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DISCOURS

D E M. s I L L E R Y

ALASOCIÉTÈ

DES AMIS DE LA CONSTITUTION ,

SUR LA PRÉTENDUE FACTION D'ORLEANS ;

Prononcé à la société des amis de la consd* tutiQti . Iq Ç juin 1792 , tan lf^_ la liber té^^

c^â^sr,^p^d.dA^^

D I se o u R s

DE M. s I L L E R Y

A L A s o Ç J E T E DES AMIS DE LA CONSTITUTION,^

' SuS'tA PRÉTENDUE FACTION D'ORLÉANS.

J.ji.-JJlÀ*-*

ESSÏEURS,

' Depuis long-temps je suis fatigué d'entendre îës 'ennemis déclarés de la chose publique ac- cuser une prétendue faction d'Orléans des 'cri- mes qu'ils n'ont pu commettre , et la mettre sans cesse en opposition avec leurs infâmes complots' , lorsque l'on parvient à les découvrir. Je vais leur / répondre d'une maniéré franche , et , certes , j'^eit ai droit , car mes liaisons et mon ancienne amitié pour ce prince , m'assurent que s'il existe une faction d'Orléans , je suis compté au n^omfcre des conjurés qui la cômposenî;. Vous n'imol^i- nez pas" , sans doute , messieurs , que je vais m'attacher à relever et à combattre toutes les

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inepties qui ont été débitées lundi dernier â la tribune de l'assemblée nationale : elle a dé- claré que l'imbécille lecteur du méprisable écrit qui lui a été communiqué, étoit en dé- mence. Ce n'est donc point au discours de M. Rible que je veux répondre , mais aux vils ca- lomniateurs (^-i^'^ntlfait agir ; car on assure que ceM.Piible n'est pas même en état d'avoircomposé le dégoûtant rapport que vous avez entendu. Cependant , M. Rible , avant de commencer .sa lecture , nous a annoncé qu'il alloit af- fronter les poignards de la faction qu'il dé- nonçoitj'et les poisons qui avoient enlevé Mira- beau à la France. Rassurez- vous , M. Rible , vous ne serez ni poignardé , ni empoisonné ) vous serez sans doute payé de votre lecture , et ce salaire Yous consolera du mépris des honnêtes gens. C'est au milieu de la société des amis de la cons- titution qu'il est , je crois , nécessaire d'exami- ner si cette prétendue faction d'Orléans existe véritablement , ou si ce n'est qu'une ombre fan- tastique, imaginée par les ennemis de la chose publique, pour fasciner les yeux des bons ci- toyens sur les projets des véritables conspira- teui^. '

Jusqu'à présent , messieurs , personne n'a en-, core pris la peine de traiter cette question im-, portante: la raison .^n, est évidente; c'est que c^ttç faction n'ayant aucune^existence , M. d'Or-

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léans seul avoitle droit de se plaindre, et qu'en se trouvant exactement tout seul en opposition avec une foule de libellistes conjurés contre lui , il a cru que le mépris et une condui|e ostensible , et constamment dans le sens de la révolution , ëtoient les seules armes qu'il devoit employer pour les combattre*^

En effet , messieurs , n'avez-vous pas reconnu , dans le discours de M. Rible , l'analyse dégoû- tante de tous les libelles qui ont paru jusqu'à ce jour? On retrouve à chaque phrase l^s asser- tions de l'Ami du Roi , de la Gazette de Paris , de Mallet du Pan , de Durosoy, de la Gazette Uni- verselle , de Peletier , et de tant d'autres merce- naires:, payés pour insulter tous les matins la constitution, le peuple et ses défenseurs^

Quand même cette faction existerait , pour- roit-elle s^'abaisse^ à répondre aux atrocités qu on lui suppose? Les crimes dont on accuse cette prétendue faction ne peuventétre conçus que par les scélérats capables de les exécuter.

Je suis désigné , dans la dénonciation de M. Rible, comme un des amis de M. d'Orléans , auquel on vouloit confier le commandement de l'expédition de Saint-Domingue ; et ce poste ne m'étoit donné que pour livrer cette colonie aux Anglois , et en former le point de refuge de la faction d'Orléans , si le coup venoit à manquer. Je ne répondrai à cette partie de la dénoncia-

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tian de-M. PJblé , qu'an convenant ave'G lui que, depuis plus tirentejaiîuëes^ je suis lié de l'ami- tié' ija pluiS iôtime av^e-c, M.. d'Orléans , et en dé- clalrant 'quev;sî la-fatition d'Orléans existe,, je doiiSi être compté parmi ceux qui la composent. Je* vais remplir un .des devoirs de l'amitié , et c'est en parlant de la conduite politique de mon ami outragé , que j'espère prouver l'absurdi de; Jui supposer un parti.

i';A 'l'époque de l'avilissement et de la bassesse "cù tous les François étoient plongés à la fin du règne du despotisme , la cour avoit déjà re- marqué que M. d'Orléans avoit le caractère trop indépendant pour js'assujettir à ces. respects d'usage, aux heures indiquées les princes ëtoient admis à faire leur cour au monarque. Ses goûts particuliers le conduisirent plusieurs fois en Angleterre , et on lui sut mauvais gré de parler avec enthousiasme de la liberté dont ce sage peuple sait jouir. M. d'Orléans ne vou- lut jamais courber sa tête devant l'idole que tous «es pareils adoroient; et au milieu de cette cour corrompue , il avoit presqu'autant d'ennemis qu'il y avoit d'esclaves.

désordre, les déprédations croissant de jour

e njour , la cour entrevit le moment toutes

,l€s ressources alloient lui manquer à la fois. Les

ministres du. roi voulurent faire un emprunt

désastreux j le roi vint à Paris pour le faire en-

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yégistrer. M. d'Orléans eut le courage de s'y opposer; il osa invoquer la justice.... Je dis qu'il osa.... car alors c'ëtoit un crime de léze- majesté de ne pas être de l'avis du despote... Il en fut puni par un exil rigoureux, et le peuple , à cette époque> étoit tellement sous le joug , qu'il laissa opprimer son défenseur , sans té- jnoigner son ressentiment.

.,■, Le peuple en£n ne tarda pas à s'apercevoir flu goufre dans lequel on cherclioit à le préci- piter ; il sortit bientôt de son apathie , et ne s'aperçut qu'il étoit entouré d'oppresseurs, qu'au moment l'on ne pouvoit l'opprimer da\an- tage. Les états-généraux furent convoqués.

M. d Orléans fit passer dans les différons bail- liages où il avoit des possessions, un caliier, ré^ digé'par MM. de la Clos et l'abbé Syeyes , sef principes étoient développés. La cour, dès ce nio* înent, le regarda^comme l'ennemi le plus redou- table. Ses principes étoient trop d'accord avec la justice, pour ne pas être adoptés par tous les vé- ritables amis du peuple et de l'humanité : l'uni- versalité de la France , à l'exception de la no- blesse et du clergé , en adoptèrent les bases. La cour rugisse it d'entendre l'opinion publique qui se manifestoit de toutes les parties de la France^ La noblesse et le clergé se rallièrent au parti de la cour. M. d'Orléans , prince- françois , osant publier ouvertement que le bonheur de la patri©

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devoît être pré Fëré à Torgueil et aux prétentions de quelques individus , parut un traître et uit chef de parti à ceux qui ne partagèrent point ses opinions.

Cependant , les états-généraux s'assemblent : M. d Orléans est nommé député du bailliage de Crépi. Les amis de la liberté et de l'égalité re- marquèrent qu'à la procession des états , il se tint au rang de son bailliage , et la cour lui fit un crime de ne s^étre pas placé au rang que sa naissance lui donnoit autrefois le droit d'occuper. Il fut aisé de démêler dans les premières séan- ces de la noblesse et du clergé , que ces deux ordres (qui, à cette époque, existoient encore) ëtoient résolus de maintenir les anciens abus y que , se réunissant tous à demander une cons- titution , ils la vouloient conforme à leur am- bition et à leurs intérêts , et que les droits du peuple , comptés pour rien , dévoient fléchir de- vant l'orgueil de ces deux corps privilégiés.

Une petite minorité de la noblesse s'éleva dans cet instant à la hauteur des représentans du peuple; M. d^Orléans fut du nombre de ceux qui consentirent à sacrifier àes privilèges et des droits chimériques , pour partager avec tous les citoyens du royaume le bonheur d'un gouver- nement fondé sur la liberté et légalité; et il est encore du nombre bien plus petit de ceux qui sont restés fidèles aux intérêts, du peuple, et dignes d'être de votre société.

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La cour le regarda dès ce moment comme le chef des factieux , car çest ainsi que furent désignés les quarante-sept ci-devant nobles qui passèrent à la chambre des communes. Certes , si nous formions la faction d Orléans , elle étoit nombreuse à cette époque; car plus de &5 mil- lions d'hommes partageoi.nt nos opinions.

La cour se doutoit donc bien peu des droits sacrés de l'égalité que nous étions résolus de défendre et de maintenir , puisqu'elle nous croyoit sous un chef. Si M. d'Orléans n'avoit pas , ainsi que nous , préféré les droits sacrés de l'homme à ses privilèges et à ses prétentions , nous Fau- rions assimilé aux autres rejettons de la famille royale , que nous avons couverts de nos mépris. Vous connoissez , messieurs , tous les évène- mens qui se sont passés depuis l'ouverture des états , jusqu'à l'époque à jamais mémorable du i4 juillet. Je ne retracerai point ce premier jour de la liberté françoise , tous les citoyens con- fondus , ayant tous le même intérêt à défendre , donnèrent à la cour et à ses vils agens la pre- mière leçon du| respect que l'on doit à la souve- raineté d'une grande nation. La cour vint se jetter entre les bras des représentans du peuple , et les François , toujours prêts à publier leurs an- ciennes injures , cherchèrent encore à la rassurer. Que faisoit , à cette époque, M. d'Orléans? Renfermé dcns une maison de campagne qu'il

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avoit à Versailles, il ne voulut point aller à Paris recevoir les bénëclictions que le peuple lui doniioit , car autant la cour savoit haïr, autant le bon peuple de Paris avoit besoin d'aimer;

, et la cour proféra de rejetter , sur M. d'Orléans et ses amis la révolution qui se développoit , plutôt que de Tattribuer à l'élan d'un grand peuple vers la liberté. M. d'Orléans devint dcnc à cette époque

; le point de ralliement de toute la haine de la cour : dès lors , tous les conspirateurs , tous les ambitieux, firent agir, sans scrupule, tous les ressorts de leurs machinations ^ certains de pouvoir toujours rejetter sur M. d'Orléans tous les moyens repréliensibies dont ils croyoient pou- voir se servir.

M. de la Fayette fut nommé commandant général de la garde parisienne : il avoit par- tagé les opinions de la minorité de la noblesse ; son mandat l'avoit empêché de passer aux com- munes ; mai? son opinion étoit tellement pro- noncée, que l'on n'hésita pas à le nonuner vice- président de l'assemblée, à l'époque du 14 juil- let , et que le peuple de Paris remit , d'une voix unanime , le commandement de la garde-natio- nale entre ses mains. L'effervescence du peuple étoit alors si grande, que la cour avoit à re- douter une explosion : elle eut recours au com- mandant lui même, pour essayer de s'en faire un appui. Lafayette crut apparemment utile à

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la tranquilitè générale d'être le médiateur entre Ja cour et le peuple ; et pour s'assurer la con- iiance de la cour , il crut sans doute qu'il de- voit Timiter, en rejettanat toutes les agitations du peuple sur la prétendue faction d'Orléans , en suivant cette maxime connue de MacPiiavel; ce Pour maintenir deux partis absolument divisés , D3 il faut en imaginer un troisième, et rejetter >:> 5ur celui-là ]es fautes et les complots des ce deux partis en opposition. :>:>

Examinons maintenant les événemens qui ont eu lieu dans l'intervalle du 14 juillet au 5 et 6 octobre. La cour , revenue de l'effroi que lui avoit causé le réveil du peuple , ne tarda pas à former de nouveaux projets contre lui. Dans le nombre de ces projets , on n' avoit rien négligé pour rendre l'approvisionnement de Paris difficile. Les mesures avoient été si bien combinées , qu'au même instant la capitale , et presque tous les départemens du royaume , manquèrent à la fois des moyens de subsistance. Le peuple de Paris souffrit sans se plaindre, tant |qu'il crut que les circonstances seules étoient cause de sa détresse. Mais quand il apprit que de nouveaux rassem- blemens de troupes se, faisoient à Versailles et aux environs... quand il fut informé de l'orgie scanda- leuse des gardes-da corps... quand il sut qu'il y avoit des registres l'on s'inscrivoit clandestine- ment pour renforcer la garde du roi... Torsqu'eniin

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il eut les preuves non équivoques d'une fuite du roi préméditée, en peu de Jours les têtes fermentèrent de nouveau. La lettre de M. d'Es- taing à la reine , que vous connoissez tous , ne laissa aucun doute sur le projet de Tenîève- ïnent ; et pour le justifier en apparence, on desiroit un soulèvement dans la capitale. Les agitateurs du peuple furent employés : certes , ils étoient en ce moment très-in. tiles , et le peu- ple ayant découvert le noureau piège que l'en cherciioit à lui tendre , prit fattitude qu'il pren- dra chaque fois qu'il se croira abusé. Le 5 oc- tobre il marcha à Versailles, et le 6 le roi vint à Paris. La cour, qui navoit pas prévu la suite de cette nouvelle insurrection, voulut encore la rejetter sur M. d'Orléans; mais il auroit fallu prouver que c'étoit lui qui avoit accaparé toutes les suDsistances , et qui réduisait Paris dan^ la détresse, véritable et unique ca lise de ce mouvement. Le peuple auroit-il pu ajouter foi à une pareille calomnie, en voyant l'abon- dance renaître immédiatement après l'arrivée 'du roi dans la capitale ? Plus de deux cens voitures de farine arrivèrent de Versailles en même temps que le roi, et tous les citoyens éclairés restèrent convaincus que la disette n' avoit été que le ré-' sultat d'une intrigue ourdie contre la tranquil- lité publique. L'objet de cette discussion n'est point de chercher les caupables ; je remplirai

(i5) Cette tâche dans l'histoire que f écris : je m'attache à prouver que la faction d'Orléans n'a jamais existé , et qu elle n'a jamais été que le manteau dont se sont couvert les ennemis de notre li- berté. Je ne cite M. de la Fayette que parce que sa conduite subséquente avec M. d'Orléans a été trop ostensible pour passer sous silence les causes qui ont pu accréditer l'existence d'une faction qui , je le répète , n'a jamais eu de réalité.

Ce n'est pas le moment de vous parler de cette matinée désastreuse du 5 au 6 octobre ; chacun de nous s'afflige du sang qui a été répandu» Mais pourquoi la malveillance chercha-t-elle à attribuer ces crimes à M. d'Orléans , qui pour lors étoit à Paris , et comment des témoins furent ~ ils assez infâmes pour accuser M. d' Or- léans des forfaits qui ne furent sans doute di- rigés par personne , mais que dans tous les cas on ne pouvoit imputer avec j'ustice qu'au dé- faut de surveillance de ceux qui gardoient le château de Versailles à cette époque?

Cependant la haine d'un parti puissant cher- cha dans ce nouveau désastre une victime pour assouvir sa vengeance , et ce malheureux prince, toujours isolé au milieu àes conspirateurs dont ©n le disoit entouré , et des délateurs qui vou- loient quelque prix que ce fut ^ le perdre, fut encore désigné pour avoir dirigé les poignards et les massacres qui eurenc lieu. M. d'Orléans ,

tranquille de sa conscience ,:.cléYaroIt les calom^ mnies : atroces dont on.cbercliait 4 , l'accabler*

M. de la Fayette , profondement obscur dans sa conduite avec lui, vint lui dire que souy^çïîli Fon se servoit de son noin.; pour agiter les es.J)rits/ et qu'au degré d'effervescence oii ils étoieM portés, il seroit peut-être utile, à la tranquillité publique quil s'éloignât quelques momens^ la capitale. M. d'Orléans ne calcula pas le .»dan^ ger qu'il j avoit pour lui de s'absenter dans iine telle circonstance ; et ce? qui prouve yictojçieu- sement i iqu'il ii'avoit aucun parti , c'est' qu'il accepta Tiiie mission pour l'Angleterre, et que cette mission lui fut doniiée sans qu'aucuii ses amis en fussent informés. Je ne lappris qu'au moment de son départ , et je ne me cache point d'avoir été sur le champ chez lui pour détourner dïin voyage . qui donnoit un vaste cliamp à ses calomniateurs.

On pourra juger de la duplicité de la cour^ et de l'intrigue qui eut lieu pour le déterminet à partir. J'ai lu les instructions qui lui furent données à cette époque ;' elles seront publiques un jour , et l'on y verra la mauvaise foi de la cour, consignée dans des instructions diamé- tralement opposées.aux principes qu'elle a sou- tenus depuis avec une persévérance si coupa- ble et si contraire aux .véritables intérêts de la nation.

; C 1.5 )

 peine M. d'Orléans étoit parti , que les plus affreux liÎDelles parurent conttelui; tous lesdé- partemens furent inondés de ces infâmes pro- ductions , et plusieurs citoyens égarés le crurent coupable , puisqu'il ne clierclioit point à se jus- tifier, et qii'on publioit ouvertement que son séjour en Angleterre étoit une grâce que le roi lui avoit accordée pour le soustraire à la juste vengeance de la loi. Pendant le tenaps que Ton accréditoit cette opinion par les libelles les plus atroces , ''dii''t)'Tîrdissoit dans les ténèbres cette fameuse procédure du Châtelét: on y voit, par une suite rnalneureusémént trop commune des discordes civiles , une foule de citoyens c[ue l'on avoit cru^ honnêtes et Vertueux , se meta- KiorpliosërëiT juges prévaricateurs et en calom- niateurs infâmes. Mais ce que Ton n'avoit pas prévu arriva; M. d'Orléans , éclairé sur la per- Bàie du 'Trtinistère, sur lés lâclies manœuvres de ses ennemis prés des juges du châtelet , revint en France à l'époque de la fédération du 14 juillet.

Paris n'avoit pas cessé d'éprouver, pendant son absence , les mêmes agitations ; un malheureux boulanger fut victime de l'égarement de C]uelques citoyens ; et malgré le ridicffle de vouloir encore charger M. d'Orléans de ce nouveau crime , vingt libelles attestèrent que c'étoit sa faction qui en étoit la cause.

( 1& )

Lorsqu'on apprit dans Paris que M. d'Orléans se proposoit de revenir , tout le monde sait que M. de la Fayette lui envoya son aide-de-camp , M. de Boinville , pour l'engager à rester encore à Londres. M. delà Fayette lui-même , dans] la tribune de l'assemblée nationale , déclara que les mêmes raisons qui avoient sollicité le départ de M. d 'Orléans, subsistoient encore; et cependant, messieurs , quelle influence l'éloignement de M. d'Orléans et son retour à Paris ont - ils eu sm^ les affaires politiques? M. d'Orléans, exact à ses devoirs , et fidèle à son poste , a constam- ment été de Topinion des véritables défenseurs du peuple.

Lui reprocbe-t-on d'avair déterminé quelques délibérations de l'assemblée nationale en sa faveur ?

A-t-il éïé traité plus favorablement que les autres princes dans les loix somptuaires qui ont été prononcées contre eux ?

N a-t-il pas obéi avec respect aux suppressions qu'il a éprouvées , et l'a-t-on vu réclamer contre aucune des loix de rigueur qui ont été pro- noncées contre ses intérêts?

Faisons, sans partialité, le rapprocliement de la conduite de ce prince, et de celle de ceux qui, éloignés de leur patrie , cherckent à y rentrer îe fer à la main ;. et la nation franeoise jugera quels sont les conspirateurs dont elle a le droit de se plaindre.

Les uns ont déserté leur patrie , sollicité tous les princes de l'Europe de se réunir à eux pour écraser la France. Ils ont fomenté les troubles intérieurs , débauché nos soldats , corrompu nos officiers , entretenu les conspirateurs au milieu de la capitale , et ils sont les causes de la guerre que nous avons à soutenir maintenant. Qu'a fait M. d'Orléans? Il s'est montré l'un des premiers amis de la liberté, c'est pour elle qu'il a fait le généreux abandon de toutes ses prérogatives ; c'est pour elle qu'il s'est exposé à la liaine , aux fureurs y aux calomnies les plus affreuses : aussi est-il du très-petit nombre de ceux qui sont restés fidèles aux véritables in* téréts du peuple , et qui ne veulent aucune transaction dans la constitution. Maintenant il est , avec ses trois jeunes enfans, au camp de Lukner, tout prêt à donner son sang pour dé- fendre la souveraineté du peuple, l'égalité entre les ciroyens , la liberté de la France.

Citoyens! jugez vous-même sa conduite et celle de ses vils calomniateurs.

N'est-il pas temps que le peuple connoisse les icélérats qui le trompent et qui l'abusent ? Les rrais agitateurs du peuple sont ceux qui ne peu- vent supporter l'égalité et la liberté ; les vrais Imitateurs du peuple sont ceux qui vçulent l'anéan- issement, ou du moins la modification d'une onstitution qui déjoue leur ambition et leurs

( i8 )• ,

espérances ;, les Trai3 agitateurs sont cette classe des ci-devant privilégiés , cpii ne pouvoient au- trefois prétendre aux places de la cour , et qui ont espéré les obtenir pour prix de leur retour à la bassesse et à Ja flatterie. Mais tous ces in- sensés n'ont pas calculé que le peuple françois connoissoit enfin sa dignité , et que jamais il ne souffrira de capitulation sur .les droits de l'homme , évangile immortel de la raison.

Voilà, messieurs,. les vrais., les seuls ennemisp de M. d'Orléans. Ils, n'osent ouvertement insul- ter le peuple ; mais ce sont les amis et les dé- fenseurs du peuple qu'ils calomnient. Cette ca- bale infâme ne se réveille que lorsque de grands complots sont prêts à éclater. Citoyens ! tenez- vo"ns sur vos grandes , que l'œil vigilant du patrio- tisme se tienne ouvert, et nos ennemis, confon- dus et humiliés, rentreront avant peu dans le

néant.

3'ai cru devoir.ypus indiquer , messieurs , dansi^ cette opinion . les bases de la trame ourdie contre M. d'Orléans ; je le répète à nos adversaires ; car s'il existe une faction d'Orléans , je dois en être par ramitié qui me lie à ce prince. bien! je porte le dé£ à qui que ce soit de pouvoir prouver que , depuis répoG[ue, du 5 mai 1789 , je m,e sois trouvé à aucun comité particulier avec M. d'Orléans. Souvent il m'a entretenu de ses\ peines et de se$^ chagrins personnels j; mon cœui

les a partagé avec lui ; mais c est à sa constante fermeté dans le parti patriote , à son amour pour la liberté et l'égalité que je rends hommage en ce moment , en couvrant de mépris ses calom- niateurs , et les vils agens dont ils se servent. Je termine cette opinion , messieurs , en vous disant que, si l'existence du comité autricliien paroissoit douteuse encore , que la dénonciation ridicule qui a été faite à l'assemblée nationale lundi dernier^ en démontre la réalité; qu'elle n'est qu'une basse récrimination , pour distraire l'at- tention de l'assemblée sur les vrais coupables. Messieurs, ne ménagez personne, portez fatten- tion la plus scrupuleuse sur les vrais conspira- teurs , et méritez, par votre surveillance ,1a con- fiance de tous les véritables amis de la liberté,

SILLERY,

De l'Imprimerie duPATiiiOTEFRANçpis, place du Théâtre Italien.

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