeau , devenu domeftlque , eft d'une grande reflburce à la campagne , & de peu de dépenfe : il vit & fe multiplie au milieii de nos habitations ; il fe nourrit de racines , de plantes aquatiques, de vers & d'autres infeâes qu'il trouve : on appelle ce canard le barbouux , parce qu'il fe vautre dans les lieux bourbeux , dans les niiiTeaux , aux bords des étangs &L des marais oii il trempe fon bec pour y trouver fa nourriture. Il eft fi vorace & fi glouton qu'il fe met quelquefois en befoghe pour avaler un poiffon ou vme grenouille entière ; mais fouvent il en eft étran- glé : il ne fe croit pas raffafié , qu'il ne foit contraint de rejeter une partie de ce qu'il a avalé. ( On trouve ' à l'article oiftau , des détails curieux fur le fuc gas- trique & le ventricule mufculeux du canard. ) On doit être attentif à ce que les eaux oîi vont ces bipèdes nageurs , ne contiennent pas des fangfues qui font périr les jeimes , en s'attachant à leurs pieds. La canne pond de deux en deux joius , & dépofe dix , quinze ou vingt œufs , auffi gros que ceux des poules , affez bons à manger , & qui ont la coquille un peu plus épaiffe , d'une couleur blanchâtre , teinte de vert mêlé de bleu. Le jaune qu'on trouve dans ces œufs eft gros & rougeâtre ; un feul mâle fuffit à trois femelles qu'il s'approprie , qu'il conduit & protège ; l'incuba- tion eft de vingt-huit à trente jours. Les nouveaux nés portent le nom de bourcts.

La chair du canard eft plus ou moins eftimée : il

a des eftomacs qui la digèrent difficilement & qui a trouvent pefante. Le cri naturel ou le ramage de cet oifeau exprime àfTez bien can-canc ; d'où l'on pré- tend que Ton a formé fon nom de canard.

Jl eft inutile de' faire Ténumération de la variété

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des canards domefKques ; les variétés les pîtrs frap- pantes , & qui s'éloignent le plus de la race primi- tive , font les canards à plumait tout blanc , ceux à bec courbe , Anas cundrojlra , dont la livrée varie comme celle des canards ordinaires , & qui n'en différent que

t)arce qu'ils ont le bec tors & courbé en bas ; enfin , es canards huppes j Anas domcjiica cirrhata , dont îl y en a de différent plumage , de tout blancs , & dont l'attribut eft une petite touffe de duvet en forme de huppe fur le fommet de la tête.

La mue des canards efl très-prompte , elle s'opère quelquefois en ime feule nuit ; chez le mâle, c'eil après la pariade ; & chez la femelle , c'cfl après la couvée : ceci paroît indiquer que la mue eft l'effet de 1 epuifement , du moins pour ces oifeaux.

Canards fauvagcs , {Anas fera).

Ceux qui étudient les oifeaux reconnoifTent autant de différence entre les canards privés & les fauvages y qu'il y en a entre les oies domefliques & les fauvages. A l'égard des couleurs , nous avons déiigné celles cjui font , en général , aufïî confiantes dans les canards Jauvages , qu'elles font communément variées dans les domefliques.

Entre les oifeaux défignés plus ou moins vérita- blement fous le nom de canards fauvages , les uns fré- quentent les eaux douces d'étangs , de lacs , & par- ^ ticuliérement de rivières : ce qui les fait appeler oifeaux de rivières : tels font le canard fauvage ordinaire ^ le canard à large bec & à ailes bigarrées , le canard à . 'mouches , le canard à ^ueue pointue enfer de pique , la Jarcelle , &c. Les autres femblent fe plaire davantage . dans les eaux falées ; aufE ne quittent-ils guère les ' lieux maritimes , parce qu'ils y trouvent leur principale nourritiire : tels font Veidredon appelé improprement fonard à duvet ^ la macrmji y le canard aux yeux d'or^

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le canard à bec large & arrondi en forme de bouclier, le canard crête appelé morillon , le canard à queue d^ hirondelle ^ &€•

Canards de Rivières. Canard sauvage ordinaire , petit Canard

DE RIVIERE A COLLIER : Bojchas , anas torqiiata minor^ aut jinas Jylvzjlris vcra.^Cet oifeaua un grand rapport avec le canard privé ou domeflique ; il eft de palflagc & va par troupes pendant l'hiver; il commence à arriver à la mi-Oftobre, dans nos contrées , par petites^ bandes , qui font bientôt fuivies de troupes plus nom- breufes ; ils Viennent des régions les plus Septentrionales de l'Europe , telles que la Sibérie , la Laponie , le Spitzberg ; la troupe dans les airs eft difpofée en deux colonnes : celui qui eft placé à la tête fend l'air , & facilite le vol des deux colonnes qui fuivent ; fatigué , il va fe placer à la queue d'une colonne : celui qui étoit place derrière lui , prend fa place , fend l'air le premier. Chacun à fon tour devient ainfi le conducteur. Les canards fauvages paffent la plus grande partie du jour fur les eaux , loin du rivage : ils s'y repofent , & on les voit fouvent la tête fous l'une de leurs ^les , dans l'attitude d'un oifeau qui dort ; ils ne s'écartent des étangs qu'autant qu'on leur donne la chafle , ou qu'ils font pourfuivis par des oifeaux de proie ; mais dès que le foleil çft couché , ils quit- tent les eaux pour aller pâturer dans les prairies &; les terres enfemencées ; lorfque les eaux dormantes font gelées, ils fe réfiigient fur les eaux coulantes; fi la terre eft couverte de neige , ils s'approchent des lifieres des bois , & ils y cherchent des glands ; fi le froid devient trop rigoureux , ils s'éloignent pour pafler en des contrées plus tempérées ; c'eft ordi- nairement de mûr qu'ils voyagent, Lorfque. les froids font pafles , ces canards partent , mais en petites bandes ^ quelquefois pa? CQuples , & retour-

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nent dans leur climat natal , oii ils paffent Vété pour y propager leur efpece en fureté dans les joncs & les rofeaux des marais immenfes dont ces terres font cou- vertes. Il en refte toujours quelques-uns dans nos pays. C*eft au printemps que , parmi ces traîneurs , le mâle fuit la femelle ; alors ils marchent par paires ; le mâle paroît s'occuper du foin de rechercher & de décou- vrir un lieu propre à pofer le nid ; c'eft ordinaire- ment une touffe de joncs ifolée'au milieu d'un marais : la femelle lui donne la forme convenable , en arran- geant, en pliant & en coupant les joncs. Cependant on trouve auffi quelquefois des nids fur des troncs d*arbres mutilés , & uir des amas de paille dans les terres labourées , même dans les bruyères ; la femelle garnit l'intérieur du nid du duvet qu'elle s'arrache , & elle en couvre les œufs toutes les fois qu'elle les quitte ; elle ne revient à fon nid qu'avec la précau- tion de s'abattre à cent pas au moins , & de le regagner en fuivant une route tortueufe ; la ponte eft depuis dix jufqu'à feize & dix-huit œufs ; ils font d'un blanc- verdâtre ; l'incubation eft de trente jours ; pendant ce temps , le mâle veille près du nid , accompagne fa femelle à la picorée & la défend de la pourfuite des autres mâles ; le lendemain que les petits font nés , la mère defcend du nid , les alj)pelle & les conduit à l'eau ; fi le nid eft trop élevé, elle les emporte, à fon bec , l'un après l'autre ; ils font long-temps couverts 4'un duvet jaunâtre ; ils ne commencent gueres à voler qu'à trois mois. Les jeunes fe nomment canards hale^ brands^ ou carmetonsfauvages , {anaticula) ; la chair de ces canards eft très-bonne , cependant moins délicate que celle du canard de rivière de la Louifiane , car Tefpece du canard fauvage fe retrouve au Nord de l'Amérique.

On compta auffi dans Tefpece de canard fauvage quelques variétés ; il y a : Le grand canard fany âge ; on en trouve de noirs , de couleur de fuie , de gris , de tachetés.

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Il n'y a peut-être pas d'oifeau plus difficile à appro- cher , plus rufé , qui le méfie davantage des pièges , que le canard fauvagc ; mais comme fa chair eft un manger très-eftimé , on a imaginé un grand nombre de moyens pour furprendre & s'emparer de ces oifeaux. On tue ces canards fauvages au fiifil dans les grandes pièces d'eau; on les y prend auffi avec des hameçons amorcés & attachés à une ficelle fixe ; d'autrefois on en prend , & en très-grand nombre , par le moyen des canards domcfiïqms , auxquels on a coupé les plumes du vol. On donne à ces canards prives , le nom de canards traîtres ou appMans , parce que leur cri invite les canards fauvages à s'abattre , &c. On appelle lès pièces d'eau ou étangs , qu'on emploie à cet ufage , des canardieres.

Canard de rivière gobbe -mouche, Anas muf caria. Cet oifeau eft ainfi nommé de l'efpece de nourriture qu'il attrape fur la furfaee des eaux; en marchant il lufpend fes pas pour attraper les mouches ^ &: la nuit il pouffe un cri femblable à cehii d'un homme qui s'attrifte ; ce canard a les pieds jaunes , les doigts & la membrane jaune-noirâtre , le bec jaune & dentelé : fon plumage eft communément magnifique , de différentes couleurs , noir , vert clair mêlé de couleur de feif , blanc & de couleur de belette , confondues enfemble dans des . endroits , féparées dans d'autres : c'eft un très-bel oifeau. La Canne mouche eft de cette efpece.

Canard rivière dit Sarcelle. Voy&^ ce mot. On donne encore ce nom quelquefois à im petit canard ^ dont le plumage de la tête eft roux comme poil du renard ou de la belette : il a beaucoup de reffemblance, avec la farcelle proprement dite. Quand il. eft un peu. roux , on l'appelle canard de rivière roux.

Canard huppé jaune ou Canard de Marsilly,

Anas criflata flavefcens. U a quelquefois un pied de long ; le bec très-rouge ; le front élevé 9 j^rni de

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plumes molles & d'un beau jaime , qui defcendent (ur le bec ; le cou , la poitrine , la queue d'un gris-bleuâtre ; les jambes blanches , & les pieds d'un beau pourpre : quelques-uns l'appellent farcdlc huppée.

Canard étoile , Anas Jlellata. La fîngularité de

ce canard confifte en ce que fes yeux font environnés

d'une tache ovale & noire , placée très-haut , & que

fon ào\ ell conftamment couvert d'une étoile blan-

^ î che : quelques Ornithologiiles rangent dans cette claffe

le Canard blanc , Anas albella : mais Klein penfe que ce n'eft qu'un plongeon du Rhin.

Canard a tête rousse ou Canne Pénélope;

c'eft le MlLLOUiN, Voyei ce mot.

Canne pétiere appelée improprement canard dcpri de France , & par quelques-uns Canne PÉtrotte , Canne pÉtRACE , Anas campejlris & pratenjis Gallica. Cet oifeau eft particulier à la France ; il eft de la groffeur d'un faifan , & vit de graines , de fourmis , d'efcarbots , de petites mouches & du blé en vert; {'à chair eft auffi délicate que celle du faifan : cet ani- mal n*eft point un canard^ & nous croyons avec Bdon , que c*eft une petite efpece d'outarde. P'^oye^ a la fuite du mot Outarde.

Le canard appelé Souchet ou le Rouge ; c'eft le canard d* Amérique .au grand bec y de Catesby. Voyez

Souchet. Oiseaux appelés par quelques-uns Canards de Mer. Le Canard Colin ou Grisard , oii Canard de

Belony Larus gavia major. Cet oifeau eft le goéland varié. Voyez cz mot.

Canard a duvet ou a plumes molles , ou de Saint-Cutbert, ou Canard de l'Isle de Farne

& d'Islande , Anas Famenjis ^plumis molUJJimis. Cet oifeau eft Veidredon ou Yeider des Danois , pi. enl. 209, . le mâle ; 208 , la femelle : c'eft Voie à duvet propre- ment dite , & dont le duvet chaud & léger eft appelé

Edredoa

C A N ^ (^41

'Edrëdon OU Eiderdon , par les François , & par comip- tion aigledon. Cet oifeau aquatique , du même genre que Voie , fe trouve au Nord des deux Continens; ils ne différent que par quelques nuances du plumage : nous ne parlerons que de VeiJer d'Europe.

Ueider n'eft pas fi gros que Vou commune , mais il eft plus grand que le canard vulgaire. Son envergure eft de deux pieds huit pouces j fon bec eft court, le milieu en elt rouge , le bout noir , plus cylindrique & plus pointu que dans nos cçnards domtfliques^ & terminé par un crochet qui ne joint pas en cet endroit la mâchoire inférieure. Ce bec eft dentelé fiu les côtés : il a dans le milieu deux trous oblongs qui fer- vent à la refpîration. On diftingue le mâle à la couleiu: du plumage : il a le fommet de la tête d'un noir de velours qui fe prolonge par le moyen de plumes très- courtes , en trois traits , dont un s'avance lur le milieu du bec, & les deux latéraux fur {^^ côtés , jufque près des narines ; ce même noir s'étend fur le derrière de la tête , & y forme deux bandes féparées par une raie blanche & étroite ; le derrière du cou eft d'im vert- pomme fort clair ; le ventre & le milieu du croupion font d'un beau noir ; les grandes couvertures des ailes font noirâtres , ainfi que les pennes de la queue ; le refte du plumage eft blanc ; la partie nue des jambes , les pieds , les doigts , leurs membranes ^ les ongles font noirâtres. La femelle eft aile? de la couleur du faifan bruyant ; elle a le ventre brim : on l'appelle quelquefois faifan de mer.

Dans cette forte d'oifeau uniquement ,• & tant mâles que femelles , Teftomac eft garni de plumes ou d'une forte de duvet trèsrdoux , très-moelleux , fort léger , fort chaud & très-recherché pour les lits : ce duvet a encore un avantage très-précieux ^ c'eft qu'il a beaucoup d'élafticité & eft très-durable ; en un mot , il l'emporte par tous ces avantages , fur tous les autres duvets. L'oifeau s'arrache ce duvet dans le temps Tome II. S s

qu'il couve fes oeufs; il en garnît Kntérielir de icm nid dans la vue de conferver une chaleur propre aux petits qui en doivent éclore. Son nid eil fait de mouiTe.

Cet oifeau, que l'on regarde comme une efpece d'o/<, & qu'on appelle oie à duvcf^ Anftr lanuginofus; cet oifeau , dis-je , habite les lieux maritimes ; on voit des tiders , en Gothland ^ qui font leur nid au pied du genévrier dans les rochers , & y pondent ; on en trouve auffi dans les Mes de Feroë , & particulière- ment dans les rochers de l'Iflande , ce qui le fait encore appeler canard d*IJlande ; auffi les Iflandois ne par- viennent à ces nids qu'avec beaucoup de rifque , parce qu'il faut y defcendre avec des cordes. Ceux qui font voifins des pays fablonneux de ces petites Mts cette efpece d*oifeaux eft encore abondante , ne manquent pas d'en rechercher beaucoup les nids immédiatement après le départ des petits , & d'en ôter avec précau- tion ce tendre & précieux duvet , que nous appelons idredon : Ton a foin , fi la femelle eft encore fur (on nid , de l'éloigner fans Tefinrayer trop précipitamment; car alors elle lâche fa fiente liu le duvet , le falit, & il feut beaucoup de foins pour le nettoyer & le feiré fécher fur des claies. Les plumes à duvet qu^on arra- che de ces oies , dans tout autre temps , ne font pas fi cftimées.

Andcijbn dit , que non - feulement cet oifeau eft naturellement très - fécond , mais qu'on peut encore augmenter fa fécondité en plantant dans fon nid un bâton d'environ un pied de haut ; par ce moyen , dit-il , l'oifeau ne ceffe de pondre jufqu'à ce que fes œufs aient couvert la pointe du bâton , & qu'il puififè fe coucher deffus pour les couver. Les Habitans de PIflande ont long - temps pratiqué cette manœuvre

Îjcur avoir une plus grande quantité de ces œufs dont e goût eft des plus exquis ; mais ce moyen de faire produire à l'oifeau une ponte furabondante , affoiblit l'^mal au point de le im% mQPxir»

G A M «45

M, Èrimiche , favant Danois, a donné, en 1763 ^ une Diflertation avec figures fur Veider : aujourd'hui les Iflandois veillent avec un grand intérêt à la confer- vation & à la réproduâion de cet oifeau , à caufe du profit qu'ils retirent des œuf*s & du duvet. Ils forment de petites Ifles folitaires & tranquilles , pour leur pro^ curer une retraite agréable; c'eft une propriété cer- taine & confiante. Ils parviennent même à les rendre familiers au point que ces animaux s'établiffent autour de leiu" habitation^ La femelle y conftruit fon nid , tapiffe de fon duvet & y pond cinq à iîx œufs oblongs & d'un vert foncé. Si on fe contente de retirer le nid avant terme de l'incubation , la femelle , fans fe découraget , en conftruit un aUtrè , fe dépouille encore une fois , garnit fon nid , fiiit ime nouvelle ponté ( qui n'eft plus que de trois oeufs ) dont HAandois profite. Si Ton retire encore ce nid ^ elle en conftruit un troifiéme , & y pond ; mais le duvet de celui-ci eft fourni par le mâle. Le propriétaire éclairé fur {t^ intérêts , refpeôe cette troineme & dernière couvée ^ qui n'eft ordinairement que de deiix œufs , bien fïir que l'année lliivante nouvelle famille y établira fon domicile , & fournira à fon tour ime abondante ré- colte. Les petits dders éclos & en campagne , on recueille le duvet de cette dernière couvée ; îl eft blanc : c'eft celui du mâle. Celui de la femelle eft gris & eft moins eftiméé,

Comme dans l'efpece de Veidery il y a plus de înâles que de femelles , les premiers fe combattent avec acharnement dans le temps de la pariade* M. Bruniche dit que la femelle tranfpoftç lés petits à la mer d\m vol doux , peu d*heures après leuf naif-* fance , lès tenant placés fur fôn dôs ; dès4ors niâle , qui avoit fait fentînelle autour du nid pendant l'incubation , quitte fa famille ^ & les mères feules! €n prennent foin ; elles ne reviennent plus à tetre ^ & fe tiennent conftamment fur l'eau qu'elles battent inceflamment pour faire monter du fond les infeftes

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& les plus petits coquillages dont fe nourriffent les petits , qui ne peuvent encore plonger. Tous les petits eiders font couverts d'un duvet noirâtre , & les mâles jie prennent un plumage décidé qu'à trois ans ; le développement de celui des femelles eft moins lent ^ & elles font auflî plutôt fécondes. Les eiders adultes pourfuivent avec beaucoup de vivacité le poiffon , en plongeant très-profondément; ils fe nourrifTent auflï de difFérens- coquillages. On trouve de ces oifeaux juf- qu'au Spitzberg , 6c dans le point oppofé jufqu'aïuc Ifles Kerago '& Kona , près des côtes d'Ecoffe.

Le gerfaut fournit aum un duvet fort fin , très-léger & très-chaud , que des Marchands vendent pour le véritable édndon ; on le tire du cou , du ventre & de cleffous les ailes. IJcidcr fe trouve auflî dans le Canada ; car depuis quelque temps l'on nous envoie de ce pays une grande quantité èHaigkdon , c'eft-à-dire^ à^édredon. Le véritable édredon n'eft en ufage en France que depuis la fin du dix-feptieme fiecle. .

Canard a bec étroit de quelques-uns. C'efl le fou. Voyez ce mot.

Canard de mer a crête noire y Anas marina, criflata nigra. Cette forte de canard ^ qui n*habite que les rivages de la mer , eft regardée comme une eipece ie petit plongeon ; Son corps eft court , large , im peu aplati; il a derrière la tête une crête qui pend de la longueur d*un pouce & demi : tout le refîe de îà partie fupérieure de fon corps eft d'un bmn - noi- tâtre ; fon ventre eft blanc , & il a fur les ailes une i^ie tranfverfale blanche ; fes 'doigts font longs.

Canard de mer noir , Anas nigra. On en coiv rioît de deux efpeces , l'une grande , l'autre petite , <jui eft la macreufey Voyez ce mot. Le grand canard de mer noir y eft plus grand que le carîard vulgaire.

Le Canard tacheté de noir et de blanc , eft , fdon Klein & quelques autres ' Obfervateurs , un oifeau fort joli dont on connoît deux efpeces , Tune

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fous le nom de f argon , en latin clanguta , & l'autre eft le quattr*occhi des Italiens, ou le garrot i^platy* rhyncos mas , ) pi. enl. 482. Ces canards font plus petits que le canard ordinaire ; il fréquente nos étangs en hivef & fe retire au printemps vers le Nord, Il niche en Suéde dans le creux des arbres. Le firgon a la tête d'un bleu-verdâtre & d'un noir qui chatoie le pour- pre. Le quattr^occhi a une tache blanche fur les joues & proche du bec. A l'égard du canard quatre ailes _^ Foyei Quatre ailes. Grand Canard a large bec ou Canard des

Allemands , Anas cfypeata Germanorum. C'eft ùrx ^ très-bel oifeau qu'on trouve dans toute l'étendue de la Suéde , du Groenland , de Tlfle de la mer Baltique & notamment en Allemagne. Il eft plus petit que le ca^ nard domeftique : il a la moitié de la tête , du cou , & des petites ailes , d'un beau bleu; le milieu des grandkes plumes eft d'un vert luîfant ; le refte de la . poitrine & du ventre eft rouge jufqu'au croupion , le deflbus de l'anus eft noir. Ce canard femble être le même que le canard de V Amérique au large bec.

Le canard arctique, eft une efpece de mouetu. Vojqz ce mot,

La canne de mer <^ ou la canne au collier blanc Selon y eft le cravant. Voyez ce mot*

Autres Canards étrangers^ -

Canard musqué , Anas mofchata, pÏRnch. enl. 9S9; Grojfè Canne de Guinée^ de Belon j vulgairement Canard d^lnde^ Canard de Barbarie ^ Canne de Guinée ; par quel-» ques-uns , Canne de Libye y Canne du Caire , Canard de Turquie^ Canard de Mofcovie. C'eft , félon Ray ^ Ist plus grande efpece de canard qui foit connue ; fa lon- gueur eft de deux pieds un pouce y & fon envergure de, trois pieds moins un pouce. Les noms par lefquels on a coutume de défigner ce canard , femblent indiquer qu'it eft originaire des côtes d'Afrique; cependant tes Voya^

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geurs n'en font pas mention , & on le trouve en grand Bombre dans les favannes noyées de la Giûane; les Européens établis dans ces cantons, l'ont nomme canard' franc ; & il eft probable aue cet oifeaii , fi répandu aujoiu-d'hui en Evirope , eft originaire de cette contrée de l'Amérique , & qu'il nous hit apporté du temps de Btlon. Il s'eft habitué à notre climat , ^ perpétué dans les baffes -cours oii il multiplie facile- ment. Les Seigneurs Suédois en ont toujours dans leurs ménageries , & ces canaris ont pris à Dantziç , depuis» long-temps , une efpece de droit de bourgeoifie , tant il y en a. Ils font feulement un peu moins gros que dans leur pays natal.

Le plumage, deffus le corps, eft d'un noir luûré, à reflets partie verdâtres & partie rougeâtres ; fur les ailes une large bande tranfverfale blanche ; autour des yeux une peau nue , femée de papilles d'im rouge fort vif; elle couvre la plus grande partie des joues , s'étend derrière les yeux & forme ime caroncule fur la racine du bec ; les plumes du fommet de la tête & du haut du derrière du cou font prolongées , étroites , & urv peu contournées ; elles forment une huppe ; le bec eft rouge , large , court , barré de bandes noirâtres ; la partie nue des jambes, les pieds, les doigts & leurs membranes font rouges , les onglçs blanchâtres, La femelle de ce canard n'a point de huppe, & fon plu-^ mage eft brun-noirâtre. Dans l'état de dômefticité, quel- ques individus cette efpece , font devenus entié- tement blancs. Dans l'état de liberté , cçs canards ni- chent fur le tronc des arbres qui tombent de vétufté i la mère tranfporte fes petits a l'eau , en les prenant par le bec , & fouvent ils fervent de pâtiure aux Caî- jnans qui en détruifent un grand nombre.

^Ibin dit que ce canard a la partie naturelle d'un pouce de groffeur fur quatre à cinq de longueur, & i"ouge comme du fang : fa voix eft rauqiie & ne

fait çatçndre que qiiand il eft en colère i la fcmellç çft

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tits-féconde & fait plufieurs pontes dans l'année. La #hair du canard mufquc eft d'une odeur un peu muf-

3 [liée & d'un goût exquis. On prévient l'inconvénient e l'odeur ou faveur mufquée , en coupant le croupion auffi-tôt qu'on a faigné le canard ; ce goût n'étant communiqué à la chair que par le reflux de l'humeur de certaines glandes fituees uir le croupion.

On prétend que les canards de Kanabi , fur les Côtes Occidentales de l'Afirique, différent peu de la canne ou canard d'Inde : après s'être baignes , ils s'envolent jfiir le plus haut des arbres pour y prendre l'air & s'y fécher.

Canard de 'M.KDkGMSCKVi^ Anas Madagafcarienjis. Cet oifeau efl d'une couleur des plus belles & des plus brillantes ; il eft plus grand que le canard privé ; il vient ordinairement de Madagafcar dans les Indes Orientales : plufieurs Curieux en ont en Angleterre. Son bec & la poitrine font d'un brun-jaunâtre; l'iris des yeux d'un beau rouge ; le cou & la tête d'un vert fombre ; le dos d'un pourpre foncé mêlé de bleu ; les bords des plumes rouges ; les plumes longues des ailes font rouges aux bords,

Canarb de Bahama. Voyei Marec.

Canard huppé de l'Amérique, Anas crîfiata Anuricana. On reconnoît cet oifeau à fon bec , rouge au milieu & tacheté de noir à l'extrémité ; il a l'iris jaune , avec un cercle de pourpre ; deux plumes lon- gues , comme chevelues , & bariolées de bleu , de vert & de pourpre , pendent de chaque côté de la tête qui eft d'une couleur violette ; la poitrine eft rouge y ponâuée de blanc; le defllis des ailes de diverfes couleurs : cet oifeau porte au croupion deux plumes étroites , jaunes aux bords : fa queue eft bleue & pourprée ; fes pieds font bruns & rouges.

Canard siffleur, Anas fiJIuUrisy pi. cnl. 8xç« C'eft le pmm de la Baffe - Bretagne ; on l'appelle 4>ignard dans quelques-unes de jîos Provinces. Ce canard^

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doit (on furnom à fon cri qui eft un lîfflement aîgii ; il le fait entendre en volant , & fe décelé par ce cri qu'il pouffe plus fréquemment lorfqu*il yole & qu'il voyage , & c'eft ordinairement de nuit. Ce canard arrive des contrées dii Nord dans nos Provinces mari- times vers le mois de Novembre ; alors le gris , chez les adultes , eft leur couleur dominante ; mais quand ils quittent notre climat , vers le mois de Mars , par un vent de Sud , ils ont pris leurs belles couleurs : la tête eft fauve clair , tachetée de noirâtre ; la gorge eft d'un gris -marron; le dos & le croupion offrent des raies en zigzags , blanches & noirâtres ; la poitrine & le ventre d'un beau blanc ; chaque aile offre deux larges bandes j^ l'xme d'un noir de velours , l'autre d'un vert -doré ; les deux pennes du milieu de la queue , plus longues > pointues , & d'un cendré- brun ; les latérales grifes & bordées de blanchâtre; le bec eft d'un cendré-bleu en deffus , noirâtre en deffous ; l'onglet noir ; fes jambes, (es pieds, doigts & membranes , font de couleur de plomb , & les ongles noirâtres. La femelle de ce canard a la poitrine & le ventre blancs ; le gris eft la couleur du rçfte du plumage; les plaques ou bandes qui tnlverfent l'aile font bien moins larges & leiu-s teintes bien moins vives.

Lt canard Jifkur eft plus petit qixe le canard domef^ tiqiu ; on le retrouve à la Louiiiane , fous le nom de canard gris, M. de Buffon croit que c'eft à cette efpece qu'on doit rapporter le vingeon des habitans de Saint- Domingue & de Cayenne, On diftingue encore : Le canard JiffUur à bec noir , de la Jamaïque & de Saint- Domingue , pL enl, 8 14. Le canard Jifflcur de Cayenne , pL ml, 826, à bec rouge & narines jaunes. Tj^ canard Jifflcur huppé ; il eft un peu plus gros que le canard Jaûvagc : fa huppe eft élégante , compofée de plume;$ douces comnie de.l^ foi^ ^ longues , effilées , & d'un XQ\v^ çleiir: foix bec eft d\in beau rouge 3 aînn que fes

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jambes , les pîeds , fes doigts ; mais les membranes font noires. Brijjon , tom. VI. pag. 398.

Canard de Nankin. Cet oifeaii qui eft du genre de la farcdU , n'eft encore guère connu en France que par les relations des Voyageurs , & la defcription qu'en ont donnée MM. Edwards , Brijfon &c Linnaus. Nous allons le décrire d'après deux individus 9 l'un mâle & l'autre femelle , qui ont été ap{)ortés à Paris en 1773 , & dépofés parmi la CoUeftion de M. Mau" duyt , Doâeur en Médecine. M. Edwards a donné une figure affez correfte du mâle, tom. 11^ p. 102 y pU eu. On en voit un de ce fexe , au Cabinet de Chantilly. M. Brijfon n'a décrit non plus que le mâle , & n'en a parle que d'après MN^. Edwards & Linnaus. 11 a nommé le canard de Nankin , la farcdlc de la Chine , (/?/. cnL 805 le mâle , 806 la femelle. ) Mais je préfère l'autre dénomination , parce que ce canard ne îë trouve pas dans toute l'étendue de la Chine , mais feulement dans la province de Nankin , & parce que les Voyageurs le connoiffent fous cette même déno- mination.

Le mâle eft un peu plus gros que la femelle : il eft plus fort que notre/arcelle commune , & d'un tiers moins gros que le canard de baffe-cour. Les plumes qui couvrent fa tête & fon cou , font longues & étroites : celles qui s'étendent depuis la racine du bec en deffus , jufqu'au milieu de la tête , font d'un vert luftré & foncé ; les fuivantes , qui deviennent beau- coup plus longues , jufqu'au derrière de la tête , font d'un pourpre luftré. Les plumes qui partent de l'oc- ciput , & qui font Içs plus longues de toutes , font d'un très-beau vert. Les plumes qui font fiu: les côtés, entre l'œil & la bafe du bec , font courtes & d'un marron clair : celles qui font au-deffus de l'oeil , & en arrière Jufqu'à l'occiput, font blanches. Les der- nières de ces plumés font très-longues , & fe mêlent

panm les phunçs vertes - qui naiffçnt ^ Tocciput, tt

6^0 C A N .

Îéfulte de l'arrangement des plumes que je viens [e décrire , une huppe qui prend Ton origine à la bafe du bec y dont la direéHon eft inclinée en arrière , & dont la pointe flottante tombe fur le milieu du cou. Cette huppe eft d'abord verte dans fon milieu , puis pourgi-e , enfuite verte , & blanche fur les côtés ^ avec un mélange de cette dernière couleur à l'origine des plumes vertes qui partent de Tocciput. Les plumes du cou font d*im marron foncé ; elles font longues & étroites » & forment comme une crinière , fi ce terme convient à un oifeau : celles qui font en devant fur les côtés , font rayées , dans leur milieu , par un filet longitudinal d'un marron plus clair que le refte des

{>lumes. Le bas du cou en devant , & la poitrine fur es côtés , font pourpres. Leliaut de la poitrine ^ dans fon milieu , le ventre tout entier & le deffous de la queue, font d'un très-beau blanc. Les plumes laté- rales du ventre , qui recouvrent Taile quand elle eu fermée, font d'un marron clair, fiUonnées par des raies tranfverfales , noires , ondoyantes , & très-rappro- chées les imes des autres. L'extrémité des dernières de ces plumes , eft traverfée par trois raies plus larges 8c plus fortement exprimées. La première eft noire , la féconde eft blanche , & la troifieme , qui eft la plus large & C[ui tennine les plumes, eft noire. Entre le pli de l'aile & le cou , il y a quatre raies tranfverfales fur chaque côté ; une blanche , enfuite une noire , puis une blanche &: une noire. Le dos eft brun ; mais quand les ailes font pliées , on n'en apperçoit que le haut. Les couvertures de la queue font de la même couleur que le dos. La queue eft grife, aftfez longue & pointue ; mais elle eft couverte par quatre plumes longues qui partent du bas du croupion , qui la cachent & la font paroître d'un vert obfcur & changeant. Les petites plumes des ailes font d'un bnm-gris : les grandes font de la même couleur à

Ijçur origine i mais leur côté extéri.çur nuance de

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blanc , qui devient d'autant plus vif, qu'on approche de Pextrémité de la plume. Cette même extrémité du côté intérieur , eft terminée par un vert affez vif« Les plumes moyennes des ailes font nuancées de noir velouté , de blanc & de couleur d'acier poli. Ce§ nuances forment fur le milieu de l'aile , quatre larges raies longitudinales , deux blanches , & deux d'un noir de velours.

Les Naturaliftes n'ont parlé jufqu'à préfent que d'une plume plus large que les autres, qui part du milieu de l'aile , fe relevé , s'incline ou s'arque ea dedans, & recouvre le dos. Cependant il y a trois plumes à l'aile qui ont cette conformation : mais , à la vérité , les deux premières , quoique plus larges que les autres plumes , le font beaucoup moins que la troifieme , qui eft la plus extérieure , & qui les couvre. Ces deux plumes ont leurs barbes internes brunes , & les externes , qui font les feules que l'œil découvre , d'un noir d'acier poli , animé d'une nuance de vert, La troifieme plume a une forme triangulaire. Son plus grand côté eft à fa partie poftérieure , fon plus petit du côté de l'aile , & le moyen du côté du dos. Le plus grand côté a trois pouces ; en forte que cette plume , au lieu de fe terminer en pointe , finit ar un épanouiffement de trois pouces de diamètre, e tuyau de cette plume eft fortement exprimé dans, les deux tiers de fa longueur , & forme ime raie cou- leur de paille. Les barbes internes qui font très-Ion*, gués , font de couleur marron , terminées au fommet du triangle par un blanc fale, &: à fa bafe par du ^hoir couleur d'acier poli. Les barbes externes font couleur d'acier poli , & forment une large raie longi* tudinale. La plume tft donc marron dans fon milieu , bordée en bas à fon extrémité par un filet noir cou-^ leur d'acier , en haut par im utnbe blanchâtre , & bordée du côté de l'aile par une large bande couleiu: 4Wer bruni, Ç^t^ç plume, fe dirige natureliemçnt ûur

î

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le dos : celles de chaque côté venant à fe rencontrer^ en couvrent la plus grande partie.

Le bec eft d*un rouge de Jaque foncé ; Pextrémîté de la mandibule fupérieure ou Tonglet , eft blanchâtre* Les pieds font rougeâtres , les ongles font blancs & non pas noirs , comme l'a écrit M. Brijfon. L'iris eft d'un rouge affez vif. C'eft au moins ce qui a été été attefté à M. Mauduyt par des perfonnes qui ont vu l'animal vivant.

La femelle eft un peu moins groffe que le mâle. En deffus & fur les côtes fa tète & fon cou font gris. Il y a derrière la tête une huppe affez courte , érigée en arrière & pendante , de la même couleur. A la bafe du bec , fur les côtés , on voit une raie blanche , étroite & perpendiaikire, & derrière l'œil il y a une raie de même couleur , mais horizontale. La poitrine eft grife, mouchetée de taches fauves ; la gorge & le ventre font blancs ; les cuiflès font grifes ; les plumes latérales du ventre , que recouvrent les ailes fermées , font de ia même couleur que la poitrine ; les ailes , le dos & la queue font gris , mais le dos eft chatoyant & renvoie des reflets verdâtres; les grandes plumes des ailes font, comme celles du mâle , bordées de blanc en dehors , & terminées de viert en dedans , mais fans cette plume qui diftingue le mâle ; l'iris , le bec , les pieds , les ongles font comme dans le mâle.

J'ai été fofcé de m'étendre fur la defcrîption d'un oifeau dont on parle fouvent , que les Voyageurs vantent beaucoup , qu'on connoît peu en Eiuope , & dont on n'avoit que des notions imparfaites.

Les Chinois font le plus grand cas du canard de Nankin ; on le tranfporte vivant , de cette province il eft fauvage , dans tout l'Empire. Ses mœurs font douces & aimables, il s'apprivoife facilement ; il recon- noît les perfonnes qu'il a coutume de voir , il les fuit, il les careffe , & à leiu* vue il exprime fes fenfations par:des moavemens vifs & agiles» Cependant il

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perd jamais Viàée de la liberté , & il eti conferve toujours le défir. Si l'on n'a pas foin de lui couper les ailes , il profite de. l'avantage qu'on lui laiffe , s'envole & ne revient pas. Toutes les perfonnes aifées ont à la Chine des canards de Nankin, On a communément le mâle & la femelle , qui ont l'un pour l'autre beau* coup d'attachement. On les lailTe en liberté , mais les ailes coupées , dans ces cours ou jardins qui féparent à la Chine les corps-de-logis , qui font entoiurés de murs 5 au milieu defquels il y a im baffin rempli de poiffons & on élevé des plantes & des animaux rares , dont le foin eft un des plus doux amufemens des Chinois. On regarde encore à la Chine le canard de Nankin comme le fymbole de la fidélité conjugale. Cette idée a contribué à lui feire valoir un prix qui eflr toujours très -haut dans les Provinces éloignées de celle oïl il eft naturel. De cette idée auffi eft venu- Tufage fiiivant : Lorfqu'une fille de famille honnête fe marie , les jeunes perfonnes de fon fexe , de fa famille & de {^s amies , lui font préfent , quelques jours avant fon mariage , ou le jour même , d'une paire de canards de Nankin vivans , ornés & liés de rubans* On en a vu dans une. pareille occafion payer une paire deftinée à la fille d'un Mandarin , . lar valeur de fept cents livres argent de France» Le prix le plus bas de la paire de ces oifeaux vivans , eft de cinquante écus ou deux cents livres monnoie de France. On tient de M. Poivre , connu par fon goût pour l'Hiftoire Naturelle , par fes lumières , & qui a fait plufieurs voyages à la Chine , qui, y a féjourné , y a eu des canards de Nankin dans fa maifon , * les détails que l'on vient de donner. Il en fiiut préfumer que le canard de Nankin ne multiplie pas , même à la Chine , dans l'état de domefticité , autrement fon prix auroit néceffairement bailTé. Les Chinois repr^ fentent fouvent ce canard ^ fur lçiirs„ papiers peints 5c iiir leur porceljaiBe,

6^4 C A N

Les Canarï/S de la Cote d'or , ceux du Cap de Bonne-Efpérance , de la Jamaïque & de Cayenne , font également l'auvages dans chacim de ces pays : on les trouve dans les favannes ; leur chair eft un peu faifandée & bonne à manger : ce font autant de canards mufqués^ Voyez ce mot. On diftingue le canard dominiqtiain , du Cap de Bcnne-Efpérance. f^oyagcs aux Indes & à la Chine , tom. IL p. Z2i,

Canard du Mexique , j^nas Mexicana. Cet oifeau eft de la grandeur du canard privé; il eft fort fingulier & mérite d'être connu. Il a une tête ^oflè & noire y garnie d'une huppe bien fournie ; le ventre & le bas du cou couleur d'argent comme au grèbe ; le bord des yeux eft garni de plumes blanches chez le mâle , & jaunes chez la femelle. Il marche mal , vole difficile^ ment , mais il nage bien dans les lacs. Il Êiit fes petits dans les rofeaux & dans les joncs. La grande crédulité des Indiens porte les habltans de cette contrée à dire qu'on trouve dans la tête de cet oifeau ime pierre prédeufe d*im grand prix , & qui ne doit être coniacrée qu'à Dieu. On voit encore au Bréfil un canard fauvojge ou de paffage , que les Indiens appellent umpatlahaou : il eft remarquable par fon plumage , orné de taches lui- fantes , fouvent femblables aux miroirs de la queue du paon , ou à la plante nommée toumefol : le deflbus de la queue eft d'un vert brillant ; le deffus eft blanchâtre.

Canard BRANCHU, ou le beau canard huppé ^ ou le canard d^été de M, Brijfon. Cet oifeau , l'un des plus beaux de fon genre, n'eft guère plus gros qu'une far- celle : les François établis à la Loidfiane, & les Créoles, l'ont nommé canard * branchu , parce qu'il aime k fe percher fur les plus hautes branches des arbres les plus élevés , propriété que n'ont que peu ou point les ai^tres canards d ^Europe. Les plumes du devant de la tête font d'un vert-doré brillant ; celles de l'occiput font fort longues , étroites & comme foyeufes : elles font difpofées par touffes , les imes blanches , les autres

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tfun beau vert-doré, & les troifîemes d'un violet éclatant ; toutes ces touffes , parallèles de chaque côté , forment une huppe élégante qui pend en arrière & tient la pointe tombe fur le milieu du dos : les joues & le haut du cou font d'un beau violet ; la gorge & le devant du cou font blancs ; le deffus du corps d'im bnm foncé changeant en vert-doré ; la poitrine çft d'im pourpre-vineux , femée de taches blanches trian- gulaires; chaque côté offre deux bandes tranfverfales, l'une d'un noir de veloiu-s , Pautre d un beau blanc; les plumes fcapulaires chatoient le vert-doré , le bleu & le cuîvre-rofette ; Piris eft couleur de noifette ; les paupières font d'un rouge fort vif; le bec , en deffus , eft jaune à fa bafe , enfuite d'un rouge vif, puis mafqué d'un peu de blanc ; le bout eft noir ainfi que toute la mâchoire inférieure ; la peau nue des jambes , les pieds & les doigts font d'un jaune obfciu- ; les membranes bnmâtres, & les ongles noirs. La femelle a le plumage brun-grifatre , une huppe brune, courte & peu fournie, la gorge blanchâtre.

Le canard brancha fe trouve à la Loulfîane , à la Caroline & à la Virgime : il niche dans des troncs d'arbre , & particulièrement dans les trous abandonnés par les pies. Le canard branchu eft indiqué fous le nom de canard huppé de la Lowûane, dans les/'/, ml. 980 le mâle , 98 1 la fenlelle.

L'enfemble des belles couleurs de fon plumage , fait rechercher cet oifeau par les Indiens : ils ornent de la peau de fon cou le tuyau de leurs calimiets. La chair de ce canard eft im peu mufquée.

On trouve dans l'Ornithologie de M. Btijfon , & dans d'autres Auteurs , une plus grande lifte de canards ; entre autres : Le canard d^ hiver qui niche dans les arbres , qui & croît dans l'eau.

Le canard d^hiver de M. Brifon , ou le peth canard €L grojjc tête , parce que les plumes qui la couvrent font Irès-longues , & lui donnent l'apparence d'un fort

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volume ; ce canard fe trouve à la Caroline, encore n'y paroît-il que l'hiver.

Les canards à longue queue , dont une efpece appelée pilet , ( pi. enl. 9 54 ) , ou pennard^ fe voit à la Louifiane ; ■un autre appelé canard de Mklon^ Illede l'Amérique, (/>/. enU 1008 , ) & qu'on trouve aufli à Terre-Neuve & en Mande ; le milieu de .la queue offre deux plumes très-longues.

Le canard à fou blanche ; c'eft le canard du Maragnon^ pi. enl. 808.

Le canard à tête grife ou le canard de la Baie ÎHudfon; il eft bien plus grand que notre canard domeJUque : il eft coiffé d'une calotte cendrée - bleuâtre & carrée , réparée par une double ligne de points noirs fem- blables à des guillemets ; le bec efl rouge & furmonté de deux bourlets qui refTemblent, {nivant Edwards, à peu près à des fèves.

Le canard du Nord appelé marchand. Voyez MA- CREUSE A BEC ROUGE.

Le canard à collier , de Terre-Neuve , ( pL enl. 978 le mâle , 979 la femelle. ) Ce collier eft une bîuide blanche tranlVerfale entre deux bandes d'un noir de velours ; ce canard ïe, retrouve au Kamtfchatka & dans riflande. C*eft VAnas Iiijlrionica de Linnceus.

M. Pallas a deffiné & décrit un canard chantant ( Anas glocitans ) ; oifeau très-rare & qui ne fe trouve que dans la partie Orientale de la Siléfie. Confultez Mémoires de C Académie Royale des Sciences de Suéde , ann. lyy^*

Obfervations fur les CANARDS,

D'après cette defcription des différentes efpeces prin- cipales de canards , on reconnoîtra que ces oifeaiix font palmés ; & malgré ce rapport commun avec l'oie , ils en difiefent en ce qu'ils ont les pieds placés hors du centre de gravité;, en marchant, ils vacillent de k poitrine , chancellent du derrierç, & femblent fe

mouvoir

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mouvoir difficilement : ils marchent avec lenteur , & voient avec plus de vîteffe ; mais ils font fi pefans & peu agiles , que leurs ailes , en volant, font toujours beau- coup dé bruit. La Nature a choifi dans leur conftnic- tion , la forme qui leur étoit la plus favorable pour nager avec facilité. Le canard eft , en quelque forte , un oifeau amphibie ; il nage , il marche fur terre , & vole dans Pair , mais plus difficilement encore dans le temps de la mue , qui arrive vers la fin de Mai , lorfque les cannes commencent à couver. Au contraire , la mue des cannes n'anive que quand leurs petits font devenus grands & capables de voler; tous peuvent voler de nouveau , après * avoir recouvré leurs plumes. Dans Tefpace d'une femaine , & quelquefois de vingt-quatre heures , toutes les vieilles tombent. On croit que la mue dans les oifeaux , provient de la même cauie que la chute du poil dans les hommes & dans les autre» animaux nouvellement refaits à la fuite d'une maladie ou d'im épuifement critique. La paffion de l'amour caufe également aux canards & à tous les animaux mâles , non-feulement une efpece de fièvre , mais en- core ils deviennent tous maigres , parcç que leur corps» s'efl: épûifé par les défirs & l'ufage des plaifirs que l'amour infpite & procure. Quant aux femelles , le temps. ou de la couvaifon, ou de la portée & de^ l'éducation de leurs petits , équivaut à une maladie ou à un long jeûne , attendu que , pendant ce temps-* , elles fe macèrent par la diète , & fouvent par \xt% travail continuel. Lortque ces temps font pafles , les deux fexes recouvrent en peu de temps leiu: ancien embonpoint , & fe rengraiflent.

La langue de ces oifeaux eft munie d'efpeces de petites dents des deux côtés , & armée de nerfs ex- quis , qui leur fuffifent pour faire , par le goût feul & fans y voir , le choix des alimens. Le canard a la voie plus foible , plus rauque ou moins perçante que la canne. Aldrovandc^ étonné de voir que cet oifeajji Tom^ II. T t

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pouffe un cri fi grand & fi aigu , & qu'il tient fa tête fi long-temps dans Peau , prétend qu'il en faut cher- cher la caufe dans la figure de fa trachée , qui , à l'endroit oîi elle fe partage en deux branches pour aller aux poumons, a une forte de veffie dure, carti- lag^neufe & concave , & qui eft penchée du côté droit, cil elle paroît beaucoup plus grande. Leurs femelles, ainfi que celles des oUs , font fujettes à pondre des œufs monftnieux. Lorfque le temps paroît orageux, ils crient plus que de coutume , battent des ailes, & ie jouent fur l'eau. Ils plongent entre deux eaux, lorsqu'ils veulent éluder les pourfuites de leurs ennemis. CANARI. f^qyeiSEKLN. AVég3id du canari fauvagc^

Voyez Penduline.

CANARI VULGAIRE y Cariarium comrmme , Linn. Mant. 1 17 ; aut vulgarc , Rumph. Amb. Nom d'un arbre réfineux , de la famille des Balfamiers^ qui s'élève ^ une grande hauteur ^ & dont le. tronc y recouvert d'une . ecorce blanchâtre , porte une cime étalée & bien garnie : fon bois eft blanchâtre, affez foWe, mais peu durable ; il eft bon à brûler ; fes feuilles font ovales , oblongues , acuminées , glabres , entières ; fes fleurs font dioiques , terminales , blanchâtres : le fruit eft vme efpece de noix ovale, & qui renferme un poyau trigone & pointu.

Le canari croît dans les Indes Orientales , dans les Mes Moluques , & à la Nouvelle Guinée. Les naturels de ce pays, tirent en grande partie, leur nourriture des amandes de fes fruits , qu'ils mangent crues , ou dont ils font une efpece de pain ; ils en expriment une huile , dont ils fe fervent pour cuire le poiffon ou poux préparer d'autres alimens. Les vieux arbres don- nent une réline blanche ôc tenace , que l'on emploie à Amboine comme flambeau , en l'enveloppant dans des feuilles feches. ( Encyclop, Méth. )

CANCAME. Fcyyci Gomme cancame. CANCB^ILLE. C'eft le ^^ra« i/^i ^<7/i, Voye^ Gargu.

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CANCHE. royei Foin.

CANCRE, Cancer. Les cancres font des animaux cmilacées dont il y a un plus grand nombre d*efpeces que parmi les crabes. Quelques Auteurs ont rangé improprement avec les cancres ^ la langoujlc^ le homard y la f quille , Vécrevijfe 3^ eau douce , les crabes & tourlou-- roux , &CC. Mais nous ne parlerons ici que des cancres proprement dits & les plus connus. Pour les autres cruuacées de ce genre , f^oye[ aux noms particuliers ^uils portent. Voyez maintenant Varticle CrustacÉes*

On divife les cancres félon les lieux qu'ils habitent le plus communément : on appelle ceux qui vivent autour des rochers , faxatiles ; ceux qui vivent dans }a boue , limojî; ceux qu'on trouve dans le fable , arcnojî; ceux qui fe plaifent dans Valgue , algofi.

Une autre divifion adoptée par plufieiu-s Natura- Jiftes , cft de les diftinguer en cancres de mer & en cancres de rivière. Il ne fe trouve, point de ces derniers dans nos fleuves ; mais ils reflemblent , par la couleur & par la forme , aux cancres de mer.

Les cancres ont le corps arrondi ou cordiforme , & différent en cela des écrevij/es de mer & des langoujles qui Pont très-long , & des crabes qui Pont fort évafé. Il y en a de différentes grandeurs & couleurs; tous ont dix pattes , en comptant les deux bras fourchus , tantôt longs , tantôt courts ; leur queue eft repliée par deffous. La tête , le corps & le ventre différent fuivant la diverfité de Pefpece ; leur écaille ou croûte leur tient lieu d'os : c'eft d'elle que les mufcles tirent leur origine , ainli que leurs infertions, Ils font privés ' de fang , & tiennent , dit-on , de la nature des ovir pares & des vivipares. Voyez ces mots.

La première efpece de cancre eft V araignée de mer y Aranea crufiata. Sa chair eft dure & de mauvais goût : elle habite peu la Méditerranée , plus communément l'Océan & la Mer Atlantique, Le bras droit de V araignée de mer eft y ainii que chez la plupart des cruftacées ^

Tt a

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ordinairement plus gros que le gauche ; les bouts ou les doigts en (ont quelquefois noirâtres ^ mais moins communément que dans les crabes. Ce caricre a quatre corm?s devant les yeux , deux covutes qui fortent du milieu du front , & deux plus longues qui fortent au- deffous des yeux : elles font proches Tune de Pautre; & il avance fes ferres , qui font repliées & mobiles , à volonté. On diftingue facilement ce cancre des autres efpeces , i.^ moins par fa grandeur, que par la tête de fa cuiraffe plus diftinâe , plus pointue & plus avancée; i.® par {es pieds longs & menus; 3.*^ par fes yeux qui font placés Tun auprès de l'autre, & qui font fort faillans.

n y a des araignées de mer très^petites , d'autres qui font affez groffes ; elles ont fous la cuiraffe inférieure quelques petites veffies qui s'enflent comme font les gorges des grenouilles. La queue des femelles ell large & arrondie ; celle des mâles efl étroite 6t longue. Cancre Cavalier ou Coureur , Cancer eqm aut curfor. Ces cancres font gros conune une châtaigne; il n'y a prefque rien à manger ; ils font en quelque forte amphibies, puifque dans les chaleurs de l'été, fur le midi , ils fortent en troupe de la mer pour paffer le refte du joiu: au foleil ou à Tombre , ou , peut-être , pour n'être pas dévorés des gros poiffons. Ils ne cherchent que. les lieux pierreux & bourbeux pour y trouver leur nourriture ; ils fe promènent hors de la mer en long & en large , tantôt autour des ri- vages oîi ils font nés, tantôt plus loin. Belon dit u'en partant de Memphis pour Jérufalem , il en vit ur les confins de l'Egypte qui retournoient à la mer , & couroient d'une fi grande vîteffe , qu'il n'étoit pref-

?

Il

que pas poflîble de les atteindre. Il ajoute qu'un lézard qui etoit à l'ombre fous une plante hommee ambrojie , ayant apperçu un de ces cancres , le pourfuivit ; & que ce cancre , qui paroiffoit plutôt voler que coiurir, ^li éçh^pgaii

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Cancre commun. Cancer maritimus. ïl tient le milieu entre le cancre de rivière & le cancre de mer. Il a les bras fourchus & courts ; les pieds longs , finif- iànt en pointes , deux petites cornes au front. Il vit long-temps hors de l'eau ^ {a chair eft fort nourriffante. Cancre en forme de cœur , Cancer figura cordis^ Il èft petit ;. le tronc de foa corps a la forme d'il» cœur ; fes deux bras font fourchus ; les ferres en font fort courtes ; il a deux cornes au fronts II vit dans la haute mer. Rondelet dit en avoir fouvent. trouvé dans le corps des plus grandes morues : on. ea trouve auffi dans PeAomac des merlans.

Cancre d'Heraclée ou Coq marin. On en pêche dans, le Pont-Euxin ; mais il vit en haute mer. Il dif- fere du précédent par fa coquille qui efl: brune , fes pieds plus courts & plus. menus; les cornes qu'il a devant les yeux font jointes enfemble.

Cancre marbre , Cancer marmoratus aut varius. Sa coquille eft très-dure , unie en dejffus , découpée* près des côtés des yeux comme une fcie.. Durant la vie de Paiûmal elle eft variée de différentes couleurs , iK>ires^ bleues , vertes. & cendrées, comme le marbre ou le jafpe : elles difparoiflent après fa mort« Il a les bouts des pieds renfles , & deux petites cornes au fronts II vit dans les troua des. rochers , s'y cache au moindre bruit , & &'y cramponne avec les pieds fl fortement , que l'on a de la peine à Pen arracher.

Cancre-Ours ou Migraine , Cancer urfus. Il fe^ fert , comme ce quadrupède , de fes pieds de devant ou de fes deux bras fourchus. Il met fes bras devant fes yeux , & on prétend qu'il dort ainfi tout ramaffé* comme les ours. II. eft gros & court, d'une figure inft«ine & de la couleur de grenade : fes pieds fe refferrent à volonté contre fon corps : il vit dans la. iange : fa chair eft, de mauvais goût. Le cancre-ours ne paroît être ^ félon Rimphius^ qu'une fqmlle larges 4es Indes.

664 C, ^ , N _

ment involontaire & néceflîté , comme une fageffe l'animal ; c'efl pourquoi ils le pendoient au cou de la ftatue de Diane d*Ephefe , Déeffe de la Sageffe. Lorfque ce cancre a mis bas fa coquille cniflacée , il fe tient caché jufqu'à ce qu'il en ait une autre ; & quand le temps de ce dépouillement apprpche, il court çà & là, & le remplit de nourriture fi abondamment ^ que fa couverture eft obligée de tomber. D'autres, au con- traire, veulent qu'elle l'abandonne par maladie & par maigreur, f^oye^ cette mue des cruftacées fur Varâclc

ECREVISSE.

Cancre velu , Cancer kirfutus. On en diftingue de trois fones : i .^ Ceux qui ont des poils en plufieurs endroits du corps , fur les bras & les pieds , avec une figure de cœur fur le milieu de la coquille fupérieure : le bout du bras eft noir ; la partie antérieiue de la cuirafTe . eft dentelée comme une fcie , &c armée fur le front de deux petites cornes. i.° Ceux qui n'ont point de noir à l'extrémité des bras , & qui font plus petits que les précédens. 3.° Enfin, ceux qui ne différent de la féconde efpece que par leur petitefTe.

CANCRELAS. Au Bréfil , eft le nom du gros rava. ^oyez ce mot.

CANCRITES. On appelle ainfi les cancres foffiUs ou pétrifiés , Voyez Cancre. Les cancrites fe trouvent fur la Côte de Coromandel , à Sheppy , Me Angloife, & à Pappenheim.

CANDELBERY. Nom que les Anglois donnent à V arbre de cire , de la Louifîane. Voye\^ ce mot.

CANDIDE , Phicomene , Efper. Nom d'un papillon qui a beaucoup de rapports avec celui nommé lefou/re; le fond des ailes eft blanc , & bordé de vert-noir , avec une tache jaune dans le mâle.

CANÉFICIER. Foyei Casse.

CANETON. Petit Canard, f^oye^ Canard.

CANJALAT. Urium polipoîdes , Rumph. Amb. ; Malaîcè ubi gorita. Plante qui croît à Amboine , dans les

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boîs humides & fur le bord des rivières. Elle a le port de la clématite. Les habitans , en prenant du thé , font iifage de {es racines confîtes au fucre : elles font compo- fées de tubérofités nombreufes , cylindriques , longues ^ ramaffées en faifceàu , noirâtres en dehors , fuccu- lentes , & naturellement d'un goût amer & défagréable.

CANIAR de Selon , eft le goéland varié.

CANICA. Efpece d'épicerie qu'on trouve dans PIfle de Cuba, Suivant M. DtUu^^t , elle a le goût du clou de girofle , & eft d'ufage en médecine.

CANICHE. Femelle du barUt. Voyez Chien.

CANICULE , Canicula , eft le nom d'une des étoiles de la conftellation du grand chien , qu'on appelle auffi fimplement \ étoile du chien & finus. C'eft la féconde étoile dans les Catalogues de Ptolomée & de Tycho : elle eft lituée dans la gueule du grand chien , & eft de la première grandeur; c'eft même la plus grande & la plus brillante de toutes les étoiles du ciel.

Quelques Auteurs anciens ont écrit que le jour oîi la canicule s'élève , toute la Nature en reçoit des in- fluences qui produifent mille accidens fâcheux , & fur- tout beaucoup de maladies chroniques dans les ani- maux , & des chaleurs contagieufes : voilà bien des chimères. Si la canicule avoit la propriété d'apporter le chaud , ce devroit être plutôt aux habitans de l'hé- mifphere Méridional qu'à nous , puîfque cette étoile n'eft que dans cet hemifphere , de l'autre côté de l'Equateur : cependant il eft certain que ces peuples font alors en hiver. La canicule & les autres étoiles font trop éloignées de nous pour produire fur nos corps ni fur notre fyftême planétaire aucun effet fenfible. Voye\^ V article ÉTOILE ^ à la fuite du mot PLANETE.

Les Romains étoient fi perfuadés de la malignité de la canicule , que pour en écarter les influences y ils lui facrifioient tous les ans un chien roux. Cette efpece d'animal avoit eu la préférence dans le choix des vic- times , à caufe de la conformité des noms. Ce n'eft pas

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la feule occafion oîi cette conformité aît donné naif- fance à des branches de fuperftitîon. Encyclopédu.

CANIFICIER. C'eft ainfi que Pon nomme aux An- tilles le caJJUr ou l'arbre qui produit la caffi. Voyez u mot.

CANNA. Nom que les Hottentots donnent à un des plus grands animaux à pieds fourchus de rAfrique Méridionale ; les Caffres le .nomment impoof. D'après la defcription que des Auteurs oiït faite du canna ^ il nous paroît que ce quadrupède bifulce a beaucoup de rapports avec le condoma , Voyez ce mot. Les cornes , dans les deux fexes de Tune & l'autre efpeces , font aflez: liffes , avec une groffe arête qui forme deux tours de foirale dans leur longueur : ces cornes font creufes, & foutenues par un os qui leur fert de noyau ; ainfi elles font permanentes. Le canna & le condoma ont une crinière ; mais le canna manque de larmiers , & marche en troupes de cinquante & plus : on en trouve quelquefois cent , & trois cents enfemble , près des fontaines. Le condoma , au contraire , a des larmiers & ne va point en grandes troupes. Il réfulte de cet ex- pofé , de ces légères différences , que le canna eft Tef- pece fauvage qui habite les hautes montagnes ; le condoma habite les plaines.

CANNA BINE , Datifca. Nom d'un genre de plantes à fleurs inconipletes ^ qui a beaucoup de rapports avec le chanvre , & qui comprend des herbes dont les feuilles font alternes & ailées , avec impaires , & dont les fleurs font petites , axillaires & en grappes termi- nales : les fleurs font à fexes féparés fur des pieds différens : le fruit eft une capfule pblongue , trîan- gulaîre , & s'ouvre par trois valves ; il contient beau- coup de petites femences.

H y a : La cannabinc glabre , de l'Ifle de Candie , Z>^- nfca cannabina , Linn. ; Cannabina Cretïca florifera &'fruc'' frfcra , Tourn. Cor. 51; elle a un peu l'afpeâ d'une orti^ ou d'un chanvre, \ji cannabine hérijfie , de la

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Penfylvanle , Datif ca cauU hirfuto , Linn. ; elle eft en- core plus grande que la précédente qui a de quatre à lix pieds de hauteur.

CANNAMELLE. /^(^ye;;; Canne a sucre*

CANNANGOLIS ou Angoli. Les habitans de Ma- labar donnent le premier de ces noms à la poidcfukanc de Madras , de M, Brijjon. Cet oifeaa eft de la groffeur d'un canard 'y le plumage fupérieur eft cendré*; l'infé- rieur eft blanc , avec quelques taches noires en forme de croiffant.

CANNE ou Cane. C?eft la femelle du canard. Voyez- en les efpeces à la fuite du mot Canard.

Canne épineuse. Voyc^ à V article Rotin.

Canne a main. Efpece de rofeau des Indes. Voye:^ à Vartidt RoTiN»

Canne, a sucre ou Cannamelle , Arundo fac^

charifara , C. Bauh. 9 Sloan. ; Calamus faccharinus , Ta- bernaem. ; Canna meîlaa , Caefalp. ; Fiba , Tacomarée ^ Pifon, Caniche des Caraïbes. C'eft une efpece de ro- feau articulé , dont la moelle iucculente fournit par expreffion , le fucre , ce fel effentiel , doux & agréable , dont un fi grand nombre de Nations font ufage dans nos Colonies , en Amérique. Ce rofeau , qui eft de la famille des Graminées ^ s'élève à huit ou dix pieds de hauteur & davantage , fur un pouce & demi de diamètre : fa tige eft pefante , caftante , d'un vert tirant fur le jaune : les nœuds qui font à trois doigts ou environ les uns des autres , font faillans , en partie blan- châtres , &: en partie jaunâtres. De ces nœuds partent des feuilles qui tombent à mefure que la canne wxxriVy les nœuds contiennent donc le principe des feuilles : on voit d'abord paroître un bouton alongé d'un bnm- rougeâtre , qui , peu à peu , fe dilate , verdit & devient une feuille longue de trois à quatre pieds , plane, droite , pointue , large d'un pouce , d'un vert-jaunâtre , ftriée dans fa longueur , avec une côte blanche au milieu , alternativement pofée y embraftant la tige par fa bafe >

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glabre 9 mais année fur les côtés de petites dents îm-* perceptibles. Il arrive quelquefois que les canucs , par- venues à onze ou douze mois de croiffance , pouffent à leur fommet un jet de fept à huit pieds de hauteur, & de cinq à fix lignes de diamètre , liffe , fans nœuds ; c'eft ce qu'on appelle flèche. Ce jet porte un pani- cule ample , long d'environ deux pieds , divife en pluiieurs épis noueux , fragiles , compofés de pliifîeurs petites fleurs foyeufes & blanchâtres , fans pétales, dans lefquelles on dillingue trois étamines dont les. anthères font un peu oblongues; l'embryon eft alongé & porte deux ftyles : à ces fleurs fuccedent quelquefois ( car elles font fou vent flériles ) des femences oblon- gues , pointues. Il faut obferver qu'une même tige ne fleurit & xsitfljuhe jamais qu'une fois, Lorfque \aL canne approche de /a maturité , alors la tige eu jaune & pelante ; fon écorce eft liffe , luifante , & la matière ou fubflance blanchâtre , fucculente & fpong^eufe que contient tige dans fon intérieur , fe brunit ; fa racine eft épaiffe , fucculente , grifatre , genouillée & fibrée»

La canne à jucre croît naturellement dans les bides Orientales , dans les Ifles Canaries , & dans les pays chauds de l'Amérique. Elle fe plaît dans les terrains gras , humides & bien aérés : les terres maigres , ufées> qui n'ont pas de fond , ou qui font pefantes , ne pro- ouifent que de petites cannes barbues , pleines de nœuds ,. dont on ne retire que peu de fuçre difficile à fa- briquer. Les fourmis, les pucerons, & les roulemrs,, font beaucoup de tort par leurs dégâts , à la canne ^ fucre.

Les plantations de cannes à fiurt fe font très-fecile- ment. On couche les plants de cannes dans des filions alignés & parallèles entre eux; les trous alignés font plus ou moins éloignés les uns des autres , depuis deux pieds jufqu'à trois pieds & demi , fuivant la qualité du terrain ; on les fait de quinze à vingt pouces de longueur , de quatrç cinq de largeur , & de

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fept à huit de profondeur; on met dans chaque trou deux ou trois morceaux de canne , longs de quatorze V à dix-huit pouces , & qu'on prend au haut de la canne ; on les couche au fond du trou horizontale- ment , & on les couvre de terre. Lorfque le terrain eft comme marécageux & plein d'eau , on place le plant de iàçon que le bout uipérieur forte hors de terre de quatre à cinq pouces ; c'eft ce qu'on appelle planter en canon. On plante ordinairement les cannes dans le temps qu'on les récolte , afin de profiter du plant. Quand le temps a été favorable , au bout de fept à huit jours que les cannes font en terre , on voit fortir des œille- tons , à l'endroit de chaque nœud ou articulation , un bourgeon de la forme d'une petite afperge , qui , quel- ques jours après , fe divife en deux feuilles minces , longues , peu larges & oppofées : la tige continue de s'élever en pointe *^ elle produit peu de temps après deux autres feuilles , & ainfi de fuite. Quand elle eft parvenue à la hauteur d'envii^on un pied , il fort de fa bafe d'autres bourgeons plus ou moins nombreux , fui- vant la qualité du terrain : le farclage eft ici néceffaire , & , à défaut de pluies , il faut, arrofer. Au bout de dix , douze à quinze mois , félon la viteffe de la végé- tation , les cannes àfucre font parvenues à leur mata-* rite ; on les coupe très-près de la racine ; (ces fouches reproduifent deux ou trois fois de nouvelles coupes ; ) on rejette les feuilles , & , au moulin , on comprime ces cannes entre deux rouleaux , qu'on appelle rôUs ^ faits d'un bois très-dur , & qui tournent en feris con-^ traire : les cannes répandent par ce moyen une liqueur douce, vifqueufe^ appelée miel de canne ^ ^ que l'on faitaiire enfuite.jufqu'à la confiflance du fùcre. On procède promptement à la cuiflbn de cette liqueur , car, au bout de vingt-quatre heures , elle s'aigrit ; & même fi on la gardoit plus long-temps, elle fe changeroit en fortwinaigre. Les Éagots de. cannas exprimées portent le nom de bagace^ ôc fuc ou jiis de la canne celui

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de vefou. Qiielques-uns l'appellent aufli vîn de canne. M. Dutrônt4a^Comun y Médecin ^ a propofé un moyen pour convertir ce fuc exprimé , en une liqueur analogue au cidre , ou au vin. Joum. de Phyf. Septembre lySy. En quelques endroits de l'Amérique , on donne fouvent aux chevaux les ti^es de cannes àfucre exprimées ; ces animaux en font friands , & prennent beaucoup d'em- bonpoint : plus communément les tagaces fervent à chauffer les chaudières.

Oii fait bouillir , pendant environ fix heures , eh verfant de temps en temps de Teau , la liqueur extraite des rofeaux : on Pécume , &c cette lie qui fumage fert à nourrir les animaux. Pour purifier davantage lefucrc^ on y jette , pendant Tébullition y une forte leflive de cendres de bois & de chaux vive , & on écume conti- nuellement ; enfidte on pafTe la liqueur au travers d'une étoffe de gros drap blanc; d'autres fois, on* tranfvafe feulement la liqueiu* , à cHiférentes reprifes. C'eft dans l'art ^enivrer ou purifier ainli le vejbu que confifte l'art du manufaôurier ; car trop de cendres le grille, & trop de chaux le rougit ordinairement. Le marc fert en quelques endroits à nourrir ou les efclaves ou les pourceaux ; d'autres, en y mêlant de l'eau & le laiflant fermenter ^ en font une liqueur vineufe : on feit bouillir de nouveau cette liqueur vefou ; on ap- paife l'impétuofité des bouillons en verfant quelques gouttes d'huile ou de fuif : la plus petite quantité de lue acide empêcheroit le ilicre de fe crifbdlifer &c de prendre luie confiAance folide* On verfe la liqueur encore chaudt, dans des moules de terre en forme de cônes creux, (ces moules doivent avoir été humeôés auparavant par l'eau , & cerclés ^ux deux extrémités ) : ouverts par les deux bouts , & dont le petit trou qui eA à la pointe , efl bouché avec du bois , ou de la paille , ou du linge mouillé. Les Caraïbes appellent taniche-'ira ^ le jiis de )s3L canne ^ le firop j 6c choucre ^ le fucre.

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Toutes les opérations que l'on fait dans ta pré- paration du fucrc & dans Part de le raffiner , tendent à débarraffer & purger ce fel effentiel d'un fuc mielleux , qui lui ôte la blancheiu- , la folidité , la fineffe & Je brillant du grain qu'on lui procure en le braffant à droite & à gauche avec ime palette. On ouvre enluite , au bout de quelques joiurs , le petit trou pour donner, écoulement au lue mielleux. On verfe fur la partie fupérieure du cône une bouillie claire , faite avec de la terre blanche argileufe détrempée dans de l'eau.' Ce menflrue fe charge d'ime fubflance glutineufe de la terre ^ & pafTant à travers la mafTe du fucn , lave les petits grains & les purifie du fuc mielleux. Au bout de quarante jours ou environ , le fucrc efl defTéché.

Celui qui efl en morceaux , de couleur roufTe , s'ap- pelle alors fucrc terré rouge ou de Chypre : il efl pur- gatif. S'il efl d une couleur grife , blanchâtre , & ea morceaux friables , il prend le nom de mofcouadc moyenne : c'efl-là la matière dont on fait toutes les autres efpeces de fucrc. Lorfque la mofcouadc a fubi de nouveau à peu près les mêmes opérations dont nous venons de parler , elle efl purifiée de fuc mielleux ; 8c c^efl alors de la cafjonade ou cafonade , dont la meil- leure efl blanche , feche , ayant une odeur de violette^ La cajfonade purifiée elle-même par les mêmes moyens que ci-defTus , ou par les blancs d'œuf , ou |>ar le fang de bœuf, donne le fucrc raffiné , le fucrc fin ou le fucrc royal , ainfi nommé parce qu'on n'en peut faire de plus pur , de plus blanc , m de plus brillant. Ce fucrc étant très-fec & frappé avec le doigt , pro?- duit une forte de fon ; frappe ou frotté dans l'obfcyr rite avec un couteau, il donne un éclat. phofphorique : douze cents livres de hon fucrc ne doivent produire que fix cents livres de fucrc royal ; aufîi la plupart des Raffineurs & des Marchands font-ils pafler le plus beau /w^'!? raffiné ]^Qui fucrc royal ^ ow au W)î^ pour du

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demi-royal. La liqueur mielleufe qui découle des moules , ne peut s'épaifîîr que jufqu'à la confiftance de miel ; c'eft pourquoi on l'appelle mie/ de fucre , rtmel , & plus communément melajje ou doucette. Quel- ques-uns la font fermenter avec de Peau & en retirent une liqueur vineufe qui , diftillée , donne une eau- de-vie nommée tafia. Le fucre candi n'eft que du fucre fondu à diverfes fois & criftallifé : il y en a du blanc & du rouge.

Il fe fait en Hollande im commerce très-confidé- table Ae fucre de toutes fortes , fpécialement des Indes Orientales , du Bréfil , des Barbades ^ d'Antrgoa , de Saint - Domingue , de la Martinique & de Surinam. Le fucre du Bréfil eft moins blanc , plus gras & plus huileux que celui des Barbades , de la Jamaïque & de Saint-Domingue. La majeure partie àesfucres arrivent préfentement tout raffinés ; au lieu qu'autrefois ils venoient bruts en France , & on les raffinoit à Dieppe & à Orléans, On regarde comme une faute commune aux Anglois & aux François d'avoir foufFert des raffi- neries de fucre dans les colonies qui le produifent ; car pour tirer le plus grand avantage poffible des colonies de TAmérique , il faut les mettre dans le cas de ne fe pouvoir paiTer ni des fabriques , ni <ks denrées de l'Europe.

Quoi qu'il en foit , des fucres qui fe raffinent encore en France , celui de l'affinage d'Orléans pafle pour le meilleur ; il eft moins blanc que ceux de Hollande & d'Angleterre ; mais il fucre davantage , parce qu'il eft jnoins dépouillé de fes parties mielleufes & vifqueufes. On remarque la même différence entre la caffonade comparée au fitcre raffiné , & même entre la manne graffe & la manne en larmes. Le fucre qui vient d'E- gypte par la voie du Caire , paffe pour être plus doux & plus agréable que celui d'Amérique.

Cependant on ne fait ufage en Eturope que à\x fucre d'Amérique j 4c-on rapporte préfentement en fi grande

quantité]!

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quantité , qu'on le met parmi les, premières marchàn- difes de ce nouveau Monde. Il eft étonnant de voii? combien Pon confume de fucre dans les cuifines & dans les Pharmacies : il n'y a point d^'alimens agréables , s'ils ne font affaifonnés de fucre , fur-tout dans les defferts ; c'eft ce qui a donné naiffance k un nouveau genre d'Artifles , ( les Confifeurs ) incon- nus aux Anciens.

L'ufage modéré du Jucre peut être très-utile ; car il engraiffe , adoucit ce qui eft acre , émouffe les acides , rend plus doux ce qui eft âpre & préferve les fruits cle la corruption , &c. Un petit morceau de fucre à la £n d'un repas , après avoir beaucoup mangé , aide la digeftion, & arrête communément le hoquet. Le fucre fondu dans de l'eau-de-vie , eft un très-bon vulné- raire , &Jréfifte à la pourriture. Lp fucre candi ou crif- tallifé réduit en poucfre & foufflé dans les yeux, diffipe la taie de la cornée. M. Bourgeois dit que le Jiicre çanarie broyé fur une aflîette d'étain avec un morceau de plomb jufqu'à ce qu'il ait acquis une couleur d'un gris-cendré , eft beaucoup plus efficace pour cette maladie. Le fucre entre dans les firops , i(es marmelades , les éleâuaires , les tablettes , & Içs liqueurs & ratafias.

Les Anciens retiroîent un fucre naturel du bambou ^ efpece de rofeau de l'Inde Orientale , appelé mamba ou bamboë , dans la Province de Malabar, Ce bambou eft le tabaxir à^Avicenne , que Juba dit croître dans les Mes Fortunées ou Canaries , & produire diifucre^ On retire aufli une efpece de fucre gras & bnirtâtrô de l'érable de Canada; f^oye^ Érable & Bois Bambou. On eft parvenu à retirer- auffi du fucre de plufieurs autres plantes , telles que la bette-rave & le chervi. Il y a en Mande une efpece d'algue dont oil retire une forte de fucre; Voyez Algue. On retire Tapocin , dans les pays chauds ^ une efpece de mojme ou de fucre nommé alhaffer^ Voyez Apocin, ^. -> TQmt //• V V

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au bout de ce temps , le canncllicr fe trouve revêttf d'une nouyslle écorce, & eft propre à la même opé- r)ation. lA.i^olvre^ qui dans fon voyage aux Indes Orientales , a été en Cochinchine , nous apprend qu'il s'y trouve , quoique en petite quantîtjé , une canndtc fupériciire à celle du Ceylan^ & qtie les Chinois

ayent trois ou quatre fois plus chj|r que celle que

es Hollandois leur apportent.

Toutes les parties du canncllicr font utiles : fon écorce , fa racme , fon tronc , fes tiges , fcs feuilles , fes fleurs & fon fruit. On en tire des eaux diflillées , des fels volatifs , du camphre , du fiiif ou de la cire , des huiles précicufes : l'on en compofe des firops , des paftilles y des effcnces odoriférantes , d'autres qui con- vertiffent en hypocras toutes fortes de vins , ou font la bafè de ces épices fuaves qui ientrent dans la con- fection de nos ragoûts : en un mot ^ le canncUUr eft le roi des arbres à tous ces égards ; & c'efl ce qu'on peut prouver par les détails fuivans.

On retire d'une livre de cannelle , lorfqu'elle eft rgcchte.., plus de trois gros d'huile effentielle i mais très-peii lorfqu'elle eft vieille. Auffi l'huile de camicIU , que vend la Compagnie HoUandoifa., eft-elle diftillée à Ceyian ou à Batavia. Comme cette huile eft d'un î)on débit , & qu'elle vaut jufqu'à 70 & 90 livres l'once , on la falfifie quelquefois en la mêlant avec l'huile de girofle , ou mieux encore avec l'huile de ben: l'excellence de.fonparfiim la fait employer dans les mélanges d'aromâtèSj^ qu'on nomme pots-pourris^ Les ChingaloYs H^emploient comme ftomachique & en oignent leurs bougies pour parflimcr leurs appartemcns.. Du coton trempé dans cette huile effentielle de camelUy & mis dans le creux des dents lorsqu'elles font mal y appaife les douleurs, parce qu'elle deffeche & brûle le nerf par fon âcreté cauftique. Rien de plus agréable , ni de plus admirable poiu: animer , échauffer & fortifier tout d'un coup la machine , que cette huile prife avec

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du fucre. Les femmes froides de la Géorgie $c de Goa , &c. en font ufage avec fuccès. Cette huile effentielle de l'écorce du canmllier va au fond de Teau , quand elle piu-e : il la faut garder dans un flacon hermétiquement bouché ; & l*on a obfervé que la plus grande partie s'eft quelquefois transformée en un lel qui a les vertus de la cannelle , & qui fe difibut dans Peau. On retire auflî par la diftillation de l'écorce de la racine, une huile & un fel volatil ou camphre. L'huile eft d'un goût fort vif; elle fe diffipe aifé- ment : fon odeur tient le milieu entre le camphre & la cannelle. Elle eft employée extérieurement , aux Indes , dans les rhumatifmes & dans les paralyfies ; on l'y donne intérieurement broyée avec du fucre pour provoquer les fueurs , les urines , & chaffer les vents. Le camphre de la cannelle eft très-blanc : il a une odeur beaucoup plus douce que le camphre ordi* naire ; il eft très-volatil , s'enfl^oune très-prompte*^ ment , & ne laifte point de réftdu après avoir été brûlé. Les Indiens efliment ce camphre le meilleur dont on puifte faire ufage en Médecme ; on le garde avec foin & on le deftine poiu: les Rois du pays , qui le prennent comme un cordial d'une efficacité peu commune. On obtient , par la diftillation des feuilles du canmllier , une huile a odeur de girofle , d'abord trouble , mais qui s'éclaircit bientôt & acquiert pres- que les mêmes propriétés que celle de l'écorce ; cette huile pafle dans le pays pour un correûif des violens purgatifs. On fait ufage des feuilles dans les bains aronïatiques. L^eau diftillée des fleurs de cannelle a une odeur des plus agréables. On s'en fert pour ranimer les efprits , pour adoucir la mauvaife haleine , &: pour donner du parfijm & de l'agrément à différentes ibrtes de mets : on en fait aufh une conferve d'un très-bon goût. Les fruits donnent deux fortes de fub- ftances; on en tire par la diftillation ime huile effentielle dont l'odçur tient du ^ofle ^ du genièvre & de la

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canndU : par la décoâion on en tîre une e/pecè

fraiffe d'une odeur pénétrante , de la couleur & de i confiftance du fuit , & qu'on met en pain comme le favon. La Compagnie des Indes Orientales HoUaih doife nous l'apporte fous le nom de cin d^ cannelle^ parce que le Roi de Candy , Province- du Mogoliftan, en fait faire fes bougies & fes flambeaux , qui rendent une odeiur très-fuave , & font réfervés pour fon ufage & celui de fa Cour. Elle fert dHin remède intérieur & extérieur chez les Indiens , foit pour les contufions , foit dans les onguens nervins/ Quelques Voyageius prétendent qu'on en fait aujourd'hui une excellente pommade odorante povu" nettoyer & adoucir la peau ,

{)our les petits boutons , les gerçures y les enge- lues , i>cc.

Dans les vieux troncs du canneUicr ^ il y a des inœuds rélineux qui ont l'odeur du bon bois de rofe^ Nos Ebéniftes pourroient en tirer parti, pour certains puvrages.

En Europe, la cannelle &C toutes les fubflances qu'on en retire , données à propos , font un excellent effet , tomme cordiaux & uomachiques chauds ; mais leur ufage trop long- temps continue, difpofe à l'inflamma-? tion : un peu de cannelle dans une médecine , en corrige le mauvais goût , & prévient les flatuofités & les tranchées.

Les HoUandois font prefque parvenus à faire feuls le commerce de la cannelle^ ainfi que celui du girofle. ^ de la mufcàde , en conquérant fur les Portugais , d'un côté , les Ifles Moluques , qui produifent feules le girofle ( Voye^ Girofle), & de l'autre, l'We de Ceylan , autrefois Taprobane , feule .féconde en cannelle. Les HoUandois , pour fe rendre maîtres exdu-e fivement du commerce de cette écorce préçieufe , après» avoir chafle les Portugais de Ceylan , conquirent encore fur eux le Royaiune de Cochin fur la côte dq Malabar^ pour leur çnjevçy le çopimçrce d'unç Ç(m^

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iielk qiiî croiffoît dans ce pays , & qu'Us yendoient

^ fous le nom de càrmellc Portugaifc , cannelk fauva^e

ou cannelle grijèi La première chofe qu'ils firent après

cette conquête , fut d'arracher cette cannelle fauvage.

Toute la cannelle dont les HoUandois fourniffent les deux hémifpheres , fe récolte dans un efpace d'environ quatorze lieues , le long des bords de la mer à Ceylan. Cet endroit 5 qui porte le nom de champ de la cannelle ^ ^ft depuis Negambo jufqu'à Gallieres, Ils ne laiffent croître qu'une certaine quantité de ces arbres , & ont un grand foin de faire arracher de temps en temps une partie des cannellUrs qui croiffent fans culture^ ou même ceux qui feroient cultivés ailleurs ^ que dans certains diftriÔs de l'Ifle , fâchant par une expérience de plus de cent vingt ans , la quantité de cannelle qu'il leur faut pour le commerce , & perfuadés qu'ils n'en débiteroient pas davantage , quand même ils la don- neroient à meilleur marché. On eftime que ce qu'ils en apportent en Europe va à fîx cents mille livrets pefaftt par an , & qu'ils en débitent à-peu-près autant dans les Indes. 11 s'en confonune une grande quantité en Amérique, particulièrement au Pérou, pour le cho- colat dont les Efpagnols ne peuvent fe paffer. Telle left l'hiftoire abrégée de la cannelle , ce*tréfor de luxe & de commerce , qui de fuperflu eft devenu néceflaire. Nous donnerons à l'article Muscade, un détail de ce que les HoUandois font en Europe quand la récolte de la cannelle , du girojle & de la mufcade a été 'mé- diocre, & quand elle a été abondante.

Cannelle blanche ou Cannelle du Pérou; Cojlus conicofus^ C'eft la deuxième écorce du cannellier propre à l'Amérique , Cinnamomiim AmerUanum , can^ Tulla P émana ^ C. B. ; Cajjia cinnamomea^ Pluk.

Elle eft nommée dans l'Ifle des Tortues & à Saint- Domingue , cannelle bâtarde poivrée : elle eft en gros rouleaux épais , d'un blanc fale , d'une odeur aro- «i3ti<jue j & d'un goût qui tient de la çannçUe , du

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girofle & du gingembre. L'on prétend , fans fon- dement^ que Varbre qui la porte eft le même que celui qui donne le caffia-lignea , dont le goût eft diffcrent ( Foye^ ce mot^ j mais qui , tranfplanté dans la Jamaïque , a beaucoup changé. Ce même aibre , eue M. Lirmaus range parmi les efpeces de laurier ^ éc M. Adanfon dans l'ordre des garous^ eft au)our- dliui cultivé dans les Terres Magellaniques , il eft appelé , comme à Madagafcar , fimpi. C^eft de cet arbre que découle la gomme alouchi.

Quelques-uns ont confondu avec la cannelle blanche récorce appelée écorce de Winter^ du nom de Guillaumt Winter , Capitaine de vaiffeau , qui accompagna , en 1 567, François Drack jufqu'au détroit de Magellan, fans aller plus loin. Winter a découvert cette écorce fur les côtes de Magellan ; c'eft le premier qui l'ait apportée en Europe. Cette écorce avoit été fort utile à tous ceux qui étoient fur fon vaiffeau ; elle leur avoit fervi d'epices pour leurs mets , & d'excellent remède contre le fcorbut. Les habitans du détroîr de Magellan font toujours munis de cet antidote , pour fe prélèrver des accidens qid arrivent à ceux qui mangent imprudemment de la chair de lion marin , & qui eft un veau marin vénéneux , Voye^ ces mots ; auffi appellent- îls V écorce de Winter , ccoru fans pareille. On la vend encore quelquefois dans la droguerie , fous le nom H^ écorce de caryocofiin. Cette écorce eft roulée en tuyaux, grifôtre , un peu fongueufe , chargée de crevaffes , intérieurement folide , denfe , rouflâtre , d'un goût de poivre aromatique & d'une odeur pénétrante. Comme elle eft fort rare en Eiu-ope , on liu fubftitue toujours la cannelle blanche* Voyez maintenant ÉCORCE de Winter.

La cannelle blanche fert aux habitans de la Jamaïque dans les ragoûts à la place poivre & des clous de girofle : fort ufage nuit à ceux qui ont le tempérament bilieux & échauâfé, On €n confit dans la verdeur;

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alors on remploie avec un grand fuccès contre le fcorbut.

L'arbre qui donne la cannelle blanche ne s'élève guère : tige eft droite, peu groffe. On y diftingue deux écorces i, Pline externe qui eiî liffe , grifâtre ; l'autre interne qui eft blanchâtre , plus épaiffe que mince , d'un goût ax'omatique & piquant ; fon bois eft dur , pefailt ^ . quoique corruptible ; fes feuilles fermes , bien nour- ries , d'un vert obfcur , attachées par un pédicule au fommet des tiges , difpofées par bouquets , garnies da trois côtes faillantes ^ d*une faveur àt cannelle ; fes fleurs font à cinq pétales , de couleur pourpre-violet; il leur fuccede un petit fruit arrondi , très-aromatique. Cet arbre fe trouve dans les Mes , à Saint-Domingue dans les mornes. On fait avec fon fruit une liqueur ïlomachique très-agréable.

Cannelle de la Chine. Il croît à la Chine, fur quelques montagnes , une efpece de cannelle de couleur ^rife, qui, quoique plus épaiffe & moins odoriférante que celle de Ceylan , eft cependant afTez bonne , & croît en afTez grande quantité , pour qu'on n'ait point befoin à la Chine de celle de Ceylan.

Cannelle Giroflée ou Cannelle noire , EcoRCE DE Girofle , Bois de Girofle , Capelet, Bois de Grave , ou Bois de Clou du Para , Cannella caryophyllata. C'eft une écorce roulée comme la cannelle , mais un peu plus groffe , grifâtre exté- rieurement 5 brune , noirâtre , & comme rouillée en dedans , d'une légère odeur de girofle. Sa faveur eft plus mordiçante , & approche de celle du girofle , ce qui la fait nommer , quoique improprement , ecorce de girofle , car elle ne fe tire point de l'arbre qui porte le girofle , mais d'un autre que l'on ne cônnoît pas encore , & qui croît dans les Mes de Cuba & de Madagafcar , dans le Bréfil & dans les provinces Mé- ridionales de Guiane & de Maranhon. Barrcre , France

E^uinoxiaU , dit cepeadant que ç'çft un fort arbriffeau

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oui croît dans la terre ferme du côté de la rivière a'Ourapeu : Myrtus arborta caryopkylli aromatici odorcj Barr. , Eugenia , & qu'il a vu des carbets d'Indiens faits tout de ce bois , qui eft aromatique. C'eft le caningaa de quelques Auteiurs. Les Indiens le nomment en lei|r langue ravend-fara. Les Portugais appellent fon écorce tanndla garofanata : elle eft la bafe de leurs épices. Les Colporteurs & autres gens de mauvaife foi , altèrent le clou de girofle en poudre avec cette écorce, qui eft à meilleur marché. L'arbre dont on retire la cannelle giroflée , porte des fruits de la groffeur des noix de galle , ayant l'odeur & la faveur du girofle ; ce qui les a fait nommer improprement noix de girofle ^ ou noix de Madagafcar. Les Indiens les nomment vao- ravend-fara , & par corruption , arabirie-flira. L'écorcç & les fruits font céphaliques , ftomachiques , & peu- vent être employés en aflaifonnement. Il eft parlé de cttte écorce dans la Matière Médicale , fous le nom Cajfe giroflée. Voyez ce mot.

M. de la ConJamine dit que le fruit du bois de Crave eft à peu près de la grofleur d'une olive , & quH entre dans la compofition de diverfes liqueurs fortes en Angleterre & en Italie. Le bois 4e Crave , dit cet Académicien , eft fort commun au Para , ville Por-^ tugaife près de la rivière des Amazones , oh les habi^ tans l'appellent pao de cravop C'eft le polo de clavo des Efpagnols.

Cannelle matte. C'eft le nom qu'on donne à l'écorce des vieux troncs de cannelUers , & qu'on rejette , étani fort inférieure par fon odeur , fon goût & fes vertus , à la fine cannelle.

Cannelle poivrée, f^oyei Cannelle blanche. Cannelle sauvage^ Dans nos colonies Améri- caines , on donne ce nom à un véritable canndUer dont l'écorce nb pas la bonté de celle de» Ceylan ^ mais qui pourra 1 acquérir par la cultiu"e , c'eft-à-dire^i par une tranfplantation répétée, On 4onne auflî l^i

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nom de hols de cannelle à Pécorce appelée carmelle blanche. L'arbre qvii la donne eft le canneUicr du Pérout VoycT Cannelle blanche.

CANNELLIER DE WINTER. Foyei à taniclc Cannelle blanche.

CANONNIER. f^oyei Bombardier. ' CANOT DES Sauvages , ou Pirogue , Limer: De même que les hommes policés , les Sauvages ont leur induftrie. De fimples écorces d'arbres lont les barques de ceux-ci ; on les a appelés canots , parce que les Sauvages ne s'en fervirent d'abord que fiur des canaux qui communiquoient à de grands fleuves. Les canots n'étant point leftés , ils ont été de tout temps fujets à fe ailbuter : le Sauvage s^^n effraya dans les premiers momens ; mais enhardi par le befoin & l'adreffe y il apprît à fe jeter à l'eau , à nager , à braver en quelque forte cet élément , & fut bientôt relever fa barque y la vider & la remettre à flot. U y a des Sauvages qui courbent les écorces d'arbres avec art , les anujettiffent & leur donnent une forme ' de gondole. Ces pirogues font très-légères , elles n'ont que deux ou trois pieds de largeur & douze à qua- torze de longueur. Lorfqu'en voguant les Sauvages rencontrent des chutes d'eau , des cataraôes , ils vont à bord pour defcendre à terre : ils portent la barque fur leurs épaules , & la remettent à flot au-delà de la cataraâe. Les Sauvages du détroit de Davis & les Groen- landois conftruifent des pirogues qui flottent & voguent fur les eaux avec une légèreté 'étonnante , & qui ne peuvent jamais être fubmergées. Ces canota font formés d'un châflîs en bois recouvert de peau de chien de mer ou d'un autre cuir bien tendu ; ce font autant de coffres longs, très -pointus par les deux bouts. Le Sauvage ménage un trou dans le milieu, s y place, s'y fixe en fe fanglant le pourtour du corps avec la peau même qui fait partie du canot , en cet endroit ;

a1 nage fur l'çau comme im baUqnâ 4$us; rames l^

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fervent à fe conduire oii il veut , & à exéaitèr l€« mouvemens ou les contre - temps les plus btufques* On le voit attaquer hardiment les haleines à coups de harpon ; fouvent d'un coup de queue la baleine lance en Tair l'homme & la pirogue , qui retombent & furnagent auffi-tôt. On voit de ces canois à PÂmlrauté d'Amfterdam , dans le Mufaum de Londres & ailleurs.

Les canots des Nègres de Guinée font des troncs d'arbtes qu'ils ont creufés exprès. Huit à dix honunes, tous pourvus de rames , s'y tiennent à la file l'un de l'autre ; ils font voler cette pirogue fur la furface des eaux avec tant de rapidité , qu'une chaloupe ne peut les fuivre : un bâton dans le milieu fert de mât; des nattes de jonc fervent de voiles. Sur les bords du Sé- négal , on fait avec le tronc du ceiba des pirogues bien plus grandes. Foye^ a tarticle Ceiba. M. l'Abbé TeJJîery dans un Mémoire lu à l'Académie des Sciences, dit qu'à la Louifiane on fait, avec un feul tronc du Cyprïs à feuilles d'acacia , Cuprejjus difiïxha , Linn. plufieurs pirogues d'un pouce d'epaiffeur ^ & en état de porter jufqu'à quatre milliers & au^-delà.

CANSCHY , eft un gros arbre du Japon, dont les habitans du pays fe fervent pour faire une efpece de

fâpier. yoye[ à la fidu de l'article PAPYRUS , au met APIER.

CANTARELLE. Foye^ pROSCARABin. CANTHARIDE, Mouche Canth aride ou

Mouche n'Es? AGnI^ , Canthandes. La cantharide n'efl

J)oint une mouche, c'eft un fcarabée oblong, dont es ailes membraneufes font recouvertes par des étuis d'un vert-doré. M. DcUu^ dit avec raifon qu'on donne quelquefois , dans le langage vulgaire , le nom de can* tharides à divers infeÛes coléoptères qui ne reffem- hlent aux cantharides que par la couleur , tels que le grand buprefte vert-doré , l'émeraude , &c. Voil»\ pour- quoi pn .cite plufiçurs efpeces cantharides qui dif-

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ferent entre elles par leur grandeur , leiir ^gure leur couleur : il y en a de plus greffes qu'un hanneton. Entre ces cantharidcs il y en a dont la couleur eft de pur azur ; les autres paroiffent ornées d'or pur; d'autres font mêlées d'or & d*azur étincelans; d^autres enfin font d'im vert-bleu doré y mais toutes ont un brillant qui charme la vue. Celles dont on fait ufage dans la Pharmacie , & qui font les véritables , ont enviroa neuf lignes de longueur , fur d: ux ou, trois de large ; elles font d'une couleur verte , luifante , azurée , mêlée de couleur d'or. La Nature les a habillées fuperbement.

La bouche de cette efpece d'infefte cantkaride eft munie de mâchoires & de dents , avec deux çfpeces de pinces articulées y propres à faifir & à approcher la nourriture de leur bouche. Sur le front font des yeux de couleur d'or, un peu faillans ; & au-deffous, deux antennes noires , filiformes , pyramidales & qui font mobiles au moyen de douze articulations égales. Le fommet de la tête eft partagé en deux hémifpheres extrêmement Uffes. Cet infeâe a fix jambes, M. Geoffroy divife les 'cantharidcs en deux familles : la première à tarfes nus & fans broffes ou pelottes ; la féconde, famille a les tarfes garnis de pelottes. Les deux pre^ inieres paires de jambes ont' cinq articulations aux tarfes , & la dernière en a quatre. Son corfelet eft un peu raboteux & non borde , cependant il y a une pointe mouffe de chaque côté. Sa poitrine un peu aplatie% eft remplie intérieurement de trachées ou vaiffeaux aériens , avec leurs valvules d'une ftruâure tnerveilleufe. Les fkuffes ailes font flexibles , & les côtés du ventre pliffés.

Les cantharidcs naiffent d'œufs d'oîi fortent des \yr- miffeaux qui ont une figure approchante de celle d\me vraie chenille : ces larves habitent dans les terres & pénètrent fouvent dans les fourmillieres , elles fe nourriffent de fourmis & de nymphes de fourmis , ^lles y fgnt mêmç leur coque» Les moucher cantka^ /

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rides font plus communes dans les pays chau<Is & dans les provinces Méridionales de la France , que dans les pays froids : il Ven trouve cependant prefque par toute l'Europe dans certains temps de Tannée. " Ces mouches dévorent les feuilles de plufieurs efpeces d'arbres & arbriffeâux , tels que les chèvrefeuilles , lilas , rofiers , noyers , troènes & peupliers : les feuilles de la grande efpece de frêne font fujettes auffi à être dévorées par ces mouches ; elles caufent encore beaucoup de dommage aux blés & dans les prés.

Quelques-uns prétendent que l'accouplement des cantharides eft vif, & néanmoins qu'il dure affez long- temps. Elles s'accouplent fur les arbres dans les pliis grandes chaleurs du jour. On prétend encore que les plus grofles cantharides , c'eft-à-dire les femelles pleines a'œufs , font les avances & montent alors fur les mâles : cette attitude ne feroit pas fans exemple dans l'Hiiloire des infeftes. Mais M. le Vicomte^ Querkoënt y homme inftniit , nous mande que » ceux qui ont parlé de l'ac- couplement des cantharides k font trompes , lorfqu'ils ont dit qu'il étoit fort vif. Ils ont pris le prélude de l'accouplement poiu: l'accouplement même. Le mâle

être

beaucoup plus ardent que fa femelle, après monté lur elle , tâche de l'exciter à répondre à fes défirs par des mouvemens bnifques & fréquens de la partie poftérieure de fon corps contre celle de fa fe- melle , & en lui pinçant la tête à plufieurs reprifes. Ce n'eft qu'après ces 'préludes , qui font quelquefois; longs , que l'accouplement a lieu , & pendant leauel ces infeÔes attaches fortement l'un à Faùtre, lont tranquilles. Cette adhérence du mâle à la femelle eft fi forte qu'en les mettant, lorfqu'ils font accouplés , dans du vinaigre, ils y périffent fans fe féparer. Quoique j'aie fouvent obfervé ces infeftes, je n'ai jamais vu les femelles monter fur les mâles ^ & je doute même que cela foit ^ vu la pétulance des diprniers »•

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Les eantharîdes multiplient beaucoup ^ & font

quelquefois réunies en fi grand nombre , qu'elles

paroiffent en Pair comme un eflaim qui feroit

pouffé par les vents; alors elles font précédées par

une odeur défagréable qu'elles , répandent au loin ,

fur -tout quand le' foleil eft près de fe coucher.

Ordinairement cette mauvaife odeur qui approche

beaucoup de celle de la fouris , fert de guide lorf-

qu'on cherche à ramaffer de ces infeâes pour les

faire fécher^ Quand ils font fées , ils deviennent fi

légers , que cinquante pefent à peine un gros. Les

parties volatiles qu'exhalent les cantharides font

vives & fi corronves y qu'il arriva à un homme

d'être attaqué de la fièvre pour s'être endormi fout

un arbriffeau il y avoit des eantharîdes , & en

avoir refpiré la mauvaife odeur* Au rapport de

Boylt ^ quelques perfonnes pour avoir tenu dans

leurs mains des cantharides lèches , ont fenti ime

douleur confidérable autour du col de la vefiie ^ &

ont même eu quelques-imes des parties qui fervent

à la fécrétion de Tiurine >., offenfées. Les Auteurs de la

Matière MédicaU nous apprennent quç des domeftiques

ayant ramaffé fur des frênes, dans un beau jour d'été,.

une grande quantité de cantharides fans précaution &

avec les mains nues, furent enfuite attaqués d'une

ardeur d'urine à laquelle fuccéda un paiffement de fang.

Une perfonne ayant pris en potion des cantharides ouï

liii avoient été ordonnées pour un emplâtre , en lut

empoifonnée : tout ce que l'on put faire à force de

remèdes,; fut de lui fauver la vie; mais elle en perdit

raifon. Dans ces cas , les remèdes les plus avantar

geux font les adouciffans & les mucilagineux ; tels

que l'huile d'olive ; celle d'amande douce , le lait pris

en grande abondance , ks émulfions. On peut encore

prendre des demi -bains d'eau tiède, & feire, s'il eff

poflible , des injeâions dans la veffie avec de la décocr

tibn de graine de Un, de racine de guimauve & (te

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nénuphar. Le camphre pafTe auffi pour être un puLBTanl correôif du venin de ces infeâes.

Quoique les cantharidcs , prifes intérieurement , ptilfl'ent être regardées comme un poifon , quelques Médecins en ont prefcrit l'ulage intérieur avec faccès, en les mêlant avec quelque correâif , dans Thydro- pifie & les fuppreflîons d'urine. On fait grand ufage des cantharidcs à Textérieur : c'eft la bafe de tous les véficatoires qu'on prépare pour l'ordinaire en mêlant de la poudre de cantharidcs avec du levain ou quelque onguent convenable. On les applique dans les cas cil il faut réveiller le fentiment dans quelques parties , ou détourner les humeurs qui menacent de quelque dépôt dangereux. M. Bourgeois obferve que les Mé- decins modernes font im ufage beaucoup plus fréquent àits cantharidcs appliquées extérieurement , que les Anciens , & prelque toujours avec un grand fuccès dans un grand nombre de maladies aiguës , fur-tout dans les fièvres putrides malignes , miUaires , fièvres chaudes, le mal de gorge gangreneux, dans tous les cas oïl le malade eft menacé ou. attaqué de rêveries. L'ufage de ce remède , tant intérieur qu'extérieur , demande beaucoup de prudence & d'expérience de la part du Médecin. Nous avons connu deux jeunes gens qui vivoient avec des courtifanes : celles - ci les ayant prefque épuifés par la fréquence de l'aâe vénérien , & voulant rappeler chez eux les feux éteints de l'amour , elles leur firent avaler à leur infu de la poudre de cantharidcs dans' des truffes. Les deux athlètes fe trouvèrent attaqués d'un priapifme con- tinuel , les urines devinrent enfanglantées ; ils en moururent. Nous devons ajouter ici une obfervation du célèbre Doâeur Wcrih^ff fur l'eflicacité des can-- tharidès pour prévenir les fuites de la morfure des animaux enragés. Ce Médecin eft toujours parvenu à dompter ce venin en en faifant prendre intérieure- ment un grain chaque jour pendant fix fi^mainesj