vigilance et d'assiduité, dans l'espoir d'une
nourriture abondante et facile. Stimulé par
son appétit vorace, il ne craint pas de s'a-
battre au milieu des villes et des basses-cours
pour enlever de jeunes Poulets, ou ravir à
l'habitant négligent le morceau de viande
qu'il fait sécher au soleil. Mais, à part ces
cas particuliers de rapine , les Caracaras
rendent un vrai service aux habitants des
•villes et des campagnes, en dévorant les ani-
CAR
maux morts et les immondices de toute es-
pèce, comme les Cathartes, et souvent on les
voit disputer avec acharnement à ces dégoû-
tants rivaux la possession d'un lambeau de
chair.
» Les Caracaras sont certainement les plus
familiers de tous les Falconidées, ce en quoi
ils se rapprochent des Cathartes , et s'éloi-
gnent de tous les autres Falconidées. A peine
se dérangent-ils du passage du voyageur, et
s'ils s'en croient trop près, ils s'en éloignent
seulement de quelques pas, en marchant ou
en sautant. Généralement querelleurs, ils
se livrent entre eux des combats sanglants.
Cependant, ils se réunissent par couples
chaque soir , et passent ordinairement la
nuit à côté de leur fidèle compagne sur les
branches basses du vieil arbre qu'ils ont
adopté. Dans les lieux où les arbres sont éloi-
gnés, on voit le Caracara commun terminer
sa chasse de la journée bien plus tôt qu'ail-
leurs, un trajet de 5 à 6 lieues ne l'effrayant
pas pour aller retrouver son gîte habituel ,
et il franchit cet espace en un instant.Dans les
lieux où les arbres manquent, il choisit pour
domicile le point le plus élevé des buissons,
ou, à défaut de buissons, un tertre, mais cela
très rarement. Ces détails regardent particu-
lièrement le Caracara commun et le Chi-
mango. La troisième espèce, le Chimachima,
est moins sociable, et ne montre jamais
quoique' ne craignant pas l'homme, cette
extrême familiarité et cet esprit de rapine
qui rassemble les deux autres espèces et les
Cathartes. Il s'attache aux bêtes de somme
que les bâts ont blessées, se pose et se cram-
ponne avec tantde force surleursplaies qu'il
déchire, qu'il ne reste à l'animal ainsi dévoré
pour ainsi dire tout vivant, d'autre ressource
que de se rouler à terre ou de se jeter dans
un bois. Cette espèce, beaucoup moins com-
mune que les autres, peut être considérée
comme n'offrant pas plus d'un individu sur
cent de l'espèce commune, et sur dix du
Chimango.
» Les Caracaras ont un vol qui les fait fa-
cilement reconnaître de loin. Leurs ailes
sont coupées carrément à l'extrémité; et, ou-
vertes, elles présentent une forme oblongue
d'égale largeur ou parallélipipède. Leur
marche habituelle les distingue éminem-
ment de tous les autres Falconidées. On les
voit effectivement se promener à pas lents,
CAR
le corps horizontal comme nos Poules , et
prolonger long-temps cet exercice. La nou-
velle espèce même, notre Phalcobène mon-
tagnard, ne se perche jamais sur les arbres,
passe la journée à terre et la nuit sur les
pointes de rochers et les pics les plus escar-
pés voisins des habitations.
» L'instinct de rapine qui caractérise le Ca-
racara commun le porte à accompagner quel-
quefois le chasseur sans qu'il s'en doute; et,
dès que ce dernier a touché ou blessé un oi-
seau , s'il n'est prompt à le ramasser , le
Caracara lui enlève sa chasse avec une ef-
fronterie sans exemple , quoique d'ailleurs
il n'attaque jamais le plus petit oiseau vi-
vant. Son cruel manège contre les Agneaux
nouvellement nés est tellement redouté, que
non seulement le berger ne perd pas un
instant de vue sa brebis prêle à mettre bas,
mais le Chien-berger qui, dans la province de
Corrienlès, conduit, surveille et ramène seul
un nombreux troupeau, n'en laisse jamais
approcher impunément un Caracara.
» Cetoiseau s'accouple toute l'année, comme
les animaux domestiques, dont peut-être il a
pris les mœurs. Cependant, il est à peu près
certain qu'il ne fait qu'une ou deux couvées
par an. Il place son nid sur les arbres les
plus touffus et les jilus enlacés de lianes, ou
dans les halliers à défaut de grands arbres.
Il est composé, à l'extérieur, de branchages
secs et épineux, et l'intérieur est quel-
quefois tapissé de crins. Il y dépose deux
œufs d'un rouge violet, couverts de taches
plus foncées de la môme couleur. » ( Foyez
d'Orb. Voyage euAm., Ois., pi. 1. f. 5.)
Le Caracara semble réunir à lui seul tous
les moyens de tyranniser ses semblables; car,
se fiant sans doute à la force de son bec,
non seulement on le voit s'attaquer tantôt
aux siens et aux autres espèces de Caracaras,
tantôt aux Cathartes, aux Mouettes, ou à tel
autre oiseau qui le gêne ; mais s'il voit quel-
qu'une de ces dernières avaler un bon mor-
ceau, soudain il s'acharne à sa poursuite, la
presse, la harcèle jusqu'à ce qu'il l'ait con-
trainte à dégorger, pour s'en nourrir lui-
même, cet aliment qu'il lui envie. Les Mouet-
tes , peu belliqueuses , dégorgent prompte-
ment , étant habituées à le faire à la mer
quand elles sont poursuivies par les Ster-
coraires et les Puffins ; mais les Cathartes
osant quelquefois résister , et alors combat
CAR
219
sanglant, où le Caracara remporte toujours la
victoire qu'il doit à la supériorité deses armes.
On compte cinq ou six espèces du genre
Caracara ; car aux trois espèces dont nous
venons de faire mention , et dont la plus
commune est le Caracara de Marcgrave et
d'Azara {Falco cheriway Jacq. , le Busard
du Brésil de Brisson , Falco brasitiemis
Gm., Polybonis vulgaris Vieil , Gai., pi. 7.),
il faut ajouter le Caracara noir, Falco aierri-
mits (Tem., pi. col. 37 et 342), véritable Ca-
racara, dont Vieillot a fait, on ne sait pour-
quoi, son genre lnh'm{Dapiriui>), et le Gym-
nops fasciaiits de Spix, pi. 4. Qyant à la nou-
velle espèce, habitante du sommet des An-
des, etdécouverte par M. Aie. d'Orbigny , le
Phalcobœnus montanus d'Orb. ( Voyage en
Am., Ois., p. 51, pi. 2, f. 1, 2), soit qu'on
adopte le genre ou qu'on n'en fasse qu'une
simple sous-division, les caractères qui ledis-
tinguent des autres Caracaras sont : Tarses
emplumés sur un tiers de leur longueur,
avec le reste réticulé ; doigts plus allongés,
presque semblables à ceux des Gallinacés,
et terminés par des ongles longs, déprimés,
élargis, très peu arqués, et obtus ou forte-
ment usés à la pointe ; et quant aux mœurs,
des habitudes entièrement marcheuses et ru-
picoles, ne se perchant jamais sur les ar-
bres, mais seulement sur les rochers.
Il est très douteux que le Caracara funè-
bre de Temminck (p/. col., 192 et 224) ap-
partienne à ce groupe. M. Lesson, dans son
Traité, le place dans les Circaètes. Il habite,
selon cet auteur , toutes les régions avan-
cées du Sud, telles que les îles Malouines,
la Terre-de-Feu , la N>ouveIIe-Zélande , la
Terre de Diemen, et le sud de la Nouvelle-
Hollande. (Lafr.)
'CARACARAS. ois.— C'est, dans le Traité
de Lesson, la première tribu de la famille des
Falconidées, renfermant les genres Iribin et
Rancanca de Vieillot, et Caracara , Marcgr.
Elle est synonyme des Caracarides de d'Orb.
{Voy. en Am.), et des Polyboritm de Bona-
parte et de G.-P». Gray {L. ofihe gen.}, que
nous adoptons également. (Lafr.)
CARACHERA, Forsk. bot. ph. — Syno-
nyme de Lantana. (C. L.)
CARACO, Pall. MAM. — Nom d'un esp.
du g. Rat.
CARACOLLE. bot. pu. — Synonyme de
Caracalln.
220
CAR
CARACOLLE. moll.— ^oy. carocolle.
'CARACTÈRES, zool., bot., min.— Foi/.
MÉTHODES.
CARADAMIXOPSIS. bot. ph. — Nom
écrit ainsi par erreur, f^oyes cardaminopsis.
'CARADRIXA (nom d'un fleuve de l'Al-
banie qui se jette dans l'Adriatique j en ita-
lien, Drino-Negro). ins. — Genre de Lépi-
doptères nocturnes, établi parOchsenheimer,
aux dépens du grand genre Noctua de Fa-
bricius, et adopté par tous les lépidoptéris-
tes. Ce genre renferme une vingtaine d'es-
pèces généralement de couleur grise, et
dont plusieurs sont assez difficiles à distin-
guer entre elles, tant elles sont peu caracté-
risées ; mais ou les reconnaît toutes généri-
quement à leur corselet lisse et subglobu-
leux, à leur abdomen court et non crête et
à leurs ailes supérieures, dont le bord termi-
nal est arrondi. Leurs Chenilles sont cour-
tes, ramassées, atténuées aux deux extrémi-
tés , souvent rugueuses et couvertes de
points inégaux ou saillants, donnant chacun
naissance à un poil rude et le plus sou-
vent recourbé. Elles se nourrissent de plan-
tes basses, sous lesquelles elles se cachent
pendant le jour. Nous citerons comme type
du genre la Caradrina respersa Treits. , qui
se trouve principalement dans le centre de
la France, et qui paraît en juillet. Elle est
figurée et décrite , ainsi que toutes les au-
tres, dans notre //Jstojre des Lépidoptères de
France. (D.)
*CARADRI!VIDES. Caradrinides. ins. —
Nom d'une tribu de Lépidoptères nocturnes
établie par M. Boisduval {Gênera et index
methodicus Euvopœorum Lepidopteronim), et
qui se compose des genres Simyra, Cara-
drina et Hydrilla. (D.)
"CARAGA\A(nom vemaculaire). bot. pn.
—Ce genre, de la famille des Papilionacées,
tribu des Lotées-Galégées , établi par La-
marck {Dici., I, G15, t. 607, fig. 12, col. 3),
aux dépens d'une partie des Robinia de
Linné (2"= sect.), renferme environ 20 espè-
ces propres à l'Asie médiane , et presque
toutes cultivées dans les jardins d'Europe
comme plantes d'ornements. Ce sont des ar-
bres ou des arbrisseaux, à feuilles abrupti-
pinnées, multijuguées; à folioles raucronées,
dont le pétiole séteux ou spinescent au som-
met j stipules souvent également spines-
centesj à fleurs jaunes ou très rarement
CAR
blanches , dont l'étendard est souvent de
couleur différente, portées surdes pédicelles
axillaires , uniflores et souvent fascicules.
Le principal caractère dislinctif de ce genre
est devoir le calice 5-fide, le légume cylin-
drique, les graines globuleuses, et le pétiole
spineux au sommet. (C. L.)
CARAGUATA ( nom vernaculaire. ) bot.
PH. — Genre de la famille des Broméliacées,
formé par le père Plumier ( Gen., 10 ) , très
voisin du Tillandsia, et sur l'adoption du-
quel les auteurs modernes ne sont pas d'ac-
cord, par celte raison principale que les 3
ou 4 espèces qui le composent sont assez
peu connues. On sait qu'en général la fa-
mille des Broméliacées attend une révision
aussi sévère que rati« nnelle. ( C. L.)
CARAIPA (nomvetnaculaire). bot.ph. —
Genre de la famille des Ternstrœmiacées ,
tribu des Laplacéées , formé par Aublet
[Guyan. , I, 561, t. 223-224), et renfermant
une douzaine d'espèces environ. Ce sont des
arbres ou des arbrisseaux propres à l'Amé-
rique tropicale (celles de l'Inde et d'Afrique
font désormais partie du genre Xylocarpus),
à feuilles alternes , ou très rarement oppo-
sées, courtement pétiolées, penninerves, très
entières, sans stipules; à fleurs disposées en
grappes axillaires , plus courtes que les
feuilles , dont les pédicelles inférieurs op-
posés , les supérieurs épais , articulés à la
base. Par son port et la disposition de ses
étamines (8-10 fiïaments soudés en un tube
denté au sommet et anthérifère à la gorge),
ce genre appartiendrait aux Méliacées, parmi
lesquelles le rangent plusieurs auteurs; tan-
dis que son fruit ( drupe sec ) et surtout ses
graines ex-albumineuses le rapprochent , au
sentiment de De Candolle , des Guttifères ,
auxquelles le réunit Endlicber. (C. L.)
*CARALLIA. BOT. ph. — Genre de la fa-
mille des Rhizophoracées, formé par Rox-
burgh(p/.CoTO7n.,III,8, t. 2 il), et renfermant
5 ou 6 espèces propres à l'Asie tropicale et
aux îles adjacentes. Ce sont des arbrisseaux
toujours verts, glabres, à feuilles opposées,
rigides, luisantes en dessus, dentées; à pé-
doncules axillaires, épais, courts, raides,
doublement bifides ou trifides, pluriflores.
On cultive dans les serres , en Europe, le
C. lacida des Indes orientales. A ce genre
en ont été réunis plusieurs autres, placés
auparavant, mais avec doute, par leurs au-
CAR
leurs, dans des familles différenleSi tels sont
le Baraldeia de Dupetit-Thouars (Rutacées),
le BarraiiUia , du même ; le Diaioma de
Loureiro ( in partem , Myrtacées ) , etc.
(C. L.)
"CARALLUMA (nom vernaculaire). bot.
PH.— Genre de la famille des Asclépiadacées,
tribu des Stapéliées, établi par Robert Brown
(Mem. fVern., soc, I, 23) pour quelques
plantes de l'Inde, quelquefois épiphytes, à
liges ramiOées, charnues, télragones, dres-
sées ou divariquées, subramiflées,aphylles,
ou portant sur les angles à chaque dent ,
lorsque les rameaux sont jeunes, une petite
squame lancéolée, foliacée, caduque; à fleurs
solitaires,axillaires au sommet des rameaux,
petites , mais d'une forme singulière et élé-
gante ; à périanthe rotacé , profondément
b^de dont les lacinies étalées ou dressées.
L'une des espèces les plus jolies (le C. fim-
è?ia«a Wall.), cultivée depuis long-temps dans
nos serres, porte des fleurs renversées en
forme de clochettes chinoises, et dont le pé-
rianthe, d'un blanc jaunâtre, est en dedans
élégamment strié de raies pourpres trans-
versales; les lacinies en sont filiformes, li-
gulées en dehors, d'un pourpre brun, et
sont bordées de longs poils qu'agite sans
cesse le moindre venL (C. L.)
CARAMBOLE, bot. ph. — Nom du fruit
du Carambolier.
CARAMBOLIER. Averrhoa (Averrhoës ,
célèbre médecin arabe), bot. ph. — Genre
de la famille des Oxalidacées, formé par
Linné (Gen., 576), et ne renfermant encore
que deux espèces, les A. Bilimbi Rh. et
Carambola L. , toutes deux types des deux
sous-genres de ce nom, et qui, lorsqu'elles
seront mieux connues , formeront peut-être
deux genres distincts dans cette petite fa-
mille. La place de ce genre dans le système
a été et est encore assez contestée. Les uns
le placent parmi les Rhamnées, les autres
parmi les Térébinthacées, etc., et nous avons
suivi le sentiment le plus général en les
réunissant aux Oxalidacées. Ce sont de petits
arbres de l'Inde, à feuilles alternes, impari-
pennées, non stipulées, dont les folioles al-
ternes, subsessiles, mullipennées, ovales,
lancéolées, très entières ; à fleurs peu re-
marquables, disposées en grappes panicu-
lées, terminales. Le fruit est une petite baie
scide. (C. L.3
CAR
22Î
CARAMOTE. crust. — Nom vulgaire
d'une esp. du g. Pénée.
C'ARAADAS. bot. ph. — Nom d'une es-
pèce du genre Carissa.
CARAIVDIER. Caranda ( nom vernacu-
laire). bot. ph. — Petit palmier de l'ile de
Ceylan , dont Gaertner, sous le nom de C.
pedunculata , a seulement fait connaître le
fruit , et qui ne paraît pas avoir été depuis
examiné par d'autres botanistes. (C. L.)
CARANGA, Wahl. (nom vernaculaire).
bot. ph. — ployez curanga. (C. L.)
CARAIVGUE. poiss, — Ployez caranx.
'CARAIMISTES (xapocvicrTv,',-, capital ). ins,
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Brachélytres, tribu des Staphyli-
nides , établi par M. Erichson {Monographie,
pag. 923 ). Ce genre , placé par l'auteur en-
tre les g. Palœslrinus et Slaphyiinus, est
fondé sur une seule espèce du Bengale,
nommée par lui C. JVesiermanni. Sa lon-
gueur est de 7 lig. 1/2. Elle est noire , avec
la tête, le corselet et les élytres d'un bleu
obscur; l'abdomen ferrugineux à son extré-
mité et marqué sur le dos d'une tache noire,
tomenteuse; les pattes de couleur châtain.
(D.)
XARAMSTES (xapaviar/)'ç , capital) . INS.
— Genre de Coléoptères télramères, famille
des Curculionides-Orlhocères , division des
Anthribides, établi par Schoenherr (t. V,
pag. 270 ) , et auquel il rapporte deux espè-
ces qu'il nomme , l'une C. lineaius et l'au-
tre C. languidus ; la première de Madagascar;
la seconde de cette île et de celle de Bour
bon. Ce genre, suivant l'auteur, a presque
!e faciès desCistèles. ( D. )
CARAI\X. POISS, — Genre de Poissons
de la famille des Scombéroides, caractérisé
par deux dorsales avec une épine cou-
chée en avant de la première; par deux épi-
nes libres au-devant de l'anale. Le corps est
couvert de petites écailles , excepté le long
de la ligne latérale, où elles s'élèvent en
crête osseuse denticulée, plus ou moins
forte. La caudale est grande et fourchue. Ils
n'ont rien du corselet des Thons, mais sou-
vent, après la dorsale et l'anale, on trouve
de fausses pinnules. Ce genre ainsi caracté-
risé ne correspond plus aux Caranx de Lacé-
pède, qui avait emprunté le genre do Com-
merson. Cet habile zoologiste avait très pro-
bahloment tiré ce nom du mol de Carangue,
222
CAR
sous lequel les marins français, espagnols
et portugais, désignent aux Antilles ou aux
Indes les grandes espèces de Caranx à tête
élevée et tranchante, et il est probable que
ce nom est une corruption du mot Acarau-
na, qui désigne génériquement,sur les côtes
du Brésil, les Poissons à corps élevé. Cette
étymologic est plus vraisemblable que celle
donnée par Commerson lui-même, qui vou-
lait faire croire qu'il avait formé le mot de
Caranx du grec xapa (tête), à cause de la
grosseur de la tête de ces Poissons. Il n'est
pas vrai qu'elle soit plus grosse que celle de
la plupart des autres Poissons , et il y en a
beaucoup qui l'ont plus grosse.
Le genre des Caranx est un des plus nom-
breux en espèces. Les unes ont le corps al-
longé, oblong, la tête peu convexe, la ligne
latérale couverte de lames hautes et armées
de pointes sur toute la longueur. On peut
leur donner le nom de Saurels .- c'est la
dénomination de l'espèce commune sur nos
côtes. Une seconde division pourrait com-
prendre les espèces à corps allongé comme
les Saurels, mais dont la ligne latérale n'a
de boucliers que sur la moitié postérieure
du corps. Nous avons nommé ces espèces
plus spécialement CaroHjc; et, dans une troi-
sième subdivision à tête haute et comprimée,
à profil tranchant, avec la ligne latérale des
Caranx, on réunirait les espèces auxquelles
on appliquerait alors le nom de Carangues.
Ces différences sont trop légères, et les grou-
pes se fondent entre eux par des nuances
trop insensibles, pour éleverces subdivisions
à la hauteur d'une coupe générique. Mais
elles sont commodes pour déterminer le
grand nombre d'espèces de ce genre. On
trouve aussi quelques variations dans la
dentition de ces Poissons; mais les caractè-
res que nous pouvons en tirer ne sont pas
assez constants pour en faire autre chose
que des sous-divisions nouvelles dans les
groupes secondaires du genre Caranx. L'es-
pèce ordinaire de Caranx, abondante sur
toutes les côtes d'Europe, se nomme Saurel
sur celles de Picardie et de Normandie. C'est
Tin mauvais poisson huileux qui a la forme
du Maquereau , ce qui le fait aussi appeler
Maquereau bâtard. Il en existe de nombreu-
ses variétés, et qui présentent entre elles de
telles différences dans le nombre des bou-
cliers de la ligne latérale, et dans les rap-
CAR
ports de longueur des deux parties de la
courbure de cette même ligne, qu'on serait
tenté d'en faire des espèces distinctes ; car
les boucliers de la ligne latérale varient de
70 à 99, c'est-à-dire d'un tiers en nombre.
Non seulement l'espèce s'observe en Eu-
rope, mais nous en avons reçu soit du cap
de Bonne-Espérance, soit des mers australes
de l'Amérique du Sud, jusqu'à Chiloë, qui
ne nous paraissent pas différer spécifique-
ment de celle d'Europe ; et , comme nous en
avons aussi des variétés très voisines de la
Nouvelle-Hollande, d'Amboine, de la Nou-
velle-Zélande, du Japon, nous devons re-
garder le Saurel comme étant du nombre
des Poissons qu'on peut appeler cosmopoli-
tes. Quelques Caranx étrangers, surtout
ceux des Antilles, ont non seulement un goût
peu agréable, mais encore leur chair devient
vénéneuse. Les personnes qui en ont mangé
éprouvent des nausées, des éruptions cuta-
nées , des vomissements, qui déterminent
quelquefois des espèces d'empoisonnements
assez graves. Il faut donc, dans les pays
étrangers , ne prendre de ces Poissons
qu'avec beaucoup de précautions. (Val.)
CARAIWOMORE. poiss. — Genre peu
naturel établi par Lacépède pour des Scom-
béroides distribués par Cuvier dans les gen-
res Coryphène, Centronote et Cichle.
CARAPA. BOT. PU. — Genre de Méliacées
établi par Aublet d'après un arbre de la
Guiane, où il porte vulgairement ce nom.
Ses caractères sont les suivants : Calice à
4-5 folioles écailleuscs , imbriquées. Autant
de pétales alternes , libres , réfléchis, obtus.
Étamines en nombre double, à filets soudés
complètement en un tube terminé par '8-10
crénelures entières , portant en dedans au-
tant d'anthères incluses, alternant avec les
crénelures, épaisses, introrses, attachées par
le bas de leur dos. Style court, épais ; stig-
mate en forme de chapeau, convexe. Ovaire
porté sur un disque concave qui le déborde ,
à 5 côtes et à 5 loges, dont chacune renferme
4 ovules insérés sur deux rangs à l'angle in-
terne, l'un au-dessus de l'autre. Fruit globu-
leux , à péricarpe épais , se séparant en 4
valves opposées aux cloisons, qui, amincies
en membrane, finissent par disparaître plus
ou moins complètement; de sorte qu'une
seule loge semble renfermer les graines, au
nombre de 6-12. attachées à l'axe central qui
CAR
persiste , ascendantes , convexes en dehors ,
anguleuses en dedans, de forme irrégulière,
grosses et revêtues d'un tégument épais et
spongieux. Embryon antitrope , à radicule
courte et dorsale, à cotylédonsépais, inégaux,
soudés en un seul corps, situés l'un au-des-
sus de l'autre. Outre l'espèce de la Guiane ,
on en trouve une au Sénégal et en Guinée
où elle porte vulgairement le nom de Tou-
louma, et qui a les plus grands rapports avec
la première. Toutes deux sont de grands ar-
bres à feuilles pennées avec ou sans impaire,
à longues panicules terminales. L'amande
contient une huile amère dont les Galibis se
frottent le corps pour éviter la piqûre des In-
sectes. (Ad. J.)
CARAPACE. Testa. zooL.— C'est le nom
des appareils plus ou moins semblables à des
boucliers , qui protègent extérieurement le
corps de certains animaux ou quelques unes
de leurs parties.
Il y a des Mammifères qui sont pourvus
d'une carapace ; exemple : les Tatous. Les
Chéloniens ont aussi un mode de protection
analogue ; mais leur carapace n'est pas four-
nie par les mêmes organes que celle des Qua-
drupèdes dont il vient d'être question. Beau-
coup de Poissons (des Silures , les Coffres,
les Pégases, etc. ) ont de même des carapa-
ces partielles ou même générales, et l'on dit
qu'ils sont cataphractés. Une carapace existe
aussi chez beaucoup d'Entomozoaires, et la
pièce solide qui recouvre îe dos et la tête des
Crustacés reçoit également ce nom. Il est en-
fin des Infusoires et une foule d'autres
animaux inférieurs auxquels on connaît
aussi un appareil protecteur plus ou moins
analogue, tantôt siliceux, tantôt calcaire.
Mais il est plus convenable de parler de ces
différentes sortes de carapaces à propos des
genres qui en sont pourvus. C'est aussi ce
que nous croyons devoir faire pour celles des
animaux supérieurs. (P. G.)
CARAPAT. BOT. PH. — Synonyme de Ri-
cin. Ce nom est quelquefois aussi donné à
l'huile qu'on tire de cette graine.
CARAPÉ. OIS. — Nom d'une espèce du
genre Nothure, Nolhura nana.
CARAPICHEA (nom vernaculaire ).
BOT. PH. — Genre de la famille des Rubia-
eées, tribu des Psychotriées-Céphal idées,
formé par Aublet(Gu!/ûn. I. 167, tom. 68), et
différant fort peu du CepAac/isde Swartz,au-
CAR
22-
quel il vaudrait peut-être mieux le réunir.
Quoi qu'il en soit, à l'exemple de De Candollc
et d'Endlicher, nous en traiterons ici séparé-
ment. Il ne contient guère que deux espè-
ces , les C.Aubhtii DC. (C. guianensis Aubl.)
et Pairisii DC. Ce sont des arbrisseaux
glabres , à ramules un peu noueuses ( la fi-
gure d'Aublet ne représente rien de tel ) ; à
feuilles pétiolées, ovales, acuminées, accom-
pagnées de stipules géminées , soudées à la
base et biglandulifères ; à fleurs blanches,
très petites, rassemblées en un capitule cour-
tement pédoncule , naissant des aisselles
foliaires supérieures et ceint de quatre
bractées aiguës, dont 2 ovales-lancéolées,
longuement développées ( fn C. Aubleiii, ex
fig. Aubl. ). (CL.)
CARATAS ou CARATHAS. bot. ph. —
Voyez KARATAS.
CARAVELLE, moll. — Nom vulgaire du
Physalis pelagica.
CARAYA , Azar. mam. — Nom de pays
d'uneesp. du g, Alouate.
CARBE]\I, Adans. bot. ph. — Synonyme
de Cnictis, y aiW.
CARBO. OIS. — Nom spécifique du Cor-
moran dans Linné, et devenu aujourd'hui
nom générique, /^oi/ez cormoran. (Lafr.)
CAR£OCÉRI!VE, Beud. ( de carbo et de
cerium). min. — Syn. de Carbonate de Ce-
rium. Voyez carbonates. (Del.)
•CARBONARIA. bot. ph. — Synonyme
de Monimia.
CARBONATES {carbo, charbon), min.
—Ordre ou grand genre chimique de la mi-
néralogie , l'un des plus naturels des classi-
fications modernes. Les substances qui font
partie de ce groupe ont pour caractère com-
mun d'être solubles dans les acides , les unes
à froid , les autres à chaud , et de dégager
alors avec effervescence un gaz incolore et
inodore, qui est de l'acide carbonique. Tous
les Carbonates connus jusqu'à présent sont
solides, ont une dureté inférieure à 5, et des
formes cristallines qui se rapportent seule-
ment aux trois systèmes rhomboédrique ,
rhombique et klinorhombique.
Comme ce groupe Carbonates est l'une des
divisions les plus importantes de la méthode
que nous avons adoptée , en même temps
que l'une de celles qui s'offrent les premiè-
res dans l'ordre alphabétique, nous croyons
devoir indiquer ici en peu de mots les règles
T2lx CAR
de classification que nous nous proposons de
suivre . et qu'on trouvera , du reste , expo-
sées au mot MÉTHODE , avec tout le soin et
tous les développements que comporte l'im-
portance du sujet.
Le point de départ de notre classification
est le principe de spécification posé par
Haûy, et que nous regardons comme incon-
testablement acquis à la science. Ce prin-
cipe est que l'identité d'espèce consiste dans
l'existence simultanée d'une même compo-
sition et d'une forme moléculaire identique.
Il suit de là que l'espèce minérale a deux
types ou deux caractères fondamentaux d'é-
gale valeur, dont l'un est la forme de la mo-
lécule, ou, ce qui revient au même, la forme
cristalline, et l'autre est la composition chi-
mique, telle que la donne l'analyse. Cela
étant, il est manifeste que les divisions su-
périeures de la méthode, si elles sont ration-
nellement établies, peuvent et doivent offrir
trois sortes de genres ou de groupes de degrés
différents, pour lesquels on descendra pro-
gressivement de la classe jusqu'à l'espèce :
l'un, purement chimique, basé sur une cer-
taine ressemblance générale de composition,
comme celle qu'indiquent les expressions
de Carbonates, de Sulfates, de Sulfures, etc.;
un autre , purement cristallographique, et
à l'exemple du précédent, fondé sur une cer-
taine ressemblance générale de cristallisa-
tion, comme celle qui résulte de l'analogie
du système cristallin , et que rappellent les
dénominations reçues d'espèces Cubiques,
Jihomboédriques , Rhombiques , Klinorhom-
biques, etc.; un 3e enfin, plus rapproché de
l'espèce et beaucoup plus naturel, fondé sur
l'analogie des types chimiques et des types
cristallins tout à la fois : ce dernier groupe ,
qu'on pourrait appeler physico-chimique ,
est le g. minéralogique proprement dit, ré-
sultant du rapport que Mitscherlich nous a
fait connaître sous le nom d'Isomorphisme.
Au-delà, il n'y a plus que des espèces, c'est-
à-dire des réunions de corps , offrant une
ressemblance ou identité complète des in-
dividus , relativement au type chimique, à
la forme cristalline, et par suite aux prin-
cipaux caractères physiques , tels que la
densité, la dureté, la couleur, etc.
Une Méthode rationnelle nous paraît de-
voir offrir toutes les divisions que nous in-
diquons ici, et qui sont de nature à pouvoir
CAR
se coordonner entre elles. Mais coranae»t éta-
blir leur subordination? Lequel des deux
caractères, le chimique et le cristallographi-
que, devra le céder à l'autre ? Nous expo-
serons ailleurs les raisons qui , selon nous,
doivent faire accorder la prééminence au ca-
ractère chimique; et, par conséquent, c'est
le grand genre chimique que nous subdivi-
serons en genres cristallograpbiques, les-
quels à leur tour se partageront en g. pro-
prement dits ou groupes d'espèces isomor
phes. Mais, afin de distinguer entre eux ces
divers genres par des dénominations diffé-
rentes , nous assignerons aux premiers les
noms d'Ordre et de Tribu , déjà consacrés
dans d'autres parties de l'histoire naturelle.
Cela posé, l'ordre des Carbonates se parta-
gera, d'après les systèmes cristallins dont ses
espèces ont offert des exemples, en trois tri-
bus seulement : la tribu des Carbonates
Rhomboédriques, celle des Carbonates Rhom-
biques, et celle des Carbonates Klinorhombi'
ques. Mais la détermination du caractère chi-
mique pouvant,dans quelques espèces,devan-
cer celle du caractère cristallographique, il y a
lieu d'établir à la fin de chaque ordre un ap-
pendice particulier, où l'on groupera les espè-
ces dont la composition générale est connue,
mais dont la forme cristalline n'est pas en-
core suffisamment déterminée ; ou, ce qui est
la même chose, de former de ces espèces une
sorte de tribu surnuméraire et provisoire ,
sous le nom de Substances adélomorphes ,
tribu qui , par sa nature , devra nécessaire-
ment changer au fur et à mesure des progrès
qui s'accompliront dans cette partie de la
science. — Arrivons maintenant à la descrip-
tion de l'ordre des Carbonates, et de ses di-
verses subdivisions, établies selon les règles
précédentes.
ORDRE DES CARBONATES.
Première tribu. — Rhomboédriques.
1="^ Genre Cr. — Clivable parallèlement
aux faces d'un rhomboèdre de 104° 50'
107° 40'.
1" espèce. Calcaire ( ou Carbonate de
chaux, Kalkspath). — L'une des substances le
plus abondamment répandues dans la na-
ture; facile à reconnaître par la propriété
qu'elle a de faire une vive effervescence dans
les acides , de se réduire en chaux vive par
la calcination , et de se laisser rayer profon-
CAR
dément par une pointe de fer. Caract. spécif.:
CCa — clivages parallèles aux faces d'un
rhomboèdre de 105° 6'. Densité =2,5 ; dureté
=3. Éclat vitreux, transparent, sanscouleur;
possédant la double réfraction à un haut de-
gré, et en montrant les effets à travers des
faces parallèles. — Son analyse a donné :
Acide 43,71
Base 56,29
Les formes cristallines du Calcaire sont
extrêmement nombreuses. On a observé et
calculé les faces d'une douzaine de rhom-
boèdres différents, d'autant de scalénoèdres,
de plusieurs dirhomboèdres, et des deux
prismes hexagonaux. Toutes ces formes, par
leurs combinaisons, produisent des variétés,
dont le nombre s'élève à plusieurs centai-
nes. Celles qu'on rencontre le plus souvent
sont : le rhomboèdre aigu de 78» 51' {Inverse
de Haûy); le rhomboèdre obtus de 134° 67'
{Equiaxe, H.) ; le scalénoèdre de 104° 38' et
ï44o 24' {Méiastatique,H.). Plusieurs de ces
variétés montrent une grande tendance à
produire des groupements réguliers par
transposition, hémitropie, etc.
Le nombre des variétés de formes acci-
dentelles et de structure est aussi très con-
sidérable. Parmi les premières, on distingue
le Calcaire en Sialaciiies (voyez ce mot). On
y rapporte les Stalagmites, qui sont des mas-
ses mamelonnées , stratiformes , composées
de couches ondulées, et dont la couleur varie
entre le blanc jaunâtre, le jaune de cire ou
de miel, et le brun rougeâtre. C'est celte va-
riété qui fournit l'Albâtre calcaire ou Albâ-
tre oriental, qu'il ne faut pas confondre avec
celui qu'on prend si souvent pour terme
de comparaison , lorsqu'on veut désigner la
blancheur; ce dernier est un Albâtre gyp-
seux ( voyez albâtre). — Nous citerons en-
core les Pisoliihes, ou Dragées de Tivoli, en
globules de la grosseur d'un pois ou d'une
amande, composés ordinairement de cou-
ches concentriques avec un petit grain de
matière étrangère pour noyau central ; les
Incrmiuiiom calcaires, elles Tiavenins pro-
duits par les sources incrustantes ( voyez
tNCRUSTATio.Ns) ; le Calcaire pseudomorphi-
que en coquilles, madrépores, etc.
Parmi les variétés de structure ou en mas-
ses amorphes, on distingue : le C. laminaire
limpide, dit Spath d'Islande, parce que
T. ]II.
CAR
225
le plus beau qu'on connaisse provient de
cette île : c'est celui que recherchent les
physiciens pour les expériences relatives à la
double réfraction et à la polarisation de la
lumière; —le C. fibreux, à fibres droites et
soyeuses, variété assez rare, qu'on tra-
vaille en Angleterre pour en faire des bijoux:
de forme arrondie; — le C lamellaire ou sac
charoïde, à cassure brillante , grenue ou fi-
nement lamellaire : c'est à cette variété
que se rapportent le Marbre statuaire des
anciens, dit de Paros, et le marbre statuaire
des modernes , dit de Carrare. Ce dernier a
le grain semblable à celui du sucre; il se
tire des carrières de Carrara, sur la côte de
Gênes. Il en existe aussi en France dans les
Pyrénées. Ces marbres saccharoides appar-
tiennent aux terrains des Schistes cristallins,
anciennement nommés terrains -primitifs; —
le Calcaire compacte , sublamellaire , à pâte
mêlée de fragments d'Encrinites ;— le C. com-
pacte, à grain fin et à cassure terne, diver-
sement coloré par des mélanges mécaniques :
c'est celui dont on fait l'emploi le plus habi-
tuel, sous le nom de Marbres [voyez ce
mot). Les marbres veinés et colorés appar-
tiennent en général à la série des terrains de
transition , ou aux plus anciens terrains de
sédiment connus ; — le C compacte lithogra-
phique, de couleur jaunâtre, à grain serré, el
à cassure lisse, susceptible de poli, et pou-
vant se laisser légèrement imbiber d'eau. On
l'emploie dans la lithographie, nouvel art
qui consiste à remplacer les planches de
cuivre dont se servent les graveurs, par des
pierres polies sur lesquelles on dessine avec
un crayon gras. Les meilleures pierres litho-
graphiques sont celles de Pappenheim, en
Bavière; mais on en trouve d'assez bonnes
en France, particulièrement à Chàteauroux
(Indre), à Belley (Ain), etc.; —le C. oulithi-
qne , en grandes masses composées de glo-
bules, assez gros communément, et quel-
quefois très fins , et qu'on a comparés à
des œufs de Poissons. Les Calcaires lithogra-
phiques et oolilhiques sont communs dans
les terrains secondaires moyens, surtout
dans l'étage des terrains jurassiques ; — le
C. cruyeux OU la Craie , quelquefois sa-
blonneuse et grisâtre, souvent blanche et
très friable, laissant des traces de son pas-
sage sur les corps durs. Triturée et délayée
avec de l'eau, elle fournil une pâte dont on
15
226
CAR
fait le blanc d'Espagne. On l'emploie aussi
pour la préparation de la Chaux maigre et
de la Chaux hydraulique. Sa position géo-
logique est bien déterminée : c'est elle qui
forme la limite supérieure du sol secondaire;
— le C. grossier , plus OU moins mélangé
de sable ( la Pierre à chaux, et la Pierre à
bâtir commune), d'un jaune ou d'un blanc
sale, à grain grossier, et non susceptible de
poli. Il est très abondant aux environs de
Paris, où il se fait remarquer par la
grande quantité de Coquilles marines qu'il
renferme, et particulièrement par des espè-
ces du g. Cérithe. Il forme la plus grande
partie de l'étage inférieur des terrains ter-
tiaires. On l'emploie principalement comme
pierre de taille, mais il sert aussi à l'extrac-
tion de la Chaux, avec la Craie, le Marbre et
les autres variétés de Calcaires [voy. chaux);
—le C. toi(mi?ieMa;,de couleur noire ou brune,
répandant, lorsqu'on le chauffe, une odeur
bitumineuse, et perdant, par l'action conti-
nue du feu , sa couleur et son odeur ; —
le C. fétide, exhalant, par la chaleur ou par
le frottement, une odeur d'acide sulfurique ;
—le C. quarizifère, des carrières de Grès de
la forêt de Fontainebleau, et des environs de
Nemours. Ce Calcaire a l'apparence d'un
Grès, mais il fait une vive effervescence dans
l'acide azotique. Il est souvent cristallisé
avec beaucoup de netteté sous la forme delà
variété en rhomboèdre aigu qu'Hauy a nom-
mée inverse. La matière calcaire a entraîné
mécaniquement et retenudanssa masse des
particules siliceuses, qui n'ont point gêné sa
cristallisation ; et, parce que ces cristaux ont
extérieurement l'aspect du Grès , on leur
donnait autrefois le nom fort impropre de
Grès cristallisé de Fontainebleau. On trouve
aussi la même variété en concrétions mame-
lonnées et en masses amorphes.
Parmi les variétés de mélange, on distingue :
le C. siliceux, à texture compacte et à grain
variable, ordinairement fin, plus dur que
le Calcaire commun, et laissant un résidu
de silice par la dissolution dans l'acide ni-
trique; comme le précédent , il est commun
dans la partie inférieure des terrains pari-
siens ; — le C. argileux ( 3Iarne calcaire ) ,
provenant du mélange ^u Calcaire avec l'Ar-
gile, et qui se distingue par la propriété qu'il
a d'être à la fois fusible , effervescent et
d:ictile avec l'eau (voyez marnes).
CAR
Nous avons indiqué en peu de mots, dans
ce qui précède, la position géologique des
principales variétés de Calcaires que nous
avons citées. De plus amples détails sur les
gisements de celles qui forment des masses
considérables à la surface du sol seront don-
nés aux articles roches et terrains , aux-
quels nous renvoyons. Nous ajouterons seu-
lement quelques remarques au sujet des va-
riétés qui ne se trouvent qu'accidentellement
au milieu des grandes masses. Le Calcaire
cristallisé se rencontre principalement dans
les gîtes métallifères ; c'est du Harz dans le
nord de l'Allemagne , du Derbyshire et du
Cumberland en Angleterre, que proviennent
la plus grande partie des beaux groupes qui
ornent les collections minéralogiques ; les
fissures des diverses roches et les petites ca-
vités qu'elles offrent çà et là en sont fré-
quemment tapissées. Les Stalactites garnis-
sent l'intérieur des cavernes ou grottes des
pays calcaires.
2' espèce. Dolomie (Carbonate de Chaux
et de Magnésie , Ritterspath , Calcaire lent ,
Spath perlé).— Ce minéral a de grandes analo-
gies avec l'espèce précédente ; son caractère
distinclif le plus apparent est son éclat légè-
rement nacré , joint à la lenteur de l'effer-
vescence qu'il produit avec l'acide azotique.
La solution chauffée donne d'abord un pré-
cipité abondant par l'oxalate d'ammoniaque ;
puis, en refroidissant, elle se troue de nou-
veau, et donne encore un précipité.
Caractères spécifiques : CCa -f CMg ; —
clivable parallèlement aux faces d'un rhom-
boèdre de 1060 15'. Densité = 2,8; dureté=
3,5. Éclat vitreux tirant sur le nacré. Ana-
lyse :
Acide carbonique 47
Chaux 3i
Magnésie 22
Celte substance se trouve assez fréquem-
ment en cristaux rhomboédriques assez sim-
ples , quelquefois groupés deux à deux par
pénétration , et le plus souvent réunis en
druses blancs à l'état de pureté , mais pré-
sentant fréquemment des teintes jaunes ou
vertes , rouges ou brunes, lorsque cette sub-
stance se mélange avec les Carbonates deFer
et de Manganèse. Elle offre aussi" quelques
variétés globulaires ou mamelonnées; et, à l'é-
tat lamellaire, grenu ou compacte, elle con-
CAR
stiiue des couches ou de grandes masses
irrégulières {voyez uolomik). A l'étal cristal-
lin, elle se trouve dans les gîtes métallifères,
particulièrement au Mexique , dans les
Alpes du Piémont, de la Savoie, du Saint-
Gothard etduTyrol.
On rapporte à cette espèce, comme varié-
tés de mélange, la Miémiie, d'un jaune ver-
dûtre, de Miemo en Toscane, la Tharan-
dite,de Tharand en Saxe, et la plus grande
partie des substances appelées Spaths schis-
teux , Spaths perlés, Spaths brunissants, dont
les cristaux rhomboédriques sont ordinai-
rement contournés en forme de selle , et
qu'Haûy rangeait dans un appendice à la
suite de son espèce Chaux carbonatée , en
leur donnant les épithètes de magnésifére et
de ferro-magnésifère.
La Konite de Retzius et le Gurhofîan de
Karsten ne sont que des variétés compactes
et presque pures de Dolomie.
3' espèce. Giobertite (Carbonate de Ma-
gnésie, Magnésite en partie , Talkspath). —
Caractères spécifiques : CMg; en poids.
Acide carbonique , 51,7; Magnésie, 48,3.
Clivable parallèlement aux faces d'un rhom-
boèdre de 1 07" 25'. Densité = 3 ; dureté =
4,5 ; éclat vitreux. Soluble lentement à froid,
et avec une faible effervescence dans l'acide
azotique ; solution précipitant par la potasse ,
même après avoir été traitée par un sulfhy-
drate ; ne précipitant pas par l'oxalate d'am-
moniaque.
La Giobertite se trouve disséminée en
cristaux dans les roches magnésiennes , et
en filons dans les roches serpentineuses, où
elle accompagne fréquemment la Magnésite
ou l'Hydrosilicate de Magnésie. Ses cristaux,
quand ils sont purs, ce qui est rare, ressem-
blent beaucoup à ceux de la Dolomie ; mais ils
n'offrent point de courbure, comme il arrive
souvent à ces derniers , et ne renferment
point de Chaux. Le plus ordinairement ils
contiennent quelques centièmes d'oxydule de
Fer, qui leur donnent une teinte grise ou
brunâtre, ce qui constitue la sous-espèce
nommée Breunériie , dans laquelle l'angle
du rhomboèdre a été trouvé de 107° 22' seu-
lement. Enfin il s'y ajoute parfois une petite
quantité de matière bitumineuse qui les co-
lore en noir, comme on le voit dans les va-
riétés du Salzbourg,improprement nommées,
par Hauy, Chaux carbonatée ferrifère. Le
CAR
227
Salzbourg, le Tyrol et la Slyrie sont les pays
dans lesquels on la rencontre le plus com-
munément. A Hrubschitz en Moravie, à Bal-
dissero et Castellamonte dans le Piémont, on
observe la Giobertite en masses compactes
ou terreuses, au milieu des roches ophioli-
thiques.
4* espèce. Plumbo-calcite. Selon Johnston,
il existerait un Carbonate de Chaux et de
Plomb , composé de 92,2 de Carbonate de
Chaux et de 7,8 de Carbonate de Plomb, et
isomorphe avec les espèces précédentes. Ce
minéral, trouvé à Wanlockhead en Angle-
terre , dans les haldes d'anciennes mines
de Plomb , cristallise en rhomboèdre de
104" 53' ; les cristaux sont isolés ou réunis
en druses, et le plus souvent à faces cour-
bes; leur densité est de 2,0; leur dureté
est un peu inférieure à celle du Calcaire. Ils
fondent sur le charbon en émail blanc.
5= espèce. Mésitinite ( Mesitinspath de
Breithaupt.Carbonate de Magnésieetde Fer).
Cette substance, qui a beaucoup de ressem-
blance avec la Sidérose lenticulaire, esta la
Giobertite et à la Sidérose ce que la Dolomie
est à la Giobertite et au Calcaire, c'est-à-dire
une espèce intermédiaire, résultant du mé-
lange des deux Carbonates en proportions
atomiques égales. Elle est clivable parallèle-
ment aux faces d'un rhomboèdre de 107° 14'.
Sa formule de composition est Cfe X CMg.
Densité=3,3 ; dareté=4; éclat vitreux ; cou-
leur jaunâtre. On la trouve à Tïaverselle en
Piémont, avec la Dolomie, le Cuir fossile et
le Quartz hyalin.
6« espèce. Ankérite ou RoMWAND(Fer
spathique blanc). Substance qu'on a confon-
due, comme la précédente, avec la Sidérose
lamellaire ou le Fer spathique. C'est encore
une espèce mixte, composée de Carbonate de
Chaux et de Fer, avec un peu de Carbonate
de Magnésie et de Manganèse. Elle cristal-
lise en rhomboèdre de 106'' 12'. Densité = 3;
dureté=4. Couleur: le blanc grisâtre ou rou-
geâtre. On la trouve en masses cristallines
au Rathhausberg, près de Gastein, et en plu-
sieurs points de la Styrie.
7' espèce. Sidérose (Carbonate de fer.Fer
spathique et Fer Uthoide}, — Cfe; clivable
en rhomboèdre de 107°. Densité = 3,9;
dureté = 4. Couleur : le gris jaunâtre et le
jaune isabelle , passant au brun rougeâtre
et au brun noirâtre , les dernières nuances
228
CAR
produites par l'altération de la substance,
qui tend à se transformer en oxyde ou hy-
drate de Fer. Cette substance est composée
de Fer oxydulé 61,37, et d'acide carbonique
38,63. Calcinée au chalumeau , elle donne
une matière noire ou rouge qui fond en glo-
bule noir, attirable à l'aimant. La solu-
tion, qui se fait lentement à froid , donne
un précipité abondant par le cyanure fer-
roso-potassique. Celte substance étant un
des principaux minerais de fer , nous réser-
vons les autres détails de son histoire pour
l'article fer, où les différents minerais de
ce métal seront décrits comparativement.
On peut coasidérer comme une Sidérose
manganésifère VOUgonspaih de Breitiiaupt,
qui se rencontre à Ehrenfriedersdorf en
Saxe.
8' espèce. DiALLOGiTE (Carbonate de Man-
ganèse,Manganspath). — CMz;rhomboèdrede
106° 51'. — Densité — 3,5 ; dureté — 4,5.
Couleur : le rouge de rose , brunissant à
l'air. Donnant au chalumeau une fritte
verte par la fusion avec la Soude. Composé
de 62,25 d'oxyduledemanganèse,etde 37,75
d'acide carbonicfue {voy. makgakÈse).
9e esp. Smithsonite (Carbonate de Zinc ,
Galmey, Zinkspalh). — CZn; rhomboèdre
de 107° 40'. — Densité =4,5 ; dureté = 5.
Couleur : le blanc ou le jaunâtre. Donnant
à la calcination une fumée blanche qui se
dépose autour de la pièce d'essai. La solu-
tion dans l'acide azotique, qui se fait avec
une vive effervescence, donne, par l'ammo-
niaque , un précipité qui se redissout par
un excès de cet alcali. — La Smithsonite est
composée d'oxyde de Zinc 04,55 , et d'acide
carbonique 35,45. Voir, pour les autres dé-
tails de son histoire, l'art, zixc.
2= tribu. — Rhombiques.
Genre unique. C . — Forme primitive :
prisme rhombique droit.
1" esp. Aragonite (Carbonate de Chaux
prismatique).— CCa.— Ayant la même corn-
position relative, et par conséquent donnant
à l'analyse le même résultat que le Calcaire,
mais différant de cette dernière espèce par
l'ensemble de toutes ses propriétés physi-
ques. L' Aragonite se clive difficilement pa-
rallèlement aux pans et à la petite diagonale
prisme d'un orthorhombique de 116° 16'. Sa
densité est un peu plus considérable que celle
CAR
du Calcaire; elle est de 2,95 ; sa duret est
de 3,5, en sorte qu'il raie le Carbonate de
Chaux ordinaire. Il a la double réfraction à
deux axes.
Celte espèce est remarquable par la singu-
larité de sa cristallisation, et surtout par les
longues discussions qu'elle a fait naître en-
,tre les chimistes et les cristallographes. Les
divergences d'opinions venaient de ce qu'on
ne s'entendait pas sur la valeur des mots de
composiiion chimique , et que les chimistes
n'avaient point encore établi, entre la com-
position relative et la composition absolue,
une distinction bien importante, dont la réa-
lité a été confirmée plus tard par l'admission
du principe de l'isomérie. Aujourd'hui la
cause de ces divergences a complètement
disparu , et tout le monde serait bien près
d'être d'accord si un autre malentendu , pro-
duit par une application peu réfléchie du
terme de dimorphe , n'était venu ranimer la
controverse et obscurcir pour quelque temps
encore une question des plus simples. On
verra au mot DiMORpniSME ce que signifie
réellement cette expression, dont on a beau-
coup abusé. En ce moment nous nous bor-
nerons à dire que , pour les chimistes qui
prétendent attribuer au Dimorphisme la va-,
leur d'un nouveau principe , le Calcaire et
l'Aragonite sont l'un et l'autre du Carbonate
de Chaux, c'est-à-dire une même espèce qui
seulement se montre dimorphe ; tandis que,
pour nous comme pour Hauy, le Calcaire
est un Carbonate de Chaux et l'Aragonite en
est un autre. Ces deux espèces de Carbonates
sont des composés isomères, et leur hétéro-
morphie est précisément la conséquence des
modifications isomériques qui les distin-
guent.
Ces modiûcations résultent sans aucun
doute des cirionstances différentes dans les-
quelles se forment les deux Carbonates. On
a reconnu par l'expérience que l'Aragonite
se forme seulement par la voie humide. Elle
ne peut subsister à une haute température;
lorsqu'on la soumet à une chaleur rougfe
faible, elle se désagrège, tombe en pous-
sière , et passe à l'état de Calcaire spa-
thique. Cette propriété de se déliter au
feu et de lom*'er en poussière est un ca-
ractère qui peut servir à la distinguer
du Calcaire proprement dit. On sait, depuis
les travaux de J. Hall, que ce dernier peut
CAR
se former à une haute température et sous
une pression considérable ; mais il se pro-
duit aussitôt une voie humide, à une basse
température , et dans des conditions autres
que celles qui déterminent la formation
de l'Aragonite. Il faut avouer cependant
qu'on observe quelquefois dans la nature,
comme on peut aussi obtenir dans les opé-
rations des laboratoires, un mélange des
cristaux des deux espèces.
Il est rare de rencontrer de l'Aragonite
sous la forme de cristaux simples. Ce minéral
a une singulière tendance à former des
groupes composés de cristaux tellement as-
sortis, que le tout présente l'aspect d'un
prisme qui aurait été produit d'un seul jet.
Ces groupes résultent de l'accolement de
deux, trois ou un plus grand nombre de
prismes rhomboidaux, dont les axes sont
parallèles, et qui sont tantôt simples vers
les bases et tantôt modifiés de diverses ma-
nières. On rencontre aussi très communé-
ment l'Aragonite en masses bacillaires ou
fibreuses, dont les éléments sont droits ou
rayonnes, et en groupements coralloides, dus
à une multitude de petites aiguilles cristal-
lines qui se groupent les unes sur les au-
tres en se disposant obliquement autour
d'un axe commun. Elles forment ainsi des
branches cylindriques , qui se contournent
«t se ramifient entre elles à la manière du
Corail. Cette variété était connue des an-
ciens sous le nom de Flos ferri, parce qu'ils
la prenaient pour une sorte de végétation,
et qu'elle se trouve habituellement dans les
gîtes de minerais de Fer.
L'Aragonite se rencontre principalement
en cristaux implantés dans les fentes des
dépôts serpentineux et basaltiques, et en
cristaux disséminés dans les Argiles gyp-
seuses des terrains salifères. Les lieux d'où
proviennent les plus belles cristallisations
sont Bilin en Bohème , Leogang /ians le
Salzbourg, Bastène près de Dax, en France,
et Molina en Aragon. C'est de ce dernier pays
qu'a été tiré le nom d'Aragonite.
2' esp. WiTÉRiTE. (Carbonate de Baryte.)—
CBa. Prisme rhombique de 11 S" 30'. — Cris-
taux simples.etgroupes de cristauxanalogues
à ceux de l'espèce précédente. Densité=4,2;
dureté = .3,5. Éclat vitreux et un peu gras,
sans couleur. Soluble lentement avec effer-
vescence dans l'acide nitrique ; la solution
CAR
229
précipite abondamment par l'acide sulfuri-
que, quelque étendue qu'elle soil.Cclte sub-
stance, assez rare, se trouve en cristaux im-
plantés, en masses fibreuses, aciculaires ou
compactes, striées et subfibreuses dans les
filons, et particulièrement dans les mines de
Plomb d'Angleterre. On la cite aussi dans
quelques autres contrées.
3^ espèce. Strojitiajsite. (Carbonate de
Strontiane.) — CSr. Prisme rhombique de
1 170 IG'. — ftlêmes habitudes de cristallisa-
tion que les deux espèces précédentes. Densité
= 3,7; dureté = 3,5. Eclat vitreux un peu
gras, sans couleur; quelquefois cependant
nuancé de jaune ou de verdâtre. Soluble
avec effervescence dans l'acide nitrique;
solution cessant de précipiter par l'acide
sulfuriquc lorsqu'elle est très étendue. C'est
encore une substance de filon qu'on a
trouvée particulièrement à Stronthian en
Ecosse, à Braunsdorf en Saxe, et à Leogang
dans le Salzbourg.
4<- espèce. Céruse. (Carbonate de Plomb.
Bleyspath.)— CPb, Prisme rhombique de
117" 14'. Même tendance aux groupements
réguliers que dans l'Aragonite. Densité=C,7;
dureté=3,5. Éclat gras ou adamantin dans
les cristaux. Facilement réductible au cha-
lumeau sur le charbon. — Solution nitri-
que précipitant, sur un barreau de Zinc, des
lamelles métalliques brillantes. Voyez, pour
les autres détails de cette espèce importante,
le mot PLOMB.
5= espèce. Junckérite. (Carbonate de Ter
prismatique.) Cette espèce rare, découverte
par M. Paillette dans la mine de Poullaouen
en Bretagne, et décrite par M. Dufrénoy, se-
rait, d'après ce minéralogiste, au Carbonate
de Fer rhomboédrique ce que l'Aragonite
est au Spath calcaire.Composition atomique:
CFe— Prisme rhombique de 108° 26'. Cet
angle a son correspondant dans les quatre
espèces qui précèdent, et les variations qu'il
éprouve dans la série sont très légères. Den-
sité ^= 3,8 ; dureté = 4. — En très petits cris-
taux octaédriques , à faces convexes , d'un
gris jaunâtre.
3' tribu. — &LIN0KH0MBIQXJES.
Nous n'indiquerons point ici les genres
qui se confondent avec les espèces, le prin-
cipe de l'isomorphisme n'ayant pas encore
pu leur être appliqué. Une seule de ces es-
2S0
CAR
pèces est anhydre ; toutes les autres sont hy-
dratées.
1" espèce. Baryto-calcite. (Carbonal de
Baryte et de Chaux.)— CBa + CCa. Comi osé
de 65,9 de Carbonate de Baryte, et de 63,G
de Carbonate de Chaux. Cristallisant en
prismes obliques à base rhombe, très allon-
gés, dont les pans font entre eux l'angle de
95°1 5', et dont la base est inclinée de 1 19" sur
l'arête longitudinale obtuse. Densité = 3,6 ;
dureté=4. Éclat vitreux, sans couleur. Cette
substance n'a encore été trouvée qu'à Alston-
Moor, dans le comté de Durham, en Angle-
terre.
2* espèce. Natron. (Sous-carbonate de Sou-
de hydraté.) — CNa -f- lOAq. Cristaux dé-
rivant d'un prisme klinorhombique de 100°
19', dont la base est inclinée sur les pans.
3' espèce. Urao (Trôna, Sesqui-carbonate
de Soude), dont la formule est : C^Na^ +
4Aq. Prisme klinorhombique de 47o 30', dont
la base est inclinée aux pans de 105° 11'.
4* esp.GAY-LussiTE. (Carbonate de Soude
etdeChaux hydratée.)— CNa -fCCa -t- 6Aq.
Prisme klinorhombique de 111° 10'; base
inclinée sur les pans de 96o 30'. Voyez, pour
l'histoire chimique et géologique de ces
trois espèces de Carbonates, le mot soudk.
6* espèce. Azurite (Carbonate bleu de
Cuivre , Kupferlasur, W.)— C^Cu^Aq' ; en
poids: Acide carbonique, 25,69; oxyde de
Cuivre, 69,09 ; Eau, 5,22.— Forme fondaraan-
tale: Prisme klinorhombique de 99° 32'; base
inclinée sur les pans de 91° 47'. Densité=3,8 ;
dureté = 3,5. Couleur : le bleu d'azur pas-
sant au bleu-indigo. Donnant de l'eau par
la calcination, et noircissant. Solution nitri-
que précipitant du Cuivre sur une lame de
Fer.— L' Azurite se présente presque toujours
cristallisée , ou en sphéroïdes composés de
cristaux groupés. On la trouve aussi à l'état
terreux. L' Azurite est sujette à une altéra
tion qui la fait passer au vert et la trans-
forme dans l'espèce suivante. Voyez, pour
plus de détails sur l'histoire minéralogique
de ces deux espèces , le mot cuivre.
6* espèce. Malachite. (Carbonate vert de
Cuivre.)— CCu'Aq'. En poids : Acids carboni-
que, 20,00; oxyde de Cuivre, 7 1 ,82; Eau, 8,1 8.
Forme primitive : Prisme klinorhombique
de 103o 42' ; base inclinée sur les pans de 1 1 lo
48'. Densité r= 3,6 ; dureté = 2,5. Éclat
ïoyeui. Couleur: le vert pré ou vert d'éme-
CAR
raude. — Il y a dans la Malachite plus d'eaa
et moins d'acide carbonique que dans l'Aiu-
rite. Le passage de l'Azurite à la Malachite
ne peut donc s'expliquer que par une simple
déperdition d'eau ; on s'en rend compte au
contraire en admettant la substitution d'un
nouvel atome d'Eau à un atom« d'Acide
carbonique. Voyez cuivre.
4« tribu. — ADÉLOMORPHES.
Celte division comprend quelques espèces
douteuses ou incomplètement connues ,
dont nous nous bornerons à présenter ici
une simple énumération :
1° La Mysorine. Carbonate de Cuivre
brun et anhydre, auquel passe la Malachite
par la perte de son eau ;
2o La Carbocérine. Carbonate de Cérium
et de Lantane, terreux et grisâtre, qui se
trouve en couche mince sur la Cérite de
Bastnaës ;
3° Un Carbonate D'YTïRiA,qui accompa-
gne, dit-on, la Gadolinite de Suède;
4° La BisMUTHiNE, ou Carbonate de Bis-
muth , signalée récemment par M. Breit-
haupt ;
6° Enfin, un Carbonate h'argent, espèce
encore problématique , citée comme prove-
nant de la mine de Wenceslas, près d'Alt-
wolfach , dans le pays de Bade.
(Delafossh.)
Plusieurs carbonates récemment décou-
verts semblent combler des lacunes, que la
théorie faisait pressentir dans la série en
quelque sorte nécessaire des espèces. Des con-
sidérations savantes qu'a résumées l'article
précédent, il résulte, comme on peut voir,
que le rapport simple d'égalité entre le nom-
bre des atomes de protoxydes métalliques ou
terreux, et celui des atomes d'acide carbo-
nique, fait de beaucoup de carbonates des
sels de composition équivalente. Comme si
les proportions des éléments avaient plus
d'influence que leur nature chimique sur
laconstitution du corps, elles entraînent avec
elles cette analogie remarquable des formes
que l'on appelle isomorphisme. Plusieurs de
ces carbonates, il est vrai, ceux de chaux,
par exemple, et de manganèse, ont chacun
deux séries de formes qui obéissent à des
lois de symétrie distinctes; à celles qui ré-
gissent le système du rhomboèdre d'une
pan, et d'autre part à celles qui régisseat le
CAR
système du prisme droit à base rhombe.
Mais ces deux carbonates, que l'on peut
appeler dimorphes, à cause de cette double
forme, le sont de telle sorte que les formes
de la série rhomboédrique, ou celles de la
série rhombique de l'un, sont très-voisines
par leurs dimensions relatives, leurs com-
binaisons et leur allure, des formes que l'on
retrouve dans les séries correspondantes de
l'autre; ils sont, en un mot, isodimorphes.
Le tableau synoptique suivant fera mieux
ressortir ces connexions de la forme des sels
et de l'équivalence de leurs principes con-
stituants.
CARBONATES ISOMORPHES.
A. — Carbonates dimorphes.
i° NATURE NOMS DES ESPÈCES
DES BASES. RHOMBOÉDRIQUES.
Chaux Calcaire.
Chaux et baryte Calcaire barytifère.
Chaux et strontiane . . . Strontianocalcite.
Chaux et plomb Plumbocalcite.
Manganèse Diallogite.
2° NOMS DES ESPÈCES NATURE
RHOMBIQUES. DES BASES.
Aragonite Chaux.
Alstonite Chaux et baryte.
Withérite Baryte.
Strontianile Strontiane.
Céruse Plomb.
Manganocalcite Manganèse et chaux.
B. — Carbonates que la nature n'a présentés
jusqu'ici que sous une seule forme.
NATURE NOMS DES ESPÈCES
DES BASES. RHOMBOÉDRIQUES.;
Magnésie Giobertite.
Chaux et Magnésie. . . . Dolomie.
Fer Sidérose.
ZiHC. . . . • Calamine.
Ainsi les deux groupes |parallèles de car-
bonates présentent maintenant un assez
grand nombre de termes correspondants,
surtout si l'on admet qu'une espèce rhomboé-
drique peut, ens'associant une espèce rhom-
bique, non-seulement l'envelopper sous sa
forme et lui faire revêtir son faciès, mais
encore lui faire adopter sa structure. Les car-
bonates de strontiane, de baryte et de plomb,
rhombiques, lorsqu'ils sont seuls, prennent
la forme du calcaire en s'unissant à lui.
La tribu des carbonates rhombiques s'est
enrichie de plusieurs associations de corps
isomorphes. Elle a perdu pourtant le Junc-
kérite, un de ses types simples, que l'obser-
vation d'un triple clivage, sous l'angle de
107», observé par M. Breilhaupt, ne permet
C\R
231
plus de distinguer des autres variétés de
sidérose. Mais l'on connaît de nouvelles
espèces produites par la réunion de carbo-
nates rhombiques. Le nom d'alstonite est
appliqué à des matières où les analyses de
MM. Delesse, Hauer et Thomson ont montré
la coexistence des carbonates de baryte et
de chaux, dans les proportions tantôt de i,
tantôt de 2 atomes de la seconde base, pour
1 atome de la première. Ce composé cris-
tallise en pyramides hexagonales, où de
Sénarmont a pu découvrir le groupement de
12 cristaux. La forme primitive qui carac-
térise cette espèce est un prisme droit à
base rhombe de 118", 50', dont les arêtes
basiques sont aux arêtes latérales dans le
rapport de 25 à 16. L'alslonite se rencontre
à Alston (Cumberland) et à FallowQeld
(Northumberland).
Une espèce également nouvelle, appelée
Manganocalcite, parait jouer vis-à-vis du
carbonate de manganèse rhomboédrique le
même rôle que l'aragonite vis-à-vis du cal-
caire. Cette substance, que l'on trouve à
Schemnitz (Hongrie), sous la forme de ro-
gnons à surface rugueuse et de texture
flbroradiée, possède généralement une con-
leur rouge de chair, et se présente en
prismes qui frappent tout d'abord les yeux
par deux caractères : une section rhombique
et un clivage parallèle à la fois à la petite
diagonale et à l'axe de la hauteur. Cette sy-
métrie et ce clivage ne laissent pas de doute
sur ce fait que le manganocalcite est iso-
morphe de l'aragonite. La composition chi-
mique de cette espèce, qui consiste en car-
bonate de manganèse, uni dans les propor-
tions de 68 pour 100 à des carbonates de
fer, de chaux et de magnésie, permet de la
regarder sans hésitation comme une seconde
forme du manganèse carbonate.
On connaît maintenant plusieurs carbo-
nates rhombiques hydratés. La thermo-
natrite est un carbonate de soude à un
seul atome d'eau, dont les cristaux ont
la forme de tables rectangulaires, biselées
sur les bords et clivables parallèlement à la
petite diagonale du rhombe inscrit. Elle
provient de l'efflorescence du natron ou
carbonate de soude à 10 équivalents d'eau,
dont elle est souvent accompagnée dans les
steppes de l'Oural et les monts Altaï, dans
le désert Macarius (Basse-Egypte), les lacs
232
CAR
de Lagunilla (Nouvelle-Grenade), et dans les
plaines de Debreczio {Hongrie}.
La lanthaaite (carbonate de lantane), à
trois atomes d'eau, cristallise, comme l'es-
pèce précédente, en tables rectangulaires
modiflées sur les arêtes de leurs bases, mais
de couleur en général jaune ou rouge rosé.
On ne l'a trouvée jusqu'ici qu'à Bastnaës,
près de Riddarhytta (Suède), et à Beth-
lehera (Pensylvanie).
Au nombre des carbonates rhomboé-
driques, on compte aussi maintenant un
carbonate hydraté, la parisite, découverte
par M. Paris dans les mines d'émeraude de
Muzo, bourg de la Nouvelle-Grenade. La
parisite, quoique très-rare, a un grand in-
térêt, parce qu'elle renferme des oxydes de
métaux aussi peu abondants que peu dissé-
minés. C'est peut-être une combinaison
complexe de carbonates de cérium, de di-
dyme et de lanthane, avec du florure de
calcium et un hydrate de cérium oxydulé.
Toujours cristallisée en pyramides hexago-
nales, dont les sommets sont généralement
tronqués par des faces de clivage parallèles
aux bases des prismes hexagonaux corres-
pondants, cette substance est encore plus
facile à reconnaître à son éclat nacré, à sa
couleur jaunâtre, à la couleur brune qu'elle
acquiert par la calcination, en perdant sous
cette influence l'acide carbonique et l'eau
qu'elle contient.
Enfin, une espèce qui est aussi bien un
chlorure qu'ua carbonate de plomb, la ké-
rasine de Beudant, nommée phosgénite par
Haidinger, constitue à elle seule la tribu
des carbonates quadratiques. Incolore ou
blanche, parfois jaunâtre ou verdâtre, cette
matière, douée de l'éclat nacré qui caracté-
rise les sels de plomb, est fusible au cha-
lumeau en un globule jaune, opaque, dont
la surface devient cristalline après refroi-
dissement. Ses cristaux sont des prismes à
base carrée, souvent très-nets, modifiés sur
toutes leurs arêtes verticales ou horizon-
tales, et clivables parallèlement à leurs
bases.
Aux carbonates adélomorphes on peut
adjoindre des hydrocarbonates de chaux ou
de magnésie, ou même de ces deux bases
réunies, et surtout un hydrocarbonate de
nickel, que sa couleur vert émeraude a fait
nommer nickel-smaragd.
CAR
Les usages des carbonates sont très-variés
dans les arts et dans l'industrie. Sansparler
ici des carbonates métalliques, que l'on
doit ranger parmi les meilleurs minerais
des métaux correspondants, on peut rap-
peler quel parti l'art de l'ornementation
tire de la malachite. Ce sont principale-
ment les difl'érentes variétés de calcaire qui
se prêtent le mieux à des usages sans
nombre, non-seulement aux besoins de la
statuaire, de l'optique expérimentale, mais
encore et surtout à ceux de l'architecture.
On peut citer par exemple les calcaires de
transition (marbres carbonifères, griotte ou
marbre dévonien de la vallée de Campan) ;
dans les terrains secondaires, les calcaires
du Muschelkalk, ceux de la grande oolite,
qui ont fourni de belles pierres de taille
pour les églises de Normandie ; et, de l'autre
côté de la Manche, pour l'église Saint-Paul
de Londres; le calcaire de Purbeck, avec
lequel ont été construites les églises go-
thiques d'Angleterre; la craie Tufau de
Tourainc; dans les terrains tertiaires, le
calcaire grossier, depuis si longtemps exploi-
té, des environs de Paris; les pierres de
Grèce, de Montpellier, d'Oraa, de Château-
Landon; les travertins anciens et modernes
de Rome; enfin les calcaires actuels des An-
tilles, solides et légers, etc.
(Edocakd Jannetaz.)
CARBOME. Carbouium [carbo, charbon).
CHiM. — Parmi les corps élémentaires, le Car-
bone est sans contredit l'un des plus impor-
tants. En effet, il est un des principes consti-
tuants des animaux et des végétaux ; le règne
minéral nous le présente sous la forme de
Diamant, d'Anthracite, de Houille, de Li-
gnite, etc., etc. ; il se trouve dans l'air à l'é-
tat d'acide carbonique; il forme sous le
même état, avec différentes bases, les nom-
breux Carbonates répandus dans la nature-
Seul peut-être de tous les corps simples,
le Carbone ne peut être complètement ca-
ractérisé par ses propriétés physiques ; car si
la nature nous l'offre pur dans le Diamant,
elle nous le présente aussi à un état de pu-
reté presque complète dans l'Anthracite, et
l'on sait la différence prodigieuse qui existe
entre ces deux corps.
L'un est le plus dur, le plus incombustible,
le plus limpide, le plus brillant, le plus rare
de tous les minéraux. L'autre, malgré une
CAR
identité pour ainsi dire complète de compo
sition, est noir, opaque, le plus souvent fria-
ble, combustible et répandu en couches
puissantes dans de nombreuses localités.
Comme le Carbone est l'un des principes
constituants des substances organiques, c'est
de la décomposition, par le feu, de ces sub-
stances, et surtout de celles du règne végé-
tal qu'on le retire. Il s'en faut toutefois
qu'obtenu de cette manière il soit pur : il est
toujours mêlé de différents sels; il contient
en outre une certaine quantité d'Hydrogène.
Le Carbone, résultant de la combustion des
substances organiques, porte plus particuliè-
rement le nom de Charbon.
On peut cependant se procurer du Car-
bone pur, en brûlant à l'air des matières
résineuses ou huileuses , qui , comme on
sait, sont très riches en Carbone. La fumée
produite par celte combustion imparfaite
laisse précipiter une suie noire, très légère,
connue sous le nom de noir de fumée. Sou-
mis à une nouvelle calcination dans des va-
ses fermés, ce noir de fumée perd les par-
ticules huileuses qu'il avait entraînées, et
peut, dès lors, être considéré comme du Car-
bone pur.
D'après ce qui précède, le Carbone est gé-
néralement solide, inodore, insipide, infusi-
ble au feu le plus violent, insoluble dans
l'eau; ses autres caractères, comme la cou-
leur, la densité, la dureté, sont variables.
Tel que la nature nous le présente le plus
souvent, ou tel qu'on le retire des substan-
ces organiques, le Carbone est noir, brillant
ou opaque, plus ou moins pesant, plus ou
moins friable; il possède, du reste, toutes
ks propriétés chimiques qui caractérisent
les corps très combustibles. Il est rangé
parmi les Métalloïdes.
Mis en contact avec les gaz simples ou
composés, le Carbone, à l'état de Charbon,
iouil de la propriété de les absorber en plus
ou en moins grande quantité. Cette absorp-
tion, sur laquelle la température, la nature
du gaz, celle du corps absorbant, le nombre
et le diamètre de ses pores, sa densité, exer-
cent une grande influence , cette absorption
a toujours lieu avec un faible dégagement
de chaleur, ainsi que le démontre l'expé-
rience faite sous la cloche à mercure.
Dans le même état, le Carbone possède
encore la faculté d'absorber l'odeur, la cou-
T. m.
CAR
233
leur, le goût des diverses substances avec
lesquelles on le met en contact.
Ces deux propriétés ont été mises à proflt
dans les arts, dans l'industrie et dans l'éco-
nomie domestique.
Corpora nil agunt , nisi soluta. Ce vieil
axiome de chimie trouve son application
dans l'histoire du Carbone ; et, en effet, ce
corps, ne pouvant jamais être amené à l'état
fluide, ne présente qu'un petit nombre de
combinaisons directes, bien qu'on puisse
lui supposer des affinités assez énergiques.
Ce n'est donc qu'avec l'Oxygène et le Sou-
fre qu'il se combine directement, et ce n'est
que sous l'influence d'affinités complexes
qu'il s'unit à l'Azote, au Chlore, à l'Hydro-
gène et à un petit nombre de métaux. Quant
aux nombreux composés organiques que le
Carbone forme avec les trois gaz les plus ré-
pandus à la surface de notre globe (Azote ,
Hydrogène, Oxygène), nous devons recon-
naître dans leur formation l'action de forces
toutes difl'érentes, de forces vitales dont l'exa-
men n'entre point dans le cadre de cet arti-
cle, exclusivement destiné à l'histoire chi-
mique du Carbone.
Le Carbone forme avec l'Oxygène trois
composés remarquables : deux gazeux, l'a-
cide carbonique et l' Oxyde de Carbone ; un
solide , V Acide oxalique.
Nous n'avons rien à dire de l'Acide cai*-
bonique, dont l'histoire a été retracée par
la savante plume de M. Pelouze. Foyei
ACIDES.
L'Oxyde de Carbone, gazeux comme l'a-
cide carbonique, est composé d'un atome de
Carbone et d'un atome d'Oxygène ; il est
incolore, inodore, insipide, d'une densité
égale à 0,9670; il n'a point d'action sur la
teinture du tournesol. Impropre à la com-
bustion et à la respiration, il éteint une bou-
gie enflammée et asphyxie les animaux qui
le respirent. Indécomposable par la chaleur
seule , il est éminemment combustible, et
passe à l'état d'acide carbonique en absor-
bant, sans changer de volume, une quantité
d'Oxygène égale à celle qu'il renferme déjà.
Bien que doué d'une grande puissance
désoxydante, il peut cependant, dans quel-
ques cas, céder une portion de son Carbone
à certains métaux , et passer ainsi à l'état
d'acide carbonique. Le gaz oxyde de Carbone
s'obtient par plusieurs procédés, mais tcui
15*
23i
CAR
fondés sur ces deux principes, soit d'enlever
à l'Acide carbonique une portion de son
Oxygène, soit de lui fournir une plus grande
proportion de Carbone.
L'Acide oxalique, qui se rencontre tout
formé dans le règne organique, et qu'on ob-
tient par la modification chimique de divers
composés ayant la même origine, diffère de
la plupart des composés animaux et végé-
taux en ce qu'il ne renferme point d'Hydro-
gène ; il est formé d'un atome d'Oxygène et
d'un atome d'Acide carbonique. Foyez
ACIDES.
Le Carbone, avons-nous dit, se combine
directement avec le Soufre. En faisant pas-
ser ce dernier corps en vapeur sur du Char-
bon bien calciné, on obtient un composé li-
quide, de consistance huileuse, insoluble
dans l'eau, soluble dans l'alcool, très vola-
til, très inflammable , d'une odeur fétide,
d'une saveur acre et brûlante. Ce corps
porte indifféremment le nom de Carbure de
Soufre ou de Sulfure de Carbone. Découvert
par Lampadius à la fin du siècle dernier,
étudié depuis par Vauquelin , Thénard et
d'autres chimistes, il est resté sans usage.
Le Carbone forme avec l'Azote un com-
posé remarquable qui joue le rôle de corps
simple : c'est le Cyanogène [voyez ce mot).
Indépendamment du Cyanogène, il existe
une autre combinaison solide d'Azote et de
Carbone à laquelle 31. Liebig a donné le nom
de Mellon.
Aux articles chlore et hydrogène, nous
parlerons des combinaisons du Carbone avec
ces deux corps. Les dernières, très nombreu-
ses, différant entre elles soit chimiquement,
soit par de simples modifications isoraéri-
ques, présentent une véritable importance,
et sous le rapport industriel, puisque le gaz
de l'éclairage et ses résidus sont des compo-
sés de ce genre, et sous le point de vue
scientifique, puisque des combinaisons d'Hy-
drogène et de Carbone forment la base de la
plupart des composés organiques. Quant aux
combinaisons du Carbone avec les métaux,
celles qui s'opèrent avec le Fer offrent seules
de l'intérêt. La Mine de plomb (Plombagine,
Graphite ), avec laquelle se fabriquent les
crayons , regardée long-temps comme un
Carbure de Fer, n'est qu'un simple mélange
d'une grande quantité de Carbone avec une
petite quantité de Fer. La Fonte et l'Acier
CAR
sont de véritables Carbures de Fer conte-
nant, l'une de 2 à 4 centièmes de Carbone,
l'autre de 6 à 10 millièmes.
Le Carbone, en minér^alogie, forme un
genre renfermant plusieurs espèces, telles
que le Diamant, le Graphite, l'Anthracite, la
Houille, la Lignite, etc., etc. (A. D.)
CARBOMDES. mis. — Famille minérale
comprenant les corps formés de Carbone
pur ou uni à d'autres substances. Elle se
compose des g. Carbone et Carbonates.
CARBOIV'IQIIE (acide), chim. — Koyex
ACIDES.
CARBURE DE FER. min.— Synonyraede
Graphite.
CARCADET et CARCAILLOT. ois. —
Nom vulgaire de la Caille.
CARCA JOU. BiAM. — Synonyme de Blai-
reau du Labrador.
*C.\RCÉLIE. Caycelia (nom d'homme).
iKS. — Genre de Diptères, établi par M. Ro-
bineau-Desvoidy [Essai sur les Myodaires) ,
et dédié par lui à l'entomologiste Carcel,
mort victime de son zèle pour la science ,
dans les environs de Smyrne. Ce g. fait
partie de la famille des Calyptérées, division
des Zoobies, tribu des Entomobies. Les es-
pèces assez nombreuses qu'il renferme se
rencontrent ordinairement dans les terrains
desséchés , et font entendre en volant un fort
bourdonnement. Les larves observées vi-
vent dans des Chenilles de Lépidoptères noc-
turnes. Des 21 espèces décrites et nommées
par l'auteur, 20 sont de France, et une, à ce
qu'il présume, est de Saint-Domingue ; nous
citerons parmi les premières la C. amœna ,
sortie de la chrysalide du Liparis chrysor-
rltœa. (D.)
CARCÉRLXAIRES. Carceridaris [carcer^
prison), eot. — M. de Mirbel appelle ainsi
les fruits secs indéhiscents renfermant un
petit nombre de semences libres. Il les di-
vise en trois groupes : la Cypsèle , le Cé~
rion et la Carcérale. Cette dénomination
correspond aux fruits pseudospermes de De
Candolle.
CARCÉRULE. Carcerula [carcer, prison).
BOT. — Nom donné par M. de Mirbel à des
fruits secs indéhiscents qui ne sont ni des
Gérions ni desCypsèles. Cette dénomination
répond à VUiricule et à la Samare de Gsert-
ner, au Scléranihe de Mœnch et au Cys-
lidium de Link : tels sont les fruits des Ama-
CAR
ranlhes , des Uriicécs , de la Belle-de-nuit ,
du Frêne, de l'Orme, etc.
CARCHARHIX, Blainv. poiss. — Syno-
nyme de Requin.
CAKCHARIAS (x^p^api'a;, requin), poiss.
— Nom latin du Requin.
•CARCIIARIODO\TES (xocp^apiaç, re-
quin ; ISovç , o'vToç , dent ). poiss. — Syno-
nyme de Glossopètres.
'CARCHÉSIER. Carchesium (xapx»îfftov,
hune). iN'Fus.— Ccg.,créé parM. Thunberg,
répond à la f^onicella Polypitim de Miillcr.
M. de Blainville , dans son Actinologie , a
conservé provisoirement le g. Vorlicelle ,
bien qu'il soit convaincu qu'il renferme des
êtres très hétérogènes.
CAlRClN.Carcinns (xapxt'voç, crabe), crust.
— Ce genre, rangé dans l'ordre des Dé-
capodes brachyures, et qui fait partie de la
famille des Portunicns, a été établi parLeach.
Cette coupe générique est ainsi caractérisée :
Carapace plus large que longue , fortement
dentelée sur les côtés. Régions branchiales
très développées. Front avancé, horizontal ;
orbites ovalaires, dirigées en avant, munies
d'une fissure à leur bord supérieur, d'une
à leur bord inférieur avec l'hiatus qui
existe à leur angle interne, logeant la base
de l'antenne externe. Antennes internes se
reployant obliquement en dehors dans leurs
fossettes, qui sont presque circulaires. Cadre
buccal plus large en arrière qu'en avant, avec
le troisième article des pattes-mâchoires for-
tement dilaté en dehors , et échancré à ses
lieux angles internes. Plastron sternal beau-
coup plus long que large , et fortement ré-
tréci en arrière. Tarses des pattes postérieu-
res un peu élargis , et de forme lancéolée ,
tandis que ceux des pattes précédentes sont
styliformes. Abdomen du mâie ne se com-
posant que de cinq segments. L'espèce type
lie ce g. est le Carcinus mœnas Leach {Ma-
lac. Brii., tab. 6, fig. 1, 2). Elle est très
commune sur nos côtes ; à marée basse, on
la trouve entre les pierres ou enfoncée dans
le sable; elle court sur la plage avec rapi-
dité, et peut être conservée hors dt l'eau pen-
dant très long- temps sans périr. Dans son
jeune âge, elle est très variée en couleur;
elle a quelquefois la carapace parsemée de
taches blanches, rouges ou noires, de formes
les plus bizarres. Suivant M. Savigny, elle
paraîtrait s'étendre jusqu'aux rivages de
CAR
235
l'Egypte. Quoique sa chair ne soit pas très
délicate, on en expédie cependant beaucoup
pour les villes de l'intérieur, dans les mois
de juin et de juillet; elle sert d'appât pour
la pèche lorsqu'elle est à l'état mou. La fe-
melle, suivant M. Bouchard Chaiitereaux,
porte de 18i,000 à 185,000 œufs, de cou-
leur jaune ou aurore, qui deviennent bruns
quelque temps avant l'éclosion. C'est à ce
crustacé, selon M. de Brébisson, que le peu-
ple , dans le département du Calvados, a
donné le nom de Crabe enragé. (H. L.)
CARCIMITES. Carciniies. ceust. — Ce
nom, anciennement employé pour désigner
tous les Crustacés fossiles de la grande fa-
mille des Brachyures, sert aujourd'hui à dé-
nommer un petit groupe de Crustacés vi-
vants, comprenant les g. Thia, Carcinus et
Pohjdectus.
CARCIMOIDES. Carcinoides. crust. —
Famille de l'ordre des Décapodes brachyu-
res, établie par M. Duméril.
CARCINOl'ODES. crust. foss. — Nom
donné aux pattes de Crustacés à l'état foesile.
CARCIXLS. CRUST. — Voyez caecin.
CARDAMAMTICA. bot. ph. — Syno-
nyme de Lepidium ruderale.
CARDAMUVDUM. bot. pu. —Nom donné
primitivement , par Tournefort, au g. Ca-
pucine.
CARDAMI\E. Cardamine ( xap5ap.c'v/) ,
nom chez les anciens d'une plante analogue
au cresson), bot. ph.— Genre de la famille des
Cruciféres-Pleurorhizées, tribu des Arabi-
dées, établi par Tournefort {Insi. 109) et adop-
té par tous les auteurs. Il renferme un grand
nombre d'esp. (76) répandues dans toutes
les contrées de la terre , mais principalement
dans le nord de l'ancien continent. Ce sont
des plantes herbacées annuelles , bisannuel-
les ou vivaces , souvent sarmenteuses à la
base , glabres ou assez rarement revêtues de
sétules simples ou d'une pubescence four-
chue; à racines fibreuses ou granuleuses:
à feuilles alternes, pétiolées , diversiformes:
les supérieures quelquefois sessiles , indivi-
ses , lobées ou pinnatiséquées ; à pétioles
ordinairement à peine dilatés à la base, très
rarement auriculés; à fleurs blanches, petites
ou roses, ou les branches disposées en grap-
pes terminales , aphylles. Dans quelques es-
pèces fort peu nombreuses , les pédoncules
sont radicaux et uniflores. Ces plantes par-
256
CAR
ticipent, mais à un faible degré, des qualités
générales naturelles aux Crucifères. On en
cultive plus de 25 dans les jardins de bota-
nique , et à peine 2 ou 3 dans ceux des
curieux ; parmi elles on remarque le Carda-
mine pratensis L., qui a produit une belle va-
riété à fleurs doubles. 15 esp. environ crois-
sent naturellement en France, dont 4 ou 5
aux environs de Paris. On les trouve dans
les endroits humides, les prés, les bois , etc.
(C. L.)
•CARDAMINOPSIS, C. A. Mey. bot. ph.
— Synonyme d'Arabis, Linn.
CARDAMOMUM, Rumph. bot. ph. —
Synonyme et esp. du genre Amomum. (C. L.)
'CARDAIVE. Cardamis , WestW. ins. —
Genre de la famille des Lamellicornes, dési-
gné dans les collections de Paris sous le nom
de Platycerus cylindricus , et faisant partie
du g. Eudora de M. de Laporte.
CARDÈRE. BOT. PH. — Nom vulgaire
français du g. Dipsacus. (C. L.)
CARDIACÉES. Cardiaceœ. moll. — Fa-
mille de l'ordre des Conchifères dimyaires ,
établi d'abord par Lamarck, sous le nom de
Cardiadées , puis modiflé plus tard par lui-
même, qui changea celte première dénomi-
nation en celle de Cardiacées. Sous cette der-
nière forme , elle comprend les g. Bucarde ,
Cardite, Cypricarde, Hyatelle, Isocarde, et
est placée entre les Conques et les Arca-
cées. Cuvier établit sous le même nom une
famille contenant un grand nombre de g.,
et correspondant assez bien à celle des Con-
ques de Lamarck. Latreille et Férussac ont
adopté cette famille, non sans la modifier ,
ce qui ne l'a pas rendue plus naturelle. M. de
Blainville a totalement démembré les Car-
diacées , dont il a réparti les g. dans plu-
sieurs familles de ses Lamellibranches. La
plupart des conchyliologistes s'accordent au-
jourd'hui à rejeter cette famille. (G. d'O.)
"CARDIADÉES. Cardiadeœ. moll — Nom
donné par Lamarck à une famille qu'il
nomma plus tard Cardiacées.
•CARDIADERL'S ( yiapêîa. , cœur ; Stpn,
cou). INS. — Genre de Coléoptères pentamè-
res, famille des Carabiques, tribu des Féro-
niens, établi par M. Dejean [Species, vol . III ,
p. 22), aux dépens du g. Dapius de M. Fis-
cher de Waldheim, et adopté par MM. Brullé
et de Castelnau. Ce genre est fondé sur une
seule espèce nommée C. chloroiicus par Ge-
CAR
bler, la même que le Pogonus luridm de
Sturm. Elle se trouve, suivant M. Fischer,
dans les steppes de la Sibérie. (D.)
*CARDIA!VDRA (xapiîi'a, cœur; à»iîp, en
botanique, étamine). bot. ph. — Genre de la
famille des Saxifragacées, tribu des Hydran-
gées, formé par Siebold et Zuccarini {Flor,
Jap., 1. 119. t. 65) sur un sous-arbrisseau du
Japon, à tiges herbacées , hautes de 60 à 70
centimètres , ramifères , à feuilles alternes ,
pétiolées , oblongues , aiguës , penninerves ,
dentées en scie , dépourvues de stipules ; à
fleurs disposées en corymbe, et dont les mar-
ginales en rayons sont stériles. (C. L.)
'CARDIAPUS (xapcîc'a, cœur ; itovç, pied).
INS. — Genre de Coléoptères tétramères , fa-
mille des Chrysomélines , tribu des Galéru-
cides , établi par M. Curlis , et adopté par
M. Westwood ( Synopsis of the gênera of
Briiish insecis ) , qui le range dans la sous-
tribu des Halticides. Ce g. a pour type une
espèce propre à l'Angleterre, nommée C.
MaUhewsii par M. Curtis. (D.)
CARDIAQUE, bot. ph. — Nom d'une
esp. du g. Leonurus.
*C ARDIGEIVIUS ( xap-îi'a , cœur ; y/vttov ,
menton), ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères, famille des Collaptérides, tribu des
Asidites, créé par M. Solier {^nn. de la Soc.
entom. de France, t. V, p. 492). Ce g. se dis-
tingue principalement de ceux de la même
tribu par son menton en forme de cœur.
L'auteur y rapporte deux espèces , qu'il
nomme C. cicairicosus et laticollis. La pre-
mière se trouve au Chili , et la seconde en
Amérique : localité inconnue. (C.)
"CARDILIE. Cardilia. moll. — Genre de
l'ordre des Conchifères dimyaires, famille des
Arcacées, établi par M. Deshayes sur Y Isocar-
dia semisulcata de Lamarck, et ayant pour ca-
ractères : Coquille ovale, oblongue , longitu-
dinale , cordiforme et ventrue ; crochets
grands et saillants ; charnière pourvue d'une
petite dent cardinale , qui se redresse à côté
d'une fossette ; ligament intérieur reçu dans
un cuilleron ; l'impression musculaire anté-
rieure arrondie et superficielle ; la postérieu-
re sur une lame mince, horizontale et saillan-
te dans l'intérieur. Animal inconnu. Les indi-
vidus sur lesquels ce genre a été établi ont été
recueillis à la Nouvelle-Hollande. (C. d'O.)
CARDINAL. MOLL. — Nom d'une esp. du
g. Cône.
CAR
CARDIIXALE. ins.— Nom français donné
par Geoffroy à un g. de Coléoptères penla-
mères de la famille des Trachélides , et
synonyme de Pyrochre. (D.)
CARDINALE, moll.— Nom d'une esp. du
g. Mitre.
CAKDIIVALE. bot. ph.— Nom d'une esp.
du g. Lobélie, d'un Glaïeul, d'une Sauge, etc.
CARDINALES, moll. — f^oy. dents.
"CARDINALIS. ois. — Genre formé par
Ch. Bonaparte en 1831, ayant pour type le
Loxia cardinalis de Linné, de l'Amérique
septentrionale. Foyez gros-bec. (Lafr.)
CARDINE. poiss. — Voyez calimande.
'CARDINIFÈRE. Cardiuiferus { cardo ,
gond, charnière; fero, je porte), moll. —
On donne ce nom aux Coquilles dont les
deux valves sont articulées par une sorte de
charnière.
"CARDIOCARPON ( xooScov, pe-
tite gousse), bot. pu. — Genre incomplète-
ment déterminé par G. Don [Sysi., 1 , 370),
et rapporté avi c quelque doute à la famille
des Polygalacées. Il renferme un petit nom-
bre d'arbrisseaux rameux , indigènes de l'A-
ir
266
CAR
frique tropicale , à feuilles alternes , ovales
ou cordiformcs, acuminées, entières; à grap-
pes florales axillaires, pauciflores. Le fruit ,
dont la forme a donné son nom au genre ,
est un drupe monosperme, soyeux, en forme
de gousse, dont l'unique graine est veloutée
comme lui. (C. L.)
*CARPOLOGIE (xapTToç, fruit; Xoysç, dis-
cours). BOT. — Nom donné à la science qui
a pour objet spécial l'étude des fruits.
CARPOLYZA. BOT. PH.— Genre établi par
Salisbury {Parad. Lond. , t. 63 ) dans la fa-
mille des Amaryllidées, pour une plante
du Cap , à feuilles linéaires , recourbées ; à
hampe contournée en spirale à la base ;
spathe à deux valves linéaires ; fleurs blan-
ches et penchées. L'espèce type est cultivée
depuis long-temps dans nos serres tempé-
rées où elle a été d'abord désignée sous les
noms de Crbmm lenellum ou spirale, Stru-
maria spiralis , etc.
"CARPOMORPHE. Carpomorpha ( xap-
«oç, fruit; popip-n, forme), bot. cr. — Nom
donné aux apolhécies des Lichens qui res-
semblent à des fruits, bien qu'il ne soit pas
prouvé qu'elles soient le résultat de la fécon-
dation et qu'elles renferment des semences.
*CARP01VEMA, DC. bot. ph.— Syn. d'He-
liophila, N. Burm.
*CARPOPHAGA {xapnéç, fruit ; tpayu, je
mange), ois. — Genre établi par Selby aux
dépens du g. Colombe , et ayant pour type
la Coliimba cenea. P^oy. pigeon. (G.)
'CARPOPRAGIIS (xapTToç, fruit; ipayu, je
mange), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
méres, famille des Curculionites, division
des Bruchides, créé par M. Mac-Leay {yfp-
pendix, suite à la Relation du voyage du
capitaine Phil. King, p. 447 ). L'auteur lui
donne pour type une espèce qui vit à la Nou-
velle-Hollande sur un arbrisseau du genre
Banksia , et qu'il appelle pour cette raison
C. Banksiœ. M. de Castelnau a adopté ce
g. dans son Histoire des Coléoptères; mais il
le place dans la famille des Chrysomélines,
tribu des Eupodes, entre les g. Megametus,
Mac-Leay, et Megalopus, Fabr, (c.)
'CARPOPHILUS (xapTTo;, fruit ;yt)io';, qui
aime ). ms. — Genre de Coléoptères penta-
niéres, famille des Clavicornes, tribu des
Nitidiilides de Mac-Leay, attribué à Leach
{Colcopt. Manual de M. Hope, p. 154).
Ce g. aurait pour type la Nitidula (lexuosa
CAR
de Fabricius, qu'on trouve en France et dans
une partie du reste de l'Eu.-ope. (C)
CARPOPHORE. Carpophomm (xapiro'ç,
fruit ; cp£pov, feuille). BOT. CR. — (Phycées.) L'algue
qui est devenue le type de ce nouveau g.
fondé par M. Greville [Syn. ^Ig., p. xxxij),
faisait autrefois partie du g. Sargasse. On
donne à ce g. les caractères suivants : Fronde
plane ou comprimée. Rameaux foliiformes
occupant les deux côtés opposée de la fronde
principale. Réceptacles cylindriques, tuber-
culeux, disposés en grappes {racewi) margi-
nales. Ces plantes, qui acquièrent de grandes
dimensions, habitent les côtes de îa mer Pa
cifique et de l'Océanie. (C. M.)
*CARPOPODIUM, DC. bot. ph, — Synv
d'Heliophila, N. Eurm.
•CARPOPOGOIV , Roxb. (xapTto;, fruit,
TTOjytov , barbe ). bot. ph. — Syn. de Mu-
cuna , Adans.
*CARPOTHECA (xoLpn-J.i, fruit ; 9„'xyi, cof-
fre ). BOT. CR. — (Phycées.) Mertens nomma.t
ainsi le réceptacle des Sargasses. (C. M )
CARPOTROCHE (xapTro'ç, fruit ; Tpox/)'?
pour -rpo^oç, rouel. bot. ph. — Ce genre , le
même que le Meyna de Raddi (lequel devait
changer de nom , puisque sous cette déno-
mination il en existait déjà un créé par Au-
blet), a été revu, défini et ainsi nommé par
M. Endlicher(Gen. Pi., 5066). Il appartient
à la famille des Bixacées , tribu des Proc-
kiées, et renferme un petit nombre d'arbres
brésiliens, à feuilles alternes, pétiolées, den-
ticulées , accompagnées de stipules pétio-
laires, subulées, décidues; à fleurs (polyga-
mes par avortement) blanches, odorantes,
soyeuses , disposées en grappes simples et
dressées (les mâles plus petites, moins nom-
breuses , séparées des hermaphrodites dans
certains individus), dont les pédicelles sont
munis d'une bractée et de deux bractéoles
alternes , et articulés au-dessus de la brac-
téole supérieure ; à fruit de la grosseur du
poing. (C. L.)
*C ARR ADORI A , Mart. (nom propre), bot.
CR. — (Phycées.) Synonyme du g. Polysy-
phonia, Grev. (C. M.)
CARRASSllV. Carrassinus. POîSS. — Nom
CAR
vulgaire d'une espèce de Carpe que les Alle-
mands appellent Karauscli, et dont on a fait
Carrassius, pour désigner spécialement cette
espèce de Cyprin. Il diffère surtout de la
Carpe par l'absence de barbillons ; il a aussi
le corps plus court , plus trapu. Rare en
France, il est un des plus communs dans
toute l'Allemagne, et dans les provinces mé-
ridionales et orientales de la Piussie, où Pal-
las a observé le fait si curieux que ce pois-
son , pris par les glaces pendant l'hiver, s'y
congèle et s'y engage si bien qu'on est obligé
alors de casser la glace pour le retirer d'entre
les morceaux. Tous ces individus reviennent
à la vie quand la chaleur fait fondre les gla-
ces. (Val.)
* CARREAU, roiss.— Nom vulgaire d'une
esp. du g. Carpe, Cyprinus carassius.
CARREAU. Fulgur, Mont. moll. — Syn.
de Pyrule.
CARRELÉE, rkpt. — C'est le nom sous
lequel Latreille a désigné l'espèce de Tortue
terrestre que Daudin appelait l'Aréole, et
Schoepfer Testudo areolala.
CARRKLET. poiss. — Nom vulgaire de
la Plie franche, Pleuronectes plalessa.
CARRICIITERA. bot. ph. — Genre de la
famille des Crucifères , ordre des Orthopla-
cées, tribu des Vellées, établi par DeCan-
doUe pour une petite plante annuelle, indi-
gène des parties méridionales de l'Europe et
du littoral de la Méditerranée. Ses caract.
sont : Étamines libres ; style ovale , plan ,
foliacé ; fleurs petites, jaunes, pâles; silicules
pendantes, à pédicelle infléchi.
•CARRIÈRE DES FRUITS, bot. ph. —
Sorte de concrétions pierreuses qui se trou-
vent dans l'intérieur de certains fruits, des
Poires surtout, et qu'on suppose formées par
des pelotons de glandes ou de vaisseaux ag-
glomérés auprès de l'ombilic, et s'étendant
le long de l'axe du fruit pour se grouper au-
tour des pépins. Elles contiennent quelque-
fois de la silice.
*CARTACÉ. Chartaceus {chariaceus, qui
a l'aspect du papier), bot.— Se dit de l'épi-
sperme et du péricarpe quand ils sont secs ,
flexibles et tenaces , ayant l'aspect du par-
chemin. Tels sont le péricarpe de VAtiagal-
lis arvensis , le '.egmen du Pyrus commu-
nis , etc.
XARTALLUM. ins. — Genre de Co-
léoptères tétraméres, famille des Longi-
CAR
287
cornes, tribu des Cérambycins, créé par Mé-
gerle dans le catalogue de Dahl , et adopté
par M. Serville, qui en a établi les caractères
{^nn. Soc. eni. de France, tom. III, p. 94 ).
L'espèce qui a servi de type à ce genre est
le Caliidium nificolle de Fab. , qu'on trouve
dans le midi de l'Europe et en Barbarie. Il
est à remarquer que, dans tous les ouvrages
antérieurs au dernier Catalogue de M. De-
jean, ce genre a été appelé Ceriallum , par
suite probablement d'une faute d'impres-
sion dans le premier index qui en a fait
mention. (C.)
CARTE GÉOGRAPHIQUE, moll. —
?fom vulg. d'une esp. du g. Porcelaine.
CARTE GÉOGRAPHIQUE BRUINE et
CARTE GÉOGRAPHIQUE FAUVE, ins.
— Noms sous lesquels Engramelle désigne
deux Lépidoptères diurnes, qu'on a cru long-
temps former deux espèces distinctes, et qui
n'en font qu'une malgré leur dissemblance
énorme, puisque l'une {Pap. prorsa de Linn.)
a le fond des quatre ailes en dessus d'un
brun noir, et l'autre [Pap. levana du même
auteur) a ce même fond d'un fauve vif, et qu'il
existe en outre des difl^érences assez notables
entre elles pour le dessin. Or, voici comment
on s'est assuré que l'une n'était qu'une variété
de l'autre. Sur un certain nombre de chry-
salides provenant de la même nichée de
Chenilles trouvée dans le courant de juin, on
a laissé éclore les unes dans leur temps,
c'est-à-dire en juillet, et l'on a mis les au-
tres à la cave pour en retarder l'éclosion jus-
qu'au printemps suivant. Celles-ci ont donné
des Cartes géographiques fauves, et les au-
tres des Cartes géographiques brunes ou
noires. On a fait plus ; on a laissé quelques
unes de ces chrysalides à la cave jusqu'au
mois de juillet, et alors seulement on les a
soumises à l'influence de la chaleur de la
saison : elles ont produit des Cartes géogra-
phiques noires. Enfin , parmi ces éclosions,
il s'est trouvé quelques individus qui parti-
cipaient des deux couleurs, et dont quelques
amateurs ont fait une troisième espèce, sous
le nom de porima. — On pourrait conclure
de ces expériences, que la Carte géographi-
que noire [prorsa) serait le type de l'espèce,
et que la fauve ou rouge [levana) n'en serait
qu'une variété occasionnée par l'influence
du froid auquel sa chrysalide est soumise
pendant l'hiver, variété devenue congtante
258
CAR
par la répétition annuelle de la même cause.
Toujours est-il que la levana ne se montre
jamais qu'au printemps , c'est-à-dire à la fin
d'avril, qu'elle se montre seule et en petite
quantité, et qu'elle ne reparait plus le reste
Je l'année ; de même qu'il est constant que
la Tprorsa ne commence à paraître qu'au
mois de juillet, qu'elle se montre également
seule, mais en plus grand nombre que la le-
vana , et qu'on continue de la trouver dans
l'arrière-saison dans les localités où elle est
commune. Ainsi, la noire, ou pjojvsa , pro-
vient nécessairement d'œufs pondus par la
rouge ou levana, qui éclosent en juin, et
la rouge , d'œufs pondus par la noire , qui
éclosent en août ou septembre , et dont
les Chenilles ne deviennent Papillons qu'a-
près avoir passé l'hiver en chrysalide.
Ces expériences ont été faites tant par l'au-
teur de cet article que par le docteur Bois-
duval ; et M. Geyer d'Augsbourg , qui en a
fait depuis d'analogues, a obtenu les mêmes
résultats.
Le Lépidoptère dont û est question dans
cet article appartient au g. Fanessa. Foyez
ce mot. (D.)
*CARTERET1A (Carteret, célèbre voya-
geur). BOT. PII. — Genre de la famille des Or-
chidacées, tribu des Malaxidées, formé par
M. A. Richard ( Sert, astral., X , t. 4 ), et ne
renfermant qu'une espèce. C'est une petite
plante parasite, vivace, découverte à la Nou-
velle-Guinée , à feuilles longues d'environ
33 centimètres ; à scape munie de bractées
vaginantcs, portant des fleurs verdàtres, pe-
tites, disposées en grappes. (C. L.)
•CARTERICA. (KapT/iptxoç, patient), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Longicornes, tribu des Lamiaires, créé
par M. Dejean dans son dernier Catalogue
et placé par lui entre les genres Pliœbe el
Agaponihia de M. Serville. L'espèce sur la-
quelle est fondé ce genre est originaire de
(Mayenne , et a été nommée par l'auteur C.
basalis. (C.)
"CARTEROIVÏX (xapxîpo'ç, fort;='vv?, on-
gle). INS. — Genre de Coléoptères pentamé-
res, famille des Lamellicornes, indiqué seu-
lement par M. Dejean dans son dernier Ca-
Ulogue, et dont M. de Castelnau a publié
depuis les caractères, mais sans adopter le
nom de M. Dejean , auquel il a substitué
celui de Monocrania. Voyez ce mot. iG.)
CAR
*CARTERUS (xapTEpo'î, robuste), iss.
Genre de Coléoptères tétramères, famille des
Curculionides-Gonatocères, division des Pa-
chyrhynchides, établi par M. Schœnherr sur
une seule espèce originaire de la Nouvelle-
Hollande , nommée C. squalidus par Mac-
Leay, et rapportée par M. Dejean au g. Pros-
lomus de Dalman. Si le g. dont il s'agit
est conservé, le nom devra en être changé ,
car M. Dejean l'avait déjà appliqué avant
M. Schœnherr à un g. de la tribu des Sca-
ritides.
On donne encore le nom ae Carterus à un
genre de Coléoptères peiilamères , famille
des Carabiques , tribu des Scaritides , établi
par M. Dejean ( Iconographie des Coléoptères
d'Europe, t. I , p. 233 , el Spec. gen. , t. V,
p. 615) sur le Diiomus inierceptus d'Hoff-
mansegg qui se trouve en Portugal. M. de
Castelnau a adopté ce g. dans son Histoire
des Coléoptères. (D.)
CARTESIA , Cass. bot. pn. — Syn de
Stockesia, L'hérit.
CARTHAME. Carthamus , Tourn. non
Berk. (altération du motarabegforiow, farde:).
BOT. rii. — Genre de la famille des Synan-
thérées , tribu des Cynarées-Carthamées,
formé par Tournefort, et renfermant à peine
deux ou trois espèces. Ce sont des plantes her-
bacées annuelles ou bisannuelles , croissanS
en Orient, et cultivées tant pour leur utilité
que pour l'ornement des jardins. Les racines
en sont fibreuses; les liges ramifiées; les
feuilles glabres, lancéolées, dentées , ciliées
ou épineuses ; les fleurs (capitules) sont d'un
jaune de safran , et passent en vieillissant à
l'orangé sombre. Dans ce genre les capitules
sont homogames ; l'involucre est formé de
trois séries de squames diversiformes ; les
réceptacles sont plans et couverts de fim-
brilles linéaires, fines ; les akènes glabres,
obovales-tétragones, sans aigrettes. L'esp. la
plus commune, elle plus généralement cul-
tivée sous le double rapport que nous avons
indiqué, est le C. tincioriiis (vulgairement
A\\. Safran bâtard) , ainsi nommé à cause
des deux principes colorants qu'on en tire : le
premier jaune, très soluble dans l'eau et alté-
rant les qualités du second ; celui-ci rouge,
soluble seulement dans les alcalis, dont il
est précipité par les acides. Cette dernière
couleur a toutefois peu de fixité ; mais
comme ses nuances sont fort belles et va-
CA.R
rient a l'infini , les teinturiers l'emploient
généralement et spécialement pour les étof-
fes de soie et de coton. En Orient, cette cou-
leur, mêlée au talc réduit en une poudre ex-
trêmement fine , forme un fard fort recher-
ché par les dames. Ses graines, appelées Grai-
nes de Perroquet, sont violemment purgatives
pour l'homme et nutritives pour les Perro-
quets : autrefois employéesen médecine, elles
sont maintenant tout-à-fait inusitées. (C. L.)
*CARÏHAMÉES. Carthameœ. bot. pu.—
Nom donné par Cassini à une section de la
tribu des Cynarées , ayant pour type le g.
Caithamus , et comprenant en outre les g.
Kenlrophijllum , Onobromu et Carduncellas.
*CARTIIAMIl\E.Cn«/iam?nrt.cniM.— Nom
donné par John au principe colorant des
fleurs du Carîham.e.
CARTHAMOIDES, Vaill. bot. pu.— Syn.
de Carduncellas.
-CARTHODIUIVI, Sol. bot. pu.— Syn. de
Craspedia, Forst.
CARTILAGE. Carlitago. zooL. — Tissu
souple, élastique, d'un blanc opalin, n'étant
évidemment qu'un état primitif du système
osseux, dont il ne diffère qu'en ce qu'il ren-
ferme de moindres quantités de matières
terreuses et fort peu de gélatine. Les Carti-
lages sont isolés, dans le nez , les oreilles , la
trachée-artère, etc. ; sur d'autres points, ils
revêtent les extrémités articulaires des os,
leur servent d'intermédiaires, ou bien se
continuent avec eux. Leur fonction alors
est d'amortir les chocs par leur élasticité,
et de résister aux frottements qui tendent à
détruire ces parties. La membrane fibreuse
analogue au périoste qui recouvre les Car-
tilages a reçu le nom de périchondre. Avec
l'âge la plupart des Cartilages finissent par
s'ossifier, et l'identité des tissus osseux et car-
tilagineux est telle qu'on voit les Cartilages
devenir os, et dans certaines circonstances ,
comme le rachitisme , les os devenir carti-
lagineux. Dans la classe des Oiseaux , où
l'ossification est rapide, il n'existe presque
pas de Cartilages , et la composition chimi-
que des parties cartilagineuses offre des
différences notables avec celle de ces mêmes
parties chez les Mammifères. Les Reptiles,
dont le tissu osseux contient peu de gélatine,
se rapprochent sous ce rapport des Poissons
ehondroptérygiens ; le squelette de ces der-
niers est mou, flexible et presque entièrement
CAR
269
composé de Cartilages ; on n'y trouve pas de
sels calcaires ni de gélatine, mais une ma-
tière particulière qui a beaucoup d'analo-
gie avec le mucus.
Parmi les invertébrés, les Mollusques bi-
valves seuls présentent, dans le ligament ar-
ticulaire de la charnière des valves, une es-
pèce de tissu cartilagineux. Nous renvoyons
à l'article ostéogénésie pour les détails des-
tinés à compléter cet article. (C. d'O.)
CARTILAGINEUX (poissons), poiss. —
Ployez CnONDROPTÉRYGlEN'S.
CARTONEMA (xapro;, tondu; v~y.a, fi.
lament). bot. pu. — Genre de la famille
des Commélinacées, formé par M. R. Brown
{Prodr., 271), et ne contenant encore
qu'une espèce. C'est une plante herbacée,
vivace, indigène de la Nouvelle-Hollande
tropicale, couverte de poils lâches et ayant
assez bien le port du Pliilydrum; à racine
tubéreuse au-dessous des fibres ; à lige sim-
ple ou peu ramifiée, feuillée, garnie de feuil
les linéaires, allongées, amplexicaules; à
fleurs jaunes, sessiles, bibractéées , dispo-
sées en un épi mulliflore, terminal ; bractées
foliacées , persistantes , dont l'une sous-ten-
dante et l'autre intérieure latérale. Cette
plante est cultivée dans les jardins. (C. L.)
CARTOIVMIÈRES. ins. — On applique
cette dénomination à quelques espèces de
Guêpes américaines qui construisent leurs
nids avec une substance ressemblant beau-
coup à du carton, quant à la couleur et à la
texture, /^eijez guêpes. (El.)
CARUM, vulgairement CARVI (.^Carie,
province de l'Asie-Mineure ; mot emprunté
à Pline), bot. pn. — Genre de la famille des
Ombellifères, tribu des Amminées, formé par
Linné, revisé par Koch [Umbell., 121) et ren-
fermant? ou 8 espèces, réparties par M. De
Candolle dans deux sous - genres : Carvi
et Bulbocasianum. Ce sont des plantes an
nuelles, bisannuelles ou vivaces , indigènes
des parties médianes et australes de l'Eu-
rope et de l'Amérique , du nord de ce der
nier continent ainsi que de .l'Inde supé-
rieure. Les racines en sont ordinairement
tubéreuses , comestibles ; les feuilles pen-
natiséquées , dont les segments multifides ;
l'involucre et les involucelles nuls ou po-
lyphylles ; les fleurs blanches. On en cul-
tive plusieurs espèces dans les jardins : et
la plus commune d'entre elles, le C. carvi ,
270
CAR
croît naturellement aux environs de Paris.
Elle est bisannuelle, et s'élève quelquefois à
près d'un mètre. Les principaux caractères
de ces plantes sont : Un stylopode déprimé ;
des styles défléchis ; un carpophore libre ,
bifurqué au sommet. (C. L.)
'CARUMBIUM, Reinvr. bot. ph. — Syn.
û'Omalantlius, Ad. Juss.
*CARVAIVACA , Hodg. ois.— Syn. d'OE-
dicnème , correspondant au g. Esacus de
M. Lesson , et ayant pour type l'E. recurvi-
rostris. (G.)
CARVI. BOT. PH. — Ployez CARUM.
CARVIFEUILLE. Carvifolium, Vill. bot.
PH. — Syn. de Selinum carvifolium.
CARVIFOLIA , L. bot. ph. — Synonyme
de Selinum. (C. L.)
CARYA (xapva, noyer), bot. ph. — Genre
de la famille des Juglandacées , formé par
Nultal aux dépens de plusieurs espèces du
Jugions de Linné , et renfermant une dou-
zaine d'espèces environ. Les principaux ca-
ractères différentiels de ce genre sont: 3 ou
6 étamines au lieu de 14-16 ; un seul style
sessile , au lieu de 2, etc. Les plantes qui le
composent sont toutes propres à l'Amérique
boréale. Ce sont des arbres dont les jeunes
parties sont couvertes d'une pubescence étoi-
lée ; leurs feuilles sont alternes, imparipen-
nées, dépourvues de points glanduleux et de
stipules ; les pédoncules mâles et femelles
sortent en même temps que les feuilles de
la même gemme; les femelles sont termi-
nales, triflores; les mâles, situés sous les
feuilles, sont munis de deux stipules et dis-
posés en trois épis, lesquels sontamentacés,
grêles, pendants et étroitement bractées. Ces
arbres fournissent d'excellents bois à l'éco-
Homie industrielle. (C. L.)
CARl'BDÉE. Carybdea (nom mytholo-
gique). ACAL.— Genre de Méduses établi par
Pérou et adopté par Lamarck pour deux es-
pèces, dont l'une , Carybdée marsupiale, ha-
bite la Méditerranée, où M. Milne-Edwards a
pu l'étudier avec soin ( f^. Ami. se. naiur.,
t. XXVIII , p. 248 , pi. 11 , 12). Eschscholtz
rapporte, sans l'avoir vue, cette même es-
pèce à son genre Oceania. Les caractères
donnés à ce g. par Péron et Lamarck sont :
Corps orbiculaire , convexe ou conoide en
dessus, concave en dessous, sans pédoncule,
Ei bras ni tentacules , mais avec des lobes
divers i £on bord. Ces lobes , qui sont au
CAR
nombre de quatre , longs et effilés dans la
C. marsupiale, doivent cependant être regar-
dés comme des tentacules. L'autre espèce
de Péron , C. périphylle , a été observée par
cet auteur dans l'océan Atlantique équato-
rial ; elle est large de 3 à 4 centimètres.
MM. Quoy et Gaimard en ont décrit deux
espèces nouvelles dans le voyage de l' Astro-
labe [C. bicolore ti C. bilenlaculée) . Voyez
OCÉANIE. (Duj.)
*CARYCHÏE. Carychium. moll.— Genre
établi par Bluller pour deux petites Coquilles
terrestres que la plupart des conchyliologis-
tes confondent parmi les Auricules.
*CARYED01\ (xapva,noix ; f^w, je ronge).
INS. — Genre de Coléoptères tétramères, de
la famille des Rhynchophores, proposé par
Steven pour certaines esp. du g. Bruche ,
dont le corps est plus allongé, les cuisses
postérieures renflées, et les jambes licéai-
res arquées, terminées intérieurement en
pointe. Le type est le Bruchiis gonagra.
CARYGUEYA. mam. — Nom de pays du
g. Dideiphe.
*CARYOBORUS (xapv'a, noix ; ffopo;, vo-
race). ins. — Genre de Coléoptères tétramères,
famille des Curculionides-Orthocères, divi-
sion des Bruchides , établi par M. Schœn-
herr , et auquel il donne pour type le Bru-
cltus serripes d'Hoffmansegg , originaire du
Brésil. M. Dejean, dans son dernier Catalogue,
n'adopte pas ce g. , dont il fait seulement
une division du g. Bruchus de Fabricius.
Voyez ce mot. (D.)
CARYOCAR (xapuov, noix), bot. ph. —
Genre de la famille des F.hizobolacées, créé
par Linné ( Mant. , 247 ), et contenant 7 es-
pèces environ. On lui réunit comme sections
les deux genres Pekea et Souari d'Aublet, et
comme synonyme le Rhizobolus de Gaeriner,
lequel n'étant pas adopté n'aurait pas dû
laisser son nom à la famille. Ce sont des ar-
bres fort remarquables de l'Amérique tropi-
cale , à rameaux opposés, articulés, portant
des feuilles opposées, péliolées, palmées-tri-
foliolées , dont les folioles très courtement
pétiolulées , coriaces, veinées -rugueuses ,
dentées en scie ; les pétioles sont articulés à
la base et dépourvus de stipules ; les fleurs
terminales, belles et disposées en grappes ,
les pédicelles articulés à la base et au som-
met. Les amandes renfermées dans les noix
sont comestibles, et, chez quelques espèces ,
CAR
le C butyraceum, par exemple, elles donnent
une huile très abondante , grasse . épaisse ,
butyreuse, qu'on emploie souvent à Caycnne
en guise de beurre. On en cultive plu-
sieurs dans nos serres en Europe. Quant
au rapport ornemental , la plus élégante est
le C. nuciferum L., grand et bel arbre, dont
les fleurs , d'un pourpre très sombre et
presque noir, n'ont pas moins de U à 15
centimètres de hauteur sftir un diamètre
proportionné ; les filaments staminaux sont
extrêmement nombreux , exserts , et leur
belle couleur jaune tranche avec la teinte
foncée des pétales , dont les bords infé-
rieurs et supérieurs sont toutefois d'un
rouge cocciné vif. (C. L.)
CARYOCATACTES. ois. — Synonyme
latin de Casse-Noix.
"CAKYOCIILOA, Trin. wo» Spreng. (xâ-
pvov , noix ; y\ô-i\ , herbe ). bot. ph. — Genre
de la famille des Graminées, tribu des Ory-
zées, institué par Trinius [ex Nées, in Mart.
Fl. Bras., II, 299) pour une ou deux plantes
brésiliennes encore peu connues. Les chau-
mes en sont gazonnants; les épiUets monoï-
ques et uniflores dans chaque panicule, qui
est terminale. Dans les deux sexes , les glu-
mes, au nombre de deux, sont mutiques, et
les paillettes nulles ; deux styles à stigmates
plumeux dans les femelles ; six élamines
dans les mâles. Cariopse globuleuse, libre.
(C. L.)
*CARYODAPHNE (xx'puov, noix; (îâyv/i ,
laurier ). bot. ph. — Genre de la famille des
Lauracées , tribu des Cryptocariées , formé
parBlume [in Nées Laurin.), et comprenant
trois espèces environ. Ce sont des arbres ja-
vanais , à feuilles trinerves ou triplinerves ;
à gemmes axillaires pédicellées , formées de
squames peu nombreuses, subcoriaces , ca-
rénées; à pédoncules axillaires , courts , as-
sez raides , trichotomes ou subcorymbeus ,
ou en grappes presque simples. (C. L.)
CARYOLOBIS, Gaertn. bot. ph. — Syn.
de Dipierocarpus, Gœrtn.
CARYOPHYLL^US. helm. — Ce genre,
qu'on appelle indifféremment en français
Caryophyllée ou Géroflé , a été établi par
Bloch et adopté par tous les naturalistes.
Cuvierle rapporte aux Trémaiodes, et M. de
Blainville à son ordre des Vers apodes pj-o-
boscéphalés. L'espèce type est parasite des
Poissons d'eau douce , et particulièrement
CAR 271
des Cyprins d'Europe. On la trouve commu-
nément dans l'intestin des Brèmes, des Bar-
beaux, etc.
LesCaryophyllées, qui forment dans l'or-
dre auquel elles appartiennent une famille
sous le nom de Pruieocephala (Blainv.), se
reconnaissent aux caractères suivants :
Corps mou, un peuténioide et subarticulé;
tête élargie , de forme variable, et laissant
sortir inférieurement une sorte de trompe
sans crochets. Anus terminal postérieure-
ment; appareil générateur bisexuel , porté
sur des individus dilférents. L'organe femelle
est ouvert un peu en avant de l'extrémité
postérieure aussi bien que l'organe mâle, qui
se distingue par un appendice simple et sail-
lant. (P. G.}
CARYOPHYLLAIRES. Caryophijllaria.
poLYP. — Lamouroux avait établi sous cette
dénomination un ordre de Polypes à poly-
piers pierreux , comprenant les g. Caryo-
phyllie, Turbinolopse , Turbinolie et Cyclo-
lithe ; il les séparait des Astrées , des Fongies
et des Méandrines. Ce mode de classifica-
tion , peu en rapport avec les affinités des
animaux dont il vient d'être question , n'a
pas prévalu (p. g.)
CARYOPHYLLASTER (xa'pvov, noix;
PywWa'ç, feuillage), bot. ph. — Synonyme
à'Anlherura. (C. L.)
CARYOPHYLLATA , Tourn. bot. ph. —
Syn. de Geim, Linn.
CARYOPHYLLÉES. Caryophylleœ. bot.
PH.— L'ancien nom de l'OEillet, Caryophyllus,
quidésigne maintenant une toutautre plante,
le Giroflier, avait été appliqué à une cer-
taine forme de fleur, et, par suite, à une clas-
se de la méthode de Tournefort. La plupart
des auteurs l'ont laissé à la famille qui com-
prend la plupart des plantes de cette classe ,
quelques uns ont proposé de le changer en
celui de Dianihées. Nous avons conservé le
nom de Caryophyllées, si bien établi, quoi-
qu'il soit contraire aux règles de la nomen-
clature.
Les caractères de ce groupe éminem-
ment naturel sont les suivants : Calice
à 4-5 folioles libres ou soudées en tube jus-
qu'à une certaine hauteur. Pétales alternes,
onguiculés ou sessiles, entiers ou bilobés ,
insérés sur le support de l'ovaire ou sur un
anneau charnu , un peu soudé avec la base
de l'ovaire, manquant quelquefois entière-
272
CAR
ment. Elamines en nombre double, rare
ment égal par avortement, insérées avec les
pétales, à filets quelquefois monadelphes.
Ovaire stipité ou sessile, surmonté de 2-5
stigmates linéaires, longs, sessiles ou conti-
nuant autant de styles, hérissés de papilles
sur leur face interne. Ovaire traversé dans
son centre par un axe épais qui porte des
ovules campulitropcs plus ou moins nom-
breux, séparés quelquefois par autant de
cloisons qu'il y a de stigmates, mais le plus
souvent par la brièveté ou l'avortement de
ces cloisons dans une loge unique. Fruit très
rarement charnu, presque toujours capsu-
laire, s'ouvrant en 2-5 valves, à une seule
loge, quelquefois coupée de cloisons incom-
plètes, renfermant plusieurs graines amphi-
tropes sur un placenta central. Embryon re-
courbé autour d'un périsperme farineux, à
radicule tournée vers le bile, à cotylédons
oblongs.
Les genres qui composent cette famille
sont des plantes herbacées , devenant ra-
rement sous-frutescentes, à feuilles oppo-
sées, indivises, assez souvent connées à leur
base, dépourvues de stipules ; à inflorescence
dichotome ou ramassée en cymes pms ou
moins contractées.
Nous avons conservé ainsi l'ancienne cir-
conscription des Caryophyllées, que les au
leurs les plus modernes étendent en leur
adjoignant les genres apétales ou à insertion
périgynique dont on avait fait les Scléran-
thées et les Paronychiées , lesquelles en ef-
fet s'en rapprochent beaucoup.
Les espèces nombreuses se rencontrent
dans les parties tempérées ou froides du
globe , et celles des tropiques ne font pas
exception à la règle, puisqu'elles croissent
sur les montagnes, et jusqu'à leur limite la
plus élevée.
Trib. ]■. ALsiNÉEs. Folioles du calice dis-
tinctes. Pétales sessiles.
Genres : Sagina, L. {Spergelta, 'Keichenh.)
— ^lsineUa,'Di\\.) — Buffotiia, Sauv. — Que-
ria, Lœfïl. — Alsine, Wahlenb. {Minuartia,
Lœffl. — Siebera, Schrad. — Sommeratlera,
Hopp. — Oierleria , Hall.) — Triplaleia ,
Baril. [Hijmenella, Moç. et Sess.) — Honhe-
iieja, Ehr. [Adenarium, Piafin. — Haliaii-
Ihu^, Fries. — Hallia, Dumort. — Ammona-
tia, Besv.) — Lepyrodiclis, Fenzl. — Merckia,
Fisch. [Wilhelmsia, Reichenb.)— Z?o/oj)/jrûfif-
CAR
ma, Fenzl. — Thylacospermum, Fenrl. (t-'e-
riandra, Cambess.) — Arenaria, h. Iircmo-
gone, Fenzl. {Gouffeia,'DC.) — Mœliringia,
L. — Krascheninikovia, Turczan. — Bracliy-
siemma, Don. — Odoniostemma , Benth. —
Holosteiim, L. — Stellaria, L. [Adenonema,
Bung.) — Larbrea, St.-Hil. — Ceraslium,'L.
{Eumarchia, Reich.)— iP/œjïc/aa, E'HT.—Ma-
lachium, Fries.
Trib. 2. silénées. Foliobs du calice sou-
dées en tube. Pétales onguiculés.
Genres : J^eleùa , L. — Dianlhus , L.
{Kohlranschia, Kunth. — Tiinica , Scop.) —
Gypsophila, L. [Diclioqloiiis, Fisch. — Hele-
rochroa, Bung.— Rokejeka, Forsk. — Banf-
fi/a, Baumg.) — Sapnnana, L. — f^accaria,
3Iedic. — Silcne, L. [Otites, Ott. — Booiia,
Neck.) — J^iacaria, Rohl. — Lyclinis, Tourn.
[Githago, Desf. — Agrostemma, L. — Hedeo-
ina , Lour.^ — Cucubalus , Tourn. [Scribœa,
FI. Welt. — Lychnanihus, Groel.) — Drypis,
Mich. — Acaniophyllum , G. A. Mey. (Ad. J.)
CARIOPHILLES. polvp. — Syn, de Ca-
ryophyllites.
CARYOPHYLLIE. Caryophyllia. polyp.
— Genre de Polypiers pierreux établi parLa-
marck pour un nombre assez considérable
d'esoèces, mais que les progrés ultérieurs de
la science ont fait partager eu plusieurs au-
tres. L'étude des animaux de ce polypier a
dû les faire rapporter aux Rayonnes zoan-
thaires , qui ont, comme on sait, un seul
orifice intestinal, habituellement entouré de
tentacules. Ils sont de la même famille que
les Astrées. Plusieurs espèces sont fossiles ,
et se trouvent dans des terrains marins dont
l'ancienneté varie ; d'autres sont aujourd'hui
vivantes. Leurs polypiers sont fixés tantôt
isolément , tantôt plus ou moins fascicules ,
mais jamais soudés en masse à la manière
de ceux des Astrées. Il y en a dans nos mers .
On partage les Caryophyllies en Desmophyl-
lum, Ehrenb. ; Ci/a//iina, Ehrenb.; Caninia ,
Michel. ; Stephanocora, Ehrenb.; Monomy-
ces, Ehrenb.; iLz//iorfe?jd^oH, Schweig. ; Ca-
lamophyllia , Blainv. (P. G.)
CARYOPHYLLITES ( xapuoc^v^ov , clou
de girofle), polyp. — Nom des Caryophyllies
fossiles dans différents ouvrages. (P. G.)
CARYOPHYLLODEIVDROIV. bot. ph.
— Synonyme de Giroflier, f^oy. ce mot.
CARYOPUYLLOroES. pol. — Syn. de
Caryopbyllites.
CAR
CARYOPIIYLLUM, Endl. bot. ph. —
Synonyme de Diunihus, Linn.
CARYOPIll'LLLS. bot. pu. — Nom la-
lin du g. OKillet.
'CARYOPTERIS ( xot'pvov , noix ; TUTtpi';
[TtTEpov], aile). EOT. PH. — Genre de la famiie
des Verbénacées, .^de la tribu des Lippiées,
créé par Bungc (/-"/. Mongolico-chin., dec. 1,
Cosem. 1835) sur une seule plante décou-
verte dans la Mongolie. C'est un arbrisseau
dont toutes les parties exhalent une légère
odeur ; les feuilles en sont presque entières,
blanches ; les fleurs , d'un beau bleu , sont
disposées en panicules axillaires , opposées
ou alternes et terminales. (C. L.)
*CARÏOTAXLS, Zucc. (xapyov , noix ; -râ-
Ço; , if). BOT. pir. — Syn. de Torreya, Arn.
CARYOTE. Curiiota. bot. ph. — Genre
de Palmiers de l'Asie équatoriale établi sous
ce nom par Linné , el qui pendant long-
temps n'a renfermé qu'une seule espèce
très répandue dans les jardins de botanique,
le Caryoïa urens , plante non moins remar-
quable par le feuillage que par ses autres
caractères.
Les Caryoïa sont des Palmiers à fleurs
monoïques réunies sur le même spadice,
sessiles et ternées sur les rameaux de ce spa-
dice ; la fleur médiane femelle , les latérales
mâles. Plusieurs spalhes entourent la base
du spadice ; chaque fleur mâle présente une
enveloppe florale double chacune à trois
parties, l'extérieure imbriquée, l'intérieure
valvaire. Les étamines sont nombreuses (de
12 à 30) , réunies par la base de leurs filets
en une sorte de godet au centre duquel on
ne voit aucune trace de rudiment de pistil.
Les anthères sont linéaires , fixées par leur
base. Les fleurs femelles ont leur double
périanlhe à sépales imbriqués , trois étami-
nes avortées qui manquent quelquefois , le
pistil à ovaire triloculaire surmonté de
trois stigmates sessiles. Le fruit est une baie
à deux graines , ou à graines souvent soli-
taires ; chaque graine , demi-sphérique , a
un périsperme corné et runciné ; l'embryon
est placé sur le côté extérieur et convexe de
la graine.
La tige est simple, élancée, lisse; les feuil-
les, assez espacées, laissent des cicatrices
annulaires sur la tige ; elles sont bi- ou tri-
pennées, et les folioles cunéiformes,
triangulaires , obliquement tronquées , sont
ï. iri.
CAS
273
dentelées et lacérées sur leur bord terrainaî;
les spadices sont très grands , pendants ,
et naissent entre les feuilles.
Pendant long-temps, on n'a connu qu'une
espèce de ce genre, le Caryoïa urens, qui
doit ce nom spécifique à la sensation brû-
lante que cause la chair de son fruit lors-
qu'on veut le manger. On confondait avec
elle le Caryoïa rumpliiana Mart. , et le Ca-
ryoïa soholifera Wall. , auxquels on doit
encore ajouter le Caryoïa miiis de Loureiro ,
et trois espèces nouvelles de Java décrites
par M. Blume. Toutes sont de l'Asie équato-
riale, et présentent le même port et le même
feuillage que le Caryoïa urens.
Quant au Caryoïa horrida de Jacquin, qui
est originaire de Caracas, il appartient pro-
bablement à un autre genre. (Ad. B.)
*CASALEA (l'abbé Manoel Ayres de Ca~
sal). BOT. PH. — Genre de la famille des Re-
nonculacées, tribu des Renonculées, formé
par M. A. Saint-Hilaire {FI. Bras., I, 6, t. 1)
pour renfermer les espèces de Renoncules
tripétales , au nombre d'environ 5 ou 6. Ce
sont des plantes herbacées , vivaces , très
glabres , croissant dans les marais de l'Amé-
rique boréale, tropicale et extra-tropicale;
à feuilles alternes , entières ou partîtes ; à
fleurs blanches ou jaunes , petites ou même
quelquefois très petites, portées sur des pé-
doncules oppositifoliés. (C. L.)
CASARCA. OIS. — Nom d'une esp. du g.
Tadorne (Tarfo (72(2 casarca], érigée en g. par
M. Ch. Bonaparte. (G.)
CASCALHO. GÉOL. —C'est le nom qu'on
donne au Brésil à une espèce de Poudingue
formé de fragments arrondis de Quartz réu-
nis par un ciment ferrugineux, dans lequel
les Diamants se trouvent le plus communé-
ment engagés.
CASCARILLA, Adans. bot. ph. —
nonyme de Croiou, Linn.
"CASCELILS. INS.— Genre de Coléop
res pentamères , famille des Carabiques
tribu des Harpalides, créé par Curtis ( Trans
Lin. Soc. Lond., V, 183), et qu'il a composé
de deux espèces (C Gravesii et Kingii) pro-
venant du détroit de Magellan.Ce genre cor
respond , du moins en partie , à celui que
M. Guérin-Méneville a établi antérieure-
ment sous le nom de Creobius [Mag. zool.,
[ royage de la Favorite, 1838, p. 225), rayez
CKSOBiUS. C^-)
13
274
CAS
CASCniVE. poiss. — Nom d'une esp. du
g. Mormyre.
CASCOLYTRIJM , Desv. BOT. ph. — Sy-
nonyme vicieuï de Cliascolijtrum.
CASEARIA ( J. Casearius, collaborateur
de Rheede). bot. ph. — Genre de la famille
des Samydacées, formé par Jacquin {Amer.,
132), et renfermant une cinquantaine d'es-
pèces, dont une douzaine ont été introduites
dans les jardins européens. Ce sont des ar-
bres ou des arbrisseaux croissant dans les
régions tropicales, et principalement en Amé-
rique. Les feuilles en sont alternes, disti-
ques, très entières ou dentées en scie, pellu-
cides-ponctuécs, accompagnées de stipules
pétiolaires géminées; les fleurs verdàtres
ou quelquefois roses , disposées en ombelles
ou agglomérées dans les aisselles des feuil-
les, plus rarement solitaires, portées sur des
pédicelles articulés, bractées à la base. Ce
genre se divise en deux sous-genres : a. Ca-
searia proprement dit, divisé en 5 sections ;
b. Chœiocrater. Il ne diffère du genre Sa-
myda , avec lequel il compose la petite fa-
mille des Samydacées, que par un périanthe
( simple dans les deux } 4-G-fide et non 4-
5-fide ; 12-30 étamines au lieu de 8-18 ;
un stigmate à divisions distinctes ou sou-
dées , au lieu d'être simple ; une capsule
3-4-valve et non 3-5-valve, etc. (G. L.)
CASET. INS. — Les pècbeurs donnent cç
nom à certaines larves , et particulièrement
à celles des Phryganes, de l'ordre des Névrop-
tères,dont ils se servent pour amorcer leurs
lignes.
CASEUM. zooL. — royez lait,
CASIA, Tourn. bot. ph. — Synonyme
à'Osyris , Linn.
CASIGIVETUS (xao-tVnfoç, frère), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Lamellicornes , tribu des Lamprinites ,
établi avec doute par M. Mac-Leay ( Horœ
eniomol. , édit. Lequien , p. 13), parce qu'il
supposait que l'insecte sur lequel lî se fon-
dait pourrait bien être la femelle de son Pho-
lidotus Icpido.sus; ce qui, en effet, s'est véri-
fié depuis. Ainsi le mot Casignetus doit être
rayé du vocabulaire entomologique. (C.)
CASIMIRA , Scop. BOT. pn. — Synonyme
de Melicocca, Linn.
'CASIMIROA (nom propre V bot. ph. —
Genre formé par La Llave et Lexarca {IS^ov.
yeg. Descr. , u , 2), et dont la place dans le
CAS
système naturel n'a pu encore être filée, fl
ne renferme qu'un petit arbre indigène d3
Mexique, à feuilles pinnées-palmées, qui-
nées ou septénées , péliolées , lancéolées,
glabres, entières ; à fleurs en grappes ; à baie
du volume d'une grosse pomme et d'un goût
très agréable. (CL.)
CASMAROYIVCHOS ou mieux Chasma-
RHYNCHos, Tem. OIS. — Syn. d'Aieraiio.
"CASJVOIDEA. INS.— Genre de Coléoptè-
res pentamères, famille des Carabiques,
tribu des Troncalipennes , établi par M. de
C&slc\nau {Biiffon-Ditméiiil, Ins., t. I, p. 28)
aux dépens du g. Casmnia de Latieille , et
auquel il donne pour type la C. cyauoce-
phala Fab., des Indes orientales. Celte esp.
se distingue des autres Casnonies par le pé-
nultième article de ses tarses, qui est forte-
ment bifide et presque bilobé. (D.)
"CASNOIVIA. INS.— Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Carabiques , tribu
des Troncalipennes, établi par Latreille aux
dépens des Odacaniha de Fabricius , et
adopté par M. Dejean [Species , t. I, p. 170).
Ce g. est le même que celui créé postérieu-
rement par Klug sous le nom à' Oplnoiiea ,
et il faut y rapporter le Colliuris siirinamen-
sis de Degéer. Les Insectes qu'il renferme
sont tous exotiques , et ont quelques rap-
ports de forme avec certains Apodenis éga-
lement exotiques. C'est sans doute à cause
de cette ressemblance que Linné avait fait
un Attélabe de la Casnonia pensylvanica , la
seule espèce qu'il connût. Les Casnonia sont
de petite taille, de couleurs variées, et
se font remarquer par leur tête prolongée et
rétrécie postérieurement en forme de col;
par leur corselet allongé , étroit surtout en
avant , et par leurs élytres presque carrées.
M. Dejean en désigne 12 espèces dans son
dernier Catalogue, et n'en décrit que 8 dans
son Specics. Sur les 12 , 8 sont de l'Amé-
rique, 3 du Sénégal, et 1 des Indes orienta-
les. Nous n'en citerons que deux : la C.
inœqualis Dcj., du Brésil, et la Casn. senega-
lensis Encycl., du Sénégal. (D.)
CASOAR. CasiLurius ( Cassiiwaris , nom
de cet oiseau en langue malaise), ois. —
Gertre de l'ordre des Échassiers brévipennes
deCuvier, ayant pour caractères : Bec court,
droit, comprimé, arrondi vers le bout, ca-
réné en dessus, portant à sa base un casque
osseux ; mandibule inférieure molle , flexi-
CAS
ble, anguleuse à son extrémité ; fosses na-
sales se prolongeant dans toute la longueur
du bec ; narines petites, situées à la partie la-
térale de la pointe du bec, et couvertes d'une
membrane médiane; cou et joues nus ; à la
base du cou deux fanons pendants ; pieds ro-
bustes, musculeux, à tarses nus et réticulés,
munis de trois doigts dirigés en avant et
armés d'ongles inégaux, l'ongle interne trois
fois plus grand que les autres ; ailes impro-
pres au vol , portant cinq baguettes arron-
dies , pointues et sans barbes ; rectrices
nulles.
Cet oiseau, qui paraît être le représentant
de l'Autruche dans les îles de l'archipel in-
dien, où cette dernière cesse de se montrer,
en diffère assez par son analomie pour former
un genre à part. II a les intestins courts, les
cœcums petits, pas de ventricule succentorié,
et le cloaque n'excède pas celui des autres
Oiseaux ; mais il s'en rapproche par d'autres
particularités organiques , et surtout par sa
structure osléologique : car comme elle il a
un sternum aplati, et des clavicules épaisses
soudées avec l'omoplate ; mais il s'en éloigne
de nouveau par le nombre de ses vertèbres
cervicales qui n'est que de treize ; par la pré-
sence d'une rotule et par la privation d'un
os pubis. Le casque qui recouvre sa tête est
une saillie de l'os frontal , d'un tissu cellu-
leux, qui augmente de volume à mesure que
l'oiseau se développe, et paraît affaisser la
partie supérieure des orbites. Une mem-
brane de nature cornée et formée de cou-
ches concentriques recouvre cette singulière
protubérance. L'œil du Casoar, petit , à iris
jaune clair, et garni d'un rang de poils noirs
arrondis en forme de sourcils , donne à sa
physionomie une expression dure et farou-
che. Sa tête et le haut de son cou sont nus
ou simplement couverts de quelques poils
rares , surtout autour du trou auriculaire.
Toute cette partie est revêtue d'une peau
d'un violet ardoisé sous b gorge , bleue
sur les côtés, rouge vif derrière le cou et
sillonnée de rides. Les caroncules qui lui
pendent au bas du cou sont mi-parties de
rouge et de bleu. Le devant du sternum est
dénué de plumes, et couvert d'une callosité
nue, produite par la pression du corps de l'a-
nimal quand il se couche.
Les plumes qui le couvrent sont lâches ,
décomposées et si dépourvues de barbules
CAS
275
que , vues même de près , elles ressemblent
à du poil d'Ours ou de Sanglier ; leur cou-
leur est un brun-noir luisant. Leur lon-
gueur, qui s'accroît à partir du cou jus-
qu'au croupion , leur fait cacher complète-
ment cette partie, qui est dépourvue de
queue.
L'aile, qui n'a guère que 9 centimètres de
longueur, porte cinq tuyaux de plumes noirs,
fistuleux , sans barbes , dont le plus long a
près de 3 décimètres. On les regarde comme
une arme défensive , mais le fait n'est pas
prouvé.
La taille du Casoar est moindre que cell<
de l'Autruche ; car il n'a guère plus d'ur.
mètre et demi de hauteur, et son corps est
plus massif.
Le Casoar habite les îles de l'archipel in-
dien , et surtout les forêts profondes de l'île
Céram. Ceux qu'on élève à Amboine n'en
sont pas originaires, ils y ont été apportés des
îles situées plus à l'est. Cet oiseau paraît
être fort rare ; en 1597, époque où les Hol-
landais l'apportèrent de Java en Europe
pour la première fois , on leur en avait fait
présent comme d'un oiseau peu commun.
Clusius , qui l'a décrit le premier, l'avait
désigné sous le nom à'Émeu ou d'Émé,
et Bontius, sous celui de Cassoware , dont
nous avons fait Casoar.
Le caractère du Casoar est sauvage ; on
le dit même méchant lorsqu'il est en liberté,
et, quand il veut attaquer ou se défendre, il
se sert de son pied, au moyen duquel il déta-
che de vigoureuses ruades. On prétend même
qu'il lance des pierres en arrière. Poivre ,
qui en a élevé un en liberté à l'Ile de France,
dit l'avoir vu plusieurs fois frapper de ses
pieds les arbres chargés de fruits qu'il ne
pouvait atteindre, afin de les en détacher.
Du reste , c'est un animal stupide et glou-
ton , mais facile à apprivoiser. Sa démarche
est bizarre et saccadée, ce qui ne l'empêche
pas d'être un excellent coureur.
Il vit éloigné des demeures de l'homme,
etse nourrit de fruits , d'oeufs et même , dit-
on, de petits animaux qu'il avale sans les
diviser. Ceux qu'on a élevés en domesticité
se contentaient de tous les genres de nour-
riture ; du pain, des fruits, des racines pota-
gères grossièrement coupées en faisaient la
base. Ils boivent abondamment, et con-
somment de 4 à 5 litres d'eau par jour.
276
CAS
Les Casoars vivent le plus communé-
ment par couples solitaires ; à l'époque des
amours , le mâle est allcint d'une sorte
de frénésie qui le rend fort dangereux. La
femelle pond dans un trou creusé dans le
sable trois ou quatre oeufs cendrés , verdà-
tres vers le gros bout , et parsemés en cet
endroit de tubercules d'un vert plus foncé.
Ils sont moins gros et plus allongés que
ceux de l'Autrucbe , et la coque en est
fragile. Abandonnés pendant le jour à la
chaleur du soleil , la mère ne les couve que
pendant la nuit, et le mâle reste étranger à
l'incubation , dont la durée, observée chez
ceux élevés en domesticité , est de 28 à 30
jours. Les petits, dans leur jeunesse , sont
dépourvus de casque, et couverts seule-
ment de duvet, bariolé alternativement de
roux clair el de blanc grisâtre. Chez eux,
le doigt du milieu est légèrement frangé.
Le cri du Casoar est une sorte de gro-
gnement guttural qui, dans la colère, de-
vient un bourdonnement très ronflant. Sa
chair est de mauvais goût: aussi ceux qu'on
élève sont-ils seulement un objet de curio-
sité.
Les naturalistes s'accordent assez peu sur
la place à assigner à cet oiseau. Les unsle
mettent à la fin des Gallinacés , entre cet
ordre el les Échassiers : Cuvier le range en
tcle des Echassiers, M. Lesson le place avec
les Oiseaux anormaux , au commencement
de toute la classe; mais, quelle que soit la
place qu'on lui assigne dans la méthode, on
ne le sépare pas de l'Autruche, et on le rap-
proche presque toujours de l'Outarde , avec
laquelle il a des caractères communs.
Nous renvoyons au mot émou , pour le
Casoar de la Nouvelle-Hollande , qui diffère
assez du Casoar a casque (représenté dans
l'Atlas de ce Dictionnaire , Oiseaux , pi. S ) ,
pour former un genre à part, et qui parait
servir de passage de ce dernier à l'Au-
truche. (G.)
'CASPARE.4 ou CASPARIA (nom pro-
pre). BOT. PII. — Genre de la famille des
Papilionacécs, tribu des Ca;salpiniées, formé
par Runth [Atm. se. uat., I, 85), et dont le
lype est le Bauhinia pes caprœ. Il renferme
un petit nombre de plantes croissant dans
l'Amérique tropicale. Ce sont des arbres ou
des arbrisseaux inermes, à feuilles alternes
plus ou moins profondémetU bilobées, mu-
CAS
mes de stipules péliolaires , géminées; à
fleurs blanches , roses ou rouges, disposées
en grappes axillaires et terminales , et por-
tées sur des pédicelles unibractéés à la
base et bibractéolés au sommet. Le légume
est stipilé , sec , largement linéaire , com-
primé, bivalve, poljsperme. (C. L.)
CASQUE. Gulea. zooL., bot.— On appelle
ainsi , en ornithologie, la proéminence cal-
leuse qui se trouve sur le sommet de la tète
de certains Oiseaux, tels que le Casoar et les
Calaos.
En entomologie, celle expression a été em-
ployée par Lyonnet, pour désigner l'ensem-
ble des parties solides qui composent l'en-
veloppe extérieure de la léle des Insectes ;
et Réaumur appelle ainsi la pièce roulée ,
mobile cl de consistance membraneuse qui,
dans les Névroptères et les Orthoptères ,
recouvre les mâchoires. Celle expression
correspond à celle de Galète.
En botanique , on désigne aussi générale-
ment sous ce nom la lèvre supérieure des
corolles bilabiécs, quand elle est voûtée in-
férieurementen forme de casque. Telles sont
les divisions supérieures du périanlhe des
Orchidées, etc. (G.)
C.4SQLE. Cassis {cassis, casque), moll. —
Bruguière est le créateur de ce genre ; il l'a
formé avec l'une des sections des Buccins
de Linné, cl l'a caractérisé pour la première
fois dans VEnctjclopéI. Quoy et Gaimard , dans
le Voijage de l'Astrolabe , ont donné des fi-
gures de plusieurs espèces de Casques.
L'animal, dans ce genre, développe un lar-
ge pied qui dépasse la coquille en avant eleu
arrière. Ce pied est coupé transversalement
en avant; il est plus arrondi en arrière, el il
porte à son extrémité un opercule corné, as-
sez épais, et presque toujours rayonné du
point apical qui est marginal , comme dans
les Pourpres , jusqu'à la circonférence. Celle
disposition de l'opercule est surtout très re-
marquable dans le Casque sillonné de la
Méditerranée. Le manteau s'élale en dehors
de la coquille, non seulement sur le bord
droit, mais encore sur le gauche, où il cou-
vre toute la callosité qui s'y trouve. En avant,
ce manteau se prolonge en un canal charnu,
fort long , qui , à la base, a une duplicaturc
qui ne dépasse pas les bords de l'échancrure
de la coquille ; tandis que le canal lui-même
est très allonge, recourbé dans sa longueur,
et dirigé par l'animal d'avant en arrière. La
tête est assez grosse , subtriangulaire , sup-
portée par un col court. En dessous, on voit
une fente buccale longitudinale , par la-
quelle l'animal fait sorlir et rentrer une
grosse trompe cylindrique, à l'extrémité de
laquelle se trouve la véritable bouche. Le
bord antérieur de la tête est concave , et les
angles se prolongent en deux longs tentacu-
les coniques, à la base desquels et sur le côté
externe se montrent les yeux saillants. L'a-
nimal des Casques marche lentement ; il n'a
pas les allures vives et promptes de la plu-
part des Buccins. Comme tous les autres
Mollusques de la même famille, les Casques
vivent d'autres animaux. Ils se tiennent dans
le voisinage des sables, à peu de profondeur
sous l'eau ; souvent ils se cachent dans le
sable presque entièrement, et vont y atta-
quer les Mollusques bivalves qui s'y tiennent
et qui deviennent pour eux une proie assez
facile.
Les caractères du genre, d'après la coquille,
sont les suivants : Coquille bombée ; ouver-
ture longitudinale, étroite, terminée en avant
par un canal court brusquement redressé
vers le dos de la coquille. Columelle plissée
ou ridée irrégulièrement; bord droit épais,
en bourrelet, presque toujours denté en de-
CAS
277
dans ; bord gauche développé en une large
callosité.
Dans le genre Casque , il y a plusieurs es-
pèces très grandes qui sont recherchées dans
le commerce pour la fabrication des Ca-
mées; presque toutes sont ornées de vives
couleurs. Elles se distinguent des Cassidaires
par la brièveté du canal terminal, et des Buc-
cins parla longueur de l'ouverture, le bour-
relet du bord droit, ainsi que par la forme
particulière de la callosité du bord gauche.
La plupart des espèces sont, comme les Tri-
tons, garnis de varices irrégulièrement dis-
tribuées, et qui sont les traces des premiers
bourrelets du bord droit.
Le genre Casque comprend un assez grand
nombre d'espèces, soit vivantes , soit fossi-
les. Les vivantes proviennent , pour le plus
grand nombre, des mers interlropicalcs; les
fossiles se rencontrent toutes dans les ter-
rains tertiaires. On en compte plus de trente
vivantes et vingt fossiles. (Desiî.)
CASQUILLOIV. MOLL. — Nom vulgaire
d'une esp. du g. Nasse.
"CASSAIVDRA. eot. pu.— Une des divi-
sions établies par Don ( Edinb. new philos.
Jourii. XVIL 168) dans le g. Amlromeda , et
dont le type est VA. cabjculata.
CASSARD. OIS. — Nom vulgaire ancien
delà Buse commune.
CASSAVE. BOT. PU. — Espèce de pain ou
de galette préparée avec la racine du Jairo-
plia maniliot , vulgairement appelé Manioc,
râpée ou broyée, dont on exprime le suc,
qui est un poison très subtil, et que des chi-
mistes modernes pensent être de l'acide hy-
drocyanique. La Cassave , cuite entre deux
plaques de fer, est un mets commun aux In-
des , et forme la base de la nourriture des
nègres de nos colonies. Les créoles eux-mê-
mes la mangent avec plaisir, bien qu'elle
soit très fade. Descourtilz , qui a vécu à Saint-
Domingue, dit qu'elle conserve toujours un
goût désagréable, semblable à l'odeur de l'u-
rine de souris. Il a sans doute mangé de la
Cassave mal préparée , el mêlée à une pro-
portion assez considérable d'extractif et de
fibre végétale ; car on ne trouve rien de sem-
blable dans celle qui nous est envoyée sous
le nom de Sagou blanc ou de Tapioka.
(C. d'O.)
CASSE. Cassia { xacrat'a , le Cannelier ou
son écorce?). bot. ph.— Genre important d«
Q78
CAS
la famille des Papillonacées, Iribu des Caesal-
pinices, formé par Linné {Gen., 5l4) et ren-
fermant aujourd'hui plus de 300 espèces ,
plus ou moins bien déterminées. En voici ,
d'après les auteurs modernes, les caractères
principaux : Calice 5-phylle , dont les folio-
les inégales , décidues , soudées à la base.
Pétales 5, insérés à la base du calice, ongui-
culés , inégaux , alternant avec les lacinies
de celui-ci. Étamines 10, ordinairement
inégales , insérées avec les pétales, dont 3
postérieures souvent stériles, et 5 alternes
manquant quelquefois; filaments filiformes
ou subulés , libres. Anthères biloculaires,
déhiscentes au sommet par une petite fente
ou un double pore , et s'ouvranl en même
temps de la base. Ovaire sessile ou le plus
souvent stipité, multi-ovulé. Style filiforme;
stigmate simple ou finement cilié, quelque-
fois renflé. Légume cylindrique ou plan-
comprimé, ligneux , coriace, indéhiscent ou
bivalve, uniloculaire ou multiloculé par des
cloisons transverses, souvent polysperme et
rempli de pulpe. Graines comprimées , al-
bumineuses. Ce sont des arbres, des arbris-
seaux, des arbustes ou des herbes inermes,
répandues dans les contrées tropicales et sub-
tropicales du globe. Leurs feuilles sont al-
ternes , abrupli-pennées ; les folioles multi-
juguées, très entières, munies de stipules
pétiolaires géminées; les pétioles le plus or-
dinairement glanduleux ; les fleurs presque
toujours jaunes.
Plusieurs botanistes se sont occupés de ces
plantes , et en ont distrait un certain nombre
d'espèces pour en composer des genres nou-
veaux, qu'on s'accorde assez généralement à
regarder comme de simples mais excellentes
sectionsdugenrecommun.ee sont, outre une
nombreuse synonymie, que le cadre de ce li-
vre nous oblige à passer sous silence-. Fisuda,
DC, Chamœfiuula, DC. (celui-ci sous-divisé
ainsi: 2^ylobium,\og.; Euchamcelisiula.Yog.;
Herpelica, DC. ; (Jncolobium, Vog.) ; Proso-
sperma, Vog. ; Chamœsenna , "Vog. ; Senna ,
DC.; Psilorhegma, Vog. ; Lasioiliegma, Vog.
(sous-divisé en : ylbsus, DC. ; Baseophyllum,
DC. ; Cliamœcrista , DC. ; ou en Xerocarpiis ,
Vog.; Euchamœcrisia, Vog. ). Les Casses sont
en général de belles plantes ; on en cultive
prés d'une centaine dans les jardins d'Eu-
rope. La plupart d'entre elles possèdent des
qualités purgatives à un degré plus ou moins
CAS
élevé , et les plus employées sous ce rapport
sont les Cassia lanceolala Forsk. , fisiula L.
(vulgairement le Canéficier) , senna L., obo-
vata Collad. , aculifolia Del. (toutes trois
portent dans le commerce le nom de Séné).
La Casse dite en bâton ou des boutiques est
le fruit du Canéficier ; ce fruit est une gousse
cylindrique, ligneuse, longue de 50 à 60 cen-
timètres, d'un brun noirâtre, plane sur les
deux sutures , et dont les intervalles sont
remplies par de nombreuses stries transver-
sales très fines et très serrées ; l'intérieur est
occupé par un nombre considérable de loges
remplies d'une pulpe rougeâtre et d'une sa-
veur douceâtre , dans chacune desquelles
nage une seule graine. Cette pulpe est un
purgatif très doux et très fréquemment em-
ployé. (C. L.)
CASSE AROMATIQUE et CASSE GI-
ROFLÉE. BOT. PU. — Noms anciens de la
Cannelle.
CASSE EN BOÎS et CASSE ODO-
RANTE. BOT. PH. — Synonymes de Cassia
lignea et odoraïa.
CASSE-LUNETTE, bot. ph. — Syno-
nyme vulgaire d'Euphraise officinale, et d«
Centaurée-bleuet.
CASSE-MOTTE ou BRISE -MOTTE.
OIS. —Nom vulgaire du Traquet motteux.
CASSE-NOISETTE, ois.— Nom vulgaire
de la Sitlelle torchepot.
CASSE-NOI\. IVucifraga, Briss. ; Caryo-
caiacies, Cuv. ois Genre de l'ordre des Pas-
sereaux, de la division des Coniroslres et de
la famille des Corbeaux. Ses caractères sont :
« Bec fort, allongé, droit, tendu , longicône
et comprimé sur les côtés , à pointe un peu
déprimée et légèrement obtuse ; à mandibule
supérieure dépassant l'inférieure ; à narines
basales , petites , arrondies , recouvertes par
les plumes frontales sétacées et dirigées en
avant comme chez les Corbeaux. Tarses mé-
diocres, sculellés ; doigts latéraux à peu prés
égaux, l'externe soudé au médian à sa base,
l'interne totalement séparé ; ongles peu ar-
qués, mais très allongés, surtout le posté-
rieur et le médian, comprimés et très acérés.
Ailes construites sur le type obtus , à qua-
trième et cinquième rémiges les plus lon-
gues , la première courte et arrondie. Queue
moyenne, arrondie, à douze rectrices. »
LesCasse-noix peuvent être regardés com-
me formant dans la famille desCorvidées un
CAS
groupe isolé d'Oiseaux à moitié grimpeurs,
qui, au lieu d'avoir, comme tous les autres
genres de cette famille, des habitudes mar-
cneuses et percheuses , doivent au con-
traire, d'après la conformation de leurs
pattes , jouir très peu de la première de ces
facultés, et posséder en revanche celle de se
tenir cramponnés et suspendus aux troncs
«taux branches d'arbres. C'est efl'ectivement
ce qu'ils font habituellement, soit pour ex-
traire de dessous les écorces ou de l'intérieur
du bois mort les larves perforantes, soit pour
dépecer les côHes et les pignons des arbres
résineux et se nourrir de leurs amandes. Ils
font évidemment partie de ces espèces de
transition qui , dans la plupart des genres
nombreux, s'éloignent des espèces types par
des anomalies de forme comme de mœurs ;
on peut raisonnablement dire qu'ils forment,
dans la famille des Corbeaux, un groupe
d'Oiseaux suspenseurs analogue à celui des
Becs-croisés dans celle des Fringilles.
On conçoit que , d'après leur genre d'ali-
mentation, les Casse-noix soient habitants des
pays de forêts, et surtout de forêts monta-
gneuses couvertes de Sapins : aussi les trouve-
t-on le plus communément en France , dans
l'Auvergne et la Lorraine , sur les Alpes, en
Suisse et en Savoie : ils se retrouvent aussi,
selon Vieillot, en Sibérie et au Kamschatka.
Confinés en quelque sorte dans leurs forêts
montagneuses , ils semblent ne les quitter
qu'à la dernière extrémité ; et, lorsque la di-
sette d'aliments les force à descendre dans
les pays de plaines jusque dans nos dépar-
lements du Nord , ce qu'ils ne font qu'à des
époques assez éloignées et. irrégulières , ils
sont alors si affaiblis par le défaut de nour-
riture, qu'ils se laissent approcher et tuer
souvent à coups de bâton; il suffit de leur
présenter des appâts pour qu'ils donnent en
foule dans tous les pièges qu'on leur tend. Ils
se nourrissent alors de noisettes, de fruits du
hêtre, de glands, et quelquefois même de jeu-
nes Oiseaux et d'œufs , suivant Temminck ;
ils escaladent les arbres , et en frappent l'é-
corce, qu'ils percent à coups de bec , selon
le même auteur. La croyance qu'ils causaient
un grand préjudice aux forêts, en perçant les
gros arbres à la manière des Pics, leur a fait,
d'après Vaillant, déclarer une guerre conti-
nuelle de la partdes propriétaires, ce qui se-
rait la cause de leur non-propagation dans les
CAS
279
bons pays et de leur retraite dans les forêt?
escarpées. Nous avons peine à adopter une
telle opinion ; car s'il en était ainsi, nos Pics,
reconnus bien positivement comme perceurs
de n.os Chênes et des meilleurs arbres de
nos forêts, auraient dû encourir la même dis-
grâce, et être également repoussés dans les
forêts des montagnes; tandis que nous les
voyons au contraire habiter paisiblement,
malgré leurs dégâts reconnus et quelques
déclarations de guerre partielles, non seule-
ment nos forêts en plaines , mais nos moin-
dres boqueteaux et nos campagnes, pour peu
qu'elles soient plantées de quelques arbres.
En second lieu, leur bec, à pointe un peu dé-
primée et à mandibules d'inégale longueur,
peut bien leur servir à dépecer les écorces ,
peut-être même l'extrémité des branches
vermoulues, ainsi que les pignons et les cô-
nes d'arbres résineux , mais non à ouvrir un
trou dans le cœur d'un arbre sain , comme
peut le faire le bec à pointe comprimée et
cunéiforme des Pics , qui , d'ailleurs , ne
creusent ces trous qu'afin d'y établir leur
couvée ; tandis qu'il est reconnu que les
Casse-noix nichent dans les trous naturels
des arbres creux , où ils pondent cinq ou
six œufs d'un gris fauve avec quelques ta-
ches d'un gris brun. Nous avons peinéà croire
également que les Casse-noix puissent escala-
der et grimper le long des troncs d'arbres
comme lesPics; car nous reconnaissonsbien,
dans la forme de leurs ongles, une analogie
véritable avec ceux des Oiseaux qui peuvent
se tenir momentanément cramponnés ou ac-
crochés verticalement , mais non avec ceux
des espèces réeJlement grimpeuses , comme
Pics , Grimpereatix , SitltUes , etc.
Notre Casse-noix proprement dit {Nuci-
fraga caryocatactes hnss.fCorvus caryocatac-
tes Lin.,Gmel., le Casse-noix Buff. Eul.bO ,
Vieil. Gai., pi. 105) a tout le plumage d'un
brun couleur de suie, sans tache sur le som-
met de îa tête et le dessus du cou, mais cou-
vert sur tout le dos, excepté sur le croupion
et sur les petites couvertures de l'aile, de
gouttelettes blanches qui ne se présentent
plus sur la gorge et le devant du cou que
comme des stries fines et rares ; tandis que
sur les côtés du cou , sur la poitrine et tout
le dessous , elles forment de larges taches
presque confluentes. Les ailes et la queue
sont d'un noir luisant; celle-ci est large-
230
CAS
ment terminée de blanc , l'iris est noisette ,
le bec et les pieds sont noirs. La femelle a le
plumage teint d'une nuance roussâtre , avec
des variations accidentelles dans lesquelles
domine plus ou moins le blanc.
On a cru long-temps que l'espèce euro-
péenne était la seule du genre; mais, dans
ces derniers temps , on en a découvert
deux autres en Asie et dans l'Inde, différant
à peine de la nôtre. De plus, le docteur
Breh m a cru reconnaître dans la nôtre deux
espèces distinctes confondues jusqu'alors,
et reconnaissables aux proportions du bec ;
il les a distinguées sous les noms de JYuci-
fraga macrorliyncluis et IVucifrurja ùrachy-
rhynchus (Brehm, his, 1820). S'il n'y a d'au- j
tre différence spécifique , comme je le pré-
sume, que dans les proportions du bec , il se-
rait bien possible que l'âge seul apportât ces
différences chez des individus de cette espèce,
comme chez tant d'autres. M. Bâillon (d'Ab-
beville) les cite néanmoins toutes deux au
nombre des espèces qui visitent l'arron-
dissement d'Abbeville ( Catalogue zoolo-
gique de cet arrondissement, p. 11). Dans
le Calvados , cet oiseau apparaît aussi à des
époques éloignées et irréguliéres ; il est de
passage accidentel en Hollande, selon Tem-
minck , qui ajoute, dans la quatrième partie
de son Manuel, que les allures et le genre de
vie de cet oiseau tiennent beaucoup de ceux
des Pics.
Ce genre fait partie , pour nous comme
pour tous les auteurs anciens et modernes ,
de la famille des Corvidées et de la sous-
famille des Corvinées ; mais il forme dans
cette sous-famille, comme nous l'avons déjà
dit, un petit groupe particulier et distinct par
ses mœurs de tous les autres de la famille.
(Lafr.)
Depuis la publication de l'article précé-
dent, l'bistoire du Casse-Noix d'Europe, s'est
enrichie de quelques faits qui nous parais-
sent trop intéressants pour que nous omet-
tions de les rapporter.
La plupart des naturalistes, Buffon entre
autres, ont parlé de la singulière habitude
qu'a le Casse-Noix de cacher dans les trous
des arbres, dans desanfractuosi tés de rochers,
le superflu des fruits dont il fait sa nour-
riture. Cette habitude, qu'il partage avec
plusieurs espèces de la famille des Corvidés,
nutarament avec la Pie, serait le fait, a-t-on
CAS
dit, d'un instinct de prévojEnce. L'oiseau ne
ferait ainsi des provisions, vers la Gn de
l'été, qu'en vue de la disette que l'hiver va
nécessairement apporter. Que ce soit là, ou
non, le vrai motif qui porte le Casse -noix à
cacher les restes d'un aliment dont il vient
de se repaître, restes qui ne peuvent, dans
tous les cas, que lui offrir des ressources bien
insuffisantes et, très-certainement, bien
temporaires; toujours est-il que les diverses
cachettes d'aliments qu'il établit sur quel-
ques points des cantons qu'il fréquente
paraissent constituer de vrais greniers de
prévoyance.
Ce sont là des faits depuis longtemps
acquis : ceux dont il nous reste à parler n'en
sont que le complément, car ils ont rapport
à la manière dont l'oiseau fait ses récoltes.
M. de Sinéty a recueilli à ce sujet des dé-
tails fort curieux, qu'il a consignés dans une
note adressée à l'Académie des sciences
(Séance du 2 mai 1853), et que nous lui
emprunterons.
Cet habile observateur a constaté qu'à la
fin de juillet et pendant le mois d'août,
quand les noisettes sont mûres, le Casse-
Noix descend régulièrement des régions nei-
geuses des montagnes de la Suisse, où il
habite en grand nombre, et s'approche des
lacs et des villages, dans les parties oîi crois-
sent les noisetiers, il l'a vu cueillir les fruits
de ces arbres, les éplucher de manière à les
dégager de leur enveloppe foliacée, en con-
servant l'amande recouverte de sa coque
ligneuse, puis les introduire un à un dans
son gosier, et en emporter de la sorte jus-
qu'à douze ou treize à la fois.
En présence de l'un des greniers de pré-
voyance du Casse-Noix, on pouvait croire
que l'oiseau y portait les uns après les autres
les fruits qu'on y rencontre, «comme nous
voyons, dit M. de Sinéty, des espèces de
genres voisins, les Pies et les Corneilles, en-
lever au bout de leur bec des noix ou des
pommes de terre ; ou bien que, comme le
Geai, dans l'œsophage duquel on trouve
quelquefois deux ou trois glands (1), cet
(1) Le fait dont parle M. de Sinéty est beaucoup
plus fréquent qu'il semble le dire, et la quantité de
jrlands que renferme l'œsophage de la plupart des
Geais, qui viennent de la gl.'ndée, est très-souvent
plus considérable II n'es» pas rare, en effet, de
tuer au mois d'uclobro, .-i l'époque des migratioriS,
des Geais qui emportent cinq à six glands dans
l'œsophage. Nous en avons rencontré qui ea avaient
CAS
orgaae, très-dilatable aussi chez lui, l'aidait,
à ramasser plus de graines à la fois, et lui
évitait aiusi de multiplier ses voyages à
rinliui. Avec des moyens aussi simples, l'oi-
seau ne serait jamais parvenu à accumuler
la masse de fruits dout il fuit provision, et
la nature prévoyante lui a donné un organe
particulier dout aucun anatomiste n'a ja-
mais parlé.
» Cet organe est un sac à parois très-
minces, ouvert immédiatement sous la lan-
gue bifide de l'oiseau, et dont l'orifice
occupe toute la base de la cavité buccale. Il
est placé immédiatement au-dessous du
muscle peaucier, dans l'angle des deux
branches de la mâchoire inférieure, ou il
occupe le triangle situé entre cesdeux bran-
ches. Ce sac, entièrement dilatable, est
situé au-devant du cou, où il fait saillie
des trois quarts à gsuche du la ligne mé-
diane- Sa longueur est environ des deux tiers
de la longueur du cou de l'oiseau.
» Mais comme si la nature n'avait pas cru
faire assez en dotant le Casse-Noix (oiseau
éminemment voleur, comme le sont certai-
nes espèces de singes à abajoues) d'une poche
assez semblable à celle des Pélicans, elle lui
a donné, en outre, un œsophage très-dila-
table aussi, pour lui servir de seconde poche.
A son origine, cet œsophage occupe les deux
tiers de la face antérieure de la colonne ver-
tébrale, sur laquelle il se trouve immédia-
tement placé, se dirigeant très-obliquement
de haut en bas et de gauche à droite. Son
orifice s'ouvre largement à la base de la
langue, et peut atteindre le même diamètre
que celui de la poche. » A l'aide d'une
pareille organisation, le Casse-Noix peut ai-
sément garnir ses greniers .
Si l'existence de la poche dont il vient
d'être question a longtemps échappé à l'ob-
servation des naturalistes, c'est que, comme
le fait observer M. de Sinéty, l'oiseau ne s'en
servant qu'au moment de sa récolte mati-
jusqu a dix. Dans ce cas, l'oiseau porte au cou,
comme l'a observé M. de Sinéty chez le Casse-Noix)
«lie énorme protubérance irrégulière, qui comprime
les voies aériennes, au point de rendre tout cri dif-
ficile, et qui anihilerait même la respiration, s.ins la
résistance et l'élasticité des anneaux cartilagineux de
in trackée-artère. Le Geai, du reste, doit pouvoir
laciiemeat rejeter le; glands ainsi accumulés, car
]a momdre contraction volontaire de l'oiseau, la plus
'■H^ère pression cxerrce sur l'œsophage, suffisent pour
l'js expulser tous, même ceux qui sont le plus pro-
:i-:idi!iient engagés.
T. 111.
CAS
281
nale, ce n'est aussi qu'à ce moment qu'elle
se manifestect qu'elle peut, par conséquent,
attirer l'attention de l'observateur. Très-
visible pendant qu'elle est en fonction, cette
poche est dissimulée quand l'oiseau l'a com-
plètement vidée.
Passé dix ou onze heures du matin, le
Casse-Noix quitte le pied des montagnes
pour rentrer dans la région des sapins, dont
il ne s'écarte plus que le lendemain au lever
du jour.
Lorsqu'après s'être repu et avoir butiné
çà et là son contingent de noisettes, le
Casse-Noix regagne le canton où sont ses
cachettes , pour y déposer les provisions
qu'il vient de faire; ces provisions, entassées
dans la poche et dans l'œsophage forment,
sous le cou, un énorme goitre qui atteint
quelquefois le double du volume de la tête
de l'oiseau, et qui est très apparent, même
quand il vole. M. de Sinéty en a tué sou-
vent dans ce moment-là (qui est aussi celui
où le Casse-Noix se laisse le mieux appro-
cher), et a retiré jusqu'à sept noisettes du
sac buccal, et six autres de l'œsophage du
même individu. Un sujet tué en novem-
bre 1854, à Barcelounette, et présenté par
M. de Sinéty à M. Isidore Geoffroy Saint-
Hilaite, avait la poche gorgée, non plus de
noisettes, mais de graines, infiniment plus
petites, du Pinus cembra.
Il serait intéressant, non-seulement de
constater si les deux Casse-Noix asiatiques,
le Nucifraga hemipsila (Y ig.) elNucif. mul-
tipunctata (Gould) sont pourvus, comme
notre espèce, d'une poclic buccale ; mais
aussi de voir si quelques autres Corvidés,
parmi ceux qui font des provisions, ou qui
emportent à la fois à leurs petits une grande
quantité de nourriture, n'eu offriraient pas
des traces.
Une poche semblable ou analogue n'exis-
terait-elle pas aussi chez un Colapte du
Mexique {Colaptes rubricalus) qui, d'après
les observations intéressantes de M. de
Saussure, a la singulière habitude de faire,
comme le Casse-Noix, des approvisionne-
ments de nourriture pour la saison rigou-
reuse? Ces provisions consistant en graines
et particulièrement eu glands de chênes, et
ces arbres n'existant qu'à une dizaine de
lieues de l'endroit ou les réserves ont été
découvertes et observées l'oiseaane pourrait
13*
282
CAS
les faire qu'avec beaucoup de peine, et à la
suite de courses plusieurs fois répétées dans
la même journée, s'il n'avait dans son
organisation quelque parlicularité qui lui en
facilite les moyens. C'est ce que des recher-
ches ultérieures Gniront par éclaircir.
Il est probable aussi que l'on doit trouver,
sinon une poche, du moins quelque chose
d'analogue, parmi les granivores qui, à
l'exemple des Bouvreuils, des Linottes, des
Becs-croisés, dégorgent à leurs petits des
semences dépourvues de leurs téguments.. Du
reste, le fait a déjà été observé chez les En-
tomophages. Ainsi, Honiing a présenté à la
Société zoologique de Londres, en 1834, un
Martinet de muraille conservé dans l'esprit-
de-vin, chez lequel une dilatation considéra-
ble existait à la base de la mâchoire infé-
rieure et à la partie supérieure du larynx.
Cette espèce de poche, de forme ronde, dis-
tendait la peau d'une manière fort remar-
quable, et avait, dans le sujet soumis à l'ob-
servation, une longueur de onze lignes, sur
six lignes de profondeur. L'ouverture de
cette poche était simple et avait uniquement
des rapports avec la cavité buccale. Avant
la communication de ce fait intéressant,
M. White avait déjà remarqué que lorsqu'on
tue un Martinet de muraille, au moment oîi
il nourritses petits, on trouve dans le bec,
et cachées sous la langue, des aggloméra-
tions d'insectes.
Si, chez le Casse-Noix, la poche buccale est
un instrument de récolte, elle a très-cer-
tainement le même emploi chez le Martinet
de muraille: il y accumule des insectes pour
nourrir ses petits, comme le Casse-Noix y
accumule des noisettes, des graines, pour
augmenter les provisions qu'il a l'instinct
de mettre en réserve. (Z. G.)
CASSE-MOYAUX. ois.— Nom vulgaire du
Gros-Bec commun.
CASSE-PIERRE, bot. ph. — Nom vulg.
des Pariétaires, de diverses Saxifrages, et du
Crithmum mariiimum, qui croissent dans les
murs et sur les rochers.
"CASSEBEERA (nom propre), bot. ph.—
Kaulfuss a établi sous celle dénomination un
genre de Fougères encore peu nombreux,voi-
sin des Cheilanihes, qui comprenait, sous le
nomdeCVi. pteroidea S\v. , l'espèce sur la-
quelle le genre Cassebeera a été fondé. Ce
genre , intermédiaire aux Cheilanihes et auï
CAS
yiitosorus, renferme quelques petites espèces
de Fougères à slipe lisse , noir et coriace ; à
frcnde coriace, dont les pinnules ternées, pin-
nées ou bipinnées , sont libres jusqu'à leur
base,enliéres, à peu près ovales, crénelées sur
leur bord. Sous ces crénelures du bord de la
fronde sont des groupes de capsules gémi-
nés , presque globuleux et recouverts par
un tégument scarieux commun aux deux
groupes voisins, et s'ouvrant en dedans.
Les pétioles sont grêles et ne renferment
qu'un seul faisceau vasculaire comme dans
les Cheilanihes et dans beaucoup d'y4dian-
t"m. (Ad. B.)
*CASSEBEERIA , Dennst. bot. ph.— Sy-
nonyme de Sonerila , Roxb.
*CASSELIA (nom propre), bot. ph. — Ce
genre de Dumorlierest synonyme de Steen-
hammera de Reichenbach.— Le même nom
est appliqué à un genre de la famille
des Verbénacées , tribu des Lippiées , for-
mé par Nées et Martius {IV. A. TV. C. ,
XI , 73 , t. 6 ), et ne renfermant guère que 4
ou 5 espèces. Ce sont de petits arbustes bré-
siliens à feuilles opposées, péliolées, très en-
tières ou dentées; à fleurs peu nombreuses,
disposées en grappes axillaires. (C. L.)
CASSIA. BOT. PH. — Nom latin du g. Cassé.
CASSICAIV.^anm, Cuv. ois. — Le nom de
Cassican, donné parBufifon à cet oiseau, est
destiné à rappeler sa ressemblance avec les
Cassiques et les Toucans , quoiqu'il ait plus
de similitude avec les premiers qu'avec les
seconds. Une des particularités de sa struc-
ture, qui constitue même un de ses caractè-
res essentiels, est l'échancrure circulaire qui
est à la base du bec supérieur et entame les
plumes du front ; du reste, il a le bec long,
droit, arrondi au dos, comprimé sur les cô-
tés, à pointe légèrement crochue et échan-
crée latéralement; ses narines basales sont
réduites à de simples fentes longitudinales
sans espace membraneux ; le bec inférieur
est anguleux à la base, et garni inférieure-
ment de plumes courtes jusqu'à la moitié dK
sa longueur. Tarses robustes , l'ongle du
pouce est le plus long. Ailes médiocrement
longues ; queue égale , excepté dans une es-
pèce où elle est étagée.
Les Cassicans ont le port, la taille et la
couleur de nos Corbeaux, à la suite desquels
ils se trouvent le plus naturellement placés;
et ils servent de passage des Corbeaux aux
CAS
Bécardes et aux Vangas, dont les rapproche
Ja pojinle infléchie de leur bec.
Les uns sont noirs comme nos Corbeaux ,
d'autres du gris cendré de nos Corneilles ; et
les plus petites espèces , grosses comme nos
Pies, sont variées de noir et de blanc.
Les habitudes des Cassicans sont aussi
celles de nos Corvidées : comme eux, ils sont
omnivores , et poursuivent même les petits
Oiseaux ; comme eux , ils sont remuants et
criards ; du reste leurs mœurs sont peu con-
nues. Le plus rapace de tous est le C. flu-
TEUR, B. libicen, dont la voix difl^ère de celle
de ses congénères par sa douceur. Le C. ré-
veilleur , B. sirepera , très commun à l'île
de Norfolk, est d'un naturel doux. Il ne
dort jamais la nuit et ne cesse de faire reten-
lirrairdesescris;d'oiison nomA^ Réveilleiir.
On peut encore rapporter à ce g. deux ou
trois autres espèces , excepté le C. destruc-
teur, qui paraît être une espèce intermédiai-
re aux Cassicans et aux Vangas, dont il a le
bec crochu. On y réunit aussi le C. gymnocé-
PHALE de Temminck , qui serait mieux peut-
être avec les Pies-Grièches. Tous les Cassi-
cans sont originaires des Terres australes ,
où ils représentent sans doute nos Cor-
beaux. (G.)
• CASSICAIMS. ois.— C'est, dans le Traité
d'Omiiliologie de M. Lesson, la quatrième fa-
mille de ses Passereaux conirostres Éleu-
thérodactyles, renfermant les genres Phony-
game , Cassican , V^anga , Ratara et Myo-
phone. C'est aussi, dans le Règne animal de
Cuvier, un groupe composé des Cassicatis et
de ses Calybés , qu'il présente comme sous-
genre étranger venant se grouper autour des
Pies-Grièches. (Lafr.)
• CASSICULUS, Sw. ois.— Syn. de Cas-
sique. (Lafr.)
• CASSICUS. OIS. —Nom latin du genre
Cassique de Brisson. M. G.-R. Gray {List
of the gênera) lui a substitué à tort le nom
de Cacicus. Foy. cassique. (Lafr.)
CASSIDA. iNS. — Nom latin du genre
Casside.
CASSIDA, Tourn. bot. ph. — Synonyme
de Scutellaria, L.
• CASSID^aniE. Cassidœmyia ( cas-
sida , casside; /^vTa , mouche), ins. —
Genre de Diptères, division des Brachocè-
re«, famille des Athéricères , tribu des Mus-
cJdes . étabU par M. Macquart. C'est à ce g.
CAS
283
j que parait appartenir la Tachinaire, dont les
I larves ont été découvertes par M. Léon Du-
four dans le corps de la Casside verte ; de là,
le nom que lui a donné M. Macquart. Il ren-
ferme 9 espèces, toutes de France ; nous cite-
rons comme type la C. clausa Macq., la même
que la Dufoiwia id. de Robineau-Desvoidy.
Elle a 2 lignes de long. Elle est d'un noir de
jais , velue , avec les cuillerons et la base des
ailes, jaunâtres. (d i
CASSIDAIRE. Cassidaria {cassida, cas-
que). MOLL. — Le seul changement que La-
marck ait apporté dans le genre Casque
de Bruguière , consiste dans la création du
! petit g. Cassidaire. Ce genre a à peu près
la même histoire que celui des Casques.
Comme la plupart des Coquilles qui pro-
viennent de la Méditerranée, celle qui sert de
type au g. Cassidaire se trouve dans nos pre-
miers naturalistes du xv^ siècle, Belon, Ron-
delet, Gesner, et dans presque tous ceux des
siècles suivants jusqu'à Linné , qui la con-
fondit avec les Buccins. Tous les auteurs
systématiques qui suivirent adoptèrent l'o-
pinion de Linné, et c'est ainsi que pour Mar-
tini, Chemnitz, Born, Schroter, etc., les
Cassidaires furent des Buccins. Dans la ré-
forme que fit Bruguière du g. Buccin, il
plaça par analogie les Cassidaires dans son
g. Casque, et c'est là que Lamarck en trouva
les éléments rassemblés. La création du g.
de Lamarck date de 1811 {Extrait du cours).
Avant celte époque , Montfort, dans sa Con-
chyliologie systématique, l'avait proposé sous
le nom de Morio; mais le g. de Lamarck
prévalut, et celui de Montfort fut oublié. De-
puis Lamarck, presque tous les auteurs ont
adopté et son g. et la place qu'il lui assigne
dans la méthode. Cependant, Cuvier et Fé-
russac n'ont mentionné ce g. qu'à titre de
sous-genre des Buccins. M. Sowerby , dans
son Gênera of sliells, proposa de séparer un
g. des Cassidaires de Lamarck sous le nom
d'Oniicia. Le type de ce g. est le Cassida-
ria oniscus de Lamarck {Strombus oniscus
de Linné) ; mais, comme je l'ai fait observer
ailleurs, les Coquilles de ce nouveau g. ne
paraissent pas avoir des caractères suffisants
pour être séparées des Cassidaires , et il
ne serait admissible qu'autant qu'on trou-
verait dans l'animal des caractères particu-
liers.
Le genre Cassidaire, tel que Lamarck l'a
284
CAS
CAS
conçu , paraît arlificiel en ce que l'animal
de l'espèce méditerranéenne ne diffère pas de
celui des Casques. L'opercule lui-même, que
nous avions cru différent dans les deux g.,
a des caractères identiques dans certaines
espèces de Casques , de sorte que tout porte
à croire que prochainement les Cassidaires
seront de nouveau réunies aux Casques. Les
caractères génériques peuvent être exprimés
de la manière suivante : Animal semblable
à celui des Casques. Opercule corné, dont le
sommet est marginal et médian comme dans
les Pourpres. Coquille ovoïde ou ovale-oblon-
gue. Ouverture longitudinale , étroite , ter-
minée en avant par un canal courbé, ascen-
dant. Bord droit épais, en bourrelet; bord
gauche appliqué sur la columelle, le plus sou-
vent rude, granuleux, tuberculeux ou ridé.
Les Cassidaires sont des Coquilles marines
qui, pour leur forme et leurs caractères, ont
la plus grande analogie avec les Casques :
elles peuvent se distribuer en deux groupes.
Dans le premier, avec la Cassidaire échino-
phore, dont la Thyrsénienne n'est qu'une
variété, se rangeraient presque toutes les
espèces fossiles ; dans le second groupe , se
liant au premier par l'intermédiaire du Cas-
sidaria striata , seraient placées les Oniscies
de M. Sowerby , et quelques espèces fossiles
qui en dépendent. Les Cassidaires se distin-
guent des Casques : celles du premier groupe
par le canal plus allongé et moins recourbé en
dessus; celles du second groupe en ce qu'elles
sont moins convexes, plus cylindracées , ont
le canal étroit, court, à peine relevé et échan-
cré. Le nombre des espèces est peu considé-
rable : quatre vivantes de la Méditerranée et
de l'océan indien ; sept fossiles provenant
des terrains tertiaires. (DEsn.l
CASSIDAIRES. Cassidariœ. ins. — Nom
donné par Latreille à une tribu de Coléoptè-
res tétramères , de la famille des Cycliques ,
et qui se compose des g. Hispa , Clialepus,
Imatidium et Cassida. M. de Castelnau
(Buffon-Duménil , Ins., tom. H, p. 510) di-
Yise cette tribu en deux groupes , les Cassi-
diles et les Hispiies. M. Chevrotât , qui en a
fait une étude particulière , la restreint aux
deux g. Imatidium et Cassida ; mais, comme
ces deux g. renferment aujourd'hui 400 es-
pèces et plus , il les érige en sous-tribus et
divise ensuite celles-ci en un certain nombre
de g. , qui tous ont été adoptés, par M. De-
jean dans la dernière édition de son Cata!!V
gue, mais dont les caractères n'ont pas en-
core été publiés. Dans cet état de choses ,
nous pourrions les passer sous silence ; car
un g. dont les caractères ne sont pas connus
n'existe pas dans la science. Cependant ,
comme le Catalogue où ils sont mentionnés
sert de base à l'arrangement de la ma-
jeure partie des collections de Coléoptères
qui existent en France, nous croyons de-
voir en donner ci-après la nomenclature .
en indiquant en même temps leur concor-
dance avec ceux que M. Hope, entomolo-
giste anglais, a établi de son côté dans la
même tribu [Coleopt. manual , part. III)
postérieurement à ceux de M. Chevrolat,
sans en publier également les caractères,
excepté pour quelques uns , et en citant à
chacun d'eux , pour leur tenir lieu provi-
soirement de caractères, l'espèce qui leur
sert de type , et que nous avons eu soin de
choisir parmi celles qui ont été décrites par
les auteurs les plus connus. Par ce moyen ,
nous serons dispensés de faire un article à
part de chacun des g. dont il s'agit , et nous
nous contenterons , à leur lettre respective,
de citer leurs noms comme mots de renvoi
au présent article.
M. Chevrolat , comme nous l'avons dit
plus haut, partage la tribu des Cassidaires
en deux sous-tribus ayant pour type, l'une
le g. Imatidium de Fabricius , et l'autre le
g. Cassida de Linné.
La première comprend les espèces dont
la tête est libre ou découverte , et là
seconde celles chez qui elle est entière-
ment cachée par le corselet. La première
se compose des IG genres suivants, y
compris 3 qui appartiennent à 31. Dejean ,
savoir : Sphœropalpus , type Spli. cinclus
Dej., du Brésil; Craspedoma [Calopeplc ^
Hope), C /e!/û?2a Latr., Ind. orient. ; Basi-
prionola [Prioptera , Hope), Cass. 8- pimc-
tata , Fabr. , Indes orientales ; JYolosacont-
ha, Cass. echinata Fabr., Java; Thijreomor~
pha , Dej. , Th. badia Dej., cap de Bonne-
Espérance; Imatidium, Im.fasciaium Fabr.,
Cayenne; Delocrania , Dej., Del. hispoides
Dej., Brésil; Hœmisphœrola {Porphyraspis,
Hope), Cass. erylhrocerc Germ. , Amérique
boréale; Calliaspis,T)c\., Cass. ntbra OHv.,
Cayenne; Omoleina , Cass. humeralis Oliv.,
Saint-Domingue ; Calyptocephala ( Imati-
CAS
diuTTt , Hope), Cass. irigemina Lacord. ,
Cayenne; Acromis {Selenis , Hope), Cass.
spinifex Fab., Cayenne ; Echorna {Omoplala,
Hope), Cass. manjinata Fabr. , Cayenne;
Omocera { Tauroma , Hope ) , Cuss. bicornis
Fabr., Cayenne; Pohjchalca, Cass. variolosa
Fabr., Brésil; Discomorpha [Oxynodera ,
Hope), Cass. variegata Fabr., Cayenne.
La seconde sous-tribu comprend 15 g. ap-
partenant tous à M. Chevroiat, savoir -. Eu-
genysa [Calaspis , Hope), type Cass. yrossa
Fabr. , Cayenne ; Cynonoia {Mesomphalia
Hope) , Cass. laieralis Fabr., Cayenne ; Bo-
tanochara {Pœcilapsis? Hope) , Cuss. ner-
vosa Fabr. , Brésil ; Chelimorpha , Cass.
multipunctala OViv., Cayenne; Ischijrosonyx,
Is. oblonga Dej., Brésil; Elyti-ogona [Cy-
phoplera', Hope), Cass. ampulla Oliv. ; Hy-
bosa,Hy. gilbsra Dej., lj\és\\ ; Physonota,
Cass. alutacea Klug , Mexico ; Asleriza ,
Cass. flavicornis Oliv., Saint-Domingue ; De-
loyala {Aspidirnoryha , Hope), Cass. cnix
Fabr. , Brésil ; Omaspides , Cass. transversa
Fabr., Cayenne ; Dnrynota {Bolanota, Hope),
Cass. bidens Fabr., Brésil; Basipta , Cass.
Tpallens Klug, cap de Bonne - Espérance ;
Captocycla, Cass. Il-]»(rjc/ara Fabr., Cayen-
ne ; Cassida , C. viridis Fabr. , Europe.
Parmi les 400 espèces et plus qui sont ré-
parties dans les 31 genres que nous venons
de désigner, on en compte à peine 30 qui
soient particulières à l'Europe ; le plus grand
nombre appartient aux contrées les plus
chaudes de l'Amérique, qui produit les plus
grandes et les plus belles d'entre elles , et
le reste est fourni par les autres parties du
globe. Du reste , les Cassidaires sont aussi
remarquables par la variété de leurs formes,
dont quelques unes sont très bizarres , que
parla vivacité et l'éclat souvent métallique
de leurs couleurs. Sous ce dernier rapport ,
quelques unes de nos espèces indigènes
pourraient rivaliser avec les exotiques ; mais
malheureusement elles perdent leur éclat
en mourant; et si on le fait revivre en expo-
sant l'insecte à la vapeur de l'eau chaude ,
ce n'est que pour un instant , c'est-à-dire
pendant le peu de temps que le corps con-
serve de l'humidité. Il n'en est pas de même
(ies espèces exotiques ; celles-ci conservent
tprés leur mort les couleurs qu'elles avaient
V'êSidant leur vie.
Quant aux mœurs de ces Insectes, surtou
CAS
285
à l'état de larve , elles sont des plus curieu-
ses , ainsi qu'on le verra à l'article cassidk ,
auquel nous renvoyons pour ne pas nous
répéter. (d. et C.)
* CASSIDE. Cassidix, Less.ois. —Genre
formé par M. Lesson ( Traité d'omitlwtogie )
pour l'oiseau connu sous le nom de Cissique
àmanielet [Corvus mexicanns L. Gm.), Cas-
sicus ?îiger{Yki\., Gai., pi. 89). Ce genre est
synonyme de celui de Scaphidurus, Swains.,
1831. Foycz scapiiidure. (Lafr.)
CASSIDE. Cassida {cassida, casque).
INS. — Genre de Coléoptères tétramères ,
créé par Linné, et adopté par tous les en-
tomologistes. Ce g. appartient à la famille
des Chrysomélincs de M. Dejean, ou à celle
des Cycliques de Latreilie, qui le rangedans
sa tribu des Cassidaires. La dénomination
vulgaire de Scarabées-tortues que portent les
Cassides donne une juste idée de leur con-
formation. En effet, leur tête qui est très
petite et déprimée, leur corps qui est étroit
et aplati en dessous , leurs pattes qui sont
courtes et rétracliles, sont cachés entière-
ment et même débordés par le corselet et
les élytres , qui sont très dilatées et forment"
par leur réunion une sorte de test ou de
bouclier sous lequel l'insecte se trouve
abrité comme une Tortue l'est dans sa ca-
rapace. Ce bouclier est concave en dessus,
concave en dessous ; il est presque circu-
laire, souvent ovale, quelquefois triangu-
laire ; et, dans plusieurs espèces, il est trans-
parent et poreux. Du reste, les principaux
caractères génériques de ces Insectes sont :
Antennes insérées à la partie supérieure de
la tète, presque contiguës à leur base, cour-
tes, droites, grossissant insensiblement vers
le bout; labre court, transverse, un peu
échancré antérieurement , la lèvre infé-
rieure étroite et entière. Mandibules cour-
tes, larges et tridentées. Mâchoires simples;
les palpes antérieurs en massue, et les pos-
térieurs filiformes. Pattes étendues parallè-
lement à la surface inférieure du corps , t't
dépassant à peine la circonférence du corse-
let et des élytres , lorsque l'insecte marche.
Tarses aplatis, garnis de poils en dessous et
munis de crochets aigus.
Il résulte de cette organisation que les
Cassides font peu usage de leurs jambes , et
encore moins de leurs ailes, que leurs mou-
vements sont d'ailleurs très lents : aussi
286
CAS
les renconire-t-on presque toujours dans
l'immobilité la plus parfaite sur les plantes
dont elles se nourrissent, et où elles sem-
blent collées à la surface des feuilles ou des
liges qui les soutiennent. Cette immobilité
paraît êlre même un moyen de conserva-
lion ou de défense pour quelques espèces,
dont la couleur verle se confond avec celle
de la plante sur laquelle elles vivent , de
sorte que l'œil de leur ennemi , trompé par
l'apparence, croit voir dans la saillie que
forment leurs élylres bombées une sorte
d'excroissance ou de production végétale, au
lieu d'un êlre vivant.
Ces Insectes, du moins les espèces d'Eu-
rope, se trouvent, au commencement de l'été,
sur les Artichauts, les Chardons et les Men-
thes. Les femelles déposent sur les feuilles
de ces plantes des œufs oblongs qu'elles ran-
gent les uns auprès des autres , de manière
à former de petites plaques, qu'elles re-
couvrent quelquefois d'excrémenls , sans
doute dans le double but de les soustraire à
la vue, et de protéger les larves au mo-
ment de leur naissance. Ces larves, her-
bivores comme l'insecte parfait, sont remar-
quables, autant par leur organisation que
par leurs habitudes, qui sont des plus singu-
lières. Elles ont le corps mou , large, court,
aplati, bordé sur les côtés d'appendices bran-
chus et épineux avec six pattes écaillcuses ;
la tête petite, de consistance cornée, garnie
de dents, et offrant de chaque côlé trois pe-
tits tubercules dans la partie supérieure , et
quatre points noirs dans celle d'en bas: ceux-
ci sont regardés comme des yeux par Degéer.
Mais ce qui est surtout digne d'attention,
c'est la queue ou partie postérieure du corps
qui se termine en une espèce de fourche à
deux branches , dans l'intervalle desquelles
est placé l'anus. Chaque branche consiste en
un filet écailleux, conique, terminé en pointe
aiguë et parallèle à celui du côlé opposé ; il
est garni, au côlé externe, depuis sa base et
seulement jusqu'à la moitié de sa longueur,
d'épines fort courtes. L'anus est situé à l'ex-
trémité d'un mamelon plus ou moins re-
courbé, et que la larve élève à son gré. La
disposition de ces diverses parties est telle
que, lorsque les excréments sortent de l'anus,
les fourchons qui sont inchnès du côlé de
la tête les reçoivent successivement, et de-
viennent en quelque sorte la charpente d'un
CAS
toit de matière excrémenlitielle , lequel re-
couvre tout le corps sans s'y appuyer. Le
plus souvent ce toit est immédiatement ea
dessus du corps, qu'il touche sans le char-
ger ; quelquefois il en est à une certaine dis-
tance, mais dans une position horizontale;
dans d'autres moments la larve le tient
perpendiculaire au corps. Enfin , la masse
des déjections peut être entièrement ren-
versée en arrière et se traîner après le corps,
qui , dans ce cas , reste découvert. Mais la
larve ne s'aventure ainsi que lorsqu'elle
n'éprouve aucune inquiétude ; car, à la
moindre apparence de danger, elle rabat
sur elle son toit protecteur, et l'on n'a-
perçoit plus à sa place qu'un tas d'ordures.
Tel est le moyen , aussi simple que singu-
lier, que la nature a donné à ces larves pour
préserver leur corps mou des impressions
qui pourraient leur nuire , et les soustraire
en même temps à la vue de leurs ennemis.
Ce n'est qu'après avoir changé plusieurs
fois de peau que la larve se transforme en
nymphe sur la feuille même où elle a vécu.
Pour se préparer à cette transformation, elle
abaisse sa queue, et la porle en arrière sur
la même ligne que le corps. Par son frotte-
ment contre la feuille, elle se débarrasse d'a-
bord de la couverture dont nous avons parlé
plus haut, et qui lui devient désormais inu-
tile. Elle se fixe ensuite sur celte même
feuille par les deux anneaux du corps qui
suivent celui où est attachée la dernière
paire de pattes, et reste ainsi pendant deux
ou trois jours, au bout desquels elle quitte
enfin sa dernière peau pour paraître sous la
forme de nymphe. Celle-ci a aussi une queue
fourchue, mais dont les deux branches sont
inermes, et beaucoup moins longues que
celles de la larve ; c'est par cette queue, qui
reste engagée dans la dépouille de la peau
réduite en peloton, qu'elle est fixée contre la
feuille où la transformation s'est faite.
Cette nymphe, plus courte que la larve,
est de forme ovale et aplatie ; elle a un am-
ple corselet, presque semi-lunaire , dont le
contour est bordé d'un rang d'épines cour-
tes et simples; l'abdomen est garni latéra-
lement d'appendices ou de lames plates en
forme de feuilles ; et, sur chaque côté du dos,
s'élèvent quatre petits tuyaux qui sont les
stigmates. L'insecte parfait se développe au
bout de douze ou quinze jours.
CAS
Oa verra à l'arlicle cassidaires que le g.
Casside s'est tellement accru depuis Linné,
qu'on a reconnu la nécessité de l'ériger en
»ous-tribu, et de diviser celle-ci en plusieurs
g.; de sorte que celui qui conserve ce nom
n'est plus applicable qu'aux espèces dont le
corselet et lesélytres réunis donnent à l'in-
secte une forme circulaire ou subovalaire.
M. Dejean.dans son dernier Catalogue, rap-
porte à ce g. ainsi réduit 49 espèces, dont IG
d'Afrique, 2 des Indes orientales , 1 de la
Nouvelle-Hollande, 3 d'Amérique et 27 d'Eu-
rope. Nous citerons parmi ces dernières :
1° la Cassida viridis Lin., celle qu'on peut
considérer comme le véritable type du g., et
à laquelle se rapportent particulièrement les
observations de mœurs consignées dans cet
article ; 2° la Cassida murrœu Fabr.,qui offre
deux variétés constantes : l'une à fond vert
qui parait au printemps , et l'autre à fond
rouge qui se montre au milieu de l'été :
cette différence de couleurs paraît avoir la
même cause que celle que nous avons don-
née à l'art. CARTE GÉOGRAPHIQUE {vOtjeZ CC
mot) ; 3" la Cassida nobilis, qui, sur un fond
doré , offre sur chaque élytre une ligne d'un
bleu d'azur 1res brillant; mais cet éclat dis-
parait avec la vie de l'insecte. Ces trois es-
pèces se trouvent aux environs de Paris, et
sont décrites ou figurées dans une foule
d'ouvrages. (D.)
CASSIDEA. MOLL. — Syn. de Cassidaire.
* CASSIDITES. Cassidiles. iNS. — Nom
donné par M. de Castelnau à un groupe de
la tribu des Cassidaires de Latrcille, et qui se
compose des g. Cassida el Imalidium. Ces 2 g.
ontpourcaract. communs : Antennes très rap-
prochées à la base, presque cylindriques, et
insérées à la partie supérieure de la tète. Corps
orbiculaire plus ou moins déprimé. (D.)
* CASSIDITES. Cassidiles. moll.— Petite
famille proposée par Latreillc, dans ses Fa-
milles du règne animal , pour rassembler les
trois genres Casque, Cassidaire et Piicinule.
Ce petit groupe, extrait des Purpurifères de
Lamarck, ne peut être adopté, à cause de la
présence des Ricinules qui n'ont pas assez
de rapports avec les Casques pour en être
rapprochées, et trop avec les Pourpres pour
en être séparées. (Desh.)
CASSIDITES. KCHiN. — Nom donné aux
Cassidules fossiles.
CASSIDIX. OIS— Syn. latin de Casside.
CAS
287
* CASSIDOCARPLS , Presl. bot. ph. —
Synonyme A'Asieriscium, Cham. et Schl.
CASSIDLLE. Cassidulus (diminutif de
cassis, casque), échin.— Genre d'Échinides,
établi par Lamarck pour quatre espèces ,
dont une seule vivante, ayant « le corps ir-
régulier, elliptique, ovale ou subcordiforme,
convexe ou renflé , garni de très petites épi-
nes, avec cinq ambulacres bornés et en étoi-
le, la bouche subcenlrale et l'anus au-dessus
du bord. » Ce genre diflere des Clypéastres
et des Spatangues par la position de l'anus,
que ceux-ci ont dans le bord même, et ceux-
là au-dessous du bord ou dans le bord ; ses
ambulacres bornés, pétaloides, le distinguent
des Nucléolites, dont les ambulacres complets
se prolongent en dessous jusqu'à la bouche.
Cependant M. Goldfuss a confondu les Cas-
sidules dans son genre Nucléolite. M. Agas-
siz caractérise à peu près comme Lamarck
son genre Cassidule, qui ne comprend que
des espèces fossiles, et le place dans sa fa-
mille des Clypéastres, qui ont la bouche cen-
trale ou subcenlrale. M. Desmoulins ne laisse
dans son g. Cassidule que la dernière espèce
de Lamarck [C. aplatie), avec cinq autres es-
pèces fossiles , dont quatre inédiles , et une
autre [C. porpiie) que M. Agassiz range avec
les Scutelles. Il en reporte les autres espèces
dans le genre Nucléolite. C'est après de tel-
les modiflcations que M. Desmoulins a pu
caractériser ainsi les Cassidules : « Bouche
centrale, symétrique; supports osseux; am-
bulacres bornés ; 4 pores génitaux ; anus
au-dessus du bord ; aires presque égales ;
bouche ronde non enfoncée. » (Duj.)
CASSIDULE. Cassidula. moll. — On
trouve, dans le Catalogue de Portland, un g.
qui porte ce nom créé par Humfrey , et qui
correspond au g. Pyrulc de Lamarck. (Desii.)
'CASSIDULINE. Cassidulina. foraminif.
— Nous avons formé ce g., en 1825, pour des
Coquilles microscopiques suborbiculaires ,
libres, spirales, équilatérales, ayant une spire
embrassante, composée de loges alternes, se
succédant régulièrement de chaque côté, en
recouvrant une partie du côté opposé, ce
qui présente dans l'ensemble un aspect ra-
piécé singulier. Ces Coquilles sont percées
d'une ouverture allongée, sur le milieu de
la dernière loge, latéralement à l'axe spiral.
Ce g., l'un des plus remarquables entre
les Foraminiféres, nous montre dans son en-
^m-
CAS
semble une coquille nautiloide, à tours em-
brassants, dont chacun, au lieu d'être com-
posé d'une succession de loges simples , est
formé d'un empilement alterne de loges , qui
n'occupent, chacune , qu'un des côtés de la
coquille. On connaît jusqu'à présent 4 esp.
de ce g. : une de la Méditerranée, une des cô-
tes du Pérou, et 2 de laPatagonie. (A. b'O.)
CASSIDULIXES. kchi.\. — Syn. de Cas-
sidites.
CASSIE. EOT. PH. — Nom vulgaire du
Mimosa farnesiana.
CASSIÉES. Ciusieœ. bot. ph. — De Can-
dolle a donné ce nom à une tribu de la fa-
mille des Légumineuses , ayant pour type
le g. Cassia.
CASSIER. EOT. PH. — Syn. vulgaire de
Canéficier.
*CASSIERA.BOT. PH.— Syn. de Cansjera.
*CASSIGÏAT. MAM. — Nom d'une espèce
du g. Phoque.
CASSL\E (nom vernaculaire). eot. ph. —
Genre de la famille des Aquifoliacées, formé
par Linné [Gen., 371), et renfermant environ
une douzaine d'espèces, indigènes de l'Afri-
que australe et de l'Inde (Népaul) ; une seule
appartient à l'Amérique et a été découverte
à Saint-Domingue. Ce sont des arbrisseaux
à rameaux tétragones ; à feuilles opposées ,
courtement pétiolées , coriaces , luisantes ,
très entières ou dentées ; à fleurs petites ,
hermaphrodites ou polygames, blanchâtres ,
disposées en cymes multiflores, et dont le pé-
doncule est plus court que les feuilles. (C. L.)
CASSIÎVE. BOT. CR. — Nom trivial qu'on
donne dans quelques pays à la Chanterelle
{ Canihardlus cibarius). Ce mot, suivant
Paulet, vient de Casse , qui , en gaulois , si-
gnifie Chêne, arbre sous lequel croît assez
généralement ce champignon. (LÉv.)
'CASSIIVIA, R. Br. bot. ph. — Synonyme
^Angianthus , Wendl.
*CASSINBa. Cassinia ( H. Gassini , bota-
niste français), bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Composées -Sénécionidées, établi
par R. Brown [Trans. lin., XII, p. 126) pour
des sous -arbrisseaux de la Nouvelle-Hol-
lande à feuilles éparses, le plus souvent li-
néaires , plus rarement oblongues ou lancéo-
lées , très entières ; à bords quelquefois rou-
lés, corymbes ou panicules terminaux; in-
volucre hémisphérique, oblong ou turbiné.
Oii en connaît une vingtaine d'espèces, que
CAS
De Candolle divise en deux sections : les
Glossophylla et les Anaclilœna. A ce g. ont
été réunis les g. Clnomodnion et Achro-
molœna de Cassini, et quelques esp. de Caien
de Labillardière.
•CASSINIÉES. Cassinieœ. bot. ph.— Di-
vision établie par Lessing dans la tribu des
Gnaphaliées, ayant pour type le g. Cassinia-
CASSIOPÉE, Cassiopea ( nom mytholo-
gique). ACAL. — Genre de Méduses établi par
Péron et adopté par Lamarck , qui y réunit
IcsOcyroésdu même auteur et le caractérise
ainsi : « Corps orbiculaire, transparent, muni
de bras en dessous. Point de pédoncules ;
point de tentacules au pourtour. Quatre bou-
ches ou davantage au disque inférieur, «La-
marck en décrit cinq espèces, y compris l'O-
cyroe lineolaia de Péron. M. de Blainville
n'admet que les quatre espèces deCassiopécs
de Péron, et y ajoute la C. de Bourbon, très
belle espèce de la Méditerranée , étudiée en
détail par M. Delle-Chiaje. M. Tilesius en a
décrit {Acta naturœ cwios., t. XV) une autre
espèce large de 10 à 16 centimètres, et trou-
vée près des îles Canaries : c'est la C. cana-
riemis. Eschschollz place le genre Cassiopée
dans sa famille des Rhizonomides , ayant
pour caractères l'absence totale de bouche
entre les bras, qui sont très ramifiés ou plis-
sés , et l'absence de tentacules marginaux.
Mais cet auteur ne laisse dans ce genre que
les espèces pourvues de huit ovaires , c'est-
à-dire les C. andromeda (C. forskalea Lk.),
C. luimlata {C borlasea Lk. ), C. frondosa et
C. borbonica. Il reporte les autres dans son
genre Rhizostome. (Duj.)
CASSIPOIJREA (nom vernaculaire). bot.
PH. — Genre formé par Aublet [Guy an., I,
529, t. 211), et rapporté avec quelque doute
à la famille des Rhizophoracées (Légnoti-
dées). Il contient 5 ou 6 espèces indigènes de
l'Amérique et l'Afrique tropicales. Ce sont
des arbres ou des arbrisseaux à feuilles op-
posées, subpéliolées, ovales, aiguës, pemii-
nerves , très entières ou obscurément den-
tées , munies de stipules interpétiolaires
lancéolées; à pédicelles uniflores, bractées à
la base , et portés sur des pédoncules axii-
laires, agrégés ou solitaires. (C. L.)
CASSIQUE. Ccissicus,V>ùis. (cassis, casque,
à cause de la saillie osseuse de la mandibule
supérieure entre les plumes du front, qu'on
remarque chez ces Oiseaux), ois. — Genre
CAS
créé par Brisson aux dépens de son genre
rroupiale (Icterus), formant, dans le Jiègne
cniwalàe Cuvicr, une des trois subdivisions
de ses Cassiques , et faisant partie de la fa-
mille des Tisserands de Vieillot. Nous igno-
rons pourquoi M. G.-R. Gray, dans sa List of
tlie gênera , 2' édition, a substitué à ce nom
générique Cassions celui de Cacicus , qu'il
attribue à Cuvier, 1799-1800, mais qui n'est
employé par cet auteur dans aucune des
deux éditions de son Règne animal. Sa créa-
tion serait d'ailleurs bien postérieure à celle
de Cassicus, Briss. ( en 1760). Dans tous les
cas, les caractères du genre sont: « Bec plus
long que la tête, très droit, longicône, beau-
coup plus haut que large, à mandibule su-
périeure arrondie, et se prolongeant entre
les plumes frontales par une échancrnre
plus ou moins large, demi-circulaire et gib-
beuse; côtés du bec comprimés et très droits
de manière à le rendre presque quadrila-
tère ; narines petites, ovalaires, rapprochées
des bords du bec, et ouvertes dans sa partie
cornée immédiatement en avant des plumes
latérales de l'éehancrure frontale. Pattes
robustes, à tarses et doigts forts , scutellés ;
ongles forts , élevés , et brièvement arqués
comme chez les Percheurs. Ailes assez lon-
gues , la troisième rémige la plus longue ;
queue ample , allongée et étagée ; plumage
en général noir ou olive, relevé par du jaune
vif ou du rouge. »
C'est parmi les Cassiques que se trouvent
les plus grandes espèces de la famille des
Troupiales. Ils sont , comme toute cette fa-
mille , particuliers à l'Anaérique; et, réunis
aux Carouges et aux Baliimores, ils y for-
ment une sous-famille sous le nom d'Ictéri-
nées, composée d'espèces beaucoup plus per-
cheuses que les autres , vivant moins en
troupes, et remarquables par la construction
de leurs nids presque tous en forme de bour-
ses , suspendus à l'extrémité des branches.
Les Cassiques, qu'Azara a distingués sous
le nom d'Vapus qu'ils portent en Amérique,
se plaisent, dit-il, dans les bois et les forêts,
fit ne fréquentent point les campagnes. Ils
cherchent leur nourriture sur les arbres ,
dans les broussailles et à terre , marchent
avec aisance et ne voyagent point en bandes,
comme font la plupart des Troupiales , des
Caraiiges et des Baltimores. Leur nourriture
isc compose de vers, d'insectes, de baies cl de
T. m.
CAS
289
graines qu'ils avalent en tiers. Tout leur con-
vient en captivité , et ils montrent alors la
docilité qu'on remarque chez certains Trou-
piales. Ils ont la même aptitude pour arti-
culer des mots, imiter le cri des animaux el
apprendre des airs siffles ; ils choisissent
pour placer leurs nids suspendus, tantôt les
arbres qui sont sur le bord de l'eau , tantôt
les lieux déserts et couverts de halliers : leur
ponte est de deux à quatre œufs. Ils en font
plusieurs dans l'année et dans diverses sai-
sons, comme presque tous les Oiseaux séden-
taires sous la zone torride.
C'est particulièrement sur les arbres de la
lisière des bois que le Cassique huppé niche
en commun et en assez grand nombre sur le
même arbre, suspendant son nid à l'extré-
mité des branches horizontales et très loin du
tronc. Ce nid est en forme de bourse ou de
poche, longue de 3 pieds et large de 10 pou-
ces à sa partie inférieure, qui est hémisphé-
rique ; l'entrée est vers le haut, et le fond
est garni d'une couche épaisse de grandes
feuilles sèches de l'arbre même. Il est formé
de brins d'écorce d'une espèce d'Aloès ,
entrelacés de petits joncs et de beaucoup
de filaments noirs semblables à des crins de
cheval. Le Cassique Jupupa place le sien sur
!es arbres dont les branches s'avancent sur
l'eau , le construit d'herbes sèches, et lui
donne la forme d'une coloquinte, avec l'en-
trée latérale et oblique : de sorte que l'eau
de la pluie ne peut y pénétrer. Le Cassique
Pupui de Vieillot , ou Vapu noir d'Azara ,
que nous avons reconnu être le même que
YAmbhjramphe de Prévost (Lesson, Ce);t.,pl.
54), est remarquable par son plumage d'un
noir profond , uniforme et presque sans re-
flet; par un bec blanc-jaunâtre conformé
comme celui des autres Cassiques , quant à
son pourtour, mais ayant l'éehancrure fron-
tale beaucoup moins profonde et moins large,
et les deux mandibules terminées en pointe
arrondie et très déprimée. Il construit aussi
son nid, comme les autres Cassiques, en for-
me de poche longue de 3 pieds, le compose
de joncs et autres matières flexibles, le garnit
au fond d'un matelas de grandes feuilles ,
et le suspend à des branches peu élevées.
Cette espèce est remarquable entre toutes
les autres, non seulement par sa couleur
noire uniforme , et ses mœurs plus buisson-
nières et plus marcheuses ; elle l'est aussi
19
290
CAS
par l'Immense étendue de son habitat sur le
continent américain ; car sa ligne d'habita-
tion s'étend depuis le Paraguay , où Azara
l'a vue et décrite pour la première fois, jus-
qu'au Mexique, où elle n'est pas rare, et d'où
je l'ai reçue. M. Aie. d'Orbigny l'a rapportée
d'Yuracarés en Bolivie. On pourrait suppo-
ser d'après cela que c'est une espèce voya-
geuse qui , du Paraguay , se dirigerait obli-
quement vers les côtes occidentales du Pérou
pour pénétrer ensuite dans le Mexique par
l'isthme de Panama; mais les Cassiques
étant peu voyageurs , et ces deux points
d'habitation se trouvant séparés l'un de l'au-
tre par une distance très considérable, il est
beaucoup plus vraisemblable que le Cassique
Pupui de Vieillot (l'Yapu noir d'Azara) , est
une de ces espèces américaines privilégiées
sous le rapport de l'habitat, et qui, quoique
sédentaires, se trouvent répandues sous une
infinité de zones différentes et les plus éloi-
gnées.
Chez cette espèce , ainsi qui chez le Cas-
sique ou Troupiale diadème de Temminck
(pi. col. 482), les caractères distinctifsdes Cas-
siques proprement dits s'affaiblissent visible-
ment. Chez cette dernière espèce , l'échan-
crure frontale se rétrécit, au point de laisser
de l'incertitude sur le groupe auquel elle
doit appartenir ; mais , quoique son bec soit
beaucoup moins haut à sa base que chez les
autres Cassiques et l'échancrure plus étroite,
elle se termine néanmoins d'une manière
circulaire et non aiguë comme chez les au-
tres groupes, et nous pensons que c'est dans
celui des Cassiques qu'il figure le plus natu-
rellement. Swainson , après en avoir fait le
type de son genre Cassiculus , renonce à ce
genre dans sa Classif. ofbirds, et replace cet
oiseau dans le genre Cassicus. Dans tous les
cas , cette espèce , ainsi que le Cassique Pu-
pui , peuvent être regardés comme espèces
de transition des Cassiques aux Troupiales ,
tant par la forme de leur bec que par celle
de leurs ongles , plus allongés et moins ar-
qués.
Chez les Cassiques, les sexes nous présen-
tent une énorme différence dans la taille. Le
mâle est de près d'un tiers plus grand que la
femelle, ce qui a souvent fait supposer qu'ils
furmaient deux races de la même espèce.
Quant aux couleurs, elles sont entièrement
saaibiables. (Lafr.)
CAS
CASSIQL'E NOIR. ois. — Nom vuig. de
VOriolus niger, esp. du g. Tisserin.
CASSIS. MoLL. — Nom latin du g. Casque.
CASSIS. bot. ph. —Nom vulgaire d'une
espèce de Groseiller à fruits noirs.
CASSIÏÉRITE. MIN.— Synonyme d'Étain
oxydé.
CASSLMUXAR , Coll. bot. ph. — Syn.
de Zingiber, Gaertn.
CASSLPA (nom vernaculaire). bot. ph. —
Genre de la famille des Rubiacées , tribu des
Gardéniées-Eugardéniées, formé par MM. de
Humboldt et Bonpland [PL œquinoci., I, 43,
t. 12 ) sur une seule espèce , appartenant à
l'Amérique tropicale. C'est un arbre à feuil-
les opposées, longuement pétiolées, obovales-
allongées, coriaces, subtoraenteuses, longues
de 30 centimètres et plus, accompagnées de
stipules lancéolées, persistantes ; à fleurs de
3 à 6 centimètres de long , d'un rouge pâle,
disposées en thyrses terminaux, paniculés,
oppositiflores ; deux ou trois bractées situées
sous chaque fleur , et quelquefois adnées au.
calice. (C. L.)
CASSUTA. BOT. PH. — Foy. cassytha.
CASSLTA, Gr. bot. ph. - Syn. de Cus-
cula, Tourn.
CASSUVIEES. Cassuvieœ. bot. vu. —
Synonyme d'Anacardiées, l'une des familles
dans lesquelles on a divisé le grand groupe
des Térébinthacées. Voy. ce mot. (Ad. J.)
CASSUVIUM, Rumph. bot. ph. — Syn.
à'Anacardium, Rottb.
CASSYTHA , L. non Gr. (xac7<îv'9a [ x«t-
au'û), je recouds], nom de la Cuscute chez les
Grecs modernes), bot. ph. — Genre de la fa-
mille dos Lauracées , type de la tribu des
Cassylhées, formé par Linné ( Gen. , 505 J,
revu et mieux défini par Gœrlner (II, 133)
et quelques autres auteurs. Il renferme une
dizaine d'espèces croissant au Brésil , aux
Indes orientales, à Ceylan, à la Nouvelle-
Hollande, dans l'Afrique australe, dans l'A-
mérique équinoxiale, etc. Ce sont des sous-
arbrisseaux ou des herbes parasites, volubi-
les , aphylles , ayant le port et l'aspect de
notre Cuscute d'Europe. Ils vivent sur les
autres plantes au moyen de radicules papil-
liformes. Les fleurs sont petites, disposées en
épis simples ou composés , et accompagnés
à la base de petites bractéoles membrana-
cées. (C. L.)
*CASSYTHÉES. Cassyiheœ. bot. ph. —
CAS
Triba de la famille des Laurinées [voyez ce
mot), ayant pour typô et jusqu'ici pour uni-
-onciuTn,'Vfi]\(i.
•CATHARANTHUS, G. Don. eût. ph.—
Syn. de Lochnera, Reich.
CATHARINEA (nom propre), bot. cr.
— (Mousses. ) Ce g., fondé par Ehrhardt
{Beyir. I, p. 178) sur plusieurs espèces de
Polytrics à urne cylindrique, et à coiffe pres-
que glabre, a été adopté par Bridel, dans sa
Bryol. Univ., II, p. 97, OÙ l'on en trouvera
les caractères. Il ne forme pour nous qu'une
des trois sections du g. Polylric, auquel nous
renvoyons. (C. M.)
CATHARISTA, Vieill. ois. — Synonyme
du g. Caiharies d'Illiger. (Lafr.)
CATHARSIS, eot. pn. — Syn. de Gyp-
sophile.
*CATHARSIUS (x(x9apc7tos, qui a la facul-
té de nettoycT). ins.— Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Lamellicornes ,
tribu des Coprophages, proposé par M. Hope
( Coleopterisi's manual, p. 21 ) , et auquel il
donne pour type le Scarabœus molossus de
Linné. Il y réunit les Copris ursus Fabr.,
Achales ou Sa/jax Sch. , Olivieri et Asrael
de Kirby. Ces espèces , dont le chaperon est
à peine évasé , habitent les contrées inter-
tropicales. (C.)
CATHARTE. Caiharies (xaOapT/i'ç, qui
purifie ; à cause des services que rendent ces
Oiseaux en mangeant les débris putréfiés).
OIS. — Genre de l'ordre des Rapaces, famille
des Vautours, ayantpour caractères : Tète et
une partie du cou seulement dénuées de
plumes; bec grêle, droit jusqu'au-delà du
milieu et renflé à l'extrémité, courbé seule-
ment vers la pointe ; narines ovales et lon-
gitudinales, percées de part en part. Tarses
nus, faibles et réticulés; ongles courts, ob-
tus ; troisième rémige la plus longue, douze
rectrices.
Les Catharles forment un groupe très na-
turel; ils sont au nouveau continent ce que
les Percnoptéres sont à l'ancien . Comme eux,
les moins robustes de tous les Vautours ,
ils vivent aussi sans crainte de l'homme, qui
les respecte, des débris de sa nourriture qu'ils
disputent aux animaux domestiques.
On n'en connaît que deux espèces bien
constatées: I^I'Urubu {f^utiurjoia Ch.Bon.,
' V.atralus Wils.), de la taille d'un petit Dïb-
CAT
don, à plumage d'un noir brillant ; loules les
parties nues de la tète et du cou couvertes
d'un duvet court et noir, et sillonnées de ri-
des profondes. Ils sont très communs dans
toutes les contrées chaudes et tempérées de
l'Amérique , mais surtout dans le Pérou, où
ils vivent en troupes dans les villes, sous la
protection des lois. On les trouve rarement
dans la Caroline , et plus souvent dans la
Floride. Au temps de la conquête il n'y en
avait pas dans la partie de l'Uruguay, et ils
y ont passé en suivant les navires.
La ressemblance de l'Urubu avec le Din-
don l'a fait appeler Gallinaza par les pre-
miers Espagnols ; et Desmarchais, à qui nous
devons sur cet oiseau des détails intéres-
sants, le regarde comme un Coq d'Inde Car-
nivore. Les anciens colons de Saint-Domin-
gue le désignaient sous le nom de Marchand.
La chair de l'Urubu est coriace et ûlan-
dreuse, et répand une odeur de charogne
que rien ne peut faire disparaître ; ce qui
n'empêchait pas les nègres de les tuer pour
les manger, et a donné lieu à des mesures
préventives très sévères pour empêcher leur
destruction.
Ces Oiseaux quittent ordmairement les
villes à la chute du jour , et vont passer la
nuit sur les arbres ou sur les rochers, pour
revenir le lendemain remplir les mêmes fonc-
tions que la veille. Ils suivent aussi les chas-
seurs; et, dès que ces derniers ont enlevé la
peau d'un animal, ils fondent dessus, et en
un instant ils ont dévoré la chair et laissé le
squelette aussi blanc que s'il avait été pré-
paré par un habile anatomiste.
Leurs mœurs sont celles des Vautours.
Comme leurs congénères, ils vivent en gran-
des troupes, et fondent ensemble et en tour-
noyant sur la même proie, qu'ils dévorent
en silence, suivant le dire de quelques voya-
geurs ; du reste, c'est un animal fort stupide.
Ils nichent sur les grands arbres, et leurs
œufs sont d'un blanc roux. Les petits, nour-
ris parles parents jusqu'à ce qu'ils puissent
voler, sont blancs dans leur jeunesse, bruns
la première année , et ne deviennent noirs
qu'avec l'âge.
2° L'Aura (f^uli. Aura Vieil.), qu'on ren-
contre le plus habituellement au Brésil , au
Paraguay, aux Malouines , à la Guiane, et
jusqu'aux États-Unis, où il ne passe pas la
Pensylvanie. esta peu près de la taille du
T. ni.
CAT
305
précédent, quelquefois plus petit. Il en dif-
fère par la peau de son cou , qui est d'une
couleur de chair très vive; son plumage est
noir roux ; ses tarses sont orangés ; la queue
est inégale et plus courte que les ailes.
Ils volent assez près de terre avec aisance;
mais, au battement intermittent de leurs
ailes, on dirait qu'à chaque instant ils veu-
lent se poser. Leur nid consiste en un simple
trou qu'ils creusent en terre, sous les hal-
liers , et dans lequel ils pondent deux œufs
blancs et marqués de rougeàtre. Les petils
naissent couverts d'un duvet blanc.
Les Auras ont les mêmes mœurs que les
Urubus, mais ils sont moins communs près
des lieux habités; cependant , ils sont aussi
d'un caractère confiant, et on peut les appro-
cher sans qu'ils se dérangent, surtout lors-
qu'ils mangent. Bien que vivant presque ex-
clusivement de chair morte , ils tuent quel-
quefois des Agneaux, attaquent les Serpents,
et joignent à leur nourriture des Mollusques
terrestres et des Insectes. Ils se perchent
ensemble sur de vieux arbres , et y restent
des heures entières immobiles et les ailes
cntr'ouvertes, comme le font tous les Vau-
tours.
On a placé le Vautour de Californie ou
Vautourin, f^ullur Californianus, parmi les
Cathartes; mais il en diffère par sa grande
taille. Latham, qui l'a décrit le premier, sur
l'individu apporté par Meazins , dit qu'il
a de grands rapports avec le Condor; nous
en parlerons plus longuement à l'article
SARCORAMPHE.
Illiger, qui a établi le g. Calharte , y a
compris les Percnoptères et les Sarcoram-
phes; M. Tcmminck confond dans un même
nom ces deux premiers genres; mais ces
groupes sont assez distincts pour justifier
une séparation. (G.)
L'espèceduCatharte Vautourin paraît con-
finée aux parties occidentales de l'Amérique
du Nord. Autant les deux premières sont
communes, surtout dans l'Amérique du Sud,
autant celle-ci est rare. On n'en connaît en-
core que trois individus dans les collections
d'Europe : l'un au Muséum britannique, le
plus anciennement connu , et d'après lequel
Latham, Shaw et même Temminck ont pu-
blié leurs descriptions et leurs figures qui
se ressentent de la mauvaise préparation de
cet exemplaire défiguré ; le second reçu de-
20
306
GAT
puis peu au Musée des Pays-Bas, venant de
la Nouvelle-Californie, et que M. Temminck
indique comme un vieux mâle ; et le troi-
sième au Musée de Prusse. Nous ajouterons,
au sujet de cet oiseau, que le professeur Lich-
tenstein, directeur du Musée de Berlin, qui
a été à portée de voir et d'observer ces trois
individus, nous a dit qu'il leur trouvait, dans
leur ensemble et dans toutes leurs parties,
tant de rapports de forme avec le Sarcoram-
phe Condor femelle , qu'il ne doutait pas
que ce ne fussent trois femelles , et que le
mâle adulte, encore inconnu, ne dût être ca-
roncule comme le Condor mâle, dont il a la
grosseur, et dont il paraît être le repré-
sentant dans l'Amérique du Nord. Il nous a
assuré que pour lui, cet oiseau était un vrai
Sarcoramphc et non un Catharte. Espérons
que bientôt l'arrivée de cet oiseau à notre
Muséum parisien fournira aux ornithologis-
tes français l'occasion de faire quelque ob-
servation déterminante à ce sujet. Nous te-
nons encore du même savant que le prince
de Neuw'ied a cru reconnaître, dans le Ca-
tharte du Mexique et de la côte ouest de
l'Amérique septentrionale regardé jusqu'ici
comme l'Aura, une espèce qui en serait dis-
tincte. Si le fait vient à se conflrmer, ?Amé-
rique du Nord aurait alors deux espèces de
Calhartinées qui lui seraient particulières ,
cette nouvelle espèce , et le Catharte ou
Sarcoramphe Vautourin, Fuliur Califomia-
nus, f^oyez cathartinées et sarcoramphe.
(Lafr.)
*CATnARTES. ois. —Genre formé par
Illiger pour tous les Vautours du Nouveau-
Monde, auxquels il réunissait cependant les
espèces de l'ancien, formant le genre JVeo-
Tpiiron de Savigny. Ce genre a été adopté par
tous les ornithologistes, sauf quelques modi-
fications. (Lafr.)
C.4THARTI1V^. ois. —C'est, dans la
Lisl of ihe gênera de G.-Pi. Gray, une sous-
famille de sa famille des Vuliuridœ, renfer-
mant les genres Neophron , Sav. ; Calhanes,
îllig. et Sarcorampims , Dum. (Lafr.)
*CATIIARTI1\E. Cathariina. cnm. —
Principe actif du Cassia senna , découvert
dans cette plante par Lassaigne et Fe-
neulle.
*CATHARTI1VÉES. Caihariinœ. ois. —
Sous-famille de l'ordre des Oiseaux de proie
ou Rapaces, et de la famille des Yulturi-
CAT
dées. Ses caractères sont: Bec long , robuste
chez quelques espèces , et surmonté alors
à sa base par des caroncules charnues , plus
grêle chez d'autres et sans caroncules,
courbé seulement à la pointe, qui, chez tous,
est un peu renflée et crochue, Tête oblon-
gue, aplatie , dénuée de plumes, ainsi que
le haut du cou ; une ouverture commune
aux deux narines, sans cloison nasale, et
percée départ en part, sous une espèce d'ar-
cade super-rostrale, au fond de laquelle se
voient distinctement les orifices des deux
narines. Tarses, doigts et ongles en général
faibles et grêles, quelquefois de grosseur
médiocre ,,mais le pouce toujours plus fai-
ble et plus grêle que les doigts antérieurs,
inséré sur le tarse au-dessus de leur ni-
veau, et terminé par un ongle court et ob-
tus , ne pouvant servir à retenir une proie
ni même à s'y cramponner ; doigt médian
antérieur réuni à sa base aux deux latéraux
par une membrane presque également pro-
longée.
Celle sous-famille, composée uniquement
de Vautours américains, nous paraît d'au-
tant plus naturelle qu'elle présente, dans les
deux genres qui la composent, les Cathar-
tes et les Sarcoramphes, des caractères com-
muns à tous, et tout-à-fait distincts de ceux
de l'autre sous-famille, les Vulturinées, et
qu'elle établit une grande coupe géographi-
que entre les Vautours de l'ancien monde et
ceux du nouveau. Il est facile de reconnaître
par notre caractéristique que cette sépara-
tion est basée sur trois caractères impor-
tants: 1° L'ouverture commune aux deux
narines , non cloisonnée et percée de part
en part; il y en a deux latérales et cloison-
nées chez tous les Vulturinées. 2o Le doigt
médian antérieur réuni à sa base aux deux
latéraux par deux membranes égales; il n'y
en a qu'une chez les autres entre le médian
et l'externe. 3° Un pouce visiblement plus
faible que les doigts antérieurs, inséré sur le
tarse plus haut qu'eux, et terminé par un
petit ongle court et obtus ; chez tous les Vul-
turinées, le pouce est robuste, de même gros-
seur pour le moins que les autres doigts, et
son ongle , également robuste et fortement
arqué, est à peu prés aussi fort que celui du
doigt interne. On pourrait encore ajouter
que, chez tous les Calhartinées, la courbure
du bec. commençant plus près de son extré-
CAT
mité, y forme un renflementlcrminal qui ne
se retrouve chez aucun Vulturinée.
il y a déjà quelques années que nous pu-
bliâmes notre opinion sur ce sujet, et quoi-
([U'avant nous les savants Illiger et Tem-
niinck aient eu l'idée de former un seul
groupe des Vautours du nouveau monde, ils
ont eu le tort, selon nous, de leur réunir le
/^autour alimoclie de l'ancien continent, qui
n'a de rapports avec eux que par son bec
grêle , comme celui de l'Urubu , quoique
de forme toute différente, mais qui s'en
éloigne par l'absence des trois caractères im-
portants que nous venons de signaler; ce
qui le place évidemment avec lesVultu-
rinées dont il a les trois caractères opposés.
Cette coupe géographique et naturelle une
fois établie, on peut subdiviser notre sous-
famille des Catbartinées en Sarcoramphes
(Duméril), renfermant les espèces à pattes et
à bec plus forts, ayant ce dernier surmonté à
sa base par des caroncules charnues, et en Ca-
iliaries proprement dits, à pattes et à bec plus
grêles et sans caroncules, de même que la sous-
famille des Vuiturinées , renfermant les es-
pèces de l'ancien continent, se subdivise na-
turellement en Vautours à gros bec ou vrais
Vautours, et en Vautours à bec grêle ou
Néophrons. Parmi ceux-ci , le Néophron
moine {Cathaiie moine Tcm., pi. col., 222),
espèce nouvelle des côtes occidentales d'A-
frique, offre, comme le Néophron alimoche ,
les trois caractères opposés à ceux des Ca-
tbartinées, et s'enéloiguc encore davantage
par la petitesse remarquable de l'ouverture
de ses narines cloisonnées.
Il est évident que les deux groupes de
Vautours de l'ancien et du nouveau conti-
nent sont conformés sur deux types bien dis-
tincts, renfermant chacun des espèces à gros
bec et des espèces à bec grêle. Mais, d'après
ce que dit Temminck (pi. col., art. Catharte),
qu'il existe, dans l'ancien continent, une troi-
sième espèce de Catharte (de Néophron i)our.
bous) qui a été vue dans les voyages entre-
pris au Congo, et qu'il nomme Catharics nie-
leagridea, d'après le dessin de la tête et du
bec qu'il en possède, où ce bec est beau-
coup plus fort que celui des deux Néophrons
connus et surmonté en outre d'une caron-
cule unique ressemblant à celle du Dindon ,
1 Afrique, qui nous oCTre déjà, dans ses deux
Néophrons alimoche et moine, les représen-
CAT
307
tants des Cathartes d'Amérique , nous four-
nirait donc encore, dans cette nouvelle es-
pèce du Congo, l'analogue des Sarcoramphes
à bec caroncule.
D'après les observations de M. Aie. d'Orbi-
gny , les Catbartinées , bien que se rappro-
chant beaucoup, quant à leur distribution
géographique, puisqu'ils appartiennent à
presque toutes les zones de latitude et de hau-
teur, n'en ont pas moins des mœurs et des
lieux d'habitation très différents. Les Cathar-
tes, enelTet, sont toujours vagabonds et sans
aucun domicile fixe; tantôt planant au som-
metdes montagnes glacées, tantôtabatlus sur
les plaines les plus chaudes, et vivant indifle-
remment dans les lieux arides, ou sur la li-
sière de ces immenses et majestueuses forêts
qui couvrent une partie des vastes déserts
du pays ; mais il en est autrement des Sar-
coramphes. Ainsi le Fuliur papa, ou Roi des
Vautours, craintif par nature, ne s'éloigne,
que dans les pays chauds, des foréls ou de
leur lisière ; tandis que le Condor cherche
tour à tour les terrains arides et découverts,
soit des lieux où l'homme pasteur porte sa
domination habituelle, soit des lieux les
moins accessibles, et s'élève du niveau de la
mer à celui des neiges perpétuelles , vivant
depuis les régions polaires jusqu'à la ligne.
En général, les Cathartes aiment les habita-
lions, autour desquelles ils se montrent très
familiers ; tandis que les Sarcoramphes ne
s'en approchent qu'à la dérobée , et seule-
ment lorsqu'il s'y trouve des troupeaux.
Autant les Cathartes sont dédaignés ou
regardés avec indillérence, en ce qu'ils ne
nuisent en aucune manière aux habitants, à
qui même ils épargnent, dans les villes, la
peine d'enlever les immondices; autant les
Sarcoramphes s'en font redouter, en portant
souvent la terreur et le ravage parmi les
troupeaux etdans les basses-cours, ils com-
promettent constamment les intérêts des
agriculteurs, et les embarrassent beaucoup
en les obligeant à une surveillance d'au-
tant plus active qu'ils sont plus prompte-
ment réunis par bandes dès qu'une proie
commune les attire dans un même lieu ; so-
ciables alors , mais alors seulement , sauf à
se disputer plus tard le fruit de leur con-
quête. Point de distinctions d'espèces dans
ces associations dévastatrices ;tous les mem-
bres de la famille, y compris même les Ca-
308
CAT
racaras, s'acharnent sur la même curée. Ils |
mangent alors avec tant de voracité que (
leur jabot devient saillant après leur repas, i
qu'ils ne volent plus qu'avec peine, étant |
obligés de parcourir un assez grand espace
de terrain avant de reprendre leur essor ;
ce qui souvent cause la mort de beauconp
d'entre eux , surtout des Sarcoramphcs ,
car les habitants saisissent ce moment pour
les poursuivre , et les atteignent alors faci-
lement. Le Caiharie ylura est le seul qui
n'ait point à souffrir de son avidité dans
cette circonstance.
Tous ne volent pas de la même façon ;
mais généralement leur vol est très pro-
longé. On les voit planer pendant plusieurs
heures en suivant la lisière des bois ou
les sinuosités des montagnes et des vallons ,
ou tournoyer à une grande hauteur ; puis,
dès qu'ils sont repus, ils restent des jour-
nées entières perchés, soit au faite d'une
maison , soit sur un arbre, soit dans les
anfractuosités d'un rocher ou d'une falaise.
Là , le col enfoncé dans les épaules, le corps
presque horizontal, ilsdigèrenten repos, en
attendant la fin de l'orage, si le mauvais temps
est le motif de leur station momentanée. Ils
marchent par sauts et rarement à pas lents
comme les Caracaras, mais avec facilité. Leur
vue est au moins aussi perçante que celle des
Falconidées, car ils distinguent une proie et
se laissent tomber dessus, bien que perdus au
sein des nuages à une hauteur telle qu'on ne
saurait quelquefois les apercevoir.Leur odo-
rat n'est pas moins fin; car ils paraissent sentir
de fort loin un cadavre quelconque sous l'é-
paisseur du feuillage qui le dérobe à leur
vue. M. Aie d'Orbigny lésa vus aussi sentir
d'assez loin un corps caché sous terre, et
dont leur odorat pouvait seul leur révéler
l'existence. Leurcriest généralement rauque
et désagréabl* ; mais ils ne le font entendre
que lorsqu'ils se disputent une proie ou
dans leurs querelles amoureuses. On ne les
voit par paires qu'au temps des amours. Ils
dépouillent alors momentanément leur
égoisme naturel. Les femelles pondent d'or-
dinaire deux ou trois œufs , jamais plus , et
rarement moins de deux , toujours couvés
par elles seules ; mais, dès que les petits
sont nés, le père et la mère, devenus de ten-
dres parents, se partagent leur éducation.
Les Guaranis, naturalistes par instinct,
CAT
donnent le nom générique A'Iribu. à toutes
nos espèces de Cathartinées , y ajoutant tou-
tefois un nom spécifique pour chacune
d'elles. Ce nom qui s'écrit /nT/» doit se pro-
noncer Urubou, en donnant aux u un son
guttural intermédiaire entre Vu et Vi , selon
M. Aie. d'Orbigny, de qui j'ai emprunté ces
détails de mœurs intéressants.
La sous-famille des Cathartinées, ou Vau-
tours d'Amérique , n'est pas très nom-
breuse en espèces ; elle n'en renferme que
cinq ou peut-être six , si celle du Mexique,
regardée jusqu'ici comme VAura , en diffé-
rait effectivement, comme le pensent le
prince de Neuwied et M. le professeur Lich-
tenstein. Jusqu'ici , les espèces bien consta-
tées sont les Sarcûramphes Condor (voyez
l'atlas de ce Dictionnaire, Oiseaux pi. I)
et Papa , ou Roi des Vautours , et les Ca
Ihartes Urubu, Aura et Californien. Ce der
nier, qu'on n'a encore trouvé que dans
les contrées occidentales de l'Amérique du
Nord, peut être regardé comme le représen
tant, dans cette Amérique, du Condor de l'A
mérique du Sud , qu'il égale en grosseur, et
dont il a, selon M. Lichlenstein , tous les
caractères de forme ; et si , comme le pense
ce savant ornithologiste , les trois seuls indi-
vidus connus et non caroncules étaient des
femelles , et que le raàle, encore inconnu,
fiit caroncule comme on l'observe chez le
Condor, le nombre des Sarcoramphcs se-
rait alors de trois au lieu de deux.
M G.-R. Cray, dans sa List of tlie gênera,
a formé, dans sa famille des f^uliuridœ, une
sous-famille des Cai//arn;iœ;et,se conformant
aux vues d'Illiger et de Temminck, il y
range, à côté des genres Caiharies et Sarco-
ramphus du Nouveau-Monde , le genre
Neophron, de l'ancien continent, contraire-
ment à notre manière de voir, f^oyez ca-
THARTE et SARCORAMPHE. (LaFR.)
CATHARTOCARPUS (xaGapr»,'; , purga-
tif; xapTto'î, fruit). BOT. PH. — Division éta-
blie par Persoon dans le g. Cassia , et qui a
pour type la C. fisiula.
'CATHEA, Salisb. bot. ph. — Syn. de
Calopogon , R. Br.
CATHECU. BOT. PH. — Nom d'une esp.
du g. Arec.
CATHERETES. ins. — Foyez cate-
RETES.
CATHERIWETTE. bot. ph. — Nomvul-
CAT
gaire de la Ronce commun* et de l'Euphorbe
épurge.
CATHESIA. INS. — Nom de genre écrit
ainsi à tort au lieu de Mecatesia, f^oy. ce
mot. (D.)
•CATHESTECUM (xaGtaTyixu;, fixé). BOT.
PU. — Genre de la famille des Graminées,
tribu des Pappophorces, établi par Presl [in
Reliq. Haenk., I, 295, t. 42). Il ne renferme
qu'une seule espèce {C. prosiraium) encore
peu connue, à tige couchée, rameuse, ra-
diante, garnie de feuilles planes; à fleurs peu
nombreuses, subunilatérales et disposées en
épis pédoncules. (C. L.)
*CATHETOGYRAT.'E. bot. fh. — Nom
donné par Bcrnhardi et adopté par Presl
pour une division de la famille des Fougères,
qui correspond à la plus grande partie des
Polypodiacées de Rob. Brown , c'est-à-dire
à ce groupe, à l'exclusion des Cyathéacées
et des Hyménophyllées. Ployez fougères.
(Ad. B.)
XATHETLRUS (xaScToç , abaissé ; oipâ,
queue), ois. — Genre établi par Swainson
en 1837 ( Class. ofbirds) , sur un oiseau de
la Nouvelle-Hollande, et synonyme de celui
de Talégalle de Lesson , qui lui était anté-
rieur. Swainson , croyant reconnaître dans
la nudité de la tête et du cou de son Cache-
lurusausiralis des caractères du Vautour,
avait fait, de ce Gallinacé, un genre de f^ul-
luridée marclieiir , qu'il plaçait par consé-
quent dans sa famille des Vuliaridœ. Il est
reconnu généralement aujourd'hui que c'é-
tait une erreur, et que, de plus, on n'a encore
découvert aucune espèce de Vautour à la
Nouvelle-Hollande. M. Gould , dans son ma-
gnifique ouvrage intitulé : The birds o{
Ausiralia, a représenté le CalheUuus austra-
lis de Swainson , sous le nom de Talegalla
ZatAami.Swainson, toutefois, n'avait faitque
répéter une erreur déjà commise avant lui
par Latham, qui avait nommé cet oiseau
New Holland Fulture, motif pour lequel
M. Gould lui donne le nom de Laihami.
C'est positivement cet oiseau si remarquable
par son énorme nid, formé de végétaux en-
'assés en forme de cône, qui, venant à
fermenter, font éclore les œufs que la fe-
melle a placés dans un enfoncement prati-
qué à son sommet, et qu'elle ne couve
point. ^0(/eï TALÉGALLE. (Lafr.)
C.\rHETlJS (xâGtTos, perpendiculaire j à
CAT
309
cause de la position des anthères relativement
au filet). BOT. PII.— Lourciro, sous ce nom,
a décrit un arbre de la Cochinchine , qui ne
paraît pas différer des Phyllanihus {voyez ce
mot ). Les filets sont soudés en une colonne
du sommet de laquelle partent 3 anthères à
angle droit. (Ad. J. )
CATHŒSSUS. poiss. — Syn. latin de
Cailleu-Tassart. f^oyez ce mot.
CATILIE. Caiilia {xaxilvta , je couvre de
boue ? ). INS.— Genre de Diptères, établi par
M. Robineau-Ilesvoidy ( Essai sur les Myo-
daires), et faisant partie de sa famille des
Calyplérées, division des Coprobies vivipa-
res , tribu des Macropodées. Ce genre est
fondé sur une seule espèce trouvée par l'au-
teur aux environs de Paris, et nommée par
lui C. niiida. Il la décrit ainsi : longueur
3 lig. 1/2 çf> .cylindrique ; tout le corps noir
luisant, avec un peu de cendré obscur sous
l'abdomen ; médians et épistome rouges ;
cuillerons blancs ; ailes à nervures un peu
prononcées. (D.)
"CATILLARIA {caiillus , petite écuelle).
BOT. CR. — (Lichens.) Une des divisions du
g. Lecidea dans Acharius , et qui comprend
toutes les espèces à thalle crustacé uniforme.
(C. M.)
CATILLE. Caiillus [caiillus, petite
écuelle). moll. — Lorsque M. Brongniart
établit le genre Caiillus dans sa Description
géologique du bassin de Paris , on n'en
connaissait encore qu'un petit nombre d'es-
pèces , et l'on n'avait pas encore aperçu
l'identité de leurs caractères avec ceux du
genre Inocérame , institué assez long'temps
avant par Parkinson. Le grand nombre d'es-
pèces actuellement connues dans ce genre
a fait reconnaître l'inutilité de celui de
M. Brongniart. f^oy. inocérame. (Desh.)
CATIMBIUM , Juss. bot. ph. — Syn. de
Globba, Linn.
CATIMLROIV. bot. ru. — Syn. vulgaire
de Ronce.
CATIIMGA. BOT. PH.— Sous ce nom géné-
rique vernaculaire , Aublet comprend deux
arbres de la Guiane , incomplètement dé-
crits , appartenant probablement à la fa-
mille des Myrtacées.etdonton ne connaît que
le feuillage et le fruit. Celui-ci est un drupe
ou une baie globuleuse ou ovale, unilocu-
laire, monosperme, couronnée par le limbe
calicinal 4-parti. à test charnu, criblé de
310
CAT
vésicuies remplies d'un principe huileux
aromatique. Les feuilles sont opposées ou
subalternes, ovales, acuminées aux deux
extrémités , très entières et pellucides-ponc-
tuées. (C. L.)
*CATINUS-LACTI5. moll.— Petit genre
institué par Klein, dans son TetitamenOsira-
cologiœ , pour une coquille qui appartient
au genre Sigaret. On pourrait voir, dans ce
genre de Klein, l'origine du genre Sigaret de
Lamarck. /^oî/es sigaret. (Desh.)
CATMARIIV. OIS. — Nom vulgaire et
spéciflque du Colymbus sepienirionalis , es-
pèce du g. Plongeon. (G.)
CATOBLEPAS ( xâroj , en bas ; Slin^ ,
je regarde), mam. — Sous-genre de Ru-
minants à cornes ou Cérophores, que M. H.
Smith a proposé dans la traduction anglaise
du Reyne animal de G. Cuvier. Il y rapporte
les ^iiiilope Brookesii, giiu et Umrina. Koij.
ANTILOPE. (P. G.)
*CATOCALA ( x-xTiù , au-dessous ; xa^oç,
beau). INS. — Genre de Lépidoptères, de la
famille des Nocturnes, établi par Schrank
aux dépens du grand g. Nociua de Linné, et
adopté par tous les auteurs qui ont écrit de-
puis sur les Lépidoptères. Ses caractères
sont : Antennes grêles et filiformes dans les
deux sexes. Dernier article des palpes nu et
cylindrique. Trompe longue et robuste. Cor-
selet îisse, squameux, avec le collier et les
plérygodes bien marqués. Abdomen en cône
allongé dans les deux sexes, crété et terminé
par un pinceau de poils dans les mâles. Ailes
grandes relativement au corps , et formant
un toit presque plat dans le repos. — Les
Chenilles sont allongées, plates en dessous
et atténuées aux deux extrémités. Elles ont
la première paire de pattes membraneuses
plus courtes que les autres, et celles du der-
nier anneau plus longues ; elles sont ciliées
sur les côtés, et l'avant-dernier segment est
surmonté de deux petits tubercules. Elles se
Uennent appliquées pendant le jour contre
le tronc ou les grosses branches des arbres
sur lesquels elles vivent , et où il est très
difficile de les apercevoir à cause de leur cou-
leur qui se confond avec celle des écorces.
Leur chrysalide, enveloppée d'un léger tissu,
secrète une matière pulvérulente d'un blanc
bleuâtre.
Ce genre est un des plus naturels qu'on
ait établis dans la grande tribu des Noclué-
CAT
lites de Latreille. Les espèces qu'il ren-
ferme sont toutes remarquables par l'am-
pleur de leurs ailes , dont les inférieures
seules sont ornées de couleurs éclatantes ,
tandis que les supérieures , qui les recou-
vrent pendant le repos , sont au contraire de
couleurs sombres ; de là le nom de Catocala
que leur a donné Schrank, et qui veut dire
belles en dessous. Quant au nom vulgaire
de Lichenées ou Likenées qu'elles portent
dans les anciens auteurs, il leur a été donné
parce que les premiers observateurs ont sup-
posé que leurs Chenilles se nourrissaient du
Lichen qui croit sur le tronc des arbres:
mais c'est à tort , car elles ne mangent que
des feuilles : et si pendant le jour elles se
tiennent de préférence parmi les Lichens,
c'est pour se soustraire à la vue de leurs en-
nemis , leurs couleurs variées de gris et de
brun se confondant avec celle de ces crjpto-
games lorsqu'ils sont desséchés.
On connaît maintenant en Europe 22 es-
pèces de Catocala qui se partagent en 3 grou-
pes, d'après la couleur du fond de leurs
ailes inférieures, savoir : celles à fond bleu,
celles à fond rouge , et celles à fond jaune-
orangé ; ces trois couleurs sont rehaussées
chez toutes par une large bordure et des
bandes noires. Nous en citerons une de cha-
que groupe : 1° la Caiocala fraxini [Noct. id.
Linn., Fab., etc.), la Licbenée bleue de Geof-
froy ; 2° la Caloc. nupia [Noël. id. Linn..
Fabr. ), la Lichenée du saule de Geoffroy,
moins grande que la précédente ; 3° la Caioc.
conversa {lYocl. id. Esper.), la Converse En-
gram., plus petite que la nupia. — Les deux
premières se trouvent communément aux
environs de Paris ; la troisième habite parti-
culièrement le midi de la France. (D.) ♦
•CATOCALIDES. Caiocalides. ins. — ■
Tribu établie par M. Boisduval {Gen. et ind.
meih. , p. lOG), dans la famille des Lépidop-
tères nocturnes, et qui a pour type le g. Ca-
iocala. Elle se compose en outre des g. Caic-
phia, Ophiusa, Microphisa et Cerocalu. (D.)
*CATOC ALITES. Calocalites. ins. —
M. Blanchard [Buffon-Duménil , Ins., t. III,
p. 518) désigne ainsi un groupe de Lépidop-
tères nocturnes, dans la famille des Noclué-
liens, et qu'il compose des g. Caiephia, Ca-
tocala , Opliiusa , Ophideres et Phyllodes.
Ces deux derniers ne renferment que des
espèces exotiques. (D.)
CAT
*CATOCHA (xaroxo, inspiration), ins.—
Genre de Diptères, division des Brachocères,
famille des Tipulaires , tribu des Gallicoles,
établi par M. Halyday, et adopté par M. Mac-
quart. Ce g. est fondé sur une seule espèce
remarquable par la dilatation des tarses :
aussi l'auteur l'a-t-il appelée C. latipes.
Elle est d'un noir luisant , avec les pieds
d'un jaune, obscur , les tarses bruns et les
iiiles grisâtres. (D.)
•CATOCHRYSOPS (xaTa>, au-dessous ;
xpvaê;, or; 0^, œill.iiNS. — Genre de Lépidop-
tères, de la famille des Diurnes, tribu des Ly-
cénides, établi par M. Boisduval [foyage de
V Astrolabe, Eut., 1" part., pag. 87) aux
dépens du g. Lycœna de Fabricius , pour y
placer trois espèces , dont une inédite qu'il
nomme C. cyta, et qui provient de la Nou-
velle-Irlande. Les deux autres sont des îles
de l'Australie ou de la Nouvelle-Hollande .
et ont été décrites par Fabricius, la première
sous le nom de Lie. sirabo, et la seconde
sous celui de Lie. centaums. (D.)
CATOCLÉSIE. Cutoclesium { xaTu , en
dessous; xI/tttû), je cache \ bot. — Ce
nom , créé par M. Desvaux, répond à celui
de Carcérule de M. de Mirbel.
CATODON (xâTf), en bas; ô<îov;, dent).
MAM. — Linné, dans les premières éditions
de son Sysiema natnrœ, nommait ainsi le g.
de Cétacés qui a pour espèce type le Cacha-
lot, f^oyez CACHALOT. (p. G. )
*CATOGLOCniS (xâroj, en has ; y\lacent dans le
genre Sierculia. (c. d'O.)
"CAVAIVILLA (nom propre), bot. pu. —
Plusieurs g. ont été dédiés au célèbre bota-
niste espagnol Cavanillcs, dont deux sous le
nom de Cavanilla ; lun par Desmasseaux,
qui rentre dans le Plaqueminicr ou Diospij-
ros; l'autre dont on ne connaît que la figure
insérée au Flora Jlnminensis, d'après laquelle
on reconnaît sans incertitude une espèce
d'Euphorbiacée du genre C(j/;e)o;ii((. (Ad. J.)
CAVAMLLA, CAVAMLLEA. bot. ph.
— Outre les deux genres cités dans l'article
précédent, et dédiés au botaniste Cavanilles,
on en connaît un troisième établi par Thun-
berg , dont le nom est orthographié de la
même manière, et qui est synonyme du
genre Adelamhus d'Endlichcr. D'un autre
côté, Borkhausen, Lamarck, Gmelin et
Medikus, en en changeant un peu la dési-
nence, en firent aussi chacun des genres par-
ticuliers dont aucun n'a été adopté. Celui
du premier auteur est synonyme du Weissia
d'Hcdwig; celui du second , de Diospyros;
le troisième g. répond au g. Sida , le qua-
trième au Pentapeies. Enfin , après tant de
vicissitudes , celle dénomination est définiti-
vement restée à un g. constitué par Ruir et
Pavon sur de meilleurs errements. Foyet
CAVANILLESIA. (C. L.)
CAVANILLESIA (Cavanilles, botaniste
espagnol), bot. ph. — Genre de la famille
des Sterculiacées?, tribu des Bombacées,
établi par Ruiz et Pavon [Prodr. 97, t. 20),
pour trois espèces indigènes de l'Améri-
que tropicale. Ce sont de grands arbres dont
les jeunes pousses sont couvertes d'une pu-
bescence éloilée, à feuilles alternes, pétio-
lées, cordiformes ou subpeltées, 5-7-lobées,
membranacées, déciduesj à fleurs roses, dis-
320
CAV
posées en ombelle , et paraissant avant les
feuilles. (G. L.)
*CAVE [cava , creux ; sans doute à cause
de l'étendue de leur diamètre), anat. — On
donne ce nom à deux troncs veineux qui
rapportent au cœur le sang de toutes les par-
ties du corps. Ployez vkinks.
'CAVENDISHIA (nom propre). BOT. ph. —
Genre de la famille des Éricacées, tribu des
Vacciniées , formé par Lindley {Bol. reg.,
1791 ) sur un petit arbrisseau encore peu
connu, toujours vert, trouvé au Pérou. Les
gemmes en sont grandes, imbriquées; les
feuilles comme celles des Lauriers ; les fleurs
capitées, involucrées, sont puurpres et d'un
bel aspect. Le calice, conné avec l'ovaire, est
tubulé, campanule, tronqué, ■4-denté ; la co-
rolle cylindracée, 5-dentée ; les fllaments
staminaux , insérés à la base de la corolle,
sont inclus , charnus , monadelphes , à con-
nectifs alternes , hastés , à anthères muti-
ques. L'ovaire est infère, 4-loculaire ; chaque
logemuili-ovulée; stigmate simple. (C. L.)
CAVERNES. GÉOL. — ployez grottes.
CAVERIVELX, poiss. — Nom vulgaire du
Blennius cavernosus Schn., espèce du g.
Blennie.
CAVEIIOIM. EOT. PH. — Nom vulgaire du
Prunellier.
CAVIA. MAM. — Nom latin du Cobaye.
'CAVIADE/E. jiAM. — M. Lesson appelle
ainsi , dans son Nouveau tableau du règne ani-
mal, la famille des Caviens {voy. ce mot).
Deux des genres que M. Lesson comprend
dans cette famille, les Chloromys et les
Cœlogenys, ont la dentition et plusieurs ca-
ractères des Hystriciens, et divers mamma-
logistes sont lentes de les placer dans la
famille de ces derniers. C'est à tort que
M. Lesson met le Toxodon, singulier g.
fossile, décrit par M. Owen, parmi les Ca-
viens. Ou verra à l'article Toxodon de ce
Dictionnaire, que l'animal ainsi nommé
tient des Dugongs par plusieurs points essen-
tiels, et que probablement aussi, il avait des
afflnités avec les Hippopotames, réunion de
caractères qui n'a rien d'étrange, si l'on se
rappelle que les Dugongs sont des animaux
aquatiques de la famille des Éléphants, et
que leur place dans l'échelle zoologique est
entre les Pachydermes proboscidieus, et les
Pachydermes ordinaires. (P. G)
CAVIAR. POIS. — Aliment fourni par
CAV
les œufs de diverses espèces d'Esturgeons.
Cet aliment, que les peuples du Nord de
l'Europe et d'une partie de l'Asie ont en
grande estime, s'obtient en faisant subir
aux œufs des Esturgeons la préparation bien
simple que voici. Après les avoir extraits de
l'ovisac qui les renferme, et où ils sont
libres de toute adhérence par suite de leur
maturation, on les crible dans un tamis ou
dans un filet à mailles serrées, afin de les
débarrasser des matières étrangères aux-
quelles ils pourraient être mêlés; puis on
les sou.uet pendant un certain temps a
l'action du sel ou d'une forte saumure, et
quand la saturation est jugée suffisante, on
les fait égoutter, soit dans des sacs de toile,
soit dans des baquets ou des tonneaux dont
le fond est percé comme un crible. Pour
faciliter l'expulsion des liquides qui empê-
cheraient leur conservation, les œufs mis eu
baquets ou dans tout autre récipient criblé
sont chargés de poids lourds, et ceux que
l'on enferme dans des sacs sont fortement
tordus. Quand la pression a tari l'écoulement
de tout liquide, le caviar est obtenu et on
le livre au commerce, après l'avoir entassé
dans des barriques.
Les qualités du caviar varient selon le
degré de maturation des œufs et le mode
de préparation à laquelle on les soumet.
Celui que l'on obtient en baignant avec de
la saumure les œufs enfermés dans des sac
de toile est le plus délicat et le plus re-
cherché.
Dans le Midi de la France, en Corse, en
Italie, on prépare, sous le nom de bolargut
ou poutargue, une sorte de caviar, non
plus avec les œufs d'Esturgeons, mais avec
ceux du Muge. Le mode de préparation de
celte botargue diffère fort peu de celui que
les Russes et les Cosaques mettent en usage
pour le caviar proprement dit. Le sel el
surtout la saumure en sont les principaux
ingrédients : seulement, au lieu d'être mis
en liberté, les œufs du Muge sont soumis à
la salaison avec l'ovisac qui les renferme.
Le tout est ensuite égoutié et modérémenl
séché au soleil.
Enfin, on pourrait encore considérei
comme caviar, parce qu'elle procède des
mêmes éléments et qu'elle subit à peu près
la même préparation, la rogue, que four-
nissent les œufs de la Morue, du Capelan,
CAV
et dont on fait usage sur toutes nos côtes
de l'Océan non plus comme aliment, mais
comme apport dans la pêche de la Sardine.
(Z. G.)
CAVICOIIXKS. Cavicornia. mamm. —
lliifîcr a établi sous re nom, parmi les Ru-
minants, une famille dans laquelle il a placé
les Chèvres et les Antilopes.
CAVIEiVS (mamm.). La famille des Ca-
vicns, qui répond au g. Cavia ou Cnbiais de
Linné, est maintenant partagée en plu-
sieurs genres qui re|)o>ciit sur les espèces
précédemment connues. Ce sont :
1° Les genres //ydroc/iœrus comprenant
le grand Cabiai (l'oy. ce mot), DoUcholh,
Keroion et Cobaye ou Cavia, dont te type
est le Cochon d'Inde; ils forment une pre-
mière tribu ;
2" Les Pacas (C(clogenys.);\ç. «. Osleopera
de Harlan n'en diffère |)as;
3" Les Agoutis {Dasyprocta ou Chloromys).
Ces animaux dont le premier genre com-
prend la plus grande espèce de Rongeurs
actuellement connue, sont tous originaires
des parties chaudes ou tempérées de l'Amé-
rique, et ce n'est également que dans le
nouveau continent qu'il en a été rencontré
des restes fossiles.
Schmerling avait considéré comme [ap-
partenant au genre des Agoutis quelques
dents recueillies par lui dans une caverne à
ossements des environs de Liège ; mais des
doutes s'étaient élevés au sujet de cette dé-
termination, et M. Pomel avait déjà regardé
ces débris comme indiquant une espèce du
genre voisin des Castors ou des Porcs-Épics
qu'il a nommé Diabroticus : il a fait de l'es-
pèce son D/a6. Schmerlingii. Un premier
examen avait aussi conduit M. Lartct à voir,
dans ces prétendus débris d'Agoutis, une
espèce de véritable Porc-Épic ; depuis lors ce
savant paléontologiste a établi qu'ils prove-
naient de VHysirix dorsata, espèce propre
au nord de l'Amérique, dont F. Cuvier a fait
le genre Erelhizon. C'est également à un
Hyslricidé que l'on a dii rapporter quelques
débris fossiles des terrains volcaniques des
environs d'Issoire, que M. Bernard avait
regardés comme provenant d'une espèce
d'Agousii.
La même remarque est applicable aux
Jssiodoroinys de M. Croizet, qui sont d'au-
tres rongeurs fossiles en Auvergne. Malgré
T. m.
CAV
321
une certaine ressemblance de leurs dents
molaires avec celles des Cobayes ou Cochons
d'Inde, ils diffèrent de ces animaux et ne
doivent pas être attribués à la même famille.
J'ai établi qu'ils se rapprochaient davantage
des Hélamys et des Pétiomys , animaux
propres à l'Afrique. (P. G.)
CAVILLOIME. poiss. — Nom vulgaire do
la Trigla aspera Viv., espèce du g. Trigle.
CAVI\ILM, Th. BOT. PII. — Syn. de Thi-
ùaudia, Pav.
*CAVITAIHES. Cavitaiia. helm.— Nom
donné par Cuvier au premier ordre des Id-
leslinaux, comprenant ceux qui ont un ca-
nal intestinal flottant dans une cavité abdo-
minale et distincte, avec une bouche et un
anus. Celte dénomination correspond à celles
(le Nématoides de Rudolphi , et d'Entomo-
zoaires apodes oxycéphalés de M. de Blain-
ville. Ce groupe comprend les g. Filaire,
Trichocéphale, Cucullan, Ophiostome, As-
caride, Slrongle, Spiroptère, Physaloplère,
Sclérostome, Lingualuie, PrionoLlerme, Ler-
née, Némerte , Tubulairc , Ophiocéphale et
Cérébratule.
CWOLlME.Cavolina. moll. — Bruguière
a créé sous ce nom un genre de Mollusques-
Nudibranches, que nous caractérisons ainsi :
Corps allongé , mollasse. Pied épais, étroit,
souvent acuminé postérieurement, tronqué
en avant ou latéralement prolongé en deux
appendices tentaculiformes. Tète peu dis-
tincte, portant antérieurement deux tenta-
cules buccaux coniques ; sur la partie supé-
rieure , deux tentacules ordinairement en
massue, divisés en feuillets ou entiers , et à
la base postérieure desquels sont les yeux,
lorscju'ils sont visibles. Branchies situées
des deux côtés du dos , composées de lobes
nombreux cylindriques ou coniques, épars
quelquefois, le plus souvent par lignes
transversales ou par groupes pairs. Orifice
des organes de la génération et de l'anus en
un tubercule situé au coté droit, en avant ou
au-dessous des premiers lobes branchiaux.
Les CavoJines habitent toutes les mers,
depuis les régions glacées des pôles jusqu'à
la zone torridc. Ce sont des animaux si
élégants dans leur forme , de couleurs si
riches, que Cuvier les avait nommés /■:olide
[voyez ce mot) ; mais Bruguière ayant l'an-
tcriorilé , nous revenons au premier nom
imposé par ce dernier auteur. Les Cavolines
21
322
CEA
rampent sur les Algues marines au moyen
de leur pieds; et c'est ainsi que quelques
unes sont transportées au sein des océans,
sur les bancs du Sargassum natans. (A. d'O.)
CAYEU. BOT. — Voyez caïeu.
'CAYLUSEA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Rcsédacées, formé
par M. A. Sainl-Hiiaire, sur le Reseda ca-
nescens de Linné. C'est une plante herbacée,
croissant en Egypte, à feuilles linéaires, lan-
céolées, ondulées, velues, portées par des ra-
meaux héri.-sés de poils ; à fleurs disposées
en grappes, dont les pédicelles bractées
à la base. Ce genre ne contient que cette
plante, et diffère du g. ^escf/a par un calice
5-parti, dont les lacinies subégales ; une co-
rolle de 5 pétales; 10 à 14 étamines ; un
ovaire longuement stipité, etc. (C. L.)
CAYOPOLLIi\. MAM. — Nom d'une es-
pèce du g. Sarigue.
CAYOU. MAM. — Nom d'une espèce du g.
Alèle.
'CAYRATIA, Juss. eot. pu.— Synonyme
de Cissus, Lin.
*CAZE, CAZOr. bot. pn.—Foy. cajou.
*CEA. INS.— Genre de la famille des Chal-
cidiens, groupe des Ptéromalites, de l'ordre
des Hyménoptères, établi par M. Haliday
(Enlomol. magaz.) , sur une petite espèce
trouvée en Angleterre. Ce genre se fait sur-
tout remarquer par l'absence totale des ailes,
iet par des antennes grêles et filiformes ,
ayant leur premier article très long et fort
grêle, et les suivants courts et épais. (Bl.)
CEAlVOTnuS ( xrivoiOo; , espèce de char-
don.»). BOT. PU. — Genre de la famille des
Rhamnacées , tribu des Frangulées , formé
par Linné ( Gen. , 267 ), renfermant plus de
40 espèces, dont un quart environ sont cul-
tivées dans les jardins comme plantes d'or-
nement. Ce sont des sous-arbrisseaux gla-
bres ou pubescents , rarement épineux , ap-
partenant à l'Amérique boréale. Les rameaux
en sont dressés ; les feuilles alternes, dentées
en scie , sublrinerves ; les fleurs , d'un beau
coloris, blanches, jaunes ou bleues, sont dis-
posées en paniculcs termi.nales ou en grappes
axillaires. Les principaux caractères de ce
beau genre sont : Un tube caiicinal subhémi-
sphérique, concave, dont le limbe coloré,
mcmbranacé , 5-parli ; une corolle de 5 pé-
tales longuement onguiculés, exserts, étalés,
cucullé,* en limbe et insérés au bord d'un
CEB
disque annulaire, subpentagone, spongieux,
couvert de petits mamelons et revêtant le
tube caiicinal ; 5 étamines insérées avec les
pétales et leur étant opposées ; d'abord in-
cluses, puis dressées et exsertes; les filaments
filiformes ; anthères extrorses ; style simple,
trifide, dont les stigmates très petits, papil-
liformes ; une capsule triloculaire, tricostée,
ceinte à la base d'une partie du tube caiici-
nal. (C. L.)
CEBATOA , Forsk. bot. ph. — Syn. de
Cocculus, DC.
*CEBLEPYRIIV^. ois. — Sous-famille
faisant partie de la'famille des Laniadœ dans
la Classif. of birds de Swainson. Elle est
synonyme, sauf quelques modifications , de
notre sous-famille des Céblépyrinées. Voyez
ce mot. (Lafr.)
*CÉBLÉPYRI\ÉES. Ceblepyrhiœ. ois.—
Sous-famille de notre farniUe des Muscica-
pidées , et dont les caractères sont : « Bec
élargi à sa base , mais dépourvu de longs
poils à son ouverture. Ailes pointues. Queue
ample arrondie ou étagée latéralement, quel-
quefois légèrement échancrée au milieu. »
Cette sous-famille , composée uniquement
d'espèces de l'Ancien - Monde , renferme:
1° les Echenilleiirs de Levaillant , auxquels
nous réunissons, comme l'a faitXemminck,
les Choiicaris de Cuvier, qui ne sont que de
grosses espèces d'Échenilleurs ; 2° les Phœ-
nicornis de Boié et de Swainson, renfermant
quelques espèces deMuscicapidces asiatiques
à plumage généralement d'un rouge éclatant,
tels que les Muscicapa Jlammea et miniala de
Temminck. Voyez les genres échexMlleur et
pERicRocoTus dc Boié , ce dernier étant sub-
stitué à celui de Phœmcomis comme plus an-
ciennement formé par le même auteur dans
la Lisi of ihe gênera , etc. (Lafr.)
CEBLEPYRIS , Cuv. ois. — Nom latin
du g. Échenilleur.
*CÉBOCÉPHALE. Cebocephalits (xTiSo-,,
singe; x£(fla).ï>, tête), térat. — Genre de Jlons-
tres unitaires appartenant à la famille des
Cyclocéphaliens. (Is. G. S.-H.)
CÉBRIOIV. Cebrio {nom d'un géant, dans
la mythologie), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Jlalacodermes, tribu
des Cébrionites, établi par Olivier, et adopté
par Fabricius, Lalreille et tous les entomo-
logistes qui sont venus ensuite.Les Cébrions,
par leur faciès et la solidité de leurs élytres.
CEB
lient la tribu à laquelle ils a|)partiennent à
celle desElalcrides; mais, parle resledeleur
organisation, ils ne peuvent être placés ail-
leurs que parmi les Malacodermes. Ce
sont des Insectes, remarquables non seule-
ment par les différences énormes qui existent
entre les deux sexes, mais encore par leur
manière singulière de s'accoupler. Le mâle
a des antennes très longues, les pattes grêles,
les él) très longues, amincies et recouvrant
le pygidium ou extrémité de l'abdomen ; il est
ailé. La femelle a les antennes très courtes,
les pattes renflées, les élytres courtes, écar-
tées, et laissant à découvert le pygidium qui
se termine par une longue tarière : elle est
aptère. Ces différences sont telles , que La-
treille lui-même, à une époque où l'accouple-
raentdes deux sexes n'était pas encore connu,
avait fait delà feme!leduC3i>aiFabr.(C. /-»»■£-
vicor7iis 0\.) un nouveau genre sous le nom
d'Hamrnonia , qui a été supprimé depuis.
On doit à M. Guérin-Méneville les premières
observations faites sur cet accouplement
des plus bizarres , comme on va le voir.
Se trouvant en Provence, en 1812, il remar-
qua dans un champ des environs de Toulon,
au mois de septembre, et après une assez forte
pluie d'orage, un très grand nombre de Ce-
brio gigas qui volaient à la manière des
Hannetons, et allaient de temps en temps se
heurter contre les corps qu'ils rencontraient.
L'année suivante , à la même époque , et
dans les mêmes circonstances atmosphéri-
ques , il retourna dans la même localité, et
cette fois, ayant vu cinq de ces Cébrions po-
sés à terre , il les observa avec attention, et
ne tarda pas à s'apercevoir que l'un d'eux
était accouplé avec un individu , qui , ayant
son corps caché dans un trou de 2 lig. 1/2 à
3 lignes de diamètre, ne laissait sortir que
l'extrémité postérieure de son abdomen. Il
saisit ce couple, et ne fut pas peu surpris de
reconnaître, dans l'individu femelle caché en
terre, le Cebrio brevicomis d'OWyier, ou 7V
tiebrio dubiits de Rossi, dont Latreille avait
fait, comme nous venons de le dire, son g.
Hammonia.
M. Audouin,dansun voyage qu'il fit dans
les Pyrénées-Orientales en 1 833, a eu occasion
de vérifier l'exactitude des observations de
M«Guérin, et a rendu compte de celles qu'il
a faites lui-même à la Société entomologique
de France, dans sa séance du 6 novembre de
CÉB
323
la même année. Il en résulte que la tarière
de la femelle, la seule partie de son corps qui
sorte de terre au moment de l'accouplement ,
a la forme d'un tube, dans lequel le mâle
introduit l'organe qui caractérise son sexe,
et qu'ainsi cette tarière sert non seulement
à la ponte des œufs dans la terre, mais en-
core à rendre possible un accouplement si
inusité. Il en résulte aussi que le ramollis-
sement de la terre par la pluie est indispen-
sable pour que les deux sexes puissent se
rapprocher. Voilà pourquoi ce n'est qu'après
de fortes averses qu'on rencontre des Cé-
brions. Ils disparaissent tous par un temps
sec.
M. Dejean , dans son dernier Catalogue,
désigne 10 espèces de ce g., dont 7 du midi
de l'Europe, 1 d'Afrique, 1 de Java, et 1 de
l'Amérique septentrionale. Indépendamment
du C. gigas déjà cité, nous mentionnerons
ici le C. morio Dufour, qui se trouve en Es-
pagne, et qui,par sa couleur noirâtre, se dis-
tingue facilement du précédent, qui est d'un
brun fauve ou tcstacé. (D.)
CÉBRIONITES. Cebrionites. ins.— Tribu
établie par Latreille dans l'ordre des Coléop-
tères pentamères, famille des Serricornes,
section des Malacodermes, et qu'il compose
des g. F liysodiicty lus, Cebrio, Aiielastex,Calli-
rhipis, Sandalus, lihipicera, Plilodaclyln,Das-
cillas {Alopa, Fabr.) Elodes ( Cyphon, Fabr. )
Scyrtes,]Vycteus,elEubria. Ces différents g.
ont pour caractères communs : 3Iandibu-
les pointues sans échancrure ni dents ; pal-
pes filiformes ou plus grêles à l'extrémité.
Corps arqué ou bombé en dessus. Tête sans
étranglement à sa partie postérieure. Ex-
cepté le mode singulier d'accouplement du
g. Cebrio, qui sert de type à cette tribu,
on ne sait que très peu de chose sur les
mœurs des Cebrionites. Beaucoup se tien-
nent sur les plantes , dans les lieux humi-
des et même aquatiques. Tous sont ailés,
du moins les mâles ; car dans le g. Cebrio,
les femelles sont aptères. Leurs larves ne
sont point connues; on présume qu'elles
vivent et se transforment dans la terre.
(D.)
•CÉBUGALE [cebus, sapajou; ya^^, chat
ou belette J. mam. — Genre proposé par
M. Lesson ( Maslologie méiliod. , p. 215), et
dans lequel se place l'espèce appelée par lui
C. Commersonii , Lémurien de Madagascar
3:24
CEC
que M. Geoffroy avait nommé long-temps
avant Clicirofjaleus major. (P. G.)
CEBLS. MAM. — Nom latin du g. Sajou.
CECHEIVUS (x£j(y,vJ,î, bâillant), ins. —
Genre de Coléoplcres penlamères , famille
des Carabiques , tribu des Simplicipèdes de
M. Dejean , établi par M. Fischer de Wal-
dheim aux dépens du g. Carabe [Eniom.
delà Russie , tom.I, p. 110). M. Dejean n'a
pas trouvé ce g. suffisamment caractérisé
pour l'adopter ; il en a placé les espèces
dans la 1G« division de son g. Curabus.
M. Fischer lui donne pour type le Carabus
Jioeberi d'Adanis, qui se trouve sous les
pierres dans l'Osselie, région du Caucase,
et y réunit les Car. Creulzeri Ziegl., et nre-
gularis Fabr. (D.)
*CECIDODAPH\E (x/)xi;, noix de galle;
ê^fv-n, laurier), bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Lauracées, tribu des Cryptoca-
ryées , institué par Nées ( in yFull. PL as.
rur., II, Gi) et ne contenant qu'une espèce,
le C. glaucescens ( Laurus ylaucescens Ha-
railt.). C'est un arbre de l'Inde encore peu
€onnu, à feuilles alternes, veinées, à fleurs
hermaphrodites ? , réunies en panicules
courtes , muUifiores. (C. L.)
CÉCIDOMYIE. Cecidomyia [xnxii , l'd'o;,
galle, excroissance; fJLuTa , mouche), ins. —
Genre de Diptères némocères, famille des Ti-
puiaircs, tribu des Gallicoles, établi par 3Iei-
gcn et adopté par Lalreillc, ainsi que par
M. Macquart , qui lui donne pour caractè-
res : Tête hémisphérique. Antennes de la
longueur du corps , ordinairement de 24 ar-
ticles dans les mâles, de 14 dans les femelles;
les deux premiers courts et nus. Pieds al-
longés : 1" art. des tar«es très court ; 2= très
long. Ailes frangées, à 3 nervures longitu-
dinales. Les Cécidomyics sont dans l'ordre
des Diptères ce que sont les Cynips parmi
les Hyménoptères. Les femelles sont munies
d'un oviducte rélraclile, en forme de ta-
rière qui leur sert à percer certaines plan-
tes pour y déposer leurs œufs. Il se forme,
à l'endroit de la blessure, une espèce de galle
qui prend un grand accroissement; cette
galle renferme la larve qui y trouve à la fois
l'abri et la nourriture , et qui n'en sort qu'à
l'état d'insecte parfait. Les excroissances oc-
casionnées par la piqûre de Cécidomyies ac-
quièrent quelquefois des dimensions consi-
dérables, et ont des formes très variables :
CEC
on les rencontre le plus souvent sur les Pins,
les Genévriers, le Lotier, la Vcsce, le Genêt
commun , etc. Ce genre est assez noni-
breuxen espèces. M. Macquart (^wf. des Di-
ptères, t. I, p. 159-1G2, Buffon-Rorei) tnAé-
cri 1 1 8, parmi lesquelles nous citerons les plus
remarquables: 1° La Cécidomyiedu saule,
C. salicina Meig. . qui a été décrite par
Degéer ( Mém., tom. VI, pag. 402).
Elle dépose ses œufs sur certaines espèces
de Saules; les larves qui en naissent sont
d'un jaune rougeàtre , et les galles ressem-
blent tantôt à des roses doubles, mais vertes
comme les feuilles de l'arbrisseau , tantôt à
des tubérosités irrégulières , de figures très
variées , formées par les branches mêmes ,
qui , dans certains cas , ont pris une crois-
sance démesurée.
2° La CÉCIDOMYIE DU PIN , C. fini Meig.
Suivant Degéer (loc. cit. , p. 417 ), cette es-
pèce vit sur le Pin , à l'état de larve, dans
une coque de soie blanche enveloppée de
résine et collée aux feuilles.
3° La CÉCIDOMYIE DES MARAIS, C. palustris
Meig. Au mois de mai, les épis en fleurs du
Vulpin des prés sont couverts d'une multi-
tude de ces petils Insectes. M. Macquart en
a vu beaucoup qui introduisaient l'extrémité
de leur abdomen entre les valves des glu-
mes, sans doute pour y déposer leurs œufs.
4° La CÉCIDOMYIE DU BOUILLON BLANC , C.
verbasci Yall. La larve de celte espèce vil
solitaire dans la fleur du Bouillon blanc,
dont la corolle s'arrondit et reste fermée
sans s'épanouir. La nymphe est armée anté-
rieurement d'une pointe dont elle se sert
pour sortir de sa retraite , dans l'ouverture
de laquelle sa dépouille reste engagée. La
larve devient souvent la proie de celle d'un
autre insecte, YEiUophus verbasci.
5" La CÉCIDOMYIE DU LOTIER, C. loii Mcig.
Suivant Degéer ( loco cil., p. 420), les larves
de cette espèce vivent en société dans les
fleurs du Lotus comiculaïus, qui se transfor-
ment en des vessies pointues au sommet.
Parvenues à toute leur taille, elles en sor-
tent pour se transformer en nymphes dans
la terre , et ne tardent pas à paraître sous la
forme d'insecte ailé.
G° Enfin la Cecidomyie destructive , C.
deslrucior Wied. [Ann. Zweif., x\° 2), de 1|A-
mérique septentrionale, où elle fait beau-
coup de tort aux blés. Les Américains l'ap-
CEC
pellent Mouche de Uesse, parce qu'ils croient
qu'elle leur a 6lé importée dans la paille
que les Hessois , faisant partie de l'armée
anglaise , apportèrent avec eux lors de
la guerre de l'indépendance. Quoi qu'il en
soit , la femelle de cette espèce dépose ses
œufs avant l'hiver à l'insertion des feuilles
du froment, qui , à cette époque de l'année ,
sont toutes très voisines du collet des raci-
nes. La larve qui en naît mange le chaume
en descendant sous les racines, et le fait pé-
rir. C'est en juin de l'année suivante que
celte larve acquiert sa dernière forme et par-
vient à l'état parfait. Vouez tipulaires gal-
LICOI.ES. (D.)
•CÉCIDOMYTES. ins. — Groupe ou
sous-tribu établie par M. Blanchard dans
l'ordre des Diptères , et qui se compose des
g. Lestremia , Zygonevra , Cecidomyia , La-
sioptera et P.iychoda. Ce groupe corres-
pond à la tribu des Tipulaires gallicoles de
M. Macquart, dont nous avons suivi dés le
principe et continuerons de suivre la mé-
thode dans ce Dictionnaire. (D.)
CÉCILIE. Cœcilia {cœcus, aveugle), poiss.
— Genre institué par Lacépéde pour une
espèce d'Anguilliformes , que Linné avait
appelé Marœnu cœca. Ce poisson ressemble
aux Sphagébranches par la position des trous
des ouies percés snus la gorge ; mais il en
diffère en ce qu'il n'a aucune trace de na-
geoires , même de verticales. Malgré cette
absence complète de toutes les nageoires ,
ces animaux n'en sont pas moins des Pois-
sons; car ils ont des branchies recouver-
tes par un appareil operculaire et une mem-
brane branchiostège, comme dans les autres
Vertébrés de cette classe. On ne connaît en-
core qu'une seule espèce de poisson de ce
genre , originaire de la Méditerranée. Linné,
comme nous l'avons dit, le fit connaître par
une description très courte sous le nom de
Murœna cœca. Bloch le rapproche de son
genre Sphagébranche ; mais Lacépéde, en le
jugeant plus exactement , en fit un genre
distinct qu'il nomma Cécilie;et, comme l'es-
pèce avait été apportée à Linné par Brander,
il la nomma Cœcilia Branderiana. Depuis ,
M. de La Roche en retrouva un individu aux
îles Baléares , et il le fit connaître par une
bonne description et une figure très correcte
dans les Annales du Muséum, t. XXI, fig. 6,
mais en adoptant le nom à' Apiérichthe que
CEC
325
M. Duméril a préféré à celui donné par La-
cépéde. Il a en effet l'avantage de mieux
caractériser le poisson, et, de plus, d'éviter
une sorte de confusion ou de double emploi
du même mot, puisque le nom de Cécilie est
employé en erpétologie pour désigner un des
genres les plus curieux de la classe des Rep-
tiles. (Val.)
CÉCILIE. Cœcilia {ccut, aveugle), rept.
— C'est à l'époque de Linné qu'on a eu la pre-
mière connaissance des animauxde ce groupe
singulier, et ce célèbre naturaliste est le pre-
mier qui les ait distingués en un genre à
part. Mais leurs caractères n'ont été bien étu-
diés que par les zoologistes de notre époque,
et c'est à MM. Duméril , de RIainville ^ Bi-
bron, etc., que la science doit les principa-
les recherches faites à cet égard.
Les Cccilies sont étrangères à l'Europe. Ce
sont des animaux serpentiformes, mais dont
les mœurs, ainsi que l'a fait remarquer Pé-
ron , semblent se rapprocher de celles des
Triions. Comme eux, ces Picptiles sont aqua-
tiques , et se tiennent dans les endroits ma-
récageux. Ils ont aussi la peau nue et mu-
queuse, et on les eùl aussi classés parmi les
Batraciens sans leur forme qui rappelle pres-
que complètement celle des Serpents. Ils ont
toutefois l'anus presque terminal, disposition
qui n'existe pas dans ces derniers, et ce trait
concorde avec tout le reste de l'organisation
desCécilies pour en fairede vrais Batraciens.
Ainsi, leurs maxillaires supérieurs ne sont
pas mobiles; leur mâchoire inférieure n'a
pas d'os carré ou inler-articulaire; leurs ver-
tèbres sont biconcaves comme celles des Tri-
tons, etc.; leur langue n'est pas bifurqiiée;
ils manquent du double pénis des Ophi-
diens, et les écailles de leur peau, au lieu
d'être formées par l'épiderme, c'est-à-dire par
un dessèchement de la partie superposée au
derme, sont de petites plaques situées dans
le derme lui-même , principalement au voi-
sinage des plis circulaires dont le tégu-
ment des Cécilies est annelé de dislance en
distance.
Un seul caractère, propre aux Batraciens,
manquait aux Cécilies, ou plutôt n'avait pu
être constaté chez elles : nous voulons parler
de la métamorphose que tous les Batraciens
éprouvent en passant du jeune âge à l'état
adulte. Mais, il y a quelques années seule-
ment, M. J. MuUer publia qu'il avait vu dans
326
CEC
une jeune Cécilie conservée au Musée de
Leydc ( Cœcilia hypocyanea Van Hass., laC.
gliuinosa Lin., espèce de Java et de Ceylan ),
une ouverture placée de chaque côté du cou,
un peu en arrière de la fente buccale, et que
c'était celle des trous branchiaux ; il en con-
clut que ces animaux subissent des mé-
tamorphoses analogues à celles des autres
Araphibiens.
Sans nier qu'il en soit ainsi pour l'espèce
dont il vient d'être question, d'après une ob-
servation faite à la Guiane par M. Leprieur,
observation que nous avons publiée ail-
leurs ( DicL. se. nat., suppl., I, p. 171), on
peut dire que la chose n'a pas toujours lieu
de la sorte.RI. Leprieur a obtenu en effet, d'une
Cœcilia biviiiala qu'il s'était procurée vi-
vante, six petites Cécilies, toutes sans bran-
chies, même au moment de leur naissance.
Mais ce fait est loin d'être une objection
réelleà la réunion des Cécilies aux Batraciens,
et l'on pourra voir, à l'article reptiles de ce
Dictionnaire, qu'on cite plusieurs autres ani-
maux du même groupe qui seraient aussi
dans le même cas des Cécilies étudiées par
M. Leprieur.
Les Vertébrés qui nous occupent n'attei-
gnent pas une taille considérable. Us ont ra-
rement deux pieds de longueur, et leur dia-
mètre n'a pas un demi-pouce ; on ne leur
voit aucune trace de membres. Il en a été
décrit une dizaine d'espèces, réparties comme
il suit, en quatre genres, par MM. Duméril
et Bibron.
a. Museau creusé de fossettes :
• Au-dessous de chaque narine, Cœcilia,
Wagl.;
*• Au-devant de chaque œil , Siphonops,
Wagl. ;
*** Au-dessous de l'œil, sur la lèvre, Epi-
crium, Wagl.
b. Museau non creusé de fossettes , Rhi-
nairema, Dum. et Bibr.
Les Cécilies viennent de l'Amérique mé-
ridionale ( Mexique , Brésil , Guiane ) , de
l'Inde (Java, Malabar, Ceylan), et d'Afrique
(îles Seychelles et Gabon). MM. Duméril et
Bibron signalent la Cœcilia rosiraia comme
étant à la fois des Seychelles et de l'Amé-
rique méridionale ; mais, ainsi qu'ils le font
remarquer, le fait est trop contraire aux
données connues de la géographie zoolo-
gique pour ne pas demander conflrmation.
Schneider avait vu, dans les Cécilies, le g,
de Serpents le plus voisin des Poissons, et
particulièrement des Murènes; Linné, qui
réunissait les Salamandres et les Tritons aux
Lézards à cause de leur forme, avait classé
le g. Cécilie parmi les Serpents, et cela d'a-
près le même principe. G. Cuvier fut le der-
nier naturaliste célèbre qui imita cet exem-
ple , mais uniquement pour les Cécilies.
Avant la publication de sa seconde édition du
Règne animal , RIM. Duméril etdeBlainville
les avaient déjà mises parmi les Amphibiens
(Batraciens), et c'est la place qu'on leur assi-
gne actuellement. La seule question qui reste
en litigeestde savoir si elles doivent être plus
rapprochées des Serpents à cause de- leur
physionomie extérieure, ou, pour cette
raison , reléguées à la fin des Batraciens.
Cette seconde manière de voir, qui est celle
de fli. de Blainville, repose sur le fait que les
Cécilies étant des Batraciens apodes et ver-
miformes, et par là même, modelés sur
un type qui rappelle la dégradation organi
que, doivent être au dernier rang dans
leur classe, comme le sont aussi dans la leur
ou dans le groupe quelconque auquel ils ap-
partiennent les animaux modelés d'après
le même plan. Mais c'est une double ques-
tion de morphologie et de zoologie qui ne
doit point nous occuper ici. (P. G.)
M. A. Duméril a publié récemment un
Essai monographique sur les Cécilies dans
lequel il porte le nombre des espèces de
ce groupe à treize. (P. G.)
CÉCILIOIDES. RbiPT. -— Voyez cécilie.
(P. G.)
'CECRACTES (xcxpaxTyjç, bruyant). lus.—
Genre de Coléoptères tétramères, famille des
Curculionides , division des Brachydérides ,
élabli parSchœnherr {Synon. et sp. Curcul.,
t. VI, p. 303), qui le place entre les Scyiro-
pus et les Eugnaihus. On le prendrait au pre-
mier abord pour un Polydrosus ; mais la
forme de son rostre est très différente. (C.)
CECROPIA (nom mythologique), bot.
PH. — Genre fort remarquable de la famille
des Artocarpacées , formé par Linné [Gen.
ex Loffl. il., 272), et renfermant quatre ou
cinq espèces , appartenant toutes à l'Amé-
rique tropicale. Dans les Antilles , où ces
plantes sont assez communes et cultivées
pour l'ornement des jardins, on donne à
plusieurs espèces le nom vulgaire de Rois-
CED
Trompette , en raison de ce que les tiges
sont tout-à-fait creuses et renflées aux ar-
ticulations. On les cultive également pour
le même objet dans les serres chaudes en
Europe. Ce sont des arbres élégants, à feuil-
les alternes (insérées aux nœuds caulinaires),
cordiformes, peltées, palmatilobées, ordinai-
rement d'une couleur différente en dessous ;
les plus jeunes enroulées dans des stipules
spathiformes. Les fleurs, qui sont dioiques,
ébractéolées, sont disposées en épis fascicu-
lés-ombellés , munis à la base d'une brac-
tée à peu près semblable aux stipules. Dans
les mâles (très nombreuses), lepérigone est
turbine-anguleux, obtus, subbidenté, et
s'ouvre par une fente transverse ; dans les
femelles (qui sont en petit nombre), le péri-
gone est campanule , resserré à son orifice
et presque entier. Chez les premières , les
étamines, au nombre de deux, ont leurs fi-
laments filiformes, courts, un peu exserts,
leurs anthères oblongucs-létragones, bilo-
culaircs. Chez les secondes, ces organes, en
nombre égal , sont stériles et alternes avec
les dents du périgone ; l'ovaire est ovale ,
uniloculaire ; le stigmate terminal , subses-
sile, capité. Le fruit est un akène mono-
sperme recouvert du périgone persistant.
La graine , comme l'ovule , est inconnue.
Ces deux espèces , les plus communes et le
plus généralement cultivées, sont le C. pel-
tata L. , dont le tronc s'élève quelquefois à
plus de 30 pieds, sans donner aucune ramifi-
cation , et qui croît aux Antilles , et le C.
palmata "Willd., du Brésil. (C. L.)
*CECROPIS. OIS. — Genre établi par
M. Lesson aux dépens du g. Hirundo, et ayant
pour type \'H. purpurea. (G.)
CÉCROPS. Cecrops ( Cécrops , nom du
fondateur d'Athènes ). crust. — Ce genre,
qui appartient à l'ordre des Siphonostomes,
à la famille des Peltocéphales et à la tribu
des Pandariens , a été créé par Leach et
adopté par tous les carcinologistes. Orni'en
connaît qu'une seule espèce : c'est le C La-
ireillei Leach ( Guér., Iconogr. crust., pi. 95,
fig. 8). Cette espèce, qui a jusqu'à un pouce
de long, vit sur les branchies du Thon. Le
mâle est de moitié plus petit que la femelle,
el se trouve accroché sous la partie posté-
rieure de son corps. (H. L.)
CEDOiVULLI. MOLL. — Nom d'une es-
pèce du g. Cône et d'une Came.
CED
327
CEDRAT. BOT. PH. — Nom du fruit du
Cédratier.
CÉDRATIER, bot. ph. — Nom d'une va-
riété du Citronnier.
CEDRE. Cedrus. bot. ph. — Ce nom a été
appliqué à des arbres très différents par leur
place dans les méthodes botaniques et par
leur origine géographique ; mais les bota-
nistes le réservent spécialemenlau Cèdre du
Liban , grand arbre de la famille des Conifè-
res , Pinus Ceilrus Linn. Quelques auteurs
ont considéré les Cèdres , dont on connaît
maintenant deux espèces , comme un genre
spécial ; les autres les ont réunis aux Mélèses
{Larix): c'était l'opinion de Tournefort; d'au-
tres ont formé un seul genre de ces arbres
et des Sapins sous le nom d'^bies : c'est la
classification de Piichard dans sa Monogra-
phie des Conifères ; d'autres enfin , revenant
à l'opinion deLinné, ne fontqu'un seul genre
de ces arbres et des Pins : c'est l'opinion de
Lambert, admise par Endlicner dans son Gê-
nera planiarum. En combinant les caractères
de végétation et de port avec ceux des orga-
nes reproducteurs, nous croyons qu'on peut
diviser les Pinus en plusieurs genres , et le
Cèdre appartiendrait alors au genre Mélèse
ou Larix. f^oijcz ce mot. (Ad. B.)
Le nom de Cèdre a été encore appliqué à
beaucoup d'autres Conifères, et même à des
arbres de familles différentes. Ainsi l'on a
appelé :
C. ACAJOU , C. MAHOGOiM , le Swicienia
mahogoni elle Cedrela odorala.
C. BLANC , le Cnpressus thuyoides.
C. DE BusACO , le Cnpressus pendula.
C. d'Encens, C. d'Espagne, le Juniperus
ihurifera.
C. DE LA Caroline, C. de Virginie, le Ju-
niperus virgmiana.
C. DE LA Jamaïque, le Guazuma ulmifolia.
C. DE Lycie, le Juniperus phœnicea.
C. DE Sibérie , le Pinus cembra.
C. DEsBERMUDES,le JuH/pera* bermudiana.
C. Rouge , le Juniperus virginiana et
VIcica allissima.
CEDRELA. BOT. PU. — Genre de la fa-
mille des Cédrélacées , auquel on a aussi
donné le nom diminutif de Cèdre , et même
ce dernier nom lui-même , à cause de son
bois, qu'on comparait à celui du Cèdre pour
la beauté et l'incorruptibilité. Il offre les ca-
ractères suivants -. Calice court, 5-fide. Pé-
328
CED
taies alternes , dressés , munis en dedans et
en bas d'un pli dans le milieu de leur lon-
gueur. Organes de la fécondation exhaussés
sur un support que revêt un disque glandu-
leux à 5 côtes , soudé dans leur intervalle
avec les plis des 5 pétales, terminé supérieu-
rement par 5 lobes. 10 filets insérés au haut
du disque : 5 opposés aux pétales , très
courts, stériles , manquant même quelque-
fois tout-à-fait; 6 alternes, subulés, portant
chacun une anthère cordée , attachée par sa
base, ititrorse d'abord et plus tard oscillante.
Style court, pentagone, caduc. Stigmate
pelle , marqué supérieurement de 6 rayons,
et sur les côtés obscurément de 5 angles.
Ovaire porté sur le support et le disque , à
b loges 8-12-ovulées. Fruit capsulaire se sé-
parant à la maturité, du sommet à la base,
en 5 valves qui alternent avec autant de
cloisons : celles-ci s'en séparent et restent
fixées à l'axe, qui présente ainsi 5 ailes, entre
lesquelles sont suspendues les graines, pro-
longées inférieurement en une aile membra-
neuse. Périspcrme mince, charnu , intime-
ment adhérent au tégument mince et spon-
gieux. Embryon dressé, à cotylédons foliacés,
à radicule plus courte, saillante, supère. Les
espèces, au nombre de 9, sont originaires, les
unes de l'Asie, les autres de l'Amérique tro-
picale ; les premières se distinguent par là
brièveté du support de l'ovaire et par le nom-
bre 8 des ovules , des secondes où il y en a
12 avec un support allongé. Toutes sont des
arbres à bois coloré et odorant , à feuilles
pennées avec ou sans impaire , dont les fo-
lioles sont inéquilatérales , à grandes pani-
cules terminales. (Ad. J.)
CEDRELA , Lour. bot. Pir. — Syn. de
Bœckea , Linn.
CÉDRÉLACÉES, CÉDRÉLÉES. Cedre-
laceœ, Cedveleœ. bot. pu. — Le Cedrela est le
type d'une famille à laquelle M. R. Brown
donnait le second de ces noms , que nous
avons changé pour le premier, laissant à une
section le nom de Cédrélées. On les confon-
dait autrefois avec les Méliacées, et elles ont
en effet des rapports assez intimes pour qu'il
vaille mieux les traiter ensemble. Voyez mé-
liacées. (Ad. J.j
CEDROTA , Schreb. bot. pu. — Synon.
A'Anxba, Aubl.
'CEDRUS.Mill. part.BOT.PH.— Syn. deCe-
drda, Linn. -^e nom s'applique encore à un
CEL
g. créé par Miller, et syn. de Swietenia, Lin.
CEIBA, Mart. et Zucc. bot. ph. —Syn. de
Bombax, Linn.
CEII\TLRE. poiss. — Nom vulgaire de
Poissons de l'ordre des Acanthoptérygiens, fa-
mille des Taenioides, auxquels on a donné le
nom de Ceinture, à cause de la forme de
leur corps qui les fait ressembler à un ruban
d'argent. Cuvier a donné à ce g. le nom de
Trichiure , du nom latin Trichiurus.
CEIIVTURE DE PRETRE, ois. — Syn.
vulg. d'une variété de l'Alouette hausse-col.
CEIX. OIS.— Voyez CEYX.
CELA, Mœhr. ois. — Syn. de Casoar.
CÉLACHIMÉE. Cœlachne. bot. ph.— Genre
de la famille des Graminées , tribu des Fes-
tucacées , établi par R. Brown pour une pe-
tite plante de la Nouvelle-Hollande qu'il
nomme C. pulchella. Elle a le port d'une pe-
tite Brize. Son chaume est glabre et rameux;
ses feuilles sont planes et dépourvues de li-
gules; ses fleurs très petites et disposées
en panicule étroite.
CÉLADOIV. iNs. — Nom d'une espèce de
Phalène.
*CEL^jIVO. Celœno. mari. —M. Leach a
établi , sous ce nom, dans la famille des
Vespertiliens , un genre composé d'une
espèce unique , le C. Brooksiana , dont la
patrie est inconnue, et qui paraît devoir
rentrer dans le g. Sténoderme, dont il aies
caractères généraux. Il en diffère toutefois
par le nombre des incisives supérieures, qui
n'est que de deux. (C. d'O.)
CELAN. poiss. — Nom vulgaire du Ctiipea
Pilchardus, esp. du g. Hareng.
*CELA!VTI1ERA. bot. pn.— Nom donné
par Thouin [Mém. acad. scienc., 178C) au
genre généralement adopté depuis sous le
nom de Maraiiia. Voyez ce mot. (Ad. B.)
CÉLASTRE. Celasirus (xvjlao-Tpov, arbris-
seau aujourd'hui indéterminé), bot. pu. —
Ce genre linnécn , qui comprendrait au-
jourd'hui un grand nombre de plantes , a
été réduit, d'après les travaux des botanis
tes modernes, et en particulier de M. Kunth,
a quelques espèces croissant dans l'Améri-
que boréale , l'Asie et l'Afrique tropicales ,
et dont 5 ou G environ sont cultivées dans
les jardins européens. Nous citerons parmi
elles les C. bullaïus et scandem. Ce sont des
arbrisseaux inermes , à feuilles alternes ,
submembranacées , très entières ou dentées
CEL
«n scie , munies de cils slipulaires peu ap-
parents ; à fleurs dioiques, peliles, pédicel-
lées, disposées en grappes axillaires et ter
minales, bractéées. Le calice en est urcéolé,
6-Gde ; la corolle formée de 5 pétales insé-
rés sous un disque périgyne, beaucoup plus
l^rands que les divisions du calice et alter-
nant avec elles. Les étamines , au nombre
de 5, sont insérées dans les sinus du disque,
plus courtes que les pétales et alternant
avec eux; à filaments subulés, à anthères
introrscs , biloculaires. Le style est court,
épais , à stigmate tubulé. Le fruit est une
capsule coriace, subglobuleuse, 2-4-locu-
laire. ^ (C. L.)
CÉl4\.STl\mÉES. Celastriiieœ. bot. ph.—
Famille de plantes dicotylédones polypétales
périgynes , confondue autrefois avec les
Rhamnées qu'on en a séparées avec raison ,
et qui s'en distinguent facilement par leurs
étamines opposées aux pétales. Ses caractères
sont les suivants : Calice à 4-5-divisions plus
ou moins profondes, imbriquées dans la pré-
floraison, égales, revêtu dans son fond d'un
disque charnu plus ou moins épais , qui lui
adhère quelquefois jusqu'à une certaine
hauteur. Pétales en nombre égal , alternes ,
insérés sous le rebord du disque, plans , à
préfloraison imbriquée. Étamines en même
nombre, alternes avec les pétales , insérées
avec eux ou sur le rebord ou en dedans du
disque , à filets courts , à anthères introrses,
biloculaires , dont le connectif est souvent
dilaté en dehors. Ovaire sessile , plus ou
moins plongé dans le disque, libre ou soudé
en partie avec lui , à 2 , 3 ou 5 loges renfer-
mant chacune un seul ovule anatrope, ouïe
plus souvent deux collatéraux dressés , ra-
rement plusieurs ascendants sur deux rangs.
Style court, épais ; stigmate partagé en au-
tant de petits lobes qu'il y a de loges. Le
fruit est tantôt indéhiscent, charnu ou quel-
quefois en forme de samare , à loges mono-
spermes, ou bien capsulaire, à loges2-poly-
spermes et à déhiscence loculicide. Les grai-
nes sont le plus souvent enveloppées plus ou
moins complètement d'un arille charnu ,
coloré, el sous un test crustacé renfermant,
dans l'axe d'un périsperme charnu, un em-
bryon droit à radicule infère, à cotylédons
foliacés. — Les Célaslrinées habitent les ré-
gions chaudes du globe ; mais approchant
les tropiques , elles les passent rarement, et
T. m.
CEL
329
s'observent ainsi le plus abondamment entre
les 24< et 40' degrés de latitude, surtout au
cap de Bonne-Espérance. Ce sont des ar-
bustes ou des arbrisseaux , quelquefois des
lianes, à feuilles alternes ou rarement oppo-
sées, simples , très entières ou dentées , sou-
vent coriaces et glauques , accompagnées de
stipules petites et caduques. Leurs fleurs
hermaphrodites , rarement unisexuelies par
avorlement, sont blanches, verdàtrcs ou
purpurines, disposées en cyraes axillaires.
Tribu L Évonymées. Fruit capsulaire.
Genres : Puiierlickia, Endl. — Lophopeta-
lum , Wight. — Evonymus , Tourn. — Poly-
cardia,J.{Florinda, Noronh. — Commersonia,
Commers. ) — Catlia, Forsk. ( Gymnosporia ,
W. et Arn.) — Celaslms , Kunlh. — Mayte-
nus, Faill. {Hœnkea,Vi.HPaiV.) — Microlropis,
Wall. — Pterocelastrus, Meisn. {Aslerocarpus,
Eckl.etZeyh.).
Tribu IL ÉLjEodendrées. Fruit drupacé.
Genres : Pielidium, P. Thouars. {Seringia,
Spreng.) — Wimmeria, Schlecht. — Fraun-
liofera , Mart. — Pleurostylia , Wight et Arn.
Harlogia , Thunb. {Schrebem , Thunb.) —
Elœodendron , Jacq. ( Rubentia , Comm. —
Schrebera, Retz. — Portenschlagia, Tratt. —
Nerija , Roxb. — Skyiophyllnm , Lauridia ,
Myuroxylon et C'-ocoxy/on, Eckl.etZeyh.)—
Myginda, Jacq. [Rhacoma, L. — Crossopeta-
liim , P. Br.) — Oreophila, Nutt. [Pachys-
lima, Raf.).
M. Endlicher place à la suite le Dulongia
de Kunth, et avec doute les genres suivants :
Carpodeius, Forst. — Bkesa, Hamilt. — Ac-
tegiton, Blum. — Tralliana, Lour. — Lepta,
Lour. — Goupia , Aubl. ( Glossopetalum ,
Schreb.) — Penouatia , Kunth. — Alsatea ,
R. Pav. [Alziniana, Dietr.). ( Ad. J.)
CELASTRUS. bot. ph. — Nom latin du
g. Célastre.
*CÉLÉINÉES. Celeinœ. ois. — Sous-fa-
mille delà famille des Picidées ou des Pics,
dont les caractères sont: « Doigt vertical plus
court que l'antérieur; arête supérieure du
bec légèrement courbée, ses sillons latéraus
manquant chez la plupart. Tarse plus court
que le doigt versatile; tête ayant une huppe
occipitale de plumes soyeuses. »
Cette section, qu'on pourrait regarder
comme le genre Marcheur , dans l'innora-
21'
330
CÈL
brable famille des Pics, renferme effective-
ment des espèces qui parfois se tiennent à
terre, et y marchent momentanément pour
y saisir les Fourmis et autres Insectes ; tels
sont nos Pics verts et gris d'Europe, et quel-
ques espèces étrangères analogues. Ces espè-
ces forment le g. Gecimis, Boié ou Brachylo-
p/2i(s,Swains. Les autres g. faisant partie de
celtp sous-famille sont: Hemiloplms, Sw.;
Ceteus, Boié ouMalacolophus, Sw.; Meiglip-
les, Sw.; Tiga, Kaup.; Chrysodolus , Sw.,et
B me II y p te mus, Slnck. Ployez ces mots.(LAFR.)
CÉLERI. BOT. PH. — Nom vulgaire d'une
espèce du g. Ache, Apium graveolens , à la-
quelle la culture a fait perdre sa saveur re-
poussante et ses propriétés si souvent mal-
faisantes pour l'homme ; car les bêles ovines
et bovines le mangent sans répugnance. Le
Céleri est une plante saine et fort agréable,
qu'on mange crue ou cuite. On en cultive
plusieurs variétés : le Céleri à couper, les
Céleris plein, blanc et violet, et le Céleri
rave, dont la racine devient plus grosse que
le poing ; c'est l'un des légumes les plus
communs des parties septentrionales de la
France et de toute l'Allemagne. Il est fort
délicat et très parfumé. On le mange en sa-
lade ou à la sauce. Les Céleris demandent
une terre meuble et de fréquents arrose-
ments. On les sème en avril; en septembre,
on butte ceux qu'on veut faire blanchir, et
en décembre on les recouvre de paille ou de
feuilles pour les empêcher de geler. Les
graines de Céleri jouissent des propriétés
stimulantes de toutes les Ombellifères.
CÉLÉRIGRADES. Cderigrada {celer,
rapide ; gradus, marche ). mam. — Nom
sous lequel M. de Blainville a désigné l'or-
dre des Rongeurs, à cause de la rapidité de
leurs mouvements.
CÉLESTIIVE. MIN. — Syn. de Stronliane
sulfatée.
"CELETES (x/jX/ÎTvjî , qui a une hernie).
INS. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides, créé par Schœnherr
( Sijnon. eisp. Ciircid. , t. III, p. G34), qui le
met entre les P/îenomenM et les Madarus;
peut-être dans l'ordre naturel serait-il mieux
placé près des horhynclius. Ce g. ressem-
ble à la première vue à un Erirlùnus; mais
la forme du rostre et des antennes est diffé-
rente. Il ne renferme qu'une espèce prove-
nant du Brésil , et décrite par l'auteur sous
CEL
le nom de C.binoialus{Rhynchœnu!i,K\Vi%.).
(C.)
•CELEUS. ois. — Genre créé par Boié aui
dépens du g. Pic, et ayant pour type le Picus
Jlavescens. [G.)
'CELIA. INS. — Genre de la famille des
Crabronidcs, de l'ordre des Hyménoptères,
établi par M. Schuckard (Fossocio/ hyménop-
tères), au\ dépens du g. ô'tigmus de Juriiie.
Il se dislingue de ce dernier par des antennes
coudées ; des mandibules bidentées dans les
mâles, et simples dans les femelles; des pat-
tes sans épines, etc. Le type du g. est la C.
troglodytes, répandue dans une grande par-
tie de l'Europe. (Bl.)
'CÉLIRE. INS. — Genre de Coléoptères
bétéromères , attribué à Lalreille par M. le
comte Dejean, et à Kirby par MM. Boisdu-
val et de Castelnau. Dans le Catalogue de la
collection de M. Dejean, il fait partie des Jlé-
lasomes, et vient à la suite des Asida. Selon
MM.Boisduvaletde Castelnau, il appartien-
drait aux Taxicornes , et devrait être placé
non loin des Cossypiiencs. En effet , il est
très rapproché du genre Helœus , et ne s'en
distingue qu'en ce que la tête est libre et non
recouverte par le corselet. On compte envi-
ron 10 à 12 espèces de ce genre , toutes ori-
ginaires de la Nouvelle-Hollande. M. Bois-
duval [f^oyage de l'Astrolabe) en a fait con-
naître 2 espèces, dont une porte le nom de
C. silphoides, et l'autre celui de C. cassidoi-
des. Le Silpha lœvicollis Fab. doit peut-être
y être placé. (C.)
CÉLIBE. Cdibs. foram.? — Monlfort a
créé sous ce nom un genre de Coquilles
muUiloculaires , offrant des loges globuleu-
ses placées les unes au bout des autres,
formant une ligne droite et percées chacune,
sur le côté, d'une ouverture ronde. Per-
sonne , depuis Monlfort, n'ayant reconnu
le Célibe sur les côtes de la mer Adriatique,
où cet auteur l'indique, nous pourrions
croire que ce genre est apocryphe , comme
tant d'autres qui ne sont dus qu'à l'imagi-
nation de cet auteur. (A. d'O.)
"CELllVA. INS. — Genre de Lépidoptères
nocturnes établi par M. Stephens, et adopté
par M. Westwoodjqui [Synops. oflhe gênera
ot Briiish insecis) le place dans la tribu des
Géométrides. Ce g. répond à celui de Larissa
de Curlis, et a pour type la Lar. imbutata du
même auteur.
CEL
Ce nom sertaussi à désigncrun g.deColéop-
tères pentaraères, famille des Hydrocanlha-
res.tribudesHydroporides.élabliparM.Aubé
[Species général des Coléoptères de la Collect.
de M. Dejeaii, t. VI , p. 4i4) aux dépens
du g. Hydroporuf de Clairville. Ce g. se dis-
tingue de tous ccuv de la même tribu par
la présence de l'écussoii qui n'est pas visible
chez les autres. L'auteur n'y rapporte que
3 espèces, toutes propres à l'Amérique, sa-
voir : Celiiia latines Brul. , type du genre
[Voyage de M. Aie. d'Orbigmj dans V Amer .
mérid. , tom. VI , pag. 150), Celina aculeala
Chevr., du Brésil, et Celina angus:ala,\ic'].,
de Cayennc et des Étals-Unis. (D.)
•CELLA [cetla, resserre), bot.— Nom sous
lequel Scopoli a désigné le fruit de son g.
Pontoppidana, dont le péricarpe est triple,
ligneux à l'cxlérieur, pulpeux dans sa partie
moyenne , cl membraneux à l'intérieur.
CELLAIRE. Cellaria [cella, loge), polyp.
— Ce genre, le principal de la famille des
Cellariécs, teilequ'on l'admelà présent, a élé
établi par Pallas, et subdivisé depuis par La-
marck, Lamouroux, de Blainville, Nordmann
et plusieurs autres. Les animaux des Cellai-
res qu'on avait supposés hydriformcs, c'est-
à-dire à un seul orifice intestinal, sont bryo-
zoaires ou à deux orifices : tous sont marins.
Les espèces en sont communes , même dans
les mers d'Europe. (P. G.)
CELLAIVTHL'S. moli.. — Synon. deCel-
luiie.
CELLARIA. POLYP.— Nom latin du genre
Ccllaire. ^ (P. G.)
CELLARIÉES. Cellarieœ. polvp.— Nom-
breuse famille de Polypes bryozoaires dans
laquelle se placent les Flustres, les Cellaires
et quelques autres genres, mais dont plu-
sieurs auteurs ont néanmoins distrait les
Flustres pour en faire une famille à part. Les
Cellariées sont des animaux marins , tenta-
cules ; on en connaît un grand nombre d'es-
pèces. Leurs polypiers sont membraneux ,
divisés en loges articulées ou jointes entre
elles, et dans chacune desquelles réside un
polype. Il en existe à l'état fossile , et les
terrains qui les renferment sont de formation
marine. Celles qui vivent actuellement sont
également marines ; nous avons toutefois
décril.comme appartenant à cette famille, un
g. vivant dans les eaux df -aces, en Europe.
Voyez PALUDICELLE. (P. G.)
CEL
331
CELLEPORE. Ct//tpora [cella, loge;poru.î,
pore). POLYP. — Genre de la famille des Poly-
pes bryozoaires à polypiers membraneux et
operculifères ; on en doit la distinction à La-
marck. Ses caractères sont : Cellules complè-
tes, bien distinctes , urcéolées , ventrues , à
ouverture terminale ronde, operculée, for-
mant,par leur accumulation irrégulière, une
sorte de polypier fragile, comme spongieux,
poreux, appliqué ou encroûtant.
Les espèces madréporiformes ont reçu de
Lamouroux le nom de Celleporaria. Celles-ci
et celles du genre Cellépore proprement dit
vivent également dans les eaux de la mer.
On en cilc une vingtaine. (P. G.)
CELLÉPORÉES. Celleporeœ. polyp. —
Groupe de Polypes dont le principal genre
est celui de Cellepora, établi par Lamarck,
et dont les espèces sont remarquables par
leurs cellules plus ou moins ellipsoïdes ,
presque verticales et irrégulièrement amon-
celées les unes sur les autres. Il en est
résulté que la surface du polypier est très
inégale , et que les cellules sont disposées
sur plusieurs étages ; aussi la masse totale
peut-elle devenir considérable. Les polypes
sont bryozoaires. Voy. cellépore. (P. G.)
CELLULAIRE (Trssu).zooL., BOT.— A'oy.
ANIMAUX et ANATOMIE VEGETALE.
CELLULAIRES. Ccllulares ( cellula , cel-
lule, petite loge ). bot. — Nom donné par
MM. De CandoUe et deHumboldt aux végé-
taux dans la composition desquels il n'entre
quedutissucellulaire.et qui sont dépourvus
de vaisseaux. Telles sont les Acotylédonées,
dénomination à laquelle répond celle de Cel-
lulaires.
"CELLULARIA. polyp. —Nom linnéen
correspondant à celui de Cellaria, actuelle-
ment la famille des Cellariées. (P. G.)
CELLULARITES. polyp. foss. — Nom
donné aux Polypiers fossiles du g. Cellaire.
'CELLULES.. Cellulœ, Favi, A Iveoli [cel-
lula, petite loge), ins. — On nomme ainsi les
loges construites par plusieurs genres de
l'ordre des Hyménoptères, tels que les Abeil-
les et les Guêpes , pour y déposer leur miel
ou leurs provisions , et y élever leurs lar-
ves. On donne encore ce nom aux espaces
de l'aile membraneuse des Insectes formés
par l'intersection des trachées. La forme et
le nombre de ces cellules sont extrêmement
variables , et servent à distinguer les genres
333
CEL
dans certains ordres. Jurine a fait une heu-
reuse application de ce caractère dans sa
nouvelle méthode de classer les Hyménop-
tères et les Diptères , perfectionnée par
M. Chabrier. Les principes sur lesquels elle
se fonde seront développés aux mots hymé-
^OPTÈRES et INSECTES.
En botanique, on donne le nom de cellules
à de petites cavités fermées de toutes parts,
affectant la forme ovale, oblongue ou hexa-
gonale, et de la réunion desquelles résulte le
tissu cellulaire.M.Turpin appelait celUils in-
tégrante, ceWe qui constitue le végétal à l'état
le plus simple. Ce nom a encore été employé
commesynonyme de Lacune. (C. d'O.)
Ce nom sert aussi à désigner les loges dans
lesquelles sont placés les Polypes à polypiers,
et qui sont une partie endurcie de la sub-
stance de ces animaux. Leur consistance va-
riable, leur forme toujours caractéristique ,
et les précautions curieuses que la nature a
prises pour abriter les petits êtres qui y vi-
vent , seront indiquées à l'article polypes.
(P. G.)
CELLULIE. Cellanthus. foram. — En co-
piant une des figures du Nauiilm craiicula-
tus de Fichtel et Moll , Montfort en a formé
un genre sous le nom de Cellulie. C'est pour
nous une espèce du genre Polystomelle [voyez
ce mot), que Fichtel a mal observée, et que
Montfort n'a pas comprise. (A. d'O.)
CELIVIISlA(nommythologique).BOT.pn.—
Genre de la famille des Composées-Eupato-
riées, établi par Cassini pour des plantes her-
bacées des terres australes, à tige droite, sim-
ple, nue et monocéphale; à feuilles radicales
oblongues; à capiluledont le disque jauneet
leraj^on rose.On n'en connaît que2 csp.,lcs
C.lougifolia elspalhulala. Le C. roiundifolia
Cass. fait aujourd'hui partie du g. Alciope ,
sous le nom A' A. labularis.
CÉLOIMTE. Celoniles. iks. — Genre de
l'ordre des Hyménoptères , famille des Di-
ploptères , tribu des Masarides , établi par
Latreille pour un insecte du midi de l'Eu-
rope. Il ne diffère guère du g. Masaris, au-
quel l'avaient réuni Fabricius et Jurine, que
par un corps plus massif. On n'en connaît
qu'une seule ts^.,\t C. apiformis. M. Dela-
porte écrit Cœloniies. (C. d'O.)
CELOSIA (xïj).ô;, brillant), bot. ph. —
Tout le monde connaît cette belle plante, si
commune et si recherchée, à laquelle on
CÉL
donne le nom vulgaire d'Amarante , de
Passe-velours, de Crête de Coq ; elle est le
type de ce genre, formé par Linné, et ap-
partenant à la famille des Amaranta-
cées, tribu des Célosiées. On en connaît un
assez grand nombre d'espèces , dont en-
viron une dizaine sont cultivées dans nos
jardins. Ce sont des plantes annuelles ou
bisannuelles, indigènes de l'Asie et de l'A-
frique tropicales , rares en Amérique. Elles
sont dressées , glabres , quelquefois sufPru-
tescentes , à feuilles alternes , dont le limbe
décurrenten pétiole ; à fleurs hermaphrodi-
tes, tribractéées, scarieuses, brillantes, dispo-
sées en épis. Le périgone est pentaphylle; elles
ont 5 étamines à filaments filiformes , con-
nés à la base en forme de coupe , à anthères
biloculaires ; point de staminodes ; un style
court, à stigmate capité ou trilobé j pour
fruit un utricule circoncis , renfermant un
grand nombre de graines lenticulaires-réni-
formes. (C. L.)
"CÉLOSIÉES. Celoneœ. bot. pu.— Tribu
de la famille des Polygonées, ayant le g.
Celosia pour type. (Ad. J.)
*CÉLOSOME. Celosomus {{x-nlr,, hernie ;
(jùfjia , corps ). terat. — Genre de Monstres
unitaires, appartenant, comme l'indique son
nom, à la famille des Célosomiens.
(Is. G. S.-H.)
* CÉLOSOMIENS. Celosomœi. térat. —
Famille de Monstres unitaires, appartenant à
l'ordre des Autosites , et caractérisée par
l'existence d'une éventration plus ou moins
étendue, et toujours compliquée de diverses
anomalies des membres, des organes génito-
urinaires , ou même du tronc dans son en-
semble.
Bien que les monstruosités célosomiques
ne soient pas rares, cette famille est l'un des
groupes tératologiques dont l'histoire est le
moins avancée, et offre, dans l'état présent
de la science, le moins d'intérêt. Aussi nous
suffira-t il de mentionner ici, en les caractéri-
sant succinctement, les six genres dès à pré-
sent connus , et de compléter leurs caracté-
ristiques par quelques remarques générales.
l. AsPALAsoME. Aspalasomus, GeofT. S. -H.
( àuTrâXaÇ, taupe J awfAa, corps). — Dans ce g.,
l'éventration , occupant la partie inférieure
de l'abdomen , détermine spécialement des
modifications remarquables dans la confor-
matiou des organes génilo-urinaires. L'appa-
CEL
ipil urinaire et l'appareil sexuel , au lieu de
se confondre, comme à l'ordinaire , à leur
terminaison , et de s'ouvrir au-dcliors par
un orifice commun, sont partout séparés,
et se terminent à l'extérieur par des ouvertu-
res distinctes. Cette disposition, qui rappelle
l'un des faits les plus connus de l'organisa-
tion de la Taupe, a valu à ce genre le nom
qu'il a reçu de M. Geoffroy Saint-Hilaire.
n. Agénosome. Acjenosomus (à privatif;
ycvvaoj, j'engendre ; awfxa, corps). — Ce g. a
de même été établi par M. Geoffroy Saint-Hi-
laire ( sous le nom A'Agme, modifié depuis
par l'addition de la terminaison some , com-
mune aux différents genres de Célosomiens).
Dans ce groupe, comme dans le précédent ,
l'évenlration porte surtout ses effets sur la
région inférieure du tronc , et spécialement
sur l'appareil génito-urinaire ; mais l'ano-
malie s'étend beaucoup plus loin, et va jus-
qu'à l'atrophie des organes génitaux et uri-
naires , tantôt très rudimentaires , tantôt
tout-à-fait nuls.
III. Cyllosome. Cyllosomus, Is. Geoff. (xuX-
\6ç, boiteux; (jcôfxa corps). — L'évenlration,
latérale et inférieure dansceg., entraîne l'ab-
sence ou l'état rudimentaire du membre pel-
vien du côté occupé par l'éventration.
IV. ScHiSTosoME. Schisiosomus, Is. Geoff.
(a^to-To; , fendu , coupé ; aSaa, corps). — Ce
g. est caractérisé par des anomalies analogues
à celles des Cyllosomes, mais beaucoup plus
complexes et plus remarquables. Toute la
portion antérieure des parois abdominales
est dépourvue des téguments normaux qui
sont représentés seulement par des membra-
nes minces et diaphanes. Les membres pel-
viens sont tous deux frappés d'atrophie , et
le corps est inférieurement comme tronqué.
V. Pleurosome. Pleurosomus , Is. Geoff.
{■KltTjpoi, côté; G-ùfxa, corps). — L'évcntralion,
latérale et supérieure , thoracique en même
temps qu'occupant la partie supérieure de
l'abdomen, est compliquée de l'atrophie plus
DU moins complète du membre thoracique
du côté occupé par l'éventration.
YI.CÉLosoME. Celosoum^, Is. Geoff. {voy.
plus haut). — L'éventration envahit ici toute
la poitrine, et non l'un de ses côtés seule-
ment : le sternum est affecté de fissure , ou
même manque plus ou moins complètement,
et le cœur fait hernie au-devant de la poi-
trine comme les viscères digestifs au-devant
CEL
333
de l'abdomen. Ce genre est donc plus qu'au-
cun autre remarquable par le déplacement
herniaire d'un grand nombre d'organes , et
de là le nom de Célosorm qui lui a étédonné,
en raison de ce qu'on y trouve portées au
maximum les anomalies qui caractérisent
généralement les Célosomiens.
De ces six genres, les trois premiers n'ont
été observés que chez l'homme : le quatriè-
me au contraire n'est établi que d'après un
Veau décritpar Fingcrhut.Les monstruosités
dans lesquelles l'éventration esta la fois tho-
racique et abdominale, sont également con-
nues chez l'homme et les animaux. Parmi ces
derniers.nous citerons en particulier un pou-
letcélosome, sorti d'un œuf que, dans ses ex-
périences sur les causes des monstruosités ,
M. Geoffroy Saint-Hilaire avait fait incuber
dans une situation verticale.
Les Monstres célosomiens naissent ordi-
nairement vivants , mais leur mort suit de
très près leur naissance. Toutefois Méry cite
un individu qui a vécu quatorze heures;
Gockel en cite un autre qui n'est mort que le
second jour ; et un troisième sujet aurait
vécu même jusqu'au onzième, si l'on doit
en croire Mercklein. L'état imparfait des
muscles de l'abdomen est sans doute une
des causes de mort chez ces Monstres , dont
la respiration , faute de l'un de ses appareils
musculaires , ne peut se faire que très im-
parfaitement. (Is. G. S.-H.3
CELSÏA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Scophulariacées , tribu
des Verbascées , formé par Linné, revu et
plus nettement déterminé par Bentham
( Scroph. itid., IG ) , qui le divise en 3 sous-
genres : a. Pseudoiliapsus , b. Arclurus ,
c. Nefflea. Il renferme, selon cet auteur,
une vingtaine d'espèces, dont la moitié en-
viron a été introduite dans nos jauiins.
Ce sont des herbes ou des sous-arbrisseaux,
croissant dans le bassin méditerranéen, sur-
tout dans la partie orientale, dans l'Asie
médiane et sur les monts Emodes. Les feuil-
les en sont alternes, les inférieures souvent
pennatifides , lyrées; les fleurs assez sem-
blables à celles de notre Molène ordinaire,
bractéées , en épis terminaux , subsimples ,
sur des pédoncules solitaires non contour-
nés, recourbés par la suite. (C. L.)
•CELTIDÉES. Celiideœ. bot. ph.— Cette
famille, établie par Richard, reste distincte
334
CEN
pour les uns, et est pour les autres confon-
due avec celle des Ulmacées, avec laquelle
nous l'exposerons. (Ad. J.)
CELTIS. BOT. PII. — Nom latin du Mico-
coulier.
CELYPHL'S(xAvaaTTjp, ventre), ns. — Nom donné par
M. Duméril à un g. de Diptères de la tribu
CEN
«es Syrphides, et qui, quoique très expres-
sif, n'a pu être conservé, attendu que Geof-
froy avait depuis long-temps appelé ce même
g. Volucelle. Voyez ce mot. (D.)
* CENOLOPHILM ( xevoç , inutile ; Ào-
«ptov , petite aigrette), bot. ph. — Genre de
la famille des Ombellifères, tribu des Sésé-
linées , formé par Koch [Umbell., 103) sur
V Aihamania demidata de Fischer , et ne ren-
fermant que cette espèce. C'est une plante
herbacée vivace , glabre , trouvée sur les
bords du Volga, à feuilles bipinnatiséquées,
dont les segments sont divariqués, subtrifi-
des , les lacinies lancéolées, cuspidées, très
entières, nervées; à fleurs blanches, dont
lesinvolucres nuls ou monophylles, les in-
volucelles polyphylles. Elle est cultivée dans
quelques jardins. (C. L.)
'CEXOLOPHON (xEvo'î, inutile; )o',je divise; xEcpaXvî,
tête). INS. — Genre de Coléoptères pentamè-
res, famille des Curculionites, division des
Brenthides, créé par Schœnherr [Synon. et
Sp. Curcul. , t. I , p. 357 , et t. V, p. 510).
Les espèces qui en font partie sont les Br.
caudatus Lat., C. codicilliis, C. appendicula-
im, C. Dehaani Sch., et Br. reticulalus Fab.
Les deux premières se trouvent à l'île Bour-
bon, et les deux dernières à Java. Ces Insec-
tes ont la trompe droite, large et longue ; la
tête échancrée en arriére en forme de cou ;
les antennes ont leurs articles en massue prés
delà base, et subglobuleux vers l'extrémité;
les cuisses sontsimples. J'en ai retranché les
espèces africaines pour en faire le genre
Cenirophorus , leur rostre étant plus court,
mince, cylindrique, et leurs cuisses forte-
ment unidentées et échancrées. (C.)
CEODES (xvjw'Jv);, odoriférant), bot. ph.
—Sous le nom de Ceodes umbellifera, Fors-
ler, dans la relation de son voyage dans les
mers australes, décrit un arbuste à rameaux
dichotomes, à grandes feuilles , à fleurs en
ombelle d'une odeur agréable ; mais il lui
assigne des caractères tellement incomplets
et incertains que la plupart des auteurs, ne
pouvant lui assigner une place rationnelle ,
le passent sous silence. (C. L.)
'CEOIVl'X. MAM. — Nom que M. Tem-
rninck donne aux Couscous, groupe de Pha-
langers. Foyez phalangers. (P. G.)
CÈPE. noT. CR.— Voyez ceps.
T. UI.
CEP
345
I CEPHAELIS {xi,',
tête ; av6o; , fleur ). bot. — Nom donné par
Richard au mode d'inflorescence des Synan-
Ihérées. Cette dénomination répond à celle
de Calathide.
•CÉPHALAIVTnÉES. Cephalaniheœ. BOT.
PH. — Sous-tribu établie par De CandoUe
dans la tribu des Spermacocées du grand
groupe des Rubiacées. Elle a pour type , cl
jusqu'ici pour unique genre, le Cephalan-
Unis, L. (Ad. J.)
CEPHALAIVTnERA (xccpa),-/,', tête ; av9£-
po'ç , fleur, anthère), bot. ph. — Genre établi
par L.-C. Richard [Orchid, eiirop., 21) dans
la famille des Orchidées aux dépens des Epi-
paciis, dont il diffère par son ovaire sessile,
son calice à sépales dressés et connivents ,
son labelle embrassant les organes sexuels,
son anthère terminale , et ses pollinies au
nombre de deux et bilobées. Ce sont des
plantes herbacées et sylvicoles de l'Europe
centrale et australe.
• CEPHALAIVTIIL'S [xvfo.1-^ , tête; «•>-
0OÇ, fleur). BOT. PII. — Genre de la famille
des Rubiacées , tribu des Spermacocées-Cé-
phalanthées, établi par Linné ( Gen., 113 ),
etconlenantenviron une douzaine d'espèces,
dont une seule jusqu'ici a été introduite
dans nos cultures, le C. occidenialis. Ce sont
des arbrisseaux croissant en Amérique et en
Asie , à rameaux cylindriques ; à feuilles
opposées ou ternées , munies de stipules
courtes, libres ou presque soudées ; à fleurs
jaunâtres , sessilcs , agglomérées , mais dis-
tinctes en capitules globuleux , sur des ré~
ceptacles velus et portés par des pédoncules
nus, sortant des aisselles foliaires supérieures
et du sommet des rameaux. (C. L.)
*CEPH ALARIA (x^tpa),^', Icte). bot. ph.
— Genre de la famille des Dipsacées , tribu
des Scabiosées, institué par Schradcr [Ind.
sem. Gœiting., I8l4) pour quelques plantes
retirées des Scalnoia de IJnné. On en con
naît une vingtaine d'espèces répandues dans
l'Europe médiane, l'Asie boréale et méditer-
ranéenne , ainsi qu'au cap de Bonne-Espé-
rance ; une dizaine environ sont cultivées
dans les jardins. Ce sont des plantes her-
bacées vivaces, très rarement annuelles, à
feuilles opposées , dentées ou pinnatifides
CEP
é fleurs blanchâtres, jaunâtres ou lilacinécs,
réunies en capitules {utide iwmcn genericum)
terminaux, subglobuleux, dont les paillettes
«xtérieurcs stériles. Les principaux caractè-
res de ce genre sont : Un involucre poly-
phylle, plus court que les paillettes du ré-
ceptacle qui sont niuliques ou aristées ; un
involucelle tétraèdre, 8-sillonné, dont la cou-
ronne 4-8-deiitée. Tube calicinal conné avec
l'ovaire, à limbe supère, cyathiformeou dis-
coïde. Corolle épigyne, 4-fide. Étamines 4.
Style Dliforme, dont le stigmate longitudi-
nal ; utricule monosperme enveloppé par
l'involucelle, et couronné par les vestiges du
calice. Graine inverse. (C. L.)
CÉPHALASPIDES {Cephalaspis, s- Je
poissons fossiles) poiss. — Groupe de Pois-
sons fossiles propres aux terrains primaires
{vieux grès rouge terrain silurien, etc.)qui
est du nombre de ceux dont on doit spécia-
lement la description à M. Agassiz. Il a
pour type le genre Cephalapsis.
Les Céplialaspides ont des formes singu-
lières. Leur tète et la partie antérieure de
leur corps sont couvertes de plaques osseu-
ses qui forment une sorte de carapace ; mais
leur squelette estrudimeutairc et leur corde
dorsale était persistante, c'est-à-dire que
les corps vertébraux ne s"y développaient
pas et qu'elle restait à tous les âges cartila-
gineuse et en forme de cordon indivis
comme celle des Esturgeons. Ils avaient la
tête plate et arrondie, la bouche terminale
■et habiiuellement dépourvue de dents ;
leur corps était également aplati, en outre
leurs nageoires étaient incomplètes et la
plupart manquaient de caudale.
Le genre Ci;phalaps!S a pour caractères
particulier d'avoir le haut de la tôle cou-
vert par un écusson unique, dont les parties
latéro-poslérieures se prolongent en ar-
rière comme les cornes d'uu croissant; les
yeux dirigés en haut sont placés sur les
côtés de ce disque ; la queue porte une na-
geoire de forme hétérocerque et il y a deux
dorsales ; quant aux pectorales et aux ven-
trales, elles manquent les unes et les autres.
Les Céphalaspis connus jusqu'ici sont
tous exclusivement propres'au vieux grès
rouge (terrain devonien) ; toutefois le Cé-
phalaspis Lloydii paraît se trouver égale-
ment dans les sables siluriens de la Gallicie
orientale.
CEP
3^7
On rapporte à la même famille que les
Céphalaspis, les genres suivants qui sont
dépourvus de nageoire caudale :
CoccosTEUs, Agass. — Ayant une na-
geoire anale et une dorsale, mais manquant
de pectorales. Leur bouche est grande, ter-
minale et garnie de petites dents coniques
égales entre elles.
Ces sont des poissons du vieux grès
rouge, sauf un qui paraît être propre au
carbonifère.
I'erichthys, Agass. — De forme très-bi-
zarre. Leur tête est petite et s'élève comme
un bouton au-dessus du corps; leur cara-
pace est composée de pièces distinctes; leur
queue est cylindrique et écaiileuse. Ces
Poissons ont des nageoires pectorales en
forme d'ailerons insérées vers l'articulation
de la tète avec le corps; ils ont une petite
nageoire sur la queue.
On les a quelquefois partagés en plu-
sieurs genres distincts, savoir :
Les Pamphradus, Agass., qui ont la
plaque dorsale unique;
Les Homolhorax, Agass., à carapace pa-
raissant d'une seule pièce ,
Les CheJyophorus, de M. Agassiz, à pla-
ques réticulées.
Les Périchthys comprennent unedouzaine
d'espèces, toutes du vieux grès rouge de
l'Angleterre, sauf deux qui ont été signalées
en Russie.
Menaspis, Ewald. — Ceux-ci ont les
dents en pavés et comparables à celles des
Cestracions; ils manquent d'écusson ven-
tral.
L'unique espèce qu'on en a signalée {M.
annata) a été découverte dans des schistes
noirs marneux du llartz, qui paraissent ap-
partenir au système penéen.
Maciiopetalichthvs, Norvood et D. Owen.
— Ce genre encore assez mal connu paraît
voisin de Périchthys. Le poisson qui lui
sert de type a été recueilli dans le terrain
silurien du territoire d'Indiana, aux États-
Unis.
Placothorax, Agass. — N'a pas été plus
complètement observé. On en possède
quelques fragments de carapace ayant l'ap-
parence de plaques rhomboïdales granulées
à leur face externe.
11 paraît qu'il en a existé deux espèces.
348
CEP
l'une du terrain devonien d'EIgin, en An-
gleterre, l'autre de celui de l'Eifel , en
Prusse.
PoLYPHBACTCs, Agass.— On n'en a encore
trouvé qu'un fragment de tête remarquable
par ses plaques nombreuses et sculptées en
lignes concentriques. Il provient de Cail-
hness, en Angleterre. (P. G.)
CEPHALASPIS (xEtpa/.Ti, tête, iamç,
pointe). Poiss. — Genre très-singulier de
Poissons fossiles, presque exclusivement li-
mité au terrain du vieux grès rouge ou
terrain devonien, et qui sert de type à la
famille des Cephalaspides {Voy. ce mot).
(P. G.)
CEPHALEIA. INS. — P^oy. cephalie.
"CÉPHALÉIDÉES. Cephaleideœ. bot. ph.
— Sous-tribu établie par De Candolle dans
la tribu des Psychotriées du grand groupe
des Rubiacées, et ayant pour type le genre
Cephaëlis. (Ad. J.)
*CEPHALEIS , Vahl. bot. ph. — Syn. de
Cephaëlis, Sw.
CÉPHALÉMYIE. Cephalemyia (x^tpaV/j,
tête; fjivTa, mouche), ins. — Genre de Dip-
tères, division des Brachocères, famille des
Athéricères , tribu des OEstrides, établi par
Ciarckaux dépens du g. OEstre de Linné, et
adopté par xMeigen et Latreille, ainsi que par
M. Macquarl ( tom. II, p. 51). Ce g. est fondé
sur une espèce ( OEsirus ovis Linn.) dont la
larve vit dans les sinus frontaux et maxillai-
res des Moutons, et sort par les narines lors-
qu'elle est sur le point de se transformer en
nymphe. Cette transformation a lieu dans la
terre , comme celle des autres larves de la
même tribu. Foyez l'article oestrides pour
plus de détails à ce sujet. Nous ajouterons
seulement ici que c'est à la présence des lar-
ves des Céphalémyies dans les sinus fron-
taux des Moutons qu'il faut attribuer ces ac-
cès de vertiges qui s'emparent tout-à-coup
de ces animaux, et les font aller se heurter
la tête contre les corps les plus durs; car il
n'est pas douteux que ces larves ne doivent
leur causer les plus vives douleurs chaque
fois qu'elles se remuent , comme nous le
voyons chez l'homme pour le Tœnia.
Les Céphalémyies ont le corps peu velu ;
la tête grosse et arrondie antérieurement;
point de cavité buccale ; les cuillerons
grands ; la première cellule postérieure des
ailes fermée.
CÈP
L'unique espèce de ce %., Cephalemyia ovis
Clarck [OEsims id. Linn., Fabr., Meig. n. 1,
tab. .38, fig. 16 ) a 5 lignes de long , la face
rougeâlre , le front à bandes pourprées , les
antennes noires, le corselet grisâtre, à petits
tubercules noirs , très nombreux et portant
chacun un poil, l'écusson d'un fauve bru-
nâtre, l'abdomen d'un blanc soyeux, les
pieds fauves et les ailes hyalines. Elle se
trouve dans toute l'Europe. (D.)
CÉPHALÉS (x£(pa),y7, tête), moll. — On
doit à Cuvier la division des Mollusques en
2 grandes classes, et il a fondé leur distino»
tion sur la présence ou l'absence de la tête,
ce qui est exprimé par les noms A'Acéplia-
lés pour les Mollusques qui n'ont point de
tête et de Céphalés pour ceux qui en ont
une. Voyez mollusques. (Desh.)
•CEPHALEUROS ( xt nt la
tête est pesante), ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Curculionites,
division des Brenthides , établi par Schœn-
hen{Syn.eiSp. Carcul., t. V, p. 517). L'espèce
qu'il y rapporte a une tète d'un volume tout-
à-fait extraordinaire, surtout chez le mâle.
Cet insecte provient de la Nouvelle-Grenade,
et a été décrit sous le nom de C. macroce-
plialus, que lui a donné M. Dejean. Les indi-
vidus les plus grands ont jusqu'à 3 pouces;
mais il s'en rencontre qui sont de moitié
plus petits. Ce g. est très voisin des vrais
Brenthus, et ressemble aux Cleoderes; la
forme du corps est cependant plus aplatie
que chez ces derniers. (C.)
"CÉPHALOBRAIMCHES, ( xetpaW , tête ;
SpcHyx^o^, branchies), annkl. — Dans un arti-
cle sur les Vers, inséré dans V Encyclopédie
du XIX' siècle , M. Milne-Edwards nomme
ainsi le grand groupe d'Annélides Chétopo-
des ou Séligères, qui répond aux Tubicoles,
et comprend les Serpuliens et les Térébel-
liens. (P. G.)
• CEPHALOCERA ( xtftxlyi , tête ; x/paç ,
corne), ins.— Genre de la tribu desTenthré-
diniens, de l'ordre des Hyménoptères, établi
par M. Klug ( Jahrburcher der Imeci. ) sur
quelques espèces brésiliennes qui se rap-
prochent beaucoup du genre Ailialia.
(Bl.)
'CÉPHALOCÈRE. Cephalocera ( xifAr,,
CEP
349
tête ; xepa;, corne ). INS. — Genre de Dip-
tères , division des Aplocères , famille des
Tanystomes, tribu des Mydasiens, établi par
Latreille , et adopté par M. Macquart ( Dipt.
exoi., t.I, p. 13). Ce g., suivant Latreille, dif-
fère principalemen t des Mydas par sa trompe
longue et avancée en forme de siphon.
M. Macquart en décrit trois espèces, toutes
du cap de Bonne-Espérance. Nous citerons
celle qui a servi de type à Latreille, et qu'il
nomme C. longirostris. Elle est noire, avec
le corselet rayé de jaunâtre, l'abdomen fas-
cié de blanc dans le mâle, et de jaune dans
là femelle, les pieds jaunes. Sa longueur
eslde 6 lignes 1/2. (D.)
CÉPHALOCLE. Cephaloculus (xtyalr,',
tète ; oculus , œil ). crust. — Synonyme de
g. Polyphemus. I^oyez ce mot. (H. L.)
•CEPHALOCTEUS. ins.— Cenre de \b
tribu des Scutellériens, de l'ordre des Hy-
ménoptères, section des Hétéroplères, établi
par M. Léon Dufour [Ann. de la Soc. eiuom.
de France), et adopté par tous les entomolo-
gistes. On n'en connaît encore qu'une seule
espèce, c'est le C. scarabœoides {Cydmus sca-
rabœoides Fabr.), déjà rapporté plusieurs fois
de Tanger et de l'Andalousie. (Bl.)
CEPnALOCULLS. crust. — royei
CÉPHALOCLE.
CÉPHALODE. Cephalodium ( x£:paJu<î/); ,
en forme de tête), bot. cr. — Nom donné par
Sprengel aux apothécies des Lichens, arron-
dies, sans bordure ni bourrelet, et prenant
naissance sur un podeiium, ainsi qu'on peut
le voir dans les Cenomyce et les Siereocau-
lon , qui offrent un exemple de la fructifi-
cation céphalode.
"CÉPHALODELLE. Cephalodella ( xfy«-
/■^',tête; S7,loç,, apparent), zoopn. — Genre
d'animaux microscopiques établi par M. Bory
pour les espèces du g. Cercaria [C. catellus,
caiellina et lupus de Muller), ayant l'extré-
mité antérieure du corps séparée en une
sorte de tête, dépourvue néanmoins de bou-
che ou de cils vibraliles. Ces espèces ont
été distribuées par M. Ehrenberg dans ses
genres Diglena et Cycloglena, de sa famille
des Polytroques. (C. d'O.)
*CEPHALODE]\DRO]V(x£cpa).^', tète ; <îtv-
opov , arbre), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères établi par Latreille dans un ou-
vrage posthume intitulé : Distribution métho-
dique et naturelle des g. des diverses tribus de
la famille des Serricornes , inséré dans le
t. ni An Ann. de la Soc. entom. de France,
p. 1 13-170. Latreille place ce g. dans la tribu
des Cébrionites, entre les Phyllocéres de
M. Dejean et les Ptilodactyles d'Illiger, et
lui donne pour type VEucnemis ramicornis
de Klug, qui se trouve au cap de Bonne-Es-
pérance. Cet insecte a le corps ovalaire et les
articles des antennes du mâle , projetant
chacun un rameau linéaire, velu et inarti-
culé, depuis et compris le3^ article jusqu'au
11' et dernier inclusivement. M. de Castel-
nau, qui a adopté ceg.{Buffon-Duménil, Ins.,
t. I , p. 225), le met dans la tribu des Euc-
némides. (D-)
CÉPHALODIEIVS {xt,ee/t'c/. aiiim.,
an., p. 100, tab. 19, fig. 10) en a fait con-
naître une onzième, qu'il a publiée sous le
nom de Clialepus goniapterus. (C.)
XEPHALOLKIA {xi-f-An,lè[e; )no;,lisse).
INS. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Chrysomélines , tribu des Hispi-
des, créé par M. Chevrolat, adopté par M. De-
jean qui, dans son Catalogue, en mentionne
27 espèces, dont 22 proviennent d'Amérique,
2 des Indes orientales, et 3 du Sénégal. Ces
Insectes ont un peu du faciès des Cassidai-
res, mais ils sont étroits, quelquefois allon-
gés carrément, entièrement lisses , sans épi-
nes; leur corselet est ou arrondi en avant
et sur les côtés, ou en carré transverse. Les
Hùpa meluUica , nigncornis Fabr., YHisp.
iiigricornis d'Olivier, espèce distincte de la
première, et V^-Hurnu^ cyanipennis de Ferly
rentrent dans ce genre. (C.)
XÉPHALOMÈLE. Cephalomcles [y.t.-n, tête ; izrtpiv, aile, tête ailée ;
à cause de la grande huppe dont est ornée
la tête de l'oiseau type de ce genre), ois. —
Genre formé par Geoff. Saint-Hilaire {Ann.
du Mas., t. XIII, 1809) sur un oiseau du Bré-
sil, et dont les caractères sont : « Bec puissant,
allongé, triangulaire et déprimé, à pointe
crochue et dentée; à narines en croissant,
ouvertes dans une membrane sur une large
fosse nasale. Pieds courts , assez robustes ,
construits sur le type percheur, c'est-à-dire
avec les doigts latéraux allongés , et princi-
palement l'externe. Ailes longues ; queue
courte, fête surmontée d'une huppe épa-
nouie en forme de parasol ; partie antérieure
du cou dénudée; un large fanon de plumes
retombant sur le thorax.
L'oiseau type de ce g., le Cephalopterus
ornalus GeoS. {Ann. du Mus., 1809, pi. 15),
est certainement un des plus remarquables
de la série , par la magnifique huppe dont
CEP
il est orné. De la grosseur à peu prés d'une
Corneille, son plumage en a la teinte noire à
reflets bleus, surtout vers le bord des plu-
mes ; celles du dessus de la tète s'élèvent
verticalement, en forme de petites liges dé-
nudées et en rayonnant, puis se garnissent
de barbes qui, s'épanouissant dans tous les
sens, forment une huppe en forme de para-
sol retombant sur le front et tout autour de
la tête ; une sorte de fanon de plumes tom-
bantes d'un noir-bleu brillant vient recou-
vrir la partie dénudée du cou. Temminck ,
dans ses Planches coloriées, Vieillot, dans sa
Galerie, en ont donné de belles flgures, mais
postérieurement à celle des Annales. On ne
sait encore rien sur les mœurs de ce singu-
lier oiseau, qui, d'après la forme élargie de
son bec , analogue à celui des Baccivores ,
doit probablement se nourrir en grande par-
tie des baies et fruits mous si nombreux
dans les forêts du Nouveau-Monde. Ses pat-
tes, conformées sur le même type que celles
des Cotingas, éminemment frugivores, indi-
quent, comme chez eux , une station habi-
tuelle sur les arbres , et très probablement
le même g. de nourriture; car l'absence de
grands poils à l'ouverture du bec annonce
que, comme les Cotingas, il n'est point mus-
civore , ce dernier caractère étant , au con-
traire , l'apanage de tous les Muscicapidées.
Le Muséum n'a possédé long-temps qu'une
mauvaise dépouille de ce rare oiseau qu'il
avait reçue du cabinet d'Ajuda de Lisbonne,
à qui le Brésil en avait fourni deux indivi-
dus ; mais, dans ces derniers temps, il s'en est
procuré de beaux exemplaires, qui ornent
aujourd'hui la galerie. Les forêts de l'inté-
rieur du Brésil étant l'habitation de cet oi-
seau, il a été difficile jusqu'à ce moment
d'obtenir des renseignements sur ses mœurs.
Espérons que de nouvelles investigations
nous en fourniront bientôt. Le genre Ccpha-
loptère fait partie de notre famille des Bac-
civoridées, de notre sous-famille des Coraci-
ninées. Voyez ces mots. (Lafr.)
CÉPHALOPTÈRE. Cepkalopiera (x£l-n , tête ; arty-
/*a, stigmate, en botanique), bot. ph. —
Genre de la famille des Campanulacées ,
tribu des Wahlenbergiées - Lightfootiées ,
formé par M. Alph. De Candolle, et renfer-
mant à peine quatre ou cinq espèces encore
assez peu connues , et croissant dans la Sé-
négambie et la Birmanie. Ce sont des plan-
tes annuelles, à feuilles alternes , linéaires ,
on lancéolées ou ovales ; à fleurs disposées
en grappes ou en panicules. Un des princi-
paux caractères du genre est d'avoir un style
filiforme dont le stigmate est simple , velu ,
capité , ce à quoi le nom générique fait allu-
sion.^ (C. L.)
CÉPHALOSTOMES. Cep/m/oi/omaia.
ARACH. — Ce nom a été donné par Leach à
une famille de l'ordre des Arachnides tra-
chéennes. (H. L.)
•CEPHALOTAXUS ( xctpaX/î , tête ; Ta?o?,
if). BOT. PH.— Genre formé par MM. Sieboldt
etZuccarini {FI. Jap. , t. 130, 131 ?) pour
un petit groupe d'arbres dioïques japonais,
à rameaux secondaires distiques , dont les
gemmes à pérules persistantes , décussées-
imbriquées ; à feuilles alternes , subdisti-
ques, linéaires , mucronées-aiguës , légère-
ment falciformes, uninerves, parcourues à
la face inférieure par deux larges bandes
de stomates multiscriées et subsistant à
l'état vert pendant trois années , et à pé-
tioles très courts et décurrents. Chatons
staminigères sortant des aisselles foliai-
res , et portés par des supports couverts de
bractées serrées - imbriquées ; les pistilli-
gères prenant naissance dans les aisselles
des pérules intérieures , sur des supports
nus et tétragones ; fruits mûrissant la se-
conde année. (C. L.)
CÉPUALOTE. Cephalotes [xi-fo^-n, tête).
CEP
MAM. — Genre de l'ordre des Chéiroptères,
famille des Ptéropiens , établi par M. Geof-
froy Saint-Hilaire pour des Chauves-Souris
voisines des Roussettes , mais qui en dif-
fèrent par leur index manquant d'ongle;
par les membranes de leurs ailes, qui se
réunissent au milieu du dos, auquel elles
adhèrent par une cloison verticale et longi-
tudinale , et par l'absence des incisives , ré-
duites quelquefois au nombre de deux. On
en connaît deux espèces : une des Moluques,
la C. DE Pallas, c. Pallnsii , et la C. de Pé-
RON , C. Peronii , rapportée de Timor par le
voyageur auquel elle a été dédiée. (C. d'O.)
*CÉPHALOTÉES. Cephaloleœ. ^ot. ph.—
Le genre Cephaloius, placé d'abord parmi les
Rosacées, en a été exclu plus tard, et paraît
à M. Brown pouvoir devenir le centre d'une
petite famille qu'il compose seul jusqu'ici, et
qui , voisin des Crassulacées , en diffère par
l'absence de pétales; la préfloraison valvaire
de son calice ; la petitesse de son embryon ,
relativement à son périsperme plus abon-
dant, et par plusieurs autres caractères de
moindre importance. ( Ad. J. )
CEPHALOTES. Cephalotes. poiss. —
M. Duméril avait réuni sous ce nom, dans
sa Zoologie analytique, les genres voisins des
Cottes et des Scorpènes, et qui avaient été
démembrés de ces grandes coupes linnéen-
nes. Celle famille correspondrait donc à peu
près à celles de nos Percoïdes à joues cuiras-
sées : mais M. Duméril avait rapproché à
tort de ces deux grands genres les Lépidolè-
pres , qui sont des Gades , et les Gobiésoces
cartilagineux, qui avoisinent le Lump [Cij-
clopterus Lumpus Linn.), et sont de la famille
des Discoboles. (Val.)
CEPHALOTES ( xstpa^coTo; , qui a une
tète). INS. — Genre de Coléoptères penlamè-
res , famille des Carabiques , tribu des Féro-
niens , établi par Bonelli et dont le nom a
été adopté par tous les entomologistes , ex-
cepté par les Anglais, qui lui ont préféré
celui de Broscus , donné au même gen-
re par Panzer. Ce genre est fondé sur le
Carabus cephalotes de Linné , espèce de
moyenne taille, toute noire, remarquable par
sa grosse tète , et par l'étranglement qui
existe entre le prothorax et l'abdomen , ce
qui le fait ressembler un peu à un Scarite :
aussi Oliviier l'avait-il placé dans ce g., mais
à tort, car il n'en a du reste aucun des carac-
CEP
tères , el n'apparlient même pas à la même
tribu. Le genre dont il se rapproche le plus
est celui auquel Mégerle a donné le nom de
Steropus, et qui ne forme qu'une division du
g. Feronia dans la méthode de M. Dcjcan.
Ce dernier, dans son Specics, en décrit
5 espèces , dont 2 d'Europe , 1 d'Egypte ,
1 d'Arabie et 1 de l'Asie-Mincure. Nous cite-
rons le Cephatoles vulgaris {Carab. cephaloics
de Linné et de Fabricius), qui se trouve
communément sous les pierres dans toute
l'Europe, et le Ceph. nobilis Dej., qui se dis-
lingue de tous les autres par sa couleur d'un
vert bronzé assez luisant. Ce dernier ne se
trouve qu'en Orient. (13.)
"CEPIIALOTHECE/Ect CEPHALOTIIE-
CIA, Dumort. ( Comm. Bol., p. 116 el 08).
BOT. CR. — Synonyme de Marclianlicœ ,
Nées d'Esenbeck.
*CEPIIALOTIIECIUM (xEtpaJiv,', tète ; G^xn,
théque). bot. cr. — Corda {Icônes Fung., t. 2,
p. 14, lab. X, fig. 62) a décrit un petit cham-
pignon de l'ordre des 31ucédinées, et qui est
caractérisé par ses filaments dressés, sim-
ples, cloisonnés, terminés en pointe au som-
met, el auquel est fixé un petit nombre de
spores ovales à une seule cloison, et dont le
point d'attache est légèrement saillant. Le
Cephaloihecium roseum de Corda ne diffère
du Trichotliecium roseum de Link que par
le dernier caractère. On peut donc, s'il n'y
a que cette seule différence, réunir ces deux
genres en un seul. (Lév.)
•CEPHALOTHORAX (x£tpaW, tète ; 0«pa?,
poitrine), crust. — Latreille a employé ce
nom pour désigner, dans les Arachnides elles
Enlomoslracés , la partie qui correspond au
Ihoracide des Crustacés décapodes , et qui
résulte de la tête confondue avec le tronc.
(H. L.)
CEPHALOTRICHIA (x£i., 585), et renfer-
mant plus de GO espèces que divers auteurs,
qui révisèrent le genre linnéen, partagèrent,
pour en faciliter l'étude, en 5 sections qui
sont : a. Dichodon , Baril. ; b. Schizodon ,
Fenzl.; c. Sirephodon , Sering. ; d. Or-
thodon , Sering. ; Mœ.nchia , Ehr. On cul-
tive presque toutes les Céraiues dans les
jardins de botanique, et plusieurs sont
même recherchées par les amateurs, pour la
beauté de leurs fleurs ; entre autres le C.
tomeniosum L., dont les fleurs, assez grandes
et d'un blanc pur, sont accompagnées d'un
feuillage cotonneux et comme argenté. On
tapisse de cette jolie plante les rochers des
jardins paysagers, où elle fait un bon efl'et.
Ce sont en général des plantes herbacées
annuelles ou vivaces, formant des touffes
gazonnantes et croissant dans les parties
tempérées de l'univers; elles sont le plus
ordinairement velues ou tomenteuses, à
tiges subcylindracées, se terminant par des
dichotomes en une inflorescence ou puni-
culée-cymeuse , feuillée ou corymbiforme,
ou subombellée. Les feuilles de diverses
formes sont sessiles , distantes et très ra-
rement imbriquées , ou quelquefois rélré-
cies à la base en une sorte de pétiole. On
en voit aux environs de Paris 6 ou 7 espèces
CER
de Céraistes. Les principaux caractères de
ce genre important sont : Calice 5-lrès ra-
rement 4-parti. Corolle de 5 ou de 4 péta-
les subhypogynes, obcordiformes, obovales
ou oblongs, profondément écbancrés ou re-
lus , quelquefois très entiers ou laciniés.
Etamines 8-10 , moins souvent 5-4, subhy-
pogynes, à filaments subulés ou sétacés,
libres , à anthères biloculaires longitudina-
lement déhiscentes. Stigmates 5-4-3, filifor-
mes , opposés aux laciniés calicinales et
terminant un ovaire sessile , uniloculaire,
qui devient une capsule membranacée, cy-
lindrique, carrée ou courbe , dépassant le
calice ou rarement plus courte que lui,
déhiscentes par des dents en nombre double
des stigmates , soit dressées ou planes et
connivenles en un cône, soit roulées au
sommet en cercle ou sur le bord. Ce fruit
renferme des graines nombreuses , globu-
leuses , réniformes ou comprimées , angu-
leuses , granulées ou couvertes de papilles
tubéreuses et à ombilic éstrophiolé.
Il existe un autre genre Cerastium, Hnds.,
qui est synonyme de YHolosteum. (C. L.)
'CÉRAMANTHE. Reich. bot. ph.— Syn.
douteux de Scropliularia, Tournef.
CÉRAMBYCINS. Cerambyciui. iNS.— Ce
mot, qui vient de Cerumbyx , nom latin du
g. Capricorne, est employé par les entomolo-
gistes pour désigner tantôt une famille, tan-
tôt une tribu dans l'ordre des Coléoptères
tétramères. Latreille , qui s'en est servi le
premier, l'avait d'abord appliqué à toute la
famille des Coléoptères tétramères à longues
antennes ; mais il a appelé, depuis, cette fa-
mille Longicornes , et le nom de Céram-
bycins ne désigne plus pour lui qu'une tribu
dans cetteméme famille.M.Audinet-Serville,
qui a publié, dans les Ânn.dela Soc. entomvl.
France, une nouvelle classification des Lon-
gicornes, a suivi l'exemple de Latreille. Ainsi
pour ces deux auteurs , les Cérambycins se
bornent à ceux des Longicornes qui présen-
tent l'ensemble des caractères suivants : La-
bre très apparent, s'étendant sur toute la
largeur de l'extrémité antérieure de la têle.
Mandibules de grandeur ordinaire, sembla-
bles ou peu différentes dans les deux sexes.
Lobes des mâchoires très distincts et sail-
lants.Yeux toujours écbancrés et entourant,
du moins en partie, la base des antennes.
Tête avancée ou penchée , mais point enliè-
CER
reinent verticale. Palpes ayant leur dernier
article en triangle ou en cône renversé , ou
presque cylindrique, mais toujours tronqué
au bout. Corps ailé.
Latreille, dans la dernière édition du Règne
auimal deCuvierqui a paru en 1829, n'éta-
blit que 27 g. dans la tribu qui nous occupe ;
mais lui-même reconnaissait leur insuiïi-
sance pour classer d'une manière naturelle
tous les Cérambycins connus à cette époque.
Or, leur nombre ayant plus que quadruplé
depuis, on ne sera pas étonné que M. Ser-
vilie, dans sa nouvelle classification, ait
ajouté, aux 27 g. de F.alreille, G3 nouveaux
g., dont plusieurs ont été créés par divers au-
teurs ; ce qui forme un total de 90 g., qu'il
divise en deux sous-tribus, les Brévipen-
MKS et les LoNGiPENNES , sc subdivisaut à
leur tour en plusieurs groupes qui n'ont pas
de noms, et dont les caractères distinctifs
sont trop détaillés pour être rapportés ici.
Voici dans quel ordre ces 90 g. sont rangés.
1" sous-tribu. Brévipennes.
Genres : ^ecydali^' T^oiuaaierus.. Si^aao-
teriis, Odoniocera.
2' sous-tribu. Longipeinnks.
Genres : Rliinoiragus, Oiegosloma, Pachy-
leria, Colobus, Callicliroma, lonlhodes , Aro-
mia, Rosalia, Disaidax, Litopus, Polyschizis,
IHatacopterus, Eurymerus , Mullocera, Pur-
puricenus , Anopitsles , Criodion, Achryson ,
Chrysoprasis, Deltaspis , Eburia , Ceraspho-
rits, Dorcasomus, Cerambyx, Hammaticherus,
Xeslia, Trichophorus, Cosmisoma, Euponis ,
Coremia, Cordijlomera , Trachelia, Prome-
ces,Phœnicocerus, Dorcacerus, Chlorida, Ce-
ragenia, Lophonocenis, Ctenodes, Crypiobias,
Desmoderus , Pliœditms , Charinoles , Den-
drobias, Trachyderes , Xylocaris, Ancyloi
ternus, Oxymenis, Stenaspis, Crioprosopus
Rachidion, Lissoiiolus, Megaderus, Disticha
cera, Tragocems, Orlliosloma, Compsocerus .
Prodontia, Amphidesmm , Elapfiidion, Mal
losoma , Xysirocera, Lislroptera, Tmesisler
nus, Deilus, Callidium, Arliopalus, Asemum,
Stromatium, Saphanus, Cracilia, Closirocera,
Clylus, Eriphus, Tragidion, Temnopis, Pie-
xocera, Obrium, CarUdlum, Sienygra, Ozo-
des, Rhopalophora, Cycnoderus, Ibidion, An-
cylocera, Lepiocera.
Depuis le travail de M. Serville , M. Mul-
sant a fait paraître en (1839) une Monogra-
T. w.
CER
361
phie des Longicornes de France , dans la-
quelle il admet également la tribu des Cé-
rambycins , mais en lui donnant le nom de
famille. Parmi les 2G g. dont il la compose,
nous en avons remarqué 8 de sa création
sous les noms de Ropalopus , Phymaiodes ,
Semanotus, Oxypleurus, Solenopliorus, Pla~
lynoias, Anaglyptus et Leptidea.
Parmi tous les genres que nous venons
d'énumérer, il en est quelques uns seule-
ment qui présentent des particularités de
mœurs ou d'organisation , qui ont été ou se-
ront mentionnées à leurs articles respectifs.
Pour ne pas nous répéter, nous ne parlerons
ici que de ce qui, sous ce double rapport, est
commun à tous. Des quatre tribus dont se
compose la famille des Longicornes, celle
des Cérambycins est la plus remarquable.
Les Coléoptères qu'elle renferme sont gé-
néralement de grande taille, à formes élan-
cées, à très longues antennes , surtout dans
les mâles , et à pattes proportionnées pour
la longueur à celles du corps ; d'où résulte,
dans la structure de ces Insectes, une har-
monie qui plaît à l'œil, indépendamment
des couleurs vives et brillantes dont la plu-
part sont ornés. Leurs yeux, d'une conforma-
tion singulière , sont plus ou moins échan-
crés pour recevoirla base des antennes, lors-
que l'insecte juge à propos de les renverser
sur son dos. Les articles de celles-ci sont plus
ou moins renflés vers le haut , surtout les
premiers , et vont en diminuant de grosseur
d'une manière très sensible depuis la base
jusqu'à l'extrémité de ces organes. Ils sont
tantôt glabres, tantôt pubescents, tantôt gar-
nis de poils en toufles ou en faisceaux , et
tantôt armés d'épines. Le prothorax est ra-
rement lisse, presque toujours rugueux,
quelquefois mutique, et souvent garni de
chaque côté d'un ou deux tubercules, tantôt
arrondis , tantôt surmontés d'une pointe.
Les élytres , dans les Brévipennes , sont
quelquefois si courtes (g. JYecydalis, Serv. ;
MoLorclius , Fabr. ), qu'elles ressemblent à
deux écailles qui laissent à découvert la
presque totalité des ailes et de l'abdomen.
Dans les Longipennes , excepté dans le g.
Colobus qui lie ensemble ces deux sous-tri-
bus, elles recouvrent entièrement les ailes et
l'abdomen, et sont quelquefois parallèles ou
d'égale largeur dans leur longueur ; mais le
plus souvent elles sc rétrécissent de la base
23'
362
CÈR
h l'extrémité, où elle* sont munies, dansq'uel-
ques genres, d'une petite épine près de lasu-
ture. Enfin l'abdomen des femelles est tou-
jours terminé par un oviducte en forme de
tarière, à l'aide duquel elles insinuent leurs
œufs dans les fissures des arbres ou des
plantes , dans l'intérieur desquels les larves
qui en naîtront doivent vivre et croître jus-
qu'à leur métamorphose en nymphes.
Comme pour tous les Insectes, ce sont les
contrées les plus chaudes du globe qui pro-
duisent les Cérambycins les plus grands et
les plus beaux. Cependant nous en possé-
dons quelques uns en Europe qui ne sont
pas trop inférieurs aux exotiques , soit pour
la taille , soit pour l'éclat des couleurs. Nous
citerons, sous le premier rapport, le g.Ceram-
bijx proprement dit, et, sous le second, les g.
yiromia , Rosalia et Purpuricenus, Malgré
leur forme élancée et leurs longues pattes ,
les Cérambycins, destinés à vivre sur les ar-
bres ou sur les fleurs, sont de très mauvais
marcheurs ; ils sont mieux partagés sous le
rapport du vol ; mais à moins d'un tem.ps très
chaud , ils prennent rarement leur essor.
Dans ce cas, ils dirigent leurs antennes en
avant, et les tiennent sur la même ligne que
le corps pour lui servir de contre-poids ; car
chez eux, l'attache des ailes, en raison de la
brièveté du corselet , est placée si près de la
tète, que, sans ce contre-poids, leur corps ne
pourrait se maintenir dans une position ho-
rizontale pendant l'action du vol.
On rencontre les Cérambycins, les uns
dans les bois sur les arbres malades , où ils
s'abreuvent de la liqueur qui découle de
leurs troncs ulcérés ; les autres sur les fleurs,
dont ils disputent le nectar aux autres Insec-
tes qui s'en nourrissent. On voit d'après cela
qu'ils sont très peu nuisibles, du moins à
l'état parfait. Mais il n'en est pas de même
sous l'état de larves : celles-ci , lorsqu'elles
apparliennentauxgrandes espèces, font beau-
coup de tort aux arbres dans le tronc des-
quels elles vivent, et qu'elles transpercent
tov, vase en terre).
BOT. CR. — (Phycées.) Ce n'est pas du genre
homonyme de Roth {Cat. Bot., I) qu'il doit
être ici question , genre vague et composé
d'espèces incohérentes , mais bien de celui
qui a donné son nom à une tribu de la fa-
mille des Floridées , et que M. Agardh a dé-
fini d'une manière précise {Sp. Alg., II,
p. 138). Il peut être ainsi caractérisé: Fronde
filamenteuse , articulée , le plus souvent di-
cholome, composée d'un seul tube continu,
dans lequel une série simple ( monosiphon )
de cellules cylindriques colorées ( endochro-
mes) sont superposées l'une à l'autre , et qui
est en outre muni, au niveau des entre-
nœuds plus ou moins renflés , d'un réseau
de cellules irréguliéres colorées qui en altè-
rent à cet endroit la transparence. Fructifi-
cation double : \° Conceptacles sessiles le
long des rameaux , entourés de quelques
filaments en guise d'involucre, et contenant,
dans unpérispore entier ou lobé, gélatineux,
hyalin , de nombreuses spores anguleuses.
2" Sphérospores se développant en grand
nombre dans les cellules extérieures des
entre-nœuds , où elles apparaissent sphéri-
ques dans un périspore hyalin , puis se sé-
parent ensuite régulièrement en 4 spores.
Le nombre des espèces connues est d'en-
viron 8 à 10; à moins qu'avec M. Kulzing,
qui vient de publier une Monographie de ce
genre [f.innœa, 1841, Heft. C,p.727), on ne
préfère admettre les 5 nouveaux g. Uormo-
ceras , Gongroceras, Ecliinoceras, Acaniho-
cera-i et Centroceras , et les 48 espèces qu'il
a trouvé convenable d'y former. (C. M.)
* CERAMILM ( x£pcx>o* , vase en terre ).
BOT. PH. — M. Reinwardt avait désigné par
ce nom, dans des notes manuscrites, un g.
de Fougères. Hornschuch, en le publiant
dans hSilloge]ilunîarumde\aL Société de Ra-
tisbonne, l'a changé en Tegularia ; mais ce
g., fondé sur VAspidium truncatum Sw. ,
parait identique avec le Didymochlœna de
Desvaux , qui est généralement admis.
trayez ce mot. (Ac. B.)
Blumeaaussî appliqué le nom de Cem-
CER
;g3
mmm a un genre qu'on regarde comme
synonyme du genre Bragantia de I.oureiro.
CERAMIUS. i^fs. —Genre de l'ordre des
Hyménoptères , de la tribu des Euméniens ,
établi par Lalreille et adopté par tous les en-
tomologistes. Les Ceramius se font particu-
lièrement remarquer par leurs palpes la-
biaux plus longs que les maxillaires , et par
les ailes antérieures n'olfrant que des cellu-
les cubitales. M. Klug, auteur d'une Mono-
graphie de ce genre , en a fait connaître
quatre espèces : deux du cap de Bonne-Es-
pérance, et deux du midi de l'Europe.
M. Lepeletior de Saint-Fargeau en a faiî
connaître une nouvelle espèce d'Orus; mais
les mœurs de tous ces insectes nous sont en
core inconnues. (Br,.)
•CERAIVDRIA (x/paç, corne;àv^pra,force).
INS. — Genre de Coléoptères hétéroméres,
famille desTaxicornes, établi par M. Dejean
aux dépens du g. Trogosita de Fabricius ,
et auquel il donne pour type une espèce
d'Espagne, nommée T. coriiida par ce der-
nier auteur. Il y réunit 4 autres espèces : une
de Carlhagène (7'»0(7. maxilloaa Fabr.), une
de rile de France [Cer. vicina Dej.), une de
France {Ccv. tesiacea Dej.) et une de Tanger
iCe>:pusinaV)ci.). (D.)
CERA]\TIIERA , Palis, bot. pn. — Syn.
A'Alsodeia, Th. — Raf., syn. de Solanum ,
Lin. —EU., syn. de Dicerandm , Benth.
"CÉRAIMTIIIE. Ceranthia. ins. — Genre
de Diptères, établi par M. Robineau Les-
voidy [Essai sur les Mijodaires). Ce genre
fait partie de la famille des Calyptérées , di-
vision des Zoobies , tribu des Entomobies.
L'auteur n'y comprend que deux espèces ,
nommées par lui , l'une Cer. fulvipes , et
l'autre Cer. podacma , toutes deux des en-
virons de Saint-Sauveur. (D.)
*CERA\THIJS, Schreb. bot. ph.— Syn.
de Linociera, Sw.
*CERAPE. Cerapits ( x/pa;, corne; t:oZ-,
pied). CRUST. — Genre de l'ordre des Iso-
podes, de la famille des Crevettines, établi
par Say,et ainsi caractérisé : Antennes gros-
ses, terminées par un grand article stylifor-
me. Premier anneau Ihoracique distinct de
la tête, supportant une paire de pattes termi-
néespar une petite main plus ou moins
préhensile. Mains de la seconde paire, gran-
des, trianguliformes, armées d'une forte
griffe composée des deux articles du mem-
3G4
CER
bre. Pattes suivantes grêles. Deux es-
pèces composent ce genre ; celle qui lui sert
de type est le C. tubularis Say [Joum. of
ihe y4cad. of Pliilad., tom. I, pi. 4 , fig. 7
ait). Cette espèce , dont la longueur égale
environ un quart de ligne, et qui habite dans
des tubes membraneux parmi les Fucus,
sur les côtes des États-Unis d'Amérique, est
très remarquable par ses mœurs, en ce
qu'elle se lientdans un petit tube assez sem-
blable à la gaine des Friganes , et se traîne
partout avec lui sans se servir de ses pattes
pour marcher, mais en s'aidant seulement
de ses antennes. (H. L. )
CERAPHROIV. INS. — Genre de la tribu
desProctotrupiens(Oj!;!/î<»'e,$, Latr.) établi par
Jurine et adopté par tous les entomologistes,
avec de plus ou moins grandes restrictions.
Les véritables Céraphrons ont un corps assez
court ; des antennes coudées de onze articles
dans les mâles, et de dix seulement dans les
femelles , et des ailes n'offrant qu'une seule
cellule radiale , sans aucune autre nervure.
Ce genre se compose d'un assez grand nom-
bre de petites espèces européennes ; elles vi-
vent à leur état de larve, parasites de divers
Insectes. M. Westwood a vu sortir du Pu-
ceron des Fèves le Ceraphron Carpentieri ,
et M. Bouché a trouvé le Ceraphron Sijr-
phii parasite de plusieurs espèces de Syr-
phus.
Le type du genre est le C. sidcatus Jur.,
qui habite l'Europe centrale. (Bl.)
*CÉRAPHROIVTITES ou CÉR APHROîV-
TIDES. INS.— Groupe de la tribu des Proc-
totrupiens , comprenant principalement le
genre Ceraphron et quelques petits genres
voisins. (jjl)
*CÉRAPODIIVE. Cerapodina (diminutif
de Cérape). crust. — M. Milne-Edwards,
[Hist. naturelle des Crustacés, t. III) désigne
sous ce nom une coupe générique que
M. Templeton avait rangée dans le genre
Cerapus. Ce nouveau genre , qui appartient
à l'ordre des Amphipodes et à la famille
des Crevettines, se distingue de celui de Ce-
rapus, par la conformation de ses antennes,
dont les deux paires se terminent par un filet
multi-articulé; par la tête, qui est confondue
avec le premier anneau thoraciquc, et enfin
par les quatrième, cinquième et sixième pa-
raissant être dépourvus de pattes. La seule
espèce connue est le C. abdiia Templ.
CER
{Trans. of the Entom. soc. of Lond. , t. I,
p. 186 , pi. 20, fig, 5) , longue d'une ligne
et demie environ, qui vit dans un petit
tube cylindrique, papyracé, ouvert aux deux
bouts , et se sert de ses mains pour se traî-
ner sans abandonner la gaine. Elle a été
trouvée pendant une traversée du Brésil en
Angleterre. (H. L.)
CERAPTERUS (x/paç , corne; -nripâv ,
aile). INS.— Genre de Coléoptères tétramères.
famille des Xylophages, tribu des Paussides.
établi par Swederus et adopté par Latreille,
ainsi que par M. de Castelnau. Ce g. , créé
aux dépens des Paussus de Fabricius , est
fondé sur une espèce de la Nouvelle-Hol-
lande nommée par l'auteur Cerapt. latipes ,
suivant JI. de Castelnau , et qui paraît cire
la même que celle décrite par M. Westwood
{Trans. of the entom. Soc, vol. XI, part
the second, pag. 95), sous le nom de Mac-
leaiji ; c'est aussi sous ce dernier nom que
M. Boisduval l'a mentionnée, dans la partie
entomologique du Voyage de l'Aurolabe
(2'part. , pag. 4G2). (D.)
*CERAPTERYX (x/paç, corne; Trr/pvÇ,
aile ). INS.— Genre de Lépidoptères, de la fa-
mille des Nocturnes , établi par M. Curtis,
et adopté par M. Westwood, dans son Synop-
sis des g. d'Insectes de l'Angleterre. Ce g.,
qui appartient à la tribu des JVoctuidœ de
M. Stephens , a pour type la Noctua grami-
nis de Linné, que M. Boisduval place dans
son g. Heliophobus. Voyez ce mot. (D.)
* CERAPTOCERUS ( Cerapterus , genre
d'insectes ; x/pa? , corne , antenne), ins. —
Genre de la famille des Chalcidites , groupe
des Encyrtites , de l'ordre des Hyménoptè-
res , établi par 31. Westwood et adopté par
nous {Hist. anim. art.). Ce petit genre, très
voisin des Encyrius, s'en distingue surtout,
aussi bien que des autres genres du même
groupe, par des antennes extrêmement lar-
ges et aplaties comme dans les Cerapterus
(ordre des Coléoptères). On n'en connaît
encore qu'une seule espèce trouvée en An-
gleterre : c'est la C. mirabilis Westw. (Bl.)
•CERASPHORUS (x/pa;, corne : tpopô? ,
porteur), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Longicornes , tribu des
Cérarabycins, créé par M. Serville [Ann. de
la Soc. ent. de Fr., t. III, p. 10). Cet au-
teur y a établi deux divisions : dans la pre-
mière rentre le C. hirticomis, espèce du Se-
CER
négal, qui a les antennes excessivement ve-
lues , les élytres arrondies et mutiques.
M. Dejean, dans son Catalogue, en a fait avec
raison un g. qu'il appelle Ceropogon, réser-
vant l'autre division pour le g. Cerasphorus,
dont les élytres sont tronquées et armées
d'une épine à chaque angle terminal. Les
Stenocorus gai-gajiicus et riislicus Fabr. en
font partie ; M. Newman ( in ihe Eniomol. )
n'aurait donc pas dû créer , pour placer
CCS deux espèces , un nouveau g. auquel il
donne le nom de Chion. Elles appartiennent
toutes deux aux États-Unis, et c'est par er-
reur que Fabricius donne à la dernière les
Indes orientales pour patrie. (C.)
"CER ASPIS(x7)p, cœur ; àain'ç.écusson).
INS. — Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Lamellicornes , tribu des Scara-
béides , établi par MM. de Saint-Fargeau et
Serville , dans V Encyclopédie ^tom. X;
2' pari., pag. 370) , et adopté par MM. De-
jean et Castelnau. Ce g. se distingue des
Hoplies par la forme de son écusson en
cœur; par les doubles crochets de ses tarses
postérieurs, et par le bord postérieur du
corselet, qui est tridenté. 31. Dejean en dé-
signe 17 esp., dont 15 duBrésil.une du Pérou
et une du Chili. Ce sont de jolis Insectes
recouverts d'écaillés de diverses couleurs.
Nous citerons, comme type, le Ceraspis
pruinosa Dej. (D.)
CÉRASTE. REPT. — Nom de la Ripera
Cerasies , esp. du g. Vipère.
CÉRASTE. Cérastes {xipoi<;, corne), moll.
— Dans sa classification générale des Mollus-
ques acéphales , d'après les animaux. Poli
donne ce nom à l'animal du genre Cardium
«le Linné. (Desh.)
*CÉRASTIÉES. Cerasiieœ. bot. ph.— La
tribu des Alsinées, dans les Caryophyllées, est
sous-divisée par M. Fenzl en plusieurs sec-
tions , dont les Cérastiées, ayant pour type
le genre Cerastium, en forment une, carac-
térisée par 5 styles opposés aux divisions du
calice, rarement 4 ou 3 ; une capsule cylin-
drique quelquefois amincie en cône à son
sommet, droite ou recourbée, formant, sous
la déhiscence, un tube terminé par desdents
en nombre double des styles. (Ad. J.)
CÉRASTIIV. REPT. —Nom d'une esp. du
g. Acantophis.
*CERAST1S (x£pâ(7Tvi;, espèce de ser-
pent ).i»s.— Genre de Lépidoptères, famille
CER
365
des Nocturnes, établi par Ochsenheimer aux
dépens du g. Nociua de Fabricius et adopté
par M. Treitschke, ainsi que par M. Eoisdu-
val , qui le place dans la tribu des Ortho-
sides. Les espèces de ce g. se reconnaissent
à leur corselet lisse et peu convexe, à leur
abdomen aplati et terminé carrément dans
les deux sexes , et à leurs ailes supérieures
courtes et légèrement arrondies à leur bord
postérieur. Les Chenilles sont rases , cylin-
driques , épaisses , veloutées, de couleurs
sombres et marbrées, avec la tête petite et
globuleuse. Elles vivent sur les plantes
basses , se cachent pendant le jour, et s'en-
terrent pour se changer en chrysalides.
M. Boisduval, dans son Gênera et ind.
meihod., en désigne 18 espèces , dont 6 se
trouvent en France. Nous citerons comme
type le CerasUs vaccinii [IVoct. idem Linn.),
qui se trouve aux environs de Paris. (D.)
*CERASTITES, Cr. bot. ph. — Synon.
de Meconopsis, Vig.
CERASTIUM. BOT. ph. — Nom latin du
genre Céraiste.
"CÉRASTODERME. Carastoderma (x/paç,
corne; Sip^a, enveloppe. ) moll. — Dans sa
nomenclature, Poli donne ce nom aux Co-
quilles du genre Cardium. (Desh.)
CERASUS. BOT. PH. — Nom latin du g.
Cerisier.
•CERATAIMDRA (x/pocç, corne; àv»,'p, éta-
mine). bot. ph.— Gcnrede la famille des Or-
chidacées , tribu des Ophrydées , établi par
M. Lindley {Orchid., 363) , qui le divise en
2 sections : a. Euceratandra {Hippopodium,
Harw.),b. Euota {Calota, Harw.). Il renferme
quelques espèces appartenant au Cap , à
feuilles linéaires-sétacées, dilatées à la base,
et enveloppant toute la tige; à racines fasci-
culées, allongées, charnues, tomenteuses ; à
fleurs réunies en un épi serré. On en cul-
tive en Europe une espèce, le C. ochroleuca
iOphrys airata L.). Le périgone en est bila-
bié ; la division apicilaire la plus extérieure se
soude avec les divisions intérieures en une
sorte de casque, qui se prolonge et penche or-
dinairement en avant; les divisions latérales
externes sont étalées et libres. Le labelle est
onguiculé, lunule, nu ou muni d'un appen-
dice charnu, libre au sommet ; gynosléme
en forme de fer à cheval ; stigmate petit, tri-
lobé ; anthère couchée, adnée aux branches
du stigmate; pollinies sans glandules. (CL.)
356
CE a
•CERATANTHERA, Horn— bot. pn. —
Syn. de Globba, Linn.
CERATIA (x/pa;, corne), bot. ph.— Nom
chez les anciens d'une plante indéterminée,
et que divers auteurs modernes se sont en
vain efforcés de rapporter à des plantes, dont
quelques unes ont dû être restées inconnues
aux Grecs, comme aux Romains. (C. L.)
CERATINA ( diminutif de x/pa;, corne,
antenne). INS. — Genre de la famille des
Mellifères (Apiens, Bl.), établi par La-
treille et adopté par Spinola, Jurinc et tous
les autres entomologistes. Les Cératines ont,
dans l'ensemble général de leur conforma-
tion, dcgrands rapports avec les Xylocopes^;
et plusieurs auteurs, entre autres M. Spi-
nola, ont avancé qu'elles avaient une ma-
nière de vivre très analogue. M. Lepeletier
de Saint-Fargeau , remarquant au contraire
chez ces Insectes l'absence de palette propre
à la récolte du pollen, les considère comme
parasites ; et il assure même qu'ils déposent
leurs œufs dans les nids des Osmies , leurs
larves devant vivre aux dépens des provi-
sions amassées par ces dernières. On connaît
un petit nombre d'espèces indigènes et exo-
tiques de ce genre, dont le type est la C.
callosa [Megilii cattosa Fab.). (Bl.)
CERATIOLA (diminutif de xtpx-zio-j, pe-
tite corne), bot. pn. — Genre de la famille
des Empétracées , formé par L. C. Richard ,
en ne renfermant encore qu'une espèce dé-
couverte dans l'Amérique du Nord. C'est un
sous-arbrisseau rigide , ascendant, à nom-
breux rameaux simples, dressés , munis de
feuilles alternes, rapprochées, et comme ver-
ticillées, étalées, acérenses, obtuses, luisan-
tes, carénées en dessus, creusées d'un sillon
en dessous, et non accompagnées de stipules;
les fleurs, d'un brun pâle, sont sessiles, axil-
laires, solitaires ou rassemblées en petit
nombre, et donnant naissance à des baies
oranges. La seule esp. que ce g. renferme
{C. ericoides) est cultivée depuis long-temps
comme plante d'ornement. (G. L.)
*CERATIOSICYOS (xEpareov, petite corne;
(Tc'xvoç, concombre), bot. pu. — Genre de la
famille des Passifloracées, tribu des Modec-
cées,établi par Nées (î>j Eckl.ei Zeyh.,EnHm.
PL cap., 281) pour une plante du Cap, her-
bacée , vivace , grimpante , à feuilles alter-
nes, pétiolées, palmées, 3-7-fides , dont les
lacinies acuminées, dentées en scie : à fleurs
CER
I unisexuées, verdàtres, petites ; les mâles en
! grappes dont les pédoncules souvent cirrhi-
I fères ; les femelles solitaires longuement pé-
donculées, et naissant souvent entre les
grappes des premières. (C. L.)
'CERATITES [x^po^ziz-r,;, encorné). iNS.—
Genre de Coléoptères tétramères, famille des
Longicornes, division des Lamiaires , établi
par M. Serville {Annal, de lu Soc. eni. de
Fr. , t. IV, p. 84 ). L'espèce qu'il y fait en-
trer se trouve au Sénégal ; il la nomme C.
jaspidca. Une 2' csp., le C. pollens de M. Bu-
quet ( indiqué au Catalogue de M. Dejean,
comme se trouvant à Java), n'offre aucundes
caractères propres à ce genre. (G.)
'CERATITES (xtpoLxÎTm, encorné), bot.
CR. — Link a décrit sous ce nom quelques csp.
d'yEcidiuin, qui , par l'allongement de leur
péridium, ont quelque ressemblance avec
de petites cornes, comme les jEcid. cormt
tum et cancellaium. iMais ce dernier doit en
être séparé, et former un genre particulier
en raison de la réunion des extrémités du
péridium. Les autres espèces, comme l'yE.
pini , elaiiniim et columnare appartiennent au
genre Peridermium. (LÉv.)
"CERATITIS ( xspaTt'ryj;, encorné). iss.
— Genre de Diptères, division des Bra-
chocères, famille des Athéricèrcs , tribu des
Muscides, fondé par M. Mac-Leay [Zoologicat
Journal, n. XVI, an. 1829), sur une espèce
dont la larve est très nuisible aux Orangers
cultivés dans l'ile Saint-Michel , l'une des
Açores, et qu'il nomme par cette raison C.
citriperda. M. le marquis de Brème, dans
une note qui fait partie des Ami. de la Soc.
enl. de France (tom. XI, pag. 183-190),
fait connaître d'abord l'identité de cette es-
pèce avec celle qui cause également de
grands dégâts aux mêmes arbres à l'Ile de
France, et il en décrit et figure ensuite une
seconde sous le nom de C. Iiispanica, comme
ayant été trouvée dans les environs de Malaga
par M. Ghiliani. Il pense que le Tepliris capi-
tata de Wiedman ( Anuleciu entomologica,
p. 65)n'estpasautrechose que laMuscidede
l'Ile de France ; d'où il suit que le g. Peia-
lophora, fondé sur cette espèce par M. Mac-
quart, est identique avec celui de Ceratiiis,
créé précédemment par M. Mac-Leay, et dont
le nom par conséquent doit prévaloir. (D.)
CERATIUM (xtpaTcov, petite corne), bot.
CF.. — Ce genre, queFries place dans lesRy-
CER
lihomycètes , a été créé par Albcrtini et de
Schweinitz {Conspect. Fu)ig.,p. 358). Il se
fait remarquer par les petits réceptacles
rameux ou en forme de cornes , d'une
consistance molle, presque niuciiagineuse,
et recouverts de petits flocons, qui supportent
les spores. Le C. Iiydnoidcs Alb. et Sch>v. ,
qu'on rencontre très fréquemment en au-
tomne, croit par groupes sur les bois pourris;
il est blanc comme la neige , se réduit en
pulpe au plus léger contact, et se présente
sous la forme de petites branches ou de cor-
nes rameuses et aplaties. Quand on le met
en contact avec une goutte d'eau , les spo-
res se détachent à l'instant même, et le pe-
tit nombre de filaments qui subsistent fait
croire qu'il s'y est presque entièrement dis-
sous. Les autres espèces sont beaucoup plus
rares , et se rencontrent également sur les
bois en décomposition. (LÉv.)
"CERATILM. Ceratium [ x/partov, petite
corne ). infus. — Genre établi par Schranck
pour un infusoire fort remarquable que O.
Muller avait nommé Bnrsaria hirundinella, et
dont Bory de Saint- Vincent a voulu faire le
genre Hirondinelle. Nitzsch, en adoptant ce
genre, y a réuni avec raison la Cercaria tripos
de Muller. M. Ehrenberg réunit ces espèces à
son genre Pen"di«/«m ; mais, dans notre Hist.
des Infus., nous avons cru devoir le conserver
comme bien caractérisé par les prolon-
gements en forme de cornes du test corné
des diverses espèces , en y comprenant
aussi le CeraUumfusus (Pen'dn/(/»??,Ehrenb.},
espèce phosphorescente de la mer Baltique
observée par M. Michaelis. Le genre Ceratium
fait partie de la famille des Péridiniens qui
comprend des animaux sans organes internes
connus, enveloppés d'un test résistant ou
membraneux,irrégulier,d'où sort un long fila-
ment flagelliforme, et qui présente en outre
un ou plusieurs sillons occupés par des cils
vibraliles. (Duj.)
"CERATIUM , Blum. bot. pn.— Syn. de
Cijlindvolobus du même auteur.
'CERATOBLEPHARLM ( x/pa?, corne ;
6)./if>apov, paupière ). ois. — Division établie
par Brandt dans le g. Macareux, pour le
M. commun, Fraiercula arciica. (G.)
CERATOCARPUS ( x/pa- , corne ; xocp-
tro'ç, fruit). BOT. PH.— Genre de la famille
des Chénopodiacées , tribu des Atriplicées,
formé par Buxbaum {Comm. Petrop., I, 244,
CER
367
t. 9) pour une plante annuelle, indi-
gène des sables de l'Asie médiane , à ra-
meaux nombreux et divariqucs , garnis de
feuilles alternes, étroitement lancéolées,
très entières ; à fleurs monoïques , petites ,
vertes , dont les màlcs quaternées ou qui-
nées, très courtement pédiccllées sur les
divisions des ramulcs ; les femelles solitai-
res , sessiles , ébractéées dans l'aisselle des
feuilles. Cette plante est cultivée dans les
jardins botaniques d'Europe. (C. L.)
* CERATOCARl'LM (x^pa,-, corne; xi-
puov , noix). BOT. pj[. —Genre de la famille
des Restiacées , établi par M. Nées d'Esen-
beck ( Lindl. iiiirod. 2' édit., p. 451 ) , pour
une espèce d'herbe du Cap peu connue , à
chaumes simples , aphylles ; à fleurs mâles
en thyrse , à fleurs femelles disposées en
épis serrés à l'extrémité du chaume; à brac-
tées inférieures stériles , la terminale seule
fertile.
"CERATOCEPIIALA, Wall. {Comp. FI.
Germ., III, p. 39) (xfpa;, aro;, corne ; xEtpaXyj,
tête). BOT. CR. — ( Hépatiques.) Synonyme
d'Aiiihocéroiées, Nées. (C. M.)
CERATOCEPHALlIS,Vaill. (x/po,;, corne;
*«palv, tète). BoT.pn.— Syn. de Bidens, Linn.
C'est aussi le nom d'un genre de la fa-
mille des Renonculacées, tribu des Re-
nonculées , formé par Mœnch ( Meth. ,
218) et révisé par DeCandolle [Sijst., l)
pour deux espèces annuelles très petites,
croissant dans les endroits stériles et les
champs cultivés de l'Europe médiane, à
feuilles radicales multiparties, à scape uni-
flore. Le type de ce petit genre est le Ranun-
culus falcatus de Lirmé. Ce genre, assez peu
distinct des Renoncules proprement dites,
n'en diffère guère que par ses étamines in-
définieL , mais en nombre moindre (5-15);
ses carpelles en épi court muni d'un dou-
ble renflement à la base et terminé en un
long style persistant, corniforme et stigma-
leux intérieurement. (C. L.)
"CERATOCIIILLS, Lindl. bot.ph.— Syn.
de Slanliopea, Hook.
CERATOCHLOA, Palis, bot. pu. — Syn.
de Bromus, L.
*CERATOCOLUS. iNS.— Nom d'une di-
vision établie par M. Brullé dans le g. Cra-
bro, et dont le type est le C. subierraneus.
'CERATODACTYLIS ( x/pa;, corne i
daxTu),o; , doigt ). BOT. PH. —Ce nom a
36»
CER
été donné par J. Smilh à un genre de
Fougères, publié par MM. Hooker et Bauer
(Gen. ftlic, t. 3G) , et fondé sur une plante
du Mexique, à feuilles stipitées, glabres, tri-
pinnées, dont les pinnules inférieures stéri
les, alternes, pétiolées, sont oblongues-ellip-
liques , obliques à leur base , dentelées , à
veines une seule fois dichotomes ; les pin-
nules supérieures fertiles sont contractées,
linéaires, un peu courbées, quelquefois tri-
furquées, et ont leurs bords membraneux ,
repliés en dessous, formant un tégument
qui couvre tout le dos de la pinnule. — Les
groupes de capsules sont linéaires, fourchus,
les capsules recouvrant les veines bifurquées
et parallèles entre elles dans toute leur lon-
gueur. Ce g., rapproché par Endlicher des
Tœniiis, paraîtrait plus voisin des Allosorus.
(An. B.)
"CÉRATODES (xEpaTwcî»).;, forme de cor-
ne).moll.— 31. Guilding a proposé de former,
sous cette dénominalion.un genre pour celles
des Ampullaires qui ont la forme de Planor-
bes [Auipidlaria corna-arietis, par exemple).
Ce genre est d'autant moins recevable, que
M. Guilding lui-même a donné la preuve que
les animaux AcVA. cornu-mie lis ne diffèrent
pas de ceux des autres espèces d' Ampullai-
res , et nous pouvons ajouter que relative-
ment aux formes des Coquilles , on passe
insensiblement des plus déprimées aux plus
globuleuses. Foy. ampullaire. (Desii.)
*CERATODON(x/pa5,aToç, corne ; ooovç,
dent). BOT. CR. — (Mousses.) Le type de ce
genre fondé par Bridel {Bryol. univ., I, p. 480)
est le Mnium purpureum L. Il appartient à
la division des Acrocarpes Haplopéristomées.
Ses caractères sont les suivants : Péristome
simple, composé de IG dents libres à la base,
chacune desquelles est partagée en deux por-
tions filiformes , liées entre elles inférieure-
ment par des productions transversales ,
mais parfaitement distinctes dans le reste de
leur longueur. Coiffe en capuchon. Capsule
inégale, un peu inclinée, munie d'un an-
neau et d'un rudiment d'apophyse [Siruma],
et enfin profondément sillonnée après la dis-
sémination des spores. Celles-ci sont globu-
leuses, diaphanes, granuleuses. Fleurs dioi-
ques ; les mâles et les femelles capitulifor-
mes , composées d'un petit nombre d'anthé-
ridies ou de pistils, et de paraphyses articu-
lées. Ces Mousses , au nombre de 2 ou
CER
3, habitent l'Europe et les lieux tempé-
rés de l'Asie et de l'Amérique. L'une d'elles,
le Ceraiodon purpureus, est très commune, et
conséquemment excessivement polymorphe.
(C. M.)
'CERATOGIVATHUS ( x/paç, corne; yvà-
635, mâchoire), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Lamellicornes ,
groupe des Priocérides , créé par M. West-
wood {Eut. Magazine). L'insecte qu'il y fait
entrer se trouvée Van-Diemen. Il le nomme
C. niger. Ce g. paraît voisin des Xipliodon'
lus du même auteur. (C.)
* CERATOGOIMOIV (xEpaç, corne; y^'w ,
articulation), bot. ph. — Meisner (i« Wall.
PL as. rar., III, 63) a établi ce genre de la
famille des Polygonacées , tribu des Polygo-
nées-vraies , sur une plante probablement
annuelle, cultivée dans le jardin botanique
de Calcutta et dont on ignore la patrie pré-
cise. La tige en est ascendante , cylindrique,
les feuilles pétiolées, ovales-triangulaires ou
hastées, les gaines cylindriques, à orifice cir-
concis, cilié-sétacé; les fleurs sont polygames,
les mâles et les femelles sortent de la même
aisselle. Elles sont disposées en épis exlra-
axiilaires, solitaires, très lâches, filiformes;
les bractées sont cylindriques , ciliées , tri-
flores ; les pédicelles environ trois fois plus
longs que la bradée , articulés au-dessous
de la fleur, et ensuite défléchis. On n'en con-
naît ni l'ovaire ni les styles. (C. L.)
*CERATOGOi\YS, Pert. ins. — Syn. de
Cryplosloma, Dej. (D.)
CERATOIDES, Scheuchz. moll. — Syn.
du BaculUes veriebraïus , que l'auteur avait
pris pour des vertèbres fossiles de Serpent.
*CERATOLEPIS, Cass. bot. ph. — Syn.
de Pamplinlea, Lagasc.
* CERATOLOBUS (x/pa; , corne ; XoSoç ,
lobe). BOT. PH. — Un Palmier indigène de
Java ( le Ceratolobus glaucescens) dont la
tige grêle, sarmenteuse, est embrassée par
les gaines allongées, couvertes de nom-
breuses épines étalées des anciennes fron-
des , a servi de type à Blume ( in Rœm.
et Schult., S{/««., 7j, pour établir ce genre
qui appartient à la famille des Palmacées ,
tribu des Calamées. Les pennes des fron-
des sont rhombiques-cunéiformes , créne-
lées-dentées en devant, d'un blanc glau-
que jaunâtre en dessous, et portées sur
un rachis souvent atténué en une pointe
ŒR
épineuse. Les spadices sont latéraux , à pé-
doncule grêle , allongé , adné à la surface
interne des frondes; les fleurs, polygames-
monoiqucs, renfermées dans une spathe
cartacée qui se déchire ensuite irréguliè-
rement , sont paniculées et d'un jaune pâle ;
les spathules sont disposées sans ordre au-
dessous des ramifications et sous les fleurs.
Les fruits sont d'un jaune roussàlre.
(CL.)
CERATOIVEMA , Roth. bot. cr.— Syno-
nyme de Demuiium, ou, selon Lindley,d'^«-
thina,Pers. — Pers. , synonyme du genre P/j/e-
bia , Fr.
CEUATONIA. BOT. pn. — Syn. latin du
g. Caroubier.
*CERATO\lX(x/paç, corne; ovu?, ongle).
INS. — Genre de Coléoptères pentamères.
M. Germar {Journ. entomol., 1839, p. 196)
donne un tableau des Eucnémides, dans le-
quel il écrit ainsi le nom de ce g., dont il at-
tribue la formation à M. Perty. Il est appelé
Ceraiogouys par M. de Casteinau, qui cite la
même source (/feyue Silbermann, 3, 181, di-
vision des Cnjpiosiomides). Ce g. est le même
que celui de Crypiosioma de Latreille ( Rb-
gne animal, t. IV., p. 453). Les trois seules
espèces connues qui s'y rapportent sont les
Elater spinicornis , d eulicor nis ¥&hï.,&i le
C. rufiihorax de M. Perty. (C.)
CERATOPETALUM (x£pa;,aT05, corne ;
TTETot^ov, pétale). BOT. PH. — Genre de la
famille des Saxifragacées, tribu des Cuno-
niées, formé par Smith {Nouv. holL, I, 9),
pour renfermer quelques arbres (4 ou 6) ou
quelques arbrisseaux de l'est de la Nouvelle-
Hollande , à feuilles opposées , simples ou
ternées , dentées en scie, glabres , munies
de stipules interpétiolaires , subfoliacées ,
caduques ; à fleurs disposées en panicules
terminales. Ce genre se distingue principa-
lement par les lacinies raides et cornifor-
mes des cinq pétales de sa corolle , lesquels
.«ont persistants dans quelques espèces et
nuls dans d'autres. De là , la division de ce
genre en deux sections ( Meriderma , Don
[in Edinb. pliil. journ., IX, 91], corolle
nulle ; Euceraiopetaltim, Endl. , corolle pen-
tapétale), dont chacune probablement devra
être érigée plus tard en genre distinct. L'une
des espèces, le C.gummiferum, qui appartient
à la 2" section , est cultivée dans les jardins
d'Earope. (C. L.)
T. in.
CER
369
•CERATOPHRYS (x/pa; , corne ; hifpif ,
sourcil). REPT.— Genre établi par Boié, dans
l'ordre des Batraciens pour quelques espèces
de Grenouilles de l'Amérique méridionale,
à tête large, à peau grenue, en tout ou en
partie, portant sur chaque paupière une
saillie membraneuse en forme de corne, et
dont quelques unes ont le tympan caché
sous la peau. Gravenhorst a fait de ces der-
nières espèces son g. Sirombus. (C. d'O.)
•CÉRATOPHTlIALMES.Cera/op/ir/ja/rna.
CRUST.— Cuvier et Latreille donnent ce nom
à une famille de Crustacés décapodes,
comprenant ceux qui ont les yeux placés le
plus souvent à l'extrémité de deux pièces
mobiles. (H. L.)
'CERATOPIIYA ( x/pa; , aroç, antenne;
aç, corne ; aT^;-
xw? , épi). BOT. PH.— Genre établi par Blume
[Bijdr., 644), et rapporté avec doute à la fa-
mille des Combrétacées. Il ne renferme
qu'une espèce encore incomplètement dé-
crite. C'e^t un grand arbre à feuilles épar-
ses , oblongues , très entières , très glabres ,
glauques en dessous ; à fleurs réunies en ca-
pitules serrés , disposées en épis axillaires ,
CER
371
et entremêlées de processus filiformes, spon-
gieux. (C. L.)
•CERATOSTEMMA (x/paç, corne ; artV-
fxa , couronne), bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Éricacées , tribu des Vacciniées ,
formé par Jussieu [Gen., 1G3) et renfermant
5 ou 6 espèces, indigènes du Pérou. Ce sont
des arbustes à feuilles alternes, coriaces,
très entières ; à feuilles solitaires ou réu-
nies , pédonculées , sortant de gemmes pé-
rulées, axillaires. L'une des plus remarqua-
bles est le C. bijlorum ( Pœpp. et Endl., PL
cil., I. t. 10). (C. L.)
•CERATOSTIGMA (x/pa? , corne; ar(y-
ixo., stigmate, en botanique), bot. ph. —
Bunge créa ce genre ( Emim. Pi. chin., 65)
dans la famille des Plumbaginées, pour une
petite plante vivace recueillie aux environs
de Pékin , et qui n'est pas encore sufTisam-
ment connue. Les feuilles en sont obovales,
aiguës , bordées de cils rigides ; les fleurs ,
d'un bleu agréable, sont rassemblées enca
pilules terminaux. On n'en connaît ni le
fruit ni la graine ; on sait seulement que l'o-
vaire est uniloculaire , et ne contient qu'un
ovule. (C. L.)
*CERATOSTYLlS (xf'pa,-, corne ; (jtuXo;,
style). BOT. PII. — Genre de la famille des
Orchidées , tribu des Vandées , établi par
Blume {Bijdr,, 304, fig. 56) pour six espèces
d'Orchidées des montagnes de Java , para-
sites , caulescentes , sans bulbes , à pédon-
cules uniflores à la base des feuilles et en-
tourés d'écaillés.
*CERATHOTHECA (x/paç, corne ; Bn^cr, ,
cofl'ret). BOT. PH. — Genre de la famille des
Bignoniacées, tribu des Sésaraées, formé par
M. Endlicher {Linn., VII, 1, t. 1, 2; y4iaAt.,
t. 5) pour renfermer un très petit nombre
d'espèces herbacées , indigènes de l'Afrique
tropicale. Les liges en sont dressées , tétra-
gones, mucoso-pruineuses, à feuilles oppo-
sées , pétiolées , anguleuses , grossièrement
dentées; à pédoncules floraux axillaires,
courts , opposés , solitaires , uniflores à la
base, munis de 2 bractcoles glandulifères
dans leur aisselle. Dans ce g., le fruit est
une capsule plane-comprimée , tronquée, à
4 angles corniformes ( iinde nomcn ) au som-
met, quadriloculaire , septicide-bivalve, el
renferme de nombreuses graines compri-
mées et cartilagineuses au bord. (C. L.)
• CERATUPIS (x/paî , corne ; owTrtç , qui
372
CER
aide), ins. — Genre de Coléoptères penta-
méres, famille- des Taxicornes , créé par
Perly, et non adopté. Ce g. rentre dans ce-
lui d'Ulovia de Mégerle. (D.)
'CÉRATIJRGE. Ceraturgus (x/paç, corne j
ovpyiq, fabricant), ins. — Genre de Diptères,
division des Brachocères , famille des Ta-
nystomes , tribu des Asiliques , établi par
Wiedmann, et adopté par Latreille ainsi que
par M. Macquart(l. III, p. 288). Ce dernier
auteur en décrit 2 espèces : le Ceraituyus
aurulentus Wied. ( Dasijpogon id. Fabr.), de
l'Amérique septentrionale , et le Cer. cormi-
lus Macq.{Dasypogoti id. Wied.), dont la pa-
trie est inconnue. (D.)
CÉRAUMIAS. MIN. — Syn. de Céraunite.
CERAUIXIOIV, Theophr. bot. cr. — Syn.
A'Elaphromyces, Nées.
CÉRAUIVITE (xîpauvc'a;, qui provient de
la foudre), min. — Ce nom, qui veut dire
Pierres de foudre , a été donné par les an-
ciens à des Pierres de diverses natures et de
formes différentes qu'on croyait tombées
avec la foudre , telles que des Pyrites , des
Bélemnites, des Jades, etc.
Dans les temps modernes , il est devenu
synonyme de Pierres météoriques, f^oyez
AÉROLITHES. (DeI..)
GERBERA (Cerbère, chien trlcéphale,
portier de l'enfer mythologique; allusion aux
propriétés vénéneuses des plantes de ce gen-
re). BOT. PH. — Genre de la famille des Apo-
cynacées , tribu des Ophioxylées , formé par
Linné et renfermant un petit nombre d'esp.,
toutes remarquables par les grâces trom-
peuses de leur port et de leurs fleurs. Ce sont
en général des arbres originaires de l'Asie
tropicale , et dont toutes les parties contien-
nent un liquide laiteux, abondant et émi-
nemment mortifère. Ils sont assez élevés ; les
feuilles sont éparses.cunéiformes-oblongues,
aiguës, glabres ; les fleurs belles , grandes ,
terminales, ordinairement blanches ou ro-
sées. On en cultive avec empressement quel-
ques unes dans nos serres , où elles fleuris-
sent assez volontiers. Les genres Tanghinia
et Theveiia, démembrés de celui-ci, en sont
néanmoins assez peu distincts [voy. ces mots
pour l'appréciation des caractères différen-
tiels).Le Cerbera a un calice 5-parti, étalé ;
une corolle hypogync , infundihuliforme , à
gorge 6-dentée, à limbe 5-lobé, dont chaque
division oblique; 5 étamines incluses, in-
CER
sérées au haut du tube , à anthères subses-
siles, mucronées, incombant sur le stig-
mate ; un style fliiforme , dont le stigmate
discoïde, crénulé au bord inférieurement;
convexe et échancré en dessus ; le fruit est
un double drupe séparé ( dont l'un avorte
souvent), semi-bivalve, couvert d'un test
fibreux ; un placentaire lamellaire, fixé à la
base, coupe la loge en deux parties ; les
graines , solitaires par avortement, sont ad-
nécs au placentaire. (C. L.)
CERBÈRE. Cerbems (nom mythologi-
que). KEPT. —Genre d'Ophidiens établi par
G. Cuvier (/?è9. a«()«.,II, 81, 1829), et sy-
nonyme d'Homalopsis , Boié. (P. G.)
CERCAIRE. Cercaria (/-spîtcç, queue).
HELM. — G. Muiler, qui a décrit ces petits
animaux^ en faisait un genre d'Infusoircs.
Les Cerraires des sporocystes ou sujets
de première génération, issus des œufs des
Distomes; elles ne sont donc que le pre-
mier âge de ces Helminthes. Cette curieuse
transformation a été reconnue d'abord par
M. Steenstrup, et sa découverte a jeté un
grand jour sur la théorie du mode suivant
lequel s'opère l'infection vefmineuse par
les Distomes parasites des Oiseaux, Batra-
ciens et Poissons.
A l'état de Cercaircs, ces Helminthes
vivent dans l'eau; ils recherchent les Mol-
lusques, et si ceux-ci sont dévorés par
quelque animal vertébré, ils passent avec
eux dans le tube digestif de ce Vertébré, mais
sans y être digérés; alors ils perdent l'ap-
pendice caudal qui les distinguait, et le dé-
veloppement complet de leurs organes diges-
tifs les rend aptes à se reproduire. (P. G.)
* CERCASPIS (x£>xo; , queue, àcrTit';, ser-
pent). REPT.— Genre d'Ophidiens établi par
Wagler(i5'î/«/., p. i^l) [>out \e Hurria cariua[a
Kuhl , que M.Schlegel ne sépare pas desLy-
codons. Ce Serpent est de l'ile Ceylan.(P.G.)
*CERCEIS. Cerceis (nom mythologique).
CRUST.— Ce genre, qui a été créé par M. Mil-
ne-Edwards (//«/. naiarelle des Crustacés,
t. m), appartient à l'ordre des Isopodes (sec-
tion des Nageurs) et à la famille des Sphé-
roniens (tribu des Onguiculés). Les Crusta-
cés qui composent cette petite coupe géné-
rique ont beaucoup d'analogie avec ceux de
la section désignée sous le nom de >S'pliœ-
roma ; mais leur corps est beaucoup moins
flexible : ils ne peuvent le reployer de façou
CER
à appliquer leur tête contre leur abdomen.
Leur forme générale est même plus allongée,
et leur tète, au lieu d'être large et courte ,
est presque aussi longue que large , à peine
bouchée, de forme triangulaire et arrondie
en avant; les yeux en occupent les bords la-
téraux, et sont dirigés en dehors ; quant aux
autres parties du corps, elles diffèrent peu
des Sphœroma. Les espèces comprises dans
ce nouveau genre sont au nombre de deux ,
les C. tridenlaia et C. bidenlata Edw. ( op.
cit., p. 221). Ces deux espèces sont propres
à la Nouvelle-Hollande. (H. L.)
CERCELLE. ois. —Nom vulgaire de la
Sarcelle.
CERCERIS. INS. — Genre de la famille
desCrabronides, de l'ordre des Hyménoptè-
res , établi par Lalreille ( Genem Crusl. et
Insect.) et adopté par tous les entomologistes.
Les Cerceris se font particulièrement remar-
quer par leurs ailes offrant trois cellules
cubitales, dont la seconde pédonculée , et
recevant une nervure récurrente, ainsi que
la troisième, et par l'abdomen ayant la base
et les côtés de chaque segment resserrés et
crénelés.
On connaît un grand nombre d'espèces
de ce genre; elles construisent ordinaire-
ment leurs nids dans des sentiers, et appro-
visionnent leurs larves avec divers insectes.
D'après les observations de M. Westwood ,
la C. arenaria [ Spliex arenaria Lin. ) , le
type du genre, approvisionne les jeunes avec
une espèce de Charançon appartenant au
genre Trophosomus.
M. Walckenaër a fait connaître les habi-
tudes de la C. ornaia Latr. , qui nourrit ses
larves avec différentes espèces d'Hyménop-
tères, appartenant au genre Halicius. Enfin,
dans ces derniers temps , M. Léon Dufour a
publié des observations pleines d'intérêt sur
les mœurs d'une nouvelle espèce de Cerceris,
qui approvisionne ses petits d'un Bupreste
qui se trouve dans le midi de la France. En
considération de cette habitude , il l'a nom-
mée Cerceris bupreslicida. Ployez craero-
NIENS. (Bl.)
*CERCH1VEIS, Boié. ois.— Syn. àeFalco
linimnculus L. (G.)
•CERCIBIS, Wagl. {Isis, 1822). ois. —
îienre formé aux dépens du g. Ibis , et qui
a pour type VIbis oxycercus de Spix. (G.)
* CERCIDOCERIJS (xtpxis, navette ; xt-
ŒR
373
paç , corne), ins.— Genre de Coléoptères
tétramères , famille des Curculionites, divi-
sion des Rhyncophorides , créé par M. Gué-
rin-Méneville [Icon. lilg. anim., p|. 39, f. 6),
et adopté par Schœnherr [Syn. ei sp. Cui-^
ctilion., t. HI , p. 850 ). Ses principaux ca-
ractères sont : Antennes des mâles termi-
nées en marteau; écusson étroit, long, ar-
rondi par le bout; pygidium tricaréné et
arrondi carrément. Les espèces qui s'y rap-
portent proviennent de Java et de Bornéo ;
on en connaît 7 à 8. Le C. nigro laieralis
Gm., en est le type. On rapporte aussi à ce
g., mais avec doute, le Cal. albicotlis Oliv.,
de l'Afrique équinoxiale. (C.)
CERCIS.BOT. PII.— Nom latin duGaînier.
CERCLE A BARRIQLE. bot. pu.- Nom
vulgaire d'une esp. du g. Bauhinia.
* CERCOCARPÉES. Cercocarpeœ. bot.
PH. — Section établie par MM. Torrey et A.
Gray parmi les Piosacées dans la tribu des
Dryadées, et comprenant les genres Purshia
et Cercocarpus. (Ad. J.)
*CERCOCARPlJS (x£pxoç, queue ; xapucç,
fruit). BOT. PH. — Genre de la famille des Ro-
sacées-Sanguisorbées , établi par Runth
{IVov. gen. am. , VI , p. 232 ) pour un arbre
du Mexique, à feuilles alternes, entières,
stipulées, et à fleurs axillaires , en ombelles
fasciculées. La seule esp. de ce g. est le C.
foihergilloides.
CERCOCÈBE. Cercocebus (xîpxo;, queue ;
xviSoç, singe ). mam. — M. Geoffroy Sainl-
Hiiaire a réuni, sous ce nom générique, plu-
sieurs Singes de l'ancien continent qui éta-
blissent une transition entre les genres Cer-
copithèque et Macaque, f^oyez cercopithè-
I QUE, MANCABEY Ct MACAQUE. ^IS. G. S.-H.)
CERCODEA, Lam.;CERCODIA, Murr.
BOT. PH. — Syn. (VHaloragis , Forst.
CERCODIAIVÉES. Cercodianeœ. bot. ph.
— La famille établie sous ce nom par Jus-
sieu, et sous celui d'Hygrobiées par Richard,
est la même que les Haloragées de R.
Brown, dont le nom a prévalu. (Ad. J.)
*CERCOLABES. mam. — Sous-genre
de la famille des Hystriciens proposé par
Brandt.
CERCOLEPTES. mam. — Syn. latin de
Kinkajou.
* CERCOMONAS ( x/pxoç, queue ; monas,
monade, de fi.ovoç, seul), infus.— Genre de
l'ordre des Infusoiros asymétriques, famille
374
CER
CER
des Monadiens, ayant pour caractères : Ani-
mal arrondi ou discoïde, tuberculeux, avec
un prolongement postérieur variable en
forme de queue , plus ou moins long , plus
ou moins filiforme. Les Ceccomonai ne diffè-
rent des Monades que par leur prolongement
postérieur , et M. Dujardin dit qu'il croit
avoir vu souvent des Monades passer par
degrés à l'état de Cercomonas. Ces animaux,
dont on compte 9 espèces , se trouvent dans
les infusions de diverses natures, et leur lon-
gueur varie de 0,0085 à 0,035. (C. d'O.)
*CERCOMYS (x/pxoç, queue ; f^^ûç, rat).
MAM. — Genre de la tribu des Echimys dans
l'ordre des Rongeurs , établi et caractérisé
par F. Cuvier [Nouv. Ann. Mus. , 1 , 449 ).
On ne lui connaît encore qu'une espèce :
elle est du Brésil, f^ay. echimys. (P. G.)
•CERCONECTES. ois.— Genre établi par
Wagler {his, 1832), et ayant pour type Va-
rias mersa. (G.)
"CERCOPIDES. Cercopidœ. ins. — Fa-
mille de la tribu des Cicadiens, de l'ordre
des Hémiptères , comprenant un assez grand
nombre de genres que nous rangeons dans
quatre groupes distincts , qui sont les Ty-
phlocybites, les Ulopites, les Jassites et les
Cercopites. Ces Insectes sont répandus dans
les diverses parties du monde. On les ren-
contre toujours sur les végétaux , dont ils
sucent la sève , en les piquant au moyen de
leur bec. La plupart d'entre eux ont la pro-
priété de sécréter une matière blanche sem-
blable à de l'écume qu'ils déposent sur les
végétaux.
Les Cercopides sont des Insectes assez pe-
tits ou de moyenne taille , ayant générale-
ment des formes élégantes , et des couleurs
vives ou variées. (Bl.)
* CERCOPIEIVS. Cercopii. ins. — Syri.
de Cercopides.
CERCOPIS (xspxuTryj, sortc d'insectc).
INS. — Genre de la famille des Ctfj-copirfoe,
de l'ordre des Hémiptères, établi par Fabri-
cius et adopté par tous les entomologistes,
avec quelques restrictions.
Les Cercopis se font remarquer par leur
corps assez massif; par leurs antennes dont
le troisième article conique est terminé par
une soie inarticulée ; par leurs élylres pres-
que coriaces dans toute leur étendue , em-
brassant les parties latérales du corps, etc.
On trouve des Cercopis dans toutes les
parties du monde. Ce sont des Insectes de
moyenne taille , le plus souvent ornés de
couleurs vives , jaunes ou rouges sur un
fond noir. L'espèce qu'on doit considérer
comme le type du g. est le C. sanyuinolenia
Fabr., assez commun aux environs de Paris
et dans une grande partie de l'Europe.
(Bl.)
• CERCOPITES. INS. — Groupe de la fa-
mille des Cercopides, comprenant les genres
Cercopis, Aphrophora , Teliigonia , Eva-
canihus, Ledra, Penihimia. (Bl.)
CERCOPITHÈQUE ou GUEIVON. Cer-
copiiliecus{x£pxo<;, queue; TTiQ/i? ouir!9/)xo?,
singe). MAM. — Buffon, dans sa célèbre divi-
sion des Singes en cinq groupes {voij. singes),
avait compris sous le nom de Guenons,
tous ceux des Singes de l'Ancien-Monde dont
la queue est aussi Longue ou plus longue que le
corps. Par ce dernier caractère, les Gue-
nons se distinguaient des deux autres grou-
pes de l'Ancien-Monde , les Singes propre-
ment dits, et les Babouins: elles étaient
d'ailleurs caractérisées, par rapport aux deux
groupes du Nouveau-Munde , les Sapajous
et les Sagouins, par l'existence de callosités
ischiatiques. Cette classification de Buffon,
fort remarquable pour l'époque où elle fut
proposée, ne tarda pas à être admise par un
grand nombre d'auteurs. Parmi ceux-ci , il
nous suffira de citer Erxleben, qui, adoptant
dans son Systema regni animalis les cinq
groupes de Buffon, crut devoir donner à
chacun d'eux un nom latin , afin de conci-
lier les idées de Buffon avec les principes el
les formes de la nomenclature linnéenne.
Le mot Guenon , en particulier , qu'il était
fort difficile de faire passer en latin, fut rem-
placé par le mot Ccrcopiihecus , rappelant,
d'après son étymologie, le caractère distinc-
tif assigné par Buffon à ses Guenons. Le mot
Cercopiiliecus a été depuis francisé; et, sous
sa forme actuelle, Cercopithèque, il tend de
plus en plus à se substituer au mot Gue-
non , d'une part à cause de sa composition
plus régulière et mieux en harmonie avec les
noms des autres groupes de la même famille;
de l'autre, à cause des inconvénients atta-
chés à l'emploi scientifique du mot Guenon,
dans un sens fort différent de son accep-
tion vulgaire. Ajoutons que le mot Ccrcopi-
ihecus étant consacré en latin par l'usage gé-
néral, l'emploi en français du motGuenonqui
CER
n'a avec le premier aucun rapport ni de sens
ni de composition, aurait encore un autre et
grave inconvénient : celui de créer une dou-
ble nomenclature, tout-à-fait inutile, et dès
lors vicieuse, comme l'est toute terminologie
surabondante (1). C'est d'après ces motifs
que nous préférons , avec M. de Blainville
et plusieurs zoologistes distingués, le mot
Cercopithèque au mot Guenon, qui d'ailleurs
n'a plus d'emploi dans le sens que lui donnait
BufTon; le groupe des Guenons tel que l'avait
établi ce grand naturaliste, n'étant plus ad-
missible dans l'état présent de la science.
Le groupe des Guenons a, en effet, subi
plusieurs démembrements successifs. Dés le
commencement de ce siècle, Lacépède, Cu-
vier, Geoffroy Saint-Hilaire, plaçaient dans le
genre, alors nouveau, des Macaques, et
parmi les Babouins ou Cynocéphales, plu-
sieurs des Guenons de Buffon , que leur
museau plus allongé et quelques autres ca-
ractères séparent des espèces d'abord com-
prises avec elles sous le nom commun de
Guenons. En 1811 , le groupe des Guenons
ou Cercopithecus , déjà circonscrit par ces
premières éliminations, perdait encore quel-
ques espèces à 4 doigts, érigées en g. sous
le nom de Colobus par Illiger. En 1812, la
Guenon à long nez devenait le type du genre
Nasique, IVasalis, établi dans le travail gé-
néral de M. Geoffroy Saint-Hilaire sur les
Quadrumanes. Enfin, en 1825, toutes ces es-
pèces asiatiques, si remarquables par leurs
formes grêles et leur estomac complexe,
étaient érigées par M. Frédéric Cuvier en un
genre distinct , nommé Semnopitbèque ,
Semnopiihecus ( voyez, pour tous ces démem-
brements du g. Guenon, les articles colobe,
NASIQUE, semnopithÈque, et aussi les mots
CERCOcÈbE , LASI0PYGE , PYGATHRICHE Ct
pRESBYTis, noms de g. proposés pour di-
verses espèces, mais qui n'ont point été adop-
tés). Enfin, le démembrement paraît ne pas
devoir s'arrêter là : déjà , comme on le verra
(i) En fait, il ne peut et ne doit exister qu'une seule no-
menclature ; c'est celle qui est commune aux savants de tou
tes les nation», la nomenclature latine.Chaque être n'a donc
et ne peut avoir qu'un seul nom scientifique, son nom latin,
formé d'après les principes de la nomenclature linnéenne;
nom que chaque nation rend ensuite autant qu'elle le peut
dans» propre langue, tantôt y faisant passerce nom lui-même
avec un léger changement d'orthographe ou de terminai^on
{ eereopitherus, cercopithèque), tantôt le traduisant ( simia ,
singe ), tantôt le remplaçant par un équivalent plus ou moins
«ract (comme ifenfor, hurleur), roy. nomenclatibe.
CER
375
plus bas, on a proposé d'ériger en un nou-
veau g., sous le nom d'JEihiops , les deux
Singes connus sous le nom de Manijabeya
{voyez ce mot); et je vais montrer, dans
cet article même, que la Guenon lalapoin de
Bufion , réunie à une espèce nouvelle qui
sera décrite plus bas, doit former un g. dis-
tinct; g. que j'ai fait connaître dans mes
cours, et tout récemment publié ( mais non
encore décrit avec détail), sous le nom de
JIiopithÈque, Miopitheciis.
Il suit de ces détails préliminaires, indis-
pensables pour établir la concordance entre
les diverses variations successives de la no-
menclature , que le groupe des Guenons de
Buffon, ou des Cercopithecus d'Erxleben ,
comprenait, outre les espèces que nous ap-
pelons aujourd'hui Cercopiihecus : \o quel-
ques Macacusç.i Cynocephalus ; 2o les Manga-
beys , g. proposé récemment, et dont nous
aurons à discuter les caractères ; 3° le g. Co-
lobus ; 4" le g. JVasnlis ; 5» le g. Semnopiihecus,
g. qui est, à lui seul, fort considérable, et ne
comprend pas moins de 16 espèces ; G» enfin
notre nouveau g. Miopiihecus.
Nous renverrons à autant d'articles spé-
ciaux ce qui concerne, non seulement ceux
des Macaques et des Cynocéphales qu'on
avait autrefois confondus avec les Cercopi-
thèques , mais aussi le petit groupe des Man-
gabeys, et les genres Colobe, Nasique et Sem-
nopilhèque [voy. ces mots). Cette élimination
faite, il nous reste les Cercopithèques des au-
teurs les plus modernes, parmi lesquels nous
trouvons encore à distinguer les véritables
Cercopithèques et les Miopithèques. Notre
article se divisera donc naturellement en
deux parties, dont la première renfermera
la description des 20 espèces environ qu'on
connaît parmi les Cercopithèques, et la
seconde, celle de deux espèces de Miopithè-
ques, l'une anciennement connue, l'autre
nouvelle.
I. Genre.
Cercopitllèque. Cercopithecus.
Les caractères de ce genre, qu'on trouve
exactement présentés dans presque tous
les traités de zoologie , et sur lesquels il
sera, par conséquent, inutile d'insister beau-
coup ici, peuvent être donnés ainsi :
Formes assez grêles. Membres et queue
longs (mais moins que chez les Semnopilhé-
ques et les Colobes). .Mains assez allongées.
376
CER
ayant souvent les doigts reunis à leur base
par des membranes. Pouces antérieurs bien
développés, beaucoup moins cependant que
les postérieurs. Ongles en gouttières. Crâne
médiocrement volumineux, déprimé et sans
front (dans l'état adulte ). Crêtes surcilières
très peu prononcées, et même nulles pendant
une grande partie de la vie de l'animal. Mu-
seau assez court. Angle facial de 60° environ.
Yeux médiocres. Nez très peu saillant, à na-
rines arrondies, inférieures, très rapprochées
l'une de l'autre. Des callosités ischiatiques
très prononcées. Pelage bien fourni , plus ou
moins tiqueté. Des abajoues très amples. In-
cisives médianes supérieures très dévelop-
pées. Canines très longues , comprimées ,
tranchantes en arrière. Màchelières toutes
quadrangulaires , à quatre tubercules non
pointus. Taille de 4 à 6 décimètres (du mu-
seau à l'anus).
Cette caractéristique, exprimée ici en ter-
mes aussi concis qu'il est possible, renferme
tous les éléments d'une distinction rigou-
reuse. Ainsi, indépendamment des autres ca-
ractères qui concordent avec ceux-ci, la sail-
lie du nez dislingue nettement les Guenons
des Nasiques. Leurs molaires toutes quadri-
luberculées les caractérisent.d'une part, à l'é-
gard de ces mêmes Nasiques et de presque tous
les autres Singes de la seconde tribu, chez les-
quels la cinquième mâchelière inférieure a
cinq tubercules ; d'autre part , à l'égard des
Miopithèques qui ont cette même molaire
seulement tri-tuberculée. Par leurs formes
médiocrement grêles, les Cercopithèques se
distinguent des Colobes et des Semnopithè-
ques, si remarquables par leur gracilité, et
des Macaques et des Cynocéphales, si trapus.
Ils sont différenciés, à l'état adulte , par ce
même caractère , et par le développement
des pouces antérieurs , des Semnopithéques
qui ont ces doigts très courts , et des Co-
lobes qui les ont rudimentaires ou même en-
tièrement nuls à l'extérieur; enfin, par l'angle
farial , d'une part, des Macaques, de notre g.
Cynopilhèque , et surtoutdes Cynocéphales ,
qui ont le museau beaucoup plus long, et des
Semnopithéques, des Colobes, et d'une autre
part , des Miopithèques, qui l'ont beaucoup
plus court. Ajoutons, et ce caractère ana-
tomique est le seul que nous devions citer
dans cet article.que l'estomac des Cercopithè-
ques est simple , et fort différent par con-
CER
séqueni, de l'estomac si complexe et si sin-
gulier des Semnopithéques. f^oyez ce mot.
Les Cercopithèques forment un groupe qui
n'est pas moins bien circonscrit, sous le rap-
port géographique qu'au point de vue zoo-
logique. Tous sont, soit du continent afri-
cain , soit de celte portion de l'Asie qui, im-
médiatement contiguë à l'Afrique, en est en
quelque sorte, pour la zoologie géograplii-
que , la terminaison , soit enfin des îles afri-
caines) telles que celles du cap Vert et de
Corée. Au contraire, nous ne connaissons
d'une manière certaine ( voyet plus bas ,
page 308) aucun Cercopithèque, ni à Mada-
gascar, où la grande famille des Lémuriens
semble remplacercelie des Singes, ni à Bour-
bon, ni à Maurice , île dans laquelle se trouve
d'ailleurs , vraisemblablement parce qu'on
l'y a importée, une espèce du genre, essen-
tiellement asiatique, des Macaques.
La proximité de l'Europe et de l'Afrique,
l'extrême fréquence de nos relations avec
plusieurs parties de cette région, par exem-
ple, avec le Sénégal, la Guinée, le cap de
Bonne-Espérance, sont les raisons principales,
mais non les seules , qu'on puisse donner
du peu de rareté des diverses espèces de
Cercopithèques dans les ménageries eu-
ropéennes. Ce fait s'explique aussi en grande
partie par la facilité avec laquelle les Cerco-
pithèques, de même que les Macaques , les
Cynocéphales, et généralement ceux des Sin-
ges de la seconde tribu, qui ont Vestomac
non complexe , supportent la captivité et le
changement de climat. Il existe à cet égard,
entre ceux-ci et les autres Singes de la se-
conde tribu , tels que les Semnopithéques,
la même diflerence qu'on trouve, parmi les
Singes de la troisième, entre les Sajous, d'ail-
leurs analogues à tant d'autres égards aux
Cercopithèques , et les Atèles et Eriodes, si
bien comparables par la gracilité de leurs
formes et l'atrophie plus ou moins marquée
de leurs pouces antérieurs, aux Semnopithé-
ques et aux Colobes.
Les occasions d'observer les Cercopithè-
ques Vivants n'ont donc pas manqué aux
zoologistes des grandes villes. Les faits qui
ressortent de leurs observations sont les sui-
vants.
Le genre Cercopithèque n'étant pas par-
faitement naturel, en d'autres termes, ne
comprenant pas seulement des espèces éta-
CER
blies à tous égards sur un type parrailement
identique, le naturel n'est pas non plus exac-
tement le mêmechcz tous losCercopithèques.
II est quelques espèces à museau un peu
plus long, à formes un peu plus trapues, à
queue un peu plus courte, qui se rappro-
chent davantage des Macaques par leurs
caractères organiques ; dans les mêmes es-
pèces, le naturel n'est pas non plus sans
rapports avec celui de ces derniers. Comme
eux , mais non toutefois au même degré ,
ces Cercopithèques sont, dans l'âge adulte,
d'une méchanceté qu'il est fort difficile
de vaincre : les caresses et les bons trai-
tements n'ont que peu de pouvoir sur eux
pour les adoucir, et la crainte du châti-
ment, toute-puissante dans le moment,
est Lient '.t oubliée. Nous ne connaissons
guère qu'un moyen de dompter rapidement
un Cercopithèque adulte : c'est la section
de ses énormes canines, aussi longues à
elles seules que la série des dents d'un côté,
et dont les supérieures sont tranchantes en
arrière a l'égal d'une lame de couteau;
armes terribles, à l'aide desquelles ces Sin-
ges fontde profondes plaies, et parfois causent
des hémorrhagies artérielles d'une extrême
gravité. Une fois désarmé, un Clercopilhcque
change immédiatement de naturel : il a la
conscience de sa faiblesse, et, loin d'attaquer,
il évite ceux qu'il poursuivait naguère.
D'autres Cercopithèques, au contraire,
plus légers et plus gracieux dans leurs for-
mes, à membres et à queue un peu plus
allongés, à museau un peu plus court, et à
tète plus ronde, sont, comme les Semnopi-
thèques dont ils se rapprochent , plus faciles
à apprivoiser, et naturellement un peu plus
doux. Aussi , ces derniers Cercopithèques ,
malheureusement plus rares dans nos cli-
mats que les précédents, sont-ils d'autant
plus recherchés parles amateurs d'animaux,
qu'ils se montrent plus intéressants dans les
ménageries.
Il ne faudrait cependant pas conclure de
ce que nous venons de dire , que ces der-
niers Cercopithèques soient sans rapports
intimes avec les premiers. Il en est des dif-
férences du naturel comme des dilférences
organiques : ce sont des difTérences du plus
au moins, malgré lesquelles l'analogie gé-
nérique subsiste. Ainsi tout Cercopiihèque ,
doux, très facile à apprivoiser, affectueux
T. in.
Œl\
n
même , quoique toujours malin , dans son
enfance, prend, dès qu'il est adulte, un ca-
ractère différent. Une vivacité, une pétulance
telles, que, hors la maladie ou la vieillesse
il n'est guère pour un Cercopithèque que
deux étals, le mouvement non interrompu et
lesommeil;une curiosité très grande, et qu'é-
veille au plus haut dcgié , comme chez un
enfant , la vue de tout objet nouveau ; une
extrême mobilité d'impressions ; une ap-
titude singulière à passer en quelques in-
stants, et pour les motifs les plus légers, de
la gaieté, qui d'ailleurs est leur état le plus
habituel , à la tristesse , de la tristesse à la
joie , de la joie à la colère : tel est alors le
naturel de l'animal. On le voit désirer ar-
demment un objet, témoigner la joie la plus
vive s'il parvient à l'avoir, et presque aus-
sitôt le rejeter avec indilfcrence , le briser
avec colère. On le voit se complaire dans la
société d'un autre individu, lui donner, à
sa manière, des marques de tendresse , et
tout d'un coup s'irriter contre lui , le pour-
suivre en jetant des cris rauques , et le
mordre comme un ennemi : puis la paix
se fait , et les caresses recommencent ,
jusqu'à ce qu'un nouveau caprice amène
une nouvelle crise. « Il y a , » dit M. Geof-
froy Saint- Hilaire ( Cours de l'histoire
naturelle des 3/iimiiiifères , p. 18), en par-
lant des espèces de ce genre , « quelque
» chose d'ambigu dans leurs allures : il en
» est à peu près de même quant aux idées
» qui les occupent. Rien ne parvient à les
» fixer : elles sont vives jusqu'à l'extrava-
» gance, d'ailleurs presque toujours gaies....
» Elles témoignent fréquemment de la cu-
» riosité ; mais lorsqu'elles semblent livrées
» à l'examen le plus sérieux , il surtit de la
» moindre chose pour détourner leur atten-
» tion, au point de laisser tomber ce qu'elles
» tiennent dans leurs mains. C'est un spec-
» tacle fort curieux que de les voir ainsi
» changer à chaque instant de sentiments et
» d'occupations. »
Malgré le grand nombre de Cercopithè-
ques qui sont chaque année transportés en
Europe , el quoiqu'ils vivent bien dans nos
climats, il est rare qu'ils syrepn.duisent. Un
zoologistedistingué signalait même,il y a quel-
ques années.comme une circonstance remar-
quable , que , parmi les Singes de l'Ancien-
Monde , les Macaques seuls se reproduisent
24*
378
CER
dans nos climats, malgré la fréquence des ac-
couplements dans toutes les espèces. Aujour-
d'hui nous connaissons des exemples de celle
reproduction, outre les Macaques, chez le Cy-
nocéphale papion , chez le Magot, chez un
Mangabey, et enfin, parmi les espèces qui ap-
partiennent incontestablement au groupe des
Cercopithèques , chez le Grivei de M. Fré-
déric Cuvier. Nous avons figuré dans l'Atlas
de ce Dictionnaire, Mammifères , pi. 6, une
femelle de celle espèce, avec son petit né à la
ménagerie du Muséum d'histoire naturelle.
Cette même femelle a mis bas deux autres
fois : l'un de ses petits a été élevé. On a re-
marqué que cette femelle, contrairement à
le qu'on observe dans d'autres espèces, s'em-
pressait aussitôt après la mise bas de manger
sondélivre.Comme le font toutes les femelles
des Singes de la seconde tribu , elle portait
constamment son petit pendant les premières
semaines, le soutenantd'abord dans une po-
sition telle, qu'appliqué ventre à venlrecon-
îre sa mère, le petit avait la bouche devant le
mamelon. Plus tard, au contraire , elle lais-
sait au petit le soin de se tenir lui-même en
«'accrochant à l'aide de ses quatre mains aux
poils de sa mère ; celle-ci semblait alors ne
pluss'occuper de son fardeau, etsautait avec
Ja même agilité que si elle n'eût eu à porter
qu'elle-même. Le mâle, loin de partager
avec la femelle le soin du petit, était fort
jndifférent pour l'une et pour l'autre, et par-
fois leur cherchait querelle et les maltraitait :
aussi fut-on obligé de l'isoler. Par un con-
îrasle remarquable et qui intéressait vive-
ment les visiteurs, on voyait il y a quelques
années , en 1837, dans l'une des luges de la
ménagerie du Muséum, la femelle du Grivet,
seule avec son petit qu'il avait fallu dérober
aux taquineries et aux mauvais traitements
du mâle; et, dans la loge immédiatement
conliguë , on contemplait avec un vif intérêt
plusieurs Cynocéphales papions et un Cyno-
céphale chacma, entourant deux femelles et
deux petits nés d'elles, caressant les deux mè-
res avec les plus vives démonstrations de ten-
dresse , les serrant entre leurs bras, les em-
brassant presque à la manière humaine, et
se disputant le plaisir de porter les petits, qui,
après avoir passé de bras en bras , étaient
fidèlement rendus à leurs mères.
Les Cercopithèques sont , à la fois , sau-
teurs et grimpeurs par excellence. Ils grim-
CER
peut le long d'une surface verticale, pour peu
qu'il existe des points en saillie sur lesquels
ils puissent s'accrocher, avec une rapidité
comparable à celle d'un quadrupède agile
courant sur le sol. Ils franchissent par le
saut de grands espaces, soit horizontalement,
soit même de bas en haut , toujours sûrs
d'eux-mêmes, et s'élançant avec une dexté-
rité et une justesse de coup d'œil étonnantes
vers le but qu'ils veulent atteindre. Le saut
est tellement leur allure naturelle, qu'à
terre même, c'est par une suite de sauts ,
et non de pas , qu'ils s'avancent, pour peu
qu'ils veuillent se hâter. Ce mode de loco-
motion , auquel ils ne recourent d'ailleurs
que pour peu de temps , est parfois d'une
très grande rapidité. Lorsque rien ne presse
un Cercopithèque, il marche lentement sur
ses paumes et ses plantes , à peu près à la
manière des Quadrupèdes plantigrades ordi-
naires, mais en suivant, au lieu delà ligne
droite, une ligne brisée, et faisant une suite
de zigzags.
Les Cercopithèques sont bien moins con-
nus dans l'état sauvage que dans l'état de
captivité. On sait cependant qu'ils vivent
par troupes nombreuses , dans les forêts ,
exécutant de branches en branches, souvent
d'arbres en arbres , et à une hauteur consi-
dérable au-dessus du sol , des sauts que n'i-
miterait pas le plus hardi bateleur. Les voya-
geurs rapportent, mais le fait demande véri-
fication, que chaque troupe a une sentinelle
qui , si elle voit paraître un ennemi, jetle aus-
sitôt un cri d'alarme. A ce cri, toute la troupe
se rassemble sur la cime d'un arbre , et, de
celte cime comme d'une forteresse , cha-
que individu , retranché derrière une bran-
che, lance sur l'ennemi commun une foule
de projectiles, tels que des fruits, des bran-
ches d'arbre , et souvent des excréments.
Les Cercopithèques se rendent de la sorte
si redoutables , que non seulement les nè-
gres craignent de pénétrer dans les par-
ties de forêts qu'ils habitent, mais que les
plus grands Quadrupèdes, les Eléphants
eux-mêmes , sont parfois obligés de faire
retraite devant des ennemis qui les attei-
gnent, sans pouvoir être jamais atteints par
eux. En vain , dans leur fureur, les Élé-
phants essaieraient-ils d'abattre ou d'arra-
cher l'arbre séculaire qui porte la troupe
ennemie : leurs trompes et leurs défenses
CER
ne peuvent rien contre lui. Et si même, par
impossible , l'arbre attaqué cédait , les Sin-
ges, s'éiançant sur le plus voisin, rendraient
celte victoire inutile.
Malheureusement pour les Cercopithè-
ques, les Éléphants, les Lions , les Quadru-
pèdes ne sont pas leurs seuls ennemis. Ils
en ont un redoutable dans l'homme, dont la
llèchc ou la balle sait aller les chercher au
milieu du feuillage , ou derrière la branche
dont ils essaient de se faire un bouclier: ils
en ont de plus redoutables encore dans les
Aigles, mais surtout dans les Serpents, qui,
se glissant la nuit le long des arbres et mon-
tant jusqu'à leur retraite , les surprennent
endormis, et les engloutissent avec une ra-
pidité qui ne leur permet pas même une
tentative de fuite ou de combat.
Le régime diététique des Cercopithèques est
très varié. Ils sont avides de miel, d'insectes,
d'arachnides , mangent parfois des mollus-
ques , et cherchent à dénicher des œufs d'oi-
seaux ; mais le fond de leur nourriture con-
siste en feuilles, fruits et racines. Parfois ,
dans la saison de la maturité des fruits, des
légumes ou des récoltes, ils se rendent, la
nuit, par troupes, dans les champs cultivés,
ou même ne craignent pas de pénétrer, près
des habitations, jusque dans les jardins et les
vergers. Pendant qu'une sentinelle veille à
la slircté de ses compagnons, ceux-ci s'em-
pressent de remplir leurs abajoues, puis de
dévorer ce qu'ils peuvent saisir, gaspillant
autour d'eux ce qu'ils n'emportent pas; en
sorte qu'un assez petit nombre d'individus
suffit pour dévaster tout un verger ou même
un champ d'une médiocre étendue.
Les anciens connaissaient sans nul doute
au moins deux espèces de ce genre. Le K9iI1\AL(axe). phys. —Foy.
ENCÉPHALE.
*CEUEFOLlllM, Hall. bot. ph. — Syno-
nyme iï Aiiiliriscus, Hoffm.
GÉUÉOLITHE (xyjpôç, cire ; l'Soz, pierre).
MIN.— M. de Drée a décrit sous ce nom, dans
le Catalogue de son Musée minéralogique ,
une substance peu connue, d'un vert jau-
nâtre, qui a la translucidité et la mollesse
de la cire, et qui se présente en grains dissé-
minés dans des roches qui ont l'apparence
de la lave. (Del.)
CER S89
CÉRÉOPSE. Cercopsis (xvipo';, cire ; è'f ç,
aspect). OIS. — Genre de l'ordre des Palmi-
pèdes, de la famille des Lamelliroslrcs, éta-
bli par Latharn [Lnd. ornitU. mi>pt. , 1790)
pour un oiseau de la Nouvelle-Hollande
qu'il nomme C. A'orœ-lJdltandiœ (f. cine-
reit.s, C. CENDRÉ, Vieill.), et qui pourrait ren-
trer dans le groupe des Bernaches , dont il
ne diffère que par la petitesse plus grande
encore de son bec ; par la membrane qui
le recouvre en partie, et dans laquelle sont
percées des narines ovales.
Le Céréopse es', de la taille d'une petite
Oie. Son plumage est cendré, avec les tectri-
ces alaires , les rémiges primaires et les rec-
trices d'un brun obscur. Les tarses sont ro-
bustes et d'un jaune orangé, la membrane
natatoire et les ongles noirs ; ces derniers
plus aigus que chez les Bernaches. Il porte
au pli de l'aile un petit éperon obtus. On
n'a encore aucun détail sur les mœurs et les
diverses circonstances de la vie des Céréop-
ses ; mais tout porte à croire qu'ils ne peu
vent différer que fort peu des Bernaches. (G.)
•CEllEOPSIMyE. OIS. — M. G.-R. (,ray
avait [Gênera of birds , 1840) établi sous ce
nom un groupe de sa famille des Anatidées,
ayant pour type le g. Cereopsis. (G.)
*CEUEOPSIS. INS.— Genre de Coléoptères
télramères , famille des Longicornes, divi-
sion des Lamiaires , établi par M. Dupont,
sans indication de caractères. M. Dejean l'a
adopté dans son Catalogue, et a donné à l'es-
pèce qui lui sert de type, et qui est origi-
naire i.es Indes orientales , le nom de C. saga.
Ce g. a quelque rapport avec les Haiocera
et les Hypsioriia . (G J
CÉIIÉRITE (de la planète Cérès). min. —
Koyez cÉRiTE. (Del.)
CERESIA , Pers. bot. ph. — Synonyme
de Pa-'iptiluin, L.
"CERESILM (xYip/atoç, nuisible), ins. —
Genre de Coléoptères tétramères, famille des
Longicornes , tribu des Cérambycins , établi
par M. Newman ( (H ilte Eniomoloyisi , i. l,
p. 328 ) qui y rapporte 3 esp. des iles Philip-
pines , et 2, avec doute, delà Nouvelle-Hol-
lande. Il les nomme C. raripilmu , C. im-
mile, C. œthiops, C. intror.siim, C. vile. Ces
Insectes semblent avoir as.sez de rapport
avec les CalUdium et les Obnum. (C.)
■ CEREt'S , Ock. CRUST. — Syn. à'^cii-
nocera, Blainv.
330
CEPv
CEREUS. BOT. PH. — Nom latin du genre
Cierge.
CERF. Cervwi. mam. — Genre de Rumi-
nants caractérisé surtout par l'existence de
prolongements frontaux de structure tout-à-
fait osseuse , et nullement enveloppes d'un
étui corné comme ceux des Bœufs, des Chè-
vres, etc. Ces bois, quoique ordinairementra-
mifiés.ne le sontcependantpas danslesdeux
Cerfs à dagues de l'Amérique méridionale
qu'on rapporte à ce genre, et ne paraissent pas
non plus susceptibles de se renouveler (1)
dans les animaux de ces mêmes régions. On
voit que cette différence de structure est le
seul caractère qui distingue réellement les
Cerfs des Antilopes, qui ont comme eux des
formes sveites et légères, un cou allongé, de
petits sabots se correspondant par une face
plane ; en arrière de ces sabots deux petits
ergots impropres à la marche, et enfin des
membres postérieurs plus élevés que les an-
térieurs.
Cette analogie d'organisation se retrouve
encore dans la formule dentaire , pour le
nombre et la disposition des molaires et des
incisives , ces dernières étant également ab-
sentes à la mâchoire supérieure. Quant aux
canines, elles existent chez certains Cerfs, et
manquent chez d'autres. Dans quelques es-
pèces, elles se présentent chez le mâle, et sont
absentes chez la femelle. Quand elles exis-
tent, c'est toujours à la mâchoire supérieure.
Au reste, nous sommes fortement porté à
croire que l'existence des canines , dans les
mâchoires des animaux de ce genre, est beau-
coup plus générale que ne le pensent les zoo-
logistes. Nous avons en effet trouvé des ca-
nines à la mâchoire supérieure d'un Cerf
de Virginie, et à celles de deux Biches ve-
nantde l'Amérique méridionale. Avant nous,
M. Martin avait communiqué à la Société
zoologiquedeLondres(P/oc., 183G, p.4)ladé-
couverte faite par lui d'une canine rudimen-
taire, trouvée dans les gencives d'une Biche
de l'Amérique méridionale dont, malheureu-
sement, il ne fait point connaître l'espèce.
Le pelage des Cerfs est uniquement com-
posé de poils soyeux, dont la coloration va-
rie avec les saisons. En hiver, les teintes du
pelage sont beaucoup plus uniformes et
moins brillantes; et c'est aussi à cette époque
(i) Hamilton Smith dans Griffitb, Règne animal , t. IV,
CER
de l'année qu'il est plus difficile de distinguer
les espèces les unes des autres. Cependant ces
changements de couleur n'ont pas lieu sur
toutes les parties de l'animal , et rien de
plus fréquent que de voir les taches de !a
tête, du pourtour des fesses et de la queue,
conserver intactes, à quelque époque que ce
soit, les couleurs qui les caractérisent.
L'Axis, parmi les Cerfs de l'ancien conti-
nent, et les Cerfs de l'Amérique méridionale,
sont les seuls animaux qui jusqu'ici aient
paru se soustraire à ces mutations régulières.
Quant à ce qui concerne l'influence de l'âge
sur la coloration des Cerfs , tout le monde
sait que la presque totalité des jeunes Faons
a une livrée.
Les influences dépendantes du sexe ne
sont pas aussi actives, et la seule différence
absolue qui sépare les mâles des femelles,
à part celle relative à la taille , toujours
plus petite chez ces dernières , consiste
dans l'existence de bois dans le sexe mâle.
Tout au contraire, il existe des rapports frap-
pants entre le bois de Cerfs et les organes
de la génération, absolument, pour nous
servir d'une phrase empruntée à M. Geof-
froy Saint - Hilaire père , comme chez
l'homme, entre les organes de la génération
et la barbe [Mém. de la Soc. d'hist. nat.,
1799). Ainsi, dans les climats où l'amourn'a
pas de crise violente et limitée, les cornes
persistent pendant plus d'une année (Desm.,
Dict. class., t. III , art. Cerr ); effet qui est
également produit par la castration. Comme
dernier exemple de cette influence des or-
ganes procréateurs, nous citerons l'observa-
tion que M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a
publiée d'un Cerf adulte , chez lequel, à la
suite d'une maladie des testicules , les bois
arrêtés dans leur développement ne con-
sistent qu'en de simples dagues, de forme
cylindrique et remarquables à l'intérieur par
l'état très compacte et presque éburné du
système osseux. {Hisl. gén. des anom. , t. I,
p. 643.)
L'âge , au contraire, a, sur les états divers
de simplicité et de complication que pré-
sentent ces prolongements, une influence
bien constatée. On sait , en effet, parfaite-
ment bien aujourd'hui que le bois qui
tombe chaque année, à des époques fixes
de la vie de l'animal, par un acte qu'on
a comparé à celui de la séparation du
CER
séquestre dans les os nécrosés, on sait que
ce bois est toujours remplacé par un autre
plus compliqué , jusqu'à un certain terme
cependant, après lequel il repousse tou-
jours dans le même état. Tous les bois des
Cerfs sont en effet primitivement de simples
dagues, et des développements successifs
établissent seuls les différences de formes
entre ces prolongements, qui d'abord se res-
semblent tous. Il est même , comme nous
l'avons déjà dit, des Cerfs dont la tête est tou-
jours armée de simples dagues.
Au reste, cet accroissement des bois s'ac-
complit chez les uns par l'addition , sur la
nouvelle perche , d'andouillers nouveaux à
ceux qui s'y trouvent déjà; chez les autres,
au contraire, et la plupart des Cerfs indiens
sont dans ce cas, par l'augmentation, en gran-
deur, du raerrain et des andouillers , qui ne
sont jamais au-dessus de deux. Quand on
songe au penchant des zoologistes à créer de
nouvelles espèces par le seul examen des bois,
on doit regarder comme un véritableprogrès
la juste détermination, par l'observation,
des changements que le développement de
l'animal fait subir à ces prolongements fron-
taux. Par ce moyen , on ne s'expose pas à
créer deux espèces de deux âges d'une seule.
On s'explique encore moins l'entraînement
qui a porté M. Hamillon Smith à s'exagérer
CER
391
l'importance des caractères du même ordre,
dont M. deBlainvillc(I) s'était servi pour di-
viser lesCerfs en sections , et à établira son
tour, dans le genre qui nous occupe, 6 ou 7
groupes ou sous-genres. La plupart d'entre
ces sous-genres ne nous semblent pas devoir
être adoptés, la base sur laquelle ils sont
établis étant trop restreinte ; car les indica-
tions qu'on en déduit ne sont applicables
qu'aux individus mules. Quant à ce qui con-
cerne l'absence ou l'existence des canines
dans ces divers groupes, nous croyons avoir
déjà suffisamment motivé le peu d'impor
tance que nous attachons aux inductions
qu'on en peut tirer.
Cependant le Muntjac, l'Élan et le Renne
nous semblent devoir être séparés des Cerfs,
pour former trois types génériques. La pre-
mière de ces espèces a été, dès 1816, consi-
dérée sous ce point de vue par M. de Blain-
ville , qui a créé pour elle le genre Cervule ;
plus tard, elle est devenue pour M. Ogilby le
type du genre Prox.
Quant à l'Élan, il suffit de l'examiner avec
attention, pour reconnaître que les formes
particulières de sa tête , de son museau et
de son crâne, la brièveté de son cou, la prédo
minancedeson train antérieur sur son train
postérieur, le séparent tout-à-fait des Cerfs.
Disons enfin que les sabots du Renne, au lieu
(i) Dans un<
Il sections d'
ous n'hésiton
son ouvrage de Mammalogie, p. 413, Desmarets donne de la manière suivante la division des Cerfg
de Blainville. La concordance de ces sections avec celles établies par M. Sinitli est telle que
lire que ce dernier zoologiste n'a pas fait autre chose que leur donner des noms.
Division des Cerfs en sections , par M. de Blainville.
iessiles ou subsessiles.
A. Divisés ....
ns andouillers basilaii
médian, les supérieurs plus ou nio
nis et élargis en un»- vaste empaumure digitée à son bord
seulement. — Espèce Élan
^v«r andouillers
•f Basilaire et médian * aplatis
Esp. Ren
coniques, o. Les super, aplatis, etc.Esp.Da
lEsp. Ceif
upérieurs égale-) ordinaire
nt coniques. \ du Cana-
•j-j'-j- Médii
Esp. tachetées.— Axis, Cerf-Cochon
Esp. non tachetées. — Corf hippéla
B. Bois simples
I. Bois longuement pédoncule
Dans Tordre de description
»r Cuvier. (0«. /oh., t. IV.)
Esp.
basi.aire | Chevreuil. { iZZVeZTo^nlVierà
ginie,
\{ nueuen"
tous les âges — Dagucts.
espèces , nous a
. . Genre
combiné le
ngue).
Divisiondes Cerfs en sous-genres
ou groupes , par M. Smilh
Groupe des Alces ( Atcedine group , Sm.
upe des Tarandus { Tarandine group.)
Groupe des j4xis ( Axine group , H. Sni.).
Groupe des Rusa.
Groupe des Clievieuils ( Capieoline
group , H. Sra.)
Groupe des Maïame (Uaïamine grouf, ,)
Groupe des Subulo. H. Sm.
Groupe des Stylocères.
i par M. de Blainville avec celui adopl*
392
CER
de se correspondre à leur face interne par une
surface plane, se correspondent par une face
convexe,commechez les Chameaux, ainsi que
l'a fait observer avec raison, le premier, M. le
professeur Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
Nous croyons donc devoir adopter le g. Alces
de M. Ogilby [Alccdine group. Ham. Sm.),
et le g. Tarandut de M. Isidore Geoffroy
Sainl-Hilaire, adopté plus tard par M. Ogilby.
Sous le point de vue de sa distribution
géographique, le g. Cerf a des espèces dans
l'ancien et dans le nouveau continent. Il en
existe dans ce dernier, sous toutes les
latitudes, depuis le Canada, jusqu'aux con-
fins les plus méridionaux de la Palagonie.
Dans l'ancien continent , l'Asie surtout est
riche en espèces de ce genre; et, indépendam-
ment de celles qui lui sont propres, elle
possède dans son intérieur la plupart des
espèces qui se trouvent aux îles de la Sonde.
Les Mariannes, les Philippines, les Molu-
ques, l'île de Timor, celle de Bourou, en
ont également. L'Afrique, si riche en An-
tilopes , est presque totalement dépourvue
d'espèces de ce genre. Enfin , la Nouvelle-
Hollande, les archipels qui l'environnent,
ceux qui s'étendent en latitude de la Nou-
velle-Zélande aux îles Sandwich, en longi-
tude des îles Fidgi , aux îles de Pâques
et Chiloè, les îles basses de la Micronésic,
offrent la même pénurie que l'Afrique.
Quoique le plus généralement les types
de formedesprolongemetits frontaux, qui ser-
vent de base aux distinctions établies entre
les diverses espèces de Cerfs, paraissent en
rapport avec un habitat spécial, il faut con-
venir que, dans les deux mondes, il existe
des types de forme récllemetil analogues.
On peut sans contredit regarder le Cerf du
Canada comme représentant en Amérique
notre Cerf commun ; et les deux Cerfs con-
nus sous les noms de (•nuiizou'i et Gnunzou-
poucou , comme représentant le Chevreuil
d'Kurope dans la partie méridiotiale du nou
veau continent. Il doient pour nous égale-
naenl évident que la position plus ou moins
méridionale des espèces e^t en rapport avec
l'état de simplicité, soit du merrain lui-
même , soit de ses ramifications ou des an-
douillers. Ainsi, ni dans nos climats tempé-
rés, ni dans les régions boréales, on ne trouve
d'espèces à prolongements fronlau\ aussi re-
duitsdans leurs dimensions que nous les p.'é-
CER
sentent les Cerfs daguets de l'Amérique mé-
ridionale De même, à peine peut-on trouver,
sur le continent indien, quelques vestiges
des bois du Cerf de nos climats , et de
celui de Virginie dans le Cerf élaphoide de
Hodgson, et dans les Cerfs de Wallich et de
Duvaucel. Le groupe des Cerfs à bois munis
de deux andouillers seulement, est au con-
traire si fréquent dans ces latitudes, qu'on
peut jusqu'ici le considérer comme étant à
peu près confiné dans le continent indien el
dans les archipels qui l'avoisinenl.
Nous ne croyons pas cependant devoir
suivre l'exemple de Frédéric Cuvier et de
Desmoulins, qui ont distribué les Cerfs d'a-
près leur répartition géographique. Nous
préférons les diviser en deux sections : celle
des Cerfs qui ont les bois en partie plats, et
celle des Cerfs qui ont les bois ronds dans
toute leur étendue , comme l'ont au reste
déjà fait Cuvier dans son Règne (numal. , el
M. le professeur Isidore Geoffroy Saint-Hi-
laire dans ses Leçons orales au âJusénm. A
coup sûr, la base sur laquelle se fonde cette
division est bien artificielle; mais, comme
elle repose sur l'existence de caractères as-
sez faciles à saisir, et partant très faciles à
appliquer, nous la préférons à celle qui exige
préalablement la connaissance du lieu d'o-
rigine des espèces.
Section I. Cerfs à bois plais en partie.
En mettant de côté l'Elan et le Renne, que
nous considérons comme types des, genres
AUes (Alcednie yroitv, Hamilton Smith) et
Turandus { hniitjilerine group , Hamilton
Smith ), la section des Cerfs à bois plats ne
comprend qu'une seule espèce :
Le Daim {C'ervus dumu L., Damavulgaris
Gesn. Briss.), dont le pelage, dans la saison
d'été, est fauve, avec des taches blanches sur
le corps eldeux raies également blanches :
l'une longitudinale sur les flancs, l'autre ver-
ticale sur la cuisse , fauve également , mais
sans lâches blanches sur la face exlerne des
membres, olfrant des teintes plus pâles sur les
côtés du cou. Sur la ligne médiane du dos rè-
gne, jusqu'à l'origine de la queue, une ligne
de couleur plusfoncée que le reste du pelage,
et, sur les cillés de cette ligne, sont éparpillées
des taches blam lies assez symctriqueinent
disposées. La queue, qui descend jusqu'au
repli de la jambe, est noire dessus, blanche
CEB
dessous. Les taches des fesses sont blanches
également, et entourées d'une raie noire
semi-elliptique. En hiver, le pelage du Daim
est d'un brun noirâtre uniforme : les taches
du pourtour des fesses et la queue conser-
vent toujours leur même couleur.
La tête est gris-fauve, un peu plus foncée
sur la ligne du chanfrein , un peu plus pâle
au pourtour des yeux. Au-dessous et en de-
hors des narines se trouve la tache blanche
qu'on sait exister chez la plupart des Cerfs.
Le dessous de la mâchoire inférieure et du
cou , la poitrine et l'abdomen sont de cou-
leur blanche, sans aucune tache.
La taille du Daim est moindre que celle
de notre Cerf ordinaire, et c'est une des es-
pèces qui paraissent ne posséder de canines
ni dans l'un ni dans l'autre sexe. Indé-
pendamment des formes spéciales de son
bois , elle est très facile à distinguer par
les taches blanches qui lui couvrent le
corps, par la coloration spéciale de la queue
et du pourtour des fesses. L'Axis seul étant
également tacheté de blanc , on pourrait le
confondre avec le Daim. Nous verrons plus
bas les caractères différentiels de ces deux
espèces.
Le bois du Daim varie avec l'âge, comme
celui de tous les autres Cerfs. Le premier
. bois est une dague légèrement arquée , et
ceux qui lui succèdent conservent toujours
cette courbure à concavité antérieure. La
seconde année , le merrain prend deux an-
douillers dirigés en avant, et souvent sa
sommité s'élargit déjà pour former un com-
mencement de palmature. Les années sui-
vantes,cette palmature se dentelé à ses bords
supérieur et postérieur; quelquefois même
les crêtes qui bornent les échancrures se
convertissent en devrais andouillers récur-
rents. La quatrième année, la palmature se
fend d'une manière variée en se subdivi-
sant; et, à partir de cette époque, elle com-
mence à se rapetisser. On assure même, dit
Cuvier, que les bois finissent par redevenir
desimplesdaguescomme ceux de la première
année ; et , en effet, la galerie d'anatomie
comparée du Muséum possède encore la tête
de Daim dont a également parlé Cuvier, tête
dont les dents sont presque usées jusqu'à
la racine, et qui cependant n'a que des bois
simples.
Dans l'espèce dont nous parlons , les dif-
T. III.
CER
393
férences de couleur absolue , connues sous
les noms d'albinisme et de mélmmme se sont
transmises par voie de génération avec assez
de fixité pour qu'on y ait distingué une race
blanche et une race noire. Dans la race blan-
che, les bois sont de couleur rosée ; dans la
race noire, l'animal est en hiver d'un brun ^
tête de Maure dans la partie supérieure du
corps, d'un brun plus pâle aux parties infé-
rieures, avec une tache plus noire de chaque
côté des fesses : il devient seulement d'une
teinte plus claire en été. C'est sur ces diffé-
rences que Fr. Cuvier, croyant en outre que
les Daims noirs présentaient des formes plus
sveltes et plus élancées que ceux de la va-
riété fauve, s'était principalement basé pour
établir une espèce distincte.à laquelle il avait
donné le nom de Cervus mauricns ( Bull, de
la Soc. phil., 181G, p. 72 ) ; mais depuis, ce
naturaliste avait abandonné sa première opi-
nion. Enfin il en existe une variété dite va-
riété panachée , produite par le croisement
de la race brune et de la race blanche,
brune sur le front , le dessus du cou , avec
le museau , le dos brun , également mou-
cheté de blanc ; les flancs, au contraire, sont
blancs, mouchetés de brun, etc. La queue est
d'un brun très foncé, avec quelques poils
blancs et un flocon de poils fauves à son
extrémité.
La mue et le rut sont de quinze jours plus
tardifs dans le Daim que dans le Cerf d'Eu-
rope : il préfère aux grandes forêts, séjour ha-
bituel de cette dernière espèce, les bois cou-
pés de champs et de collines. Le Daim
est plus domestique que le Cerf de nos cli-
mats, et dès lors, comme le fait observer Buf-
fon , il n'est pas étonnant qu'il soit sujet à
des variétés plus fixes. Ceux qu'on élève dans
les parcs se battent très fréquemment entre
eux. Lorsqu'il est chassé , le Daim emploie
les mêmes ruses que le Cerf, mais il les
répète plus fréquemment que ce dernier.
Les régions tempérées du continent eu-
ropéen paraissent seules posséder cette e.'^-
pèce, et l'on ignore totalement si elle a été
toujours indigène en France et en Espagne.
L'époque de son introduction dans diverses
parties de l'Allemagne semble beaucoup
mieux déterminée; et, d'après de Mellin, cité
par Cuvier, il paraît que c'est te grand élec-
teur qui l'a donnée au Brandebourg, et le roi
Frédéric-Guillaume I" à la Poméranie. Les
25^
3S4
CER
zones boréales ne possèdent guèie que des
Daims aborigènes ; car, d'après Linnxus et
Retzius, ceux qu'on y trouve auraient été
importés d'ailleurs. Ceux qui existent en
Angleterre se trouvent dans les mêmes con-
ditions ; la race tachetée y a été importée de
l'Inde, suivant Pennant, et la race brune,
de Norwège , au temps de Jacques l«^ On
en trouve en outre depuis la Pologne jus-
qu'en Perse. Le nord de l'Afrique ne paraît
pas non plus être dépourvu de Daims ; et
Cuvier, qui d'abord ne croyait pas à l'exis-
tence de cette espèce sur le continent afri-
cain ( Os.^.foss., 2' édit. , t. IV), nous a plus
tard appris qu'il avait vu un Daim sauvage
tué dans les bois au sud de Tunis ( Règne
2' éd., t. I, p. 262).
Section II. Cerfs à bois ronds.
Le nombre des Cerfs à prolongements
frontaux arrondis dans la plus grande partie
de leur étendue est très considérable , puis-
qu'il comprend tous ceux dont il nous reste
à parler. Nous sommes malheureusement
obligé de les grouper d'après les formes et
la disposition des bois et le nombre des an-
douillers.
A. Cei-fs dont les bois présentent plus de deux
andouillers.
Le Cerf de Virginie , le Cerf de Duvancel ,
celui de Wallich , le Cerf Wapiti , le Cerf
d'Europe et le Cerf élaphoide appartiennent
à cette première section , qui , ainsi qu'on le
voit, a des représentants sur l'ancien comme
sur le nouveau continent. Nous ferons ob-
server , en outre, que des six espèces que
nous y comprenons, trois seulement appar-
tiennent aux contrées chaudes de l'ancien
continent; ce qui est bien peu, comparati-
vement aux Cerfs à deux andi
lers qui
sont excessivement nombreux dans ces
mêmes latitudes. Nous commencerons leur
description parcelle du Cerf de Virginie,
que sa taille , la forme générale de son bois]
et la tendance de ce bois à s'aplatir à son
sommet à mesure que l'animal vieillit, rap-
prochent tellement du r)aim, que les voya-
geurs l'ont tantôt décrit sous le nom de Cerf,
et tantôt sous le nom de Daim de Virginie.
I.Ckrf dk ViRGiNiB, Cervm virqimanus
Gm. — Cet anima! , appelé aus.si Cerf de
CER
la Louisiane, et qui paraît habiter les con-
trées chaudes et tempérées de l'Amérique
septentrionale , est couvert, pendant l'été,
d'un pelage de couleur fauve, tirant
un peu sur le doré. La même teinte s'ob-
serve sur l'extérieur des membres , et de-
vient un peu plus paie sur le cou et entre
les memrbes antérieurs. La tète est d'un
gris brun plus foncé au chanfrein et plus
roux sur le front. Le dessous de la mâ-
choire , le pourtour de l'œil , une bande
transversale de chaque côté au-dessus de
l'ouverture des narines ( séparée de celle de
même couleur, qui existe de chaque côté du
bout du nez et sur l'extrémité de la lèvre
inférieure, par une bande de couleur noire
qui s'étend jusque sur la mâchoire infé-
rieure au-devant de l'angle des lèvres), la
gorge, l'abdomen, le pourtour des fesses,
sont de couleur blanche. En hiver, le pelage
est fauve-grisàlre, et quelquefois brun-noi-
râtre. Les taches de la face conservent les
mêmes teintes qu'en été.
La queue, aussi longue que celle du Daim,
et en tout temps noire à son extrémité, est
toujours blanche en dessous , et supérieure-
ment fauve en été, et fauve-grisâtre en
hiver.
Comme toutes les espèces de ce genre , le
Cerf (le Virginie est susceptible d'albinisme.
La galerie de mammalogie du Mus'um pos-
sède maintenant deux individus incomplè-
tement atteints de cette maladie. Chez l'un
d'entre eux , le corps , le dos , les membres,
rexlréiriitéde la face, ne sont couverts que
de poils blancs. Sur le front, les poils sont
gris-jaunâtre à leur extrémité seulement , et
le reste de leur étendue est blanc. Les oreil-
les et l'espace compris entre les meules sont
blanc-jaunâtre, de sorte que tout en de»
venant blancs, dans la majeure partie de
leur étendue, les poils de cet individu
ont conservé sur la tète quelques vestiges
de leur coloration otdinnire. Dans l'autre
individu, l'albinisme est encore moins com-
plet. Les poils blancs du corps ofTrenl en el-
fel çà et là, dans toute leur étendue, quel-
ques poils gris-fimcé sans mélange de cou-
leur blanche. La queue n'est blanche que
dans sa moitié antérieure et à sa pointe, le
reste offrant, en assez grand nombre, des
pnils bruràlres et des poils fauves. F.e pour-
tour du jarret présente des poils fauves en
CER
quantité, et une tache longitudinale de
mcmc , 5 172
Largeur des oreilles » 3 3;i
Taille en avant 2 ,,
Taille en arrière. , 2 1.1
CER
0 blanchâtres. Le pelage, sur le milieu de la
» portion dorsale du nez, sur le front, en-
» tre les oreilles, est plus serré [dichter) ,
» plus long et de couleur plus uniforme
» que dans le reste de la tête Les pointes des
» poils sont dirigées en arrière, disposition
» plus marquée dans la Biche que dans le
» mâle. Le poil est court sur tout le corps,
» serré et lisse. Sa couleur en robe d'été est
» celle du poil de Chevreuil, el sans mélange
» de rouge ; seulement, dans le rut [un den
» laûlen), la couleur brune obscure se change
» en une coloration brun-clair beaucoup
» plus nette. Le dedans , aussi bien que
» l'abdomen et la gorge, sont blancs.
» Le bois est rond à sa racine , creusé de
» profonds sillons bordés principalement en
» avant et en dedans de beaucoup de nœuds
» ou perlures. Il a dans celte partie 4 pou-
» ces de circonférence, et dans la couronne
» (Rose) à peu près 5. Large d'environ deux
» doigts au-dessus de la couronne (ce qui ne
» se voit cependant pas chez tous les indivi-
» dus), il devient lisse et prend une forme
» aplatie, pendant qu'à son côté interne, il
» donne un andouiller dont la direction est
» tout-à-fait verticale , en sorte que, dans
n une longueur de près de 3 pouces et demi,
» les pointes de ces deux andouillers ne sont
» pas beaucoup plus éloignées l'une de l'au-
» tre que ne le sont les deux merrains à
» leurs racines. Dans le reste de son étea-
» due , le bois devient plus aplati , et dans
» l'endroit où les deux perches sont le plus
» éloignées l'une de l'autre (ce qui arrive à 6
» ou 7 pouces de la couronne), sa largeur est
» de 2 pouces; à ce niveau, il ressemble à
» une fourche dont la branche antérieure,
» dans une direction presque horizontale et
» dans une longueur de 4 à 6 pouces , se
» courbe en dedans avec sa pointe, tandis
» que la branche postérieure, seulement plus
» longue de 3 pouces, continue la direction
» primitive de la perche, et devient presque
» verticale.
B La bifurcation antérieure est en outre
» comprimée vers sa pointe, de façon à for-
» mer une vive arête, et le bord en devient
» assez saillant quelquefois pour donnera
» l'exlrémité de cet andouiller la forme
» d'une nouvelle fourche (comme cela se
» voit dans la figure sur la perche gau-
» che), etc. »
CER
22. Cerf des marais, Cervus paludosus
Dcsm., Gouazoupoucou, Az. — F.e bois de ce
Cerf consiste en des perches épaisses, cylin-
driques, ayant, à quatre pouces et demi au-
dessus de la meule , un andouiller tantôt
bifurqué, tantôt simple, dirigé d'abord en
avant, et ensuite en haut. L'extrémité du
merrain est divisée en deux pointes.
Le corps et l'extérieur des membres
sont rouge- bai ; l'intérieur de l'oreille ,
le dessous de la tête et de la poitrine, ainsi
que l'enlre-deux des cuisses de derrière,
sont blancs ou blanchâtres. Du blanc entoure
les paupières, et descend de chaque côté
jusqu'au muffle, où il fait le tour de la
bouche; il y a du noir au bout du mu-
seau, et une lâche noire de cnaque côté à
la lèvre supérieure. Une; bande noire règne
sur le chanfrein et jusque entre les yeux.
L'intervalle des jngles a la seconde join-
ture, une bande sous la noitrine, et le des-
sous de la queue, sont noirs, ainsi qu'une
tache à poil court à l'intérieur du jarret. Jl
parait que le njir de la. poitrine et du mu-
seau manque à plusieurs individus. Le Faon
manque de taches.
23.CERFDES CHAMPS, Ccrvus campeslris Fr,
Cuv., Gouazouti, Azar. — Dans leGouazPuti,
le bois, composé d'une perche assez mince,
donne à deux pouces et demi de la meule un
maître andouiller antérieur , et se terminpi
par une bifurcation formée par deuxandou'l-
1ers à peu près égaux. Les trois andouiliers
sontà peu près dans le même plan vertical. Ce
bois est assez remarquable par sa régularité;
car, sur un grand nombre que nous avons
examiné, nous n'avons pas trouvé la plus
petite déviation au type de forme que nous
venons de signaler. Aussi, nous semble-l-il
à propos de noter sous ce rapport les disposi-
tions tout-à-fait anormales du bois donné au
Cabinet du Muséum par le capitaine Letour-
neur , et chez lequel les andouiliers sont en
très grande quantité. Ce bois, dont Cuvier
a donné la figure et la description, appar-
tiendrait, suivant lui, à un très vieux indi-
vidu de l'espèce dont nous parlons.
Le pelage, dans cette espèce, est fauve, un
peu grisâtre, avec des teintes plus pâles sur
la partie qui avoisine l'abdomen et sur l'ex-
térieur des membres; plus foncé sur la ligne
médiane du dos et du cou, et sur l'espace
intercepté entre les deu.v meules et les deux
CER
û05
oreilles. La queue est brunâtre sur la face
supérieure , blanche à son extrémité et
en dessous. Le dessous de la mâchoire in-
férieure, la gorge, l'intérieur des oreilles,
qui sont longues et pointues, ainsi que le
dessous du corps et l'intérieur des membres,
sont blancs. Les fesses offrent au pourtour
de l'anus une tache blanche moins étendue
que dans les autres espèces ; le tour des
yeux et une tache au bout de la lèvre supé-
rieure sont de couleur blanche.
Cette espèce habite l'Amérique du Sud
comme la précédente, à laquelle elle est in-
férieure en taille. Elle est immuable dans
ses couleurs comme tous les Cerfs de cette
partie du nouveau continent. Mais, tandis
que le Gouazoupoucou séjourne habituelle-
ment dans les esters, ou langues de terre
basse formées près les rivages, soit mari-
times, soit fluviatiles, par la retraite des
eau? ou pai leurs alluvions , le Gouazouti
habite les plaines découvertes. Sa course est
très rapide, et lorsqu'un mâle est poursuivi,
il répand une odeur infecte dont on est
frappé à quatre cents pas de lui. Cette odeur
est, dit-on, beaucoup plus forlc au temps du
rut. Les femelles ne l'ont point ou ne l'ont
que faiblement. Le Faon du Gouazouti a
une livrée, celui du Gouazoupoucou en est
dépourvu.
C. Cerfs daguets ( Subulonine group ,
Ham. Sm. ).
Les Cerfs daguets, exclusivement ori-
ginaires de Cayenne, se distinguent nette-
ment de tous les autres Cerfs par l'état rudi-
mentaire de leur bois, qui réalise, à s'y
méprendre, les conditions de forme du pre-
mier bois des autres espèces. Sie plus, leur
tête est plus acuminée , plus pointue, et
dans leur crâne, leurs os incisifs, ainsi que
la portion du maxillaire supérieur qui lui
fait suite en arrière, s nt plus verticalement
dirigés, moins déjetés en dehors. Leurs lar-
miers sont très rudimentaires , et la partie
nue et glanduleuse de leurs narines plus
étendue que dans tous leurs congénères.
Ces deux espèces sont, comme le Gouazouti
et le Gouazoupoucou, susceptibles de domes-
tication, au dire de Desmoulins.
L'une de ces espèces , le Cerf némoki-
VAGE ( Cervus nemorivagus Fr. Cuv. —
Gouazoubira , d'Azara ) a les bois durs .
hOô
CER
solides, plus inclinés en arrière que dans
le suivant. Le pelage est d'un brun grisâtre
formé de poils de cette couleur , ayant un
peu de blanchâtre vers leur pointe ; les lè-
vres, le dessous de la tète , sont de même
blanchâtres. Le ventre , l'intérieur des jam-
bes de devant , depuis le poignet jusqu'au
sabot, sont de couleur blanche , teintée de
fauve ; cette dernière coloration existe au
contraire purement dessinée sur la partie
la plus extérieure des fesses , le dessus de la
queue et la partie inférieure des membres
postérieurs. Le Faon est tacheté de blanc.
L'autre de ces espèces, le Cerf roux (Cf-
vns rufus Fr. Cuv. — Goiur-oupiia d'Azara),
a le pelage roux vif en dessus, et brun
obscur tournant du roux sur le dessus de
la tête et la face externe des oreilles et
des jarrets. Les taches de la tête, si commu-
nes dans les autres Cerfs, manquent à cette
espèce , comme au Gouazoubira , et la cou-
leur blanche existe seulement sur la partie
postérieure du ventre, le dessous de la
queue et le pourtour des fesses.
Sous le point de vue de leurs habitudes ,
ces deux espèces offrent entre elles beau-
coup d'analogie. Toutes deux, en effet,
vivent d'habitude dans les bois, et n'en sor-
tent qu'à la fln de septembre et au mois
d'octobre, tourmentées qu'elles sont par les
Taons. Le Gouazoubira vit solitaire; il est
nocturne, ou, pour parler plus exactement,
crépusculaire , ne sortant jamais avant le
crépuscule pour fourrager au bord des bois,
dans les cultures des Indiens dites Chaca-
ras(l).
Existe-t-il deux espèces de Gouazoupita ,
l'une à grande taille , l'autre à petite taille,
par conséquent dans les mêmes rapports de
grandeur que le Cariacou et le Cerf de Vir-
ginie? Ce fait nous semble très probable ,
mais certainement il n'est point encore dé-
montré. Quoi qu'il en soit , c'est de la petite
espèce que M. Hamillon Smith fait son Cervus
simplicicortiis , lui donnant pour caractères
d'être plus petit que le Gouazoupita , d'a-
voir des teintes plus animées, et de man-
quer de canines. Cette dernière allégation
(i) VAzara, dans son Histoire des mammifères du Para-
guay (t. I, p. 43 et suiv.), a donné, dis quatre Cerfs qu'il a
observés, une description comparative, que nous regrettons
bien de ne pouvoir transcrire enjentier.
CER
nous paraît trop absolue; car, sur deux
crânes de Biches envoyés du Brésil, l'un par
M. Auguste de Saint-Hilaire, l'autre par
Delalande, et appartenant bien certainement
à la petite espèce, nous avons trouvé des
canines. Smith ajoute que les poils de des-
sus sont plus longs , la queue plus courte,
le pourtour des yeux annelé de noirâtre :
il existerait également du noirâtre à la
bouche.
Nous terminerons cet article par la des-
cription d'une espèce connue seulementjus-
qu'ici par la désignation spécifique de Cerf
d'ANTis ( CfJi'Hs aiiti.siensis d'Orb.), que
lui a donnée M. Aie. d'Orbigny, l'intrépide
voyageur qui l'a rapportée de l'Amérique
méridionale.
Le pelage de cet animal est brun, tiqueté
de blanc jaunâtre sur les flancs , la ligne
médiane du dos , l'oxtcrieur des membres
jusqu'au jarret , le dessus et l'extérieur du
cou , brun-blanchàtre au contraire sur les
côtés de la tête et le front. Le dessous de la
mâchoire inférieure, la moitié supérieure
du dessous du cou , l'extrémité de la lèvre
supérieure, une tache transversale étendue
d'une ouverture de narine à l'autre , le de-
dans des membres , le pourtour des organes
génitaux sont blancs, ainsi que la tache des
fesses , le dessous , les côtés et l'extrémité
de a queue. Une ligne longitudinale brune,
mais mélangée de poils blancs , occupe la
région supérieure de ce dernier organe dans
la moitié antérieure de son étendue. L'exté-
rieur des membres , depuis les sabots jus-
qu'au jarret, est fauve. Le dessous du corps
est brunâtre.
La tête a la forme de celle du Cerf de Vir-
ginie, et le front est assez bombé. Les lar-
miers sont assez grands, et le chanfrein est
couvert d'une ligne brunâtre qui se divise
supérieurement , chaque moitié de la bifur-
cation allant de chaque côté rejoindre la
base des meules. Les oreilles sont allon-
gées, pointues à leur sommet, d'un gris-
brun en dehors , avec une tache de poils
blancs a leur base, ayant en arrière et en de-
hors des poils blancs assez allongés sur leur
bord externe et antérieur , mais seulement
sur la moitié inférieure de ce bord. En
arrière de la tache blanche de la lèvre su-
périeure, existe une tache brune plus éten-
CER
due dans la direction longitudinale que ver-
ticalement.
Les poils du pelage du Cerf d'Anlis sont
secs , durs et cassants , caractère physique
par lequel cette espèce se distingue des
autres Cerfs de l'Amérique méridionale,
dont les poils sont au contraire très dou\
au toucher. Par cette particularité , le Cerf
d'Antis se rapproche des Cerfs indiens, qui
pour la plupart ont des poils ainsi faits. Ces
poils sont plus flexibles sur la queue et sur
la tète, depuis l'espace interauriculairejus-
qu'à la réunion des deux moitiés de la bi-
furcation de la ligne brune du chanfrein.
Sur le reste de cette partie du corps et sur
les membres , ils sont moins longs que par-
tout ailleurs.
Un autre caractère de ces poils consiste
dans leur coloration annelée. L'anneau de
la racine est blanchâtre ; il devient ensuite
brunâtre , plus foncé supérieurement , en-
suite blanc-jaunâtre , et celui de la pointe
est brun plus sombre. Sur ceux de la tète ,
le blanc domine à la pointe de ces poils.
Dans les parties blanches, les poils sont uni-
formément de cette couleur.
La forme des bois ne présente pas jusqu'ici
d'analogue parmi les Cerfs décrits :1a meule
est très petite, entourée d'une couronne hé-
rissée de perlures obtuses; à un pouce et
demi ou deux pouces de la couronne, le bois
se bifurque , la bifurcation antérieure se
dirige en avant pour se porter ensuite un peu
verticalement, puis en arrière, de façon que
la pointe regarde dans cette dernière direc-
tion et un peu en dedans. La bifurcation
postérieure se dirige au contraire en arrière,
de façon à présenter sa concavité en avant
et saconvexité en arrière. Ce bois, comme on
le voit, présente réellement quatre cornes,
et l'on pourrait certainement l'appeler Cerf
tétracère. Les divisions rudimentaires du
prolongement frontal du Cerf d'Antis sont
lisses, pointues au sommet et creusées de
sillons longitudinaux peu marqués.
Le Cerf d'Antis habite la Cordillère orien-
tale de la république de Bolivia , princi-
palement les environs de la ville de la Paz.
Il ne quille pas le sommet des monts, et les la-
titudes qu'il fréquente sont élevées de 4,000
mètres au-dessus du niveau de la mer, ré-
gions où la végétation n'offre plus que des
Graminées, On conçoit dès lors combien il est
CER
407
difficile de s'en
emparer: aussi, pour prendre
possession des individusdnnlnous lui devons
la connaissance, M. Aie. d'Orbigny fut-il obli-
gé de requérir l'assistance du corrégidor de
Palca, à six lieues de la Paz. Conformément
aux ordres qu'ils en reçurent, les habitants
de la commune de Palca et ceux d'une com-
mune voisine cernèrent a leur ba.se un groupe
de montagnes et en gravirent les lianes, de
façon qu'à la cime de la Cordiliére, le cercle
formé par les chasseurs s'étant beaucoup ré-
tréci , l'animal se vit forcé de subir le sort
qu'on lui réservait (l). (D. PucheranO
CERFS FOSSILES. pai.Éoivt. — Dans
les lieux où se rencontrent des ossements de
Bœufs , c'est-à-dire dans les terrains meu-
bles , les tourbières, les cavernes et les brè-
ches osseuses, on trouve diverses espèces de
Cerfs, dont tous les naturalistes regardent
quelques unes comme éteintes. Les dépôts
tertiaires qui contiennent des os de Mas-
todontes , de Rhinocéros et de Dinothe-
rium , en offrent également plusieurs dif-
férentes de celles qui vivent aujourd'hui;
mais il n'est guère possible de se prononcer
sur le rejet ou l'admission de toutes cel-
les qu'on a établies depuis quelques an-
nées, parce que les difficultés inhérentes
à la détermination des os fossiles sont aug-
mentées, pour ce genre, par la singulière
propriété qu'elles offrent toutes de perdre
et de reproduire annuellement un bois qui
varie presque toujours de forme , dans les
premières et les dernières années de la vie
de l'animal. Avec quelque soin, on peut se
procurer en un petit nombre d'années une
série de perches des espèces vivantes , pri-
ses dans les différents âges, et avoir ainsi
sous les yeux les transformations que ces ex-
croissances subissent avant d'arriver à leur
état parfait. Quant aux espèces fossiles ,
cette opération offre de très grandes diffi-
cultés; elle demande une longue suite
d'observations que le temps seul peut ame-
ner, car on trouve souvent des perches
de différents âges détachées de leur crâne ,
et par conséquent sans autre indication que
leur forme pour la distinction des espèces ;
et, tant qu'on ne possédera pas la série des
(i) M. Bennett {Proc , i8,:o-iS3r, p. 27) a déci it la Biche
l'un Ceri auquel il a donné le nom de Cervus humilit. Cette
iiilie venait du Chili.
608
CER
bois de chacune , on courra risque de se
tromper. C'est surtout dans les alluvions
anciennes d'Eppelsheim et dans celles de
l'Auvergne, ainsi que dans les collines ter-
tiaires sub-apennines qu'on en a découvert
de toui-à-fait nouvelles ; mais il paraît que
les terrains meubles et les cavernes en ont
offert aussi quelques unes qui diffèrent de
celles que Cuviera décrites dans les Osse-
ments fossiles.
Nous allons d'abord faire mention des
espèces qui se trouvent dans cet ouvrage ;
ensuite nous indiquerons celles qu'on a
établies depuis la publication de ce livre, en
négligeant les caractères tirés des dents, qui
nous mèneraient beaucoup trop loin , el ne
nous attachant autant que possible qu'à ceux
que les bois fournissent.
1. Cerf a bois gigantesque, Cervus eury-
ceros Aid., Cervus megaceros Hart. — Il est
connu généralement sous le nom d'Elan fos-
sile d'Irlande, parce qu'il est plus commun en
celte île quepartoutailleurs.C'est une espèce
intermédiaire entre le Cerf el l'Élan ; elle
lient du Cerf par ses proportions générales
et par la forme de son crâne , et de l'Elan
par sa taille et par la forme de ses bois. Tou-
tefois , les palmes presque horizontales de
ceux-ci diffèrent des palmes de l'Elan par
les andouillers de leur bord postérieur, par
le moindre nombre et l'extrême grandeur de
leurs andouillers antérieurs, et par leur élar-
gissement progressif. Dans l'Élan , au con-
traire, la palme s'élargit subitement, et se
rétrécit graduellement en haut.Ces bois ont,
dans le fossile, une envergure de plus de trois
mètres; leur merrain est cylindrique; et, im-
médiatement au-dessus de la couronne, naît
un andouiller quelquefois bifurqué, qui se
porte en avant el en haut. On a trouvé des
dépouilles de cet animal dans les Iles Britan-
niques, en France, en Allemagne, en Pologne
et en Italie , dans les terrains meubles qui
recèlent des os d'Eléphants et de Rtnnoceros
tichorr limas. En Irlande, on les déterre ordi-
nairement sous des lits de tourbe et dans des
couches de marne.Comme on n'a jamais vu
de tête de cette espèce dépourvue de bois,
il estprobableque, comme chez notre Renne,
les deux sexes en portaient.
2. PiENNK d'Etampes , Cerviis larandus
■priscus. — Il est voisin du Renne vivant, et a
été trouvé dans le sable entre des blocs de
CER
grès à Étampes, et dans la caverne de Bren-
gues, département du Lot. On l'a rencontré
aussi, dit Cuvier, en Toscane, et il en cite des
morceaux qui lui ont été rapportés par
M. J. Pentland.
3. Daim de la Somme, Cervus dama gigan-
leus. — Trouvé dans les tourbières d'Abbeville
et les sables des bords de la Somme. Les bois
de cette espèce étaient assez semblables à
ceux du Daim, mais d'une très grande taille;
la principale différence consiste en ce que la
meule est en connexion immédiate avec le
frontal sans aucun pédicule intermédiaire
qui la porte.Celle espèce se trouve également
en Allemagne. On la rencontre aussi en Au-
vergne , dans les terrains d'attérissement
de la montagne de Gergovie.
4. Cerf fossile, Cervus primigeniusKauf.
— Celle espèce se trouve en grand nombre
dans les tourbières, les sabionnières elles
cavernes à ossements de l'Europe. L'Angle-
terre en produit comme les autres contrées,
quoiqu'il n'y ait point aujourd'hui de Cerfs
sauvages en ce pays. Ses bois ne se distin-
guent, selon Cuvier, de ceux du Cerf ordi-
naire , que par plus de grandeur ; ils étaient
plus grands même que ceux du Cerf du
Canada.
5. Chevreuil fossile, Capreol us fossilis. —
Les tourbières et les sables d'alluvion four-
nissent cette espèce, qui ne paraît différer en
rien du Chevreuil ordinaire. Un seul bois a
offert à la base un petit andouiller, qu'onne
trouve point dans nos Chevreuils.
Enfin Cuvier compte dans les brèches os-
seuses de Gibraltar, de Cette et d'Antibes, un
Cerf de la taille d'un Daim dont les bois ne
sont pas connus; deux Cerfs des brèches os-
seuses de Pise, dont l'un était à peu près de
même taille que notre Cerf commun, el l'au-
tre un peu plus grand, mais dont les mo-
laires , entourées à leur basé de collets sail-
lants , ressemblent à celles des Cerfs de l'ar-
chipel des Indes; enfin une espèce plus petite
des brèches de Pise, dont les dents offrent
les mêmes caractères que les deux précéden-
tes, ces trois espèces appartenaient sans
doute à ce sous-genre ou au moins à ce
groupe de Cerfs, dont les bois, comme ceux
des Axis, ne portent à chaque perche que
deux andouillers. Les alluvions tertiaires
d'Auvergne fournissent plusieurs espèces de
ce sous-genre, dont quelques unes sont peut-
CER
<»trc les mêmes que celles-ci. S'il en est ainsi,
on doit en conclure que les brèches osseu-
ses sont contemporaines de ces alluvions.
Telles sont les huit espèces de Cerfs fos-
siles établies par Cuvier, non compris son
Chevreuil de Montabuzard, sur lequel nous
reviendrons.
Depuis la publication des Ossements fos-
siles, on a découvert et l'on découvre tous
les jours des ossements de Cerfs , enregis-
trés dans les recueils académiques, dans les
journaux scientifiques, comme les Annales
des sciences naturelles , le Journal minera lo-
gique et géologique de Léonard et Bronn ;
dans des mémoires particuliers , et dans les
ouvrages paléontologiques et géologiques ,
tels que ï Essai géologique ei minératogigue
des environs d'Issoire , par MM. Devèze et
Bouillel ; les Ossements fossiles du départe-
ment du Pinj-de Dôme, par MM. l'abbé Croi-
zet et Jobert aine ; les Ossements des caver-
nes de Liège, par M. Smerling; les Mammi-
fères fossiles du If^urtemherg, par M. Jàger ;
ceux de la contrée de Georgensgmûnd en
Bavière, par M. Hcrman de Meyer ; les Re-
cherches sur les Ossements humaliles des ca-
vernes de Lunel -f^ieil , par MM. Marcel
de Serres, Dubreuil et Jean -Jean; les
Ossements du cabinet de Darmstadl , par
M. Kaup, etc.
Dans la caverne de Sallèle, département
de l'Aude , ii s'en est trouvé plusieurs , à
l'un desquels M. deChristol a donné le nom
de Cervus elaphus Reboulii. Cette même ca-
verne et celle de Bize ont fourni deux espè-
ces de Chevreuils , auxquels M. de Christol
a imposé les noms de Capreolus ToumalH et
Capreolus Leufrojji . Ce même savant, dans la
Description des fossiles de Pézenas et de
Montpellier, insérée dans les Annales des
sciences naturelles , a fait connaître deux au-
tres espèces de Chevreuils qu'il nomme Ca-
preolus Cauvierii et Capreolus l'olozani ; le
premier de la taille de noire Chevreuil, et le
second plus petit. Ces localités ont encore
fourni à M. de Christol des ossements de
Prenne , au moyen desquels il s'est assuré
que l'espèce fossile ne portait point de dents
canines comme l'espèce vivante, et des osse-
ments d'Élan {Alces fossilis H. de M.),
dont le crâne se distinguait par la dépression
de la base et l'élévation du sommet du front,
beaucoup plus marquées l'une et l'autre que
T. m.
CER
/i09
dans l'Élan vivant. M. H. de Meyer en cite
aussi dans le XVf vol. des Curieux de la na-
ture , qui ont été trouvés dans la haute Ita-
lie, ceux-là mêmes que cite Breislak dans sa
Géologie de la Lombardie.
S'il était reconnu que les ossements du
Renne et de l'Élan appartiennent aux espè-
ces actuelles , et non à des espèces éteintes
qui pouvaient s'accommoder de notre cli-
mat,leurexistence, dans le midi de l'Kurope,
confirmerait les idées de M. Agassiz sur
une époque de grand refroidissement du sol
de l'Europe ; car l'un d'eux, étantdomestique,
n'aurait certainement pas disparu de nos
contrées, si le climat ne lui eût été contraire.
M. Félix Robert a fait connaître, dans les
Ann. de la Soc. d'agr. se. et arts du Piiy en
Felay, 1829, quelques Cerfs de l'Auvergne,
dont l'un, le Cervus solilkacus, de la taille de
l'Elan, doit être compris, à cause de ses bois
à deux andouillers seulement, dans le sous-
genre Axis. Une perche de 1 mètre de lon-
gueur avait son premier andouiller placé à
33 centimètres de la couronne, et le second
à 60. Cette espèce pourrait bien être la même
que la grande espèce de Nice de Cuvier : elle
provient des marnes limoneuses supérieures
aux terrains tertiaires des environs de Poli-
gnac. Le second de ces Cerfs de M. Bobert
est le Cervus dama Polignacus , espèce qui
offrait les mêmes dimensions que la précé-
dente, et dont les bois étaient plus aplatis
aux deux tiers de leur hauteur, et pourvus
autour de l'aplatissement de plusieurs pe-
tits andouillers , comme on en voit dans le
Daim. Son maître andouiller se trouvait im-
médiatement au-dessus de la couronne. Du
même gisement que le précédent.
Les cavernes de Lunel-Vieil ont fourni à
MM. Marcel de Serres , Dubreuil et Jean-
Jean, quatre espèces de Cerfs, à savoir :
Le Cervus intermedius , dont les bois se
rapprochent de ceux du Cerf commun et du
Cerf du Canada ; le Cervus coronatus, distin-
1 gué par une lignecirculaire saillante, placée
à la base de la meule , laquelle dessine très
1 bien celte partie sur le frontal ; le Cervus
1 antiqnus, dont la dernière molaire inférieure
! est à double cône ; le Cervus pseudo-virginia-
I 71US, Cerf à meules et à bois demi-aplatis.
I MM. l'abbéCroizet et Jobert aîné ont fait
connaître, dans leurs Recherches sur les os-
i sements du Puy-de-Dôme, diverses espèces
26^
410
CER
de Cerfs, dont plusieurs sont incontestables.
Les uns n'ont que deux andouillers, comme
l'Axis et l'Hippélaphe et quelques uns de nos
Cerfs de trois ans, dont le premier est placé
immédiatement au-dessus de la couronne.
Tels sont :
Le Cervus Eiue.riarum, dont les perches
sont à double courbure ; le second andouil-
ler étant antérieur et placé à la naissance de
la seconde courbure. Du ravin des Étuaircs.
Le Cervus pardinensis , dont les perches
ont chacune deux légères inflexions seule-
ment; le second andouiller, également anté-
rieur, est placé aussi à la naissance de la se-
conde inflexion. Du point de contact des ter-
rains tertiaires et des alluvions volcaniques.
Le Cervus arvemensis , dont les perches
presque rectilignes forment entre elles un
angle très ouvert jusqu'à la naissance du se-
cond andouiller , qui est dirigé en dessous.
Elles éprouvent à cet endroit une déviation
assez forte , mais néanmoins les pointes ter-
minales se dirigent encore en dehors. Des
sables volcaniques de Malbattu. Quelques
autres Cerfs, figurés par l'abbé Croizet, n'ont
également que deux andouillers ; mais le
premier naît à une certaine dislance de la
couronne, comme chez nos Chevreuils. Tel
eslleCervus cusanus,donl\es bois sont de la
grandeur de ceux de notre Chevreuil. Du ra-
vin des Étuaires et d'Ardey. D'autres , tout
en ayant le premier andouiller placé loin de
la couronne , ont des bois à plusieurs bran-
ches. Ce sont :
Le Cervus ardeus, dont les perches, forte-
ment courbées en arrière jusqu'à la nais-
sance du maître andouiller, se relèvent en-
suite un peu en s'écartant , et se terminent
par une sorte de palme à trois pointes ., et
peut-être plus. Des sables volcaniques
d'Ardey.
Le Cervus ramosus, dont les bois, d'abord
courbés en dehors , se recourbent gracieuse-
ment en dedans, de manière à former pres-
que un ovale. Le maître andouiller est placé
à peu près au quart de la longueur de la
perche, le second à moitié ; celui-ci est suivi
de trois et peut-être m*ême de quatre autres
andouillers de plus en plus petits. Tous
sont placés au bord antérieur du merrain, et
dirigés en avant et en haut. Ces bois sont
tellement aplatis sur les côtés, que MM. De-
veze et Douillet , dans leur Essai géologique
CER
et minéralogique sur les environs d'issoire, les
ont considérés comme des bois de jeunes
Élans. Cette belle espèce a été trouvée dans
les alluvions volcaniques de Bourbon. Enfin
il en est qui ont trois andouillers , ou plutôt
deux andouillers seulement et la pointe ter-
minale bifurquée , car aucune de ces deux
pointes ne suivant la direction du merrain ,
il serait difficile de dire celle qui doit former
andouiller : le premier ou maître andouiller
est situé immédiatement au-dessus de la
couronne , et le second vers le milieu. Tels
sont :
Le Cervus Issiodorensis , à bois lisses. Le
second andouiller externe est placé entre les
deux légères courbes de la perche ; les poin-
tes terminales de celle-ci, à peu près égales
en longueur et en largeur. De la montagne
de Perrier.
Le Cervus Perrieri , à bois sillonnés pro-
fondément. Le second andouiller externe est
placé vers les deux tiers de la perche ; le mer-
rain, qui, depuis sa base jusqu'à son second
andouiller, est presque rectiligne, fait un
angle très ouvert au droit de cet andouiller.
La pointe terminale interne plus petite que
l'externe. De la montagne de Perrier.
Outre ces espèces figurées dans l'ouvrage
cité , la collection paléontologique que
M. l'abbé Croizet a cédée au Muséum con-
tient encore des ossements de plusieurs au-
tres espèces que ce savant a établies, depuis
la publication de son ouvrage. Ce sont les Cer-
vus gergovianus, C. borbonicus ,C. Nescher-
sends, C. Croizeti, C. dama giganleus. Cerf
Du Regard , C. de Vialelie, C. de Privai ;
mais comme nous n'avons de bois complet
d'aucune de ces espèces, il nous est impos-
sible de les caractériser.
M. Kaup , dans la description des osse-
ments de Mammifères du Musée de Darms-
tadt, a fait connaître les Cerfs qu'on rencon-
tre dans les alluvions tertiaires des bord8
du Pihin ; mais , n'ayant pas toujours ren-
contré les bois de ces Cerfs, il a été obligé ,
pour la distinction des espèces, d'entrer, sur
la forme de leurs dents, dans des détails qui
ne peuvent trouver place ici. Ces espèces
sont: le Cen-usiBen/io/d!, de la grandeur du
Cerf commun, mais dont les dents ressem-
blent plus à celles du Chevreuil qu'à celles
du Cerf; le Cervus nanus, de la taille du Che-
vreuil, mais à molaires plus étroites ; le Cer-
CER
vus Parischii , à peu près de la grandeur de
l'Antilope salliana, et par conséquent, la
plus petite espèce de Cerf connue jusqu'à
ce jour; \q Cervus anocerus , qui ressemble
au Cerf Muntjac par la longueur de ses
meules; les bois manquent de maître an-
douiller, et les perches courtes se terminent
par deux pointes; le Cervns dicranocerns ,
à bois de même nature que le précédent,
mais plus grand; le Cervus curiocems du ter-
rain diluvien d'Eppelshcim , espèce qui a de
Vaffunlé ayccVElaplius ; le maître andouil-
1er, grêle, est placé à la base de la couronne.
Dans un autre travail, M. Kaup a déjà éta-
bli que les ossements de Cerfs proprement
dits formaient deux espèces : l'une qu'il a
appelée Cervns elaphus primigeniu.s, qui est
celui de Cuvier , et l'autre Cervus elaphus
prisons, qui se distingue par un merrain
triangulaire.
M. Lartet a envoyé au Muséum, parmi un
grand nombre d'ossements de divers autres
animaux, une quantité considérable de bois
d'un Cerf, provenant du dépôt tertiaire de
Sansan, qu'il a nommé Dicrocèie. Ce Cerf
portait de longues meules , mais moins
longues cependant que celles de notre Cerf
3Iuntjac, et que celles du Dicranocerns de
M. Kaup. Ces bois n'ont aussi que deux poin-
tes, mais le seul andouiller qui existe naît
sur la même base que la perche, en sorte
qu'il semble être une seconde perche anté-
rieure plutôt qu'un andouiller.
Dans les collines tertiaires sub-himalaya-
ncs , on rencontre aussi diverses espèces de
Cerfs fossilesqui n'ont point encore été déter-
minées. On trouve seulement, dans le t. IV
du Journal asiatique, la représentation d'un
fragment de bois que le lieutenant du génie
W. F.. Baker croit appartenir à un Elan.
Enfin, dans le calcaire d'eau douce de
Montabuzard , département du Loiret, on
trouve une espèce de Cerf que Cuvier a fait
connaître sous le nom de Chevreuil de Mon-
tabuzard ( Cervus capreolns aurelianensis
H. de M.). Les dents molaires postérieures de
cet animal se distinguent de celles du Che-
vreuil par des pointes plus grosses à la face
externe, en avant de chaque demi-cyiindre,
et par un collet qui entoure la base du côté
interne Les deux molaires antérieures sont
simples, tranchantes et divisées en trois lo-
bes, avec un collet à la base de la seconde
CER
411
seulement. Ces différences, que Cuvier con-
sidérait comme constituant un caractère
presque générique , ont paru suffisantes à
M. Kaup pour en faire un genre sous le nom
de Dorcaiherium , qu'il pense devoir être
placé en avant des Cerfs, et il en décrit une
espèce qu'il appelle D. navi, dont les débris
existent aussi bien dans le calcaire tertiaire
de Findhcim que dans les sables d'Eppels-
hcim. M. Kaup ne ^it point si cette espèce
est la même que celle de iMontabuzard, ou
si cette dernière doit être comptée comme
un Dorcaiherium aurelianense. Mais il pense
que le genre Pakvomeryx de H. de Meyer a
beaucoup d'allinité avec le Dorcaiherium, et
en effet, les différences de ces deux genres
nous ont paru peu sensibles; les Pateomerj/x
doivent donc être considérés, aussi bien que
les Dorcaiherium, comme des sous-genres de
Cerfs, plutôt que comme des genres particu-
liers. M. Herman de Meyer compte déjà cinq
espèces àePalœornernx ; le P. Boi/ani, le P.
h'aupii , le P. pygmœus, tous trois des ter-
rains lacustres de la contrée de Georgens-
gmund , le P. minor, de la molasse d'Arau,
et le P. Scheuchzeri , de la molasse de la
Suisse et des bords du Rhin.
Ainsi, nous comptons enyiron cinquante
espèces de Cerfs fossiles, décrits ou simple-
ment mentionnés, et il nous en a pmbable-
ment échappé quelques unes. On trouvera
peut-être que ce nombre est bien grand pour
le peu d'étendue des contrées qui leur sont
assignées, et quelques personnes seront
sans doute par là même disposées à croire
que plusieurs doubles emplois se révéleront
par la suite. Tout en étant persuadé que
quelques unes de ces espèces sont à ef-
facer, nous croyons cependant que les es-
pèces réelles sont encore nombreuses, et
qu'on doitsous ce rapportcomparerlecentre
de l'Europe, au temps où vivaient ces Cerfs,
à quelques contrées de l'Afrique , les envi-
rons du Cap, par exemple , où l'on trouve
un nombre d'espèces d'Antilopes non moins
considérable. On doit d'ailleurs considérer
que toutes ces espèces n'ont pas vécu en
semble, mais qu'elles étaient réparties entre
deux populations ou deux faunes : celle qui
a laissé des débris dans les terrains tertiai-
res, et celle dont on trouve les restes dans
les terrains d'alluvion ou le diluvium.
(Laukiixard.)
M2
CEPv
CERFEUIL. Cerefolium. BOT. PH. — Nom
vulgaire d'une esp. du g. Anthriscus {voyez
ce mol), dont on cultive deux variétés dans
les jardins, le C. commun et le C. frisé.
Celte plante, dont la saveur aromatique est
très prononcée, entre dans un grand nombre
d'assaisonnements. Elle était jadis employée
en médecine comme diurétique; mais l'u-
sage en a été abandonné. V AiMhriscm Cere-
folium croît spontanément sur le bord des
chemins. La plante cultivée dans quelques
jardins sous le nom de C. musqué n'est pas
un Anthriscus , mais un Myrrhi%. Ployez ce
dernier mot. (C. d'O.)
CERF-VOLAKT. ins. — Nom vulgaire
du mâle de la plus grande espèce du g. Lu-
cane ( Lucanus Cervus ) qui se trouve en
France, frayez lucane. (D.)
CÉRIE. Ceria (xt'pai , corne), ins. —
Genre de Diptères , division des Brachocè-
res, famille des Brachystoraes , tribu des
Syrphidcs, fondé par Fabricius et adopté
par Meigen, Latreille, ainsi que par
M. Macquarl , qui le place en tète de la
tribu dont il fait partie. Les Insectes de ce
g. sont tous variés de noir et de jaune, ce
qui , joint à leur forme, les fait au premier
aspect ressembler à des Guêpes. On les
rencontre sur les fleurs , mais plus ordinai-
rement sur les ulcères des troncs d'arbres
dans lesquels on suppose que vivent leurs
larves, car elles n'ont pas encore été ob-
servées. M. Macquart en décrit 3 espèces ,
savoir : Ceria conopsoides 3Ieig. {id. clavi-
cornis Fabr.), qui se trouve en France
depuis mai jusqu'en octobre ; Ceria subses-
silis Illig. , Meig. , du nord de l'Allemagne
jusqu'en Italie ; Ceria vespiformis Latr., de
l'Italie et de la Barbarie. (D.)
•CERIGO (nom d'une île de l'archi-
pel). INS. — Genre de Lépidoptères noctur-
nes établi par 31. Stéphens, et adopté par
M. Boisduval , qui le place dans sa tribu des
Noctuides (Ge/ieï-Q et ind. meihod., pag. 101).
Ce g. est fondé sur une seule espèce , la
Noci. cytherea de Fabricius , qui se trouve
en juillet aux environs de Paris, dans les
bois secs. On la rencontre quelquefois vo-
lant sur les Chardons. (D.)
CÉRIIVE. MIN. — Sous ce nom, que quel-
ques minéralogistes considèrent comme sy-
nonyme d'Allanite , M. Boudant désigne le
Silicate de Cerium noir, qui accompagne la
CER
Cérite dans les mines de Riddarhytta , en
Suède. Voyez cerium. (Del.)
CERIIVTIIE. BOT. PU. — Dénomination
latine du genre Mélinet. (C. L.)
CERIIVTHOIDES , Boerh. bot. ph, —
Syn. de Steenhammera , Reichenb.
CÉRIOIV. Cerio (x-oplov , cellule), bot. —
Nom donné par M. de Mirbel aux fruits des
Graminées ; il est synonyme de Cariopse.
•CERIOPS ( y.npiov, alvéole ; op, forme j.
BOT. PU. — Genre de la famille des Rhizo-
phoracées, formé par Arnott ( Ann. of wa/.
Iiist. , I, 303 ) pour renfermer deux plantes
retirées des Rbizophora (/?. decandra Roxb.,
H. tiinoriensis DC). Ce sont des arbres crois-
sant sur les bords de la mer, en Asie et dans
la Nouvelle-Hollande ; à feuilles opposées ,
obovales , glabres, très entières ; à stipules
caduques , interpéliolaires ; à fleurs à peine
du volume d'un pois, dont le calice est muni
d'une bractée cupuliforme ( uttde nomen ge-
nericum) ; pédoncules égalant presque le pé-
tiole, et portant au sommet une cyme sub-
capilée , formée par la réunion de fleurs
nombreuses. (C. L.)
•CERIORNIS, Swains. ois. — Syn. de
Tragopan, dont le Tragopan Duvaucelii de
Temm. est le type. (G.)
"CERIPHASIA. MOLL.— Tel est le nom
que M. Swainson propose pour un genre
qu'il établitauxdépens des Mélanies, renfer-
mant celles qui , par leurs tubercules et par
la dépression antérieure de leur ouverture,
se rapprochent un peu des Cérites ; mais ce
genre ne peut être adopté. Voy. mélanie.
(Desii.)
CERISCUS, Gaertn. bot. ph. — Syn. de
Randia.
CERISE. BOT. PH. — Nom du fruit du
Cerisier. Ce nom a été étendu à d'autres
fruits qui offrent une ressemblance parfaite
avec la Cerise. Ainsi l'on a appelé :
Cerise a capitaine , les fruits du Malpi-
ghia urens.
C. de juif, ceux de l'Alkekenge.
C. d'ours, ceux de la Busserole.
CERISETTE. bot. ph. — Syn. vulg. de
Morelle faux Piment.
CERISIER. Cerasus ( Cérasonte , ville
de l'Asie-Mineure ). bot. ph. — Le Cerasus
de Tournefort , adopté et rejeté tour à tour
par les auteurs systématiques , et ne diffé-
rant réellement du genre Prumis que par
CER
des caraclères sans nulle importance scien-
tifique , comme, par exemple, des feuilles
condupliquécs et non convolulées dans les
gemmes, un drupe très glabre et non prui-
neux , etc. , doit rester réuni à ce genre ,
dont nous le considérons, avec plusieurs bo-
tanistes modernes, comme une simple sec-
tion. Foijez PRUNIER. (C. L.)
CÉRITE. Cerititium (x/jpt'rrjî, cérite).M0LL.
— Si nous voulions remonter dans l'histoire
de ce genre, nous le trouverions mentionné
pour la première fois dans l'ouvrage de Ron-
delet , qui connut l'espèce la plus vulgaire
de la Méditerranée. Depuis cette époque
jusqu'au moment où Adanson ( Hisi. des
Coquilles du Sénégal] créa Ic genre, tel
qu'il a été conservé jusqu'aujourd'hui , un
très grand nombre d'auteurs, Bonanni ,
Lister et Rumphius surtout, en ont figura
un assez grand nombre d'espèces. Il est fâ-
cheux que Linné n'ait pas adopté le genre
d'Adanson ; il était très nettement distin-
gué des Murex ; mais Linné évitait, autant
que possible, de multiplier ses genres , et
peut-être aussi, dans sa manière large de
les envisager, ne trouvait-il pas que celui
d'Adanson fût suffisamment caractérisé. La
méthode linnéenne ne présente pas seule-
ment cet inconvénient. Trompé par une
fausse appréciation de formes extérieures ,
Linné fit passer une espèce de Cérite parmi
les Trochus, et quelques autres dans son
genre Sirombus. Cette distribution vicieuse
des espèces fut long-temps imitée par les
successeurs de Linné, jusqu'au moment
où Bruguière ( Encycl. mélli. ) réhabilita
le genre d'Adanson , en le caractérisant
d'une manière plus complète. A dater de ce
moment, le genre Cérite fut adopté par
tous les conchyliologues. Cependant Mont-
fort ayant fait avec l'espèce que Linné rap-
porte aux Troques, un genre sous le nom de
Telescopium, quelques auteurs, tels queCu-
vier,Férussac, etc., conservèrent ce mauvais
genre Telescopium , et le mirent en rapport
avec le genre Trochus. Le genre Cérite est
tellement naturel, qu'il a été impossible,
malgré le grand nombre des espèces , d'y
établir des sous-divisions. Toutes les for-
mes soit de l'ouverture, soit de la co-
quille en général, présentent dans l'en-
semble du genre des modifications telle-
ment graduées, qu'il est impossible d'éta-
CER
h\Z
blir des coupures assez nettes pour funner
des genres.
La coquille des Cérites étant canalicnlée
à la base, tous les auteurs ont naturelle-
ment compris ce genre dans la longue série
des Coquilles canaliculées. Lamarck leur
fait commencer cette série,Cuvier les rappor-
che ries Murex , et la plupart des natura-
listes sont encore aujourd'hui partagés entre
ces deux opinions. L'opinion de Lamarck
nous paraît être celle qui se rapproche le
plus des rapports naturels; en effet, les
animaux des Cérites ont la plus grande
analogie avec ceux des Mélanies. L'ouvrage
déjà cité de MM. Quoy et Gaimarden donne
la preuve la plus évidente , et nous pou-
vons ajouter que la manière de vivre dif-
fère peu dans les deux genres , quoiqu'ils
habitent, l'un les eaux douces, et l'autre
la mer: aussi M.Quoyn'a-t-il pas manqué de
mettre les deux genres qui nous occupent
dans les rapports les plus intimes. Ce qui a
contribué à abuser un grand nombre de na-
turalistes, et Lamarck le premier, sur la
place que cegenredoit occuperdansla série
générale, c'est qu'on supposait l'animal vo-
race et vivant à la manière des Murex, des
Strombes et de tous les autres Mollusques
à Coquilles canaliculées ; mais l'observation
m'a démontré que les Cérites vivent de
plantes. Ces animaux se tiennent en géné-
ral à peu de profondeur ; ils rampent sur les
rochers garnis de cryptogames marins , et
se nourrissent souvent de leurs détritus en
décomposition. L'animal rampe sur un
pied court et ovalaire , à l'extrémité posté-
rieure duquel est fixé un opercule corné,
multispiré, assez voisin de celui de certains
Troques. La tête eslproboscidiforme, fendue
à son extrémité par une ouverture longitu-
dinale qui est celle de la bouche. Cette
trompe est ridée transversalement, co-
nique, convexe en dessus, et porte à l'ar-
riére 2 tentacules coniques, a la base des-
quels, et du côté externe, se trouvent des
yeux à peine saillants. Le manteau revêt
l'intérieur de lacoquille, se creuse en canal
à l'extrémité antérieure pour revêtir celui
de la coquille, et se montre à peine au-de-
hors sur le bordextérieur du test.
Les Coquilles appartenant au genre Cérite
sont toutes turriculées , allongées , à som-
"-et pointu , ce qui est cause que presque
M/i
CER
tous les auteurs , jusqu'à Linné , qui les ont
figurées, les ont confondues avec les Vis.
Elles sont spécialement caractérisées par
la forme de l'ouverture, qui est ovale,
obronde , creusée à la base d'un canal
court, ayant le bord droit très saillant en
avant , et assez fréquemment déprimé vers
l'angle postérieur. La columelle est lisse,
fortement arquée dans sa longueur , courte
et tronquée obliquement à son extrémité.
Il résulte de ce qui précède, que les carac-
tères du genre peuvent être exprimés de la
manière suivante :
Animal à pied court, quelquefois dila-
té en avant ; tête proboscidiforme ; bouche
terminale; 2 tentacules coniques , portant
les yeux non saillants à la base, au côté
externe; un opercule corné, orbiculaire,
mullispiré , ayant le sommet subcentral.
Coquille turriculée, à ouverture oblongue,
oblique, terminée à sa base par un canal
court, tronqué ou recourbé, jamais échan-
cré ; bord droit, mince ou épaissi , saillant
en avant.
Parmi les nombreuses espèces du genre
Cérite , il y en a quelques unes dont la
spire est constamment inverse. Ce petit ca-
ractère, qui n'a point d'importance, ne
pourrait suffire à l'établissement d'un genre,
car nous nous sommes assuré que, relative-
ment à l'animal , il ne présentait aucune
différence générique avec les autres espèces
de Cérites. On connaît actuellement, dans
le genre Cérite , plus de 300 espèces ,
soit vivantes, soit fossiles. Les terrains ter-
tiaires sont particulièrement riches en es-
pèces de Cérites , tandis que les terrains se-
condaires en offrentunsipetilnombre, qu'on
a cru pendant long-temps qu'elles n'y exis-
taient pas. Cependant on sait actuellement
qu'il y a des Cérites jusque dans les parties
inférieures du terrain jurassique. Quant aux
espèces vivantes, on les trouve dans presque
toutes les mers ; cependant, il faut le dire,
la plus grande partie se montre dans les
mers les plus chaudes, là où la végéta-
lion sous-marine devient plus considérable.
(Desh.)
CÉRITE (de Gérés), min. — Silicate rouge
de Cerium. Voyez cerium. (Del.)
* CÉRITES. MOLL. — Famille proposée
par Férussac ( Tableaux syslémmiques des
Mollusques ) pour le g. Ceriihium i„i sevil.
CER
Quelle que soit la manière d'envisager les
rapports du g. Cérite, la famille des Cérites
ne peut être adoptée. (Desh.)
CERITHIUM. MOLL, — Nom latin du g.
Cérite.
CERIUm (nom dérivé de celui de Cérès).
CHiM. et MIN. — Métal (Jont la découverte est
due aux chimistes suédois Hisinger et Ber-
zélius. Il a été trouvé pour la première fois
dans la Cérite, minéral pesant de la mine de
Bastnas, près de Riddarhytta dans le West-
raanland. Il appartient à la classe des mé-
taux qui absorbent l'oxygène aux plus hau-
tes températures; il est cassant, lamelleux,
d'un blanc grisâtre , et presque infusible ,
quoiqu'on soit parvenu à en sublimer de
petites portions : l'eau régale peut seule le
dissoudre. L'étude des minéraux qui le con-
tiennent a besoin d'être refaite au point de
vue chimique ; car on a souvent confondu
l'oxyde de Cerium avec celui d'un autre mé-
tal qui l'accompagne fréquemment, le Zan-
thane [voyez ce mot). On reconnaît la pré-
sence du Cerium ou de son oxyde dans un
minéral, à ce que celui-ci donne avec le Bo-
rax , au feu d'oxydation , un verre qui est
rouge ou orangé foncé tant qu'il est chaud,
et qui devient jaune en se refroidissant.
Le Cerium n'existe pas dans la nature à
l'état de pureté. On le rencontre dans plu-
sieurs espèces du genre Fluorure (la Fluo-
cérine, la Basicérine, l'Yttrocérite , etc.);
dans une espèce du genre Carbonate (la Car-
bocérine ) ; dans deux espèces du g. Phos-
phate (laMonacite et l'Edwarsite); dans un
assez bon nombre de Silicates (la Cérite , la
Tschewkinite, la Cérine et l'Allanile, la Ga-
dolinite , l'Orthite et le Pyrorthile ) ; enfin
dans un Silico-titanate , rapporté par Les-
chenault de la côte de Coromandel. Foyez
ces divers mots. (Del.)
CERIUM. BOT. PH. — Genre établi par
Loureiro pour une herbe annuelle, à feuilles
alternes pluri-nervées, à fleurs en épis ter-
minaux , sessiles , pourvues de bradées. Il
n'en a cité qu'une seule esp. sous le nom
de Cerium f^picaium. Endiicher le rejette dans
ses genres douteux ; d'autres auteurs l'ont
placé à la suite des Solanées.
CERiMATIDES. Cermaiides. ins.— Syno-
nyme de Sculigérides , employé par Leach.
/^oye: SCUT1GÉ1UDES. ( Bl.)
CERMATIE. Cermatia. ins.— Synonyme
CER
<]e Scutigera , employé par Illiger et par le
docteur Leach. f^oyez scutigera. (Bl.)
CERIVEAU. BOT. PH. — Nom de la Noix
avant sa maturité complète.
CERISIER. Pohjprion. poiss. — Sous ce
nom générique emprunté aux dénomnations
vulgaires des pêcheurs, et dont l'étymologie
est bien difficile , pour ne pas dire impos-
sible à donner, nous avons désigné, en
ichthyologie, un de nos grands Percoides
de la Méditerranée, commun sur le marché
de Marseille, que sa chair blanche et tendre
fait rechercher, et qui cependant, resté in-
connu à Rondelet et à Belon, n'a que tout
récemment pris place dans nos Catalogues
scientiOques.
Les caractères du g. Cernier consistent
dans une tète grosse , dont les arcades sur-
cilières , les deux bords du préopercule, ce-
lui du limbe, le sous-opercule et l'inter-
opercule, les surscapulaires et une crête éle-
vée longiludinalement sur l'opercule, sont
dentelés. Les dents sont en velours ou en
carde Gne aux mâchoires. La dorsale est uni-
que. Le rayon épineux de la ventrale et ceux
de l'anale sont gros et dentelés. Ces caractères
ont été exprimés par M. Cuvier quand il a
nommé le g. Polyprion, en le détachant des
Amphiprions auxquels Bloch l'avaitassocié ,
d'après l'inspection d'un dessin que Latham
lui avait envoyé. D'ailleurs Bioch avait re-
produit cette espèce sous le nom A'Epinc-
phelas oxygenius , d'après des noies de
Forster.
On ne connaît encore qu'une espèce de ce
g. , le Cernier des marseillais , qui se re-
trouve au cap de Bonne-Espérance , sur les
côtes de l'Amérique méridionale, autour du
cap Horn, et qui se promène depuis Monte-
videojusqu'àValparaiso du Chili. Cette esp.
paraitaussi traverser le grand Océan, car on
l'a également trouvée autour de la Nouvelle-
Zélande. Forster l'a vue dans les parages et
dans le détroit de la Princesse-Charlotte.
(Val.)
"CEROBATES (x£po5«TYi;, dont les pieds
sont cornus), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères , famille des Curculionites ,
division des Brenthides, créé par Schœnherr
{Sijn. et Sp. CurcuL, t. V, p. 487 \ qui n'y
fait entrer que 3 espèces, le Breni. iri-
striutus Fab. , et ses C. sulcatus et C. pyg-
mœus. La 1'* est originaire de Java ou de
CER ui:>
Sumatra, la 2' du cap de Bonne-Espérance,
et la 3-= du Mexique. Ce genre a des repré-
sentants à Cayenne, à la Nouvelle-Grenade
et dans d'autres contrées de l'Amérique mé-
ridionale; on en connaît environ 10 espèces.
Il se rapproche assez des TracheUzus, près
desquels il a été placé ; mais son corps est
bien plus aplati, et l'armure des jambes
antérieures des mâles est très différente. Fe-
melles inconnues. !q,\
CEROCALA (x/paç, corne ; xaio'ç, beau).
INS. — Genre de Lépidoptères de la famille
des Nocturnes , tribu des Catocalides , fondé
par M. Boi.sduval sur une seule espèce pla-
cée par M. Treitschke dans le g. Ophiusa ,
mais qui s'en distingue principalement par
ses antennes largement peclinées dans le
mâle, et par la forme de ses palpes, dont le
dernier article est très long , très grêle et très
aigu. Celte espèce a été nommée C. scapu-
losa par les auteurs allemands, parce que !e
dessin de ses ailes supérieures représente as-
sez bien un scapulaire lorsqu'elles sont fer-
mées. Bien que M. Treitschke dise qu'on la
trouve à la fois en Espagne et dans nos dé-
parlements méridionaux , ce qui nous a dé-
terminé à la décrire et à la figurer dans notre
Hisl. nai. des Lépidopt. de France, t. VII,
p. 353, pi. 121, cependant tous les individus
qui en existent dans les collections de Pa-
ris proviennent de l'Andalousie. (D.)
'CEROCEPHALA (x/paç , corne; xe-
tpaW, tête). INS. — Genre de la famille des
Chalcid-ens, de l'ordre des Hyménoptères,
élabli par M. Westwood {in Guér., Magaz.
de zool.) sur une petite espèce {Cerocephala
cornigera Westw.) trouvée en Angleterre. Ce
genre, qui se rapproche des Spalangia, s'en
dislingue surtout par une tête tridentée,
et par des ailes pourvues de nervures plus
courtes. (Bl.)
CÉROCOME, Cerocoma (xépaq, corne;
xofiY), chevelure), ins.— Genrede Coléoptères
hétéromères, famille des Vésicants, créé par
Geoffroy, et adopté par tous les entomologis-
tes. Les Cérocomes ont, par leur organisation
générale, beaucoupde rapports avec lesCan-
tharides elles Mylabres; toutefois, elles en
diffèrent essentiellement par leurs antennes
composées seulement de 9 articles, lesquels
sont dilatés, inégaux, et de forme irrégn-
lière dans les mâles, tandis qu'ils sont arron-
dis et grossissent graduellement du premier
616
CER
au dernier dans les femelles. Les deux sexes
se distinguent en outre par la couleur des
pattes et des antennes, qui sont d'un jaune
fauve chez les premiers, et noirs ou verts
chez les seconds. Ces Insectes, peu nom-
breux en espèces, deviennent d'autant plus
communs qu'on se rapproche davantage
du littoral de la Méditerranée : aussi en
trouve-l-on sur les côtes septentrionales de
l'Afrique comme dans l'Europe méridionale.
Leurs élytres sont ordinairement d'un brun-
vert métallique comme celles de la Canlha-
ride des boutiques, et leur abdomen est
fauve. Les Cérocomes fréquentent les Heurs,
principalement celles en corymbes. Quoi-
qu'elles volent avec agilité, il est facile de les
prendre à la main lorsqu'elles ont la lêle en-
foncée dans le calice des fleurs pour en ex-
traire le suc mielleux dont elles paraissent
très avides. Leurs larves ne sont pas encore
connues; mais l'analogie porte à croire
qu'elles sont parasites comme celles des
Méloës, et qu'elles ne se retirent dans la
terre que pour subir leur dernière métamor-
phose. On ne connaît encore que 7 ou 8 es-
pèces de ce g. , parmi lesquelles nous citerons
la Cerocoma Scliœfferi Fàhr., qui peut être
considérée comme le type du g.; on la trouve
quelquefois assez abondamment aux envi-
rons de Paris sur les fleurs de la Millefeuille.
Il résulte des expériences faites par M. Fré-
déric Leclerc , d'après le procédé de M. le
docteur Bretonneau, et consignées dans la
thèse qu'il a soutenue, le 2-3 mai 1835, pour
être reçu docteur en médecine, que la Cero-
coma Schœfferi n'est pas moins épispastique
que la Cantharide des boutiques. Il y a lieu
de croire d'après cela qu'il en est de même
de toutes les espèces du même genre ; mais
elles ne sont pas , du moins en France, as-
sez nombreuses en individus pour devenir
comme celle-ci un objet de commerce. (D.)
*CER0CTE1\US ( xî'pas , corne ; xtîvo'; ,
peigne), ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères , famille des Longicornes , divi-
sion des Prioniens , créé par M. Dejean.
RL Serville ( Ann. Soc. tniom. de France ,
t. I, p. 130 et 1961, l'a adopté et en a publié
les caractères. L'espèce type est le C. abdo-
minalis Dej. et Serv., qu'on trouve au Bré-
sil. Les C. unicolo)- et C. equestris Dej., pro-
viennent du même pays, elne sont peut-être
que des variétés de la première. Suivant
CER
M. Lacordaire, qui les a observés sur les
lieux, les Cérocténes vivent sur les feuilles,
et on les trouve volant pendant la plus
grande chaleur du jour. Ils ne font entendre
aucun bruit. (C.)
* CERODON. MAM. — Syn. de Kerodon.
"CÉROLITHE (xnpoç, cire ; YSii , pierre).
MIN. — M. Breithaupt a désigné ainsi une
substance d'un aspect céroide , blanche ou
verdàtre , translucide , d'un éclat gras ou
légèrement vitreux , compacte et à cassure
conchoidale, et qui se trouve en petits lits et
en rognons dans la Serpentine , à Zoblitz en
Saxe, et à Frankenstcin en Silcsie. Selon
Pfair, c'est un Silicate hydraté d'Alumine et
de Magnésie. (Del.)
* CÉROMYE. Ceromya (xnpoç, cire ; fxvra,
mouche), ins. — Genre de Diptères établi
par M. Robineau - Desvoidy ( Essai sur
les Myodaires). Ce g. fait partie de la famille
des Calyptérées, division des Zoobies , tribu
des Entomobies. L'auteur y rapporte 5 es-
pèces de diverses parties de la France , et
toutes nommées par lui. Nous citerons seu-
lement la première ( C. eryihrocera ), qui
lui a été communiquée par M. de Saint-Far-
geau. (D.;
CEROîMIA. coT. PU.— Syn. de Caroubier.
" CEROPACUA ( X£pa; , corne ; Traxtra ,
épaisse), ins. —Nom donné par M. Stephens
à un genre de Lépidoptères nocturnes, de la
tribu des Noctuo-Bombycites, nommé anté-
rieurement Cijmatopitora par les auteurs al-
lemands, f^oyez ce mot. (D.)
CÉROPALES (x/paç, antenne ; -nraloç, agi-
tation). INS. — Genre de la famille des Sphé-
gides , de l'ordre des Hyménoptères , établi
par Latreille et adopté par tous les entomo-
logistes. Les Céropales ont une tête compri-
mée ; des antennes filiformes dans les mâles,
et légèrement épaissies vers l'extrémité dans
les femelles; des pattes postérieures épineu-
ses ; etc. On en connaît un petit nombre
d'espèces , la plupart européennes ; le type
est le C. macidaia Lalr. , répandu dans une
grande partie de l'Europe. (Bl.)
CEROPEGIA ( xvipoTtïîViov , chandelier ).
BOT. PU. — (Jenre fort intéressant de la
famille des Asclépiadées , tribu des Sta-
péliées-Céropégiées , institué par Linné
[Gen., 299) , revisé par R. Brown ( Mém.
vern. Soc, I, 21), et renfermant près d'une
CER
centaine d'espèces répandues dans les In-
des , la Chine, l'Afrique et les grandes
îles adjacentes. On en cultive une dou-
zaine dans les jardins botaniques, et plu-
sieurs comme plantes d'ornement , parti-
culièrement les C. elegam Hook., et C. sta-
peliœformis Haw. Ce sont, d'après notre ob-
servation, des plantes aphylles ou feuillées,
à tiges herbacées ou charnues , ligiiescentes
à la base, et souvent même tubéreuses, vo-
lubiles, quelquefois lactescentes; à feuilles
opposées , ovales-lancéolées , aiguës ou ob-
tuses, charnues; à fleurs solitaires ou gémi-
nées ou agrégées, quelquefois subombel-
lées.
Les principaux caractères du genre sont
également selon nous : Calice 3-parli ; co-
rolle longuement tubulée, légèrement ren-
flée à la base, infundibuliforme, à lacinies
diversiformes , étalées, réfléchies ou plus
ou moins cohérentes au sommet , tantôt
ligulées , tantôt cucuUées. Gynostège tou-
jours inclus et contenu dans la partie basi-
laire, renflée, du tube corolléen. Couronne
staminale, gamophylle, 5-10-15-lobée, ou
plus ordinairement 2-sériée ; lobes de la
série externe , ovales , entiers ou sublrilo-
bulés ou profondément bifides, très glabres
ou légèrement velus ; ceux de la série in-
terne , entiers ou trilobulés, opposés aux
anthères et souvent ligules. Anthères sim-
plesau sommet, ou terminées parune courte
membrane. Pollinies dressées, basiiixes ou
caudiculées. Stigmate mutique, pentagone;
follicules subcylindracésouoblongs. Graines
nombreuses , assez ordinairement échan-
trées , velues à l'ombilic. (C. L.)
*CÉROPÉGIÉES. Ceropegiœ. bot. ph. —
Tribu de la famille des Asclépiadées , ayant
pour type le g. Ceropegia.
CÉROPEORES ( x/paç , corne ; «popo's.
porteur), mam. — Tribu établie par M. de
Blainville dans la famille des Ruminants ,
et qui comprend tous ceux à cornes creuses.
•CEROPnollLS (x/paç, corne ; RicoR>'ES, ouvrage posthume inséré
dans le volume V des ^im. de la Soc.
enlom. de France , pages 1 13 à 170 ) a éta-
bli , sous ce nom, une tribu qui se com-
pose des g. Troscus , Lissomus , Chelona-
rium, Cryplostoma et Ceropliyluin. Cette
tribu fait le passage des Eucnémides aux
Eiatérides. Les Insectes qu'elle renferme
n'ont pas, comme ces derniers, la faculté
de sauter, du moins dans un degré aussi pro-
noncé , bien qu'ils en aient jusqu'à un
certain point le faciès, ce qui lient à la
forme de leur présternum, dont la saillie
est courte et aplatie. Du reste, ils ont le
corps ovoïde ou presque orbiculaire; la tète
plus ou moins triangulaire , déprimée el
avancée ; le corselet trapézoïdal plus large
que long , très peu rebordé latéralement;
les antennes , dans le plus grand nombre ,
logées , soit en totalité , soit en partie, dans
des rainures présternales. (D.)
'CEROPLASTES (xï^pô;, cire; 7t),âcrT/i; ,
qui fait ). ins. — M. Gray désigne ainsi
( Spicileijia zoologica) un genre de la tribu
des Cocciniens, qu'il a établi aux dépens
du g. Porphyrophora de Brandi, sur le
Porpli. margarodes Burm. ( Handb. der
Ent.) (Bl.)
CÉROPL.ITE. Ceroplatns (xrpa; , corne;
CER
TtllaTo;, large), ins.— Genre de Diptères, di-
vision des "î^émocères , famille des Tipulai-
res, tribu des Fongicoies, créé'par Bosc et
adopté par Latreille, Fabricius, M. Duraé-
ril , ainsi que par M. Macquart. Ce g. ,
ainsi que son nom l'indique , se dislingue
principalement par la forme des antennes,
qui sont très comprimées et plus larges
dans le milieu. M. Macquart en décrit 3 es-
pèces, dont 2 d'Europe et 1 de l'Amérique
septentrionale. Nous n'en citerons qu'une,
le C. lipaloide.^, qui se trouve aux envi-
rons de Paris, el sur lequel Bosc a fondé sou
genre. Il est long de 4 à 5 lignes, de couleur
jaunàlreavecdes lignes longitudinales noires
sur le corselet , et des bandes transversales
également noires sur l'abdomen. Réaumur
{3/é,n. lus. , t. V, p. 23 , pi. 4, fig. 11-18)
a donné la figure el une histoire très dé-
taillée de la larve de celle espèce dont voici
les principaux traits. Celle larve vit en so-
ciété de 8 à 10 individus sur l'Agaric du
chêne. Elle est très allongée , transparente,
toujours enduite d'une liqueur visqueuse.
Sa tète écailleuse est armée de deux cro-
chets , et l'extrémité de son corps est munie
de quatre petits tubes aérifères. Elle se tient
sur la surface inférieure de l'Agaric , et
semble ne se nourrir que du fluide qui en
transsude. Munie d'une filière à la bouche,
elle revél d une couche de soie le plan sur
lequel elle pose, et ne peut faire un pas
sans tapisser l'espace qu'elle parcourt.
Lorsqu'elle se fixe, elle se construit avec
la même substance un pavillon qui l'abrite
entièrement. Enfin, au moment de se trans-
former en nymphe, elle ne se retire pas
dans la terre, comme la larve des autres
Tipulaires ; mais elle se file une coque atta-
chée à l'Ajiaric qui l'a nourrie, et d'où l'in-
secte parfait sort au bout de 12 à 15 jours.
Le savant Bosc, pendant son séjour à la
Caroline, a eu occasion d'observer les
mœurs de la larve d'une autre espèce du
du même g. nommée par lui Ceropl. car-
bonarius. Il a communiqué ses observations
à Latreille , qui les a insérées lexluellement
à l'art. CÉuoPLATE , dans le t. V du Die-
tionii. d'iii>.t. nul. de Déterville, 2' édit. Il
en résulte que celle larve offre de grands
points de ressemblance avec la précédente.
Elle vil en société sur les Bolets ou les Aga-
rics, el celte société se compose quelquefois
CER
d'un assez grand nombre d'individus. Mais
ses mœurs dilTcrcnl en ce point que tous les
indiviilus d'une même famille vivent et se
transforment sous une lente commune, à
l'instar des Chenilles des Yponomeules, tan-
dis que chaque lai ve du Ceropt. lipuloides
forme sa coque à part au moment de se
transformer en nymphe. (D.)
"CEllOPLESIS ( x/pctî, corne ; -nr^yjJi'o; ,
voisin). INS. — Genre de Coléoptères tétra-
méres , famille des Longicornes , tribu des
Lamiaires, créé par M Serville {Ann. Soc.
entom. de l'r., t. 4, p. 93). 10 espèces afri-
caines s'y rapportent ; 8 proviennent du cap
de Bonne-Espérance , une du Sénégal , et la
dernière de la côte d'.\ngola. Parmi les es-
pèces décrites, sont les Lamia holtentoia,
ferriigaior , capensis , œtliiops et bicinna
de Fabricius , et la Lam. œ\iauns d'Oli-
vier. M. Serville y avait compris en outre la
A. ^-fasciuia de Fabricius , que M. Dcjean
en a retirée pour en former un genre dis-
tinct , sous le nom de Diastnccra. La Lam.
Wallicliii de Hope ( ivicincia Dej., origi-
naire de Java ) doit en être exclue égale-
ment. Caractères : Antennes presque rap-
prochées à la base, implantées sur un avan-
cement frontal anguleusement fendu. (C.)
"CEROPOGOIV {xip'x-, corne; ■K'ôym'i ,
barbe), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Longicornes, tribu des
Cérambycins, établi par M. Dcjean, dans
son Catalogue, avec une des deux divisions
du genre Cerasplioms de M. Serville, celle
dont les antennes sont barbues, et les ély-
tres mutiques. L'espèce qui s'y rapporte est
le Cerasp. hinicornis Dcj.-Serv., qu'on
trouve au Sénégal. (C.)
*CEROPRIA [xîpo^-,, corne; Trprtov, scie).
INS. — MM. Brullé et Delaporte , dans leur
Monographie des Diapères [Anu. des se.
"Q<. , t. XXIII) , désignent ainsi un genre
de Coléoptères de la famille des Taxicornes,
nommé précédemment Epilampus par Dal-
man. Foiiez ce mot. (D.)
'CÉUOPTÈRE. Ceropiera (x/pa;, corne;
TTTtpo'v.aile). INS.— Genre de Diptères, divi-
sion des Brachocères , famille des Alhéri-
cères, tribu des Muscides, établi par
M. Macquarl sur une seule espèce , retran-
chée du g. Borbonis de Meigen , et nommée
par celui-ci C. rufiiarsi.s. Elle a été trouvée
en Portugal paj le comte Hoffmansegg.
CE 11
M9
Celle muscidc n'a qu'une ligne de long ; elle
est noire, avec les ailes ferrugineuses , gar-
nies de soiesà leur base (D.)
"CÉRORHVXQLE (x^paç, corne : pvyx'î.
bec). OIS. — Genre établi par M. Cli. Bona-
parte pour un oiseau qui paraît être inter-
médiaire aux Slariques et aux Macareux , et
se distingue surtout de ces derniers par son
bec lisse sur les côtés. Il a pour caractères :
Bec court , très comprimé , plus long que
haut, très lisse, recouvert à sa base d'une
membrane calleuse surmontée d'un appen
dice imitant une corne. Mandibules légère-
ment recourbées à leur pninte, la supérieure
dentée, l'inférieure pointue , triangulaire à
la base ; narines marginales linéaires à demi
fermées par un repli membraneux. Tète em-
plumée. Tarses rejetés en arrière, médio
cres, écussonnés ; doigts unis par une forte
membrane, et munis d'ongles robustes ; pas
de pouce. Ailes courtes, pointues, la première
rémige la plus longue; queuecourte à I4rec-
trices. Le Cérorhynque, dénommé par son
auteur C. occidenialis ( Cliimerina cormita
d'Eschscholtz),est un oiseau noir.donlle ven-
tre et la poitrine sont blancs, le bec et les tar-
ses jaunes, et qui porte sur les oreilles deux
touffes blanchâtres. Il habite les côtes nord-
ouest de l'Amérique , et Eschscholtz l'a
trouvé dans les altérages del'ilc Saint-Paul,
près duKamlschalka. Ses mœurs paraissent
être celles des Macareux. (G-)
•CEROSTEIVA ( xt'paç, corne; aTEvo; ,
étroit).iNS.— Genre de Coléoptères hétéromè-
res,tribu des Colaptérides, créé par M. Solier
{Ajiu. Soc. eut. de Fr., tom. V, p. 325),
aux dépens de quelques A'ycielia du Cata-
logue de M. Dejean, Les espèces qu'il y
comprend sont celles que M. Lacordaire a
rapportées du Tucuman , et qu'il a nom-
mées J\''ycl. deplanala et vestiia. Carac-
tères : Antennes grêles , à articles jusqu'au
10'= inclus, étroits, allongés et à peine co-
niques. ^-J
•CEROSTERNA ( x/pocç , corne ; <7T/pvov ,
poitrine), ins.— M. Dejean {Catal.) a indiqué
sous ce nom un genre de la famille des Lon-
gicornes, qui répond à celui de Hoplophora ,
dont M. Hope a publié les caractères dans
les Trans. de la Soc. limi. de Londres, à
l'occasion d'une nouvelle espèce des Indes
orientales. (^-^
CEROSTOMAfxt'pa;, corne; (ttoVo. bou-
Zj20
CER
che). INS. — Genre de Lépidoptères , famille
de? Nocturnes, tribu des Tinéites, établi par
Latreille, qui en a depuis compris les espè-
ces dans son g. Auiciie. (D.)
• CEROTOMA (x/paî, corne ; to;ay), inci-
sion]. INS. — Genre de Coléoptères tétramè-
res , famille des Chrysomélines , tribu des
Galléruciles, créé par M. Chevrolat et adopté
par M. Dejean, qui, dans son Catalogue, en
mentionne 18 espèces, dont 13 d'Amérique,
3 des Indes orientales, et 2 des terres de l'o-
céan Pacifique. Les Crioceris variegata, den-
ticornis , caminea, lœla , cincla et palliata de
Fab., en font partie. Caractères : Antennes
insérées sur le front, rapprochées à la base ;
1" article assez long, conique ; 3' et 4e ren-
flés, offrant dans leur ensemble une forte
échancrure , qui se termine par une épine
sur le dernier article. (C.)
"CEROXYDE. Ceroxys ( x/pa; , corne ;
èÇv'î, aigu). INS. — Genre de Diptères , divi-
sion des Brachocères, famille des Athéricères,
tribu des Muscides , établi par M. Macquart
avec ceux des Onalis de Fallen, dont le 3^ ar-
ticle des antennes se termine en pointe, ainsi
que l'indique leur nom générique. Ces Mus-
cides se reposent le plus souvent sur le tronc
des arbres. Parmi les 8 espèces décrites par
l'auteur, nous citerons celle qu'il nomme
Ceroxijs elegans {Mekelia id. Rob.-Desv. ),
qu'il ne faut pas confondre avec VOiUes for-
mosa. Elle a 3-4 lignes de long, la tête fauve,
avec les yeux bordés de blanc ; le corselet
noir, et recouvert d'un léger duvet brun ;
l'abdomen à bandes cendrées ; les cuisses
noires, les jambes fauves; les ailes un peu
fuligineuses, avec 6 taches noirâtres sur les j
nervures. On trouve cette espèce sur l'écorce 1
des Chênes et des Peupliers. {D.}
•CEROXYLOiV (xr,po',-, cire; ?vXov, bois).
BOT. PH. — MM. de Humboldt et Bonpiand
ont décrit, sous le nom de Ceroxylon andi-
cola [Plant, œquin. , tom. I, tab. 1, 2), un
Palmier des Andes du Pérou remarquable
par la cire qui exsude de la surface de son
tronc. Depuis, il a été reconnu que cet arbre
appartenait au genre plus anciennement dé-
signé, par Ruiz et Pavon, sous le nom d'Iriar-
tea. Voyez ce mot. (Ad. B.}
*CEROYS (x/pa;, corne; oûç, oreille).
INS. — Genre de la tribu des Phasmiens , de
l'ordre des Orthoptères , établi par M. Ser-
Ville {.Ins. or th., suites à Bujfon) aux dépens
CER
du g. Cladomorpkus de Gray. Les Ceroys se
font remarquer principalement par leur pro-
thorax épineux et sans rugosités , et par la
disposition des plaques terminales de l'abdo-
men. ^ (Bl.)
* CÉROZODIE. Cerozodia (x/pa; , corne ;
ôÇuiîïi? , plein de branches), ins. — Genre de
Diptères , division des Brachocères , famille
des Tipulaires , tribu des Terricoles , établi
par M. Westwood [Zoolog. journ. ) et adopté
par M. 3Iacquart. Ce g. est remarquable par
le grand nombre des articles des antennes
qui s'élèvent à 32 , et qui , à l'exception des
2 premiers et du dernier, émettent chacun
un rameau allongé ; organisation à laquelle
son nom fait allusion , et qui le place entre
les Rhipidies et les Ozodicères. Il est fondé
sur une seule espèce qui habite les bords de
la rivière des Cygnes , en Australie. Elle est
longue de 10 lignes, de couleur ochracée ,
avec les rameaux des antennes brunâtres,
et 4 petites taches discoidales , cendrées sur
les ailes. (D.)
CERRUAIVA et CERVAIVA. bot. ph. —
Syn. de Cemana.
CERTALLUM. ins. — /^oyez cartallum.
CERTHIA, L. ois. —Nom latin du genre
Grimpereau, et que Linné appliquait à un
grand nombre de petites espèces d'Oiseaux
différant par leurs formes, leur coloration et
leurs mœurs, des vrais Grimpereaux. Voyez
ce mot. (Lafr.)
*CERTHIADiE, Less. ois. — Famille
adoptée par Lesson ( Tr. d'orn. ) renfermant
le g. Cerihia (Grimpereau) et autres Passe-
reaux ayant comme lui la faculté de grim-
per. Voyez certhiadÉes. (Lafr.)
•CERTHIADÉES. Ceriliiadce. ois. —Fa-
mille répondant aux Grimpereaux de Cu-
vier, et dont les principaux caractères sont :
0 Bec long en général , souvent arqué , très
comprimé et entier. Pieds de Passereaux,
mais conformés pour grimper; doigts très
développés et plus ou moins réunis à leur
base; le pouce et son ongle remarquable-
ment longs. Queue élagée, épineuse ou sim-
plement rigide. Coloration sombre , le plus
souvent brune ou roussàtre. »
Cette famille, faisant partie de nos Aniso-
dactyles, renferme les sous-familles Anaba-
tinées, Certhianées , Tichodrominées , Tro-
glodytinées et Sitlinées. (Lafr.)
'CERTHIANÉES. Certhiattœ.ai& —Sous
CER
famille de la famille des Cerlhiadées, dans
l'ordre des Anisodaclyles. Ses caractères
sont: « Bec très allongé, comprimé, plus ou
moins arqué. Pattes à doigts et ongles très
développés , conformés pour l'action de
grimper; le pouce et son ongle singulière-
ment allongés. Queue rigide et épineuse à
son extrémité. Plumage brun-roux, à flam-
mèches plusclaires. »
Cette sous-famille ne se compose que
d'espèces dont le genre de locomotion esten-
tièrementascendant surles troncs elles bran-
ches d'arbres, à la manière des Pics, et ren-
ferme les genres Grimpereau , Picucule,
avec ses sections, et Oxyure. (Lafr.)
'CERTHIDEA, Gould {cerihia, grimpe-
reau ; Iiîîa, forme), ois. — Genre ou sous-
genre de Gould démembré de celui de Geos-
piza du même auteur. Voyez geospiza.
(Lafr.)
•CERTIIILAUDA- ois. — Nom latin du
g. Sirlï , Less., de la famille des Alouettes.
Ployez ALOUETTE et SIRLî. (I.AFR.)
'CERTIIIOLA. OIS. — Genre formé par
Sundeval pour le Cenhia flaveola de Linné.
Voyez GuiTGUiT. (Lafr.j
•CERTHIOINYX. . Less. [cenhia, grimpe-
reau; ovu?, ongle), OIS. — Genre formé en
1831, par M. Lesson, et placé par G.-P». Gray
[Lisi oj 5renera)dans la sous-famille des
Neciarininœ. L'espèce type est le C. leuco-
melas Cxxy. [Ctrlhionyx variegaïus Less.) i
nous ignorons les caractères de ce g., et n'en
avons pas vu l'espèce type. (Lafr.)
'CEUTIIIPARUS, Lafr. ois. — Nom la-
tin du g. Grinipereau-Mésange , que nous
avons formé [Rev. Cuv., et Mag. de zoo!, de
Guérin ) pour quelques espèces de Mésanges
de la Nouvelle-Zélande. Voyez crimpereau-
MESANGE. (Lafr.)
CERTOIUS. ois. — Synonyme de Cet-
ihia.
CERUAXA. BOT. PU. — Genre de la fa-
mille des Composées-Asléroïdées, établi par
Forskal [yEyypi., 153) pour des plantes her-
bacées ou des sous-arbrisseaux d'Egypte ,
yelus , à feuilles alternes presque ampiexi-
caules , dentées grossièrement ou incisées-
pinnatiSdes, à capitules en cymes et à fleurs
jaunes. C'est le Buphihalmum praieme de
Vahl.
GERUCOIS. BOT. PH. — Syn de Spilan-
thes.
ci:r
Zi2\
'CERUCnuS [xepoZixo',, qui a des cornes).
INS. — Genre de Coléoptères pentaméres, fa-
mille des Lamellicornes, groupe des Priocé-
rides, créé par M. Mac-Lea-y [horœeniomolo-
gicœ, p 116). Ce genre est le même que celui
de Tarundus de Mégerle, cité par MM. Dejean
et Dahl dans leurs Catalogues respectifs. On
ne connaît que 3 espèces qui s'y rapportent :
le Lucunns tarandus Panz. ( lenebrioides
Fab., Lat., Még.), le s//evfa?(«»- Még. , et le
,6a/Z>/ de Lap. ( T. americatiusUçy). Le l'"^ vit
dans le bois de Sapin, où sa larve a été trou-
vée : il habile les pays montagneux d'une
grande partie de l'Europe ; le 2. est propre à
la Silésie , et le 3' aux États-Unis. M. Hope
[Coloplei: maniial) cite les Lucanus quercus
de Knoch elpiceuî de Fabricius comme fai-
sant partie de ce genre. Le 1" rentre dans le
genre Ptaiy cents de Lalreille, et quant au
2' il m'est inconnu. (c.)
CERLRA (xe'paç, corne; o-ipa , queue).
INS. — Genre de Lépidoptères de la famille
des Nocturnes, établi par Schtank et adopté
par les entomologistes anglais. Ce g. corres-
pond à ceux d'/Jurpyia d'Ochsenheimer ,
et de Dicrauura de Latreille , dont le nom,
quoique moins ancien, a prévalu chez les ep-
lomologistes français. (D.)
CÉRLSE. MIN. — Syn. de Carbonate de
plomb. Voyez plomb et carbonates. (Del.)
CERVAIVA. bot. pu. — Syn. de Ceruana.
CERVAXTESIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Saiitalacées,
établi par Piuiz et Pavon [Prod., 31, t. VII),
pour quelques arbres ou arbrisseaux iner-
mes , découverts au Pérou , à feuilles épar-
ses, simples, entières; à fleurs subsessiles,
bractéèes , disposées en groupes , formant
des cymes axillaires et terminales subdicho-
tomes [Endlicher). (CL.)
CERVEAU. Cerebrum. zooL. — Voy. en-
céphale.
CERVEAU DE MER ou DE IVEPTUNE.
poLYP. — Nom vulgaire de Poiypiers pierreux
appartenant au g. Méandrine, et particuliè-
rement à la M. cérébriforme de Lamarck.
CERVELET, zool. — Voyez encéphale.
'CERVEQLUS [cervus, cerf; equns, che-
val). MAM. —M. Lesson ( Tabl. H'eg. anim.)
a établi sous ce nom un genre de Rumi-
nants, dans lequel se placerait le prétendu
Cheval bisulque du Chili [ Equus bimlcus)
décrit par Molina, et sur lequel on manque
/i22
CER
encore de renseignements. M. Lesson donne
au genre Cervequus le numéro 9 dans la fa-
mille des Cerfs, entre les Cariacns et \esSH-
*u/a. Ondoit rappeler, toutefois, que M. Gay,
naturaliste français, qui explore le Chili de-
puis plusieurs années, a écrit à l'adminis-
tration du Muséum {Nonv. ylnn. Mus. , IV,
92 ) : « Ce que je regrette infiniment, c'est le
mauvais état dans lequel se trouve le fameux
ICqtius bimlcus de Molina , que M. le prési-
dent de la République avait , à ma prière ,
envoyé chasser dans les Cordillères des In-
diens Huiliches. Ce quadrupède, qu'on
avait révoqué en doute, et que Molina avait
si improprement classé parmi les Pachyder-
mes , est un véritable Ruminant, devant
former sans doute un genre nouveau voisin
des Chevrotains, et bien caractérisé par deux
grands trous situés à la base dos yeux (lar-
miers), comme s'ils servaient à la respira-
lion. Sa taille est un peu plus grande que
celle d'un grand Cerf ; il est de la même cou-
leur. » (P.G.)
CERVIAiVA.Min. bot. pu.— Syn. de Mol-
Ingo, L.
* CERVICeÈVRE. Cervicapra ( cennis ,
cerf; capra, chèvre), mam. —Division établie
par M. de Blainville dans le g. Antilope , et
comprenant les espèces à cornes simples,
droites , courbées en avant ou en arriére,
n'ayant jamais de brosses, presque jamais
de mufle , le plus souvent des larmiers, des
pores inguinaux, et une queue courte.
CERVICIMA, Del. bot. ph. — Syn. de
JVahlenbergia, Schrad.
CERVICOBRAIVCHES. /ém. du Mus. d'hist.
nat. , t. IV ) a fait de son côte quelques ob-
servations sur l'appareil respiratoire des Cé-
toines. 11 en résulte que cet appareil est très
compliqué ; qu'il se compose d'une quanlilc
innombrable de trachées ou poches pneu-
matiques qui enveloppent tous les muscles
depuis la tète jusqu'à l'extrémité de l'abdo-
men ; qu'elles sont très multipliées, surtout
autour du tube intestinal et des organes re-
producteurs, qu'elles enveloppent d'un ré-
seau inextricable. Cependant toutes ces tra-
chées partent de plusieurs troncs principaux
qui fournissent des branches transversales
fort nombreuses, dont les principales abou-
tissent directement aux stigmates. Les troncs
des trachées pulmonaires accompagnent tou-
jours le vaisseau dorsal auquel elles four-
nissent de nombreuses ramifications ; les
troncs des trachées artérielles sont au con-
traire fixés sur les côtes inférieures du
corps , et leurs branches s'étendent jusque
dans les pattes, f^oyez cétoine. (D.)
CET
• CÉTONIENS. INS. — M. Mulsant ( Hist. i
nat. des Coléopt. de France, pag. 517) dési- |
gne ainsi sa huitième famille de la tribu des |
Lamellicornes, et la divise en trois branches |
qu'il nomme f^algitaires, Trichiaires et Ce- 1
loniaires. La première ne comprend que le |
g, Falgus ; la seconde se compose des g. Os- \
moderma, Gnorimus et Trichius ; et la troi-
sième, des g. Cetonia, Oxythyria et Tropi-
nata: ces deux derniers sont de la création
de M. Mulsant. f^oy. cétonides, gymnéti-
DES ClTRlClIIDES. (D.)
•CÉTONITES. INS. — M. dcCastelnau
(hist. naCitr. des Coléopt., Buffon-Duménil ,
p. 462) désigne ainsi une division établie
par lui dans la tribu des Scarabéides-Méli-
tophiles de Latreille , et qui se compose en
partie des Cétonides et des Gymnétides de
MM. Gory et Percheron. T-^oyez cétonides et
GYMNÉTIDES. (D.)
•CETOPHAGA, Less. ois. —Genre de la
famille des Gobe-mouches, formé par Swain-
son , qui l'écrit Setophaga. Foyez séto-
PJIAGE. (Lafr.)
'CÉTOPIRE, Ranz. MOLL.— Syn. deCo-
ronule.
CETRARIA [ceira, bouclier), bot. cr.—
(Lichens.) La circonscription donnée par Pries
à ce g. étant un peu plus large, nous l'adop-
terons tel qu'il a été limité par lui ( Syst.
Orb. vecjei. , p. 238), et non tel que l'avait
fondé Acharius {FAch. univ., p. 96). Voici à
quels caractères on pourra reconnaître ces
Lichens, qui font partie de la tribu des Par-
méliacées : Thalle cartilagineux, membra-
nacé, foliacé ou fruticuleux, et, dans ce der-
nier cas, creux au centre, ascendant ou même
droit quand il est fertile. Apothécies tenant
le milieu en Ire la forme peltéeou en bouclier
et la forme scutellaire, fixées par le côté
sur les bords du thalle , et conséquemment
obliquement marginées par ce même thalle,
bisque ouvert. Lame proligère assez mince,
placée immédiatement sur la couche médul-
laire. Thèques obovales ou en massue, con-
tenant de 6 à 8 sporidies elliptiques , hyali-
nes et très petites. Paraphyses nulles dans
les C. glauca elacideata, les seules que nous
ayons analysées.
Les espèces de ce g., presque toutes euro-
péennes, vivent en général sur la terre, en-
tre les mousses ou sur les rochers. Elles pré-
CEU
fiZO
férent les régions froides. Leur nombre est
de 15 ou 16. L'une d'elles, dont nous allons
encore dire quelques mots , vu son impor-
tance comme alimentet comme médicament,
a son centre vers le pôle arctique et sur les
plus hautes montagnes ; c'est le fameux Li-
chen d'Islande , C. islaudica , que tout le
monde connaît, au moins sous ce nom , en
ignorant sans doute et son origine et l'uti-
lité dont il est dans l'économie domestique.
Le C. islaudica se dislingue de ses congénè-
res par son thalle foliacé d'un roux châtain,
lacinié, et à laciniures garnies de cils, et par
le disque bai-brun de ses apothécies. Il doit
son nom à l'usage que quelques peuples du
nord, et principalement les habitants de l'Is-
lande , en font comme aliment. On le mois-
sonne tous les trois ans , ce laps de temps
étant nécessaire au développement complet
du Lichen, et par un temps humide; car,
excessivement fragile à l'état sec, on le ré-
duirait en poussière, au grand détriment de
la récolte, si on le cueillait dans d'autres cir-
constances atmosphériques. Pour s'en servir,
on lui fait subir une macération de vingt-
quatre heures, afin de lui enlever son amer-
tume ; puis on le mange bouilli et réduit en
gelée dans du lait frais ou aigri , ou bien ,
après l'avoir réduit en poudre, on le mé-
lange avec de la farine pour en faire des
galettes. On peut même le mêler au pain
ordinaire dans diverses proportions. Cet ali-
ment est sain et très nourrissant. La méde-
cine emploie avec succès la décoction ou la
gelée de cette substance, soit dans les affec-
tions pulmonaires chroniques, soit dans les
convalescences, comme aliment doux et res-
taurant tout à la fois. (C. M.)
* CETTIA , Bonap. ois. — Genre formé
par Bonaparte , en 1838 , pour la Sylvia cetii
Marm. Payez rousserollk. (Lafr.)
* CELTHOSPOUA (xev9oî, caché ; aizopx,
spore). uoT. cr. — Genre de la famille des
Pyrénomycètes, tribu des Cytisporées, établi
par Pries pour de petits Champignons para-
sites , croissant sur les feuilles coriaces de
certains végétaux, et ayant pour caractères :
Perilhécium inné, caché dans un tubercule
vésiculo-charnu, astome, et à déhiscence ir-
régulière; nucléus subdéliquescent.
"CEDTOCERLSou plutôt CEUTHOCE-
RL'S (xeuGù», je cache ; x/oa;, corne), iss. —
[\kO
CEY
Genre de Coléoptères pentamères , Famille
des Clavicornes, créé par M. Schûppel, et
publié par M. Germar (*5>. ins., p. 85, lab. 1 ,
f. 2, a.).Cet auteur n'y rapporte qu'une seule
espèce trouvée parmi des grains de Riz , et
qu'il pense être exotique ; il lui a donné en
sonséquence le nom de C. advena. Ce genre
est assez rapproché des Histéroïdes ; mais il
s'en distingue par des mandibules non avan-
cées , et des éiytres recouvrant entièrement
l'abdomen. (C.)
* CEUTORITYNCeUS ou plutôt CEU-
THORHYlVCeuS [xi<,^m, je cache ; pv'yxoç,
rostre ). ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Curculionites , division
des Apostasimérides, créé par M. Schûppel et
adopté par M. Germar, puis par M. Schœn-
herr. Ce genre oCfre environ 120 espèces
presque toutes européennes; on n'en con-
naît guère, jusqu'à présent, plus de 3 ou 4,
qui soient exotiques. Ces Insectes n'ont pas
plus de 2 à 5 millimètres de longueur; ils
représentent en miniature les Craiosomus ,
genre américain de taille gigantesque ; ils
se trouvent sur les fleurs et les feuilles des
plantes, surtout de celles qui appartiennent
à la famille des Crucifères. Les larves et les
nymphes ont été observées dans l'enveloppe
des graines et dans les racines de ces plantes.
MiM.Dejean etDahl désignaient autrefois ces
Insectes, dans leurs Catalogues, sous le nom
de Fulcigers de Mégerle. M. Stephens les a
décrits {Briiish enlomology) sous le nom de
Nedius. (G.)
"CEV ALLIA. BOT. PH. — Genre formé
par Lagasca [Nov. Gen. et Sp., Il, t. I) , et
qui parait appartenir à la famille des Caly-
cérées (ou être voisine de celles des Loasées,
ENDLicH.,3iant.,5118/l).Ilnerenfermeen-
core qu'une espèce , vivace , ayant le port
d'un Echinops , et qui est indigène du
Mexique. (CL.)
CEYLANITE. min. — royez spinelle.
CEYX, Lacép. ( nom mythologique ). ois.
— Genre formé par Lacépède, en 1800,
pour quelques espèces de Martins - Pê-
cheurs à trois doigts , et ne différant réel-
lement des 3Iartins-Pêcheurs que par cette
conformation Iridactyie. L'espèce type {Al-
cedo tridaciyla L. ) a , dans la forme de son
bec, de l'analogie avec le groupe des Mar-
tins - Chasseurs ; tandis qu'une autre, le
Ceyxamtralis [Zool. illus., pi. 26), en a dans
CHA
cette même partie avec le groupe des vrais
Marlins-Pécheurs, ce qui a engagé Swainson
à en former le sous-genre Alcyone. f^oy. ce
mot. (Lafr.)
CEYX (nom mythologique), ins. — Genre
de Diptères établi par M. Duméril {Zool.
anal., pag. 283), qui le place dans sa famille
des Chétoloxes. Ce g. n'a pas été adopté par
les Diptérologistes , et les espèces qu'il ren-
ferme ont été réparties entre les g. Calobaia
et Micropeza de Meigen. F'oyez ces deux
mots. (D.)
CHABASIE , Bosc. (xaSaÇtoç, nom d'un
minéral inconnu, dans le poëme d'Orphée
sur les pierres), min. — Syn. : Chabazit, W.;
Cuboicit, Weiss. ; Zéolilhe rhomboidale, et
Zéolithe cubique en partie. Espèce minérale
de l'ordre des Silicates alumineux , et de la
tribu des Rhomboédriques , dont la forme
fondamentale est un rhomboèdre obtus de
94° 46' très voisin de celui du Quartz, et dont
la formule de composition est Si^Al'Ca'Aqs,
la Silice étant supposée ne contenir qu'un
atome d'oxygène. Cette composition rappro-
che la Chabasie de l'Analcirae et de la Stil-
bite , car on peut dire qu'elle n'est qu'une
Analcime calcaire surhydratée ; tandis que
la Stilbite ne serait qu'une Chabasie avec
excès de Silice. Aussi ces trois substances
sont-elles fréquemment associées, et les deux
dernières sont même souvent inlimemenlmé-
lées l'une à l'autre.— Dureté de la Chabasie,
4,5 ; pes. spécif. , 2,2. — Substance incolore
ou blanche, quand elle est pure, présentant
quelquefois la couleur rouge de saumon, ou
rouge de brique, propre à différentes espèces
de Zéolithes ; son éclat est vitreux. — Par la
calcination elle donne de l'eau ; elle se bour-
soufle, et fond au chalumeau en verre écu-
meux ; elle est soluble par digestion dans les
acides.
Ses cristaux simples sont : le rhomboèdre
fondamental , dont les faces présentent sou-
vent des stries parallèles aux arêtes culmi-
nantes, et disposées comme des barbes de
plume de part et d'autre de la diagonale obli-
que; la variété trirhomboMale , ou la précé-
cédente tronquée sur ses arêtes culminantes
et ses angles latéraux; la même, augmentée
des facettes d'un scalénoèdre très obtus. —
On observe souvent des formes jumelles ,
produites par le croisement et la pénétration
de deux cristaux de la forme primitive ayant
CHA
te même axe , et dont l'un est censé avoir
tourne do CO" par rapport à l'autre.
La Chabasie appartient , comme l'Anal-
cime ël la Stiibite, aux formations trappéen-
nes , c'esl-à-dire aux roches plutoniques et
amygdalaires , connues sous les noms de
Trapp, de Diorite, de Dolérite, de Wacke et
de Basalte. On la rencontre en une multi-
tude de localités, dans le Palatinat, leTyrol,
le Brisgaw, la Bohème , les îles Farôer , les
Hébrides et la Nouvelle-Ecosse. C'est de la
baie de Fundi , à l'est de l'État du Maine,
dans l'Amérique du Nord, que proviennent
■es variétés d'un rouge foncé, ordinairement
accompagnées de Stiibite, de Laumonite et
d'Analcime.
On rapporte à l'espèce de la Chabasie les
minéraux connus sous les noms de Lévyne,
de Phacolilhe, d'HydroIilhe, deSarcolithede
Vauquelin, de Gmélinite et de Lédérérite.
P'oyez ces mots. (Del.)
CHAliOlSSEAU. poiss. — Nom vulgaire
du poisson de nos mers septentrionales dont
les espèces entourent, sous ce nom, le cercle
polaire, et se trouvent sur les altcrages du
Groenland, sur les îlots rocailleux du Kam-
schalka, et qui appartiennent toutes au
genre Cotte [Cotias). (Val.)
CDABOT. Poiss. — Nom vulgaire d'un
petit poisson des eaux douces de l'Europe ,
et qui appartient au genre Cotte ( Cotius).
(Val.)
CHABR^A (dédié à Dominique Chabré,
de Genève), eot. ph. — Les Cliabrœa appar-
tiennent à la tribu des Nassauviées dans la
famille des Composées, et sont pour la plu-
part indigènes du Chili. Ce sont des herbes
annuelles ou plus fréquemment vivaces,
portant des feuilles dentées ou lobées, et
des capitules renfermant des fleurons her-
maphrodites, bilabiés, homogames, en forme
de rayons , naissant sur un réceptacle dé-
pourvu de paillettes; et présentant sou-
vent trois dents à la lèvre extérieure et deux
à l'intérieure; les anthères, appendiculées
au sommet , se terminent à la base en
deux soies plus ou moins longues, plus
ou moins plumeuses. Le fruit, générale-
ment cylindracé, est couvert de poils pa-
pilleux et couronné d'une aigrette formée
d'un seul rang de paillettes soudées à la
base en une sorte d'anneau. Ce g. renferme
aae partie ûtsLeuceria, Lasiorhiza etle Cas-
T. m.
CH.ia
hk\
siopea. Plusieurs espèces se trouvent figu-
rées dans les Icônes selcctœ , publiées par
M. Delessert. (j. D.)
CHACAL. MAM. — ployez chien.
CHACAMEL. ois. — Syn. de Cnix voci-
/eraH.9, espèce du g. Hocco. (G.)
CriA-CHA , ou CLA-CLA. ols. — Nom
vulgaire de la Litorne, espèce du g. Merle,
division des Grives. (G.)
*CnACH1A. MAM.— Nom d'une espèce du
genre Cynocéphale.
CHACRELAS. zooL. — Ployez albinisme
*CHACIIRA. OIS. — Hodgson {/nd. Rev.,
1837) a établi sous ce nom un genre formé
aux dépens du g. Perdrix , et qui a pour
type la P. saxaiilis de Meyer. (G.)
en ADET. MOLL.—Adanson nomme ainsi,
dans son Voyage au Sénégal, une coquille du
genre Cérite [Ceriihium fuscaium? Lamk).
(Desh.)
'CII;EMACT1S (xaivt-.je m'entr'ouvre ;
àxTi'î, rayon), bot. ph. — Genre apparte-
nant à la famille des Composées , tribu des
Sénécionidées, et intermédiaire entre l'^z/-
meiiopappus et le Baliia. — Il diffère du pre-
mier par les fleurs du rayon , plus grandes
et plus ouvertes , et par son aigrette compo-
sée seulement de 5 à 6 squamelles au lieu de
16 à 16 comme dans VHymennpappus. Il dif-
fère du second par les fleurs du rayon, qui
ne sont ni ligulées ni femelles ; de l'un et de
l'autre par la composition de l'aigrette ap-
partenant, soit aux fleurs du disque, soit
aux fleurs du rayon. — On ne connaît en-
core que 2 espèces du genre Cliœnactis ,
et toutes deux ont été découvertes en Cali-
fornie. (J. D.)
* CH^!VA1\THE (^aivu , je m'entrouvre ;
âvev) , fleur). BOT. PII. — Genre de la famille
des Orchidacées, tribu des Vandées , formé
par Lindley [Bol. Reg., 1S38, ^/wc.,38)sur
une plante éphiphyte ( C. Barlieri) décou-
verte au Brésil , et dont la description com-
plète n'a pas encore été publiée. Le nom gé-
nérique fait allusion à la forme du périgone
qui est ringent. (C. L.)
*CÏL«:\A!\"THERA , P.ich. bot. ph. —
Syn. latin de Charianlhe.
CH^IMAI\TeOPHORES. Chœnanihopho-
rœ (^aîvcD , je m'entr'ouvre; «vQo;, fleur:
yopo; , porteur ; qui porte des fleurs bâii-
lantes ou munies de deux lèvres ). bot.
PH. — Ce nom a été proposé par Lagasca
28*
uw.
CHE
pour désigner les Composées appartenant
au groupe des Labiatiflores proposé an-
térieurement par M. De Candolle. (J. D.)
Cn.CiVOCARPLS, Neck. bot. ph.— Syno-
nyme du genre Spermacoce, L. (C. L.)
'CH.tAOMELES , Lindl. bot.ph.— Syn.
de Cydonia, Tourn.
*CH/E\OPLEURA ( ^acvo) Jem'enlr'ou-
vre ; TzUyjpx, flanc), bot. ph. — Genre de
la famille des Mélastomacées , tribu des
Charianlhées , formé par M. A. Richard
{Msc. ex DC. Prodr., III, 197) , sur un ar-
brisseau encore peu connu , croissant dans
nie de Saint-Domingue, ayant le port d'un
Miconia , et étant très glabre , à feuilles
opposées, péliolées, lancéolées-oblongues,
obtuses à la base, acuminées au sommet,
bordées de pclites dents , distantes, ayant
la forme de cils, 3-ou presque 3-plinerves;
à fleurs d'un blanc rosé, disposées en Ihyr-
ses terminaux à divisions opposées, for-
mant des sortes de grappes. (G. L.)
CÏLEXORAMPHE. ois.— Toyez eec-oi:-
VBRT.
"CILEIVOSTOMA (xa'vt- . je m'cntr'ou-
vre ; cTTo'aa, bouche 1. bot. ph. — Genre de
la famille des Scrophulariacées , tribu des
Buchnérées-Monuléées, formé par Benlham
{Bot. mag.Conip., I, 377), et renfermant une
vingtaine d'espèces environ, dont quelques
unes sont cultivées comme plantes d'orne-
ment dans les jardins européens. Ce sont
des plantes herbacées annuelles ou plus
souvent vivaces , ou même suffrutiqueuses,
indigènes du cap de Bonne-Espérance, à
feuilles opposées, dentées ou plus rarement
très entières; à feuilles florales semblables
aux bracléiformes, non adnées au pédicelle ;
à fleurs axillaircsou en grappes , assez lon-
guement pédonculces , et ne noircissant pas
en desséchant ; à capsules glabres. (C. L.)
ClI.EKEFOLlLiil. bot. ph.— Syn. ancien
de Cerfeuil.
CH/EUOPÏIYLMJM (xo"'p<- , je me ré-
jouis; «-
444
CHM
Trfç, écaille , écorce). bot. ph. — Genre de
la famille des Mélastomacées , tribu des Os-
beckiées , proposé parEndlicher {Gen. PL,
6233), d'après une section établie par De
CandoUe dans le genre Osbeckia. Il ne ren-
ferme qu'une espèce , le Rhexia microphylla
de Bonpland {Rhex.,i. II). C'est un arbris-
seau de l'Amérique australe , à rameaux
nombreui, cylindriques, strigueux-scabres ;
à feuilles opposées , très courtement pétio-
lées, ovales, très entières, 5-nervées,
couvertes sur les deux faces de poils rudes
et couchés , d'un vert plus pâle en dessous ;
à fleurs jaunes, solitaires, pédicellées, grou-
pées en une sorte de coryrabe. (C. L.;
CH^ETOMIUM (xac'Tvj , poil ). bot. cr. —
Genre de Champignons Gastéromycètes-Pé-
risporiacés , établi par Kunze [Myc, I, 15 )
pour de petits Champignons noirâtres, crois-
sant à la surface de divers végétaux, et ayant
pour caractères : Peridium membranacé, sub-
globuleux, couvert de poils opaques, ouvert
au sommet; sporules simples, translucides,
entourées d'une matière gélatineuse. Le Ch.
globosnm est la seule esp. décrite par Kunze.
*CH^TOiMOIVAS ( xo"V/, , crin ; f^ôvo; ,
seul , monade), infus. — Genre de la section
des Épitriqués nus, de la famille des Cyclidi-
nes, ayant pour caractères: Corps dépourvu
de cils , mais garni de soies non vibratiles ,
les cils de la bouche non compris.
•CH;ETO]\OTUS(xa'T/!, crin; vStoç, dos).
iNFDs.— Genre de l'ordre des Rotifères mo-
notroques nus , section des Ichthydines ,
ayant un vaisseau dorsal au lieu de cœur ,
des transversaux hyalins , bien distincts et
sans mouvements propres; un canal ali-
mentaire simple ; une couronne de cils sim-
ple et entière, point variable ; point d'yeux ;
le corps glabre, avec la face dorsale du corps
garnie de soies.
•CH^TOPAPPA (xûcc'tv,, chevelure ; TraV-
noç, aigrette), bot. ph. —Genre de la famille
des Composées, voisin du BoUouia , et qui a
pour caractères : Capitule multiflore, radié ;
fleurs du rayon 1 -sériées, femelles, ligulées,
celles du disque hermaphrodites , tubuleu-
ses, 5-dentées. Réceptacle nu, étroit. Aigrette
double ou presque double : le rang extérieur
composé d'écaillés larges et hyalines , plus
courtes dans les fleurs du disque , plus lon-
gues au contraire dans celles du rayon ; le 1
rang intérieur formé constamment de cinq '
soies raides et rudes. — Ce genre ne ren-
ferme encore qu'une seule espèce indigène
de l'Amérique boréale : c'est une petite herbe
annuelle couverte de poils scabres , souvent
rameuse et mullicaule, et munie de feuilles
radicales obovales-spathulées , atténuées en
pétiole, et portant à leurs aisselles des ra-
meaux terminés par un seul capitule conte-
nant des ligules de couleur blanche passant
au pourpre. (J. D.)
% 'CHiETOPHORA (x»'^^ , soie ou crin ;
tpopo'ç, porteur), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, établi par MM. Spence et Kirby,
et adopté par MM. Brullé et de Caslelnau.
Ce g. appartient à la tribu des Byrrhiens de
Latreille, et se distingue des fiyrrhus parla
massue des antennes très serrée, et compo-
sée de 3 articles au plus, dont le dernier est
beaucoup plus gros et presque globuleux.
Ses tarses filiformes et à dernier article très
long le rapprochent des Georyssus. Les In-
sectes dont il se compose habitent les en-
droits sablonneux. Nous citerons comme
type le Ch. arenaria ( Byrrlius arennrius de
Sturm), qui se trouve dans le sud-est de la
France. Suivant M. Hope ( Coleopier. ma-
nual, 1840, pag. 108), M. Dilwyn aurait éta-
bli avec cette espèce son g.Syncalypsa. f^oy.
ce mot. (D.)
CH^TOPnORA ( xaÎTn , soie ; «popoç ,
porteur), bot. cr. et ph. — (Phycées.)(Jenre
d'Algues de la tribu des Batrachospermées ,
établi par Agardh, avec les caractères sui-
vants: Fronde gélatineuse (globuleuse ou
lobée), composée de filaments articulés,
rameux, partant d'une base commune. Les
rameaux terminaux sont prolongés par un
filament ténu, inarticulé , qui semble une
longue soie diaphane, caractère qui rap-
proche ce g. des Batrachospermes auxquels
l'avait réuni Vaucher , et des Rivulaires
dont il faisait partie avant qu'Agardh l'en
eût séparé. L'endochrome qui remplit les
articles des filaments est le plus souvent
d'un beau vert; aussi lesChaetophores, dont
le port est généralement élégant , sont-ils
remarquables par leur couleur brillante. Ce
g. renferme une douzaine d'esp. dont les
trois quarts sont d'eau douce. Parmi celles-
ci, on doit citer principalement le Ch. en-
diviœfolia Ag., qui a des expansions niu-
queuses, vertes , lobées, et qui croît dans
les eaux pures , attaché aux pierres et aux-
morceaux de bois inondés , souvent en so-
ciété avec le Cli. elegans Ag., qui est glo-
huleux. Les esp. marines sont presque tou-
tes brunes ou rougeâtres. (Brkb.1
Le Chœiophora de Nuttal est synonyme du
genre Chœiopappa , DC.
'Cn;*;TOPnORELLA (xa'Tyi, crin, soie;
(popoç, porteur), bot. cr. — (Phycées.) Nom
imposé par B. Gaillon au g. Chœiophora.
Ce changement , destiné à ramener les noms
de certains groupes d'Algues à une terminai-
son uniforme, n'a point été adopté. (Bréb.)
Cn.ETOPHORE/E. bot. cr. —Toy. ché-
TOPHOUItES.
CH.ETOPHOROIDE^. bot, CK.—J^oy.
CIlÉTOrilOROÏDÉES.
•Cn.ETOPS (xotiTYi, poil ; ëif, visage), ois.
— Genre de Swainson dans sa sous-famille
des Merulinœ, et syn. de celui d'yirgya
de Lesson. (Lafr.)
•CH.ETOPSIS , Grev. bot. cr.— Syn. de
Dematium, Fr.
'CH^TOPTÈRE ( x<="'tïi , crin ; -rzrtpév ,
aile). ANNKL. — Genre de l'ordre des Annéli-
des, formé par Cuvier [lièg. anim., 2' édit.,
III, 208), qui le place à la fin de la section
des Dorsibranches. Ce g. a été établi pour un
articulé de la mer des Antilles, de 0,24 à 0,25
de longueur, habitant un tuyau de substance
analogue au parchemin, d'où son nom de
Ch. pergameniaceus , et ayant pour caract. :
Bouche sans mâchoire ni trompe , garnie
en dessous d'une lèvre munie de deux ten-
tacules très petits; ensuite vient un disque
avec 9 paires de pieds , puis une paire de
longs faisceaux soyeux représentant des sor-
tes d'ailes. Les branchies, en forme de lames,
sont attachées plutôt en dessous qu'en des-
sus , et régnent le long du milieu du corps.
(G. D'O.)
*CH;ETOSOMA (xa'fyi, chevelure ; aSfxa.,
corps ). INS. — Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Longicornes , tribu des
Lamiaires , établi par M. Dejean dans son
Catalogue , sans indication de caractères.
L'espèce que cet auteur y rapporte est du
Cap de Bonne-Espérance : il la nomme Ch.
pilosurn. Elle ressemble un peu à une Sa-
perde ; elle est très velue ; le 3« article des
antennes est fort allongé ; il offre prés de
l'extrémité quelques bouquets de poils espa-
cés. Ce genre est placé entre les Desmiphora
et les Tapeina de M. Scrville. (C.)
CH^
Uk5
'"CHiETOSPORA ( xatTrj , crin ; cnropi ,
semence), bot. pu. et cr. -Genre de la famille
des Cypéracées, tribu des Rhynchosporées,
établi par R. Brown [Prod., 232), et ayant le
faciès des Schœnus, dont il ne diffère que par
la présence de soies hypogj nés. Ces plantes,
dont on connaît une quinzaine d'espèces,
sont originaires du cap de Bonne-Espérance,
de l'Australie et de l'Amérique méridionale;
une espèce est propre à l'Europe.
Le Chœtospora d'Agardh est synonyme du
g. Wuccaria , Endl.
'CH^TOSTOMA (x«''i^ , long poil;
(TTOfA«, orifice), bot. ph. — Genre de la
fami41e des Mélastomacées , tribu des La-
voisiérées, formé par De Candolle {Prod.,
III, 112 j, et renfermant 4 ou 5 petits arbustes
d'une consistance assez sèche, ayant le port
des Erica et croissant au Brésil. Leur lige,
nue inférieurement, porte des rameaux fas-
tigiés ou divergents , garnis de feuilles ses-
siles , décussées , acéreuses , sèches ; les
fleurs minuscules et pourpres , à anthères
jaunes, sont terminales et solitaires. Un
des caractères principaux du g. consiste en
ce que le limbe calicinal est entouré exté-
rieurement de longues soies disposées annu-
lairement. (C. L.)
•CHiETOSTROMA, Cord.BOT. cr.— Syn.
de Periola, Fr.
•CHiETOTROPIS, Kunth.BOT.PH.— Syn.
àe IVowodworskya, Presl.
'Cn^TOTY'PIILA ( xa''Tvj, crin ; rvîpAoç,
aveugle), infus. — Genre d'Infusoires asy-
métriques, de la famille des Thécamonadiens,
établi par M. Ehrenberg pour une esp. qu'il
nomme Ch. armaia, et qui ne paraît différer
des Trachelomonas que par les soies et les
épines dont son têt est entouré. (C. d'O.)
*CH^TLRA (xa''Tvi , poil , épine ; oûpà ,
queue), ois. — Genre formé par Stephen dans
la famille des Hirondelles , rejeté par Gray
{Lisl of the gênera), comme déjà employé en
botanique et en entomologie , et que cet au-
teur a remplacé par celui d'Acamhylis, Boié.
Les Acanthyles de Boié , qui sont encore les
Hirondelles acuiipennes de Vieillot, sont des
espèces de Martinets , à rectrices terminées
par des pointes ou épines qui leur servent à
se maintenir cramponnées verticalement sur
les troncs d'arbres ou les rochers. Les carac-
tères du g. sont : « Doigts antérieurs assez
longs , l'extérieur presque égal au médian ,
UhQ
CHA
l'interne plus court ; pouce très court; tarse
plus lonj, que le médian ; queue courte, ter-
minée carrément avec les tiges prolongées
au-delà des barbes en forme d'épines. »
Quelques petites espèces de ce g. se ren-
contrent dans les deux Amériques, et Azara
en a décrit avec détail une du Paraguay.
Des espèces beaucoup plus fortes se retrou-
vent sur l'ancien continent et à la Nouvelle-
Hollande. Ce g. fait partie, pour nous comme
pour Swainson, de la famille des Hirundini-
dces , et de la sous-famille des Cypsélinées.
(Lafr.)
CII^ETL'KUS (xa'-o, crin ; ovpx, queue).
BOT. PU. — Genre de la famille des Grami-
nées , tribu des Agrostidées , établi par Link
aux dépens du g. Polypogon , et dont le P.
subspicatus est le type. Il en diffère par la
valvule inférieure de la lépicène prolongée
en une longue soie ; par la glume membra-
neuse et diaphane, et par les valves non den-
tées. On ne connaît que deux esp. de Cliœ-
«p=« . flexible? ). ins.—
Genre de Diptères établi par Wilkcs , cl
adopté par M. Westwood , qui le range dans
sa tribu des Scenopidœ. Ce g. répond à celui
d'Aielenewa de M. Macquart. Kon. ce mot.
(D.)
CIIALCAS, Lour. bot. ph.— Syn. de Mur-
raya, Kon.
"CHALCÉ. Chalcens, Cuv. poiss.— Genre
de Poissons de la famille des Sal monoides,
et voisin des Serrasalmes. Ils diffcrent de
ceux-ci en ce qu'ils ont le ventre arrondi ,
au lieu que les Serrasalmes l'ont comprimé
et dentelé en scie. Les dents de l'inter-
maxillaire sont comprimées et tranchantes,
et le maxillaire en porte de petites, rondes ou
grenues. Ce caractère les distingue des Té-
tragonoptères. Les espèces qu'on connaît
viennent du Nil ou des grands fleuves de
l'Amérique cquinoxiale. (Val.)
CIIALCIDE. Ckalcides ix'^lxôi, airain ).
REPT. — Genre de Sauriens qui a donné son
nom à la famille à laquelle il appartient
{votjiz CHALCiDiENs), quoiquc ce nom ail
eu chez les anciens une signification diffé-
rente de celle dont nous devons parler ici, et
que lui a donnée Daudin. Les Chalcides de
ce naturaliste sont en effet de l'Amérique
méridionale , sauf une espèce qu'on sup-
pose originaire du Bengale. On en connaît
quatre; le Clmlcides de Pline est au con-
traire du périple de la Méditerranée. Les espè-
ces du g. Chalcide sont des Chafcidiens ou
Cordyitens à membres excessivement courts
et pourvus de 2 ou 3 petits ongles surmontant
autant de doigts tout-à-fait rudimentaircs.
Leur corps est pourvu d'un sillon bilatéral ;
leur langue est bifide, et leur palais garni
de dents ; leurs narines sont latérales et s'ou-
vrent chacune dans la plaque naso-rostralc et
la première labiale ; leurs yeux sont pourvus
de paupières. Ils n'ont pas le tympan visible
extérieurement ; leurs tempes sont scutcl-
lées, leurs plaques subcràniennes grandes.
Tel est le Chalcide de Lacépède ( Chalcidea
fiavescens de Bonnaterre) , espèce à laquelle
on a donné plusieurs autres noms. (P. G.)
'CHALCIDES ou CIIALCIS (x«''<:'ç, ai-
rain). REPT. — Nom sous lequel Pline parle
d'une espèce de Lézard du Midi de l'Europe,
et dont il dit : Gemts lacevtonim qiiasdam œnei
cnloris lineas in lergo habens ; luide et nome»
habet.
CHA
hhl
Ce Saurien est très probablement celui du
midi de la France et des autres parties de
l'Europe australe dont les naturalistes font
actuellement le g. Sep.s, et qu'ils nomment
Seps Chalcides ou Triduciijiia. Quant au
mot Chalcides, il a étéeni[)loyé comme nom
générique pour un petit groupe dont rani-
mai qui le portait chez les Piomains ne fait
plus partie, et lui-même a servi à dénonmier
une famille bien caractérisée. ^«(/.chalcide,
CIIAI.CIDIENS et SEPS. ^P- G.)
CïlALCIDIEIVS.02«/c(:c/».REPT,-Famille
de F.eptiles Sauriens, dont on doit la distinc-
tion au naturaliste bavarois Oppel. On lui a
donné les différents noms de Ckalcidiens (Op-
pel), Chuliides (Mcrrem et Goldfuss), Chal-
cidoides (Fitzinger), Chalcididés ou Cludcidi-
nés (J. E. Gray), Piyclwpleiues (Wiegmann),
Cyclosaiires (Duméril et Bibron). Elle est
voisine des Scinques et aussi des .\mphis-
bénes: ceux-ci lui sont même adjoints par
les deux erpétologistes que nous venons de
citer; mais l'absence de trous auditifs ex-
ternes , la nature des squames, etc., sont
autant de caractères au moyen desquels on
peut les en distinguer : aussi en a-t-il été
question ailleurs {voyez amphisbémens). Le
principal caractère des Chalcidiens est d'a-
voir un sillon bilatéral sur le tronc; leurs
membres présentent d'ailleurs les mêmes
différences que celles qu'on observe chez
les Scineoidiens : bien développés chez les
premières espèces, et au nombre de 4, ils y
sont d'abord pentadactyles , puis létradac-
tyles et ensuite très courts et en stylets;
chez d'autres , ils sont au nombre de 2
seulement; et, chez les dernières, on n'en re-
trouve plus aucune trace, du moins à l'exté-
rieur.
Voici les genres de celte famille : Zo-
nure ou Cordyle , Tribolonoie , Gerrlio-
saure , Sanrophidc , Gerrhonoie, Pseudope ,
Ophisaure , Peiitodadyle , Réléroduciyle ,
Chalcide. Sauf le genre Tribolonoie, qui est
(le la Nouvelle-Guinée, les autres sont d'A-
mérique ou d'Afrique. (P. G.)
*CIÏALCID!EIVS. Cltalridii. ins.— Tribu
de l'ordre des Hyménoptères, caractérisée
par des antennes ordinairement coudées , el
n'ayant jamais plus de 12 ou i:; articles; par
des palpes fortcouris, et par des ailes n'ayant
qu'une seule cellule cubitale incomplète,
sans cellule radiale. Les Chalcidiens sont en
lihS
CHA
géaéral de la taille la plus exiguë , mais
presque tous sont ornés de couleurs bril- |
lantes, variées et métalliques. Ces Insectes |
composent une tribu extrêmement nom-
breuse en espèces. Ces dernières forment :
aussi une longue série de genres , que nous
classons dans plusieurs groupes : les Leii-
cospiles , Ctialcidites , Eur'jlomiles , Pléro-
malites, Eulopliuts. Tous les Chalcidiens ont
des moeurs analogues. A l'état d'insecte par-
fait, ils fréquentent les fleurs ou les plantes
en général ; mais ce qu'il y a surtout de cu-
rieux dans leurs habitudes, c'est la manière
dont vivent leurs larves, et les lieux où s'ef-
fectue le dépôt des œufs. En effet, c'est le
corps d'autres larves ou de nymphes , ou
même l'intérieur des œufs de certaines espè-
ces, que ces Insectes vont choisir pour y éta-
blir le berceau de leur postérité. Le Chalci-
dien femelle entame la peau d'une Chenille,
à l'aide de la tarière que porte l'extrémité
de son abdomen, et dépose aussitôt des œufs
au même endroit; peu de jours après, de pe-
tites larves naissent de ces œufs dans le corps
de la Chenille. Elles y vivent aux dépens
de cette dernière , mais en ne rongeant d'a-
bord que le tissu graisseux, afln de ne pas
tuer leur victime. Ces larves se métamor-
phosent dans l'intérieur même de la Che-
nille, ou auprès d'elle, en se filant de petits
cocons. Quelquefois elles se servent de sa
dépouille comme d'un abri protecteur.
Les larves des Chalcidiens sont blanchâ-
tres, de consistance molle, de forme ovalaire
oulégèrement atténuées en arrière. Elles sont
privées de pattes , et l'on juge sans peine
qu'elles n'en avaient pas besoin, puisqu'elles
ne doivent jamais se déplacer sensiblement,
pendant tout le cours de leur existence.
Les nymphes retracent déjà toutes les par-
ties de l'insecte parfait ; on peut les distin-
guer toutes, mais emmaillotées, comme cela
a lieu chez la plupart des nymphes.
Les habitudes des Chalcidiens diffèrent
peu entre elles ; on remarque seulement que
certaines espèces , certains genres mêmes
s'attaquent toujours à des larves , d'autres
à des nymphes, d'autres à des œufs; quel-
ques unes attaquent aussi les Pucerons. Il
est positif que le plus grand nombre des
Chalcidiens vivent chacun aux dépens d'une
espèce particulière, bien que le cas ne soit
pas général. Ce sont, au reste, des Insectes
CHA
très utiles à l'agriculture, qui contribueat
puissamment à arrêter la trop grande multi-
plication des Insectes phytophages. M. Au-
douin en a observé une dizaine d'espèces qui
détruisent constamment les Chenilles de la
Pyrale de la vigne, dont les ravages sont si
redoutables. Dans quelques cas aussi , des
arbres couverts de Pucerons en sont en par-
tie débarrassés par les Chalcidiens.
Cette tribu a été l'objet de travaux impor-
tants de la part de plusieurs entomologistes;
mais, comme on le pense bien , pour des In-
sectes qui n'ont pas ordinairement plus d'une
ligne ou deux de longueur, les espèces exo-
tiques sont presque entièrement ignorées.
M. Walker, qui a publié sur celte tribu une
monographie des espèces d'Angleterre, en
décrit environ 1200 espèces. MM. Westwood
et Haliday en Angleterre, ainsi que M. Nées
Von Esenbeck ont notablement contribué à
faire connaître ces Insectes. (Bl.)
CIIALCIDIES. INS. — Ployez chalci-
DITES.
CHALCIDITES. Chalcidites. iNS. —
Groupe de la tribu des Chalcidiens , de l'or-
dre des Hyménoptères, comprenant les gen-
res Ciialcis, Dirhinns, Palmon, Coiiura, Chi-
rocera, Eucharis, Thoracuniha. (Bl.)
•CHALCIMOIV, Daim. ms. — Koyez
PHOLIDOTUS et CASIGNETUS.
CIIALCIS (xa^xt^'s, airain), ins. — Genre de
la tribu des Chalcidiens, de l'ordre des Hy-
ménoptères , établi par Fabricius et adopté
par tous les entomologistes avec de plus ou
moins grandes restrictions. On reconnaît les
Ciiolcis à leur corps épais, à leur tête large,
à leurs ailes n'offrant qu'une seule nervure
bifurquée au milieu, et à leurs pattes posté-
rieures très développées et propres au saut;
les cuisses étant très renflées , dentelées en
dessous, et munies d'un sillon dans lequel
s'applique la jambe.
Les espèces de ce genre, quoique bien pe-
tites encore, sont grandes par rapport à la
taille de celles qui composent la plupart des
autres genres de la même tribu. Le type est
la Chalcis sispes ( Sphex sispes L.), répandu
dans l'Europe méridionale , mais assez rare
aux environs de Paris.
M. Westwood a établi les genres Brachy-
meria et Hockeria, que nous avons regardés
.{Hisi. nai.) comme de simples divisions du
g. Ciialcis proprement dit. Les caractères
CHA
qui les en distinguent ne consistant que
dans la longueur un peu plus ou un peu
moins grande du pédicule de l'abdomen, et
des hanches postérieures. (Bl.)
CHALCITE. Chalciics, Less.; Chrysococ-
cyx, Boié (xa^xo;. airain), ois. — Genre formé
par Lesson {Ty. d'uni., 1831), dans la famille
des Coucous , pour recevoir de petites espè-
ces d'Afrique , d'Asie et de la Nouvelle-Hol-
lande , remarquables par un plumage bril-
lant et à reflets métalliques des plus vifs.
Les caractères génériques sont : Plumage
d'un vert brillant métallique. Bec et confor-
mation générale du genre Coucou propre-
ment dit, ayant pour type l'espèce euro-
péenne. Tarses très courts , presque entière-
ment emplumés.— Parmi les trois ou quatre
espèces africaines, une entre autres, le Cou-
cou cuivré, Cuculus cupreus Lat. (Voy. Gai.
pi. 42) , se distingue par son plumage du
plus beau vert émeraude à reflets d'or ; le
ventre seul est de couleur serin. Elle se
trouve au cap de Bonne-Espérance, et aussi
au Sénégal , avec une légère modification de
couleur qui semble n'indiquer qu'une va-
riété de la même espèce.
Le nom de Chalciie étant le premier nom
français donné à ce petit groupe par Lesson,
et celui de Oirysococcyx le premier en grec,
nous pensons qu'on peut les admettre l'un et
l'autre comme synonymes, celui de Chryso-
coccyx, à la vérité plus ancien, étant bien
difficile à franciser. (Lafr.)
*CHALC0CHR01JS (xa^^oj, airain ; xpoa,
couleur), ins. —Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Carabiques , tribu des
Féroniens , établi par M. de Chaudoir avec
le Steropus leiiis Illig. ( Dejean , Species) ,
qui a pour patrie le cap de Bonne-Espérance.
M. de Chaudoir place ce g. à la suite des
Camptoscelis. „ (C.)
• CHALCODERMUS ( x^'^^°i , airain ;
<ΣP(jLa,.peau). INS. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionites, tribu
des Cryptorhynchides (division des Apostasi-
mérides de Schœnherr), créé par M. Chevro-
lat , et adopté par MM. Schœnherr et Dejean.
Ce dernier y rapporte [Catal.) 15 espèces,
dont 14 sont propres à l'Amérique et une
seule à la Nouvelle-Hollande , et Schœnherr
n'en décrit que 13; mais , d'après les des-
criptions et le nombre d'espèces inédites que
renferme ma collection , ce genre peut s'éle-
CHA
449
ver a une trentaine d'espèces. Ces Insectes
sont d'une couleur métallique, tantôt bril-
lante , tantôt obscure; leurs élylrcs ofl'rent
des côtes entre lesquelles il existe 2 stries
ponctuées. (c.)
CHALCOICHTHYOLITHE. poiss. foSS.
— Schistes ardoisiers pyriteux porlanU'em-
preinte de Poissons.
'CHALCOLEPIDIUS (xaXxo's, cuivre;
Icnii, ISoç, écaille), iks. — Genre de Co-
léoptères pentamères , famille des Serricor-
nes , section des Slcrnoxes , tribu des Élaté-
rides , créé par Eschschoitz et adopté par
Latreille , ainsi que par MM. Dejean et de
Castelnau.
Les Insectes de ce genre sont de grande
taille , et garnis de stries de poils d'une
autre couleur que celle du duvet qui re-
couvre leurs élylres , ce qui les fait paraître
rayés longitudinalement. Leur corps est en
outre parsemé d'écaillés, métalliques plus
ou moins nombreuses. M. Dejean , dans son
dernier Catalogue , en désigne 17 espèces,
toutes d'Amérique. M. de Castelnau en dé-
crit 6, parmi lesquelles nous citerons comme
type le Chalcolepidius sulcatus {Etaler id.
Fab., Oliv.) qui se trouve à Cayenne. (D.)
"* CHALCOI\iOTlJS (x"^"»'?. airain; vcî-
Toç , dos ). INS. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Lamellicornes, tribu des
Coprophages , créé par M. Dejean dans son
dernier Catalogue, sans indication de carac-
tères , pour y placer VAieuckus cupreus de
Fab. et d'Oliv., qui est la même espèce que
VOnitis belial du premier de ces deux auteurs,
et que Fabricius indique à tort comme de
Cayenne; car elle est d'Afrique, et se trouve
à la fois au Sénégal et au cap de Bonue-Es-
pérance.
M. Reiche ( Tabl. d'une divifiion syslém. de
la tribu des Coprophages , inséré dans la Re-
vue zoologique de 1841, pag. 211) a adopté le
genre dont il s'agit, en lui conservant le nom
de M. Dejean , comme il le devait par égard
pour son véritable fondateur. Néanmoins ,
afin de nous conformer aux principes éta-
blis , nous pensons que le nom A'Anachal-
cos , donné à ce même genre par M. Hope ,
qui cependant n'ignorait pas celui de M. De-
jean, devra prévaloir, attendu que 31. Hope
a le premier publié ( Coleopier. marnai ,
1839) les caractères génériques de l'unique
espèce sur laquelle il est fondé. — VAna-
29
6. -50
CHA
chalcos lyœus de Westwood , rapporté de
Sien a-r,eone , formerait la 2' espèce de ce
genre. (C.)
* f lîJALCOPHANA (xa^xo'ç, airain ; '?, cail-
lou ; ),iOo;, pierre ). min. — Pierre siliceuse,
hydratée , d'un brun rougeâtre , ayant , par
son aspect, de l'analogie avec certains Silex
ferrugineux, et qui ne paraît être qu'une
variété de Rétinite ou Pechstein. Elle vient
des monts Donegore, près de Sandy-Brae ,
dans le comté d'Antrim en Irlande. M. F,
de Kobell la rapproche de la Thompsonite.
(Del.)
'CHALIME. Clialimus (^a^epioç, empoi-
sonneur). CRUST. — Burmeister (Mém des
cur. de la nat. de Bonn, t. XVII) a donné ce
nom à de petits Crustacés que M. Milne-
Edwards , dans le tom. HI de son Histoire
naturelle sur ces animaux, range dans l'or-
dre des Siphonostomes, dans la famille
des Pellocéphales et dans celle des Cali-
giens. Les Crustacés qui composent cette
coupe générique ont beaucoup d'analogie
avec les Caliges ; mais ils en diffèrent par la
présence d'un appendice médian qui naît du
milieu de la face inférieure du front, pré-
sente des trous de divisions annulaires à sa
base et se termine par un bouton. Cet ap-
pendice ressemblant beaucoup à ceux qui
servent à Qxer les Lernées sur leur proie, est
probablement destiné aux mêmes usages.
Quant à la conformation générale du corps,
elle se rapproche beaucoup de celle des
Nogagues. L'espèce type de ce genre est le
C. scombris Burm. ( Op. cil. , pag. 294 ,
CHA
pT. 13, flg. 13 à 18); elle a été trou-
vée sur le Maquereau. M. Kroyer [Journ.
d'Hisi. nat., t. II , p. 20, pi. 1 , fig. 2) a dé-
crit une seconde espèce de Chalimus, qui se
distingue de la première par la brièveté du
thorax et de l'abdomen , mais qui , suivant
M. Milne- Edwards , paraît n'être qu'un
jeune. (H. L.)
*CHALK. GÉoL. — Syn. anglais de Craie.
*CHALK MARLE. géol. — Syn. anglais
de Craie marneuse.
CHALKOLITHE [x'^Im^ , cuivre ; Xc'Goç,
pierre), min. — Nom du Phosphate vert
d'Urane et de Cuivre. Foyez phosphates et
URANE. IDEL.)
•CHALKOPHACITE (x«!^»°ç, cuivre;
yaxo;, lentille), min. — Syn. du Lirikonite
ou Linsenerz.arséniate de cuivre en cristaux
octaèdres, aplatis comme des lentilles. Foy.
CUIVRE et ARSÉNIATES. (.DEL.)
*CnALKOPYRlTE. min. — Synonyme
de Cuivre pyriteux. Voyez cuivre et sul-
fures. (Del.)
*CHALKOSIDÉRITE ( x^^^xoç , cuivre;
at'^ïipo;, fer). MIN. — Ullmann a donné ce
nom à un Phosphate vert de Fer et de Cuivre,
qui se trouve en concrétions fibreuses dans
l'Hématite fibreuse de Siegen. (Del.)
XHALKOSIîVE. min. — Nom donné par
M. Beudant au Cuivre sulfuré. Foy. cuivre
et sulfures. (Del.)
*CHALROTRICHITE ( x'^l^k , cuivre ;
6pcÇ , cheveu), min. — MM. docker et Breit-
haupt ont désigné ainsi le Cuivre oxydé
rouge en filaments capillaires, de Saxe et du
Bannat, qu'on a confondu avec le Cuivre
rouge octaédrique , mais qui paraît en être
distinct par sa forme cristalline, et peut-être
aussi par sa composition. D'après M. Kars-
len , il renfermerait un peu de Sélénium.
(Del.)
CHALOUPE CANNELÉE, moll. — Nom
vulgaire de V Argonaute Argo.
CHALUC. poiss.— Nom vulgaire du Gade
Merlus.
CHALl'ByEUS. ois. — Nom latin du
genre Calybé de Cuvier [Règn. anim.), et dé-
membré des Cassicans. Foyez cassicans.
(Lafr.)
CHALYBÉ. OIS. — Voijez Calybe.
*CHALYBE (nom mythologique), ins. —
Genre de Lépidoptères , famille des Noctur-
nes , tribu des Yponomeutides, créé par moi
CHA
[Uitt. nal. des Lépid de France, t. X, p. 343,
pi. 286, fig. 7) aux dépens du g. rpojiomeuia
de Laireille, tel qu'il a été réduit par M. Treit-
schke. Je le caractérise ainsi : Palpes très ar-
qués , avec les deux premiers articles com-
primés latéralement, et le dernier très grêle
et subuliforme. Trompe peu développée.
Corselet carré. Abdomen court , large et
aplati. Bord postérieur des premières ailes
presque droit. Secondes ailes étroites.
Ce genre est fondé sur une espèce décou-
verte pour la première fois dans la Russie
méridionale par Pallas [Voyage en Russie et
dans l'Asie septentrionale , append. , t. VIII ,
p. 181 ), et retrouvée depuis en Espagne et
dans le midi de la France : c'est la Phalœna
pyrausta Pall. , la même que la Tinea au-
fluella Hubn., ou Wponomeuia id. Treits.
(D.)
CHALYBÉ. INS. — Votjez calybe.
CHAMA. MOLL. — Nom latin du g. Came.
CHAMACEiE. moll.— Foy. camacéks.
CHAM^BALAIMJS, Pvumph. bot. ph. —
Syn. d'Arachis, Linn.
CHAMJGCALAMUS , Nées. bot. pu. —
Syn. d'Agi-aulus, Palis.
CHAM/ECERASUS , Tourn. bot. ph. —
Nom d'une esp, du g. Lonicera. Foy. chèvre-
feuille.
CHAMiECISTUS, Gr. bot. ph. — Syn.
à'Azalea, L. —Don, syn. de Rhodoihamnm,
Reich.
CHAM^DAPHIME, Mitch. bot. ph.— Syn.
deMitchella, L.
CHAMyEDOREA (x«F«', à terre; Sipv ,
tige), bot. ph. — Genre de Palmiers améri-
cains à liges grêles, arundinacées, s'élevant
rarement au-delà de 4 à 5 mètres, et ne dé-
passant pas quelquefois 1 à 2 mètres , por-
tant des feuilles pinnées , engainantes à la
base, plus ou moins éloignées, et laissant
après leur chute des cicatrices annulaires ,
comme celles des Bambous et des Rotangs.
Les feuilles à pinnules plus ou moins nom-
breuses , tantôt étroites et lancéolées , d'au-
tres fois larges , elliptiques et acuminées ,
donnent un port très élégant à ces petits
Palmiers, dont plusieurs espèces sont actuel-
lement cultivées dans les serres de nos jar-
dins, où elles ont l'avantage de fleurir assez
promplement , et d'exiger une culture plus
facile que celle de la plupart des plantes de
celte famille. Toutes les espèces de ce genre
CHA
453
sontdioïques; les spadices rameux, naissant a
l'aisselledes anciennes feuilles déjà détruites,
forment une panicule grêle sortant de plu-
sieurs spathes courtes qui ne les enveloppent
que dans leur jeunesse. Les fleurs mâles ont
un calice court, trilobé, et trois pétales ova-
les; connivents, valvaires ; les étamines au
nombre de six , à filaments courts , libres ,
naissant du fond de la fleur , et entourant
un rudiment d'ovaire ; les fleurs femelles
ont leurs enveloppes florales plus courtes et
étroitement imbriquées ; elles entourent im-
médiatement un ovaire triloculaire surmonté
de trois petits stigmates sessiles. Le fruit est
une baie presque toujours monosperme par
suite de l'avortement constant, dans la plu-
part des espèces , de deux des ovules. Les
fleurs sont jaunes ou verdàtres ; les fruits
ovoïdes sont ordinairement noirâtres, quel-
quefois jaunes ou rougeâtres.
La plupart de ces jolis petits Palmiers
viennent du Mexique ou des Andes du Pé-
rou , quelques uns du Brésil ou de Caracas.
C'est sur une espèce de celle dernière loca-
lité , figurée par Jacquin dans le jardin de
Schonbrun sous le nom de Borassus pinnati-
frons, que Willdenow a établi le genre Cha-
mœdorea. (Ad. B.)
'CHAMiEDORIS (xafxac',qui s'élève peu;
Sopli, nymphe de la mer), bot. cr. — (Phy-
cées.) En étudiant le g. Nesea, que Lamou-
roux rangeait parmi ses Polypiers calciféres,
nous avons reconnu qu'il se composait d'esp.
très différentes par la structure, quoique ana-
logues par le port , et nous en avons consé-
quemmenl séparé celle qui nous a servi de
type pour fonder [Comp. rend. Ac. se, séance
du 25 juillet 1842) le nouveau g. dont nous
donnons ici les caractères : Fronde dressée ,
lubuleuse, en massue, puis cylindrique, con-
tenant de la matière verte dans son inté-
rieur. De membraneuse qu'elle était dans sa
jeunesse, cette fronde devient cornée , pâle
et opaque , surtout vers sa base fixée dans
le sable de la mer par quelques fibres noueu-
ses et contournées. Avec l'âge, cette partie
inférieure est marquée d'étranglements cir-
culaires qui lui donnent l'apparence d'une
trachée-artère. De son sommet s'élève une
toufl'e de filaments confervoides, rameux et
articulés, dont le premier article communi-
que avec le tube de la fronde. Ce g. , qui se
compose d'une seule espèce, le C. annulala
454
CHA
Nob., croît aux Antilles. Nous devons nos
exemplaires à M. Duperrey, ingénieur hydro-
graphe de la marine. F. encore Decaisne,
Ann. xc. liât., aoùt 1842, p. 113. (C. M.)
CHAM/EDRYS , Tourn. bot. ph. — Syn.
de Teucrium, L.
" CHAM^LAUCIÉES. Chamœlaucieœ.
BOT. PU. — Ce groupe, confondu primitivement
avec lesMyrtacées, desquelles il se dislin-
gue par ses étamines ordinairement définies
et son ovaire uniloculaire , prend chaque
jour plus d'importance, et quelques auteurs
le considèrent comme devant former une fa-
mille distincte. Foij. myrtacées. (Ad. J.)
CHAM^ELALCIUM. bot. ph. — Koyez
CHAM^LEUCIUM.
CHAM/ELEA , Tourn. bot. ph.— Syn. de
Cneorum, Linn.
CHAM^iLEDOIV, Link. bot. ph. — Syn.
d'Azalea, L.
XHAMiELEOIV , C. Bauh. bot. ph. —
Syn. de CardopalUlm, Juss.
CHAM^LEUCIUM ( ya^(xàivx-n , Tussi-
lage), bot. ph. — Genre de la famille des
Myrtacées , type de la tribu des Chamœlau-
ciées, formé par Desfoutaines [Mem. Mus.,
V, 39 , t. 3 , f. *. ) , et ne renfermant encore
que 2 espèces , dont l'une , le C. ciliatum
Desf., est cultivée dans les jardins d'Europe.
Ce sont des arbrisseaux indigènes de la par-
tie austro-occidentale de la Nouvelle-Hol-
lande, à feuilles opposées , souvent serrées,
éstipulées, semi-cylindriques, ou linéaires-
triquètres, à fleurs blanches, axillaires ou
terminales, courtementpédonculées. (C. L.)
* CHAM^EMELES ( probablement Cha-
mœmelon, x'*!^'^h à terre [nain] ; /x^Jov, pom-
me. Ce mot, en son entier, était , dit-on ,
chez les Grecs, le nom de la Camomille), bot.
ph. — Genre de la famille des Pomacées ,
formé par Lindley(i«L»2n.,7'ra?î«., XIII, 104,
t. II) sur un arbrisseau de l'île de Madère ,
encore incomplètement connu, le Craiœgus
coriacea Soland. Les feuilles en sont alter-
nes, simples.coriaces, obovales, obscurément
crénelées, luisantes, à stipules décidues; les
grappes ilorales sont bractéées, axillaires, et
aussi longues que les feuilles. (C. L.)
*CHAM^\EMA,Kutz. bot. cr. — Syn.
d'Hygrocrocis, Ag.
*CHAM^!VERI01\ , Tourn. bot. ph.—
Syn. à'Epilobium, L.
*CHAM/EPELIA, Sw.ois.— Synonyme de
CHA
Columbigallina, Vieill., qui lui est antérieur.
Voyez C0LOMBIGALI.INE. (LAFR.)
CHAM.ERAPHIS (x«P^«', petite ; pa à terre [nain];
po'cîov, rose). BOT. PH. — Genre de la famille
des Rosacées , tribu des Dryadées-Chamae-
rhodées, établi par Bunge (in Ledeb.Fl. ait.,
1 , 429; Ledeb. ic. , 267 ), et renfermant G à
7 espèces. Ce sont des végétaux suflfruti-
queux, couverts de poils glanduleux, et crois-
sant dans l'Europe médiane. On en cultive
plusieurs dans les jardins. Les feuilles en
sont alternes, triparties ou bi-tri-ternati-mul-
tiparties, accompagnées de stipules linéaires;
les fleurs, blanches ou pourprées, sont sub-
solitaires ou paniculées. (C. L.)
'CHAM^RIPHES. bot. ph.— Nom donné
par Gaertner au genre Chamcerops de Linné.
Voyez ce mot. (Ad. B.)
CHAM.EROPS (x«fJio"', à terre; pZ-ntç,
broussailles), bot. ph. — Genre de Palmiers
établi par Linné , remarquable parce qu'il
renferme les espèces de cette famille qui s'é-
tendent le plus vers le pôle boréal, au moins
dans l'ancien continent; en Amérique, le
genre Sabal étend peut-être sa limite un peu
plus loin. Les Cliamœrops sont en général
des Palmiers de petite dimension, atteignant
CHA
ïareiiient dans la nature plus de 4 a 5 mè-
tres , et souvent même présentant à peine
une tige distincte au-dessus du soi. L'espèce
la plus connue est le Chamœrops humilis des
bords de la Méditerranée, très abondante
dans les parties les plus chaudes de cette ré-
gion , rare ou manquant complètement dans
ses parties nord , en France , par exemple.
Elle ne se montre en efîet qu'au-delà du
Var, en Italie et en Espagne. Sur toute la
côte européenne de la Méditerranée, on ne
trouve qu'une variété sans tige apparente ,
méritant réellement le nom de humilis ; en
Algérie, sa tige s'élance souvent davantage ,
atteignant quelques mètres d'élévation, soit
par l'influence du climat, soit qu'il existe
en ce pays une variété distincte. En Amé-
rique, le Chamœrops hislrix représente, dans
la Géorgie et la Floride, notre espèce euro-
péenne, et se fait remarquer par les longues
épines noires, dressées, qui accompagnent
les bases des feuilles ; enfin quelques espèces
très imparfaitement connues croissent à la
Chine, au Japon, au i\épaul et au Mexi-
que. Tous ces Palmiers ont des feuilles fla-
bclliformes assez petites, dont les bases très
rapprochées laissent de nombreuses écailles
sur la tige ; le sommet du pétiole est tronqué.
Les fleurs, dioiques ou polygames-dioiques,
sont disposées en panicules , et leur spa-
dice est renfermé dans plusieurs spathes
d'abord entièrement closes , puis fendues et
persistant à la base du spadice. Le calice, à
3 sépales et 3 pétales valvaires, renferme 6 à
9 étamines, dont les filaments sont soudés
par la base ; dans les fleurs femelles ou her-
maphrodites , ces filaments sont réunis en
une cupule hypogyne qui entoure la base
des ovaires. Il y a trois ovaires distincts sur-
montés chacun d'un stigmate subulé sessile.
Lesfruitssontdes baies monospermes, ternées
DU réduites à un moindre nombre par avor-
tement, quelquefois plus nombreuses dans
les individus cultivés. Le périsperme est cor-
né, légèrement runciné, et l'embryon latéral
est logé près de sa surface externe. (Ad. B.)
* CHAM;ERRHIPES (^afJia'peW; , qui
penche vers la terre), ins. — Genre de Co-
léoptères penlamères , famille des Serricor-
ncs , tribu des Rhipicérides , établi par La-
treille [Ann. de la Soc. eut. de France, t. IV,
p. 167) et adopté par M. de Castelnau [Hist.
nat. des Insectes , Buffon-Diménil , t. I ,
CHA
^55
p. 2£6), qui en a mal à propos changé le nom
en celui de Chamœrhipis. Latreille le carac-
térise ainsi : Point de palettes sous les tarses ;
leur dessous simplement garni de duvet.
Mandibules moyennes, débordant à peine le
labre. Ce genre est fondé sur une seule es-
pèce du Sénégal nommée, par l'auteur,
Chamœrrhipes ophihalmicus , et qui paraît
être la même que le Chamœrrhipes senega-
lensis de M. de Castelnau. (d.)
'CHAMiESAIJRA ( xaf-otidaûpa , petit lé-
zard). REPT. — Schneider, dans le second
volume de son histoire des Amphibies, avait
réuni , sous la dénomination générique de
Chamœsaura, huit espèces de Sauriens Chai-
cidiens et Scincoides , dont les erpélologis-
les modernes ont fait autant de genres dis-
tincts , et l'espèce à laquelle seule est resté
ce nom, le Laceria anguina de Linné, a
même servi à l'établissement de celui que
Merrem appelle Monodacujlus. C'est un ani-
mal scrpentiforme , propre à l'Afrique aus-
trale. Toutes ses écailles , sauf celles de la
tête, sont lamelleuses , minces , rhomboida-
les, très imbriquées et carénées à leur milieu.
Les pattes , au nombre de quatre , res-
semblent à de simples stylets , à l'extrémité
desquels on voit un petit ongle pointu ; la
langue est en fer de lance ; le corps rnanque
du sillon bilatéral des autres Chalcidiens ,
famille d'animaux dans laquelle se place le
Chamœsaura. (P-G.)
'CHAM^SAURIIVA. rept. — M. Ch.
Bonaparte, dans son tableau méthodique
de la classe des Amphibia, distingue sous ce
nom une tribu de la famille des Ophio-
sauridœ , dont le caractère est d'avoir les
squames étroites, aiguës et égales sur le dos
et sur l'abdomen. (P-G.)
* CHAM^SCIADIUM (xa.uat', à terre;
axtoc(îcov , ombrelle), bot. ph. — Genre de la
famille des Ombellifères , tribu des Ammi-
nées, formé par C.-A.Meyer(/^e>ze!cA. Cauc.
Pflanz. , 122 ) sur le Bunium acaule de Bie-
berstein, et ne renfermant encore que celle
espèce.C'est une plante basse, acaule, crois-
sant sur le Caucase , à racine fusiforme, al-
longée ; à feuilles radicales bipinnatiséquées,
dont les segments multipartis, les lobes li-
néaires-sétacés ; à involucre et involucelles
polyphylles dont les folioles subulées ; à
fleurs jaunes. Elle est cultivée dans les jar-
dins botaniques. (G. L.)
456
CHA
•CHAMiESPHACOS (xaf^«t, à terro [nain];
euti!e
d'insister sur les services qu'on pourrait re-
tirer de son introduction dans quelques unes
de nos contrées , par exemple , dans les
landes de la Gascogne , où elle trouverait un
sol semblable à celui de sa propre patrie.
Il serait digne de la compagnie qui se pro-
pose d'exploiter ces plaines presque dé-
sertes , de naturaliser chez nous un animal
aussi éminemment utile, et d'imiter en cela
le grand -duc de Toscane. On sait que ce
prince a introduit les Chameaux dans ses
États, qu'ils s'y sont multipliés, et qu'aujour-
d'hui ils servent comme bêtes de somme à
l'exploitation de ses propriétés.
2. Le Chameau a une bosse ou Droma-
daike{C. diomedariu.s Linn.). — Cette espèce
se distingue facilement de la précédente en
ce qu'elle n'a qu'une seule bosse placée au
milieu du dos. Ses formes sont d'ailleurs
plus légères et moins massives que celles
du Chameau. Répandue sur une plus grande
surface du globe , et chez des nations dont
les mœurs et le genre de vie diffèrent da-
vantage, elle a subi de très nombreuses
modifications, et nous sommes loin de con-
naître exactement toutes ses variétés. Les
diverses races dont parlent les voyageurs
diffèrent considérablement pour la taille, les
proportions , la couleur et la nature du pe-
lage. Les unes sont presque nues, d'autres
sont entièrement couvertes de poils longs et
soyeux. Les teintes qu'ils présentent varient
depuis le brun très foncé jusqu'au blanc.
Pour les uns, la mue est complète comme
pour le Chameau ; chez d'autres, elle ne se
fait que peu à peu et d'une manière par-
tielle. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est
que ces variations atteignent jusqu'aux fonc-
CHA
461
tions qui d'ordinaire échappent le plus com
plétement à l'empire de l'homme. Ainsi, le
rut s'est manifesté à des époques très diffé-
rentes chez les individus appartenant à
trois races distinctes, et qui ont pu être ob-
servés avec soin au Jardin des Plantes.
Chez un Dromadaire venu d'Alger, cet état
commençait en février. Il se manifesta au
mois de mai dans deux autres individus
venus l'un d'Egypte et l'autre de la Turquie.
L'espèce du Dromadaire habite le midi
des contrées où l'on trouve le Chameau.
Elle semble redouter davantage le froid, et
mieux supporter la chaleur. C'est elle qu'on
emploie exclusivement dans les voyages à
travers le désert ; et, sous ce rapport, on dis-
lingue deux races principales qui ne diffè-
rent peut-être que par suite d'une éduca-
tion qui a commencé de très bonne heure.
Dans la première, destinée à porter des far-
deaux, on recherche surtout la force, et celte
qualité est sacrifiée à la légèreté. Dans la
seconde, au contraire', on a développé, au-
tant que possible, celte dernière qualité. Les
Dromadaires coureurs ont des formes plus
sveltes ; leur taille est aussi un peu moindre
que celle des Dromadaires porteurs ; mais la
rapidité de leur marche au milieu des sables
brûlants des déserts a quelque chose de
merveilleux. On assure qu'ils franchissent ,
sans s'arrêter, un espace de 40 à 50 lieues en
un jour. Pendant ces courses forcées , leurs
conducteurs ne cessent de chanter. Ils pré-
tendent que le Dromadaire aime la musi-
que, et que c'est le meilleur moyen de sou-
tenir son courage.
B. lianias. Auchenia, Ulig.
Les Lamas sont, dans le Nouveau-Monde,
les représentants des Chameaux, dont ils pos-
sèdent tous les principaux caractères. On
avait cru que leur panse ne présentait pas le
renllement particulier désigné sous le nom de
réservoir; mais M. Duvernoy a démontré le
contraire, et, de plus, a reconnu que , même
dès leur bas âge , la panse offrait déjà une
étendue bien supérieure à celle des autres
estomacs; ce qui, dans les Ruminants ordi-
naires , ne se manifeste que chez les adultes.
Les Lamas se distinguent des Chameaux
par l'absence de bosses sur le dos, et par la
séparation complète des doigts. D'ailleurs,
leurs formes sont plus sveltes , et se rap-
462
CHA
procbent davantage de ces justes propor-
tions , d'où résulte pour nous un ensemble
gracieux. Leur taille est moindre que celle
des Chameaux ; sous ce rapport, ils rentrent
dans la loi générale proposée par notre il-
lustre Buffon.
Le nombre des espèces qui doivent être
rapportées au genre Lama est loin d'être fixé
d'une manière certaine. Le désaccord que
présentent là-dessus les naturalistes tient
sans doute à la domestication subie par une
ou plusieurs de ces espèces , et à la diversité
des races qui en a été le résultat. Nous n'ad-
mettrons comme distinctes que les trois
qui , ayant vécu au Jardin des Plantes , ont
pu être assez étudiées pour qu'il ne reste
que peu de doutes à leur égard.
l. Le GuANAco ou Lama proprement dit
[Camelus llacma Linn.). — Le Lama était la
seule bête de somme employée par les habi-
tants du Pérou , lors de la découverte de l'A-
mérique, et cet animal, comme plusieurs au-
tres, dont l'utilité pour l'homme est de tous
les instants , n'y existait plus à l'état sau-
vage. Du moins M. de Humboldt pense que
ceux qu'on rencontre libres et errants dans
les gorges des Cordillères ne sont que les des-
cendants d'individus domestiques. Par suite
de cet asservissement de l'espèce entière, il
s'était établi plusieurs races distinctes , dont
on comprend qu'il devient difficile d'établir
avec précision les caractères spécifiques. On
peut pourtant dire, d'une manière générale ,
que la taille du Lama est à peu près celle
d'un petit Cheval : il a quatre pieds de hau-
teur au garrot, et cinq de longueur. Sa tête
est petite et bien placée. Il porte des callo-
sités au sternum, auxgenoux et aux carpes.
Son poil varie de couleur, d'épaisseur et de
longueur ; mais les teintes brunes paraissent
y dominer, et il est toujours plus long et plus
frisé sur le corps que sur la tête, le cou et
les jambes.
L'emploi du Lama comme bête de somme
est bien moins fréquent depuis l'introduction
des Chevaux dans l'Amérique du Sud. Ce-
pendant, il sert encore à transporter des far-
deaux dans les sentiers escarpés des Cordi-
llères , où la sûreté de son pied le rend très
propre à cet usage. Il porte 150 livres envi-
ron, mais sa marche est très lente ; et, lors-
qu'on veut l'accélérer, il se couche à terre
comme résolu à se laisser assommer sur
CHA
place. Cette espèce est d'ailleuis précieuse à
plus d'un titre. La chair des jeunes est un
excellent manger. Leur peau donne un cuit
assez estimé, et leur poil sert à fabriquer des
étoffes.
2. L'Alpaga [C. paco F. Cuv.)- — Cette
espèce , que les voyageurs n'ont indiquée
que d'une manière assez vague , a été con-
sidérée par quelques naturalistes comme
une simple variété de la précédente; mais,
d'après les recherches et les observations de
F. Cuvier, elle en paraît être bien distincte.
L'Alpaca n'a guère que 3 pieds de hauteur au
garrot, sur 3 pieds 6 pouces de longueur. Il
manque de callosités ; mais un caractère
qui le fait reconnaître au premier coup
d'œil , c'est l'abondance et la longueur des
poils laineux qui couvrent les côtés de son
cou et tout son corps , tandis que la face
n'est couverte que de poils ras et presque
tous soyeux , et que l'intérieur des cuisses
et le ventre sont presque nus. La laine de
l'Alpaca joint à une finesse qui égale pres-
que celle des tissus de Cachemire, une lon-
gueur bien plus considérable; et nul doute
que , si l'on parvenait à naturaliser cet ani-
mal , l'industrie ne trouvât dans sa toison
une branche importante de commerce. {F'oy.
l'atlas' de ce Dictionnaire, Mammifères,
pi. ll,fig. 1.)
3. La Vigogne [C. Ficogna Gmel.). — C'est
la plus petite espèce du genre qui nous oc-
cupe ; mais peut-être serait-elle la plus utile
si l'homme, au lieu de la chasser comme
bête fauve et de la détruire peu à peu, cher-
chait à la soumettre à son empire , comme
le Lama. Sa riche toison , qui , pour la
finesse et le moelleux, surpasse toutes les
laines connues , le récompenserait ample-
ment de ses soins. Malheureusement, la cu-
pidité et la paresse des habitants du Nou-
veau-Monde ont opposé jusqu'à ce jour, à la
réalisation de ces projets, des obstacles in-
surmontables Pour s'emparer des peaux de
cet animal précieux, qui fait l'objet d'un
commerce assez considérable, ils le poursui-
vent jusque sur les sommets les plus escar-
pés des Andes, où il s'est réfugié, et le nom-
bre en diminue de jour en jour.
La Vigogne ressemble beaucoup au Lama;
mais ses formes générales sont plus sveltes
et plus élégantes; ses jambes plus longues
et plus menues. Sa tête plus courte et
CHA
son front plus large, orné de deux grands
yeux noirs, lui donnent un air d'intelligence
et de vivacité remarquable. La plus grande
partie du corps est d'un brun légèrement vi-
neux ; le reste est de couleur Isabelle. La
gorge est jaunâtre ; la poitrine, le dessous du
ventre et le dedans des cuisses sont blancs.
La laine qui pend sous la poitrine a jusqu'à
3 pouces de longueur. Cet animal paraît être
moins sociable que le Lama. Cependant,
habitué comme lui à vivre en troupes, ayant
les mêmes besoins et les mêmes habitudes ,
il est bien certain qu'avec quelques efforts
on parviendrait à le rendre également do-
mestique. (A. DE QUATREFAGES.)
• CHAMEAUX FOSSILES, paléont. —
L'Europe n'a point encore fourni d'ossements
fossiles du genre Chameau; maisM.Bojanus
a fait connaître (Curieux de la nal. , t. XII )
trois dents molaires supérieures qu'on lui a
assuré avoir été trouvées en Sibérie, et qui ont
une grande ressemblance avec celles du Cha-
meau. Comme ce naturaliste y a observé
quelques différences, il a créé, pour l'animal
auquel ces dents ont appartenu, les noms
générique et spécifique de Merycoiherium
sibiricum (de MvîpuxaÇû), je rumine, et Qnpt'ov,
animal). Depuis, M. Hugh Falconer, le capi-
taine Cautley , ainsi que le lieutenant du gé-
nie Baker, ont trouvé, dans les collines sub-
hymalayanes, des os fossiles d'une espèce de
Chameau à laquelle ils ont donné le nom de
Camelus sivalensis. Ces messieurs assurent
n'avoir remarqué aucune différence entre
les os de ce Chameau fossile et ceux du Cha-
meau vivant, sans doute le Camelus baciria-
nus, qui leur a servi de point de comparai-
son. Si des observations ultérieures consta-
tent cette identité, il en faudra conclure que
les espèces de Chameaux sont fort ancien-
nes , et qu'elles ont vécu longtemps à l'état
sauvage avant d'arriver à l'état domestique.
Nous disons les espèces, parce qu'il est fort
probable qu'on en trouvera du C. dromeda-
rius aussi bien que du C. baclrianus. (L...D.)
CHAMEAU. MOLL. — Nom vulgaire du
Strombe lucifer.
CHAMEAU LÉOPARD, mam.— Syn. de
Girafe.
CHAMEAU DU PÉROU. MAM. — Syn.
de Lama.
CHAMEK. MAM —Nom d'une espèce du
genre Atèle.
CHA
463
CHAMELAUCE. bot. ph. — f^oyei cha-
MjELAUCIUM.
CHAMELEA. bot. ph. — J^oy. camélée.
CHAMELEAGIVUS. bot. ph. — Syn. de
Myrica gale.
CHAMELEO. rept. — Nom latin du
genre Caméléon. On en a dérivé plusieurs
dénominations appliquées à la famille qui
comprend ce genre : Chamétéonieus , Clia-
méléonidées , Chaméléontidées, etc. (P. G.)
'CHAMELEOLIS (CAame/eo, Caméléon;
olis, contraction d'^/^/io/u). rept.— Th. Coc-
teau a créé, sous ce nom, un genre d'Igua-
niens distinct de celui des Anolis par l'écail-
lure de son ventre qui est granuleuse, tel
est le Cham. femandina ( Cocteau in Ramon
de la Sagra, Hist. nat. de Cuba), appelé
Anolis chameleonides , par 3IM. Duméril et
Bibron [Erpétologie, IV, 168). (P. G.)
'CHAMELEOPSIS ( Cliameleo , Camé-
léon ; or|/iç , apparence), rept. — Genre de
Sauriens créé par MM. Wiegmann et J.-E.
Gray , dans la famille des Iguaniens , pour
une espèce américaine dont la physionomie
extérieure rappelle , jusqu'à un certain
point , celle des Caméléons. MM. Duméril
et Bibron ne le distinguent pas de celui de
Corytophanes de Boié , à l'article duquel
nous renvoyons.
L'espèce type du genre Chameleopsis est le
Quatapalcah d'Hernandez, Chameleo mexi-
canus de Wiegmann. (P. G.)
'CHAMERAMTHEMUM ix^i^o^h à terre ;
Eranchemum , genre déplantes), bot. ph.
— Genre de la famille des Acanthacées ,
tribu des Ecmatacanthées , formé par Nées
{in Lindl. Introd. , éd. II, 445) , pour un
sous-arbrisseau du Brésil , à feuilles oppo-
sées , à fleurs en épis lâches , munies de
bractées et de petites bractéoles. (C. L.)
CHAMIRA (nom propre), bot. ph.— Genre
de la famille des Crucifères, tribu des Hé-
liophilées, formé par Thunberg [JYov. Gen.,
II, 48), et ne contenant encore qu'une es-
pèce, le C. cornuia [Bunias paradoxa Bks. ,
herb. ). C'est une petite plante herbacée ,
grêle, annuelle, indigène du Cap, à feuilles
pétiolées , cordiformes , grossièrement den-
tées ; à fleurs blanches, disposées en grappes
lâches dont les pédicelles ûliformes etébrac-
téés. Elle est cultivée dans quelques jardins
botaniques. (C. L.)
CHAMISSOA (Chamisso, botaniste aile-
U6!i
CHA
mand). bot. ph. — Genre de la famille des
Amarantacées , tribu des Achyranthées ,
formé par Smith [in Uumb. et Bonp., lYov.
Gen., II, 158, t. 12), et renfermant environ
une douzaine d'espèces assez insignifiantes
sous le rapport ornemental , et dont une
seule jusqu'ici a été introduite dans les jar-
dins botaniques [C. altissima Kh.)- Ce sont
des plantes herbacées ou frutiqueuses , an-
nuelles ou vivaces , glabres ou pubescen-
tes, croissant sous les tropiques des deux
continents. Les feuilles en sont alternes ; les
fleurs disposées en épis axillaires termi-
naux , ou globuleuses capitées , et dépour-
vues de feuilles florales. (C. L.)
•CHAMISSOMA , Link. bot. ph. — Syn.
de Sphœrosligma , Sering.
CBAMITIS, Soland. bot. ph. — Syn.
à'Azorella , Lam.
CHAMLAGU. bot. ph. — Nom d'une
esp. du g. Robinier.
CHAMOIS. MAM. — Nom d'un genre
d'Antilopiens. Ployez antilope.
'CIIAMOISITE (d'un nom de lieu), min.
— Minerai ferrugineux, en masses compac-
tes ou oolithiques, d'un gris-verdâlre, d'une
assez grande dureté, et doué de la propriété
magnétique. Quelques minéralogistes en font
une espèce , bien qu'il soit encore très im-
parfaitement connu. Sa pesanteur spécifique
est de 3,4 ; il donne de l'eau par calcination
dans le tube fermé , devient alors noir et
plus magnétique. Il est attaquable par les
acides , en laissant de la Silice gélatineuse.
D'après une analyse de M. Berthier, il se
compose de : Silice, 14,3; Alumine, 7,8;
Protoxyde de fer, 60,5 ; Eau , 18,4. — Il se
trouve en couches peu étendues, mais nom-
breuses, dans les dépôts calcaires de la mon
tagne de Chamoison , arrondissement de
Saint-Maurice, dans le Valais. On l'exploite
avec avantage comme minerai de Fer. (Del.)
CHAMORCHIS, Rich. bot. pu. — Syn.
de Cliamœrepes , Spreng.
•CHAMOSTR.EA. moll. — Nom pro-
posé par M. de Roissy pour le genre Cleido-
thœnis de M. Stutch. Foy. ce mot. (Desh.)
CHAMPACA, Rheed. bot. ph. — Syn.
de Michdia , L.
CHAMPIA ( nom propre ). bot. cr. —
(Phycées). L'Algue qui sert de type à ce g.,
originaire du cap de Bonne-Espérance , a
porté successivement les noms A'Ulva et de
CHA
Merieyisia,A.yxDiAt recevoir celui de Cham-
pia, qu'elle a définitivement conservé. Ce
genre, de la tribu des Chondriées, fondé par
Lamouroux {Essai, p. 51), est dédié à
Deschamps, botaniste et médecin , qui fai-
sait partie de l'expédition commandée par
d'Entrecasteaux. On le caractérise de la ma-
nière suivante : Frondes réunies en touffes
cylindriques, de la grosseur d'une plume
d'oie, cloisonnées à des distances rappro-
chées et en apparence articulées , simples ,
puis dichotomes ou rameuses , à rameaux
souvent tournés du même côté. C'est dans
l'aisselle de ceux-ci qu'on rencontre le plus
ordinairement la fructification, qui est aussi
quelquefois latérale. Celle-ci consiste en
ramules fascicules , claviformes ou cornus,
dans l'épaisseur desquels sont nichés des
sphérospores. Quelques uns de ces ramules
se transforment en rameaux, mais restent
stériles, nouvelle preuve que la fructifica-
tion n'est qu'un arrêt de végétation. La cou-
leur de cette Algue est d'abord d'un beau
rose qui passe au jaune sale ou au vert-olive.
Sa consistance est cornée. Dans le C. Tas-
maniœ Harv. , que nous devons à M. Hooker
cette consistance est membraneuse. On con-
naît 3 ou 4 espèces de ce g. dont le centre
géographique est le Cap. (C. M.)
CHAMPIGIM0\S. bot. cr. — Foyez my-
cologie.
CHAMPIGNON DE MALTE, bot. ph.—
Syn. de Cynomorium.
CHAMPIGNONS DE MER. zool. — Ap-
pellation vague donnée à des plantes ma-
rines, à des Polypiers et à d'autres produc-
tions pélagiennes qui ont une ressemblance
plus ou moins parfaite avec les Champi-
gnons.
CHAMPSÈS (xafx^^ai). rept.— Au rap-
port d'Hérodote , les anciens Égyptiens ap-
pelaient les Crocodiles x^H'^'*' '> actuelle-
ment ils les nomment Temsacli , ainsi que
les voyageurs s'accordent généralement à
le rapporter.
Merrem a employé le mot Cliampsès, pour
désigner le sous-genre des Crocodiles pro-
prement dits. (P- G.)
CHANGEANT. Trapelus. rept. — Sous-
genre de Sauriens de la famille des Agames,
établi par G. Cuvier ( Règne anim., II , 37),
pour y placer VAgama muiabilis , et qu'il
dit être assez difficile à séparer nettement
CHA
de certains Agames trapus et épineux. En
effet, ce sous-genre n'a pas été conservé ;
mais plusieurs erpctologisles allemands en
ont conservé le nom pour l'appliquer aux
Agames proprement dits. MM. Duméril et
Bibron préfèrent le mot Agama. Trapelus
vient du grec Tpa7r£),oç, qui veut dire Chati-
geant. Ces animaux offrent en effet la par-
ticularité de changer de couleurs presque
aussi rapidement que les Caméléons. M. Is.
Geoffroy rapporte , d'après son père qui a ,
pendant son séjour en Egypte , observé des
Changeants en vie, que souvent ils sont d'un
bleu foncé, nuancé de violet, avec la queue
annelée de noir et des taches rougeâtres
peu distinctes , disposées sur le dos, de ma-
nière à former quatre ou cinq petites ban-
des transversales assez régulières. Dans
d'autres instants , le bleu est remplacé par
le lilas clair; alors la tête et les pattes sont
ordinairement nuancées de verdâlre, et rien
ne rappelle plus les premières couleurs , si
ce n'est les petites taches rougeâtres du dos.
(P. G.)
CHAIVI. poiss. — Nom vulgaire appliqué
par les éditeurs de Forskal à des Poissons de
genres et de familles différents, et que M. La-
eépède a introduit comme dénomination
spécifique de plusieurs espèces qui ont dû
être réformées; ainsi , \t Spams Cliani n'e&l
que le Serramis cabrilla; le Miigil Chani est
le Liitodeira, etc., etc. (Val.)
CHAXOIV. M0I.L. — Adanson ( f^oy. au
Sénégal) donne ce nom à une espèce du
genre Avicule de Lamarck , Avicula ailan-
lica. (Desh.)
CHAiVOS. poiss. — Nom vulgaire appli-
qué par Forskal à une espèce de poisson ab-
dominal à une seule dorsale. Cet auteur l'a-
vait probablement placé, pour s'en souvenir
seulement, sous le nom de Mugil Clianos ,
quoiqu'il n'ait aucun rapport avec les es-
pèces de ce genre. Lacépède a désigné sous
ce nom de Chanos le genre qu'il établis-
sait pour placer l'espèce de Forskal , mais
sans en saisir les vrais rapports, parce qu'il
croyait que le Chanos devait être voisin des
Muges. Les descriptions incomplètes de
Forskal , rendues plus vagues par Lacé-
pède, ont fait oublier ce poisson jusqu'au
moment où les naturalistes l'ont retrouve
dans les mers de l'Inde, mais sans le re-
connaître; de sorte qu'il fut classé dans un
T. )II.
CHA
465
genre particulier sous un nom nouveau , ce-
lui de Lutodeira. C'est M. Ehrenberg qui a,
le premier, retrouvé le poisson de Forskal
et nous l'a fait connaître. Ployez lutodeira.
(Val.)
CHANT. OIS. — f^oycz voix.
CHAIMÏERELLE. bot. cr. — f^oyez
CANTHARELLUS.
CHA1\TELR. OIS. — Nom vulgaire d'une
esp. d'Épervier , IVisus canorus , appelé
aussi Faucon chanteur, le seul de tous les
Rapaces qui ait la voix harmonieuse. (G.)
CHAIVTEURS.CaHon. ois.— Dans la mé-
thode de Vieillot , c'est la 20<' famille de sa
tribu des Anisodactyles , ordre des Syl-
vains. Ce groupe est d'autant moins natu-
rel qu'il renfernie à la fois des Oiseaux
véritablement chanteurs, d'autres qui sont
privés des agréments de la voix, tandis
qu'il en a exclu dont le chant est plein
d'harmonie. Les genres qui composaient
cette famille, qu'aucun ornithologiste n'a
adoptée, sont distribués dans différentes
sections fondées sur des caractères plus
conformes à l'esprit de la méthode natu-
relle. (G.)
CHAIVTRAIVSIE. Chantramia ( nom
propre), bot. cR.—(Phycées). Deux genres
différents ont été proposés sous ce nom:
l'un par De Candolle ( Flor. fr., II, p. 49 ) ,
qui réunissait des Lemanea et des Confer-
ves ; l'autre par Fries ( li'i/s/. orb. veget. ,
p. 338 ) , qui est le même que le Trenie-
pohlia d'Agardh. Or, ce dernier nom ayant
la priorité , il doit être préféré. Foyez tren-
TEPOHLIA. (^- ^Q
CHAIVTRE. OIS. — Un des noms vulg.
du Moiacilla trochiliis , esp. du g. Roitelet.
Il doit cette dénomination à son ramage,
beaucoup plus agréable que celui du Roite-
let commun. (G.)
CHAIVVRE. Cannabis {xiwoiSiç, chanvre).
BOT. PII. — Genre formé par Tournefort
{Itist., 1308 ) , adopté ensuite par tous les
botanistes postérieurs , et qui le plaçaient
parmi les Urlicacées , avec lesquelles , en
effet , il présente beaucoup d'affinités , mais
dont il s'éloigne principalement par son
ovule pendant, campylotrope, son embryon
hélérotrope etexalbumineux. Aussi ces dif-
férences essentielles , signalées par les au-
teurs modernes, ont-elles engagé Endiicher
à faire de ce genre le type d'une petite fa-
30
466 CHA
mille (lesCannabacées, Rob. ; Cannabinées,
Endiich.), dans laquelle, outre le type, il
comprend le genre Humulus. Celui dont il
s'agit ne renferme qu'une espèce , le C sa-
liva. C'est une plante annuelle, indigène
de l'Asie médiane, et cultivée de temps
immémorial en France et dans toute l'Eu-
rope, où elle croît assez spontanément, et où
elle est , dans ses divers produits , l'objet
d'un commerce important.
Le Chanvre est dioique, etTon remarque
une grande difTérence dans le port , et sur-
tout dans la stature de l'individu femelle.
Celui-ci est toujours plus grand, vit plus
longtemps que le mâle, en raison de la
mission qu'il a reçue , la maturation des
graines destinées à propager l'espèce. Cette
différence dans la nature et la grosseur
des tiges est telle, que les habitants des cam-
pagnes donnent le nom de Chanvre mule
à l'individu femelle, en raison du préjugé
qui attribue au sexe masculin la supério-
rité et la force.
La famille des Cannabinées (Cannabacées)
n'ayant été considérée, dans ce Dictionnaire,
quecommeune section des Urlicacées, nous
donnerons ici les caractères différentiels du
genre Cannabis.
Fleurs dio'iques. Fleurs mâles en grappe;
périgone pentaphylle, dont les folioles sub-
égales, à estivation imbriquée , étalées lors
de l'anlhèse. Étamines 5 , opposées aux fo-
lioles du périgone; Glaments filiformes,
courts ; anthères terminales, grandes, oblon-
gues, pendantes, à deux loges quadrisillon-
nées-opposées, s'ouvrant longitudinalement.
Ovaire rudimentaire nul. Fleurs femelles
réunies en épi, unibractéées ; périgone mo-
nophylle,*urcéolé, très finement membra-
nacé, recouvrant l'ovaire. Ovaire subglobu-
leux, uniloculaire ; ovule unique, pendant,
campylotrope. Style court, terminal ; stig-
mates 2, allongés-filiformes, pubescents. Le
fruit est une cariopse uniloculaire-bivalve ,
indéhiscente, contenant une graine oncinée,
à test verdàtre, très finement membranacée
et colorée à l'ombilic. Embryon exalbumi-
neux, hétérotrope, onciné ; cotylédons in-
combants , convexes dorsalement ; radicule
longue, supère, opposée à l'ombilic. Feuilles
inférieures opposées ; le» supérieures alter-
nes , incisées, hispides.
Les limites de notre Dictionnaire ne nous
CHA
permettant pas de donner à la partie écono-
mique de cet article l'étendue qu'elle pour-
rait comporter, nous ne parlerons que suc-
cinctement de la culture, de la prépara-
tion et des usages du Chanvre. Nous com-
mencerons par réfuter l'opinion professée
par certains agronomes, contradictoirement
à toutes les preuves, que le Chanvre n'est
pas une plante de grande culture ; nous di-
rons au contraire que ce végétal convient
fort bien aux grandes exploitations rurales,
et qu'il serait irrationnel de se laisser dé-
courager par les calculs défavorables que
présentent les agronomes littérateurs; mais
le succès dépend du choix du sol et du
climat où cette culture réussit le mieux.
Le Chanvre ne supporte ni excès de séche-
resse, ni excès d'humidité : dans le pre-
mier cas il reste bas , sa filasse est courte
et dure ; dans le second , il s'étiole, et ne
donne que de mauvais produits. Sans pou-
voir déterminerd'une manière précise la na-
ture des terres propres à la culture du Chan-
vre, il est reconnu en principe général que
celles qui , sans acception de composition ,
sont le plus riches en humus, lui convien-
nent le mieux.
Un labour profond à l'automne et deux
plus superficiels au printemps, sont les pré-
parations indispensables du sol, qui doit être
fumé chaque année, à l'automne surtout,
avec des engrais chauds et bien consommés.
L'époque du semis varie suivant les loca-
lités, c'est-à-dire de mars ou juin ; mais cette
opération doit toujours avoir lieu après que
les gelées ne sont plus à craindre. On sème
à la volée, dans les proportions de 2 à 4 hec-
tolitres par hectare , suivant le degré de fi-
nesse qu'on veut obtenir dans la filasse ; on
recouvre légèrement la graine par un her-
sage avec un fagot d'épines , et l'on éloigne
autant qu'on le peut de la chenevière,les Oi-
seaux et les Mulots qui sont très friands de
chènevis. Pendant tout le cours de sa végé-
tation, un seul sarclage lui suffit ; au bout de
trois ou quatre mois, c'est-à-dire de juillet
en août, on arrache brin à brin le Chanvre
mâle qui jaunit le premier, puis on le met
sécher au soleil , en petites bottes verticales.
Un ou deux mois après, on arrache le Chan-
vre femelle et on en récolte la graine, en la
battant, ou en faisant passer la tête du Chan-
vre à l'égrugeoir. Quand elle est ressuyée.
CHA
on la met dans des tonneaux ou des sacs.
Lorsque le Chanvre est sec on le porte au
rotitoir, afin d'obtenir, par cette opération,
qui est une véritable fermentation , la sépa-
ration des fibres ligneuses, unies entre elles
par une matière gommo- résineuse. Nous
n'entrerons dans aucun détail sur les divers
systèmes de rouissage, qui tendent au mêm.e
résultat; nous dirons seulement que le rouis-
sage dans les eaux stagnantes présente de
graves dangers à cause des exhalaisons mé-
phitiques qui s'en dégagent, et nuisent à la
santé des hommes et des animaux. Les eaux
courantes sont préférables ; mais l'autorité a
défendu, dans l'intérêt de la conservation
du poisson, le rouissage dans les rivières.
En effet, le principe narcotique contenu
dans toutes les parties du Chanvre, tue le
poisson aussi sûrement que la Coque du Le-
vant; mais, sous le rapport de la salubrité,
le rouissage dans les eaux courantes est
incontestablement supérieur à la première
méthode. Il est un troisième mode de rouis-
sage plus long, il est vrai , que les deux pré-
cédents , mais qui ne présente aucun incon-
vénient, c'est le rouissage sur le pré. Il réunit
toutes les conditions de salubrité désirable;
son emploi devrait être mis en pratique dans
tous les pays où l'on cultive le Chanvre. Les
mécaniques préconisées par les philanthro-
pes pour remplacer le rouissage, n'ont jus-
qu'à ce jour été que des déceptions. Il est
beau d'être philanthrope ; mais il est encore
plus beau et surtout plus difficile de l'être
avec intelligence; et l'on aurait dû, avant
de chercher de savantes machines , savoir
si elles pouvaient remplir l'objet qu'on se
proposait.
Suivant la saison , la durée du rouissage
dans les eaux stagnantes ou courantes est
de 5 à 15 jours, celle sur pré est de près
d'un mois. Dès que cette opération est ter-
minée, on ramasse le Chanvre , on le fait
rapidement sécher , et l'on sépare la filasse
de la chénevolte au moyen de trois manipula-
tions qui tendent au même but: \eieillage,
qui, ayanllieuàla main,occasionne une plus
grande perte de temps, il est vrai , mais
donne une filasse plus longue et plus belle , ,
et occupe, pendant les loisirs forcés de l'hi-
ver, les ouvriers des fermes ; le broijage et
le ribage , qui se font au moyen de machines,
«t n'ont d'autre avantage que plus de rapi-
CHA
mi
*!ité. Le «eranç^ge destiné à affiner la filasse,
termine la série des opérations qui doivent
en précéder la mise en vente. On teille sur
tout en Champagne et en Bourgogne, et l'on
broie en Picardie, en Alsace et en Anjou.
Les ouvriers occupés à la préparation du
Chanvre sont gravement incommodés parla
poussière qui s'en dégage; et ce métier long-
temps prolongé abrège leur vie. Ils pour-
raient en atténuer les effets délétères en tra-
vaillant soit en plein champ, soit dans des
ateliers où l'on aurait établi un système
raisonné de ventilation.
Un fait acquis à la science, c'est qu'il
n'existe qu'une seule espèce de Chanvre
[C. saliva); si celui de notre pays ne s'é-
lève pas à plus d'un mètre et demi, tandis
que celui de Piémont , par exemple , atteint
de3 à 4 mètres, c'est qu'il se trouve dans
des conditions moins favorables de végéta-
tion , et qu'on ne peut obtenir de résultats
plus avantageux qu'en choisissant pour sa
culture le sol et le climat qui lui convien-
nent le mieux; toutes les variétés de Stras-
bourg, de Bourgogne (entre autres celle
cultivée a Châlons-sur-Saône , et qui a jus-
qu'à 3 mètres 1/2), d'Italie, etc., ne sont
que le résultat d'inlluences locales. Sous le
climat de Paris, ces variétés gigantesques dé-
génèrent si rapidement, qu'en deux ou trois
ans au plus elles sont revenues au type pri-
mitif; cependant on a toujours un avantage
à tirer des graines de Chanvre du Nord.
La quantité de filasse produite par un
hectare planté en Chanvre , peut être ap-
proximativement évaluée à C50 ou 700 ki-
logrammes, et celle de Chènevis à environ
trois fois la semence, à cause du mode de cul-
ture qui a plutôt en vue la production de la
filasse que celle de la graine. Dans la Cham-
pagne, la Picardie, la Bourgogne, l'Anjou ,
la Touraine, l'Alsace, la Bretagne, la culture
du Chanvre est fort étendue ; mais pas au-
tant encore qu'il le faudrait, et nous som-
mes, à cet égard, tributaires de la Russie,
de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Amérique
pour des sommes considérables; néanmoins,
cette branche importante de production
mériterait un encouragement spécial de la
partdu gouvernement, et notre marine ainsi
que notre industrie devraient se voir af-
franchies d'un tribut, qui, en sage écono-
mie politique , ne peut se justifier que par
468 CHA
l'impuissance du climat à produire la den- |
réequi en est l'objet. De tous nos Chanvres, 1
ceux de Champagne sont les plus recher- |
chés, à cause de leur excellente qualité ; ce-
pendant, depuis quelques années, ils com-
mencent à dégénérer.
L'Espagne , le Portugal, l'Angleterre, sont
dans une pénurie complète sous le rapport
de la production du Chanvre ; ils sont obli-
gés d'en tirer du dehors pour leur approvi-
sionnement. L'Angleterre seule en importe
pour près de 13 millions par an.
Après la production de la filasse , la tige
du Chanvre est à peu près sans usage ; c'est
un chauffage très insignifiant à cause deson
peude durée; et le seul parti qu'on en puisse
tirer estd'en faire des allumettes. On peut en-
core employer le charbon léger qui en pro-
vient, à faire de la poudre à tirer; mais la pré-
paration en estdiflîcile,par suite de la rapidité
de son incinération. Ses graines, converties
en excellente huile à brûler, bonne pour
la peinture grossière et la fabrication du sa-
von noir, sont l'objet d'un commerce assez
étendu. Les fermières mêlent en hiver ces
graines à la nourriture de leurs Poules pour
les échauffer et les faire pondre , et tous les
Oiseaux de la famille des Fringilles en sont
très friands. Le marc qui reste après l'ex-
traction de l'huile sert à engraisser les Porcs,
et se mêle à la chair hachée qu'on donne aux
Becs-Fins élevés en cage. Dans le Nord , le
Chénevis mondé est mêlé à certains ali-
Dans les Indes, en Chine, à iMadagascar,
et dans tout l'Orient, on fume les feuilles de
Chanvre, en les mêlant à celles du tabac, pour
se procurer une ivresse semblable à celle de
l'opium, et dont les effets sont plus dange-
reux sans doute encore , puisqu'ils plongent
dans un état complet d'insensibilité. C'est au
moyen de cette plante, appelée Hachih en
Syrie , que le Vieux de la Montagne , si cé-
lèbre dans l'histoire de nos croisades, s'était
rendu maître de l'imagination des fanati-
ques appelés par les croisés atsassins (de Ha-
cliichin, qui veut dire ceux qui mangent du
hachih). Dans une grande partie de l'Asie,
on ne fait aucun usage de la filasse.
Le Chanvre , jadis employé en médecine
comme résolutif, a été complètement banni
de la thérapeutique.
Aucun insecte, dit-on, n'attaque le Chan-
CHA
vre , si ce n'est la larve du Sphinx Tète-xle-
Mort , sans doute à cause de sa mauvaise
odeur, ce qui expliquerait la répugnance des
bestiaux à s'approcher des Chènevières.
Employé dès la plus haute antiquité à la
confection de toutes sortes de cordes, le
Chanvre n'a pu être obtenu que dans les
temps modernes en assez belle qualité pour
fairede latoile. Du temps d'Olivierde Serres,
la filasse qu'on en tirait était encore très
grossière , et l'histoire cite comme une rareté
les deux chemises de toile de Chanvre que
possédait Catherine de Médicis.
On a encore donné ce nom a certai-
nes plantes appartenant pour la plupart à
des familles différentes. Ainsi l'on a appelé :
Chanvke aquatique, le /iideus iripariHa.
Ch. de Canada, VApocynum cannnbi-
num.
Cn. DE CrÈte , le Daiisca caunabina.
Ch. de la Nouvelle-Zélande , le Phor-
mium lenax.
Ch. des AjiÉricains, V Agave americana.
Ch. du Japon , le Spiiea japonica.
Ch. piquant, Y Unica camuibina. (CL.)
CHAODmÉES.CAaorf/Hœ.BOT.CR.— ;phy-
cées). Famille établie par M. Bory de Saint-
Yincent pour un grand nombre de végétaux
d'ordre inférieur dont la nature etledévelop-
pementétaient peu connus, mais que ce phy-
siologiste avait rapprochés à cause de l'enve-
loppe muqueuse propre à tous les in-
dividus de cette famille ambiguë. « On dirait
une création provisoire qui se forme comme
pour attendre une organisation , et qui en
reçoit de différentes selon la nature des cor-
pusculesqui la pénètrent ou qui s'y dévelop-
pent. On dirait encore l'origine de deux exi-
stences bien distinctes , l'une certainement
animale , l'autre purement végétale. C'est de
cette sorte de création rudimenlaire que
nous formerons le genre Chaos, genre dont
nous n'oserions assigner la place dans la na-
ture, mais que nous signalerons à l'atten-
tion des naturalistes. Il deviendra le type
de la famille naturelledontnous proposerons
rétablissement sous le nom de Chaodinées. »
(Bory, Dici. Class. ). Ces opinions, qui ont
été l'objet de vives discussions de la part de
critiques qui ne se sont pas rendus ou n'ont
pas voulu se rendre compte de la vraie ma-
nière de voir du savant naturaliste qui les
émettait, nous paraissent accorder une trop
CHA
grande importance caractéristique à la cou-
che muqueuse qui entoure les productions
diverses cl 1res hétérogènes rapportées à
celle famille. Nous voyons dans ces plantes,
non un mucus constitutif, modifié par des
l'orpusculcs de diverses formes , mais bien
des plantes que les dispositions de leurs or-
ganes rapportent à des familles ou à des tri-
bus difTérentes et qui peuvent être entourées
d'une enveloppe muqueuse plus ou moins
déterminée.
Ainsi , pour nous , les Chaodinées propre-
ment dites , consistant en une couche mu-
queuse qui ne limite ou ne contient aucune
membrane , et que remplissent , sans ordre ,
en nombre plus ou moins considérable, des
corpuscules de formes diverses, renferment
des genres appartenant aux Protococcoidées
et surtout aux Desmidiées.
Les Chaodinées Trémellaires , dont le mu-
cus est déterminé, globuleux ou en expan-
sions plus ou moins divisées , rentrent dans
les tribus des Nostocinées et des Rivula-
riées. — Enfin les Chaodinées dipliyses , qui
présentent des filaments confervoïdes, ap-
partiennent à la tribu des Batrachospermées.
(Bréb.)
*CnAONIA (nom d'une contrée de l'an-
cienne Épire). INS. — Genre de Lépidoptères
nocturnes, famille des Nolodonlidcs , fondé
par M. Stephens [Illust. ofbiit. eut., vol. II,
pag. 27 ), et auquel il donne pour type la
Nocitia rohoris de Fabricius. Cette espèce
appartient au g. lYotodonta des auteurs alle-
mands. (D.)
CHAOS (xâo;, chaos), iîot. cr. — (Phycées).
Ce genre a été proposé par 3L Bory de Saint-
Vincent pour des végétaux amorphes des
plus simples et principalement remarqua-
bles par un enduit muqueux qui recouvre
des corpuscules de formes diverses. Nous
avons déjà dit, à l'article chaodinées, notre
manière d'envisager ces productions, que
nous rapportons, pour la plupart, aux
Pleurococcoidées ou aux Protococcoidées.
l.e C. primordialis Bor. est un Protococcus ou
un Pleurococcus , et les autres espèces pa-
raissent devoir être rapportées aux genres
Piiytoconis et Hœmalococcus. (BrÉb.)
CHAPEAU ou CHAPITEAU.Pi/e;(5.B0T.
CR. — Nom du renflement delà partie supé-
rieure du champignon qui porte l'hyme-
nium. Foyez agaric.
CHA
/i69
CHAPEAU CAMMELLi:. bot. cr.— Nom
vulgaire donné par Paulet à VAgaricuz
castaneus.
CHAPEAU D'ÉVÊQUE. bot. ph. —Nom
vulgaire de l'Épiinède des Alpes.
CHAPELET. REi'T.— Nom vulgaire d'une
espèce du g. Couleuvre, que Cuvier regarde
comme identique au Colubcr ùbilans de
Seba.
CHAPEMERIA (Chapelier, voyageur
français), bot. ph. — Genre de la famille
des Rubiacées, tribu des Gardéniées-Eugar-
déniées, formé par Ach. Richard {Mém. soc.
hisi. mit. Pur., V, 252) pour un arbrisseau
découvert dans l'ile de Madagascar.Les feuil-
les en sont opposées, coriaces, elliptiques-ai-
guës, très glabres, munies de stipules inter-
pctiolaires, entières, caduques ; les fleurs,
courlement pédicellées , sont rassemblées
dans les aisselles foliaires. (C. L.)
"CHAPEI-LIERA , Nées ( nom propre ).
BOT. PII. — Synonyme et section du genre
Elynanihus, Pal. (G. L.)
CHAPERON. Clypeus. ins. — Cette ex-
pression a plusieurs acceptions : Latreille
appelle ainsi la partie du front des Coléop-
tères la plus voisine de la lèvre supérieure;
suivant Fabricius, c'est le labre des Orthop-
tères, des Névroptcres et des Hyménoptères ;
d'après M. Strauss, c'est une des six pièces du
crâne, placée au-devant de l'épicràne et re-
couvrant la bouche en entier.
CHAPERON DE MOINE, bot. ph. — Un
des noms vulgaires de l'Aconit napel.
CHAPITEAU. BOT. CR.— f^oy. chapeau.
'CHAPMANNIA (Chapmann, naturaliste
voyageur allemand), bot. ph. — Genre de
la famille des Papilionacces , tribu des Hé-
dysarées, établi par Torrey et A. Gray sur
une plante herbacée, subdressée, velue, vis-
queuse, découverte dans l'Amérique bo-
réale. Les feuilles en sont irrégulièrement
imparipennées , accompagnées de stipules
libres, membranacées , décidues; les fleurs,
polygames et sessiles dans l'axe d'une brac-
tée ovale, sont bibractéolées et disposées en
grappes terminales, lâches, subcomposées,
à pédoncules 1-3-flores. (C. L.)
CHAPON. OIS. — f^oyez coq.
CHAPTALIA (dédié au célèbre Chaptal).
BOT. ph. — Ce genre, qui fait partie des Com-
posées, tribu des Mulisiacées, a pour carac-
tères : Capitule multiflore, hélérogame.
hlO
CHA
paraissant muni de rayons ; involucre cam-
panule, formé d'écaillés imbriquées, linéai-
res-lancéolées, aiguës. Fleurs du disque mâ-
les, stériles, renfermant un style court, sim-
ple ; celles du disque placées sur deux rangs
et fertiles ; corolles du disque tubuleuses,
bilabiées; la lèvre extérieure 3-dentée , l'in-
térieure 2-dentée; les fleurs femelles du rang
intérieur à peine ligulées ou munies de très
petites lèvres ; celles du rang extérieur, au
contraire, manifestement ligulées et à lan-
guettes blanches, plus longues que le style.
Style des fleurs femelles bilobé au sommet.
Fruit cylincJracé, atténué aux deux bouts ,
glabre, pourvu au sommet d'un disque as-
sez dilaté à l'Intérieur duquel naît une ai-
grette composée de plusieurs rangées de pail-
lettes très ténues et scabres. — Les Cliapialia
sont des herbes vivaces, indigènes de l'Amé-
rique. (J. D.)
*CHAPTÏA. OIS.— Genre formé parHodg-
son, en 1837, présumé par Gray ( Z.ùi of
gênera ) devoir faire partie de la famille des
Drongos , et ayant pour type le Chapiia mus-
cipeioides Hodg., que Gray soupçonne être le
même que le Dicrurm cciieus de Vieillot.
(Lafr.)
CHAR. MOLL. — Bruguière avait adopté
sans examen un genre établi, par Gioeni, sur
l'estomac d'une Bulle, erreur signalée par
Draparnaud , ce qui a fait rayer ce g. des
catalogues.
CHAH DE NEPTL'IVE. polyp.— Nom vul-
gaire donné par les marchands au Madré-
pore palmette, variété du M. muriqué.
CHARA. BOT. CR. — Nom latin de la
Charagne. Foyez ce mot. (Ad. B.)
CHA RACÉES. Characeœ. bot. cr.— Cette
famille, établie par L.-C. Richard, ne com-
prend que le seul genre Chara de Linné ,
que quelques auteurs , et particulièrement
Agardb , ont divisé en deux : Cliara et JYi-
lella. Ce genre a occupé les places les plus
diverses dans la classification ; rangé par
Linné, parmi les Phanérogames, dans laMo-
noécie-Monandrie, de Jussieu le classa parmi
les Nayades, place que lui conserva De Can-
dolle, tout en restreignant la famille à un
nombre de genres beaucoup plus limité. R.
Brown l'a aussi rais au nombre des Phané-
rogames monocotylédones à la suite des Hy-
drocharidées ; quelques auteurs l'ont même
classé parmi les Dicotylédones à la suite des
CHA
Élodées ou Haloragées, avec les Myriophyi-
lum et Ceratopliyltum, dont il a un peu le
port et partage l'habitat. Se formant, à son
égard, une opinion tout opposée, plusieurs
auteurs modernes l'ont rapproché des famil-
les les plus simples du règne végétal, et
l'ont placé auprès des Conferves dans la
grande classe des Algues. Celte opinion,
émise par Wallroth et Marlius, adoptée par
Agardh, a été partagée dans ces derniers
temps par EndJicher, qui, dans son Gênera
Planiarum, ouvrage recommandable sous
tant de rapports, a placé les Characées entre
les Conferves et les Ulvacées, et a tracé
une description très inexacte de ses carac-
tères , et qui n'est nullement en rapport
avec les observations publiées sur ce genre
depuis vingt ans.
Ces observations, sur lesquelles nous re-
viendrons à l'article charagne, nous parais-
sent classer ce genre parmi les Cryptogames
les plus élevées , près des Fougères et des
Marsiléacées, ou toutau moins entre celles-ci
et les Mousses et les Hépatiques , dont elles
se rapprochent par la structure de leurs or-
ganes mâles. La principale différence entre
ces familles et celle des Characées consiste
dans la simplicité d'organisation de leurs
tiges, des ramules et des parties qu'on pour-
rait appeler des feuilles ou des bractéoles;
mais on sait combien, dans les plantes pha-
nérogames elles-mêmes, ces parties offrent
une structure moins complexe dans les plan-
tes aquatiques complètement submergées,
comparées aux plantes des mêmes familles
qui vivent hors de l'eau. Ainsi la structure,
qu'on peut appeler confervoide , de la tige
et des rameaux du Chara, ne doit pas déter-
miner leur classification ; mais c'est plutôt
la nature de leurs organes reproducteurs
qui doit nous diriger dans ce cas ; or celle-ci
les range évidemment parmi les Cryptogames
les plus élevées. (Ad. B.)
CHARACHERA , Forsk. bot. pïï. —Sy-
nonyme de Laniana, L.
CHARACIIVS. Cliaracini. voiss.— Groupe
établi par Artédi dans le grand genre Sau-
mon pour les Saumons n'ayant pas plus de
4 ou 6 rayons aux ouïes. Ils ont les nom-
breux cœcums des Saumons, et la vessie di-
visée par un étranglement comme les Cy-
prins, mais pas de dents sur la langue comme
les Truites. La forme de leur corps et leurs
CHA
dents varient assez pour avoir déterminé Cu-
vier à les diviserdans les sous-genres suivants:
Cuiimates, Anoslomes, Serpes, Piabuques,
Serrasalmes , Tétragonoplères , Chalceus ,
Raiis, Hydrocins, Cilharines, Sauras, Sco-
pèles et Aulopes. Voy. saumons.
"CHARACTUS, Dej. ins. — Syn. du g.
Calopteroit de M. de Castelnau. (D.)
•CDARADRIÉES. Clinradrieœ. ois. —
M. Lesson a formé sous ce nom une famille
de l'ordre des Échassiers, dont le genre ï'iu-
yier {Charadritis} esl le type, et il y comprend
les g. Glaréole, Vanneau, Pluvier, OEdicnème
et Huitrier. M. Swainson adopte ce groupe
sous le nom de Charadriadées ; mais il en
sépare les Huîtriers, qu'il met parmi les Ar-
déadées , et y introduit les Court-Vite. Les
ornilhologislcs syslémaliques ont modifié
ce nom à l'infini; il est devenu des Chara-
dridées pour M. Ch. Bonaparte (qui a donné
le nom de Cliaradrinées à unù division de ce
groupe) ;M. Gray en a fait ses Chamdrianées,
M. Kaup ses Charadrii, etc. Nous ne citerons
pas les modifications apportées par ces di-
vers auteurs au groupe des Pluviers; nous
dirons seulement que cette famille est encore
bien arbitrairement définie, et nous croyons
plus naturel le petit groupe des Pluviers tel
qu'il a été établi par Cuvier , qui n'y com-
prend que les deux sous-genres OEdicnème
et Pluvier. F'oyez ce dernier mot. (G.)
COARADRIUS. ois.— Nom latin du g.
Pluvier.
* CHARMAS (nom propre), ins. — Genre
de Lépidoptères nocturnes fondé par M. Ste-
phens {rllusiratioiis of Brilish eniomology ,
vol. II, pag. 108), qui le range dans sa fa-
mille des Noctuides. Ce g. se compose de
6 espèces, dont 3 sont propres à l'Angle-
terre , et ne nous sont pas connues ; les 2
autres sont la Noct. cespiiis Fab. {Lupe-
riiia id. Boisd. ), et la A''oct. graminis Linn.
[Heliophobus id. Boisd.). Ces deux espèces
se trouvent en France , mais rarement.
M. Guénéc, en adoptant le g. de M. Stephens
[Ann. de la Soc. ent. de France, t. X,p. 241),
le réduit à la seule Nocl. graminis. (D.)
CIIAUAGNE. Chara. bot. cr. — Les
plantes qui constituent ce genre, connues
sous les noms vulgaires de Charogne ou
Lustre d'eau , sont extrêmement communes
dans les eaux douces de toute l'Europe, et
même, à ce qu'il paraît, répandues sur
CHA
471
presque toute la surface du globe. Vaillant,
en 1719 , les réunit sous le nom générique
de Cliara , et en donna un caractère qui ,
ainsi qu'on le verra, était, à plusieurs égards,
plus exact que celui admis par beaucoup
d'auteurs modernes.
Adopté par tous les botanistes subséquents,
ce genre fut placé dans les classes les plus
diverses des différents systèmes, tantôt au-
près des plantes les plus parfaites par leur
organisation, tantôt auprès des végétaux les
plus simples, et occupant, dans le régne vé-
gétal, les derniers degrés de l'échelle. Il en fut,
de même de la famille des Characées, que
L.-C. Richard a établie pour ce genre que
l'isolement dans lequel le placent ses carac-
tères insolites ne permet pas de rattacher
immédiatement à aucune autre famille natu-
relle. Elle fut rangée soit parmi les Phané-
rogames , soit parmi les Agames près des
Conferves, soit parmi les Cryptogames au-
près des Marsiléacées.
Cette variation dans la classification de ce
genre tient à l'inexactitude du caractère qui
en a été tracé par plusieurs de ces auteurs.
L'existence très apparente de deux systè-
mes d'organes concourant à la reproduction,
tous deux extérieurs et bien distincts l'un de
l'autre, l'un renfermant le germe de la re-
production, l'autre l'accompagnant, mais ne
devenant jamais un vrai corps reproducteur,
engagea Linné , de Jussieu, R. Brown , De
Candolle, à placer les Cliara parmi les Pha-
nérogames , et généralement auprès des
Nayades, si singulières elles-mêmes par plu-
sieurs points de leur organisation. La nature
de ces organes, ainsi qu'on va le voir, ne
permet cependant aucune comparaison en-
tre ces plantes et les Cliara.
Les observations incomplètes de Schmidel
et d'Hedwig, acceptées sans contrôle par
plusieurs auteurs contemporains, leur ayant
fait considérer les fruits du Chara comme
un conceptacle rempli d'un grand nombre
de graines ou de spores très fines , les con-
duisirent à placer ce genre auprès des Con-
ferves ou des Céramiaires, opinion encore
admise aujourd'hui par Endiichcr, dans son
Gênera Planiarum. Cependant, dès 18.23, je
faisais remarquer [Dici. class. Hisi. nnt., III,
p. 470) que les observations de Vaucher sur
la germination des Chara prouvaient, comme
Vaillant l'avait établi dans son caractère
/i72
CHA
du genre Chara, que les fruits de ces plantes
étaient monospermes. Ce caractère et la place
qui en résulte pour les Characces ont été
admis par Lindley dans son Naiural System
ofBotany.
Les observations plus récentes faites sur la
structure de ces organes, sur leur germina-
tion , sur la texture remarquable de l'autre
système d'organes qui l'accompagne, me pa-
raissent ne laisser aucun doute sur l'organi-
sation, beaucoup plus parfaite qu'on ne le
pense assez généralement, des plantes de
cette famille.
On peut caractériser ainsi les Chara et la
famille des Characées : Végétaux aquatiques
submergés, à liges articulées, cloisonnées,
simples ou composées de plusieurs cellules
tuberculeuses parallèles. P.ameaux verticil-
lés. Organes reproducteurs de deux sortes,
portés sur le côté supérieur ou à l'extrémité
de ces rameaux, et souvent accompagnés de
ramuscules ou bractéoles. Organes vmles :
Vésicules sphériques, transparentes, recou-
vrant une seconde enveloppe colorée, formée
de plusieurs pièces portant dans leur centre
des vésicules oblongues, d'où naissent, vers le
centre, des tubes nombreux, vermiculés, cloi-
sonnés, renfermant des filaments très déliés,
repliés, doués de motililé, sortant de ces tu-
bes lors de leur immersion dans l'eau. Or-
ganes femelles ; Oblongs ou ovoïdes , formés
de deux enveloppes : l'externe molle, formée
de cinq tubes membraneux contournés en
spirale, et formant au sommet une couronne
à cinq dénis ; l'interne crustacée, également
formée de cinq lames spirales colorées ; em-
bryon unique, contenu sous ces enveloppes
et en remplissant entièrement la cavité,
formé d'une seule cellule remplie de fécule.
Ce sont ces graines de fécule, s'échappant
de la vésicule qui constitue l'embryon , que
plusieurs observateurs ont prises pour autant
de spores libres ; mais un examen plus at-
tentif sufRi pour démontrer qu'ils ont tous
les caractères de la fécule, et leur irrégula-
rité ne permettrait même pas de supposer
quece fussent des spores de nature amylacée.
Vaillant et Linné , d'après lui , avaient
donc raison de donner pour caractère aux
Chara une capsule monosperme. Le mode
de germination, observé par Vaucher [Mém.
Soc. hist. nai. de Genève , tom. I ), prouve
d'une manière positive cette unité d'em-
CHA
bryon;carilafailvoirque,laisséesdansreau
après leur parfaite maturité à l'automne,
les petites graines ou capsules des Chara
germaient au printemps, en produisant cha-
cune une seule tigeile, qui sort du milieu des
cinq dents, et forme une espèce de couronne
au sommet de chacune de ces prétendues
capsules. Ce fait, observé par Vaucher, suf-
firait pourdistinguer complètement ce genre
des Conferves et autres Agames. Mais si, en
examinant ces mêmes graines en germina-
tion, on brise leur enveloppe, on voit que la
base de cette tigeile n'est autre chose que la
vésicule encore en partie remplie de fécule,
qui , occupant tout l'intérieur de la graine
avant la germination , s'est allongée à son
sommet pour former le premier article de
la tige de Chara.
Le fruit des Chara ne contient donc qu'un
seul embryon ; mais, si ce n'est pas une cap-
sule polysperme, peut-on même dire que ce
soit un fruit monosperme, une sorte d'akène
comme celui de beaucoup dePhanérogames?
je ne le pense pas. Il n'y a rien dans tout
cet organe reproducteur qu'on puisse com-
parer à un vrai pistil : pas de stigmate , pas
de véritable ovule fixé dans la cavité de l'o-
vaire ; et, si l'on voulait assimiler cet organe
à quelque chose de mieux connu dans les
végétaux phanérogames, il faudrait le com-
parer aux graines nues des Conifères pour
la disposition générale des téguments de
l'ovule, qu'on retrouverait, ainsi que le mi-
cropyle, dans les deux téguments des graines
de Chara , et dans l'ouverture qu'entoure la
couronne terminale, et , à ce que je pense, à
certaines parasites pour la formation de l'em-
bryon aux dépens des cellules mêmes qui
constituent le nucelle. Mais si l'on cherche
des analogies parmi les plantçs plus voisines
par le reste de leur organisation, on verra
que, par leur double tégument , leur em-
bryon formé d'une vésicule remplie de fé-
cule et de mucilage, leur mode de germi-
nation, les graines des Marsiléacées ont une
extrême ressemblance, dans tous leurs ca-
ractères essentiels, avec celles des Charu .-
seulement, elles se développent dans l'inté-
rieur de conceptacles , mêlées avec les or-
ganes fécondateurs, tandis que, dans les
Chara , ces deux sortes d'organes sont in-
sérés extérieurement sur les rameaux.
Les organes mâles ou fécondateurs df's
CHA
Charu ne sont pas moins remarquables que
leurs graines, et leur structure est même
bien plus compliquée , quoique très bien
connue , grâce aux nombreuses recherches
dont ils ont été l'objet depuis une vingtaine
d'années. Ce sont des globules parfaitement
spbériques, rouges ou orangés, placés en gé-
néral immédiatement au-dessous des grai-
nes. Beaucoup plus gros que ces graines
dans leur jeunesse , ils cessent bientôt de
s'accroître, tandis que les graines augmen-
tent, et deviennent bientôt égales ou plus
grosses qu'eux. A une certaine époque, ils
se déchirent, s'ouvrent même assez régu-
lièrement, et finissent par disparaître avant
la maturité complète des graines qu'ils ac-
compagnent. Ils sont composés d'un tégu-
ment extérieur lisse, incolore, transparent,
assez épais; au-dessous se trouve un se-
cond tégument plus solide, coloré en rouge ,
formé de six à huit plaques triangulaires à
bords crénelés, appliqués les uns contre les
autres , composés de cellules oblongues cu-
néiformes, parlant, en rayonnant, du centre
de chaque plaque , et remplis de granules
rouges. Du milieu de la face interne de cha-
cune de ces plaques ou valves, qui se sépa-
, rent lorsque le globule se détache et se dé-
chire, part une vésicule oblongue, transpa-
rente, dirigée vers le centre du globule, où
ces cellules sont réunies entre elles par l'in-
termédiaire d'une petite masse cellulaire.
Ces vésicules contiennent aussi un assez
grand nombre de granules rouges ; de l'ex-
trémité centrale de chacune d'elles ou de la
masse celluieuse qui les réunit, naissent une
infinité de filaments ou tubes sinueux ver-
miculés, simples, cloisonnés, qui remplissent
toute la cavité du globule. Chacun des arti-
cles de ces filaments contient, lorsqu'ils sont
parvenus à leur état adulte , un petit corps
filiforme replié en spirale dans celte petite
cavité; lorsque les filaments sont plongés
dans Peau, ces sortes de petits filets se met-
tent bientôt en mouvement, s'agitent, et
semblent chercher à s'échapper de leur
étroite prison. Ils y parviennent bientôt, au
moins dans la plupart des cas , sans qu'on
distingue l'ouverture par laquelle ils sont
sortis, et continuent à se mouvoir dans l'eau
avec plus ou moins de rapidité , suivant la
température de la saison.
Ces faiis , d'abord aperçus par Bischoff ,
T. 111.
CHA
^73
mieux observés par Meyer, ont été l'objet
de recherches très étendues de la part de
M. Thuret , qui a fait connaître le mode de
formation et la forme remarquable de ces
petits animalcules végétaux (voyez yîun.des
sciences naturelles, 1840. t. XIV, p. G5, pi. 5,
6, 7 et 8). En effet, un examen très attentif,
avec un excellent microscope et un éclairage
convenable (car la ténuité de ces animalcules
filiformes exige la réunion de tous les moyens
propres à rendre la vision plus nette), mon-
tre que ces animalcules ne sont pas d'une
struclureaussi simple qu'on l'avaitcru. Leur
corps est filiforme , grêle , diversement con-
tourné en spirale , formant en général de
trois à cinq tours de spire ; près d'une de
leurs extrémités naissent deux filets d'une
ténuité extrême , fixés au même point de
l'animalcule , en égalant ou en dépassant
le corps en longueur , et s'agitant dans
l'eau avec une telle rapidité qu'on ne peut
les observer parfaitement que lorsque leurs
mouvements se ralentissent, soit par l'éva-
poralion du liquide, soit par quelque au-
tre circonstance, ou lorsqu'ils cessent com-
plètement par l'addition , dans ce liquide ,
d'un peu d'iode. L'extrémité près de la-
quelle ils sont fixés est toujours celle qui
se dirige en avant dans le mouvement des
animalcules, et ils s'agitent alors comme
les tentacules d'animaux plus parfaits. L'ob-
servation de ces tentacules , due à M. Thu-
ret, en montrant dans ces corps une orga-
nisation beaucoup plus complexe qu'on ne
l'avait pensé, jointe à l'irrégularité, à l'é-
tendue et à la persistance de leurs mouve-
ments, prouve la spontanéité de c«s mouve-
ments , et les rend tout-à-fait comparables
à ceux des animalcules spermatiques. On
sait, du reste , que l'existence de ces ani-
malcules filiformes, dans les organes fécon-
dateurs, n'est pas bornée aux Cfiara,et que
les anthéridies de toutes les Mousses et Hé-
patiques en présentent de fort analogues
{yinn. se. ual., 2' série, t. X, 1838, p. 319).
On ne saurait donc douter que les globules
rouges des Chara ne soient des organes ana-
logues à ces anthéridies, et destinés ainsi
qu'elles à concourir à la reproduction des
plantes qui les portent.
Les Chara, si remarquables par la struc-
ture de leurs organes reproducteurs , n'of-
frent pas moins d'intérêt au physiologiste
30*
Ulk
CHA
par leurs organes de la végétation. En elTet,
c'est sur cette plante que Corti a observé, en
premier lieu, la circulation intra-cellulaire.si-
gnalée depuis dans les cellules de beaucoup
d'organes différents des végétaux , mais tou-
jours étudiée de préférence sur les Chara ,
où elle se montre avec une constance et sur
une échelle qui en rendent l'observation plus
facile.
Quoique nous ne puissions pas , à l'occa-
sion de ces plantes , étudier ce phénomène
d'une manière générale, nous allons expo-
ser la manière dont il se passe dans les liges
de ces végétaux.
Les tiges des Chara offrent deux structures
différentes. Dans les unes, qui appartien-
nent aux espèces composant le genre ou le
sous-genre Niiella , la tige et les rameaux
sont formés d'un seul tube cylindrique à
parois assez épaisses, mais simple et tapissé
intérieurement de granules verts ; dans les
autres, constituant le vrai genreCAara, la tige
est formée d'un tube central entouré d'une
sorte d'étui ou d'écorce composé de tubes
plus petits réunis entre eux , et qui détermi-
nent des stries ou cannelures longitudinales
sur la surface externe, tandis que celte sur-
face est lisse dans les IViiella ; en outre , la
tige doit à cette différence de structure beau-
coup plus de fermeté dans les Chara propre-
ment dits , plus de flexibilité et de mollesse
dans les NiieLla. Du reste , chacun de ces
tubes, soit dans les tiges des Chara, soit dans
celles des IViiella, a la même organisation.
C'est un cylindre dont la paroi est formée
d'une membrane simple, incolore, et dont
lacavité ne présente ni cloison ni diaphragme,
soit longitudinal , soit transversal , quoique
quelques auteurs lui en aient attribué ; celte
cavité est remplie d'un liquide aqueux inco-
lore, dans lequel flottent des granules ou des
vésicules incolores ou d'un vert pâle. La sur-
face interne de ces tubes est tapissée de gra-
nules verts d'une grosseur très uniforme, dis-
posés en séries longitudinales, très réguliè-
res et plus ou moins serrées entre elles ; les
granules qui les composent sont toujours
contigus dans une même série. Ces séries ,
parfaitement parallèles entre elles, sont plus
ou moins obliques par rapport à l'axe du
tube ; mais c'est le résultat d'une sorte de
torsion qui fait varier les degrés de cette
obliquité.
CHA
Le fait le plus essentiel à noter, c'est que
ces séries de granules verts couvrent toute la
surface interne du tube , à l'exception de
deux bandes parallèles à ces mêmes séries
et opposées entre elles, qui en sont complè-
tement dépourvues.
Cette disposition des granules verts, adhé-
rents aux parois internes des tubes, s'observe
également sur le tube simple des tiges et des
rameaux des Niiella , et sur le tube central
et les tubes périphériques des tiges et des
rameaux composés des Chara ; mais l'inten-
sité de la coloration et le rapprochement de
ces globules verts , sur les parois des tubes
qui sont en rapport avec la lumière, rendent
les phénomènesde circulation plus difficiles à
observer dans ces tubes que dans le tube
central dépouillé de son enveloppe de tubes
corticaux des vrais Chara, le\s que les Chara
Inspida et tomeniosa ; et c'est sur ces tubes
ainsi isolés que les phénomènes ont été sur-
tout étudiés. On a pu constater alors parfai-
tement qu'il y avait un courant continu des-
cendant, par exempl , le long d'une des pa-
rois couvertes de séries de granules , et re-
montant en sens inverse le long de la paroi
opposée , après avoir passé d'une paroi à
l'autre le long des bouts de ces tubes qui
correspondent aux articulations de la tige.
Jamais le mouvement n'a lieu ni dans un
sens ni dans l'autre, pour la partie qui cor-
respond aux deux bandes dépourvues de
granules. Quand un des granules flottants
qui font apercevoir le mouvement du fluide
y est porté accidentellement, il reste sta-
tionnaire, ou, se rapprochant insensible-
ment de l'un ou de l'autre des courants , il
est bientôt entraîné par lui. Ce fait, qui
s'observe assez souvent, prouve positive-
ment qu'il n'y a pas, chez les vrais Chara,
de cloison longitudinale ou de double paroi
interne entre les deux courants, comme
Slack l'avait pensé , en appliquant à ces
plantes ses observations sur les Niiella , et
comme il arrive peut-être aux autres végé-
taux. Les courants ayant toujours lieu pa-
rallèlement aux séries de globules, sont plus
ou moins obliques par rapport à l'axe du
tube, suivant que ces séries elles-mêmes
sont plus ou moins inclmées par rapport à
ctl axe. Tous ces faits, ainsi que plusieurs
autres signalés par les divers auteurs qui
ont étudié ce phénomène remarquable, et
CHA
particulièrement par M. Dutrochet, prou-
vent évidemment, comme l'avait déjà pensé
M. Amici , et comme l'a bien établi M. Du-
trochet, que ces courants ont lieu sous l'in-
fluence de ces séries de globules fixés aux
parois du tube, et sont déterminés par une
action de ces globules sur le fluide.
M. Amici l'avait attribué à une action élec-
trique, comparantces séries de globules à des
sortes de petites piles. Il croyait même avoir
reconnu, dans chaque globule, deux glo-
bules de nature et de couleur difl'érentes ;
mais ce fait n'a été revu, depuis lui, par
aucun observateur.
Des expériences spéciales faites par MM. Bec-
querel et Dutrochet , pour déterminer si le
mouvement interne du Chara avait lieu sous
l'influence d'une action électrique , les ont ,
au contraire , conduits à cette conclusion
« que les forces qui produisent le mouvement
rotatoire, dans les Chara, ne peuvent , sui-
vant toutes les apparences , être rapportées
à l'électricité. »
Enfin , M. Donné a ajouté un nouveau
fait qui conduirait à une autre explication
du phénomène de la circulation intra-cellu-
laire : il a vu que les globules en séries de
la paroi interne du tube des Cliara , déta-
chés de ce tube par une pression graduelle
et maintenus dans le liquide qui remplit ce
tube , soit dans le tube même , soit hors du
tube, présentaient un mouvement rotatoire
très vif, sans translation, s'ils se trouvent en
dehors des courants, joint à un mouve-
ment de translation, s'ils sont placés dans
les courants. Le même genre de mouve-
ment se présente dans des séries détachées
de ces mêmes globules , qui généralement
se recourbent en forme de cercle, et tour-
nent autour du centre de ce cercle comme
une roue. Ainsi la surface de chacun de
ces globules doit avoir une action sur ce li-
quide environnant qui , lorsque les globules
sont fixés , fait mouvoir ce liquide , qui , au
contraire , lorsque les globules sont libres ,
détermine leur mouvement ; phénomène
qu'on a déjà observé sur les membranes
animales pourvues de cils vibratiles, lesquels
déterminent aussi des courants dans le li-
quide qui les baigne, et dont les fragments
isolés s'y meuvent par suite du mouve-
ment de ces mêmes cils. Mais, dans les
globules mobiles des Chara . les observa-
CHA
475
lions les plus attentives n'ont jamais pu
faire découvrit de traces de ces cils ; et, si
l'on compare ces globules aux spores égale-
ment douées des mouvements spontanés des
Conferves, on sera porté à penser que c'est
plutôt par une contraction successive des di-
verses parties de ces globules, par un chan-
gement de forme, analogue à une sorte de
mouvement péristaltique , que le fluide am-
biant, ou le globule lui-même, est mis en
mouvement.
Nous avons insisté sur les phénomènes
physiologiques si curieux que présentent les
tiges de toutes les cellules tubuleuses des
Chara , non que ce phénomène soit unique-
ment propre à celte plante , mais parce que
nulle part il n'est plus prononcé et plus fa-
cile à étudier , et qu'il fait ainsi partie de
l'histoire complète de ce genre.
Si nous jetons maintenant un coup d'oeil
sur la classification des nombreuses espèces
de ce genre, sur leur manière de vivre et
leur distribution géographique , nous ver-
rons que ces plantes , croissant toutes dans
les eaux douces ou quelquefois dans les
eaux saumâtres des mers intérieures, telles
que la Baltique , paraissent répandues sur
presque tous les points du globe, mais n'ont
été cherchées et étudiées avec soin qu'en
Europe.— On les a retrouvées à la Nouvelle-
Hollande , au Chili, dans l'Inde, au Séné-
gal , etc.
31. Alex. Braun , qui s'est livré avec un
soin particulier à l'étude de ces plantes,
les considère comme ne formant qu'un seul
genre divisé en plusieurs sections , et com-
prenant seulement 23 espèces à l'époque où
il a présenté un premier tableau de ces re-
cherches en 1834 ; mais un grand nombre
de variétés , qui , pour plusieurs auteurs ,
sont de véritables espèces, feraient plus que
doubler le nombre de ces dernières.
D'autres auteurs, en premier M. Agardh,
et depuis lui M. Endiicher, ont divisé le
genre Chara en deux , les Chara et les lYi-
tella ;les premiers offrant une lige composée
de plusieurs tubes et des anlhéridies placés
immédiatement au-dessous des graines; les
autres ayant la tige formée d'un seul tube
sans tubes corticaux, et les anlhéridies sépa-
rés des graines ou sur des pieds distincts, ou
sur les sommets des rameaux. Mais ces deux
caractères ne sont pas toujours réunis . et
476
CHA
M. Braun cite des espèces ayant la fructifi-
cation des Chara et la lige des Niiella, et
qui paraissent s'opposer à celte division, sur
laqueileonnepourraavoird'opinion bien éta-
blie que lorsque toutes les espèces auront
été étudiées dans les diverses phases de leur
fructification. (Ad. Brong.mart. )
* CHARAMUS (? xapau'o'; , trou, cavité).
INS. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculioniles, créé par 31. Sleven
[Mus. iTIosq., t. 2, p. 92) , mais non adopté
par Schœnherr, qui en comprend l'unique
espèce (le Cli. Lama Uej -Stev.) dans le genre
Hypwnotus. Elle avait élé publiée antérieu-
rement par Germar, sous le nom de H. cla-
vulus. (G.)
CHARA XÇON. Curculio. INS. — Genre
de Coléoptères tétramères, établi par Linné,
et qui, d'après les caractères qu'il lui donne
(antennes presque en massue insérées sur
un rostre avancé) , renfermerait aujour-
d'hui plus de 3,000 espèces au lieu de 95
qu'il y rapporte, d'après la 12' édition de
son Systema iiaturce. Aussi les entomolo-
gistes qui sont venus depuis, l'ont-ils sub-
divisé en un grand nombre de coupes gé-
nériques , dont la réunion forme une des
principales divisions ou tribus de la grande
famille des Rhyncbophores de Latreille, la
même que celle des Curculioniles de M. De-
jean , ou Curculionides de M. Schœnherr.
Cette tribu ou division porte , dans la mé-
thode de Latreille, le nom deCharançonites,
et répond en partie à celle des Gonatocères
de Schœnherr.
Il résulte de là que le g. Charançon {Cur-
culio) , tel qu'il existe aujourd'hui , n'a de
commun que le nom avec celui de Linné ,
et qu'il se réduit à un petitnombred'espéces,
qui, d'après Latreille, se distinguent généri-
quement des autres Curculionides par les
caractères suivants : Antennes de onze ar-
ticles , dont le premier fort long et les trois
derniers réunis en une massue , insérées à
l'extrémité du museau-trompe , lequel est
toujours court, épais, non appliqué contre
la poitrine , et offre de chaque côté une rai-
nure oblique où se loge la partie inférieure
du premier article des antennes; pénul-
tième article des tarses toujours bilobé. Ce
g. ainsi caractérisé répond à celui d'Emimus
de Germar, Schœnherr et Dejean, qui, dans
leur nomenclature, n'ont pas jugé à propos
CHA
de conserver le nom de Curculio ; il ne com-
prend que des espèces d'Amérique , toutes
de grande taille et , comme l'altestenl les
noms qui leur ont été donnés, revêtues des
couleurs les plus riches. Nous cileronscomme
type le Curculio spleiidiilus Fab. (C. fasuiosus
Oliv.), qui se trouve au Brésil, et dontvoici
un courte description : Longueur, 12 à 14 li-
gnes ; corps noir en partie, recouvert de pe-
tites écailles d'un vert doré des plus éclatants;
corselet ayant une ligne enfoncée d'un vert
doré, et les cotés de celte dernière couleur
avec de petits tubercules noirs ;ély très ayant
des stries couvertes de gros points, avec des
taches dorées assez grandes , placées irrégu-
lièrement; pâlies noires , couvertes de poils
d'un gris bleuâtre.
Latreille rapporte au même genre une
jolie petite espèce très brillante qu'on trouve
communément , dans le midi de la France,
sur le Tamarisc [Curculio Tamarisci Fab.),
mais elle appartient au g. Coniaius de
Germar.
L'ancien g. Charançon renferme plusieurs
espèces intéressantes à connaître , soit par
leurs mœurs, soit à cause desdégàts qu'elles
nous causent : on en trouvera l'histoire à
chacun des g. auxquels elles appartiennent
aujourd'hui. Ainsi, pour les Charançons du
Blé, du Riz, du Palmier, voy. calandre ;
pour celui des Noisettes, voy. balaninus;
pour celui de la Vigne, voy. rhynchites;
pour celui de la Livêche , voy. otiorhya'-
CHus , et pour le Charançon paraplectique ,
voy. Lixus. (D.)
CIlARAXÇOIVilTES. Curculioniles. iks.—
Latreille avait d'abord désigné ainsi une fa-
mille de Coléoptères tétramères com posée des
g. Curculio et Auelabus de Linné ; mais, ayant
appelé depuis cette famille les Jiiiyncho-
phores, en y réunissant les Bruches du même
auteur, il n'a plus appliqué le nom de Charan-
çoniles qu'à une tribu de cette même famille,
laquelle tribu se divise en deux sections : les
Brévirosires , c'est-à-dire ceux dont le mu-
seau-trompe est court et épais , avec les an-
tennes insérées à son extrémité, et les Lon~
girosires , ceux dont le museau-trompe est
plus ou moins long, avec les antennes insé-
rées le plus souvent vers son milieu, et
quelquefois entre les yeux. La première sec-
lion se compose de 31 g. et la seconde de 43,
en tout "4 g. dont nous nous dispenserons de
CHA
donner ici la nomenclature, attendu qu'elle
formerait double emploi avec celle des g.
compris dans la division des Gonaiocères de
Schœnhcrr, dont nous avons suivi jusqu'à
présent la méthode comme la plus récente
et la plus complète pour la famille des Cur-
culionides. F'oyez ce mot et celui de gona-
TOC£RES. (D.)
CHADANSON. MOLL. — Synonyme vul-
gaire de Cône pave.
CIIARA\TIA. BOT. PH. — Synonyme de
Momordique.
CnARAX (xap«s, pieu), poiss. — Les au-
teurs anciens qui ont écrit sur l'ichlhyolo-
gieont désigné, sous ce nom, des Poissons trop
incomplètement décrits pour qu'on puisse
déterminer avec précision à quel genre ils
appartiennent. Cependant, le poisson cité
par Élien parait être un Iloiocenlre. Plus ré-
cemment, Gronovius a employé ce nom
pour désigner des Poissons de la famille des
Saumons, distribués par Cuvier dans ses
Piabuques, ses Chalceus, etc., etc. M. Risso
l'a reproduit à son tour pour l'appliquer
au Puntazzo , espèce de Sparoide, séparé
des Sargues par Cuvier, et érigé par lui en
un genre distinct. Il a conservé le nom de
Charax , comme nom scientifique du Pun-
tazzo. Voijez ce mot.
*CnAr.AXES;nom mythologique), ins. —
Genre de Lépidoptères diurnes, de la tribu
des Nymphalides de Latreille, fondé par
Ochsenheimer, sur une seule espèce {Nym-
phalis jasius Latr.), qui s'est propagée sur
tout le littoral de la Méditerranée où croît
l'Arbousier [Arbuius uuedo) , sur lequel vit
sa Chenille , et qui se trouve par conséquent
à la fois en Afrique, en Asie et dans lapar-
tie méridionale de l'Europe. Mais celte es-
pèce a un grand nombre de congénères parmi
les exotiques, la plupart d'Afrique, et les
autres des Indes orientales.
Les Charaxes , à l'état parfait, se rappro-
chent beaucoup des ^pâtura, et n'en dif-
fèrent guère que par leurs ailes inférieures
terminées par deux queues avant l'angle
anal. — Mais il n'en est pas de même
de leurs premiers états : les Chenilles des
^pâtura ont la tète surmontée de deux cor-
nes seulement, et le dernier segment terminé
en queue bifide ; la tète de celles des Cha-
raxes est armée de quatre cornes , et leur
extrémité postérieure est aplatie en forme de
CHA
un
queue de poisson. — Leurs Chrysalides dif-
fèrent encore davantage : celle des Apatura
est fortement comprimée sur les cotés , el
carénée sur le dos ; celle des Charaxes est
presque ovoïde , avec la partie abdominale
de forme conique.
Le Cil. jasius se trouve en France depuis
Perpignan jusqu'à Antibes , mais principale-
ment aux environs de Toulon et dans les îles
d'Hjèrcs, où abonde l'.^rbousicr. Ce Papil-
lon , comme tous ses congénères, a le vol
extrêmement rapide, et ne se laisse pas ap-
procher facilement lorsqu'il est en repos.
Aussi , pour se le procurer , surtout en bon
état , faut-il se donner la peine d'élever sa
Chenille, dont l'éducation, heureusement
pour les amateurs , ne présente aucune dif-
ficulté , et réussit presque toujours. — C'est
un des plus grands et des plus beaux Lépi-
doptères diurnes de l'Europe ; il est figuré
avec sa chenille et sa chrysalide dans plu-
sieurs ouvrages iconographiques. (D.)
CHARBOIV. Carbo. cum.elum.—royez
carbone et combustibles charbonneux.
(Del.)
CHARBON. BOT. CR.— F'oj/. ueedo.
CDARBOIMMER. zool. — Nom d'une
variété et , suivant quelques auteurs , d'une
espèce du sous-genre Picnard. P^oy. chien.
— En erpétologie , ce nom s'applique à une
espèce à'Anolis. — Les pêcheurs désignent
aussi sous ce nom le Merlan noir, Gadus
carbonarius.
CHARBOIVIVIÈRE. ois. — Nom vulgaire
du Parut major L. , espèce du g. iMésange.
Le P. aier, esp. du mêmegenre^ porte aussi
vulgairement le nom de Petite charbon-
nière. (G.)
CUARDINIA. BOT. PH. — Genre de la fa-
mille des Composées-Cynarées, établi par
Desfontaines aux dépens du genre Xeran-
tLemum , et auquel il donne pour i»ype le A'.
orientale.
CHARDOIV. poiss. — Nom vulgaire d'une
espèce du genre Raie , Rata futlouica.
CHARDOIV. Carduus. bot. ph. — Genre
de la famille des Composées-Cynarées , éta-
bli par Gaertner, et ayant pour caractères
Capitule à fleurs égales; involucre composé
d'écaillés imbriquées, lancéolées ou linéaires,
non scarieuses en leurs bords, à sommet le
plus souvent pointu ou aminci. Réceptacle
fimbrillifère; tube de la corolle court, oblong
678
CHA
à la gorge , à limbe quinquéfide, en gueule
renversée. Filets des élamines libres et ve-
lus. Anthères appendiculées, linéaires, al-
longées; prolongement nul; stigmates réu-
nis. Fruits oblongs, comprimés, glabres;
aréole apicilaire presque charnue , basilaire,
un peu oblique. Aigrettes plurisériées, réu-
nies à leur base en anneau par des poils fili-
formes se détachant du fruit. Ce sont des
herbes droites, simples, monocéphales ou
divisées en rameaux monocéphales, à feuilles
caulinaires décurrentes,pinnatilobéesou en-
tières , à capitules subglobuleux ou oblongs,
droits et s'inclinant le plus souvent après la
floraison , à fleurs pourpres ou quelquefois
blanches.
Il n'y a plus qu'une cinquantaine d'es-
pèces de Chardons , depuis la réforme du
genrequi a vu disparaîtresuccessivement les
plantes qu'on y avait momentanément réu-
nies, et qui ontété distribuées dans des gen-
res voisins. Ils sont propres à presque tou-
tes les parties de l'Europe, de l'Asie-Ml-
neure, de l'Asie centrale, de l'Afrique
septentrionale , et paraissent surtout aimer
les lieux montueux. Ce sont des plantes
épineuses très abondantes , dont les fleurs
sont recherchées des Abeilles. — Elles ne
sont d'aucun usage , ni en économie do-
mestique, ni en médecine ; l'aspect désa-
gréable de leur lige épineuse n'a pas empê-
ché qu'on n'en introduisit quelques espèces
dans les jardins, comme plantes d'orne
ment ; tels sont les Carduus acanihoides, a[-
peslris (variété du C. dejloratus), argemone,
crispas et personatus ; mais ils sont en gé-
néral peu recherchés; il en croit spontané-
ment 4 ou 5 espèces dans nos environs.
Certaines plantes munies d'épines ont en-
core été vulgairement appelées Chardons;
quelques unes seulementappartiennent à la
famille des Composées. Ainsi l'on a appelé :
CHAr.DON BÉNIT , Ic Ceiitaureu benedicta et
le Cartliamus lunalus.
Cit. A FOULON , Ch. bonnetier , IC DîpSU-
cus fullonum.
Ch. étoile, le Calcilrapa lanata.
Ch. hÉmorrhoïdal, \e Serratula arvensis.
Ch. des prés , Cnicusoleraceus,
Ch. ROLLAND , ou ROULANT , Ic Panicaut
eummun , Eryngium campesire. (C. d'O,)
CIIARDOIV (petit), mou.. — Synonyme
vulgaire de Murex senticosiis.
CHA
CHARDO\ DE MER. échin. — Nom
vulgaire des Oursins.
ClIARDOMNERET. Carduelis. Ois. De
tous les grands genres linnéens, celui des
Fringillœ pouvait le moins résister à l'ana-
lyse, et devait être profondément modifié.
Les Chardonnerets, qui en sont un démem-
brement, se distinguent assez bien dans la
nombreuse famille des Fringillidés, par la
forme très-ramassée de leur corps; par leur
bec eu cône allongé, très-pointu, et dont la
marge de la mandibule inférieure, au lieu
d'être droite ou convexe, représente fune
ligne sensiblement courbe; par leurs ailes
longues et dépassant la moitié de la queue,
qui est de moyenne longueur et échancrée.
Tous les naturalistes, du reste, reconnais-
sent aujourd'hui ce genre, dont Brisson est
le premier fondateur ; cependant, tous ne
5ont pas encore tout à fait daccord sur les
espèces à y introduire. Les uns lui rapportent
non-seulement les Chardonnerets, mais
aussi les Venturons, les Tarins et les espèces
é rangères, qui en ont les caractères géné-
riques; les autres le bornent aux Chardon-
nerets seulement , notre espèce d'Europe
étant prise pour type du genre. Quoique
lesTarinset leurs congénères exotiques aient
avec les Chardouncrets, sous le rapport des
mœurs et des caractères, des affinités assez
srandes pourque Ch. Bonaparte en ait con-
stitué un groupe de Fringilliens, sous le nom
de Carduelés, il nous semble toutefois que
l'opinion des ornithologistes qui les séparent
génériquement est assez fondée, surtout
lorsque l'on fait intervenir le système de
coloration.
Nous admettons donc le genre Carduelis,
établi sur le charmant petit oiseau qui tire
son nom des plantes (Chardons) dont il aime
beaucoup les graines, et qui, selon la juste
appréciation de Buffon, réunit tout beauté
du plumage, douceur de la voix, finesse de
l'instinct, adresse singulière, docilité à l'é-
preuve, et auquel il ne manque que d'être
rare et de venir d'un pays éloigné pour
être estimé ce qu'il vaut.
Cet oiseau, que tout le monde connaît et
que nous figurons pi. 46, fig. I , a des mœurs
douces et sociables, une certaine pétulance
qui n'exclut pas la docilité, et une con-
fiance qui le rend dupe des pièges les plus
grossiers. Sans faire des champs cultivés sa
CHA
demeure exclusive, il semble cependant
avoir pour eux des préférences. Pour quel-
ques couples, en effet, qui, à l'époque de la
reproduction, se retirent sur les lisières des
bois alpestres et auprès des clairières, le
plus grand nombre se fixe alors dans uos
bosquets, dans nos jardins, dans les plaines
et les vallées fertiles, où abondent des
arbres de moyenne taille. L'eau est pour
lui, comme du reste pour tous les grani-
vores, d'une telle nécessité, que même dans
les lieux incultes qu'il choisit quelquefois
pour se reproduire, il se cantonne toujours
à proximité d'un ruisseau, d'une rivière ou
d'une source.
Si le printemps est pour les Chardonne-
rets une période d'isolement; si à cette
époque ou les trouve seulement par paires,
fixés dans une localité et vaquant aux actes
de la reproduction, l'automne et l'hiver les
réunissent et sont pour eux des saisons de
déplacement. Dès la fin de l'été, après les
dernières nichées, ils constituent déjà de
petites familles, qui se joignent bientôt les
unes aux autres, pour émigrer de concert et
composer ensuite ces nombreux rassemble-
ments que l'on voit exploiter, dans les cam-
pagnes et sur les bords des chemins, les
chardons étoiles (Cenlaurea caleitrapa) . Le
midi de la France, où celte espèce de Char-
don envahit quelquefois des champs entiers,
paraît être un des rendez-vous privilégiés des
Chardonnerets, car on les y trouve, durant
l'hiver, en quantité si prodigieuse, que nous
en avons vu abattre soixante-treize d'un
coup de fusil. Le même chasseur, une autre
fois, en avait atteint plus de cent. Buffon,
voulantdonneruneidéedu nombre des indi-
vidus qui forment certaines bandes, avance
« qu'on peut en tuer sept ou huit dun coup
» de fusil » . Que l'on juge, dès lors, d'après
les deux faits que nous venons de citer,
combien doivent être considérables les ras-
semblements qui se forment annuellement
dans nos provinces méridionales. Du reste,
l«s ravages qu'une arme à feu, heureusement
dirigée, peut occasionner dans ces rassem-
blements, n'ont pas lieu de surprendre,
lorsque l'on connaît un peu les habitudes
des Chardonnerets ; lorsqu'on les a vus,
l'hiver surtout et par une journée de froid
piquant, voler par troupesrompactes, comme
si tous les individus cherchaient ù se scri-er
CHA
Û79
les uns contre les autres, s'abattre, s'élever
simultanément et se poser tous ensemble sur
le même arbre.
Les diverses espèces de Chardons ne sont
pas les seules plantes dont les Chardonne-
rets tirent leurs aliments. On peut même
dire que les semences de ces plantes ne con-
stituent, en quelque sorte, que leur régime
d'hiver. Pendant la belle saison ils vivent
indifféremment des graines de mélampyre
des champs, de plantain, de séneçons, de
laitue, de chicorée sauvage et cultivée. Ils
exploitent aussi les champs de millet et de
chènevis, et y causent de grands dégâts.
Pour subvenir à leurs besoins ils parcourent
ordinairement, dans la même journée, plu-
sieurs localités de leur cantonnement.
Dès que le mois de mars arrive, toute
communauté cesse, les bandes se disper-
sent, les couples se forment et regagnent
les localités que l'hiver leur avait fait mo-
mentanément abandonner. On a souvent
parlé de l'attachement des Hirondelles pour
le lieu où elles se sont une fois reproduites.
Mais ces oiseaux ne sont pas les seuls à offrir
cet exemple de fidélité; beaucoup d'autres
espèces agissent de même, et le Chardonne-
ret est de ce nombre. Nous avons vu un
couple venir nicher pendant trois années .
consécutives, non-seulement sur le même
prunier, mais sur la même branche qui,
une première fois, avait reçu le nid. La
dernière année les chenilles avaient envahi
l'arbre eu si grand nombre, et l'avaieut si
bien dépouillé de ses feuilles, que le couple
fut contraint d'abandonner sa couvée avant
que les petits fussent éclos.
Les Chardonnerets font deux nichées par
an, et quelquefois trois, lorsque l'une des
deux a été prématurément détruite. Ils
commencent la première vers le mois d'a-
vril ; la seconde en juillet et la troisième,
lorsqu'elle a lieu, se fait en août. Les jeunes
qui proviennent de celte dernière nichée
sont généralement connus sous le nom
d'aow^ons, quoiqu'ils ne soient aptes à quit-
ter le nid que dans le courant de sep-
tembre.
Parmi les arbres de nos vergers, les pru-
niers, les amandiers, les pommiers, sont
ceux sur lesquels les Chardonnerets éta-
blissent de préférence leur nid; quelque-
fois aussi ils le posent sur les orangers, les
USÙ
CHA
cyprès, les noisetiers ; d'autres fois, et sui-
vant les lieux, ils préfèrent les mûriers et
les ormes qui bordent les routes et les prai-
ries. Les couples qui vont se reproduire
dans les régions alpestres et incultes choi-
sissent sur les lisières des bois des arbris-
seaux touffus, tels que le cliône-vert.
Le nid du Chardonneret, toujours posé
à l'enfourchure des branches et des rameaux
les plus flexibles, ou au milieu d'un bou-
quet de feuilles, est un chef-d'œuvre en son
genre. Il est composé extérieurement de
flocons de laine, de lichen, de filaments de
plantes, de menues racines, admirablement
coordonnées et étroitement fixés aux ra-
meaux qui le soutiennent. Pour donner plus
de cohérence encore à ces divers matériaux,
l'oiseau les relie avec des toiles d'araignées
et avec la bourre des cocons de diverses
chenilles. L'intérieur est formé dune couche
épaisse et molle, empruntée au coton des sau-
les, au duvet que fournit la fleur flosciileuse
des chardons, des tussilages, des chicorées.
La femelle est à la fois architecte et ou-
vrière; elle seule fait choix des matériaux,
et seule aussi elle travaille à la construction
du nid. Le mâle se borne à l'accompagner
dans les nombreuses courses qu'elle fait
pour en trouver et en rassembler les divers
éléments. Il serait pour elle un suivant
complètement inutile, si, durant les courts
instants qu'elle consacre à mettre en place
chacun des fragments qu'elle apporte, il ne
l'égayait parfois de son chant. Assez sou-
vent le nid n'est pas encore entièrement
achevée que la ponte commence ; dans ce
cas, l'ouvrière achève son travail dans l'in-
tervalle des pontes.
Le plus généralement la première couvée
est de cinq œufs. La seconde en a parfois le
même nombre, mais souvent elle est ré-
duite à quatre : c'est ordinairement aussi
ce qu'en compte la troisième, lorsqu'elle a
lieu. Cependant le contingent de celle-ci est
quelquefois réduit à trois. Ces œufs, dont
le plus grand diamètre est de 16 milli-
mètres environ, et le plus petit de 12 à 13,
sont d'un gris légèrement azuré ou ver-
dâtre, marques, principalement vers le gros
bout, de taches, de traits et de petits pnints
roug';àlres ou violets, tantôt seuls, tantôt
coupés par d'autres traits d'un noir livide.
Pendant l'incubation, dont la durée est
CHA
de quinze à dix-sept jours, le mâle veille
sur la femelle avec la plus grande sollici-
tude. Il ne s'en éloigne momentanément
que pour aller à la recherche d'une nourri-
ture qu'il vient partager avec elle, et durant
le reste de la journée il fait constamment
entendre son chant du haut des arbres
voisins de celui qui recèle le nid.
Les petits, sauf quelques flocons de du-
vet qui occupent la tête et le dos, sont nus
en naissant. Le père et la mère les alimen-
tent avec les graines des diverses plantes dont
ils se nourrissent eux-mêmes; mais avant de
leur dégorger ces graines ils leur font subir,
dans l'œsophage, une macération préalable.
Lorsque les petits sont sortis du nid, les
soins du mâle et de la femelle ne cessent
par pour cela. Us font alors ce qu'on pour-
rait appeler leur éducation; leur apprennent
à pourvoir à leur nourriture, et leur font
connaître les lieux en les parcourant avec
eux. Ils ne les abandonnent que pour faire
une nouvelle couvée.
Le Chardonneret est particulièrement re-
cherché pour la beauté de son plumage,
pour l'agrément de sa voix et pour la doci-
lité qu'il apporte à exécuter certaines ma-
nœuvres amusantes. Sous ce dernier rapport
il est un des oiseaux qui répondent le mieux
aux soins que l'on prend de leur éducation.
Il est encore recherché à cause des rapports
faciles qui s'établissent entre les mâles de
son espèce et. les femelles des Serins canaris;
rapports qui produisent des métis, parmi
lesquels se rencontrent des sujets dont la
robe est des plus agréables et le chant des
plus soutenus et des plus magnifiques. Ces
sujets, à leur tour, s'apparient quelquefois
aussi, mais il est excessivement rare que leur
accouplement donne la fécondité aux œufs.
Pour notre part nous ne connaissons qu'un
cas où un métis mâle, mis en rapport avec
une femelle de serin commua, ait produit
trois petits.
Le Chardonneret offre de nombreuses
variétés. Buffon en signale jusqu'à neuf, La
captivité et l'usage journalier du chènevis
comme nourriture, produit fréquetnment
des individus à plumage complètement noir,
ou noir, avec le miroir de l'aile jaune (1).
(I) Beclistein rapporte une expérience, à l'aide de
laquelle M. Schilbacli, intendant delà ménag-crie de
CaSïCl, produisit cette variété. 11 priva une nichée de
CHA
Chez d'autres individus captifs, le rouge de
la tête passe quelquefois à l'orange ou au
jaune. En liberté, il n'est pas rare de trou-
ver des sujets entièrement blancs ou com-
plètement isabelles; d'autres n'ont que la
tète blanche ou le corps irrégulièrement
tapissé de blanc; il en est dont la tête est
noire, ou marquée de raies oblongues de
celte couleur. Une variété à gorge blanche,
connue sous le nom de Chardonneret fevé
ou royal, est très-recherchée par les oise-
leurs, mais elle ne serait que l'elTet de l'âge.
Il en est de même de cette variété fré-
quente (et nous pourrions dire naturelle),
qui est constituée par six taches blanches à
la queue, au lieu de quatre, ce qui fait dis-
tinguer par quelques personnes les Char-
donnerets en sixains et en quatrains; dis-
tinction de nulle valeur, puisque l'âge et
souvent la première mue font un quatrain
d'un sixain.
Outre notre espèce vulgaire, connue scien-
tifiquement sous le nom de CnARDONNEREr
ÉLÉGANT [Carduelis elegans, Stephens), ce
genre renferme encore :
Le Chardonneret ORIENTAL (Fringilla orien-
tons Eversm., Card. orientalis Bp.), que
Pallas avait découvert dans le nord de la
Sibérie et qu'il avait confondu avec notre
espèce, quoiqu'il s'en distingue par une
taille plus forte, un bec plus épais, plus
long> subulé; par des teintes beaucoup plus
pâles ; par le rouge de la face moins étendu,
et par la couleur uniforme et sans mélange
de noir et de blanc du dessus de la tête,
du cou, des joues et du dos.
Le Chardonneret a tête blanche {Card.
caniceps Gould Cent. Tïinia/. B., pi. XXXIII.)
Cette espèce, qui a de grands rapports avec
la précédente, mais qui est plus petite, avec
les teintes du plumage plus foncées, le bec
plus épais et plus allongé, est propre à l'Asie
centrale.
Plusieurs autres espèces, que l'ou avait
rangées parmi les Chardonnerets, en ont été
ultérieurement distraites, pour être placées
dans des genres voisins, ou pour devenir
types des genres nouveaux. Tels sont :
jeunes Chardonnerets de la lumière du soleil, couvrit
même leur cage avec du drap, et, par ce moyen,
obtint des Chardonnerets très noirs, avec le seul
miroir jaune-, mais ils changèrent de couleur à l.i
mue.
T. III.
CHA
Z.81
Carduelis spmoid»s Vig. — C. Stanley,
Audub. — Fringilla pinus Wils. (C. pinus
Bp.). — F. psallria Say. — C. mexicanus,
Sw. — C. Lawrencii Cassiii. — C. atrata
d'Orb. — C.notata Dubus., qui tous font
partie maintenant, pour quelques auteurs,
du genre Tarin {Chrysomitris). — C. ameri^
cana Brisson {Fring. tristis L\nn.). — C. co^-
lumbianus Lafr., dont Cabanis a composé
son genre Astragalinus. — C.coccineus V'iciU.
{Fring. coccinea Gm.),qui est devenu pour
Lichtenstein le type du genre Hijpoloxia —
et C. cucullala Sw. {Fr. Cubœ Gervais) sur
lequel Ch. Bonaparte a établi son genre
Pyrrhomilris. (Z. G.)
CIIAKÉE. INS. — Foijez chariîÉk.
* CIIARIANTIIEES. Cliarianilieœ. eot.
PH. — Tribu ou plutôt sous-famille, formée
par Seringe [in DC. Prodr., III, 196) dans
la famille des Mélaslomacées, et se distin-
guant surtout par des anthères, dont la dé-
hiscence a lieu au moyen de fentes longitudi-
nales. Elle comprend les genres Charianihus,
Don; Chœnopleiira, Rich.; Kibessia, B\um.;
Eivijckia, Blum.; Astronia, Blum., et pro-
bablement le Spathandra de Guillemin et
Perrotet. (C. L.)
* CHARIAIVTnUS ( x«P"'î , gracieux ;
av9oî , fleur). BOT. ph. —Genre de la famille
des Mélastomacées (Charianthées ?) , formé
par Don ( in Mem. Wtm. soc, IV, 327 ), et
renfermant 5 ou 6 espèces, croissant dans
l'Amérique tropicale, et principalement dans
les Antilles. Ce sont des arbrisseaux dressés,
à feuilles opposées , pétiolées , 5-nervces,
très entières ou rarement calleuses-den-
tées ; à belles fleurs pourpres, disposées en
une cymecorymbeuse, tricholome. (C. L.)
CHARIBDE. Chavybs. moll. — Mauvais
genre établi par Montfort pour un Spirorbe
copié dans Soldani , et qu'il a donné comme
une coquille de Céphalopode cloisonnée.
Voyez SPIRORBE. (Desh.)
*CHARICLEA (nom mythologique), ins.
— GenredeLépidoptères nocturnes établi par
M. Stephens {Illusir. ofBrit. eniom., vol. II,
pag. 92) , qui le range dans la famille des
Noctuides. Ceg. a été adopté par MM. Bois-
duval et Guénée, qui le placent tous deux
dans la tribu des Xylinidts;il est fondé sur
une seule espèce extrêmement jolie (Noct.
Delphinii Linn., etc.), dont la chenille paraît
vivre exclusivement sur le Delphinium aja
31
48:
CHA
cis, cultivé dans les jardins, du moins je ne
l'ai jamais rencontrée sur celui des champs,
Delpliinium consolida. Elle se nourrit des
grames encore vertes de la première de ces
deux plantes , et se trouve quelquefois
abondamment dans les jardins de Paris où
celte plante est cultivée. Parvenue à toute sa
taille en juillet , elle s'enfonce dans la terre
pour se changer en chrysalide , et son pa-
pillon n'éclôt qu'en mai ou juin de l'année
suivante.
Cette espèce est figurée, sous ses trois
états, dans Hubner, ainsi que dans notre
Histoire naturelle des Lépidoptères de France.
(D.)
"CHARIEIA (x«P'"î, élégant), ins. —
Genre de Coléoptères tétraméres, famille
des Longicornes , tribu des Prioniens, créé
par M. Serville [Ann. de la Soc. entom. de
Fr., t. 1, p. 197). Ses principaux caractères
sont: Antennes de 11 articles; élytres allant
en s'élargissant des angles huméraux à l'ex-
trémité. L'espèce que cet auteur y rapporte
est de Cayenne; il l'a nommée C. cyanea.
C'est la plus petite de cette famille; la fe-
melle seule est connue. (C.)
* CHARIEIS (xapc'aç, gracieux), bot. ph.
— Genre de la famille des Composées-Eupa-
toriacées, établi par H. Cassini, pour une
plante herbacée du cap de Bonne-Espérance,
annuelle, à tige dressée, rameuse, striée et
poilue; à feuilles inférieures opposées, ses-
siles , à feuilles supérieures alternes, ses-
siles , oblongues , lancéolées ou linéaires;
à capitules terminaux , solitaires ; à fleurs du
disque jaunes , et de la couronne violettes.
L'unique espèce de ce g. a reçu de Cassini
le nom de Ch. heterophylla. (C. d'O.)
*CÏIARIE1\T0PTE1\US , Chevr. ins.—
Synonyme du genre Sphenoihecus de M.De-
jean, dont les caractères ont été publiés par
M. Dupont. (C.)
*CHARÏESSA (xap'strcra, gracicUx). INS.
-j Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Térédiles , tribu des Clérones , créé par
M. Perty ( Delecais anim. art., p. 109, t. 22,
fig. 3j, qui le classe parmi les Chrysomélines
et dans la tribu des Gallérucites ; l'espèce
qu'il y rapporte est du Brésil : il la nomme
Ch. ramicornis. Ce genre est le même que
celui de Braclnjmorphus ( voyez ce mot ).
M. Klug , dans sa 3Ionographie des Clérones
qui vient de paraître , a classé les 2 espèces
CHA
décrites sous l'un et l'autre de ces genres
parmi les Enoplinm. (C.)
*CHARIESTÈRE. Cliarieslerus (x«-
pi£CTT£pov, gracieux), ins. — Genre de l'ordre
des Hémiptères, famille des Coréens, établi par
M.Delaporte aux dépens du ^.Coreus, et ayant
pour type le C. aniennator. L'auteur lui-
même en a fait une simple division des
Cor eus. (C. d'O.)
*CHAR11\0TES [x«P'?, grâce ;vwtoç, dos).
INS. —Genre de Coléoptères tétraméres^ fa-
mille des Longicornes, tribu des Céramby-
cins, division des Trachydérides, établi par
MM. Serville et Dupont (^«n. soc. ent. de
France , t. III , p. 39 ; 3iag. zool. Giiérin ,
1839, pag. 20, pi. 150). Caractères : Antennes
de 12 art. ; 5= et 6' presque égaux , graduel-
lement dilatés; présternum renQé , muni
d'une pointe peu visible ; mésosternum ren-
flé. Le C/i. fasciatus est l'espèce type ; elle a
été trouvée dans la province de Minas Ge-
raës , au Brésil , car M. Au«uste Saint-Hi-
Itire. (C. 1
'CHARIPTERA [x^pn , grâce, beauté;
TTTîpo'y , aile ). INS. — Genre de Lépidoptères
nocturnes , établi par M. Guénée , dans la
tribu des Hadénides [Ann. de la Soc. eniom.
de France , t. X , p. 243 ) , et qu'il compose
de 4 espèces remarquables par le dessin élé-
gant qui orne leurs premières ailes , savoir:
Woct. aprilina Linn., JVoct. cultn Fab., Mi-
selia gemmea Treits., et Nnct. adjunctana
Boisd. La première appartient au g. Agrio-
pis de. M. Boisduval. /^oyez ce mot. (D.)
*CHARIS (/api;, grâce), ins. — Genre de
Coléoptères tétraméres , famille des Longi-
cornes, tribu des Cérambycins , établi par
M. Newman ( The entomologisl, 1840, part. II,
pag. 21 ), pour y placer trois espèces du Bré-
sil , qu'il nomme C. Euptirosyne , Eralo et
Aglaia. Ce genre est voisin de celui que
M. Serville a fondé sous le nom de Tomop-
terus. (D.)
•CHARISSA (x«P'«. grâce, agrément).
INS. — Genre de Lépidoptères nocturnes,
tribu des Phalénites de Latreille, établi par
M. Curtis et adopté par M. Stephens {Illus-
trations of British enlomology , vol. III ,
pag. 267) , qui le place dans sa tribu des
Geomeiridœ. Ce g. répond à celui de Gno-
phos,cvéé antérieurement par M. Treitschke-
Ployez ce mot. (D.)
CHARLOT. o'5. — Un des noms vulgaires
CHA
du Courlis commun , IVumeinus arcuaius.
(G.)
•CHARLWOODIA , Sweet. bot. ph. —
Synonyme de Cordyline , Comm.
CIIAKHIE. Carpinus. bot. pu. — (ienre
de la famille des Cupulifères, formé par
Linné , et renfermant 5 ou 6 espèces habi-
tant les parties tempérées et même froides
de l'Europe et de l'Amérique boréale, dont
deux croissent aussi dans l'Inde orientale. Ce
sont des arbres à feuilles alternes, ovales
ou oblongues, très entières, annuellement
caduques , plissées avant la vernation dans
des gemmes pérulées , et dont l'inflores-
cence en chatons se développe en même
temps que les feuilles. L'espèce la plus com-
mune et la plus importante sous le rap-
port économique est le Carpinus betulus
L. C'est un arbre indigène , formant en
grande partie l'essence de nos forêts , où
il atleintune hauteur d'environ dix à quinze
mètres. Son port est élégant , élancé, bien
ramiflé, et forme une belle et large cime;
les feuilles en sont légères , glabres , ovales,
aiguës, finement plissées et dentées, d'un
vert agréable. Il se plaît surtout dans les
terrains calcaires.
Cet arbre est non seulement un bel or-
nement de nos forêts et de nos parcs ,
mais il est surtout précieux par la qualité
de son bois , qui est blanc , dur, pesant ,
d'un grain fin et serré. Les charrons et
les mécaniciens en font un grand usage.
On en fabrique des roues de moulins, des
pressoirs, des vis, des manches d'outils,
des leviers, des maillets, etc. , etc. C'est
aussi un très bon bois de chauffage ; il pro-
duit en brûlant une flamme vive et claire ,
dure long-temps , donne beaucoup de cha-
leur et un excellent charbon. Blessé au
moment où la sève se remet en mouve-
ment, il en perd par la plaie une énorme
quantité; et quelquefois d'entre les gerces
de l'écorce suinte une substance gommeuse,
rougeàlre , soluble dans l'alcool , assez ana-
logue à la gomme de certaines Pomacées.
Transporté dans nos jardins , où il est
connu sous le nom de Charmille, on le tient
par la taille à l'état nain, en le recépant
sans cesse; il pousse alors de nombreux
ramules fort effilés, très flexibles, et se
prête par là à toutes les formes que le caprice
ou la mode suggère au jardinier. Un des mé-
CHA
483
rites de cet arbre est encore de végéter de
bonne heure au printemps , et de conser-
ver fort tard ses feuilles en automne. Voici
les caractères distinctifs du genre Carpinus;
Fleurs monoïques; /^/ei«-.v n;d/es .- Chatons
cylindriqueslaléraux.Périgonemonophylle,
à squames simples , ébractéées, imbriquées.
Etamines 12 (ou plus nombreuses), insérées
à la base d'une squame périgoniale; à fila-
ments simples ; à anthères ovales, unilocu-
laires , velues au sommet. /^/euri/emeWes .-
Chatons terminaux, lâches, à bractées peti-
tes, déciducs ; involucrebiflore, dont les fo-
lioles géminées, pétiolées, trilobées; périgone
à limbe supère, cupuliforme , denticulé.
Ovaire infère , biloculaire ; ovules solitaires
dans les loges, anatropes, appendus au
sommet de la cloison. Style court ; stigmates
deux, allongés , filiformes. Grappe fructi-
fère, lâche; noix solitaires, monospermes
entre les involucres, ovales-comprimées,
costées, apiculées par le limbe périgonial.
Graine pendante , à test très finement mem-
branacé. Embryon exaibumineux , ortho-
trope; cotylédons obovés , charnus; radi-
cule supère, immergée. (C. L.)
* CHARMOSYIMA (xapfxo'awoç, agréable).
OIS. — Genre établi par Wagler aux dépens
du g. Perroquet; et ayant pour type le Psii-
lacus papuensis. (G.)
CeAR]\ïÈRE. MOLL. — royez mollus-
ques.
'CHARIVU. Carnosus. bot. — On appli-
que cette épithète aux parties des végétaux
dont le iissu épais et succulent offre
une consistance analogue à celle de la
chair.
* CHAROPUS fx°'P='r°î . agréable à voir).
INS. — Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Malacodermes, tribu des Malachi-
des, créé par M. Erichson ( EniomograpUien,
p. 119). Caractères : Antennes de 11 articles;
palpes maxillaires, filiformes, à 4' article acu-
miné ; chaperon très court , membraneux ;
labre transverse; tarses antérieurs des mâles
de 5 articles simples. 5 espèces européennes
composent ce genre.
Le Malach-ius pallipes d'Olivier , commun
aux environs de Paris , en est le type. Les
mâles de ce genre sont ailés et les femelles
aptères. (C.)
CHAROSPERME. Charospermum {Cliara,
nom d'un genre de plantes; (jm/paa, se-
Ii8k
CHA
mence). bot. cr.— (Phycées). Genre établi
par Link pour plusieurs Algues qui appar-
tiennent aux genres Drapamaldia et Ba-
tnicliospermum. (BrÉb.)
CHARPÈNE. BOT. PH. — Synonyme vul-
gaire de Charme.
CHARPEIMTIER. ois.— Traduction fran-
çaise du mot espagnol Carpenieras , nom
sous lequel Azara a décrit les Pics ( Hisi.
des Ois. du Paraguay), f^oy. Pic. (Lafr.)
"CHARPE\TIERA , Gaud. bot. ru. —
Synonyme de Cliamissoa , H. B. K.
CHARPEIMTIÈRES. ins.— Nom vulgaire
de certaines femelles d'Hyménoptères de la
famille des Apiaires, qui percent le bois pour
y déposer leurs œufs.
CHARRÉE ouCHARÉE. ins.— Nom sous
lequel les pécheurs désignent toutes sortes de
larves, particulièrement celles des Friganes.
"CIIARTERGLS ( x^^'p-f^îs, papier ; Ip/ov,
travail ). ins. — Genre de la tribu des Ves-
pieiiSjdel'ordre des Hyménoptères, établi par
M. Lepeletierde Saint-Fargeau sur quelques
petites espèces de Guêpes américaines, très
remarquables par le genre de construction
de leurs nids. Le type du genre est le Ch.
nidulans Fab., très répandu à Cayenne, d'où
les voyageurs nous rapportent fréquemment
leurs nids , qui sont ordinairement très
grands, en forme de cône renversé, et plus
ou moins évasés par le bas. Ces habitations
sont composées d'une sorte de carton très fin
et très lisse, et si semblable à du carton de
pâte que les fabricants les plus exercés ne
sauraient reconnaître s'il n'estpas sorti d'une
fabrique spéciale.
Au premier abord, la demeure de nos Cliar-
tergus parait fermée de toutes parts par une
enveloppe générale ; mais on ne tarde pas à
reconnaître qu'il existe, à la partie inférieure,
une petite ouverture arrondie, ayant tout
au plus 10 à 12 millimètres de diamètre. Les
gâteaux sont à l'intérieur disposés par étages
et font corps avec l'enveloppe même. Les
loges , toujours hexagonales, sont placées
seulement à la partie inférieure des gâteaux.
On sait, en effet, que, dans tous les guêpiers,
il n'existe qu'un seul rang de cellules, comme
cela se remarque dans les ruches d'Abeilles.
Les nids de Cliartergus sont en outre sus-
ceptibles de s'agrandir considérablement. Ils
sont d'abord courts et ne renferment qu'un
ou deux gâteaux; mais, quand le nombre
CHA
des individus augmente, les petits Vespiens
agrandissent leur domaine, en établissant des
loges sur la partie inférieure de l'enveloppe,
qui devient alors un gâteau. Dès ce moment,
les ouvrières prolongent les parois exté-
rieures de l'enveloppe et entourent le nou-
veau gâteau, jusqu'à ce qu'un semblable
travail recommence.
La collection du Muséum d'histoire natu-
relle de Paris renferme plu.sieurs de ces nids
qui contiennent une nombreuse série de gâ-
teaux et ont atteintun grand développement
en longueur.
Il est encore une autre espèce appartenant
à ce genre et construisant un nid très analo-
gue, que nous ne devons pas oublier de
mentionner ici, à raison de la célébrité
qu'elle a acquise.
Cet insecte est connu au Brésil sous la dé-
nomination de Guêpe Lecheguana. Il a sou-
vent été cité par divers naturalistes, entre
autres par M. de Saint-Hilaire, qui a failli
être empoisonné par le miel de cette petite
Guêpe. Voici ce qu'on rapporte à ce
sujet.
M. Auguste de Saint-Hilaire, dans une
excursion, s'était arrêté quelque temps sur
les bords du Rio de Santa-Anna. Il vit un
guêpier suspendu à un arbre. Deux hom-
mes qui l'accompagnaient , un soldat et un
chasseur, détruisirent le guêpier et en tirè-
rent le miel. M. de Saint-Hilaire en mangea
un peu, ainsi que ses deux hommes. Ils le
trouvèrent tous agréable au goût; mais
bientôt ils tombèrent dans un état de fai-
blesse indéfinissable, et bientôt le vertige
s'empara de leur tête. Le chasseur, assis dans
une charrette à côté de son maître, se leva tout
à coup, déchirant ses vêtements et les jetant
loin de lui. Il prit un fusil, le fit partir et
se mit à courir dans la campagne , criani
que tout était en feu autour de lui. De son
côté, le soldat, qui avait cependant déjà
éprouvé des vomissements, monta à cheval
courant la campagne ; mais bientôt il tomba,
et quelques heures plus tard on le trouvait
profondément endormi dans l'endroit même
où il s'était laissé tomber
M. de Saint-Hilaire et ses gens avaient bu
de l'eau tiède en quantité ; les vomissements
qu'ils avaient eus les avaient soulagés : ils
commencèrent à reprendre leur état normal.
Le lendemain M. de Saint-Hilaire était en-
CHA
eore faible; ses deux hommes n'avaient pas
non plus repris toutes leurs forces.
D'après les renseignements que prit le sa-
vant botaniste, tous, Portugais, Espagnols,
Guaranis, etc., s'accordèrent à lui dire que
le miel de la Guêpe Lecheguana n'était pas
toujours dangereux ; mais que parfois il oc-
casionnait une sorte d'ivresse et de délire
dont on ne se délivrait que par des vomisse-
ments , et qui allaient quelquefois jusqu'à
la mort. Les indigènes assurèrent connaître
parfaitement la plante sur laquelle la Guêpe
Lecheguana va souvent sucer le miel empoi-
sonné; mais comme on ne put la lui représen-
ter, il en fut réduit à des conjectures. (Bl.)
" CHARTOPTERIX (x«pTy!;, carte; tct/-
pv|, aile). INS. — Genre de Coléoptères hé-
téromères, établi par M. Hope pour y placer
une espèce de l'Australie, flgurée et décrite
par M. Westwood ( Aicanu enlomologica ,
no 3, p. 43, pi. 12,fig. 2), sous le nom
spécifique de Kildrenii. Son nom générique,
dit l'auteur, fait allusion aux lignes dont la
partie inférieure de ses élytres est marquée
comme une carte géographique. M. West-
wood pas plus que M. Hope n'indique la fa-
mille ou la tribu à laquelle ce nouveau g.
appartient; mais, d'après la figure que le
premier en donne , il nous a paru pouvoir
être rangé parmi les Hélopiens. (D.)
CHARTREUSE, moll. — Nom vulgaire
d'une espèce du genre Hélice.
CHARTREUX. MAM.— Nom d'une variété
du Chat domestique.
'CHARYBDIS (nom mythologique), crust.
— M. Dehaan ( Fauiia japonica ) désigne
sous ce nom un genre de Crustacés qui,
par la forme de sa carapace et celle de ses
organes de la manducation et de la locomo-
tion, vient se ranger dans l'ordre des Déca-
podes-Brachyures , et dans la famille des
Portuniens de M. Milne-Edwards. Cette nou-
velle ooupe générique , qui n'est qu'un dé-
membrement de celle de Thalamita , Latr. ,
renferme sept espèces : les T. G-deniata, T.
variegata , T. annulata Fabr. , T. eryihro-
daciyla Lamk. , T. natatof Herbst. , ap-
partiennent au genre Ctiarybdis. M. Dehaan,
dans l'ouvrage ci-dessus cité , en décrit et
figure deux espèces nouvelles, dont l'une est
appelée C. miles, et l'autre C. varieyatus ; ces
deux espèces ont été rencontrées dans les
mers du Japon. (H. L.)
CÏIA
485
CHARYBS. MOLL. — f^oy. charibdk.
* CHARYTONIA. ins.— Genre de Coléop-
tères pentamères , famille des Serricornes ,
section des Slernoxes, tribu des Buprestides,
établi par M. Gistl, et qui répond à celui de
Siernocera, créé antérieurement par M. Esch-
choltz. ployez ce mot. (D.)
CHASALIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Rubiacées , tribu des
Psychotriées-Cofféées, établi parCommerson
{exJuss.,in Mem. wus.,VI,379), et contenant
environ une dizaine d'espèces, croissant dans
les îles de France et de Bourbon. Ce sont des
arbrisseaux glabres , à feuilles opposées ou
lernées-verticillées, munies de stipules ova-
les , indivises ou soudées en une gaîne qua-
drifide; à fleurs sessiles, groupées au som-
met des rameaux, ou disposées en panicules
corymbeuses. Ce genre est particulièrement
remarquable , en ce que ses anthères sont
sessiles et insérées en forme de bouclier au
milieu ou sur le sommet du tube de la co-
rolle. (C. L.)
CHAscAlVIJM[x^'<^''"v«»', nom d'une plante
aujourd'hui inconnue , et qui est peut-être
VAinirrhinum majiis des modernes), bot. pu.
— Genre de la famille des Verbcnacées, tribu
des Lippiées , formé par E. Meyer ( Comm.
PL Afr. aust., 275), et dont le type est le
Buchnera unnua de Linné. Il renferme 5 es-
pèces environ , toutes appartenant au Cap.
Ce sont des plantes herbacées , vivaces par
leurs tiges et sufTrulescenles à la base; à
feuilles opposées , dentées ou incisées ; à
fleurs en épis. (C. L.)
* CHASCOLYTRUM (xâ^^i. je bâille;
É'ÀuTpov, glume). BOT. PH. — Genre de la fa-
mille des Graminées, tribu des Festucacées,
établi par M. Desvaux [Jouni. bol. , IH , 71 )
pour une plante herbacée des parties chau-
des et tempérées de l'Amérique méridionale,
ayant pour caractères : Feuilles planes; pa-
nicules simples ou rameuses, à rameaux so-
litaires , géminés ou semi-verticillés ; épil-
lels pédicellés presque elliptiques ; rachis
articulé. L'espèce type de ce genre est le
Cliascolytrum elegans,qae Palisot de Beauvois
écrit Cascolytrum , et à laquelle il donne
pour synonyme le Briza erecia Lam.
(C. D'O.)
• CHASMAGNATHUS ( x«V« , h'atus ,
yvàQoç, mâchoire), crust. — C'est dans l'or-
dre des Décapodes-Brachyures , et dans la
486
CHA
tribu desGonoplaciens, que nous rangeons
cette nouvelle coupe générique établie par
M. Dehaan [Fauna japonica). Le Crustacé
sur lequel ce nouveau genre a été créé a
beaucoup d'analogie avec les Cleisiosioma ;
c'est donc près de ces derniers que nous
croyons devoir le placer. L'espèce type de ce
genre est le C. convexa Deh. ; elle habite les
mers du Japon. (H. L.}
*CHASMAI\1TIUM, Link. bot. ph. —
Synonyme à'Uniola , L.
CIIASMAKHY!\CHOS. ois. — f^oy. cas
MARHYNCHOS.
*CHASMAT0PTERUS(x«c7(JLa, «to;, ou-
verture ; TTTepo'v , aile ). INS. — Genre de Co-
léoptères pentamères, famille des Lamelli-
cornes , tribu des Scarabéides , division des
Anthobies, créé par M. Dejean dans son Ca-
talogue, et adopté par MM.Saint-Fargeau et
Serville [Encycl. méih., t. X , p. 337) qui lui
donnent pour caractères : Mâchoires termi-
nées par un lobe membraneux et soyeux ;
chaperon arrondi; pattes antérieures biden-
tées ; crochets des tarses petits, égaux, bifl-
des. Les Cli. villosulus , pilosulus et hiriulus
d'Illiger se trouvent en Espagne, et le C. hir-
iusSturm, en Barbarie. C'est sur la première
de ces espèces que ce g. a été fondé. (C.)
*CHASME, Salisb. bot. ph. —Synonyme
de Leucodendron , Herm.
* CHASME (xa'jpa, hiatus), ins. — Genre
de Coléoptères pentamères , famille des La-
mellicornes, tribu des Scarabéides, division
des Anthobies de Latreille, fondé par MM. Ser-
ville et Lepeletier de Saint-Fargeau [Ency-
clopédie, lom. X, 2' part., pag. 378) sur une
seule espèce du cap de Bonne-Espérance,
nommée par eux C. décora. Ce g. a été adopté
par Latreille ainsi que par M. Dejean , qui ,
dans son Catalogue, en désigne une seconde
espèce du même pays sous le nom de C. inor-
mta. Les Chasmes sont très voisins des Chas-
matoplères, mais s'en distinguent suffisam-
ment par les écailles dont leur corps est en
partie couvert , et par la forme inégale des
crochets de leurs tarses. Leur nom générique
fait allusion à leurs élytres béantes. (D.)
•CHASMIA , Schott. bot. ph. — Syn. de
Zeyheria \ Mart.
•CHASMODIA fx«<^P'"<î'a, bâillement).
INS. —Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Lamellicornes, tribu des Scaïa-
béides, division des Xylophiles de Latreille,
CHA
établi par Mac-Leay ( Horœ eniomologicœ ,
édit. Lequien, pag. 91), qui le place dans sa
famille des Ruielidœ , à côté des Macraspis.
Il en diffère principalement par l'échancrure
du labre et du chaperon, qui sont entiers chez
ces derniers. Ce g. a été adopté par Latreille
et par les autres entomologistes. M. Dejean,
dans son dernier Catalogue, y rapporte 6 es-
pèces , dont 4 du Brésil et 1 de Cayenne.
Nous citerons comme type la Cbasm. viridis
de Mac-Leay , que M. Dejean rapporte avec
doute -àVemarginata de Schœnherr; elle est
d'un vert foncé très brillant , avec les ély-
tres à peine striées , l'anus et les côtés du
corps ridés , les cuisses et le dessous du cor-
selet très velus. Du Brésil. (D.)
'CHASMODON (x'=^Gix,iS-n;, bâillant , en-
tr'ouvert). ins.— Genrede la tribu des Ichneu-
moniens , de l'ordre des Hyménoptères , fa-
mille des Braconides, établi par M. Haliday
aux dépens du genre Alysia. Les Chasmo-
dons en diflerent par un étranglement du
thorax et par l'absence d'ailes. On ne connaît
encore qu'une seule espèce de ce genre : c'est
le Ch. aplerum {Alyda optera Nees von
Esenb.), qui a été trouvé en France, en Alle-
magne et en Angleterre. (Bl.)
* CnASMOIV'E , E. Mey. bot. ph. — Syn.
A'Argyrolobium, Eckl. et Zeyh.
*CHASOLIUM (nom propre), uns. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Brachélytres , tribu des Oxytélides , éta-
bli par M. le comte de Castelnau dans ses
Études eniomologiques (2* livr., pag. 132), et
reproduit dans son Histoire des Coléoptères
faisant suite au jB(/^0H-Z?«méHi7, t. I, p. 190),
pour y placer une seule espèce de Madagas-
car, qu'il nomme C. Ernestini. M. Erich-
son , dans sa Monographie, n'a pas admis ce
genre, et pense que l'espèce qui la constitue
est la même que son Isomalus complanatus.
Voyez le g. isomalus. (D.)
CHASSE-BOSSE, bot. ph. — Nom vul-
gaire de la Lysimaque commune.
CHASSE-CRAPAUD, ois.— Un des noms
vulgaires de l'Engoulevent d'Europe. (G.)
CHASSE-FIERTE, ois. — Un des noms
vulgaires sous lequel Kolbe et Levaillant ont
désigné le Vautour fauve ou V griffon, Vid-
lur fulvus, qui ne mérite pas plus que ses
congénères cette dénomination, puisque tous
les Oiseaux appartenant à ce groupe ont un
genre de vie identique. (G.)
CHA
CHASSELAS, bot, ph. — Nom vulgaire
d'une variété de Raisin. Foy. vigjnk.
CUASSE-PUIViAlSE. bot. ph.— Nom vul-
gaire de la Cimicaire.
CHASSERAGE. bot. ph. — Synonyme
de Passerage.
•CHASSEUSES. P^enaloriœ. arach. —
CeUe épithéle a été donnée par Lister aux
Araignées qui ne filent pas de toiles pour
attraper leur proie , et qui la prennent soit
à la course , soit en la guettant. (H. L.)
*CHASTE\iEA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des iMélastomacées, tribu
des Lavoisiérées, établi par De Candolle
[Prodr., III, 102) pour un arbrisseau de l'A-
mérique australe dont le port est celui d'un
Meriania. Il ne renferme qu'une espèce. Les
feuilles en sont opposées , pétiolées, ovales,
trinerves , très entières , coriaces ; les fleurs
amples, pédicellées, ébractéées, et disposées
en forme d'ombelles , au sommet des divi-
sions raméaires. (C. L.)
CHAT. F dis. MAM. — Les Chats doivent
former, nonpasun genre, mais.comme l'a dit
M. Is. Geolfroy ( Leçons de Mamm. des cours
scient., p. 40), une section à laquelle il donne
le nom de Féliens. C'est , dans la classifica-
tion de ce savant naturaliste , la 6« de son
sous-ordre des Carnivores , ordre des Car-
nassiers, série des Mammifères quadrupèdes.
Cette famille, très naturelle et fort aisée à
caractériser, vient après les Hyènes et se lie
aux Chiens par le Guépard : elle termine la
grande série des Carnassiers digitigrades. Ces
animaux ont le museau arrondi , formé de
deux mâchoires courtes, et par conséquent
très fortes, armées de 28 à 30 dents, savoir :
6 incisives en haut et autant en bas; 2 ca-
nines supérieures et 2 inférieures; 8 molai-
res à la mâchoire supérieure, et seulement
6 à la mâchoire inférieure dans le plus grand
nombre. Quelques uns, les Lynx , n'ont que
28 dents, parce que, au moins à l'état adulte,
il leur manque la petite molaire antérieure.
Leur langue et leur verge sont hérissées de
petits aiguillons cornés, très rudes et recour-
bés en arrière ; ils ont 5 doigts aux pieds de
devant , 4 à ceux de derrière , tous armés
d'ongles puissants, crochus, tranchants, ré-
tractiles, se dressant vers le ciel à la volon-
té de l'animal, lui permettant de saisir et de
déchirer sa proie, en se recourbant ensuite ;
puis, lorsqu'il est en repos, se logeant entre
en A
^87
les doigts, de manière à n'user par le frotte-
ment ni leur pointe aiguë, ni leur tranchant
inférieur. Un seul , le Guépard , n'a pas ces
armes terribles. Du reste, leurs yeux jaunes,
le plus ordinairement nocturnes, farouches,
leur tête ronde , leurs oreilles courtes, leur
dos arqué, leurs jambes courtes et robustes,
donnent à tous un air de famille qui les fait
aisément reconnaître. Je crois devoir les di-
viser en trois genres, sur des considérations
que j'exposerai à leur article respectif
l^'' Genre.
Guépards. Cynailums , Wagl.; Gue-
pardus, Duvern.
Déjà , Frédéric Cuvier, dans son Hisioire
des Mammifères, avait indiqué la nécessité de
créer au moins un sous-genre pour ces ani-
maux, lorsque M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire
confirmadéfinilivement ce genre quidoit être
nécessairement adopté. Ces animaux diffèrent
des Chats proprement dits et des Lynx par
leurs ongles faibles, usés à la pointe, non ré-
tractiles, comme ceux des Chiens, et n'étant
propres ni à retenir, ni à déchirer une proie.
Leurs doigts sont plus allongés que dans les
vrais Chats , d'où il résulte qu'ils ont le pied
ovale en avant et non pas rond. Ils ont,
comme les Chats, 32 dents ; mais les sillons
des canines sont presque effacés , les molai-
res tranchantes ont leur lobule plus pro-
noncé ; les 2 premières d'en bas ont quatre
lobes au lieu de trois ; la dernière molaire ,
ou carnassière d'en bas, présente, au lieu
d'un talon effacé à peine sensible, un petit lo-
bule pointu et très distinct, ce qui rapproche
les Guépards des Hyènes. La seconde mo-
laire d'en haut a également son quatrième
lobe plus marqué que dans les Chats; mais,
en revanche, son tubercule interne est entiè-
rement effacé. Leur queue est plus longue
que celle de tous les %xdMÙsFelis, leur taille
plus élancée, leur colonne vertébrale plus
droite , leurs jambes sont plus hautes, leur
tête est plus courte, plus petite, plus ronde.
Enfin,leurs formes générales, la facilité qu'ils
ont de courir, leur extrême douceur, leur
attachement et leur obéissance à leur maî-
tre , leur courage, les rapprochent beaucoup
plus des Chiens que des Chats. Ce genre ne
renferme qu'une espèce , savoir :
Le Guépard ou Fadh, Guepardus jubaïus
Duv., Felis iubata Schr. eiUn.,Felisguttaia
A8S
CHA
Herm., le /^adA9uFed/i des Arabes, le Fars
des Persans , le Pars des Russes , le Joz ou
Joiizze des Turcs , le Tigre chasseur des
Indiens, le Léopard à crinière, VOnça des Ita-
liens el des Portugais, selon G. Cu vier, etc. —
Ce charmant animal habite l'Asie méridio-
nale et plusieurs contrées de l'Afrique. Ses
formes sont gracieuses , légères et élancées ;
sa taille est celle d'un Mâtin : il a I^'.IS?
(3 pieds i/2) de longueur, non compris la
queue, et 0™,650 (2 pieds) de hauteur. Son
pelage est d'un beau fauve clair en dessus el
d'un blanc pur en dessous ; de petites taches
noires, rondes et pleines, également semées,
garnissent toute la partie fauve ; celles de la
partie blanche sont plus larges et plus la-
vées ; sur la dernière moitié de sa queue
se trouvent douze anneaux alternativement
blancs et noirs ; enfin les poils de ses joues,
du derrière de la tète et du cou, sont plus
longs, plus laineux que les autres, ce qui lui
forme comme une espèce de petite crinière.
Il a surtout une physionomie particulière
qui suffirait pour le faire reconnaître : une
ligne noire part de l'angle antérieurde l'œil,
et descend en traversant la joue et en s'é-
largissanl jusqu'à la lèvre supérieure, vers
la commissure ; une autre plus courte part
del'angle postérieur, et se rend vers la tempe.
A cette jolie robe , le Guépard joint la lé-
gèreté et la grâce des mouvements. Ayant les
doigts longs , les ongles libres et posant sur
la terre par leur extrémité très peu pointue,
il court avec beaucoup plus d'agilité que les
Chats , et peut aisément atteindre le gibier
qu'il poursuit ; mais il ne peut grimper sur
les arbres , toutes choses qui le rapprochent
des Chiens, quant aux habitudes. Aussi de-
puis fort long-temps s'en est -on servi pour
la chasse ; et, suivant les Turcs et les Per-
sans, c'est un de leurs premiers rois qui sut
dresser cet animal à cet usage; mais les
lirabes, Rasis dans le 10" siècle, Avicenne
au commencement du 11% etEldemiridans
le 14«, en ont parlé les premiers. Selon Elde-
miri, Chaleb , fils de Walid, eut l'idée de le
substituer, pour cet usage, au Lion et au
Tigre qu'on y employait dans les Indes de-
puis la plus haute antiquité, si l'on s'en rap-
porte à Élien. Quoi qu'il en soit, je répéterai
ce que j'ai dit à ce sujet dans mon Histoire
des Mammifères du Jardin des Plantes.
« A Surate, au Malabar, dans la Perse, et
CHA
dans quelques autres parties de l'Asie , on
élève ces animaux pour s'en servir à cet exer-
cice. Les chasseurs sont ordinairement à che-
val, et portent le Guépard en croupe derrière
eux ; quelquefois ils en ont plusieurs, et alors
ils les placent sur une petite charrette fort
légère et faite exprès. Dans les deux cas l'a-
nimal est enchaîné, et a sur les yeux un ban-
deau qui l'empêche de voir. Ils partent ainsi
pour parcourir la campagne, et tâcher de dé-
couvrir des Gazelles dans les vallées sauva-
ges où elles aiment à venir paître. Aussitôt
qu'ils en aperçoivent une, ils s'arrêtent, dé-
chaînent le Guépard, et lui tournant la tête
du côté du timide ruminant, après lui avoir
ôlé son bandeau , ils le lui montrent du
doigt. Le Guépard descend, se glisse douce-
ment derrière les buissons, rampe dans les
hautes herbes, s'approche en louvoyant el
sans bruit, toujours se masquant derrière
les inégalités du terrain, les rochers et au-
tres objets, s'arrêtant subitement, el se
couchant à plat ventre quand il craint d'être
aperçu , puis reprenant sa marche lente et
insidieuse. Enfin , quand il se croit assez
prés de sa victime , il calcule sa distance ,
s'élance tout-à-coup, et en cinq ou six bonds
prodigieux et d'une vitesse incroyable, il
l'atteint, la saisit, l'étrangle, et se met aus-
sitôt à lui sucer le sang. Le chasseur arrive
alors, lui parle avec amitié, lui jette un
morceau de viande , le flatte , le caresse, lui
remet le bandeau , et le replace en croupe
ou sur la charrette , tandis que les domes-
tiques enlèvent la Gazelle. Néanmoins , il
arrive quelquefois que le Guépard manque
son coup, malgré ses ruses et son adresse.
Alors il reste tout saisi et comme honteux
de sa mésaventure, et ne cherche jamais à
poursuivre le gibier. Son maître le console,
l'encourage par des caresses, et les chas-
seurs se remettent en quête avec l'espoir
qu'il sera plus heureux une autre fois. Dans
le Mogol, cette chasse est pour les riches un
plaisir si vif, qu'un Guépard bien dressé et
qui a la réputation de manquer rarement
sa proie , se vend des sommes exorbitan-
tes. » En Perse, cette chasse se fait à peu
près de la même manière, à cette difl"érence
près que le chasseur, qui porte le Guépard
en croupe , se place au passage du gibier
que des hommes et des Chiens vont relan-
cer dans les bois. L'empereur Léopold V
CHA
avait deux Guépards aussi privés que des
Chiens. Quand il allait à la chasse, un de
ces animaux sautait sur la croupe de son
Cheval , et l'autre derrière un de ses cour-
tisans. Aussitôt qu'une pièce de gibier pa-
raissait , les deux Guépards s'élançaient , la
surprenaient, l'étranglaient, et revenaient
tranquillement, sans être rappelés, repren-
dre leur place sur le cheval de l'empereur
et sur celui de son courtisan.
Comme on le voit par ces faits, il s'en faut
de beaucoup que le Guépard ait le caractère
perfide et féroce de la plupart des grands
Chats, avec lesquels les naturalistes l'ont
classé. Quoique habitant des forêts et vi-
vant de proie, il est peu farouche et s'appri-
voise fort aisément. Alors, il s'attache à son
maître, répond à sa voix, le suit, le caresse,
se laisse dresser à chasser pour lui, et mon-
tre autant d'intelligence que de douceur. Ce-
lui qui vivait, il y a peu d'années, à la ména-
gerie, venait du Sénégal. Il était si familier
qu'on l'avait placé dans un parc, où il vivait
librement, et dont jamais il n'a cherché à
sortir. Il obéissait au commandement du gar-
dien de la ménagerie, et il aimait surtout les
Chiens, avec lesquels il jouait toute la jour-
née, sans jamais chercher à leur faire aucun
mal. Un jour, il reconnut, parmi les curieux
qui visitaient la ménagerie , un petit nègre
qui avait fait la traversée du Sénégal sur le
même vaisseau que lui , et il lui fit autant
de caresses qu'un Chien en ferait à son maître
qu'il retrouverait après une longue absence.
2«Gknre.
CBiatS proprement dits. Felis.
Ces animaux ont 30 dents, comme le g. pré-
cédent; leur carnassière supérieure a trois
lobes, et un talon mousse en dedans ; l'infé-
rieure a deux lobes pointus et tranchants,
sans aucun talon ; enfin, ils n'ont qu'une très
petite tuberculeuse supérieure, sans rien qui
lui corresponde en bas. Il résulte du nom-
b<"e, de la forme et de la disposition des
dents, que les mâchoires sont très cour-
tes, et que les dents, étant peu éloignées
des puissances qui meuvent les mâchoires,
peuvent agir avec d'autant plus de force,
que le point d'articulation des mâchoi-
res, le condyle, est sur la ligne des dents.
La langue des Chats est hérissée de papil-
les cornées tellement dures, qu'elles dé-
CHA
hm
chirent la peau, même quand ces animaux se
bornent à lécher leur proie. Leurs doigts sont
armés d'ongles rétractiles; la phalange on-
guéale plus courte que haute, à bord posté-
rieur profondément échancré, tourne sur la
tête plus étendue en haut de la phalange
précédente; celle-ci est, en ce sens, creusée
d'une gorge pour recevoir le talon corres-
pondant de la phalange onguéale. De celte
gorge part un ligament très fort, qui, par
son élasticité, tient la phalange et l'ongle re-
dressés, sans aucun effort musculaire de la
part de l'animal. Un elTort des muscles flé-
chisseurs n'est nécessaire que pour la flexion.
Il résulte de toute cette organisation que les
Chats doivent être, et sont en effet, des ani-
maux éminemment carnivores , ne se nour-
rissant absolument que de chair, et autant
qu'ils le peuvent de chair encore palpitante
de vie. Leur système dentaire a beaucoup
d'analogie avec celui des Hyènes, mais ils
n'ont pas, comme ces dernières, une poche
glanduleuse sous l'anus.
Le genre des Chats renferme des espèces
très nombreuses, et qui ne diflerent guère
entre elles que par la grandeur et la cou-
leur: aussi leur histoire est-elle fort em-
brouillée. De cette ressemblance de formes
devait nécessairement résulter une ressem-
blance de mœurs , et c'est ce qui arrive.
Si on les étudie en anatomiste , ces ani-
maux sont incontestablement organisés pour
être les plus féroces et les plus forts de tous
les carnassiers ; et leur structure est admira-
blement en harmonie avec leurs habitudes.
Ils ne peuvent courir comme le Chien, parce
que leurs membres et leur colonne verté-
brale ont une flexibilité d'articulation qui les
rend incapables de conserver, sans de péni-
bles efl^orls, la rigidité nécessaire à la course;
mais ils grimpent avec la plus grande faci-
lité, se plient, se courbent, s'allongent avec
une extrême souplesse, et bondissent à une
très grande distance Leur intelligence est
généralement moins développée que celledes
Mammifères qui les précèdent dans la clas-
sification de Cuvier; ce qui vient probable-
ment du peu de place que l'énorme déve-
loppement de leurs mâchoires et des mus-
cles de leur tète a laissé à la boîte cérébrale.
De là, leur peu de courage ; car, quoi qu'on
en puisse dire, le courage est un pur effet
de l'intelligence qui domine l'instinct inné
31'
Ii90
CHA
de la conservation. L'homme , par cette rai-
son , devait être le plus courageux des ani-
maux, et il l'est en effet, comme il en est le
plus intelligent ; mais la stupidité peut quel-
quefois tenir lieu de courage, soit en em-
pêchant de voir le danger, comme dans
l'Ours blanc et le Glouton , soit en l'exagé-
rant , comme chez les animaux lâches , qui,
croyant leur vie menacée, combattent avec
désespoir, avec fureur; c'est ce qu'on appelle
le courage de la peur, et celui-ci est terrible.
Ces animaux lâches n'attaqueront leur proie
que lorsqu'ils y seront poussés par la plus
cruelle des nécessités, la faim ; ils ne l'atta-
queront jamais de face, dans la crainte d'une
résistance , mais ils se glisseront dans l'om-
bre de la nuit, se placeront en embuscade ,
l'attendront en silence et avec une patience
que rien ne lassera , s'élanceront sur elle à
l'improviste, la surprendront et la tueront
sans combat , sans la moindre lutte. Alors
même que leur faible victime succombera
sans essayer de se défendre, ils ne commet-
tront pas le meurtre sans colère ; et, s'ils ren-
contrent la moindre résistance, la crainte les
poussera à une fuite honteuse ou à la fu-
reur : dans ce dernier cas , le combat sera
terrible et désespéré. Tels sont les Chats.
Deux bawers hollandais chassaient aux en-
virons du Cap , et l'un d'eux s'approcha
d'une mare. Un Lion était caché dans les
hautes herbes et ne pouvait voir le chas-
seur; trompé sans doute par le bruit de ses
pas qu'il prenait pour ceux d'un animal ru-
minant, d'un bond prodigieux il s'élança sur
lui, et par hasard le saisit au bras. Mais il
avait reconnu son adversaire ; et , surpris
de la hardiesse de sa propre attaque, il resta
immobile pendant plus de trois minutes ,
toujours tenant le chasseur, sans oser ni le
lâcher pour fuir, ni l'attaquer pour le dé-
vorer, et fermant les yeux , afln de ne pas
rencontrer le regard effrayant de sa victime.
Cette terrible situation ne cessa qu'au mo-
ment où le chasseur eut frappé le monstre
d'un coup de couteau. Alors commença une
lutte atroce qui ne finit que par la mort de
l'un et de l'autre. Dans les rampoks de Java,
on faisait combattre des Tigres et des Pan
thères contre des hommes. On amenait dans
l'arène ces animaux renfermés dans des
cages de bois, et ils étaient tellement ef-
frayés à la vue des hommes qui les entou-
CHA
raient, qu'il fallait mettre !e feu à leur
cage pour les obliger d'en sortir, et les at-
taquer à coups de dards pour les détermi-
ner à combattre.
Du reste, les Chats ont les sens excellents.
Leur odorat, quoique moins parfait que celui
des Chiens, a cependant le degré de finesse
nécessaire pour leur faire découvrir d'assez
loin un ennemi; leur ouïe, perfectionnée par
leurs habitudes nocturnes, est encore favori-
sée par le développement de leurs oreilles,
leurs yeux sont parfaitement organisés ; la di-
latabilité et la contractilité de l'iris leur per-
met de voir également bien le jour et la nuit.
Le goiit seul paraîtrait, chez eux , manquer
d'une certaine délicatesse , aussi avalent-ils
leur proie par lambeaux plutôt qu'ils ne la
mâchent. Ayant peu d'intelligence, les Chats
sont peu susceptibles d'éducation ; et, quoi
qu'on fasse, on ne peut exciter chez eux des
facultés dont ils n'ont pas les organes. C'est
à cela qu'on doit attribuer les habitudes fa-
rouches, le caractère indépendant et sauvage
que le Chat domestique a conservés, malgré
l'ancienneté de sa servitude. Aucune espèce
connue ne vit en société, et l'amour même
ne parvient à réunir le mâle et la femelle
que pendant le court instant du désir et de
l'accouplement. Du reste, cette vie solitaire,
cette antipathie pour la société, s'expliquent
assez bien par les besoins individuels. Les
Chats ne se nourrissent que de proie vi-
vante; il faut à chacun d'eux un espace assez
grand de pays pour le nourrir, et tout être
qui doit lui disputer son gibier, partager ou
plutôt diminuer ses moyens d'existence , lui
est nécessairement hostile. L'instinct de la
solitude, naissant de cette cause, est indélé-
bile chez ces animaux : aussi tiennent-ils
au pays, à la localité où, dès leur enfance, ils
ont trouvé une nourriture suffisante. Ils s'y
affectionnent au point que le Chat domesti-
que le plus doux, le plus caressant , tient
plus à la maison qu'à son maître ; il ne la
quitte jamais pour le suivre, et y revient
quand on l'a transporté dans une nouvelle
demeure.
Tous les Chats, pour exprimer leur satis-
faction, même dans les plus grandes espèces,
font entendre ce rourou qu'à Paris l'on ap-
pelle /î/er dans le Chat domestique. Tous feu-
lent en soufflant et en montrant leurs dents
lorsqu'ils menacent, et cependant leur v Il
y a plus: l'espèce elle-même e»l tout en-
tière menacée d'une destruction complète,
et cela bientôt, avant un siècle peut-être.
En effet, Hérodote, Aristole, Pausanias,
affirment que, de leur temps , les Lions
étaient très communs en Macédoine, en
Thrace, en Acarnanie, en Thessalie, où
maintenant il n'en existe plus. L'Écriture-
Sainte, Oppien, Apollonius de Tyane.Elien,
et autres, disent qu'il y en avait beaucoup
en Asie, et particulièrement en Syrie , en
Arménie, aux environs de Babylone, entre
l'Hyphasis et le Gange, etc. Aujourd'hui
l'on n'en trouve plus guère en Asie qu'entre
l'Inde et la Perse, el dans quelques rares
cantons de l'Arabie.
Dans les lieux où l'espèce existe en plus
grand nombre à notre époque, c'est-à-dire
en Afrique , elle est devenue tellement rare,
qu'on se demande comment les anciens Ro-
mains en ont pu rassembler une si grande
quantité dans leurs cirques. Pline (lib.VIII,
c. 16 ) dit : « Quintus Scévola fut le premier
qui en montra plusieurs à la fois dans le cir-
que , lors de son édiiité. Sylla , pendant sa
prélure, fit combattre cent mâles à la fois;
Pompée six cents , dont trois cent quinze
mâles , et César quatre cents. » Peut-être
l'Afrique entière n'en contient-elle pas un
pareil nombre aujourd'hui.
Les Grecs, ne connaissant pas d'animal
plus terrible et plus fort que le Lion , en ont
fait le roi des animaux, et l'ont orné de ver-
tus qu'ils croyaient royales, telles que la
noblesse de caractère, la supériorité du cou-
rage, la fierté, la générosité, etc. Bufl'on ,
en sa qualité d'écrivain plus qu'en celle de
naturaliste, a fait comme tous ses devan-
CHA
I ciers , c'est-à-dire que, sans trop s'inquiéter
I de la vérité de ces faits, il nous les a trans-
I mis dans son style séduisant. Il est fâcheux
I que toutes ces belles qualités du Lion s'éva-
nouissent devant la réalité toujours peu poé-
tique et encore moins flatteuse. Ce roi des
animaux ressemble à tous ses congénères,
ou, s'il se distingue du Tigre, du Jaguar, etc.,
c'est par sa poltronnerie. Quoique n'ayant
pas la pupille nocturne , il ne sort de sa re-
traite que la nuit et seulement quand il est
poussé par la faim. Alors , soit qu'il se glisse
dans les ténèbres à travers les buissons,
soit qu'il se mette en embuscade dans les
roseaux, sur les bords d'une mare où les
animaux viennent boire , par un bond
énorme il s'élance sur sa victime, qui est
toujours un animal faible et innocent, ne
pouvant lui opposer aucune résistance lors
même que, dans son attaque, il n'emploierait
pas la surprise, la ruse ou la perOdie. Ce
n'est que poussé par une faim extrême qu'il
ose assaillir un Bœuf ou un Cheval , ou tout
autre animal capable de lui résister. Dans
tous les cas, s'il manque son coup, il ne
cherche pas à poursuivre sa proie parce qu'il
ne peut courir, et l'on a appelé cela de la
générosité , comme on a décoré du nom de
gravité la lenteur forcée de sa marche. Sa
nourriture ordinaire consiste en Gazelles, et
en Singes quand il peut les surprendre à
terre, car il ne grimpe pas aux arbres. Dans
l'ombre, il parcourt la campagne; et , s'il
ose alors s'approcher en silence des habita-
tions , c'est pour chercher à s'emparer des
pièces de menu bétail échappées de la ber-
gerie; il ne dédaigne pas même de prendre
des Oies et autres volailles quand il en
trouve l'occasion. Enfin, faute de mieux, il
se jette sur les charognes et les voiries, mal-
gré cette noblesse et cette délicatesse de goût
qu'on lui suppose. Il est arrivé assez souvent
à nos sentinelles, à Constantine, de tirer et
tuer des Lions qui venaient la nuit roder
autour de la ville afin de manger les immon-
dices jetées hors des murs. Si, pendant le
jour, un Lion a la hardiesse de s'approcher
en tapinois d'un troupeau pour saisir un
mouton, les bergers crient aussitôt haro sur
le voleur, le poursuivent à coups de bâton,
lui arrachent sa proie de vive force, met-
tent leurs Chiens à ses trousses, el le forcent
à une fuite honteuse el précipitée. Il en ar-
CHA
rive souvent autant au cap de Bonnc-Espe-
rance, quand des bawers hollandais le sur-
prennent rôdant autour de leurs écuries ;
ils en ont même tué quelquefois à coups de
fourche.
C'est dans les vastes solitudes où il domine
en maître, parce qu'il domine seul , que le
Lion déploie toutes les facultés qui assurent
sa puissance. Là, sûr de la supériorité de ses
forces, n'ayant jamais attaqué un être qui
ait pu lui résister, et surtout n'ayant jamais
lui-même été attaqué, comptant sur une
agilité qui n'est comparable qu'à sa vigueur,
il ne craint jamais de manquer de proie ,
et se contente alors d'une seule victime à
d'assez longs intervalles; mais il la lui faut
vivante. Sa figure est imposante et mobile
comme celle de l'homme, et ses passions se
peignen non seulement dans ses yeux (tou-
jours un peu louches), mais encore dans les
rides de son front. Sa démarche est légère ,
quoique lente et oblique; sa voix est terri-
ble, et tous les animaux tremblent à une
demi-lieue à la ronde quand son rugisse-
ment fait retentir les forêts pendant la nuit;
c'est un cri prolongé , d'un ton grave , mêlé
d'un frémissement plus aigu. Lorsqu'il me-
nace, son front se ride et se plisse; il relève
Ses lèvres, montre ses énormes dents, et
soufllc comme le Chat domestique. Dans la
colère, ses yeux deviennent flamboyants et
brillent sous deux épais sourcils qui s'élè-
vent et s'abaissent comme par un mouve-
ment convulsif ; sa crinière se redresse et
s'agite; de sa queue, il se bat les flancs.
Tout à coup il fléchit sur ses pattes de de-
vant, ses yeux se ferment à demi, sa mous-
tache se hérisse , son agitation cesse , il reste
immobile, et le bout de sa queue raide et
tendue fait seul un petit mouvement lent de
droite à gauche. Malheur à l'être vivant
qu'il regarde dans cette attitude ; car il va
s'élancer et déchirer une victime.
Quelque terrible que soit le Lion dans sa
colère , il fuit devant l'homme , et ne l'atta-
que que s'il en est attaqué lui-même. On le
chasse avec des Chiens appuyés de piqueurs
à cheval ; on le relance dans son fourré , on
l'en déloge, on le poursuit, jusqu'à ce qu'on
soit parvenu à le. tuer. Son prétendu courage
ne tient pas contre l'adresse d'un Nègre ou
d'un Hottentot, qui souvent l'attaquent tête
à tète avec des armes assez légères. Us le
CHA
^93
prennent quelquefois vivant dans des fosses
creusées sur son passage et couvertes de ga-
zon ; et, dès qu'il est prisonnier, il devient,
au dire de Bufl^on, d'une lâcheté telle, qu'on
peut l'attacher, le museler et le conduire où
l'on veut. Pris jeune , il s'apprivoise fort
bien , est doux et caressant non seulement
avec son maître , mais encore avec les ani-
maux domestiques élevés avec lui. Cepen-
dant il serait dangereux de trop s'y ûer ; car
il est capricieux comme tous les animaux,
et le moindre de ses caprices peut doimer
la mort. Soit que Bufl'on ait cru aux contes
que nos pères ont débités sur le Lion de Flo-
rence, sur celui d'Androclès, etc. , soit que
son amour pour les contrastes l'ait porté à
ennoblir le Lion pour l'opposer au Tigre,
ainsi qu'il a fait du Chien pour le faire con-
traster avec te Chat , toujours est-il qu'il
nous parle de cet animal d'une manière très
propre à nous en donner une fausse idée , et
qui touche parfois de bien près au ridicule.
Par exemple, après nous avoir dit qu'il con-
serve la mémoire et la reconnaissmice des
bienfaits, il ajoute que : « Sa colère est no-
ble , son courage magnanime, et son naturel
sensible. » J'avoue que pour moi , la sensi-
bilité du Lion est une chose excessivement
curieuse. Au reste, celle sensibilité ne l'em-
pêche pas de dévorer ses propres petits, ainsi
que font presque tous les Chats , toutes les
fois qu'il peut découvrir la retraite où sa fe-
melle les a cachés.
Comme tous les animaux de son genre, la
Lionne a quatre mamelles. Elle porte cent
huit jours, fait de deux à cinq petits, et les
allaite ordinairement six mois. Quoique
moins forte que le Lion , pour les défendre
elle combat jusqu'à la dernière extrémité ,
même contre les mâles de son espèce. Elle
cherche toujours , pour mettre bas, un lieu
très écarté et d'un diOicile accès. Lorsqu'elle
craint la découverte de l'endroit où elle a
caché ses petits, elle embrouille sa trace en
retournant plusieurs fuis sur ses pas, et finit
par les emporter dans une autre cachette,
quelquefois très éloignée, où elle les croit
plus en sûreté. Elle chasse pour eux, et leur
apporte du gibier, qu'elle leur apprend à dé-
chirer, dès qu'ils sont assez forts pour cela ;
et elle ne les abandonne que quand ils sont
capables de se défendre contre le danger et
I de saisir leur proie. Tous les petits se ressem-
i94 CHA
blent en naissant ; leur pelage est laineux
pendant leur jeunesse, plus foncé que celui
de leur mère, avec de petites raies brunes,
Iransversales, sur les flancs et à l'origine de
la queue. Ce n'est qu'à cinq ou six ans, lors-
qu'ils deviennent complètement adultes ,
qu'il ne reste plus aucune trace de celte li-
vrée; mais, dès l'âge de trois ans, la crinière
commence à pousser aux mâles. Si l'on en
juge par l'analogie et par la règle générale
que ButTon a posée , le Lion doit vivre de
trente à trente-cinq ans. [Ployez l'atlas de ce
Dictionnaire , Mammifères , pi. 8. A.)
En J824, il est né, à la ménagerie de
Windsor, d'une Tigresse qu'on avait ac-
couplée avec un Lion , deux petits que Fr.
Cuvier a fait représenter dans son Histoire
naturelle des Mammifères {^\. lOG, il" liv. ).
Ils étaient fort doux l'un et l'autre , ne res-
semblaient ni à leur père ni à leur mère, et
ne se ressemblaient pas même entre eux.
Ce fait du croisement de deux espèces si dif-
férentes , ne pourrait-il pas expliquer la
grande confusion qui existe dans l'histoire
et la synonymie des Chats ?
Le Tigre, Fe//sn'gm Lin., le Tigre royal
Buff.-Cuv., le Paleng des Persans , le Radja-
Houlan ou Arimaou-Ressar des Malais , le
Madjan-Gédé des Javanais , le Lau-Hu des
Chinois. — Cet animal est le plus grand et le
plus terrible des Chats. Sa taille égale et sur-
passe même celle du Lion; mais il est plus
grêle, plus svelte ; sa tête est plus arrondie, et
ses jambes sont proportionnellement plus
longues. Son pelage est d'un fauve vif en des-
sus, d'un blanc pur en dessous, partout irré-
gulièrement rayé de noir en travers, ce qui le
distingue très bien de toutes les grandes espè-
ces de son genre. Sa queue, noire au bout, est
alternativement annelée de cette couleur et
de blanc ; enfin , c'est un des plus beaux et
des plus élégants animaux qu'on connaisse.
Si l'on s'en rapportait aux voyageurs , il ha-
biterait toutes les parties de la terre , erreur
qui résulte de ce qu'ils ont donné le nom de
Tigre à presque tous les grands Carnassiers
à pelage tigré et moucheté. Quant au véri-
table Tigre, il habile les Indes orientales et
leur archipel , les déserts qui séparent la
Chine de la Sibérie orientale , jusque entre
les rivières d'Irlisch et d'Ischim , et même ,
quoique rarement, jusqu'à l'Obi. Il est com-
mun dans le Bengale ; mais jamais on ne l'a
CHA
trouve en-deçà de l'Indus, de l'Oxus et de la
mer Caspienne.
Buffon, s'il a paré le Lion des qualités qu'il
n'a pas, s'est plu, par compensation et pour
faire ombre au tableau, à nous peindre le
Tigre avec les couleurs les plus noires ; il le
représente comme ayant une férocité inouïe,
une cruauté indomptable, et une soif de sang
qui le dévore constamment. Le fait est que
le Tigre n'est pas plus cruel que le Lion; mais
il est plus rusé pour approcher sa proie, plus
audacieux pour l'attaquer, et plus courageux
pour la combattre. Poussé par la faim , il se
jette indifféremment sur tous les animaux,
même sur l'homme, et dans ce cas aucun
danger ne l'intimide. On en a vu sortir de la
forêt , s'élancer avec la rapidité de l'éclair ,
saisir un cavalier au milieu d'un bataillon ,
d'une armée, l'emporter dans les bois et dis-
paraître avant même qu'on ait eu le temps
de le poursuivre. Ce qui sans doute n'a pas
peu contribué à la réputation de cruauté
qu'on lui a faite, c'est cette audace indomp-
table qui lui fait braver les armes de l'hom-
me , et le rend , pour notre espèce , le plus
terrible des animaux et le fléau des In-
des orientales. Pour épier plus aisément sa
proie, il habite de préférence les roseaux qui
croissent sur les bords des fleuves et des
grandes rivières ; et , comme il nage fort
bien, il aime à gagner les îlots afin d'y établir
son domicile temporaire. De là, il observe ce
qui se passe sur le fleuve , et va chercher ,
pour s'en nourrir, les cadavres d'hommes et
d'animaux qui flottent sur les ondes. Quand
sa faim est assouvie, il cesse de devenir dan-
gereux , et son caractère méfiant et timide
reprend le dessus ; il se cache dans les four-
rés et fuit la présence de l'homme, à moins
qu'il n'en soit attaqué. Ses habitudes sont,
dans les circonstances ordinaires, absolument
semblables à celles du Lion et des autres
grands Chats. La femelle met bas de trois à
cinq petits , qu'elle cache de la même ma-
nière que la Lionne, pour empêcher le mâle
de les dévorer. Il arrive, mais très rarement,
qu'un des petits est Albinos; en grandissant
il devient entièrement blanc, et l'on ne re-
connaît ses bandes qu'à une certaine inci-
dence de lumière qui les fait paraître plus
opaques. Un de ces Albinos a vécu à la mé-
nagerie d'Exeter-Change, et a été figuré par
Griflith dans son Règne animal, p. 444.
CHA
Pris en bas âge el élevé en domesticité, le
Tigre ne se montre ni plus féroce ni plus fa-
rouche que le Lion. Il s'apprivoise parfaite-
ment, reconnaît son maître, le caresse, s'y
attache autant qu'aucun autre animal , ex-
cepté le Chien , et il est même susceptible
d'une certaine éducation. On sait que l'em-
pereur Héliogabale se montra dans Rome
sur un char traîné par deux de ces animaux,
et les anciens savaient le dresser à la chasse.
On a vu , à Francfort , un Tigre d'une rare
beauté, que son maître avait habitué à faire
divers exercices,- et tout Paris sait que le
sieur Martin entrait dans la cage d'un de ces
animaux qu'il montrait en public, le cares-
sait, le contrariait même, sans qu'il en soit
jamais résulté le moindre accident. Le Tigre
qui vivait dans la ménagerie de Paris, en
1835, se promenait librement sur le pont
du vaisseau qui l'amenait en France, et les
mousses du bâtiment dormaient entre ses
jambes, la tête appuyée sur ses flancs, qui
leur servaient de traversins. II paraît que ce
fut Auguste qui fit venir à Rome les pre-
naiers Tigres qui parurent en Europe (Pline,
lib. VIII, cap. 17).
Le Tigre ondulé ou F élis nebulosa de Fr.
Cuv., n'est, selon ce naturaliste, qu'une va-
riété du Tigre ordinaire , dont les taches
noires , au lieu de former des lignes trans-
versales , se recourbent pour enceindre de
grandes taches d'une couleur plus claire. Il
a vécu pendant trois ans à Londres , où il
avait été amené de Canton. Quant à moi ,
je pense qu'on doit le rapporter à l'espèce
de l'Ariniaou-Dahan , ou Felis macrocelis
de Temminck.
La PaiNthÈrk , Felis pardus Lin., Temm.,
non Cuvier ni la plupart des autres natura-
listes français , le Nemr des Arabes , le Léo-
pard de Buffon qui la croyait d'Afrique , fi-
gurée pi. 101 de Schreber. — Cet animal
n'ayant jamais été ni vu ni dessiné par les
naturalistes français , qui ont constamment
fait leur Panthère d'une variété du Léopard,
nous devons comparer ces deux animaux
pour en donneruneidée précise. La Panthère
est beaucoup plus petite que le Léopard ; son
pelage est d'un fauve jaunâtre foncé, et non
d'un fauve clair, avec de nombreuses taches
eu rose, très rapprochées, ayant au plus i2à
14 lignes (0'°,027 à 0'n,032) de diamètre, avec
le centre de la même couleur que celle du
CHA
li95
fond du pelage , tandis que dans le Léopard
les taches sont assez distantes , de 18 lignes
(0'",04l) de diamètre, avec le centre toujours
plus foncé. La tête de la Panthère a le crâne
plus allongé; sa queue, composée de dix-
huit vertèbres au lieu de vingt-deux, est
aussi longue que le corps et la tète pri« en-
semble, tandis que celle du Léopard est de la
longueur du corps seulement. Enfin, la Pan-
thère ne se trouve pas en Afrique, mais seu-
lement dans l'Inde. Elle est particulièrement
commune au Bengale, dans les îles de la
Sonde, probablement à Java, à Sumatra, etc.
Telle est l'opinion de Temminck et la
mienne. Grâce aux relations faciles qui exis-
tent entre la Hollande et l'Inde, ce natura-
liste a été à portée d'appuyer son opinion
sur des faits et des échantillons incontes-
tables.
La Panthère n'habite que les forêts ; elle
monte sur les arbres avec une extrême agi-
lité , ce que ne font ni le Lion ni , je crois ,
le Tigre, afin de poursuivre les Singes et
les autres animaux grimpeurs dont elle se
nourrit. Ses yeux sont vifs , dans un mou-
vement continuel ; son regard est cruel, ef-
frayant, et ses mœurs sont d'une atroce fé-
rocité. Elle n'attaque pas l'homme quand
elle n'en est pas insultée ; mais, à la moindre
provocation, elle entre en fureur, se préci-
pite sur lui avec la rapidité de la foudre ,
et le déchire avant qu'il ait eu le temps de
pensera la possibilité d'une lutte. La nuit,
elle vient roder autour des habitations iso-
lées pour surprendre les animaux domesti-
ques, les Chiens surtout; et, faute de proie
vivante , elle se nourrit de cadavres. Du
reste, ses habitudes ne diffèrent en rien de
celles des autres Chats.
Le LÉOPARD, Felis Leopardus Lin. et Temm. ,
Felis pardus et Felis Leopardus G. Cuv., Fe-
lis varia Schreb., VEngoi du Congo. — Cet
animal varie pour la taille , depuis trois
pieds onze pouces jusqu'à quatre pieds et
plus , non compris la queue , c'est-à-dir»
qu'il égale presque la stature d'une Lionne.
Son pelage est d'un fauve clair , avec six à
dix rangées de taches noires , en forme de
rose, c'est-à-dire formées dç l'assemblage
de trois à quatre petites taches simples sur
chaque flanc. Quant au reste , il diffère
de la Panthère par les caractères que j'ai
énoncés à l'article de cette dernière.
A96
CHA
Plusieurs fois, j'ai voulu décrire et dessi-
ner les Panthères et les Léopards , ou du
moins les animaux qui portent ces noms
sur les étiquettes , soit à la ménagerie , soit
au Cabinet d'histoire naturelle , à Paris, sans
jamais réussir à découvrir en eux le moindre
caractère spécifique qui [;ùt me les faire
distinguer, même ayant à la main le Hhjne
animal de Cuvier. J'eus recours à ses Re-
cherches sur les ossemenls fossiles , et j'y lus:
S'il existe un Léopard distinct spécifique-
ment de la Panthère , je pense que ce doit
être un animai dont nous avons reçu des
peaux des îles de la Sonde , peau d'un plus
beau fauve, à taches un peu plus petites,
plus annelées que celles de la Panthère, etc.»
Or, cette description paraît convenir tout-
à-fait à la Panthère de Temminck. Il en ré-
suite : l" que , dans son Bègne animal , Cu-
vier donne les noms de Panthère et de Léo-
pard à deux variétés très fugitives de ce
dernier; 2& que, dans ses Recherches sur les
ossemenls fossiles (tome VII, p. 400) , il re-
vient sur son erreur , mais pour nommer
Léopard l'animal des îles de la Sonde que je
crois, avec Temminck, être une Panthère, et
pour donner le nom de Panthère à des ani-
maux d'Afrique qui sont, à mon avis, des
Léopards. Du reste, cette inversion de nom n'a
aucune importance scientifique , tant qu'on
ne saura pas positivement quels sont les
animaux que les anciens nommaient Léo-
pards et Panthères ; ce qui me parait extrê-
mement difficile , pour ne pas dire impos-
sible à établir.
Quoi qu'il en soit , le Léopard d'Afrique ,
qui existe aussi aux Indes, est célèbre par
sa férocité. Fischer (Zoo^nos., t. III), qui lui
donne le nom de Panthère, dit qu'il se
trouve aussi en Perse, dans la Soungarie et
la Mongolie,jusqu'aux monts Altaï. Comme
la Panthère , dont il a les mœurs , il grimpe
sur les arbres avec une grande agilité. Les
Nègres le craignent beaucoup, et cependant
ils lui font une chasse active pour s'empa-
rer de sa fourrure, qui est très belle. Les
Négresses du Congo recherchent beaucoup
ses dents pour s'en faire des colliers.
L'Once de Buffon , Ftlis uncia Schreb.,
Felis panthe.ra Erxleb. (Figurée par GrifTith,
p. 469 ) , non le Felis onça de Linné. — Ce
Chat est plus petit que le Léopard, n'ayant
que trois pieds et demi, non compris la
CHA
queae qui est de la longueur du corps,
moins la tète. Son pelageest plus long, d'un
gris blanchâtre sur le dos et sur les côtés, et
d'un gris encore plus blanc sous le ventre ;
comme celui du Léopard , il est moucheté
de taches en rose , à peu près de la même
grandeur et de la même forme, mais plus
irrégulières. La plupart des naturalistes (et
moi-même pendant longtemps) ont cru que
l'Once de Buffon devait être le Felis onca de
Linné, et par conséquent le Jaguar, d'oti
il est résulté que cet animal a été rayé des
Catalogues comme faisant double emploi.
Cependant, j'avais pris note , dans ma jeu-
nesse, d'une fourrure que le hasard avait
fait tomber entre mes mains , et cette note ,
que j'ai actuellement sous les yeux, ren-
ferme une description qui convient par-
faitement à l'Once. A peu près vers le
même temps , G. Cuvier, dans une addition
qu'il plaça à la fin du IV' vol. de l'édition
in-4° de ses Recherches sur les ossements
fossiles ( lom. VII , p. 404 de la dernière
édition in-8 ), publia cette note que je rap-
porte textuellement: « L'Once de Buffon, qui
n'avait pas été vue depuis ce grand natura-
liste, paraît s'être retrouvée. M. le major
Charles Hamiiton Smith, l'un des natura-
listes qui connaissent le mieux les Quadru-
pèdes, m'a fuit voir le dessm d'un animal
que le roi de Perse avait envoyé au roi d'An-
gleterre , et qu'on nourrissait à la tour de
Londres. Il venait des hautes montagnes du
nord de la Perse , et il offre tous les carac-
tères qu'on observe dans la figure de Buf-
fon , etc II est probable que cet animal,
qui paraît destiné à vivre dans des pays
assez froids , est celui qui se porte au midi
delaSibérie et dans le nord delà Chine, etc.
Sur le témoignage de G. Cuvier, d'Hamil-
ton Smith, de BufTon , de Schreber , de
Shaw, et sur celui de mes propres yeux,
j'ai cru devoir rétablir ici , ne lùt-ce que
pour mémoire, un animal qui avait été
rayé du tableau des Mammifères. Quant à
ses mœurs, Buffon a tellement confondu
son histoire avec celle d'autres grands Chats,
qu*il m'est impossible d'en rien démêler de
certain.
Le Serval ou Tiger-Boschkat , Felis ser-
val Lin. et Temm. , Felis Galeopardus , Ca-
pensis et Serval Desm. , le Chai-tigre des
fourreurs , le Chat du Cap de Forster . le
CHA
Chai-pard de Perrault, le Serval de Buffon.
— Cet animal alteint jusqu'à 28 pouces
{0'",768)(ie longueur, non compris la queue
qui en a huit ou neuf (0"',217 ou 0"',244);ses
oreilles sont grandes , rayées de noir et de
blanc; son pelage est d'un fauve clair, tirant
quelquefois sur le gris ou sur le jaune ; il a
le tour des lèvres, la gorge, le dessous du
cou et le haut de l'intérieur des cuisses blan-
châtres ; des mouchetures noires sur le front
et les joues; un rang de ces mouchetures
vers le pli de la gorge ; le long du cou , qua-
tre raies noires, dont les extrêmes, interrom-
pues sur l'épaule, reprennent pour finir plus
loin ; les intermédiaires, vers le même point,
s'écartent, et, entre elles, naissent deux autres
raies qui vont se terminer au tiers antérieur
du dos ; il a deux bandes noires à la face in-
terne du bras; tout le reste de son pelage a
des taches isolées, et sa queue, de moitié
moins longue que son corps, eslanneléede
noir. Du reste, toutes ces taches sont pleines.
Cet animal habile les forêts du cap de
Bonne-Espérance et de toute la partie mé-
ridionale de l'Afrique. Selon le voyageur
Bruce , il se trouverait aussi en Abyssinie.
Il grimpe sur les arbres avec beaucoup d'a-
gilité pour donner la chasse aux Oiseaux et
aux Singes, aux Bats et aux autres petits ani-
maux. Son caractère reste farouche dans la
captivité, et il est impossible de l'apprivoi-
ser, parce qu'il est insensible aux bons trai-
tements, et qu'il entre en fureur à la moin-
dre contrariété. Sa fourrure chaude, douce
et fort l)elle, est d'une assez grande valeur.
Le CiiATNicRipÈDE,Fe//'« iiigripes de Bur-
chell et Grinilh.— Ce Chat paraîtavoir beau-
coup de rapports avec le Serval, et habite les
mêmes contrées. Il a la taille de notre Chat
domeslii]ue. Il est d'un roux approchant de
la couleur du tan, plus pâle en dessous entiè-
rement couvert de taches noires plutôt lon-
gues que rondes. Celles du dos et du cou
forment quelquefois des bandes ; celles des
épaules et des jambes sont transversales et
d'un noir plus piofond. Dans les vieux indi-
vidus , les taches supérieures passent au
brun , et les autres , au contraire , devien-
nent d'un noir plus intense. Le dessous des
pieds est très noir, d'où lui est venu son nom.
Ses oreilles sont ovales, obtuses, d'un brun
raélé uniforme, avec leur bord antérieur
garni de poils aussi longs qu'elles. La queue
T. m.
CIIA
497
est de même couleur que le dos, sans an-
neaux, mais confusément tachetée jusqu'à
quatre pouces de sa base. Il a probabierncnt
les mêmes habitudes que le Serval.
Le Chat doré , l'elis chrysoilirix, et Felis
auraia deTemm. — Il a environ deux pieds et
demi de longueur, non compris la queue;
celle-ci est moitié de la longueur du corps
seulement, avec une bande brune tout le
long de sa ligne médiane , et le bout noir ;
les oreilles sont courtes, arrondies, noires
en dehors, roussâlres en dedans ; le pelage
est très court, luisant, d'un rouge bai très
vif, sans taches sur les parties supérieures,
avec quelques petites taches brunes sur les
flancs et le ventre ; ce dernier est d'un blanc
roussàtre, et les quatre pattes sont d'un
roux doré. Sa patrie et ses mœurs me sont
inconnues. Je soupçonne que celle espèce
doit être reportée aux Lynx.
Le Chat obscvr, Felis uùscura Besm., Chat
noir du Cap de Fr. Cuv., a élé apporté du
Cap par Pérou. — Son pelage est d'un noir
un peu roussàtre, avec des bandes transver-
sales d'un noir foncé et très nombreuses;
il a sept anneaux à la queue, et il est un peu
plus petit que le Chat du Cap ou Serval.
Son naturel est fort doux , el un individu
quia vécu à la ménagerie était libre et fort
privé.
Le Chat de la Cafrerie, Felis cafra
Desm., est d'un tiers plus grand que notre
Chat sauvage. — Il est d'un gris fauve en
dessus, et blanchâtre en dessous ; les pau-
pières supérieures sont blanchâtres ; sa gorge
est entourée de trois colliers ; il a vingt ban-
des brunes transversales sur les flancs; huil
bandes noires lui traversent les patles de de-
vant, el douze celles de derrière. Sa queue
est longue, à quatre anneaux bien marqués,
el terminée de noir. Il esl de la Cafrerie ,
d'où il a élé rapporté par M. Lalande.
Le Chat GAîiTÉ,Feli.sinauiculiiia Bupp. et'i
Temm., est à peu près de la taille du Chat
domestique. — Il est d'un gris fauve, avec la
plante des pieds noire ; il a, sur la léle, sept
ou huil bandes noires , arquées , étroites ; sa
queue est longue, noire au bout, avec deux
anneaux rapprochés de celle couleur; la li-
gne de son dos est noire ; les parties infé-
rieures sont blanches, nuancées de fauve sui
lo poitrine; la face externe des pieds de de-
vant a quatre ou cinq petites bandes trans-
32
Zi98
LHA
versales brunes, et la face interne deux
grandes taches noires; il porte cinq ou six
petites bandes sur les cuisses. Cette espèce
habile l'Egypte, et probablement toute la
partie septentrionale de l'Afrique.
Le Chat du Bengale , Felis bengalensis
Desm., Felis lorquata Fr. Cuv., le Chat du
iV^/ja«Jdumème.— Il est de la taille du Chat
ordinaire; son pelage est d'un gris fauve
en dessus , blanc en dessous ; son front est
marqué de quatre lignes longitudinales bru-
nes, et les joues de deux ; il a un collier sous
le cou et un autre sous la gorge ; des taches
brunes et allongées s'étendent sur son dos;
ses pieds et son ventre sont mouchetés de
brun, et sa queue est brunâtre, avec des an-
neaux peu apparents. On le trouve au Ben-
gale. Peut-être faudra-t-il réunir à cette
espèce :
Le Chat a taches de rouille, Felis rubi-
gitiosa de M. Isidore Geoffroy. — Sa taille est
un peu moindre que celle de notre Chat
domestique, et sa queue forme environ le
tiers de sa longueur totale. Son pelage est
d'un gris roussâtre en dessus et sur les
flancs, blanc en dessous ; il a sur le dos trois
lignes longitudinales; les taches des flancs,
de couleur de rouille, sont disposées en sé-
ries également longitudinales. Les taches
ventrales sont noirâtres, disposées en ban-
des transverses , irrégulières. La queue est
de môme couleur que le fond du pelage,
mais sans taches. Ce Chat a été trouvé par
Bélanger, dans les bois de Lataniers des en-
virons de Pondichéry.
Le Chat domestique , Felis calus Linn. —
Cet animal est trop connu pour qu'il soit né-
cessaire d'en faire la description ; mais il n'en
est pas de même de son type. Le Chat sauvage
a le pelage d'un gris brun, un peu jaunâtre
en dessus, d'un gris jaune-pâle en dessous;
il a sur la tête quatre bandes noirâtres qui
s'unissent en une seule plus large, régnant
sur le dos ; des bandes transverses très la-
vées sur les flancs et les cuisses; du blanc
autour des lèvres et sur la mâchoire infé-
rieure ; le museau d'un fauve clair ; deux
anneaux noirs près du bout de la queue qui
est également noir , ainsi que la plante des
pieds. Il a 22 pouces (()■", 59G ) de longueur,
non compris la queue, c'est-à-dire qu'il est
un peu plus grand que la variété domes-
tique.
CHA
Malgré sa petite taille, on retrouve, dans le
Chat sauvage, toutes les habitudes des gran-
des espèces. Il vit, isolé dans les bois, de la
chasse active qu'il fait aux Perdrix, aux Liè-
vres, et à tous les autres animaux faibles;
il grimpe sur les arbres avec agilité et dépose
ses petits dans leur tronc caverneux. Chassé
par les Chiens courants , il se fait battre et
rebattredans les fourrés, absolument comme
le Renard; puis, lorsqu'il est fatigué, il s'é-
lance sur un arbre, se couche sur une grosse
branche basse, et, de là, il regarde fort tran-
quillement passer la meute, sans s'en met-
tre autrement en peine. Autrefois, il était
commun dans toute la France; mais, depuis
une cinquantaine d'années, il y devient fort
rare, et l'on ne le trouve plus guère que dans
les grandes forêts.
De cette espèce, et peut-être de son croi-
sement avec le Chat ganté, sont provenues
les nombreuses variétés de Chats domesti-
ques qu'on peut, à l'imitation de Linné,
classer en plusieurs races, savoir : 1» Le Chat
domestique tigré , Felis Calus domeslicus
Linn. , 2« le Chat des Chartreux , F. C.
cœruleus Linn. , 3" le Chat d'Espagne ,
F. C. Iiispanicus Linn. , 4" le Chat d'An-
gora, F. C. angorensis Linn. , 5° le Chat
rouge de Tobolsk de Gmelin, 6" le Chat de
Chine à oreilles pendantes, 7° le Chat ma-
lais de Raffles , sans queue ou avec une
queue noueuse. Une singularité inexplica-
ble , c'est que tous les Chats marqués de
trois couleurs, jaune, noir et blanc, sont
des femelles.
BuCfon a évidemment chargé de sombres
couleurs le portrait du Chat, pour faire va-
loir celui du Chien. Cet animal est d'un ca-
ractère timide ; il devient sauvage par pol-
tronnerie, défiant par faiblesse, rusé par né-
cessité, et voleur par besoin. Il n'est jamais
méchant que lorsqu'il est en colère, et ja-
mais en colère que lorsqu'il croit sa vie me-
nacée; mais alors il devient dangereux,
parce que sa fureur est celle du désespoir ,
et qu'alors il combat avec tout le courage
des lâches poussés à bout. Forcé, dans la
domesticité, de vivre continuellement en
société du Chien , son plus cruel ennemi, sa
méfiance naturelle a dû augmenter, et c'est
probablement à cela qu'il faut attribuer ce
queBuffon appelle sa fausseté, sa marche in-
sidieuse, etc. Il a conservé de son indépcn-
CHA
(lance tout ce qu'il lui en fallait pour assu-
rer son existence dans la position que nous
iiii avons faite, et si l'on rciid cette position
meilleure, comme à Paris, par exemple, où
le peuple aime les animaux , il abandon-
nera aussi une partie de son indépendance
en proportion de ce qu'on lui donnera en
affection. I.a Chatte , plus ardente que le
mâle, entre communément en chaleur deux
fois par an , en automne et au printemps ;
elle porte 55 à 5G jours, et ses portées ordi-
naires sont de 4 à G petits. Ces animaux vi-
vent ordinairement de 10 à J5ans.
Section II. C/ials d'Amérique.
Le Jaguaiî, Felis oiiça Lin., le Tigris
ii)nerica7ms Boliv. , VOiiza des Portugais,
le TlaiUmqui - ocelod d'Hcrnandés , le Yu-
guaré'.é d'Azara , la cjrande Puiilhere des
fourreurs. — Apres le Tigre et le Lion, cet
animal est le pi us graiid de son genre. D'Azara
dit en avoir mesuré un qui avait six pieds
(l"',949)de longueur, non compris la queue,
qui elle-même était longes de vingt-deux
pouces (0m,59G). Son pelage est d'un fauve
vif en dessus, semé de lâches plus ou moins
noires, ocellées, c'est-à-dire formant un
anneau plus ou moins complet, avec un
point noir au milieu. Ces taches sont au
nombre de quatre ou cinq par lignes trans-
versales sur chaque flanc; quelquefois ce
sont de simples roses ; elles n'ont jamais une
régularité parfaite, mais sont constamment
pleines sur la tête, les jambes, les cuisses
et le dos, où elles s'allorigcnt tantôt sur deux
rangs, tantôt sur un seul. Le dessous du
corps est blanc , avec de grandes taches ir-
réguliéres, pleines et noires; le dernier tiers
de la queue est noir en dessus , annelé de
Liane et de noir en dessous. (^o^/e: l'atlas de
ce Dictionnaire, Mammifères, pi. 8. ) Il en
existe une espèce lus pelile , Ggurée par
Smilh. Sacimleurcst plus pâle et plus cen-
drée , et SCS mœurs paraissent plus féroces.
Le Jaguar est répandu depuis le Mexique
exclusivement, jusque dans le sud des Pam-
pas de Buenos-Ayres, et nulle part il n'est
plus commun et plus dangereux que dans ce
pays. Malgré le climat presque tempéré et
la nourriture abondante que lui fournit la
grande quantité de bétail qui pait en liberté
dans les plaines, il y attaque très souvent
l'homme ; tandis que ceux du Brésil , de la
CHA
^99
Guiane et des parties les plus chaudes tii
l'Amérique fuientdevant lui , à moinsqu'ils
n'en aient été attaqués. Les bois marécageux
du Parana,du Paraguay et des pays voisins,
sont peut-être les endroits où ils sont le plu.',
multipliés, et où les accidents sont le plus
fréquents ; ils étaient encore si nombreux au
Paraguay, après l'expulsion des jésuites „
qu'on y en tuait deux mille par an, selon
d'Azara. Aujourd'hui le nombre en est con-
sidérablement diminué. Cependant, au Bré-
sil et dans la Guiane, presque rcguliéremenl
au lever et au coucher du soleil , on entend
leur cri retentir à une très grande distance ;
il consiste en un son flùté, avec une très forte
aspiration pectorale, ou bien, quand l'anima!
est irrité, en un ràlement profond qui se ter-
mine par un éclat de voix terrible. Le Jaguar
se plaît particulièrement dans les esters cl
les grandes forêts traversées par des fleuves,
dont il ne s'éloigne pas plus que le Tigre,
parce qu'il s'y occupe sans cesse de la chasse
des Loutres et des Paca». Comme le Tigre, il
nage avec beaucoup de facilité, et va dormir,
pendant le jour, sur les îlots , au milieu des
touffes de joncs et de roseaux. Il pêche, dit-
on , le poisson, qu'il enlève très adroitement
avec sa patte. Il ne quitte sa retraite que la
nuit , s'embusque dans les buissons , attend
sa proie, se lance sur son dos en poussant un
grand cri , lui pose une patte sur la tète, de
l'autre lui relève le menton, et lui brise ainsi
le crâne sans avoir besoin d'y mettre la dent.
Il est d'une force si extraordinaire, qu'il
traîne aisément dans un bois un Cheval ou.
un Bœuf qu'il vient d'inmioler. II attaque
les plus grands Caïmans ; et s'il est saisi par
eux , il a l'intelligence de leur crever les
yeux pour leur faire lâcher prise.
En plaine, le Jaguar fuit presque toujours
devant l'homme, et ne fait volte-face que
lorsqu'il rencontre un buisson ou des lierbes
hautes dans lesquels il puisse se cacher.
On prétend qu'il vit en société avec sa fe-
melle, ce qui ferait exception parmi les ani-
maux de son genre. Quoique grand, il
grimpe ïur le» arbres a>cc autant d'agilité
que le Chat sauvage , et fait aux Singes une
guerre cruelle. La nuit , rien n'égaie son
audace ; et, sur six hommes dévorés par les
Jaguars, à la connaissance de d'Azara, deux
furent enlevés devant un grand feu de bi-
vouac.
§00
CHA
Le Jaguar noir, Jaguarété de Marcgrave,
Felis nigra Erxl., n'esl qu'une variété acci-
dentelle et fort rare du Jaguar ordinaire,
dont elle ne diffère absolument que par la
couleur. On trouve aussi une variété Albi-
nos mentionnée par d'Azara.
Le CouGUAR ou GuAZouARA , F dit puma
Traill., Felis concolor Lin., le Lion puma des
colonies espagnoles, le Tigre roH^redeCayen-
ne,\e.t/iizeli du Mexique. leCu^/uacu-acaii./ de
Marcgraaf.le Pugi du Chili, a, selon GrifTilh,
la pupille constamment ronde. — Il atteint
quatre pieds (1"',299) de longueur, et quel-
quefois davantage, non compris la queue,
qui a vingt-six pouces (Om,704). Son pelage
est d'un fauve agréable et uniforme, sans
aucune tache; sa queue est noire à l'extré-
mité, et ses oreilles sont aussi de cette cou-
leur. Il ressemble un peu au Lion , mais
n'a ni crinière ni flocon de poils au bout
de la queue. Son corps est plus allongé; ses
jambes sont plus courtes; sa tête est plus
ronde et proportionnellement moins grosse;
sa pupille ronde. On le trouve au Paraguay,
au Brésil , au Mexique, à la Guiane et aux
Étals-Unis. Le Couguar de Fensylvanie de
Buffon, en est une 1res légère variété.
Dans ses mœurs, cet animal semble avoir
plus d'analogie avec le Loup qu'avec les
Chats. Comme lui, il égorge tout un trou-
peau de brebis, s'il en a le temps, avantd'en
manger une ; comme lui, après avoir satis-
fait sa voracité, il cache le reste de sa proie.
Sa vie est solitaire et vagabonde, et il pré-
fère le séjour des Pampas ou prairies her-
beuses à celui des forêts. La nuit , il vient
rôder autour des habitations , tâche de se
glisser dans les basses-cours, s'empare des
Chiens, des Moulons, des Cochons, et de
tous les autres animaux incapables de lu
résister. Naturellement fort lâche, il n'at-
taque jamais l'homme, et très rarement le
gros bétail. Le major Smith raconte un fait
singulier d'un de ces animaux. On l'avait
enfermé dans une cage, et, comme on
voulait s'en défaire, on lui tira un coup de
fusil dont la balle lui perça le corps. L'ani-
mai était occupé à manger lorsqu'il reçut
le coup, et le seul signe de douleur qu'il
donna fut de redoubler subitement de vo-
racité; il se jeta sur sa nourriture avec une
nouvelle avidité, et la dévora en buvant
son oropre sang , jusqu'au moment où il
CHA
tomba mort. Il monte aussi sur les arbres,
mais en s'élançanl d'un seul bond et non en
grimpant à la manière des Chats. Il s'ap-
privoise très aisément, devient fort doux ,
s'attache à son maître et lui rend ses ca-
resses.
Je regarde le Couguar noir de Buffon ,
Felis discolnr de Schreber, comme une
simple variété du Couguar ordinaire, à
pelage un peu plus brun et légèrement
plus long. On le trouve à Cayenne.
Le Chat unicoi-ore, Felis unicolorlxtixW.,
est de moitié plus petit que leCouguar.— Son
pelage est en entier d'un fauve brun-rouge
sans taches ; sa queue est longue ; ses
oreilles n'ont point de noir; sa tète est
beaucoup plus pointue, et ses petits ne por-
tent point de livrée , tandis que ceux du
Couguar en portent une comme les Lion-
ceaux. II habite les profondes forêts de
Démérary et de la Guiane hollandaise.
Le Yagouaroundi , Felis yagouaroundi
Desm., est de la taille d'un Chat domesti-
que.— En petit , il ressemble assez au Cou-
guar par ses formes allongées; mais son
pelage est d'un brun noirâtre , tiqueté de
blanc sale; les poils de la queue sont plus
longs que ceux du corps, et ceux de sa
moustache sont à longs anneaux alterna-
tivement noirs et gris. Il habile le Paraguay,
et probablement aussi le Chili. « L'Yagoua-
roundi , raconte d'Azara, qui l'a découvert
le premier, habite seul, ou avec sa fe-
melle , les bords des forêts , les buissons ,
les ronces et les fossés, sans s'exposerdans
des lieux découverts. Il grimpe avec faci-
lité aux arbres pour y prendredes Oiseaux,
des P>ats , des Micourés , des Insectes , etc. ,
et il attaque aussi les volailles, s'il en trouve
une occasion favorable pendant la nuit;
car cet animal est nocturne (sa pupille est
ronde). Enfin , c'est un Chat sauvage, sans
qu'on puisse en donner une meilleure idée
que par cette dénomination. Je ne doute
pas qu'on puisse le priver, parce que j'en
ai vu un pris adulte , qui se laissait tou-
cher vingt-huit jours après. »
Le C\\MM^i,FelisCliultjbeaiaY{eTm. [Ob-
servation, zoolog., pag 36; Smith, et GrifT.,
Jiègn. anim. , pag. 474). — Cette espèce a 2
pieds 6 pouces de longueur, non compris la
queue, qui a près de 14 pouces. Son pelage
est grisâtre ou chocolat , avec du blanc sur
CHA
chaque poil , marqué de taches rondes, j
pleines , opaques , d'un brun foncé ; l'exlé- |
rieur de l'oreille est noir, avec une tache
blanche au milieu, l'intérieur blanchâtre ;
sa queue, d'une couleur plus foncée, porte
douze anneaux obscurs, et a l'exlrémilé
noire. Smith a vu et dessiné cet animal
dans la ménagerie de Bellock , et Griffilh
en donne la figure, à la page 473 de son
Bègue animal ; mais ni l'un ni l'autre ne
parient de sa patrie. Cependant , Hamiilon
Smith le compare au Yagouaroundi , et
pense qu'il pourrait bien n'en être qu'une
variété tachetée, d'où je conclus qu'il le.
croyait d'Amérique. Si l'on rapproche la
mauvaise figure qu'en a donnée Griffilh de
celle du Chat de Java de Fr. Cuvier , on est
tenté de ne le regarder que comme une très
légère variété du Kuwuc , Felis minuia de
Temminck, et alors il habiterait Java et
Sumatra. D'un autre côté , Hermann croit
qu'il est d'Amérique ; mais la description
de Smilh ne s'accorde pas parfaitement avec
celle d'Hermann. Ce dernier dit que son
Clialybeaia a deux pieds de longueur , non
compris la queue, qui en a un , d'où il ré-
sulte qu'il serait plus petit. Il est fauve en
dessus, blanc en dessous; ses taches sont
d'un noir bleuâtre, les antérieures et celles
d'entre les épaules, simples , celles des cô-
tés presque binées, et les postérieures en
anneau, presque comme dans la Panthère,
tout le reste s'accorde assez bien. J'en con-
clus que s'il y a véritablement une espèce
de Chalybé, ce doit être celle d'Hermann.
Le Chat a ventre taché , Felis celido-
qasier Temm., non le Chai à ventre laclieié
de Geoffroy , qu'il faut reporter , selon
Temminck, au Lynx bai. — Il est de la
grandeur de notre Renard. Son pelage est
doux, lisse, court, d'un gris de Souris,
marqué de taches pleines d'un brun fauve;
les taches du dos sontoblongues et les au-
tres rondes ; il a cinq ou six bandes brunes,
demi-circulaires , sur la poitrine ; le ventre
est blanc, marqué de taches brunes; il a
deux bandes brunes sur la face interne des
pieds de devant , et quatre sur les pieds de
derrière; sa queue est un peu plus courte
que la moitié totale de son corps , brune ,
tachée de brun foncé; ses oreilles sont mé-
diocres , noires à l'extérieur; ses mousta-
ches sont noires et terminées de blanc. Il
CHA
501
habite le Chili ou le Pérou , et ses mœurs
sont inconnues.
L'Ocelot, Maracaya , ou Macaraga,
Felis purdulis Lin. , le Chibigonazou d'A-
zara, rO(e/o« n° 1 d'Hamilton Smith.—
Il a environ 3 pieds (0'",915) de longueur,
non compris la queue, qui a quinze pouces
(©"■jéOG); quelquefois on en trouve d'un peu
plus grands. Le fond de son pelage est d'un
gris fauve ; il a sur les flancs et sur la croupe
cinq bandes obliques d'un fauve plus foncé
que celui du fond , bordées de noir ou de
brun; une ligne noire s'étend du sourcil au
vertex ; deux autres vont obliquement de
l'œil sous l'oreille, d'où part une bande
transverse noire, interrompue sous le mi-
lieu du cou, et suivie de deux autres pa-
rallèles; on lui voit quatre lignes noires
sous la nuque, deux sur les côtés du cou ,
trois plus ou moins interrompues le long de
l'épine du dos ; le dessous de son corps et
l'intérieur de ses cuisses sont blanchâtres,
semés de taches noires isolées. C'est un
très joli animal, absolument nocturne,
dormant tout le jour dans les fourrés qu'il
habite, et n'en sortant que la nuit pour se
livrera la chasse des Oiseaux, des Singes
et autres petits Mammifères. Je peindrai
ses mœurs d'un seul trait , en disant qu'il
a tout à la fois les habitudes des Chats et
celles des Fouines. Il parait, selon d'Azara,
qu'il vit cantonné avec sa femelle, et qu'il
ne quitte guère la forêt qui l'a vu naître. II
habile l'Amérique méridionale, et particu-
lièrement le Paraguay.
Le Chat enchaîné , Felis catenata de
Smith, cilé et figuré par Griffilh ^page 478),
me paraît être une variété de l'Ocelot , quoi
qu'en dise M. Lichlenslein. — Il est de la
grandeur de notre Chat sauvage, et ses
jambes sont proportionnellement plus petites
que celles de l'Ocelot ; il a aussi la télé plus
grosse et le corps plus massif; le nez, le
dessous des yeux et tout le dessus du corps
sont d'un jaune rougeàtre , et les tempes
d'un jaune d'ocre; les joues sont blanches,
ainsi que tout le dessous du corps et l'inté»
rieur des jambes; plusieurs rangées de ta-
ches noires partant des oreilles convergent
sur le front; une seule raie s'étend de l'angle
extérieur des yeux au-dessous des oreilles ;
les épaules , le dos , les Hancs , la croupe ei
les cuisses portent de longues bandes aller-
502
CJJA
naUvemenl noiies et brun-rougc ; le ventre
et la gorge ont des raies noires , et la queue
porle des anneaux incotnplcls de cette
dernière couleur. Il habite le Brésil.
Le Tlatco-ocei.oti. ou Ocelotl du I\Iexi-
QL'E , l'élis pseudopardalis , probablement
r Oceloi n- 3 d'IIamiiion Smith. — Ce Chat
est un peu plus petit que le précédent. Il a,
d'après Daubenlon, 2 pieds 5 pouces de lon-
gueur sans la queue , sur seize pouces de
hauteur au garrot. Il diffère de l'Ocelot par
ses taches , qui , bien que bordées, ne for-
ment pas des bandes continues , mais sont
isolées les unes des autres ; par sa queue
plus courte, et par ses jambes plus hautes. Il
miaule comme un Chat , préfère le poisson
à la viande, habile la baie de Campêche ,
et c'est à peu près tout ce qu'on sait de son
histoire. Buffon (tom. 9, pi. 18) l'a figuré
sous le nom de Juguar.
Le CitAT A coLMEn, Felis armillaia Fr. Cuv.
— Il a beaucoup d'analogie avec les quatre
précédents , et particulièrement avec l'Oce-
lot n'^' 4 d'ÎIamilton Smilh ; mais il est plus
petit que lOcelot ordinaire , et sa queue est
plus courte. Il a Om,G50 de longueur non
compris la queue, qui en a 0"',300,etsa hau-
teur moyenne est de 0">,:520. Son pelage est
d'un gris jaunâtre en dessus , et blanc en
dessous. Du reste, ses taches sont comme
celles de l'Ocelot , dont il n'est peut-être
qu'une petite variété. Il habite les mêmes
contrées.
Je crois que quand on comparera avec at-
tention , dans leurs formes , leurs couleurs
et leurs habitudes, les Chats à collier,
Tlatco-ocelotl , enchaîné et Ocelot, on arri-
vera à penser que ce sont autant de varié-
tés d'une espèce unique. Quant à moi, telle
est mon opinion.
Le Chat ocÉloide, Felis macroura Wied.,
Temm,— Il ressemble également à l'Ocelot ;
nais son pelage est plus clair, faiblement
teinté d'ocre qui s'éclaircit sur les flancs;
sa queue notablement plus longue et moins
mince vers l'extrémité; sa taille est plus
petite, son corps plus allongé, ses jambes
sont plus basses, et les taches de ses flancs
moins étendues. Il habite le Brésil.
Le CiiATi , Fetls milis Fr. Cuv., Feli.i
J'Fiedii Schintz. Il a vingt -deux pouces et
demi (0"',C10) dp longueur, non compris la
queue, qui en a dix (0'",27!); c'est-à-dire qu'il
CIIA
est un peu moins grand que notre Chat sau-
vage. Son pelage est fauve, ou d'un gris
brunâtre pâlissant sur les flancs, blanc aux
joues et sous le corps; les taches blanches
ou noires de sa léle et de son oreille sont
les mêmes que dans l'Ocelot; son museau
est couleur de chair ; il a trois séries déta-
ches noires le long dudos : celles des flancs,
des épaules et de la croupe sont d'un fauve
foncé, bordées de noir tout autour, excepté
au bord antérieur. II y en a sept ou huit au-
dessus l'une de l'autre. Quelques unes de
celles de l'épaule s'unissent tn une bande
oblique. Sur les jambes , ce sont des taches
pleines, un peu en forme de bandes ; elles
sont plus petites sur les pieds , et il n'y en a
point sur les doigts ; celles du ventre sont
pleines aussi, mais nuageuses ; la queue a
dix ou douze anneaux noirs. Cette espèce se
prive aisément , a beaucoup de douceur, et
contracte promptement toutes les habitudes
de notre Chat domestique. Son miaulement
est plus grave et moins étendu que celui de
ce dernier.
LeGciGNA, Felis ^)(;9)?a de Molina.— Selon
l'opinion de G. Cuvicr, celte espèce pourrait
bien n'être qu'une variété du .Alargay. Il est
de la grandeur de notre Chat sauvage, et en a
les formes générales. Son pelage est fauve ,
mnrquéde taches noires, rondes, larges d'en-
viron cinq lignes (Om, 011), s'ctendant sur
le dos jusqu'à la queue. Il habite l'Améri-
que méridionale, et particulièrement le
Chili.
Le Coi 0C0I.I.0 ou Calo-Cola , Felis coln-
colla de Molina. — Il est de la grandeur
de l'Ocelot ; son pelage est blanc, plus on
moins grisâtre, avec des bandes longitudi-
nales flexucuses , noires et bordées de fauve.
La queue est semi-an nelée.jusqu'à sa pointe,
de cercles noirs. Ses jambes, jusqu'aux ge-
noux, sont d'un gris foncé. Il se trouve au
Chili et à Caycnnc. Selon Molina , il habite
les forêts, ainsi que le précédent, et tous
deux se rapprochent des habitations pen-
dant la nuit, pour faire visite aux poulaillers
et enlever la volaille. Ils se nourrissent ha-
bituellement de Souris et d'Oiseaux.
Le Makgav, Felis tigrina Linn., le Ciiat
de la Caroline deCoIlinson, et le Margaij de
Buffon.— Il a plus de 21 pouces (0"',5C9) de
longueur, non compris sa queue, qui en a
11 (0"',298;; son pelage est d'un fauve grisa-
CHA
h c en dessus, blanc en dessous; il a quatre
lignes noiiàlrcs entre le verlex et les épau-
les, se prolongeant sur le dos en séries de
taches longues ; les taches des flancs sont
longues, obliques, plus pâles à leur centre
qu'à leurs bords; il y en a une verticale sur
l'épaule, et d'autres ovales et éparses sur la
croupe, les bras et les jambes ; les pieds sont
gris, sans taches, et la queue porte douze
ou quinze anneaux irréguliers. Cet animal
a les mœurs de notre Chat sauvage et vit de
petit gibier, de volaille, etc.; mais il est d'un
naturel plus Tarouche , plus indomptable,
et par là mcine très difficile de plier à la ser-
vitude. Il habite le Brésil, le Paraguay et la
Guiane. Dans ce dernier pays, on le mange
et on trouve sa chair très délicate.
Le Chat élégant, Feli^ elegans Less.
[Cent., pi. 21).— Il aie pelage épais, court,
très fourni, d'un roux vif et doré en dessus,
avecdcs taches d'un noir intense, tandis que
les flancs et le dessous du corps sont d'un
blanc tacheté de brun foncé; les membres,
roux en dehors, blancs en dc^ians, sont mou-
chetés de brun , et la queue est anneléede
brun sur un fond roux en dessus et blan-
châtre en dessous. Il a un cercle noir au-
tour des yeux; deux raies partant du mi-
lieu de la paupière montent parallèlement
sur le crâne , et se prolongent sur le cou ,
avec plusieurs taches plus ou moins allon-
gées et brunes sur l'occiput. Son dos est cou-
vert de nombreuses raies interrompues de
taches rondes, très noires et pleines ; sur les
côtés ces taches sont aurore , à centre d'un
fauve vif. Cette espèce a un pied et demi de
longueur, non compris la queue, qui a en-
viron un pied. On trouve ce Chat dans les
forêts du Brésil, où, selon Lesson , il serait
assez commun.
h'¥.\R\,Felis Êi/raDesm., l'ZTyrad'Azara.
—Il a 20 pouces (0'",542) de longueur, non
compris la queue, qui en a 1 1 (0'»,29S) ; son
pelage estd'un roux clair ; il a une tacheblan-
chede chaque côté du nez, et ses moustaches
sont également blanches ; sa queue est plus
touffue que celle du Chat domestique. Sa
pupille est ronde. G. C\i\\tï {Rerherches sur
les ossements fossiles, t. VII, p. 42G) dit qu'il
a la mâchoire inférieure blanche ; mais
c'est peut-être une erreur, car d'.\zara dit
positivement le contraire. Quoi qu'il en soit,
l'Eyra est très doux, d'un caractère gai, et il
CHA
503
s'apprivoise très facilement. Il vit dans les
forêts du Paraguay et du Brésil.
Le Chat jnÈgre , /'"e/i5 n/jiH/a. — Je ne
connais cette espèce que par une note de G.
Cuvier {Ossem. foss., t. VII , pag. 2G) , note
copiée par A. Desmoulins , insérée par lui
dans le Dictionnaire cUissiqiie d' Ilisioirenalu-
relle; par Lesson, dans son Manuel de mammu'
logie; parGrifrilh,dans son Ilègne animal, et
dont voici le texte: Le Nègre serait un peu
plus grand que notre Chat sauvage, et tout
noir. Sa longueur serait de 2:5 pouces , et sa
queue en aurait IG. Il est de l'Amérique
méridionale.
Le Chat de la Nouvelle-Espagne, Felis
mexicana Desm., le Chai sauvage de la JVou-
velle-Espanne de Buff.— Espèce douteuse ad-
mise par Desmarest. Son pelage est d'un
gris bleuâtre uniforme, moucheté de noir.
Il habite les forêts de la Nouvelle-Espagne.
Serait-ce le Chat d'IIoffmansegg cité par
Griffith.''
Section III. Citais des îles asiatiques
de r archipel des Indes.
L'Arimaou ou Mêlas , Felis mêlas Pér., la
Panthère noire de. quelques naturalistes. —
G. Cuvier et Temminck regardent tous deux
cet animal comme une variété du Léopard ;
mais Péron , et surtout Lesson, qui l'ont vu
dans son pays, le considèrent comme une es-
pèce distincte , et je partage d'autant plus
leur opinion, que j'ai pu en voir un vivant
à la ménagerie. Il est de la grandeur d'une
Panthère, et il en a les formes générales.
Son pelage est d'un noir vif, sur lequel se
dessinent des zones de la même couleur ,
qui semblent plus lustrées. Sur la plupart
desfiguresenluminéesqu'onadonnéesdecet
animal, on voit des taches d'un noir plus
foncé, disposées comme celles du Léopard; je
ne doute pas que ce ne soit purement par
un caprice des dessinateurs, car je n'ai licn
pu apercevoir de semblable sur celui dont
je viens de parler, et que j'ai fait dessiner.
Il n'habite que les districts les plus isolés
de l'ile de Java, où on le dit assez commun.
Les Javanais l'emploient dans les combats
du rampok. L'Arimaou est un animal fa-
rouche, indomptable, qui n'habite que les
forêts sauvages. Au moyen de ses ongles
puissants et crochus, il grimpe avec agilité
sur les arbres, poursuivant de branche eu
504
CHA
branche, jusqu'à leur sommet, les Wouwous
et autres Singes dont il se nourrit. Ses yeux
sont vifs, inquiets, dans un mouvement con-
tinuel ; son regard est cruel , effrayant, et ses
mœurs sont d'une atroce férocité. Cepen-
dant il n'attaque pas l'homme s'il n'en est
lui-même attaqué; mais à la moindre pro-
vocation il entre en fureur, se précipite
sur lui avec la rapidité de la foudre, et le
déchire avant qu'il ait eu le temps de penser
à la possibilité d'une lutte. Pendant le jour,
il reste et dort dans ses halliers; mais la
nuit, il devient un sujet d'effroi pour tous
les cires vivants. Il rôde silencieusement
autour des habitations isolées, pour surpren-
dre les animaux domestiques, les Chiens sur-
tout, pour lesquels il a un goût de prédi-
lection.
Le Kuwuc , Felis minuta Temm., Felis
javaiiensis et Felis iindala Desm., Felis .««-
malrana et Felis javunensis Horsf., le Chut
de Java de Cuvier , le Servuliii et le Chat de
Sumatra des auteurs.— Il a la taille et un peu
les formes de notre Chat domestique , mais
sa queue est plus courte et plus grêle, et ses
oreilles sont plus petites. Son pelage est
d'un fauve brun clair en dessus , moins
foncé sur les flancs; le dessous est blanc;
des bandes et des taches noires s'étendent
parallèiemenl du front aux épaules , et d'au-
tres occupent les parties supérieures du
corps. Sous cette robe, c'est le Scrvaiin ou
Felis miaula de Temminck, et ses variétés
sont :
Le Felis javanensis de Desmarest et Hors-
field, à pelage d'un gris brun clair en dessus
et blanchâtre en dessous, avec quatre lignes
de taches brunes allongées sur le dos, et des
taches rondes, épaisses sur les flancs; une
bande transversale sous la gorge, et deux ou
trois autres sous le cou.
Le Felis undaia de Desmarest , à pelage
d'un gris sale, tirant plus ou moins sur le
fauve ; sa face est grisâtre, tachetée de noir,
avec trois bandes transversales de cette cou-
leur sur les joues, et deux bandes blanches
bordées de noir, partant du coin de l'œil
vers le nez, et s'élendant sur le front en pas-
sant prés des oreilles. Son corps est [)ar-
semé de petites taches noirâtres, un [)pu al-
longées , lui formant 7 à 8 séries le long du
dos et des flancs. Ce Chat a vécu quelque
temps à la ménagerie, en 1812, et m'aoflerl
CHA
un caractère des plus extraordinaires et que
je crois presque unique dans le genre des
Chats : il a les pieds palmés, et la membrane
qui réunit les doigts s'étend jusqu'à l'extré-
mité des phalanges onguéales. Si cette par-
ticularité n'existe pas dans les deux précé-
dents, il faudra regarder ce Chat comme
formant une espèce distincte, propre à l'ile
de Sumatra. On doit aussi en déduire, par
analogie, qu'il habite le bord des eaux ou
les marais, et que ses habitudes le rappro-
chent du Lynx des marais. Je ne connais
que l'Ocelot qui oITre une particularité ana-
logue à celle-ci ; mais les membranes de ses
doigts sont bien moins grandes, bien moins
remarquables que dans celui-ci.
Le Chat de Diard, Felis Diardii G. Cuv.
—Il a 3 pieds de longueur(0'n,975), non com-
pris la queuc,qui a 2 pieds 4 pouces (0'",768).
Le fond du pelage est d'un gris jaunâtre;
le dos et le cou sont semés de taches noires
formant des bandes longitudinales ; d'autres
taches descendent de l'épaule en lignes per-
pendiculaires aux précédentes, sur les cuis-
ses et une partie des flancs, et leurs anneaux
sont noirs, à centre gris ; il a des taches noi-
res et pleines sur les jambes; les anneaux
de sa queue sont nuageux. Il habite Java.
Le Rl.MAOU-DAtlAN OU ChaT LONGIBANDE,
Felis macrocelts deTemminck,/''e/ivHeZ)M/oia
GrilT., le Tigre ondulé de Fr. Cuvier, le Ti-
gre à queue de Renard du docteur Horsfield.
— Cet animal a 3 pieds (0"',975) de longueur,
non compris la queue , qui a 2 pieds 8 pou-
ces (0'",8U7). Il est d'un gris jaunâtre, avec
des taches noires, transversales et très
grandes sur les épaules , obliques et plus
étroites sur les flancs, où elles sont sépa-
rées par des taches anguleuses , rarement
ocellées; ses pieds sont forts et munis de
doigts robustes; sa queue est grosse et lai-
neuse. Cette espèce se trouve à Bornéo et
à Sumatra. Sir T.-S. Raflles nous donne
des renseignements assez détaillés sur cet
animal. Selon ce voyageur, il est rare à Su-
matra, quoiqu'on l'y trouve à peu près
partout. C'est dans l'intérieur de Dencoo-
len qu'il paraît y en avoir le plus; il ha-
bita de préférence à proximité des habita-
tions, pour s'en approcher la nuit et sai-
sir quand il le peut les petits animaux do-
mestiques et même la volaille; mais les ha-
bitants ne le redoutent que pour cela, car
CHA
il n'attaque jamais l'homme. Il se nourrit,
à défaut de volaille, d'Oiseaux qu'il va saisir
sur les arbres, de petits 3Iammifères, et
quelquefois de jeunes Faons. Presque tou-
jours ou le rencontre sur les arbres, où il
passe, dit-on, une partie de sa vie ; il y dort
dans l'enfourchuredes branches, et c'est en
raison de cette habitude que les gens du pays
l'ont nommé Dahan (enfourchure). En capti-
vité, il est fort doux , très gai , et recherche
beaucoup les caresses de son maître, qu'il re-
çoit en se couchant sur le dos et remuant la
queue à la manière des Chiens. Il s'affec-
tionne même aux autres animaux domesti-
ques , et sir Raffles dit en avoir vu deux qui
ne pouvaient plus se priver de la société
d'un jeune Chien qu'ils avaient l'habitude
de voir passer devant leur prison.
3'- Genre.
liynx. Lynx.
Ces animaux ont été regardés jusqu'ici
comme devant former une simple division
dans le genre des Chats , parce qu'on ne leur
avait pas trouvé un caractère assez tranché
pour en faire un genre ; cependant ce carac-
tère existe, au moins dans la plupart, et
peut être dans tous. Il consiste à n'avoir pas
de petite fausse molaire antérieure, c'est-à-
dire cette petite dent placée contre et derrière
!a canine de la mâchoire supérieure chez
les vrais Chats , ce qui réduit le nombre de
leurs dents à vingt-huit au lieu de trente.
Je suis certain que ce caractère existe dans
les Lynx d'Europe et d'Amérique , dans le
Chat manoul , dans le Chat pampa d'A-
zara, dans le Chat de montagne, et dans trois
ou quatre autres espèces. On pourra regar-
der comme caractères moins importants,
ou peut-être quelquefois comme supplé-
mentaires, la queue moins longue que dans
les autres Chats, les oreilles terminées par
un pinceau de poils , et la fourrure généra-
lement plus longue que dans le genre pré-
cédent.
Section I. Lynx de l'ancien continent.
Le Loup-Cervier, Lynx vulgaris.— Felis
T.ijnx Lin., le Wargelue ou le Lo des Sué-
dois , le Los des Danois , le Goupe des Nor-
végiens , le Rys osirowidz des Polonais , le
Rys des Russes , le Sylausin des Tartares,
\ePotzchori des Géorgiens, et enfin le Lynx
CHA
505
ordinaire des auteurs. — Cet animal est long
de 2 pœds 4 pouces à 2 pieds 10 pouces
(O^.TÔS à0"',921), c'est-à-dire que sa tailleest
presque le double de celle du Chat sau-
vage. La queue ne dépasse pas 4 pouces
(0'",108). Le dos et les membres sont d'un
roux clair, avec des mouchetures d'un brun
noirâtre; le tour de l'oeil , la gorge , le des«
sous du corps et le dedans des jambes sont
blanchâtres ; trois lignes de taches noires
sur la joue joignent une bande oblique,
large et noire, placée sous l'oreille de chaque
côté du cou , où les poils , plus longs qu'ail-
leurs , forment une sorte de collerette ; il a
quatre lignes noires prolongées de la nuque
au garrot, et au milieu d'elles une cinquième
interrompue ; des bandes mouchetées obli-
ques sur l'épaule , transversales sur les
jambes ; les pieds d'un fauve pur, excepté
le tarse rayé d'un fauve brun en arrière ;
enfin la queue est fauve, avec du blanc
en dessous et des mouchetures noires.
On trouve des variétés de cette espèce qui
ont les taches et bandes moins foncées , la
queue rousse avec le bout noir, tout le des-
sous du corps blanchâtre , et la taille plus
petite. Fischer en cite une variété blan-
châtre.
Comme le Loup, le Lynx pousse une
sorte de hurlement pendant la nuit; il at-
taque de préférence les Faons , et ces deux
habitudes lui ont probablement valu des
chasseurs son nom vulgaire de Loup-Cer-
vier. Autrefois, il y en avait en France et en
Allemagne ; mais, depuis une soixantaine
d'années, ils en ont disparu, si ce n'estpeut-
être dans quelques grandes forêts des Alpes
et des Pyrénées. Il paraît qu'on en trouve
encore assez fréquemment en Espagne , et
qu'ils sont très communs dans les forêts du
nord de l'Europe , de l'Asie et du Caucase.
Aussi agile que fort, le Loup-Cervier grimpe
sur les arbres avec beaucoup de facilité
pour surprendre lesOiseauxdans leurs nids,
et poursuivre les Ecureuils, les Martes et
même les Chats sauvages, qui ne peuvent
lui échapper. Quelquefois il se place en em-
buscade sur une des basses branches pour
s'élancer de là sur un Faon de Renne, de
Cerf , de Daim ou de Chevreuil ; il lui saute
sur le cou , s'y cramponne avec ses ongles ,
et ne lâche prise que lorsqu'il a abattu sa
proie, en lui brisant la première vertèbre du
32
506
CHA
cou II lui fait alors un trou derrière le crâne
et lui suce la cervelle par celte ouverture.
Rarement il attaque une autre partie du ca-
davre des grands animaux , à moins qu'il
n'y soit poussé par une faim excessive. Pris
jeune et élevé en captivité, il s'apprivoise
assez bien et devient même caressant, ce
qui ne l'empêche pas de reprendre sa liberté
dès qu'il en trouve la plus légère occasion.
Quoique ses formes soient assez épaisses , il
est plein de grâce et de légèreté; son œil est
brillant, mais cependant doux et expressif.
Con;me le Chat, il est d'une propreté re-
cherchée, et passe beaucoup de temps à se
nettoyer et à lisser sa jolie robe, qui fournit
une fourrure assez estimée. C'est un grand
destructeur d'Hermines, de Lièvres , de La-
pins , de Perdrix et d'autre gibier.
Le Parde , Lynx pardina. — Felis par-
dina Oken etTemm., le Chat-pard àts voya-
geurs, le Loup- Cervier des académiciens de
Paris.— Il est de la taille de notre Blaireau;
sa queue est plus longue que celle du Loup-
Cervier ; il porte aux joues de grands favoris;
son pelage est court, d'un roux vif et lustré,
parsemé de mèches ou taches longitudinales
d'un noir profond, avec de semblables ta-
ches sur la queue. Il habite les contrées les
plus chaudes de l'Europe, telles que le Por-
tugal, l'Espagne, la Sicile, la Turquie et
la Sardaigne.
Le Chelaso.n ou Chulon , Lynx cervaria.
— Felis cervaria Temm., le Kai-lo desSué-
dois. — Sa taille est à peu près celle d'un
Loup. Sa queue est conique, plus longue que
la tête, à extrémité noire; ses moustaches sont
blanches ; les pinceaux de ses oreilles sont
toujours courts et manquent quelquefois ;
son pelage est d'un cendré grisâtre, brunis-
sant sur le dos ; sa fourrure est flne , douce,
longue et touffue , surtout aux pattes , avec
des taches noires dans l'adulte, brunes
dans le jeune âge. On le trouve dans le nord
de l'Asie , et il a les mêmes mœurs que les
précédents ; mais sa grande taille et sa force
le rendent plus redoutable pour le gros gi-
bier , et il attaque les Chevreuils adultes ,
les jeunes Cerfs et autres animaux rumi-
nants de cette grandeur.
Le Manoul ou Manul, Lynx manul. — Fe-
lis manul Pall., le Stepnaja-Koschka des Rus-
ses,— Il est de la taille d'un Renard ; sa
queue touffue, touchant à terre , est mar-
CUA
quée de six à neuf anneaux noirs ; son pe-
lage est d'un fauve roussàtre uniforme , très
touffu et très long; il a deux points noirs
sur le sommet de la tète, et deux bandes
noires parallèles sur les joues ; son museau
est très court.
Temminck n'a point admis cette espèce ;
mais la figure bien caractérisée que Pallas
en a donnée , figure que G. Cuvier paraît
n'avoir pas vue {Ossem. fois., tom. VII, pag.
426) , ne laisse aucun doute sur son exis-
tence. Ce Lynx habite les steppes nus , dé-
serts et rocheux qui s'étendent entre la Si-
bérie et la Chine. Il paraît qu'il ne se plaît
pas dans les bois, où il n'entre jamais , et
qu'il préfère les pays stériles et hérissés de
rochers : aussi n'est-il pas rare dans la Daou-
rie et dans toutes les contrées comprises
entre la mer Caspienne et l'Océan, au sud du
52' degré de longitude. C'est un animal noc-
turne qui ne sort que la nuit du trou de ro-
cher où il dort pendant le jour, pour aller
faire la chasse aux Oiseaux et aux petits
Mammifères dont il se nourrit. C'est surtout
à la timide famille des Lièvres qu'il fait une
guerre aussi acharnée que cruelle.
Le Caracal, ou Lïnx des anciens, Lynx
caracal. — Felis caracal \Àn. , le Siagoush
des Persans, \'Anak-el-Ared des Arabes,
le Kara-Kalach. des Turcs , le Lynx africain
d'Aldrovande , le Lynx de Barbarie et du
Levant des voyageurs. — Il a 2 pieds 5 pouces
(0'",785) de longueur, non compris la queue,
qui a 10 pouces (0™,271) ; il est par consé-
quent de la taille d'un de nos plus grands
Barbets. Son pelage est d'un roux uniforme
et vineux en dessus, blanc en dessous ; ses
oreilles sont noires en dehors, blanches en
dedans ; sa queue lui atteint les talons; il a
du blanc au-dessus et au-dessous de l'œil ,
autour des lèvres , tout le long du corps et
en dedans des cuisses ; sa poitrine est fauve,
avec des taches brunes ; une ligne noire
part de l'œil et se rend aux narines ; il a une
tache de la même couleur à la naissance des
moustaches. On en connaît plusieurs varié-
tés , savoir :
Le Caracal d'Alger, qui est roussàtre ,
avec des raies longitudinales ; il a une bande
de poils rudes aux quatre jambes , et ses
oreilles manquent quelquefois de pinceaux.
Le Caracal de Nubie , dont la tête est plus
ronde, qui n'a point de croix sur le pelage.
CHA
mais qui porte des taches fauves sur les
parties internes et sur le ventre.
Le Caracal du Bengale, dont la queue et
les jambes sont plus longues que dans les
précédents.
Celte espèce habite l'Afrique, la Perse et
l'Arabie; elle a les mœurs et les habitudes
du Loup-Cervier; elle attaque d'assez grands
animaux, tels que Gazelles , Antilopes , etc.
On dit que le Caracal suit le Lion pour re-
cueillir les débris de sa proie, mais ceci me
paraît un fait hasardé. Lorsqu'il s'empare
d'une Gazelle, il la saisit à la gorge, l'étran-
gle , lui suce le sang , et lui ouvre le crâne
pour lui manger la cervelle; après quoi il l'a-
bandonne pour en chercher une autre. Du
reste, il paraît avoir les mêmes habitudes
que notre Loup-Cervier, et, pris jeune,
il s'apprivoise assez bien, sans néanmoins
perdre son goût pour la liberté. Les Grecs
avaient consacré cet animal à Bacchus , et
très souvent ils le représentaient attelé au
char de ce dieu. Pline en raconte les choses
les plus merveilleuses. Selon lui, il avait la
vue si perçante qu'il voyait très bien à tra-
vers les murailles ; son urine se pétrifiait
en une pierre précieuse nommée Lapis lyn-
carius, qui guérissait une foule de mala-
dies , eic.
LcChaus ou Lynx des marais. Lynx cliaits.
— Felis chaus Guldenst., le Dlkaja koschka
des Russes, le Kir myschak des Tartares, le
Moes-gedu des Tcherkasses. — Il est long de
2 pieds (0"',C50), non compris la queue, quia
8à9pouces vO'",2l7àO'",244)delongueur.Ses
jambes sont longues ; son museau est obtus;
ses oreilles sont pourvues de pinceaux très
courts; ilaune bande noiredepuis lebordan-
térieurdesyeuxjusqu'aumuseau ; sonpelage
est d'un gris clair jaunâtre ; le bout de sa
queue est noir, avec deux anneaux de la
même couleur qui en sont rapprochés. Il
habite l'Egypte, la Nubie et le Caucase. Il
est surtout commun sur les bords du Kur et
du Terek. Il présente une particularité assez
rare parmi les animaux de la famille des
Chats j c'est d'être un excellent nageur, et
de se plaire dans l'eau , où sans cesse il est
occupée faire la chasse aux Canards et au-
tres Oiseaux aquatiques, et aux Reptiles. Il
vient aussi à bout de s'emparer des Poissons
en plongeant.
Le Chat à oreilles rousses de Fr. Cuvier
CHA
^01
n'est qu'une variété du Chaus, à pelage plus
pâle, à bandes moins apparentes sur le corps
et sur les jambes , et à queue plus annelée.
On ne compte que deux ou trois anneaux
noirs au plus à la queue du Chaus , tandis
qu'on peut en compter au moins cinq com-
plets à celle du Chat à oreilles rousses. Fr.
Cuvier pense que si ce Chat n'est pas une
espèce distincte, on doit le rapporter au Fe-
lis caligaui qui suit ici ; mais il nous est im-
possible de partager cette opinion, ne fiit-ce
que par la seule considération de la couleur
des pattes, etc.
Le Lynx botté. Lynx caligala. — Felis ca-
ligaia BruceetTemm.,F(i/iA' libyens Oliv. — Il
a 22 pouces de longueur (0"',G23), non compris
la queue, qui en a près de 14 (On>,579),et qui
est grêle. Ses oreilles sont grandes , rousses
en dehors, à pinceaux bruns très courts ; la
plante des pieds et le derrière des pattes sont
d'un noir profond ; le milieu du ventre et la
ligne moyenne de la poitrine et du cou sont
d'un roussàtre clair ; les parties supérieures
du pelage d'un fauve nuancé de gris et par-
semé de poils noirs ; les cuisses sont mar-
quées de bandes peu distinctes , d'un brun
clair ; il a deux bandes d'un roux clair sur
les joues ; la queue est de la couleur du dos
à sa base , terminée de noir, avec trois ou
quatre demi-anneaux vers le bout, séparés
par des intervalles d'un blanc plus ou moins
pur. Il habite l'Afrique , depuis l'Egypte
jusqu'au cap de Bonne-Espérance et le midi
de l'Asie. « Cet animal , dit le voyageur
Bruce, habite le Ras-el-Féel (en Abyssinie),
et, tout petit qu'il est, vit fièrement parmi
ces énormes dévastateurs des forêts, le Rhi-
nocéros et l'Éléphant , et dévore les débris
de leur carcasse quand les chasseurs ont pris
une partie de la chair; mais sa principale
nourriture consiste en Pintades dont ce pays
est rempli. Il se met en embuscade dans les
endroits où elles vont boire , et c'est là que
je le tuai. L'on dit que cet animal est assez
hardi pour se jeter sur l'homme , s'il se
trouve pressé par la faim. Quelquefois il
monte sur les gros arbres , quelquefois il se
cache sous les buissons ; mais, à l'époque où
les Mouches deviennent très incommodes par
leurs piqûres, il s'enfonce dans les cavernes
ou bien il se terre. »
Section II. Les Lynx d'Amérique.
Le Lynx DU Canada, Lynx cauadensis.—Fe-
508
CHA
lis canadensis Geott., Felis boreans Temm.,
selon Godman , le lynx du Canada elle Lyvx
duMississipi deBuffon. — Il est plus petit que
leCaracal, et sa queue est obtuse, tronquée,
avec très peu de noir au bout , plus courte
que la tête; ses moustaches sont noires et
blanches ; il a de très longs pinceaux de poils
aux oreilles; sa fourrure est fauve, à pointe
lies poils blanche, ce qui rend le fond géné-
ral d'un cendré grisâtre , ou onde de gris
et de brun ; elle est extrêmement longue ,
surtout aux pattes; et, pendant l'été seule-
ment, après la mue, on lui voit des li-
gnes plus foncées aux joues, quelques mou-
chetures aux jambes, et même quelques ta-
ches sur le corps. Selon Ed. Griffith {^n.
Kimj., vol. 2, pag. 424), il aurait l'œil diurne,
tandis que le Chat-Cervier ou Lynx bai a la
pupille nocturne. Il habite le nord de l'A-
mérique, et peut-être aussi de l'Asie.
Le Lynx bai, ou Chat-Cervier des four-
reurs, Lynx riifa.—Felis rufa Guld. etTemm.,
Pinuutn dasypus Nieremb., VOcolochil d'Her-
nandès, le Bay-cat des Anglo-Américains,
le Chat à ventre taclieié àe Geoffroy, le Felis
dubia? Fr. Cuv., le Lijnx du Mississipi, et le
Lynx d'Amérique des voyageurs. — Cet ani-
mal est de la taille de notre Renard. Les
pinceaux de ses oreilles sont petits; sa queue
est courte, très grêle , avec quatre anneaux
gris et quatre noirs; ses favoris sont courts ;
son pelage, roussâtre en été, d'un brun
cendré en hiver , est toujours onde et rayé.
Du reste, il a les formes et les habitudes
de notre Lynx d'Europe. Il habite les États-
Unis.
LePAJERos, Lynxpageros. — Felispageros
Desm. , le Chat pampa d'Azara. — Il est long de
29 pouces (Om, 758) non compris la queue, qui
en a 10 (0^,27 1). Son pelage est long, doux,
d'un brun clair en dessus, montrant, sous
une certaine incidence de lumière, une raie
sur l'échiné, et d'autres parallèles sur les
flancs; la gorge et tout le dessous du corps
sont blanchâtres, avec de larges bandes fau-
ves en travers; les membres sont fauves à
l'extérieur , annelés de zones obscures ; les
oreilles ont les pinceaux blancs, formés par
des poils de l'intérieur de l'oreille ; les mous-
taches sont annelées de noir et de blanc, et
se terminent par celte dernière couleur. Ce
Lynx habite les pampas au sud de Buénos-
Ayres. Il se nourrit de Perdrix el autre menu
CHA
gibier, et attaque les Chevreuils ou Goua-
zoutis.
Le Lykx de la Floride , Lynx florida-
na. — Felis floridanaUesm. — Espèce dou-
teuse de Rafinesque, qui, selon l'opinion de
G. Cuvier , pourrait bien n'être qu'une va-
riété du Lynx bai , dont elle a le port. Sa
taille est un peu moindre; son pelage est
grisâtre ; il n'a pas de pinceaux aux oreilles ;
ses flancs sont variés de taches d'un brun
jaunâtre, et de raies onduleuses noires. Il
habite non seulement la Floride, mais en-
core la Géorgie et la Louisiane.
Le Lynx doré , Lyux aurea, — Felis aurea
Desm. — Espèce encore douteuse de Ra-
finesque , que G. Cuvier soupçonne n'être
qu'une variété du Lynx bai. Ses oreilles
sont dépourvues de pinceaux. Il est de moi-
tié plus grand que notre Chat sauvage; sa
queue est très courte; son pelage est d'un
jaune clair brillant, parsemé de taches noi-
res et blanches; son ventre est d'un jaune
pâle sans taches. On ne l'a trouvé en Amé-
rique que sur les bords de la rivière Yellow-
stone, vers le 44= parallèle.
Le Lynx de montagne , Lynx monlana.
— Felis montana Desm. — G. Cuvier pensait
qu'il pourrait bien n'être qu'une variété du
Lynx de Canada; mais, depuis, il a été mieux
connu , et on l'a même eu vivant à la mé-
nagerie, où l'on a pu s'assurer qu'il forme
une espèce distincte. Son pelage est grisâ-
tre et sans taches en dessus , blanchâtre
avec des taches brunes en dessous; ses
oreilles sont dépourvues de pinceaux, gar-
nies de poils noirs en dehors , avec des ta-
ches blanchâtres et fauves en dedans ; sa
queue est courte , grisâtre. Il habite les
monts Alleganys, les montagnes du Pérou
et les États de New- York.
Le Lynx a bandes , Lynx fasciata. — Felis
fasciata Desm. — Il n'est peut-être, selon G.
Cuvier, qu'une variété du Lynx du Canada,
auquel il ressemble beaucoup. Sa taille est
courte ; les pinceaux des oreilles sont noirs
au-dehors ; sa queue est courte, blanche,
avec l'extrémité noire ; son pelage est très
épais, d'un brun roussâtre, avec des ban-
des et des points noirâtres en dessous. Il a
été trouvé par Clarke et Lewis à la côte
nord-ouest de l'Amérique septentrionale.
Le Lynx de la Caroline , Lynx caroli-
nierisis.— Felis caroliniensisïietSm.,çeui-HvG
CIIA
le Chat- Tigre de Collinson ?— On n'a que des
renseignements fort incomplets sur celte es-
pèce. Son pelage est d'un brun clair, rayé
de noir depuis la tète jusqu'à la queue; son
ventre est pâle , avec des taches noires ; ses
moustaches sont noires et raides ; il a deui
taches noires sous les yeux , et ses oreilles
sont garnies de poils fins ; ses jambes sont
minces, tachées de noir. La femelle a les
formes plus légères que le mâle; elle est
d'un gris roussàtre, sans aucune tache sur
le dos; son ventre est d'un blanc sale, avec
une seule tache noire. Celte espèce habite
la Caroline.
Temminck, dans sa quatrième Monogra-
phie, n'admet pas autant d'espèces que j'en
signale dans cet article, et Temminck a rai-
son, au moins dans le plus grand nombre
de cas. Cependant, j'ai cru devoir ne pas
heurter ici les naturalistes qui pensent que
la quantité des noms et des descriptions fait
la richesse de la science , et d'ailleurs , tant
qu'on n'attachera pas au mot espèce un
sens rigoureusement défini , et accepté par
tous , ceci n'aura pas une grande impor-
tance. Voici la liste des Chats admis par
Temminck, liste qu'il faudrait probablement
encore réduire si l'on admettait en principe
que l'espèce se constitue seulement par l'im-
puissance des métis ou mulets à produire
entre eux.
Section I. Chats de l'ancien monde.
Les Felis Léo, le Lion; Tigris, le Tigre;
Jubata , !e Guépard ; Leopardus , Léopard;
Pardus, la Panthère ; Macrocelis , le Longi-
bande; Serml, le Serval ; Cervaria, le Che-
lason ; Borealis, Lynx du Canada; Lynx, le
Loup-cervier ; Pardina, le Lynx parde ; Ca-
racal , le Caracal ; Auraia , le Chat doré ;
Chaus, le Lynx des marais ; Caligata, le
Lynx botté; Catas, le Chatdornestique; Ma-
mculala, \e Chai gàiilé ; Minuta , le Kuwuc
ou Servalin.
Section IL Chais d'Amérique.
Les Felis concolor et discolor, Couguar ou
Puma; O'îfa, le Jaguar ; Jagouaroundi, le
Yagouaroundi ; Celidogauer , Chat à ventre
tacheté ; Rufa , Chat bai ; Pardalis, l'Oce-
îot ; :'Hacroura, l'Océloïde ; yiitis, le Chati ;
Tigrina, le Margay. (Boitard.)
Quelques autres Mammifères ont encore
CHA
509
reçu le nom vulgaire de Chat ; ainsi l'on
a appelé :
Chat bizaam, Cn. civette , Cii. musqué,
la Civette; Ch. de Constantinople, Ch. ge-
NETTE , la Genelte commune; Cn. épineux,
le Coïndou ; Ch. volant, les Galéopithèques
et \cPleromys taguan ; Cn. sauvage a ban-
des NOIRES DES Indes, la Genelte rayée.
CHATS FOSSILES, paléont. — Des os-
sements de plusieurs espèces de Chatsontété
recueillis dans les cavernes, les brèches os-
seuses , les couches meubles et les terrains
tertiaires supérieurs. Cuvier en a fait con-
naître deux espèces, dont l'une, le Felis spe-
lœa, diffère de tous \es Felis vivants par une
crête sagittale courte, par une plus grande
largeur du crâne, près des apophyses post-
orbitaires, et une moins grande largeur près
des temporaux, en se rapprochant cependant
de la Panthère par l'uniformité de la cour-
bure de son profil supérieur; mais le crâne
fossile surpassant celui du Lion en grandeur,
il est impossible de le rapporter à une Pan-
thère. L'autre, \e Felis antiqua, esl à peu près
de la grandeur de la Panthère, mais on n'en a
pas trouvé jusqu'ici de tête assez complète
pour en faire une comparaison exacte. Ces
deux espèces se rencontrent dans plusieurs
cavernes de Hongrie, d'Allemagne, d'Angle-
terre et de France; elles se sont trouvées
aussi dans les brèches osseuses de Nice , en
Italie dans les environs de Viterbe, et dans
les alluvions de nos fleuves. Il est difficile,
vu les différences que présente la télé du
Felis spelœa, comparée à celle de nos grands
Chats (différences déjà signalées par M. Gold-
fuss dans le tom. X des JVouveaux mémoires
des Curieux de la nature , et confirmées par
Cuvier dans le tom. IV de ses Ossements fos-
siles), d'admettre que les ossements ie cette
espèce soient les restes de ces Lions que les
anciens assurent avoir habile quelques con-
trées du midi de l'Europe. Il est plus proba-
ble que ce grand Chat, contemporain de l'É-
léphant à longues alvéoles et du Rhinocé-
ros a narines cloisonnées, était comme ceux-
ci une espèce distincte. MM. Marcel de Ser-
res, Dubreuil et Jean Jean signalent cinq
espèces de Chats de la caverne de Lunel-
Vieil, réunies à trois espèces d'Hyènes. Le
Felis spelœa , d'un sixième plus grand que
le Lion ; ]e Felis leo, de la taille du Lion ac-
tuel ; le Felis leopardus, le Felis serval et le
510
CHA
■l''etis férus. Ces messieurs pensent que, dans
ces cinq espèces, il n'y a que le Felis spelœa
qui soit une espèce perdue , et ils supposent
que celles des quatre autres qui ne se trou-
vent plus en Européen ont été chassées par
riiomme.
MM. l'abbé Croizet et Jobert aîné , dans
leurs Recherches sur les Ossements fos-
siles du Puy-de-Dôme , ont décrit cinq es-
pèces de Chats fossiles provenant des al-
luvions tertiaires sous-volcaniques d'Au-
vergne. Ces espèces sont le Felis arvemen-
sis, qui égalait en grandeur le Jaguar ; le
Felis pardinensis, de la taille du Couguar ;
le Felis meg miter eon, plus haut d'un tiers
que le précédent ; le Felis issiodorensis ,
de la grandeur du Lynx du Canada; enfln
le Felis brevirostris , de la taille du Lynx
d'Europe. Le Felis meganler eon se dislingue
tellement de toutes les espèces vivantes ,
que déjà M. Bravard a proposé d'en faire un
nouveau genre sous le nom de Sienodon. La
partie antérieure de la mâchoire inférieure ,
celle qui porte les canines et les incisives,
est très haule, et l'angle antérieur de son
bord inférieur est très prolongé et recourbé
en bas. Ses canines supérieures sont très
longues , aplaties et semblables à celles qui
avaient été données à Cuvier, comme appar-
tenant à un Ours fossile du val d'Arno, au-
quel ce savant avait donné le nom ù'Urms
cultridens. On recueille aussi en Auvergne
des dents canines également aplaties , mais
beaucoup plus grandes que celles qui se
sont trouvées fixées aux mâchoires An Felis
megantereoii, et pour lesquelles M. Bravard
a établi une espèce , sous le nom de Felis ou
iSlenodon cultridens.
M. Kaup a décrit, dans les Ossements
fossiles du cabinet de Darmstadt , quatre
espèces de Chats provenant des sables ter-
tiaires des bords du Rhin : le Felis apha-
nista , de la grandeur du F. spelœa; le Fe-
lis prisca, de la taille du Lion, c'est-à-dire
un peu moindre que le précédent ; le Felis
ogy g ia, d'une taille un peu au-dessous de la
Panthère, et le Felis antediluviana , un
peu moindre que le précédent. Outre cela,
M. Kaup a créé pour des dents canines apla-
ties et dentelées, fort semblables à celles du
Felis megantereon ou du F. cultridens, un g.
sous le nom de Alachairodus. M. Lartet a
trouvé, dans les terrains tertiaires du dépar-
CHA
tement du Gers, deux espèces de Chats,
qu'on trouvera décrites dans VOstéographie
de M. de Blainville, au chapitre Chat, ac-
tuellement sous presse.
M. Lund, dans sai Faune fossile du Brésil,
parle de trois espèces de Chats , l'un plus
grand que le Jaguar , l'autre un peu moin-
dre que le Couguar, et le troisième de la
taille du Chat à longue queue. Enfin,
MM. Hugh et Falconer citent deux Chats
parmi les Fossiles des montagnes sub-hi-
malayanes. Tels sontjusqu'à présent les re-
présentants du genre Chat parmi les Faunes
précédentes. On voit qu'ici, comme dans
presque tous les genres, s'il y a des espèces
dont l'extinction soit incertaine , il s'en
trouve pour lesquelles on ne peut conserver
le plus léger doute; tel est, pour n'en citer
qu'une , ce Felis megantereon auquel un
menton extrêmement allongé devait donner
une physionomie bien particulière. (L...D.)
CHAT-HUAIVT. ois.— /^oyez chouette.
CHAT MARIN, poiss. — Nom vulgaire
de Y Anarrhichas lupus , d'une espèce du g.
Pimélode, le Silurus calus , et du Squale
roussette.
CHAT ROCHŒR. poiss. — Nom vul-
gaire du Squalus catiUus.
CHATAIGIVE. mam. — Nom donné à une
partie cornée qui se voit souvent soit à la
partie inférieure , soit à la partie supérieure
de la jambe de devant du Cheval.
CHATAIGIVE. bot. fii. — Fruit du Châ-
taignier, frayez ce mot. — Ce nom a encore
été donné à d'autres fruits; ainsi l'on a ap-
pelé Ch. d'Amérique , le fruit du Sloanea
deniaia ; Ch. du Brésil , le fruit de la Ber-
Iholétie ; Ch. d'eau, le fruit de la Macre :
Cn. DE CHEVAL , celui du Marronnier d'Inde ;
Cn. DU Malabar , le fruit du Jacquier ; Ch.
DE MER, la graine du Mimosa scandens ,- Ch.
sauvage, le fruit du Brabeia siellala; Ch. de
TERRE, la racine du Bunium bulbocastanum ;
Ch. de la Trinité , le fruit du Pachirier à
grandes fleurs.
CHATAIGNE A BANDES, moll. — Nom
vulgaire du Murex nodosus.
CHATAIGNE NOIRE, ins. —Nom vul-
gaire donné par Geoffroy à VHispa aira.
Foyez hispe.
CHATAIGNIER. Castanea (xâdravov, châ-
taigne), bot. ph. — Genre de la famille des
Cupulifères, formé par Toumefort [ Insi. ,352),
CHA
réuni ensuiteàtorl par Linné au g.F«£;uîdont
il est très voisin, il est vrai, mais dont il dif-
fère surtout par son mode d'inflorescence et
la nature de son fruit. Il est adopté aujour-
d'hui par tous les botanistes , et renferme
douze ou quinze espèces , toutes d'un port
élégant, et croissant dans les parties tempé-
rées et extratropicales de l'Europe, de l'Asie,
de l'Amérique boréale, dans l'ile de Java, les
Moluques , etc. Ce sont des arbres ou de
grands arbrisseaux à feuilles alternes , très
entières ou dentées , quelquefois comme in-
cisées, et dont les fleurs paraissent en même
temps que les feuilles. Les caractères généri-
ques du Castanea sont : Des fleurs monoï-
ques ou très rarement hermaphrodites.F/e«),s
mâles agglomérées en nombre indéflni , en-
tourant des rachis axillaires , plus rarement
solitaires, bractéolées; périgonecalicinal pro-
fondément 5-6-parti. Étamines 8-15, insé-
rées à la base du périgone, autour d'un dis-
que glanduleux , à filaments filiformes, al-
longés, simples, à anthères biloculaires ,
incombantes , dont les loges opposées.
Fleurs femelles et hermaphrodiies : gemmes
axillaires, subsolitaires, formées de nom-
breuses bractées linéaires , inégales , con-
nées, avec un involucre campanule, 1-3-flore;
limbe périgonial supère, 5-8-fide. Étamines
5-12 , très petites et fort souvent abortives.
Ovaire infère, 3-6-loculaire; ovules anatro-
pes, solitaires dans les loges, et appendus au
sommet de l'angle central. Style très court,
épais ; stigmates sétiformes, étalés, en nom-
bre égal à celui des loges. Le fruit est une
sorte de capsule formée d'un involucre co-
riace, hérissé , et renfermant trois , deux ,
ou même une seule nucule ; celles-ci ova-
les-trigones ou subanguleuses , monosper-
mes , à épicarpe coriace , à endocarpe fi-
breux. Graine pendante, à test membra-
nacé , pénétrant par de nombreux replis
dans les fentes du nucléus. Embryon ex-
albumineux, orthotrope, à cotylédons très
grands, épais, farinacés, souvent inégaux,
plissés et étroitement cohérents , à radi-
cule supère, immergée.
L'espèce la plus commune , et en même
temps la plus importante sous le rapport
économique, est le Châtaignier proprement
DIT, le C. vesca Gaertn. ( C. saliva MiW.,
vulgaris Lmk, Fagus castanea L.). C'est un
grand et bel arbre, commun dans les forêts
CHA
511
de l'Europe, où il est connu de toute an-
tiquité comme indigène, se plaisant sur les
parties déclives des montagnes, dans un sol
sablonneux , profond , et réussissant moins
bien dans les plaines et dans un sol cal-
caire ou gras ou aquatique. Il abonde sur-
tout sur les bords du Rhin , dans le Jura ,
les Pyrénées, lePérigord, le Limousin, les
Alpes , les Cévennes , la Corse , etc. Ses
branches sont longues et étalées ; son écorce
lisse, grisâtre ; ses feuilles lancéolées-oblon-
gues, pointues, glabres, fortement plissées-
nervées , et bordées de dents aiguës. Au
temps de l'imprégnation (avril -mai), les
chatons mâles exhalent une odeur sperma-
tique qui se répand au loin.
Cet arbre acquiert quelquefois une gros-
seur prodigieuse, et plusieurs sont célèbres
dans l'histoire par leur énormité. On cite
entre autres le Châtaignier dit du mont
Etna , auquel les voyageurs donnent une
circonférence de plus de 50 mètres. Le tronc
en est creux; et, dans son intérieur, on a
pratiqué une retraite capable d'abriter tout
un troupeau et son berger. Une chronique
locale rapporte que ce fameux Châtaignier
abrita pendant un orage,sous son vaste feuil-
lage , dans son voyage d'Espagne à Naples ,
Jeanne d'Aragon et toute sa suite, composée
de plus de cent cavaliers ; de là, le nom de
Châtaignier aux cent chevaux. D'autres au-
teurs prétendent qu'on y a même établi une
maisonnette avec un four où l'on fait cuire
ses propres fruits , en chaufl^ant ce four aux
dépens de l'arbre lui-même, au moyen des
fragments que les habitants lui enlèvent à
coups de hache; acte de vandalisme qui
doit nécessairement en amener bientôt la
disparition complète. Outre ce géant végétal,
qui aujourd'hui n'existe plus ou à peu près
(il a été, dit-on, frappé par ia foudre), on en
trouve dans le même lieu quelques autres,
tous également d'une grosseur extraordi-
naire. On cite en France plusieurs gros Châ-
taigniers , dont un des plus remarquables
existe près de Sancerre. Il a, dit-on, plus de
10 mètres de circonférence ; on le croît âgé
d'au moins mille ans, ce qui ne l'empêche
pas de produire chaque année d'abondantes
récoltes de fruits. Toutefois il n'est rien qui,
dans ces monstres gigantesques , puisse sur-
prendre l'imagination ; car il est probable,
comme le pensent les botanistes modernes,
512
CH>
que ces troncs énormes résultent de la sou-
dure de troncs partiels qui se seraient natu-
rellement grefles par approche, en raison de
leur voisinage immédiat et de leur crois-
sance intime.
Le bois du Châtaignier est pesant , élasti-
que, d'une grande ténacité; son grain est
fin , serré , et peut recevoir un assez beau
poli. Il pourri! difBciiement à l'air, dans la
terre et dans l'eau , et est rarement attaqué
par les insectes. Toutefois son emploi ,
comme bois de construction , a peut-être
été trop vanté ; car il a été reconnu que
d'antiques constructions réputées faites de
ce bois l'avaient été de chêne. Comme bois
de chauffage il donne assez de chaleur ,
flambe bien, produit un assez bon charbon ;
mais son emploi sous ce rapport est dange-
reux , en raison des nombreuses étincelles
qu'il lance incessamment en pétillant. Ses
Jeunes branches servent avec succès à faire
des cerceaux, des treillages, des échalas, etc.
Son bois sert encore a confectionner des cu-
viers , des baquets , etc.
Dans nos forêts, comme dans celles de l'A-
mérique septentrionale, où il croît égale-
ment, le Châtaignier a produit de nom-
breuses variétés qu'il serait trop long d'é-
numérer ici ; elles se distinguent surtout par
le feuillage , la grosseur et la saveur des
fruits, le nombre de ceux-ci dans la co-
que , etc. Ces variétés reçoivent d'ailleurs
des noms vernaculaires en patois , dans cha-
que pays où elles se sont produites ; et le lec-
teur curieux d'en connaître les principales
peut à cet égard consulter la nouvelle édi-
tion des arbres ei arbustes de Duhamel, le
Traité de la châtaigne de Parmentier, et les
Mémoires publiés par Desmarest {Journal de
physique, 1771-1772, etc.).
Le fruit du Châtaignier est un aliment
sain et assez abondant ; il est composé d'une
grande quantité d'amidon, d'une partie plus
ou moins considérable , selon les localités ,
de matière sucrée , et d'une très minime
portion de gluten. Dans les Cévennes , le
limousin, la Corse, etc., les Châtaignes en-
trent pour la plus grande part dans la nour-
riture des pauvres paysans, qui les font rô-
tir ou bouillir, ou en composent même une
sorte de pain. Ce pain, toutefois, est pesant,
d'une digestion difficile, en raison de la
grande quantité d'amidon qu'il renferme, et
CHA
que n'allège pas, comme dans le froraeat,UDe
assez grande partie de gluten; défaut, du
reste, auquel il serait facile de remédier, si
l'on ne possédait pas d'autres végétaux plus
abondants en matières nutritives. Dans cer-
tains cantons , le Limousin , par exemple ,
à l'aide de quelques préparations indus-
trieuses, on parvient à enlever l'enveloppe
immédiate du fruit, laquelle, en cuisant avec
lui, lui communique nécessairement une
partie de son astringence et de son amer-
tume. Dans le Gard , près d'Alais , on des-
sèche les Châtaignes de manière à pouvoir
les conserver pendant plusieurs années. On
en obtient la dessiccation complète en les
étalant sur des claies au-dessous desquelles
onentretientcontinuellement un feu d'abord
modéré et dont on augmente progressive-
ment l'intensité, jusqu'à ce que les Châtai-
gnes aient atteint un certain degré de dureté
qui en indique l'état désiré. On les jette en-
suite dans des sacs mouillés, qu'on roule el
qu'on frappe doucement en tous sens pour
en détacher l'écorce. On vanne ensuite, et
l'opération est terminée.
Les grosses Châtaignes, connues sous le
nom de Marrons, viennent des environs de
Lyon et de Saint-Tropez (Yar). La Sardaigne
nous en envoie également d'immenses quan-
tités , et ce fruit est l'objet d'un commerce
d'importation et d'exportation qui n'est pas
sans importance.
La Châtaigne, conservée naturellement, est
sujette à se gâter, et les piqûres de certains
insectes lui communiquent de l'amertume.
Nous avons dit que le Châtaignier se plaît
sur les montagnes et dans un sol léger et
profond. Sa culture, dès le principe, de-
mande quelques soins. On ne le multiplie
que de graines , qu'on sème en place ou en
pépinières abritées des vents par des arbres
ou des haies vives. On pourrait également
le multiplier par le bouturage et la greffe;
mais le premier procédé est trop long , trop
dispendieux, et l'on emploie généralement le
second pour conserver quelques variétés pré-
cieuses que les graines ne reproduiraient
probablement pas. Pour les Châtaigniers des-
tinés à la haute futaie, le terrain doit avoir
préalablement été préparé par plusieurs la-
bours successifs. Les Châtaignes sont plan-
tées une à une en quinconce et dans des ri-
goles tracées parallèlement avec le soc de la
CHA
charrue ou la pioche du cultivateur. On les
place à un décimètre les unes des autres , et
on les recouvre de 8 à 10 centimètres de
terre. Deux ou trois ans après, on les dis-
tance à un mètre et demi ; ils doivent rester
quatre ou cinq ans dans cet état. A cette
époque, le plant a atteint 2 ou 3 mètres de
hauteur sur un diamètre à la base de 6 cen-
timètres. On les relève alors pour les mettre
définitivement en place, dans un terrain dé-
friché et préparé à l'avance. L'année sui-
vante, et après leur bonne reprise, on les
greffe en flùle , et on a soin de choisir pour
greffes les meilleures variétés sous le rap-
port alimentaire. Quatre, cinq ou six ans au
plus après cette opération , les jeunes Châ-
taigniers commencent à rapporter; chaque
année voit s'augmenter leurs produits , qui
ne cessent guère que par une cause acciden-
telle , telle que la carie, par exemple, mala-
die à laquelle ces arbres sont très sujets.
Quant aux Châtaigniers destinés aux bos-
quets ou aux taillis , on peut les semer plus
drus , ou même jeter deux ou trois graines
dans chaque trou. On sarcle la première an-
née, et, dès la seconde, on bine deux fois par
an, au printemps et en automne. On butte
le jeune plant vers la troisième année.
Les fruits destinés aux semis doivent con-
server leur enveloppe , et l'on peut les con-
fier à la terre dès le mois d'octobre , si le
temps est favorable. Dans le cas contraire,
on les met stratifier pendant l'hiver, et l'on
sème en février ou en mars, en ayant soin
de ne point rompre la radicule ; puis on les
couvre de terre au moyen d'une herse sans
dents. (C. L.)
CnATAIRE. BOT. PH. — Syn. vulgaire
du g. Nepela.
CIIATELAIVIA, Neck. bot. ph. — Syn.
de Tolpis , Adans.
CHATI. MAM. — Nom d'une esp. du g.
Chat, Felis Chati.
CHATILLOIV. ?oiss.—ro,j. chatouille.
*CnATOESSUS. poiss. —Syn. de Caiileu
Tassart.
* CHATOIEMENT, min. — Cette expres-
sion, qui fait allusion à l'éclat changeant des
yeux du Chat dans l'obscurité , n été em-
ployée, en minéralogie, pour désigner les re-
flets variés produits par certaines pierres ,
lorsqu'on change l'angle sous lequel on les
regarde
T. III.
CHA
513
CHATOIV. Catutus, ^menlum, Juins.
BOT. — Mode d'inflorescence propre à certains
arbres , surtout à ceux de la famille des
Amentacées et des Conifères , résultant de
la réunion de fleurs unisexuelles , disposées
en épi autour d'un axe commun, au moyen
de bradées faisant l'office de pédoncules.
Il tombe de lui-même après la floraison;
caractère qui le distingue de l'épi.
CDATOLILLE. Poiss. — Nom vulgaire
d'une esp. du g. Ammocèle, le Peiromyzon
branchialis.
CHATTE. MAM.— Nom vulgaire de la fe-
melle du Chat.
CHATTE PELEUSE , CH. PELUE. ins,
— Synonyme de Calandre du blé.
*CHAlJLELASMLS,Gr. ois. —Syn.de
Chauliodus, Sw. (G.)
CHAULIODE. Chauliodus (xav^t'o^Jouç, à
dents saillantes), poiss. — Genre de la fa-
mille des Lucioides , comprenant des Pois-
sons remarquables par la longueur des dents
de la mâchoire supérieure qui croisent les
branches de l'inférieure, quand la gueule est
fermée. Ce sont de petits Poissons de la Mé-
diterranée , qui ont beaucoup de rapports
avec les Stomées. /^oy. ce mot. (Val.)
CHALLIODES(xa"^'°^o'^;. à dents sail-
lantes). INS. — Genre de la tribu des Hé-
mérobiens , groupe des Sialites , de l'ordre
des Névroptères , établi par Latreille , et
adopté par tous les entomologistes. On re-
connaît les Chauliodes à leurs mandibules
courtes et dentées , à leurs antennes pecti-
nées et assez courtes, ainsi qu'à leurs ailes
larges, pourvues de nervures saillantes. Ces
Insectes sont exotiques. Le type du genre est
le Ch. peciiuicornis [Uemerobius pectini-
cornis h. ), habitant la Pensylvanie et la
Géorgie (Amer. sept.). (Bl.)
*CHAULIODLS. oïs. — Genre établi par
Swainson {Nat. hist. ofBirds,i. II, 36G), et
ayant pour type notre Chipeau, Anas stre-
pera , esp. du g. Canard. (G.)
* CHALLIODUS (xaw>'o'<îovî, dont les
dents avancent hors de la bouche), ins. —
Genre de Lépidoptères de la famille des
Nocturnes, tribu des Tinéiles, établi par
M. Treitschke, et adopté par nous (Hist.
nat. des Lépidoptères deFrance, t. XI, p. 202).
Ce genre se distingue de ceux de la même
tribu par ses palpes courts , peu garnis d'é-
caiiles, légèrement renflés au milieu, et par
33
5ia
CHA
ses ailes antérieures , falquécs , garnies de
deux dents au bord interne. Il ne renferme
que deux espèces ( les Tinea illigerella et
poiitificella Hubn.) dont les Chenilles ver-
ruqueuses vivent sur les plantes basses, en-
tre des feuilles réunies en paquet, et se mé-
tamorphosent dans un léger réseau, entre-
mêlé de grains de terre et de mousse. Leurs
Papillons éclosent dans le courant de juil-
let. M. Blanchard , en adoptant le g. dont il
s'agit [Biiffon-Duménil , Ins., t. III, p. 655) ,
a cru devoir en changer le nom en celui de
Cliauliomorpha , attendu la trop grande res-
semblance de Cliauliodus avec OiauUndes ,
nom d'un g. de Névroptères créé antérieu-
rement par Latrcille. (D.)
•CIIALL10G\"ATI1LS ix^vÀcVaGoç, mâ-
choire saillante). I^s. — Genre de Coléoplè-
res pcntaméres, famille des Malacodcrmcs ,
tribu des Lampyridcs de Latrcille , établi par
M. Hentz ( J'ransact. de la Société d'flisi.
nal. de Philadelphie , t. III, 3' série). Ce g.,
créé aux dépens du genre l'^lephoras, s'en
distingue par le développement tout parti-
culier des mâchoires qui se prolongent en
forme de lanières. 11 a pour type le Tcle-
phorus pensijliunicus de Degcer, (L).)
•CnAULIOlVIORPIlA, Blanch. i.ns. --
Synonyme de Chauliodns, Treits. f^oijez ce
mot. (D.)
•CIIAULMOOGRA , Roxb. eot. pji. —
Synonyme d'Hydnocarpus , Gœrt.
CHALME. Culmus. bot. — Tige simple,
fistuleuse , entrecoupée de nœuds d'où nais-
sent les feuilles, comme dans les Graminées.
CIIAUIVA (xaïvoç, vain , superbe), ois.
— Illigcr a donné ce nom à un Echassierdu
Brésil et du Paraguay déjà désigné, par d'A-
zara, sous le nom de Chaia, que Linné avait
placé dans le groupe des Jacanas , dont Vieil-
lot avait fait un g. particulier, sous le nom
û'Opisiolophus, et que les auteurs modernes
rapportent au g. Kamichi, sous le nom de
Palainedea chavuria. (G.)
CHAUXGOLIV. OIS. — yom de pays de-
venu spécifique d'une esp. du g. Vautour,
le Kuliur indiens. (G.)
'CHALXOIVOTLS(x°Ç, lèvre),
poiss.— Genre de Poissons de la famille des
Labroides, établi par Lacépède, avec une dé-
nomination empruntée à Commerson. Tel
qu'il est caractérisé aujourd'hui, legenreau-
quel nous avons conservé ce nom ne cor-
respond plus à celui de Lacépède. Ces carac-
tères consistent dans l'épaisseur des lèvres,
dans la grosseur des dents coniques sur un
seul rang, dans la présence de larges écail-
les sur les joues, et enfin dans l'interruption
de la ligne latérale. Les écailles du corps sont
larges, minces, peu adhérentes. Elles avan-
cent presque sur la caudale ; mais la dorsale
et l'anale sont nues , comme dans les La-
bres. Ce sont de beaux Poissons, originaires
des mers de l'Inde ; je n'en connais aucun
de la Méditerranée ou de l'Atlantique équa-
toriale. Plusieurs de ces Cheilines ont les os
verts comme VEsux belone Lin. Les vertè-
bres sont plus foncées que les autres os ; il
semble qu'on les ail plongées dans une solu-
tion de cuivre. Lacépède rapportait à ce g.
la Cheitine scare. Poisson qui n'a été vu par
aucun naturaliste depuis Belon, et dont l'es-
pèce repose sur les documents laissés par ce
savant voyageur. Si le Scarus de Belon
existe, ce ne serait pas dans le genre des
Cheilines qu'il prendrait place. A celle es-
pèce hypothétique , Lacépède ajoutait la
Cheiline trilobée , dont Commerson avait
CHE
laissé uf.t description très détaillée , et très
exacte. Il n'y avait pas fait entrer d'autres
espèces qu'il aurait pu cependant trouver
dans Forskal. Je compte aujourd'hui pl\is
de vingt espèces dans ce genre. (Val.)
CHEILIOIM. Clieilio (x«''^05. lèvre), poiss.
— Genre de la famille des Labroïdes , éta-
bli sous ce nom par Commerson , quoiqu'il
ne l'ait pas suffisamment caractérisé. Se fon-
dant sur les caractères de la méthode lin-
néenne, ce naturaliste, compagnon de Bou-
gainvilie, le distinguait des Labres par l'ab-
sence des prolongements cutanés des rayons
épineux de la dorsale. Il en avait d'ailleurs
observé, sur les marchés de l'Ile de France,
deux espèces, dont il a laissé la description
daps ses manuscrits. Ces matériaux ont servi
à Lacépède pour introduire ce genre dans sa
méthode ; mais , comme ce naturaliste ne
recourait pas à la nature , il l'a placé , contre
toutes ses affinités , auprès des Pomalomes ,
des Harpes, des Piméloplères, genres appar-
tenant eux-mêmes à des familles toutes dif-
férentes et éloignées les unes des autres.
Cuvier reconnut le genre de Commer-
sou ; mais il ne crut pas devoir le distinguer
des Labres , parce qu'il pensait que la mol-
lesse des rayons ne donnait pas un caractère
assez tranché. Cuvier aurait eu raison si
ces Poissons n'avaient pas, avec cette mol-
lesse des rayons, d'autres dispositions par-
ticulières de dentition qui ne laissent aucun
doute sur la valeur générique de ce petit
groupe intermédiaire entre les Labres et les
Girelles. Les caractères du genre, tels que je
les ai donnés dans notre Histoire naturelle
des Poissons, consistent en des intermaxil-
laires élargis et couverts en dedans de gra-
nulations qu'on n'observe dans aucun au-
tre Labroide. Les dents de la rangée externe
sont comprimées, triangulaires et tranchan-
tes. Les deux mitoyennes seules sont en cro-
chets ; tous les rayons sont mous et flexi-
bles, quoique les neuf premiers de la dorsale
et les deux de l'anale soient simples et sans
articulations ou bifurcations. La membrane
branchiostège a six rayons ; la ligne latérale
n'est pas interrompue. Il y a sur l'opercule
un petit nombre d'écaillés.
Les deux premières espèces ont été obser-
vées , à l'Ile de France , par Commerson , et
retrouvées sur les marchés de cette île par
presque tous les voyageurs qui y ont fait des
CHE
.17
collections de Poissons , quoiqu'ils ne soient
pas très abondants. Leur chair est blanche et
de bon goût.
Nous avons reconnu une troisième espèce
de ce genre dans les Poissons rapportés aussi
de l'Ile de France par M. Dussutnier. On l'y
nomme Tassard marron; et comme, dans
toutes nos colonies, on donne le nom de
Tassard aux Poissons à dents tranchantes ,
comme les Cybiums ou les Sphyrènes , il est
assez curieux de reconnaître que les pécheurs
ont aussi saisi et exprimé la ressemblance
que les Cheilions ont avec ces Poissons.
Commerson n'est pas le premier naturaliste
qui ait observé des Poissons de ce genre;
car Forskal en a fait connaître une espèce
qu'il a publiée sous le nom de Labrns iner-
mis. On en connaît encore 3 ou 4 autres es-
pèces du grand Océan indien. (Val.)
CnEILOCOCCA, Salisb. bot. ph.— Syn.
de Plaiylobium , Sm.
CIIEILODACTYLE. Cheilodaclylus (x^r-
>05 , lèvre ; (îaxTvAo^ , doigt). POISS. — Genre
de Poissons de la famille des Sciénoides, à
une seule dorsale armée de nombreuses
épines ; à corps ovale, comprimé ; à bouche
peu fendue, cachée sous l'avance du museau;
à dents en velours ou en cônes peu aigus sur
les mâchoires seulement; à palais lisse; à
pectorales composées de deux sortes de
rayons : les supérieurs étant divisés et arti-
culés comme ceux de tous les autres Pois-
sons , et les inférieurs simples , gros , réunis
par une membrane qu'ils dépassent quelque-
fois dans une partie de leur longueur. Celte
conformation rappelle celle qu'on observe
dans les Cirrhites parmi les Percoides , ou
dans les Scorpènes parmi les Perches à joues
cuirassées.
Lacépède , auteur de ce genre , a cru que
le poisson sur lequel il observait ces carac-
tères avait des rapports avec les Labres , et ,
pour rendre ce rapprochement, il composa le
nom de Cheilodaciyle. Il le plaça dans l'or-
dre des Abdominaux à cause de l'insertion
des ventrales, qui. lui a paru plus reculée
qu» celles des autres thoraciques. Il s'est
trompé sur cette double affinité, car les os
qui portent la ventrale sont attachés à la
ceinture humérale, et ne restent pas li-
bres dans les muscles abdominaux ; puis
le poisson est évidemment un Sciénoïde
et non un Labroide. L'espèce décrite par
518
CHE
Lacépede n'était pas non plus nouvelle
comme il le pensait ; Gronovius l'avait men-
tionnée, et très probablement sur le même in-
dividu qui avait ensuite passé sous les yeux
du célèbre naturaliste français. Nous avens
ajouté d'autres espèces à ce genre, toutes
originaires du grand Océan austral. Une au-
tre espèce se rencontre aussi sur les côtes du
Japon. (Val.)
CHEILODIPTÈRE. Cheilodipierus (xtT-
lo;, lèvre ; ^îmtpoç, à deux ailes), poiss. —
Genre de Poissons de la famille des Per-
coïdes , voisin des Apogons, et caractérisé
par des dents en fin velours aux deux mâ-
choires parmi lesquelles on voit saillir quel-
ques longs crochets pointus. Des dents en
velours existent au vomer et aux palatins ; le
limbe du préopercule a un double rebord, et
chaque bord est finement dentelé. L'oper-
cule entier manque d'aiguillons. Les deux
dorsales sont bien séparées ; la membrane
branchioslége a sept rayons. Les écailles
sont grandes, caduques, et couvrent la tète
aussi bien que le tronc. Les nageoires n'en
ont aucune. Tels sont les caractères généri-
ques du groupe que nous avons conservé
dans notre Ichthyologie, et qui diffère beau-
coup de celui que Lacépède avait formé sous
cette dénomination. C'est d'après l'inspection
du dessin de Commerson, fort mal gravé dans
Lacépède (t. III, pi. 34, Gg. 1), que ce dernier,
comparant le poisson représenté à un Labre ,
mais à deux dorsales , a formé le mot im-
propre de Clieilodipi'ere. Ce nom , en effet ,
donne une idée fausse du poisson repré-
senté par Commerson ; ce poisson n'ayant
rien deslèvrcsépaissesd'un Labre. D'ailleurs,
le genre Cheilodiptère de Lacépède comprend
les espèces les plus éloignées les unes des
autres : ainsi le Cn. iieptacanthe est du g.
Temnodon , le Cn. ciirysoptÈre du g. Per-
che, leCn. CYANOPTÈREestdug. Ombrine,et
même l'Ombrine commune, le Ch. acoupa
est un autre Sciénoïde du g. Corb, les Cir.
MAURICE, Ch. MACR0I.ÉP1D0TE , Cil. TACHETE
sont du g. des Éléolris, voisins par consé-
quent des Gobies. La seule espèce qu'on
puisse rapporter au g. tel que nous l'avons
caractérisé, est le Cn. rayé, espèce que La-
cépède a reproduite en double emploi , d'a-
près la description de Commerson , sous le
nom de Ceniropome macrodonte. Nous avons
donné la description du Ch. rayé d'après
CHE
nature , et nous y avons aussi joint la des-
cription de deux autres , conservés dans le
Cabinet du roi. Il ne nous est pas venu de-
puis d'autres espèces. (Val.1
* CHEILODROMUS {x^no^, plage ; <îpo-
(itûç, coureur), ois. — Genre institué par Rup-
pel , qui a pris pour type le Churadrhis
œgypiiacus, esp. du g. Pluvier. (G.)
•CHEILOMEIViES (x£~'o;, lèvre; fx-nvr, ,
lune). INS.— Genre de Coléoptères trimères,
famille des Coccinellides , créé par moi et
adopté par M. Dejean , dans son Catalogue.
Des huit espèces qu'il y rapporte, quatre sont
originaires des Indes orientales , une de la
Nouvelle-Hollande , une du Sénégal , et
deux du cap de Bonne-Espérance. Beaucoup
d'espèces de ce genre, encore inédites, pro-
viennent de cette partie de l'Afrique méri-
dionale. On doit regarder comme types de
ce genre les Coccinella (î- maculaia , iuter-
nipia et liinata Fabr. ( la C. vulpina Fabr. ,
siilpliurea Oliv. , est regardée comme for-
mant une variété de cette dernière). On ne
sait rien encore sur leurs mœurs. (C.)
CHEILOIVYCHA
lèvre :
^Ç,
v^oî, ongle). INS. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Carabiques , tribu
desCicindélètes, fondé tout récemment par
M. Lacordaire ( Mém. de la Soc. roxj. des
scienc. de Liège, t. I, p. C5 et suivantes, an-
née 1842 ) sur la Cicindela chalybea Dej., du
Brésil. Cette espèce se distingue des autres
Cicindèles par un corps assez épais, et par
des élytres courtes et subcylindriques. Son
nom générique fait allusion à la forme avan-
cée du labre, dont la dent médiane est très
saillante, surtout chez la femelle. (D.)
•CIIEILOPSIS, Mocq. bot. ph. — Syn.
présume de DHivaria, Juss.
• CIIEILOSA (x£~>o; , bord d'une coupe).
bot. PII. — Genre établi par M. Blume dans
la famille des Euphorbiacécs, d'après un
grand arbre de Java , qui offre les caractè-
res suivants : Fleurs dioiqucs. Calice ouvert
à 5 divisions inégales ; pas de corolle. Fleurs
mâles :8-]0 étamines à filets libres, sail-
lants, autour d'un rudiment central de pis-
til qui ceint un anneau glanduleux, court.
Fleur.s femetlcs ; Ovaire entouré inférieure-
ment d'un urcéole (dont la forme donne sans
doute son nom au genre ), à 3 loges 1-ovu-
lées. Style persistant , profondément divisé
en 3 branches, chacune bifide et réfléchie.
CHE
Cipsule globuleuse , lomenleuse , marquée
de 6 sillons et se séparant en 3 coques. Grai-
nes à enveloppe presque charnue. Feuilles
aîlerncs, oblongues, bordées vers le sommet
de dents écartées, coriaces , glabres. Fleurs
disposées en grappes axillaires et rameuses.
(Ali. J.)
THEILOSIE. Cheilosia{xt~y-o , j'aime ). ins. — Genre de Lépi-
doptères , de la famille des Nocturnes , tribu
des ïinéitcs , établi par nous {flisi. nat. dei
Lépid. de France, t. XL p. 53, pi. 287, fig.
8 et 9) sur une seule espèce ( Tinea gcUitella
Linn.) que nous avons retranchée du g. Lem-
maiopliila de Treitschke. — M.Weslwood [Sy-
nops. of ifie gênera of british insecls) appli-
que le nom générique de Clieimopliila , qui
ne diffère du nôtre que par le retranchement
d'une syllabe, à la Tinea phryganella de
Schrank, qu'il place parmi les Yponomeu-
tides de M. Stephens, et qui appartient pour
nous au g. Lemmatophiln de Treitschke. (D.)
'CIIEIRACAIVTIILS (x"> , main ; aTw;, large), ins. — Genre de Coléoptères
pentaméres, famille des Lamellicornes,
tribu des Scarabéides , attribué à M. Kirby,
par M. Hope {Colcopterisl Manual),qii\'^ rSip-
porte les Scarahœus tnincatus et comnius de
Fab. [/îxitiuus, Guér.). La V* de ces espèces
se trouve à la Nouvelle-Hollande, et la 2-^^ aux
Indes orientales. Ce genre offre les caractères
propres aux CalHcnemis de M. de Castelnau
ou Colerln)iusAc}\. Erichson, cl n'en diffère
sans doute pas. f-^oycz ces deux noms. (C.)
CHÉIROPTÈRES ou CIIALVES-SOL-
TxVi.Clitiropiera, Cuv. ( x"',°. main ; tttc-
po'v, aile ). MAM. — Les naturalistes ont
donné ce nom , qui signifie animaux dont la
main est devenue une aile , à l'ensemble des
.Mammifères construits non plus pour mar-
cher à la surface du sol, mais bien pour s'é-
lever et se mouvoir dans les airs à la ma-
nière des Oiseaux. Pour parveni^r à ce résul-
tat, il était nécessaire que le plan général
de l'organisme mammalogiquc éprouvât de
grands changements ; aussi les Chauves-
Souris présentent-elles, surtout au premier
coup d'œil, des anomalies telles que leur vé-
ritable nature a longtemps été méconnue.
Leurs mœurs nocturnes, le choix de leur
retraite, en ont fait, pour des peuples entiers,
un objet de dégoût et d'horreur. Moïse les
met au nombre des animaux impurs dont
le peuple de Dieu ne doit jamais manger la
chair. Les Grecs semblent les avoir prises
pour modèles de leurs Harpies. Au moyen-
âge , elles sont les compagnes des sorciers ,
des loups garons ; et quand on a voulu re-
présenter Satan , on a chargé ses épaules de
vastes ailes de Chauves-Souris. Bien des an-
nées se sont écoulées avant que les natura-
listes eux-mêmes eussent des notions préci-
ses sur ces êtres ambigus, .\ristote les défi-
CHE
nit des Oiseaux à ailes de peau , el s'étonne
de ne leur trouver ni queue , ni croupion.
Pline, suivant les errements de son illustre
prédécesseur , les regarde également comml
des Oiseaux qui, par une exception unique,
engendrent leurs petits vivants, et les allai-
tent au moyen de mamelles. AIdrovande
les réunit à l'Autruche, parce que, dit-il, ces
deux espèces d'Oiseaux participent de la na-
ture des Quadrupèdes. Scaliger signale la
Chauve-Souris comme le plus singulier des
oiseaux, couvert de poils au lieu de plumes,
manquant de bec et portant des dents.
Plus tard , pourtant , le petit nombre connu
de Chauves-Souris fut placé parmi les Qua-
drupèdes; et enfin Linné , s'exagérant la va-
leur de quelques uns de leurs rapports, alla
jusqu'à les réunir à l'Homme et aux Singes
dans son ordre des Primates.
Si l'élude des êtres s'enchaînant naturel-
lement les uns aux autres pour former ce
magnifique ensemble que nous désignons
sous le nom de liègne animal, est remplie
d'un si grand attrait, on comprend lout ce
qu'il y a d'intérêt puissant à examiner de
plus près encore ceux qui semblent échapper
aux régies générales. A ce titre, un Célacé ou
Mammifère poisson, un Cheiroptèreou Mam-
mifère oiseau, méritent toute notre attention.
Un problème bien digne de la science se-
rait de ramener ces exceptions apparentes
sous l'empire de la loi commune, cl de mon-
trer la nature toujours une jusque dans ce
qu'un œil inaltentif pourrait prendre pourdes
écarts désordonnés ; aussi allons-nous entrer
ici dans quelques détails assez circonstan-
ciés. Mais pour mieux nous faire compren-
dre , nous poserons d'abord quelques prin-
cipes généraux , en le faisant aussi briève-
ment que l'exige un article de Dictionnaire.
Lorsque nous jetons un coup d'œil sur les
espèces diverses qui composent le règne ani-
mal , chacune d'elles nous apparaît comme
pourvue de deux sortes de caractères : les
uns l'isolent des espèces voisines et l'indivi-
dualisent dans l'espace et le temps ; les au-
tres rattachent entre elles un certain nombre
d'individualités, et les réunissent en groupes
plus ou moins régulièrement circonscrits. Ce
que nous venons de dire des espèces s'ol)»
serve également entre ces groupes primitifs
et, par l'appréciation des caractères de plus
en plus généraux, l'esprit peut établir des
CHE
groupes secondaires , tertiaires , et délimiter
tous CCS groupes. Reconnaître leur subordi-
nation réciproque , fixer exactement leurs
rapports et leurs dilTcrences, leur plus ou
moins de proximité ou d'éioignement , con-
stituer par suite une méthode naturelle par-
faite, tel est le problème que s'est posé la
science moderne, et vers la solution duquel
elle marche sans doute; mais, il faut bien le
dire, avec lenteur, résultat inévitable des
difficultés du sujet.
Malgré tout ce qui manque encore à nos
classifications les plus parfaites , nous pou-
vons cependant dire dès aujourd'hui qu'el-
les embrassent assez bien l'ensemble des
êtres appartenant au règne animal , et que,
parmi les groupes qu'elles admettent, un
certain nombre sont bien connus, et par là
même irrévocablement fixés. Ce que nous
disons ici s'applique à des groupes de degrés
très différents, désignés par les mots de clas-
ses , d'ordres, de familles et de rjenres.
Lorsque nous étudions un de ces groupes
vraiment naturels , que nous en pesons et
apprécions tous les caractères , notre esprit
se crée, pour ainsi dire involontairement,
l'image d'un type idéal qui les réunirait au
plus haut degré possible. Mais, entre ce type
à la conception duquel nous n'arrivons que
par un procédé artistique , et sa manifesta-
lion dans les espèces existantes, il Se trouve
toujours une différence pi us ou moins grande.
C'est ainsi que l'homme et la femme n'ont
jamais présenté la réalisation complète des
beautés que les peintres et les sculpteurs ont
rêvées, qu'un petit nombre d'entre eux sont
parvenus à représenter sur la toile ou à ci-
seler dans la pierre.
Nous regarderions comme les plus parfaits
l'homme ou la femme qui rappelleraient le
mieux les formes , les proportions des chefs-
d'œuvre de la sculpture et de la peinture.
Eh bien de même chaque animal sera, pour
nous, d'autant plusélcvédansle groupe dont
. il fait partie, qu'il se rapprochera davantage
du type idéal dont nous parlons. S'en éloi-
gne sera une condition d'infériorité.
Nous voyons en général, dans chaque
groupe, un certain nombre d'êtres qui présen -
Ipnlà un haut degré le cachet caractéristique
de leur type. Il en est d'autres, au contraire,
chez qui cette empreinte semble s'cfl'acer, et
cette dégradation relative peut être le résul-
CHE
525
lat de trois causes dilTérentcs , agissant en-
semble ou séparément. Les caractères dis-
tinctifs peuvent s'affaiblir ; ils peuvent s'exa-
gérer; ils peuvent se compliquer de carac-
tères étrangers qui viennent à la fois établir
de nouveaux rapports, et détruire ceux qui
existaient. Tant que ces altérations ne dé-
passeront pas certaines limites , l'animal ,
tout en s'écartant de son type virtuel , lui
restera encore plus ou moins intimement
rattaché ; mais il viendra un moment où, ces
limites franchies, devra apparaître un type
nouveau.
Lorsque l'altération dont nous parlons ré-
sultera de la suppression d'un grand nom-
bre des caractères dislinclifs du premier
groupe, accompagnée de l'apparition de ca-
ractères entièrement nouveaux, les types ne
conserveront entre eux que peu ou point de
rapports. Il n'en sera pas de même lorsque
les différences dépendront seulement de l'a-
moindrissement ou de l'exagération d'un
caractère primitivement existant. Alors le
nouveau type ne sera pour nous qu'un dé-
rivé du premier; et quelque grandes que
soient les dissemblances apparentes, il sera
toujours possible de remonter à la source
dont il émane.
Dès lors, nous pouvons nous représenter
le règne animal tout entier comme décom-
posé en un certain nombre assez restreint
de types primitifs autour desquels se dispo-
sent, dans un ordre et à des distances varia-
bles, leurs dérivés immédiats, qui don-
nent eux-mêmes naissance à d'autres types
et ainsi de suite. Les espèces existantes vien-
nent toutes se ranger dans ce règne animai
imaginaire, en se distribuant chacune selon
son degré de ressemblance avec son type
virtuel.
Les caractères, dans l'acception élevée que
nous donnons ici à ce mot, sont si intime-
ment liés aux conditions d'existence , qu'ils
ne sauraient varier sans que celles-ci en
soient influencées. La réciproque est égale-
ment vraie , et nous pouvons dire que tout
changement dans les conditions d'existence
entraîne nécessairement des modifications
plus ou moins profondes dans les caractè-
res. Cette manière d'envisager la question
se prêtant d'ailleurs plus facilement au rai-
sonnement, c'est elle qui nous servira de
guide pour nous rendre compte des ancma-
526
CHE
lies apparentes que présente l'ordre des
Chéiroptères.
Faisons encore ici une remarque impor-
tante. Parmi les caractères distinclifs de cha-
que type, il s'en trouve toujours quelqu'un
dont l'influence prédomine. Souvent celle in-
fluence est telle que ce caractère étant donné,
les autres s'en déduisent commeconséquence
forcée. Or, on comprendra sans peine que ce
type venant à se modifier, l'importance rela-
tive des caractères doit souvent changer, et
que, par exemple, un des caractères primiti-
vement subordonnés venant à éprouver une
extension considérable, ce caractère peut
très bien changer de rôle, dominer à son
tour le reste de l'organisme, et entraîner des
modifications propres à rétablir l'équilibre.
Les naturalistes ont trop souvent perdu de
vue cette variabilité de la valeur des ca-
ractères ; et peut-être pourrait- on attii-
buer à cet oubli la lenteur avec laquelle
nous marchons vers une méthode réellement
naturelle. En elî'et , si nous attribuons tou-
jours à un caractère devenu inférieur dans
un groupe quelconque, l'importance qu'il a
pu avoir dans d'autres groupes ; si, en même
temps, nous lui subordonnons un caractère
élevé au rang de dominateur, il est évident
qu'il nous sera impossible de juger des rap-
ports réels du groupe dont il est devenu le
signe caraclérfelique, et, par suite, de la place
quedoit prendre celui-ci dans le cadre géné-
ral. L'étude que nous allons faire des Chau-
ves-Souris nous présentera l'un des exemples
le» plus propres à prouver toute l'impor-
tance des observations que nous venons
de faire.
Pour abréger, nous poserons en fait , ce
qui d'ailleurs est universellement reconnu
aujourd'hui, que les Chéiroptères appartien-
nent au t^'pe primitif des Mammifères. Or ,
qu'est-ce qu'un Mammifère? En négligeant
des détails secondaires, nous pouvons dire
quec'estunanimal essentiellement constitué
pour vivre à la surface du sol, et y rencontrer
l'accomplissement de toutes ses conditions
d'existence. Dès lors , un corps horizontal,
des supports ou membres en nombre suf-
fisant pour permettre une locomotion ra-
pide sans nuire par leur nombre même , tel
sera l'idéal abstrait du Mammifère , en ce
qui louche à la vie individuelle. Pour ce
QU! regarde la vie d'espèce . le Mammifère
CHE
engendre ses petits vivants , et les allaite
pendant un temps variable.
Sous cedernier rapport, les Chauves-Sou-
ris répondent entièrement à toutes les exi-
gences du type auquel elles appartiennent.
Nous retrouvons aussi chez elles un tronc
dont l'ensemble rappelle celui des Mammi-
fères les mieux caractérisés. Leurs membres
postérieurs , à quelques dispositions près ,
dont nous signalerons la cause un peu plus
loin, rentrent dans la règle générale. Les
membres antérieurs , au contraire, ont en
tièrement changé de forme et de fonctions.
En même temps , le système tégumentaire
présente, sur divers points du corps, une ten-
dance extraordinaire à un développement
exagéré, relativement à ce que nous obser-
vons dans les autres dérivés du type. Tout
autour des divers organes des sens, et sur
toutes les parties latérales du tronc , il se
contourne en cornets , ou s'étend en larges
membranes.
Tels sont les faits bruts que nous montre
la simple observation ; voyons quelle peut
en être la cause , et quelles conséquences i\&
entraînent.
En créant les Chauves- Souris, l'Auteur de
toutes choses a voulu faire un Mammil^ère
volant. Il fallait donc remplacer ici l'aile ca-
ractéristique de l'Oiseau par un appareil
identique quant à la fonction , mais très
différent au point de vue anatomique. Sans
ces deux conditions, le nouvel être, oun'au-
rait pu voler, ou aurait pour ainsi dire pris
au type Oiseau son caractère le plus essen-
tiel. Il y aurait eu confusion , et rien n'est
plus contraire aux grandes lois qui régissent
la nature.
Que fallait-il pour que la première de
ces conditions fîlt eCHcacement remplie? Il
fallait développer un des organes extérieurs
de telle sorte qu'il présentât une surface suf-
fisante pour que, dans ses mouvements, il
pîlt prendre sur l'air ambiant un point d'ap-
pui dû à la résistance de ce fluide. Or, le-
quel des systèmes organiques se prétait le
mieux à cette extension? Il est évident que
c'est le système cutané. De là ces larges
membranes qui forment l'aile de la Chau-
ve-Souris. Ces membranes sont formées par
deux feuillets de peau s'étendant et s'amin-
ciésant de manière à se doubler pour pré-
senter à la fois une grande solidité et la lé-
CHE
gèreté indispensable dans le cas dont il
s'agit.
Ces membranes une fois obtenues, il fallait
leur donner des supports ; car sans cela
leur ténuité même eût été un obstacle à ce
qu'elles remplissent les fonctions qu'on en
altendail.Ces supports ne pouvaient être pris
que dans le système osseux et dans une
partie de ce système jouissant de mouve-
ments étendus. Les os des membres seuls
se prêtaient à cet usage ; et ceux des mem-
bres antérieurs, placés de manière à main-
tenir la tète en haut, devaient cire évidem-
ment préférés. C'était donc sur ces os que
devaient porter les modiQcations nécessi-
tées par une destination toute nouvelle.
Or, pour atteindre le but proposé , deux
conditions devaient être remplies. Il fallait
que les os destinés à supporter les mem-
branes alaires fussent à la fois étendus et
légers. D'autre part, il était nécessaire que,
dans les mouvements d'impulsion qu'ils
communiqueraient au corps, une tropgrande
facilité de mouvements en tous sens ne nui-
sit pas à la fixité du point d'appui. Deux
moyens très simples ont satisfait à ces deux
exigences.
D'abord les os du bras et de l'avant-
bras sont déjà fort allongés ; puis, sur le
carpe, s'implantent quatre os métacarpiens
fort longs et fort grêles qui divergent en
tous sens, à peu près comme les rayons d'un
cercle, et auxquels fontsuite des phalanges
de même nature. Ces os ainsi modiflés sou-
tiennent et tendent la membrane cutanée,
comme les baguettes d'un parapluie main-
tiennent en place le taffetas qui les recouvre.
Dans l'accomplissement de ces nouvelles
fonctions, l'ongle terminal, qui sert aux
Mammifères ordinaires d'arme ou d'organe
accessoire de locomotion , devenait complè-
tement inutile; aussi n'existe-t-il pas, et avec
lui disparait ladernière phalange destinée à
le supporter.
Dans ces changements éprouvés par la
main et les doigts, le pouce seul conserve
ses formes et sa mobilité normales; aussi
l'ongle et sa phalange se retrouvent-ils ici
dans leur intégrité.
Voilà donc l'aile construite; restait à
lui donner la solidité indispensable. Il a suffi
pour cela de fixer la main modifiée dans un
«lat intermédiaire entre la pronation et la
CHE
527
supination, et de détruire en même temps
ces mouvements dans les os de l'avant-bras.
Pour cela , le cubitus a été raccourci : on
n'a conservé que son tiers supérieur ; et
cette portion, soudée comme un arc-boulant
contre le radius, donne à celui-ci la solidité
nécessaire pour résister aux efforts considé-
rables qu'il est obligé de supporter. Les
mouvements de flexion et d'extension étant
devenus seuls possibles entre les deux gran-
des parties du membre antérieur , leurs
rapports se rapprochent de ceux qui exis-
tent entre la cuisse et la jambe ; aussi l'olé-
cràne se détache-t-il dans certains cas du
cubitus, et se mélamorphose-t-il en une
véritable rotule brachiale.
Les nouvelles fonctions dévolues au mem-
bre antérieur nécessitent des mouvements
bien plus violents et bien plus étendus que
la marche sur un plancher solide ; aussi
leur influence s'élend-elle sur toutes les
parties qui concourent à leur accomplisse-
ment. L'omoplate est longue et large ; son
apophyse coracoide se prolonge et se re-
courbe en avant de manière à jouer pres-
que le rôle d'une seconde clavicule. Celle-
ci est longue , très forte , courbée de ma-
nière à élargir la poitrine en môme temps
qu'elle fournit de larges points d'attache
aux muscles puissants qui ramènent l'aile
vers le tronc. Le sternum lui-même porte
l'empreinte de ces modifications. Il est très
développé, et sur la ligne médiane se trouve
une sorte de bréchet qui rappelle celui des
Oiseaux , et qui, comme chez ces derniers,
est destiné à multiplier les points d'attache
du muscle grand pectoral.
Les changements imposés au type des
Mammifères par une nouvelle condition
d'existence , le vol , sont donc fort considé-
rables , mais ne s'en déduisent pas moins
d'une manière très simple de ce seul fait
premier, l'expansion des téguments en
membranes alaires. Mais là ne se borne pas
la tendance du système cutané à franchir
ses limites ordinaires. La peau modifiée s'é-
tend entre les quatre membres, et jusque
sur la q-îieue, comme pour aider encore, sous
la forme de parachute, à l'accomplissement
des nouvelles fondions. De plus, elle forme,
autour des oreilles et à l'entrée des na-
rines, des replis souvent très compliqués,
tous destinés à donner à ces organes une
528
CHE
sensibilité exquise. Le loucher lui-même
semble avoir acquis par l'extension de la
main une délicatesse extraordinaire. On sait
que Spallanzani, après avoir arraché les
yeux à des Chauves-Souris, les vit se diriger
avec la même sûreté qu'auparavant, et vo-
ler dans son appartement sans jamais se
heurter au plafond. On sait aussi que ce
célèbre physiologiste avait été conduit par
là à regarder ces animaux comme doués
d'un sixième sens qui leur révélait l'appro-
ched'un obstacle solide; mais la perfection du
toucher suffit pour expliquer ce phénomène.
On conçoit en effet sans peine que , perce-
vant les moindres mouvements de l'air, il
puisse très bien avertir la Chauve-Souris de
la proximité d'un corps qui occasionne dans
ce fluide des remous et des contre-courants
imperceptibles pour nous.
Ainsi l'expansion des téguments, soit par
le fait seul de son existence, soit par les
modifications secondaires qu'elle nécessite ,
métamorphose un animal marcheur en ani-
mal volant : elle a permis à cet animal de
vivre et de se diriger dans les ténèbres , d'y
poursuivre et d'y atteindre sa proie ; elle l'a
même misa portée d'habiter ces sombres ca-
vernes où ne pénétra jamais la lumière du
jour, sans risquer à chaque instant de perdre
la vie par un choc imprévu. En un mot, elle
a donné naissance au type des Clienopièien
par une simple dérivation du type plus gé-
néral des Mammifères. Le système cutané
acquiert donc ici une importance prédo-
minante , et les caractères qu'il nous four-
nil sont, en ce sens, essentiellement domi-
nateurs. Par conséquent lorsque nous vou-
drons juger de la place qu'occupent dans
ce groupe les diverses espèces qui s'y rat-
tachent, c'est dans cet ordre de faits que
nous devrons chercher nos termes de com-
paraison.
.Mais lorsqu'il s'agira de déterminer les re-
lations générales des Chéiroptères avec les
groupes voisins , nous devrons nous atta-
cher à des considérations d'un ordre bien
différent. Ce seront alors les caractères les
plus fixes du type des Mammifères qui de-
vront nous guider.Or, sous ce poinlde vue, le
système nerveux se présente en première
ligne comme fournissant les signes les plus
essentiels. Sans entrer ici dans des détails
qui cxigeraienttropde développement, nous
CHE
dirons d'une manière sommaire que le cer-
veau des Chéiroptères ressemble beaucoup
à celui des Insectivores et des Rongeurs par
sa forme ovalaire rétrécie en avant; par la
nullité complète des circonvolutions céré-
brales ; par le peu de développement des
hémisphères cérébraux, qui ne recouvrent
jamais le cervelet ; par la brièveté du corps
calleux, dont la longueur égale à peine celle
des tubercules quadrijumeaux ; par la po-
sition fort en arrière de ces tubercules, etc.
Toutes ces circonstances anatomiques rap-
prochent singulièrement le cerveau des
Chéiroptères de celui des Oiseaux , et ten-
draient par conséquent à les placer à un
rang inférieur dans la série mammalogique.
En revanche, il en est d'autres qui sesn-
blent leur assigner, au contraire , une place
fort élevée. Leurs organes externes de la gé-
nération sont entièrement semblables à ceux
des Singes. Les femelles sont, à ce qu'on dit,
sujettes à un écoulement vaginal périodique
qui rappellerait les menstrues. Enfin, et
celle considération a été regardée comme
ayant une grande valeur , leurs mamelle.*
sont placées sur la poitrine comme chez
l'Homme et les Quadrumanes.
D'un autre côté, les organes mêmes de la
génération présentent, dans leur profondeur,
des circonstances qui rentrent dans ce que
nous avons vu des rapports établis par le
système nerveux. Ainsi la matrice se pro-
longe en deux longues cornes droites qui
indiquent une tendance vers la division com-
plète observée chez un grand nombre de
Rongeurs, toutes semblables à celles qu'on
observe chez un petit nombre de ces der-
niers.
Enfin les dents elles-mêmes nous offrent
des discordances assez sensibles. Chez toutes
les Chauves-Souris proprement dites, celles
qui se rapprochent le plus du type virtuel,
nous trouvons un système dentaire essen-
tiellement insectivore d'accord avec leurs
habitudes. Chez les Roussettes qui sont fru-
givores , cl qui s'éloignent encore à d'au-
tres égards du type des Chéiroptères , on
rencontre des molaires à couronne plate, qui
rappellent celles de quelques Quadrumanes.
Mais ce qui , dans tous les cas , nous paraît
établir une différence sensible entre ces der-
niers et l'ordre dont nous parlons, c'est la
grande variabililé du nombre des incisives
CHE
elle peu d'importance dont elles paraissent
douces. On les voit, en eiTcl, disparaître
quelquefois entièrement, tantôt à la mâ-
choire supérieure, tantôt à la mâchoire in-
férieure ; et, dans un assez grand nombre de
cas, elles restent presque rudimcnlaircs. Si
l'on adopte les idées que nous avons déve-
loppées ailleurs [Coiiiidéralions sur les ca-
ractères zoologiqnes des liongeurs , et sur
leur dentition en pariiculier) , on trouvera
ici un rapprochement de plus à établir entre
les Rongeurs et les Chéiroptères.
Quelles conséquences tirer de ces faits en
apparence opposés? Nous croyons devoir
en conclure que les Chéiroptères sont un
de ces groupes fort embarrassants pour le
zoologiste systématique, obligé de décrire les
animaux en passant de l'un à l'autre i)ar
une série linéaire; que, si nous voulons nous
faire une idée exacte de leurs rapports avec
les autres Mammifères , nous ne saurions y
parvenir parce moyen ; mais qu'en défini-
tive les groupes avec lesquels leurs allhii-
tcs sont les plus étroites, sont en premier
lieu les Insectivores , et en second lieu les
Rongeurs. Or, nous avons cherché à établir
[loco citaio) que la place assignée à ceux-
ci dans la plupart des classifications, était 1
trop élevée, et nous croyons pouvoir en dire !
autant des Chéiroptères. |
Pour terminer ce que nous avions à dire 1
de général sur les Chéiroptères, il nous !
jeste à signaler quelques unes de leurs ha-
bitudes. Ici encore nous retrouverons l'in- |
lluence du caractère essentiel de cet ordre, j
l.c membre antérieur, passé à l'état d'aile, [
estdevenu trèspeupropreàlamarchc; aussi j
n'est-ce qu'avec de pénibles efforts que la !
<2hauve-Souris se meut à la surface du sol.
Etendant aussi loin que possible l'ongle cro- î
chu qui termine son pouce , elle se cram- 1
ponne à quelque aspérité du terrain; puis, le !
membre une fois fixé attire à lui le reste du '
corps, en même temps que les pieds posté-
rieurs poussent d'arrière en avant pour aider j
à ce mouvement. Il est facile de compren- ;
drc que ce mécanisme doit diriger le corps
de côlé , et dans la direction du membre an- î
térieur qui entraîne le corps. Mais l'autre !
bras agit à son tour de la même manière , I
t'I par suite , comme l'a fort bien observé j
M. Geoffroy , la marche d'une Chauvc-Sou-
yis s'exécute, non point en ligne droite, i
T. III.
CIIE
529
mais par une suite de zigzags dont l'axe seul
détermine la direction réelle.
Les Chauves-Souris sont toutes des ani-
maux nocturnes. Retirées pendant le jour
dans les carrières , dans les greniers , dan-.;
les troncs d'arbres, elles attendent l'heure
du crépuscule dans un état d'immobilité
presque constante et sans doute de som-
meil. Pendant ces heures de repos, elles
sont suspendues par leurs pattes de derrière
dont les ongles, courbés en demi-cercle et
formant une ligne continue, sont parfaite-
ment appropriés à cet usage. Celte position
leur permet de fuir facilement à la moindre
apparence de danger, tandis que, lorsqu'elles
sont à terre , la longueur de leurs ailes les
empêche le plus souvent de prendre leur
vol. Souvent elles s'accrochent les unes aux
autres, et forment ainsi des masses énor-
mes. C'est surtout dans les salles sou-
terraines de certaines cavernes qu'on les
trouve ainsi réunies en nombre tellement
considérable, que leur fiente forme une cou-
che épaisse sur le sol. M. Geoffroy a fort
bien observé et décrit le petit manège à
l'aide duquel elles savent prendre la posture
nécessaire pour se débarrasser de leurs ex-
créments sans se salir.
Presque tous les Chéiroptères sont insec-
tivores ; les Roussettes seules font exception
à la règle et se nourrissent de fruits. Aussi-
tôt quelecrépuscule commence à faire place
à la nuit, on voit ces chasseurs nocturnes
sortir de leurs sombres retraites , et courir
après leur proie avec une gloutonnerie qui
les aveugle sur le danger, et ne leur permet
pas de distinguer les pièges les plus grossiers.
Aussi peut-on prendre des Chauves-Sou-
ris à la ligne, en amorçant un hameçon avec
un insecte, et en agitant cet appât dans l'air.
Lorsque la chasse est abondante , elles en
mettent une partie en réserve dans les es-
pèces d'abajoues qui leur garnissent les deux
côtés de la bouche.
Ces animaux ne sont nullement faciles à
observer vivants. Privés de leur liberté, ils
ne tardent pas à périr, quelque soin qu'on
prenne pour les conserver. Nous citerons
ici quelques observations intéressantes dues
à M. G. Daniell . sur les habitudes de la
Pipistrelle et de la Noctule.
En juillet 18:j.3, .M. Daniell reçut cinq fe-
melles fécondées de Pipistrelles , et les mil
34
530
CHE
dans une cage où elles furent fort turbulen-
tes. Elles mangeaient avec avidité les Mou-
chps et la viande crue , mais refusaient ob-
stinément la viande cuile. Lorsqu'une Mou-
che entrait dans la cage, elles l'clourdis-
saient d'un coup d'aile, et se jetaient sur
elle les ailes étendues comme pour lui fer-
mer la retraite. La maslicalion et la déglu-
tition étaient lentes et pénibles. Plusieurs
minutes étaient nécessaires pour dévorer
une grosse Mouche. Au bout de dix-neuf
jours, les cinq Pipistrelles étaient mortes. A
l'autopsie, on trouva qu'elles ne portaient
qu'un seul petit.
Le IG mai 1834, M. Daniell se procura
quatre femelles et un mâle appartenant au
genre Nodule. Le mâle était très sauvage ,
cherchait sans cesse à s'échapper, et mourut
au bout de dix-huit jours, après avoir refusé
toute espèce de nourriture. Trois femelles
succombèrent peu après. Celle qui survécut
fut nourrie avec du foie et du cœur de vo-
laille , qu'elle mangeait à peu près comme
eût fait un Chien. Elle mettait un soin par-
ticulier à sa toilette, employait beaucoup
de temps à nettoyer sa fourrure, et à la parta-
ger en deux portions par une raie droite qui
suivait le milieu du dos. Pour cela, elle se
servait des extrémités postérieures comme
d'un peigne. Elle mangeait beaucoup relati-
vement à son poids, et se tenait presque
constamment pendue au sommet de sa cage,
ne quittant cette position que le soir, pour
prendre sa nourriture.
Le 23 , M. Daniell ayant remarqué que
celle Nodule paraissait fort inquiète , l'ob-
serva avec soin, el fut témoin de son accou-
chement. Après une heure d'agitation envi-
ron, la Nodule s'accrocha par les membres
antérieurs, étendit ses pieds dé derrière, et
roula sa queue de manière a former avec
la membrane inter-fémoraie une espèce de
poche dans laquelle fut reçu un petit, de
laille relativement as.sez forte, entièrement
nu el aveugle. Un cordon ombilical, long
de 2 pouces, rattachait à la mère, qui ne
tarda pas à le couper , puis se mil à lécher
et à nettoyer son petit. Cela fait, elle reprit
sa position accoutumée, el enveloppa si bien
le petit avec ses ailes qu'il fut impossible
d'observer le mode d'allaitement. Le lende-
main elle mourut, et l'on trouva la jeune
Nociule adhérente encore à la mameile.X)n
CHE
essaya de la nourrir à l'aide d'une éponge
imbibée de lait; mais elle succomba à son
tour au bout de huitjours, sans que sesyeui
fussent ouverts. Quelques poils seulement
commençaient à se montrer sur le corps.
Les Chéiroptères , considérés par un cer-
tain nombre de naturalistes comme une
simple famille de l'ordre des Carnassiers,
nous paraissent devoir former un ordre à
part. Nous partageons à cet égard la ma-
nière de voir de M. Isidore Geollroy Sainl-
Hilaire. On sail que le groupe qui nous oc-
cupe a été de la part de ce naturaliste l'ob-
jet de travaux nombreux et importants :
aussi adoptons-nous également la classifi-
cation qu'il a proposée.
M. Isidore Geoffroy partage l'ordre des
Chéiroptères en quatre familles : 1" celle des
Guiéopiihéciens, qui ne renferme que le seul
genre Galéopilhèque; 2' la famille des Pié-
ropiens, dont le type est fourni par les Ilous-
seltes; 3' celle des FespeniUtuà, renfermant
un grand nombre de genres , qui devront
plus tard êlre distribués en un certain nom-
bre de familles nouvelles ou au moins de
tribus ; 4° enfin , la famille des A^mnpiriens,
formée avec les Phylloslomes de Cuvier.
De ces quatre familles , la première , la se-
conde et la quatrième sont parfailement na-
turelles. La troisième renferme un grand
nombre de genres encore trop peu connus
pour être classés définitivement, mais dont
l'ensemble forme une série dans laquelle le
type des Chéiroptères se prononce de plus en
plus, depuis les Noctilions jusqu'aux Mé
gadermes.
La distribution géographique des Chéirop-
tères présente quelques faits assez remar-
quables. La seule espèce connue de Galéo-
pilhèque est propre aux îles de la bonde.
On ne trouve les Vampiriens qu'en Améri-
que. Tous les Ptéropiens appartiennent à
l'ancien continent, en y comprenant la Po-
lynésie, qui n'en possède qu'un seul genre.
Quant à la famille des Vesperliliens , elle a
des reprcsenlanls sur toute la surface du
globe. Parmi les douze genres principaux
admis par M. Isidore Geoffroy comme en-
trant dans sa composition , trois paraissent
être cosmopolites ( FesptniUon , Lusiure ,
Oreillard) ; un se rencontre à la fois dans les
parties les plus chaudes des deux continents
{I\\ciiuome);nii parait être commun auxcU-
CHE
mats chauds et aux contrées tempérées de
l'ancien continent ( liliinoloplie ) ; un autre
habite spécialement le midi de l'Europe
{Diwifie); quatre sont répartis dans les con-
trées chaudes de l'Asie et de l'Afrique [7'a-
pliien, A'ijcièie , Hluimpome, Méyuderme) ;
enfin deux paraissent être propres à l'Améri-
que chaude [Noctiliou, AJolofme).
Mais si, parmi ces genres, il en cslquelques
uns qui appartiennent à la fois aux deux
continents, il n'en est plus i!e même des es-
pèces, quelque nombreuses qu'elles soient.
Sous ce rapport, les faunes des deux mondes
sont presque entièrement dilTérentes. M. Isi-
dore Geolîroy, en émontrant l'identité spé-
cifique des iNyctinomes du Brésil et du Ben-
gale, a faii connaître la seule exception bien
constatée jusqu'ici à cette règle générale.
Voir les articles relatifs aux différents gen-
res, et plus particulièrement les mots galéo-
PITHÈ(JUE, ROUSSETTE, V ESPERTILION, MEGA-
DKfiME, PllVl.LOSTOME. (A. DE QUATREFAGES.)
* CHEIROSl'OKA , Mong. bot. pu. — Sy-
nonyme de Sidùuspora, Pers.
CîlEir»0STEA10i\' (xn'p ain ; G-cnu-o^v,
filament), bot. pu. — Genre de la famille des
Slerculiacées , tribu des Bombacées, formé
par Humboldt et Bonpland {Fl. /Equin., I,
82, t. 24), et ne contenant qu'une espèce.
C'est un arbre indigène du Mexique, à tronc
grêle, élancé, terminé par une cyme touffue,
comme sphérique. Le bois en est blanc, très
léger; les feuilles en sont alternes, péliolées,
subarrondies-ovales, ô-T-lobées-aiguës, cor-
diformes à la base, d'un glauque verdàlre
en dessus, blanchàtres-tomenleuses en des-
sous , accompagnées de stipules ovales ,
amincies, (^écidues.Le pcrianlheest unique,
3-bracléé à la base , subcampanulé , blan-
châtre-lomenleux en dehors, pourpré en
dedans; les pédoncules sont l-flores, solitai-
res; dans l'appareil slaininal est un tube
cylindrique, exsert, 6-fide au sommet, à i
lacinies rnucronccs , unilatérales [luide no-
men gentricuv). Le C. ptuumoides est cultivé
dans plusieurs jardins européens. (C. L.)
*CIH;iIlOSTVLIS( x^'P, main; "v-o, tortue), ins.
— Genre de Coléoptères pentamères, fondé
par Fahricius, et adopté par tous les ento-
mologistes, qui ne s'accordent pas sur la
place qu'il doit occuper dans la méthode na-
turelle. Latreille , après l'avoir mis d'abord
dans la famille des Clavicornes, tribu des
Byrrhiens [Cen. Crusi. et Ins., t. II, p. 44),
le range {/i'eg. anim. de. Cuvier, t. IV, p. 452)
dans la famille des Serricornes, tribu des
Élaléridcs. M. Dejean.dans son dernier Ca-
talogue, le maintient parmi les Clavicornes,
entre les g. 7'roscus et Kosodendron, et M. de
Caslclnau [Buffon-Uuméml, Ins., 1. 1, p. 228)
le place dans la famille desSternoxes, tribu
des Fucnémides , sous-lribu des Troscites.
Il faut que ce g. présente des caractères bien
équivo(iues pour qu'on le promène ainsi
d'une famille à une autre. En attendant que
les entomologistes s'accordent à son su-
jet, nous nous bornerons à dire que les es-
pèces qu'on y rapporte sont toutes de l'Amé-
rique du Sud, à l'exception d'une seule {Ch.
f.econiei Dej. ) qui appartient à l'Amérique
du Nord. M. Dejean, dans son dernier Cata-
logue, en désigne 12, parmi lesquelles nous
citerons comme type le Oi. Beauvoisii Latr.,
q^5i i>arait être le même que le C't. atrumd^
536 CHE
Fabricius. Celle espèce est de Saint-Domin-
gue, i^-)
CHELOXE (x£)wvyj, tortue), bot. ph. — I
Genre de la famille des Scrophulariacces, |
tribu des Digitalées, établi par Linné {Gen., \
:h8), et renfermant 5 ou G espèces , recher-
chées pour l'ornement des jardins. Elles ap-
partiennent toutes à l'Amcrique boréale. Ce
sont des plantes herbacées, vivaccs, à feuilles '
opposées, dentées, à fleurs en épis termi- !
naux. Le nom générique fait, dit-on, allu-
«ion à la forme de la lèvre supérieure. Les
principaux caractères de ce g. sont : Calice
5-parti; corolle tubulée, convexe en arrière, j
bilabiée, barbue à la base; 5 éiamines, dont
4 fertiles, didynames, exsertes , insérées sur
le tube de lacorolle, à anthères biloculaires,
divariquées. Style simple, a stigmate subbi-
lobé. Capsule biloculaire, septicide-bivalve,
à placentaires adnés; graines nombreuses,
l'omprimécs, bordées d'une large mem-
brane. (C. L.)
CHÉLOXÉE. Chelonia x^'^vn, torlae).
KEPT. — Les Grecs donnaient indifférem-
ment le nom de Xe/ûvï) aux trois sortes de
Tortues terrestres , fluvialiles et marines
qu'ilsconnaissaient.On trouve loutefois,dani
Aristote, que l'espèce d'eau douce était plu.^
spécialement appelée if/iv;, et les moderne.-
ont conservé cette dénomination au groupe
dont cette espèce est devenue le type. Lin-
nœus, qui employait les mois lalins de préfé-
rence à ceux qui viennent du grec, réunit
toutes les Xî/.ojvïî d'.\ristote dans le seul g.
Tcstudo; mais , lorsque les Tortues furent
considérées par les erpétologistes comme un
ordre particulier, que M. Alex. Drongniarl a
nommé Cltélonicuf [ l'otj. ce mol), les pre-
miers genres établis dans cet ordre furent
ceux de Tesiudo, pour les espèces terrestres,
Emys, pour celles d'eau douce, cl Chelonin
pour celles qui vivent dans la mer. Nous trai-
terons, à l'article ciiélome.\s, des perfection-
nements qu'a dû recevoir ce premier essai
d'une classiQcalion des Tortues, mais nous
devons dès à présent rappeler qu'il fut aisé
de distinguer des Cnelonia deM.Brongniarl,
la Tonue Luih, formant le g. Dermatoche-
iijs (Blainv.), ou Sphargis (Merrem). Elle
manque en effet d'écaillés ; ce caractère la
sépare réellement des diverses espèces aux-
quelles resta le nom de Chélonées , et qui
sont avec elle les seules Tortues qui sont au-
CHE
, jourd'hui connues. Merrem a remplacé ;p
I mot Clieloiiia, pris dans cette acception plu.s
I restreinte, par celui de Caie/m , qu'on n'a
! pas adopté.
I Les Tortues marines composent une fa-
mille bien distincte de Chéloniens, fl
M.M.Duméril et Bibron les ont réunies sous le
nom commun de Tltalasniea , qui rappel!!»
! leur genre de vie ; ce sont aussi les Carei-
1 tofrfes de M. Fitzinger, les Haly'hœlones d^
' M. Bitgen , les Tesiiiudines Oiacopodts de
Waglcr, etc. Pour MM. J. E. Gray, Ch. Bo-
' naparte et quelques autres nomenclaleurs,
I les Chélonées, aussi bien que les Dcrmaio-
chelijs, forment chacune une tribu distincte
ou même une famille, et ils donnent à la
première de ces familles les noms de Chélo-
niadées, Cheloiiiiia, etc.
I Destinées à passer leur vie au sein des
! mers , les Chélonées et le genre dont elles
sont si voisines, différent notablement des
I autres Tortues. Leurs formes et leurs habi-
tudes sont appropriées à ce nouveau milieu;
cl, comparés à ceux des autres Chéloniens,
leurs organes loccmotcurs semblent avoir
; subi certaines modifications qui en font, dans
; leur groupe, les analogues des Phoques, des
Cétacés, et surtout des Manchots, les re-
présentants marins actuels dos Vertébrés
pourvus de poumons. Aussi embarras-
sées, quand elles viennent à terre , que
le sont les Slanchots , avec lesquels on les
a surtout comparées, elles jouissent comme
eux.dès qu'elles sont dans l'eau.d'une grande
facilité de mouvements qu'elles doivent
i aussi à la transformation de leurs membres
en véritables rames. Mais c'est probablement
à tort qu'on a voulu reconnaître , entre les
Chélonées et les Manchots, un lien qui unirait
laclassedesOiseauxàcelIc desBeptiles. Leur
i apparente ressemblance tient à l'analogie ne
I leurs conditions d'existence ; et, comme t-s-
} péces aquatiques, les uns et les autres {•j-
I raisscnt devoir être placés les derniers dans
Ileur groupe respectif.
Les Tortues marines sont d'une taille égaie
à celle des plus grandes espèces terrestres,
et toujours supérieure à celle des espèces
d'eau douce. Elles vivent en grand nom-
bre dans les mers intertrnpicales , vien-
nent assez souvent sous les zones tcmpérci?.s
des deux hémisphères; mais leur préseme
' sous des latitudes plus froides est purerr.r:.t
CHE
accidentelle. Une même espèce peut vivre
dans des parages fort distants , et se retrou-
ver, par exemple, dans l'océan Atlantique
et dans la mer des Indes, particularité que
leur organisation explique jusqu'à un certain
point, mais dont on a peu d'exemples dans
les autres animaux marins. C'est ainsi qu'on
a rapporté le Chelonia virgaia de différents
points de l'océan Atlantique américain , des
mers du Cap, de la mer des Indes et de la
mer Rouge, et le Caret (Cli. imbricaia] , de
Bourbon, des îles Seychelles { mer des In-
des), d'Araboine (Moluques), de la Nouvelle-
Gainée , et, assure-t-on , de Cuba.
Les animaux de ce genre ont de tout temps
fixé l'attention des peuples littoraux, des
naturalistes et des navigateurs. La singularité
de leurs formes aurait seul mérité cette dis-
tinction aux Chélonées, si l'excellence de leur
chair, l'abondance de leurs œufs et l'extrême
finesse de l'écaillé que plusieurs d'entre
elles fournissent à l'industrie ne les rendaient
encore plus utiles que curieuses. Semblables
à diverses autres Tortues aquatiques, les
Chélonées n'ont pas la faculté de rentrer sous
lacarapace leurs pattes et leur tête; mais elles
n'en sont pas moins très bien protégées par
les plaques d'écaillé dont cette carapace est
recouverte, et par les squames épidermiques
fort dures qu'on voit sur leur crâne et sur
leurs membres. Leurs mâchoires sont gar-
nies d'un bec de corne et tranchantes à leur
bord ; leur tympan n'est pas visible extérieu-
rement; leur cou est peu allongé, et leur
queue ne dépasse guère le bord postérieur de
la carapace. Celle-ci est plus ou moins cor-
diforme, appointie en arrière et déprimée,
de manière à n'offrir à l'eau qu'une résis-
tance assez faible, dont il ne faut plus tenir
compte quand on lui compare la force d'im-
pulsion due aux quatre rames formées par
les membres. Les plaques marginales de cette
carapace sont habituellement au nombre de
ï3de chaque côté, l'antérieure commune aux
deux côtés, assez large, et la postérieure sé-
parée; total ,25. Elles en entourent habi-
tuellement 13 autres, dites plaques du dis-
que, mais dont la paire latérale antérieure
est divisée en deux chez les Caouanes, ce qui
leur donne 15 écailles au disque au lieu de
13. LeOi. Dussumieri Si 11 plaques au disque,
dont5 seulement sur la ligne médiane,comme
dans les autres espèces. Celte Chélonée pré-
T. m.
CliE
i37
sente d'ailleurs 20 écailles marginales. Le Ca-
ret a les plaques du disque imbriquées ; cel-
les des autres Chélonées sont conligués et
comparables à un placage de marqueterie;
les plaques marginales offrent une différence
analogue; dans le Ch.mydaa, elles se touchent
par leurs bords, et sont contigucs, tandis
que dans d'autres elles sont imbriquées dans
une étendue variable du pourtour, et prin-
cipalement en arrière , ce qui rend le bord
plus ou moins dentelé [C. imbricaia et Dus-
sumieri). Les écailles du plastron sont de
trois sortes : 1° moyennes ou correspondant
à celles du disque, au nombre de G à 12 pai-
res, plus une antérieure impaire ( total, 13) ;
2° latérales grandes, au nombre de 4 à 6 de
chaque côté; 3° latérales petites, situées en
avant et en arrière des précédentes, et dites
axillaires ou inguinales , suivant leur posi-
tion. La charpente osseuse thoraco-abdomi-
nale que ces plaques de la carapace et du
plastron cachent à la vue , résulte, comme
chez les autres Chéloniens, de la fusion des
pièces du squelette proprement dit avec
celles du dermato-squelette. Les espaces in-
tercostaux n'y sont remplis par la matière
osseuse que dans les deux tiers de leur éten-
due, ce qui n'empêche pas le cercle des piè-
ces marginales d'être complet. Quant à la
partie osseuse du plastron , c'est-à-dire au
sternum', la plus grande partie de son disque
ne s'ossifie pas, et ses os pairs, occupant les
numéros 2 et 3, ne se touchent pas parleur
bord interne; ceux de la quatrième paire
{xypliosiernaux , E. GeolT.) ont un point de
contacta leur pointe postérieure ; tous sont
plus ou moins apophyses à leurs bords, et
l'os qui est impair [eniosiernal, Geolf. ) est
étroit et fort allongé. La tète a supérieure-
ment et latéralement des plaques un peu va-
riables pour le nombre et pour la forme, se-
lon les espèces ; mais ce qu'elle présente sur-
tout de caractéristique, c'est une voiite os-
seuse bilatérale à la crête sagittale, et qui
recouvre les muscles temporaux et une par-
tie des cervicaux postérieurs , placés ainsi
entre elles, et le cartilage dont le cerveau est
recouvert. G. Cuviery voit une lame de l'os
pariétal, le frontal postérieur, le mastoïdien,
le temporal et le jugal réunis entre eux et
avec la caisse. Cette détermination a été
critiquée par différents auteurs, et entre au-
tres par M. Laurent ; mais ce naturaliste est-
34-
538
CHE
il plus prés (le la vérité que Cuvier, lors-
qu'il considère la voûte osseuse du crâne
des Chélcnées , comme une ossification de
l'aponévrose du muscle temporal? nous ne
voulons pas l'affirmer. AI. de Blainvillc ad-
met l'opinion de Cuvier , et M. Carus, pour
expliquer la nature de cette voûte osseuse,
fait intervenir le dermato-squelette.
Nous terminerons ce qui est relatif au té-
gument externe et au squelette en parlant
des membres : les antérieurs sont plus grands
que les postérieurs ; les doigts sont peu ou
point distincts extérieurement. Ordinaire-
ment il n'existe d'ongle qu'au premier doigt
de chaque patte ; mais quelquefois le second
en montre également un.
Les Chélonées ont été partagées , dans
VEipctologie générale de MM. Duméril et
Bibron , en trois sous-genres :
CnÉLONÉES FRANCHES, qu'ou pourrait appe-
ler iVJydu.sea; Imbriquées, auxquelles nous
laisserons en propre le nom de Caretia,
comme le fait Ritgcn, et Caouanes que Fit-
zinger appelle Thalassochelijs.
l" Sous-cESRE. Mydasea.
Plaques du disque au nombre de treize,
non imbriquées; museau court, arrondi;
mâchoire supérieure légèrement échancrée
en avant, avec de faibles dentelures sur ses
côtés ; l'étui corné de la mâchoire supérieure
composé de trois pièces , profondément den-
teléen scie à ses côtés. Un ongle au premier
doigt de chaque patte.
ChÉlonée franche, Ctielonia mijdas. On
l'a aussi appelée Tesiudo viridis (Schneider),
Careita esculenla (Merrem] , Tesiudo viacro-
pi« (Walbaum), etc.— Sa carapace estsubcor-
diforme, peu allongée, glacée de verdàtre et
plus ou moins marbrée ; ses plaques médio-
dorsales sont hexagones. Elle atteint jusqu'à
5 et 0 pieds de long, sur une largeur moin-
dre d'un quart. Son poids s'élève à 7 et 800
livres; on voit à Chatham , en Angleterre,
le crâne d'un individu qui devait avoir au
moins cette taille. Celte espèce vitprincipale-
ment dans l'océan Atlantique, et c'est à elle
que se rapportent surtout les détails curieux
publiés sur la ponte des Tortues marines , et
sur les ressources que les œufs et la chair
dcces animaux offrent aux navigateurs dans
les parages éloignes. Les Chélonées fran-
ches cherchent en effet le voisinage des
CHE
îles et des côtes désertes ; et lorsqu'elles
vont à terre, ce qui est rare , c'est de préfé-
rence sur les rivages bas et sablonneux.
Elles y viennent à l'époque de la ponte, et
font souvent un trajet considérable pour
s'y rendre; puis elles regagnent la pleine
mer. On cite comme lieu de prédilection,
pour la ponte des Tortues franches, l'île aux
Caïmans , dans la mer des Antilles; celle de
Saint- Vincent au cap Vert , et celle de l'As-
cension, dans l'océan Atlantique méridional;
mais il en existe beaucoup d'autres. Une
seule femelle peut donner jusqu'à deux ou
trois cents œufs, tous ronds comme des bis-
caiens , à coque granuleuse et peu résis-
tante, dont le seul inconvénient est que
leur albumen ne se coagule pas par la coc-
tion. Il est à regretter que cet albumen, qui
paraît différent de celui des Oiseaux , n'ait
pas été analysé chimiquement. Lors de la
ponte, lesmâles quitlenten même temps que
les femelles leurs parages habituels, et les
suivent dans leurs voyages; ce à quoi les
déterminent bien plutôt l'instinct de so-
ciabilité gui anime ces animaux et leur dé-
sir de la reproduction, que le sentiment géné-
reux qu'on leur prête quelquefois de proté-
ger les femelles. L'acte de la fécondation
s'appelle Cavalage ; il s'opère souvent en
route.
Il paraît que les œufs des Chélonées éclo-
sent plus ou moins vite, suivant la manière
dont les rayons solaires échauffent le sable
où ils ont été déposés. Aux îles du cap Vert,
il leur faut, assure-t-on, dix-sept jours ; et
les jeunes, aussitôt qu'ils ont brisé leurs
enveloppes, gagnent immédiatement la mer,
et pour ainsi dire en ligne droite; mais , si
court que soit le trajet, de nombreux enne-
mis, principalement des Oiseaux de proie ,
sont là pour les attaquer; et d'autres non
moins voraces, des Crocodiles et des Pois-
sons, attendent leur immersion. L'accroisse-
ment des jeunes Chélonées est rapide;
Valmont de Bomare exagère cependant,
lorsqu'il rapporte qu'un habitant de Saint-
Domingue, en s'embarquant pour la France,
prit avec lui une Chélonée franche, qui
grandit d'environ un pied en un mois
On rencontre souvent au large des bïndes
de Tortues franches, et les voyageuis ont
plusieursmanières de les prendre. C'est une
opération très facile loisquc les Chélonées
sont cnilorrnics à la surface de l'eau ou
qu'elles y viennent pour respirer. Dans les
mers du Sud, des plongeurs habiles prufi-
leni de ces nionieiits favorables pour arriver
sous les Tortues , et parviennent ainsi à
les saisir. On dit aussi que, sur la côte de
Mozambique, à la Chine cl sur quelques
points de la mer des Indes, on s'empare de
ces animaux à l'aide de certains Poissons,
nommés, pourcetle raison, Poisaoïis pêcheurs.
Christophe Colomb avait déjà signalé ce fait ;
et Comrnerson , Middielon et Sait assurent
l'avoir également constaté ; d'après Sait , ce
poisson est le Iiémora [voyez eciieneis).
Lorsque ce voyageur était, en 1809, comme
consul anglais, sur la côte de .Mozambique ,
l'évêque lui ayant fait présent d'un de
ces poissons, tous les habilans lui dirent que
l'espèce en était employée à la pèche des Tor-
tues. S'il faut l'en croire, on attache V Eciie-
neis au bateau par une corde , et, dès qu'on
voit une Tortue , on le jclte à l'eau pour
qu'il aille aussitôt se fixer, par la ventouse
dont sa léte est garnie, au reptile pélagien
dont on veut s'emparer; et comme VEcIte-
neis ne manque pas son coup , il devient
aisé, en tirant la corde, de ramener à bord
le poisson et le reptile.
1^ est aussi vers les bords de la mer
Rouge que Pline fait vivre les Cliélonoplia-
ge.i, ou mangeurs de Tortues; mais il ne
nous dit pas si, pour satisfaire leur amour
de la table, les Romains avaient mis à con-
tribution la chair de ces animaux. Chez
les modernes, elle n'est plus le partage
exclusif des navigateurs, et l'on amène
souvent en Europe des Chélonées vivantes
pour le repas des riches. On en vend sou-
vent à Londres. Le Turtle soap jouit, dans
toute r.\ngleterre, d'une réputation assez
méritée pour avoir provoqué la contrefa-
çon; c'est alors du Mock lurile soup , dont
le Veau seul fait les frais. Les diverses
autres espèces de Chélonées sont également
bien accueillies des gastronomes; et, sur
plusieurs points des côtes d'Angleterre, on
a établi des parcs ou des viviers dans les-
quels on recueille les Chélonées que le com-
merce amène. La figure 2 , de la planche
06 2 ( Reptiles ) de notre Atlas , est faite
d'après une Chélonée franche rapportée vl-
vaote à la ménagerie du Muséum de Paris.
La chair de ces Tortues est par elle-même fort
CHE
530
bonne; mais le goût exquis qu'elle donne
à la sauce fait surtout sa supériorilé. Plu-
sieurs grandes villes de France ont imité
l'Angleterre à cet égard; et, dans Paris, on
voit assez souvent aujourd'hui des Chélo-
nées vivantes, chez les marchands de co-
mestibles. Quelques unes sont apportées
par la marine , d'autres péchées sur
nos côtes ou à peu de distance au sud;
mais le nombre de celles-ci n'est pas consi-
dérable, et elles appartiennent surtout à
l'espèce de la Caouane. On estime aussi
la graisse des Chélonées, malgré sa couleur
verdàlre. Elle fond à une température peu
élevée.
L'espèce de Chélonée à propos de la-
quelle nous rappelons tous ces détails a
donné lieu à beaucoup de récits apocry-
phes que nous passerons sous silence. Son
nom spécifique est souvent écrit Midas ,
comme celui du fameux roi de Phrygie ,
dont parle la fable ; mais, d'après Schneider,
il serait emprunté de Nyphus, et aurait
pour racine fi^vç, é,avo; (Aristote), altéré
par quelque compilateur.
Les naturalistes rapportent encore au
sous-genre des Mydas, soit comme es-
pèces distinctes , soit comme simples varié-
tés, les Chelonia virgala , Duni. [Turtiie de la
mer Rouge, de Bruce ; P^oyage aux sources du
Nil, pi. 42), de la mer Rouge, C//f/on;a mucu-
losa et lacryriiuia G. Cuv. (côte malabare),
Chelonia ntarmorata Dum. et Bib. (île de
l'Ascension).
2" Sous-GE.M!E. Careftla , Ritgen.
Plaques des disques imbriquées et au
nombre de treize; museau long et com-
primé ; mâchoires à bords droits sans den-
telures, recourbés légèrement l'un vers l'au-
tre à leur extrémité ; deux ongles à chaque
nageoire. On n'en connaît qu'une seule
espèce.
Chélonée imbriquée, Chelonia imbricata,
le Caret. — Sa carapace est subcordiforme,
marbrée de brun sur un fond fauve ou
jaune ; son dos est en toit, et de fortes den-
telures se remarquent à la partie postérieure
du limbe. Cette espèce n'atteint jamais la
taille des Chélonées franches , et s(in poids
ne va pas au-delà de 200 livres. Sa chair n'est
pas aussi estimée , on la dit même de mau-
vais goût ; mais l'écaillé précieuse du Caret
540 CHÉ
est l'objet d'un commerce important. Cette
substance est aussi fournie par la Chélonée
franche et par la Caouane; mais celle du Ca-
ret jouit d'une grande supériorité. La dé-
pouille entière d'une Tortue se compose :
1° de sa carapace ou disque de la partie dor-
sale; 2° du plastron ou disque inférieur;
3o des écailles marginales ; ce qu'on appelle
les ergots ou onglons. La dépouille d'un
seul individu pèse environ 3 ou 4 livres.
On la détache en approchant du feu les ca-
rapaces qui en sont encore garnies; et,
avant que la main de l'homme en ait changé
la forme , elle est dite écaille brute. L'art de
la tabletterie s'en empare de préférence , et
la livre au commerce sous mille formes dif-
férentes. L'écaille a une grande analogie
avec la corne ; elle se travaille comme elle ,
et peut acquérir un grand poli. Sa supériorité
sur la corne consiste dans sa transparence
si richement accidentée et dans sa nature
compacte, au lieu d'être fibreuse ou lamel-
leuse. On la ramollit par l'action de l'eau
bouillante; et, par le même moyen ou par la
compression, les rognures d'écaillé sont éga-
lement susceptibles de s'agglutiner ; elle
prend alors le nom à'écaille fondue. On est
parvenu à imiter l'écaille au moyen d'une
préparation : aussi faut-il se tenir en garde
contre ce nouveau genre de fraude. On pêche
des Carets dans l'océan Atlantique américain
et dans la merdes Indes, depuis Madagascar
jusqu'à la Nouvelle-Guinée.
3« Sous-genre. Tltalassocltelys.
Plaques du disque non imbriquées ; mâ-
choires légèrement recourbées l'une vers l'au-
tre à leur extrémité.
Chélonée caouane , Chelonia caouanea.
Elle a reçu plusieurs autres noms , dont
MM, Duméril et Bibron ont fait le relevé :
Testudo corlicata (Rondelet), T.' marina
(Gesner), T. careiia (Linné), T. cephalo
(Schneider), Ch. pelagorum (Valenciennes).
C'est lex^ltâvn ôa^oîtratoç d'Aristotc. — Sa cara-
pace est un peu allongée, subcordiforme dans
l'âge adulte , et très carénée, avec son bord
terminal dentelé, chez les jeunes sujets ; elle
a vingt-cinq plaques marginales et deux on-
gles à chaque patte. La Caouane est com-
mune dans la Méditerranée et dans tout l'o-
céan Atlantique. On la voit accidentellement
sur les côtes d'Angleterre et de France.
CHE
MM. Duméril et Bibron en rapprochent ,
comme espèce distincte cependant , le Chc-
lonia olivacea d'Eschscholtz, qu'ils appellent
Ch. Dussumieri. Sa carapace est élargie,
subcordiforme , carénée dans le jeune âge ,
unie dans l'âge adulte, et a vingt-sept écail-
les limbaires. Il n'y a qu'un seul doigt à
chaque patte ; les plaques costales de la
première paire et celles de la quatrième ver-
tébrale sont souvent doubles. Cette Tortue
se trouve dans les mers de la Chine, sur la
côte malabare, dans les parages de l'Abyssi-
nie,. etc. (p. G.)
* CHÉLOMADÉES. Clieloniadeœ. rept.
—Nom de la famille des Chélonées, dans la
classification de M. J.-E. Gray. (P. G.)
• CeÉLONIDES. Chelonides. ins.— Tribu
de Lépidoptères nocturnes , établie par
M. Boisduval {Ind. method., p. 61, an. 1840)
aux dépens de celle des Noctuo ou Pseudo-
Bombycites de Latreille, et qui se compose
des g. Callimorpha , Trichosoma , Nemeo-
phila , Chelonia et Arciia. Les caractères
communs à ces différents sous-genres sont
d'avoir le corps robuste, l'abdomen tacheté
ou moucheté, les ailes en toit arrondi dans
le repos , et ornées de couleurs vives et
tranchantes, surtout les inférieures. Toutes
les Chenilles des Chelonides sont plus ou
moins velues , courent très vite , sont poly-
phages pour la plupart , et se changent en
chrysalides dans des coques de soie d'un
tissu lâche et mince, dans des feuilles ou
dans la mousse. (D.)
"CHÉLONIE. Chelonia [xàévr,, tortue).
INS. —Genre de Lépidoptères de la famille
des Nocturnes, tribu des Noctuo-Bomby-
cites , établi par Latreille et adopté par Go-
dart, ainsi que par M. Boisduval. Ce der-
nier, dans son Index methodicus, qui a paru
en 1840, le place avec d'autres g. qui en ont
été démembrés dans sa tribu des Cheloni-
des, et le réduit aux espèces qui présentent
les caractères suivants : Palpes aussi velus
que squameux, médiocrement longs et for-
mant une sorte de bec court. Trompe ru-
dimentaire ou presque nulle. Antennes pec-
tinées dans les mâles , et légèrement dentées •
dans les femelles. Ailes larges et ornées des
plus vives couleurs, disposées en bandes ou
taches légèrement confluentes. Toutes le«
espèces de ce g. sont connues sous le nom
d'Écaillés, et proviennent de Chenilles hé-
CHE
rissées de poils plus ou moins longs , im-
jiiantés sur des tubercules. Ces Chenilles vi-
vent solitairement, la plupart sur les plan-
tes basses, et quelques unes sur les arbustes.
Parmi les 20 espèces que M. Boisduval rap-
porte à ce g. , nous citerons comme type la
Chel. caja ( Bombyx id. Linn., Fab. , etc. ),
dont la chenille, connue des amateurs sous
Je nom de Martre ou Hérissonne, se trouve
principalement sur la grande Ortie , au
printemps. Cette espèce est répandue dans
toute l'Europe. (D.)
CHÉLOMENS. Chelonia ( du substantif
grec x^îiMVY) , qui désignait anciennement
les Tortues), rept. — M. Alex. Brongniart,
dans sa Classification des Reptiles , publiée
en 1805, lire deux dénominations appliquées
à des Reptiles : celle de Chélonée [voyez
ce mot), désignant un genre de Tortues de
mer, et celle de Chéloniens , qui est d'une
signification plus large, et s'étend à tout le
groupe des Reptiles, comprenant les Tortues
de terre et celles d'eau douce ou salée, ani-
maux dont on a fait les familles des Émydes,
Trionyx et Chélonées. Les Chéloniens , qui
faisaient anciennement partie des Quadru-
pèdes ovipares, sont généralement considé-
rés aujourd'hui comme le premier ordre de
la classe des Reptiles, et prennent rang entre
les Oiseaux et les Crocodiles. Cette manière
devoir est généralement adoptée. Ces ani-
maux ont en effet des caractères qui sem-
blent les rapprocher de ceux qui viennent
d'être cités; mais M. Straus les en a tout ré-
cemment éloignés ( Traité d'anatomie com-
parative, I, 23), pour en faire une classe à
part qu'il place entre les Batraciens et les
Poissons.
La forme extérieure des Chéloniens, aussi
bien que la nature de leurs organes , les font
aisément distinguer des autres Vertébrés, et
en particulier des Reptiles : aussi n'est-il
personne qui ne les reconnaisse à la pre-
mière vue; cependant les nombreuses es-
pèces de cet ordre présentent des carac-
tères assez différents , suivant qu'elles sont
destinées à vivre sur terre ou dans l'eau ,
et que, dans ce dernier cas, elles habitent
la mer , les marais et les fleuves. C'est d'a-
près la considération de ces traits secon-
daires qu'on les a partagées en quatre fa-
milles dont nous parlerons bientôt. Disons
d'abord que tous les Chéloniens maniuent
CHE
5k\
de dents, et que leurs mâchoires sont garnies
d'un étui corné en forme de bec plus on
moins puissant ; que leur corps cstccourté ,
discoidal ou bombé, à quatre membres; que
leur peau est rarement nue, et habituelle-
ment couverte d'un épiderme squameux
sur le corps, le cou, les membres, et de pla-
ques écailleuses, contiguës ou imbriquées,
sur la région thoraco-abdominalc ; que leur
cerveau et leurs sens ont un médiocre déve-
loppement ; qu'ils sont ovipares , respirent à
tous les âges par les poumons, et n'ont pas
les deux ventricules du cœur enliérement
séparés. Leur crâne , auquel l'os carré est
fixé d'une manière immobile, s'articule avec
le rachis par le corps de sa vertèbre occipi-
tale ou, comme on dit, par un seul con-
dyle, ce qui leur est commun avec les Oi-
seaux, les autres Reptiles proprement dits ,
et les Poissons ; le reste de leur squelette
présente diverses particularités importantes
à signaler dès à présent. Les vertèbres des
Chéloniens , depuis la dernière cervicale
jusqu'à la première sacrée exclusivement,
donnent, à leur point de jonction , une arti-
culation non mobile à des côtes qui s'acco-
lent et se confondent bientôt avec les prolon-
gements latéraux d'une carapace osseuse
dont la ligne médio-dorsale repose sur les
apophyses épineuses, et qui est une dépen-
dance de la peau (dermato-squelette). Infé-
rieurement, cette carapace est continuée ou
représentée par une partie plus ou moins
jointe bilatéralement avec elle, et qu'on a
nommée plastron. La peau ou les écailles
la recouvrent immédiatement, et ses bords
ainsi que ceux de la carapace donnent inser-
tion au reste de la peau. La carapace et le
plastron forment une espèce de boîte ou-
verte en avant et en arrière pour le passage
de la tête et du cou, des pattes et de la queue,
qui trouvent chez beaucoup d'espèces un
abri dans la boîte elle-même. L'insertion des
membres est cachée par la carapace, et
la ceinture osseuse antérieure ou l'épaule
prend, aussi bien que le bassin , un point
d'appui sur la colonne vertébrale et à la face
interne de la carapace : aussi leurs muscles
radiculaires sont-ils en dedans, et non en
dehors de la cavité thoraco-abdominalc ;
disposition toute spéciale, et qui a fait dire,
mais à tort, que les Chéloniens sont des ani-
maux retournés [corpore reverso). Le système
5i2
CHl'
nerveux encéphalo-rachidien des Tortues
est assez peu important ; les renflements
lombaire et brachial ne sont pas très consi-
dérables, et le premier ne nous a pas semblé
présenter de sinus supérieur bien distinct.
Le sillon médian inférieur de la moelle est le
plus manifeste de tous , et, dans la Tortue
moresque, il nous a présenté, au-dessous de la
commissure blanche , une dilatation canali-
forme qui régne dans toute sa longueur. Le
bulbe rachidien offre néanmoins un évase-
mentconsidérable 'calamusscripioriiis) dusil-
ion supérieur, et dont le cervelet ne recouvre
que la moitié; celui-ci se continue avec les
tubercules appelés bijumeaux qui sont un
peu plus gros que lui, et semblent doublés
à leur partie antérieure par une seconde
paire de renflements plus petits. Les hémi-
sphères viennent ensuite; ils ont un rudi-
mentde la scissure de Sylvius, et leurs ven-
tricules, qui sont considérables, communi-
quent immédiatement avec ceux des lobes
olfactifs. On doit noter que ceux-ci sont en
réalité plus distincts des hémisphères que
dans la Ggure du cerveau d'Emyde commune
donnée par Bojanus.On voit, à la hauteurdes
tubercules quadrijumeaux antérieurs et
sous leur voûte, le trou de la glande pitui-
taire ; cette glande est assez considérable.
Il faut s'étonner de lire, dans V^naiomiede
M. Carus, que le corps des vertèbres est su-
périeur à la moelle épinière, et tout ce qu'on
a dit du mode d'insertion des membres
perd beaucoup de sa bizarrerie prétendue,
si l'on se rappelle que les antérieurs appar-
liennentau névro-squelette du cou, puisque
leurs paires nerveuses viennent de celte ré-
gion ; peu importe qu'ils prennent leur point
d'appui intérieurement ou extérieurement à
la cagethoracique, c'est-à-diresurles vertè-
bres dorsales et leurs côtes, qui leur servent
uniquemenlde point d'appui, ou à leur face
interne, les vertèbres dorsales et leurs côtes
constituant, en effet, le névro-squelette d'une
autre série des paires rachidiennes. Les
transpositions des nageoires postérieures des
Poissons sont , à notre avis , une particu-
larité bien moins facile à comprendre que
celle de l'insertion des membres chez les
Chéloniens.
C'est essentiellement en arrière et en avant
de l'articulation des membres que le der-
malo-squeletle de la carapace prend un plus
CHE
grand développement, et tout le pourto^rr
de cet appareil protecteur paraît aussi hii
appartenir. Quant au plastron , on l'a toa-
jours considéré comme représentant le ster-
num des autres animaux , et il a été com-
paré de préférence à celui des Oiseaux. H
estinitialementcomposéde neuf pièces, donî
une impaire et les autres divisées en quatre
paires. M. E. Geoffroy les appelle, la pre-
mière, Enloslernal , et les autres Episler-
natix , Hyoslernnux , Hyposteniaitx et Xij-
plii.sieritaiix. Ces pièces osseuses laissent
quelquefois un espace non ossifié à leur
centre, et leurs bords peuvent avoir aussi
de fortes échancrures. C'est dans les espèces
terrestres qu'elles ont le plus de solidité.
Chez quelques Chéloniens de ce groupe, dits
Tortues à boîie , le sternum présente en
avant ou en arrière une partie mobile, et
quelquefois il y a mobilité en arrière comme
en avant; c'est ce qui a lieu dans les Cinos-
ternes , qui ont une pièce intermédiaire im-
mobile. Dans les Cistudcs , le sternum est
séparé en deux par une articulation trans-
versale de sa partie moyenne, et ses moitiés
antérieure et postérieure sont également
susceptibles de mouvement.
Les plaques écailleuses dont la carapace
et le plastron sont le plus habituellement
recouverts ont une grande valeur pour la
caractéristique des différents genres de Ché-
loniens, lorsqu'on les étudie dans leur nom-
bre et même dans leur forme respective.
Celles de la carapace sont dites centra-
les ou marrj'viaUs, suivant leur position ;
elles reposent immédiatement sur la partie
dermato - squelettique de celte carapace.
Celles du plastron prennent également des
noms en rapport avec leur position ; de
même que les précédentes, elles sont appli-
quées immédiatement sur les os. Voyez
CnÉl.ONÉE.
Entre autres particularités du canal intes-
tinal de ces animaux, nous rappellerons
que l'œsophage des espèces marines estgarni
de grandes pointes coniques assez consis-
tantes, fort nombreuses , dirigées vers l'es-
tomac , et que, dans la plupart des Chélo-
niens connus , l'estomac lui-même ne dif-
fère en apparence de l'oesophage et du
reste de l'intestin que parce qu'il est situé
en travers et légèrement dilaté. Le duodé-
nu:n a sa membrane muqueuse cu.'CîLie
CHE
p.iufréc ; il n'y a pas de cœcum à l'endroit
où les intestins grêles débouchent dans le
colon , mais seulement une valvule. Plu-
sieurs autres particularités anatomiques de ;
CCS animaux , et parliculièrement celle de
leur myologie, toul-à-fait en rapport avec
Shs particularités que présente le squelette,
seront exposées ailleurs.
On a décrit plus de cent trente espèces de
Cliélonieiis aclucliement vivantes à la sur-
face du globe, et le nombre de celles que la
Paléontologie fait connaître {voy. Tonruns
fossii.es) est déjà considérable. On en trouve
dans un grand nombre de couches fluvia-
tilcs ou marines ; il en est même qui ont
appartenu à des espèces terrestres.
Voici, d'après la classification adoptée par
MM. Duméril et Ribron, dans leur grand ou-
vrage ( Eri>éinlofjie génêrule), le tableau des
différents genres de Chéloniens actuellement
vivants qui sont venus à la connaissance des
naturalistes :
lo CriÉLOMENS TERRESTRES OU GllERSITES.
P'cyeZ TORTUES.
Genres: Tonne, Hotiwpode , Pyxide, Ci-
2" Chéloniens klodites ou de marais.
P^oy. kmvdes.
a. Crypiodères , ou à cou susceptible de
rentrer sous la partie dorsale de la carapace.
Genres : Cisiude, Emyde, Tetioiiyx, Pla-
ty^tenie , Emysaiire, Stanrotype, Cinoslerne.
b. Pleiirodères, ou à COU se reployant sur
le côté du corps.
Genres : Pekocéplmle, Podocnémide, Pen-
louyx, Slernoili'ere , Plulémyde , Chélodine ,
Chélyde.
3° ChÉI.ONIENS POTAMIDESOU DE FLEUVES.
f^Oy. TRIONYX.
Genres : Gynuopode, Cryptopode.
4» Chéloniens thalassites ou de mer.
Ployez CHKL0NÉE.
Genres : Cliélonée , Dermaiochélyde ou
Spkargis.
Outre l'ouvrage de MM. Duméril et Bi-
bron , cité plus haut , on pourra consulter
avec avantage, pour l'élude des Chéloniens,
VHistoire générale des Tortues, par Schnei-
der ; VOsiéoloyie des Tortues vivatues , par
G. Cuvier {Oss. fossiles, t. V) , et VAnatome
Testudinis europeœ de Bojanus. (P. G.)
CKÉLONIEIMS FOSSILES, paléont. —
^SidS TORTUES fossiles.
CHE 5^3
CHELOMSCUS. mam.— Wagler a donné
ce nom à une division qu'il a voulu établir
dans le grand genre Tatou. 11 y rapporte le
Tatou géant [Dasi/piis giyas Cuv.). Le genre
Cheloniscus de Wagler est à peu près le
même que le genre Priodonle {Priodon) de
F. Cuvier. f'oyez tatou. (A. de Q.)
ClIÉLOMTES. REPT. ro§s.— Nom donné
aux Tortues d'eau douce.
*CIIÉL01VITES.C/ie/o«/;M. INS. —M. Blan-
chard [Buffon-Omnénil, Ins. , t. III , p. 497)
désigne ainsi un groupe de sa tribu des Bom-
bycites, lequel groupe répond à la tribu des
Chélonidcs de M. Boisduvai, et comprend de
plus les g. Uazis et T.epiosoma du même au-
teur, qui ne renferment que des espèces exo-
tiques. (I)-)
* CIIELOIVODEMA (x£^<^''-/,, tortue; Si-
fja;, corps). INS. — Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Carabiques, tribu
des Trnncalipennes, établi par M. de Caslel-
nau ( Éludes eniom. , \" livr. , pag. 49), et
adopté par M. le comte de Mannerheim
( Bulletin de la Soc. imp. de Moscou, 1837,
no 2 , p. 32). Ce g., qui renferme 4 espè-
ces , toutes du Brésil , en y comprenant celle
décrite par M. de Mannerheim sous le nom
d'elttjatis , a pour type la Lebia lesiacea
Dej. (D.)
CHELO\Lr»A ( xï^w'v) , tortue ; o-ip:^',
queue). REPT. — Nom d'un g. de la famille
des Émydes, proposé par M. Flemining, pour
la Tortue serpentine, et qui est synonyme
d'Kmysaure. f^oyez ce mol, (P. G.)
CHELOALS ixà^yn, tortue), ins.— Genre
de la famille des Braconides, tribu des Ich-
neumoniens, de l'ordre des Hyménoptères ,
établi par Jurine, cl adopté généralement
par tous les entomologistes. Les Oielonus
sont de petits Insectes très singuliers par
leur abdomen, dont la partie dorsale forme
une carapace d'une seule pièce; leurs yeux
sont velus.— Le type du genre est le Cli. ocu-
laiorTii)., qui habite la plus grande partie
de l'Europe. Il voltige ordinairement sur les
Ornbellifères. (Bl.)
•CIIÉLOPODES (x/i).r7, griffe ; irov;, pied).
MAM. et REPT. — Goldfuss, Ficinus etCarus
ont donné ce nom à un ordre de Mammifè-
res dont les doigts sont armés d'ongles ai-
gus. Cet ordre correspond à celui des Car-
nassiers de Cuvier.
Le même nom a été donné aussi pir
544
CHE
MM. Duméril elBibron à la famille des Ca-
méléoiiiens. f^oyez ce mot.
CHELOSTOMA (xti^oç, lèvre ; otoV», bou-
che). INS. —Genre de l'ordre des Hyménop-
tères , famille des Mellifères , établi par La-
treille pour un insecte très voisin du g. Hé-
riade , dont il diffère par des palpes maxil-
laires de 3 articles, et par des mandibules
grandes, étroites, arquées et échancrées à
re\trémité.— On n'en connaît encore qu'une
seule espèce, le Ch. muxillosa , répandue
dans une grande partie de l'Europe, et dont
la femelle dépose les œufs dans de vieux
troncs d'arbres.
* CHELIJRA ( x^i^vj, pince ; oûpâ, queue ).
ijss. — Genre de Lépidoptères de la famille
des Nocturnes , établi par M. Uope [Litiii.
vans., vol. XVm , p. 444), et qui a pour
type une espèce originaire d'Assam, contrée
de l'Asie orientale. Cette espèce , qu'il
nomme C. bifasciaia , ofl're celte particula-
rité que son abdomen se termine en une
pince aiguë , dont chaque branche est mu-
uie,dans sa partie moyenne, d'un double
crochet. (D.)
CHÉLYDË. Chelys (x«'''"î. tortue), rept.
— Genre de la famille des Emydes, dans
l'ordre des Chéloniens , et que M. Duméril
(Zool. analytique, p. 7G) a établi pour une
espèce aquatique de l'Amérique méridionale.
Cette Tortue, dont la physionomie extérieure
est fort singulière et quelque peu hideuse,
était plus anciennement connue sous le nom
de Maïamaia , dénomination que Merrem
accepta même comme générique. On l'a aussi
appelée /îaparapa (Barrère et Firmin).
Cette espèce a la tète fortement déprimée ,
large et triangulaire, et on l'a comparée sous
ce rapport au Pipa ( voyez-en la description
osléologiquedansCuvier, Ow./o5i.,V, 189).
Ses narines sont prolongées en une petite
trompe ; sa bouche est largement fendue, et
ses mâchoires sont arrondies et peu épaisses.
Ses pattes antérieures ont cinq doigts, et
celles de derrière quatre. La Chélyde mata-
mata porte deux barbillons charnus au
menton , et son cou est garni en dessus de
quelques appendices cutanés assez longs ; de
là, le nom de Tesiudo fimbnata que lui im-
posa Schneider. Elle est u'eau douce. On la
trouve au Brésil et à la Guiane dans des
endroits marécageux. Sa longueur totale at-
teint jusqu'à 2 et 3 pieds. Sa chair est esti-
CHE
mée. M. Duméril en cite un individu femelle
qui, amené vivant à Paris, y pondit plusieurs
œufs , dont un se développa et fournit un
petit.
On soupçonne, d'après une lettre adressée
à l'erpétologiste Daudin par Ruiz de Xelva ,
et d'après quelques observations de MM. Du-
méril et Bibron, l'existence d'une seconde
espèce de Chélyde, propre aux mêmes ré-
gions que la vraie Malamata. Celle-ci a pour
caractères : Carapace ovale-oblongue, trica-
rénée , à écailles subimbriquées et surmon-
tées de lignes concentriques , coupées par
d'autres lignes irradiées. (P. G.)
"COÉLYDGIDES. rept.— Fitzinger élève
au rang de famille le genre Chelys , qui ne
parait pas devoir être séparé de ceux de la
grande catégorie des Émydes ou Chéloniens
Élodites , bien qu'il semble lier cette famille
à celle des Trionyx ou Poiamides. (P. G.)
CHÉLIDRE (xî'ivç, tortue ; vJup, eau).
REPT.— Nom qu'il ne faut pas confondre avec
celui de Chclyde {voyez plus haut), et qui a
été donné d'abord à un Serpent aquatique,
puis à une Tortue d'eau douce, et que Wagler
ainsi que M. J.-E. Gray , d'après M. Sch-
weigger, ont plus particulièrement appliqué
à un genre de la famille des Émydes, ayant
pour objet la Tortue serpentine {Tesiudo ser-
■peniinn), qui vit dans l'Amérique septentrio
nale. M. Flemming nomme Chelonura le
même genre, et MM. Duméril et Bibron l'ap-
pellent Emysaure. Voyez ce mot. (P. G.)
*CHELYMORPHA ( x^'^vç , tortue ; fxop-
if-f), forme), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Chrysomélines, tribu
des Cassidaires. Voyez ce dernier mot. (C.)
CBELIS. REPT. — Nom technique du g.
Chélyde de M. Duméril {voyez chélyde). Les
! Grecs l'employaientcomme synonyme de xt-
iùjvï), signifiant Tortue. (P. G.)
j * CIIEHIERIIVA ( x£',"^£P"os, d'hiver ). ins.
— Genre de Lépidoptères nocturnes , de la
i tribu des Phalénites de Latreille, établi par
I M. Boisduval ( Gêner, et Ind. meihod. ,
\ pag. 193) pour y placer une espèce décou-
j verte en Corse , et retrouvée depuis en Pro-
I vence par le docteur Rambur, qui lui avait
I donné le nom de Caligiuearia, mais que
j M. Boisduval a remplacé par celui de Ram-
buraria , attendu que le premier nom avait
. déjà été appliqué à une autre espèce. L'ap-
parition de celle dont il s'agit n'a lieu qu'en
CHE
Janvier ou février, ce qui justifie son nom
générique. (D-)
CllEIMIMITZIA, Scop. bot. pu. — Syn.de
Scychnos, L.
'CHEîllIVITZIE.1A (xEptT'voî , terrestre), rept.
—Genre de Chéloniens terrestres établi par
M. J.-E. Gray , pour la Tortue anguleuse
[Testudo angulata), de Madagascar, laquelle,
comme beaucoup d'autres, n'a que 11 pla-
ques sternales au lieu de 12. Foy. tortue.
(P. G.)
CHE
'CHERSIS (x^°^°5, icirestre). ap.acr.
— Quoique celle coupe générique ait été
primitivement désignée par Savigny sous la
nom de Chersis , et ensuite , par Audouin ,
sous celui lie Platy\cetum, c'est, à notre avis,
le nom de Paipimnuus de M. Léon Dufour
qu'il faut adopter, cet auteur ayant été le
premier qui en ait fait connaître les carac-
tères génériques. ^'oyeSPALPlMANUS. (H. L.)
'CHEUSITES. REPT. — Aristole appelait
X£/<ôvy) x^p-at^t, c'est-à-dire Tortue terres-
tre , les Tortues de terre connues de son
temps ; mais le nombre s'en est beaucoup
accru , et les divers genres qu'elles ont per-
mis d'établir ont été réunis en une seule
famille. C'est pourcettefamilleque MM. Du-
méril etiiibron. dans leur Erpétologie géné-
rale, emploient le nom de Chersites. Les gen-
res dont ils la composent sont les suivants :
Torlue , Homopode , Pyxide et Cinixys.
Le nombre en est plus considérable pour
quelques auteurs ; c'estce dont il sera ques-
tion à propos de ceux que nous venons de
citer et principalement à l'article tortue.
(P. G.)
"CHERSOTIS (xeW°;, désert, inculte).
INS. — Genre de Lépidoptères Nocturnes,
établi par M. Boisduval, dans sa tribu des
Nocluides ( Gênera el index meiliodicns
Lepidnp. enrop. , page 103). Ce genre
se compose de dix espèces retranchées par
cet auteur des ^gratis , Trachea et Noc-
lun de M. Treitschke. Les Chenilles sont
cylindriques, allongées, avec des raies
pâles, longitudinales ; elles se nourrissent
de plantes basses, se cachent pendant le jour
et s'enfoncent dans la terre pour se changer
en chrysalides. Le type de ce g. esiXAlS'ociua
recKingula Fab., qui se trouve en Suisse et
en France , dans le déparlement des Basses-
Alpes. (D.)
"CHERSLS (/Epo-aToç , terrestre), rhpt.
— Genre de Chéloniens, établi dans la famille
des Chersites par Wagler , pour la Tortue
BORDÉE ( Tesiudo maryinala ) d'Orient , dont
le sternum est mobile en arrière. La Tortui:
MORESQUE est aussi dans ce cas. Les Clierxun
ne forment, dans la méthode de MM.Dumé-
ril et Bibron , qu'une simple section du
genre Tesiudo. Foy. tortue. (P. G.)
CIIERSYDRE. Cliersydrus (xip'yoç , \i-
père ; vcîtop, eau ). rept. — Genre de Ser-
pents, établi par Cuvier, { Règ. anim., II,
CHE
pag. 98 ), pour l'Acrochordc fascié , espèce
de Serpent de mer de l'archipel indien.
(P. G.)
CHERT. GÉoL. — Synonyme anglais
d'Hornstein.
CHEUVI ouCHIROLIS. bot. pu.— Nom
d'une espèce du g. Sium.
*CHESIAS (surnom de Diane), ins. —
Genre de Lépidoptères de la famille des
Nocturnes, tribu des Phalénites deLatreille,
établi par M.Treitschke, et adopté par nous,
dans VHisi. nal. des Lépidopt. de France ,
vol. VIII, !'• partie, pag. 497. Ce g. se com-
pose de 7 espèces dans l'auteur allemand ;
mais deux seulement lui appartiennent réel-
lement: ce sont les Phal. spaniaia Fabr. , et
Geom oùliqitata Hubn. Ainsi, M. Boisduval,
dans son Gênera et ind. methodicus , a eu
raison d'en retrancher les autres esp., qu'il
a réparties dans divers genres. Les caractères
des véritables Cliesias sont d'avoir les palpes
s'élevant au-dessus du chaperon; les ailes en
toit très aigu dans le repos , les supérieures
étroites et lancéolées et les inférieures ar-
rondies. Leurs Chenilles sont lisses, allon-
gées, avec la tète globuleuse; elles se méta-
morphosent dans la terre. (D.)
*CHES1\EYA (lord Chesney , voyageur
anglais ). bot. ph. — Genre de la famille des
Papilionacées , tribu des Lotées-Galégées ,
institué par Lindley [II. Chesn. inédit, c. ic.),
et ne renfermant encore qu'une espèce dé-
couverte sur les bords de l'Euphrate. C'est
un arbrisseau très rameux , diffus , et dont
toutes les parties sont couvertes de duvet.
Les feuilles en sont imparipennées-quadri-
juguées ; les folioles subarrondies , apicu-
lées ; les stipules ovales , réfléchies ; les pé-
doncules unillores , bibractéolés au-dessous
du sommet ; les fleurs jaunes, épineuses , à
étendard tomenteux. Ce genre se distingue
surtout par la forme de son légume, d'abord
comprimé, puiscylindracé, terminé en forme
de bec par le style persistan: , et rempli
d'une pulpe sèche. (C. L.)
'CHÈTE. Cheium [x^l-zfi , soie), ins. —
M. Robineau-Desvoidy appelle ainsi une
j;ièce tri-arliculée des antennes de certains
Myodaires.que les entomologistes désignent
ordinairement sous le nom de Soie ou Filet.
(D.)
•CHETIE. Chœiia (xatfyi, soie, crin).
ijçKKL.— Hill, dès 1752, dans son Hisiory of
T. lit.
CHE
553
animais , avait distingué sous ce nom ie
genre Dragonnoau , appelé Gordius par
Linné. Voyez dragonneau. (P-G.)
'CHÉTOCÈIIE. CVie/ocem (xacT/i , crin;
x/paj, corne). »ns.— Genre de Diptères, éta-
bli par M. Robineau-Desvoidy [Essai sur les
Myodaires), et faisant partie de sa famille
des Palomydes, qui ne renferme qu'une
tribu portant le même nom. Ce genre est
fondé sur une seule espèce trouvée à Paris
par l'auteur, et nommée par lui C. clari-
pennis. ■ (D.)
CIIÉTOCÈRES. INS.— i'oy. séticornks.
CIIÉTODIPTÈRE ( Chœiodon , Chéto-
don ; StizTTîpoq, à deux nageoires), poiss. —
Lacépède avait établi sous ce nom, d'après
le caractère du Chœiodon Plumieri, indiqué
par Bloch et par Gmelin , un genre pour
distinguer le poisson ainsi dénommé des
autres espèces du genre des Chélodons.
Bloch ayant, comme il le dit, trouvé, dans
les manuscrits de Plumier, la figure d'un
poisson voisin des Chétodons, la fit graver
{pi. 211 , fig. 1 ) sous le nom de Chœiodon
Plumieri, et caractérisa l'espèce par la pré-
sence de deux dorsales, dorso bipinnaio.
Il ne fit pas attention qu'il gravait (pi.
212, fig. 2) évidemment la même espèce de
poisson tirée aussi des manuscrits de Plu-
mier, en se servant du travail de Brousson-
Het sur ce Chétodon, nommé par cet iehthyo-
logiste Chœiodon faber. Dans sa seconde
édition , Bloch ne cite plus que cette se-
conde espèce ; il oublie le Chœiodon Plu-
mieri. Ce silence me confirme dans l'opinion
que les deux espèces sont semblables , el
reposent sur des documents identiques. A
l'article du Chœiodon faber, Bloch n'a plus
tiré son caractère de la division des deux
dorsales, non plus qu'à d'autres espèces,
qui les ont cependant divisées tout aussi
profondément.Tels sont les Cftœi.orbis, Ch.
Jalcaïus, et d'autres. Lacépède ne travaillant
que sur les ouvrages de Gmelin , a séparé
génériquement sous un nom formé de la
contraction des mots Chœiodon et Dipierus,
la seule espèce à laquelle ces auteurs indi-
quaient deux dorsales. Il a fait reposer ce
genre sur une espèce nominale ; car d'après
le travail deBroussonnet, le nom de Chœ-
iodon faber doit être imposé à l'espèce qui,
dans l'ouvrage de Lacépède , reparait sous
le même, danslegenre Chétodon. Comme les
55U CHE
espèces de Squamipennes à dénis en soie,
voisines des Chélodons et à deux dorsales,
appartiennent à trois groupes distincts , et
que le genre Chclodiptère de Lacépède re-
pose sur une erreur ou tout au moins sur
un double emploi , on comprendra les rai-
sons qui ont déterminé à ne pas adopter le
genre créé, sous ce nom, par Lacépède. (Val.)
CHÉTODOIV. Chœiodon (x^'t^, crin;
ôiîouç, ovTo:, dent), poiss. — Genre de Pois-
sons créé par Linné, ou mieux par Artédi,
composé de six espèces appartenant en-
core aujourd'hui au genre qui a conservé
celle dénomination , après tout ce qui en a
été successivement détaché par les ichlhyo-
logisles. Bloch et Lacépède ont d'abord re-
tranché des Chélodons les genres Ampha-
canthe, Amphiprion, Pomacentre ; etCuvier,
poussant encore plus loin la réforme, en a re-
lire les Dascylles, les Premnades, qui appar-
tiennent à des familles différentes de celles
des Chélodons, ela composé la famille, dans
laquelle il place ce genre, de plusieurs autres
démembrés de celui de Linné. Les genres Ho-
lacanthe, Acanthopode, Chétodiptère de La-
cépède, appartiennent à la même famille que
les Chelmons, les Heniochus , et autres gen-
res voisins créés par Cuvier. Ce grand maître
de la zoologie actuelle a préféré désigner celte
famille sous le nom de Squamipennes. Il est
peul-clreàregrelterqu'iln'aitpas employé le
mol de Clièiodoiioïdes, comme souvenird'un
grand genre de Linné. Toutefois, il ne faut
pas oublier que les genres de la division des
Squamipennes à dents tranchantes, comme
les Piméleplères , ou ceux de la tribu à dents
en carde comme les Raiis , sont caractérisés
par une diagnosc tout-à-fail opposée à la si-
gnification dn motChétodonoide. Le nom de
Squamipennes présente donc l'avantage de
réunir tous les genres de celle famille sous
«ne dénomination quileurconvient sans ex-
ception; mais il a cependant l'inconvénient,
à la vérité bien léger, de pouvoir s'appliquer
à des Poissons qui, comme les Nébris, les
Lépiptères, les Chevaliers de la famille des
Sciénoides, ont, aussi bien que les Chélo-
dons, les nageoires couvertes d'écaillés. Mais
il faut bien se souvenir que, dans les mé-
thodes naturelles qui président à la distri-
bution des êlres, les diagnoses des groupes
sont établies sur l'ensemble des caractères,
et qu'on choisit, pour désigner la famille,
CHE
celui qui paraît le plus sa. liant. Ce qui fftit
placer les Nébris et les Lépiptères dans la fa-
mille des Scièncs , c'e.'t leur important ca-
ractère d'avoir le museau saillant en avant
par l'avance de l'elhmoide, en même temps
que ce museau est caverneux ou lacuneux,
et d'avoir la bouche petite et fendue sous le
museau ; la présence des écailles sur les na-
geoires ne fournil ici qu'un caractère secon-
daire. Dans les Squamipennes, le museau
n'est pas saillant, la bouche est fendue à
l'extrémité , et les nageoires sont couvertes
d'écaillés. Nous reviendrons d'ailleurs sur
ce sujet avec plus de détails à l'article
SQUAMIPENNES {voyez ce mol).
Si le genre Chœiodon , tel que Linné l'a-
vait composé, forme la plus grande partie
de la famille des Squamipennes , le genre
auquel nous réservons aujourd'hui le nom
de Chœiodon comprend les espèces qui réu-
nissent les caractères suivants : Le corps
est comprimé , à peu près ovale, elliptique,
quelquefois comme arrondi ; la queue
courte et comme tronquée. La télé petite;
la bouche peu avancée, très peu fendue;
des dents grêles, flexibles, serrées comme
les soies d'une brosse; les nageoires, et prin-
cipalement la dorsale et l'anale, enveloppées
jusqu'au bord par des écailles semblables à
celles du tronc Le palais et la langue lisses et
sansdenls;Ia membrane branchioslège soute-
nue par six rayons ; les opercules sans armu-
res ; de 1res fines dentelures au préopercule.
Les rayons mous de la dorsale se continuent
par une courbe à peu près uniforme et sem-
blable à celle des rayons épineux et a celle
du corps , de sorte que la portion molle de
la nageoire dorsale est terminée en angle ar-
rondi, ou ne se prolonge qu'en un ûiet délié.
Réduit à ces caractères, le genre est encore
très nombreux en espèces; on en compte
plus de CO qui peuvent se grouper entre elles
par la distribution de leurs couleurs. Pres-
que toutes en effet ont une bande noire qui
descend du front à travers l'œil sur le bas de
la joue; nous l'avons nommée la bande ocu-
laire. Mais après les espèces qui présentent
ce caractère, quelques autres ont le corps
traversé par des bandes verticales, obliques
ou longitudinales. ( Voyez l'atlas de ce Dic-
tionnaire, Poissons, pi. 8, fig. 1 ). A la suite
de ces deux premiers groupes , on peut pla-
cer les espèces donl les flancs sont semés
CHE
de petits points ou de petites taches brunes.
Iians d'autres espèces, on ne trouve plus ces
bandes ni ces points ; mais on voit, sur l'ar
rière du corps, une ou deu\ bandes inlerrom-
p\ics, et une ou deux taches quelquefois li-
serécs, et devenant un véritable ocelle. Il y
a des espèces fort nombreuses qui ont quel-
ques parties noires en arrière de la bande
oculaire, et qui peuvent être réparties d'a-
près la direction des stries ou lignes de re-
flets. Ainsi, ces lignes entourant chaque
écaille couvrent le corps d'une espèce de ré-
seau. Les stries sont longitudinales, ou verti-
cales, ou forment des chevrons dont l'an-
gle est dirigé en avant, ou bien encore les
stries latérales obliques du dos croisent à an-
gle droit les stries obliquo-latérales du ven-
tre. A ces caractères , tires de la direction
des bandes ou des stries, se joignent des ocel-
les, ou des taches noires entourées d'un
cercle blanc ou jaune. EnQn , quelques es-
pèces se distinguent des autres par un fil
que forme le prolongement de plusieurs
rayons mous de la dorsale. Presque tous ces
Foissons ont de 12 à 13 rayons épineux à
la dorsale, mais d'autres n'en ont que 9,
et 26 à 30 rayons mous.
Telle est la séparation des nombreuses es-
pècesdece genre, toutes étrangères, et princi-
palement des mers des Indes-Orientales. On
en voit des variétés infinies le long des cô-
tes rocheuses. Elles se meuvent avec rapi-
dité, se tiennent à de petites profondeurs
comme pour montrer les teintes brillantes
et variées dont elles sont ornées. Non moins
parés que les Colibris ou les Souimangas ,
ces riches ornements de la classedes Oiseaux,
ces Poissons reflètent les couleurs dorées
des métaux ou éclatantes des pierres pré-
cieuses , relevées par des oppositions de ta-
ches ou de bandes noires qui contribuent par
leur opposition à en accroi Ire encore les jeux
de lumière et le brillant. Ces couleurs si vi-
ves sont disposées sur des fonds rose, pour-
pre, azuré, et l'homme peut jouir de toutes
ces beautés parce que les individus viennent
jouer à la surface des récifs, et se détachent
encore au milieu des couleurs vives et va-
riées des coraux au milieu desquels ils vi-
vent. Ce séjour les a fait quelquefois nommer
kapvisch (Poisson de roche) ; dans nos colo-
nies américaines on les nomme souvent />e-
jnoii£//ei; et les diminutifs Isabeliia ou Cu-
CHE
555
lalineta, sous lesquels les Espagnols les dési-
gnent, se rattachent à la même idée. Ils ont
l'habitude de suivre en mer les corps en
mouvement ; aussi les voit-on de temps à
autre, dans la haute mer, éloignés de toute
côte, mais groupés autour de bois flottants
et entraînés par les courants. Ils aiment
à se tenir longtemps dans le sillage des
navires , et suivent quelquefois plusieurs
jours le même bâtiment. On a même des
exemples de Chétodons qui ont traversé l'At-
lantique, et sont venus se faire prendre dans
la Tamise. Schneider a remarqué avec saga-
cité que les Chétodons n'avaient pas échappé
aux observations des anciens. Ce sont les
Poissons désignés dans Élien par le nom de
Chliara-dua , et nous avons fait voir, dans
notre Ichthyologie , que l'un de ses deux
Ciiharœdus est un Holacanthe [Holacanihus
imperator Lam. ), et l'autre le Chœtodon
vittatus.
Plusieurs espèces de Chétodons présentent
des particularités remarquables. Voyez sur-
tout au mot PLATAx celles qui caractérisent
les os de ces singuliers Poissons. (Val.)
'CHÉTODOMDES. Cliœtodonides. poiss.
— Nom donné par M. de Blainville à une
famille de l'ordre des Poissons thoraciques
ayant pour type le g. Cliœiodon.
CHÉTOLOXES (x^'Ti.soie; >o?oç, laté-
ral, oblique). INS. — .M. Duméril [Zoologie
analytique , pag. 282 ) désigne ainsi une fa-
mille de Diptères dont le caractère principal
est d'avoir des antennes à poil isolé, latéral ,
simple ou barbu.
Cette famille correspond au genre Mou-
che de Linné, et comprend 12 g., dont nous
croyons inutile de donner la nomenclature,
attendu qu'elle formerait double emploi ou
confusion avec celle des familles de M. Mac-
quart, dont nous suivons ici la méthode.
(D.)
XHÉTOPHORÉES. Chœtophoreœ. bot.
CR. — (Phycées). Tribu de la famille des Zoos-
permées, créé par M. J. Agardh [Linnœa, XV;
Heft.,l\,p. 460), etquiapourtypeleg.C/iflB-
iophora,\g. [voy. ce mot). Ses caractères sont:
Filaments rameux, articulés, à endochromes
verts , décolorés à chaque bout, enveloppés
d'une matière gélatiniforme qui les relie
quelquefois entre eux en leur donnant la
forme de frondes gélatineuses irrégulière-
ment divisées. Le mode de reproduction j
556
CHE
qui n'est pas bien connu dans toutes , mais
qui a été bien observé dans le Drapamaldia,
est le même que celui que nous avons dé-
crit au mot Bryopsis. Ces Algues vivent or-
dinairement dans les eaux douces, rarement
dans la mer. Les genres qui se rangent dans
cette tribu sont : Bolbochœle , Ag.; Drapar-
naldia, Bor.; Chœiophom , k%. (C. M.)
* CeÉTOPHOROIDÉES. Chœlophoroi-
deœ, Harv. bot. cr. — Synonyme de Chéto-
phorées de J. Agardh. (C. M.)
* CHÉTOPODES. Chœtopoda ( x^^^^ .
soie; iroSç , itoiîoî, pied), annël. — M. de
Blainville [Sysième d'Helminthologie pu-
blié en 1828 , dans le Diclionnaire des
sciences naturelles, t. LVII ) nomme ainsi
la nombreuse catégorie des Vers annélides
qui ont, sur les parties latérales du corps,
des soies ou petits poils épineux inarticu-
lés, au moyen desquelles ils se meuvent
comme avec des pieds rudimentaires. Il les
partage, d'après la similitude ou la dissem-
blance de ces soies dans chaque animal, et
d'après la parité ou la variété de forme des
articles eux-mêmes, en trois ordres, qui
sont les Hétérocriciens , les Paromocriciens
et les Homocriciens. Il sera question d'une
manière détaillée, à l'article vers, de l'orga-
nisation et des principales singularités ob-
servées dans ces animaux.
G. Cuvier avait, bien avant M. de Blain-
ville, admis un groupe correspondant à ce-
lui desChétopodes, puisque, dans son 7*0-
bleau élémentaire des animaux , publié en
1798, il distinguait, comme première caté-
gorie du groupe des Vers , ceux qui sont
pourvus d'épines ou de soies pour s'aider dans
leurs mouvements. Mais depuis celte époque,
il a changé d'opinion ; et, dans son ouvrage
sur le Hègne animal, les Tubicoles, les Dorsi-
branches et les Abranches sétigères rempla-
cent le groupe unique des Chétopodes.
(P. G.)
•CHÉTOPTÉRIEIVS.ANNÉL.— Une espèce
très remarquable d'Annélides Chétopodes ,
rapportée de la mer des Antilles, aservi à G.
Cuvier pour l'établissement du genre Chœ-
topterus {Règne anim., t. III, p. 208 , 1830) ;
et ses caractères l'ont fait regarder avec rai-
son, par M. Milne-Edwards , comme devant
former une famille particulière à laquelle ce
naturaliste a donné le nom de Cnéiopiériens.
Depuis.M. Sars a fait connaître une deuxième
CHE
espèce de Chétoptère propre aux mers d'Eu-
rope.
G. Cuvier n'a donné que très peu de dé-
tails sur les Chétoptères ; ceux que MM. 3Iil-
ne-Edwards et Sars ont publiés font bien
connaître l'organisation extérieure de ces
Annélides ; mais on n'en a point encore étu-
dié l'anatomie.
Le corps des Chétoptères est long et plus
ou moins aplati. On ne lui distingue pas de
tête proprement dite; mais il est néanmoins
subdivisible en trois parties , comme celui
des Chétopodes Hétérocriciens. La première
partie est élargie , et plus ou moins disci-
forme-allongée ; son bord antérieur est plus
ou moins transversal. La bouche qui est au-
dessous de ce rebord n'a ni trompe ni mâ-
choire. On remarque, à chacun de ses côtés,
un tubercule ou une petite antenne.
Les pieds sont de quatre sortes. Ceux de la
partie antérieure du corps consistent en une
seule rame dorsale ayant l'aspect d'un cor-
net membraneux , et du fond de laquelle
naît un faisceau de soies. Les pieds de la se-
conde sorte se composent de deux rames ,
dont la dorsale ressemble beaucoup , quant
à son mode d'organisation, à celle des pieds
de la première sorte , et dont la rame ven-
trale ne forme qu'un seul lobe charnu ,
qui , d'abord bien distinct , se soude bientôt
avec celui du côté opposé pour former une
sorte de bourrelet transversal impair. Les
pieds de la troisième sorte, qui suivent les
précédents, manquent aussi de soies à leur
rame ventrale , dont chaque paire est con-
fluente sous la ligne médiane; mais leui
lame dorsale également dépourvue de soies,
estreprésentée par un grand appendice mem-
braneux et boursouflé, qui se confond avec
son congénère , de manière à former une es-
pèce de sac vasculaire dorsal et impair. Enfin
les pieds de la quatrième sorte, qui occupent
la partie postérieure du corps, se composent
d'une rame dorsale, presque semblable à celle
des pieds de la première et de la seconde es-
pèce, et d'une rame ventrale formée de deux
tubercules charnus bien distincts, et occu-
pant toute la face inférieure du corps.
Les Chétoptères sont des Annélides na-
geuses. Ils ont pour retraite un tube de na-
ture membraneuse. Voici comment on a
caractérisé les deux espèces connues dans
ce groupe :
CHE
CrJÉTOPTERE A PARCHEMIN , Clietopterus
pergamentaceus G. Cuv. (Edwards, Anné-
lides, p. 281 , pi. 8 , f. 1 à 4 ; id. Iconogr. du
Bègue anim., pi. 20, f. 2). — C'est l'espèce
des Antilles. Elle a G à 8 pouces de longueur,
et son corps est fort étroit, si ce n'est à la
partie antérieure , à peu près large de
dix lignes. La seconde paire de ses pieds, de
la deuxième sorte, qui est la dixième de tout
le corps, est très développée, et ses deux ra-
naes dorsales, soutenues par un grand nom-
bre de soies, forment de chaque côté du corps
une sorte d'aile , ce qui a valu à ces ani-
maux leur nom générique.
ChktoptÈre de NorwÈge , CheCopterus
norvegiis Sàrs [Reskrivelser, p. 54 , pi. 2, fig.
29.) — Cette espèce , découverte par M. Sars,
auprès de Bergen , en Norwége , et que
M. Bouchard Chanlereaux nous a dit avoir
retrouvée sur les côtes de France , à Bou-
logne , a la partie antérieure du corps par-
tagée en dix segments pourvus de pieds sé-
tigéres; la deuxième en quatre segments réu-
nis entre eux par une partie fort étroite, et
la troisième en quatorze, tous pédigéres. Sa
bouche est munie d'une paire d'antennes
plus prononcée que celles du Chetopterus
pergameniaceus.
G. Cuvier écrit Chœiopterus et non Che^
ropjerws comme M. Edwards. On a reproduit,
à l'article chjEtoptÈre de ce Dictionnaire, le
peu de détails donnés par Cuvier sur celte
famille remarquable d'Annélides. (P. G)
•CHETUSIA. OIS. — Genre établi par le
prince de Canino aux dépens du genre Plu-
vier, et dont le Cli. Gregarius est le type.
(G.)
CHEVAL. Equns, Linn. mam. — Les ani-
maux dont nous allons tracer rapidement
l'histoire, forment, au milieu des Mammifè-
res, un de ces groupes parfaitement distincts,
d'autant plus embarrassants pour les zoo-
logistes que leurs caractères , éminemment
propres à les réunir en une famille na-
turelle, ne les rattachent aux autres groupes
que d'une manière très éloignée. Le type
idéal du Cheval n'a subi que des modiCca-
lions légères pour donner naissance aux six
espèces que nous connaissons ; mais, en re-
vanche, il n'a que bien peu de rapports avec
les types plus généraux auxquels on a es-
sayé de le rapporter. Aussi est-il peut-être
un des meilleurs exemples à citer à l'appui
CHE
557
des quelques idées générales que nous avons
rapidement indiquées ailleurs {f^oyez l'arti-
cle CHEIROPTERES dc cc Dictiounaire ),
De l'extrême ressemblance que présentent
entre eux tous les Chevaux, il est résulté que
les naturalistes ont été généralement d'ac-
cord pour en former un genre unique.
M. Gray seul a eu l'idée de le partager
en deux sous - genres , dont le premier
( Equus ) ne renfermerait que le Cheval, et
le second [Asimis) comprendrait les cinq au-
tres espèces. M. Isidore GeotTroy n'a pas eu
de peine à démontrer combien celte division
était peu fondée, en rappelant que les ca-
ractères assignés par l'auteur anglais à cha
cun de ces deux sous-genres s'observaient
souvent chez tous les deux. D'un autre côté,
les différences extrêmes qui isolent le groupe
dont nous parlons ont conduit les natura-
listes à de grandes variations sur la place
qu'on devait lui assigner, sur l'importance
même qu'on devait lui attribuer dans les
classifications zoologiques. Slorr et Illiger
en ont fait un ordre distinct sans s'accorder
sur le rang qui lui convenait. Dans les ou-
vrages de Linné , les Chevaux forment un
genre de ses Belluœ, et sont placés à côté
des Hippopotames. Pour Cuvier, ils sont
le type d'une famille (les SoUpèJes)de ses
Pachydermes, famille qui ne renferme que
le genre Cheval. M. Isidore Geoffroy, qui par-
tage les Pachydermes en quatre sections,
sous-divisées elles-mêmes en familles, place
dans la dernière section et entièrement isolée
la famille des Solipédes, composée du seul
genre Cheval , attribuant ainsi à celte der-
nière un degré d'importance supérieur à
celui de lafamille, mais inférieur à celui de
l'ordre. Foijez les mots solipÈdes et pachy-
dermes.
Quoi qu'il en soit, nous pouvons assigner
au genre Cheval les caractères suivants :
Un seul doigt et un seul sabot à chaque
pied ; point d'ongles rudimentaires en ar-
rière ; de chaque côté du métacarpe et du
métatarse des stylets osseux représentant
deux doigts latéraux ; trois incisives et six
molaires à chaque mâchoire et de chaque
côté dans les deux sexes. Les mâles ont en
outre une petite canine en haut, et quel-
quefois aussi en bas: ces canines ne se
voient presque jamais chez les femelles. On
pourrait joindre à ces caractères déjà bien
558
CHE
suffisants l'exislence de châtaignes , ou pla-
ques ovalaires rugueuses , placées près du
carpe aux membres antérieurs, et au-dessus
du tarse aux membres inférieurs. Ces pla-
ques de consistance cornée sont ou de sim-
ples productions épidermiques, ou des poils
agglutinés, et ne sauraient être regardées
comme des callosités amenées par le frotte-
ment, car ces parties sont complètement à
l'abri sous ce rapport. Au reste, nous dirons
en passant que cette cause, regardée comme
produisant les callosités chez les Singes et
les Chameaux, ne nous parait nullement
avoir l'influence que quelques naturalistes,
et entre autres Buffon, lui ont attribuée.
On sait que les Chevaux ne vomissent ja-
mais.M. Magcndie a découvert les causes de ce
fait par l'étude détaillée de leur tube digestif.
L'œsophage est composé de deux parties dis-
tinctes; la partie supérieure est musculeuse
et contractile , la partie inférieure est sim-
plement élastique. Elle aboutit à l'estomac
ets'y réunit obliquement en formant un car-
diaque des Gbres 1res fortes tiennent con-
stamment fermé, si bien que, même après la
mortdel'animal, il fautemployerunegrande
force pour y introduire le doigt. Ceci nous ex-
plique comment les contractions de l'estomac,
alors même qu'elles sontaidées par celles des
muscles abdominaux, ne peuvent déterminer
l'ascension rétrograde des aliments. L'ouver-
ture pylorique, au contraire, est toujours lar-
gement ouverte, et doit laisser très facile-
ment passer les aliments, et surtout les bois-
sons. L'estomac est simple et petit; mais en
revanche, les intestins sont très volumineux,
et le cœcum surtout est énorme. Il s'ensuit
que, chez les Chevaux, la digestion doit être
surtout intestinale.
Toutes les espèces du genre Cheval parais-
sent très bien partagées sous le rapport des
sens. Leur toucher général est délicat; et,
bien que leur corps soit en entier recouvert
de poils serrés, on voit leur peau se froncer et
se mouvoir au moindre attouchement, sur-
tout lorsqu'il a lieu sous le ventre.
Leur langue est douce. Leur lèvre supé-
rieure est susceptible de s'allonger et d'exé-
cuter des mouvements assez étendus ; aussi
l'emploient- ils pouE ramasser leur nourri-
ture, et souvent ils semblent s'en servir pour
reconnaître et palper certains objets. Le sens
du goùi est d'ailleurs aussi développé chez
CHE
euxque chez les autres Herbivores. La ccnqufl
auditive, dont les dimensions varient selon les
espèces, est toujours assez grande chez les
Chevaux, et leur ouïe paraît très délicate. Au
moindre bruit imprévu, on les voit s'arrêter
avec attention, en dirigeant leur oreille de
ce côté.
Leurs yeux sont généralement grands, et
à fleur de tète. La pupille a la forme d'un
parallélogramme horizontal. La vue est excel-
lente ; et, bien que ce ne soient pas des ani-
maux nocturnes, ils distinguent nettement
les objets dans l'obscurité.
Le sens qui paraît être le plus exquis chez
les Chevaux, c'est l'odorat, quoique l'appa-
reil olfactif ne présente pas ici un aussi grand
développement que chez les Carnassiers. Les
narines sont très mobiles et séparées par un
espace nu, mais non glanduleux. Lorsque
l'animal veut reconnaître un objet qui lui
inspire de la défiance, on le voit ouvrir lar-
gement les naseaux, comme pour ne perdre
aucune des émanations qui peuvent s'en
exhaler, et l'on assure que, dans l'état sau-
vage, il évente ainsi ses ennemis à plus d'une
lieue de distance.
Les organes de la génération n'ofl'rent rien
de bien remarquable dans le genre qui nous
occupe. La verge est grande, et contenue
dans un fourreau dirigé en avant. Les testi-
cules sont en dehors. Chez les femelles, on
trouve quatre mamelles inguinales. La por-
tée est de 11 à 12 mois, et les mères mettent
bas en se tenant debout, ce qui ne s'observe
que chez un très petit nombre de Mammi-
fères.
Le genre Cheval se compose, de nos jours,
de six espèces qui présentent de grandes res-
semblances. Chez toutes , on trouve sur le
corps un poil court et ras en été , qui s'al-
longe pendant la saison froide. Chez toutes,
excepté peut-être chez le Cheval proprement
dit, ce pelage tend à présenter des bandes
alternativement claires et foncées. Toute-
fois, cette tendance est peu prononcée dans
l'Ane et dans l'Hémione. Elle est, au con-
traire, très marquée chez le Couagga , le
Dauw, et surtout le Zèbre. A ces difl^érences
de pelage correspondent des différences de
patrie. Les espèces à robe uniforme sont asia-
tiques ; les espèces à pelage zébré sont afri-
caines. Ainsi, comme l'a fait observer M. Isi-
dore GeolTroy, la division du genre en grot:-
CHE
pes secondaires se trouve être exactement la
même, soit qu'on la fonde sur l'appréciation
des caractères zoologiques, soit qu'on la dé-
duise de leur distribution géographique ,
telle du moins qu'elle était avant d'avoir été
altérée par l'industrie humaine. En effet, les
six espèces qui composent ce genre appar-
tiennent en propre à l'ancien continent, et
tous les Chevaux américains, domestiques ou
sauvages, proviennent d'individus importés
d'Europe. De grandes étendues de terrains
séparent d'ailleurs les localités d'où parais-
sent être originaires les espèces asiatiques et
les espèces africaines. Il semblerait donc
qu'il a existé pour le genreCheval deux cen-
tres de création , un pour chacune de ces
deux parties du monde.
A côté des caractères zoologiques et ana-
tomiques que nous venons d'indiquer comme
étant communs à toutes les espèces du genre
Cheval , nous devons en signaler un autre,
qui, quoique emprunté à un ordre de faits
bien différent, ne nous parait pas moins im-
portant. Nous voulons parler de l'instinct
qui porte ces animaux à se réunir en troupes
plus ou moins nombreuses , et à accepter
pour chef celui d'entre eux que sa force, son
courage, et sans doute aussi son expérience,
rendent digne de ce poste élevé. Cet instinct
se montre avec la même force dans les espè-
ces asiatiques et africaines. Effacé en appa-
rence chez nos Chevaux domestiques, sans
doute parce que l'occasion de se manifester
lui manque, il reparaît avec toute son éner-
gie lorsque ces animaux, échappés à l'empire
de l'homme, retrouvent leur liberté native,
.^lais alors se montre un fait qui nous sem-
ble bien remarquable, et sur lequel nous
reviendrons plus loin. Cet instinct, bien que
reslantle même au fond, se manifeste d'une
manière différente dans des localités éloi-
gnées. Tandis que les Tarpans de la Tartarie
vivent pour ainsi dire par familles composées
seulement de quelques membres, les sauva-
ges descendants de la race espagnole, répan-
dus dans les pampasde l'Amérique méridio-
nale, forment des peuplades extrêmement
nombreuses, où les individus se comptent
par milliers.
Une autre particularité bien digne de re-
marque , c'est que toutes les espèces de
Chevaux paraissent pouvoir se féconder mu-
tuellement, et donnent naissance à des rné-
CHE
5u9
Us ou Mulets. Nous nous bornerons pour
le moment à citer quelques faits , et nous
renverrons à un article spécial pour traiter
d'une manière générale cette question ,
une des plus intéressantes dont puisse s'oc-
cuper la zoologie. Ployez mulet.
Examinons maintenant avec quelques
détails chacune des six espèces que nous
avons nommées plus haut, en commençant
par celle qui a fourni à bon droit le nom gé-
nérique de ce groupe.
I. LeCuEVAL, Equas caballna Linn.— Parmi
les animaux qui peuplent la surface du
globe, il en est quelques uns dont la vie est
entièrement liée à celle de l'espèce humaine,
et qui semblent avoir été créés animaux do-
mestiques. On dirait que l'auteur de toutes
choses, en plaçant l'homme sur la terre, a
voulu l'entourer de serviteurs destinés à as-
surer son existence et à lui faciliter la con-
quête de l'univers. A peine pouvons-nous
soupçonner de quelle souche sont sortis nos
Bœufs , et ce n'est plus qu'à l'état fos-
sile que nous rencontrons les restes de
leurs ancêtres. Nulle part on n'a trouvé
de traces authentiques de Chien sauvage. Il
en est de même du Cheval. L'espèce tout
entière est soumise ; elle est devenue notre
propriété. Si quelques individus échappés à
cet empire ont, il est vrai, propagé dans les
plaines de l'Asie et de l'Amérique des races
plus indépendantes, celles-ci n'ont point
encore oublié leur vieille tradition , et
lorsque le nœud coulant du Cosaque , le
lazzo du Mexicain viennent arrêter la course
vagabonde d'un de ces enfants des steppes
ou des pampas, celui-ci ne tarde pas à re-
connaître son maître, à reprendre le joug
que ses pères avaient momentanément se-
coué.
De cette domestication complète du Cheval
est née l'extrême difliculté de détermi-
ner sa patrie. Longtemps on a fait honneur
à l'Arabie de la production de ce précieux
quadrupède. Huzard est le premier peut-être
qui se soit élevé contre une opinion consa-
crée par un assentiment universel, et les
raisons par lesquelles il l'a combattue
nous paraissent décisives. Les livres de
Moise ne parlent que des Chevaux d'Egypte,
et nullement de ceux d'Arabie. C'est aussi
de l'r-lgypte que, d'après le livre des Rois Sa-
lomon faisait venir les siens. Ézéchiel nous
560
CHE
apprend que les Syriens liraient les leurs de
la Cappadoce ou de l'Arménie. Les écrivains
profanes sont ici d'accord avec les auteurs
sacrés. Dans la nombreuse cavalerie qui fai-
sait partie de l'expédition dirigée par Xerxès
contre la Grèce, on ne voit pas figurer les
Arabes. Ceux-ci sont montés sur des Cha-
meaux. Sous le règne d'Auguste, Strabon dit,
en parlant de l'Arabie , que ce pays produit
des animauxde toute espèce, excepté desChe-
vaiix. Enfin, dans les premières guerres qui
signalèrent l'établissement de l'Islamisme
en Arabie, on ne voit figurer de cavalerie
ni dans l'armée de Mahomet ni dans celle
de ses ennemis, et dans l'énumération des
dépouilles que le prophète recueille après la
victoire , il n'est nullement question du
Cheval.
L'erreur combattue par Huzard vient
sans doute de ce fait, que, depuis nombre
d'années, la race la plus parfaite de Che-
vaux nous vient de l'Arabie. Mais comment
s'y est-elle formée? Quelques témoignages
historiques permettent de le soupçonner.
Dès le temps d'Arrien , et peut-être bien
longtemps avant, on exportait d'Egypte en
Arabie des Chevaux destinés à être offerts
aux princes de ce pays, comme le don qui
pouvait leur être le plus agréable. Plus tard,
des Empereurs grecs , guidés par le même
motif, firent passer en Arabie un assez grand
nombre de ces Chevaux de Cappadoce si es-
timés des anciens. On peut d'ailleurs sup-
poser que les relations commerciales ont dû
en amener également de la Perse, de laMé-
die, où existe encore une des races les plus
estimées. Qu'on tienne compte maintenant
des soins extrêmes que prennent les Arabes
pour faciliter la propagation et le perfection-
nement de ces animaux , et l'on compren-
dra sanspeine comment ils ont pu, chez eux,
semultiplier, au point que, dès 1272, Marco-
Polo put voir, à Aden, embarquer un grand
nombre de Chevaux arabes qu'on y venait
chercher de tous les points de l'Inde. On
comprendra surtout comment ces Chevaux
ont dû acquérir, dans un intervalle de plus
de mille ans, les qualiiés précieuses qui les
mettent aujourd'hui à la tête de toutes les
races connues.
Aux considérations historiques qui précè-
dent , nous en ajouterons quelques unes
puisées dans la nature mêmedu Cheval. S'il
CHE
était réellement originaire de l'Arabie, il
devrait, rendu à lui-même, rechercher de
préférence les pays chauds ; car on sait que
tout animal qui échappe à l'influence modi-
ficatrice de l'homme tend à se rapprocher
autant que possible de ses premières condi-
tions d'existence. Or , il n'en est pas ainsi.
Les Chevaux sauvages qui habitent les
vastes plaines de la Tartarie remontent en
été vers le Nord. Ils ne s'avancent jamais à
plus de trente degrés vers le Sud ; et en hi-
ver, bien loin de rechercher les vallées où
ils trouveraient une espèce d'abri contre la ri-
gueur de la saison, ils s'élèvent sur les mon-
tagnes dont le vent glacial du nord a balayé
la neige.
Ces faits ne nous permettent pas d'em-
brasser ici l'opinion de Huzard , qui pa-
raît pencher à regarder le Cheval comme
originaire du centre de l'Afrique. Nous re-
gardons cette espèce comme essentiellement
asiatique , et née , soit sur le grand plateau
central qui occupe une si vaste portion de
cette partie du monde , soit au nord-est de
la chaîne du Caucase.
Quoi qu'il en soit, tous les Chevaux sont
aujourd'hui domestiques ; et ceux à qui l'on
donne l'épithèle impropre de sauvages , ne
doivent être regardés que comme une simple
race. C'est à ce point de vue que nous en
parlerons plus bas. Mais avant d'entrer dans
ces détails, donnons d'abord une idée géné-
rale de l'espèce telle que nous l'avons jour-
nellement sous les yeux.
0 La plus noble conquête que l'homme ait
«jamais faite est celle de ce fier et fougueux
» animal qui partage avec lui les fatigues de
» la guerre , et la gloire des combats. —
» Aussi intrépide que son maître, le Cheval
» voit le péril et l'affronte; il se fait au bruit
w des armes, il l'aime; il le cherche et s'ani-
» medelamême ardeur: il partage aussi ses
«plaisirs; à lâchasse, aux tournois, à la
1) course, il brille, il étincelle. Maisdocileau-
» tant que courageux , il ne se laisse point
D emporter par son feu ; il sait réprimer ses
» mouvements. Non seulement il fléchit
» sous la main de celui qui le guide; mais
» il semble consulter ses désirs; et, obéis-
» sant toujours aux impresssions qu'il en
B reçoit , il se précipite, se modère , ou s'ar-
» rête et n'agit que pour y satisfaire; c'est
I n une créature qui renonce à son être poui
CHE
e n'exister que par la volonté d'une autre ,
« qui sait même la prévenir ; qui , par la
e promptitude et la précision de ses mouve-
» nients , l'exprime et l'exécute ; qui sent
"' autant qu'on le désire, et ne rend qu'au-
» tant que l'on veut; qui, se livrant sans ré-
» serve , ne se refuse à rien , sert de toutes
» ses forces , s'excède et meurt pour mieux
• obéir. »
Dans ce tableau emprunté au plus grand
peintre qu'ait eu la nature, on regrette de
ne pas voir quelques traits consacrés à des
services non moins nécessaires et certaine-
ment plus utiles. Ce n'est pas seulement
dans les hasards périlleux de la guerre et de
la chasse, ou au milieu de brillantes fêtes,
que 1 homme a recours au Cheval. C'est en-
core lui qui, le premier peut-être, l'aida à
défricher la terre qui le nourrit. C'est lui
qui se charge de transporter ses fardeaux ;
c'est à sa force et à sa légèreté que son maître
a dû de diminuer les distances, d'établir au
loin des relations qui, sans lui, seraient im-
possibles. Jusqu'à ces derniers temps , il a
été le seul lien entre les peuples éloignés des
bords de la mer, et que séparaient de vas-
tes plaines ou des chaînes montagneuses.
Si, de nos jours, le génie inventeur de
l'homme a su trouver dans la vapeur un
moyen plus prompt encore pour répondre
à son impatience, ce n'est là qu'un auxi-
liaire applicable à un petit nombre de cas ,
et jamais les locomotives ne feront une con-
currence réelle au Cheval, si ce n'est sur un
petit nombre de lignes exceptionnelles.
Nous examinerons plus loin, dans un ar-
ticle séparé, les races sauvages ou domesti-
ques ; nous essaierons de montrer les modi-
fications que la servitude et la liberté , le
changement de climat et la nourriture ap-
portent dans les qualités physiques ou mo-
rales du Cheval. Ici nous esquisserons seu-
lement son histoire naturelle pour ne pas
trop la séparer de ce que nous avons à dire
sur les autres espèces du même genre.
C'est au printemps , à cette époque où
la nature semble secouer la torpeur où la
jettent les froids de l'hiver, que le Cheval
éorouve le besoin de se reproduire. Alors
les mâles appellent les femelles par des
hennissements à la fois graves et reten-
lissants , et celles-ci leur répondent , quoi-
qxie d'une voix moins forte. La gesU-
T. m.
CHE
^Qi
tion est de douze mois environ , et la mère
se délivre debout. Le poulain naît couvert
de poils , les yeux ouverts ; et déjà ses jam-
bes, quoique proportionnellement fort lon-
gues, ont assez de force pour le soutenir et
I lui permettre de marcher. Adeux ans etdemi
ou trois ans, le jeune Cheval peut se re-
produire , et les femelles sont même plus
précoces que les mâles ; mais il ne faut pas
leur permettre de se livrer si jeunes aux
fatigants plaisirs de l'amour. Les poulains
nés de ces alliances prématurées ne sont ja-
mais d'une belle venue , et les parents s'é-
puisent et se ruinent souvent pour la vie. Il
faut attendre l'âge de quatre à cinq ans pour
les Chevaux de trait , et jusqu'à sept et huit
ans pour les Étalons fins de l'Espagne et du
Limousin. Cette précaution trop souvent né-
gligée est une des plus nécessaires pour la
conservation des races.
Le poulain telle environ un an ; mais on
assure que, pour avoir des Chevaux très vi-
goureux, il est bien de le séparer de sa mère
avant qu'il ait atteint cet âge. Il acquiert son
développement entier vers la cinquième an-
née. Cependant il est quelques races qui pa-
raissent plus précoces. D'autres au con-
traire sont bien plus tardives ; et, parmi ces
dernières, nous signalerons en particulier la
belle race limousine. On estime la durée en-
tière de la vie du Cheval à trente ans en-
viron, terme moyen.
La dentition du Cheval suit une marche
assez uniforme pour permettre de juger,
presque avec certitude , de l'âge d'un indi-
vidu jusqu'à une certaine époque. Quelques
jours après la naissance, on voit paraître les
deux incisives moyennes à chaque mâchoire ;
à trois ou quatre mois, il en vient deux au-
tres à côté des premières ; enlin les deux
dernières se montrent à l'âge de six mois.
Ces dents de lait se reproduisent dans le
même ordre, entre deux et trois ans et à des
intervalles de six mois ; de sorte que le tra-
vail de cette seconde dentition dure environ
dix-huit mois ou deux ans. Toutes ces dents
ont, au moment où elles sontencoreentières,
un creux placé à leur extrémité. Ce creux
s'efface par le frottement, et l'usure qui en
résulte fournit ainsi le plus sûr moyen
d'estimer l'âge du Cheval.
Les incisives de lait sont plus blanches,
plus étroites que celles de la seconde denti-
3(i
562
CHE
tion :lear collet est aussi plus marqué. À
quinze mois environ les deux médianes com-
mencent à perdre leur creux ; à vingt mois
cette cavité est ordinairement effacée dans
les deux incisives qui ont paru en second
lieu ; à l'âge de deux ans on n'en trouve au-
ciMie trace dans les deux latérales. Nous
avons vu que ces dents de lait sont rempla-
cées par une seconde dentition. Les produits
de cette dernière perdent leur creux dans le
même ordre : les premières à la mâchoire
inférieure entre quatre ans et demi et cinq
ans ; les secondes entre cinq et six ans; les
dernières entre sept et huit ans. Les incisives
supérieures s'usent moins rapidement. Les
cavités «ies deux moyennes disparaissent vers
la huitième année; celles des suivantes vers
la dixième ; celles des deux latérales vers la
douzième.Passé cet âge, le Cheval ne marque
plus , et les signes tirés des plis du palais ,
de l'aspect des molaires , du plus ou moins
d'enfoncement des yeux , n'ont presque plus
de valeur. Certains Chevaux ont des dents
d'une telle dureté qu'elles résistent au frot-
tement et ne s'usent jamais. On les appelle
Chevaux bégus. Cette particularité s'observe
plus souvent chez les femelles que chez les
mâles, et se rencontre surtout dans quelques
races du nord de l'Europe, en particulierchez
les Chevaux polonais.
Le Cheval marche au pas , trotte et ga-
lope. Pour se rendre compte de ces diver-
ses allures , on a coutume d'examiner sé-
parément les mouvements exécutés par
chacun des quatre pieds ; mais il est beau-
coup plus simple de les réunir deux à deux,
et de ramener ainsi cette locomotion d'un
quadrupède à celle des bipèdes. Alors on
verra que la locomotion qui nous occupe
est entièrement semblable chez les animaux
à quatre pattes et chez ceux qui n'en ont que
deux, et qu'ici sa complication apparente
tient seulement à ce que, dans certains cas,
les deux bipèdes qu\ entrent dans la compo-
sition du quadrupède n'exécutent pas en
même temps des mouvements identiques.
Ainsi, dans le pas et dans le trot, le bipède
droit levant la jambe antérieure, ce sera la
postérieure que le bipède gauche mettra en
mouvement. Il n'y a entre ces deux allures
qu'une seule différence indépendamment
de la promptitude des mouvements , c'est
que, dans le premier, le bipède gauche ne
CHE
I part pas en même temps que le bipède droit.
i Dans le galop comme dans la course des
I animaux à deux jambes, la locomotion n'est
qu'une suite de sauts exécutés avec plus ou
i moins de rapidité ; mais, dans le petit galop,
i les deux bipèdes latéraux du Cheval sautent
j l'un après l'autre, et, de là, ces quatre temps
I que l'oreille reconnaît si facilement , tandis
! que, dans le galop à fond de train, ils exécu-
I tent simultanément les mêmes mouvements,
et alors l'assimilation de cette allure à la
course simple est frappante au premier coup
d'œil. Ployez, pour plus de détails, l'article
LOCOMOTION.
Indépendamment de ces trois modes na-
turels de locomotion , les Chevaux peuvent
en prendre deux autres, qui sont un effet de
l'éducation ou celui de la fatigue. Dans
Vamble, les deux pieds d'un même côté par-
tent à la fois et se portent simultanément en
avant , puis ceux du côté opposé exécutent
le même mouvement. Ici encore nous pou-
vons appliquer notre théorie. Mais , au lieu
de considérer comme liés fonctionnellement
deux à deux les deux membres d'un même
côté, il faut faire la même supposition pour
les deux jambes placées aux extrémités de
l'animal : nos bipèdes théoriques seront donc,
l'un postérieur, l'autre a/îiérjeMr, au lieu d'ê-
tre latéraux. On voit dès lors que l'amble
résulte de ce qu'ils trottent en emboîtant le
pas, si l'on peut s'exprimer ainsi. Dans Vaw
bin, où le Cheval galope du train de derrière
pendant qu'il trotte du train de devant,
cette décomposition du quadrupède en bi-
pède antérieur et bipède postérieur est encore
bien plus marquée. Ces deux allures, avons-
nous dit , ne sont nullement naturelles aux
Chevaux ; on les dresse à trotter l'amble, à
cause de la douceur de mouvement qui en
résulte. Quant à l'aubin , on l'observe sur-
tout chez les Chevaux de diligence qu'on
presse outre mesure, pendant qu'ils traî-
nent un poids trop considérable pour obéir
facilement aux saccades résultant d'un vé-
ritable galop.
II. L'Ane, E. asinus L.— Moins beau, moins
brillant, moins intelligent que le Cheval,
l'Anen'estdevenu notre serviteur que depuis
une époque bien moins reculée, et son type
sauvage.connu des anciens sous le nomd'O-
nager, habite encore les déserts de l'Asie où
les Tartares lui donnent le nom de Koulan.
CHE
L'Onagre est de la grandeur d'un Cheval
de moyenne taille ; sa tête est lourde ; ses
oreilles sont moins longues que celles de nos
Baudets communs. Son pelage est d'un gris
ou d'un jaune brunâtre. Une longue bande
brune s'étend sur la ligne dorsale d'un bout
du corps à l'autre, et le poil qui la forme
est floconneux et ondoyant, même pendant
l'été. En hiver, celle espèce de crinière est
moins distincte, parce que le corps entier se
couvre d'une toison semblable. Une ou deux
bandes grises coupent en croix cette ligne
longitudinale à la hauteur des épaules. Les
côtés de l'encolure sont sillonnés de lignes
que forment des bouquets de poils relevés à
contre-sens {épis).
Cette espèce sauvage était bien connue
de» anciens. On la trouve mentionnée dans
les livres de Moïse, et même ce législateur la
croyant d'une autre espèce que l'.\ne domes-
tique , défendit de les accoupler. Plus tard ,
cet animal figura dans ces fêtes somptueu-
ses que les empereurs donnaient au peuple
romain , comme pour le dédommager de la
perte de sa liberté. D'après Jules Capitolin,
l'empereur Gordien nourrissait entre autres
animaux rares 30 Anes sauvages, et Philippe
en fit paraître une vingtaine dans les jeux
séculaires. Depuis, on avait presque perdu
de vue cet animal, lorsque Pallas le retrouva
et le décrivit avec son exactitude ordinaire,
lors de son voyage en Russie, en 1773. *
L'Ane parait avoir la même patrie que le
Cheval ; mais, partis sans doute d'un même
centrede création, l'un fut porté plus au nord,
l'autre plus au midi. Dans ses migrations
périodiques, l'Onagre descend jusqu'au golfe
Persique, et jusqu'à la pointe sud de l'In-
dostan. En revanche, il ne paraît pas dépas-
ser au nord le 45'' degré de latitude. Dans
ces voyages, il suit la même tactique que le
Cheval. Réunis en hordes innombrables,
les Anes sauvages traversent les déserts de
l'Asie sous la conduite de chefs dont les or-
dres sont exécutés avec une admirable ponc-
tualité. S'ils viennent à être attaqués par les
Loups, ils se rangent en cercle, en plaçant au
centre les Poulains et les vieillards, frappent
leurs ennemis des pieds de devant , les dé-
chirent par de cruelles morsures, et rempor-
tenttoujourslavictoire. Mais l'Onagre trouve
dans l'homme un ennemi plus redoutable.
Celui-ci lui déclare la guerre pour améliorer
CHE
iG3
ses races domestiques, pour s'emparer de sa
peau, avec laquelle il fait le clmqrin, pour se
nourrir de sa chair, qui passe en Tartarie
pour un mets des plus délicats. La rapidité
de sa course le dérobe assez facilement à
une attaque ouverte ; mais il se laisse pren-
dre aux pièges, aux nœuds coulants, et donne
souvent dans les embuscades que lui ten-
dent ces peuples chasseurs.
Si le Cheval n'existait pas , a dit Buffon
l'Ane serait pour nous le premier des ani
maux. C'est la comparaison qui le dégrade.
L'Ane sauvage et le Cheval redevenus libres
sont à peu près de même taille ; mais l'Ona-
gre est plus fort et plus agile. Pourquoi donc
l'un est-il l'objet de tant de sollicitude, l'au-
tre de tant de dédain ? Cette différence tient
sans doute à la supériorité intellectuelle du
Cheval. Toutefois, nous aurions tort de juger
l'espèce de l'Ane d'après les échantillons
abâtardis par les mœurs et un climat trop
froid que nous trouvons dans nos campa-
gnes. En Perse, où l'on élève avec soin les
Anes domestiques , l'espèce s'est remarqua-
blement anoblie. Leur taille égale celle des
Chevaux; leurs formes sont devenues svel-
tes, leur physionomie animée et intelligente.
Employés à tous les usages qui , chez nous,
sont l'apanage des Chevaux, ils rendent les
mêmes services ; et la rapidité des Anes de
selle est si bien connue que les riches Per-
sans préfèrent cette monture à toute autre.
III. L'HÉMioNE ou DziGGETAi, E. ftemio-
nus Pallas. — Aristole et Élien avaient déjà
mentionné cet animal comme distinct de
l'Ane sauvage et du Mulet métis. Les mo-
dernes l'avaient perdu de vue, lorsque Mes-
serschmidt le reconnut et le rapporta au
Mulet fécond d'Arislotc. Mais ce fut Pallas
qui, dans un de ses beaux Mémoires, le dé-
crivit le premier avec beaucoup de soin, et
lui donna le nom qui lui a été conservé.
L'Hémione mérite complètement son nom
par la ressemblance qu'il offre à la fois avec
le Cheval par les parties antérieures du
tronc, avec l'Ane par les postérieures. La tête
présente le même mélange ; par sa grosseur
elle rappelle celle de l'Ane, et celle du Cheval
par sa forme. On peut en dire autant des
oreilles qui, un peu moins longues que cel-
les de l'Ane, se rapprochent de celles du Che-
val par leur coupe et par leur implantation.
Un trait qui n'appartient à aucune des deux
564
CHE
espèces qui nous servent de terme de com- f
paraison , c'est la forme des narines. Chez
l'Héniione, leurs ouvertures simulent deux
croissants dont la convexité est tournée en
dehors.
Le pelage de l'Hémione est formé d'un poil
ras et lustre. La couleur en est presque uni-
formément blanche pour les parties infé-
rieures et internes , isabelle pour les portions
externes et supérieures. Ces deux couleurs
se fondent insensiblement l'une dans l'au-
tre. A la face externe des membres, on ob-
serve de longues barres transversales d'une
teinte isabelle pâle. I.a crinière, qui com-
mence un peu en avant des oreilles, s'étend
jusqu'au garrot en diminuant insensible-
ment de longueur : les poils qui la compo-
sent sont noirâtres. Elle semble se continuer
en une bande de même couleur qui régne
tout le long de la ligne dorsale, s'élargit
d'arrière en avant , se rétrécit assez brus-
quement après avoir dépassé les hanches, et
vient se terminer en pointe sur le haut de la
queue. Celle-ci, dans sa plusgrande étendue,
est couverte de poils aussi ras que le reste
du corps, et l'on trouve seulement à l'extré-
mité un bouquet de crins noirâtres.
Dans cette description abrégée, nous avons
supprimé un grand nombre de détails qu'on
trouvera dans un Mémoire très intéressant,
inséré , par M. Isidore Geoffroy , dans les
Nouvelles annales du Muséum.
La ménagerie du Jardin des Plantes pos-
sède en ce moment (184-3) quatre Hémio-
nes vivants. Trois ont été envoyés par
M. Dussumier; le quatrième est né à la
ménagerie, le 25 juillet 1842. L'autre fe-
melle adulte avait mis bas également à peu
prés à la même époque; mais le petit mou-
rut le 8 septembre de la même année , des
suites d'une maladie très fréquente chez
ces animaux dans le jeune âge, la diar-
rhée. Il se trouve en ce moment dans les ga-
leri«s du Muséum. Nous pensons qu'on nous
saura gré de décrire les diverses livrées que
présentent ces Solipèdes. Nous allons le
faire en peu de mots , et d'une manière
comparative avec la description de l'adulte
donnée par M. Isidore Geoffroy.
Le jeune Hémione mort à l'âge de moins
de deux mois avait encore la même robe
qu'au moment de sa naissance. Ses pro-
portions sont élégantes, et il n'a pas ces
CHE
longues jambes qui défigurent le poulain.
Le sabot est encore plus comprimé que
chez l'adulte. La léle, un peu moins forte
proportionnellement , est surtout moins
haute. La teinte isabelle tire sur le rou-
gcâtre à la hauteur des côtes. Partout ail-
leurs elle est plus pâle que chez l'adulte.
Les zébrures des membres semblent rem-
placées par un réseau isabelle à peine sen-
sible. Vers la ligne dorsale, la couleur des
flancs passe insensiblement à une teinte
blanchâtre: en même temps le poil s'allonge
et se relève contre la crinière. Celle-ci s'é-
tend depuis la tête jusque vers le tiers supé-
rieur de la queue. Les poils qui la compo-
sent ne sont pas assez raides pour mériter
le nom de crins, et ont quelque chose de
laineux. Leur longueur est de 9 centimètres
sur le cou : ils se raccourcissent insensible-
ment, et n'ont plus que 5 centimètres sur
le milieu du dos ; mais ils s'allongent de
nouveau sur les hanches, où ils ont près de
8 ccnlimètres. Cette prolongation de la cri-
nière couvre tout l'espace qu'occupera plus
tard la bande noire. La couleur de cette cri-
nière varie : sur le cou , les poils placés
dans l'axe sont roux ou noirâtres; sur les
bords se trouvent des flocons de couleur
blanchâtre. Au-delà du garrot , les poils
sont roux dans leur plus grande étendue,
et blancs à leur extrémité. Le pinceau qui.
termine la queue est composé, au centre,
de poils noirâtres entourés de poils blancs.
Ce pinceau nait par une pointe qui se pro-
longe sur la ligne médiane de la queue
jusque vers le tiers moyen. Voici quelques
mesures prises sur ce jeune individu , qui a
été monté avec le plus grand soin :
Hauteur au garrot 0'",S15
— id. aux hanches 0 ,86
Longueur de l'extrémité du mu-
seau à l'origine de la queue. ... 1 ,11
Longueur de la tête 0 ,325
— id. de la queue, bouquet
compris 0 ,3i
Hauteur à partir du plan de posi-
tion jusqp'â l'extrémité supérieure
du canon antérieur 0 ,35
id. jusqu'à l'extrémité du ca-
non postérieur 0, 41
Le poulain d'Hémione encore vivant, rt
qui aujourd'hui janvier 1843 a près de six
CHE
mois, a grandi très rapidement. Sous tous
les rapports, il semble tenir le milieu entre
celui que nous venons de décrire et les
Hémiones adultes. Ses formes sont déjà
presque identiques, et ses couleurs encore
moins vives , le sont pourtant plus que
chez le poulain mort, excepté sur les côtes,
où la nuance rougeûtre a disparu. Le poil
qui couvre le corps tout entier est long et lé-
gèrement floconneux, ce qu'on nesauraitat-
iribuer à la saison puisqu'il n'a pas changé
cheziesaduites. La crinière, d'une teinte noi-
râtre déjà assez prononcée, se prolonge au-
delà du garrot par des poils longs, mais clair-
semés. Les poils qui occupent la place de la
bande dorsale sont d'un brun roux. Sur la
croupe , ils ne sont pas plus longs que ceux
du reste du corps ; mais vers les hanches ils
s'allongent du double , et celte crinière pos-
térieure se prolonge également sur la queue,
de manière à joindre presque l'origine du
bouquet terminal qui remonte aussi plus
haut.
L'IIémione se trouve en grand nombre
dans le pays de Cutch, au nord de Guzarate.
On ne peut les prendre qu'avec des pièges,
leur course étant plus rapide que celle des
meilleurs Chevaux arabes. Il parait qu'on
pourrait les apprivoiser avec assez de faci-
lité. M. Dussumier assure qu'à Bombay, on
s'en est servi comme C-hevaux de selle et de
trait. Les Hémiones de la ménagerie sont en-
core loin de cet état de soumission ; ce-
pendant ils connaissent leur gardien , et le
jeune poulain vient le flatter quand il lui
apporte sa nourriture. L'extrême vivacité
qui semble former le fond du caractère de
ces Solipèdes, serait peut-être la plus grande
difficulté qu'on aurait à vaincre pour les
amener à un état de domestication ; mais,
et en cela nous partageons entièrement l'opi-
nion de M. Isidore Geoffroy, l'acquisition
«vune nouvelle espèce domestique nous pa-
raît avoir assez d'importance pour qu'on ne
doive pas reculer devant quelques obstacles.
IV. Le CouAGGA, E. quaccliu Gmel. — Les
trois espèces que nous venons d'examiner
appartiennent à l'Asie : il nous reste à parler
de celles de l'Afrique. Nous placerons à leur
tête le Couagga, comme celle qui présente le
plus de rapports avec ses congénères asiati-
ques. En effet, ce Solipède rappelle assez
bien les formes du Cheval par la légèreté ifs
CHE
565
sa taille , la petitesse de sa tête , la brièveté
de ses oreilles ; mais il a la queue, la bande
dorsale et les barres transversales de l'Ane.
D'un autre côté , les zébrures qui ornent la
partie antérieure de son corps sont, pour
ainsi dire, le cachet que lui a imprimé le
centre de création d'où il émane.
La taille du Couagga est celle d'un Cheval
de moyenne grandeur : sa hauteur au garrot
est d'environ 4 pieds. Le fond du pelage sur
la tête et sur le cou est brun foncé noirâtre,
le dos , les flancs , le haut des cuisses, sont
d'un brun clair qui pâlit et se change en
gris roussâtre sur le milieu des cuisses. Les
parties internes et inférieures sont d'un as-
sez beau blanc. Sur le fond brun de la tète
et du cou sont des raies d'un gris blanc ti-
rant sur le roussâtre. Le nombre et la disposi-
tion de ces raies paraissent varier selon l'âge
et les individus. Une ligne noiràlre règne le
long de l'épine , et descend jusque sur la
queue comme chez l'Hémione. La crinière
de cet animal est courte et droite ; sa couleur
générale est coupée par des taches blanches
I correspondantes aux raies du cou.
Le Couagga paraît être propre aux parties
les plus méridionales de l'Afrique. Il habite
en grand nombre les karoos ou plateaux de
laCafrerie, où il se nourrit de plantes gras-
ses et d'une espèce particulière de Mimosa.
Comme les autres Chevaux, il vit en familles
qui se mêlent souvent aux troupeaux de Zè-
bres. Les voyageurs lui ont donné le nom de
Cheval du Cap, et il paraît mériter ce nom
sous tous les rapports. Il s'apprivoise facile-
ment, et les colons hollandais ont, dit-on,
l'habitude d'en élever avec le bétail ordi-
naire , qu'il défend avec courage contre les
animaux féroces, et surtout contre les
Hyènes.
La ménagerie du Muséum a possédé pen-
dant quelque temps un Couagga mâle, qui
mourut à l'âge de dix-huit ou vingt ans. A
l'aspect des Chevaux et des Anes , il répétait
à diverses reprises son cri couaag. On essaya
vainement de le croiser avec une Anesse;
mais on sent combien peu on doit regarder
comme décisif l'insuccès qui suivit cette ten-
tative isolée.
V. Le Dauw, E. montanm Burchell.— Cette
espèce, qui a été la dernière connue, semble
tenir le milieu entre le Zèbre et le Couagga.
Elle se rapproche davantage de ce dernier
566
CHË
par ses formes et ses proportions, tandis que
son pelage rappelle davantage la robe carac-
téristique du premier.
La taille du Dauw est à peu près de 3 pieds
4 pouces au garrot ; sa longueur de 4 pieds
8 pouces. Le fond du pelage est Isabelle sur
les parties supérieures, blanc aux parties in-
férieures. Tout le dessus du corps est rayé
de rubans noirs ou bruns , transverses en
avant et obliques en arrière , se ramifiant et
s'anastomosant , surtout dans le milieu du
corps. Le bout du museau est noir : de ce
point partent quatorze rubans noirs. Sept se
dirigeant en dehors se réunissent sur le
chanfrein à un nombre égal de lignes de
même couleur, qui partent à angle pres-
que droit du sommet de la tête , et vien-
nent former, avec les premières , des espè-
ces de losanges. Les autres se dirigent obli-
quement sur les joues, et se réunissent aussi
à angle droit avec d'autres bandes venant de
dessous les mâchoires. Les rubans noirs du
cou se prolongent sur la crinière , qui est
ainsi alternativement noire et blanche. Le
dernier ruban du cou se divise sur le bras
en un chevron dans lequel s'en inscrivent
trois ou quatre autres. La queue est toute
blanche. Tout ce pelage est ras, excepté à la
queue et à la crinière. Celle-ci est raide, et
ne retombe pas comme dans le Cheval sur
les côtés du cou. Koijez l'Atlas de ce Dic-
tionnaire, Mammifères, pi. 10, fig. 2.
Le mâle diffère de la femelle en ce qu'il
est plus petit et que ses rubans sont moins
teintés de brun. L'un et l'autre ne portent
de châtaignes qu'aux membres antérieurs.
On voit en ce moment, à la ménagerie du
Muséum, un mâle et une femelle de Dauw
en pleine santé, et qui l'habitent depuis
plusieurs années. Ils s'y sont même propa-
gés ; et l'année dernière (1842), au mois de
septembre, la femelle a mis bas un poulain,
qui est déjà fort beau. Ces animaux parais-
sent recevoir avec plaisir les soins de leur
gardien, qu'ils reconnaissent fort bien. Ce-
pendant ils sont loin d'avoir perdu le sou-
venir et l'amour de leur ancienne indépen-
dance , et dans un accès de colère , l'un
d'eux a cassé la cuisse à l'homme qui le soi-
gnait. Mais des accidents de ce genre arri-
vent journellement aux gens qui soignent
les Chevaux provenant des races les plus
douces; et nous n'en restons pas moins
CHE
bien convaincus que le Dauw, comme loiîs
ses congénères , pourrait être soumis à no-
tre empire. Peut-être même , à cause de la
force de ses membres, qui semblent annon-
cer à la fois beaucoup de vigueur et de lé-
gèreté, pourrait-on en retirer des avantages
au moins pareils à ceux qu'on a trouvés en
Orient dans la domestication de l'Onagre.
Le Dauw sauvage habite le Cap , et sans
doute une étendue considérable de l'Afrkiue
montagneuse.
VL Le ZÈBRE, £•. zébra Linn.— Quoi qu'en
ait pu dire Buffon , le Zèbre n'est nulle-
ment supérieur au Cheval par la beauté des
formes ; et, sous ce rapport, il ressemble sin-
gulièrement à notre Ane domestique. Mais
sa taille est bien plus élevée, et la richesse
de sa robe, que tout le monde connaît, suf-
firait seule pour le séparer nettement de
toutes les autres espèces du même genre.
Le fond de ce pelage est blanc, glacé de jau-
nâtre, et celte teinte règne seule sous le ven-
tre et à la partie supérieure et interne des
cuisses. Partout ailleurs, elle est rayée de
bandes dont la direction est perpendiculaire
à l'axe de la partie qu'on observe , excepté
sur le chanfrein où cette direction est longi-
tudinale. La couleur de ces bandes est rousse
sur le museau, partout ailleurs leur teinte
est noire ou d'un brun presque noir. Leur
nombre paraît être constant dans certaines
parties du corps : on en compte 8 sur le cou,
2 sur l'épaule, 12 surle tronc. Chaque cuisse
en présente 4 plus larges que les autres
qui en dessinent très bien la convexité. Le
reste des membres , les oreilles, etc., sont ir-
régulièrement rayés de noir et de blanc, et le
1 tour du museau est tout entier d'un brun
noirâtre.
Le mâle et la femelle se ressemblent. Les
jeunes Poulains naissent avec les couleurs
de l'espèce, seulement le brun est plus pâle.
La ressemblance qui existe entre le Zèbre
et l'Ane avait depuis long-temps fait penser
que ces espèces pourraient se croiser et don-
ner naissance à des métis. Cette expérience
a été tentée pour la première fois en An-
gleterre par lord Clive, qui , suivant Buf-
fon, n'y put réussir qu'en faisant peindre un
Ane de manière à simuler un Zèbre. Nul
doute que la femelle mise en expérience
n'eût reconnu une supercherie aussi gros-
sière . si la nature ne l'eût disposée à rece-
CHE
voir les caresses d'un animal aussi voisin.
Aussi les essais de lord Clive renouvelés à la
nnénagerie avec un Zèbre femelle ont-ils été
couronnés de succès , sans qu'on ait eu re-
cours à aucun artiflce. Son accouplement
avec un Ane d'Espagne de forte race fut fé-
cond, et au bout d'un an et quelques jours,
elle mit au monde un métis qui vit encore
aujourd'hui. Plus tard, on essaya de la réu-
nir au Cheval , ce qui se fit également sans
difficulté ; mais malheureusement elle mou-
rut au huitième mois de sa grossesse. Le
fœtus , avec les formes du père , avait une
partie delà robe de la mère. Ces expériences
paraissent prouver que toutes les espèces de
ce genre peuvent se féconder entre elles ,
ainsi que nous l'avons déjà dit.
On a longtemps regardé le Zèbre comme
un animal indomptable. Les faits avancés par
Buffon et quelques autres auteurs sur des
équipages formés par cet animal ont été dé-
mentis, et l'on serait peut-être encore dans
le doute à cet égard, sans les observations
faites à la ménagerie sur la femelle dont
nous venons de parler. Ce Zèbre, qui avait
été pris jeune , et avait appartenu au gou-
verneur du Cap, était fort doux, et se laissait
approcher, conduire et mener presque aussi
facilement qu'un Cheval bien dressé.
Aristote et ses commentateurs ne parais-
sent pas avoir connu le Zèbre ; mais il a dû
figurer dans les spectacles sanglants des cir-
ques romains. Philippe rapporte que Cara-
calla tua dans un seul jour un Éléphant ,
un Rhinocéros, un Tigre et un Hippo-Tigre.
Le même auteur , dans un autre passage ,
raconte que le préfet du prétoire, Plautius,
fameux par ses brigandages administratifs,
envoya des centurions dans les îles de la mer
Erythrée poury enlever les Chevaux du soleil
tembiables à des Tigres. Ces deux expressions
ne peuvent évidemment se rapporter qu'à no-
tre Zèbre. Diodore de Sicile paraît aussi avoir
parlé de cet animal dans sa description des
pays troglodytes, mais d'une manière assez
obscure. Au reste, il n'est pas surprenant
que les Romains aient eu connaissance de
cet animal ; car, bien que sa véritable patrie
semble être le Cap, l'espèce s'étend dans
|)rpsque toute l'Afrique orientale, et elle est
très commune au Congo et en Abyssinie.
CHE
Clie'vaux (Races).
567
Section L Eaces libres , ou mieux,
Races sauvages.
Nous avons déjà dit que le Cheval n'existe
pas à l'état sauvage, et nous partageons en
cela l'opinion des zoologistes qui ont le plus
approfondi la question. Cependant quelques
auteurs ont admis ia manière de voir oppo-
sée. Ils se fondent sur les récits de quelques
voyageurs, et sur ce qu'on sait des Chevaux
qui vivent en liberté dans les déserts de
l'Asie. Examinons rapidement la valeur de
ces diverses objections.
Hérodote raconte que , sur les bords de
l'Hipanis, en Scythie, il y avait des Chevaux
sauvages qui étaient blancs, et que, dans la
partie septentrionale de la Thrace , il s'en
trouvait qui avaient le poil long de cinq
doigts par tout le corps. Aristote cite la Syrie;
Pline, les pays du Nord ; Strabon , les Alpes
et l'Espagne comme possédant des Chevaux
sauvages. Tous ces témoignages ne peuvent
évidemment s'appliquer qu'à des races ana-
logues à celles dont nous parlerons tout-à-
l'heure. Nous en dirons autant de ce que
Cardan rapporte au sujet de l'Ecosse et des
Orcades ; Olaus , de la Moscovie ; Dapper, de
l'île de Chypre ; Struys , de l'île de aiay.
Dans le peu de détails donnés par ces au-
teurs , on trouve toujours quelques uns des
traits caractéristiques des Tarpans, ou Che-
vaux libres de l'Asie , mais rien qui puisse
faire supposer qu'ils ont vu des Chevaux non
descendus de races primitivement appri-
voisées.
Léon l'Africain assure avoir vu lui-même,
en Numidie, un poulain sauvage dont le poil
était blanc et la crinière crépue ; Marmol a
consigné ce fait, en ajoutant que les Chevaux
sauvages de l'Arabie et de la Lybie étaient
petits , de couleur cendrée , et si rapides à la
course qu'aucun Cheval domestique ne pou-
vait les atteindre. Il est à présumer, sur-
tout d'après cette dernière particularité , que
ces prétendus Chevaux sont des Onagres , ou
Anes sauvages.
Les seuls faits bien authentiques sur les-
quels s'appuient les partisans de l'opinion
que nous combattons sont empruntés à l'his-
toire des Chevaux qui vivent en liberté dans
les déserts de l'Asie, et qu'on nomme Tar-
pans. Voyons jusqu'à quel point les déduc-
568
CHE
tiens qu'ils en tirent peuvent être justes.
Ces Tarpans se distinguent par les carac-
tères suivants : La tête est grande proportion-
nellement au reste du corps ; le front bombé
au-dessus des yeux ; le chanfrein droit ; les
oreilles, plus longues que celles de nos Che-
vaux domestiques, sont habituellement cou-
chées en arriére ; le pourtour de la bouche
et les naseaux garnis de longs poils. Leurs
membres sont plus longs et plus forts , et
leur crinière se prolonge au-delà du garrot.
Enfin leur poil quelquefois long et ondoyant
n'est jamais ras.
Cette description empruntée à un des na-
turalistes qui ont embrassé l'opinion que
nous cherchons à réfuter, ressemble sous
tous les rapports à celle que d'Azara nous a
donnée des Chevaux libres de la Plata. Pour
ceux-ci, leur origine est bien connue, et
l'on sait qu'ils tirent leur origine des Che-
vaux espagnols échappés à leurs maîtres de-
puis la conquête du Nouveau-Monde. Dans
les pampas de l'Amérique du Sud, comme
dans les steppes de l'Asie, le Cheval rendu à
lui-même a perdu une partie des belles for-
mes qu'il devait à l'éducation. Sa taille a
diminué ; ses jambes et sa tète ont grossi;
ses oreilles se sont allongées et rejetées en ar-
rière; son poil est devenu plus grossier; et,
chose bien remarquable, nous retrouvons
sous 1 equateur ces Chevaux dont le poil
long et floconneux semblerait devoir être
propre à desclimats rigoureux. Deux siècles
au plus ont donc suffi pour produire en Amé-
rique une race presque entièrement sem-
blable à celle qu'on regarde en Europe
comme le type sauvage primitif.
Un fait qui d'ailleurs ne laisse aucun doute,
c'est qu'on trouve, dans les steppes qui s'é-
tendent entre le Don, l'Ukraine et la Crimée,
des Tarpans qui ressemblent en tout aux
autres, et dont on connaît parfaitement l'o-
rigine. Ce sont les descendants de quelques
Chevaux échappés de l'armée de Pierre-le-
Grand, lors de son expédition contre la ville
d'Asoph. Pourquoi voudrait-on assigner une
origine différente à des races qui présentent
en tout les mêmes caractères ?
On s'appuie , il est vrai, sur quelques cir-
constances de pelage , et plus encore sur ce
qu'on prétend que les Alzados, ou Chevaux
insurgés d'Amérique reviennent sans peine
à l'état domestique , tandis que les Tarpans
CHE
sont indomptables. Ces deux assertions sont
également contredites par le rapport des
voyageurs. On sait que les Cosaques et les
Tarlares montent souvent ces prétendus
Chevaux sauvages dont ils s'emparent à
l'aide de nœuds coulants ; et, d'autre part,
Buffon assure que les Chevaux libres de
Saint-Domingue et de la Virginie sont,
même après avoir été dressés, très revêches
et ombrageux.
Quant aux différences présentées par
la robe de ces Chevaux , dans l'ancien et
le nouveau continent , elles sont presque
nulles. En Asie , pas plus qu'en Améri-
que, on ne trouve de Cheval pie dans ces
hordes errantes ; les noirs sont très rares
dans les deux localités; mais en Europe, les
couleurs les plus communes sont le brun ,
l'isabelle et le gris de souris, selon Forster;
en Amérique, le bai-châtain, au rapport de
d'Azara. Sur l'un et l'autre continent, on
en trouve d'ailleurs de toutes les couleurs ,
et ce peu de fixité dans les teintes du pelage
serait seule une preuve décisive en notre
faveur, car elle est contraire à ce qu'on ob-
serve dans toutes les espèces sauvages.
La seule différence réelle qui existe en-
tre les Tarpans et les Alzados s'observe dans
la manière dontilsappliquentl'instinctd'as-
sociation qui leur est commun. Les premiers
vivent en petites troupes de 15 à 20 , tou-
jours composées d'un seul mâle , de ses fe-
melles et de leurs poulains. Les Alzados ,
au contraire, se réunissent en nombre im-
mense. D'Azara assure qu'on en rencontre
des troupeaux composés de plus de dix mille
individus. Il nous paraît qu'on peut assez
facilement rendre compte de ce qu'il y a de
singulier, au premier abord, dans le fait que
nous rappelons ici. Les Tarpans vivent dans
un pays où ils n'ont en général à combattre
que des ennemis assez faibles. Les Loups
seuls , et pendant l'hiver seulement , peu-
vent leur faire courir quelque danger. En
Amérique, au contraire, les Chevaux rendus
à la liberté avaient à se défendre contre de
grandes espèces de Chats , bien autrement
redoutables, et, de là, pour eux, la nécessité
de se réunir en plus grand nombre. Dailieurs,
la nature même des lieux se prêtait à la vie
en commun de ces peuplades vagabondes
par la vaste étendue et la fertilité des plai-
nes qu'elles parcourent ; tandis que, sous ce
CHE
dernier rapport surtout, les landes du nord
de l'Asie laissaient beaucoup à désirer. En-
fin les observations de M. Roulin parais-
sent démontrer que ces grandes troupes
d'Alzados résultent seulement de U réunion
peut-être fortuite de familles semblables à
celles des Tarpans. En Amérique comme en
Sibérie , chaque étalon possède un certain
nombre de juments qu'il protège avec cou-
rage et surveille avec jalousie. Pendant le
jour , ces familles se réunissent et se mêlent
pour paître en commun ; mais, tous les soirs,
les mâles rassemblent leurs femelles, et
chaque petitebande, sous la conduite de son
chef, gagne sa retraite de nuit. Celle-ci est
une espèce de gîte dont on ne change que
par nécessité.
Au reste, quel que soit le nombre de Che-
vaux qui se sont ainsi réunis, leurs mœurs
restent les mêmes. Ils mènent toujours une
vie errante au milieu des pâturages où ils
trouvent leur nourriture. Chaque bande oc-
cupe un canton d'une étendue proportionnée
à ses besoins , le regarde comme son dor-
maine, et en défend l'approche aux hordes
étrangères. Le fourrage vient-il à manquer,
on se met en route sous la conduite des chefs.
Ce doit être pour les voyageurs un spectacle
à la fois admirable et terrible que celui de
ces migrations de dix mille Chevaux traver-
sant en liberté les plaines sans bornes du
>iou\eau-Monde , et ébranlant le sol sous
leur galop cadencé. Précédés par des éclai-
reurs, ils marchent en colonne serrée que
rien ne peut rompre. La colonne elle-même
est subdivisée en pelotons , tous composés
d'un mâle et de ses femelles. L'avant-
garde signalc-t-elle une caravane, un gros
de cavalerie , aussitôt les mâles qui se trou-
vent en tète se détachent , vont reconnaître
de l'œil et de l'odorat. Puis, au signal de l'un
d'eux, la colonne entière charge l'ennemi, ou
bien se détourne et passe à côté, en invi-
tant par des hennissements graves et prolon-
gés les Chevaux domestiques à les rejoin-
dre. Il est rare que cet appel ne soit pas en-
tendu ; et, à l'approche de ces Alzados, les
voyageurs doivent se hâter d'attacher soli-
demnent leurs Chevaux, pour les mettre hors
d'état de fuir. L'oubli de cette précaution
entraînerait presque à coup sur la perte de
leurs montures.
Ce n'est pas seulement dans l'Amérique
T. m.
CHE
569
du Sud que les Chevaux se sont ainsi mul-
tipliés à l'état sauvage. On en trouvait éga-
lement dans la Floride ; mais les habitants
ont été obligés de les détruire, afin de pou-
voir conserver leurs Chevaux domestiques
qui se laissaient trop facilement embaucher
par ces individus affranchis.
A côté de ces races qui ont reconquis toute
leur liberté première , il s'en trouve plu-
sieurs qui servent pour ainsi dire d'intermé-
diaires entre elles et les races les plus entiè-
rement soumises. Il faut ranger dans ce
nombre les Chevaux d'Islande, que leurs
maîtres laissent paître sur les montagnes ,
sauf à les reprendre quand le besoin s'en
fait sentir. On doit encore y rapporter ces
troupeaux que les Cosaques du Don guident
sans les garder dans les déserts de l'Ukraine,
et qui obéissent moins à leurs propriétaires
qu'aux chefs qu'ils se sont choisis. Nous pla-
cerons à côté de ces derniers les Chevaux de
la Finlande, qui passent l'été dans une indé-
pendance absolue, vivant en troupes à la ma-
nière des Tarpans, mais qui reviennent pen-
dant l'hiver au toit qu'ils connaissent. -Enfin,
nous mettrons dans la même catégorie les
Chevaux de la Camargue ou delta du Rhône.
On croit dans le pays que ces derniers pro-
viennent de Chevaux barbes abandonnés
par les Sarrasins sur cette plage isolée, lors
de quelques unes des descentes qu'ils fai-
saient jadis sur nos côtes. Entièrement livrée
à elle-même, cette race a sans doute dégé-
néré ; mais elle est encore fort belle, et a sur-
tout conservé la plupart des qualités pré-
cieuses qui distinguent ses ancêlres suppo-
sés. Les Chevaux de la Camargue ont le
pied remarquablement sur, et, une fois sou-
mis , ils sont fort dociles et pleins de fcu;
mais il faut les contraindre à obéir dès le
premier jour où l'on cherche à les monter,
sans quoi ils restent presque indomptables.
Section IL Races domestiquas.
L'asservissementduCheval semble, avons-
nous dit , dater de l'époque même où l'es-
pèce humaine vint prendre possession de la
terre comme d'un domaine préparé pour elle
par le Créateur ; mais, pour entrer en jouis-
sance de ce patrimoine, elle devait vaincre
bien des obstacles , soutenir bien des com-
bats. Dans cette lutte, le Chien fut sans
doute son premier auxiliaire, le Cheval le
36^
570
CHE
second. Comme le Chien , il dul sufiQre à lui
seul à mille besoins ; et son espèce se pliant
avec une merveilleuse facilité à chaque né-
cessité nouvelle, à chaque caprice même de
son maître , il en résulta un nombre de ra-
ces presque infini. Avant d'entrer sur ce su-
jet dans quelques détails, essayons quelques
remarques générales sur les modifications
que l'homme et la nature ont fait subir à
l'animal qui nous occupe.
Fr. Cuvier s'est plaint de ce que, dans la
distinction des diverses races , on s'était
uniquement préoccupé des caractères phy-
siques et anatomiques, en négligeant entiè-
rement les qualités morales. Celte observa-
tion nous semble très juste. Ces qua-
lités varient autant que l'extérieur du
corps. Le Cheval est un animal générale-
ment intelligent , affectueux et doué de
beaucoup de mémoire; mais cet ensemble
se modifie par l'éducation , par l'influence
du milieu où il se trouve placé. On re-
trouve, chez les Chevaux comme chez les
hommes, la hardiesse ou la poltronnerie, la
patience ou l'irascibilité , une perception
vive et nette, ou lourde et embarrassée. Or
ces différences de caractères se transmettent
presque aussi sûrement que les formes et
les proportions du corps : elles caractérisent
également les races. Aussi Buffon veut-il
que , dans le choix des étalons , on se préoc-
cupe autant de ces vices, de ces vertus, que
de la vigueur et de la beauté; et cette recom-
mandation nous parait avoir une haute im-
portance. Que ferez-vous d'un nouveau Bu-
céphale, s'il ne veut souffrir ni la selle ni le
harnais , s'il met à chaque instant la vie de
son maître en péril?
Mais pour que l'intelligence et les qualités
affectives du Cheval se développent dans
toute leur étendue , il faut que l'homme lui
vienne en aide ; il faut qu'il le traite en com-
pagnon, en ami, non pas en esclave. Sous le
fouet de nos charretiers le Cheval s'abrutit,
et dégénère au moral plus encore peut-être
qu'au physique. Cet animal, comme tous les
autres, a besoin de ne recevoir que des im-
pressions nettes et précises. Comment serait-
il possible qu'il en fût ainsi, lorsque l'idée
de devoir s'allie sans cesse chez lui à l'idée
et à la peur du châtiment ? Son cerveau ne
recevant plus que des impressions confuses,
l'association des idées devient impossible ;
CHE
l'ardeur eî la bonne volonté font place au
découragement, à la paresse, et quelquefois
à un désir de vengeance. Mais si vous pro-
fitez des heureuses dispositions que lui dé-
partit la nature ; si , armé de patience et de
douceur, vous vous adressez à son intelli-
gence et à ses penchants affectueux , vous
obtiendrez les mêmes résultats que l'Arabe,
vous les dépasserez même. Pour prouver
ce que nous avançons ici, il nous sullira de
rappeler à nos lecteurs les merveilles qu'une
foule sans cesse renouvelée court admirer
tous les soirs au Cirque des Franconi.
La couleur du pelage ne peut guère être
mise au nombre des caractères essentiels
des races. Presque toutes produisent des
Chevaux de tous poils ; cependant il en
est quelques unes qui semblent affection-
ner certaines couleurs ; ainsi les Chevaux
barbes sont généralement gris ; les an-
dalous noirs ou bai-marron. Les Chevaux
danois sont presque les seuls qui présentent
assez souvent ces robes à couleurs singu-
lières, connues sous le nom de robes pies ou
tachetées.
La variation de la taille est au contraire
remarquable et caractéristique dans plu-
sieurs races de Chevaux. En général, on
peut dire que celles qui viennent des pays
tempérés l'emportent sous ce rapport sur
les races exposées à un excès de froid ou de
chaud. Les plus grands Chevaux connus ,
ceux dont les proportions ont quelque chose
de colossal qui rappelle nos Chevaux de
bronze, se trouvent en France, où ils servent
au halage des bateaux sur le bord de quel-
ques grandes rivières, et en Angleterre où ils
sont connus sous le nom de Chevaux de
brasseurs. Les plus petits , au contraire, se
trouvent , dans le ^ord , en Irlande et sur-
tout aux îles Shetland; au iMidi, dans les
provinces méridionales de la Chine et de
l'Inde. 31ais l'influence du froid et de la cha-
leur, quoique diminuant également la taille,
produit sous tous les autres rapports des ef-
fets bien diU'érents. Les petits Chevaux ir-
landais et shetlandais sont robustes , agiles
*et pleins de feu, tandis que ceux qu'on
trouve dans l'Inde et la Chine sont faibles,
chélils , et d'un fort mauvais service.
La nature même du terrain semble pro-
duire des résultats analogues. Sous une
même latitude, les Chevaux de montagnes
CHE
sont de petite taille , mais compensent pres-
que ce désavantage par leur vigueur ; ceux
des plaines, au contraire, en atteignant des
dimensions plus considérables , restent tou-
jours lâches et mous. On peut citer comme
exemple les petits Chevaux de la Corse et des
Pyrénées, d'une part; de l'autre, les lourdes
montures des fermiers de la Deauce.
Ces contrastes nous paraissent pouvoir
s'expliquer par l'influence que doivent exer-
cer sur les premiers l'air vif et sec des mon-
tagnes , la nourriture frugale dont ils doi-
vent souvent se contenter, et sans doute
aussi l'exerciceviolentqu'entraînent lesdifB-
cultés du terrain. Les seconds, au contraire,
toujours plongés dans une atmosphère lourde
et humide , repus de végétaux aqueux, et
n'ayant à faire que des marches faciles, doi-
vent ressentir les effets d'un milieu dont
l'influence s'exerce jusque sur les plantes.
Une température modérée , et également
éloignée de l'excès du froid et de celui de la
chaleur; une contrée où le jeune poulain
puisse exercer ses forces naissantes sans se
fatiguer outre mesure ; une atmosphère pure,
un régime nourrissant, mais non stimulant,
telles seront donc les conditions les plus fa-
vorables à l'élevage des Chevaux. Les pays
de coteaux présentent assez ordinairement
ces avantages: aussi voyons-nous générale-
ment les belles races prendre naissance dans
de semblables localités; et si , ailleurs , on
parvient à perfectionner l'espèce , ce n'est
qu'à force de soins et par des croisements
souvent répétés avec les races les plus pri-
vilégiées.
Nous dépasserions de beaucoup les bor-
nes d'un article de dictionnaire, si nous vou-
lions entrer dans des détails, même fort
restreints, sur toutes les races qu'a fournies
l'espèce du Cheval ; nous indiquerons donc
seulement en peu de mots ce que les travaux
des divers auteurs nous ont appris sur les
principales d'entre elles.
Races françaises. Disons-le tout de suite :
peu de pays sont aussi heureusement doués
que notre patrie sous le rapport qui nous
occupe: aussi les Chevaux de France ont-ils
eu de tout temps une grande réputation. Dés
avant les conquêtes de César, les Romains
connaissaient les Chevaux gaulois, et les es-
timaient autant que les célèbres coursiers
de nie de Crète. Les Chevaux bretons sur-
CHE
571
tout passaient pour être infatigables. Plus
tard , lorsque nos chevaliers , armés de
toutes pièces, recherchèrent des montures
à la fois fortes et agiles, ils tirèrent de la
Normandie leurs Chevaux de bataille. Dés
celte époque aussi, la race limousine, si
intelligente, si souple, fut recherchée comme
monture de parade , et eut le privilège de
fournir aux nobles châtelaines leurs haque-
nées les plus élégantes. En même temps
se formait dans le Midi cette race qu'on
cherche à rétablir de nos jours, la race na-
varine , qui donne de si beaux Chevaux
de selle. Le Boulonais, la Franche-Comté,
échangeaient , contre les races de luxe qu«
nous venons de citer, leurs Chevaux de trait,
si recherchés encore pour le service des
messageries. L'Auvergne, le Poitou, la Bour-
gogne, produisaient d'excellents bidets pres-
que égaux aux forts Chevaux de selle élevés
dans le Roussillon, le Bugey, le pays d'Auch,
le Forez, etc.
Il faut bien le reconnaître: ce magnifique
développementde l'espèce chevaline était dû,
en majeure partie , aux grands vassaux ,
qui tous possédaient de superbes haras pour
la chasse et pour la guerre. Richelieu dé-
truisit à la fois les grands feudataires elles
utiles établissements qu'ils avaient fondés.
Colbert , cet homme de génie , qui compre-
nait si bien toutes les sources de la richesse
nationale, Colbert tenta vainement de les ré-
tablir ; et pourtant la dégradation de nos races
indigènes se fitcruellement sentir pendant les
longues guerres du règne de Louis XIV. On
estime à cent millions environ le prix qu'il
fallut payera l'étranger pour cinq cent mille
Chevaux. En 1790, la révolution qui se fai-
sait au nom du peuple, abolit et dispersa au
hasard ce qui restait des anciens haras. Les
guerres qu'elle amena à sa suite , en enle-
vant aux propriétaires tout ce qui leur res-
tait de meilleurs Chevaux , ne laissa plus
dans nos campagnes, pour la propagation de
l'espèce, que des animaux de rebut, et nos
vieilles races abâtardies marchèrent promp-
tement à une dégradation inévitable.
De nos jours , la race normande propre-
ment dite a cessé d'exister; et malgré les
nombreuses tentatives faites pour la re-
lever, on est loin d'avoir encore réussi. La
plupart des Chevaux de Normandie sont sur-
tout propres au trait et à la voilure. Ils bril-
572
CHE
lent à la montre, à cause de leurs belles for-
mes et du feu de leurs regards ; mais en gé-
néral , ils sont mous et manquent de fond.
Cependant on a vu, dans quelques courses
publiques , des coureurs normands lutter
avec avantage contre des purs-sang anglais ;
et nul doute qu'avec de la persévérance et
des croisements bien entendus, on parvien-
dra à retrouver, sinon les admirables Che-
vaux de bataille si recherchés par nos an-
ciens preux , du moins une race nouvelle
mieux appropriée peut-être aux besoins ac-
tuels. Les races limousine et navarine avaient
également presque entièrement disparu des
provinces qu'elles enrichissaient il y a une
centaine d'années. Elles commencent à se
relever, et la dernière, en particulier, a fait
des progrès remarquables depuis l'établis-
sement des courses à Tarbes. Il en est de
même de nos races du Perche , du Loulo-
nais, d'Alsace et des Ardennes. Encore quel-
ques années de soins assidus, et noire artil-
lerie , notre grosse cavalerie trouveront , il
faut l'espérer, à se remonter sans être obli
gées de se pourvoir hors du royaume.
On commence aussi, mais depuis peu de
temps seulement, à s'occuper de celle de nos
races actuelles qui avait peut-être le mieux
conservé son ancien type : nous voulons par-
ler de la race bretonne , une des plus pré-
cieuses que possède la France, et qu'on a trop
long-temps négligée. Le Cheval breton est
fortement membre , très musculeux , plein
d'ardeur et d'énergie; s'il ne possède pas les
belles proportions de l'arabe, il lui ressem-
ble sous le rapport du fond et de la solidité.
D'ailleurs ses formes s'allieraient très bien
â celles des Chevaux barbes et arabes , et
ces croisements ne pourraient que donner
naissance à une race des plus belles et des
plus utiles. En parlant des races françaises,
nous ne devons pas oublier non plus les
Chevaux de la Corse et des Pyrénées. Bien
que de très petite taille , ils sont remarqua-
bles par leur vigueur et la siireté de leurs
^ieds. Ils trottent et galopent sans hésitation
tau milieu des sentiers rocailleux de nos mon-
tagnes ; et les citadins, qui vont chaque an-
née chercher le plaisir ou la santé aux bains
des Pyrénées , n'ont pas d'autres montures
pour parcourir ces vallées pittoresques.
Depuis quelques années, le gouvernement
paraît sentir toute la gravité de l'état de
CHE
choses que nous venons de signalei ; il sem-
ble reconnaître enfin que la France ne doit
pas dépendre, pour la remonte de sa cavale-
rie, de peuples qui d'un instant à l'autre peu-
vent être ses ennemis, et les événements po-
litiques de 1840 auront été sans doute , pour
nos hommes d'État , un avertissement dont
ils auront compris toute la portée.
Les haras ont été reformés , des courses
établies, des prix fondés. On est allé cher-
cher en Angleterre et en Arabie les étalons
propres à renouveler le sang appauvri de
nos races. Dernièrement , le gouvernement
français est même parvenu à se procurer un
certain nombre de Chevaux de la race A'o-
chlani. Espérons que d'autres mesures vien-
dront compléter ce qui manque encore à ces
encouragements, et que nous cesserons en-
fin de payer à l'étranger ce tribut de trente
millions que nous coûtent , terme moyen ,
chaque année , les Chevaux qu'il nous
amène.
Race arabe. Cette race fournit sans con-
tredit les premiers Chevaux du monde; et
pourtant, le Cheval arabe est loin de pré-
senter l'ensemble de traits auquel nous at-
tachons l'idée de beauté. Sa tête est presque
carrée, son chanfrein droit ou creux, son
encolure droite, et même quelquefois ren-
versée. 3Iais ses articulations larges et fortes
servent de point d'attache à des muscles
puissants qui se dessinent sous une peau
lisse, à poil ras, et que parcourent en tous
sens des vaisseaux sanguins très apparents.
Son poitrail estlarge; ses jambes sontfines et
nerveuses, ses tendons nettement détachés
du canon ; son pied est excellent, et terminé
par un sabot dont la corne est d'une ex-
trême dureté. Cet ensemble annonce à la
fois la vigueur et l'agilité : aussi, aucun Che-
val n'égale-t-il le Cheval arabe courant sous
l'homme, dressant la tête et l'encolure de
manière à protéger le cavalier , devançant
à la course l'Autruche et l'Antilope, ou se
précipitant au milieu d'un combat. C'est à
lui seul peut-être que s'applique, dans toute
son étendue, ce beau passage du livre de Job,
alors que Jéhovah , parlant du sein des
nuées , interroge le juste tombé , et lui re-
trace toutes les magnificences de la création :
« As-tu donné la force au Cheval ? As-tu
revêtu son cou d'un hennissement éclatant
comme le tonnerre.'* » *
CHE
« Feras-tu bondir le Cheval comme la 1
Sauterelle? Le son magnifique de ses narines
est effrayant. »
« Il creuse la terre de son pied ; il s'égaie
en sa force ; il va à la rencontre des hommes
armés. »
« Il se rit de la frayeur ; il ne s'épouvante
de rien , et il ne se détourne point de devant
l'épée. »
« Il n'a point peur des flèches qui sifflent
autour de lui , ni du fer luisant de la hal-
lebarde et du javelot. »
« Il creuse la terre plein d'émotion et d'ar-
deur au son de la trompette, et il ne peut se
retenir. »
« Au son bruyant de la trompette, il dit :
^It! /Ihl II flaire de loin la bataille, le ton-
nerre des capitaines et le cri de triomphe. »
D'une sobriété extrême , le Cheval arabe
ne demande à son maître que cinq ou six
livres d'orge , et quelquefois un peu de
paille hachée ; doué d'un fond d'haleine
inépuisable, il fait habituellement 18 à 20
lieues par jour, quelquefois davantage. Tout
en lui annonce la vigueur, la force et la
bonté ; et ces qualités précieuses qu'il a re-
çues de ses ancêtres, il les transmet à sa pos-
térité. Toutes les races s'améliorent en se
retrempant à celte source si pure. Celles
même qui lui sont supérieures pour la
taille, et dont les formes sont très diffé-
rentes, s'ennoblissent par le mélange de son
sang généreux.
Élevé dans la tente commune, et faisant
pour ainsi dire partie de la famille, le Che-
val arabe a pour son maître l'attachement
et la fidélité du Chien. Il se montre quelque-
fois l'émule de cet animal par la sûreté de
son instinct. Lorsqu'un Arabe tombe de son
coursier et ne peut se relever , celui-ci s'ar-
rête , et reste auprès de lui en hennissant
jusqu'à ce qu'il arrive du secours. Si quel-
quefois, vaincu par la fatigue, le cavalier
se couche pour dormir au milieu du désert,
il se tient tranquille à ses côtés ; mais, à l'as-
pect d'un autre homme, il hennit, et ré-
veille celui qui semble sommeiller sous sa
garde. En revanche, il n'est rien au monde
que l'Arabe préfère à son Cheval , ou mieux
à sa jument, car c'est pour cette dernière
qu'il semble réserver toute son affection.
On trouve, dans les récits des voyageurs,
mille exemples de cet attachement. Un vieil
CHE
i73
Arabe possédait une jument qui l'avait porté
dans maintes rudes batailles, dans bien des
courses rapides. Parvenu à l'âge de quatre-
vingts ans , et ne pouvant plus la monter ,
il la céda à son fils aîné , en lui faisant pro-
mettre de ne jamais se livrer au repos avant
d'avoir pourvu à tous ses besoins. A la pre-
mière escar.mouche, le jeune homme fut tué,
la jument tomba entre les mains de l'en-
nemi. En apprenant celte nouvelle, le vieil-
lard s'écria : «J'ai trop vécu, puisque j'ai
perdu à la fois mon fils et ma jument! » Et
en disant ces mots , il expira.
L'Arabe lient à la réputation de sa jument
autant qu'à son propre honneur. Sir John
Malcolm rapporte à ce sujet une anecdote
caractéristique. Un scheick des environs de
Bassorah , avait de magnifiques haras. Une
de ses meilleures juments disparut sans
qu'il pût découvrir si elle s'était égarée ou
si elle avait été dérobée. Quelque temps
après , sa fille s'enfuit avec un jeune homme
d'une autre tribu qui l'avait plusieurs fois
demandée en mariage, sans obtenir le con-
sentement du père. Celui-ci monta à cheval
avec ses amis, et poursuivit le ravisseur,
mais en vain. Les deux amants échappèrent
à leur poursuite , grâce à la rapidité de leur
monture; et le vieux chef jura qu'ils de-
vaient être portés par le diable ou par la ju-
ment qu'il avait perdue. II apprit bientôt
qu'il avait deviné juste: l'amant de sa fille
était le voleur de sa jument , et s'était servi
de celte dernière pour enlever sa maîtresse
Le scheick , heureux de voir qu'il n'avait pas
été battu à la course par un Cheval étran-
ger, se réconcilia avec le jeune homme, à
condition que celui-ci lui rendrait sa chère
jument.
Ce n'est pas sans peine que les Arabes
sont parvenus à produire , à conserver
leurs admirables Chevaux. Leur race noble
qu'ils nomment Kocitlani , Kohejle ou Kai-
llian, est pour eux l'objet de soins dont
nous avons peine à nous faire une idée.
Chaque Cheval a sa généalogie mieux tenue,
et plus authentique peut-être, que celle de
nos plus fiers barons. Les Arabes donnent
deux mille ans d'existence à la race Koch-
lani , et prétendent qu'elle a piis naissance
dans les haras de Salomon. S'il y a un peu
de l'hyperbole orientale dans ces préten-
tions, toujours est-il que, parmi ces familles
574
CHE
aristocratiques de l'espèce chevaline , il en
est dont les titres bien en règle remontent à
plus de quatre cents ans. Les juments de
cette race ne sont couvertes que par un éta-
lon de même sang, et en présence d'un té-
moin qui reste près d'elle pendant vingt
jours , pour s'assurer qu'aucun étalon vul-
gaire ne s'en approche. A la naissance du
poulain , ce même témoin est appelé , et doit
signer l'acte de naissance, qui est expédié
juridiquement et dans les sept jours qui sui-
vent l'accouchement.
Avant d'être regardé comme appartenant
à cette race noble, un Cheval arabe doit
faire ses preuves. Le poulain , jusque là li-
vré à toute sa liberté, est conduit à son maî-
tre. Celui-ci lui saute sur le dos , et le lance
à fond de train au milieu des sables et des
rochers du désert. Il lui fait faire ainsi une
course de 12 ou 15 lieues, puis il le force à
se jeter à la nage tout haletant et couvert de
sueur. L'animal, au sortir du bain, doit se
montrer plein d'ardeur. S'il résiste à cette
épreuve, son caractère est définitivement
établi , et il est reconnu pour un digne des-
cendant de la race Kochlani.
Il est très difficile de se procurer en Eu-
rope des Chevaux Kochlani. La plupart de
ceux qui ont été achetés sous ce nom ap-
partenaient en réalité à des races inférieu-
res. Cependant, il est possible d'obtenir à prix
d'argent quelques étalons. Mais il n'en est
pas de même des juments : les Arabes ne
s'en défont à aucun prix. Seules elles trans-
mettent la noblesse , et c'est toujours par les
mères que se comptent les généalogies. On
a grand soi^n de les préserver de toute mé-
salliance , et quand cela arrive, par hasard ,
le poulain est regardé comme appartenant à
la race du père. Au contraire, on fait sou-
vent couvrir des juments de race inférieure
par des étalons Kochlani, elle poulain est
réputé de la race maternelle.
Indépendamment de la race privilégiée,
les Arabes en possèdent deux autres. Les
Kadischi, littéralement Chevaux de race in-
oonniie , répondent à nos demi-sang, ou sang
nêlés. Ce sont d'excellents Chevaux, aux-
quels il ne manque souvent que des parche-
mins pour avoir la même valeur que les vrais
Kochlani. C'est à cette race qu'appartien-
nent la plupart des Chevaux arabes qu'on
voit en Europe. La race la plus inférieure
CHE
porte le nom A'Aiiechi. Ce sont des Che-
vaux fort ordinaires, qu'on n'emploie guère
que pour les services les plus communs.
C'est probablement de cette race que des-
cendent les quelques Chevaux libres qu'on
dit exister dans quelques parties sauvages
de l'Arabie, et que les habitants du pays
chassent avec ardeur comme un gibier des
plus estimés.
Race barbe. Cette race, qui paraît descen-
dre de la race arabe, s'en rapproche peut-
être plus qu'aucune autre par sa vigueur, la
longueur de son haleine, et la rapidité de sa
course. Les formes en sont plus agréables, et
son encolure surtout flatte bien davantage
les yeux: aussi est-elle très recherchée pour
le manège. Le fameux Cheval , connu des
Anglais sous le nom de the Godolphin ara-
biun , appartenait à cette race. Il fut acheté
à Paris, où il traînait la charrette d'un por-
teur d'eau, et transporté en Angleterre. Il y
devint le père de quelques uns des plus il-
lustres coureurs , et contribua puissamment
à relever la race anglaise dégénérée. Les
Chevaux barbes nous viennent principale-
ment du Maroc et du pays de Fez.
Race Dongola. Le royaume de Dongola
et les districts voisins, placés entre l'Egypte
et l'Abyssinie, fournissent une race de Che-
vaux qui , au dire de Bruce , ne le céderait
en rien aux deux précédentes. Ils ont la taille
beaucoup moins longue à proportion que
les Chevaux arabes, mais sont également
agiles, robustes , intelligents, et très atta-
chés à leurs maîtres.
Ces Chevaux sont regardés comme les
meilleurs du nord-est de l'Afrique. Leurs
propriétaires prétendent que ce sont les des-
cendants d'un des cinq Chevaux sur lesquels
Mahomet et ses compagnons s'enfuirent de
la Mecque à Médine dans la nuit sacrée de
l'Hégire. Les étalons de cette race sont plus
estimés que les juments. Leur prix est très
élevé. Bosman assure en avoir vu un qui fut
vendu au Caire pour une somme équiva-
lant à mille livres sterling ou 25,000 francs.
Races lurkomane et circassienne. La con-
trée qui s'étend au sud de la Tartarie, au
nord-est de la mer Caspienne , et qu'on dé-
signe sous le nom de Turkistan , a de tout
temps été renommée pour ses excellentes
races de Chevaux. On leur reproche, il est
vrai, d'avoir les jambes trop longues, la léte
GHE
trop grande ; mais ces défauts sont plus que
compensés par leurs excellentes qualités.
A la fois agiles et robustes , ils semblent dé-
fier la fatigue. On assure qu'on a vu de ces
Chevaux parcourir environ 300 lieues dans
l'espace de onze jours consécutifs, ce qui
fait près de 30 lieues par jour. Au reste, l'é-
ducation entre pour beaucoup dans celte
faculté de supporter les traites les plus lon-
gues. Les Turkomans élèvent leurs Che-
vaux à peu près comme le font les Arabes
pour leurs Chameaux de course. Ils les ha-
bituent de bonne heure à toute espèce de
fatigues et de privations. De plus, ils les
préparent lorsqu'ils doivent partir pour une
expédition , les font jeûner, les privent de
boisson, les amaigrissent ainsi, et les ren-
dent capables de résister aux courses les plm
rapides et les plus prolongées. On assure que
ces Chevaux peuvent alors supporter un ga-
lop soutenu pendant sept et huit heures.
En Circassie , chaque grande famille de
princes ou de nobles élève une race parti-
culière de Chevaux , qu'on marque sur la
fesse, pendant qu'ils sont jeunes, d'un signe
particulier. Appliquer le signe qui distingue
les descendants d'une race illustre à un Che-
val d'une origine commune, est un crime
qu'on punit de mort. La plus renommée
de ces races circassiennes porte le nom de
Shalokh , et appartient à la famille des Sul-
tans de Tau. Son signe distinctif est un fer
de Cheval avec une flèche. Les Chevaux
Shalokh sont remarquables par leur force et
leur légèreté plutôt que par la beauté de
leurs formes.
Race persane. Les Chevaux persans étaient
célèbres bien des siècles avant qu'on ne con-
nût les Chevaux arabes , à une époque où
ceux-ci n'existaient peut-être pas. Ils for-
maient jadis la meilleure cavalerie de l'O-
rient. Les Chevaux persans de race pure
étaient si estimés, que les rois les envoyaient
comme cadeaux du plus grand prix , et que
lorsque les Parthes voulaient se rendre leurs
dieux propices par un sacrifice des plus so-
lennels, ils immolaient un de ces animaux.
Cette race n'a pas dégénéré, et de nos jours
encore , est regardée comme une des plus
parfaites. Le Cheval persan se rapproche
beaucoup de l'arabe, auquel il est supé-
périeur pour la beauté des formes extérieu-
«es. Sa tète est plus fine et sa croupe mieux
CHE
575
faite. On assure même qu'il est plus rapide
au départ ; mais si la course se prolonge ,
l'arabe ne larde pas à prendre le devant.
Race turque. Le Cheval turc provient du
croisement de l'arabe ei du persan. Son
corps esl plus long , sa croupe plus élevée
que chez le premier , mais il porte la tète
comme lui. Ses qualités le rapprochent da-
vantage du second. La race turque a servi
à la formation de la race anglaise. Les noms
de Bierley-Uirc et de Helmsley-lurc sont bien
connus en Angleterre, et se lient à ceux des
meilleures familles de coureurs.
Races espagnoles. Les provinces d'Anda-
lousie, de Grenade etd'Estramadure, four-
nissent seules à l'Espagne des Chevaux d'un
grand prix. On y distingue deux races, dont
l'une est assez commune et fort propre au
j service de la cavalerie. L'autre , beaucoup
plus rare , ne s'est conservée dans toute sa
pureté qu'à la chartreuse de Xérès , et chez
quelques grands propriétaires. Celle-ci aies
plus grands rapports avec notre race limou-
sine ; les Chevaux qui en proviennent sont
très recherchés comme Chevaux de selle, et
le prix en est très élevé. Comme nos limou-
sins, ils n'atteignent tout leur développement
que vers l'âge de huit ans.
Races anglaises. Le Cheval anglais pro-
prement dit est le Cheval de course. La
souche première de cette race aujourd'hui
si estimée paraît avoir été un Cheval fran-
çais vendu à vil prix à un Anglais , et
croisé avec des juments du pays. Depuis, on
a eu soin de relever de plus en plus la race
par des croisements fréquents avec des éta-
lons barbes ou arabes. Les Chevaux dits
premier sang sont les fils d'un de ces éta-
lons joints à une jument déjà croisée d'a-
rabe ou de barbe au premier degré.
Les Chevaux de course ressemblent beau-
coup aux barbes ou aux arabes , mais ils ont
la tête plus forte, les oreilles plus grandes,
le corps plus allongé ; ils sont d'ailleurs plus
hauts et plus étoffés. Ils possèdent beaucoup
de force, de vigueur et de hardiesse, mais
manquent de souplesse et de grâce. On sait
combien esl extraordinaire la rapidité de leur
course. On assure qu'on a vu l'un de ces Che-
vaux parcourir jusqu'à 80 pieds dans une
seconde , ce qui suppose une vitesse d'envi-
ron 9 myriamètres, ou 23 lieues à l'heure.
Il est inutile de rappeler à nos lecteurs
576
CHE
jusqu'où est porté en Angleterre l'amour, on
pourrait dire la fureur des courses. La po-
pulation entière accourt à ces fêtes publi-
ques, et se presse autour des hippodromes.
Les courses les plus célèbres ont lieu à
New-Market, à Epsom et à Ascot-Heath.
Elles durent plusieurs jours , et donnent
lieu à des paris énormes , qui absorbent
quelquefois les fortunes les plus considéra-
bles.C'est là que se rencontrent les sportmen
lesplus distingués ; que se conserve la tradi-
tion des hauts faits de ces héros du turf, les
Wilde, les Tornhill , les Schaftoe, les Quib-
bler,etc. Là aussi, on redit les noms des
Chevaux célèbres par les victoires qu'ils
ont remportées eux-mêmes ou par celles de
leurs descendants. Parmi eux, nous citerons
Darley arabian , qui , né dans les déserts (le
Paimyre, fut acheté à Alep, et devint le père
d'une famille de coureurs renommés. Au
nombre de ses fils , on distingue surtout
FUjing-chiiders ou />ei'0/i47u?e , qui , élevé
d'abord pour la chasse, fit preuve de tant
de courage et d'agilité , que son maître le fit
entrer dans l'hippodromeoù il dépassa tous
ses rivaux ; Bleeding ou Barileli's childers ,
qui ne fut jamais dressé ; Almanzo)- et quel-
ques autres. Les deux Childers servirent
surtout à améliorer la race, et c'est parmi
leurs descendants que se trouvent les plus
illustres coureurs, entre autre Ijlaze,Suap,
Sampson , et par-dessus tous , le fameux
Eclipse.
Ce Cheval incomparable, dont tout véri-
table sportman ne prononce le nom qu'avec
respect, naquit en 1764. li était fils de Marsk
et de Spileiia. Il remontait, par ses ancêtres
paternels, jusqu'à Darley urubinn : par sa
mère , il était arrière-petit-fils de Godolpliin
arabian, ce Cheval barbe dont nous avons
parlé plus haut, et qu'ont rendu célèbre les
vicissitudes de son existence, la tendre ami-
tié qui le liait avec un Chat , et la noblesse
de ses descendants. Dès sa jeunesse, Éclipse
promit de se montrer digne de celte haute
origine. On admirait la beauté et le caractère
particulier de ses formes. Né dans les écuries
duducdeCumberland, il futcédé à un reven-
deur de bestiaux pour 75 guinées, environ
1,500 francs. Le colonel O'Keliy acheta la
moitié de sa propriété. L'année suivante,
lorsque la réputation de ce bel animal eut
grandi , O'Keliy désirant en être seul pro-
CHE
priétaire, paya la moitié restante 1,000 li-
vres sterling ou 25,000 francs.
Éclipse ne parut dans la carrière qu'à
l'âge de cinq ans. Lors de son début, et après
qu'il eut gagné la première manche , son
maître ayant remarqué qu'au lieu de le
presser, le jockey l'avait continuellement
retenu, offrit de parier qu'il déterminerait
d'avance le rang qu'occuperaient tous les
coureurs à la manche suivante. La chose
parut si peu probable , qu'une foule de per-
sonnes acceptèrent le défi , et les paris s'éle-
vèrent très haut. Sommé alors de se pro-
noncer, et de dire comment il plaçait les
chevaux , il s'écria : — « Éclipse le premier,
les autres nulle part! » — L'événement jus-
tifia sa prévision. Éclipse distança tous sei
rivaux, et ceux-ci, dans le langage du lurf,
demeurèrent sans places.
L'année suivante. Eclipse hdLiiW. Encéphale
qui n'avait jamais été vaincu. Deux jours
après il distança Pensioner, un des coureurs
les plus renommés de son temps. La même
année il remporta le grand prix à York. Dès
ce moment aucun Cheval n'osa courir con-
tre lui , et il couronna sa brillante carrière
de dix-sept mois, en parcourant au pas l'hip-
podromede New-Market, et en enlevant ainsi,
faute de concurrents , le grand prix royal. A.
dater de cette époque , ce bel animal ne fut
plus employé que comme étalon , et mou-
rut à l'âge de vingt-cinq ans, en 1789. Parmi
ses enfants, on compta 334 Chevaux qui fu-
rent couronnés en diverses occasions , et
gagnèrent à leurs maîtres une somme de
plus de 160,000 liv. slerl. Mais si Éclipse
n'a jamais rencontré de rival pour la rapi-
dité, il a été dépassé sous le rapport de la
fécondité par lii'tg-Herud, autre descendant
de Darley arabian. Celui-ci n'a pas laissé
moins de 497 fils qui, par les prix qu'ils
remportèrent, valurent à leurs propriétaires
plus de 200,000 livres sterling, ou 6,000,000
de francs.
Indépendamment des Chevaux de course,
l'Angleterre possède trois autres races princi-
pales qui s'éloignent de plus en plus de la
précédente. Ce sont les Chevaux de chasse ,
ceux de carrosse et ceux de trait. Le nombre
total de tous les Chevaux anglais est d'envi-
ron 1,300,000, représentant une valeur d'à
peu près 367,000,000 de francs. Mais quel
que soitd'ailleurs le croisementde ces divers
CKE
Chevaux, on retrouve toujours, jusque dans
les individus les plus inférieurs, l'influence
du sang arabe ; et l'on peut dire qu'il n'est
peut-être pas un seul pays au monde où l'es-
pèce chevaline soit aussi généralement belle
et bonne que chez nos voisins d'outre-mer.
Race sheilandaise ou sliellie. Parmi les ra-
ces appartenant au sol de l'empire britan-
nique, nous devons une mention toute par-
ticulière à celle qui habite les îles placées
au nord de l'Ecosse. Les Chevaux shetlandais
sont de véritables miniatures. Il en est parmi
eux qui égalent à peine en hauteur nos
Chiens de Terre-Neuve. Pour en donner une
idée , nous citerons le trait suivant. Un An-
glais avait acheté une de ces charmantes pe-
tites montures, mais ne savait comment l'a-
mener. Le Shellie avait à peine deux pieds et
demi de haut; il paraissait docile. Le voya-
geur le plaça à ses côtés sur le siège d'un
cabriolet. Il s'y coucha comme l'eiîl fait un
Chien, et tit ainsi le voyage. Au reste, mal-
gré leur petite taille, les Shellies sont ex-
trêmement robustes ,et résistent à la fatigue
d'une manière remarquable. On rapporte
qu'un de ces animaux, dont la hauteur était
à peine de deux pieds neuf pouces, flt en un
jour plus de 13 lieues, en portant un cava-
lier qui pesait près de 50 kilogr.
Races indieitnes. Partout où les Anglais
ont pénétré, ils ont cherché à créer ou à mo-
difier en bien les races de Chevaux ; et leurs
efforts se combinant avec l'influence des
climats , il en est résulté de nombreuses
variétés de l'espèce. Leurs vastes posses-
sions dans les Indes orientales se prêtaient
admirablement à ces sortes d'expériences:
aussi en ont-ils profilé , et le nombre des
races indiennes est assez considérable. Nous
avons dit plus haut que les Chevaux ordi-
naires des contrées les plus méridionales
étaient petits , faibles , et d'un très mauvais
service. A côté de cette variété dégénérée se
trouve une des plus belles races connues,
la race Toorky, née du croisement de la race
persane avec des Chevaux turkomans. Le
Toorky est grand, beau de formes, très
gracieux dans ses mouvements, et d'une
extrême docilité. Habilement mené, il s'a-
nime peu à peu , et déploie autant de vi-
gueur que de rapidité dans sa course. Les
races Iranee Cozal.ee , Mojinniss, Tazsee ,
présentent aussi d'excellentes qualités. En-
CHE
577
fin , on trouve dans les montagnes, au nord
des possessions anglaises, de petits Poueij*,
qui ressemblent, pour la taille et la plupart
des autres qualités , à nos petits Chevaui
des Pyrénées.
Races lariares , transylvaines, hongroises,
polonaises. Toutes ces races, qui paraissent
descendre de Chevaux arabes, ontconsc.vé
quelque chose de leur origine , et fournis-
sent des Chevaux sobres , légers, vigoureux
et bons coureurs. On leur reproche d'avoir
la tête carrée , de manquer de corps , d'avoir
les sabots étroits et à talon trop haut. Au
reste, ce dernier défaut se corrige par une
ferrure appropriée, et ne nuit nullement à la
solidité de leurs pieds. Une remarque à faire
relativement aux Chevaux polonais, c'est
qu'ils sont presque tous bégus.
Races allemandes. La plupart des souve-
rains allemands prennent grand soin de leurs
haras, et croisent fréquemment leurs ju-
ments avec des Étalons arabes, barbes, an-
glais ou espagnols : aussi les produits en
sont-ils fort beaux. Le commerce des Che-
vaux est très considérable en Allemagne,
et c'est dans cette contrée surtout que la
France va chercher ce qui lui est néces-
saire pour remplacer ses races éteintes. Un
très grand nombre de nos Chevaux de cava-
lerie viennent du Holstein et du Mecklem-
bourg : cette dernière contrée nous envoie
en outre de magnifiques attelages. Ces Che-
vaux , hauts de taille , souples , élégants et
solides , proviennent presque tous de ju-
ments du pays croisées avec des étalons an-
glais.
Races américaines. Partout où l'homme
porte ses pas, il amène avec lui ou traîne à sa
suite les animaux dont il a fait ses amis ou
ses esclaves. En prenant possession du Nou-
veau-Monde, il n'en a pas chassé seulement
les races humaines qui lui disputaient le sol :
il a déclaré également la guerre à tous les
êtres nuisibles ou inutiles, et lésa remplacés
par ceux qui lui étaient de quelque profit.
LesChevaux, inconnus des indigènes d'Amé-
rique, et qui furent pour eux, lors de la con-
quête, l'objet d'une si grande terreur, les
Chevaux sont aujourd'hui bien plus com-
muns dans ces contrées qu'en Europe. Sur
la vaste étendue du nouveau continent, il
s'est formé un grand nombre de races. Les
souches primitives varient aussi bien pour
S7
578
CHE
les Chevauï que pour les hommes. Le Che-
val du Canada et de la Louisiane est géné-
ralement d'origine française, aussi bien que
son maître; mais comme celui-ci, il dispa-
raîtra bientôt sous le flot anglais qui le
presse de tous côtés. Le reste de l'Amérique
du Nord, jusqu'à la Floride et au Mexique ,
a été peuplé par des Chevaux anglais. En-
fin , à partir du Mexique jusqu'au cap Horn,
presque tous les Chevaux sont de sang es-
pagnol.
Le Cheval canadien est généralement re-
gardé comme un excellent trotteur , et sous
ce rapport il l'emporte sur la plupart de ses
frères d'origine anglaise. La Pensylvanie
fournil de bons Chevaux de trait , et quel-
ques uns propres à la chasse. Le Cheval an-
glais , plus ou moins mélangé , se retrouve
dans tout le reste des États-Unis. Les plus
beaux individus habitent la Géorgie et la
Virginie, où de riches planteurs, héritiers
des goûts de leurs ancêtres, s'occupent avec
grand soin d'amélioreret d'entretenir la race.
Les Chevaux américains les plus estimés
sont ceux du Chili : on en distingue trois
races, dont une est caractérisée par son al-
lure , qui est l'amble. La race la plus recher-
chée porte le nom de Bruzo. Ses mouve-
ments sont d'une élégance extrême , et l'on
en transporte tous les ans en Europe quel-
ques individus comme objets de curiosité.
La troisième race touche de près aux Alza-
dos, et peut être regardée comme représen-
tant dans l'Amérique du Sud les Chevaux à
demi sauvages des Cosaques du Don. Le
commerce des Chevaux chiliens est très con-
sidérable, et se fait surtout avec le Pérou.
(A. DE QUATREFAGES.)
CHEVAL FOSSILE, paléont. - On ren-
contre, en très grand nombre, des ossements
fossiles du genre Cheval dans les couches
meubles qui recèlent des os de Pihinocéros,
d'Éléphants, de Cerfs et de Bœufs , ainsi que
dans les cavernes et les brèches osseuses ;
mais il a été jusqu'ici impossible de les dis-
tinguer des espèces actuelles. Il est vrai de
dire que les squelettes de toutes les espèces
du genre , c'est-à-dire du Cheval , de l'Ane,
du Couagga , de l'Onagga et de THémione ,
se ressemblent tellement , lorsqu'ils sont de
même taille , qu'on n'a point encore trouvé
de caractères propres à les différencier. Ce-
pendant le Cheval étant généralement d'une
CHE
taille supérieure à celle des autres espèces,
et les ossements dont nous parlons offranî
les mêmes dimensions que les siennes, on
peut croire qu'ils appartiennent bien réel-
lement à cette espèce appelée Equus fos-
silis.
On rencontre de ces ossements , non seu
lement en Europe, mais encore en Amérique,
où l'on sait qu'il n'existait point de Chevaux
avant l'arrivée des Européens. M. le docteur
Théodore Leclerc en a rapporté du Texas qui
se trouvaient également mêlés avec des os
de Bœufs. Ce fait prouve que la disparition
des races fossiles du diluvium ne doit pas
être attribuée à l'action des hommes, comme
quelques naturalistes le pensent ; car même
en supposant, ce qu'il est difficile d'ad-
mettre, que l'utilité des Chevaux n'ait point
été reconnue des populations indigènes de
l'Amérique, ces populations n'étaient point
assez nombreuses, elles n'occupaient point
assez complètement le sol pour avoir fait
disparaître un animal aussi rapide à la
course.
S'il est impossible de distinguer ces Che-
vaux des terrains meubles ou diluviens,
il n'en est pas de même de ceux qu'on
trouve dans les sables tertiaires. M. de Chris-
tol a découvert , dans le bassin de Pézénas ,
département de l'Hérault , et dans la vallée
de la Durance , des ossements d'une espèce
de Cheval dont l'émail des dents molaires
supérieures, au lieu de présenter un
croissantau milieu du bord interne, montre
un cercle qui ne se confond point avec les
croissants du reste de la dent; et, comme les
os du squelette ont offert aussi quelques
différences à M. de Christol , il a fait de
cet animal un genre auquel il a donné le
nom d'Hipparion (petit Cheval). Peu de
temps après, M. Kaup a trouvé, dans les sa-
blières d'Eppelsheim, sur les bords du Rhin,
•"-lêlées avec des os de Uinolhérium, de Mas-
todontes et de Rhinocéros, des dents de Che-
vaux qui offrent le même caractère que
celles de l'Hipparion ; mais soit qu'il n'eût
point connaissance de l'établissement de ce
genre, soit qu'il ait pensé que les ossements
d'Eppelsheim diffèrent de ceux de Pézénas,
il en a fait aussi un genre sous le nowd'Hip
potherium (de In-niz , et ôvjot'ov), et il en dis-
tingue déjà deux espèces: VHipp. gracile et
VHipp. nanum. Mais ces deux gcntes doiveat
CHE
être , selon nous , réunis , et n'en former
qu'un seul. {L...D.)
On a encore donné le nom de Cheval à des
animaux appartenant à des genres diffé-
rents, et n'ayant avec le Cheval qu'une
grossière ressemblance. Ainsi l'on a appelé :
Cheval-cerf, le Cerf des Ardennes et
l'Antilope chevaline;
Ch. des fleuves , l'Hippopotame;
Ch. marin , le Morse. Parmi les Poissons ,
on a donnfe ce nom à l'Hippocampe , qui ,
après sa mort, se contourne de manière à
présenter l'encolure du Cheval. (G. d'O.)
CHEVAL DU BOIV DIEU. iNS. — Nom
vulgaire du Grillon des champs.
CHEVAL DU DIABLE, ins. — Nom vul-
gaire des Mantes et des Spectres dans le
midi de la France.
CHEVALIER. Totanus. ois. — Genre de
l'ordre des Echassiers, famille des Bécasses,
ayant pour caractères : Bec plus long que
la tête, grêle, comprimé sur les côtés, le plus
communément droit, quelquefois un peu
retroussé, ferme à la pointe et mou à la
base, la mandibule supérieure légèrement
recourbée vers la pointe ; sillon nasal ne
passant pas la moitié de sa longueur; na-
rines linéaires et basaics ; langue flliforme,
médiocre et pointue; iris brun. Articulation
métatarsienne très saillante; tarses grêles ,
munis de larges sculelles , d'un quart plus
longs que le tibia, qui est à demi-nu. Les
doigts au nombre de quatre ; les deux ex-
ternes unis par une large membrane, une
membrane moins étendue et quelquefois
nulle à la base des doigts internes. Pouce
rudimentaire et touchant le sol par l'ex-
trémité seulement; les doigts externes et
internes égaux, et l'ouverture des doigts
externes moins grande que celle des doigts
internes. Coloration des tarses variable,
\erte, rouge, orange, grise, brune, couleur
de chair, etc. Ailes médiocres, presque aussi
longues que la queue, de 12 rectrices;
première rémige la plus longue ; queue
courte et égale ou légèrement arrondie.
Ces Oiseaux, dont la taille varie depuis
celle d'une Grive jusqu'à celle d'un Moi-
neau, se distinguent entre tous les petits
Echassiers longirostres par l'allure libre et
dégagée qui leur a valu leur nom. Bclon dit
dans son naif langage , que « les Français
voyant un oysillon haut encruché sur ses 1
CHE
579
jambes , quasi comme étant à cheval , l'ont
nommé Chevalier. » Son nom scientifique
vient du dialecte sicilien Toiano, qui sert à
désigner des Oiseaux de rivage, tels que les
Chevaliers et les Barges.
Un des principaux caractères génériques
des Chevaliers est la consistance de leur bec,
qui leur permet de vivre dans les terrains
secs et fermes ; tandis que les Barges , avec
lesquelles ils ont le plus d'allinité, ont le bec
si mou qu'elles ne peuvent fouiller que dans
la vase ou la terre molle.
La coloration générale des Chevaliers, qui,
comme dans tous les Oiseaux de cette fa-
mille , varie deux fois l'an , est le gris brun
plus ou moins foncé, avec des mouchetures
de blanc sur le dos , le cou et la tète ; la
poitrine partage la teinte générale ; mais le
ventre est le plus communément blanc, et
souvent la gorge est de celte couleur. Rien
de plus difficile que la désignation du plu-
mage dans une même espèce, car il varie
suivant la saison ; mais la livrée d'été porte
toujours des couleurs plus vives et plus pu-
res que celle d'hiver. Le plumage des jeunes
est à peu près celui des adultes après la mue
d'automne, et l'on ne trouve, entre les deux
sexes , d'autre différence que la proportion
un peu plus forte des femelles. La variation
de plumage des Chevaliers a rendu la dé-
termination des espèces de ce genre si ditïi-
cile , qu'aujourd'hui même encore , malgré
les travaux de M. Temminck, un des plus
habiles ornithologistes classificateurs, on ne
peut en regarder le nombre comme bien ri-
goureusement défini.
Ils vivent en petites troupes, plus ra-
rement solitaires , sur le bord des eaux
douces stagnantes ou courantes. Quelques
espèces vivent sur les rives des grands fleu-
ves et les plages maritimes , quelquefois
aussi dans les bois marécageux , et même,
comme le Campesiris , dans les terrains secs
et sablonneux, où ils se nourrissent de vers,
d"insectes et de frai de poisson. Les grandes
espèces paraissent donner la préférence aux
Mollusques bivalves, et quelquefois aussi ils
mangent des Poissons et de petits Crustacés;
on dit même aussi des Algues. Leur vue est
très perçante, et ils aperçoivent le moindre
insecte qui s'agite autour d'eux. Tantôt ils
épient leur proie avec patience, tantôt ils
s'avancent jusque dans l'eau pour l'y dé-
580
CHE
couvrir , et ils annoncent leur succès par un
léger mouvement de queue. Toute bonne cu-
rée n'est pourtant pas le partage unique de
celui qui l'a découverte , car ses congénères
accourent de toutes parts pour la lui dispu-
ter. Assez communément, ils ne quittent un
terrain qu'après l'avoircomplélementépuisé.
Les Chevaliers courent avec légèreté sur
le bord des ruisseaux , les pieds souvent
plongés dans l'eau, et en remuant la queue
comme le font les Canards. Certaines espè-
ces , telles que les T. vocifenis et iiutam ,
remuent constamment la tête. Ils nagent et
plongent avec assez de facilité, quoique ra-
rement, et rasent en volant la surface de
l'eau en frappant l'air par coups détachés ,
et en poussant souvent un cri aigu. Comme
tous les Oiseaux qui se nourrissent de vers,
ils sont d'une grande propreté, et se lavent
avec grand soin le bec et les pieds.
Les Oiseaux de ce genre sont essentielle-
ment erratiques; une double migration les
amène chez nous en automne et au prin-
temps, c'est-à-dire en septembre et de mars
en juin, et quelques espèces ne s'y rencon-
trent qu'accidentellement à d'autres épo-
ques de l'année. C'est dans le nord des
deux continents que les Chevaliers vont
faire leur ponte , qui paraît avoir lieu en
juin ; ce qui n'empêche pas qu'il n'y en ait
qui nichent aussi dans l'Europe centrale :
tels sont la Guignetle , T. hypoleucos , et le
Cul-Blanc , T. ochropus. Comme tous les
Oiseaux de cet ordre, ils construisent négli-
gemment, avec quelques graminées et des
racines flexibles, un nid dans les herbes et
sur le bord des eaux , ou bien ils pondent
dans un simple trou pratiqué dans le sable,
de trois à cinq œufs pointus , variant du
jaune blanchâtre au jaune verdâtre, parse-
més, vers le gros bout surtout, de taches
brunes ou rouges , quelquefois réunies ,
comme dans le 7'. calidris.
Les circonstances de l'incubation et de l'é-
ducation des petits ne sont pas connues. On
ignore même si certaines espèces , qui ,
comme le Bécasseau, 7\ ochropus, se voient
chez nous une partie de l'année, y font leurs
petits. On sait seulement que ces derniers
quittent le nid dès qu'ils sont éclos, et que
les adultes vivent par couples à l'époque de
la ponte, sans qu'on ait remarqué parmi eux
de polygamie.
CHE
Ces Oiseaux sont répandus par tout le
globe : on les trouve depuis le Bengale,
les îles de la Sonde et des ftloluques , où ili
se voient toujours en plumage d'hiver, jus-
qu'aux contrées arctiques , qu'ils paraissent
affectionner pour leur ponte. L'Amérique
septentrionale en nourrit un grand nombre,
et ils paraissent choisir de préférence les
marais salants pour lieu de leur séjour ha-
bituel.
Le cri des Chevaliers n'est pasle même
dans toutes les espèces. C'est un petit sifflet
agréablement modulé dans le T. ochropus,
assez semblable à celui de l'Hirondelle de
fenêtre dans le Ch. gambette, 7'. calidris;
un gémissement aigu dans le Cn. guignettk,
T. hypoleucos ; quelquefois il est doucement
modulé, ce qui, sur le lac de Genève, l'a fait
appeler Sifflasson ; et c'est un cri semblable
à celui des Barges, dans le Ch. aux pieds
VERTS, T. glouis, qui difl'ère des Chevaliers
proprement dits par son bec retroussé.
La plupart des Chevaliers sont peu dé-
fiants, surtout ceux qui vivent en troupes,
et ils se laissent approcher d'assez près pour
être tirés. Les Ch. bécasseau , 7\ ochropus,
et ARLEQUIN, T. fuse lis, comme toutes les es-
pèces solitaires , font cependant exception ,
car ils sont très diCTiciles à joindre, et exer-
cent quelquefois longtemps la patience du
chasseur. La chair de ces Oiseaux est fort
délicate, ce qui les fait rechercher, quoique
dans notre pays ils ne soient communs que
sur un petit nombre de points , surtout en
Lorraine, en Auvergne, dans les Vosges, sur
les bords de la Saône, en Picardie et jusque
dans la Brie. On voit assez souvent aussi la
Gambette dans les Pyrénées ; mais certaines
esp., telles que le Ch. gambette, 7'. calidris,
et le Ch. arlequin , 7'. fuscus , sont surtout
communes en Hollande. Les États-Unis , les
îles de la Sonde, des Moluques, Java et Saint-
Domingue, nourrissent un grand nombre de
Chevaliers. On les chasse au fusil, aux filets,
aux gluaux et aux pièges, qu'on appâte avec
des vers , et l'on en prend quelquefois dans
ceux tendus aux Bécasses. Les Chevaliers
pris jeunes peuvent être élevés en domesti-
cité avec du pain trempé dans du lait; iU
deviennent assez familiers pour aller sans
crainte de l'homme chercher, dans la terre
fraîchement remuée des jardins, les vers qui
s'y trouvent ; mais , à l'époque des noigra-
CHE
lions, la nature reprend son empire, et ils
partent pour ne jamais revenir.
L'homme n'est pas le seul ennemi des Che-
valiers, les Oiseaux de proie en enlèvent sou-
vent pour s'en repaître ; mais ils choisissent
de préférence ceux qui vivent seuls , car la
sentinelle placée par ceux qui vivent en
troupes les prévient de l'approche du danger.
Il y en a de 35 à 40 esp. , en rétablissant
dans ce genre celles qui en ont été séparées
pour former des genres distincts, tels que les
genres Gtottis, Nills. ; Tolanus glnttis ; Trin-
90irfe5,Bonap. ; T. hypoleticos, Acliiurus, du
même auteur, T.bartrnmius,et Catopiropho-
rits, \d.,T. semipalmalus, Wills., esp. propre
aux États-Unis. Nous en avons 10 espèces en
Europe , qui sont les Ch. semi-palmk , T.
semi-palmalu':; Cil. arlequin, T. fuscus; Ch.
GAMBETTE, T. calidris ; Ch. stagnatile, t.
êlagnatilif : Ch. a longue queue, T. barlra-
mia; Ci», cul-blanc, T. ochropiis ; Cn. Syl-
vain , T. gliireola; Cil. ferle, T. macida-
rius ; Ch. guignette, t. Iiypoleucos ; et Ch.
aboyeur, t. gloitis.
Sept espèces se trouvent en France.
Les classificatcurs placent les Chevaliers,
les uns en tête de la famille des Bécasses,
les autres plus ou moins prés des Échassiers
Macrodactyles. Mais comme l'arbitriire a
ici force de loi , et que les raisons apportées
par chacun ont une égale valeur, il est difli-
cile d'assigner à ce groupe la véritable place
qu'il doit occuper dans la méthode; nous
inclinerions cependant à l'opinion de ceux
qui les rapprochent des Avocelles, et des Oi-
seaux de ce groupe dont les habitudes sont
le plus aquatiques. (G.)
CHEVALIER. Eqnes, Bl. poiss. —Genre
de Poissons établi par M. Bloch, sur deux
espèces américaines, dont une, connue de
Linné , avait été placée parmi ses Chélo-
dons. Ce n'est pas cependant à celle famille
que ce genre appartient , quoique ses na-
geoires impaires soient , comme celles des
Chélodohs , couvertes d'écaillés. Ce genre
appartient à la famille des Sciénoides, parce
que le museau , saillant et caverneux, est
formé par l'avancement de l'elhmoide , et
que sous lui se cache la bouche , comme
on le voit dans les Maigres, dans les Sciènes
el autres Poissons de celte famille. Comme
eux aussi, les Chevaliers ont la tête cou-
verte d'écaillés jusqu'au bout du museau,
CTIE
581
la mâchoire inférieure percée de pores ou
de petites fossclles , le palais lisse et sans
dents, deux dorsales, la seconde étant éten-
due sur toute la longueur du dos, l'anale
petite. Ils n'ont pas de barbillons sous la
symphyse de la mâchoire. Les Chevaliers
ont la bouche petite el peu fendue , des
dents en velours sur les deux mâchoires ,
et ne se prolongeant pas en filets serrés et
soyeux , comme celles des Chélodons. La
membrane branchioslège a sept rayons. La
première dorsale est courte et élevée en
pointe assez aiguë; la seconde, très allongée,
est couverte d'écaillés. La seconde épine
de l'anale est faible.
On ne connaît encore que trois espèces de
ce genre , toutes trois des mers équato-
riales américaines. Celle que Linné avait
nommée Chœtodoii lanceolaïus, dont Bloch a
fait son Eques mnericanus, s'appelle aux An-
tilles le Gentilhomme. La seconde , désignée
aux mêmes îles sous le nom singulier de
Maman Baleine, est notre Eques punciatus.
Je ne connais pas le nom vulgaire de la
troisième , VEqucs lineaius. Bloch avait
connu ce poisson, mais il ne l'avait point
classé dans le genre qu'il établissait avec
raison pour les deux précédents; c'est son
Grammistes acumiualtts. (VAL.)
CHEVALIER MOIR, Geoff. ins. — Syn.
de Panagœus crux major.
CHEVALIER ROUGE, GeofT. ins.— Syn.
de Budi.slcr bipustitlaiHS.
CHEVANIVE, CHEVAIIVE, CHEVIIV.
roiss. — Noms vulgaires de plusieurs esp.
du g. Able.
CHEVAUCHANT, bot. — Foyez Équi-
tant.
CHEVÊCHE, ois. — Foyez chouette.
CHEVÊCHOIDE. ois. — Nom du Suix
passerinoides, esp. du sous-gcnre Chevêche.
Foyez CHOUETTE. (G.)
CHEVELINE. BOT. CR. — Syn. vulgaire
de Clavaire.
CHEVELU. BOT. — Syn. de Badicelle.
Celte expression , employée aussi comme
épilhèle , sert à désigner les appendices fili-
formes qui garnissent certaines semences ou
les racines pourvues de nombreuses rami-
fications capillaires.
•CHEVELUES. Capillaiœ. AnkCH. —
M. Walckenaer donne ce nom {Htst. nut.
des Ins. api., t. I, p. 535] à la septième race
582
CHE
du genre des Thomisus , et dont les carac-
tères sont : Abdomen ovoïde , couvert de
longs poils ainsi que le céphalothorax et les
pattes ; cette septième race comprend le
Thomisus villosus Walck. (H. L.)
CHEVELURE. Coma. bot. — On donne
ce nom à la loulTe de feuilles qui couronne
l'Ananas et certaines espèces de Fritillaires.
C'est aussi l'aigrette qui accompagne cer-
taines semences et naît de leur enveloppe
extérieure, comme dans les y4sclepias. Les
semences chevelues sont toujours contenues
dans un péricarpe.
CDEVELIIRE DES ARBRES, bot. —
Nom vulgaire des plantes grimpantes et
filamenteuses , telles que le Tillandsia us-
neoides, les Usnées et l'Hydne rameux.
CHEVELURE BLONDE, bot. ph.— Nom
vulgaire du Stipa pennata.
CHEVELURE DORÉE, bot. ph. — Syn.
du Chrysocome Linosyris.
CHEVEUX. zooL. et bot. — f^oy. poils.
En botanique, on a donné le nom de Che-
veux à des végétaux de diverses sortes affec-
lant la forme capillaire. Ainsi l'on nomme :
Chevecx du DiABiE, la Cuscute ; Ch. d'é-
vÊQUE , la Raiponce ; Ch. de mer, le Fucus
filum et VUlva compressa; Cn. du roi, le
Tillandsia usneoides ; Cn. de Venus, l'Adian-
the de Montpellier ; Ch. de la Vierge , plu-
sieurs esp. de Byssus; Ch. de paysans, la
Chicorée sauvage étiolée par sa culture dans
des caves, et désignée à Paris sous le nom de
Barbe de capucin.
CHEVILLER-ROUX-BRUIV. bot. cr. —
Nom vulgaire du BoleUis gianulosus.
CHEVILLES. BOT. Cfi. — Syn. vulgaire
d'Agaric.
CIIEVILLURE. MAM.— On donne ce nom
à tous les andouillers des bois du Cerf, si-
tués au dessus du second.
CHEVI\. poiss. — Nom vulgaire du Leu-
cisca do'mla , esp. du g. Able.
CHÈVRE. Capra, Gmel. mam. — Le mot
Chèvre a, dans notre langue, comme le mot
Capra en latin , une double signiQcalion :
dans l'usage commun, il désigne une espèce
particulière de Ruminants répandue dans
presque toutes les parties de l'ancien monde,
où, de temps immémorial, elle se propage
à l'état domestique ; dans le sens que lui
donnent les naturalistes, il s'applique non
seulement à l'animal domestique et à l'es-
GHE
pèce sauvage qu'on suppose en être la sou-
che primitive , mais encore à toutes les es-
pèces qui s'en rapprochent par l'ensemble
de leurs caractères.
Pris dans cette dernière acception, le mol
a varié de valeur suivant les temps, c'est-
à-dire qu'il n'a pas toujours été appliqué
aux mêmes espèces. Cependant , on peut
dire, en général, que depuis Aristole jusqu'à
Pallas, on s'en est servi pour tous les Rumi-
nants cavicornes, qui semblaient ne pou-
voir être assimilés, à cause de leur taille ,
aux Bœufs, et, à cause de la nature de leur
pelage, aux Moutons. Ainsi, sans avoir une
idée précise de ce que nous entendons par
genre , les anciens ont employé le mot Chè-
vre dans un sens générique, désignant sous
le nom de Chèvres sauvages plusieurs ani-
maux qu'ils reconnaissaient d'ailleurs comme
espèces distinctes, et pour lesquels ils avaient
des noms particuliers : Dorcas, Oryx, Ke-
mas. Dama, Caprea , etc. Le moyen-âge
conserva l'habitude de ces désignations col-
lectives , et , aux noms particuliers déjà
en usage, en ajouta quelques autres, résul-
tant pour la plupart d'une mauvaise lecture
des manuscrits. Ce fut aussi à peu près de
la même manière que, pour le sujet qui nous
occupe, il ajouta aux faits : c'est-à-dire que
s'il parut en grossir le nombre , ce fut sur-
tout en rendant méconnaissables ceux qui
étaient déjà connus. Aussi , malgré le mé-
rite incontestable de quelques écrivains de
cette époque . considérés même comme na-
turalistes , n'en dirais-je rien ici s'ils n'a-
vaient adopté, dans leur exposition des pro-
ductions des trois règnes , un ordre qu'ils
léguèrent aux naturalistes du xvie siècle.
Ceux-ci , riches d'une immense érudition ,
recueillirent, avec un zèle et une patience
infatigables , toutes les notions relatives
à l'histoire naturelle qui se trouvaient épar-
ses dans les écrits des âges antérieurs , res-
tituèrent les textes corrompus , rapprochè-
rent les passages qui pouvaient s'élucider
réciproquement et sans faire de critique
proprement dite (ce qui eût peut-être été
dangereux à une époque où l'on n'avait pas
encore suffisamment les moyens de contrôler
]esdiis par \es faits), en préparèrent les prin-
cipaux éléments pour l'usage de leurs suc-
cesseurs. L'ordre alphabétique qu'à l'exem-
ple des encyclopédistes du xiii" siècle, lis
CHE
suivaient dans leur histoire des animaux,
eut un résultat qu'ils n'avaient pas cherché
peut-être , mais qui n'en était pas moins
important; ce fut de bien faire ressortir les
groupes qui avaient été vaguement aperçus
par les anciens. Les naturalistes classifica-
teors, qui commencèrent à paraître vers la
fin du XVI' siècle, trouvèrent ainsi quelques
parties de leur travail déjà assez avancées ,
et ils en profitèrent. C'est ce qui leur est ar-
rivé pour les Ruminants cavicornes , et en
particulier pour les Chèvres, comme on peut
s'en assurer en lisant, dans le précieux ou-
vrage de C. Gesner, les passages qui se rap-
portent à ces animaux.
Quoiqu'à l'époque où se firent les premiè-
res classifications zoologiques, les progrès de
la géographie eussent amené la découverte
de beaucoup de Mammifères nouveaux, ceux
qui furent d'abord admis dans le groupe
Chèvre avaient été presque tous connus des
anciens , et le nombre en resta longtemps
assez limité pour que la nécessité d'une sub-
division ne se fit pas bien vivement sentir.
Ainsi Bay, en 1C93, comprenait, dans son
Caprimim geniis, W espèces qui toutes peut-
être, à l'exception d'une seule , la Grimme,
avaient été plus ou moins clairement indi-
quées daTis les écrits des Grecs ou des Ro-
mains ; et , en 17G6 , Linné , dans sa 12' et
dernière édition du Sijatema nainrœ , n'en
avait pas une seule qui fiit réellement nou-
velle (l),si ce n'estl'Argali de Sibérie, qu'il
(i) Les modifications qne subit le genre Chèvre ommons au-
jourdlini, dans le petit Bœuf de Belon {Obs lib. Il, cap. do),
ce dernier ayant été déjà mentionné itans le Synopsis, à
?OCCasJi.:: ï3 jeore Bveuf , mais comme une espèce encore
CHE
583
avait même le tort de confondre avec deux
autres Moutons anciennement connus , le
Mouflon de Sardaigne et le Mouflon de Crète.
Deux Antilopes, appartenant aux parties de
l'Afrique explorées seulement dans les temps
modernes , avaient figuré dans les éditions
précédentes, et disparu , l'on ne sait pour-
quoi , de celles-ci.
Ray n'avait connu de véritables Chèvres
trop peu connue pour qu'on put lui assigner sa véritable plact.
Après ces Antilopes, enfin, Ray place deux vmis Moulons, le
MouQon de C.ete (O. orient., Wagner), indiqué par Delon, ei
I le Mouflon à manchettes, d'Afrique {O.tragelaphus.Cav ), déjî
! peint en traits parfaitement reconnaissables parElien sons
\ le nom de Chèvre de Lybie, et admirablement bien décrit
par Caius , qui en a\a\l vu un individu à Londres , en liCi
(Gesner, t. I, p. 2C7,lig. G;). L'inclusion de ces deux derniè-
res espèces dans le genre Chèvre a d'autant plus droit de
surprendre de la port du naturaliste anglais qu'il avait déjà
indiqué à la suite du genre Mouton, et comme devant pro-
' bablenient y prendre place un jour, le Mcullon de Sardaigne,
I longtemps regardé comme une espère perilue , et qui lui
I paraissait , dit-il , avoir les plus grands rapports avec un des
' Tragelaphus de Gesner, le Moudon de Crète.
I En 1735, Linné, dans la première édition du Systema >ia-
■ tiirce, publiée sous forme de tableaux synoptiques, divisa ,
I comme Ray. les Ruminants en trois genres : Chèvre. Mouton
j et Bœuf; mais rien n'indique qu'il lui ait emprunté cette
I division ni même qu'il ait connu son travail. Il a mieux ap-
i prérié les vrais rapports des différents genres des Ruminants
j en plaçant près des Ccifs les Chameaux, que le naturaliste
1 anglais' rejetait à la suite des Pachydermes; mais il a moins
bien connu les espèces Voici en effet celles que comprend
son genre Capba ; lUrcus, Ibex, Riipicapra, Strepsiceros, Ga-
tella, Tragelaphus. Les deux derniers noms employés sans
qualificatifs sont complètement vagues, puisqu'ils avaient été
l'un et l'autre appliqués à des espèces bien différente»; le
mot Strepsiceros n'a pas un sens mieux déterminé , et l'on
ne sait s'il s'agit de l'animal de Pline ou de celui de Belon;
Ray, qui l'avait employé dans le dernier sens, c'est-à-dire
comme désignant un Mouton à cornes droites tordues en spi-
rale, avait eu le tort d'en faire une espère distincte, mais du
moins il ne l'avait pas séparé de ses congénères.
Dans la deuxième édition du Syslema iiaturœ (Stockbolm,
j74o). Linné a profité du travail de Ray. qu'il n'aublie point
de citer 11 adopte toutes ses espèces d'Antilopes, à l'ex-
ception d'une seule , le liubale , qu'il supprime sans doute
comme espèce encore trop peu connue; en revanche, il en
ajoute une autre bien plus mal déterminée, que lui avait
fournie le grand ouvrage de Seba, un ruminant de très petite
taille, qui est peut-être un Cbevrotain de l'Archipel indien,
mais qu'il confondit longtemps av. c une Antilope africaine,
un Guevei II retranche du genre Capra les deux MouHonsde
Belon et de Caius, sans les faire entier dans le genre Ouis ;
enfin, il introduit avec notre Chèvre domestique d'Europe
trois autres variétés, qu'il suppose originaires d'Amérique,
savoir: celles qu'il a nommées depuis 6" riepressa et C. re-
curva. et la Chèvre mambrine, déjà p.ésentée comme espèce
distincte par Ray. Pour cette dernière, l'erreur était jusqu'à
un certain point excusable, le chanfrein busqué et les oreilles
pendantes donnant à l'animal un fades tout particulier ;
elle l'était beaucoup moins pour les deux autres, qui K>nt
des variétés très peu anormales, et pourtant Linné y perusta
jusqu'à la fin.
Les éditions du Srtlema postérieures a la seconde , ta.a
i8â
CHE
que le Bouquetin des Alpes, et deux variétés
de la Chèvre domestique qu'il considérait
comme espèces distinctes ; quant à l'espèce
sauvage dont ces deux races sont probable-
ment dérivées , il ne parait pas en avoir
connu l'existence. Linné à son tour consi-
déra comme spécifiquement différentes , non
seulement ces deux races créées sous l'in-
fluence de l'homme , mais deux autres en-
core ; et, des espèces sauvages , il ne men-
ticnna réellement que celle qui l'avait été
déjà par Gray ; car sa C. bezoariica a cer-
tains caractères [comua lereiia) qui ne con-
viennent point à la vraie Chèvre du Bézoard,
et qui sont empruntés à des Oryx , désignés
à tort par que'ques auteurs sous le même
nom.
Brisson, qui publia en 1756 son Recjne
animal divisé en neuf clas'ie';, nous conserva,
dans son Gentis Inrcimim, les espèces des pre-
que celles qui i
s ou qu'il a consacrées de :
relativement au genre Chè
relies que l'auteur a données lui
été publiées sous ses auspices ou
approbation, ne contii
aucun cliangement, si ce n'est que, par suite d'une étrange
distraction, on y voit réuni à lit Gaxelle tics Indfs, sous le
nom de Capricenia, l'^Egagre ou Clièvre à Bezoard , animal
que Kaempfer avait décrit et figuré d'une manière recon-
naissable dans ses Ainœn. exot., sous le nom de Ceivicapra.
Dans la dixième édition ( Stocliholm, 1758), nous voyons re-
paraître un Mouton, l'Argali de Sibérie, adinis cette fois sur
le témoignage de Gnielin , mais d'ailleurs confondu avec
les Moulions des îles de la Méditerranée et du conti-
nent africain Nous avons de plus un nouveau nom appliqué
à une espèce qui, dans les éditions précédentes, n'était in-
diquée que par une phrase caractéristique, et il devient évi-
dent que jusque là Linné a appliqué à la Gazelle commune,
Dorcas , la courte description que Ray avait donnée du Ke-
«ieurs cltangements qui ne sont pas tous également heureux:
d'un côté, une espèce qui n'avait pas encore eu place dans
le Systema naturœ^ le Saiga, Cotas des anciens, y est iiitro-
qui , depuis la deuxième édition , y avaient toujours figuré,
sont reportées près du Porte-Musc, par l'application fausse
(au moins dans un des cas ) d'une remarque de Brisson . qui
avait montré l'affinité de cette espèce célèbre et de certains
petits Ruminants sans cornes des iles de la Sonde, l.'autcur
admet donc cette fois que les cornes figurées dans la planche
deSeba n'appartiennent pas, comme il l'avait cru jusqu'alors,
à l'animal près duquel elles sont placées; il en fait un Clie-
vrotain, et lui assigne pour patrie non seulement l'Asie, ce
qui serait conforme à la nouvelle détermination de l'espèce,
mais encore l'Afrique, ce qui était viai pour la détermination
précédente, et ne l'est plus pour celle-ci. — La seconde espèce
déplacée est ta Grimme, qui, ayant toujours jusque là été dé-
crite comme sans cornes, parce que le seul individu qu'on
eût observé était une femelle, est réunie aux CItevrotains.
La Gatelle des Indes, Ceivicapra, n'est plus , tians cette
douzième édition , confondue avec la Clievre à Bézoard, Ca-
pricerva de Kaempfer
table par la description qu'on donne de ses cornes , de
tion qui convient, non aux cornes d'un Bouquetin
celles d'un Ofyjc.
CHE
mières éditions du Sysiema de Linné, et en
ajouta seulement deux nouvelles espèces,
prises à des sources assez suspectes , à deux
vagues passages d'Hernandez interprétés par
l'ignorant Seba. Avant lui , an avait déjà
placé les espèces sauvages de Moutons parmi
les Chèvres ; mais il y Gl entrer de plus un
Mouton domestique à toison laineuse, qu'il
désigna sous le nom ii'Hircus laniger.
Pour suivre l'ordre des temps, j'aurais dû
mentionner, avant la classification de Bris-
son , celle de Klein, qui la précéda de cinq
années ; mais j'aurais pu sans inconvénient
l'omettre tout-à-fail , et je me contenterai de
dire que l'auteur , qui fait, comme tous ses
devanciers, un genre pour les Bœufs et un
autre pour les Moutons, comprend, dans un
troisième, dans le genre Tragus , non seule-
ment tous les autres Ruminants cavicornes,
mais encore les Chevrotains et la Girafe.
A peine Linné avait-il dit son dernier mot
sur la répartition des Ruminants cavicornes,
que Pallas en proposa une autre; et cette
fois le changement n'était pas, comme celui
de Klein,l ellet d'un pur caprice, mais le ré-
sultat d'observations nouvelles et d'une plus
juste appréciation des caractères importants
des espèces. Par suite de ce remaniement,
exposé d'abord dans les M iscellanea zoolo-
gica (La Haye, 17G6), puis présenté avec de
nouveaux développements dans le premier
fascicule des Spicilegia (Berlin, 1007), le
groupe des Bœufs seul restait tel qu'on l'a-
vait toujours admis ; les Chèvres propre-
ment dites réunies aux Moutons formaient
un second genre ; un troisième enfin compre-
nait sous le nom d'Antilopes toutes les au-
tres espèces que Ray et Linné avaient fait
entrer dans le genre Capra, et quelques unes
encore qu'on avait depuis peu découvertes
au Cap , au Sénégal , dans l'Inde, dans l'A-
frique australe. Pallas, dans la création de
ce dernier genre, fut d'ailleurs guidé par un
travail récent de Buffon et de Daubenton
sur les Gazelles (i).
(i) Tout en continuant à relever avec une rigueur extrême
les erreurs vraie» ou supposées des classificateurs, Buffon avait
été insensiblement amené à faire de la classification, et pro-
bablement, si le temps le lui eût permis, il serai\ arrivé un
jour à faire, comme eux, une distribution méthoilique, sinon
du règne animal tout entier, du moins des deux classes de
Veitebrés à sang chaud ; seulement il eût procédé dans un
ordre inverse, c'est-à-dire qu'au lieu de considérer les eipècet
comme le dernier teime d'une série de subdivisions prati.
quées d'une manière toujours un peu arbitraire , il les cO(
CHE
Quoique le XH» vol. de VHhioire naturelle,
dans lequel ce travail est consigné , ait pré-
cédé de deux ans la dernière édition du Sijs-
lima, il ne parait pas que Linné en ait eu
(onnaissanco, non plus que du volume pré-
cédent, qui contient, sur le Mouflon, des re-
cherches dont il eût certainement profilé
pour réformer son genre Ovis. Celles que
Duffon fit au contraire sur le Bouquetin et
Je Chamois n'auraient puque jeter de la con-
fusion dans le genre Capra ( si elles avaient
été de nature à faire illusion à tout autre
qu'à leur auteur), puisque dans les deux
animaux que nous venons de nommer, il ne
voulut voir que deux variétés spontanées ,
représentant, l'une le type niàle, et l'autre le
type femelle d'une espèce originairement la
même. Celle erreur fut relevée avec sévérité
par Pallas dans le 1 !• fascicule de ses SpiciL,
consacré à l'histoire de l'Argali et du Bou-
quetin de Sibérie (1).
prises pour point de départ, tt se fût elcvù à des groupes de
plus en plus généraux. On toucliait en effet a l'époque où la
loologie allait pouvoir adopter cette métliode.qui, pour être
profitable à une science descriptive , doit la j-iendre quand
elle est déjà riche de faits et n'en est pas eiiroi c encombrée,
quand les espèces connues sont assez nombreuses pour que
les principaux types s'y trouvent repiésentés, et pas assez
pourtant pour qu'un même homme ne puisse successivement
le.a passer toutes en revue , puis les embrasser à la fois d'un
coup d'œil.
(i) Il revient encore sur ce sujet dans le fascicule suivai.t
où, à l'occasion des caractères distinctifs des Antilopes, il in-
siste sur l'invariabilité des espèces sauvages. Il montie que
Baffon a tantôt invoqué , tantôt repoussé ce principe , et
lui reproche de s'être laissé fréquemment entraîner à soule-
ver des paradoxes étranges parle besoin de contredire les
natKralistes qui ne s'étaient pas rangés humblement à sa
snjte.
.... . Impellem quicquid sibi iumma petenti
Obstaret, gaudcDsque viam fecisse ruina.»
Que cette accusation soit fondée ou non, on regrette de la
joir faite à l'occasion de ce douzième volume de l'histoire
naturelle, où Pallas avait si largement puisé pour son travail
^ur les Antilopes, dont il offrait ici un troisième remanie-
ment. Si l'on se reporte en effet aux deux précédents {Mis-
cell. zool., l'idCt, Spicit , i' "^ fasc i-ei-
Tragocamelum esse relegandum.» [Spicit zool., fasc. XI, note
do la pnïc 43.1 On voit par ce passage que l'ollas n'a p-'* 'lé
37'
586
CHE
manchettes. Outre ce Mouton , dont il mé-
connut toujours les véritables atBnités, l'au-
teur des Spicilegia mentionne avec plus ou
moins de détails, dans son 11' fascicule,
tous les Moutons sauvages qui nous sont
connus aujourd'hui , sauf ceux des monts
Himalaya et des chaînes qui s'y rattachent;
mais il penche à les rapporter tous à une
même espèce, considérant les différences ex-
térieures qu'ils présentent entre eux comme
les effets de changements dus à l'influence
des climats (Ij.
Plus tard , dans son Mémoire sur les va-
riations des animaux [Acla Petrop., t. IV,
part. 11-1784) , il ne semble plus disposé à
admettre cette identité. Enfin dans un der-
nier ouvrage (2) , il reconnaît définitivement
heureux d.ins les applications qu'il a essayé de faire de la j
description de Caius. Celle quM rappelle en terminant ce
p.ssage était tout-à-fait insoutenable, et l'on dirait qu'elle
repose uniquement sur la ressemblance des deux mots Tra-
gelaphus et Tragocamelus. — Sous ce dernier nom , Parsons
avait déciit le Nil-Gau, d'une manière incomplète il est vrai,
mais d'ailleurs très reconnaissable : l'allas cependant conti-
nua toujours à y voir une espèce distincte. (S,ncil., fasc. XII,
pages i3, t4 et 19 )
(1) Pallas puise les éléments de la comparaison qu'il établit
à ce sujet :
I» Dans ses observations sur l'Argali ;
avait eu plusieurs individus des deux sexe
CHE
deux espèces sauvages de Moutons qu'il dé-
signe sous les noms d'JEgoceros argali eJ
yi^g. musimon (1); ces deux espèces, jointes
au Bouquetin de Sibérie qu'il n'a jamais
distingué du Bouquetin des Alpes, à l'^Ega-
gre et au Bouquetin du Caucase ^2), com-
posent son genre /Egoceros.
Ce genre, dans lequel se trouvent réunies
des espèces appartenant à deux types que
Pallas lui-même avait reconnus comme bien
distincts (3), ne pèche point pour cela contre
les règles de la classification, et l'on peut
dire même qu'il rentre plutôt dans le cas gé-
néral, puisque la plupart des autres genres
se laissent également subdiviser en deux
ou plusieurs groupes secondaires au moins
aussi différents entre eux que le sont les
Chèvres des Moutons (4). Mais, remarquons-
dont il
es diffé-
l" Dans la fort bonne description que Buffon et Daubenton
•vaientdonnée du Mouflon de Corse, description accompagnée
d'une Dgure aussi très satisfaisante;
3» Dans l'S indications fournies par Bclon relativement au
Moutlon de Candie , qu'on sait aujourd'hui différer assez
notablement de l'espèce propre aux iles occidentales de la
Méditerranée ; mais qui semble en revanche s'étendre vers
l'Orient jusqu'aux montagnes de la Perse, où il existerait
concurremment avec une autre espèce;
4° Dans les notes recueillies par Gmclin et sur les dépouilles
envoyées par ce voyageur : ces dépouilles , à en juger par la
tète que Pallas a figurée ( fasc. XI, tab. V, Gg i ), et quoi
qu'en dise M. Blytli {Proe. zool. Soe., i84r, p. ;:!), pourraient
bien appartenir a un Mouflon cc.mmun a la Perse et à Pile
deCrète; mais les notes , dans lesquelles l'auteur a joint à
ses propres observations des renseignements obtenus de la
bouche des gens du pays, renf.rment quelques indications
qnl semblent se rapporter à la seconde espèce persane, plus
voisine de l'Argali sibérien, et dont notre Musée possède plu-
sieurs parties, les unes envoyées par M. Gamba, consul àTi-
Dis, les autres rapportées par M. Botta;
b» Dans les fragments d'histoire naturelle contenus dans la
relation des missionnaires jésuites en Californie, fragments
où l'Argali des montagnes lochi-uses, le Bœuf musqué et l'An-
tilope laineuse sont indiqués comme trois espèces de Mou-
tons. C'est le duvet du dernier animal que P.illas dit avoir
observé dans des objets de p.irure provenant de la côte nord-
ouest du nouveau continent, duvet d'une blancheur éclatante,
surpassant en linesse la plus belle laine d'Espagne, et qui lui
semble devoir être fournie par un vrai Mouton.
(j) La Zoograpliia Bossn-Asiatica, ouvrage complètement
ir^piiniédës l'année iSii, mais qui n'a été i< udii public qu'en
(.) Sou
le nom d'.«;. mi
sin
wn.
Pall
is comprend, avec
eux Mou
Dons de la Médit
err
anée
, ceu
I de la Perse, des
rons de
la Caspienne, et
en
général c
eux de toutes les p
es de l'Asie comprises en
le
le 2
j=et
le lue degré de lat
Il y rattache niemespétialeinent les Moutons sauvages de l'Hi-
malaya, dont il devait alors la connaissance a Pennant. Pour
son >£ argali ^ \\ lui assigne pour habitation seulement la
Sibérie , mais encore toutes les parties froides du conlinent
asiatique, et, quoiqu'avec quelque doute, celles du nouveai»
(2) Pallas a eu le tort de désigner le Bouquetin du Caucase
sous le nom d'y£. yîmmon , nom dont l'emploi dans la my-
thologie est trop connu pour qu'il fût permis de l'appliquer
fet appliqué à r.\rgali par plusieurs des naturalistes qui ont
écrit postérieurement à l'impression de la Zoographia Rosso-
yisiatica^ mais antérieurement à sa publication.
(3) Pallas, dans le onzième fascicule des Spicil. , it»-
dique d'une manière à la fois très concise et très com-
plète les caractères distinctifs de ces deux types. Sa com-
paraison porte, il est vrai, sur deux espèces paiticulièrej,
l'Argali et le Bouquetin de Sibérie ; mais il a bien soin point
Versailles
upluslort
de l'été.
\ de barbe.
' Poild'hi-
I brune
1 de 12 ceni
/ Point
} de
/ barbe.
La plus leiine de torr ces individus ( celui que nous dé»i-
I. III.
jours de juillet [\). — Ilabiiai. L'Ibex , qui
semble aujourd'hui confiné dans un petit
canton des Alpes piémontaises , se trouvait
autrefois dans toutes les parties élevées de
la chaîne comprise entre le mont Blanc et le
mont Eisenhut, en Slyric ; peut-cire, à une
époque plus ancienne, habilail-il aussi une
partie de la chaîne des Apennins : du moins
Vairon nous apprendque, de son temps, il y
existaildes Chèvres sauvages dans deux can-
tons différents , tous les deux assez voisins
du mont Sibylla [Étals de l'Église) ; mais il
ne donne aucun détail qui permette d'iden-
tifier l'espèce.
2. Le Bouquetin de Si-&i^\E{Capra Pulla-
sii). — Denis molaires, en même nombre que
dans l'espèce précédente. — Cornes àts, mâles
offrant dans les trois quartsdeleur longueur,
à partir de la base , une courbure uniforme
et s'infléchissant ensuite de plus en plus ra-
pidement à mesure qu'elles approchent de
la pointe. Vers celle extrémité, la corne est
comprimée latéralement; dans le reste de
son étendue, elle est à peu près triangulaire.
La face antérieure, légèrement convexe , et
marquée d'espace en espace de bourrelets
plus proéminents à la partie moyenne qu'aux
deux extrémités , n'est point limitée comme
dans les cornes de l'Ibex en dehors par une
vive-aréte, en dedans par un filet saillant.
Les bords qu'elle forme à sa jonction avec
les faces latérales sont très émoussées ; ce-
lui que forment ces deux faces en se rencon-
trant en arrière est encore plus arrondi. La
figure des cornes de femelles n'a point été ,
que je sache , indiquée par les zoologistes ;
Pallas dit seulement, d'après les renseigne-
ments obtenus près des Tartares qui lui ap-
gnons par la lettre A ) n'a pas atteint tout-à-fait un an , et
est encore dans sa liremière robe presque uniquement com-
posée de poils laineux , ses cornes sont déjà assez lunsnes.
d'ailleurs il n'y a nulle apparence de barbe; l'indiviilu est
évidemment trop jeune. Le second, l'individu B, est mort au
musée de Versailles au plus fort de l'été, la barbe lui manqu»
également. Nous voyons qu'elle a l'air de poindre dans
le 3e C , qui a son pelage d'hiver de deuxième année; —
qu'elle manque au Bouquetin d'Aigle observé dans le prin-
temps D, mais qu'elle avait apparu chez lui en automne D',
et qu'elle existe également chez le 3e Bouquetin du musé»
qui , d'après ses dimensions, avait le même âge, ce qu'indi-
que d'ailleurs la nature de son pelage; qu'enfin ce mèmt
Bouquetin d'Aigle qui était barbu au mois de novembre 1784
ne l'était plus en juin 1785.
(i) Je dois relever ici une erreur dans l'article de M. Des-
marest. Il y est dit que les petits naissent au mois d'avril.—
C'est l'époque de la mise bas pour la Chèvre du Caucase, et
la transposition d'une espèce à l'autre est peut-être imputable
seulement à l'imprimeur.
38
S9/}
CHE
portèrent les deux mâles dont il s'est servi ,
que les femelles ont les cornes longues « tout
au plus d'un pied el demi ; » ce qui doit pa-
raître encore beaucoup, si l'on se rappelle
que, dans l'autre espèce, elles n'atteignent
guère que G pouces (1). — La barbe se montre
dans les deux sexes ; mais elle est beaucoup
plus longue chez les mâles, et, au menton ,
les poils ont 8 pouces de longueur; ils se
raccourcissent en se portant en arrière, mais
ils se continuent le long des ganaches jus-
que vers l'angle postérieur des mâchoires. —
Le mâle a sous la queue un espace nu où l'on
aperçoit l'ouverture, en forme de croissant,
d'un sinus dont le fond est tourné vers le sa-
crum. Existe-t-il quelque chose de semblable
chez les autres espèces congénères? c'est ce
que nous ignorons jusqu'à présent, ou pour
mieux dire nous ne le savons que pour une
seule. Pallas assigne au Bouquetin de Si-
bérie 5 vertèbres lombaires seulement ; Dau-
benton semble en donner G au Bouquetin
des Alpes, lorsqu'il dit que, pour le nom-
bre et la disposition générale des os, le
squelette de cet animal ne diffère point du
Bouc domestique ; c'est en effet le nom-
bre que j'ai trouvé à un squelette de no-
tre cabinet d'anatomie comparée. Comme
Pallas insiste beaucoup sur le nombre qu'il
a trouvé chez son Bouquetin, en l'opposant
au nombre de six qu'il a rencontré chez l'Ar-
gali sibérien , et que même il semble consi-
dérer celte différence comme un des carac-
tères dislinctifs entre les Chèvres et les Mou-
tons , on doit tenir son observation pour
bonne ; reste à savoir seulement si c'est le
cas général qui s'est présenté à lui (2).
(i) • yequc majora saquidodranle coniua. • Peut-clro lau-
(Irait-il dire scrniitodraute (six poucrs).
(2) Le nombre des vertèbres dans une même espère pié-
sente , même à l'état sauvage , des difttrences plus fré-
quentes qu'on n'est en général porte à l'admettre. On sait ,
par exemple, que, dans la première frmelle d'Auroclis qui a
ete examinée anatomiquement, le nombre df s veitébres ces-
toiles était différent de celui qu'on avait trouvé dans le mâle.
Dans les espèces domestiques, le nombre de ces os est, à plus
forte raison, sujet à varier P.irmi les squelettes que j'ai exa-
ciiDés au cabinet d'an;itoinie, j'ai trouvé 6 vertèbres lom-
baires à un Bouquetin des Alpf s, à un métis de Bouquetin et
de Clièvre, à un Bouc à i cornes, à un Bouc d'Angoia, à un
Bouc commun de France, à un Bouc de la Hautr-Égypte; mais
un second individu de la même race n'en avait que 5 pen-
dant qu'un Bouc de .luida en avait 7. — Chez des Moutons ,
j'ai observe des différences du même genre : ainsi , une
Biebis d'Afilque, un Bélier et une Brebis mérinos, une
«rcbi
CFiE
D'après les renseignements fournis paî
les Tartares qui vivent aux pieds des mojits
Sayansk, les petits du Bouquetin de Sibérie
naissent dans le mois de mai ; ce qui , en
supposant le temps de la gestation à peu
près égal pour toutes les espèces , reporte le
temps du nu en décembre, un mois plus lot
par conséquent que pour le Bouquetin des
Alpes, et.cofnmeon va le voir bientôt, plus
tard dun mois que pour le Bouquetin du
Caucase.
La di-'Hiibulioii gcograpliique de l'cspèce
ii'eil pas encore bien déterfninée. On sait
qu'elle se rencontre sur divers points de
la grande chaîne de montagnes qui sépare
la Sibérie de la Tartarie orientale, surtout
dans celle portion où sont les sources du
lénisei, rivière dont les eaux transportent
quelquefois bien loin dans l'intérieur du
plat pays les cornes des Bouquetins qui
ont péri sur les monts Sayansk ou sur
le petit Altaï. Du côté de l'ouest il ne pa-
rait pas que l'animal s'avance beaucoup
aujourd'hui , et s'il est vrai qu'il ait été au-
trefois jusque dans l'Oural , du moins n'y
eiiste-t-il plus maintenant. Du côté opposé
il s'étend vers les montagnes, où nai.ssenl
les allluents supérieurs de la Lena. Va-t-il
jusqu'au K.amlscliatka, comme Pallas l'avait
dit d'abord ? on a quelque lieu d'en douter,
d'après le silence que notre naturaliste
garde à cet égard dans sa dernière publica-
tion. Il est beaucoup plus douteux encore
qu'on le trouve jusque dans les îles Ruriles,
et l'espèce de Ruminants cavicornes qu'on
dit exister à l'état sauvage dans l'ile de Kou-
nachir pourpait bien être un Argali. On en
coiinail en effet au Kamtschalka , dans des
lieux très peu élevés au-dessus du niveau de
la mer; mais, si la basse latitude d'une sta-
tion compense pour les Moulons le défaut
d'élévation hypsométrique, les Chèvres,
sous tous les parallèles , ont , comme nous
l'avons dit, le besoin des hauteurs. Par cette
raison , on ne peut s'attendre à voir le Bou-
quetin sibérien au nord de l'Altaï, où il ne
rencontrerait en général qu'un pays plat. Du
côté du sud, au contraire , il aurait pu trcu-
tèbres lonabaiies, et je n'en ai trouvé que 6 à deux Béliers Ba-
mands et à un Bélier de Corse.
Parmi les Codions , des anomalies pareilles ont ete slgi^a
lees par M F.yton dans les Proeeedi igt ùe U Société /.oolo-
jique de Londres, année 183;, pag 23.
CHE
v*r plusieurs chemins pour s'avancer, sans
r<;noncerà ses habitudes montagnardes, vers
l'Inde , la Péninsule indo-chinoise et la
Chine proprement dite; mais, d'après le peu
qu'on sait aujourd'hui sur la faune de cette
vaste région qu'on désignait naguère en-
core sous le nom de plateau central de i'A-
sio, on a lieu de croire que, parmi les Chè-
vres sauvages qui s'y trouvent, plusieurs
toiislituent des espèces entièrement nou-
velles ; de sorte qu'on ne sait où s'arrê-
tent, d'un cùlé , celles que l'on connaît
plus ou moins bien dans les chaînes aus-
trales, et, de l'autre, l'espèce sibérienne, qui
ne va probablement pas aussi loin que le
supposait Palias.
3. Le Bouquetin du Caucase [Capra Cau-
ccisicu Guld., j^g. y4mmon Pall.). — Detus
molairea au nombre de 8 de chaque côté à la
mâchoire supérieure, et de 7 à l'inférieure.
— Cliunfrein droit, large, de niveau avec le
front, qui est aussi remarquablement large.
— Cornes : celles du mâle sont très grandes,
dirigées en haut et un peu en dehors , mais
se rapprochant vers leur pointe par suite de
la courbure générale. Triangulaires dans
toute leur étendue, ces cornes ont une face
postérieure large, et deux faces antérieures
séparées par un bord mousse; l'interne mar-
quée en travers de gros bourrelets assez ir-
réguliers de forme et de position, et l'externe
ne présentant, comme la face postérieure,
que de simples stries ondulées. Les cornes
de la femelle sont très courtes, subtriangu-
laires comme celles du mâle, mais avec cette
différence que la face la plus large est en de-
dans. Des deux faces externes l'antérieure est
la plus étroite ; le bord qui se rencontre à l'u-
nion de ces deux faces est le plus mousse des
tiois ; le plus tranchant estcelui qui se trouve
à l'union des faces interne et antérieure;
1 présente une suite de nodosités qui sont
les renllements des stries de la face interne.
J'ai dû reproduire ce que Palias fait dire
è Guldenstœdl relativement aux cornes de
la femelle ; mais je doute qu'il ait bien lu ou
Lien corrigé les notes du voyageur (1) : du
moins semble-t-il y avoir une contradiction
dans la position respective qu'il assigne aux
11) . Descripllo capilum di.orom ipasculorum et integr»
f.:;:;:nB. qualein in manuscripiis cel. Gulilfnstœdt inv.nio ,
;.;c rancis nmtatii »«1 exclu.is, subjungo. . Acta Petrop..
1. m, par», i.
CHE
59j
faces et aux angles ; car si l'angle le plus
aigu se trouve en avant, le plus petit côté
doit être postérieur et non antérieur.
La barbe, chez le mâle, est longue de 4 pou-
ces (1 1 centimètres environ) ; elle garnit seu-
lement le menton, et ne s'étend point à la
ganache ; elle parait manquer complètement
dans la femelle.— Les/o) me* de ( unimal pa-
raissent plus trapues que celles des deux es-
pèces précédentes. — Le pfer/, suivant Gulden-
sta'dt, ne présente point d'une manière bien
marquée la bride transverse qui , dans les
autres Chèvres , s'oppose à l'écartement des
doigts. Les sabots sont noirâtres ainsi que
les cornes. — Les yeux , placés très en côté,
sont proportionnellement petits; l'iris en
est mordoré.
Voici quelle est, dans cette espèce, la dis-
tribuiion des couleurs (en supposant qu'elle
soit la même pour les deux sexes, ce que le
savant voyageur ne put constater, n'ayant
eu à sa disposition qu'une femelle entière
et deux têtes de mâles). La tête est d'un gris
fauve mêlé, participant de la couleur des di-
verses parties des poils, qui sont plus jau-
nâtres vers la pointe et plus cendrés vers la
racine; les narines, les lèvres, le menton
sont noirâtres; la gorge et l'intérieur des
oreilles d'un blanc sale. Le cou tout entier,
le dos, les flancs, les épaules et la partie ex-
terne des cuisses, sont d'une teinte fauve
obscure, et cette teinte est celle de l'extré-
mité des poils , le cendré de la racine ne se
laissant point voir extérieurement. Une bande
étroite, d'un brun roux, court depuis la nu-
que tout le long de l'épine dorsale. La poi-
trine est noire , mêlée de quelques poils
blancs; le ventre est blanc - cendré ; les
fesses sont d'un blanc tirant sur le jaune :
cette couleur se voit encore à la partie in-
terne des membres abdominaux, et sur le
côté externe du métatarse, où elle forme une
grande tache ovale. Les membres pectoraux
sont aussi de couleur noirâtre en dehors, el
surtout à la partie antérieure ; ils sont blancs
à leur partie interne et postérieure. La queue
est noire , bordée extérieurement de quel-
ques poils jaunâtres.
La femelle conçoit en novembre et met
bas en avril. On assure que le mâle ne re-
cherche point les Chèvres domestiques qui
s'approchent des lieux où il fait son séjour.
Les habitants du Caucase, qui prennent quel-
596
CHE
quefois des jeunes, prétendent qu'on ne par-
vient point à les élever.
Le Bouquetin du Caucase se trouve dans la
chaîne de laquelle il a tiré son nom , surtout
prés des sources du Térek et du Kouban ,
dans le pays dos Ossétes et dans la Kakhétie.
Il occupe les parties les plus élevées des
montagnes de formation primitive ; on ne le
trouve point dans les montagnes calcaires
qui sont moins élevées, et où l'on rencontre
au contraire l'^Egagre. Ainsi les deux espè-
ces , quoique habitant la même chaîne , ne
sont point exposées à se mêler. Les habi-
tants , qui les connaissent bien l'une et l'au-
tre, ont pour chacune des noms distincts
que Guldenstœdt a pris soin de recueillir, et
que Pallas nous a transmis (1).
Peut-être est-ce au Bouquetin du Caucase,
comme l'a déjà remarqué Desmarest, qu'on
doit rapporter ce que dit Belon de son Bouc
sauvage de l'ile de Crète (2). Le voyageur
(i) PalIas attribue à Guldenstaedt l'honneur d'avoir décou-
vert le Bouquetin oç àypt'ov.
Comme Pandarus amenait ses guerriers des rives de l'E-
«epe, rivière qui prend sa source dans l'Ida, c'est dans
cette montagne qu'il a dû tuer l'animal Je ne tirerii de là
d'ailleurs aucune conclusion relativement à l'espèce de Cliè-
Tre sauvage qui se trouvait en Tioade dans les temps hé-
roïques, car je ne suis pas bien certain que le poète con-
nût exactement la Faune du mont Ida ; mais ce que je ne
4= parallèle nord, c'est-à-
.lire de la ligne qui sépaie la Nubie de l'Egypte; Rdppel
ajoute que des «iivers noms latins par lesquels l'espèce a été
saccessivemenl désignée, celui qu'il faudrait adopter si l'on
esTBVait égard qu'à la question de priorité, serait le nom de
C. Arabica, que porte, dans le catalogue du musée de Vienne,
vin .'p^imen qui y avait été envoyé du Sinaï, en 1807, par le
P. .âgnelli
CHE
m
tes, on pourrait citer celte espèce comme
ofTrant une exception à la règle générale,
ainsi qu'on l'avait cru , et avec tout aussi
peu de raison , pour le Nanguer.— Conxs;
chez les mâles, elles sont moins épaisses
que celles du C. Ibex , mais aussi longues
et marquées de im-me, à leur partie anté-
rieure, de gros bourrelets saillants séparés
par des intervalles assez réguliers ; elles res-
semblent encore à celles-ci en ce qu'elles
sont ensifoimes vers la pointe, triangulaires
à leur partie moyenne, et quadrangulaires à
la base. Mais tandis que, dans le Bouquetin
des Alpes , la corne, à son origine , repré-
sente une parallélipipède rectangle, dans
le Bedden , le même tronçon offre deux an-
gles aigus, l'antéro-interne et le postéro-ex-
terne ; les deux bords obtus deviennent, en
montant, de plus en plus mousses, et fi-
nissent par disparaitre, tandis que les bords
aigus se prolongent jusqu'à l'extrémité , de-
venant, l'un le bord convexe, l'autre le bord
concave de la partie ensiforme (1). I.a face
antérieure, qui, d'après ce qui vient d'être
dit, regarde un peu en dehors, au lieu
d'être plane, comme chez l'Ibex, est sensible-
ment arrondie, et dépasse en dehors la face
latérale , de sorte que la limite de ces deux
faces, au lieu d'être marquée, comme dans
ribex, par une vive arête, l'est par une
petite rigole peu profonde , mais assez ap-
parente cependant dans la partie inférieure.
Les faces latérales présentent des stries trans-
verses qui manquent le plus souvent chez
les vieux individus dans la partie inférieure.
Des rides semblables se voient aussi àlaface
antérieure dans l'intervalle des gros bour-
relets. La couleur de ces cornes est indi-
quée par iM. F. Cuvier comme noire, et par
M. Ebrenberg comme d'un gris jaune: on
s'en ferait une plus juste idée en se re-
présentant un corps noirâtre inégalement
jauni par une longue exposition à la pous-
sière et à la fumée. Les cornes du mâle
(i) La description ant pris ainsi un purt tout différent de celui qu'il
aurait eu dans l'état de liberté. L'individu qui a servi de mo-
dèle , et dont les dépouilles sont conservées dans la galerie
loologique, devait n'avoir pa.s tout-à-fait la même teinte que
ceux qui ont été observés par Ebrenberg , même en tenant
compte des changements qu'amènent périodiquement les sai-
tons Doit-on ne voir là qu'une diffcience ndividuelle , ou
peut-on croire qu'une espèce répartie en un certain nombre
de cantons isolis les uns des autres n'offre pas dans tous une
parfaite noifurmité de caractères extérieurs? C'est ce que des
obscrvalioiis oltéricaret pourront seules nous apprendre.
CHE
de l'avant-bras et de la jambe, la partie an-
térieure du carpe et du tarse sont de couleur
brune plus ou moins foncée suivant les ré-
gions. L'abdomen, le périnée, la face interne
des membres, la partie postérieure des ca-
nons, une tache en croissant renversé au-
dessus de l'articulation du poignet, enfin, les
doigts jusqu'à la naissance des ongles sont
d'un blanc pur. La partie postérieure du cou,
la poitrine, une tache mal limitée sur la joue
au-devant des yeux, le devant de l'épaule et
le bas des flancs sont d'un brun plus foncé
que le reste. La teinte de l'épaule, en se pro-
longeant sur le membre antérieur, prend en
descendant une teinte de plus en plus fon-
cée ; au niveau de la callosité du poignet et
au paturon, cette bande brune antérieure
s'élargit subitement en dehors et en dedans
de manière à former deux anneaux colorés,
l'un à la partie supérieure, l'autre à la par-
tie inférieure du carpe. Une disposition à
peu près semblable se voit aux membres ab-
dominaux : seulement l'anneau supérieur
est incomplet du côté interne. La gorge elle
dedans des oreilles sont blanchâtres ; la
barbe est d'un brun tirant sur le noir. Les
poils qui la composent atteignent 14 à 16
millimètres de longueur. Une raie d'un brun
foncé régne le long de l'épine , commençant
un peu au-dessous de la nuque et finissant
avant la naissance de la queue Cette bande
colorée forme une ligne saillante, une sorte
de crinière couchée dont les poils ont GO à
G5 millimètres de longueur, et même plus
vers le garrot. Les poils du cou, sans être
aussi longs, le sont plus que sur le reste du
corps ; ceux du dos et des flancs sont entou-
rés près de leur racine d'un duvet cen-
dré ; à leur partie moyenne , mais plus
près pourtant de la pointe que de la base ,
ils présentent un aplatissement marqué.
M. Ehrenberg, qui aeu l'occasion d'obser-
ver fréquemment des troupes de Bedden , a
toujours vu que chez les femelles les parties
colorées offrent une teinte plus claire que
chez les mâles. Il a aussi trouvé la robe d'été
de couleur moins sombre que celle d'hiver.
Nous ne savons pas avec précision quelle
est pour le Bedden Vépoqne du nu et de ia
naissance des petits : Ehrenberg dit qu'il
n'a tué en novembre aucune femelle pleine»
et c'est à quoi l'on pouvait s'attendre, à
moins que l'époque de la gestation ne fut
CHE
pour cette espèce fort différente de ce qu'elle
est dans les autres. Ce qui tendrait à faire
croire que ces époques sont à peu près les
mêmes que pour l'Ibex des Alpes, c'est que,
en novembre , les vieux mâles au lieu de se
tenir isolés, comme c'est leur coutume pen-
dant la plus grande partie de l'année , s'é-
taient déjà réunis aux troupeaux de Chè-
vres , ce qui indiquait comme très pro-
chaine la saison des amours (1).
Là distribution géographique, sans être en-
core parfaitement déterminée pour cette es-
pèce, l'est beaucoup mieux que pour la plu-
part des espèces précédentes. Seetzen (2) et
puis Burkhardt (3) ont constaté son existence
dans la chaîne qui borde à l'orient la plaine
que parcourt le Jourdain, et dans plusieurs
des montagnes à l'est de la mer Morte ; le père
Agnelli (4), Ehrenberg et d'autres voyageurs
l'ont observé dans le groupe du Sinai ;
Ehrenberg l'a constatée également de l'au-
tre côté de la mer Rouge, dans la hante
montagne de Gareb, située non loin du
Nil , entre les 27' et 28= degrés de latitude
nord (5). Le Bedden remonte-i-il vers le
(1) • In vallibus Sinuïticis , nobis iter facientibus , qua-
• tenix, octonse et vicenae inont.inae caprae non raro ob-
• viam fiebant , uno eodemque die sœpe iterata vice grèges
• vidimus. Semper in summa prœruptaque rupe aut lente
»ingrediebantur aut tranquilli ad nos in ima valle itine-
% raotes despiciebant. In summo fastigio rupis semper ma-
• rem promoto et obliquo capite cornubus validis insignem
■ Tidimus. • ( Ehrenb. et Hempr. Symholœ physicœ.)
(2) Seetzen , Mém. pour servir à la connaissance des tri-
i^U arabes en Syrie et dans CArabis déserte et pétrée (daté
de Saint-Jean d'Acre, juin iSo6 ) Voyfz Annales des f^oyages
t. VUI, pag.3i3.
(3) Burclihardt. Travels in Syria and the Holy land, p. 4o5.
(4) Riippel. Neue ffierbelthiere zu der fauna von Abyssi-
nien gehorig , Friincfort , i835-4o, in-fol., p. 17.
(5) • Du» illee quas ex ^gypto superiore allatas habui-
• mus, et tertia quam vivam a praefecto Cosseirensi Turco
• dono acceperam, ex altissimo monte Gareb, qui ex adverse
» oppidi Siut médius inter Cosseir et Sues in maris Rubri lit-
» tore est , et altitudine summos montes Sinaiticos aequare
> videtur, delatae fuerunt; illic cnim Bedden vagari Beduini
iiarrabant. • Il avait dit un peu plus baut : • In montibus
• proximè ad Cosseir et qui inter oppidum Cosseii et Nilum ,
• propè pagum Kineh sunt , montanas caprus habitare non
>■ audivimus nec vidimus. In montibus Toaerili etiam et
• Daraga qui proximè ad Sues sitae sunt , nuUa vestigia nec
• inrupibus nec in oro Arabum invenimus .
Forsltal avait depuis longtemps signale l'existence d'un
3ouquetin sur les bords de la mer Rouge , mais sani l'indi-
quer comme constituant une espère particulière; l'animal
figure dans la liste des Mammifères qu'il a observés en
Egypte, avec une note indiquant qu'on l'a aussi amené de
rOedsjaz. Forjlial perdit l'occasion de le voir de ce côté de
la mer Rouge , i«aonçant , pour soigner un compagnon ma-
lade, à l'excursion qu'il avait projetée dans le Sinaï, mon-
T. III.
CHÈ
601
sud jusqu'à Thèbes , où on le voit figuré
dans les peintures qui décorent un sépul-
cre (1)? notre naturaliste n'en dit rien. Il
affirme d'ailleurs de la manière la plus po-
sitive que l'animal ne va pas jusqu'en Nu-
bie (2); mais comme, évidemment, il n'a
pas eu de bons renseignements sur la faune
des régions méridionales, son témoignage à
cet égard serait de peu de valeur s'il n'était
confirmé par celui de Rûppel, qui, connais-
sant très bien l'existence de Bouquetins dans
des provinces plus rapprochées de l'équa-
teur, dit néanmoins que le Bedden ne s'a-
vance pas au sud au-delà du 24= paral-
lèle (3).
Les limites géographiques au sud et au
nord paraissent donc assez bien connues ;
elles sont au contraire encore un peu va-
gues dans les deux autres directions. Du
côté de l'est , plusieurs auteurs ont men-
tagne qui , n'ayant jamais été visitée par un naturaliste , lui
promettait une ample moisson.
(i) Voyei dans Hoskins [Travels in Ethiopia , tond., ig35,
in-4 , p. 328 ) la planche qui représente une grande pro-
cession peinte sur un tombeau à Thèbes. La figure du Bed--
den y est parfaitement reconnaissable, et cependant elle
est loin d'être exacte , parce que le peintre a ajouté quelque
chose à ce que lui présentait le modèle , soit vivant , soil
dessine, qu'il avait sous les yeux. Son modèle était évident
ment un individu femelle , comme on le reronnait à la cou-
leur roux-clair de la robe, a la blancheur de la poitrine (le
maie a cette partie brune), mais surtout à la proportion des
oreilles qui ont au moins la longueur des deux tiers de la
tète , et à l'absence complète de la barbe. Pour en faire un
mâle , l'artiste a pensé qu'il suffisait de changer la forme des
cornes, et cette forme lui étant familière ( car les Égyptien»
l'ont très souvent reproduite dans des vases et des orne-
ments), il l'abien rendue quant à l'aspect général; mais quant
aux détails, il a eu le tort de vouloir faire sentir des deux
cotés le relief des bourrelets transverses, ce qui fait paraître
le bord concave dentelé comme le bord convexe. Le dessin,
dans l'ouvrage anglais , est fort petit, et on peut douter qu'il
ait rendu exactement les parties blanches et colorées des
pieds; cependant on distingue encore, à l'un des pieds de
devant, du blanc au-dessous du paturon. La couleur blanche
de l'abdomen est bien marquée , et les taches blanchâtres s
la gorge et près du menton sont également bien observées.
(2) «In Nubia de his animalibus nunquam audivimus,
• sed illic Tragelaphus Capram montanam refert, cujus spe-
• cimen Berolinum attulimus. . (Ehr., loco cilato.)
(3) Wagner, qui n'a point distingué le Bouquetin d'Abys-
sinie du Bouquetin de la Haute-Egypte , parle d'une Chèvre
sauvage trouvée par Burckhardt en Nubie aussi haut que la
ville de Shendi ou Chendi , et dit que , comme ce voyageur
n'en a point donné de description , on n'est pas certain
qu'elle appartienne à l'espèce du Bedden. Il est bien plus pro-
bable qu'il s'agit ici de la Chèvre Walie , que Ruppe) dit ha-
biter les provinces de Gojam et de Samen, provinces qui
sont situées entre le ii' et le i4' degré de latitude, la ville
de Chendi étant elle-même parle 17» degré,»: pat plu»
distante en longitude qu'en latitude.
38'
602
CHE
lionne l'existence d'une Chèvre sauvage qui,
en Syrie , porte !e nom de Fahhl. Mais,
comme le remarque Ehrenberg, l'animal
n'a, jusqu'à présent , été observé par aucun
zoologiste, de sorte qu'on n'est point auto-
risé à le rapporter à l'espèce de la C. Si-
naiiica. Pour l'ouest, les renseignements
sont encore plus incomplets, et 31. Hamilton
Smith, en donnant comme probable l'exis-
tence du Bedden dans l'Atlas, ne cite mal-
heureusement pas ses autorités.
Arislote a dit (I) , et Pline a répété après
lui (2), que l'Afrique n'a point de Chèvres
sauvages. Cela ne prouverait pas absolu-
ment que le naturaliste grec a ignoré l'exis-
tence du Bedden dans la Haute-Egypte,
puisque souvent, chez les anciens, le mot
Afrique désignait le pays limité à l'ouest
par la chaîne libyque. Au reste, il est très
probable qu'Aristote n'a jamais rien appris
sur le Bouquetin d'Egypte, qui est resté in-
connu même à Elien. En effet, l'animal que
cet écrivain, dans sa précieuse compilation,
désigne sous le nom de Chèvre libyque, n'est
autre chose que le Mouflon à manchettes.
6. Le Bouquetin Walie ( Capra If^alie
Rupp.).— Sauf dans les traits d'organisation
et de mœurs qui sont communs à tous les
Bouquetins, !e Walie et le Bedden ne se res-
semblent guère, et si on les a d'abord con-
rond>us, c'est uniquement parce qu'ils habi-
tent l'un et l'autre des pays situés à l'ouest
de la mer Rouge, des pays traversés par le
Nil. Le Walie a beaucoup plus de rap-
ports avec notre Ibex , dont il se distingue
d'ailleurs bien nettement par diverses par-
ticularités, et notamment par la conflgura-
lion de sa tête osseuse. Son front, en effet,
porte à la partie moyenne une éminence el-
liptique dont le grand diamètre , dirigé
d'arrière en avant, occupe à peu prés le
tiers moyen de l'espace compris entre le
bord supérieur et le bord inférieur des fron-
taux ; en outre, son nez est plus busqué,
presque comme celui d'un Mouton — Les
cornes sont, chez les mâles, grandes et fortes,
et tellement semblables à celles de notre
Bouquetin des Alpes , que les différences
n'excèdent pas celles qu'oiv rencontre en
(i) € In Africa non aper , non rprviis, non Capra sylvestris
taux Aristote , Ilisl., anim., hb. VIU , c.ip. 28.
(a) « In Africa autem nec apros , ncc cervos , nec Ca-
.;j-r«i»,nec urso». • Plin., UUl. natur., lib. IX , cap. 68.
CHÈ
comparant les cornes d'individus apparte-
nant à une même espèce. Peut-être la face
postérieure est-elle un peu plus arrondie.
D'ailleurs , l'aplatissement des deux faces
latérales qui rencontrent à angle droit la
face antérieure également plane, l'arête qui
limite extérieurement cette dernière, le fi-
let saillant qui, du côté opposé, la sépare
de la face externe, tout est semblable de
part et d'autre , jusqu'à la forme des bourre-
lets transverses, dont chacun représente une
sorte de corniche avec sa marge supérieure
bien plate et sa doucine à double inflexion.
M. Ruppel dit que les cornes du Walie sont
beaucoup plus grosses que celles de l'Ibex;
mais s'il y a une différence à cet égard , elle
n'est pas grande, comme on peut s'en assu-
rer en établissant pour les deux espèces
quelques rapports de dimensions (1). Les fe-
melles ont, comme dans toutes les espèces
connues, les cornes beaucoup plus petites
et autrement configurées que les mâles (2J.
— Barbe. La femelle, d'après ce que Rùppel
apprit des gens du pays, est complètement
privée de cet ornement. De deux individus
mâles observés par notre voyageur, l'un,
en raison de son âge, devait être imberbe;
l'autre, plus grand, mais qui n'avait pas
encore sans doute atteint tout son dévelop-
(i) Je prendrai pour terme de comparaison un des Ibeit
conserves dans notre galerie zoologique , celui qui «
trouve, dans la note de la page 5l2, désigné par la lettre E ;
il offre aussi, comme l'individu décrit par Ruppel, un nœud
qui forme la base de la corne , dont le contour mesuré
en ce point est de 2b centimètres, la hauteur de Tanim»!
au garrot étant 75 cent. Chez l'autre Bouquetin . ces deux
dimensions sont, d'une part, 2 pieds 7 pouces, et de l'autre,
10 pouces 2 lignes , ou , en réduisant le tout en lignes , 37»
et 122 ; or 75 : 25 : : 372 : I24 , d'où l'on voit qu'il manqu*
deux lignes au contour de la corne du Bouquetin Abyssin
pour qu'elle soit proportionnellement aussi grojse que cell«
de notre Ibex. Relativement à la longueur, la différence, ton-
jours très petite, est en sens inverse: mesurées le long ilc
leur courbure extérieure , les cornes ont, chez notre Ibex.
52 centimètres, tandis que celles du Walie , qui , pour èti*
dans le même rapport avec la taille prise au garrot , de-
vraient avoir 21 pouces 1/2 seulement , en ont en effet 23.
Si j'avais employé pour cette comparaison , au lien des me-
sures que j'ai prises moi-même, celjcs que donne Girtann*r
au Bouquetin d'Aigle observé à deux et à trois ans, l'avan-
tage pour la longueur comme pour la grosseur eût été du
côté de l'animal Abyssin ; mais le Bouquetin de Girtanner
avait été pris fort jeune, et, par suite de l'état de captivité,
le développement de ses cornes pouvait bien n'avoir pas ét4
tout-à-fait normal.
(2J On assura à M. Rùppel que ces cornes étaient arron.
dies [zugerundete) \ mais sans doute par cette exprestioo,
on voulait seulement dire qu'elles n'offraient point de vive
CHE
peinent (1), portait au-dessous dt tnenlon
un bouquet de poils assez couils, dirigési
obliquement en arrière et en bas. Peut-être,
cette disposition est-elle toute différente de*
celle qu'eût présentée un animal déjà vieux
ou seulement observé dans une autre saison.
La couleur du pelage et sa longueur dans
certaines parties doivent aussi se ressentir de
l'influence des mêmes causes ; mais M. Rup-
pel paraît n'avoir pas pu recueillir d'obser-
vations à ce sujet. 11 a même oublié de dire
si l'individu qu'il décrit est en robe d'été ou
en robe d'hiver. Voici au reste quelle est.
chez cet individu, la distribution des cou-
leurs.
Un beau brun-châtain s'étend sur le de-
vant et le dessus de la tète, sur les parties
supérieures du cou et du dos; le nez, une
iache en forme de virgule qui , descendant
entre l'œil et l'oreille , s'avance obliquement
vers la joue , les côtés du cou , le devant de
l'épaule et la partie moyenne des flancs, sont
d'un brun terre d'ombre; le dessous de
l'teil, le dessous de l'oreille, la ganache,
Ja partie antérieure du cou, la poitrine,
ia face interne des membres , la partie pos-
Sérieure de l'abdomen , sont d'un blanc sale.
(i) M. Rùppel ne disant rien de l'âge de l'individu dont il
donne les dimensions, on pourrait croire qu'il le considère
comnie adulte En supposant que telle fût en effet son opi-
nion , je ne saurais U partager. C'est entre la quatrième et
la cinquième année que les Bouquetins anivent il toute leur
taille. Or, le Spécimen décrit dans la Faune d'Abyssiuie n'a
guère plus de trois ans, comnie on le ri-connaît à divers
signes, et en particulier à la disposition de ses cornes ; elles
50nt , ainsi que je l'ai dit, très semblables à celles de l'Ibex ,
et le sont à tel point qu'il est impossible de ne pas admettre
que leur développement se fait de la même manière dans
Irs deux espèces . de sorte qu'à un même âge le nombre
des nœuds ou bourrelets transverses sera le même de pail
«t d'autre. Miiis le Bouquetin Ibex que j'ai dijà pris pour
Cfrme de comparaison présente 7 bourrelets à chacune de
»-s cornes, le Bouquetin delà Faune Abyssinienne en a\ant
B .suivant la Cgure , 8 ou 9 suivant le texte; or, comme le
premier n'est âgé que de 2 ans et 1/2 , en donnant
prie année de plus au second , ce sera beaucoup accorder;
le crois qu'on serait plus près de la vérité eu évaluant à 9
«ois la différence. Mon Ibex à l'âge de i ans 1/2 , âge qu'il
ïlteint vers le commencement de décembre, est en pleine
lobe d'hiver; les poils de sa barbe, qui ont acquis toute la
longueur qu'ils auraient eue cette année (12 centimètres),
descendent verticalement; dans le Walie , au contraire, les
^oils de cette partie suivent encore à peu près la direction
«qu'ils ont à leur racine, c'est-à-dire qu'ils se portent obli-
^emenl en arrière, faisant avec le bord inférieur de la
uiàcboire uo angle de «5 degrés environ : c'est exactement
ttque nous voyons dans la pi. ccxxxi C. de Sclireber , qui
repitsente un Ibex avec son poil du commencenicnl de
i'iiivtr, el sa barbe
CHE
603
Le passage de la bande du dos à celle du
ventre se fait par nuances insensibles, tan-
dis que, chez la plupart des autres Bouque-
tins, c'est près du point où commence le
blanc de l'abdomen que les flancs offrent la
bande la plus obscure, les poils dans celte
partie ayant la même couleur que sur la li-
gne médiane du dos. Sur les jambes , la dis-
tribution du blanc , du noir et du brun est
à peu près la même que chez le Bedden.
Les poils sont très courts sur tout le corps,
et M. Rûppel dit n'avoir trouvé nulle trace
de cette crinière, qui, chez d'autres espèces,
règne le long de l'épine (1). Autour des cor-
nes, et sur le front, où ils forment une étoile,
les poils sont réunis par mèches, et à demi fri-
sés. Ils sont assez longs à la queue , surtout
à son extrémité , où ils forment un pinceau
noir. — La queue elle-même est très courte ;
elle est nue inférieurement : l'animal la
porte , suivant son caprice , tantôt basse el
tantôt redressée.
Entre la queue et l'anus se voit un double
enfoncement au fond duquel s'amasse une
pommade d'odeur très pénétrante.
De chaque côté du fourreau , M. Riippel
a trouvé deux mamelons rudimentaires, et
ce nombre se trouve aussi assez souvent,
quoique toujours comme cas anormal , chez
nos Boucs domestiques (2). Quant aux fe-
(i) u ne faut pas oublier que, cbez les espèces mêmes ou
règne le long de l'épine une sorte de crinière dont la teint»
est toujours plus nuire que celle du reste du dos, il y a un
moment, après la mue, où les poils de cette région ne se di»-
tinguent de ceux des paities voisines ni par la longueur ni
par la couleur.
(j) Daubenton. dans sa description du Bélier (HUI. nal ,
t. V, p. Sb), dit que l'animal qui lui a servi pour cette des-
cription effrait en ayant du sciotum quatre mamelons bien
apparents , quoique le nombre normal soit de deux seule-
ment; puis, dans la description du Bouc, il ajoute que Ico
mamelons, qui ont la même situation que chez le Bélier,
dernier animal. ■ U n'y en a qu'un de chaque côté dans
la plupart des individus , et dans les autres il s'en trouve
deux d'un côté et un de l'autre, ou deux de chaque côté; mais
toutes les fois que j'ai vu deux mamelons de chaque côté , il
y en avait un qui était moins gros que l'autre. C'est dans lei
femelles , et surtout dans celles qui ont du lait , qu'il faut
rechercher les différences qui se trouvent entre les mame-
lons , et celles qui sont entre les mamelles. Toutes le»
Chèvres n'ont que deux mamelles, et il n'y a dans la plupart
qu'un mamelon à chaque mamelle; cependant j'en ai disséqué
mamelles.... La différence de volume des mamelons normaux
et anormaux est en général, comme l'a bien vu Daubenton,
d'autant moins marquée que l'animal est plus loin de l'âge
uubile : c'est ce que j'ai constaté, surtout chez la Vache, où
60&
CHE
melles, que notre voyageur, ainsi que je l'ai
dit, n'a pas eu occasion d'observer, on doit,
jusqu'à preuve du contraire , supposer
qu'elles ont habituellement , de même que
nos Chèvres domestiques, deux mamelles, et
non pas quatre.
Le Walie , dit Rûppel , habite les plus
hautes cimes des montagnes de l'Abyssinie,
et non pas de toutes ces montagnes indistinc-
tement, mais seulement de celles qui, pen-
dant une partie de l'année au moins , sont
couvertes de neige : aussi ne le trouve-t-on
que dans les provinces de Simen (Samen) et
de Godjam , et il y est même aujourd'hui
assez rare.
7. Le Bouquetin des Pyrénées ( Capra
Pyrenaica Schinz).— Ce Bouquetin ne Ggure
comme espèce distincte que dans les publi-
cations les plus récentes, et il y figure sous
un nom qui prête à plus d'une objection.
Rien ne prouve en effet, d'une part, qu'il
ait pour séjour exclusif les Pyrénées , et de
l'autre qu'il y soit le seul représentant du
genre Capra (1). Quoi qu'il en soit, voici les
ce genre d'anomalie est si fréquent qu'il se présente une fois
sur deux. Les mamelons rudimentaires sont placés le plus
souvent en arrière des deux paires normales; quelquefois ,
mais plus rarement, entre les deux paires.
(i) Le passage si souvent rite de Gaston Phœbus ne paraît
par se rapporter à la Capra Pyrenaica , mais à une espèce
plus robuste , dont la barbe est plus longue, et dont les
cornes, - grosses comme la jambe d'un homme », sont
marquées en travers d'épais bourrelets; la robe parait aussi
être de couleur différente, montrant du fauve partout où
l'autre a du blanc. A la vérité, rien ne dit qu'il s'agisse d'un
•nimal des Pyrénées , et si on l'a supposé jusqu'ici , c'est
peut-être tout simplement parce que l'auteur du livre était
comte de Foix et vicomte de Béarn. Mais cet indice paraîtra
bien faible quand on se rappellera que Gaston , qui avait
voyagé et chassé dans une grande partie de l'Europe, a parlé
d'animaux qui ne vivent que dans des contrées fort éloi-
gnées de ses domaines : ainsi le Renne (qu'il avait observé en
Norwége , et non en'Maurienne , comme on le croyait avant
M. Cuvier) lui a fourni le sujet d'un chapitre entier.
Dans ce que dit Espinar des Chèvres sauvages d'Espagne
( ArH de Ballesleria y Monteria , p. 220 ) , ce qui a rapport
i la couleur du pelage convient bien à la C. Pyrenaica ; mais
il n'en est pas tout-à-fait de même relativement aux cornes,
auxquelles il donne des bourrelets distincts et séparés les
nos des autres. Il semble aussi indiquer que les cornes se
portent directement en arrière ; enfin il leur assigne de très
grandes dimensions. On en trouve, dit-il, qui ont jusqu'à
5/4 de »arr« de longueur, i™,o44. — Remarquons encore,
toutefois, que si nous ne pouvons pas douter que l'auteur
n'ait vu ces animaux en Espagne ( il le déclare expressé-
ment), rien ne nous dit que les montagnes où il les a trouvées
fassent partie de la chaîne des Pyrénées; on a même lieu
de croire , d'après la manière dont il s'exprime , qu'il en
eonna:: en plusieurs provinces.
CHE
caractères que lui assignent les naturalistes
qui ont été à portée de l'observer (ï) :
Cornes. Par leur aspect général elles nous
rappellent la Chèvre domestique, bien plus
qu'aucune des espèces précédentes. Chez
celles-ci , en effet, nous avons toujours vu la
corne décrire une courbe plane et qui , chez
les mâles du moins, ne présente aucun point
de réflexion ; dans la nouvelle espèce, au con-
traire , de même que dans la Chèvre domes-
tique, la corne décrit une double courbure,
et présente du côté de la pointe une flexion
en sens opposé de celle qu'elle avait prés de
la base. On peut distinguer dans ces cornes,
comme Pallas l'a fait pour celles de YM-
gagre, deux faces, l'une interne et l'autre
externe , et deux bords , l'un très épais et
arrondi, l'autre mince, qui forme une arête
saillante. Dans l'^^Egagre , et aussi dans la
Chèvre commune , le bord mousse et épais
est en arrière, l'arête tranchante en avant ;
dans le Bouquetin des Pyrénées, c'est juste-
ment l'inverse. Assez divergentes à leur ori-
gine, les deux cornes se portent d'abord en
haut et en arrière, puis en arrière et en bas.
Dans toute cette portion de leur trajet, où
elles se sont continuellement écartées l'une
de l'autre , elles semblent avoir éprouvé un
mouvement de torsion, en vertu duquel l'a-
rête tranchante, de postérieure qu'elle était à
l'origine, est devenue enfin supérieure. A ce
point , qui correspond à peu près à l'union
du tiers extrême avec le tiers moyen, la
corne , qui jusque là avait eu sa concavité
dirigée en bas , commence à s'infléchir en
sens inverse ; elle cesse aussi à peu prés
vers ce point de se porter en dehors, et tend
au contraire à se rapprocher de celle du
côté opposé ( dans la Chèvre commune, le
mouvement en dehors persiste jusqu'au
bout). Des rides flexueuses très pressées en-
tourent la corne en forme d'anneau. Pour
des bourrelets proprement dits , on n'en voit
point ; mais la corne offre une suite de ren-
flements séparés par des dépressions ou
(i ) Nous empruntons ces caractères au travail de M- Schinz
sur les espècen sauvages de Cbèvres (A'our. Mim. delà Soc
helvél. des se. nat., t. 2 ; Neufchâtel , iSiJS). La description
qu'on y trouve de la C. Pyrenaica a été faite par M. Bruch
d'après trois individus conservés au Musée de Mayence. Noiu
avons essayé de suppléer à ce qu'elle a d'obscur ou d'incom-
plet au moyen des figures données far M. Schini, regretuct
bien d'ailleurs que c« naturaliste n'en ait pas confié 1 e\'-
cuticn à un peintre plus habile.
CHE
étranglements irrégulièrement espacés , et
dont le nombre peut varier notablement
d^un côté à l'autre chez le même individu.
Ces dépressions ne sant nulle part plus pro-
fondes que sur l'arête saillante qu'elles
découpent en festons. — Les cornes de la
femelle , à partir de leur base , se portent
en haut et en dehors en se courbant légère-
ment ; elles sont aplaties d'arrière en avant,
ft sillonnées à leur surface de stries peu
[irofondes. — La longueur des cornes , me-
sarées suivant leur courbure, a été trouvée,
rhez un mâle conservé au musée de Mayence,
de 81 centimètres ; chez une femelle appar-
tenant à la même collection , elle était de
25 à 2G centimètres seulement : la couleur
de ces cornes est d'un brun noirâtre.
La couleur du pelage est , sur le dos , les
flancs et une grande partie du cou , d'un
brun cendré ; au ventre, autour des parties
sexuelles, à la face inférieure de la queue, à
la face postérieure des jambes, elle est d'un
b'janc sale ; les côtés de la tète sont brun-
foncé ; les jambes, la poitrine, une ligne qui
règne le long de chaque flanc , une autre
qui court tout le long de l'épine dorsale , la
ffloe supérieure de la queue , et la barbe
cîfiez les vieux mâles, sont d'un brun pres-
que noir. Chez les femelles et chez les jeunes
jîiâles, toutes ces parties sont d'une teinte
beaucoup moins foncée.
La barbe , qui n'occupe pas seulement la
partie moyenne du menton , mais s'étend
Jusqu'à l'angle des mâchoires , paraît d'ail-
leurs rester assez courte : dans l'individu du
musée de Mayence, elle atteint à peine 6 cen-
timètres de longueur ; la femelle a toujours
été trouvée imberbe.
La taille du mâle dont nous venons de
parler est de 86 centimètres au garrot et
ftv à la croupe ; celle de la femelle est de 71
an garrot et un peu moins à la croupe (1).
La distribution géographique de cette es-
pèce est encore assez mal connue. Dans les
'.0 M. F. Cuviera donné, dans [•Histoire naturelle dei
Vummiferes (avril i833) , une bonne figure d'un animal
■qu'il désigne sous le nom de Bouquetin des Pyrénées. L'indi-
vido est bien jeune pour que les caractères spéciliqnes soient
ci.*» lui fortement accusés; cependant il aurait fallu que l'ige
(iroduisit enlui de grands cliangements pour qu'à l'état adulte
il fut conforme à la description de Eruch et à la figure de
Ikhini Si la personne qui l'avait dimné au Musée, où il a vécu
quelque temps, n'a pas été trompée sur le lieu d'où on l'avait
d'une deuxième espèce de Bouquetin dans les Pyrénées.
CHE
605
Pyrénées, où ont été obtenus tous les spéci-
mens qu'on en possède , elle parait , au dire
des chasseurs, ne se trouver que du côté es-
pagnol. Il existe bien , dans l'intérieur de la
Péninsule, et même jusqu'à son extrémité op-
posée, dans la Sierra de Pxonda, des Chèvres
sauvages dont il est parlé dans divers Trai-
tés sur la chasse ; mais les auteurs de ces
ouvrages se sont beaucoup plus occupés des
habitudes des animaux afin d'en déduire les
moyens de les surprendre , qu'ils ne se sont
occupés des formes , et ainsi ils ne nous
fournissent point les moyens de décider s'il
existe en Espagne une seule ou bien plu-
sieurs espèces de Bouquetins.
8. Le Bouquetin jharal ( Capra Jhâral ,
Hodgs.). — Les diverses Chèvres dont nous
venons de faire mention , bien que présen-
tant chacune quelque particularité d'orga-
nisation suSisante pour caractériser l'espèce,
offrent encore une telle somme de ressem-
blance qu'il est impossible de songer à les sé-
parer les unes des autres. Celle dont il nous
reste à nous occuper, au contraire, s'écarte à
tel point du type commun , par tout son as-
pect extérieur, qu'on ne serait pas surpris
d'apprendre un jour qu'elle manque de l'un
ou l'autre de ces caractères dont les Chèvres
proprement dites doivent présenter la réu-
nion. Hàtons-nous de dire cependant qu'elle
a toutes les habitudes de ces animaux, ainsi
que l'a reconnu M. Hodgson (1). Ce zélé na-
turaliste, qui aura si puissamment contribué
à nous faire connaître la faune Himalayenne,
(i) M. Hodgson , quoique ayant reconnu dans son ihâral
plusieurs des caractères essentiels du gène Cbèvre , semble
suituut déterminé à le faire entrer dans ce groupe d'après
la considération de ses mœurs. J'ai pu observer, dit-il, pen-
dant près d'une année, un Jliài al et un Nayaur, tous les deui
de même sexe, à peu près de même âge, tous les deux par-
faitement apprivoisés et jouissant d'une pleine liberté. Or,
quoique ces deux bêles eussent été élevées dans des circon-
stances toutes semblables, leurs manières ne se ressemblaient
en rien : tandis que dans le dernier on voyait toujoui-ï
percer quelque chose du naturel apathique du Mouton,
l'autre montrait le caractère curieux de la Chèvre, sa gaieté,
sa vivacité. La préférence que témoignait le Jhâral pour les
lieux escarpés et de difficile accès, l'audace et la précision
de ses mouvements dans les situations en apparence les
plus périlleuses, l'habitude qu'il avait d'entamer avec »ei
cornes l'écorce des arbres afin de s'en nourrir, sa manière de
combattre en se dressant sui- ses jambes , et heurtant obli-
quement de la tète au moment de la descente , enfin l'o-
deur qu'il exhalait et qui devenait insupportable dans la
temps du rut, tout cela le distinguait du Nayaur comme
de tous les vrais Moutons, et ne permettait pas de mécon-
606
CHE
donne sur le Jhâral , que seul , jusqu'à pré-
sent, il a eu occasion de bien étudier, les
renseignements suivants. L'individu qui lui
a servi pour sa description est un mâle con-
sidéré par lui comme adulte (1), et qui avait
de hauteur moyenne 84 centimètres environ.
Téie bien formée , épaisse à la base , fine
vers le museau; chanfrein droit; narines
courtes et larges, séparées par un espace nu,
humide; cornes notablement plus courtes
que la tête, comprimées latéralement, et
ayant, d'avant en arrière, une dimension
égale , ou peu s'en faut, à la moitié de celle
qu'elles ont en longueur. Les deux faces la-
térales , dont la rencontre en avant forme
une crête saillante qui règne tout le long de
la convexité , se creusent un peu des deux
côtés de cette quille de manière à former une
carène, et sont au contraire un peu convexes
en s'approchant de la face postérieure, qui
est très arrondie , et qui s'unit à elles sans
qu'aucune arête marque leurs limites mu-
tuelles. Ces cornes sont placées obliquement
sur le front , et , en avant , leurs bases sont
presque contiguës ; à partir de leur nais-
sance , elles se portent en arrière et en haut
en décrivant une courbe régulière, et s'éloi-
gnant très peu l'une de l'autre^ leur écarte-
(i) Prut-ètre tous les naturalistes ne siron
fori! avec M. Hodgson pour considérer comi
arrivé à son plein développement {a mature spécimen) le Jlià-
ral, qt.i lui a ser vi pour l.n description qu'il a donnée en i8.^3
d«n» les Miatic Researches, et pour celle qui a paru Tannée
suivante dans l.-s Bullelius de la Société zoologique de Loii-
drei (elle dernière est datée du mois de mars i83/,, et l,s
deux observations évidemment ont été faites à moins d'une
année de distance). Dans la première notice , l'auteur parle
de» accès désordonnés de gaieté auxquels se livrait parfois son
Bouquetin, des mouvements fantasques, des bonds, des ca-
brioles qu'on lui voyait faire au moment le plus inattendu :
ce sont liien là , ce me semble , les jeux d'un animal
fori jeune. Ce qui est certain , c'est qu'il croissait encore; à
la seconde époque , nous lui trouvons 3 pouces de plus en
hauteur; et en admettant, ce qui n'est nullement prouvé,
qu'il n'eut plus désormais à grandir, du moins était-il bien
loin d'avoir atteint son plein et entier développement. C'est
un fait connu que, chez beaucoup d'espèces de Mammifères,
les mâles, à l'époque où leur taille devient stationnaire, n'oni
pas encoie ce que l'on pourrait appeler toute leur parure.
Les cornes, pa, exemple, n'offrent a cet âge, chez l'Ibex et
chez d'autres Bouquetins , que la moitié environ de la lon-
eneur qu'elles prendront avec le temps; les longs poils qui,
chez d'autres Ruminants garnissent certaines régions, n'ap-
paraissent aussi que fort tard, et quand l'animal est d'ans sa
plus grande vigueur U n'y aurait donc pas beaucoup sujet
de s'étonner si l'on trouvait par la suite, d'une part, que le
Jhiral vieux n'a pas le menton dépourvu de barbe (au moins
«:»n» la froide saison), et de l'autre que ses cornes, tout en
restant comparativement fort courte» , •y;i,menl pourtant
CHE
ment à la pointe résultant presque entiCre-
ment de leur diminution d'épaisseur dans le
sens transversal. Elles ofTrent , depuis leur
base jusqu'à une très petite distance de leur
extrémité, une suite de rides qui en embr;is-
sent tout le pourtour, et qui ne font pas plus
de saillie sur la crête antérieure que sur le
reste de la surface. — La barbe paraît man-
quer complètement ; du moins M. Hodgson
n'en a vu nulle trace apparaître chez un mâie
qu'il a observé toute une année. Les poiU
sont , à la partie inférieure des mâchoires cl
sur les joues, aussi courts que sur le chan-
frein ; au cou au contraire, surtout à la par-
tie supérieure et sur les épaules, ils sont très
longs , formant une crinière léonine qui re-
tombe des deux côtés, et s'avance jusque sur
les bras. Sur le reste du corps , le poil , mé-
diocrement long et bien couché, recouvre
un duvet très fin et très abondant.
Le Jhàral est haut sur jambes, et, suivant
M. Hodgson, décidément plus haut au garrot
qu'à la croupe , ce qui est le contraire de ce
que nous avons vu chez les autres Bouque-
tins. Il a le train dedevantbien fourni, le train
de derrière assez grêle , et la croupe avalée ;
la couleur de la robe, dans les parties supé-
rieures , participe des deux couleurs des poils.
Sur les flancs et surtout au dos où les poils
seur d':
Rela
nt aux cornes,
deu
e«t
uans la prcm
moins en haut qu'en ari-ière, ce qu
nous montre la figure ; dans la sec
traire qui se lit. 11 est bien vrai qm
appartenant à l'ancien genre Capra de Linné , l'âge modifie
considérablement la direction des cornes ; mais, dans le ca»
dont il s'agit ici, ce serait le changement inverse qu'on eût
pu s'attendre à trouver ; et d'ailleurs, pour s'effectuer, il lui
eut fallu un temps plus considérable. La différence des deux
versions tient donc probablement à une faute d*impI■es^iono4J
à un lapsus calami.Ce&l encore de cette.manière qu'il faut «e
rendre compte d'une autre bizarrerie apparente , d'une di-
minution en longueur, qui semblerait avoir coïncidé avec un
accroissement en hauteur. Il y a, en outre , entre les deux
descriptions, des discordances qui tiennent, les unes à ce que
l'animal a éprouvé des changements en vieillissant (dans la
couleur, par exemple, qui était d'abord très différente de celle
que nous avons indiquée) ; les autres, à ce que l'auteur a ac-
quis dans l'intervalle de ses deux communications des rensei-
gnements plus complets. Ainsi, àans Us Asialic Reseaichei ,
M. Hodgson dit qu'on a vu le Jhàral, qui est un animal trét
lascif, couvrir des Brebis, des Chèvres, des femelles de Che-
vrotains porte-musc, mais qu'il n'est point à sa connaib->aiiC«
qu'aucun de ces accouplements ait été fécond. Dans le r.uUe-
tin de la Société zooL, au contraire, il déclare que • le .Ihâral
produit avec la Chèvre domestique , à laquelle il ressemble
p/ui qu'aucun des autres Bouquetins • Suivant nous, aucun
Bouquetin ne rewembic moiut k la Clicvre que U Jliùra.'.
CHE
sont courts et bien couchés, c'est la teinte de
leur extrémité, le brun, qui prédomine;
dans les régions où ils sont longs, c'est-à-
dire à la crinière, c'est leur portion grise qui
donne presque exclusivement la couleur.
L'abdomen et les membres , au-dessus du
poignet et du jarret , sont fauves; les parties
latérales et postérieures des canons sont de
même couleur; leur partie antérieure est
marquée d'une bande noire qui s'élargit en
descendanl jusqu'à toucher les ergots. Le
devant et les côtés de la tète sont d'un brun
noirâtre; une tache longitudinale fauve-pâle
s'étend de chaque côté du chanfrein; une
autre plus courte , mais de même couleur,
se voit au-devant de chaque œil ; les lèvres
et le menton sont grisâtres ; il y a une tache
noire à la lèvre inférieure près de la commis-
sure ; le bout de la queue et des oreilles est
noirâtre ; l'espace nu compris entre les na-
rines est noir ; la langue et le palais offrent
la même couleur.
La patrie du Jhâral est , d'après ce que
nous apprend M. Hodgson, celte portion du
versant austral de l'Himalaya qui forme la
province de Kachar. Il s'y tient dans le voi-
sinage des neiges perpétuelles.
Dans des montagnes situées beaucoup
plus au sud, dans les Niigherries , on con-
naît sous le nom de Jungle sheep (Mouton
des Jungles) un Ruminant qui, malgré l'ab-
sence de crinière , paraîtrait se rapprocher
beaucoup du Jhâral , si l'on en jugeait par
les descriptions incomplètes qu'on nous en
a données ; mais les deux animaux ont des
habitudes qui empêchent qu'on ne puisse
les confondre; car tandis que le premier re-
cherche les lieux élevés et découverts , l'au-
tre , comme son nom l'indique, se tient dans
les lieux boisés.
Les huit espèces de Bouquetins dont il
vient d'être parlé ne sont pas les seules dont
se compose le genre, ne sont pas même les
seules dont l'existence ait été constatée; ainsi
il en est trois ou quatre que nous pourrions
indiquer par quelques uns de leurs carac-
tères distinctifs; mais comme nous ne pour-
rions donner pour aucune rien qui ressem-
blât à une description , nous nous conten-
terons de ce qui a été dit à ce sujet page 510.
mœurs des Bouquetins.
Mous en sommes, relativement aux mœurs
CHE 607
des Bouquetins, à peu près au point où l'on
en était il y a un siècle relativement à leurs
formes ; les différences d'une espèce à l'autre
ont passé inaperçues au milieu des ressem-
blances qui sont certainement très nom-
breuses et très frappantes. Le Bouquetin des
Alpes ayant été plus étudié sous ce rapport
que tous les autres , ce que nous allons dire
devra toujours, à moins que nous ne préve-
nions du contraire, être considéré comme
n'étant, à la rigueur, bien constaté que
pour lui.
Les Bouquetins sont des animaux grégai-
res, qui vivent par petites troupes composées
de dix à vingt individus et quelquefois da-
vantage. Ces troupes, pendant presque toute
l'année, ne se composent que des femelles ,
de leurs petits, et des mâles âgés de moins de
six ans; les mâles qui ont dépassé cet âge
vivent solitaires. « Plus ils sont vieux, dit
Berthout van Berchem, moins ils aiment à
vivre en société. Ils s'endurcissent contre le
froid, et en hiver ils ont l'habitude de se
placer sur les hauteurs, en face de la partie
de l'horizon d'où vient l'orage : ils y restent
sans bouger, au point qu'on les prendrait
pour des statues; ils vont seulement manger
de temps en temps aux environs, et revien-
nent ensuite à la place qu'ils ont choisie. Les
femelles et les jeunes n'ont point cette ha-
bitude, et se tiennent dans toutes les saisons
à de moindres hauteurs. »
Ce besoin d'isolement qu'éprouvent les
vieux mâles n'est pas quelque chose de par-
ticulier aux Bouquetins, et nous avons eu
occasion de le faire remarquer également
pour les Bœufs. Ajoutons que, dans les deux
genres, ces individus solitaires sont d'un na-
turel très peu endurant, et disposés en gé-
néral à attaquer tout être qui viendrait lei
troubler dans la retraite qu'ils ont choisie,
retraite qu'ils ne quittent que dans le temps
du rut.
« Lorsque les Boucs sont hors d'avec
les Chèvres, dit Gaston Phœbus , ils courent
sus aux bêtes et aux gens... Le Bouc blesse
d'un coup qu'il donne, non du bout de la
tête [tête pris en langage de vénerie pour
corne), mais du milieu, tellement qu'il
rompt les bras et les cuisses de ceux qu'il
atteint. »
Au temps du rut , les Bouquetins de
tout âge se mêlent; les mâles combatlenJ
608
CHE
entre eux, et les plus forts écartent les au
très. Au bout d'un mois, les vieux Boucs s'é-
loignent de nouveau, les jeunes reparais-
sent, les troupeaux se reforment, et, du
moins dans nos pays, descendent vers le
pied des montagnes, entrant dans la région
boisée, où, pendant la plus grande rigueur
de l'hiver, ils ont moins à souffrir du froid
et où ils trouvent quelque chose à manger.
Au retour du printemps, les troupeaux
remontent vers les hauteurs; mais les fe-
melles qui sont pleines se séparent pour un
temps, et, dit Gaston, « vont demeurer près
des ruisseaux pour faonner. »
La femelle, ou Étagne (I),n'a, de chaque
portée, qu'un petit qui marche au moment
où il vient de naître, et qui, une heure après,
sait se cacher à l'approche d'un danger.
«L'Etagne, dit Berthout, n'abandonne ja-
mais son petit à moins qu'elle ne soit chas-
sée ; alors s'il ne peut la suivre , il va se
cacher dans des trous de rocHers ou des ter-
riers de Marmottes, quelquefois à une toise
de profondeur. Le danger passé, la mère re-
vient appeler son petit ; mais si elle tarde
trop longtemps, c'est au contraire le Che-
vreau qui vient la chercher; il sort de son
trou , l'appelle , puis rentre dans un autre
trou. S'il la voit, il accourt à elle; mais si
elle est blessée et couchée , dès qu'il sent
son sang, il fuit, puis revient une seconde
fois et fuit encore par la même raison. Il se
console difficilement de la perte de sa mère.»
Oppien [Cynégétique, liv. II, vers. 343 à
377) dit aussi que les petits, lorsque leur
mère a été prise dans des rets , au lieu de
fuir, s'approchent d'elle , même le chasseur
étant présent. Il est vrai qu'il suppose que
le petit, pour obtenir la liberté de s^ mère,
vient s'offrir lui-même en rançon.
Le jeune Bouquetin n'est pas moins gai
que le Chevreau, et il a les mêmes jeux;
mais ces jeux qui, dans l'animal domestique,
paraissent dictés par un pur caprice , se re-
connaissent, chez l'autre, comme une utile
gymnastique par laquelle l'animal* se pré-
pare , sans en avoir conscience, à des actes
que plus tard il lui faudra , sous peine de
vie, exécuter avec une parfaite précision.
Ainsi, quand nous voyons le Chevreau, dans
(i) Et non pas Élague, comme on l'.i imprimé page 5ir..
Oîi écrivait autrefois Estaigne. et Ton disait Biche-Estaigne
d<: nifime quon disait Bnuc-Eitoin.
CHE
un bond soudain, porter deux ou trois fois
les pieds en sens opposés avant de retomber
à terre, il peut nous sembler que cet exer-
cice n'est bon à rien ; mais les chasseurs
montagnards savent fort bien que c'est par
des mouvements semblables que le Bouque-
tin adulte parvient à s'élever entre deux ro-
chers, sautant de l'un à l'autre, etgagnant à
chaque bond une station plus haute. Quel-
ques personnes douteront peut-être du fait,
mais il parait cependant suffisamment at-
testé. Une autre preuve non moins éton-
nante d'agilité que donnent les Bouquetins ,
même ceux qu'on a tenus en captivité, c'est
de gravir, en deux ou trois sauts, une paroi
presque verticale qui n'offre que de petites
aspérités, et d'atteindre ainsi à une hauteur
de 5 à 6 mètres (1). Dans le sens horizontal ,
ils franchissent de très grands espaces sans
paraître faire aucun cas des affreux préci-
pices qui souvent séparent le point d'où ils
sont partis de celui où il leur faut arriver.
Enfin , quand il s'agit de sauter de haut en
bas , ils n'hésitent pas, dit-on, à s'élancer
d'une hauteur de 20 mètres. Quand ils se
précipitent volontairement d'un lieu très
élevé , ils ont l'air de se jeter tête première ,
et les montagnards croient que ce sont en
efifet leurs cornes qui reçoivent le premier
hoc; ils s'expliquent par là comment des
hutes qui seraient mortelles pour tout au-
tre animal sont presque un jeu pour le Bou-
quetin. Les naturalistes, à qui l'explication
n'a pas paru de bon aloi, ont pris en général
le parti commode de nier le fait. Goldfuss
cependant remarque que si cette opinion
(i)'Berthout dit d'un jeune Bouquetin qu a avait obser..
cliez le gouverneur d'Aigïe, dans le pays de Vaud : « Je l'^i
vu avec admiration , dans une des cours intérieures du clii-
teau, grimper en deux bonds le long d'une muraille, et pu-
rallèlement à elle, sans autre appui que la petite saillie di-t
pierres que le mortier un peu dégradé laissait paraître, et u*
là s'élancer, par un troisicme bond, sur le dessus d'une autn
muraille , qui faisait angle droit avec la première. Il com
menca par se placer vis-à-vis du point où il voulait atteindre,
parallèlement au mur le long duquel il devait grimper, et il
l'examina attentivement ; puis, comme s'il y eut renoncé, il
se mit à parcourir au petit pas la cour où il était renfermé ,
il revenait de temps en temps devant son but, se mettait dans
la même position , se balançait quelquefois sur ses jarret» ,
comme pour essayer leur élasticité. Enfin, après avoir fait ce
manège assez longtemps, il se décide, s'élanre, grimpe lu
long du mur dont nous avons parlé, et se trouve sur celui ort
il voulait parvenir. On l'a vu se tenir sur le trancbant d'un*
porte, n avait cboisi son logement sous le toit de la tour ô
plus élevée du château.i»(5oc. detsc.plirs. de t.-ujTu^w, t. JJ)
CHE
éUit dénuée de tout fondement, rien ne se-
rait plus étrange que de la trouver admise
dans presque tous les pays où l'on trouve
des Bouquetins; car ce qui se dit de l'Ibei
dans nos Alpes se dit aussi du Bcdden en
Palestine et du Bouquelm de Sibérie dans
l'Altaï. Déjà, relativement à celte der-
nière espèce, Pallas avait remarqué qu'il
n'est pas rare de rencontrer des individus
dont une corne est brisée, ce qui semble in-
diquer que, dans les chutes, ces parties sont
exposées à recevoir des chocs violents. Tel
est en eiïet le cas : les Bouquetins, comme
nous le ferons voir par la suite, doivent né-
cessairement, quand ils sautent de leur
plein gré de haut en bas, se mettre la tête
entre les jambes , et leurs cornes doivent
loucher le sol, non pas avant les pieds, mais
immédiatement après. Si quelque fois la tête
porte la première, ce. doit être quand l'ani-
mal, calculant mal ses distances, a manqué
la pointe de rocher qui devait le recevoir et
est tombé plus bas ; c'est assez souvent ce qui
arrive quand ilesteETrayé par des chasseurs,
et c'est même, comme nous l'apprend Espi-
nar, un moyen sur lequel comptent quelque
fois les montagnards espagnols. Le moyen a
d'ailleurs cet inconvénient, qu'on ne peut
pas toujours aller chercher au fond du pré-
cipice le corps brisé du Bouquetin.
On sent bien qu'un animal aussi agile ne
peut guère devenir la proie du chasseur que
lorsqu'il est surpris : aussi avons-nous vu
Pandarus se tenir caché en attendant le mo-
ment de décocher ses flèches au Bouquetin du
mont Ida. Nous verrons de même, quelques
mille ans plus tard , Kaempfer se tapir dès
avant le jour dans une caverne à une petite
distance d'une mare où l'on supposailque les
Bouquetins devaient venir boire dans la ma-
tinée. Dans l'île de Crète, comme nous l'ap-
prend Belon, les paysans, afind'avoir le temps
d'ajuster le Bouquetin, placent près du lieu
par lequel ils s'attendent à le voir passer,
une Etagne privée, et ils ont soin de se placer
eux-mêmes derrière quelque buisson à l'op-
posite du vent, « sachant bien que le Bouc-
estain est de si grans sens d'odorer qu'il les
sentirait de cent pas. «Dans les Alpes, on prend
aussi de grandes précautions pour n'être pas
senti, et pour cela, comme il y a habituelle-
ment le matin un courant d'air ascendant le
long du flanc des montagnes , les chasseurs
T. m.
CHE
609
s'arrangent de manière à occuper déjà les
hauteurs au moment où les Bouquetins qui
ont passé la nuit dans les bois les plus voi-
sins de la région des graminées remontent
les pentes en paissant et tenant la tête
presque constamment baissée (i). « Il est
singulier , remarque Berthout, que ce n'est
que lorsque l'animal sent le chasseur qu'il
se sauve, car s'il le voit sans le sentir, il se
contente de siffler et de le regarder; ou s'il
est couché, il se sauve, siffle et regarde, mai»
dès qu'il le sent, il s'enfuit (2).
Les Bouquetins se nourrissent, dans l'été,
de graminées et de feuilles des plantes al-
pestres ; dans l'hiver, ils sont réduits aux
jeunes pousses des arbustes et aux lichens.
Ms aiment beaucoup le sel, et lèchent avide-
ment les efflorescences salines qui se forment
à la surface des rochers ou certaines terres
argileuses saumàtrcs. On ne sait pas au juste
quelle est la durée de la vie des Bouquetins ;
Berthout l'estime de 28 ou 30 ans; mais pour
arriver à celte évaluation, il se base sur cer-
tains rapports, qui ne sont rien moins que
bien établis. Il montre d'ailleurs combien
est absurde l'opinion généralement reçue
parmi les chasseurs , que l'âge de ces ani-
maux peut se connaître à leurs cornes,
dont le nomhre des nœuds indiquerait celui
des années.
Pour terminer cet article, il nous resterait
à parler des Chèvres domestiques et des prin-
cipales races qu'elles nous présentent, mais
des exigences typographiques nous obligent
à nous arrêter ici, ce que nous avons à dire
encore se trouvera au mot daim , mot qui ,
anciennement , dans une grande partie de
la France , désignait le Bouc et non point le
Cervus dama des naturalistes. (Roulin.)
(i) Espinar, qui indique les divcises manières dont oa
ch^isse les Bouquetins en Espagne, dit aussi qu'on proDte du
moment où , quittant les liauts pâturages dans lesquels lU
ont passé la nuit , ils regagnent les sommets où ils aiment
à se tenir le jour.
(j) Ebrenberg a aussi remarqué que les Bouquetins qui
voyaient passer la caravane au pied des rochers sur lesquels
ils se tenaient, ne témoignaient ajcun effroi. En général, les
Ruminants cavicornes sont beaucoup moins facilement im-
pressionnés par la vue que par l'odorat ; c'est un fait qui a
déjà été remarqué, et notamment pour les Bisons: ainsi, dans
plusieurs des expéditions récentes vers les montagnes Ro-
cheuses , les voyageurs passaient parfois à une petite dis-
tance d'une immense troupe de Bisons en marche, et ces ani-
maux poursuivaient leur route s ^vec poche pré. J M...r
tant un p6roné 1 „..'^ i_ i Musc,
hi.n AiJu.., I Putiale. )
1«' Socs-Gksre.
Chevrotains proprement dits.
Tragulus.
A part les caractères différentiels que nous
venons d'exposer, les Chevrotains ressem-
blent aux Ruminants ordinaires. Leur mâ-
choire supérieure est dépourvue d'incisives;
ils en ont huit à la mâchoire inférieure.
Leurs molaires sont au nombre de vingt-
quatre, six de chaque côté à chaque mâ-
choire. Ils manquent de larmiers, ce qui
les distingue des Cerfs, dont ils ont d'ail-
leurs le muflle séparant l'ouverture des
narines. Leurs oreilles sont de grandeur
moyenne, pointues et fort mobiles. La queue
est courte. Les mâles ont la verge dirigée en
avant, et les femelles ne portent que deux ma-
melles, placées entre les jambes de derrière.
Ces animaux sont encore assez peu con-
nus. Leur petitesse et leur légèreté les déro-
bent facilement à la recherche de l'homme.
Buffon a remarqué le premier que ce groupe
était propre à l'ancien continent, et les re-
cherches de ses successeurs ont contîrraé ce
CHE
fait de géographie zoologique. Le Moschu»
americanus établi d'après Seba n'est , selon
Cuvier, qu'un jeune ou une femelle d'un
des Cerfs de la Guiane. D'après le même
auteur, il en est ainsi du Mosclim de-
licatulus de Shaw ; c'est le faon d'un Cerf
d'Amérique.
Les Chevrotains paraissent être en général
des animaux d'une extrême délicatesse, et
ne peuvent supporter les voyages de long
cours : aussi a-l-on été fort longtemps avant
de parvenir à en conserver de vivants dans
nos ménageries. On connaît peu leurs mœurs
et leurs habitudes, qui doivent être à peu près
les mêmes que chez les Gazelles. Buffon, te-
nant compte, d'un côté , de leur petitesse,
qui semble annoncer qu'ils ont plusieurs
petits à chaque portée , et, d'un autre côté ,
de leur caractère d'animaux à pieds four-
chus, qui devrait fairesupposer qu'ils n'ont
jamais qu'un ou deux petits à la fois , se
demande si la nature n'aurait pas tout con-
cilié en les faisant se reproduire plus sou-
vent. Il fait un appel aux voyageurs pour
qu'ils s'occupent de la solution de ce pro-
blème. Nous ne croyons pas qu'on ait en-
core fait d'observations positives sur ce sujet.
1. Le CnEVKOTAiN, 31. pygmœus Linn. —
Cet animal est le plus petit des Ruminants.
Sa taille ne dépasse pas celle du Lièvre;
mais toutes ses formes sont d'une élégance
et d'une délicatesse admirables. Le dessus
de son corps est d'un beau roux passant au
fauve sur les côtés. Toutes ses parties infé-
rieures sont blanches. Il est à regretter que
la finesse de son pelage ne réponde pas à
ce que ses couleurs ont d'agréable ; mais son
poil , ainsi que chez les espèces suivantes,
est court, gros et sec.
Le l^hevrotain paraît habiter les parties
les plus chaudes de l'Afrique et de l'Asie
où il vit à la manière des Antilopes. Sa lé-
gèreté est extraordinaire ; il fait des sauts el
des bonds prodigieux, mais il ne peut sou-
tenir longtemps ces violents efforts. On as-
sure que les Indiens le prennent à la course,
et que les nègres le chassent de même et le
tirent à coups de bâton ou de petites za-
gaies. C'est un gibier très recherché.
3. Le MÉMiNA, jV. memina Linn. — Buf-
fon regarde celle espèce comme une simple
variété de la précédente ; mais celte opinion
n'a oas été adoptée par les naturalistes qui
CHE
ont 6ct\1 après lui. Le Mémina, qui habite
i'ile de Ceylan , est plus grand que le Che-
vrotain; sa couleur est brune, avec des ta-
ches blanches semblables à celles des Faons
qui ont encore leur livrée. La gorge est en-
tièrement blanche. Cette espèce est d'ailleurs
encore peu connue.
3. Le Chevrotain de Java , M. javani-
cuv. — Cet animal ressemble au précédent
pour la taille ; il en diffère par le pelage, qui
n'est point tacheté , mais onde de noir dans
les parties brunes. Il porte en outre trois
bandes blanches sur la poitrine.
4. Le KRA^CHiLOuKA^cmi, M. kra7ichil. —
Le pelage de cette espèce est d'un roux brun,
tirant sur le noir au dos. Il est , de plus ,
rayé de bandes blanches et fauves qui s'éten-
dent de l'angle des mâchoires aux épaules.
Ses canines sont longues et recourbées.
Le Kranchil se trouve à Sumatra , où il
habite les profondeurs des forêts, et se nour-
rit des fruits du Gmelina villosa. Il se dis-
lingue même des autres espèces par sa lé-
gèreté et l'étendue des bonds qu'il fait lors-
qu'il est poursuivi. On assure que, dans ce
cas, il s'élance de manière à s'accrocher aux
branches d'un arbre par ses deux longues
canines, et qu'il laisse ainsi passer au-des-
sous de lui les Chiens ou les autres ani-
maux de proie qui lui donnent la chasse.
Saruseet sa finesse sont passées en proverbe,
et les Malais disent d'un habile voleur, qu'il
est rusé comme un Kranchil.
5. M. de Blainville a donné quelques dé-
tails sur un Chevrotain dont on trouve la
figure dans V Oriental Miscellany , sous le
nom de Musc de l'Inde. Cette espèce serait
remarquable par la longueur de ses ca-
nines.
Dans une notice sur le genre Moschus de
Linné, M. Gray a réduit à trois les cinq es-
pèces précédentes ; mais le peu de détails
qu'il a donnés sur les motifs qui l'ont engagé
à faire cette réducton nous engagent à con-
server, au moins provisoirement, les dis-
tinctions établies par Frédéric Cuvier. Le
célèbre naturaliste anglais a décrit aussi
les deux espèces suivantes , qu'il regarde
comme bien distinctes.
G. Moschiis fulvivenier Gr. — Ce Che-
vrotain , assez semblable au Kranchil , s'en
distingue par la couleur fauve de son ventre.
La teinte générale est roussâtre, variée de
CHE
613
noirâtre. Il porte une large bande noire sur
la nuque , et trois autres plus étroites sur
la poitrine. Cette espèce habite l'archipel
des Malais et les Indes orientales.
7. Moschm stanteyarms Gr. — Les poils
de cette espèce de Chevrotain sont d'un
fauve ardent, avec l'extrémité noire. Elle se
distingue d'ailleurs, au premier coup d'œil,
par le brillant du pelage et par l'absence
de bande à la nuque. Bien qu'on ait eu de
ces animaux vivants dans la ménagerie du
comte de Derby, on ignore quelle est au
juste leur patrie.
8. M. Ogilby a regardé comme nouvelle
une espèce de Chevrotain venue de Sierra-
Leone, et qui semble tenir le milieu entre le
Memina et le M. stanleyanus , tout en se
rapprochant, par la taille, du Musc propre-
ment dit ( JJ. moschi férus). Il a proposé de
lui donner le nom de Mosclins aqnaticu.s, em-
prunté aux habitudes de cet animal, qui pa-
raît habiter de préférence le bord des fleuves.
2' Sous-Genre.
IUllSC Mosehus.
Cette sous-division se distingue des Che-
vrotains proprement dits, seulement par la
présence d'une poche considérable placée en
avant du prépuce chez le mâle, et qui sé-
crète une substance odorante. On ne peut y
rapporter, avec quelque certitude, qu'une
espèce , le Musc ( M. moschiferus Linn. ).
C'est l'espèce la plus célèbre et la moins
connue du groupe qui nous occupe. Le Musc
est grand comme un Chevreuil ; et, comme
ce dernier, il est presque entièrement privé
de queue. Sur presque tout le corps, le poil
des parties supérieures est blanc , avec l'ex-
trémité noire , brune ou fauve. Il en résulte
que la couleur générale est indéterminée, et
varie selon l'aspect sous lequel on regarde
l'animal. Le front est noir, relevé chez les
jeunes par une tache blanche placée au mi-
lieu. Il y a des teintes foncées au-dessus et
au-dessous des yeux ; mais le reste de la tête
paraît d'un gris ardoisé, par suite du mélange
de noir et de blanc dont nous parlions tout-
à-l'heure. Les parties inférieures présentent
une teinte blanche assez uniforme. Partout
le poil est dur, raide, si gros et si cassant
qu'on pourrait presque lui donner le nom
d'épines. Les sabots et les ergots sont noirs.
614
CHE
Nous avons dit, en parlant des Chevro-
tains, que leur dentition ressemblait à celle
des Ruminants ordinaires , si ce n'est qu'ils
portaient à la mâchoire supérieure deux lon-
gues canines, qu'on pourrait regarder comme
de véritables défenses. Celles du Musc sont
très développées chez le mâle , et sortent
de la bouche en s'incurvant d'arrière en
avant. Leur bord postérieur est tranchant ,
et l'animal s'en sert selon les circonstances,
soit pour couper des racines , soit pour se
défendre.
La poche caractéristique du Musc est pla-
cée sous le ventre, en avant du prépuce : elle
a près de 3 pouces de diamètre. Pendant
l'hiver on ne peut la distinguer extérieure-
ment. Dans la saison chaude , et surtout à
l'époque du rut , elle forme une saillie bien
marquée. Cette poche s'ouvre en dehors par
un orifice, et l'on assure que, lorsque la ma-
tière odorante gonfle outre mesure son ré-
servoir naturel , l'animal se frotte contre les
arbres et les rochers pour se débarrasser de
ce trop-plein. Le Musc recueilli de cette ma-
tière est le plus pur et le plus estimé ; mais
il est presque impossible d'en trouver dans
le commerce. L'organe sécréteur qui nous
occupe présente d'ailleurs des particularités
remarquables. La membrane qui tapisse
l'intérieur de sa cavité est , dit-on , sèche
comme du parchemin, même à l'époque où
ses fonctions sont le plus actives. En revan-
che, elle est entourée d'un lacis vasculaire
très riche. Le Musc lui-même est sécrété à
l'état solide; et, lorsque la poche est pleine,
il reste toujours , à l'intérieur de la sphère
produite par la matière odorante , un vide
qui se tasse seulement de la circonférence
vers le centre.
Le 3Iusc paraît originaire de cette région
montagneuse qui occupe une grande partie
de l'Asie centrale. Sa vie est nocturne et so-
litaire j sa timidité extrême. Il paraît avoir
été inconnu aux Grecs et aux Romains. Aris-
tole et Pline n'en font aucune mention, non
plus que du parfum qu'il fournit. Les au-
teurs arabes en ont parlé les premiers , et
Serapion a donné, au viii= siècle , une des-
cription de cet animal.
Bien qu'habitant des contrées aussi éloi-
gnées de nous, le Musc semble pouvoir s'ac-
climater en Europe, et peut-être pourrait-on
l'élever sans grandes difficultés. Dans le siè-
CHE
cle dernier, le duc de la Vrillère a eu , pen-
dant trois ans, dans son château de l'Hermi-
tage, près de Versailles, un de ces Mammi-
fères qui avait mis trois ans à lui parvenir.
Il avait donc vécu pendant six ans en capl>
vite , et encore sa mort fut-elle toute ac-
cidentelle. Daubenton, qui en Gt l'anatomie,
trouva une égagropile engagée dans la cail-
lette et fermant l'orifice du pylore, à peu
près comme aurait pu le faire une soupape
bombe. Cet animal était très timide, et ne se
laissait pas approcher. Sa souplesse et sa vi-
vacité étaient extrêmes. Son train de der-
rière , plus développé que celui de devant ,
en faisait un animal éminemment propre an
saut : aussi ne se mouvait-il, pour ainsi dire,
que de celle manière. Il semblait prendre
plaisir â bondir contre un mur perpendicu-
laire, qui lui servait de point d'appui, pour
s'élancer dans une direction opposée.
Le Musc est recherché pour sa chair, mais
bien plus encore pour la matière odorante
qu'il produit, et qui porte le même nom.
Cette substance, dont tout le monde connaît
l'odeur forte et pénétrante , est solide , en
grumeaux de différentes grosseurs , d'un
rouge noir et assez semblable à du sang des
séché. Elle s'écrase facilement sous le doigt;
sa saveur est acre et légèrement amère. Sa
composition est très complexe. D'après
MM. Blondeau elGuibourt, qui en ont fait
l'analyse, on y trouve de la stéarine, de l'é-
laine , de la gélatine , de l'albumine , de la
fibrine, une huile acide unie à l'ammonia-
que , une huile volatile , de la choleslérine ,
une substance très carbonée soluble dans
l'eau , des hydrochlorates d'ammoniaque, de
potasse et de chaux, un acide particulier,
en partie saturé des mêmes bases, un acide
combustible, des carbonates, des phosphates
de chaux, enfin une petite quantité d'eau.
Malgré les soins que ces chimistes ont dû
prendre pour se procurer le Musc à l'état de
pureté, nous doutons qu'ils y soient parve-
nus. La présence de la fibrine, dans la sub-
stance mise en expérience, nous semble
prouver qu'elle avait été mélangée avec du
sang de l'animal. (A. de Q.)
CHEVROTAIIVS FOSSILES, paléont.
— La famille des Chevrotains s'est enrichie
de plusieurs genres dont la découverte est
due aux paléontologistes. Le sol de la France
renferme abondamment dans le Bourbon-
CHI
nais, dans la Limagiie et aux environs du
Puy-en-Veiay, des débris de ceux auxquels
on a donné ifS noms de Dremotherium et
d'Amphitragulus. Les espèces de ces deux
genres égalaient ou dépassaient môme en
grandeur le Clievrotain porte-musc. Elles
appartiennent à l'époque miocène. (P. G.)
ClIliYLÈTE. Cheyletus (XeïXc;, livre).
AnACii. — Genre de la famille des Holôtrcs,
établi par Latreille sur VAcarus erudilus de
Schrank (Enum. Insect. Aust. indigen.
p. 515, 1058), espèce très-petite que l'on
trouve ordinairement dans les livres et aussi
dans les collections. Sa démarche est lente.
Le Pediculus musculi, du même auteur ,
a été rangé par Latreille dans le genre
Cheylelus. (H. L.)
CHEYLÉTIDES. Cheijleiides. arach. —
Cette famille , fondée par Leach ( t. XI
des Tiaiis. Linn. sociei.), et appartenant à
l'ordre des Trachéennes, a été circonscrite
par Dugès d'une manière plus rationnelle.
Ainsi les genres que le fondateur de cette
coupe générique rangeait dans une seule
famille, forment, dans le travail de Dugès,
trois tribus distinctes qui sont désignées sous
les noms de Trombidiés , Acaiés et Bdellés.
(H. L.)
•CniAMELA. REPT. — Genre de Sau-
riens de la famille des Scinques , proposé
par M. J.-E. Gray. (P. G.)
*CniASOG!VATnUS (x'*Ç<-, je forme l'X;
yv-lOoç, mâchoire), ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Lamellicornes,
tribu des Lucanides de Latreille , créé par
M. Stephcns ( Tram, ofthe Cambridge phi-
los. Socitty], et adopté par 3LAL Bruilé et de
Castelnau dans leurs ouvrages respectifs.
Ce g. est fondé sur une seule espèce [Cldaso-
aiiailinsGaniii Steph.l, trouvée d'abord dans
l'ile de Chiloc , et ensuite dans les environs
de Vaiparaiso. C'est un très bel insecte, re-
marquable non seulement par l'éclat de ses
couleurs métalliques, mais encore par la
longueur extraordinaire et la forme bizarre
de ses mandibules : elles sont aussi longues
que la tèle et le corps réunis , droites laté-
ralement, courbées en dessous, dentées in-
térieurement dans presque toute leur lon-
gueur, terminées en crochets et croisées l'une
sur l'autre vers leur extrémité ; elles sont
en outre armées, à leur base, de deux espè-
ces de défenses inclinées vers la terre. Cet
cm
au
insecte, très rare, n'existe encore que dans
quelques collections : M. Stephens n'a connu
et figuré que le mâle. Le Muséum de Paris
possède une femelle, qui lui a été envoyé,
par M. Gay ; elle est moins brillante que le
mâle. Ce g. est très voisin du PhoUdoius de
Mac-Leay. (D.)
CIIIASTOLITOE (xtaaToç , en croix ; IC-
605, pierre), min. — Syn. de l'Andalousile
Macle , dont les cristaux offrent sur leur
coupe transversale l'apparence d'une croix
obliquangle ou d'un X grec. J-^oyez macle.
(Del.)
* cniAZOSPERMUM (xtâÇa,, je place en
croix; aiz{pp.a., graine), bot. pn. — Genre de
la famille des Papavéracées ( Fumariacées ),
tribu des Hypécoées , établi par Bernhardi
{Limi., VIII, 405). et dont le type est VHy-
pecouiu erectum de Linné. C'est une plante
annuelle, indigène de l'Asie médiane, à tige
dressée, dichotome.remplicd'unsucaqueux.
Les feuilles radicales en sont péliolées, mul-
tifides , à lobes linéaires , aigus; les cauli-
naires petites, sessiles, à lobes distants, très
étroits; les fleurs jaunes, tachetées de pour-
pre , sont portées par des pédicelles , alter-
nant tantôt par dichotomie , tantôt termi-
naux. (C. L.)
• CHIBIA. OIS. — Genre formé par Hodg-
son , en 1837, sur une espèce de Drongo du
Népaul, VEdolius barbaïus J.-E. Gray, Edo-
lius crishna Gould {Procedings, 183G, p. 5).
VoijeZ DRONGO. (Lafr.)
CniDIGOUAZOU, d'Azara. mam. — Sy-
nonyme d'Ocelot. Voy. cnAx.
CIIICIIE (pois), bot. pu. —Voy. cicer.
*CniCKRASSIA. BOT. pir. — Un arbre,
nommé dans l'Inde Chickrassi, a fourni l'é^
tymologie de ce genre ; une fausse orthogra-
phe l'avait fait indiquer primitivement sous
le nom de Chuhrasia. Il appartient aux Cé-
drélacées, et offre les caractères suivants :
Calice court à 5 dents ; 5 pétales dressés. Éta-
mines au nombre de 10, dont les larges filets
sont soudés dans toute leur longueur en un
tube terminé par 10 dentelures qui soutien-
nent autant d'anthères dressées et saillantes.
Ovaire exhaussé sur un large disque, se ter-
minant en un style court et épais, qui porte
un stigmate en tête légèrement trilobé, à
3 loges oblongues contenant chacune un
grand nombre d'ovules disposés horizonta-
lement sur deux rangs, et attachés à l'angle
616
cm
interne. Capsule ligneuse à trois valves, qui,
après la déhiscence, se partagent en deux
lames, et se séparent de l'axe sur lequel les
trois cloisons restent fixées en manière d'ai-
les. Graines imbriquées, comprimées, pro-
longées en bas en une aile membraneuse,
contenant, sous leur tégument, un embryon
à cotylédons obliquement orbiculaires, à ra-
dicule oblongue , dirigée vers le bile.— Les
deux espèces connues sont de grands arbres
de l'Inde, dont le bois est estimé pour l'ébé-
nisterie. Leurs feuilles sont pennées ou bi-
pennées; leurs fleurs disposées en panicules
terminales. (Ad. J.)
*CmCOm^A, Comm. eot. ru. — Syn.
de Piathitrus.
*CHICOIV. BOT. PH. — Syn. vulgaire de
la Laitue romaine.
CHICORACÉ. MOI.L. — roy. murex.
CHICORACÉES. Cicfioraceœ. bot. ph.—
Nom établi par Seb. Vaillant pour une des
grandes divisions de la famille des Compo-
sées. Les Chicoracées ont long-temps formé
pour certains auteurs une famille distincte ,
désignée sous le nom de Semi-flosculeuses ;
aujourd'hui ce groupe est généralement con-
sidéré comme tribu des Composées. Ses ca-
ractères sont les suivants : Corolle tubulcuse
inférieurement, mais plus ou moins profon-
dément fendue du côté interne , et formant
par suite une sorte de languette (demi-fleu-
ron ) plane, terminée par cinq petites dents
épaisses, et parcourue par autant de nervu-
res convergeant au sommet ; les anthères, le
plus ordinairement linéaires , sont munies
d'appendices basilaires , et contiennent un
pollen rugueux à sa surface , anguleux , en
général de forme dodécaédrique ; le style ,
filiforme , grêle , glabre à sa partie infé-
rieure, papilleux vers le sommet, se divise
en deux rameaux cylindracés également pa-
pilleux, fréquemment arqués ou contournés
après la fécondation , et bordés , à leur face
interne, par le stigmate. — Les Chicoracées
sont des plantes lactescentes , munies de
feuilles alternes, habitant les régions tem-
pérées de l'hémisphère boréal , et offrant
des corolles ligulées réunies en capitules, et
le plus souventde couleur jaune, mais quel-
quefois Wanches, roses ou bleues.
Le groupe des Chicoracées , admis soit
comme tribu , soit comme famille distincte ,
a généralement été associé aux Composées ,
CHI
et placé à la suite des Campanulacées et des
Lobéliacées par la présence d'un suc propre
laiteux commun à ces dernières familles , par
la forme de la corolle plus ou moins profon-
dément fendue, ainsi que par la soudure des
anthères , qui s'observe également parmi les
Lobéliacées.
Les Chicoracées se partagent, d'après M. De
Candolle. en 8 groupes ou sous-tribus , qui
sont .
1, ScoLYMÉES. Réceptacle paléacé suppor-
tant des fruits surmontés d'une aigrette en
forme de couronne ou parfois paléacée. Ce
sont des herbes épineuses ofl^rant des capi-
tules munis de bradées , et contenant des
fleurons de couleur jaune.
Genres : Diplostemma, Hochst. et Sleud. ,
Scolymus , Tourn.
2. Lampsanées. Réceptacle dépourvu de
paillettes. Aigrette nulle.
Genres : Lampmna, Tourn. ; Rhagadiolus,
Tourn.; Kœlpinia, Pall.
.3. Hyoséridées. Réceptacle dépourvu de
paillettes. Aigrette en forme de couronne ou
composée de plusieurs paléoles entières,
assez larges, très souvent courtes, mais par-
fois aussi allongées et raides; fleurons jaunes,
excepté dans la Chicorée [Cichorium ) ot la
Cupidone [Catananche), où ils sont bleus.
Genres : y^pogon, Eli.; yirnoseris, Gaertn.
nyoseris,3viSS.;Hedypnois,Touvn.;^poseris,
Neck.; Hœnselera, 'Bo\ss.; Catananche, \!xiU.,
Cichorium, Tourn.; Calais, DC. ; Tolpis ,
Tiiy.; F ichtea, Schultz ; Krigia, Schreb.; Mi-
croseris. Don.; Cynthia, Don.
4. Hypochéridées. Réceptacle paléacé. Ai-
grette paléolée; paléoles étroites, semi-lan-
céolées, mais découpées sur les fruits placés
au centre du capitule ; fleurons jaunes.
Genres : Hypochœris, DG. et Vaill.; Achy-
rophorus, Scop.; Seriola, L.; Metabasis, DC;
Phalacroderis, DC.
6. RoDiGiÉES. Réceptacle paléacé. Aigrette
velue, scabre.
Genres : Rodigia , Sprg. ; Ammogeion ,
Schrad. ; Pachylepis , Less. ; Pinaropappus
Less.
C. Scorzonérées. Réceptacle dépourvu de
paillettes. Aigrette paléolée ; paléoles très
étroites semi-lancéolées : les intérieures au
moins , ou celles appartenant aux fruits du
centre plumeuses , très rarement scabres ;
fleurons jaunes ou pourpres par exception.
536
CHI
CHI
617
Genres . Thrincia , Rolh. ; Kalbfussia , j
Schultz; ZeoH(ot/oH, Juss. ; Apargia , Less.;
Oporinia, Don.; Millina, DC, Cass.; Podos-
permum , DC; Geropogo» , L. ; Tragopogoii,
Tourn.; fJrospennum ,Scop. ; Hymenonema,
Cass.; Scorzonera, DC. ; Ailerolhrix, Cass. ;
Microderis, DC. j Picris, Juss.; Helminlhia,
Juss.
7. Lactucées. Réceptacle dépourvu ou
très rarement muni de paillettes. Aigrette
composée de poils longs très délicats , fuga-
ces , argentés , libres jusqu'à la base ; fleu-
rons jaunes, blancs ou roses.
Genres : Laciuca, Tourn. ; Cliondrilla, L.;
Pyrrliopappus,TiC; Taraxacum, Hall.; JVil-
lemetia , Neck. ; Ixeris , Cass. ; iMacrorlujn-
clius , Less. ; Barkliausia , Mœnch. ; yEilieo-
rliiza , Cass. ; Crépis , Mœnch. ; Fhœnopus ,
Cass. ; Bracliyramplius, DC. ; Cliorisis, Don ;
Z acyniha, Touva.; Heieracia, Fiscb. el Mey.;
£iidopiera, DC; Pteroilieca, Cass.; Lomaio-
lepis, Cass. ; IniubeUia , Cass. ; Microrliyn-
clius, Less. ; Picridium , Desf. ; ZoUikoferia ,
DC; Soncitus, Cass.; Tracliodes, Don ; Ma-
lacoiliiix, DC. ; Youngiu, Cass. ; Prenanihes,
Vaill. ; LygodeiViia, Don.
8. HiÉRACiÉEs. Réceptacle dépourvu de
paillettes. Aigrette composée de poils raides,
très fragiles , libres, prenant très fréquem-
ment une teinte jaunâtre ou rousse, à l'épo-
que de la maturité du fruit. Fleurons jaunes,
blancs ou bleus.
Genres : Hieracium , L. ; Nabalus , Cass. : |
Jiltea, Bert. , Decaisn. ; Andryala , L. ; Du-
ùyœa, DC. ; /yjalgediurn, Cass.; Melanoseris,
Decaisn.; Anisoramphus , DC. ; Troximon,
Gaertn.; Picrosia, Don et Decaisn. (J. D.)
CHICORÉE. Cichorium (nom que les an-
ciens paraissentavoir appliqué à V Endive, en j
réservant celui AcSeris pour la Chicorée sau-
vage). BOT. PU. — Ses caractères sont les sui-
vants : Capitule multi- ou pluriflore. Invo-
lucre double : l'extérieur court, composé de
6 écailles environ; l'intérieur plus long,
forme de 8-10 folioles. Réceptacle plan, dé-
pourvu de paillettes, quelquefois légèrement
alvéolé el couvert de très petites soies. Les
fruits obovés , comprimés , striés et glabres,
supporlent,au lieu d'aigrette, de nombreuses
écailles très courtes , obtuses , constamment
disposées sur un ou deux rangs. Les espè-
ces du genre Cichorium sont toutes indi-
gènes de l'ancien continent; ce sont des
herbes à racines vivaces, à tiges rameuses,
munies de feuilles dentées ou roncinées,
et de capitules composés de fleurons de cou-
leur bleue.
On connaît plusieurs espèces ou races
distinctes de Chicorées. L'Endive {Ciclto^
rium Etidiviu) paraît originaire du Japon ou
de la Chine, et s'être introduite dans les
jardins potagers de l'Europe, vers 1548. La
Scarole est une race obtenue en Hollande.
La Chicorée proprement dite [C.Intybus) se
cultive en grand dans quelques parties de
nos départements du Nord, et surtout en
Belgique, à cause de ses racines, qui, tor-
réfiées , servent à amender le Café. Celle
plante, dont la préparation et la culture
paraissent être la mieux entendue en Bel-
gique, se cultive également aux environs de
Saint-Pétersbourg, où son introduction est
assez récente. Étiolée dans les caves et blan-
chie par un procédé particulier, la Chicorée
se vend à Paris sous le nom de Barbe de
capucin. (J. D.)
CHICORÉE FRISÉE, moll. — Nom vul-
gaire du Murex ramosus , type du g. Chico-
racé de Montfort.
CHICORÉE D'HIVER, bot. ph. — Nom
vulgaire du Crépis biennis L.
CHICORÉE DE MER. bot. pu. — Nom
vulgaire de plusieurs espèces du g. Ulve,
qui, sur plusieurs parties de notre littoral,
sont mangées avec avidité par les bétes à
cornes.
CHICOT. BOT. PH. — Nom vulgaire du
Guilundina bonduc et du Gymnocladus cana-
densis.
CHICQUERA. OIS.— Nom sous lequel Le-
vaillant [Afr., pi. 30) a désigné une esp. du
g. Faucon, Falco cliicquera. (G.)
CHIEN. Canis , Linn. mam. — Genre de
Mammifères carnassiers digitigrades de
G. Cuvier, formant, dans la classification de
M. Is. Geoffroy, la famille des Yulpiens,
laS^'du sous-ordre des Carnivores, ordre des
Carnassiers. Les Chiens , que nous considé-
rons , à l'exemple de 31. Is. Geoffroy,
comme devant former une famille , el non
un genre , ont de 40 à 42 dents , savoir : six
incisives en haut el autant en bas ; deux
canines à chaque mâchoire; douze mo-
laires supérieures, el douze ou quatorze in-
férieures. Ces dents présentent trois fausses
molaires en haut, quatre en bas , et deux
618
CHl
Tuberculeuses derrière l'une et l'autre car-
nassière : la première supérieure de ces tu-
berculeuses est fort grande. Leur carnas-
sière supérieure n'a qu'un petit tubercule
en dedans ; mais l'inférieure a sa pointe
postérieure tout-à-fait tuberculeuse. Ils ont
aux pieds de devant quatre doigts dans le
genre Hyénoïde ; dans les vrais Chiens et
les Picnards , cinq doigts, dont quatre seu-
lement touchent la terre , le pouce se trou-
vantplacé trop haut pour atteindre le sol ,
et n'étant pour ainsi dire qu'à l'état rudi-
nientaire. Les pieds de derrière ont quatre
doigts , et quand on en trouve cinq , ce qui
n'arrive jamais que dans quelques races
de Chiens domestiques , ce cinquième ne
doit être considéré que comme une su-
perfétation accidentelle , et sans importance
relativement à la classification , mais du
plus haut intérêt pour la philosophie de la
science. Leurs ongles ne sont ni rétracliles
ni tranchants , aussi ne sont-ce pas des ar-
mes pour ces animaux, et ils ne leur sont
utiles que pour la locomotion. La langue
des Chiens est douce, non armée d'aiguil-
lons ; enOn ils n'ont pas de poche anale
comme les Hyènes.
Les Chiens se trouvent sur presque toute
la surface du globe, soit à l'état sauvage,
soit à l'état domestique , et le plus ordinai-
rement dans ces deux états. Autour du pôle
boréal se groupent, parmi les Chiens domes-
tiques , celui des Esquimaux et celui de Si-
bérie; puis, parmi les espèces sauvages,
risalis qui occupe tout le littoral de la mer
glaciale cl tout le nord de l'Europe et de
l'Asie au-dessus du CO» degré ; le Renard
argenté et le Renard croisé du nord de l'A-
mérique et du Kamlschalka. Un peu plus
loin du pôle, mais toujours au nord , on
trouve , en Europe, le Chien d'Islande , le
Chien-Loup, le Loup noir, le Renard ordi-
naire qui existe également en Amérique.
Dans ce dernier pays, à peu près sous les
mêmes latitudes , notre Loup ordinaire ;
le Loup odorant, celui des prairies et le Re-
nard agile , tous trois des bords du Missouri.
En Asie, le Wah des Hymalaya.
Dans une zone plus tempérée, et en se rap-
prochant du tropique , apparaissent , outre
notre Loup et notre Renard , les nombreu-
ses races du Chien domestique, que la dou-
ceur du climat et une antique servitude oui
CHl
façonnées de mille manières , tant au moral
qu'au physique , et dont le nombre est in-
calculable en Europe , en Asie et en Amé-
rique. Puis en Asie , dans l'Inde et la Tata-
rie , le Corsac et le Karagan ; le Renard gris
dans la Virginie ; et le Renard tricolore qui.
des Etats-Unis , se répand dans l'Amérique
méridionale jusqu'au Paraguay.
Les Jackals occupent un zone oblique à
l'équaleur , depuis l'Inde et la Perse jus-
qu'au cap de Bonne-Espérance. Si nous
portons nos investigations sur toute la zone
équatoriale entre les deux tropiques , et
même jusqu'à la latitude du cap de Bonne-
Espérance, nous verrons que celte zone
n'estpas moins richeen espèces. Dans l'Inde,
nous trouverons le Quao, le Renard du
Bengale, le Chien de Sumatra , le Loup de
Java, etc. L'Amérique nous fournira l'Alco,
le Loup du Mexique , le Culpeu du Chili
et des îles Malouines; le Koupara ordinaire
et le petit Koupara , tous deux de la Guiane.
et le Loup rouge. L'Afrique offrira le Renard
d'Égyple, le Fennec d'Angola ; le Renard de
Lalande, le Kenlie et la Hyénoide, tous
Iroi.s du Cap. Nous trouverons le Dingo dans
la Nouvelle-Hollande ; et enfin nous ver-
rons toutes les îles de l'Océanie peuplées
de nombreuses variétés de Chiens domes-
tiques.
D'après cela , on peut croire qu'il est peu
de Carnassiers , si l'on en excepte les Chats,
qui soient aussi répandus sur la surface de
la terre, que les Chiens. Aussi n'en esl-il
pas qui aient subi , par l'induence des cli-
mats , de la nourriture et de la domesti-
cité, des altérations organiques plus pro-
fondes et plus variées. Je divise celte fa-
mille en trois genres, savoir : 1° Les Ouem,
à pupilles diurnes ; 2" les Renards, à pupil-
les nocturnes ; a" cl les Hyénoïdes , on Hyé-
jiopodes de M. Is. Geoffroy, à quatre doigts
à tous les pieds.
I<^' Genre.
Cliiens. Canis
Linn.
Ces animaux ont tous les caractères que
nous venons de mentionner. Leurs pieds an-
térieurs ont toujours cinq doigls, ce qui les
distingue parfaitement des Hyénoïdes, qui
n'en ont jamais que quatre à tous les pieds.
Leur pupille e^t ronde , leurs incisives su-
périeures sont très échancrécs , et l'odeur
CHT
qu'ils exhalent n'esl jamais fétide, quoique
assez i'orte, caractères qui les distinguent
tous très bien des Renards. Quelquefois ils
habitent des cavernes, des trous de rochers,
mais jamais ils ne se creusent de véritables
terriers. A l'étal de domesticité , tous les
Chiens aboient, sans en excepter le Loup;
de même , tous , à l'état sauvage , hurlent
et n'aboient point , si ce n'est quelquefois,
et seulement en chassant les animaux dont
ils se nourrissent. La plupart des Chiens ,
peut-être tous , ont l'instinct de la sociabi-
lité ; aussi vivent-ils en troupes souvent
très nombreuses , conduites par les vieux
mâles ; ils semblent alors obéir à une sorte
de discipline ,et s'entendre fort bien entre
eux pour suivre le gibier, l'attaquer, se dé-
fendre mutuellement en cas de besoin, déchi-
rer et dévorer, sans querelles et ensemble ,
une proie qu'ils ont chassée en commun.
Dans les pampas de l'Amérique méridio-
nale , les Chiens domestiques , abandonnés
et redevenus sauvages depuis l'époque de
la conquête, se sont étonnamment multi-
pliés , forment des troupes extraordinaire-
ment nombreuses et très redoutables pour
le gros bétail , ainsi que pour les Chevaux
qui paissent en liberté dans les estancias.
Ils ne quittent pas les plaines découvertes,
n'entrent jamais dans les bois, et mar-
chent toujours en nombre, dans la crainte
des Jaguars. Ils habitent des cavernes na-
turelles, et , faute de celles-ci, ils savent
s'en creuser, si l'on s'en rapporte à d'Azara.
Non seulement ils se plaisent dans leur vie
sauvage , mais encore ils aiment à y entraî-
ner les Chiens domestiques , employant,
pour les embaucher, toutes les ressources
de leur intelligence. Cependant, en Amé-
rique comme en Afrique, le Chien libre n'a
pas entièrement perdu cet instinct qui le
porte à vivre avec l'homme. Quand on le
prend au piège, jeune ou vieux, il ne lui
faut que quelques jours pour s'accoutumer
à la servitude, pour s'attacher à celui qui
le soigne, de manière à le suivre et à ne
plus le quitter.
Nous ferons remarquer ici une chose qui
ne paraîtra singulière qu'aux personnes
qui n'ont pas une idée arrêtée sur ce qu'on
doit entendre par ie mot espèce, en histoire
naturelle : c'est que dans tous les climats ,
malgré la différence d'espèce de stature
CHI
619
de tempérament, tous les Chiens, Loups ,
Jackals , Chiens domestiques , etc., entrent
en rut au mois de décembre, et restent en
cet état quinze jours ; dans tous , la gesta-
tion ne se prolonge pas au-delà de neuf se-
maines; tous peuvent être croisés et pro-
duire ensemble des petits qui ne sont nul-
lement stériles ou mulets, et donton a suivi
pendant plusieurs générations la repro-
duction collatérale. Il en résulte pour moi
que le Chien , le Loup et le Jackal sont
trois races appartenant à la même espèce.
En effet, si l'on admet, sans autres considé-
rations , comme caractères spécifiques , cer-
taines modifications organiques que l'ana-
tomie révèle, pourquoi faire trois espèces du
Chien , du Loup et du Jackal, puisque la
dissection la plus minutieuse n'a pu mon-
trer aucune différence anatomique entre ces
trois animaux ? Il est vrai que G. Cuvier in-
dique, dans certains os de la tète, quelques
légères différences de grandeur ou de lar-
geur. Mais si l'on regarde cette très petite
modification comme suffisamment caracté-
ristique pourétablir trois espèces, il faut être
conséquent , même en faisant de la nomen-
clature, et constituer aussi trois espèces du
Mâtin, de la Levrette et du Carlin; car
certainement ces animaux diffèrent plus
entre eux par la taille , la couleur et les mo-
difications anatomiques, que le Mâtin, le
Loup et le Jackal. Serait-ce dans les habi-
tudes , dans les mœurs de ces animaux
qu'on irait chercher des différences spécifi-
ques? Mais tous ont les mêmes habitudes ,
les mêmes mœurs, les mêmes instincts;
tous, à l'état sauvage, soit qu'ils soient
nés dans les forêts , soit qu'ils aient recon-
quis leur liberté, se conduisent de la même
manière ; tous , en domesticité , sont capa-
bles de recevoir de l'éducation et d'éprou-
ver de l'attachement pour leur maître. Ils
se ressemblent en tous points , jusque dans
le singulier phénomène physiologique que
présente leur accouplement. Je crois donc
fermement que tous ces animaux ne for-
ment qu'une espèce unique , dont le Mâtin,
le Dogue , etc. , le Loup et le Jackal , sont
des chefs ou des types de races , et que cha-
cunede ces races a fourni, soit par sa propre
modification, soit par le croisement, ce
grand nombre de variétés et de prétendues
espèces qui peuplent aujourd'hui toute la
620
CHI
terre. Ce que l'homme a fait pour leChevaî,
le Porc , la Poule , le Pigeon, il a dû le faire
jpour un animal qu'il affectionne bien da-
vantage , et il le fait encore tous les jours.
S'il a le goût des petits Chiens , je suppose ,
il croisera, autant qu'il le pourra, son Chien
avec un individu plus petit que lui ; et, s'il
a une couleur de prédilection , une forme
de prédilection , il choisira , autant que pos-
sible, pour l'accouplement, un individu de
celle couleur et de celte forme. A mesure
qu'il obtiendra des générations comme il les
désire, il deviendra plus sévère dans son
choix pour la taille, la couleur et la forme; et
les croisements produiront bientôt une race
nouvelle tout-à-fait différente de ses pre-
miers types ; et si celte race plaît générale-
ment, non seulement on la conservera pure,
mais encore on la perfectionnera. Si , avec
cela, nous admettons, comme je l'ai dit,
qu'il n'y a qu'une espèce dans le genre
î^hicn , celte opinion nous mène à la facile
solution d'un problème qui, jusqu'à ce
jour, a fort embarrassé les naturalistes , et
dont ils se sont beaucoup occupés.
Il s'agit de savoir si le Chien domestique
vient originairement d'une espèce perdue ,
ou du Loup, oudu Jackal (Pennant, Zoo-
logie britannique, Guldenstaedt ) ; ou bien
d'un type unique (EulTon), ou enfin de plu-
sieurs espèces qui se seraient croisées
entre elles (Pallas, Desmoulins). Pour arri-
ver aune solution satisfaisante, il faut d'a-
bord se poser celle question : Existait-il ,
avant la domesticité du premier Chien que
l'homme s'est attaché , plusieurs variétés
de Chiens identiques avec les variétés que
nous appelons domestiques? La Paléontolo-
gie répond à cette question en nous appre-
nant qu'aux époques antédiluviennes, avant
que l'homme parût sur la terre, il exis-
tait une douzaine d'espèces ou variétés de
Chiens , dont quelques unes correspondent
parfaitement avec nos variétés actuellement
existantes du Chien domestique , une entre
autres avec celle de l'Épagneul, et une autre
avec celle du Mâtin (voir les Mémoires de
l'abbé Croizet, sur les Mammifères fossiles
de l'Auvergne). Nous en pouvons déjà con-
clure que le Mâtin et l'Épagneul , ayant eu
leur type à ces époques reculées, ne vien-
nent ni d'un Loup ni d'un Jackal perfec-
tionnés ou modifiés parla domesticité que
CHI
l'homme leur aurait imposée ; et de ce fait,
nous pouvons, par analogie, déduire les
mêmes conséquences, pour quelques autres
variétés très tranchées. Le Chien domesti-
que n'appartient donc pas , au moins de-
puis que l'homme se l'est approprié , à ur\
type unique. S'il a eu plusieurs types dans
les temps antédiluviens, pourquoi les varié-
tés qui ont paru depuis sa servitude n'au-
raient-elles pas eu une origine semblable,
par le croisement avec le Loup , le Jackal,
et toutes leurs variétés sauvages qu'on
nomme aujourd'hui espèces? Écoutons ce
que dit à ce sujet A. Desmoulins : « Comme
dans l'Amérique, dans la Nouvelle-Hol-
lande , avant la découverte par les Euro-
péens , il existait à la fois des Chiens do-
mestiques et des Chiens sauvages ; et comme
ces derniers y étaient évidemment indi-
gènes, rien n'implique que ces Chiens do-
mestiques ne provenaient pas des espèces
du pays. Il résulte donc de cette considéra-
tion (et de la fécondité des Métis) , que les
variétés si nombreuses des Chiens domesti-
ques ou demi-domestiques , suivant la ci-
vilisation de chaque peuple, ne doivent pas
être rattachées à un seul et même type pri-
mitif, modifié seulement par lesinfiuences
des climats , de la domesticité , etc. ; mais
doivent être rapportées , chacune dans sa
contrée, à diverses espèces sauvages. Néan-
moins, les émigrations, à la suite de
l'homme, de chacune de ces espèces de
Chiens devenus domestiques, aurontamené
enlre elles des croisements d'une espèce do-
mestique à l'autre, croisements dont les pro-
duits , modifiés tantôt avec une espèce sau-
vage , tantôt avec une autre , auront amené
les diversités si nombreuses que nous voyons
aujourd'hui pour la taille, la figure et la
qualité des poils ; ce à quoi auront concouru
aussi les influences du climat et du régime.
Ces dernières influences , quand leur mode
et leur durée persévèrent assez longtemps,
peuvent amener un raccourcissement et un
changement de figure du tube intestinal,
plus considérable d'une variété domestique
à une autre, que d'un genre à l'autre dans
le reste des Carnassiers. »
Je crois donc, comme M. Desmoulins,
que les nombreuses variétés du Chien do-
meaiique viennent : 1" du croisement de ce-
lui-ci avec des Chiens sauvages, et Hci -
CHI
mann [Observationes zoologicœ , pag. 2G cl
suiv.) en est tellement persuadé qu'il cher-
che à rapprocher de leurs types sauvages
les variétés décrites par Bufion ; 3° qu'elles
viennent aussi des soins que l'homme s'est
donnés pourcroiser, ainsi que je l'ai dit , ces
premières variétés entre elles, et en obte-
nir des races façonnées selon son goût et sa
fantaisie ; 3o du climat qui est aussi une
cause de variations ; mais bien moins in-
fluente que l'a cru Buffon , beaucoup moins
que les causes précédentes , et surtout fort
lente. Je crois , en outre , que les Chiens
sauvages et les Chiens domestiques ne for-
ment qu'une seule et même espèce , en en
excluant néanmoins les Renards et les Hyé-
noïdes que j'ai retirés du genre. Telle est
mon opinion ; mais comme je n'ai pas la
prétention de l'imposer aux lecteurs, je n'en
suivrai pas moins la nomenclature généra-
lement adoptée par les naturalistes.
Section I. Chiens domestiques.
Le CniEN domestique , Canin familiaris
Linn. — Celte espèce ne se distingue du Loup,
du Jackal et d'autres Chiens sauvages , que
par sa queue toujours plus ou moins recour-
bée, tandis que, dans les autres, elle est ou
devrait être constamment droite. Tel est le
seul caractère que les naturalistes ont pu
trouver pour déterminer celte espèce , et le
caractère est si peu important, qu'on pouvait
voir l'été dernier (1842) à la ménagerie de
Paris , une Louve prise au piège , qui , dans
sa captivité, avait tellement contracté les
habitudes des Chiens avec lesquels elle vi-
vait, qu'elle portait la queue en trompette
et aboyait toute la journée. Le Chien varie
de mille manières pour la taille, les couleurs
elles formes.
Le Chien! A ce nom , il n'est pas un
homme qui n'ait un souvenir agréable ou
touchant, celui d'un gai compagnon des
Jeux de son enfance , d'un gardien sûr et
vigilant à la maison , d'un aide indis-
pensable à la chasse, d'un guide ou d'un
éclaireur dans un voyage, d'un intrépide
défenseur dans le danger, d'un sauveur
quelquefois, mais toujours d'un ami désin-
téressé , aussi dévoué que fidèle, prêt à par-
tager, dans tous les instants et avec le même
empressement , les misères ou les joies de
son maître. Le Chien n'a qu'une pensée ,
CHI
621
qu'un besoin , qu'une passion , c'est l'af-
fection : il faut qu'il aime ou qu'il meure !
Pour témoigner son attachement à celui
qui l'a élevé et dont il a reçu les premières
caresses , il est capable des dévouements
les plus sublimes : les dangers, la fatigue,
la faim, les intempéries de l'air, les priva-
tions de tous genres ne sont rien, s'il les sup-
porte avec lui et pour lui. Par ses caresses, <
il console le malheureux qui, sans son*
Chien , n'aurait pas un ami sur la terre ; il'
embellit, il peuple la solitude de son obscur
réduit; il occupe son cœur, le disirait
de la pensée de ses douleurs , cl l'aide à tra-
verser une misérable vie oubliée par les
hommes. Il l'encourage et semble l'aimer
d'autant plus qu'il le voit plus opprimé par
la main de fer de l'adversité. Dans ses durs
travaux , il l'aide même au-delà de ses for-
ces : il s'excède à tirer une voiture , à tour-
ner la roue d'un soufflet de forge , à main-
tenir l'ordre dans un troupeau. Cet ami fi-
dèle, ce domestique dévoué n'est jamais
plus heureux que lorsqu'il croit se rendre
utile , qu'il reçoit un sourire pour l'encou-
rager , et une caresse pour salaire. C'est
alors surtout qu'il déploie cette admirable
intelligence qui le met tant au-dessus des
autres animaux , et qui ne le cède qu'à
l'homme.
Pour défendre son maître , le Chien ne
connaît ni crainte ni danger; et fût-il sûr
de périr dans la lutte, il s'élance avec intré-
pidité , attaque avec fureur , et ne cesse de
combattre de toutes ses forces , de tout son
courage, qu'en cessant de vivre. Il le défend
contre les animaux féroces dix fois plus forts
que lui ; contre les brigands qui menacent
ses jours , et il vit pour le venger, s'il n'a pu
le dérober au poignard des meurtriers par
le sacrifice de sa propre vie. Il veille sur lui
s'il est blessé, nettoie ses plaies, en élan-
che le sang en les léchant , et ne le quitte
que pour aller chercher du secours. Il l'ar-
rache aux flots qui allaient l'engloutir ; il
le réchaufl'e de son haleine, le couvre de
son corps , après s'être volontairement en-
foncé avec lui dans les avalanches de neige ;
enfin , il oublie complètement l'instinct de
sa propre conservation pour ne penser qu'à
la conservation de celui qu'il aime. Le Chien
se plaît où son maître se plaît , quitte sans
regret les lieux qu'il abandonne, et, avec lui.
622
cm
passe gaiement de la cuisine du prince au
baquet de la gargote. Dans l'intérieur du
ménage, il caresso les vieux parents, les
flatte , et vient drirmir à leurs pieds ; il aime
la femme, protège les enfants et joue bien
doucement avec eux. En un mot , il ne vit
que de la vie de son maître; et si l'im-
pitoyable mort vient le lui arracher, il se
traîne sur son tombeau, s'y couche, et y
meurt de tristesse et de douleur.
Aussi généreux qu'aimant , il supporte
avec une patience inouïe l'ingratitude et les
mauvais traitements dont trop souvent on
paie ses services et son afTection. Si on le
gronde, il s'humilie; si on le frappe, il se
plaint, il gémit ; son œil suppliant, si doux,
si expressif, demande grâce pour une faute
que souvent il n'a pas commise. Il se
traîne aux pieds de son tyran, lui lèche les
mains , tâche de l'attendrir, de désarmer sa
colère ; mais jamais il n'essaie de repousser
l'agression par l'agression , la force par la
force, quelles que soient l'injustice et la bar-
barie de son supplice ; et, s'il se sent blessé
mortellement, son dernier regard, en mou-
rant, est encore un regard de pardon et de
tendresse.
Qu'on n'aille pas croire que dans ce que
je viens de dire de ce noble et bon animal,
il y ait de l'exagération : je n'ai pas écrit une
seule phrase que je ne puisse justifier par
des faits nombreux, et je pense même qu'il
n'est pas un de mes lecteurs qui ne puisse
en citer quelques uns. Je terminerai par un
emprunt à Buffon qui complétera le portrait.
« Le Chien , indépendamment de la beauté
de sa forme, de la vivacité , de la force , de
la légèreté, a par excellence toutes les qua-
lités intérieures qui peuvent lui attirer les
regards de l'homme : un naturel ardent, co-
1 1ère , même féroce et sanguinaire, rend le
Chien sauvage redoutable à tous les ani-
maux , et cède , dans le Chien domestique ,
aux sentiments les plus doux , au plaisir de
s'attacher et au désir de plaire.... Plus do-
cile que l'homme, plus souple qu'aucun des
animaux, non seulement le Chien s'instruit
en peu de temps, mais encore il se conforme
aux mouvements , aux manières , à toutes
les habitudes de ceux qui le commandent; il
prend le ton de la maison qu'il habite ;
comme les autres domestiques, il estdédai-
s;neux chez les grands et rustre à la campa-
CHI
gne. Toujours empressé pour son maître et
prévenant pour ses seuls amis, il ne fait au-
cune attention aux gens indifférents , et se
déc-lare contre ceux qui, par état, sont faits
pour importuner : il les connaît aux vête-
ments, à la voix, à leurs gestes , et les em-
pêche d'approcher. Lorsqu'on lui a confié ,
pendant la nuit, la garde de la maison , il
devient plus fier et quelquefois féroce ; il
veille , il fait sa ronde ; il sent de loin les
étrangers , et pour peu qu'ils s'arrêtent ou
tentent de franchir les barrières, il s'élance,
s'oppose, et, par des aboiements réitérés ,
des elforts et des cris de colère, il donne l'a-
larme, avertit et combat. Aussi furieux con-
tre les hommes de proie que contre les ani-
maux carnassiers, il se précipite sur eux, ies
blesse, les déchire, leur ôte ce qu'ils s'ef-
forçaient d'enlever; mais, content d'avoir
vaincu , il se repose sur les dépouilles , n'y
touche pas, même pour satisfaire son appé-
tit, et donne en même temps des exemples
de courage, de tempérance et de fidélité. »
D'après ce qu'on vient de lire, nous n'a-
vons pas besoin de dire que le Chien est le
plus intelligent des quadrupèdes , sans en
excepter l'Éléphant ; c'est , comme l'a écrit
G. Cuvier, la conquête la plus complète, la
plus singulière et la plus utile que l'homme
ait faite sur la nature sauvage. Tous ces
animaux sont remarquables par le grand
développement de l'appareil olfactif; aussi
leur odorat est-il tellement fin qu'il peut
remplacer, et remplace en effet à la chasse,
et dans beaucoup d'autres circonstances, les
organes de la vue. Par une erreur assez sin-
gulière , BulTon a cru que les Chiens per-
daient la voix, quand on les transportait en
Amérique ; que, dans les pays chauds, ils se
dépouillaient de leurs poils , et qu'enfin
toutes leurs facultés diminuaient d'énergie
par l'efTet d'un climat nouveau, et principa-
lement de la chaleur : l'observation a prouvé
qu'il n'en était rien. Cependant, le Chien do-
mestique abandonné dans le désert et rendu
à la vie sauvage, non seulement en Améri-
que, mais partout ailleurs, perd bientôt l'ha-
bitude d'aboyer sans en perdre la faculté.
Cela vient simplement de ce qu'obligé de
vivre de proie et de rapine , de surprendre
le gibier dont il doit se nourrir, de dérober
sa marche aux animaux féroces et plus fort*
que lui . il contracte l'habitude du silence .
cm
cl finit par perdre le laleni d'aboyer, comme
aurait dit GrifFith.
F.es Chiens naissent les yeux fermés : ils
les ouvrent le dixième ou le douzième jour;
leurs dents commencent à changer au qua-
trième mois, et à deux ans ces animaux ont
terminé toute leur croissance. La femelle
porte soixante-trois jours, et fait de six à
douze petits. Enfin ces animaux sont vieux
à quinze ans, et n'en dépassent guère vingt.
Nous ne terminerons pas cet article sans
parler d'une maladie terrible , Vliydropho-
bie ou rage , qui les atteint quelquefois ,
et en fait alors la terreur de populations
entières, plus, à la vérité , par l'exagération
du danger que par le danger lui-même. Il
était important de connaître les causes de la
rage, afin d'en prévenir les accidents ; aussi
plusieurs médecins et vétérinaires ont-ils
fait des recherches et des observations sur
ce sujet. [FoijezPaihol. can., par Dclabère-
Blaine. — Rabies contagiosa, par Parry. —
Comineiitaires )iiédi<:aux , Mém. de Meynell ,
t. \. — La Cijclopédie , de Rees. — Biblio-
ihlqne raisonnée, 442, avril, mai, juin, 1750.
— Trans. iiied. Pliiladelp. , vol. L — luquis.
med. Pliiladelp. , 1798. — Disserialion sur la
rage, par Blegnier. — IVouveau traité de la
rage , par Troiliet. — Mémoire de la Soc. de
méd. , pag. 122. — Astruc , Mém., Montpel-
lier.— Baudot, Jouni. de la Soc. roy. de méd.
— Artuc, Recueil périodique, t. IV. — Gazelle
de ■laiilà du 11 sept. 1813. — Journal de méd.,
t. XXXIX, etc., etc.) Si j'ai mulliplié ici les
citations , c'est que je dois réfuter un pré-
jugé généralement répandu, qui ne laisse
pas que d'avoir de l'importance; le voici :
on a cru que les chaleurs de l'été et la soif
étaient les causes de la rage ; de là, on a pris
pour empêcher le mal de mauvaises mesures
propres à le produire.
Partant de cette vieille erreur populaire,
un préfet de police et un maire de village
mettent, sans réclamation, hors la loi , le
Chien déclaré propriété par nos lois ; et tan-
hole ou Chien des Indes orien-
tales, Canisiiidicus. — Il a les formes généra-
les et la taille du Dingo, mais son pelage
est d'un roux uniforme brillant, et sa
queue est moins touffue. Il vit , à l'état sau-
vage, en Orient et dans l'Afrique méridio-
nale. Les Dholes se réunissent en troupes
nombreuses pour chasser les Gazelles , ce
qu'ils font ordinairement en plein jour,
afin d'éviter autant que possible la dange-
reuse rencontre des Léopards et des Lions.
Néanmoins, quand le danger se présente,
ils le bravent intrépidement, en se défen-
dant mutuellement , et , à force de har-
celer leur ennemi par leur grand nombre,
ils le forcent presque toujours à la retraite,
et même quelquefois à leur abandonner
sa propre proie.
22° Le Quao, Canis quao Hardw., a beau-
coup d'analogie avec le Chien de Sumatra ,
mais ses oreilles sont moins arrondies , et sa
queue est plus noire. On le trouve dans les
montagnes de Ramghur, dans l'Inde, où il
paraît vivre à l'état sauvage.
23° Le Chien de Sumatra , Canis suma-
iremis Hardw., aie nez pointu , les yeux
obliques, les oreilles droites, les jambes
hautes , la queue pendante et très touffue ,
plus grosse au milieu qu'à sa base ; il est
d'un roux ferrugineux , plus clair sur le
ventre. Il vit à l'état sauvage , dans les
forêts de Sumatra. Il a beaucoup d'analo-
gie avecle Dingo, selon Rallies (Voir Trans.
Soc. linn., tom. XHI, part. 1), ainsi qu'avec
le Quao. Sa voix est plutôt un cri qu'un
aboiement , et son urine est fétide.
Ici , quoi qu'on en puisse dire, je place-
rai deux Chiens que tous les naturalistes re-
gardent comme espèces , et que je ne puis
admettre, en adoptant même leurs autres
CHI
627
opinions , que comme de simples variétés de
notre Chien domestique.
24° Le Koupara ou Chien crabier , Ca-
Jtis {liaus Linn. , Canis cancrivorus Less.,
le Cliien des bois de Cayenne de Buff., a le
pelage cendré, varié de noir en dessus, d'un
blanc-jaunàtre en dessous. Ses oreilles sont
brunes, droites, courtes, garnies de poils
jaunâtres en dedans; les côtés du cou et le
derrière des oreilles sont fauves; les tarses
et le bout de la queue noirâtres. 11 vit eu
famille dans la Guiane française, où on le
rencontre en petites troupes de sept à huit
individus , rarement plus ou moins. Il se
plaît dans les bois où coulent des rivières
peuplées d'Écrevisses et de Crabes, qu'il
sait fort bien pêcher , et dont il fait sa nour-
riture de prédilection. Quand cette ressource
vient à lui manquer , il chasse les Agoutis ,
les Pacas et autres petits Mammifères. Enfin,
faute de mieux , il se contente de fruits. Il
est peu farouche et s'apprivoise avec la plus
grande facilité. Une fois qu'il a reconnu son
maître , il s'y attache , ne le quitte plus , ne
cherche jamais à retourner à la vie sauvage,
et devient pour toujours le commensal de
la maison. Il s'accouple sans répugnance
avec les Chiens domestiques, et les métis
qu'il produit sont très estimés pour la chasse
des Agoutis et des Akouchis. Ces métis,
croisés de nouveau avec des Chiens d'Eu-
rope, produisent une race encore plus re-
cherchée pour la chasse.
25° Le Petit Koupara, Canis caviœvorus,
est probablement une variété du précédent.
Sa tête est plus grosse , son museau plus al-
longé ; son pelage est noir et fort long. Il
habite le même pays , a les mêmes habitu-
des, mais son instinct le porte à faire aux
Cabiais une guerre beaucoup plus active.
Aussi les sauvages Télèvent-ils de préfé-
rence pour la chasse de ces animaux.
**LesÉPAGNEULS. Moins grands que les Mâ-
tins ; à museau généralement moins long,
moins e£ilé vers le nez; à oreilles presque
toujours longues , larges et pendantes.
t Oreilles droites; nés assez effilé.
26° Le Chien-iioup , Canis pomeranus
Linn. , est un peu moins grand que le Bra-
que , à museau long et effilé ; oreilles droi-
tes ou pointues ; queue horizontale ou rele-
vée, enroulée en dessus; pelage court sur
628
CHI
la tête , long, soyeux , mais non frisé snr le
corps, d'un blanc jaunâtre, rarement gris
ou fauve. Il est assez attaché à son maître ,
et c'est un excellent gardien , dont le cou-
rage surpasse les forces. On le trouve dans
toute l'Europe tempérée et septentrionale.
Il en existe une sous-variété à pelage d'un
blanc de neige extrêmement long et soyeux ,
qui se trouve en Allemagne.
27" Le Chien de la Chine., Canis sinen-
»is, a la plus grande analogie avec notre
Chien-Loup ; mais il est plus grand , plus
trapu ,plus lourd, et son pelage est noir.
Le Jardin des Plantes de Paris en a eu plu-
sieurs qu'on avait amenés de Canton.
28° Le Chien des Esquimaux, Canis bo-
realis Fr. Cuv., a beaucoup d'analogie avec le
Chien-Loup. Sa queue est relevée en cercle ;
son pelage est peu fourni, très fin, ondulé,
de couleur variable , avec de grandes taches
noires ou grises. Ce Chien est extrêmement
précieux dans son pays, à cause de l'usage
auquel on l'emploie ; on en altèle deux ou
davantage à un traîneau , et , par ce moyen ,
on fait, avec la plus grande rapidité , de fort
longs voyages sur la glace ou sur la neige.
29" Le Chien de Sibérie , Canis sibiricus
Linn., se distingue des précédents par son
pelage très long sur tout le corps , d'un gris
ardoisé et cendré, ou noir avec un collier
blanc; il a l'extrémité de l'oreille un peu
courbée. On l'emploie au même service que
le précédent. On a vu , il y a quelques an-
nées, sur la route de Paris à Corbeil , un
jeune homme dans une petite calèche traî-
née par deux Chiens de Sibérie , franchir
deux ou trois fois par semaine cette distance
avec une rapidité qui ne le cède qu'à celle des
chemins de fer. Pendant que deux Chiens
tiraient, deux autres étaient placés derrière
la voiture , sur un siège à rebord ; à moitié
route , le maître les attelait à leur tour à la
voiture , et les deux premiers venaient pren-
dre leur place et se reposer sur le siège. Par
ce mode de relais , le jeune homme pouvait
fournir une fort longue route sans fatiguer
son curieux attelage.
L'Alco ou Techichi, Canis americamis
Linn. , est de la taille du Bichon , et remar-
quable par la petitesse de sa tête ; son corps
est trapu , son dos arqué , sa queue courte
et pendante, son pelage long et jaunâtre,
blanc à la queue. Il habile l'Amérique.
CFII
f -f- Oreilles grandes, pendantes , h poils longs et
soyeux ; nez moins ejjile' que dans les pre-
ce'dents.
31" L'Épagneul français, Canis exlrarius
Linn. , a les oreilles très longues , larges el
tombantes, terminées par de longs poils
soyeux. Ses jambes sont assez courtes ; son
pelage est long, soyeux, ordinairement mêlé
de blanc et de brun-marron. Il est excellent
pour la chasse de plaine et pour le marais ;
mais il craint beaucoup la chaleur, et ne
jouit de toute la finesse de son nez que le
soir et le matin ; il s'attache beaucoup à
son maître. On regarde , comme sous-va-
riété de l'Épagneul , le Comfoner des An-
glais.
32° Le Petit Épagneul, Buff., le Pyrame
de BufT., et le Cliien de Calabre. Ce sont des
animaux fort petits, peu intelligents, mais
ayantbeaucoup d'affection pour leurraaître.
Le premier ressemble tout-à-fait à un Épa-
gneul en miniature ; son pelage est blanc,
plus ou moins taché de jaune ou de brun ,
avec les oreilles d'une de ces deux couleurs.
Le Pyrame lui ressemble, mais son pelage
est moins long, moins soyeux , avec les pat-
tes de devant, les joues, le dessous des
yeux , et deux taches sur le front, d'un fauve
roux très vif. Le Chien de Calabre , le Sprin-
ger or Cocker des Anglais, ressemble au
Pyrame , mais il est plus grand. On les élève
pour les appartements. Probablement il
faut aussi ranger dans les sous-variétés dé-
générées de l'Épagneul , voisines de celles-
ci , les trois variétés suivantes.
33° Le Bichon , Canis militœus Linn., fort
petit, mais à taille leste et dégagée; à pe-
lage ordinairement d'un fauve plusou moins
grisâtre ou jaunâtre , long , hérissé partout ,
et particulièrement autour des yeux. Il est
sans intelligence , criard, généralement peu
attaché à son maître. Le Petit Griffon en
est une légère sous-variété un peu plus
grande.
34° Le Chien Ziion, Canis leoninus Linn.,
est très petit, fort remarquable par son
pelage ordinairement blanc ou jaunâtre ,
très long et très soyeux sur la partie anté-
rieure du corps , fort court sur la partie
postérieure , ce qui lui donne un peu, sous
le rapport de la crinière, l'apparence d'une
miniature de Lion.
36° Le Gredin , Buff. , Catiis brevipilii
CHI
Linn., se distingue de tous les autres par son
pelage long et soyeux aux oreilles, court et
presque lisse sur tout le reste du corps. Il
est petit et ordinairement noir.
21o Le Petit Barbet, Buff., ne diffère du
petit Épagneul que par son pelage moins
soyeux et très frise. Toutes ces petites espè-
ces sont peu intelligentes et exigent beau-
coup de propreté.
36° L'Épagaeul frisé est de la grandeur
d'un Braque de Bengale, dont il a les formes
générales ; son pelage est d'un brun choco-
lat foncé , court, frisé et bouclé sur tout le
corps, très court et très lisse sur la tète, ex-
cepté aux oreilles, où il est long et soyeux.
Il est plus commun en Allemagne qu'en
France. Il a les mêmes qualités que l'Epa-
gneul français.
37° L'Épagneul anglais, Cauis extrarius
brilannus , est comme l'Epagneul français;
mais son pelage est plus soyeux, plus long,
entièrement noir, avec une tache de fauve-
rouge vif sur chaque œil. Il a pour la chasse
les mêmes qualités, mais moins d'ardeur.
38° Le Chien anglais ou Épagneul écos-
sais, Cauis extrarius scoticus, YEnglish setter
des Anglais, diffère de l'Epagneul français
par ses formes légères, plus élancées; par
ses oreilles plus haut placées , plus petites ;
par sa queue en panache, plus recourbée et
plus relevée; enfin, par ses yeux jaunes et
son nez rose. Son pelage est constamment
blanc, avec de larges taches blondes. Il est
excellent pour la chasse en plaine, mais il
est très délicat. Ce beau Chien, introduit en
France par Charles X, l'année même de sa
déchéance, est aujourd'hui assez commun
en Normandie. Du reste , il a déjà existé
chez nous, car on le voit assez fréquemment
représenté dans les tableaux de chasse peints
du temps de François I"".
39° Le Chien terrier ou Renardier, Cauis
vulpinarius,\e Terrier des Anglais, est petit,
mais robuste et musculeux; son museau est
fort et un peu court; ses oreilles sont pe-
tites et à demi pendantes ; ses jambes assez
courtes ; son pelage est ras, brillant, noir,
avec le derrière des pattes , les joues , et
deux taches sur les yeux d'un fauve vif. Il
est courageux, hardi, entreprenant, mais
peu attaché à son maître. On l'emploie à la
chasse pour acculer le Renard dans son ter-
rier, où il pénètre assez aisément.
CHI
6'i9
40o Le Terrier griffon en est une sous-
variété à oreilles plus droites , et à poils plus
longs, plus ou moins hérissés.
ff-l- Nez comme dans tes précédents ; mais jambes
très courtes proportionnellement au corps , ce
qui fait paraître celui-ci très long; pelage lisse
ou hérisse' , jamais soyeux:
41o Le Basset à jambes droites , Catiii
vertagus Linn., a les oreilles et la tête comme
le Chien courant, mais le museau plus fin
et plus allongé ; son corps est très long, ainsi
que sa queue; ses jambes sont grosses et
fort courtes. Son pelage est ras, ordinaire-
ment brun ou noir, et, dans ce dernier cas,
l'animal est marqué de feu sur les yeux et
sur les quatre pattes. Ce Chien n'est ni at-
taché ni fidèle. On s'en sert pour la chasse
du Blaireau, du Lapin et du Levraut. La fe-
melle, si elle en a la facilité, va volon-
tiers faire ses petits dans les bois , et ne les
amène à la maison qu'au moment de les
sevrer. Il y en a une sous-variété à pelage
plus long, un peu hérissé.
42° Le Basset à jambes torses, Buff., ne
diffère du précédent que par ses proportions
moins grandes, et ses jambes de devant con-
trefaites et tordues. Quelquefois le fond de
son pelage est blanc, marqué de taches noi-
res ou d'un marron foncé. Il a les mêmes
qualités, et l'on s'en sert de la même ma-
nière. Il faut rapporter à la suite de celte
variété le Tourne-Broche, Tumspii des .an-
glais, très petit , à pelage d'un gris ardoisé
taché de noir.
43o Le Basset de Burgos est un peu plus
petit que le précédent, et à jambes torses.
Ses oreilles sont plus grandes, plus pendan-
tes; son museau plus fin et plus allongé;
ses formes moins lourdes, et son pelage, or-
dinairement d'un fauve gris de souris, est
très ras. Il est excellent pour la chasse du
Levraut.
44° Le Basset de Saint-Bomingue a été
apporté de Haïti par le docteur Ricord , an-
cien voyageur correspondant du Jardin des
Plantes. Ce naturaliste, dont la riche collec-
tion fut détruite en 1831, par l'ouragan qui
renversa de fond en comble la ville des
Cayes, à Saint-Domingue, croit que ce Bas-
set a été apporté aux Antilles, du continent
de l'Amérique espagnole, côte ferme. Comme
nos Bassets, il a le corps allongé, les jambes
630
CHI
de devant courtes, fortes, torses, et celles de
derrière arquées. La tète est assez grosse, le
museau effilé, les oreilles petites , larges, à
demi pendantes ; les yeux bleus; la queue
longue, relevée; le pelage court, lis&e, noir
en dessus, blanc en dessous, variant assez
rarement du noir au fauve ou au tacheté.
On sait que les Piats, transportés aux Antil-
les par nos vaisseaux, sont devenus un fléau
pour les colons par les dégâts qu'ils font dans
les plantations de cannes à sucre. Aussi les
planteurs élèvent-ils ce Basset avec beau-
coup de soin, et, dès l'âge d'un an, ils l'em-
ploient à donner la chasse à ces pernicieux
Rongeurs, qui se sont multipliés à l'infini.
Les jeunes Chiens sont dressés par les vieux,
qui les habituent à les suivre à la piste, à
les surprendre et à les étrangler avant qu'ils
aient eu le temps de se cacher dans leurs
trous. Parmi les échantillons très nombreux
que les galeries du Muséum doivent au zèle
de M. Ricord pour le progrés des sciences
naturelles, on remarque un de ces Bassets
qui, je crois, n'ont pas encore été décrits par
les auteurs. Voy. l'Atlas de ce Dictionnaire,
Mammifères, pi. 7 D.
tttt -^«s P'«-f court que dans les précéâenls ;
corps robuste ; jambes d'une longueur propor-
tionnée, assez fortes. Poils longs, soyeux, lai-
neux ou hérissés,
45° Le Barbet ou Caniche , Canis aquali-
cus Linn., le Large rough Water-Dog des An-
glais, le Grand Barbet de Buff., atteint quel-
quefois la grandeur d'un Malin, mais il a les
jambes plus courtes et plus fortes, et le corps
plus trapu; son museau est épais, peu al-
longé; son pelage très long, frisé et un peu
laineux, noir ou blanc, ou mêlé de ces deux
couleurs. C'est le plus fidèle et le plus in-
telligent des Chiens. Quelquefois on le dresse
à la chasse , surtout dans le nord de l'Eu-
rope, et il y est utile parce qu'il va très bien
à l'eau. Mais, en France, il ne vaut jamais
l'Épagneut et le Braque, qui ont l'odorat
beaucoup plus fin que lui.
46° Le Petit Barbet, Canis minor Linn.,
ne diffère du grand que par sa taille plus
petite, très variable, et par son pelage un
peu moins laineux et plus hérissé. Du reste,
même fidélité et même intelligence.
47° Le Barbet-GriETon ou Chien anglais,
est plus petit encore que le précédent, à poils
plus courts , plus hérissés , moins laineux, à
oreilles moins pendantes, plus petites, à
CHi
formes généralement plus légères. Il est
blanc, quelquefois taché de blond roussâlre.
Aussi attaché à son maître que le précédent,
il a moins d'intelligence, et son éducalion
est beaucoup plus difficile. Il est colère el
quelquefois criard.
48° Le Griffon, Canis arrectus , le Chien
couraniméiis de Buff., esldela taille du plus
grand Barbet, mais à formes moins lourdes.
Son pelage est rude, hérissé , peu épais, or-
dinairement d'un fauve roux ou noirâtre,
quelquefois grisâtre, rarement blanc. Je le
crois un ancien métis du Courant et du
Barbet. Il est bon à la chasse du Lièvre, mais
meilleur pour celle du Renard. Rarement il
s'attache beaucoup à son maître , et ses ma-
nières sont rudes et grossières.
49° Le Chien de Terre-Neuve , Canis
aquaiilis , n'est probablement qu'un ancien
croisement du Barbet et du Mâtin transportés
en Amérique. Il est au moins de la taille du
premier, mais plus épais; il a le museau
nu, gros et assez allongé ; les oreilles ne sont
ni très grandes ni très pendantes, mais à
poils fournis, longs et soyeux, comme celles
de l'Èpagneul ; son pelage est soyeux, très
long, onduleux, blanc avec de grandes par-
ties noires ; la queue est recourbée, relevée
en beau panache. On dit qu'il a les pieds
palmés. Il se plaît à aller dans l'eau pour en
retirer les objets qui flottent à la surface ;
mais on a beaucoup exagéré cette qualité
qui ne domine pas plus chez lui que chez le
Caniche. Cet animal est aimant, fidèle, et
susceptible d'une certaine éducation.
ff-|-|~f- Nez comme dans les précédents ; oreilles
très pendantes , larges et longues ; poils ras ;
queue mince , peu recourbée , en fouet.
50° Le Chien courant, Buff., Canis galli-
ciis , Lin., le Fox-hound des Anglais. Il a le
museau assez long; les oreilles larges , lon-
gues et pendantes ; les jambes robustes, as-
sez longues; le corps gros et allongé; la
queue mince et relevée; le pelage ras,
court, blanc mêlé de noir, ou mêlé de blanc
et de fauve jaunâtre , ou entièrement noir,
et dans ce cas il est marqué de feu aux qua-
tre pattes et sur les yeux. Il est excellent
pour la chasse du Lièvre , du Cerf, du San-
glier, mais il est brutal, égoïste, et na au-
cun attachement pour son maître. LeBeagle
des Anglais en est une sous -variété plus
petite.
CHI
51 o Le Chien courant suisse est absolu-
ment semblable au précédent , si ce n'est
qu'il est entièrement noir, à l'exception de
deux taches sur les yeux, des joues , de la
poitrine, et de l'intérieur des quatre pattes,
qui sont d'un fauve plus ou moins vif ou
jaunâtre. Il est excellent pour la chasse du
Renard et du Lièvre , mais son caractère est
farouche. Il n'obéit pas, ne s'attache à per-
sonne, et mord à la moindre contrariété. Il
ne souffre ni les caresses ni les corrections.
52° Le Iiimier, Caiiis sagax Lin., le Old-
english liound des Anglais, ressemble au Cou-
rant , mais il est plus grand, plus robuste ;
son nez est plus gros et plus grand ; ses oreil-
les sont très longues , très larges , très pen-
dantes et assez plissées ; ses lèvres sont un
peu pendantes. Il a les mêmes habitudes et
les mêmes qualités que le Courant, et s'em-
ploie comnie lui à la chasse du Lièvre et des
grandes bêtes fauves. Cependant, on ne
s'en sert guère qu'en le conduisant à la
laisse pour faire l'enceinte et découvrir le
gibier.
53° Le Chien d'arrêt, Canis avicularius
Linn., le Spanish pointer des Anglais, a les
oreilles plus courtes , moins larges et sur-
tout moins pendantes que le précédent; son
museau est un peu moins long, assez épais ;
son corps moins allongé , très musclé, ro-
buste ; la poitrine large ; les jambes plus ro-
bustes et moins longues ; le pelage blanc ,
avec des taches toujours d'un brun marron
plus ou moins foncé, et jamais noires. Il a
du courage , de l'ardeur, de l'intelligence ,
de l'attachement pour son maître, et les pas-
sions très vives. II est excellent pour la
chasse de plaine , et craint peu la chaleur;
mais, dans les marais, il est sujet à prendre
des douleurs.
54o Le "Braque à nez fendu en est une
variété qui ne le vaut pas à la chasse.
55° Le Braque, Buff., le Harrier des An-
glais, en est une sous-variété plus grande ,
plus efflanquée , beaucoup moins robuste ,
mais ayant du reste toutes ses qualités et ses
défauts.
66° Le Braque de Bengale de Buffon n'est
point le Dalmaiian ou Coach dog des An-
glais représenté parBewick [A gênerai lus-
tory of quadrupeds), qui l'a confondu , ainsi
que tous les auteurs anglais, avec notre Da-
nois. Il a les formes générales du Braque ,
CHI
631
mais ses Jambes sont plus longues ; son pe-
lage est constamment blanc, avec de grandes
taches de brun marron , et de nombreuses
mouchetures d'un brun-grisâtre. Il a sur
les yeux , et souvent sur les pattes de de-
vant , de petites taches d'un fauve plus ou
moins jaune ou rougeâtre. Il a les mêmes
qualités que le Chien d'arrêt, et ses passions
sont beaucoup moins vives.
"** Les Dogues. Ils sont quelquefois de grande
taille; leur museau est court, leur front sail-
lant, et leur tête arrondie ; leurs oreilles sont
courtes , à demi pendantes. Leur corps est
robuste.
57" Le Grand Dogue, Canis molossusLln.,
le Dogue de Buff., le M as tiff des Anglais, a
le museau noir , court; les lèvres grandes,
épaisses, pendantes et noires. Ses oreilles
sont courtes, redressées à la base ; son corps
est allongé, gros , robuste ; sa queue est re-
levée et recourbée en dessus. Il a le pelage
ras, d'un fauve ordinairement pâle, plus ou
moins ondulé de noirâtre, quelquefois avec
de grandes parties blanches. Ce Chien est
courageux , extrêmement fort, et propre au
combat quand il y a été dressé, car son |iu-
meur est assez pacifique. Il s'attache à son
maître, mais ses habitudes sont grossières et
brutales.
58o Le Dogue du Thibet diffère du pré-
cédent par sa tête plus grosse, plus arrondie;
ses lèvres plus amples et son nez plus court.
Son pelage est généralement noir, à grandes
parties plus pâles ou grisâtres , assez long,
un peu hérissé ; et sa queue , très fournie
de longs poils, forme un assez beau panache.
Son caractère et ses mœurs sont absolument
semblables.
59o Le Doguin est une sous-variété plus
petite du Dogue. Son pelage tire un peu sur
le noirâtre ; ses oreilles sont plus longues et
ses lèvres plus pendantes. Il a quelque in-
telligence pour conduire les troupeaux, mais
il est triste et brutal : aussi ne le voit-on
guère que chez les bouchers.
60° Le Boule-Dogue, Canis frieator Lin.,
le Bull-Dog des Anglais, est plus petit que
le Dogue ; il a le corps beaucoup moins long,
les pattes moins fortes , et la queue tout-à-
fait recourbée en cercle ; son museau est ex-
trêmement court, entièrement noir; son nez
est relevé, et sa tête presque ronde. Son pelage
632
CHI
f5t ras , ordinairement d'un fauve pâle et
Jaunâtre, blanc dans une variété. Il a peu
d'attachement et encore moins d'intelligence,
et son courage intrépide dégénère souvent
en férocité , surtout quand il a été dressé
pour le combat ; il devient alors véritable-
ment dangereux.
61° Le Doglau ne diffère du précédent
que par son nez fendu. Il est d'un caractère
moins farouche et s'attache davantage.
62° Le Carlin ou Mopse , Canis mopsus ,
le Pug-Doq des Anglais, est extrêmement
petit , à nez encore plus court que le Boule-
Dogue, dont il semble être la miniature; sa
léte est absolument ronde ; sa face, sans mu-
seau , est noire jusqu'aux yeux ; sa queue ,
recourbée en trompette ; ses jambes courtes,
ion corps très trapu , et son pelage d'un
jaune fauve plus foncé. Il est criard , sans
intelligence ni attachement. Il a , en outre ,
le défaut d'avoir l'haleine forte et d'une
odeur désagréable. Celte variété a été très
commune en France , il y a quarante ans ;
mais elle est très rare aujourd'hui.
630 Le Chien d'Artois n'est rien autre
chose qu'un Boule -Dogue à museau plus
court, très plat, comme celui du Carlin. Les-
son le regarde comme provenant du Pvoquet
et du Carlin , ce qui me paraît assez vrai-
semblable.
64° Le Chien d'Alicante ou de Cayenne ,
Canis Aiidalousiœ Desm.,a le museau court
du Boule-Dogue, le long poil de l'Épagneul,
et paraît venir du croisement de ces deux
espèces.
65° Le Chien d'Islande, Canis Islandicus
Linn., a beaucoup d'analogie avec le Carlin ;
mais il est plus grand, et son pelage est lisse
et long. Sa tète est ronde , ses yeux sont gros
et saillants ; ses oreilles à demi droites.
66° Le Dogue anglais , Canis anglicus
Less., est un métis du Malin et du L'ogue. Il
a les oreilles très pendantes ; son pelage est
long , tantôt fauve, tantôt blanc tacheté de
plaques brunes. Je ne connais pas cette va-
riété mentionnée par M. Lesson , et je ne
pense pas que ce soit le Ban-Dog de Bewick,
car ce dernier appartient évidemment à la
division des Mâtins, et non à celle des Do-
gues , comme on peut le voir â la page 33 ,
de A gênerai htsiory vf quadrupeds , 4^ édit.
*"** Les RotjUETS. Taille médiocre ou petite ;
oreilles petites, à demi pendantes; front
CHI
bombé; tête un peu arrondie ; museau court,
mais pointu ; poils ordinairement ras , quel-
quefois nuls.
67» Le Roquet, Canis hybridus Linn.»
est petit ; il a la tête ronde; les yeux gros,
le front bombé , les oreilles petites , presque
pendantes; la queue redressée, les jambes
petites, le pelage noir ou varié, ras. Il
est courageux, quoique faible et méprisé
par les Chiens plus grands que lui, har-
gneux, criard, mais attaché à son maître
et très fldèle.
68" Le Chien turc , Canis caruibœus ,
Canis œgyptius Linn. , Chieri de Barbarie,
se distingue de tous les autres par sa peau
presque entièrement nue, noire ou couleur
de chair , ou à taches brunes ; il a le front
très saillant; le museau pointu comme ce-
lui du Roquet, mais plus long; les oreilles
assez longues, très peu pendantes, horizor>-
taies; les membresgrêles.et un peu la forme
d'un petit Lévrier; sa queue est relevée et
recourbée, et sa taille ne dépasse pas celle
d'un grand Roquet. On l'a cru d'abord ori-
ginaire de Turquie, puis de l'Afrique, de
la Barbarie ou de l'Egypte. Ce qu'il y a de
plus certain , c'est que Christophe Colomb
le trouva en Amérique, dans les îles Lu-
cayes , lors de la découverte, en 1482, et
qu'il le retrouva, en 1494, dans l'île de Cuba,
où les habitants rélevaient pour le manger.
Les Français qui abordèrent les premiers à
la Martinique et à la Guadeloupe, en 1635,
l'y trouvèrent. Il est encore très commun à
Payta , dans le Pérou.
69" Le Chien turc à crinière, de Buffon,
n'en diffère que par sa taille plus grande,
et par une sorte de crinière étroite à poils
longs et rudes , qui commence sur le som-
met de la télé , et s'étend en bande étroite
jusqu'à la naissance de la queue. C'est un
Métis du Chien turc croisé avec un Epa-
gneul , ou une autre variété à longues soies.
Ces Chiens sont tristes , peu allachés et peu
intelligents. En vieillissant , ils deviennent
fort laids , parce que leur figure se ride et
se grime d'une manière fort désagréable.
IVous terminerons la nomenclature des
variétés par :
70° Le Chien de rue , Canis domesticus
hybridus , qui ne peut se rapporter à au-
cune des quatre races précédemment dé-
crites, parce qu'il résulte du croiseracnl
CHI
fortuit de deux ou plusieurs variétés appar-
tenant à des races différentes. Il varie de
mille manières en grandeur, en forme, en
couleur et en intelligence. Très souvent,
la femelle met bas , à la fois , des petits de
races différentes de la sienne, et qui n'ap-
partiennent pas même entre eux à la même
variété , quoique tous enfants du même
père. Ceci me paraît être une preuve de
plus de ce que j'ai avancé précédemment
sur la création des variétés.
Section II. Chiens sauvages considérés
comme espèces par les auteurs.
* Animaux de la taille des plus grands
Mâtins.
Le Loup ordinaire , Cunis Lupus Linn.,
le JFolf des Anglais , ne peut être séparé
du Chien par des caractères zoologiques ;
maison peut l'en distinguer par sa vie con-
stamment sauvage; par son pelage d'un
fauve-grisâtre ; par une raie noire qu'il a
sur les jambes dedevantquand il est adulte.
Sa queue est droite; ses yeux sont obliques,
à iris d'un jaune fauve. Sa taille varie beau-
coup , et il paraît qu'il devient d'autant plus
grand qu'il habite plus avant dans le nord.
Si l'on en croyait Gilibert, il y en aurait
dans les forêts de la Lithuanie dont la taille
ordinaire serait de cinq pieds de longueur,
non compris la queue, tandis que chez nous
il n'atteint guère que deux pieds et demi à
trois pieds , très rarement quatre. Comme
les Lièvres , les Renards et autres animaux,
son pelage devient blanc en hiver , dans le
nord ; mais on y en trouve quelquefois qui
restent constamment blancs, et ce sont pro-
bablement des variétés Albinos. Le Loup
existe dans toute l'Europe, excepté dans les
îles Britanniques où il a été détruit; il ha-
bite aussi le nord de l'Asie , de l'Amérique ,
et il est à croire qu'il a pénétré de l'ancien
continent dans le nouveau par les glaces du
Kamtschalka. Partout où il existe , il est le
fléau des bergeries et la terreur des bergers.
Il est d'une constitution très vigoureuse; il
peut faire quarante lieues dans une seule
nuit, et rester plusieurs jours sans manger.
Sa force est supérieure à celle de nos Chiens
de la plus grande race.
Le Loup n'est ni lâche ni féroce, quoi
qu'en ait dit Buffon. S'il n'est pas tourmenté
par la faim , il se relire dans les bois , y
T. m.
CHI
633
passe le jour à dormir , et n'en sort que la
nuit pour aller fureter dans la campagne.
Alors il marche avec circonspection, évitant
toute lutte inutile, fût-ce même avec des
animaux plus faibles que iui ; il fuit les
lieux voisins de l'habitation des hommes ;
sa marche est furlive, légère, au point qu'à
peine l'entend-on fouler les feuilles sèches.
Il chasse aux Mulots et autres petits Mam-
mifères , mange des Reptiles , des œufs de
Cailles et de Perdrix quand il en trouve , et
ne dédaigne pas, faute de mieux, les baies
de ronces, et surtout celles des raisins. Il
aime beaucoup les pommes et les poires ,
mais seulement quand elles sont pourries.
Il parcourt le bord des ruisseaux et des ri-
vières pour se nourrir des immondices que
les eaux rejettent sur leurs bords ; et son
odorat est d'une telle finesse, qu'il lui fait
découvrir un cadavre à près d'une lieue de
distance. Aussitôt que le crépuscule du ma-
tin commence à teindre l'horizon, il regagne
l'épaisseur des bois , et retourne assez ordi-
nairement dans la retraite qu'il a choisie
pour quelque temps. S'il en est dérangé , ou
si le jour le surprend avant qu'il y soit
rendu, sa marche devient plus insidieuse :
il se glisse derrière les haies , dans les fos-
sés, et , grâce à la finesse de sa vue , de son
ouïe, de son odorat, il parvient souvent à
gagner un buisson solitaire sans être aperçu.
Si les bergers le découvrent et lui barrent
le passage , il court à toutes jambes ; s'il est
cerné et atteint, il combat avec courage
contre les Chiens qui l'accablent par leur
nombre; il succombe et meurt, mais sans
jeter un cri.
Quand cet animal est poussé par la faim ,
il oublie cette défiance naturelle que Buffon
appelle à tort de la poltronnerie , et devient
aussi audacieux qu'intrépide , sans néan-
moins renoncer à la ruse si elle peut lui être
utile. Il se détermine alors à sortir de son
fort pendant le jour ; mais, avant de quitter
les bois, il ne manque jamais de s'arrêter
sur la lisière et d'éventer de tous côtéj.
Lorsqu'il s'est ainsi assuré qu'il n'y a pas
de danger à craindre, il parcourt la campa-
gne, s'approche d'un troupeau avec précau-
tion pour n'être pas aperçu avan t d'avoir mar-
qué sa victime , s'élance sans hésiter au mi-
lieu des Chiens et des bergers, saisit un mou-
ton, l'enlève, l'emporte avec une légèreté telle
40*
6oh
CHT
qu'il ne peut être atteint parles Chiens , et
sans montrer la moindre crainte delà pour-
suite qu'on lui fait , ni des clameurs dont on
l'accompagne. D'autres fois , et j'ai été té-
moin de ce fait, s'il a découvert un jeune
Cbien inexpérimenté dans la cour d'une
grange isolée, il s'en approche avec effron-
terie jusqu'à portée de fusil : il prend alors
différentes attitudes, fait des courbettes,
des gambades , se roule sur le dos , comme
s'il voulait jouer. Mais quand le jeune no-
vice se laisse aller à ces trompeuses amorces
et s'approche , il est aussitôt saisi, étranglé
et entraîné dans le bois voisin pour être dé-
voré. Lorsqu'un Chien de basse-cour est
de force à disputer sa vie , deux Loyps se
réunissent et savent fort bien s'entendre
pour l'attirer dans un piège. L'un se met en
embuscade et attend ; l'autre va rôder au-
tour de la ferme , se fait poursuivre par le
Mâtin , l'attire ainsi jusqu'auprès de l'em-
buscade , puis tous deux se jettent à la fois
sur le malheureux Chien , qui tombe vic-
time de son courage et de la perQdie de ses
ennemis. On a vu très souvent un Loup
affamé entrer en plein jour dans un hameau,
saisir un Chien à la porte d'une maison ,
une Oie au milieu de la rue, ou un 31outon
près de la bergerie, l'entraîner dans les bois
malgré les houras d'une population en-
tière, et même malgré les coups de fusil qui
déjà ne peuvent plus l'atteindre.
C'est surtout pendant la nuit que le Loup
affamé oublie sa prudence ordinaire pour
montrer un courage qui va jusqu'à la témé-
rité. Rencontre-t-il un voyageur accompa-
gné d'un Chien, il le suit, s'en approche peu
à peu, se jette tout-à-coup sur l'animal ef-
frayé , le saisit jusque entre les jambes de
son maître , l'emporte et disparaît. On en a
vu très souvent suivre un cavalier pendant
plusieurs heures, dans l'espérance de trou-
ver un moment propice pour étrangler le
Cheval et le dévorer. Il lui arrive même de
suivre un voyageur à pied, et cependant il
n'attaque jamais l'homme , dans les circon-
stances ordinaires ; et il a cela de commun
avec tous les animaux.
Cet animal ne vit pas solitaire, comme le
dit Buffon ; mais dans les pays très peuplés,
comme la France, où il est sans cesse pour-
chassé, il est obligé de s'isoler très souvent,
d'où il résulte que le plus ordinairement on
CHI
le rencontre seul. Il n'en est pas moins vrei
qu'il vit en famille, même chez nous, et que
dans les solitudes du nord , les Loups s'as-
semblent en troupes nombreuses, au moins
pendant l'hiver. Lorsque des neiges abon-
dantes couvrent la terre, ne trouvant plus
de nourriture dans les bois , ils descendent
ensemble des montagnes , viennent dan6 la
plaine faire des excursions jusqu'à l'entrée
des villages et des villes, et l'on dit que dans
cette circonstance, leur rencontre a été fu-
neste à plus d'un voyageur.
Si , pendant la nuit, le Loup peut se glis-
ser dans une bergerie sans être découvert,
il commence par étrangler tous les Moutons
les uns après les autres, puis il en emporte
un et le mange. Il revient en chercher un
second qu'il cache dans un hallier voisin,
puis un troisième, un quatrième, et ainsi de
suite jusqu'à ce que le jour vienne le forcer
à battre en retraite. Il les cache dans des
lieux différents et les recouvre de feuilles
sèches et de broussailles ; mais, soit oubli ,
soit défiance, il ne revient plus les chercher.
De cette habitude de tout tuer, où je vois
plus de prévoyance que de cruauté inutile ,
Buffon conclut que le Loup est d'une cruauté
inouïe, d'une indomptable lerocité. «Il aime
la chair humaine, dit-il, et, peut-être, s'il
était le plus fort, il n'en mangerait pas d'au-
tre. » La critique fait aujourd'hui justice
de toutes ces exagérations; mais il n'en est
pas moins vrai que quelquefois des Louves
affamées, à l'époque où elles ont des petits,
se sont jetées sur des enfants, des femmes,
et même des hommes; les annales de plu-
sieurs de nos départements en font foi.
Fr. Cuvier a donné l'histoire de deux
Loups qui vivaient à la ménagerie, et qui
ont montré pour leur maître un attache-
ment aussi gfand, aussi passionné qu'aucun
Chien ait pu l'éprouver. L'un d'eux , ayani
été pris fort jeune, fut élevé de la même ma-
nière qu'un Chien , et devint familier avec
toutes les personnes de la maison ; mais il
ne s'attacha d'une affection très vive qu'à
son maître. Il lui montrait la soumission la
plus entière , le caressait avec tendresse ,
obéissait à sa voix, et le suivait en tous lieux.
Celui-ci, obligé de s'absenter, en fit présent
à la ménagerie, et l'animal souffrit de celte
absence, au point qu'on craignit de le voir
mourir de chagrin. Pourtant , après plu-
CHI
sieurs semaines passées dans la tristesse et
presque sans prendre de nourriture, il re-
prit son appétit ordinaire , et l'on crut qu'il
avait oublié son ancienne affection. Au bout
de IS mois son maître revint au Jardin des
Pliintes, et, perdu dans la foule des specta-
teurs, il s'avisa d'appeler l'animal. Le Loup
ne pouvait le voir, mais il le reconnut à la
voix, et aussitôt ses cris et ses mouvements
désordonnés annoncèrent sa joie. On ouvrit
sa loge : il se jeta sur son ancien ami et le
couvrit de caresses, comme aurait pu le faire
le Chien le plus fidèle et le plus attaché.
Malheureusement il fallut encore se séparer,
et il en résulta pour ce pauvre animal une
maladie de langueur plus longue que la
première. Trois ans s'écoulèrent : le Loup,
redevenu gai, vivait en très bonne intelli-
gence avec un Chien, son compagnon, et ca-
ressait ses gardiens. Son maître revint en-
core; c'était le soir, et la ménagerie était
fermée. Il l'entend, le reconnaît, lui répond
par ses hurlements, et fait un tel tapage,
qu'on est obligé d'ouvrir. Aussitôt l'animal
redouble ses cris, se précipite vers son ami ,
lui pose les pattes sur les épaules, le caresse,
lui lèche la figure, et menace de ses formi-
dables dents ses propres gardiens qui veu-
lent s'interposer. Enfin, il fallut bien se quit-
ter. Le Loup, triste, immobile, refusa toute
nourriture ; une profonde mélancolie le fit
tomber malade; il maigrit, ses poils se hé-
rissèrent, se ternirent; au boutdehuit jours
il était méconnaissable, et l'on ne douta pas
qu'il ne mourût. Cependant, à force de bons
traitements etdesoinson parvint à lui conser-
ver la vie ; mais U n'a jamais voulu depuis ni
caresser ni souffrir les caresses de personne.
Que l'on compare cet animal avec nos fé-
roces Dogues de combat, et, en l'absence de
tous caractères anatomiques différentiels ,
qu'on décide s'il est ou non de l'espèce du
Chien. En outre, le Loup est également apte
à recevoir l'éducation du Chien. « En Orient,
et surtout en Perse, dit Chardin, on fait ser-
vir des Loups à des spectacles pour le peu-
ple; on les exerce de jeunesse à la danse,
ou plutôt à une espèce de lutte contre un
grand nombre d'hommes. On achète jusqu'à
500 écus un Loup bien dressé à la danse. »
Intéressé par système à séparer le Loup
de l'espèce du Chien , Buffon a dit que la
Louve porte l.rois mois et demi ; or, dans la
CHI
635
ménagerie, où ces animaux font des petits
tous les ans, la gestation n'a jamais été que
de deux mois et quelques jours. Le Loup,,
qui est 2 ou 3 ans à croître, vit 15 à 20 ans.
La femelle met bas , du mois de décembre
au mois de mars , de 6 à 9 petits , jamais
moins de trois, qui naissent lès yeux fermés.
Il existe entre le Chien domestique et le
Loup une antipathie et une haine que Buffon
croyait constitutionnelles, mais que les croi-
sements faits à la ménagerie ont prouvé ve-
nir d'une autre cause, et cette cause la voici :
le Chien domestique , à l'instigation de
l'homme , a déclaré une guerre implacable
au Loup ; il le harcèle, le poursuit, le com-
bat dans toutes les occasions, et cette lutte
journalière et incessante a dû nécessaire-
ment amener une haine atroce entre les
deux races, haine qui est devenue hérédi-
taire et instinctive.
Le TSCHERNO-BUROÏ OU LOUP NOIR , Ca-
nis lycaon Linn., poulpes nigra Gesn. ,
confondu par Gmelin avec le Canis argenta-
tus de Pennant, n'est probablement qu'une
variété du précédent ; il est de même gran-
deur, mais ses formes sont plus légères,
plus élancées , et sa couleur est d'un noir
profond et uniforme. Il habile principale-
ment la Russie et le nord de l'Europe , et ,
s'il n'y a pas confusion dans son histoire,
on le trouve accidentellement dans les hau-
tes montagnes de la France. G. Cuvier dit
en avoir vu quatre tués dans nos départe-
ments, et , depuis , la ménagerie en a pos-
sédé deux amenés des Pyrénées. On en a
aussi rencontré dans le Canada. On dit cet
animal beaucoup plus féroce que le Loup
ordinaire ; mais je ne connais aucun fait au-
thentique sur lequel on puisse appuyer cette
opinion.
Maintenant je pose cette question : le
Loup noir du nord de l'Europe et du Canada,
en un mot, le Canis lycaon de Linné , est-il
bien le même que le Loup noir qu'on trouve
en France? S'il n'est pas le même, je pense
qu'on peut le conserver dans les Catalogues
comme espèce à la manière des naturalis-
tes ; s'il est le même, non seulement ce n'est
pas une espèce, mais ce n'est pas même
une variété constante du Loup ordinaire ;
c'est tout simplement un individu attaqué
de mélanisme, comme on en voit dans
beaucoup d'autres espèces d'animaux. Pu-
636
CHI
ma, Léopard , Jaguar, etc. , comme on en voit
aussi d'autres attaqués d'albinisme. Je fonde
mon opinion sur ce fait, dont j'ai été té-
moin, et qui a été consigné par Fr. Cu-
vier. Il y a plusieurs années , deux Loups
noirs , pris dans les Pyrénées , furent ap-
portés à la ménagerie de Paris, s'y accouplè-
rent, et produisirent chaque année des pe-
tits. Or, ces petits ne se ressemblaient pas,
même quant à la couleur. Pas un n'était
entièrement noir, et chez plusieurs le noir
avait entièrement disparu pour passer au
gris plus ou moins brun , ou plus ou moins
fauve et jaunâtre. Ils avaient même perdu
cette légèreté de forme si remarquable
dans leurs parents. De ce fait , unique
dans l'histoire des Mammifères si ces Loups
eussent constitué une espèce , Fr. Cuvier
conclutque ces Loupsnoirsdes Pyrénéesn'é-
taient rien autre chose que des Métis de quel-
ques uns de nos Chiens domestiques avec
une Louve ; et, s'appuyant surdes récits po-
pulaires qui ne méritent aucune croyance,
il dit qu'il n'est pas rare de voir de tels ac-
couplements dans les pays de forêts. Quand
même ce que dit Fr. Cuvier serait vrai ,
cela n'expliquerait ni la couleur noire de
ces animaux , ni la différence de couleur de
leurs petits (car. les variétés de Chiens se
transmettent pures par la génération), ni la
férocité de ces petits , etc. Mais je ne crois
pas à l'accouplement d'un Chien , dans les
furets, avec une Louve ; je crois encore moins
qu'un Chien , qui apporte avec lui , dès sa
naissance, une haine et une frayeur instinc-
tives du Loup , puisse s'approcher d'une
Louve autrement que pour la combattre et
la terrasser. Il est donc probable que ces
Loups, pris en France à de longs interval-
les, et n'y paraissant qu'accidentellement ,
d'après ceque dit Georges Cuvier, ne sont que
des Loups ordinaires attaqués de méla-
nisme, et , tout naturellement aussi , leurs
petits devaient retourner plus ou moins à
leur type primitif, au Loup ordinaire, parce
que le mélanisme et l'albinisme sont des
maladies qui ne se transmettent que fort ra-
rement par la génération , et jamais dans
toute leur intensité.
On doit donc conclure de tout cela,
comme penchait à le faire Fr. Cuvier, que
nos Loups noirs de France ne constituent
pas une espèce ; mais non pas. comme le
CHI
croyait le même auteur, que ces animaux
forment une race métive.
Le Loup odokant , Canis nuhilm Saj
( Major long's expedii. ) est plus grand
que notre Loup ordinaire, auquel il
ressemble. Son pelage est obscur et pom-
melé à sa partie supérieure , et le gris
domine sur ses flancs; mais ce qui le
distingue plus particulièrement de ses
congénères , c'est l'odeur forte et fétide
qu'il exhale. Cet animal robuste, d'un as-
pect redoutable, habite les immenses plai-
nes du Missouri, dans l'Amérique septen-
trionale. Il a les mêmes mœurs que notre
Loup, mais avec les modifications qu'a-
mène forcément la vie du désert. Dans ces
vastes solitudes, il ne se trouve que rare-
ment en présence de l'homme : aussi n'a-t-il
pas appris à le craindre. Il vit en troupes
nombreuses, chasse les Daims et autres
animaux ruminants, et ose assaillir le Bisou
quand il le trouve écarté de son troupeau.
Les sauvages qui peuplent le pied des mon-
tagnes rocheuses et les bords de l'Arkansas
redoutent cet animal ; et quand ils sont
parvenus à en tuer un , ils se font un tro-
phée de sa dépouille, qu'ils portenten forme
de manteau, avec la peau de la tête pen-
dante sur leur poitrine.
Le Loup des prairies, Canis lalrans Harl,
le Prairie's IVolf de Say , se trouve
dans les mêmes contrées que le Loup odo-
rant, et a les mêmes habitudes; cepen-
dant il paraît un peu moins carnassier, car
il se nourrit souvent de baies et autres
fruits. Son pelage est d'un griscendré, varié
de noir et de fauve cannelle terne. Il a sur
le dos une ligne de poils un peu plus longs
que les autres , lui formant comme une
sorte de crinière courte; ses parties infé-
rieures sont plus pâles que les supérieures,
et sa queue est droite. Comme tous les
Chiens sauvages que les nombreuses popu-
lations des pays civilisés n'ont pas forcés à
s'éparpiller, le Loup des prairies vit en
troupes composées quelquefois de plus de
cinquante individus associés pour la chasse,
l'attaque et la défense, aguerris, soumis à
une sorte de tactique régulière. Ils poursui-
vent les Daims , les Cerfs, les Argalis, les
forcent ou les surprennent, et les dévorent
en commun.
I L'Agouara-gouazou ou Paraépaca. le
CHI
I^up rouge de Cuvier, Canis JHbaiits , est de
la taille de nos plus grands Loups. Sa cou-
leur générale est d'un roux cannelle foncé
sur les parties supérieures , plus pâle en
dessous, presque blanc à la queue et dans
l'intérieur des oreilles ; il a le pied , le mu-
seau et le bout de la queue noirs; une
courte crinière noire part de la nuque et
s'étend jusque derrière l'épaule, quelque-
fois tout le long du dos. Celte espèce , si
l'on s'en rapporte à d'Azara, n'est pas rare
dans les Pampas de la Plata, où il habite
exclusivement les esters, ou lieux maréca-
geux et inondés sur les bords des rivières.
Contre les habitudes des autres Chiens, sa
vie est solitaire ; il ne sort de sa retraite que
la nuit, pour aller à la recherche des ani-
maux aquatiques qu'il poursuit à la nage
avec une grande facilité; il se nourrit non seu-
lement de sa chasse , mais encore de fruits,
et d'Azara en a possédé un qui mangeait
jusqu'à des oranges. Il paraît néanmoins
qu'il préfère à tout, les Oiseaux, leurs œufs,
les Rats , les Reptiles , et les cannes à sucre.
Comme il est aussi agile coureur que bon
nageur, il fait quelquefois la chasse aux
Cerfs ; mais ce n'est que très rarement, et
poussé par une faim extrême, qu'il attaque
le gros bétail, et son courage alors ne le cède
pas à sa force. En esclavage, il grogne et
aboie comme un Chien domestique , mais
avec plus de force et de confusion , dit l'au-
teur cité plus haut; il paraît qu'il s'appri-
voise fort bien, et qu'on peut même le dres-
ser à la chasse. Dans le courant de mai,
époque de ses amours , ce Loup fait retentir
les Pampas de ses hurlements qui s'enten-
dent de très loin , et qui ont un son lugubre
etclTrayant; il répète plusieurs fois de suite,
et en les traînant, les sons goua-a-a, goua-a-a.
La femelle , qui ressemble lout-à-fait au
mâle, a six mamelles, et fait, à chaque
portée , trois ou quatre petits, qu'elle met
bas vers le mois d'août , et qui la suivent à
la chasse aussitôt qu'ils peuvent marcher.
Le nom d'Agouara-gouazou , que porte cet
animal, signifie, en langage guaranis , grand
Renard , u4gouara , Renard ; gouazou ,
grand.
Le Loup du Mexique , Canis viexicanus
Linn. , n'est guère moins grand que notre
Loup ordinaire. Son pelage est d'un gris
roussàtre , mélangé de taches fauves , mar-
CHI
637
que de plusieurs bandes noirâtres qui s'é-
tendent de chaque côté du corps , depuis la
ligne dorsale jusqu'aux flancs ; le tour du
museau , le dessous du corps et les pieds
sont blanchâtres. Ce Chien habite les parties
chaudes de la Nouvelle-Espagne, et paraît
beaucoup moins farouche que le précédent.
Le Loup de Java , Canis javanensis Fr.
Cuv. , ne m'est connu que par un article de
Fr. Cuvier, inséré dans le Diction, des Se.
nat. Il ressemble beaucoup au Loup ordi-
naire pour la taille et pour les formes ; mais
ses oreilles sont plus petites, et son pelage
est d'un brun fauve , noirâtre sur le dos , à
la queue et aux pattes; il a été trouvé à
Java par Leschenault.
** Animaux ne dépassant guère la taille
de notre Renard.
Le Culpeu, Molin. , Canis antarclicus
Shaw. , est un peu plus grand que le Jackal.
Son pelage est d'un gris roussàtre; ses jam-
bes sont fauves; sa queue, rousse à son
origine , est noire au milieu et terminée par
du blanc. Il habite le Chili et l'ile Falkland ,
l'une des Malouines, où il a été trouvé par
le capitaine Freycinet, et précédemment par
le Commodore Byron et par Bougainville.
Cet animal a une vie solitaire et misérable,
qu'il passe en grande partie dans un trou
qu'il se creuse dans les dunes, sur les bords
de la mer et des fleuves. Toujours maigre ,
sans cesse affamé , il se nourrit des Lapins
et du gibier qu'il peut saisir à force de ruse
et de patience. Comme on n'a pas observe
si sa pupille est diurne ou nocturne, on
n'est pas certain s'il appartient au Chien ou
au Renard. Le terrier qu'il se creuse ferait
croire que peut-être il appartient au genre
de ce dernier; mais comme Bougainville
dit l'avoir entendu aboyer de la même ma-
nière que les Chiens ordinaires , et que Mo-
lina avance la même chose, j'ai cru devoir
le laisser provisoirement avec eux jusqu'à ce
qu'on ait de plus amples renseignements.
C'est sur la foi de Molina que j'ai réuni
le Canis culpœus du Chili au Canis anlarcli-
cus'ân Pennant, quoique la description de
Molina ne convienne pas rigoureusement
au Chien antarctique, qui a le bout de la
queue blanc. Voici cette description du
Culpeu : Canis caudâ rcciA elougatâ, apice
concolore lœvi. Quant au reste, et surtout
638
CHI
sous le rapport de la taille , ils se ressem-
blent assez : il en est de même pour les
mœurs , car Molina , sur cet objet , renvoie
à ce que dit le commodore Byron , du Chien
des îles Malouines. Or, Molina écrivait son
histoire naturelle du Chili dans le Chili
même, et il connaissait parfaitement le
Culpeu , qui paraît y être commun. Après
avoir dit qu'il creuse son terrier dans les
campagnes, comme le Renard , et qu'il se
nourrit de petits animaux, il ajoute : «Lors-
que le Culpeu aperçoit un homme de loin, il
marche tout droit à lui, en s'arrètant de
distance en distance pour le considérer at-
tentivement. Si l'homme ne fait aucun mou-
vement, l'animal reste quelques minutes à
le regarder, puis, sans montrer les moin-
dres intentions hostiles, il se retourne tran-
quillement et s'en va. J'ai rencontré plu-
sieurs fois de ces animaux dans les bois , et
toutes les fois ils m'ont fait la même ma-
nœuvre. Dans le pays , chacun les connaît
et ne les craint pas. Cette singulière curio-
sité des Culpeus les expose tous les jours
aux coups de fusil des chasseurs , et c'est
pour celte raison que cet animal, aussi fé-
cond que le Renard , est moins commun
que lui au Chili. »
LeCoRSAc ouAdive, Canis corsac Linn.
Le Nougs-hari du Malabar , le Chien du
Bengale de Pennant, est beaucoup plus pe-
tit que le Renard , et ne dépasse pas la
grandeur d'un Chat. Ce joli animal , au-
jourd'hui si peu connu en France qu'on va
le voir à la ménagerie comme une curiosité,
a été néanmoins fort commun à Paris sous
le règne de Charles IX, parce qu'il était de
mode chez les dames de la cour d'en avoir
au lieu de petits Chiens ; elles les désignaient
sous le nom d'Adive , et les faisaient venir
à grands frais de l'Asie. Le Corsac a le pelage
d'un gris fauve uniforme en dessus , d'un
blanc jaunâtre en dessous ; les membres
sont fauves ; la queue est très longue , tou-
chant à terre, et noire au bout. Il a de
chaque coté de la tète une raie brune qui
va de l'œil au museau.
Il habite les déserts de la Tatarie , et se
retrouve dans l'Inde , où il a été souvent
confondu avec le Jackal. LesCorsacs vivent
en troupes , non dans les bois , mais dans
les steppes déserts et couverts de bruyères,
où sans cesse ils sont occupés à chasser les
CHI
Oiseaux , les Rats , les Lièvres et autres pe-
tits animaux. Pendant la nuit, ils font en-
tendre leur voix , moins glapissante que
celle des Jackals , mais tout aussi désagréa-
ble. Ils s'accouplent au mois de mars; la
femelle porte autan t de jours que la Chienne,
et met bas en mai ou en juin , de six à huit
petits qu'elle allaite pendant cinq à six se-
maines. Ces animaux n'ont pas moins de
finesse que le Renard pour s'emparer de
leur proie , consistant quelquefois en nids
de Canards et autres oiseaux , dont ils man-
gent les œufs et les petits après avoir surpris
la mère. On dit que le Corsac ne boit pas ;
mais , nonobstant l'affirmation de G. Cu-
vier , il est permis de douter de ce fait, qui
serait une étrange anomalie dans le genre
Chien.
Le Karagan, Canis caragan Pall.-Gmel.,
est très probablement l'animal que Buffon
a décrit sous le nom d'Isatis, le prenant pour
l'Isatis de Gmelin. D'autres naturalistes veu-
lent que le Karagan soit le même animal que
le Corsac ; mais comme il en diffère par la
taille et la couleur, et, en outre, qu'il en a
été distingué par les Tartares Kirghis eux-
mêmes ; que ces Tartares font un commerce
immense de la peau de ces deux animaux ;
qu'ils s'occupent presque exclusivement â
leur faire la chasse, et qu'il était d'un haut
intérêt pour eux de savoir s'ils sont réelle-
ment distincts , il me semble qu'on est
suffisamment autorisé à les distinguer. D'ail-
leurs, le docteur Tilesius [IVova acia physio-
medic. acad. nat. car. , 1823) distingue par-
faitement le Karagan de Pallas de l'Isatis,
mais sans donner de détails sur cet animal.
Le Karagan, donc , est un peu plus grand
que le Corsac ; son pelage est d'un gris cen-
dré en dessus , d'un fauve pâle en dessous.
Il est excessivement commun dans les vastes
solitudes de la Tatarie , et principalement
sur les bords de l'Oural, où il vit de la même
manière que le Corsac. Les chasseurs kir-
ghis lui font une guerre incessante pour
s'emparer de sa fourrure , qui est assez es-
timée , et ils apportent annuellement à
Orenbourg jusqu'à 50,000 peaux de ces ani-
maux.
Le Kenlie ou Tenlie , Canis mesomelas
Erxl., le Jackal du Cap des voyageurs, le
Chacal à dos noir de quelques naturalistes,
porte sur le dos une plaque triangulaire d'un
CHI
gris-noirâtre onde de blanc , large sur les
épaules , et Gnissant en pointe vers la base
de la queue ; ses flancs sont roux, sa poitrine
et son ventre blancs ; sa tête est d'un cendré
jaunâtre, son museau roux, ainsi que ses
pattes; sa queue , qui descend presque jus-
qu'à terre, a, sur son tiers supérieur, deux
ou trois anneaux noirs ainsi que son extré-
taité. Il paraît , si l'on s'en rapporte au peu
que les voyageurs nous ont appris sur ses
mœurs, qu'il a les mêmes habitudes que le
Jackal.
L'Anthus, Canis anthus, Fr. Cuv., le Cha-
cal du Sénégal des voyageurs, n'est bien cer-
tainement, comme le dit 31. Is. Geoffroy,
qu'une très légère variété du Jackal, quoique
Fr. Cuvier l'ait érigé en espèce. Il en diffère
par son odeur un peu moins forte. Son pe-
lage est gris , parsemé de quelques taches
jaunâtres en dessus, blanchâtres en dessous ;
sa queue est fauve, avec une ligne longitu-
dinale noire à sa base, et quelques poils noirs
à sa pointe. Ses mœurs sont absolument les
mêmes, et voici un fait qui confirme encore
mon opinion. Une femelle de cette espèce
vivait à la ménagerie ; on mit avec elle, dans
la même cage, un Jackal mâle de l'Inde, et
ils ne montrèrent aucune répugnance l'un
pour l'autre , ce qui n'arrive pas aux ani-
maux d'espèces différentes , quoique très
rapprochées. Le 2G décembre ils s'accouplè-
rent, et le J" mars suivant la femelle mit
bas cinq petits , qui eurent les yeux fermés
pendant dix jours. Deux seulement ont vécu,
et lorsqu'ils furent adultes, l'un était farou-
che , méchant , indomptable ; l'autre fort
doux et caressant. Cette différence de carac-
tère est un fait très remarquable : il prouve
que chez les animaux comme chez l'homme,
il y a, outre le caractère général de l'espèce,
un instinct, un caractère individuel qui peut
rendre deux individus très différents dans
leurs mœurs et leurs habitudes. C'est à quoi
Buffon n'avait pas assez réfléchi quand il
s'est fondé, pour séparer le Loup de l'espèce
du Chien, sur le caractère farouche du pre-
mier et sur le caractère affectueux du se-
cond.
Le JACKAI , SCHARAL OU TSCHAKKAL , Ca-
^ nis aureus Lin. ; Canis barbants? Shaw. ; le
Chacal OU Loup doré , G. Cuv. ; le Thos de
Pline, le TTîoëç d'Aristote , le Gôla des In-
dma . le IVari de Coromandel . le Tura de
CHI
639
Géorgie, le Mebhia d'Abyssinie , V^divù ou
Adibe des Portugais de l'Inde, le Dah ou Dib
des Rarbarcsqucs, le Tf^uuï des Arabes, a le
pelage d'un gris jaunâtre en dessus , blan-
châtre en dessous, en général d'une couleur
plus foncée que celle de VAnitius. Sa queue,
assez grêle et noire à l'extrémité, ne lui des-
cend qu'aux talons. Il exhale une odeur
forte et désagréable. Sa taille est à peu près
celle du Renard ; mais il est un peu plus
haut sur jambes , et sa tète ressemble à
celle du Loup. On le trouve dans toute l'A-
frique, si, comme je le crois, V Anthus en est
une variété ; en Asie, depuis la Turquie jus-
que dans l'Inde, et en Morée. Il varie beau-
coup en raison des contrées qu'il habite , et
nous mentionnerons ici ses principales varié-
tés , d'après un excellent travail de M. Is.
Geoffroy.
lo Le Jackal du Caucase, que nous ve-
nons de décrire. Tilesius le regarde comme
une espèce particulière , qu'il croit être le
type de notre Chien domestique [Histoire
natur. de l'Isatis , du Chacal du Caucase et
du Corsac).
2° Le Jackal de l'Inde.
3" Le Jackal de N'ubie, Canis variegatus,
de l'Atlas de Ruppel.
4° Le Jackal d'Alger. Celui-ci est un peu
plus grand que les autres, et son pelage plus
rude. Les parties supérieures sont assez abon-
damment variées de noir, surtout à la croupe
et à l'extrémité de la queue ; le dessous est
d'un fauve clair ; il a, sur le devant des jam-
bes de devant, une ligne noire interrompue.
Il se prive fort bien, et plusieurs de nos of-
Gciers en promènent à l'attache dans les rues
d'Alger.
5° Le Jackal de Morée , le seul que pos-
sède l'Europe, et qui était resté inconnu
avant notre expédition de Morée.
6» Enfin l'Anthus , de Fr. Cuvier.
Guldenstaedt, Tilesius, et d'autres natura-
listes , pensent que le Jackal est le type de
notre Chien domestique, et ils apportent de
fort bonnes raisons à l'appui de leur opi-
nion ; mais je n'en reste pas moins convaincu
que le Jackal n'a fait que contribuer pour
une part à l'existence des nombreuses varié-
tés du Chien domestique , et que toutes les
autres variétés sauvages de ce genre y ont
également contribué. Quoi qu'il en soit, le
Jackal produit très bien avec le Chien do-
6i0
CHI
mestique, comme on le voit tous les jours
chez les Kalmouks , et comme on l'a vu il y
a peu d'années à Constanlinople. Les anciens
racontaient que le Lion, lorsqu'il allait à la
chasse, était conduit par un petit animal qui
lui découvrait sa proie. Le roi des forets,
après l'avoir atteinte et terrassée, ne man-
quait jamais d'en laisser une portion pour
son guide, qui l'attendait à l'écart, et qui
n'osait en approcher que lorsque le Lion s'é-
tait retiré. Les anciens nomment cet ani-
mal, dans leurs ouvrages, le Pounoneur du
Lion. Or, les naturalistes du dernier siècle,
prenant la chose au sérieux , se sont escri-
més pour savoir si ce pourvoyeur du Lion
était le T/zos d'Aristote ou un autre animal,
et il en est résulté une polémique aussi sou-
verainement ridicule que souverainement
inutile. Lesi.recs ne savaient pas mieux que
nous ce qu'était ce guide complaisant ; car ils
avaient tiré ce conte d'une jolie fable in-
dienne de Pilpai , et voici celte fable. « On
demandait un jour à ce petit animal qui
marche toujours devant le Lion pour faire
partir le gibier : — Pourquoi l'e.s-tu consa-
cré ainsi au service du Lion? — C'est parce
que je me nourris des restes de sa table. —
Mais par quels motifs ne l'approches-tu ja-
mais? tu jouirais de son amitié et de sa re-
connaissance. — Oui, mais c'est un grand :
s'il allait se mettre en colère ! » Aujourd'hui
l'on ne discute pi us sur des apologues, et l'on
sait que le Lion n'a pas besoin d'un autre
pourvoyeur que lui-même.
Les Jackals vivent en troupes d'une tren-
taine d'individus au moins , et quelquefois
de plus de cent, particulièrement dans les
vastes solitudes de l'Afrique et de l'Inde.
Quoique ces animaux n'aient pas la pupille
nocturne , ils dorment le jour, et la nuit ils
parcourent la campagne pour chercher leur
proie tous ensemble , et, pour ne pas trop
se disperser, ils font continuellement reten-
tir la campagne d'un cri lugubre ayant quel-
que analogie avec les hurlements d'un Loup
et les aboiements d'un Chien. On pourrait
en donner une idée en prononçant lentement
et sur un ton très aigu les syllabes Oua....,
oua..., oua. Ils sont alors tellement auda-
cieux qu'ils s'approchent des habitations, et
entrent dans les maisons qui se trouvent
ouvertes. Dans ce cas ils se jettent sur
tous les aliments qu'ils rencontrent , et ne
CHI
manquent jamais d'emporter ceux qu'ils ne
peuvent dévorer à l'instant. Toutes les ma-
tières animales conviennent également à
leur voracité , et ils attaquent , faute de
mieux, les vieux cuirs, les souliers, les har-
nais des chevaux , et jusqu'aux couvertures
de peaux des malles et des coffres. Comme
les Hyènes, ils vont rendre visite aux cime-
tières mal clos et mal gardés des musulmans,
déterrent les cadavres et les dévorent. Aussi,
pour mettre les morts à l'abri de ces ani-
maux, est-on obligé parfois de mêler à la
terre dont on les recouvre de grosses pierres
et des épines. Si une caravane ou un corps
d'armée se mettent en route, ils sont aussi-
tôt suivis par une légion de Jackals , qui ,
chaque nuit, viennent aussitôt rôder autour
des campements et des lentes , en poussant
des hurlements si nombreux et si retentis-
sants, qu'il serait impossible à un voyageur
européen de s'y accoutumer au point de pou-
voir dormir. Après le départ de la caravane,
ils envahissent aussitôt le terrain du cam-
pement, et dévorent avec avidité tout ce
qu'ils trouvent de débris des repas , les im-
mondices, et jusqu'aux excréments des hom-
mes et des animaux.
Lorsqu'une troupe de Jackals se trouve
inopinément en présence d'un homme , ces
animaux s'arrêtent brusquement, le regar-
dent quelques instants avec une sorte d'ef-
fronterie qui dénote peu de crainte , puis ils
continuent leur route sans trop se presser,
à moins que quelques coups de fusil ne
viennent leur faire hâter le pas.
Quoique se nourrissant de charognes et
de toutes sortes de voiries, quand ils en ren-
contrent, ils ne s'occupent pas moins de
chasser chaque nuit, et quelquefois en plein
jour, tous les animaux dont ils croient pou-
voir s'emparer ; mais néanmoins c'est aux
Gazelles etauxAntilopesqu'ils font la guerre
la plus cruelle. Ils les chassent avec autant
d'ordre que la meule la mieux dressée, et
joignent à la finesse du nez et au courage du
Chien , la ruse du Picnard et la perfidie du
Loup. On a dit qu ils poussent quelquefois
la hardiesse jusqu'à se jeler sur les enfants
et sur les femmes ; mais ceci est une exagé-
ration , qui n'est appuyée , à ma connais-
sance, sur aucune observation positive. Il
est plus certain qu'ils osent, quoique très
rarement , et seulement quand ils sont en
CHI
^-rand nombre , attaquer des Bœufs et des
Chevaux.
Le voyageur Delon rapporte que, dans le
Levaiit.on élève des Jackals dans les mai-
sons ; mais il ne dit rien sur leurs habitudes
qui, du reste, doivent être assez douces, du
moins si l'on en juge par les Jackals qui vi-
vent à la ménagerie. Ces derniers sont doux,
aiTectucux , caressants , mais capricieux , et
passant quelquefois, sans motif apparent ,
du plaisir à la colère. Leur accouplement ,
la gestation , et toutes les circonstances de
l'allaitement et du développement des petits,
ne différent en rien de ceux du Chien.
2-^^ Genre.
Kenai'ds. f^'uipes.
Ces animaux diffèrent de ceux du genre
précédent par leur système dentaire. Leurs
incisives supérieures sont moins échancrées,
ou même rectiiignes sur leur bord horizon-
tal; leurs rangées dentaires, au lieu d'être
continues, ont les trois premières molaires
séparées, ne se touchant pas, et il reste
.surtout un large intervalle entre la canine
et la première molaire. Leur pupille est noc-
turne , allongée verticalement; leur queue
est plus longue , plus touffue ; leur museau
est plus conique et plus pointu, et ils exha-
lent en général une odeur fétide. Du reste ,
ils ont les pieds comme les Chiens, c'est-à-
dire cinq doigts aux pieds de devant et quatre
à ceux de derrière.
Les P»enards , quoique aussi forts que les
Jackals, n'osent pas attaquer des animaux
qui pourraient leur résister, et ils se bor-
nent à vivre de Rats, de Lièvres, de Lapins,
el autres petits Mammifères , d'Oiseaux , de
Reptiles, et même d'Insectes et de fruits en
baies quand ils ne trouvent pas mieux. Ils
aiment particulièrement les raisins. Jamais
ils ne touchent au cadavre d'un animal mort,
ni à aucune autre voirie , à moins qu'ils ne
soient pressés par une faim extrême ; comme
aux Chats, il leur faut une proie vivante.
S'ils ont moins de courage que les Chiens ,
en récompense ils ont plus de finesse, et
leurs ruses sont célèbres depuis la plus
haute antiquité. Us ne chassent que la nuit,
et le jour ils dorment dans des terriers qu'ils
tavent se creuser avec assez d'art. Leur vie
est solitaire, et ce n'est même que rarement
T. ui.
CHI
6^1
et pour peu de temps que le mâle habile le
même lieu que la femelle. Néanmoins, ils
aiment assez à rapprocher leurs terriers les
uns des autres , et ils se mettent volontiers
deux ensemble pour chasser le même Lièvre.
Ces animaux n'aboient ni ne hurlent, mais
(jlapissent. Us sont moins répandus sur le
globe que le Chien , et l'on n'en a encore
trouvé ni dans la Nouvelle-Hollande, ni dans
les îles des archipels indiens.
Section I. Renards de l'ancien continent.
Le Renard ordinaire , poulpes vidgaris,
Canis vulpcs Lin., le Renard, Duff. , le
Fitchs des Allemands , le Fox des An-
glais , le R'af des Suédois , le Zorra des
Espagnols, le Lis des Polonais, le Liça des
Russes , le Tille des Turcs et des Persans ,
le Taâleb ou Doren des Arabes , et enfin
le Nori des Indous. Il est d'un fauve plus
ou moins roux en dessus, blanc en dessous;
le derrière de ses oreilles est noir ; sa queue
est touffue, terminée par un bouquet de
poils blancs. Je regarde comme simples va-
riétés de celui-ci les Renards suivants :
1° Le Renard charbonnier, Canii alopex
Lin., lîrand-Iiaf des Suédois , \e Koldfuclu
des Suisses , n'en différant que par le bout
de sa queue qui est noir, ainsi que quelques
poils de son dos, son poitrail, et le devant
de ses pattes de devant. Steinmuller pense
que ce n'est que le jeune âge du Renard or-
dinaire ; quant à moi, je le regarde comme
une variété individuelle , assez commune
dans les montagnes du département de
Saône-et-Loire, où j'en ai tué plusieurs fois
de jeunes et de vieux des deux sexes, mais
principalement des mâles.
2° Le Renard musqué de la Suisse diffère
du Renard ordinaire par son odeur musquée.
Cette odeur n'est pas agréable comme on l'a
dit , mais analogue à celle de la Fouine. Du
reste, il est d'un beau rouge pâle en dessous,
au lieu d'être blanc , et l'extrémité de sa
queue est noire, avec quelques poils blancs^
disséminés.
3° Le Renard noble ou Edùlfuchs de la
Suisse, n'est rien autre chose qu'un très
vieux mâle charbonnier.
•lo Le Renard croisé d'Europe, Canis cru-
cigera Briss. et Gern., qu'il ne faut pas con-
fondre avec le Canis ckcussaïus dt Geoffroy,
ne diffère du Renard charbonnier que par
41
642
CHI
quelques poils noirs lui formant une croix
sur le dos.
5u Le Renard à ventre noir, Canis mela-
nogaster de Bonaparte , ne me paraît être
qu'une sous -variété du Renard charbon-
nier, dont la gorge , la poitrine , le ventre ,
et le côté intérieur des cuisses , sont d'une
couleur noirâtre en hiver, et deviennent
blancs en été. Il habite l'Italie, et se trouve
quelquefois en France, quoique rarement,
dans les forêts montagneuses entre la liOire
et la Saône.
6° Le Renard blanc, Canis albus de quel-
ques auteurs , qui est une variété indivi-
duelle albinos , ou un Renard ordinaire du
nord , en pelage d'hiver.
Plus agile que le Loup , presque aussi in-
fatigable, le Renard est plus rusé à la
chasse et plus ingénieux pour se dérober au
danger. Il habile un terrier qu'il sait se creu-
ser au bord des bois ou dans les taillis, sous
les troncs d'arbres , dans les pierres , les ro-
chers , ou enfin dans la terre, mais alors
sur un sol en pente, afin d'éviter l'humidité
et les inondations. Quelquefois il s'empare
du terrier d'un Blaireau , ou même de ce-
lui d'un Lapin , et l'élargit ou le distribue
selon sa commodité. Il le divise en trois
parties : la maire , près de l'entrée ; c'est
là que la femelle se tient quelques mo-
ments en embuscade pour observer les envi-
rons avant d'amener ses petits jouir des
douces influences de l'air et des rayons du
soleil; c'est aussi là que le Renard qu'on
enferme s'arrête quelques minutes pour
épier l'instant favorable d'échapper aux
chasseurs. Après la mai>e, vient la fosse , où
le gibier, la volaille , et autres produits de
la rapine sont déposés , partagés par la fa-
mille, et dévorés. Presque toujours U fosse a
deux issues , et quelquefois davantage. Vac-
cul est tout-à-fait au fond du terrier ; c'est
'habitation de l'animal , l'endroit où il dort,
où il met bas et allaite ses petits. Ce terrier
n'est guère habité qu'à l'époque où le Re-
nard élève sa jeune famille, et lorsqu'il veut
se dérober à un danger pressant. Dans toute
autre circonstance , il passe la journée à dor-
mir dans un fourré quelquefois fort éloigné
de sa retraite , mais toujours rapproché du
lieu où il a l'intention de commettre quelque
déprédation. Vers la tombée de la nuit, il
sort desa cachette et se met en quête. Il par-
CHI
court les lieux un peu couverts, les buis-
sons, les haies, pour tâcher de surprendre
des Oiseaux endormis , ou la Perdrix sur ses
œufs; il se place à l'affût dans un buisson
épais , pour s'élancer et saisir au passage le ^
Lièvre ou le Lapin. Quelquefois il parcourt ;
le bord des étangs , et se hasarde même
dans les joncs et les marécages pour s'em-
parer des jeunes Poules d'eau et autres Oi-
seaux aquatiques. A. leur défaut, il mange
des Mulots , des Rats d'eau , des Lézards et
des Grenouilles.
Si , pendant ces excursions , le chant d'un
Coq vient troubler le silence de la nuit,
il s'achemine avec précaution vers le ha-
meau d'où viennent ces sons alléchants , il
en fait cent fois le tour , et malheur à la vo-
laille qui ne serait pas rentrée le soir dans la
basse-cour! elle'serait saisie et étranglée avant
même d'avoir eu le temps de crier. Lorsque
le jour commence à paraître, il rentre dans
le bois, reste à proximité de la ferme, et
passe la journée en observation. Si la vo-
laille s'écarte dans les champs pour aller
chercher sa pâture, il la guette avec soin ,
choisissant des yeux sa victime, et attendant
patiemment l'occasion de s'en emparer. Tant
que le Chien de garde rôde ou veille dans
les environs , il reste immobile et tapi dans
sa cachette ; mais celui-ci rentre-t-il un
instant dans la ferme, le Renard se coule le
long d'une haie , en rampant sur le ventre.
Pour approcher sans être aperçu, il se glisse
derrière tout ce qui peut le masquer , un
buisson , un tronc d'arbre , une touffe
d'herbe ; parvenu à proximité , d'un bond
il se jette sur sa proie, fuit au fond des
bois avec autant de vitesse que de précau-
tions pour n'être pas aperçu , et là il la
mange avec sécurité. Quand son coup lui a
réussi , on peut être sûr qu'il reviendra à la
charge tous les trois ou quatre jours, et
qu'au bout de l'année il ne restera pas une
seule pièce de volaille dans la basse-cour ,
si l'on ne parvient à saisir le voleur.
Dans les pays où le Lièvre abonde , deux
Renards savent très bien s'entendre pour
leur faire la chasse. L'un s'embusque au
bord d'un chemin , dans le bois , et reste
immobile; l'autre se mei en quête, lance
le Lièvre , le poursuit vivement en don-
nant de temps à autre de la voix , pour
avertir son camarade. Le Lièvre fuit et ruse
CHl
devant lui comme devant les Chiens, mais
le tout en vain; le Renard le déjoue, est
toujours sur ses traces , et combine sa
poursuite de manière à le faire passer dans
le chemin auprès duquel son compagnon
est en embuscade. Celui-ci, dès qu'il voit le
Lièvre à sa portée, s'élance, le saisit; l'autre
chasseur arrive, et ils le dévorent en-
semble. Si l'affûteur manque son coup , au
Heu de courir après le Lièvre , il reste un
moment saisi de sa maladresse, puis, se
ravisant, et comme s'il voulait se rendre
compte des causes de sa mésaventure, il
retourne à son poste , et s'élance de nou-
veau dans le chemin ; il y retourne, s'élance
encore , recommençant plusieurs fois ce
manège. Sur ces entrefaites, son associé
paraît et devine sur-le-champ ce qui est
arrivé; dans sa mauvaise humeur, il se
jette sur le maladroit, et un combat de cinq
minutes est livré. Ils se séparent ensuite,
l'association est rompue, et chacun se met
en quête pour son propre compte.
Buffon , avec son élégance ordinaire ,
mais avec plus de vérité que de coutume ,
a dit : « Le Renard est fameux par ses ruses,
et mérite sa réputation; ce que le Loup fait
par la force , il le fait par adresse , et réussit
plus souvent. Il emploie plus d'esprit que
de mouvement ; ses ressources semblent être
en lui-même : ce sont, comme l'on sait,
celles qui manquent le moins. Fin autant
que circonspect, ingénieux et prudent,
même jusqu'à la patience, il varie sa con-
duite , il a des moyens de réserve qu'il sait
n'employer qu'à propos. » Dans ma jeunesse,
j'ai beaucoup chassé le Renard , et je lui ai
vu employer, pour se tirer du danger, des
ruses qui supposent certainement beaucoup
d'intelligence. Mais ces ruses sont toujours
les mêmes, et une fois que l'expérience vous
les a apprises, rien n'est plus facile que
de le rendre victime de sa propre finesse.
Par exemple, lorsqu'il est lancé par les
Chiens, après avoir fait une tournée de
dix minutes, il revient constamment repasser
exactement sur sa voie , à cent ou cent cin-
quante pas environ de l'endroit où il a été
lancé. Quand il est pris par les Chiens, après
avoir lutté un moment, il contrefait parfai-
temenlle mort, et se laisse tourner etretour-
ner par les chasseurs sans faire le plus petit
mouvement; puis tout-à-coup, au moment
CHI
0^3
où l'on y pense le moins, il se relève et dé-
campe lestement.
Quelques naturalistes ont prétendu que
le Chien de Laconie dont parle Aristote
n'était rien autre chose que le Renard plié
à la domesticité ; mais ce fait me paraît
d'autant plus douteux que cet animal ne
s'apprivoise jamais complètement. Il entre
en chaleur en hiver, et la femelle, qui ne
fait qu'une portée par an , en avril et mai,
ne met jamais bas moins de trois petits , et
rarement plus de quatre ou cinq. Elle en a
le plus grand soin , et si elle s'aperçoit qu'on
ait rôdé autour de son terrier , elle les en
tire pendant la nuit , et les transporte un à
un dans un autre. Le Renard met dix-huit
mois à croître , et vit treize ou quatorze ans.
Le Renard de Bengale , Poulpes benga-
leiisis , — Canis bengalensis Shaw. , habite
l'Inde, et me paraît une variété du Renard
ordinaire, dont il diffère peu, au moins
quant aux mœurs. Il est brun en dessus,
avec une bande longitudinale noire sur le
dos ; il a le tour des yeux blancs, et sa queue
est noire au bout.
Le Renard d'Egypte, Poulpes niloiicus, —
Canis niloiicusde Geoffroy, figuré pi. IV de
l'atlas deRuppel, habite l'Egypte etlaNubie,
et offre beaucoup d'analogie avec le précé-
dent, dont il a la taille et probablement les
mœurs. Il a le dessus du corps roussàtre, le
dessous d'un gris cendré ; les pieds fauves
et les oreilles noires. Peut-être n'est-ce
qu'une variété du précédent.
Le Renard pale, J^ulpes pallidus , — Ca-
nis pallidus de Crelzschmar , figuré pi. II
de l'atlas de Ruppel, se trouve également en
Egypte et en Nubie ; il est d'un fauve très
clair en dessus , blanc en dessous , avec
la queue touffue et noire à l'extrémité. On
sait qu'il habite un terrier pendant le jour,
qu'il chasse pendant la nuit, et que, par con-
séquent, ses mœurs sont à peu près les mê-
mes que celles de notre Renard commun.
Le Renard varié , T^ulpes variegaïus , —
CatiisvariegaiusTiùppe\, figuré dans l'atlas
de ce voyageur , à la planche X. Comme les
deux précédents , il habite l'Egypte et la
Nubie. Son pelage est d'un fauve jaunâtre
en dessus , blanc en dessous ; sur le dos et
sur la queue, il est varié de mèches noires
formées par des poils plus longs que les au-
tres. Ces trois espèces me paraissent avoir
mu
CHI
les plus grands rapports, et pourraient bien
n'être que des variétés d'âges et de sexes
d'une même espèce.
L'Isatis ou Renard bleu , — f^'ulpes la-
gopiis , — Canis lagopus Linn., le Pesels des
Russes, le Fialracka des Suédois , le iJe/"»-
des Islandais, le Graa-rœv des Danois, le
lYaudi des Finnois, le Melrak des Norwé-
giens, le Njal des Lapons. Son pelage est
très long, très fourré, très moelleux, presque
semblable à de la laine, mais non crépu,
tantôt d'un cendré foncé , tantôt blanc ; le
dessous de ses doigts est garni de poils , et
le cinquième doigt des pieds de devant est
presque aussi fort que les autres , un peu
plus court seulement , avec l'ongle plus
recourbé ; le bout du museau est noir. Cet
animal se trouve sur tout le littoral de la
mer Glaciale et des fleuves qui s'y jettent,
et partout au nord du G9' degré de latitude.
Comme tous les Renards, l'Isatis est rem-
pli de ruses, de hardiesse, et enclin à la
rapine. Sans cesse il est occupé, pendant
la nuit, à fureter dans la campagne, et
quelquefois on l'entend chasser avec une
voix qui tient à la fois de l'aboiement du
Chien et du glapissement du Renard. Il a
sur ce dernier l'avantage de ne pas craindre
l'eau et de nager avec la plus grande faci-
lité ; aussi se hasardc-t-il souvent à traver-
ser les bras des rivières ou des lacs , pour
aller chercher, parmi les joncs des îlots, les
nids des Oiseaux aquatiques. Les Isatis ont
une singulière habitude , que je crois uni-
que parmi les Carnassiers : ils émigrent en
grand nombre du pays qui les a vus naître,
dès que le gibier dont ils se nourrissent or-
dinairement vient à manquer. En général,
ces émigrations ont lieu vers le solstice d'hi-
ver, et les émigrants descendent quelquefois
au sud du 69'^ degré; ils n'y fixent point
leur demeure et n'y creusent pas de ter-
riers, quoiqu'ils y restent quelquefois trois
ou quatre ans , [mais jamais plus. Passé ce
laps de temps, pendant lequel le gibier a
dû se repeupler dans leur patrie , ils y re-
tournent avec empressement.
La fourrure de ces animaux est extrême-
ment précieuse et fait une branche de com-
merce considérable ; aussi leur fait-on une
guerre à outrance. S'il arrive à un chasseur
de prendre un ou deux petits, il les apporte
à safemme, qui les allaite et les élève jus-
CHl
qu'à ce que leur fourrure puisse être vendue.
Les voyageurs prétendent qu'il n'est pas rare
de trouver de pauvres femmes qui partagent
leur lait et leurs soins entre leur enfant et
trois ou quatre Renards bleus. Ces animaux
se plaisent dans les contrées déboisées eî
découvertes , sur des montagnes nues , et
c'est sur leur penchant , ou au moins sur
des collines élevées, qu'ils aiment à creuser
leurs terriers. Ils entrent en chaleur vers la
fln de mars, et la femelle porte environ
neuf semaines. En mai et juin, elle met bas
sept à huit petits , et même beaucoup plus
si l'on s'en rapporte à Gmelin. Les mères
blanches font leurs petits d'un gris roux
en naissant, et les mères cendrées font les
leurs presque noirs. Vers le milieu du mois
d'août, ils commencent à prendre la cou-
leur qu'ils doivent conserver toute leurvie.
En septembre , ceux qui doivent être blancs
sont déjà d'un blanc pur , excepté une raie
sur le dos et une barre sur les épaules , qui
noircissent encore; on les nomme alors
Kreslowiki ou croisés. En novembre, ils
sont entièrement blancs, mais leur pelage
n'a toute sa longueur et tout son prix que
depuis décembre jusqu'en mars. Les gris
prennent leur couleur plus vite ; ce sont les
plus précieux , surtout quand cette couleur
est d'un gris ardoisé tirant sur le bleuâtre.
La mue commence en mai et unit en juillet.
A cette époque, les adultes ont la même
livrée que les nouveaux-nés de leur couleur,
et ils parcourent des phases de coloration
absolument semblables.
Le Renard DE Lalande oh Megalotis,
P'ulpes Lalandii, — Canis megaloiis Desm.^
Canis Lalandii Desmoul. , est plus haut
sur jambes que notre Renard ; sa tête
est plus petite et sa queue plus fournie , ses
oreilles très grandes, égalant presque sa tête,
sont remarquables par un double rebord
à leur bord inférieur externe. Son pelage est
d'un gris brun en dessus , d'un fauve pâle
et plus laineux en dessous ; il a une bande
de poils noirâtres et plus grands que les au-
tres le long du dos , le devant des quatre
pieds est d'un brun noirâtre ; le dessus et le
bout de sa queue sont noirâtres; enfin tout
le pelage de cet animal est plus laineux
que dans les autres espèces. Il habite le cap
de Bonne-Espérance et la Cafrerie.
Le Zerdo ou Fenkec, Fulpes fenuecus ,
cm
— Canis fennecus Less. , Cunis Zcrdo ^
Gmt\., F ennecus BruciiDesm., Canis Zej-da,
Pygmœus ou Saliaretisis Leuckart., r^«i-
mal anonyme de Buffon. C'est le plus petit
de îous les nciiards; ses jambes sont grêles;
son museau est eflilc ; i'i a les oreilles très
grandes, bordées à l'intérieur de longs poils
blancs ; son pelage est d'un joli roux Isabelle
en dessus , avec une tache fauve placée de-
vant chaque œil ; la base et le bout de la
queue sont noirs.
Aucun animal n'a soulevé autant que
celui-ci de polémiques parmi les natu-
ralistes. On en a fait tantôt un Chien,
tantôt un Galago; Desmarest a cru de-
voir en faire le type d'un nouveau genre,
et définitivement on l'a placé avec les
Renards, auxquels il appartient. Les uns
ont dit qu'il grimpait sur les arbres, d'au-
tres qu'il vivait de dattes , etc. Le vrai est
qu'il est Carnivore comme les autres es-
pèces de son genre ; et , quoique ses mœurs
soient fort mal connues, il est certain qu'il
doit se nourrir de petits Mammifères , d'Oi-
seaux , etc. — Le voyageur Bruce , qui a eu
plusieurs fois occasion de le voir pendant
son voyage en Abyssinie, loin de nous avoir
donné des renseignements utiles sur cet ani-
mal , n'a fait qu'embrouiller sa synonymie
et son histoire. On le trouve à Dongola, en
Afrique.
Le Reparu d'Afrique , Vulpes fameliciis ,
— Canis famelicm Crelzschmar , figuré
dans l'atlas deRuppel, pi. V, a beaucoup
d'analogie avec le précédent, mais sesoreil-
les sont moins longues. Il a la tête jaune
et le corps gris , ainsi que les deux tiers de
la queue, qui est blanche à l'extrémité. Il a
été trouvé en Nubie par M. Riippel, qui
l'a envoyé au Musée de Francfort.
Le Renard de Denham, Poulpes Denhamii,
— Canis fennecns Denham, diffère du Zerdo
par son pelage d'un roux blanchâtre uni-
forme , seulement plus pâle en dessous ; son
dos brun est rayé de lignes noires très dé-
liées; son menton, sa gorge, son ventre et
les parties internes de ses cuisses et de ses
jambes sont blancs; son museau est noir.
On prêter d qu'il vit de dattes . ce «ni me
paraît plus que douteux.
Cet animal se trouve dans l'Afrique cen-
trale, et les Arabes emploient sa peau
comme fourrure.
CKî
GZi5
Section II. IVenards d'Amérique.
Le Renard fauve, Vulpes fulvus,— Canis
fnlvus Desm., le Renard de la Virginie , Pa-
lisot de Beauvois , est absolument sembla-
ble à notre Renard ordinaire, et il n'y a
certainement que la distance géographique
qui ait pu déterminer les naturalistes à sé-
parer ces deux animaux. Je ne répéterai
pas ici ce qui a été dit mille fois sur la faci-
lite que les animaux du nord de l'Europe
ont dû avoir pour passer sur le nouveau
continent; il suffit qu'on les y trouve assez
souvent pour ne pas révoquer la chose en
doute, et par conséquent il est au moins
inutile pour la science de créer sans autre
raison de nouvelles espèces. Quoi qu'il en
soit, le Renard fauve a le pelage nuancé de
roux et de fauve ; le dessous du cou et du
bas -ventre blanc; la poitrine grise; la
face antérieure des jambes de devant et les
pieds noirs , avec du fauve sur les doigts ;
l'extrémité de sa queue est blanche. Du
reste, il a la taille, les formes et les mœurs
de notre Renard. On le trouve aux États-
Unis d'Amérique.
Le Renard argenté, f^idpes argentatns, —
Canis argentatns Fr. Cuv. , le Renard ar-
genté ou Renard noir de G. Cuv., le Canis
lycaon de Gmelin , qui l'aconfondu avec le
Loup noir. Il est long de près de deux pieds,
non compris la queue ; son pelage est d'un
noir de suie , partout piqueté ou glacé de
blanc, excepté aux oreilles, aux épaules et
à la queue, où il est d'un noir plus pur ; il
a le bout de la queue, le dedans de l'oreille
et le dessus des sourcils blancs ; son museau
et le tour de son œil sont gris, et son iris
jaune. Voilà encore un animal qui a passé
d'un continent dans l'autre ; car, s'il habite
principalement le nord de l'Amérique, on le
trouve aussi dans le Kamtschatka , comme
l'affirment Krakenninikof et Lesseps. Il aies
mêmes habitudes que notre Renard , mais
comme il est plus grand et plus fort , il est
aussi plus courageux, et ne craint pas d'at-
taquer des animaux d'une certaine grosseur.
On dit que lorsqu'il peut approcher d'un
troupeau, il a la hardiesse d'enlever, mal-
gré les cris des bergers, les Agneaux ou Che-
vreaux qui lui conviennent, ce qui me pa-
raît une exagération. C'est probablemenc
pour avoir entendu raconter de pareilles hi»
666
cm
toires, que Gmelin l'aura confondu avec le
Loup noir. Sa fourrure est moins estimée que
celle du Picnard bleu, mais cependant elle a
du prix. On en a eu un vivant à la ménagerie
du Jardin des Plantes , et on lui a reconnu
toutes les habitudes du Renard ordinaire.
Ainsi que ce dernier, il marchait la tête et
la queue basses , et , quoique fort bien ap-
privoisé et assez doux, il gardait un amour
de liberté qui a fini par le faire mourir dans
la tristesse et le marasme. Lorsqu'on le con-
trariait, il grognait comme un Chien en
montrant les dents , et il eût été dangereux
de le toucher dans ses moments de mauvaise
humeur et de tristesse. Il exhalait une odeur
très désagréable, mais qui ne ressemblait
pas à celle du Henard ordinaire. Il parais-
sait beaucoup souffrir de la chaleur pendant
l'été.
Le Renard gris , poulpes Firginianus, —
Canis Firginianus Erxl., le Renard gris de
Catesby, le Grey-Fox des Anglo-Améri-
cains , est , selon G. Cuvier, une très légère
variété du Renard tricolore, et telle est aussi
mon opinion. Il ne s'en distingue que par
son pelage entièrement d'un gris argenté. On
le trouve dans la Caroline et la Virginie.
L'Agouarachay ou Renard tricolore ,
Fulpes cinereo-argenlalus, — Canis cinereo-
argeniaïus Schreb., Fr. Cuv., a 39 pouces 1/2
de longueur sur 15 pouces l/4 de hauteur
au garrot. Il est noir , glacé de gris en des-
sus ; la tète est d'un gris fauve , le museau
blanc et noir ; les oreilles et les côtés du cou
sont d'un roux vif ; l'intérieur de l'oreille est
blanc, ainsi que la gorge et les joues; le
menton est noir; la face interne des membres
et tout le dessous est fauve, plus vif vers les
flancs , plus pâle sous le ventre et la poi-
trine; la queue est fauve, nuancée de brun,
et terminée par du noir foncé. Il habite les
États-Unis et le Paraguay.
Un jeune, apporté de New-York, a vécu à
la ménagerie de Paris; sans être méchant,
il était assez farouche , et il exhalait une
odeur très désagréable. C'est, je crois, à
d'Azara qu'on doit la première descrip-
tion de cet animal, et quelques détails inté-
ressants sur ses mœurs. « L'Agouarachay ,
pris jeune, dit-il , s'apprivoise et joue avec
son maître, de la même manière et avec plus
de tendresse et d'expression que le Chien ;
il reconnaît leâ personnes de la maison , et
CHI
les fête en es distinguant des étrangers ;
quoiqu'il n'aboie jamais contre ces derniers.
Mais s'il entre dans la maison un Chien du
dehors, son poil se hérisse, et il le menace paj
ses aboiements jusqu'à ce qu'il le fasse fuir,
sans toutefois oser le mordre. Il ne gronde
point contre les Chiens de la maison , au
contraire, il joue et folâtre avec eux. Il
vient lorsqu'on l'appelle au crépuscule du
matin et du soir, parce qu'il se couche et
dort le reste du jour, afin de n'avoir pas be-
soin de repos pendant la nuit, qu'il emploie
à parcourir la maison pour chercher des
œufs et des oiseaux domestiques, auxquels
il ne pardonne jamais quand il peut en at-
traper. Il n'est pas docile , et si l'on veut le
faire entrer dans un lieu ou si l'on veut l'en
faire sortir, il faut beaucoup de peine pour
l'y obliger ; il souffre même auparavant des
coups, auxquels il répond en grognant. »
A l'état sauvage , l'Agouarachay a les mê-
mes mœurs que notre Renard, mais plus de
hardiesse , car il ose approcher , pendant la
nuit, des bivouacs où dorment les voyageurs
pour s'emparer des sangles eldes courroies
de cuir, qu'il emporte et dévore. Il pousse
l'effronterie jusqu'à s'introduire dans les
basses-cours pour en enlever la volaille, ou
toute autre chose à sa convenance. Enfin ,
dans le Paraguay, on assure qu'il mange des
fruits, des cannes à sucre, et qu'il suit le
Jaguar pour s'approvisionner de ce que ce-
lui-ci gaspille. Sa voix , qu'il fait entendre
pendant la nuit, est gutturale, retentissante,
et semble prononcer le mot goua-a-a. Quel-
quefois la femelle met bas en plein air, dans
un tas de feuilles ou d'herbes sèches; mais
le plus ordinairement elle s'empare d'un
terrier de Vizcache, dans les pampas et non
dans les bois, l'agrandit, et y fait, en octo-
bre, de quatre à cinq petits qui naissent
presque noirs , et parmi lesquels se trouve
quelquefois, quoique rarement, un Albinos.
Dans tout autre temps les Agouarachays ha-
bitent les bois et les épais buissons , où ils
vivent solitairement.
Le Renard agile , Fulpes velox, — Canis
velox Say , a été observé pour la première fois
par le major Lelong , pendant son expédi-
tion au Missouri. Son pelage est doux , fin ,
soyeux, fauve et d'un brun ferrugineux ; le
dessous de sa tête est d'un blanc pur, et les
poils de son cou , plus longs que les au-
CHI
très, lui forment une sorte de fraise. Il a la
taille svelte, le corps mince, ce qui, dit-on,
ie rend très léger à la course -, sa queue est
longue, cylindrique , noire. Il se plait dans
les pays découverts , sur les bords du Mis-
souri , se loge dans un terrier , et paraît
avoir les mêmes habitudes que nos Renards.
Le Renard croisé , Poulpes decussalus, —
Canis decussalus Geoff. , Canis cruciger
Scbr., est de la taille de notre Renard ; tout
son corps , et surtout le dos , la queue , les
pattes et les épaules sont d'un gris noirâtre,
plus foncé vers les épaules , à poils annelés
de gris et de blanc ; il a une grande plaque
fauve de l'épaule jusqu'à la tête, et une
autre de même couleur sur le côté de la poi-
trine. Son museau , les parties inférieures
de son corps et ses pattes , sont noirs ; sa
queue est terminée par du blanc. On le
trouve dans le nord de l'Amérique, et pro-
bablement jusqu'au Kamtschatka.
3« Genre.
Hyënoïdes. Hyenoides.
Ces animaux ont le même système den-
taire que les Chiens, seulement le petit lobe
en avant des fausses molaires est moins
prononcé. Leur pupille est arrondie, diurne,
et ils n'ont que 4 doigts à tous les pieds. Ces
caractères les rapprochent à la fois des
Chiens et des Hyènes, avec lesquels ils ont
de nombreuses affinités. Jusqu'à présent on
n'en connaît qu'une espèce.
La HyÉnoïde peinte , Hijenoides picta, —
Hyœna picta Tem., Hyœnavenalica Burch.
et Brooks , Canis pictus Desm. , le Chien
hyénoïde Cuv. Sa taille est celle d'un grand
Mâtin, et, de tous les animaux, c'est elle
qui a le pelage le plus agréablement varié.
Sur un fond grisâtre se dessinent d'une ma-
nière plus ou moins tranchée des taches
blanches , noires , d'un jaune d'ocre foncé,
très irrégulièrement parsemées et mélan-
gées, quelquefois assez larges, d'autres fois
très petites , toujours placées sans ordre et
sans nulle symétrie. Non seulement ces ta-
ches varient beaucoup sur les parties cor-
respondantes du même animal, mais encore
d'individu à individu. Sa tête est grosse ; son
museau large et noir; ses yeux sont gros et
saillants ; ses oreilles larges, grandes, arron-
dies et velues j sa queue touffue, blanche au
bout, descend jusqu'à ses talons. « Un voya-
CHI
647
geur très digne de foi, dit M. Is. Geoffroy,
qui a vu vivant un individu de cette espèce,
nous a assuré qu'il tenait dans un état ha-
bituel[de flexion , non pas seulement, comme
les Hyènes, les membres postérieurs , mais
aussi , ce qu'on n'a encore observé chez au-
cun autre animal, les membres antérieurs.»
Voy. notre atlas, Mammifères, pi. 7 d.
La Hyénoïde habite le midi de l'Afrique.
ATec tout le courage du Chien elle a la vo-
racité des Hyènes , ce qui la rend très dan-
gereuse pour le bétail. Elle se réunit en
troupe plus ou moins nombreuse, et ose
alors se défendre contre le Léopard, et même
contre le Lion. Elle aime à se nourrir de
voiries et de cadavres corrompus ; et pour
satisfaire ce goût, elle a la hardiesse de pé-
nétrer , pendant la nuit , dans les cours des
fermes , et même dans les villages, où elle
vient ramasser les immondices jusqu'aux
portes des maisons. Malgré cela , elle ne se
livre pas moins avec ardeur à la chasse des
Gazelles et des Antilopes. Dans ce cas, plu-
sieurs Hyenoides se réunissent en meute, et
poursuivent leur gibier avec autant d'ordre
et de persévérance que nos meilleurs Chiens
courants, et en plein jour. Lorsque l'animal
est pris ou forcé, elles le dévorent toutes en-
semble sans se quereller ; mais elles ne souf-
frent pas qu'un animal carnassier d'une
autre espèce vienne leur disputer leur proie ;
et c'est alors que, comptant sur leur cou-
rage, sur leur nombre et sur leur force col-
lective, elles osent résister au Léopard et au
Lion. Faute de gibier, les Hyenoides atta-
quent parfois les troupeaux , les Moutons
surtout , et même les Bœufs et les Chevaux
quand elles les trouvent isolés ; mais aucun
fait ne constate qu'elles se soient jamais je-
tées sur les hommes. Comme elles ont pres-
que toujours été confondues par les voya-
geurs avec les Hyènes , il est impossible de
savoir autre chose de certain sur leurs
mœurs et leurs habitudes. (Boitard.)
CHIEIV'S FOSSILES, paléont. — Des
ossements du genre Chien , c'est-à-dire de
Renards , de Loups , et peut-être même de
véritables Chiens , se rencontrent dans les
cavernes ; mais il est si diflicile de distinguer
le squelette d'un Loup de celui d'un Chien
mâtin ou d'un Chien de berger de même
taille, qu'il est presque impossible d'aflSrmer
si les os fossiles de la grandeur de ceui du
648
CHI
Loup doivent être considérés comme appar-
tenant à l'un ou à l'autre de ces Carnas-
siers. Cependant Cuvier pense que l'éléva-
tion de la crête sagitto- occipitale qui se re-
marque aux têtes trouvées dans la caverne de
Gaylenreuth, annonce un Loup plutôt qu'un
Chien. L'une d'elles , la seule qu'il ait
vue , lui a même paru avoir le museau plus
court à proportion du crâne que chez les
Loups ordinaires. Cette espèce ( Canis spe-
lœus Goldf.) se trouve , non seulement dans
les cavernes , mais aussi dans les dépôts di-
luviens avec des os d'Hyènes et d'Éléphants.
Dans ces mêmes lieux se rencontrent les os
d'un Renard ( Catiis spelœus minor H. de
Mey.), qui ont paru à Cuvier venir d'une es-
pèce un peu plus grande que la commune.
La caverne de Lunel-Viel a fourni à
MM. Marcel de Serres , Dubreuil et Jean
Jean , des ossements d'un Chien intermé-
diaire pour la taille au Chien courant et au
Loup. Il ressemble , par l'allongement de
son museau et la forte proportion de ses
os, au Chien retourné à l'état sauvage : c'est
le Ca7iis familiaris jossilis de H. de Meyer.
M. Lund cite deux espèces de Chiens dans
sa faune fossile du Brésil. Le Canis troglo-
dyies , Loup des cavernes , plus bas sur
jambes que le Loup vivant actuellementdans
le pays ; et le Canis protalopex , ou Renard
des cavernes du Brésil , assez semblable au
Renard vivant dans celte partie de l'Amé-
rique du sud. Les alluvions sous-volcani-
qaes d'Auvergne ont également fourni à
M. l'abbé Croizet deux espèces du genre,
qu'il appelle Canis neschersensis et F'ulpes
issiodorensis.
M. Bravard vient d'en trouver dans ces
mêmes terrains une nouvelle espèce qu'il
£6 propose de nommer Canis borbonicus, re-
marquable , nous écrit-il , par la conforma-
tion particulière de l'angle de sa mâchoire
inférieure.
Les terrains tertiaires supérieurs d'Avaray
près de Beaugency, déparlement du Loiret ,
recèlent, avec des os de Mastodonte, de Rhi-
nocéros et de Dinotherium , des restes d'un
grand animal carnassier, que Cuvier, d'a-
près l'inspection d'une première mâchelière
tuberculeuse , avait jugé être un Loup gi-
gantesque. Cette dent s'est trouvée sembla-
ble , sauf la grandeur, à la dent correspon-
dante de l'animal que M. Lartet a découvert
CHI
dans les terrains tertiaires lacustres du dé-
partement du Gers, mêlé également avec
des os de Mastodonte et de Rhinocéros , el
qu'il a nommé ^mphicyon, animal dont les
os des membres ont quelque analogie avec
ceux des genres voisins des Ours. Malgré sa.
dentition , en tout semblable à celle du
Chien, sauf une petite dent tuberculeuse de
plus à la mâchoire supérieure (et l'on sait
que cette dent se trouve quelquefois dans les
Chiens), M. de Blainville, dans son Ostéogra-
pliie, se fondant sur la proportion des doigts,
des tarses et de la queue , laquelle est fort
grande, l'a compris dans son genre ou son
groupe des peiiis Ours, quoique la taille de
son Amphicijon major égale celle de nos plus
grands Ours , et que la dent d'Avaray, dé-
crite par Cuvier, annonce un animal plus
grand encore d'un cinquième. Mais, comme
chez les espèces d'un même genre et de
grandeur différente, la largeur des os aug-
mente dans une proportion plus forte que
leur longueur; comme l'astragale et lecal-
canéuni de VAmphicyon se rapprochent
beaucoup par leurs formes deceuxduLoup
et par leurs proportions de ceux du Lion, la
poulie tibiale de l'astragale étant aussi pro-
fonde et même plus que dans le Lion et le
Loup ; comme celte structure n'existe pas
chez les Plantigrades , parce qu'un léger
mouvement bilatéral du pied surfeur jambe
est nécessaire pour que la face plantaire
puisse s'adapter aux inégalités du sol , tan-
dis qu'au contraire la marche digitigrade
exige de la fixité dans l'articulalion du pied
avec la jambe , et par conséquent une pou-
lie aslragalo-tibiale à gorge profonde, nous
pensons, malgré la brièveté des métacarpiens
et des métatarsiens, qu'il y a encore de for-
tes raisons de douter que VAmphicyon ait
été un animal plantigrade, et nous sommes
tentés de lui conserver la place que M. Lar-
tet lui a assignée dans sa pensée en le nom-
mant Amphicyon, c'est-à-dire voisin ou près
du Chien. Quoi qu'il en soit , M. de Blain-
ville en décrit deux espèces : VAmphicyon
major, de la taille du Tigre ou d'un grand
Ours ; et VAmphicyon minor, d'une taille un
peu moindre. En considération de sa gran-
deur plus forte , nous pensons qu'on pour-
rait appeler celui d'Avaray Amphicyon fji-
ganieus. Les terrains tertiaires moyens ont
offert à Cuvier une portion de mâchoire in-
cm
férieure du genre Chien {Ossem. foss., III,
Lxix, fig. 1] , voisine, mais distincte de nos
Renards et de nos Chacals. Elle provient
des plâtrières des environs de Paris. Nous
nommerons cette espèce , en attendant de
plus amples informations, Canis parisiensis.
Suivant M. de Blainville , un fragment de
mâchoire de carnassier venant également du
plateau de Paris , et que celui-ci a donné
(pi. LXX, fig. 12) comme provenant d'une
Genette , appartiendrait à une espèce de
Chien qu'il se propose de nommer Canis vi-
verroides.
Enfin M. Murchison a fait connaître
( Trans. de la Soc. géol. de Londres , 2« sé-
rie, III) un Renard fossile provenant du
Calcaire tertiaire d'eau douce d'OEningen,
près de Constance, terrain dans lequel se
trouvent ces grands squelettes de Salaman-
dres , que Scheuchzer a pris pour des sque-
lettes d'hommes. M. Gédéon Mantell, qui a
examiné ce squelette, n'a pu le distinguer
du Renard commun , tant les différences
qu'il a aperçues lui ont paru légères. Il est
vrai que l'écrasement du crâne n'a pas per-
mis de comparer cette partie principale du
squelette aussi complètement qu'il serait
nécessaire pour prononcer l'identité défini-
tive de l'espèce fossile et de l'espèce vivante ;
et comme jusqu'ici les Mammifères des ter-
rains tertiaires se sont trouvés différents des
Mammifères actuels , nous proposons de
nommer ce Renard fossile Canis antiquus.
(L...D.)
CHIEIV DE HIER, roiss.— Nom vulgaire,
sur presque toutes nos côtes , et l'on pour-
rait ajouter dans presque toutes les langues,
de Poissons cartilagineux du genre ou de la
grande famille des Squales, f^o'jez ce mot.
(Val.)
CeiEIV VOLANT, mam. — Syn. de Rous-
sette commune, Pteropus vulgaris GeofF.
CHIEIVDEIVT. BOT. ph. — Nom vulgaire
du Triiicum repens , et de plusieurs autres
esp- de Graminées traçantes. On appelle en-
core :
Ch. aquatique, le Festuca fluilans;
Ch. marin , VArundo arenaria , certains
Fucus et des Zostères ;
Ch. musqué, VAndropogon schœnanihus ;
Cu. queue de rat, y Alopecurus aqrestis ;
Ch. ruban , VArundo donax, et le Pliala-
ris arundinacea à feuilles panachées ;
T. ni.
cm
f5i9
Ch. a vergettes, V Andropogon digitatitm.
CniElXDEIVT FOSSILE, min. — Nom
vulgaire de l'Asbeste flexible.
* CIIILDRÉNITE ( nom d'homme), min.
— Substance décrite par M. Brooke , et dé-
diée par lui à M. Children ; en petits cris-
taux jaunâtres ou brunâtres , qui sont des
octaèdres rhomboidaux de 130° 20', 102" 30'
el97o,50', d'une dureté comparable à celle
del'Apatite, et composés, d'après Wollaston,
d'acide phosphorique , d'alumine et d'oxyde
de fer. Elle a été trouvée à Tavistock, dans
le Devonshire, en Angleterre, avec Apatite,
Quartz , Pyrite et Sidérose. Cette substance ,
encore imparfaitement connue , paraît se
rapprocher beaucoup de la Wavellite du
même pays. (Del.)
*CHILECBIUM, Raf. bot. ph. —Syn.
A' Ecliiochilon , Desf.
• CBILIANTIIES, Burch. bot. ph.— Syn.
de Nuxia, Com.
* GIIILIXA, Gray. moll.— Lamarck avait
rapporté à son genre Auricule une Coquille
qui n'en présentait pas tous les caractères ,
et à laquelle il a donné le nom d'Auricula
bombeyana. Lorsque , dans V Encyclopédie ,
nons avons traité du genre Auricule , nous
avons appelé l'attention des naturalistes sur
VAuricula bombeyana de Lamarck , et nous
avons proposé d'introduire cette espèce dans
le genre Lymnée, parce qu'elle en a les prin-
cipaux caractères. Nous ne connaissions, à
cette époque , aucune autre espèce qui eût
de l'analogie avec celle de Lamarck. fli. Gray,
dans son Spicilegia zoologica , en ajoutant
deux espèces à celles-ci, les laissa parmi les
Auricules ; et ce ne fut que plus tard , en
1837, que M. Gray proposa, sous le nom de
Chilina, un genre nouveau qui a pour type
VAuricula bombeyana de Lamarck , et dont
il donna une monographie dans les Illustra-
tions zoologiques de M. Sowerby le jeune. A
peu près à la même époque, M. A. d'Orbigny,
dans son Voyage dans V Amérique méridio-
nale, institua, pour les mêmes Coquilles, un
genre Bombeya , dont il compléta les carac-
tères par ceux de l'animal , resté inconnu
jusqu'alors.
Le genre Chilina diffère , sous quelques
rapports, de celui des Lymnées, et cependant
il en est extrêmement voisin ; comme les
Lymnées , il est habitant des eaux douces.
L'animal rampe sur un pied oblong , arrondi
41*
650
CHI
en arrière , tronqué traniversalement en
avant, et séparé de la tête par un sillon peu
profond. Celle tôle est auriculée des deux
côtés , mais plus largement que celle des
Lymnées , et elle porte en dessus une paire
de tentacules aplatis , très courts , triangu-
laires , à la base desquels se trouve le point
oculaire. D'après les figures de M. A. d'Or-
bigny, il paraît que le manteau se prolonge
postérieurement dans l'angle de l'ouverture
de la Coquille, ce qui n'a pas lieu dans les
Lymnées. La principale différence qui existe
entre ce genre et celui des Lymnées consiste
donc dans l'élargissement de la têle et dans
Texcessive brièveté des tentacules ; mais , à
cet égard, il faut dire que dans quelques
unes de nos Lymnées, telles que le Pereger
et VAuiicidariiis surtout, les tentacules s'é-
largissent considérablement à la base, et se
raccourcissent en proportion. Il est à présu-
mer, d'après cela, que plus tard on trouvera
quelques autres intermédiaires entre les Chi-
lina et les Lymnées, et alors les naturalistes
les réuniront.
Le genre Clùlina peut être caractérisé de
la manière suivante : Animal gastéropode,
à tête grosse et obtuse, auriculée de chaque
côté , portant en dessus une paire de tenta-
cules aplatis, triangulaires, très courts, réu-
nis à la base ; les yeux sont placés au côté
externe de la base des tentacules. Le man-
teau a un appendice canaliculé en de-
hors de la Coquille. Celle-ci mince, ovale
ou ovale-oblongue, épidermée ; spire plus
ou moins aiguë ; ouverture ovale , entière ,
plus longue que large, le bord droit, mince et
tranchant ; columelle assez épaisse , ayant
m ou deux plis plus ou moins aigus.
Quand on a sous les yeux un certain nom-
bre d'espèces de ce genre , on s'aperçoit que
ies caractères ne sont pas plus constants
que dans les Lymnées. Ainsi l'on y ob-
serve des espèces qui ont complètement la
forme des Lymnées allongées : celles-là n'ont
qu'un pli columellaire également , comme
dans les Lymnées. D'autres espèces sont plus
courtes , plus épaisses , et il en est quelques
unes qui ont deux très gros plis sur la colu-
melle. Généralement les Coquilles du genre
Cinlina sont verdàtres ; presque toutes sont
ornées de fascies transverses, de points ou de
flammules rougeàtres, coloration qui , nous
devons le dire, ne se montre jamais dans les
CHI
Lymnées. — On connaît actuellement 15 esp.
de ce genre, qui toutes proviennent des eaux
douces de l'Amérique méridionale. (Desh.)
CHILIOPHYLLLM (x'>'°', mille ; tpv:i-
).ov , feuille). BOT. pji. — Genre de la famille
des Composées, tribu des Sénécionidées, qui
a pour caractères : Capitule multiflore hété-
rogame ; fleurs du rayon femelles , souvent
stériles, ligulées , très étroites et disposées
sur deux ou quatre rangs ; celles du disque
hermaphrodites. Réceptacle convexe, chargé
de paillettes acuminées plus longues que les
fruits. Involucre composé de deux rangées
d'écaillés , et présentant en outre des pail-
lettes plus étroites , linéaires , placées entre
le rang interne et les fleurs du rayon , les-
quelles sont souvent irrégulières et bifides ,
à tube barbu à la base. Style des fleurs du
rayon profondément bifide, à rameaux légè-
rement velus, celui des fleurs hermaphrodi-
tes ou du disque seulement échancré au som-
met , à rameaux tronqués et à peine barbus
aux extrémités. Fruits comprimés , glabres ,
dépourvus d'aigrettes. — La seule espèce qui
forme ce genre est originaire du Mexique ;
c'est une plante vivace sous-ligneuse, munie
de feuilles très découpées, bi- ou tripinnati-
partites , à lobes inégaux, linéaires , d'où
M. De Candolle a tiré le nom de Millefeuilles
ou ClnLiophylhim. (J. D.)
CniLIOTRICIILM (x'Xcot, mille; ept'Ç,
Tptxo;, poil). BOT. PU. — Ce genre appar-
tient à la famille des Composées , tribu des
Aslcroidées , et présente pour caractères :
Capitule multiflore. Fleurs du rayon ligu-
lées, femelles, l-sériées; celles du disque
hermaphrodites, tubuleuses, à 5 dents. Invo-
lucre composé d'écaillés imbriquées, oblon-
gues, aiguës. Réceptacle convexe, chargé de
paillettes linéaires, barbues au sommet, et
placées entre les fleurs. Stigmates des fleurs
du disque subulés-linéaires , allongés , pu-
bescenls. Fruits grêles, cylindracés , angu-
leux-striés , terminés par une aigrette com-
posée de plusieurs soies filiformes , scabres ,
inégales , persistantes. — Le Cldiioirichum
habite les îles Malouines ; c'est un petit ar-
brisseau couvert de feuilles alternes , sessi-
les , coriaces , entières , enroulées en leurs
bords, glabres sur la face supérieure, plus
ou moins tomenteuses sur l'inférieure. Les
pédoncules solitaires portent un seul capi-
tule lomenteux, qui renferme des ligules de
CHî
couleur blanche lavées de purpurin à la sur-
face inférieure. On n'en connaît qu'une seule
esp., mais qui offre plusieurs variélés. (J.D.)
* CUILMOORIA , Halmilt. bot. pu. —
Syn. à'Uydnocarpus, Gœrln.
*CmLO (x£~^o?. lèvre ; parce que ces Papil-
lons ont les palpes très développés ). ins. —
Genre de Lépidoptères Nocturnes, tribu des
Crambidcs , établi par M. Zincken dit Som-
mer [Maij. euiom. de Germar, vol. II, p. 34)
aux dépens du g. Crambus de Fabricius. En
adoptant ce g. {Ilist. naiur. des Lépidoptères
de France, t. X, p. 32), nous l'avons réduit à
une seule esp. [Chilo phragmiiellus Trcilsch.,
Tbiea pliragmitella Hubn.), remarquable par
la longueur ce ses palpes dirigés en avant en
forme de bec , et par la dissemblance qui
existe entre les deux sexes , non seulement
pour l'envergure , mais pour la forme des
premières ailes, qui sont petites et obtuses
dans le mâle, tandis qu'elles sont grandes et
aiguës dans la femelle. La Cbenille vit dans
les liges du Roseau à balais [Anindo phrag-
miies), et s'y transforme en une chrysalide
qui passe l'hiver, sans être enveloppée d'une
coque : seulement la portion de la tige qui la
contient est fermée aux deux bouts par un
tissu transversal Elle est placée la télc en
haut, très peu au-dessus du niveau de l'eau,
et le trou par où doit sortir le Papillon est
bouché par la pellicule intérieure de la lige.
Cette espèce se trouve en Autriche et dans
plusieurs contrées de l'/VUemagne. (D).
* CIIILOCARI'ÉES. Chilocarpeœ (^enoç,
lèvre, bord ; xapuo;, fruit), bot. cr. — (Hé-
patiques.) M. Nées d'Esenbeck désigne sous
ce nom [Hep. eur., III, p. 314) ce groupe
des Hépatiques membraneuses Gastérocar-
pées, dont le fruit est presque marginal. Ex.:
Anenra. (G. M.)
* CHILOCARPUS ixàk, nourriture ; xap-
TTo; , fruit). BOT. PU. — Genre de la famille
des Apocynacées, tribu des Carissées, établi
par Blume ( Bijdr., 1025) sur deux plantes
découvertes par l'auteur à Java , et encore
peu connues , car il n'en a pas complété la
diagnose. Ce sont des plantes fruliqueuses,
grimpantes, à feuilles opposées, veinées; à
inflorescence cymeuse, axillaire. Ce genre se
dislingue surtout par sa capsule corliqueuse,
uniloculaire , remplie d'une pulpe granu-
laire , et s'ouvrant enQn latéralement pour
donner issa à des graines comnrimées, con-
CHI
6oi
volutées , sillonnées d'un côté , et envelop-
pées de membranes qui naissent des parois
capsulaircs. (C. L.)
"CHILOCORUS. INS.— Genre de Coléop-
tères trimèrcs, tribu des Coccinellidcs, créé
par Leach , et généralement adopté par les
entomologistes modernes. Il se distingue
des autres genres établis récemment aux
dépens des Coccinelles de Linné , par un
chaperon évasé en demi-cintre, et par des
épipleures larges et tronqués. 30 à 40 espè-
ces de ce g. sont dispersées dans les diverses
contrées du globe ; 3 se trouvent aux env'
rons de Paris : ce sont les Coc. renipusiulata
d'IUiger, bipnsudata et quadri'verrucata de
Fab. La Coc. Cacii d'Olivier, propre à l'A-
mérique , ne se trouve que sur le Cactier à
Cochenille, où elle vit probablement aux
dépens de ce précieux Hémiptère , comme
nos Coccinelles d'Europe aux dépens de nos
Pucerons. (C.)
CIIILODIA {x£~^oç , lèvre ; è<îov;, dent).
BOT. PH. —Genre de la famille des Labia-
cées , tribu des Prostanthérées , formé par
R. Brown sur un arbrisseau observé sur les
côtes orientales de la Nouvelle- Hollande,
à rameaux finement pubescenls, garnis de
feuilles sessiles , linéaires , lancéolées , ai-
guës , coriaces , légèrement roulées en des-
sous aux bords et vertes sur les deux faces;
les florales conformes ; à pédoncules axillai-
res , uniflores, portant en dessous du calice
deux bractées sétacées. Le nom générique est
dû à la disposition de la lèvre inférieure de la
corolle , laquelle est trifide , et dont le lobe
médian est lui-même fendu en deux. (C. L.)
* CHILODOIV (x«noî, lèvre ; iSo-Cç,, dent).
iNFus.— Genre de la famille des Trachéliens,
proposé par 31. Ehrenberg, et qui a pour ca-
ractères : Corps cilié de tous côtés ; la bouche
remplie d'un faisceau tubuleux de dents, et
le front avançant en forme de lèvre élargie,
membraneuse ou garnie d'une oreillette en
forme de bec latéral. Tels sont le Kolpoda cu-
cullus de Muller, et deux ou trois espèces
nouvelles. (P. G.)
CniLOGLOTTIS (x'"'°=. mille; yl^r-
Tt; , languette ). bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Orchidées, établi par R. Brown
pour une plante herbacée du Port- Jackson ,
glabre , pseudo-bulbeuse , munie de deux
feuilles radicales ovales , portant plusieurs
nervure*. La hampe , ayant vers le milieu
652
cm
une seule bractée , ne porte qu'une seule
fleur roussâtre. L'unique espèce de ce genre
porte le nom de Ch. diphylla. (C. d'O.)
CHILOGIVATHES. Chilognatha ( x'~^-°;.
lèvre ; yvâGoç, mâchoire), myriap. — Premier
ordre de la classe des Myriapodes, établi par
Leach et adopté par Latreille , qui primiti-
vement l'avait élevé au rang de famille. Les
animaux renfermés dans cet ordre ont le
corps généralement crustacé , cylindrique ,
muni de pieds très courts , distribués par
paires uniques sur les anneaux antérieurs,
par paires doubles sur les autres , toujours
terminés par un seul crochet, et de deux an-
tennes fort courtes, un peu plus grosses vers
le bout ou presque filiformes, et composées
de sept articles. Les mandibules sont crus-
tacées , sans palpes , de trois articles , avec
des dents mobiles, imbriquées au bout;
quelquefois ces organes sont en forme de
suçoir. La langue , terminant antérieure-
ment la tête, se présente sous l'apparence
d'une lame ou d'un feuillet , divisée à la
surface extérieure par des sutures longitu-
dinales et des échancrures ; ces quatre aires
principales, couronnées supérieurement par
des tubercules , dont les deux intermédiai-
res, plus étroites et plus courtes, situées au-
dessus d'une autre aire , leur servant de
base commune. Les organes sexuels sont
situés à la partie antérieure du corps ; ceux
du mâle sont placés sur le sixième segment,
après la septième paire de pattes, et ceux de
la femelle derrière ceux de la seconde paire.
Les stigmates, qu'il ne faut pas confondre,
d'après les observations de M. Savi , avec
des pores latéraux, destinés à la sortie d'une
liqueur acide et d'une odeur pénétrante que
répandent ces animaux, sont situés alterna-
tivement en dehors de l'origine de chaque
paire de pieds, très petits ou peu apparents.
Ces ouvertures de la respiration communi-
quent intérieurement avec une double série
de poches pneumatiques, disposées longitu-
dinalement en chapelet, le long du corps, et
d'où partent les branches trachéennes , se
répandant sur les autres organes. On remar-
que encore que les organes de la locomotion
sontconligus à leur naissance, ou insérés
sur la ligne médiane et inférieure du corps.
Le premier segment du corps dans les uns ,
le second dans les autres , et précédé alors
d'un demi-segment clypéiforme, est ordi-
CHI
nairement plus grand que les suivants ; Ife
pénultième , dans les espèces anguiformes ,
se termine souvent en pointe , et le dernier
ou l'anal est partagé longitudinalement en
deux valvules ; enfin les yeux sont lisses , et
varient de beaucoup pour le nombre.
M. Savi, et ensuite M. Waga, nous ont dé-
voilé le développement des Chilognathes : le
premier dans son Histoire du dévelopipement
des animaux invertébrés (1828); le second,
dans un Mémoire fort intéressant publié
(mai 1839) dans la Revue zoologique par la
Société cuviérienne. Cet auteur, après avoir
exposé dans son travail les moyens à em-
ployer pour élever les Myriapodes , et pour
les conserver vivants pendant un certain
laps de temps, explique ensuite la sin-
gulière manière de muer de ces Insectes ,
et donne les diverses conditions dans les-
quelles il faut les placer pour ne pas les gê-
ner dans leur changement de peau. Après
être entré dans quelques détails sur l'em-
ploi que font les Iules de ces ouvertures
qui sont situées le long de leur corps , et
que M. Savi a désignées sous le nom de
stigmates, M. Waga passe à la nourriture
des Myriapodes. Dans ce chapitre , les ob-
servations l'ont conduit à remarquer que
les Chilognathes se nourrissent non seule-
ment de substances végétales , mais encore
de substances animales. Enfin , dans le der-
nier chapitre, M. Waga passe à l'histoire
naturelle de ces animaux , c'est-à-dire à
leur développement. L'auteur y donne la
description des œufs des Iules, la manière
dont ces œufs se fendent pour la sortie du
jeune Iule; ensuiieil expliquede quelle ma-
nière les anneaux prennent de l'accroisse-
ment, et enfin le développement successif
des organes de la locomotion. Tel est, en peu
de mots, le résumé de l'ouvrage de M. Wa-
ga, le seul, après Degéer, qui ait pu exami-
ner avec soin le développement de ces In-
sectes. M. Savi , il est vrai , a bien étudié le
développement d'une espèce de Iule ; mais
jusqu'à présent ses observations avaient été
presque mises en doute, en ce qu'elles n'é-
taient pas du tout d'accord avec ce qu'avait
remarqué Degéer. Le travail de M. Waga sur
le développement de ces animaux confirme
ce qu'avait avancé le savant italien dans son
Mémoire, et démontre pourquoi les obser-
vations de M. Savi ne sont pas d'accord avec
CHI
celles de Degéer: c'est que ce dernier natu-
raliste n'a aperçu l'Iule éclos que lorsqu'il
était hexapode, et que M. Savi, au contraire,
a vu les embryons apodes, c'est-à-dire l'ani-
mal dans l'état où il se trouve après que les
œufs sont fendus , pour livrer ensuite pas-
sage aux jeunes Iules.
Cet ordre comprend trois familles que
nous avons désignées sous les noms de Pol-
lixéniles , Glomérites et luliles , lesquelles
correspondent aux Monozonies, aux Trizo-
Dies et aux Peniazo^ùes de M. Brandt. Ployez
ces mots. (H. L.)
*CHLLOGRAMMA ( x£~>oç, lèvre ; ypdiJ.-
jùia , ligne). BOT. PH. — Nom donné par
Blume à une section du genre Antrophyum
dans la famille des Fougères. Cette section,
rapportée par d'autres auteurs au genre Tœ-
niiis, constitue le g. Pieropsis de Presl.
f^oyez ce mot. (Ad. B.)
*CeiLOLOBA (xE~>o?, lèvre; >oSo;, lobe).
INS. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Lamellicornes , tribu des Scara-
béides Mélitophiles , établi par M. Burmeis-
ter {Handbuch der Eniomologie Z. Band. ,
Lamellicomia melitophila , s. 601 ) aux dé-
pens du g. Cetonia de MM. Gory et Perche-
ron, et fondé sur une seule espèce, la Cet.
acuia de M.Wiedmann. f^oy. cÉtonidks. (D.)
* CHILOMOIVAS (xs~^o? . 'èvre ; monas ,
monade, de fxovo; , seul), infus. — Genre de
l'ordre des Infusoires asymétriques , famille
des Monadiens, établi par M. Dujardin {Hist.
natur. des Infus., p. 295) pour des animaux
microscopiques à corps ovoïde - oblong ,
obliquement échancré en avant, avec un
filament délié sortant dé l'échancrure. Les
Chilomonas se meuvent en tournant d'avant
en arrière. Ce g. renferme deux espèces,
l'une trouvée dans une infusion de mousses,
l'autre dans une infusion de sucre et de ni-
trate d'urée. (C. d'O.)
•CHILOIVYCTERIS (x^î^os, lèvre ; wxTt-
pc';, Chauve-Souris), mam.— Genre de Chéi-
roptères , établi par Gray, pour une espèce
venue de l'île de Cuba, où elle paraît fort
commune. Ses caractères essentiels sont les
suivants : Le nez est tronqué obliquement.
La lèvre inférieure est arrondie; des deux
côtés elle porte deux espèces de replis mem-
braneazx qui se prolongent en s'élevant en
arrière. Les oreilles sont grandes, latérales,
séparées, et leui bord externe très élargi se
cm
65S
prolonge inférieurement avec le repli labiai
dont nous venons de parler.
On ne connaît qu'une espèce de ce genre,
le C. Mac-Lcayii Gr. , dont le pelage , après
un séjour prolongé dans l'alcool, est gris de
souris, plus pâle en dessous, avec l'extré-
mité des pieds verdâtre. (A. de Q.)
CniLOPODES. Cliilopoda (x'^'o', mille;
ïrovç, pied). MYRiAP. — Cet ordre, le deuxième
de la classe des Myriapodes , a été créé par
Laireille, et comprend des animaux dont le
corps est toujours linéaire , déprimé, mem-
braneux , composé d'une série nombreuse
d'anneaux , recouverts d'une plaque co-
riace et cartilagineuse, ne portant, dans la
plupart, qu'une paire de pieds, insérés sur
leurs côtés, et dont la dernière est ordinai-
rement prolongée en arrière sous la forme
de queue. Les antennes , toujours plus grê-
les vers l'extrémité, sétacées , sont com-
posées de 14 articles au moins. La bouche
présente un labre fort court; 2 mandibules
écailleuses, munies d'un petit appendice en
forme de palpe, comme divisé en deux par
l'apparence d'une suture transverse et ter-
minées en manière de cuilleron, dentelé sur
ses bords; une langue quadrifide, dont les
deux divisions latérales plus grandes , ar-
quées, annelées transversalement, et dont
deux internes en forme d'appendices maxil-
liformes, triangulaires; 2 palpes ou petits
pieds insérés à leur base et terminés par un
petit crochet. Quelques uns ont des yeux â
facettes; mais ceux du plus grand nombre
ne se composent que de 4 à 5 yeux lisses, si-
tués sur les bords latéraux de la tête ; ces
organes se présentent quelquefois sous la
forme d'un seul ocelle , quelquefois ils sont
entièrement nuls. Le premier segment du
corps porte en dessous deux paires de pieds.
Les deux antérieurs sont horizontaux, avan-
cés, réunis inférieurement au moyen d'un
article commun, formant une plaque presque
triangulaire , avec l'extrémité supérieure
comprimée, tronquée et dentelée ; ils sont ter-
minés par un fort crochet écailleux, percé
sous son extrémité d'un trou pour la sortie
d'une liqueur vénéneuse; les deux autree
pieds ressemblent aux suivants; et sont sé-
parés par un petit segment ventral. Les stig-
mates sont ordinairement situés sur les côtés
du corps et alternent par segment; ceux des
autres sont dorsaux ; les trachées sont en to-
65i
CHI
talité tubulaires; les organes de la généra- j
tion sont placés à l'extrémité postérieure du
corps et cachés. Leurs organes internes ont
été étudiés par divers naturalistes , tels que
Treviranus, Gaëde, Marcel de Serres et Léon
Dufour, qui nous ont dévoilé l'organisation
intérieure de quelques types; les recherches
des deux premiers ont eu pour objet les es-
pèces des genres Scuiigera et Liihobius , et
celles des autres, les Scolopendra propres.
Ici les stigmates sont latéraux, et conduisent
à un faisceau de fortes trachées , s'écar-
tant en tous sens, et fournissant des anasto-
moses par arcades , avec les trachées et les
stigmates voisins. Les vaisseaux de Malpi-
ghi, au nombre de deux, sont situés sur les
côtés du tube digestif, et occupent plus des
deux tiers de la longueur du corps. On ne
peut leur attribuer d'autre usage que celui
d'organes sécréteurs; l'ovaire et l'oviducte
de la femelle sont impairs; l'organe sexuel
masculin paraît se composer d'un canal im-
pair, terminé par un paquet d'autres con-
duits longs et étroits, et deux glandes ac-
cessoires. Les yeux lisses, dans les espèces
qui composent les genres renfermés dans
cet ordre, différent de ceux des Araignées et
des Scorpions, en ce qu'il n'y a pas, comme
dans ceux-ci , de corps vitré entre le cristal-
lin et la choroïde. Sur les 4 à 5 yeux com-
posant ordinairement chaque groupe ocu-
laire , trois de ces cristallins sont circulaires,
et l'autre est elliptique ; les uns et les autres
sont très durs, transparents, très convexes ,
et de couleur d'ambre; leurs convexités in-
ternes correspondent à des enfoncements ,
ayant la forme de calices, et contenant les
parties internes de l'œil ; toute la cavité est
tapissée par la choroïde, sous la forme
d'une rétine entièrement blanche. M. Gaéde
a décrit le canal digestif, le vaisseau dorsal et
le système nerveux ; la Scutigère aranéoïde
ou l'espèce de notre pays a offert à M. Léon
Dufour deux glandes salivaires ayant la
forme d'une grappe ovale, granuleuse, com-
posée d'utricules, et quatre vaisseaux hépa-
tiques d'inégale grosseur, courts. Les orga-
nes mâles de la génération consistent en 2
articles qui confluent en une anse courte, re-
cevant le conduit des deux vésicules sémi-
nales, et formant la partie la plus apparente
des organes. Ceux de la femelle se compo-
sent d'un ovaire et de deux glandes sépa-
CHI
rées; la vulve est armée des deux côtés
d'une pièce mobile, qui doit jouer un rôle
dans l'acte de la copulation ; sous les pla-
ques dorsales sont des glandes ou des sa-
chets adipeux , d'où s'écoule une humeur
d'un violet rougeâtre ; au-dessus des viscè-
res, sont des lobules adipeux blancs, et dis-
posés quelquefois en mosaïques. M. Marcel
de Serres a observé, sous chacune de ces
plaques, deux poches pneumatiques e8 des
trachées tubulaires , recevant l'air et com-
muniquant avec les trachées latérales et in-
férieures. Ces Insectes, répandus dans toutes
les parties du monde, courent très vite, sont
carnassiers, nocturnes, se logent sous les pier-
res humides, les voûtes, les poutres, les écor-
ces des arbres, dans la terre, le fumier, etc.;
quelques uns sont phosphorescents. Diver-
ses espèces exotiques et de grande taille sont
généralement redoutées , à raison de leur
morsure. Cet ordre a été divisé en deux fa-
milles , que nous avons désignées sous les
noms de Sculigérites et de Scolopeiidriles.
Foijez ces mots. (H. L."»
* CHILOPODOMORPHA ( Chilopoda,
chilopodes ; p-opy-o, forme), iss. — Mac-
Leay {Annulosa Javanicn , éd\l. Lequien ,
p. 101 ) désigne ainsi une des cinq gran-
des tribus dont se compose l'ordre des Co-
léoptères , dans sa Méthode , et qu'il divise
ensuite en cinq familles, qu'il appelle Geo-
depliaga ( type , Carahns ) , Hi/dradcphaga
(type, Dijiiscuf:) , PbiUiydrida (type, Hij-
drophilus) , Necrophaga (type, Silpha) , ei
liradidylru (type , Slaphylitiiis ). Le nom de
celte tribu indique que les larves des Insec-
tes qu'elle renferme ressemblent aux Oii-
lopodes, l'une des familles de l'ordre des My-
riapodes. (D.)
*CI11LOPORL\.4. nEi.M. — M. Lhren-
berg appelle ainsi une famille de ses Rhab-
docœla{ylpoda terettdaria Blainv.), dans la-
quelle il place le sous-genre Derostoma de
Dugès. La bouche de ces animaux s'ouvre
inférieurement, et leur anus est à la partie
terminale postérieure du corps. (P. G.)
* CHILOPSIS ix^noç , lèvre ; o^-i; , appa-
rence). BOT. PH. — Un arbrisseau du Mexique,
dressé , à rameaux cylindriques pubescents,
garnis de feuilles alternes, allongées-linéai-
res, planes, coriaces, glaucescentes, très en-
tières, a servi à Don pour l'établissement de
ce genre ( Edinb. philos. Joum. , IX , 2C2 ),
CHI
Qui ne comprend que celle espèce, le C. sa-
ligna. Les fleurs , d'un pourpre foncé , for-
ment une grappe lerminale , spiciforme,
dense , tomenleuse, à pédicelles courts , bi-
bractéolés. Celle plante est surtout remar-
quable pour la forme de sa fleur, dont le ca-
lice, membranacé , ventru, fendu à la base
par devant , a son limbe oblique et tridenté
par derrière. Sa corolle hypogyne, tubuleuse
à la base, dilatée à la gorge, campanulée, a
son limbe 5-fide, bilabié, dont tous les lobes
obtus, ondulés , l'antérieur très grand , al-
longé. (C. L.)
*CHILOPTERIS (x£^^°? . 'évre; 7tT£po'v ,
aile). BOT. PU.— Nom donné par Prcsl à
une seclion du g. Grammiiis de la famille
des Fougères, f^oyez ce mot. (Ad. B.)
'ClIILOSCniSTA (xeT^oç, lèvre; «rxit^Toç,
fendu ). BOT. vu. — Genre de la famille des
Orchidées, tribu des Vandées, établi par
M. Lindley, pour une petite plante épiphyte
du Népaul , velue , aphyllc , à racines apla-
ties, vertes et subfoliacées, à fleurs en grap-
pes blanches, odorantes, et à ovaires pu-
bescents. On n'en connaît qu'une seule es-
pèce, la Cil. usneoides. (C. d'O.)
"CUILOSCYPHLS (x^Tloi, lèvre ; axv'yo;,
vase, calice), bot. cr.— (Hépatiques). M. Cor-
da a fondé ce g. ( in Opiz. Beiir.) sur un dé-
membrement des Jongermannes de Linné.
Il comprend 3 seules espèces à feuilles bi-
denlées. M. Nées d'Esenbeck, qui l'a adopté
{Hep. Eur., t. II , p. 359 ), le définit ainsi :
Périanlhe latéral IriGde et presque bilabié.
Amphigastres et feuilles involuerales diffé-
rentes des caulinaires. Coiffe en massue, in-
cluse ou dépassant le périanlhe de manière
à le simuler, et se rompant irrégulièrement
au sommet. Capsule divisée jusqu'à la base
en 4 valves. Élaléres à double spirale , nues
et caduques. Feuilles périgoniales sembla-
bles aux caulinaires, mais renflées à la base.
Feuilles caulinaires succubes, horizontales,
décurrentes sur le dos delà tige, entières ou
émarginées au sommet. Amphigastres bifi-
des. Ces plantes rampent à la surface du sol,
surtoutdans les lieux humides, et s'y fixent,
de même que sur les Mousses, au moyen
des faisceaux de radicelles qui partent de la
base de leurs amphigastres. Le Jungennan-
ma polijanihos L. est le type de ce g. (C. M.)
'CniLOSTIGMA (x^rÀo;, lèvre ; '. neige; gat'vo),
je marche ). mam. — Genre établi par
M. Kaup [Skizz. Entw.-Geicli., p. 170] aux
dépens du g. Lepus , et ayant pour type le
Lepus variabilis Pall. Il en fait le 51^ groupe
de sa méthode , et réunit son Cldonobates
au g. Anagen, que rapprochent les caractè-
res communs d'une livrée blanche pendant
l'hiver et d'un même habitat.
• CHIOIVOL.EIVA, DC. (x^cJv, o'vo;, neige ;
X/.aTva , vêtement , enveloppe ). eot. pn. —
Genre de plantes appartenant à la famille
des Composées, tribu des Asléroidées, et qui
a pour caractères : Capitules multinores,hé-
térogames ; fleuronslubuleux: ceux durayon
très grêles, 2-3-denlés ou tronqués, femelles
et disposés sur plusieurs rangs; ceux du
disque, au nombre de t5 environ, sont à 5
dents, bisexués ou stériles par avortement.
Involucre formé de plusieurs écailles li-
néaires, sèches, blanches, glabres et cadu-
ces ; réceptacle nu , ponctué. Les anthères
8onl dépourvues d'appendices basilaires; les
styles des fleurs de la circonférence dépas-
CHI
sant les fleurons sont grêles et bifides, ceux
qui appartiennent aux fleurs du disque sont
indivis, filiformes et légèrement hispides. Les
fruits grêles, cylindriques et velus, suppor-
tent une aigrette soyeuse unisériée. — Cette
plante, originaire du Brésil, se rapproche du
g. Conyze par ses caractères. On n'en connaît
qu'une seule espèce. (J. D.)
*CHIO\OPTERA,DC. (xtwv, ovo;, neige .
TrTîoo'y , aile; par allusion à la couleur de
l'aigrette ). bot. ph. — Cette plante re-
marquable, qui a été découverte dans les An-
des du Chili par M. Claude Gay , et figurée
dans les quatre volumes des Icônes selectœ
de M. B. Delessert, appartient à la famille
des Composées, tribu des Mutisiacées , et
présente pour caractères : Capitule mul-
tiflore , rayonné ; involucre campanule ,
formé de plusieurs rangées d'écaillés dont
les extérieures sont Iridentées et les intérieu-
res lancéolées , très entières , égalant en lar-
geur les fleurs de la circonférence. Corolles
bilabiées ; celles du pourtour , au nombre
de 15, sont munies d'une lèvre extérieure
très longue, étalée tridentée, et d'une lèvre
très courte, grêle, bifide ; celles du disque,
longuement tubuleuses, ont les lèvres d'é-
gale longueur, mais l'extérieure 3-dentée ; les
anthères appartenant aux fleurs du rayon
avortent en partie ; celles du disque, fertiles,
offrent un appendice apicilaire corné, et des
appendices basilaires assez longs , en forme
de soies épaisses et pubescentes. Le style
filiforme se divise au sommet en deux lo-
bes courts et légèrement obliques. Les fruits
des fleurs du disque comprimés , presque
ailés, oblongs, glabres, supportent une ai-
grette composée de plusieurs rangées de
soies longues et plumeuses. (J. D.)
CniONOSPlZA , Bonap. ois. — Syn. de
Moniifrimjilla , Brehm.
* CHIOIMOTRIA (x'ûjv, neige; l^ç>vz,
bois). BOT. PH. —Genre rapporté avec doute
à la famille des Aurantiacées . établi par
Jacki Malag. mise. Bot. mag. camp., l, 155),
pour renfermer un arbrisseau de l'Asie tro-
picale, à feuilles opposées, parsemées de
points transparents, munies de stipules su-
bulées-aiguës; à fleurs petites, verdâtres,
disposées en grappes axillaires, dressées, ra-
mifiées, dont les pédicelles multiflores. Il se
distingue principalement par ses 10 étsmi-
nes à anthères incombantes, par une baie
CHI
subglobuleuse, déprimée, remplie d'une
pulpe farinacée , renfermant une seule
graine arrondie, ombiliquée au sommet.
(C. L.)
* CmOI^YPHE ( x«^v, neige ; v•)
* CHHiOî^OMITES. iNS. —M. Blanchard
désigne ainsi une tribu de Diptères , qui ré-
pond exactement à celle des Tipulaircs cu-
liciformes de M. Macquart , dont nous sui-
vons la méthode dans ce Dictionnaire. (D.)
* CHIROPETALUM (x^'P, main; rr/ra-
\ov , pétale ; de la forme digitée des pétales).
BOT. PU. — Genre de la famille des Euphor-
biacées, et qui offre les caractères suivants :
Fleurs monoïques. Calice 5-parli. Fleursmâ-
les : 5 pétales alternes, onguiculés , dont le
limbe palmatiparli se découpe en 6-7 lobes
aigus. 5 glandes alternant avec les pétales,
sur un cercle un peu intérieur. 5 étamines
dont les filets se soudent inférieurement en
un support qui soutient un rudiment d'o-
vaire, et divergent au-dessus, terminés cha-
cun par une anthère adnée à son sommet et
introrse. Fleurs femelles : Pas de pétales. 6
glandes opposées aux divisions du calice.
Ovaire sessile, à 3 loges 1-ovulées. 3 styles
distincts, bifides, réfléchis. Capsule globu-
leuse , à 3 coques monospermes. Les espè-
ces peu nombreuses sont des plantes her-
bacées originaires du Chili et du Pérou
teintées d'une couleur violàtre ; à poils sim
ples; à feuilles alternes dentées en scie; à
fieurs disposées en épis axillaires, dans les-
quels les femelles occupent le bas, les mâles,
plus nombreuses, le haut. (Ad. J.)
*CHIROrOTES. MAM.— Sous-genre éta-
bli par M. Lesson aux dépens du g. Saki.
CHIROPTÈRES, mam. — Foyez chéi-
roptères.
CHIROSCELIS ( x^'P, main; o-x£/iç,
jambe ). ins. — Genre de Coléoptères
héléromères , famille des Mélasomes, tribu
desTénébriouites, établi par Lamarck(^;m.
da Mas. dlml. nul. , t. III , p. 200 , pi. 22 ,
676
CHI
tig. 2a-d) sur un insecte de la Nouvelle-
Ilollande, auquel il a donné le nom spéci-
fique de bi-fenesiraia , à cause de deux ta-
ches situées, une de chaque côté, en dessous
du second anneau du ventre , lequel est
membraneux à cette place , au lieu d'être
corné comme le reste du corps. Lamarck
soupçonne que ces deux taches, qui forment,
dil-il, comme deux lacunes, pourraient bien
indiquer un organe particulier , et servir
peut-être à transmettre quelque lumière
phosphorique comme les deux taches orbi-
culairesduTaupin \\im\ne.v\\{Elaiernociilu-
cits Linn. 1. Quoi qu'il en soit, ce g. a été
adopté par tous les entomologistes , qui y
rapportent une seconde espèce , le Tenebrio
digiiaius Fabr. Celle-ci se trouve en Guinée
et à la côte d'Angole.
D'après l'étymologie donnée par Lamarck
lui-même , le nom de Cliiroscelis fait allu-
sion à la forme particulière des jambes an-
térieures, qui, dans les espèces de ce genre,
sont larges et palmées à l'extrémité comme
des mains. (D.)
* CHIROSCÉLITES. INS. — Division éta-
blie par M. de Castelnau ( Hist. des Inseci. ,
Buffon-Duménil , vol. II , pag. 516) dans la
tribu des Ténébrionites de Latreille , et qui
se compose des g. Onhocenis , Cliiroscelis ,
Toxicum, Phrenapaies et Boros. Tous ces g.
ont le corps allongé, à côtés parallèles, et les
antennes à derniers articles se dilatant su-
bitement à l'extrémité pour former une mas-
sue. (D.)
CHIROTE. Cliiroies (xîtptuTÔ; , qui a des
mains), rept. — Genre d'Amphisbénes,
qui ne comprend encore qu'une espèce, dif-
férente de toutes celles qu'on a distinguées
parmi ces animaux , en ce qu'elle est pour-
vue de membres antérieurs , petits , il est
vrai, mais à cinq doigts. Il a été établi depuis
longtemps sous ce nom par M. Duméril , et
appelé depuis Bimanus par Oppel. Les habi-
tudes du Chirote ne sont pas connues ; mais
ses caractères, sauf celui qui vient d'être
indiqué, ne le distinguent pas des Ampbis-
bènes. De même que la majeure partie de
ceux-ci, il est américain. C'est un animal
cylindroide, long d'un pied à peu près, et
encore rare dans les collections. Ses dents
sont pleurodontes, c'est-à-dire appliquées
contre le bord interne des mâchoires; elles
soni en nombre impair à l'inter-maxillaire.
CHI
Le corps présente un sillon bilatéral ; il s
a des pores au-devant de l'anus , et la
queue est assez courte.
On appelle Clnroies canalictdalus , loin-
bricoides OU propiis , l'espèce unique qui
sert de type à ce genre. Sa patrie est le
Mexique. (PG.)
*CHmOTELTHE.C/i»o(e(U/iîs(x£ip. bras;
T£u9cç, calmar), moll. céphalop.— J'ai établi
ce genre, de la familledesLoligopsidées {Mo-
nographie des Céphalopodes acéiabulif'eres)
pour un singulier mollusque, voisin des Lo-
ligopsis par sa contexture presque gélati-
neuse, par son tube locomoteur dépourvu
de valvule , par sa nageoire terminale , par
ses yeux sans sinus lacrymal, etqui s'en dis-
tingue néanmoins par sa tète énorme , par
son 'corps libre au lieu d'être altacbé à la
tête, par son appareil de résistance compli-
qué, par ses yeux non pédoncules, et surtout
par ses bras tentaculaires très longs, termi-
nés par une énorme massue lancéolée, por-
tant une cupule charnue supérieure à son
extrémité, tandis que le dessous est armé
de quatre rangées de cupules pédonculées.
On ne connaît de ce genre qu'une seule
espèce (le ChiroleiUhis P^eraniji d'Orb.),
propre à la Méditerranée; elle est remar-
quable par sa forme , la longueur dispropor-
tionnée de son bras, qui est plus de deux fois
celle du corps. Ces bras s'allongent comme
des mains propres àsaisirau loin une proie,
et les rapportera la bouche de l'animal.
Parmi les Céphalopodes, c'est sans contredit
l'espèce la plus extraordinaire. (A. d'O. )
CHIROTHERIIIM. mam. — rayez chei-
ROTHERIUM.
*CHIROTID;E. REPT. — 3L Ch. Bona-
parte fait du Chirote [voyez ce mot ) une
famille distincte sous ce nom, et il consi-
dère tous les Amphisbènes, pourvus ou dé-
pourvus de pattes, comme formant un ordre
particulier qu'il appelle Saurophidii. Foyez
REPTILES. (P. G.)
CHIROUIS. BOT. pn. — Voij. ciiervis.
*CHIRU. MAM. — Nom d'une espèce du
g. Antilope.
CHIRURGIEN, ois. — Nom vulgaire du
Jacana.
CeiRURGIElV. poiss. — Nom vulgaire
d'une esp. du g. Acanthure.
cniRUS (xE'P, k, bras), poiss. — Genre
de Poissons établi sous ce nom par Stcller. et
CHI
que Cuvier a placé à la fin de la famille des
Gobioïdes.en disant que ce genre formerait
un jour le type d'une famille particulière.
Le fait est qu'ils appartiennent au groupe des
Percoïdes à joues cuirassées. L'articulation
dusous-orbitaireavcc le préopercule ne peut
laisser de doute sur ce point; d'ailleurs,
quand on a saisi ce rapport, on reconnaît
bientôt que tout le reste de leur organisa-
lion s'accorde parfaitement avec celle des
Poissons de ce groupe. Ils ont en effet cinq
rayons aux ventrales , qui sont jugulaires,
comme celles des Colloïdes. De même que
les Hémilépidotes ou les Hémitriptères, leur
corps est couvert d'une peau nue , percée
de pores nombreux , mais ici disposée en
séries régulières , ce qui a fait croire qu'ils
avaient plusieurs lignes laléraJes. Les rayons
des nageoires dorsales sont simples et
mous comme ceux des Colles, auxquels je
les compare. Leurs dents assez petites en
cônes, les tentacules qui surmontent leur
arcade sourcilière, enfin leur séjour dans les
mers de Kamtschatka, semblent aussi prou-
ver la vérité de ce rapprochement. Pallas
dit positivement que ces Poissons ont des
cœcums. Je ne puis concevoir par quel lap-
sus calami G. Cuvier a dit le contraire ;
car son assertion est précisément tirée de
Pallas. Cet illustre voyageur a donné une
Monographie fort étendue de ce genre en ac-
compagnant les descriptions de fort belles
figures , mais il lui a imposé le nom de
Labrax. Celle dénomination me paraît
même adoptée plus généralement que celle
deSteller. On ne connaît que huit à dix es-
pèces de ce genre. (Val.)
CniSiMOBRAIVCHES. Chismobranchiala
(X'V-" > fente ; Spxyxtx, branchies), moll. —
M. de Blainville ( Tmité de malacologie )
a proposé de rassembler les six genres sui-
vants dans le second ordre de la première
section de ceux des Mollusques gastéropodes,
qui n'ont pas les organes de la respiration
symétrique : Coriocelle , Sigaret, Cryptos-
tome, Oxynoé, Stomalelle et Vélutine.
Cetordre ne pourra certainement pas sub-
sister. Déjà nous avons fait apercevoir que
le genre Cryptoslome est un double emploi
de celui des Sigarels , et nous pourrons éga-
loment démontrer que ces genres ont les plus
grands rapports avec les Nalices, et ne peu-
vent pas en être séparés. Le genre Oxynoé
CHI
677
est probablement un autre double emploi
des Sigarets, et il sulTit dédire qu'il a été
créé et proposé par Fvafinesque pour qu'on
ail plus de peine encore â l'admettre. Enfin
le genre Stomalelle est très voisin des Ha-
liotides, et doit rester dans son voisinage.
Il résulte évidemment, d'après ce que nous
venons de dire, que l'ordre des Chismobran-
ches doit disparaître de la méthode natu-
relle. (Desii.)
CI1ISM0PI\ÉS. Chismopneœ. poiss. —
M. Duméril a désigné sous ce nom, dans sa
Zoot. anal., une famille de la sous-classe de
ses Poissons cartilagineux , dont les bran-
chies n'ont pas d'opercules, mais des mem-
branes dont l'ouverture forme une fente sur
les côtés du cou. Les g. Lophie , Baudroie ,
Baliste et Chimère qui composent cette fa-
mille , sont répartis dans autant d'ordres de
Cuvier.
'CmSOCHETOlV, Blum. bot. ph.— Syn.
de Schizocliiton , Sprcng.
CHITIIVE. Chiiina (j(ctov, tunique), chim.
— Substance ainsi nommée par M. Auguste
Odier, et découverte par lui dans les parties
solides et tégumentaires du corps et des
membres des Insectes et des Crustacés, dans
la composition desquelles elle entre pour un
quart. On l'obtient en traitant ces deux par-
lies par la potasse à chaud, qui ne fait que
la dégager, sans la dissoudre , des autres
substances animales avec lesquelles elle se
trouve mêlée. Elle offre pour caractère d'ê-
tre solubledans l'acide sulfurique à chaud,
de ne point jaunir dans l'acide nitrique , de
brûler sans se fondre , c'est-à-dire en lais-
sant un charbon qui conserve la forme de
l'organe brûlé , enfin de ne pas contenir
d'azote. Par ce dernier caractère, la Chitine
se rapproche des substances végétales, et
l'auteur la compare sous ce rapport au li-
gneux.
La matière parenchymateuse trouvée par
MM. Thouvenel , Beaupoil et Robiquet dans
leur analyse des Canlharides n'est autre
chose que la Chitine. (D.)
CHITOM. MOLL. — Syn . d'Oscabrion.
* CHITONELLE. Chilonellus , Blainv.
MOLL. —C'est le genre Oscabrelle de La-
marck.dontle nom a clé inutilement changé
par M. de Blainville dans son Traité de ma'
lacologie. (Desh.)
*CHIT01\"IA (x'^wv, tunique), bot. ph.
678
CHI
— Genre de la famille des Zygophyllées ,
qui offre ies caractères suivants: Calice 4-
parti , caduc, à divisions inégales. 4 pétales
beaucoup plus longs, échancrés, courte-
ment onguiculés, ihamincsen nombre dou-
ble, plus courtes que les pétales , égales
entre elles ; filets filiformes, dressés , à anthè-
res s'ouvrant et velues en dedans. Ovaire
sessile, terminé en un style que surmonte un
stigmate élargi à 4 lobes , relevé de 4 angles
aigus et creusé de 4 loges dont chacune con-
tient 2 ovules suspendus à l'angle interne,
l'un au-dessus de l'autre, et anatropes. Cap-
sule àdéhiscence septicide qui la partage en
4 valves comprimées, prolongées supérieu-
rement en une aile large et coriace. Graines
attachées à l'axe, comprimées, à test coriace,
parcourues sur leur côté interne par un re-
pli longitudinal, qui se termine à l'extré-
mité opposée vers la chalaze en une crête
membraneuse. Embryon droit, vert, entouré
d'un périsperme charnu, blanc, à radicule
courte et supére, à cotylédons oblongs.— La
seule espèce connue est un arbrisseau du
Mexique, couvert de poils soyeux, à feuilles
alternes vers le bas, opposées plus haut,
mais de telle sorte que, dans chaque paire,
l'une des deux avorte en partie alternative-
ment, pennées avec impaire; à pédoncules
opposés aux feuilles au haut de la tige, so-
litaires et portant une seule fleur grande,
d'un rose pourpre. (Ad. J.)
* GHIZQERIIIS , Wagler ( x'Çr), fente ;
pt's , nez ; à cause de l'ouverture des na-
rines en forme de fente), ois. — Wagler, en
1827, démembra ce g. de celui de Muso-
pkaga (iMusophage d'Isert et Latham), pour
les espèces connues alors sous les noms de
Musophage varié et de Touraco géant.
Les caractères de ce nouveau genre sont :
«Becélevéellargeà sa base, puis comprimé,
à carène arrondie et très arquée; mandi-
bule inférieure moins haute que la supé-
rieure de moins que moitié , toutes deux
fortement échancrées à leur extrémité, et
denliculées sur les bords ; narines ouvertes
dans la substance cornée du bec à quelque
distance de sa base, tout près de sa tranchée
supérieure et en forme de fente assez courte ;
ailes assez allongées, avec les quatre premiè-
res pennes étagées ; queue allongée, légè-
rement arrondie , avec l'extrémité des pen-
nes obtuse; pieds assez courts; tarses ro-
CHI
bustes, couverts antérieurement ainsi que
les doigts de larges squamelles; doigt mé-
dian fort allongé , les latéraux beaucoup
plus courts et égaux, réunis au médian à
leur base par une courte membrane , le
pouce fort court ainsi que son ongle. »
On reconnaît facilement que les seuls ca-
ractères distincts de ceux du Musophage ,
ne consistent, pour ce nouveau genre, que
dans l'absence de cette sorte de disque
corné recouvrant le front du Musophage vio-
let, et dans l'insertion différente des nari-
nes. Du reste , ces oiseaux sont , comme les
Touracos dont ils sont très voisins, frugi-
vores et insectivores , et comme eux aussi
particuliers à l'Afrique , où ils fréquentent
les bois et les arbres près des rivières.
L'espèce type Chizœrhis varieyata Wagl.,
Musophage variéy âiW. {Gai., pi. 48), Tou-
raco musophage YaiW. [Prom. et Guêp., pi.
20), Phasianus africanus Lat., est en dessus
d'un gris cendré qui prend une teinte ob-
scure sur la tête, le cou et la poitrine ; une
huppe de plumes très déliées etacuminées
orne l'occiput ; le dessous , depuis la poi-
trine, est blanc, avec de longues mèches d'un
brun noir; les plumes du dessous ont un
trait médian delà même nuance ; les rectri-
ces et l'extrémité des rémiges sont noires ;
le becest jaune-verdâtre. Elle n'est pas rare
au Sénégal.
Depuis la formation du genre par Wagler,
deux nouvelles espèces sont venues se grou-
per près de l'espèce type. Elles sont dues au
zèle de deux savants explorateurs de l'A-
frique orientale et méridionale, Ruppel en
Abyssinie, et le docteur Smith au cap de
Bonne-Espérance. L'espèce abyssinienne, dé-
couverte par le premier, est le Chizœrhis zo-
nurus Riipp. ( Faune d' Abyssinie, 2" partie,
pi. 4), voisine du variegala, mais d'un brun
noirâtre uniforme en dessus et au côté seu-
lement, blanc-grisâtre en dessous , avec une
bande transversale blanche sur le milieu de
la queue, interrompue par les deux rectri-
ces médianes, et une huppe occipitale de
plumes acuminées.
La seconde espèce, découverte par le doc-
teur Smilh dans l'intérieur de l'Afrique mé-
ridionale , est le Chizœrhis concolor Sm.
[Illuslr. ofthe zool. ofSoulh Africa,y4ves,ip].
21). m'avait déjà décrite dans son liepon oj
the Exp. forexplor. conlr. Africa, 1 83(>, p. 54
CHL
sous le nom de Coliphimus concolor , igno-
rant alors que Wagler avait formé le même
genre sous le nom de Cliizœrhis qu'il a
adopté à son retour en Europe. Ce savant
Anglais nous fournit sur celte nouvelle es-
pèce les détails suivants. C'est vers le 25»
degré 34' de latitude sud qu'il la rencontra
pour la première fois, lorsque le pays com-
mençait à se couvrir de bois et de plantations
sur le bord des rivières. A sa première vue,
les Hottentots le regardèrent comme une es-
pèce de Co//ok, et persistèrent dans cette opi-
nion, fondée sur les grands rapports qu'elle
offre effectivement avec eux dans sa ma-
nière de se tenir quand elle est perchée, et
dans le genre et le peu de durée de son vol.
C'est sur le bord des rivières qu'elle se plaît
le plus, se tenant perchée sur les branches
les plus élevées des arbres, ou les parcou-
rant avec agilité, à la recherche des fruits,
qui sont le fond de sa nourriture. Son vol
est court, le plus ordinairement d'arbre en
arbre. Quelquefois elle bat des ailes avec vi-
gueur et un mouvement accéléré, mais le
plus souvent elle ne fait que planer, les ailes
étendues, et ne les agitant alors qu'au mo-
ment où elle se perche à la fln de son vol.
Là, quand rien ne l'inquiète, elle garde
une altitude assez stupide et disgracieuse,
la tète rentrée entre les épaules, et pous-
sant de temps en temps un cri fort qui
semble exprimer le mot mie; mais dès que
quelque bruit ou quelque objet l'inquiète,
sa pause devient au contraire gracieuse et
élégante ; sa huppe , habituellement tom-
bante, se redresse verticalement, et ses cris
deviennentalors plus forts et plus fréquents.
Les premiers individus que l'on rencontra
étaient très sauvages ; mais à mesure que
l'on avança ils devinrent beaucoup plus
nombreux et moins timides, au point qu'on
ciitpuen tuer jusqu'à 40 et 50 certains jours,
S! on l'eût désiré; en ouvrant leur estomac
on y trouva , outre des débris de fruits , des
ailes et autres parties de Criquets ou Gril-
lons.
Cette troisième espèce du genre , car
le Touraco géant est reporté aujourd'hui
près des Musophages, diffère des deux autres
par un bec plus court, plus fortement ar-
qué et de couleur noire, par un plumage
'iiiiformément gris-cendré plus foncé seule-
ment sur les rémiges et à l'extrémité des rec-
CHL
679
triées, et par une huppe frontale et verti-
cale de plumes légères et décomposées.
Les Chizœrfii.i , a\ns\ que les Masoplmges
elles Touracos que Cuvier place à la fin de
l'ordre des Grimpeurs, mais comme un
groupe anomal et isolé, n'ayant réellement
pas une conformation de pattes zygodactyle,
mais seulement le doigt externe légèrement
versatile, nous avons pensé, comme Swain-
son, qu'ils étaient plus naturellement placés
dans les Passereaux que dans ces derniers,
qu'ils devaient être rapprochés des Colious
d'après la grande analogie dans la forme de
leur bec, de leurs pattes , de leur plumage
et de leurs moeurs frugivores, et former avec
eux une famille de nos Passereaux aniso-
dactyles sous le nomâaiMusopliuijidées, dont
ils sont une sous-famille, sous celui de Mu-
sophaginées. F oyez ces derniers mots et ce-
lui de COLINÉES. (Lafr.)
CHL^]\ACÉES. Chlœnaceœ (x^ocrva, ou
en latin lœna, tunique extérieure de l'invo-
lucre qu'on observe autour des fleurs. Cette
famille se trouve ainsi nommée, non d'après
un de ses genres, mais d'après le caractère
qui fournit la désinence de tous les noms
génériques), bot. ph. —Famille de plantes
dicotylédonées polypétales hypogynes, pré-
sentant les caractères suivants : Involucre
renfermant une ou deux fleurs : dans le pre-
mier cas, en forme d'urcéole plus ou moins
charnu , et terminé par 5-G dents ; dans le
second, composé de deux bradées membra-
neuses, grandes et soudées à la base, ou pe-
tites et distinctes. Calice de 3 folioles plus
courtes que l'involucre, ou le dépassant à
peine. 5-6 pétales grands , élargis et quel-
quefois soudés à leur base. Élamines au
nombre de 10 ou plus ordinairement indéfi-
nies, insérées sur la face interne d'un disque
urcéolaire hypogynique, crénelé au sommet.
Filets libres , filiformes. Anthères bilocu-
laires, introrses. Ovaire libre, sessile, sur-
monté d'un style que termine un stigmate
trilobé , creusé de trois loges renfermant
chacune deux ovules suspendus collatéraux.
Fruit capsulaire à 3 valves opposées à au-
tant de cloisons , mais ordinairement caché
dans l'involucre qui grandit , devient quel-
quefois charnu, et s'oppose à la déhiscence.
Graines réduites à 3 par avortement , ou
même à une par celui de deux loges, ovales-
comprimées, à test coriace. Embryon droit.
680
CHL
enlouré d'un périsperme corné ou charnu,
vert , à radicule supère , à cotylédons folia-
cés , ondulés. — Les espèces , toutes origi-
naires de Madagascar, sont des arbres ou
des arbrisseaux quelquefois grimpants , à
feuilles alternes, simples, entières , penni-
nervées; à bourgeons enveloppés dans le
principe par une stipule oblongue , qui
tombe plus tard ou persiste rejetée à la base
du rameau ; à inflorescences dichotomes ,
composées d'un petit ou d'un assez grand
nombre de fleurs, quelquefois fort grandes.
Quelques parties sont, dans leur jeunesse
surtout , couvertes de poils étoiles ou sim-
ples, ceux-ci quelquefois brûlants.
Genres : Surcolœna, P. Thouars. — Lepio-
lœna, P. Thouars. — Scliizolœna, P. Thouars.
— Rliodolœna, P. Thouars. (Ad. J.)
CHL^rSillJS (x^aTva, manteau), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Carabiques , tribu des Patellimanes ,
fondé par Bonelli et adopté par tous les en-
tomologistes. Les Chlœmus ont les palpes
extérieurs filiformes , le dernier article des
maxillaires cylindrique , et le même des la-
biaux en cône renversé. Les mâles se distin-
guent des femelles parleurs tarses antérieurs
dont les trois premiers articles sont très di-
latés, et garnis en dessous d'une espèce de
brosse. Du reste , ce sont des Insectes de
moyenne taille, parés ordinairement de cou-
leurs métalliques très brillantes, souvent
ponctués ou granulés, et la plupart couverts
d'un duvet court et serré ; c'est à celte der-
nière particularité que fait allusion leur
nom générique. Ils paraissent répandus par
tout le globe : l'Europe, l'Amérique septen-*
Irionale, l'Afrique , et surtout la partie mé-
ridionale de l'Asie, en nourrissent un grand
nombre d'espèces ; ils sont beaucoup plus
rares dans l'Amérique méridionale, et jus-
qu'à présent on n'en connaît qu'une espèce
de la Nouvelle-Hollande [Cli. ausiralis). Ils
se tiennent ordinairement sous les pierres
et les débris des végétaux , aux bords des
rivières et dans les endroits humides, et
presque tous exhalent une odeur alcaline
très forte et désagréable.
Ce g. étant très nombreux en espèces (le
dernier Catalogue de M. Dejean en désigne
133), cet auteur y a établi 4 divisions , d'a-
près des caractères qu'il serait trop long de
transcrire ici. Nous citerons seulement
CHL
comme types une espèce de chacune d'el-
les : 1° Clil. quadrinotatus Dej., du Sénégal;
2° Chl. velminus Duftschmid , de France et
d'Allemagne ; 3° Cld. nigripenms Fabr. , des
environs de Paris ; 4° enfin, Ch. cliloridius
Még., des Indes orientales. (D.)
* CHL.EIVOBOLLS, Cass. bot. ph.— Syn.
dePierocauloii, Eli.
*CHL;ï;PHAGA. ois. — Genre établi par
Eyton dans le g. Bernache, et dont VAuas
viagellanica est le type. (G.)
* CHLAMIDODOIV ou mieux CIILA-
MYDODON ( xW'^i, enveloppe ; oiov? ,
dent ). iNFus. — Genre de l'ordre des
Infusoires asymétriques, famille des Plœsco-
niens de M. Dujardin, établi par M. Ehren-
berg pour un animal microscopique long de
0,11, vert ou hyalin, bigarré de vésicules
roses, et vivant dans les eaux de la Baltique.
C'est un animal de forme ovale, aplatie,
pourvu de cils et de crochets à la face ven-
trale , et ayant une bouche entourée d'un
faisceau de dents droites. La seule espèce
connue a été désignée par le créateur du
g. sous le nom de C/i. Mnémosyne. (C. d'O.)
* CHLAMIDOMOIVADE. ClUamidomonas
(^XcxfAv;, bouclier; fxova;, monade J. INFUS.—
Genre de la famille des Volvox , établi par
31. Ehrenberg pour le Monas pulvisculus de
Muller. Ses caractères sont d'être dépourvu
de queue, et d'offrir au contraire une dou-
ble trompe filiforme et un point oculiforme.
(P. G.)
"CIILAMYDERA { x'>^aij.i; , manteau;
Sc'pn, COU; à cause de l'espèce de man-
telet dont est orné le cou des oiseaux de
ce genre), ois. — Genre formé par Gould
d'abord sous le nom de Calodera [Procee-
dings, 1836), puis changé par lui en celui
de Chlmmjdera , dans son ouvrage intitulé
Hirds of Ausiralia , 1837, et sa suite, 1841.
Ce dernier nom, quoique plus récent, a ce-
pendant été adopté de préférence et contre
l'usage actuel par Gray {Lisi of ihe gênera).
L'espèce découverte par M. Gould est le
Chlamijdera OU Calodera macidaia Gould
[Proceed., 1836, p. IIC), et figurée dans la
4« partie de ses Birds of ytusnalia, 1841. La
seconde espèce , plus anciennement con-
nue, est le Plilonrhijnchus nuchalis Jard. et
Selby, que ces auteurs avaient réuni géné-
riquemer/t au PiroU velouté. En rapprochant
effectivement IcsChlaraydères des Pirolls vc-
CHL
louté el Verdin de Temmiack , on trouve
entre eux une telle conformité de pattes,
d'ailes, de queue et de bec, qu'on ne con-
çoit pas que le seul ornement occipital des
premiers ait pu engager M. Gould à les sé-
parer génériquement, après avoir reconnu
surtout qu'ils avaient encore de commun
entre eux cette particularité si remarquable
de constructions de petits berceaux de ren-
dez-vous. Pour nous, les Chlamydéres sont
de véritables Pirolls, qui ne peuvent même
faire une section dans le genre, car s'ils
dînèrent du Piroll velouté par leurs narines
non recouvertes de faisceaux de plumes
comprimés, ils se rapprochent entièrement,
sous ce rapport, des deux autres espèces, le
Piroll velouté et le Piroll buccoide de la
Nouvelle-Guinée, qui les ont découvertes
comme eux.
Le Chlamydkrk tacheté a été rencontré
par M. Gould à la Nouvelle-Hollande, beau-
coup plus à l 'intérieur que le Piroll velouté et
dans les districts au nord de la Nouvelle-
Galle méridionale et des plaines de Liver-
pool, et à Bezi, sur la rivière Mokay, où il
est abondant.
Quant au ChlamydÈre nuchal, très voisin
du premier, mais plus gros, comme il est
habitant de la côte nord-ouest , partie peu
visitée et encore peu connue, et que n'a
point explorée cet ornithologiste zélé, il n'a
pu l'observer en nature, mais il a appris du
capitaine Grey, à son retour d'une expédi-
tion dans ces contrées, que cette espèce
avait les mêmes mœurs que le Chiamydère
tacheté et le Piroll velouté. (Lafr.)
CflLAMYDIA, Banks, bot. ph.— Syn. de
Ptioriiiium, Forst.
* CHLAMYDIUM(x^a(^vî. casaque), bot.
CR. — (Hépatiques. ) M. Nées désigne sous
ce nom [Hep. Eur., IV, p. lOi ) 1 1 seconde
section du g. Marchaniia , caractérisée par
le pédoncule excentrique des réceptacles fe-
melles. (G. BI.)
" CHLAMIDOPHORA, Ehrenb. {xW<>'i,
vfîoî, surtout, manteau; tpopô;, porteur).
bot ph. — Genre de plantes appartenant à
la famille des Composées, tribu des Sénécio-
nidées, et présentant pour caractères : Ca-
pitules raultiflores, homogames ; corolles
4-ô-dentées dont le tube se dilate après la
fécondation, de manière à ce que le limbe
paraisse plus étroit et plus court que lui.
CHL
681
Fruits insérés obliquement sur un récepta-
cle conique, nu, cylindracés, parcourus par
cinq nervures blanches proéminentes, et
surmontés d'une aigrette membraneuse plus
longue que la corolle presque égale au fruit,
en forme d'oreillette profondément fendue
du côté externe. — Cette plante , qui semble
devoir rentrer dans une des sections du
genre Peuizia , a été décrite par M. Delile
sous le nom de Balsamiia iridentuia, {i&n$ sa
Flore d'Egypte, d'où elle est originaire. (.J.D.)
CHLAMYDOSAURE. Chlamydo.,anru.s
{^(^lœ^ûi, -iSoi, manteau; aaûpoç, lézard).
REPT. — M. J.-E. Gray a le premier fait
connaître la curieuse espèce de Sauriens de
la Nouvelle-Hollande pour laquelle il a éta-
bli le g. Chlaïuydosaure, et il l'a dédiée au
capitaine King {Chl. Kingii). C'est un igua-
niea encore rare dans nos collections , mais
remarquable par une expansion cutanée de
son cou , fort semblable à une grande colle-
rette plissée, fendue en avant et en arrière,
dentelée à ses bords, plissée et garnie à sa
surface d'écaillés rhomboidales carénées. Le
Chlamydosaure est voisin des Sittanes, mais
d'une taille bien supérieure, et qui égale
celle des plus grands Lézards ocellés du midi
de l'Europe ; sa queue est longue et grêle ;
ses cuisses ont une rangée de pores. On ne
connaît pas sa manière de vivre. (P. G.)
*CHLAMYD0TI1E11ILM (x^ap^« . man-
teau , cuirasse ; G/iptov; animal), mam. foss.
— Genre fossile de la famille des Tatous,
créé par M. Lund pour un animal dont la
cuirasse est à peu près la même que celle
de i'Encoubert, et dont la composition des
pieds est celle des Cachicames avec des pro-
portions plus grosses. Le système dentaire
se rapproche encore de celui de I'Encoubert,
en ce qu'il est muni de 4 incisives en haut
et de 6 en bas; mais les molaires s'écartent
par leur forme de celle de tous les Tatous
vivants : elles sont très grandes , très com-
primées sur les côtés , et offrent une large
surface plate enfoncée dans son milieu pour
la trituration. Cette structure les rapproche
des dents des Megalonyx. Ce genre établit
des liaisons entre divers genres encore vi-
vants de cette famille , et présente les pre-
miers traits d'affinités avec les Paresseux ,
traits qui s'augmentent graduellement dans
d'autres genres, au point de rendre la ligne
de démarcation de ces deux familles fort
43*
6S2
CHL
incertaine. L'espèce la plus commune, le
CM. humboldni, était de la taille du Tapir, et
!e Clil. gigatueum égalait les plus grands
Rhinocéros. (Ii...D.)
' CHLAMl'DOTIS. ois. — Genre établi
par M. Lesson pour VOtis houbara, esp. du
g. Outarde. (G.)
CHLAMYPHORE. Chlamyphorus (^Àa-
fiiîç, bouclier; °£'vï]ç, champêtre;
5toï, vie). INS. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Lamellicornes, tribu
des Mélolonthides , créé par M. Dejean ,
qui y rapporte une espèce des États-Unis,
nommée par lui Ch. fasiidita. Cette espèce
sépare les Rldzotroyus des Sclûzonycha. (C.)
*CHLOERUM, Willd. bot. ph, — Syn.
A'Aboldoba, Humb. et Bonp.
'CHLOOPSIS (x).ox, herbe; o^e:, appa-
rence), bot. pu. — Genre de la famille des
Liliacées-Anthéricées , établi par Blume. Ce
sont des plantes herbacées des forêts tem-
pérées de l'île de Java , à racines fibreuses ,
à feuilles fascieulées , linéaires, membra-
neuses à leur base, à fleurs en grappes d'un
bleu clair, portées sur des pédicelles arti-
culés au milieu de leur longueur. On en
connaît 2 espèces , les Cli. acaulis et caules-
cens. (C. d'O.)
'CHLORA (x^upô; , jaune), bot. ph. —
Genre de la famille des Gentianacées , tribu
des Gentianées-Chironiées, établi par Linné
(Gêh., 1258), renfermant 8 ou 10 espèces
dont quelques unes sont cultivées dans les
jardins. Ce sont des plantes herbacées, an-
nuelles, indigènes de l'Europe médiane
et centrale (deux toutefois sont citées comme
existant en Amérique, mais il est douteux
qu'ils appartiennent à ce genre), à feuilles
opposées, nervées, sessiles ou cornées-per-
684
CHL
foliées , à fleurs terminales , Jaunes, soli-
taires ou disposées en corymbe.Griesebach,
qui s'est occupé de ce genre, le divise en
deux sections {Gent., 116, 118) : a. Xanthan-
ihus , b. Urananihus. Celte dernière , selon
Benlham, fondée sur le Lliianthus glaucifo-
lius Jacq. ( le. rar., t. 33) , plante de l'Amé-
rique tropicale, à fleurs bleues, devrait
former un genre distinct. (C. L.)
'CHLORyEA (x^upoç, jaune ou vert), bot.
PH.— Genre de la famille des Orchidées-Aré-
thusées.établi par Lindiey pour des plan tes de
l'Amériquedu Sud, croissant au sommetdes
Cordillières, près de la limite des neiges.
Leurs racines sont fasciculées et charnues ;
les hampes sont simples, portent des feuilles
à la base seulement avec quelques bractées
sur le fourreau ; les feuilles sont oblongues
et munies de nervures ; les fleurs grandes et
belles, en épis, blanches, verdâtres ou jau-
nes, et agréablement veinées. (C. ii'O.)
* CHLOR^MA ( x^i^poç , verdâtre ;
aT/x«, sang). ANNÉL. — Genre d'Annélides
Chétopodes, établi par M. Dujardin sur
une espèce des côtes de France , dont les
caractères sont un mélange de ceux des Sa-
belles et des Nais , mais qui rentre dans la
famille des premières. Il doit son nom à la
couleur du sang de la seule espèce jusqu'ici
connue, le Ch. Edwardsii. (P. G.)
CIILORAIVTHACÉES ou CHLORAX-
THEES. Chloranihaceœ. bot. ph. — Famille
des plantes dicotylédonées , à fleurs dicli-
nes , dioiques ou monoïques , quelquefois
rapprochées dans une inflorescence com-
mune qu'on doit peut-être considérer comme
une fleur hermaphrodite. Les mâles consis-
tent dans une anthère uniloculaire dont la
loge est adnée à la face interne d'un con-
nectif charnu; les femelles dans un ovaire
surmonté d'un stigmate simple et sessile,
renfermant daus une loge unique un seul
ovule pendu au sommet , et devenant, à la
maturité , un drupe que remplit la graine
pendante revêtue d'un tégument membra-
neux, et présentant , au sommet d'un gros
périsperme charnu, un embryon très petit,
antitrope, situé par conséquent à l'extré-
mité libre de la graine , avec une radicule
infère et des cotylédons courts et d'vari-
qués. Ces fleurs, nues ou à demi plongées
dans une bractée naviculaire, sont situées
sur des épis terminaux, ou plus rarement
CHL
axillaires , souvent rameux : celles qu'on
décrit comme hermaphrodites, montrant
sur un pédicule qui part de la base de l'o-
vaire, 4 anthères , dont les 2 médianes sou-
dées par leur bord. — Les espèces sont des
sous-arbrisseaux ou de petits arbres origi-
naires des contrées tropicales, l'Inde , l'O-
céanie, l'Amérique. Leurs feuilles, simples
et opposées, présentent dans une certaine
longueur, sur les côtés et en bas de leur pé-
tiole , des stipules qui , soudées avec celles
du pétiole opposé , forment une gaîne am-
plexicaule.
Genres : Hedyosmum , Swartz ( Tafalla ,
Ruiz etPav.).— y^scarzna, Forst. — Chloran-
thus , Swartz [Nigrina , Thunb. — Creodus ,
Lour. — Cryphœa, Hamilt. — Peperidia,
Reichenb. —Siropha , Noronha.). (Ad. J.)
* CHLORAIVTHIE. Chloramhia {x'><^pk,
vert;av9o;, fleur), bot. ph. — Dupetit-
Thouars donne ce nom à un cas de térato-
logie végétale dans lequel les organes flo-
raux sont convertis en fleurs véritables.
CIILORAIVTHUS (x>"P°ç, jaune; av-
6oç , fleur). BOT. ph. — Genre type de la fa-
mille des Chloranthacées, formé par Swartz
{Philos, trayis., LXXVIII, 359), contenant
une dizaine d'espèces propres à l'Asie tropi-
cale. Ce sont des plantes herbacées, annuel les
ou sufl'rutiqueuses , à articulations raméai-
res renflées , à feuilles opposées , pétiolées ,
réticulées-veinées, très entières ou dentées,
à pétioles dilatés à la base , connés avec les
stipules intra-axillaires en une ochrée assez
lâche, à fleurs disposées en épis axillaires
terminaux, simples ou rameux. On en
cultive la moitié environ dans les serres
des jardins botaniques d'Europe, et l'une des
plus communes, le C. incompicuus , n'a,
comme son nom spécifique l'indique sufTi-
samment , rien d'ornemental. Les fleurs en
sont vertes, très petites et groupées en pa-
nicule terminale. Voyez, pour les caractères,
le mot CHLORANTHACÉES. (C. L.)
CHLORATES, chim. — Sels formés par
la combinaison de l'acide chlorique avec
les diverses bases. C'est à Berthollet qu'on
en doit la découverte. Voici quelles sontleurs
principales propriétés : Ils sont solubleg
dans l'eau , à l'exception du Chlorate de
protoxyde de Mercure. Tous sont décompo-
sés à une température inférieure au rouge
sombre ; la plupart laissent dégager l'Oxy-
CHL
génc (le leur base el de leur acide , et don-
neiil pour résidu un chlorure mélallique.
Projetés sur des charbons ardents , ils en
activent beaucoup la combustion. Les aci-
des chlorhydriqueet suifurique les colorent
en jaune , et en séparent un gaz jaune ver-
dàtre qui détonne avec violence lorsqu'on
le chauffe légèrement. Ils ne forment pas de
précipité dans les sels d'argent, ce qui les
distingue des chlorures et permet de recon-
naître quand ils sont purs ou mêlés à ces
derniers sels.
Un grand nombre de corps combustibles
enlèvent l'oxygène aux Chlorates, et forment,
quand on les mêle avec ces composés , des
poudres fulminantes , qui détonnent par la
chaleur ou par le choc. Le Soufre , le sul-
fure d'Arsenic, le sulfure d'Antimoine, le
Charbon , le Phosphore , beaucoup de ma-
tières végétales et animales sont dans ce cas.
La plupart des métaux sont attaqués par
ces sels , qui les convertissent en oxydes ou
en acides.
Tous les Chlorates sont les produits de
l'art ; il n'en existe pas un seul dans la na-
ture. Le plus important, le seul qui soit em-
ployé dans les arts, est le Chlorate de po-
tasse.
On le prépare de diverses manières , mais
surtout en faisant passer du Chlore jusqu'à
refus dans une solution concentrée de Po-
tasse, ou en saturant de Chlore le lait de
chaux, et faisant bouillir la liqueur qui
en résulte avec du chlorure de Potas-
sium. Il se forme , dans ces deux cas , des
cristaux de Chlorate de potasse qu'on lave
avec de petites quantités d'eau pour les dé-
barrasser du chlorure de Potassium qui les
imprègne.
Le Chlorate de potasse cristallise en lames
rhomboidales anhydres , peu solubles dans
l'eau froide , fusibles vers 350o, et se décom-
posant à une chaleur un peu plus élevée en
Oxygène et en chlorure de Potassium. La
présence d'un peu d'oxyde de Cuivre ou de
Manganèse facilite cette décomposition :
aussi, lorsqu'on se sert de ce sel pour la pré-
paration de l'Oxygène, est-il commode de le
mêler préalablementavec environ la dixième
partie de son poids d'oxyde de Cuivre.
Sérullas a fait voir que le Chlorate de po-
tasse, avant de se décomposer complète-
ment, passe d'abord à l'état de perchlorate ;
■JHL
685
mais cet effet cesse d'avoir lieu lorsqu'on le
chauffe en présence de l'oxyde de Cuivre ou
de celui de Manganèse.
Le Chlorate de potasse est employé à la
fabrication des briquets oxygénés. A cet effet,
on plonge des allumettes ordinaires dans
une pâte molle faite avec une partie de Sou-
fre , et de 2 part, de Chlorate délayé dans un
peu d'eau gommée. Lorsqu'elles sontsècbcs.
ons'en sert pour allumer du feu en touchant
légèrement, avec leur extrémité, de l'a-
miante placée dans un petit flacon , et imbi-
bée d'acide suifurique concentré. L'allu-
mette prend feu aussitôt : le flacon doit être
bien bouché , pour que l'acide n'attire pas
l'humidité de l'air. Le Chlorate de potasse
entre aussi dans la composition des allu-
mettes àfroitemeni , dites allumettes alleman-
des. Ces dernières ne diffèrent des précé-
dentes qu'en ce que la pâte avec laquelle
on les fait contient une très petite quantité
de phosphore qui en augmente considérable-
ment la combustibilité. (Pel.)
CHLORE ( x^<^po? . jaune ou vert), chim.
— Le Chlore , ainsi nommé à cause de sa
couleur, est un gaz jaune-verdàtre , d'une
saveur et d'une odeur forte et désagréable,
d'une densité de 2,42 , susceptible d'être li-
quéfié sous une pression de quelques atmo-
sphères. Son action sur l'économie animale
est très énergique , et il agit comme poison
à faible dose.
L'eau en dissout environ 2 fois et demi
son volume à la température ordinaire.
Cette dissolution est beaucoup plus colorée
que le gaz, dont elle possède d'ailleurs toutes
les propriétés. Son odeur caractéristique est
la même que celle du Chlore. Le gaz s'en
dégage par une légère élévation de tempé-
rature et par l'agitation au contact de l'air
pendant quelques instants. Cette dissolution
se conserve bien dans l'obscurité ou dans
des flacons faits en verre bleu, mais elle
s'altère à la lumière diffuse, et à plus forte
raison à la lumière solaire directe. On la voit
se décolorer peu à peu,et bientôt elle ne ren-
ferme plus que de l'acide chlorhydrique et
un peu d'acide chlorique. Ces deux acides
sont dus à la décomposition d'une certaine
quantité d'eau dont l'oxygène, en presque
totalité, devient libre. Quand on reçoit le
Chlore dans l'eau à une température voisine
de zéro, elle laisse déposer de nombreux flo-
686
CHL
cnns d'un jaune verdâlre qui sont formés
d'Eau et de Chlore. Cet hydrate de chlore peut
encore être obtenu en décomposant, par l'a-
eidechlorhydrique, une dissolution aqueuse
d'acide hypochioreux. Quand, après l'avoir
rapidement comprimé entre des feuilles de
papier buvard, on l'introduit dans un tube
de verre qu'on scelle par les deux bouts et
qu'on le chauffe légèrement, il se décom-
pose. Le Chlore devient libre, et ne trouvant
pas d'issue pour se dégager, il s'accumule
dans le tube , où la pression qu'il subit ne
tarde pas à le liquéfier. On obtient de la
sorte deux liquides superposés : l'un infé-
rieur, de Chlore pur, l'autre d'eau saturée
de Chlore. L'atmosphère du tube est elle-
même fortement colorée en jaune verdâtre
par du Chlcre gazeux.
Le Chlore sec ne peut que se dilater quand
on le fait passer à travers un tube de porce-
laine incandescent, mais lorsqu'il a été mal
desséché ou qu'on le mêle avec de l'eau,
celle-ci est décomposée, et l'on obtient de
l'acide chlorhydrique et de l'oxygène.
Le Chlore s'unit à la température ordi-
naire avec le Brome, l'Iode, le Soufre, le
Phosphore, l'Arsenic et un grand nombre de
métaux. Il arrive même quelquefois , pour
l'Antimoine, par exemple, que ces com-
binaisons s'effectuent avec un vif dégage-
ment de chaleur et de lumière. Sous ce rap-
port et sous quelques autres, le Chlore se
rapproche de l'oxygène. Il s'unit au Carbone
en quatre proportions différentes, mais au-
cun de ces composés ne peut se former di-
rectement.
Mêlé avec l'hydrogène, et exposé à la ra-
diation solaire, le Chlore donne immédiate-
ment et avec explosion du gaz acide chlor-
hydrique, qui est formé de volumes égaux
de Chlore et d'hydrogène, unis sans conden-
sation.
A la lumière diffuse, cette combinaison
s'effectue avec lenteur. Elle n'a pas lieu dans
l'obscurité.
Le Chlore n'existe pas dans la nature à
l'état de liberté; mais les composés qu'il
forme avec les métaux sont nombreux , et
quelques uns, comme le chlorure de So-
dium , sont très répandus.
On l'extrait ordinairement de l'acide chlor-
hydrique, qu'on trouve abondamment et à
bas prix dans le commerce.
CHL
A cet effet, on introduit dans un matras
du peroxyde de Manganèse en poudre ou en
morceaux d'un petit volume. Le matras
porte un tube recourbé dont l'extrémité
plonge dans l'eau d'un premier flacon de la-
vage, et de là il se rend , par un autre tube,
dans un flacon rempli d'eau pure, si l'on
veut préparer une dissolution de Chlore, ou
rempli d'airsi on veut obtenirce corps à l'é-
tat gazeux. Dans ce dernier cas , on le dessè-
che ordinairement en le faisant passer à tra-
vers un large tube rempli de chlorure de
Calcium. Le Chlore gazeux ne peut pas être
recueilli dans le Mercure, parce qu'il atta-
que rapidement ce métal, ni dans l'eau,
parce qu'il y est soluble. Cependant, quand
celle-ci est saturée de sel marin , sa faculté
dissolvante pour le Chlore diminue beau-
coup, et l'on peut y recueillir le Chlore sous
la forme gazeuse. Celte opération présente
deux inconvénients, celui de donner un gaz
saturé d'humidité et celui de répandre de
plus ou moins grandes quantités d'un gaz
dont l'action sur l'économie animale est très
malfaisante.
On prépare encore le Chlore en faisant
réagir l'acide sulfurique étendu de la moi-
tié de son volume d'eau sur un mélange de
sel marin et de bi-oxyde de Manganèse.
Usage du Chlore. La propriété que pos-
sède le Chlore de décolorer la plupart des
matières organiques est mise à profit dans
le blanchiment des toiles, de la pâte du pa-
pier, pour laver les estampes, enlever les
taches d'encre, etc., etc. On s'en sert pour
détruire les miasmes qui peuvent être ré-
pandus dans l'air, par exemple, dans les
salles des hôpitaux, dans les amphithéâtres
de dissection , etc., etc.
C'est souvent à l'état de Cldonire d'oxyde
(mélange de Chlorure et d'hypochlorite) que
l'on emploie le Chlore. Comme il est peu so-
luble dans l'eau, celle-ci n'en prend pas la
centième partie de son poids. On conçoit
qu'on ne puisse pas transporter économi-
quement (le grandes quantités de cette dis-
solution ; mais en le recevant dans des
solutions de potasse ou de soude ou dans
de la chaux éteinte, on peut préparer des
chlorures d'oxyde qui contiennent des pro-
portions considérables de Chlore, que les aci-
des les plus faibles en détachent facilement.
L'équivalent du Chlore pèse 442,65. (Psl.J
CIIL
'CHLORIDA (xÀupK, '<îo?, verl). ins.—
Genre de Coléoptères létramères, famille
des Longiiornes, tribu des Cérambycins,
établi par M. Serville ( Ann. de la Soc. eut.
de France, t. II, p. 537, et t. III, p. 31)
aux dépens du g. Sunocorus , Fabr. Ce g.
se distingue des autres de la même sous-
tribu par son présternum simple, sa tête
horizontale, ses antennes pubescentes et par
l'extrémité bi-épineuse de chaque clytre.
M. Dejean ( Cufa/.) en désigne 4 espèces,
dont une du Brésil , une du Mexique et deux
de Cayenne. Nous citerons comme type la
C coslata Serv. , Slenocorns costatus Fabr.
M. Lacordaire, qui a eu occasion d'observer
cette espèce sur les lieux, ainsi que la fesiiva,
dit qu'elles se tiennent sur les feuilles , le
tronc des arbres, et quelquefois sous leurs
écorces , qu'elles volent souvent pendant le
jour et produisent un son aigu avec le cor-
selet, f^'oy. CÉRAMBYCINS. (D.)
'CIILORIDÉES. Clilorideœ. bot. ph. — "
Tribu de la famille des Graminées, ayant
pour type le g. Chloris.
'CHLORIDES. MIN.— Dans la méthode de
jM. Rendant, ce nom désigne une famille de
minéraux, dans lesquels le Chlore fait fonc-
tion de principe électro-négatif. (Del.)
CHLORIDILM, Link. bot. cr.— Syn. de
Demaiiitm , Fr.
CHLORIMA (x^"p'?, verdoyant), ins. —
Genre de Coléoptères létramères, famille des
Curculionites, attribué à Germar dans le
\" Catalogue de M. Dejean et dans celui de
Dahl , mais qui n'a pas été conservé. Les
espèces qu'il renferme sont réparties dans
le genre Chlorophanus , Daim. Foyez ce
mot. (C.)
* CHLORINE. Clilorina (diminutif de
Chlori.i). INS. — Genre de Diptères, établi
par M. Robineau-Desvoidy [Essai sur les
Myoduires) et faisant partie de sa famille
des Mésomydes, division des Phyllophages,
tribu des Pégomydes. L'auteur n'y rapporte
que 2 espèces qu'il nomme, l'une, C. ihora-
cica , et l'autre C. phyllioidea ; la première
a été trouvée à Saint-Sauveur, et la seconde
dans les environs de Paris. (D.)
CllI.ORIOIV (xÀwpo? , vert), ins. — Genre
du groupe des Sphégites, de la tribu des
Sphégiens, de l'ordre des Hyménoptères,
établi par Fabricius, et caractérisé surtout
car un labre quadrilobé et de longues man-
CHL
687
dibules unidentées au milieu. Les Chlorions
sont de jolis Insectes de forme élancée, cl de
couleur verte ou bleuâtre métallique et très
éclatante. Ces Hyménoptères sont répandus
également dans les pays chauds des deuï
hémisphères. L'espèce européenne, que plu-
sieurs entomologistes leur adjoignent, paraît
devoir rester isolément dans le genre Am-
pulex. On trouve communément à l'île de
France et à l'île Bourbon le Ciii.ov.ion com-
primé [C. compressitm) , qui fait une guerre
acharnée aux Blattes et aux Kakerlacks, si
nuisibles dans toutes les colonies.
C'est pour en approvisionner son nid, et
donner la nourriture à ses larves, que le
Chlorion leur fait une telle guerre. Dès qu'il
aperçoit une Blatte, il s'arrête; la Blatte
s'arrête en même temps. Le Chlorion s'é-
lance alors sur elle, la saisit avec ses man-
dibules entre la tête et le corselet, lui en-
fonce son aiguillon dans l'abdomen, et ne
lâche prise que lorsque sa victime ne donne
plus aucun signe de vie.
Le Chlorion traîne alors sa proie jusqu'à
son nid. L'ouverture n'est pas ordinairement
assez grande pour donner passage à un in-
secte aussi gros que la Blatte; notre Hymé-
noptère ne s'en étonne nullement et ne
recule pas devant une telle difficulté. Il
arrache les ailes , souvent aussi les pattes
de la Blatte ; il pénètre à reculons dans son
trou, et tirant avec ses mandibules, il fait
entrer son insecte, qui s'allonge et se com-
prime contre les parois du tube.
La présence des Chlorions est un véritable
bienfait dans les colonies, où les marchan-
dises sont fréquemment dévorées ou au
moins très détériorées par les Blattes. (Bl.)
CHLORIS, Mœhr. (x>wpt'ç, jaune), ois.—
Foy. GRos-BKcetcoccoTHRAUSTiNÉEs. — Boié
aaussi,en 1826, formé sous ce nom ungenre
dans la famille des iS'?//yî"arffE, pour quelques
petits Bec-fins d'Amérique placés par Swain-
son dans son g. Sylvicola, tels que le Pcvus
americanus Lin., ou Syhna pusilla de Wilson.
Bonaparte a formé le genre Panda pour ces
espèces ; et, comme le nom de Chloris est
employé en botanique, Gray, dans sa List of
fjenera , a adopté celui de Parulu , quoique
plus récent. Voyez ce mot. (Lafr.)
CHLORIS (x><-P'?, vert), bot. pu. -Genre
de la famille des Graminées, tribu des Chlo-
ridées, établi par Swartz , mais qui , depuis
688
CHL
cet auteur, a subi de nombreuses modifica-
tions. Les ChLoris sont des plantes d'un port
élégant qui se trouvent dans l'Amérique du
Sud , dans les Etats-Unis , aux Indes orien-
tales et au cap de Bonne-Espérance. Elles
ont le chaume simple ou rameux, les feuil-
les planes , les épis digités-fasciculés , plus
rarement solitaires ou géminés, les épillets
unilatéraux sessiles.
*CHLORISOMA,Swains. ois. — Syn. de
Cissa, Boié, qui lui est antérieur.
*CHL011ISSA (xÀcopi'Ço), je suis vert), ins.
— Genre de I-épidoplères nocturnes , tribu
des Phalénites, établi par M. Stephens (///««/.
of brii. eut. , vol. ill, pag. 315), qui le range
dans sa famille des Geomeiridœ. Ce g. se
compose de 3 espèces qu'il a retranchées de
celui que nous avons fondé sous le nom de
Uemiiliea, savoir : les Geotn. viridala et Ihy-
wjûna Linn., et cA/o^-ana Hubn. P^oy. he-
MITHEA. (D.)
CHLOr.ITES. «IN. Cette dénomination
générale est appliquée maintenant à la plu
part des matières que l'on a longtemps
appelées Micas talqueux. Leurs caractères
extérieurs avaient fait deviner à la fois leur
analogie entre elles, et leur nature inter-
médiaire entre celle des Talcs et celle de
Micas. Le savant auteur de l'article insér
sous le titre de Chlorites dans la première
édition de ce Dictionnaire, M. Delafosse,
avait dit déjà : « le Talc diffère des Chlori-
tes et des Micas par l'absence de l'Alumine;
mais, comme la composition des Chlorites
et des Micas est variable, on peut dire qu'il
s'établit une sorte de passage entre les Micas
proprement Jits, et le Talc, d'une part, par
les Micas magnésiens (ou Micas à un axe)
qui sont pauvres en alumine; et de l'aiilre
par les Chlorites, qui sont des espèces inter-
médiaires, des Micas talqueux pour ainsi
(lire. Il en résulte que dans la nature il est
fort difficile d'établir une distinction rigou-
reuse entre les roches micacées, chloriteuses
et talqueuses, d'autant plus que les trois
sortes de substances paraissent se suppléer
mutuellement dans leur rôle géologique, et
donnent naissance à des séries de roches
correspondantes. »
Les Talcs et les Micas cristallisent en
prismes rhomboïdaux d'environ 120°, »o-
dîBés sur deux arêtes latérales, de façon à
présenter l'aspect de prismes hexagonaux
CHL
réguliers. Ils sont clivables en lames minces
et renferment de la Siiireetde la Magnésie.
Enfin, ils sont avec le quartz et le feldspath
les éléments essentiels des roches cristalli-
sées schisteuses, réunies aujourd'hui sous
le nom de roches métamorphiques. Tous
ces traits de physionomie, de constitution
ou de gisement, communs aux matières mi-
cacées ou talqueuses, le sont en même
temps aux Chlorites. Les Chlorites sont des
silicates hydratés d'Alumine, de Magnésie et
de fer, de couleur ordinairement verdâtre,
que l'on trouve souvent en cristaux tabu-
laires, à type géométriquement hexagonal,
et facilement clivables en lames minces, dont
l'élasticité varie. Elles contiennent assez
d'Alumine pour être classées à la suite des
Micas. Mais elles renferment plus d'eau que
les Talcs eux-mêmes ; l'élasticité de leurs
lamelles de clivage est souvent à peine pro-
noncée; leur poussière est assez onctueuse,
et leurs relations géognostiques et géologi-
ques les rapprochent évidemment des Talcs
et de la Serpentine. Ce qui les en écarte
chimiquement, c'est avant tout l'Alumine,
qui empêche de classer parmi les Silicates
non alumineux des substances oîi l'analyse
découvre de 15 à 20 pour 100 de cette base.
Mais l'Alumine joue dans la théorie dualisti-
que un double rôle qui permet une interpré-
tation de la composition chimique, favora-
ble aux analogies naturelles des chlorites
avec les matières talqueuses. Si l'on admet
comme M . Rammelsberg que l'Alumine fait
fonction d'acide dans son association avec
les autres éléments des Chlorites, on peut
regarder ces dernières comme des alumino-
silicates de magnésie, d'oxyde de fer et
d'eau, formant une série parallèle aux Sili-
cates de mêmes bases. Il faut reconnaître
néanmoins avec le savant auteur de la Mi-
nerai Chemie que cette interprétation est uu
peu arbitraire, et que le mélange des deux
oxydes de fer parmi les principes essentiels
de ces Silicates ne facilite pas l'étude de
leur constitution atomique. Puisque les
substances qui nous occupent ont certaines
propriétés que l'on retrouve isolées dans
d'autres groupes, elles méritent déjà pour
cette raison même d'être rassemblées dans
un groupe spécial. L'existence simultanée
de l'Alumine et de l'eau parmi leurs élé-
ments chimiques les sépare nettement des
CHL
autres Silicates de Magnésie. Leur compo-
sition quantitative porte à présumer que
l'Alumine y est plutôt retenue par les bases
que par la Silice, en nous montrant que la
proportion de cet acide ne dépasse pas 34
pour 100. Comme les formules qui expri-
ment cette composition ne sont pas fiiciles à
relier l'une à l'autre par une loi simple, on
ne peut bien déterminer spécifiquement les
membres de ce groupe qu'au moyen de leur
forme cristallograpliique. Ou a pu les rat-
idcher au moins à deux types cristallins : le
type rhoinboédrique, et celui du prisme
rhomboïdal oblique.
Les ChlQrites qui suiveut le premier type
ont reçu le nom de Pennines ; celles qui se
rattachent au second ne semblent pas devoir
être rapportées à la même espèce de prisme
rhomboïdal, et sont distinguées les unes des
autres par les noms de Clinochlores et de
RtpidoUtes.
§ 1. Pennines.
Les Pennines proprement dites sont
bleues ou vertes par réflexion. Vues par
transparence, beaucoup sont colorées en
vert émeraude dans la direction de leur
axe principal, en brun ou en rouge hyacin-
the dans les directions perpendiculaires.
Les Pennines bleues cristallisent en dodé-
caèdres pyramidaux basés; les vertes en
rhomboèdres aigus, également basés, dont
l'angle culminant est de 65° 28'. Taillées eu
plaques perpendiculaires à l'axe de princi-
pale symétrie et placées entre les pinces à
tourmalines, elles laissent apercevoir des
anneaux colorés circulaires, que traverse la
croix noire des cristaux à un axe optique.
Quelques auteurs ont cru pouvoir réunir
les Pennines aux Clinochlores sous le nom
de Chlorites à ua axe, de môme que l'on
réunit aux Micas à deux axes ceux dont les
axes optiques semblent se confondre en un
seul. Mais la croix ne se déforme pas dans
les Pennines, lorsqu'on tourne la plaque
soumise à l'observation. De plus, la symé-
trie des cristaux est parfaitement rhomboé-
drique. Cette détermination due à M. Kenn-
gott a été confirmée par les recherches de
M. des Cloizeaux, qui a choisi pour forme
primitive le rhomboèdre aigu de 65° 28'
D'après Marignac, laPeanine de Zermatt
(Valais) est composée de 33, 5 de Silice;
CHL
689
13, 37 d'Alumine; 0,2 d'oxyde de Chrome:
5, 33 de fer oxydulé; 34, 16 de Magnésie
et 12,69 d'eau. Les localités principales où
l'on trouve les Pennines sont Zermatt, can-
ton du Valais; Ala, dans le Piémont; et
Putsch, dans le Tyrol.
A celte espèce appartiennent: la Chlorile
blanche de Mauléon; la Kummérrrite de
Texas, Penn>iylvanie, et de l'Oural, qui cris-
tallise en tables hexagonales, et qui doit
sa couleur violet rougeûtre ou rose fleur
de pêcher à quelques centièmes d'oxyde de
chrome; la VermiculUedc Milbury, Massa-
chussetts, qui, chaulTée au chalumeau,
s'exfolie en se tordant comme un ver ; enfin
la Leuclitenbergile dont M. des Cloizeaux
regarde les cristaux comme rhomboédri-
ques, mais qu'il faudrait reporter parmi les
Clinochlores, si l'on préférait à l'observa-
tion des anneaux colorés celle d'une base
inclinée de 93° et de 97" sur les pans de
ses prismes, peut-être rhomboïdaux malgré
leur section hexagonale.
§ 2. Clinoculoues.
Les clinochlores appartiennent au type
cristallin du prisme oblique rhomboïdal.
Leur nom rappelle leur couleur verte et
l'inclinaison inégale de leurs axes optiques
sur les lames minces, que fournit le
clivage dans leurs cristaux assez rarement
épais, [is cristallisent sous la forme de
prismes hexagonaux basés, modifiés sur les
angles latéraux et sur les arêtes de la base,
parfois sur les angles antérieurs ou posté-
rieurs. La section droite du prisme que l'on
s'accorde à prendre pour forme primitive
est un losange, dont les angles sont de 125°
37' et de 64" 23'; la base de ce prisme,
qui se projette sur la section droite, fait avec
elle un angle de 27° 7'; cette inclinaison
mérite d'être signalée. 11 en résulte, en
effet, comme le démontre le calcul, que les
angles plans de celte base doivent atteindre
les valeurs limites de 120° ou de 60". Cela
fait comprendre pourquoi il est difficile de
distinguer à première vue les himelles des
Talcs et des Micas de celles des Clinochlores,
puisque toutes sont géométriquement sem-
blables. Il faut recourir, pour une détermi-
nation rigoureuse, aux caractères optiques.
Les lames de clivage sont perpendiiulaires
au plan des axes optiques et permettent
4i
690
CHL
d'observer si les angles qu'elles foat avec les
axes dans les mêmes cristaux sont égaux
entre eux, ou s'ils diffèrent. Les Clinochlores
sont les substances les plus abondantes et
les plus disséminéesdu groupe des Chlorites.
C'est d'elles principalement que l'on a le
droit de dire qu'elles remplncent assez sou-
vent le Talc et parfois le Mica dans les
roches cristallines, appelées métamorphi-
ques. Les lithologistes ont de bonne heure
désigné par le terme de Schistes chloriteux,
ces roches tenaces comme les Talcschistes,
et brillantes comme les Schistes micacés.
Les Clinochlores cristallisés hérissent les
parois de fissures qui déchirent les gneiss à
Achmatowsk, district de Slatpust, Oural.
On les trouve anssi empâtés dans la serpen-
tine de Texas, Pensylvanie ; à la Molle,
près Cogolin, Var.
RipidoHtes. — Les Ripidolites contiennent
beaucoup plus de fer que les Clinochlores.
Elles sont facilement fusibles au chalu-
meau. Leur nom, dérivé du mot grec pim'î,
éventail, fait allusion au groupement qu'af-
fectenl d'habitude leurs cristaux laminaires,
à section d'hexagones en apparence régu-
liers. Leurs axes optiques paraissent faire
à peu près le même angle avec les faces de
clivage. Les cristaux assez petits, squami-
formes, groupés en éventails, eu boules cou-
tournées, tapissent certaines faces des cris-
taux de Feldspath adulaire et de Quartz,
dans les fentes desGueiss, au Saint Gothard,
ou se rassemblent en amas, en nids, dans les
roches cristallisées primitives et métamor-
phiques du Zillerthal, et des Alpes de l'Oi-
sans, en France.
Les Schistes chloriteux, dont toutes ces
matières constituent l'élément essentiel, sont
des masses d'un vert plus ou moins foncé,
à poussière gris verdâtre, ordinairement
schisteuses par leur aspect général, plutôt
que facilement divisibles en minces feuillets.
Ils sont le plus souvent composés, non-seu-
lement de Chlorites, mais de Quartz, de
Feldspath, et même de Talc ou de Mica. Ils
s'étendent en couches au milieu d'autres
schistes cristallins, et par exemple : dans
le Gneiss, à Gothaburg (Scandinavie); dans
les schistes micacés, au mont Rose; au
Grainer (Zillerthal); dans le Salzbourg et la
Corinthie supérieure, auGrossglockner ; en
Ecosse; dans les schistes argileux anciens du
CHL
pays des Grisons, de Chiavenna, "V^alteline.
Enfin, dans plusieurs îles de la Grèce; dans
les monts Ourals; en Asie, dans plusieurs
régions de l'Hindoustan; en Afrique, sur la
côte de Barbarie. Eu Amérique,dans la chaîne
des Alleghanys, on les a signalés comme as-
sociés, alternes, et se confondant peu à peu,
à cause de la versatilité de leurs éléments,
avec les autres schistes métamorphiques.
On a donné aussi le nom de Chlorites
à des matières pulvérulentes d'aspect ter-
reux, ou granuleuses, d'une couleur ver-
dâtre, souvent si intense qu'elles colorent
d'une teinte verte caractéristique les roches
dont elles font partie, et qu'elles peuvent
servir en peinture, comme la terre de Vé-
rone. Les Chlorites terreuses forment habi-
tuellement des espèces d'amandes ou de
nodules, dont la couleur varie du vert foncé
au vert poireau, dans les porphyres pyroxé-
niques (porphyres diabasiques), dans les
Wackes ou Diabasmandelstein .EWes peuvent
même se mêler intimement en parties exces-
sivement fines, au Feldspath et au Pyroxène,
dans certaines Varioltes, et dans les roches de
même nature que leur structure adélogène a
fait distinguer des précédentes, sous les noms
d'Aphaniles ou de Diabases. Beaucoup de
lithologistes attribuentau mélange des terres
vertes avec leurs autres éléments, la couleur
de ces roches, quiforment une partie de l'an-
cien groupe des Roches vertes ou Grunslein.
Mais la terre de Vérone, d'un vert céla-
don, l'ancienne Baldogée, ou terre du mont
Baldo, qui se trouve en nids dans les amyg-
daloïdes de cette contrée, a une composition
chimique qui la rapproche des Pyroxènes.
On ne peut pas non plus confondre avec
les Chlorites ces granules qui colorent en
vert un grand nombre de roches arénacéos,
calcaires ou marneuses, et que l'on appelait
autrefois calcaires ou grès chloriteux. Ces
granules, qui sont des silicates hydratés de
fer et d'oxydes alcalins ou alcalino-terreux,
forment aujourd'hui la Glauconite {voy. ce
mot). (Edodard Jannettaz.)
*CHLORITSPATH, Fiedler. min.— Sub-
stance d'un vert noirâtre divisible en feuil-
lets minces, qui accompagne le Diaspore de
l'Oural, et paraît être un silicate d'Alumine
et d'oxydulé de Fer. (Del.)
*CHLOROCOCCr!W (yXupoc, vert; /.;/,-
xcç, grain) bot. cr. — (Phycées.) Genre éta-
CHL
bli par M. Greville ( Flore cryptogamique
d'Ecosse) avec les caractères suivants: Cor-
puscules globuleux ou ovoïdes , libres , non
muqueux , de couleur verte , réunis en glo-
mérules. Les 3 ou 4 esp. qui composent ce
genre ont été souvent confondues avec des
esp. de genres voisins , et avec des croules
stériles ou états primordiaux de divers Li-
chens, étals incomplets connus sous le nom
de Lepraria. Le Ch. murale Grev. , esp. la
plus commune, forme, sur les murs ombra-
gés, de larges taches ou croûtes d'une belle
couleur verte, dont les granules, vus à l'aide
du microscope , paraissent ovoïdes et sans
cloisons , ce qui les distingue de ceux des
Pleurococcus auxquels ils ressemblent beau-
coup. Dans les Cldorococcum , la reproduc-
tion a lieu seulement par la dispersion des
sporules de l'endochrome. (Bkéb.)
" CULORODE. Cklorodius (x^copo'ç, vert).
CRUST. — Genre de l'ordre des Décapodes ,
établi par Leach, et rangé par M. Miine-Ed-
wards dans sa famille des Cyclométopes et
dans sa tribu des Gancériens. Les Crustacés
qui composent cette coupe générique ont
beaucoup d'analogie avec les Xanthes; ce-
pendant ils s'en distinguent par leur cara-
pace, qui est généralement moins large , et
surtout par la disposition de leurs pinces ,
dont l'extrémité est élargie et profondément
creusée en cuillère. Les espèces renfermées
dans ce genre sont au nombre de sept, et
toutes exotiques. Le C. unyulaïus Edw.
(Hisi. nul. des Crust. , t. I , p. 400 , 21, 10 ,
fig. 6 à 8), qui habite les mers de l'Austra-
iasie, est le type de ce genre. (H. L.)
' CIILOUOGOIVILM ( x^-'^pk , verdàtre ;
yoivtot , angle ).INFUS.— Genre voisin des Eu-
glèues établi par M. Ehrenberg, et caractérisé
ainsi : Animal de la famille des Astasiées ,
pourvu d'un seul œil, nageant librement
(ne s'attachant pas à un pédicule fixe), et
ayant une queue et une trompe filiforme
double. L'auteur n'en connaît qu'une espèce.
(P. G.)
^CHLOROLOPUS (xWk, vert; Aotcoç,
peau). UNS. — Genre de Coléoptères tétramè-
res , famille des Curculionites , attribué à
M. Dejean par M. Boisduval [yoijuge del'As-
irolabe , p. 358 ). L'espèce que ce dernier y
rapporte est de l'île de Vanikoro ou de la
Nouvelle-Guinée: il la nomme Cii. arrogum.
Schœnherr la classe dans son genre Geone-
CHL
691
mus , et la cite à la table sous le nom géné-
rique de Chloropus. (C.)
* CHLOROMÉLAIVE , Breithaupl (xiu-
po'ç, vert ; f/.Ao(5 , noir), min. — Syn. de Cron-
stedtitc. y oyez . e mot. (Del.)
CHLOROMYROIM, Pers. bot. pu. — Syn.
de f^eriicillaria, Ruiz et Pav.
CHLOROMYS. mam. — Foy. agouti.
* CHLOROI\ERPE, Swains. ois.— Genre
établi dans le groupe des Pics, et dont le Fi-
cus rubiginosus est le type. (G.)
'CULOROIVITE. Chloroniium, Gaill
(x),copo;, vert; niieo , ÏQ brille), bot. cr. —
(Phycées.) Synonyme de Conferva. (C. M.)
* CHLOROIMITON, Gaill. bot. cr.— Syn.
de Conferva, Ag.
* CHLOROPALE (x^^-poî, vert ; OTranco,-,
opale). MIN. — MM. Bernhardi et Brandes
ont donné ce nom à une substance siliceuse
d'un vert-pré, compacte ou terreuse, qui se
rencontre avec l'Opale, dans les roches tra-
chyliques d'Unghwar en Hongrie. Elle est
composée de Silice, d'oxydule de Fer et
d'Eau. Elle a été prise d'abord pour une
Terre verte. (Del.)
CHLOROPHAI\E (x^topJ; , vert ; cpa.'vw ,
je parais), min.— Variété de Fluorine de Si-
bérie, de couleur violette, qui devient phos-
phorescente par la chaleur en répandant
une belle lumière verte, /^oyez fluorine.
(Del.)
* CHLOROPHAI\lJS (xW<='ç, vert; (p«-
voç, brillaYit). ins. — Genre de Coléoptères
tétramères , famille des Curculionites, divi-
sion des Brachydérides , créé par Dalmann ,
et adopté par MM. Germar et Schœnherr. Le
dernier de ces auteurs {Synon. eiSp. CurcuL,
t. VI, p. 426) rapporte à ce genre 20 espèces,
qui ont pour pairie la Sibérie, la Perse, la
Russie méridionale, la Moldavie, la Hongrie
et l'Espagne. L'espèce type est le Cit. ( Cur-
culio) viridis de Linné , qui se trouve à peu
près dans toute l'Europe. Ces Insectes sont
d'un vert très tendre, et bordés de jaune sur
le corselet et les élytres ; mais leur couleur
étant due à des écailles peu adhérentes s'en-
lève facilement au toucher. La trompe est
moyenne , plane et carénée en dessus , et
les élytres acuminées à l'extrémité de la
suture. (C.)
" CHLOROPHAZITE ou CHLORO-
PHJ2ITE, Macculoch. min.— Une des Terres
vertes qui se trouvent en nids dans les Ba-
692 CHL
salles et autres roches amygdalaires. Foyet
TERRE VERTE. (DKL.)
* CHLOROPHOLLS ( x>"P°5 . vert, 90-
\[ç , écaille), ins. —Genre de Coléoptères lé-
tramères, famille des Curculionites , créé
par M. Dejean dans son Catalogue, mais non
adopté par Schœnherr, qui en reporte l'une
des deux espèces décrites par M. Gory ( Mug.
zooL, 1834) sous les noms de Copiants nigro-
piinctaïus et sumptuosus dans son genre Phy-
lonomus. L'une et l'autre se trouvent à Ma-
dagascar. (C.)
* CHLOROPHOR A . Gaud. bot. ph. -Sy-
nonyme de Macluni. (C. L.)
*CIILOROPHORE. Chlorophora (x><^pos.
vert ; cpopo'ç , qui porte), ins.— Genre de Dip-
tères établi par M. P.obineau-Desvoidy {Es-
sai sur les Mijodaires), et appartenant à sa
famille des Phylomides, tribu des Myodines.
Ce genre est fondé sur une seule espèce
originaire du Brésil , et nommée par l'au-
teur Cid. iuuraïa. Elle faisait partie de la
collection du comte Dejean. (D.)
* CHLOROPIIORÉES. Cliloroplwreœ.
BOT. PII. — Tribu établie dans la grande fa-
mille des Urlicées (voyez ce mol), par
M. Gaudichaud , et ayant pour type son
genre Chlorophora. (Ad. J.)
CHLOROPHYLLE ( yXwps,' , vert :
9'jXX'jv feuille), bot. — La substance qui
communique uuc coloration verle aux tissus
végétaux a été nommée chlorophylle [)ar
PelleUer et Caventou, en 1818. Pour les
anciens anatomisles, qui réunissaient les
diverses matières colorantes solides sous le
nom de fécules colorantes, c'était la fécule
verte; pour Senebier, la matière verte;
pour deCandolle {Organographie et Physio-
logie végétale), la chromule ; pour Turpin
et Mirbel, la globuline.
La chlorophylle est contenue à l'intérieur
des cellules végétales ; elle est particulière-
ment propre aux tissus parenchyraateux, et,
dans les plantes supérieures, elle manque
ou ne se présente qu'en faible proportion
dans les tissus plus immédiatement en con-
tact avec l'air atmosphérique, comme l'épi-
derme et les poils qui le surmontent.
Considérée à l'état adulte, cette sub-
stance se présente dans les cellules sous
deux formes différentes.
Généralement, elle affecte la forme de
petits grains ordinairement appliqués sur
CHL
la face interne de la paroi cellulaire : c'est
ainsi qu'on l'observe dans les feuilles de
nos arbres ou des herbes qui nous envi-
ronnent, en un mot dans le parenchyme
vert des tissus adultes des plantes phanéro-
games et de beaucoup de cryptogames. Mais
dans d'autres végétaux de cette dernière
division du règne végétal, elle apparaît
comme une gelée verte, sans forme déter-
minée. Tantôt cette chlorophylle amorphe
tapisse uniformément la paroi cellulaire,
tantôt elle figure des anneaux, des étoiles,
des spires, élégantes dispositions que l'on
observe aisément dans nos Conferves d'eau
douce [Conferva, Zygnema, Spirogyra).
Nous allons étudier successivement ici la
forme, la structure, la composition chimi-
que et la genèse des formations chlorophyl-
liennes les plus répandues, ou des grains dn
chlorophylle, comme on les appelle ordinai-
rement.
La forme de ces corpuscules n'est pas la
même suivant les diverses espèces de plantes,
mais varie ordinairement très-peu dans un
même tissu. Ils sont généralement sphéri-
ques, ovoïdes ou lenticulaires. Cependant
j'ai signalé dans le bulbe de certaines Orchi-
dées des corpuscules chlorophyllins faits en
façon de fuseaux, de massue, de bâtonnets
(Phajus, Acanthophippmni).
Quant à la structure des grains de chlo-
rophylle, elle a excité l'intérêt et les pa-
tientes recherches de plusieurs anatomisles.
Ils sont encore aujourd'hui divisés sur la
question de savoir si ces grains sont munis
ou non d'une membrane enveloppante. Pour
M. Trécul, l'existence de la vésicule chloro-
phyllienne est le plus souvent indubitable.
M. Hugo Mohl, au contraire, n'a jamais pu
constater l'existence d'une membrane ana-
logue à celle des cellules; aussi se pro-
nonce-t-il contre la théorie de la vésicule
comme étant en contradiction formelle avec
les faits. Mes propres observations m'ont
conduit à me rallier entièrement à l'opi-
nion de M. Mohl. .Te considère les grains de
chlorophylle comme des corpuscules solides,
dépourvus d'une membrane analogue à celle
des cellules ou à celle des grains de pollen.
L'importance de cette question ne saurait
être méconnue si l'on songe que M. Tré-
cul, renouvelant la théorie de Turpin et de
M. Raspail, s'est exprimé en ces termes :
CHL
« Mes observations montrent la fusion de
ces deux sortes d'organes (cellule et vési-
cule), la transition insensible qui existe
entre eux et souvent la transformation des
vésicules en cellules, dont j'ai déjà cité
quelques exemples. » {Ann. se. nat., 4" sé-
rie, t X.)
Il faut d'ailleurs distinguer dans tout
corpuscule chlorophyllin la matière colo-
rante proprement dite et le support ou sub-
slratum de celte matière.
Lorsqu'on Iraiie le parenchyme des
feuilles par l'alcool concentré ou par l'é-
ther, la matière colorante ou le pigment
passe dans le liquide, et l'on retrouve ordi-
nairement dans les cellules des grains de
chlorophylle décolorés, pou altérés dans leur
grosseur ou dans leur forme.
La masse fondamentale incolore des
grains de chlorophylle est essentiellement
formée de matières albuminoïdes et de ma-
tière grasse et peut contenir, en outre, un
ou plusieurs noyaux amylacés. Sous ce rap-
port, M. Mohl a divisé en deux grandes ca-
tégories les formations qui nous occupent
ici. Les unes ne renferment point d'amidon
et sont particulièrement sensibles à l'action
de l'eau : les autres, plus résistantes, con-
tiennent un ou plusieurs grains d'amidon.
Mais M Bohm, de Vienne, dans un travail
plus récent, est parvenu à démontrer la
présence de l'amidon au sein de la masse
fondamentale des grains de chlorophylle,
dans beaucoup de cas où la méthode ordi-
naire était, selon lui, insuffisante.
Quant au principe colorant vert, il n'en-
tre que pour une faible proportion dans la
constitution des grains. Berzolius évalua
que toute la matière verte qui colore les
feuilles d'un grand arbre ne pèse pas
10 grammes, et M. Morot, dans un impor-
tant travail Sur la coloration des végétaux
{Ann. se. nat., 3" série, t. XIII), n'obtint
que 0^^350 de chlorophylle de quatre
flacons d'une capacité totale de 6 litres en-
viron, remplis de folioles de Robinia. Depuis
Pelletier et Caventou (1S18), plusieurs
chimistes ont essayé de déterminer ia com-
position chimique de la chlorophylle pure.
D'après M. Morot, elle a pour formule
C'^H'^AzO^ et elle est accompagnée d'une
matière grasse C^IFo. D'après ce chimiste,
«elle semble se former avec l'intervention
CHL
693
des matières amylacées et de l'ammoniaque
sous l'influence de la lumière diffuse, et sa
formation est accompagnée d'un dégage-
ment d'eau et d'oxygène ». Comme on le
voit, la théorie de M. Morot repose sur le
fait de la présence constante de l'amidon
dans les grains de chlorophylle, fait que
ne confirment point, dans sa généralité,
les observations si nombreuses des anato-
mistes et, comme nous le montrerons, le
mode de développement de ces grains.
M. Fremy a fait, dans ces derniers temps,
de précieuses recherches sur la matière
verte des feuilles. Il a d'abord démontré
que lorsqu'on soumet cette substance à la
double action de l'acide chlorhydriquc et diî
l'élher, on la dédouble en un corps jaune,
soluble dans l'éther, qu'il a nommé phyl-
loxanthine, et en un autre corps soluble
dans l'acide chlorhydrique, qui le colore eu
bleu et qu'il a nommé phylloryanine. Dans
un nouveau travail, M. Frcmy soumit la
chlorophylle à l'influence de différentes bases
et arriva à d'importants résultats. En la
faisant bouillir avec de l'hydrate de baryte
il opéra son dédoublement. La phylloxan-
thine, qui est un corps neutre insoluble dans
l'eau, se précipite avec un sel de baryte inso-
luble contenant le second corps que M Fremy
nomme alors acide phyllocyaniquo, parce
qu'il se combine à toutes les bases. La chlo-
rophylle, espèce particulière de corps gras
coloré, éprouve donc, par l'action des bases
énergiques,une sorte de saponification, dont
la phylloxanthine, corps neutre jaune, serait
la glycérine et l'acide phyllocyanique l'a-
cide gras coloré en vert bleuâtre. M. Fremy
a isolé ces deux corps. La phylloxanthine
est neutre, insoluble dans l'eau, soluble
dans l'alcool et l'éther, cristallisable en la-
mes jaunes ou en prismes rougeâtres. L'a-
cide phyllocyanique est également insoluble
dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther
en donnant à ces liquides une couleur oli-
vâtre, dont les reflets sont souvent bronzés,
rouges ou violets. Il se dissout dans les
acides sulfurique et chlorhydrique en pro-
duisant des liqueurs qui, suivant leur con-
centration, peuvent être vertes, rougeâtres,
violacées ou d'un très-beau bleu, k Voici
donc, dit M. Fremy, un acide retiré de la
chlorophylle et qui, par l'action de certains
réactifs, peut prendre des colorations vertes,
694
CHL
violettes ou bleues. C'est là le fait impor-
tant qui me paraît dominer ce travail et
qui pourra servir à expliquer les différentes
teintes qu'offre la chlorophylle dans la vé-
gétation. Pour moi, la chlorophylle est un
principe immédiat vert, d'une excessive mo •
bilité, qui, sous l'influence de plusieurs
réactifs et probablement par l'action de la
végétation, éprouve les modifications que
j'ai décrites en produisant des corps diver-
sement colorés. »
M. Guillemin a étudié, en 1857, l'in-
fluence des rayons du spectre solaire sur la
production de la chlorophylle. Selon lui,
celte production est à son maximum dans le
jaune, diminue lentement eu allant vers le
violet, dépasse cette limite et devient nulle
dans les derniers rayons fluorescents. Du
côté du rouge, l'aptitude des divers rayons
à déterminer la formation de la chloro-
phylle décroît plus rapidement. Les rayons
orangés et rouges la possèdent à un haut
degré; elle diminue au voisinage de la
raie A, dépasse cette limite et ne cesse que
dans lei rayons calorifiques près du maxi-
mum de chaleur.
Nous devons nous arrêter maintenant sur
le mode de développement des corpuscules
chlorophyllins.
En général, la première apparition de la
chlorophylle se manifeste dans les jeunes
cellules sous la forme d'une gelée verte qui
s'étend peu à peu sur la face interne de la
paroi cellulaire. Ce revêtement, d'une cou-
che uniforme de chlorophylle amorphe, est
souvent précédé par un réseau de filets mu-
queux, siège de courants entraînant de très-
petites granulations ou gouttelettes vertes.
Il se segmente ensuite en fragments polyé-
driques qui, émoussant leurs angles, de-
viennent des grains arrondis ; ou bien il
s'isole immédiatement en petites masses glo-
bulaires. C'est ordinairement après la trans-
formation de la chlorophylle amorphe en
grains, que se développent dans ceux-ci les
noyaux amylacés que l'on y rencontre assez
fréquemment.
Comme on vient de le voir, la gelée verte
ou chlorophylle amorphe, longtemps consi-
dérée comme une forme spéciale de la chlo-
rophylle, n'est, d'après mes observations,
qu'un état jeune et transitoire de cette
substance, et la présence de cette chloro-
CHL
phylle amorphe, dans beaucoup de végé-
taux inférieurs, indique seulement que,
dans ces plantes dégradées, la matière
verte n'a pas poursuivi son évolution com-
plète et définitive.
J'ai constaté fréquemment que c'est à la
surface d'un petit organe arrondi et granu-
leux qu'on rencontre dans toutes les cellules
douées d'une certaine activité vitale et
qu'on nomme nucléus, ou autour de ce
uucléus, que la chlorophylle amorphe com-
mence à apparaître et qu'elle s'étend en-
suite peu à peu sur les points plus éloignés
de la paroi utriculaire.
A côté du mode général de développement
dont nous venons d'indiquer les principaux
traits, il en est un autre moins fréquent et
dans lequel des corpuscules chlorophyllins,
soit globuleux, soit fusiformes ou allongés
en façon debàionnets, émanent directement
du nucléus sans passer par l'état intermé-
médiaire et transitoire de chlorophylle
amorphe.
Mais, quel que soit le mode de développe-
ment des grains de chlorophylle, les nom-
breuses observations que nous avons faites
sur des plantes appartenant aux familles les
plus diverses indiquent que le nucléus
exerce une influence certaine sur la genèse
de ces formations. Cette opinion n'est pas
seulement basée sur le fait général et long-
temps méconnu de la présence de la ma-
tière verte autour ou à la surface de cet
organe dans les premières époques du déve-
loppement et quelquefois longtemps après.
Il est, en effet, des circonstances qui per-
mettent d'assister, pour ainsi dire, à la for-
mation ou à la nutrition de la chlorophylle
par le n\icléus. Nous en avons si;jnalé, pour
la première fois, un remarquable exemple
dans notre mémoire, exemple que M. Trécul
a eu, par la suite, l'occasion de revoir et de
décrire de nouveau.
C'est ainsi que de jeunes grains de chlo-
rophylle se sont montrés engagés dans la
substance même du nucléus, faisant corps
avec elle ; pendant que d'autres étaient
déjà dégagés et librts autour de l'organe
qui leur avait donné naissance.
Pour compléter ce rapide aperçu sur la
genèse des formations chlorophylliennes, il
nous suffira de faire remarquer que cha-
cune d'elles peut offrir un développement
CHL
individuel très-naarqué. Ainsi, nous avons
vu que leur diamètre peut grandir jusqu'à
tripler de longueur et que le nombre de
leurs noyaux amylacés peut s'accroître dans
une proportion plus considérable encore.
La chlorophylle subit, sous l'influence de
la chlorose et de l'étiolcment, des modifl-
catious remarquables que nous avons étu-
diées avec soin et que nous devons men-
tionner rapidement.
Il y a des plant(^s qui, placées dans les
conditions ordinaires de la vie végétale,
■exposées dans une bonne terre, à l'air libre
et à l'influence de la lumière, se font re-
marquer par une pAleur plus ou moins pro-
noncée et par un défaut de développement
des feuilles qui indiquent un état de lan-
gueur et de faiblesse. On dit de ces plantes
qu'elles sont chlorosées. Il ne faut pas con-
fondre cette affection accidentelle et tempo-
raire avec les modifications de coloration
permanentes qui produisent les panachures
ou jaspures des feuilles, sorte de maladie
organique propre à l'individu, se multi-
pliant, comme lui, par la greffe et les bou-
tures. Nous avons constaté que les cellules
des tissus chloroses contiennent ordinaire-
ment une sorte de gelée jaunâtre plus ou
moins abondante, étendue sur leur paroi
interne; qu'elles oB'rent quelquefois des
globules pâles, ébauches des grains de chlo-
rophylle. Ce ne sont pas des cellules dans
lesquelles la chlorophylle, primitivement
bien développée, aurait été peu à peu dé-
truite, mais des cellules qui, dès leur pre-
mier âge, ont été frappées d'inertie, de sté-
rilité, de manière à suspendre l'évolution
parfaite de la chlorophylle.
Mon père, Eusèbe Gris, se fondant sur
les analogies de structure des grains de
chlorophylle et des globules de sang, sur
les caractères communs à la chlorose hu-
maine et à la chlorose végétale, eut l'heu-
reuse idée d'appliquer à celle-ci le traitement
à l'aide duquel on combat la première.
On connaît depuis longtemps le bon efl^et
des préparations ferrugineuses contre ces
affections anémiques où le sang est pauvre
en globules. Mon père les appliqua au trai-
tement de la chlorose végétale.
Dans ses premières expériences, il faisait
absorber les sels de fer solubles (sulfate de
fer ou couperose verte, chlorure de fer, etc.)
CHL
695
par les racines. Les plantes chlorosées, jau-
nes, languissantes se ranimaient bientôt,
verdissaient, émettaient de jeunes pousses
colorées, donnaient des fleurs plus belles,
préscntaienl bientôt une végétation vigou-
reuse. Par la suite de ses expériences, mon
père fut amené pas à pas à établir que l'ac-
tion des sels de fer était spéciale et indé-
pendante du sol. Il appliqua la dissolution
saline sur le limbe même de la feuille : son
action fut locale, c'est-à-dire que le point
seul du limbe en contact avec la dissolution
reverdit avec plus ou moins d'intensité. Il
put donc à volonté faire reverdir une ou
plusieurs, ou toutes les feuilles chlorosées
d'un végétal, ou même la moitié, le tiers
d'une feuille. Il put tracer sur le limbe
jauni de ces organes, des signes, des dessins,
des lettres et des mots. Ces caractères oe
formaient, au moment de l'expérience,
qu'une trace humide et incolore à la sur-
face de la feuille et tout disparaissait bien-
tôt ; mais peu à peu les signes, les lettres
et les mots s'imprimaient d'eux-mêmes en
une sorte d'encre verte, vivante, sur le fond
jaunâtre de la feuille. C'est ainsi qu'il écri-
vit Fer sur une feuille pâle, comme autre-
fois Franklin avait écrit sur une prairie :
Cela a été plâtré.
C'est de cette façon que la similitude
d'action du fer, dans le règne animal et
dans le règrie végétal, fut démontrée expé-
rimentalement. Un anneau de plus était
ainsi ajouté à la chaîne qui unit tous les
êtres vivants. Résultat aussi remarquable
au point de vue physiologique qu'au point
de vue pratique.
Mais que se passe-t-il dans cette partie
du limbe foliaire qui reverdit au contact
d'une dissolution ferrugineuse? Que se
passe-t-il dans les cent cellules ou dans la
cellule unique soumise à cette influence ré-
vivifiante? Pour résoudre cette question
j'ai examiné, sous le microscope, les cel-
lules du tissu en voie de reverdissement, et
j'ai constaté que, sous l'influence du fer,
une secousse avait été imprimée à cet
organisme frappé d'atonie et d'immobi-
lité. A la gelée jaunâtre qui, tout à l'heure,
avant l'application du sel ferrugineux ,
tapissait la face interne des cellules, a
succédé une abondante provision de chlo-
rophylle amorphe d'un beau vert qui se
696
CIIL
transforme bientôt en grains de chloro
phylle parfaits.
Ainsi, la chlorose est caractérisée par un
arrêt de développement qui s'oppose à l'évo
iutiou parfaite des rains de chlorophylle.
Les sels de fer, agissent s«r elle en rendant
à la chlorophylle arrêtée dans son dévelop-
pement la faculté de continuer son évolution,
ou plutôt en réveillant la vie dans les cellules
chez lesquelles elle est comme suspendue.
Nous appelons étiolemcnt l'état produit
dans une plante normale que l'on soumet,
pendant un temps plus ou moins long, à une
respiration nocturne constante. On sait
qu'un végétal, privé de l'influence de la
lumière, s'allonge beaucoup et prend une
coloration blanchâtre. Nos observations mi-
croscopiques ont montré que l'étiolement
produit un arrêt de développement de la
chlorophylle dans les organes en voie d'ac-
croissement et une destruction de cette
chlorophylle dans les organes bien déve-
loppés. L'arrêt de développement porte à la
fois sur la manière d'être et sur la couleur
de la masse plastique qui aurait dû consti-
tuer les grains de chlorophylle. La destruc-
tion porte sur la masse albuminoïde des
corpuscules chlorophyllins qui diminue in-
sensiblement en diamètre à mesure que là
feuille blanchit, sur l'amidon qu'ils peuvent
contenir, et, enfin, sur la matière colorante
proprement dite. (Arthur Gris.)
•CHLOROPHYTE. Cklorophyium (x^^wpo?,
vert ; yuTov , plante), bot. — Pries a dési-
gné sous ce nom toutes les plantes dont l'é-
volution se fait d'une manière successive, et
qui ont des parties ou des expansions vertes.
CHLOROPHYTLM [x"^pk, vert ; yurov,
plante ). bot. pu. — Genre de la famille des
Liliacèes Anthéricées, établi par Ker, et ca-
ractérisé par R. Brown. Ce sont des plantes
herbacées , à racines fasciculées , à feuilles
radicales, linéaires ou un peu élargies, à
fleurs blanches en grappes, portées sur des
pédicelles articulés dans leur partie moyenne.
R. Brown a réuni V Aniliencum elaium à l'es-
pèce qu'il a trouvée à la Nouvelle-Hollande,
et qu'il appelle Cli. laxum. Ce g. est très
voisin du g. Plialangium. — Le g. Chlorophy-
lum de Pohl a été réuni au g. Borrena de
Meyer. (C. d'O.)
* CHLOROPS (xW°« . vert; â'^/ , œil),
las. — Genre de Diptères, division des Bra-
CHL
chocères , famille des Alhéricères, tribu des
Muscides, fondé par Meigen aux dépens du
g. Uscinis de Lalreiile, et adopté par M. Mac-
quart, qui en décrit 3G espèces, toutes d'Eu-
rope- Elles sont généralement jaunes , Ya«
riées de noir, avec les yeux verts, ainsi qu
l'exprime leur nom générique. Ce qui les
caractérise principalement, c'est la nervure
costale des ailes qui ne dépasse pas la sous-
marginale. Ces jolies Muscides se trouvent
sur les fleurs pendant les mois de juillet et
d'août. On peut considérer comme type de
ce g. la Chlorops (racilis Meig. , de France
et d'Allemagne. (D.)
•CHLOROPSIS, Jard. et Selb. ois.— Sy-
nonyme de Pliillornis, Boié. Voyez verdin.
CHLOROPLS. OIS. — Un des noms latins
de la Poule d'eau.
• CHLOROPYGIA , Swains. ois. — Sy-
nonyme de Brachypteracias, Lafr.
• CHLOROSA (xW°?. vert), eot. ph. —
Genre de la famille des Orchidées , établi
par Blume [Fl. Jav.) pour des plantes herba-
cées, parasites, à racines articulées, à hampe
radicale, portant un fourreau à la base,
terminée par un épi de fleurs verdàtres por-
tées sur de courts pédicelles , et accompa-
gnées de bractées. On en connaît deux es-
pèces , croissant sur les arbres des vallées
ombragées de Java.
"CHLOROSOMA (x>"po';, verdâtre; (tù^xc,
corps j. rept. — Genre d'Ophidiens de Wa-
gler {Sysi., p. 185), reposant sur le Coluber
: purpurasceiis de Gmelin, que M. Schlegel ne
' distingue pas de VHerpeiodryas vindissi-
mtis. (P. G.)
j 'CHLOROSPIZA (xia)poç,vert ; GTvi^a, pin-
son), ois. — Genre formé par Bonaparte dans
la famille des Fringillidées , et synonyme de
Cliloris de Moehring et de Brisson , ayant
pour type le Loxia clitoris de Linné ou Ver-
dier. Voyez coccothradstinées.
(Lafr.)
•CULOROSTOMA (x^"/»05, vert; aroVa ,
bouche). MOLi.. — M. Swainson, dans ses //-
I lusiraiions zoologiques , propose ce genre
I pour quelques Turbos. Il lui donne pour
I type le Turbo argyrosiomus. Ce g., comme
I on le voit, ne peut être adopté. Voyez turbo
(Desh.)
• CHLOROTA (x^iojpo'Tyiç, couleur verte).
IMS. — Genre de Coléoptères pentameres, fa-
mille des Lamellicornes, tribu des Xylophi-
CHL
les , créé par M. Dcjean , dans son Catalo-
gue , sans indication de caractères. Cet au-
teur y rapporte deux espèces du Brésil , les
Cil. aulica Dej., cl fastuosa Duquel. (C.)
CHLOKO\yLOIV (x>'"p°; , jaunâtre ; ?v-
lov, bois). BOT. pn. — Genre de la famille
des Cédrélacées , ainsi caractérisé : Calice
court , 5-parti. 5 pétales courtement ongui-
culés, étalés. 10 filets également étalés, su-
bulés , amincis à leur sommet , portant
chacun une anthère vacillante , apiculée.
Disque présentant sur son contour 10 sinus
allernalivement plus ou moins profonds, cl
où s'insèrent les ctamines, entourant la base
de l'ovaire avec laquelle il est soudé. Style
court, parcouru par 3 sillons, terminé par
un stigmate obscurément trilobé. Ovaire à
demi plongé dans le disque, à 3 sillons indi-
quant autant de loges , dont chacune ren-
ferme 8 ovules ascendants. Capsule s'ou-
vrant du sommet à la base en trois valves.
Graines prolongées supérieurement en aile.
L'unique espèce connue est un arbre de
l'Inde , à bois dense et jaune ; à feuilles pen-
nées sans impaire dont les folioles sont très
obliques et criblées de points transparents;
à panicules terminales, grandes et rameuses.
(Ad. J.)
CHLORURES, chim.— On donne ce nom
aux combinaisons du Chlore avec les corps
simples non métalliques, et avec les métaux.
Les principaux Chlorures métalloidi-
QUEs sontles Chlorures deCarbone, de Bore,
de Soufre , de Sélénium et de Phosphore.
Tous ces composés, à l'exception des quatre
Chlorures de Carbone, sont décomposés par
l'eau dont l'hydrogène se porte toujours sur
le Chlore pour former de l'acide chlorhydri-
que H CL, et l'oxygène sur le métalloïde
pour former un oxacide. Ces Chlorures
sont d'ailleurs sans usages.
Les Chlorures métalliques sont plus im-
portants. La nature nous en présente un
grand nombre , et quelques uns, surtout le
Chlorure de Sodium , sont employés dans
l'industrie et pour les usages ordinaires de
la vie.
Tous sont solubles dans l'eau, excepté le
Chlorure d'Argent et le protochlorure de
Mercure. On les reconnaît à la propriété que
possèdent leurs dissolutions de former dans
Jes sels d'argent un précipité blanc, caille-
botlé, insolubledans l'eau et dans les acides,
T. m.
CHL
697
très soluble dans l'ammoniaque , et se colo-
rant rapidement en violet par l'action de [a
lumière.
Mêlés avec du bi-oxyde de Manganèse et
de l'acide sulfurique, ils laissent dégager du
Chlore.
ChaulTés avec l'acide azotique , ils for
ment une eau régale qui jouit de la propriété
de dissoudre l'Or.
Le charbon ne les altère pas.
Chlorure DESODIUM.—C'estun des corps les
plus répandus dans la nature. On l'y trouve
tantôt à l'état solide, en couches considéra-
bles , tantôt en dissolution dans l'eau. Dans
le premier cas, on le désigne sous le nom de
Sel gemme. Les bancs de Sel gemme sont
nombreux. Il y en a en Pologne, en Hongrie,
en Angleterre , en Espagne, dans plusieurs
parties de la Russie, en Italie, en Suède, en
Norvège, en Suisse; et, il y a quelques an-
nées, on en a découvert une en France dans
le département de la Jleurthe, dans le voi-
sinage de Château-Salins et de Vie.
La plupart des dépôts de Sel gemme sont
placés à la base des terrains secondaires,
près des grands dépôts qui renferment la
Houille , et au milieu de vastes bancs d'ar-
gile grise dont ce Sel est presque toujours
plus ou moms imprégné. Le sulfate de
Chaux accompagne ordinairement le Sel
gemme. Il est aussi altéré par la présence
d'une petite quantité de sels calcaires et ma-
gnésiens et par du Chlorure de Potassium.
On trouve à Wieliczce une variété de Sel
gemme très remarquable, qui laisse dégager
dans l'eau un gaz identique avec le gaz des
marais ou hydrogène protocarboné. Ce gaz
y est fortement condensé, de sorte que ce
Sel gemme, en se dissolvant dans l'eau, pro-
duit une véritable décrépitation. On ren-
contre quelquefois des débris organiques
dans le Sel provenant de cette même saline.
Le Sel gemme est toujours transparent
ou au moins translucide, et le plus souvent
incolore ; mais on eu trouve quelquefois de
rouge, de jaune, de bleu, de violet, de brun,
et de vert. On attribue ces couleurs à la
présence d'une trace de Fer ou de Manga-
nèse. Tel que le présente la nature, le Sel
gemme ne décrépite pas quand on le chauffe
ou qu'on le projette sur un corps rouge,-
mais comme toute autre espèce de Chlorure
de Sodium, il présente cette propriété quand
44*
698
CHL
on l'a dissous et fait cristalliser dans l'eau.
La nature nous présente le Sel marin en
dissolution dans presque toutes les eaux ,
même dans celles qui sont les plus douces,
et réputées les meilleures. Quelques unes
de ces eaux en renferment des quantités
considérables, comme par exemple les eaux
de lamer , de quelques lacs et d'un grand
nombre de sources. Ces dernières se ren-
contrent dans presque tous les lieux où l'on
rencontre des dépôts de Sel gemme, et dans
d'autres également nombreux où ces dépôts
n'ont pas été observés. Quelques unes de ces
eaux sont saturées de Sel. On y trouve en
même temps du sulfate de Soude , et des
sulfates et des Chlorures à bases de Chaux
et de Magnésie.
L'eau du puits salé de Château-Salins
contient 13 à 14 centièmes de son poids de
Chlorure de Sodium.
Le Chlorure de Sodium est formé d'un
équivalent (m 442,06 de Chlore, et d'un
équivalent ou 290,90 de Sodium. Il est in-
colore , transparent , d'une saveur franche-
ment amère et salée. 100 parties d'eau froide
en dissolvent 39 p., et 40 parties à 109°, 7 ,
qui est le terme de l'ébullilion de l'eau sa-
turée de ce Sel. Aussi n'est-ce que par éva-
poration qu'on en peut obtenir des quan-
tités considérables. Cette faible diffé-
rence entre la solubilité à froid et à chaud
ne se montre que dans des cas extrêmement
rares; elle permet de séparer facilement le
Chlorure de Sodium de plusieurs autres sels,
par exemple du nitrate de potasse qui cris-
tallise en proportion considérable par le re-
froidissement. Le Sel marin cristallise or-
dinairement en cubes. 11 est fusible à la
chaleur rouge , et répand dans l'air des fu-
mées épaisses qui annoncent qu'il est vo-
latil. Exposé au feu , il décrépite forte-
men*.
Tel qu'on le rencontre dans le commerce,
le Sel est anhydre ; et s'il renferme de l'eau,
ce qui arrive souvent, c'est de l'eau hygro-
métrique, de l'eau simplement interposée
entre les cristaux anhydres. Cependant, à
de basses températures et dans quelques au-
tres circonstances particulières , on peut le
combiner chimiquement avec de l'eau.
Il y a peu de sels dont les usages soient
aussi nombreux. On s'en sert pour saler et
conserveries viandes, pour relever l'insi-
CHL
pidité de la plupart des mets , pour fabri-
quer la soude artiflcielle, l'acide hydrochlo-
rique , le Chlore, le sel ammoniac, etc., etc.,
pour vernir certaines poteries , pour amen-
der les terres , engraisser les bestiaux. Sa
valeur vénale est trop faible pour qu'on le
fabrique jamais artificiellement. On l'extrait,
tantôt des mines de Sel gemme , tantôt de
l'eau de la mer ou des sources salées. A Car-
dona en Catalogne, et à Wieliczce en Po-
logne , comme il est à peu près pur, on l'ex-
trait du sein de la terre , et on le verse im-
médiatement dans le commerce. Dans la
plupart des autres localités, on le puriûe par
dissolution et évaporation.
Lorsque les eaux salées dont on veut ex-
traire le sel , n'en contiennent en dissolu-
tion qu'une petite quantité , comme par
exemple les eaux de la mer , on a recours à
des moyens détournés pour concentrer ces
dissolutions, car on ne pourrait le faire avec
avantage par le feu.
Dans les pays chauds , on a recours aune
évaporation spontanée ; dans les climats
tempérés, la concentration se compose d'une
évaporation spontanée et d'une évaporatior.
par le feu.
L'eau des sources salées est ordinaire-
ment concentrée dans des bâtimenis de gra-
duation , vastes parallélipipèdes rectangles,
construits avec des fagots d'épines et ex-
posés aux vents qui régnent le plus fré-
quemment. L'air qui passe de toutes parts
à travers les fagots concentre rapidement
l'eau , et quand celle-ci a été amenée à un
degré voisin de la saturation , on achève
l'évaporation dans des chaudières.
Cette évaporation spontanée a lieu sur les
bords de la mer, dans des bassins qu'on
tapisse d'argile et qu'on appelle Marais
salants. L'eau de la mer y est conduite par
des canaux et s'y évapore sans l'interven-
tion d'aucune chaleur artificielle.
Chlorures DÉCOLORANTS, Chlorures d'oxy-
des. — Ces composés que la plupart des
chimistes considèrent comme des mélanges
atomiques de Chlorures métalliques et
d'hypochlonies, se préparent en recevant
le Chlore dans certaines dissolutions alca-
lines ou dans la chaux éteinte.
Celui qui est le plus employé, est le Chlo-
rure de chaux. On s'en sert comme rongeur
dans les fabriques de toiles peintes , et poup
CHI-
blanchir les tissus de lin, de chanvre et de
coton , la pâte de papier, etc. Ce même com-
posé et le Chlorure de potasse ou de soude
(Eau de Javelle) sont également employés
pour désinfecter l'air chargé de miasmes ,
enlever des taches d'encre, etc., etc.
Ces Chlorures laissent dégager abondam-
ment du Chlore quand on les met en con-
tact avec les acides , même avec l'acide
carbonique : aussi exhalent-ils sans cesse
l'odeur de ce gaz. Ce sont des agents éner-
giques d'oxydation, et tout à la fois de chlo-
ruration. (Pel.)
CHLORURES, min.— L'un des ordres ou
grands genres chimiques de la minéralogie,
comprenant tous les Chlorures naturels, qui
font partie de l'écorce terrestre. Chauffés
avec l'acide sulfurique et le peroxyde de
Manganèse, ils dégagent tous du Chlore, gaz
facile à reconnaître à sa couleur verdàlre et
à son odeur safranée. Fondus au chalumeau
avec du sel phosphorique mêlé d'oxyde de
Cuivre, ils colorent la flamme en bleu pour-
pre. Si l'on a égard aux différences de sys-
tème cristallin, on peut les partager en deux
tribus :
Les Chlorures cubiques : lo le Chlo-
rure de sodium ou Salmare, Sel gemme [voy.
l'article précédent, et de plus sel gemme) ;
2° le Chlorure ammonique ou Sel ammoniac,
Salmiac [voy. salmiac); et 3° le Chlorure
d'argent ou Kérargyre, Argent corné [voy. ar-
gent). Le Sel marin solide ou en roche est
quelquefois , mais très rarement, accompa-
gné de Chlorure de Potassium ou Sylvine
[voy. ce mot) ; celui qui est en solution dans
les eaux de la mer y est associé aux Chlo-
rures de Calcium et de Magnésium.
Les Chlorures QUADRATIQUES. A cette tribu
ne se rapporte dans l'état actuel de la science
qu'une seule espèce , le Chlorure de mercure
ou le Calomel ( voyez MERCURE ).
Outre les Chlorures proprement dits , il
existe un groupe de composés qu'on peut
appeler Oxy-chlorures , parce qu'ils résul-
tent de la combinaison d'un oxyde et d'un
Chlorure ; ce groupe renferme plusieurs es-
pèces : YAiakamiie, qui est un oxy-chlorure
de Cuivre; la Mendipiie , qui est un oxy-
chlorure de plomb; la IVolizine (oxy-chlo-
rure de zinc], etc. Voy. oxy-chlorures.
Enfin , parmi les Oxy-sels , et notamment
dans les genres des Carbonates, Phosphates,
CHN
699
Arséniates et Silicates, on rencontre un cer-
tain nombre d'espèces chlorifères, qui résul-
tent, non du mélange, mais de la combinai-
son définicd'un ChlorureavecunCarbonate,
un Phosphate ou un Silicate. Ces espèces,
déjà nombreuses, nécessiteront peut-être un
jour l'établissement de groupesdistincts sous
des noms particuliers, telsqueceuxdeC/i/oro-
carbonales, Chloro-phosphates , Chloro-sili-
caies. En attendant, nous les avons classées
parmi les genres auxquels elles se rappor-
tent d'elles-mêmes, lorsqu'on néglige le rôle
que joue le Chlore dans leur composition.
(Del.)
•CHLORYLLIS [x^-'^pk, jaune ou vert;
Tllis ? II faut peut-être lire ChlorilUs,
dim. de Cliloris). bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Papilionacées, tribu des Phaséo-
lées-Diocléées, formé par E. Meyer [Comm.
PI. afr., 149) sur une seule espèce, la C. pra-
tensis E. M. C'est une plante herbacée vi-
vace, indigène du Cap, à tige procombante,
à feuilles trifoliolées ; folioles stipellées,
subtrilobées-anguleuses, l'intermédiaire pé -
tiolulée; fleurs belles, à calices ébractéolés,
à étendard subcoriace, vert, à carène d'un
vert jaunâtre, à ailes violacées. Ces fleurs
sont disposées en grappes terminales, pyra-
midales, à peine pédonculées. (C. L.)
• CHIVOODES [x,vo(iSo;, lanugineux).
•ns. — Genre de Coléoptères triraères , formé
par moi aux dépens du genre Coccinella de
Linné. Les espèces de ce genre sont petites,
rondes, convexes, de couleurs métalliques,
revêtues d'une pubescence courte et serrée,
à dernier article des tarses court et à cro-
chets bifides. M. Dejean , qui a adopté ce
genre dans son Catalogue, en mentionne 6
espèces de l'Amérique méridionale, mais il
est au moins deux fois plus nombreux. (C.)
'CHIVOOPHORA (xvooç, duvet; -n, forme), ins. —Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Longicornes, tribu
des Lamiaires, créé par M. Dejean dans son
Catalogue, et caractérisé par un corselet mu-
tique, le dernier article des antennes acu-
miné, et le présternum muni d'une pièce
presque carrée, tronquée en avant et en ar-
rière, élargie anguleusement sur chaque côté
antérieur. Ce g. serait peut-être mieux placé
près des Tragomorpkus qu'à côté du g. Sle-
modonta. L'espèce qui y est rapportée se
trouve à Java , 31. Dejean l'a appelée C. pi-
gra. (C.)
*CHCHEROPITHECrS. mam. — Ancien
nom des Cynocéphales, adopté récemment
comme nom spécifique par 31. de Blainville.
CHCMEROPOTAME (xo~po?, cochon ; tto-
TKfjLoç, fleuve). MAM. Foss. —Nom employé
par Prosper Alpin , pour un animal imagi-
naire, et que Cuvier a appliqué à un genre
de Pachydermes de la famille des Cochons ,
trouvé dans les gypses des environs de Pa-
ris. Cet animal avait à chaque côté de la
mâchoire supéiieure 7 molaires , dont 4 de
remplacement , coniques , ressemblant un
peu à celles de l'Hippopotame , et 3 arrière-
CHOE
molaires un peu plus larges que longues, et
presquecarrées. La couronne deces dernières
offre quatre principaux cônes mousses , et
deux plus petits, situés , l'un entre les deux
cônes antérieurs, et l'autre, qui est le plus
petit de tous, entre les deux cônes postérieurs.
Au milieu des quatre grands tubercules se
voit une petite proéminence légèrement bi-
furquée , et toute la dent est entourée d'un
collet tuberculeux au milieu et à l'angle an-
térieur du bord externe. La mâchoire infé-
rieure ne portait q\ie six molaires de chaque
côté: trois antérieures, pointues cl compri-
mées, deux arrière-molaires à deux paires
de tubercules, et une dernière à trois paires.
Cette mâchoire était pourvue de canines
courtes comme dans les Pécaris, mais moins
aplaties et ressemblantdavantage à celles des
Carnassiers. Il est probable qu'il en existait
aussi à la mâchoire supérieure, et que l'une
et l'autre portaient des incisives.
Les terrains tertiaires d'eau douce de l'île
deWight, qui recèlent des débris d'^«o-
plotkerium et de Palœolherium , ont offert à
M. Richard Owen une mâchoire inférieure
de Chœropotame plus complète que celle que
Cuvier a décrite : le bord inférieur de cette
mâchoire est très arqué , et son angle posté-
rieur se prolonge en crochet autant et même
plus que chez les Carnassiers. Ces caractè-
res , joints à celui qu'offrent les premières
molaires coniques, annoncent une certaine
affinité avec ces derniers animaux. Et comme
les Pachydermes se rattachent déjà par d'au-
tres genres avec d'autres ordres, on peut, ce
nous semble, les considérer comme une fa-
mille centrale d'Ongulés , qui se lie par les
Chœropotames aux Carnassiers, par les Da-
mans , les Éléphants et les Mastodontes
aux Rongeurs, par les Anoplotherium aux
Ruminants, et peut-être même par les Di-
notherium aux Cétacés herbivores. M. H. de
Meyer ayant donné à deux espèces du même
genre qu'il a découvertes dans la molasse
de Georgensmûnd les noms de Chœr. Meiss-
neri et Chœr. Sœmmeringii, M. Owen propose
d'appeler l'espèce décrite par Cuvier Cliœr.
Cuvieri. M. Desmarest l'avait nommée Chœr.
gypsorum. (L...D.)
•CnCœROPUS (x»"?"?, cochon; TToû;,
pied). MAM. — Genre de Mammifères didel-
phes à peine connu. Voici ce qu'on en sait :
Le major anglais Mitchell a découvert sur
CHO
701
les bords du Murray, dans l'Est de la Nou-
velle-Hollande, un Mammifère de la taille
d'un jeune Lapin de garenne , et à peu près
delà môme couleur. Ce petit animal, aperçu
à terre par les guides indigènes du major, se
réfugia immédiatement dans un trou d'ar-
bre d'où on put le retirer vivant. Les natu-
rels furent unanimes pour dire qu'ils ne le
connaissaient pas encore. Sa tête est allon-
gée et son museau fort grêle; il manque de
queue, et ses pattes, surtout les antérieures,
ont du rapport avec celles des Cochons. Mal-
heureusement l'exemplaire encore unique
de cette singulière espèce est resté au Musée
de Sydney , et c'est d'après un dessin de
M. Mitchell que le g. Chœropus a été établi
pour elle par M. Ogilby. Les pattes anté-
rieures paraissent en effet n'avoir que deux
doigts égaux entre eux , et dont les ongles,
comme ceux de beaucoup de Mammifères
du groupe des Ineducabilia , ont une ten-
dance à la forme ongulée. Aux membres
postérieurs l'index et le médius sont petits
et syndactyles.
Chœropus ecaudatus est le nom de ce Mam-
mifère. On en voit une figure dans la rela-
tion de la troisième expédition du major
3Iilchell , tom. II, pi. 38. C'est probablement
une forme voisine des Péramèles. (P. G.)
CHOIIV. BOT. PH. — Non vulgaire du g.
Schœnus.
CHOIIV (Pierre de), min. — Nom vulgaire
sous lequel on désigne à Lyon un des cal-
caires employés dans cette ville comme
pierres de construction. (Del.)
CHOIIVE. BOT. PH. — Synonyme vulgaire
A'Anona muricala.
* CHOIROMYCES ( x°'P°'' > cochon ; (xi-
xn; , champignon), bot. cr. — Genre de la
famille des Gastéromycètes, établi par Yit-
tadini [Tuberac, p. 60, t. II), pour des tu-
bercules souterrains blancs, recherchés par
les Cochons , ayant dans leur jeunesse des
propriétésnauséabondes,et, à leur maturité,
remplaçant les Truffes, dont ils ont la déli-
catesse. C'est dans les sables de l'Afrique
septentrionale que se trouvent ces végé-
taux que Desfontaines avait nommés Truffes
blanches. Ses caractères sont : Utérus irré-
gulièrement arrondi , lisse et indéhiscent à
l'extrémité , à l'intérieur charnu et veiné ;
péridioles vésiculeux, pyriformes, longue-
ment pédicellés , disposés sur le côlé des
702
CHO
veines ; sporangiolessphériquesel hérissées.
(C. d'O.)
CHOISYA f nom propre ). bot. ph. —
Genre de Diosmées, consacré par M. Kunth à
M. Choisy, botaniste genevois, connu par ses
travaux sur les Convolvulacées et sur quel-
ques autres sujets. — Ses caractères sont
ie& suivants : Calice à 5 sépales, caduc ; 6
pétales plus longs portés sur de courts on-
glets , étalés; 10 étamines plus courtes ; 5
ovaires soudés entre eux à la base, qui se
continue en un court gynophore portant les
pétales et étamines, pubescents, contenant
chacun 2 ovules superposés ; 6 styles portés
de l'angle interne des ovaires au-dessus de
leur sommet, bientôt rapprochés et soudés
en un seul que termine un stigmate capité
à 5 lobes. Le fruit n'est connu que par la
relation de Bonpland, qui le dit une capsule
marquée de 5 sillons et terminée par 5 poin-
tes. — L'espèce unique, originaire du Mexi-
que, est un arbrisseau à feuilles opposées,
composées de 3 folioles parsemées de points
transparents, à fleurs blanches disposées en
ombelle à l'extrémité des pédoncules axil-
laires ettrifldes. (Ad. J.)
*CHOKROSAL. bot. ph.— Synonyme de
Diiabanga. (C. L.)
CIIOLESTÉRI\E. Choleslerina ( xo>'î ,
bile; ar£ap, graisse). zooL. — Nom donné
par M. Chevreul à la substance grasse par-
ticulière , découverte par Green dans les
calculs biliaires, et qui se trouve également
dans le sang, dans certaines concrétions cé-
rébrales , dans le musc , dans le jaune
d'œuf, etc. Elle ressemble aux corps gras
par ses propriétés , et surtout à la cétine,
mais elle en diffère en ce qu'elle n'est pas
saponifiée par les alcalis. La Cholestérine
tirée des calculs biliaires se convertit en
acide cholestérique par l'action de l'acide
azotique.
CHOLEVA , Latr. — iks. Synonyme de
Calops, Fabr. (D.)
* CHOLIDES. Cliolides. ins. — Subdivi-
sion faite par Schœnherr dans sa division des
Apostasimérides, etcaractérisée ainsi: Pattes
antérieures éloignées à la base par l'espace
pectoral aplati et plus ou moins canali-
culé. Les genres qu'elle renferme sont les
suivants : /ihinastus , Cliolus , Liiomerus ,
Callinoms , Dionijchus , Homalonotus , Peta-
Jochilus , Uncorliinus , Tryjieles, Solenopus .
CHO
Amerhinui, IVettarkimis, Sclerosomus , Ha-
plosonyx, Alcides , Lœmosaccus , Slrongy-
loles , Derdomus, Isonychns , Phœnomerus,
Celcles, Madarus, Pyropiis, Baridius, Bury-
cerus , Madopterus , Centrinus , Cylindroce-
rus , Plaiyonyx , Loboderes , Diorymerus ,
Eurhinus, ColeoineruM et Cyriomon. (C.)
* CHOLIPUS [x'^lk , boiteux ; ttoîç ,
pied). INS. — Genre de Coléoptères hétéro-
mères, tribu des Ténébrionites , créé par
M. Dejean, dans son Catalogue, pour une
seule espèce indigène de Java, et qu il
nomme Cli. brevicomis. Ce genre est placé
entre les Aspisoma et Cliarinoius de cet au-
teur, mais il n'a pas été publié. (C.)
* CHOLITES. INS. — Groupe ou sous-
tribu de Coléoptères télranières, établi par
M. de Caslelnau dans la famille des Curcu-
lionites, et qui a pour type le g. Cliolus de
Schœnherr. (D.)
CHOLCffiPE. Cholœpus. mam. — f^oy.
PARESSEUX.
* CHOLOVOCERA (d'après l'étymologie
de ce mot donné par l'auteur, il aurait dû
l'écrire Colovocera , car il le fait dériver de
xo/ouEiv, tronquer, et de xt'pa;, corne ). ins.
— Genre de Coléoptères trimères, établi par
M. Victor Motschoulski ( Bull, de la Soc.
imp. des iiai. de Moscou, 1838, no II,
pag. 177, sur un insecte recueilli par lui
à Derbent, non loin de la mer Caspienne,
et auquel il a donné le nom spécifique de
formicaria , attendu qu'il l'a trouvé au mi-
lieu des fourmilières cachées sous les pierres.
C'est un insecte très petit , d'une demi-
ligne de long, entièrementd'un rouge fauve,
qui ressemble beaucoup au premier abord
à un Plialacrus ; mais outre qu'il est trimère,
il a les antennes aplaties comme les Endo~
mychus et les Lycoperdina. (D.)
'CHOLLS {x<^lk, boiteux), ins.— Genre
de Coléoptères tétramères , famille des Cur-
culioniles, créé par M. Germar [Species
inseciorum, p. 212), formant la base de la
subdivision des Cholides. Ce genre , qui a
été adopté par M. Schœnherr [Gênera et Sp.
Curcul. , t. III , p. 264 ) , renferme 19 espè-
ces , toutes de l'Amérique méridionale. Cet
auteur l'a partagé en espèces à écusson ap-
parent , ou sans écusson visible en dîssus,
deux seulement sont dans ce cas. Les Cho-
lus se rapprochent beaucoup des Dionychus,
principalement par la forme de la trompe;
CHO
mais leur corps rhomboïde et leur rostre
aplati au sommet les dislingue de suilcdes
JJaridius et des Balauitius ; les espèces types
sont les Rhyncliœnus Rana et ciuclns de
Fab. . originaires de Cayenne. (C.)
CHOMELIA (médecin et botaniste fran-
çais du x\ni' siècle), bot. pu. — Genre de
la famille des Rubiacées, tribu des Psy-
chotriées-ColTèées, constitué par Jacquin
[Amer., 18, t. XIII), et renfermant 5 ou6 es-
pèces croissant dans l'Amérique tropicale.
On en cultive quelques unes dans les jar-
dins européens. Ce sont des arbrisseaux
souvent épineux, pubescents ou glabres, à
feuilles opposées, très courtemcnl péliolées,
rigides, coriaces, munies de stipules courtes
interpétiolaires; à fleurs blanchâtres, d'une
odeur agréable, accompagnées à la base du
calice de deux bractéolessétacécs, et portées
par de courts pédoncules axillaires uni-pau-
ciflores. (C. L.)
* CHOMIOCARPON, Cord. (x^f^«, émi-
nence ; xapTro; , fruit), bot. cr. — (Hépati-
ques.) Synon. de Preissia, Nées. (C. M.)
* CHOIVDESTES. ois. — Genre de la fa-
mille des friiKjillidœ , formé par Swainson
dans le Zool. joum., n° 10, cité dans son
Synopsis of tlie birds of Mexico et maintenu
par cet auteur dans sa Class. of ihe birds.
Il le créa pour une espèce de Pinson mar-
cheur du Mexique, que M. Say avait dé-
couvert de son côté dans l'ouest de l'Amé-
rique nord et nommé Fringilia grammaca.
Swainson nomme Chondesies strigaia l'es-
pèce type, qui est remarquable par une colo-
ration brun-fauve en dessus, blanchâtre en
dessous, et surtout par deux larges bandes
longitudinales de couleur ferrugineuse, sé-
parées par une ligne grise qui occupe tout
le dessus de sa tête. Ses mœurs plutôt que
ses formes ont pu, ce nous semble, autori-
ser la séparation générique de cette espèce
de Fringille, car, ainsi que les Alouettes,
il se tient habituellement sur le sol, ce qui
lui a fait donner le non anglais de Lark-
finch. Comme elles, il fréquente les prairies
et ne s'envole presque jamais sur les arbres.
Son chant est agréable, et souvent il conti-
nue de le faire entendre en volant. Ce genre,
qui jusqu'ici ne renferme encore que le
Chondesies sirigata de Swainson ou Frintjilla
grammaca de Say, offre, comme l'on voit , de
grands rapports dans ses mœurs avec le
CHO
703
genre Plecirovhane de "Sleyer, ayant pour
type YEmberiza nivalis L. (LArn.)
CHO\DODEI^DRUM. bot. pu. —Foyez
CHONDRODENDRUM.
CIIOIMDRACAIVTHE. Chondracanihus
(xov<îpo; , cartilage ;axoiv9a, épine), crust. —
Cegenreétablipar de La PiOche, aux dépens
des Lernea de Muller, appartient à l'ordre des
Lernéides et à la famille des Cbondracan-
thiens.La tête est peu distincte du thorax; ce
dernier n'est pas divisé transversalement , et
se termine par deux prolongeinenls en
forme de cornes , entre lesquels se trouve
un petit tubercule abdominal, cl les orifi-
ces d'où naissent les tubes oviféres. A Tex-
trémité antérieure de la tête , se trouve une
paire d'antennes rudimentaires, et une
paire de pattes-mâchoires ayant la forme de
crochets assez forts. La bouche est située
assez loin en arrière, et armée de chaque
côté d'un petit crochet, devant laquelle se
trouve une troisième paire de palles-mà-
choires plus grande que la précédente, et
ancreuses comme cellesdc la première paire,
mais plus petites. A ces organes succèdent
deux paires de lobes bifurques, qui repré-
sentent autant de pattes thoraciques. Sur la
portion moyenne du thorax, on remarque
une troisième paire de prolongements bra-
chiformes qui paraissent élre de même na-
ture que les précédents, mais qui sont sim-
ples. Le mâle est extrêmement petit, et se
trouve accroché sous l'exlrémilé postérieure
du thorax de la femelle,- il est plus ou moins
pyriforme, et ne ressemble pas du tout à la
femelle; sa tête est très grosse; son thorax
est articulé , et il est pourvu de patles-mà-
choires très grandes.
Les espèces que ce genre comprend sont
au nombre de 8 , et vivent parasites sur les
Poissons. Le C. comuius Cuv. (Edw., Hisi,
nat. des Cnist. , tom. III, pi. 40, fig. 18 â 22),
peut être regardé comme le type de celte
coupe générique; cette espèce vit sur les
branchies de divers Pleuronectes. (H. L. )
'CIIOIVDRACAIVTHIEIVS. C'Iiondracan-
tfiii. CRUST. — Cette famille, qui a été éta-
blie par M. Milne-Edwards , appartient à
l'ordre des Lernéides. Les Crustacés qui
la composent sont remarquables en ce
que les femelles se fixent sur leur proie
à l'aide de petites mâchoires ancreuses,
insérées àl'extrémité antérieure de la tête et
704
CHO
sous le front. Les appendices thoracîques
ne servent pas au même usage , et ont la
forme de pattes ordinairement biramées ,
Ires petites et non préiiensiles. La tète est
distincte du thorax , et porte une paire d'an-
tennes et deux paires de pattes-mâchoires
uniformes et ancreuses. Sur les côtés de la
bouche , on aperçoit ordinairement une
paire d'appendices qui représentent les pat-
tes-mâchoires de la seconde paire , et qui
sont quelquefois ancreuses comme les au-
tres , mais souvent rudimentaires. La bou-
che est quelquefois située très loin en ar-
rière des pattes-mâchoires antérieures , et
elle est armée de petits appendices repré-
sentant les mandibules. Le nombre et la
disposition des appendices correspondant
aux pattes thoraciques varient ; taiitôt on
n'en compte que deux paires, tantôt trois,
et même quatre. Les tubes ovifères vien-
nent du bord postérieur du corps, de
sorte que l'abdomen est rudimentaire , et
n'est représenté que par un ou deux tuber-
cules médians. Le mâle se trouve quelque-
fois accroché sous l'anus de la femelle ; il est
extrêmement petit, et ne ressemble en rien
à celle-ci.
Celle famille comprend 8 genres, qui sont
désignés ainsi : iS'e/jHs, ^eihon , Clavella ,
Cijcniis , Tucca , Peniculus, Lernanihropiis,
Chondracanlhus. (H. L.)
*CHOi\DRACHYRUM , Nées. bot. ph.—
Syn. présumé â'/Catonia, Raf.
CeOMDRIA, Agardh (x^vcîpoç, cartilage).
BOT.CR.— (Phycées.)/^oy.LAUREKciA,Larax.;
CIIRVSYMENIA. Ag. Gl.; LOMENTARIA, Lyngb.,
et ACANxnoPHORA, Lamx. (C. M.)
" CHO^'DRIÉES. Oiondrieœ. bot. cr.—
(Phycées.) C'est une des tribus de la famille
des Floridées, établie par M. J. Agardh [FAn-
nœa , XV, 1 , p. 20 ) , et à laquelle il donne
pour caractères : Fronde celluleuse , conti-
nue , souvent étranglée de distance en dis-
tance. Sphérospores épars sur les rameaux.
Conceptacles externes, au fond desquels sont
fixées par leur extrémité amincie des spori-
dies pyriformes enveloppées d'un péricarpe.
Cette tribu comprend, suivant M. J. Agardh,
les genres suivants : Laurencia, Lamx.;C/2«m-
pia, Lamx.; Lomentaria^ Lyngh.; Bonnemai-
sonia, A.%.; Asparagopsin, Montag.; Calocla-
dia, Gre\. -jDelisea, Lamx.: auxquels M. De-
caisne ajoute (Ami. se. ma., août 1842) : Co-
CHO
ratlopsis, Gre\.; Caiev.ella, Grev.; Dumoniîa^
Lamx. ; Gracilaria, Grev. ; Microcladia ,
Grev. ; Soliera, J. Ag. (qui n'est pas, quoi
qu'on dise, notre Giganina gadilana) ; Plujl-
lopliora, Grev. ,elBoiryocarpa,Gre\. (CM.)
CHONDRILLA , Tourn. (qu'on sup-
pose dérivé de x°''°p<^i, grain, grumeau.
— Suivant Vaillant, le suc laiteux des Chon-
drilles se grumèle facilement), bot. ph. ~
Ce genre fait partie des Composées , tribu
des Chicoracées, et les plantes qui les com-
posent sont des herbes vivaces, indigènes
de l'Europe, des régions orientales, ou plus
rarement de la Sibérie. Elles sont munies
de tiges droites, raides, souvent dichoto-
mes. de feuilles radicales, roncinées, de
caulinaires entières , et de capitules renfer-
mant des fleurons de couleur jaune. Ces
capitules, de forme à peu près cylindrique,
ne contiennent qu'un petit nombre de fleurs,
entourées par un involucre composé de
deux rangées d'écaillés courtes et appri-
mées. Le réceptacle nu , étroit, supporte
des fruits cylindriques, couverts au sommet
desquamellesdont les 5 supérieures consti-
tuent une sorte de calicule , et au milieu
desquelles le fruit se prolonge sous la forme
d'un bec qui supporte une aigrette formée
de plusieurs rangées de soies très blan-
ches.—On rencontre fréquemment en France
et dans les lieux sablonneux et incultes, le
Ch.juncea. [J. D.)
"CHOIXDROCERA (xov<îpo;, dilatation;
xépa.(;, corne). INS. — Genre de la tribu des
Coréens, de l'ordre des Hémiptères, section
des Hétéroplères , établi par M. Laporte de
Castelnau [Ess. clas. des Hém.), et regardé
par plusieurs entomologistes comme une
simple division du genre Coreus.
On reconnaît facilement les Chondrocera à
leurs antennes , dont les deuxième et troi-
sième articles sont plus élargis que les au-
tres. Le type est le Ch. a larges antennes
[Ch. /ai/corH/s Lap.), de l'île de Cuba. (El.)
CHONDRODEIVDRUM, R. et P. (et non
Chondodendrum ; ^ôv^poi;, grain ; (î/vcîpoy, ar-
bre). BOT. pn. — Synonyme de Coecidus, DC.
*CHO]VDRODITE fx^'-'^^p"^"')?, grumeuxl.
MIN. — Maclurite, Brucite des Américains.
Nomdonnépar3LBerzéliusà une substance
minérale, qui ne s'est encore présentée que
sous la forme de grains arrondis, jaunes ou
brunâtres, à texture lamellcuse, disséminés
CHO
dans les calcaires saccharoïdes , à Sparla
dans le New-Jersey, aux États-Unis, à Pargas
et à Ersby en Finlande, à Aker en Sudcrma-
nie , à Arendal en Norwége, et à liodcn prés
de Marienberg en Saxe. Celle substance a
par sa composition de grands rapports avec
!e Péridot; cependant les analyses de Sey-
bert et de Thomson ont donne 3 à 4 pour 100
d'Acide fluorique, qu'on suppose exister
dans ce minéral à l'état de Fluorure de ma-
gnésium. Selon Thomson , la Chondrodite
des États-Unis est formée de Magnésie, 54,64 ;
Silice , 3G ; Acide fluorique, 3,76 ; oxyde de
Fer, 3,97; Eau, 1,G2. Sa cristallisation est
imparfaitement connue : on admet généra-
lement qu'elle appartient au système klino-
l'bombique , et l'on cite des prismes de
147° 48', terminés par un biseau oblique
semblable à celui des cristaux de Pyroxène.
Ces prismes sont clivables dans le sens des
diagonales , et dans une direction oblique
par rapport à l'axe. La Chondrodite est infu-
sible au chalumeau. Sa dureté est comprise
entre celles du Quartz et du Feldspath or-
those. La Bumite de Bournon qui se trouve
au Vésuve, pourrait bien être identique avec
le minéral dont il est ici question. (Del.)
CHO\DKOPETALUIM,Rottb. bot. ph —
Syn. à'Elegia , Thunb.
CHOIVDROPTÉRYGIEIMS. Chondropte-
rygii {xôvSpoc,, cartilage; irr/pu?, nageoire),
poiss. — Ce mot, qui exprime la nature car-
tilagineuse du squelette des Poissons, a été
imaginé par Artedi, qui faisait de ce groupe
son quatrième ordre de la classe des "Verté-
brés. L'état de cartilage permanent, dans
lequel on trouve les os de ces animaux, était
le seul caractère qu'Artedi opposait aux
Poissons à squelette osseux; ceux-ci étaient
ensuite subdivisés d'après l'organisation de
leur membrane branchiostége , soutenue par
des osselets ou dépourvue de cette sorte de
squelette, et qui était exprimée par ces mots :
Branchiis ossicutalis vi-.l Branchiis ossibus
destiiuiis. La 4'' classe était composée des
genres Pelromyzon , Acipenser, Sqnalus et
lîaia. Par ce premier essai, Artedi réunissait
quatre genres naturels et qui forment entre
p.ux un groupe également conforme, selon
moi, aux principes de la méthode naturelle,
quoiqu'il semble que l'ordre des Chondrop-
térygiens d'Arledi ait été composé d'après un
seul caractère , l état cartilagineux du sque-
CIIO
705
lelte. Les Lamproies et les Esturgeons ne
sont pas cependant aussi voisins l'un de
l'autre que les r>aies et les Squales, qui ont en
effet entre eux la plus grande affinité. Mal-
heureusement Linné, qui a rendu tant de
services aux sciences naturelles, mais qui
n'a pas eu dans tout son Sijsiema naiiuœ , je
ne dis pas l'idée, mais même le sentiment
des familles naturelles, a brouillé tout ce
qu'Artedi avait si bien commencé. Car dès
la 10= édition de son Sysiema naiurœ , il faiî
passer tous les Chondroptérygiens dans la
classe des Reptiles, ayant commis la faute
de faire le groupe des Amphïbia naines. Il y
a été conduit non seulement par la fausse
croyance que ces animaux respiraient par
des branchies et par des poumons, mais on
voit encore qu'il veut justifler ce rapproche-
ment par la disposition des organes de la gé-
nération et par les propriétés toxiques de
plusieurs genres .citant la Pastenague qui
blesse dangereusement avec son aiguillon
sus-caudal,ou la Torpille, quiengourditavec
ses batteries électriques. L'on ne peut nier
cependantque, dans cette erreur, l'auteur du
Sysiema naïuvœ n'ait saisi quelques uns des
rapports qui lient en effet les Raies et les
Squales aux Reptiles, mais il a exagéré ces
rapports. Linné, faisant alors passer tout le
groupe d'Arledi dans la classe des Reptiles,
y ajoute le genre Chimœra, inconnu à son
compatriote; mais il vient tout de suite dé-
truire l'ordre encore bien plus naturel en y
adjoignant le genre Lopltius, dont le sque-
lette flbreux n'est pas cartilagineux, et que,
d'après l'examen des os du crâne , de la face ,
des nageoires, l'on doit placer plutôt parmi les
Percoïdes que dans le voisinage des Raies.
Mais ce qui prouve encore, comme je le
disais tout à l'heure, combien Linné était en-
traîné par ses méthodes artificielles à des
rapprochements les plus disparates, c'est ce
qu'il fait dans sa 12' édition.
Ses Amphibia nanles sont divisés en deux
sections; l'une comprend les genres qui peu-
vent se réunir sous cettediagnose: Spiracula
composiia sea plura. Le nombre des Irous
branchiaux va caractériser les genres Pelro-
myzon, Raja, Squalus, Chimœra; mais alors
le genre Acipenser est exclu de ce groupe
et porté dans la seconde section sous la ca-
ractéristique de /racu/û iolilaria, avec les
Lophius, les Cycloptères, les Balistes, le*
45
rx/O
CHO
Centrisques, les Syngnathes, etc., etc., réu-
nion composée de genres les plus disparates.
Pennant, dans sa Zoologie britannique ,
tut le mérite de revenir aux idées premiè-
res d'Artedi , de rétablir l'ordre des Chon-
droptérygiens , et de les placer dans la classe
des Poissons. Gouan et Gmelin suivirent la
même manière de voir; mais il parait que
celui-ci a mal compris la table synoptique
d'Artedi, puisque donnant pour caractère es-
sentiel des Poissons de cet ordre , la nature
cartilagineuse des soutiens des branchies ,
il réduit leur diagnose à ces mots ■ Branchia
cartiloginea; d'ailleurs les genres qui y sont
ramenés sont ceux d'Artedi , ils forment un
ordre naturel augmenté alors du genre Chi-
■mœra, qui doit effectivement y prendre
place.
G. Cuvier , qui , dans ses Essais de clas-
sificaiinn des Poissons, est revenu aux idées
d'Artedi , a rétabli aussi le groupe des
Chondroptérygiens en laissant voir qu'il en
fait une division plus élevée qu'un ordre ,
mais en n'en faisant pas une classe. C'est ,
dit-il , une suite qu'on ne peut considé-
rer ni comme supérieure ni comme infé-
rieure à celle des Poissons ordinaires; mais
qui est en quelque sorte parallèle à la pre-
mière, comme, par exemple, les Marsu-
piaux sont parallèles aux autres 3Iammifé-
res onguiculés. Je pense qu'il vaut mieux
considérer les Chondroptérygiens comme
un ordre à diviser en quatre familles : les
SxtJRONiENs , composés des Esturgeons et
des Polyodons; les CiumÉriens, compre-
nant les Chimères et les Callorhynques, les
Plagiostomes de M. Duméril, qu'on peut
subdiviser en Squales et Raies , et enfin les
Cyclostomes du même auteur , ou la fa-
mille des Lamproies.
Cette dernière famille est étrangère aux
autres, cela est vrai, mais les trois premières
ont entre elles des rapports manifestes. En
effet, outre la nature cartilagineuse du sque-
lette, nous voyons que le système digestif
est fait sur un même plan , et l'on peut dire
depuis la bouche jusqu'à l'anus ; car, dans
tous , les intermaxillaires sont rudimentai-
res , cachés sous la peau ; et les maxillaires
sont unis aux palatins. L'intestin porte en-
dedans une longue valvule en spirale ; le
pancréas est encore une glande distincte
unie en une seule masse; dans le genre Po-
CHO
lyodon , nous lui trouvons un commence-
ment de division en cœcums. Chez tous les
Poissons de ces trois familles , le labyrinthe
de l'oreille est contenu dans l'épaisseur des
os du crâne. C'est par ce dernier caractère,
joint à la présence des organes extérieurs
des mâles , et des trous péritonéaux de ces
animaux , qu'on croit devoir leur trouver
de raCQnité avec les Reptiles. Ce rapport est
très évident, mais a-t-il l'importance qu'on
lui attache ordinairement , c'est ce que je ne
pense pas. Je crois qu'il ne faut voir dans
cette organisation similaire qu'une de ces
reproductions de combinaisons de forme, ou
d'emploi des mêmes moyens, dans lesquelles
la nature aime à nous révéler en quelque
sortes apuissanceinfinie;carpourlereste,et
surtout pour la partie essentielle de sa con-
stitution , qui dépend de son système respi-
ratoire, un Esturgeon est un poisson tout
autant qu'une Perche , malgré la différence
de l'organe de l'ouïe. Il ne faut même que
la plus légère attention pour ne trouver dans
les appendices des mâles des Raies ou des
Squales qu'une ressemblance plus appa-
rente que réelle ; car dans les Reptiles , les
organes doubles sont au moins dans les Ser-
pents, ainsi que je l'ai pu voir facilement
dans les grands Pythons, de véritables or-
ganes copulateurs , conduisant par une rai-
nure profonde le sperme liquide et blanc
laiteux du mâle dans les organes de la fe-
melle. Les deux organes sont mous , quel-
ques pointes les hérissent à l'extrémité; il
n'y a rien en eux de comparable à ce sys-
tème de pièces osseuses des appendices des
mâles des Raies , et ces organes non rétrac-
tiles ne peuvent jamais se retirer en dedans,
et ils n'ont aucune communication avec les
canaux déférents du testicule. Ils ne ser-
vent qu'à accrocher la femelle ; la copula-
tion se fait par une juxtaposition des deux
cloaques , comme se fait la fécondation d'un
grand nombre d'Ovipares.
Je préfère la division des Chondroptéry-
giens en famille à celle basée sur le plus ou
moins de liberté des branchies, ce qui a
conduit à établir deux grandes divisions , les
Chondroptérygiens à branchies libres, et
les CnoNDROPTÉKYCiENS à branchies fixes.
Les Esturgeons et les Polyodons ont les
branchies libres et faites comme celles des
Poissons osseux; une grande fente bran-
CHO
chiale ouverte ou fermée par le jeu d'un
opercule complclc cet appareil , qui serait
en tout semblable àcclui des autres Poissons,
si la membrane branchioslége était soute-
nue par des rayons. Mais dans la Chimère,
on ne peut vraiment dire que les branchies
soient libres , bien qu'elles ne soient pas
fixées comme celles des Squales ; elles ont
une conformation intermédiaire entre les
deux formes, et tiennent évidemment de
l'une ou de l'autre manière d'être; chaque
branchie étant enfermée dans une sorte de
poche particulière qui s'ouvre dans une
plus grande, commune alors pour toutes.
Cet appareil ne communique avec l'extérieur
que par une simple fente étroite et verticale.
Cependant un reste d'opercule se trouve en-
core engagé sous la peau. Les Esturgeons
tiennent encore des autres Poissons par la
présence d'une grande vessie aérienne; mais
les Sturoniens et les Chimères ont le mu-
seau fait comme celui des Squales , el
leur peau garnie de boucliers osseux dan»
les uns , nue dans les autres , nous montre
une nouvelle afTinité avec les Plagiostomes.
Cette famille est la plus répandue et la plus
considérable en genres et en espèces , ainsi
qu'on peut le voir dans le beau et grand
travail que MM. Millier et Henle ont fait sur
cette branche de l'ichthyologie. (Val.)
•CnOMDRORnyiVCHUS (x°^^po? , carti-
lage ; puj-xoç, rostre ). mam.— Dès 1814, dans
sa Zoo^Ho^fe (III, 142), M. Fischer a dis-
tingué sous ce nom l'espèce d'Ours appelée
Ursus labiaius , par M. de Blainville. Mal-
gré les affinités qu'il lui reconnaît avec les
Ours , M. Fischer place à tort son Chondro-
rhynque parmi les Édenlés , ce que firent
également Shaw et d'autres naturalistes.
Ployez OURS. (P. G.)
*CHO\DROSEA , Harr. bot. ph. — Syno-
nyme de Saxifraga. (C. L.j
*CHO\"DROSEPIA {xô^Spoq, cartilage,
«Yiirca, Seiche), moll. céphal. — M. Leuckart
a proposé ce nom pour les Céphalopodes
qui, tout e:i ayant la forme et les nageoires
longitudinales des Seiches, renferment un
osselet cartilagineux analogue à l'osselet in-
terne des Calmars; mais cette division avait
antérieurement reçu de M. de Blainville la
dénomination de Sepioieuihis. Ployez ce
mot. (A. d'O.)
CHOIVDROSIUM (xôv<îpoî, froment) bot.
CHO
707
PH. — Genre de la famille des Graminées,
tribu des Chloridées, établi par Desvaux
pour des herbes de r.\niérique méridionale,
à chaumes simples ou rameux à la base et
réunis en toufTes, à feuilles planes el linéai-
res , à épis terminaux solitaires ou géminés,
dont les épillets sont unilatéraux et contien-
nent deux fleurs, l'une hermaphrodite, l'au-
tre stérile. On en connaît 4 ou 5 espèces.
•CHOIVDROSPKRWLill (x^v^po;, grain;
(TTr/pfAa, semence), bot. ph. — Genre établi
par Wallich et rapporté avec doute par
Endlicher {Gen., pi. 3345) à la famille des
Jasminacées, et qui probablement doit être
placé de préférence parmi les Oléacées. Il
renferme deux espèces, dont le type est le
Chionanthus smilacifolius de l'auteur anglais
lui-même. Ce sont des arbrisseaux indiens,
grimpants, à rameaux tétragones, à feuilles
opposées, pétiolées, ovales, acuminées, tri-
nerves, réticulées- veinées , glauques; à
fleurs en panicules terminales et axillaires,
ramifiées-brachiées. (C. L.)
* CHOiXDRLS, Hartman. moll.— M. Hart-
man , dans sa Classification des coquilles
terrestres el fluviatiles de la Suisse, a proposé
ce nouveau genre pour le Pupa secale des
auteurs. Ce genre, fondé sur des caractères
de trop peu d'importance , ne peut être
adopté. Voyez maillot. (Desh.)
CHOMDRUS (xov<îpoç, cartilage), bot. cr.
— (Phycées.) Genre de la famille des Flori-
dées, tribu des Sphérococcoidées, fondé par
Lamouroux {Ann. Mus., XX, p. 106), sur
le Fucus crispus L., et généralement adopté
aujourd'hui. Il est ainsi défini : Fronde car-
tilagineuse, d'un rouge livide ou passant au
vert, plane, sans nervure, dichotome, â
segments linéaires ou cunéiformes , ordi-
nairement obtus au sommet. Conceptacles
hémisphériques, sessiles sur une des faces de
la fronde ou plus ou moins profondément
immergés , rarement pédicellés. Sporidies
petites, arrondies. iM. J. Agardh [Alg.medii.,
pag. 94 ) a réformé le g. de Lamouroux. Il
donne pour types du sien les C. norvégiens
et Gigartina Griffithsiœ , et le place parmi
les Spongiocarpées de sa tribu des Cryplo-
némées, prenant ses caractères dans la struc-
ture filamenteuse des frondes , et dans les
némathèces qui constituent le fruit. Nous
attendrons pour l'admettre que le temps ait
sanctionné cette nouvelle disposition.
708
CHO
Le g. Cliondrus, tel qu'il a été limité par
M. Greville, se compose ^i':!im}. qu'une section du g, Corvus. (Lafr.)
CHO
709
CïIORAGUS {xipctyo;, cliorège , danser).
INS. — Genre de Coléoptères , créé par
M. Kirby {/.inn. iran<:., tom. 12, p. 14; Cen-
turie, édition Lcquien, Paris, 18.'54, p. 72, pi.
4, fig. 97), qui le suppose trimère, et en fait
avec raison la base d'une nouvelle tribu .
celle des Cftoragides.Ce genre a pour carac-
tère : Palpes presque sétacés ; les deux pre-
miers articles des antennes renflés , à mas
sue tri-articulée; corps cylindrique; tête
abaissée; chaperon long. L'espèce que cet
auteur y rapporte a été trouvée en Angle-
terre, en Belgique et en Lombardie.
M. Curtis a trouvé 4 articles aux tarses
de cet insecte, ce qui résulte aussi de mes
observations. En examinant ces tarses qui
sont robustes, j'ai reconnu un très petit ar-
ticle situé à l'extrémité du deuxième.
Le Clwragus Siteppardi présente une telle
anomalie, qu'on ne doit plus être surpris de
le voir figurer dans des classifications si dif-
férentes.
Les mœurs de ce Coléoptère sont trop in-
téressantes pour ne pas citer ce qu'en a dit
M. Robert: « Cet insecte est surtout remar-
quable en ce qu'il possède la faculté de sau-
ter; il ne le cède point sous ce rapport à la
plus agile de nos Altises. Je l'ai trouvé en as-
sez grand nombre, dans le mois de juin , sur
un vieux saule , au bord de l'Ourthe , près
de Liège. Il se tient immobile sur l'arbre et
s'éclipse au moindre mouvement. Je pré-
sume qu'il vit sur le bois, et le perfore à la
manière des Anobies, l'ayant toujours ren-
contré à proximité de petits trous.
CHORAS, BufT. imam. — Synonyme de
Mandrill, espèce du genre Cynocéphale.
CHORDA (xop^/j, corde à boyau), bot.
CR. — (Phycées.) Genre de la tribu des Chor-
dariées, de la famille des Phycoidées, créé
par Stackhouse , adopté par Lamouroux
{u4)i)2. Mus. , XX , p. 4G), et dont la place
n'est pas encore irrévocablement fixée: les
uns le rapportant aux Dictyotées, les autres
aux Laminariées. Quoi qu'il en soit, on peut
définir ce g. comme il suit . Fronde simple,
cylindrique, filiforme, d'un vert olivacé pas-
sant au noir, creusée intérieurement d'une
cavité interrompue de distance en distance
par des cloisons complètes ou incomplètes.
Nous ne connaissons rien de plus admirable
que la structure de ces cloisons vues au mi-
croscope. Toute la fronde est recouverte do
710
CHO
filaments courts , libres et disposés comme
les fils du velours, c'est-à-dire perpendicu-
lairement à l'axe de la fronde ; c'est à leur
base que sont fixées des spores pyriformes.
Le Fucus Filitm L. sert de type à ce g. dont
on ne connaît que 3 espèces , et encore la
3' a-t-elle été découverte récemment par
d'Urville dans le f^oyage au pôle Sud. [C. M.)
CHORDARIA (x^pW, corde à boyau).
BOT. CR. — (Phycéesj. C'est sur le Fucus fla-
gelliformis FI. Dan. que M. Agardh a insti-
tué ce g. {Syn. Alg., p. 12), qui appartient
à la famille des Phycoidées, et forme le type
de la tribu des Chordariées {voyez ce mot).
Voici ses caractères : Fronde filiforme ,
cartilagineuse , dichotome ou irrégulière-
ment rameuse , solide et continue , dont
l'axe est composé de filaments longitudi-
naux, cloisonnés, entrelacés, qui viennent
successivement aboutir à la circonférence
où ils se terminent enfin par d'autres fila-
ments courts, horizontaux, claviformes, li-
bres et cloisonnés aussi. C'est entre ces der-
niers, qui recouvrent toute l'étendue de la
fronde et que ne relie aucun épiderme,
que se voient les spores. Celles-ci sont pyri-
formes, enveloppées d'une tunique transpa-
rente (périspore), et naissent soit de la base ,
soit du milieu du filament rayonnant. On
rencontre quelquefois, au lieu de spores, des
sortes de gemmes ou de propagules [Clior-
daria sordida Bor. ) tout-à-fait semblables
au fruit de certains Ectocurpus. Ce g. se
compose de 5 espèces dont deux sont pro-
pres aux mers équaloriales. Il faut en ex-
clure le C. nemalion Ag., qui forme aujour-
d'hui un g. particulier. (C. M.)
*CHORDAUIÉES. Chordarieœ. bot.ck.—
(Phycécs).Tribude la famille des Phycoidées,
établie par M. Greville, successivementmodi-
fiée par les travaux de MM. Harvey, De-
caisne et J. Agardh, et sur les limites de la-
quelle ces phycologues sont encore loin d'ê-
tre d'accord. Pour nous , cette tribu est
caractérisée par sa fronde olivacée, brune
ou noirâtre, filiforme ou globuleuse, solide
onéreuse, devenant dure et cartilagineuse
à l'air libre, de gélatineuse qu'elle était dans
l'eau, d'une fracture celluloso-filamenteuse.
La fronde est composée au centre, soit de
filaments cloisonnés , soit d'une masse de
cellules arrondies, et à la périphérie, de fi-
laments libres, articulés, ordinairement en
CHO
massue , lesquels naissant des premiers ou
des cellules centrales , sont disposés ho-
rizontalement et recouvrent toute la fronde
comme les fils d'un velours. La fructifi-
cation, qu'on ne connaît pas encore bien
dans toutes les Chordariées, consiste en spo-
res pyriformes attachées par le sommet
aux filaments rayonnants verticillés qui gar-
nissent les frondes. Cette tribu comprend les
genres Corynephora, Ag. ; Myriocladia ,
Harv. ; Mesogloia , Ag. ; Chordaria , Ag, ;
Cliorda, Lamx.; JEgira ? Pries. (C. M.)
• CnORDEILES. OIS. — Genre formé par
Swainson en 1831 [IVorth. zooL,\. 2), dans
la famille des Caprimulgidœ ou des Engoule-
vents, sur une espèce de l'Amérique du Nord,
le Caprimulgus americanus Wils. [Amer,
om., pi. 40, fig. 12), ou Engoulevent Pope-
tue, Caprinndgus Popelue Vieil. {!)''. Dicl.).
Plus tard , Swainson ( Class. of birds ) ne
l'employa plus que comme sous-genre de
son genre Caprimulgus , et lui assigna pour
caractères distincts : « Ouverture du bec
unie et non garnie de longs poils ; ailes très
longues, atteignant l'extrémité de la queue
qui est légèrement fourchue. » Les autres
caractères génériques de son genre Capri-
mulgus, qui sont l'extrême petitesse du bec
à bords infléchis, la brièveté du tarse, la di-
rection en avant de tous les doigts, l'égalité
des latéraux et la pectination de l'ongle mé-
dian, lui appartiennent également.
Deux ou trois autres espèces américaines
viennent encore se ranger dans ce petit
groupe naturel et bien distinct par l'absence
de poils au bec , par la longueur des ailes at-
teignant l'extrémité de la queue légèrement
fourchue ; caractères qui , joints à une ex-
trême facilité de vol , rapprochent singuliè-
rement ces espèces des Hirondelles, royei
ENGOULEVENT Ct CAPRIMULGINÉES. (LAFR.)
'^CHORDODERA Cx.op^''. corde; Si^r,,
cou). INS. — Genre de Coléoptères pcntamè-
res, famille des Laraellicornos, tribu des
Scarabéides mélitophiles, division des Cé-
tonides, établi par M. Burmeister (f/and6.
àer Ent., 3 Band, S. 202) aux dé[>ens du g.
Celonia deFabricius. 11 y rapporte 2 espèces,
la Cet. b-lineata, Fab. et la Cet. pentachor-
dia. Voyez Cétonides. (D.)
CIIOUDOSTYLUM. bot. cr.— -Ce genre,
établi par Tode {MecU. , 1. 1. VII, f. 53), a été
rapporté avec doute par Endicher dans les
CHO
g. Periconia, du même auteur, et Typhiila
de Pries.
*CHOREBLS. INS. — Genre de la tribu
des Ichneumoniens, famille des Braconides,
établi par M. Haliday, sur quelques espèces
indigènes dont les yeux sont velus et le se-
cond anneau de l'abdomen plus grand que
les autres. Le Cliorebus coujungens peut être
considéré comme le type de ce genre. On
trouve celle espèce dans toute l'Europe cen-
trale. Cependant M. Haliday place cette es-
pèce dans un sous-genre particulier qu'il
nomme Cfiœmcsa et regarde comme le type
du genre Chorébe, une espèce qu'il nomme
C nereidum. l^L.)
* CIIOUEIUS [xoptvw, je saute), ins. —
Genre de la famille des Chalcididcs, groupe
des Encyrtitites, de l'ordre des Hyménoptè-
res, établi parM.Westwood sur de petits in-
sectes à corps assez large et déprimé , à ailes
rudimentaires, à pattes postérieures assez
fortes. Les Choreius ont la faculté de sauter
avec beaucoup d'agilité. Le type est le Cho-
reius iiiepiiis , qu'on trouve dans diverses
parties de l'Europe. (Bl.)
*CHORELLÉES. Chorelleœ. ins. — Nom
donné par M. Piobineau-Desvoidy, dans son
Essai sur les Mijodaires, à une section de la
tribu des Anthomydes, famille des Mésomy-
des, comprenant des espèces qui se balan-
cent et dansent en grandes troupes dans les
airs. (D.)
CnORETRUM (xupyÎTYîç, rustique), bot.
PU. — Genre de la famille des Sanlalacées ,
établi par Robert Brown {Prod., 354) et très
voisin de son genre Lepiomeria. H ne ren-
ferme encore que 2 espèces, découvertes
par l'auteur lui même sur les côtes méri-
dionales de la Nouvelle-Hollande. Ce sont
des arbrisseaux ayant le port des Lepiome-
ria et ressemblant assez bien à nos Genêts,
ayant de nombreux rameaux, des feuilles
éparses, très petites, distantes, placées seu-
lement au-dessous des ramules et des fleurs ;
celles-ci petites, blanches, axillairesou ter-
minales, solitaires ou agrégées, quadri-
bractéées. (C. L.)
•CIIOREUTES, Treits. ins.— Synonyme
de Xijlopoda, Latreille. (D.)
* CIIORIIivElVA ( x-ap''? . séparément ;
CIIO
711
d'où en latin lœna, tunique: cnve-
iDjipe unique, en opposition au genre voisin
Dtidclixna.). bot. ph. —Genre des Diosniées
australasienncs, extrêmement voisin AaVE-
riosiemon ou du Phebulimn , et ayant les ca-
ractères suivants : Calice de 5 folioles im-
briquées; 5 pétales plus longs ; 10 étamines
alteriialivcment plus longues et plus courtes,
à fllets subulês , inférieurement hispides,
glabres supérieurement, à anthères vacillan-
tes. 5 ovaires sur un court gynophore dis-
coïde, contenant chacun 2 ovules superpo-
sés. 5 styles, partant chacun de la base de
l'angle interne de chaque ovaire, soudés
plus haut en un seul que termine un stig-
mate aigu à 6 lobes. Capsule de 5 coques bi-
valves, monospermes par avortement. L'u-
nique espèce connue est un arbrisseau
originaire du pays du roi Georges, à feuilles
alternes, profondément lobées, couvertes
en dessous, ainsi que les jeunes rameaux,
les calices et les pétales, d'un enduit tomen-
teux couleur de rouille, composé de poils
étoiles j les fleurs sont disposées en cymes
contractées à l'aisselle des feuilles. (Ad. J.)
*CH0RI1\E. Chorinus. ckust.— Leach dé-
signe sous ce nom des Crustacés qui appar-
tiennent à l'ordre des Décapodes brachyu-
res, à la famille des Oxyrhynques , et que
M. Milne-Edwards range dans la tribu des
Maïens. Cette coupe générique est ainsi ca-
ractérisée : Carapace ordinairement longue
et étroite. Rostre formé de deux grosses cor-
nes pointues et horizontales. Yeux rétracli-
les avec les orbites dirigées en dehors et en
bas. Article basilaire des antennes externes
étroit etsans épines notables à son extrémité;
tiges mobiles de ces appendices s'insérant
sous le rostre et en grande partie exclue par
lui. Pattes antérieures plus longues, surtout
chez le mâle, avec la pince qui les termine
assez fortement courbée en dedans ; pattes
suivantes cylindriques ; celles des trois der-
nières paires de longueur médiocre, les se-
condes très longues. Chez le mâle, ces orga-
nes sont en général une fois et demie ou
même près de deux fois aussi longues que
celles de la troisième paire.
Ce genre, dont le C. héros Leach peut
être considéré comme type, renferme quatre
espèces, dont deux habitent les mers d'Asie,
une celles des Antilles, et enfin la quatrième
l'Australasie. (H. L.)
CHORIOfM. Cliorion (x°P'°v, enveloppe).
zooL., BOT. — Nom donné par les anatomistcs
à lapartie la plus extérieure des membranes
712
CHO
qui enveloppent le Fœtus (ro?/. foetus et
oeuf) , et à la couche la plus épaisse du tissu
cutané ou derme. Voyez peau.
Le nom de Chorion a été aussi employé
par Malpighi pour désigner la pulpe liquide
qui, avant la fécondation, constitue l'a-
mande de la graine et disparaît avant la
maturité.
•CHomoi\\AmE.aiO)io)iHû)'/uç.EOT.—
Dans la première classification carpologique
de M. de Mirbel, c'est le nom qu'il avait
donné aux fruits qu'il a plus tard appelés
éiairionnaires.
XHORIPETALUM (xcopi's, séparément;
TTETa^iov , pétale). BOT. PU. — Genre de la
famille des Myrsinacées? formé par Alph. De
CandoUe (ZiH)i. 2Vûiis., XVIII, 121), sur les
Myrsine auranliaca elimdulala de Wallich ,
et ne renfermant encore jusqu'ici que ces
deux plantes. Ce sont des arbrisseaux de
l'Inde, à feuilles alternes , très entières,
glabres, ovales à la base, et rélrécies en
longs pétioles , à fleurs souvent polygames
par avorlement, dont les pétioles ciliés-
glanduleux ou maculés d'orangé sont dé-
cidas par la suite {unde nomen genericiim).
Ces fleurs sont disposées en grappes pédon-
culées , axillaires , munies de bractées per-
sistantes, alternes , très petites. (CL.)
CHORISEMA (xtopiç, à part; a^fiia,
marque ; allusion à la netteté de la macule
qui orne dans ce genre le pétale supérieur ).
BOT. PII. — Genre de la famille des Papilio-
nacées , tribu des Podalyriées-Eupodaly-
riées, formé par Smith [Ann.oJ Boi.,ï) , et
renfermant un assez grand nombre d'espè-
ces , dont une douzaine au moins sont cul-
tivées dans les jardins d'Europe pour la
beauté de leurs fleurs. Ce sont des plantes
herbacées , suffrutiqueuses ou frutescentes,
indigènes de la Nouvelle-Hollande, cou-
chées ou ascendantes, à feuilles alternes,
dressées , simples , très entières ou dentées,
épineuses , coriaces, souvent glabres, mu-
nies de stipules petites, subulées ; a inflo-
rescence en grappes, subterminales, nues
ou axillaires, feuillées, à fl^rs rouges ou
orangées, portées par de courts pédicelles
bibractéolés, et dont les calices, souvent at-
ténues à la base , portent à l'intérieur un
disque staminifère qui en égale en hauteur
le 1-3 ou le 1/4; plus rarement ces calices
Eont arrondis à la base, et le disque est très
CHO
court. Les principaux caractères de ce beau
genre sont : Calice plus ou moins bilabic (le
plus jusqu'au milieu); lèvre supérieure
simple , courlement bifide ; l'inférieure tri-
partie. Étendard arrondi, échancré ou bi-
fide, dépassant à peine les ailes; celles-ci
oblongues , rétrécies à la base ; carène ven-
true , obtuse, plus courte que les a:Is$-
Étamines libres ; filaments glabres. Style
court , unciné-courbé , glabre ; stigmate
oblique ou presque droit, grêle ou capité.
Légume sessileou subsessile, ovale, ventru,
nu intérieurement. Graines estrophiolées.
(C. L.)
"CHORISIA (x^piii? , séparation ). bot.
pn. — Genre de la famille des Sterculiacées,
tribu des Bombacées , formé par Kunth
[In Hiimb. et Bonpl. N. G. eiSv-, V,295,
t. 485), et renfermant seulement deux ou
trois espèces. Ce sont des arbres brésiliens,
munis d'aiguillons; leurs feuilles sont al-
ternes, longuement péliolées , 5-T-folioIées-
palmées, dont les folioles articulées avec le
pétiole [unde nomen geuericum), lancéolées ,
acuminées , dentées en scie , accompagnées
de stipules décidues; les fleurs grandes,
très belles , pourprées , sont portées dans
l'aisselle des feuilles supérieures , sur des
pédoncules solitaires , géminés ou ternes ,
comme en grappes par la chute des feuilles,
uniflores , et bi-tri-bractéolées sous chaque
fleur. (G. L.)
••CIIORISIS (x^pictç, séparation), bot.
PU. — Ce genre est fondé sur le Prenan-
thes repens L., qui habite le Kamtschatka.
II a pour caractères, d'après M. Don : Ca-
pitule composé de 10-12 fleurs ; involucre
formé de 7-10 folioles scarieuses, munies
d'une sorte de caliculc à leur base; récep-
tacle nu. Fruits fusiformes , comprimés ,
sillonnés, glabres , atténués au sommet où
ils se dilatent en un disque épigyne, autour
duquel naît une aigrette formée de trois
rangées de soies molles et fugaces. — La
seule espèce connueest une herbe à feuilles
radicales pétiolées, tripartites, du milieu
desquelles naît une tige qui supporte de i
à 3 capitules renfermant des fleurons de
couleur bleue , et qui se trouve garnie de
feuilles lobées ou entières. — Ce genre, en-
core imparfaitement connu, semble devoir
se classer près des Mulgedium ou des Prc-
nanihes. (J. D.)
CHO
CBORISAIA, Don. bot. ph. — Syn.de
Chorisis.
CHORISOLÉPIDE. Chonsolepis ( x^--
pii, séparément; XetcÎç, écaille), bot. pu.
— Cassini désigne ainsi l'involucre des Sy-
nanlhérées quand il est composé d'écaillcs
distinctes.
CUORISPERMUM, R. Br. (x"P'S, sépa-
rément; o-irtppia, graine). EOT. PII. — Syn.
de Chorispora , DC. (G. L.)
CHORISI'ORA (xcopt'ç, à part; crjcopa,
semence), bot. ph. — Genre de la famille
des Gruciféres , tribu des Cakilinées , formé
par De GandoUe {Sysi.., II, 435) , et renfer-
mant un petit nombre d'espèces indi-
gènes de l'Asie médiane, dont quelques
unes sont cultivées dans les jardins bo-
taniques. Gesont des plantes herbacées, an-
nuelles ou bisannuelles , ramifiées, couver-
tes, plus ou moins abondamment , deglan-
dules pédicellées et de poils simples ou
rameux; à feuilles roncinées , dentées ou
presque trèsentières;lescaulinaireséparses,
rétrécies en pétiole; à fleurs violacées,
blanches ou jaunes , disposées en grappes
latérales el terminales , et dont les pédi-
celles filiformes, ébractéés. (C. L.)
'CHORISTES (x'œ-G«meœdeGme-
lin. Ce groupe se fond insensiblement dans
celui des Martim-C hasscurs , proprement
à\\.?,Halcyon , Swainson, qui ont les mêmes
mœurs. Foyez martin-chasseur et hal-
CYONINÉES. (LAM.)
CHOUCALLE. bot. ph.— Syn. vulg. de
Calla. palustris.
718
CHO
CHOLCARI, Buff., Cu V. ; Graucalus, Cuv.
{Graucalus, nom grec d'un oiseau gris cendré,
parce que la plupart des espèces de ce genre
sont de cette couleur). OIS. —Genre formé par
Cuvier, dans son Kegue animal, pour quel-
ques espèces d'Oiseaux particuliers aux
grandes Indes et à l'Australie, qu'il plaçait
à la suite des Pies-Grièches, comme offran
des rapports avec cette famille.
Vieillot plaçait dans ses Coracines les
Choucaris de Cuvier; maisces Oiseaux, par-
ticuliers à l'ancien continent, et d'ailleurs
différents de forme, ne figurent point natu-
rellement dans ce genre américain , tandis
qu'ils offrent entièrement les mêmes carac-
tères que les Échenilleurs et les Sphécotères
de Vieillot, avec lesquels ils doivent être
groupés. Foyez hchenilleor. (Lafr.)
CHOUCAS. OIS. —Nom vulgaire d'une
esp. du g. Corbeau, Corvus munedula L.
On a encore donné le nom de Choucas à
des Oiseaux de l'ordre des Passereaux, mais
qui appartiennent à diverses familles. Ainsi
l'on a appelé :
Choucas des Alpes , leChoquard.
Choucas a bec et pieds rouges, le Grave
d'Europe.
Choucas chauve , la Gymnocéphale ca-
pucin.
Choucas de la Jamaïque , Choucas de
Surinam, VOriolus oryzivorus de Gmeiin,
dont Cuvier fait un Tisserin ; et les auteurs
modernes un Quiscale, Quiscalus oryzivonis
de Vieillot.
Choucas de la mer du Sud , le Tyran
cendré.
Choucas de la Nouvelle - Guinée , le
Choucari à ventre rayé , qui est un Éche-
nilleur pour M. Temminck.
Choucas d'Owihée , Ch. du tropique , le
Phonygame noir.
Choucas des Philippines, le Drongo Cul-
blanc, ^do/ms balicassius. (G.)
CHOLCOU. ois. — Nom d'une esp. du g.
Chouette , Sirix Choucou. (G.)
CHOLCOUHOU. OIS. — Nom du Strix
uisuella , esp. du g. Chouette. (G.)
CHOUETTE. Sirix. ois. — Genre de l'or-
dre des Rapaces nocturnes, ayant pour ca-
ractères : Bec comprimé , crochu , le plus
souvent incliné dès sa base , garni d'une
cire molle, dans le bord antérieur de laquelle
sont percées des narines arrondies, ouvertes
CHO
cachées par des poils dirigés en avant et par
les plumes du disque. La mandibule supé-
rieure crochue et aiguë à sa pointe ; l'infé-
rieure plus courte, obtuse, échancrée au
bout. Jambes complètement cmplumées;
tarses emplumés ou velus , et quelquefois
nus. Pieds munis de quatre doigts ; les trois
antérieurs presque égaux , l'externe versa-
tile. Ongles rétractiles , forts et crochus.
1", 2' et 3<= rémiges dentelées sur les bords.
Queue courte, égale, rarement allongée.
Les Chouettes ont la tête grosse , plate ,
lisse dans certaines espèces , et munies de
deux aigrettes dans d'autres. Leurs yeux sont
très grands , dirigés en avant, entourés de
plumes décomposées formant un disque au-
tour de la base du bec, et s'étendant jusqu'à
l'ouverture de l'oreille. Dans la plupart des
espèces l'iris est d'un jaune vif, et d'autan*
plus brillant qu'ils appartiennent à des es-
pèces habitant des contrées plus septentrio-
nales. Toutefois cette règle n'est pas sans
exception , car il est d'un jaune foncé dans
la Chouette caburé j d'un jaune orangé dans
le Choucou ; d'un jaune verdâtre dans la
Chevêche; d'un jaune brun dans l'Effraye,
dont l'iris seul énormément dilaté est appa-
rent , ce qui lui fait paraître l'œil noir ; et
d'un noir brunâtre dans le Chat-huant Hu-
lotte, Strix aluco. Quelquefois l'iris n'a pas
la même couleur dans les deux sexes : ainsi,
dans la Ch. à terrier. Sir. urucurea, la fe-
melle a l'iris jaune -pâle, tandis qu'il
est jaune vif dans le mâle. Ces Oiseaux
jouissent à un plus haut degré que les au-
tres êtres de cette classe de la faculté de di-
later leur pupille, qui brille dans les té-
nèbres.
Leur crâne, qui paraît d'une capacité pro-
digieuse, est épais et celluleux; et les cavi-
tés dont l'étendue est considérable, surtout
dans l'Effraye, communiquent avec l'oreille,
qui est revêtue extérieurement d'un oper-
cule membraneux variant de grandeur sui-
vant les espèces. Très développé dans les
Hiboux et les Chouettes , il est presque nul
dans les Chevêches et les Scops. Ils n'ont
qu'un osselet de l'ouïe à deux bases cou-
dées.
Leur cerveau est plus volumineux que
dans la plupart des Piapaces diurnes ; et dans
le Hibou, sa masse , comparée à celle du
corps, est de 1 : 54; tandis qu'elle n'est dans
CHO
ie Faucon ordinaire que de 1 : 102, H dans
l'Aigle que de 1 . 105.
L'appareil du vol n'a qu'une force médio-
cre , et leur fourchette ne présente que peu
de résistance. Ils volent toujours de biais ;
car leurs ailes attachées très haut, et l'ab-
sence de queue dans la plupart des espèces,
les mettent dans l'impossibilité de diriger les
résultantes de leurs forces motrices au cen-
tre de gravité, d'autant plus que leur corps
est très ramassé, et que leur cou ainsi que
leurs jambes est fort court. I-es rémiges, qui
sont molles et douces, ne frappent que mol-
lement l'air : aussi ces Oiseaux ne font-ils
aucun bruit en volant.
Leur plumage est de couleur assez uni-
forme : le brun, le gris, le fauve et le blanc,
agréablement variés de mouchetures et de
rayures, sont les teintes dominantes. Géné-
ralement le mâle ne diffère que fort peu de
la femelle, qui est presque toujours un peu
plus grosse , et dont les couleurs sont plus
ternes et plus sombres. Cependant dans cer-
taines espèces, commedans l'Effrayeetla Ch.
de Tengmalm, elles sont plus claires et plus
distinctes ; d'autres fois elles portent des ta-
ches qui n'existent pas dans le mâle, et,
suivant Faber, les femelles de quelques es-
pèces en plumage d'amour ont des couleurs
plus brillantes que les mâles. Mais de tous
les Oiseaux ce sont ceux sur lesquels les mi-
lieux paraissent avoir le moins d'influence ,
ce qu'on pourrait attribuer à leur vie noc-
turne ; car, sous toutes les latitudes , leur
plumage est à peu prés le même , et sous les
trois zones, les mêmes espèces ont absolu-
ment la même parure.
La plupart des Chouettes , ennemies de la
lumière du jour, ne quittent guère leurs
retraites qu'au crépuscule et au clair de la
lune, ce qui est le propre des espèces à queue
courte et dépassant à peine les ailes ; quant
à celles à queue plus ou moins étagée et dé-
passant de beaucoup les ailes , elles chassent
de jour ; on leur a même donné le nom de
Choueltes-Eperviers ou Accipilrines, à cause
de la ressemblance qu'elles ont avec ces Oi-
seaux. Cette règle n'est pas sans exception ,
car parmi les espèces à queue médiocre, il y
en a qui voient également le jour. B. Meyer
a vu le Harfang, Sir. uyciia , parcourir les
plaines de Livonie, pendant les journées les
pius chaudes du mois de juillet , pour y
CHO
719
chercher une proie. Mais ce n'est pour ainsi
dire qu'une exception dans le nombreux
groupe des Chouettes qui passent le jour
dans des trous d'arbres ou de masure , ou
bien cachés au plus fort d'un fourré pour
n'en sortir que lorsque le soleil a quitté
l'horizon. l'our des Oiseaux destinés à chas-
ser dans l'ombre, l'organisation de leur vue
et celle de leur ouïe, leurs ongles robustes el
crochus, leur vol silencieux, sont parfaite-
ment appropriés à leur mode d'existence;
et Belon a bien raison de dire aux détrac-
teurs de ces Oiseaux, que quiconque prendra
garde à leur vue ne la trouvera pas si imbécille
qu'on l'a crue. Quand le hasard les oblige à
sortir de leur retraite, ils volent avec une
lenteur qui annonce la crainte, et c'estdans
cette situation défavorable qu'ils sont assail-
lis par les Passereaux de toutes sortes qui
se trouvent dans le voisinage; les Merles,
les Grives, les Pies, les Geais, les Mésanges,
les plus petits Oiseaux entourent en criaillant
l'ennemi commun ; et la pauvre Chouette ,
offusquée par l'éclat de la lumière , ne ré-
pond à ces attaques que par des gestes risi-
bles qui décèlent son embarras : ce sont des
mouvements de tête dans tous les sens à
la manière du Torcol , des craquements de
bec , et une trépidation qui semblerait une
espèce de danse. C'est à qui l'assaillira, la
harcèlera , et les pius faibles , ceux qui la
redoutent le plus , sont les plus acharnés;
mais si pendant cette scène le jour disparait
et la nuit s'avance, les rôles changent, l'Oi-
seau nocturne reprend sa puissance, les Oi-
seaux diurnes se taisent et fuient, et malheur
à celui qui ne se hâte pas de se soustraire
aux terribles représailles de la Chouette.
Celte antipathie contre les Oiseaux de nuit
est partagée par les P>apaces diurnes, qui ne
peuvent voir le Grand-Duc sans le pour-
suivre avec la même fureur ; mais les véri-
tables et irréconciliables ennemis de cet oi-
seau sont les Corneilles. Klein rapporte ce
fait comme assez commun, et il est corroboré
par le témoignage de Sprungli. Cet ornitho-
logiste en vit un poursuivi à grands cris par
une troupe de ces Oiseaux avec un tel achar-
nement, qu'il descendit à terre accablé de
lassitude, et se mit sur le dos en présentant
ses ongles à ses persécutrices. Les Cor-
neilles se retirèrent, et le Grand-Duc, ra-
massé dans un état complet d'épuisement ,
T20
CHO
fut conduit dans la maison du narrateur ,
où il ne survécut qu'un jour à sa victoire.
Les Chouettes se nourrissent de proie vi-
vante qu'elles attendent le plus souvent au
passage, silencieusement perchées sur une
motte de terre, un bloc de pierre, une bran-
che , suivant les espèces, car les unes sont
marcheuses etd'aulres percheuses, et elles se
précipitent sur les victimes qui passent à leur
portée avec une fureur et une véhémence qui
semblent contraires à leur caractère , ce qui
les rapproche des Chats , avec lesquels elles
ont une ressemblance assez frappante.
Quand elles vont en quête d'une proie, elles
traversent les airs à bas bruit, et surpren-
nent en silence les petits Oiseaux endormis
ou les petits Quadrupèdes qui vont à la
pâture.
Les grandes espèces , telles que le grand
Duc, le Harfang , etc. , ne se contentent pas
d'une si mince proie ; elles font leur nourri-
ture de Lièvres , Lapins , Lagopèdes , Geli-
nottes ; et, quand ce gibier manque, elles ne
dédaignent ni les Taupes ni les Rats, ni
même les Insectes. Souvent elles ont pour
nourriture exclusive la proie la plus facile ;
c'est ainsi que la Chevêche à collier vit prin-
cipalement de Chauves-Souris. Les petites
espèces, plus modestes parce qu'elles n'ont
ni la même force, ni les mêmes besoins, se
contentent de petits Passereaux , de Ron-
geurs de petite taille, de Lézards , de Gre-
nouilles et d'Insectes. Les Chouettes précè-
dent souvent l'oiseleur à ses lacets , et lui
enlèvent quelques uns des Oiseaux qu'il a
pris. L'Effraie est dans ce cas. Le Harfang
accompagneles chasseurs, et réussitsouvent
à leur enlever des pièces de gibier avant
qu'ils aient eu le temps de les ramasser. Les
Indiens mettent à profil l'habitude de cet
oiseau pour le tuer; ils jettent en l'air un
oiseau mort , le Harfang se jette dessus pour
s'en emparer, et tombe frappé d'un coup
de fusil. On ne voit les Sirix se nourrir
d'animaux morts que dans le cas d'extrême
disette. On peut encore , à défaut d'aulre
nourriture, leur faire accepter du poisson.
L'appareil de la déglutition est conforme à
leur genre de vie; leur gosier est très am-
ple , et l'œsophage est partout d'égale lar-
geur ; mais, quoique les Chouettes vivent de
proie , leur gésier est musculeux et précédé
d'un jabot assez largement dilaté. Leurs cœ-
CHO
cums sont longs , pédicules , et renflés ciï
massue.
La plupart des Chouettes ne lacèrent
pas leur proie quand elle est de médiocre
grosseur, elles l'engloutissent tout en-
tière; pourtant, avant d'avaler les Oiseaux
dont elles s'emparent , elles leur rompent
les os du crâne. Le grand Duc , avant de
manger les Rats ou les Souris, les ramol-
lit en en brisant les parties dures. La Chevê-
che dépèce les Souris et les Mulots qu'elle
attrape, et plume proprement les petits Oi-
seaux avant de les manger, habitude com-
mune à plusieurs espèces.
Quand les parties digestibles ont passé
dans les organes élaborateurs, toutes celles
qui ne le sont pas, telles que les os , les
plumes, les poils, les ailes et les parties
dures des Insectes, sont rejetées par le
bec en petites pelotes oblongues ou arron-
dies , après quelques heures de séjour dans
l'estomac. Ainsi que les autres Rapaces, les
Chouettes peuvent supporter une longue
abstinence et passer sans manger une hui'
taine de jours. Un naturaliste préparateur
oublia, pendant un temps beaucoup plus
long , une Effraie qui lui avait été envoyée
d'assez loin, et fut très surpris , en ouvrant
la boîte , de trouver un vivant à la place
d'un mort. L'Effraie se dressa, regarda
les spectateurs avec surprise; et rien dans
son aspect ne semblait déceler l'affaiblis-
sement causé par une longue abstinence.
Dans l'état de liberté, ces Oiseaux boi-
vent sans doute ; mais ce besoin ne paraît
pas pressant chez eux, car dans la captivité,
ils ne boivent pas volontiers , et c'est avec
une sorte de défiance qu'ils plongent le bec
dans le liquide, à moins qu'ils ne soient
très familiers avec celui qui le leur pré-
sente.
L'heure à laquelle les Chouettes sortent
pour aller chercher leur proie, etl'élat d'en-
gourdissement dans lequel elles surpren-
nent leurs victimes, les mettent rarement
en position d'avoir une lutte à soutenir, et
ce n'est que dans de rares circonstances
qu'on les voit obligées de combattre; mais
quand elles sont attaquées, elles se défen-
dent hardiment des ongles et du bec, et
quand elles ont affaire à un ennemi auquel
elles ne peuvent résister avec avantage,
elles se renversent sur le dos et jouent des
CHO
griffes pour se défendre , en poussant des
cris aigus. La ChoueUe, Sir. brachyoïos, a
la réputation d'être courageuse ; le grand
Duc, Sir. bubo , surtout est fort et hardi ;
mais on cite parmi les petites espèces le Ca-
bouré , Sir. pumila , qui se glisse sous les
ailes des gros Oiseaux de basse-cour, et même
des Caracaras, s'y cramponne et les met à
mort en leur déchirant le côté.
Quand elles combattent entreellesouavec
un oiseau capable de leur résister, elles s'é-
lancent l'une contre l'autre dans les airs
avec acharnement , se choquent le poitrail,
et cherchent à se déchirer à coups d'ongles.
Wagner raconte, dans son Historia naiurulis
Helveiiœ citriosa, p. 195, qu'il vit aux en-
vironsde Zurich le combatd'un Aigleetd'un
grand Duc. Ce dernier avait si fortement
pressé son antagoniste dans ses robustes ser-
res, que tous deux tombèrent à terre , l'Aigle
mort, et le vainqueur si fortement attaché
au corps de son ennemi qu'on put le
prendre vivant.
La nidification des Chouettes ne leur
coûte pas grand apprêt; la femelle pond de
deux à quatre œufs , quelquefois cinq ,d'un
blanc le plus souvent pur ( presque tous
approchant surtout de la forme sphérique),
dans les trous de murs et de rochers , dans
le creux des arbres, entre les fentes des mu-
railles, sous les loils des grands édiflces,
ou bien , comme la Hulotte , Sir. aluco , le
moyen Duc , Sir. oins , dans les nids aban-
donnés des Pies , des Corbeaux et même
des Écureuils. La Chouette, Sir. brachyoïos,
construit un nid à terre sur une éminence,
ou bien dans les hautes herbes des marais.
Parmi les espèces exotiques, il y en a qui ni-
chent en terre dans des terriers; la Ch. à
terrier, Si. urucurea, ne creuse pas elle-
même son nid, ainsi qu'on l'a prétendu : elle
s'empare des terriers des Tatous, des Re-
nards , des Maras, et surtout des Viscaches,
les plus commodes de tous. La Cli. suinda,
qui est peut-être une simple variété de la
Ch. de Saint-Domingue, s'empare aussi du
terrier des Tatous pour y faire sa ponte. Le
grand Duc et les variétés exotiques appor-
tent plus de soin dans la confection de leur
nid ; ils le font avec des bûchettes entrela-
cées de racines , et couvertes de feuilles sè-
ches. LaCh. de Virginie ou des Pins , Sir.
Firginiana , place son nid sur un vieil arbre
T. m.
CHO
'21
le compose à l'extérieur de rameaux secs,
et à l'intérieur de mousse et d'herbes.
Le mâle et la femelle se partagent les soins
et les fatigues de la couvaison; et cer-
taines espèces seulement telles que l'Uru-
curea et le Scops , vivent en couple toute
l'année, les autres ne se réunissent que
pour l'éducation des petits ; passé cette épo-
que elles vivent solitaires. La durée de l'in-
cubation n'est pas connue.
Les jeunes sont, dans les premiers temps ,
couverts d'un duvetfin et léger qui les rend
d'une laideur insupportable. La plupart sont
dans ce cas , et les jeunes Effraies, dont les
ailes et les pattes sont à peine apparentes,
ressemblent lout-à-fait à une houppe de
perruquier. Ils sont nourris par leurs pa-
rents avec beaucoup de sollicitude, et ne
quittent leur nid que lorsqu'ils sont en état
de pourvoir à leur subsistance.
Ces Oiseaux, malgré leurs habitudes noc-
turnes, reolierchent le soleil; ainsi les jeunes
Ducs, les Urucureas et sans doute beaucoup
d'autres espèces viennent, pendant le premier
âge, se chauffer au soleil les yeux fermés et
les ailes ouvertes. Parmi les adultes même,
on voit la Chevêche caburée, Sirix passe-
rhwides , dormir au soleil , sur les bran-
ches extérieures des arbres de la lisière des
bois.
Les jeunes de l'année, avant leur pre-
mière mue, ont, dans un grand nombre
d'espèces, une sorte de masque noir qui a
trompé plusieurs naturalistes qui les ont
désignées sous le nom de Chouelles mar-
quées. Leur livrée varie beaucoup moins que
dans les Piapaces diurnes, et après leur pre-
mière mue il est souvent difficile de les
distinguer des adultes ; quelquefois ils res-
semblent, dans cet état, aux femelles
adultes. Toutes les Chouettes éprouvent une
seule mue par an.
Les anciens rangeaient les Chouettes
parmi les Oiseaux qui sortent de l'œuf la
queue la première ; conte rapporté par Pline
d'après l'autorité d'un certain Hjlas , qui a
écrit sur les augures et la nature des Oi-
seaux.
La plupart des Chouelles sont sédentai-
res; mais quelques espèces, le Scops, entre
autres , sont évidemment erratiques. On a
vainement cherché à nier le fait; mais il est
aujourd'hui hors de doute que ce dernier,
46
722
CHO
malgré la brièveté de. ses ailes, entreprend
des voyages plus ou moins longs. On sait
qu'il est sédentaire dans quelques pays,
tandis qu'il est véritablement de passage
dans d'autres.
Le Harfang , qui n'est pas naturel à l'Is-
lande , y paraît quelquefois , et il vient alors
du Groenland. En 1817 , on en prit un dans
ces parages ; il s'était perché sur le mât
d'un navire pour s'y reposer. Quoiqu'il soit
habitant des régions boréales, on en voit
quelquefois jusqu'en Livonie, où ils nichent ;
ces Oiseaux se montrent aussi accidentelle-
ment en Allemagne et même en Hollande ,
où l'on en tua en 1822.
La Chouette à longue queue, Sir. nisoria,
est dans le même cas : tout en habitant
les contrées arctiques , elle vient jusqu'en
Allemagne et même en France, mais jamais
elle ne descend jusque dans les pays mé-
ridionaux. La Ch. de Tengmalm se voit
aussi quelquefois dans le nord de l'Italie;
tandis que Meisner dit qu'en Suisse c'est
un oiseau sédentaire. La Ch. nébuleuse,
Str. nehulosa , est de passage dans le Nord ;
la Hulotte , Sir. aluco , vit et niche dans le
Nord , et en automne descend vers le Midi.
La Ch. à huppes courtes, S/r. bracliyoïos,
est de passage régulier en Hollande, où on la
trouve en automne sur le bord de la mer.
— M. Boié a fait observer que cet oiseau
suit les migrations des Lemmings, et quand
ces petits Quadrupèdes voyageurs arrivent
dans les contrées septentrionales, ils sont
escortés par des Chouettes. Cet oiseau, gé-
néralement assez rare en Suisse, ne s'y
voit qu'à l'époque du passage des Bécasses.
Peut-être leurs voyages n'ont-ils pas d'autres
causes , et Pline dit que, dans leurs migra-
lions, les Cailles sont escortées d'un certain
nombre d'Oiseaux de nuit, qui chaque jour
sans doute en enlèvent quelques unes.
La chairdes jeunes Chouettes est d'un goût
assez agréable, et les Indiens de l'Amérique
septentrionale estiment beaucoup en hiver
la chair du Harfang , qui est fort gras dans
cette saison. Chez nous, les adultes ont
la chair dure, amère , et quelquefois même
fétide.
On remarque que les Chouettes portent
avec elles une odeur fade et nauséabonde,
dont la cause est inconnue. On l'attribue
à leur séjour dans des lieux étroits et hu-
CHO
mides; mais cette odeur, qui persiste dans
ceux qu'on élève dans les maisons, est par-
ticulière à ces Oiseaux, et tient peut-être à
leur genre de nourriture.
Le genre Strix est répandu depuis laLapo-
nie jusqu'à Java : ce qui n'empêche pas que
ces Oiseaux ne paraissent plus essentielle-
ment propres aux contrées arctiques. Leur
présence dans les pays méridionaux ne pour-
rait, vu cet habitat de prédilection, s'expli
quer que par leur genre de vie. Retirés
dans des forêts profondes , ils éprouvent
une chaleur moins brûlante que dans les
plaines, et ils y trouvent un milieu plus sup-
portable.
Un grand nombre d'espèces ont une dis-
tribution géographique fort étendue. Ainsi
le grand Duc se trouve depuis la Russie jus-
qu'au cap de Bonne-Espérance. La Chouette,
le moyen Duc, le Scops, l'Effraie , sont dans
le même cas, et leur plumage y subit à peine
des modifications. Le Harfang est le même
partout ; la Ch. des monts Ourals,qui se trouve
en Laponie, en Suède, en Russie et jusqu'en
Allemagne, prouve l'inconvénient de donner
comme noms spécifiques des noms de loca-
lités que viennent contredire les découvertes
nouvelles.
Plusieurs espèces ne dépassent pas cer-
taines latitudes. Ainsi la Ch. chevêche ,
Sir. passerina, ne se voit jamais au-delà du
55' degré, et d'après d'Azara, la Ch. suinda
ne se trouve que vers le 27' degré. La Che-
vêche caburée se voit à l'est des Andes, et la
Chevêche à collier dans la zone torride.
L'Europe possède 14 espèces de Chouet-
tes, dont quelques unes se trouvent aussi
dans les contrées les plus diverses , et l'A-
mérique septentrionale n'est guère plus
riche que l'Europe. L'Afrique n'en a de son
côté qu'un petit nombre , surtout dans les
parties les plus chaudes ; mais les deux con-
tinents les plus riches en Oiseaux de nuit
sont l'Asie, surtout les îles de la Sonde,
d'où l'on a rapporté des espèces nouvelles,
en partie à pieds nus, et l'Amérique méri-
dionale, encore plus favorisée sous ce rap-
port ; elle en a seule plus de 20 espèces,
en admettant que celles rapportées et dé-
crites par les voyageurs soient bien des es-
pèces distinctes. La Nouvelle-Hollande, en-
core inexplorée dans les parties centrales,
ne paraît posséder qu'un petit nombre d'es-
CHO
pécesdeChouelles, parmi lesquelles l'Effraie
est une des plus communes. Au reste, ce que
Je dis ici est fondé seulement sur les données
actuelles , et l'on doit avouer que le dé-
brouiilement de la distribution géographique
de ces Oiseaux réclame encore des travaux
longs et sérieux.
Le cri des Chouettes n'a pas un caractère
uniforme; il varie suivant les espèces, et
souvent même la phonation est différente
dans la même. Ainsi elle est triste et lugubre
dans leur cri de rappel et slridcnle^dans la
surprise et la crainte, ce qui est sans doute
en partie cause de l'aversion qu'inspirent
les à'trix, qui troublent par leur voix, que
nous trouvons funèbre , le silence des nuits ;
erreur grossière , puisque nous prenons
pour les gémissements de la douleur ou les
sons discordants de la haine et de la colère
le chant d'amour de ces Oiseaux.
Notre Chat-Huant, Sir.siridula, fait enten-
dre un cri sonore et traîné, en prononçant
hou-lwu , hou-hou. Ce cri est à peu près celui
du grand Duc, qui émet en volant le son
lugubre de ùou-liou,pou-hou,ou d'autres fois,
c'est un simple jurement, semblable à ce-
lui du Chat. Dans la grande Chevêche, Str.
ulula , c'est un hurlement approchant des
syllabes hou-hou, hou-hou, hou-lwu, d'où le
nom de Ulula en latin, de Huhu en allemand,
qui sont de véritables onomatopées. L'Effraie,
Sir. flammea, a la voix aigre et lamentable
qu'on représente par les syllabes crei, grei-
grei, gre-grei , et d'autres fois c'est un souf-
flement non moins triste che , chei , chue.
Le Hibou, Sir. oius, répèle sans cesse pen-
dant la nuit un gémissement grave et pro-
longé, clou, cloud. Noire Chevêche, Sir. pas-
serina, pousse en volant le cri de pou, pou,
pou; mais quand elle est posée, c'est un au-
tre cri, plus aigre, qui peut être représenté
pSiT gniac,oc, prononcé avec précipitation,
ou de en, cri, cri, cri. Le Choucou, Sir.
c/ioucou, répète aussi un cri, cri, cri, cri, fort
aigre et prolongé , qui devient plus précipité
dans l'émotion. L'Urucurea pousse souvent
le cri d'alarme ichei-tcheï ou le hou-hou
plaintif des autres espèces. Le cri de rappel
des Cholibas est lourourou-iouiou. La frayeur
change la voix des Chouettes , qui prennent
presque toutes alors le cri strident des Oi-
seaux de proie diurnes. Elles font aussi cra-
quer leur bec à la manière des Perroquels,
CHO
723
et plus particulièrement quand elles se
croient menacées.
Les peuples de tous les temps et de tous
les pays ont attribué aux Chouettes une
influence malveillante. Pline dit, au cha
pitre XII de son livre X, que tous les Oiseaux
qui volent la nuit et ont les ongles crochus,
tels que la Chevêche, Nociua, le grand Duc,
Bubo , et la Hulotte, Ulula , surtout le grand
Duc, sont d'un mauvais présage, principale-
ment en ce qui touche les affaires publiques.
Cet oiseau , dit-il , aime non seulement les
lieux déserts , mais encore ceux qui sont
horribles et d'un accès difficile. C'est un
monstre qui ne crie ni ne chante , mais gé-
mit et se plaint toujours: aussi n'apporte-t-il
que de mauvaises nouvelles quand on le voit
de jour en ville ou quelque autre part que ce
soit. Pline ajoute cependant, comme un cor-
rectif de cette impression défavorable, qu'il
connaît plusieurs maisons sur lesquelles le
grand Duc s'est posé , sans qu'il y soit pour
cela arrivé de malheur. Sous le consulat de
Sextus Papilius Ister et de Lucius Pédanius,
un Duc pénétra jusque dans \&Sancia sanc-
torum, par suite de quoi, le 5 mars suivant,
on fit des processions générales pour apai-
ser les dieux. Ce préjugé, dont l'origine ne
nous est pas connue, est demeuré jusqu'à
nous assez profondément enraciné , et les
habitants des campagnes regardent encore
les Chouettes comme desOiseaux de sinistre
présage; l'on croit que la présence de l'Ef-
fraie sur la maison d'un malade est un pro-
nostic de mort.
Ces préjugés n'ont pas empêché les méde-
cins du moyen-àge , dont la science était
puisée dans les contes merveilleux des an-
ciens auteurs sur les propriétés des corps ,
de conseiller l'administration de certaines
parties de ces animaux dans de graves ma-
ladies. Les œufs de l'Efl'raie , entre autres,
passent pour avoir la propriétéde causer une
aversion invincible pour le vin, quand on
les avale délayés dans de l'eau-de-vie. On
ne sait à quoi s'en tenir sur ce sujet: car on
n'a pas trouvé de buveurs qui voulussent
l'essayer.
Par une contradiction bien singulière et
digne d'être inscrite au livre des folles idées
de l'humanité , ces mêmes Oiseaux de pré-
sage sinistre ont été choisis, par ceux qui
nous ont transmis leurs croyances grossières.
72i
CHO
pour remblème de la sagesse : la Chouelle
est aussi inséparable de Minerve que l'Aigle
l'est de Jupiter. Les érudits ont cherché à
expliquer le pourquoi de celte prédilection ,
et pas un n'y a réussi. Athénée dit, d'après
Aristophane , que les Chouettes étaient très
nombreuses en Allique, et que cet oiseau
devint l'emblème d'Athènes, quiétaitla ville
de Minerve. D'autres disent que c'est parce
quecette déesse avait des yeux de Chouette.
Esope dit , dans un apologue , que cet oiseau
a su plaire à Minerve, à cause delà pénétra-
tion avec laquelle il découvre les secrets de
l'avenir; mais l'origine de ce rapprochement
tout allégorique vient sans doute de l'air
calme et réfléchi des Oiseaux de nuit, dont
la tranquillité, pendant le jour, semblerait
être un signe de méditation profonde et
l'indice d'une grande sagacité.
Les Grecs, en regardant les Chouettes
comme des symboles de sagesse et de pru-
dence , avaient apporté un correctif aux ré-
pugnances qu'excitaient ces Oiseaux, et nous
n'avons pas de justification pour l'aversion
qu'ils nous inspirent, et pour la proscrip-
tion dont ils sont l'objet. Il semblerait que
disgracieux et nuisible fussent deux termes
■ inséparables, etnous croyons excuser notre
persécution par noire répugnance. Les Ra-
paces diurnes, hardis voleurs, viennent au
milieu de nos basses-cours enlever nos Pou-
les et nos Pigeons, détruisent le gibier des-
tiné à nos plaisirs; en leur faisant la guerre
nous usons de représailles. Les Chouettes
ne sont pas dans ce cas : en détruisant les
petits Rongeurs qui vivent aux dépens de
nos récoltes, et les insectes qui pullulent
dans nos champs, elles nous rendent assezde
services pour qu'on leur pardonne le meur-
tre de quelques petits Oiseaux , leurs cris
aigus et discordants, et leur air gauche et
ridicule. Si l'on examinait de près les Oiseaux
de nuit, on verrait que leur plumage est
loin d'être désagréable. Ils n'ont pas , il est
•rai , le plumage brillant du Colibri, mais
leurs teintes fauves sont agréablement va-
riées. Le Harfang , au plumage blanc mêlé
de noir dans sa jeunesse, blanc de neige
dans son âge adulte; l'Effraie, à la couleur
cannelle, si finement tachetée de brun ;
et le grand Duc , dont le plumage plus sé-
vère est pourtant plus chaudement teinté ,
nous montrent aue les Oiseaux de nuit sont
CHO
aussi jolis que la plupart des Gallinacés et
que presque tous les Rapaces diurnes. Nous
lirons à notre insu avantage de leur pré-
sence , et nous ne leur en savons nul gré.
En élevant les petites espèces dans nos jar-
dins, dans nos greniers , et en les laissant se
multiplier en paix, nous comprendrions bien
mieux notre intérêt qu'en mettant le long
de nos murs des pots pour donner à cou-
ver aux Moineaux , petits pillards qui nous
grugent pour nous témoigner leur grati-
tude.
Tous les Oiseaux de nuit s'apprivoisent
avec facilité et deviennent familiers ; ils n'ont
besoin que de quelques jours pour devenir
les utiles commensaux de la maison , et ils
témoignent alors une confiance égale à tous
ceux qui les approchent. Les Chiens cepen-
dant les effarouchent un peu par la pétu-
lance de leurs mouvements, et ils s'habituent
plus facilement aux mœurs silencieuses et
nonchalantes du Chat. On élève des grands
Ducs, qui ne se montrent jamais aussi mé-
chants que les Rapaces diurnes ; le Nacurutu
vit en domesticité dans les maisons, et n'atta-
que aucun des Oiseaux de la basse-cour, au
milieu desquels il vit en paix, si l'on a soin
de lui donner à manger. L'EfTraie, l'espèce
la plus farouche, s'apprivoise quand elle est
prise jeune. La Chouette à terrier et le Cho-
liba sont dans le même cas. Le Scops se fa-
miliarise sans peine , et sait trouver sa sub-
sistance si on le néglige, sans pour cela
chercher à s'échapper.
J'ai successivement eu dans ma maison
un moyen Duc et une Chevêche. Le premier
avait son plumage adulte quand il me fut
donné, et on le laissa immédiatement courir
dans le jardin; chaque soir seulement on
l'allait chercher pour lui donner à souper.
Au bout de quelques jours, il vint lui-même
frapper à la porte à l'heure accoutumée,
sauta sur la table, et demanda à manger par
un cri sourd et peu articulé. Le repas ter-
miné, il descendait au jardin , et passait la
nuit à se promener sans incommodité pour
le jardinier. Dès que le jour paraissait il se
relirait dans un coin à demi éclairé, et
paraissait assez offusqué par la lumière. Il
ne tarda pas à être étranglé par un Boule-
Dogue , de la cabane duquel il s'était appro-
ché sans défiance. La Chevêche, non moins
familière , avait plus de gentillesse ; elle s9
CHO
laissait volontiers caresser, à toute heure de
In journée, sans être incommodée par le grand
jour, et souvent elle sortaitd'elle-méme pour
chercher des Insectes, dont elle faisait une
destruction fort active. Elle continua sa
chasse très avant dans la saison ; et à une
époque où les Insectes se montrent à peine,
elle en mangeait encore assez pour rejeter
deux fois le jour une pelote de débris d'ai-
les, d'élytres, etc., grosse à peu près comme
le boutdu doigt. Quoiqu'elle mangeât volon-
tiers de tous les aliments qu'on lui présen-
tait , elle aimait surtout la viande crue , et je
l'ai vue plus d'une fois resiée pendue par les
ongles et le bec à un morceaud'intestin, pen-
dant plus de dix minutes , sans lâcher prise.
Chaque fois qu'on essayait de le lui retirer elle
poussaituncri aigu et strident, et témoignait
une vive colère. La vue des petits Oiseaux
lui causait de l'irritation ; elle se jetait sou-
vent même avec fureur sur des Oiseaux en
peau, et les frappait de ses ailes à coups re-
doublés. Quand ils étaient assez légers pour
qu'elle pût les emporter, elle s'envolait avec,
et se relirait dans un coin pour les y plumer
sans trouble.
A la même époque vivait dans la maison
un Choucas, qui s'était pris d'une aiïec-
tion singulière pour mon Chien. La Che-
vêche fuyait ce dernier; mais elle recher-
chait la compagnie d'un jeune Chat avec
lequel elle jouait, et je les ai plus d'une fois
trouvés couchés ensemble dans un panier
assez étroit pour qu'ils fussent obligés de se
presser réciproquement afin d'y trouver
place.Le Choucas et la Chevêche étaient enne-
mis mortels , et après plusieurs rencontres
dans lesquelles le Corbeau, malgré son bec
robuste et la supériorité de sa taille, n'avait
pas eu le dessus, ils s'évitaient mutuelle-
ment, et s'étaient pour ainsi dire partagé le
jardin : chacun avait son district et n'en
sortait pas. La nuit arrivée , la Chevêche
devenait maîtresse absolue du terrain , et
courait partout à petits pas, mais si préci-
pités qu'on les eût pris pour le trotlinement
d'un Rat. Elle répondait par un petit cri :
cri, cri, cri, au nom de //ou-/; oh qui lui avait
été donné, et se plaisait fort dans notre com-
pagnie, qui lui devint funeste ; car elle fut
écrasée vers le commencement de l'hiver,
après avoir eu l'extrémité du tarse fracturé.
Sans paraître chercher l'eau d'elle-même ,
CHO
725
elle buvait chaque fois qu'on lui en présen-
tait, et plongeait dans le vase le bec tout en-
tier sans témoigner trop de défiance.
Jamais je ne l'ai vue se baigner; mai?
chaque fois qu'il pleuvait, elle allait se cou-
cher sur le sable les ailes étendues , et té-
moignait par un frémissement général le
plaisir qu'elle éprouvait. Elle paraissait éga-
lement aimer à s'étendre dans la poussière,
et restait quelquefois immobile dans le sable
pendant un quart d'heure, les ailes ouvertes
et la tête appliquée contre la terre.
Par une habitude commune à tous les Oi-
seaux de ce groupe , lorsque quelque chose
fixait son attention, elle ouvrait de grands
yeux , se gonflait en hérissant ses plumes ,
se dressait sur ses pattes , et s'accroupissait
plusieurs fois de suite en tournant la tête et
en faisant des mines fort amusantes.
Si nos Oiseaux de proie nocturnes d'Europe
sont tous susceptibles d'être apprivoisés ,
ils ne peuvent néanmoins vivre dans l'escla-
vage étroit d'une volière, et ne se plient au
joug de la domesticité qu'à la condition de
rester libres. Tous ceux qu'on a cherché à
élever en captivité sont morts au bout de
quelques jours , après avoir refusé obstiné-
ment toute nourriture, à moins cependant
qu'on ne les ait pris fort jeunes ; mais on
ne peut trouver aucun plaisir à élever en
cage des Oiseaux tristes et au plumage som-
bre, et l'on a plus d'avantage à les laisser
libres ; ils rendent alors dans les jardins de
véritables services. Il va sans dire que les
petites espèces, plus insectivores que carni-
vores , sont celles qu'il faut élever de préfé-
rence.
J'ai déjà dit que tous les Oiseaux baissent
mortellement les Chouettes , et les poursui-
vent avec acharnement dès qu'ils les aper-
çoivent pendant le jour. On s'est servi de
cette antipathie pour faire tomber dans le
piège des Oiseaux de toutes sortes. On dres-
sait jadis le Duc pour la chasse des Falco-
nidées, et au moyen d'un oiseau bien dressé,
on attirait le Faucon , le Gerfaut, Hiero-
falco candidans, le Lanier, Falco latiiarius,
l'Émérillon , Falco œsalon , et le Hobereau ,
Falco subbuieo. A peine un de ces Oiseaux,
quelle que fût la distance , apercevait-il le
Duc que l'oiseleur faisait voleter pour fixer
leur attention , qu'il descendait sur l'arbre
au-dessous duquel était la loge renferma lit
726
CHO
les chasseurs. Il restait pendant quelques
instants à regarder son ennemi , puis il s'é-
lançait sur lui avec fureur, et tombait dans
le filet qui lui était préparé. La Chouette et
la Chevêche sont employées aujourd'hui à la
chasse aux Passereaux, et l'on s'en sert pour
attirer, sur les gluaux de la pipée, les Oiseaux
qui sont dans les environs, souvent même à
une distance considérable du lieu où l'on
faitlachasse. On prend par ce moyen, en fort
peu de temps, un nombre considérable d'Oi-
seaux de toutes sortes qui viennent, comme à
l'envi , s'empêtrer dans les gluaux : les
Geais , les Pies , les Grives , les Merles, ac-
courent de toutes parts, et leur cri de rap-
pel sert admirablement d'appeau.
La classiQcation des P.apaces nocturnes
a été tentée bien des f(^is, et l'on n'a pas en ►
core trouvé d'arrangement naturel qui ré-
pondit aux exigences de la méthode. La plu-
part des auteurs se sont préoccupés de l'ordre
linéaire , et ils ont cherché à trouver une
série continue fondée sur des affinités allant
en dégradant, et liant les uns aux autres les
divers individus qui composent le genre
Chouette ; mais ce groupe présente des ca-
ractères généraux si constants, et des nuan-
ces si fugaces séparent les diverses sections
qu'on y a établies, qu'il faut avouer que, dans
cette circonstance surtout, la méthode na-
turelle est en défaut: aussi, tous les arran-
gements sont-ils et doivent-ils être arbitrai-
res ou artiOciels.
En voulant avoir égard aux affinités les
plus étroites , dans la succession des êtres
des différents ordres , on s'est trouvé arrêté
par des difficultés inextricables qui font le
désespoir des méthodistes. En effet , si nous
lions les Chouettes aux Rapaces diurnes par
les Chouettes accipitrines , nous terminerons
nécessairement par les espèces les plus noc-
turnes ; et comment alors les unirons-nous
aux Passereaux? Si nous commençons par
les PiesGrièches, comme l'a fait Cuvier, rien
ne fait le passage d'un ordre à l'autre ; et
cette association est une contradiction. Si
nous les faisons suivre par les Caprimut-
gtis, comme le font MM. Gray et Bonaparte,
nous reculons seulement la difficulté d'un
terme , et nous n'avons pas d'Oiseau semi-
diurne qui puisse servir de transition. Enfin,
aucun méthodiste n'a réussi jusqu'à pré-
sent, parce que la chose est impossible. îl
CHO
faut plutôt voir dans le genre Chouette ,
comme dans tous les groupes ayant des ca-
ractères morphologiques bien tranchés , un
des rameaux isolés de la classe des Oiseaux
jeté en dehors du tronc commun et formant
cœcum , n'ayant donc d'autres affinités avec
les animaux de cette classe que des proprié-
tés communes à tous les Oiseaux , et avec
les Rapaces diurnes que leur communauté
de mœurs et de structure.
C'est l'idée d'un plan méthodique de créa-
tion qui jette le doute et l'obscurité dans les
esprits ; on veut toujours voir dans la nature
un ouvrier travaillant avec méthode et dans
un ordre ne comportant aucune anomalie.
C'est à celle opinion qu'il faut attribuer les
contradictions des méthodes qui prouvent
que tout en gravitant dans les limites de cer-
taines lois , l'arbitraire a bien souvent sa
part dans l'organisation des êtres. Ce sont ces
anomalies, dont ils ne peuvent se rendre
compte, qui déconcertent les méthodistes ; ils
veulent à toute force trouver le pourquoi
de chaque chose ; et c'est ce qui ruine les
classifications dont la base est plutôt dans
des théories à priori que dans les faits
réels et positifs. Ainsi , l'on prête à la na-
ture l'intention d'avoir favorisé la vision
nocturne de ces Oiseaux par ce disque de
plumes écailleuses qui en fait une espèce de
réflecteur, comme si les autres Oiseaux et
animaux nocturnes avaient le même privi-
lège. Il n'y a chez eux qu'une seule chose
qui constitue la propriété de voir pendant la
nuit: c'est le grand développement de l'ap-
pareil visuel , bien qu'on puisse encore y
opposer des exceptions , et le disque facial
n'est qu'une dépendance nécessaire de l'ap-
pareil auditif.
Il est certes fâcheux que la nature ne se
prête pas à nos méthodes ; mais chaque fois
que le pourquoi d'un fait nous est inconnu,
nous devons seulement nous préoccuper du
comment , et l'imagination ne doit avoir
qu'une faible part dans des travaux de cet
ordre. Entre des rapprochements plus ou
moins spécieux, et des théories qui touchent
de plus près à la métaphysique qu'à la science
positive , il y a une incommensurable dis-
tance ; et comme l'important en histoire na-
turelle est, avant tout, de grouper les êtres
de manière à faciliter l'élude, il faut donc se
borner , dans la classification des Choueiles ,
CHO
à les réunir d'après des caractères similaires
généraux, arbitraires sans doute, mais qui,
du moins , ne compliquent pas les difficul-
tés. L'histoire des Rapaces nocturnes est
tout entière à refaire, et elle demande des
développements que ne permet pas cet ar-
ticle, et qui ne peuvent trouver place que
dans une Monographie, sans se préoccuper
de ce qui les lie par en haut et par en bas.
Aussi ai-je simplement adopté la division
en 3 groupes de Meyer, en y joignant des
sous-divisions prises dans des considéra-
tions tirées du disque péri-ophthalmique,de
la conque et des pieds , et en les faisanlcon-
corder, autant qu'il est possible, avec les
genres établis sur des noms spéciaux, que
je regarde néanmoins comme de simples dé-
nominations sous-génériques , réservant à
tous les individus du groupe le nom de
Chouettes, SMx.
Dans une famille si homogène et si obscu-
rément définie, de l'aveu même des natura-
listes les plus distingués, l'établissement de
genres ou de sous-genres , dont le nom n'a
rien de commun avec celui de la famille,
augmente les difficultés de l'étude , même
pour celui qui établit des divisions ; et il ne
lui sert qu'à attacher son nom à celui qu'il
a créé, satisfaction bien mince si on la com-
pare à l'étendue du mal qu'il fait à la
science en compliquant une synonymie déjà
si confuse. Les deux législateurs de la zoolo-
gie, Linné etCuvier, étaient d'une réserve
extrême chaque fois qu'il s'agissait de créer
un nom , parce que leur vue avait une assez
haute portée pour qu'ils comprissent les
affinités générales qui unissent les êtres en-
tre eux, sans avoir besoin de descendre dans
des détails si minutieux, qu'il faut, pour
ainsi dire, jouir de la double vue pour les
saisir. Ce ne sera que quand nous connaî-
trons tous les faits de tous les ordres que
nous pourrons essayer d'établir des groupes
naturels; mais nous sommes encore si igno-
rants des faits qui nous touchent de plus
près, que nous ne pouvons rien créer de so-
lide. Pour ne pas sortir de mon sujet , je
demanderai si nous connaissons , pour les
Chouettes de notre pays , les détails de
structure anatomique par âge et par sexe,
si nous avons suivi le fœtus dans son évo-
lution, et si nous connaissons le développe-
ment des paricularités organiques qui ca-
CMO
727
raclcnsent cette famille ; si nous connaissons
pour tous la durée de l'incubation , celle de
la vie , les maladies et les chances de mor-
talité, les choses qui leur sont favorables
et celles qui leur sont contraires, enfin les
sympathies et les antipathies, leurs mœurs,
les espèces sédentaires et celles qui sont
voyageuses, les époques et les causes de dé-
part, etc. Si cependant ces faits nous étaient
connus, nous pourrions être sur la trace de
certaines analogies qui serviraient aux pro-
grès de la science ; et la constatation d'un seul
de ces faits aurait plus de valeur que la
création d'un genre fait toujours aux dépens
d'un autre que l'on coupe en deux. D'un
autre côté , faute de méthode descriptive ri-
goureuse, les comparaisons sont impossi-
bles : il y a dans chaque définition une ou
plusieurs lacunes qui empêchent de saisir
les affinités et les dissemblances, et c'est
encore le cas pour les êtres qui nous occu-
pent. Un oiseau obtenu au hasard, dans des
circonstances souvent mal observées, est dé-
crit avec légèreté, ou bien, si c'est avec plus
de méthode, c'est sur une peau plus ou
moins altérée ; de sorte qu'on multiplie sans
nécessité les espèces , et l'on fait de la syno-
nymie l'étude la plus importante de la
science, et celle qui absorbe inutilement le
plus de temps.
Je donnerai pour les espèces types les sy-
nonymes et quelques uns de leurs noms lo-
caux; quant aux mœurs, l'histoire en est
mêlée à celle du genre , et c'est là qu'on l'y
trouvera.
1" GROUPE. — Chouettes diurnes.
Cliouettes Epervières ouAc-
cipitrisiegi.
(Surnies. Surnia,T>\im.)
Queue étagée ou presque égale; forme
plus élancée ; tête plus petite que dans les
Nocturnes; rémiges moins molles; disque
péri-ophtalmique imparfait ; conque petite et
sans opercule ; tête dépourvue d'aigrettes.
Doigts emplumés , queue étngée.
Chouette a longue queue, Ch. epervière,
Caparacoch, Str. funerea Latr., Str. nisoria
Mey. — Taille de l'Épervier ; plumage d'un
brun noirâtre en dessus, pointillé de blanc
et de brun ; raies blanches transversales sur
les scapulaires ; dix barres transverses sur la
728
CHO
queue , qui a de 18 à 20 cent, de longueur.
Grandeur totale, 40 cent. Vit dans tout le
nord du globe.
Cn. DE l'Oural, Str. uralensis Pall.,
Ptynx, Bl. — Brune en dessus, avec des ta-
ches blanches ; blanche en dessous, avec de
longues taches brunes ; cinq bandes en tra-
vers de la queue, qui a 30 cent. Longueur to-
tale, 60 cent. Vit dans les régions arctiques.
Doigts emplumès , queue égale.
Ch. LAPONE, Sir. laponica Retz. — Grise en
dessus, avec des taches et des raies brunes
en zigzag; parties inférieures blanchâtres
parsemées de taches brunes allongées ; pieds
et doigts rayés de zigzags blancs et bruns.
Taille, 60 cent. Nord de l'Europe.
Ch. harfang, Sir. nyciea L., Nyclea dt
Steph., Nyciia de Swains. — Blanc de neige
dans l'état adulte , marqué de taches d'un
brun noir dans son jeune âge. Taille, 60 cent.
Contrées boréales du globe.
Doigts a demi nus , queue e'tagée.
Cil. HUHUL, Ch. noire , Ch. de jour, Str.
nuhula Latr. , Ciccaba de Wagler. — Fond
noir rayé de blanc; quatre lignes blanches
sur la queue. Longueur totale, 40 cent.
2^ croupe. — Chouettes nocturnes.
Formes plus ramassées ; plumage mollet;
queue courte et égale ; télé large et aplatie ,
à aigrettes ou sans aigrettes ; disque facial
incomplet ou très complet.
Téle surmontée de deux aigrettes.
Doigts emplumès.
CEaoïiettes-Ducs.
Bubo, Cuv.
Conque petite; disque facial incomplet.
Ch. grand duc d'Europe, duc, Bubo,C\x\.,
Str. bubo Gm., Feliceps, Barr.; Asio et Hc-
liapiex , Swains., 60 à 70 cent. — Plumage
varié de noir et de jaune pâle en dessus,
fauve foncé en dessous, avec des taches noi-
res ; gorge blanche dans le mâle et pas dans
la femelle. Hongrie, Allemagne, Piussie.
CUoiiettes à aigrettes.
Lophosirix , Less.
Conque réduite à une cavité ovalaire ;
disque péri ophtalmique très développé.
Ch! a aigrettes, Sir. griseala, Lalh. —
Plumage roux-brun ; tache blanche sur le mi-
lieu de l'aile ; queue arrondie , rousse, avec
CHO
des taches blanches ; parties inférieures
rousses striées de brun; sourcils blancs;
aigrettes couchées. Cayenne.
Cliouettes-Hilioux.
Oius, Cuv.
Conque en demi-cercle et munie d'un oper-
cule membraneux; disque facial arrondi;
bec recourbé.
Ch. hibou, moven duc d'Europe, hibou
COMMUN, Oius, Cuv., Sir. 0/iisL.— Plumage
fauve, flammé de brun ; queue portant huit
ou neuf barres transversales brunes. Toute
l'Europe.
Ch. hibou-chouette, chouette, Strix bra-
c//î/o/oi.— Plumage rouille, flammé de brun
au centre ; queue rousse rayée de brun ;
aigrette petite et manquant chez la femelle.
Répandue à peu près partout.
Doigts nus.
Cliouettes-Scops.
Sirix scops L., Scops, Cuv., Sav
Disque facial incomplet ; bec recourbé,
Ch. scops petit duc , Se. europœus. —
Plumage brun mêlé de gris, glacé de roux et
de noirâtre, brun cendré en dessus, mêlé de
roux en dessous ; tige des plumes noirâtre ;
quelques taches blanches sur le rebord des
grandes couvertures et des rémiges. Com-
mun partout.
Tarses et doigts nus.
Cliouettes-Ketiipii.
Keiupa, Horsf. ; Culirunguis , Hodgs.
Conque ovalaire ; disque facial complet;
huppes déjelées en arrière; bec recourbé;
plumage rouge-ferrugineux taché de noir;
rémiges noires rayées de roux ; queue noire
barrée de jaune; ventre roux flammé de
brun; huppes rousses et brunes; tarses
jaunes. Java et Sumatra.
Téle sans aigrettes.
Doigts emplumès.
ClKOisettes-Cliats-Ikuaiitig.
Syrnium, Sav., Cuv.
Conque réduite à une simple cavité ova-
laire; disque facial complet.
Ch. huant hulotte , Strix aluco et slridula
L., Syrnium altico Cuv., Scoliaptex, Swains.
— Plumage grisâtre flammé (^e brun ; abdo-
CHO
men blanc ; queue rayée de brun ; poil des
larses piqueté de brun. Toute l'Europe.
Doigts à demi-emplumés.
Chouettes ppoprenient dites.
Ulula, Cuv.
Conque en demi-cercle munie d'un oper-
cule membraneux; disque facial arrondi;
bec recourbé.
Ch. de Canada, Str. nebulosa Gm., Vieill.
— Plumage brun tacheté de blanc; abdomen
et couvertures inférieures de la queue blanc
sale rayé de brun ; queue barrée de brun et
de blanchâtre. Amérique du Nord.
Doigts velus.
dtoiiettes-ClieTêches.
lYociua, Savig.
Disque péri-ophlhalmique incomplet ; ap-
pareil auriculaire presque comme dans les
autres Oiseaux ; bec recourbé.
Ch. de Tengmalm, Str. Tengmalmii Gm.,
Sir. danypus Bechst., Nyciale, Brehm. ; Sco-
tophilus , Swains. ; Alhene , Boié ; jEgolius ,
Vieill. — Brune, tachetée de blanc ; dessous
du corps d'un brun plus pâle, avec des gout-
telettes blanches plus grandes ; quatre barres
transversales sur la queue ; ventre et joues
pointillés de blanc. Nord de l'Europe.
Ch. commune , Str. passerbia Gm., Buff.,
Alhene, Boié; Carine, Kaup. — Taille d'un
Merle; plumage varié de noir et de blanc;
demi-collier blanc devant le cou dans le
mâle, mais pas dans la femelle ; queue roux-
foncé, quatre barres transversales plus
claires.
Ch. urucckka, Ch. de Coquimbo , Briss.,
Ch. a terrier, Mol., Sir. urucurea. Sir. cu-
nicularia Vieill. — Grise, ponctuée de blanc ;
bande blanche au-dessus des yeux ; ailes
niarquées de taches blanches et brunes ;
queue rayée de blanc et de brun ; parties
inférieures blanches tachées de brun. Lon-
gueur, 25 cent. Paraguay, Haïti, le Brésil.
Ch. CHEVÊCHETTE , CHEvâcHOiDE CABURK,
Str. passerinoides Tem. , Sir. acadica glauci-
dium Boié. — Très petite espèce, à plumage
nuancé de cendré brun en dessus ; collier
noir et blanc; tache blanche sur la poitrine;
abdomen blanc ; petits points blancs sur la
tête et la nuque. Longueur , 20 cent. Brésil.
Doigts nus.
Ch .pudipède, Str. nudipes Daud. —Corps
CHO
729
brun en dessus, avec du blanc de chaque
côté du cou, blanc en dessous ; chaque plume
flammée de brun au centre ; tarses allongés
et nus ainsi que les doigts. Longueur,
20 cent. Porto-Rico.
Choiiettes-Pliodiles.
Phodilus, Is. Geoff,
Conque auditive en demi-cercle ; disque
facial imparfait; bec droit; 5« rémige la plus
longue.
Pn. CALONG. — Plumage brun-châtain très
pur, et légèrement doré en dessus, avec des
points blancs encadrés de noir ; cercle de
l'orbite brun clair ; parties inférieures Isa-
belle. Java.
Cliouettes-Effraies.
Slrix, Cuv.
Conque. large, de même que l'opercule;
disque péri-ophthalmique très développé;
bec droit.
Effraie commune fresaie , Sir. flammea
L. — Face grise ; plumage gris de lin giacé,
pointillé de blanc et de noir, fauve en des-
sous sans taches ; abdomen quelquefois d'un
blanc pur ; queue légèremen t barrée de brun.
Europe et presque tout le globe. (Gérard.)
CHOUETTE. INS. —Nom vulgaire de ia
Dfociiia sponsa Latr., et de la Chenille du
Séneçon décrite par Godart.
CHOLETTE DE MER. pciss. — Nom
vulg. du Lump, Cycloplerus lumpus.
CHOUETTE ROUGE, ois. — Nom vul
gaire du Choquard.
*CHOURTK.A ( nom donné à cet oiseau
par les montagnards du Caucase), ois. —
Genre de l'ordre des Gallinacés , établi pai
M. Motschoulski , et ayant po;;r caractères :
Bec fort, conique et légèrement recourbé;
narines médianes et nues couvertes par une
écaille cartilagineuse en forme de glande ;
joues et tour des yeux nus. Tarses assez
courts , nus , robustes ; scutelles rhomboi-
dales, n'ayant ni éperons ni tubercules ;
quatre doigts , le médian le plus long et le
pouce rudimentaire, ne touchant le sol que
par son extrémité. Ailes obtuses, moins
longues que la queue, et ayant la première
rémige la plus longue. Queue assez longue,
divisée en deux et composée de I4rectrices.
Cet oiseau , qui ressemble un peu à ia
Bartavelle, quoique avee des dimensiooâ
730
CHO
beaucoup plus fortes, est de couleur jaunâ-
tre variée de gris noirâtre; les rémiges sont
blanches, avec les extrémités noires; les
scapulaires sont également noires ; la tète
et le cou sont gris en dessus , avec une tache
blanche de chaque côté ; une bande grise
part du dessous de l'œil et va en longeant le
cou se fondre dans la couleur grise de la
poitrine, qui, ainsi que le ventre, est d'un
gris rougeâtre bariolé de noir; le crou-
pion est blanc. Les rectrices sont brunes,
avec les extrémités mouchetées de rouge
brunâtre ; les couvertures supérieures sont
jaunâtres variées de noir, et les inférieures
blanches. Le bec est vert-noirâtre, les mem-
branes des narines jaune orangé, l'iris brun
foncé, et les pieds sont rouges.
Le mâle diffère de la femelle par sa taille,
qui égale presque celle d'une Oie, par ses
sourcils, par la peau rougeâtre qui entoure
les yeux, et par son chant, qui ne ressem-
ble pas à celui des autres Gallinacés, mais
se rapproche de la voix de la Grue, quoique
plus agréablement modulé.
Le plumage d'hiver du Chourtka est de
couleur plus sombre que celui d'été, et
il devient plus épais. Tout le corps de l'oi-
seau augmente alors de volume , et la place
nue de la face disparaît.
Pallas a désigné , sous le nom de Tetrao
caucasiens , un oiseau dont il n'a jamais vu
qu'une figure, et qui parait être le même
que celui observé parM.Victor Motschoulski,
en 1838, dans son voyage au centre du Cau-
case. Il habite la région des neiges , et ne
descend jamais dans les plaines, où l'on a
vainement cherché à le naturaliser. On le
voit courir par troupes de 6 à 10 individus
sur les pentes des précipices avec une ex-
trême agilité. Son caractère est défiant : au
moindre signe de danger , il s'envole en
poussant de grands cris , de sorte que les
chasseurs les plus habiles ne réussissent à
l'approcher qu'à la faveur des brouillards.
Le Chourtka se nourrit des graines de
plantes alpines , et l'on trouve presque tou-
jours dans son estomac du sable et de petits
graviers. Il devient en hiver le compagnon
de l'iEgagre, dont il mange la fiente.
En automne, il prend beaucoup de graisse,
et sa chair , qui se rapproche de celle de la
Perdrix commune, est recherchée comme un
manger délicat.
CHR
La place assignée au Chourtka , par
M. Motschoulski, est entre les Perdrix elles
Cailles ; mais il est impossible de juger, sur
l'inspection de la figure jointe au Mémoire
de ce voyageur, si cet oiseau doit être laissé
parmi les Perdrix ou s'il mérite réellement
de former un genre à part. Quoique nous
pensions que le Chourtka devrait sans doute
rester dans le genre Perdrix, et que contrai-
rement à l'opinion de M. Motschoulski, nous
ne considérions sa grandeur, ses nuances el
son chant comme des caractères différen-
tiels suffisants pour justifier la créatiort
d'un genre , nous laissons subsister son
genre Chourtka jusqu'à ce qu'on ait eu de
nouvelles occasions d'étudier cet oiseau. Il
existe au Muséum un oiseau non étiqueté
que je crois être un Chourtka ; mais il a les
tarses tubercules, et l'erreur de M. Mots-
choulski viendrait sans doute de ce qu'il a
fait sa description sur une femelle. S'il en
était ainsi, ce nouveau genre resterait dans
les Perdrix, dont il a tous les caractères. (G.)
*CnRESTA (xpvitTToç ; suivant Pline, c'est
le nom d'une sorte de Chicorée), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées, tribu
des Vernoniées qui a pour caractères : Ca-
pitules composés de 3-4 fleurs et réunis
en glomérules sphériques, terminaux , dé-
pourvus de bractées. Chacun des capitules
offre un involucre globuleux dont les écailles
inférieures sont parfois laineuses à la base,
tandis que les intérieures, allongées , li-
néaires, sont complètement glabres, et ci-
liées-dentées en leurs bords: les corolles tu-
buleuses se divisent au sommet en 5 lanières
flexueuses; les étamines insérées à la gorge
sont terminées par un appendice ovale et
pourvues de soies à la base ; le style , grêle
et papilleux comme ceux de la tribu, re-
pose sur un disque épigyne cylindracé. Les
ovaires pubescents supportent une aigrette
composée de deux rangées de soies scabres
et d'inégale longueur ; les intérieures at-
teignent presque le sommet du tube de la
corolle , et sont moins raides que les exté-
rieures. Les Chresta sont originaires du Bré-
sil, et forment des arbustes d'un aspect par-
ticulier. Une espèce se trouve figurée dans le
4<- volume des Icônes de M. Benj. Delessert.
(J. D.)
CHRICHTOIVITE. min.'— Voyei chaîto-
SITE. (Del.)
CHR
•CHRISTAIVI^IA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des Bixacées, tribu des
Prockiées,établiparPresl(/feZ.//(«;/i/i-.,II,9/,
f. 67), et ne renfermant encore qu'une espèce.
C'est un arbrisseau indigène du Pérou, à bran-
ches éparses, munies de feuilles alternes,
pétiolces, denticulées, accompagnées de sti-
pules pétiolaires, géminées, sétacées, déci-
dues; à fleurs hermaphrodites, portées sur
des pédoncules terminaux, biflores, dont les
pédicelles unibractéés. (C. L.)
CURISTE MARIME. bot. pu. — Nom
vulgaire donné, sur plusieurs points de no-
ire littoral, a des herbes dont les feuilles se
mangent confites au vinaigre, telles que la
Salicorne herbacée, l'Inule et le Criilimum
•mariiimunf.
CHRISTIA, Mœnch. bot. pu. — Syno-
nyme de Lourea, Neck.
* CHRISTIANA (nom propre), bot. pu.
■ — Genre de la famille des Tiliacées , tribu
des Grewiées , formé par De Candolle, sur
une plante de l'Afrique tropicale , non en-
core décrite, mais caractérisée par un calice
trilobé , persistant ; une corolle de 6 pétales
persistants, ainsi que lesétamines, lesquelles
sont en nombre indéfini ; un fruit formé de
5 capsules adhérentes seulement à la base.
(C. L.)
*CHR1STIA1\ITE , Monlicelli et Covelli
(nom d'homme), min. — Mêmechose qu'Anor-
ihite. (Del.)
* CHRISTIMA , Raf. bot. ph. — Syno-
nyme de Bouvardia, Salisb.
* CHRISTOLEA(nom propre), bot.ph. —
Genre formé par Cambessèdes [Jacquem.,
17, t. 17), et rapporté, non sans quelque
doute, à la tribu des Sisymbriées, dans la fa-
mille des Crucifères-iNotorhizées , sur une
plante découverte dans l'Asie médiane, ra-
mifiée, couverte d'une courte pubescence
simple, à feuilles alternes, sessiles, obovales-
«unéiformes , épaisses, incisées-dentées au
sommet; à fleurs jaunes, en grappe termi-
nale assez lâche. (C. L.)
CHRISTOPHORI AN A, Tournef. bot. ph.
— Synonyme d.'Aclea, Linn.
•CHROICOLITES (xp<^'t-
sez nombreuses , la plupart européennes ,
toutes de moyenne taille et revêtues des cou-
leurs les plus éclatantes , d'or, de feu , de
rouge et de vert métallique. Elles voltigent
sur les fleurs pendant la chaleur du jour.
Le type du genre est la Clirysis ignita L. ,
très commune dans toute l'Europe. (Bl.)
* CHRYSITHRICeÉES. Clirysitliricheœ .
BOT. PH. — Tribu de la famille des Cypéra-
cées établie par Lestiboudois, et ayant pour
type le g. Chrysilhrix.
CHRISITHRIX {xp^<^k, or; OpiÇ, che-
veu). BOT. PH. — Genre de la famille des
Cypéracées-Chrysithrichées, établi par Linné
fils pour une plante des plaines sablonneu-
ses du Cap, ayant le port des Sizyrinchium ,
un rhizome rampant, les feuilles ensiformes
et engainantes, et un épi solitaire très dense,
ovale et cylindrique , sortant au-dessous de
la base du chaume. La seule espèce connue
est le Ch. capensis.
"CHRYSOR.ALAKÉES. Chrysobalaneœ.
BOT. PH. —Famille établie par R. Brown ,
et considérée par De Candolle comme une
tribu de la famille des Rosacées.
CBR\S0BALA1\IJS. bot. ph. — Foy.
ICAQUIER.
* CHRYSOBALUS. ins. — Genre de Co-
léoptères hétéromères indiqué par M. Bois-
duval ( Voyage de l'Astrolabe, Entomologie,
CHR
p. 267), mais dont il n'a pas donné les ca-
ractères ; il devrait avoisiner les Helops.
L'espèce qui en fait partie est de la Nou-
velle-Hollande; elle a été nommée Chryso-
balui fuLjidipennis. (G.)
*CnRïSOBAPHUS, Wall. bot. pn. —
Syn. A' Anoeciochilus , Blum.
CHRYSOBÉRYL (xp^tro? , or, et du mot
Béryl ). min. — Syn. de Cymophane. Foij.
ce mot. (Del.)
"CHRYSOBOTHRIDES. C/irj/io6of/jWrfœ.
INS. — Nom d'une division établie par
MM. Gory et de Castelnau dans leur Icono-
graphie de la tribu des Bupresiides , et qui se
compose des g. Colobogaster , Chrysoiiolhris
et Belionoia. f'^oyez ces mois. (D.)
* CHRYSOBOTHRIS (xpv-ro;, or; ffoepo?,
trou). INS. — Genre de Coléoptères penla-
luères, famille des Sternoxes, tribu des Bu-
presiides , éubli par Eschscholtz et adopté
par tous les entomologistes. M. Solier, dans
son Essai sur les Bupresiides {Ann. de la
Soc. eut. de France , t. Il , p. 3I0 , pi. il ,
fig. 29), en a publié les caractères ; et MM. de
Castelnau et Gory, dans leur Iconographie
de cette tribu, en ont décrit et figuré 1 13 es-
pèces , dont 89 d'Amérique , 14 d'Afrique ,
3 d'Asie, 4 de la Nouvelle-Hollande, et 3
d'Europe. C'est à ce genre qu'appartient le
Bupr. Chrysosiigma Fabr., qui peut en être
considéré comme le type. Cette espèce se
trouve en France, en Allemagne, en Russie
et jusqu'en Sibérie.
Les Chrysoboihris sont généralement re-
marquables par leur éclat métallique, et
beaucoup d'entre eux , ainsi que l'exprime
leur nom générique, ont de gros points en-
foncés couleur d'or sur leurs élytres. (D).
'CURYSOCEPilALUM (xp^'^k , or ; xe-
vcrdâtrc). mam. — Ce genre,
anciennement établi par G. Cuvier , com-
prend des Insectivores rapportés avec juste
raison à la même famille que notre Taupe
d'Europe, et remarquables extérieurement
par le luxe des reflets irisés et chatoyants de
leur robe. Ce caractère , fort rare chez les
Mammifères, se montre ici dans son plus
grand développement. Joint à quelques par-
ticularités également fort curieuses , mais
dont le rapport avec le genre de vie des
Chrysochlores est plus facile àcomprendre,
il permet de distinguer aisément les ani-
maux qui nous occupent de ceux qui ap-
partiennent au même groupe.
On connaît plusieurs espèces de Chryso-
chlores ; toutes sont de l'Afrique australe,
et leur mœurs diffèrent peu de celles de la
Taupe. Leur taille est aussi la même, à peu
de chose près, mais leur extérieur paraît
plus singulier encore. Elles ont le museau
47
738
CHR
tronqué, un peu relevé plutôt en forme de
petit socle transversal qu'en véritable bou-
toir ; leurs yeux sont fort petits ; elles n'ont
pas d'oreilles externes , et leur corps trapu
et ramassé n'a qu'un faible rudiment de
queue. Les pattes sont courtes; les an-
térieures plus puissantes, et les trois seuls
doigts qu'elles présentent pourvus d'on-
gles falciformes très puissants ; celles de der-
rière , moins modiflées , plus manifeste-
ment plantigrades et à cinq doigts moins
puissants, il est vrai , mais plus utiles à la
marche, au contraire des premiers, que l'a-
nimal emploie surtout pour fouiller le sol.
Les Chrysochlores étaient autrefois appe-
lés Taupes dorées ou Taupes rouges d'A-
mérique et d'Asie , bien qu'on n'en trouve
pas plus en Asie qu'en Amérique. Brisson
et Linné leur attribuaient les attinités que
nous leur reconnaissons aujourd'hui. Gme-
lin les crut plus voisines des Sorex que des
Talpa , opinion qui n'a été adoptée que par
un très petit nombre de personnes.
Diverses particularités anatomiques des
Chrysochlores, celle de leursystème dentaire
et de leur squelette principalement ne sau-
raient être passées sous silence; elles com-
pléteront d'ailleurs la caractéristique de ces
animaux.
Leur squelette, dont M. de Blainville vient
de donner une nouvelle description accom-
pagnée de figures, dans le chapitre de son
OsLéographie relatif aux Insectivores , pré-
sente dix-neuf vertèbres dorsales, trois lom-
baires , trois sacrées et cinq ou six coccy-
giennes. Le crâne est remarquable par le
développement de sa partie occipitale; il
est court et comme conique; ses os zygo-
matiques sont plus forts que dans aucun
autre insectivore; sa mâchoire inférieure,
courte en proportion , a son apophyse an-
gulaire considérable, et sa partie coro-
noide ne dépassant pas la hauteur du con-
dyle articulaire. Le développement de la
caisse du tympan et de l'oreille interne doit
faire admettre une grande délicatesse dans
l'ouïe de ces animaux. Leurs vertèbres man-
quent des ossifications en forme de sésa-
moïdes qu'on voit au bord articulaire de
leur corps dans la Taupe, aux dernières dor-
sales et aux lombaires. L'omoplale e.«t plus
large que celle de la Taupe, et la terminaison
Ecromialc de son épine s'avance au-delà de
CHR
l'insertion de la clavicule. Celle-ci, au lieu
de ressembler, comme dans la Taupe, à un
corps vertébral de poisson, est grêle et al-
longée comme chez le Hérisson. L'humérus
n'est pas moins singulier que celui de la
Taupe , mais d'une tout autre apparence.
C'est une sorte de croissant irrégulier, dont
une extrémité serait formée par la tête su-
périeure, et l'autre par une énorme tubé-
rosité interne delà partie inférieure (épi-
trochlée ) : celle-ci est percée d'un trou
pour le passage du nerf médian. La lubé-
rosité inférieure externe ( épicondyle ) est
bien moindre que l'interne. Le radius
et le cubitus différent moins de ce qu'ils
'sont dans la Taupe, mais la patte offre la
singulière particularité d'un pisiforme sub-
cylindrique fort long, et qui remonte en ar-
rière des os de l'avant-bras jusqu'à l'hu-
mérus avec la saillie interne duquel il est
en connexion par son extrémité. La pre-
mière rangée des os du carpe possède, en
outre de ce pisiforme d'un aspect tout-à-
fait exceptionnel , le scaphoïde , le semi-lu-
naire et le triquètre ; la seconde manque du
trapèze (il n'y a pas de pouce à la main) ;
elle conserve un trapézoide pour l'articu-
lation du plus gros doigt, qui correspond à
notre annulaire, un grand os, auquel s'arti-
cule le doigt médius, et en dehors de celui-
ci , deux petits os graniformes , portant le
doigt externe qui répond à notre annulaire.
Les membres postérieurs n'ont de bien re-
marquable que l'absence de symphyse pu-
bienne, disposition commune aux Chryso-
chlores et à plusieurs genres voisins, et
qui était commandée par le volume consi-
dérable que les petits de ces animaux ont
déjà acquis lorsqu'ils viennent au monde.
Les Chrysochiores ont quarante dents, en
dix paires pour chaque mâchoire : trois in-
cisives, une canine et six molaires. Ces dents
ressemblen plus à celles des Scalopes et des
Musaraignes qu'à celles de la Taupe. La pre-
mière incisive supérieure (de chaque côté)
est plus forte que les autres, verticale, tout-
à-fait antérieure et triquètre ; celles-ci sont
comprimées et latérales; la canine est à peu
près de même volume. Ces dents sont un
peu écartées entre elles. Il en est de même
des molaires, qui sont prismatiques ; la prc-
mière et la troisième subégales , mais plus
petites que la seconde, et plus fortes que la
CIIR
quatrième, qui est cllcmème double de la
postérieure ou cinquième. Ces dents mo-
laires supérieures et celles de l'autre mâ-
choire semblent être formées par la moitié
antéricureseulementdelcursanalogues chez
la Taupe, lesScalopes, etc. Les deux premiè-
res paires d'incisives inférieures sont termi-
nales et aiguës, plus fortes que la troisième ,
et celte dernière est peu différente de la dent
que M. deBlainville reconnaît pour la ca-
nine.
Les observations de MM. Lichtenstein ,
Is. Geoffroy , Ogilby et Andrew Smith ont
établi les caractères distinctifs des diverses
espèces de Chrysochlores; toutes jusqu'ici
proviennent de l'Afrique australe, un des
pays les plus riches en animaux fouisseurs.
(P. G.)
•CHRYSOCOLORE. Chrijiochlom (xpu-
restides, établi par MM. Carcel et de Cas-
telnau dans un travail inédit, et adopté par
M. Solier, qui en adonné les caractères dans
son Essai sur cette tribu ( ^nn. de la Soc.
ent. de France, tom. II, p. 270, pi. X, fig. 4).
CHR
739
MM. de Castclnau et Gory ont reproduit ce
g. dans leur Iconographie des Rupreslides ,
et en ont décrit et figuré 42 espèces, dont 28
réparties sur la Chine, le Japon, Java et les
Indes orientales , 10 d'Afrique , 3 de la Nou-
velle-Hollande et 1 du Chili. Le type de ce g.
est, pour eux, une très belle espèce origi-
naire de Java, qu'ils nomment C.opulenia,ei
qui a quelque ressemblance avec le Bu-
presiis bicolor de Fabricius , le géant de la
tribu, qu'ils rapportent au même g. , tandis
que MM. Dejean et Solier comprennent ces
deux espèces dans le g. Catoxaniha. Foyex
ce mot.
Les Chnjsochroa , au reste, par l'éclat d;>
leurs couleurs et leur grande taille, sont
sans contredit les plus beaux Insectes, non
seulement de leur tribu, mais de tout l'ordre
des Coléoptères. (D.)
* CHRYSOCHROIDES. Chnjsochroidœ.
INS. — Nom d'une division établie par
MM. Gory et de Castelnau dans leur Icono-
graphie de lu tribu des Bupreslides , et qui se
compose des g. Stemocera, Jalodis , Ac-
mœodera et Chryaochroa. (D.)
* CHRYSOCIIUS ( xpyo-oxôo? , orfèvre ).
INS. — Genre de Coléoptères tétramèrcs, fa-
mille des Chrysomélines de Latreille , créé
par nous et adopté par M. Dejean dans son
Catalogue. Les trois espèces que cet auteur
y mentionne sont les Eamolpus asiaiicus ,
auraïus et preiiosus de Fabricius. La pre-
mière se trouve en Europe et en Asie, la
deuxième aux Etats-Unis , et la troisième
quelquefois aux environs de Paris , mais
alors abondamment et en famille sur VAs-
clepias. Ce genre est placé entre les Platyco-
ryntis et Envyope (C.)
•CHRYSOCOCCYX , Boié. ois.— Syn. de
Chalcite. l^oyez ce mot.
CnUYSOCOLLE (xp^^^ç. or; xô^a ,
colle). MIN. — Nom donné par les anciens à
une substance verte qu'ils employaient à
souder l'Or. Les naturalistes modernes en
ont fait le nom spécifique du Cuivre hy-
drosilicaté, le Riesel-Malachit des Alle-
mands, f^oyez CUIVRE. (Del.)
CIIRYSOCOMA(xpui7o';, or; xoV»i, cheve-
lure). BOT.PH.— Genre de la famille des Sy-
nanthérées, Astéroidées-Chrysocomées, for-
mé par Linné, révisé et circonscrit par Cassini
[Dici. se. nai., XXXVII, 477). Il se compose
d'une quinzaine d'espèces , dont une moitié
7/iO
CHR
environ est cultivée dans les jardins en Eu-
rope. De ce nombre, celles qui sont bien dé-
terminées croissent exclusivement dans l'A-
frique australe.Ce sont des plantes fruliqueu-
ses ou même dessous-arbrisseaux, à feuilles
alternes, éparses, linéaires, souvent très en-
tières, à rameaux plus ou moins nus au
sommet; à capitules solitaires, subglobu-
leux, dont les fleurs jaunes. Ce genre se dis-
tingue principalement par un capitule ho-
raogame, discoïde, mulliflore; un réceptacle
nu , sub-alvéolé ; un involucre campanule,
plus court que les fleurs, et dont les squames
lancéolées-oblongues , imbriquées; des akè-
nes plans latéralement, érostres.un peu hé-
rissés, surmontés d'une aigrette sétacée-poi-
lue, unisériée. (C. L.)
•CHRYSODEMA (xP^=^°Ç, or; (î^aa;,
corps), ms. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Sternoxes , tribu des Bu-
prestides, établi par MM. de Castelnau et
Gory, dans leur iconographie de cette tribu.
Ce g. répond à celui d'Evides, proposé par
M. Serville et adopté par M. Dejean dans son
dernier Catalogue. Toutes les espèces qu'il
renferme sont propres aux contrées les plus
chaudes de l'Asie et aux îles situées entre
cette partie du globe et la Nouvelle-Hol-
lande. Ce sont des Insectes de grande taille,
presque tous remarquables par l'éclat de
leurs couleurs métalliques. MM. de Castel-
nau et Gory en décrivent et figurent 37 es-
pèces, parmi lesquelles nous citerons comme
type celle qu'ils nomment C. sompiuosa; elle
est de Singapore, dans les Indes orientales.
Le Bupresiis Smaragdaula Fabr. , de Ma-
nille, appartient à ce genre. (D.)
'CHRISODOMUS , Swain. (xp^t^^'s. or;
Jo'fxoç, maison), moll. — M. Swainson pro-
pose ce genre, dans ses ILlasiranons zoolo-
giques , pour ceux des Fuseaux qui, tels que
V^niiquus, sont ventrus et ont la queue
courte. Déjà Fabricius [Fauna tjroenlandica)
avait fait un genre Triiouium pour ces es-
pèces ; mais si elles doivent éprouver un
changement dans leur classification, ce
serait pour entrer dans le grand genre Buc-
cin , car leurs animaux en ont tous les ca-
ractères, f^oy. FUSEAU. (Desh.)
"CHRYSODON (xP"-^"'?- or; ô<îovç, dent).
ABKKL. — Nom donné, en 1814, par M. Oken,
à un g. appelé deux ans auparavant Pecâ,u.itû>, ;
Je brille), ins. —Genre de la tribu des Chal-
«idiens, de l'ordre des Hyménoptères, établi
par M. Nées von Esenbeck sur de petits In-
sectes que les entomologistes anglais ont sub-
divisés en plusieurs genres. (Bl.)
CnVi\^Ol.E.' Clirysolus (xpvao'yjXo;, garni
de clous d'or), foramin. — Ce genre, établi
par Montfort ( Conchyliologie sysiémaiique),
forme double emploi avec les Polystomelles
de Lamarck. f^oy. ce mot. (A. l'O.)
CnRYSOLITnE. Chrysolilha lxP^-osp/îœra, Ch.; type, El. an-
CHR
ripennis Ch, , Brésil. Eiiparoc'.a, Dej. ; type ,
Eu. amœna Dej., Colombie.
C. Des ailes sous les élytres.
Genres: Donjphora , Illig., Oliv. (sternum
armé d'une longue épine dirigée en avant);
type, D. piisiulaui Fab. , (Mayenne. Strichosa,
Dej. (prothorax oITrant un avancement
cornu au-delà des pattes antérieures) ; type,
Si. siriatopuiictala Cil., Brésil intérieur. La-
bidomera, Ch. (cuisses antér.ieures des màics
largement échancrées en dessous, offrant
une épine sur la limite interne et deux
dents sur l'autre extrémité); type. Lab.
Germari Chcy. {Donjphora olim), Mexique.
Leptinolarsa , Ch. ; type, L. grandis Dej.,
Mexique. Myocorina, Ch. ; type, /T/j/. vio-
lacea Ch., Mexique. Deuierocampla , Ch.;
type, Chry. sianrnuptera Germ. , Brésil.
Polygramma , Ch. ; type, P. undechnlineala
Ch. , Mexique. Proseicela, Dej. (les 4 der-
niers articles des antennes filiformes, longs,
égaux); type, Cluy. vitiaia Fab., Cayenne.
Zygogramma , Ch. ( crochets des tarses pe-
tits , presque réunis); type, Zy. Lebadi
Dej., Colombie. Calligrapha , Ch.; type,
Chry. poly^nlu Germ., Brésil. Clirysoniela,
Linné; type, Chry. graminis Linné, Eu-
rope. Leucocera, Ch. ; type, Chry. îO-pu.stu-
tala Fab., Saint-Domingue, yitechna , Ch.
(élytres semi-globuleuses à épipleures tron-
qués obliquement ); type , Chry. ii-guitata
Fab., cap de Bonne- Espérance. S diodes ,
Ch. (élytres larges, arrondies, globuleuses,
à épipleures tronqués); type, Si. X'i-pusin-
lata Ch., Cayenne. Pixis , Dej. (tête petite
au niveau du bord antérieur du prothorax;
élytres arrondies, convexes) ; type, P. Am-
bigna Dej., Brésil. Plagiodcra, Ch. ; type,
Chry. Cochteariœ, Fah., Europe. Periscapta,
Ch.; type, P. nana Dej. , cap de Bonne-
Espérance. Microlheca, Dej. ; type, M. im-
pressa Dej., Brésil. Liiia, Meg., Lat. [Mula-
cosoma, Dilw. ); type, Chry. Populi Linné,
Europe. Oreina , Ch. ( Chrysochloa, Hope) ;
type, Chry. speciosa Fab., Alpes françaises.
Promechus , Dej. (corps allongé); type,
P. tricolor Ch., Amboine. Aulacoscelis , Ch.
(corps presque plan, peu convexe); type, Aid.
vielunocera Ch. , Mexique, flelodes , Fab.;
type,/:/. PheltandriiVab., Europe. Eiigony-
cha, Ch. (corps piiulaire; antennes courtes à
articles noduleux ) ; type , Eug. iufluia Ch.,
Brésil. Plauageies, Ch. (corps oblong; tête
CHR
743
petite, tronquée, à peine convexe; antcinies
courtes; tibias courts, modérément élargis,
obliquement tronqués) ; type , Pi. diape-
rioides Ch., Brésil. Gasiroplnjsa , Ch. [Gas-
iroeides, Hope) (télé et prothorax plus larges
que de coutume; abdomen excessivement
développé chez les femelles); types, Ch.
Polygoni et liaphani Fabr., Europe. Enio-
moscelis, Ch. [Phœdon, Kir. )( tête proémi-
nente; prothorax plus large que les élytres
à leur base seulement) ; type, Chry. Ado-
nidis Fab., Europe et Asie. J.eioplacis , Dej.
(antennes grêles, filiformes ; l" article des
tarses en carré long, épais, garni ainsi que
les suivants, d'un duvet cotonneux, serré et
épais) ; type. L. Klugii, des provinces méri-
dionales du Brésil. ( Tibias courts, aplatis,
coniquement élargis à l'extrémité, uni-épi-
neux ou éperonnés au sommet extérieur.)
Cemroscelis, Ch.; type, Chry. 7iotala Fab.,
cap de Bonne-Espérance. Spartophila, Ch.;
type, Chry. liiura Fab., Europe.
2= DIVISION : Crochets des tarses offrant un
onglet moitié plus court que le crochet
externe.
Genres : Phyiodecla, Kir. [Gonioctena ,
Ch. ). Tibias uni-épineux au sommet exté-
rieur ; types, Chry. lO-punctaiaO\.,elC. vi-
minalis Fab. , Europe. Ausiralica, Ch. {Calo-
mela Hope^, Corps oblong, tête grosse, pro-
thorax prciique aussi long que les élylres ,
tibias non épineux. Type , CU. Cunisii Kir. ,
Nouvelle-Hollande.
3' division: Crochets des tarses doubles.
I Genres: Phyllocharis, Dalmann. (corps
allongé, crochets épais, courts, recourbés);
types, Chry. si7mata 01., Nouvelle-Hol-
lande, Gall. iindulaia Fab., Java. Phraiora,
Ch. [Phyiodecla , Kir.) ; type, Chry. Kilel-
/HiCE Linné, Europe. Trochalonoia , Westw.
{Apamœa? Lai.) (corps sphérique; tibias
courts en massues); type, Cliry. Badia
Germ. , Brésil. Latreille a donné à ce genre
et à cette espèce 8 articles aux antennes; i!
y en a réellement 11 , comme dans tous les
genres ci-dessus. Pandora, Dej. (antennes
filiformes ; tibias anguleux) ; type , P. orbi-
cularis Dej., Brésil.
4* DIVISION ; Crochets des tarses doubles ;
à tête inclinée ; élytres non ailées en des-
lU'-i
CHR
sous ; tibias terminés par un ongle cro- I
chu.
Genres : Amphicyrla, Esch.; type, A.
demipes Esch., Californie. Cet insecte a plu-
tôt le faciès d'un Byrrhe que celui d'une
Chrysomèle.
L'appareil de la sécrétion biliaire des Cy-
cliques ressemblerait, d'après LéonDufour,
à celui des Longicornes, sous le rapport du
nombre et de la double insertion des vais-
seaux qui le constituent; mais il offre quel-
ques légères différences quant à la disposi-
tion de ceux-ci. Ils sont dans tous au nombre
de six, et deux d'entre eux sont ordinaire-
ment plus grêles, moins longs, et ont leurs
insertions distinctes des autres. Cependant
ces derniers caractères ne se rencontrent
point dans la Cassida. Les six conduits bi-
liaires de cet insecte ne lui ont paru diffé-
rents entre eux ni en longueur ni en gros-
seur. Il les a toujours vus diaphanes et point
variqueux. Quatre d'entre eux ont leurs
insertions ventriculaires groupées sous un
même point de la face inférieure de l'or-
gane, mais ne confluent point en une vési-
cule comme ceux des Lema, Fab. {Crioceris,
Oliv. ). Les deux autres s'implantent côté à
côté , sur un point distinct des précédents.
Les insertions cœcales se font par deux
troncs assez longs, biGdes.
Dans le genre Timarcha, le 1" de notre
tribu, les quatre conduits biliaires les plus
longs s'insèrent à égale distance autour de
l'extrémité du ventricule chylifique, de ma-
nière qu'une paire de ces insertions est en
dessus , et l'autre passe en dessous de l'or-
gane. Les deux vaisseaux les plus courts,
s'implantent isolément un peu en avant des
précédents sur le milieu, et à la face infé-
rieure de l'organe. L'insertion cœcale a of-
fert à M. Léon Dufour quelques variations.
Dans certains individus, il a rencontré deux
troncs biûdes pour les quatre principaux
conduits, tandis que les deux vaisseaux plus
courts s'abouchent isolément; dans d'au-
tres , il a reconnu un tronc commun , mais
court pour les six vaisseaux. Le même au-
teur pense qu'il a disséqué, sans s'en dou-
ter , des espèces différentes de Timarcha
difficiles à déterminer par leurs caractères
extérieurs.
ï.es Chrysomélines sont phyllophages.hé-
CHR
liophobes.vivent en agrégation, et demeurent
en repos pendant le jour, fixées aux feuilles,
aux liges , au pied des plantes qu'elles
choisissent de préférence , ou cachées sous
les écorces , sous les petites pierres des
terrains arides. Les Doryphores , les Phyto-
dectes, se placent au sommet des arbres,
sous les feuilles; et toutes, ou à peu prés,
ne s'agitent que la nuit pour prendre leur
nourriture. Leur démarche est lente et mal
assurée.
Quand on les saisit , ces Insectes rendent
par la bouche une liqueur roussâtre abon-
dante ; ils raidissent leurs pattes , se tien-
nent immobiles et comme morts.
Les Chrysorhélines sont disséminées sur
tous les points du globe ; plus des deux tiers
cependant appartiennent à l'Europe et à l'A-
mérique ; elles se rencontrent à toute éléva-
tion. Le genre OreJHa semble particulier aux
plus hautes montagnes de l'Europe.
Le tort que font aux plantes les Chryso-
mélines, surtout à l'état parfait, est peu
considérable. Cependant la Lina Tremulœ
dépouille souvent de leur foliation les jeu-
nes pousses du Tremble. VOreina rimosa,
que nous avons trouvée au Mont-Dore, sur
une Chicoracée haute de 3 à 4 pieds , avait
été si abondante qu'il ne restait plus au
commencement de juillet que les tiges de
celte plante. Les quelques individus survi-
vants commençaient à attaquer ces tiges à
défaut de feuilles. (Chevrolat.)
* CHRYSOaiÉLIMTES. iKS.— Tribu éta-
blie par M. Laporte de Caslelnau [HUioire
naturelle, t. II, p. 511), et dans laquelle il a
réuni les genres ci- après : Lamprosoma ,
Chlamys , Clythra, Cnjplocephalus, Eumol-
pus, Euryope, Colaspis, Podoniia, Phyllo-
cliaris , Doryphora ,*Paropsis , Timarcha ,
Chrysomela , Trochalonota , Phœdoii. Carac-
tères : Antennes écartées l'une de l'autre ,
et insérées au-devant des yeux. (C.)
CimYSOMlTRIS (xpv<7oç, or ; ixîzpa, coif-
fure). OIS. — Genre formé par Boié, en 1828,
dans sa famille des Fringillidées, et démem-
bré desFriiigilla, Lin., pour un pelit groupe
de Granivores dont l'espèce type est leFmi-
gilla spinus Lin. , ou le Tarin d'Europe. Boié
lui réunit les jP>'!n9'i//a ciirinella Gmel., du
même continent , et les Friugilla tristis , pi-
nus, psaliria, d'Amérique, auxquels Bona-
parte a encore ajouté les Carduelis magella-
CHR
nicaVieill. , et mexicana Swains. Les carac-
tères de ce petit groupe sont : Bec conique ,
allongé, comprimé, singulièrement aigu et
atténué vers sa pointe. Ailes longues , poin-
tues, avec les trois premières pennes égales
et les plus longues ; queue médiocre , légè-
rement fourchue, et plumage généralement
verdâtre ou jaune et noir. On réunissait au-
trefois ces espèces aux Chardonnerets; mais
Boié les en a distraites, se fondant sur ce que
«es petilsFringillidées vivent principalement
de semences de Conifères, et forment ainsi
un genre très naturel. Ce groupe fait partie,
selon nous , de la sous-famille des Cocco-
Ihrauslinées ou Fringiilidées seminivores et
non marcheurs. (Lafr.)
• CHRYSOMUS, Sw. (xp^^o's , or ; Sj^o,; ,
épaule), ois. — Genre formé par Swainson ,
«n 1837 [Cluss. of birds), dans sa famille des
6'turuidœ et sa sous-famille des Icterinœ ,
répondant aux Troupiales de Cuvier. Les ca-
ractères du genre sont , d'après cet auteur :
« Bec semblable à celui du genre Zanihornls,
mais ayant les bords des deux mandibules
infléchis ; ailes médiocres , avec la première
penne un peu plus courte que la seconde ;
<]ueue arrondie; pattes conformées pour la
marche ; doigts grands, très allongés cl grê-
les; ongles longs, très minces et peu ar-
qués. »
L'espèce type est VOriola^ icierocephalus
<îmel., Carougc à coiffe jaune de Vieillot, la
Coiffe jaune Buff. ( Enl., 343). Swainson lui
réunit une seconde espèce qu'il décrit comme
nouvelle dans la dernière partie de sa Class.
of birds , p. 345, sous le nom de Clinjsomus
Zauiltoinjgus, et qui n'est autre que VOrio-
liis jlavits de Gmelin, ïroupiale à léle jaune
'; , or ; ^c'-
ttUç, robe), ixs. — Genre de Coléoptères
létramères , famille des Chrysomélines de
Latreille , tribu des Colaspidcs , créé par
7i6
CHR
M. Dejean dans son Catalogue sans indica-
tion de caractères. La seule espèce que cet
auteur y rapporte est du Brésil ; il la nomme
Cliry. splendens, et la place entre les genres
Dorylus et Pleinaulaca. (C.)
* CHRYSOPIIAIVE , Breitli. {xp^ci^ , or ;
wavïj, éclat). MIN. — Sorte de Mica qui se
trouve disséminé avec des lamelles de Gra-
phite , dans un calcaire grenu de Warwick ,
dans l'état de New- York. C'est la même chose
que la Holmite de Thomson et la Ciintonite
des Américains. Foy. clintonite. (Del.)
*CnRYSOPHANIA (xpvcroç, or;arlios du corps qu'ils ont dénu-
dées. Les individus soumis à cette opération
deviennent silencieux et tristes; ils sont
longtemps si délicats, qu'ils exigent un très-
grand soin pour les conserver. Beaucoup
meurent, et ceux qui résistent en acquièrent
plus de prix.
Ch. Bonaparte (Rei). 20o/., 1854, p. 151)
rapporte à ce genre les espèces suivantes ;
Pisltacus Guildiiigi,'Vig.; P. pulverulenlus ^
Gm, ; P. leucocephalus, Gm. ; P. albifrons,
Sparm.;P. Dominicensis, Gm. ; P. calivus,
Gm. ; P. ochropterus, Gm.; P. xanthops,
Sp. ; P. acrocephalus, Gm.; P. occipitalis,
Verr. ; P. amazoniens, Lath.; P.pœcilo-
rhynchus, Shaw. ; P. hypochondrîacus,
Licht. ; P. aureipalliatus, Less. ; P. Prelri,
Temm. ; P. Drasiliensis, Linn. ; P. Dufres-
nianus, Shaw. ; P. Bouqueli, Bechst. ;
P. automnalis, Edw.; P. erythrurus, Kuhl.;
P. diadema, Spix.; P.œsiivus, Gm.; 7^. mer-
cenarius, Tsch. et P. lumuUuosus, Tsch.
(Z. G.)
CïIRYSOïOSE. Lacép. poiss. — Syn. de
Lampris.
CURYSOTOXE. Chrysoloxum (xpuaî-
TC!;oç, qui a un arc d'or), ins. ■ — Genre de
Dipières, division des Brachocères, famille
des Brachystomes, tribu des Syrphides,
établi par iMeigen, et adopté par Latreille
ainsi que par M. Macquart. Ce g. se recon-
naît aux antennes un peu plus longues que
la tète, insérées sur une élévation conique
du front. Du reste, les Chrysotoxes, par
leur corps noir, tacheté ou fascié de jaune,
ressemblent un peu à des Guêpes. Ils ont le
vol rapide, et se reposent souvent sur les
fleurs pour se nourrir de leur suc mielleux.
M. Macquarlen décrite espèces, dont 1 des
îles Canaries, 1 de l'île de Terre-Neuve, et
les 4 autres d'Europe. La plus connue parmi
ces dernières est le Chrijs. arcuatum Meig.,
Latr. {Mulio arcuatus Fabr.), qu'on trouve
assez communément en France sur les
fleurs (D.)
750
CHR
*CHRYSIIRES, Less. ois.— Toy. Colibri.
CHRVSUROIVIA. Ois. — Genre créé par
Ch. Bonaparte dans son groupe des Amazi-
i;és, de la sous-famille des Trochiliens, sur
YOrnismia chrysura, Les. Ce genre com-
prend encore les espèces suivantes : Trochilus
elicia, Tr. Humboldtii, Tr. Josephina, Bour.
et Tr. ^»o»e, Less. Z. G.)
*CHR\SYME!\»IA (xpu^o;, or ; ûtif.v,
membrane), bot. cr. — (Phycécs). Genre de
la famille des Floridées, fondé par M. J.
Agardh {Alg. Médit., 105) sur plusieurs
espèces du genre Chondria de son père, et
placé par lui dans sa iribu des Cryptoné-
mées. Voici les caractères qu'il lui assigne:
Fronde tubuleuse, parcouiue dans son
centre par des eiaments épars, et com-
posée, à la périphérie, de deux ou trois
couches de cellules obloiigues, les intérieu-
res plus grandes, les plus extérieures granu-
liformes reliées par une gangue, ou matière
gélatiniforme. Fructiûcation double : con-
ceptacles fixés à un placenta basilaire, en-
veloppés d'un réseau de filaments anasto-
mosés, et contenant, dans un périspore
hyalin, des spores nombreuses réunies en
une seule masse. Ce conceptacles {favel-
lidia) sont placés sous la couche extérieure
de la fronde, qui se métamorphose en une
sorte de péricarpe s'ouvrant au sommet.
Sphérospores se développant dans les cel-
lules sous-épidermiques et se divisant en
4 spores.
Le nom consacré à ce g. est tiré des reflets
dorés qui frappent l'œil de l'observateur,
lorsqu'il regarde ces Algues agitées par le
mouvement delà mer, M. J. Agardh y fait
entrer 6 espèces de la Méditerranée. Ce n'est
pas ici le lieu de discuter la valeur de ce g.
Nous l'admettrions volontiers pour le C.
uvaria et les espèces analogues; mais nous
ne saurions nous résoudre à y réunir avec
l'auteur le Dumoniia venlricosa, qu'il n'est
pas plus permis de distraire du genre de
Lamouroux que d'en changer le nom. (C. M.)
♦CHTIMMALE. Chlliamalus. mûll. —
Genre de l'ordre des Cirrhopodcs, établi par
Ranzani pour les Lepas depressa et stellata
de Poli.
CHTHOMA, Cass. bot. ph. ~ Syn. de
Pectis, L.
*CHTH0IVlCffiR6L'S. mam. — MM. Key-
serling et Blasius appellent ainsi, dans leur
CHR
Tlisloire des animaux vertébrés d'Europe, un
g. de Rongeurs ayant pour type le Mus tal-
pinus de Pallas. Votjes Spalax. (P. G.)
CHUKRASIA. BOT. ph. — Voyes Chi-
KRAssiA. (Ad. j. ,
CHIX0\. MAU. — Nom d'une espèce du
g. Chat. Voyes ce mot.
CHL'XCOA (nom vernaculaire), bot. ph.
— Genre de la famille des Combrétnc^es,
tribu des Terminaliées, formé par Pavon
(in Juss., Gen., 79) pour deux espjees
croissant au Pérou et au Brésil, et extrê-
mement voisin du Terminalia de Linné. Ce
sont des arbres à feuilles alternes, éparscs
et serrées au sommet des rameaux, très-en-
tières, biglanduleuses à la base en dessous;
à fleurs polygames, disposées ca épis axil-
laires, bractées, les hermaphrodites à ia
base, les mâles au sommet, et sortant sou-
vent avant les feuilles d'entre les squames
des gemmes. Le périanthe est unique, fo-
liacé, tubulé, conné avec l'ovaire, au-des-
sus duquel il se resserre et se dilate ensuite
en un limbe campanule, 5-denté, décidu.Le
fruit est 2 ou 5-ptère. (G. L.)
CHUQUIRAGA. bot. ph. — Genre de la
famille des Composées-Mutisiacées, établi
par Jussieu {Gen. pi., l~ 8) pour des ar-
bustes du Pérou, rameux, à feuilles co-
riaces, alternes, dentées, piquantes, très-
rapprochées et sessiles ; capitules terminaux
solitaires, grands, fort apparents et cou-
verts par les feuilles; folioles de l'involucre
couvertes de poils jaunâtres et serrés ; co-
rolle pourpre foncé.
L'espèce type de ce genre est le Chuqui-
ragainsigne. MM. deHumboldt et Bonplaud
en ont ajouté deux autres sur la difl^érence
spécifique desquelles M. Kunth exprime du
doute. (C. D'O.)
CIIURCBiLLITE . (Nom de lieu. ) uin. —
Oxychlorure de plomb, de couleur blanc
jaunâtre, avec éclat perlé, et qu'on trou\e à
Churchill, dans les Mendip-Hills, en Angle-
terre. On lui a donné aussi les noms de Mend-
spite, de Berzélite et de Kérasine. (Del.)
CHUSITE. MIN.— Nom donné par Saus-
sure à un minéral d'un jaune verdâtre, dis-
séminé en petits mamelons dans un Basalte
delà colline de Limbourg en Brisgau. Ce
minéral n'est probablement qu'une variété
de Péridot, ainsi que la Limbilité du mémo
auteur. pEL.)
CIIY
CeUSQUEA. BOT. PU.— Genre de la fa-
mille des GramiiK^es-Bambiisécs, établi par
Kunlh {Agror.t., 427) pour une lierbe gi-
gantesque (C7i. scandens], originaire des
parties montagneuses de l'Amérique méri-
dionale, grimpant autour du tronc des ar-
bres à une hauteur quelquefois assez consi-
dérable, à rameaux pendants et fascicules,
à feuilles planes, à panicules terminaux,
rameux, diffus, et à épiliets pédiccllés.
CHUVA. Humb. mam. — Nom d'une es-
pèce du g. Atèie.
CnVLE. piiYSiOL. — On nomme ainsi
le fluide qui circule dans les lymphatiques
de l'inlestia durant la période alimentaire^
et qui, après sou mélange avec la lymphe
qui vient de presque toutes les parties du
corps, est porté dans le torrent sanguin par
l'intermédiaire du canal Ihoracique.
Le chyle ne préexiste point dans l'intes-
tin, comme l'ont cru quelques physiologis-
tes : il est fourni par les matières alimen-
taires ce digestion, c'est-à-dire converties en
chyme, et passe par absorption dans les
vaisseaux chilifères. I! se compose d'ailleurs
d'éléments que l'on retrouve, avec des pro-
portions déterminées, dans la constitution
de l'aliment complet (le 'ait, par exemple).
Ainsi, il renferme: 1" des substances albu-
niinoides, qui le rendent coagulable spon-
tanément ou par l'action de certains agents,
tels que la chaleur, et le décomposent,
comme le sang, en une partie solide ou
caillot et en une partie liquide ou sérum;
2° un principe sucré qui le rend fermentes-
cible; 3^ des matières grasses qui, en
l'émulsionnant, lui donnent la couleur
blanche qu'on lui reconnaît généralement;
4° certains éléments minéraux ou salins qui
lui communiquent des propriétés chimiques
et organoleptiques particulières. Sa sa\eur,
ordinairement douce ou un peu salée, de-
vient légèrement sucrée chez les animaux
Jiourris de féculents, et son odeur paraît
varier selon les espèces. Cependant elle
rappellerait, d'après quelques auteurs, celle
du sperme humain. (Z. G.)
*CHYLIVORES. Chylivom {chyhis,
chyle ; voro, je dévore), ins. — Clarck
désigne ainsi une famille de Diptères dont
les larves vivent dans les corps des ani-
maux, et qu'il suppose se nourrir de leur
chyle. Voyez OEstribes. (D.)
Cïlï
751
*CnYLIZE. Cliylisa (yykiKoi, j'exprime le
suc, je réduis en jus), ins. — Genre de Di-
ptères, divi;>ion des Bracliocères, famille des
Alhéricères, Iribu des Miiscides, établi par
Fallen et adopté par Meigen, ainsi que par
M. MacquarL Ce dernier le range dans la
section des Acalyplères, et la sous-tribu des
Cordylurides. Les Chyiizes re;semblent eu
effet aux Cordylurcs ; mais elles u'out pas
comme celles ci de longues soies sur diver-
ses parties du corps, et se rapprochent par
là des Tétanures et des Lissa. Ces Muscides
se trouvent dans les bosquets. M. Macquart
en décrit G espèces, toutes de France ou
d'Allemagne. La Cliy. leplogasler Fall.,
ou Sargu!: sciUellatus, Vahr., peut être con-
sidérée comme le type du g. Elle est d'un
noir luisaut, aiec la partie antérieure du
front, le verlex, les antennes, l'écusson et
les pieds jaunes; les ailes sont obscures à
l'extrémité. (D.)
*CHYLOCLADIA, Grev. (xuXo'ç, suc;
>iÀoc<î'c;, rameau), bot. cr. — (Phycées^
Synonyme de Lomenlaria, Lyn^hye. (CM.)
*CnyLODIA, Rich. bot. ph. — Syn, de
Wulffia, Neck.
CHYLODORE. Chylodorus. crust. —
Lcach {Dict. des se. nal., tom. IV) a donné
ce nom à un crustacé que Desmarest range
dans le genre des Lyncœus, manière de voir
qui a été adoptée par M. Milne Edwards,
dans le tome III'' de son Histoire naturelle
sur ces animaux. (H. L.)
*CHYiHATOPUOï\A, Guén. lns. — Foy.
CïHATOPHORA. (D.)
CHYME. zooL. — Voyez Chvle.
*CHYM0C4KPUS (yw.o;, suc: xap:ro,',
fruit). BOT. PII. — Genre de la petite famille
des Tropaeolacées, établi par Don (in Linn.
Trans,, XVII, 43, I, 145) aux dépens du
Tropœolumpentaphyllumdii Lamarck{[llust.
177),et ne différant réellementdu enre Tro-
pœolum (auquel il vaudrait peut-être mieux
le laisser réuni comme section) que par une
corolle dipétale et un fruit en baie. L'espèce
citée, la seule encore que renferme le genre,
est une jolie petite plante originaire des en-
virons de Buenos-Ayres, et cultivée avec
empressement dans les jardins d'Europe
pour l'agrément de son port, de ses feuilles
profondément découpées, et de ses fleurs
pourpres, dont elle orne en grand nombre le
treillage sur lequel on la 'laisse grimper à
752
CHY
sa volonté. D'ua tubercule radical, vivace,
s'élèvent une ou plusieurs tiges filiformes,
grimpantes, glabres, vertes ou purpurcs-
centes, portant des feuilles alternes, pctio-
lées, subpeltées, 5-partites, dont chaque
lacinie elliptique oblongue, très-enlières,
comme péliolulées par leur base rétrécie;
les fleurs, assez grandes, et renversées
de manière que leur centre regarde la
terre, sont d'un pourpre cramoisi. Le pé-
rianlhe externe, subbilubié, a ses cinq laci-
nies presqueégales, dont l'estivation est val-
vaire; la lèvre inférieure, triGde, se prolonge
à sa base en un éperon mellifère, droit, co-
nique, rétréci vers l'extrémité, qui se ter-
mine par un renflement obtus après l'an-
thèse. Cet éperon interne, formé de deux
pétales plus courts que le calice, et insérés
entre les lobes latéraux et l'intermédiaire de
celui-ci et à sa gorge, est vert, ainsi que
ceux-ci, intérieurement et finement ponc-
tué de pourpre. Le fruit est une baie trilo-
bée, ou l-2-!obée par avortement; chaque
lobe est subglobuleux, d'un violet foncé,
rempli d'une pulpe bonne à manger, et
contient une seule graine. (C. L.)
*CHYI\I0PII1LE. Chymophila. (y.u[>.i;,
suc, humeur; ©tXc'œ, j'aime), ins. — Genre
de Diptères, division des Brachocères, fa-
mille des Brachj stomes, tribu des Syrphides,
établi par M. Serville et adopté par M. Mac-
quart. Ce g. est fondé sur une espèce unique
provenant des environs de Philadelphie; elle
se distingue des autres Syrphides par sa
trompe longue, menue, dirigée en avant
comme celle des Conops, auxquels elle res-
semble aussi par la conformation des an-
tennes.C'estdu reste uninsecte très-brillanl
de 5 lignes 1/2 de long, d'un vert doré, avec
la face jaune, le front et les antennes noirs,
l'écusson et l'abdomen à reflets blancs, les
pieds noirs et les ailes un peu brunâtres :
aussi M. Macquart l'a-t-il nommé Chymo-
CHY
phila splendens. Son nom générique indique
qu'il hume avec sa trompe les fluides répan-
dus sur les fleurs et les feuilles. (D.)
*CHYPHUS. INS. — Genre établi par
Thunberg (in Nova acla f/ps. , 7 , 1 1 0 et 1 24)
sur VAttelabus CurcuHonoides de Linné.
Il n'a pas été adopté. (C.)
*CHYRAITA, Lera, bot. ph. — Synon.
d'Henricea du même auteur.
*CI!YROMYE. Chyromya. ins, — Genre
de Diptères établi par M. Robineau-Des-
voidy dans sa tribu des Myodaires, et fai-
sant partie de sa famille des Malacoso-
mes, division des Merdivores, tribu des
Scatophagines.Ce genre, fondé sur une seule
espèce qu'on trouve en automne sur les vi-
tres des appartements,et que l'auteur nomme
en conséquence Chyr-. feneslrarum, est une
très petite Mouche qui n'a pas plus d'une
ligne et demie de long; elle aie corps d'un
jaune fauve et les yeux verdàtres. (D.)
*CIIYSIS {-/ya-;, effusion ; à cause de la
manière dont celte plante pend des arbres),
cor. PH. — Genre de la famille des Orchidées-
Vandées, établi par Lindley [Bot. lieg.,
t. 1937) pour une plante herbacée parasite
de l'Amérique tropicale, pendant des arbres,
à tige plus grêle que les Cyrtopodes, à
feuilles nerveuses engainantes à la base, et
à rameaux latéraux multiflores. (C. d'O.)
CIIYTKACLLIA. P. Br. bot. ph.— Syn.
de Calyptranlhes, Swartz.
*CHYTRAL1A, Adans. bot. ph. — Syn.
de Calyptranlhes-, Swartz.
*CI1YTRAPH0RA (/.ÛTpx , marmite;
çEoto, je porte), bot. cr.— (Phycées.) Genre
établi parM.Suhr [Alg. Eckl. F/ora, 1835,
t. I, f. 1) sur une production du cap de
Bonne-Espérance, que la description et la
figure paraissent également exclure non-seu-
lement de la tribu des Fucacécs, mais en-
core du règne végétal, et rejeter parmi les
Polypiers flexibles. (C. M.)
FIN DU TOME TROISIÈME.
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