ENCYCLOPÉDIE D'HISTOIRE NATURELLE 4 ré 4 À AAA AYPOGRAPHIE FIRMIN-DIDOT = MESNIL (EURE). k Fig 1 4 Fig. 2. Fig — Macrocheilus Bensoni D. — Omphreus moriv ENCYCLOPÉDIE D'HISTOIRE NATURELLE TRAITÉ COMPLET DE CETTE SCIENCE LES TRAVAUX DES NATURALISTES LES PLUS ÉMINENTS DE TOUS LES PAYS ET DE TOUTES LES ÉPOQUES BUFFON, DAUBENTON, LACÉPÈDE, G. CUVIER, F. CUVIER, GEOFFROY SAINT-HILAIRE, LATREILLE, DE JUSSIEU, BRONGNIART, exc. erc. Ouvrage résumant les Observations des Auteurs anciens et comprenant toutes les Découvertes modernes jusqu'à nos jours PAR LE D", CHENU CHIRURGIEN-MAJOR À L'HÔPITAL MILITAIRE DU VAL-DE-GRACE, PROFESSEUR D'HISTOIRE NATURELLE, ETO. COLÉOPTÈRES BUPRESTIENS, SCARABÉIENS, PIMÉLIENS, CURCULIONIENS, SCOLYTIENS, CHRYSOMÉLIENS, ETC, Avec la collaboration de M. E. DESMAREST, secrétaire de ln Société Entomologique de France, ete. TROISIÈME PARTIE PARIS LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET C" IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOR, 6 1884 cl 04-22) SUN FR Li Ce volume, le dernier relatif à l’ordre des Insectes CorloptErEs, comprend l’histoire naturelle des vingt-huit familles des Téléphoriens, p.1à8; Lampyriens, p. 8 à 14; Atopiens, p. 15 à 17; Rhipicériens, p- 17 à 18; Cébrioniens, p.18 à 20; É latériens, p. 20 à 50; Eucnémiens, p- 31 à 35; Buprestiens, p. 35 à 43; Scarabéiens, p. 43 à 117; Lucaniens, p- 117 à 192; Piméliens, p. 132 à 159; Diapériens, p. 160 à 164; Hélo- piens, p. 164 à 173; Cantharidiens, p. 173 à 202; Curculioniens, p- 202 à 253; Bostrichiens, p. 254 à 258; Cissiens, p. 259 à 262: Scolytiens, p. 262 à 276; Paussiens, p, 277 à 281; Monotomiens, p. 281 à 284, Mycétophagiens, p. 284 à 289; Cucujiens, p. 289 à 293; Hypocéphaliens , p. 293 à 295; Cérambyciens, p. 295 à 332; Chrysomé- liens, p. 332 à 351; Érotyliens, p. 352 à 355; ÆEndomychiens, p. 355 et 356, et Coccinelliens, p. 356 à 358, et, par conséquent, il ren- ferme à lui seul l’'énumération générique de plus des trois quarts des coléoptères. Resserré dans un espace beaucoup trop étroit, quoique nous don- nions sept séries au lieu de six, nous avons cependant cherché à indiquer l’immense majorité des genres si nombreux apparterant aux familles que nous étudions; mais nous nous sommes surtout étendu sur les mœurs et les métamorphoses des diverses espèces que nous passions en revue, et nous avons fait connaître avec soin les Insectes redoutés par les dégâts qu’ils nous causent; ceux qui nous sont utiles, ainsi que ceux si recherchés par la beauté de leurs téguments ou leurs formes parfois singulières. C’est dans ce volume que l’on trouvera des détails circonstanciés sur les Vers luisants, Taupins, Buprestes, Scara- bées, Hannetons, Cétoines, Gerfs-volants, Pimelies, Diapères, Cantha- rides, Méloés, Charancons, Bostriques, Scolytes, Capricornes, Chry- somèles, Érotyles, Bêtes à bon Dieu ou Coccinelles, etc. Nos 540 vignettes, souvent dessinées sur nature, et quelquefois pour la première fois, viennent heureusement suppléer à nos trop courtes descriptions. Nous avons placé, autant que cela nous a été possible, les planches dans les familles mêmes des espèces qui y sont reproduites. Mais nous ne devons pas nous dissimuler que pour ce volume, comme pout les deux précédents, la recherche des figures tirées à part ne soit diffi- cile. Pour y remédier, nous préparons en ce moment une table générale alphabétique tout à fait indispensable des noms vulgaires et scientifiques de toutes les espèces décrites dans l’ouvrage entier, ainsi que des genres indiqués, avec la désignation des volumes et pages où il en est parlé, et principalement celle des dessins rangés soit dans le texte, soit hors du texte dans les planches. Cette table paraîtra dans trois ou quatre mois, et sera le complément de l’histoire naturelle des Coléoptères. Dans un autre volume de cette Encyclopédie, nous ferons connaître, ainsi que nous l'avons promis, l’ordre véritablement naturel des diverses familles d’Insectes que nous venons d'étudier. E. DESMAREST. Paris, 31 janvier 1560. n AVIS AU RELIEUR an iches. tirées. hors texte sont au nombre de quarante-huit. Ces planches doivent être placées egard de la page indiquée, ou toutes réunies en atlas à la fin du volume. » FN, Er é 4 ;- à k ; 7e Pages. RE : Planches 25 M RENE NN UT ao re CRUE RAR RUE Es OR OS Tr PO ee PSG SE ET CO) = : HR SE ARE TS ets er 26 DU EN ne PE STE A MIE 8 AO A rte La Tee ARR Na 9 (PO ss... Se due CAAREPE RENE Nerntelelufeleters lo sjalerate a eeshintaiate ST ARR M RE date de LT OQ |" CÉSAR RAR En ue. 108 Le PR ARTE à \G_ |) LE DORA NES is rss Fig — Crepidius illustris {sida meridionalis {grossi) + d. — Slenus Fig. 2. — Scydmænus Schaumii (xrossi) oculatus (grosst) Fig. 9. PL. 37 COLÉOPTÈRES. (Suite.) DIX-NEUVIEME FAMILLE. TÉLÉPHORIENS. TELEPHORIL. Érichson, 1847. Corps assez aplati; tête sans étranglement à sa partie postérieure, découverte; palpes plus gros à l'extrémité; mandibules entières où unt- ‘ dentées; antennes séparées à la base par un écart notable; yeux assex grands; élytres généralement molles; à une exception près, pas de segments abdominaux phosphorescents. On connaît quatre ou cinq cents Coléoptères de cette famille, et on les ré- partit aujourd'hui dans une soixantaine de genres, dont les principaux et les seuls connus des entomologistes du siècle dernier sont ceux des Téléphores et des Driles. Beaucoup d’entre eux sont propres à l'Europe; mais l'on en décrit de toutes les parties du monde, et surtout d'Amérique. Les métamorphoses de plusieurs espèces sont connues, et présentent parfois des particularités re- marquables sur lesquelles nous aurons occasion de revenir. Quelques points de l'anatomie des Te- lephorus ont été étudiés; on sait que le canal intestinal est entièrement droit et n'offre aucune inflexion; que l'œsophage est renflé à son issue de la tête; que le ventricule chylifique est allongé; que l'intestin grêle est filiforme et le cæeum peu distinet, et enfin que les vaisseaux biliaires, au nombre de quatre, ne diffèrent pas de ceux des Lycus. CA 1 2 HISTOIRE NATURELLE. Les Téléphoriens sont, pour la plupart, des Insectes carnassiers. Ils se trouvent, en général, leur état parfait, sur les plantes, et apparaissent souvent en grand nombre. Ils sont presque tou- jours de taille assez petite; leurs couleurs ne sont pas éclatantes, mais leur disposition est souvent assez agréable à l'œil. Trés-voisins des Malachiens et des Lampyriens, on peut partager les Téléphoriens en deux tribus : les Téléphorides et les Drilides, dont on a même fait parfois des familles particulières. 1e tribu, Técépnorines, Lacordaire, 1857 ; antennes insérées sur le front, plus ou moins dis- tantes; labre indistinct; tête découverte; épistome confondu avec le front; pattes gréles, non com- prümées : hanches intermédiaires contiqués : trochanters situés au côté interne des cuisses : tarses de cinq articles, dont le quatrième habituellement bilobé; abdomen de sept segments. Ces Coléoptères fréquentent les fleurs et les feuilles. À peu d’exceptions près, ils sont très-carnas- siers et s’attaquent même parfois aux individus de leur propre espèce. Leur livrée se compose deteintes peu variées dans le plus grand nombre des cas; toutefois quelques rares espèces offrent des nuances métalliques. On ne connaît les métamorphoses que de quelques espèces. C’est ainsi que de Géer, MM. Westwood et Blanchard se sont occupés de Ja larve du Telephorus fuscus, que le dernier ento- mologiste que nous avons cité a décrit celle du T. lividus; que M. Waterhouse a fait connaître les métamorphoses du T. rufus, et enfin que M. Hammerschmid a donné une description sommaire du Malihinus biguttatus. Ces larves, qui ont beaucoup d’analogie avec celles des Lampyriens, ont le corps allongé, presque parallèle, assez épais; les mandibules sont longues, en forme de tenailles; les mächoires sont articulées avec la languette dans une échancrure au-dessous de la tête; les palpes maxillaires ont trois articles; la lèvre inférieure est réduite à un menton carré, accompagné de deux pièces membraneuses, soudées entre elles à leur base; les antennes sont composées de trois articles, et auprès d'elles, en arrière, on voit un ocelle assez gros, transversalement elliptique; les segments thoraciques ne diffèrent pas des abdominaux, et le dernier de ceux-ci est muni inférieurement d'un prolongement anal en forme de cupule; les pattes sont médiocres et leur article tarsal est terminé par un onglet; la premiére paire de stigmates est située entre le corselet et le mésothorax : les huit autres le sont à la partie inférieure des huit premiers segments abdominaux. Ces larves, de même que les Insectes parfaits, sont carnassières; elles vivent sous la terre, souvent entre les racines des arbres : mais on les rencontre parfois hors de leur retraite, se jetant avec avidité sur les Insectes, les larves, les Vers de terre et autres petits animaux qui se trouvent à leur portée; elles passent - l'hiver sous cette forme, et l'on a signalé depuis longtemps leur apparition accidentelle en grand nombre à la surface de la neige, particulièrement dans le Nord et dans les régions montagneuses de l'Europe. De Géer dit que ces apparitions sont dues à des tempêtes pendant lesquelles des vents violents auraient enlevé ces larves hors de la terre et les auraient transportées au loin; cette opi- nion est assez généralement adoptée, cependant M. É. Blanchard attribue apparition de ces Insectes à la nécessité où ils sont, lorsque la neige couvre la terre, de venir chercher à la surface du sol l'air qui leur manque. Les Téléphorides sont abondants en espèces, surtout répandues dans les diverses régions de l'Eu- rope, et, malgré cela, le nombre des genres qu'on y admet n’est pas très-considérable, parce qu’ils ne se prêtent pas autant que les Lampyriens et autres familles voisines à des divisions se- condaires. Les trois genres les plus anciennement créés sont ceux des : Phengodes, Illiger; Tele- phorus, Schœffer, et Malthinus, Latreille; les autres groupes génériques, tous de création assez récente, sont dus à MM. Spinola, Solier, Dalman, Blanchard, Hentz, Westwood, Latreille, Le Conte, Kiesenwetter, de Matschoulsky, Castelnau, Dejean, etc. Le genre principal est celui des TÉLÉPHORES (Telephorus, Schæffer, Elem. ent., 1766) (rm, loin; #95: porteur; qui indiquerait la particularité remarquable de leur histoire que nous avons citée, où qui signifierait qui porte lu mort) : antennes filiformes, longues; palpes avec le dernier article sécuriforme; tête assez grande; corselet discoïde, à bords relevés; écusson très-petit; élytres longues, entières, parallèles, molles; pattes assez allongées; tarse à quatrième article bilobé. Bien que Linné n'ignorät pas que le nom de Cantharide servait, de son temps, comme auyour- d'hui, à désigner des Insectes usités en médecine à cause de leur propriété vésicante, cela ne COLÉOPTÈRES, 3 l'empécha pas de l'appliquer à des espèces entièrement dépourvues de cette propriété, espèces qui constituent le groupe qui nous occupe en ce moment, et de comprendre celles qui la possèdent émi- nemment dans son genre Méloé. Vient ensuite Fabricius, qui adopta la nomenclature de son maître, en retranchant toutefois du genre Méloé les Coléoptères vésicants par excellence, pour en faire le genre Lytta. Mais Olivier et Latreille rétablirent les choses.telles qu’elles devaient être, en appelant Téléphores, d'après Schæffer, de Géer, etc., les prétendues Cantharides de Linné et de Fabricius, et en restituant ce dernier nom, comme l'avait déjà fait Geoffroy, aux Insectes qui en étaient en pos- session de temps immémorial. Cependant, tout rationnel qu'était ce changement, il ne fut pas admis par les entomologistes collecteurs, qui forment la majorité, et la nomenclature fabricienne a prévalu chez eux sur celle d'Olivier et de Latreille; mais l'autorité de la presque unanimité des naturalistes classificateurs, celle de M. Lacordaire surtout, doit l'emporter, et le nom de Cantharis doit être spécialement appliqué au genre qui a pour type la Lytta vesicatoria de Fabricius, tandis que celui de Telephorus ou de Thelephorus, comme l'écrivent quelques auteurs, doit être donné aux Can- tharis de Linné et de Fabricius. Fig. 1. — Telephorus melanurus. Fig. 2. — Telephorus fuscus. Fig. 5. — Ancystronycha abdominatis. Les Téléphores ont le corps allongé, un peu déprimé, mou. On les trouve en grande quantité, pendant le printemps, sur toutes sortes de végétaux. Ils se nourrissent d'insectes, et sont tellement carnassiers, qu'on à vu des femelles terrasser leur mäle et leur ronger le ventre et les parties char- nues du cou. L'accouplement a lieu sur les plantes, peu de temps après la métamorphose: pour cet acte, le mâle se place sur le dos de Ja femelle, mais il a soin de choisir un moment favorable et d’user de précaution pour ne pas être dévoré. On trouve les larves dans le sable ou la terre humide; Olivier pensait qu’elles se nourrissaient de racines, mais, d'après les observations récentes, on sait qu'elles sont exclusivement carnassières. On décrit près de deux cent cinquante espèces de Télé- phores, qui sont répandues dans toutes les contrées du globe, mais qui ont surtout été observées en Europe et en Amérique. Parmi les espèces qui se trouvent assez communément dans une grande partie de l’Europe, et qui ne sont pas rares auprès de Paris, nous citerons seulement : 1° le Tele- phorus (Cantharis) fuscus, Fabr., long d'un peu moins de 0%,050, ponctué, pubescent, d'un noir grisâtre; 2 T. dispar, Fabr., long de 0,080, noir avec la tête rouge, présentant une tache noire sur le vertex; 5° T. lividus, Fabr., long de 0",080, plus pâle que le précédent; 4° T. pellucidus, Fabr., long d’un peu moins de 0",060, noir, avec un duvet cendré sur les élytres; 5° T°. nigricans, Fabr. (obscurus, Oliv.), long de 0,060, d'un brun noir, ete. M. Th. Lacordaire donne la liste des espèces de ce genre, et il les partage en espèces européennes, d'Europe et d'Asie, de Sibérie, du continent et des archipels indiens et de Chine, de l'Australie et de la Polynésie; africaines, de l'Amérique du Nord, des Antilles et de l'Amérique du Sud. D'après quelques auteurs récents, le nom de Telephorus doit être exclusivement appliqué aux espèces qui ont à toutes les pattes le crochet externe des tarses fortement denté à la base dans les femelles et plus faiblement dans les mâles, et l'on doit en séparer les Ancystronycha, Merkel (type, T.abdominalis, Fabr..), qui ont la dent tarsienne spiniforme, très-forte chez les femelles, et les Kha- gonycha, Eschscholtz (type, T. obscura, Linné), dans lesquels les crochets sont appendiculés et pa- raissent comme fendus à leur extrémité dans les deux sexes. Kirby y a aussi distingué un genre 470- toma, qui n’a pas été adopté. 4 HISTOIRE NATURELLE. Parmi les genres nombreux créés aux dépens des anciens Téléphores ou qui s'en rapprochent plus ou moins, nous citerons surtout ceux des : 4° Puexcones, Hoffmansegg, à Iiger Magasin, 1. VI, surtout remarquable par ses antennes très-grêles, très-longues, de onxe articles : premier gros, long. en cône renversé, deuxième très-court, troisième à dixième envoyant à leur base deux ra- meaux linéaires, opposés, villeux, contournés sur eux-mêmes à l'état sec et étalés en ligne droite pendant la vie de l'animal, et à onzième pareil à ces rameaux, mais plus long : on en connaît sept espèces très-reconnaissables, en ce que les deux derniers segments abdominaux sont phospho- rescents, comme ceux des Lampyres : six de l'Amérique du Sud, et une (P. plumosa, Oliv.) des parties moyennes et australes des Etats-Unis, où elle est très-commune pendant un court moment de l'automne, et pénètre souvent, le soir, dans l’intérieur des maisons, où l'attire la lumière. 29 Bœosczus, Spinola, ne différant des Phengodes que par les articles terminaux des palpes, courts, globuleux, par les mandibules plus saillantes et l'abdomen privé de propriété lumineuse : une seule espèce (B. Osculati), trouvée sur les bords du Rio-Napo. 5° Masrnocerus, Solier : antennes disposées à peu près comme dans les Phengodes, mais plus longues, plus filiformes, et insérées en avant et ax niveau de leur bord interne : une espèce (M. brevipennis), propre au Chili. 4° Tycocerus, Dalmann, Analecta ent., 1825, ayant pour synonyme les Cordylocera, Guérin, et Xanthesta, Dej., à antennes au moins de la longueur du corps, plus robustes chex les mâles que chez les femelles, de onxe ar- ticles : premier long, très-gros, ovalaire, deuxième au moins aussi long que les troisième à dixième pris isolément, ceux-ci presque coniques, grossissant peu à peu, onxième plus grand et plus épais, arrondi au bout : on peut les subdiviser en Tylocerus, renfermant quelques espèces des Indes orien- tales et des Antilles (type, T. crassicornis, Dalm., de moyenne grandeur, et ressemblant beaucoup à notre T!. fuscus), et Anisotelus, Hope, ne renfermant que l'A. bimaculatus, du nord du Bengale. 5° Psicoruyneuus, Blanchard, à antennes très-rapprochées à leur insertion, gréles, filiformes, un peu moins lonques que le corps : une espèce (bifasciatus), de la province de Corrientes dans l’Amé- rique du Sud. 6° Cuavriocnaruus, Hentz, auquel on doit probablement joindre les Callianthia, Dejean, et Cantharodema, Lap. de Castelnau, se distinguant surtout des Telephorus par leur téte plus allongée, pourvue d'un museau plus saillant, ce qui occasionne l'allongement plus considérable de la lèvre inférieure et des mächoires : en outre, les téguments sont plus solides et leur livrée plus variée, quoique formée presque exclusivement de deux couleurs : ces Insectes semblent propres à l'Amérique; il y en a peu cependant dans le continent américain septentrional, et beaucoup, au contraire, dans les régions intertropicales de celui du Sud (T. luctuosus, Latr., du Brésil) : on en décrit une vingtaine d'espèces, mais il en existe plus de cent dans les collections. 7° Ponarrus, Fis- cher de Waldheim (Entomogr. russe, 1821), à tête entièrement découverte, sur le col de laquelle le corselet applique exactement son bord antérieur, comme dans les Phengodes : dans les uns (Brachynotus, Kirby), les crochets des tarses sont fendus à leur extrémité, et chez les autres (Mal- thacus, Kirby), ces crochets sont dentés à leur base ou plutôt appendiculés : ces Insectes paraissent confinés dans les régions froides et tempérées de l'hémisphère boréal : ceux d'Europe habitent plus particulièrement les montagnes, et le type en est le P. alpina, Paykubl. 8° Dysuorpnocerus, Solier, groupe placé à tort parmi les Lampyris, surtout caractérisé par la disposition des antennes, princi- palement chez les mâles, ne renfermant que le D. Blanchardiüi, du Chili, entièrement noir, avec deux taches blanc jaunâtre sur le corselet. Deux autres types, assez notablement distinets des Telephorus, sont ceux des Silis et Malthinus. Genre SILIS (Silis, Megerle, in Latreille, Reg. anim., 2° éd., 4899) (oc, sillon). Antennes larges, aplaties, à deux premiers articles très-petits, généralement filiformes ou exceptionnelle- ment dentées; corselet offrant de chaque côté en arrière une échancrure et en dessous un petit ap- pendice en forme de massue, surtout dans les mâles; tarses assex courts, élargis. Tels sont les caractères principaux qui différencient les Silis des Téléphores, avec lesquels ils ont d'assez grands rapports; On ne connait pas leurs mœurs, mais ils doivent être carnassiers, et on les trouve en gé- néral sur les plantes, où ils se livrent probablement à la chasse. Sauf un petit nombre d'espèces exotiques de Silis, qui sont aussi grandes que les Téléphores de taille moyenne, les autres sont assez petites; elles sont répandues dans tout le globe, et l’on en connaît une trentaine dans les collections; mais celles qui ont été décrites jusqu'ici sont particulières à l'Europe et aux deux Amériques. Le COLÉOPTÈRES. s type est le S. rubricollis, Toussaint-Charpentier, ponctué, noir, brillant, propre au midi de la France, à la Dalmatie, etc. Des genres voisins de celui des Silis sont aussi ceux des : 1° Pozemius, Le Conte, à antennes com. primées en scie, avec le deuxième article très-petit, et le troisième pas plus court que les suivants; quelques espèces de l'Amérique du Nord (P. laticornis, Say), et probablement d’autres originaires de la Colombie. 2° Pacayuesta, Westwood, à antennes un peu moins longues que le corps, fusi- formes, de onxe articles, dont les quatrième à huitième sont plus gros et plus courts que les précé- dents, une espèce (P. incisa) du Brésil. 3° Ooreus, Solier, à palpes ayant le dernier article des labiaux brièvement et celui des maxillaires longuement ovalaire et acuminé, et à mandibuies ar- quées, aiguës : quelques petites espèces propres au Chili (0. reticulatus). 4° Erarrovënes, Blanch., à palpes médiocres, dernier article des antennes petit, en forme de bouton pointu, ete. : une espèce du détroit de Magellan (E. maculicolls). Fig. 4. — Silis tricolor. Fig. 5. — Malthinus biquitatus. Genre MALTHINE (Malthinus, Latreille, Genera Crust. et Ins., 1803) (#01, mou). Palpes allongés, terminés par un article ovoide; antennes à premier article long, renflé à l'extrémité; tête non rétrécie en arrière; corselet en carré long, très-légèrement bombé; ailes placées dans leur longueur et dépassant toujours les élytres, qui sont plus courtes que l'abdomen. Les Malthinus sont des Insectes de petite taille que l’on rencontre sur les plantes et les arbres, surtout dans les bois on n'y range plus aujourd'hui qu'une quinzaine d'espèces particulières à l'Europe, à l'Asie occi- dentale et à l'Amérique septentrionale. Comme type nous nommerons le M. fasciatus, Oliv., com- mun auprès de Paris. On distingue des Malthines le genre : 1° Marruones, Kiesenwetter (Hapaloderus, Motsch.), à téte plus petite, moins large, un peu convexe; à yeux plus gros et plus saillants; à élytres plus courtes, ne couvrant guère que les deux tiers de l'abdomen : comprenant des espèces principalement euro- péennes (type, M. sanguinolentus, Linné), et actuellement assez nombreuses; les plus dégradées parmi les Téléphorides sous le rapport de la taille et de la mollesse des téguments. D’autres groupes génériques sont ceux des : 2°Icuruyurus, Westw., à élytres recouvrant à peine la base de l'abdomen, isolément rétrécies et arrondies à leur extrémité, etc., comprenant quelques espèces de couleur jaune et noire diversement distribuées, propres aux Indes orientales et à la côte occidentale d'A frique. 3° Logerus, Kiesenw. (Streptotoma, Guérin), à élytres courtes, obliquement tronquées au côté interne dans leur moitié postérieure : une seule espèce (L. torticollis), de Colombie. 4° Tryrnerus, Le Conte (Lygerus, Kiesenw.; Molorchus, Say), se distinguant des Lobetus par des antennes médi cres et des tarses à crochets fortement dilatés et contiqus à la base : une espèce (M. latipennis Germar), commune dans presque toutes les parties des États-Unis d'Amérique. b° Tvrrnonyx, Le Conte, à élytres recouvrant la moitié de l'abdomen, rétrécies et déhiscentes dans leur moitié posté- rieure, arrondies à leur extrémité, etc. : une seule espèce, le Lampyris ergthrocephala, Fabr., de l'Amérique du Nord. 6° Morvennus, Motsch., à élytres de la longueur du corps (M. collaris, de Co- lombie). 7° Pomisrra, Mostch., à élytres très-courtes, atténuées à leur base, rétrécies en arrière; pas d'ailes : une espèce (P. alpina) de très-petite taille, habitant les endroits arides des alpes du Caucase, dans le voisinage des neiges, là où toute végétation a disparu. Enfin quelques genres placés dans la même tribu, mais qui ne sont pas suffisamment caractérisés, sont ceux créés par M. Motschoulsky sous les noms de Nastonycha, des alpes du Caucase; Malthesis, de Colombie; Malthopterus, également de Colombie; Macrocerus, Rayachela et Biurus, d'Abys- 6 HISTOIRE NATURELLE. sinie : ce dernier au moins très-voisin, sinon identique avec celui des Ichthyures. On peut mettre dans la même catégorie le genre Mecopselaphus, Solier, du Chili, qui est peut-être un Œdéméride et les genres Anisocera, Dejean, et Entocera, Blanchard. 2e tribu, Driuines, Lacordaire, 1857 : antennes insérées sur les côtés du museau, immédiatement en avant des yeux, presque constamment dentées ou flabellées; labre distinct, tête découverte; épi- stome confondu avec le front; pattes courtes : hanches intermédiaires contiqués : trochanters situés au côté interne des cuisses : tarses à quatrième article rarement bilobé; abdomen habituellement de sept et rarement de six segments. Les Drilides, assez peu nombreux en espèces et en genres, sont assez rares et se trouvent les uns en Europe, en Asie et en Afrique, et les autres dans ce dernier pays ainsi qu'aux Indes orientales et au Chili. Quoique ayant beaucoup d'analogie avec les Téléphorides, ils s’en distinguent aisément par le mode d'insertion de leurs antennes, qui, d'un autre côté, tend à les rapprocher des Malachiens. Ce sont des Insectes d'assez petite taille, de forme courte, ovale, ou presque parallèle, et dont les téguments ont la même flexibilité que ceux des Telephorus, excepté ceux d’un genre, où ils sont un peu plus solides. Les femelles, au moins dans le genre Drilus, et de même que cela a-lieu chez les Lampyriens, diffèrent très-notablement des mäles; et, tandis que les premières sont aptères, les au- res sont pourvus d'ailes parfaitement développées. A l’état parfait, on les trouve, principalement les mâles, sur les fleurs; ils sont probablement tous éminemment carnassiers. Les métamorphoses de trois espèces de Driles, ainsi que l’histoire spéciale des individus des deux sexes, sont aujourd'hui parfaitement connues. C’est sur le Paxacue sauxE, de Geoffroy, notre Drice JAUNATRE (Drèlus flavescens, Fabr.), petite espèce d’un jaune testacé, qui se trouve dans toute l’Eu- rope, et n'est pas rare aux environs de Paris, qu'Olivier fonda le genre Drile, mais sans en connaître la femelle, qui n’a été découverte que très-longtemps après par Mielzincky (Ann. des se. nat., pre- mière série, t. 1), qui l’a décrite le premier sous ses états de larve et d'Insecte parfait. Cette femelle reste constamment aptère, et diffère très-peu de la larve des deux sexes : elle est beaucoup plus vo- lumineuse que le mâle, avec lequel, comme cela a lieu dans beaucoup de Lampyriens, elle n’a au- eun trait de ressemblance extérieure, de sorte que, à moins de trouver les deux sexes accouplés, il est impossible de supposer que des Insectes si dissemblables appartiennent à la même espèce : aussi Mielzineky, qui n'avait pu voir cet accouplement, car il n'avait obtenu que des femelles des larves qu'il avait élevées, proposa-t-il de faire de ces Coléoptères un genre particulier, sous la déno- mination de Cochleoctonus, en donnant l’épithète de vorax à l'espèce qui lui servait de type, attendu qu’elle se nourrit, à l’état de larve, de la chair d'un Colimacçon, l'Helix nemoralis, dans l'intérieur de la coquille duquel elle subit toutes ses métamorphoses après en avoir dévoré l'ha- bitant. Mais À. G. Desmarest (Ann. des sciences nat., première série, tome Il, 1824), reprenant les observations de Mielzincky et se procurant dans le pare de l’école vétérinaire d’Alfort un grand nombre d'Helix nemoralis renfermant des larves d'insectes, fut assez heureux pour obtenir de ces larves et des Cochleoctonus vorax et des Drilus flavescens, qui ne tardèrent pas à s'ac- coupler, de telle sorte qu’il mit hors de doute que le Cochléoctone aptère est la femelle du Drile ailé, quoique ce dernier soit très-différent du premier, et que sa taille soit dix à quinze fois plus petite. Cette observation importante, et qui montre la bizarrerie de la nature dans ses pro- ductions, a été confirmée anatomiquement par Audouin (Ann. des sciences nat. première série, tome If, 124), qui a montré que, malgré leur dissemblance extrême à l'extérieur, les deux sexes du Drile jaunâtre ont la même organisation à l'intérieur. Des observations récentes tendent à géné- raliser, au moins dans le groupe des Drilus, les observations que nous venons d'indiquer : c’est ainsi que M. H. Lucas (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1849, et Explor. de l'Algérie ent.), pendant son voyage dans le nord de l'Afrique, a été à même d'étudier les métamorphoses et les mœurs d'une nouvelle espèce de Drile, qu'il nomme Drilus mauritanicus, et qui lui a présenté une grande analogie avee ce qui a lieu chez le Drilus flavescens. La larve de ce Drile de Mauritanie, qui a été trouvée surtout auprès d'Oran, vit aux dépens de l'animal du Cyclostoma Volxianum; elle saisit pour l’attaquer l'instant où le Mollusque sort de sa retraite et vient respirer l'air humide à la surface du sol pendant la saison des pluies; elle place à cet effet son dernier segment sur le bord Fig. !. — Chevrolatia insignis Fig. 2. — Pselaphus fossulatus En-dessous.) Fig. 3. — Sipha punclicollis “ag. D. — Dasyles nobilis c.” rs. 20. COLÉOPTÈRES,. 7 extérieur de la coquille, et s’y fixe solidement au moyen d'une espèce de ventouse dont est armé ce même segment: libre alors de tous ses mouvements, elle dirige ses organes manducatoires du côté où le Cyclostome est obligé de soulever son opereule, soit pour respirer, soit pour marcher, et, dans cette position, elle a la patience d'attendre non-seulement des heures entières, mais quelquefois plusieurs jours, que le Céphalé se décide à sortir de sa coquille : car sentant, en quelque sorte, la pré- sence de son ennemi, ce dernier recule le plus longtemps possible ce moment qu'il parait savoir lui être fatal; mais enfin, vaincu par la faim ou par le besoin de renouveler l'air de sa prison, il se dé- termine à l'ouvrir. Aussitôt la larve du Drile, toujours aux aguets, profite de cet instant pour couper avec ses mandibules le muscle qui retient l’opercule au pied du Mollusque, ou lui fait une blessure assez profonde pour en empêcher l’action. Dès lors rien ne s'oppose plus à l'entrée de la larve dans la coquille, et une fois maitresse de l’intérieur elle dévore tranquillement le pauvre animal sans défense qui l'habite. La femelle du Drilus pectinatus, Schænh. (ater, Dejean), observée dans l'Eu- rope orientale par M. Motschoulsky (Bull. de la Soc. imp. des sc. de Moscou, 1839), est également aptère et vermiforme. Les larves, suivant la description exacte que M. Th. Lacordaire (Genera des Coléoptères, dans les Suites à Buffon de Roret, tome IV, 1857) a donnée de celles du Drilus flavescens, très-analogues à celles du Drilus mauritanicus, sont allongées, charnues, graduellement atténuées en arrière et hé- rissées de longs poils serrés sur l'abdomen, plus rares en avant, et qui manquent presque tout à à fait sur la ligne médiane en dessous. Leur tête est cornée, dégagée du corselet, horizontale, qua- drilatère. La bouche est composée : de deux robustes mandibules simples, très-arquées et fortement croisées au repos; de deux màchoires fortes, cylindriques; d'un menton corné, transversal, portant des palpes biarticulés, et d’une courte languette. Les antennes, insérées aux angles antérieurs de la tête et sur des tubereules creux, sont formées de deux articles : le premier obconique et plus court que le deuxième, qui est aciculé. En arrière de ces organes, il y a un petit ocelle. Les trois segments thoraciques sont transversaux et peu différents entre eux. Les pattes sont assez longues, grêles, et composées d’une hanche transversale, d'un trochanter court et plus robuste que la jambe qui le suit, et d'un petit onglet remplaçant le tarse. Les segments abdominaux ne se distinguent des prothoraciques que parce que les saïllies de leurs angles postérieurs, plus prononcées, vont en s’al- longeant d'avant en arrière et qu’il y en a deux rangées de chaque côté; le dernier segment, beau- coup plus étroit que les précédents, en est seul dépourvu et est profondément divisé en deux lobes cylindriques. Sous lui on voit un anus transversal, pouvant s’allonger en une sorte de ventouse, et qui sert à la larve à se cramponner sur la coquille des Mollusques qu'elle attaque. La première paire de stigmates est placée presque sous les angles antérieurs du mésothorax, les huit autres sur les côtés des huit premiers segments abdominaux, entre les deux rangées des saillies dont ils sont munis sur les côtés. Ces larves sont d’un jaune testacé ou blanchâtre, et il nous a semblé que celles des mâles, moins connues que celles des femelles, outre leur taille beaucoup moins considérable, étaient toujours d'une teinte plus foncée que celle des femelles; elles ont l'habitude de fermer avec la dé- pouille qu’elles rejettent lors de la mue l’ouverture de la coquille dont elles sont occupées à dé- truire j’habitant. La nymphe des femelles, décrite avec soin par A. G. Desmarest, présente quelques particularités remarquables, mais, comme celle des Lampyriens et de presque tous les Coléoptères, elle reproduit en grande partie les formes de l'Insecte parfait. Cinq ou six genres seulement entrent dans cette tribu. Le plus important de tous est celui des DRILES (Drilus, Olivier, 4790, Encyclopédie méthodique, Entomologie) (As0os, Ver de terre), ayant pour synonyme le genre Cocuceocronus, Mielzincky (Koyduev, Colimaçon; xeww, je dévore). Dans les mazr+, les antennes sont de onxe articles, médiocrement «llongées et un peu plus que la têle et le corselet réunis, pectinées au côté interne, avec leur deuxième article petit, arrondi; palpes robustes : labiaux courts, ciliés, à dernier article brièvement conique : maxillaires en cône allongé; ‘. re très-court; mandibules arquées, aiguës à leur extrémité; tête petite, courte, à peu près aussi large que le corselet; yeux médiocres, arrondis, peu saillants; corselet transversal, re- bordé et légèrement plus étroit que les élytres, qui sont très-fleæibles et recouvrent des ailes mem- braneuses; pattes médiocres, peu robustes, à tarses ciliés; corps allongé, un peu déprimé, finement pubescent. Dans les FEMELLES le corps est aptère, larviforme, composé, non compris la téte, de douxe seyments imbriqués en dessus; les antennes sont courtes, moniliformes, de dix articles, dont le 8 HISTOIRE NATURELLE. dernier est aciculaire; les pattes, très-écartées à leur base, ont des tarses gréles à dernier article plus long que les quatre précédents réunis. Fig. 6. — Drilus flavescens. Fig. 7. — Drilus flavescens. Fig. 8. — Drilus ruficollis. (Mâle.) (Femelle.) (Mäle.) Les femelles, comme nous l'avons dit, sont plusieurs fois plus volumineuses que les mâles, ct n’ont rien de commun avec eux sous le rapport de leur système de coloration, qui consiste en ta- ches noires sur un fond jaune plus ou moins foncé; parvenues à leur äge de reproduction, elles abandonnent les Mollusques, dans la coquille desquels elles s'étaient développées, et se réfugient sous les pierres, les feuilles tombées, ou rampent lentement sur la terre, tandis que les mâles, au con- traire, qui volent avec une grande facilité, se trouvent plus où moins communément, et surtout . pendant l'été, sur les plantes et sur les broussailles. On n'en indique jusqu'ici que sept espècés qui paraissent habiter exclusivement une seule partie de l’Europe, l'Asie occidentale et l'Afrique. Après les Drilus, le genre le plus connu de la tribu qui nous occupe est celui des Maracocasrer, Passi, Mag. de Zool., Ins., 1832 (Ctenidion, Dej.), surtout caractérisé par ses antennes médiocres et à dentelures courtes, ne renfermant que deux espèces, le M. Passerinii, Bassi (Ctenidion thora- cicum, Dej.), propre à la Sicile, à la Sardaigne, à l'Espagne et à l’Algérie, et le A. adustus, Che- vrolat, de Syrie. Les autres genres placés dans la même division sont ceux des: 1° Cosmocenus, Solier, à antennes assez longues, de onxe articles, dont les quatrième à dixième émettent chacun un très- long rameau grêle et presque glabre : une seule espèce (C. cinerens), propre aux provinces du nord du Chili, ayant l'aspect général d'un Dasytes, et dont M. Solier fait une petite famille placée à la suite de celle des Anobiens. 2 Serasia, Castelnau, qui, avec le faciès des Drilides, ont des antennes dis- posées comme celles des Rhipicères; deux espèces formant deux sous-genres : Selasia, à dernier article des palpes maxillaires tronqué (S. rhipiceroïdes, Cast., du Sénégal, et unicolor, Guérin, de Sierra-Leone), et Euptilia, Westwood, à dernier article des palypes matillaires atténué à son extrémité (S. decipiens, Guérin, des Indes orientales). 3° Eucunsis, Westw., à palpes robustes, égaux, à dernier article formant une grande lame oblongue, arrondie, plus longue que la tête et Le corselet réunis : les autres obconiques : une seule espèce (E. pulpator, Westw., des environs de Caleutta), et 4° Donrcaroma, Westw., à antennes courtes, de douxe articles, pectinées du troisième au onxième, et à rameaux peu allongés; ce groupe, dont la place sériale n’est pas déterminée d’une manière positive, est fondé sur un petit Insecte originaire de Decan, et qui a reçu la dénomination de D. bicolor. VINGTIÈME FAMILLE. LAMPYRIENS. LAMPYRII. Castelnau, 1840. Corps mou, aplati, dépourvu de vésicules; tête sans étranglement à la partie postérieure, décou- verte dans les uns et cachée presque complétement dans les autres par le corselet, antennes variables; mandibules entières ouunidentées; palpes plus gros à l'extrémité qu à la base : les maxilloires géné- Fig — Leiodes casluneus Fig. 2. — Hyphidrus varieqatus D. — Hydroporus duodecimpunclatus A Ÿ À COLEOPTÈRES. 9 ralement plus longs que les labiaux; élytres molles, bien développées chez les mûles, pouvant man- quer chez certaines femelles; les segments abdominaux souvent phosphorescents. Cette famille, à peu près aussi nombreuse que la précédente, renferme des espèces qui présentent souvent entre elles des différences très-notables; aussi, dans ces derniers temps, a-t-on cru devoir y former une très-grande quantité de genres, s'élevant au nombre de près de cent, et dont les deux plus connus, devenus des tribus particulières, sont ceux des Lampyris et Lycus. Ces Insectes sont répandus sur toute la surface du globe; mais les régions méridionales renferment surtout le plus d'espèces et surtout les plus grandes et les plus belles par leur système de coloration. Les métamorphoses de plusieurs Lampyriens, principalement du genre typique, sont connues, ainsi que nous le dirons bientôt. Les larves se trouvent dans les bois morts, humides et plus.ou moins décomposés, sur la terre, dans les forêts et les prairies, ete. Les deux sexes offrent parfois des différences très-remarquables, et, de même que nous l’avons observé chez certains Drilus, les mâles sont ailés, tandis que les femelles sont entièrement aptères et conservent la forme des larves. Un particularité très-curieuse que présentent ces Coléoptères, c’est leur phosphorescence si vive, que tout le monde à pu observer, et qui, chez nous, offre, dans les chaudes soirées de l'automne, une sorte d'illumination dans les herbes de nos bois. Anatomiquement les Lampyriens présentent quelques particularités qui doivent être notées. Le tube intestinal a une fois et demie la longueur du corps; il est revêtu de tuniques minces et dia- phanes; l’æsophage se renfle en un jabot oblong séparé par une valvule annulaire du ventricule chylifique; celui-ci est lisse, droit, membraneux; l'intestin grêle est filiforme, flexueux, avec quel- - ques rides transversales près du cœæcum, qui est allongé; le rectum est peu marqué. Les vaisseaux biliaires sont au nombre de quatre : deux en avant et deux en arrière. Chaque ovaire est composé d'une vingtaine de glandes très-courtes; l'oviducte s'enfonce sous le rectum dans un étui commun, et il est terminé par deux appendices courts, biarticulés. Mais cette description générale ne peut s'appliquer à toutes les espèces de la famille; c’est ainsi, pour ne citer qu’un seul exemple, que dans le Lampyris splendidula, le canal alimentaire a deux fois la longueur du corps, que l'œsophage est d’une telle brièveté qu'il ne devient presque plus distinct, qu'il se dilate subitement en une sorte de jabot court et qu’il est séparé par un étranglement du ventricule chylifique, que ce dernier es très-long, que l'intestin grêle, au contraire, est très-court, flexueux, offre un renflement cœcal et se termine par un rectum allongé, que les vaisseaux biliaires, insérés de mème que ceux des Cara- biques, ne sont plus qu'au norabre de deux, et que les ovaires sont composés d’une-trentaine de gaines biloculaires. s Les Lampyriens sont des Insectes chez lesquels l'éclat des couleurs vient se joindre à la bizarrerie des formes; leurs élytres, parfois très-élargies et défendant le corps, offrent des particularités inté- ressantes à étudier. Quand ils se croient menacés de quelque danger ou quand on veut les saisir, ils replient aussitôt leurs antennes et leurs pattes contre le corps et restent immobiles dans cette posi- tion; plusieurs espèces recourbent alors leur abdomen en dessous. Les uns se tiennent à terre, les autres fréquentent les arbres et les fleurs; tous paraissent être carnassiers, mais ils le sont cependant peut-être moins que les Téléphoriens. La taille de ces Insectes est habituellement moyenne ou assez petite. Les deux tribus admises dans cette famille, qui est tellement voisine de la précédente qu'on la confond souvent avec elle, sont celles des Lycides et Lampyrides. 4e tribu, Lycuves : antennes insérées supérieurement entre les yeux où en avant, presque tou- jours à peu près contigués, plus où moins larges, dentées ou flabellées; mandibules très-gréles, petites, inermes; labre distinct; tête recouverte par le corselet qui est pelit, rétréci en avant, foliacé sur les côtés, fovéolé où aréolé en dessus; pattes comprimées : à trochañters placés dans l'axe des cuisses, et à hanches intermédiaires distantes; prosternum très-court; abdomen de sept segments en dessous. Les Lycides sont de beaux Coléoptères d'un faciès particulier dû à la petitesse de leur tête et de leur corselet, et à l'ampleur ainsi qu'à la structure de leurs élytres. On les trouve sur les fleurs, les broussailles, et c’est principalement les bois qu'ils habitent. On ne sait rien de bien positif relative- c.5 2 10 HISTOIRE NATURELLE. ment à leur régime; mais, d'aprés la faiblesse de leurs organes buccaux, 1l est probable qu'ils doivent ne se nourrir que de matière végétale. Latreille, et surtout Erichson et M. Ed. Perris, ont fait con- naître les métamorphoses du Dictyopterus sanguineus; la larve, qui a beaucoup de rapport avec celle des Lampyris, dont elle diffère principalement par sa tête non contractile, est allongée, très- déprimée, revêtue de téguments coriaces, avec la tête cornée, très-petite : elle est, sur le dessus du cerps et les pattes en entier, d'un beau noir mat, et d'un blanc livide, avec cinq rangées de petites taches noires en dessous; cette larve vit sous les écorces des chênes morts, où elle fait la chasse aux diverses larves qui s’y trouvent, et n’est pas très-rare dans le midi de l’Europe. Ces Insectes, assez nombreux, se trouvent principalement dans les régions méridionales du globe, où, en Amérique et en Afrique surtout, ils sont très-abondants; l’Europe n’en comprend qu'un petit nombre. Les Lycides étaient iadis confondus avec les Lampyris, et Fabricius, le premier, créa cette divi- sion en formant le genre typique des Lycus; Geoffroy en distingue les Omalisus, et Latreille les Dic- tyopterus. MM. Guérin-Méneville (Voyage de la Coquille, Ent., 1830), de Castelnau (Soc. ent. de Fr.., 4855, et Rev. de Silberman, 1836), Newmann (Entomological Magasin, 1. IV, 1839), Erichson (Archiv. de Wieygmann, 1847), Dejean (Cat. des Col., 1833), ete., sont les auteurs qui ont fondé la plupart des autres genres que nous allons citer. Fig. 9, — Pleroplatus variabitis. Fig. 10. — Lycus latissimus. Le genre principal est celui des LYQUES (Lycus, Fabr., Systema Eleutheratorum, 1787) (Auxoe, Loup) : tôte prolongée en un rostre grêle, plus où moins conique et plus long que le vertex et le front réunis; antennes insérées à la base du rostre, à premier article médiocre, gros, cylindrique, deuxième très-court, transversal, troisième du double moins long que le suivant, quatrième à ditième larges, décroissant peu à peu, faiblement dentés, onsième plus long; élytres, tantôt dila- tées dans les mâles et simples dans les femelles, tantôt semblables dans les deux sexes, parallèles ou un peu élargies en arrière. Ce genre renferme d'assez nombreuses espèces, presque exclusive- ment propres à l'Afrique, mais dont quelques-unes proviennent de l’Amérique et des Indes orien- tales; ce sont des Insectes assez grands, parés de brillantes couleurs, et offrant des lignes ou des taches qui tranchent notablement sur la couleur du fond des élytres. On peut prendre pour type le Lycus rostratus, Fabr., long de 0%,02, d'un jaune orangé, avec le disque du corselet, une très-large bande sur la base de chaque élytre, noirs; commun aux environs du cap de Bonne-Espérance. — Le genre le plus important des Lycides, après celui que nous venons d'étudier, est celui des Dicrvo- prenus, Latr., ou Lycisroprenus, Dejean, qui se distingue principalement des Lycus par la brièveté relative et la forme robuste du rostre : V'espèce typique est le D. sanguineus, Fabr., petite espèce européenne qui se trouve, quoique rarement, auprès de Paris : elle est d'un noir très-foncé, lui- sant, avec les bords latéraux du corselet et des élytres d’un rouge sanguin; les espèces qu'on y joint sont toutes américaines. Les autres genres, à téte prolongée en rostre, sont ceux des : Cerrasis, Cast., renfermant une grande et belle espèce (mirabilis) de Colombie; Porrosroma, Cast., formé d'espèces propres à l'Aus- tralie, et Mernionmyneuus, Guérin, de l'Australie et de la Nouvelle-Guinée. COLÉOPTÈRES. 11 Parmi les autres groupes, dans lesquels la tête n'est pas prolongée en rostre, on remarque princi- palement les Cazoprerus (Calopteron, Cast.) (x50c, beau; #:p0v, élytre), dans lesquels la tête est en partie recouverte par le corselet, prolongée au-devant des yeux en un très-court et large museau; les antennes, insérées sur le front, sont longues, plus ou moins larges et dentelées, s'élargissant graduellement à leur extrémité; ce groupe, qui a pour synonymes ceux des Digrapha, Newman, et Charactus, Dejean, renferme une centaine d'espèces, dont quelques-unes sont remarquables parla forte dilatation des élytres en arrière; ces espèces abondent surtout dans les deux Amériques, mais l’on en connaît aussi de l'Afrique australe et de l'Australie (type, L. reticulatus, Fabr., de l'Amérique du Nord. — Les autres genres sont ceux des : Cænia, Newm., propres à l'Amérique du Nord et à Madagascar, et qui ont été partagés en Cænia propres et Celetes; Cranopnorus, Guérin, de la Nou- velle-Guinée; Empvecrus, Erichson, de l'Amérique du Sud; Eros, Newm. (Anarhynchus, Guérin, et Pyropterus, Mulsant), ayant surtout le deuxième artcle des antennes pyriforme, au moins aussi long que large, renfermant de petites espèces, dont une dizaine, telles queles E.aurora et minuta,Fabr., sont européennes, tandis que le plus grand nombre proviennent de l'Amérique du Nord, et qu’une (E. Woodlarkianus, Montrouzier) est particulière à l'ile Woodlark, dans la Polynésie. À ces genres nous pourrions joindre des groupes qui ne sont pas suffisamment connus ou qui n'ont pas été ca ractérisés; tels sont ceux des: Eurycerus, Dej.; Temnostoma, Coptorhinus, Odontocerus et Anu- rhynchus, Guérin; et peut-être Lycoides, Montrouzier. Fig 11. — Dictyopterus sangumeus. Fig, 12. — Omalisus suturalis. Fig. 15. — Lycus aurora. Deux genres de la même tribu diffèrent tellement des autres, que M. Th. Lacordaire a eru devoir en faire deux sous-tribus spéciales; ce sont : 1° les Carocnromus, Guérin, à mandibules assez ro- bustes, saillantes; labre non distinct; tête tout à fait dégagée du corselet; antennes filiformes, dépri- mées; corselet non foliacé latéralement; pattes comprimées : à hanches intermédiaires peu distantes; abdomen de sept segments en dessous, ces Insectes (espèce unique, C. glaucopterus, de la Nouvelle-Guinée) se rapprochent des Téléphores par leur forme, et ont la livrée des Lycus; et 2° les Osausus, Geoffroy (Hist. des Ins., 1764), que depuis Illiger on indique généralement sous le nom d'Homalisus; à mandibules très-courtes, assez épaisses à la base; à tête dégagée du corselet; à antennes filiformes, corselet non foliacé; pattes gréles, avec les jambes arrondies et les hanches intermédiaires presque contiqués; à abdomen de six segments, etc. : ces Insectes, de taille médiocre, noirs, avec les slytres d’un rouge sanguin plus ou moins vif, ayanten même temps des rapports avec les Lycides, les Téléphorides et les Malachiens, sont tous européens; on n’en connaît que trois espèces dont le type est l'O. suturalis, Fabr.; une autre espèce (affinis), est le type du genre Pyropterus. 2e tribu, Lampyrines : antennes insérées sur le front, presque contiqués, un peu distantes; palpes très-robustes; mandibules très-gréles, simples; tête presque toujours recouverte par le corselet; celui-ci latéralement foliacé, habituellement prolongé, arrondi en avant; pattes comprimées, avec les hanches intermédiaires contiqués, les trochanters situés à l'intérieur des cuisses, et les tarses ayant le quatrième article bilobé; abdomen de sept segments, rarement de six, souvent pourvu d'un appareil phosphorescent. Les Lampyrides ont encore plusieurs caractères importants analogues à ceux des Lycides, mais leur faciès est très-différent. A l'exception des Phosphènes, les mâles sont toujours ailés, mais, dans 19 HISTOIRE NATURELLE, la grande majorité des espèces, les femelles sont tout à fait privées d'ailes et ne possèdent que des rudiments d’élytres qui ne se retrouvent même pas chez plusieurs : dés lors ces femelles ressemblent beaucoup à des larves. Les élytres peuvent affecter deux formes principales : tantôt elles ont la dis- position d'un bouclier elliptique ou ovalaire, débordant plus ou moins [ abdomen, tantôt elles sont parallèles, de même que celles des Téléphoriens. L abdomen est le siége d'un appareil phosphores- cent particulier, qui a rendu ces Insectes célèbres depuis un temps déjà reculé; cet appareil, dont beaucoup d'auteurs se sont occupés, n’a guère été bien connu qu'assez récemment, et grâce surtout aux travaux de MM. Matteusi sur le Lampyris italica (Leçons sur les phénomènes physiques des corps organisés, 1843) et Peters (Archiv. de Muller, 1841), qui ont donné de bons détails sur cet organisme, ainsi Que SUT sa structure. Mais si cet appareil est très-important sous le point de vue de la physiologie, il ne peut être d'un grand secours pour l'arrangement systématique des espèces. En effet, comme le fait remarquer M. Th. Lacordaire, non-seulement il manque complétement dans un assez grand nombre d'espèces; mais, dans une foule de cas, ses limites, dans les deux sexes ou dans l'un d'eux seulement, sont si incertaines, qu'on ne peut préciser exactement les segments abdomi- naux qu'il occupe, ct, en outre, il varie considérablement dans des espèces voisines d'un même groupe naturel. À une exception près, ces Insectes sont nocturnes ou crépusculaires : et pendant le jour ils se tiennent cachés sous les pierres ou dans les herbes. C'est principalement à l'entrée de Ja nuit qu'ils se font remarquer par leur lumière phosphorique, parfois trés-brillante, surtout pendant les fortes chaleurs et principalement dans les régions intertropicales. C’est alors qu'ils volent dans les airs, se dispersent sur les plantes, et que les mäles vont à la recherche des femelles. A leur état parfait, ils se nourrissent de substances végétales. On a cru pendant longtemps que les larves avaient un cenre de vie semblable; mais, comme l’a dit le premier M. Arsène Maille, on sait positivement aujourd’hui qu'elles sont, au contraire, excessivement carnassières, et qu'elles dévorent surtout les Mollusques terrestres. Les larves de quatre espèces bien déterminées ont été décrites par les auteurs; ce sont celles des Lampyris noctiluca et Luciola italica, que de Géer a fait connaître dans ses immortels mémoires; du Phosphænus hemipterus, dont s’est occupé M. P. W. J. Muller (in Iliger Mag., t. IN), et de l'Apidosoma candelaria, mentionnée par M. le colonel Goureau (Ann. Soc. ent. de Fr., 1846). En outre, quelques larves ont été indiquées d’une manière générale par MM. Westwood, Perty et La- cordaire. Dans ces larves, le corps est très-déprimé et recouvert de plaques cornées; la tête est très- petite, complétement cachée par le corselet; les organes buccaux ne se composent que de deux mandibules, de deux màchoires et d'un menton privé de languette; il y a un ocelle de chaque côté de la tête; les trois segments thoraciques ne sont pas plus larges que les abdominaux, mais ils sont plus longs; l'abdomen, s’atténuant peu à peu en arrière, est pourvu à son dernier segment d'un pro- longement anal peu saillant; les pattes sont robustes; les neuf paires de stigmates sont placées infé- rieurement à quelque distance des bords latéraux. Dans nos climats, ces larves passent l'hiver sous celte forme, y restent encore pendant presque tout l'été, et ne se métamorphosent qu'au commence- ment de l'automne en nymphe : état qui n’a qu’une courte durée. Les nymphes ne présentent rien de particulier dans les mâles, et, dans les femelles aptères, elles conservent la forme de la larve. Les Lampyrides, de grande taille dans les régions chaudes, et de taille moyenne chez nous, se trouvent en assez grand nombre dans tous les pays du monde. Néanmoins l'Amérique est surtout riche en espèces et en individus; et, à elle seule, elle en possède plus que tous les autres pays réunis. En Europe, on ne signale que trois genres spéciaux, et l'Afrique, les Indes orientales et l'Australie ne sont guère mieux partagées qu'elle sous ce rapport. Geoffroy est le créateur du genre Lampyris, qui cependant ne fut réellement bien circonserit que par Fabricius. Quelques genres en ont été séparés par Hoffmansegg et Gray; mais, assez récemment, deux auteurs, MM. de Castelnau (Ann. Soc. ent. Fr., 1853) et Motschoulsky (Études entomologiques, année 1), ainsi que Dejean (Cat. des Coléoptères, 1833), qui a proposé beaucoup de divisions sans les caractériser, ont partagé ce genre, devenu tribu ou famille, en un grand nombre de groupes gé- nériques, au point que le dernier entomologiste que nous venons de citer y admet soixante-quatre genres fondés, pour la plupart, sur des caractères très-peu importants; enfin, M. Le Conte a donné un Synopsis des espèces d’une partie de l'Amérique du Nord; M. Solier a fait connaître des espèces du Chili, ete. COLÉOPTÈRES. 43 Dans les uns, la sous-tribu des Lampyrides vrais de M. Th. Lacordaire, la téte est très-courte, sans aucune trace de cou en arrière, très-recouverte par le corselet et tout à fait rétractile dans la cavité de ce dernier. Parmi ces derniers on peut encore former deux divisions particulières, ayant pour types les deux groupes naturels des Lucidotites, à ailes et élytres complètes dansles deux sexes, et les Lampyrites, à ailes et élytres rudimentuires dans les femelles au moins. Les Lucidotites renferment de très-nombreuses espèces, toutes exotiques et le plus habituellement de grande taille; c'est parmi elles surtout que l'on a formé un très-grand nombre de genres, assez peu caractérisés, et remarquables par le développement de leurs antennes, qui sont longues, très- larges ou flabellées, au moins dans l’un des sexes, et souvent chez les mâles : cependant dans quel- ques groupes, ces organes s’affaiblissent considérablement, en même temps que les yeux grossissent. Les genres principaux de ce groupe, genres qu’il ne nous est pas possible de caractériser, et que nous nous bornerons à nommer, sont les suivants : 4° Lampnrocera, Cast. (Sels, Dej.), que l'on peut subdiviser en Lamphocera et Lucio, Cast.; comprenant de grands et beaux Insectes de l'Amérique du Sud (L. Latreillei, Kirby). 2 Hyss, Cast. (Ange, Dej.; Deraspis, Blanchard), du même pays que le genre précédent et que le suivant. 3° Nycrocreris, Motseh. (Nyctocharis, Dej.; Cladodes et Rhipi- dophorus, Solier). 4° Drvprozvrrs, Cast., une seule espèce de Cayenne (D. Cayennensis, Cast , ou Nyctocharis phyllogaster, Dej.). 5° Carvproceruazus, Gray (Psilocladus, Blanch.; Pollaclasis, Newm.; Polyclasis, Le Conte; Actenista, Dej.), de l'Amérique, tant méridionale que septentrionale. 6° Eruna, Cast. (Cladophorus, Gray; Eucladisus, Westw.; Vesta, Cas., Blanch.); de l'Amérique du Sud et de Java (Vesta Chevrolatii, Cast ). T° Lucernura, Cast., Motsch., du Brésil, des Indes orientales et de la Chine. & Luciora, Cast. (Lychnuris, Dej.), groupe typique, riche en espèces, toutes de taille grande ou moyenne, répandues dans presque toute l'étendue de l'Amérique, caractérisées essentiel- lement par la longueur et la forme plus ou moins large des antennes; en général noires, avec les bords latéraux du corselet et une bande presque marginale sur chaque élytre de couleur blanche, et qui ont été partagées par M. Motschoulsky en huit genres particuliers, ceux des: Lychnuris, Trilychia, Dilychria, Mesolampis, Lychnogaster, Pseudolychnuris, Pachylychnia, Lucidota : aux- quels on peut joindre les Pyractomena, Solier. 9 Azrerox, Cast., ne comprenant qu’une espèce, propre à l’île de Cuba (4. dorsalis), qui ressemble assez à une Casside par sa forme générale. 10° Puausis, Le Conte, une espèce (brevicornis), de Géorgie: 11° Pnornus, Cast., groupe excessive- ment nombreux en espèces, loutes américaines, et dont on a voulu distinguer plusieurs genres, tels que ceux des: Erythrolychnia, Ellipolampis, Microlampis, Lamprodes, Robopus, Callopisma, Pyropyga, Pyrectosoma, Motschoulsky; Pygolampis, Ellychnia, Pyrectomena, Dejean. 19° Craro- Noworruus, Motseh., de l'Amérique du Sud. 13° Asrinoma, Cast. (Nyciophanes, Dej.; Aspidosoma, Lacordaire); espèces répandues dépuis le Mexique jusqu'à Buénos-Ayres. Les Lampyrites ne comprennent pas beaucoup d’espèces, toutes ou à peu près propres à l’an- cien continent, ayant presque généralement des antennes courtes et grêles et des yeux remar- quables par leur énorme développement. Toutes les femelles sont aptères, tellement semblables à des larves, qu'on les a souvent confondues avec elles, et jouissent à un degré beaucoup plus fort que les mâles de la propriété phosphorescente. La taille de ces Insectes est moyenne; le corps est à peu près parallèle, d'une couleur générale d’un testacé flavescent ou brunâtre, avec une teinte plus ou moins livide. On n'y distingue que trois genres : 4° LAMPYRE (Lampyris, Linné, Systema na- turæ, 1735), dénomination qui n’est que la reproduction du nom grec (Taurupz), de ces animaux dont le nom vulgaire français est celui de Ver Lursanr, ce genre a pour caractères : MALES, antennes insérées entre les yeux, de lu longueur du corselet, filiformes, de onxe articles courts, grenus; palpes très-courts; tête petite, cachée sous le bord antérieur du corselet; yeux très-gros; corselet re- bordé, arrondi, tronqué en arrière; écusson petit, triangulaire; élytres parallèles, aplaties; pattes courtes, à tarses filiformes; abdomen à segments terminés sur les côtés en angles aigus; FEMELLES, aptères où n'ayant plus que des fragments d'élytres. On connait une cinquantaine d’espèces de Lampyres, presque toutes propres à l’ancien continent, mais dont quelques-unes appartiennent à l'Amérique; tous répandent une lumière phosphorescente, dont le siége est dans les derniers seg- ments abdominaux de leur corps : comme espèces typiques nous citerons les Lampyris noctiluca, Fabr., qui se trouve dans toute l’Europe, et n’est pas rare aux environs de Paris; splendidula, Fabr., 12 HISTOIRE NATURELLE. et Zenkeri, Brullé, principalement du midi de la France, etc. Par quelques caractères d'assez peu d'importance, M. de Motsehoulsky a formé plusieurs groupes (Diaphanes, Lychnebius, Lampronetes, Lamprotomus, Lamphorixa) dans ce genre naturel. 2° PHOSPHÆNUS, Cast. (Geopyris, Dej.), à ély- tres beuucoup plus courtes que l'abdomen dans les mâles, et manquant dans les femelles; d'après cette caractéristique, on voit que le mäle, de même que la femelle, ne peut voler, il se tient sur le sol entre les plantes basses : le type est le P. hemipterus, Fabr., petite espèce que l'on trouve, mais rarement, dans nos environs; M. de Motschoulsky a désigné une espèce (brachypterus) de la Pologne et de la Russie. 3° LAMPRIGERA, Motsch., surtout caractérisé par la forme des antennes, et renfer- mant des espèces propres aux Indes orientales (type, L. Boyei). Fig. 14. — Jznpyris splendidula. Fig. 145. — Lampyris Savignyi. Fig. 16. — Lampyris splendidul (Mâle.) (Femelle) Dans les autres, la sous-tribu des Luciolides, de M. Th. Lacordaire, la tte est imparfaitement recouverte par le corselet; les ailes et les élytres sont complètes dans les deux sexes. Parmi les groupes peu nombreux placés dans cette division, deux doivent surtout nous occuper : À. Genre Lucroa, Cast., ayant des antennes plus ou moins courtes, gréles, filiformes, graduelle- ment atténuées; à tête en grande partie découverte, ete. On connait près de cinquante espèces de ce genre : aussi a-t-on cherché à le subdiviser, c’est ainsi que Dejean indique les groupes des Curtos et Colophotia, et M. de Motschoulsky ceux des Delopyrus et Delopleurus. Ce sont des Lampyriens de taille moyenne, exclusivement propres à l'ancien continent, d’un brun noirâtre ou d’un fauve tes- tacé plus ou moins jaunâtre; ils se multiplient à un point vraiment prodigieux, et, dans quelques parties de l'Italie; ils présentent, pendant les nuits d’été, un des spectacles les plus curieux que l'on puisse voir, car l’air est éclairé d’une multitude d’étincelles ou de petites étoiles errantes qui y for- ment une trés-jolie illumination; le type est la L. italica, Fabr. Deux genres assez voisins de celui des Lucioles sont ceux des Mecarorarnazuus, Gray (Rabdota, Dej.) : quelques espèces de l'Amérique méridionale, et Anvorres, Hoffmansege, groupe propre au même pays que le précédent. B. Pno- rünts, Dej., Le Conte (Telephoroïdes, Cast.), surtout distingué par sa tte rétrécie en arrière, et par son labre non distinct; groupe assez nombreux en espèces qui paraissent répandues dans toute l’é- tendue du continent américain, et dont M. de Motschoulsky a cherché à distinguer les groupes M pUregester, Bicellonycha, Triplonycha, Blattomorpha, Platystes, Dryptomorphus et Tetra- yermua, Aux groupes nombreux de Lampyrides que nous avons indiqués, nous pourrions encore ajouter quelques genres; tels sont, par exemple, ceux des : Atela, Dadophora, Nematophora, Spenthera, Dej.; Cassidomorphus, Lychnacris, Platylampis, Strogqulus, Strongylomorphus, Motseh., ete. Fig 1. — Calochroa crucigera — Dirolus subiridescens Fig. 3. d k — Elaphrus uliginosus w. 2 — Cicindela tortuosu pc. 22 COLEOPTÈRES. 15 VINGT ET UNIEME FAMILLE. ATOPIENS. ATOPII. Castelnau, 1840. Corps assez allongé, un peu bombé; tête dégagée; menton corné; lanquette grande, membraneuse; mächotres inermes, bilobées; mandibules courtes; antennes insérées immédiatement au-devant des yeux, de onxe articles; hanches antérieures et intermédiaires variables : les cavités cotyloïdes des premières ouvertes en arrière : postérieures transversales, canaliculées au bord postérieur; des trochanters diversement situés, rarement nuls; tarses pentamères en général; mésosternum et pro- sternum variables ; abdomen de cinq segments ventraux, tous distincts. La famille des Aroriexs de M. de Castelnau devrait prendre, comme le proposent MM. Guérin- Méneville et Lacordaire, le nom de Dascyzunes, car le genre Dascyllus, de Latreille, synonyme d'Atopa, Paykuhl, a sur lui l'antériorité de deux années; mais, pour nous conformer à l'usage spé- cialement adopté, nous n'avons pas cru devoir adopter ce changement. Cette famille est loin d'être naturelle, et déjà on a voulu la subdiviser en plusieurs groupes, tels que ceux des Atopides, Cypho- nides et Colobodérides, auxquels il faudrait peut-être même ajouter d’autres groupes primaires. D'une manière générale les Atopiens sont des Coléoptères de taille moyenne ou petite, peu remar- quables par leur système de coloration, de forme un peu oblongue, ovalaire, elliptique ou navicu- laire, et dont les téguments, de consistance normale, ne sont pas minces et membraneux comme ceux des Lampyriens. Leur tête est au plus médiocre, libre, penchée et rétrécie au-devant des yeux en un museau plus ou moins court; les antennes sont trés-longues, très-grêles, semblables à celles des Élatériens; les yeux sont habituellement médiocres, arrondis; il y a toujours un écusson; la struc- ture des pattes présente des différences assez notables suivant les genres. Ces Insectes sont phyto- phages, et se trouvent sur les plantes pour le plus grand nombre : presque tous dans les bois et dans les plaines, et quelques-uns au bord des eaux. Ils semblent exclusivement propres à l'Europe, à l'Afrique et à l'Amérique : une seule espèce provient de l'ile de Java. Les larves de trois espèces sont connues, mais l’histoire de leurs métamorphoses ne l’est pas com- plétement. Une de ces larves, décrite par Érichson, est celle de l’Atopa cervina, surtout remarquable par sa forme courte et déprimée, et par sa tête pareille à celle des larves de Lamellicornes, mais plus grosse relativement au corps, et dépourvue d’un épistome distinet; elle viten terre etse nourrit probablement des racines des plantes que ses organes buccaux la rendent très-apte à ronger. Une autre larve, celle du Cyphon ou Elodes pallidus, qu'Érichson a également fait connaitre, est ovale, graduellement atténuée en arrière, et ressemble beaucoup à celles des Silpha : elle est aquatique, rampe lentement sur les pierres et les plantes, et se nourrit de matière végétale. Enfin la dernière larve connue de cette famille, celle de l'Eucinetus meridionalis, comme l’a montré M. Ed. Perris, est allongée, atténuée à ses deux extrémités, surtout en arrière, et assez convexe en dessus; elle se rapproche un peu de celle de l'Atopa; elle vit sous les écorces, les souches ou les pièces de bois gisant sur le sol, partout où se développent des Byssus et des Cryptogames inférieurs dont elle fait sa nourriture, et dans lesquels elle ne s'enfonce pas, bien qu’elle craigne la lumière; c’est dans les mêmes lieux que l’Insecte parfait dépose à l'automne des œufs qui n’éclosent qu'au printemps sui- vant : la nymphe est hérissée, sur presque tout son corps, de longues soies épaisses et charnues. M. Guérin-Méneville (Rev. 001., 1845, et Species et Icon. des Anim. articulés) est le seul auteur qui ait publié un travail à peu près complet sur l'ensemble de cette famille; M. Le Conte a donné un travail important sur les espèces de l'Amérique du Nord. M. Th. Lacordaire admet cinq tribus dans cette famille : A. AnrÉmaropipes, à mésosternum disposé comme celui des Buprestiens : c’est-à-dire plan, rece- vant à poste fixe le prosternum. Un seul genre, celui des ARTEMATOPUS, Perty, Del. anim. Art. Bras., 1830, ayant pour synonymes les groupes des Brachymorphus, Chevrolat; Epicyrtus, Dej., 16 HISTOIRE NATURELLE. et Lairus, Cast., propre à l'Amérique (4. longicornis, Perty), et dont le corps et les élytres, d'un fauve testacé, sont revêtus d'une villosité redressée et entremêlée de poils plus longs. B. Arorives (Dascyllides vrais, Lac.), à mésostermum incliné, souvent concave, ne recevant pas où que très-imparfaitement le prosternum, de même que dans les deux tribus suivantes, à hanches postérieures de grandeur normale, et à avant-dernier article des tarses très-distinct. Ces Insectes sont plus ou moins oblongs et de taille moyenne, ou bien assez courts, ovalaires et de très-petite taille; on y distingue une quinzaine de genres, dont les trois principaux sont les : 4° ATOPA, Paykuhl (Faunasuecica, 1198) (axoro:, insolite)ou DASCYLLUS, Latreille (Précis des caract.des Crust. et des Ins., 1796) (Azsoudos, nom mythologique), ayant pour caractères : corps oblong, parallèle, un peu conveve; tête penchée; menton allongé, rétréci et tronqué en avant; languette large, qua- drilobée; mächoires bilobées; palpes : labiaux à dernier article un peu sécuriforme : maæillaires légèrement triangulaires; mandibules assex saillantes, arquées, simples à l'extrémité; labre ar- rondi en avant; antennes de la longueur du corps, filiformes, dont les articles troisième à onxième ou dernier, allongés, égaux; corselet transversal, un peu rétréci en avant; écusson triangulaire; élytres oblonques, parallèles, arrondies en arrière; pattes médiocres. Les Atopa ne renferment qu'un petit nombre d'espèces répandues dans les parties froides et tempérées de l’ancien et du nouveau continent, de taille moyenne, ferrugineuses ou brunâtres, à téguments cachés par une fine pubes- cence couchée, grise ou fauve : le type est l'A. cinerea, Fabr., qui se trouve au printemps sur les fleurs dans une grande partie de l’Europe, quoique assez rarement; la seule espèce provenant de Java (fulvulus, Wied.), est le type du genre Petalon, Schœnherr. 2° CYPHON, Paykuhl (Fauna sue- cica, 1798) (zvev, bossu), ou ELODES, Latreille (Précis des caract. des Crust. et des Ins., 1796) (097, de marais), à corps ovale ou elliptique; tête courte, penchée, rétrécie en avant; menton en carré long; languette étroite; palpes assez robustes; mandibules simples; labre grand; yeux mé- diocres; antennes qréles, avec les articles quatrième à onzième à peu près équuæ, obconiques ou légèrement en scie; élytres plus larges que le corselet; pattes au plus moyennes. Insectes petits, à téguments minces, avec des teintes variant du noir brunâtre au jaune testacé, se trouvant sur le plantes qui eroissent au bord des eaux ou dans les prairies humides : surtout observés en Europe (C. palustris, Fabr.), en Afrique et en Amérique : c'est parmi ces dernières que M: Le Conte a cru devoir distinguer son genre Sacodes. 3° SCIRTES, Iliger (Mag., 1807) (œzp7n<, sauteur), différant surtout des Cyphons par leurs pattes postérieures disposées comme celles des Altica, ce qui leur permet de sauter avec force sur les plantes et les arbrisseaux; des mêmes pays que les Cyphons. — Les autres genres de la même tribu sont ceux des : Licuas, Westw., groupe singulier ayant de l'ana- logie avec les Cébrioniens et les Élatériens, ayant pour espèce unique le L. funebris, pris à Hong- Kong, sur un camellia; Srexocorus, Le Conte, du Sacramento; Ancuyransus, Guérin, une espèce de l'Amérique du Nord; Onoxronyx, Guérin, de Pensylvanie; Cnrocrossa, Guérin, de Colombie; Ocro- 6Lossa, Guérin, de la Nouvelle-Grenade; Tuenrus, Guérin (Therobius, Guérin), de l'Afrique australe, et peut-être Arorina, White, de la Nouvelle-Zélande. Fig. 17. — Pislodactyla eluterina. Fig. 18 — Zucinetus hæwmorrhoidalis. Fig. 19.— Cyphon (Élodes) livicus. C. PriLobaGTYLIDES, qui se distinguent surtout des Atopides par l’avant-dernier article des tarses ruimentaires. Le genre principal est celui des PTILODACTYLA, Dej., Latr., qui renferme de nom- COLÉOPTÈRES. 17 S breuses espèces américaines, de couleurs sombres, et vivant sur les feuilles, à la surface desquelles elles marchent lentement, et d'où elles se laissent tomber à la moindre apparence de danger, mais pouvant voler facilement (type, N. nitida, de Géer), de Cayenne. — Les autres genres sont ceux des : Dæwox, Cast. (Colobodera, Klug), de Madagascar; ArLocLossa, Guérin, probablement synonyme de Brithycera, Erichson, de Colombie et de Guatimala; Brapyroma, Guérin, fondé sur l'Atopa aurita, Dej., Insecte assez grand, qui est répandu depuis Rio-Janéiro jusqu'aux rives de la Plata; CLanorom4, Westw. (Cladon, Dej.), de l'Amérique du Sud. D. Évcnérines, séparés des Atopides et des Ptilodactylides particulièrement par leurs hanches postérieures extrémement grandes, prolongées en lamelles. Le genre unique de cette division, celui des EUCINETUS, Schüppel Gem, 1818 (Nycteus, Latr., 1825; Hamoxybium, Dufts., 1895), com- prenant de petites espèces pour la plupart européennes (E. meridionalis, Cast., et hæmorrhoidalis, Germ.), mais dont quelques-unes ont été trouvées à Madère et dans l'Amérique du Nord, habitant sous les écorces, sur les haies, ete. E. Eusrianes, dans lesquels le mésosternum est carré, plan, rejoint par le prosternum. Un seul genre bien authentique, celui des EUBRIA, Dahl., Germar, remarquable par ses palpes labiaux à second article très-grand et à dernier plus petit, par ses cuisses postérieures simples, et ses antennes à articles a;latis, en dents de scie, et ne comprenant qu’une seule espèce (E. palustris), qui vit sur les plantes aquatiques dans la plus grande partie de l'Europe, semblant rare partout. — Ne doit-on pas placer ici, en vutre, les deux genres Ectopria et Eurea, Le Conte, de l'Amérique du Nerd? VINGT-DEUXIÈME FAMILLE. ; RHIPICÉRIENS, RHIPICERII. Latreille. 1874. Menton corné; languette petite; mächoires lamelliformes, souvent à un seul lobe; mandibules en tenailles, plus ou moins saillantes; lèvre petite, habituellement soudée à l'épistome; antennes insé- rées au bord antérieur et interne des yeux, de onxe ou d'un plus grand nombre d'articles, flabellées ou pectinées dans les mûles; hanches antérieures et intermédiaires cylindroïdes, saillantes, à ca- vités cotyloides des antérieures très-largement ouvertes en arrière, et à trochanters grands, trans- versaux, hanches postérieures canaliculées en arrière; tarses pentamères, avec le dernier article pourvu d'un ongle très-développé, sétigère; abdomen de cinq segments distincts, rarement de six. Fig. 20. — Khipicera cyanea. Fig. 21, — Callirhipis Goryi. La famille des Rhipicériens, dont le type est le genre Rhipicera, de Latreille, est très-naturelle, quoiqu’elle se rapproche de quelques groupes primaires de l'ancienne division des Malacodermos. Les téguments sont cependant plus solides; la tête est assez saillante; les antennes, habituellement de longueur médiocre, très-flabellées et assez remarquables par leur développement dans les mâles, sont, ce qui est rare chez les Coléoptères, composées de plus de onze articles, et quelquefois de quarante dans les Rhipicères proprement dits. ce 5 18 HISTOIRE NATURELLE. Ces Insectes, de taille moyenne, sont assez peu nombreux, rares dans les collections, et tous exo- tiques. On ne connaît aucun détail sur leurs premiers états. On les trouve sur les feuilles dans les bois ou sur les plantes basses; au moins en est-il ainsi pour la Rhipicera marginata, dont M. Th. La- cordaire a étudié les mœurs, et chez laquelle les femelles semblent plus rares que les mâles. Longtemps réunis aux Cébrionites, les Rbipicériens en ont été séparés par Latreille (Ann. Soc. ent. de France, 834), comme formant une section des Séricornes équivalente à celle des Ster- noxes. Des travaux généraux ont été publiés par M. de Castelnau (mêmes Annales et même année), par M. Guérin-Méneville (Spec. et Iconogr. des Anim. art.), et par M. Th. Lacordaire (Genera des Coléoptères, t. IV, 1857), qui n'y admet que les six genres suivants : 4° CALLIRHIPIS, Latr. (Celadonia, Dej.), ayant les antennes avec chaque article, à partir du troi- sième, prolongé en une lamelle gréle, aplatie et aussi longue que la tige, et seulement en peigne dans les femelles et présentant des tarses gréles, sans palettes : des espèces peu nombreuses, propres aux Indes orientales, à l'Australie, aux régions intertropicales de l'Amérique, et même à la Syrie, aux- quelles on doit réunir le genre Semianus, créé par M. É. Blanchard, pour une espèce (S. bicolor) du Chili; l'on peut prendre pour type le C. Dejeanii, Latr., de Java. 2° ZENOA, Say, à antennes dentées dans les femelles, à partir du troisième article : ne comprenant que le Melusis picea, Pal.-Beauv., de l'Amérique du Nord. 3° RHIPICERA, Latr. (Polytomus, Dalm.), ayant les antennes en éventail dans les mâles (d'où a été tiré le nom du genre, du grec pur, éventail; 2:04, corne), très-pectinées dans les femelles, et toujours composées de beaucoup plus de onxe articles, et à tarses ayant leurs quatre premiers articles munis en dessous de lamelles ovalaires : on connaît une quinzaine d’es- pèces de ce genre, particulières à l'Amérique du Sud et à l'Australie, d’assez grande taille et de cou- leurs variées, partagées par M. Guérin-Méneville en ses trois sections des Rhipicera, Agathorhipis et Oligorhipis, et ayant pour type la R. marginata, Kirby, commune au Brésil. 4° SANDALUS, Enoch (Microrhipis, Guérin; Megarhipis, Cast.), à antennes munies, à partir du troisième article dans les mâles, de rameaux aplatis, larges, plus longs que toute l'antenne, et en peigne dans les femelles: des deux Amériques et de l'Afrique australe; une quinzaine d'espèces : type, S. niger, Knoch. 5° CHAMÆRHIPIS, Latr. (Eurhipis, Cast.), chez lequel les antennes, à partir du troisième article, sont munies de rameaux longs, comprimés, élargis graduellement vers le bout, et tous. ap- pliqués les uns contre les autres; tarses ayant leurs deuxième, troisième et quatrième articles munis en dessous de deux très-petites palettes; on n’en connaît que deux espèces (C. Senegalensis, Cast., et Natalensis, Bohem.), dont les noms indiquent la patrie. Et 6° PTYOCERUS, Cast. (Demo- docus, Klug), à antennes munies de rameaux courts, très-épais à partir du troisième article; à tarses ayant les quatre premiers articles munis en dessous chacun de deux lamelles ovalaires; quatre es- pèces propres au cap de Bonne-Espérance. VINGT-TROISIÈME FAMILLE. CÉBRIONIENS, CEBRIONII. Erichson. 1855. Bouche rarement inférieure; pas de paraglosses; mächoires inermes, à un ou deux lobes; labre distinct; tête penchée; antennes de onxe articles, filiformes, insérées près des yeux; pattes fouis- seuses, à cavités cotyloides des antérieures ouvertes, à hanches antérieures ‘et intermédiaires globuleuses, trochanters nuls, jambes dilatées avec des éperons bien développés, et à tarses penta- mères parfois munis de lamelles; abdomen formé de cinq à six segments bien distincts; prosternum sans mentonnière, la saillie postérieure recourbée en arrière des hanches antérieures et plus ou moins \recue dans une cavité mésosternale. Les Cébrioniens constituent une famille assez peu nombreuse et renfermant quelques espèces européennes, et surtout un nombre plus considérable d'espèces exotiques. Ce sont des Coléoptères . de taille généralement moyenne, assez difficiles à trouver, rares dans les collections, dont quel- Dischirius gibbus Fig. 3 — Oplonus Germanus D — Calascopus lateralis [U] rs PL. 2 COLÉOPTÈRES. 19 ques-uns ont été confondus avec les Eucnémiens et les Élatériens, et qui ne se distinguent de ces derniers que parce qu'ils sont privés de la faculté saltatoire et que les pattes sont organisées pour fouir la terre. Ce sont des Insectes à forme allongée, à téguments souvent mollasses, ce qui les rapproche des familles précédentes. Les femelles sont plus robustes que les mâles dans toutes les parties de leur corps : leurs antennes sont différentes, leurs élytres ne recouvrent pas complétement l'abdomen, et elles sont privées d'ailes; aussi, d’après ces différences sexuelles, n’a-t-on souvent pas pendant longtemps su rapporter les femelles à leurs mâles, et les a-t-on même quelquefois placées dans des genres différents. Les mœurs et le développement successif des Cébrioniens sont peu connus, et l’on n'a quelques détails que sur une espèce du genre typique qui a été étudiée en Europe dans ces derniers temps sous ces deux points de vue. Olivier, Farines, Audouin, d'après M. Guérin-Méneville, MM. Mittre et Graells, ont donné en effet des détails sur les mœurs du Cebrio gigas, et ont confirmé l'opinion que s'étaient formée à priori les anciens entomologistes, qui pensaient avec raison que la femelle de cet Insecte, entièrement privée d'ailes, ne pouvait avoir les mêmes habitudes que le màle qui est pourvu d'ailes bien orga- nisées. Olivier avait dit que les mâles n'apparaissent qu'à la suite des pluies, surtout le soir, et qu'on les voit voler avec impétuosité de côté et d'autre. On sait aujourd’hui, par les observations des naturalistes dont nous avons cité les noms, que les deux sexes, après avoir passé leurs premiers états dans le sein de la terre, ont besoin, pour en sortir, après qu'ils sont arrivés à leur état parfait que celle-ci soit humeetce afin qu'elle leur offre une résistance moindre, et que les mâles apparais sent alors en grand nombre, tandis que les femelles restent dans l'intérieur du sol, à la surface du- quel elles ne présentent que la partie postérieure de leur corps, attendant dans cette position les approches du mäle, qui vole à leur recherche et se précipite vers les lieux où elles se trouvent. L'apparition du Cébrio a lieu surtout en automne, et varie, quant à son moment, selon l’état sec ou pluvieux de l'atmosphère; cependant, lorsque la terre est ramollie par des pluies continues, elle se fait successivement de même que cela a lieu pour la plupart des autres Insectes. Les métamorphoses complètes du Gebrio gigas ont été données par M. Lefebvre de Cérisy (Rev. et Mag. de Zool., 4853). La larve est très-allongée, cylindrique, tout d’une venue; sa tête, entière- ment cornée, est un peu convexe, penchée, partiellement enfoncée dans le corselet; il n'y a pas de labre; les mandibules sont minces; les mächoires sont terminées par deux lobes libres, et le menton est corné, allongé; il n’y a pas de stemmates; les antennes, insérées près des mandibules, peuvent se loger dans un canal de ces dernières; le corselet est plus long que les deux segments thoraciques suivants, tronqué obliquement en dessus, et revêtu en dessous d’un écusson médian; le mésothorax et le métathorax sont courts; les pattes, rapprochées de la ligne médiane, sont courtes, très-épi- neuses, et composées de quatre pièces, dont la dernière est munie d’un crochet petit, simple; les neuf segments abdominaux, égaux entre eux, sauf le dernier qui est beaucoup plus long que les autres, arrondi, dépourvu de prolongement anal, sont revêtus d'écussons résistants, un peu plus larges en dessus qu’en dessous; les stigmates, au nombre de neuf paires, sont ovalaires. Ces larves vivent dans les terrains secs, et semblent se nourrir des racines des plantes: on croit qu'il leur faut trois années pour opérer tout leur développement, et, quand elles ont acquis toute leur croissance, elles se pratiquent dans la terre une loge destinée à protéger la nymphe. Celle-ci n'est pas complé- tement connue, quoique M. Luniani ait dit quelques mots d’une nymphe de Cébrio qui se rapporte probablement à cette espèce. Ces autres Cébrioniens dont on n’a pas décrit les premiers états vivent probablement de la même manière que le Cebrio gigas, ou habitent les arbres en voie de décomposition. On n’a pas de travaux généraux sur les Cébrioniens, à l'exception toutefois du résumé qu’en a donné M. Th. Lacordaire. Les genres principaux sont dus à Olivier, MM. Fischer de Waldheim, Le Conte, etc. Dans les uns, les Césrionines de M. Th. Lacordaire, les sexes sont dissemblables; les palpes longs, gréles, rigides; les segments abdominaux au nombre de six; les téquments flexibles, ete. On y range deux genres naturels principaux : 4° CÉBRION (Cebrio) (Ke6ptovns, nom d’un géant de l'an- tiquité), Olivier, 1790. Entom. de l'Encycl. méthod., chez lesquels les antennes sont filiformes, presque aussi longues que le corps dans les mâles, et courtes, moniliformes, terminées en massue 20 HISTOIRE NATURELLE. dans les femelles. Leach (Zoolog. Journ., t. 1, 4824), a cru devoir distinguer dans ce groupe les genres Analestesa (Selenodon, Latr.), Boscia, Tibesia, Dumerilia, Brongniartia, mais les trois premiers sont établis sur des mâles, qui n’offrent pas des caractères bien tranchés, et les deux der- niers, ainsi que le genre Hammonia, Latreille, créés sur des femelles, ne doivent pas être adoptés; un autre genre, celui des Trigonoderus, Chevrolat, n’est pas admis par M. Th. Lacordaire. Les Cébrions sont des Insectes de taille moyenne, et don? le système de coloration se borne à deux nuances, le jaune ferrugineux et le noir brunâtre, tantôt seuls, tantôt combinés de différentes ma- nières, mais ne formant pas de dessins. Les mâles sont recouverts d’une fine pubescence; les femelles sont presque entièrement glabres. On connaît vingt-cinq espèces de ce genre, et elles semblent pro- pres à la faune méditerranéenne, à l'Afrique australe, à l'Amérique, principalement septentrionale et à l'Australie : comme type nous nommerons le C. gigas, Oliv., qui habite l'Europe méridionale, etest l'espèce du groupe le plus généralement répandue. 2° SCAPTOLENUS, genre différant de celui des Cebrio surtout par la forme des jambes antérieures et la longueur des éperons qui les ter- minent, et dont on a décrit deux espèces mexicaines. Fig. 22, — Cebrio fuscus. Fig. 25, — Physodactylus Henniagii. Dans les autres, les Physodactylides, Lacord., les sexes sont semblables; les palpes courts, assez robustes; les segments abdominaux au nombre de cinq seulemeut; les téquments solides, ete. On n'y range que le genre PHYSODACTYLUS, Fischer de Waldheim, dont on connaît huit espèces propres an Brésil, et auxquelles on doit réunir le genre Drepanius, de Perty. On place dans la même famille quelques genres qui doivent entrer dans la division des Eucné- miens; un groupe, Syxcazyera, Dilwynn in Hope, très-incomplétement connu, et le genre Isosom, Falderman, qui ne renferme qu'une seule et grande espèce (1. elateroides), de la Russie trans- caucasienne, qui, comme le fait remarquer M. Th. Lacordaire, est probablement un Élatérien voisin des Dicronychus. VINGT-QUATRIÈME FAMILLE. ÉLATÉRIENS, ELATERII. Eschscholtz. 1899. Bouche rarement inférieure; languette sans paraglosses; mâchoires lamelliformes ciliées, à deux lobes: labre distinct; tête penchée; antennes insérées près du bord antérieur des yeux, de onxe ou douxe articles, dentées ou flabellées, rarement linéai res; pattes non fouisseuses, à cavités cotyloïdes des antérieures ouvertes en arrière, à hanches antérieures et intermédiaires presque globuleuses, postérieures lamelliformes, canaliculées en arrière; trochanters nuls; jambes linéaires, à éperons très-petits ou non distincts; tarses de cinq articles, souvent munis de lamelles en dessous; abdomen ayant cinq segments distincts; prosternum présentant habituellement une mentonnière en avant : sa saillie postérieure très-variable, comprimée, se mouvant librement dans une cavité du mésoster- num quand elle y pénètre. Telle que nous l'avons caractérisée, d'après M. Th. Lacordaire, cette famille est la plus ronsidé- Fig. 1 - Adelocera fasciata Fig — Tetralobus cinereus 2 Ocucus limbatus — Hemirhipes l'airmairet Pl re kr COLÉOPTÈRES. o] rable de l’ancien groupe des Sternoxes, de Latreille, et, si elle ne renferme pas des genres qui peu- vent rentrer parmi les Euenémiens, elle comprend plusieurs divisions secondaires dés Cébrioniens. Elle se distingue des Buprestiens par l'absence des trochanters à toutes les pattes, des Eucrémiens par la présence du labre et le mode d'insertion des antennes; des Cébrioniens par la forme linéaire des jambes et la petitesse des éperons qui les terminent, et des Throscides, petite division que nous y réunirons, par la forme et la mobilité de la saillie prosternale dans la cavité du mésosternum. En outre, dans le plus grand nombre des cas, elle se différencie de toutes les familles que nous avons nommées, par la faculté saltatoire de la plupart des espèces, quoique cette faculté, lorsqu'elle existe, ne puisse donner qu'un caractère illusoire, puisque les conditions dont elle dépend, c’est-à- dire la mobilité du corselet sur l’arrière-corps, la forme de la cavité mésosternale et celle de la saillie du prosternum, varient à un degré extraordinaire. Les Élatériens, qui portent dans la plupart des ouvrages le nom d'Élatérides, sont des Coléo- ptères de taille ordinairement moyenne et rarement grande ou petite. Leur corps est elliptique ou ovalaire, parfois linéaire, toujours déprimé. La tête est horizontale, avancée ou simplement penchée : elle est petite. La bouche présente un menton carré, une languette allongée, des palpes courts, à dernier article souvent sécuriforme : labiaux composés de trois articles, et maxillaires de quatre; des mâchoires de forme ordinaire; des mandibules habituellement courtes, en demi-cerele; un labre bien développé, arrondi en avant. Les antennes varient beaucoup et ne fournissent que rarement des caractères génériques: dans un même groupe naturel elles peuvent être dentées ou pectinées, flabellées où même biflabellées. Les yeux sont grands, arrondis, médiocrement convexes. Le cor- selet, en trapèze allongé, est rebordé latéralement et plus ou moins prolongé en pointe aux angles postérieurs. Le prosternum se termine en pointe. L'éeusson, qui existe toujours et est souvent logé dgns une dépression de la base des élytres, est constamment médiocre et offre la forme d’un ovale allongé. Les élytres, de la largeur du corselet, sont généralement très-allongées, plus ou moins ré- trécies en arrière, striées dans le plus grand nombre des cas, et leur extrémité est fréquemment spiniforme, plus rarement échancrée. Les pattes sont courtes, comprimées, en partie contractiles, unies, sans épines, avec les tarses filiformes et à articles entiers. Les habitudes de ces Insectes sont assez diverses; cependant la majorité des espèces se trouvent sur les fleurs et sur les feuilles, d'autres se rencontrent sur les troncs des arbres; il en est qui ha- bitent sous les écorces ou dans le bois pourri, et il en est aussi qui se rencontrent à découvert sur le sol. Si beaucoup sont diurnes, quelques-uns, comme les Pyrophores américains et quelques espèces européennes des genres Athous, Elater, ete., sont crépusculaires ou nocturnes. Pendant très-long- temps on a admis que leur régime était exclusivement phytophage; mais, d’après quelques observations faites en France par MM. le docteur Laboulhène et L. Fairmaire, et en Allemagne par M. Kawall, 1 semblerait probable que, dans certains cas du moins, il serait plutôt carnivore. Quelques espèces exotiques sont, de même que les Lampyriens, phosphorescentes dans l'obscurité, et cela à un assez grand degré : c’est ce que l’on remarque chez les Pyrophorus. Les Élatériens volent avec une assez grande facilité, mais, comme les Buprestiens, ils ne peuvent prendre leur essor à l'instant où on les saisit : l'extrême brièveté de leurs pattes ne leur permet pas non plus d'échapper par la course aux recherches de leurs ennemis, et, quand par quelque acci- dent ils sont renversés sur le dos, il ne leur est pas possible de se replacer dans leur position na- turelle avec l’aide seule de leurs pattes. En sorte que de tous les Coléoptères ils seraient peut-être les plus mal partagés dans les moyens de fuir et de repousser les attaques dirigées contre eux, si la nature n'y avait remédié par une organisation particulière, qui leur donne la faculté, dans la presque unanimité des cas, de disparaître dans l'instant même où le danger est le plus imminent et où son ennemi s’y attend le moins. Le corselet de l’Insecte, en effet, ne peut se mouvoir que dans un seul sens sur l'abdomen, c’est-à-dire de haut en bas, car ses angles postérieurs, terminés en pointe et appuyés en quelque sorte sur la base des élytres, empêchent tout mouvement latéral; en dessous du corselet et dansson milieu, vers le bord postérieur, est une partie cornée, élevée, pointue; en forme de stylet et dirigée vers la poitrine : celle-ci présente, à l'endroit vers lequelarrive la pointe du corselet, une cavité assez profonde, dont les bords sont très-lisses, et dans laquelle s'enfonce l'extrémité de la pointe en question, quand l'Élatéride est dans sa position naturelle, c'est-à-dire lorsqu'il est placé sur le ventre, et que son corselet et son abdomen ne font pas d’angles entre eux. 29 HISTOIRE NATURELLE. Cet instrument ainsi indiqué, voici comment l’Insecte sait s’en servir: celui-ci, placé sur fe dos, baisse la tête et le corselet vers le plan de position, et par ce mouvement la partie du corselet est retirée de la cavité de la poitrine où elle est engagée dans l'état ordinaire; ensuite, après avoir ra- mené ses pattes le long de son corps, l'animal, rapprochant vivement le corselet de l'abdomen en dessous, pousse avec force et rapidité contre le bord de la cavité la longue pointe qui retombe comme un ressort en y rentrant; le corselet et la tête heurtent fortement contre le plan de position, et concourent par leur élasticité à faire élever le corps en l'air. Par ce procédé, l’Insecte saute perpendiculairement et souvent à une hauteur égale à dix ou douze fois la longueur de son corps, et la vigueur du saut varie en raison de la solidité du plan de position. L Élatérien exécute cette manœuvre chaque fois qu'il se croit en danger, se laissant tomber à terre et se cachant aussitôt dans l'herbe. Quand il lui arrive, en sautant, de retomber sur le dos, il recommence de suite sa ma- nœuvyre jusqu’à ce qu'il se trouve sur les pattes et qu'il puisse fuir. Cette faculté saltatoire, sur laquelle nous venons de nous étendre, a été'étudiée par un grand nombre d'auteurs, tels que Geof- froy, de Géer, Olivier, Erichson, Duponchel, MM. Straus-Durekheim, Burmeister, Th. Lacordaire, et, malgré tant de travaux, il y a encore quelque chose à faire principalement sous le point de vue physiologique. Cette particularité a fait donner à ces Insectes le nom de Scarabées à ressorts par les premiers observateurs qui les ont étudiés; ils portent aussi dans quelques provinces les dénomina- tions de Maréchaux et de Taupins, probablement à cause de la manière dont ils frappent le corps qui les soutient avec leur tête et leur corselet au moment où ils sautent. Ces Insectes, au moins dans nos climats, ne sont pas revêtus de brillantes couleurs; leur livrée est généralement uniforme, brunätre ou noirâtre, jaune ou rougeûtre, voilée en quelque sorte par des poils gris ou jaunâtres, couchés, et d’autres fois par des écailles; cependant les espèces exoti- ques sont souvent plus belles que les nôtres : elles peuvent avoir des teintes métalliques, et il en est qui, sous ce rapport, peuvent presque rivaliser avec les Buprestiens. Quelques observations ont été publiées relativement à l’organisation des Élatériens, et M. Léon Dufour a surtout donné des remarques intéressantes sur ce sujet. Leur tube digestif a une fois ct demie à peu près la longueur du corps; l'æsophage est très-court et renflé en un jabot conoïde, lisse extérieurement. Le ventricule chylifique est allongé, presque droit, terminé brusquement par un bourrelet, autour duquel s'implantent les vaisseaux biliaires. L'intestin grêle est filiforme, flexueux : il se renfle en un cœcum oblong, et dégénère en un rectum également filiforme. Les or- ganes génitaux sont très-compliqués, surtout dans les femelles. Les métamorphoses d’un grand nombre d'Élatérides sont actuellement connues, et MM. Lucas (Ann. Soc. ent. de Fr., 1852), et Candèze et Chapuis (Mém. de la Soc. des sc. de Liége, t. NI), ont indiqué les auteurs qui ont publié des travaux sur les larves de ces Coléoptères. C’est ainsi que, en suivant l’ordre zoologique, M. Lequin a fait connaître, sous le nom d'Anthia seægutlata, la larve de l'Agrypnus fuscipes; MM. H. Lucas et Perris, celle de l'Adelocera atomaria; Blisson, celle de l'Adelocera varia; MM. Westwood et É. Blanchard, celle du Lacon murinus; MM. Chapuis et Can- dèze, celle de l’Alaus oculatus; M. Aug. Sallé, celle de l'Alaus nobilis: de Géer, celle de l'Athous un- dulatus; MM. L. Dufour, Perris et Curtis, celle de l'Athousrhombeus: MM. Chapuis et Candèze, celle de l’Athous hirtus; M. Perris, celle de l'Athous rufus; M. Giraud, celle du Limonius Bructeri; M. Bouché, celle du Cratonychus niger; M. Bouché, celle du Cratonychus rufipes; MM. Bouché et Perris, celle de l'Elater sanguineus; M. Bouché, celle de l'Elater fulvipennis; MM. Curtis et Heeger, celle de l'Elater pomorum; Blisson, celle du Ludius ferrugineus; de Géer et plusieurs entomolo- gistes récents, celle des Agriotes segetis et lineatus; M. Kollar, celle de l'Agriotes sputator; MM. Cha- puis et Candèze, celle du Campylus mesomelus, ete. Erichson et M. Th. Lacordaire ont cherché à indiquer les caractères généraux de ces larves. Toutes ont une forme à peu près semblable à celles des Tenebrio, vulgairement désignés sous le nom de Vers de farine; mais cette ressemblance n’est que superficielle, car la tête et les organes buccaux de ces dernières sont très-différents. Ces larves sont allongées, tantôt grêles et presque ey- lindriques, tantôt plus ou moins déprimées, et couvertes, sur les segments qui suivent la tête, d’é- eussons cornés, légèrement plus étroits en dessous qu’en dessus. La tête, de forme variable, est cornée; il n'y a pas de palpes; les mandibules sont médiocres, munies d'une dent médiane et simples au bout; les mâchoires et le menton, soudés ensemble, sont allongés; lesstemmates semblent COLÉOPTÈRES, 23 manquer; les antennes sont courtes et composées de quatre articles. Les segments thoraciques, saut celui qui constitue le corselet et qui est un peu allongé, ne différent pas des abdominaux. Les pattes sont courtes, robustes, rapprochées et composées de trois pièces, dont la dernière porte un crochet simple. Le dernier segment abdominal est souvent plus grand que les autres, d'une consistance plus cornée, variable dans sa forme, et porte en dessous un prolongement anal. Il y a neuf paires de stigmates. Presque toutes ces larves vivent dans le bois vermoulu et décomposé de diverses es- pèces d'arbres, se nourrissent de ces détritus, et probablement aussi des larves qui s’y trouvent. Celles de l’Agriotes segetis, qui ressemblent aux larves d’Helops, d'après de Géer, dévorent les re - eines des céréales, et d’autres larves du même groupe s'en prennent aux racines des plantes fourra- gères et des légumes, et sont ainsi très-nuisibles par ce genre de vie. Fig. 2%, — Melanotus rufipes. (Larve.) Les nymphes ne présentent rien de particulier, si ce n’est quelques soies rigides dont elles sont munies sur divers points du corselet et à l'extrémité de l'abdomen. Les espèces d'Élatériens sont très-nombreuses, car on en a la description d'au moins douze à quinze cents, et l’on en connaît au moins autant d'inédites dans les collections. Elles sont répandues par tout le globe, et l’on en trouve jusque dans les régions polaires; mais les plus grandes et les plus belles n’habitent que dans les pays chauds, et nos contrées tempérées ne possèdent presque que des espèces dont les couleurs sont assez sombres, quoique nous ayons cependant quelques jolies espèces, comme les Elater sanquineus et cruciatus, et d'autres, comme le Sfeatoderes ferrugineus, dont la taille est assez grande. La famille qui nous occupe correspond à l’ancien genre Elater, de Linné, vulgairement désigné sous la dénomination de Taupin. Ce n'est qu’assez tard, en 1817, dans le Règne animal de Cuvier, que Latreille en a fait une tribu particulière de sa division des Sternoxes. Vingt ans après à peu près, Eschscholtz (Thon entom. Archiv., t. II, 4829, et Revue ent. de Silberman, t. IN, — ce der- nier travail publié après la mort de l'auteur par M. de Castelnau), est le premier auteur qui ait essayé de diviser le genre Elater. Latreille, encore dans une œuvre posthume (Ann. Soc. ent., 1834), a donné un travail général sur tous les Sternoxes, excepté les Buprestiens, et a passé en revue la division que nous étudions. Depuis plusieurs genres ont été formés aux dépens des groupes démem- brés des Elater de Linné; Germar et Erichson (Zeitschr fur der entom., ete.), ont surtout publié des travaux sur quelques groupes difficiles. M. Le Conte, de son côté, s'est occupé des espèces de l'Amérique du Nord, de telle sorte qu'on connaît aujourd'hui une centaine de genres d'Élatériens. Enfin il y a deux ans, M. Th. Lacordaire, dans le tome IV de son Genera des Coléoptères, a carac- térisé tous les groupes génériques de la famille indiqués jusqu'alors, et M. le docteur Candèze a commencé la publication d’une monographie complète de ces Insectes. Dans le résumé que nous allons présenter, nous ne pourrons pas suivre l'ouvrage de M. Candèze, car un volume seulement en est publié jusqu'ici, mais nous nous servirons de la classification de M. Th. Lacordaire qui, d’après l’ensemble de plusieurs caractères, y forme huit tribus spéciales, celles des : Agrypnides, Mélanactides, Hémirrhipides, Chalcolépidides, Oxynoutérydes, Tétralobides, Elatérides, Camylides : auxquels nous joindrons les Throscides. 4" tribu, Acrypnipes : {éte petite ou médiocre, penchée, plus ou moins concave; front aplati ou concave, presque toujours dépourvu de carènes transversales en avant; antennes habituellement courtes; mandibules échancrées, dentées ou bifides; corselet muni en dessous de rainures formées par l'écartement des lèvres de la suture prosternale et destinées à recevoir les antennes au repos; bords de la fossette mésosternale ordinairement déclives; mentonnière du prosternum très-sail- lante; tarses munis en dessous de brosses de poils, de pelotes ou de lumelles; pattes courtes, con- sf 24 HISTOIRE NATURELLE. tractiles, pouvant le plus souvent se loger dans des replis, de telle sorte qu'elles s'effacent compléte- ment quand l'Insecte les tient appliquées contre le corps. Les Agrypnides sont en général des Coléoptères de taille moyenne, quoique quelques-uns soient assez grands et d'autres, au contraire, très-petits. On en connaît environ deux cents espèces que M. le docteur Candèze répartit en quatorze genres, et qui sont répandues sur tout le globe depuis l'Europe jusqu'aux iles de l'Océanie. Les plus belles espèces viennent de Madagascar et du Brésil; mais les Indes orientales sont la patrie du plus grand nombre : on les trouve sur ou au pied des ar- bres, dans les bois morts, sous les écorces et les pierres, etc. Leurs téguments sont, à peu d'excep- tions près, rugueux et opaques, habituellement revêtus d’écailles où de poils squammiformes roides; peu d'entre les Agrypnides sont parés de couleurs brillantes, qu'ils doivent alors à leur vestiture, et l’on n’en connaît aucun qui ait les téguments métalliques. Les genres admis dans cette tribu sont les suivants : Agrypnus, Eschscholtz, in Thon entom. Ar- chiv., t. II, 1859 (œyourvoc, qui veille), groupe typique (A. fuscipes, Fabr.), renfermant une tren- taine d'espèces répandues dans les régions chaudes de l’ancien et du nouveau continent, principa- ‘ement des Indes orientales et du sud de l’Afrique, et dont deux seulement s'avancent en Amérique assez loin en dehors de la zone tropicale; on doit y joindre le genre Amaurus, Castelnau, qui n’en diffère réellement pas.— Scaphoderus, Candèze (espèce unique, S. Riehlii), de Natat.— Adelocera, Latreille, qui comprend une trentaine d'espèces disséminées sur toute la surface du globe, et dont les plus belles sont propres à l'Amérique; parmi nos espèces européennes nous citerons les À. ato- maria, Linné; fasciata, Linné; conspersa, Gyll.; varwa, Fabr., ete. — Dilobitarsus, Latr. : une dizaine d'espèces très-voisines de celles du groupe des Adélocères, et propres à l'Amérique méridio- ale. -Ochneus, Cand., fondé pour une espèce (0. limbatus), du Brésil. — Optaleus, Cand., voisin des Lacons, et particulier à l'Amérique équatoriale. — Lacon (Awzww, nom mythologique), Cast., Rev. ent. de Silbermann, 1856 : genre renfermant une centaine d'espèces répandues sur toute Ja urface du globe : l'Europe n’en comprend que trois, les L. murinus, qui se trouve partout; kokelli, Küster, de l'Allemagne, et crenicollis, Ménétries, qui, propre au Caucase, devrait probablement être rangé parmi les espèces asiatiques; beaucoup d’entre elles proviennent de l'Afrique et des Indes orientales, et ce sont des espèces revêtues d’écailles de couleurs variées; plusieurs des espèces aus- tralasiennes, chinoises et même américaines, ont habituellement une coloration sombre et uniforme. - Meristhus, Cand.: quelques espèces propres à l'Asie et à l'Afrique, et dont le type est le M. lemdotus, Pal. de Beauv,, de Benin et de Nubie. — Agræus, Cand., une espèce (Munnerheimi), de Java. — Pericus, Cand., une espèce (nitidus), des Indes orientales. — Myrmodes, une espèce (M. akidiformis), de la Nouvelle-Hollande. — Tilotarsus, Germar, ayant pour synonyme le genre Cono- derus, Klug : groupe dont on décrit une dizaine d'espèces particulières à l'Afrique et surtout à l’île de Madagascar. — Æidolus, Cand., ne comprenant que l'E. linearis, du Brésil. — Hemicleus, Cand., ayant pour type et espèce unique l’H. caffer, propre aux environs du cap de Bonne-Espé- rance. 2e tribu, Mécanacnines : corps déprimé, large, glabre ou revêtu de poils écailleux; tête penchée; front concave en avant, dépourvu de carène transverse; labre transversal; mandibules dentées, bifidées; antennes peu allongées, composées d'articles triangulaires, aplatis, dentées en scie duns les deux sexes, libres au repos; mésosternum habituellement horisontal, à bords saillants; tarses offrant en dessous des lamelles ou revétus de poils courts formant une brosse ou des pelotes, parfois très-élargis. . Les Mélanactides renferment sept genres seulement d'Élatériens, qui tous ont un faciès qui leur est propre, sont d'assez grande taille, se rapprochent en même temps des Agrypnides et des Hémi- rhipides, et appartiennent au cap de Bonne-Espérance, à Madagascar, à l'Amérique et à l'Australie. Ces genres sont ceux des: Melanactes, Le Gonte, sept espèces, toutes américaines, ayant des rapports avec les Ludius et les Alaus, et que Germar indiquait sous le nom générique de Pristolophus. — Aphileus, Cand., deux espèces australiennes rappelant la forme des Carabiques ou des Lucanides. — Melantho, Cast., ou Crepicardus, Dej., comprenant une espèce curieuse (M. Klugü), de Mada- gascar.— Anaissus, Gand., une espèce (tarsalis), de la Nouvelle-Grenade, ayant un peu l'aspect Fig. 1. — Chalcolepidius Eschscholzii Fig. 2. — Alaus rudis Fig 3. — Cladophorus dimidiatus Ci 4 — lycoreus trioculatus Fig. 5. — Megalurhipis validicornis. |Mäle.) I 8 ÿ {l COLÉOPTÈRES. 95 d'un Pyrophore. — Tibionema, Solier, fondé avec l'Alans abdominalis, Guérin, du Chili, et corres- pondant peut-être au genre Oxycleidius, d'Eschschotz. — Ischius, Cand., espèce unique, 1. Gers- taeckeri, de la Guyane. — Aliteus, Cand., deux espèces du cap de Bonne-Espérance (Alaus Reicher, Dej., et E. adspersus, Herbst.), ayant un peu l'aspect des Adelocera. Fig. 25. — Melanactes piceus. Fig. 26. — Agryprus lacertosus. Fig. 27. — Alaus Senegalensis 3° tribu, Héminurpmes : corps glabre ou revêtu de poils squameux; tète penchée, plus ou moins concuve antérieurement; front sans carène transversale en avant; labre habituellement trans- verse; mandibules simples; antennes courtes, parfois flabellées dans les müles, souvent revues an repos dans des canaux du corselet; mentonnière saillante; mésosternum allongé, à bords saillants, horizontal, rarement déclive, séparé du métasternum par une suture très-distincte; tarses re- vêtus en dessous de poils courts formant une brosse continue ou des pelotes, mais jamais munis de lamelles. Les Hémirhipides sont de grands Élatériens surtout remarquables en ce que leur corps est revêtu de poils ressemblant à de petites écailles allongées, de diverses couleurs, formant des marbrures ou des nébulosités sur les téguments. Propres au nouveau comme à l'ancien continent; une espèce seu lement, l'Alaus Pareyssii, Steven, est européenne et a été signalée en Crimée. D'après M. Candèze, on doit ranger huit genres dans cette tribu, savoir : les Hemirhipus, dont les dix espèces de forme allongée, parées de poils veloutés ou offrant des reflets satinés, sont toutes américaines : types, H. lineatus et fascicularis, Fabr., assez communs au Brésil.— Tetrigus, Cand., voisin du groupe pré- cédent, et ne renfermant que deux espèces : parallelus, du Bengale, et ater, de Colombo. — Eu- phemus, Cast., une espèce (quadrimaculatus, Fabr.), du Brésil. — Ctenicera, Latr., renfermant trois espèces : deux de Madagascar et une de Mozambique. Alaus, Eschs., genre typique dans lequel entrent de belles espèces propres à toutes les contrées du globe, parées d’écailles pilifères variant du blanc au noir et du jaune au cendré, quelquefois tellement serrées qu'elles peuvent ca- cher la coloration des téguments, mais n'ayant jamais l'aspect métallique; on en décrit une trentaine d'espèces, parmi lesquelles l'Elater speciosus, Linné, de l'île de Ceylan, l'espèce la plus ancienne- ment connue. — D'autres genres, ceux des Lycoreus, Cand. (Iphis, Cast.), et Calais, Cast. (Oopho- rus, Dej.), doivent être regardés comme de simplessubdivisions des Alaus.— Il n’en est pas de même du genre Chiulcopedis, Cand., espèce unique (C. Luczotii), de Cayenne, qui, avec les caractères des Alaus, ressemble beaucoup aux Chalcolepidius. 4 tribu, Cuarcozérronnes : corps glabre ou revélu de poils squamiformes; tête penchée, concave; mandibules simples ou dentées; antennes souvent libres, mais parfois recues au repos dans de courts canaux du corselet; mentonnière très-saillante; mésosternum et métasterrum confondus en- semble et formant par leur réunion une espèce de fourche; tarses comprimés, munis de brosses ou de lamelles en dessous. CA à 26 HISTOIRE NATURELLE. Les Chalcolépidiides renferment de nombreuses espèces propres aux régions intertropicales du nouveau monde, presque toutes remarquables par l'élégance de leur forme, la richesse de leur co- loration et l'éclat de leurs téguments, et dont plusieurs rivalisent, sous ces divers rapports, avec les plus beaux Buprestiens. Les genres qu'on admet dans cette tribu ne sont pas très-considérables : ce sont les suivants : Chalcolepidius, Eschs. ::M. Candèze, après Erichson, qui en a donné une mono- graphie, en décrit une trentaine d'espèces particulières à l'Amérique intertropicale, et surtout ré- pandues au Mexique, à la Colombie, à la Guyane et au Brésil; toutes sont de couleur uniforme quant aux téguments, lisses ou parées de petites écailles serrées, d'une teinte vive assez souvent métallique : beaucoup sont ornées en outre de bandes latérales et de stries produites par des poils squamiformes diversement colorés: nous citerons comme type l’Elater striatus, Linné, très-ré- pandu dans une assez grande partie de l'Amérique du Sud. — Semiotus, Eschs., groupe antérieure- ment créé par Lepelletier de Saint-Fargeau et Serville, sous le nom de Pericallus : dénomination qui n’a pas dû être conservée comme ayant été plus anciennement employée par Mac Leay pour un genre de Carabiques; on y réunit le genre Eucamptus, Chevr., qui n’en diffère réellement pas; les cinquante espèces qui entrent dans cette division sont toutes américaines : elles ont une forme élancée; presque toutes sont d’un jaune plus ou moins teinté de rouge, toujours d'une belle nuance, avec des soies ou des bandes longitudinales noires; les Æ. ligneus, Linné; suturalis, Fabr., etc., en sont les types spécifiques. — Oistus, Cand., groupe ne renfermant que deux espèces du Mexique ressemblant à des Ludius, et offrant des caractères intermédiaires au genre précédent et à celui qui va suivre. — Campsorternus, Latr., dont on connait une vingtaine d'espèces des Indes orien- tales et de la Chine, de grande taille, presque toutes d’un vert métallique brillant, cuivreux ou bronzé : quelques-unes ayant des taches rouges sur les côtés du corselet : type, E. fulgens, Fabr., de la Chine. Fig. 28. — Semiotus suturalis. Fig. 29. — Telralobus rotundifrons. Fig. 50, — Chalcolepidius viridipiles. (Mäle.) La ñ NT né T Mme ] 3 ) 2, 1 3 1 9° ribu, OxyNoprÉRIDES : Corps pubescent; tête penchée, très-concave; front déprimé; mandibules saillantes, simples, recourbées; palpes longs; antennes flabellées dans les mâles; mentonnière mé- diocre; mésosternum et métasternum distincts: tarses sans lamelles. Les Oxynoptérides ne renferment que sept espèces encore assez peu connues et réparties au moins en quatre genres : Oxynopterus, Hope, ayant pour espèce unique l’Elater mucronotus, Oliv., de Java, l'un des plus grands Élatériens connus, et qui a été placé dans le genre Tetralobus. — Megalorhipis, Lacord., correspondant au genre Elasmocerus, Bohem., et probablement à celui des Leptophyllus, Hope, ayant pour type le M. validicornis, Bohem.., magnifique espèco, répandu en Afrique depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu'au Sénégal. — Pectocera, Hope, deux espèces (Cantorii et Mellyi), de l'Hindoustan. — Beliophorus, Eschs. (Diacanthus, Bohem.), deux espèces de l'Afrique australe. COLÉOPTÈRES. 27 Ge tribu, Térrazomnes : corps revêtu de poils couchés; tête petite, penchée; front très-épais anté- rieurement, formant une plaque nasale; mandibules dentées; antennes très-fortement flabellées dans les mâles; mésosternum distinct du métasternum et déclive; tarses munis de pelotes et de la- melles en dessous. Les Tétralobides sont les géants des Élatériens, et ils peuvent parfois atteindre jusqu'à 0",30 ou 0%,40; ils sont pour la plupart originaires de l'Afrique, mais quelques-uns habitent l'Australie; les espèces, au nombre d’une vingtaine, sont de couleur uniforme et sombre, jamais métallique, va- riant entre le noir et le brun rougeätre, souvent voilée par une couche épaisse de poils fauves ou gris. On ne doit y ranger que le seul genre Tetralobus, Lepelletier et Serviile, car, comme le fait remarquer M. Candèze, le genre Phyllophorus, Hope (Charitophyllus, Lacord.), n’en est pas dis- tinct : le type est l’Elater flabellicornis, Linné, du Sénégal, ete. Te tribu, Écarérines : corps allongé, à côtés souvent parallèles; tête penchée, verticale; front ca- réné antérieurement; mandibules fendues ou échancrées au bout; antennes plus longues que le corselet, rarement flabellées dans les müles, toujours libres au repos; mésosternum déclive, par- fois horixontal, constamment distinct du métasternum, celui-ci acuminé en avant et à parapleures étroites; tarses revétus d'une vestiture véritable en dessous ou de lamelles. LA Les Élatérides sont composés de la grande majorité des espèces de la famille, et renferment beaucoup de genres, dont la subdivision en groupes primaires, à l'exception de deux, semble impossible en raison des caractères si variés qui différencient les genres d’une manière par- faite, mais qui, en même temps, montrent qu'ils ne peuvent pas être rangés dans une série linéaire. Ces Insectes se distinguent des Agrypnides par l'absence de sillons du corselet pour la ré- ception des antennes pendant le repos, des Chalcolépidiides par leur mésosternum non soudé au métasternum, des Hémirhipides par la disposition du mésosternum chez ces derniers, des Oxynopté- rides par la brièveté des palpes et des mandibules, des Tétralobides par létroitesse et la forme des parapleures métathoraciques, et des Campylides par leur mésosternum non acuminé en avant : ce qui donne aux hanches intermédiaires un écartement assez notable. On connaît un très-grand nombre d'Élatérides propres à toutes les parties du monde, et beau- coup d’entre eux se trouvent en Europe, où ils habitent sur les feuilles, dans l'intérieur du bois pourri, sous les écorces, etc. Ils sont généralement de taille moyenne ou petite, et rarement assez grands. Les cinquante ou soixante genres de cette tribu ont été subdivisés en deux groupes par M. Th. Lacordaire, d’après la forme du front, caractère qui lui a semblé meilleur que celui tiré par Eschs- chotz de la disposition des lamelles des tarses. Ces deux groupes sont ceux des ÉcarÉrires, ayant le front caréné en avant, avec une pièce nasale d'épaisseur variable, et les Lupures, à front non caréné en avant et fortement déprimé chez presque tous, sans plaque nasale. Ces deux groupes ne paraissent pas faire directement suite l’un à l’autre, mais ils semblent plutôt parallèles. Dans les ÉLaréRiTEs, on: distingue beaucoup de genres, dont le nombre sera encore notablement augmenté lorsque paraîtra le deuxième volume de la Monographie des Élatérides de M. Candèze. D'après M. Th. Lacordaire, les principaux groupes génériques sont les suivants : Piexophyllus, Hope, groupe voisin des Tetrolobus, et ayant pour type le grand T. robustus, de Madagascar. — Æmilius, Latr., formé avec l'Eucnemis gigas, Mannerheim, de l'Afrique australe. — Lobederus, Guérin, groupe tout à fait anormal dans la famille : une seule espèce, l'Elater appendiculatus, Perty (L. mobilicornis, Guérin), du Brésil. — Heterocrepidius, Guérin, auprès duquel on doit grouper, sinon réunir, les genres des : Dicrepidius, Eschs.; Dipropus, Porthmidius et Heteropus, Germar; Cyathodera et Terielasmus, Blanch.; Blantes, Le Conte, qui ne se distinguent entre eux que par le nombre des lamelles tarsiennes; ce groupe naturel renferme un grand nombre d'espèces polymorphes, à livrée d’un brun noirâtre ou d'un fauve uniforme, sans dessins, toutes (à une exception près, le Porthmidius fulvus, Redtenbacker, d'Autriche) étrangères à l'Europe, et surtout répandues dans l'Amérique méridionale. — Atractodes, Germar (Atractosomus, Lacord.) : quelques espèces brésiliennes. — Pomachilius, Eschs., propres à l'Amérique du Sud.—Physorhinus, Eschs.- ñ8 HISTOIRE NATURELLE. Germ., des espèces américaines, dont le type est le P. erythocephalus, Fabr. — Anchastus, Le Conte, deux espèces : l’une de Pensylvanie et l'autre de Californie. — Brachycrepis, Le Conte, voisin du groupe précédent, et ayant pour espèce unique le B. bicarina, de la Géorgie. — Mono- crepidius, Eschs., riche en espèces de l'Amérique et de l'Océanie. — Conoderus, Eschs., qui ne se distingue peut-être pas du précédent et est formé d'espèces propres au Brésil. — Pityobius, Le Conte, une rare et grande espèce (Athous anguinus, Dej.), des États-Unis. — Athous, Eschs. (Ana- throtus, Stéph.), groupe renfermant une cinquantaine d'espèces, généralement de forme allongée, ornées de bandes flexueuses transversales sur les élytres, et, à peu d’exceptions près, exclusivement propres aux régions froides et tempérées de l'hémisphère boréal, surtout à l’Europe; parmi ces der- nières nous citerons les Elater rufus, vittatus, hœæmorrhoidalis, Gÿl., qui ne sont pas rares aux en- virons de Paris, et rhombeus, Fabr., ce dernier type du genre Eschscholtzia, Cast. — Pedetes, Kirby, groupe peu distinct du précédent, et ne renfermant plus, d'après M. Le Conte, que des es- pèces de l'Amérique septentrionale. — Limonius, Eschs., de nombreuses espèces européennes (type, E. nigripes, Gyl., de Paris) et de l'Amérique du Nord; toutes de taille moyenne, à livrée d'un noir, d’un bronzé ou d'un violet obseur uniforme, et offrant rarement, comme dans le bipustulatus, Fabr., une petite tache rouge sur chaque élytre. — Gamerinus, Le Conte, groupe propre aux Etats- Unis, et ne différant probablement pas du précédent. — Cratonychus, Dej., Lacord.,-ayant pour synonyme le genre Melanotus, Eschs., et auquel on doit réunir, suivant M. Th. Lacordaire, les groupes des Perimecus, Dillwyn; Ctenonychus, Melsheim, et Priopus, Cast.; on en décrit de nom- breuses espèces (quarante, d'après la monographie d’Erichson), qui ne sont pas de couleurs remar- quables, et habitent exclusivement l'hémisphère boréal, tant dans le nouveau que dans l’ancien monde; les espèces communes dans toute l’Europe, comme les E. niger, Fabr.; rufipes, Herbet, etc. sont crépusculaires, et, pendant le jour, se réfugient sous les écorces et dans les trones d'arbres vermoulus, — Pachyderes, Guérin, une seule espèce (ruficollis), du Bengale, caractérisée par son corselet plus large que les élytres, et à angles postérieurs très-grands, divergents, carénés. — Æolus, Eschs., groupe presque tout à fait américain, quoique renfermant des espèces africaines et même européennes (comme l’OE. crucifer, Rossi), et curieux par son système de coloration consis- tant en taches linéales ou bandes noires sur un fond jaune ou vice versa. — Eudactylus, Sallé, groupe américain voisin du précédent, dont le type est l'E. Wapleri, d'Haïti. — Elater, Linné (Systema naturæ, douzième édition, 1748) (zrnp, qui chasse devant soi, écuyer); groupe typique de la famille, connu vulgairement en France sous la dénomination de Taurin, se distinguant de tous ceux de la même division par sa fête plus ou moins petite, régulièrement convexe, avec les cavités antennaires grandes, par ses hanches postérieures dilatées dans leur moitié interne en une lame transversale, par ses tarses gréles, filiformes, ciliés ou finement villeux en dessous, et par son écusson oblong-ovalaire, ainsi caractérisé, ce genre doit, selon M. Th. Lacordaire, renfermer comme synonymes les genres Ampedus, Meg ; Melanoxæanthus, Eschs.; Heteroderes, Latr ; Ischnodes, Germ.; Deromecus, Grammophorus et Mecothorax, Solier; on en connaît au moins cent espèces (dans sa monographie, Germar n'en a décrit que quarante et une), de taille moyenne ou petite, de forme variable, et dont le système de coloration est tantôt uniforme, tantôt plus ou moins varié : la plupart des Élaters habitent l'hémisphère boréal dans les deux continents; les espèces d’Eu- rope, de même que les E. sanguineus, Linné; ephippium, Fabr.; sinuatus, Germ., etc., se rencon- trent sur les feuilles ou les fleurs ou se trouvent dans le détritus des arbres vermoulus. — Cryptohy- prus, Eschs. (Hypolithus, Eschs. Olim.), auquel on peut réunir les genres Drasterius et Oophorus, Eschs., et Hypnoidus, Stéph.; on range dans ce groupe les plus petits Élatériens connus, tels sont - les minutissimus et liliputanus, Germ.; ils se rencontrent particulièrement dans l'hémisphère bo- réal, et habitent sous les mousses, sous les pierres et dans le sable sur les bords des ruisseaux. — Cardiotarsus, Eschs., quelques espèces de l'Amérique du Sud. — Cardiophorus, Eschs., groupe trés-nombreux en espèces, car on en signale près de cent cinquante, propres à toutes les parties du monde, auquel on doit réunir les Aptopus, Eschs., et comprenant de petits Insectes à forme al- longée, à livrée d'un noir ou d'un fauve uniforme, mais dont quelques-uns ont le corselet, en tota- lité ou en partie, d'un beau rouge sanguin, ou des taches de même couleur sur les élytres; types européens, ruficollis, Linné; equiseti, Herbst; thoracicus et biguttatus, Fabr. — Crepidophorus, Mulsant et Gedart, fondé sur une espèce française (anthracinus). — OEdostethus, Le Conte, une Fig. 1. — Rhipiceru marginata (Mâle. Pig. 2. — Rhipicera marginata. (Femelle Fig. 3. — Tetralobus gigas. (Mâle.) Fig. 4. — Ophileus lucanoides Fig. D. — Lacon leprosus or, 16 COLÉOPTÈRES. 99 A espèce (femoralis), des États-Unis. — Coptostethus, Wollaston, une espèce trouvée sous les pierres dans une caverne basaltique de Madère. Fig. 31. — Elater sanguineus. Fig. 32. — Pyronhorus noclilucus Fig. 33.— Pachyderes ruficollis. Dans les Lupures, M. Th. Lacordaire indique les genres dont les noms suivent: Asaphe, Kirby (Hemicrepidius, Germ.), remarquable, comme le genre suivant, parce qu'il n'y a que deux lamelles sous les tarses; quelques espèces de l'Amérique du Nord. — Dima, Ziegler, deux espèces: Dalma- tina, Küster et elateroides, Toussaint-Charpentier. — Penia, Cast., une seule espèce (Eschs- cholt:ü), du Népaul, ressemblant beaucoup à une Nebria.— Allotrius ou Senodonia, Cast., espèce unique, À. quadricollis, de Java, n'ayant pas l'aspect d'un Élatéride. — Hypodesis, Latr., ayant beaucoup de rapport avec les Eucnémiens, et comprenant seulement l'H. sericea, du Mexique. — Cardiorhüvus, Eschs., une quinzaine d’espèces, presque toutes brésiliennes, ayant pour type le C. bilineatus, Fabr., et se faisant remarquer, pour la plupart, par leur coloration uniformément noire, avec les bords du corselet ou des bandes rouges ou fauves. — Tomicephalus, Latr., ou Mecacne- mius, Eschs., une seule et belle espèce (sanguinicollis), du Brésil et de la Colombie. — Pyropho- rus, Illiger, groupe auquel on peut, avec M. Th. Lacordaire, joindre les genres Stilpnus et Belania, Cast.; Hypsiophthalmus, Latr., et Phanophorus, Solier; on en connaît plus de cent espèces particu- Jièrement propres à l'Amérique, et répandues depuis les États-Unis jusqu'à Buénos-Ayres et au Chili : elles sont d'assez grande taille, uniformément noires, couvertes de poils brunâtres, offrant pour la plupart des vésicules phosphorescentes qui, au Brésil surtout, les rendent la nuit lumineuses à la manière des Lampyris : type, P. noctilucus, Linné. — Orthostethus, Lacord., assez voisin du groupe précédent. — Ludius, Latr., qui correspond en tout ou en partie, comme le fait remarquer l’auteur du Genera des Coléoptères, aux genres Aphanobius et Steatoderes, Eschs.; Crigmus, Le Conte, et Ectinus, Dej., comprenant un assez grand nombre d'espèces de taille moyenne, à livrée uniforme, noire, brune ou ferrugineuse, quelquefois avec des dessins, propres à l'Europe et aux deux Amériques; type, S. ferrugineus, Linné, grande et belle espèce que l’on prend parfois auprès de Paris dans les arbres pourris. — Corymbites, Latr., groupe qui, pour M. Th. Lacordaire, doit renfermer les genres : Ctenicera, Pristilophus, Prosternon, Diacanthus, Latr.; Selatosomus, Stéph..; Aphatistus, Kirby; Bedresia, Olotelus, Solier; Atractopterus, Le Conte, et renferment plus de cent espèces surtout particulières aux contrées froides et tempérées de l'hémisphère boréal, et dont un petit nombre sont propres aux régions tropicales des deux continents : leurs couleurs sont variées et souvent métalliques; en Europe, on les trouve sur les fleurs et les feuilles, souventsur les Graminées. — Crepidomenus, Erichson, groupe voisin du précédent et particulier à la Tasmanie. —Cosmesus, Eschs., quelques espèces de l'Amérique méridionale. — Synaptus, ayant pour type et peut être pour espèce unique l'E. filiformis, Fabr., très-répandu dans l'Europe moyenne et méridionale. — Agriotes, Eschs. (Ectinus, Eschs.; Cataphagus, Stéph.); d'Europe et d'Amérique, comprenant une trentaine d'espèces, parmi lesquelles les E. pilosus, Fabr.; segetis, Borch.; aterrimus, Linné, communs dans les environs de Paris, peuvent être pris pour types. — Sericosomus, Dej., Redt., qui renfermerait les deux genres Sericus et Dolopis, Eschs., et dans lequel entreraient quelques 50 HISTOIRE NATURELLE. espèces européennes assez petites, dont l'E. marginatus, Linné, est le type. — Acroniopus Erichs., fondé pour un petit nombre d'espèces de Tasmanie. — Adrastus, Eschs., correspondant presquo complétement aux Esthesopus, du même auteur, et eemprenant de très-petits Élatérides particuliers à l'Europe et à l'Amérique. — À la suite de ces genres, on doit probablement placer le genre Tri- chophorus, Mulsant et Godart, qui ne renferme qu'une espèce découverte aux environs de Nar- bonne, et les genres: Ovépalpus, Nemasomu, Anucantha, Podonema, Genomecus, Somanecus, Am- blygnathus et Dysmorphognaihus, Solier, formés d'espèces particulières au Chili, et qui sont loin d’être assez complétement connues pour être admises sans nouveau contrôle. 8° tribu, Camryuwes: mandibules saillantes, droites à la base et recourbées au bout; palpes maxtillaires à dernter article ovalaire ou presque cylindrique; yeux souvent saillants et dégages du corselet, métasternum acuminé antérieurement; prosternum sans mentonnière; mésosternum déclive; hanches intermédiaires contiguës où presque contigués; tarses dépourvus de lamelles, fixe- ment pubascents. Les Campylides sont des Élatériens de taille moyenne ou petite, répandus dans toutes les contrées du globe, excepté dans l'Amérique du Sud, et offrant d'assez grands rapports avec les Cébrioniens pour qu'on ait quelquefois rangé plusieurs d’entre eux dans cette famille. Ils différent assez nota- blement pour leur faciès suivant les groupes génériques. Les gcnres les plus distincts sont les suivants: Campylus, Fischer de Waldheim (Exophthulmus, Latr.), une quinzaine d'espèces répandues en Europe, en Asie, dans l'Amérique septentrionale et dans l'Afrique australe, de petite taille, et parmi lesquelles on peut prendre pour type l'E. linearis, Linné, assez commun dans nos environs, et chez lequel le mâle et la femelle diffèrent assez pour qu'on les aitregardés à tort comme étant des espèces distinctes.— Pleonomus, Ménétries, groupe qui se rap- porte peut-être à la tribu précédente, et qui a pour type une espèce découverte en Russie. — Di- cronyehus, Eschs., quelques espèces de l'Afrique australe. — Oxysternus, Latr., ou Plectrosternus, Lacord., des Indes orientales. — Hemiops, Eschs., du même pays que le genre précédent.— Isosoma, Faldermann, ne renfermant qu'une seule espèce (elateroïdes), de la Russie transcaucasienne.— OEs- todes, Le Conte, fondé pour deux petites espèces propres à l'Amérique septentrionale. — Cylindro- derus, Eschs., ayant pour type le Cebrio femoratus, Germar, commun auprès de Rio-Janeiro. — Macromalocera, Westwood, deux ou trois espèces australasiennes; — Plastocerus, Schaum, groupe propre à la Turquie d'Europe, à l'Asie Mineure et au nord de l'Amérique, et ayant pour type le Callirhipis angulosa, Germar. — Euthysanus, Le Gonte, qui ne comprend que l'E. lautus, grande espèce propre à la Californie. — Aphricus, Le Conte, ne renfermant également qu’une espèce cali- fornienne. G COLÉOPTÈRES. 51 VINGT-CINQUIÈME FAMILLE. EUCNÉMIENS. EUCNEMIL. Latreille. Les genres Melasis et Eucnemis sont devenus les types de la famille des Eucnémides où Eucné- miens, qui tient à la fois des Buprestiens et des Élatériens, et à laquelle M. Th. Lacordaire, dans l'ouvrage le plus récent que nous ayons sur les Insectes de cette division, assigne les caractères suivants, qui sont à peu près semblables à ceux donnés précédemment par M. Guérin-Méneville : corps droit, assez allongé; tête verticale, comprimée, engagée dans le corselet jusqu'aux yeux; bouche inférieure; languette entière, sans paraglosses; mächoires bilobées; labre non distinct en général; antennes insérées sur le front, variables, de onxe articles; palpes épais à leur extrémité, terminés par un bouton ovoïde ou un article en hache; saillie prosternale plus ou moins recue dans la cavité mésosternale et pouvant y jouer librement, moins toutefois que dans les Élatériens; pattes non fouisseuses : à hanches des deux premières paires globuleuses et celles des postérieures lamel- liformes, canaliculées, sans trochantins, à éperons des jambes très-petits ou nuls, à tarses de cinq articles avec ou sans lamelles; abdomen formé de cinq segments distincts. D'après ce que nous venons de dire, on voit que si les Eucnémiens sont bien nettement séparés des Buprestiens, ils se rapprochent beaucoup des Élatériens dont ils ont le faciès, et dont ils ne se distinguent que par la position des antennes et par la forme de l’épistome, presque toujours trapé- zoïdale. Le corps est cylindrique et rarement conique. La tête est rarement cachée en partie dans le corselet. Les organes buccaux, dans beaucoup de cas, non visibles, sont constamment moins ap- parents que ceux des Élatériens. Les yeux sont peu développés. Les antennes ont des formes variées, et, dans le repos, peuvent souvent être placées dans des sillons du corselet. La pointe de celui-ci est un peu engagée dans la cavité du mésosternum, ce qui fait que, suivant M. Th. Lacordaire, ces Insectes ne sauteraient pas à la manière des Élaters, ou que, d'après d’autres entomologistes, si quelques espèces d’entre eux ont encore la faculté saltatoire, ils l’ont à un bien moindre degré. Les pattes, habituellement très-robustes et très-courtes, peuvent être parfois grêles. La livrée ne pré- sente pas, excepté dans un genre, de teintes métalliques. La taille est moyenne. Toutes les parties du monde en renferment des espèces : la plupart des genres cependant sont américains, et un tiers seulement ont des représentants en Europe. C’est à l'entrée des galeries dans lesquelles ont vécu des larves ou dans le voisinage, qu'on rencontre habituellement les Eucnémiens, on ne les prend que très-rarement sur les feuilles et jamais sur les fleurs; il pourrait bien se faire, comme le re- “marque M. Th. Lacordaire, que ces Insectes fussent nocturnes, ce qui expliquerait leur rareté. L'anatomie des Eucnémiens n’a pas encore été faite. L'étude des métamorphoses d’une seule espèce de cette famille a été faite complétement; c’est celle de notre Melasis buprestoides, Linné (M. flabellicornis, Fabr.), qui a occupé successivement Erichson (Archives, 1841), et MM. Guérin-Méneville (Ann. Soc. ent. de Fr., 1844), Ed. Perris (même recueil, 4849), Noerdlinger (Zeit. entom. Stettin, 1848), et Candèze et Chapuis (Mém. de la Soc. des sc. de Liége, 1854). La larve, trés-différente de celles des Élatériens, est très-voisine de celles des Buprestiens, dont elle ne se distingue guère que par la structure des organes buccaux et par sa tête d'une seule pièce. Cette larve est allongée, linéaire, brusquement élargie antérieurement, avec la tête petite, à moitié cornée et cachée dans le premier segment du corselet. La bouche ne présente qu’un épistome, une paire de mandibules et une plaque cornée semblant représenter les mâchoires et le menton; les mandibules, profondément bidentées à l'extrémité, sont très-sensible- ment arquées en dehors : le jeu de ces organes est horizontal comme dans les autres larves, mais c'est en s'écartant et non en serapprochant qu’elles rongent le bois. Le corselet est large, déprimé; les deux segments thoraciques suivants sont transversaux, et les segments abdominaux, au nombre de neuf, sont allongés, de même diamètre. Il y a neuf paires de stigmates. La larve du Melasis, qui est blanchâtre, creuse des galeries larges et irrégulières dans le bois récemment mort de divers arbres, 22 HISTOIRE NATURELLE, ct priueipalernent dans ceux du châtaignier, de l’aune et du bouleau; elle arrondit ensuite une partie de sa galerie dans le point où doit rester la nymphe, et une dizaine de jours semblent être suffisants à celle-ci pour la formation de l'Insecte à son état parfait; mais néanmoins celui-ci ne sort de sa prison que longtemps après. La nymphe est très-courte, épaisse, cylindroïde, à peine de la longueur du tiers de la larve, et déjà, chez elle, on peut facilement distinguer les antennes couchées le long du cerselet, les pattes, les élytres et les ailes. Une autre larve, celle du Fornax Madagascariensis, a été décrite avec beaucoup de soin par M. le docteur Ch. Coquerel (Ann. Soc. ent. de Fr., 1856), et présente des particularités curieuses, très-dfférentes de celles qu'offre le Melasis. Cette larve est très-remarquable par sa forme compri- mée et la configuration des parties de sa bouehe encore plus rudimentaire que dans la larve précé- demment décrite: ele-se trouve assez communément dans le bois pourri à Sainte-Marie de Mada- gascar: sa rigidité ést extrême, rappelant sous ee rapport celle des Ténébrions, dont elle diffère organiquement beaucoup, et ses mouvements sont si lents qu'elle paraît privée de vie quand on ouvre les galeriès qu'elleereuse presqu'en ligne droite dans le bois. La longueur de la larve du Fornax est d'environ 0,020, tandis que celle de l'Insecte parfait n'excède pas 0®,014. L'ouverture buccale n'a pu être aperçue; les parties de Ja bouche sont immobiles et soudées ensemble : de chaque côté une pièee semble représenter les mandibules; il n°y a pas de traces ni d'yeux ni d'ocelles, et les an- tennes manquent tout à fait. On ne voit pas cet énorme segment céphalique signalé dans le Melasis, et qui rappelle celui des larves de Buprestiens. Le nombre des segments est detreize; leurs téguments sont solides et d'un jaune pâle, sauf le segment antérieur, qui est noir; le corselet porte en dessus deux taches triangulaires de même teinte. Les huit premiers segments abdominaux en ont deux de couleur grisâtre : la forme de ces divers segments est un peu différente suivant les régions du corps. La nymphe ne présente rien de remarquable; elle est d'un blanc jaunàtre, et offre déjà les formes principales de l'Insecte parfait. Celui-ci, qu'il est curieux de trouver seul, à Madagascar, au milieu d’un groupe exclusivement américain, est doué d'une grande rapidité : il court avec une extrême vitesse et cherche à se blottir dans quelques cavités où il demeure longtemps immobile en tenant ses antennes cachées dans les sillons du corselet; il ne saute pas à la manière des Élaters, ne vole pas, et c'est uniquement par la course qu'il cherche à échapper aux dangers qui le menacent. Fig. 37. — Fornax madagascariensis. (Larve.) Longtemps la famille des Eucnémiens n’a compris que les deux genres Melasis, Olivier, et Eucnemis, Ahrens, et Mannerheim, en 1825, a donné une monographie de ce dernier groupe. Puis ces Insectes, dont le nombre des genres et des espèces augmenta successivement, furent con- fondus avec les Cébrioniens, lés Buprestiens, et surtout avec les Élatériens, à tel point que quelques entomologistes modernes, comme Eschscholtz, et beaucoup plus récemment M. Redtenbacher, ne les séparent pas encore des derniers Coléoptères que nous venons de nommer. Toutefois Eschs- choltz (Archiv. d'entom. de Thon, 1899, et Revue entom. de Silbermann, 1856), a créé plusieurs genres qui n'ont été malheureusement que très-succinctement caractérisés par lui, et dont il aug- menta même le nombre d’après les types qu'il étudia dans la collection Dejean, mais ce qu'il fit dans un travail resté manuscrit. Latreille, dans ses divers ouvrages, tout en admettant successivement quelques groupes nouveaux formés aux dépens des Melasis et des Eucnemis, ou d'autres qui en sont voisins, n’en faisait pas une division spéciale, et les placait parmi les Sternoxes, tantôt intermé- diairement entre les Buprestis et les Elaters, tantôt les uns avec les premiers et les autres avec les seconds, et ce n’est que dans un mémoire posthume, rédigé en 1859, et publié en 1854, dans les Annales de la Société entomologique de France, qu'il créa pour eux un groupe à part équivalent à ceux des Buprestiens et des Élatériens. M. le comte de Castelnau (Revue de Sülbermann, tome I, et Histoire naturelle des Insectes), adopta la famille spéciale des Eucnémiens, et crut devoir y former COLÉOPTÈRES. 33 un nombre assez considérable de genres fondés malheureusement pour la plupart sur des earac- têres de peu.de valeur, et souvent mal vus. M. Guérin-Méneville (Ann. Soc. ent. de Fr., 1843), dans sa Revue critique de la tribu des Eucnémides, a revisé tout ce qu’avaient faitses prédécesseurs, eta posé les bases de la classification naturelle de ces Insectes : sans ce travail, élucidé encore par l'ouvrage de M. Th. Lacordaire, que nous citerons bientôt, la synonymie générique des Eucnémiens serait un véritable dédale. Depuis, quelques travaux que nous aurons occasion de citer ont été faits, plusieurs genres ont été formés; M. Le Conte (Trans. amer. Phil. soc. New-York, t. X) a donné la monogra- phie des espèces des États-Unis, et M. Th. Lacordaire (Genera des Coléopt., t. IV, 1857) a fait con- naître les trente et quelques genres admis dans cette famille, et, par suite de ne caractères importants, il les a partagés en trois tribus ou groupes que nous caractériserons, d’après lui, dans l'énumération des genres que nous allons donner. 4 tribu, Mérasires : tte verticale; épistome trapériforme, continué directement avec le front; carènes marginales du pronotum et sutures prosternales parallèles et largement séparées dans toute leur longueur. On ne connaît qu'un nombre très-restreint d'espèces de cette division, réparties en deux genres seulement, et particulières à l'hémisphère boréal dans les deux continents. Ces genres sont ceux des: Melusis, Olivier, dans lequel les jambes sont comprimées et larges, ayant pour type l'Elater buprestoides, Linné, plus connu sous le nom de Melasis flabellicornis, Fabr., et auquel on doit réunir, comme n’en étant qu'une simple variété, le M. elateroides, Gyllenhal : c’est un Insecte de taille moyenne, noir, avec les pattes pouvant passer au jaune ferrugineux, finement rugueux partout, et ayant les élytres régulièrement striées; les antennes sont fortement flabellées : ce Coléo- ptère se trouve dans le bois en décomposition et est répandu dans toute l'Europe, mais assez rare partout; deux autres espèces du même genre appartiennent au Mexique et à l'Amérique du Nord. — Tharops, Castelnau (Isorhipis, Lacord.), qui a les jambes gréles; espèce européenne unique, le T. melasoides, Cast. (1. Lepaigei, Lacord.), trouvé, mais très-rarement, en France et en Allemagne, variant du noir brunâtre au jaune ferrugineux : deux autres espèces appartiennent à l'Amérique septentrionale. 2 tribu, Evenémines: tête verticale; épistome trapéxiforme, continuant directement le front, carènes marginales du pronotum et sutures prosternales convergentes, réunies en avant. Cette tribu, qui renferme un assez grand nombre de genres et d'espèces propres à presque toutes les par- ties du monde, constitue presque à elle seule toute la famille que nous étudions. Ce sont des Insectes rares dans les collections, ayant souvent un faciès particulier, et qui peuvent être classés d’après la présence ou l'absence de sillons prothoraciques pour la réception des antennes pendant le repos, et par celle de lamelles sous les tarses. Les genres assez peu connus de cette division sont les suivants que nous nous bornerons à nommer pour la plupart: Pferotarsus, Eschs., groupe comprenant cinq à six espèces (type, P. histrio, Guérin, du Brésil), propres à l'Amérique du Sud, à livrée de couleurs vives, souvent variables. — Galbella, Westw., une espèce (violacea) propre aux Indes orientales, d’un beau violet brillant et couvert de points enfoncés. — Galba, Eschs., quelques espèces propres à l'Asie, dont les deux principales sont les G. marmorata, Guérin, des Indes orien- tales, et chrysocoma, Hope, de Chine. — Dendrocharis, Guérin, deux espèces semblant représenter en Amérique les Galba asiatiques. — Galbodema, Cast., une espèce d'Australie (Mannerheimi).— Gastraucalus, Guérin (Galba, Latr.), un petit nombre d'espèces américaines, toutes d’un noir pro- fond peu brillant, à élytres striées et téguments rugueux. — Eucnemis, Ahrens, on connaît une quinzaine d'espèces de ce groupe répandues dans toutes les parties du monde, aussi bien dans les pays froids que dans les régions chaudes, de couleurs noires, brunes ou rougeûtres, et ayant une fine pubescence sur tout le corps : le type est l'E. capucinus, Ahrens, d'Europe. — Fornax, Cast. (Dirhagus, Eschs.), auquel on peut joindre les Onychodon, Newmann, et Isarthrus, Le Conte, une vingtaine d'espèces presque toutes propres à l'Amérique, mais dont une (Madagascariensis, Cast.), jaunâtre et assez grande, n’est pas rare à Madagascar, comme nous l'avons dit : il paraîtrait, d'après M. Th. Lacordaire, que plusieurs espèces inédites proviendraient de Java et du Sénégal. — Eucalo- soma, Cast. (Rhygmaphorus, Dej.), une espèce brésilienne. — Microrhagus, Eschs., une dizaine d'espèces d'Europe et de l'Amérique du Nord; toutes petites, noires, variées de jaune ferrugineux. (A 5 3% HISTOIRE NATURELLE, — Hylochares, Latr. (Arhipis, Dej.), quelques espèces d'Europe, du Sénégal et des deux Améri- ques. — Calyptocerus, Guérin, une espèce (Leboucherü), de Cayenne. — Eudorus, Cast., une espèce, le Silenus javanicus, dont le nom indique la patrie. — Anelastes, Kirby (Silenus, Latr.) : genre placé parmi les Élatérides par la plupart des auteurs, et ne renfermant que quatre espèces : une inédite d'Espagne (Zanxti), une d'Algérie et deux de l'Amérique septentrionale. — Nematodes, Latr., une espèce (Elater filum, Fabr.), propre aux parties orientales de l’Europe, et à corps grêle. Hypocælus, Eschs., deux espèces assez rares, propres à la Finlande, et dont la plus connue, l'Eucmenis procerulus, Mann., se trouve également en Autriche. — Xylobius, Latr. (Xylophilus, Mann.; Xylæcus, Serv.): une seule espèce se trouvant, mais rarement, dans toute l’Europe froide et tempérée: c’est l’Elater alni, Fabr.— Harminius, L. Fairmaire, fondé sur une espèce (casta- neus) découverte en Sicile. — Emathion, Cast. (Sphærocephalus, Eschs.), groupe comprenant une dizaine d'espèces américaines; on doit probablement y joindre les Piestocera, Perty. — Phlegon, Cast., auquel peut être réuni le groupe des Ewryptychus, Le Conte, deux espèces américaines. — Epiphanis, Eschs., une espèce (cornutus) de l’île de Sikha. — Phyllocerus, Dej., une espèce (flavi- vennis, Germ.), de l'Europe australe. — Cephalodendron, Latr., une espèce du cap de Bonne-Es- pérance. — Cryptostoma, Latr., ou Ceratogonys, Perty, auquel on doit probablement joindre les Basodonta, Westwood, renfermant trois espèces de l'Amérique du Sud, dont le type est l'Elater spinicornis, Fabr., qui a l'aspect d’une Chrysomèle, etque l’on range parfois avec les Cébrioniens. — Scython, Cast., groupe incomplétement connu, ne renfermant qu’une seule espèce : $. bicolor, de la Nouvelle-Grenade. . Fig. 58.— l'ornax Madagascariensis. Fig, 59. — Pterotarsus tuberculatus. Fig. 40. — Galba chrysocoma. LI 5° tribu, Péroruorives : tête penchée; épistome inférieur au front; carènes marginales du pro- notum et sulures postérieures convergentes, réunies antérieurement. Cette division ne renferme que le genre Perothops, Eschs:, dont la place dans la série naturelle n’est pas déterminée d’une manière positive, qui a pour type l'Elater mucidus, Gyllenhal, particulier aux États-Unis, et qui comprend, en outre, une espèce propre à la Californie. Un genre que M. Le Conte fait rentrer dans la tribu des Eucnémiens, à côté même des Perothrops, mais que M. Th. Lacordaire, à l'exemple de plusieurs entomologistes, a considéré comme le type d'une famille spéciale, celle des Cénaropavrines, est celui des Ceratophytum, Latr. Ce genre, par ses caractères anormaux, est l'un des plus difficiles à classer; il se distingue principalement des Eucné- miens par sa léle petite, penchée, rétractile, et par ses antennes de onze articles, flabellées dans les mâles, dentées chez les femelles, et insérées sur une saillie du front entre les yeux. Ce sont des Insectes de taille assez petite, noirs, presque glabres, ponctués, avec les élytres rugueuses et strices régulièrement. Le type est le Ceratophytum elateroides, Latr., propre à l'Europe: il y entre égale- ment une autre espèce (pulsator), de l'Amérique septentrionale, dont M. Haldeman a fait son genre Chorea. Intermédiairement entre les Buprestiens et les Euenémiens, qui, eux-mêmes, précèdent les Éla- tériens, M. Th. Lacordaire, dans son Genera des Coléoptères, place sa famille des Throscides. En effet, par les raisons assez plausibles que donne le savant zoologiste que nous venons de nommer, il semble que ces Insectes doivent être plutôt rapprochés des T'aupins et des Buprestes que des Byr- rhes à côté desquels nous les avons mis (Voy tome Il, page 190 de l’Hästoire des Coléoptères de Fig. 1. — Anthaxi gisas. Fig. 2. — Apatura auricollis. Fig. 3. — Sternocera irregularis. nu: 2 : Fig. 4. — Stigmodera coleoptera. Fig. 5. — Stiemodera amæna. PL, 10 COLÉOPTÈRES. 55 cette Encyclopédie), à l'exemple de la plupart des entomologistes. Les deux genres principaux do cette division sont ceux des Throscus et Lissomus. VINGT-SIXIÈME FAMILLE. BUPRESTIENS. BUPRESTII. Eschscholtz. Suivant Pline, les anciens naturalistes indiquaient sous la dénomination de Bouronç=i où Bu- prestis un Scarabée à longues jambes qui se tient dans les prairies, où il est souvent avalé avec l'herbe par les bestiaux qui y paissent; lorsque cela arrive, dit-il, l'Insecte venant à toucher le fiel de l'animal, celui-ci s'enfle au point qu'il finit par crever, et c’est de cette particularité qu'a été tiré son nom, des deux mots grecs Bou:, Bœuf, et rpx6o, j'enfle. D’après ces indications, Geoffroy avait pensé que le Buprestis de Pline pourrait bien se rapporter au genre Carabus de Linné, et il avait en conséquence remplacé ce dernier nom par le premier. Mais Latreille combattit l'opinion de - Geoffroy, ainsi que celle de tous les commentateurs de Pline et des auteurs grecs qui ont parlé du Buprestis, et sa conclusion est que cet Insecte se rapporte au genre Meloe des entomologistes mo- dernes, dont les propriétés vésicantes sont aussi prononcées que celles de la Cantharide, et dont une espèce même porte encore le nom à peu près analogue de Vaupresty, dans la Morée. Quoique les raisons données par Latreille soient très-spécieuses, la nomenclature de Linné n’en à pas moins prévalu pour tous les naturalistes qui entendent par le mot Buprestis des Coléoptères de l’ancien groupe des Sternoxes, remarquables pour la plupart par l'éclat de leurs couleurs métalliques, mais ne renfermant aucune espèce à propriétés vénéneuses, et susceptible surtout d’être avalée par les animaux paissant dans les prairies, par la raison que ces Insectes ne se tiennent pas dans l'herbe, mais bien sur les feuilles, le tronc ou l'intérieur des arbres, ou sur les buissons. Le genre Buprestis, de Linné, qui ne comprenait qu'une quarantaine d'espèces lors de la publication de la douzième édition du Systema naturæ, s'est tellement accru depuis qu'on a été obligé d'y former un grand nombre de divisions, auxquelles on a donné une valeur générique, et dont la réunion forme la fa- mille des Buprestides que nous nommerons Buprestiens, pour rester fidèle à notre nomenclature. Mais, ce qu'il y a de remarquable, c’est que Dejean, MM. Chevrolat, Redtenbacher, ete., ont fait disparaître tout à fait le nom de Buprestis, tandis que cette dénomination a été, à juste raison, conservée par plusieurs autres, mais tantôt pour un groupe, tantôt pour un autre: c’est ainsi que ce nom a été appliqué au B. gigantea, de Linné (Euchroma), au B. unidentata, Fabr. (Chrysochroa), et, ainsi que nous le ferons, à quelques espèces pour la plupart européennes, se rapportant au genre qu’Eschscholtz indiquait sous la dénomination d'Ancylocheira. Les Buprestiens, d’une manière générale, ont pour caractères : corps plus ou moins allongé, ovalaire ou arrondi; tête très-courte, verticale, cachée jusqu'aux yeux dans le corselet; bouche infé- rieure; languette sans paraglosses; mächoires bilobées, inermes, lamelliformes, ciliées; antennes en scie, composées de onxe articles; yeux généralement saillants; pattes courtes, à tarses tous de cinq articles, dont les quatre premiers pourvus de lamelles membraneuses en dessous; prosternum terminé par une saillie plane, reçue dans une cavité sternale; abdomen formé de cinq segments en dessous : les deux premiers soudés ensemble. Ces Insectes sont composés de téguments très-solides, et leur corps, rarement très-court, comme dans les Trachys, est d'une rigidité très-grande. Les organes buceaux sont placés en dessous, par suite de la position de la tête, et peu variables dans la longue série des espèces. Le menton, toujours corné, est court, carré ou triangulaire. La languette, plutôt coriace que membraneuse, est souvent cachée par le menton. Les palpes sont très-courts : les labiaux ne semblent composés que de deux articles, tandis que les maxillaires en comptent manifestement trois. Les mâchoires sont peu fortes. Les mandibules sont très-épaisses, arrondies en dehors ou plus ou moins tranchantes et amincies en dedans. Le labre est transversal, un peu échancré. Les antennes, assez courtes ou médiocres, 56 HISTOIRE NATURELLE. * offrent des particularités qui servent à la subdivision des groupes primaires ou tribus, et qui se trouvent dans leurs pores et dans leur insertion. Les yeux sont grands, allongés, latéraux. Le corselet ne présente qu’accidentellement des sillons pour loger les antennes, tandis que cela à lieu fréquemment dans les Élatériens. L'écusson peut manquer chez quelques espèces, tandis que, dans le plus grand nombre, il existe, mais est généralement fort petit. Les élytres sont assez peu développées, et souvent acuminées et denticulées à leur extrémité. Il y a constamment des trochan- tins aux deux premières paires de pattes, ce qui les différencient des Élatériens, chez lesquels cela n’a pas lieu, ainsi que l'absence complète d'organes saltatoires. Les différences sexuelles ne sont pas traduites à l’extérieur, comme cela se voit chez beaucoup de Coléoptères. Les formes des Buprestiens sont généralement peu gracieuses et peu sveltes, ce qui tient à l’en- foncement de la tête dans le corselet, et à la jonction presque intime de celui-ci avec la base des élytres; ces formes varient beaucoup : en effet, les uns sont cylindriques, d’autres aplatis et ellipti- ques, il y en a d'ovoïdes, de presque triangulaires, de linéaires, etc. Mais si, sous ce point de vue, ils le cèdent à beaucoup de Goléoptères, aux Capricornes par exemple, dont les formes sont si élan- cées, ils l’emportent sur tous les autres par la vivacité et l'éclat dont leurs téguments sont ornés. Ici, comme le fait remarquer Duponchel, c’est l'éclat de l'or poli brillant sur un fond d’émeraude, ou l’azur qui se détache sur un fond d’or; là, ce sont des couleurs non métalliques, mais les plus vives et les plus tranchées, et cependant assorties, de manière à ne pas offenser l’œil le plus délicat; enfin, il en est qui, indépendamment de leurs belles couleurs, sont garnis de pinceaux ou de touffes . de poils qui leur donnent un aspect singulier et en même temps agréable. C'est à ces diverses parti- cularités qu'est dû le surnom de Richards qu'ils portent vulgairement en France, et que Geoffroy a voulu introduire dans la science. Toutefois nous devons dire que quelques espèces sont loin d'être brillantes par leur coloration, et que plusieurs sont presque entièrement noires. Leur taille varie considérablement depuis le géant de la famille, le Chrysochroa bicolor, qui peut mesurer de 0,06 à 0%,07, jusquà l'Aphanisticus pusillus, qui n’a guère qu'une longueur de 0,003; mais, en général, la majorité des espèces est de taille moyenne. Excepté quelques petits Buprestiens qui se rencontrent sur les fleurs, on les trouve habituellement sur les troncs des arbres, les bois abattus, et plus rare- ment sur les feuilles. L’extrème brièveté de leurs pattes fait qu’ils marchent assez difficilement, mais ils peuvent voler avec beaucoup d’agilité, surtout dans les régions tropicales, ou chez nous, par un temps sec et chaud; cependant, lorsqu'on cherche à les saisir, plutôt que de s'envoler, ils préfèrent se laisser tomber sur le sol et contrefaire le mort pendant quelques instants. On connaît aujourd’hui plus de quinze cents espèces de cette magnifique famille si recherchée des entomolo- gistes et surtout des collectionneurs, répandues sur toute la surface du globe; néanmoins ce sont principalement des Insectes propres aux pays chauds, et, là, ils y sont habituellement d'assez grande taille, tandis que les contrées froides ou tempérées des deux continents n’en possèdent qu'un petit nombre, dont les plus grands ne sont pas beaucoup au-dessus de la taille moyenne. Les espèces que l'on trouve auprès de Paris sont toutes assez petites, ou même très-petites, et au nombre d’une trentaine. L'anatomie des Buprestiens est loin d’être complétement faite. Meckel, dans son Anatomie com- parée, en dit quelques mots; M. Léon Dufour, dans ses recherches anatomiques sur les Coléoptères, publiées dans les Annales des sciences naturelles, et dans son mémoire sur le Cerceris bupresticida, indique les observations qu'il 2 été à même de faire sur le Ptosima nomenmaculata, sur un Agrilus et sur trois ou quatre autres espèces; MM. Gœde et Low ont étudié les viscères du Chalcophora ma- riana; M. Stein, dans son ouvrage sur les organes générateurs des femelles des Coléoptères, a représenté ceux de l'Anthaxia quadripunctata; enfin tout récemment, M. le docteur Laboulbène, dans le tome I des Archives entomologiques de M. Thomson, a donné d'importantes recherches sur les appareils de la digestion et de la reproduction de l’Anthaxia manca. M résulte de tous ces travaux d’une manière générale, en ne considérant que l'appareil alimentaire, que le tube intestinal de ces In- sectes à environ trois fois la longueur du corps, que l’œsophage est grêle, le ventricule chylifique distinct du jabot par un étranglement brusque, le jabot allongé, tubuleux, flexueux ou replié, par- faitement glabre; l'intestin grêle court, presque droit; le cæeum, qui se distingue de ce dernier par une contracture, se fait remarquer par sa forme allongée et cylindrique; le rectum est droit, court; les vaisseaux biliaires ne paraissent pas différer de ceux des Carabiques, etc. Fig. 1. — Bupreslis hydropica Fig. 2. — Buprestis Mexicana Fig. 5. — Colobogaster empyrea Fig. #. — Cyphotes nodos«. Fig. 5. — Cœculus Euphraticus ” 1 RTE ar Ru . | #4 SEE jé eve LS : COLÉOPTÈRES. 37 L'histoire des métamorphoses des Buprestiens ne date guère que d'une vingtaine d'années, et cependant aujourd'hui on décrit assez complétement les larves de nos espèces européennes. Les métamorphoses du Chalcophora mariana ont successivement occupé MM. Ratzeburg, Low, Pecchioli et IT. Lucas; M. Bertholoni s’est occupé de celles du Chalcophoru Fabricii; MM. Chapuis et Candèze ont décrit les larves des Dicerca costicollis et Pæcilonota rutilans; M. Westwood, celles du Dicerca berolinensis; M. L. Dufour, celles du Chrysobothris chrysostigma; M. Ratzeburg, celles de l'An- thazia quadri punctata; M. Ed. Perris, celles de l'Anthaæia manca; MM. Gory et Percheron, celles du Sternocera chrysis; un assez grand nombre de larves d’Agrilus ont également été décrites: celles de l'A. Aubei, par M. le docteur Aubé; celles des A. nocivus, tenuis, angustulus, biguttatus, par M. Ratze- burg; des A. deraso-fasciatus, viridipennis, sex-guttatus, cinctus, par M. Ed. Perris, ete.; deux larves, qui s’éloignent très-notablement de toutes les autres, sont : celle de la Diphucrania auriflua, décrite par M. Hope, et celle du Trachys nana, qu'a récemment fait connaître M. Heeger. En outre, nous devons noter que la larve figurée par mademoiselle de Mérian, comme celle du Buprestis gi- gantea, se rapporte réellement à une espèce de Lamellicornes, et qu’une larve indiquée par M. Westwood comme celle du Buprestis attenuata est probablement celle soit d'un Passale, soit d’un Longicorne. Enfin quelques points de détail ont occupé divers entomologistes, et MM. L. Du- four, le colonel Goureau, Ed. Perris et H. Lucas ont publié de nombreuses observations sur la position des stigmates des larves de Buprestiens. Erichson, MM. Chapuis et Candèze, et plus récem- ment M. Th. Lacordaire, ont donné la description générale des larves des Coléoptères qui nous occupent, et ont montré qu'on doit y remarquer au moins deux types principaux, quoique cepen- dant ces larves aient presque toutes l'aspect des larves des Longicornes, qu’elles vivent, de même que ces dernières, dans les bois vermoulus, mais principalement entre l'écorce et le bois des arbres, gl DUAL rune 1. eZ y D lis. 41. — Buprestis (Euchroma) gigantea. \Larve.) D'après mademoiselle de Mérian. surtout de ceux frappés de mort ou atteints de maladie, où elles se creusent des galeries, et qu'elles soient généralement apodes. Dans la plupart des espèces, le corps est cylindrique ou déprimé, re- marquable par sa longueur, sa gracilité et son brusque élargissement vers la région prothora- cique; la tête est petite, nettement divisée en deux parties : l'une antérieure, cornée, et l'autre postérieure, revêtue de téguments membraneux et comme enchâssée dans le corselet; il n y a pas de stemmates; les antennes sont courtes, de deux ou trois articles; les deux segments thoraciques sont plus étroits que le corselet; les segments abdominaux au nombre de neuf, le dernier présentant une saillie; les téguments sont glabres ou revêtus de quelques poils épars. Quelques différences se remarquent dans la série des espèces, mais les larves du Trachys nana s'éloignent tellement de toutes les autres, qu’elles semblent appartenir à une famille différente : leur tète, dégagée du corselet, porte de chaque côté un œil réniforme; tous les segments vont en se rétrécissant jusqu’à l'extré- mité du corps, et chacun est pourvu, tant en dessus qu’en dessous, d'un éeusson corné et de deux verrues latérales; on trouve des pattes très-écartées à leur naissance et formées de deux articles, dont le dernier est armé d'un onglet corné; leur genre de vie est différent de celui des autres, et ces larves rongent le parenchyme des feuilles d’un liseron. Les larves du Diphucrania auriflua, Insecte d'Australie, organiquement très-remarquables, produisent des galles sur les rameaux de la 38 HISTOIRE NATURELLE. Pultenæa stipularis. Pendant le cours de la transformation en nymphe, le corps de la plupart de ces larves se raccourcit beaucoup comparativement à ce qu'il était à l'origine, et la nymphe acquiert bientôt la forme de l’Insecte parfait. Les femelles de celui-ci sont pourvues d’une tarière cornée, composée de trois pièces, au moyen de laquelle elles déposent leurs œufs dans le bois dont leurs larves doivent se nourrir. Comme nous l’avons déjà dit, la famille des Buprestiens correspond au genre Buprestis, de Linné; Fabricius y forma le premier le genre Trachys, et Latreille celui des Aphanisticus; Dalman, dans la Synonymie des Insectes de Schoenherr, essaya de le diviser, et, prenant pour point de départ les caractères tirés de l’écusson, y établit un grand nombre de groupes auxquels il n'assigna pas de noms, et il en fut de même dans la partie entomologique de l'Encyclopédie méthodique de Serville, à l’exception toutefois que cet auteur assigne des dénominations spéciales à ses groupes, qu'il ne ca- ractérisa cependant pas. Eschscholtz, dans le Zoologischer Atlas, divisa les Buprestis en dix-sept genres qu'il caractérisa en quelques mots seulement. Après lui, Solier, dans un travail très-étendu intitulé : Essai sur les Buprestides (Ann. Soc. ent. de Fr., première série, tome If, 1853), et assez récemment dans l'Histoire du Chili de M. Gay, adopta tous les genres de ses devanciers et en créa un grand nombre de nouveaux. Peu de temps après, MM. de Castelnau et Gory commencèrent la publication d’une monographie iconographique de la famille (Histoire naturelle des Coléoptères), dans laquelle toutes les espèces à eux connues sont figurées, où quarante-deux genres furent admis, et que Gory compléta plus tard en y ajoutant un supplément. Dejean, dans la dernière édition de son Catuloque, indique quarante-sept genres de Buprestiens, dont quinze lui appartiennent. M. le comte de Mannerheim, dans son Énumération des Buprestides de sa collection, restreignit au con- traire le nombre des genres : il n’en admit que trente-quatre, et restitua à plusieurs les noms d'Eschscholtz, que ses successeurs n'avaient pas connus. Enfin, Spinola (Ann. Soc. ent. de Fr., pre- mière série, tome VI, 1837), indiqua quelques changements à faire à divers groupes, et principale- ment à celui des Latipalpis ; M. Chevrolat (Revue de Silbermann, tome VI) publia une Centurie d'espèces nouvelles, et MM. L. Fairmaire et Germain, tout récemment (Ann. Soc. ent. de Fr., troi- sième série, tome V;, 1858), passèrent en revue les espèces du Ghili. Outre tous ces auteurs, dont nous pourrions encore augmenter considérablement la liste si nous voulions citer tous ceux qui ont créé soit des genres, soit des espèces nouvelles de Buprestiens, nous devons encore dire que M. Th. Lacordaire, que nous prendrons pour guide, a donné (Genera des Coléoptères, tome IV, 1857) un résumé complet de tout ce qu'on sait sur les Insectes de cette famille, et qu'il a entrepris et mene à bonne fin la tâche difficile de rétablir la synonymie des groupes génériques si nombreux de ses devanciers, et celle non moins difficile de créer les divisions primaires que nous allons citer, en in- diquant la liste des principaux genres. È | | l I | igmodera Goryi. Fig. 45. — Julodis cirrhoza. Fig. 44, — Chrysochroa ocellata. Fig. 42. — St 4= tribu, Juconipes : antennes insérées loin du bord antérieur de l’épistome, avec leurs cavités médiocres, bien limitées, et à pores diffus, cachés par une fine pubescence d'aspect hydrofuge; pas d'écusson; cavité sternale formée entièrement par le mésosternum. On connaît environ une centaine de Julodides, qui sont répartis dans les diverses contrées de l’ancien continent, principalement vers Fig. 1. — Eurybia chalcodes. Fig. 2. — Anthaxia manca. Fig. 3. — Buprestis chrysodoma. Fig. 4. — Polycesta tigrina. ; # ) De L # : le, : D pr k LE | | | à En %, COLÉOPTÈRES, 59 torride, et qui ne forment que deux genres : 1° Sternocera, Eschs., surtout remarquable par sa saillie sternale, et renfermant une vingtaine d'espèces propres aux parties chaudes de l’A- frique et des Indes orientales, de grande taille, de couleurs assez variées, quoique souvent métalli- ques et ornées le plus habituellement sur les élytres et l'abdomen de petites fossettes remplies de poils tomenteux : comme type nous citerons le Buprestis chrysis, Linné, d’un beau vert, à magni- fiques reflets métalliques. — 2° Julodis, Eschs., sans saillie sternale; Insectes presque complétement couverts sur tous les téguments de poils qui peuvent être assez longs et très-touffus, de taille grande ou médiocre, couverts en entier de couleurs métalliques uniformes, et sujettes à passer au bleu ou au violet; soixante-dix à quatre-vingts espèces propres à l'Afrique australe et intertropicale, aux parties chaudes de l'Asie et à la faune méditerranéenne, tant en Afrique qu’en Europe, où ils sont plus rares : l’un de ceux-ci, qui se trouve en Espagne, est le I. onopordi, Fabr. 2° tribu, Cuarcopnonipes : antennes à pores diffus, à découvert, occupant les deux faces des ar- ticles sur lesquels ils existent. Les Chalcophorides comprennent un nombre considérable de belles espèces, dont quelques-unes sont de grande taille; ils habitent toutes les parties du monde; et, quoique rares en Europe, ils y ont quelques représentants. On peut, avec M. Th. Lacordaire, les répartir en trois groupes spéciaux d’après quelques particularités organiques importantes. A. Dans les uns les farses postérieurs ont leur premier article plus long que le second, et leur écusson n'est pas distinct. Le type est le genre Chrysochroa, Solier, auquel on peut rapporter les Agelia, Cast. et Gory, renfermant de superbes espèces, généralement vert métallique, propres aux Indes orientales et à l'Afrique méridionale, dont le €. vittata, Fabr., de la Chine, est l’une des plus connues. — Les autres genres, qui n’en différent pas très-notablement, sont les suivants : Catoxan- tha, Dej., Solier, quelques grandes et superbes espèces des Indes orientales (type, C. bicolor, Fabr..), à abdomen et une partie du métathorax d'un blanc jaunâtre et les autres parties d'un vert ou d'un pourpre métallique. — Cyria, Serv., Sol., trois espèces de la Nouvelle-Hollande, dont la principale est la C. imperialis, Fabr., d'un noir brillant, comme vernissé, avec des bandes d’un beau jaune en dessus. — Sferaspis, Dej., Sol., plus distinct des groupes qui précèdent, une dizaine d'espèces, toutes africaines, robustes, d'un beau vert métallique passant au bleu, au vert doré et au rouge cuivreux (scabra, Fabr.). B. Dans d’autres, avec le premier article des tarses postérieurs plus long que le deuxième, on trouve un écusson distinct. Le type est le genre Chalcophora, Serv., Sol., auquel on peut joindre le groupe des Chrysodema, Cast. et Gory, ou Evides, Dej., une trentaine d'espèces assez grandes, de couleur métallique, et pour la plupart remarquables par les sillons ou fossettes de leur corselet : espèces propres à toute la faune méditerranéenne, à l’Afrique, aux divers archipels indiens et à l'Amérique du Nord : comme type nous nommerons le C. mariana, Fabr., grande espèce d’un brun bronzé, ponctué en dessus, et d’un cuivreux doré en dessous, qui n'est pas rare dans le midi de la France, en Allemagne, ete. — D'autres genres, qui s’en éloignent plus ou moins notablement, sont ceux des : Euchroma, Serv., Sol., qui comprend deux grandes et robustes espèces, les E. gi- gantea, Linné, très-commun au Brésil, et columbica, Mannerheim, propre à la Colombie et au Mexique, variant du vert au rouge cuivreux avec deux grands espaces d'un bleu d'acier sur le cor- selet. — Haleqgia, Gast. et Gory (Pristiptera, Dej.), avec lequel M. Th. Lacordaire confond le genre Acantha, Cast. et Gory, ou Prionophora, Dej., quelques espèces d’une teinte métallique obscure, propres à l'Amérique du Sud (blanda, Fabr.). — Pelecopselaphus, Sol., une espèce (depressus, Fabr.), des contrées intertropicales du Brésil. — Chrysesthes, Serv., Sol., trois espèces de l’Amé- rique méridionale, dont le type est le C. tripunctatus, Linné. C. Enfin dans les derniers, le preinier article des tarses postérieurs est plus long que le troisième. Quoique l’on ait créé un grand nombre de genres dans cette division, M. Th. Lacordaire n’y admet que quatre groupes. — Spiloptera, Serv., Sol., dans lequel on peut placer les Perotis, Megerle (Auri- gena, Cast. et Gory), Ectinogonia et Apatema, Spinola; Lampetis et Polybothris, Dej.; Hippomelas, Cast. et Gory, ete., et qui, ainsi constitué, comprend près d’une centaine d’espèces répandues dans l'ancien et le nouveau continent, mais dont très-peu sont européennes, et qui ont des formes ainsi 40 HISTOIRE NATURELLE, que des couleurs, quoique métalliques, assez variées. — Latipalpis, Sol., Spin., ayant pour type le L. Pisana, Spin., d'Italie. — Capnodis, Eschs., une douzaine d'espèces, en général noirâtres, pro- pres à l'Europe tempérée (comme les cariosa, Fabr.; tenebrionis, Linné, et tenebricosa, Linné), au nord de l'Afrique et aux régions occidentales de l'Afrique. — Cyphosoma, Mann., groupe au moins trés-voisin du précédent, et comprenant quelques espèces exotiques et du nord de l'Amérique. 3e tribu, Bupresnines : antennes à pores concentrés dans une fossette sur chacun des articles qu en sont pourvus. Cette tribu, répandue sur tout le globe et de beaucous plus nombreuse en espèces que les deux tribus précédentes, a été, d’après quelques particularités organiques importantes, par- tagée en sept groupes par M. Th. Lacordaire. A. Le premier, dans lequel l’écusson est plus ou moins petit, non régulièrement triangulaire m1 transversal, et acuminé en arrière, et chez lequel la cavité sternale est formée par le métasternum et le mésosternum, comprend une quinzaine de genres, dont le groupe typique est celui des Bu- prestes proprement dits. Ces genres, qui renferment de nombreuses espèces, souvent métalliques, surtout européennes et australasiennes, en général de taille médiocre ou même petite, sont les sui- vants: — Buprestis, Linné, qui a pour synonyme les Ancyclocheira, Eschs.; Eurythyrea, Serv., Lacord., et Anoplis, Kirby, qu'on doit réunir en un seul et même groupe; ce sont des Insectes propres à une grande partie du globe, principalement dans l'hémisphère boréal, à livrée sombre, uniforme, rarement métallique, quoique parfois d'un vert doré relevé de reflets rougeâtres cuivreux; les espèces d'Europe sont les B. novemmaculata, octomaculata et Austriaca, Linné; punctala, ma- culata, micans, Fabr.; cupressis, Cast. et Gory; oblita, Faldermann, ete. — Epistomeutis, Sol., du Chili. — Nascio : une espèce d'Australie (B. venusta, Boisd.), qui semble se rapprocher des Agrilus. — Pæcilonata, Eschs. (Lampra, Merg., Lacord.), groupe peu nombreux, dont toutes les espèces, sauf une seule (gentilis, Cast. et Gory, des Indes orientales), sont propres aux faunes méditerra- néenne, européenne et asiatique. — Dicerca, qu'Eschscholtz écrit à tort Dicerea, se rapprochant des Psiloptera, particulièrement propre à l'hémisphère boréal dans les deux continents, et à l'Amé- rique du Nord, et dont les types de nos pays sont les D. senex, Linné, et berolinensis, Fabr. — Bulis, Cast. et Gory, deux espèces de l'Afrique australe. — Astræus, Cast. et Gory, une espèce (fla- vopictus), d'Australie. — Pterobothris, Fairmaire et Germain, une espèce (corrosus), du Chili. — Bubastes : une espèce (sphenoïda), ayant la même patrie que le type du genre Astræus. — Eurybia, Cast. et Gory, une espèce (chalcodes, Hope), d'Australie. — Cinyra, Cast. et Gory (Leptia, Dej.), quelques espèces américaines. — Melobasis, Cast. et Gory (Abrobapta, Dej.), groupe exclusi- vement australasien. — Melanophila, Eschs. (Apatura, Cast. et Gory), groupe auquel on doit joindre les genres Trachypteris et Oxypteris, Kirby, et Diana, Cast. et Gory (Analampis, Dej.), comprenant un certain nombre d'espèces des parties froides et tempérées de l'hémisphère boréal dans l’ancien et le nouveau continent, à forme raccourcie, de couleurs assez variées, et ornées le plus souvent de taches jaunes : type, M. decostigma, Fabr., d'Europe. — Phænops, Merg., Lacord., voisin du groupe précédent, et ne renfermant que le B. tarda, Vabr., petit, d'un bleu uniforme plus ou moins verdâtre, répandu dans une grande partie de l’Europe. — Anthaxia, Eschs., auquel on peut joindre les Cratomerus et Trigonophorus, Solier, qui n’en diffèrent réellement pas; on en connait une soixantaine d'espèces, habituellement de petite taille, ornées de couleurs variées, mais le plus souvent métalliques, propres à l'Europe plus ou moins méridionale, à l'Afrique australe, au Chili et à l'Amérique du Nord: le type est l’A. manca, Fabr., que l’on rencontre, quoique rarement, dans les environs de Paris. — Curis, Cast. et Gory (Selagis, Dej.) : quelques espèces de l'Océanie, et une du Chili, qui est devenue le type du genre Cylindrophora, Sol. B. Le second groupe comprend, comme le précédent, les espêces dans lesquelles l'écusson est plus où moins petit, non régulièrement triangulaire ni transversal, et acuminé en arrière, mais chez lesquelles la cavité sternale est formée par le métasternum presque seul, et renfermant un petit nombre de genres, dont celui des Stigmodères peut être pris pour type. Ge sont des Bupres- tiens de forme assez allongée, surtout en ce qui concerne la tête, et qui offrent un faciès particulier dû à leur système de coloration, qui n’est que rarement métallique, et qui présentent soit le fond des élytres, soit des taches ou des bandes sur ces organes, d'une belle teinte jaune plus ou moins Fig. 1. — Buprestis conica. Fig. 2. — Buprestis lamina. 5 l b Fig. 3. — Polylothris aurco-cyanea. Fig. 4. — Meloplila atra. do COLÉOPTÈRES. ua rougeàtre; à peu d'exceptions près, ils appartiennent à l'Australie et à l'Amérique méridionale. Les genres admis par M. Th. Lacordaire sont les suivants : — Stigmodera, Eschs., groupe dans lequel on peut ranger, comme n'en étant que des subdivisions secondaires, les genres Conognatha, Eschs.; Themognatha et Pithiscus, Sol.; Castiarina, Cast. et Gory (Polychroma, Dej.), et Metaxymorpha, Perty, et comprenant un très-grand nombre d’espèces polymorphes, de couleurs variées, et assez homogènes sous le rapport de la structure des téguments : type, B. insignis, Perty, du Brésil. — Calodema, Cast. et Gory, ne renfermant qu’une superbe et grande espèce particulière à l'Australie, le Stigmodera Kirbyi, Hope — Zemina, Cast. et Gory, ou Lasionota, Dej., habitant l'Amérique du Sud, rare dans les contrées intertropicales de ce continent, et plus commune à mesure qu'on se rapproche du Chili. — Dactylorodes, Chevrolat, groupe assez voisin du précédent, et ne renfermant que deux espèces propres à la Patagonie. — Hyperantha, Gist, Mann., groupe auquel la plupart des auteurs français ont appliqué à tort, ainsi que nous l'avons démontré, le nom de Pæcilonota, qui doit être laissé à un autre genre, on en décrit une vingtaine d'espèces exelusivément propres aux régions intertropicales de l'Amérique du Sud, de forme assez large, et dont nous indiquerons comme types les H. vittaticollis et stigmaticollis, Nobis, le premier de Colombie et le second de Cordova. — Strigoptera, Dej. (Castalia, Cast, et Gory), joli groupe semblant représenter en Aus- tralie et dans les archipels indiens les Hyperantha amérieains. Fig. 43. — Bupreslis alhospera Fig. 46. — Sponsor convexus. Fig. 47. — Coræbus mucoreus. C. Le troisième groupe comprend des Buprestiens à écusson disposé comime dans les deux groupes précédents, mais la cavité sternale est formée par le mésosternum seul. Les Insectes de cette divi- sion diffèrent beaucoup entre eux sous le rapport du faciès; ils se trouvent disséminés dans presque toutes les contrées du globe, ont pour type les Polycestes, et sont répartis en cinq genres princi- paux. — Polycesta, Serv., dont les Nemaphorus, Sol., ne diffèrent pas: quelques espèces amért- caines, et dont le B. depressa, Linné, peut être pris pour type. — Acherusia, Cast. et Gory, une seule espèce australasienne (Childreni). — Sponsor, Cast. et Gory, groupe très-remarquable, res- semblant beaucoup plus à un Colymbetes qu'à un Buprestis proprement dit, et dont toutes les espèces proviennent de l'ile Bourbon (type, convexus). — Ptosima, Serv., Sol., groupe dont l'espèce principale est le B. novemmaculata, Fabr., joli Coléoptère répandu dans tout le midi de l'Europe, à laquelle on associe quelques espèces indiennes et américaines. — Tyndarus, Thomson, qui ren- ferme surtout plusieurs espèces propres au Chili (type, T. marginellus, Fairm. et Germ.).— Ac- mæodera, Eschs., genre comprenant une trentaine d'espèces, toutes de petite taille, de couleurs très-variées, et souvent ornées de taches ou de bandes formant un élégant dessin, se trouvant en troupes nombreuses, et habitant principalement les parties chaudes de l’ancien continent, quoi- qu'on en ait signalé quelques-unes dans les régions tempérées de l'Amérique : le type est l'A. tæ- niata, Fabr., d'Allemagne. D. Le quatrième groupe est formé d'espèces à écusson assez grand, transversal, muni en arrière d'une pointe aiguë, à tarses ayant des crochets simples, et à cavités antennaires trigones, termi- nales. On en connaît une centaine d'espèces particulières à l'Afrique australe et aux Indes orientales, et qui sont réparties dans les deux genres Evagora, Cast. et Gory, et Sphenoptera, Dej., Solier : groupe que M. Th. Lacordaire réunit en un seul et unique genre. co 6 42 HISTOIRE NATURELLE. E. Le cinquième groupe comprend des Buprestiens à écusson plus ou moins grand, en triangle aiqu ou transversal, acuminé en arrière, à tarses ayant des crochets simples, et à cavités anten- naires arrondies, frontales, rétrécissant l’épistome à sa base. On place dans ce groupe environ trois cents espèces surtout propres à l'Amérique, à l'Afrique, à quelques parties de l'Asie, et, pour très-peu d’entre elles, à l'Europe; toutes ces espèces ont un faciès particulier dû à la brièveté de leur tête, qui est comme tronquée en avant et souvent concave sur le front : on les répartit en quatre genres principaux. — Chysobothris, Eschs. (Odontomus, Kirby), groupe nombreux, ayant des re- présentants dans toutes les régions du globe : l'Europe en possède trois : GC. chrysostigma, Linné, et affinis, Fabr., répandus depuis la Sibérie jusque dans le nord de l'Afrique, et le C. Solieri, Cast. et Gory, de l'Europe moyenne et tempérée et de l'Algérie. — Colobogaster, Sol., en général de l’Amé- rique méridionale. — Actenodes, Dej., Lacord., groupe exclusivement américain, mais n'étant pas propre au nord de ce continent. — Belionota, Eschs., quelques espèces des Indes orientales, de Madagascar et de diverses parties de l'Afrique, type, B. scutellaris, Fabr. F. Le sixième groupe offre des espèces à écusson médiocre, en triangle rectiligne ou trans- versal, acuminé en arrière, à tarses de longueur normale et ayant des crochets dentés ou appendi- culés. Ces Buprestiens se reconnaissent facilement au premier aspect à leur corps généralement étroit et linéaire; tous ne sont pas parés de teintes métalliques, et plusieurs n’ont que des couleurs assez sombres; peu d’entre eux sont de taille moyenne, tandis que beaucoup, au contraire, sont petits. Les Insectes de cette tribu, qui ont pour type le genre Agrilus, sont répandus partout et sont très-abondants spécifiquement en Europe. On en connaît plus de trois cents espèces, et l'on y admet upe dizaine de genres, qui suivent: — Ethon, Cast. et Gory, quelques espèces d'Australie, de couleurs métalliques plus ou moins cuivreuses, et souvent ornées de petites taches ou de bandes flexueuses formées par des poils de nuances variables. — Cisseis, Cast. et Gory (Diphucrania, Dej.), six espèces australasiennes, tendant à joindre le genre qui précède à celui qui suit. — Coræbus, Cast. et Gory, groupe renfermant une vingtaine d'espèces de l’Europe orientale et méridionale (comme les types B. nudata et rubi, Fabr.), de l'Algérie, de Natal et de l'Australie. — Polyonychus, Chevr., qui, outre l'espèce typique (mucidus), du Bengale, renfermerait le B° elata, Fabr., de l'Europe australe. — Amorphosoma, Cast. et Gory, que M. Th. Lacordaire réunit au genre Discoderes, Chevr., et qui, ainsi constitué, comprendrait une vingtaine d'espèces particulières à l’ancien continent, et spécia- lement à l'Afrique australe, à Madagascar, aux Indes orientales et à l'Australie. — Eumerus, Cast. ot Gory (Rhædoscelis, Chevr.), quelques espèces surtout propres au Brésil, assez grandes et d’un beau bleu passant au vert doré et au violet, avec quelques reflets cuivreux.—Pseudagrilus, Cast, surtout remarquable par ses cuisses postérieures renflées; ayant pour type le P. splendidus, du Sé- négal, et renfermant, en outre, deux espèces d’Abyssinie. — Stenogaster, Sol., sans lamelles sous les trois derniers articles des tarses: une vingtaine d'espèces d’un bronzé assez brillant, clair ou obscur en dessus, propres à l'Amérique méridionale, et dont le type est le B. linearis, Linné. Agrilus, Merg., Curtis, ce groupe comprend une centaine d’espèces propres à toutes les contrées du monde, et dont les européennes sont nombreuses, et pour la plupart de taille au plus médiocre, de forme linéaire et grêle, à tête verticale, à corselet régulièrement cylindrique, et à élytres arrondies à l'extrémité; ce sont, en général, des Insectes de couleurs métalliques et souvent parés de taches produites par des poils de nuances variées; parmi nos espèces parisiennes nous nommerons les À. cyaneus et viridis, Fabr., dont les noms rappellent les teintes. — Mastogenius, Solier, établi sur une espèce (parallelus), du Chili, qui ressemble plus à un Dasyte qu'à un Bupreste. — Cylindro- morphus, Mots., Kiesew., renfermant deux ou trois espèces de l’Europe orientale, dont le type est le C. filum, Schranck: G. Le septième et dernier groupe ne comprend qu'un nombre assez restreint d'espèces, toutes de petite taille, distribuées dans quatre genres principaux, et qui offrent pour caractères communs : écusson triangulaire; tarses très-courts, à crochets dentés où appendiculés, ete. Ces Buprestiens, à leur état parfait, ne différent pas très-notablement du groupe précédent; le meilleur caractère diffé- renciel se trouve dans la brièveté des tarses : les uns sont également linéaires, allongés, mais presque tous sont de forme très-courte; à l'état de larve, ils s’en distinguent très-remarquablement. Les genres admis par M. Th. Lacordaire sont les suivants : Brachys, Dej., Sol., auquel on doit joindre Fig. 1. — Buprestis blanda. Fig. 2. — Castalia bimaculata. Fig. 3. — Serropalpus striatus. Lig. 4. — Hyperantha stigmaticollis. Fig. 5. — Hyperandha vittaticollis. l — Cisteis albospursa Fig. k. — Melanophila tenebricosa 5. — Acherusia Children. (Profil.) Fig D, — Belionota lineatopennis. rL, 6. COLÉOPTÈRES. 43 les Pachyscelus et Taphrocerus, Sol.; Lius, Dej., et Metonius, Say : groupe exclusivement améri- cain, semblant remplacer dans ce continent nos Trachys d'Europe, de couleurs métalliques, bleus ou noirs, et dont on décrit près de cinquante espèces : type, Trachys tessellata, Kabr., de l'Amé- rique du Nord. — Trachys, Fabr., groupe se composant d'une vingtaine d'espèces d'Europe, d’A- frique, des Indes orientales et de Madagascar, se distinguant surtout des Brachys par leur forme plus courte et l'absence de sillons sur le corselet : les espèces les plus anciennement connues sont les T. minuta, Linné, et pygmæa, Fabr., qui se trouvent exclusivement sur les fleurs dans une grande partie de l'Europe, et même dans nos environs, où ils sont cependant assez rares. — Apha- nisticus, Latr., une quinzaine d'espèces habitant l'Europe (types, À. emarginatus, Fabr., et pu- sillus, Oliv., du climat de Paris), d'Afrique, de Madagascar, d'Australie et du Mexique; espèces ne dépassant pas une longueur de 0",005, et qui sont linéaires, glabres, de coloration métallique ou noire. — Goniophthalmus, Chevr., chez lequel la tête est comme divisée en deux cornes qui ont, en quelque sorte; porté les yeux en avant: ce caractère, qui semble suffisant pour caractériser un genre, n'étant cependant qu’une exagération, de ce qui a lieu chez les Aphanisques, c’est avec raison qu'on y a réuni les Goniophthalmes, et MM. Castelnau et Gory indiquent sous le nom d'A, bicor- natus, l'espèce que M. Chevrolat nomme G. mitratus, et qui provient de Madagascar. Fig. 48. — Amorphosoma grisator. Fig. 49. — Brachys maculata. Fig. 50. — Aphanisticus auriculatus. VINGT-SEPTIÈME FAMILLE SCARABÉIENS. SCARABEII. Blanchard, 1845. Antennes courtes, insérées dans une profonde cavité sous les bords de la tête, en avant et auprès s yeux, composées de sept à onze articles : le premier grand, les derniers mobiles et formant une assue transversale, presque constamment lamellée; pattes plus où moins fouisseuses, surtout les antérieures : tarses de cinq articles, presque toujours très-distincts; corps de forme variable. Les Scarabéiens, qui correspondent à la grande division des Lamellicornes, de Latreille, ou aux Pétalocères de quelques auteurs, sauf toutefois les deux grands genres Lucanus et Passalus, qui en été séparés à juste raison, d'après la disposition de leurs antennes, rappelant celle d’un peigne et qui constituent le groupe primaire des Pectinicornes ou Lucaniens, les Scarabéiens, forment l’une des familles les plus naturelles de l'ordregntier des Coléoptéres, et répondent surtout au genre linnéen des Scarabæus, si nombreux en espèces, et dont on a dû faire une si grande quantité de genres particuliers. Cependant, quoique des plus naturelles, comme nous l'avons dit, la famille que nous allons étudier ne peut être caractérisée d’une manière générale que par le peu de mots que nous avons indiqués, et surtout par les antennes dont habituellement les trois derniers articles forment une massue feuilletée, tandis que les autres constituent le stipe ou funicule, et par la structure de leurs pattes de devant, toujours fouisseuses; le type idéal du groupe primeire est varié à l'infini, et, comme le fait remarquer M. Th. Lacordaire, des caractères qui, partout ailleurs, suf- 44 HISTOIRE NATURELLE. firaient pour isoler en familles distinctes les espèces qui les offrent perdent ici cette valeur, et ne doivent plus être employées que pour l'établissement de tribus et même de divisions encore plus secondaires. Ces Insectes peuvent souvent attendre une taille très-considérable; c’est parmi eux que l'on trouve les géants de l’ordre des Coléoptères : la grande majorité des autres espèces sont relativement de taille moyenne, et peu d’entre eux sont petits. Leur corps est presque toujours court, souvent ra- massé, et son épaisseur varie plus que ses autres dimensions. La tête est habituellement petite ou médiocre, engagée dans le corselet : l'épistome ou le chaperon est souvent séparé du front par une suture où même une carène; cette tête est carrée, parabolique ou semi-cireulaire, et déborde faible- ment dans toutes les directions les parties de la bouche (Cetonia, Rutela, Melolontha, ete.), ou bien elle est coupée obliquement de chaque côté, ce qui permet de voir d’en haut les mandibules (Geo- trupes, Dynastes, etc.); ou bien encore elle est fortement dilatée en avant et sur les côtés, formant une pointe qui cache entièrement les organes buccaux (Copris, ete.). Yeux latéraux, généralement gros, saillants : oblongs et peu saillants, et dégagés du corselet dans les Macrodactylus. Antennes somposées normalement de neuf ou dix articles : massue ordinairement formée de trois articles, mais pouvant en comprendre sept : tous lamelleux, et, au repos, se rapprochant de telle sorte, que les bords latéraux de tous soient visibles. Les organes buccaux éprouvent de nombreuses modifica- tions suivant le régime de ces Insectes, qui vivent tantôt de substances animalisées qu'ils trouvent dans les matières exerémentitielles des animaux, tantôt de substances végétales : telles que les par- ties ligneuses des arbres, les feuilles, la séve extravasée des végétaux, le pollen des fleurs, ete. La languette est coriace ou membraneuse et reste distincte du menton, ou bien elle est coriace et soudée avec lui. Mâchoires à corps corné, très-robuste, à lobe interne représenté par un crochet simple, pouvant même manquer, à lobe interne non mobile. Palpes : labiaux ordinairement très- courts, filiformes, de trois articles : maxillaires, également filiformes, composés de quatre articles. Les mandibules, extrêmement variables suivant les groupes, ne dépassent presque jamais le cha- peron; tantôt elles semblent invisibles, mais la dissection montre qu’elles sont composées de deux lames, très-minces, accolées au plafond de la cavité buccale et peu mobiles (Copris, Aphodius, ete.); tantôt elles présentent trois lames, dont une membraneuse, interne, arrondie, la seconde externe; cornée, lancéolée, et une troisième, plus petite, cornée et pouvant manquer (Cetonia, etc.); tantôt elles sont entièrement cornées, assez épaisses en dehors, et offrant à la base du bord interne une dent saillante (Melolontha, Hoplia, ete.); tantôt, enfin, quoique assez considérables, elles ont leur bord interne sans lame membraneuse, et la dent molaire très-développée (Geotrupes, Rutela, Dy- nastes). Le labre est corné ou membraneux, visible ou non. Le corselet, dans son développement, est en rapport soit avec les habitudes plus ou moins fouisseuses des espèces, soit avec les saillies, avec les cornes, ete., dont il est armé. L’écusson, extrêmement développé chez les Rutela, est gé- néralement assez grand dans la plupart des espèces, cordiforme ou triangulaire; cependant il peut être très-petit ou même manquer chez les Coprophages. Les élytres, de consistance très-dure, ou, au contraire, assez molle, n’embrassent habituellement pas l'abdomen, et souvent même elles ne re- couvrent pas ses côtés (Ateuchus, Cetonia, ete.) : elles laissent souvent le pygidium à découvert en arrière; très-rarement elles peuvent manquer dans quelques femelles, comme chez les Pachypus. Les ailes proprement dites existent dans l'immense quantité des cas: toutefois on ne les retrouve plus chez certains Rhixotrogus. L'abdomen est considérablement variable, sous le rapport de sa grandeur, depuis les Dynastes, où il est développé au summum, jusqu'au Lethrus, où il ne forme plus qu'une faible partie du corps: en dessus, il présente huit segments, et, en dessous, ordinaire=. ment six; habituellement membraneux; son avant-dernier segment, comme le pygidium, est tou- jours corné. Il y a sept paires de stigmates abdominaux, mais la première paire peut disparaître, “en quelque sorte, parce qu'elle est enfoncée dans la fissure qui sépare le métathorax du premier segment; les six autres paires sont variables par leur forme, leur grandeur et leur position. Les pattes sont toujours fouisseuses et à un degré plus prononcé dans les femelles que dans les mâles. Les hanches antérieures sont constamment contiguës, transversales et enfouies dans les cavités co- tyloïdes, ou plus ou moins coniques, très-saillantes hors des cavités cotyloïdes; les intermédiaires. généralement transversales, peuvent devenir tout à fait longitudinales ou même obliques; les poste- rieures forment ordinairement des lames plus ou moins larges. Les jambes antérieures, assez larges, COLÉOPTÈRES. 45 dentées extérieurement, n'ont qu'un seul éperon; les quatre postérieures, souvent biéperonnées, varient beaucoup dans leur forme. Les tarses, à peu près dans tous les cas pentamérés, peuvent manquer aux pattes antérieures dans deux groupes génériques; les crochets tarsiens sont ordinai- rement simples et égaux. Le prosternum est souvent invisible; le mésosternum est, dans la plupart des cas, incliné en arrière; le métathorax est assez simple. Les différences de sexes sont souvent très-marquées à l'extérieur chez les Scarabéiens, et presque tous les organes peuvent en présenter. Les plus apparents consistent en saillies, cornes, etc., sur la tête ou le corselet, et souvent sur ces deux parties à la fois, chez les mâles, tandis que les fe- melles n'ont ces saillies, cornes, etc., que beaucoup moins prononcées ou même non apparentes : et ces caractères, exagérés, en quelque sorte, chez les uns, sont à peine sensibles chez d’autres : c’est principalement chez les anciens Scarabæus, chez les Copris, ete., qu’on les observe; dans les au- tres groupes, les différences sexuelles portent habituellement sur le chaperon, sur la massue des an- tennes, sur les pattes, sur la force des mandibules, ete.; enfin, dans certains cas, les deux sexes sont tout à fait constitués de la même manière. L’anatomie de ces Insectes a été faite par plusieurs auteurs; en France, nous devons citer l'Ana- tomie du Hanneton commun, de M. Straus-Durekeim, quelques observations de M. Léon Dufour et de M. Marcel de Serre, etc. Le tube alimentaire est généralement allongé, contourné sur lui-même. Le ventricule chylifique est hérissé de papilles ou espèces de nourses destinées au séjour du liquide alimentaire. Les vaisseaux biliaires ressemblent assez à ceux des Carabiques par leur nombre et par leur mode d'implantation; mais ils sont plus longs et plus déliés. Les yeux paraissent offrir des caractères particuliers, qui rapprochent leur organisation de celle des yeux des Tenebrio et autres Coléoptères lucifuges. Le système nerveux offre des particularités remarquables qui ont été signa- lées par MM. Newport et E. Blanchard : la chaîne ventrale n’est représentée que par une grosse masse ganglionnaire située dans le thorax, sans aucune trace de ganglions abdominaux, tandis que dans les Lucaniens, si voisins des Scarabéiens, ces ganglions existent en même temps que ceux du thorax et en sont très-distincts. Des trachées vésiculeuses, annexées aux troncs principaux des tra- chées tubuleuses, se trouvent en immense quantité, et semblent expliquer comment il se fait que ces Insectes, malgré leur forme massive, peuvent prendre si facilement leur vol. On a également remarqué quelques différences entre l’anatomie de la larve et celle de l’Insecte parfait; c'est ainsi que les trachées des larves sont élastiques, tandis que celles de l’Insecte parfait sont tubulaires; que les ganglions nerveux sont plus rapprochés et plus nombreux dans l'Insecte parvenu à sa dernière transformation que dans le jeune âge, que les deux premiers ganglions portent un grand nombre de filets disposés en rayons, ete. Les métamorphoses des Scarabéiens ont été décrites dans un grand nombre d'espèces de la fa- mille par plusieurs observateurs, et ce sont peut-être celles de tous les Coléoptères que l’on connait le mieux. En passant en revue les diverses tribus de la famille que nous étudions, nous indiquerons les caractères principaux des larves typiques de chacune d’entre elles; mais nous devons néanmoins dire actuellement quelques mots sur ces larves considérées d’une manière générale. Divers entomo- logistes s’en sont occupés sous ce point de vue : tels sont surtout MM. de Haan (Nouv. Ann. du Mu- séum, t. IV); Burmeister (Handb. der Entomologie, t. HN); Mulsant (Col. de France : Lamellicornes); Ed. Perris (Ann. de la Soc. ent. de France, troisième série, t. Il, 185%); Th. Lacordaire (Genera des Col., t. IV, 1856), et surtout Candèze et Chapuis, dans leur excellent travail sur les larves des Coléoptères (Mém. de la Soc. de Liége, 1. VIH). Ges larves, tout en différant assez notablement entre elles, suivant les groupes, et même suivant les espèces, présentent des caractères communs telle- menttranchés, qu'on ne peut les confondre avec celles d'aucune autre famille de Coléoptères. .Le corps des larves est plus où moins charnu, cylindrique, mais recourbé postérieurement en arc qui ne peut s'étendre que dans le jeune âge, de telle sorte qu'arrivées à un certain développement, et pendant tout le reste de leur vie, elles sont forcées de rester constamment couchées sur le flanc. La tête est presque ronde; son front est dirigé antérieurement, séparé de l’épistome par une suture bien marquée; sa bouche, qui est placée inférieurement, est composée : d’un menton transversal, charnu, sans languette, portant des palpes de deux articles, dont les supports, également charnus, sont soudés ensemble; de deux mâchoires coudées, bilobées à leur terminaison, et ayant des palpes quadriarticulés; de deux mandibules arquées, robustes, munies intérieurement à la base d'une dent 46 HISTOIRE NATURELLE. molaire, et dont l'extrémité est lisse, taillée en biseau ou plus ou moins dentée; et d'un labre assez développé, revouvrant en partie les organes que nous avons nommés. Les antennes, insérées sur les côtés de la tête, sont courtes et formées de cinq articles, dont le premier même est regardé comme le support par la plupart des auteurs. Les yeux manquent tout à fait; excepté dans la larve du Tri- chius fasciatus, qui, d'après M. Ed. Perris, aurait un œil lisse, sphérique, roussâtre, un peu en arrière de chaque antenne. Les trois segments qui constituent le corselet sont habituellement un peu plus courts que ceux de l'abdomen. Les pattes, portées par le corselet, sont assez longues, com- posées ordinairement de cinq parties, dont la première, ou la hanche, est remarquable par son dé- veloppement, et dont la dernière, correspondant au tarse, peut assez souvent manquer, ce qui n'entraine pas l'absence de crochets, car, dans ce cas, ceux-ci, qui disparaissent cependant dans beaucoup d'espèces, s’attachent à la partie qui les précède. Il y a neuf segments abdominaux, mais le dernier, beaucoup plus volumineux qué les autres, et auquel sa forme a fait donner le nom de sac, est divisé, excepté dans les Cetonia et genres voisins, en deux parties par un sillon transversal ordinairement bien marqué. Cependant nous devons dire que la plupart des entomologistes consi- dérant la partie postérieure du sac comme un véritable segment, assignent par conséquent quatorze anneaux à la totalité du corps de ces larves; mais il nous semble, avec Erichson et M. Th. Lacor- daire, qu’il est préférable de comparer ce soi-disant segment abdominal supplémentaire au prolon- gement anal qui existe ordinairement Gans les larves des Coléoptères, et qui n’est qu’un développe- ment excessif du dernier anneau abdominal. L’anus s'ouvre à son extrémité sous la forme d'une fente transversale ou triangulaire, tandis que cette fente est longitudinale chez les larves des Luca- niens; ce que l’on remarque, au reste, également dans la Serica brunnea, parmi les Scarabéiens. Les segments du corps, depuis le corselet jusqu’au septième anneau abdominal y compris, pré- sentent, dans presque toutes les espèces, et en dessus, trois bourrelets transversaux, dont l'antérieur et le postérieur, plus grands que le médian, se réunissent à leur extrémité, et se renflent en un tubereule plus ou moins saillant. Les stigmates sont au nombre de neuf paires, situées : la première sur Je corselet, et les huit autres sur les huit premiers segments abdominaux, au sommet des tu- bereules ou bourrelets; ils sont latéraux et disposés en forme de fer à cheval. Les téguments de ces larves sont minces, transparents, et offrent habituellement, en dessus et à l'extrémité du sac, des soies spiniformes ou des aspérités plus ou moins prononcées, diversement distribuées, dirigées en arrière, entremêlées de poils plus ou moins nombreux, et qui aident à la progression. Une plaque cornée, de forme rhomboïdale, se voit, en outre, dans presque toutes les larves, en dessus et de chaque côté du corselet. Ces larves sont d’un blanc jaunâtre ou d’un gris-ardoise sur tout le corps; mais, par transparence, on aperçoit le contenu noirâtre du canal intestinal, surtout dans le sac; la tête est presque constamment brune ou fauve; la peau est généralement marquée de rides plus ou moins nombreuses. Les unes, chez lesquelles les métamorphoses s’accomplissent rapidement, vivent dans les matières exerémentitielles des Mammifères herbivores (Copris, Aphodius, Ateuchus, ete.) ; les autres, dont le développement, très-lent, est variable suivant la grosseur des espèces : d'un an dans les petites et de trois dans les grandes, passent leur existence dans le sein de la terre, entre les racines des végétaux (Melolontha, Cetonia, ete.), ou dans le détritus des vieux troncs d'arbres (Dynastes, Scarabæus, etc.). On sait que la larve d'une espèce de cette famille, celle du Hanneton, connue sous le nom de Ver blanc, vit trois à quatre ans sous terre, et qu’elle est très-nuisible à l'agri- culture en rongeant les racines des pläntes. On à cherché à donner plusieurs classifications naturelles des larves des Scarabéiens; mais, comme le fait remarquer M. Th. Lacordaire, ces essais paraissent prématurés, attendu qu'il n’y est guère tenu compte que des espèces européennes. En effet, parmi les nombreuses espèces étrangères, si l'on en excepte les larves des Deltochilum, groupe voisin du genre Copris, et celles de quelques Dynastes, il n'y a pas une seule larve dont on possède une description complète et suffisamment exacte. En outre, on ignore complétement l'histoire des métamorphoses des Rutela, et de tous les groupes qui doivent être placés auprès de ce genre naturel. Dès lors les conelusions auxquelles on peut arriver avec des matériaux aussi imparfaits ne peuvent pas être satisfaisantes et définitives. Nous engageons nos lecteurs à consulter à ce sujet les travaux de MM. de Haan et Mulsant. Les nymphes sont généralement renfermées dans une coque construite soit par la larve, soit par la femelle au moment de la ponte des œufs; mais cette règle offre quelques exceptions : c'est ainsi COLÉOPTÈRES. 41 que diversesnymphes de Mélolonthides restent constamment nues. Ces coques, plus lisses en dedans qu'en dehors, sont formées des substances mêmes dont ces larves se nourrissent, avec un mélange de terre dans les espèces qui vivent dans l'intérieur du sol. Les nymphes, qui sont fortes et mas- sives, et qui rappellent déjà l’Insecte tel qu’il sera à son état parfait, ont ordinairement à l’extré- mité de l'abdomen deux saillies cornées, parallèles ou divergentes; les fourreaux de leurs ailes inférieures débordent ceux des élytres. L'état de nymphe, comme cela se remarque dans la plupart des Coléoptères, ne dure que très-peu de temps, et, après leur éelosion, les Insectes parfaits restent un temps plus ou moins long, souvent même considérable, sans paraître dehors, attendant que leurs téguments soient suffisamment raffermis, ou que la température extérieure leur permette de commencer leur vie aérienne. C’est ainsi que, dans nos climats, et pour ne citer qu’une seule es- pêce, le Melolontha vulgaris, qui n’apparaît naturellement que vers le mois de mai, se trouve à l'état parfait dans la terre dès la fin de l’année précédente, ainsi qu'on peut le constater en fouil- lant le sol, et que, parfois, quand la température a été élevée pendant quelque temps, on peut en voir quelques-uns vers le mois de février se trainant sur la terre et hors de leurs retraites souter- raines. Fig. 51. — Mélamorphoses du Helolontha vulgaris. (Larve ol coque de la Nymphe.} D'après les détails dans lesquels nous avons cru devoir entrer sur les métamorphoses des Scara- béiens, on voit que les larves différent notablement de celles de la plupart des autres familles de l'ordre des Coléoptères; toutefois, comme l’a montré M. de Haan, elles ont quelques rapports avec celles des Anobiens, que nous avons étudiées dans le volume précédent; mais ceslarves se distinguent facilement de celles des Anobiens, qui sont dépourvues d'antennes et dans lesquelles l'ouverture anale est en forme de point. Les Scarabéiens vivent en général peu de temps sous leur dernière forme d'Insecte parfait; comme dans la plupart des Insectes, dès que la reproduction des sexes a eu lieu, acte pour lequel ils semblent avoir été créés, la mort ne tarde pas à venir: le mâle périt presque de suite, et la femelle peu de temps après avoir pondu ses œufs. Toutefois, quand on retarde le rapprochement des sexes, la durée de la vie peut être assez longue; c’est ainsi que nous avons conservé vivantes, pendant six à sept mois, quoique piquées par une épingle, des Cétoines dorées. Quelques espèces résistent fortement aux moyens employés pour les tuer, et nous croyons que la poudre de Pyrèthre serait sans action pour enlever la vie instantanément aux espèces coprophages, qui, comme les Ateuchus, résistent à une immersion prolongée dans un vase rempli d'eau. La plupart des Scarabéiens se répandent sur les végétaux, et rongent le bois et les feuilles; et, quoique leurs mandibules, cachées sous le bord de la tête, ne soient pas très-fortes, on comprend, en voyant les dégâts produits par nos Hannetons dans le feuillage printanier de nos arbres, que les grandes espèces des pays chauds doivent faire un grand mal à la végétation, non-seulement aux feuilles, mais même aux jeunes branches; quelques- uns, à mâchoires membraneuses, se tiennent uniquement sur les fleurs, et se contentent d’en re- cueillir les parties sucrées, à l’aide de leurs mâchoires et de leur lévre inférieure garnie de poils; divers d'entre eux se nourrissent de végétaux décomposés, tels que le fumier, le tan, ete.; d'autres se trouvent presque toujours dans les exeréments des animaux, dans les bouses des Ruminants en particulier, où ils se rendent pour déposer leurs œufs et pour prendre leur nourriture; tels-sont les Géotrupes, les Bousiers et beaucoup d’autres: enfin il en est un très-petit nombre, comme les Hexo- 48 HISTOIRE NATURELLE. dons, à corps aplati, rappelant celui des Cossyphus, qui se rencontrent dans le sable au bord de la mer. Leur enveloppe extérieure est quelquefois brillante, et ne le cède en rien, sous le rapport des couleurs, aux plus beaux Insectes des autres familles de Coléoptères. Leur taille, nous l'avons dit, est souvent grande, le plus habituellement moyenne, et exceptionnellement petite. Dans un grand nombre d'espèces, la tête et le corselet, mais le plus souvent encore ce dernier, se prolongent en sorte de cornes quelquefois très-longues, et offrent des saillies de toute espèce, qui sont ordinaire- ment l’attribut du mâle; d’autres ont le corps hérissé de poils, et parfois ces poils sont remplacés par des écailles brillantes et un peu analogues en apparence à celles des Lépidoptères. Presque tous les Scarabéiens volent avec une facilité plus ou moins grande; mais, si les uns le font avec beaucoup de rapidité, les autres ont un vol assez lourd. Une particularité curieuse, qui a donné lieu à des observations intéressantes d'Erichson et de M. Reiche, doit être notée au sujet du vol de quelques- uns de ces Insectes : c’est qu'il peut avoir lieu, alors même que les élytres restent fermées, ce qui est produit par plusieurs causes, et surtout par leur mode d'articulation avec le mésothorax. Pour que cela puisse se produire, les élytres doivent être sans épipleures ou n’en avoir que de très- étroites, et l’Insecte doit les soulever un peu, afin que les ailes inférieures se déploient et s’étalent horizontalement : c’est ce qu’on observe chez les Afeuchus et les Cetonia. Quand le moment de la ponte est arrivé, les femelles, douées d’un instinct admirable, vont dé- poser leurs œufs dans les conditions nécessaires à leur conservation et à leur développement. Les unes perforent le bois vermoulu ou divers produits décomposés des végétaux pour y placer leurs œufs; d'autres s’enfoncent dans le sol, d'où elles ne sortiront plus, et les mettent à quelque pro- fondeur dans la terre, auprès des racines qui devront nourrir les jeunes larves qui en sortiront; quelques-unes les réunissent en paquet en les agglutinant au moyen de matières stercoraires, en font de petites boules qu’elles arrondissent en les roulant sur le sol au moyen de leurs pattes, et qu'elles vont placer en sûreté dans des lieux qui leur semblent inaccessibles; enfin, pour les espèces dont les transformations doivent être très-promptes, elles se bornent à les placer à découvert, soit sur les feuilles, soit dans les matières excrémentitielles, suivant le genre de vie de leurs larves. Mais l'on est loin de connaître tout ce qui concerne ce point de l’histoire des mœurs des Scarabéiens, et là encore, comme dans beaucoup d’autres sujets relatifs aux habitudes de ces Insectes, on a encore de belles observations à recueillir : observations au moins aussi importantes et sans nul doute plus intéressantes que celles spéciales à la classification de ces êtres. Fig. 52. — Heplomera metallica. Fig. 55. — Dischisto cincta. Fig. 54. — Euthora chlorodera. La plupart des espèces de Scarabéiens sont crépusculaires : elles restent cachées pendant la journée, et ce n’est guère que le soir ou le matin qu'on les voit voler; d’autres, en plus petit nombre, comme les Cétoines, les Rutèles, les Copris, etc., sont diurnes, et recherchent même l'ar- deur du soleil. D'après M.Th Lacordaire, on en connaît plus de six mille espèces dans les collections, et l'on y a admis eñviron sept cents genres, en y comprenant toutefois les doubles emplois. Les Sca- rabéiens sont répandus sur toute la surface du globe, ce qui fait qu'on ne peut rien dire de général sous le point de vue géographique : on sait seulement que les espèces sont surtout abondantes dans Fig. 1. — Bricoptis variolosa. Fig. 2. — Eullipechis flavipes. Fig. 3. — Chromoptilia diversipes. COLÉOPTÈRES. 49 l'Amérique du Sud et dans les Indes orientales; que dans les pays chauds se trouvent les espèces les plus grandes et les plus belles; que l'Europe en renferme néanmoins une assez grande quantité, et que cette partie du monde à des représentants de toutes les tribus dans lesquelles sont partagées lés familles. Ces Insectes sont très-recherchés par les collectionneurs; c’est parmi eux que se trouvent ces Bousiers et ces Géotrupes, ces Oryctes et autres coprophages si remarquables par leurs habitudes, sinon par leur système de coloration généralement noir, et principalement l’Ateuchus ou Scarabée sacré, qui recevait autrefois un culte dans l’ancienne Égypte; c’est parmi eux que serencontrent les Scarabæus, de Linné, curieux par leur grosseur et leur force, et par les ornements dont les mâles sont surtout parés; c’est parmi eux encore que l’on range ces Cétoines si belles, si brillantes et presque autant aimées que les Buprestes; enfin, c'est aussi dans cette famille que vient se placer le Hanneton, si populairement connu en France par la célèbre complainte que tous les enfants ont chantée. Le Hanneton, mais presque exclusivement à l'état de larve, n’est pas le seul Scarabéien qui nuise à l’agriculture en Europe en dévorant les racines des végétaux; beaucoup d'autres espèces, qui en sont plus ou moïns voisines, sont dans le même cas; mais, comme elles sont beaucoup plus petites que lui, et beaucoup moins abondantes individuellement, elles font aussi beaucoup moins de mal. Dans les pays chauds, d'autres Scarabéiens détruisent aussi la végétation. Quelques procédés ont été indiqués pour remédier au mal que nous venons de signaler; mais, nous devons le dire, ce sont plutôt des palliatifs que des remèdes définitifs. Chez nous, lorsque les hivers n’ont pas été rigoureux pendant trois ans de suite, temps nécessaire au développement de chaque larve, les Hannetons se présentent en nombre énorme, et alors, non-seulement ils ont pu faire du mal à leurs premiers états, mais encore à leur état parfait; ils dévorent entièrement les feuilles des arbres sur lesquels ils vivent spécialement. L'autorité fait alors rechercher les Insectes, et donne une prime suivant le nombre de décalitres qui lui en est livré; mais quelle immense quantité peut s’en échapper! et, dès lors, quel bien peut-il en résulter? L'industrie a cherché, mais seulement dans quelques cas excep- tionnels, à tirer parti des dépouilles de ces Insectes, soit pour en tirer une espèce d'huile, soit pour en former une sorte d'engrais. Dans l'harmonie de la nature, certains Scarabéiens, fouisseurs par excellence, sont destinés à un but utile : celui de faire disparaître en partie au moins les matières excrémentitielles des animaux. Enfin, dans ces derniers temps, comme nous aurons occasion de le répéter bientôt, une espèce de cette famille, notre Cetonia aurata, a été préconisée comme un bon remède contre la rage, et des expériences surtout faites en Russie, semblent montrer son action bienfaisante sous ce rapport: on a même été plus loin, et on assure, mais cela nous paraît encore problématique, que la poudre de ce même Insecte serait un bon remède contre l’épilepsie. E 4 Fig. 55. — Aplopsis lineoligera. Fig. 56. — Gonospidius spatulipennis. Fig. 57. — Euphania geminata Aux détails que nous avons donnés sur les mœurs des Scarabéiens nous pouvons encore ajouter que divers d’entre eux font entendre, dans certaines circonstances, un son particulier en frottant leur abdomen contre le bord des élytres. Plusteurs ont le vol bruyant et d'une sonorité en général d'autant plus forte, que la partie inférieure de leurs élytres est plus concave; c'est surtout le soir (5 7 50 HISTOIRE NATURELLE, qu'on peut entendre ce faible bruit. Avant de prendre leur vol, ils ont plus particulièrement besoin que la plupart des autres Insectes de faire une provision abondante d'air, soit pour donner à leur corps, en général massif, plus de légèreté, soit pour acquérir l'énergie nécessaire au soutien de leurs efforts; aux pelites espèces il suffit, après avoir déployé leurs ailes, d’un instant d’hésitation à se mettre en mouvement, pour recevoir tout le volume d'oxygène qui leur est utile; pour les plus grosses, une préparation plus longue est indispensable : les unes se bornent cependant à ineliner l'abdomen en soulevant les élytres pour faciliter l’intromission de l’air : les autres, à deux ou trois reprises, comme moyen plus actif, entr'ouvrent et rabaissent brusquement leurs élytres frémis- santes, et, dès que leurs trachées sont suffisamment gonflées, elles s’élancent dans l'air qui doit les transporter au loin. On connaît des Insectes de cette famille qui ne se trouvent plus qu'à l’état fossile; ce que nous devons noter, d'après M. Marcel de Serre, c’est que certains de ces derniers, qui se rapportent à des genres voisins de celui des Melolontha, sont les seuls parmi les Coléoptères qui appartiennent aux formations géologiques de la première période, et spécialement aux terrains siluriens et cam- briens. Plusieurs de ces Insectes sont du domaine de l’archéologie; ce sont surtout des Copris, des Ateu- chus et des Sisyphes, qui, par leurs travaux admirables, avaient attiré l'attention des anciens Egyp- tiens, et qui figurent sur leurs monuments et sur leurs médailles. Aristote et les écrivains grecs, en parlant de quelques-uns de ces animaux, les indiquent sous le nom commun de Kav/æpoc. Les Romains, Pline principalement, leur appliquent la dénomination de Scarabæus, qu'ils donnaient aussi à quelques autres Coléoptères : dénomination qui a été presque toujours conservée par les peuples modernes. Le nombre des auteurs qui se sont occupés des Scarabéiens ou Lamellicornes est excessivement nombreux; aussi nous est-il impossible de traiter en détail leur histoire zoologique et renvoyons- nous à l’exposé qu’en donnent MM. Burmeister et Mulsant: le premier pour tous les auteurs, et le second plus spécialement pour ceux qui ont étudié les espèces françaises ou européennes. Linné comprenait toutes les espèces connues de son temps dans le seul genre Scarabæus; mais les natura- listes qui vinrent ensuite, comme Geoffroy, Scopoli, de Géer, Olivier, Fabricius, Latreille, Iliger, M. C. Duméril, etc., créèrent quelques groupes génériques et fondèrent des divisions supérieures, telles que celles des Coprophages, Arénicoles, Xylophiles, Phyllophages, Anthobies, Mélithophiles et Priocères ou Lucanides : ces derniers formant notre famille des Lucaniens. Beaucoup de naturalistes récents, tels que MM. Fischer, Stéphens, Aug. Brullé, Kirby, Germar, Paykuhl, Curtis et beaucoup d’autres, augmentèrent le nombre des genres. Puis plusieurs firent connaître ces Coléoptères dans des faunes locales, parmi lesquels nous nous bornerons à citer les Lamellicornes dans l'Histoire na- turelle des Coléoptères de France de M. Mulsant, publiée en 1842. Quelques travaux monographi- ques parurent également : telle est la monographie des Mélitophiles ou plutôt des Cétoines de MM. Gory et Percheron, illustrée de nombreuses figures, et plusieurs ouvrages de même nature sur divers groupes de la même famille. Divers auteurs ont traité de quelques Scarabéiens, sous le rap- port des dommages qu'ils nous causent : nous signalerons surtout le Cours d'agriculture de l’abbe Rozier, les Mémoires de Lefébure et de Gouffier, l’Insectologie des forêts de Bechstein, les Considé- ‘rations de M. Pfeil sur les dégâts que les Insectes causent aux boïs, l’article Hanneton de la Biblio- thèque technologico-économique de Krünitz, l'Histoire du Ver blanc par Vibert, celle du Hanneton, considéré soit à l’état de larve, soit à celui d’Insecte parfait, par M. Plienieger, le travail de M. Ratze- burg sur les Insectes des forêts, et celui de Boyer de Fonscolombe sur les Insectes nuisibles. Enfin, nous devons, en terminant cette esquisse, indiquer les auteurs généraux qui se sont occupés de cette famille, dans laquelle ils sont parvenus à créer de six cents à sept cents genres. Les deux premiers auteurs, Latreille (Genera Crustaceorum et Insectorum, Règne animal, Familles naturelles) et Mac Leay (Horæ entomologicæ), prirent pour point de départ de leurs classifications, à limitation des entomologistes de leur époque, le régime des espèces; mais ce régime, qui est assez spécial dans les espèces européennes, varie dans la même espèce ou dans les espèces d’un même groupe, parmi les espèces exotiques, aussi ne peut-il réellement pas servir dans une méthode véritablement naturelle. Depuis cette époque, trois ouvrages, où il est tenu @mpte des espèces et des genres exotiques aussi bien que de ceux de nos pays, ont été publiés : leurs auteurs sont MM. Burmeister (Handbuch der COLÉOPTÈRES. - 51 Entomologie, tomes IE, IV et V), qui a créé beaucoup de genres mdispensables, mais aussi beau- coup de genres fondés sur des caractères secondaires, et qui, comme l'ont montré MM. Th. Lacor- daire (Genera des Coléoptères, t. M), et Reiche (Ann. Soc. entom.), a souvent commis quelques erreurs; Érichson (Naturg. der Insecten Deutschlands, t. I), qui, dans une faune locale, donne en note les genres exotiques, parmi lesquels un grand nombre de nouveaux, caractérisés trop briève- ment et souvent fondés sur des espèces inédites; et É. Blanchard (Catalogue des Coléoptères du Muséum d'histoire naturelle de Paris), qui, dans les deux seules livraisons jusqu'ici parues de cet ouvrage, ne traite que des Cétonides, Anthobies, Mélolonthides et d’une partie des Rutélides. Nous devons encore citer le Catalogue des Coléoptères de Dejean, dans lequel un grand nombre de groupes sont fondés, mais ne sont malheureusement pas caratérisés, et les Lamellicornes du Genera des Co- léoptères (t. IE, 1856) de M. Th. Lacordaire, dans lequel le savant auteur, adoptant la classification d'Erichson, basée sur la double situation des stigmates abdominaux, subdivise les Insectes qui nous occupent en deux légions particulières : 4° LAMELLICORNES LAPAROSTIGTIQUES, chez qui les stigmates sont tous situés sur la membrane connective des arceaux ventraux et dorsaux de l'abdomen (subdi- visés en sept tribus : Coprides, Aphodiides, Orphnides, Hybosorides, Géotrupides, Trrrides et Glaphyrides), et 2 LamericorNes PLEUROSTICTIQUES, qui n'ont qu'une partie de ces organes placés sur la membrane connective, les autres l’étant sur les arceaux ventraux; partagés en quatre tribus : Mélolonthides, Rutélides, Dynastides et Cétonides. Pour nous, dans cette Encyclopédie, tout en nous servant des principaux travaux que nous ve- nons de citer, nous suivrons principalement la classification que M. É. Blanchard a exposée dans le premier volume de son Histoire naturelle des Insectes de Didot (1846) et en partie dans son Cata- logue du Muséum, et nous partagerons les Scarabéiens en huit tribus, celles des Céronines, GLvrmi- RIDES, MÉLOLONTHIDES, RUTÉLIDES, ScaraBéines, Géorrupies, Eucairines, Coprines, subdivisés en groupes et genres nombreux : quant aux divisions des Passazines et des Lucanines, c'est en expo- sant les caractères de la famille des Lucaniens que nous en parlerons. L'atlas des trois volumes consacrés aux Coléoptères, ainsi que nos figures intercalées dans le texte, présenteront les types principaux de cette famille, types dessinés, pour la plupart et pour la première fois, d'après la riche collection du Muséum, et suppléeront aux détails peu nombreux qu'il nous est possible de donner dans un trop petit espace. 1° tribu, Céroxmes : fête penchée, de grandeur médiocre; languette cornée, soudée au menton: mandibules cornées ou membraneuses; labre caché par le chaperon; antennes de dix articles, sur lesquels la massue en compte trois; corselet trapéxoïdal; élytres laissant le pygidium à décou- vert; pattes courtes; hanches de devant cylindrico-coniques, saillantes, à crochets des tarses égaux, simples; les trois dernières paires de stigmates abdominaux divergeant fortement en dehors; pas d'organes de stridulation. Ces Insectes, des plus remarquables parmi les Scarabéiens par leur grand nombre et par la riche livrée de la plupart des espèces, sont en général courts, et leur corps, à téguments solides, est paral- lèle ou graduellement rétréci en arrière en même temps qu'il est plus ou moins déprimé en dessus. Les métamorphoses d’un assez grand nombre d'espèces de cette tribu, telles que celles des Ce- tonia aurata, speciosissima, marmorata, ænea et fastuosa, des Osmoderma eremita et scaber, du Gnorimus nobilis, du Trichius fasciatus et du Valgus hemipterus, ont été plus ou moins compléte- ment décrites par Olivier, Rœsel, Herbst, de Géer, Latreille, Erichson, MM. Frisch, Ramdobr, Ratzeburg, Broselman, Drumpelman, Froriep, Westwood, de Haan, L. Dufour, Burmeister et E. Blanchard; mais, comme on le voit, les types européens ont pu seuls être étudiés, et l’un d'eux seulement, celui de la Cetonia aurata, Va été complétement. Chez ces larves, le corps est aminci en avant, épaissi en arrière et se terminant par une extrémité arrondie; chaque arceau dorsal est divisé en trois bourrelets étroits, munis chacun de spinules roides; le sac est recouvert en dessus de poils courts entremêlés de poils mous, plus longs; l'anus est fendu transversalement; en dessous se trouve, tout à fait au devant de la lèvre de l'anus, un petit espace entouré de spinules dirigées en arrière; le cadre des stigmates est très-petit. Les antennes sont composées de quatre articles : le pre- mier plus long que le suivant, le deuxième et le troisième courts, le quatrième est ovale allongé, 52 : HISTOIRE NATURELLE. semblant partagé en deux par un étranglement. La lèvre supérieure offre en avant deux mamelons; l’une des mandibules est armée à son extrémité de trois ou quatre dents, et l’autre seulement de deux ou trois : toutes deux sont munies à leur base d’une surface molaire à bords bien marqués et déchiquetés, striés transversalement sur leur face externe. Les pattes ont cinq pièces distinctes : leurs hanches sont cylindriques, plus grosses que le reste de l'organe, et l’article unguéal est mince, styloïde, sans ongle. Chez ces larves, le dernier segment abdominal n’est pas divisé en deux par un sillon cireulaire; la tête est moins large que le corps; les segments sont moins profondément sil- lonnés en travers, et le corps est plus velu sur toute sa surface que dans les larves des tribus voi- sines. Comme les larves des Mélolonthides, ces larves mettent environ trois ans à se développer et, avant de se transformer en nymphes, forment une sorte de cocon; les nymphes ne présentent rien de bien particulier, et, sous leur enveloppe extérieure, on peut apercevoir l'Insecte tel qu'il sera à son dernier état. Les larves vivent dans le boisen décomposition, dans les racines des arbres, et, chez nous au moins, dans les fourmilières. C’est ainsi que M. Weaver a été à même d'observer que les larves de la Cetonia ænea vivaient aux dépens des Fourmis, dont elles dévorent de grandes quantités; qu'il a pu en élever de la sorte plusieurs pendant quelques mois, et qu'il a vu plusieurs individus parfaits s'enfoncer dans les fourmilières. Les Cétonides, nommés souvent aussi Mélithophiles, sont habituellement de très-beaux Coléo- ptères de taille grande ou moyenne, et ornés de couleurs très-vives et souvent métalliques. Presque toutes les espèces vivent sur les fleurs, dont elles dévorent le pollen, qu’elles peuvent recueillir à l’aide des pinceaux de poils dont sont garnies leurs mâchoires; quelques espèces, dans lesquelles les mâchoires sont armées de griffes ou de dents, peuvent attaquer des matières plus solides, comme les étamines et les pétales des fleurs, et même lés feuilles des végétaux. Un petit nombre d’espèces exotiques ont des mœurs bien différentes : elles vivent dans l’intérieur du sol ou sous les bouses desséchées, et on ne les trouve qu’enduites d’une croûte de terre desséchée. Dans la plupart des espèces, le vol n'est pas normal, car les élytres restent appliquées au corps pendant qu’il s'exerce. L'une des plus belles et en même temps l’une des plus communes espèces de cette famille, la Cetonia auratu, est regardée, en Russie, comme un remède très-efficace contre l'hydrophobie. M. Gué- rin Méneville, depuis 1851, et presque chaque année, a, dans la Revue et Magasin de zoologie, donné de nombreuses remarques à ce sujet, et fait connaître des observations de plusieurs natura- listes russes; d’où il semble résulter que les faits avancés à ce sujet sont bien constants et méritent réellement de fixer l’attention des expérimentateurs. C’est ainsi qu’un habitant du gouvernement de Saratow, dans la Russie méridionale, a publié qu’il emploie depuis plus de trente ans un remède très-simple et. très-efficace pour guérir la rage, et il assure même que, pendant ce long espace de temps, aucun des sujets traités par lui n’est mort, et que le remède qu'il recommande peut être employé avec succès à tous les degrés de la maladie. Voici le procédé employé. Au printemps, on fait chercher au fond des fourmilières de la Formica rufa certaines larves blanches : on les conserve avec soin dans un pot, avec la terre dans laquelle on les a prises, jusqu'à leur transformation en Insectes parfaits, ce qui a lieu au mois de mai. Cet Insecte, qui n’est autre que la Cetonia aurata, est tué immédiatement par la chaleur, puis desséché, et les individus sont mis dans des bocaux que l’on ferme hermétiquement, afin de conserver l'odeur forte qui leur est propre, surtout au printemps, car c'est à ce principe qu'on attribue les effets du remède. Quand un cas de rage se pré- sente, on réduit en poudre un certain nombre de Gétoines, on étend cette poudre sur du pain cou- vert d’une couche de beurre, et on le fait manger de suite au malade. Toutes les parties de l'Insecte, sans exception, doivent composer cette poudre, qui, par cela même, ne peut pas être très-fine, puisqu'elle se compose de fragments d'ailes, d’élytres, de pattes et d’autres parties du corps. Pen- dant le traitement, il faut que le malade boive le moins possible, et, s’il en éprouve impérieusement le besoin, il doit boire un peu d’eau. Il peut manger. Ordinairement, le seul effet de ce remède est de donner un sommeil plus ou moins long; il faut abandonner le malade à ce sommeil, qu’on a vu se prolonger jusqu’à trente-six heures : après quoi, le plus souvent, il est complétement rétabli. Pour le traitement des morsures, on recommande uniquement les moyens ordinaires. La dose que doit avaler le malade dépend du développement de la maladie et de l’âge de l’individu. On donne, à un sujet adulte, immédiatement après la morsure, de deux à trois Cétoines, en deux ou trois doses, dans la première journée; à un enfant, de une à deux; à un individu chez lequel la maladie s’est COLÉOPTÈRES. 53 déjà fortement développée, de quatre à cinq. Il en est de même pour les animaux, et le nombre des Insectes à avaler est en rapport avec leur propre grosseur. Si le remède était donné à un individu sain, il n’en résulterait pour lui aucun danger. Dans le cas où quelques symptômes de la maladie se présen- teraient de nouveau quelques jours après l'emploi du remède, on pourrait recommencer; mais la première dose suffit habituellement. M. Motschoulsky a expérimenté ce remède avec une poudre formée avec des Cetonia aurata recueillies sur des fleurs, et il lui a parfaitement réussi pour empé- cher l’hydrophobie de se développer chez deux enfants mordus par un chien enragé. M. le docteur Mandilény rapporte que dans les gouvernements de Tchernigof et de Saratof les paysans ont une confiance complète dans ce remède. Enfin M. Bogdanow rapporte que dans les gouvernements de Voronëje et de Koursk, il connait plusieurs amateurs de chasse qui ont l'habitude de donner de temps en temps à leurs chiens, comme préservatif contre la rage, une moitié de Cétoine mise en poudre et mêlée avec du pain ou même avec un peu de vin, et que l'on pense généralement que . c’est un moyen très-efficace et trés-utile pour empêcher le développement de l'hydrophobie. Nous ne pousserons pas plus loin ces citations, dont nous aurions pu facilement augmenter le nombre, car, sans vouloir, sans preuve directe, soutenir l'efficacité de la Cétoine dorée contre la rage, nous croyons avoir montré qu'il y a là quelque chose à faire, et qu'il ne faut pas, avant d’avoir tenté des expériences directes, rejeter, comme on l’a fait, un remède peut-être efficace contre une terrible maladie que la science, jusqu'ici, n’a pu parvenir à guérir. Nous savons que les expériences sont difficiles à faire, et que, si on opère sur des sujets mordus par des animaux enragés, on peut rejeter l'efficacité du remède, lors même que la rage ne se développerait pas chez eux, car on n’ignore pas que l'hydrophobie n’est pas toujours produite chez ces individus par le fait seul de la morsure. Mais ne pourrait-on pas expérimenter sur des personnes ou sur des animaux chez lesquels la rage serait bien constatée, et dès lors arriver‘à connaître la véritable valeur du fait annoncé? Enfin doit- on nier à priori qu’il puisse y avoir dans la Cétoine un principe particulier qui puisse être opposé à l'hydrophobie? N'a-t-on pas constaté bien manifestement que la Cantharis vesicatoria et les au- tres vésicants possèdent un principe spécial, et utilisé depuis un temps immémorial en médecine? Pourquoi, d’après cela, un principe d’une autre nature ne se trouverait-il pas dans la Cetonia au- rata, et probablement aussi dans les espèces du même groupe naturel? Disons enfin, en terminant cette digression, qu’une opinion populaire aussi enracinée dans la Russie méridionale que celle que nous venons de citer ne doit pas être repoussée avec dédain, car ce ne serait pas la première fois qu'un remède indiqué par ce qu’on est convenu d'appeler l'ignorance ou l’empirisme a été plus tard transformé en un remède préconisé par la science elle-même et doctement expliqué. Fig. 58. — Blæsia atra Fig. 59. — Eucræa histrionica. Fig. 60. — /Jeterosoma collata. La tribu des Cétonides est très-nombreuse en espèces, car elle en renferme plus de huit cents: une seule tribu des Scarabéiens, celle des Mélolonthides, est seule plus considérable. Le nombre des genres est aussi actuellement très-grand. Géographiquement, on trouve de ces Insectes partout et sous toutes les latitudes. L'Europe rivalise presque avec l'Amérique pour le nombre des genres, mais lui cède de beaucoup pour celui des espèces. L'Amérique, de même que les pays chauds, ren- ferme de très-belles espèces; mais les Indes orientales, d’autres parties de l'Asie, et l'Afrique presque entièrement, possèdent les formes les plus remarquables, les plus variées et les espèces les plus 597 HISTOIRE NATURELLE. prillantes. Enfin l'Océanie, si elle est moins riche en Cétonides, peut le disputer pour la beauté des espèces avec les régions les plus favorisées sous ce rapport. Fabricius ne formait dans toute cette tribu que les deux genres Cetonia et Trichius, qui sont de- venus aujourd'hui des divisions ou sous-tribus spéciales. Seriba, Knoch, de Lamarck, Wiedemann, Mac Leay, Lepelletier de Saint-Fargeau et Serville, y créèrent successivement quelques groupes gé- nériques; mais MM. Gory et Percheron (Monographie des Cétoines et genres voisins, 1833), les premiers, s'occupèrent véritablement de la classification de ces Coléoptères, et, dans leur monogra- phie, ils décrivirent et figurèérent beaucoup d'espèces nouvelles et portèrent à vingt-deux le nombre des genres. Depuis, cinq auteurs se sont occupés de la généralité de ces êtres : 1° Mac Leay (On the Cetonidæ of Smith-Africa, ete.), à l’occasion des espèces africaines, remania entièrement toute la tribu; 2° M. Burmeister (Handb. der Entomologie, t. HI) étudia tout le groupe, et porta le nombre des genres à cent quinze; 3° M. Schaum (Annalecta entomologica et Ann. Soc. ent. de Fr., 1844) présenta quelques critiques sur le travail de M. Burmeister et donna beaucoup de remarques nou- velles; 4 M. É. Blanchard (Cat. des Col. du Muséum) étudia de nouveau la matière, et restreignit le nombre des genres, tout en en créant de nouveaux; 5° M. Th. Lacordaire (Gen. des Coléoptères, t. IV) résuma les travaux de ses devanciers, et, avec sa sagacité ordinaire, limita considérablement le nombre des coupes génériques. À tous ces travaux nous pourrions joindre ceux d'un grand nombre de naturalistes qui ont fait connaître des espèces et des genres nouveaux : nous aurons o0c- casion de citer bientôt quelques-uns d’entre eux. Nous admettrons, dans la tribu des Cétonides, deux divisions bien tranchées : les CÉTONIDES vrais et les TricuiTes. 4% division, Céronines vrais : épimères mésothoraciques interposés entre le corselet et les élytres visibles d'en haut; élytres situées latéralement près de la buse; presque toujours une saillie sternale; écusson grand, en triangle rectiligne allongé.— Gette division renferme les neuf dixièmes de Ja tribu, et principalement le genre Cetonia et tous les groupes qui en ont été démembrés. La classifi- cation, parmi Ces êtres, est des plus difficiles; M. Burmeister y admet quatre groupes principaux, qu'il subdivise ensuite en quinze groupes secondaires, puis en genres; M. Th. Lacordaire croit de- voir n’y former que sept groupes, ceux des : Goliathides, Ischnostomides, Gymnétides, Macro- notides, Schixorhinides, Cétonides vrais et Crémastochilides, que nous allons faire connaître en les disposant en un autre ordre. 4% groupe, Céroxires : mandibules normales; mäâchoires à lobe extérieur denté ou inerme; tête médiocre; chaperon souvent carré; corselet souvent échancré à la base, laissant l'écusson découvert en entier; saillie sternale plus ou moins forte, ordinairement dilatée en avant. — On comprend dans cette division un assez grand nombre de genres et d’espèces, dont beaucoup sont remarquables par leur coloration, et qui sont répandus dans une grande partie du globe, surtout en Afrique et aux Indes orientales. Le genre typique est celui des CÉTOINES, Cetonia, créé par Fabricius (Systema entomologiæ) aux dépens des Scarabæus, de Linné, et qui, partagé en un grand nombre de coupes génériques, est devenu la tribu actuelle des Cétonides. Ce genre est caractérisé par son menton sinué ou entier, rarement échancré; par son chaperon plus ou moins large, carré, un peu rebordé sur les côlés; par son corselet trapéxoïdal, très-échancré à la base; par ses élytres parallèles où à peu près, munies de quelques côtes; par ses pattes robustes, à tarses postérieurs plus courts que les jambes; par sa saillie sternale courte, ete. Ainsi restreint, le groupe des Cetonia, dans lequel M. Burmeister a formé les genres Trichostetha, Æfiesca, Protætia, Pachnona et Rhabdotis, que M. Th. Lacordaire y réunit, renferme encore de cent à cent cinquante espèces, toutes propres à l’ancien continent, d’un faciès robuste, de couleurs très-variées, et dont la taille descend rarement au-dessous de la moyenne. Il est probable, comme l’a montré M. Schaum, que toutes les espèces fondées par les auteurs, et spécialement par MM. Gory et Percheron dans leur monographie, ne doivent pas être admises, et que plusieurs doivent être réunies en une seule et même espèce. Parmi les exotiques, prineipa- fement propres à l'Afrique, à Madagascar et aux Indes orientales, on en connait de très-belles; nos espèces européennes, sans être aussi brillantes, sont parfois parées d'assez jolies couleurs : nous Fig. 1. — Adelium dilaticorne. Fig. 2. — Anacamptorhina ignipes. Fig. 3. — Anochilia innotata. i à! ! } Fig. 5. — Stenotarsa velutina. 21 D re LE … ds £ sx COLÉOPTÈRES. 35 citerons surtout les C. aurata, Fabr. (l Emeraudine, de Geoffroy), qui recherche habituellement les fleurs de la famille des Rosacées, d'une couleur d'émeraude plus ou moins verdàtre, qui habite communément la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et ses îles, la Morée, la Russie méridionale, l'Orient, etc., et dont on a voulu distinguer la C. lucidula, Fischer; fastuosa, Fabr. (æruginosa, Drury), du midi de la France et parfois de Fontainebleau; affinis, Andersch, de l'Europe méridio- nale; Elorentina, Herbst, du Piémont et de la Morée; ænea, GyIl., de Morée; angustata, Germ. (Hun- garica, Latr.), de la Provence; marmorata, Fabr., de France; morio, espèce entièrement noirâtre, d’une partie de la France, d’Espagne et d'Algérie, ete. Les autres genres sont ceux des: Diplognatha, Gory et Perch., auquel on peut joindre les genres Porphyronota et Eriulis, Burm.: ce dernier groupe établissant le passage au genre qui suit: de l'Afrique, et surtout de la Guinée; type, gagates, Fabr. — Anthracophora, Burm., qui diffère peu dés Diplognathes, mais provient des Indes orientales. — Charadronota, Burm., une seule espèce, Diplognatha quadrisignata, Gory et Perch., de ta Guinée. — Uloptera, Burm., qui ne comprend qu'une jolie espèce propre à Cayenne (U. planata). — Tethræa, Burm. (Aplasta, Schaum), groupe africain. — Oxythyrea, Mulsant, ou Leucoscelis, Burm., auquel on peut réunir les groupes des : Heterocnemis, Albers; Epicometis, Burm., ou Tropinota; on y groupe une cinquantaine d'espèces, assez petites pour des Cétonides, particulières à l'Afrique, aux régions occidentales de l’Asie et à l'Europe; parmi ces dernières nous citerons les : ©. stictica, Linné, noire, avec de petites taches blanches, commune partout; hirta, Fabr., de l'Europe moyenne; squalida, Linné, du périple de la Méditerranée, etc. — Chiloloba, Burm., une espèce du Bengale (acuta, Wied.).— Anatona, Burm., du continent indien. — Anoplochilus, Mac Leay, à espèces noires ou bronzées, avec des taches blanches ou fauves, de l'Afrique australe. — Odontorhina, Burm., du Cap. — Euryomia, Burm., Lacord., auquel on a réuni les groupes des : Glyciphum, Gametis, Euphoria, Erirhipis, Stephanura, Ela- phims, Discopeltis, Stalagmosoma, Burm., er Proxomela, Schaum, qui ne se distinguent que peu les uns des autres; d'assez nombreuses espèces, de l'Afrique et de ses îles, de diverses parties de l’A- mérique, ete. — Celidota, une espèce (Stephensii, Gory et Perch.), de Madagascar. — Cyriodera, Burm., une espèce également médécase. — Euchræa, Burm., qui est le véritable type des Ce- tonia, pour MM. Gory et Percheron, et qui renferme de belles espèces propres à Madagascar, telles que les E. aurora, Burm., et Desmarestii, Gory et Percheron. 2 groupe, Seuizormires : mandibules normales; mächoires à lobe interne grand, lamelliforme, pénicillé, inerme; menton bilobé; tête assez grande; chaperon carré, bilobé; corselet échancré à la base, laissant l’écusson à découvert; pattes gréles, longues; saillie sternale variable, souvent nulle. — Groupe assez riche en espèces surtout particulières à Madagascar et à l'Australie, et dont quel- ques-unes sont aussi africaines : ces espèces, voisines des Cétonites, s'en distinguent, outre les ca- ractères que nous avons indiqués, par un faciès particulier et par une forme moins massive. Le genre principal est celui des SCHIZORHINES, Schizorhina, Kirby (Trans. of the Linn. Soc., t. XII), principalement caractérisé par le dernier arceau ventral très-court, renfermant surtout des espèces australiennes, et partagé par M. Burmeister en Hemipharis, Eupœcila, Diaphonia et Schixorhina. — Les autres genres sont ceux des : Anacamptorhina, Blanchard, fondé sur une ma- gnifique espèce (ignipes) de la Nouvelle-Guinée. — Amphistoros, Gory et Percheron, reconnaissable à son chaperon, dont les angles antérieurs sont prolongés en deux saillies qréles, aiguës, presque exelusivement propre à l'Afrique australe. — Pogonotarsus, Burm., voisin du précédent, et ne ren- fermant que la C. plumipes, de Madagascar. — Anochilia, Burm., genre propre à l’île de Mada- gascar, et auquel M. Th. Lacordaire joint les groupes des : Pygora, Pantolia, Dirhina et Bricoptis, Burm.; Tetraodorhina et Micropeltis, Blanch. — Coptomia, genre voisin du précédent et du même pays, de même que ceux qui vont suivre. — Parachilia, Burm. — Euchilia, Burm. — Epixanthis, Burm.— Liastraca, Burm.-—Stenotarsia, Burm.— Bombodes, Westwood.— Chromoptilia, Westw. 3° groupe, Macronomres : mandibules normales; mäâchoires, à lobe inerme, lamelliforme, péni- cillé; menton bilobé; corselet ayant à la base un lobe tronqué ou triangulaire; saillie sternale plus ou moins forte. — Ces Insectes, assez peu abondants et tous exclusivement, à une exception près, propres-aux Indes orientales, forment un groupe de transition entre les Schizorhites et les Gym nétiles. 56 HISTOIRE NATURELLE. Le groupe typique est celui des MACRONOTES, Macronota, Hoffmanns., comprenant des espèces assez petites, à système de coloration formant presque toujours un dessin très-élégant sur un fond assez rarement métallique (type, M. Diardi, Gory et Perch., de Bornéo), et dont M. Burmeister a distingué les Tæniodera.— Les autres genres sont les suivants : Chalcothea, Burm. — Clerota, Burm.; et peut-être Doryscelis, Dej.; ce dernier groupe, dont la position sériale n’est pas bien dé- terminée, est le seul de la division n'étant pas asiatique, car il ne comprend qu’une seule espèce (D calcarata, Klug), particulière à Madagascar. 6 Fig. 61. — Odonlarma pubescens. Fig. 62. — Thrichostheta fascicularis. 4° groupe, Gvunérires : mandibules normales; mâchoires à lobe inerme, lamelliforme, pénicillé; menton peu échancré ou bifide; corselet fortement lobé à la base : ce lobe triangulaire recouvrant presque en entier l’écusson; saillie sternale distincte, assex forte. — Ce groupe, assez nombreux, et reconnaissable au grand développement du lobe des mächoires et à son corselet, est répandu en Afrique, dans les Indes orientales et en Amérique; il n’a pas de représentant en Europe. Le principal genre, et celui admis seulement jusque dans ces derniers temps, est celui des GYM- NETIS, Gymnetis, Mac Leay (Horæ entomologicæ) (Marmorina, Kirby), répandu dans une grande partie de l'Amérique, principalement dans les régions intertropicales, à espèces de taille moyenre, se trouvant sur les feuilles dans les bois, d’un faciès particulier, et ayant un système de coloration non métallique, très-varié quant aux nuances et aux dessins, mais en général avec un aspect ve- louté dû à une sorte d’efflorescence analogue, quoique plus terne, à celle qui revêt les fruits dans leur fraicheur (types, marmorea et undata, Oliv., du Brésil). — Les autres genres sont ceux des : Clinteria, Burm., qui représentent en Afrique et aux Indes orientales les Gymnetisaméricains, mais qui sont parés de teintes plus vives. — Agestrata, Eschs. (Tetragonus, Gory et Perch.), deux grandes et superbes espèces, les: Scarabæus orichalceus, Linné, répandu depuis la Chine jusque dans les iles de la Sonde, et variant en dessus du vert brillant au noir; et À. luxonica, Eschs., des îles Phi- lippines. — Siethodesma, Hope, Blanch., quelques espèces, l’une de Sierra-Leone, et les autres d'Amé- rique. — Lomaptera, Gory et Perch., du continent et de l’archipel indiens. — Aülorhina, Burm., groupe exclusivement américain, et dont on a cru devoir distinguer, peut-être à tort, les genres Tiarocera et Cotinis. groupe, Iscunosroutres : mandibules normales; mächoires à lobe externe inerme, lamelliforme, très-petit, pénicillé; menton entier ou faiblement échancré; corselet non lobé en arrière, excepté dans un genre; saillie sternale courte ou à peu près nulle. — Ces Cétonides, qui semblent épigés et qui, sauf les Ichnoscèles et les Blénies, qui sont américains, paraissent exclusivement propres à l'A- frique, sont en général de taille moyenne et d’un noir peu brillant, parfois varié de fauve. Le genre typique, celui des ISCHNOSTOMES, Ischnostoma, Gory et Perch. (Mon. des Cétoines), remarquable, comme le genre suivant, par son chaperon difforme ou cornu chez les mâles et bilobé ou sinué chez les femelles, renferme des espèces de taille moyenne, noires, souvent tachetées de blane, et difficiles à se procurer (type, I. cuspidata, Fabr,, du cap de Bonne-Espérance). — Les autres genres sont les suivants : Heteroclita, Burm., deux espèces de l'Afrique australe. — Hetero- soma, Schaum, une espèce de Madagascar, — Heterophona, Burm., quelques espèces malgaches. COLÉOPTÈRES. 57 — Callipechis, Burm., seulement la C. flavipes, de Madagascar. — Rhyxiplæa, Burm., ne renfer- mant que la C. corticina, Oliv., du Sénégal, qui semble se rapprocher des Cétonites. — Rhinocæta, Burm., des environs du cap de Bonne Espérance. — Xiphoscelis, Burm., deux espèces de l'Afrique australe. — Blæsia, Burm., groupe singulier, ne comprenant que le B. atra, de Montévidéo, d'un noir peu brillant, avec quelques poils roux sur les côtés de la poitrine, — Ischnoscelis, Burm., genre liant la division que nous étudions avec celle qui.suit, et ne renfermant qu'une rare espèce du Mexique, le Goliathus Hæpfneri, Gory et Perch. 6° groupe, Gouiarmnes : mandibules normales ; mâchoires à lobe externe denté ou pénicillé; menton très-échancré; tête souvent cornue chez les mâles; pattes plus où moins allongées, différentes suivant les sexes; corselet non lobé à la base; saillie sternale très-forte. — Ces Insectes, parmi les- quels on trouve les plus gigantesques espèces de la tribu des Cétonides, se distinguent par l'arma- ture de leur tête et par l'allongement des pattes antérieures chez les mäles; mais, dans les dernières espèces, ces caractères finissent par disparaître presque entièrement, à l'exception du dernier, dont on voit encore des traces alors même qu'il ne reste plus de vestiges des autres : si quelques espèces ont des teintes assez obscures, la plupart.des autres sont parées d'une couleur verdàtre, plus ou moins claire, avec des reflets métalliques. Ils habitent l'Afrique et les Indes orientales, et comme le montre M. Th. Lacordaire, il est remarquable que, lorsque la tête des mâles est cornue, elle est armée de deux cornes dans les espèces indiennes, et n’en porte qu'une seule dans les espèces afri- caines. Le type de cette division est le genre GOLIATH, Goliathus, fondé, il y a longtemps déjà, par de Lamarek, dans son Système des animaux sans vertèbres: les Goliaths sont des Coléoptères que l'on pourrait appeler gigantesques, car leur longueur peut atteindre 0*,05 à 0%,06; leurs couleurs, assez variables suivant les individus et les sexes, n'ont rien de métallique et sont dues à une sorte d’en- duit d’une extrème ténuité, qui s'enlève assez facilement; longtemps d'une grande rareté dans les collections, les Goliaths sont aujourd’hui plus faciles à trouver; en effet, ils sont assez communs dans leur pays natal, la côte de Guinée, et vivent exclusivement de la séve de certains arbres; les espèces sont assez voisines les unes des autres pour que quelques entomologistes, tels que M. Melly, par exemple, aient pensé qu'elles n'en formaient qu'une seule, tandis que d’autres, comme M. Schaum, en admettent au moins trois : les G. giganteus, Lam.; Druryi, Westw., et cacicus, Gory et Percheron. — Les autres groupes, assez nombreux, admis par M. Th. Lacordaire dans la même division, sont les suivants : Hypselogenia, Burm., deux espèces (concava, Gory et Perch., et geotru- pina, Bilb.), de l'Afrique australe. — Compsocephalus, White, une espèce (Horsfieldianus), d’'A- byssinie. — Mycteristes, Castelnau (Philistina, Mac Leay), auquel on peut réunir le genre Phædi- mus, Waterh, des Indes orientales. — Narycius, Dupont, fondé sur une rare et belle espèce des environs de Madras (opalus, Dup.; olivaceus, Westw.). — Cyphonocephalus, Westw., une espèce (smaragdulus), des Indes orientales, d'un vert métallique clair, avec les cornes de la tête et les tarses brunûtres. — Dicranocephalus, Hope, une espèce (Wallichüi), du Népaul_et du nord de la Chine. -— Bothrorhina, Burm., quelques espèces de Madagascar. — Cerathorina, Westw., beau genre africain, renfermant des espèces de grande taille, parées de riches couleurs, et portant des cornes céphaliques assez fortes dans les mâles; on doit probablement y joindre les groupes des : Mecynorhina et Dicranorhina, Hope; Chelorhina, Taurhina, Cælorhina et Stephanorhina, Burm.; Eudicella, White; Megalorhina, Smicorhina, Amaurodes, Cheirolasia et Aphenorhina, Wesiw. — Astenorhina, Westw., une espèce (Turneri), de la côte de Guinée. — Rhomborhina, Hope, auquel M. Schaum réunit les Jumnos et Cosmiomorpha, Saunders, de l'Hindoustan, de la Chine et du Ja- pon.— Tmesorhina, Westw., deux espèces américaines. — Chordodera, Burm., deux espèces de la côte de Guinée. — Heterorhina, Westw., genre comprenant beaucoup d'espèces de taille moyenne, remarquables par leur coloration, propres à l'Afrique et aux Indes orientales, et qui ont été répar- ties par quelques auteurs dans les groupes spéciaux des Coryphocera, Plæsiorhina, Gentodonta et Dymusia, Burm.; Dyceras, Gory et Perch.; Anomalocera, Westw., et Trigonophorus, Hope. 7° groupe, Crémasrocmures : mandibules à partie cornée externe élargie, arquée au bout, em - Lrassant la lame membraneuse interne; mâchovres à lobe externe denté où peu pénicillé; menton convexe ou tuberculeux, muni intérieurement d'une plaque ou d'une cupule; corselet laisiunt l'écus- ce 8 28 HISTOIRE NATURELLE. son libre; saillie sternale faible ou même nulle. — Ces Coléoptères, assez abondamment répandus en Afrique, dans les Indes orientales et en Amérique, mais que l’on ne retrouve pas en Europe, sont ceux des Cétonides qui, par l’organisation, se rapprochent le plus des Mélolonthides; ils ont un fa- ciès particulier et sont, en général, d'assez petite taille. Le genre le plus anciennement connu est celui des CRÉMASTOCHILES, Cremastochilus, Knoch (Neuw. Beitr.), que l'on écrit parfois Cremastocheilus, remarquable par sa tête courte, oblique où presque verticale, renflée sur le vertex, et surtout par son menton consistant en une très-courte tige portant une cupule plus où moins concave formant la cavité buccale : les espèces à corps assez épais, revêtues de téguments épais, d'un noir uniforme ou d’une couleur grisètre, vivent sur les arbres ou dans les fourmilières, et sont toutes propres aux États-Unis d'Amérique, à l'exception d'une seule, qui provient du Mexique. — Parmi les autres genres du même groupe, qui se rappro- chent plus ou moins des Crémastochiles ou des Cétoines, nous citerons ceux qui suivent: Psilocne- mis, Burm. (Leucosticta), des États-Unis. — Cyclidius, Mac Leay, deux espèces de la Guyane. - issogenius, Schaum (Chtonobius, Burm.), de l'Afrique australe. — Trichoplus, Burm., genre dans fequel il n’y a que trois articles aux tarses, et qui ne renferme que le Crem. lœævis, Gory et Perch., des environs du cap de Bonne-Espérance. — Scaptobius, Schaum, quelques espèces ayant la même patrie que celles des génres précédent et suivant. — Genuchus, Kirby. — Cænochilus, Schaura, d'assez nombreuses espèces africaines et indiennes. — Pilinurqus, Burm., une espèce (C. hirtus, Gory et Perch.), du Sénégal. — Hoplastomus, Mac Leay, deux espèces de Sénégambie. — Spilopho- rus, Westw., Schaum, quelques espèces de l'Afrique australe et des Indes orientales. — Centrogna- thus, Guérin, une espèce (subrugosus), de l'ile Poulo-Pinang. — Ptychophorus, Schaum, d'Afrique. — Rhagopteryx, Burm., une espèce (Brahma, Gory et Perch.), de Java. — Macroma, Gory et Perch., une quinzaine d'espèces d'Afrique, des Indes orientales et de la Chine. 2° division, Triemmes. — Les dernières espèces de Gétonides qu’il nous reste à indiquer se rap- portent au genre Trichius, de Fabricius, et constituent, pour quelques entomologistes modernes, une sous-tribu spéciale, ayant pour caractères principaux : épimères mésothoraciques sümplement ascendantes, invisibles d'en haut; écusson cordiforme, rarement en triangle rectiligne; élytres non soudées latéralement; presque jamais de saillie sternale. Fig. 05. — Trichius fasciatus. Fig. 64. — Cremastochilus torulosus. Fig. 65. — Gnorumus nobilis Les Trichides sont des Insectes de taille généralement moyenne, quoique quelques-uns d'entre eux soient assez petits. [ls sont peut-être moins remarquables que les Cétonides, sous le rapport de leur système de coloration; cependant on en connait de très-brillantes espèces. On les trouve sur les fleurs et sur les arbres, dans l'intérieur desquels leurs larves vivent habituellement. Comme nous l'avons dit, on a donné l'histoire des métamorphoses de tous les genres européens; les larves se rapprochent beaucoup de celles des Cetonia, dont elles ont toutes les habitudes, mais elles s'en dis- tinguent essentiellement par leur tête plus grosse, dont le diamètre égale presque celui du corps. On trouve des Trichides dans toutes les parties du globe : ils sont surtout assez communs spécifi- COLÉOPTÈRES, 59 quement en Afrique; l'Europe en possède plusieurs, ainsi que l'Amérique, mais l'Australie, et sur- tout les Indes orientales, cette dernière si riche en Cétonides, n’en renferment pas beaucoup. On les rencontre habituellement exposés à l’ardeur du soleil, et, par conséquent, ils sont essentiellement diurnes. On y admet actuellement une quinzaine de genres. Le type est le genre des TRICHIES, Trichius, Fabr. (Systema entomologiæ), qui se distingue sur- tout par son corps assez épais et très-court, et par la brièveté de l'arrière-tronc relativement au corselet et à la tête réunis, comprend de jolies espèces, de taille généralement moyenne, et pouvant être réparties en trois subdivisions particulières : 1° Trignopeltates, Burm., à jambes antérieures bidentées dans les mûles et tridentées dans les femelles, et à vestiture consistant en écailles sans mélange de poils : espèces américaines, ornées sur le corselet de lignes formant un triangle ren- versé : type, T. delta, Fabr.;.2 Trichius, Burm., à jambes antérieures bidentées dans les deux sexes, et à corps entièrement, sauf les élytres, couvert de poils plus où moins longs : espèces de l'Amérique du Nord et de l’ancien continent. Parmi ces dernières nous possédons plus ou moins communément en Europe les T. fasciatus, Linné; zonatus, Pallas; gallicus, Heer, ete.; 3° Diali- thus, Parry, à chaperon allongé au lieu d'être transversal, et fortement-bidenté : une seule espèce, D, magnificus, dont on n’a décrit qu’un seul sexe, la femelle, et qui est propre au Mexique. — Les autres genres de Trichides sont les suivants : Calometopus, Blanch., une espèce (Senegalensis), un peu plus grande et plus allongée que nos Trichies d'Europe. — Valgus, Scriba (Acanthurus, Kirby), genre médiocrement nombreux, mais semblant cosmopolite, car on en connaît des espèces dans une grande partie de l’ancien continent, dans l'Amérique du Nord et en Australie: leurs élytres sont três-planes, et tous sont noirs, couverts d'écailles blanches ou jaunâtres, parfois fasciculées çà et là, et formant des bandes ou des taches irrégulières : une espèce (hemipterus, Linné) abondante dans toute l'Europe, offre, chez la femelle, à l'extrémité du corps, une tarière grêle et horizontale, dont elle se sert pour percer le bois mort dans lequel elle dépose ses œufs : une autre espèce, l'argillaceus, Hope, du Bengale, est le type d’un genre Oreoderus, fondé sur des particularités tarsiennes peu importantes — Gnorimus, Lepelletier et Serville (Aleucostictus, Curtis), espèces assez grandes, de forme large, mais peu épaisse, glabres en dessus et plus ou moins villeuses en dessous, à livrée consistant en taches blanches sur un fond uniforme noir ou d’un vert doré : les élytres seules étant parfois fauves; se trouvent sur les fleurs dans les régions méditerranéennes, et, en outre, dans l’in- térieur de l'Europe et en Asie : une seule espèce étant propre à l'Amérique du Nord (maculosus, Knoch); le type, que l’on rencontre communément dans nos environs, est le G. nobilis, d'un vert métallique. — Stegopterus, Schaum, groupe qui, dans l'Afrique australe, représente les Gnorimes. — Eriopeltastes, Burm., une espèce de Natal. — Agenius, Lepell. et Serv. (Stripsipher, Gory et Perch.), auquel on peut joindre les genres Stringophorus et Clastocnemis, Burm., et qui comprend quelques espèces africaines, toutes des régions australes, à l'exception de l'A. latipennis, Blanch., du Sénégal.— Myoderma, Dej., Burm., une espèce (C. alutacea, Schonh.) de la côte de Guinée. — Platygenia, Mac Leay, un petit nombre d'espèces de la côte occidentale de l'Afrique. — Osmo- derma, Lepelt. et Serv., Insectes assez grands, massifs, tous glabres ou d’un noir uniforme, parfois accompagné de reflets bronzés plus prononcés chez les mâles que chez les femelles: ces dernières plus rugueuses et plus ponctuées que les autres; ils sont lents dans leurs mouvements, se tiennent immobiles sur les troncs des arbres, et s’écartent peu de ceux dans le bois vermoulu desquels ils ont subi leur métamorphose; ils exhalent une odeur prononcée de cuir de Russie, et se nourrissent de la séve qui découle des vieux arbres; les femelles diffèrent notablement des mäles : aussi a-t-on, à tort, fait des espèces nominales avec elles; ils habitent l’Europe et l'Amérique du Nord, et l'on en connait trois espèces bien authentiques, dont la principale est l'Osmoderma eremita, Linné, grande espèce brunâtre, particulière au midi de la France, et que l’on a prise trois ou quatre fois dans la forêt de Fontainebleau. — Inca, Lepell. et Serv., groupe semblant, parmi les Trichides, remplacer les Goliathides de la division des Cétonides, et formé d’espèces de grande taille, à système de colo- ration varié, mais consistant habituellement en gouttelettes, taches ou bandes irrégulières formées par une sorte d'enduit très-fin, sur un fond vert bronzé passant au rougeñtre; ces Insectes, malgré leur forme massive, volent assez bien pendant l’ardeur du jour et se trouvent sur les fleurs, tandis que le matin on les rencontre accrochés aux feuilles des arbres: on en indique une dizaine d'espôces (type, I. chlathratus, Oliv.), toutes de l'Amérique méridionale, à l'exception d'une, qui provient de 60 HISTOIRE NATURELLE. la côte de Guinée. — Cælocratus, Burm., groupe peut-être plus rapproché des Trichius que des Inca, et qui a pour type et espèce unique l'I. rufipennis, Gory et Perch., de l'intérieur du Brésil. 2e tribu, GLapnyripes : mandibules cornées; lèvre inférietre bifide, ayant ses deux divisions ha- bituellement saillantes au delà de l'extrémité du menton; élytres entr'ouvertes à leur extrémité. Ainsi que nous venons de la caractériser, cette tribu comprend, sauf les Ischrostomites que nous avons laissés parmi les Cétonides, les espèces qu'y place M. É. Blanchard, et qui peuvent être subdi- visées en deux groupes, les Glaphyrites où Amphicomites et les Pachyenémites. Ces Insectes ont entre eux d'assez grands rapports naturels, et tendent à lier les Cétonides aux Mélolonthides; cependant, ainsi que Île fait très-bien observer M. Th. Lacordaire, dans une classification comme la sienne, ayant pour base la position des stigmates abdominaux, les deux divisions qui constituent les Glaphyrides doivent être très-éloignées l’une de l’autre. En effet, les Glaphyrites sont des Laparostictiques, car ils ont tous les stigmates abdominaux situés sur la membrane connective des arceaux ventraux et dorsaux de l'abdomen, et les Pachyenémides, à stigmates abdominaux en partie situés sur la mem- brane connextive des arceaux ventraux et dorsaux de l'abdomen, en partie sur les premiers mêmes, sont les Pleurostictiques. Les Glaphyrides sont des Coléoptères de taille moyenne; leurs téguments sont ordinairement minces et flexibles, plus ou moins couverts de pubescence; leurs couleurs sont variées, souvent uniformes, et ne présentant pas de dessins sur un fond uni. Les différences sexuelles ne sont pas apparentes ou, au moins, peu sensibles. On ne connaît pas leurs métamorphoses, et le nombre des espèces, répandues sur tout le globe, sauf en Australie, n’est pas très-considérable. On les partage en doux groupes. 4% groupe, GLapuyrires : languette membraneuse bilobée; mâchoires à lobes inermes: l'externe très-long; mandibules et labres cornés, à découvert; antennes composées de neuf à dix articles, sur lesquels la massue en compte trois; hanches antérieures coniques, très-saillantes : intermédiaires longitudinales; tarses très-longs. — On n’admet dans cette division qu'une dizaine de genres, dont les espèces sont propres à l'Amérique, sauf celles de deux groupes, qui sont confinées en Asie et sur le périple de la Méditerranée. Les deux genres principaux sont ceux des : 1° GLAPHYRE, Glaphyrus, latreille (Genera Crust., et Ins., 1807), à mandibules dentées, à cuisses postérieures très-renflées dans les mâles, à téqu- ments assez solides, ete.; ces Insectes, qui ont des couleurs variant du vert au bronzé, au bleu, au doré, se trouvent en général dans les pays montagneux, sur les fleurs, principalement sur celles des chardons, et sont répandus depuis le midi de la Sibérie jusque dans le nord de l'Afrique (type, G. varians, Ménétr., de la Turquie): une espèce asiatique (micans), décrite par Faldermann, est devenue pour Jui le type d'un genre Pachymerus. Et 2° AMPHICOME, Amphicoma, Latr. (Genera Crust. et Ins., 1807), à mandibules fortement dentées intérieurement, à mächoires ayant une pa- lelte très-longue, pointue; à massue antennaire triarticulée, presque solide, à téguments assez mous, ete.; ces Insectes, plus petits que les précédents, ont le corps allongé ou assez court, et hé- rissé partout de poils longs, fins et redressés, sauf sur les élytres, où ils sont couchés et disposés en. bandes longitudinales; leurs couleurs sont en général métalliques et excessivement variables; ils habitent les mêmes pays que les Glaphyrus, vivent sur les fleurs, et multiplient tellement, qu'au printemps ils couvrent des espaces considérables; comme types nous nommerons les À. Lasserü, Germ., de l’Europe méridionale, et vulpes, Fabr., de la Grèce; parmi les espèces, assez difficiles à caractériser, de ce groupe, on a cru devoir distinguer les genres Psilodema, Blanch., et Eulasia, Truqui. Parmi les autres genres du groupe nous nommerons ceux des: Lichnanthe, Burm., qui ne com- prend que le L. vulpina, Hentz, assez grand, noir, avec les élytres brunâtres, partout hérissé de poils fauves, représentant, dans une grande partie des États-Unis d'Amérique, les Amphicomes de l'ancien continent. — Anthypna. Eschs., Latr., deux espèces : les À. Carcelli, Cast., et abdominalis, Fabr., propres à l'Italie, mais dont la dernière étend son habitat jusque dans le sud de l'Allemagne, qui sont moins poilues que les Amphicomes, volent dans les clairières des bois en mai et juin, et Fig. 1. — Pantolia striata Fig. 2 — Eliesst refulgens Pis. 4, — Lomoptert magnifica COLÉOPTÈRES. 61 dont les femelles, au rapport de M. Ghiliani, s’enfonceraient dans le sol, à la manière de celles des Cébrio et y attendraient la recherche des mâles. — Crastoscelis, Erichson (Arctodium, Dej.), sem- blant exclusivement propre au Chili. — Lichnia, Erich., ne renfermant que le L. discolor, du Chili. — Dasychæta, Erich., différant très-peu des deux genres précédents, et formé uniquement d'une espèce propre au Pérou. Peut-être doit-on encore placer ici, à moins qu’on ne les range parmi les Mélolonthides, les deux cenres : Chamatopterus, Lepell. et Serv., qui comprend une dizaine de petites espèces propres à l'Europe australe, se trouvant parfois réunies en grande quantité sur les fleurs types, C. hirtulus, villosulus et pilosulus, Niger, les deux premiers du Portugal, et le dernier du midi de l'Espagne; et Chnaunanthus, Burm, ne renfermant qu'une seule espèce (C. daiscolor) du Mexique. 2 groupe, Pacuyenémires : languette corace ou membraneuse, distincte du menton, bilobée; écusson grand, en triangle rectiligne très-allongé, hanches intermédiaires assez fortement séparées. — Une dizaine de genres assez difficiles à distinguer, et dont toutes les espèces sont particulières à l'Afrique australe. Le genre typique est celui des PACHYCNÈMES, Pachycnema, Lepell. et Serv., à antennes de dix articles avec la massue globuleuse; à lèvre inférieure longue; palpes très-courts; mächoires mu- tiques; pattes postérieures très-renflées : on en connait une quinzaine d’espèces, pour la plupart d'assez grande taille, ornées, en dessus, d'un dessin très-varié formé par les écailles dont ils sont plus ou moins revêtus (P. crassipes, Fabr.). — Les autres genres sont les suivants : Hoploscelis, Dej., Burm., quatre ou cinq espèces (hylaæ, Fabr.), de couleurs opaques, ne variant que du noir au brun rougeûtre. — Stenocnema, Burm., ne renfermant que le Pachycnema pudibunda, Dej. — Eriesthis, Dej., Burm., cinq ou six espèces assez robustes. — Lepitrix, Lepell. et Serv., groupe peu nombreux et au moins très-voisin du suivant. — Peritrichia, Burm., à espèces ayant le corps uniformément revêtu de poils fins, assez courts. — Pherocoma, Blanch., petit groupe peu distinct du précédent. — Anisonyx, Latr., une douzaine d'espèces (types, ursus, lynæ, crinitus, Fabr.), encore plus velues que les Amphicoma, communes sur les fleurs, et offrant souvent des écailles assez caduques en dessus et d’un vert doré ou cuivreux. — Chasme, Lepell. et Serv., genre anormal semblant se rapprocher de celui des Chasmatopterus, mais à écusson en triangle rectiligne, et ne renfermant que deux espèces de taille moyenne (decora, Wied., et nobilitata, Burm.). 3° tribu, Mécoronmnipes : corps assez peu allongé; tête carrée ou largement arrondie; lanquette cornée et soudée au menton, coriace où membraneuse et libre; mandibules ne débordant pas le chaperon, qui est souvent séparé du front par une suture; labre habituellement distinct; antennes ordinairement de neuf articles, mais parfois de sept, huit ou dix : massue composée de trois à sept articles; turses à crochets variables; les trois dernières paires de stigmates abdominaux diver- geant un peu de dedans en dehors. Les Mélolonthides, ou tout au moins quelques-uns d’entre eux, peuvent être pris pour types de l'ordre tout entier des Coléoptères, car c'est parmi eux que se trouvent les Hannetons ou Mélolon- thes, si connus de tout le monde. Si, d’une manière générale, les Insectes de cette tribu se distin- guent de ceux des autres grandes divisions des Scarabéiens par les caractères principaux que nous venons d'indiquer, ils diffèrent cependant assez notablement entre eux, suivant les groupes princi- paux dans lesquels ils sont distribués, ainsi que nous allons le dire. Le corps est habituellement gros et peu allongé. La tête est souvent carrée ou largement arrondie en avant des yeux et rebordée antérieurement. Presque toujours il y a une suture très-manifeste ou une carène entre le chaperon et le front. Les yeux sont ordinairement gros, presque globuleux, un peu granulés et partiellement engagés dans le corselet. Les antennes ont souvent neuf articles, et parfois un ou deux de moins ou un de plus, et, sur ce nombre, trois à sept forment la massue, qui est toujours lamelliforme dans les mâles, et généralement plus allongée que dans les femelles. Les organes buccaux varient assez considérablement; la lèvre est presque toujours entièrement cornée; la languette est cornée et soudée au menton, ou bien coriace ou membraneuse et libre; les mà- 62 à HISTOIRE NATURELLE. choires sont plus ou moins fortes, à lobe interne non distinet et à lobe externe fixe, court, voûté, glabre, denté; les mandibules, souvent triquètres, arquées, comme échancrées dans Jeur milieu en dedans, sont, dans quelques espèces, irrégulièrement trigones, rarement terminées par un crochet distinet; le labre est très-variable, et sert dans la caractéristique des genres. Le corselet est habituelle- ment de la même largeur que les élytres. L’écusson, de moyenne grandeur, est cordiforme ou en triangle curviligne. Les élytres laissent à découvert le pygidium et souvent le propygidium, et leurs côtés sont souvent peu développés, de telle sorte que le dos de l'abdomen est parfois seul recouvert. Les pattes de devant sont ordinairement légèrement plus allongées dans les mâles que dans les femelles, et les jambes sont plus robustes et plus fortement dentées dans le dernier sexe que nous venons de nommer. Les hanches antérieures sont coniques et saillantes ou transversales et cachées dans les ca- vités cotyloïdes. Les quatre jambes de derrière sont tronquées au bout, avec une couronne de cils. Les tarses ont le plus souvent des articles grêles, noueux à l'extrémité, et parfois dilatés aux pattes an- térieures et intermédiaires; leurs crochets, quelquefois inégaux, sont simples, fendus au bout ou dentés inférieurement. Ces Insectes, presque constamment de taille moyenne, ne sont qu'accidentellement grands ou, au contraire, petits. Leur système de coloration est ordinairement assez sombre, brunâtre, souvent uniforme; dans quelques cas néanmoins, il présente des teintes métalliques. Leur coloration n’est que très-rarement due à leurs téguments, et, presque toujours, elle est produite par les écailles et les poils dont ils sont habituellement revêtus. Leur régime est toujours végétal : les espèces chez les- quelles les mâchoires sont robustes et dentées sont essentiellement phyllophages, et celles dans les- quelles ces organes sont plus faibles, se bornent à vivre aux dépens des fleurs. Ils se rencontrent, pour le plus grand nombre, à découvert et à l'air libre, mais quelques-uns se trouvent plus ou moins en- fouis dans le sable ou dans la terre. Pendant le jour, la plupart d’entre eux restent cachés ou im- mobiles sur les végétaux, attendant, pour prendre leur essor, que le crépuscule ou la nuit soient arrivés. Chez eux, les élytres ne sont pas soudées ensemble, et ils peuvent les élever et les écarter pour voler, ce qu'ils font avec une assez grande facilité. Tout le monde a pu voir, le soir, pendant l’été, nos Hannetons et de plus petites espèces qui portent le nom de Rhizotrogues, voler en es- saims nombreux autour des arbres et des arbrisseaux. Un organe de stridulation a été signalé par Erichson dans une espèce de cette tribu, dans le Polyphylla fullo. Quant à la distribution géogra- phique des espèces, on ne peut rien dire de général; elles se trouvent en effet répandues dans toutes les contrées du globe, et, comme beaucoup d’autres Coléoptères, sont plus abondantes dans les ré- gions chaudes et humides que dans les contrées froides : ce qui est en rapport avec la végétation, beaucoup plus riche dans les premiers pays que nous avons cités que dans les seconds. Les métamorphoses de quelques espèces de ce genre ont été étudiées. C’est ainsi que l’histoire du Hanneton commun ou Melolontha vulgaris, commencée par Gœdart, Ræœsel, de Géer, Herbst, Genster, Latreille, Ramdohr, Suckow, Kirby, de Haan, Westwood, a été donnée plus complétement par MM. Kollar, Ratzeburg, Mulsant et Erichson, et que quelques points de celle d'une autre espèce anciennement placée dans le même genre (M. puncticollis, d'Amérique), aujourd’hui type du groupe générique des Ancylonicha, ont été signalés par M. Silliman. MM. de Haan, Mulsant et Erichson ont fait connaître les transformations du Polyphylla fullo. Trois espèces de Rhixotrogus ont été étu- diées sous le même point de vue : le R. solsttialis, par Frisch, MM. Bouché et Erichson; le R. ru- ficornis, par Germar, et le R. marginipes, par M. Rosenhauer. Enfin les larves des Macrodactylus subspinosus, espèce étrangère, ont été signalées par M. Harris; et celles du Serica brunnea, par MM. Saxeser et Erichson. De Haan a également décrit des larves qu’il avait cru devoir rapporter à l’'Hoplia aulica, mais, d'après M. Burmeister, ces larves appartiendraient probablement à quelque espèce de Rhixotrogqus. Les larves vivent dans le sein de la terre, à une profondeur plus ou moins considérable, et auprès des racines des plantes dont elles font leur nourriture habituelle : ce qui rend plusieurs d’entre elles très-préjudiciables à l’agriculture, d'autant plus qu’elles passent habituellement trois ans avant de se développer complétement. Elles ressemblent beaucoup à celles des Cétonides et des Dynas- tides, et ne s’en distinguent guère que par leur corps proportionnellement plus allongé, à dernier segment partagé par un sillon transversal, et par leurs mandibules taillées en biseau à leur extré- mité, sans aueune trace de dent, et dont la face externe est lisse. Dans la larve du Melolontha vul- Lé COLÉOPTÈRES. 65 garis, sur laquelle nous aurons occasion de revenir, le corps, d’un blanc sale et jaunätre à travers lequel on voit, principalement dans le sac, les matières contenues dans l'intestin, est cylindrique et légèrement arrondi à son extrémité; la tête est grande, de la largeur du corps; les palpes maxillaires, à premier article court, ont le troisième article plus court que le deuxième et le quatrième; les an- tennes sont composées de cinq articles : deuxième et troisième longs, égaux : cinquième plus petit, ovalaire, acuminé; les six premiers segments du corps offrent chacun trois bourrelets, dont le mé- dian plus court que les deux autres : le septième n’a que le bourrelet antérieur, et les deux suivants n’en présentent plus aucune trace; de petits cils redressés et quelques poils isolés sont disséminés sur la partie antérieure du corps; les pattes sont allongées, hérissées de cils, composées de quatre articles : la première paire de pattes est plus courte que les deux autres : un crochet assez allongé se remarque à leur extrémité. Les caractères que nous venons de donner se retrouvent presque complétement dans les larves de Rhixotrogus; il en est à peu près de même de celle du Polyphylla fullo, à l'exception de quelques légères particularités tirées de la proportion des articles antennaires, de la disposition des segments, ete. La larve de la Serica brunnea s'éloigne davantage de celles de la même tribu : le corps est plus velu que dans la larve du Hanneton, le sac offre à la partie infé- rieure une rangée de courtes épines, et à son extrémité, des poils plus longs et plus serrés que sur les autres parties du corps; l'anus est longitudinal et dépourvu de lèvre inférieure, ete. Dans aucune des espèces observées en Europe la larve ne se fabrique de coque au moment de la métamor- phose en nymphe, mais, dans une espèce exotique, l'Ancylonicha puncticollis, la larve, avant de se transformer en nymphe, s'enfonce dans une coque à peu près semblable à celle des Cétonides. Les nymphes, que nous ferons connaître en traitant du genre Melolontha, ne présentent rien de bien particulier, et offrent déjà l'aspect de lInsecte arrivé à l’état parfait, mais enveloppé dans des membranes spéciales. Nous ne nous étendrons pas actuellement davantage sur les métamorphoses des Mélolonthides; c’est en traitant du genre Hanneton que nous compléterons les généralités que nous venons de donner, et que nous parlerons des dégâts produits. par les larves du Melolontha vulgaris, ainsi que des moyens employés pour y remédier. Fabricius, le premier, en créant le genre Melolontha aux dépens des Scarabæus de Linné, peut être regardé comme le fondateur de la tribu des Mélolonthides, puisque c’est avec le genre fabricien et avec des groupes qui en sont plus ou moins voisins qu’elle est exclusivement formée. Mais le nombre des genres est actuellement très-considérable et au moins d'une centaine : Latreille, Illiger, Mac Leay, Lepelletier et Serville, Erichson, Dejean, MM. de Castelnau, Westwood, White, É. Blan- chard, Guérin-Méneville, Burmeister, Mulsant, ete., et beaucoup d’autres, ont successivement créé et caractérisé ces divers genres. Quant à la classification, elle est des plus difficiles, et varie beau- coup suivant les auteurs; les principaux d’entre eux sont les suivants : Erichson (Naturg. der Insect. deutschl., tome Ill), É. Blanchard (Catalogue des Coléoptères du Muséum d'histoire naturelle), et Burmeister (Handb. der Entomology, tome IV, deuxième partie); enfin M. Th. Lacordaire (Genera Coléopt., tome Il) a résumé les travaux de ses devanciers, a caractérisé tous les groupes avec une scrupuleuse exactitude, a pris pour base de sa classification le travail d’Erichson, modifié ce- pendant dans diverses de ses parties, et par des considérations tirées des organes buccaux, de la forme des segments, de celle des pattes, ete., est arrivé à partager cette tribu en huit sous-tribus : Hoplides, Séricides, Séricoides, Mocrodactylides, Clavipalpides, Mélolonthides vrais, Macrophyl- lides, Pachypodides et Euchirides. Nous suivrons à peu près cette méthode dans notre division en groupes, mais nous tâcherons d'y faire concorder celles de MM. É. Blanchard et Burmeister. 1% groupe, Horures : corps assez court, robuste, rétréci en arrière, petit, recouvert soit d'é- cailles, soit de poils, soit d'un mélange des uns et des autres; tête petite; languette variable; man- dibules très-lamelleuses intérieurement; labre excessivement court, souvent invisible, parce qu'il est caché par le chaperon; mächoires de formes variables; palpes à dernier article plus ou moins fusiforme; antennes presque toujours de neuf articles : la massue en comptant trois, courte, épaisse, serrée dans les deux sexes; élytres presque dépourvues d’épipleures et ne couvrant pas le pygidium; segments ventraux coudés : le sixième très-court, indistinct; pattes semblables dans les deux sexes, ou les postérieures plus fortes dans les mâles; hanches antérieures coniques, saillantes; crochets tarsiens inégaux, le plus gros chéliforme et le plus petit pouvant manquer. 6% HISTOIRE NATURELLE. Les Hoplites, dont on connaît une vingtaine de genres, et qui sont nombreux en espèces, se trou- vent principalement dans l’Afrique australe et à Madagascar : le genre typique uniquement, celui des Hoplia, semble cosmopolite, et deux autres seulement sont propres à l’île de Java. M. Th. Lacor- daire y forme deux groupes spéciaux : 1° les Pacayenémines, à languette coriace où membraneuse, constamment libre, à écusson grand, en triangle rectiligne allongé, et à hanches intermédiaires assez fortement séparées (genres : Chasme, Anisonyæ, Peritrichia, Pherocoma, Lepitrix, Eries- this, Stenocnema, Pachycnema et Hoplocnemis), et 2° les Hopupes vrais, à languette toujours cornée et soudée au menton, à écusson médiocre ou petit, cordiforme, rarement rectangulaire, et à hanches intermédiaires presque contiqués (genre principal: Hoplia). Pour nous, comme à l'exemple de M.ÉË. Blanchard, nous avons compris les Pachyenémides dans la tribu des Glaphyrides; nous n'a- vons plus à nous occuper que des Hoplides vrais. Les genres, rangés de manière à pouvoir joindre les Glaphyrides aux Mélolonthides proprement dits, sont les suivants : Dichelus, Lepell. et Serv., à antennes de neuf articles; palpes à dernier ar- ticle oblong; cuisses postérieures renflées, surtout dans les mâles, et munies constamment de deux dents; crochets des tarses antérieurs et postérieurs doubles : ceux des intermédiaires doubles ou simples : ainsi constitué, ce genre renferme un assez grand nombre d'espèces propres à l'Afrique aus- trale, et principalement aux environs du cap de Bonne-Espérance, et, selon M. Th. Lacordaire, doit comprendre en tout ou en partie les espèces placées par M. Burmeister, qui supprime le genre Di- chelus, dans les groupes des Heterochelus, Encyophanes, Diaplochelus, Platychelus et Mitrophorus, fondés sur des caractères assez variables dans les Mélolonthides, et tirés principalement des organes buccaux; parmi les espèces, de taille moyenne ou petite, nous nous bornerons à nommer, comme type, le Melolontha dentipes, Fabr. — Monochelus, lliger, Lepell. et Serv., se distinguant des Dichelus, dont il partage l'habitat, en ce que les turses postérieurs n'ont jamais qu'un seul crochet, et renfer- mant des espèces placées par M. Burmeister dans les groupes précédemment indiqués, ainsi que dans celui des Ischnochelus. — Gymnoloma, Dej., Burm., une douzaine d’espèces cafres (type, atomaria, Kabr.), tenant à la fois des Monochelus, dont il a le faciès, et des Hoplia, dont il présento la structure des tarses. — Goniaspidius, Burm., à écusson grand, en, triangle aigu en haut; une douzaine d'espèces du Cap, décrites par M. Burmeister et É. Blanchard, et réparties dans les deux groupes des Goniaspidius et Onocrates, Burm. — Dicranocnemus, Burm., ayant les deux dents terminales des jambes antérieures soudées; quelques espèces de l'Afrique australe, — Nanniscus, Burm., une espèce (Dichelus pulicarius, Dej., du Cap), qui, avec la structure tarsienne des Dicra- nocnemus, ne se distingue pas à l'extérieur des Dichelus. — Cylichnus, Burm., une espèce (pilo- sulus) de l'Afrique centrale. — Anisochelus, quelques petites espèces du cap de Bonne-Espérance, ressemblant beaucoup, au premier coup d'œil, aux Chasmes de la tribu des Glaphyrides. — Scelo- physa, Dej., Burm., ne se distinguant des Hoplia que par les crochets de tous les tarses doubles, inégaux, fendus aux pattes antérieures, et simples ou fendus aux pattes postérieures; deux petites espèces du Cap (S. militaris, Schænh., et pruinosus, Burm.). — Lepisia, Lepell. et Serv., deux espèces de l’Afrique australe (rupicola, Vabr., et ornatissima, Burm.), ressemblant beaucoup à l'Hoplia argentata. — Dichelhoplia, Blanch., genre voisin des Hoplia, dont il se distingue par la duplicité des crochets des tarses postérieurs, et remarquable par l'habitat des deux espèces qui y entrent, les D. Javanica et Indica, propres aux Indes orientales. — Holiopsis, Blanch., ne différant du genre précédent que par quelques particularités buccales; une espèce (A. fulvovestitus), de Ma- dagascar, — HOPLIA (Hoplia, Niger), genre typique de tout le groupe, ayant pour caractères : corps épais, court ou oblong, parallèle, parfois velu, plus ou moins écailleux; tête médiocre; cha- peron de forme variable; menton oblong; mächoires très-dentées; mandibules terminées en pointe arquée; antennes de neuf à dix articles; corselet presque aussi large que les élytres, arrondi sur les côtés; écusson médiocre, en cœur; élytres non rétrécies en arrière; pattes médiocres, les posté- rieures sans renflement, et à tarses assez robustes, dont les crochets des quatre antérieurs sont doubles, inégaux, tandis qu'il n'y en a qu'un aux postérieurs. Ges Insectes, de taille petite, ont des couleurs uniformes, variées, et leur vestiture les rend quelquefois assez jolis; quelques-uns ont de petits tubercules épineux sur les élytres, et les mâles se distinguent des femelles par une forme gé- néralement plus étroite; les Hoplies fréquentent les fleurs et divers arbres, dont leurs mächoires assez fortes leur permettent d'attaquer les feuilles : quelques-unes se logent sous les pierres et les COLÉOPTÈRES. 65 bouses desséchées ou dans l’intérieur même de la terre; les espèces, au nombre d'une cinquantaine, sont disséminées dans la plupart desrégions du globe : le périple de la Méditerranée, tant en Europe qu'en Afrique et en Asie, l’île de Madagascar, les parties occidentales de l'Asie, sont les pays où il y en a le plus; viennent ensuite ia Hongrie, la Sibérie, puis l'Amérique du Nord, et, ce qu'il ÿ a de curieux, c’est que les Indes orientales semblent en être tout à fait privées. On y a formé trois divi- sions, celles des Decamera, Mulsant, à chaperon carré, antennes de dix articles, renfermant sur- tout les D. brunnipes et argentea, que l'on trouve dans le midi de la France, ete.; Hyperis, Dej., à chaperon un peu relevé, antennes de dix articles, dont les trois derniers forment une mussue un peu moins longue que la tige, type, H. Eversmanni, de Sibérie, et Hoplia, Burm., à chaperon carré, antennes de neuf articles, de nombreuses espèces, parmi lesquelles nous nous bornerons à citer l'H. farinosu, Linné (squamosa, Fabr.), d’un beau bleu clair brillant, assez commun dans le midi de l'Europe, et que l'on a signalé à Fontainebleau. — Harpina, Burm., une espèce du cap de Bonne-Espérance (vittigera), très-voisine des Hoplia, mais à crochets tarsiens tous entiers. — Da- centrines, Burm., trois espèces de Madagascar, auxquelles on pourrait joindre le Microplus nemo- ralis, Dej., du même pays. — Microdoris, Dej., Burm., une espèce (M. aquilus, Dej., du Cap). — Paranonca, Cast., genre ne renfermant que le P. prasina, qui doit peut-être être rapproché des liutela. Fig. 66. — Hoplia pilosa. Fig. 67. — Dicamera argentea. 2° groupe, Sericipes où OMALOPLITES : Corps un peu moins robuste que celui des Hoplites; tête peu développée; languette cornée et soudée au menton : rarement coriace où distincte; mandibules pro- longées au côté interne en une lame large et très-mince; labre tout à fait confondu avec le cha- peron; hanches : antérieures coniques, saillantes : postérieures très-élargies; segments abdominaux non soudés ensemble. Les Séricites sont tous de petite taille, de teintes uniformes et assez belles; les uns sont diurnes, et les autres crépusculaires; les espèces, quoique assez peu nombreuses, se rencontrent dans toutes les parties du monde. On peut, avec M. Th. Lacordaire, y former plusieurs subdivisions particulières. La première comprend surtout les genres Serica, Omaloplia et Triodonta. Dans les SÉRICES (Serica, Mac Leay, Horæ entomologicæ), les antennes, de neuf ou dix articles, dont le troisième est peu allongé, ont une massue de longueur variable, de trois ou quatre articles; le chaperon, para- bolique et rebordé, est séparé du front par un sillon plus ou moins distinct, ete. Les Insectes de ce groupe, auxquels on peut joindre les genres Omaloplia, Muls.; Serica, Muls.; Camtorhina, Kirby, et Emphania, Erichs., qui ne se distinguent que par le nombre et la disposition des articles anten- naires, sont spécifiquement abondants, de taille petite, à peu près glabres, de forme oblongue ou presque parallèle, ovalaire ou à peu près globuleuse; ils sont crépusculaires ou nocturnes, car, pen- dant le jour, on ne les trouve que sous les pierres, dans le sable ou sur le sol; ils habitent l'ancien continent, l'ile de Madagascar, les Indes ortentales et l'Amérique du Nord; parmi nos espèces euro- c.ÿ 9 66 HISTOIRE NATURELLE. péennes nous citerons les S. holosericea, Scopoli; brunnea, Linné, etc. Dans les OMALOPLIES Omaloplia, Meg., Stéph. (Brachyphylla, Muls.), les antennes ont neuf articles, avec la massue triarticulée, oblonque chez les mâles et plus courte chez les femelles, ete.; on n’en connaît que peu d'espèces, exclusivement propres à l'Europe, à l'Asie et à l'Afrique, à habitudes diurnes, et dont le type est l'O. ruricola, Fabr., qui se trouve plus ou moins communément dans toute l'Europe. Enfin dans les TRIODONTES (Triodonta, Muls.), les antennes sont de dix articles, avec les trois derniers formant une massue oblongue chez les mâles et ovalaire chex les femelles, le chaperon est à peine distinct du front, et surtout les hanches intermédiaires sont contigués : une dizaine d’es- pèces du midi de l’Europe, de l'Orient et de l'Afrique (type, T. aquila, Cast.), diurnes, et entière- ment revêtues d'une fine pubescence. Les autres genres sont ceux des: Hymenoplia, Eschs., quelques espèces d'Europe et d'Algérie; type, H. strigosa, Niger, du midi de la France. — Tro- chalus, Cast., espèces ayant le faciès des Pyrrhus, et habitant le Sénégal et la côte de Guinée. — Pleophylla, Erichs., une espèce du Cap (fasciatipennis, Blanch.). La deuxième subdivision a pour type le genre ABLADERA, Dej., Erichs., dont on connait une douzaine d’espèces, de forme ovalaire ou oblongue, de couleurs variées, propres à l'Afrique australe, où elles semblent remplacer les Omaloplia et les Triodonta. — D'autres groupes sont les suivants : Camenta, Dej., Erichs., renfermant le C. nigrita, de Natal, qui est peut-être une Abladera, € quelques autres espèces d’après Burmeister. — Abladeroides, Blanch., une espèce (æneus), du Cap.—Athlia, Erichs., ne comprenant que l'A. rustica, commune au Chili.—Ootonemna, Blanch. (Miotemna, Lacord.), une seule espèce bolivienne. — Symmela, Erichs., quelques espèces de l’A- mérique du Sud, parmi lesquelles ont été distingués les groupes des Astæna, Erichs., et Temnos- tona, Blanch. La troisième subdivision n’est composée que du genre PHYLLOTOQUE Phyllocus, Fischer de Wal- dhein. (Macrothops, Mac Leay), à languette coriace, distincte du menton, à mäâchotres ayant le lobe externe membraneux, inerme, à hanches postérieures très-grandes, ete.; quelques espèces (type, præustus, Boisduval), de l'Australie, assez peu robustes, parlois à téguments assez mous, plus ou moins allongés, et de colorations fauve et noire. La quatrième subdivision a pour type unique les DIPHUCEPHALES Diphucephala, Dèj., Lepell. et Serv., chez lesquels la languette est cornée, soudée au menton, les mächoires à lobe externe denté, l'épistome double, le chaperon fendu, avec les angles souvent prolongés en pointe, et les tarses à crochets fortement bifides, les hanches postérieures étroites, ete.; ces Insectes, dont on con- naît une vingtaine d'espèces, principalement d’après la monographie de M. Waterhouse, sont spé- cialement propres à l'Australie, où il paraît que la plupart sont très-communs et pullulent considé- rablement; ils sont de petite taille, et remarquables par l'éclat de leurs couleurs, ordinairement d’un beau vert métallique, passant souvent au cuivreux ou au doré le plus éclatant, et présentant des écailles blanchâtres en dessous (type, colaspidoides, Schænh.). La cinquième subdivision renferme uniquement le genre MÆCHIDIUS, Mac Leay, à languette sou- dée au menton; mächoires à lobe externe denté; épisitome simple; antennes rétractiles dans le cor- selet pendant le repos; hanches postérieures étroites : de forme oblongue, à coloration d’un brun noirätre ou rougeàtre uniforme; une dizaine d'espèces vivant probablement à terre, et ne se servant : que rarement de leurs ailes. 5° groupe, Sercoïres, se distinguant surtout des Séricites par leur labre bien distinct du cha- peron, habituellement court et peu échancré. — Plus nombreux que les Séricites, leurs formes sont aussi plus variées; sauf un genre propre à l'Europe méridionale, et deux particuliers à l'Amérique du Nord, les autres se rencontrent exclusivement en Australie, à la Nouvelle-Zélande ou dans cer- taines parties de l'Amérique du Sud. Les genres principaux, qui forment des divisions particulières pour M. Th. Lacordaire, sont ceux qui suivent : Genre PACHYTRICHIA, Hope, à languette membraneuse, distincte du menton, qui est fortement bilobé; mächoires à lobe externe inerme; à labre très-saillant, horizontal, bilobé, qui ne renferme qu'une rare et belle espèce d'Australie (P. castanea), en entier d’un brun marron, plus obseur par places et revêtue en dessous de poils grisätres, abondants. COLÉOPTÈRES. 67 Genre ACLOPUS, Erichs. (Lasiopus, Dej.), différant surtout du groupe précédent parce que le menton est entier, et dont l’abdomen est très-court : quelques rares espèces provenant de la partie méridionale du Brésil. —Un genre voisin est celui des Phænogantha, Hope (une espèce, Érichsonti, d'Australie). Genre CHASMATOPTERUS, Lepell. et Serv., dans lequel l’abdomen est de longueur ordinaire : ce sont de petites espèces propres à l’Europe méridionale, se trouvant quelquefois réunies en grande quantité sur les fleurs, brunâtres, avec les élytres plus claires, les téguments entièrement velus, et qui sont habituellement placées auprès des Amphicoma : nous citerons les C. hrtulus et villosulus, Illiger, du Portugal et de l'Espagne, et pülosulus, [lig., de ce dernier pays et du midi de l'Europe. — On en rapproche, comme nous l'avons dit précédemment, le groupe des Chaunanthus, Burm., qui ne renferme qu’une seule espèce (discolor, du Mexique). Fig. 68. — Heteronyx australis. Fig. 69. — Sericoides glacialis. Fig.70. — Omaloplia unguicularis. Genre STETHAPIS, Hope (Micronyx, Boisduval; Paranonca, Cast.), à languette cornée, soudée au menton, ayant une forte saillie sternale : une seule espèce (suturalis, Fabr.), ayant le faciès de certaines Rutèles, et provenant de la Nouvelle-Zélande. — Trois genres en sont voisins : Pyronota, Boisd. (Calonota, Hope), renfermant quelques espèces de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle- Zélande, dont la principale est le P. festiva, Fabr., très-remarquable par sa couleur d'un vert cuivreux avec des reflets opalins, et Colymbomorpha, Blanch., une seule espèce (lineata, d'Aus- tralie), qui, comme l'indique son nom générique, a un peu l'aspect d’un Colymbetes. — Xylony- chus, Mac Leay, un petit nombre d'espèces de la Nouvelle-Hollande. Genre HETERONYX, Guérin, qui, ainsi que les groupes qui vont suivre, ont, avec la languette cornée, soudée au menton, un labre court ou médiocre, presque horizontal, peu échancré et ne pré- sentant pas de saillie sternale, et qui offrent en propre des jambes antérieures courtes, larges, for- tement tridentées, à dent supérieure très-petite, les quatre jambes postérieures bicarénées ou spinu- sulées : des tarses gréles, longs, avec les crochets tantôt plus ou moins bifides au bout ou simples : ce genre, qui correspond à ceux des Silopa, Erichs.; Aplopsis, Blanch., et peut-être aussi Hostilina, Blanch.; et qui peut être partagé en Heteronyx, à neuf articles aux antennes, en Caulobius, Le Guillon, à huit articles antennaires, et en Colpocrania, Erichs., comprend un assez grand nombre d'espèces, toutes australiennes, de taille petite ou moyenne, oblongues ou convexes, à teinte uni- forme, ne variant que du brun noirâtre au ferrugineux (type, H. australis, Guérin). — Parmi les groupes nombreux voisins de celui-ci, et qu'on en rapproche, nous citerons ceux qui suivent : Euwrychelus, Blanch., une espèce d'Australie. — Odontria, White, auquel on peut joindre les Eu- soma, du même auteur, de la Nouvelle-Zélande. — Blachyphylla, Hombron et Jacquinot (Aplo- dema, Blanch.), deux espèces : l’une du Chili (magellanica), et l'autre de Bolivia (augustata). — Telura, Erichs., une espèce de Tasmanie. — Nepytis, Erichs., ne comprenant que le N. russula, du même pays que le groupe précédent. — Biphyllocera, White (Diphyllocera, Erichs.), une seule et rare espèce d'Australie. — Diophylla, Erichs., type unique, hispida, du Pérou. — Colpochila, Erichs., Blanch. (Sericesthis, Hope), quelques espèces d'Australie. — Aplonycha, Dej., et Colobo- stoma, Blanch., qui diffèrent peu du groupe précédent, et proviennent du même pays, de même que les Scitala, Erichs. — Liparetrus, Mac Leay, nombreux en espèces, tot tes d'Australie, de même 68 HISTOIRE NATURELLE. que le genre Comophorus, Blanch., qui n’est formé que d'une seule et petite espèce (testaceipennis), et que les genres Microthopus et Antomolus, Burm.— Heptamera, Blanch., une seule espèce (metallica), remarquable par son habitat, car, au milieu d'espèces australasiennes, elle provient de Madagascar. — Phytolæmu, Dej., une espèce (mutabilis, Solier), qui n’est pas rare dans le midi du Chili, et qui, par plusieurs de ses caractères, se rapproche des Rutélites, et principalement du genre Areoda, à côté duquel ce groupe est souvent placé par les auteurs. Genre SÉRICOIDES, Guérin, qui, avec les caractères des Hétéronyx, s'en distingue par son labre grand, vertical, bilobé, et qui comprend quelques espèces de l'Amérique du Sud, dont le type est le Melolontha glacialis, Fabr., du détroit de Magellan, remarquable par sa forme allongée et sa couleur d'un cuivreux violet obseur : M. Hope en sépare un genre Macrosoma. — D'autres genres, qui s’en rapprochent, sont ceux des Accia, Curtis, une espèce (lucida), de Patagonie. — Listronyx, quelques espèces du détroit de Magellan et du Chili; type, testacea, Fabr.— Maypa, Blanch., une espèce (chloroshcta), du Chili. — Dichelonyca, Harris (Anæretes, Dej.), une dizaine d'espèces de l'Amérique du Nord, et une seule (violaceipennis, Blanch.), propre à l'Amérique méridionale. 4° groupe, MacropacrviTes : à corps petit, allongé; à languette soudée au menton, qui est oblonqg-ovale, canaliculé ou quadrangulaire, sans sillon; à mächoires avec leur lobe externe denté; à mandibules un peu amincies intérieurement et à extrémité libre, arquée; à labre distinct, quoique court; à antennes ordinairement de neuf articles; à hanches antérieures coniques, saillantes; à tarses ayant leurs crochets parfois inégaux; à segments abdominaux non soudés ensemble, et les cinquième et sixième, mesurés ensemble, souvent plus grands que les autres. — Les Scarabéiens de ce groupe, tel que nous venons de le caractériser d’après M. Th. Lacordaire, ne se distinguent quel- quefois pas très-facilement de ceux qui constituent le groupe des Séricoïdes. Leurs habitudes sont peu connues : on dit cependant que quelques-uns d’entre eux, comme les Macrodactyles, sont diurnes, et se trouvent sur les fleurs, tandis que d’autres, les Ancvstrosomes, par exemple, sont crépusculaires. On en connaît une grande quantité d'espèces qui, toutes, à l'exception de celles du genre Dejeania, qui proviennent des Indes orientales, sont particulièrement propres à l'Amérique, et en particulier aux régions méridionales. Parmi les vingt-cinq genres qu’on y admet, on pourrait y former quatre divisions, ayant pour type les genres Macrodactyles, Dicranie, Céraspide et Philo- chlène. Genre MACRODACTYLE Macrodactylus, Latr., (Fam. nat. du règne animal, 1895), ayant surtout les tarses gréles, ciliés : quatre postérieurs très-longs, et tous à crochets longs, plus où moïns fendus au bout, les yeux oblongs, peu saillants; on en connait une trentaine d'espèces, à corps svelte et élégant, en rapport avec la gracilité de leurs pattes, d’assez petite taille, de couleurs va- rices, parfois métalliques et revêtues de poils disposés uniformément ou formant des lignes régu- lières sur les élytres : ces Insectes sont répandus dans toute l'étendue de l'Amérique et aux États- Unis; une des espèces, le M. subspinosus, Fabr., est regardée comme très-nuisible, car, certaines années, se multipliant outre mesure, elle attaque toutes les plantes, et plus particulièrement les arbres fruitiers, la vigne et les rosiers. — D'autres genres, voisins du précédent, sont ceux des : Schizochelus, Blanch., du Brésil; Chremastodus, Solier, du Chili, et Calodactylus, Blanch., ne comprenant que le C. tibialis, du Brésil. — Un autre groupe, surtout caractérisé par ses yeux ar- rondis, saillants, et par sa forme courte, carrée, plane en dessus, est celui des Isonychus, Manner- heim, comprenant des espèces abondantes des contrées intertropicales de l'Amérique méridionale, dont le type est l’I. sulphureus, à couleurs et disposition du corps rappelant le genre Hoplia On peut y joindre encore les Corminus, Microcrania, Hercitis, Burm., ete. Genre DICRANIA, Lepell. et Serv. (Carteronyx, Dej.), à pattes robustes, surtout les postérieures, à tarses médiocres, plus ou moins comprimés, à chaperon bidenté, ete., comprenant des espèces des plus anormales pour des Mélolonthides, toutes propres au Brésil, auxquelles on doit joindre les Monocrania, Cast., et peut-être les Liogenys, Guér.; on doit en rapprocher encore le groupe des Dasyus, Lepell. et Serv. Genre CÉRASPIDE, Ceraspis, Lepell. et Serv. (Encycl. méthod.), à stylet onguéal allongé; cor- selet muni à la base d'une dent placée dans l’échancrure de l'écusson; Insectes assez grands, cou- verts d’écailles serrces, ornés de couleurs formant un dessin varié, propres à l'Amérique du Sud, / £ Mig, 1 Hypselogenia concava QE COLÉOPTÈRES. 69 ayant pour type le C. bivulnerata, Germ. On joint dans une même division naturelle les genres : Ancistrosoma, Curtis, Scarabéiens de forme oblongue et très-robuste, d’un brun noirâtre brillant, propres aux parties occidentales du Pérou et de la Colombie. — Faula, Blanch., du Brésil. — Ma- nopus, Cast., une espèce (biguttatus), de Colombie. — Chariodemu, Blanch., quelques espèces de l'Amérique méridionale. — Dejeania, Blanch.; genre remarquable en ce que c’est le seul de cette division qui ne soit pas américain, espèce unique, D. alsiosiu, du Bengale. Genre PHILOCHLÆNIA, Blanch. (Rhizonemus, Dej.), à menton plus ou moins carré, non canali- culé; renfermant des espèces d'assez grande taille, assez robustes, de couleurs variables, souvent métalliques, particulières au Brésil (type, virescens, Dej.). — Des genres assez nombreux, tous bré- siliens ou au moins de l’Amérique du Sud, sont rangés dans la même division que les Philochlé- nies; tels sont les suivants : Demodema, Blanch., deux espèces. — Harpodactyla, Burm. — Ctenotis, Burm.— Anomalochilus, Blanch., une petite espèce (singularis). — Plectris, Lepell. et Serv., assez nombreux spécifiquement. — OEdichira, Burm. — Pseudoserica, Guérin, et Euryaspis, Blanch., groupes que l'on doit peut-être réunir au précédent. — Barybas, Dej. (Colporhina, Curtis), deux espèces seulement. — Ulomenes, Blanch., type unique, l'Hyporhiza hypocrita, Dej. — Rhinaspis, Perty (Mallogaster, Dej.), un bel Insecte cuivreux doré (Schranckii, Perty; metallica, Dej.). — Alvarinus, Dej., quelques espèces. — Anoplosiamus, Blanch., cinq à six espèces. — Blepharotoma, Blanch., ne comprenant. que le B. tarsalis. — Gama, Blanch., ayant pour type le Philochlænia grandicornis, Dej. — Chlænobia, Blanch., une assez grande espèce (ciliatipes). — Mallotarsus, Blanch., une seule espèce. 5° groupe, Cravipazrires : à languette soudée au menton, qui est quadrilatère; à mächoires ayant le lobe externe denté; à mandibules amincies à l'intérieur; à labre distinct, court; à palpes maxil- laires avec le dernier article grand, ovalawre, excavé ou sillonné en dessus; à tarses antérieurs dilatés et garnis de brosses en dessous chez les mûles : simpies ou un peu dilatés chez les femelles; à segments abdominaux non soudés ensemble. — Insectes de taille moyenne qui, d’après les habi- tudes de nos espèces européennes, doivent être crépusculaires et vivre dans l’intérieur du sol, et qui appartiennent à la faune méditerranéenne et l'Amérique du Sud. Le genre que M. Th. Lacordaire prend pour type de ce groupe est celui des CLAVIPALPES (Cla- vipalpus, Cast.; Ootoma, Dej.), Insectes de taille moyenne, brunâtres, de l'Amérique du Sud (types, C. Dejeanii, Cast.; O. clavipalpe, Dej.), et qui, par la simplicité de leurs tarses dans les deux sexes, est voisin des Philochlénies. — Les genres qui s’en rapprochent plus ou moins, mais qui ont les palpes dilatés dans les mâles, et parfois dans les femelles, sont les suivants : Liogenys, Guérin (Amphicrania, Dej.), que l’on peut partager en Liogenys propre et Pacavia, Curtis, suivant qu'ils offrent dix ou neuf articles aux antennes, qui sont riches en espèces, toutes de l'Amérique méridio- pale. — Pachrodema, Hilarianus, Homalochilus et Pachylotoma, Blanch., formés chacun sur un petit nombre d'espèces propres à la Patagonie et au Brésil. — Pachydema, Cast., dont on doit ne considérer que comme en étant de simples sections sous-génériques les groupes des Pachydema propres (Phlexys, Erichs., et Dasysterna, Dej., Rambur), Artia, Ramb., et Ootofia, Blanch.; ces Insectes, chez lesquels les tarses antérieurs sont seuls dilatés, et dont le dernier article des palpes maæillaires est ovale et impressionné, sont nombreux spécifiquement, propres à toute la faune méditerranéenne jusqu'aux iles Canaries inclusivement, de taille moyenne, de forme ovale ou oblongue, noirs ou brunâtres, avec les élytres sujettes à devenir rougeâtres ou fulvescentes; les femelles, comme dans beaucoup de Mélolonthides, sont plus massives que les mâles, tantôt ailées, tantôt aptères : on en décrit une vingtaine d’espèces, et, tout récemment, M. H. Lucas en a fait connaître quelques espèces nouvelles propres à l'Algérie : le type est la P. nigricans, Cast., du midi de l'Europe. -- Tanyproctus, Faldermann, se distinguant du groupe qui précède par le dernier ar- ticle des palpes maxillaires à peu près fusiforme, et renfermant deux espèces de la Russie méridio- pale (carbonarius et Persicus), et une de l'ile de Chio (Olivieri, Blanch.). — Tryssus, Erichs., groupe de l'Afrique australe, dont la place n’est peut-être pas ici, de même que celle du genre Trichiodera, Burm., du même pays, et ayant pour espèce unique le T. bicarinata. 6° groupe, MéLoonruires : à languette soudée au menton, qui est carré, mäâchoires ayant le lobe 70 HISTOIRE NATURELLE. anterne fortement denté; mandibules robustes, sans bordure membraneuse interne; labre très-sail- lunt, vertical, souvent très-échancré; hanches antérieures transversales; segments abdominaux soudés ensemble, avec la suture médiane presque constamment effacée. — Cette division comprend le plus grand nombre des Mélolonthides, et le genre typique de toute la famille, celui des Hannetons ou Melolontha; les espèces sont au moins de taille moyenne, parfois très-grandes : elles sont phyl- lophages au plus haut degré; crépusculaires ou diurnes, et sont réparties sur toute la surface du globe, mais l'on doit noter que l'Australie et l'Amérique méridionale en renferment beaucoup moins que les autres contrées. Les coupes génériques de ce groupe peuvent être disposés dans trois divi- sions, dont les genres Diplotaxys, Rhizotrogue et Mélolonthe sont les types. Dans les premiers, le labre est en arc de cercle, les antennes ont une massue composée de trois articles, et les parapleures métathoraciques sont étroites, avec ies épimères petites ou nulles. On ne range dans cette division que trois genres, qui diffèrent assez notablement, et par leurs caractères et par leur faciès, des Rhizotrogues et des Mélolonthes, et qui sont peu nombreux en espèces, toutes étrangères à l'Europe. Ce sont les Diplotaæys, Kirby (Schizonycha, Dej.), de l'Amérique du Nord. — Apogonia, Kirby, de la côte occidentale d'Afrique, du Bengale et de quelques îles de la Polynésie. — Empecta, Erichs., de Madagascar. Dans les seconds, le labre est profondément échancré, les antennes ont pour la plupart des es- pèces une massue de trois articles; les parapleures métathoraciques sont étroites, avec les épimères petites ou nulles; la suture des segments abdominaux est effacée sur la ligne médiane. À ces carac- tères on pourrait ajouter, qu'à une ou deux exceptions près, les palpes labiaux sont insérés à la face inférieure du menton près des bords latéraux, et que les deuxième et troisième articles des antennes sont de la même longueur ou à peu près. On trouve des espèces de cette division sur tout le globe, mais elles sont surtout abondantes dans l'ancien continent; à en juger par les espèces de ce dernier pays, ce seraient des Insectes hypogés et crépusculaires. Le groupe typique est le genre RHIZOTROGUE (Rhixzotrogus, Latr., Faune nat. du règne ani- mal, 1825), fondé aux dépens des Melolontha des anciens auteurs, riche en espèces, que l’on a voulu partaëer en plusieurs groupes spéciaux : c’est ainsi que M. Th. Lacordaire y réunit les Amphimallus, Latr. (Amphimallon, Cast.; Amphimalla, Stéph.); Microdonta, Hope; Geotrogqus, Guérin-Méneville; Hoplochelus, Blanch., et Zanthemnia, Leach. Ces Rhixotrogus ont pour caractères : corps robuste; tête assez petite, à chaperon court, demi-circulaire, rebordé en avant; antennes de neuf ou dix articles, tes troisième et quatrième presque égaux, et les trois derniers formant une massue al- longée dans les mâles et ovalaire dans les femelles; menton plan, presque transversal; mächoires à lobe externe partagé en deux ou trois dents plus ou moins fendues; palpes ayant leur dernier ar- ticle en cône allongé dans les labiaux et ovalaire ou fusiforme dans les maxillaires; labre profondé- ment bilobé; corselet plus où moins transversal, de forme variable; écusson triangulaire; élytres ovales ou oblonques, tronquées à l'extrémité; pattes assez longues : hanches de la dernière paire garnies d'une lame membraneuse élargie au bord postérieur : jambes antérieures souvent tri- dentées, les quatre postérieures carénées dans leur milieu : tarses plus longs que les jambes, gréles, à crochets munis en dessous à leur base d'une dent petite, perpendiculaire; pygidium à décou- vert, mais de forme et de grandeur variables. — Les Rhizotrogus sont de taille moyenne, et parfois même assez grande; leurs formes, quoique robustes, sont assez variables, car les uns sont un peu déprimés en dessous, tandis que les autres sont, au contraire, convexes dans cette partie de leur corps. Leur coloration est assez sombre, et ne se compose que de fauve testacé, plus ou moins clair, uniforme ou varié de brunâtre; la plupart des téguments sont glabres ou n’offrent que quel- ques poils assez courts, mais la poitrine, et souvent la tête et le corselet, sont revêtus d'une villosité Imolle, plus ou moins abondante et plus ou moins longue. Les mâles sont en général plus petits que es femelles, et présentent sur l'abdomen et sous les pattes postérieures des cils assez forts. Dans quel- ques-uns, les Amphimalles de Latreille, les antennes n'ont que neuf articles (types, nos Rhixotroqus solstitialis, Linné; ruficornis, Fabr.; rufescens, Latr., ete.); dans les autres, les Rhizotrogues propres etle genre Haplochile de M. É. Blanchard, qui ne comprend qu’une seule espèce propre à Madagascar, les antennes présentent dix articles: c’est parmi ces dernières, qu’au milieu de beaucoup d'autres es- pèces, se rangent nos R. æquinoctialis, Fabr.; æstivus, Oliv.; pin, Fabr. (type du genre Microdonte); fraxinicola, Hagenb.; vernus, Germar, ete. Les Géotrogues, que l’on a cru devoir séparer des Rhizo- COLÉOPTÈRES. 71 trogues proprement dits, mais qui s’y réunissent par la transformation successive des caractères dans la série des espèces, sont remarquables par l'absence des ailes sous les élytres, celle des poils sur tout le corps, les différences de formes dans les deux sexes et les habitudes : en effet, les femelles de ces espèces, qui semblent exclusivement algériennes, vivent dans la terre, dont elles sortent peu ou peut-être pas, et les mâles se rencontrent marchant avec lenteur sur le sol. Du reste, les mœurs de nos Rhizotrogues d'Europe se rapprochent beaucoup de celles des Géotrogues: pendant le jour ils se tiennent cachés dans la terre, dans les troncs des arbres, sous les pierres, ete., n’en sortant qu’au crépuscule, moment où on les voit voler en grand nombre autour des arbres isolés, Les mâles, qui ne se rencontrent que rarement dans le milieu du jour, sont toujours beaucoup plus nombreux que les femelles. L'apparition de diverses espèces a lieu successivement, et, dans nos jardins publics de Paris, on peut voir dans les chaudes soirées que le solstitialis apparaît en grand nombre vers le mois de juin, tandis que l’æstivus le remplace un mois après. Les larves pro- duisent d'assez grands dégâts à nos cultures, car elles passent deux ou trois ans sous cet état, et, comme celles des Mélolonthes, dont nous exposerons les ravages, elles dévorent les racines des arbres, ainsi que l'indique le nom générique tiré des mots grecs : pr£os, racine, et +poy, je mange. C’est surtout dans les pays qui avoisinent la Méditerranée qu'ils sont spécifiquement plus nombreux que partout ailleurs; on les y trouve en abondance en Afrique, en Asie et en Europe : dans cette dernière partie du monde, ils s'étendent d’une part jusque dans les contrées moyennes et jusqu’au fond de la Sibérie. On n'en a pas trouvé dans toute l'Amérique; mais il y en a dans l'Afrique aus- trale, et une espèce a été signalée en Abyssinie. ÿ Fig. 71. — Rhisotrogus solstitialis. Fig. 72. —- Philochlænia lineaticollis. Fig. 73, — Leucothyrea æneicollis Des genres nombreux viennent se grouper auprès des Rhixotroqus; nous nommerons les suivants : Enaria, Krichs., deux espèces de Madagascar (melanictera et conspurcata, Klug. — Pegylis, Erichs., une espèce de Sennaar (morio, Blanch.), qui ressemble à une Rutélide. — Lasiopsis, Erichs., ayant pour espèce unique le Melolontha Henningü, Fischer de Wald., de la Russie. — Monotropus, Erichs., type, M. Nordmanni, Blanch., de la Russie méridionale. — Anonætus, Erichs., du Mexique. — Trematodes, Falderm., genre voisin des Rhizotrogues Géotrogues, com- prenant des espèces noirâtres répandues en Asie depuis l'archipel grec jusque dans la Mongolie, et ayant pour type le Scarabæus tenebricoides, de Pallas, chez lequel les crochets des tarses sont simples. — Ancylonycha, Dej., Blanch. (Phyllophaga, Harris), ayant les crochets des tarses dentés en dessous, la massue des antennes de trois articles, et la téte sans carène transversale, et présen- tant quelques particularités différencielles dont on s’est servi pour la création des genres Trotego- ptera, Blanch.; Trichester, Erichs.; Lachnosterna et Holotrichia, Hope, que M. Th. Lacordaire y réunit : les Insectes de ce genre, très-nombreux en espèces répandues dans une grande partie de l'Amérique et dans le continent asiatique, rappellent tout à fait, pour leurs formes générales et pour leurs habitudes, nos Rhixotrogus européens. — Phytalus, Erichs., ne différant des Ancylo- nyques que par les crochets de leurs tarses fendus au bout : quelques espèces américaines, qui se trouvent depuis le Mexique jusqu'au Brésil. — Listrochelus, Blanch., qui ont les crochets des tarses 4 HISTOIRE NATURELLE. pectinés dans toute leur longueur, une seule espèce, le L. Laportei, du Mexique. — Eugastra, Le Conte, genre propre à l'Amérique du Nord. — D'autres genres, à tête munie de une à trois carènes transversales, et se distinguant entre eux par la disposition des crochets des tarses, sont ceux des : Schixonycha, Dej., Erichs., d'Afrique et du Bengale. — Atys, Reiche, une espèce (A. samenensis), d'Abyssinie. — Aplidia, Kirby, Hope, dont le type générique est le Melolontha transversa, Fabr., de l'Europe australe, et en général de toute la faune européenne, et qui comprend, en outre, des espèces particulières aux Indes orientales. — Brahmina, Blanch., deux espèces du Bengale. — Deux derniers groupes, remarquables par leur massue antennaire de cinq articles, sont ceux des : Gymnogaster, Blanch, sans saillie sternale, ne renfermant qu’une grande espèce de l’île Bourbon (buphthalmus, Dej.), et Xylonychus, Mac Leay, Blanch., ayant une saillie sternale : composé de quelques belles espèces d'Australie, un peu plus grandes que nos Hannetons d'Europe, de forme plus parallèle, pour la plupart d'un beau vert et revêtues de poils blanchàtres squamiformes, plus abondants en dessus qu’en dessous: ces divers caractères les ont fait ranger pendant longtemps parmi les Rutélides, d’où les a retirés M. Th. Lacordaire. Dans la dernière division, on range les groupes à labre profondément échancré; à massue anten- naire composée le plus ordinairement de trois articles; à parapleures métathoraciques larges, avec les épimères en général très-grandes ou au moins médiocres, et à suture des segments abdominaux effacée sur la ligne médiane. Très-voisins des Coléoptères qui forment la division précédente, ils s'en distinguent habituellement en ce qu'ils sont plus massifs, que leur taille est plus forte, et qu'ils sont moins crépusculaires. La plupart des espèces sont européennes et asiatiques, et beau- coup des genres appartiennent à Madagascar : deux espèces seulement sont propres à l'Amérique. Le nombre des groupes génériques est actuellement d’une vingtaine. Le type est le genre HANNETON ou MÉLOLONTHE (Melolontha, Fabr., Systema entomologica), qui a pour caractères : corps lourd, épais; tête petite; menton transversal, à partie ligulaire à peine rétrécie et sinuée en avant; mâchoires à lobe externe tridenté; palpes à dernier article des la- biaux ovalaire, et celui des maæxillaires oblong-ovale, impressionné; labre fortement bilobé; cha- peron en carré transversal, arrondi aux angles, plus fortement rebordé chez les mûles; antennes de dix articles, dont le troisième allongé : massue, composée de sept articles, plus où moins longue et feuilletée dans les mäles, et de cinq articles, petite et ovaluire dans les femelles; corselet transver- sal, arrondi sur les côtés, avec ses angles postérieurs distincts, souvent aiqus; élytres plus ou moins allongées, parallèles; jambes antérieures grèles, bidentées ou tridentées dans les mâles, uniquement tridentées dans les femelles, avec un éperon dans les deux sexes : jambes postérieures munies d'une petite saillie externe; tarses médiocres, offrant une petite dent en dessous près de leur base; méso- sternum triangulaire, un peu saillant; pygidium perpendiculaire, en triangle allongé, souvent prolongé en une saillie grêle et de forme variable. 5 Les Grecs donnaient le nom de Mydo)0v07 à un Insecte, sinon du groupe qui nous occupe, au moins d’un groupe voisin, plusieurs passages des anciens auteurs pourraient le démontrer, et nous nous bornerons à citer un vers d’Aristophane, dans sa comédie des Nuées, dont voici la traduction : .« Donnez l’essor à votre esprit; laissez-le voler où il voudra, comme le MéLoconrue attaché par la patte à un fil. » On voit que le nom de Melolontha, qui était appliqué par Linné à une de ces espèces de Scarabée, son Scarabæus melolontha, et qui à été transporté par Fabricius avec l'espèce typique au genre que nous étudions; on voit que ce nom a une étymologie certaine et facile à trouver. Mais l’étymologie du nom Hanneton est loin d’être aussi évidente : cependant il est probable, comme le dit M. Mulsant, que ce nom dérive du mot Alitonus, de la basse latinité, qui veut dire : qui jo du bruit en volant; de ce mot on aurait fait d'abord Halleton et ensuite Hanneton. Le genre Melolontha, de Fabricius, autrefois très-nombreux en espèces plus ou moins ep a été successivement restreint par les divers auteurs qui se sont succédé, et ne renferme plus aujour- d'hui qu'une petite quantité d'espèces qui, toutes, ont la plus grande analogie avec le Hanneton commun (Melolontha vulgaris). La grande saillie, simulant une tarière, qui termine l'abdomen dans cette SH e espèce et dans quelques autres, manque souvent, tantôt dans les deux sexes, tantôt dans les femelles seulement. Ce genre est exclusivement propre à l’ancien continent, et plus parti- culièrement à l'Europe et à l'Asie : hors de là on n’en connaît que deux espèces originaires des îles Philippines. Le Melolontha vulgaris, trop connu pour que nous en esquissions la description som - xl — Rhynocæla cornuta — Oxythirea amabilis Fix — Calometopus Sencagalensis COLEOPTÈRES. 75 maire, est répandu communément partout, et est presque toujours accompagné du M. hippocastani, Fabr., qui lui ressemble beaucoup, sauf la tête qui est rougeätre; le M. albida, Cast., couvert de poils blanchâtres, se trouve dans le midi de l'Europe, de même que le papposa, Illiger, et que le nigra, Waltl.; l'aceris, Ziegl., est propre à l'Allemagne. En dehors de l’Europe, le M. maurita- nica, Lucas, provient d'Algérie, etles M. Manillarum, Blanch., et sulcipennis, Cast., des îles Phi- lippines. Chez nous, les Hannetons, et spécialement le Melolontha vulgaris, le mieux connu de tous, dont nous croyons devoir donner complétement et presque exclusivement l’histoire comme étant à peu près la reproduction de celle de tous les Scarabéiens mélitophiles, commencent à paraître vers le milieu d'avril ou un peu plus tard, suivant que le printemps est plus ou moins précoce, et un mois ou six semaines après on n’en voit plus. La chaleur, qui donne de l’activité à beaucoup d'insectes, semble produire chez eux l'effet contraire; pendant le jour, ils restent comme engourdis, et se tien- nent accrochés aux feuilles, tandis qu'après le coucher du soleil ils se mettent en mouvement, Alors on les entend bourdonner de tous côtés, et on les voit traverser les airs avec une certaine rapidité; mais ils dirigent leur vol avec si peu de précaution qu'ils vont se heurter contre tous les corps qu'ils rencontrent, ce qui occasionne souvent de lourdes chutes. Ils sont donc crépusculaires, moins ce- pendant que les Rhizotrogues, car on peut parfois en prendre au vol pendant le jour. L'activité que ces Insectes montrent semble n’avoir pour but unique que de se rechercher mutuellement. Les mâles poursuivent les femelles avec beaucoup d'ardeur, et celles-ci se prêtent facilement à leurs désirs. Le mâle, dans l’acte de l’accouplement, est monté sur la femelle, qu'il tient fortement avec ses pattes de devant : ses organes reproducteurs sont armés de pinces qui saisissent avec beaucoup de force ceux de la femelle et s'en détachent difficilement. L'accouplement est assez long, car il peut se pro- longer de dix à vingt-quatre heures : lorsqu'il est terminé, le mâle lâche sa femelle, .et celle-ci le traine quelque temps à terre, renversé sur le dos, jusqu’à ce qu’il se détache tout à fait, et, bientôt après, il ne tarde pas à mourir d’épuisement. La femelle prolonge un peu plus son existence, mais seulement pendant le temps nécessaire pour assurer le sort de sa progéniture, car une fois la ponte faite elle expire également. Elle a soin, pour déposer ses œufs, de choisir une terre douce, légère et surtout bien fumée : à l’aide de ses pattes antérieures, armées de pointes robustes, elle y creuse assez rapidement et après le coucher du soleil, un trou profond de 0,10 à 0,20, et y place de vingt à trente œufs, et quelquefois plus, de forme ovalaire et de couleur jaunâtre. Les larves qui sortent de ces œufs sont ordinairement connues en France sous le nom de Vers blancs ou de Mans; leur éclosion a lieu un mois ou six semaines après la ponte, suivant la tempé rature extérieure. Elles sont oblongues, mais constamment courbées en deux, ce qui les oblige à se tenir sur le côté. Leur couleur est d’un blanc sale ou jaunätre. Les douze anneaux qui forment leur corps sont mous et ridés : les trois derniers, plus développés que les autres, ont une teinte noi- râtre due à la présence des excréments, que la transparence de la peau laisse voir. La tête, de cou- leur fauve, est grosse, arrondie, armée de fortes mandibules : les autres organes buceaux, ainsi que les antennes, sont bien visibles. Les pattes, au nombre de six, sont écailleuses, rougeûtres et plus longues que celles’ des autres Scarabéiens : elles sont moins propres à la marche qu'à s’accrocher aux racines dont la larve se nourrit. Les stigmates, au nombre de neuf de chaque côté du corps, sont entourés d'un cercle corné et de couleur rougeätre. Ces larves emploient habituellement trois ans et quelquefois quatre avant de parvenir à l'état d'Insecte parfait; mais il faut en déduire neuf mois d'hiver, qu’elles passent dans un état complet d’engourdissement, et six mois qui s’écoulent entre leur transformation en nymphe et la sortie de terre du Hanneton, de sorte que, dans le plus grand nombre des cas, le temps pendant lequel elles eroissent et se nourrissent, se réduit à quinze mois. Lorsque le froid se fait sentir, ces larves s’enfoncent dans le sol, où elles se pratiquent une loge pour y passer la-mauvaise saison. En remontant vers la surface de la terre, au printemps de chaque année, elles changent de peau, et, quand elles sont parvenues à leur entier aceroissement, c’est-à- dire vers le commencement de l'automne de la troisième année, elles s’enterrent encore plus pro- fondément qu'elles ne l'ont fait jusque-là, pour y subir leurs métamorphoses en nymphe. à vet effet, elles se construisent une coque en terre, de forme ovalaire, dont les parois, très-lisses mté- rieurement, sont consolidées par une viscosité qu'elles sécrètent, et non pas tapissée de soie, ainsi que cela a lieu dans beaucoup d’autres Coléoptères. La nymphe contenue dans cette coque n'offre cs 10 74 HISTOIRE NATURELLE. rien de bien spécial, et ressemble presque complétement à celle des autres Scarabéiens. L'Insecte parfait sort de sa prison vers la fin du mois de février et quelquefois même un peu plus tôt ou un peu plus tard; mais il est alors mou et jaunâtre, et attend que ses téguments aient acquis la dureté et la couleur qu'ils doivent avoir désormais, pour se frayer un chemin jusqu'à la surface du sol et arriver à la lumière, ce qui n’a lieu habituellement que vers le milieu ou la fin du mois d'avril, quoique l’on cite, ainsi que nous l’avons dit, des Hannetons sortis de terre beaucoup plus tôt, même au milieu de l'hiver, en raison de la douceur de la température. À peine hors de terre, les Hannetons prennent leur essor et vont s'abattre sur l'arbre le plus voisin; le Melolontha vulgaris, le plus souvent sur les ormes, de telle sorte que les fleurs de cet arbre sont regardées à tort par le vulgaire comme le pair du Hanneton; le M. hippocastani, non sur le marronnier, comme pourrait le faire supposer son nom, mais plutôt sur les chênes, ete. : au reste on doit dire que lorsque ces Insectes apparaissent en grand nombre, ils ne recherchent plus telle ou telle essence végétale, mais qu'ils deviennent polyphages. Le corps de ces Insectes est lourd, et, pour en alléger le poids, ils sont obligés d’enfler leur abdomen en y faisant pénétrer le plus d’air possible à l’aide de leurs stigmates : c’est dans ce but qu'on les voit élever et abaisser sue- cessivement leurs élytres, pendant plusieurs secondes, avant de déployer leurs ailes pour s'envoler. Nous avons donné les caractères extérieurs de ces Insectes, aussi ne reviendrons-nous pas sur ce sujet, mais nous devons dire quelques mots de leurs organes intérieurs ou de leur anatomie. Leur canal alimentaire est robuste; le ventricule chylifique est garni de franges formées par des vais- seaux hépatiques; l’intestin grêle est suivi d’un côlon; les vaisseaux biliaires forment des replis très-multiples, et quelques-uns sont frangés. L'appareil reproducteur des màles est très-développé : il est corné et articulé à la partie inférieure du corps; chaque testicule est formé par l'agglomération de six capsules spermatiques, orbiculaires, et munies chacune d’un conduit tubuleux qui s’insère vers leur milieu; deux sortes de pinces se trouvent extérieurement. Les organes reproducteurs des femelles, construits sur le plan de ceux de la plupart des Coléoptères, n'offrent rien de parti- eulier. M. Straus Durkeim a donné l'anatomie complète du Melolontha vulgaris. 2 Inactifs et immobiles en général pendant le jour, c’est pendant la nuit seulement que les Hanne- tons dévorent les feuilles des arbres. On s'aperçoit à peine de leurs dégâts dans les années où leur nombre est peu considérable, mais il n’en est pas de même dans celles où ils se montrent en grande quantité. Cela a lieu quelquefois accidentellement, et quelquefois aussi à des époques que l’on peut fixer d'avance, sans que pour cela on puisse en expliquer la cause d’une manière bien plausible. C'est ainsi que ces Insectes apparaissent en nombre immense tous les trois ans en France, tous les quatre ans, en Allemagne, etc. : cela est surtout applicable, dans nos environs, au moins, au Me- lolontha vulgaris, et aussi parfois au M. hippocastani, que nous avons vu plusieurs fois faire un grand mal dans la forêt de Fontainebleau; mais, dans d’autres pays, ce sont d’autres espèces qui produisent les mêmes phénomènes. Quand ils sont très-nombreux, on voit des parties entières de jardins ou de bois dépouillées de leur verdure par ces Insectes destructeurs, et présenter l'aspect de l'hiver au milieu de l'été. Les arbres qu'ils ont ainsi dénudés ne périssent ordinairement pas, mais ils sont plus ou moins malades, reprennent difficilement leur première vigueur, et ceux des vergers restent un an et même deux ans sans donner de fruits. Quoique ces Insectes aient un vol peu soutenu, et qu'en raison de cela ils soient assez sédentaires, il arrive néanmoins parfois qu'a- près avoir dévoré toutes les feuilles des arbres dans certains cantons, ils se réunissent en nombreuses troupes, de même que les Sauterelles, et se transportent à des distances plus ou moins considérables pour trouver une nouvelle nourriture. En 1688, dans le comté de Galway, en Irlande, ils formé- rent un nuage si épais, que le ciel en était obscurci l’espace d’une lieue, et que les paysans avaient peine à se frayer un chemin dans l'endroit où ils s'abattaient. On rapporte qu’en 1852, le 18 mai, à neuf heures du soir, une légion de Hannetons assaillit une diligence sur la route de Gournay à Gisors à sa sortie du village de Talmoutiers, avec une telle violence, que les chevaux, effrayés, obligèrent le conducteur à rétrograder jusqu’à ce village, pour y attendre la fin de cette grêle d’une nouvelle espèce. En mai 4841, au rapport de M. Mulsant, on vit des nuées de ces In- sectes traverser la Saône dans la direction du sud-est au nord-ouest, et s’abattre sur les vignes des environs de Mäcon; les rues de cette ville en étaient jonchées, et, à certaines heures, en passant sur le pont, il fallait faire autour de soi le moulinet avec un bâton pour n’en être pas couvert. Nous ne COLÉOPTÈRES. 75 pousserons pas plus loin ces citations, et nous nous bornerons à ajouter que M. E. Blanchard rap- porte que les Hannetons se montrèrent une fois en si grande abondance, dans les environs de Blois, que quatorze mille de ces Insectes furent recueillis par des enfants en quelques jours : ce qui nous semble bien croyable, car nous aurions pu jadis, à Fontainebleau, recueillir une quantité au moins aussi considérable de Melolontha hippocastani et vulgaris en quelques heures seulement. Si les dégâts produits par les Hannetons à leur état parfait sont grands et bien regrettables, ils sont bien loin cependant de pouvoir être comparés à ceux produits par leurs larves qui, en raison de leur habitat, sont bien difficiles à atteindre. Grâce à l'instinct de la femelle, qui a eu soin de pondre ses œufs dans les terrains les mieux cultivés et les plus garnis de jeunes racines, les larves se trouvent abondamment pourvues de nourriture au moment où elles sortent des œufs, quoique alors, selon M. Mulsant, et pendant les premiers jours de leur existence, elles ne se nourrissent que de parcelles de fumier et de détritus végétaux. Pendant les quatre ou cinq premiers mois qui sui- vent leur naissance, et jusqu'à leur première mue, elles restent réunies en familles; mais, après l'hiver, pendant lequel elles ont eu la précaution de s'enterrer pour se mettre à l'abri de la gelée, le besoin d’une nourriture plus abondante les force à se disperser. C’est alors qu’elles pratiquent des galeries souterraines dans toutes les directions, sans s'éloigner toutefois beaucoup du lieu de leur naissance : dès ce moment, elles commencent à attaquer plus particulièrement les racines qu'elles trouvent à leur portée, et leurs dégâts augmentent avec leur grosseur et la force de leurs mandibules : toutes les racines leur Sont bonnes, quoiqu’elles semblent préférer celles des fraisiers, des salades et des rosiers. Les ravages occasionnés par ces larves dans les terrains qui en sont in- festés sont quelquefois incalculables : on a vu des maraichers entièrement dévastés, des jardins saccagés, des champs de luzerne détruits en entier ou par parties, des prairies d’une grande étendue jaunir et rester sans produit, des pièces d'avoine blanchir et périr sur pied avant la maturité, le quart, le tiers, et jusqu’à la moitié des épis de blé ou de seigle tomber sous la main du moisson- neur avant d’être coupés, ete. Mais ces larves voraces ne bornent pas leurs dégâts à la destruction des plantes herbacées : à mesure qu’elles eroissent en âge et en force, dans la dernière année de leur vie surtout, elles attaquent aussi les végétaux ligneux, arbres ou arbrisseaux; leur corps paraît, assure--on, avoir été courbé en are pour embrasser plus aisément les racines qu’elles veulent dé- vorer; dès que les racines latérales d'un jeune arbre ont été rongées par elles, on voit pendre, des- séchées, les pousses nouvelles qui leur corresgondent; mais elles s'en prennent aussi à la racine principale, et causent parfois la mort de l'arbre. D'après M. Deschiens, on a vu six hectares de . glandée trois fois semés dans l’espace de cinq ans avec une réussite parfaite être autant de fois entièrement détruits par ces larves : tel pépiniériste éprouva, par leurs ravages, des pertes supé- rieures au montant de toute une année de contributions communales; tel autre ne conservait à peine que la centième partie des plantes qu’il possédait. D’après M. Ratzeburg, un semis considérable de bois a été détruit, en 1835, dans les dépendances de l'institut forestier du royaume de Prusse; et, suivant le témoignage de M. Megerinck, plus de millemesures de pins sauvages ont été dévastées dans la forèt de Kolbitz, etc. Les larves de Hannetons s’attaquent parfois aux pieds des vieux arbres des jardins et des vergers en assez grande quantité pour occasionner leur mort; et l’on assure qu'on en a trouvé près d’un décalitre autour d’une même souche. Ces larves résistent à des fléaux qui sembleraient devoir les anéautir;, c’est ainsi que les inondations qui ont dévasté les bords de la Saône il y a une dizaine d'années n’ont eu aucune influence funeste sur elles, et que des terres et des prairies restées quatre à cinq semaines sous l’eau n’en ont pas été débarrassées. Ge qui est véritablement nuisible à ces Vers destructeurs, et ce qui fait périr aussi beaucoup de Mélolonthes à leur état parfait, ce sont les gelées tardives qui surviennent en avril et en mai, après un temps doux, et alors qu'ils sont presque à la superficie du sol : mais malheureusement les mêmes causes sont très-nuisibles aussi aux plantes et aux arbres qui sont alors en pleine végétation. La nature a cherché, quoique bien faiblement, à limiter le nombre de ces êtres, en leur donnant quelques ennemis dans le règne animal même : c’est ainsi que les grandes espèces de Carabiques, à tort détruits par les jardiniers, dévorent un grand nombre de Hannetons, tant à l’état de larve, qu'à celui d’Insecte parfait, et qu'ils ont aussi pour ennemis quelques Mammifères insectivores, carnassiers ou rongeurs, tels que les Musa raignes, les Fouines, les Belettes, les Rats; quelques Oiseaux, Reptiles et Amphibiens, ete, On a 76 HISTOIRE NATURELLE. cherché les moyens de se débarrasser d’un ennemi aussi dangereux pour l'Homme, et l'on a proposé piusieurs moyens, qui, d'abord préconisés comme excellents, ont été démontrés plus tard insuffi- sants et inutiles; aussi ne croyons-nous pas devoir les rapporter, et nous bornerons-nous à indiquer ce que dit Duponchel à ce sujet. «Il n'existe, à notre avis, qu’un seul moyen qui pourrait être em- ployé avec succès pour la destruction des Hannetons, si une loi Je rendait obligatoire pour tous les propriétaires de terrains envahis par ces Insectes destructeurs. Ce serait de faire en grand, pendant le temps de l'apparition des Hannetons, du 15 avril au 15 juin, ce que les enfants font en petit lorsqu'ils veulent s'en procurer pour leur amusement, c’est-à-dire de secouer fortement les branches sur lesquelles les Hannetons sommeillent pendant le jour, et de recueillir tous ceux qui en tombe- raient pour les faire périr n'importe par quel procédé. Ce moyen est bien simple, et la seule objee- tion qu’on puisse y faire, c’est qu'il exigerait l'emploi de beaucoup de bras dans les localités d’une grande étendue; mais, dans tous les cas, il serait plus efficace et moins dispendieux que tous ceux qu'on pourrait employer pour la destruction des larves : plus efficace, en ce que la mort d'une seule femelle avant la ponte empêche la naissance de trente larves au moins : moins dispendieux, en ce que, pour atteindre celles-ci, on est obligé de bouleverser les terrains qui les recèlent, c’est-à-dire d'employer un remède pire que le mal, attendu qu'elles se tiennent de préférence dans les terrains les mieux cultivés et en plein rapport. » Ce procédé, mis en usage par quelques préfets qui font payer sur les fonds communaux les décalitres de Hannetons recueillis, et qui doivent être détruits, ne nous semble pas lui-même à l’abri de quelques critiques; peur ne faire qu'une seule objection, nous dirons seulement que, si par le moyen proposé on peut diminuer le nombre des Mélolonthes des endroits cultivés, on ne peut agir de même pour ceux qui vivent dans les forêts, car la cueil- lette de ces Insectes y est à peu près impossible, et que dès lors, s'il en reste dans les bois, ils auront bientôt envahi de nouveau les champs cultivés. L'industrie a cherché à tirer parti d’un être aussi commun que le Hanneton; d'après M. Farhas, on est arrivé à extraire du corps de cet Insecte, à l'aide d’une forte ébullition, une sorte d'huile qui sert, en Hongrie, à graisser les essieux de voitures; selon M. Mulsant, on serait également par- venu à utiliser, pour la peinture, le liquide noirâtre que renferme l'æsophage de ce Coléoptère; enfin dans les basses-cours on nourrit parfois les pores et les volatilles, qui en sont très-friands, avec des Hannetons. Malheureusement, sauf la dernière application, qui ne se rapporte guère qu'aux larves et rarement aux Insectes à l’état parfait, les deux autres industries semblent avoir été abandonnées comme trop peu productives. Cela est malheureux, car ne retiràt-on par ce moyen qu'une très-faible compensation des immenses dégâts que nous causent les Hannetons, il pour- rait en sortir un grand bien : car si les Hannetons étaient bons à quelque chose, on les recher- cherait avec soin, et dès lors le nombre en diminuerait bientôt considérablement, et l'agriculture en serait améliorée. On a voulu nous présenter les Hannetons comme nous étant parfois utiles en dévorant les Ghenilles : mais cette assertion est tout à fait dénuée de fondement, et s'ils nuisent aux Chenilles, c'est parce qu’en dévorant les feuilles des arbres, ils leur enlèvent leur nourriture; mais jà il y a réciprocité, et le résultat final est doublement nuisible à la végétation. Après cette digression, que l'importance du sujet nous a engagé à présenter, nous devons revenir à l'indication des groupes génériques qui doivent être placés auprès des Melolontha. Les genres européens sont les suivants : Anoæia, Cast. (Catalasis, Dej.), se distinguant des Mélo- lonthes par ses michoires munies de six dents aiguës, par ses antennes à massue de cinq articles, et par des caractères tirés de la structure des pattes : la plupart des espèces sont revêtues en dessus de poils formant assez souvent des bandes maculaires blanches ou jaunâtres: toutes paraissent crépusculaires ou nocturnes, et sont répandues depuis le pourtour de la Méditerranée jusque dans la Sibérie méridionale : telles sont parmi nos espèces du midi de l’Europe : les Anoæia australis, Schœnh.; pilosa, Fabr.; orientalis, Cast.; scutellaris, Mulsant : une espèce (indica, Blanch.), pro- vient de l'Hindoustan, enfin quelques espèces asiatiques, qui se distinguent par la présence de fossettes sur le corselet, constituent le genre Cyphonotus, Fischer de Waldheim. — Polyphylla, Har- ris: groupe intermédiaire entre les Melolontha et les Anoxia, dans lequel la massue antennaire des mûles, composée de sept articles, est petite, ovalaire, et celle des femelles n'ayant que cinq articles, ete. : on n’en connaît qu'une dizaine d'espèces généralement plus grandes que le Hanneton commun, chez lesquelles la vestiture est spéciale : en dessous la poitrine seule est villeuse, l’abdo- COLÉOPTÈRES. 77 men et les pattes en partie et le dessus du corps sont revêtus de petites écailles pilifères qui forment des marbrures, des bandes et parfois un revêtement uniforme sur les élytres; le type est le Hanxeron FOULON, Melolontha fullo, Fabr., la plus grande et la plus belle espèce européenne du groupe : d'une teinte noire avec des points blancs, qui a les habitudes du M. vulgaris, est répandue partout, mais très-inégalement, dans toute l’Europe et l'Algérie, qui se trouve principalement dans les localités sablonneuses et les dunes des bords de la mer, où leurs larves se nourrissent des racines des plantes salées, ce qui explique pourquoi on les rencontre parfois, quoique plus rarement, dans l’intérieur des terres, dans les terrains salés : d'autres espèces habitent l'Asie, le nord de l'Afrique, et l'Amé- rique dans le Mexique et les Etats-Unis. Fig. 74, — Melolontha vulgaris. Fig. 75. — Polyphylla rubesrens. Fig. 76. — Melolontha sulcipennis. (Mâle.) {Femelle.) Tous les autres genres sont exotiques; tels sont les: Rhopea, Erichs., dans lequel, comme dans les groupes précédents, le troisième article antennaire est plus grand que le quatrième : une espèce d'Australie (Verreauxii, Blanchard). — Oplosternus, Guérin (Hoplosternus, Blanch.), dans lequel la saillie sternale commence à se prononcer, quoique moins que dans le genre suivant : des espèces de la Chine et de l'Hindoustan. -— Euthora, Eriéhs., une espèce (chlorodema, Blanch.), de Mada- gascar. — Megistophylla, Burm., une espèce de Java (Junyhuhmii). — Holophylla, Burm., une espèce (furfuracea), de la Nouvelle-Hollande. — Encya, Dej., Blanch., quelques espèces malgaches. — Hypopholis, Erichs., une espèce (Sommeri), de Natal. — Coneopholis, Burm., ne renfermant également qu’une seule espèce. — Leucopholis, Dej., Blanch., une dizaine d'espèces de Sumatra, des îles Philippines, ete. — Psilonychus, Burm., une seule espèce (rhabdopholis). — Proagoster- nus, Blanch., deux grandes espèces de Madagascar. — Lepidiota, Hope, des Indes orientales. — Tricholepis, Blanch., ne différant probablement pas du groupe précédent, et ne comprenant qu’une seule espèce, propre à Madagascar. — Eucirrhus, Melly, une belle espèce (E£. Mellyi, Guérin), de Ceylan. — Lachnodera et Goniopholis, Erichs., ete. 7° groupe, celui des MacroPayccires, renfermant des espèces peu nombreuses, particulières à l'Afrique, à l'Australie et à la Polynésie, d'assez grande taille, remarquables par l'abondance et la longueur des poils dont elles sont revêtues, qui envahissent la tête et le corselet, et ne laissent que les élytres de glabres, et qui ont pour caractères: languette soudée au menton, qui est large, presque quadrangulaire; mâchoires à lobe externe denté; mandibules sans bordure membraneuse interne; labre distinct; hanches antérieures transversales; segments abdominaux non soudés en- semble; parapleures métathoraciques larges, avec les épimères grandes. Genre principal, MACROPHYLLA, Hope (Ægostheta, Dej.), qui, comme le groupe suivant, a la massue antennaire composée de trois articles seulement, et qui se compose de quelques espèces du cap de Bonne-Espérance et de la côte de Guinée, sont assez grandes, médiocrement épaisses, un peu déprimées en dessus, et de forme assez large. — Onochæta, Erichs., ayant pour type le M. porcata, Schoënh, de l'Afrique australe. — Leontochæta, Erichs. (Leocæta, Dej.; Cephalotrichia, Hope; Sparmannia, Cast.), qui appartient à la série des groupes dans lesquels la massue antennaire est 78 HISTOIRE NATURELLE. composée de six à sept articles, ete., et a pour espèce unique le M. alopex, Fabr., le plus velu de tous les Mélolonthides, et qui est particulier au cap de Bonne-Espérance. — Trichiodera, Burm., une espèce, le M. bicarinata, Schranck. — Sebasis, Cast., une espèce (palpalis), du Cap. — Eury- phylla, Lacordaire (Polyphyllum, Blanch.), une seule espèce (rubescens), propre aux îles Salo- mon, à laquelle on doit peut-être joindre le genre Holophylla, Erichs., d'Australie. 8° groupe, celui des Pacuyponrres, offrant pour caractères : menton petit, plus ou moins convexe en dehors, rétréci en avant; mâchoires à lobe interne tout à fait atrophié; mandibules petites, la- melliformes, trigones, obtuses au bout; labre distinct; hanches antérieures coniques, Saillantes; segments abdominaux tmbriqués, non soudés ensemble; parapleures métathoraciques étroites, avec les épimères petites ou nulles. Ces Insectes, de taille généralement moyenne, propres à la faune mé- diterranéenne, à l'Afrique et à l’Australie, et dont un seul genre habite l'Amérique, se distinguent surtout par l’atrophie de leurs organes buccaux, sont nocturnes et crépusculaires, se bornent à attaquer les parties les plus molles des végétaux,«et l’on peut même se demander si elles prennent aucune nourriture, et si leurs fonctions, à l’état parfaitgne se bornent pas uniquement à l’acte de la reproduction. : Genre typique, PACHYPE (Pachypus, Latreille, Règne animal, t. IV, 1832), remarquable par ses pattes robustes; hanches antérieures très-fortes; cuisses postérieures très-grosses; jambes anté- rieures fortement bidentées : les autres dilatées et tronquées à leur extrémité, fortement unicarénées dans leur milieu, et ciliées; tarses très-longs, à crochets médiocres, simples, et par ses élytres courtes, planes sur le disque, fortement et graduellement rétrécies en arrière, isolément arrondies au bout chez les mâles, tandis qu'il n'y a pas d’élytres ni d'ailes inférieures dans les femelles, et que les tarses sont courts : ce sont des Insectes remarquables, dont les màles ressemblent aux Dy- nastides, et dont les femelles, comme les Driles et beaucoup de Lampyres, sont complétement privés d'organes du vol. Selon les observations faites en Sicile par M. Grohmann, ces femelles se creusent au pied des oliviers des trous qu’elles ne quittent jamais, tandis que les mâles voltigent le soir, et plus rarement le matin autour de ces arbres, aux feuilles desquels ils se tiennent accrochés pendant le jour. On n’en connaît que quatre espèces, répandues autour de la Méditerranée, de taille moyenne, noires, avec les élytres parfois en partie rouges, et dont la synonymie est assez compliquée : ce sont les Pachypus cornutus, Oliv., de Corse et de Sardaigne; excavatus, Fabr.; de Naples et de Calabre; impressus, Erichs., des îles méditerranéennes et d'Algérie, et cæsus, Erichs., des mêmes pays que la dernière, ainsi que d’Espagne et des environs de Bayonne. — Un genre, Metascelis, Wést., ne renfermant qu'une seule espèce, dont la patrie est inconnue, est très-voisine des Pachypus, mais présente neuf articles aux antennes, dont trois pour la massue, au lieu de huit, sur lesquels la massue en compte cinq. Les autres genres, dans lesquels les élytres ne sont pas rétrécies en arrière, sont les suivants : Elaphocera, Gené (Leptopus, Dej.), chez lequel les pattes sont médiocrement robustes, dont le corps est moins court et moins ventru dans les mâles que dans les femelles, et qui renferme une ving- taine d'espèces propres au pourtour de la Méditerranée, sauf à la France, de taille moyenne, d’un brun marron uniforme plus ou moins brillant, avec les pattes parfois testacées et des poils blonds, roux ou grisètres en dessous du corps; le type est l'E. obscura, Gené, propre à la Sardaigne. — Achelyna et Prochelyna, Erichs., groupes, le premier du Cap et le second d'Australie, ne diffé- rant guère que des Élaphocères. — Pachycolus, Erichs., une espèce de Madagascar. — Clitopa, Erichs., deux espèces, l’une de Mozambique, et l’autre de Natal. — Achloa, Erichs. (Nanarcta, Blanch.), deux espèces de Cafrerie. — Hadrocerus, Guérin (Pachycerus, Guérin), une espèce (castaneipennis), incomplétement connue, et propre au Brésil. — Leuretra, Erichs., une seule es- pèce (pectoralis), intéressante surtout par son habitat, car elle est américaine et provient du Pérou. 9° groupe, enfin les Eucminires, qui ont la languette petite, bilobée, soudée au menton, qui est large et allongé; mächotres à lobe externe corné, pénicillé, pluridenté; mandibules petites, lamel- liformes, largement membraneuses en dedans, cornées en dehors; labre saillant; pattes antérieures dissemblubles selon les sexes : très-grandes dans les mâles : hanches de la même paire transversales; segments abdominaux non soudés ensemble. Ces Insectes, de grande taille, et tous propres aux Indis Fig. 1. — Phyllotocus erythropterus Pis 2 — Dicentrinus femorali Fo. #4 — Phophulla fascialipennis Fig D. — Cheramnanthus discolor COLÉOPTERES. 79 orientales, à l'exception d'une espèce qui habite les confins de l'Europe et de l'Asie, sont des plus difficiles à classer : tantôt on en a fait une tribu particulière, tantôt on les a réunis aux Dynastides, aux Cétonides et aux Mélolonthides : ce que nous faisons, à l'exemple d'Erichson et de M. Th. Lacor- daire. On peut les ranger dans deux genres principaux : 1° EUCHIRUS, Kirby, Burm., dans lequel on réunirait les Macrochirus, Perty; Porcopus, Cast., et Cheirotonus, Hope, qui ne comprend que trois espèces, des Indes orientales, dont la plus connue est le C. Mac-Leayi, Hope, le plus beau Scara- béien découvert jusqu'ici, habitant l'Himalaya, et qui, suivant M. Hulton, se rencontre en société avee des Lucanus, recueillant la séve qui découle des arbres, et se métamorphosant dans les troncs vermoulus du Quercus incana, et 2° PROPOMACRUS, Newmann, ne comprenant qu'une seule es pèce (bimucronatus, Pallas), assez grande, d'un brun peu brillant, s’éclaircissant sur les élytres, avec le dessous du corps garni de longs poils d’un roux clair; se trouvant, mais très-rarement, aux environs de Constantinople et dans diverses parties de l'Asie Mineure, où elle vit dans l'intérieur des troncs vermoulus des vieux chênes, et ne provenant pas des Moluques, comme on l’a dit à tort. Fig. 77. — Elaphocera barbara. Fig. 78. — Pachypus excavalus. Fig. 79. — Lipavetrus basalis 4° tribu, Rurérres : corps robuste; tête petite; languette cornée, soudée au menton; mandibuies cornées, ayant souvent intérieurement une courte et étroite membrane ciliée; labre distinct, libre; antennes de neuf à dix articles : à massue triarticulée; crochets des tarses inéqaux : les externes habituellement fendus au bout; épimères métathoraciques constamment visibles, médiocres, tri- gones; les trois dernières paires de stigmates abdominaux fortement divergents en dehors. Les Rutélites offrent de très-crands rapports avec les Mélolonthites, cependant quelques-uns d'entre eux tendent à établir le passage aux Scarabéites ou Dynastites. La bouche est robuste dans toutes ses parties. Le menton, dans la grande majorité des cas, est quadrilatère, arrondi sur les côtés : la languette lui est réunie, et les palpes sont insérés très-haut; dans quelques cas, comme dans les Anoplognathus et les Geniatis, le menton se rétrécit brusquement et forme une saillie assez prononcée. Le lobe interne des mâchoires est ordinairement muni de trois à six dents. Les mandibules ne dépassent presque jamais le chaperon. Le labre est généralement court, horizontal. La tête ressemble beaucoup à celle des Mélolonthides. Le corselet est habituellement dépourvu d'un rebord à sa base. Les élytres, qui recouvrent le corps en entier, sauf le pygidium, ont leurs bords postérieur et externe, tantôt munis d’une étroite bordure membraneuse, tantôt ne présentant pas cet organe. Les pattes sont parfois assez fortes. Les hanches, dans la majorité des espèces, sont très- transversales et enfouies dans la cavité cotyloïde. Les jambes de devant n’ont qu'un seul éperon. Les tarses, chez plusieurs Rutélites, tels que les Anomala, Rutela, ete., sont robustes, rigides, d'un diamètre égal dans toute leur longueur, sauf le dernier article : leurs crochets sont inégaux. Les segments ventraux sont libres, excepté dans les Phénomères, chez lesquels ces segments sont soudés ensemble. Les épimères métathoraciques ne varient pas, mais il n'en est pas de même pour celles du mésosternum, qui présentent des dispositions particulières suivant les groupes. Il n'y a pas 80 HISTOIRE NATURELLE. d'organes de stridulation. Les différences sexuelles sont peu prononcées : toutefois dans quelques Géniates mâles le corselet est excavé en avant, et le front est muni d’un tubereule conique. Les Rutélides sont en général des Insectes de taille moyenne, dont le corps est assez robuste, et, sous ce rapport comme sous beaucoup d’autres, ils se rapprochent beaucoup des Mélolonthides. Plusieurs espèces exotiques, surtout dans les groupes des Anomala, Rutela et Anoplognathus, ainsi que dans les genres qui en ont été démembrés, rivalisent par l'éclat de leur livrée, qui brille souvent des plus belles couleurs métalliques, avec les Coléoptères que la nature a le plus favorisés sous ce rapport; mais nos espèces européennes sont loin d’être aussi remarquables par leurs teintes géné- rales, et sont habituellement de couleurs uniformes : brunâtre, verte, noire, etc. Presque tous sont diurnes, et se rencontrent posés sur les fleurs et les feuilles, ou voltigeant autour des végétaux pendant la chaleur du jour; d’après M. Th. Lacordaire cependant, les Geniatis, dans l'Amérique méridionale, paraissent presque tous fuir la lumière, et se réfugient, aussi longtemps que le so- leil est à l'horizon, dans les cavités des vieux arbres. L'histoire des métamorphoses de ces Insectes est à peu près inconnue, car les quelques détails que l'on a sur leurs premiers états sont loin d’être suffisants pour qu'on puisse les regarder comme véritablement scientifiques. MM. Chapuis et Candèze cependant ont figuré la larve de la Pelidnota punctata, mais sans la décrire : suivant M. Harris, cette larve vit dans le bois décomposé et les vieilles souches des arbres. Enfin, antérieurement M. Guérin-Méneville avait annoncé dans la Revue zoologique de 1844 que M. Niéto avait fait la découverte de plusieurs larves et d’une nymphe de la Chrysina macropus, dans le tronc d’un figuier, mais la description en est malheureusement restée inédite. Les Coléoptères de cette tribu se rencontrent dans toutes les parties du monde, mais l’on peut dire que l'Amérique surtout et ensuite l'Australie en renferment le plus grand nombre des es- pèces. Le genre Adorus et quelques autres groupes sont exclusivement propres à l'Afrique et aux Indes orientales; les Anomales et de nombreuses subdivisions qui en sont voisines ont seuls des re- présentants partout, et notamment en Europe. Les anciens naturalistes, et même Latreille et Mac Leay, distribuaient les Insectes de cette tribu assez loin les uns des autres dans la division des Lamellicornes. M. Burmeister (Hand. der entom., tome ÎV), le premier, a constitué cette tribu et y a formé quatre groupes secondaires, et M. Th. La- cordaire (Genera des Coléoptères, tome III, 1856) a donné un résumé complet des travaux des au- teurs qui l'ont précédé, a fait connaître les caractères des soixante à soixante-dix genres qui entrent dans la tribu, et y a formé six groupes qui répondent aux genres: Anatista, Anomala, Phænome- ris, Rutela, Anoplognathus et Geniatis, et aux subdivisions qui s’en rapprochent plus ou moins. C’est cette dernière classification que nous suivrons. Genre ANATISTA, de Brême (Ann. Soc. ent.de Fr., 1844), groupe se rapprochant beaucoup des Mélolonthides, et ayant pour caractères : labre court, épais, arrondi antérieurement; mâchoires à lobes lamelliformes, inermes; antennes de dix articles, à massue très-grande et très-large dans les males; élytres garnies d'une bordure membraneuse externe. Une seule espèce (A. Lefeburei), re- marquable par sa taille et sa beauté, et qui a été pris le soir au vol, sur le Quindia, dans les Andes colombiennes, par Justin Goudot : d’un brun rougeûtre brillant, avec des reflets verts en dessus : d'un vert métallique en dessous; élytres ponctuées, rugueuses, irrégulièrement striées. Genre ANOMALA, Kæppe, in Samæl (The Entom. usef. Comp., éd. 1; Euchlora, Mac Leay, Horæ entomologicæ, 1. 1, 4829), chez lequel les épimères mésothoraciques sont recouvertes; les élytres non échancrées à la base; le chaperon non acuminé ni retroussé, arrondi ou parabolique, rarement tronqué; massue des antennes lonque dans les mâles, oblonque-ovale dans les femelles; pattes plus où moins robustes, mais qui se distingue surtout par des caractères négatifs, tels que les suivants : chaperon non muni d'une saillie en avant, comme dans les Rhinyptia, Dinorhina et Anisoplia; les pattes postérieures pas beaucoup plus fortes que les antérieures, contrairement à ce qui a lieu dans les Phyllopertha, ete. Les Anomala renferment de nombreuses espèces, répandues dans toutes les parties du monde, de taille moyenne ou assez petite, chez lesquelles le faciès et presque tous les organes sont très-variables, mais dont la forme est généralement assez courte, plus ou moins ova- laire, avec leur surface supérieure, et assez souvent aussi l'inférieure, glabres. MM. Hope, de Cas- telnau, Burmeister et Blanchard ont formé plusieurs coupes génériques parmi les Anomala, et, en COLÉOPTÈRES. 81 outre, le dernier auteur que nous venons de citer, forme quinze subdivisions dans ce genre, tandis que M. Burmeister n’en indique que neuf. Pour M. Th. Lacordaire, il réunit aux Anomales les genres qui suivent, et qui ne se distinguent que par quelques légers caractères tirés principalement des tarses des jambes : Rhinoplia, Burm., groupe qui, comme les deux suivants, comprend des es- pèces presque entièrement glabres, se ressemblant beaucoup par leur taille, leur forme générale, leur couleur testacée ou brunâtre, et même un peu par la structure de leurs téguments : une douzaine d'espèces indiennes et africaines (type. A. dorsalis, Fabr.); Heteroplia, Burm., un petit nombre d'espèces indiennes; Hoplopus, Cast.; des espèces africaines, dont la plus connue est l'A. atriplicis, Fabr., assez commune en Algérie; Rhombonyx, Hope, à forme robuste, crochets tarsiens simples : une dizaine d’espèces, propres à l'Europe, à la faune méditerranéenne et à la Sibérie, parmi les- quelles nous prendrons pour type l'A. Junii, Dufts., qui est assez peu rare; Anomala, Burm., compre- nant des espèces d'Europe (type, À. Frischii, Fabr.), d’Asie, d'Australie, d'Afrique et surtout d’A- mérique; nos espèces européennes qui, dans certaines années, multiplient beaucoup et deviennent assez nuisibles, paraissent vivre principalement aux dépens des feuilles des végétaux : quelques-unes cependant (horticola, campestris, ete.), se trouvent habituellement sur les fleurs, et l'A. devota vit cachée dans le sable : les mäles sortant vers quatre heures de l'après-midi pour aller à la re- cherche de leurs femelles, qui se montrent une heure plus tard, et restent sur le sol ou se posent sur les tiges des Graminées; Adoretosoma, Blanch., deux espèces du Bengale; Spilota, Dej., Burm., de l'Amérique du Nord, de Java, ete.; Pachystethus, Blanch., une espèce (Popilia vidua, Newm.), du Mexique; Callistethus, Blanch., une espèce du Bengale; Euchlora, Mac Leay, de grandes et belles espèces répandues dans le continent indien et dans ses divers archipels, jusqu'au Japon in- clusivement : type, À. viridis, Fabr., très-commun en Chine : on a rangé dans la même subdivision quelques espèces particulières à l'Europe, et surtout l'Anomala vitis, Fabr., dont les larves font, principalement dans le midi de la France et lorsque les circonstances atmosphériques les favorisent, de grands dégâts dans les vignes en rongeant les racines de ces plantes utiles; Aprosterna, Hope, espèces asiatiques. - Fig. SJ. — Anomala (Euchlora) vitis. Fig. SI. — Anomala (Rhombonys) Junii. Fig. 82. — Anisoplia horticoru. Des genres qui se rapprochent plus ou moins des Anomala, sont ceux qui suivent : Mimela, Kirby (Paracrasis, Newm.), renfermant une vingtaine d'espèces pour la plupart ornées des cou- leurs métalliques les plus éclatantes, et habitant la Chine, le continent indien, Java, ete. — Sin- ghala, Blanch., une espèce (S. tenella), de File de Ceylan. — Popilia, Leach., Latr., groupe ren- fermant une cinquantaine d'espèces répandues depuis le continent indien et ses archipels jusque dans les parties méridionales de l'Asie et de l'Afrique, de taille moyenne, ayant quelque ressem- blance avec les Trichius, parmi lesquels plusieurs des auteurs anciens les ont placés, et offrant des couleurs variées, souvent métalliques. — Pharaonus, Blanch., une espèce (Popilia fasciculata, Hope), d'Egypte. — Strigoderma, Dej., Burm., une vingtaine d'espèces, propres à l'Amérique, où elles représentent les Popilies. — Callirhinus, Blanch., une espèce (metallescens), du Mexique. — Jiocnema, Falderm., groupe encore incomplétement connu, et qui ne renferme qu'une seule es- pèce (1. sulcipennis), d'un fauve testacé brillant, avec quelques reflets bronzés, et qui a été prise sur des fleurs de l’Acacia macrophylla, dans le nord de la Chine. cs 11 82 HISTOIRE NATURELLE. Quelques derniers genres, ayant encore de l’analogie avec les Anomala, mais s’en distinguant par des caractères assez importants, sont les suivants : ANISOPLIA, Mec, Lepell. et Serv., surtout remarquables par leur menton presque carré; les palpes à dernier article fusiforme; les mandi- bules arrondies au bout; le labre recouvert par le chaperon; la tête plane; les yeuæ médiocres; le corselet transversal; V'écusson médiocre; les élytres oblongues, presque parallèles, convexes, sillon- nées; les pattes médiocres, plus ou moins robustes, à crochets tarsiens très-inéqaux : le gros des antérieurs fiscide au côté interne; le corps oblong, finement velu, sauf en dessus, ete.; les espèces, assez nombreuses et de taille moyenne, habitent l’Europe, l'Asie et rarement l'Afrique, et n’ont pas été trouvées en Amérique : plusieurs de nos espèces (A. fructicola, Fabr.; agrilcola, Fabr.; austriaca, Herbst, etc.), sont communes presque partout, et se trouvent souvent en abondance sur diverses plantes, mais plus particulièrement sur les ombelliféres et les céréales, auxquelles elles font du mal quand elles apparaissent en trop grande quantité. - Tropiorhynchus, Blanch. (Dinorhina, Lacor- daire), deux espèces représentant les Anisoplia au Bengale. — Epectinaspis, Blanch., formé avec le Phyllopertha mexicana, Burm., dont le nom spécifique désigne la patrie. — Phyllopertha, Kirby, Stéph., différant principalement des Anisoplies par la forme du chaperon, demi-circulaire, celle du labre découvert, incliné, échancré, et par la disposition des crochets des tarses antérieurs : ayant le même habitat que les Anisoplia, mais se trouvant aussi au Mexique; parmi nos espèces euro- péennes, nous citerons uniquement le P. horticola, Linné, commun partout dans nos bois.— Rhi- nyptia, Dej., Burm., groupe formé de quelques espèces des Indes orientales et de l'Afrique. Genre PHÆNOMERIS, Hope (Trans. of the x0ol. Soc., t. 1), qui, par ses hanches antérieures cy- lindriques, très-saillantes, et par ses segments abdominaux soudés ensemble, avec les soudures ef- facées, doit former une division supérieure spéciale, et qui ne renferme que trois espèces (magnifica, Hope, Beschii, Mannerh., et cyanea, Blanch.), propres au continent africain, assez semblables à des Cétonites du groupe des Schizorhina, complétement glabres et ornés des couleurs les plus écla- tantes, avec les élytres fortement et régulièrement striées. Genre RUTÈLE, Rutela, Latr. (Hist. nat. des Crust. et des Ins., t. X), fondé aux dépens des We- lolontha et des Cetonia, ayant pour caractères principaux : labre horixontal, en général court, sinué ou échancré; mandibules souvent dentées à l'extrémité en dehors, plus longues que le corselet en avant; antennes de dix articles; élytres sans bordure membraneuse externe, renfermant un assez grand nombre d'espèces, presque toutes européennes, et qui peuvent former plusieurs groupes génériques distincts, qui, eux-mêmes, peuvent être partagés en quatre divisions. A. Dans les premiers, le bord postérieur du corselet non rebordé, est plan et tranchant; le chaperon est arrondi ou parabolique, non ou très-imparfaitement séparé du front par une suture; l'écusson est en général très-grand, en triangle rectiligne. Genres: MACRASPIS, Mac Leay (Antichira, Eschs., dénomination qui devrait être préférée, comme ayant la priorité d'une année sur celle de Macraspis) : groupe nombreux en espèces qui habitent l'Amérique du Sud et le Mexique, et que l'on trouve dans les bois, voltigeant autour des arbres en fleur et posés sur les feuilles; ce sont des Insectes de grande taille, de couleurs variées, souvent métalliques, très-brillantes, et qui sont com- plétement lisses en dessus; types : chrysis, Linné, et splendida, Fabr., de la Guyane; bicolor (genre Dorysthetus, Dej.), du Brésil, ete. — Chasmodia, Mac Leay (Lagochile, Hoffmans.), remarquable par la forme du chaperon, du labre et des màchoires, et renfermant une dizaine d'espèces qui, toutes, sauf une du Mexique, sont particulières aux régions intertropicales de l'Amérique méridionale. — Ometis, Latr., ne renfermant que deux espèces, toutes deux brésiliennes. — Telaugis, Burm. (Bra- chysternus, Dej.; Colobosternus, Blanch.), une seule et belle espèce, en entier d’un vert métallique brillant sur un fond rougeûtre et glabre, sauf quelques poils fins, peu apparents sur la poitrine (T. ænescens, Burm.); propre à Cayenne et au nord du Brésil. — Thyridium, Dej., Burm., quelques espèces brésiliennes. — Chlorota, Dej., Burm., différant assez peu, comme les groupes précédents, des Macraspis, et renfermant une dizaine d'espèces répandues dans l'Amérique du Sud et au Mexique. — Diabasis, Burm., dans lequel on ne place que le D. cærulescens, de Colombie, d’un noir violet brillant, avec la poitrine couverte de poils abondants. B. Dans les seconds, le bord postérieur du corselet plan, tranchant, n’est pas rebordé; le chaperon est acuminé, bidenté en avant, confondu avec le front; l'écusson est médiocre ou petit, en triangle curviligne. Le genre typique est celui des Rutela, Latr., qui, d'après les auteurs modernes, ne com- COLÉOPTÈRES. 83 prend plus qu'un petit nombre d'espèces, de taille moyenne, de forme courte et robuste, quoique peu convexes en dessus, et toutes ornées de couleurs remarquables et très-variées, propres à l'Amé- rique méridionale et aux Antilles, et que l’on trouve sur les fleurs et accidentellement sur les feuilles; types : R. glabrata et gloriosa, Fabr.—Les groupes que l’on a distingués des Rutèles, avec plus ou moins de raison, sont ceux des : Chalcentis, Burm., du Brésil. — Cnemida, Kirby, groupe anormal ressemblant au premier aspect à certains Crémastochiles parmi les Cétonites, et dont on ne connaît que deux espèces (retusa, Fabr., etlacerata, Germ.,) de la Guyane et du Brésil, de taille moyenne, d'un noir brillant, avec des bandes transversales fauves et onduleuses sur les élytres. — Parustasia, Westw., sept ou huit grandes espèces, d’un noir brillant avec des bandes ou des taches fauve vif, et particulières aux parties septentrionales de l'Hindoustan et aux archipels indiens. — Barymorpha, Guérin, genre ne se distinguant peut-être pas du précédent, à forme lourde: trois espèces indiennes. — Peperonota, Burm., ayant de l’analogie avec les genres qui précèdent, et ne renfermant qu'une seule et très-rare espèce, grande, originaire de l'Himalaya. C. Dans les troisièmes, le corselet est rebordé à la base; le chaperon, confondu avec le front, est parabolique et très-rarement acuminé; l'écusson est médiocre ou petit, en triangle rectiligne ou fortement arrondi en arrière. Division exclusivement américaine, et ayant pour type le genre Pe- lidnota, Mac Leay, qui renferme aujourd’hui une quarantaine d'espèces répandues depuis le nord des États-Unis jusque dans le Brésil méridional, de taille grande ou moyenne, de couleurs uni- formes, vivant sur les fleurs et les feuilles des arbres, et dont une, le P. punctata, Linné, très- répandu dans les États-Unis, dévore les feuilles de la vigne cultivée ou sauvage, et occasionne des dommages sérieux dans certaines années. —Les autres genres sont les suivañts: Odontognathus, Cast. (Strigidia, Dej., Burm.), quatre espèces du Brésil et de Bolivia.— Chalcoplethis, Burm.), une grande et superbe espèce du Brésil. (C. Kirbyi).— Plusiotis, Burm., quelques espèces du Mexique et une (Amalia, Burm.), du Chili. — Chrysophora, Gray, une magnifique espèce (C. chrysochlora, Latr., Humb.), d'un vert doré en dessus, à reflets cuivreux en dessous, du Pérou et de Colombie. — Chrysina, Kirby, des parties intérieures du Mexique. — Macropoides, Guérin, une espèce (Nietii), du Mexique. — Heterosternus, Dupont, une grande et très-rare espèce du Mexique (bu- prestoides), ressemblant, comme l'indique son nom, par sa forme générale aux Buprestiens du genre Sternocera.— Homonyx, Guérin, des espèces du détroit de Magellan, de Bolivia et de Cor- rientes. — Lasiocola, Dej., Blanch., une espèce (fulvohirta), de Colombie. — Crathoplus, Blanch., vue espèce brésilienne. — Catoclastus, Solier, une espèce (Chevrolati), du Ghili. D. Dans les quatrièmes, le corselet est rebordé à la base; le chaperon est séparé du front par une suture bien distincte, arrondi ou tronqué en avant; les mandibules, peu saillantes, sont constamment arrondies en dehors, inermes à leur extrémité; V'écusson est médiocre, en triangle curviligne. Le genre principal est celui des Areoda, Leach, Mae Leay, dans lequel on ne range plus que deux es- pèces, propres au Brésil, grandes, d’un vert bronzé, assez pubescentes en dessous, d’un testacé clair à reflets verts changeants en dessus, et dont les élytres sont couvertes de points enfoncés peu pro- fonds (A. Leachii, Mac Leay, et Banksii, Gast.). — Les autres groupes sont : Byrsopolis, Burm., trois espèces brésiliennes.— Hoplognathus, Mac Leay, deux espèces de l'Amérique méridionale. — Cotalpa, Kirby, Burm., quelques espèces américaines, dont le type est le C. lanigera, Linné, d'un cuivreux brillant en dessus, plus ou moins commun aux États-Unis, qui dévore les feuilles des ar- bres, et, dans certaines années, fait beaucoup de mal aux poiriers. — Oogenius, Solier, groupe chi- lien, qui e:t loin d’être complétement connu. Genre ANOPLOGNATHE, Anoplognathus, Mac Leay (Horæ entomologicæ), chez lequel le corps est presque toujours glabre en dessus et habituellement métallique; les élytres sans bordure membru- neuse; la saillie mésostérnale très-grande; le labre est vertical, assez grand, muni d'une saillie “médiane; les mandibules cachées au repos sous le chaperon, qui est séparé du front par une suture; les antennes sont composées de dix articles, ete.; on en connait une vingtaine d’espéces (type, À. analis, Schonb), toutes de grande taille, d’un testacé ou d'un brun rougeàtre brillant, relevé par des reflets métalliques dorés ou verdâtres en dessus, avec quelques poils en dessous : toutes pro- viennent de l'Australie, où elles semblent être très-communes. — Le même pays nourrit quelques espèces qui en sont voisines, et dont on a fait les genres Calloodes, White, et Repsimus, Mac Leay. — Ce qu'il y a de remarquable, c’est que les Anoplognathes ont en Amérique des représentants 84 HISTOIRE NATURELLE. que l’on place dans les genres Phalangogonia, Burm., du Mexique, et Platycælia, Dej., Burm., de Bolivie, du Pérou et de Colombie. — Dans une dizaine de groupes, le corps, glabre en dessus, est très-rarement métallique; les élytres sont munies d'une bordure membraneuse, et la saillie méso- sternale est très-courte ou nulle; tels sont les : Brachysternus, Guérin, quelques espèces des parties occidentales de l'Amérique du Sud depuis le Pérou jusqu'au détroit de Magellan. — Bemregeneius, Solier, du Chili. — Aulacopalpus, Guérin, également propre au Chili. — Tribostethus, Curtis, du même pays. — Callichloris, Burm., une espèce de Colombie. — Anoplostethus, Brullé, d'Australie, ainsi que les quatre genres suivants. — Epichrysus, White, ne diflérant probablement pas du pré- cédent. — Schixognathus, Kirby, Burm., très-voisin des Anoplognathes. — Amblyterus, Mac Leay. — Amblochilus, Blanch., ne renfermant que l’A. bicolor. — Dans trois groupes enfin les élytres sont sans bordure membraneuse; la saillie mésosternale nulle et le corps presque complétement pubes- cent; ce sont les : Adoretus, Eschs., Cast. (Trigonostoma, Dej.; Gemvmatis, Fisch.), une vingtaine d'espèces de taille moyenne, plus ou moins allongées ou déprimées, d’un brun noirâtre ou fauve, et revêtues en entier de poils grisätres : communes dans les parties chaudes de l’Asie et de l'Afrique. où elles représentent les Geniates, exclusivement américains. — Trigonostomma, Burm., une es- pêce (mucoreum) à téguments brillants, propre à Madagascar. — Heterophthalmus, Blanch., une espèce (ocularis) de la côte de CGoromandel. Fig. 85. — Geniates barbatus. Fig. 84. — Anthipna abdominans. Fig. 85. — Clavipalpus ursinus. Genre GENIATES, Kirby, dont le labre est grand, vertical, en général muni d'une saillie mé- diane rejoignant une saillie analogue au menton; les mandibules tout à fait cachées au repos sous le chaperon, qui est habituellement séparé du front par une suture distincte; les antennes de neuf ou dix articles; les élytres ayant une bordure membraneuse externe; les quatre premiers articles de tous les tarses ou d’une partie d’entre eux dilatés au moins dans les mâles, ete. : Insectes à corps robuste, à yeux gros, d'un brun uniforme ou testacé ou présentant des mélanges de ces deux nuances: tous propres au Brésil, et ayant pour type le G. barbatus, Kirby. — Les autres genres sont ceux des : Bolaæ, Zoubk., Fisch., une dizaine d'espèces de l’Amérique méridionale. — Loxo- pyga, Westw., une espèce (flavolineatus, Mann., du Brésil), ne différant probablement pas généri- quement de celles du genre précédent. — Leucothyreus, Mac Leay (Aulacodus, Eschs.); un grand nombre d'espèces du sud de Amérique. — Evanos, Cast., une espèce (villatus) du Brésil. — Mi- crochilus, Blanch., une espèce très-remarquable, ressemblant par son aspect général à une Phyllo- pertha, et particulière au Brésil (M. lineatus). be tribu, Dynasrines. Les Insectes assez nombreux de cette tribu pourraient plutôt porter la déno- mination générale de ScAkABÉIDES, Car c’est parmi eux que se rangent les Scar'abæus de plusieurs au-- teurs modernes, tandis que pour d'autres cette dénomination classique a tout à fait disparue de la science. On peut, avec M. Th. Lacordaire. caractériser ainsi ces Coléoptères ; languette cornée, soudée au menton: mandibules cornées, munies à l'intérieur, en avant de la dent molaire, dans la plupart des espèces, d'une courte frange de poils, débordant sur le chaperon, qui couvre le labre: antennes habituellement de dix articles, sur lesquels la massue en compte trois; hanches anté- rieures transversales, enfouies dans lez cavités cotyloides : intermédiaires presque coniques; cro- Fig. 1. — Omaloplia marmorata. Fig. 3. — Platygenia barbata Fig. #4 — Onneochilus punctato-striatus Fie. à Phosphyronota cimarinea c.” i 13 COLÉOPTÈRES. 85 chets tarsiens égaux, à l'exception des antérieurs chez les mäles; épimères métathoraciques distinctes, médiocres, trigones; les {rois dernières paires de stigmates abdominaux fortement di- vergents en dehors. Les Dynastides sont de très-grands et de très-massifs Coléoptères : c’est parmi eux que se trouvent les géants de l’ordre, et les plus petits atteignent toujours une taille moyenne. À peu d'exceptions près, ils n'ont pas ces couleurs variées et brillantes que nous avons signalées chez d’autres Scara- béiens : leur livrée, uniforme, ne varie que du noir au fauve, et les nuances métalliques ne se rencontrent que dans de trés-rares et de très-peu nombreuses espèces. La plupart se font remarquer par l'ampleur de leur arrière-corps relativement au corselet et à la tête pris ensemble. Par quelques espèces, ces Insectes se lient aux Rutélides, et par eux aux Mélolonthides; mais, chez les Dynastides, le labre est presque constamment caché sous le chaperon. Le menton est velu en dehors. Les man- dibules débordent souvent le chaperon en avantet sur les côtés, et leur extrémité est munie de deux ou trois dents. Le chaperon n'est qu'exceptionnellement carré. Le premier article des antennes est souvent dilaté à son extrémité. Les yeux sont gros, arrondis, imparfaitement divisés et plus ou : moins engagés dans le corselet. L'écusson existe toujours : il est de grandeur médiocre et a la forme d'un triangle eurviligne Les élytres recouvrent entièrement l'abdomen. Les pattes sont assez ro- bustes, et les quatre postérieures sont parfois extrêmement fortes : les tarses sont comprimés, plus ou moins ciliés ou filiformes, avec un renflement au sommet de chacun de leurs quatre premiers articles : les crochets sont ordinairement égaux, sauf les antérieurs chez un grand nombre de mâles, et simples dans les femelles. Le prosternum est caréné en avant des hanches antérieures, et sa carène forme presque toujours antérieurement une petite saillie aiguë et hérissée de poils. Des organes de stridulation se trouvent assez communément; ils consistent en rides transversales ou flexueuses, quelquefois en rugosités situées ordinairement sur le pygidium, et exceptionnellement à la face interne des élytres et sur lesquelles frotte, dans le premier cas, le bord postérieur des élytres pendant les mouvements de l'abdomen. Les différences sexuelles sont très-prononcées dans la ma- jorité des espèces, et portent principalement sur la tête et le corselet, qui sont armés, dans les mâles, de cornes ou de saillies dont la forme varie à l'infini, et aussi, mais avec d'assez nombreuses excep- tions, sur Ja forme du chaperon, sur le crochet externe des tarses antérieurs, sur les jambes et les tarses de la même paire, enfin sur la massue des antennes, qui sont faites autrement dans les mâles que dans les femelles : ces dernières ont, en outre, ordinairement le dernier segment ventral plus grand et entier, tandis que celui des mäles est court et très-souvent sinué. Ces Insectes vivent cachés pendant le jour, tantôt dans des retraites inaccessibles et principale- ment dans des troncs d'arbres plus ou moins pourris. Ils ne se mettent guère en mouvement que le soir et pendant la nuit, et alors on les voit sur les arbres, principalement sur les feuilles, où ils prennent une nourriture végétale très-abondante. Quelques espèces cependant sont diurnes et vi- vent sur les fleurs. Leur vol, d’après leur taille et leur grosseur, est naturellement très-lourd, et, pendant cet acte, ils soulèvent et écartent plus ou moins leurs élytres, sans les étaler pour cela complétement. Les larves de quelques espèces de Dynastides ont été décrites; mais cependant on peut dire qu’une seule entre toutes est aujourd’hui complétement connue, et a occupé un grand nombre d'observa- teurs. C'est la larve de l'Oryctes nasicornis, Linné, successivement décrite par Swammerdam, Frisch, Ræsel, Herbst, Latreille, Sturm, Ramdohr, Marcel de Serres, Gœde, de Haan, Erichson, et plus récemment par MM. Westwood et Mulsant : ce dernier surtout qui l'a fait complétement con- naître. De [aan a dit également quelques mots de la larve de l'Oryctes silenus, Fabr.; M. Costa a parlé de celle de VO. grypus, lliger, et enfin M. le docteur Coquerel (Ann. Soc. ent. de France, 1855) a indiqué les larves de plusieurs espèces d'Oryctes étrangers, propres à l’île de Madagascar, et surtout décrit et figuré avec soin celle de l'Oryctes simiar. Dans le tome IV des Nouvelles Annales du Muséum, de Haan a fait connaître les larves de quatre espèces exotiques de l’ancien genre Scara- bæus, mäis il y a-quelques doutes sur les espèces auxquelles elles appartiennent, quoiqu'on les rapporte, mais dubitativement, aux Scarabæus ou Dynastes hercules, Linné; Xylotrupes dichotomus, Oliv. et Gideon, Fabr.; et Chalcosoma atlas, Fabr. Ces larves, d’une manière générale, présentent des mandibules dentées à leur extrémité et sillonnées transversalement sur leur partie postérieure; leur 86 HISTOIRE NATURELLE. abdonien est composé en apparence de dix segments, car le neuvième et dernier offre dans son milieu une fausse articulation, les segments du corps augmentent graduellement de dimensions jusqu'au sac, enfin l'abdomen présente une fente transversale. Selon M. Th. Lacordaire, ces larves sont, en quelque sorte, intermédiaires entre celles des Mélolonthides et celles des Gétonides : quoique plus voisines de ces dernières; elles ont, en commun avec les premières, des sillons transversaux bien marqués sur les segments du corps, et la présence d’un sac distinct sous lequel est située l’ou- verture anale; et, avec les secondes, une forme proportionnellement plus courte, la tête plus étroite que le trone, et des mandibules dentées et munies en dehors d’uné surface striée transversalement. Outre les petites épines dont elles sont munies par places, comme cela a lieu ordinairement dans tous les Scarabéiens, toutes celles que l’on connaît, principalement celles des espèces étrangères a l'Europe, sont plus ou moins velues. Ces larves mettent deux ou trois ans à opérer leur croissance complète, et s’enferment dans une coque quand le moment de leur transformation en nymphe est arrivé. Elles vivent dans le bois vermoulu, dans les vieilles souches, le terreau riche en bumus ou parmi lesracines des plantes : si dans leur jeune àge elles semblent se contenter de substances dé- composées, plus tard elles attaquent les parties vivantes des végétaux et peuvent devenir plus ou moins nuisibles. C’est ainsi que, chez nous, la larve de l'Oryctes nasicornis, sur laquelle nous re- viendrons bientôt, fait des dégâts dans nos cultures et surtout dans les souches de nos végétaux, et que les larves des grandes espèces exotiques, quelquefois très-nombreuses, font de grands ravages dans les arbres séculaires des forêts vierges, et détruisent parfois des végétaux utiles à l’homme : par exemple la larve de l’Oryctes simiar, sur laquelle nous reviendrons, ainsi que celles de quel- ques autres espèces du même groupe, font beaucoup de mal, à Madagascar et à Bourbon, à di- vers arbres, principalement aux cocotiers. Quelques points de l'anatomie de ces Insectes, principalement relatifs à l'espèce si abondamment répandue chez nous, l'Oryctes nasicornis, ont été donnés, et sont à peu près conformes à ce que nous avons dit d’une manière générale dans nos généralités sur les Scarabéiens. On connaît environ un millier d'espèces de Dynastides, parmi lesquelles, dans ces derniers temps, on à fondé plus de cent genres. La majeure partie des groupes génériques appartiennent à l’Amé- rique, surtout dans les régions méridionales, où ils sont très-répandus,; les autres genres sont à peu près également partagés entre l'Afrique et les Indes orientales : l'Australie en a quelques-uns qui lui sont propres; enfin quatre genres seulement, ceux des : Pentodon, Callicnemis, Phyllognathus et Oryctes, ont des représentants en Europe, la partie du globe la moins riche en espèces de cette tribu. Les Dynastides, que nous préférerions voir nommer Scarabéides, correspondent particulièrement au genre Scarabæus, de Linné, qui, comme nous l'avons dit, est devenu l'immense famille des Searabéiens ou Lamellicornes. Mac Leay (Horæ entomologicæ) est le premier auteur qui ait nette- ment limité cette division en lui imposant la dénomination de Dynastides, qui lui a été conservée par Erichson et par M. Th. Lacordaire. Latreille, antérieurement (Règne animal) lui appliquait le nom de Xylophiles, mais il avait altéré la tribu en y comprenant une partie des Rutélides: M. Bur- meister, dans le tome [er de son Handbuch der entomologie, a traité en entier la division qui nous occupe et a admis la dénomination de Latreille : il a fait connaître un grand nombre de genres et d'espèces nouvelles. M. Reiche (Ann. Soc. ent. de France, 1859) a indiqué quelques rectifications importantes à introduire dans le travail de M. Burmeister. Enfin M. Th. Lacordaire (Genera des Coléoptères, 1. HI, 1856) a présenté un résumé complet de tout ce que l'on savait jusqu'à cette époque sur les Dynastides, et il les a subdivisés en sept sous-tribus, qui, pour nous, ne seront que de simples groupes et auxquels nous assignerons les noms de : Hexodontites, Cyclocéphalites, Oryctites, Scarabéites, Agaocéphalites, Phileurites et Cryptodontites. 4 groupe, Hexoponrzres : corps élargi, aplati; tête et corselet simples dans les deux sexes; man- dibules normales, cornées, cachées au repes sous le chaperon; palpes labiaux insérés sur les côtés du menton; yeux petits, réniformes, verticaux; corselet largement foliacé sur les bords latéraux; élytres débordant les côtés du corps, à épipleures horizontales, élargies; pattes antérieures non al- longées dans les müles; épisternums métathoraciques non visibles. Ce groupe ne renferme que le seul genre HEXODON, Olivier (Entomologie, tome I”), qui, par son faciès, ne ressemble à aucun COLÉOPTÈRES. 87 autre Scarabéien, et dont la place sériale, difficile à déterminer, doit être cependant au commence- ment des Dynastides, parce qu'il offre aussi d’assez grands rapports avec les Rutélides qui précèdent. Dans les Hexodons, le corps est glabre, presque orbiculaire, aplati, assez ou peu convexe; la tête est médiocre; les élytres sont brièvement ovales, rebordées sur les côtés, isolément arrondies à leur extrémité et cachant en partie le pygidium; le corselet est trapézoïdal, à angles antérieurs sail- lants, aussi large à la base que les élytres et les recouvrant légèrement; l’écusson est petit, trian- gulaire; les jambes sont longues, peu robustes, ete. Ces Coléoptères anormaux, de taille assez grande ou au moins moyenne, sont en dessus d’une couleur brunâtre et finement chagrinés, avec des côtes ou un réseau saillant, irrégulier sur les élytres : l’un d’entre eux, le plus remarquable de tous (Montandonii, Buquet), est orné de bandes blanches sur les élytres : en dessous ils sont tous d'un noir brillant. Le genre est exclusivement propre à l’île de Madagascar : on n’en connaît que cinq espèces dont les types sont les : H. reticulatus et unicolor, Olivier. Ces espèces semblent assez communes, mais leurs habitudes, découvertes dans ces derniers temps, et qu'a fait connaître M. Guérin-Méneville, font qu’elles sont encore assez rares dans les collections : en effet, elles ne vivent pas sur les arbres, comme le pensait Olivier, mais on les trouve dans le sable du bord de la mer. Fig. SG. — Hexodon reliculatus. Fig. 87. — Cyclocephalus geminatus. 2 groupe, CycrocépuaLires : corps plus allongé et moins orbiculaire que dans le groupe précé- . dent, moins bombé; tête non armée de cornes dans les deux sexes, très-rarement tuberculée; man- dibules cornées; palpes labiaux insérés sur les côtés du menton; corselet sans impression ni armature, non où imparfaitement rebordé à la base; yeux assez développés; pattes n'étant pas plus longues dans les mâles que dans les femelles : les quatre jambes postérieures non évasées ni digitées au bout : tarses filiformes; épisternums métathoraciques distincts; pas d'organes de stridulation. — Ces Insectes, assez nombreux, et surtout américains, sont, dans la tribu que nous étudions, de taille moyenne : les uns, fauves ou testacés et souvent ornés en dessus de bandes ou de taches bru- nâtres, sont diurnes, vivent sur les feuilles ou sur les fleurs, et, sous ces divers rapports ainsi que sous plusieurs autres, sont assez voisins des Rutélides; les autres, beaucoup plus nombreux géné- riquement et spécifiquement, ont, comme la plupart des Dynastides, une livrée unicolore, assez sombre, et, comme eux, doivent être crépusculaires et vivre dans le tronc des arbres vermoulus. On peut y former deux divisions. La première ne renferme que le genre PACHYLUS, Dej., Burm., dans lequel le chaperon est muni d'un rebord vertical épais; le crochet externe de tous les tarses armé d'une dent médiane en des- sous, etc. On n’en connaît que deux espèces (marginatus et dispar), rares dans les collections, et provenant du Brésil. La deuxième division, plus riche en espèces, est caractérisée par son chaperon sans rebord ver- tical et par le crochet externe des tarses non denté en dessous. Le genre typique est celui des CYCLOCÉPHALES (Cyclocephalus, Latr., Règ. anim.), qui renfermait jadis les huit ou dix groupes que nous allons nommer, et dont il ne se distingue que par des caractères négatifs : c’est ainsi qu’il diffère des Democrates par son menton plus ou moins tronqué en avant, et non pas trés-allongé et acuminé; des Angoderia, par l'absence de la saillie mésosternale, qui est assez développée chez 88 HISTOIRE NATURELLE, ces derniers; des Harposcelis, par le corselet non rebordé à la base; et enfin des autres genres, par ses mandibules plus ou moins étroites et non ou à peine arquées en dedans à l'extrémité. On en déerit ou on en possède dans les collections une centaine d'espèces particulières à l'Amérique et répandues depuis les États-Unis jusqu'au Chili inclusivement, mais nulle part mieux représentées que dans les régions intertropicales de l'Amérique du Sud. Beaucoup d’espèces ont une coloration uniforme, noiràtre ou brunâtre brillant; d’autres, sur un fond fauve, testacé ou rougeûtre, toujours brillant, offrent des taches noires ou brunes, souvent mal limitées. M. Burmeister, qui en décrit soixante-dix espèces, les répartit en huit sections; comme types nous citerons les : C. signatus et tridentatus, Fabr., de Cayenne. Le genre Ancognatha, Erichson, ne doit pas en être distingué. Les autres genres de la même division sont céux des: Harposcelis, Burm., une grande espèce (paradoxus) de Cayenne. — Angoderia, Burm., une seule espèce (A. nitidula, Burm., probable- ment le Melolontha picipes, Oliv.), d'un vert bronzé en dessous, d’un jaune testacé très-brillant en dessus, avec deux bandes fuligineuses sur le corselet, commun au Brésil. — Erioscelis, Burm. (Apogonia, Mann.), une seule espèce (E. emarginata), du Brésil. — Bradyscelis, Burm., groupe correspondant probablement à ceux des Oryctoderus, Boisduval, et Lampropus, Castelnau, et ne renfermant qu'une seule espèce (latitarsis, Burm.), remarquable par son habitat, car elle provient de la Nouvelle-Guinée.— Peltonotus, Burm., groupe curieux par la provenance de l'espèce (morio) qui yentre et qui habite les Indes orientales. — Chalepus, Mac Leay, une dizaine d'espèces, toutes américaines, à forme assez courte, à coloration d’un noir médiocrement brillant, que relèvent par- fois de légers reflets métalliques et ponctuées en dessus, avec les élytres plus ou moins striées. — Stenocrates, Burm., quelques espèces de l'Amérique du Sud, se distinguant surtout des Chalepus, par des caractères tirés des tarses, ete. — Democrates, Burm., groupe singulier, se rapprochant assez des Rutélides pour qu'on l'ait compris dans cette tribu, et ne renfermant jusqu'ici que deux espèces : le type, le Scarabæus Cræsus, Newmann, grand et bel Insecte des Antilles, ayant le faciès d'un Oryctes, et le D. Burmeisterii, Reiche, des environs de Quinto et de la Nouvelle-Grenade. 3° groupe, ORYOTITES : Corps assez gros; tête au moins tuberculée, souvent cornue dans les mâles, inerme ou tuberculée dans les femelles; palpes labiaux insérés sur les côtés du menton ; mandi- bules cornées, normales, dépassant presque toujours le chaperon; corselet excavé en avant où muni de saillies dans les mâles, très-rarement simple; pattes de même longueur duns les deux sexes : premier article des quatre tarses postérieurs presque constamment trianqulaire ou au moins épi- neux à l'extrémité supérieure; souvent des organes de stridulation.— On connaît d'assez nom- breuses espèces de ce groupe propres à toutes les parties du monde, et réparties aujourd'hui dans une trentaine de genres. Chez les Oryctites on voit graduellement apparaître les différences de sexe dans l’armature de la tête et du corselet des mâles, et la taille devenir considérable. M. Th. La- cordaire forme quatre divisions spéciales dans ce groupe. La première division, ayant pour caractères : téte munie d'un à deux tubercules, rarement inerme; corselet le plus habituellement impressionné antérieurement, avec un tubercule en avant dans les mûles; jambes postérieures médiocrement évasées el tronquées au bout, avec une couronne de cils; a pour type le genre PENTODON, Hope (The Col. Man., t. [°'). Dans ce genre viennent se placer une dizaine d'espèces, la plupart (ce qui est rare parmi les Dynastides) propres à l'Eu- rope méridionale, comme les P. punctatus, Fabr.; monodus, Fabr., etc., et un petit nombre exelu- sives à l’Afrique, telles que les P. aries, Fabr., et Nireus, Burm. Ce sont des Insectes assez courts, épais, glabres en dessus, plus ou moins villeux sur la poitrine d'un noir brunätre assez brillant, et à élytres ayant des rangées de points gemellés, avec une strie suturale. Les autres genres de la même division sont ceux des: Ligyrus, Burm. (Jomarus, Erichs.), une douzaine d'espèces propres à toutes les parties de l'Amérique. — Podalqus, Dej., Burm., une petite espèce (cuniculus) du Sénégal. — Heteronychus, Dej., Burm., quelques espèces, d'assez petite taille, répandues en Afrique, à Madagascar et aux Indes orientales, et dont on doit éloigner deux ou trois espèces américaines que M. Burmeister y comprenait. — Isodon, Hope, quatre ou cinq espèces d'Australie. — Cheiroplatys, Hope, groupe également australien. — Scaptophilus, Burm., de l'Amé- rique du Sud et des Antilles. — Bothynus, Hope, une espèce assez grande, du Brésil et de Buénos- Ayres. — Corynoscelis, Burm., groupe de l'Amérique méridionale, voisin de celui qui précède, et COLÉOPTÈRES. 89 ayant pour type le C. Entellus, Lepell. et Serv.— Acerus, Dej., Burm., deux espèces (Davus et Phyllis), assez grandes, d’un rouge ferrugineux, propres au Brésil. La deuxième division a pour caractères : tête tantôt tronquée obliquement en avant où tuber- culée, tantôt munie d'une petite corne dans les mûles; corselet en général impressionné ou excavé en avant et souvent muni de saillies dans le même sexe; pattes postérieures très-robustes, à jambes très-évasées et tronquées au bout, avec une couronne de cils : premier article plus ou moins trigone; presque constamment des organes de stridulation. Quoique la plupart des genres soient propres à l'Afrique, aux Indes orientales et à l'Australie, deux groupes appartiennent à d’autres pays, l’un à l’Europe et l’autre à l'Amérique. Le genre typique est celui des PIMELOPUS, Erichson (A4rchiv., 1842), comprenant trois espèces de Tasmanie (la principale est le P. porcellus), de taille moyenne, d’un brun marron brillant et velue en dessous. — Les autres genres sont ceux des : Lonchotus, Burm., quelques espèces de Ma- dagascar. — Pericoptus, Burm., une espèce d'Australie. — Orsilochus, Burm., une espèce (Scara- bæus cornutus, Thunberg), du cap de Bonne-Espérance. — Thronistes, Burm., une espèce (Rouæii) de Buënos-Ayres. — Horonotus, Burm., une espèce (S. dædalus, Fabr.), très-répandue dans une grande partie du continent indien. — Temnorhynchus, Hope (Coptorhinus, Dej.), remarquable par l’armature de la tête dans les deux sexes, et composé de quelques espèces d'Afrique et des Indes orientales. — Callienemis ou Calocnemis, Cast. (Calorhinus, Erichs.), une seule espèce (C. La- treillii), petite, jaune testacé, propre au midi de l’Europe et au nord de l'Afrique, mais rare par- tout. — Coptognathus, Burm:, une seule espèce propre au Sennaar. — Dipelicus, Hope, groupe dont la place n'est pas bien déterminée et ne renfermant que le D. Cantori, découvert dans l'ile Chusan sur les côtes de la Chine. La troisième division, ayant pour caractères : fête tuberculée dans les mâles; corselet impres- sionné en avant dans le même sexe; antennes de dix articles, à massue très-grande et très-large chez les males; jambes postérieures non élargies, tronquées et légèrement festonnées à l'extré- milé; pas d'organes de stridulation, ne comprend que trois genres assez peu connus, et surtout remarquables par leur répartition géographique. En effet, le principal, celui des Oryctomorphus, Guérin-Méneville, habite les parties occidentales de l'Amérique du Sud, et pour les deux autres, celui des Homeomorphus, Burm., provient de l'Afrique australe, et celui des Corynophyllus, Hope, de l'Australie. Enfin la quatrième division a pour caractères : tête cornue dans les müles, en qénéral tubercu- leuse dans les femelles; corselet excavé ou tronqué et muni de saillies souvent très-développées dans les premiers; jambes postérieures faiblement élargies et digitées au bout chez la plupart, évasées et tronquées, avec une couronne de cils dans les autres : le premier article médiocrement trigone, épineux à l'extrémité en dessus; presque toujours des organes de stridulation. — Les espèces assez nombreuses de cette division sont grandes, noirâtres, presque toutes américaines, deux groupes seu- lement ayant des représentants en Europe, et se répartissent actuellement en une vingtaine de genres. Chez ces Insectes, les caractères sexuels arrivent à tout leur développement : la tête des mäles n'est plus munie d’un simple tubercule, mais porte une corne plus ou moins grande, tandis que d’un côté le corselet du même sexe diffère toujours très-fortement de celui des femelles, mais les saillies dont il est pourvu varient trop pour*qu'on puisse en parler d'une manière générale, Le genre typique est celui des ORYCTES, Illiger (Die Kæfer Preuss.), adopté depuis longtemps par tous les entomologistes, et dont anciennement quelques espèces étaient rangées avec les Scar«- bæus et les Geotrupes. Tel qu’il est restreint par M. Burmeister, ce genre ne comprend plus que des espèces assez grandes, ayant la forme oblongue de notre Oryctes nasicornis, mais dont quelques- unes cependant (Barbarossa, Fabr., d'Australie; melanops, Burm., de l'ile Vavao), sont plus courtes et plus larges; les élytres sont finement ponctuées et parfois lisses en dessus, noirâtres : le dessous du corps est velu; la corne céphalique des mâles varie beaucoup sous le rapport de la lon- gueur; les espèces, au nombre d’une vingtaine, peuvent se répartir en deux sections d'après la disposition des jambes antérieures et du chaperon. On en trouve dans presque tout l'ancien continent, où elles sont souvent communes et répandues au loin. L'Oryctes nasicornis, Linné, se rencontre dans toute l'Europe; l'O. grypus, Iliger, est particulier à la faune méditerranéenne; cÿ 12 90 HISTOIRE NATURELLE. l'O. Nestor, Burm., à Java; les O. Augias, Oliv.; Pyrrhus, Burm.; Ranavalo, Simiar, colomicus, insulrris, Coquerel, ont été pris à Madagascar et parfois à Bourbon, ete. L'Oryctes nasicornis est abondant dans les jardins en juin et juillet : chez nous, il est indiqué sous les dénominations vulgaires de Licorne et Rhinocéros, et sa larve fait beaucoup de mal à nos cultures. La femelle, quelque temps après son apparition, dépose isolément dans le terreau, dans le tan et aux pieds de certains arbres des œufs blanchâtres, généralement de la grosseur d’un grain de chanvre, mais d’un volume variable proportionnellement à celui de l’Insecte parfait. Quarante jours environ après la ponte apparaissent les jeunes larves, qui commencent à ronger les feuilles pour- ries ou le détritus des végétaux; plus tard elles attaquent successivement les jeunes racines et les parties les plus ligneuses des arbres. Leur forme est analogue à celle des autres larves de Scarabéiens. La tête est convexe, d’un rouge brun, assez fortement marquée à sa partie antérieure de points en- foncés qui s'elfacent en arrière. Les antennes ont cinq articles. Les mandibules sont cornées, noires, arquées, terminées en pointe, armées au côté interne d'une dent située au-dessous du sommet, et à la base d’une molaire assez forte: Les mâchoires n'ont qu'un seul lobe. Les palpes maxillaires ont quatre articles, et les labiaux n'en présentent que deux. Le corps est près de moitié plus large que la tête, composé de treize segments: le prothoracique offrant de chaque côté une plaque cartilagi- neuse d’un jaune rougeàtre. Les six ou sept premiers segments abdominaux sont hérissés de poils et garnis de rides transversales qui disparaissent dans les suivants. La partie postérieure du corps est obtuse, et l’anus transversal. Les pieds sont jaunâtres, garnis de poils concolores et terminés par des ongles graduellement plus courts à chaque paire d'avant en arrière. La durée de la vie à état de larve est habituellement de trois à quatre ans pendant lesquels elles changent plusieurs fois de peau. Durant cet espace de temps, elles nuisent à des arbres quelquefois précieux, et, surtout dans le midi de la France, à l'olivier. Quelques petits Mammifères, comme les Musaraignes, leur font la guerre; divers Insectes carnassiers les attaquent, et certains Hyménoptères, et principalement la Scolia hortorum, vivent à leurs dépens. Enfin, lorsque ces larves ont atteint la grosseur qu’elles doivent avoir, elles s’enfoncent plus profondément dans le sol, choisissent ordinairement une terre plus compacte et construisent avec la tête, les pieds et la partie postérieure de leur corps, une sorte de coque dans laquelle, après un mois de préparation, elles passent à l'état de nymphe : état qui ne présente pas de particularités qui doivent être notées. ‘Cette transformation s'opère dans le mois d'avril, et deux mois après a lieu le changement en Insecte parfait. On n’a pu donner jusqu’à ec jour de bons moyens pour détruire ces Insectes : on conseille seulement de tuer avec soin tous les individus sous les états parfait et de larve que l’on rencontre souvent en fouillant la terre. Eg.S8 — Oryetomorphus bimaculatus Fig. 89. Oryctes (Dipelicus) Cantori Fig. 90. — Xenodorus Janus. Les larves de plusieurs Oryctes que nous avons nommés, et surtout celle de l'O. Simiar, comme l'a montré M. le docteur Coquerel, font à Madagascar de grands ravages dans les plantations de co- cotiers; elles se trouvent par milliers dans les troncs vermoulus qui couvrent la terre; à l’aide de Fig. 1. — Blepharotoma tarsalis Fig. 2. — Ceraspis pruinos«. Pig, 4. — Tripiorhicus posagrius. COLEOPTÈRES. 91 leurs sortes mandibules elles les minent de tous côtés et finissent par convertir en terreau les troncs les plus énormes, et comme l’incurie des Malgaches et même des colons est telle, qu'ilsnes’oc- cupent pas de se débarrasser des arbres attaqués et qu’ils les laissent au milieu des plantations, il en résulte que les Insectes, une fois parvenus à leur état parfait, vont pondre sur les arbres sains jus- que-là, et propagent de plus en plus le mal. La nature a cherché cependant à limiter le nombre des individus en attachant à leurs larves des ennemis qui en détruisent un grand nombre; c’est ainsi que deux Scolia, que M. le docteur Coquerel nomme C. oryctophaga et carnifex, vivent aux dépens de ces Coléoptères. La larve de l'Oryctes Simiar ressemble beaucoup à celle de l'O. nasicornis, mais présente quelques particularités différencielles que M, le docteur Coquerel a signalé avec soin dans l'ouvrage que nous avons déjà cité. Les genres de la même division que les Oryctes, genres formés pour la plupart aux dépens de ce groupe, sont les suivants : Phyllognathus, Eschs. (Oryæ, Guérin- Méneville), comprenant un nombre assez restreint d'espèces propres à l’ancien continent et à l'Amérique du Sud, et ayant pour type l'O. Silenus, Fabr., propre à toute la faune méditerranéenne. — Dasygnathus, Mac Leay, deux es- pèces d'Australie. — Trigogomphus, Burm., des Indes orientales. — Xyloryctes, Hope, de l'Amé- rique du Nord et des Antilles. — Scapanes, Burm., une ou deux espèces d'Australie. — Stygotrupes, Burm., du continent indien. — Cyphonistes, Burm., deux espèces. — Megaceras, Kirby, Hope, de l'Amérique du Sud. — Dichodontus, Burm., ayant pour type le Scarabæus Cresus, Fabr., de Java. — Ceælosis, Kirby, Hope, de l' Amérique du Sud.— Heter ogomphus, Burm., une vingtaine d'espèces répandues depuis Buénos-Ayres jusqu'au Mexique inelusivement.— Podischnus, Burm., deux es- pèces : l’une de Colombie et l’autre du Mexique. — Enema, Kirby, Hope, de l'Amérique méridio- nale, et principalement du Brésil. — Strategus, Hope, propre aux régions chaudes des deux Amé- riques et aux Etats-Unis. — Xenodcrus, de Brême, une espèce, le Scarabæus Janus, Fabr., de la côte de Guinée, 4° groupe : Scararéires comprenant les Scarabæus où Dynastes proprement dits, et offrant pour caractères : palpes labiaux insérés sur les côtés du menton ; mandibules cornées, normales, dépas- sant le bord antérieur du chaperon; tête et corselet cornus dans les mâles : la première tuberculée, le second inerme et jamais impressionné dans les femelles; pattes allongées chez les premiers : jambes antérieures ainsi que les tarses plus longues que chez les secondes : postérieures un peu élargies et digitées au bout dans Les deux sexes; rarement des organes de stridulation.—- Les Insectes de certe division sont exclusivement propres aux parties chaudes du nouveau et de l’ancien continent; e’est parmi eux que figurent les plus grands Dynastides et même les plus grands Coléoptères connus, et les plus petites espèces ne descendent pas au-dessous de la taille moyenne. Les différences sexuelles sont souvent très-grandes : outre l'armature de la tête et du corselet que nous avons indiquée, et qui est souvent énorme chez les mâles, les femelles ne ressemblent quelquefois pas du tout aux mäles, d'où 1l résulte que l’on a créé souvent avec elles des espèces nominales. Le groupe typique est celui auquel nous laisserons le nom classique de SCARABÉE (Scarabæus, Linné, Systema naturæ), dénomination que nous ne voulons pas voir disparaître de la science, et qui correspond à celle de DYNASTES pour M. Th. Lacordaire. Cinq espèces, des plus remarquables par leur taille, l’armature de leur tête, celle du corselet, et, sauf une, par leur système de colora- tion, forment aujourd’hui ce beau genre. M. Burmeister le subdivise en deux coupes génériques : 1° Theogenes, Burm., dans lequel le lobe externe des mächoires est inerme, le corselet présente deux cornes latérales et horizontales, et le dernier article des tarses est ampoulé : il n’y range qu'une seule espèce (Neptunus, Schanh.), de l'Amérique méridionale, d'un noir uniforme, et 2° Dynastes, Kirby, à lobe externe des mâchoires muni de trois à quatre petites dents médianes, à corselet dépourvu de cornes latérales, et à dernier article des tarses en massue arquée : quatre es- pèces : Scarabæus Hercules, Linné, dont les Perseus, Oliv., et Alcides, Fabr., ne sont que des va- riétés, et qui est commun aux Antilles et en Colombie; Iphictus, Panz., et Hyllus, Chevr., du Mexique, et Tityus, Linné, des États-Unis; toutes ces espèces sont noires, avec les élytres et au moins une partie du corselet d’un vert jaunâtre comme vernissé et plus ou moins tachetés de noir; les femelles, plus petites que les mâles, plus fortement chagrinées sur les élyires, ne présentent pas de cornes céphaliques et thoraciques. On ne connaît pas bien les mœurs de ces Insectes remarqua- 92 HISTOIRE NATURELLE. bles : on sait seulement qu'on les rencontre dans les troncs décomposés, où leurs larves ont vécu. D'après l'Herminier, le Scarabæus Hercules rechercherait la séve qui découle de certains arbres après qu'ils ont été abattus, et aurait, comme certains Longicornes, la singulière habitude de couper de jeunes pousses, et même de petites branches en les saisissant entre la corne de sa tête et celle du corselet, puis prendrait son vol cireulairement. Mais ces faits ont besoin d’être revus avec soin pour être définitivement admis dans la science Fig. 91. — Lycomedes Reichit. Les autres genres admis dans cette division, et qui, il y a vingt ans à peine, faisaient partie du genre Scarabæus, dont ils ne diffèrent réellement que par des caractères secondaires, sont les sui- vants : Golofa, Hope, groupe propre au Mexique, aux Antilles et aux parties boréales de l'Amérique méridionale, renfermant une dizaine d'espèces dont les types sont les S. claviger, Linné, de la Guyane, et Ægeon, Fabr., du Mexique. — Augosoma, Burm., une espèce de la côte de Guince (Geotrupes Centaureus, Fabr.).— Xylotrupes, Hope, quelques espèces des îles Philippines et de l'archipel de la Sonde (type, S. Gideon, Linné). — Eupatorus, Burm., deux rares espèces (£. Harl- wichii et Cantori, Hope), du continent inGien. — Chalcosoma, Hope, ne renfermant que le S. Allas, Linné, à téguments bronzés, répandu dans une grande partie du continent et de l'archipel des Indes, et dont on a distingué, avec des mâles incomplétement développés et avec la femelle, des espèces nominales. — Megasoma, Kirby (Megalosoma, Burm.), les cinq espèces rangées dans ce genre (Actæon, Linné, de la Guyane; Mars, Reiche, de Colombie; Elephas, Fabr., du Mexique; Typhon, Fabr., du Brésil, et Hector, Gory, également du Brésil), sont les plus volumineux et les plus massifs de tous les Scarabéiens, et par conséquent de tous les Colcoptères; leur arrière-trone est surtout remarquable par son grand développement. Ces grands Insectes, généralement noirâtres, sont, comme nous l’avons dit, propres aux contrées chaudes de l'Amérique, depuis le Mexique jus- qu'au Brésil méridional inelusivement. »° groupe : AGaocÉPuaLITES ayant pour caractères : palpes labraux insérés sur les côtés du menton; mundibules cornées, normales, toujours cachées sous le chaperon; téte cornue dans les miles, inerme dans les femelles; corselet tantôt cornu, tantôt simple chez les premiers, toujours simple chez les secondes; pattes antérieures plus ou moins allongées dans le sexe mäle : jambes postérieures faiblement élargies et digitées ou festonnées à l'extrémité : premier article des tarses mucroné en dessus; saillie post-coxale du prosternum rudimentaire ounulle; pas d'organes de stridulation. — Les Insectes de cette division sont de taille moyenne, essentiellement propres aux régions intertropicales de l’Amérique méridionale; les uns sont noirâtres et ont probablement les babitudes des Dynastites; les autres présentent des teintes plus ou moins métalliques, fréquentent les fleurs et sont diurnes : ce qui avait engagé Dejean à les ranger auprès des Rutela. Le type est le genre AGAOCEPHALA, Mannerheim, renfermant quelques espèces (Mannerheimii, Cast.; cornigera, Manh., ete.), de l’intérieur du Brésil et de la Guyane, à système de coloration re- marquable, le vert bronzé en forme le fond et les élytres sont d'un jaune testacé brillant, mais la suture à habituellement deux taches brunâtres. — Les autres genres sont ceux des : Ægopsis, Burm., une espèce (curvicornis, Westw.), de Colombie, d'un brun marron brillant. — Lycomedes, de Brême, une espèce (Reichii), de Colombie, d'un brun roussâtre testacé, à reflets veloutés d’un gris cendré luisant.— Antedon, de Brême, une espèce de l’intérieur du Brésil (Goryi), d'un brun COLÉOPTÈRES, 93 cuivreux très-foncé passant au ferrugineux, avec les élytres ocracces, criblées de points enfoncés, fuligineux. 6° groupe : Puseurires ayant pour caractères : palpes labiaux insérés à la face interne du men- ton; mandibules cornées, normales, saillantes; tête et corselet peu différents dans les deux sexes : la première tuberculée ou munie de deux petites cornes, et le second souvent inerme; pattes de même longueur dans les deux sexes : jambes de derrière tronquées ou digitées au bout : premier article des tarses épineux en dessus à son extrémité. — Les Insectes de cette division, propres à l'Amé- rique, à l'Afrique, aux Indes orientales et à l'Australie, ont un faciès particulier : ils sont plus ou moins allongés et parallèles, déprimés, convexes ou cylindriques, à téguments ponctués, et ils sont presque aussi glabres en dessus qu'en dessous. On en indique un assez grand nombre de-genres, dont le principal est celui des PHILEURES (Phileurus, Latr., Genera Crustaceorum et Insectorum), surtout caractérisé par son chaperon très- rétréci, acuminé et retroussé au bout, rebordé sur les côtés; le nombre des espèces est encore nom- breux, quoique restreint à celles qui se trouvent en Amérique, où elles sont répandues depuis les États-Unis jusqu'à Buénos-Ayres. On les rencontre assez communément sur les troncs et dans l’in- térieur des arbres en décomposition et autres lieux semblables : l’un d’eux (vorvex) ne se trouve guère que dans les cadavres à demi desséchés; on a vu des espèces voler au commencement de la nuit, et M. Th. Lacordaire a constaté que plusieurs d’entre elles produisent un bruit assez fort en frottant leur abdomen contre leurs élytres. Les autres genres, démerbrés pour la plupart des Phileurus, sont les suivants : Syrichthus, Kirby, Hope, ayant pour type le Geotrupes Syrichthus, Fabr., du cap de Bonne-Espérance. — Trioplus, Burm., une espèce (P. cylindricus, Man.), du Brésil intérieur. — Actinolobus, Westw., une espèce (irradians) du Brésil. — Trionychus, Dej., Burm., quelques espèces de l'Afrique aus- trale et de la Sénégambie.— Rhixoplatys, Westw., qui ne diffère probablement pas des précédents. — Cryptodus, Mac Leay, cinq ou six espèces particulières à l'Australie. — Semanotus, Hope, groupe imparfaitement connu, renfermant trois espèces australiennes. 1° groupe : CrxProponriTes ayant pour caractères : cavité buccale petite, inférieure, fermée en partie par le menton; mandibules très-petites; labre coriace, très-réduit; premier article des tarses non mucroné; prosternum dépourvu de saillie post-coxale. Cette division, peu connue, ne renferme que deux espèces qui, tout en ayant les caractères des Dynastides, offrent aussi la plupart de ceux des Cétonides. On n'y range que deux genres : PANTODINUS, Burm., une espèce (Klugtt), de Gua- timala, ayant l'aspect des Platygenia, et CRYPTODONTES, Burm., une espèce (Latreillanus, Westw.), du Sénégal, qui ressemble assez aux Phileurus. 6° tribu, Corripes : organes buccaux très-débordés par le chaperon, et par cela invisibles en dessus; languette membraneuse, toujours distincte du menton; mächoires à lobes très-grands, ci- liés, coriaces où membraneux; mandibules en forme de lamelles, membraneuses, plus où moins cornées vers l'extérieur; labre lamelliforme, membraneux, invisible; antennes insérées sous le chaperon, de huit ou neuf articles : le premier très-grand, et les trois derniers formant la massue; hanches intermédiaires obliques ou longitudinales, fortement séparées dans le plus grand nombre des cas : jambes postérieures avec un seul éperon; parapleures métathoraciques simples; segments abdominaux au nombre de six, tous soudés ensemble; stigmates abdominaux tous situés sur la membrane connective des segments ventraux et dorsaux de l'abdomen, de même que dans les au- tres Scarabéiens qu'il nous reste à passer en revue, et qui, tous, appartiennent à la légion des La- parostictiques. L'un des meilleurs caractères des Coprides, caractère qu’ils partagent avec les Aphodides, se trouve dans leur chaperon très-développé et formant une sorte de bouclier semi-cireulaire ou rhomboïdal, qui cache les organes buccaux. Ceux-ci consistent dans un menton corné et velu, plus où moins échancré; une languette bilobée, assez grande; des palpes : labiaux de trois articles : maxillaires de quatre articles, glabres, filiformes; des mâchoires robustes et des mandibules lamelliformes Les an- 94 . HISTOIRE NATURELLE. tennes sont courtes. Les yeux sont gros, globuleux, latéraux, et rarement divisés par un canthus, Le corselet, appliqué exactement contre la base des élytres, est de forme variable. L’écusson n’existe pas la plupart du temps, ou est très-peu développé. Les élytres, en général à téguments assez solides, laissent toujours le pygidium à découvert. Les ailes proprement dites existent presque constam- ment, mais peuvent manquer dans quelques cas assez rares. Les pattes antérieures, dans toutes les espèces, destinées à fouir la terre, sont, en conséquence de cette action, robustes et dentées en dehors; leurs hanches sont médiocrement transversales; les pattes postérieures varient dans leur forme. Les tarses antérieurs manquent souvent. Les crochets tarsiens sont ordinairement petits, simples. L'abdomen est souvent court. Le métasternum est le plus grand des trois segments thora- ciques; le mésosternum est très-réduit; le prosternum a parfois un bord antérieur épaissi, tronqué de chaque côté, et cette partre du corps, pourvue de muscles puissants, joue, quand l'Insecte s’en- fonce dans la terre, un rôle assez important. À Fig, 92, — Afeuchus semipunctulus Fig. 95, — Copris lunaris. Les Coprides renferment des Insectes généralement de taille moyenne, et rarement grande ou petite, répandus dans toutes les parties du globe. Leur coloration est le plus habituellement uni- forme et assez sombre; mais d'assez nombreuses espèces, particulières aux pays chauds, offrent des teintes brillantes, quelquefois métalliques. La plupart de ces Insectes, quoique faisant médiocrement usase de leurs ailes, volent assez bien à l'occasion, quoique lourdement, et sans s'élever beaucoup au-dessus du sol. Ce n’est guère que le soir, au crépuscule, qu’on les rencontre volant, car pendant le jour ils restent habituellement à peu près immobiles. Par la conformation de leur bouche on peut s'assurer que ces Insectes ne peuvent se nourrir que de substances molles et en partie liquides. La plupart des Coprides, et tous ceux de nos climats, vivent dans les matières exerémentitielles des Mammifères herbivores, et ils en hâtent la disparition en les fouillant, en les divisant en tous sens; c'est même à cette habitude qu'ils doivent leur nom, ainsi que celui de Copr'ophages, qui leur est appliqué par Latreille. Parmi les espèces exotiques, quelques-unes (les Phanæus, par exemple) ha- bitent principalement les matières animales en putréfaction; d'autres, comme les Coprobius, Can- thon et certains Onthophagus, se trouvent souvent dans les plaies des arbres, dont ils recueillent la séve décomposée. Ils déposent leurs œufs dans les substances mêmes dont ils se nourrissent, et ils le font surtout de deux manières différentes: dans le prémier cas, les femelles se bornent unique- ment à ajouter à chaque œuf une quantité de matière suffisante pour nourrir la larve qui doit en sortir : dans le second cas, elles renferment leur œuf dans une boule formée des mêmes substances, qui, dès lors, deviendra l'alimentation de la larve, et qui, en outre, consolidée à l'extérieur par des parcelles de terre ou des grains de sable, pourra servir efficacement à protéger la nymphe jusqu’à son changement en Insecte parfait. Des différences de deux sortes se remarquent encore dans ces sortes de pelotes-stercoraires : les unes sont disposées en boules, et les autres n’ont pas une forme bien déterminée; et, ainsi que nous le dirons en revenant sur ce sujet important, ces différences dans les habitudes des espèces se tralluisent à l'extérieur de l’Insecte par des modilications corres- pondantes dans l’organisation des quatre pattes de derrière. L'histoire des métamorphoses des Coprides est à peine commencce, car l’on ne connait les pre- miers états que de cinq de leurs espèces; les larves de l'Ateuchus sacer ont été assez complétement Re 1 Me èr COLÉOPTÈRES. | 95 étudiées par M. Mulsant et par Erichson, et nous y reviendrons plus tard; celles du Deltochilum brasiliense ont été signalées par M. Burmeister; celles du Sisyphus Schæfferi ont été entrevues par Dollinger, et enfin celles des Onthophagus taurus et vacca ont été décrites par M. Mulsant, et l'a- vant-dernière, précédemment aussi par Erichson. On peut dire d'une manière générale que ces larves, construites sur le même plan que celles de tous les Scarabéiens, ont spécialement leurs seg- ments divisés en dessous en bourrelets transversaux, que leurs antennes sont de quatre ou cinq articles, et leurs mandibules distinetement bidentées ou tridentées. Dans l'Atenchus sacer le corps de la larve est parsemé de poils longs et fins, assez peu nombreux; les mandibules sont tridentées à l'extrémité; les mächoires ont des lobes terminés par un crochet corné; les pattes sont composées de cinq pièces distinetes; l'ouverture de l'anus est placée au-dessus de deux mamelons, à la partie moyenne du sac. Dans le Deltochilum brasiliense, seule espèce exotique dont les métamorphoses soient connues, le corps est atténué à.ses deux extrémités, et les pattes sont relativement faibles, la nymphe, qui n'offrait rien de bien particulier dans l'Athenchus sacer, présente ici une particularité remarquable : en effet, elle est pourvue, au-dessus de l'ouverture anale, sur les côtés des quatrièm et cinquième anneaux du ventre, aux épaules et au bord antérieur du corselet, d'appendices diver- siformes qui l’'empêchent de se blesser contre les parois de la coque dans laquelle elle est contenue Dans le Sisyphus Schæfferi, les larves, imparfaitement connues, n'ont rien de bien spécial. Dans les Onthophaqus taurus et vacca, les larves, à corps entièrement glabre, à màchoires tridentées d'u côté et bidentées de l’autre, et à pattes sans crochets, ont pour caractères distinetifs un renflement s'étendant du bord des segments thoraciques jusqu'au sixième anneau de l'abdomen, où il se ter- mine par un mamelon rétractile surmonté de petits poils roides. Les Coprides, tels que nous les admettons avec M. Th. Lacordaire, ne répondent pas entiéremen aux Coprophages de Latreille, car ce dernier auteur y réunissait les Aphodius et genres voisins qui - par leurs caractères partieuliers, semblent devoir former une tribu distincte. MM. Westwood (Trans of the ent. Soc., Lond., t. IV, et L. Reiche, Ann. Soc. ent. Fr., 1845), ont donné, chacun de leur côté, un travail monographique sur l’une des divisions principales de cette tribu : celle des Aten chites. Erichson (Naturg. der Ins. Deuschl., 1. HN), à publié une révision assez complète des genres de Coprides : c’est en grande partie ce dernier travail, avee la plupart des modifications qu’v a introduites M. Th. Lacordaire (Genera des Coléoptères,t. M, 1856), que nous suivrons dans cette Encyclopédie. js On peut partager ces Insectes en deux sous-tribus assez distinctes. A. La première, ayant pour type le genre Ateuchus, et comprenant des espèces à corps large, plus ou moins déprimé, robuste; à tète et corselet inermes : la première tout au plus tubereulée; à différences seæuelles peu marquées, et surtout à jambes intermédiaires el postérieures grêles, jamais brusquement dilatées à l'extrémité, mais s'élargissant peu à peu, et à tarses étroits, de même diamètre ou à peu près dans toute leur étendue; M. Th. Bacordaire y forme quatre groupes que nous étudierons successivement sous les noms d'Ateuchites, Gymnopleurites, Deltochilites et Minthophilites. B. La seconde sous-tribu, ayant pour type le genre Copris, et présentant pour caractères différenciels : corps généralement épais, robuste; tête et corselet très-souvent cornus ou tuberculés; différences sexuelles en général très-prononcées, et principalement jambes intermédiaires et postérieures plus ou moins robustes, dilatées assez brusquement à l'extrémité; tarses diminuant graduellement de la base au sommet; M. Th. Lacor- daire y forme quatre groupes que nous indiquerons sous les noms de Scatonomites, Coprites, Oni- tiles et Onthophagites. Outre les caractères qui peuvent distinguer les deux grandes divisions que nous venons d'indiquer, on trouve également des particularités différencielles dans les mœurs des espèces, ainsi que nous le dirons bientôt. 1°" groupe, Arevonres : palpes labiaux à deux premiers articles dilatés; antennes de neuf ar- ticles ; yeux divisés en entier en deux parties un peu inégales : canthus oculaire tronqué à angle droit en arrière; corselet échancré dans son milieu antérieurement, à angles antérieurs largement et carrément coupés; élytres embrassant faiblement les flancs de l'abdomen; les quatre pattes pos- térieures grèles, s'élargissant peu à peu; hanches intermédiaires tantôt distantes, tantôt plus où moins contiqués; pas de tarses antérieurs dans les deux sexes. Les Ateuchites sont pour la plupart des Insectes de taille grande, de forme large, peu convexe, 96 HISTOIRE NATURELLE. et généralement d'une coloration noire ou brunätre foncé, avec quelques espèces assez brillantes, ou plutôt d'une teinte cuivreuse foncée; et, quoique assez massifs, ils volent assez bien, mais marchant mal. Ils vivent exclusivement des matières stercoraires des Mammifères, et semblent chargés par la nature de disperser au loin ces matières, qui doivent servir à activer la végétation. Doués d'un instinctadmirable. ils réunissent, surtout a printemps, les mollécules de ces substances en un corps d'abord assez informe, mais occupés sans cesse à faire rouler ces petites masses, ces dernières ne tardent pas à devenir de petites boules. Ces habitudes singulières n’ont pas échappé aux anciens observateurs : Aristophane, Plutarque, Aristote, Hor-Apollon et plusieurs autres par- lent de ces Insectes que les Grecs nommaient Kzapo, dénomination que les premiers traducteurs ont converti dans notre langue en celle de Pilulaires. L'une de nos espèces fut célèbre sur les bords du Nil, et fit partie du culte religieux des Égyptiens. Les Ateuchites se servent d’abord de leur cha- peron pour diviser les matières stercoraires, puis de leurs pattes antérieures pour rassembler les parcelles dont ils composent un globule auquel ils donnent graduellement un volume plus consi- dérable, et qui deviendra bientôt une sorte de pilule, puis une petite boule. Dans ce travail, ils ont le soin de s'attacher aux parties les plus substantielles, et de rejeter, avec une adresse merveilleuse, les pailles et autres substances peu décomposées par la digestion. Dès que la petite boule est par- venue à un volume suffisant pour offrir toute la nourriture nécessaire au développement de la larve à laquelle elle est destinée, l’Insecte la fait rouler pour la consolider davantage; et il recherche un endroit convenable pour la placer dans le sol et la dérober à tout événement fâcheux. Le plus ordi- nairement le mäle et la femelle réunissent leurs efforts pour conduire cette boule : l’un la retient entre ses pattes de derrière, et la pousse en marchant à reculons, en se servant pour la fixer de l’éperon des jambes postérieures; l’autre la tire avec ses pattes de devant. Ajoutons cependant, comme le dit pittoresquement notre collègue M. L. Fairmaire (Ann. Soc. ent. de Fr., session de Montpellier, 1857), « qu’à la honte de notre sexe, ce sont surtout les femelles qui déploient la plus grande activité, et que les mâles restent souvent fort tranquillement spectateurs des rudes labeurs de leurs épouses, ne sortant de leur dignité que pour le combat.» Mais que de difficultés ne trou- vent pas ces industrieux Insectes dans leurs manœuvres herculéennes. Combien d'obstacles ne ren- contrent-ils pas dans l'inégalité du terrain qu'ils cherchent parfois à aplanir, mais qu’ils vainquent le plus souvent à force de peine et de labeur ! « Souvent, dit M. Mulsant (Lamellicornes de L’'Hist. nat. des Col*de France, 1842), surtout parmi les espèces qui construisent une pelote beaucoup plus grosse qu'eux, souvent un ami obligeant vient prêter ses bons offices; il se place sur le sommet du corps sphérique, et, en se penchant en avant, l’entraine dans un mouvement de rotation. Quel- quelois un accident arrive : la boule tombe dans un trou, et y resterait inévitablement sans le se- cours de nouvelles forces nécessaires pour l'en extraire. Un Ateuchite, auquel semblable més- aventure était arrivée, se dirigea, dit Illiger, vers un tas de bouse voisin, et revint bientôt avec trois camarades; tous quatre réunirent leurs efforts pour tirer la pelote du précipice, et ils y parvinrent enfin : ce résultat obtenu, les trois compagnons, dont la tàche était accomplie, s'en retournèrent aus- sitôt à leur ouvrage. » Mais les choses ne se passent pas toujours aussi intellectuellement, pourrions- nousdire, Souvent, lorsqu'un Ateuchite, pendant son travail, perd l'équilibre, il roule d'un cûté etla boule de l’autre, et, pendant le temps qu'il met à se relever, le berceau de sa larve devient la pro- priété du premier qui s’en empare; et dès que l’Insecte est parvenu à se remettre sur ses paltes, ce qu'il fait très-difficilement, il va à la recherche d’une autre boule, et, s'il n’en trouve pas, il tra- vaille avec une ardeur infatigable à en former une nouvelle. Comme nous l'avons indiqué, les mâle montrent généralement beaucoup moins d’attachement que les femelles pour ces pelotes qui doi- vent servir de berceau à leur progéniture. « Souvent, dit M. Mulsant, pour mettre à l'épreuve leur amour maternel, il m'est arrivé de transporter dans la main un couple de Sisyphes avec le fruit de leurs travaux; dès que je leur rendais la liberté, le mâle en usait pour s'envoler; la femelle, ordi- pairement, restait attachée à la pilule, objet de ses espérances, et se résignait à la conduire seule : j'ai vu quelques-unes de ces créatures surprises par la nuit avant d’avoir pu enterrer assez profon- dément leur globule, et le lendemain, de grand matin, je les retrouvais le tenant embrassé contre leurs pattes, comme un trésor dont elles n'avaient pu se séparer.» L'industrie des Ateuchites n'est pas toujours destinée à assurer le bien-être de leur postérité : souvent. ils travaillent uniquement pour accomplir la mission providentielle dont ils sont chargés, et qui a pour but la dispersion des COLÉOPTÈRES. 97 matières stercoraires. Ce qui démontre ce fait, c’est que, dans maintes circonstances, les mâles dé- ploient le même talent que les femelles, et que celles-ci, n'ayant pas toujours des œufs à déposer dans leurs boules, n’en confectionnent pas moins de nouvelles, alors même qu'elles ont mis leur progéniture à l'abri de tout danger. Cinq genres principaux seulement entrent dans ce groupe, et, à l’exception d’un seul, celui des Eucranium, qui est américain, toutes les espèces qu'ils renferment sont propres à l’ancien conti- nent. Le groupe principal, l'un des plus célèbres de tous les Coléoptères, est le : Genre ATEUQUE, Ateuchus, Weber (Obs. entome.) : corps grand, médiocrement épais, plus où moins déprimé, glabre, sauf la poitrine, qui est plus ou moins velue; téte petite; menton plus long que large, parfois échancré; chaperon demi-circulaire en avant, muni de six dents; antennes à deuxième, troisième et quatrième articles assez allongés : cinquième et sixième courts : articles de la massue oblongs, arqués; corselet grand, transversal, débordant les élytres; écusson non distinct ou à peine visible; élytres planes ou peu convexes, un peu rétrécies d'avant en arrière; hanches in- termédiaires distantes; quatre jambes postérieures plus ou moins ciliées, terminées par un grand éperon comprimé, tranchant en dehors, un peu arqué; tarses courts, déprimés, hérissés de longs cils et à crochets petits, arqués; pygidium petit, en triangle curviligne transversal; mésosternum renflé, largement arrondi en avant ou offrant une saillie en forme de coin. Linné, ainsi que nous l'avons fait remarquer, en créant son genre Scarabæus, dont il avait pris la dénomination dans les anciens auteurs, y comprenait toutes les espèces à lui connues de l’é- norme famille que nous désignons sous le nom de Scarabéiens. D'après cela on comprend que, lorsque le genre Scarabæus eut été démembré en un grand nombre de subdivisions spéciales, on ne fut nullement d’accord pour savoir à laquelle on devait laisser en propre le nom linnéen. Rien né vient nous guider pour cela : l’étymologie même du nom ne peut être d'aucun secours, car son origine est des plus incertaines. Selon Papias, cette dénomination viendrait de cabus ou caballus, parce que ces Insectes, d’après les idées de l’époque (le onzième siècle), où vivait le grammairien que nous avons nommé, étaient sensés naître du cadavre des chevaux; Bochart l'a fait dériver de l’hé- breu chaphas, qui signifie famille; Fabricius et Mac Leay en ont cherché l’étymologie dans la langue grecque: le premier l’a tirée de caro, creuser, et le second de cxzprpoucu, gratter, enfin Martini, ce qui semble plus probable, croit ce mot dérivé de Kapz6os, dénomination employée par Aristote pour désigner un Insecte qui nous est inconnu. Pour nous, nous avons, à l'exemple de la plupart des entomologistes modernes, laissé le nom de Scarabæus à l'Hercules et quelques autres espèces pourvues de cornes puissantes; mais il n’en est pas de même pour tous les naturalistes; et c’est ainsi que Mac Leay et depuis M. Mulsant ont appliqué cette dénomination au genre Ateuchus, de Weber : cependant Mac Leay en fait un sous-genre particulier, celui des Heliocantharus. Quoi qu'il en soit, suivant la méthode de M. Th. Lacordaire, le nom d’Ateuchus doit définitivement rester au genre qui nous oceupe, car l'usage a fait rejeter la dénomination d’Actinophorus, Creutzer, qui lui estnéanmoins antérieure. Les Ateuques sont exclusivement propres à l’ancien continent; la plupart des espèces, assez nom- breuses, sont africaines : les autres appartiennent à la faune méditerranéenne de l'Europe, à l'Asie et au continent indien. Sauf une petite quantité d'espèces, par exemple les Ateuchus Ægyptiorum et sanctus, toutes sont d'un noir ou d'un brun foncé peu éclatant. Ce sont de grands Insectes, déployant sous l'influence de la chaleur une activité incroyable, et qui sont assez difficiles à faire périr. Ils choisissent habituellement un terrain en pente pour y placer horizontalement leur boule; on voit souvent, au printemps ainsi qu'au commencement de l'été, dans les dunes ou dans les sables du bord de la mer, ces Coléoptères se livrer au travail d'enfouissement de leurs boules : ils grattent avec une grande vivacité la terre qu'ils amoncellent d’abord derrière leurs pieds de der- rière, puis se retournant et se servant de leur chaperon comme d’une pelle, ils poussent plus loin les débris qui les embarrassent. Les pelotes destinées à ne point nourrir de larves sont enfouies avec peu de précaution : le lieu dans lequel elles ont été déposées offre, au moins le premier jour, une ouverture béante qui permet parfois de les apercevoir. Les autres pelotes, c'est-à-dire celles qui renferment des œufs ou des larves, sont, au contraire, complétement enterrées avee le plus grand - soin. En creusant le sable, on trouve ordinairement avec une de celles-ci le couple d’Insectes par - lequel elle a été roulée. On dirait, comme le fait observer M. Mulsant, que ces petits animaux res- ce 15 98 HISTOIRE NATURELLE. tent attachés à cet objet pour veiller à sa conservation ou pour attendre près de ce dépôt précieux la mort qui doit mettre fin à leurs travaux. Les œufs, suivant les circonstances, éclosent au bout de huit à quinze jours, et, en quelques mois, la larve parvient à son état parfait, en passant par celui de nymphe, qui ne présente rien de parti- culier. La larve de l’Ateuchus sacer est bien connue, grâce aux travaux de M. Mulsant, qui en donne la description suivante : Corps semi-cylindrique, courbé en dedans, ridé, blanchâtre avec le dos en partie ardoisé, presque glabre, parsemé de poils livides, longs, flexibles et peu nombreux; tête convexe, d'un jaune pâle; antennes de cinq articles : le premier moins grand que le second : celui-ci à peu près égal aux deux suivants, et, comme eux, presque globuleux vers le sommet : le dernier plus court et plus grêle; épistome d’un livide jaunâtre, en parallélogramme transversal; labre tri- lobé, garni de poils, comme lui d’un livide jaunâtre; mandibules rougeàtres et coriaces à la base, noires et cornées à l'extrémité, armées près de celle-ci, au côté interne, de trois dents peu profondé- ment découpées; mâchoires divisées en deux pièces garnies de poils épineux et terminées chacune par un crochet unguiforme; palpes maxillaires de quatre articles, en cône tronqué : le dernier co- nique; palpes labiaux petits, de deux pièces; pieds peu garnis de poils, composés de cinq pièces : la dernière armée d’un ongle; anus situé à la partie moyenne et postérieure du dernier anneau, iu-dessus de deux espèces de mamelons terminant celui-ci; la partie inférieure du dernier segment garni de poils roides servant à favoriser les changements de position de l'animal. Ces larves sont souvent tourmentées par des Acurus, qui, plus tard, s’attachent en parasites au corps des Insectes parfaits. ‘ Quelques auteurs ont cherché à former dans ee genre des subdivisions qu'ils regardent comme ayant une valeur générique, et que M. Th. Lacordaire ne considère à juste raison que comme de simples subdivisions secondaires; ce sont les : Sebasteos, Westw., à chaperon à trois dents, et à jambes antérieures difformes, très-crénelées à l'intérieur, deux espèces de l'Afrique australe, dont le type est l’A. Galenus; Pachylomera, Kirby, à cuisses antérieures très-fortes, une espèce du Cap (femoralis), ex Mnematium, Mac Leay, sans ailes inférieures, deux espèces africaines (Ritchii et Silenus). Les Ateuchus proprement dits sont au nombre d’une cinquantaine d'espèces, parmi les- quelles nous nous bornerons à faire connaître la plus célèbre et à nommer celles qui se trouvent en France, tout en habitant en même temps le périple de la Méditerranée. Le type est le Scaragée sacré, Scarabæus sacer, Linné; Ateuchus sacer, des auteurs modernes. Il est entièrement d'un noir assez brillant; la suture frontale est chargée de deux tubercules et inter- rompue dans son milieu; le corselet est garni de très-petits points élevés; les élytres sont lisses, lon- gitudinalement rayées de six lignes légères, parsemées entre ces dernières de points enfoncés, souvent à peine apparents; les cuisses postérieures sont inermes. Dans les mâles les jambes anté- rieures sont souvent plus grêles, et les postérieures sensiblement arquées, et l'abdomen est ordi- pairement aussi long que large. Dans les femelles, les jambes postérieures sont presque droites, et l'abdomen est généralement plus large que long. Du reste, l’Insecte varie plus ou moins: ce qui a fait qu’on y a à tort distingué de soi-disant espèces. On trouve cette espèce dans le midi de Ja France, et plus habituellement en Provence qu’en Languedoc : elle est commune à Marseille sur les bords de la mer; on la retrouve en Afrique, et elle est abondamment répandue en Égypte. Cet Insecte doit son nom de sacré à la vénération dont il a été l’objet de la part des habitants des bords du Nil. Messager du printemps, annonçant par sa reproduction le renouvellement de la na- ture, remarquable par la singulière industrie de disperser, sous la forme de petites boules, les par- ties des divers excréments, il avait, dit Latreille (Mém. du Muséum, t. N), paru offrir aux prêtres égyptiens l'emblème des travaux d’Osiris et du Soleil. D'après cet auteur on l’honorait, selon Por- phyre, comme la figure de cet astre. Son image fut multipliée de mille manières : on la grava dans - les temples, on la cisela sur les bas-reliefs et sur les chapiteaux des colonnes des divers monuments, on la représenta sur les obélisques, on la grava sur les pierres précieuses, façconnées en anneaux servant de cachet, taillées en médaillons ou divisées en sorte de grains percés dans la longueur de leur axe et propres à faire des colliers. D’après Gory, cet Insecte était aussi pour les mêmes peuples le symbole de la transmigration des âmes, et, par suite de cette croyance religieuse, se voyait placé dans les tombes comme une divinité tutélaire. De tous les anciens écrivains, Hor-Apollon est celui qui s’est étendu le plus longuement sur l'opinion des Égyptiens relativement aux Copro- COLÉOPTÈRES. 99 phrages objets de leur culte. Ils en distinguaient, selon lui, trois espèces, qui semblent se rapporter aux Copris Isidis et Anceus, et surtout à l'Ateuchus sacer; cette dernière présente, dit Hor-Apollon, des sortes de rayons, et a été consacrée au soleil, soit à cause de cette analogie, soit parce qu'elle ressemble au Chat; car cet animal, d’après les Égyptiens, suit le cours de cet astre par le mouve- ment de ses prunelles : elles se dilatent à son lever, s’arrondissent vers le milieu de sa course, et se voilent vers son coucher. Cette espèce de Scarabée, ajoute le même écrivain, a trente doigts, em- blème du même nombre de jours que met le soleil à parcourir chaque signe du zodiaque. Tous les individus sont du sexe masculin. Quand cet Insecte veut se reproduire, il prend de la fiente de Bœuf, en forme une boule, image du monde, la fait rouler avec ses pieds de derrière, en allant à reculons et dans la direction de l’est à l’ouest, sens dans lequel le monde est emporté dans son mou- vement; celui des astres se faisant dans une direction opposée, ou du couchant au levant. Le Scarabée enfouit sa boule dans la terre, l'y laisse pendant vingt-huit jours, espace de temps égal à une ré- volution lunaire, et pendant lequel le globule se vivifie. Le vingt-neuvième jour, que l'Insecte con- naît pour être celui de la conjonction de la lune avec le soleil et de la naissance du monde, il ouvre cette boule, la jette dans l'eau, et il en sort un nouveau Scarabée. L'Ateuchus, chez les Égyptiens, représentait done, d'une manière symbolique, un être engendré de lui-même, une naissance, un père, le monde, l’homme, et peut-être la force personnifiée dans ce dernier; car, suivant Plutarque, la caste militaire, parmi les anciens peuples des bords du Nil, avait pour sceau l’image du Scarabce sacré. Cet Insecte figurait aussi parmi les monuments astronomiques des Égyptiens; il remplaçait dans les signes célestes le Scorpion des Grecs, comme on peut le voir dans le célèbre zodiaque de Dendérah. Nous devons ajouter qu’une autre espèce, découverte au Sennaar par M. Caillaud (4. Ægyptiorum, Latr.) a dû se trouver autrefois en Égypte, car elle est représentée sur les monuments conjointement avec l'A. sacer, et semble ègalement mêlée à son histoire ancienne. Ce Coléoptére était célèbre à trop de titres pour ne pas jouir également de grandes vertus médi- cales, surtout chez des peuples qui puisaient dans les pratiques superstitieuses une partie de leurs remèdes; il était employé dans beaucoup de cas et de diverses manières par les empiriques. Les mages les pendaient comme une amulette pour guérir de la fièvre quarte. Avicenne et d'autres au- teurs anciens l'ont préconisé contre un grand nombre de maladies, et des médecins modernes même ont cru devoir les recommander dans certains cas. Cette digression nous a paru nécessaire au sujet d’un Insecte aussi important que le Scarabée sacré, dont on à tant parlé; et l'on a pu voir, d'après ce que nous avons rapporté, en prenant prin- cipalement pour guide M. Mulsant, que les anciens savaient déjà des particularités de mœurs inté- ressantes sur ces Insectes, bien qu'ils les mêlassent à des faits surnaturels et merveilleux. Deux autres Ateuchus se trouvent également dans le midi de la France, ce sont les: À. semi- punctatus, Fabr., et laticollis, Linné, qui ressemblent assez au sacer, mais sont plus petits que lui. Fig. 94. — Circellium Bacchus. Les autres genres du groupe des Ateuchites sont les suivants : Pachysoma, Kirby, Mac Leav, se distinguant des Ateuchus par ses hanches intermédiaires presque contigués en arrière, trois grandes espèces propres à l'Afrique (type, Æsculapius, Oliv.). — Eucranium, Dej. Brul., ayant deux éperons aux jambes intermédiaires, hanches intermédiaires contiques, tarses sans crochets, groupe auquel on doit joindre les Cyclodema, Cast.; Anomiopsis, Westw.; Glyphiderus, Westw., et Psammotrupes, 100 HISTOIRE NATURELLE. Guérin, et qui renferment quelques fortes espèces du Chili et de la Patagonie. — Cürcellium, Latr., se distinguant principalement du groupe précédent par ses hanches intermédiaires distantes, ses tarses pourvus de crochets, et se séparant du genre suivant par le premier article de la massue antennaire non cupuliforme, une seule espèce bien authentique, le C. Bacchus, Fabr., du cap de Bonne-Espé- rance, où il est très-rare. — Sceliages, Westw., ne se séparant guère des Gircellies que par le dernier article de la massue cupuliforme, deux espèces de l'Afrique australe. 2e oroupe, Gymnorceurites : palpes labiaux à deux premiers articles dilatés; antennes de neuf articles, excepté dans un genre où il n'y en a que huit; yeux presque toujours imparfaitement di- visés : la partie inférieure plus grande que la supérieure; corselet largement échancré en avant, à angles antérieurs plus où moins aigus; épipleures des élytres très-étroites ou nulles; les quatre jambes postérieures gréles, s'élargissant peu à peu; des tarses antérieurs dans les deux sexes. Ce groupe ne renferme qu'un assez petit nombre d'espèces réparties à peu près également dans l'an- cien et le nouveau continent, et rangées dans cinq ou six genres: Les deux genres qui ont des représentants en Europe sont ceux des : 1° SISYPHES, Sisyphus, Latreille (Genera Crustaceorum et Insectorum), surtout caractérisés en ce que les élytres n’ont pas d'épipleures, et que les antennes ne présentent que huit articles. En outre, ces Insectes ont un corps tellement épais, qu’il égale la moitié de la longueur, et l'arrière-tronc a une forme triangu- laire; les pattes sont excessivement grêles, très-longues, et leurs cuisses dépassent notablement l'abdomen; ils sont de taille moyenne, parfois même petite, glabres ou villeux, habituellement d’un noir mat, mais parfois garnis de touffes de petits cils sur les élytres; quand ils volent, ils le font à la manière des Cétonides, c’est-à-dire en tenant leurs élytres fermées. Une monographie de ce genre a été donnée par Gory, et ces espèces, au nombre d'une vingtaine, sont presque exclusivement répan- dues en Afrique et dans les Indes orientales : une seule, le Sisyphus Schæfferi, Linné, habite les parties méridionales de l'Europe, où elle est très-commune. Gette espèce, entièrement d'un noir brillant en dessus, et à élytres offrant de légères stries enfermant entre elles des losanges en- chaînés, est bien connue sous le rapport de ses mœurs; plus que les autres Coprides elle est tour- mentée du besoin de construire de petites boules et de les conduire au loin, et, à défaut des matières excrémentitielles de l'Homme et des grands Ruminants qu’elle recherche de préférence, elle fa- brique de petites pilules avec des crottes de Chèvres; elle marche assez gauchement, mais ses lon- gues pattes sont merveilleusement organisées pour ce genre de vie; elle se voit surtout dans les terrains sablonneux en pente et sur les coteaux exposés au soleil. M. Mulsant rapporte quelques autres détails intéressants sur les mœurs de cet Insecte : « J'avais placé, dit-il, des Sisyphes dans un vase recouvert d'une eloche de toile métallique; je leur avais fourni les matériaux nécessaires pour leur travail; mais ils avaient beau former des pilules, ils ne pouvaient les conduire bien loin. L'un d’eux finit par grimper sur le treillis, emportant avec ses pieds postérieurs et son globule et la fe- melle qui lui aidait précédemment à le faire rouler. Il parvint ainsi, avec plus ou moins de peine, jusqu'au dôme de cette espèce de voûte; là, sa petite boule lui échappa; il se latssa tomber aussitôt pour la rejoindre. Plusieurs fois le même fait s'est renouvelé sous mes yeux avec les mêmes cir- constances. » 2° les GYMNOPLEURES, Gymnopleurus, Iliger (Mag... t. I), qui se distinguent surtout des Sisyphes par les antennes de neuf articles, et qui se séparent d’un autre genre (Stenodactylus), qui a les élytres entières sur les côtés, par ces organes sinués sur les côtés. Ce sont des Insectes qui ressemblent assez, quoiqu'en petit, aux Ateuchus; la plupart sont parés de couleurs métalliques, brillantes, et ils volent à la manière des Sisyphes. On en a décrit une cinquantaine d'espèces, parmi lesquelles il y a plusieurs doubles emplois, et qui sont propres à tout l’ancien continent, sauf aux régions boréales. Nos espèces francaises, au nombre de deux seulement, les Gymnopleurus pilula- rius et flagellatus, Fabr., vivent généralement en famille, et parfois elles couvrent de leur multi- tude les déjections des Solipèdes et des Ruminants; leur activité, toute diurne, semble augmenter avec l’ardeur de la chaleur; ces espèces, loin d’être brillantes comme les exotiques, sont entière- ment d’un noir mat. Les autres genres du même groupe sont les suivants : Stenodactylus, Brullé (Eudinopus, Burm.), un grand et rare Insecte du Paraguay (dityscoides, Schreb.), ayant par sa forme quelque rapport avec les Dityscus, et dont la disposition des élytres rappelle celle des Deltochilum. — Megathopa, Fig. 1. — Hadrotoma marginata — Diphucephala serice Fig Fig. G) 5 — Hostilina præcox — Pachycrus candidus Q 2 à tn! L - e En h à D nu . RS DO a | Lu ' ñ - Mme ei ) ; fete TU ce 4 EN re Par À À je L . , L ñ - mA “ if v l CRT | à d "RL Or £. . _ {l a” e - l : : ! . t L 2 1 ’ 4 ! 0 od e + w ss F ÿ L = A - ; : ï Fr « “ 4 [2 2 & f F #5 . Fe , * ! L =, + à r = ’ a > = £ K D” \ Le” ‘ . EX, L ] et + re » es La - : ) u ’ 4 un n L Ca n 2 = : D ‘ | = 4 à = : - 35 l . et) ; : , = ; , ï . » ‘ | | f > M n À “ d : L : 4 É y ‘ , # ‘ * à " = eo : Î £. 8 É , Le + . : = | = l - à Le L “ R “ = —- D , AE LE. > ” ; = 0 ve Mn ‘ AT LT "a HS 7 L* 2» LA . x TE o i ré A LPS A FUN ‘ Cist 4 - L e \ ; î Mer HR. KE tre Æ 4, RS £ de Ar + ne? : DCR 1 $ Pr +ù È At À si \ = » v y Hi Du 4 TU, [GE + * nr Ce 2 EE L 0 AE. far 7. | AS LE COLÉOPTÈRES. 101 Eschs., qui, ainsi que les genres suivants a les épipleures des élytres distinctes, très-étroites, mais qui, en outre, présente un écusson que les autres n’ont pas : quelques espèces répandues en Amérique depuis le Chili et la Patagonie jusqu’au Pérou. — Cælosceris, Reiche, des espèces noirâtres qui semblent confinées dans les régions occidentales de l'Amérique méridionale. — Canthon, Hoffman- segg (Coprobius, Latr.), groupe très-nombreux, renfermant des espèces de taille moyenne, de forme courte et ovalaire, glabre en dessus comme en dessous, de couleurs variées et parfois métalliques, se trouvant sur les feuilles, dans les plaies des arbres et sur les bouses, et semblant répandues dans toutes les parties de l'Amérique, où elles remplacent nos Gymnopleures européens. — Tetræchmu, Blanch., groupe ne différant pas très-notablement du précédent, et ne renfermant que le T. san- quineomaculata, de Patagonie. 3° groupe, Devrocuicires : palpes labiaux à deux premiers articles dilatés; yeux presque entiè- ment divisés : la partie supérieure beaucoup plus petite que l'inférieure; corselet très-élargi en avant, à angles antérieurs aigus; élytres embrassant fortement les côtés de l'abdomen, à épipleures larges, limitées supérieurement par une carène; les quatre jambes postérieures gréles, S'élargissant peu à peu; hanches intermédiaires largement séparées; pas de tarses antérieurs. — Ce groupe ne comprend qu'un nombre assez restreint d'espèces, réparties dans les deux genres Deltochilum, Eschs. (type, D. gibbosum, Fabr.), et Chalconotus, une espèce unique (C. cupreus, Fabr.), le pre- mier de diverses provinces américaines, et le second du Sénégal. 4 groupe, Mivrnoemmres ; palpes labiaux à deux premiers articles non dilatés; yeux presque constamment divisés : la partie supérieure plus petite de beaucoup que l'inférieure; corselet très- échancré en avant: à angles antérieurs aigus; élytres embrassant plus ou moins fortement les côtés de l'abdomen : à épipleures larges, limitées en haut par une carène; les quatre jambes postérieures gréles, s’élargissant peu à peu; hanches intermédiaires largement séparées; des tarses antérieurs. — On en décrit sept ou huit genres, dont la plupart des espèces appartiennent à l'Australie et les autres à l'Afrique australe et à l’île de Madagascar, et qui sont assez rares dans les collections. Ces genres sont ceux des : MINTHOPHILUS, Cast., une espèce (M. carinatus, Reiche), d'Australie. — Tessarodon, Hope, Westw., une espèce seulement, l’Ateuchus Novæ-Hollandiæ, Fabr. — Cephalo- desnius, Westw., une espèce du même pays que celles des deux genres précédents et des deux sui- vants.— Copræcus, Reïiche, espèce unique (hemisphæricus, Guérin). — Temnoplectron, Westw., une espèce (rotundatus). — Epilissus, Dej., Reiche, dans lequel M. Westwood a formé les divisions génériques des Arachnodes et Nanos, et qui, à Madagascar, où les espèces sont assez nombreuses, semblent remplacer les Canthons américains. — Epirhinus, Dej., Reiche, quelques espèces du cap de Bonne-Espérance, qui rappellent également assez le genre Canthon. 5° groupe, Scaronres : palpes labiaux non dilatés; antennes de neuf articles; tête reçue au repos dans des cavités nettement limitées en arrière, au-dessous du corselet; sans écusson; jambes inter- médiaires et postérieures assez robustes, dilatées à l'extrémité : hanches antériewres transversales enfouies dans les cavités cotyloides, concaves sur leur bord libre; des tarses antérieurs : ces or- ganes diminuant graduellement de la base au sommet. Des espèces de taille petite ou moyenne, pour la plupart américaines, mais quelques-unes du Cap. Une dizaine de genres, tels que ceux des : SCA- TONOMUS, quelques espèces (véridis, chalybæus, etc.), à corps oblong, déprimé, avec le corselet plus convexe que les élytres, vert foncé passant au bleu brillant, toutes du Brésil. — Onthocharis, Dej., Westw., et Anomiopus, Westw., groupes voisins du précédent et également de l'Amérique du Sud. — Chæridium, Lepell. et Serv., genre répandu dans une grande partie de l’Amérique, et riche en espèces petites, glabres, brillantes, de couleurs assez variées et souvent métalliques. — Scatinus, Erichs., quelques espèces américaines, dont le faciès est assez semblable à celui du genre précédent. — Uroxys, Westw. (Pyqurus, Dej.), une espèce (cuprascens, de Colombie), re marquable par sa forme allongée, plus ou moins déprimée, et d’une coloration noire bronzée. — Coptorhina; Hope, deux ou trois espèces du Cap.— Delophorus, Ericbs., une espèce de l'Afrique australe. — Sarophorus, Erichs., groupe ne différant guère du suivant et ne comprenant qu'une es- pèce du Cap. — Pedaria, Cast., ayant pour type le P. nigra, Cast., et renfermant des espèces du 102 HISTOIRE NATURELLE. Sénégal, de l'Afrique australe et peut-être du Brésil. — Macroderes, Westw., dont le M. Greent, Kirby, est la seule et unique espèce, et paraît établir le passage des Coprites aux Ateuchites. 6° groupe, Coprires : tête et corselet très-souvent cornus ou tuberculés; palpes labiaux ayant les deux premiers articles dilatés; antennes de neuf articles; tête libre au repos; pas d'écusson; hanches antérieures presque coniques, saillantes intérieurement; jambes intermédiaires et postérieures plus ou moins robustes et dilatées à leur extrémité, à tarses diminuant graduellement de la base au sommet : antérieurs apparents ou n'existant pas.— Les Insectes de ce groupe, assez nombreux en espèces grandes et belles, propres à toutesles contrées du monde, surtout à l'Amérique, mais dont on trouve quelques représentants dans l’ancien continent, même en Europe, sont de taille moyenne ou petite, et rarement assez grande. Leur système de coloration est souvent sombre (Copris), mais quelques-unes des espèces (Phanæus) sont parées de couleurs métalliques et éclatantes. Les diffé- rences sexuelles sont assez grandes, à peu d'exceptions près, dans les deux genres principaux Copris et Phanæus; elles diminuent beaucoup dans divers groupes : chez les Phanæus, l'absence des tarses antérieurs se remarque surtout dans les femelles. Leurs habitudes différent un peu de celles des Ateuchites; on les voit rarement loin des bouses dans lesquelles ils vivent : c’est sous ces substances qu'ils se pratiquent une retraite, les petites espèces en grattant superfciellement le sol, et les grandes en y creusant des trous qui ont habituellement plus de 0®,30 de profondeur. Quoique la structure de leurs pattes de derrière ne leur permette pas de fabriquer facilement des pelotes de matières excrémentitielles en les roulant sur la terre, il est certain que beaucoup d’espèces, parti- culièrement parmi les Copris, en construisent d’aussi parfaites que celles des Ateuchus et des Sisy- plus, qu’elles déposent au fond de leurs retraites. C’est ainsi que le colonel Sykes a fait connaître, dans le tome I des Transactions de la Société entomologique de Londres, la boule stercoraire formée aux Indes orientales par le Copris Midas. Les autres espèces se bornent à accumuler dans leurs trous la quantité de substance nécessaire au développement de leurs larves. Les groupes admis par M. Th. Lacordaire ne sont qu'au nombre de cinq, car il en rejette plusieurs autres. Le genre typique est celui des BOUSIERS ou COPRIS, Copris, Geoffroy (Insectes des environs de Paris), auquel on peut assigner pour caractères d’une manière générale : corps convexe ou oblong; chaperon demi-circulaire; antennes de neuf articles, dont le premier est très-grand et à feuillet intermédiaire de la massue entièrement visible par sa tranche dans la contraction; palpes : maæxil- laires à dernier article faiblement renflé intérieurement, au moins aussi long que les deux sui- vants réunis : labiaux de trois articles distincts, le premier plus grand et plus gros que le deuxième, et le dernier gréle; corselet grand, convexe, w'offrant que deux fossettes à la base au-dessus de la suture des élytres; écusson non visible; pas de vide scutellaire; élytres plus ou moins courtes, con- vexes; suture des flancs de l'antepectus saillante; pattes robustes; jambes postérieures à extrémité inférieure peu où presque uniformément sinueuse dans les deux sexes; tarses : antérieurs existant dans les mûles comme dans les femelles : postérieurs obtriangulaires : le premier de ceux-ci aussi long que les deux suivants réunis; pygidium en triangle curviligne. Les dénominations de Bousier et de Copris (du grec orp0s, fiente, fumier) mdiquent les habitudes de ces Insectes, et étaient jadis appliquées à un beaucoup plus grand nombre d'espèces que celles qu'on y range aujourd'hui. Mais l’on doit dire que l'étude de ce grand et beau genre est très-difficile, par suite de la multiplicité des espèces qui y restent encore, par les différences très-prononcées qui existent habituellement entre les deux sexes, et par les modifications considérables qu'éprouvent l’armature de la tête et celle du corselet. Dans ces dernières années, on a divisé ce genre en plu- sieurs coupes génériques et sous-génériques, mais, ainsi que le fait observer M. Th. Lacordaire, on peut, jusqu’à examen plus complet, les y réunir au moins provisoirement. Tels sont les groupes Holocephalus, Dichotomius, Catharsius et Heliocopris, Hope; les sous-genres Chalcopris, Selenoco- pris, Homocopris et Coptodactyla, Burm., et même les groupes génériques des Ontherus, Pinotus, -Copris, Catharsius et Heliocopris, Erichson, qui se distinguent par des particularités tirées des palpes, du corselet, des pattes et de l'abdomen. Les Copris ont tous l'habitude de s'enfoncer profondément dans la terre, sous les bouses où ils vivent; quoique pourvus d'ailes complètes, ils volent cependant rarement, et uniquement le soir ou pendant la nuit; tous produisent un bruit assez fort en frottant leur abdomen contre le bord A PA rm ee COLÉOPTÈRES. 103 postérieur de leurs élytres. On en décrit près de cent espèces, toutes noirâtres, à très-peu d'excep- tions près, qui habitent principalement les régions intertropicales, dont elles s'éloignent rarement, aussi bien dans l'ancien que dans le nouveau continent; néanmoins un petit nombré d'entre elles se rencontrent dans les pays tempérés. À Fig. 95. N Copris Isidis. (Mäle.) Les espèces européennes, qui ne sont pas rares dans les parties méridionales, ne sont réellement qu'au nombre de deux, quoique l’on en ait admis pendant longtemps un plus grand nombre qui n'é- taient fondées que sur des différences sexuelles ou individuelles. Ces deux espèces sont les Copris paniscus, Fabr., dont la femelle a été décrite sous le nom d'Hispanus, Suekow; et lunaris, Linné, dont la femelle a été désignée, presque jusqu’à ces derniers temps, sous le nom d'emarginatus, Fabr. Une espèce de la Russie méridionale est le C. Armeniaca, Fald. Parmi les espèces des Indes orientales nous nommerons seulement le magnifique C. Midas, Fabr. L'Australie ne renferme que le C. glabricollis, Hope. L'Afrique est très-riche en espèces; tels sont les C. OEdipus, Hamadryas, Antenor, Isidis, Fabr., ete. L'Amérique du Nord n’en possède qu’un petit nombre (type, C. Am- mon, Fabr.). Enfin l'Amérique méridionale est très-riche en grandes et belles espèces, comme les C. Nisus et Meleager, Fabr. Un genre important et démembré des Copris est celui des PHANÆUS, Mac Leay (Horæ entomo- logicæ, Lonchophorus, Germar), qui s'en distingue surtout par le premier article de la massue an- tennaire emboîtant les suivants, et par ses tarses de cinq articles. Sous le rapport de la taille, ces Scarabéiens ne le cèdent pas aux Copris, dont ils ont les formes robustes, mais ils l’emportent de beaucoup sur eux par l'éclat de leurs couleurs, qui sont presque toujours métalliques, et la variété des saillies ordinairement singulières dont leur tête et surtout leur corselet sont armés. Chez quel- ques grandes espèces, telles que dans le Phanæus lancifer, elles sont aussi développées chez les fe- melles que chez les mäles, et ces derniers ne peuvent plus se distinguer que par l’absence des tarses aux pattes antérieures; mais on doit dire que ces armatures sont essentiellement l'apanage des mâles. On en connaît une cinquantaine d’espèces, dont les mœurs ne diffèrent pas de celles des Copris, et qui sont propres à l'Amérique, et répandues depuis la Patagonie jusqu'aux États-Unis. M. Hope en sépare un genre Sternaspis, nommé Oxysternon par M. de Castelnau, et qui n'en diffère que par des caractères secondaires et peu importants. Parmi les espèces nous indiquerons, pour 104 HISTOIRE NATURELLE. celles de l'Amérique du Nord et du Mexique, les P. Belxebut et carnifex, Fabr., et pour celles de l'Amérique méridionale, les P. Jasius, Faunus, lancifer, Mimas, Fabr., ete. Les autres genres de la même division sont les suivants : Gromphas, Dej., Brullé, qui établit le passage des Copris aux Phanæus, et ne renferme que deux espèces : Lacordaire, de Buénos-Ayres et du Pérou, et dichroa, Blanch., de Montévideo. — Dendropræmon, Perty (Enicotarsus, Cast. Onthæcus, Dej.), quelques espèces, toutes brésiliennes, d’un vert métallique ou bleuâtre en dessus. — Canthidium, Erichs., groupe voisin de celui des Chæridium, mais exclusivement américain. 7e groupe, Onrmires : tête et corselet cornus; palpes presque filiformes, avec le premier article plus grand que le deuxième, et à dernier article distinct; tête Libre au repos; antenne de neuf ar- ticles; hanches antérieures coniques, saillantes; jambes intermédiaires et postérieures assex To- bustes, diminuant à l'extrémité; tarses antérieurs chez quelques femelles seulement, alors diminuant de la base au sommet. — Ge groupe ne renferme que peu d'espèces réparties en deux genres et se trouvant principalement dans les régions méditerranéennes, mais dont on connaît quelques repré- sentants dans les Indes orientales, l'Australie et l'Amérique du Nord. Ces Insectes, de taille moyenne, se distinguent très-bien des Scatomites par leurs hanches antérieures, et des Coprites par leurs palpes labiaux, mais le dernier article de ces palpes, qui est distinct, est tout ce qui les sépare des Onthophagites. Leurs habitudes sont les mêmes que celles des Coprites. Les deux genres sont ceux des : 1° ONITIS (Unitis, Fabr., Systema entomologica, Supplément}, corps un peu déprimé et parallélogrammique; menton transversal; chaperon semi-circulare dans les mûles, ogival dans les femelles, souvent échancré en devant; feuillet intermédiaire de la massue antennaire en partie cachée dans la contraction, et non visible dans toute la longueur de sa tran- che; palpes : maæillaires à dernier article ovale, à peine plus long que les deux précédents : la- biaux de trois articles, le premier plus long que le deuxième, et le troisième gréle, très-court; cor- selet creusé à la base de deux fossettes; yeux à demi divisés; écusson visible, petit; corselet aussi long que large; élytres larges, presque parallèles, sans épipleures; suture des flancs de l'antepectus non distincte; pattes très-robustes; jambes postérieures à extrémité inférieure pointue; tarses anté- rieurs nuls au moins dans les mâles : articles des postérieurs presque parallèles. — Les Onitis sont en général d’assez grande taille, de forme carrée et plus ou moins déprimée en dessus. Leurs cou- leurs, assez variées et parfois en partie métalliques, ne sont jamais très-brillantes, et la structure de leurs téguments subit de nombreuses modifications. De même que les Copris, ils habitent les ma- tières excrémentitielles de l'Homme et des animaux, creusant dans le sol, sous ces substances sor- dides, des cavités assez profondes destinées à leur servir de retraite pendant le repos et d’abri dans les moments de péril : c'est là que vivent les larves, au milieu des provisions nutritives que les pa- rents ont eu la précaution d'y placer. Leurs espèces, au nombre d’une soixantaine, habitent princi- palement autour du bassin de la Méditerrannée; il y en a très-peu aux Indes orientales, et, hors de ces pays, on n’en indique qu'une d'Australie et une de l’Amérique septentrionale. Les espèces francaises, exclusives aux régions du Sud, sont les Onitis Olivieri, Illiger; Melibæus, Oliv., et Jon, Oliv. 2 BUBAS, Mes., Mulsant, qui, outre plusieurs caractères importants, se distinguent surtout des Onitis, en ce que l’écusson n'est pas distinct; on ne connaît de ce genre que deux espèces, les B. Bison, Linné, et Bubalus, Oliv., répandues tout autour du bassin de la Méditerranée, et qui sont d'un noir légèrement brillant, d'assez grande taille et très-voisines l'une de l’autre. Se groupe, Onrnopxaeires : palpes labiaux filiformes, à deuxième article au moins aussi long que le premier : troisième à peine distinct ou nul; tête libre au repos, excepté dans un genre : celle-cr et le corselet cornus ou tuberculés; antennes de huit ou neuf articles; jambes intermédiaires et pos- térieures plus où moins robustes, dilatées à l'extrémité : hanches antérieures coniques, saillantes; tarses diminuant graduellement de la base au sommet : toujours des tarses antérieurs. — Les Co- léoptères de ce groupe sont assez nombreux spécifiquement et surtout individuellement, et habitent les diverses contrées du globe. Ils sont généralement petits et de couleurs assez sombres, uniformes; quoique quelques-uns aient des teintes variées et assez vives. Ils vivent dans les bouses, où leurs larves trouvent une abondante nourriture; quelques espèces construisent des boules à peu près à la manière des Ateuchus, mais très-petites même en raison de leur propre taille; d’après M. Kolenati, ut. eee ne ont ts one tend " COLÉOPTÈRES. 105 une espèce d'Onthophaqus, particulière au Caucase, n'ayant probablement pas l’industrie de se fabri- aquer une boule stercoraire pour y déposer ses œufs, sait s'emparer de celles des Gymnopleurus, et elle en fait le berceau de ses larves. D'après les auteurs modernes, le nombre des genres de ce groupe est d’une quinzaine, que M. Th. Lacordaire réduit aux cinq que nous indiquerons. Le genre typique est celui des ONTHOPHAGES (Onthophagus, Latr., Histoire naturelle des Crus- tacés et des Insectes, t. MT), ayant pour caractères : corps ovale ou oblong, un peu déprimé; chaperon ordinairement semi-cireulaire avec ou sans échancrure, parfois ogival dans les mâles; menton trans- versal, échancré en avant; antennes de neuf articles, à massue à feuillet intermédiaire entière- mentvisible par sa tranche dans la contraction; palpes : maxillaires à dernier article presque cylin- drique, aussi long que les deux autres pris ensemble : labiaux de deux articles, le deuxième plus long que le premier; corselet presque en croissant, très-échancré antérieurement, souvent aussi large que les élytres; écusson non visible; pas de vide scutellaire; élytres courtes, peu convexes: pattes médiocres; jambes antérieures quadridentées : postérieures à extrémité inférieure ciliée; tarses : antérieurs existant toujours : postérieurs à articles presque parallèles. Les Onthophagus habitent tontes les régions du monde, aussi bien dans les contrées froides et tempérées que dans les méridionales, et si ceux qui se trouvent dans les deux premières sont de couleur sombre, brunâtre ou noirâtre, et de petite taille, ceux des dernières peuvent briller du plus vif éclat et acquérir une taille moyenne. Leurs différences sexuelles sont très-manifestes, et portent principalement sur l’armature de la tête et du corselet. Comme l'indique leur nom, tiré des mots grecs 060, bouse, crottin, et »x70:, mangeur, le plus grand nombre des espèces se trouvent dans les bouses des animaux, où elles sont habituellement réunies en une immense quantité d'individus; quelques-unes recherchent aussi les matières animales plus ou moins putréfiées. Ils ne s’enfoncent pas dans la terre comme les Copris; à l'époque de la reproduction, les femelles enterrent seulement plus ou moins profondément des boules de substances stercoraires dans chacune desquelles elles ont déposé un œuf. Les espèces d'Europe sont assez homogènes, mais les exotiques présentent parfois des caractères dont on a cherché à tirer parti pour la création de divers genres aux dépens d’un groupe qui renferme à peu près deux cents espèces; C’est ainsi qu'Erichson a voulu y former cinq divisions à quatre desquelles il a assigné des noms, ce sont les: Chalcoderus, Monapus, Philaæ et Phalops. Quant aux espèces francaises, les seules dont nous voulions parler, elles sont au nombre de quatorze, selon M. Mulsant, ce sont les : Onthophaqus tages, Oliv.; lemur, Fabr.; maki, Niger; nuchicornis, Linné; fracticornis, Preys; nutans, Kabr.; cœnobita, Merbst; vacca, Linné; taurus, Linné; Schreberi, Linné; semicornis, Panz.; furcatus, Fabr.; ovatus, Linné, et emarginatus, Mul- sant, dont plusieurs sont propres à la faune parisienne. Un genre Eurysternus, Dalm. (Æschrotes, Mac Leay), propre à l'Amérique du Sud et au Mexique, où il représente nos Onitis, se distingue surtout des précédents par l'absence d'écusson. Deux autres genres se rapprochent encore des Onthophages, mais s’en distinguent facilement en ce que leurs antennes n'ont que huit articles au lieu de neuf. Ce sont : 1° les ONITICELLUS, Zie- gler, Lepell. et Serv., dans lesquels l’écusson est visible, et qui, selon M. Th. Lacordaire, renfer- ment une quarantaine d'espèces, loutes propres à l’ancien continent, à l’exception d'une seule (Cubiensis, Cast.), particulière à l'île de Guba : ces Insectes, auxquels on peut provisoirement réunir le genre Scaptodera, Hope, sont, au moins pour ceux d'Europe, de petite taille et d'une teinte testacée livide, avec des taches ou petites lignes parfois noirâtres, parfois, au contraire, plus pàles que le fond; deux espèces habitent les régions méridionales de la France, ce sont les : Oniticellus pallipes, Fabr., qui est répandu en même temps dans une partie de l'Afrique et de l'Asie, et flavipes, Fabr. Et 2° les Drepanocerus, Kirby, dans lequel il n’y a pas trace d'écusson, et qui, jusqu'ici, ne renferme que deux espèces (Kèrbyi, Kirby, et furcifer, Cast.), qui proviennent des environs du cap de Bonne-Espérance. Enfin M. Roth indique sous le nom d’Ixodina un genre d'Abyssinie, ayant pour type et espèce unique l'I. Abyssinica, et qui tend à établir le passage des Drepanocerus aux Oniticellus. . Tetribu, Apnonines : organes buccaux en entier ou incomplétement débordés par le chaperon: lanquette membraneuse, habituellement. à deux lobes; mächoires cornces, dentées, ciliées, à lobes coriaces et inermes; mandibules et labres cachés sous le chaperon ou visibles et de structure va- ce 14 106 HISTOIRE NATURELLE. riable; antennes, insérées sous le chaperon, de neuf articles : à massue courte, épaisse, de trois articles; hanches intermédiaires obliques, contiguës en arrière; parapleures métathoraciques sim- ples; ventre offrant six segments tous simples. Fig 96.— Chiron digilatum. Fi. 97. — Ægialia arenaria. Les Aphodides, sauf une seule exception, sont tous des Insectes de petite taille, et à corps eylin- drique ou oblong. Les organes buccaux présentent encore quelques-uns des caractères des Coprides, mais ils tendent à se modifier et à ressembler à ceux des derniers Scarabéiens. Les yeux ne sont plus que faiblement partagés en deux. Les antennes sont assez semblables à celles des Coprides, mais leur massue n’est jamais concave. L’écusson, qui existe presque toujours, est constamment assez petit. Les élytres recouvrent presque complétement le pygidium. Les hanches antérieures sont obliques, toutefois elles sont transversales dans les Aulocnemis; les postérieures sont en général légèrement élargies et recouvrent le premier et même le second anneau de l'abdomen. Les cuisses et les jambes sont très-robustes, et les tarses ne manquent jamais aux pattes de devant. L’abdomen n’est jamais allongé. Les différences sexuelles sont assez peu remarquables; néanmoins la tête offre parfois, dans le sexe mâle, de un à quatre tubercules, qui existent aussi dans quelques cas chez les femelles, mais qui sont beaucoup moins apparents. Ces Insectes sont essentiellement coprophages, et, comme les Coprides, sont chargés par la nature de détruire les parties les plus fluides ou les moins consistantes des matières excrémentitielles au milieu desquelles ils se rencontrent constamment, et souvent en très-grand nombre. Quelques-uns vivent dans l’occasion ou semblent même préférer les matières animales en voie de décomposition. Il en est qui habitent aussi dans la terre, le sable, les débris des végétaux et autres substances ana- logues. La plupart ont une activité diurne, et d’autres sont principalement crépusculaires. Le corps de ces Coléoptères est généralement revêtu de couleurs peu brillantes : de teinte ordinairement rouge ou noire; les élytres de plusieurs sont d'un jaune livide avec ou sans taches noires. Les fe- melles ne construisent pas de coques ou de boules stercoraires pour servir d'habitation à leurs des- cendants; elles se contentent de déposer leurs œufs au milieu des tas ou parcelles de bouse, de fumier ou de détritus de végétaux. C'est là que ces œufs éclosent et que les larves qui en sortent se pratiquent habituellement une espèce de niche dans laquelle elles subissent plus tard leurs der- nières métamorphoses, et où elles trouvent une abondante nourriture. Les larves de huit espèces de cette tribu ont été plus ou moins complétement décrites par les au- teurs; toutes se rapportent à des espèces européennes du seul genre Aphodius, et présentent des antennes de einq articles, des mandibules obtusément tridentées, des pattes formées de cinq pièces, la dernière petite, en forme d’ongle, et dont les segments qui forment le corps sont divisés supérieurement en bourrelets transversaux. Ces larves sont celles des Aphodius fossor, Linné, que MM. Candèze et Chapuis ont fait complétement connaitre, fimetarius, Linné; bimaculatus, Fabr.; pecari, Fabr.; inquinatus, Fabr., indiquées principalement par M. Mulsant, et dont la première (fimetarius) avait précédemment occupé Frisch et Erichson; conjugatus, Panz., mentionné par Koy et Boheman, de Haan et Erichson; nigripes, Fabr., citée par de Haan, et lividus, Oliv., dont s'est occupé M. Bouché. La larve de l'A. fossor, qui est entièrement d’un blane bleuâtre, et longue d’un peu plus de 0,020, se trouve communément au printemps enfouie à peu de profondeur dans la terre, sous les bouses sèches de l'année précédente, et ses transformations s'accomplissent assez rapidement. La tête est brune, portant une courte impression longitudinale à sa partie supérieure, COLÉOPTÈRES. 107 et çà et là quelques poils assez longs. Les antennes sont longues, à premier artiele cylindrique, tronqué obliquement au bout, deuxième de même longueur et plus gros, troisième le plus long de tous, et le cinquième petit, acuminé. Le chaperon est en trapèze, séparé du front par un sillon transversal bien marqué. La lèvre supérieure est arrondie, vaguement trilobée ou poilue. Les man- dibules sont longues, grêles, noires, granuleuses au sommet. Les lobes des mächoires sont séparés, aigus à leur extrémité. Les palpes maxillaires ont trois articles: le deuxième légèrement plus grand que le premier et le troisième petit, conique : les labiaux, petits, ne présentent que deux articles, le premier globuleux et l'autre fusiforme. La lèvre inférieure est formée d'un menton trapézoïdal. Les segments thoraciques sont semblables aux abdominaux : ces derniers au nombre de neuf et couverts de bourrelets transversaux. Les pattes sont très-écartées à leur base : la première paire plus courte que les autres, composée d’une cuisse forte, d’un trochanter petit, donnant attache à une jambe longue et allant en s’élargissant jusqu’au sommet, et d’un tarse peu développé. Les stigmates sont disposés de la même manière que dans les autres larves de Scarabéiens. La larve de l’Aphodius fimetarius, qui, ainsi que l'indique le nom spécifique, se trouve dans les fumiers, où elle est abon- damment répandue, est semi-cylindrique, ridée, courbée en dedans, d’un blane sale sur les anneaux thoraciques et sur les côtés des premiers segments de l'abdomen, d’un gris ardoisé sur la ligne dorsale de ceux-ci, et graduellement sur toute la surface des derniers; la tête est convexe, d’un roux jaunâtre; les antennes sont aussi longues que la tête, à dernier article court; les mandibules sont cornées, noires, surtout à l'extrémité, tridentées; les mâchoires sont profondément bifides, ciliées intérieurement; les palpes maxillaires ont quatre articles, et les labiaux trois; les pieds sont d’un blanc rougetre. Les autres larves sont assez semblables aux deux que nous venons de décrire et pe présentent que de légères différences spécifiques. Les nymphes ont été peu observées, et semblent ne rien offrir de bien particulier. Les espèces particulières à cette tribu sont nombreuses, et paraissent propres à presque toutes les régions du globe: mais, contrairement à ce qui a lieu dans les Coprides, c’est principalement dans les contrées septentrionales et tempérées qu’on en rencontre en plus grande abondance que dans les contrées chaudes. Le nombre des genres, assez peu considérable, selon la plupart des auteurs, l’est contrairement beaucoup suivant d’autres, qui ont créé un assez grand nombre de coupes génériques, principalement avec les espèces françaises ou européennes. Le genre typique, celui des Aphodius, a été fondé par Illiger aux dépens des Scarabæus, de Linné. Les autres genres, qui n’ont pas toujours tous été placés dans la même division, sont dus à Latreille, à Lepelletier de Saint-Fargeau et Ser- ville, à Gyllenhal, à Dejean, à M. Westwood, à Klug, à Mac Leay, et surtout à M. Mulsant. Un groupe que M. Th. Lacordaire range parmi les Aphodides, mais qu'Erichson placait avec les Coprides, et qui, par l’ensemble de ses caractères, établit le passage des uns aux autres, est celui des Aulocnemis, Klug, qui ne renferme que deux espèces (opatrina et exarata), propre à Mada- gascar. Le genre APHODIE (Aphodius, Iliger, Die Kæf. Reuss.), üré du mot grec 4530, excrément, a pour caractères : corps cylindrique ou un peu convexe; menton plan, carré ou trapézoïde, plus ou moins échancré en avant; languette bilobée, à lobes péniculliformes; palpes : labiaux à dernier ar- ticle presque conique, aussi long ou un peu plus court que le deuxième : maxilluires à deuxième et quatrième articles, les plus longs de tous, presque éguux; mâchoires à lobes membraneux; man- dibules en forme de lamelles cornéo-membraneuses et cachées dans la cavité buccale; labre non vi- swble; tête peu convexe, transversale, demi-cireulaire et souvent sinuée dans son milieu en avant; yeux faiblement divisés; antennes à premier article très-lonq, les cinq suivants de grandeur va- riable : massue courte, épaisse; corselet transversal, rebordé, presque droit sur les côlés, un peu échancré en avant, et légèrement arrondi ou presque droit à la base; écusson de grandeur et de forme variables; élytres plus où moins cylindroïdes recouvrant le pygidium en arrière; pattes assez robustes; jambes antérieures tridentées : les autres dilatées, h'onquées et ciliées au bout, à éperons longs et aigus; tarses assez longs, grèles : le premier article des quatre postérieurs plus ou moins allongé, et à crochets petits. Les Aphodius sont extrêmement nombreux et répandus sur toute la surface du globe, mais nulle part ces espèces ne sont plus multipliées ni plus fécondes que dans les régions froides et tempérées de l'ancien continent. L'Europe moyenne en possède seule près de cent espèces, dont soixante-dix-neuf 108 HISTOIRE NATURELLE, sont décrites dans la faune entomologique d'Allemagne, et cinquante et une dans selle de France de M. Mulsant; le nord de l'Europe en nourrit également une vingtaine; les autres espèces sont asiatiques, des Indes orientales et de la Chine, de l'Arabie, de diverses parties de l'Afrique, de l'Aus- tralie, de l'Amérique du Nord et des Antilles, de l'Amérique du Sud, de l'ile de Taïti, ete. Ce sont des espèces de petite taille, et les plus grandes atteignent à peine une taille moyenne. Leurs cou- leurs, la structure des élytres et la pubescence varient considérablement; néanmoins la grande ma jorité des espèces sont noires ou brunes et glabres, sauf quelques poils en dessous. Ges Insectes recherchent de préférence les excréments des animaux herbivores, où ils pullulent pour la plupart; mais divers d’entre eux préfèrent cependant soit les matières animales et les fumiers provenant de la litière des animaux, soit le terreau riche en principes organiques végétaux décomposés. En Eu- rope, ils comptent parmi les Coléoptères les plus printaniers; pendant le jour ils restent ordinaire- ment dans leurs retraites; mais, le soir, principalement à l’approche du coucher du soleil, on les voit voltiger en grand nombre : leur vol n’est pas très rapide, et ils rasent le plus ordinairement la terre. On a dû chercher, dans un groupe aussi nombreux, à former des subdivisions spéciales, qui ont été élevées au rang de genres; mais, comme les caractères sur lesquels ces subdivisions sont fondées sem- blent secondaires, ces groupes ne sont regardés par Erichson que comme des sous-genres, et M. Th. Lacordaire ne les admet même pas, se basant sur ce que ces subdivisions, dues à M. Mulsant, et fon- dées uniquement sur des espèces françaises, ne peuvent contenir qu'un très-petit nombre des autres espèces européennes et exotiques, et que dès lors il faudrait eréer un grand nombre de subdivi- sions particulières pour ces dernières. Quoi qu’il en “soit, M. Th. Lacordaire réunit aux Aphodies les genres suivants de M. Mulsant, que nous allons nommer, en indiquant les espèces les plus con- nues, toutes propres à la France, et se trouvant pour la plupart dans toutes les parties de l'Europe : Colobopterus, ayant pour espèce unique le C. erraticus, Linné; Coprimorphus : type, C. scrutator, Herbst; Eupleurus : type, subterraneus, Linné; Otophorus : type, hkæmorrhoidalis, Linné; Teuchetes : espèce unique, T. fossor, Linné; Aphodius : des espèces nombreuses, comme les A. scybalarius, Fabr.; conjugatus, Panz.; fimetarius, Linné; ater, Geoffr.; granarius, Linné; bimaculatus, Fabr.; quadrimaculatus, Linné; sordidus, Fabr.; merdarius, Fabr.; lividus, Oliv., ete.; Acrossus : types, rufipes, Linné.; luridus, Fabr., ete.; Melinopterus : type, M. prodromus, Brahm.; Trichonotus : es- pèce unique, T. scropha, Fabr.; Heptaulacus : les H. sus, Herbst; nivalis, Muls., et testudinarius, Fabr.; Plagiogonus : espèce unique, P. arenarius, Oliv., et Oxyomus, ayant pour espèce principale l'O. porcatus. — Ge dernier groupe, dont on signale quelques espèces exotiques, et qui a été indi- qué, mais non décrit par Eschscholtz et M. de Castelnau, est adopté par quelques auteurs, car il offre un faciès particulier, qui est dû aux côtes dont sont munies les élytres. Les genres admis par M. Th. Lacordaire, et qui se rapprochent plus ou moins des Aphodius, sont les suivants : — Ryparus, Dej., West., ne renfermant que le R. Desjardinsii, de l'ile Maurice, qui, par suite des côtes dont il est revêtu en dessus et par sa forme, ressemble un peu à un Élophore.— Ammaæcius, Muls., à corps court, convexe, ovalaire, comprenant de nombreuses espèces noires, fortement striées.sur les élytres, avec les intervalles entre les stries plus ou moins carénés et cré- nelés, vivant dans les régions méridionales de l’Europe et septentrionales de l'Afrique, principale- ment dans les endroits sablonneux, et fréquentant les bouses desséchées et les crottins de Moutons, ayant pour type et espèce unique française l’A. elevatus, Fabr.— Euparia, Lepell. etServ., offrant une épine terminale en dehors des jambes postérieures, et constitué avec de nombreuses espèces, toutes américaines, mais paraissant plus abondantes dans le Midi que dans le Nord. — Rhyssemus, Muls., ayant de un à quatre sillons transversaux sur le corselet, et en outre offrant certains carac- tères tirés de la bouche: quelques petites espèces surtout particulières à l'Europe méridionale, se trouvant dans les détritus des végétaux en décomposition, et dont la plus connue, répandue partout, est le R. asper, Fabr., noirâtre, avec des aspérités bien marquées. — Psammodius, Gyllenh., ayant le menton légèrement transversal; lobe externe des mächores corné, arqué et terminé par trois ou quatre dents; dernier article des palpes labiaux ovalaire et arqué : celui des maæxillaires fusiforme; mandibules et lubre cachés dans la cavité buccale : Les premiers presque membraneux, avec la base et la dent molaire cornées, ete.; ainsi caractérisé, ce groupe renferme les genres suivants de M. Mul- sant, qui ont été fondés sur des particularités tirées de la structure des pattes, ete. Platyomus, ayant pour type le P. sabulosus, Dej., Muls., des parties tempérées et septentrionales de la France, Fig. 1. — Popilia bipunctatu. Fig. 2 lig. 3. — Anisonyx lynx. ñ Fig. 4. — OEsalus scaraboides. Fig. 5. — Camptocerus œneipennis C5 PL. 19 ne) COLÉOPTÈRES. 109 de l'Allemagne; Pleurophorus, espèce unique, P. cæsus, Panz., de toute l'Europe; Haute, type unique, D. sabuleti, Panz., des parties froides de l’Europe, et Psainmodius, renfermant la plupart des espèces, et surtout les P. sulcicollis et porcicollis, iger, de la France; ces Insectes, de petite taille et noiràtres, vivent dans le sable ou sous les pierres, voltigent quelquefois en grand nombre le soir à la manière des Aphodies, et sont propres à l’Europe, au nord de l'Afrique et à l'Amérique septentrionale. — Chætopisthes, Westw., une espèce (fulvus), en entier de couleur fauve et origi- naire de l’Hindoustan central. — Corythoderus, Klug, une espèce (loripes) habitant le Dongola. Enfin deux derniers genres, placés par Latreille parmi les Arénicoles ou Trogides, mais qui, comme l’a montré M. Th. Lacordaire, semblent plutôt appartenir aux Aphodides, sont les suivants : — 1° ÆGIALIA, Latr. (Gen. Crust. et Ins.), ayant presque tous les caractères des Psammodies, mais à chaperon ne cachant pas entièrement toutes les parties de la bouche ; à mandibules et lobe infc- rieur des mächoires cornés; à corselet et élytres n'offrant pas de traces de sillons, ete.; un peu plus grand que les genres précédents, se trouvant dans le sable, ayant pour type l'A. arenaria, labr., commun dans l’Europe méridionale, remarquable par sa forme courte et ventrue, et habitant particulièrement sur les bords de la mer, et comprenant, en outre, quelques autres petites espèces d'Europe et de l'Amérique du Nord, à forme allongée et cylindrique. -— 2° CIHRON, Mac Leay, groupe différant assez notablement du précédent par des caractères importants, mais cependant ne pouvant être séparés des Aphodides, dont Mac Leay et Dalman les avaient considérablement éloignés en les rangeant parmi les Lucanides, auprès des Sinodendron, dans lesquels l'abricius les plaçait; ce sont des Insectes de taille grande comparativement à celle des Aphodius, et à forme très-allongée et cylindrique; leurs espèces sont originaires des parties chaudes de l’ancien continent; type, C. digitatum, Kabr., très-répandue dans des pays éloignés les uns des autres, en Sicile, au Sénégal, en Égypte, dans les Indes orientales, ete. & tribu, Hveauines ou Onruxies : éte non dilatée, et, par suite, les organes buccaux n'étant pas inférieurs; languette membraneuse, souvent bifide; mächoires à lobes variables : l’interne corné ou denté; mandibules et labre cornés, non recouverts par le chaperon, qui est légèrement élargi et recouvre la base des antennes : celle-ci de dix articles, à massue courte, épaisse; hanches intermé- diaires obliques, contiqués,; parapleures métathoraciques simples; abdomen ayant six segments, tous légèrement mobiles. Les Insectes de cette tribu, assez peu nombreux en espèces, répandus cependant dans toutes les parties du monde, sauf l'Australie, sont très-voisins des Aphodides, auxquels on les réunit parfois, et s'en distinguent surtout par leur faciès et par le nombre de leurs articles antennaires. Les mé- tamorphoses d'aucune espèce ne sont connues. Leurs habitudes sont loin d'avoir été complétement observées : on sait seulement que les espèces d'Europe se rencontrent dans les lieux sablonneux, dans les détritus végétaux, et qu’on les prend parfois au vol à la nuit tombante. On n’y range que cinq genres assez rares dans les collections. Le genre principal est celui des HYBALUS, Dej. (Brullé, Hist. nat. des Ins. Col., t. Il), que M. Brulié avait mentionné précédemment sous la dénomination de Geobius, qui a due être rejetée comme ayant été employée antérieurement par Dejean pour un genre de Carabiques : ce sont des Insectes d'assez petite taille, d'un noir où d’un brun assez brillant : glabres en dessus; à élytres, surtout dans les femelles, n'étant qu’un peu plus longues que le corselet, et comme ventrues, ce qui leur donne un aspect fort singulier; on n'en décrit que quatre espèces, toutes propres à l'AI- gérie, et dont une (H. dorcas, Fabr.) étend son habitat jusque dans le midi de l’Europe, où elle est assez rare. À Les autres genres sont ceux des : — Orphnus, Mac Leay, Insectes de taille moyenne ressemblant beaucoup à de petits Oryctes, tant pour la forme de leur corps que pour la coloration et la structure des téguments, mais dont ils différent beaucoup par l’organisation de leur bouche, quelques espèces de l'Afrique, de Madagascar et des Indes orientales. — Triodontus, Westw., groupe ne différant guère du précédent, et ne renfermant qu’une seule espèce (ritidulus) propre à Madagascar. — Ægidium, Dej., Westw., quatre espèces américaines, trois de la partie du Sud et une de celle du Nord, de taille moyenne, peu convexes en dessus, oblongs, d’un brun noiràtre. — Ochondæus, 110 HISTOIRE NATURELLE. Mes., Lepell. et Serv., genre auquel on réunit le groupe des Codocera, Esehs., ou Stompboa, Fischer de Waldheim, et qui renferme une dizaine d’esvèces de l’ancien et du nouveau continent, rares partout, de petite taille, d’un fauve testacé ou rougeûtre, offrant le faciès des Nitidula, et se pre- nant ordinairement au vol le soir, quelquefois le jour et accidentellement sous les débris des végé- taux : type, l'O. chrysomelinus, Fabr., espèce des parties méridionales de l'Europe, et qui semble cosmopolite, car on l’a signalée également des Indes orientales. — Glacesis, Erichs., Westw., groupe qui se rapporte peut-être aux Trogides, et ne renferme qu'une espèce unique (rufa) décou- verte en Hongrie. % tribu, Hysosonnes : languette membraneuse, bilobée; mâchoires à lobes membranvux, inermes; mandibules et labre cornés, non recouverts par le chaperon; antennes de dix articles, à massue de trois, dont le premier est en forme de cupule et emboîte plus ou moins le deuxième; hanches inter- médiaires obliques, contiqués; parapleures métathoraciques appendiculées; abdomen ayant six seq- ments, dont les cinq premiers fortement soudés ensemble. D'après les caractères que nous venons de donner, on voit que les Insectes de cette tribu, qui sont quelquefois rangés parmi les Trogides, ne diffèrent réellement des Hybalides, dont ils ont les mœurs, que par la forme de la massue antennaire, par la présence des épimères du métathorax, et par la soudure de presque tous les segments abdominaux. Leurs premiers états ne sont pas connus, et l'on ne range dans cette tribu que cinq genres assez rares, propres à l’Europe, à l'Afrique, à quelques parties de l'Asie et à l'Amérique, et dont un seulement était indiqué par Latreille. Fig. 98. — Hybosorus arator C'est le genre typique des HYBOSORUS, Mac Leay (Horæ entomologicæ, t. I*'), qui renferme de petits Scarabéiens régulièrement ovales, presque parallèles, très-convexes, à élytres courtes, mar- quées de dix à vingt stries très-régul'ères et trés-rapprochées, glabres, sauf quelques poils fins et longs en dessous, d’une coloration noire ou d'un fauve brillant; et habitant les sables, à la surface desquels on les rencontre courant avec agilité : on n’en connaît que quatre ou cinq espèces, propres au continent indien et à l’Afrique, et le type est l'H. Iigeri, Reiche, que l’on ne doit pas con- fondre, comme on l’a fait jusque dans ces derniers temps, avec le Scarabæus arator, Ilig., qui est le type du genre Heteronychus, dans la tribu des Dynastides. Les autres genres sont ceux des : — Phæochrous, Cast. (Silphodes, Westw.; Acallus et Atimus, Dej.) : quelques espèces un peu plus grandes que celles des Hybosores, à corps plus allongé, moins convexe et moins robuste, de couleur ne variant que du brun noirâtre au rouge brun peu brillant, particulières aux Indes orientales et à l'Afrique, et dont le P. Sumatrensis, Westw., se nourrit de substances animales décomposées. — Cælodes, Westw., de petites espèces de forme courte, ramassée et très-convexe, glabres, brillantes, se trouvant dans l'Amérique méridionale, vivant dans les en- droits sablonneux, recherchant les excréments humains à moitié desséchés, fouillant le sol sans s'y enfoncer et volant bien et fréquemment pendant le jour. — Chætodus, Westw., un nombre assez restreint d'espèces voisines de celles du genre précédent et des mêmes pays. — Dicræodon, Erichs., une espèce, de Cayenne, D. basalis, que M. Westwood plaçait dans le genre Chæotode, — Hapalo- nychus, West. (Trichops, Manh.), différant des genres qui précèdent par sa massue antennaire non lenticulaire, mais oblongue et un peu arquée, à premicr article emboîtant tout à fait le deuxième : espèce typique, H, Waterhousei, de l'ile de Cuba. Det dy COLÉOPTÈRES, 111 10° tribu, Trocines : corps plus ou moins arrondi; languette souvent membraneuse, de forme va- viable; mächoires à lobes habituellement membraneux, inermes; mandibules et labre cornés, à découvert; antennes de neuf ou dix articles : à massue de trois, en général lamelleuse; hanches in- termédiaires courtes, souvent presque globuleuses, transversales où un peu obliques, toujours con- tiqués; parapleures métathoraciques simples; abdomen plan, ayant cinq segments légèrement mobiles. Cette tribu, assez riche en espèces peu remarquables par leur système de coloration généralement sombre, grisätre, mais intéressantes par leur forme et la structure de leurs téguments, est surtout caractérisée par le nombre réduit des segments abdominaux et la disposition des membres. Les pattes de devant ne sont pas destinées à fouiller le sol, et servent uniquement à l’acte de la locomotion; les jambes antérieures ne s'élargissent pas et sont faiblement dentées : les hanches de la même paire, comme celles des intermédiaires, sont très-courtes dans le sens transversal; les élytres recouvrent tout à fait le pygidium. Au reste, ces Insectes diffèrent assez notablement entre eux dans leur faciès gé- néral, ce qui est dù à ce que les uns possèdent la faculté de contracter leur corps en boule, tandis que les autres ne l'ont pas. Leurs mœurs sont assez peu connues, surtout pour les espèces exotiques; mais, si l’on pouvait les généraliser d’après les remarques qui ont été faites pour quelques espèces européennes du genre Troæ, on devrait dire que ce sont des Insectes qui fréquentent les sables, qui ne sont pas coprophages, et se nourrissent de débris organiques. L'histoire, plus où moins complète, des métamorphoses de deux espèces a été donnée. MM. Wa- terhousse et Westwood se sont occupés de celles du Trox scaber, Linné, ou arenarius, Fabr., com- mun dans presque toute l'Europe, et MM. Chapuis et Candèze ont décrit la larve du T. Carolinus, Dej., de l'Amérique du Sud. D'une manière générale, on peut dire que ces larves ont des segments divisés à leur partie supérieure en bourrelets transversaux, que les mandibules sont armées d'une dent au côté interne, que les antennes ont trois articles, que les palpes maxillaires en ont également trois, et que toutes les pattes sont semblables et munies d'ongles. La larve du Trox scaber à un corps composé de douze segments d'égale grosseur : les trois premiers portant chacun en dessous une paire de pattes, tous ridés en dessus, moins le prothoracique et le terminal; la tête est ronde, déprimée, à peine plus large que les segments qui la suivent, grossièrement ponctuée à sa partie antérieure; le labre est petit, transversal, muni en devant de très-petits tubercules; les mandibules sont courtes, à une seule dent intérieurement; les mächoires, armées d'épines, ont deux lobes; les antennes n'offrent que trois articles, dont celui de l'extrémité est petit. La larve du Trox Carolinus offre quelques différences avec celle du T. scaber; elle est d’un blanc sale, avec quelques longs poils épars sur le corps et sur la tête, et ses plaques prothoraciques sent d'un noir brunâtre. Les dix ou douze genres de la tribu des Trogides peuvent, par des caractères importants, être partagés en deux groupes primaires. A. Espèces à corps non susceptible de se contracter en boule; à antennes de dix articles; à écus- son petit; à tarses ciliés ou épineux en dessous. Le genre typique est celui des TROX (Trox, l'abr., Systema entomologica), ayant pour caractères : corps assez notablement arrondi, ovalaire, ou plus ou moins allongé; tête petite, contractile, iné- gale; menton transversal; palpes à dernier article ovalaire; mandibules robustes, larges, arquées; labre saillant, incliné; chaperon très-court, triangulaire; antennes à premier article arqué, dilaté, cilié : massue ovalaire, lamelleuse; écusson triangulaire; élytres oblonques ou ovales, convexes; pattes médiocres, à cuisses antérieures très-grosses, jambes de la même paire grèles, élargies à l'extrémité : jambes des quatre paires postérieures à peine élargies au bout, robustes; tarses courts, filiformes, à crochets médiocres ou petits. Les Insectes de ce genre habitent en général les terrains sablonneux et ont le corps presque con- stamment couvert de terre ou de poussière. On les trouve quelquefois aux pieds des arbres, vivant de débris de substances végétales, mais ils se nourrissent plus habituellement des parties animales desséchées, et fréquentent les charognes. Ils font entendre une petite stridulation produite par le frottement de l'abdomen contre les élytres. Lorsqu'on les approche, ils inclinent la tête, replient “eurs pattes antérieures, et font les morts jusqu’à ce que le danger soit passé. Chez quelques espèces 112 HISTOIRE NATURELLE. les ailes sont incomplétement développées ou peuvent tout à fait manquer : dans d’autres ces or- ganes existent, et leur permettent de voler avec assez de facilité, ce qu'ils ne foni guère qu'à l'approche de la nuit. Leur taille est moyenne, leur coloration sombre, leur forme oblongue ou ovalaire; leurs téguments sont solides, durs, plus ou moins raboteux en dessus; leurs élytres offrent, dans le plus grand nombre des cas, des tubercules disposés en rangees sur des côtes longitudinales garnies de petits fascicules écailleux. Selon Linné, le nom de TouwË était employé par d'anciens au- teurs grecs, et son étymologie provenait du verbe rpwys, je ronge. Fig. 99. — Trox scaber. Fig. 100. — Trox sabulosus. . Les Trox, dont on connait une soixantaine d'espèces, sont répandus sur la plus grande partie du globe; ils sont plus nombreux en Amérique que partout ailleurs, et l'Europe n’en renferme que six à huit espèces. En France, nous possédons les Trox perlatus, Seriba; hispidus, Laichart; sabulosus, Linné, et scaber, Linné, ou arenarius, Fabr., qui se retrouve également dans d’autres provinces européennes. à Deux espèces, qui par quelques caractères différenciels se distinguent des Tr'ox proprement dits, sont devenues les types de deux genres particuliers, ce sont le : Trox horridus, Fabr., assez com- mun en Afrique, qui forme le genre Phoberus, Mac Leay, et le Trox suberosus, Fabr., de l'Amérique du Sud, qui a servi à l'établissement du genre Omorgus, Erichson. Les autres genres du même groupe sont ceux des : Glaresis, Erichs., Westw. — Cryptogenius Westw., une espèce (Miersianus) de Colombie. — Anaides, Westw., une espèce (fusculatus) du même pays que la précédente. — Liparochrus, Erichs., groupe exclusivement australien, et qui jusqu'ici n’est formé que d’un petit nombre d'espèces. — Eremazus, Mulsant, groupe qui se rap- porte peut-être aux Aphodides, et a pour type et espèce unique l'E. unistriatus, d'Algérie. B. Espèces à corps susceptible de se contracter en boule; à antennes de neuf ou dix articles : le premier anguleux ou dentiforme extérieurement; à écusson très-grand; à quatre premiers articles des tarses garnis de poils longs en dessous. Le genre principal et longtemps unique de ce groupe est celui des Acanthocerus, Mac Leay, formé d'espèces assez petites, répandues en Amérique, depuis les régions les plus boréales jusqu'au Chili, toutes très-contractiles, de telle sorte que pendant la contraction le corps forme une sphère incomplète, qui sont parées de teintes métalliques, et qui se trouvent sous les écorces humides dans le bois en décomposition. — D’autres genres démembrés de celui-ci par Germar sont ceux des : Clæotus, Sphæromorphus et Symarmostes, les deux premiers américains, et le dernier parti- culier à Madagascar. 4° tribu, Géornurines : corps ovalaire; tête médiocre; languette variable; yeux en général coupés par les joues; mâchoires à lobes le plus ordinairement cornés, avec l'interne denté, mais parfois coriaces et inermes; mandibules et labre cornés, découverts : les premières très-saillantes; antennes de onxe articles, à massue de trois, et de forme variable; corselet très-bien développé; pattes fouis- seuses; tarses courts, grèles, munis de crochets peu robustes; jambes antérieures souvent crénelées sur la tranche externe et terminées par deux éperons; hanches intermédiaires plus ou moins obli- Lou ne j COLÉOPTÈRES. 115 ques; élytres recouvrant à peu près complétement le pygidium; parapleures métathoraciques appen- diculées; abdomen très-court, à segments tous libres, et au nombre de six. Le meilleur caractère des Géotrupides se trouve dans le nombre des articles des antennes, car ce sont les seuls Scarabéiens qui offrent cette particularité importante. D'autres caractères de première valeur se rencontrent dans la brièveté de l'abdomen, et, par suite, dansletrès-grand développement du corselet, et dans la force des pattes, qui démontrent que ces Insectes sont essentiellement fouis- seurs. Les organes buccaux sont assez variables : chez les uns, ils sont construits sur le plan de ceux des Coprides, et chez les autres, sur celui des Orphnides et de certains Aphodides; mais nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit de ces organes. Les différences sexuelles sont encore assez apparentes; en effet, la tête porte très-souvent une corne, un tubercule ou une carène dans les mâles, et cette même disposition se reproduit, à un degré plus prononcé, sur le corselet : un fait qui doit encore être signalé, c’est que, contrairement à ce qui a lieu habituellement dans les autres Coléo- ptères, les mâles ont souvent une taille supérieure à celle des femelles. Une particularité, indiquée par M. Th. Lacordaire, et que nous devons rapporter parce qu’elle montre, selon nous, le rapport qu'il y a sous ce point de vue entre les Géotrupiens et les Coléoptères de la famille des Lucaniens qui va suivre, se trouve dans les cuisses : celles de devant, dâns les deux genres Geotrupes et Le- thrus, offrent une tache soyeuse d’un jaune doré, semblable à celle que l’on remarque chez les Lu- canus, et, dans les autres genres, cette tache est remplacée par une ligne de petits poils fins s’éten- dant dans toute la longueur de la face interne de ces organes, et rappelant tout à fait celle que l’on voit chez les Passalus. Fig. 101. — Geotrupes stercorarius Fig. 102. — Bolboceras (Odontæus) mobilicornis. Les Géotrupides sont de taille au moins moyenne et presque toujours assez grande. Ils sont ré- pandus sur toute la surface du globe, assez nombreux spécifiquement, mais restreints à un petit nombre de coupes génériques. Leur coloration n'est habituellement pas très-brillante, quoiqu'il y ait quelques exceptions à cette règle, et que même quelques-unes de nos espèces européennes, tout en ayant des teintes uniformes, soient plus belles que nos Coprides, par suite d’un vernis parfois brillant dont elles sont recouvertes. Leurs mœurs sont assez variées, mais l'on peut dire que la plupart des espèces, surtout celles du genre Géotrupe, sont essentiellement coprophages. En effet, les Géo- trupes, que l'on a pu mieux observer que certains autres groupes de la même tribu, en raison de leur existence moins souterraine et moins nocturne que celle d'autres genres de la même division, recherchent les déjections excrémentitielles de l'Homme, des Chevaux et des Ruminants, creusent sous ces matières des trous perpendiculaires ou obliques, dont ils s’éloignent peu pendant le jour, ou à l'ouverture desquels ils se trouvent cramponnés pour satisfaire leur appétit: c'est là aussi qu'ils vont se réfugier en cas de danger; mais, aux approches de la nuit, ils quittent ces lieux re- tirés pour se mettre à la recherche d’une proie nouvelle ou pour effectuer le rapprochement des sexes. Comme les Hannetons, avant de prendre leur vol, ils donnent à leur abdomen un mouve- ment de va-et-vient considérable, l’abaissent pour permettre à l'air de pénétrer sous les élytres, entr'ouvrent et referment celles-ci brusquement et à plusieurs reprises pour faire entrer dans leur corps massif une plus grande quantité de fluide aérien, puis se dressant sur leurs pieds de derrière, c.3 15 114 HISTOIRE NATURELLE. ils essayent de prendre leur essor : mais souvent leur premier coup d'air, frappant avec trop de force, les rejette en arrière sur le dos, et ils doivent s'y reprendre à plusieurs fois. Leur vol est court, lourd, sinueux, et ils ne font guère que raser la terre, ne s’élevant pas beaucoup; l'influence atmosphérique semble agir fortement sur eux, et c’est seulement dans les chaudes soirées qu’on les apercoit en grand nombre. La plupart d’entre eux, au moins tous les Géotrupes, possèdent des or- ganes de stridulation qui consistent, comme l'ont montré Erichson et M. Westring, en une faible saillie striée transversalement et placée au bord postérieur des hanches de la dernière paire de pattes, laquelle, lorsque ces hanches se meuvent, frotte contre le bord postérieur de la cavité coty- loïde, qui est fermé par le bord antérieur du premier segment de l'abdomen. Si l’on s'approche d’eux et qu'on cherche à les prendre, ils se renversent souvent sur le sol avec une immobilité com- plète, ils étendent leurs pattes avec une roïdeur remarquable, et simulent ainsi l’état de mort. Malgré cela plusieurs Oiseaux leur font une chasse incessante, et l'on cite l’un d’eux, l'Écorcheur ou Lanius celluriæ, Gm., qui les emporte en grand nombre et les embroche aux épines du pru- pelier pour les retrouver au besoin quand l'appétit se fait sentir. Ils ont encore d’autres ennemis, et sont communément tourmentés par un Acarien, le Gamasus coleopterorum, qui s'attache sou- vent à eux en grand nombre. Dans d’autres genres, ces habitudes se modifient plus ou moins consi- dérablement. C’est ainsi que les Athyreus se trouvent bien encore dans les substances stercoraires, mais il est probable qu'ils n’en font pas uniquement leur nourriture, et que les Lethrus ont un régime tout à fait végétal. Les métamorphoses d’une seule espèce, le Geotrupes stercorarius, Linné, si commun dans toute l'Europe, ont été observées. Frisch (Beschreib. von all. Ins., 1720) a, le premier, donné de bons détails à ce sujet, et Herbst (Naturg. all. bec. Ins., 1789) n’a guère fait que les reproduire; M. Mul- sant, de son côté, en 1842, dans son Histoire des Coléoptères de France (Lamellicornes), a étendu considérablement les observations de Frisch, en les complétant: enfin, Erichson (Naturg.der Insekt. Deutschl., 1848), de même que nous croyons devoir le faire ici, n’a fait que reproduire ce qu'en dit le savant entomologiste lyonnais : ( Quand la femelle, dit M. Mulsant, se prépare à sa ponte (ce qui, pour le plus grand nombre, a lieu en automne), elle creuse un trou quelquefois de quinze pouces et même plus de profondeur. On dirait qu’en descendant aussi bas dans le sol elle prévoit que les jours de la larve dont la naissance aura lieu pourraient être menacés par la bêche du jar- dinier ou par la charrue du laboureur, si elle rapprochait davantage de la terre la demeure qu’elle lui prépare. Ses mandibules cornées, qui lui font à peu près l'office d'un groin de pore, ses pattes (les antérieures surtout), fortes, tranchantes et dentelées, sont les instruments que Jui a donnés la nature pour parvenir à son but. Avec leur aide, l'espèce de puits qu’elle entreprend est bientôt achevé. Il est probable qu’elle y monte et descend plusieurs fois pour percer Ja paroi de cette galerie verticale, et lui donner une dureté analogue à celle du pisé. Ges préparatifs terminés, elle construit dans le fond, et le plus souvent avec de la terre, une sorte de nid ou de coque ovoïde ouverte d’un côté. Dans ce berceau artistement uni par sa paroi interne, elle colle un œuf blanchâtre de la gros- seur d'un grain de froment; puis elle entraine et entasse au-dessus de la niche qui a recu son dépôt les matières stercorales placées à sa portée, de manière à en former une espèce de saucisson de trois ou quatre pouces de longueur. On en trouve quelquefois deux, rarement trois sous une même bouse. Le nombre des pontes semble assez limité. L'œuf déposé reste à peine huit jours dans cet état. Il en sort bientôt une larve, analogue, pour la forme, à celle du Hanneton, d'une couleur ar- doisée et revêtue d'une peau dont la délicatesse craindrait les moindres injures. Heureusement elle n’en a point à redouter. Elle s’engraisse en s’élevant progressivement dans l'espèce de tuyau rempli d'aliments à sa convenance, et comme celle de divers Coprides, par une exception qui n'avait pas encore été signalée dans l’ordre nombreux des Coléoptères, ne change de peau que pour passer à l'état de nymphe. Quelque temps après a lieu sa dernière métamorphose. Quand la ponte se fait dans le milieu ou vers la fin de l'automne, la transformation en Insecte parfait s’opère au commen- cement du printemps, ou même quelquefois vers la fin de l'hiver, si le temps est doux. » La larve a pour caractères : corps cylindroïde, courbé en dedans, d'un blanc sale sur une faible partie des premiers segments, et d'un gris bleuâtre ardoisé sur le reste du corps; tête convexe; labre mem- braneux, trilobé; mandibules fortes, cornées, arquées, à trois dents à l’extrémité, munies au mi- leu du côté interne d'une dent trifide et d’une autre dent à la base; mâchoires formées de deux COLÉOPTÈRES. 115 divisions presque cylindriques; palpes : maxillaires de quatre articles : labiawx de deux; antennes de quatre articles, le troisième renflé et obliquement coupé au sommet et le dernier plus grêle; pattes membraneuses, hérissées de poils roïdes, peu nombreux, bilobées à l'extrémité et pourvues d'ongles très-petits. Cette tribu, qui est un démembrement des Arénicoles de Latreille, ne renferme que six groupes génériques, tous assez bien caractérisés, et dont quelques-uns ont été partagés en genres qui n’ont pas été adoptés par Erichson et par M. Th. Lacordaire Le genre typique est celui des GÉOTRUPES (Geotrupes, Latreille, Précis des caractères généraux des Insectes), dont la dénomination est tirée des deux mots grecs : 4, terre, et rpurww, je perce, et qui est surtout caractérisé par la massue des antennes lamelleuse. Les caractères spéciaux de ces Insectes sont les suivants : menton transversal, un peu rétréci, très-échancré en avant dans le plus grand nombre des cas; languette membraneuse, très-velue; mâchoires à labres coriaces, barbus, l'externe trigone et très grand; palpes à dernier article presque fusiforme; mandibules saillantes, arrondies en dehors, concaves en dessus; labre saillant, transversal, un peu sinué en avant; tête médiocre; chaperon rhorboïdal, rebordé; antennes robustes, à massue lamelleuse; corselet trans- versal, légèrement plus large que les élytres, coupé presque carrément à la base, régulièrement cy- lindrique ou déprimé, et anquleux sur les côtés; écusson petit ou médiocre, triangulaire; élytres ovales, oblongues ou hémisphériques; pattes robustes, à hanches intermédiaires contiqués, à jambes antérieures multidentées, les quatre postérieures quadrangulaires, un peu arquées; éperons de toutes les jambes allongés; tarses gréles, très-courts. Les Géotrupes sont pour la plupart d'assez grande taille; la forme de leur corps varie beaucoup, car ils peuvent être, suivant les espèces, oblongs ou à peu près cylindriques, ou, au contraire, presque tout à fait hémisphériques, et offrent tous les passages entre ces formes opposées. Leurs téguments peuvent être lisses ou présenter des stries nombreuses. En dessus ils sont glabres, mais en dessous le corps est garni de poils en général courts et assez rares. Leurs couleurs, constamment uniformes, varient depuis le noir profond jusqu'au bleu assez clair, ou violet, ou vert doré ou bronzé, et cela parfois dans la même espèce, ce qui, à une époque où l'on se servait beaucoup plus de la coloration pour caractériser les espèces qu’on ne le fait aujourd’hui, a dù considérablement embrouiller la synonymie spécifique. La plupart des espèces, comme le Geotrupes stercorarius, dont nous avons décrit les mœurs et les métamorphoses, vivent dans les matières exerémentitielles; quelques espèces se trouvent dans les matières organiques en voie de décomposition, et parfois dans certains champignons. Trois genres ont été formés aux dépens des Geotrupes, et, comme le propuse Erichson, ne doi- vent probablement être considérés que comme des divisions d'un seul et même groupe naturel. Ce sont : 4° les Typnæus, Leach (Ceratophius, Fisch. Wald., ou Armideus, Liegl.), à corselet muni de une à trois cornes très-développées dans les mâles, et presque rudimentaires dans les femelles, et à second article des antennes tout à fait à découvert lors de la contraction de la massue antennaire; type, notre Geotrupes typhæus, Linné, entièrement d'un noir luisant, que Geoffroy nommait le Phalangiste, qui se trouve plus ou moins rarement dans toute l'Europe, et habite surtout les ré- gions montagneuses méridionales; 2° les Géornures, Latr., à corselet inerme, et à second article des antennes en partie caché lors de la contraction de la massue antennaire; c’est le groupe le plus nombreux, et, parmi les espèces européennes, quatre se rencontrent en France, les : Geotrupes stercorarius, Linné, vulgairement appelé Fouille-merde, variable pour les teintes du corps, et com- mun partout, hypocrita, Schneïd., noir, à reflets brillants ou verdâtres, un peu plus rare que le précédent; syluaticus, Panz., bleuâtre, que l’on trouve surtout dans les bois soit dans les bouses, soit plus habituellement au pied de diverses substances cryptogamiques, et vernalis, Linné, assez . petit, convexe, d'un bleu violätre, répandant une odeur musquée assez prononcée, et se trouvant surtout au printemps et en automne, tandis que les autres sont plus estivales; et 3° les Tnorecres, Mulsant, à second article des antennes tout à fait caché lors de la contraction de la massue anten- naire, à élytres souvent soudées ensemble, et qui n'ont que des rudiments d'ailes ou en sont même complétement privées; quelques espèces essentiellement hémisphériques, et surtout propres au bassin de la Méditerranée, et dont le type, qui habite nos provinces méridionales, est le Geotruper lævigatus, Fabr., d'un noir peu luisant et entièrement lisse. 116 HISTOIRE NATURELLE. D'une manière générale, et en comprenant le genre avec toutes les divisions que nous y avons laissées, on peut dire que les Géotrupes, dont on a décrit cinquante ou soixante espèces, abondent surtout dans les parties tempérées de l’hémisphère boréal, principalement dans l’ancien continent. Les espèces sont moins abondantes dans l'Amérique septentrionale, et dans les parties méridionales du même continent, on n'en a signalé qu'au Chili. Dans les Indes orientales, on n’en trouve que dans l'Himalaya. Enfin, en Afrique, elles semblent confinées auprès des bords de la Méditerranée, et quelques-unes des espèces qu’on y prend se retrouvent aussi dans le sud de l'Europe. Un genre très-remarquable, offrant quelque analogie avec celui des Géotrupes, mais qui s’en distingue facilement, est celui des LETHRUS, Scopoli, Introd. ad Hist. nat. (Clunipes, Hochenw), surtout distinct de tous ceux de la même tribu par la massue de ses antennes conique, et à premier article emboîtant le second : ce sont des Insectes de taille moyenne ou assez grande, très-convexes, et dont l’arrière-corps égale à peine en grandeur le corselet et la tête réunis, et qui offrent un grand développement; leurs couleurs sont d’un noir profond parfois bronzé; les pattes seules sont ciliées ou velues. Leur régime est essentiellement végétal, comme le montre la disposition de leurs or- ganes buccaux; ils grimpent sur divers végétaux pour en couper les feuilles et les jeunes pousses, qu'ils emportent, en descendant à reculons, dans les trous qu’ils perforent dans le sol, et dans les- quels il y a toujours, dit-on, un mâle et une femelle qui vivent ensemble; le mäle se défend avec courage contre les individus de son sexe qui cherchent parfois à s’y introduire, et la femelle y ef- fectue probablement sa ponte: ce genre est presque exclusivement asiatique, et répandu depuis la Russie méridionale jusque dans le fond de la Sibérie : une espèce cependant, le Lethrus cephalotes, Fabr., étend plus loin son habitat, et se trouve encore dans les parties méridionales de l'empire d'Autriche. — Le L. dispar, de la Russie méridionale, est le type du genre Ceratodirus, Fischer de Waldheim, dans lequel les mâles ont trois cornes mandibulaires, tandis qu'il n’y en a habituelle- ment qu'une ou deux dans les autres espèces. Les derniers genres sont particulièrement distingués des autres par la massue des antennes grande et lenticulaire. Le plus important de tous, et le seul qui ait des représentants en Europe, est celui des BOLBOCERAS, Kirby (Trans. of the Lin. Soc., t. IL), dont la dénomination (8:28, bulbe, et z:o4, corne) rappelle la particularité que nous venons de signaler, et qui se distingue surtout par son corps presque hémisphérique; ses mandibules terminées l'une en pointe et l'autre par deux dents; par ses mächoires à deux lobes : le supérieur lacimié et l'inférieur formé de deux crochets; par son menton échancré; par ses antennes à deuxième article plus long que le troisième; et par son écusson plus long sur les côtés qu’à la base : les espèces de ce groupe, dont on signale près de cent espèces, sont ovalaires, remarquables par leur tête et leur corselet pourvus de carènes, de cornes ou de saillies plus ou moins prononcées, souvent très-singulières dans les mäles, et qui s'o- blitèrent en partie dans les femelles; elles sont répandues sur presque tout le globe, et particulière- ment aux Indes orientales et en Australie : c’est dans ce dernier pays que se trouvent les espèces les plus remarquables et par leurs formes et par leur taille : les espèces européennes se rencontrent, mais rarement, sous les excréments à demi desséchés des animaux herbivores et même de l'Homme, mais il semble, par leur conformation, qu’elles doivent être plus essentiellement carnassières; on les prend parfois au vol à l'entrée de la nuit, et, d'après les observations de M. le docteur Aubé, elles seraient essentiellement nocturnes, car il a pu en trouver en assez grande quantité des débris dans l'estomac d'Oiseaux de nuit. Les espèces de la faune française sont les : Bolboceras mobilicor- nis, Fabr., la moins rare de toutes, qui est presque hémisphérique, d’un noir luisant en dessus; et gallicus, Mulsant, qui a la même forme et la même couleur que la précédente, mais qui se dis- tingue par quelques caractères spéciaux. — Quelques espèces sont devenues les types de genres par- ticuliers qui ne sont pas adoptés par tous les auteurs; tels sont les : Ecepuosromus, Mac Leay, créé pour une espèce d'Australie (proboscideus, Schrb.), dans laquelle le mäle a le chaperon prolongé en une sorte de rostre où de trompe, à l'extrémité duquel sont placés les organes buccaux; Eucanruus, Westw. (type, B. Melibœus, de l'Amérique septentrionale), à corps plus convexe que dans les Bol- boceras proprement dits, à corselet non concave en avant, et à stries des élytres moins nombreuses; et surtout Ononrzæus, Meg., Klug (Ceratophyus, Fisch. Wald.), renfermant deux espèces, notre B. mobilicornis, et une espèce de l'Amérique du Nord (0. filicornis, Say), dont les yeux sont complé- tement divisés, ce qui n’a lieu qu'incomplétement dans les Bolboceras types. COLÉOPTÈRES. 417 Enfin les deux derniers genres sont ceux des : Srexasrinius, Westw., fondé sur une seule espèce (nigricornis), de la Nouvelle-Hollande, qui paraît établir le passage des Bolbocères aux Athyreus, et qui ont les hanches intermédiaires contiguës comme les premiers, et, contrairement à ce qui a lieu dans les derniers, qui ont les mêmes organes, fortement séparés.—Aruvreus, Mac Leay, groupe nombreux en espèces, surtout abondantes en Amérique, mais qui existent aussi dans les Indes orientales et en Afrique: ils sont de taille moyenne ou assez grande, de forme courte et ramassée, très-villeuse en dessous, et à corselet développé au point de former parfois la moitié du corps en affectant des formes singulières, surtout dans les mâles. Fig 105. — Brachyterinus prosium. Fig. 104. — Diphucephala serrcea. Fig. 105, — Plectris tomentoss VINGT-SEPTIEME FAMILLE. LUCANIENS. LUCANII. Brullé, 1837. Corps plus ou mowns déprimé; tête assez petite, menton grand, corné, habituellement entier; languette, souvent placée à la face interne du menton, sans paraglosses; mâchoires à deux lobes : l'interne assez-souvent, et l'externe au contraire très-rarement, en forme de crochet corné; mandi- bules souvent très-développées dans les males, et présentant toujours des différences suivant les sexes; labre soudé à l'épistome dans la plupart des-cas; antennes de dix articles, brisées ou géni- eulées, les trois à sept derniers, et constamment ceux qui forment la massue, fixes et disposés en lamelles semblables aux dents d'un peigne; élytres recouvrant en entier l'abdomen; hanches trans- versales, les antérieures parfois presque globuleuses; tarses tous de cinq articles : crochets simples, et entre ces derniers un appendice terminé par deux soies; paraplewr'es métathoraciques simples; abdomen composé de cinq segments presque égaux. * Les Insectes qui entrent dans cette division, principalement caractérisés par leur massue anten- naire et correspondant aux Pectinicornes, de Latreille, sont réunis par la plupart des auteurs mo- dernes, tels que Erichson, MM. Burmeister, Redtenbacher, Blanchard, Mulsant, ete., aux Scara- béiens avec lesquels ils ont les plus grands rapports, mais cependant ils nous semblent, comme à MM. Brullé, Th. Lacordaire, ainsi qu'à plusieurs autres entomologistes, devoir former une famille particulière que l’on désigne généralement sous le nom de Pectinicornes, mais qui doit plutôt porter celui de Lucaniens, qui offre l'avantage de rappeler la dénomination du genre typique : celui des Lucanus où Cerf-volant. Au caractère de la massue pectinée des antennes chez les Lucaniens viennent se joindre quel- ques différences dans la structure du système nerveux, et des particularités spéciales dans les larves. Nous devons revenir sur quelques-uns de ces points, puisque c’est sur ces caractères que repose la 118 HISTOIRE NATURELLE, famille qui nous occupe, et qu'elle peut être différenciée de celle qui précède. Däns les Scarabéiens, les antennes sont toujours composées, à la partie terminale ou massue, d'articles mobiles à la facon de lamelles ou de feuillets de livre; dans les Lucaniens, cette mobilité disparaît complétement, et les articles antennaires deviennent assez semblables à des dents de peigne. Le système nerveux, d'après MM. Newport et Blanchard, dans les premiers, offre pour toute chaîne nerveuse ventrale une grosse masse ganglionnaire située dans le thorax, sans aucune trace de ganglions abdominaux, tandis que chez les seconds ces derniers ganglions existent en même temps que ceux du thorax et en sont distincts. Enfin, dans les larves des Lucaniens, les anneaux qui forment le corps ne présen- tent pas les plis transversaux, qui sont presque toujours très-apparents chez les Scarabéiens : enfin l'anus est transversal chez ceux-ci, et longitudinal chez ceux-là. On doit dire cependant qu'un groupe de transition entre les deux familles se trouve dans les Passalus, qui, par la conformation des antennes, sont bien des Lucaniens : mais chez ces Insectes, le système nerveux tient le milieu entre ce que l’on remarque dans les Searabéiens et dans les Lucaniens, et il en est de même dansles larves qui, à l'absence des plis des premiers, joignent l'anus transversal des seconds. De tout cela on doit conclure : 1° que les Scarabéiens sont distincts des Lucaniens; 2° que parmi ces derniers il y a deux tribus particulières : les Passales et genres voisins, tendant à établir le passage des uns aux autres; et 3° les Lucanes et genres qui s'y rattachent, et qui se distinguent plus notablement des an- ciens Lamellicornes typiques. ; Nous ne donnerons actuellement que quelques généralités principales sur les Lucaniens; c’est en faisant l'histoire des deux tribus et des genres nombreux dont se compose cette famille que nous -entrerons dans les particularités qui doivent être signalées. Ces Coléoptères sont ordinairement de taille moyenne et souvent assez grande. On en rencontre dans toutes les parties du monde : l'Europe en renferme dont la taille est même assez notable : l'Amérique et les Indes orientales en possè- dent un nombre considérable de belles espèces. Dans nos pays, les espèces sont en général noirâtres, mais dans les contrées chaudes, on en connait qui sont parées de teintes assez brillantes. Leur régime paraît être presque exclusivement végétal; ils sucent la miellée qui suinte des arbres, dévorent les feuilles et les bourgeons, ete. : quelques-uns, peut-être exceptionnellement, prennent une nourriture animale, et l’on en a vu s’attaquant à des chenilles ou à certains Coléoptères. Ils vivent presque ex- clusivement dans l’intérieur des arbres vermoulus ou sous les écorces, et ce n’est qu'accidentellement qu'on les trouve à l'air libre. Cependant ils peuvent voler avec assez de rapidité, quoique leur vol soit lourd. Les différences sexuelles peuvent être à peu près nulles, comme chez les Passales, ou, au contraire, devenir très-grandes, ainsi que dans certains Lucanus, dans les Pholidotus, dans les Chiasognathus, ete. Dans les Scarabéiens, les différences sexuelles, comme nous l'avons dit, portent surtout sur les cornes, saillies, sillons, ete., dont sont pourvus la tête et le corselet chez les mâles, tandis qu'il n’y en a pas ou seulement de rudimentaire chez les femelles : lenombre des articles de la massue antennaire varie aussi suivant les sexes: dans les Lucaniens, la disposition des antennes est la même chez les mâles ainsi que chez les femelles, et les différences sexuelles, à l'exception des Sinodendrons, dont la tête des mâles porte une petite corne que l'on ne voit pas chez la femelle, se trouvent principalement dans les organes de la bouche, surtout dans les mandibules, qui peuvent devenir énormes chez les mâles, et secondairement dans la forme de la tête et du corselet, et dans la disposition des pattes. En raison même de cette grande réduction des organes buccaux chez les femelles, les genres sont particulièrement caractérisés d’après les’mâles, et les femelles en différent parfois assez notablement. Les métamorphoses des Lucaniens ont été observées par un assez grand nombre d'auteurs, ainsi que nous aurons bientôt occasion de le dire. D’une manière générale, les larves, d'un blanc sale, vivent dans le tronc des arbres pourris, et ressemblent beaucoup à celles des Scarabéiens. Elles sont cylindriques, ne peuvent se dresser complétement et restent constamment recourbées en are par leur partie postérieure. La tête est cornée, convexe, toujours privée d’yeux. Les antennes ont cinq articles ou sèulement quatre, si, comme le font plusieurs auteurs, on ne considère pas comme un article le tubereule rétractile qui sert de support à ces organes. Pour les organes buccaux : le labre est distinet du chaperon; les mandibules sont robustes, dentées intérieurement; les mâchoires ont deux lobes armés de cils ou de légères épines; le menton supporte une languette petite, arrondie en avant, et des palpes labiaux courts, de deux articles; les palpes maxillaires comptent quatre articles en COLÉOPTÈRES. 119 indiquant pour un article le tubercule basal. Les anneaux du corps sont recouverts d'une peau mince et lisse, avec quelques spinules sur les premiers et sans les plaques cornées, ni, en dessus, les plis transversaux que l’on remarque constamment dans les larves des Scarabéiens. Tous les segments du thorax sont de la même grandeur que les suivants; dans les Lucanides, ils portent trois paires de pattes composées chacune de quatre pièces et d’un crochet terminal, et dans les Passalides, il n’y a plus que deux paires de pattes seulement. Les segments de l'abdomen sont au nombre de neuf, mais, comme le dernier est divisé par un sillon assez profond en deux portions, quelques auteurs en comptent parfois dix: la portion postérieure de ce dernier segment porte, de même que dans les larves de Scarabéiens, le nom de sac, mais ce sac est toujours moins développé que chez ceux- ci. L'armature anale est transversale dans les Passalus, et longitudinale dans les Lucanus. Il y a neuf paires de stigmates : la première placée sur le corselet, et les autres sur les huit premiers segments abdominaux : ces stigmates ont une forme arquée et spéciale. Fig. 106. — Odontolarius giganteus. Linné rangeait tous les Insectes de cette famille dans son genre Lucanus; Fabricrus en a distin- gué depuis les Æsalus, qui en sont assez voisins, et les Passalus, qui en sont séparés par des ca- ractères très-prononcés. Enfin les entomologistes modernes ont créé, principalement parmi les Lucanes proprement dits des groupes génériques très-nombreux Dans l’état actuel de la science on doit admettre parmi les Lucaniens deux tribus spéciales : celles des Passalides et des Lucanides; la première plus rapprochée que la seconde des Scarabéiens. 4e tribu, Passauines : corps grand, plus ou moins déprimé; tête peu développée; languette cornée, glabre, à trois dents en avant, située dans une profonde échancrure du menton; palpes labiaux insérés dans deux dépressions basilaires de la face externe de la languette; mächoires à lobes cor- nés, en forme de griffes; mandibules armées d'une dent molaire à la base et d'une autre dent mo- bile en avant de celle-ci: semblable dans les deux sexes; labre libre, mobile; antennes brisées ou gémaculées, de dix articles, dont les deux derniers sont pectinés, fites; écusson situé sur le pédon- cule du mésothorax; hanches intermédiaires presque globuleuses. Les Passalides sont des Coléoptères assez grands, et les plus petites espèces ont une taille au moins moyenne. Presque tous sont plus ou moins déprimés, avec les épipleures des élytres perpendieu- aires, légèrement élargis en arrière; et ce n'est qu’exceptionnellement que quelques espèces In- diennes ont une forme cylindrique et sont un peu arrondies. Les élytres présentent toujours chacune 120 HISTOIRE NATURELLE. dix sillons : leur disque est entièrement glabre, mais leur pourtour ou tout au moins les épaules offrent quelques poils roussätres. Les côtés du corselet, la poitrine, les jambes intermédiaires et postérieures en ont aussi souvent de semblables. Il n'y à pas de différences sexuelles apparentes dans la disposition des mandibules, qui sont toujours très-puissantes : seulement elles sont un peu moins développées en hauteur dans les femelles, qui, en outre, ont la tête et le corselet plus étroits que les mâles, et les petites cornes, éminences ou inégalités céphaliques un peu moins fortes. La livrée de toutes les espèces est entièrement d’un noir assez brillant : et ce système de coloration uniforme contribue beaucoup à augmenter la difficulté que l’on trouve à bien caractériser les es- pèces. Ces Insectes sont exclusivement xylophages, aussi bien à leur état de larve qu'à leur état parfait; ils vivent sous les écorces décomposées et humides, ainsi que dans les troncs d'arbres abattus et à moitié pourris qu'ils fouillent dans toutes les directions avec leurs fortes mandibules. D'après M. Zimmermann, la dent mobile dont ces organes sont pourvus leur sert à diviser le bois en petits fragments : sa forme varie assez, mais elle est toujours située très-près de la dent molaire de la base qui lui sert de point d'appui; les muscles qui la mettent en mouvement ont leurs points d'insertion dans l'intérieur du corps des mandibules. Quand on saisit les Passalides, ils répandent par la bouche et par le dessous des élytres un fluide abondant, presque incolore, et d'une odeur caustique assez faible. Les petites espèces volent fréquemment à l'entrée de la nuit; les grosses ne le font que très-rarement. D'après l'observation de M. Th. Lacordaire, les Passales, au moins les espèces amé- ricaines, sont remarquables par la promptitude avec laquelle ils meurent lorsqu'on les a percés d'une épingle; le plus vigoureux individu survit à peine trois ou quatre heures à cette opération, et il y a là bien loin de la ténacité vitale des Lucanes et de beaucoup de Scarabéiens. Les premiers états des Passalides sont aujourd’hui assez bien connus. Pendant très-longtemps on n'a possédé sur ce sujet que la mauvaise figure d'une larve d’une espèce douteuse, peut-être celle du Passalus interruptus, Fab., faite par mademoiselle de Mérian. M. Percheron a donné ensuite la description incomplète de la larve du P. punctiger, Lepell. et Serv., d'après un exemplaire desséché. Les larves de deux autres espèces ont été décrites avec beaucoup de soin : la première, celle du P. cornutus, Fabr., par M. Burmeister (Handb. der entom., 1847), et la seconde, celle du P. distin- ctus, par MM, Chapuis et Candèze (Cat. des larves des Col., 1853), d’après un exemplaire bien con- servé que lui avait communiqué M. Guérin-Méneville, et dont M. É. Blanchard avait dit quelques mots dans le tome V, troisième série des Annales des Sciences naturelles. Enfin Erichson rapporte à un Passalus la larve que M. Westwood attribue au Buprestis attenuata, du Brésil, mais M. Th. Lacordaire pense que c’est plutôt la larve d’un Longicorne. Dans ces larves les segments sont lisses et ne sont pas partagés en bourrelets transversaux à la partie supérieure, comme dans les Scarabéiens; les antennes ne présentent que deux articles bien évidents; la dernière paire de pattes est atrophié, et l’anus offre encore une fente transversale. La larve du Passalus distinctus, la seule qui soit assez complétement connue, et dont la longueur to- tale est de 0,040, a la tête petite, un peu aplatie en dessus, lisse, à bord antérieur légèrement concave; les antennes sont courtes, de deux articles, insérées sur une petite éminence simulant un article basilaire, selon MM. Chapuis et Candèze, et constituant réellement une articulation particu- lière, d'après d'autres anatomistes : le premier article petit, arrondi, et le deuxième plus long, fusi- forme; le chaperon est grand, transversal; le labre elliptique, un peu moins large que le chaperon; les mandibules sont médiocres, symétriques, à deux dents à leur extrémité, et offrant également une large dent sur le bord interne; les mâchoires sont composées d'une pièce basilaire plus ou moins transversale : d’une pièce cardinale assez forte, charnue : de deux lobes bien séparés, aigus, ciliés sur le bord interne, et de palpes de trois articles, dont le premier, court, large, tandis que le second, de la même longueur que le troisième, est plus large, et le dernier conique; la lèvre infé- rieure est formée d’un menton allongé, d'une pièce palpigère trapézoïdale, portant au milieu un appendice remplaçant la languette, et de chaque côté d’un palpe de deux articles à peu près d'égale longueur, les segments thoraciques sont semblables à ceux de l'abdomen, le corselet offre de chaque côté une plaque cornée, ovalaire, lisse, d'où partent en rayonnant des stries petites et nombreuses; les segments abdominaux sont au nombre de neuf, sans sillons transversaux : le sac est_partagé vers son milieu par une ligne circulaire : l'anus est transversal; toutes les pattes, sauf les métatho- raciques rudimentaires, sont grandes, formées d’une cuisse forte, d’un trochanter très-petit et d'une COLÉOPTÈRES. 491 jambe allongée, armée, terminée par un grand ongle aigu; il n'y aurait que neuf paires de stig- mates; le corps de la larve, entièrement sans poils, est entièrement blanchâtre, excepté la languette et l'extrémité des mandibules, qui sont noirâtres : elle provient de la Nouvelle-Orléans, où elle se trouve dans les vieux arbres. Quelques différences se remarquent dans la larve du Passalus cornu- tus, comparée avec celle du P. distinctus : il y aurait dix segments à l'abdomen et dix paires de stigmates; les antennes auraient trois articles; les palpes maxillaires quatre articles; le menton et la languette seraient transversalement ovales, etc. Fig. 107. — Passalus pentaphyllus. Fig. 4108. — Passalus distinctus. (Larve.) Le genre principal de cette tribu, le seul qui soit généralement admis par la plupart des auteurs, est celui des PASSALES, Passalus, dont le nom provient du mot grec æxcsaos (cheville, pieu) : dénomination qui n’est ouère en rapport avec la figure de ces Insectes, mais qui, suivant Latreille, servait chez les anciens à désigner une espèce d'Oiseau. Linné n’avait pas séparé les espèces de ce genre de celles des Lucanus; Fabricius, le premier, en forma un genre auquel il assigna le nom qui lui a été conservé depuis. Eschscholtz, dans le tome VIT (4827) des Mémoires de la Société des naturalistes du Muséum, en donna une monographie, qui fut suivie depuis, en 1855, d’un travail semblable et plus complet de M. Percheron; enfin, plus récemment, des espèces nouvelles furent décrites par divers entomologistes, et surtout par MM. Guérin-Méneville, Burmeister, Smith, Klug, Spis et Martius, ete. Le genre Passalus, que Voet nommait Cupes, a été quelquefois subdivisé en trois groupes génériques particuliers tirés de considérations portant sur des caractères secondaires du nombre des articles de la massue antennaire assez variable : e’est ainsi que les Paæillus, Mac Leay, ont cinq articles à la massue, les Ocythoe, Castelnau, six, et les Passalus propres, trois seu- lement. Les caractères et les habitudes des Passales étant les mêmes que ceux de la tribu tout entière, nous ne devons pas y revenir; nous ajouterons seulement que l’on décrit aujourd'hui plus de cent espèces de ce genre, et qu'elles sont propres en grande partie à l'Amérique, tandis que quel- ques-unes sont disséminées en Afrique, aux Indes orientales, en Australie et en Polynésie. Comme type nous citerons le Passace ivrerromeu, Passalus interruptus, Linné, long d'environ 0,06, en- tiérement noir, comme ses congénères, avec trois saillies principales sur la tête; le corselet à côtes et partie du bord antérieur bordés d’une gouttière très-ponctuée, à stries externes des élytres éga- lement très-ponctuées, et qui est très-répandu à Cayenne, au Brésil, ainsi que dans une grande partie de l'Amérique du Sud. 2% tribu, Lucanines : corps grand, assez allongé, plus ou moins ovalaire, rarement déprimé; téte assez forte; languette coriace où membraneuse, ciliée, ordinairement placée à la face interne du menton, qui est entier et non échancré; palpes labiaux à supports libres, attachés à la base et sur les côtés de la languette; mardibules en général très-développées dans les mâles, contrairement à ce qui a lieu dans les femelles, et n'ayant pas la dent molaire à la base que l'on remarque chez les Passalides; mâchoires à lobe externe inerme, pénicillé; labre presque toujours soudé au chape- ron; corselet grand; écusson petit, placé entre les élytres, qui sont bien développées; pattes fortes : hanches intermédiaires transversales. cs 16 122 HISTOIRE NATURELLE. Les Lucanides, trés-nombreux en espèces, ont des formes assez variables, mais pour la plupart se rapprochent de celle de notre espèce typique, le Lucanus cervus. La tête est grande en raison surtout du développement que prennent les mandibules. Le menton esttransversal, cylindrique en avant, re- couvrant à peu près complétement la cavité buccale, et par conséquent complétement ou partiellement les palpes, la languette, les mâchoires, etc. Les mandibules sont assez fortes, surtout dans les mâles, car elles sont habituellement à l’état normal dans les femelles. La tête suit le développement de celles-ci. Le chaperon est soudé au front. Les yeux sont latéraux, plus ou moins divisés, petits et parfois gros et globuleux. Les antennes sont ordinairement brisées depuis le second article, ou bien seulement arquées, à articles de grandeur variable: Le corselet, bien séparé dans beaucoup d’es- pèces, est parfois exactement appliqué contre la base des élytres. L'écusson est médiocre, triangu- laire ou allongé. Les pattes diffèrent considérablement, sous le rapport de la grandeur, selon les sexes et les espèces : les antérieures s’allongent souvent chez les mâles, et les épines ou dents, dont elles sont armées, sont presque toujours plus nombreuses aux quatre postérieures qu'aux deux paires antérieures; les tarses sont très-développés, à quatre premiers articles égaux, et le dernier, le plus grand de tous, portant deux crochets robustes. Les différences entre les sexes sont constam- ment apparentes : faibles dans quelques cas, elles sont très-marquées dans beaucoup d'autres; ces différences portent principalement sur les mandibules, qui sont faibles dans les femelles et souvent très-développées dans les mâles : les organes buccaux suivent à peu près la même règle : il y a aussi des variations dans la forme du corselet, dans la structure des pattes, etc., et de celail résulte même parfois que les deux sexes d’une même espèce sont tellement dissemblables qu’on les a pris pour des espèces particulières. Ces Insectes sont ordinairement de taille moyenne; quelques-uns sont même grands, et il en est un petit nombre, comme les Sinodendrons, par exemple, qui, au contraire, sont petits. Presqua toujours glabres, ce n’est que dans peu d'espèces que l’on signale des poils assez rares. Le système général de coloration est le noir pur ou le brun marron uniforme, mais parfois certaines espèces, surtout parmi les exotiques, ont des teintes ou des reflets métalliques, ou sont couvertes d’écailles plus ou moins serrées. À leur dernier état de développement les Lucanides se trouvent sur les troncs ou dans l'intérieur des arbres vermoulus. Un très-petit nombre d'espèces, comme notre Cerf-volant ou Lucanus cervus, et une espèce du genre exotique des Chiasognathes, volent avec une assez grande facilité, surtout pendant les chaudes soirées d'été : les autres semblent peu se servir de leurs ailes. On admet généralement que ces Coléoptères vivent de la miellée des feuilles et de la séve extravasée des arbres, dont peuvent s'emparer aisément les espèces nombreuses dont la lan- guette et les mâchoires sont terminées par des pinceaux de poils; mais les espèces dans lesquelles ces poils ne sont pas très-développés, et dont la languette et les mächoires ne sont pas extensibles, ne peuvent point agir de la même manière. La présence assez fréquente d’un crochet corné aux mà- choires indique en outre, comme le fait remarquer M. Th. Lacordaire, que les espèces qui en sont pourvues prennent une nourriture plus solide, et, lors même que ce crochet n'existe pas, si les mandibules sont courtes ainsi que la saillie intermandibulaire, rien ne s'oppose à ce que les pre- mières remplissent leurs fonctions ordinaires. Quoi qu'il en soit, les Lucanides ont un régime essen- tiellement végétal, et quelques-uns d’entre eux, comme le Platycère caraboïde, rongent avec facilité les feuilles et les bourgeons : il en est même qui peuvent par exception vivre de substances ani- males : on en a vu attaquer des chenilles, et M. Chevrolat a signalé un individu du Dorcus paralle- lipipedus qu'il a observé dévorant un Helops. Les œufs sont pondus par les femelles dans des trous creusés dans les trones et dans les racines des arbres plus ou moins pourris ou au moins déjà malades. C’est là que les jeunes larves éclosent et qu'elles se développent, ce qu’elles font très-lentement, si l'on en juge par celles du Lucanus cervus, qui mettent quatre années avant de parvenir à l’état de nymphe. D'une manière générale, ces larves sont d'un blanc jaunâtre, avec le sac d’un gris ardoisé, couleur produite par la transparence et due aux matières excrémentitielles; la tête est plus ou moins rougeàtre; leur grandeur varie suivant les espèces; le corps est gros, et la tête de même largeur que les premiers segments du tronc; le troi- sième article des antennes est au moins aussi long que les deux suivants réunis: le dernier est trés-court; les segments antérieurs du corps offrent très-rarement des plis transversaux, toujours peu marqués; les mandibules sont obtusément dentées sur le bord interne, avec une surface molaire COLÉOPTÈRES. 123 a la base, et les mâchoires ont des lobes séparés, acuminés, ciliés sur le bord interne; les trois paires de pattes sont également développées, et l'anus est longitudinal, ee qui n’a pas lieu dans les Passa- lides. Lorsque leur développement complet est terminé, les larves se renferment dans une coque formée de terre ou des détritus des végétaux au milieu desquels elles ont vécu, et qui est quelquefois très-forte. L'Insecte parfait, dont les téguments sont d’abord mous et de couleur brunätre, attend dans l’intérieur du cocon que ses élytres et son corps aient atteint la consistance et la teinte qu’ils doivent avoir désormais avant d’en sortir. Les métamorphoses d’un assez grand nombre d'espèces ont été étudiées par plusieurs auteurs; Ræsel, Herbst, Erichson, MM. Blot, Albrecht, Posselt, West- wood, se sont occupés des larves du Lucanus cervus, et M. de Haan a parlé de celles de deux es- pêces douteuses du même genre, les L. saiga et alces. Les larves du Dorcus parallelipipedus ont été successivement décrites par MM. Bree, Ratzeburg, Mulsant, L. Dufour et Erichson; M. Mulsant a fait connaître celles des Platycerus scaraboides, Ceruchus tarandus, Æsalus scaraboides et Sinoden- dron cylindricum : ces dernières précédemment figurées par M. Westwood; enfin M. É. Blanchard a cité et représenté dans son Histoire des Insectes les larves du Figulus striatus. Les Lucanides, les Priocères de M. C. Duméril, sont répandus sur toute la surface du globe, et certains groupes semblent spéciaux à des régions déterminées; ce sont pour le plus grand nombre des Insectes crépusculaires. Tous entraient dans le genre Lucanus de Linné, dont Fabricius sépara les Æsalus; Geoffroy, les Platycerus, et Helwig, les Sinodendrons, ete., et qui fut surtout dé- membré par MM. Mac Leay, Stéphens, Westwood, Hope, Lray, Latreille, Dejean, White, Mulsant, L. Buquet, ainsi que par un grand nombre d’autres entomologistes modernes. Parmi les auteurs classificateurs qui se sont occupés de ces Insectes, les uns, comme Latreille (Hist. nat. des Crustacés et des Insectes, et Règne animal); MM. Westwood (Ann. sc. nat., deuxième série, tome [*'); Aug. Brullé (Hist. nat. des Ins., tome IT), et Blanchard (Hist. des Ins.), n’y établirent aucune division; les autres, comme MM. Mac Leay (Horæ entomologicæ), Laporte de Castelnau (Hist. nat. des Co- léoptères, tome Il); Hope (Catalog. of Leucanid. Coleoptera); Burmeiïster (Handbuch der entomology, tome V), et Th. Lacordaire (Genera des Coléoptères, tome HD), y admirent, au contraire, plusieurs groupes secondaires : les deux derniers savants entomologistes que nous venons de nommer adoptè- rent sept divisions particulières que nous citerons d’après eux. 1° division, Lucanires. Ce groupe primaire comprend la plus grande quantité des espèces de la tribu, et offre pour caractères, d’après M. Th. Lacordaire : languette située à la face interne du menton et presque toujours bilobée; menton recouvrant la base des palpes; mächoires à lobe interne souvent corné, en forme de griffe dans les femelles; mandibules de longueur variable dans les males, ayant entre eux une saillie toujours visible; labre corné, soudé au chaperon; corselet non contiqu aux élytres; pattes dissemblables dans les deux sexes; prosternum assez large, formant habituellement une saillie en arrière des hanches de devant. Les espèces de cette division se trou- vent dans toutes les parties du monde, mais il semble que l'Amérique méridionale ne renferme pas de Lucanes proprement dits. Les espèces sont très-difficiles à distinguer, car les femelles diffèrent considérablement des mâles, et ceux-ci même ne se ressemblent guère suivant qu'ils sont jeunes ou parvenus à l’âge adulte; de cela a dù résulter un grand nombre d'espèces purement nominales. Quelque chose d’à peu près analogue a lieu pour les genres : quelques auteurs en admettent un grand nombre et M. Th. Lacordaire croit, dans l'état actuel de la France, ne devoir partager toute la division qu’en quatre coupes génériques. Le genre typique est celui des LUCANES ou CERFS-VOLANTS, Lucanus, Linné (Systema naturæ), Scopoli (Faun. entom. Carniol.). Le nom de Lucanus que porte ce genre d’Insectes est celui que leur ont donné les auteurs latins Nigidius Figulus d’abord et ensuite Pline, qui a cité son devan- cier; Geoffroy avait appliqué génériquement à ces mêmes Insectes la dénomination de Platycerus, donnée par les Grecs à quelques espèces du même groupe, mais le nom adopté par Linné et par Scopoli a prévalu, ainsi que beaucoup d’autres, sans doute à cause du respect pour les naturalistes ou fondateurs de la nomenclature, et contrairement cependant aux règles de la priorité scienti- fique. On a beaucoup disserté sur l'origine du nom de Lucane. Les uns le font venir de Lucana, mot qui a parfois servi à désigner l'Éléphant, que l’on appelait aussi Luca bos, et par lequel on dé- signait, en outre, le Bœuf, suivant Pline. La comparaison que l’on a établie entre les Lucanes et les 124 HISTOIRE NATURELLE. plus grands Mammifères n’a rien qui doive surprendre : on la retrouve dans le nom de Taurus vo- Lans, donné avant Linné à l’espèce typique du genre qui nous occupe, et c’est encore par suite de la même comparaison que le nom de Cerfs-volants a été donné chez nous aux mêmes Insectes, à cause du développement extraordinaire que présentent les mandibules dans le mâle, ce qui les a fait regarder comme des cornes. D'autres auteurs pensent que le nom de Lucane vient de ce que ces Insectes étaient très-répandus chez les Lucaniens, ancien peuple de l'Italie, qui lui-même ne devait son nom qu'à la grande quantité de Bœufs qu'il nourrissait. Fig. 109. — Hexarthrius (Lucanus) Buqueti. Les caractères distinctifs essentiels des Lucanus sont les suivants : corps plus ou moins oblong; sixième arceau ventral invisible; languette bilobée; lobe interne des müchoires inerme dans les deux sexes. Mais, ainsi compris avec M. Th. Lacordaire, ce groupe renferme une vingtaine de genres distinets pour presque tous les entomologistes modernes, comprend des espèces assez dissemblables par leurs formes ovalaires ou cylindriques, et surtout par la grandeur et la disposition des mandi- bules des mâles, et a des représentants partout. Les détails de mœurs que nous avons donnés en traitant de la tribu en général se rapportent particulièrement aux Lucanes; ceux que l’on observe dans les environs de Paris ne se rencontrent guère que vers le coucher du soleil; ils se tiennent ac- crochés aux arbres pendant le jour, et ne se livrent que le soir à la recherche de leurs aliments; on présume qu'ils se nourrissent des sucs qui découlent des plaies des arbres, de la séve des végé- taux, et peut-être même des feuilles : on dit aussi qu’on peut leur faire manger du miel, et Swam- merdam avait un de ces Insectes qui était très-avide de cette substance, et qui, quand il lui en pré- sentait au bout d’un couteau, suivait, assure-t-il, comme un petit chien; les mandibules longues et dentées des mâles ont une grande force, pincent d'une manière vigoureuse, et peuvent soulever un assez grand poids : Latreille rapporte que le développement remarquable de ces organes à donné lieu à un préjugé populaire, et que, dans certaines parties de l'Allemagne, le nom de Cerf-volant signifie incendiaire, parce que, dit-on, cet Insecte va prendre dans les maisons, avec ses mandi- bules en forme de pinces, des charbons ardents qui peuvent ensuite donner lieu à des incendies. La plupart des Lucanes, tous d'assez grande taille, même dans nos climats, sont revêtus de couleurs obscures, presque constamment brunâtres ou noirâtres; dans quelques-uns, parmi les exotiques, on srouve des couleurs métalliques et brillantes. La forme des mandibules se modifie dans les mâles, suivant Jes espèces, et chez certains, elles imitent les cornes de divers Mammifères, ou elles sont en pinces dentées et peuvent ressembler à plusieurs de nos instruments. Nous avons dit que les COLÉOPTÈRES. 195 métamorphoses de plusieurs espèces étaient connues; quand les larves ont acquis tout leur dévelop- pement et qu’elles vont se transformer en nymphes, elles ereusent dans le sol, souvent à une grande profondeur, une cavité dont elles rendent les parois plus solides que la terre elle-même : ce qui fait supposer qu'elles humectent cette terre d’une matière liquide à l’aide de laquelle elles peuvent la pétrir, et le résultat de leur travail est une espèce de coque analogue à celles des Coprides. M. Bel- lier de la Chavignerie a rapporté le fait curieux de plusieurs coques en terre, trouvées au cœur de l'hiver à un mêtre de profondeur parmi les racines d’un frêne : ces coques présentaient une ou- verture à leur partie supérieure, et contenaient chacune un Lucanus capreolus à l'état parfait; l’au- teur que nous avons cité se demande si cet Insecte n'hivernerait pas ainsi. Mais, comme le fait remarquer M. Th. Lacordaire, ces Lucanes étaient plutôt des individus transformés dans l’arrière- saison, et qui attendaient à l'abri le retour de la chaleur, car on ne comprendrait pas bien qu’un Lucanide à l’état parfait puisse fabriquer une coque en terre, surtout quand il est pourvu de longues mandibules comme l'espèce en question, et, en outre, on voit que l’Insecte parfait, après être sorti de son état de nymphe, attend assez longtemps que les téguments soient solidifiés avant de se mon- trer au dehors du sol. Quelques particularités secondaires, tirées de la plupart des organes, et surtout de la disposi- uon des pattes, ont donné lieu aux auteurs modernes à la création d'une quinzainè de genres dans ce groupe naturel, et divers auteurs ne regardent ces groupes que comme de simples divisions des Lu- canes. Les principaux sont les suivants : 1° Lucanus, Scopoli, comprenant une trentaine d'espèces de taille grande ou moyenne, propres à l'hémisphère boréal dans les deux continents et aux régions qui avoisinent le Bengale : le type est notre beau Lucanus cervus, Linné, auquel on à réuni peut- être à tort les L. capra, Oliv.; capreolus, Fabr., et hireus, Herbst, qui est assez commun, en été, dans toute l'Europe; beaucoup d'espèces n’ont que quatre feuillets à la massue antennaire, et con- stituent les Lucanus proprement dits de M. Mulsant; une espèce pyrénéenne (L. pentaphyllus, Reiche) aurait cinq feuillets à la massue, et enfin un assez grand nombre d'espèces, les Heraphyllus, Mulsant, n'auraient plus que quatre feuillets à la massue (type, L. tetraodon, Thunbero), dont l'H. Pontbrianii, Mulsant, ne diffère probablement pas, et qui se trouve dans le midi de l'Europe et dans le nord de l'Asie. 2° Mesotopus, Burm., une seule et grande espèce (L. tarandus, Sweder.) de la Nouvelle-Guinée. 3 Hexarthrius, Hope, quelques espèces (L. Rhinoceros, Oliv.) de taille grande et très-robuste : propres aux Indes orientales. 4° Odontolærius, Hope, Insectes des mêmes pays que les précédents et également très-grands. 5° Chalcodes, Westw., qui, comme les groupes suivants, ne sont plus que de taille moyenne, et dont la massue antennaire n'offre plus que quatre feuillets : on ne connaît qu'un Chalcodes, le C. ceratus, Hope, de la eût de Tenasserim. 6° Lepi- dotus, Westw., une espèce d'Australie, L. rotundicollis, remarquable en ce que son corps est cou- vert de légers enfoncements qu’oceupent de petites écailles. 7° Cladognathus, Burm.. groupe exotique dans lequel doivent rentrer, au moins en partie, les Metopodontus et Prosopocoilus, Hope. 8° Cy- clophthalmus, une magnifique espèce d’Assam (L. platycephalus, Hope), à couleurs métalliques. — D'autres genres moins connus sont ceux des : Anoplocnemus et Cacostomus, Newm., etc. Un genre, plus distinet que les groupes précédents, est celui des Colophon, Gray, Westw., dans lequel le corps est très-court, de telle sorte que sa longueur n’est que le double de sa largeur, et qui, par cette disposition, rappelle beaucoup la forme des Lethrus. L'espèce unique (C. Westwoodir, Gray) de ce groupe, est d’un noir mat, et habite le cap de Bonne-Espérance. Le second genre typique de la division est le genre DORCUS, Mac Leay (Horæ entomologicæ, tome III), qui, avec la languette bilobée et le sixième arceau ventral invisible des Lucanes, se diffé- rencie principalement par ses mächoires à lobe interne corné et crochu dans les femelles et très- court, pénicillé dans les mäles, au lieu d’être inerme dans les deux sexes. Ce sont des Insectes qui ont tous le faciès des Lucanus, mais dont la taille, au moins pour nos espèces européennes, est moindre, et qui sont assez abondamment répandus dans toutes les contrées du globe. Leur dénomi- nation vient du nom grec Aopzz:, de la Chèvre sauvage, et par allusion aux mandibules des mâles composées de petites cornes. Leurs habitudes sont les mêmes que celles des Lucanus. M. Mulsant à fait connaître la larve de l'espèce la plus commune dans toute l'Europe, le Dorcus parallelipipedus. Cette larve vit plusieurs années et se trouve dans les parties molles ou gätées des troncs et des ra- cines des arbres; la tête en est convexe, jaunâtre, lisse, luisante; l’épistome est transversal, trapé- 126 HISTOIRE NATURELLE. zoïdal; le labre cilié, arrondi en avant, rétréci d’avant en arrière; les mandibules allongées, rouge fauve à la base, noires et cornées à l'extrémité, armées de cinq doigts; les mâchoires sont coriaces, divisées en deux branches terminées chacune par un crochet corné; les palpes maxillaires sont co- niques, de quatre articles; le menton portant deux palpes labiaux peu allongés, coniques; les an- tennes ont quatre articles; le corps est à peine plus large que la tête, à peu près cylindrique, arqué en dedans, composé de treize segments, d’un blane sale livide sur les premiers anneaux, d’un cen- dré rougeâtre sur les derniers, et hérissé de quelques poils jaunâtres; les pieds sont jaunes, armés d'un ongle assez fort; les stigmates ont la forme d’un C renversé; l'anus est longitudinal, et le der- nier segment du corps présente, de chaque côté du sillon anal, une espèce de tumeur ovale. Ce groupe, aussi nombreux en espèces que celui des Lucanus, et qui n’en est pas bien distinet, a eté aussi partagé par plusieurs auteurs en un assez grand nombre de genres, dont les plus impor- tants sont les suivants, que l’on peut diviser en deux sections. Dans les uns les quatre jambes de derrière n'ont jamais au plus qu'une seule épine dans les deux sexes, et presque tous ont les yeux imparfaitement divisés. Tels sont : 4° les Dorcus, qui présentent un corps étroit, presque parallèle, et les mandibules des mâles pas plus longues que la tête, en tenaille, et surmontées d’une seule dent inclinée en dedans; une dizaine d'espèces de taille moyenne et propres à l'Europe et à l’Amé- rique du Nord: nes espèces sont le L. parallelipipedus, Linné, qui comprend quelques variétés, dont on a voulu faire des espèces, et qui est commun dans toute l'Europe, ainsi que dans une partie de l'Asie, en Algérie, ete., et le Musimon, récemment déerit par M. Gené, et qui est propre à la Sardaigne et au nord de l'Afrique; 2 les Psalidostomus, Burm. (Leptinopterus, Hope; Psali- cerus, Dej.), remarquables par leur corps svelte, et surtout les mandibules des mâles très-grandes, horixontales, peu arquées, et offrant plusieurs dents intérieurement : plusieurs espèces brésiliennes, dont la plus anciennement connue est le L. femoratus, Fabr.; 3° les Macrocrates, Burm., à téle beaucoup plus grande que dans les espèces du genre précédent : type, M. bucephalus, Burm. (L. longicornis, Hope), du Brésil; 4° les Macrognathus, Hope, à mandibules énormes dans les mâles, horizontales, flexueuses, en tenaille au bout, avec une forte dent interne à la base et plusieurs au- tres au delà : le type en est le Lucanus giraffa, Oliv., magnifique espèce indienne; 5° les Platypr'o- sopus, Hope, qui ont des caractères à peu près semblables à ceux du groupe qui précède, mais dont les mandibules sont moins longues, en forme de pinces, sans dent transversale à la base, ete. : un assez grand nombre d'espèces de taille plus ou moins grande, et toutes particulières au continent et aux archipels indiens; 6° Gnaphaloryx, Burm., à forme semblable à celle des Dorcus, mais à mandibules plus lonques et moins arquées : deux espèces assez rares et propres à l'ile de Java; T° les Æqus, Mac Leay, surtout caractérisés par la forme des jambes s'élargissant peu à peu, et avec les épines des antérieures très-fortes : espèces assez nombreuses et particulières au continent in- dien, à ses archipels, à l'Australie, à la Polynésie, ete.; 8° les Scortizus, Westw., à corps déprimé, plus où moins écailleux, à mandibules des mûles de la grandeur de la tête, en tenailles et dentées : ce sont les représentants des Dorcus au Brésil et au Ghili. Dans les autres les jambes intermédiaires et postérieures sont armées de deux à quatre dents dans les màles comme dans les femelles; et les yeux sont complétement ou partiellement divisés. Tels sont surtout les Sclerostomus, Burm. (Scle- rognathus, Hope), voisins des Scortixus, et comme eux répandus dans l'Amérique du Sud, et peut- être aussi, comme le pense M. Th. Lacordaire, les Alcimus, L. Fairmaire, qui ne renferment qu'une espèce à corps fortement élargi, VA. dilatatus, des îles Wallis. Un dernier genre, se distinguant de tous ceux de la division par sa languette cordiforme, et par son abdomen à sixième arceau distinct, est celui des PLATYCÈRES, Platycerus (rharus, aplati; #pas, Corne), créé par Geoffroy dans son Histoire naturelle des Insectes des environs de Paris, mais appliqué par lui à tous les Lucanus, tandis qu'aujourd'hui, à l'exemple de Latreille, il ne comprend plus que des espèces de taille petite, de formes peu robustes, et à mandibules à peine aussi longues que la tête, épaisses, horizontales, à plusieurs dents à l’extrémité chez les mâles, tandis que dans les femelles ces mêmes organes ont à peine la moitié de la longueur de la tête. On en connait cinq ou six espèces particulières à l'hémisphère boréal dans les deux continents, mais surtout en Amérique. — Le type, répandu dans toute l’Europe, ainsi que dans le nord de l'Asie, et que l’on trouve plus ou moins communément partout, au printemps, sur les souches ou sur les trones des vieux arbres, est le Lucanus caraboides, Linné, auquel Geoffroy avait donné le nom vul- Fo ct COLÉOPTÈRES, ° 197 gaire de Cuarnerre 8ceue. C’est un joli Insecte qui varie assez considérablement dans sa coloration, depuis le violet pur ou obseur jusqu’au bleu violacé et même au bleu verdàtre, et dont M. Mulsant a distingué trois variétés, dont la principale est le L. rufipes, Fabr., à pieds rouge ferrugineux. 2e division, Lampnmires : à corps cylindrique, taille moyenne; languette bilobée; menton recou- vrant la base des palpes; mächoires à lobes souvent crochus et cornés dans les femelles; saillie in- termaæillaire grande; labre grand ou médiocre, soudé au chaperon; antennes à massue composée de trois ou quatre articles; corselet non contiqu aux élytres; pattes antérieures légèrement plus longues que les autres; prosternum très-étroit, quelquefois n'étant pas distinct entre les hanches antérieures. — On n'en décrit qu'un petit nombre d'espèces, dans lesquelles les différences sexuelles sont peu ou pas apparentes, et qui sont propres à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande et au Chili. . Le genre typique est celui des LAMPRIMA, Latreille, renfermant de beaux Insectes ornés de cou- leurs éelatantes, métalliques, passant du vert doré au bleu plus ou moins pur, tous propres à l’Aus- tralie, et dont la plus anciennement connue est le L. æneus, Fabr. — Les autres groupes génériques qui n'offrent pas des teintes métalliques sont ceux des: Ryssonotus, Mac Leay, une espèce d’Aus- tralie (rebulosus, Kirby), dans laquelle le corps est revêtu d’une sorte d'enduit grisätre, très-fin, jaunâtre sur les élytres. — Dendroblax, White, une espèce unique (D. Earlei), de la Nouvelle Lélande. — Streptocerus, créé par Dejean : caractérisé par M. Fairmaire, et qui, suivant cet ento- mologiste, représente au Chili les Lamprima australasiens, dont ils ne diffèrent guère qu’en ce que leur massue antennaire est formée de quatre au lieu de trois articles; une seule espèce, le S. spe- ciosus, Dej., Fairm. (Dejeanii, Solier). 3° division, CurasoëNaTHITES : à Corps grand et à élytres à peu près parallèles; languette bilobée, menton recouvrant peu la base des palpes; maächoires à lobe interne parfois crochu et corné dans les femelles; mandibules très-développées dans les mâles; saillie mandibulaire très-grande, verticale; labre crustacé, très-petit, soudé au menton; antennes à massue de trois à six articles; yeux tout à fait divisés; corselet non cortiqu aux élytres; pattes de devant plus grandes que les autres chez les méles; prosternum très-étroit entre les hanches antérieures. — Ce sont de magnifiques Coléoptères, remarquables par leur taille, par leur coloration en entier ou en partie métallique, par la grandeur des mandibules chez les mâles, et qui sont exclusivement propres à l'Amérique méridionale. On en indique trois genres. Le principal est celui des CHIASOGNATHUS, Stéphens, auquel Lesson a donné depuis la dénomination de T'etraphthalmus, dans lequel, avec une massue antennaire de six articles, le bord antérieur de la tête est épineux; on y range trois espèces : C. Grantii, du Chili méridional, se trouvant assez abondamment sur les troncs des arbres des forêts, volant avec élégance et facilité, et, au moment de la reproduction, se livrant à de violents combats en se dressant sur les pattes de derrière et entrelaçant leurs longues mandibules qu'ils brisent parfois; Jousselinii, Reiche, des Andes chiliennes, et Latreillei, Gay, également propre au Chili.— Les deux autres groupes sont : 4° les Sphænognathus, Buquet (Orthognathus, Dej.), à bord antérieur de la tête inerme : un petit nombre d’espèces de la Colombie occidentale et du haut Pérou; et2°les Pholidotus, Mae Leay, dans lesquels la massue antennaire n'est que de trois articles : Insectes assez grands, particuliers au Brésil et à la Colombie, remarquables par les petites écailles dont ils sont recouverts, et dont on décrit trois espèces, dont la plus anciennement connue est le P. Humboldtii, Schænh. 4° division, Fiçurrres : à corps plus où moins étroit ou oblong, avec les élytres plis ou moins al- longées, parallèles; languette bilobée; menton recouvrant la base des palpes; mâchoires à lobe corné et en forme de griffe dans les deux sexes; saillie intermaxillairé très-courte, horizontale; labre soudé au chaperon; mandibules courtes, à peu près d'égale grandeur dans les deux sexes; antennes à massue de trois articles; canthus oculaire formant des crêtes très-saillantes; corselet non contiqu aux élytres; pattes courtes, presque égales; prosternum assez large. — Ces Insectes, assez peu nombreux spécifiquement, et qui se rapprochent assez des Lucanites, surtout du groupe des Dorcus, sont de taille médiocre, de couleurs assez sombres, noirâtres, et habitent l'Afrique, les Indes orientales, l'Australie et la Polynésie, 12820 HISTOIRE NATURELLE. Le groupe typique est celui des FIGULUS, Mac Leay, qui, avec des yeux complétement divisés, a les quatre jambes postérieures garnies de plusieurs épines; on en connaît un assez grand nombre d'espèces, toutes plus ou moins noires, à élytres peu ou passtriées, et propres aux régions australes de l’Afrique, au continent et aux iles indiennes, à l'Australie et à la Polynésie. M. Westwood en a séparé un genre Cardanus fondé sur une espèce de Java (sulcatus). On doit en rapprocher le genre Nigidius, Mac Leay, qui, avec les précédents, forme les Eudora de M. de Castelnau, qui provient des mêmes pays, mais qui, par leur coloration noire, leurs élytres parallèles, et surtout par les stries profondes qu'elles offrent, présentent une assez grande ressemblance avec les Passalus. Les autres genres sont : 1° les Agnus, Burm , dans lesquels les quatre jambes postérieures n'ont qu'une seule épine, et qui ne renferme qu'une seule espèce (egenus), d'un noir brunâtre très- ponctué, ressemblant en petit à une femelle du Dorcus parallelipipedus, et originaire de l'ile de ourbon; et 2 les Xiphodontus, Westw. (Coryplius, Dej., Cephaæ, Cast.), qui ont les yeux incom- plétement divisés, et dont l'espèce unique, provenant du cap de Bonne-Espérance, est le X. Anti- lope, Westw. be division, Syxpésires : à corps cylindrique; lanquette entière; menton pelit, laissant à découvert la base des palpes; maächoires à lobe inerme dans les deux sexes; mandibules médiocres dans les mäles, et à peu près semblables à celles des femelles; saillie intermaxillaire grande, en triangle allongé; labre soudé au chaperon; antennes à massue de six à sept articles gréles, allongés; yeux entiers, gros, globuleux; pattes presque égales; prosternum lamelliforme entre les hanches anté- rieures. — Les Insectes de cette division sont de taille médiocre, rares dans les collections, et propres à l'Amérique et à l'Australie. On n'y distingue que deux ou trois genres : — 1° Syndesus, Mac Leay, ayant sept articles à la massue, et ne comprenant que le S. cornutus, Fabr., de Tasmanie. — 2° Hexaphyllum, Gray, ayant six articles à la massue, renfermant quelques espèces brésiliennes. — 7° Psilodon, Perty, ayant pour espèce unique le P. Schuberti, du Brésil, qui ne diffère peut-être pas, selon M. Th. Lacordaire, de l'Hexaphyllum brasiliense, Gray. Fig. 110, — Syndesus cornutus Fig. 1414. — Slitophyllus trroratus. Fig. 149. — Platycerus auriculalus 6° division, Æsarrres : à corps petit, peu allongé; languette petite, entière; mächoires à lobe in- terne inerme, très-petit et parfois nul; mandibules légèrement plus longues que la tête dans les mûles; labre mobile; pas de saillie intermandibulaire; antennes à massue de trois articles; yeux entiers; corselèt tout à fait appliqué contre la base des élytres; pattes à peu près égales dans les deux sexes; prosternum très-étroit entre les hanches antérieures. — Ges Insectes, dont on ne con- naît qu’un nombre assez restreint d'espèces, toutes de petite taille, et propres à l'Europe, à la Tas- manie et à la Nouvelle-Zélande, sont partagés en trois ou quatre genres. Le type est celui des ÆSALUS (Asa, Oiseau de proie), Fabr. (Systema Eleuter.), à saillie pro- sternale reçue dans une excavation du mésosternum, qui ne renferme qu'une seule espèce, l’Æ. scaraboides, la plus petite et la plus différente du type de toutes celles des Lucanides, et dont la forme générale rappelle un peu celle des Trox. Cette espèce est rougeàtre, ponctuée, et porte sur les élytres des rangées longitudinales de petites écailles noires et redressées; on l'a trouvée dans la COLÉOPTÈRES. 129 plupart des contrées de l'Europe, mais elle est très-rare partout, et vit dans les vieilles souches : en France, elle a été signalée comme ayant été prise aux environs de Strasbourg, dans le département de la Moselle et à Uriage, près de Grenoble. La larve, dont M. le docteur Hammerschmidt avait parlé au congrès de Breslau, a été décrite complétement par M. Mulsant : elle est semi-cylindrique, hexa- pode, courbée en dedans, à corps à peine plus large que la tête, d’un blanc sale, avec la partie pos- térieure ardoisée, et garnie de quelques poils allongés. Un autre genre important est celui des CERUCHUS (z2900y0:, qui a des cornes), Mac Leay (Ta- randus, Megerle), à saillie prosternale libre en arrière, et à antennes ayant une massue à articles courts, obtus, qui semble se lier aux Figulites, et qui renferme deux espèces : C. tenebrioides, Fabr. (Tarandus, Panz., Muls.), qui se trouve dans les parties montagneuses de presque toute l'Europe, mais qui est rare partout, et C. piceus, Weber (Tarandus americanus, Dej.), de l'Amérique du Nord. Notre espèce, qui a été quelquefois rangée dans le genre Platycerus, a été plusieurs fois prise au mois d'août dans les Alpes, principalement dans les environs de la Grande-Chartreuse. La larve, observée par M. Mulsant, vit dans le tronc des sapins à moitié pourris couchés sur le sol, et elle se cache souvent profondément dans leur intérieur. On range encore dans cette division les deux genres : Ceratognathus, Westw., qui, avee le carac- têre de la saillie prosternale des Ceruchus, a la massue antennaire à articles longs, filiformes : une espèce seulement propre à la Nouvelle-Zélande (C. niger, Westw., ou Platycerus furcatus, Cast.), et Mitophyllus, Parry (Ptilophyllum, Guérin), qui, avec la plupart des caractères des Céra- tognathes, offre quelques particularités des Æsales, et qui ne comprend qu’une seule espèce parti- culière à la Tasmanie. 7° division, Sionenorites : à corps cylindrique; languette, presque entière, située au sommet du menton; mâchoires à lobe interne nul; mandibules petites, semblables dans les deux sexes; labre libre, très-petit, caché dans une échancrure du chaperon; antennes à massue de trois articles; yeux entiers; corselet non contiqu aux élytres; prosternum très-étroit, enfoui dans les hanches anté- rieures. On ne connaît que trois espèces de cette division, et on ne les range que dans le seul genre SINODENDRON (ouww, je détruis; d:v9p0v, arbre), Helwig in Schneider Magas. (Ligniperda, Fabr.). Dans ce genre le faciès des Lucaniens a disparu, et la forme générale rappelle celle des Scarabéiens (ce qui n'avait pas échappé à Linné, qui placait l’espèce typique dans le genre Scarabæus) : aussi les différences sexuelles ne portent-elles plus sur le développement des mandibules et des pattes dans les mäles, mais sur l’armature de la tête et du corselet. Dans les Sinodendrons, le corps est parfaitement cylindrique, rugueux, de couleur noire ou brune, et presque glabre; le type (Si- nodendron cylindricus, Linné, Fabr.) est un Insecte de taille moyenne, répandu dans toute l'Eu- rope; mais plus commun dans le Nord que dans le Midi, et qui se trouve dans les troncs vermoulus des arbres : il a été surtout signalé dans les pommiers à cidre, auxquels sa larve, qui est décrite avec soin par M. Mulsant, fait parfois beaucoup de mal. Deux autres espèces habitent l'Amérique du Nord : ce sont les Sinodendron americanum, Pal.-Beauv., des États-Unis, et rugosum, Mannerh., de la Californie. Nous terminons ici l'histoire des divers groupes de Coléoptères de la section des PENTAMÈRES, de Latreille. Tout en adoptant les familles naturelles des entomologistes modernes, nous avons donné, dans les deux précédents volumes, la concordance nécessaire entre nos familles et les an- ciennes divisions du savant auteur de la partie entomologique du Règne animal. Pour compléter cette indication, il nous reste à parler de la famille des Lamecriconnes, Lamellicornes, de Latreille (sa sixième et-dernière subdivision des Pentamères), qui constitue nos Scarabéiens et Lucaniens. D'après l’illustre auteur que nous venons de citer, et dont nous devons exposer la classification, parce qu’elle est encore suivie dans beaucoup de cas, les Lamellicornes ont des antennes insérées dans une fossette profonde, sous les rebords latéraux de la tête, toujours courtes, de neuf ou dix articles le plus souvent, et terminées dans tous en une massue ordinairement composée des trois c.5 17 156 HISTOIRE NATURELLE. derniers, qui sont en forme de lames, tantôt disposées en éventail, ou à la manière des feuili d’un livre, s’ouvrant ou se fermant de même; quelquefois contournées et s'emboitant concentrique- ment, le premier où l’inférieur de cette massue ayant alors la forme d’un demi-entonnoir, et rece- vant les autres, tantôt disposées perpendiculairement à l'axe, et formant une sorte de peigne. Le corps est généralement ovoïde ou ovalaire et épais. Le côté extérieur des deux jambes antérieures est denté, et les articles des tarses, à l'exception de quelques mâles, sont entiers et sans bourses ni pelotes en dessous. L’extrémité supérieure de la tête s'avance ou se dilate le plus souvent en ma- uière de chaperon. Le menton est ordinairement grand, recouvre la languette ou est incorporé avec elle et porte les palpes. Les mandibules de plusieurs sont membraneuses; souvent les mâles dif- fèrent des femelles, soit par des élévations en forme de cornes ou de tubercules du corselet ou de la tête, soit par la grandeur des mandibules. Les larves ont le corps long, presque demi-cylindrique, mou, souvent ridé, blanchâtre, divisé en douze anneaux, avec la tête écailleuse, armée de fortes mandibules, et six pattes écailleuses. Le tube alimentaire est généralement très-long, contourné sur lui-même, et le ventricule chylifique est hérissé de papilles qui ont des bourses destinées au séjour du liquide alimentaire; les vaisseaux biliaires ressemblent, par leur nombre et leur mode d’implan- tation, à ceux des Coléoptères carnassiers, mais ils sont beaucoup plus longs et plus déliés. On y forme deux tribus. 4% tribu, SCARABÉIDES, Scarabæides : antennes terminées en massue feuilletée et plicatiledans la plupart, composée, dans les autres, d’articles emboiïtés, soit en forme de cône renversé, soit presque globuleux; mandibules identiques ou presque semblables dans les deux sexes; tête et cor- selet des mâles offrant souvent des saillies ou des formes particulières : mandibules souvent aussi plus développées. Cette tribu, qui répond au genre Scarabæus de Linné, et à notre famille des Sca- RABÉIENS, est partagée en six sections. A. CopropuaGes, Coprophagi: antennes ordinairement de neuf articles dans les uns et de hu. dans les autres, et dont les trois derniers forment la massue; labre et mandibules membraneuy, cachés; lobe terminal des mächoires de la même consistance, large et arqué au bord supérieur st couché en dedans; dernier article des palpes maxillaires toujours le plus grand de tous, à peu près ovalaire ou presque cylindrique : mais le même des labiaux constamment plus grêle que les précé- dents; menton échanceré; sternum sans proéminence particulière; erochets tarsiens toujours sim- ples; tarses antérieurs manquant souvent dans plusieurs, soit par naissance, soit parce qu'ils sont caduques. Ces Insectes, qui sont essentiellement fouisseurs, et vivent presque tous dans les excré- ments des animaux, comprennent les genres principaux des : Ateuchus, Gymnopleurus, Circellium, Coprobius, Eurysterrus, Oniticellus, Onthophagus, Phanœus, Copris (Bousier), Aphodius, Psam- modius, ete. — Ge sont nos tribus des Copripes et APHODipes. - B. Aréxicoces, Arenicoli : antennes habituellement composées de dix ou onze articles, mais par- fois de plus ou moins; labre coriace, débordant le plus souvent le chaperon; mandibules cornées, ordinairement saillantes, arquées; mâchoires à lobe terminal droit, non couché en dedans; palpes labiaux à troisième et dernier article toujours très-distinet, et à peu près aussi long au moins que le précédent; élytres recouvrant entièrement l'extrémité postérieure de l'abdomen, de sorte que l'anus est caché de même que chez les Aphodius. Ces Coléoptères vivent de fiente, comme les Co- prophages, creusent des trous profonds dans la terre, principalement dans le sable, volent après le coucher du soleil, et contrefont les morts lorsqu'on les prend à la main : ils forment les genres . des: Ægialia, Chiron, Lethrus, Geotrupes, Ochodæus, Athyreus, Elephastomus, Bolbocerus, Hy- basorus, Acanthocerus, Trox. — Ce sont nos tribus des : Hy:osorines, Géornurines et Trocines. . C. Xycoruices, Xylophili : antennes ayant toujours dix articles, dont les trois derniers forment une massue feuilletée, et dont le feuillet intermédiaire n’est jamais entièrement caché par les deux autres ou emboîté; labre non saillant, à extrémité antérieure au plus découverte; mandibules entiè- rement cornées, débordant latéralement la tête; mâchoires cornées ou de consistance solide, droites ou ordinairement dentées; languette recouverte par un menton de forme ovoïde ou triangulaire, tronqué à son extrémité, et dont les angles sont souvent dilatés; écusson toujours distinct; élytres COLÉOPTÈRES. 151 ne recouvrant pas l'extrémité postérieure de l’abdomen; pattes insérées à égale distance les unes des autres; crochets des tarses de plusieurs inégaux. Ces Insectes, nombreux en espèces, et dont les larves vivent en général dans les bois plus ou moins pourris, forment les genres : Oryctes, Aqace- phala, Orphnus, Scarabæus, Phileurus, Hexodon, Cyclocephalus, Chrysophora, Rutela, Macraspis, Chasmodius et Ometis. — Ce sont nos tribus des : Orpunines, Ruréupes et Dynasripes. D. Puyrcopuaces, Phyllophagi : antennes à articles variant dans les espèces et même dans ?°< sexes de huit à dix, et à massue à articles en nombre différent; mandibules, recouvertes en dessus par le chaperon, et cachées en dessous par les mächoires, et n'ayant de libre que leur côté extérieur, mais sans être trop prolongées; labre à tranche antérieure à découvert, tantôt sous la figure d’un triangle renversé et large, tantôt, le plus souvent, sous la forme d’une lame transverse échanerée dans son milieu; languette entièrement recouverte par le menton ou incorporée avec sa face antérieure; élytres se joignant tout à fait tout le long de la suture. Ces Insectes, qui renferment beaucoup d'espèces, sont essentiellement phyllophages, et leurs larves, qui dévorent les racines des plantes, font souvent de grands ravages à l’agriculture. Les genres principaux sont ceux des : Pachypus, Amblyteres, Anoplognathus, Leucothyreus, Apogonia, Geniates, Melolontha (Hanneton), Rhixotro- gus, Ceraspis, Areoda, Dasyus, Sericus, Diphucephala, Macrodactylus, Plectris, Popilia, Euchlora, Anisoplia, Lepisia, Dicrania, Hoplia ex Monocheles. — C’est essentiellement notre tribu des M£- LOLONTHIDES. E. Anruogtes, Anthobii : antennes de neuf à dix articles, dont les trois derniers forment seuls la massue dans les deux sexes; mâchoires à lobe terminal souvent presque membraneux, soyeux, en forme de pinceau dans les uns, coriace et dentelé au bord interne dans les autres; mandibules et labre assez saillants, plus où moins solides, selon que ces parties sont à nu ou cachées; paragloses ou les deux divisions de la languette faisant saillie au delà de l’extrémité supérieure du menton; élytres béantes ou un peu écartées du côté de la suture, à leur extrémité postérieure : ce bout étant en pointe ou arrondi. Ces Insectes ont les mêmes mœurs que les Phyllophages, et, comme eux, se trouvent souvent sur les feuilles, mais quelques-uns fréquentent de préférence les fleurs. Les genres principaux sont ceux des : Glaphyrus, Amphicoma, Anthipna, Chasmopterus, Chasma, Dichelus, Lepitriæ, Pachycnemus et Anisonyx. — Presque tous constituent notre tribu des GLAPHyYRIDES. F. Méurormses, Melitophili : antennes de dix articles, dont les trois derniers forment toujours une massue feuilletée; labre et mandibules cachés, en forme de lames aplaties, entièrement ou presque entièrement membraneuses; mâchoires se terminant par un lobe soyeux, en forme de pin- ceau, sans dents cornées; menton ordinairement ovoide, tronqué supérieurement ou presque carré, avec le milieu du bord supérieur plus ou moins concave ou échancré; languette non saillante; corps déprimé, le plus souvent ovale, brillant, sans cornes, avec le corselet trapézoïdal ou presque orbi- culaire; une pièce axillaire occupant, dans le plus grand nombre, l'espace compris entre les angles postérieurs et l'extérieur de la base des élytres; sternum souvent prolongé en manière de pointe ou de corne avancée; crochets égaux, simples; anus découvert. Ces Coléoptères, dont les larves vivent dans le vieux bois pourri, et qui, à l’état parfait, se rencontrent sur les fleurs ou sur les troncs des arbres d’où il suinte une liqueur miellée qu’ils sucent, comprennent surtout les genres : Trichius, Platygenius, Crematocheilus, Goliath, Inca, Cetonia, Gymmetis et Macronota, et constituent notre tribu des Céronies. 2 tribu, LUCANIDES, Lucanides : antennes toujours de dix articles, dont le premier ordinaire- ment beaucoup plus long que les autres, à massue composée de feuillets ou de dents disposés per- pendiculairement à l’axe, en manière de peigne; mandibules toujours cornées, le plus souvent saillantes, plus grandes et même très-différentes dans les mâles; mâchoires de la plupart se ter- minant par un lobe étroit, allongé, soyeux, celles des autres entièrement cornées et dentées; lan- guette du plus grand nombre formée de deux petits pinceaux soyeux plus ou moins saillants, au delà d'un menton presque semi-cireulaire ou tarré; pattes antérieures le plus habituellement allon- gées, avec les jambes dentelées tout le long de leur côté extérieur; tarses se terminant par des ero- chets égaux, simples, avee un petit appendice terminé par deux soies dans l’entre-deux; élytres 139 HISTOIRE NATURELLE. recouvrant tout le dessus de l’abdomen. Cette tribu, qui correspond au genre linnéen des Lucanus et à notre famille des LucanteNs, comprend des espèces xylophiles, dont les larves se nourrissent de matières ligneuses en décomposition, et qui est partagée en deux sections. [BA] A. Lucannes, Lucanidi : antennes fortement coudées, glabres ou peu velues; labre très-petit ou confondu avec le chaperon; màchoires terminées par un lobe membraneux ou coriace, très-soyeux, en forme de pinceau, sans dents ou n’en offrant qu’une au plus; languette, soit entièrement cachée ou incorporée avec le menton, soit divisée en deux lobes étroits, allongés, soyeux, plus ou moins saillants au delà du menton; éeusson situé entre les élytres. Ges Insectes, qui forment les genres : Sinodendron, Æsalus, Lamprima, Ryssonotus, Lucanus, Platycerus et Syndesus, constituent notre tribu des Lucanipes. B. Passaues, Passalidi : antennes simplement arquées ou peu coudées et velues; labre toujours découvert, erustacé, transversal; mandibules fortes, très-dentées, mais sans disproportions sexuelles très-remarquables; mâchoires tout à fait cornées, avec deux fortes dents au moins; languette pareil- lement cornée ou très-dure, située dans une échancrure supérieure du menton, et terminée par trois pointes; abdomen porté sur un pédicule, offrant l’écusson en dessus, et séparé du corselet par un étranglement ou un intervalle notable. On place dans cette division, qui correspond à notre tribu des Passauipes, les genres des Passalus, Paæillus, etc. VINGT-HUITIÈME FAMILLE PIMÉLIENS. PIMELII. Blanchard, 1845. Antennes en tout ou en partie grenues, moniliformes, presque de la même grosseur partout où légèrement renflées à leur extrémité, insérées sur les bords latéraux de la tête, et dont le troisième article est généralement allongé; mandibules courtes, bifides où échancrées à leur extrémité; ma- choires présentant une dent cornée ou onglet au côté interne dans le plus grand nombre des cas, mais parfois remplacé par des poils roides; yeux oblongs, peu saillants; tête non rétrécie en ar- rière en forme de cou; élytres souvent soudées; aîles proprement dites manquant le plus habituel- lement; pattes postérieures très-rapprochées des intermédiaires; tarses de cinq articles aux pattes antérieures et intermédiaires, et de quatre seulement aux postérieures : l'avant-dernier article constamment entier; coloration générale ordinairement noire ou cendrée, et sans mélange. La famille des Piméliens correspond à l’ancien genre Tenebrio, de Linné, et a surtout pour type le groupe des Pimelia de Fabricius; elle répond à la première famille des Hétéromères de La- treille; celle des MÉLasomEs (p2hze, pshavoc, noir; couz, Corps), dont quelques entomologistes ont fait, dans leur manie de rectification orthographique, leurs Melanosomes. Du reste, les limites de la famille des Piméliens ne sont pas tracées d'une manière bien positive : Latreille y comprend trois subdivisions primaires, les Piméliaires, les Blapsites et les Ténébrionites, qui seront pour nous des tribus particulières; Erichson les réunit aux Taxicornes et Hélopiens de Latreille, sous la dénomi- nation commune de Ténébrionides; enfin Dejean, et surtout Solier, dans un travail monographique commencé en 1834 dans les Annales de la Société entomotogique de France, et terminé il y a quel- ques années à peine dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Turin, ne réunissent ensemble que les Piméliaires et les Blapsides, pour en faire, le premier, ses Mélasomes, et le second ses Col- laptérides, et les Ténébrionides constituent une division spéciale. En effet, on doit convenir que, si d’un côté les Mélasomes proprement dits se lient aux Ténébrionites par des caractères importants, ils s’en distinguent aussi par des particularités qui ne sont pas sans valeur, comme on le verra lorsque nous exposerons les caractères des diverses tribus; d’un autre côté, avec un ensemble par LS Gr D Fig. 1. — Adelium dilaticornis Fig. 2 — Erymanthus variolatus < 4 li. 3. — Prionotheca coronata Dig. 4. — Hyphoreon reflezus Fig. 5. — Grathophanes vulveripenns > PL. 20 : i $ LS tre ” = ' d ‘ x . ‘ , “ ‘ . e L x V7: LA Lever Co COLÉOPTÈRES. 135 faitement homogène, ils offrent aes caractères bien peu tranchés pour être distingués de quelques- unes des familles suivantes, principalement des Diapériens et des Hélopiens. Mais cependant il serait difficile de réunir dans une même division des Insectes qui s'éloignent beaucoup les uns des autres par plusieurs caractères assez importants; ils est à regretter que l’on ne connaisse encore que très- peu les métamorphoses des espèces de ces diverses familles, car il n'est pas douteux qu’on en re- cueillerait des renseignements propres à fixer les entomologistes sur la valeur des Piméliens, Diapériens et Hélopiens; les premiers, toutefois, se distinguent des suivants par leurs mâchoires munies d'un onglet; mais c'est une différence prononcée qui n'existe pas dans plusieurs cas, cer l'onglet paraît quelquefois remplacé par de simples épines roides; d’autres caractères, propres aux Piméliens, se trouvent encore, comme nous l'avons dit, dans leur tête, qui n'est jamais rétrécie en arrière en forme de cou, dans leurs antennes moniliformes ou un peu épaisses à l'extrémité, et in- sérées sous les prolongements latéraux de la tête, dans leurs mandibules courtes, à pointe bifide, dans leurs yeux oblongs, peu saillants, dans leurs élytres presque toujours soudées et ne recouvrant pas les ailes quand elles existent, dans leurs tarses, dont le pénultième article est entier, ete. En outre, mais cela ne peut être un caractère véritablement scientifique, presque toutes les espèces sont d’une couleur noire ou cendrée, et sans mélange (d'où vient leur nom de Mélasomes); mais il y a des exceptions à cette règle, qu'on a crue générale pendant longtemps : un petit nombre d'es- pèces présentent de légers reflets métalliques, et d’autres, particulièrement plusieurs de celles de l'ile de Fernando-Po, offrent des élytres blanches ou jaunes; on peut dire cependant, sans s'écarter de la vérité, que les Piméliens n'ont pas, même dans les régions tropicales, la brillante parure que l'on remarque chez tant de Colcoptéres, et que leurs teintes sont toujours sombres. Fig. 113. — Gyriosoma Hopei. Fig. 114. — Sepidium cristatum L'anatomie intérieure des Piméliens a été faite assez complétement. Suivant M. Léon Dufour (Ann. Soc. ent., première série, tomes IIL et V), l'insertion des vaisseaux biliaires se fait à la face inférieure du cœeum par un seul tronc tubuleux, résultant de la confluence de deux branches fort courtes, composées elles-mêmes de la réunion de trois vaisseaux biliaires. La’ bile est jaune, quelquefois brune ou violette. Le tube alimentaire est long, et sa longueur, dans les Pimélies proprement dites, est triple de celle du corps; l’æsophage est long et débouche dans un jabot lisse ou glabre à l'inté- rieur, assez développé et formant une poche ovoïde logée dans la poitrine : il est garni à l'intérieur de plissures ou colonnes charnues longitudinales, aboutissant, dans quelques Erodius et Pomelia, du côté du ventrieule chylifique, à une valvule formée de quatre pièces principales, cornées, ova- laires et conniventes; le ventricule chylifique est allongé, flexueux ou replié, le plus souvent hérissé de petites papilles semblables à des points saillants, et se termine par un bourrelet calleux en de- dans, et où a lieu la premiére insertion des vaisseaux biliaires. Le jabot est très-apparent dans plu- sieurs espèces, comme les Pimélies ei les Akis, et existe probablement dans tous les Piméliens. Un appareil salivaire se trouve dans quelques espèces : cet appareil consiste en deux vaisseaux ou tubes flottants, tantôt parfaitement simples, comme dans les Asida, tantôt irrégulièrement rameux, de même que dans les Blups. M. Marcel de Serres, dans ses observations sur les usages des diverses par- 19% HISTOIRE NATURELLE. ties du canal intestinal des Insectes, publiées dans les Annales du Muséum d'histoire naturelle, a aussi étudié avec beaucoup de soin la texture des tuniques du canal alimentaire. Le tissu adipeux est plus abondant dans les Piméliens que dans les autres familles de l'ancienne division des Hétéro- mères; aussi peuvent-ils, même étant piqués et fixés avec une épingle, vivre près de six mois sans prendre de nourriture, ainsi que les Akis l'ont surtout montré. En terminant ces remarques anato- miques, nous ajouterons, avec Latreille, que ce que M. Léon Dufour nomme ventricule chylifique est pour M. Marcel de Serres l'estomac, et, relativement à d’autres Insectes, le duodénum : ce qu'il appelle intestin grêle doit aussi être considéré comme le cœæcum. L'histoire des métamorphoses des Piméliens est encore assez peu avancée; cependant l’on connaît bien les larves d’une Akis, du Ténébrion et de plusieurs blaps. Les larves de l’Akis punctata ont été étudiées avec beaucoup de soin par M. Mulsant (Mém. Soc. Lin. de Lyon, 1844); celles de plusieurs Blaps ont été décrites et figurées : pour les B. producta et fatidica, par M. E. Perris (Ann. Soc. ent. de Fr., 1852), et ce dernier aussi par M. Letzner;, pour le B. mortisaga, par MM. Haliday et Westwood, et pour le B. obtusa, par MM. Chapuis et Candèze, qui en donnent une bonne figure; une larve, attribuée à l'Opatrum pygmaæus, a été indiquée par Fischer de Waldheim, dans l’Orycto- graphie du Gouvernement de Moscou, 1830 ; M. Bouché a parlé de la larve du Crypticus glaber. Entin, Frisch, de Géer, Olivier, Latreille, Posselt, Sturm, Westwood, Chapuis et Candèze ont décrit complétement les transformations du Tenebrio molitor, et M. Westwood à dit quelques mots d’une autre espèce (obscurus) du même genre. Les femelles pondent en général leurs œufs dans l’intérieur des bois en décomposition plus où moins avancée, et c’est là que naissent et se développent les larves, qui mettent au moins une année avant de parvenir à leur état de nymphes. Ces dernières, qui semblent constituées sur le même plan que celles de la plupart des autres Coléoptères, ne restent pas longtemps sous ce dernier état et donnent bientôt l'Insecte parfait. Quelquefois les métamorphoses ont lieu dans l'intérieur de la terre ou plutôt du sable. Quelques-unes nous sont très-nuisibles, car elles se trouvent dans nos habitations et dans nos magasins, et dévorent plusieurs matières de première nécessité pour l'Homme : c'est ainsi que la larve du Tenebrio molitor se nourrit presque exclusivement de farine et d’autres substances analogues, et que les larves de Blaps se trouvent dans les lieux humides, comme les caves et celliers, et détruisent les bois qui s’y trouvent. D'une manière générale, ces larves sont cylindriques, un peu déprimées, et ressemblent beaucoup à celles des Élatériens, dent elles se distinguent par la conformation des parties de la bouche, et notamment par la soudure du lobe avec la partie basilaire des mâchoires, par leur chaperon et leur lèvre supérieure visibles. Un bon caractère distinet'f se trouve encore dans la forme particulière des appendices anaux servant à la pro- gression. Nous reviendrons plus tard sur plusieurs de ces larves; mais nous devons ajouter qu’elles ressemblent tout à fait à celles des Diapériens et des Helpiens, ce qui a engagé Erichson à réunir ces derniers Insectes aux Piméliens. D’après ce que nous venons de dire, on voit que ces larves ont toujours une gracilité assez grande, et, ce qu'il y a de très-remarquable, c’est que les plus grôles, comme celles des Akis, sont celles aussi qui donneront des Insectes, à l’état parfait, à corps très- court et rameux, et presque orbiculaire. Comme type de ces larves, nous croyons devoir donner immédiatement la description complète de l’une d’entre elles, celle du Tenebrio molitor, qui peut être prise pour type, et nous ferons connaître plus tard les différences que l’on remarque dans les autres. Cette larve, qui se nourrit particulièrement de substances farineuses, a une tête arrondie, cornée, convexe à sa partie supérieure, et à bouche dirigée en bas; les antennes sont articulées sur les côtés de la tête, immédiatement au-dessus des mandibules, de quatre articles : le premier court, le deuxième et le troisième plus allongés, le quatrième très-petit et grêle, presque sétacé, tronqué au bout, avec une soie terminale; le chaperon est séparé de la plaque sus-céphalique par un sillon transversal, rétréci à sa partie antérieure; la lèvre supérieure est cornée, arrondie en avant; les mandibules, non saillantes, sont fortes, terminées par une extrémité bifurquée, et très-rapprochées de la lèvre inférieure, formées d’une pièce cardinale dirigée obliquement, d’une pièce basilaire ter- minée par un lobe inarticulé, triangulaire, cilié sur son bord interne; les palpes maxillaires sont de trois artieles : les deux premiers égaux en grosseur, et le troisième petit, grêle; la lèvre infé- rieure est composée d'un menton allongé, charnu, de pièces palpigères libres, de deux palpes la- biaux biarticulés et d’une petite languette grêle, simple, charnue; les segments thoraciques, peu COLEOPTÈRES. 155 différents entre eux, sont recouverts d’écussons cornés; les pattes sont de médiocre longueur, for mées d’une hanche conique appliquée contre le corps et dirigée obliquement en dedans, d’un tro chanter assez gros, bien distinet de la cuisse, d’une cuisse et d’une jambe presque d'égale longueur, et enfin d’un tarse peu développé, simple, crochu; les segments abdominaux, au nombre de neuf, sont partagés en dessus et en dessous par des éeussons cornés ou parcheminés : les supérieurs très- développés, et les inférieurs moins larges : ces segments sont plus ou moins allongés, égaux en lar- geur, ce qui donne à ces larves une forme cylindrique : le segment terminal, diversement conformé, est souvent muni de deux pointes crochues à son extrémité; l'anus fait saillie vers le bas, et est ac- compagné de deux appendices latéraux servant à la locomotion; les stigmates sont au nombre de neuf paires, dont huit sur les huit premiers segments abdominaux, situées vers l'angle antérieur des éeussons dorsaux : le neuvième est placé sur la partie inférieure du mésothorax, près du bord antérieur. * La rôle que les Piméliens jouent dans l'ensemble de la création n’a rien de brillant ni qui soit directement ou indirectement utile à l'Homme, et, au contraire, quelques-uns, ainsi que nous l'a- vons dit, lui sont nuisibles. Leur rôle consiste principalement à peupler les lieux arides et sablon- neux, les ruines, les déserts, où, sans eux, la vie animale n’est qu'imparfaitement représentée. Us sont par conséquent aux autres Coléoptères, ainsi que le fait remarquer M. Th. Lacordaire, ce que sont aux végétaux phanérogammes les Cactées et les Ficoïdes : il leur faut, comme à ces der- nières, à la fois un sol sec et une température élevée : partout où ces deux conditions existent, les liméliens pullulent. Les contrées où ils abondent surtout sont : l'Afrique dans presque toute son étendue, le grand plateau central de l'Asie, et en Amérique une -immense région dont les Andes forment le centre, et qui s'étend depuis le Chili méridional jusqu’au nord de la Californie. L'Eu- rope, par conséquent, qui n’a ni de grands espaces arides ni une haute température, n’en possède qu'un très-petitnombre, comme quelques Ténébrions, Blaps, Opatres, ete., en dehorsdeses parties les plus méridionales, qui renferment plusieurs des espèces que l’on retrouve dans le nord de l'Afrique, tels sont : des Pimelia, des Akis, ete. Ils sont surtoutahondantssur les bordsde la mer, dans lesterrains imprégnés de sel : les bords de la Méditerranée en fournissent beaucoup. Du reste, le nombre des es- pèces est assez considérable, et les catalogues des entomologistes en indiquent plus de trois mille. Leur nourriture ordinaire paraît consister en détritus de végétaux ou matières décomposées; il en est qui vivent de débris d'animaux, et quelques-uns même attaquent ces derniers vivants lorsqu'ils ont peu de consistance, tels que les chenilles et autres larves, et d’autres, comme les Akis, vivent de matières excrémentitielles, à la manière des Coprides. Beaucoup d’entre eux se recouvrent pendant la vie d'une efflorescence blanchätre plus ou moins abondante, et qui se reproduit après avoir été enlevée. Comme on pouvait le penser d’après l'inspection de certaines parties de leur orga- nisme, ces [Insectes ont des habitudes nocturnes, évitentsouvent la lumière et recherchent lesendroits obseurs. Presque tous vivent à terre, soit dans le sable, soit sous les pierres, soit dans les cavités des murailles ou du terrain, et souvent aussi dans les lieux bas et sombres des maisons, comme les caves, les écuries, les celliers, etc. Leurs mouvements sont lents, et ils paraissent marcher avec quelque difficulté : mais leur vitalité est plus grande sous l’action d’un soleil brülant que sous la tempéra- ture de nos régions septentrionales. La place sériale que doivent occuper les Piméliens est assez difficile à déterminer. C'est pour suivre le plus possible la classification de Latreille que nous les laissons auprès des Lucaniens; cependant quelques-uns de leurs genres se rapprochent assez notablement de ceux-ci. Erichson les rapproche des Cissiens et des Bostrichiens, eux-mêmes voisins des Ptinioriens, Clériens et Malachiens. Enfin, M. É. Blanchard dit que ces Loléoptères offrent quelques ressemblances avec les Carabiques, tout en présentant aussi de très-grandes différences, et il ajoute qu’il lui semble évident que les Carabiques n'ont pas d'affinités plus manifestes qu'avec les Piméliens, si ce n’est avec les Dytisciens, auxquels ils sont encore plus étroitement liés. Pour nous, nous ne croyons pas, dans l'état actuel de la science, pouvoir nous prononcer sur ces divers rapprochements. Linné plaçait tous les Insectes qui nous occupent dans le seul genre Tenebrio. Fabricius fonda les genres Pimelia, Erodius, Sex idium, Eurychora, Akis, Scaurus, Blaps, Platynotus, Opatrum, Py- tho, Hypophlœus, ete. Latreill: en créa un beaucoup plus grand nombre. Dejean, dans ses Catalo- ques, en indiqua aussi beaucoup, mais sans en donner les caractères; et, de leur côté, plusieurs 136 HISTOIRE NATURELLE, entomologistes, tels que Eschscholtz, Germar, Klug, Kirby, Herbst, MM. Gray, Fischer de Wald- heim, Perty, Mulsant, Guérin-Méneville, Ê. Blanchard, Lucas, ete., en établirent une assez grande quantité, Mais le seul travail monographique à peu près complet que nous ayons sur ces Insectes est dû à M. Solier, qui l’a publié dans les deux ouvrages que nous avons déjà cités, ainsi que dans un autre travail sur les Coléoptères du Chili : tirant ses caractères de particularités quelquefois minu- tieuses et de peu de valeur, l'auteur que nous venons de nommer crée un très-grand nombre de coupes génériques qu'il range dans plusieurs subdivisions primaires, ainsi que nous aurons occa- sion de le dire bientôt. Tout récemment (juillet 4859), M. Th. Lacordaire, vient, dans le tome V de son Genera, d'étudier les genres de la famille qui nous occupe et à laquelle, comme Erichson, il donne la dénomination de Ténébrionites. Pour nous, dans l'énumération que nous allons donner des principaux genres, nous ne divise- rons les Pimélides qu'en trois tribus spéciales : 4° Prmécines, à corps privé d'ailes sous les élytres, et à palpes ayant le dernier article plus ou moins épais, mais non sécuriforme,; 2° BLarsmes, ‘à corps également privé d'uiles sous les élytres, à palpes maxillaires ayant le dernier article sécuri- forme, et 3° Ténéerionines, à corps pourvu d'ailes sous les élytres, et à palpes à dernier article sé- curiforme. Comme nous l'avons déjà dit, les Piméliens commencent la seconde section générale des Coléo- ptères, les Hétéromères, de Latreille, qui ont pour caractères : cinq articles aux quatre premiers tarses etun de moins aux deux derniers. Ces Insectes, qui se nourrissent tous de substances végé- tales, et dont les organes génitaux ressemblent assez à ceux des Scarabéiens, sont subdivisés, dans le Règne animal (deuxième édition, t. V, Paris, 1829), en quatre grandes familles, les: MÉLasonEs, Taxiconnes, Srénécvrees et Tracnéuines. Nous reviendrons plus tard sur chacune de ces subdivi- sions, et nous nous bornerons à répéter actuellement que les Mélasomes correspondent compléte- ment à nos Piméliens. Toutefois, avant de passer en revue les divers genres de la famille que nous venons de nommer, nous exposerons brièvement la classification des Hétéromères proposée par Solier dans le premier article de sa monographie des Collaptérides (Ann. Soc. ent. de Fr., 1834); nous croyons devoir surtout le faire parce que c’est la plus complète indication que nous ayons, et parce que le système que nous avons adopté ne nous permettra pas toujours de suivre cette méthode; toutefois nous de- vons ajouter que la classification de M. Th. Lacordaire, à laquelle nous renvoyons, diffère beaucoup de celle de Solier, et qu’elle indique un assez grand nombre de coupes génériques créées dans ces derniers temps. HÉTÉROMÈRES : cinq articles bien distincts aux quatre premiers tarses, et quatre, également très-distinets, aux deux derniers, ou bien quatre articles bien apparénts, et un petit subnoduleux à la base du dernier, aux quatre tarses antérieurs, et trois articles bien distincts et un quatrième subnoduleux à la base du dernier, aux deux tarses postérieurs. 4e division, SCLÉROPTÉRIDES : crochets des tarses toujours entiers; hanches antérieures orbi- culaires non saillantes au-dessous du prosternum, ayant entre elles un intervalle plus ou moins notable. I. Mandibules très-grandes, très-saillantes, multidentées au côté interne ou tridentées à l’ex- trémilé. 4 famille, Puréparipes : antennes à premier article aussi long que les trois suivants réunis, ter- minées par une petite massue de trois articles; languette fortement cornée, rétrécie brusquement en avant des palpes en une longue pointe; lobe externe des mâchoires très-corné, étroit, filiforme, très-saillant; dernier article des tarses ayant en dessus un petit appendice terminé par deux longs poils. — Cette famille, qui ne renferme que les deux genres Phrepates et Trictenoma, se rapproche beaucoup des Lucaniens, et semble les lier aux Piméliens. COLÉOPTÈRES. 157 I. Mandibules courtes, peu saillantes, simplement bidentées ou tronquées à leur extrémité. ayant, mais rarement, une petite dent peu sensible au côté interne. 2e famille, Cozcarrérines : mâchoires à lobe interne terminé par un crochet corné distinct ou garni de cils nombreux à son côté interne, dont plusieurs plus épais, presque épineux; élytres, dans la grande majorité des cas, soudées entre elles, réunies au tergum du mésothorax, rarement libres, mais alors le menton trilobé antérieurement, et le métasternum très-court, très-resserré entre les hanches intermédiaires et postérieures, et fortement trilobé en arrière. — Cette famille renferme à peu de chose près nos Piméliens, et presque complétement les Piméliaires et Blapsides de La- treille. Elle se subdivise ainsi : A. Brachyglosses : menton presque toujours très-grand, très-large, un peu rétréci à la base, et porté par un pédoncule nul ou peu considérable, soit bilobé, soit bi- denté ou échancré : la partie antérieure de ce menton très-souvent échancrée par un sinus étroit et profond le divisant en deux lobes très-larges au sommet; mâchoires à base couverte par le menton ou très-enfoncée dans l’intérieur et peu saillante; languette entièrement cachée ou très-peu sail- lante, et ne montrant que son extrémité et les deux articles de ses palpes. Par suite des caractères tirés des organes buccaux, des antennes, des hanches et secondairement de la disposition des mà- choires, de la tête, du labre, des yeux, ete., Solier y forme deux sections et huit tribus, celles des : Erodites, Tentyrides, Macropodites, Pimélites, Nyctélites, Asidites, Akisites et Adélostomites, dont les dénominations rappellent les genres principaux qui y entrent. B. Phanéroglosses : menton ne couvrant plus la base des màchoires, et laissant toujours un intervalle notable entre les côtés et ceux de l’échancrure progéniale : cet organe, à échancrure large et généralement peu profonde, presque constamment très-manifestement rétréci à la base et articulé sur un pédoncule assez notable, rétréci et tronqué antérieurement dans presque tous; languette habituellement découverte, au moins à son extrémité, et laissant toujours voir les trois articfes des palpes. Par des particularités secon- daires, on y établit deux sections et sept tribus : Tagénites, Scaurites, Proasites, Zophérites, Mo- lurites, Blapsites et Pédinites. 5° famille, Convsoprémines : mâchoires à lobe interne souvent terminé par un crochet corné, distinct des cils, mais parfois inerme et cilié simplement à l'extrémité; élytres presque toujours libres, recouvrant le plus souvent des ailes bien développées et propres au vol : quand les élytres sont soudées, de même que dans la famille des Collaptérides, le lobe interne des mâchoires est inerme ou n'a que quelques cils à son extrémité. — Cette famille comprend presque tous les Ténébrionites de Latreille, et, en grande partie, ses Hélopiens et Taxicornes (genres: Diaperis, Cossyphus, ete.). Fig. 115. — Helops caraoides. Fig. 116. — Eucephalus submaculatus Fig. 4117. — Nictozoilus obesus 9e division et 4° famille, CISTÉLIDES : tête non rétrécie brusquement en manière de col mince; antennes filiformes ou allant en grossissant insensiblement vers leur extrémité; hanches antérieures tantôt orbiculaires et non saillantes ou oblongues et saillantes; tarses à crochets constamment den- telés, — Cette famille, qui correspond à la tribu des Cistélides, de Latreille, renferme des espèces vi- vant sur les fleurs, et dont les élytres sont moins consistantes que dans les groupes précédents. % division, EUSCHIONIDES : hanches antérieures longues, saillantes, appliquées l'une contre l'autre, dans le plus grand nombre des cas : oblongues, transverses, couchées et non relevées dans quelques espèces, mais alors les antennes insérées à découvert, et la tête très-penchée et logée dans <> 148 138 HISTOIRE NATURELLE. une échanerure située au-dessous du tergum du corselet : hanches postérieures rapprochées. presque contiguës, le métasternum plus ou moins au-dessus de l’abdomen; tarses à crochets généralement simples ou profondément divisés en deux et comme doubles, rarement dentelés, mais alors la tête est verticale ou brusquement rétrécie postérieurement en manière de col mince. — Les Insectes de cette division ont des élytres en général molles ou peu consistantes, toujours libres, et se trouvent sur les plantes et principalement sur les fleurs : quelques-uns vivent en parasites. 5° famille, CLyNocépnaLines : tête ordinairement penchée, insérée dans une échancrure du corselet située au-dessous : verticale dans quelques cas, toujours plus étroite que la plus grande largeur du corselet, et jamais rétrécie antérieurement en forme de rostre; tergum du corselet trapézoïde, transverse ou presque carré, ordinairement aussi large que la base des élytres. — Cette famille est formée de deux tribus, et comprend les genres : Serropalpus, Scraptia, Anaspis, Anisotoma, Nilio, Pelecotoma, Mordella, etc. 6° famille, Tracnéuipes : tête en forme de cœur ou de triangle, prolongée et élargie derrière les yeux, et ensuite brusquement rétrécie en forme de col étroit, seule partie entrant dans le corselet, dont le tergum est généralement rectangulaire et presque toujours de la largeur au plus de la tête, et dont, dans le plus grand nombre, la poitrine est beaucoup moins développée que le tergum. — Cette famille, correspondant en partie aux Vésicants, renferme surtout les genres: Horia, Cero- coma, Mylabris, Lytta (Cantharide), Meloe, Sitaris, Anthicus, Pyrochroa, ete. 7° famille, Lepronénies : tête sans rétrécissement brusque à sa partie postérieure; corselet habi- tuellement étroit, rétréci en arrière, quelquefois presque orbiculaire, rarement trapézoïde, et, dans ce cas, la tête est rétrécie antérieurement en forme de rostre. — Cette famille, qui établit le passage aux Cureulionites, renferme plusieurs tribus et des genres peu nombreux, tels que ceux des : La- gria, Pytho, Stenostoma, Salpingus, Rhinosimus, ete. Après cet exposé succinet de la classification générale des Hétéromères, exposé que nous avons cru indispensable de donner, nous allons passer à l’indication des genres de la famille spéciale des Pi- méliens; mais nous devons dire que, d'après l'espace restreint qui nous est accordé, nous ne pour- rons donner des détails circonstanciés que pour les groupes les plus importants. 4 tribu, Piéuipes : corps privé d'ailes sous les élytres; tête ronde, à bord antérieur droit; menton échancré; labre assez grand; palpes à dernier article plus ou moins épais, non sécuri- forme; corselet transversal; abdomen habituellement très-renflé. Cette tribu comprend un assez grand nombre d’espèces, toutes généralement de taille grande ou au moins moyenne, et dont la couleur est noire à très-peu d’exceptions près. Ces Insectes habitent les régions chaudes, sablonneuses, arides; ils sont abondants sur tous les bords de la Méditerranée, principalement en Orient : les parties méridionales de l'Afrique ont aussi des représentants de cette tribu, ainsi que les contrées arides de l'Amérique du Sud, comme le Tucuman, le Chili et le Pérou. Jadis compris dans un petit nombre de genres, on admet aujourd'hui parmi ces Coléoptères beaucoup de groupes génériques spéciaux et même une quantité assez considérable de divisions pri- maires. Solier y forme les treize tribus des Érodites, Tentyrites, Macropodites, Pimélites, Nyctélites, Akisites, Adélostomites, Tagénites, Scaurites, Proacides et Pédinites, et M. Th. Lacordaire en indique davantage. Pour nous, à l'exemple de M. É. Blanchard, nous n’y formerons que les neuf groupes des Pimélites, Adesmites, Proacites, Érodites, Molurites, Akisites, Scaurites, Tentyrites et Nyc- télites, qui répondent aux genres principaux de la tribu, et qui nous semblent devoir suffire. 4* groupe, Piécires, ayant surtout pour caractères : lèvre supérieure sans échancrure sensible; antennes à dernier article très-petit; écusson très-distinct, renfermant beaucoup d'espèces, toutes assez grandes, à faciès lourd et massif, dont les mæurs sont peu connues, les métamorphoses in- COLÉOPTÈRES. 139 connues, et qui habitent le nord de l’Afrique jusqu’au Sénégal, le littoral de la Méditerranée et une zone qui, partant des bords de cette mer, s'étend jusque dans la Mongolie : c’est en Asie que se trouvent les formes les plus variées. Le genre typique est celui des PIMÉLIES, Pimelia, Fabricius, qui, pour Linné, était confondu avec celui des Tenebrio. Dans ce genre, les antennes sont de onxe articles, dont le troisième beau- coup plus grand que les suivants; les palpes sont terminés par un article très-peu renflé, parfois un peu sécuriforme; le labre est très-saillant, légèrement échancré en avant et cilié; les mâchoires sont courtes, terminées par deux lobes, dont l'un muni d'un crochet corné; le menton est assez grand, anguleux sur les bords; la tête est arrondie; le corselet est plus ou moins anquleux; V'écusson est ordinairement visible, avec une brusque saillie dans son milieu; les pattes sont habituellement longues. Tels sont les caractères que l’on peut assigner aux Pimelia d'une manière générale, mais, si on restreint le genre, ainsi que l'a fait Solier, il se distingue surtout par ses quatre tibias posté- rieurs anguleux, et les jambes antérieures notablement triangulaires . Ce sont des Insectes noirâtres, assez grands, à forme courte, arrondis, mais pouvant s’allonger dans quelques cas; ils sont épais et pourvus de pattes assez longues. Ils habitent les terres sablonneuses et salines des contrées méri- dionales de l’Europe, celles de l'Afrique situées au nord de l'équateur, et la partie occidentale de l'Asie : ils y creusent, au moyen de leurs pattes, des trous plus où moins profonds qui leur servent de retraite. On sait que ce sont des Insectes agiles, malgré leur corps lourd et massif, et qui se montrent pendant le jour à l’ardeur du soleil. Leur nourriture consiste en matières végétales ou animales en décomposition, et parfois même, suivant plusieurs auteurs, en animaux vivants dont l'enveloppe est molle. On ne connaît encore rien de l'histoire de leurs métamorphoses; cependant M. Mulsant a dit quelques mots de larves qu'il suppose appartenir à la Pémelia bipunctata (Polpo- genia); mais comme il a étudié ces larves avec celles du Scaurus tristis, ce qu’il en dit peut aussi bien s'appliquer aux unes qu'aux autres. Quoique considérablement restreint, ce genre renferme encore plus de cent espèces : mais il faut faire observer que beaucoup des espèces de Solier sont probablement nominales, car, dans ce groupe, la structure du corps, sur laquelle il s’est surtout basé pour ses caractéristiques spécifiques, varie beaucoup dans la même espèce, suivant les localités qu'elle habite. Ce genre peut être partagé, comme l'indique Solier, en : 4° Pimelia, les plus nombreux de tous : type, P. angulata, Fabr., de la haute Égypte; 2% Camphonota, une dizaine d'espèces : type, P. sub- globosa, Linné, de la Russie méridionale; 3° Amblyptera, deux espèces : P. scabrosu, Dej., Sol., de Cadix et de Tanger, et crassipes, Sol.; et # Ecphoroma, deux espèces : hemisphericus, Dup., Sol., du cap de Bonne-Espérance, et capilata, Sol., de PBarbarie. Solier laissait dans ce groupe typique les Pimelia Arabicu, Sol. (hieroghonticus, Reicne et Sauley), et simplex, Sol., de la Palestine, d'Arabie et d'Égypte; mais Dejean les avait distinguées génériquement sous la dénomination de Melanostola, et M. Reiche a caractérisé, sous le nom de GÉénÉox, ce genre, qui se distingue surtout des Pimelia par la brièveté relative du dernier article des palpes, par l'intégrité des mandibules, la forte saillie du labre, la grosseur de la téte, ete. Les genres nombreux formés aux dépens des Pimélies sont les suivants : — Prarvorr, Fisch., à yeux orbiculaires, petits : huit ou dix espèces, dont la principale est l'Akis lineata, Fabr., de la Russie méridionale, et-s'étendant jusqu'en Mongolie. — Diesia, Fisch., à yeux transversaux; an- tennes à dernier article plus grand que l'avant-dernier : quatre espèces, dont la plus ancienne- ment connue est le D. quadridentata, Fisch., Sol., toutes du sud de la Russie, et principalement de l'Asie. — Triconosceus, Sol., à yeux transversaux; antennes à dernier article plus petit que le précédent; deux dernières paires de jambes plus ou moins arrondies; menton non anguleux latéra- lement, etc. : Solier en indique deux espèces, P. nodosa, Fisch., et deplanata, Zoub., du royaume des Kirguises; mais aujourd'hui on en décrit plusieurs autres espèces asiatiques. — Lasrorora, Sol., à yeux transversaux; antennes à dernier article plus petit que l'avant-dernier; trois premiers ar- ticles des quatre tarses postérieurs non sensiblement comprimés; épistome brusquement rétréci; Jambes et antennes comprimées : cinq espèces, parmi lesquelles les deux typiques: l'une de la Russie méridionale (Tenebrio pubescens, Pallas), et l'autre de la Bucharie (P. hirta, Fisch.). — Ocxera, Fisch. (Trachyderma, Latr.), qui se distingue surtout des groupes précédents par ses jambes et ses antennes non comprimées, ses antennes à dixième article allongé, conique, et ses tarses postérieurs gréles : un petit nombre d'espèces répandues depuis le Sénégal jusqu'au nord de 140 HISTOIRE NATURELLE, la mer Caspienne, dont Fischer de Waldheim a distingué un genre Brachyscelis, et dont l'espèce la plus connue est la P. hispida, Fabr., assez allongée, très-commune au bord de la Méditerranée en Algérie et en Égypte. — Prionorueca, Sol., ne se distinguant du groupe précédent qu'en ce que les tarses sont épais, et ayant pour type et espèce unique une belle espèce de la haute Égypte, de l'A- byssinie et de la Syrie, la P. coronata, Oliv. — Prerocoma, Sol., différant des groupes qui précè- dent par ses antennes à dixième article très-court, transversal : un petit nombre d'espèces asia- tiques, de la Russie et de la Sibérie : ayant pour type la P. sarpæ, Fisch. — Turprera, Sol., dans lequel les trois premuers articles des quatre tarses postérieurs non sensiblement comprimés; l'épr- stome rétréci en avant d'une manière sensible, et les jambes antérieures non amincies au côté exté- rieur : quelques espèces africaines, assez voisines de celles du groupe suivant, dont la principale est la P. crinita, Herbst.—Pacuyseeus, Sol., qui a les jambes antérieures amincies au côté externe et les quutre postérieures épaisses, et dont les articles des antennes entre le troisième et le neuvième un peu ovalaires : une douzaine d'espèces d'Europe, d'Asie et d’Afrique, pouvant se subdiviser en Pachyscelis propres et en Phymatriotris : types, P. granulosa, Latr., commun en Grèce; P. guxdricollis, Brullé (G. Brachyscelis, Dej.), de la Morée, ete. — Prerozasia, Sol., ne s’éloignant du groupe précédent que par ses quatre jambes postérieures minces, et par les articles des an- tænnes compris entre le troisième et le neuvième coniques, allongés : quelques espèces : types, P. squalida, Dej., Sol., et distincta, Sol., du Sénégal. — Ponnomara, Sol., dans lequel surtout les quatre tarses postérieurs sont comprimés, ciliés : une espèce (P. suturalis, Fisch.), de la Russie méridionale, qui doit probablement être réunie à celles du genre Pimelia, comme le propose M. Th. Lacordaire. — Porrocenra, Sol. (Pterolasia, Lacord.), ayant principalement les quatre jambes postérieures notablement anguleuses, et les antérieures presque filiformes : une seule es- pèce, d’après Solier, propre au Sénégal, et qui, comme son nom l'indique (Pterolasia asidioïdes, Dej.), a quelque ressemblance avec les Asida. On y réunit souvent la Pimelia bipunctata, Fabr. (muricata, Oliv.), longue d’un peu moins de 0,002, à corps un peu globuleux, noir; à corselet avec une impression transversale au milieu; à élytres arrondies, présentant quatre côtes longitudinales, dont les intervalles sont très-granuleux, qui n’est pas rare en France sur les bords de la Méditer- rance, et qui se retrouve en Afrique dans les mêmes circonstances. Fig. 118.— Pimelia punctata. Fig. 119.—Ocnera hispida |Pimela trachyderma) Fig.120.— Diesia quatridentalu. D’autres genres se rapprochent encore des Pimelia : tels sont les Srernones, Fisch. (Copnisia, Dej.), à antennes gréles, avec les deux derniers articles très-petits; à prosternum prolongé en forme de spatule sur le mésosternum et à jambes antérieures simples, ciliées : un grand et bel In- secte (Tenebrio caspicus, Pallas), de la Russie méridionale. — Crvprocnire, Latr., à antennes ayant les neuvième et dixième articles très-gros, le dernier presque imperceptible ; les jambes élargies; prosternum renflé : quelques petites espèces souvent d’une couleur grisètre avec des côtes entre les élytres, et paraissant toutes propres au cap de Bonne-Espérance. — Horarowa, Sol., à proster- num non renflé : type, C. parvula, Dej., du Cap. — Pacuynorezus, Sol., à épistome tronqué : une espèce (albiventris, Sol.), du Cap; ces trois genres parfois réunis aux Praocites. — Triconosceuis, Sol., etc. Fig. 1 — Jlelœus luberculalus Fig, 2 — Helæus perforatus Fig 3. — Pachygischænus nager Fi, 4 — Plerohelæus piceus ri, 26 COLÉOPTÈRES. 141 2° groupe, Anesuires : surtout distincts des Pimélites par l’écusson caché, et les pattes postérieures ordinairemént très-lonques. Ces Pimélides, que Solier nommait Macropodites, sont surtout propres aux continents asiatique, africain et américain, mais principalement abondants sur les bords de la mer Caspienne : leurs habitudes sont les mêmes que celles des espèces du groupe précédent. Genre typique, ADESMIE, Adesmia, Fischer de Waldheim, à labre très-apparent; antennes ayant leurs derniers articles courts, larges; tête à bord antérieur droit; corselet médiocrement large ; pattes postérieures très-lonques. Les Adesmies, anciennement confondues avec les Pimelia, sont des Insectes de taille grande ou moyenne, et qui, par la longueur de leurs pattes, ont un peu l'aspect général des Araignées; les uns sont entièrement lisses (Asdemia, Sol.), et les autres sont garnis de petits piquants écartés et logés dans une espèce de crénelure (Oteroscelis, Sol.). On en décrit de vingt à trente espèces particulières à l'Afrique et à l’Asie, telles sont les : P. ponata, Fabr., du cap de Bonne-Espérance, et pulcherrima, Fisch., de la Perse, ete. On en rapproche les genres : — Eprpuysa, Dej., Blanch., à corselet très-court; élytres orbicu- laires; pattes postérieures à peine plus longues que les autres; tarses courts, à articles élargis : une seule espèce (P. flavicollis, Fabr.), du Cap : ce genre, assez anomal, constitue, pour M. Th Lacor- daire, avec le groupe générique des Eprores, J. L. Leconte (qui lui-même ne renferme que la seule Pimelia rotundata, des montagnes Rocheuses), la tribu spéciale des Epiphysides. — Puysosrerna, Sol., à corselet très-court, très-large; cuisses très-épaisses ; pattes de derrière très-longues ; tarses étroits : quelques espèces du Cap. — Macrorona, Sol., à labre saillant; téte non trilobée; yeux étroits; mandibules avec un sillon en dessus : quelques espèces du Sénégal, dont le type est la P. variolosa, Oliv. — Srexocara, Sol., se distinguant du groupe qui précède par ses yeux larges et ses jambes intermédiaires très-longues, ayant principalement pour type la P. longipes, Oliv., du Cap. — Merriopus, Sol., à jambes antérieures et intermédiaires courtes, ne comprenant que le M. Hoffmanseggqii, Sol. (P. rugosa, Hoffm.), du Cap de Bonne-Espérance. M.E. Blanchard place ici le genre Paysocasrer, Latr., Guérin, qui, pour Solier, est rangé avec quelques autres groupes parmi les Molurites, et dont M. Th. Lacordaire fait sa tribu des Physogasté- rides. Ce sont des Insectes à labre très-apparent; antennes ayant leurs derniers articles allongés, presque aussi grands que les précédents; corselet médiocrement large; pattes postérieures assez lon- gues, gréles : groupe surtout remarquable par son habitat; car il provient des parties les plus aus- trales de l'Amérique, et se réduit aux P. mendocinus, Latr., du Tucuman, et fomentosus, Guérin, du Chili. — On doit en rapprocher les : Paicorea, Erichs., à yeux gros, arrondis, très-saillants : une espèce, qui a été trouvée en Bolivie à 5,000 mètres d’élévation, le P. picipes, entrant dans le genre Polpocera, Sol. —Enronocuus, Sol., quelques epèces propres au Chili. — Tuycaconeres, Sol., une seule espèce (eumolpoides) petite, ayant l’aspect des Bromius, et découverte en Amérique aux environs de San-Luis de la Punta. Un genre qui peut rentrer dans ce groupe, quoique M. Th. Lacordaire en fasse le type d'une tribu spéciale, celle des Mégagéniides, est celui des Mecacenws, Solier, à corselet presque aussi long que large; labre caché; tête à bord antérieur bilobé; cuisses peu épaisses; pattes postérieures très-longues, et qui ne comprend qu'une espèce propre aux contrées orientales de l'Afrique, le M. Frioli, Sol., d'assez grande taille, d’un noir mat, et couvert en dessus de petits points enfoncés, peu serrés. Un dernier groupé, qui doit probablement entrer également dans la même division, est celui des Craniors, J. L. Leconte, qui ne comprend que le C. pubescens, petit, noir, revêtu d'une pubescence cendrée et dense, et qui habite la Californie. 3° groupe, Praocires : à écusson distinct; lèvre supérieure très-échancrée; antennes ayant leur dernier article aussi long que le précédent. Les Coléoptères de ce groupe, assez peu nombreux en espèces, jusqu'ici au moins, sont en gé- néral de taille moyenne, à vestiture et structure des téguments très-variables, quelquefois ornés de couleurs métalliques, et ils habitent l'Amérique méridionale. Le genre typique est celui des PRAOCIS, Eschs., à corps bombé; corselet à angles plus ou moins arrondis; prosternum non saillant; jambes antérieures élargies, crénelées extérieurement. On connaît au moins une trentaine d'espèces de ce genre : ce sont des Insectes assez petits, variables 142 j HISTOIRE NATURELLE. sous les rapports de la forme générale, de la structure et de la vestiture des téguments, et même de la couleur, qui est noire, parfois ferrugineuse dans quelques-uns, et d’un bronzé plus ou moins obseur dans le plus grand nombre, et qui semblent confinés au Pérou et au Chili. Les Praocis peu- vent être subdivisés, avec Solier, en : 1° Praocis propres, à corps elliptique-ovale, plus ou moins convexe : de nombreuses espèces, dont je type est le P. rufipes, Eschs.; 2° Antrasomus, Guérin (Filotarsus, Sol.), à corps oblong, presque parallèle, peu convexe : quelques espèces, dont le P. Chevrolatit, Guérin, est le type; et 3° Orthogonoderus, Sol., à corps court, large, rétréci en ar- rière, peu convexe en dessus : des espèces surtout décrites par Solier. Les autres genres sont les suivants : Carvmmarrorus, Sol., à corselet capuchonné; prosternum for- mantune mentonnière au devant de la bouche; jambes antérieures élargies et crénelées à l'exté- rieur : deux espèces des Andes.du Chili : eucullatus, Sol., et ursinus, Sol.; type du genre Arctylus, Sol., généralement supprimé aujourd’hui. — Praresrues, Westw., genre peu distinct de celui des Praocis, et ne renfermant qu’une espèce du détroit de Magellan (P. depressa, Guérin; silphoides, Westw.). — PLarvnocxus, Sol., à corselet transversal, peu convexe, plus large que les élytres : type, dilaticollis, Lacord., très-commun à Mendoza. — Evrecocera, Sol., à corselet transversal, légère- men rébréci et faiblement échancré en avant, foliacé et à peine arrondi sur les côtés, tronqué à la base, avec les angles postérieurs obtus : une espèce (viatica, Lacord.), ayant le faciès d'un Asida, et dius ou Symbius blattarum, décrites par M. Saudeval et indiquées par M. Westwood, et celles des Rhipiphorus paradozus et Emenadia bimaculata, qu'ont fait connaître, la première, Ramdobr, et la seconde, M. Farines. Les larves du Rhipidius blattarum ressemblent tout à fait aux femelles, et n’en différent que par leurs antennes excessivement courtes, de deux articles, et par l'absence d'o- viducte, c'est-à-dire que leur corps est aptère, allongé, graduellement rétréci en arrière; que leur tête est petite, transversale, formant un museau prononcé; que les yeux sont petits, latéraux, peu 182 HISTOIRE NATURELLE. saillants; que les antennes sont assez robustes, filiformes; que le corselet est rétréei en avant, et les segments thoraciques plus longs que les abdominaux. Le parasitisme apparaît dans ces larves, et elles se développent en entier dans l'intérieur des Blattes; mais l'on ignore comment a lieu le rap- prochement des sexes; souvent la femelle dépose ses œufs sur les Blattes, et l’on n’a pas étudié complétement le développement des larves qui doit avoir de l’analogie avec celui que l'on re- marque dans les Cantharidites et même dans les Rhipiptères. Les larves de Rhipiphorus paradoæus vivent aussi en parasites dans les nids de la Guêpe commune, et y subissent toutes ces transforma- tions sans qu'on sache cependant si elles ont dévoré préalablement le propriétaire naturel. Enfin les larves de l'Emenadia bimaculata ont été trouvées dans les racines de l'Eryngium campestre, dont elles sortent, après avoir terminé leur croissance, pour se métamorphoser dans une coque, qu’elles attachent sur la tige ou à la base des rameaux de la plante; d’après M. Westwood, ces larves pour- raient bien également être parasites et vivre aux dépens de quelques Insectes placés dans l’intérieur des tiges d’Eryngium. On voit, d'après le genre de vie de ces larves, que ces Insectes sont très-dif- férents des précédents, et qu’ils doivent peut-être être rapprochés d’autres groupes également para- sites; mais, comme on ne connait pas les métamorphoses de beaucoup de genres, il est possible qu’on y découvre un genre de vie différent. Sous leur dernière forme, les Rhipiphorites ont les mêmes mœurs que les Mordellites, mais présen- tent encore des allurés plus vives pendant le vol. Quoique assez peu nombreux en espèces, on peut y former deux divisions et quatre subdivisions principales, et on en trouve des représentants dans presque toutes les régions du globe, mais plutôt dans les contrées chaudes que dans les tempérées. Pig. 16%. — Myodites americinus. Fig. 165,— Ahaspus frontalis. Fig. 166.— Pelecotoma Fridualsu À. Espèces chez lesquelles les élytres, non déhiscentes, recouvrent en entier l'abdomen. Ce sont les espèces les plus voisines des Mordellites, et un genre, même celui des Greninra, Cast, ne renfermant qu'une seule espèce (mordelloides) de l'Afrique australe, en reproduit toutes les formes. : Deux genres : PELECOTOMA, lisch., à antennes pectinées à partwr du troisième article, et à élytres longues, presque parallèles, et EVANIGCERA, Guérin (Ptilophorus, Dej., Gerst.), sont les seuls que l’on trouve en Europe; le premier ayant pour type le Rhipiphorus fennicus, Payk., qui vit dans les vieux bois dans les parties boréales, orientales et moyennes de l’Europe, et qui est rare partout, et le second le Pelecotoma Dufourii, Latr., également peu abondant, et répandu cependant dans toute l’Europe méridionale et dans l'Afrique septentrionale. Les autres genres, tous créés par M. Gerstæcker, sont ceux des : Eucrexra, de l’Australie. — Ax- cuocæus, du Brésil — Czixors, une espèce du Cap.— Groscopus, une espèce de l'Afrique australe. — Tricononera (Pelecotoides, Cast.), groupe nombreux et exclusivement propre à l'Amérique du Sud, à l'Australie et à la Nouvelle-Guinée. B. Espèces chex lesquelles les élytres sont déhiscentes et ne recouvrent qu'imparfaitement l'ab- domen. Dans les uns, comme dans les précédents, les organes buccaux sont complets. Tantôt les hanches intermédiaires sont presque contiguës. Tel est le genre RHIPIPHORE, Rhipipho- rus (Metæcus, Dej., Gerst.), à antennes pectinées à partir du deuxième article; élytres en pointe, presque aussi longues que l'abdomen : ce genre, qui renfermait jadis plusieurs espèces, n’en com- nat à rnb à à he ER LE er oh dis Gé TS dé ds 7 is COLÉOPTÈRES. 483 prend plus aujourd'hui qu'une seule, le R. paradoxus (Mordella), Linné, qui habite toute l'Europe moyenne et méridionale, et n'est commun nulle part; le mâle est noir, avec une partie du corselet et l’abdomen ferrugineux, et la femelle présente plus de ferrugineux.—On en distingue les Enr- nana, Cast., chez lesquels les élytres dépassent l'abdomen en longueur, et qui renferment plus de trente espèces répandues sur une grande partie du globe, mais surtout abondantes dans l'Amérique méridionale; leur livrée est composée de noir mélangé avec du rouge orangé, du jaune ferrugineux et du jaune testacé, et les dessins sont très-variables, même spécifiquement. — Macrostacox, Hentz, groupe ne différant que peu du précédent, et formé avec une seule espèce de l'Amérique septen- trionale. Taniôt les hanches intermédiaires sont très-largement séparées, comme dans le genre MYO- DITES, Latr. (Myodes, Latr.; Dorthesia, Say), qui, en outre, a des antennes pectinées à partir du quatrième article, et des élytres très-rudimentaires, ressemblant à de simples écailles; ce groupe, des plus remarquables par son faciès assez semblable à celui d’un Diptère, ne comprend que quatre espèces que l’on trouve en Europe (R. subdipterus, Fabr.), en Afrique et dans l'Amérique du Nord, et dont la livrée et Les mœurs sont semblables à celles des Rhipiphores. Dans les autres, les organes buccaux sont atrophiés, sauf les palpes labiaux. On n’y range que le seul genre RHIPIDIUS, Thunberg (Symbius, Saudeval), chez lequel les mâles et les femelles ne se ressemblent nullement. Les males ont les antennes insérées entre les yeux, de dix ou de onxe articles : premier cunéiforme, deuxième et troisième très-courts, transversaux : suivants émettant chacun un rameau grêle, très-long; et leurs élytres, assez lonques, sont déhis- centes dans toute leur longueur. Les femelles, comme nous l'avons dit, sont larviformes, à an- tennes insérées sous deux saillies du bas du front, assez robustes, filiformes, à articles grossissant un peu vers la terminaison, et l'oviducte est assez développé. Les Rhipidies, très-petits chez les mâles, et au moins doubles en grandeur chez les femelles, sont parasites à l'état de larve dans les mâles, et pendant toute leur vie dans les femelles. Trois espèces, actuellement vivantes, ont été dé- crites; la principale est le Rhapidius blattarum Sauderv. (R. pectinicornis, Thunb.), qui a été ren- contré en Suède, en Autriche et en Angleterre; les deux autres, indiquées par M. Gerstæcher, sont, l'une du Portugal et l’autre de Natal. Dalman en a signalé deux autres trouvées dans la gomme copale, et qui ne se rapportent peut-être pas réellement à ce genre. 4° tribu, Mécaxorvies, à tête sans col en arrière, penchée, souvent invisible d'en haut; palpes maxillaires très-grands, à dernier article très-sécuriforme; mandibules courtes; yeux échancrés; antennes de dix ou onxe articles, filiformes ou un peu élargies vers le bout; corselet aussi large que les élytres à la base ; celles-ci couvrant l'abdomen; pattes de moyenne longueur; tarses à cro- chets simples; abdomen de cinq segments. Les Mélandryides, qui ont pour types les genres fabriciens des Melandryia et Dircæa, sont des Insectes difficiles à classer, et dont M. Th. Lacordaire fait une famille, qu’il range entre les Pytho et les OEdemera. Is ne sont jamais très-grands, et la plupart d’entre eux sont très-petits et peu aisés à trouver. Ils ont une coloration assez sombre, et presque tous se rencontrent sous les écorces, dans les bois décomposés et dans l’intérieur de différents champignons, surtout de bolets. Très-peu d'espèces se rencontrent dans les pays chauds, et presque toutes semblent affec- tionner les régions tempérées et froides de l'hémisphère boréal; presque tous les genres ont des représentants en Europe. ; Les larves de quelques espèces se rapportant au moins à cinq genres ont été décrites plus ou moins complétement; et, d’après Erichson, elles présentent les caractères communs suivants : Tête inclinée, arrondie, presque globuleuse, un peu écailleuse; pas d'ocelles; antennes petites, de quatre articles : premier court, gros, deuxième et troisième égaux, quatrième grêle, petit; chaperon corné; lèvre supérieure saillante; mandibules non saillantes, dures; mâchoires très-rapprochées de la lèvre inférieure; celle-ci formée d’un menton charnu, de pièces palpigères libres, de deux palpes la- biaux de deux articles et d’une languette petite; thorax formé de segments peu différents; pattes médiocres; segments abdominaux au nombre de neuf; anus saillant; neuf paires de stigmates. Ces Insectes peuvent être, avec M. Th. Lacordaire, partagés en huit petits groupes, ceux des 184 HISTOIRE NATURELLE. Mélandryites, Serropalpites, Nothites, Conopalpites, Mycetomites, Orchesiites, Synchroites et Te- tratomites. 4er groupe, Mecanrvires, à antennes filiformes ou grossissant peu à peu à leur extrémité, de’ onxe articles; hanches antérieures saillantes, contiqués; tarses à crochets simples; tête penchée, en partie au moins. Insectes à corps plus ou moins large, à coloration souvent assez variée, et dont on connaît les larves de deux espèces, celles de la Melandryia caraboides, Linné (serrata, Fabr.), décrite avec soin par M. Éd. Perris et par Erichson, et de l’Hypulus bifasiatus, qu'ont fait connaître MM. Letz- ner et Heeger. Ces larves sont presque cylindriques, atténuées aux deux extrémités, vivent dans les vieilles souches de peupliers et d’aunes, qu'elles perforent de leurs galeries, et leurs nymphes sont blanchâtres. Le genre typique est celui des MELANDRYIA, Fabr., à antennes à dernier article ovalaire, à palpes à premier article conique et à second très-grand, et surtout à corps allongé, large, glabre, très-granulé : une dizaine d'espèces de taille assez grande et propres à l’Europe, à l'Asie et à l'Amé- rique septentrionale; leur livrée habituelle est ordinairement d'un noir brillant, et quelques-unes, comme notre M. caraboides, sont entièrement d'un bleu d'osier pouvant passer au verdâtre. Les autres genres sont ceux des : Hypucus, Payk. (Mystaxus, Kügell.), quatre espèces de l’Europe et du nord de l’Amérique. — Marozra, Muls., ne renfermant que le Serropalpus variegatus, Bose, trouvé uniquement en France, et auquel on doit peut-être joindre le genre Emmesa, Newm.— Punyeanopirus, Sahl., formé avec la Dircæa ruficollis, Fabr., des parties boréales de l'Europe et des montagnes de l’Allemagne. — Scoropes, Eschs., une espèce de Livonie. — SrENOTRACHELUS, Latr., une espèce (Dryops ænea, Payk.), de l'Europe boréale, vivant sous les écorces d'arbres. 2° groupe, SerroPaLriTEs, à antennes filiformes ou grossissant un peu vers l'extrémité, de onxe articles; hanches antérieures contiqués, ovoides, peu saillantes; tarses à crochets simples; tête ver- ticale, à peine ou non visible d'en haut, penchée, en partie au moins, allongée. Ces Insectes, qui, par leur forme, rappellent assez les Élatériens, sont assez petits, et difficiles à à se procurer. ds larves de trois espèces ont été décrites, celles des: Direæa lævigata (discolor, Fabr.), par Erichson; celles du Phloïotrya rufipes (Serropalpus), par Mac Leay et M. Westwood, et celles de l'Abdera flexuosa, par M. Éd. Perris, qui l'indique sous la dénomination d'Hallomenus fleœuosus. La mieux connue de ces larves est la dernière, qui vit dans les champignons croissant sur les pins; elle est cylindrique; sa tête est un peu aplatie; le corselet peu allongé; le segment anal est entier, etc. Genre typique, SERROPALPUS, Hellen, à antennes filiformes, très-gréles; palpes très-grands, avec les deuxième et troisième articles prolongés en dedans, et le dernier très-large; pattes très- gréles; corps allongé : ce groupe ne renferme que deux très-rares espèces, l'une de toute l'Europe (striatus, Hellen), assez grande, d'un brun clair, pubescente, et l’autre de l'Amérique du Nord. (substriatus, Haldem.). Les autres genres, à l’exception de celui des Direæa, Fabr., à antennes à articles coniques; palpes à premiers articles cylindriques; pattes gréles; tarses à dernier article bilobé, et ne renfermant que quelques petites espèces européennes et américaines, sont très-peu connus, et ont reçu les noms de : Xvura, Payk., deux espèces, l'une de presque toute l'Europe, et l’autre de Hongrie. — Z11ora, Muls., formé avec notre Xylita ferruginea, Payk.— Purororrya, Stéph., une espèce d'Europe et une du Brésil. — Axisoxia, Muls., une espèce, le Serropalpus fusculus, Illig., d'Europe. — Asnera, Stéph., auquel on réunit les Carida, formé d’un petit nombre d’espèces européennes. 3° groupe, Coxoratrites, à antennes filiformes, de dix articles; hanches antérieures contiqués, très-saillantes; tarses à avant dernier article un peu bilobé; tête penchée, peu visible d'en haut. Le seul genre CONOPALPUS, Gyllenh., entre dans ce groupe; une espèce anciennement connue (testaceus, Oliv.) de toute l’Europe, mais rare partout, et une autre d'Allemagne décrite récemment par M. Kraatz. 4° groupe, Noruires, à antennes longues, très-gréles, de onxe articles; hanches antérieures et À, Fri APN ICONS CNT SR Es eh COLÉOPTÈRES. 485 intermédiaires contiqués, très-allongées; tarses à avant-dernier article un peu bilobé, à crochets appendiculés ou dentés; tête penchée. Un seul genre, NOTHUS, Ziegl., Oliv. (Osphyia et Pelicina, Illig.), qui ne renferme lui-même qu’une seule espèce (bipunctatus, Fabr.) propre à l'Europe orientale, mais rare partout, et qui, par plusieurs de ses caractères et par ses habitudes, se rapproche assez des Œdémérides. 5° groupe, Mycéronires, à antennes de onze articles; hanches antérieures non contiqués, ovoides transversalement : postérieures obliques; tarses à avant-dernier article entier; palpes maxillaires à dernier article ovaluire, tronqué; tête inclinée. ‘ Le seul genre MYCETOMA, Dej., Muls., dont l'espèce unique (Dryops suturalis, Panz.), brunâtre, est particulière, quoique rare, dans toute l'Europe moyenne. 6° groupe, Oncuésrres, à antennes robustes, de onxe articles; hanches antérieures non contigués, grosses; tarses à avant-dernier article des postérieurs entier; palpes maxillaires à dernier article sécuriforme ou cultriforme; tête verticale, à peine ou non visible d'en haut. Ce groupe ne comprend qu’un nombre peu considérable d'espèces, toutes petites, brunâtres, vi- vant en général sur les feuilles des arbustes, propres à l'Europe et à l'Amérique, et réparties ac- tuellement en trois genres. Les métamorphoses de deux types se rapportant à deux coupes géné- riques sont parfaitement connues. La larve de l'Orchesia micans, décrite par M. Guérin-Méneville, Waterhouse, Braselmann et surtout par MM. Chapuis et Candèze, est allongée, presque cylindrique, charnue, glabre; sa tête est arrondie, écailleuse, à antennes composées de quatre articles; ses seg- ments sont tous à peu près semblables; elle est d’un rose pâle, avec la tête et les parties de la bouche brunes, et vit exclusivement dans les bolets. La larve de l'Hallomecus humeralis, qu'a fait connaître M. Éd. Perris, a son abdomen armé de deux crochets médiocreirent récourbés; sa couleur est d’un blane jaunâtre, avec le dernier segment abdominal roux, et elle a été trouvée dans un champignon qui pousse sur les vieilles souches des pins. Les genres sont ceux des : ORCHESIA, Latr., à hanches postérieures non obliques, larges, paral- lélogrammiques; jambes à éperons très-longs : on en connaît une vingtaine d'espèces propres à l'Europe et à l'Amérique, tant dans les parties méridionales que dans les parties septentrionales; ce sont des Insectes brunâtres ou noirâtres, présentant parfois des taches ou lignes d'un rouge plus ou moins jaunâtre, et dont le type, l'O. micans, Panz., n’est pas rare aux environs de Paris, surtout sur le lierre à l’époque de sa floraison. — EUSTROPHUS, Illig., Latr., se distinguant surtout du genre précédent par ses hanches postérieures étroites, arrondies à l'angle externe : une seule es- pèce européenne (dermestoides, Fabr.) et quelques espèces de l'Amérique du Nord. — HALLOME- NUS, Hellw., Panz., à hanches postérieures obliques; jambes à éperons courts : quelques espèces européennes et américaines, et dont une (fuscus, Gyllenh., assez commune en France) est devenue le type du genre Dryula, Mulsant. Fig. 167. — Serropalpus striatus. Fig. 168. — Eustrophus dermestoides. 7e groupe, Syxcurorres, à antennes longues, gréles, de onxe articles; hanches antérieures non contiqués, grosses; palpes maxillaires grèles, non en scie; tête légèrement penchée, visible en entier d'en haut. Un seul genre, SYNCHROA, Newm. (Phaiona, Hald.), ne comprend que le S. punctata, Newm., très-petite espèce des États-Unis d'Amérique. c.3 24 186 HISTOIRE NATURELLE. 8° groupe, Terraromires, qui se distingue surtout des sept groupes précédents par ses antennes terminées par une grande massue de quatre articles; hanches antérieures cylindriques, transver- sales; tête fortement inclinée, ete. Ce groupe ne renferme que le genre TETRATOMA, Hellw., Fabr., dont la place dans he série des Hétéromères n’est pas bien déterminée, et qui ne comprend que quatre espèces : trois d'Europe (type, fungorum, Fabr.) et une de l'Amérique septentrionale. 5etribu, Œpénénpes, à corps long, étroit, ayant cinq où six segments à l'abdomen; tête gra- duellement rétrécie en arrière, terminée par un museau de longueur variable ou en forme de rostre; mandibules souvent bifides au bout; antennes longues, filiformes, de onxe ou douxe articles; corselet plus étroit que les élytres, celles-ci embrassant rarement en entier l'abdomen; hanches antérieures allongées, presque cylindriques, contiguës, saillantes : intermédiaires de même forme, longitudi- nules : postérieures transversales, étroites, contiqués; tarses à crochets simples. Cette tribu, qui constitue au moins une, sinon deux familles particulières pour les entomologistes modernes, et qui est souvent placée après les Cantharidites proprement dits, est, à l'exception peut- être du genre Mycterus, l'une des mieux caractérisées de tous les Cantharidiens. Elle comprend des Insectes allongés, de forme svelte, à antennes et pattes grêles, et qui, pour le plus grand nombre, ont une analogie marquée avec les Cérambyciens, ce qui en avait fait placer par Fabricius les es- pèces alors connues dans cette division naturelle : les genres, assez nombreux aujourd'hui, ne se composaient guère, au temps d'Olivier et des premiers ouvrages de Latreille, que des deux genres des OEdemera et Mycterus, qui formeront pour nous deux types particuliers. Ces Coléoptères fréquentent habituellement les fleurs, mais quelques-uns cependantse rencontrent parfois sur les bois morts dans lesquels ils ont subi leurs transformations, et s'y tiennent dans la même attitude que les Cérambyciens au repos; la plupart d’entre eux sont diurnes, mais il en est qui semblent exclusivement crépusculaires. Ils paraissent répandus sur toute la surface du globe, quoique la recherche des espèces exotiques ait été assez négligée jusqu'ici : d’après la remarque de M. Th. Lacordaire, on sait que les genres européens et asiatiques ne se retrouvent également que dans l'Amérique septentrionale, et que les espèces particulières aux autres pays constituent des coupes génériques spéciales. Les points principaux de l’histoire des métamorphoses de plusieurs espèces de cette tribu, mais spécialement du groupe des Œdémérites, nous sont actuellement connus. C’est ainsi que les larves du Calopus serraticornis ont été décrites brièvement par Gyllenhal, et que M. Kawall a dit quelques mots sur la ponte de leurs œufs; les larves du Dytilus lævis ont été étudiées par M. Kolenati, et celles du Xanthochroa carniolica, par M. Éd. Perris; les larves de l'OEdemera dispar ont occupé M. Léon Dufour; celles du Nacerdes maritima, M. le docteur Coquerel; celles du Nacerdes melanora, M. Éd. Perris; celles de l'OEdemera ou Chrysanthia viridissima, M. Westwood; celles de l’Asclera cærulea, M. leeger; celles du Stenostoma cærulea ou rostrata, M. Éd. Perris, ete. Ces larves ressemblent assez à celles des Cérambyciens, principalement sous le rapport de la forme. Leur corps est allongé, charnu, à l'exception de la tête, couvert de poils plus ou moins abondants, élargi en avant, et plus ou moins rétréei en arrière; la tête est grosse, aplatie, écailleuse; ocelles visibles seulement chez quelques-unes; antennes articulées au bord antérieur de la tête, près des mandibules, dirigées en avant, de quatre articles; bouche antérieure; chaperon bien distinct, corné; lèvre supérieure cornée, saillante; mandibules saillantes, dures, dentées à l’extrémité; mâchoires charnues, développées, formées d’une pièce cardinale, large, transversale, rapprochée de la lèvre inférieure, d’une pièce basilaire à laquelle est soudée un lobe maxillaire finement cilié sur son bord interne, et d’un palpe de trois articles; lèvre inférieure charnue, composée d’un menton étroit, de deux pièces palpigères presque confondues, de deux palpes labiaux de deux articles, et d’une languette étroite, presque cylindrique; segments thoraciques larges, charnus; pattes assez courtes, composées d’une hanche petite, dirigée en dedans, légèrement sécuriforme, d’un trochanter, d'une cuisse et d'une jambe à peu près de même longueur, et d’un tarse offrant un pelit crochet simple; segments abdominaux au nombre de neuf : l’anal saillant à la terminaison et simulant un dixième segment, fente anale transversale; neuf paires de stigmates. Ces larves sont presque toutes lignivores et attaquent le bois 7 COLÉOPTÈRES. 187 en décomposition dans lequel elles perforent des galeries plus ou moins profondes : celles des Nu- cerdes, déjà connues, ont le même genre de vie, mais les vieux troncs d'arbres dans lesquels elles se trouvent gisent souvent au bord de la mer et sont périodiquement immergés par la marée mon- tante. Quand elles ont terminé leur croissance, elles se pratiquent, à l'extrémité de leurs galeries, une cellule dans laquelle elles se transforment. Les nymphes sont velues et portent, sur les côtés de l'abdomen, des saillies charnues, et on voit, tant en dessus qu’en dessous, sur divers segments du corps, des papilles ou des tubercules. 1 groupe, Œnéérires, présentant surtout un corps allongé à téguments en général moliusses; des hanches intermédiaires cylindriques, longitudinales, contiqués ou très faiblement séparées : antérieures très-longues chez presque toutes les espèces; saillie intercoxale très-étroite, aiqué, souvent presque nulle, ete. Sauf un seul genre, tous les (ŒEdémérides entrent dans ce groupe, qui, lui-même, selon M. Th. Lacordaire, par suite de particularités tirées des antennes et des tarses, peut être partagé en deux divisions. Une vingtaine de genres, propres à toutes les parties du monde, et dont ceux d'Europe surtout étudiés par M. Schmidt, entrent dans cette division. Le groupe typique est celui des ŒDÉMÈRES, OEdemera, Oliv. (Necydalis, Fabr.; Stenelytra, Dillwyn), à antennes longues, très-gréles; palpes à dernier article cylindrique; cuisses postérieures très-renflées dans les mâles; élytres très-rétrécies vers l'extrémité. On en connaît une trentaine d'espèces répandues en Europe, en Asie et sur le littoral de la Méditerranée, et remarquables par leur corps assez svelte, leurs antennes longues et filiformes, et les couleurs de leur livrée; en effet, leur coloration est génériquement métallique, avec les élytres tantôt de la même teinte que le corps, tantôt autrement colorées, et constamment ornées de quelques lignes saillantes, costiformes. Les mâles diffèrent notablement des femelles par leurs cuisses très-renflées et arquées, tandis qu'elles ont la forme normale dans l’autre sexe; en outre, le pygidium, toujours saillant et emboîtant le dernier segment abdominal, est plus large et plus aigu dans les mâles, tandis que celui des femelles est arrondi, tronqué ou excavé au bout. Malgré la conformation des cuisses des mäles, ces Insectes ne peuvent pas sauter, ainsi que cela a lieu chez d’autres Coléoptères constitués comme eux sous le même rapport, et cela tient probablement à ce que leur corps est trop long et trop linéaire, tandis que dans les espèces auxquelles nous avons fait allusion, comme les Altica, le corps, au contraire, est court et ramassé. Parmi les espèces qui émaillent les fleurs de nos environs, nous citerons seu- lement les OEdemera podagrariæ et cærulea, Fabr. —On en distingue les Œnemenna, Costa, formé avec l'OEdemera lucida, Schmidt, d'Allemagne, dans laquelle les cuisses postérieures des mûles ne sont pas renflées : deux genres, Srexaxis et Curysanra, Schmidt, qui en diffèrent davantage, et ont pour types, le premier deux espèces, l’une de l’Europe orientale et l'autre de Madère, et le second également deux espèces, viridissima, Linné, et viridis, Schmidt, très-répandues dans toute l'Eu- rope, et à coloration d’un beau vert doré. D'autres genres plus distincts sont ceux des : Srenosroma, Latr., à tte prolongée en un long mu- seau en forme de rostre, et ne comprenant plus qu’une seule espèce (Rhinomacer cæruleus, Pe- tagna) d'un beau bleu passant parfois au vert bronzé, et qui est très-répandue dans le midi de l'Europe et en Algérie. — Carrona, Schmidt, deux espèces, la Leptura convexa, Fabr., d'un bronzé obseur, brillant, d’une partie de la France, et C. ornata, Küster, de Sardaigne. — Pnovosca, Ziegl., à yeux en partie engagés dans le corselet : quelques espèces de l'Europe méridionale. . Quelques autres coupes génériques doivent aussi être signalées. Tel est surtout le genre Nacer- pes, Steven, à antennes longues, très-gréles, avec le dernier article plus petit que l'avant-derner; palpes à dernier article un peu sécuriforme; cuisses postérieures grèles dans les deux sexes; on n’en indique plus que deux espèces, toutes deux d'Europe (Cantharis melanura, Linné, et Na- cerdes sardea, Schmidt), et l’on en a séparé génériquement de nombreux types, aussi européens, sous la dénomination d'Anogcodes, Dej., Schmidt. — D'autres groupes génériques doivent en être rapprochés; ce sont ceux des : Lepronvuvs, Marseul, Schmidt, une rare espèce propre à la Turquie. —Pseunozveus, Guér'n, quelques espèces d'Australie et de Madagascar, à faciès de Lycus. — Cxcro- penus et Mecorsezapuus, Solier, du Chili. —Ascrera, Dej., Schmidt, surtout de l'Europe et de l'Amé- 183 HISTOIRE NATURELLE, rique du Nord. — Pounia, Newm., une espèce exotique. — Dryors, Fabr. (Oncomera, Stéph.), ne renfermant qu’une grande et rare espèce, qui a été prise de loin en loin, depuis la Turquie jus- qu'en Angleterre Inelusivement, etc L Le Fig. 169. — Stenostoma rostratum. Fig. 170. — OEdemera podagrariæ. Fig. 171. — Calopus serraticornis. Certains genres intéressants sont ceux des : Gazopus, Fabr., à antennes en dents de scie; compri- mées et à peu près aussi larges que le corps, qui ne renferment que deux espèces : le type, serrati- cornis, Linné, répandu dans les montagnes depuis le nord de l’Europe jusqu'en Italie, et augustus, Leconte, de l'Amérique septentrionale, qui ressemblent beaucoup à des Céramhyciens, et sont assez grandes. — Srareprus, Meg., Blanch., à antennes simples, avec les articles cylindriques; palpes à dernier article renflé : deux espèces, de médiocre taille, européennes, et dont le type est le C. tes- taceus, Andersh.— Drrycus, Fischer, à antennes filiformes, à dernier article plus long que le pré- cédent, et à cuisses comprimées : sept espèces, quatre de l’Amérique du Nord et trois de l’ancien continent. — Xanrnocuroa, dont deux espèces d'Europe (carniolica, Gistl., et gracilis, Schmidt), ont été décrites. —SeLenorazus, White, quelques espèces de la Polynésie et de la Tasmanie, ne dif- fèrent guère de celles du genre précédent. Un genre, qui entre encore dans la même division, est celui des Lopocrossa, Solier, qui ne ren- ferme qu’une seule espèce (variipennis) du Chili, et qui différerait très-essentiellement de tous les autres par ses tarses offrant une lamelle à l'avant-dernier article. Enfin deux derniers genres, qui, par leurs antennes dégagées des yeux et non insérées sur des saillies, ainsi que par leurs tarses cylindriques non tomenteux en dessous, avec l'avant-dernier ar- ticle entier, peuvent être les types d’une division qui se distinguerait de celle des Œdémérites vraies, chez lesquelles l'insertion des antennes est variable, et dont les tarses ont l’avant-dernier article déprimé, presque ou tout à fait lobé et constamment tomenteux en dessous, sont ceux des : Promo- cHeiLus, Solier, du Chili, et Ruoparosracaium, Bohem., une espèce du Port-Famine, dans le détroit de Magellan. 2e groupe, MycrériTes, ayant pour caractéristique : corps court, ovalaire, pubescent, à téguments de consistance ordinaire; tête terminée par un museau formé en grande partie par l'épistome et habituellement en forme de rostre; hanches intermédiaires globuleuses, plus où moins séparées : antérieures médiocres, étroitement embrassées par leurs cavités cotyloïides; saillie intercoxale de l'abdomen très-large, arrondie en avant, ete. Ce groupe ne renferme que le seul genre MYCTERUS, Clairville (Rhinomacer, Fabr.), qui, tout en ayant les mêmes mœurs et la disposition des organes de la bouche et des pattes des Œdémérites, s’en distingue par des particularités importantes et même par le faciès, qui est tout à fait diffé- rent. Aussi est-on loin d'être d'accord sur la place qu'on doit lui assigner dans la série des Hétéromères, et quelques auteurs le placent-ils, à juste raison probablement, à la fin de cette grande division, de manière qu'il vienne établir le passage aux Cureulioniens. On n’en connaît qu'un nombre assez restreint d'espèces, la plupart propres à l’ancien continent, surtout à la faune médi- terranéenne, et dont une, que nous prendrons pour type (Mycterus curculioides, Fabr.), étend son habitat jusqu'en Angleterre, mais est rare partout; l'Amérique du Nord en a fourni deux espèces. Les Myctères ont une taille moyenne, assez variable; ils sont d’un bronzé obseur ou noiràtres, avec leurs téguments finement chagrinés; ils sont revêtus d'une abondante pubescence, et, en outre, F mu, De di ruliite.: mis LEE (2 À sat Lthnb 2,1 >, Là 2 & ! L x 4 L 4 COLÉOPTÈRES. 189 comme les Larinus et autres Curculioniens, ils sont recouverts d’une efflorescence jaunâtre, qui se renouvelle pendant la vie, après avoir été enlevée; on les rencontre principalement sur les fleurs d'Ombellifères. 6° tribu, Horupes, à corps long, assez large; élytres recouvrant en entier l'abdomen; antennes longues, filiformes, droites, de onxe articles; mächoires à lobes de forme normale; épistome tron- qué, presque au niveau de l'insertion des antennes; labre petit; tarses à crochets dentelés. Cette tribu, qui ne renferme qu'un nombre très-restreint d'espèces propres à l'Amérique du Sud et du Nord, aux Indes orientales et au Sénégal, a été créée par Latreille. Mais, comme le fait voir M. Th. Lacordaire, elle ne diffère pas trés-notablement des Cantharidides, et devra probablement y être réunie, à moins que la connaissance des larves ne vienne confirmer l'opinion du célèbre auteur de la partie entomologique du Règne animal. En effet, les métamorphoses de l'Horia maculata, décrites par Lansdown Guilding (Trans. Linn. Soc., XIV), doivent être revues, à présent que l'on possède les beaux travaux de MM. Newport et Fabre sur les Méloës et les Sitaris; et ce que M. Westermann (Revue de Silberman, t. 1°) dit des larves des Horia cephalotes et Cissites testacea est trop insuffisant pour compléter leur histoire. Les Horiides sont de grands Insectes chez lesquels, dans le plus grand nombre des espèces au moins, la tête et les cuisses des mäles acquièrent un grand développement. On n’y range que deux genres : HORIA, Fabr., à téte aussi large que le corselet : cinq espèces, deux de l'Amérique du Sud (Cucujus maculatus, Sweder, et apicalis, Perty), une des Indes orientales (cephalotes, Oliv.), de grande taille, et deux de l'Amérique du Nord (sanquinipennis, Say, et Stansburii, Haldem.), de beaucoup plus petite dimension, et qui en diffèrent peut-être génériquement; la livrée est d’un testacé fauve ou rougeûtre, avec les parties de la bouche, les antennes et les pattes noires. — CIS- SITES, Latr., à téte beaucoup plus étroite que le corselet : deux espèces, l’une du Sénégal (Senega- lensis, Cast.), et l’autre, typique (Horia testacea, Fabr.), propre aux Indes orientales, et offrant à peu près le même système de coloration que les Hories proprement dits. Te tribu, CaNrHaRIDIDES, à corps généralement cylindrique, allongé; menton pédonculé; lanquette saillante; mächoires bilobées, cornes ou inermes; mandibules courtes; palpes fihformes; yeux plus ou moins grands, entiers ou échancrés; antennes de forme variable, insérées sur les côtés au devant des yeux, composées de onxe ou d'un moins grand nombre d'articles; tête souvent trigone, fortement penchée, offrant encore un col; corselet plus étroit que les élytres; celles-ci, commie l'abdo- men, plus ou moins flexibles et minces, n'embrassant pas complétement l'abdomen et ne le recou- vrant parfois même qu'en partie; des ailes inférieures ou pas d'ailes; pattes longues; tarses à cro- chets bifides; abdomen de cinq ou six segments distincts. Linné comprenait dans son genre Meloe le petit nombre d'espèces qu’il connaissait de cette tribu, et la plupart des auteurs, quand ils en ont fait une division plus élevée dans la classification, l'ont désigné sous le nom de Méloides, que d’autres ont changé en ceux de Vésicants, qui rappellent la propriété épispastique dont jouissent un grand nombre de leurs espèces, et de Cantharidiens ou Cantharidites, tirée du genre typique Cantharis : c’est cette dénomination que nous avons eru devoir adopter. Latreille peut être regardé comme le créateur de cette tribu, cependant il en a éloi- gné les Horiides, qui, comme nous l'avons dit, devraient probablement en faire partie. Excepté celui de M. Th. Lacordaire, donné dans son Genera des Coléoptères, aucun travail général n'avait été publié sur ces Insectes, à l’exception toutefois des espèces européennes décrites par MM. Redten- bacher et Mulsant, et de celles de l'Amérique du Sud que M. Leconte a fait connaître. Les Cantharidites sont des Coléoptères d'assez grande taille ou au moins de dimension moyenne, et leur livrée est parée de couleurs vives et variées, parfois même métalliques. Les mœurs de ces Insectes sont assez différentes suivant les genres; les Mylabres et les Cantharides vivent en familles et se trouvent parfoisen énorme quantité sur les végétaux dont ils se nourrissent, soit sur les fleurs, comme les premiers, soit sur les feuilles, comme les seconds; les Sitaris ne se voient guère que sur les plantes qui avoisinent les nids des Hyménoptères, berceaux de leurs larves; presque tous ont 190 HISTOIRE NATURELLE. une allure assez peu vive, et, lorsqu'on les prend, fléchissent leurs antennes et contractent un peu leurs pattes en simulant la mort : les Méloés, même, en raison de leur manque d'ailes proprement dites et du volume parfois énorme de leur abdomen, se trainent lourdement et avec difficulté sur le sol, ou grimpent avec lenteur sur les broussailles ou les plantes basses. Beaucoup d’entre eux ont des propriétés vésicantes plus ou moins énergiques : presque tous peuvent servir pour produire des vésicatoires, mais la Cantharis vesicatoria est presque exclusivement employée à cet usage en Eu- rope, et, en en donnant la description, nous entrerons dans quelques détails à ce sujet, nous bor- nant à faire remarquer actuellement que, quand ces Insectes sont avalés, ils produisent aussi des effets très-énergiques sur les organes de la reproduction. La plupart des espèces vésicantes exhalent une odeur spéciale, pénétrante, et que l'on a comparée à celle que répandent les Souris; les Méloës ont une odeur plus douce, de toute autre nature, et qui est due à un fluide jaunâtre ou blanchâtre qu'ils exsudent par les articulations de leurs pattes lorsqu'on les tourmente. On en trouve, mais en petit nombre, en Europe, principalement dans les parties méridionales, mais l'Afrique, l'Asie, et surtout l'Amérique, tant méridionale que septentrionale, sont surtout riches en espèces, et, en outre, on en a à peine signalé jusqu'ici dans les Indes orientales et dans l'Australie. Les métamorphoses des Cantharidides, qui n'ont été surtout bien étudiées que dans ces derniers temps, présentent des particularités des plus compliquées, des plus remarquables et tout à fait diffc- rentes de celles que l'on observe chez les autres Coléoptères, car nous allons trouver ici des méta- morphoses qui se composent de sept périodes bien marquées, et qui portent le nom d’hypermétamor- phoses. L'hypermétamorphose, d’une manière générale, consiste en ce qu'une larve à métamorphose complète, au lieu de croître simplement sans perdre sa forme première jusqu’à sa transformation en nymphe, passe par des formes différentes, dont quelques-unes ne se ressemblent nullement. Ces formes, chez les Cantharidiens, sont au nombre de quatre, qui sont désignées par M. Fabre sous les dénominations de lurve primitive, seconde larve, pseudochrysalide et troisième larve. La pre- mière, pourvue de pieds, peut se mouvoir; les deuxième et quatrième sont apodes, vermiformes, et cette dernière se change directement en nymphe; enfin la troisième, ainsi qu’on le comprend par son nom même, est inerte. lei les larves seules sont parasites, et, parvenus à l’état parfait, les mâles et les femelles cessent de l'être; chez les Stylopides ou Rhipiptères, dont nous dirons bientôt quelques mots, l’état parasitaire persiste pour les femelles adultes et ne cesse que pour les mâles; ainsi, comme le rapporte M. Th. Lacordaire, les diverses phases du développement métamorpho- sique de ces Insectes est semblable à celui des Rhipiptères, mais toutefois leurs larves se nourris- sent des œufs et du miel placés dans les nids des Hyménoptères dans lesquels ils se trouvent, et non pas des larves de ces derniers. L'importance et la nouveauté du sujet nous engagent à nous étendre à ce sujet plus que nous n'avons l'habitude de le faire dans nos généralités. Pendant très-longtemps on n’a qu'entrevu plusieurs des points importants qui concernent les métamorphoses de plusieurs espèces de cette tribu, et il faut descendre jusqu'aux travaux de MM. Newport (On the Natural history, anatomy and developpement of the OÙ, Beethe, Meloe, more especialy Meloe cicatricosus Fabr.; in Trans. of the Linn. Soc., t. XX, p. 297 et 321, pl. XIV, et t. XXI, p. 167, pl. XX), et Fabre (Mémoire sur l'Hypermétamorphose et les mœurs des Méloides, in Annales des sciences naturelles, quatrième série, t. VIT, 1857, p. 299, pl. XVII), pour avoir des notions complètes sur les transformations des Meloe et des Sitaris. C’est d’après ces deux auteurs, et aussi d’après l’analyse de leurs mémoires donnés par M. Th. Lacordaire, que nous entre- rons dans quelques détails; mais il nous semble utile auparavant, ne serait-ce que sous le point de vue historique, de dire quelques mots des observations sur le même sujet des anciens naturalistes, qui, souvent assez près de la vérité, ne l'ont jamais atteinte complétement, et ont parfois même commis quelques erreurs. Les larves des Méloés sont connues partiellement depuis longtemps; Goedart (Métam. nat., 1700), Frisch (Beschreib. allerl. Insekt Deutschl., 1720), Loschye (Naturforsch., 1788), Geoffroy (Hist. nat. des Ins., 1798), Réaumur (Mém. sur les Ins.), de Géer (Mém. sur les Ins., t. NV), les ont dé- erites ou figurées, mais ils ne les avaient observées que dans leur très-jeune âge, et cependant déjà de Géer connaissait leur parasitisme. Plus tard, différents auteurs les décrivirent comme des Insectes aptères parasites, et leur donnèrent des noms en conséquence : c’est ainsi qu’elles furent désignées par Linné et Fabricius sous la dénomination de Pediculus apis, par Kirby (Monogr. Ap. angl. t. I) it dur: li NA EE COLÉOPTÈRES. 194 sous celle de Pediculus melittæ, et par M. L. Dufour (Ann. des sciences nat., 1898) sous celle de Triungulinus tricuspidatus. D'autres auteurs, comme Latreille, dans divers de ses ouvrages, Saint- Fargeau et Serville (Encycl. méth., 1. X), Nitzsch (Darstell. der Famil. und Gattung, der Thier- Insekt. in Mag: Germar, 1. M), Walekenaër (Mém. sur les Halictes), Brandt et Ratzeburg (Medic. Zool., Bd. 11, 1830), Brandt et Erichson (Nova acta Acad. nat. Curios., 1. XVI), Doubleday (The entom. Mag., t. H), Westwood (Introd. to the modern class. of Insects, t. 1), Siebold (Entom. Zeitung, 1841), et surtout MM. Newport et Fabre (locis citatis), en ont également parlé d'une ma- nière générale. Réaumur et de Géer ont particulièrement vu les larves de la Meloe proscarabeus; M. Siebold, ces mêmes larves et celles de la M. scabrosus, et M. Newport, celles de la M. cicatri- cosus. Les larves de la Cantharis vesicatoria, sur lesquelles Loschye, Latreille, Audouin, Zier et M. Ratzeburg ont parlé, sont loin d’être suffisamment connues, et c’est par analogie zoologique qu'on leur attribue la même organisation qu'à celles des Méloés et Sitaris. Il en est de même des larves de l’Apalus bimaculatus, sur lesquelles Géné a donné un travail en 18514 dans les Annales des sciences naturelles. Enfin les métamorphoses du Sütaris humeralis, dont Latreille, Audouin et M. Westwood avaient dit quelques mots des larves, ont été décrites complétement par M. Fabre; et, comme ce sont les mieux connues, c’est principalement sur elles que nous insisterons. Fig. 172 à 176. — Hypermétamorphose du Siaris humeralis. (Figures grossies.) 472. Larve primitive. — 473. Seconde larve. — 174. Pseudochrysalide. — 175. Troisième larve. — 176. Nymphe. Les Sitaris humeralis mäle et femelle ne prennent aucune nourriture lorsqu'ils sont parvenus à leur état parfait, et, quand la femelle est fécondée, elle dépose, à l'entrée des trous formés par l'An- thophora pilipes, un nombre énorme (deux à trois mille), d'œufs très-petits, blanchätres, ovalaires, agglutinés entre eux et formant une masse informe. Un mois après environ, il en sort de pelites larves, d'un noir verdàtre luisant, coriaces, de forme elliptique très-allongée, convexes en dessus et planes en dessous; leur tête, brusquement rétrécie en arrière en un col épais, est légèrement trapézi- forme etarrondie en avant, et les diverses parties de leur organisme sontassezcompliquées. Ces larves, que l'on appelle primitives, restent immobiles et dans la position où étaient les œufs, et sans prendre de nourriture jusqu'au printemps de l’année suivante, époque à laquelle éclosent les An- thophores mâles, qui précèdent l'apparition des femelles d'environ un mois. À mesure que les An- thophores sortent de leur nid, une ou plusieurs larves de Sifaris s'attachent aux poils de leur corps, et passent sur les femelles des Hyménoptères quand leur accouplement a lieu. Lorsque ces dernières, après avoir formé une cellule et y avoir déposé du miel, y déposent un œuf, une des _ larves de Sitaris se glisse sur celui-ci, s'y fixe solidement, en déchire l'enveloppe et en dévore le contenu : ce qu’elle fait en quelques jours; alors la larve a acquis toute sa croissance, sa peau s'ouvre sur le dos et donne passage à la seconde larve. Celle-ci tombe dans le miel, dont elle se nourrit, et il lui faut environ un mois et demi pour arriver à tout son développement; elle se pré- sente alors comme un Ver mou, blanc, elliptique, garni de stigmates sur le dos, et à région ventrale très-convexe, formée de treize segments y compris la tête, qui est très-petite et privée d’yeux. Peu 192 HISTOIRE NATURELLE. de jours après, cette seconde larve se contracte, et de sa surface extérieure se détache une pellicule transparente, qui laisse apparaître une masse oblongue, d'abord molle, bientôt assez dure et d'un fauve vif, qui est une sorte de nymphe que l’on nomme pseudochrysalide. Cette fausse chrysalide passe habituellement l'hiver sans éprouver aucun changement apparent; au printemps suivant, de triangulaire qu’elle était, elle devient ovoïde, son enveloppe cornée se détache, et il en sort une troisième larve tout à fait semblable à la seconde. Cette dernière larve ne prend pas de nourriture, ne peut se soutenir sur ses pattes, n'a que de lents mouvements, et peu après se change en une seconde nymphe, qui a beaucoup d'analogie avec celle des autres Coléoptères, et d’où sortira, au bout d'à peu près un mois, c’est-à-dire en août l'Insecte parfait. Le développement des Meloe est analogue à celui des Sitaris, malyré quelques différences que nous pouvons appeler génériques. Les femelles font de deux à quatre pontes, et la premiére est composée de plusieurs milliers d'œufs d’un jaune orangé, et qui doivent éclore de trois à six se- maines après, suivant la température : à chaque ponte, elles creusent dans le sol un trou dans le- quel ces œufs, très-petits et agglutinés, ensemble sont platés et recouverts ou non de terre. Les larves primitives sont pédiculées, jaunes ou noires, selon les espèces, allongées, un peu déprimcées, à tête trianguliforme. Peu après leur éclosion ces larves restent immobiles, pressées les unes contre les autres, et, quand la chaleur survient, elles se mettent en mouvement, déploient une grande ac- tivité et se répandent sur diverses plantes, surtout sur les Chicoracés et Renonculacés; de là elles se jettent sur plusieurs espèces d'Hyménoptères et de Diptères, dont MM. Drewsen et Schiodte ont donné la liste, s’y attachent fortement et souvent en grand nombre aux poils que porte le corps de ces Insectes. Beaucoup de ces larves périssent parce qu’elles ne sont pas dans de bonnes con- ditions pour leur développement, et celles qui se trouvent transportées dans les nids des Hyméno- ptères se comportent absolument de la même manière que les premières larves du Sitaris humerulis; elles dévorent l'œuf de la cellule où elles se trouvent, se changent en seconde larve, puis vivent de la pâtée destinée à l'être qu’elles ont attaqué. Sous cette forme de seconde larve, elles ressemblent un peu aux larves des Scarabéiens; leur corps est cylindrique, légèrement arqué et revêtu d’une fine pubescence. La pseudochrysalide est inerte, de même que celle des Sitaris, mais elle s'en éloigne par sa forme arquée en dessus, atténuée à ses extrémités, etc. La troisième larve semble ne pas différer de la seconde. La chrysalide n'offre rien de particulier, et la durée de l’évolution com- alète est, comme chez les Sitaris, de deux ans environ. Déjà plusieurs espèces de Méloés ont été observées, mais assez incomplétement, sous le point de vue métamorphosique. Mais il est probable que ces faits se généraliseront pour toute la tribu, et déjà l’on assure que les petites larves jaunâtres qu'on remarque souvent dans les nids des Hyméno- ptéres se rapportent à des Méloiïites, tandis que d’autres larves noirâtres que l’on a vues sur des Osmia, sur les Andræna, ete., appartiennent vraisemblablement à d’autres groupes génériques de Cantharidides. C’est là un vaste champ d'observation ouvert aux entomologistes qui se livrent à l'étude des mœurs et des habitudes des Insectes, et nous ne pouvons que les engager à le parcourir. Nous donnons, page 191, quelques figures qui se rapportent à l'hypermétamorphose des Cantha- ridites, que nous cherchons ainsi à faire connaître, en ce qu’elle diffère essentiellement des méta- morphoses de la plupart des autres Coléoptères. Nous prenons pour exemple, d’après l'excellent Mémoire de M. Fabre, l'hypermétamorphose du Sitaris humeralis. Notre figure 172 représente la larve primitive, qui diffère considérablement de la seconde larve (fig. 173), et de la troisième larve (Big. 175); notre figure 176 montre la nymphe proprement dite, qui ne ressemble nullement à la pseudochrysalide (fig. 174). Les Cantharidites peuvent être, comme le propose M. Th. Lacordaire, partagées en deux divisions, dont l'une est subdivisée en plusieurs groupes. Dans la première, les CANTHARIDITES PROPREMENT DITES, le corps est presque toujours «ilé; l'écusson est au moins médiocre; les élytres ont des côtés laissant à découvert les parapleures; les hanches intermédiaires sont distantes des postérieures; le métasternum est allongé : ce sont les groupes des Canruanres, Siranires, Némocnarures et MyLageires; en outre, on y comprend aussi les Horures, dont nous avons déjà parlé. COLÉOPTÈRES. 193 1% groupe, CanruariTes, à mächoires ayant leurs lobes arrondis; antennes de forme variable, ja- mais en massue au bout, droites, de one articles; épistome dépassant assez fortement l'insertion des antennes; élytres longues, recouvrant l'abdomen en entier, peu ou pas déhiscentes. Ce groupe, l’un des plus nombreux en espèces de la tribu, renferme quinze à vingt genres, qui sont répartis sur toute la surface du globe : il y en a beaucoup en Europe, et, de tous les Canthari- diens, c’est parmi lui seulement qu'on en trouve en Australie. Ce sont les Vésicants par excellence. et les caractères spéciaux des coupes génériques se trouvent dans des particularités qu'offrent les tarses, les antennes, les yeux, le corselet, les élytres, etc. Le genre véritablement typique est celui des CANTHARIDES, Cantharis, Geoffroy, ayant surtout pour caractères : antennes plus courtes que le corps, plus ou moins épaissies vers l'extrémité, avec le troisième article beaucoup plus long que le précédent; palpes mazxillaires un peu plus gros à leur ex- trémité; élytres flexibles, de la lonqueur de l'abdomen, recouvrant les deux ailes inférieures, qui sont bien développées; tarses à avant-dernier article entier; mais qui, comme le fait remarquer M. Th. Lacordaire, ne présente réellement que des caractères négatifs. C’est ainsi que les Cantharis se dis- tinguent de plusieurs genres, et surtout des Lydus, des Alasimus, etc., à crochets des tarses pec- tinés, par ces mêmes organes non pectinés, mais profondément bifides;des Phodoga, Tegrodera, par ses crochets tarsiens non dentés en dessous; des Tetraonyx et Elotica par l’avant-dernier article des tarses non bilobé; des Stastica par ce même article plus ou moins cylindrique, et non pas court, triangulaire; des OEnas par ses antennes jamais très-courtes ni en même temps robustes et fusi- formes; des Phodoga, par ses yeux transversaux, non débordés par les côtés de la tête, etc. Aïnsi que nous l'avons dit en parlant des Téléphoriens au commencement de ce volume (pages 2 et 3), Linné a appliqué le nom de Cantharis à des Coléoptères non vésicants, les Telephorus de Schæffer, de de Géer, etc., et, contrairement à l'opinion vulgaire ainsi qu'à celle des naturalistes anciens, il rangea les espèces du groupe que nous étudions actuellement avec ses Meloes, d'où Fa- bricius les tira pour en faire son genre Lytta, dont la dénomination a été adoptée à tort par la plu- part des entomologistes. En effet, ces Insectes étaient connus des Grecs sous le nom de Kav9æpos, tt c'étaient les Cantharis des Latins, dénomination du reste qui a été étendue à plusieurs autres. Fig. 1717. — Cantharis vesicatoria. Fig. 178. — Cantharis sulcifrons. Les anciens ont connu les Cantharides et leurs propriétés médicinales; mais à quelle espèce ont- ils donné ce nom? C’est là une question qu'il est bien difficile de résoudre. Cependant il est certain que ce n'est pas notre Cantharide actuelle des pharmaciens, la Cantharis vesicatoria, Geoffroy; Meloe vesicatoria, Linné; Lytta vesicatoria, Fabr., ou Canthuris officinarum, des médecins; et, d’a- près un passage de Dioscoride, on peut supposer que ce doit être un Mylabris, parce qu'il indique qu’elle a un cercle jaune transversal sur les ailes, et dès lors c'était probablement le Mylabre de la chi- corée (Mylabris cichorii). En effet, l'Insecte que nous venons de nommer a des bandes jaunes sur les élytres, est très-commun dans le pays qu'habitait Dioscoride, et est souvent employé encore aujour- d'hui comme épispastique en ltalie, en Grèce et dans tout l'Orient. Du reste, on peut dire que le nom général de Cantharide sert à désigner en médecine plusieurs espèces jouissant de propriétés vésicantes, aussi bien notre Cantharis vesicatoria que les Mylabres usités en Ghine pour le même usage, et surtout le Mylabris pustulata, Olv., que les Cantharis vittata, Fabr., de l'Amérique du Nord, et spersa, Klug, commune à Montévidéo, employées comme épispastiques et excitatrices des cÿ 20 19% HISTOIRE NATURELLE. organes génitaux en Amérique, comme l’ont montré pour la première M. Percheron, et pour la seconde M. Courbon et que certaines Méloés et quelques autres sont parfois usitées aussi en médecine vétérinaire. Quant à notre Cantharide des boutiques, on ignore à quelle époque positive son usage s’est introduit en France, mais il paraît qu'elle nous vient d'Espagne, car elle porte le nom de Mouche d'Espagne : le commerce l’a longtemps tirée de ce pays, et l'en tire souvent encore, quoi- qu'on ait cherché dans ces derniers temps à la recueillir dans notre patrie. C’est à tort que l'on a quelquelois désigné également sous lenom de Cantharide, la Cétoine dorée, qui en diffère beaucoup, et qui, comme nous l'avons dit, semble jouir de propriétés qui seraient très-utilement employées en médecine. Les Cantharides ont le corps allongé, presque cylindrique; la tête grosse, cordiforme; le cor- selet petit comparativement à la longueur du corps, presque carré, un peu plus étroit que la base: des élytres, qui sont linéaires, molles, et qui recouvrent entièrement l’abdomen. Outre les carac- tères qui les distinguent des genres du même groupe, quelques particularités les différencient en- core des genres de la même division ou de tribus voisines et que l’on en a parfois rapprochés; leurs mandibules se terminent en une pointe entière, ce qui les sépare nettement des OEdemera; la forme de leurs antennes les éloigne des Méloës, Mylabres et Cérocomes; leurs palpes, gros à l’extré- mité, les séparent des Zonites, Sitaris et Némognathes, chez lesquels ces palpes sont filiformes, ete. Les métamorphoses des Cantharides sont très-imparfaitement connues. Quelques auteurs, comme nous l'avons dit. ont présenté certains détails relatifs aux larves, principalement à celles des Can- tharis vesicatorix, et Olivier (Dict. d'Hist. nat., édité par Deterville), en donne la description comme s’il les avait vues. D’après lui, ces larves, blanchâtres, munies de pattes, d'antennes et de deux filets à l'extrémité du corps, vivraient dans la terre, sy nourriraient de racines et y subi- raient leurs transformations, mais les particularités dans lesquelles il entre à cet égard n'offrent rien de précis, et peuvent s'appliquer à une foule de Coléoptères de divers genres. C’est une étude nouvelle à faire, et on est encore réduit, à l'égard de ces larves, à de simples conjectures : la plus probable, en raisonnant d'après ce qui a lieu pour les Méloés et Sitaris, et en faisant remarquer que leurs mandibules sont très-petites, c’est que les larves de Cantharides vivent en parasites, et n'entrent dans la terre que pour s’y changer en nymphes. Ce serait donc la troisième larve qu'au- rait observée Olivier. Audouin, dans sa Thèse pour le doctorat, s'étend beaucoup sur l’organisation tant extérieure qu'intérieure, et sur l’accouplement et la fécondation de la Cantharis vesicatoria, faits qui doivent ètre étendus au genre entier. Les préliminaires de l’accouplement durent au moins deux heures, et le mâle ne se détache de la femelle que quatre heures après s'être accouplé, en laisant son organe reproducteur principal engagé dans celui de la femelle. Pendant cet accouplement les mâles, au moyen de l’échancrure du premier article de leurs tarses, saisissent les femelles par les antennes pour se maintenir sur elies. Après l’accouplement, la femelle s'occupe de la ponte, qui consiste en une masse d'œufs assez dévéloppés, de forme cylindrique, jaunâtres, aplatis à leur extrémité et courbés dans leur longueur. Quant aux détails purement anatomiques, nous ne pouvons les indi- quer ici, et nous renvoyons au travail d'Audouin, qui ne peut être analysé. Il résulte de tout ce qui précède, comme le disait Duponchel il y a seize ans, et comme on peut le répéter encore aujourd’hui : « qu'on ne connait encore que très-imparfaitement l'histoire naturelle de la Cantharide des boutiques, bien qu'un Insecte aussi précieux*à l'humanité, et qui fournit à la médecine un des remèdes les plus énergiques, eût dù engager les entomologistes à l’observer dans toutes les phases de sa vie; mais il est vrai de dire que la plupart de ceux qui prennent ce titre s'occupent plus d'augmenter leur collection de quelques espèces nouvelles que de connaitre los mœurs de celles qui sont utiles ou nuisibles. » Ajoutons cependant que les belles observations de M. Fabre mettent aujourd'hui sur la voie de ce qui doit avoir lieu chez les Cantharides, et, pour être juste, ajoutons encore que, parmi les entomologistes, bien peu sont en position de pouvoir suivre les habitudes si intéressantes de la vie des Insectes. Presque toutes les Cantharides jouissent probablement de propriétés vésicantes plus ou moins prononcées; mais en France et dans une grande partie de l'Europe, on ne fait usage que de la Can THARIDE À VÉSICATOIRE, Cantharis vesicatoria, paree qu’elle est plus commune que toutes les autres espèces, et que, vivant en sociétés nombreuses, sa récolte est plus facile et moins coûteuse que ne J À pe j 1 É F ; A 4 | #4 COLEOPTÈRES. 195 serait celle des autres, qui vivent isolément. Cette espèce, assez grande, mais de taille variable, est d'un beau vert doré, brillant, avee les antennes noires; les mâles sont toujours plus petits que les femelles : c’est vers les mois de mai et juin qu’elle apparaît à son état parfait, et elle se trouve presque toujours en très-grand nombre sur les frênes, les lilas et les troënes, dont elle dévore les feuilles; on la rencontre aussi, mais accidentellement et moins abondamment, sur le sureau et le chèvrefeuille. On récolte peu de Cantharides en France, quoiqu’elles y soient parfois très- communes, et la plupart de celles qu’on trouve dans le commerce nous viennent d'Espagne, car on leur attribue à ces dernières, certainement à tort, plus de vertu médicale qu'aux autres. La présence de ces Coléoptères se manifeste par l'odeur de Souris qu'ils répandent autour d'eux. Quand à l’aide de cette odeur on a découvert un arbre, ordinairement un frêne, sur lequel ils sont réunis en plus ou moins grand nombre, voici le procédé le plus simple et le moins dispendieux pour en tirer la ré- colte. Après avoir étendu au pied de ces arbres, et de très-grand matin, une toile d’un tissu clair, on secoue fortement les branches pour en faire tomber toutes les Cantharides, lesquelles, étant en- core engourdies par le froid de la nuit, ne cherchent ni à s'enfuir ni à s'envoler; lorsqu'on juge ‘qu’elles sont à peu près toutes tombées sur la toile, on relève celle-ci par les quatre coins, avec son contenu, et l’on plonge le tout dans un baquet rempli de vinaigre coupé d’eau. Cette immersion suffit pour faire périr les Insectes; on les transporte ensuite dans un grenier ou sous un hangar bien aéré pour les faire sécher sur des elaies recouvertes de toile ou de papier; de temps en temps on les secoue, soit avec un bâton, soit plutôt avec les mains garnies de gants, car, sans cette pré- caution, qu'il faut également employer dans la récolte, les personnes chargées de cette opération seraient exposées à éprouver soit des douleurs aiguës au col de la vessie, soit des ardeurs d'urine, soit même des ophthalmies. Après s'être assuré que les Cantharides sont bien sèches, on les ren- ferme dans des vases de bois, de verre ou de faïence hermétiquement fermés, et qu’on doit metire à l'abri de l'humidité. Avec ces précautions, ces Insectes conservent très-longtemps leurs propriétés vésicantes, et M. G. Duméril en a employé qui, au bout de vingt-quatre ans d'existence en magasin, avaient encore toute leur énergie. Toutelois, malgré le principe corrosif très-actif qu'elles renfer- ment, elles n'en sont pas moins attaquées, de même que toutes les matières animales desséchées, par les Anthrènes, les Dermestes et les Ptines, qui, à ce qu’on assure, n’en mangent que la partie non vésicante : fait que confirmerait l’assertion de M. Farines, qui prétend que le thorax et l'abdomen sont seuls épispastiques, tandis que, contrairement à cette opinion, Audovuin assure que toutes les parties de l’Insecte le sont également. Quoi qu'il en soit, les pharmaciens se servent de toutes les parties de l'Insecte, qu’ils réduisent en poudre. On sait que les Cantharides s'emploient en médecine, tant à l'extérieur qu’à l’intérieur. Arrétée, médecin qui florissait à Rome au premier siècle de notre ère, est regardé comme le premier qui en ait fait usage comme vésicatoire; quant à l'emploi à lin- térieur, il remonte à une époque beaucoup plus reculée encore, car on voit, dans les ouvrages d'Hip- pocrate, qu'il les administrait dans l’hydropisie, l'apoplexie et la jaunisse. Enfin, ainsi que nous Pavons fait remarquer, elles sont usitées dans la médecine de peuples très-éloignés les uns des autres. Nous ne nous étendrons pas davantage à ce sujet, ce qui nous ferait sortir du but principal de cet ouvrage, et nous nous bornerons à renvoyer aux travaux spéciaux dans lesquels les Cantha- rides, surtout la Cantharis vesicatoria, ont été étudiées au double point de vue médical et chi- mique, et surtout à la Medicina soologica de MM. Brandt et Ratzeburg, à l'Histoire des Coléoptères vésicants de France de M. Mulsant, et à la Zoologie médicale de MM. P. Gervais et Van-Bénéden. On connaît un très-grand nombre d'espèces, de cent soixante à deux cents, du genre Cantharis, surtout abondantes en Amérique, plutôt dans les parties septentrionales que dans les parties mé- ridionales, en Afrique et en Asie, tandis qu’il en existe très-peu en Europe et dans les Indes orien- tales, et que jusqu'ici on n’en a pas signalé dans les archipels indiens, dans l'Australie et dans la Polynésie. Leur livrée est excessivement variée : les couleurs peuvent être métalliques et vives, ou bien sombres et noirâtres; elles sont uniformes ou offrent des pointes ou des dessins assez nom- breux; quelques-unes sont glabres, d’autres revêtues d’une pubescence abondante, constamment couchée; la taille est parfois grande, et toujours au moins moyenne; toutes répandent une odeur particulière, beaucoup moins forte chez quelques-unes que dans notre espèce typique, ete. Nous avons déerit comme type la Cuntharis vesicatoria; nous dirons encore que la C. vittata, Fabr., em vlsyée aux États-Unis, où elle est três-commune, est noire, avec la tête, le corselet et cinq bandes 196 HISTOIRE NATURELLE. longitudinales sur les élytres, dont une suturale, ainsi que l'origine des fémurs, fauves; et que la næstus, également usitée, a, comme l'indique son nom, une livrée assez sombre. Dans un genre aussi nombreux, on devra certainement former des subdivisions particulières : M. Th. Lacordaire, sans leur donner de noms spéciaux, en indique cinq, qui semblent naturelles, et quelques auteurs en ont créé d'autres, qui ont été rejetées, parce qu'elles ne portent que sur des caractères qui se trouvent bien dans certaines espèces, mais qui, quand on examine la longue série spécifique, se confondent graduellement avec d'autres caractères regardés aussi comme typiques. C'est ainsi que M. Brullé a proposé de réserver le nom de Canrsaris aux espèces dont les antennes grossissent plus ou moins à l'extrémité, et à corselet ovale ou carré, ayant pour type la C. vesica- toria de toute l'Europe, et renfermant une dizaine d’autres espèces du midi de la France, du nord de l'Afrique et du Bengale, et de donner celui de Lyrra aux espèces très-nombreuses à antennes fili- formes ou sétacées, et à corselet généralement campanuliforme, tels que les Pyrota américains et Epicauta, Dejean, qui, parmi d’abondantes espèces de presque toutes les parties du monde, com- prend surtout la C. dubia, Oliv., de toute l'Europe méridionale. Enfin Dejean a établi, sous le nom de Causima, un genre à corselet en carré transversal et à forme courte, ayant pour espèce unique la C. vidua, Klug, du Brésil, qui a le faciès d'un Tétraonyx. Les genres suivants se rapprochent beaucoup des Cantharides : Spasrica, Dej. (Gnathium, Chevr.), à col très-court; tarses à articles courts : quelques espèces de l'Amérique méridionale. — Terropera, Leconte, à crochets tarsiens dentés : une grande espèce (erosa) de la Californie. — Puopaca, Le- conte, à mandibules très-robustes, arquées, bifides au bout : également une espèce (alticeps) de Senora. — Ererica, Dej., différant beaucoup pra notablement des Cantharis, et ayant pour espèce unique (bipustulata, Fabr.) de la Guinée. Les genres qui s'en séparent beaucoup plus, et qui, pour la plupart, ont été fondés depuis long- temps, sont ceux qui vont suivre. Fig. 179.— Zonitis prœusta. (Femelle) Fig. 480, — Tetraonyx ventralis. Fig. A81. — Eucastes verticalts. Genre TÉTRAONYX, Latr., qui a surtout des antennes lonques, filiformes; des élytres de lon- queur variable et de consistance normale, et des tarses à avant-dernier article bilobé. On en décrit une vingtaine d'espèces, toutes américaines, en général noires, avec des dessins rougeûtres : les unes (octomaculatus, Latr.) de grande taille et de forme robuste, et les autres (crusiatus, Cast.), petites, se rapprochant par le faciès des Némognathes. : Genre ÆNAS, Latr., à antennes très-courtes, en forme de fuseau : ce caractère distinguant assez bien ces Insectes, qui sont parfois très-grands, et qui, quoique génériquement peu nombreux en espèces, sont cependant répandus dans plusieurs pays, et surtout en Afrique et en Asie; type, À. afer, Linné, du cap de Bonne-Espérance. Genre LYDUS, Meg, Latr., à antennes plus lonques que le corselet, assez robustes, grossissant peu à peu et légèrement : premier article médiocre, en cône renversé, deuxième court, troisième bearr- coup plus long que le quatrième; celui-ci et les suivants, jusqu'au dixième, courts, peu à peu mo- niliformes, onxième ovoide, atténué au bout. Les Lydes sont des Insectes assez grands, noirs, avec les élytres testacées et offrant quelques taches plus foncées : six espèces de l'Europe méridionale, de DA ARE pr 42 De AE ES td ES a COLÉOPTÈRES. 197 l'Afrique septentrionale et des parties occidentales de l'Asie; le type est la Meloe Algirus, Linné, commune en Algérie, mais que l'on retrouve en Europe. — Le genre ALOSIMUS, Muls. (type, la Beloe syriacus, Linné, de l'Europe méridionale et de l'Asie occidentale), se rapproche beaucoup des Lydus, mais a les antennes plus longues et à articles de grandeur relativement différentes. — Un autre genre s'en rapproche encore un peu, c’est celui des SYBARIS, Stéph. (Prionotus, Kollar; Redt.), à antennes assez longues, gréles, légèrement sétacées, à articles presque coniques : quatre espèces; type, S. immunis, que l'on a trouvé une fois en Angleterre, mais qui est probablement originaire du Bengale, comme ses trois congénères. Des genres qui entraient autrefois parmi les Œdémérites, et que l’on doit classer ici, sont ceux des : Cepnaroon, Newm. (Ichnodes, Dej.), à antennes un peu plus lonques que la tête : deux espèces du nord des États-Unis. — Paræsrra, Cast., à antennes un peu plus courtes que le corps : une seule espèce (rufipennis) d'Australie, qui a l'aspect d’un Lycus.—Paresrrina, White, à antennes élargies : groupe intermédiaire au précédent et au suivant. — Temesinera, Westw., à antennes semblables à celles des Zonitis, avec les autres caractères des Palæstra : une espèce (rufipennis) d'Aus- tralie. Genre ZONITIS, Fabr., à antennes longues, gréles, filiformes; palpes à dernier article cylin- drique; tarses à avant-dernier article entier, et dont on peut séparer, par suite de quelques ca- ractères secondaires, quelques espèces pour en former un genre Stenodera, Eschs., ou Megatra- chelus, Motsch. On en décrit une vingtaine d'espèces répandues sur toute la surface du globe, et à livrée assez variable : celles d'Europe (telles que les Z. prœusta, Fabr.: seæmaculata, Oliv., et fulvi- pennis, Fabr.) n’offrent jamais que le noir et le fauve pâle ou roussâtre diversement distribués; mais, parmi les exotiques, on voit des teintes plus belles et parfois métalliques. Genre APALUS, Fabr., à antennes plus longues que le corps, avec les articles allongés, aplatis; élytres un peu atténuées de la base à l'extrémité, plus où moins déhiscentes à leur terminaison. Ces Insectes semblent établir le passage aux Sitarites, tout en présentant encore plusieurs partieu- larités, et surtout celles de la coloration, semblables à ce que l'on remarque chez les Zonitis : on n'en connaît qu'un nombre assez restreint d'espèces répandues en Asie, dans le midi de la France eten Afrique; comme type nous nommerons seulement notre À. bimaculatus, Linné. 2° groupe, Strarites, à mächoires ayant les labres normaux; antennes de onxe articles, droites, filiformes ou en scie; élytres recouvrant imparfaitement l'abdomen, plus ou moins raccourcies en arrière, et déhiscentes. Les Insectes peu nombreux qui entrent dans ce groupe ont un aspect tout particulier ayant quelque chose de celui des Œdémérites, et qui offre aussi quelque ressemblance avec celui des Rhipiphorites parmi les Mordellides. On n'en connaît que très-peu, et pendant longtemps on ne les a compris que dans le seul genre SITARIS, Latr., qui a surtout les antennes assez courtes, fili- formes, et les élytres très-rétrécies vers l'extrémité. La forme toute parueulière des élytres sert à distinguer ce genre, et permet aussi, comme l’a proposé M. Mulsant, d'y former deux coupes diffé- rentes : les Sitaris et les Stenoria; on n’en décrit qu’une dizaine d’espèces du midi de l'Europe et du nord de l'Afrique, toutes de couleurs sombres, et dont le type, qui a servi aux obsérvations sur l'hypermétamorphose de M. Fabre, est le Sitaris humeralis, Fabr., qui a été créé par Forster sous le nom de muralis, qui devrait être adopté comme ayant l'antériorité. Ces Insectes ont, dit-on, les mêmes propriétés vésicantes que les Cantharides. Les autres genres que nous citerons seulement sont ceux des : Onxerexus, Lepell. et Serv., une espèce (Sonnerati) des Indes orientales. — Srrarrna, White, une espèce (Hopei) de l'Australie. — Crexorus, Fischer de Waldheim, une ou deux espèces, dont la place n'est pas bien déterminée parmi les Cantharidiens, et qui sont particulières à la Russie méridionale. 5° groupe, Némocxarires, à mächoires à lobe externe converti en un filet sétacé plus où moins ong, dépassant toujours fortement les mandibules; antennes droites, filiformes, de onze articles; élytres à peu près normales. La forme seule des mächoires sépare ces Insectes des Cantharidites. On n’en décrit que deux genres : NEMOGNATHA, Illiger, à antennes filiformes : une quarantaine d'espèces, de taille moyenne, de plusieurs parties du monde, mais surtout de l'Amérique septentrionale, dont le type 198 HISTOIRE NATURELLE. est la Zonitis chrysimelina, Fabr., du midi de l'Europe et de l’Algérie; M. Guérin-Méneville a fait du Z. rostrata, Fabr., grande espèce algérienne, son genre Leptopalpus, qui ne diffère que légère- nent du type. — GNATHIUM, Kirby, à antennes renflées vers l'extrémité; corselet allongé, cam- panulé : une espèce (Francilloni) de la Géorgie américaine. 4° groupe, Myragrires, à mächoires à lobes de forme normale; antennes arquées, constamment en massue dans les femelles et parfois difformes dans les mäles, avec les articles dont le nombre varie de huit à onxe; élytres recouvrant en entier l'abdomen, non déhiscentes; tarses à crochets fendus, avec les divisions égales et la supérieure non pectinée. Cette tribu, surtout caractérisée par la forme de ses antennes, renferme de nombreuses espèces, qui ne sont toutefois réparties que dans deux genres principaux. Le plus connu est celui des MYLABRES, Mylabris, Fabr., à corps allongé, hérissé de poils re- dressés, peu abondants ou nuls; tête courte; yeux grands, faiblement échancrés; antennes renflées en bouton à l'extrémité, à nombre d'articles variable; corselet plus étroit que la tête et les élytres; écusson médiocre; élytres allongées, convexes, cylindriques, arrondies à leur extrénrité, coriaces; pattes longues. Le genre Mylabre est excessivement nombreux en espèces, car on en a la description de plus de deux cent cinquante, et toutes sont propres à l’ancien continent, mais principalement aux faunes méditerranéennes de l'Afrique et de l’Asie. Ces espèces fréquentent de préférence le pays des plaines, et c’est sous l’action seule du soleil qu’elles offrent quelque vivacité dans leurs mouve- ments, car ordinairement elles sont assez lourdes, de même que les Cantharides, et comme ces der- niéres, vivent en troupes plus ou moins nombreuses, et ne se rencontrent que très-rarement isolément. Les espèces sont très-homogènes sous le rapport de la forme; et ce qui vient augmenter la difficulté de la détermination spécifique, c’est que les dessins que présentent leurs élytres varient infiniment dans la même espèçe, et peuvent même disparaître complétement dans quelques cas. Leur livrée générale consiste presque toujours en bandes ou taches jaunes ou rougeâtres sur un fond noir, où vice versa; le reste du corps étant noir ou exceptionnellement d’un bleu foncé assez brillant. La taille est variable, habituellement assez grande et ne descendant pas au-dessous d’une grandeur moyenne. Ces Insectes sont vésicants et employés comme épispastiques dans plusieurs pays, surtout en Chine, et nous avons dit qu'une espèce de ce genre était probablement la Cantha- ride des anciens. Fix. 485. — Sitaris humeralis. Dans un groupe générique aussi nombreux, on comprend qu’on a dû chercher, surtout d'après Ja tendance de l'époque actuelle, à fonder des genres spéciaux plus ou moins nombreux; et, comme l'ensemble des caractères est toujours le même dans toutes les espèces, on n’a pu prendre pour ca- ractéristique que le nombre des articles des antennes, qui ne donnent cependant ici que des diffé- rences assez secondaires. C’est ainsi que les Mylabris proprement dits ont onze articles distincts aux antennes, et que la massue est allongée. On y range la grande majorité des espèces du genre, et beaucoup d'auteurs s'en sont occupés; mais la synonymie des espèces est excessivement em- brouillée, et le seul travail monographique que l’on ait, celui de Billberg, publié en 1815, est trop ancien pour qu'il puisse être aujourd'hui d’une grande utilité. Comme nous l'avons déjà dit, l'Eu- rope, l'Afrique et l’Asie en possèdent des espèces souvent abondantes et excessivement riches en individus dans beaucoup de cas. Nous ne citerons que le MyraBre pe La cuicorée, M. cichorit, Linné, assez commun en France, surtout dans le Midi, et s'étendant au loin en Europe, qui est de taille assez petite, tandis que les autres espèces sont, au contraire, grandes; noir, velu, avec une tache COLÉOPTÈRES. 199 jaunètre, grande, ronde, à la base de chaque élytre, et deux bandes de la même couleur, transverses et dentées, et qui est employé à la place de la Cantharide où mélangé avec elle, surtout en ltalie, de même que le M. pustulatus, Oliv., usité de même en Chine. Les Decatoma, Dej., n’ont plus que dix articles aux antennes, et la massue est également allongée : une douzaine d’espèces, surtout du cap de Bonne-Espérance (lunata, Pallas) et de Mozambique. Les Coryna, Billb., auxquels on doit joindre les Hyclæus, Latr., et Dices, Dej., ont des antennes courtes, de neuf articles, avec la massue arrondie : des espèces africaines, asiatiques et européennes, parmi lesquelles nous nom- merons le M. Billbergii, Schœnh., de l'Europe méridionale. Enfin les Actenobia, Cast., qui n’ont que huit articles aux antennes, ayant pour type le M. decem-guttata, Billb., du cap de Bonne- Espérance, renfermant, en outre, quelques espèces d’Angola, et auxquels on peut joindre le genre Arithemema, Chevr. Un genre très-distinet de celui des Mylabris, et qui en a été séparé depuis longtemps, est celui des CEROCOMA, Geoffr. (Meloides, Piller), surtout caractérisé par ses antennes de neuf articles, insérées immédiatement ai-dessous de la suture de l'épistome, robustes, courtes, pendantes, mons- trueuses dans les mâles principalement, et dans ce sexe à deuxième article offrant une large ex- pansion fohacée, et à dernier article plus grand que les autres, tandis que dans les femelles les articles, réniformes, qrossissent vers l'extrémité. Les Cérocomes ont les élytres flexibles, le corps villeux, et leurs antennes sont surtout remarquables par leur forme bizarre; ils sont de grandeur moyenne, et ornés de couleurs métalliques qui varient du bronzé au vert doré et au bleu brillant; les antennes, dans les mäles, les pattes en partie et parfois l'abdomen peuvent devenir un peu orangés. Les espèces, au nombre d’une dizaine, sont essentiellement asiatiques et méditerranéennes, mais on en trouve aussi en Europe; la plus connue est la C. Schæfferi, Fabr., qui est assez répandue dans l’Europe occidentale, et se trouve, mais rarement, auprès de Paris; elle est d'un beau vert bleuâtre, et, comme ses congénères, se rencontre sur les fleurs pendant la belle saison, et déploie une grande agilité dans ses mouvements lorsque le temps est chaud. La seconde division des Cantharidites, qui ne renferme que le seul groupe des MÉLoïres, com- prend des espèces de formes particulières et ayant pour caractères communs : corps aplère; an- tennes moniliformes; écusson très-petit ou nul; élytres courtes dans le plus grand nombre des cas, molles, à côtés recouvrant les parapleures mésothoraciques et métathoraciques; métasternum très- court; hanches intermédiaires atteignant les postérieures et les recouvrant en partie. M. L. Dufour a donné quelques détails sur l'anatomie de ces Insectes, suivant lui, le jabot des Méloés peut être considéré comme un véritable gésier, étant garni intérieurement de plissures cal- lcuses, comme anastomosées entre elles, et séparé de l'estomac ou ventricule chylifique par une valvule formée de quatre pièces principales, résultant chacune de l'adossement de deux cylindres creux, tridentés en arrière; l’estomac est formé de rubans musculaires, transversaux, bien pro- noncés. Le genre principal, et longtemps le seul de ce groupe, estcelui des MÉLOÉS, Meloe, Linné, à corps privé d'ailes sous les élytres; tête en triangle curviligne, transversal; yeux médiocres, peu suil- lants; antennes médiocres, de forme variable, deuxième article toujours très-court, onzième et der- nier en général allongé, cylindrique, acuminé au bout; corselet petit, plus étroit que lu tête et les élytres; pas d’écusson; élytres courtes, recouvrant plus ou moins l'abdomen, imbriquées, diver- gentes; pattes longues, robustes. Les Méloés, très-nombreuses en espèces, car on en décrit beau coup plus de cent, ont été étudiées par plusieurs auteurs : Meyer, Leach, MM. Brandt et Ratzeburg, et Brandt et Erichson en ont publié des monographies plus ou moins complètes, générales, ou ne se rapportant qu'aux espèces européennes. Les mâles sont habituellement beaucoup plus petits que les femelles, et s’en distinguent par leur dernier segment abdominal plus ou moins échancré, tandis qu’il est entier chez ces dernières : à part ces différences, les deux sexes, dans beaucoup d'espèces, ne différent l’un de l’autre par rien de bien saillant : tous deux ont des antennes fili- formes, mais légérement plus longues dans. les mâles. Toutefois quelques individus de ce dernier sexe (M. violaceus, proscarabæus, ete.), ont les articles intermédiaires des antennes plus ou moins difformes, à peu près à la manière de ce qui a lieu dans les Cerocoma, et offrant aussi quel- ques caractères dans les tarses : c'est le genre Proscarabæus de Stéphens, qui n’a généralement pas 300 HISTOIRE NATURELLE. été adopté. Ces Insectes sont presque tous de grande taille où au moins de moyenne grandeur; ils sont d'un bleu plus ou moins foncé et assez rarement parés de teintes métalliques; ils sont ordinai- rement printaniers, vivent à terre dans les lieux couverts d'herbe, sont très-lents dans leurs mou- vements, simulent la mort lorsqu'on veut les prendre, et exhalent alors par les articulations des pattes un fluide blanchätre ou jaunâtre, dont l'odeur, à la fois douce et pénétrante, n’a rien de désagréable et ne ressemble nullement à celle que répandent les Cantharides. Quelques-unes ont parfois été employées en médecine, et, dans quelques cantons de l'Espagne, on s’en sert à la place de la Cantharide ou on les mêle avec elle; les maréchaux en font aussi usage. On les regardait au- trefois comme un spécifique contre la rage; c'est un fait qui devrait être aujourd'hui scientifique- ment vérifié, car, en présence de ce qu'on a dit d'à peu près semblable pour la Cetonia aurata, il ne faut plus se borner simplement à regarder, ainsi qu’on le fait, comme inexactes, les opinions vulraires qui, au premier aspect, semblent les moins admissibles. Comme nous l'avons dit, leurs métamorphoses présentent des particularités excessivement remarquables. On eroit qu'ils sont nu- sibles aux animaux qui les mangent, et Latreille les regarde comme étant probablement ces Bu- prestes desanciens, qui décimaient parfois les bestiaux. Le genre esttrès-répandu dans la plus grande partie de l’ancien continent; l'Europe en renferme beaucoup, telles sont surtout les Meloe prosca- rabæus, Linné, assez grande, entièrement d’un brun foncé bleuâtre et ponctué; violaceus, Marsh., plus petite, violacée; scabrosus, Oliv., la plus grande des trois, à reflets métalliques, qui ne sont pas très-rares vers les mois d'avril et de mai dans les environs de Paris. L'Amérique en r nferme un assez grand nombre d'espèces, et, dans ce continent, celles qui se trouvent depuis le nouve u Mexique jusqu'au Chili, ont des élytres encore plus courtes que dans nos types européen. , diver- gentes vers la base, et, par suite de cela, non imbriquées, et possèdent en outre quelques autres caractères qui tendent, ainsi que l'observe M. Th. Lacordaire, à en faire un groupe particulier L'Asie méridionale, l'Australie et la Polynésie sont les seuls points du globe où l’on n'ait pas signalé iusqu'ici de Méloés. Fig. 184. — Meloe prascarabeus Fig. 185, — Meloe Saulcyi. Deux genres de la même division, genres exclusivement américains et peu connus en Europe, sont ceux des : Cysreonemus, Leconte, à élytres en cône, de consistance ordinaire, très-amples, ven- trues, recouvrant en entier l'abdomen, réunies par une suture dreîte, conjointement échancrées et divergentes à leur extrémité : deux espèces, l’une des bords du Rio-Colorado, et l’autre du Nouveau Mexique. — Henous, Haldem., à élytres un peu plus courtes que l'abdomen, convexes, graduelle- ment élargies en arrière, non imbriquées, obliquement tronquées à l'extrémité : une seule espèce, le Meloe conferta, Say, de l'Amérique du Nord. A côté des Cantharidiens, M. Th. Lacordaire place ses Stylopides, qui offrent avec eux d’assez nombreux points de ressemblance, et sur lesquels nous devons dire quelques mots, quoique nous nous en soyons déjà occupés dans une autre partie de cet ouvrage (voir le volume consacré aux Annelés, page 21). Les Stylopides sont plus connus sous Ic3 dénominations de Strepsiptères, Kirby, Rhipiptères, Latreille et Rhipidoptères de Lamarck, et ils forment, pour la plupart des auteurs, un ordre par- = ln LS = doser Tee “Resa VON IE CORAN ED RIT PET IS mn COLÉOPTÈRES. 201 ticulier d’Insectes, tandis que M. Th. Lacordaire, à l'exemple de MM. Burmeister, Newmann, Schaum, et de quelques autres, en a fait une simple famille de l'ordre des Coléoptères, en se basant sur plusieurs de leurs caractères assez semblables à ceux des Cantharidiens, et surtout sur leurs métamorphoses, qui sont à peu près analogues. Ces Insectes différent trés-notablement dans les deux sexes; car, tandis que les femelles restent toute leur vie aptères et larviformes, les mâles, lors- qu'ils sont parvenus à un certain degré de développement, acquièrent une forme toute différente et définitive. Ces derniers ont des organes buccaux atrophiés, sauf les mandibules et deux palpes; la tête Saillante, prolongée sur les côtés; les yeux saillants, très-granulés; les antennes fourclrues, de quatre à sept articles; tarses à articles en nombre variable; le corselet et le mésothorax très-courts, soudés ensemble; le métathorax très-développé; les ailes membraneuses ou coriaces, très-petites, étroites, tandis que les ailes inférieures sont très-amples, en éventail; les pattes médiocres, faibles, et l'abdomen formé de sept à neuf anneaux. Les Stylapides vivent en parasites sur divers Hyméno- ptères, sur des Vespiens, Apiens, parfois des Sphégiens, et presque exclusivement sur les femelles, et leurs œufs sont constamment déposés dans les nids de ces Hyménoptères approvisionnés d'Insectes ou d'une pâte végétale. Le parasitisme disparait pour les mâles de Stylopides quand ils sont par- venus à tout leur développement, mais il est permanent pendant toute la vie des femelles. Les mâles ne prennent pas de nourriture à leur état parfait; ils volent rapidement à la rencontre des femelles, qui, acerochées aux poils des Hyménoptères, sont transportées au loin, et dès que l’accoupiement a lieu, quelques heures ou un jour au plus après leur sortie de l’état de nymphe, ils cessent de vivre. Les femelles sont bien connues aujourd'hui, par suite surtout des travaux de MM. de Siéboldt, Newport, etc., mais nous ne pouvons pas nous étendre à ce sujet, qui est en dehors de nos études actuelles : nous renvoyons donc aux ouvrages des deux célèbres naturalistes que nous avons cités, ainsi qu'à quelques remarques données par M. Joly. Les diverses transformations de ces Insectes sont presque complétement semblables à ce qu’on sait relativement à l’hypermétamorphose des Cantharides, et principalement à ce qui se passe dans les Sitaris. L'accouplement doit avoir lieu sur l'Hyménoptère même, et M. de Siéboldt a vu un mâle de Xenos Rossii qui, monté sur l'abdomen d'une Polises qallica, s’efforçait, en agitant rapidement ses ailes, d'introduire l'extrémité posté- rieure de son corps entre les anneaux de ce dernier, qui renfermaient probablement une femelle de son espèce. Les œufs éclosent dans le ventre de la femelle, et les jeunes larves en sortent en nombre excessivement considérable pour se répandre sur le corps de leur mère. Ces larves primitives ont une grande analogie avec celles des Sitaris, vont se rendre sur les Hyménoptères et sont transportées par eux dans leurs propres nids : là elles pénètrent dans les larves de leurs hôtes et vivent aux dé- pens de leur système adipeux. Bientôt après, les premières larves de Stylopides éprouvent un chan- gement manifeste et se transforment en secondes larves. L'état de pseudonymphe que nous avons vu dans les Cantharidiens ne paraît pas se présenter ici, et les secondes larves semblent se métamor- phoser directement en nymphes : seulement ces dernières sont renfermées dans une fausse coque formée par la peau de la seconde larve qui s’est durcie. Avant cette dernière transformation, les larves, qui, jusque-là étaient placées dans le corps des Hyménoptères, sortent en partie hors des seg- ments de ces derniers. Quant à l'apparition des Stylopides, elle doit concorder avec celle des êtres aux dépens desquels ils vivent, et, comme chez ces derniers, l’on a remarqué que les femelles appa- raissent avant les mâles. Rossi, à la fin du siècle dernier, a fait connaître le Xenos vesparum, la première espèce de Stylo- pides que les entomologistes aient signalée; puis, les naturalistes, principalement ceux de l'Angle- terre et de l'Allemagne, ont décrit celles que l'on admet aujourd'hui, et qui ne sont qu'au nombre d’une vingtaine. Mais il est trés-probable qu'il en existe beaucoup plus et qu'on en trouvera dans toutes les parties du monde, quoique jusqu'ici on n’en ait signalé qu’en Europe, dans les deux Amériques, à l'ile Maurice et en Australie. Les genres admis actuellement sont au nombre de cinq, et peuvent être brièvement caractérisés ainsi : Ecexenus, Curtis, à farses de deux articles: Hariero- riaGus, Curtis, à tarses de trois articles; Sxzors, Kirby, à turses de quatre articles; antennes de six articles; Xexos Rossi, à tarses de quatre articles; antennes également de quatre articles; et Hyrec- rurus, Saunders, à tarses aussi de quatre articles; antennes de cinq articles. Nous nous sommes déjà oceupés (loco citato, pages 23 et 24) des quatre premiers genres que nous venons de nommer; quant au dernier, nous dirons seulement qu'il se compose de trois très-petites espèces (Hylecthrus rubi, ce 26 202 HISTOIRE NATURELLE. quercüs et Sicboldii) découvertes par M. Saunders en Albanie, et parasites d'autant d'espèces d'Hymé- noptères des genres Hyleus et Prosopis. TRENTE-DEUXIÈME FAMILLE. CURCULIONIENS. CURCULIONIT. Blanchard, 1845. Corps généralement cylindrique, parfois plus ou moins arrondi; tête prolongée en un rostre sou- vent très-allongé; parties buccales peu développées; antennes droites ou coudées, terminées en massue dans la majorité des espèces, à articles variant de six à dix; corselet étroit; élytres recouvrant l'ab- domen, dures, coriaces; pattes courtes, fortes; tarses en général de quatre articles à toutes les pattes, garnis de poils ou de brosses en dessous. Les Cureulioniens se distinguent surtout de tous les Coléoptères, et principalement de ceux que l’on a désignés sous le nom de Tétramères par leur tête plus ou moins prolongée en une sorte de bec que Latreille nomme proboscirostrum où museau-trompe, pour qu'il ne soit pas confondu avec le rostre des Hémiptères, qui est organiquement autrement constitué, mais qui, malgré cela, porte généralement la dénomination de rostre dans la plupart des ouvrages des entomologistes. Ce bec ou museau-trompe, qui varie beaucoup de forme et de longueur, et qui est tantôt courbé, tantôt droit, suivant les tribus et les genres, est terminé par la bouche, qui se trouve d’autant plus petite que le premier est plus effilé, et dont toutes les parties, par suite d’une compensation organique, sor* plus ou moins rudimentaires : aussi, de tous les organes dont la bouche se compose, les man- dibules, assez fortes, sont seules visibles à l'extérieur, parce qu’elles sont très-saillantes, tandis que les mâchoires et les palpes, très-peu développés, restent cachés dans la cavité buccale. Les antennes sont le plus habituellement en massue, rarement filiformes, tantôt droites, tantôt, et le plus fré- quemment, coudées; elles sont toujours insérées sur la trompe, soit près de son extrémité lors- qu'elle est courte, soit vers son milieu ou près de sa base quand elle est allongée; le nombre des articles varie de six à douze; mais il estordinairement de onzeet même de douze en comptant le faux article terminal : quant à la grandeur relative de ces articles, on n’en peut rien dire de général, car ils présentent des différences considérables, et qui, comme nous le verrons, deviennent génériques. Le corselet est généralement plus étroit et beaucoup plus court que les élytres, qui, elles-mêmes, sont proportionnellement très-développées, ainsi que l'abdomen qu’elles recouvrent souvent; cepen- dant chez les Brenthes, la tête, le corselet et les élytres, très-prolongés, sont d’égale longueur. Les ailes proprement dites existent ou peuvent manquer. Les pattes sont ordinairement très-robustes et assez courtes. Les tarses, habituellement tétramères, et à avant-dernier article profondément bilobé dans la plupart des espèces, sont garnis en dessous de brosses ou de poils. Ces Insectes ont, dans l'immense Majorité des cas, une forme trapue; mais ils présentent parfois un faciès très-différent, depuis les espèces qui sont presque linéaires ou trés-allongées, comme les Brenthes et les Lixes, jusqu'à celles qui sont ovoïdes ou globuleuses, de même que les Ceuthorhyn- ques et Pachyrhynques. Tous, ou presque tous, sont organisés plutôt pour grimper etse cramponner aux corps sur lesquels ils se trouvent que pour marcher sur une surface plane : aussi leur démarche est-elle très-lente; et, comme ils ne peuvent échapper que difficilement au danger par la fuite, étant pour la plupart dépourvus d'ailes ou en faisant très-peu usage lorsqu'ils en ont, la nature pré- voyante, leur a donné, pour les protéger contre leurs ennemis, des téguments extrêmement durs, sur- tout dans les espèces aptères, et ces téguments sont assez développés pour couvrir l'abdomen, qui a presque toujours un grand développement. Un genre, celui des Orchestes, présente des habitudes bien différentes de celles de la majorité des Curculioniens, et, de même que les Altises, est dis- posé de manière à pouvoir sauter : quelques autres particularités, sous ce point de vue, se remar- quent encore, et nous y reviendrogs en donnant l’histoire des genres. Sous le rapport de la variété Fig. 4 — Larinus longirostris Fig. 3. — Brenthus Femminchii , Fix. 4. — Cleonus ovatus COLÉUPTÈRES. 903 et de l'éclat des couleurs, cette famille offre autant de différences que la plupart de celles qui pré- cèdent : en effet, si beaucoup d'espèces ont des teintes assez sombres, grises, brunâtres ou noirûtres, d'autres sont parées de couleurs vives, tantôt uniformes et tantôt relevées par des dessins plus foncés : dans le magnifique genre Entimus, presque toutes les espèces sont couvertes d’écailles d’or sur un fond vert, ou d'écailles d'argent sur un fond d'azur. Une poussière écailleuse particulière recouvre les diverses parties du corps de la plupart des espèces : et cette poussière, qui, pendant la vie de l'animal, peut se reproduire après avoir été enlevée, a donné lieu à des observations de di- vers naturalistes, et peut être comparée au velouté que l’on remarque sur les fruits. Le corps peut être glabre ou couvert de poils. La taille varie extrêmement dans la longue série des espèces : et, ici plus qu'ailleurs peut-être, on peut trouver la réunion des extrêmes sous ce rapport, depuis la gi- gantesque Calandra heros, qui a plus de 0,08 de longueur, jusqu’à l'Apion fuluipes, et presque toutes les espèces du même genre, qui atteint à peine une grandeur de 0,002. Tous les Curculioniens sont exclusivement phytophages; on les trouve sur les fleurs et sur les feuilles, et parfois, à leur état parfait, ils sont nuisibles aux végétaux, mais c’est principalement à leur état de larves qu’ils leur font beaucoup de mal. Dans quelques cas assez rares, on en rencontre à terre, au pied des arbres, et plus rarement encore sous les pierres Tous les climats leur sont bons, aussi bien ceux du Nord que ceux du Midi, et d'après cela, on concoit que l'on en prend dans toutes les contrées du globe. Avons-nous besoin d'ajouter, ce qui est une règle générale pour presque tous les Insectes, que ce sont principalement les contrées méridionales qui fournissent les plus grandes et les plus belles espèces? Toutefois nos pays tempérés en offrent sinon de remarquables par leur sys- tème de coloration, du moins d’assez grande taille. Souvent isolés, on les voit souvent aussi en troupes nombreuses, et plusieurs fois on a signalé, aux environs de Paris, le minime Apion pisi, qui, malgré son nom, semble polyphage, en quantité tellement prodigieuse qu'on aurait pu en rem- plir des litres en fort peu de temps. L'organisation intérieure de ces Coléoptères a été donnée avec soin par M. L. Dufour, d'après plusieurs espèces de divers genres; nous renvoyons nos lecteurs au travail que nous venons de citer, et nous ne pourrons dire actuellement que quelques mots sur ce sujet important. Dans les uns, qui portent les noms d’Orthocères, il n’y a pas de vaisseaux biliaires, tandis que chez les autres, c’est- à-dire des Gonatocères, il y en a deux; le tube alimentaire, toujours très-allongé, comme dans tous les Insectes phytophages, est moins long dans les premiers que dans les seconds; chez ces derniers il y a six vaisseaux biliaires, dont deux plus déliés que les autres, mais cependant cette disuinction n’est pas appréciable chez les Anthribes; enfin les organes génitaux, construits à peu près sur le même type que ceux de la plupart des Coléoptères, présentent aussi des différences notables entre les deux divisions que nous avons nommées. L'histoire des métamorphoses des Curculioniens est l’une des plus complétement connues de tout l'ordre des Coléoptères. En effet, les larves de ces Insectes, par leurs mœurs intéressantes, et plus en- core par les dommages considérables qu’elles causent parfois soit aux récoltes de nos champs et de nos vergers soit aux forêts, ete., ont dû depuis longtemps attirer l'attention des naturalistes. Déjà des au- teurs anciens, comme Frisch, Réaumur, de Géer, Meineckens, Hersbt, et plus récemment MM. La- treille, Erichson, Kollar, Ratzeburg, Guérin-Méneville, Westwood, Harris, L. Dufour, Éd. Perris, Chapuis et Candèze, et une foule d’autres entomologistes qu'il serait trop long d'énumérer actuelle- ment, s’en sont occupés, de telle sorte qu'aujourd'hui, ainsi que nous le dirons en donnant nos des- criptions, on connaît les larves d'une cinquantaine de genres et d’un nombre trois ou quatre fois plus considérable d'espèces. Les larves des Curculioniens, d'après Erichson (Archives de Wiegman, 1. I, 1842), auquel nous empruntons les détails suivants, ont la plus grande analogie avec celles de la famille des Bostrichiens, et elles ont pour caractéristique : tête arrondie, cornée, à bouche dirigée en bas; ocelles généralement nuls, ou bien en petit nombre de chaque côté; antennes très-courtes, insérées au-dessus d’un petit renflement à la base des mandibules, et semblables à une petite pa- pille terminée par une soie : exceptionnellement on peut y distinguer deux articles; plaque sus- céphalique présentant un chaperon nettement séparé, coriacé, transversalement quadrangulaire; lèvre supérieure visible, coriace, formant avec le chaperon l’espace qui sépare les mandibules; celles-ci fortes, dures, souvent obtusément dentées à l’extrémité; mâchoires très-rapprochées de la languette, présentant une pièce cardinale courte, une pièce basilaire munie d’un lobe coudé 204 HISTOIRE NATURELLE. vert de soies plus ou moins nombreuses, et un petit palpe maxillaire cylindrique : ce palpe à deux ou trois articles, si l’on compte le petit artiele annulaire que l’on apercoit souvent à la base; lèvre inférieure composée d'un gros menton charnu, à l'extrémité duquel se trouvent des pièces palpi- gères coudées, portant de très-petits palpes cylindriques biarticulés; segments thoraciques souvent un peu plus développés que les segments abdominaux; pattes tantôt nulles, tantôt représentées par des tubercules saillants et surmontés de soies roides, tantôt plus développées; segments abdominaux au nombre de neuf, habituellement plissés transversalement, diminuant souvent de grandeur vers l'extrémité postérieure; anus non saillant; neuf paires de stigmates, dont les huit premières situées sur les huit premiers segments abdominaux, et la dernière presque constamment placée sur le seg- ment métathoracique. Ces larves sont généralement d'un blane laiteux ou jaunâtre, mais elles peu- vent avoir des teintes assez variées : elles sont cylindriques, amincies aux deux extrémités; leur tête est brunâtre, plus coriace que le corps; un fluide visqueux, qui les fait adhérer aux parties végétales dont elles se nourrissent, suinte de leurs mamelons pédigères; les larves changent plu- sieurs fois de peau avant de se transformer en nymphes, et se filent à ceteffet des coques fabriquées avec art, tantôt de soie à peu près pure, tantôt d’une matière résineuse. Elles ont une analogie assez prononcée avec les larves des Scarabéiens et des Anobiens, surtout par la conformation des di- verses parties de la bouche; mais elles se distinguent facilement des unes et des autres par la lon- gueur de leurs antennes et par quelques caractères secondaires. Leur corps est généralement recourbé et recouvert de téguments plus ou moins résistants; cependant dans les larves mineures, telles que celles des Orchestes, le corps est droit, grêle et graduellement rétréei en arrière. Le seg- ment terminal est habituellement simple; mais, dans les Calandres, il est armé d’une pointe cornée; dans les Rhina, il est muni de deux petites pointes obtuses, molles, ete. Nous avons dit que la plu- part de ces larves sont privées de pattes; quelques-unes, comme celles de l'Otiorhynchus ater, des Orchestes fagi et quercüs, ete., n'ont que de faibles traces de pattes; d’autres, ainsi que celles du Brachytarsus varius, de l'Hylobius abietis, du Balaninus nucum, etc., possèdent des rudiments plus marqués de membres; enfin il en est de même de celles du Cratoparis lunatus et des Brenthus septentrionis et Anthliarhinus zamiæ, si ces dernières sont bien authentiques, qui auraient de vé- ritables pattes, quoique très-molles et à articles peu distincts; la plupart des larves n’ont pas d'o- selles : toutefois il y en aurait chez celles du Rhynchites betubæ et des Cionus. Fig. 1486. — Geonemus Geoffroyii. Fig. 187. — Litus acutus. Fig. 188. — Cyphus ochreus Aux détails que nous venons de donner sur les métamorphoses des Cureulioniens, nous croyons devoir ajouter, d’après l'excellent travail de M. Ed. Perris sur les Insectes du pin (Ann. de la Soc. ent., 1856), quelques autres considérations. Les larves de ces Coléoptères sont tout à fait identi- ques avec celles des anciens Xylophages, particularité encore confirmée par les Insectes à l'état par- fait, ce qui a engagé Erichson à réunir en une seule ces deux familles : chez les uns, comme chez les autres, à l’état de larve, les antennes sont très-peu visibles, les palpes maxillaires et labiaux de deux articles, le menton cordiforme; il n’y a pas de pattes, le corps est courbé en are, et presque toujours couvert d’aspérités dans les espèces qui creusent des galeries, ete. Les différences qu’on peut remarquer entre les diverses larves sont purement spécifiques : et la seule différence que l'on COLÉOPTÈRES. 205 puisse signaler entre les travaux des larves des Xylophages et des Cureulioniens, e’est que dans les premiers les galeries sont creusées sur un plan déterminé, tandis que dans les seconds elles sont ir- régulières et qu'elles suivent indifféremment toutes les directions. Gomme nous l'avons dit, les larves des Cureulioniens vivent exclusivement de matières végétales : les espèces du genre Brachytarsus constituent la seule exception connue jusqu'ici, car ces Insectes déposent leurs œufs dans des Coccus, et c’est dans le corps de ces Hémiptères que se développent leurs larves ovivores. Il n’est pas une seule partie des végétaux qui soit affranchie des atteintes des Curculioniens, et qui ne puisse nourrir une de leurs larves. Les feuilles sont rongées à ciel ouvert par les larves des Coniatus, des Phytonomus, des Cionus, des Phytobius, ou roulées et dévorées dans l'ombre par celles de plusieurs Rhynchites, ou minées entre leurs deux épidermes par celles des Orchestes et du Brachonyæ. Les fleurs servent de berceau aux larves des Anthonomus, qui en dévorent les étamines et les pistils, et arrêtent le développement du bouton, de telle sorte que les pétales continuent à leur servir de pro- tection jusqu'à la naissance des Insectes parfaits; les Apion rugicolle et tubiferum produisent les mêmes résultats sur les Cis{us alycoides etsalvifolius. Une masse incaleulable de fruits devient la proie des larves de cette famille : on peut particulièrement citer des espèces des genres : Bruchus, Apion, Tychius, Sibines, Nanophyes, Larinus, Rhinocyllus, Mononychus, Conotrachelus, Calandra, Bala- ninus, Gymnetron, qui habituellement ne modifient pas la forme du fruit, mais parfois cependant le forcent à s’atrophier. Les tiges des plantes herbacées nourrissent des larves qui font partie des genres : Apion, Lyxus, Erirhinus, Ceutorhynchus, Mecinus, Cœliodes, Nanophyes; tantôt ces tiges ne manifestent en rien la présence du parasite, tantôt elles se dilatent et se renflent en forme de galles. Les écorces sont sillonnées par les larves des Pissodes, des Hylobius, des Phinthus, des Cleogonus, etc. C’est dans le bois que vivent les larves des Anthribus, des Tropideres, de l'Alticopus, des Camptorhyn- chus, des Magdalinus, des Anchonus, des Cryptorhynchus, des Acalles, des Rhina, des Mecinus, des Dryophthorus, des Rhyncolus, des Phlæophagus, ete. La moelle constitue la nourriture exclusive des Magdalinus carbonarius, de plusieurs Apion, Lyxus, Gymnetron et Ceutorhynchus. Les racines sont attaquées par diverses larves; celles de certains Baridius y produisent des protubérances, des galles au milieu desquelles elles vivent : les racines sont rongées, dans leur intérieur, par les larves de Leiosomus, de Ceutorhynchus, de Calandra, ou, sur leur surface, par celles des Otiorhynchus. Leur instinct est des plus merveilleux et très-varié. Toutes les larves de Curculioniens se nourrissent, nous le répétons, de végétaux, dont aucune partie n’est à l’abri de leurs atteintes, et rien de plus intéressant, de plus varié que les rapports établis par la nature entre cette famille et le règne végétal ; elles sont toujours cachées : les unes vivant dans l’intérieur des graines ou des fruits, les autres rongeant le parenchyme des feuilles, qu'elles roulent en cornet pour s’y renfermer; d’autres encore habitent l’intérieur des galles qu’elles ont produites ou l’intérieur des tiges de divers arbres ou de certaines plantes, dont elles mangent la moelle; plusieurs attaquent de préférence les bourgeons, les boutons, les chatons, les fleurs; enfin il en est qui vivent dans les lieux les plus arides, où il est probable qu’elles trouvent à se nourrir de quelques racines. De toutes ces larves, il n’en est pas de plus nuisibles à l'Homme que celles de quelques espèces des genres Bruche et Calandre, désignées, comme toutes les autres de la famille, sous le nom vulgaire de Charançons, qui vivent exclusivement de la semence des céréales et des légumineuses. Nous reviendrons plus tard avec soin sur ce sujet important qu’il importe de con- naître. Une seule larve est utile à l'Homme : c’est celle du Charançon palmiste (Calandra palmu- rum, Fabr.), qui passe pour un mets très-délicat chez les indigènes et même chez les colons de l'Amérique : ce qui a fait dire à certains auteurs que c'était probablement le Cossus dont parle Pline, sans que ces auteurs se soient donné la peine de réfléchir que l'Amérique n'était pas connue des anciens. La place que la famille des Cureulioniens doit occuper dans l’ordre des Coléoptères varie suivant les auteurs. Mais le plus généralement, et comme nous le faisons, on les range à peu près de la même manière que Latreille, qui en faisait la première division de sa section des Tétramères, qui, eux-mêmes, suivaient immédiatement les Hétéromères. Erichson les met immédiatement entre les Salpingides et les Bostrichides, qui, en effet, ont avec eux les plus grands rapports zoologiques et anatomiques. M. É. Blanchard les range entre les Scoliens et les Bostrichiens, familles démembrées des anciens Xylophages. Les limites de la famille sont assez bien tracées; toutefois la tribu des Hété- 206 HISTOIRE NATURELLE, remères rhynchostomes de Latreille, comprenant les genres: Homalirhinus, Rhinosimus, Salpin- gus, Mycterus, Stenostoma, ete., offre avec elle une assez grande analogie organique, et n’en diffère réellement d'une manière bien manifeste que par le nombre des articles tarsiens. Linné, qui ne connaissait qu'une centaine d'espèces de Cureulioniens, ne les répartissait que dans ses trois genres Bruchus, Attelabus et Curculio. Fabricius, dans son Entomologia systematica (4779), en décrivait cinq cent quarante et une espèces, et en 1801, dans son Systema Eleuthera- torum, il en fit connaître près de huit cents, qu’il distribua en dix genres : les trois linnéens et ceux des: Anthribus, Brachycerus, Brenthus, Lixus et Rhynchænus créés par lui, et Calandru et Cossonus fondés par Clairville. Olivier, dans son Histoire des Coléoptères (1789 à 1808), ajouta seu- lement les trois coupes génériques nouvelles des Apoderus, Liparus et Macrocephalus, et les espèces qu'il décrit et figure ne sont qu'au nombre de sept cent quatre-vingt-seize. Mais bientôt le nombre des genres et des espèces augmenta considérablement, de sorte que Dejean, dans la dernière édition du Cataloque des Coléoptères de sa collection, en indiqua trois mille six cent quatre-vingt-dix. Mais Schœnbherr, l'entomologiste qui s’est le plus occupé de ces Insectes, et qui y a consacré plus de trente ans de sa vie, dans un premier travail publié en 1826 sous le nom de Cwrculionum dispo- sitio methodicus, n’en indiqua que dix-sept cent vingt et une, tandis que dans son Genera et Species Curculionidum, magnifique monument scientifique en huit gros volumes, partagés chacun en deux parties, dont la publication, commencée en 1833, n'a été terminée qu’en 4845, donna la description de six cent quarante-quatre genres, et décrivit ou signala plus de sept mille espèces. Un grand nombre d'auteurs, qu'il serait beaucoup trop long d’énumérer, se sont occupés des Coléoptères de cette famille; nous nous bornerons à citer Herbst, Illiger, Sturm, Panzer, Graven- horst, Boheman, Gyllenhal, Fœrœus, Gebler, Dalman et surtout Germar et MM. Chevrolat et Jekel, les deux derniers qui ont publié en France de bons travaux sur ces Insectes. De telle sorte que l’on à aujourd'hui la description de près de dix mille espèces de Cureulioniens, répartis en plus de sept cents genres, et encore les collections en renferment-elles beaucoup d’inédits. On comprend facile- ment que nous ne pourrons faire connaître tous ces genres dans le court espace qui nous est ac- cordé; mais nous chercherons seulement à indiquer l'état actuel de la science d’après les travaux de Schænherr, nous nous étendrons principalement sur les caractères et les mœurs des groupes géné- riques principaux, sans négliger pour cela quelques genres remarquables et récemment fondés. Mais avant de passer à la partie purement descriptive, nous devons dire quelques mots, d’une manière générale, de la méthode de Schænbherr. D’après l'auteur que nous venons de nommer, les Cureulioniens peuvent être caractérisés ainsi : tarses de quatre articles; tête plus ou moins en rostre; bouche terminale; mandibules très-souvent petites, fortes; palpes et autres parties buccales très-peu développées et très-souvent cachées; an- tennes insérées sur le rostre, très-souvent en massue apicale; corps de la plupart convexe, coriace. Après la trompe, le caractère le plus saillant des Curculioniens se trouve dans les antennes, qui sont tantôt droites, tantôt coudées ou brisées. Schænherr s'en est servi pour partager cette famille en deux ordres, qu'il nomme ORTHOCÈRES (Recticornes, Latr.) et GONATOCÈRES (Fracticornes, Latr.); ensuite il divise chacun de ces ordres : le premier seulement en deux sections, et le second en deux légions, deux phalanges et cinq sections, le tout avant d'arriver aux tribus qui renferment les senres, et que nous nous bornerons à signaler, parce qu’elles portent les noms des principales coupes génériques. Dans le premier ordre, la première section a pour caractère principal : antennes de onze à douxe articles, renfermant les tribus des : Bruchides, Anthribides, Camarotides, Attela- bides, Rhinomacérides, Ithycérides, Apionides, Antilarhinides, Rhamphides et Brenthides, et la seconde à antennes de neuf à dix articles : tribus des Cylades, Ulocérides et Oxyrhynchides. Dans le second ordre, la première légion, celle des Bracayruynques, a le rostre plus où moins épais, dif- forme, peu arqué, et les antennes plus ou moins près de la bouche : première phalange, la fossette antennaure infra-oculaire, courbée ou oblique : première section, à rostre recourbé ou peu avancé, libre : tribus des Brachycérides, Entimides, Pachyrhynchides, Brachydérides, Cléonides et Moly- tides; deuxième section, à rostre infléchi, caché dans une rainure de la poitrine : tribu des Byrso- psides, et deuxième phalange, à fossette antennaire presque étroite, s'élevant vers le milieu de l'œil : tribus des Phyllobides, Cyclomides et Otiorhynchides, et la seconde légion, celle des Méco- RuyNQuEs, à le rostre cylindrique ou filiforme, plus ou moins allongé, rarement plus court que le COLÉOPTÈRES, 207 corselet, et les antennes insérées avant ou près le milieu du rostre et non près de la bouche : pre- mière section : antennes de onxe ou douxe articles, dont quatre forment souvent la massue : tribus des Erirhinides et Apostamiménides; deuxième section : antennes de neuf ou dix articles, dont cinq forment toujours le funicule : tribu des Cionides; et troisième : antennes de sept, huît, neuf ou dix articles, dont le funicule est formé de quatre, six ou sept articles : tribus des Rhynchophorides, Conodérides, Cossonides et Dryophthorides. D’après ce que nous venons de dire, on voit que les Cureulioniens sont répartis en trente tribus. Nous ne pouvons discuter la méthode dont nous venons d'exposer la charpente principale, et nous nous bornerons seulement à présenter deux observations. Les caractères des genres semblent reposer en général sur des différences si minimes, que Schœnherr lui-même n’a pu parfois les exprimer qu'en recourant à des diminutifs ou des augmentatifs qu’il est si facile de former en latin, mais qui n'offrent qu'un sens vague ou douteux au lecteur qui veut les traduire dans sa langue : en d’autres termes, nous croyons que beaucoup de genres pourraient être supprimés facilement comme à peu près inutiles. Une autre observation, qui ne touche qu’à la forme, c’est que Schœnherr a eu le tort de donner le nom d'ordres aux deux divisions primaires des Cureulioniens : ce mot étant consacré depuis longtemps en zoologie pour désigner les premiers groupes dont se compose chaque classe du règne animal, il ne doit pas être permis d’en détourner l'application pour indiquer des subdivisions plus secondaires; aussi substituerons-nous à ce nom celui de division. C’est, au reste, comme le font remarquer deux savants entomologistes, le défaut de la plupart des auteurs de mo- nographies, de se faire un vocabulaire à part pour nommer les divisions qui précèdent les genres; de sorte que, grâce à l'indépendance qu'ils se donnent sous ce rapport, il devient impossible de coor- donner entre eux leurs travaux partiels, et que la plus grande confusion règne aujourd’hui dans la nomenclature générale de la science. 4" division, Orruocères, Orthoceri, Schœnh., à antennes droites, non coudées après le premier article, avec le premier article, qui porte le nom de scapus, peu allongé. Cette division, assez nombreuse en genres et en espèces, beaucoup moins cependant que celle des Gonatocères, est subdivisée en deux sections. 1% section (Bruchides, Blanch.), comprenant les espèces chez lesquelles les antennes ont on2€ articles : le premier court, coudées après ce premier article ; rostre court, large; deux tribus, celles des : Bruchides ou Anthribides. 4" tribu, Brucnmes, à rostre large; antennes un peu épaisses, en scie ou pectinées, à massue petile, de onxe articles; taÿses distinctement quadriarticulés, à avant-dernier article bilobé. On ne place dans cette tribu qu'un petit nombre de genres, dont le principal, celui des Bruchus, est très-nombreux en espèces, toujours de petite taille, propres à toutes les parties du monde, où elles sont plus ou moins répandues individuellement. Ces espèces sont très-nuisibles, dans leur pre- mier état, aux graines de plusieurs plantes légumineuses : dans les régions tropicales, les Gleditxia, les Mimosa, les Acacia, les fruits de quelques palmiers, les dattiers, ete., et dans nos climats, les fèves, les lentilles, les haricots, et surtout les pois, sont exposés à leurs ravages. Elles apparaissent, à l'état parfait, lors de la floraison de ces végétaux, et les femelles déposent leurs œufs, ordinaire- ment isolés, dans les graines encore tendres : ces œufs éelosent, et malgré cela, les graines croissent avec leurs habitants, qui mangent la matière farineuse et épargnent le germe qu'elles renferment. Les larves séjournent un temps variable, selon la chaleur de la saison, dans ces coques naturelles, et, quand l'époque de la première métamorphose arrive, elles se creusent dans la substance fécu- lente qui les environne, une galerie jusqu'à la membrane externe de la graine. La larve est blan- châtre, petite, et présente les caractères généraux de celles de la famille. La transformation en nymphe a lieu peu de jours après que la larve est arrivée à toute sa croissance, et l'Insecte parfait ne tarde pas à se former. Si la saison est avancée, il reste dans sa ioge jusqu'au printemps suivant; et, dans le cas contraire, il lui suffit, pour paraître au jour, de ronger la mince pellicule qui ferme à l’intérieur la galerie creusée par la larve. Les espèces de Bruchus, dont les métamorphoses ou les 208 HISTOIRE NATURELLE. larves au moins sont connues, sont celles des pisi, qu'ont décrit Kalm, de Géer, Kirby et Spence, Harris, Westwood; Faldermanni, Mann., dont s'est occupé Mannerheim; pectinicornis, Linné, étudié par Kirby et Spence; ruficornis, Germ., vu par Germar et M. Westwood; curvipes, Latr., signalé par Latreille, et pandani, Blanch., décrit par M. É. Blanchard. Le genre typique est celui des BRUCHUS, Linné, ayant pour caractères : antennes insérées au bord interne des yeux, allant sensiblement en grossissant; mandibules simples, cornées; mächoires avancées, membraneuses, bifides, ciliées; palpes maæxillaires un peu plus longs que les labiaux, filiformes; corps court, ovalaire; tête petite; rostre court; pattes postérieures plus grandes que les autres. Ces Insectes sont de petite taille, vivent sur les plantes dont les larves dévorent les graines, et se trouvent sur toute la surface du globe : beaucoup habitent l’Europe. Quoiqu'’on en ait décrit deux cent cinquante espèces au moins, on en découvre encore chaque jour. On a cherché à y former plusieurs subdivisions, qui sont même regardées comme des genres par quelques auteurs, tels sont les Bruchus, Schœnh., à cuisses postérieures peu renflées, armées inférieurement d'une dent unique, et à jambes droites, avec une épine à l'extrémité, les plus nombreux de tous, et dont le type est le B. pisi, Linné, noir, couvert d’une pubescence grise, épaisse, très-commun dans toute l'Europe; Pachymerus, Latr., à cuisses postérieures très-renflées, avec plusieurs dentelures à l'ex- trénuilé; à jambes presque cylindriques, les postérèeures très-arquées; antennes très-lonques, en scie; corps court : type, B. brasiliensis, Thunb., brun, couvert d’une pubescence jaune variée d’un brun obseur, abondant dans l'Amérique méridionale; Caryoborus, Schœnh. (Curyedon, Stéven.), à cuisses postérieures très-renflées, dentées en peigne au bord inférieur; jambes cylindriques : pos- térieures arquées; antennnes longues, dentées, à articles égaux; corps en ovale allongé : type, B. bactris, Linné, noirâtre, avec une pubescence courte, cendrée, de Cayenne. Les autres genres sont ceux des : SPermopuacus, Stéven., n'ayant surtout pas la tête prolongée en arrière en forme de cou comme les Bruchus, et offrant des lames pectorales : une vingtaine d’es- pèces de l'Amérique du Sud, de l’Afrique australe, des Indes orientales, Java, la Perse, etc., et ayant pour type le S. titivilitius, Schœnh., du Brésil. — Uronox, Schænh. (Bruchela, Meg.), à antennes courtes, ayant leurs trois derniers articles grands, légèrement perfoliés : dix ou douze très-pe- tites espèces européennes, dont la plus connue, répandue partout, est l’U. rufipes, Latr. — Dra- PHANOPS, à yeux grands, hémisphériques : une espèce (Westermanni, Schænh.), de la Nouvelle- Hollande. — Canrornacus Mac-Leay : une espèce du même pays. Fig. 189. — Bruchus pisi. Fig. 190. — Tophroderes frenalus. Fig. 191. — Tropidores (Anthribus) (Grossi.) albirostris. de tribu, Anrumimoes, à rostre souvent large, infléchi, souvent allongé, presque droit; antennes habituellement en massue, de onze articles; élytres ne couvrant pas tout l'abdomen; tarses à quatre articles non distincts. Si spécifiquement les Insectes de cette tribu sont moins nombreux que ceux de la précédente, ils renferment plus de genres, puisqu'on en décrit près de quarante. Ges Insectes sont souvent allongés, COLEOPTÈRES. 209 et leurs antennes, principalement dans les mäles, sont longues, et leur donnent un peu l'aspect de Cérambyciens. On les trouve partout; mais ils sont plus rares en Europe que les Bruchides, et leur taille est souvent beaucoup plus considérable. L'histoire de leurs métamorphoses a été faite en partie, et pour celle d'un genre a présenté des particularités très-remarquables. En effet, dans l'immense majorité des cas, les larves des Curculioniens se nourrissent de substances végétales, et cependant quelques espèces d’un genre de cette tribu, celui des Brachytarsus, groupe démembré des Anthribus, prennent, au contraire, une nourriture animale. Frisch a dit quelques mots à ce sujet; Latreille, d'après une observation de M. L. Dufour, s’est demandé si le B. scabrasus ne serait pas parasite; Dalman et son frère trouvèrent sur des ormes des Coccus renfermant des larves de l’Anthribus variegatus; M. Vallot, en examinant des rameaux de la Spirea salicifolia, dé- couvrit une foule de petites coques de Coccus de la grosseur d’un pois, dont quelques-unes étaient percées, et dont d’autres contenaient des larves, qui, par la suite, se changérent en nympbes et en Insectes parfaits, et qui étaient l'Anthribus marmoratus. Ratzeburg a donné la description de la larve et de la nymphe du Brachytarsus varius, trouvées en grande quantité dans des Coccus at- tachés sur un rameau de pin. Enfin, assez récemment, MM. Leunis et Noerdlinger ont aussi publié un mémoire sur le même sujet. Les larves de deux autres espèces de la même tribu ont également été décrites; l’une est celle de l'Alticopus Galoxzüi, Villa, que M. L. Dufour, en 1843, dans les An- rules de la Société entomologique de France, a fait connaître sous le nom de Choragus Sheppardi, qu'il a trouvé dans des tiges mortes et à moitié décomposées de l'aubépine, et qui, à peu de dis- tance de la superficie de la tige, creusait des galeries simples, droites ou à peine couchées, par- courant le liber des grosses branches ou la partie ligneuse des petites; l’autre larve est celle du Cratoparis lunatus, Fabr., qui vient de la Nouvelle-Orléans, et dont les mœurs ne sont pas connues. Le genre principal est celui des ANTHRIBES, Anthribus, Fabr., à antennes assez qrèles, insérees dans une cavité profonde au-dessus du sinus des yeux, souvent très-lonques, surtout dans les müles; rostre court, large, infléchi; yeux latéraux, proéminents, échancrés en avant; corselet large anté- rieurement; élytres oblongues, presque cylindriques, souvent à peine convexes. Tels sont les carac- tères qui doivent être assignés aux espèces peu nombreuses qui restent actuellement, d'après Schænherr, dans le genre Anthribus, jadis très-nombreux en espèces, et aujourd’hui excessive- ment restreint, et cependant propre à toutes les parties du globe. Ce sont des Insectes de taille moyenne, à corps allongé, antennes longues, qui se rencontrent sur les bois putréfiés ou sur les feuilles des arbres. On y forme deux sous-genres, les Anthribus propres, ayant pour type l'A. albi- nus, Gyllenh., noire, avec des dessins blancs, qui se trouve dans l'Europe boréale et tempérce, et Phlæobius, Schœnh., qui comprend des espèces de la Guinée, de la Chine et de l'Amérique méri- dionale. Les autres genres démembrés des Anthribes ou qui en sont plus où moins voisins, et qui s'en distinguent surtout par des caractères tirés de la longueur et de la forme des antennes et du rostre, de la disposition des yeux et de la forme du corps qui, d'abord allongé, tend de plus en plus à s'ar- rondir, ete., sont ceux des : Mecocerus, Schœnh., espèce-type (gaxella) de Java. — Xenocenus, Germ., des espèces (saperdoides) également javanaises. — PazxorraGus, Schœnh., huit espèces (heros) de la Guinée. — Deurenocrares, Imhoff, une espèce de la Guinée. — Prycuoneres, Schœnh., du Brésil et des Indes orientales. — Acorvaus, Schœnh., ne comprenant que l'A. sulcirostris, Dej., de Java. — Lirocerus, Schænh., quelques espèces asiatiques. — Corruecerus, Schœænh., deux espèces brésiliennes. — Euramus, Schœnh., une quinzaine d'espèces principalement américaines, mais dont une serait propre à la Nouvelle-Hollande, et une autre (centromaculatus, Dalh.), probablement à la Turquie. — Euconus, Schænh., deux espèces du Brésil. — Iscunocerus, Schænh., des espèces peu nombreuses, dont une de Natal. — Trorineres, Schœnh. (Amblycerus, Thunb), une vingtaine d'espèces surtout américaines et européennes, parmi ces dernières nous citerons l'A. albirostris, Fabr., qui se trouve dans les parties boréales et tempérées, et a été rencontré auprès de Paris, quoique rarement. — Cnaroranis, Dej., une vingtaine d'espèces brésiliennes, de la Nouvelle-Hol- lande, ete. — Pazxomuvs, Schænh., une espèce (agrestis) du Bengale. — Puæxirion, Schœnh., quelques espèces de l'Amérique méridionale. — Anauores, Schænh. — Gyuxoëxaruus, Sechœænh., un petit nombre d'espèces américaines. — PLarvruinus, Clairv. (Macrocephalus, Oliv.), qui renferme cs 27 210 HISTOIRE NATURELLE. le P. latirostris, Fabr., de l'Europe tempérée et boréale, une autre espèce brésilienne, ete. — Srenocerus, Schœænh., des espèces d'Amérique et de Java. — Aræcenus, Schœnh., des espèces en général asiatiques, et particulièrement l'A. Coffeæ, Fabr., qui est devenu en quelque sorte cosmo- polite, car on l'a déjà signalé aux Indes orientales, au cap de Bonne-Espérance et dans l'Amérique du Sud, et cela même par suite des mœurs de leurs larves, qui se trouvent dans les semences du Caféier, etc. — A ces groupes on peut joindre encore beaucoup de genres qui se trouvent presque partout, mais principalement dans les Indes orientales, l'Amérique méridionale, ete.; tels sont les : Siator, Mecotarsus, Phlæopemon, Dendropemen, Ecelonerus, Eucorynus, Stenocerus, Enedreytes, Blaberus, Parablops, Caristhes, Corrhecerus, Polycorynus, Caranistes, Sch.; Tophoderes, Lagope- aus, Dej.; Ischnocerus, Uterosomus, Piezocorynus, Chevr.; Alticopus, Nilla, ne comprenant que le seul À. Galoxtii, petite espèce découverte en Lombardie, et signalée depuis en Belgique et en An- gleterre, ete. Deux autres genres d'Anthribides, qu'il nous reste encore à signaler, sont ceux des : BraënyraRsus, à antennes asses courtes, épaisses; rostre court, fléchi; yeux grands, arrondis; corps arrondi : groupe peu nombreux renfermant de petites espèces européennes et de l'Amérique boréale; nous citerons les B. scabrosus et varius, Fabr., qui se trouvent communément dans nos pays, prineipa- lement sous les écorces des arbres, et particulièrement des ormes. — Xvunanes, Latr., à antennes épaisses dans toute leur longueur, un peu moniliformes; corps presque cylindrique : quelques es- pèces de Java et de Sierra Leone, dont la plus anciennement connue est le X. rugosus, Latr., de l'île de Java. 2e section (Attelabides, Blanch.), comprenant les espèces chez lesquelles les antennes ont deonxe à douxe articles, le premier peu allongé, non coudées après ce premier article; rostre long, presque cylindrique; neuf tribus, celles des: Camarotides, Attélabides, Rhinomaccrides, Ithycérides, Apio- nides, Rhamphides, Brenthides, Ulocérides et Oxyrhynchides. — On pourrait même y joindre quatre autres très-petites tribus de Schœnherr, celles des: Tanaïdes, Oxycorynides, Anthiarhinides et Cylades. 3° tribu, Camaromines, à rostre court, très-large, infléchi; antennes en mussue, de onxe articles; élytres hémisphériques, à bords élargis, couvrant l'abdomen; pieds courts; cuisses antérieures très- épaisses. Cette division ne comprend qu'un seul genre, celui des Camarorus, Germ., qui, lui-même, ne ren- ferme qu’un nombre très-restreint d'espèces propres à l'Amérique du Sud, telles que les C. cocci- nelloides, Klug, et cassidoides, Schænh., qui, comme l’indiquent leurs noms spécifiques, sont ar- rondies, et ont l'aspect de certains Chrysoméliens. 4° tribu, Arrécamines, à rostre un peu cylindrique, infléchi, souvent filiforme, ou à extrémité dilatée; antennes à premier article allongé, non coudées après ce premier article, de onze ou douze articles; élytres allongées, presque carrées; pygidium nu. Les Attélabides, au nombre de deux cent cinquante à trois cents, sont de taille moyenne ou petite, et forment une quantité peu considérable de genres. La plupart sont européens, et surtout remarqua- bles par leurs mœurs, principalement sous leurs premiers états. Dès que les bourgeons développent leurs premières feuilles, au printemps, on voit apparaître sur les bouleaux, les peupliers, les vi- gnes, etc., une foule de ces Cureulioniens aux couleurs souvent brillantes et vives; beaucoup d’entre eux déposent leurs œufs sous l'épiderme des feuilles ou uniquement à leur surface, et les y fixent par une matière visqueuse. Puis ils replient ou roulent cette feuille pour former un réduit à l'abri des intempéries atmosphériques aux jeunes larves qui sortiront de leurs œufs. Pour cela, la femelle forme des solutions de ‘continuité, variables selon les espèces, dans le parenchyme de la feuille; rend les nervures plus flexibles par des entaïlles plus ou moins profondes, formées par ses mandi- bules puissantes, et, par un travail de longue durée, elle construit une retraite pour sa progéniture, et y dispose la nourriture qui lui sera bonne. Cet étui végétal a tantôt la forme d’un cornet, tantôt celle d’un eylindre; habituellement la feuille se dessèche entièrement ou partiellement, et finit par COLÉOPTÈRES. 211 se détacher du rameau : ce qui cause quelquefois un tort considérable aux végétaux qui se trouvent ainsi privés de leurs principaux organes respiratoires, et ce qui nuit surtout à la vigne sur laquelle vivent plusieurs espèces de cette tribu. Quand la larve est entièrement développée, elle entre en général dans le sol et se change promptement en nymphe, puis en Insecte parfait. Outre cette géné- ration printanière, il en apparait une autre en automne : parmi les individus qui la composent, il en est qui font une nouvelle ponte, et les jeunes larves qui en naissent passent l'hiver en terre, pour se montrer au printemps suivant sous la forme d'Insecte parfait, tandis que d'autres ne s'ac- couplent pas, et après être restés quelques jours sur les feuilles, vont hiverner sous les écorces, sous les mousses et autres abris. Telles sont en général les phases diverses que subissent ces Insectes sous leurs premières formes; cependant quelques-uns d’entre eux présentent des habitudes un peu dif- férentes. On connait les larves d’au moins trois genres. Celles de l’Apoderus coryli, étudiées par Panzer, Ratzeburg, Westwood et surtout MM. Hubert et Goureau, vivent sur le coudrier et forment, avec les feuilles de cet arbrisseau, un cylindre long d'environ dix millimètres. Les larves de l’Attela- bus curculionoïdes entrevues par Latreille et Westwood, mais principalement étudiées par MM. Hubert et Goureau, se tiennent exclusivement sur les feuilles du chêne, dont elles forment un petit cylindre à peine long de quelques millimètres. Les larves des Rhynehites sont mieux connues, ou au moins on a des détails sur sept espèces d’entre eux, les: R. betulæ, qui, d'après MM. Ratzeburg, Hubert et DebeyŸ se rencontrent sur les charmes, les bouleaux et les aunes, dont ils roulent les feuilles en cornet; R. cuprens, dans lequel, comme l’a vu M. Kollar, la femelle dépose ses œufs dans les jeunes fruits des pruniers, et, après la ponte, fait une entaille au support du fruit qui, arrêté dans son développement, finit par tomber avec la jeune larve qui y est éelose, et qui va subir ses transfor- mations pour paraître au printemps suivant; R. conicus, qui, comme l’a montré récemment M. le docteur Boisduval, agit de la même manière que le précédent, mais sur les bourgeons .ou jeunes pousses du poirier; R. alliariæ, l'espèce la plus nuisible aux pépinières et à tous les arbres à fruits dont la femelle, selon M. Kollar, dépose ses œufs dans les bourgeons des rameaux ou des greffes quand ils commencent à développer leurs premières feuilles, et qui, à l’aide de ses mandibules, formant une entaille à la tige du bourgeon, ne le quitte que lorsqu'il est renversé : celui-ci, privé de ses sucs végétaux, se dessèche, tombe, et permet à la larve de subir en terre ses transformations; R. betuleti, étudiée successivement par Rozier, Walckenaër, MM. Kollar, Ratzeburg, Hubert et Noerdlinger, qui est l'espèce la plus nuisible à la vigne, dont elle roule les feuilles et détermine la chute; R. Bacchus, dont la larve est signalée par Aldrovande, et qui, d'après Walckenaër, vivrait sur la vigne et le cerisier, mais dont la femelle, selon les observations de M. Kollar, percerait les jeunes fruits du pommier pour y placer ses œufs : les larves qui sortiraient de ces derniers pénétreraient plus ou moins profondément dans la substance du fruit, détermineraient sa chute, et iraient subir leurs métamorphoses en terre pour apparaître à l'état parfait au printemps suivant; enfin le R. populi roule en cornets les feuilles de différentes espèces de peupliers. Les cinq groupes qui entrent dans cette tribu sont les suivants : Genre APOPERE, Apoderus, Oliv., à antennes fortes, de douxe articles, insérées dans une fos- sette irrégulière, et à quatre derniers articles épaissis, formant une massue. On en a décrit une quarantaine d'espèces, presque toutes exclusivement propres aux contrées chaudes des deux conti- nents, d'assez jolies couleurs, et remarquables par la longueur de leur rostre. Parmi nos espèces européennes, nous nous bornerons à citer l'A. pu noisetier, Apoderus coryli (Attelabus), Linné, long d'à peu près 0,009, à corps noir, glabre, à bord postérieur du corselet et élytres striés, entie- rement d’une coloration rousse rougeâtre; tête et rostresillonnés, roussàtres; propre à toute l'Europe et commun dans nos environs. Genre ATTÉLABE, Attelabus, Linné, à antennes très-fortes, insérées dans une fossette profonde, de onze articles, dont les trois derniers, épais, perfoliés, forment une massue; rostre court, élarqi à l'extrémité; les espèces de ce genre, à peu près aussi nombreuses que celles du précédent, sont dispersées au loin dans les contrées du globe lés plus éloignées les unes des autres. Le type est l'A. curcuzionones, Linné, peu rare auprès de Paris, presque entièrement d’un roussàtre général, et à élytres finement ponctuées et striées. Un genre, placé auprès des Attélabes, est celui des Euors, Schænh., qui ne comprend que l'A. Australasiæ, Hope, de la Nouvelle-Hollande. 212 [HISTOIRE NATURELLE. Genre RHYNCHITE, Rhynchites, Merbst, à antennes un peu grèles, insérées dans une fossette linéaire, de onxe articles, dont les trois derniers, légèrement perfohiés, forment une massue; rostre tantôt long, filiforme, tantôt court, très-épais, parfois dilaté à l'extrémité. Une soixantaine d'es- pèces, presque toutes particulières aux contrées tempérées, et surtout à l'Europe, de petite taille, et revêtues de jolies couleurs parfois métalliques. Parmi nos espèces parisiennes, nous nommerons les: R. Bacchus, Linné, à corps doré, un peu velouté; populi, Linné, à corps d’un vert bronzé, bril- lant, et betuleti, Fabr., à corps d'un vert soyeux en dessus. Un groupe démembré de celui-ei par Schænherr, est le genre Prerocorus, dans lequel la massue antennaire est grande, un peu comprimée, et qui ne comprend qu'une espèce (ovatus) de la Ca- roline. 5° tribu, Ramouacérines, à rostre allongé, droit ou infléchi, dilaté à la base dans le plus grand nombre; tête courte, transverse; yeux grands, arrondis, peu proéminents; antennes de onxe où douxe articles, peu ou fortement élargies à l'extrémité; élytres oblonques, un peu linéaires, couvrant l'abdomen. Quoique peu nombreuses, les espèces de cette division, dont on ne connaît pas les métamor- phoses, sont répandues dans des parties du monde très-éloignées les unes des autres, et surtout en Australie, en Amérique et en Europe. Parmi les einq ou six groupes génériques qu'on y range, le genre principal est celui des RHINO- MACER, Fabr., à antennes longues, insérées au milieu du rostre, de douxe articles, dont les trois derniers, très-épais, forment la massue; rostre dilaté, arrondi à l'extrémité. On n’y range encore que deux espèces, les : R. attelaboides, Fabr., de l'Europe boréale et du midi de la France, et le- pluroides, Oliv., d'Allemagne et de France, dont les dénominations spécifiques rappellent les formes générales. Les autres genres de la même tribu sont ceux des : Dropyruynenus, Germar, ne comprenant que le D. austriacus, Meg., de l'Autriche et de la Saxe.— Evenamprus, Schœnh., quelques espèces de l'Amérique boréale. — Aurxres, Schœnh., ayant pour type l'A. tubicen, de Dalmatie, et renfermant aussi deux autres espèces du nord de l'Europe. — Berys, Schœnh., groupe peu nombreux, exelusi- vement propre à la Nouvelle-Hollande. — Raiorra, Kirby, Latr., cinq espèces également australa- siennes. — Homarocerus, Schœnh., deux espèces brésiliennes. 6° tribu, Iraycéripes, à antennes courtes, épaisses, de douxe articles diminuant graduellement de lonqueur; rostre court, un peu recourbé; élytres ovalaires, oblonques; hanches rectanqulaires; py- gidium découvert. e Cette division ne renferme que le seul genre ITHYGERUS, Dalman, qui lui-même ne comprend que l’ancien Rhynchites curculionoides, Herbst (Cureulio punctulatus, Fabr.), de l'Amérique du Nord. Fiz. 409. — Rhynchites Bacchus. Fig. 495. — Mhinomacer curculioides. Fis. 10%, — Apion fluvipes. Tetribu, Arionpes, à antennes épaisses, insérées au milieu où à la base du rostre, de onxe ar- ticles; rostre un peu droit, cylindrique ou filiforme; élytres ovalaires, oblonqgues, pointues, couvrant l'abdomen. Fig. 1. Heilipus loricatus Fig. 2. — Heilipus peplus 5. — Cleogonus Fairmairet. Fig. Fig. #. — Cleonus guitatus Fig. D. — Chelus flavo-fascialus COLÉOPTÈRES. 213 Au moins trois cents espèces entrent dans cette tribu, et sont réparties dans toutes les parties du globe; mais comme elles sont généralement très-petites, à téguments très-durs, et peu remarquables par leurs couleurs, on les a peu étudiées jusqu'ici, et l'on ne connaît guëre que celles d'Europe, que l'on est même loin d’avoir toutes observées, ainsi que le montrent les remarques des entomolo- gistes modernes, et surtout celles de M. Wencker, qui s'en occupe spécialement. Quoique à l'état parfait la distinction spécilique soit difficile, parce que les formes typiques sont toujours bien con- servées et souvent semblables, cependant à l’état de larve on observe dans les mœurs des différences assez tranchées. Les unes vivent dans les graines des plantes, surtout dans les légumineuses, comme l'Apion cracceæ, y subissent leurs transformations vers la fin de l’été ou en automne, et, dans cer- tains cas, y passent même l'hiver, et par cela nous sont assez nuisibles. D’autres, et beaucoup d'espèces sont probablement dans ce cas, se rencontrent sur les trèfles; l’Apion apricans vit, à l’état de larve, à la base du calice des fleurons du trèfle commun, ronge la graine qui se trouve à cet endroit, et, quand elle est parvenue à son développement complet, perfore le légume et va se changer en nymphe entre les divers fleurons des capitules. Une espèce (ulicicola, Perris) se rencontre à l'état de larve dans les galles de l’ajone nain, y passe l'hiver et y subit toutes ses transformations. Enfin certaines larves creusent des galeries sinueuses dans la moelle de diverses plantes, y construisent une coque grossière formée de petits débris assemblés sans ordre, et n’en sortent qu’à l’état parfait. Ces petites larves, qui sont blanchâtres, et qui n'offrent rien de bien particulier, nourrissent plusieurs parasites; c’est ainsi que l'on a signalé l'Eulophus ulicis comme vivant sur la larve de l’Apion ulicicola, et que l’on a découvert les Calyptus macrocephalus et Pteromalus pione, se nourrissant des larves de lApion apricans. Les larves que l’on a étudiées jusqu'ici sont celles de l’Apion cracceæ, que de Géer a vu dans les graines de la Vicia cracca; de VA. radiolus, qui, selon Bouché, vit dans les rameaux et les tiges des malvacées, mais que MM. Chapuis et Candèze ont trouvée dans les tiges de la tanaisie, et M. Westwood dans celles du houx; de l’ulicicola, découverte par M. Ed. Perris dans les galles de l'Ulex nanus; de l'A. ulicis, prise par M. le colonel Goureau dans les graines de l’ajone commun; de l'A. apricans, étudiées par MM. Mulsant et Guérin-Méneville, et trouvées dans les graines du Trifolium pratense; de l'A. Sayi, signalées par M. Harris dans les graines de l'indigotier sauvage; de VA. flavipes, constatées par M. Westwood dans les trèfles hollandais et blancs; et de l’A. flavifemoratus, prise également par M. Westwood dans les graines d'un Trifolium, le trèfle pourpré. Peu de groupes génériques entrent dans cette division, et le seul qui soit bien connu de tous les entomologistes est celui des APIONS, Apion, Herbst, à antennes médiocres, insérées au milieu ou vers la base du rostre, de onxe articles : les trois derniers formant une massue ovale, pointue; rostre souvent droit, filiforme, arqué; tête allongée en arrière; corselet oblong, conique ou à peu près cylindrique; élyvres ovalaires, pointues. Ce genre, très-nombreux en espèces, car l'on en a déerit plus de deux cents, a surtout été étudié par Germar et Kirby : Linné en rangeait les espèces avec ses Curculio; Fabricius et Paykubl avec les Attelabus; Herbst en fit ses Apion, et fut suivi en cela par la plupart des entomologistes, tandis que Billberg en fit un genre Apius, et M. GC. Duméril son groupe des Oxystoma. Ce sont des Insectes constamment de petite taille, remarquables par leur rostre allongé, de coloration habituellement blanche ou verdâtre et plus rarement rougetre ou noire, et qui se tiennent sur les fleurs, où ils sont assez abondants, principalement dans nos pays. La plu- part des espèces sont européennes, mais l’on en a signalé aussi en Asie, en Afrique, et surtout dans presque toute l'Amérique, et il est probable qu'on en rencontrera dans les diverses contrées du globe lorsqu'on les recherchera avec soin; déjà on en a découvert plusieurs à la Nouvelle-Hollande, et l'on en à fait les types de quelques petits groupes spéciaux. Parmi nos espèces parisiennes, qui atteignent et dépassent rarement 0%,002 de longueur, nous indiquerons les Apion Pomonæ, Fabr., à corps noir; corselet conique, ponctué, canaliculé à sa partie postérieure; élytres ovales, bossues, de couleur bleue, ponctuées et sillonnées; apricans, GyIl., à corps noir, glabre; cuisses et jambes antérieures rous- sâtres; corselet oblong, très-finement ponctué; élytres ovales, ponctuées, sillonnées; rostre assez long, peu arqué; æstivum, Gyll., à corps noir, brillant; antennes noires; corselet cylindrique, très- ponctué; élytres larges, ovales, sillonnées, ponctuées; frumentarium, Linné, à corps d'un rouge pâle; veux noirs; rostre court, arqué, glabre; élytres crénelées, striées; pattes pèles. Des genres voisins de celui-ci sont ceux des : Euennus, Kirby (Eurhynchus, Schœnh.), à antennes presque moniliformes : cinq espèces d'Australie. =— Myrmacrcerus, Chevr., caractérisé par la lon- 214 HISTOIRE NATURELLE. queur relative des articles antennaires, et ne comprenant que le M. formicarius, éealemient de la Nouvelle-Hollande.-— Arorma, Boisd., une espèce de l’île de Waïgion, —Prezorracuerus, Schænh., à antennes assez gréles : quelques espèces de l'Afrique australe et de l'Amérique méridionale. Deux autres genres, que Schœnherr regarde comme assez distinets pour en former une tribu par- ticulière caractérisée par ses antennes de douxe articles, en massue; par son rostre droit où un peu courbé, cylindrique, à serobs distinct, et par son corps convexe, sont ceux des : Gyrerrus, Schænh., quelquefois réuni aux Apions, et renfermant deux espèces de Madagascar, et Tanaos, Schænh., comprenant quelques espèces de l'Afrique australe et des Indes orientales. M.É. Blanchard place encore après les Apionides, et comme simples groupes de ses Attélabides, des genres que nous avons rangés dans les familles précédentes, ce sont: 1° les Mvcrérires, genres : Mycterus, Salpinqus et Rhinosimus, et 2° ses Ruvsonrres, genre Rhysodes. 8e tribu, Rawpmines, à antennes épaissies, de onxe ou douxe articles; yeux presque réunis sur le front; rostre allongé, infléchi; pieds postérieurs disposés pour le saut. Les Insectes qui entrent dans cette division sont excessivement peu nombreux spécifiquement, particuliers à l’Europe et à l'Amérique, et surtout remarquables en ee que, par la conformation de leurs pattes de derrière, ils peuvent sauter à la manière des Orchestes, avec lesquels quelques-uns ont parfois été confondus. On n'y range que deux genres : 1° RHAMPHUS, Clairv., à antennes gréles, courtes, de onxe articles : trois espèces européennes, dont la plus connue est le R. æneus, Dej., du midi de la France, et 2° TACHYGONUS, Schœænh., à antennes très-courtes, presque qréles, de douxe articles : quelques espèces américaines, de Philadelphie, du Mexique et de l'intérieur du Brésil. 9 tribu, Brenrmies, à antennes sans massue, de onze articles; rostre droit; col distinct; abdo- men à premier et second segments très-longs, presque réunis, troisième et quatrième très-courts, dernier encore plus petit, semi-circulaire; corps dur, subeylindrique, allongé. Cette tribu est assez riche en espèces, qui habitent pour la plupart les régions méridionales du globe, particulièrement l'Amérique du Sud er les Indes orientales : peu de représentants se trouvent en Europe. Ce sont des Insectes en général d'assez grande taille, car quelques-uns peuvent atteindre à une longueur de 0%,08 ou 0,10, et les plus petits sont encore de grandeur moyenne. Ils sont très-remarquables par leur grand allongement et leur forme cylindrique. Harris (Insect. of Massack, 1841) a décrit, comme appartenant à cette tribu, la larve d'une espèce, celle de l'Arrhenodes sey- tentrionis, Herbst, et, quoiqu'il ne soit pas certain que cette larve se rapporte réellement à un Brenthide, nous n’en transerivons pas moins ce qu'il en rapporte, ne serait-ce que pour appeler l’at- tentien sur ce point important. Cette larve, à son âge adulte, a près de 0,03 de longueur sur une épaisseur de 0%,02; elle est presque cylindrique, un peu aplatie en dessous et blanche, à l’excep- tion du dernier segment qui est corné, d'un brun obseur, obliquement excavé en arrière et denté sur son bord; les segments thoraciques sont munis de pattes, et l'anus sert à la progression. Cette tribu, formée avec l’ancien genre Brenthus des auteurs, comprend, selon Schænherr, une vingtaine de coupes génériques, et toutes les espèces qui y entrent ont, selon M. Chevrolat, cinq articles aux tarses, mais l’article basal est tellement petit qu'il est à peine visible, ce qui les a fait passer jusqu'ici pour être tétramères. Le genre typique est celui des BRENTHES, Brenthus, Illiger, Fabr., que l’on caractérise aujour- d'hui ainsi: antennes médiocres, un peu épaissies en dehors dans quelques espèces, à articles très-courts, tantôt presque coniques et tronqués à la base, tantôt finement cylindriques, les trois derniers formant une massue peu épaisse; tête presque toujours allongée, mais pouvant étre li- néaire où un peu conique; col en forme de bulbe; rostre droit : dans les mâles très-long, et dans les femelles plus court; corselet ovalaire, allongé, très-souvent canaliculé; abdomen long; écusson non distinct; élytres allongées, linéaires, atténuées dans quelques cas ou parfois avec un appendice; pattes plus où moins longues. Ce genre, jadis très-nombreux en espèces, n’en renfermerait plus que trente-deux, selon l'auteur du Genera et Species Curculionidum; aucune de ces espèces, toutes de taille moyenne et parfois grande, ne se rencontre en Europe; elles sont propres aux parties chaudes des deux hémisphères, et abondent surtout dans l'Amérique méridionale, à Java, à la Nouvelle- > COLÉOPTÈRES. 215 Zélande, ete.; on les trouve sous les écorces des arbres, où elles se réunissent en familles très-nom- breuses. L'espèce la plus commune dans les collections, et qui provient du Brésil et de Cayenne, est le Brenthus anchorago, Fabr., à taille assez variable; corps noir, brillant, glabre; corselet pro- fondément canalieulé à sa partie postérieure; élytres légèrement ponctuées et striées, avec les stries près de la suture, profondes, à peine ponctuées, et ornées de deux bandes d’un jaune roussâtre : la postérieure rompue intérieurement et l'antérieure raccourcie sur le côté. Les autres genres que nous ne pouvons que citer, et qui se distinguent en général par les parti- cularités secondaires tirées des antennes, des pattes, de la forme du corps, etc., sont les suivants : ArrnÉNones, Stéven, à antennes très-courtes où médiocres, avec les articles de la base presque co- niques et les autres subcylindriques : une quarantaine d'espèces à peu près des mêmes pays que les Brenthes, mais surtout de l'Amérique du Sud, et dont le type est le B. dispar, Fabr. — Amonruoce- PHALus, Schœænh., à antennes très-courtes, moniliformes, avec le dernier article presque pyriforme, acuminé; tête avec une fossette profonde dans les deux sexes, rayée par une impression : ne renfer- mant qu'une petite espèce propre à l'Italie, et que l'on a retrouvée en Nubie, le B. coronatus, Germ. (B. italicus, Guérin). — Cérogares, Schænh., à antennes médiocres, presque gréles, un peu poilues, avec les articles basilaires souvent coniques, et les derniers arrondis : trois espèces des Indes orientales, du midi de l'Afrique et de Mexico. — Tracnézizus, Chevr., à antennes très-courtes, très-épaisses, avec les articles lenticulaires, les trois derniers les plus grands de tous : une quin- zaine d'espèces de l'Amérique du Sud et des Indes. — Hreruesocerus, Schœnh., à antennes très- grandes, gréles, filiformes, pubescentes, insérées près du milieu du rostre : deux espèces brésiliennes, — Ruapairuyncuus, Chevr., à antennes très-lonques, filiformes, insérées non loin de la base du rostre : quelques espèces de l'Amérique méridionale et insulaire. — Becornenus, Schœnh., à an- tennes presque filiformes : un petit nombre d'espèces de la Jamaïque et de Saint-Domingue. 2 Br- LORHYNCHUS, Latr. (Nemorhimus, Schænh., olim), ne différant du précédent que par l'insertion des antennes variable suivant les sexes : une espèce (curvidens, Fabr.), du Brésil. — Drurus, Dej., une espèce (furcillatus, Ghevr.) de Java. — Groceruauus, Schœænh. (Hormocerus, Sch., olim), à antennes courtes, moniliformes, allant à peine en grossissant, insérées vers le milieu du rostre dans les mûles et à la base dans les femelles : dix espèces de Java, de l’île de France, de Madagascar: type, B. caudatus, Latr., de l’île de France et de Bourbon. — CEpnaLogarus, Schænh., à antennes très- courtes, poilues, avec les articles basilaires obconiques, et les derniers turbinés, très-épaissis dans les mûles : ne comprenant que le C. macrocephalus, Dej., de la Nouvelle-Grenade. — Ravrirracue- Lus, Chevr., à antennes trés-courtes, presque gréles, avec les articles des mûles à peu près ovalaires, et ceux des femelles arrondis : une espèce (brevicornis) de Madagascar. — Eurracueces, Latr., à antennes très-lonques, gréles, à insertion variable suivant les sexes : une seule et grande espèce de l'ile de Java, l'E. Temminckit, Latr., que nous figurons. — CLæoneres, Schœnh., à antennes moyennes, fortes, épaissies vers l'extrémité, insérées au milieu du rostre dans les mâles, et vers la base dans les femelles : trois espèces de l'Amérique méridionale. — Puacecerus, Schænh., à an- tennes courtes, épaisses, avec les articles lenticulaires, le dernier ovalaire, acuminé, insérées à peu près vers le milieu du rostre : une espèce (olivaceus) de Madagascar. — Teramocerus, Schænh. (Nemocephalus, Dej.), à antennes très longues, grèles, filiformes, avec les articles basilaires épais, les trois derniers les plus longs, cylindriques : une quinzaine d'espèces du Brésil et des îles Philip- pines, assez semblables à celles du genre Brenthus, mais à forme encore plus grêle. — Iscuxomerus, Schœnh., genre ne comprenant que l’I. linearis, de Madagascar. — Tapuroperes, Schœnh., à an- tennes assez courtes, grossissant légèrement vers l'extrémité; pattes courtes; cuisses renflées; jambes comprimées : trois espèces de l’Amérique du Sud (type, brevipes, Schænh.). — Cazonromus, Guérin, à antennes assex courtes, avec les trois derniers articles formant une mussue aplatie; rostre très-court; cuisses courtes, renflées à l'extrémité; jambes postérieures aussi longues que le corps, unidentées extérieurement : une seule espèce, C. Mellyi, des Indes orientales, surtout très- remarquable par l'extrême longueur de ses pattes de derrière, près de quatre fois plus longues que les autres. — Leproraynouus, Guérin, une seule espèce (angustatus) de la Nouvelle-Guinée. On peut placer intermédiairement entre les Brenthides et les deux dernières tribus des Ortho- cères, quelques genres assez peu connus, dont Schœnherr forme des divisions spéciales. Tels sont: 1° ses Oxvconvxines, à antennes courtes, droites, de neuf articles avant la massue, et 216 HISTOIRE NATURELLE. celle-ci, presque spongieuse, composée de trois articles non distincts; rostre allongé, cylindrique, presque droit; élytres, brièvement ovalaires, couvrant l'abdomen; tarses de cinq articles peu dis- tincts : un seul genre, celui des OXYCORYNUS, Chev., ne renfermant que deux espèces brésiliennes; 20 ses ANTHIARHINIDES, Comprenant une dizaine d'espèces de la Cafrerie et du cap de Bonne-Espé- rance, et qui sont rangées dans les deux genres ANTHIARHINUS et PLATYMERUS, Schænh., et 3° ses Cycanes, à antennes moniliformes, de dix articles, les neuf premiers très-courts, et le dernier, au contraire, très-grand, formant une mussue épaisse, allongée; tarses de quatre articles apparents : le seul genre CYLAS, Latr., une dizaine d'espèces des Indes orientales, de Java, du Sénégal, etc. FAN Fig. 195. — Amorphocephalus (Brenthus) coronatus. Fig. 196, — Cylas longicollis. 10° tribu, UrocéRies, à antennes courtes, épaisses, squameuses où poilues, avec la massue pe- tite; rostre droit; corps large ou presque cylindrique, parfois aptère, obtus en arrière, rétréci sen- siblement en avant. fs Cette tribu ne renferme guère jusqu'ici qu’une vingtaine d'espèces, dont la forme, assez peu dif- férente de celle des Brenthes, chez quelques-unes, tend à se rapprocher beaucoup de celle des 3rachycères dans quelques autres. On n’y range que deux genres : 4° ULOCERUS, Dalm. (Cladione, Latr.), à antennes courtes, épaisses, très-dilatées à partir du troisième article : les derniers for- mant une massue allongée; corps très-allongé; pattes longues, fortes : quatre espèces, toutes parti- culières au Brésil, et dont le type est l’U. lacertosus, Dalm.; et 2° EPISUS, Billb., à antennes avancées, courtes, insérées à l'extrémité du rostre; massue petite, étroite, formée des huitième et neuvième articles; corps épais, rugueut, inégal, aptère; pattes courtes, fortes : une vingtaine d’es- pèces, toutes propres à l'Afrique méridionale, et dont le type est l'E. rostratus, Fabr. 11e tribu, Oxyruyncipes, à antennes courtes, avancées, épaisses : massue forte, spongieuse à la base, composée d'articles peu distincts; rostre allongé, filiforme, arqué; corps oblong, allongé, dur; pattes gréles, antérieures plus allongées que les autres. Cette tribu ne renferme qu’un très-petit nombre d'espèces, propres aux iles de Java, Sumatra et Bornéo, placées dans le seul genre OXYRHYNCHUS, Schænbh., et ayant pour type la Calandra dis- cors, Fabr., grande espèce javanaise. 2e division, GonarocÈres, Gonatoceri, Latr., Schœnh. Cette grande division, qui renferme tous les Cureculioniens qu'il nous reste à étudier, et qui comprend par conséquen plus des trois quarts des espèces de la famille entière, a pour caractères : antennes coudées, à premier article (le scapus des auteurs) très-long, très-souvent inséré sur les côtés du rostre. Gette particularité est des plus remarquables, mais nous devons dire que chez quelques espèces elle est encore assez peu dis- tincte, à ce point que les Brachycérides ont, pour quelques auteurs, été placés parmi les Orthocères. Nous ne pouvons rien ajouter de général sur ces Insectes, car leurs formes et leurs mœurs varient beaucoup; c'est donc dans l'histoire de chaque subdivision particulière qu'on trouvera les détails que nous croyons devoir faire connaître. Le nombre de ces subdivisions est assez considérable, et nous les indiquerons sous la dénomination de tribus. 1e section (Curculionides, Blanch.), comprenant de nombreuses espèces, chez lesquelles les an- tennes sont insérées vers l'extrémité du rostre, avec le premier article long, soudées après ce pre- COLÉOPTÈRES. 22) Uyi muer article, et dont le rostre est court, peu arqué; dix tribus, celles des : Brachycérides, Curcu- lionides ou Entimides, Pachyrhynchides, Polydrusides où Brachydérides, Cléonides, Hylobides, Byrsopsides, Phyclobides, Cyclomides et Otiorhynch: 4% tribu, Bracaycéripes, à antennes courtes, [o'tes, peu ou pas coudées, de neuf articles : massu petite, presque solide, spongieuse à la base, formés “isiblement des deux deniers articles anten- naires, mais pouvant probablement en comprerdre davantage; rostre très-souvent court, infléclu, droit dans quelques cas, épais; corps court, ovalaire, arrondi, dur, aptère. Ces Cureulioniens, dont on connaît plus de deux cents espèces, sont généralement de taille moyenne, de couleur grisâtre ou noirâtre, et sont surtout répandus dans les diverses parties de l'Afrique, quoique quelques-uns se rencontrent aussi sur le périple de la Méditerranée en Europe. Tous recherchent les endroits les plus chauds, principalement les sables des bords de la mer. Leurs mœurs sont très-peu connues, et les larves d'aucun d’entre eux n'ont été décrites. Trois genres seulement entrent dans cette tribu. Genre principal, BRACHYCÈRE, Brachycerus, Fabr., à antennes arquées, insérées sur le milieu du rostre dans un canal arqué : massue petite, solide, obtuse, presque pointue à l'extrémité; rostre épais, penché; yeux oblongs; corps ovaluire, épais, très-convexe, souvent rugueux et tuberculeux; pattes fortes, peu allongées; tarses forts, à dernier article allongé, muni de deux crochets. Schœæn- herr indique cent soixante-treize espèces de ce genre, surtout propres au cap de Bonne-Espérance, à la Cafrerie, à diverses contrées australes, moyennes et septentrionales de l'Afrique, à l'ile de Ma- dagasear, ete , et dont quelques-unes, mais plus petites que les autres, se rencontrent dans le midi de la France : tel est, parmi ces dernières, le Brachycerus Algirus, à corps court, noir, couvert d’une poussière cendrée et de soies brunes; à rostre sillonné; tête déprimée, avec les sourcils peu élevés; corselet épineux sur les côtés, très-sillonné et tuberculé; élytres ayant chacune une triple série de tubercule soyeux : des bords de la Méditerranée. Les Brachycères, privés d'ailes, marchent avee une grande agilité, surtout sous l’action des rayons solaires de la zone torride. Les deux autres genres sont ceux des : Proromanris, Schœnh., à antennes très-courtes, fortes, un peu arquées, épais : le dernier article très-court : massue un peu solide, à base obliquement tronquée : une espèce (Dregei) du cap de Bonne-Espérance, — Microcenus, Gyllh., à antennes courtes, un per arquées, avec le premier article court, presque conique; funicule à articles transversaux; massue petite, pointue, de quatre articles, ete., une dizaine d'espèces, principalement du cap de Bonne- Espérance, et dont le type est le Br'achycerus retusus, Fabr. 2 tribu, Cureurronipes ou Exrnupes, à rostre très-court, infléchi, épais, parfois difforme. Cette tribu ne comprend qu’une dizaine de genres, tous, à l’exception d’un seul, peu nombreux en espèces. Ce sont des Insectes de taille moyenne ou assez grande, presque toujours parés de bril- lantes couleurs, et parfois même de belles teintes métalliques. On n’en connaît pas en Europe; l'A- mérique méridionale est surtout riche en espèces, et d’autres sont propres à l'Afrique, à l'Asie et à l'Océanie. Leurs mœurs et leurs métamorphoses sont inconnues. Schænberr leur applique le nom d'Entimides, tiré du nom du genre principal, celui des Entimus; mais, à l'exemple de M. É. Blan- chard, nous croyons préférable de les indiquer sous la dénomination de Curculionides, parce que, ne voulant pas faire disparaître de la science le nom linnéen de Curculio, nous nous en servons, comme Fabricius, Olivier, Latreille, ete., à la place de celui d’'Entimus de Germar et de Schænherr. A. Espèces à corps ailé, scutellé; jambes dans la plupart proéminentes latéralement, acuminées, obtusément anguleuses dans quelques-unes. Le genre typique est celui des CURCULIO, Linné, Latr., Blanch., où ENTIMUS, Germ., Schœnh., à antennes médiocres, assex fortes, manifestement coudées, avec les premiers articles du funicule un peu plus longs que les précédents, obconiques : massue allongée, légèrement conique; rostre court, épais, anquleux, un peu épaisse à la base; yeux souvent arrondis, parfois proéminents; corselel oblong, beaucoup plus étroit que les élytres, canaliculé en dessus; élytres amples, presque trianqu- laires; pattes fortes, assez longues, avec les cuisses renflées au milieu, et les jambes droites, inermes, seulementun peu dilatées à l'extrémité; corps oblong, ovalaire, épais. atténué en arrière, c? 28 21: HISTOIRE NATURELLE. ailé. Pour Linné, le genre Curculio renfermait presque toutes les espèces de la famille que nous passons en revue; aussi a-t-il dû être très-considérablement restreint, et, tel que nous venons de le caractériser, il ne comprend plus que cinq espèces, toutes de l'Amérique méridionale, et que la plupart des entomologistes indiquent sous la dénomination d'Entimus. Ges Insectes, tous magni- fiques par l’éclat de leurs couleurs, dans lesquelles l'or et l'argent jouent un grand rôle et sont mélangés à des teintes éclatantes blanches, vertes ou bleues, sont les C. splendidus, Fabr.; imperia- lis, Fabr.; nobilis, Oliv.; granulatus, Linné, et dives, Oliv. : le plus commun de tous, qui habite le Brésil, où il est abondant, et l'imperialis, à corps ovalaire, convexe, noir; à corselet ayant une ligne dorsale imprimée d’un vert argenté et les côtés un peu rugueux, couvert d’écailles d’un vert doré; élytres régulièrement ponctuées et striées, les points couverts d’écailles d’un vert doré, avec les intervalles étroits, dénudés On réunit souvent à ce genre plusieurs espèces placées avec les Cyphus. D'autres genres sont ceux des : Ruiçus, Dalm., à pattes longues; jambes antérieures souvent ar- quées, munies à l'extrémité d'une forte dent : une douzaine d'espèces de l'Amérique du Sud, parées de belles couleurs, quoique souvent uniformes. — Cypraxenus, Schænh., groupe différant peu du précédent, et renfermant également des espèces américaines. — Porvreces, Schœnh. (Polydius, Schœnh., olim), à antennes très-longues, gréles, un peu brisées, avec les articles du funicule obco- aiques, presque égaux : massue allongée, mince, acuminée à la base : deux espèces brésiliennes. — Paæprorus, Schænh., à antennes médiocres, un peu gréles, le premier article épais, atteignant les yeux, premier article du funicule court, très-épais, second plus long, troisième à septième courts, un peu coniques : un petit nombre d'espèces de l'Amérique du Sud. B. Espèces à corps aptère; écusson très-souvent non visible; jambes un peu arrondies. Le genre principal est celui des HIPPORHIS, Billb., ou HIPPORHINUS, Schænbh., à antennes très- longues, un peu grèles, premier article épais, dépassant souvent les yeux : premiers articles du funicule très-longs, les autres, au contraire, très-courts, tous ovalaires : massue oblonque, ovalaire; rostre allongé, plus épais à la base; yeux ovales, déprimés; écusson nul ou très-petit; élytres oblongues, ovaluires, dures, ruqueuses : les espèces de ce genre sont toutes plus ou moins allongée et de teintes souvent noirâtres, avec quelques dessins ayant d’autres nuances; on en connaît beau- coup, car Schœænherr en indique soixante-dix-neuf, presque toutes propres à l'Afrique australe, principalement à la Cafrerie et au cap de Bonne-Espérance, ct dont quelques-unes seulement pro- viennent de la Nouvelle-Hollande : le type est V'H. sex-vittatus, Fabr., du Cap. Schœnberr place encore dans la même subdivision ses genres : Srenorarsus, ne renfermant que deux espèces de l'Afrique australe. — AnrsazLus, une espèce (tuberosus) de la Nouvelle-Ilollande. — Evirryxeuvs, une espèce (arqus) du cap de Bonne-Espérance. ” Fig. 197, — Br'achycerus oculatus. Fig. 198. — Curculio où Entimus Fig. 199.— Pachyrhynchus profanus. splendidus. 3e tribu, PACHYRHYNCHIDES, à rostre très-court, épais, infléchi, très-souvent anguleux, tendant à s’épaissir davantage vers la base. COLÉOPTÈRES. 219 Cette division renferme une assez grande quantité d'assez jolies espèces répandues dans toutes les parties du monde, mais surtout abondantes à la Nouvelle-Hollande, et, au contraire, rares en Eu- rope, où l'on n’en a guère signalé que de deux groupes génériques. On ne connaît l’histoire des métamorphoses d'aucun d’entre eux. Schænherr y admet une vingtaine de genres. A. Espèces à écusson très-petit, à peine distinct ou non appréciable. Le genre qui a donné son nom à la tribu est celui des PACHYRHYNCHUS, Germ., à antennes courtes, fortes : massue ovalaire, formée d'articles peu distincts; rostre court, épais, anguleux; yeux arrondis, un peu conveæes; corselet oblong; écusson excessivement petit, trigone; élytres ova- laires-globuleuses, légèrement convexes : genre nombreux; type, P.moniliferus, Eschs., jolie espèce de Manille, d’un beau vert, avec des points dorés arrangés en séries. — Erichson en a distingué un genre Arocyrrus, chez lequel les antennes sont longues, très-épaisses, à massue allongée-ovalaire, presque solide : quelques espèces assez semblables au Pachyrhynque à collier, et particulières à Ma- nille, aux îles Philippines, à la Nouvelle-Guinée, ete. Quelques autres genres, plus voisins des Hipporhines de la tribu précédente, sont les suivants : Somaropes, Sch., à antennes médiocres, fortes, avec la massue ovalaire-acuminée : une espèce (mi- sumenus) du Cap. — Cuernus, Dalm., à antennes longues, qréles, avec le premier article formant presque la moitié de leur longueur; pattes antérieures plus grandes que les autres : groupe parti- culier à la Nouvelle-Hollande. — Poryruranes, Schænh. — Srexocorwnus, Schœnh. — Carascopus, Schœnh., tous les trois du même pays que les Cherrus, et également formés de peu d'espèces. — Opuryasres, Germ., comprenant quatre espèces de l'Amérique du Sud. — Grarnorminus, Schænh., une espèce de l'Amérique boréale, et l’autre de Mexico. — Anacanraus, Say, une seule espèce (pal- Lidus) de l'Amérique du Nord. — Hoonxenus, Schænh., deux espèces de Madagascar. —- Syzycors, Schænh., deux espèces (cyclops et hystrix) de l’île de France. Enfin un genre européen, mais propre aux contrées les plus voisines de l'Asie, et qui se rapporte à la même division, est celui des PSALIDIUM, Illiger, à antennes médiocres, épaisses : massue ovalaire, quadriarticulée; mandibules saillantes, arquées; pattes fortes, à cuisses renflées et à jambes dilatées à l'extrémité : l'espèce typique est le P. maæillosum, Fabr., qui a un habitat assez étendu, depuis l'Autriche et la Hongrie jusqu’en Perse et dans l’Asie Mineure. B. Espèces à écusson distinct. Le genre le plus nombreux est celui des DERACANTHUS, Schænh., à wntennes courtes, fortes : massue ovalaire; rostre court; yeux déprimés; corselet transverse; écusson triangulaire; élytres subovalaires; pieds médiocres, épais : quelques espèces de la Tartarie, de la Mongolie et des bords de la mer Caspienne, et dont la principale est le D. spinifex, Fabr. — Un autre genre du Caucase et de la Turcomanie, est celui des Homazormnus, Schœnh. — Enfin des genres exclusivement propres à la Nouvelle-Hollande, sont ceux des : Prosrowus, Dalm.; Perimacueres, Schœnh.; Ruysco- carrus, Schænh., et Prosacceus, Schœnh. 4 tribu, Pozyorusipes, ou BracuynÉéripes, à rostre plus ou moins long, presque horixontal, de la longueur de la tête. Les Cureulioniens de cette tribu sont beaucoup plus nombreux en espèces que ceux des tribus précédentes. Leur taille est assez variable, mais presque toujours petite ou moyenne. On les trouve - sur les plantes basses, sur les feuilles, et parfois sur ou sous les écorces des arbres. Ils habitent toutes les parties du monde, et ne sont qu’exceptionnellement parés de brillantes couleurs; car presque tous, et surtout ceux de l'Europe, ont des teintes sombres, noires ou grisàtres. L'histoire de leurs métamorphoses est bien peu avancée, et l’on n’a quelques détails, encore bien incomplets, que sur les larves de deux espèces du genre Polydrusus; MM. Kollar et Ratzeburg pensent que les larves du P. oblongus vivent en terre aux dépens des racines de divers végétaux; et M. Bouché, qui a fait connaître la larve du P. cervinus, rapporte qu'il l'a trouvée à l'extrémité des rameaux du chône, entre les jeunes feuilles des bourgeons qu’elle tient rapprochées les unes des autres, et il ajoute qu'au moment de se métamorphoser elle s'enfonce en terre, et paraît au printemps suivant sous forme d'Insecte parfait. Un des genres principaux de celte division est celui des THYLACITES, Germ., à antennes médiocres, 220 HISTOIRE NATURELLE. épasses ou assez gréles, poilues, à premier et second articles du funicule presque coniques, tandis que les autres sont arrondis : massue oblonque-ovalaire, acuminée; rostre très-court, très-large, épais; yeux arrondis, plus où moins proéminents; corselet très-souvent transverse; pas d'écusson; élytres oblongues-ovalaires, convexes; corps peu allongé, arrondi. Ce groupe, jadis très-nombreux en espèces, mais dans lequel on n’en place plus aujourd’hui qu'une douzaine, comprend des In- sectes assez petits, grisètres, presque ovalaires, surtout propres au midi de l'Europe, et dont on a retrouvé quelques types dans l'Amérique boréale ainsi qu'au cap de Bonne-Espérance : le type est le T. fritillum, Panz., que l’on prend assez fréquemment dans le midi de la France. — Des genres qui en diffèrent assez peu, et qui, parfois, ne sont considérés que comme de simples sous-genres, sont les suivants : Gneonminus, Schænh., à corps plus court, ete., des diverses parties de l'Europe: type, C. geminatus, Fabr., de France. — Srropuosonus, Billb., à antennes plus longues, plus gréles; rostre moins large : une quarantaine d’espèces des diverses parties de l’Europe, de l'Afrique australe, du Bengale, ete. : type, $. coryli, Fabr., assez commun dans nos environs. — Scraruicus, Schænh., à premier article antennaire court; rostre long; yeux proéminents : une douzaine d'espèces, toutes européennes, sauf une qui est brésilienne: type, S. muricatus, Fabr., de l’Europe moyenne et mé- ridionale. — Praryransus, Schænh., à tarses très-élargis, ete., une espèce (setiger, Meg.) d'Autriche. Quelques genres, étrangers à l’Europe et un peu plus distincts des Thylacites, sont les suivants : Cazvprops, Schœnh., une espèce (granosus) de l'Afrique australe. — Prosopraroneres, Schœnh., du Cap. — Dermarones, Schœnh.,une douzaine d'espèces, principalementde l’île de Java.— PLarvcores, Dalm., une dizaine d'espèces de l'Afrique australe. — BLosynus, Schænh., quelques espèces du Cap, du Bengale et des Indes orientales. — Mesrorus, Schænh., une espèce (adumbratus) de Mexico. — Macrosryzus, Schœænh., une espèce du Brésil. — Cyrrops, Schænh., une espèce de l'ile de Johanne. — Prorcres, Schænbh., une espèce (hirtipennis) de la Guinée. — Corrcerus, Schænbh., une espèce (setocus) de Mexico. — Herpysricus, Germ., une espèce de l’île de Ténériffe. — Ancrrrus, Schœænh., type unique, alutaceus, Erichs., du Pérou. Un genre européen, plus distinct des précédents, est celui des BRACHYDERES, Schænbh., à an- tennes grèles, longues : massue grêle; pattes très-longues, avec les cuisses un peu renflées : une douzaine d'espèces, dont l’habitat est très-étendu, car plusieurs sont propres à l'Europe (type, àr- canus, Linné, que l’on rencontre partout), et d’autres ont été signalées en Arabie, en Chine, ete. — Le genre Prazomius, Schœnh., propre à la Chine, en est voisin. On en éloigne davantage les Eusomus, Germ., assez grands, blanchâtres ou verdâtres, avec des lignes brunes ou noires, à corps oblong, tronqué à la base et à l'extrémité : une dizaine d’espèces, toutes européennes, et dont la plus connue est l'E. ovulus, Illiger. — Panromonus, Schænh., une espèce du Mexique. Le genre NAUPACTUS, Meg., placé par les auteurs après les précédents, est très-nombreux en es- pèces, car on en décrit plus de cent cinquante, presque toutes spéciales à l'Amérique méridionale : ces Insectes ont pour caractères génériques : antennes très-gréles, souvent très-longues, parfois de médiocre longueur, à premier article épais, dépassant les yeux : massue allongée; rostre court, plan en dessus, canaliculé au milieu; yeux arrondis; élytres oblonques ou brièvement ovalaires; pattes antérieures allongées, fortes; corps oblong ou ovaluire, très-souvent ailé, parfois aptère, de médiocre grandeur : comme espèce typique nous citerons le N. longimanus, Fabr., à corps allongé, ovalaire, noir, couvert de petites écailles d’un vert argenté; corselet marqué d’une ligne transver- sale à sa partie antérieure, et de deux taches postérieurement, couvertes d’écailles dorées; élytres avec une tache latérale et l'extrémité d'un vert argenté plus clair : habite le Brésil. — Les PLecrro- pHorUs, Schœnh., se distinguent surtout des Naupactes par le deuxième article des antennes de la longueur du troisième; les jambes intermédiaires armées vers leur extrémité d'une longue épine : quelques espèces également américaines. — On en rapproche aussi les genres suivants, des mêmes pays que les précédents, et tous créés par Schœnherr : Panropcanes, Eurymeropus, MEGaLosTyLus, AMPHIDÉRITES, ÉPAGRIUS. — Quant au groupe des Sricmarracnezus, Schœænbh., qui offre aussi quelque analogie avec ceux qui précèdent, il est formé d’une quinzaine d'espèces, toutes propres à la grande île de Madagascar. On doit placer ici une série assez nombreuse d'espèces. Les unes américaines, et qui constituent plusieurs groupes génériques, tels que ceux des : CYPHIUS, Schænh., à antennes à premier article COLÉOPTÈRES. 291 un peu renflé; pattes fortes, avec les jambes antérieures arquées, ete. : une trentaine d’espèces, de taille moyenne, avec le corps ovalaire, allongé, presque toutes de l'Amérique méridionale, et dont le type est le C. gibber, Fabr., à corps noir, entièrement couvert d’écailles blanches très-denses : habite communément le Brésil. — Hanropus, Schænh., type, albiceris, Germ., du Brésil. — Prarvo- us : plus de cinquante espèces, jadis réunies aux Cyphus, propres à l'Amérique du Sud, et dont le P. cultricollis, Germ., est le type. — Oxvoerces, Schænh., groupe peu nombreux : type, crelaceus, Fabr., de la Guadeloupe et de la Martinique. — Æruermus, Chevr., une espèce (aurichalceus) de l’intérieur du Brésil. — Les autres, pour la plupart asiatiques ou africaines, et constituant les genres : Hypoueces, Schænh., de Java, de Timor, des Indes orientales et de la Chine : type, rustieus, Fabr. — Dercopus, Schœnh., une espèce (denticollis) des Indes orientales. — Axæmerus, Schænh., quelques espèces du Sénégal, de la côte de Guinée et de Madagascar. — Armeronyeuvs, Schœnh., deux espèces du Bengale. — Poryczæis, Bohem., des espèces de Cafrerie, de Nubie, de Madagascar et du Bengale. C’est à côté de ces groupes que vient se ranger un genre presque cosmopolite, mais renfermant surtout beaucoup d'espèces de l'Europe du Nord, des contrées orientales de l'Asie, de l'Amérique septentrionale et de diverses parties de l'Afrique : ce genre est celui des TANYMECUS, Germ., à an- tennes médiocres, un peu gréles : massue oblonque, ovalaire, acumanée; rostre court, épais; pattes très-longues, à cuisses très-renflées; jambes cylindriques, mutiques; corps oblong, ailé, de moyenne ou de petite grandeur : une soixantaine d’espèces, dont la plus connue est le P. palliatus, Fabr., petit, noir, avec des poils et de petites écailles, ainsi que le dessus de couleur brune, le dessous et les côtés couverts d’écailles d’un gris blanchâtre : habite toute l'Europe.— Viennent ensuite, d’après Schænherr, les genres, tous exotiques, créés par lui, et ne comprenant chacun qu’une seule ou deux espèces, des : Puacepaonus, de la Chine boréale; Paospuerares, de Sumatra; Asryeus, du Ben- gale; Bracuvaspisres, des Indes orientales; Lissorninus, de Sierra Leone; Prorenomus, de Mongolie, Anripus, des îles américaines, et qui a l’aspect du genre européen suivant: — SITONA, Germ., Latre (Sitones, Schænh.), à antennes très-courtes, un peu ténues, à premier article en massue : celle-ci, mince, ovalaire; rostre court, un peu linéaire; yeux arrondis; élytres oblongues, tronquées à la base, légèrement arrondies à l'extrémité; corps allongé, ailé : on indique plus de soixante-dix es- pèces de ce groupe, toutes petites, de couleurs sombres, propres à l’Europe, à l'Asie et à l'Amérique boréale : nous en possédons plusieurs dans nos environs, et, parmi elles, nous citerons seulement le Sitona lineatus, Fabr., qui, dans certaines circonstances, est très-nuisible aux pins sauvages. — Des genres exotiques qui se rapprochent un peu des Sitones sont les suivants : Mesacrorcus, Schœnh., deux espèces du Caucase et du mont Taurus. — Sineropacryzus, Schœnh., quelques espèces du Sé- négal. — Iscunorracuerus, Schænh., une espèce du Sénégal. — Hanromerus, Schænh., une dizaine d'espèces de l'Amérique du Sud. — Panpezereius, Schænh., de l'Amérique boréale et du Mexique, — Porvpasrus, Klug, une espèce de Cuba (modestus, Dej.) et une (depressifrans, Chevr.) de Vera- Cruz. — Anvroracrus, Schœnh., une espèce (exilis, Klug) de Colombie. — Gecraces, Schœnh., une espèce malgache.— Eucnaruus, Schœnh., deux espèces de Java et de Siam. —Caracuænus, Schœnh., une espèce de Manille. — Euvracocus, Schœnh., quelques espèces brésiliennes ou mexicaines. — Pororuyneuus, Schœnh., ne comprenant que le seul P. labeonis, de Buénos-Ayres. — Eurysaces, Schœænh., une espèce du Brésil. — Promecors, Schænh., une trentaine d'espèces de l'Amérique méridionale. — Exopuruazmus, Schœnh., une dizaine d'espèces du même pays que celles du groupe précédent. — Drarrepes, Schœnh., une vingtaine d'espèces d'assez grande taille, également américaines, et placées pour la plupart dans le genre Pelydrusus par Germar.— Prærones, Schænh., groupe à peine distinct de celui des Diaprepes, assez 5 #breux, des mêmes contrées, et surtout de la Guadeloupe et de la Martinique. — Trorruinus, Scheh., une espèce (affaber) du Brésil. — Eusrazes, Schœnh., joli genre de l'Amérique du Sud, abonJant en espèces, et auquel on doit joindre l’ancien genre Prarvomus de Schænherr. — Porycouus, Schœnh., une espèce brésilienne (lanuginosus, Chevr.). — Prisorus où Lacunorus, Schænh., une trentaine d'espèces de différentes parties de l'Amérique, principalement de la Martinique et de Cuba. — Prarvarisres, Schænb., quel- ques espèces, toutes propres au Chili. — Eurivia, Cast. (Apolomus, Sch.; Apotomoderes, Mann.), une espèce de Saint-Domingue.—Craropus, Dalm., une trentaine d’espèces des iles de France et de Bourbon, ainsi que des Indes orientales. — Macnoprerus, Bohem., quelques espèces du Brésil. — 299 HISTOIRE NATURELLE. Pacuæus, Sch., quelques espèces propres à plusieurs parties de l'Amérique. —Exmvus, Sch., quatre espèces brésiliennes. — Sezerococcus, Sch., une espèce (granulatus) du Brésil. — Eunws, Sch., deux espèces de l'Amérique du Sud. — Gxxors, Dalm., une dizaine d'espèces de la Nouvelle-Iol- lande. — Gonrrenus, Sch., du même pays que le précédent, et en même nombre pour les espèces. — Diasararanius, Sch., deux espèces du cap de Bonne-Espérance. — Creruaratces, Sch., deux es- pêces, l’une de Saint-Domingue et l’autre de Cuba. — Harrorus, Sch., deux espèces propres au Brésil. — Leprosomus ou Riraninosomus, Sch., ayant pour tvpe et espèce unique l'acuminatus, Fabr., de la Nouvelle-Zélande. — Porornonus, Sch., du Cap. — Erepsnus, Sch., une espèce du Brésil ; — Georracus, Sch., une seule espèce de l'Himalaya, ete. — Un autre groupe, qui n’est plus rangé dans la même tribu, est celui des Taxsos, Sch., ayant pour type et espèce unique l’Apion sanguineum, Thunb., des Indes orientales. Enfin nous terminerons la longue énumération des groupes de cette tribu en disant quelques mots de quatre genres essentiellement européens. Genre CHLOROPHANUS, Dalm., à antennes courtes, derniers articles petits : massue ovalare, pointue; rostre court; yeux petits; corselet oblong; écusson petit; élytres ovalaires; pattes longues, à jambes antérieures courbes, terminées par un crochet; corps ovalaire, oblonq, ailé : Insectes sou- vent hérissés de poils, et généralement de couleur verte, dont on a décrit une vingtaine d'espèces propres à l’Europe méridionale, à l'Allemagne, à la Hongrie, au Caucase, à la Sibérie, etc., et dont le C. viridis, Linné, commun dans toute la France, et même dans nos environs, est le type. Cette espèce, petite, est noire, avec le dessous et les côtés couverts de petites écailles d’un jaune verdâtre, avec beaucoup moins d'écailles verdàtres en dessus et des poils aplatis, grisätres. Une autre espèce, également parisienne, est le C. inermis, Sch. Fig. 200. —- Chlorophanus viridis. Fig. 201. — Cyplus illustris. Fig. 202. — Polydrusus micans. Genre POLYDRUSUS, Germ. (Polydrosus, Sch.), à antennes lonques, gréles, à premier article renflé : massue allongée, ovalaire; rostre court, épars, presque plan en dessus; yeux arrondis; corselet à peu près transversal; écusson petit, arrondi; élytres oblongues, pointues à l'extrémité; pattes presque droites, un peu comprimées : les postérieures légèrement dilatées vers l'extrémité; corps allongé, ailé. Une cinquantaine d'espèces sont actuellement rangées dans ce groupe; elles se trouvent en général dans toutes les parties de l’Europe, aussi bien dans les contrées méridionales que dans les tempérées et dans les septentrionales : un petit nombre d’entre elles ont été signalées en Asie et même en Amérique; toutes sont assez petites, verdàtres ou brunàtres, et se rencontrent sur les plantes basses ainsi que sur les feuilles des arbres, où, parfois, par leur grand nombre, elles font du mal à la végétation. Nous citerons deux espèces de toute l’Europe, et qui ne sont pas rares dans nos environs, ce sont les : P. nudatus, Fabr., à corps allongé, noir, couvert de petites écailles d'un gris argenté; antennes et pattes rousses; élytres avec trois bandes transversales revêtues d’é- cailles brunes, et micans, Fabr., à corps noir, avec de petites écailles étroites, couleur de feu doré; antennes et pattes rousses; élytres gibbeuses en arrière. Genre SCYTHROPUS, Sch., groupe que l’on réunit parfois au précédent, dont il se distingue ce- pendant par ses antennes gréles, à premier article conique, et les autres devenant insensiblement Pig. 1. — Authribus maculatus Fig. 2 Phyllocaris cyanitarsis Fig. 3. — Archarias longipes Fig. 4. — Chrypthorhinus striga Fig. 5. — Larinus maculatus LIOS He #4 À à LES NS MS CPR AL P. M Eh: Dal VA DRE - COLÉOPTÈRES. : 293 plus courts; par son rostre très-court, épais; son front large, convexe, et son occiput long. Une seule espèce, le Curculio mustella, Herbst, à corps noir, couvert d'un duvet gris; antennes et pattes d'un brun ferrugineux; élytres brunes, avec des taches blanchâtres : habite l'Allemagne. Genre MÉTALLITES, Sch., à antennes courtes, épaisses, avec le premier article s'étendant au. dessus des yeux, épais, en massue : celle-ci, oblonque, ovalaire, pointue à l'extrémité; rostre court, cylindrique; yeux petits, arrondis; corselet court, cylindrique; écusson arrondi en arrière; élytres allongées, un peu convexes; pattes à cuisses peu renflées, à jambes arquées et légèrement dilatées à l'extrémité, et à tarses spongieux en dessous; corps allongé, ailé, assex mou. Une dizaine d'espèces, un peu plus petites que les Polydrusus, propres à diverses parties de l’Europe, principalement à la France et à l'Allemagne, et dont le type est le M. ambiquus, Sch., que l'on prend parfois aux envi- rons de Paris. Cet Insecte est assez petit; son corps est oblong, d’un noir brunûtre, avec de petites écailles étroites d'une coloration d’un gris blanchâtre; antennes et pattes jaunâtres; corselet oblong; éeusson court, large, tronqué; élytres distinetement ponetuées et striées. 5° tribu, CLéonines, à rostre penché ou infléchi, très-épais, très-long, cylindrique dans le plus grand nombre des cas, rarement un peu anquleux, très-souvent épaissi vers l'extrémité; sillons an- tennaires placés sous les yeux. Cette tribu, moins étendue que la précédente, comprend encore un assez grand nombre d'espèces, propres à toutes les parties du monde, mais surtout à l'Europe, et réparties, selon Schænbherr, en une quarantaine de genres. Ce sont des Curculioniens de taille moyenne, à corps généralement allongé, assez robuste, à rostre long, fort, et que l’on trouve soit à terre, soit sur les plantes, soit sur lestrones d'arbres ou sous leurs écorces. Les métamorphoses des Cléonides sont très-peu connues, quoique les moyens d'étude soient largement placés sous nos mains. C’est encore une lacune à combler. Les larves doivent vivre dans nos bois, et faire du mal à nos arbres. Fig 205. — Cleonis aibipes. Fig. 20%. — Tanymechus palliatus. Le genre typique, dont la division tout entière a tiré sa dénomination, est celui des CLEONES, Cleonis, Meg., Dej., ou Cleonus, Sch., Steven, ayant pour caractères : antennes courtes, de gros- seur moyenne, à premier article n'atteignant pas les yeux, le premier du funicule conique, un peu plus long que les suivants, ceux de deux à six courts, resserrés, le septième épais, serrés contre la massue : celle-ci oblongue, ovalaire, pointue; rostre court, épais, souvent canaliculé en dessus; yeux oblongs; corselet conique; écusson petit, triangulaire; élytres allongées, arrondies ou pointues à l'extrémité; pattes courtes, à cuisses antérieures un peu renflées et mutiques, avec les tarses élargis; corps oblong, pubescent, dur, de moyenne grandeur, presque toujours ailé, rarement aptère. On connaît plus de deux cents espèces de ce genre, toutes sont propres à l'ancien continent, et surtout répandues dans presque toute l'Europe et dans quelques parties de l'Asie. Ce sont des In- sectes à corps allongé, souvent bombé, qui se trouvent habituellement à terre dans les endroits chauds et arides. Parmi nos espèces parisiennes nous indiquerons les C. glaucus, Fabr., à corps noir, couvert d’un duvet gris brunâtre; élytres acuminées, profondément striées et ponctuées; rostre caréné; sulcirostris, Linné, à corps noir, couvert d’un duvet épais, grisâtre, élytres ayant des points, des stries et des bandes obliques sans duvet; rostre offrant trois sillons égaux; cinereus, Fabr., à corps brunâtre; antennes noires, avec l'extrémité de la massue grisätre; corselet lisse, cendré, avec 294 HISTOIRE NATURELLE. trois larges bandes brunes; élytres grisètres, avec la suture brune; rostre court, cendré, avec une ligne médiane, peu élevée. — Schœnherr avait créé, sous le nom de Boraynoneres, un genre qui ne diffère du précédent que par ses antennes à troisième article deux fois plus long que le deuxième, et par son corselet impressionné à la base; mais il l’a abandonné dans le supplément de son ou- vrage, et en a compris les espèces parmi les Cleonis. — Des genres plus distincts sont ceux des : Pacaycerus, Gyllh., à antennes très-courtes, épaisses, avec les articles deuxième à huitième très- courts : massue en fuseau; rostre court, épais, anguleux, inégal, impressionné en dessus : quelques espèces européennes (type, scabrosus, Dej., du midi de la France), et d’autres de la Perse, du cap de Bonne-Espérance, ete. — Cunysaropnus, Germ., une magnifique espèce (splendidus, Fabr.) de la Nouvelle-Hollande. — Preconarmnus, Sch., quatre espèces du même pays que le groupe précédent. — Arexpus, Sch., encore des espèces de la Nouvelle-Hollande. — Lopuorus, Sch., des espèces essen- üellement du Chili. — Peroces, Sch., du Brésil. — Caramonus, et Terarorus, Seh., du Cap, ete. Un genre plus intéressant, en ce qu'il renferme des espèces européennes, tout en en possédant d’autres du cap de Bonne Espérance, est celui des GRONOPS, Sch., à antennes courtes, épaisses, avec le premier article renflé à l'extrémité : massue épaisse, presque globuleuse; jambes droites; cuisses un peu renflées : le type est le G. lunatus, Fabr., à corps noir, couvert d’écailles serrées, d’un gris blanchâtre; se trouve dans toute l'Europe, et n’est pas très-rare dans le midi de la France. — Le genre PLasrorocus, Sch., qui a pour espèce unique le P. costatus, de Cafrerie, s’en rapproche con- sidérablement. Beaucoup d'espèces, toutes américaines, et ayant quelque rapport de forme avec les Cleonis, es- sentiellement européens, constituent les quatre genres suivants : — Hyesonorus, Germ., à antennes longues, gréles, avec lu massue très-petite; cuisses renflées; jambes cylindriques, crénelées en de- dans : une cinquantaine d'espèces assez grandes, de teintes sombres, et à peu près toutes prove- nant du Brésil. — Lonnors, Sch., à antennes gréles, avec la massue ovoide; cuisses mutiques, peu renflées; jambes presque droites, très-finement crénelées : une vingtaine d'espèces, de l'Amérique méridionale, un peu plus petites que les précédentes, et de couleurs plus brillantes. — Eunyrogus, Sch., groupe également de l'Amérique du Sud, peu nombreux, et parfois réuni au précédent. — Lisrnoneres, Sch., à antennes gréles, avec les articles turbinés; pattes longues; jambes cylindriques, un peu crénelées : plus de vingt espèces, tant de l'Amérique du Sud que de l'Amérique du Nord. — Les Ruyranosonus, Sch., du Cap, ont encore quelque analogie avec les genres précédents. On rapporte à la même tribu les genres suivants, entièrement européens ou ayant des représen- bats dans cette partie du monde. —ALOPHUS, Sch., à antennes moyennes, avec le premier article en masse atteignant les yeux : massue oblonque, ovalaire; rostre long, cylindrique, un peu renflé vers l'extrémité; pattes assez fortes, avec les jambes cylindriques, légèrement épaissies à l'extré- milé : les antérieures sinueuses; corps ovalaire, oblong, aptère : une dizaine d'espèces, principale- ment de l'Europe septentrionale et de la Sibérie, mais dont les espèces ont été signalées dans l'Amérique boréale et en Egypte; type, À. &riguttatus, Fabr., noir, avec trois taches blanches sur les élytres; de France. — Byrsopaces, Sch., à antennes très-courtes, épaisses; rostre un peu plus long que la tête; corps oblong, ovalaire : une espèce du Kamtschatka (villosus, Fald.).— Liorucæus, Germ., à antennes longues, très-gréles : massue oblonque, acuminée; rostre court, cylindrique; pattes longues, avec les cuisses renflées et les jambes dilatées et tronquées à l'extrémité; corps ova- laire, assez mou, aptère : une douzaine d'espèces toutes européennes; type, L. nubilis, Fabr., noir, couvert d'écailles serrées, grisâtres; élytres ponetuées et striées, marquées de plusieurs taches brunes; se rencontre auprès de Paris. — Barvnorus, Germ. (Merionus, Meg.), à antennes de qrandewr moyenne, assez grèles : massue ovale; rostre court, épais, presque cylindrique; pattes fortes, avec les jambes munies à l'extrémité d'un petit crochet : une dizaine d’espèces, qui se trouvent princi- palement sous les pierres dans les hautes montagnes de l'Europe; type, B. mercwrialis, Fabr., noir, arrosé de petites écailles d'un brun cuivreux; habite la France et même nos environs : une espèce (granulatus, Say) est indiquée comme de l'Amérique boréale et des Indes. — Troripuorus, Sch., groupe démembré du précédent, à corps subovalaire, convexe, un peu squameux, de médiocre yran- deur, ete. : quelques espèces surtout de l'Allemagne et de la Hongrie; type, globatus, Herbst. — Mixyors, Sch., à antennes courtes, épaisses; écusson nul; pattes fortes, simples; corps petit, ovalaire, allongé : une dizaine d'espèces de diverses parties de l’Europe; espèce principale, M. carinatus, tm COLÉOPTÈRES. 225 Linné, noir, couvert d'une poussière grise; élytres striées, ponctuées, avec des lignes élevées, tu- berculées; des environs de Paris. Les autres senres de Cléonides sont tous exotiques, tels sont ceux des: — Eupuorus, Guérin, des espèces de la Nouvelle-Guinée et d'Amboine. — Gronenus, Sch., près de vingt espères des mêmes pays, de l'Amérique, et dont une (ülætabilis, Sch.) proviendrait du midi de la France. — Srranca- Liopes, Sch., une espèce chilienne. — Lerrors, Sch., une vingtaine d’espêces de la Nouvelle-Hol- lande, et dont l’une cependant (tuberculifer, Hope) habite Valparaiso. — Pnypnus, Sch., de la Nouvelle-Hollande. — Limunus, Klug, de Madagascar. — Caropres, Sch., une espèce (obliquesi- gnatus) de la Nouvelle-Zélande. — Cararionus, Sch., du Cachemyr et des Indes. — Aupnipges, Sch., une espèce (nubilis) de Mexico. — Opoxrormnus, Sch., une espèce de la Perse. — Leprnopnorus, Kirby, une espèce remarquable par son habitat très-septentrional (lineaticollis) de l'Amérique bo- réale par 65° de latitude. — Eugzepnorus, Gay et Solier, quelques espèces du Chili. — Prreerus, Sch., quelques espèces d’Australasie. — Pauscorus, Sch., une espèce de l'Amérique boréale. —Mx- GALOMETIS, Sch. (Colobus, Chevr.), deux espèces du Ghili. — Errcærus, Sch., plus de vingt espèces du Mexique et de l'Amérique boréale. — Ruyrinoruzæus, Sch., de Madagascar. — Rasracres, Sch., une seule espèce (bituberculatus, Fabricius) du Brésil. 6e tribu, Mozvrines, à rostre très-long, couché, un peu arqué, presque cylindrique, légèrement épaissi dans quelques-uns; pieds mutiques ou armés d'un crochet à l'extrémité; corps ailé ou aptère. Moins nombreux que les Insectes de la tribu des Cléonides, et ayant avec eux assez de rapports, les Molytides renferment encore d'assez abondantes espèces réparties en une vingtaine de genres. Beaucoup d’entre eux habitent l'Europe, et les autres, qui sont plus rares, se rencontrent surtout en Amérique, en Afrique et en Asie; ils se trouvent tantôt à terre, tantôt, et leplus habituellement, sur les arbres. C'est parmi eux que l’on voit plusieurs des ennemis de nos forêts, principalement de celles des pins. Leur taille est assez grande, et leur forme est allongée, plus ou moins ovalaire; leur système de coloration est loin d’être brillant, et n'offre guère que des teintes assez sombres. Les mé- tamorphoses de plusieurs espèces sont connues. MM. Chapuis et Candèze ont fait connaître les larves du Plinthus caliginosus, Vabr., qui vivent dans le pin, et peuvent être prises pour type de toute la division : leur corps est court, légèrement rétréci en arrière, d'un blanc jaunâtre, et parsemé de quelques poils fauves; la tête est grosse, d’un brun rougeätre; le chaperon très-large, peu allongé; la lèvre supérieure fortement ciliée; les mandibules assez fortes, terminées par une extrémité très- large, inégale; mâchoires à lobe dépassant légèrement le premier article du palpe: celui-ci biarticulé; palpes labiaux également de deux articles; premier segment thoracique lisse, jaunâtre supérieure- ment; pas de pattes. Les transformations de l'Hylobius abietis, Fabr., ont été décrites avec beaucoup de soin par MM. Ratzeburg, Kollar, et surtout Ed. Perris, et Harris a dit quelques mots de celles de l'H. pales, Herbst; les Insectes de ce genre, de même que ceux du genre Pissodes, sur lesquels nous insisterons davantage, causent, à l’état de larve, des dommages considérables à nos forêts de Coni- fères, et ils peuvent, sous ce rapport, être placés sur la même ligne que les Xylophages; les femelles déposent leurs œufs dans les crevasses et les gercures des arbres, de telle sorte que les jeunes larves atteignent facilement les endroits où circulent les sues végétaux : elles se tiennent sous l’écorce qui recouvre le pied de l'arbre, son collet, ou les premières racines; creusent de vastes galeries flexueuses dans la couche corticale aussi bien que dans la couche ligneuse superficielle et baignée de sucs; quand l’époque de la première transformation s'approche, la larve, placée au fond de sa galerie, accumule de petits fragments de fibres pour en fermer l'entrée, et l’Insecte parfait, pour sortir, ronge circulairement l'écorce qui le sépare de l'air extérieur; quant à l’époque de la ponte, elle est variable, mais, pour le plus grand nombre, elle a lieu au printemps, quoique l’on trouve, à diverses époques, en même temps des Insectes parfaits, des larves adultes et d’autres moins avancées dans leur croissance : malgré cela, il est probable que ces Insectes parcourent toutes les phases de leurs métamorphoses dans le courant d’une seule année. Les larves et les mœurs de plusieurs es- pèces de Phytonomus ont été décrites : du rumicis, Linné, par de Géer, Latreille, MM. Th. Lacor- daire et Goureau; plantaginis, Linné, par de Géer; murinus, Fabr., par Heeger; pollux, Gyllh., et arundinis, Fabr., par M. Boie; et viciæ, Gyllh., par le même auteur, et surtout par M. Ed. Perris, auquel nous devons les meilleurs détails sur les premiers états de ces Insectes. Ces larves vivent co 29 296 HISTOIRE NATURELLE, à ciel découvert sur différents végétaux, dont elles dévorent les feuilles : elles sont couvertes, comme celles de plusieurs autres genres, d’une matière visqueuse, formant une couche mince sur leur corps entier : matière excrétée par un mamelon situé à la partie supérieure du segment terminal, et s'étendant de proche en proche par les mouvements de l'animal. Cette substance visqueuse, destinée à protéger la larve pendant sa croissance, lui sert encore pour fabriquer la coque où elle subira ses transformations. La coque, formée d'un réseau à mailles régulières, ressemble à une gaze grossière ou à du tulle : à l’époque de la métamorphose, la larve se fixe sur une feuille ou à l’aisselle d’un pétiole : alors, se recourbant fortement en arrière, elle saisit avec ses mandibules une gouttelette de matière visqueuse, puis, par des mouvements alternatifs de va-et-vient, elle forme un réseau, dont elle rétrécit successivement les mailles par l'addition de nouveaux fils. Parmi les genres à corps généralement aptère, quoique cela ne doive pas être pris à la lettre, le principal est celui des MOLYTES, Sch., à antennes courtes, épaisses, avec le premier article n'at- teignant pas les yeux : massue oblonque, ovale; rostre long, épais, convexe; corselet oblong; élytres ovalaires; pattes longues, à jambes un peu comprimées; corps épais, dur, ovalaire : ce groupe, formé aux dépens des anciens Rhynchænus et Curculio, ne comprend plus qu'un petit nombre d'es- pèces, toutes européennes, excepté une (funestus, Oliv.) du Cap; le type est le M. coronatus, Latr., noir, brillant, à élytres un peu tachetées de jaune : de France et de nos environs, où il est rare. — Taysigius, Sch., groupe au moins très-voisin du précédent, et propre à l'Europe orientale.— Axiso- Ruxnenus, Seb., qui peut être réuni aux Molytes, et comprend une dizaine d'espèces en général de l’Europe méridionale. — Lerosoma, Kirby, créé avec quelques Molytes, de l'Allemagne et de la Suisse. — Apexius, ayant pour espèce unique le Cryptorhynchus subterraneus, Dalm. (A. scrabipennis, Sch.), des Alpes de la Suisse. Le genre PLINTHUS, Germ., se distingue davantage des précédents, surtout par ses antennes de lonqueur ordinaire, fortes, avec une massue courte; son rostre allongé, court, légèrement arqué; ses élytres oblonques; ses pattes moyennes, à cuisses souvent dentées; et son corps oblong, ova- laire : une vingtaine d'espèces, de presque toute l'Europe, mais aussi, d'un côté, de l'Amérique boréale, et, d’un autre, de la Perse; type, P. caliginosus, Fabr., entièrement noir, du midi de la lrance. — On doit en rapprocher les genres suivants: Scorasmus, Sch., et Cycivprommnus, Guérin, qui chacun ne renferment qu’une seule espèce particulière à la Nouvelle-Hollande. — Macrorarsus, Sch., un petit nombre d’espèces des bords de la mer Caspienne, des monts Altaïs et de la Mongolie. — Puyrononus, Sch., groupe nombreux, car il renferme plus de cent espèces, qui sont répandues sur toute la terre, quoique plus communes en Europe que partout ailleurs : chez ces Cureulioniens, les antennes sont de grosseur moyenne, assez gréles : massue ovale; le rostre est deux fois plus long que la tête, un peu arqué; le corps est ovalaire ou oblong : ce sont des Insectes de teintes bru- nâtres, et dont une assez longue série d'espèces habite nos environs; telles sont les : P. dauci, Oliv., qui se trouve sur la carotte sauvage; polygoni, Linné, qui dévore les Polygonées; rumicis, l'abr., qui se nourrit de l'oseille des champs, etc. — Puocas, Stéphens, groupe européen peu nom- breux, démembré du précédent, et qui pourrait facilement y rentrer.— Coniarus, Germ., à antennes avec la massue allongée, étroite; le rostre long, droit, cylindrique; les élytres oblonques; les pattes assez fortes; corps allongé : cinq ou six petites et jolies espèces, surtout du midi de la France, et dont le type est le C. tamarisei, Fabr., de la Provence et de l'Algérie, à corps noir, couvert de pe- lites écailles d’un beau vert, et à élytres ornées de deux espaces cuivrés, de deux taches obliques blanches et de raies étroites noires; Coléoptère qui nous présente une particularité remarquable dans ses mœurs, comme nous le dirons. Dans les Molytides, à corps manifestement ailé, on range trois genres importants : LEPYRUS, Germ., à antennes courtes, de grosseur moyenne : massue oblongue, ovalaire; rostre allongé, cy- lindrique; écusson triangulaire; pattes médiocres, mutiques; corps oblong : cinq ou six espèces de l'Europe et de l'Amérique boréale; type, L. colon, Linné, noir, couvert d’écailles cendrées; élytres avec un point blanc au milieu : se trouve aux environs de Paris. — TANYSPHYRUS, Germ., à an- tennes assez grèles; pattes longues, avec les jambes cylindriques, munies d'une forte épine en de- dans, ete. : une seule espèce (lemnæ, Payk.) de la France, de l'Angleterre, de la Suisse et de l'Alle- magne. — HYLOBIUS, Germ., à antennes courtes, épaisses; pattes longues, avec les tarses à avant-dernier article bilobé : vingt à vingt-cinq espèces propres à presque toute l'Europe, surtout COLÉOPTÈRES. 297 dans les régions du Nord, à l'Amérique, tant au nord qu'au midi, et dont on a même signalé une espèce (guttatus, Sch.) à la Nouvelle-Hollande : plusieurs espèces, comme nous l'avons dit, font beaucoup de mal aux plantations d'arbres verts; parfois, sous des conditions atmosphériques parti- eulières, ces individus s’y multiplient d’une manière très-considérable, et causent la mort d’un grand nombre d'arbres; d'après cela, on comprend que l’Insecte doit suivre l'arbre qui le nourrit, et que dans le Nord, là où poussent si abondamment les Conifères, les Hylobius doivent être beau- coup plus abondants que dans nos pays tempérés, aux environs de Paris principalement, où leur culture est peu pratiquée; cependant l'espèce du pin, l’H. abietis, Fabr., se rencontre partout en Europe; c'est un Insecte de taille moyenne, à corps d’un noir brunâtre, couvert de poils jaunâtres; à corselet resserré à sa partie antérieure; élytres cancellées et striées, avec les intervalles très-ru- gueux et des taches couvertes de poils jaunâtres; cette espèce semble être remplacée, dans l'Amé- rique du Nord, par l'H. pales, Herbst; d’autres espèces, comme l’H. pineti, Fabr., attaquent cer- tains Conifères. Un dernier genre de cette tribu est celui des Cerurus, Sch., qui ne comprend que le C. torridus, Oliv., du Sénégal. à ar Fig. 205. — Coniatus tamarisci. Fig. 206. — Lepyrus colon. Fig. 207. — Rhytirhinus informis Te tribu, Bvrsoprsipes, rostre court, recourbé, recu dans une cavité plus où moins profonde de la poitrine; écusson très-petit ou très-souvent non visible; tarses de la plupart étroits, soyeux. Cette division, qui ne renferme guère qu'une centaine d'espèces surtout propres à l'Afrique aus- trale, mais dont quelques-unes se rencontrent cependant dans diverses autres parties de l'Afrique, dans le midi de l'Europe, au Caucase, en Asie, et même dans les deux Amériques, ne comprend, d'après Schænberr, qu'une dizaine de coupes génériques, qui pourraient même être réduites à un nombre moins considérable. Ce sont des Insectes de taille moyenne, peu brillants, et dont on ne connait pas encore les habitudes ni les métamorphoses. Le genre typique est celui des BYRSOPS, Sch. (Cryptops, Sch., olim), à antennes courtes, gréles, avec le premier article n'atteignant pas les yeux : massue grande, un peu ovalaire; élytres rudes émoussées à l'extrémité; pattes fortes, avec les cuisses cylindriques, mutiques, et les jambes droites; corps oblong, épais, tuberculeux, aptère : une trentaine d'espèces propres à la Cafrerie et au cap de Bonne-Espérance; type, bucellarius, Sch., noir, couvert entièrement d'écailles brunes, cendrées. — Ssvrnæcus, Sch., groupe des mêmes pays et peu différent du précédent. —Lrrnovus, Germ., qui s'en distingue davantage, et ne comprend qu'une espèce (humeralis, Say) de l'Amérique du Nord. — Euvaces, Sch., à antennes courtes, épaisses : massue peu sensible; corselet large; pattes à cuisses un peu renflées, jambes légèrement arquées : quelques espèces de l'Afrique australe. — Broruets, Stéph., une espèce peu connue (porcatus, Marsham) probablement de l'Afrique méridionale. On en rapproche des genres qui ont des représentants en Europe, tels que : — RHYTIRHINES, Sch., à antennes assez gréles, avec le premier article en massue, atteignant les yeux; rostre long, épais, anguleux; pattes courtes, fortes; corps oblonq, épais, dur, inégal, un peu arqué : qui, parmi ses vingt et quelques espèces, pour la plupart de la Cafrerie et du cap de Bonne-Espérance, en ren- ferme une d'Égypte (Lefebrei, Sch.), et deux ou trois d'Espagne et du midi de la France (tel est le R. impressicollis, Dej., de Provence). — Perieces, Sch., une espèce (bardus) du Caucase. Enfin les derniers genres exclusivement exotiques sont les suivants : —Bonsorocæres, Sch., espéce typique (squalidus) de la Perse. — Srarrecenus, Sch., des espèces du Cap.— Hyrocorosus, Sch., une 928 HISTOIRE NATURELLE. vinglaine d'espèces propres à l'Afrique australe. —Errrepus, Sch., une seule espèce (squamifer) de l'intérieur du Brésil. S° tribu, PuyrLoures, à rostre court, presque horixontal, plus ou moins épais; antennes avec le premier article arqué, plus long que la tête; jambes obtusément anguleuses; corps allongé, scutellé, ailé. Une douzaine de genres, tous assez peu nombreux en espèces, et propres à toutes les parties du monde, excepté à l’Australasie. Ge sont des Curculioniens de taille moyenne, assez peu remarquables par leurs couleurs souvent uniformes et peu foncées; se trouvant sur les feuilles des arbres et sur les plantes basses, et dont les métamorphoses ne sont pas connues. M. Nœrdlinger dit seulement qu'il pense que la larve du Phyllobius oblongus, Linné, forme des paquets de feuilles sur les rameaux du peuplier du Canada. Le genre typique et le seul européen est celui des PHYLLOBIUS, Sch., formé principalement avec des espèces anciennement réunies aux Polydrusus; ce sont des Insectes à antennes très longues, gréles ou fortes, avec le premier article atteignant presque le corselet, renflé vers l'extrémité : massue oblongue, arrondie ou ovalaire, acuminée; rostre court, presque cylindrique; yeux latéraux, arrondis, proéminents; corselet presque transversal; écusson triangulaire; élytres très-oblongues, arrondies à l'extrémité; cuisses renflées, offrant souvent une dent à l'extrémité; corps allongé, mou, écailleux, ailé. Une soixantaine d'espèces, qui habitent l'Europe, la Sibérie, les Indes orien- tales, la Chine boréale, ete.; parmi celles de nos environs, nous citerons les Phyllobius pyri, Linné, à corps noir, couvert de petites écailles étroites, d’un vert soyeux; argentatus, Linné, à écailles ar- rondies, d’un vert argenté; oblongus, Linné, à corps noir, couvert d'un duvet grisätre; betulæ, Fabr., à corps revêtu de petites écailles verdàtres, ete. Les autres genres, tous étrangers à l'Europe, sont les suivants : Myzrocerus, Sch., à antennes longues, gréles, avec le premier article plus long que la tôte; cuisses dentées, en massue : une vingtaine d'espèces de Java, de Pondichéry, de la Nubie, de l'Arabie, ete. (type, isabellinus, Sch., de Java). — Arrocenus, Sch., groupe se rapprochant du précédent, et ne comprenant que l'A. ru- fipes, mdiqué du Brésil, mais provenant probablement des Indes orientales. — Arurasrus, Sch., une espèce ({æniatus, Say) de l'Amérique du Nord. — Evsrvcus, Sch. : type, puber, Latr., de Co- lombie. — Honmorroruus, Sch., une espèce (awreomixtus) de Saint-Domingue. — Sryriseus, Sch., une espèce (armatus, Thunb.) du cap de Bonne-Espérance. — Arnines, Sch., groupe très-voisin des Phyllobies, mais ne présentant pas de sillons antennaïres comme ces derniers; une espèce de Java (postumus), et une autre du Bengale (lanquidus). — Macnors, Kirby, des espèces de l'Amérique boréale. — Cyrucerus, Sch., groupe du Bengale. — Prarvrracuezus, Seh., voisin des Myllocères, et dont l’espèce typique provient de Siam. — Awszvrmnus, Sch., de Tranquebar. 9 tribu, Cycrownes, à rostre court, plus où moins épais, horixontal ou recourbé; antennes avec le premier article droit, moins long que la tête; jambes presque toujours arrondies, parfois obtuses; corps presque arrondi, aptère. Assez nombreux en espèces, les Gyclomides renferment près de cinquante genres, répandus dans toutes les régions du globe, et ayant beaucoup de représentants en Europe. Ce sont des Insectes de taille moyenne ou petite, leurs couleurs sont souvent assez belles, surtout chez les espèces exotiques. Leurs babitudes sont peu connues, et, comme un grand nombre de Gurculioniens, on les rencontre à l’état parfait au pied des arbres et sur les feuilles; il est probable que leurs larves, non décrites jusqu ici, se nourrissent de racines. Le genre qui a donné son nom à la division est celui des CYCLOMUS, Sch., à antennes longues, gréles, avec le premier article conique; tarses longs, étroits, et qui ne renferme qu’un nombre assez restreint d'espèces qui habitent le cap de Bonne-Espérance : type simus, Wiedmann. Une longue série de genres étrangers à l’Europe sont rangés auprès de celui-ci, tels sont les : Auvcrerus, Dalm., à antennes avec le premier article renflé; pattes courtes, avec les tarses étroits, canaliculés en dessous : une soixantaine de belles espèces, toutes propres à la Nouvelle-Hollande, remarquables par leur magnifique coloration, et parmi lesquelles nous ne nommerons que l'A. mi- rabilis, Boisd.; Mac Leay en a distingué un genre Phalidura.— Roruynoruyneuus, Germ., une espèce COLÉOPTÈRES. 299 (lascivus), également australasienne. — Occycorracuezus, Sch.. une espèce, l'£remnus rugicollis, Chevr. (0. aciculaticollis, Sch.), du Cap. — Erisomus, Sch., à cuisses renflées; tarses à avant-der- nier articie élargi: une douzaine d'espèces des Indes orientales, de Java, du cap de Bonne-Espé- rance. — ScoræBorus, Sch., une espèce (murinus) de Rio de la Plata. — Cararazus, Sch., formé avec le Lagostomus Madagascariensis, Dej. — Busromus, Sch., des espèces de Cafrerie, — Hanro- Runus, Sch., de l'Afrique australe. — Porracus, Sch., du Cap. Des genres européens ou des contrées asiatiques voisines de ce continent ainsi que de l'Afrique viennent ensuite dans l’ordre sérial. Ce sont les: TRACHYPHLÆUS, Germ., à antennes courtes, épaisses, avec le premier article très-gros; écusson nul; élytres grandes, ovalaires; corps ovale, aptère, peu convexe : une vingtaine d'espèces pour la plupart européennes, mais dont quelques- unes proviennent du Cap (type, T. scabricusculus, Linné, de France), et dont on doit rapprocher les Porpacus, Sch., du Cap, les Payxeus, Sch., de l'Amérique boréale, et peut-être les Procnus, Sch., plus nombreux, et surtout propres aux régions transcaucasiennes. — Caruormiocerus, Sch., ayant pour type le Trachyphlæus horrens, Fabr., d'Espagne, auquel on doit associer le C. socius, Sch., d'Angleterre. — OMIAS, Sch., à antennes longues, gréles, avec le premier article long, renflé à l'extrémité : massue oblongue, ovale; rostre court; élytres grandes, ovales; pattes assex fortes; corps court, souvent arrondi, aptère : une quarantaine d'espèces surtout propres aux régions septentrio- nales et orientales de l'Europe; type, 0. seminolum, Fabr., à corps petit, d'un noir bronzé, obseur en dessus, avec un duvet cendré et avec de petites écailles vert doré en dessous : habite la Hongrie et l'Al- lemagne, mais y est rare, de même que ses congénères; on en rapproche au moins beaucoup les My- Laous, Bohem. (murinus, de Sibérie), et les Sromones, Sch. (quelques espèces de Dalmatie, de Con- stantinople, ete.). — PERITELLUS, Germ., à antennes longues, avec le premier article cylindrique; rostre assez épais; écusson nul; élytres grandes, ovalaires, convexes; pattes fortes; corps ovalaire- écailleux, aptère : une quinzaine d’espèces des diverses parties de l'Europe, de l'Amérique bo- réale, etc.; type, P. griseus, Oliv., à corps petit, couvert d'écailles brunes, blanches et grises : se trouve en France; en sont voisins les : Laraceres, Sch., du Cap; Losrronus, Sch., une espèce (vere- cundus) également du Cap; Crapevrerus, Sch., une espèce (lepidopterus) de Cafrerie; Aowvs, Sch., une espèce de la Perse orientale; Purxemmus et Pycroperes, Sch., une vingtaine d'espèces surtout du Cap; Cercoreus, Sch., une espèce de l'Amérique boréale (chrysorhæus), etc. D'autres genres qui s’éloignent davantage des Omias, pour se rapprocher par la forme des Otio- rhynchus, et qui tous sont propres au cap de Bonne-Espérance ou à l'Afrique australe, souvent nombreux en espèces, sont ceux des : Prezoneres, Cosmonmnus, SymrrezonuyNcuus, ELLIMENISTES, Cx- eziseus, PHaycoseriNruus, Scogius, Enemnus, Sch., ete. — Un genre, Hoccormus, est propre à l'AI- gérie, ete. Enfin les derniers genres sont particuliers à presque toutes les parties du monde. — LaparocErus, Sch., quelques espèces portugaises ou des îles Ténériffe. — Puoricones, Sch., quelques espèces du Caucase, de la Perse et de la Syrie. —Erprpmaneus, Sch., une espèce (malachiticus) de l'Asie Mineure. — Cuiconeus, Sch., ayant pour type le C. Siculus. — Acanruorracuezus, Sch., une espèce des Indes orientales. — Ervrrunus, Boisduval, deux espèces (Lapeirousei et cinctus) de Vanikoro. — Pyrcors, Sch.,une espèce (inops) des îles Philippines. — Spuæroprerus, Guérin (Isomerinus et Piezomatus, Sch.), des espèces de la Nouvelle-Guinée, des Gélèbes, ete. —Crereuraeres, Sch. (Sphæromus, Sch.), de l'Océanie. — Paroræus, Sch., ne renfermant que le cervicus, de la Nouvelle-Hollande. —Mrenim- ueres, Sch., du même pays (uniformis) que le précédent.— Psoneses, Guérin, de Taïti et de l'Aus- tralie, etc. 406 tribu, OrronayNenmes, à rostre très-court, épais, presque horixontal, renflé à l'extrémité, plan en dessus; corps plus où moins arrondi, ailé ou privé d'ailes; pattes assez fortes, courtes. Les Otiorhynchides sont assez nombreux en espèces, mais n’ont cependant pas été répartis en une grande quantité de genres, car Schænherr n’en indique que onze. On en trouve partout, mais surtout en Europe; ce sont des Insectes de taille moyenne, à corps souvent arrondi, lourds dans leurs mouve- ments, se trouvant habituellement à terre, et dont le système de coloration est en général uniforme, noirâtre ou grisâtre. L'histoire de leurs métamorphoses est à peine ébauchée, mais il semble que leurs larves sont rhyzophages : c'est ainsi que celles de l'Otiorhynchus sulcatus, Sch , ont été trou- 250 HISTOIRE NATURELLE. vées par M. Bouché dans les racines de diverses plantes, telles que celles des Saxifraga et Trol- lus, ete., dont eles se nourrissent et que l’entomologiste que nous avons cité a constaté qu’elles passaient l'hiver en terre et qu’elles ne se transformaient en Insecte parfait qu'au printemps : M. Westwood dit également qu'il a pris les mêmes larves au mois de décembre dans les racines d'un Sedum. Enfin M. Ratzeburg rapporte que l'Otiorhynchus ater, Herbst, vit sur les pins dans les ‘ forêts des montagnes, et que sa larve se rencontre en terre et vit probablement aux dépens des ra- cines de ces arbres Er FR Fig. 208. — Otiorhynchus ligustrici. Fig. 209. — Lixus vittiger. Fig. 210, — Tylodes plinioides. Le genre qui renferme presque toutes les espèces de la tribu est celui des OTIORHYNQUES, Otiorhynchus, Seh., auquel on donne, d'après Germar, la dénomination de Pachygaster, et, d'après Latreille, celle de Brachyrhinus. On assigne à ces Insectes les caractères suivants : antennes longues, assez grêles, à premier article dépassant les yeux, les deux premiers articles du funicule longs, coniques : massue ovalaire, pointue; rostre renflé, dilaté à l'extrémité; yeux arrondis; corselet convexe en dessus, arrondi sur les côtés; écusson petit, triangulaire; élytres ovalaires, un peu ob- longues, soudées; pattes assex fortes; cuisses renflées; jambes légèrement comprimées, les anté- rieures crénelées et munies d'une épine à l'extrémité; tarses spongieux en dessous, à deux premiers articles trigones, l’'avant-dernier élargi, bilobé, corps ovalaire, aptère. Ge genre, l’un des plus ho- mogènes de toute la famille des Curculioniens, renferme près de trois cents espèces particulières à soute l'Europe, à la Sibérie, à l'Orient et à l'Afrique septentrionale. Ces espèces sont toutes de taille moyenne, quoique quelques-unes d’entre elles soient assez petites : leurs couleurs sont sombres, uni- iormes, souvent semblables, ce qui rend la caractéristique spécifique assez difficile; ils sont lourds, et se trouvent sur le sol, sous les pierres et autres abris, au pied des arbres, ete. Quelques particula- rités secondaires tirées de la grandeur relative des articles antennaires, de la conformation des jambes, ete., permettent de former quelques subdivisions dans ce genre nombreux. Nous ne cite- rons que quelques-unes des espèces que l’on rencontre dans les environs de Paris, et qui ne sont pas rares dans toute l'Europe; 0. ligustici, Linné, corps noir, couvert de petites écailles grises; élytres rabotteuses, ponctuées, striées près du bord; sulcatus, Fabr., corps noir; élgtres noires, avec des stries élevées et crénelées et présentant trois lignes alternes noires et jaunes, et des points for- més par des poils ferrugineux; ovatus, Linné, à corps court, ovale, noir, couvert d’un léger duvet gris; picipes, Fabr., à corps ovale, brunâtre; pattes d’un brun roussâtre; niger, Fabr., à corps d’un noir brillant, duvetueux, ete. Les autres genres sont ceux des: Tyconeres, Sch., parfois réuni aux Otiorhynchus, renfermant trois espèces de Styrie et d'Autriche, et une (spinosus, Boisd.) de la Nouvelle-Hollande, et qui, plus complétement étudiée, devra être le type d’une coupe générique particulière. — Enenirges, Sch., groupe formé avec quelques espèces de Cafrerie. — Sirevres, Sch., quatre espèces du cap de Bonne- Espérance. — Acrapuus, Sch., une espèce, le Peritellus bellicus, Say, de l'Amérique du Nord. — CATERGUS, Sch., une espèce du Cap. —Garerecrus, Sch., une espèce (granicollis) de Cafrerie, et une autre (insularis) de Printz, l'une des îles des Indes orientales. — Ecvrronon, Sch., à cuisses renflées, dentées; jambes comprimées, mutiques : de la Hongrie, du mont Taurus et de l'Europe méridionale (inermis). — Nasrus, Sch., une espèce d'Espagne, et une du Caucase. — HypHanrus, COLÉOPTÈRES. 95] Germ., à suisses renflées, denticulées; jambes antérieures denticulées, courbées, et terminées par une forte pointe : trois espèces propres au Brésil. — Pavroscaruus, Sch., à jambes antérieures pro- longées en dedans et vers le milieu en une pointe crochue : une dizaine d'espèces du Bengale, de Siam, des iles Philippines, ete. — Cuzæmus, Sch., quelques espèces de Sibérie et du Caucase. 2 section, Raynenænines, à rostre cylindrique; antennes insérées vers le milieu du rostre, avec le premier article long, soudées après ce premier article : de onxe ou douxe articles, avec la massue de quatre. 11e tribu, Enrmines, à pattes antérieures r'approchées à leur base. Cette tribu est l’une des plus nombreuses de la famille; elle renferme de douze à quinze cents es- pêces, qui sont placées dans une centaine de genres. Celles-ci ont le corps assez allongé, parfois presque filiforme, mais le plus habituellement plus ou moins ovalaire : elles sont noires ou assez som- bres, mais très-souvent entièrement recouvertes d’une poussière parfois brillante, pouvant se renou- veler pendant la vie de l'animal, sur la nature de laquelle on est loin d'être d'accord, et qui semble avoir quelque analogie avec cette substance pulvérulente que l’on remarque sur les fruits bien frais. On rencontre des Érirhinides dans toutes les parties du monde, et ils sont principalement abon- dants dans nos pays tempérés, où leur taille est médiocre, tandis qu'elle est plus considérable pour les espèces qui habitent les contrées méridionales. C’est au pied des arbres, sous les écorces ou les feuilles des végétaux, sur le sol, ete., qu’on prend habituellement ces Insectes. Les métamorphoses d'un grand nombre d'espèces d’Erirhinides, se rapportant à une quinzaine de geures, ont été décrites, et nous en dirons quelques mots dans nos articles génériques; car nous ne présenterons actuellement que quelques généralités. La larve du Larinus maurus, observée par MM. Chapuis et Candèze, auxquels nous empruntons ce qui va suivre, larve que nous prendrons pour type de toutes celles de la division, est d’un blanc jaunâtre, avec la tête brune, de forme raceourcie, à extrémité obtuse et assez fortement courbée sur elle-même; comme la plupart des autres, elle ha- bite les fleurs de la famille des Composées, et se trouve particulièrement dans les capitules du Buphthalmum spinosum; la tête est assez grosse, arrondie, parsemée de quelques poils roussâtres, fortement impressionnée dans son milieu; le chaperon et la lèvre supérieure sont étroits, transver- salement quadrangulaires; les antennes sont représentées par un tubercule mousse, semblant biar- ticulé; les mandibules sont fortes, un peu arquées, obtusément bidentées à l’extrémité; les mächoires, à pièce basilaire assez longue, portent un palpe de deux articles presque égaux en longueur; la lèvre inférieure a le menton développé, les pièces palpigères séparées par un profond sillon médian, les palpes labiaux biarticulés et la languette très-courte, grêle; les segments thoraciques sont plus grands que les abdominaux; le corselet ou prothorax plus développé, plus bombé que les autres, re- couvert par des téguments d'apparence cornée et portant de chaque côté un gros point enfoncé; les deux autres formant des bourrelets transversaux; les segments abdominaux sont un peu rétrécis dans leur ensemble, avec les postérieurs légèrement déprimés; tous les segments, aussi bien les thoraciques que les abdominaux, sont recouverts de petites soies roides, nombreuses, dirigées en arrière et entremêlées, surtout postérieurement et sur les parties latérales, de longs poils jaunâtres, en dessous les segments sont simples et munis latéralement, de chaque côté, de bourrelets charnus, dont les externes sont les plus marqués; les stigmates sont normaux : la première paire située dans le sillon qui sépare le corselet du segment suivant ou mésothorax, et les autres sur les huit premiers seg- ments abdominaux, au-dessus des tubercules latéraux. — D’après ce que nous venons de dire, on voit que certaines larves d’Erürhinides vivent dans l'intérieur des fleurs; d’autres, en grand nombre, se trouvent dans les tiges de diverses plantes herbacées et en dévorent la moelle; il en est qui se nour- rissent des racines des plantes, et enfin, une certaine quantité d’autres, principalement les Pissodes pénètrent sous les écorces et dans l’intérieur même du bois des arbres, surtout des Conifères, et cau- sent aux arbres verts des dommages très-considérables, ainsi que nous aurons occasion de le dire. * En abordant l’histoire descriptive des genres nombreux de la tribu des Érirhinides, nous devons dire que nous ne nous étendrons que sur les plus connus, et que nous chercherons à grouper au- près d’eux ceux qui le sont moins, et qui, pour la plupart, n’appartiennent pas à l'Europe 932 HISTOIRE NATURELLE. Le genre typique est celui des LIXUS, Fabr., à antennes, courtes, gréles; le funicule de sept ar- ticles : les deux premiers longs, coniques, les troisième à septième courts, tronqués à l'extrémité, et le septième épais, serré contre la massue; celle-ci obconïque, fusiforme; rostre allongé, épais, ey- lindrique, habituellement presque droit; mandibules larges, arquées, pectinées intérieurement; très-velues; lèvre cornée, carrée, un peu transversale, entière; menton étroit; palpes très-petits; corselet oblong, conique, bisinué en arrière; écusson petit, triangulaire; élytres allongées, cylin- driques, quelquefois terminées en pointes aiguës; pattes qréles; tarses allongés, spongieux en des- sous, à œvant-dernier article cordiforme, bilobé; corps allongé, cylindrique, dur, ailé, souvent farineux. Les Lixvus sont des Curculioniens de taille moyenne, de couleurs souvent sombres, et, plus rarement, assez vives, et qui sont remarquables par leur forme allongée, cylindrique dans Ja grande majorité des cas. On en connaît au moins deux cents espèces qui sont répandues en Europe en Asie et en Afrique : on n'en a pas trouvé jusqu ici en Amérique ni en Océanie. À leur état par- fait, leurs habitudes ont été peu observées; on les rencontre sur les plantes et aux pieds des arbres : c'est parmi eux que l’on remarque surtout cette efflorescence dont nous avons parlé, et qui couvre presque toutes les parties de leur corps. Leurs transformations sont assez bien connues, et c’est principalement dans les Ombellifères qu’elles ont lieu, quoique cela ne soit pas général, car certaines larves attaquent les Malvacées, et d’autres vivent dans les tiges de la fève de marais et en occasion- nent la dessiccation et la perte. Linné, de Géer, Herbst, Latreille, MM. Westwood et,Dieckhoff, ont étudié les larves du Livus paraplecticus, qui se trouvent principalement dans les tiges du Phellandrium aquaticum, et qui ont été constatées dans celles du Sium latifolium; ces larves, qui se comportent à peu près comme toutes celles du genre, dévorent la moelle du Phellandrium, et se tiennent dans les grosses tiges près du collet de la plante, au-dessous du niveau des eaux; elles sont placées la tête en haut, et c'est dans cette position qu'elles subissent leurs métamorphoses; l’Insecte parfait quitte sa retraite en automne, en perçant dans la tige une ouverture ovalaire à un niveau supérieur à celui des eaux. Les larves du L. turbatus, Gyllh., se trouvent, selon M. Guérin- Méneville, dans les tiges de la ciguë, et d’après Eversman, dans celle de l’Angelica archangelica. Rosenbhauer a vu les larves du L. junci, Dabhl., dans une espèce de Beta; M. Dieckhoff a observé les larves du D. bardanæ, Liegl., dans les tiges du Rumeæ hydrolapathum; et celles du fiiformis dans les tiges de divers chardons. Passerini a signalé le L. octolineatus, Oliv., comme nuisible aux choux. M. Schmidt rapporte que la larve du L. gemellatus, Gylh., se trouve dans la Cicutu virosa, et rap- porte que sa nymphe est attaquée par une petite Araignée. Enfin M. Ed. Perris a décrit avee soin les transformations du L. angustatus, Fabr.; les femelles percent la tige des Malvacées au moyen de leur rostre, et déposent un œuf dans l’ouverture qu’elles ont pratiquée; les larves éclosent bientôt, et ce qu'il y a de remarquable, c’est que la même tige peut en contenir trois ou quatre, contraire- ment à ce qui a lieu pour les autres espèces du même groupe.—Comme espèces typiques, nous nous bornerons à indiquer les deux espèces suivantes, qui se trouvent dans une grande partie de l'Europe, et se rencontrent parfois auprès de Paris : Lixus paraplecticus, Fabr., à corps étroit, noir, couvert d'un duvet grisètre, et d’une poussière jaune verdâtre; corselet allongé, un peu canaliculé, trés-lé- gèrement chagriné; élytres ponctuées, striées, terminées par une longue pointe aiguë, déhiscentes; L. miagri, Oliv., à corps noirâtre; tête finement chagrinée, ayant un peu de duvet blanchâtre; cor- selet fortement ponctué, avec, de chaque côté, une ligne blanche formée par des points très-courts; élytres noires, ayant des points enfoncés rangés en séries longitudinales, et un fin duvet blanchâtre plus serré sur les côtés qu'en dessus; pattes et abdomen également couverts d’un duvet de la même couleur; une autre espèce, qui se rencontre principalement dans le midi de la France, est le L. tur- batus, Gyllh., à corps un peu plus large que celui des précédents, noir, couvert d’un duvet cendré; corselet plus court, presque conique, plus ponctué et plus chagriné; élytres ponetuées et striées, à extrémité assez courte, peu pointue, etc. — Deux genres voisins de celui des Lixus, sont ceux des : Pacuozenus, Sch., deux espèces du Brésil, et Bracuypus, Sch., une seule espèce (lixoides), dont on ne connaît pas la patrie. : Un groupe anciennement confondu avec celui des Lixes, et que Germar réunissait à ses Rhino- batus, et Fabricius à ses Rhynchænus, est le genre LARINUS, Schüppel, à antennes courtes, avec les deux premiers articles longs, coniques; cuisses renflées; corps un peu ovalaire, ailé, souvent to- menteux, plus habituellement couvert d'écailles de grandeur médiocre ou assez grandes : environ Fig. 1. — Eugnoristes monachus Fig. 2. — Diaprepes amanua Fig. 3. — Rhinolacus formicarus Fig. 4 — Mecopus trilineatus A7 COLÉOPTÈRES. 933 quatre-vingts espèces de l'Europe méridionale, de la Perse, de presque tout l'Orient et de l'Afrique, tant septentrionale qu’australe; ce sont d'assez jolis Insectes, dont MM. Chapuis et Candèze ont in- diqué les larves de deux espèces : les Larinus maculosus, Besser, qui vivent dans le réceptacle de l'Echinops ritro et ‘du maurus, Oliv., qui ont été trouvées à Montpellier dans les capitules du Bu- phthalmum spinosum, et dont nous avons donné la description dans nos généralités sur la tribu : sous leur premier état, ces deux Insectes, ce qui peut probablement s'appliquer à toutes les espèces du genre, vivent dans la partie féculente du réceptacle des fleurs de la famille des Composées; à l’époque de la première transformation, la larve se construit une coque brunâtre, assez résistante, et formée de fibriles végétales agglutinées par le produit d'une sécrétion; on ignore combien de temps durent les deux états de larve et de nymphe, mais on sait que l'Insecte parfait se montre pendant les mois d'août et de septembre. Comme type, nous décrirons brièvement le L. cynaræ, Fabr., à corps oblong, ovalaire, noir, couvert d'un duvet par bouquets de couleurs grise et verdâtre, qui habite toute la France, et se trouve, quoique rarement, auprès de Paris. Nous donnons, pl. XXX, fig. 1,le L. longirostris, et pl. XXIL, fig. 5, le L. maculatus. — On y réunit parfois les ILeonus, Sch., qui renferment une espèce du Caucase (pacatus, Sch.), et quelques autres de l'Amérique méridio- nale; les Raynocyzzus, Germ., à antennes trés-courtes, épaisses, formées d'articles transversaux, un peu perfoliées, allant en s’épaississant; corps oblong, ailé : quelques espèces, surtout de l’Europe méridionale; le type est le R. latirostris, Latr., sur lequel M. Goureau a donné quelques détails de mœurs : d’après lui, la femelle dépose ses œufs au moment où le calice commun des fleurs du Car- duus nutans, sur lequel se trouve ce Curculionien, est ouvert et les fleurons non encore épanouis; la ponte a lieu vers le centre du réceptacle, dans le point où s'élèvent cinq à six cellules sémini- fères plus dures et de couleur foncée; de là, les jeunes larves pénètrent dans la substance charnue du capiule, et s'y creusent une loge, tout en se nourrissant; quand l’époque de la transformation arrive, la larve ferme sa demeure en dégorgeant une malière noirâtre, dont elle enduit également les parois de sa retraite, et les Insectes parfaits, comme les Larinus, se montrent vers la fin de l'été. Viennent ensuite des genres exotiques : Heictpus, Germ., à antennes médiocres, avec les deux premiers articles coniques; cuisses dentelées; jambes munies d'une forte pointe à l'extrémité : groupe très-nombreux, car il renferme près de deux cents espèces, toutes propres à l'Amérique du Sud, assez grandes, parées parfois de jolies couleurs, et à corps oblong, dur, ailé; type, H. lacta- rus, Germ., du Brésil. — Ceraropus, Sch., qui diffère peu du précédent, et ne comprend qu'une espèce (bisignatus, Ghevr.) de Mexico. — Aczees, Sch., une espèce (cribratus, Dej.) de Bornéo. — . Euvocruus, Sch., une espèce de Amérique boréale. — Nerpnors, Sch., une espèce du Brésil (calca- ratus, Chevr.), et une du cap de Bonne-Espérance (guttatus, Oliv.). — SreREMNIUS, ORTHORHINUS, Tranes et Prenoporus, Sch., exclusivement propres à la Nouvelle-Hollande. — Irmeus, Sch., renfer mant aussi une espèce du même pays et une autre brésilienne. — Auaracrus, Sch., de Cayenne. — Aonus, Sch., une espèce (spadiceus) de l'Afrique australe. — Paramecors, Sch., du Bengale et des Indes orientales. C'est ici que l’on range le genre PISSODES, Germ , à antennes courtes, assex fortes, avec le funi- cule de sept articles, le premier conique et les autres plus courts, tronqués à l'extrémité, allant en grossissant : massue ovalaire; rostre allongé, arqué, presque cylindrique, gréle; corselet rétréci en avant; écusson arrondi; élytres oblongues, calleuses en arrière, à angles huméraux obtus; pattes fortes; jambes armées à l'extrémité d'un onglet fort; tarses spongieux en dessous, à avant-dernier article bilobé et dernier renflé. Ces Insectes, dont le corps est oblong, dur, ailé, parsemé d’écaille.- se trouvent dans toute l'Europe, mais sont surtout communs dans les bois d'arbres verts des partics septentrionales et de la Sibérie. On en décrit une dizaine, dont le type est le P. pini, Linné, à corps d'un roux brunâtre, entièrement recouvert d’écailles pâles, et à élytres ponctuées et striées, avec les points du milieu plus grands, et ornées de deux taches couvertes d’écailles pàles, se trouve dans presque toute la France, et a été pris au bois de Boulogne, près Paris. Plusieurs espèces de Pis- sodes ont été étudiées sous le point de vue métamorphosique, les larves ont les mêmes mœurs que celles des Hylobius, et vivent sous les écorces de plusieurs espèces d’arbres, notamment de la famille des Conifères; le P. notatus, Herbst, a été étudié sous ce rapport par MM. Ratzeburg, Kollar et Ed. Perris; le P. strobi, Say, par MM. Peck et Harris; le P. piceæ, Illiger, par MM. Heer et Ratzeburg; le P. hercyniæ, Herbst, par M. Ratzeburg, et le P. pini, Linné, par le même auteur, ainsi que par cs 30 25% HISTOIRE NATURELLE. M. Goureau. Ces larves font beaucoup de mal aux Conifères, et causent la mort d’un grand nombre de ces arbres; ce que l’on comprend facilement lorsqu'on observe qu’elles sont très-voraces, et qu'elles dévorent pendant près d'un an l'arbre qui leur sert de nourriture. C'est dans les ouvrages de MM. Ratzeburg et Ed. Perris que l’on trouvera de grands détails à ce sujet. — Un genre voisin des Pissodes, et qu'on y réunit parfois, est celui des Taamnopmuus, Sch., ou Macparnus, Germ., à antennes de lonqueur moyenne, arquées, mais non brisées, avec la massue ovalaire, pointue, et à corps allongé, cylindrique, ailé. On décrit une trentaine d'espèces de ce genre, et on les trouve dans toute l'Europe, principalement dans les parties septentrionales asiatiques, ainsi que dans l'Amérique du Nord. Elles ont à peu près les mêmes mœurs que les Pissodes : c'est ainsi que M. Ed. Perris a fait connaître complétement les métamorphoses du T. carbonarius, Fabr., qui vit aux dé- pens du pin maritime; la femelle pond ses œufs, en mai et en juin, sur les branches: mortes des Conifères ou sur les parties des jeunes arbres morts ou mourants qui ont de un à trois centimêtresde diamètre : elle fait pénétrer son rostre de toute sa longueur dans le bois, puis, introduisant dans le trou son oviducte, elle y fait glisser un œuf; dès sa naissance, la larve pénètre jusqu’à la moelle, et c'est là qu’elle passera sa vie, car elle se nourrit exclusivement de cette partie du végétal; il paraît cependant que cette substance ne lui offre pas de grandes ressources alimentaires, car elle parcourt, avant d'être adulte, le canal médullaire sur une longueur de trente à cinquante centimètres; dès la mi-janvier, et au plus tard à la fin de février, les larves se préparent une loge pour leur métamor- phose en nymphe, et se creusent une longue galerie, d’où l'Insecte parfait s'échappe au printemps en percant une mince cloison qui le sépare de l'air extérieur; M. Ratzeburg a dit quelques mots des larves du T. violaceus, Linné, qui se trouvent dans le sapin, dont elles mangent la moelle. Ce T. violaceus, à corps d’un noir bleutre, se trouve dans presque toute l'Europe, et a été signalé auprès de Paris; il en est à peu près de même des T. stygias, Gyllh., et pruni, Linné, qui sont entière- ment noirs. , Schœænherr place entre les genres précédents et celui des Erirhines les groupes qui suivent, tous très-peu nombreux en espèces, et fondés par lui pour la plupart: Corcarus, du Cap.— Cnemmo- ruorus, de Rio-Janeiro. — Pireornorus, de l'intérieur du Brésil. — Auvares, de l'Amérique méridio- nale. — Laccornocrus, de Mexico. — Preracanruus, Dej., de l'Amérique méridionale. — Hypsecus, teichenbach, du même pays. — Eurecaus, de Madagascar. — Payropmius, de Manille et de Cafrerie. Le genre Entmunus, Sch., est plus connu, et renferme une soixantaine d'espèces, de taille moyenne ou petite, surtout répandues dans les diverses parties de l’Europe, principalement dans les régions méridionales et septentrionales, et dont on a trouvé quelques représentants dans l’Amé- rique, au cap de Bonne-Espérance, ete. Ces Insectes ont pour caractères : antennes longues; funicule de sept articles; massue oblonque, ovalaire; rostre allongé, cylindrique, arqué, souvent presque fili- forme; corselet rétréci en avant, tronqué aux bords antérieurs et postérieurs, lobé vers les yeux; ély- tres oblongues, souvent calleuses en arrière, à angles huméraux obtus; pattes de longueur moyenne, à jambes souvent droites : antérieures armées d'une petite épine à l'extrémité; tarses spongieux en dessous; corps oblong, ailé. Ce sont en général d’assez jolis Insectes, remarquables par leur long bee, et dont le corps est oblong, ailé, non écailleux, et que l’on rencontre habituellement aux pieds des arbres. On les subdivise parfois en deux groupes : Erirhinus, à fémurs non dentelés, et Dory- tomus, à fémurs dentelés. Comme type, nous nommerons les £. vorax, Fabr.; acridulus, Linné, et scirpi, que l'on prend dans les environs de Paris. Leurs métamorphoses sont très-peu connues; M. Boié dit que la larve de l'E. festucæ, Herbst, vit dans les tiges du Scirpus lacustris, dont elle ronge la moelle, et il est probable que celles des autres espèces se comportent de la même manière. Le genre Gririnius, Sch., est souvent réuni au précédent, et ne s’en distingue que par son corps écailleux; le type est le G. equiseti, Fabr., que l'on rencontre sur la prêle dans presque toute l'Eu- rope. — Des genres exotiques ou indigènes, beaucoup moins connus, sont ceux des : Puyrorrsrs, Dej., et Penesres, Sch., de l'Amérique méridionale. — Hypnoxonis, Sch., qui ne comprend que l'H. alismatis, Marsh., de la Suisse, de l'Allemagne, de la Finlande, de l'Angleterre et de la Sibérie.—No- mones, Sch., quelques espèces de l'Amérique boréale. — Bracuyramus, Germ., deux espèces de l'Amérique septentrionale. — Erxescncz, Meg, des espèces de l'Europe et de la Nouvelle-Hollande. — Liexvones, Sch., ayant pour type le L. enucleator, Panz., de l'Allemagne et de la France, et une espèce du Brésil.— OPnrnazmosonus, Sch , qui ne renferme qu'une espèce, l’Anthobium testaceum, COLÉOPTÈRES. 955 de l'Amérique méridionale. — Payzcorrox, Sch., de ? Amérique du Sud et des iles voisines de ce continent. — Minyrus, Sch., une espèce de Manille. — Larmipuronus ou Aneca, Sch., une espèce de Java. — Bracnonyx, Sch., qui ne comprend que le seul Rhynchænus indigena, Herbst, com- mun dans l'Europe boréale, et dont Ratzeburg a étudié les mœurs; la larve est mineuse des feuilles aciculées des Conifères; en examinant, au mois de mai, les nouvelles pousses de ces arbres, et spé- cialement des pins, on trouve ces feuilles accolées deux à deux par leurs faces internes, roulées en spirale l’une sur l’autre, et renfermées à leur base dans une gaine membraneuse; c’est à la face interne de la base d’une feuille que l'Insecte dépose ses œufs; après l’éclosion, la larve creuse une galerie de quelques millimètres dans le parenchyme, y subit par la suite ses transformations, et l'Insecte parfait sort vers la fin de l'été; on reconnait facilement les feuilles qui recèlent ces larves à l'arrêt qu'a subi leur développement : les deux folioles sont moins longues, restent accolées l’une avec l’autre et ne se séparent pas, comme cela a lieu dans l’état normal. — Branyrarus, Germ., une espèce (Creutxeri, Meg.) de l'Europe intermédiaire. — Permecerrus, Sch., une espèce (scalptus) de l'Himalaya.— Orinocernazus, Chevr., une vingtaine d'espèces du Mexique et de l'Amérique méridio- nale. — Eroniseus, Sch., quelques espèces du Brésil et de Java. — Toxopnorus ou Toxeurus, Sch., de l'Amérique du Sud. — Racnioves, Sch., une espèce (spinicollis, Hope) de la Nouvelle-Hollande. L'un des genres principaux de la tribu est celui des ANTHONOMUS, Germ., à antennes longues, gréles : funicule avec les deux premiers articles basilaires longs, les autres courts; massue allongée, étroite; rostre long, gréle, filiforme; corselet conique; écusson un peu oblong, élevé; élytres grandes, oblongues, convexes; pattes grandes; corps ovaluire, convexe, ailé. On décrit une soixantaine d'es- pèces de ce genre, propre surtout à l'Europe, mais que l’on a signalées également en Amérique et en Asie : toutes sont assez petites, de couleurs sombres, et nuisent, à leurs premiers états, à plu- sieurs végétaux, et surtout à nos arbres à fruits. L’A. pomorum, Sch., étudié successivement sous ce point de vue par Frisch, Lyonnet, MM. Bouché, Ratzeburg, Kollar et Nœrdlinger, fait quelquefois un tort considérable aux pommiers; ces Insectes hivernent sous les feuilles, sous les écorces, et, dès les premiers jours de chaleur, quittent leurs retraites pour gagner les rameaux des arbres fruitiers; après l’accouplement, la femelle perfore de son rostre un bourgeon encore clos, mais fertile, et y dépose un œuf; ce bourgeon ne tarde pas à s'épanouir, et la jeune larve se trouve dans la fleur, dont elle dévore rapidement les étamines, le pistil et l'ovaire; quand elle est adulte, elle relie le” pétales les uns aux autres et s’en forme ainsi une cellule, où auront lieu les dernières transforma- tions; après un mois environ, l’Insecte parfait est développé. Les larves de plusieurs espèces ont été étudiéesa: celles de l'A. pyri, par M. Kollar; celles des À. druparum, Linné, et incurvus, Oliv., par Ratzeburg; celles de l'A. pedicularius, Linné, par M. Westwood, et celles de l'A. ulmi, par de Géer. En outre, on sait que certains Anthonomus vivent sur divers arbres, tels que l’orme, dont les bour- geons sont rongés par une espèce; sur le Prunus padus et les merisiers, dont les noyaux pierreux servent de retraite et en même temps de nourriture à quelques autres, ete. Comme types, nous ci- terons les Anthonomus suivants, qui habitent une grande partie de l'Europe et se trouvent souvent dans nos environs : pomorum, Fabr., à corps brunâtre, couvert d’un duvet gris, et à ailes ferru- gineuses; druparum, Linné, à corps d’un roux jaunâtre couvert d’un duvet gris; subi, Fabr., à corps et élytres noirâtres, etc. Entre ce genre et celui des Balaninus, Schænherr range les groupes des : Boranegius, Sch., une espèce (éuberculatus) de Cuba. — Prioxomerus, Sch., une douzaine d'espèces américaines. — Acan- THOMERUS, Sch., une espèce du Cap. — Prionopus, Dalm., une seule espèce. — Grexomerus, Sch., quelques espèces de Cafrerie. — Prisrimenus, Sch., une espèce brésilienne. — AcazLorisrus ou Ho- rLoparocnus, Sch., des espèces de Cafrerie. — Horriroruazes, Sch., une espèce du Cap. —PELEroPus, Sch., quelques espèces de l'Afrique australe, ete. — Mexemacuus, Sch., une espèce du Cap. — Conys- somerus, Sch., ayant pour type le C. capucinus, Bech., d'Allemagne, et une espèce de la Guinée. — Oponromacues, Sch., deux espèces de Port-Natal. — Mecanminus, Sch., deux espèces, dont une du cap de Bonne-Espérance. — Anrzrarminus, Billb., ayant pour type l'A. Zamix, du Cap, dont la larve, selon Thunberg, se trouverait dans le bois du Cycas Caffra. Le genre BALANINUS, Germ., est nombreux, car il renferme près de cinquante espèces qui habi- tent l’Europe, l'Amérique, surtout septentrionale, et l'Afrique, principalement dans les parties aus- trales. Les Balaninus ont des antennes longues, gréles, à funicule de sept articles, dont les deux 236 HISTOIRE NATURELLE, premiers longs et les autres courts, tous coniques; le rostre est très-long, fiiforme, gréle, arqué; le corselet conique; l'écusson arrondi, élevé; les élytres un peu cordiformes; les pattes fortes, à cuisses renflées, souvent dentelées, et à tarses à deux premiers articles triangulaires, l'avant-dernier di- laté, bilobé; corps ovalaire, court, uilé, écailleux. Ces jolis Insectes, si remarquables par la longueur de leur trompe, vivent, sous leur première forme, tantôt dans les fruits de différents arbres, tantôt dans des excroissances formées sur les feuilles; ils apparaissent aux mois de maiet de juin, s'accou- plent et se hâtent de rechercher les lieux propres à y déposer leurs œufs; vers la même époque, la floraison des Amentacés de nos forêts est passée, et déjà les Jeunes fruits commencent à paraître : c’est alors que la ponte des Balaninus a lieu; les grandes espèces de ce genre, dont le B. nucum est le type, perforent la eupule qui revêt la base des noisettes, des glands, ete.; ils sont admirablement servis dans ce but par leur rostre, dont la grande longueur leur permet d'arriver facilement jusqu’à la partie nutritive de ces fruits; l'amande continue à se développer, et, avec elle, la jeune larve éclose qu’elle renferme; en automne, les fruits des Amentacés tombent, et, précisément à la même époque, les larves ont accompli leur croissance complète : après avoir fait une ouverture parfaite- ment circulaire à l'enveloppe de la graine, elles vont subir en terre leurs métamorphoses; elles pa- raissent s’enfoncer assez profondément pour résister aux rigueurs de l'hiver, mais on ignore leurs mœurs à partir de ce moment : on sait seulement que l'Insecte parfait ne sort du sol qu'au prin- temps de l’année suivante. Les petites espèces du même groupe que l’on a observées déterminent sur les feuilles, à l'endroit des nervures, la formation de petites galles, où l’on trouve un œuf, puis bientôt une larve, qui suit dans son développement ultérieur les mêmes phases que le Ver des noi- settes, dont nous nous sommes occupé. Swammerdam, Ræsel, de Géer, Herbst, Latreille, MM. Bou- ché et Ratzeburg ont étudié les transformations du Balaninus nucum, Linné; Ratzeburg celles du B. glaudium, Marsh.; M. Bouché celles du B. sulicornis, Sch., et M. Godard celles du B. cerasorum, GylL., dont la larve vit dans les noyaux des fruits du Prunus spinosa, qu'elle perce aussi d'une ou- verture arrondie pour en sortir. — Comme type, nous n’indiquerons que notre B. nucum, qui est assez grand, à corps ovale, noir, recouvert de petites écailles jaunes ou grisätres; à pattes d’un brun ferrugineux; à rostre plus épais à la base, brun, caréné et strié; à funicule des antennes très-velu, avec les derniers articles courts, légèrement gibbeux. Fig. 211. — Heilipus peplus. Fi. 212, — Balaninus nucum. Fig. 215. — Tychius quisque-punclalus. Les genres qui suivent dans le grand ouvrage de Schænherr sont les suivants, qui offrent beau- coup d’analogie avec les Balaninus : Loxcuopnorus, Chevr., quelques espèces de l'Amérique méri- dionale. — Srorevs, Sch., des espèces de la Nouvelle-Hollande. — Cxemoracnus, Sch., une espèce unique (castaneus) de Madagascar. — Amazus, Sch., ne comprenant que l'A. scortillum, Herbst, qui se trouve dans toute l'Europe, et qui a fait longtemps partie du genre Centhorhynchus. Viennent ensuite plusieurs genres, au moins pour quelques groupes, et ayant de nombreux re- présentants en Europe. — TYCHIUS, Germ., à antennes courtes, avec le premier article très-épais; rostre assez épais à la base, arqué; jambes comprimées : une cinquantaine d'espèces de l’Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, parfois partagées en Tychius propres, à funicule de sept articles, et Minotrogus, à funicule de six articles : type, T. quinque-punctatus, Linné, très-petit, à COLÉOPTÈRES. 231 corps noir, revêtu en dessus de petites écailles d’un pourpre doré, et en dessous d’écailles blanches; la ligne du corselet, la suture et quatre taches sur les élytres couvertes d’écailles blanches; antennes et jambes ferrugineuses : commun dans toute la France, et même dans nos environs. — Suicronvx ou Micronyx, Sch. (Ellescus, Dej.), une dizaine d'espèces d'Europe et une de Cafrerie; type, S. cya- neus, Dej. — Paivernus, Seh., une espèce (farinosus, Gebler) de Sibérie. — Ecainocxemos, Sch., une espèce, l’Erirhinus squamosus, Bib., de la Chine.—Srevxes, Sch. (Sibinia, Germ.), groupe parfois réuni à celui des Tychius, mais à funicule de six articles; corps ovalaire, un peu déprimé, ailé : une trentaine de petites espèces de l'Europe, de la Sibérie et de l'Afrique méridionale : type, S.wiscarix, Linné, à corps d'un gris cendré; rostre noir; corselet et élytres variés de gris et de verdâtre; de presque toute l'Europe, et commun auprès de Paris sur les fleurs du Éychnis viscaria. -— DEraso- mus, Sch., une espèce (candidulus) de la Cafrerie. — Acazvprus, Sch., à antennes gréles, avec le premier article long, assez épais; rostre linéaire : deux espèces, carpini, Herbst, de la Scandinavie et de l'Allemagne, et rufipennis, Sch., trouvée à Paris par M. Chevrolat.— Cononmnus, Seh., du Cap. — Cenremrnus, Chevr., une espèce (comosus) de Cayenne. — Erumenus, Sch., une espèce de la Jamaïque. — Ancaycoruynenus, Klug, quelques espèces brésiliennes. — SpermaLocus, Sch., une espèce (rufus) du Brésil, ayant l’aspeet d'un Phytonomus. — PreraroemiLus, Sch., de Cayenne. — Oxcormnus, Sch., quelques espèces de l'Amérique méridionale. — Baranepmacus, Sch., une espèce (Faldermanni) du Brésil. Le genre PHYTOBIUS, Schmidt (Hydaticus, Sch., Pachyrhinus, Kirby), est plus connu, et renferme une vingtaine d'espèces propres à toute l'Europe et à l'Amérique du Nord; ce sont des Curculio- niens à antennes courtes, grêles, avec la mussue de cinq articles; à cuisses mutiques, et à corps court, ovalaire, convexe, dur, ailé; type, P. notula, Perny, noir, couvert d'écailles blanches en dessous et sur les côtés, presque nu en dessus; élytres noirâtres, avec des taches blanches éparses; pattes jaunâtres; d'une grande partie de la France. M. Ed. Perris a étudié, sur le Polygonum hydro- pica Linné, les larves de cette espèce. Ces larves vivent en plein air, sur les feuilles des plantes. et sont protégées contre les influences atmosphériques par une légère couche de substance visqueuse, dont un mamelon, situé à l'extrémité du dernier segment, est l'organe excréteur; le même segment porte, au bord antérieur de son arceau dorsal, l'ouverture anale, qui donne issue aux fèces, sous la forme de petites granulations noirâtres, et celles-ci, retenues par la matière gluante, se répandent sur toute la région supérieure du corps. Comme celles des Phytonomus, ces larves se filent une coque parcheminée qui ne présente ni mailles ni lacunes. Pour la construire, la larve se retire dans un pli de la feuille ou contre une grosse nervure, et là, se couchant sur le côté et rapprochant l'ex- trémité du corps de sa bouche, elle puise avec ses mandibules, à la source de l'humeur visqueuse, une gouttelette, la colle du côté opposé, de manière à former un arceau au-dessus de son corps : elle multiplie ses fils jusqu'à ce qu'il ne reste plus d'ouverture à la coque, et que sa consistance soit devenue assez solide. Les métamorphoses de ces larves s’exécutent assez promptement, et, au bout de huit à dix jours, l’Insecte parfait se fait jour à l'extérieur par une ouverture irrégulière. Après les Phytobius on place les : Anorrus, Schüppel, une espèce (plantaris, Nœzen) de toute l'Europe. — Tuamenosius, Sch., quatre espèces de l’Afrique australe. — Paxscorus ou SrENOPELNUS, Sch., une espèce (rufinasus, Say) de l'Amérique boréale. — Expzus, Sch., une espèce (castus) de Sierra Leone. — Prazorminus, Sch., une espèce du Brésil. — Srensecuus, Sch., une vingtaine d’es- pèces de l'Amérique méridionale. — Tyromus, Sch., une dizaine d'espèces du Brésil et du Mexique. — Omoenorus, Sch., une espèce (stomachosus) de Gafrerie. — Rainaria, Kirby, groupe renfermant une douzaine d'espèces, toutes de la Nouvelle-Hollande, et dans lequel on a distingué parfois un genre Pelorhinus. — Oxxors, Dalm., également de l’Australasie. Les ORCHESTES, [liger, qui viennent ensuite, et qui renferment aujourd'hui une quarantaine de petites espèces répandues exclusivement dans toute l'Europe, ont pour caractères : antennes courtes, gréles, de onxe articles : funicule de six : massue épaisse, oblongue, ovalaire; rostre allongé, épais, presque cylindrique, arqué, fléchi sous le corps; yeux grands, arrondis, rapprochés l'un de l'autre; corselet petit, conique; écusson ponctiforme; élytres oblongues, ovalaires, plus larges que le corselet, obtuses à l'extrémité; pattes fortes; corps ovalaire, ailé. Les premiers états de plusieurs espèces de ce genre sont connus : les larves de l'O. scutellaris, Oliv., mineuses du Betula alnus, ont été vues par M. Bouché; celles du fagi, Stev., du hètre, par MM. Ratzeburg et Westwood; celtes 938 HISTOIRE NATURELLE. de l'alni, Fabr., de l'aune, par de Géer, Herbst et Bertoolini; celles du quercus, Linné, du chêne, par MM. Ratzeburg et Nœrdlinger, et celles de l’ulmi, Linné, par Réaumur et de Géer. C'est vers la fin de l'automne que l’on trouve les feuilles des arbres que nous avons nommés desséchées sur leurs bords dans un espace plus ou moins étendu : ces endroits présentent une teinte jaunâtre ou bru- nâtre, et l'épiderme de la feuille, soigneusement épargné sur l’une et l’autre face, est partiellement soulevé en forme d’ampoule : c’est là que se trouve la larve, et, quand elle a acquis tout son déve- loppement, elle s'y construit une petite coque où elle subit ses dernières transformations; l’Insecte parfait déchire facilement la mince pellicule qui le recouvre, paraît pendant quelques jours sur les feuilles de l'arbre qui l’a vu naitre, et se réfugie ensuite sous la mousse pour échapper aux rigueurs de l'hiver. Beaucoup d'espèces sont propres à notre climat; nous ne citerons que l'O. quercüs, Linné, à corps d’un roux jaunätre, pubescent; yeux et poitrine noirs; élytres ayant un espace pos- térieur triangulaire couvert d’un duvet gris; cuisses postérieures dentées, en scie. — On rapproche de ce genre les groupes des : Tecanires, Sch., une espèce de Cafrerie. — Cycrorreres, Sch., quel- ques espèces de Madagascar. — Erassonyx, Sch., du Cap. — Ancnoxus, Sch., groupe américain assez nombreux; les larves d’une espèce (A. cribricollis, des Antilles) ont été observées par M. le doc- teur Coquerel; les larves vivent dans les petits morceaux de bois que l’on rencontre à terre, y creusent des galeries et s’y transforment.— Sryrazus, Sch., comprenant les Strenes et Orthochæstes, et ne renfermant qu'un petit nombre d'espèces européennes; type, penicillus, Sch., du midi de la France. — Tracnones, Schüppel, un petit nombre d'espèces d'Europe, et une (contractus) de Ma- dagascar.— Qrmus, Sch., une espèce du Cap.—Pacayrrieuus, Sch., une espèce (ursus) de Cafrerie. — Hyrosonus, Sch., deux espèces du même pays que la précédente. — Tanyraynouus, Sch., une vingtaine d'espèces de l'Afrique australe. — Myormnus, Sch., quelques espèces du mont Taurus, de la Hongrie et de la Cafrerie. Fig. 215. — Cholus fiuavo-fasciatus. Fig. 216. — Orchestes alni. 19 tribu, Arosrasérines, à pieds antérieurs souvent distants à leur base, entre lesquels la por- trine est plane ou plus ou moins distinctement canaliculée; antennes de onxe articles. 4e sous-tribu, Cuourres, à poitrine visible entre les pates antérieures, plane, sans canal. Cette division, moins nombreuse que la tribu précédente, ne renferme qu’une trentaine de genres, surtout abondants dans l'Amérique du Sud, mais répandus presque partout, excepté en Europe : pays qui ne comprend guère que le Derolomus subcostatus, Sch., de la Sardaigne. Ce sont des In- sectes de taille moyenne, et souvent parés d'assez brillantes couleurs. Parmi les genres exclusivement américains, le principal est celui des CHOLUS, Germ., à antennes médiocres, un peu gréles; rostre très-long, grêle, arqué; corselet presque transverse; écusson sou- vent distinct; élytres presque ovalaires; pattes robustes, surtout les antérieures; cuisses renflées el dentées; jambes un peu courbées; corps robuste, presque rhomboïdal : une trentaine de jolies es- pèces; type, C. geometricus, Germ., du Brésil. — Les autres groupes, dont plusieurs démembrés du précédent, sont ceux des : Rainasrus, Sch., deux espèces seulement. — PoLxpEeRces, Sch., deux espèces (xonatus, Swed.) de la Guadeloupe, et (adspersus, Hope) de l’île Saint-Vincent.— Liroerus, Sch., fondé sur le Desmasomus longipes, Perty. — Bracuyenems, Sch., une espèce du Brésil. — Dionveuus, Germ., une dizaine d'espèces. — Sezerosomus, Sch., un petit nombre d'espèces. — CazLr- COLÉOPTÈRES. 239 norus, Sch., deux espèces brésiliennes. — Sorexorus, Sch., quatre espèces. — Ameræmus, Sahl., ou Axenis, Germ., une dizaine d'espèces assez grandes, toutes propres au Brésil, et dont les deux plus communément répandues dans les collections sont les A. Dufreynii, Kirby, et Ynca, Sch. — Nerrarninus, Sch., trois espèces seulement. — Homaronorus, Sch., groupe assez nombreux, et de l'Amérique du Sud. — Penperæus, Sch., fondé sur le granellus, du Brésil. — Tnyperés, Sch., deux espèces. — ParazreLosonus, Sch., formé avec la Calandra planicollis, Fabr. Les autres genres, propres à toutes les parties du monde, sont les suivants : Axraroromus, Sch., une seule espèce (depressus, Klug) de Madagascar. — Harronvx, Sch., quelques espèces de la Nou- velle-Hollande. — Pycanus, Sch., une espèce (designatus) du cap de Bonne-Espérance. — ALcines, Dalm., à cuisses en massue, dentelées; jambes comprimées, munies d'une pointe à l'extrémité : une cinquantaine d'espèces, assez petites, parfois parées de jolies couleurs, et propres à la Nouvelle- Guinée, à Sumatra et Java, au Bengale, au cap de Bonne-Espérance, au mont Himalaya, au Sénégal, à Sierra Leone, à la Cafrerie, à Madagascar, ete.; comme type nous indiquerons le Rhynchænus bubo, Fabr., du Bengale. — Læmosacous, Sch., des espèces de l'Amérique méridionale et de la Nouvelle- Hollande. — Srroxexrores, Sch., du Mexique et du Brésil. — Nerrus, Sch., quelques espèces de l'intérieur du Brésil. — Manorrerus, une espèce de Cayenne ({alpa, Chevr.) et une du Mexique (cy- lindricus, Chevr.).— Lrrurcus, Sch., une espèce (irrasus) de l'Australasie, — Lyrerius, Sch., des espèces de Sumatra, des îles Philippines et de l'Amérique méridionale. — Crasrenorus, Sch., une es- pèce brésilienne. — Nanus, Sch., de Porto-Rico et de Colombie. — Dererowus, Sch., qui, outre une dizaine d'espèces de Barbarie et du Cap, en renferme une d'Europe que nous avons nommée, une du Mexique et une du Brésil. — Lornoneres, Chevr., où Paacerosorus, Sch., une espèce de Mada- gascar (singularis, Chevr.). — Crveres, Sch., une espèce (binotatus, Klug) du Brésil. — Puxxome- rus, Sch., une espèce (Sundervalli) de Sumatra. —Everces, Sch., également une espèce brésilienne. — Isorayenus, Sch., le seul I. pudicus, Sparm., du cap de Bonne-Espérance. 2e sous-tribu, PariiTEs, à poitrine où sans canal ou plus ou moins canaliculée, visible entre les pattes antérieures. Cette division, qui ne renferme qu'environ deux cents espèces de presque toutes les parties du globe, mais surtout de l'Amérique et de l'Europe, comprend seulement une vingtaine de geures. Quelques espèces européennes du genre Baridius ont été étudiées sous le double point de vue des premiers états et des mœurs, et l’on a vu qu'elles nuisaient à plusieurs de nos cultures, et principa- lement aux colzas, aux pommes de terre et aux choux. Le B. chloris, Ziegl., d'après Plieniger, dépose ses œufs en automne sur les graines de colza; la larve, au printemps, gagne les racines de la plante, et détermine à leur surface la formation de petites galles de formes variées; lorsque le temps de la métamorphose en nymphe arrive, la larve abandonne l'exeroissance où elle a vécu jusqu'alors, et va en terre se construire, dans les environs, une petite loge pour y subir ses transformations. Le B. trinotatus, selon M. Westwood, paraît nuire aux pommes de terre sous son état de larve. Les B. chlorizans, Müll., ainsi que le dit M. de Chavannes, et les B. picinus, Germ.,et cuprirostris, Fabr., d'après les observations de M. L. Dufour, font du mal aux choux; les larves des deux dernières es- pèces que nous venons de nommer vivent dans la partie inférieure et dans le collet des vieilles tiges de choux; elles s’y creusent des galeries dans la pulpe de ces végétaux, et y forment de petites loges pour y subir leurs métamorphoses. Enfin, Hammerschmidt a annoncé que la larve du B. cærules- cens, Sturm, vit dans les tiges du reseda latea. Le genre typique est celui des BARIDIUS, Sch., ou BARIS, Germ., à antennes courtes, fortes : funi- cule de sept articles, à premiers articles allongés, les autres courts, ramassés, allant graduellement en s'élargissant : massue ovale, obtuse; rostre allongé, presque cylindrique, arqué; yeux grands, écar- tés; corselet bisinué à la base, un peu convexe en dessus; écusson petit, arrondi en arrière; élytres oblonques, un peu convexes en dessus, et légèrement arrondies à l'extrémité; pattes courtes, fortes; jambes ayant une forte épine à l'extrémité; tarses spongieux en dessous, à deux premiers articles souvent triangulaires, le troisième fortement bilobé. Les Baridius, dont on connait aujourd'hui au moins-deux cents espèces, sont propres à l'Europe et aux deux Amériques. Ce sont des Insectes re- marquables par leur corps elliptique, presque arrondi, ailé, déprimé en dessus; tous sont de taille assez petite et rarement moyenne; si les espèces des pays froids n’ont que des teintes assez sombres, 4 Eh ds. à d 240 HISTOIRE NATURELLE. brunâtres, bleuâtres, verdâtres ou noirûtres, celles des pays chauds ont cette coloration relevée par des taches ou des lignes écarlates, et parfois même sont entièrement de couleurs métalliques, comme quelques belles espèces de l'Amérique du Sud (fulgidus, etc.). Parmi nos espèces, nous nous borne- rons à indiquer les Baridius chloris, Fabr., à corps oblong, glabre, verdâtre en dessus, d’un noir bleuâtre en dessous; le corselet est très-court, médiocrement ponctué; les élytres sont simplement striées, avec les intervalles à peine ponetués, sans être élargis près des épaules : habite une grande partie de la France: B. cuprirostris, Fabr., à corps oblong, glabre en dessus, d’un vert bronzé bril- jant; rostre ponctué, cuivré; corselet presque conique, très-légèrement ponctué; élytres avec des stries dorsales presque lisses et les latérales ponctuées; intervalles plans, sans points; des environs de Paris, ete. — Schœnherr en a distingué les Barvcrrus, une espèce (collaris, du Brésil); les Pr- opus, Seh., une belle espèce (sapphirinus) de la Jamaïque, et les Mecors (Magdalis, Germ.), une espèce (morosus), également brésilienne, que lon y réunit parfois. — On en rapproche les trois genres, peu nombreux et tous de l'Amérique méridionale, des Aposrastmerus, Euroxus et surtout Ma- parus, Sch., ce dernier le plus important de tous. Un genre, plus distinet de celui des Baridius, quoique ayant été confondu avec lui, est celui des CENTRINUS, Sch., à antennes moyennes, un peu gréles; rostre souvent très-long; élytres un peu plus larges à la base que le corselet, allant en se rétrécissant vers l'extrémité en triangle oblong; pattes assez fortes, et surtout à corps ovaluire, ailé. Ce groupe, dont on compte environ cent cin- quante espèces, qui ont les mêmes mœurs que les Baridius, et sont également nuisibles à plusieurs végétaux, semble presque exclusivement propre à l'Amérique, tant méridionale que septentrionale. Comme type, nous citerons le C. bicuspis, Germ., à corps noir, couvert en dessus d’écailles dorées, très-serrées, et à élytres oblongues, triangulaire; se rencontre communément au Brésil. — On en rapproche, si l'on ne doit même y réunir les : Cycinorocerus, Sch., une dizaine d’espèces de l'Amé- rique du Sud, Lerroscanus, Klug, une espèce (maculatus) du Brésil; Dacrycocreris, Dej., une es- pèce (flabellitarsis, Chevr.) de Cayenne; Scamvus, Sch., quelques espèces de l'Amérique méridionale. Enfin, l’on doit mettre dans le voisinage de ces groupes les genres : Arorowormnus, Sch., deux espèces de Manille et de Pondichéry. — Tracuvmerus, Sch., une espèce (croceoplagiatus) du Brésil. — Puysoxenus, Chevr., une espèce du Mexique, calandroides, dont le nom rappelle l’analogie spé- cilique. — Tonxenres, Seh., le seul cucallus, du Brésil. — Losonrres, Sch., des espèces de l'Amé- rique du Sud. — Dionsmerus, Sch., groupe renfermant près de quarante espèces américaines. — Cozronerus, Sch., le seul ebenicus, du Brésil. — Eunnnus, Sch., quelques grandes et superbes espèces de l'Amérique du Sud. -— Cynromox ou Spnaposnus, Sch., des espèces du cap de Bonne-Es- pérance et de Port-Natal. Fig. 217. — Camptorhynchus Fig, 218. — Centrinus curvirostris. Fig. 29. — Cryptorhynchus flattuarius. lapathi. 45° tribu, Cnypronuynennes, à rostre recu dans un sillon du thorax, que l'on voit distinctement entre les pattes antérieures; antennes de onxe articles; pattes écartées à la base. Cette tribu est très-nombreuse en espèces, particulières à toutes les parties du globe, et qui sont réparties, selon M. Schænherr, en plus de quatre-vingts genres, dont plusieurs, tels que ceux des Cryptorhynchus, Tullodes, Ceuthorhynchus, ete., sont très-importants. Ce sont des Insectes dont la coloration et la taille varient considérablement, mais qui se reconnaissent facilement à ce que leur rostre est comme caché, car une fossette assez profonde du corselet lui permet de s’y loger. On connaît COLÉOPTÈRES, 241 les métamorphoses de quelques espèces de cinq genres différents, et l’on peut dire, d'une manière générale, que les larves vivent dans les bois ou les racines des arbres, et parfois dans les mêmes parties des plantes herbacées. La larve du Cryptorhynchus lapathi, Linné, a été trouvée par Curtis sur les saules, et vit dans le tronc de ces arbres, qu’elle creuse en tous sens de galeries légèrement flexueuses. D’après Curtis et M. Westwood, les larves du Monoychus pseudo-acori, Fabr., se nourris- sent des graines de l’Iris pseudo-acorus. Celles du Cleogonus Fairmairei, Gureulionien des Antilles, creusent des galeries sous les écorces des arbres, et attaquent aussi l’aubier, comme l’a montré M. le docteur Coquerel. Les métamorphoses de plusieurs Ceutorhynchus ont été étudiées; les C. con- tractus, Marsh., et assimilis, Payk., déterminent, ainsi que l'a publié Kirby, la formation de petits tubercules sur les racines du Sinapis arvensis; M. Klingelhæffer rapporte que le C. macula-alba, Herbst, vit à l'état de larve dans les têtes de pavot; enfin M. Guérin-Méneville a publié un bon travail sur le C. sulcicollis, Gyll., dont la larve vit dans les racines du chou, sous le collet, et y dé- termine la formation de tubercules assez gros : pour se transformer en nymphe, elle sort des racines et se construit en terre une petite coque : l’Insecte parfait ronge le parenchyme des feuilles et va probablement déposer ses œufs à la racine des jeunes choux pour l’année suivante. Enfin deux larves du genre Conotrachelus ont été observées, et sont nuisibles aux arbres à fruits dans l’Amé- rique du Nord; d'après M. Harris, la larve du C. nenuphur, Herbst, vit dans le fruit des pruniers, des pêchers, des cerisiers, en occasionne la chute, et subit ses transformations en terre; selon M. Peck, la larve du C. argula, Fabr. (Rhynchæœnus cerasi), se rencontre sous l’écorce des rameaux du prunier cultivé, et détermine, à l'endroit où elle se trouve, la formation de petites bosselures, et peut occasionner même la perte de la branche. L'un des genres principaux, dont la tribu a tiré son nom, est celui des CRYPTORHYNQUES, Cryptorhynchus, Ulig., à antennes courtes, gréles : funicule de sept articles : massue plus ou moins ovalaire; rostre plus ou moins long, arqué; yeux latéraux; corselet souvent transversal, conique, rétréei en avant, souvent lobé antérieurement, avec un sillon au-dessous pour recevoir le rostre; écusson arrondi; élytres ovalaires, convexes, rétrécies en arrière, avec les angles huméraux pro- noncés; pattes assez longues, fortes; tarses allongés, spongieux en dessous, à deux premiers articles trigones, et l'avant-dernier élargi, bilobé; corps peu allongé, ailé. Ce groupe renferme près de deux cents espèces répandues sur toute la terre, excepté sur les plages méridionales, et qui, toutes ou presque toutes, ont une forme assez robuste et une taille moyenne. Le type est le C. lapathi (Curculio), Linné, à tête variée de noir et de blane, avec le rostre entièrement noir; corselet brun en dessus, avec les côtés blancs, ayant cinq tubercules élevés; élytres rugueuses, variées de brun et de blanc; abdomen entièrement noir; les cuisses bidentées, mélangées de noir et de blane : se trouve dans une grande partie de l'Europe, et n’est pas très-rare auprès de Paris. On rapproche de ce groupe plusieurs genres exotiques, tels que ceux des : Crarosomus, Sch., geure nombreux, puisqu'il renferme une cinquantaine d’espèces de grande taille, et particulières à l'Amérique du Sud; ce sont de grands et beaux Insectes qui ont été parfois réunis aux Cryptorhyn- ques. — Oncuocceuis, Dej., une espèce (rubiginosus) de Cayenne et du Brésil, de même que les types des deux genres peu connus des Carapyenus et Eprpeporanus, Sch. — Pnoroparus, Sch., une espèce (Stephensi, Hope) de la Nouvelle-Hollande, — Meranuzvus, Sch., deux espèces mexicaines décrites par M. Chevrolat. Le genre Camprorunus, Sch., plus distinct des précédents, a pour type une espèce, le Ç. statua, Fabr., de l’Europe méridionale, et renferme, en outre, quelques espèces du cap de Bonne-Espérance, de Cafrérie, de Madagascar, des Indes et de la Nouvelle-Hollande.—Viennent ensuite, dans la méthode de Schœænherr, les groupes des: CxamosoLus, Sch., de Java. —Macnowenus, Sch., une dizaine d'espèces des îles et du continent américains. — Cnemareus, Sch., type, le C. cameleon, Fabr., du Brésil. — Eureces, Sch., une espèce de la Nouvelle-Hollande, décrite par M. Hope. — Euvrnyrmnus, Chevr., le seul meditabundus, Fabr., de l'Australasie. — Mecocoryxus, Sch. (Tretus, Chevr.), une espèce du Bengale. — Cæcasrernus, Sch., une cinquantaine d'espèces, pour la plupart propres à l'Amérique du Sud, mais dont quelques-unes ont été signalées dans l'archipel Indien, à la Nouvelle-Hollande, en Cafrérie, ete. — Gyzinroconvaus, Sch., des espèces du Brésil et de Cayenne. — Convneruonus, Sch., type, jaculatorius, du Brésil. — Æpewonus, Sch., une espèce de Madagascar et une du cap de Bonne- Espérance. — Pacayonyx, Sch., une espèce (affaber) du Cap. — Gasrerocerus, Cast., sroupe fondé cs 51 249 HISTOIRE NATURELLE. : sur le G. depressirostris, Fabr., du midi de la France, mais renfermant aussi une douzaine d’es- pèces particulières à l'Amérique méridionale. — Cuærecrerorus, Sch., de la Nouvelle-Hollande. — Borruogarnys, Ghev., ayant pour espèce unique le B. laticollis, Reiche, de la Nouvelle-Grenade. — Conyscopus, Sch., type (heæasticus) de Sierra Leone. — Aonxeuvs, Sch., une espèce de la Nouvelle- Hollande. — Anarcis, Sch., l'A. æreus, Dej., de l'Amérique boréale. — Pvenopus, Germ., le seul P. bufo, Say (Gnioperus griseus, Perty), du Brésil. Dans les autres genres qui vont suivre l’écusson est très-petit, à peine visible ou même nul. — Pseunonus, Sch., une dizaine d'espèces de Cuba, des Antilles et de l'Amérique. — Gnenecæzus, Sch., du Chili. — Mæmacres, Sch., une espèce du Mexique, ete. Un genre “émembré des Ceutorhynchus ou Falciger, que l'auteur du Genera et Species Curcu- lionidum place ici, est celui des CŒLIODES, Sch., à antennes médiocres, gréles; massue ovalaire, acuminée; rostre allongé; corselet transverse; élytres brièvement ovalaires; pattes médiocres; corps arrondi, comme contracté, convexe en dessus, peu squameux, ailé, très-petit ou médiocre : on in- dique une quarantaine d'espèces de ce genre, et elles sont propres à tout le globe, mais surtout à l'Europe; tels sont, parmi ces dernières espèces, les €. guttula, KFabr.; fuliginosus, Marsh.; quercüs, Fabr., etc. D'autres genres sont ceux des: Cocragisius, Sch., de l'Amérique méridionale. — Mononxeuus, Schüppel, qui renferme une dizaine d'espèces de l’Europe, de la Chine et de l'Amérique du Nord : type, le Ceutorhynchus pseudacori, Fabr., de toute l'Europe moyenne. — Marmorapus, Sch., espèce unique, M. Besseri, de Berlin et de la Pologne. < Un genre plus distinct est celui des TYLODES, Sahlberg, à antennes moyennes, gréles : funicule de sept articles, dont les premuiers sont allongés et les autres courts : massue ovalaire; rostre fort, cy- lindrique, un peu arqué; corselet rétréci en avant, légèrement prolongé, tronqué à la base, avec un long sillon inférieur; élytres longues, ovales, ramassées à la base; corps oblong, ovalaire, diur, ru- gueux, écailleux, apière, petit. Ce groupe, qui ne renferme que de petits types, est nombreux en espèces, surtout particulières à l'Europe et à l'Amérique, mais dont quelques-unes se rencontrent dans d'autres pays; de nombreuses subdivisions y ont été formées, mais l'on réunit en général les : TsLopes, Sch., à funicule des antennes à hrois ou quatre premiers articles allongés; une vingtaine d'espèces de l'Amérique méridionale, et les Acazces, Sch., à funicule des antennes ayant les deux premiers articles allongés; de soixante-dix à quatre-vingts espèces presque exclusivement euro- péennes, et dont le type est l’Acalles camelus (Rhynchænus), Fabr., très-petit, à corps brunûtre; rostre brun et d’un roux obseur à l'extrémité; antennes à massue ferrugineuse; corselet brun obscur; élytres obscures, striées, et les stries munies de tubereules élevés, aigus : habite l'Allemagne. D'autres genres qu'on en rapproche sont ceux des : Urosowus, Sch., des grandes îles améri- caines. — Ruyepuexes, Sch. (Physothorus, Gay et Solier), du Chili. — Tracopus, Sch., de Java. — Sezerorrerus, Sch., deux espèces de Livonie et de Carinthie, au moins voisines sinon iden- tiques avec les Acalles. — Eusceres, Sch., le seul Acalles tripartitus, Moritz (porcellus, Sch.), de Porto-Rico et de Cuba.—Poroprenus, Sch., quatre ou cinq espèces de Van-Diémen er de la Nouvelle- Hollande. — lensones, Sch., une espèce de la Guadeloupe, — Hereropus, Ghevr., une espèce (Afri- canus) du Sénégal. — Desmipopuorus, Chevr., une dizaine d'espèces du Bengale, de Java, de Ghine et peut-être du Brésil, — Ruayssomarus, Chevr. (Orobitis, Germ,), une vingtaine d'espèces propres à l'Amérique méridionale. — Gnarconernus, Chevr., groupe américain assez nombreux, type, C. ca lidus, Fabr., de Cayenne. — Conorracezus, Latr., auquel on réunit les Cyphorhynchus, Sch., qui renferme plus de cent espèces, dont quelques-unes étaient rangées dans les genres Cryptorhynchus et Rhynchænus par les anciens auteurs; type, C. diaconitus, Germ., de l’île de Cuba. — Mirropno- nus, Sch., une seule espèce (Waterhousei) de l’intérieur du Brésil. — PEerinervs, Sch., des espèces de l'Amérique méridionale. — Acenrrus, Chevr., une espèce, le Cryptorhynchus histrio, Fald., du Caucase, de l'Italie et même du midi de la France. — Panrorezxs, Sch., deux espèces brésiliennes. —Euperes, Sch., une espèce (lineicollis, Wiedm.) du cap de Bonne-Espérance. — STRONGYLOPTERUS, Chevr., quelques espèces brésiliennes. — Trapneconvnus, Sch., des espèces de Madagascar. — [ruy- rorus, Sch., une douzaine d'espèces du Cap, du Sénégal, de Madagascar et de Java; type, le Colo- bodes Billbergi, Sch., de ce dernier pays. — Anrurasrenus, Sch., ne renfermant que quelques es- pèces particulières au Caucase; type, À. fullo, Bæber. Fig. 1. — Apion ater Fig. 2. — Bruchus pisi Fig. 3. — Cleogonus trigonalis Fig # — Opachus quadricollis Fig. 5. — Zygops rubricollis. =. De à CA } | C CT ue En COLÉOPTÈRES. 243 C'est ici que Schænherr, dans le supplément de son grand ouvrage, place le genre important et principalement européen des BAGOUS, Germ. Ces Curculioniens ont pour caractères : antennes courtes, assex gréles : funicule de sept articles, dont les deux premiers allongés, coniques, et les autres perfoliés, ramassés, allant en s'élargissant vers l'extrémité : massue grande, ovalaire; rostre court, arqué, robuste, cylindrique; corselet à peu près cylindrique, échancré en avant, un peu lobé vers les yeux, ayant en dessous un sillon court; écusson petit, arrondi; élytres oblonques, ovalaires, très-calleuses en arrière, à angles huméraux obtus; pattes longues, pliées : jambes arquées vers l'extrémité, armées au bout d'un onglet pointu : tarses étroits, longs; corps oblong, ovalaire, ailé, souvent écailleux. Ces Insectes, distingués génériquement depuis longtemps, sont assez nombreux, car on en a la description d'une cinquantaine d'espèces; ils sont de taille assez petite, et se rencon- trent surtout dans diverses contrées de l'Europe, quoique l’on en trouve également en Asie et dans l'Amérique du Nord; on peut prendre pour type le B. subcarinatus, Sch., petit, à corps noir, varié de petites écailles grises; tarses ferrugineux; corselet caréné, un peu resserré, avec deux lignes noires sur le sommet; élytres ayant un point discoïdal blanc; habite la France, et même les envi- rons de Paris. Fig. 220. — Tylodes plinioides. Fig. 221. — Bagous binodosus. Fig. 222, — Ceuthorhynchus ser. (Très-grossi.) D'autres genres exotiques, à une exception près, intermédiaires entre ceux des Bagous et des Ceuthorhynchus, sont les suivants: Zycors, Sch., une trentaine d'espèces de l'Amérique du Sud.— Coprunus, Sch., des espèces encore plus nombreuses et propres aux mêmes pays que celles du groupe précédent. — Prazurus, Sch., à peu près autant d'espèces, aussi de l'Amérique méridionale. — Losors, Timorus et Pixarus, Sch., comprenant chacun une seule espèce propre au Brésil. — Mr- corus, Dalm., une dizaine d'espèces de Java et du Bengale. — Aracnvosas, Boisd. (Arachnopus, Guérin), deux espèces de la Nouvelle-Guinée; les striga, Boisd., et gazella, Oliv. —Croconus, Sch., quelques espèces du Brésil et de Cayenne. — Onogmmis, Germ., le seul, l'O. cyaneus, Linné, petite espèce que l’on a signalée dans presque toute l'Europe intermédiaire et septentrionale, Les derniers genres de la tribu des Cryptorhynchides ont l’écusson excessivement petit, à peine distinct ou semblant ne pas exister. Ce sont les : Ocranrus, Sch. (Palmotodes, Klug), une vingtaine d'espèces de l'Arabie, de Cafrérie, du Cap, de Port-Natal, etc.—Syuprezopus et LoporracueLus, Sch., renfermant un nombre assez restreint d'espèces propres aux mêmes pays que les précédentes Le genre CEUTHORHYNCHUS, Schüppel, Germar, Schœænherr, etc., que quelques auteurs, à l'exemple de Megerle, de Sturm, ete., nomment Fauci6er, et que Stéphens appelait Neovus, est très- nombreux en espèces, car il en renferme près de deux cents, et plusieurs groupes génériques, comme nous le dirons, en ont cependant été séparés. Les caractères des Ceutorhynques sont les sui- vants: antennes courtes, grèles : funicule de sept articles, dont les premiers, plus longs que les autres, coniques : massue ovalaire, pointue; rostre arqué, long et filiforme, ou court et cylindrique; corselet très-rétréci en avant, ramassé, bisinué en arrière, souvent lobé vers les yeux, muni en dessous d'un canal plus où moins raccourci; écusson très-petit ou presque nul; élytres trianqulaires, arrondies, charnues à l'extrémité, plus courtes que l'abdomen; pattes fortes; cuisses renflées; jambes tronquées au bout; tarses spongieux en dessous, à deux premiers articles trigones, l'avant- dernier élargi, bilobé; corps court, rugueux, ovalaire, un peu carré, ailé, écailleux en dessous. Ces Coléoptéres, tous de petite taille et en général de couleur grise ou noirâtre avec des dessins blancs 24 HISTOIRE NATURELLE. se trouvent principalement dans les diverses parties de l'Europe, mais quelques-uns ont été pris dans presque toutes les parties du globe : c’est sur les parties vertes des végétaux, ainsi que sur les fleurs, qu’on les rencontre. Dans nos environs, on en à signalé plusieurs, tels que les C. echit, Fabr., à corps noir; corselet et élytres ayant des lignes blanches longitudinales; cuisses dentelées, avec un anneau blanc: commun sur la Vipérine (Echium vulgare); lamii, Fabr., du Lamiuwm album; bora- ginis, Fabr., dela Bourrache; erysimi, Fabr., de l'Erysimum; quercûs, Linné, du Chêne; didymus, Fabr.; guttula, Fabr., ete. — On en a distingué les : Camwpycirnynenus, Meg. (Rhinoneus, Stéph.; Rhinoncus, Seh.), qui, avec l'aspect des Phythobius, ne se distinguent guère des Ceuthorhynques que par le rostre plus court et plus épais, par les yeux plus proéminents, ete.; une vingtaine d'es- pèces, surtout européennes, mais dont quelques-unes proviennent de l'Amérique boréale, de l'A- frique septentrionale et australe, de Calcutta, ete.; type, C. granulipennis, Uhevr., petite espèce trouvée auprès de Paris.— Poornaëus, Sch., à corps plus allongé et moins convexe que celui des Ceuthorhynchus : trois espèces d'Europe, dont la plus répandue, qui se prend dans nos environs, est le P. sisymbrii, Fabr.— Tapivorus, Sch., une espèce (sellatus, Fabr.) de Suisse, d'Allemagne et du nord de l'Europe. — Rurrmosomus, Sch., à funicule antennaire seulement de six articles : une espèce (globutus, Herbst) de France, de Suisse et d'Allemagne. — Lypnus, Sch., une espèce (cylin- drus, Payk.) de l'Europe intermédiaire et boréale. — Meyswoneres, Sch., une espèce (euglyptus, Dalm.) de Java. — CœLocasrer, Sch., une espèce, (Zimmermanni) de Pensylvanie. 44° tribu, Conornores, à antennes très-longues, gréles : funicule de sept articles : massue presque solide, distinctement biarticulée; rostre recourbé; corselet offrant un canal pour recevoir le rostre. Cette tribu ne renferme que le seul genre CONOPHORUS, Sch. (Eccoptus, Klug), qui ne com- prend lui-même qu'une espèce unique (albidus, Klug), à corps elliptique, ovalaire, noir, brunûtre, couvert d’écailles d’un cendré blanchâtre; rostre, antennes et pattes roussâtres : habite le cap de Ponne-Espérance. 15° tribu, Cronines, à antennes très-courtes, de neuf articles : funicule de cinq articles : massue antennaire de trois ou quatre articles; pattes antérieures rapprochées à la base ou distantes. Cette tribu, qui n’est formée que de quatre genres, dont le plus important est celui des Cionus, n’est pas très-nombreuse en espèces, toutes assez petites et répandues néanmoins sur presque tout le globe. Quelques-unes d’entre elles sont connues sous leurs premiers états, ainsi que nous le dirons en indiquant les divers groupes; les larves vivent en général dans le parenchyme des feuilles des plantes, dans certaines fleurs, et elles forment parfois leur demeure nymphale dans l'intérieur des fruits des plantes sur lesquelles elles ont vécu, ou y produisent une petite galle. Genre principal, CIONUS, Clairville, à antennes courtes, grêles : funicule de cinq articles, dont les deux premiers coniques et les autres courts, tronqués à l'extrémité : massue oblonque, ovalaire, avec les articles intimement unis; rostre allongé, cylindrique, arqué; corselet petit, transversal, rétréci en avant, tronqué à la base et au bout; écusson oblong; élytres grandes, convexes, en carré, ailées; pattes courtes; jambes tronquées, mutiques : turses non spongieux en dessous, avec les deux premiers articles triangulaires et le troisième dilaté, bilobé; corps en ovale, presque carré, voûté, ailé. On décrit une trentaine d'espèces de ce genre, et on les a trouvées dans plusieurs parties de l'Europe, en Sibérie et dans l’Afrique méridionale. Ge sont de petits Coléoptères, à forme assez ar- rondie, et dont la coloration est généralement sombre, mais parfois relevée par des dessins de teintes tranchant beaucoup avec celle du fond. Parmi les espèces répandues dans toute l'Europe, et que l’on trouve communément aux environs de Paris, nous citerons les C. scrophulariæ, Linné, thapsus, Vabr., et blattariæ, Fabr.; la première, la plus commune de toutes, a le rostre long; le corselet blanchâtre; les élytres noires, avec deux taches blanches et quatre lignes élevées, soyeuses, variées de blane et de noir. Les larves de plusieurs espèces ont été observées : celles du Cionus scro- phulariæ, Linné, qui vivent principalement sur le Serophulaire, par de Géer, Schæffer, Herbst, Latreille, Huber, MM. Rossier et Ed. Perris; celles du verbasci, Sch., par M. Bouché; celles du thapsus, Fabr., par M. Ed. Perris; celles de l’olens, Fabr., qui- se nourrissent de plusieurs plantes, et même du Bouillon-blane, comme les précédentes, par Goedart et Réaumur; celles de l’ungulatus, Germ., qui vivent sur le Verbascum lychnitis, par M. Ed. Perris, et celles du fraxini, de Géer, par de COLÉOPTÈRES. 245 Géer lui-même. D'après les entomologistes que nous venons de citer, et principalement selon M. Ed. Perris, ces Insectes, que l'on voit apparaître au printemps, recherchent des plantes diverses, se- lon les espèces, mais principalement les Verbascum; les larves qui naissent des œufs déposés sur ces végétaux rongent le parenchyme des feuilles et y subissent leurs métamorphoses, quoique néanmoins elles ne soient pas, à proprement parler, des larves mineuses; elles sont recouvertes d'une matière gluante exerétée par un mamelon rétractile situé à la partie supérieure du segment terminal : la mollesse et la mobilité de leurs téguments leur permettent de recouvrir en entier leur corps de cette substance. Celle-ci n’a pas seulement été donnée à la larve pour se maintenir avec facilité sur les feuilles ou se garantir de la pluie et de l'ardeur du soleil, mais encore elle lui sert à fabriquer la coque où elle va subir ses métamorphoses; en effet, quand l’époque de la métamor- phose arrive, la larve se fixe sur un point de la feuille où elle a vécu, augmente l'épaisseur de la couche qui la revêt, ct contracte fortement son corps, de manière à gagner en largeur ce que cette couche perd en longueur; la larve demeure immobile jusqu'à ce que cette couche ait acquis assez de consistance, puis elle se détache de cette enveloppe qui la renferme entièrement, et se trouve libre dans sa loge; elle augmente encore l'épaisseur de sa coque au moyen de la même substance, qu'elle saisit à sa source avec ses mandibules, et elle porte ce surcroît de matière aux endroits les plus faibles de sa nouvelle demeure. Après ces travaux, la larve, courbée en arc, demeure immobile dans sa coque membraneuse et transparente jusqu’à sa métamorphose en nymphe : un espace de six à huit jours lui suffit pour se changer en Insecte parfait, et le Cionus, parvenu à son dernier état, détache, avec beaucoup de netteté, un segment sphérique à l’une des extrémités de sa loge et parait au jour. Plusieurs parasites, tels que les Stomostea pallipes, Duf.; Pleromalus larvarum, Spin., et Eurytoma abrotani, Rossi, attaquent les larves de Cionus. Quelques auteurs rangent auprès des Cionus un genre Creorus, Meg., dont deux espèces euro- péennes (lineariæ, Panz., et affinis), étudiées par M. Hammerschmidt sous le point de vue des mé- tamorphoses, lui ont présenté des larves qui vivent au collet des plantes, où elles déterminent la formation de petites galles de formes irrégulières. Fig. 223. — Cionus pulverosus. Fig. 22%. — Sphenophorus liralus. Genre GYMNETRON, Sch., à antennes courtes, gréles : funicule de cinq articles : massue ovale; rostre allongé, cylindrique, plus ou moins arqué, un peu rétréci vers l'extrémité; corselet trés-court, transversal, à angles postérieurs habituellement arrondis, un peu convexes en dessus, parfois cana- liculé en dessous; écusson arrondi en arrière; élytres plus où moins planes, presque carrées; jambes médiocrement fortes; corps ovalaire, ailé. Les Gymnetron, que Germar réunissait aux Cionus, et qui leur ressemblent beaucoup par leur forme générale et par leur taille, sont au nombre d'une cinquantaine d'espèces, qui habitent presque toute l’Europe, et se trouvent aussi en Sibérie, en Perse et dans le midi de l’Afrique. Ces Insectes se nourrissent des plantes basses sur lesquelles on les rencontre; comme type, nous nommerons le G. campanulæ, Latr., à corps entièrement noir, avec les élytres striées, obtuses à l'extrémité, commun sur les Campanules dans nos environs; d'autres espèces, également parisiennes, sont les G. beccabungæ, Linné, et teter, Fabr. Ces petits Cureulio- niens vivent, à l'état de larve, sur diverses plantes dont ils rongent les fleurs, et ils subissent leurs métamorphoses dans les fruits des mêmes plantes qui sont atrophiés et remplacés par une petite galle, La larve du Gymnetron villosulus, Sch., ronge les fleurs de la Veronica beccabunga, et, selon M. Bouché, détermine la formation de petites galles, où elle subit ses transformations; et, d’ après 246 HISTOIRE NATURELLE. M. Loew, elle vivrait aussi dans les fruits; celle du G. verbasci, Sch., ainsi que le fait remarquer M. Ed. Perris, se trouve dans les fruits du Verbascum; enfin la larve du G. campanulæ, Linné, vit dans les fleurs de la Campanula rhomboïdalis, et se transforme en nymphe dans l'ovaire de cette plante, qui est atrophié ettransformé en une petite galle par l’Insecte parasite : cette dernière obser- vation, ja plus complète que nous ayons sur les métamorphoses des Gymnetrons, et qui comprend l'histoire complète de la larve et de la nymphe, est due à M. le docteur Al. Laboulbène, qui a été à même de la faire à la Grande-Chartreuse, lors du congrès provincial de 1858 de la Société entomo- logique de France (Annales, troisième série, tome VI, page 900, planche XVII). Genre NANOPHYES, Sch. (Nanodes, Sch., olim), à antennes longues, gréles : funicule de cinq articles : massue grande, oblongue, ovalaire, pointue à l'extrémité; rostre allongé, cylindrique; corselet conique; élytres un peu ovalaires, bossues; pattes longues; corps très-convexe, ovalaire, bossu, rétréci aux deux extrémités, ailé. Une vingtaine d'espèces propres pour la plupart à l'Eu-* rope et au nord ainsi qu'au midi de l'Afrique, anciennement réunies aux Cionus, et dont le type est le N. tamarisci, Dej. L'histoire des mœurs de cette espèce a été faite, d'abord par M. P. Gervais, et plus tard par M. H. Lucas; la larve vit dans l'ovaire du Tamarix, et elle présente ce fait curieux que, renfermée dans le fruit, elle peut le faire sauter à différentes reprises. Cette observation inté- ressante peut être rapprochée d’une remarque recueillie également par M. H. Lucas, et se rappor- tant à une petite chenille de Lépidoptère nocturne qui se renferme dans une graine d'Euphorbe exotique, et qui fait faire à cette graine de petits sauts très-appréciables. Un genre que nous avons déjà signalé, celui des Coxrarus, Germ., est placé ici par quelques au- teurs. L'espèce typique, le C. chrysochlora, Lucas, a été étudiée par M. Ed. Perris sous le point de vue des métamorphoses : la larve, noire, avec un liséré jaunâtre latéral, se trouve en France sur le lamarix Gallica, et en Algérie sur le T. Africana; elle ronge les feuilles de ces arbustes, et se construit une coque pour se métamorphoser en nymphe: cette coque, de la grosseur d’un pois, est formée d’un élégant réseau. Enfin le dernier genre de la tribu que nous étudions est celui des MECINUS, Germ., à antennes courtes : funicule de cinq articles : massue ovalaire, presque solide; rostre court, fort, cylindrique, incliné; corselet cylindrique; élytres allongées; pattes courtes, fortes; corps allongé, cylindrique; ailé. Ce genre comprend une dizaine d’espèces plus grandes que celles des groupes précédents, et particulières surtout à l'Europe méridionale et au nord de l’Afrique. L'espèce typique est le M. col- laris, Germ., d’une assez grande partie de l'Europe, surtout dans les contrées septentrionales : Ja larve en a été décrite par MM. Chapuis et Candèze; elle se loge dans les hampes du Plantago mari- tima, et y forme, au-dessous de l’épi, un renflement fusiforme, assez allongé, dans lequel elle subit ses métamorphoses. 3° section (Calandrides, Blanch.), comprenant d'assez nombreuses espèces de Curculioniens ayant pour caractères : rostre long; antennes de sept à dix wrticles, soudées après le premier : fu- nicule composé d'articles en nombre variant de quatre à sept : massue d'un seul ou de deux articles, spongieuse à l'extrémité, et pouvant se partager, d'après Schœnberr, en quatre tribus, celles des : Camypyloscélides, Calandrides où Rhynchophorides, Cossonides et Dryophthorides. 16° tribu, Campyroscéuines, à antennes médiocres, plus ou moins grêles : funicule de sept articles : massue presque solide, indistinctement articulée; rostre recourbé, mince; pattes antérieures dis- tantes à la base : tibias recourbés. Cette tribu, qui semble établir le passage des Cionides aux véritables Calandres, ne comprend que quelques Curculioniens exotiques, rares dans les collections, et qui constituent trois genres créés par Schænherr; les deux premiers, propres à la côte australe de l’Afrique, et principalement à la Guinée, sont ceux des CAMPYLOSCÉLUS et AMORBAIUS, et le dernier, exclusivement propre à Ma- dagascar, est celui des EPIPHYLAX. 17e tribu, CaraNDRIDES où RHYNCHOPHORIDES, à antennes médiocres, plus ou moins gréles : funicule ? 9, COLÉOPTÈRES. 247 habituellement de six articles, mais chez quelques-uns de cinq : massue presque solide, tantôt biar- ticulée, tantôt indistinctement articulée; rostre recourbé ou droit. Cette tribu renferme deux cent cinquante à trois cents espèces réparties dans une trentaine de genres, et propres à toutes les parties du monde. Ce sont des Insectes, les Charançons par excellence du vulgaire ou Calandres des anciens naturalistes, dont la taille est excessivement variable, tantôt très-petite, comme dans nos espèces indigènes, tantôt notablement grande, comme chez les espèces particulières aux pays chauds. Les métamorphoses des Calandrides sont connues depuis longtemps, et cela devait être, car l'on sait que la larve de notre Calandre du blé vit dans les graines de la céréale la plus cultivée pour la nourriture de l'Homme, et cause souvent de très-graves dégâts; les larves des espèces exotiques dévorent également les substances farineuses, mais, au lieu de la prendre dans les graines, elles vont la chercher dans l'intérieur de différentes espèces de Palmiers et de Cycadées : nous reviendrons bientôt sur ce sujet intéressant, et nous passons immédiatement à l'indication des différents groupes génériques. A. Chez les uns les antennes sont insérées vers le milieu du rostre, et les élytres couvrent le pygidium. Genre principal, RHINA, Oliv., à antennes moyennes : funicule de six articles : massue allongée, cylindrique, compr'imée à l'extrémité, presque solide; rostre très-allongé, avancé, grêle, inégal en dessus; mandibules à trois dents; mâchoires allongées, velues, légèrement membraneuses; palpes maxillaires très-petits, de trois articles, le dernier plus long que les autres, ovalaire où un peu co- nique; corselet ovalaire; écusson triangulaire; élytres allongées, cylindriques; pattes lonques, principalement les antérieures : cuisses allongées, simples, comprimées : jambes épineuses : tarses allongés, spongieux; corps oblong, presque cylindrique, convexe, «ilé. Les Rhina, par leur forme générale, ont quelque chose des Lixus, et c’est pour cela que Fabricius réunissait à ce groupe les espèces qu'il en connaissait. Ce sont de grands Insectes, généralement noirs, et dont le rostre est fortement prolongé; on en décrit une dizaine d'espèces, surtout propres à l'Amérique méridionale et insulaire, et dont une (Afxelii, Sch.) provient de Sierra Leone en Afrique, et une autre (nigra, Drury) de Madagascar. L'espèce la plus anciennement connue est le R. barbirostris, Fabr., long d'à peu près 02,09; corps noir; rostre velu; corselet légèrement canaliculé, avec des points enfoncés; élytres crénelées, striées; cuisses simples, allongées, aplaties : se trouve communément dans l'Amé- rique du Sud. M. le docteur Ch. Coquerel a dit quelques mots de la larve du Rhina nigra; il l'a figurée, ainsi que la nymphe (Ann. Soc. ent., 1848, p. 181, pl. VID). Ce Rhina accomplit ses méta- morphoses dans le tronc du Vacoua (Vinsonia utilis, Gaudichaud), qui est très-commun à Mada- gasear, surtout aux environs de Sainte-Marie; la larve ressemble à toutes celles des Curculioniens; elle est apode, très-épaisse et très-ramassée; la tête est petite, orbiculaire, cornée, ainsi que la partie supérieure du premier segment, et, comme ce dernier, d’un brun foncé; le reste du corps est d'un jaune clair; le tronc du Vacoua dans lequel ces larves ont été trouvées en grande abondance était abattu et déjà en décomposition, ce qui, comme le font remarquer MM. Chapuis et Candèze, confirme l’assertion de M. Burmeister, lorsqu'il dit que les Calandrides n’attaquent que les Palmiers maladifs, brisés ou renversés par les vents. Les autres genres de la même subdivision sont ceux des: Srparus, Sch., le plus anciennement connu, à cuisses légèrement renflées, renfermant une vingtaine d'espèces de l'Amérique méridio- nale, de la Guinée, des iles de Sumatra, de Java et des Philippines, ete., et dont le type est la Ca- landra granulata, Fabr., grande espèce noiràtre, à élytres obscures, ponctuées et siriées, et assez commune à Sumatra. — Harpacrenus, Sch., deux espèces brésiliennes. — Srnænocxaraus, Sch. (Orthognathus, Sch., olim), type, S. lividus, du Brésil. — Srromsoscerus, Sch., espèce unique, S. Schuppeli, de Madagascar. B. Chez les autres les antennes sont insérées vers la base du rostre : le funicule est toujours de six articles, et le pygidium est nu ou non recouvert par les élytres. Beaucoup d'entre eux sont de grande taille, et propres en général aux pays chauds. Tel est surtout le genre des RHYNCHOPHORES, Rhynchophorus, Herbst, Sch., à antennes très- courtes, très-fortes : funicule à premiers articles très-courts et les autres longs : mussue médiocre, transverse, comprimée, sécuriforme; rostre allongé, fort; corselet un peu ovalaire; élytres égale 248 HISTOIRE NATURELLE, ment ovalaires, un peu arrondies à l'extrémité, et presque tronquées; pieds très-courts, ciliés, de grandeur à peu près égale; corps elliptique, ovalaire, souvent plan et rarement couvert en dessus, opaque, glabre ou un peu poilu, ailé. Herbst, en 1795, fonda, aux dépens des Curculio de Linné, le genre Rhynchophorus (du grec puyxos, bec; gopos, porteur), et cette dénomination fut adoptée par quelques auteurs; mais Clairville, en 1798, et Fabricius, en 1801, la changèrent en celle de Calandra (nom tiré de la dénomination de Calandre que porte vulgairement l'espèce la plus triste- ment célèbre, la C. granaria), et ils furent suivis en cela par Olivier, Latreille, Illiger, Germar, Dejean, Sturm, ete., tandis que Thunberg nomma le même groupe Cordyle. Plus tard, le genre Fig. 225. — Rhynchophorus ou Calandra heros. Rhynchophorus où Calandra, devenu très-nombreux en espèces présentant des caractères impor- tants différenciels, dut être, à juste raison, partagé en plusieurs groupes génériques; et, outre plu- sieurs autres genres, NOUS avons aujourd'hui, dans la nomenclature des Curculionites, un genre Rlynchophorus et un genre Calandra. Quant au premier, le seul dont nous devions nous occuper actuellement, nous l'adoptons tel qu'il a été constitué et caractérisé par Schænherr. — Les Rhyn- chophores sont de grands Coléoptères, à couleurs noires, ou au moins assez sombres, que l’on trouve principalement dans l'Amérique méridionale, dans l'Afrique australe, dans les îles de Java, Sumatra et des Philippines, à la Chine, ete. Le type est le Curculio palmarum, Linné, vulgairement nommé CHARANÇON DES PALMIERS: long de 02,03 à 0,04; à corps entièrement d’un noir velouté; rostre long; corselet plan en dessus, un peu brillant; élytres d’un noir mat, sans taches, courtes, profondément striées : se trouve communément au Brésil et à Cayenne. L'histoire des métamorphoses d_ cette es- pèce, ébauchée par Herbst et par Latreille, et plus complétement donnée par mademoiselle Sibylle de Mérian, est assez bien connue aujourd'hui. La larve est très-grosse, d'un blanc sale, et vit dans les troncs des Palmiers, dont elle dévore la matière féculente et qu’elle détériore considérablement : au moment de se transformer en nymphe, elle se forme une coque ovale, avec des filameuts du bois COLÉOPTÈRES. 249 qu'elle détache à cet effet : cette larve, qui est très-commune à la Guyane, est, dit-on, mangée par les Américains, qui la font préalablement cuire. Une espèce gigantesque, que nous représentons de taille naturelle, est le Rhynchophorus où Calandra heros, dont nous avons préféré donner la figure plutôt que celle d'une de nos espèces indigènes, qui, avec la même forme générale, ont le désavan- tage d’être excessivement petites. Les genres voisins de celui-ci, et qui, pour la plupart, comprennent quelques espèces qui y étaient anciennement réunies, sont ceux des : Prorocenus, Sch., quelques gigantesques espèces de Java et des Indes orientales; type, Calandra colossus, Fabr. — Macrocuerrus, de Haan, une espèce (prætor, Sch.) de Java. — Cyrrorracaezus, Sch., trois belles et grandes espèces : C. dux, Sch., de l’Assam; longipes, Fabr., des Indes orientales, et Lar, Erich., de Manille. — Liruornyneuvs, Sch., une su perbe espèce (L. Westermannii, Sch.) du royaume d’Assam près des monts Himalaya. — Onmaio- LAMPUS, Sch., trois espèces du Bengale et de Java, dont le type est l'O. Cuvieri, Sch.— Coxocernazus, Sch., quelques espèces de la Cochinchine, des îles de France, Bourbon et Madagascar : l'espèce la plus anciennement connue est la Calandra limbata, Kabr. — Triconoransus, Guérin, une espèce de la Nouvelle-Hollande (T. calandroides). — Porertopnonus, Sch., une très-grande espèce (niveus, Klug) de Java. — Pnacecorynes, Sch., la seule Calandra Sommeri du cap de Bonne-Espérance, décrite par M. Burmeister, et dont le même auteur a dit quelques mots de la larve. — Euexorisrus, Sch., uneespèce, la Calandra monachus, Oliv., de Madagascar, — Creremocerus, Guérin, une dizaine d'espèces exclusivement orientales et surtout particulières à l’ile de Java; l'espèce type de ce genre (acupunctatus, Chevr.), du Mexique, vit dans la tige ou la racine du Manguey (Agave Cubensis), dont les naturels obtiennent une boisson qui se convertit en boue infecte lorsque cette plante est attaquée par la larve de ce Curculionien. — Scypnopnorus, Sch., un petit nombre d'espèces parti- culières au Mexique. — Crerrnorus, Sch., deux espèces (Audouini, Sch., et variolosus, Klug) de Madagascar. — Acanrmarninus, Sch., une espèce (Dregei) du cap de Bonne-Espérance. — Axino- pnorus, Sch., une grande espèce de la Guinée, le Livus gages, Fabr. — Spnenoconyaus, Sch., ayant pour espèce unique le Curculio quadripunctatus, Weber, de Java et de Sumatra. — Mecarnocrus, Sch. (Belorhynchus, Guérin), trois espèces de Java, de Sumatra et de Sierra Leone, sur la côte d’A- frique; cette dernière est le Rhynchophorus funebris, Iliger. — Brroræus, Sch., type et espèce unique, B. carmelitus, Hoffm., du Brésil. Beaucoup d’entre eux, de taille moyenne ou petite, répandus sur tout le globé, et semblant éta- blir le passage des grandes Calandrides exotiques à nos petites espèces indigènes, constituent un seul et grand genre. C'est le groupe générique des SPHÉNOPUORES, Sphenophorus, Sch., à antennes médiocres, très-fortes : furicule à deux premiers articles de la base oblongs et Les autres courts, légèrement arrondis : massue brièvement ovalaire, comprimée, cunéiforme; rostre allongé, assez gréle; corselet oblong; élytres également oblonques, un peu ovalaires, planes en dessus, arrondies à l'extrémité; pieds médiocres, forts, tous à peu près d'égale longueur; corps elliptique, ovalaire, plan en dessus ou légèrement convexe, ailé. Ce genre renferme plus de cent espèces répandues sur tout le globe, et surtout plus abondantes dans les régions chaudes que dans les contrées tempérées ou froides. Plusieurs entraient dans les genres Rhynchophorus ou Calandra des anciens auteurs, et beaucoup aussi n'ont été découvertes que dans ces derniers temps : ce sont des Insectes généralement de taille moyenne et de teintes uniformes peu remarquables. Les métamorphoses de deux espèces propres aux Antilles ont été décrites; M. Guilding s'est occupé de celles du Sphenophorus sacchari, espèce décrite par lui, et M. le docteur Ch. Coquerel (Ann. Soc. ent. de France, 1849, p. 445, pl. XIV) a donné une description complète du Sphenophorus liratus, Sch. D'après le dernier entomologiste que nous venons de nommer, les larves du S. liratus vivent dans l’intérieur du trone du Bananier (Musa paradisiaca) au milieu des fibres où elles creusent de nombreuses galeries; au moment d'ac- complir leur dernière transformation, elles construisent, à l’aide de leurs fortes mandibules, des coques très-solides avec les fibres qui les entourent; ces coques présentent à leur intérieur des couches de fibres parallèles placées cireulairement et avec une grande régularité : elles sont de forme ovale, avec une extrémité plus pointue, et c’est en écartant les fibres circulaires de cette dernière, à l'aide de son bec, que l'insecte parfait abandonne sa prison, lorsqu'il s'est dépouillé de l'enveluppe de la nymphe. C'est dans le tronc pourri couché à terre d’un Bananier que ces larves ont été c.5 52 250 HISTOIRE NATURELLE. prises, etil est probable qu'elles ne pénètrent dans l'arbre qu'après sa mort; en effet, M. Ch. Coquerel a cherché plusieurs fois sans succès des larves dans l’intérieur de trones de Bananiers vivants, et il fait observer que si les gaînes des feuilles emboîtées qui forment la tige apparente des Bananiers ne sont attaquées qu'après leur mort, le Sphenophorus liratus, au lieu d’être nuisible, serait un insecte utile, puisqu'il contribuerait à hâter la décomposition des vieilles souches et respecterait les jeunes pousses. Tes espèces européennes sont les Sphenophorus piceus, Pallas, de moyenne taille, entière- ment d’un marron plus ou moins noirâtre, qui a été trouvé en France, mais qui est surtout com- mun en Sibérie et dans le Caucase; abbreviatus, Fabr., de la taille du précédent, et moins rare, entièrement noir, assez commun dans l'Europe moyenne et méridionale, de la Sibérie occidentale et du Caucase; Duponchel pense que la larve de cette espèce vit dans l’intérieur des tiges des ro- seaux, et il se base pour cela sur ce qu’il a plusieurs fois trouvé l'insecte parfait sur les plantes aquatiques d'une mare qui existait jadis sur les bords de la Seine, à l'extrémité du Champ de Mars, avant la construction du pont d’Iéna; c’est un fait resté inaperçu jusqu'ici, et qu'il serait intéres- sant de vérifier, aussi avons-nous cru devoir le signaler; parumpunctatus, Sch., du midi de l'Eu- rope; opacus, Sch., d'Italie; mutilatus, Laïch., et meridionalis, Dej., de l'Europe méridionale et moyenne; ardesius, Oliv., du midi de la France, ete. Les espèces américaines, surtout dans la partie septentrionale, sont beaucoup plus nombreuses que les espèces européennes. Enfin les petites espèces, qui ne sont guère qu'au nombre d’une vingtaine, et néanmoins propres à presque toutes les régions du globe, ne constituent que deux genres, dont l’un renferme prinei- palement les Curculioniens nuisibles au blé, au riz et à d’autres substances employées pour lali- mentation de l'Homme. C'est le genre typique des GALANDRES, Calandra, Clairville, Fabr., à antennes très-courtes, assez grèles : funicule avec les deux articles de la base très-longs, coniques, et les autres courts, un peu turbinés : massue oblongue, ovalaire, légèrement acuminée; rostre allongé, gréle, épais à la base, légèrement arqué dans le plus grand nombre des cas; corselèt un peu allongé; élytres oblonques, un peu carrées, arrondies vers l'extrémité et plus courtes que l'abdomen; pieds médiocres, forts; corps oblong, linéaire, très-plan, marqué de sculptures, ailé. Nous avons expliqué plus haut que ce genre a été créé par Herbst sous la dénomination de Rhynchophorus, que Clairville, Fabri- cius, ete., ont changé ce nom en celui de Calandra, que nous adoptons avec les entomologistes qui, à juste raison, ne veulent pas faire disparaitre de la nomenclature des noms devenus classiques; nous avons dit aussi que ce groupe primitif a été partagé en plusieurs coupes génériques que nous avons nommées, et 1] ne nous reste plus qu'à ajouter que, telle que nous la concevons, la division des Calandres correspond au genre Srropinus de Schænbherr. En effet, le savant auteur du Genera et Species Curculionidum, probablement pour que ses Rhynchophorides ne renferment que des genres dont les dénominations soient tirées du grec, a changé le nom sans signification ou barbare de Calandru en celui de Sitophilus, du grec cos, graine, et oûes, jaime; mais c’est là, comme le fait à juste raison observer Duponchel, une méthode très-vicieuse, de sacrifier ainsi le fond à la forme, car on doit toujours respecter les noms admis dans la science et consacrés par l'usage, comme celui dont il s'agit, et la priorité scientifique doit toujours prévaloir. — Aïnsi compris, le genre Calandra ren- ferme une vingtaine d'espèces qui habitent tout le globe, et principalement les plages méridionales; Schœnherr, outre nos C. granaria et oryxæ, qui se trouvent surtout en Europe et sont devenus cosmopolites, en indique des espèces de l'Amérique, tant méridionale que septentrionale, des îles de France et de Bourbon, des Indes orientales, de Java, de Sumatra, du Bengale, de la Guinée, ete. Ces Insectes, tous petits, de teintes peu remarquables et assez sombres, habitent presque exelusive- ment dans les graines des végétaux. Tous marchent très-lentement sur le sol et les troncs d'arbres, et se cramponnent fortement aux corps qui les soutiennent, L'espèce la plus commune en Europe et la plus redoutable pour nous, puisqu'elle attaque en si grand nombre la base de notre nourriture, et qui, par cela même, est aujourd’hui devenue presque cosmopolite, est la Gazanpre pu 81é (Cureulio granarius, Linné; Calandra granaria, Oliv.; Sito- philus granarius, Seh.). C'est un Insecte long d'environ 0,009, à corps étroit, allongé, d’un brun foncé, sans taches; rostre très-long relativement à la grandeur du corps; corselet ponctué, aussi long que les élytres; celles-ci assez courtes, profondément striées et ponctuées : se trouve presque par- tout, et n'est pas rare aux environs de Paris. Beaucoup d'auteurs, et particulièrement, selon Fig. 1. — Cercicodera nigri-costis Fig. 2. — Tachygonus horridus. Fig. 5 — Mycetophagus quadrimaculatus COLÉOPTÈRES. 251 MM. Chapuis et Candèze, Leuwenhoek, Frisch, de Géer, Herbst, Geoffroy, Latreille, Kirby et Spence, Keforstein, MM. Westwood, Harris et un grand nombre d’autres, se sont occupés des métamorphoses de ces Curculioniens, et ont fait connaître la larve, qui est petite, blanchâtre, et ressemble beaucoup, en miniature, à celles de la même famille. Cette larve est quelquefois en si grand nombre dans un monceau de blé, qu'elle n’en laisse que le son; et malheureusement, l'on ne s'aperçoit de ces dégâts que lorsqu'il n’est plus temps d'y remédier, attendu qu’elle ne ronge que l'intérieur du grain qui la renferme, et qu’elle y prend tout son accroissement, sans endommager l'enveloppe; de sorte que ce n’est qu'en prenant une poignée de grains qu'on reconnaît à leur légèreté qu’ils sont vides. Les tas de blé, quelque gros qu’ils soient, une fois envahis par la larve de la Calandre du blé, sont bientôt entièrement perdus, à cause de sa prodigieuse fécondité : la femelle pratique obliquement un trou dans un grain de froment et y dépose sur le côté ou sous l'enveloppe un seul œuf, passe à un autre grain et ainsi de suite, et la jeune larve se conduit comme nous l'avons dit, dévore peu à peu toute la substance farineuse, et, quand elle a pris tout son accroissement, se change en nymphe, puis en insecte parfait dans le grain même. L’Insecte en sort alors, s’accouple, et la femelle vient déposer de nouveaux œufs qui se transforment bientôt en larves, qui recommencent le dégät que nous avons signalé. Parmi les divers moyens indiqués par les agronomés pour prévenir ou diminuer les ravages de ces Insectes, nous ne mentionnerons que celui qu'on a reconnu être le plus efficace et en même temps le moins coûteux, renvoyant pour plus de détails aux ouvrages spéciaux. Lors- qu'un tas de blé est infesté par les Calandres, on dresse à côté de ce tas un petit monticule de grains auquel on ne touche plus, tandis qu'on remue le premier assez fréquemment avec une pelle. Les Calandres qui habitent le grand tas, étant inquiétées, l’abandonnent en partie pour se réfugier dans le petit, auquel on ramène, avec un balai, celles qui s’en écartent. On continue cette opération pen- dant quelques jours, et à des intervalles très-rapprochés, et lorsqu'on juge que le nombre des indi- vidus réunis dans le petit tas est assez considérable, on les fait tous périr en jetant sur celui-ci de l'eau bouillante. Ce procédé, qui détruit les insectes parfaits, et non les larves contenues dans les grains, ni même les œufs, qui résisteraient très-probablement à l’action de l’eau bouillante, doit être employé à l’époque des premières chaleurs, avant que la ponte ait lieu; il réussit plus compléte- ment, si l’on substitue au petit tas de blé une quantité égale de grains d'orge, pour lesquels il pa- rait que les Calandres ont une préférence marquée. Le procédé dont nous venons de parler, et qui, pourrions-nous dire, censiste à faire la part du feu. est le meilleur, et cependant il est insuffisant pour remédier au mal. Beaucoup d’autres moyens ont été indiqués et ne valent pas mieux; l’action de la chaleur, dont on a parlé, ne détruit pas le plus habituellement les œufs, et d’autres expé- dients occasionnent des dépenses plus considérables que le mal ne fait aux eultivateurs. Nous de- vons donc avouer qu'ici, comme dans plusieurs cas analogues, les moyens préservatifs sont insigni- fiants, et qu'il faut encore chercher s'il n’en existe réellement pas qui soient à la fois radicaux et exécutables. Une autre espèce, la Cazanore pu r1z (Curculio oryxæ, Linné; Sitophilus oryxæ, Sch.), qui res- semble assez à celle du blé, et qui se trouve actuellement aussi sur tout le globe, principalement sur les plages méridionales, est, pour les pays où l'on cultive cette Graminée, un aussi grand fléau que la Calandra granaria en Europe, car elle a la même manière de vivre et de se propager; elle attaque aussi les grains de Mil, au Sénégal, selon Olivier, quoiqu'il soit probable qu'il s'agit ici d'une espèce voisine et distincte. Kirby et Spence, ainsi que MM. Kollar et Harris se sont occupés des métamor- phoses de cette Calandre du riz. Parmi les espèces exotiques nous ne citerons que la Calandra linearis, Herbst, des Indes, ane occidentales qu'orientales, qui, d'après la remarque de Duponchel, aurait été quelquelois trouvée dans des caisses de conserve de tamarin : ce qui semblerait annoncer que cet Insecte a une manière de vivre différente de celle des autres. Un genre, créé par Schænherr, est placé par lui après celui des Calandra, et à la fin des Calan- drides : c’est le genre très-peu connu des Carapy6es, qui ne comprend que le seul C. albostriatus, Fabr., de la Guinée. 18e tribu, Cossonives, à antennes courtes : funicule de sept articles : massue où indistinctement articulée ou presque solide, à extrémité presque toujours spongieuse; rostre infléchi; pieds anté- 252 HISTOIRE NATURELLE. rieurs distants à la base; élytres couvrant le pygidium; les deux premiers segments de l'abdomen beaucoup plus longs que les autres, joints intimement, mais appréciables. Les Cureulioniens placés dans cette tribu ne sont guère qu'au nombre d'une centaine, et sont ran- gés dans dix ou douze genres. On en rencontre dans toutes les parties du monde. Ce sont des Insectes de taille moyenne ou petite, à teintes assez sombres. Leurs mœurs ont été peu étudiées; on sait seu- lement qu'ils vivent dans les troncs d'arbres, et c’est surtout à cause de ces habitudes qu'on les a parfois, au moins pour quelques-uns, réunis aux anciens Xylophages. Grâce aux travaux de M. Éd. Perris (Insectes du Pin maritime, Ann. Soc. ent. de France, 4856), on connaît aujourd'hui les mé- tamorphoses de plusieurs espèces d'au moins deux genres de cette tribu, et c’est d'après lui que nous allons donner quelques détails à ce sujet. La larve du Rhyncolus porcatus, Müller, ressemble beaucoup à celle du Dryophtorus lymeæylon, et n'en diffère guère que par une petite saillie un peu dentiforme vers le milieu du bord interne des mandibules en dessous : on la trouve pendant toute l'année dans les trones et les souches des vieux Pins morts ou abattus depuis plusieurs mois au moins. La larve du R. strangulatus, Perris, diffère principalement de la précédente par la disposi- tion de ses mandibules, et n'a été rencontrée que dans les troncs de Pins abattus depuis deux ans au moins, et munis ou dépourvus de leurs écorces, et elle aime un bois qui n’a pas de séve etest ramolli par le temps; mais ce qu’elle préfère principalement, ce sont les bois de charpente, pour lesquelselle est un fléau plus redoutable encore que le R. porcatus; l'insecte parfait aime à pondre dans les bois où il a vécu, et, d'après cette habitude, il est très-nuisible. La larve du Merites pallidipennis, Sch., a la physionomie des larves de Rhyncolus, mais s’en distingue par son corps plus plissé en travers, et même marqué sur le dos de petites stries ou rides longitudinales; sa lèvre inférieure n'est pas li- mitée par une ligne rousse et un peu cornée, décrivant une sorte de cœur, ce qui est rare chez les Curculioniens : elle attaque le Pin maritime, mais elle le fait dans des conditions toutes particu- lières : il lui faut du bois profondément pénétré de l’eau de mer et souvent baigné par elle, ainsi qu'a pu le constater M. Éd. Perris à la Teste, sur les bords du bas-in d'Arcachon. On trouve là, parmi les masses de Zoctera rejetées par les flots, des souches et des troncs de Pins morts depuis longtemps, qui, après avoir séjourné dans la mer, ont été jetés sur le rivage, et que les marées at- teisnent et recouvrent fréquemment; c’est dans ces débris ramollis par l’eau ainsi que par un com- mencement de décomposition, et ordinairement dépourvus d’écorces, que le Merites aime à pondre, c'est là aussi qu'au mois de juillet on trouve abondamment la larve, la nymphe et l’insecte par- fait : il faut dix ou onze mois à la larve pour se métamorphoser entièrement. Après avoir fait con- naître ces diverses larves, M. Éd. Perris s’est occupé de celles du Magdalinus carbonarius, Fabr., genre de Cureulionien dont nous avons parlé, et qui vit dans les tiges sèches du Pin maritime. Parmi les genres de cette tribu, deux sont principalement admis aujourd'hui par tous les au- teurs : ce sont les Cossonus et les Rhyncolus. Genre COSSONE, Cossonus, Clairville, à antennes médiocres, h'ès-fortes, insérées vers la base du rostre : funicule de sept articles, dont les deux de la base plus longs que les autres : massue très- grande, arrondie, presque solide; rostre allongé, grêle ou épais; corselet oblong, presque carré, élytres longues, linéaires, tronquées à la base, arrondies à l'extrémité, peu convexes en dessus, couvrant le pygidium; pieds médiocres; corps très-allongé, légèrement linéaire, marqué de sculp- tures, dur, ailé. Les Cossonus sont de médiocre grandeur et noirâtres : on en trouve dans toutes les parties du globe, et l’on en décrit plus de soixante espèces. Comme type nous citerons le C. linearis, Fabr., à corps très-allongé, très-grêle, noir; rostre long, très-aminei à la base, beaucoup plus épais à l'extrémité; antennes ferrugineuses, corselet oblong, ponctué; élytres striées; pattes brunes : se trouve en France et a été signalé aux environs de Paris. D'autres espèces, comme les C. ferrugi- neus, Clairv.; cylindricus, Dej., ete., habitent l'Europe; beaucoup proviennent de l'Amérique, comme le corticollis, Fabr.. du Brésil; il en est du cap de Bonne-Espérance (elongatulus, Fabr.), de Java (canaliculatus, Vabr.), ete. D'autres genres voisins des Cossones, et dont plusieurs des espèces y étaient anciennement réunies, sont ceux des : AmorpnocErus, Sch., quelques espèces exclusivement de Cafrerie.—Ponrueres, Sch., une espèce (Zamiæ) du même pays que les précédentes. — Mesrres, Sch., trois espèces : les M. cu- nides, Sol., du midi de la France; Tardti, Vigors, d'Angleterre, et pallidipennis, Sch., de France, A'Égypte, etc. — PazæopuaGus, Sch., groupe dans lequel on range une quinzaine d’ espèces euro- COLÉOPTÈRES. 253 s 5 péennes, africaines et américaines, établissant le passage des Cossonesaux Rhyncoles, et renfermant des espèces jadis rangées dans l’un ou l’autre de ces deux groupes; parmi nos espèces nous citerons les P, lignarius, Marsh., de la Suisse, de la Finlande et de l'Angleterre; spadiæ, Herbst, de l'Au- triche, de l'Ilyrie, de l'Italie et du nord de l’Afrique; sculptus, Sch., de la Suisse; nucipes, Chevr., d'Italie, etc. Genre RHYNCOLES, Rhyncolus, Creutzer, à antennes très-courtes, très-épaisses : funicule de sept articles, le basilaire très-grand, turbiné, et les autres très-courts, un peu perfoliés : massue très- petite, presque ronde, indistinctement quadriarticulée; rostre chez la plupart très-court, très épais; linéaire; corselet oblong, médiocrement convexe; écusson petit, arrondi; élytres allongées, con- veæes, cylindriques; pattes très-courtes; corps petit, allongé, un peu cylindrique, dur, ailé. Le genre Rhyncolus diffère surtout de celui des Cossonus par le premier article du funicule antennaire plus long que les autres, par la massue petite, par le rostre autrement formé, et par le corps plus con- vexe. Du reste, les espèces qui y entrent, au nombre d'une trentaine, sont également petites, noi- râtres, et propres à toutes les parties du monde. Comme type nous citerons le R. chloropus (Hyle- sinus), Fabr., petit, à corps noir, glabre; antennes courtes, épaisses; pattes d'un roux brunätre; élytres à peine plus larges que la base du corselet, linéaires : se trouve dans les bois morts de toute l'Europe. D'autres espèces européennes sont les : R. cylindricus, Sch., d'Espagne et de Dalmatie; elongatus, Gyllh., d'Allemagne; porcatus, Müller, des Pyrénées; culinaris, Reich, de France et du nord de l'Europe; truncorum, Schüpp., très-répandue partout; reflexus, prise à Paris, etc. Enfin les derniers genres qui terminent la tribu sont ceux des : Carozerurus, Sch., quelques es- pèces de l'Amérique méridionale. — Progces, Sch., deux espèces de Madagascar. — Eumycrerus, Sch., une espèce unique (albosquamatus, Ghevr.), d’Anatolie.— Lvmanres, Sch., une espèce (scro- bicollis) de l'Amérique boréale. — Microxyogius, Chevr., type, M. Westwoodii, de l’île de Sainte- Hélène. 49 tribu, Davoparaonies, à antennes courtes: funicule de quatre articles : massue ovulaire, s0- lide, pubescente à l'extrémité; rostre long, un peu infléchi; pygidium couvert par les élytres. Cette division ne renferme que le seul genre DRYOPHTHORUS, Schüppel, qui ne comprend lui- même que quatre espèces, à corps allongé, entaillé, dur, souvent couvert d’une matière pulvéru- lente, et dont le type est le D. lymexylon (Liæus), Fabr., très-petit, d’un gris noirâtre, se trouvant en Allemagne, en Suisse, en France, au Caucase, etc.; les trois autres espèces du même groupe sont de l'Amérique boréale, de la Nouvelle-Zélande et de Madagascar. — L'espèce typique, le D. ly- mexylon, a été étudiée complétement, sous le rapport de ses métamorphoses, par M. Ed. Perris (Ann. Soc. ent. de France, 4856, page 215); la larve, qui ressemble à celle des Hylastes, attaque le bois des vieux arbres, et principalement du pin, du chêne, du peuplier du Canada, etc., et a les mœurs des larves des Xylophages; la nymphe ne présente rien de bien particulier; il n’y à qu’une seule génération annuelle, et la ponte a lieu aux mois de mai et de juin. Fig. 226, — Cossonus lineuris. Fig. 227. — Diveymerus altus. Fig. 228. — Temnopiulus cerasi 254 HISTOIRE NATURELLE. : TRENTE-TROISIÈME FAMILLE BOSTRICHIENS. BOSTRICHIL. Blanchard, 1845. Corps généralement cylindrique; tête ordinairement recouverte par le corselet, invisible en haut; menton carré; languette de consistance variable et sans paraglosses; mächoires ciliées, bilobées, en lamelles; antennes composées de neuf à onxe articles, insérées au bord antérieur des yeux, et à trois derniers articles en massue; pronotum et parapleures du corselet confondus ensemble; pattes assez fortes; hanches de celles de devant et du milieu grosses, globuleuses, ovalaires, saillantes, et celles de derrière transversales; jambes à éperons terminaux bien développés : tarses de cinq ar- ticles, le premier très-petit et les second et troisième, au contraire, assez grands; abdomen ayant en dessous cinq segments, dont le premier est le plus grand de tous. Le genre Bostrichus de Geoffroy, établi sur le Dermestes capucinus de Linné, est le type de la petite famille qui nous occupe. Fabricius, assez longtemps après Geoffroy, eut le tort d'appliquer le nom de Bostrichus à certains Scolytes, et il lui substitua celui d’Apate, qui, contre toutes les règles de la nomenclature, fut adopté par tous les entomologistes modernes. Cependant, en bonne zoologie, la dénomination d'Apate aurait dû disparaître de nos Catalogues, ou n'y être placée qu'en syno- nymie, si, dans ces derniers temps (Ann. de la Soc. ent. de France, deuxième série, t. IT, Bulletin de 1843), M. Guérin-Méneville ne l'avait conservé aussi bien que celle des Bostrichus, en appliquant le nom de Fabricius à des espèces qui diffèrent du type de Geoffroy par des caractères d'assez grande valeur. Le travail de M. Guérin-Méneville, qui ne consiste malheureusement qu’en un simple tableau méthodique, est, avec la revue qu'en a donnée de son côté M. Th. Lacordaire, le seul travail général que nous ayons sur les Coléoptères de cette famille. Quant aux genres, au nombre d’une quinzaine, qui y ont été créés, ils sont dus aux auteurs que nous avons cités et à Herbst, Dejean, Stéphens, et à MM. de Castelnau, Duftschmidt, Guérin-Méneville, Leconte, Mulsant, Lucas, ete. Les Dostrichus, que Latreille regardait comme n'ayant que quatre articles à tous les tarses, et que conséquemment il rangeait dans sa division des Tétramères, famille des Xylophages, ont réelle- ment cinq articles tarsiens (excepté peut-être chez les Psoas, où il semble n’y en avoir que quatre), mais réellement, le premier d’entre eux est excessivement petit et difficile à apercevoir. Ces Insectes ont les plus grands rapports avec les Anobiens, à côté desquels ils doivent réellement être rangés, si même ils ne doivent pas y être réunis, ainsi que le proposent quelques auteurs. D'un autre côté, ils doivent avoisiner les Cis et les Scolytes, ce qui nous a engagé à les éloigner autant que nous l'avons fait des Anobium et des Ptinus. Excepté chez les Psoas, le corps de ces Insectes est cylindrique, revêtu de téguments assez solides, et presque constamment glabre en dessus. Le corselet, dans presque tous les cas, recouvre la tête, qu'il surplombe lorsqu'on les regarde en dessus; cette tête est plus ou moins grosse, ovalaire, et a beaucoup d'analogie avec celle de la plupart des Scolytes. Les organes buccaux, principalement les mandibules, sont très-robustes. Les yeux sont médiocres. Les antennes, assez fortes, ont une massue variable en longueur. Les élytres sont ordinairement tronquées à leur extrémité. Les tarses sont médiocrement allongés, comprimés, velus, et le sommet de leur dernier article présente, dans la plupart des espèces, un onychium surmonté de plusieurs soies. Les Bostrichiens sont des Insectes habituellement d’un noir uniforme ou de couleurs sombres, essentiellement xylophages; on en trouve dans toutes les parties du monde, et quelques-uns sem- blent être cosmopolites; diverses espèces exotiques, d’assez grande taille, doivent faire beaucoup de tort aux arbres qu’elles attaquent. Pour celles d'Europe, comme elles sont beaucoup plus petites, et qu'elles sont loin de multiplier autant que celles des Scolytes, on a peu à se plaindre de leurs ra- vages. Cependant l’une d’entre elles, le Bostrichus spinosus d'Olivier, dont la larve vit dans l'inté- COLÉOPTÈRES. 95% rieur des sarments de la vigne, nuit beaucoup aux vignobles, pendant certaines années, dans le midi de l'Europe, et M. Kollar (Deuschrift der Vien. Acad., tome [*'), a donné à ce sujet d’intéres- sants détails. Fig. 229, — Bostrichus capucinus. Fig. 250. — Apate Dufourii. Pu reste, les organes buccaux de ces Coléoptères sont excessivement puissants et très-bien dis- posés pour détruire les tissus des végétaux les mieux organisés, et même pour perforer des matières plus résistantes, telles que certains métaux. M.Emy (Ann. de la Soc. ent.de France, premiére série, tome II, 1833) avait signalé déjà, d’une manière générale, des parties entières de toitures en plomb, qu'il avait vues à la Rochelle, non-seulement rongées, mais entièrement percées par des larves de Bostriches. J'ai été à même (Revue xoologique, 1844) de donner une observation plus complète sur le même sujet et se rapportant spécialement au Bostrichus (Apate) capucinus, « M. du Boys, de Limoges, disais-je dans l’ouvrage que je viens de citer, m'a remis des clichés ty- pographiques percés en deux endroits et à d’inégales profondeurs, par des Insectes. L'un des trous, assez régulièrement arrondi, d'un diamètre d'environ quatre millimètres, a près de quatorze mil- limètres de profondeur : il est perpendiculaire; l'Insecte, pour former ce trou, a dû perforer plu- sieurs doubles du papier qui enveloppait les elichés, puis la première plaque métallique, une feuille du papier paille interposée, deux plaques d’alliage typographique, une nouvelle feuille de papier, et là, rencontrant une dernière plaque métallique, il semble, en quelque sorte, n'avoir pas eu la force de la percer, et il n’a fait que l’attaquer assez légèrement. Le second trou, n'ayant à peu près que dix millimètres de profondeur, est oblique; il ne traverse que l'enveloppe des clichés, la première plaque métallique et la feuille de papier interposée, et vient se terminer sur la seconde plaque, où l’on remarque des traces évidentes d’altération. Les perforations des divers plis du pa- pier qui enveloppait les clichés correspondent parfaitement avec les trous formés dans les plaques métalliques, et forment des espèces de conduits assez semblables à ceux que l’on rencontre si sou- vent dans le bois. Le canal creusé dans l’intérieur du métal offre un même diamètre dans toute son étendue, et ses bords présentent des traces nombreuses de coups de mandibules des Insectes. Deux Coléoptères, à l’état parfait, ont été trouvés dans les clichés, ce sont des Apate (Bostrichus) capucina, Fabricius. On doit se demander comment ces Insectes ont pu pénétrer dans les clichés. Est-ce à l'état d’insecte parfait ou à l’état de larve? Aucun fait positif ne peut venir résoudre complétement ce problème. Cependant, quant à moi, je pense que c’est l’insecte parfait qui a perforé le métal ty- pographique. Je erois que l’Apate capucina, après avoir véeu à l’état de larve et de nymphe dans quelques morceaux de bois placés dans l'imprimerie où étaient déposés les clichés depuis plus de dix-huit mois, et après s’y être transformé en insecte parfait, a rencontré sur son passage les plaques métalliques, et qu'il ne les a rongées que pour vaincre l'obstacle qui se présentait devant lui. La position de l’Insecte trouvé mort la tête contre le fond du trou, semble appuyer mon opinion. En outre, on a recueilli avec beaucoup de soin les Insectes trouvés dans les clichés; si on y avait ren- contré des dépouilles de larves et de nymphes, pourquoi ne les aurait-on pas également conservées ? Un grand nombre d'Insectes, particulièrement des Coléoptères Xylophages et Capricornes, peuvent percer le bois aussi bien à l’état de larve qu’à celui d’Insecte parfait; pourquoi, dans certaines circon- stances, ne pourraient-ils pas attaquer le plomb sous ces deux états? Pourquoi les larves, ainsi qu'on l'admet en général, auraient-elles seules cette propriété? Enfin l'expérience suivante vient prouver qu'évidemment des Insectes à l’état parfait peuvent perforer des plaques métalliques. On à pris trois creusels de plomb assez minces, un Callidium sanguineum. Fabricius, à l’état d'insecte parfait, a été 256 HISTOIRE NATURELLE. placé dans le premier creuset, puis par-dessus on a mis un second creuset dans lequel 1l y avait éga- lement un Callidium sanguineum; enfin un troisième creuset a été placé encore en dessus. Quelques jours après celte opération, on a séparé les creusets les uns des autres, et on a vu que le creuset in- termédiaire offrait un trou arrondi, par où l’un des Insectes était sorti pour aller rejoindre l’autre; le trou qui a été formé par le Callidium sanquineum est irrégulièrement arrondi, d'un diamètre d'environ six millimètres. » Si nous voulions aller plus loin, nous pourrions, comme nous l’avons fait ailleurs, citer plusieurs faits d’Insectes perforant des plaques métalliques. Audouin a présenté, en 1833, à la Société ento- mologique de France (Bulletin, première série, tome I[, 1833), une plaque de plomb provenant d’une couverture de bâtiment, et sur laquelle des larves; disait-il, de Callidium avaient creusé assez profondément de nombreuses sinuosités; les larves, après avoir percé le bois de la couverture d’un loit, avaient rencontré le plomb et elles l'avaient rongé; il semblait, dit l’auteur, qu'elles s'étaient logées dans le métal, de même qu’elles le font habituellement dans l’intérieur du bois afin de s'y fabriquer une retraite pour le moment de leurs métamorphoses : opinion que nous ne pouvons admettre, car nous pensons que ce n’était qu'accidentellement que ces Insectes avaient perforé le métal. M. Westwood indique, d’après M. Stéphens (Introd.tothe modern class. of Insects, 1.1, 1839), une observation relative à des Callidies, l'Hylotrupes bajulus, Fabricius, qui ont attaqué des plaques métalliques; les larves de ces Coléoptères, d’après l’auteur anglais, auraient vécu dans de vieux poteaux qu'elles auraient perforés dans toutes les directions, malgré les plaques de plomb qui les re- couvraient. M. le marquis de Brême (Ann. Soc. ent., Bull., deuxième série, tome II, 1844),a montré plusieurs cartouches de soldats perforées vers l’une de leurs extrémités par des Insectes, dont on n’a pu malheureusement connaître l'espèce; on sait que la balle oceupe l'extrémité de la cartouche, et c’est à cet endroit que les trois enveloppes de papier avaient été perforées, et que la balle elle-même avait été rongée à une profondeur de quatre à cinq millimètres; les cartouches dont il est question provenaient de l'arsenal de Turin, où elles étaient placées dans des barils construits en bois de Mélèze; comme on a remarqué que le bois d’un des barils avait été attaqué d'une manière très-manifeste, il parait probable que les Insectes ou les larves, après avoir percé le baril, auraient rongé les enveloppes des cartouches, et enfin les balles elles-mêmes. M. le docteur Piccioni (Ann. Soc. ent., Bull., deuxième série, tome II, 184%) indique des Cetonia cardui, qui, pour pénétrer dans des ruches, auraient fortement agrandi des trous percés dns des lames de zinc, tous destinés au passage des Abeilles, et qui n'auraient pas permis le passage d’Insectes plus gros que ces Apiens; mais cela est loin d’être démontré d’une manière positive. Enfin un fait analogue à ceux que nous venons de citer a été rapporté il y a un an environ à l'Académie des sciences et à la So- ciété entomologique, et a donné lieu à des remarques intéressantes de MM. le maréchal Vaillant, C. Duméril, Guérin-Méneville, de Motschoulsky, etc. Cette fois, il s’agit d'un Hyménoptère, le Sirex ou UrocÈre Jouvenceau (Sireæ juvencus, Linné; Urocerus juvencus, Geoffroy), Insecte très- commun dans une grande partie de l’Europe, surtout dans le nord, où il fait beaucoup de mal dans les forêts d'arbres résineux, M. le maréchal Vaillant a montré à l’Académie plusieurs paquets de cartouches dont les balles ont été percées très-fortement, et même quelques-unes de part en part, pendant le séjour de nos troupes en Crimée, par le Sirex que nous venons de nommer; M. C. Du- méril pense que ce sont les femelles, qui, à leur état parfait, ont perforé les balles de plomb avec leur oviduete, de la même manière qu'elles entament les tiges de Sapins, pour y déposer leurs œufs; M. Guérin-Méneville, au contraire, croit que ce sont les larves qui ont produit ce dégât, et il appuie son 6pinion sur ce que d’un côté l’oviducte des Sirex ne lui semble pas assez consistant pour percer un corps métallique, et que, d’un autre côté, on sait que les larves des espèces de ce genre peuvent perforer des galeries dans un bois très-solide, à l’aide de leurs fortes mandibules. On peut done expliquer facilement l’observation de M. le maréchal Vaillant, en admettant, ce qui est très-possible, que les caisses renfermant les cartouches, et construites en bois de Sapin, contenaient des larves de Sirex, et que ces larves elles-mêmes, ou plutôt les insectes parfaits, ainsi que nous l'avons dit, n’ont attaqué le plomb des cartouches que parce qu'ils l'ont trouvé sur leur chemin, lorsqu'ils cherchaient à se livrer un passage à l'extérieur. Après cette digression, qui nous a peut-être entrainé trop loin, nous devons revenir à notre sujet. Les métamorphoses des Bostrichiens sont assez bien connues. M. Ed. Perris, dans son Histoire des COLÉOPTÈRES. 257 Insectes du pin (Ann. Soc. ent. de Fr., deuxième série, t. VIE, 1850), a surtout décrit, avec de grands détails, la larve du Bostrichus capucinus, Fabr., dont Ratzeburg avait déjà dit quelques mots, et il a indiqué les différences que l’on remarque dans les larves des B. sinuata, Fabr.; sex- dentata, Oliv., et Dufourit, Latr., cette dernière, qui avait déjà été étudiée par Klingelhæffer. Enfin Kollar s’est occupé de la larve du B. bispinosus, Oliv., qui fait beaucoup de tort à la vigne dans le Tyrol; et M. H. Lucas (Explor. scient. de l'Algérie, A84T) a cité les larves des B. Francisca, Fabr., qui vivent dans le Cytisus spinosus, et du B. dactyliperda. Ces larves ont beaucoup de rap- port avec celles des Anobiens, surtout par leur forme générale, qui est tout à fait semblable; mais en même temps, tout en ayant de l’analogie avec celles des Clériens, surtout par la disposition de leurs tarses, elles ont un organisme tout à fait semblable à celui des Scolytes. Leur corps est moins ridé transversalement que celui des larves d'Anobiens, ce qui rend les segments plus distinets, et les rides s’effacent même tout à fait à la partie postérieure; il n'y a pas de spinules en dessus, et l'on ne voit de poils que sur les trois derniers segments abdominaux. Ce qui caractérise surtout ces larves, c’est la présence d'antennes de quatre articles et l'absence complète d'yeux. Elles vivent constamment dans l’intérieur du bois, et elles se changent en nymphes au milieu des détritus des galeries qu’elles ont creusées, sans se renfermer dans une coque, comme le font celles des Anobiens. C’est avec cette famille que nous commencerons l'histoire des XYLOPHAGES (Xylophaga) de La- treille, sur lesquels nous devons présenter quelques considérations générales, d’après le Règne ant- mal (2° édition, tome V, 1829). Les Xylophages ont une tête terminée presque toujours sans saillie notable, en forme de trompe ou de museau, comme cela a lieu dans les Cureulioniens; leurs antennes sont plus grosses vers leur extrémité, ou perfoliées dans leur base, constamment courtes, de moins de onze articles dans le plus grand nombre, et leurs tarses sont à articles ordinairement entiers, ou dont l’avant-dernier est en forme de cœur chez quelques-uns; et, dans ce dernier cas, les antennes sont toujours en massue, soit solide ou ovoïde, soit divisée en trois feuillets, et les palpes sont petits, coniques. Ces Insectes, en général de taille petite, rarement moyenne, vivent habituellement dans le bois, et c’est là peut- être la seule particularité qu’ils présentent tous, mais qu'ils partagent aussi avec beaucoup d'espèces d'autres familles. Leurs larves percent le bois et y creusent des sillons en divers sens, et quand elles sont très-abondantes dans les forêts, celles de pins et de sapins particulièrement, elles font périr, en peu d'années, une grande quantité d'arbres et les mettent hors d'état d'être employés dans les arts; quelques autres font beaucoup de tort à l'olivier, et d'autres encore se nourrissent de cham- pignons non comestibles, et, sous ce rapport, ne sont pas nuisibles à l'Homme. Latreille forme trois sections parmi ces Coléoptères hétérogènes. 1° Ceux dont les antennes, ayant dix articles au plus, tantôt se terminent en une forte massue le plus souvent solide, de trois feuillets allongés dans d’autres, tantôt forment, dès leur base, une massue cylindrique et perfoliée, et dont les palpes sont coniques; les jambes antérieures du plus grand nombre sont dentées et armées d’un fort crochet, et les tarses, dont l'avant-dernier article est souvent en cœur ou bilobé, peuvent se replier sous elles. Genres : Scolytes, Hylurgus, Hylesinus, Camptocerus, Phloiotribus, Tonvicus, Platypus, Paussus, Cerapterus, ete. 2° Ceux dont les antennes n'offrent que dix articles, et dont les palpes, ou les maxillaires au moins, ne vont pas en s’amincissant vers le bout, mais sont de la même grosseur partout, ou dilatés à leur extrémité; les articles de leurs tarses sont toujours entiers. Genres: Bostrichus, Psoa, Cis, Nemosoma, Manotoma, Synchita, Cerylor, Rhyxophaqus, ete. 3° Ceux dont les antennes ont onze articles très-distinets, des palpes filiformes ou plus gros à leur extrémité dans les uns, plus menus au bout dans les autres, et tous les articles des tarses en- tiers. Genres : Lyctus, Diodesma, Bitoma, Mycetophagus, Colydium, Triphyllus, Meryx, Dasycerus, Latridius, Silvanus, Trogositu, Prostomis, Passandra, etc. Enfin d'anciens Xylophages, pour Latreille, constituent, dans la deuxième édition du Règne animal, sa famille des PLATYSOMES, renfermant les genres Cucujus, Dendrophagus, Uleoiota, ete., sur lesquels nous reviendrons plus tard. A] C3 c.5 258 HISTOIRE NATURELLE. Les genres des Bosrricutens, dont nous devons actuellement présenter le tableau, sont peu nombreux, et les deux groupes typiques sont les suivants : 1° BOSTRIQUE, Bostrichus, Geoffr., à téte petite, un peu ovalaire, enfoncée jusqu'aux 1 yeux duns le corselet; antennes de dix articles : le premier et le second moins longs que les cinq suivants, celui-ci presque conique; massue assez dentée, lâche ou assez serrée; à corps allongé, presque cylindrique ou un peu déprimé en dessus; on en indique une vingtaine d'espèces, qui semblent répandues sur toute la surface du globe, présentent des couleurs variées, depuis le gris cendré, avec des taches blanches, jusqu'au noir, et en passant par les teintes brunes, rousses, rougeâtres, et qui sont de taille moyenne ou petite; le type est le B. capucinus, Geoffr. (Apate capucina, Fabr.; Dermestes capucinus, Linné), à élytres brun rougeàtre, et à tête noirâtre. 2 APATE, Fabr., Guérin, à tête cylindroïde, allongée; à an- tennes de dix articles, les deux premiers aussi longs que les cing suivants, celui-ci plus allongé : massue avec les articles transversaux fortement en scie, et à élytres allongées, cylindriques, sou- vent tronquées et dentées à l'extrémité; à peu près aussi nombreux que le genre précédent, ce groupe renferme les plus grandes espèces de la famille, telles que les Apate terebrans, Pallas (sous la dénomination générique de Ligniperda), où muricata, Fabr., entièrement noire, et signalée en Afrique et en Amérique, et monacha, Oliv., du Sénégal; d’autres espèces (Francisca, Fabr.: ; r'ufiven- tris, Lucas, ete.) sont de taille moyenne et habitent. principalement l'Europe. Des genres, qui sont plus ou moins voisins de ceux-ci, sont ceux des : — Sinoæylon, Duftschmidt (Trypocladus, Guérin), ayant pour type le Sinodendron muricatum, Fabr., petite espèce répandue dans une grande partie de l’Europe, et, en outre, quelques espèces européennes, indiennes, etc. — Xylopertha, Guérin, groupe comprenant presque exclusivement de petites espèces (type, Apate si- auata, Fabr., commun dans toute l’Europe). — Enneodesmus, Mulsant, ne renfermant que le Bos- trichus trispinosus, Oliv., décrit comme de Mésopotamie, et retrouvé depuis dans le midi de la France. — Dinoderus, Siéphens, formé pour de petites espèces, les À. substr'iata et elongata, Paykubl, qui ne différent peut-être que de sexe, propre à l’Europe boréale, et ocellaris, Stéph., d'Angleterre. — Rhyxoperta, Stéph., genre ne renfermant que le Sinodendron pusillus, Fabr., petite espèce que Fon rencontre dans les maisons, où il se comporte, au point de vue du régime, comme les Ptinus, qui paraît devenu cosmopolite, quoique sa patrie primitive semble être le nord de l’Europe, et qui ressemble beaucoup à un Cis, surtout par la conformation de ses tarses. D'autres genres, qui diffèrent plus notablement des Bostrichus, sont les suivants : — Psoa, Herbst, à tête découverte, graduellement rétrécie en arrière; à antennes plus longues que la tête, de dix ar- ticles, premier gros, médiocre, obconique, second court, assez épais, troisième à septième courts, presque égaux, huitième à dixième larges, déprimés, formant une massue lâche; et à corps allongé, finement villeux : on n'en indique que trois espèces (Viennensis, Herbst, d’ Autriche; Italica, Dej., d'Italie, et Herbstii, Küster, de l'Italie méridionale), toutes d'assez grande taille, remarquables par leur couleur d’un vert bronzé, avec les élytres d'un rouge de cinabre plus ou moins vif. — Srexo- MERA, Lucas, qui ne diffère du précédent que parce que ses antennes auraient onte articles, et qui comprend uniquement le S. Blanchardii, d'Algérie, d'un noir brunâtre, avec deux taches à la partie antérieure des élytres, la suture et les bords latéraux des mêmes organes fauves. — Exops, Curtis (Polycaon, Cast.), groupe auquel on peut joindre, avec M. Th. Lacordaire, ceux des : Hete- rartluon, Guérin; Allæocnemis, Leconte, et Melalgqus, Dej., qui n’en sont plus que des subdivi- sions secondaires : la téte est découverte, allongée, régulièrement convexe ou excavée en dessus; les antennes plus longues que la tête, de onxe articles : le premier gros, conique, le deuxième plus court el presque aussi épais, le troisième petit, les quatrième à huitième graduellement plus courts, et les huitième à onvième formant une massue large; enfin le corps est allongé, plus ou moins vil leux : on en décrit une dizaine d'espèces, toutes américaines, de taille moyenne et de couleur peu remarquable : le type est l'Exops Chilensis, Cast., Blanch., du Chili. —-Exorioïves, Guérin, groupe ne se distinguant réellement du précédent que par un article de moins aux antennes, et ayant pour espèce unique l’Æ. carinatus, de Bolivie. LM 2: COLÉOPTÈRES. 959 TRENTE=QUATRIÈME FAMILLE. CISSIENS. CISSIDES. Lacordaire, 1857. Corps cylindrique; tête habituellement courte, recouverte par le corselet, et rétractile vers ce dernier organe; menton carré; languette variable, sans paraglosses; mächoires bilobées, cihiées, en lamelles; antennes, composées de huit à onze articles, insérées au bord antérieur des yeux, ter- minées par une massue de trois et exceptionnellement de deux articles; pronotum séparé par une aréte tranchante des parapleures du corselet; pattes courtes, à hanches des antérieures et des in- termédiaires globuleuses, enfouies, postérieures transversales, à jambes non terminées par des éperons, à tarses formés de quatre, très-rarement de cinq articles : le premier constamment très- petit, très-distinct, dernier long; abdomen ayant cinq segments en dessous : le premier le plus long de tous. Les Cissiens ou Cissides, que quelques auteurs réunissent dans la même famille que les Bostri- chiens, sont de petits Coléoptères dont la forme est régulièrement cylindrique; ils sont criblés de petits points enfoncés sur les élytres, et glabres ou finement pubescents; leur coloration est uni- ferme et assez sombre, ne variant guère que du brun noirâtre au rouge ferrugineux. Leur tête est courte, large, arrondie et souvent rebordée en avant. Les mandibules sont assez robustes; le labre est toujours distinet. Les yeux sont médiocres, arrondis, assez saillants. Le corselet est très-réguliè- rement cylindrique, de la largeur des élytres à leur base. L’écusson est très-petit, distinet. Les élytres sont courtes ou peu allongées, fortement arrondies à leur extrémité. Les pattes sont courtes; les jambes souvent denticulées en dehors; la plupart des espèces ont des tarses de quatre articles : tous ou|au moins les trois premiers très-courts, presque égaux, finement villeux en dessous, et pris ensemble, n’égalant pas en longueur le cinquième, qui est muni de deux erochets simples; dans deux ou trois genres (Endecatomus, Lyctus, ete.), il y a cinq articles aux tarses, mais dans les mäles seulement. L'abdomen est court, à premier segment un peu plus long que le deuxième, qui lui-même est légèrement plus grand que chacun des deux suivants. Les différences sexuelles, contrairement à ce qui a lieu chez les Bostrichiens, sont communes dans les Cissiens; les mâles ont souvent sur la tête, ou à la partie antérieure du corselet, des saillies qui manquent, ou sont beaucoup moins prononcées dans les femelles; parfois on les reconnaît à la grandeur de leurs man- dibules, etc. Ces Insectes vivent en général dans les bolets; quelquefois ils se trouvent réunis en grand nombre, et sont cachés sous le chapeau des Dædalea et des Polyporus, dont ils rongent la substance mem- braneuse, sans cependant en attaquer la surface extérieure. On les rencontre dans nos climats, de- puis le commencement du printemps jusqu'à l'entrée de l'hiver. Si on en prend sur le bois coupé ou mort, on reconnaît toujours, en faisant quelques recherches, qu'ils sont constamment attirés par les champignons qui croissent sous les écorces; toutefois on en a trouvé souvent sur les souches de divers arbres’abattus. [ls se multiplient parfois en très-grande quantité, et il n’est pas rare de rencontrer chez soi, au bout d'un an ou deux, des champignons que l’on avait rapportés, et qui en contenaient fort peu, entièrement mis en poussière par des centaines d'individus. D’après leur genre de vie, ils paraissent avoir pour fonction, dans l'économie générale de la nature, de détruire quel- ques-unes des espèces des champignons qui croissent sur les arbres. Les larves d'une douzaine d'espèces de cette famille ont été décrites. Parmi les larves des Cissiens proprement dits, on connaît, dans le genre Cis, celles des boleti, décrites par Bouché, Westwood et Mellié; celles des Jacquemartii et laminatus, décrites par Mellié; celles du Melliei, décrite par A1. le docteur Coquerel, et celles de l’alni, indiquées sous la dénomination de punctulatus, décrites par M. H. Lucas; dans le genre Xylographus, celles Cu bostrichoides, qu'a fait connaitre M. Léon Dufour, et dans les genres Rhopalodontus et Ennea thron, celles des R. y rforatus, et E. cornu- 260 HISTOIRE NATURELLE, tum, les premières décrites par Mellié, et les secondes par ce même entomologiste, et plus complé- tement par M. Éd. Perris. D'après MM. Chapuis et Candèze (Cat. des larves de Col., 1855), ces larves peuvent être ainsi caractérisées d'une manière générale : tête arrondie, lisse, couverte de quelques poils rares; plaque sus-céphalique débordant le chaperon de chaque côté, et celui-ci soudé intimement à la tête; lèvre supérieure distincte, transversale; ocelles au nombre de cinq de chaque côté, dont quatre disposés en série transversale, derrière l'insertion des antennes, le cinquième placé plus en arrière; antennes courtes, de trois articles à peu près de même longueur, et le dernier terminé par une soie allongée; mandibules assez larges, dentées intérieurement; mâchoires formées d'une pièce cardinale et d’une pièce basilaire, charnues, d'un lobe petit, cilié en avant, de palpes maxillaires triarticulés, les deux premiers plus courts que le troisième; lèvre inférieure formée d'un menton large, charnu, joint avec la base des mâchoires; palpes labiaux biarticulés; segments thoraciques semblables aux abdominaux; le corselet plus grand que les deux autres; pattes courtes, sharnues, droites, ayant des hanches épaisses, des trochanters et des cuisses plus longues, des jambes très-courtes, terminées par un ongle aigu; segments abdominaux, au nombre de neuf, tous charnus, sauf le dernier qui est un peu coriacé, et qui porte deux appendices spiniformes relevés, arqués; neuf paires de stigmates, dont huit sur les huit premiers segments abdominaux, et la neu- vième située dans le pli qui sépare le corselet du mésothorax. D'après ce que nous venons de dire, on voit que les larves des Cissiens sont très-différentes de celles des Anobiens et même des Bostri- chiens, et que, tout en ayant quelques rapports avec celles des Cureulioniens, elles ressemblent surtout à celles des Cryptophagus. C'est dans les galeries où elles se développent que ces larves se métamorphosent; leurs nymphes ne présentent rien de particulier, si ce n’est deux papilles ter- minales ou semi-cornées. n il é* Ÿ lun < Fig. 251, — Endecatomus reticulus. Fig. 252. — Orophius (Cis) mandibulars. Fig. 253. — Rhopalodontus (Profil.) (Dessus.) perforatus. (Profil.) Les Lyctus, genre assez difficile à classer, et que M. Th. Lacordaire range, quoique avec doute, dans la même famille que les Cts, ont des larves assez différentes des précédentes, comme l’a mon- tré M. Heeger, qui les a fait connaître il y a cinq ou six ans. C'est la larve du L. pubescens, qui a été décrite : elle ne ressemble ni à celle des Colydides, parmi lesquels la plupart des auteurs pla- sent les Lyctus, mais plutôt à celle des Scolytiens, et même de certains Curculioniens, dont elle st si voisine, qu'à peine trouve-t-on quelques caractères pour les distinguer. Cette larve est charnue, cylindrique, arquée et dépourvue de pattes et d’ocelles; la tête est cornée, petite, à peine de la lar- geur de la moitié du corps, ovale et tronquée antérieurement; les antennes sont insérées près de la base des mandibules, très-courtes, de deux articles; les segments thoraciques et abdominaux sont semblables et séparés par des bourrelets de la partie inférieure du corps, qui est presque plane; le segment terminal de l'abdomen est plus petit que les autres, arrondi au bout. C'est dans des chênes abattus, dans lesquels elle perfore des galeries droites, creusées dans le bois même, que cette larve à été trouvée. Les anciens entomologistes n'avaient pas distingué ces Insectes des Anobium, auxquels Fabricius, Olivier, Panzer, Illiger, Paykull, ete., les réunissaient. Latreille, qui, dès ses premiers ouvrages, les en avait séparés sous le nom de Cis, les a, de son côté, placés dans sa division peu naturelle des Xylophages, et, en dernier lieu, près des Apate et des Psoa. M. Redtenbacher, de son côté, les met dans la même famille que le Anobium et les Bostrichus. Enfin MM. Éd. Perris et Th. Lacor- COLÉOPTÈRES, 261 daire ne pensent pas que ces Insectes doivent être rapprochés des anciens Xylophages, et-ils sont portés à croire qu'ils seraient mieux à leur place près des Cryptophages et des Mycétophages. Le genre Cis était resté intact jusqu'en 1848, époque où Mellié, dans les Annales de la So- ciété entomologique de France, en à publié une bonne monographie, dans laquelle il l’a divisé en plusieurs genres, dont un avait déjà été signalé par Dejean. Presque en même temps que Mellié, mais postérieurement à lui, M. Redtenbacher (Fauna Austriaca) a décrit trois nouveaux genres, dont deux avaient déjà été indiqués par l’entomologiste français. M. Th. Lacordaire, en rapportant le travail de Mellié, ne l'a modifié qu’en regardant comme un genre spécial une de ses subdivisions sous-génériques. Enfin le genre Lyctus, que l’on associe aux Cis, mais avec quelque doute, est dà à Fabricius, et Stéphens a cherché à en démembrer un groupe peu naturel et non adopté par la plupart des auteurs. Le genre typique de la famille est celui des CIS, Latr., à menton transversal, un peu rétréci et faiblement échancré; languette allongée; palpes : labiaux à dernier article allongé, conique : celui des maxillaires ovalaire, acuminé au bout; mandibules bidentées à l'extrémité; tête plus ou moins convexe, rebordée et arrondie en avant; antennes médiocres, de dix articles; corselet convexe, s'avancant au-dessus de la tête, marginé sur les côtés et parfois à la base; écusson triangulaire ou arrondi; élytres convexes, de longueur variable; pattes médiocres; cuisses comprimées, larges; jambes gréles, à angle apical externe souvent aigu; tarses de quatre articles, les trois premiers petits, égaux. Quoique considérablement restreint, le genre Cis renferme encore une centaine d’es- pèces, presque exclusivement propres à l’Europe et à l'Amérique boréale; car, en dehors de ces deux continents, deux ou trois espèces seulement ont été décrites. Ces Insectes sont petits, noi- râtres, et varient beaucoup sous le rapport de la forme générale, de la structure et de la vestiture des téguments, ete. Les mâles se distinguent des femelles par la présence de deux tubereules sur le front, et parfois par leur corselet prolongé et bidenté en avant. Tous se trouvent habituellement dans les champignons. Comme types, nous citerons nos espèces européennes et même parisiennes des Cis boleti, Scop.; setiger, Mellié; flavipes, Lucas; alni, Gyll., ete. Les genres démembrés de ce groupe sont les suivants : Ruoparononrus, Mellié, se distinguant surtout par ses jambes lamelliformes, graduellement élargies, dilatées à l'extrémité externe en une saillie arrondie, manifestement dentée : une seule espèce (perforatus, GyIl.) répandue dans une grande partie de l'Europe, mais plus commune dans les contrées boréales que partout ailleurs. — XyLocraraus, Dej., Mellié, à pattes robustes; jambes lamelliformes, tranchantes, arrondies, denti- culées, au bord externe, et surtout à tarses contractiles, recus dans un sillon des jambes, tandis que ces derniers organes sont toujours libres au repos dans les autres groupes : une douzaine d'espèces, dont une seule (bostrichoides, L. Dufour; cribratus, Lucas) se trouve dans le midi de l’Europe et en Algérie, tandis que les autres sont propres à plusieurs provinces de l'Amérique et à Madagascar. — Expecaromus, Mellié (Dictalopus, Redt.), à antennes courtes, de onxe articles, tandis qu'il n’y en avait que dix dans les groupes précédents; massue de trois articles; tête recouverte; pattes médio- cres : ces Insectes, grands pour des Gissiens, et à corps cylindrique, pubescent, sont remarquables en ce que, comme les Lyctus, leurs tarses ont cinq articles au moins dans les mäles: on n’en indique que deux espèces à élytres couvertes de tubercules disposés sans ordre : l'Anobium reticulatum, Herbst, assez commun en Autriche, plus rare dans l’Europe occidentale, et qui a été retrouvé aux États-Unis d'Amérique, et l'E. dorsalis, Mellié, du Texas.-—Ennearraron, Mellié (Entypus, Redt.), à antennes de neuf articles; élytres plus ou moins courtes, convexes, pubescentes ow glabres; pattes médiocres; cuisses larges, comprimées; jambes étroites, sinuées en dehors : insectes très-petits, courts, et dont on connaît une douzaine d'espèces d'Europe, d'Amérique et de l’Afrique australe : type, E. cornutum, Gyll., pris aux environs de Paris. —Cerasis, Mellié, Lacord., à antennes de huit articles, comme dans les deux genres qui vont suivre; jambes inermes en dehors, et non denticulées, de même que chez les Orophius et Octotemnus : ce sont des Ennearthron ayant un article antennaire de moins; une dizaine d'espèces, toutes américaines. —- Orormus, Redt., à mandibules saillantes, une seule espèce (Cis mandibularis, Gyll.; C. insequidens, Chevr., Guérin), qui, quoique assez rare, est répandue depuis le nord de l'Europe jusqu’en Italie. — Ocroremus, Mellié, à mandibules courtes; pas d'armature sur la tête et le corselet dans les mâles : deux espèces seulement, l'une d'Europe (glabriculus, Gy1l.), et l’autre de Madère (opacus, Mellié). 262 HISTOIRE NATURELLE, Un dernier genre, placé dans la même famille, et qui différe beaucoup de tous les autres, est celui des LYCTUS, Fabr., à menton en triangle fortement transversal, aigu; languette non distincte, palpes maxillaires à dernier article ovalaire : celui des labiaux presque conique : tous acuminés au bout; mandibules assez larges, arquées; labre transversal; tête découverte, courte, transversale; yeux assez gros, «rrondis, saillants; antennes médiocres, de one articles: corselet Curré; ÉCUSSON punctiforme, à peine distinct; élytres presque pas plus larges que le corselet, allongées, à peu près cylindriques, arrondies en arrière; pattes médiocres. C’est avec le genre Endecatomus que ce groupe a le plus de rapport, par la disposition de ses tarses et par le nombre des articles anten- naires; mais il s'en sépare aisément, en ce que la massue des antennes, au lieu d’être triarticulée, est biarticulée. Du reste, comme nous l'avons déjà dit, les Lyctus ont, à leur état parfait, une cer- taine analogie avec les Cryptophagus et les Bostrichus, et, à leur état de larves, se rapprochent assez des Scolytus. Chez ces Insectes, le corps est allongé, assez grand, un peu cylindrique, et presque tous ont une fossette bien marquée sur le corselet, et c'estsur une espèce qui en est dépourvue (brunneus) que Stéphens a établi son genre XYLOTROGUS, qui n'a pas été adopté. Leur genre de vie n’est pas semblable à celui des Cis proprement dits, et autres genres voisins, car ils sont ligni- perdes, et non bolétophages. On en décrit une dizaine d'espèces, propres tant à l'Amérique du Sud et du Nord qu'à l'Europe; parmi ces dernières, nous citerons seulement les Lyctus canaliculatus, Fabr., et pulwscens, Panzer. TRENTE-CINQUIÈME FAMILLE. SCOLYTIENS. SCOLYTII. E. Blanchard, 1845. Corps plus ou moins allongé, presque constamment petit; tête assez peu développée, sans prolon- gement ni saillie en forme de trompe, comme chez les Curculioniens, mais quelquefois cependant légèrement allongée en forme d'un petit museau; antennes insérées devant les yeux, toujours courtes, coudées, plas ou moins renflées en massue à leur extrémité, et par conséquent plus grosses à cette partie que dans le reste de leur étendue; palpes très-courts, presque filiformes, terminés en pointe : maæillaires habituellement un peu plus longs que les labiaux; labre légèrement allongé, un peu dilaté en cœur à l'extrémité; mâchoires fortes, n'offrant qu'un seul lobe; élytres coriacées, plus où moins allongées; pattes généralement courtes; tous les tarses ordinairement de quatre ar- ticles, rarement de cinq; segments abdominaux assez mous, peu distincts; pygidium non saillant. Cette famille est formée avec l’ancien genre Scolytus, de Geoffroy, qui lui-même a été partagé en plusieurs groupes spéciaux, auprès desquels sont venus se ranger une assez grande quantité de di- visions plus ou moins nombreuses spécifiquement, et qui en sont assez voisines. Ces divers genres sont dus à Herbst, à Fabricius, à MM. Westwood, Saunders, etc., et surtout à Erichson, le seul en- tomologiste qui (Archiv. von Wiegmann, 1836) ait publié une monographie complète de cette fa- mille : travail important, mais qui, cependant, aurait besoin d'être revu complétement aujourd'hui que le nombre des espèces est plus que doublé. Cette division, qui renferme deux à trois cents espèces et une vingtaine de genres, dont les principaux sont ceux des: Platypus, Tomicus, Scolytus, Hylesinus, Hylurgus, Hylastes, ete., comprend par conséquent un ensemble homogène de groupes génériques, se nourrissant tous de bois, étant essentiellement xylophages, et pouvant, à assez juste raison, porter la dénomination de Xylophages, que Latreille avait donnée, mais d une manière beaucoup plus générale, à une réunion d'êtres qui, sous beaucoup de rapports, diffèrent notable - ment les uns des autres. Plusieurs motifs nous empêchent cependant d'adopter ce nom de Xylo- phages; d'abord, dans notre méthode, toutes les familles sont désignées par la dénomination du genre principal qui y entre, et ensuite il ne semble pas convenable de conserver un nom qui, bien que s'appliquant à tous les Insectes de la division, tous exclusivement mangeurs de substances li- gneuses, peut aussi convenir à beaucoup d'autres Insectes, qui, à l'état parfait ou à celui de larve, TP PU SRE TP TT DIU PPES g. 4. — Rhinosinus roboris. & — Anthelytetla mutillariæ Fig. 3 — Platypus oæyurus Fig. 2 Opatrum sabulosum COLÉOPTÈRES. 263 se nourrissent de bois, et cela non-seulement parmi des Coléoptères des familles des Cureulioniens, Cérambyciens, ete., mais encore parmi un certain nombre d'Hyménoptères, de Lépidoptères et de Diptères. Recourant à une qualification qui n’exprime pas, comme cela devait être, un caractère exclusif, M. É. Blanchard a adopté le nom de Scolytiens, que nous conservons avec lui, et M. Red- tenbacher, ceux de Bostrichi et de Hylesini (tirés des noms de Bostrichus, appliqué par Fabricius au genre Tomicus de la plupart des auteurs, et d'Hylesinus). Enfin, en dernier lieu, à l'exemple d'Erichson, dont on ne saurait contester ni l’étonnante sagacité ni l'esprit philosophique, on a tout réuni à la grande famille des Cureulioniens, ce que nous n’osons cependant pas faire. En effet, les Scolytiens ressemblent, à beaucoup d’égards, aux Curculioniens : leur bouche a tout à fait la même structure, et ce sont encore les mêmes parties rudimentaires; mais, malgré ces res- semblances et quelques autres particularités sur lesquelles nous reviendrons, la forme des antennes et celle de la tête, qui n'est qu’à peine prolongée, doivent engager à séparer les Scolytiens des Cureulioniens, et cela d'autant plus qu'alors cette dernière famille perdrait ses limites si bien tranchées. Leurs mandibules sont fortes, courtes, dentelées; leur tête est solidement attachée au corselet; leurs antennes sont courtes, et peuvent se replier sous la tête; leur corselet est souvent pourvu d’aspérités qui en font une véritable ràpe; l'extrémité des élytres a le plus souvent des aspé- rités ou des dents, ou bien, comme chez certains Scolytes, le métasternum est armé d'une pointe; les pattes sont courtes, aplaties, souvent dentées ou faconnées en râteau; le corps est cylindrique ou à peu près. On voit, d'après cela, qu'il eût été difficile d'organiser d’une manière plus harmonique des Insectes destinés à perforer le bois et à creuser des galeries pour en rejeter au dehors les dé- blais. Ces Insectes sont des Coléoptères généralement de petite taille, et qui ne sont qu'exception- nellement de grandeur moyenne. Leur système de coloration est loin d’être brillant; à peu près toutes les espèces présentent des teintes sombres, noiràtres ou brunâtres. Leur forme générale est un peu allongée, mais parfois aussi leur corps est légèrement renflé. Malgré la petite taille des Sco- lytiens, qui semblerait devoir faire mépriser ces Insectes, ce sont sans nul doute les plus redoutables de tous les Coléoptères pour les arbres de nos forêts et les bois qui servent aux travaux de l'Homme. En effet, ces Insectes sont essentiellement xylophages, et, par leur quantité innombrable, ils font autant de mal que s'ils étaient beaucoup plus gros, mais plus rares en individus. Les plus grands arbres sont détruits en peu d'années par ces Insectes, et l'on voit souvent dans nos forêts que les arbres en sont littéralement tatoués dans toute leur étendue. En France, Audouin, Feisthamel, MM. Guérin-Méneville, Édouard Perris, ete., ont longtemps discuté pour savoir si les Scolytiens n'at- taquaient que les arbres malades, ou bien ceux d’abord pleins de vie, et qu'ils faisaient d'abord languir, puis périr. En Allemagne et dans le Nord de l'Europe, on s’est beaucoup plus occupé qu’en France de la question que nous venons d’énoncer : les principaux partisans de l'état de ma- ladie préalable des arbres sont MM. Krutzseh, Bohutiosky, Liebich, Lincker, Thiersch et Wiegmann; à la tête des partisans de l’état de santé qui prétendent que les arbres ne périssent qu'à la suite de l'invasion des Insectes xylophages, se trouve surtout Ratzeburg, qui, à défaut de raisonnements, renvoie aux faits, déclare que des arbres sains sont attaqués par les Insectes, et dit même qu'on ne peut expliquer qu'ainsi la destruction, souvent très-prompte, de plusieurs milliers d'arbres; après Ratzeburg, on doit citer Gmelin, Illiger, antérieurs à lui, MM. Wilhem, Berg, Pfeil, Saxesen, ete., qui ont la même opinion. Les dégâts causés par les Scotyliens et autres xylophages sont parfois énormes; des faits surprenants ont été cités à ce sujet dans l'Europe moyenne et septentrionale : on a parlé de nuages d'Insectes qui envahissaient des forêts, et qui causaient la mort d'une quantité incom- mensurable d'arbres, et de quelques autres faits aussi étonnants. Sans en être venu à ce point en France, on a attribué au Pissodes notatus la perte d'une immense quantité de pins, qui couvraient, en 1855, cent quatre-vingt-dix hectares de la forêt de Rouvray; au Scolytus pygmæus, celle de cin- quante mille pieds de chênes, qu'il a fallu abattre au bois de Vincennes; au Scolytus multistriatus, le dépérissement et la ruine des ormes des boulevards, des Champs-Élysées de Paris, ete. Il nous est impossible de nous étendre davantage sur ce sujet, car ce serait dépasser de beaucoup les limites qui nous sont tracées; nous renvoyons aux travaux spéciaux, et principalement au consciencieux résumé qu'en à publié M. Éd. Perris (Ann. Soc. ent. de France, 1852, page 5614, et 1856, page 232). Qu'il nous soit seulement permis de donner quelques passages des travaux du savant entomologiste de Mont-de-Marsan que nous venons de nommer. («Quant à moi, dit M. Éd. Perris, je ne puis ad- 264 HISTOIRE NATURELLE. mettre que les Insectes soient les premiers auteurs de la mort des arbres qu'ils attaquent, et, depuis quinze ans (nous pourrions dire aujourd’hui depuis plus de vingt) que j'étudie sans relâche leurs mœurs dans un des pays les plus boisés de France, j'ai observé assez de faits pour oser exprimer mon sentiment. Ce sentiment se formule ainsi : que les Insectes en général (je ne parle pas de ceux qui ne s’en prennent qu'au feuillage) n’attaquent pas les arbres en bonne santé, qu'ils ne s'adressent qu'à ceux dont le bien-être et les fonctions ont été altérés par une cause quelconque. Dans le département des Landes, où nous comptons les pins par millions, où les chênes, et surtout le chêne tauzin, cou- vrent de vastes étendues, où nous avons des ormeaux, des peupliers, des arbres fruitiers, en un mot les mêmes arbres que l’on voit ailleurs, je n'ai jamais été témoin, et la tradition n’a pas conservé le souvenir d’une de ces raxia forestières qui ont affligé d'autres contrées. Or le pin notamment a une foule d'ennemis, et le nombre d'individus des espèces les plus malfaisantes est incaleulable, et cependant il est assez rare qu’un de ces arbres périsse, et je suis encore à en trouver un seul qui ait été réellement tué par les Insectes. Cela vient, à mon avis, de ce que le pin maritime, étant ici dans sa véritable patrie, s'y développe avec vigueur, y vit en bonne santé, et brave ainsi les innom- brables ennemis qui l'entourent. Mais, au milieu d'une jeune forêt de pins, se développe parfois une maladie particulière, dont la cause est inconnue, et qui attaque les racines. Elle se propage de proche en proche, et envahirait peut-être toute la forêt, si, par une tranchée circulaire, on n'arré- tait la contagion. Ce que je viens de dire des pins, je pourrais le dire des autres arbres, et, si l'on apportait dans l'étude des faits une observation sérieuse et dégagée de toute idée préconcue, on ver- rait que cette mortalité qui, dans certaines forêts et à certaines époques, se manifeste sur des sur- faces plus ou moins grandes, provient sans doute de ce que les arbres ne se trouvaient pas dans des conditions favorables, ou que quelque circonstance météorologique, ou autre, leur avait occasionné une maladie quelconque; que cet arbre fruitier, labouré par le Scolytus rugulosus, avait été frappé d’un coup de soleil, ou planté dans un terrain peu convenable, ou maltraité par la taille; que ces ormeaux de nos promenades et de nos routes, vivant sur un sol trop maigre ou trop compacte, ha- bituellement couverts d’une poussière fine qui bouche leurs stomates ou orifices respiratoires, privés d’une partie de leurs racines par les travaux de pavage, par le récurage des fossés, et sou- vent entamés dans leur écorce par des malveillants ou des maladroits, avaient fini par se couronner de branches mortes, puis que le Cossus ligniperda était venu pondre ses œufs à la base, préparant ainsi les voies aux Xylophages; que ce chêne, perforé par les larves des Hammaticherus, avait débuté par quelque chancre, quelque ulcère, ou avait été frappé de la foudre; que cet olivier, envahi en totalité par le Phoiotribus oleæ, avait été ruiné par la taille, ou maltraité dans ses racines, où meurtri lors de la cueillette des olives. Je dis donc avec une entière conviction : les Insectes lignivores ne sont à craindre que pour les arbres malades; ils sont comme certaines mousses et certains lichens, qui ne s’attachent qu'aux arbres affaiblis, tandis que les arbres bien venants conservent une écorce lisse et repoussent ces végétaux parasites. Il y a d’ailleurs une raison pour que les Insectes respec- tent les arbres vigoureux; c'est que les blessures qu'ils leur feraienten y déposant leurs œufs, en y creusant leurs galeries, détermineraient presque instantanément des extravasations de séve qui em- prisonneraient les œufs dans une couche gélatineuse ou résineuse, ou noieraient infailliblement leurs larves naissantes. C’est ce qui se voit, du reste, lorsque les Scolytiens se hâtent trop de pondre dans Ics arbres abattus au printemps et en pleine séve. Et, puisque cela est vrai pour des arbres à sues limpides, c'est vrai aussi, à fortiori, pour le pin, dont les sucs résineux opposent aux Insectes une barrière infranchissable, et menacent d’une destruction certaine les germes qu’ils auraient limprudence de lui confier. Or les Insectes, on le sait, ont assez de perspicacité et d’instinet pour ne pas s'opiniàtrer contre les mauvaises chances, pour ne pas exposer ainsi l'avenir de leur progéni- ture... Certes, il est bien heureux que les Insectes lignivores n’en veulent qu'aux arbres malades, car, s'ils attaquaient les arbres vigoureux avec toute la puissance que leur donne leur nombre ineal- culable et la rapidité de leur propagation, puisque certains ont deux générations par année, nul doute que toute culture forestière ne devint à peu près impossible. Nous n'en devons pas moins les considérer comme très-dangereux, puisque, par leur fait, beaucoup d'arbres malades, qui pourraient se remettre, sont frappés de mort. » Et nous pouvons ajouter que ces bois, qui, coupés sains, ont ane valeur considérable, en perdent une grande partie lorsqu'ils viennent à être attaqués par les Insectes. COLÉOPTÈRES. 265 On a cherché à concilier les opinions opposées de ceux qui veulent que les Xylophages attaquen les arbres vivants et de ceux qui assurent qu'ils ne s'en prennent qu'aux arbres déjà malades C’est ainsi que M. Émile Blanchard rapporte, dans l'ouvrage que nous avons cité, « qu'il paraît que les larves de Scolytiens ne sauraient vivre dans les arbres dont la séve a toute sa vigueur; mais qu'il paraît aussi certain, d’après les observations d’Audouin et de quelques autres natura- listes, que les arbres sont rendus malades, avant de recevoir les larves, par les Scolytiens eux- mêmes, qui, pendant une année ou davantage, viennent y puiser leur nourriture. » Cette explica- tion n’est pas admissible, et M. Éd. Perris le démontre d’une manière complète. «Je défie, ditl, que l’on cite un seul exemple d'un arbre bien portant dont les Scolytes et les Bostriches aient percé l’écorce et rongé le liber ou le bois pour se nourrir. Quel besoin ces Insectes auraient-ils d'at- taquer, pour leur alimentation, des arbres sains, lorsqu'ils ont la faculté de s'adresser aux arbres morts où mourants qui peuvent suffire à eux et à leurs larves? Et puis, quel grand mal feraient-ils en perforant cà et là l'écorce, ce qui serait cependant pour ces Insectes le meilleur moven de rendre les arbres malades? Que signifie, au surplus, cette phrase : que les Scolytiens viennent, pendant une année ou davantage, y puiser leur nourriture? Est-ce que les Scolytiens sont là toute l’année à l'état d'Insecte parfait? » Quoi qu'il en soit, il est certain qu'au moment de la ponte les femelles pénètrent entre l'écorce et l’aubier et forment une petite galerie tout le long de laquelle elles déposent leurs œufs. Les petites larves, venant à éclore, commencent à manger, et forment, de chaque côté, de nouvelles galeries partant à angle droit de celle qui a été creusée par la femelle. Ces sillons, produits par les larves, s’élargissent plus ils arrivent près de leur extrémité, ce qui s'explique par le développement que la larve acquiert successivement. Au bout de sa galerie, la larve creuse davantage et se con- struit une petite loge pour s’y métamorphoser. Lorsque l'nsecte parfait sort de ses enveloppes de nympbhe, il perce l'écorce d’un petit trou circulaire, et prend aussitôt son essor; dès lors, il n'a plus qu'un rôle à jouer : s'accoupler et placer ses œufs dans les conditions les meilleures à leur développement. Fig. 254. — Tomicus stenographus. Fig. 255. — Tomicus stenog'aphus. Fig. 256. — Scolytus intricatus. {Larve.) (Nymphe.) (Larve.) Quelle que soit l’action des Scolytiens sur les arbres, elle n’en est pas moins des plus désastreuses, soit que ces Insectes les tuent réellement, soit qu'ils tendent à les détruire lorsque déjà ils sont dans un état maladif plus ou moins grand. Aussi a-t-on dû chercher des moyens de les détruire; mais, encore ici, nous devons dire que l’on n'est arrivé à rien de bien satisfaisant, et que l'on est obligé de s'en rapporter à la nature, qui, sous certaines influences climatériques, par divers parasites qu’elle fait produire en grand nombre, ete. les détruit et ne leur permet parfois de se déve- lopper de nouveau que de temps en temps et en établissant une juste limite. (Malheureusement, dit M. Ed. Perris dans le travail que nous avons déjà cité, en ce qui concerne la destruction des Insectes, je suis obligé d’avouer que j'ai trouvé la science à peu près impuissante. Dans l'état actuel de nos connaissances, je ne vois pas le moyen de délivrer l’agriculture des ennemis nombreux qui se dis- putent ses produits, et je n'ose espérer pour l'avenir des chances plus heureuses, car lutter contre les Insectes, ce n'est pas seulement faire la guerre à ce qui est presque insaisissable, c’est aussi se mettre en état de révolte contre la nature, dont les efforts souverains tendent toujours à la conser- vation des espèces. » € 0 C1 ra 266 HISTOIRE NATURELLE. Plusieurs moyens de destruction des Insectes ont été préconisés, puis rejetés, après une expérience de plusieurs années. C’est ainsi que, pour ne parler que de ce qui s'est passé à Paris il y a une vingtaine d'années, on a cherché, d’après les remarques de M. Eugène Robert, à empêcher les Sco- lytes de pénétrer dans les ormes de nos promenades, en enlevant à une certaine élévation, un large anneau d’écorce; et, malgré cela, la plupart des arbres séculaires des Champs-Élysées n’en ont pas moins péri. Ge moyen n’a done aucun avantage, et cependant on semble aujourd'hui l'avoir poussé à l'extrême, car l’on peut voir, à Paris au moins, que l'autorité fait enlever toute l'écorce de nos jeunes arbres. Cela est dans le but de les rendre plus sains et plus vigoureux, et dès lors moins ac- cessibles à l’action des Insectes xylophages. Mais le remède n'est-il pas pire que le mal? surtout lorsque l'opération, comme nous l'avons plusieurs fois vu, est faite avec peu d'intelligence, et que les ouvriers employés à ce travail, probablement pour donner à l’arbre un plus bel aspect, enlèvent à la lois et l'écorce et une partie de l’aubier, et même du bois proprement dit? On a conseillé la des- truction par le feu du bois mort, l'enlèvement des souches, la mise en œuvre, ou du moinsl'écorcage des arbres abattus, les arbres d’appât, dispersés dans la forêt pour recueillir les pontes des Insectes dont on peut détruire plustard les larves. Ces moyens peuvent être bons; mais quelle dépense n'oc- casionneraient-ils pas, el comment pourrait-on obtenir que, dans toute l'étendue d’un département, de plusieurs départements limitrophes, ces procédés fussent employés simultanément, c’est-à-dire par tout le monde et aux mêmes époques? Les résultats que l’on obtiendrait seraient-ils d’ailleurs bien appréciables, lorsqu'il y a, dans les parties supérieures et presque inaccessibles des arbres, tant de branches mortes ou malades? Au surplus, dans la pratique, il est complétement impossible de faire à ces Insectes une chasse réellement fructueuse, et cela est incontestable pour qui connaît l'aménagement et l'exploitation de nos forêts, l'insuffisance de la population agricole, l'indifférence qui naît de l'abondance et de la sécurité que donne l’ignorance de tout précédent fâcheux. « Ce qu'on à de mieux à faire, dit M. Éd. Perris, c’est d'effectuer les plantations et les semis dans de bonnes conditions et de bien soigner les arbres, car, ainsi que le prouve l'expérience, les arbres vigoureux bravent les Insectes. Il faut se souvenir aussi que des parasites nombreux et les phéno- mènes météorologiques maintiennent ou font bientôt rentrer dans de justes limites la multiplication des Insectes dévastateurs. » On a proposé aussi d’injecter dans les bois mis en œuvre par l’homme des matières chimiques, qui, tout en en prolongeant la durée, empoisonneraient les Insectes qui voudraient les détruire. Mais, encore ici, le remède, certes efficace, coûterait plus cher que le mal que l’on voudrait empêcher. Les arbres détruits par les Scolytiens sont très-nombreux, et parfois le mal prend une extension énorme; aussi comprend-on qu'un tel fléau a dû attirer, depuis assez longtemps, l'attention de plusieurs observateurs. M. Ratzeburg (Die Forst Insecten, 1837), entre autres, s'en est occupé lon- guement, et a admirablement décrit les métamorphoses et les dégâts de ces Insectes, et, ce qui est très-remarquable, c’est de voir chaque espèce avoir son mode particulier de galeries si bien arrêté, qu'il est facile de reconnaître les espèces à la simple inspection des galeries. M. Éd. Perris (Ann. Soc. ent. de France, 1856) a savamment fait connaître les larves des Scolytiens, qui détruisent les arbres verts de nos landes, et nous aurons plusieurs fois l’occasion d'analyser ses travaux à ce su]et. Ces Insectes se rencontrent dans toutes les parties du globe; mais c’est surtout en Europe eten Amérique qu’on en a signalé un plus grand nombre, ce qui n'est pas étonnant, quoiqu'il doive en exister aussi beaucoup en Afrique, en Asie et même en Australasie; mais, là, ils ont échappé à l'ob- servation, car, peu remarquables par leurs couleurs, ils ne sont guère recherchés par la plupart des naturalistes voyageurs. Nous avons dit qu'ils étaient ordinairement assez petits; ce n'est qu'en Afrique et dans diverses parties de l’Amérique qu'on en rencontre d'assez grande taille. En parlant de l’é- tendue géographique de cette famille, Ratzeburg dit qu’elle est restreinte, par cette circonstance que ces Insectes ne se trouvent jamais sur les plantes herbacées. Cependant cela n’est pas aussi général que le disait le savant entomologiste et cisticulteur allemand; il est vrai que des doutes s'élèvent encore sur l'habitat de l'Hylesinus trifolit, qui, suivant Müller, et plus récemment M. Schmidt, vivrait dans les racines du trèfle, mais dont M. Ed. Perris n’a trouvé les pontes que sous l'écorce du genêt à balais; mais MM. Bach et Ed. Perris ont constaté d'une manière positive que les larves du Tomieus Kaltenbachii se développent dans les tiges du Teucrium scorodonia et de l'Origanum vul- - COLEOPTÈRES. 267 gare, et, d'après le dernier auteur que nous avons nommé, les larves du 7. cuphorbiæ se trouvent dans les tiges de l'£uphorbia amygdaloides, dont elles se nourrissent. Il n'en est pas moins vrai que les végétaux ligneux ont, pour ainsi dire, le privilége presque exclusif de servir à la pro- pagation des Scolytiens, et l'on sait combien ce privilége leur est fatal. Nous devons revenir d’une manière générale sur les mœurs et l'histoire des métamorphoses des Scolytiens, car ce sujet est trop important pour que nous ne nous y étendions pas un peu plus que nous n'avons l'habitude de le faire. Les auteurs qui s’en sont le plus occupés, tant sous le point de vue entomologique que sous celui forestier, sont Rosier, Hass, Herbst, Latreille, Mac-Leay, Curtis, Kirby et Spence, MM. Bouché, de la Rue, Kollar, Westwood, Harris, Erichson, Guérin-Méneville, Noerdlinger, et surtout, dans ces derniers temps, MM. Ratzeburg, Éd. Perris et Candèze et Chapuis. Les larves sont formées sur le même type que celles des Curculioniens, et offrent entre elles peu de différences selon les genres; on peut leur assigner les caractères qui vont être indiqués. Tête ar- rondie, cornée, un peu rétrécie à sa partie antérieure, à front dirigé en avant, et à bouche légère- ment en bas; pas d’ocelles; antennes représentées par un petittubereule caché dans un enfoncement, assez près de l'insertion des mandibules; plaque sus-céphalique présentant un chaperon bien dis- tinct, assez allongé; lèvre supérieure arrondie, recouverte de poils et ciliée sur son bord antérieur; mandibules cornées, dentées, assez longues, un peu courbées; mächoires très-rapprochées de la lèvre inférieure, formées d'une pièce basilaire un peu allongée, prolongée en un lobe plus ou moins dé- veloppé, cilié, et portant en dehors un palpe de deux ou trois articles; lèvre inférieure assez déve- loppée, occupant une grande partie de la plaque sous-céphalique : menton en losange, charnu : pièces palpigères soudées, non distinctes : palpes labiaux de un ou deux articles : languette repré- sentée par un pelit tubercule charnu; segments thoraciques ordinairement un peu plus développés transversalement que les segments abdominaux, notamment le prothorax, dépourvus de pattes, qui sont remplacées par des bourrelets charnus constamment recouverts de quelques poils, mais non de soies; segments abdominaux au nombre de neuf, plus étroits que les segments thoraciques, recou- verts, comme ceux-ci, de téguments mous, plissés transversalement : anus presque toujours en forme de X, et ne servant pas à la progression; stigmates au nombre de neuf paires : les thoraciques plus grands, situés à la partie externe du prothorax ou plutôt dans le pli qui le sépare du méso- thorax : les autres sur les huit premiers segments abdominaux, sur un plan un peu supérieur aux extrémités latérales des bourrelets dorsaux. Ces larves sont de forme raccourcie, arquée, cylindrique, à téguments de consistance médiocre, d’un blane jaunâtre, sauf les organes ordinairement colorés, comme les parties de la bouche; les poils ne sont jamais aussi longs ni aussi nombreux que ceux des Cureulioniens. Ces larves, comme le fait remarquer M. Éd. Perris, dérivent toutes d'un type unique; à part les différences de taille, et sauf celle du Platypus, on les dirait faconnées sur le même patron, et c'est à peine si on peut les distinguer par la forme de leurs mandibules; elles sont, en résumé, courbées en are; leurs palpes maxillaires sont, comme les palpes labiaux, formés géné- ralement de deux articles; elles n’ont pas d'yeux; et leurs antennes, que quelques auteurs ont cru manquer totalement, sont très-courtes, de deux articles au plus, et logées dans une cavité; les pattes manquent entièrement et sont remplacées par des mamelons sternaux et des bourrelets latéraux, et surtout par les très-petites aspérités dont tout le corps est couvert, et qui doivent favoriser consi- dérablement les mouvements de progression dans l’intérieur des galeries. D'après ce que nous venons de dire, on voit combien les Scolytiens se rapprochent, à l'état de larves, des Cureulioniens : aussi Erichson avait-il réuni sous un même titre les caractères des deux familles et de quelques autres groupes primaires que nous avons déjà fait connaitre ou dont nous nous occuperons bientôt. Pour nous, à l'exemple de MM. Ed. Perris, Chapuis et Candéze, ete., et, comme eux, pour nous conformer à l'usage généralement suivi, nous avons cru devoir en former des divisions particulières et d’égale valeur. Néanmoins les caractères qui différencient les larves des Scolytiens et des Cureulioniens sont peu nombreux et de valeur médiocre; ainsi la tête est en gé- néral plus allongée, plus forte que dans les Cureulioniens; les mandibules sont légèrement plus longues; les téguments plus fermés et toujours étiolés; le corps est cylindrique, et son extrémité postérieure est obtuse; les segments thoraciques sont plus grands; l’ouverture anale est en forme d'X, ete. Une autre différence, signalée par M. Ed. Perris, entre les larves des Scolytiens et celles des Cureulioniens, réside dans ce fait que les galeries creusées par les Scolytes et autres Insectes de 268 HISTOIRE NATURELLE, Ja même division sont régulières et tracées sur un plan déterminé, tandis que celles des Cureulio- mens sont plus irrégulières et suivent indifféremment toutes les directions. A part ces légères différences, il y a presque identité entre les unes et les autres : les antennes, chez toutes deux, sont très-peu visibles; les palpes maxillaires et labiaux sont de deux articles; le menton est cordiforme; il n’y a pas de pattes; le corps est courbé en arc et presque toujours couvert d’aspérités dans les espèces qui creusent des galeries, ete. L'identité n’est sans doute pas aussi frappante pour toutes les espèces : l'on comprend que les diversités de mœurs doivent entrainer quelques variations dans les formes, et qu’une larve qui doit se mouvoir dans un cylindre vertical peut ne pas être moulée exactement sur celle qui vit dans l'épaisseur d’une feuille, ou à l'air libre, ou dans une graine; mais ces différences, qui n’affectent que le corps et non les caractères essentiels, sont beaucoup plus in- signifiantes que celles que l’on observe entre les Insectes parfaits, et ne choquent pas plus que celles qui existent entre la larve du Platypus cylindrus et celle d'un Tomicus. Au point de vue de Ja structure des Insectes parfaits, il y a certainement plus de disparates entre beaucoup de genres de Gureulioniens qu'entre plusieurs genres de cette famille et les Scolytiens; l’Alticopus Galeaxzi et les Brachytarsus ressemblent plus à un Hylesinus qu'à un Rhynchites; les Rhynocyllus, les Mecinus, les Rhyncolus, les Phlæphagus et tant d’autres ressemblent plus à des Hylastes qu'à des Brenthus, des Balaninus, des Otiorhynchus, ete. La rapidité du développement des larves de Scolytiens est bien digne de remarque, et il n'ya guère que des larves de Diptères et des chenilles qui puissent, comme elles, en accomplir toutes les phases en six semaines. Au surplus, cette particularité s'observe assez généralement dans les larves qui vivent du liber, de sorte qu’il est permis de penser que cette substance offre d’abondants maté- riaux d'assimilation, qui bâtent d'autant plus la croissance des larves que celles-ci, ne rencontrant aucun obstacle sérieux pour le creusement de leurs galeries, peuvent toujours manger à leur faim. - Cette hypothèse, à laquelle conduisent des faits nombreux, semble justifiée, en outre, par cette considération que les larves qui vivent dans l’intérieur du bois, c’est-à-dire dans une substance moins assimilable et dans un milieu plus résistant, ont une croissance plus lente. Les unes n’atta- quent jamais que les arbres résineux, et c'est le plus grand nombre; les autres sont parasites d’autres familles naturelles. C'est ainsi que les Eccoptogaster, les Platypus, certains Hylesinus, re- cherchent surtout les Amentacées, les Cupulifères, les Amygdalées, ete., tandis que la masse des autres espèces se trouve presque exclusivement sur les arbres verts, tantôt sur les sapins, tantôt sur les pins. Mais, à une exception près, celle du Tomicus Saxesenii, qui, d'après Ratzeburg, se ren- contrerait à la fois sur les Conifères et sur des Dycotylédons, comme l'aune et le chêne, aucune larve n'habiterait à la fois des arbres d’essences différentes, c’est-à-dire à la fois des vésétaux résineux et des végétaux d’autres familles. On ne connaît pas de Scolytiens qui attaquent indifféremment des plantes et des arbres; mais il en est qui se trouvent en même tem ps sur des arbrisseaux et des arbres : tels sont le Cryphalus Tiliæ, qui vit sur le tilleul et sur l'Hibiscus Syriacus, et l'Hylesinus oleiperda, que l’on prend sur le lilas, sur le frêne et sur l'olivier. Une seule espèce a été signalée jusqu'ici comme frugivore, c’est le Tomicus dactyliperda, dont la larve se nourrit des fruits du dattier et du palmier nain. Il existe d'autres nuances encore parmi ces Insectes, selon qu'ils recherchent les arbres jeunes, comme le Tomicus bidens, ou les arbres âgés, de même que le T. typographus, ou bien qu'ils attaquent indifféremment les uns ou les autres (T. laricis). D'après Ratzeburg, certaines espèces n'habitent pas indifféremment les arbres vigoureux ou languissants, les rameaux, les troncs ou les racines; quelques-unes vivent exclusivement sur une seule espèce d'arbres (T. typographus), d'autres se rencontrent dans plusieurs (T. lineatus). On observe même que certaines espèces voi- sines vivent dans des endroits spéciaux analogues, quoique sur des arbres d’espèces diverses, comme, par exemple, les nodules, l’aisselle des branches, des rameaux, ete. Enfin, si l’on étudie les parties constituantes des arbres en butte aux attaques de ces Insectes, on voit queles uns se tiennent dans les couches corticales, les autres dans les couches ligneuses : parmi les premières, certaines espèces habitent la couche corticale externe, d’autres, en beaucoup plus grand nombre, cette couche plus intérieure, située avant le bois proprement dit, et que l’on nomme le Liber. Il est à remarquer encore que ceux qui creusent leurs galeries sous les écorces d’une faible épaisseur n’entament gé- néralement que l’aubier, et que leurs larves agissent de même, afin sans doute de ne pas compro- mettre le frêle abri que leur offre l'écorce. COLÉOPTÈRES. 269 On n’est pas parfaitement fixé sur le mode d'accouplement de ces Insectes; d’après Ratzeburg, l'Hylurgus piniperda et V Hylastes ater s’atcouplent sur le tronc des arbres, et le Tomicus typogra- phus dans la chambre nuptiale, ditl. Selon d’autres auteurs, les Scolytes s’accouplent lorsque la femelle a déjà pénétré dans l'écorce; elle remonte à reculons, vient présenter à l’orifice du trou d'entrée la partie postérieure de son corps à l'organe du mâle, qui erre sur l’écorce, cherchant une occasion de remplir la mission pour laquelle il est né. Le seul fait positif dont M. Éd. Perris ait pu se prévaloir est celui de deux Hylurqus ligniperda qu'il a trouvés accouplés dans leur galerie, vers leur extrémité et à l'endroit où elles sont élargies, de manière à démontrer que le mâle et la femelle, pour s'unir, s'approchent l’un de l’autre à reculons; c’est probablement le mode le plus usité parmi les Coléoptères que nous étudions. L'accouplement a lieu à des époques diverses; le plus habituellement, il n'y a qu'une seule génération par an, mais diverses espèces en présentent deux. On rencontre des Scolytus et des Hylesinus volant à toutes les heures du jour; mais les Tomicus, les Hylurgus et les Bostrichus, dont nous nous sommes occupé dans une famille précédente, ne se montrent guère qu'au déclin de la journée, et c’est principalement le soir, peut-être même la nuit, qu'ils se livrent à leurs ébats et qu’ils perforent les trous dans lesquels les femelles doivent déposer leurs œufs : ce qui doit le faire penser, c’est que l’on trouve souvent, le matin, criblés de trous d'entrée, des arbres qui, la veille au soir encore, n'offraient pas la moindre trace d'invasion. Les galeries formées par les Scolytiens présentent des particularités des plus remarquables, aussi croyons-nous devoir donner quelques détails à ce sujet. L'extrémité des galeries présente, ainsi que nous l'avons dit, un élargissement assez considérable, une loge de forme et détendue variables, De ce point, comme centre, l’Insecte parfait creuse tantôt une seule galerie principale, tantôt plu- sieurs, qui sont ou de niveau (Hylesinus fraxini, minor) ou rayonnantes (Tomicus bidens, chalco- graphus). C'est dans ces galeries principales que la femelle dépose ses œufs, alternativement à droite et à gauche, dans de petits trous qu’elle a préalablement creusés. Les jeunes larves se for- ment des galeries disposées à angle droit ou aigu par rapport à la galerie principale. Chaque larve vit isolément dans la route qu'elle s’est tracée, respectant soigneusement la cloison qui la sépare de ses voisines. Les galeries restent ordinairement limitées à la couche où a été primitivement creusée la galerie principale (T°. villosus); d’autres fois, les jeunes larves pénètrent plus profondément (T. abie- tis). On observe habituellement la plus grande régularité dans les dessins tracés par ces larves dans les diverses couches de l'écorce, et l’on reconnaît au premier coup d'œil la loge centrale à sa forme et à sa position, les galeries principales à leur grandeur et à leur largeur uniformes, et les galeries ac- cessoires à leur direction, ainsi qu’à leur développement successif en largeur. Mais 1l n’en est pas toujours ainsi, et il est quelquefois difficile de faire cette distinction : c’est ce qui a lieu notamment pour les espèces qui vivent dans la couche corticale externe, comme dans le Tomicus villosus. Presque tous vivent ainsi isolément; mais M. Saxesen a observé que chez plusieurs espèces (Hyle- sinus micans, cryptographus, ete.) les larves vivent en société, et creusent une seule galerie très- large; MM. Ratzeburg et Ed. Perris ont aussi trouvé des larves de Platypus, les unes à la suite des autres, et vivant dans de larges galeries à l’intérieur du bois. Tout ce que nous venons de dire s'ap- plique spécialement aux espèces qui travaillent dans les écorces; les espèces qui creusent les parties ligneuses ont ordinairement des galeries très-courtes, dirigées en divers sens, et dans lesquelles les larves doivent plus tard subir leurs métamorphoses, tandis que les loges des espèces qui vivent dans les couches corticales sont, au contraire, placées dans l'écorce, dans le liber, ou tout à faitsuperficiel- lement dans l’aubier. Après la métamorphose en nymphe, qui ne présente rien de bien spécial, le nouvel Insecte sort en creusant une ouverture oblique ou droite par rapport à la direction de la sa lerie principale, tandis que ceux des parties ligneuses sortent en suivant les contours de cette der- nière galerie. Ces perforations produisent souvent des dessins, des arborisations d'une grande élégance, et chaque espèce, nous le répétons, est tellement fidèle à son plan, qu'on peut presque toujours déterminer l'espèce par l'inspection seule des galeries, sauf à tenir compte des dimensions relatives pour celles d'espèces différentes qui ont la même direction. Par ce seul moyen, M. Éd. Perris est parvenu à distinguer, à priori, l'Hylesinus minor du piniperda, le Tomicus suturalis du laricis, ete., et il a donné un tableau assez complet des diverses sortes de galeries, avec la nomen- clature des espèces correspondantes, tableau que nous lui empruntons, car il nous semble utile de le vulgariser, et, en même temps, il aura l'avantage de faire connaitre les diverses essences d'arbres 270 HISTOIRE NATURELLE. dont la plupart des larves de Scolytiens se nourrissent. — À. Galeries subcorticales : 4° Galeries de ponte longitudinales; galeries des larves transversales, mais pouvant devenir longitudinales, si le diamètre de l’arbre ne se prête pas à leur prolongement transversal; Tomicus typographus, dans le sapin; stenographus, laricis, acuminatus, cimbræ, rumulorum (pin); galeries de ponte souvent ra- mifiées à partir de la cellule nuptiale ou subétoilée; T. bispinus (clématite); galeries de ponte sou- vent en spirale; T. villosus (chêne); Crypturgus pusillus (pin); Scolytus destructor (bouleau); mul- tistriatus, ulmi et pygmæus (orme); rugulosus (arbres fruitiers); pruni (pommier, prunier); Hylurgus ligniperda et piniperda (pin); Hylastes palliatus (pin); Hylesinus Thuyæ et Auber (Thuya); retamæ (Retama sphærocarpa). 2° Galeries de ponte transversales, ordinairement en accolade : ga- leries des larves longitudinales; Tomicus suturalis (pin, sapin); curvidens (sapin) : galeries obliques et non horizontales; bicolor (chêne); Cryphalus tiliæ (ülleul, hibisque de Syrie); Hypoborus ficus (figuief); Scolytus intricatus (chène); Polygraphus pubescens, Hylesinus oleiperda (olivier, frêne, lilas); crenatus et varius (frêne); spartit (genêt, ajonc); vüttatus (orme); Dendroctomus hederæ (lierre). 3° Galeries de ponte rayonnantes ou étoilées: galeries des larves perpendiculaires aux rayons; Tomicus bidens (pin); Saxesenii (aune, chêne, sapin); chalcographus (sapin). 4° Galeries de ponte irrégulières : galeries des larves enchevêtrées; Cryphalus pineæ et abietis (sapin); Dendro- ctonus micans (sapin). B. Galeries pénétrantes ou perpendiculaires à la base de l'arbre, ou formunt une circonférence comme la corde d’un arc de cercle : 1° Galeries des larves se détachant des deux côtés, et à angle droit, de la galerie de ponte : une galerie pour chaque larve; Xyloterus domesticus (sapin); lineatus (hêtre), Tomicus dispar (acacia, marronnier, ete.). 2° Galeries servant à plusieurs larves; Platypus cylindrus (chêne); Tomicus monographus (chêne, aune); dryographus (chêne); eurygraphus (pin). On a décrit les métamorphoses d’un grand nombre d'espèces de Scolytiens se rapportant prinei- palement aux genres : Platypus, Tomicus, Crypphalus, Crypturgus, Xyloteres, Scolytus, Polygra- phus, Phlæotribus, Hylesinus, Dendroctonus, Hylurgus et Hylastes; nous présenterons quelques particularités à ce sujet en donnant l'histoire des espèces. Après avoir indiqué d’une manière complète les généralités qui se rapportent à la famille des Scolytiens, nous devons actuellement faire connaitre les genres qui entrent dans cette division. D'après les travaux des entomologistes récents, et principalement d’après ceux d'Erichson, les genres qu'on y admet, et dont nous avons nommé les principaux en parlant des larves, sont au nombre d’une vingtaine. On peut subdiviser les Scolytiens en deux tribus spéciales, représentées principalement par les anciens genres des Scolytus et des Platypus. 1" tribu, Scouvnnes, à tête arrondie, emboîlée dans le corselet, et à antennes plus ou moins longues, avec la massue articulée. La grande majorité des espèces de la famille entrent dans cette tribu, qui peut, elle-même; être partagée en deux groupes : ce sont des Insectes d’une taille souvent très-petite, n'ayant que des cou- leurs sombres, brunes ou noirâtres. A. Groupe des Scouvrires, à avant-dernier article des tarses bilobé. Ce sont les Scolytes propre- ment dits des auteurs modernes, ou les Hylesinus de Fabricius, Bostrichus de Paykull, Dermestes de Linné, et les groupes génériques qui en sont assez voisins. Le genre principal est celui des SCOLYTES, Scolytus, Geoffroy (Eccoptogaster, Herbst, Erichson), à corps un peu aplati en dessus, petit; antennes à funicule de six articles; palpes : maæillaires petits, coniques, avec le premier article très-court, et le dernier en pointe obtuse : lubiaux ayant le premier article grand, épais, et le dernier petit, en pointe; jambes comprimées, munies d'un ongle à l'extrémité : tarses ayant les deux premiers articles longs, et le troisième court, bilobé; abdomen brusquement tronqué. Le genre Scolyte, qui jadis renfermait presque toutes les espèces de la famille que nous étudions, est encore spécifiquement nombreux et malheureusement répandu sur presque tout le globe, car toutes les espèces sont xylophages et nuisent beaucoup à une grande quantité d'arbres. C'est en Furope principalement qu’elles sont particulièrement abondantes, surtout en in- Fig. 1 — Sylvanus elongalus {gross Fig, 2 — Ceuthorhynchus ovatus (gross Fig. 5 et 4 — Malachius abbreviatus (grossis) (Mâle et femelle. C Fig, 5. — Galba marmorata Fig. 6 Tillus irculatus OU CUT Vi1 TS N'ARON : : (LIN 17 AN Moines 5 | 12 L COLÉOPTÈRES. 971 dividus. Ce sont de petits Insectes à taille raccourcie, et de couleurs assez sombres, jamais brillantes. Les métamorphoses et les mœurs d’une douzaine d'espèces de Scolytus ont été plus où moins com- plétement étudiées par un grand nombre d'auteurs, sous les doubles points de vue entomologique et forestier; le S. intricatus, Koch, d'après Ratzeburg et M. Nœrdlinger, se trouve sous l'écorce des chênes, auxquels il nuit beaucoup; le S.multistriatus, Marsh., comme l'ont montré MM. Patzeburg, Letzner et Nœrdlinger, est parasite des ormes; le S. pygmæus, Fabr., dont ont parlé tous les auteurs qui se sont occupés des Insectes nuisibles aux forêts, principalement, dans ces dernierstemps, M. Letz- ner, et sur lequel ont longtemps discuté le baron Feisthamel, Audouin, ete, est l’un des Scolytiens les plus célèbres par la destruction qu’il cause parfois aux arbres et surtout aux chênes de nos bois; pour donner une idée du dégât qu'il peut causer, nous pouvons dire qu’en 1857 on se erut obligé d’a- battre dans le bois de Vincennes vingt mille pieds de chênes, âgés de trente à quarante ans, entière- ment perdus par cet Insecte; le S. destructor, Oliv., dont se sont occupés Kollar, Ratzeburg, West- wôod, MM. Guérin-Méneville, Nœrdlindger, ete, vit à l'état de larve dans les ormes, les pruniers, les poiriers et plusieurs autres arbres, surtout ceux de nos grandes routes et de nos jardins, aussi bien en France qu'en Allemagne et en Angleterre, et cause quelquefois des torts considérables; le S. pruni, Ratz., vu par Ratzeburg et M. Nœrdlinger dans les pruniers, les merisiers, les ormes, ete.; leS. hæ- morrhous, Meg., parasite du prunier, d'aprés M. Kollar; les S. rugulosus, Koch, et earpini, Erichs., observés par M. Nœrdlinger, et dont le premier nuit aux merisiers; le S. amygdali, nouvelle espèce encore incomplétement connue, signalée par M. Guérin-Méneville, et dont la larve vit dans le tronc de l'amandier, les S. strobi et pyri, tous deux américains, tandis que les autres étaient propres à l’Europe, décrits par M. Peck, et dont les larves, signalées par le même entomologiste, et par M. Harris, au moins pour le dernier, sont nuisibles aux arbres à fruits, et surtout aux poiriers. — Parmi les espèces de Scolytes, nous nous bornerons à indiquer les deux suivantes, qui sont communes dans toute l'Europe, et surtout dans les environs de Paris : 1° Scolytus pygmæus (Hylesinus), Fabr. (Eccoptogaster pygmaæus, Merbst), long de 0,002 à 0,005, à corps d’un beau noir, brillant; élytres roussätres, très-finement striées; abdomen obtus; et 2 S. destructor, Oliv. (Hylesinus sco- lytus, Fabr.), du double plus grand que le précédent, à corps noir, brillant, ponctué; antennes, élytres et pattes d’un roux marron; tête revêtue en dessus d’un duvet jaunâtre, obseur; élvtres ayant chacune six ou sept stries distinctes, écartées, ponctuées. Les autres genres sont les suivants : Hycasres, Erichson, à corps allongé ou oblong; antennes de onxe articles, le huitième plus large que les précédents, et les trois derniers formant une grande massue ovale; tarses ayant le troisième article cordiforme ou dilaté, bilobé. Les Hylastes, dont on a signalé une dizaine d'espèces, presque toutes européennes, sont en général, sous leur état de larves, comme l'ont montré dans d'excellents travaux MM. Éd. Perris, Ratzeburg et Nœrdlinger, des parasites des pins, des sapins et des mé- lèzes, au moins en ce qui concerne les H. ater, Payk.; palliatus, Gyll.; cunicularius, Knoch; an- gustatus, Herbst; attenuatus, Erichs., et variolosus, Perris : tous semblent n'avoir qu'une seule génération annuelle, et se trouvent, dans la froide saison, hivernant sous les écorces, d’où ils sor- tent au printemps pour s’accoupler; d’après Ratzeburg, l'H. palliatus se rencontre dans la froide saison sous l'écorce des hêtres, préfère les sapins aux pins et aux mélèzes, et aime mieux les bois à l'ombre et les écorces humides. Une autre espèce, l'H. trifolii, Müller, comme cet auteur et der- nièrement M. Schmidt l'ont vu, a un genre de vie tout différent de celui des autres, car ses larves se nourrissent des racines du trèfle commun (Trifolium pratense). — Le type est l'Hylastes ater (Bostrichus), Payk., long de 0",003, à corps allongé, noir; rostre caréné, imprimé à sa partie antérieure; corselet plus long que large, caréné; élytres cylindriques, striées ou peu pubescentes, commun dans toute l'Europe. Hyzunçus, Latr., à corps linéaire, cylindrique; tête un peu avancée; antennes de onxe articles, le huitième, le plus grand de tous, formant avec les trois suivants une massue globuleuse; yeux longs, étroits; tarses courts, et à avant-dernier article cordiforme, bifide. Parmi les nombreuses espèces de ce groupe générique, les mœurs ainsi que les larves et nymphes de plusieurs espèces parasites de diverses espèces de pins ont été observées en Europe, principalement par MM. Éd. Perris, Ratze- burg, Nærdlinger, Kollar, Guérin-Méneville, Chevandier, Dagonnet, ete. : ce sont les Hylurgus li- gniperda, Fabr.; piniperda, Linné; minor, Hartig : le premier parait de mars à mai, n’a qu'une seule 272 HISTOIRE NATURELLE. génération, et attaque uniquement les couches corticales; le second, qui, comme l'indique son nom, est véritablement, dans certaines circonstances, le fléau des pins, détruit l'arbre plus profon- dément que le ligniperda, n’a, quoi qu'on en ait dit, qu’une seule génération, se montre dans le midi de la France dès le mois de janvier, tandis que dans l'Europe moyenne, en Allemagne, il ap- paraît au mois de mai, hiverne dans le collet des racines des arbres résineux, et cause parfois la destruction de nombreux arbres verts, surtout dans le nord de l’Europe, et a donné lieu à beaucoup de remarques; le troisième est plus tardif que le précédent, et attaque plus volontiers les arbres de- bout, dédaignant les vieux, et ne s'adressant habituellement qu’à ceux de l’âge de quinze à vingt-cinq ou trente ans. En Amérique, M. Harris a signalé les larves de l'H. dentatus, Say, comme nuisibles à diverses espèces du genre Pinus. — Le type est l'Hylurgus piniperda, Fabr. (Hylesinus testa- ceus, Linné), long de 0,003 environ, à corps noir ou d'un brun marron, velu, ponctué; élytres au moins de la moitié plus longues que larges, très-finement rugueuses, striées et ponctuées, très velues : commun dans toute l’Europe, et peu rare auprès de Paris. — On y réunit parfois le genre Dexpnocronus, Erichs., à corps oblong, cylindrique; rostre très-court; antennes à funicule de cinq articles; tarses à troisième article dilaté, bilobé. Erichson y indiquait comme type le piniperda, que nous avons laissé avec les Hylurgus, er les auteurs modernes y laissent principalement les D. mi- cans, Kugel, dont les larves, suivant MM. Ratzeburg et Nœrdlinger, vivent dans les pins; hederæ, nou- velle espèce signalée par M. Schmidt comme parasite des branches du licrre. Deux genres, tous deux créés par Erichson, et moins connus que les précédents et les suivants, sont ceux des: 1° Pucæorrupes, à antennes de onze articles, ayant le huitième le plus grand de eous, formant avec les trois suivants une massue ovoide, et offrant des jambes aplaties, dentelées, dont les postérieures sont concaves en dedans : espèce unique, P. grandis, Erichs., espèce brési- lienne, grande relativement, car elle peut attemdre à 0",04, robuste, noirâtre; 2° Pusæopocus, à an- tennes à funicule de six articles, et à jambes comprimées, denticulées antérieurement, légèrement ncadrées; également une assez grande espèce propre au Brésil (P. rudis, Erichs.). \ | Fig, 257, — Scolytus flavicornis. Fig. 258. — Phlæotribus oleæ Fig. 239. — Henar octonus (Hylargus) piniperda. Hycesius, Fabr., à corps convexe; rostre très-court; antennes de onze articles distincts, à funicule de sept, et à massue ovoide, pointue, formée par les quatre derniers articles; élytres ayant leur bord antérieur relevé; jambes comprimées à leur partie antérieure, très-finement denticulées, tarses à troisième article dilaté, bilobé. Ce genre est nombreux en espèces, presque toutes de petite taille, et principalement particulières à l'Europe. Les mœurs, ainsi que les larves de plusieurs d'entre elles sont connues : l'Hylesinus oleiperda, Fabr., a été étudié sous le double point de vue que nous venons d'indiquer, par MM. Boyer de Fonscolombe et À. Costa, qui nous ont montré qu'il vit dans les branches de l'olivier, et que, certaines années, il fait beaucoup de mal à cet arbre utile; l'H. vittatus, Fabr., d'après M. Nœrdlinger, se nourrit aux dépens de l’orme; les Æ. crenatus, fraxint et varius, Fabr., sont, à leur état de larves, comme le rapportent MM. Ratzeburg, Nœrdlinger et Guérin-Méneville, parasites du frêne, et, comme le bois de cet arbre est très-dur, y taraudent des galeries qui ont beaucoup de netteté et de régularité; enfin l'H. spartü, décrit par M. Nœrdlinger, est, selon le même auteur, l'ennemi du genêt, car sa larve vit dans le tronc de cet arbrisseau entre le liber et l'aubier. — Les trois espèces principales sont les Hylesinus crenatus, Fabr., long de 0%,003 à 0%,00%, à corps glabre, d'un noir foncé; H. fraxiri, Fabr., petit, d’un gris cendré, varié de nuances plus foncées; et H. oleiperda, Fabr., qui atteint à peine 0%,001, et dont le corps est COLÉOPTÈRES. 275 brunâtre, couvert de duvet. — Parmi les genres formés à bon droit aux dépens des Hylésines, nous citerons les : PaLæorrimus, Latreille, à corps convexe, ovalaire; antennes ayant les trois derniers articles en lamelles allongées, plus longues que le reste de l'antenne et conniventes à leur extré- milé; tarses à troisième article échancré, non dilaté : type, P. oleæ, Fabr., long de 0,009, à corps noirâtre revêtu d'un duvet gristre, et à pattes brunes : habite le midi de l'Europe, et se trouve ?Z Provence; la larve de cette espèce, dont ont parlé MM. Boyer de Fonscolombe et Nœrdlinger, se trouve dans plusieurs végétaux; c'est principalement à l'angle des rameaux de l'olivier qu’elle se développe, mais on l’a aussi signalée sur l’orme.— Dramenus, Erichs., à corps court, convexe; an- tennes à massue longue, ovalaire, comprimée, à articulations peu distinctes; jambes crénelées : postérieures canaliculées : une petite espèce (Hylesinus hispida, Klug) de Madagascar. — Poryera- pau, Erichs., à corps oblong, convexe; antennes à funicule de quatre articles; jambes comprimées, desticulées antérieurement; type, l'Hylesinus pubescens, Fabr., petit, à corps très-velu, noirûtre, dont la larve, d’après MM. Ratzeburg et Nœrdlinger, vivrait aux dépens des pins et des sapins, principalement en Allemagne. — Camprocerus, Latr., à corps ovalaire, très-convexe; antennes ci- liées, avec le premier article long, aplati, les six suivants courts, globuleux : massue ovalaire, aplatie; jambes non crénelées, terminées en crochet : quelques espèèes de l'Amérique méridionale, dont le type est l’H. æneipennis, Fabr. Des genres encore plus distincts de ceux des Hylesinus et des Scolytus sont les suivants : Xy1e- TERUS, Erichs., à corps oblong, convexe; antennes à funicule de quatre articles; palpes : maæillaires à premier article caché, le second et le troisième courts, et le dernier plus long, presque cylin- drique : labiaux à deux premiers articles épais, à peu près égaux, troisième petit, en pointe obtuse; jambes aplaties à l'extrémité; ce groupe, exclusivement européen, renferme des espèces dont les larves, étudiées par MM. Ratzeburg et Nœrdlinger, sont très-nuisibles aux arbres de nos forêts : tels sont les : X. lineatus, GyIl., qui nuit à divers Conifères, comme les pins, sapins, mélèzes, ete., dans lesquels il se creuse des galeries plus ou moins profondes; domesticus, Linné, qui se trouve dans les hêtres, tilleuls, érables, etc., et Saxesenii, signalé dans les pins, les chênes, les tilleuls, les érables : ce qui, comme nous l'avons dit, fait une exception à cette règle générale, par suite de la- quelle les Scolytiens n’attaquent habituellement pas des arbres d’essences très-différentes : le type est le Dermestes domesticus, Linné; Bostrichus domesticus, Gy1l., ou Apate Lambatris, Fabr., assez petit, à corps gibbeux, noir, et qui est commun en Aïlemagne. — Cnyrrureus, Erichs., à corps petit, cylindrique; antennes à funicule de deux articles; jambes aplaties, denticulées extérieure ment; MM. Ratzeburg et Nærdlinger ont signalé les larves de plusieurs espèces de ce genre; celles du C. fagi, Nærdl., dans les rameaux des hêtres; celles des pityographus, Ratz.; Lichtensteinii, Ratz., et cinereus, Hebst, dans plusieurs espèces de sapins, surtout en Allemagne, et celles du pusillus, Gyll., dans les pins, dans toute l'Europe; les larves de cette dernière espèce ont égale- ment donné lieu à l’intéressante observation de M. Éd. Perris, d'où il résulte qu'elles attaquent in- distinetemént les pins et les sapins de moyenne grosseur, assez vieux, et pourvus d’écorce épaisse; elles travaillent souvent avec les Polygraphus pubescens et Hylastes palliatus, percent elles-mêmes leurs galeries, ce qu’elles font dans les couches corticales, et dans celles du liber, sans attaquer l'aubier : ces galeries sont très-embrouillées, et il est difficile d'en suivre l’inextricable réseau; il y a au moins deux générations par an, et les espèces de la seconde ou de la dernière génération passent l'hiver sous l'écorce, où on les rencontre souvent en nombre très-considérable. Le Crypturqus pu- sillus (Bostrichus), Gyll., est long d'à peu près 0,001, étroit, légèrement déprimé, noirâtre ou d’un brun ferrugmeux.— Cryruazus, Érichs., à corps petit, cylindrique; antennes à funicule de quatre articles; corselet très-relevé, rugueux à sa partie antérieure; tarses à trois premiers articles presque égaux; les auteurs que nous avons plusieurs fois nommés ont indiqué les larves des C. abietis, Ratz., dans les troncs des pins; piceæ, Ratz., dans les racines des mêmes Conifères, dans lesquelles elles se propagent parfois considérablement, et tilliæ, Fabr., qui vivent dans le liber du lilleul; ce dernier Insecte, que Fabricius rangeait dans le genre Apate, est très-petit, car il n'atteint pas 0,001; son corps est brun ou noirâtre, légèrement velu. — Hyrosonus, Erichs., à corps petit; antennes à funicule de cinq articles : le premier plus grand que les autres, en massue, te second conique, le troisième et le quatrième légèrement globuleux, et le cinquième avancé en dedans; jambes comprimées, ciliées, denticulées; tarses à troisième article plus long que les précédents; == c5 39 37% HISTOIRE NATURELLE. type, HA. ficus, Erichs., petit, noir, dont les larves sont parasites du figuier, et qui se trouve dans diverses parties de l’Europe. B. Groupe des Tomrcrres, à avant-dernier article des tarses entier. Division renfermant les genres européens des Tomicus et des Hypothenemus, et quelques groupes exotiques. Genre principal, TOMIQUE, Tomicus, Latr., à corps cylindrique; antennes n'ayant que six articles bien distincts avant la massue : celle-ci tiarticulée, arrondie; palpes : maæillaires courts, coniques, ayant le premier article très-court, le quatrième en pointe obtuse : labiaux à deux premiers articles égaux, troisième petit, en pointe; labre petit, étroit, triangulaire; corselet élevé antérieurement; élytres souvent dentées à l'extrémité; jambes aplaties, denticulées; tarses à trois premiers articles égaux. Linné confondait les espèces de ce genre avec les Dermestes; c’est à Fabricius que l’on doit sa création, mais il eut le tort de lui appliquer la dénomination de Bostrichus, employée antérieu- rement par Geoffroy pour désigner un genre important que nous avons étudié dans une famille précédente, Latreille, à juste raison, remplaça le nom fabricien par une nouvelle dénomination, celle de Tomicus. Malgré cela, quoique le nom de Latreille doive être adopté en bonne zoologie, comme nous le faisons, ce groupe est encore assez souvent indiqué, en Allemagne surtout, et parfois même en France, sous la dénomination usurpée de Bostrichus. On comprend dans ce genre un assez grand nombre d'espèces de taille moyenne ou petite, à forme raccourcie et un peu élargie, brunâtres ou noiràtres, presque toutes européennes, et dont on connaît beaucoup de larves, vivant principale- ment aux dépens des arbres résineux, mais dont plusieurs se rencontrent dans d’autres arbres, et même dans une plante basse, et qui ont été étudiées par un grand nombre d'entomologistes, tant en Europe que dans les contrées étrangères. Ces Insectes font beaucoup de mal à la sylviculture, et l'on a cherché, nous l’avons dit, les moyens de les détruire; les prêtres ont même imploré dans les églises la clémence divine, pour mettre un terme à un si grand mal; c’est un véritable fléau pour les forêts du nord de l’Europe, et l’on rapporte qu’en 1783, dans la forêt de Hartz, on perdit un million et demi d'arbres. Les larves parasites des Conifères ont été observées par Gmelin, Herbst, MM. Éd. Perris, Ratzeburg, Nœrdlinger, Kollar, Heer, pour les espèces d'Europe, et par M. Harris pour deux espèces de l'Amérique septentrionale, et ont donné lieu à des remarques de la plus baute importance. L'espèce la plus répandue dans toute l’Europe méridionale, et surtout dans nos landes, ainsi que dans les Pyrénées, et que l'on trouve jusque dans nos environs, est le Tomicus stenogra- phus, Duftsch ; à l'état parfait, l’Insecte a une longueur de 0,006 à 0,007, il est cylindrique, noirâtre, luisant, avec les élytres d’un brun ferrugineux; sa larve a la tête roussâtre, lisse, luisante, un peu cornée, parsemée de poils à peine roussâtres, très-fins, et le corps courbé en are, blanchâtre dans les adultes, et légèrement rosé dans les jeunes; sa nymphe n'offre rien de bien remarquable; le Tomique apparaît dès le mois de mars ou en avril et mai, suivant la rigueur de l'hiver; les larves croissent rapidement, et il y a positivement deux générations annuelles; c’est uniquement sur les pins qu'on les trouve, et ils attaquent de préférence les vieux arbres, dans lesquels ils font de larges galeries, et vivent exclusivement dans leurs écorces. Le T. typographus, Linné, moins grand que le précédent, à corps d’une couleur fauve testacée, poilu, à élytres striées, émoussées, dentées à l'extrémité, pattes jaunâtres, est plus particulier à l'Allemagne et au nord de l'Europe, et ses larves, qui semblent vivre de préférence dans les sapins, percent leurs galeries dans le liber et dans l’aubier. Le T. laricis, Fabr., plus petit que le stenographus, noirâtre, luisant, avec les élytres légèrement ferrugineuses, est excessivement commun dans le département des Landes, ainsi que dans une grande partie de l’Europe; il est funeste aux pins de toute espèce, et a été rencontré par M. Ed. Perris, non-seulement dans le pin maritime, qui lui offre une abondante pâture, mais, en outre, dans le pin de Riga, le pin laricio, le pin d’Alep, ete., et il semble, malgré son nom, qu'il ne s'en prend pas aux mélèzes; il attaque les arbres mourants ou récemment morts, de tous les âges, sans se laisser rebuter par les plus gros, et il reculerait plutôt devant les sujets trés-jeunes, qu'il abandonne au T. bidens; sa manière de vivre est analogue à celle du stenographus, et les ga- leries sont creusées dans le liber et l’aubier : une particularité remarquable est qu’il semble que ce soient les mâles seuls qui perforent les conduits destinés aux larves, et que les femelles se bornent à y déposer leurs œufs, quand elles sont formées. Le T, bidens, Fabr., qui se distingue surtout des précédents par sa coloration noirâtre, avec les élytres de la même teinte, à extrémité ferrugi- COLÉOPTÈRES. 275 neuse, parait rechercher exclusivement les pins : attaquant, dans le Nord, le Pinus sylvestris; dans les Pyrénées, le P. uncinata; dans le département des Landes, le P. maritima, ete.; il ne recherche que les jeunes arbres de cinq à dix ans, ou, s’il attaque des sujets plus âgés, c’est toujours dans les branches où parties supérieures, c’est-à-dire aux endroits où l'écorce est lisse ou à peine crevassée; il forme des galeries étoilées dans l'écorce et le liber; il a au moins deux générations annuelles et les larves se développent rapidement. Le T. ramulorum, nouvelle espèce décrite par M. Éd. Pérris, dévore, à l’état de larve, les brindilles terminales ou latérales et feuillues des rameaux morts des pins de tous les âges, depuis ceux de quatre ou cinq ans jusqu'aux plus vieux, et a été surtout trouvé dans les environs de Mont-de-Marsan. Le T. eurygraphus, Erichs., commun dans une grande - partie de l’Europe, est au pin maritime ce que le T. monographus, le T. dryographus et le Platypus cylindrus sont au chêne, ce que les æylocerus sont au sapin, c’est-à-dire qu’au lieu de creuser ses galeries et de faire sa ponte sous l’écorce, comme toutes les espèces précédentes, il pénètre, comme une tarière, profondément dans le bois; il ne s'attaque guère qu'aux vieux pins, et il est toujours facile de deviner sa présence, car les petits tas de seiure qu'il rejette au dehors sont blancs ou de la eou- leur de l’aubier, tandis que ceux que produisent les Tomiques exclusivement corticaux sont d’un brun ferrugineux, comme l'écorce elle-même; la galerie, assez petite, est parfaitement cylindrique, droite ou très-peu sinueuse, les larves sont lentes à se développer, aussi semble-t-il n’y avoir qu'une seule génération par an. D'autres Tomicus, également propres aux arbres verts, sont les : T. ortho- graphus, Duft., qui habitent sous les écorces du sapin; cembræ, Heer; curvidens, Germ., qui vit entre le liber et l’aubier des pins et sapins; chalcographus, Linné, du liber du pin; autographus, Ullr., des pins, des sapins et du pin Weimouth; véllosus, Fabr., et acuminatus, Gyll., des sapins, ete., qui tous sont propres à l’Europe, tandis que les T. exesus, Harris; pini, Say; pinastri, Bechst., etc., attaquent également les pins et les sapins dans l'Amérique du Nord. — Quelques autres Tomicus, comme l'ont montré la plupart des auteurs que nous avons déjà cités, sont encore nuisibles pour l'Homme, par les dégâts qu'ils causent à divers arbres très-éloignés de ceux de la famille des Coni- fères. C’est ainsi que le T. bicolor, Herbst, a une larve qui vit dans l’écorce du hêtre, et, parfois, quoique plus rarement, dans celle du charme; que le B. monographus vit assez profondément dans le bois du chêne; que le T°. dispar, Helw., se trouve dans le hêtre, le charme, le chêne, l'érable, etc. Les larves du T. bispinus, Duft., perforent les tiges d’un arbrisseau souvent cultivé dans nos jardins, celles de la clématite. Celles du T. dactyliperda, Panz., espèce surtout propre au nord de l'Afrique, ont un habitat tout différent de celles précédemment indiquées, car, comme l'ont constaté MM. Letz- ner et H. Lucas, elles perforent les noyaux des dattiers et des fruits du Chamerops humilis, et causent parfois des pertes considérables en détruisant les dattes, si employées pour l'alimentation humaine dans certaines parties du globe. Enfin les larves du T. Kaltenbachii présentent, d'après M. Bach, cette particularité des plus curieuses, qu’elles sont les seules de toute la famille qui trou- vent leur nourriture dans une plante basse; en effet, elles vivent dans les tiges du Teucrium scoro- donia, et dans celles de l’Origanum vulgare. Le genre Hyporaenemus, Westwood, se distingue surtout par son corps petit, oblong, presque cy- lindrique; par ses antennes n'ayant que quatre articles distincts à la massue; par ses tarses à trois premiers articles égaux, assez courts; et il ne renferme que le seul H. eruditus, Westw., à corps d’un brun noirätre, un peu soyeux, et propre à l’Angleterre. Deux genres propres à l'Amérique méridionale, principalement au Brésil, et que nous ne placons qu'avec doute dans ce groupe, sont ceux des Aupuicranus, Erichs., à antennes dont le funicule est biarticulé, et à premier article épais, second petit : espèce, A. thoracinus. — Conruvzus, Erichs., à antennes à funicule d'un seul article; type unique, C. compressicornis. 2 tribu, PLarveines, à tête aussi large qae le corselet, coupée carrément; antennes très-courtes, à massue sans articulations. Les Insectes de cette tribu sont peu nombreux, renfermés dans les deux genres Platypus et Tes- serocerus, et, outre les caractères zoologiques importants qui les distinguent des Scolytides, offrent aussi dans leurs mœurs des particularités que l’on ne rencontre qu'excessivement rarement dans les autres Scolytiens : c’est que leurs larves vivent en société. 276 HISTOIRE NATURELLE, Le genre le plus connu est celui des PLATYPES, Platypus, Herbst., à corps cylindrique, «- néaire; antennes plus courtes que la tête, insérées sur les côtés supérieurs de la tête, se replianr sous les yeux, à premier article très-gros, et les quatre suivants très-petits : massue sans ar- ticulations distinctes, très-grande, ovoide, comprimée; corselet long, linéaire, excavé de chaque côté pour recevoir les pattes antérieures; élytres un peu plus larges que le corselet, émoussées à extrémité; pattes comprimées : postérieures excessivement écartées des quatre premières; jambes antérieures divisées au bord postérieur par des arëtes transversales; tarses de quatre articles à toutes les pattes, longs, gréles, ayant le premier article très-long, le second et troisième courts, de la même largeur, ni dilatés ni bilobés.Ge genre, très-remarquable, parmi tous les Scolytiens, par la largeur de sa tête, par ses antennes courtes et la disposition de ses tarses, ainsi que nous l’avons dit dans notre caractéristique générique, ne renferme qu'un nombre assez peu considérable d'espèces, qui sont presque toutes propres à l’Europe. Le type est le Platypus cylindrus, Herbst, qui, pour Fabricius, était réuni à ses Bostrichus, et qu'Olivier désignait sous la dénomination de Scolytus cy- lindricus. Cet Insecte, long d’un peu moins de 0,02, a le corps d’un brun noirâtre, légèrement velu; les antennes et les pattes d’un brun roussâtre; la tête plane à sa partie antérieure, légèrement rugueuse; le corselet finement ponctué; les élytres ponctuées, profondément striées, avec les inter- valles formant des côtes élevées, velues à la partie postérieure, et terminées, à la troisième série, par une dent aiguë, cuisses ayant inférieurement une dilatation dentiforme; jambes à peine den- telées, seulement terminées par une petite dent. Habite une grande partie de l’Europe, et se trouve, quoique rarement, auprès de Paris. Les métamorphoses de ce Platypus ont été étudiées avec soin par Ratzeburg (Die Forst. Insect., 1837), par M. Wesiwood (Introd. to the mod. class., 1839), nar M. Ed. Perris (Ann. des Sc. nal., 1840), et par M. Kollar (Sitzungsb. der kaiser. Akad. der Wissencn., 1849) : les larves présentent cette particularité curieuse, qu’elles vivent en société et qu'elles sont placées les unes à la suite des autres dans de larges galeries dans l’intérieur même du bois, où elles recherchent la partie ligneuse, dure et non encore décomposée du boïs : c'est dans les souches du chêne qu'elles vivent, et elles font parfois beaucoup de mal à cet arbre. Ce fait, très-rare dans les autres Scolytiens, qui ont presque constamment des galeries distinctes pour chaque larve, se retrouverait cependant, d'après M. Saxeven, dans le Dendroctonus micans et dans l'Hylesinus cryptographus, dont les larves vivraient aussi en société et se creuseraient une seule galerie très- large. Ces larves sont assez différentes organiquement de celles des Scolytides. Un genre rapproché des Platypus, auquel il ressemble beaucoup par la forme de son corps, celle de ses palpes, de ses élytres, ete., mais dont il se distingue facilement par ses antennes de dix ar- ticles, le premier gros, coudé, formant vers le milieu un prolongement considérable, les quatre suivants pelits, et la massue grande, patelliforme, et surtout par ses tarses de cinq articles (ce qui vient de nouveau détruire la méthode artificielle de Latreille): Le premier aussi long que les quatre autres réunis, les trois suivants courts et allant en décroissant de longueur, et le cinquième beaucoup plus long que les trois précédents, un peu plus épais à l'extrémité, est le genre Tessero- cerus, Saunders. La seule espèce connue est le T. insignis, joli petit Scolytien, découvert à Monté- vidéo ou Brésil. 240, — Platypus cylindrus. Fig. 241, — Tusserocerus insignis. COLÉOPTÈRES. 277 TRENTE-SIXIÈME FAMILLE PAUSSIENS. PAUSSII. Blanchard, 1845. Corps déprimé, oblong, très-aplati antérieurement, petit; antennes tantôt, et dans le plus grand nombre des cas, de deux articles, dont le dernier très-grand, aplati, presque triangulaire ou ovoide, tantôt de six ou de dix articles, tous entièrement perfoliés; palpes grands, coniques; lèvre grande, cornée; élytres tronquées à l'extrémité, assez larges; tarses courts, avec leurs articles, au nombre de quatre à chaque patte, tous entiers; abdomen plus large que le corselet. Cette famille singulière ne comprend qu’un nombre assez restreint d’Insectes exotiques, de très- médiocre dimension, à peu près complétement inconnus dans leurs métamorphoses et dans leurs habitudes, car tout ce que l’on en dit, c’est que ce sont des Coléoptères crépitants, nocturnes et ha bitant les nids de certaines Fourmis, et qui sont: surtout caractérisés par la difformité de leurs an- tennes. En effet, dans la plus grande majorité des cas, leurs antennes n’offrent que deux articles distinets, dont le dernier seul est très-développé, un peu aplati et de forme singulière. Le genre typique de cette division, celui des Paussus de Linné, était placé par Fabricius auprès des Cantharis où Lytta et des Cerocoma; Latreille l’a fait entrer dans sa famille des Xylophages, et la plupart des entomologistes modernes, tout en en faisant un groupe primaire particulier, le laissent à peu près à la même place. Mais il n’en est pas ainsi pour tous les naturalistes : M. Burmeïster et quelques-uns de ses adeptes ont cherché à démontrer que, par quelques-uns de leurs caractères im- portants, les Paussiens sont de véritables Carnassiers. Le savant entomologiste allemand, dont nous croyons devoir exposer l’opinion avec quelques détails, établit qu'on ne peut classer les Coléoptères d’une manière naturelle en se servant exclusivement de la considération du nombre des articles des tarses : il cite beaucoup d’exceptions dans diverses familles des anciens Pentamères dans les- quelles on trouve des Insectes qui n’ont que trois ou quatre articles aux tarses antérieurs ou inter- médiaires, et il conclut de ces faits, avec juste raison, que les caractères tirés du nombre des articles tarsiens ne sont pas propres aux familles, mais qu'ils doivent seulement être employés dans la dis- tinction des genres ou des sections naturelles dans l’intérieur même des familles; il pense, et il est encore là dans de bons principes zoologiques, que plusieurs caractères doivent concourir à la forma- tion des familles, et qu'on peut établir comme une loi générale qu'aucun de ces caractères n'est sans exception, et qu’il peut arriver qu'un Insecte appartienne certainement à telle ou telle famille, quoiqu'il soit privé d’un ou même de deux des caractères qui sont assignés à cette famille; ces prin- cipes posés, M. Burmeister dit que le meilleur caractère pour la formation des groupes primaires des Coléoptères, se trouve dans la composition de leurs ailes, composition qui, selon lui, offre les plus grandes ressemblances dans une même famille naturelle. Ces principes, appliqués par le natu- raliste allemand à la famille des Paussiens, démontrent, selon lui, qu'ils ont un grand nombre d’affinités avec les Coléoptères carnassiers par la disposition de leurs organes masticateurs, par la forme de leurs pieds, par celle de leurs segments abdominaux, et, enfin, par la composition de leurs ‘iles, et il en conclut que ces Insectes sont aux Carabiques, après lesquels ils devraient être rangés, ce que les Gyriniens sont aux Dytisciens; car, ajoute-t-il, les Paussiens sont aux Carabiques ce que les Gyrinus sont aux Dytiscus, et, comme les Gyrius, ils offrent des antennes extraordinaires et présentent des différences avec les Carabiques d'une manière analogue aux différences qui existent antre les Dytiques et les Gyrius. Certes, les idées de M. Burmeister, qui ont été exposées avec soin 2t appuyées sur de nombreuses figures (Ann. Soc. ent., 1841, et Mag. de Zool.), ont quelque zhose de spécieux, et les différences qu'il y a entre les ailes des Paussiens et celles des Scolytus et des Cucujus sont beaucoup plus considérables que celles que l’on remarque entre ces premiers In- sectes et les Carabiques; mais, selon nous, ce sont là des caractères secondaires, et les caractères 978 HISTOIRE NATURELLE. primaires rapprochent davantage les Coléoptères qui nous oceupent des Scolytiens et de la masse des anciens Xylophages. Cependant nous devons dire que l'aspect anomal des Paussiens et la forme insolite de leurs antennes les éloignent de tous les autres Coléoptères, quoique, néanmoins, la dis- position antennaire des Platypus montre déjà une tendance vers la même forme; en outre, comme le fait remarquer M. Émile Blanchard, leurs mâchoires simples, à palpes courts et pointus, leur lèvre inférieure petite, conformée à peu près de la même manière que celle des Scolytus, montrent que les Paussiens doivent probablement être rapprochés des Scolytiens, et qu'ils s’éloignent beau- coup des Carabiques, dont les mâchoires et toutes les parties de la bouche sont si bien développées; nous ajouterons que leur habitat dans les nids de Fourmis ne prouverait pas qu'ils soient carnas- siers; car l'on sait que plusieurs Coléoptères qui ont un genre de vie semblablen’'en sont pas moins xylophages, et, lors même qu'ils seraient carnassiers, cela ne serait pas une raison pour les rappro- cher des Carabiques, puisque des Coléoptères bien réellement carnivores en sont naturellement éloignés. M. Léon Fairmaire pense que, par suite de plusieurs particularités importantes, tant orga- niques que de mœurs, les Paussiens doivent être rangés à la suite des Psélaphiens et après le genre Articerus : l'habitat de quelques-uns d’entre eux sous les pierres et en compagnie de petites Fourmis tend à faire adopter ce rapprochement. Latreille indiquait les Insectes qui nous occupent sous le nom de Paussiles, comme tribu des Xylophages; mais e’est à M. Westwood que l’on doit la création de la famille qui nous occupe, à laquelle il donna le nom de Paussidæ, dénomination qui a été changée en celle de Paussiens par M. Émile Blanchard. Erichson a décrit dans les Archives de Wiegmann (1847) une larve qu'il suppose appartenir à un Paussus, et qui a été recueillie à Mozambique par le docteur Peters; quoique la détermination de cette larve soit assez loin d’être démontrée, nous ne croyons pas moins devoir en reproduire la description, dans la pénurie où nous sommes sur les premiers états des Paussus. La tête est di- rigée en avant, large et aplatie, presque carrée, à bouche paraissant formée comme chez les Cara- biques, les Staphyliniens et les Histériens. La plaque sus-céphalique est déprimée, arrondie sur son bord antérieur entre les mandibules, sans chaperon ni lèvre inférieure. Il y a, de chaque côté, six ocelles arrondis, disposés en deux séries transversales, derrière l'insertion des antennes. Celles-ci ont quatre articles. Les mandibules sont fortes, filiformes, simples, acuminées, se recouvrant au repos. Les mâchoires présentent une pièce cardinale très-courte, annulaire : une pièce basilaire très- épaisse, un peu amincie vers la base, coupée carrément à l'extrémité, portant un palpe et un lobe mobile, articulé. La lèvre inférieure est formée d’un petit menton charnu, tuberculiforme, de pièces palpigères développées, cornées. Les palpes labiaux ont deux artieles : premier assez court, épais : second plus long, plus grêle, styloïde. Il n’y a pas de languette. Les segments thoraciques sont assez semblables aux segments abdominaux. Les pattes sont assez courtes, coniques, formées d’une hanche dirigée en dedans, d’une cuisse plus longue que le trochanter, d’une jambe courte, et d’un tarse représenté par un ongle simple. Les segments abdominaux sont au nombre de neuf, très-courts, recouverts de téguments durs, coriacés, hérissés de poils : le segment terminal muni de deux appen- dices bien développés, coniques, recouverts de poils longs et portant à leur extrémité un petit ongle mobile. L’anus est petit, tubuleux, dirigé en arrière, ne servant probablement pas à la pro- gression, à cause de la saillie des appendices dont la face inférieure de l’abdomen est munie. Cette larve, quoique desséchée et raccourcie, avait environ 0,012 de long sur 0,002 de largeur; son corps, court et ramassé, présentait la forme déprimée et cylindrique de la larve d’un Hister, la couleur était d’un noir brillant, avec le mésothorax et le métathorax d'un jaune orangé : la tête, Les deux derniers segments abdominaux, les appendices et les pattes, étaient d'un brun obscur et les poils noirs. Erichson fait suivre cette description des réflexions suivantes : « Si, dit], la détermi- nation de cette larve était certaine, elle jetterait un grand jour sur les analogies des Paussiens, et il ne scrait plus douteux que l’on düt former une famille de ce groupe déjà assez riche en espèces. Elle “appelle beaucoup les larves de Carabiques par la conformation de la tête, et surtout des parties de la bouche et du nombre des ocelles; mais elle s'en éloigne d’abord par ses tarses munis d'ongles simples, ensuite par les appendices biarticulés du segment ierminal. Ces deux derniers caractères distinguent des Carabiques les larves des Staphyliniens, des Histériens, des Silphales, de sorte que nous ne pouvons mieux comparer la larve des Paussus qu’à ces groupes. Elle se rapproche des Silphales COLÉOPTÈRES. DAS par la dureté de ses téguments; mais la conformation de la bouche l'en sépare, puisque les Silpha.es ont une lèvre supérieure distincte et un lobe maxillaire soudé à la-pièce basilaire des mâchoires; le nombre des ocelles est le même dans les deux types que nous comparons, mais leur disposition est différente. La larve supposée des Paussus est plus voisine de celles des deux autres groupes, c'est-à- dire des Staphyliniens et des Histériens, notamment par la composition de la bouche, quoique cheg elle le lobe maxillaire soit biarticulé, tandis qu'il est formé d’une seule pièce, mobile il est vrai, dans ces deux familles. Au reste, la larve du Paussus, aussi bien que l’Insecte parfait, se distingue par la grandeur remarquable du deuxième article des palpes maxillaires. » M. Westwood rapporte aussi que le capitaine Boys a décrit les métamorphoses du BAPE bifasciatus dans le Journal of the Asiatic Society of Bengal. Nous avons pensé qu'il était utile d'entrer dans les détails qui précèdent sur la transformation des Paussiens, car cela nous a permis d'indiquer quelques remarques sur les affinités de cette famille, et appellera peut-être l'attention sur les premiers états de ces Coléoptères, principalement sur l’es- pêce que l’on trouve dans le nord de l’Afrique, et même dans le midi de l'Europe. Au point de vue zoologique, ces Insectes sont assez bien connus, grâce aux savants travaux de M. Westwood (Trans. Linn. Soc., Lond., vol. XVI et XIX, et Trans. ent. Soc., Lond., vol. IT), qui les répartit en une dizaine de genres. On n’en connaît qu'un nombre assez restreint d'espèces, une soixantaine environ, propres pour la plupart aux régions les plus chaudes de l’ancien continent, tant en Afrique que dans les Indes, et aussi à la Nouvelle-Hollande; mais dont une espèce, Paussus Favieri, Fairmaire, serait propre à Tanger, à l'Algérie et même à l’Andalousie, et dont quelques autres proviennent de l'Amérique méridionale. Malgré la petite quantité de genres et d'espèces qui entrent dans cette famille, on peut cependant, avec M. Émile Blanchard, la partager en deux tribus spéciales, d’après la conformation des pattes et le nombre des articles des antennes. 1 tribu, Paussrres, à pattes sans renflement; antennes n'ayant que deux ou six et peut-être sept articles. La plupart des groupes génériques de la division entrent dans cette tribu. Le genre principal est celui des PAUSSUS, Linné (Dissertatio Big. Ins., tome Le, fig. VI et X), genre adopté par Fabricius, Herbst, Latreille, Thunberg, ete., et restreint par M. Westwood aux espèces ayant jour caractères communs : Corps un peu déprimé; tête sans ocelles, plus étroite que le corselet, antennes grandes, de deux articles apparents : le premier petit, échancré, et le dernier grand, comprimé, avec l'angle interne quelquefois en dent; palpes :-maxillaires avancés jusqu'à la base des antennes, avec l'article basilaire petit, tuberculiforme, le second grand, comprimé, presque carré, le troisième beaucoup plis étroit, et le quatrième plus petit, conique : labiaux plus courts que les autres; corselet légèrement plus long que large, dilaté antérieurement; élytres tronquées à leur partie postérieure. Les Paussus sont de petits Coléoptères qui semblent vivre exclusivement sous les © pierres et en compagnie de petites espèces de Formica, au moins si l’on en juge d'après les habi- tudes du P. Favieri, et d'une autre espèce propre au Sénégal, les seuls dont on connaisse un peu les mœurs. Ils se trouvent habituellement dans le sud de l'Afrique, dans les Indes orientales, à l'île Maurice, à Madagascar, etc., mais un d’entre eux cependant, d'après MM. L. Fairmaire et Co- querel, le Paussus Favieri, que nous avons déjà nommé, se rencontrerait auprès de Tanger, à Mers-el-Kébir en Algérie, et en Andalousie, ainsi que dans diverses parties de l'Espagne. On en dé- crit au moins trente espèces, et le nombre en augmente chaque jour, en même temps qu’on re- cherche davantage à l'étranger les petits Coléoptères. L'espèce typique, ou plutôt la plus ancienne ment décrite, est le Paussus microcephalus, Linné, long de 0,002 environ, à corps d’un noir obseur ou d’un brun noirâtre, et à élytres plus claires ou d'un brun roussâtre : habite l'ile Ba- nanas. Une autre espèce est le P. ruber, Thumb., un peu plus roussâtre que le précédent, plus petit que lui, et assez commun auprès du cap de Bonne-Espérance. Parmi les autres genres démembrés des Paussus, nous citerons surtout les suivants : Hyroronts, Dalman, à corps assez déprimé, court, obtus; tête ayant deux ocelles; yeux yetits, oblongs; antennes de deux articles distincts : le premier large, échancré, et le dernier comprimé, lancéolé; corselet 280 HISTOIRE NATURELLE. très-élargi antérieurement; pattes courtes, robustes; ayant pour type le Paussus bucephalus, Gil- lenhal, découvert en Afrique, à Sierra-Leone. — Praryruorarus, Westw., à corps déprimé; tête presque carrée; yeux grands; antennes grandes, de deux articles : le premier comprimé, échancré obliquement à l'extrémité, et le dernier grand, plan, fortement déprimé, tronqué à la base; corselet court, et beaucoup moins large que les élytres; pattes assex courtes : une dizaine d'espèces, dont le type est le Paussus denticornis, Donovan, un peu plus grand que les précédents, d'un brun rous- sâtre, propre aux Indes orientales. — Penrabcatanrarus, Westw., à corps légèrement déprimé; tête petite, plus étroite que le corselet; antennes insérées vers le bord antérieur de la tête, entre la partie supérieure des yeux, un peu plus longues que la tête et le corselet, de six articles distincts, et allant en grossissant vers le haut; corselet presque carré; élytres en carré long, tronquées posté- rieurement; pattes courtes, très-comprimées; type, Pentaplatarthrus paussoides, Westw., assez grande espèce, provenant probablement de la partie méridionale de l'Afrique. — Ceraronerts, Westw., à corps oblong, déprimé; antennes de six articles : les quatre intermédiaires transverses, plans : le dernier semi-cireulaire; corselet à peine plus large que la tête, en cœur tronqué; élytres oblonques-ovalaires, déprimées; pattes très-courtes; une seule espèce, le Paussus bifasciatus, Kollar, des Indes orientales. — Lesionerus, Westw., à corps déprimé, très-large; tête plus large que le cor- selet; antennes semblant composées de sept articles; élytres larges, oblongues-carrées; pattes assez gréles, peu comprimées; ne renfermant que le Lebioderus Gory, à corps testacé, propre à l'ile de Java. se. Fig. 242, — Paussus cuvicorms. Fig. 245, — Plalyrhopalus Meller, 2e tribu, CÉRAPrÉRITES, à pattes très-renflées; antennes de dix articles. Deux groupes seulement entrent dans cette subdivision, et le principal, le seul complétement connu, est le suivant : Genre CERAPTERUS, Swed., à corps aplati; tête plus étroite que le corselet; antennes insérées sur le sommet de la tête, très-épaisses, pubescentes, de dix articles, un peu plus longues que la tète et le corselet réunis : premier article aplati, convexe à l'extrémité, petit, les suivants, de deux à euf, égaux, aplatis, très-courts, très-larges : le dernier arrondi à l'extrémité et formant presque à lui seul le quart de l'antenne; labre, mandibules et müchoires très-petites; corselet plus dilaté sur les côtés, écusson triangulaire; élytres larges, tronquées postérieurement; pattes courtes, fortement aplaties, très-larges; tarses étroits, filiformes, courts, avec les trois premiers articles ciliés, et le dernier long, simple. Ce genre est particulier à la Nouvelle-Hollande, au Bengale, aux Indes orien- tales, à Java, et se trouve même au Brésil : il renferme une dizaine d'espèces assez grandes pour des Paussiens; le type est le Cerapterus latipes, Swederus, d’un noir ferrugineux, avec les antennes un peu plus brunâtres et velues; habite le Bengale. — Quoique peu nombreux en espèces, on à cru devoir former parmi les Cerapterus plusieurs sous-cenres particuliers; tels sont les Orthopterus et Arthrapterus, Mac-Leay, et les Phymatopterus, Homapterus et Pleurapterus, Westw. On en a rapproché le genre Trocaoineus, Westwood, à corps convexe; tête à peu près triangu- laire; antennes insérées sur le sommet de la tête, avec la massue, très-grande ; pas d’ocelles ; cor- selet plus large que long; élytres convexes; pattes courtes; mais ce genre semble plutôt devoir être rangé auprès des Endomychus. On en décrit cinq espèces de Madagascar, de l'ile Maurice, de la Co- lombie, etc.; le type est le Paussus cruciatus, Dalman, petite espèce découverte dans la gomme copale. COLFOPTÈRES, 281 Un dernier genre que l’on a egalement placé dans la famille des Paussiens, mais qui semble réel- lement ne pas y appartenir et devoir être rapproché des Malachius, est celui des Mecanenrerus, Westwood, à corps petit, villeux; antennes avec le premier article recourbé, allongé : deuxième plus grand, arrondi, comprimé : les autres articles courts, filiformes; élytres très-molles; tarses de cg articles à toutes les pattes. Deux espèces, le Paussus flavicornis, Fabr., de Java, etle Mega denterus Haworthii, Westwood, dont la patrie est inconnue. TRENTE-SEPTIÈME FAMILLE. MONOTOMIENS. MONOTOMIL. Nobis, 1859. Corps allongé, déprimé, souvent parallélipipède; tête un peu avancée en manière de museau trian=- qulaire, obtus, et rétrécie antérieurement; antennes de dix articles, dont le dernier forme une massue solide disposée en bouton; palpes labiaux et maxillaires très-petits, non saillants, de la même grosseur partout; mandibules peu développées; corselet séparé de la tête par un étranglement en sorte de cou dans lequel la tête peut s'enfoncer postérieurement, ou de la même largeur, et n'en étant distinct que par un très-léger étranglement; pattes assez courtes; tarses en général au nombre de quatre à toutes les pattes, toujours entiers. Notre famille des Monotomiens correspond au grand genre Monotomu, tel que Latreille l'a admis comme subdivision primaire dans le Règne animul, et à la division des Monotomites de l'Histoire naturelle des Insectes de MM. Castelneau et E. Blanchard, éditée par Duméril. Cette subdivision répond aussi, en partie au moins, aux Colydiens d’Erichson. Nous devons avouer que les Monoto- miens constituent une famille incomplétement caractérisée, et, dès lors, assez peu naturelle, et que si plusieurs des genres qu’elle renferme doivent rester placés les uns à côté des autres, plusieurs autres doivent aussi en être éloignés pour être rangés dans des familles très-distinetes. Nous aurions voulu suivre à cet égard la classification d'Erichson; mais cela nous a été impossible, parce que nous avons surtout cherché dans cet ouvrage, comme nous l’avons déjà dit dans d’autres volumes, à res- pecter, le plus que nous l'avons pu, la méthode de Latreille, si généralement suivie en France, et que, spécialement ici, nous avons groupé les unes à côté des autres les petites familles qui consti- tuaient l’ancienne division des Xylophages. Nous savons l'inconvénient qu'il y a dans le genre de classification que nous avons adopté, mais nous pensons aussi qu'il offre quelque avantage à une époque que nous pourrions dire de transition entre la méthode de Latreille, ou tarsienne, et celle plus naturelle des entomologistes allemands, tirant sa caractéristique de l'ensemble des particularités que présentent les Insectes, méthode qui tend, avec des modifications plus ou moins profondes non encore faites complétement, à être généralement suivie. Parmi les motifs qui nous ont engagé à poursuivre la voie dans laquelle nous étions entré dès le commencément de cet ouvrage, nous di- rons seulement aussi que la trop grande multiplicité des familles nous semble un motif de confusion, et que, pour s’y reconnaître dans le chaos qui peut en résulter, pour laisser voir les liens qui unis- sent ces divisions les unes aux autres, nous avons cru utile de restreindre le nombre de ces groupes primaires, et, au moins, de les réunir de manière à reconstituer généralement les anciennes subdivisions, plus connues vulgairement. Ceci posé, nous devons revenir à notre famille des Monotomiens. Ces Insectes sont des Coléoptères de très-petite taille, qui vivent en général sous les écorces des arbres, et que l’on rencontre aussi assez souvent dans les détritus végétaux et animaux, soit en plein air, soit dans les serres, les étables, et même dans les fourmilières. D'après leur petitesse et la diffi- culté de les rencontrer, on comprend facilement qu'on n’en connaît qu'un nombre assez peu con- sidérable d'espèces, et que c'est principalement en Europe qu'on les a observés, quoiqu'il doive réellement en exister dans toutes les parties du monde, aussi bien dans les régions chaudes que CE 56 282 HISTOIRE NATURELLE. dans les régions froides. Le genre le plus anciennement connu est celui des Monotoma d'Herbst, à côté duquel vient se ranger le groupe des Cerylon, Latreille, et quelques autres subdivisions géné- riques dues principalement aux zoologistes modernes. Les rapports que les Monotomiens ont avec plusieurs divisions primaires des Coléoptères sont assez complexes; si, d'un côté, ils sont assez voisins des Paussiens, des Scolytiens, des Bostrichiens et des Cucujiens, d’un autre côté, ils ont beaucoup d'affinité avec les Nitidulaires, à côté desquels les place immédiatement Erichson, avec les Cryptopha- giens, avec les Dermestiens, avec quelques anciens Hétéromères, et même avec les Érotyliens, si l'on comprend les Ipsides dans cette dernière famille. Ces rapports entre des familles aussi éloignées les unes des autres ne montrent-ils pas que la série linéaire que l'on cherche constamment à établir par les Coléoptères, ainsi que dans les autres branches du règne animal, n’est pas naturelle, et qu'il fau- drait peut-être trouver un autre mode de classification? Le genre de vie des Monotomiens n’est pas parfaitement connu : on ne sait s'ils sont exclusivement phytophages, comme les Scolytiens, ou si, comme les Nemosoma, genre longtemps placé parmi les Xylophages, et qu'à l'exemple d'Erichson, nous avons rangé avec les Nitidulaires, la plupart d’entre eux ne se trouvent dans les troncs des arbres que parce qu’ils sont parasites et dévorent les larves des Insectes qui s’y logent. De bonnes observations seraient utiles à faire à ce sujet, et c’est l’un des desiderata de la science. L'histoire de leurs métamorphoses est également à peine ébauchée. M. Nærdlinger (Ent. Zeit. zu Stett., 1848) se borne à dire que la larve du Synchita Juglandis, Fabr., vit dans le charme. La larve du Cerylon histeroides, Fabr., décrite par Erichson (Naturg. der Insect. Deutschl., 1845), est un peu mieux connue : cette larve a beaucoup d’analogie avec celle du Colydium fiiforme, dont nous parlerens bientôt, et s'en distingue seulement par les caractères suivants : le corps est allongé, déprimé, et allant en se rétrécissant un peu à sa partie antérieure; la tête est petite, étroite, assez dirigée en avant; les mandibules ont une extrémité simple, et une petite dent dans le milieu; leurs palpes maxillaires paraissent formés de trois articles, dont le terminal est bien distinct; la languette est courte, échancrée en avant; le corselet est corné en dessus : chacun des deux autres segments tho- raciques offre en dessus deux taches cornées : cette larve, qui est très-petite, a été trouvée par Erichson sous l'écorce du pin. C’est probablement à une espèce de la même famille, probablement au genre Cerylon, que l'on doit rapporter la larve que M. Westwood a fait connaitre dans son In- troduction à l’Entomologie, 1859, sous la dénomination de Rhyzophagus bipustulatus. &, 1 K à 7 (D if l/ | ù Fig. 24%. — Myrmechixenus Fig. 245.— Langelandia anophthalma. Fig. 246. — Monotoma unicollis. sublerraneus (Grossi.) (Grossi.) (Grossi.) Le genre principal de cette famille est celui des MONOTOMA, Herbst, Latr., à corps allonge; iéte triangulaire, légèrement avancée en museau obtus; antennes ayant leurs deux premiers articles plus gros que les suivants et presque égaux : premier un peu plus grand que les autres, et le ditième ou dernier en massue bien marquée, offrant les vestiges d'un ou de deux articles; corselet à peu près de la méme largeur que la tête, et séparé de cette dernière par un étranglement; tarses de quatre ar- icles. On place dans ce genre un nombre assez restreint d'espèces, principalement propres à l'Eu- rope, et dont le type est le M. picipes, Herbst, long de 0%,001, à corps noir, et qui n'est pas rare COLÉOPTÈRES. 983 aux environs de Paris sous les écorces des arbres. Les Monotomes se rencontrent dans les fumiers et sous les écorces; ils vivent de détritus végétaux, préférant toutefois ceux qui contiennent des ma- tièresanimalisées : deux espèces (M. conicollis et angusticollis) vivent en société avec des Fourmis. Les autres genres sont les suivants : Syxeurra, Hellw., à corps allongé, carré, fortement déprimé; tête à prolongement antérieur transverse, sans prolongement antérieur; antennes à deux premiers ar- ticles à peu près semblables, et le dernier en massue solide, en forme de bouton, grande; corselet plus large que-long, séparé de la base des élytres par un intervalle sensible : quelques espèces, dont le type est le S. Juglandis (Lyctus), Fabr., long de 0®,002 à 0,005, avec le corps brunûtre et les élytres quelquefois entièrement brunes à la base, quelquefois ornées d'un point d’un jaune testacé : d’une grande partie de l'Europe, et même de nos environs. —CerxLow, Latr., à corps assez long, ovalaire, aplati; tête ayant son extrémité antérieure avancée en forme de triangle obtus; antennes beaucoup plus longues que la tête, à premier article plus gros que le suivant, et dernier en massue en bouton; corselet plus large que long, sans rebords, n'étant pas disjoint d'avec les élytres : on connaît plu- sieurs espèces européennes de ce genre, et la principale est le C. histeroides (Lyctus), Fabr., long d'à peu près 0,001; à corps noir ou d'un brun marron brillant, et entièrement glabre : habite les environs de Paris. — Myrmecaixenus, Chevrolal, à corps assex long, très-déprimé; antennes de onze articles, un peu plus longues que le corselet, à second article et suivants jusqu'au septième monili- formes, un peu tronqués à l'extrémité : cinq derniers allant en augmentant de grosseur; yeux petits, arrondis, peu saillants; corselet ayant autant de largeur à son sommet que de hauteur; tarses simples, de quatre articles : ce groupe, qui n’a été découvert que dans ces derniers temps, ne renferme que deux espèces propres au climat de Paris : le M. subterraneus, Chevr., très-petit, d’un brun noirätre, vivant dans les fourmilières, et vaporariorum, Guérin, dévorant dans les serres chaudes les détritus des végétaux et peut-être certains Insectes. C’est peut-être dans la même famille, quoique nous ne les y admettions qu'avec beaucoup de doute, que l'on doit ranger les deux genres Bitoma et Lyctus, qui ont aussi beaucoup d'analogie avec les Ips, dont ils faisaient jadis partie, et qui, dès lors, devraient peut-être être placés soit parmi les Nitidulaires, soit parmi les Érotyliens, familles qui, suivant différents entomologistes, renferment les Ipsites: et, en outre, les Bitomes sont peut-être plus rapprochées encore de certains anciens Hété- romères, et les Lyctes des Cissiens, famille dans laquelle nous en avons parlé. Le genre BITOMA, Herbst, a pour caractéristique : corps long, étroit, presque parallélipipède, déprimé; tête obtuse à sa partie antérieure, presque tronquée transversalement; antennes de on%e articles, un peu plus longues que la tête, plus courtes que le corselet, et moins longues que dans les Monotoma : massue de deux articles; corselet carré, plat, un peu plus étroit que les élytres; celles-ci longues, déprimées; tarses de quatre articles : type, B. crenata, petit, à corps noir, avec les antennes, les élytres, les jambes et les tarses rouges : commun dans toute l’Europe sous les écorces d'arbre; une autre espèce est le B. contracta, Fabr., qui a la même patrie et le même habitat que l'espèce précédente. Dans le genre LYCTUS, Fabr., le corps est plus étroit, presque linéaire; les antennes de onxe articles, de la longueur du corselet, très-distantes, avec une massue biarticulée; les mandibules sont peu saillantes, quoique en partie découvertes; les palpes filiformes; la tête un peu avancée; les yeux très-qros, proéminents; le corselet long, un peu plus étroit que les élytres; abdomen long; tarses de quatre articles, tous entiers : l'espèce la plus connue est le L. canaliculatus, Fabr., long d'environ 0®003; d’un brun testacé, couvert d’un léger duvet jaunâtre: se trouve assez communé- ment sous les écorces dans nos environs. Auprès des Bitomes et des Lyctes doit venirse placer un genre des plus singuliers et qui n’a été dé- couvert que dans ces derniers temps: c’est le genre LANGELANDIA, Aubé (Ann. Soc. ent. Fr., 1842), surtout remarquable en ce qu'il est privé de l'organe de la vue et qu'il n’a pas d'ailes sous les élytres. Les caractères des Langelandia sont les suivants : corps allongé, entièrement déprimé; tête déprimée, fortement enfoncée dans le corselet; antennes en massue, assez courtes, composées de onze articles : les deux premiers plus gros que les sept suivants, les deux derniers plus forts que les autres, constituant la massue; épistome coupé carrément; labre très-petit, arrondi, cilié; man- dibules robustes, bidentées à l'extrémité; mâchoires membraneuses, mousses, qarnies de cils roides en dedans; palpes : maæillaires de quatre articles, labiaux de trois; menton assez saillant, arrondi; { 284 HISTOIRE NATURELLE. languette tridentée; pas d'yeux; corselet quadrangulaire; élytres couaées, recouvrant entièrement l'abdomen et l'embrassant sur les côtés; ailes nulles; pattes médiocres; tarses de trois articles : les deux premiers réunis, plus courts que le troisième, qui est terminé par deux crochets égaux. Ge genre vient augmenter le nombre des quelques Coléoptères aveugles, tels que les Claviger, l Anom- matus terricola, le Monopsis brunnea et les Anophthulmus; cette anomalie est des plus singulières, mais on peut assez bien s’en rendre compte par le genre de vie des Insectes que nous venons de nommer; en effet, les Clavigers, toujours enfermés dans des galeries souterraines où les Fourmis les retiennent captifs; les Anommates, vivant dans le sol; les Monopsides, dans les endroits les plus sombres des écuries les moins éclairées, oùon les rencontre sousle fumier; les Anophthalmes, que l’on ne trouve que dans les cavernes et grottes souterraines entièrement privées de la lumière du ciel, n'ont pas besoin d'organes de vision, puisque ces organes leur seraient tout à fait inutiles. Il en est de même des Langelandies, qui vivent assez profondément dans la terre, où elles se nourrissent de dé- tritus de végétaux, s’attachant souvent aux piéces de bois posant à terre, qui, par leur propre poids se sont un peu enfoncées dans le sol. et qui tendent à se pourrir. La seule espèce de ce genre est le Langelandia anophthalma, Aubé, long de 0,003 à 0,004, étroit, allongé, près de quatre fois aussi long que large, entièrement d’un brun ferrugineux; il a été découvert à Paris même par Langeland, repris depuis par MM. Montandon, Rouzet, etc., et constaté dans plusieurs autres contrées. Le genre ANGMMATUS, Wesm., à yeux nuls ou oblitérés; à antennes de dix articles, avec la massue globuleuse, d'un seul article, ete., a, par son manque d'organes de vision, quelque rapport avec les Langelandia, mais par l’ensemble de ses caractères se rapproche davantage des Monomata et des Cerylon : l'espèce unique est l'A. terricola, qui, comme l'indique son nom, se trouve dans la terre. Un autre genre, également voisin des Lyctes et des Bitomes, est celui des Dionesma, Meg., Dej., Latr., à antennes de la longueur du corselet; corps ovale-oblong, convexe, avec le corselet presque demi-orbiculaire, et l'abdomen à peu près ovalaire : type, D. subterranea, Dej., d'Allemagne. Les derniers genres que nous venons de passer en revue tendent à établir le passage des Monoto- miens aux Mycétophagiens, surtout par leurs antennes ayant onze articles bien distincts, dont les deux derniers forment la massue, etc. C’est probablement dans la même famille, et auprès des Cérylons, qu’on doit mettre les genres peu connus des Bothryderus et Pycomerus, Erichson. Quant au genre Rhyzxophagus, que Latreille mettait entre les Cérvlons et les Monotomes, il est bien reconnu aujourd'hui qu'il comprend des espèces pentamères, et qu’il doit faire partie de la famille des Nitidulaires, dans laquelle nous l'avons compris. TRENTE-HUITIÈME FAMILLE. MYCETOPHAGIENS, MYCETOPHAGII. Nobis, 1859. Corps assez petit, ovalaire ou plus ou moins allongé; tête petite; antennes, quère plus longues que la téte, insérées sous ses bords, de onze articles très-distinets : les trois ou quatre derniers for- mant la massue, ou le dernier étant plus grand à lui seul que les précédents réunis; mandibules recouvertes ou très-peu saillantes; corselet en général plus large que long; élytres un peu plus larges que le corselel; pattes assez peu développées; jambes non contractiles, assez grèles; tarses de quatre articles. Cette famille répond au grand genre des Mycetophagus de Fabricius, indiqué comme groupe plus élevé dans le Règne animal de Latreïlle, à la division des Mycétophagites de MM. Castelneau et Blanchard (Hast. des Ins. de l'éditeur Duménil), et presque complétement aux familles des Latri- Fig. 1 — Campsia cuprea Fig. 2 — Cistela fumosa Pie. 3 — Cyllidium seminulum Fig. 4. — Bostrichus punctatus Fig. D — Mycetophagus quadriquitatus. me rl. 20 * l … » A »" ter NE VTE à he PAS (ET MNUNES À TT - = . : k Me « Gus COLÉOPTÈRES. 285 diens et Mycétophagides, ainsi qu'en partie à celle des Colydiens et même des Dermestiens d'E- richson. Elle est voisine des subdivisions que nous venons d'étudier et de celle qui va suivre, et faisait partie des Xylophages. Fabricius y indiquait les genres Mycetophagus et Colydium, Herbst celui des Latridius, Latreille ceux des Sylvanus et Meryx, et quelques autres auteurs divers groupes que nous mentionnerons bientôt. Les Mycétophagiens sont assez nombreux en espèces pour la plupart européennes. Presque tous sont de petite taille, et ce n’est qu'exceptionnellement que quelques-uns d’entre eux atteignent une grandeur moyenne. Leur système de coloration est loin d'être brillant, et leurs teintes sont noi- râtres ou d’un brun plus ou moins foncé. Leur habitat est à peu près le même que celui des Mono- tomiens : on les trouve sous les écorces ou au pied des arbres, dans les champignons, sous les débris des végétaux, dans le sol, etc. Leur régime semble être végétal dans la grande majorité des cas; mais, dans quelques circonstances, il est également carnivore. On connaît les larves d’une quinzaine d'espèces de cette famille, et ces larves se rapportent à cinq genres particuliers, ceux des Colydium, Mycetophagus, Triphyllus, Latridius et Corticaria. Ces larves différent trop les unes des autres pour que nous puissions en donner une caractéristique générale, et nous croyons préférable d'en parler lorsque nous ferons l’histoire de chaque groupe gé- nérique plutôt que de le faire actuellement. Les genres des Mycétophagiens peuvent être partagés en quatre petites tribus, qui correspondent à des divisions naturelles d'Erichson, que nous aurions considérées comme des familles distinctes, si nous n'avions craint d'augmenter trop considérablement le nombre des divisions primaires, et que nous désignerons sous les noms de Colydides, Mycétophagides, Latridides et Sylvanides. I. Dans les Cozvnies, à corps linéaire; corselet à peu près de la largeur de la tête etdes élytres, le genre principal, unique encore pour beaucoup d'entomologistes, est celui des COLYDIES, Coly- dium, Fabricius, à corps long, linéaire; tête très-obtuse en devant; antennes un peu plus longues que la tête, insérées sur les bords de ses côtés, composées de onxe articles : les deux premiers beau- coup plus gros que les suivants, ceux-ci très-courts jusqu'au huitième, enfin les trois derniers for- mant une massue perfoliée, assez développée; labre très-petit, raccourci, transverse, entier; pulpes courts, terminés en massue : maæillaires une fois plus longs que les labiaux; mächoires ayant deux lobes : l'externe petit et dentiforme; corselet en carré, plus ou moins long, de la largeur de l'ab- domen; tarses de quatre articles : Le premier et le dernier allongés, les intermédiaires courts. Les Colydies sont des Insectes de taille moyenne, dont on connaît une dizaine d'espèces en Europe, et qui toutes vivent sous les écorces des arbres : comme type nous citerons le Colydium elongatum, Fabr., long de 02,003 à 0®,004, à corps étroit, noir, ponctué, avec les antennes et les pattes d’un brun marron : se trouve en France, aux environs mêmes de Paris, dans les vieux bois, et spécialement sous l'écorce des chênes morts. Les larves de plusieurs espèces sont connues. Erichson a surtout décrit avec beaucoup de soin celle du Colydium filiforme, Fabr., espèce assez commune en Alle- magne. Cette larve, qui est petite, blanchâtre, recouverte d'une peau molle et de forme tout à fait cylindrique, allongée, orêle, a la tête arrondie, un peu dirigée en avant, les ocelles sont au nombre de cinq de chaque côté, disposés derrière les antennes en deux séries transversales : l’intérieure formée de trois, la postérieure de deux, et tous petits, arrondis; les antennes ont quatre articles : le premier très-court, le deuxième et le troisième plus longs, et ces trois articles devenant graduel- lement plus grêles : le quatrième petit, sétacé, offrant à la base un petit article supplémentaire; la plaque sus-céphalique est de consistance écailleuse, assez dure, sans chaperon distinct, présentant deux lignes longitudinales enfoncées; la lèvre supérieure est saillante, semi-cireulaire; les mandi- bules ont l'extrémité cornée, bidentées; les mâchoires sont charnues, à lobe coudé et muni de petites soies sur les bords; les palpes maxillaires, ne semblant formés que de deux articles, en ont trois en réalité : les labiaux ont trois articles plus distinets; la lèvre inférieure est charnue; la lan- guette est arrondie en avant; les segments thoraciques sont semblables aux abdominaux; les pattes sont assez courtes, formées d’une hanche un peu allongée, épaisse, dirigée obliquement : d'un tro- chanter court, soudé à la cuisse: d’une jambe plus petite, plus grêle, et d’un tarse composé d'un ongle simple, corné à son extrémité; les segments abdominaux offrent en dessus et en dessous des poils épars, dressés : le segment terminal est muni à son extrémité de deux pointes cornces, recour- 286 HISTOIRE NATURELLE. bées en haut; l'anus est tubuleux, rétractile, et sert à la progression; les stigmates sont au nombre de neuf paires. Ratzeburg et Sturm ont parlé de la larve du Colydium elongatum, Fabr.; et Mac- Leay de celle du C. castaneum. Erichson a formé, sous la dénomination d'Auconiun, un genre particulier pour le Colydium sul- catum, Olivier : espèce longue d’à peu près 0",004, entièrement d'un roux ferrugineux, que l’on trouve dans presque toute l'Europe sous les écorces des arbres. IL. Dans les Mycéropnacines, à corps ovale, avec le corselet élargi en arrière, on comprend sur- tout le genre MYCÉTOPHAGE, Mycetophagus, Fabr., à corps ovalaire; antennes de onze articles, se r'enflant en massue dès le sixième ou septième article, et le dernier allongé, presque ovoide; corselet beaucoup plus large que long, ayant ses angles postérieurs un peu en pointe; élytres légè- rement plus larges que le corselet, un peu carrées, une fois plus longues que larges; abdomen ova- laire; tarses de quatre articles : le premier très-long, le deuxième court et entier, et le dernier un peu plus long que te second, mais plus petit que le premier; tarses de cinq articles. Les Mycéto- phages, qui étaient des Tritoma pour Geoffroy, se trouvent, ainsi que l'indique leur nom, dans di- verses espèces de champignons; ils sont assez nombreux spécifiquement, et n’ont guère été signalés qu'en Europe. Comme types, on peut indiquer : 1° le Mycetophaqus multipunctatus, Helwig, long d'environ 0%,003, à corps roux, antennes et pattes brunes, tête et corselet noirs et sans aucune tache, élytres un peu striées, couvertes de nombreux petits points roussâtres : habite les bolets, et n’est pas rare dans les environs de Paris; 2° M. quadrimaculatus, Linné, plus grand que le précédent, à corps d’un brun ferrugineux : se trouve communément en Europe dans les champignons des arbres; 3° A1. fulvicollis, Fabr., très-petit, noirâtre, de nos environs. Erichson a étudié la larve du M. multipunctatus, et M. Waterhouse a dit quelques mots de celle du M. quadripustulatus; M. Éd. Perris, de son côté, a fait complétement connaître la larve d’une espèce d’un genre voisin, celle du Triphyllus punctatus, et l'on peut, d'après MM. Candèze et Chapuis, résumer ainsi qu'il suit les ca- ractères des unes et des autres. Tête assez petite, arrondie, un peu penchée : plaque sus-céphalique légèrement impressionnée à sa partie antérieure; ocelles au nombre de cinq de chaque côté derrière l'insertion des antennes, pelits, arrondis; antennes courtes, tantôt formées, dans le M. multipunc- tatus, de trois articles, dont le premier très-court, et le dernier muni d’une soie à son extrémité, tantôt de quatre articles, dans le T. punctatus, avec un article supplémentaire à l'extrémité du troi- sième; chaperon séparé de la plaque sus-céphalique par une ligne transversale peu profonde; lèvre supérieure distincte, arrondie; mandibules petites, assez fortes, non saillantes, bifides à leur extrc- mité, sans surface molaire à leur base; mâchoires courtes, présentant un lobe coudé recouvert de soies à son extrémité, des palpes maxillaires de trois articles, dont le deuxième court, le troisième allongé, grêle, muni de quelques soies à son extrémité; lèvre inférieure charnue; languette tantôt arrondie, tantôt échancrée; palpes labiaux courts, biarticulés, ne dépassant pas la languette; seg- ments thoraciques présentant de chaque côté un point corné; pattes assez courtes, avec les hanches peu allongées et dirigées en dehors; tarses consistant en un petit ongle simple, corné à son extré- mité, segments abdominaux, au nombre de neuf, offrant sur les côtés plusieurs petits points cornés et chacun un petit tubercule arrondi : le terminal plus petit que les autres et muni en dessus de deux pointes redressées, légèrement dentelées; stigmates au nombre de neuf paires. Ces larves ont le corps presque cylindrique, sont recouverts de téguments minces et parsemés de quelques poils : chaque arceau dorsal présente une bande presque coriacée, transversale : ces larves offrent quelques analogies avec celles des Mélyrides, des Nitidulaires, des Colydides, des Cryptophagiens d'une part, et des Dermestiens de l’autre; elles se distinguent de ces dernières par leur corps presque glabre, et des autres par leur tête arrondie et un peu penchée. Le genre TRIPHYLEUS, Meg., Latr. (Phlæophilus, Stéph.), se distingue de celui des Mycetophagus, dont il est démembré, par son corps aplati; ses antennes à mussue peu ou point perfoliée, plus courte, brusquement formée et composée seulement de trois articles, dont le dernier est presque globuleux; corselet plus étroit que l'abdomen, au moins postérieurement; élytres légèrement con- vexes; abdomen oblonq; tarses de cinq articles, ayant leur premier article de la longueur du sui- vant, ou-très peu plus long. De même que les Mycétophages, les Triphylles se rencontrent dans les champignons, mais quelques-uns d’entre eux vivent aussi sous les écorces des arbres; tel est le Æ, COLÉOPTÈRES. 287 bifasciatus, Fabr., que Herbst considérait à tort comme un Cryptophagus; très-petit, noiràtre, commun auprès de Paris. Le T. punctatus, Fabr., dont la larve est connue, est d’un brun noirûtre, et se trouve dans les champignons, surtout dans le midi de la France. Dejean en sépare à juste raison les espèces chez lesquelles la massue antennaire n’est formée que par deux articles : ce sont ses Biryzuvs. Ce groupe est placé par Erichson dans les Cryptophagiens, auprès des Atomaria, et M. Ed. Perris (Ann. Soc. ent. Fr., 4851) a fait connaitre la larve du Bi- phyllus lunatus, Fabr., petite espèce qui se trouve dans presque toute l'Europe. Cette larve, longue de 0w,006, linéaire, d'un blanc roussâtre, a été trouvée dans la Sphæria concentrina, production cryptogamique des souches du frène; son corps est formé de douze segments, dont le premier est le plus grand de tous; la tête est saillante, presque de la largeur du corps, arrondie, un peu cornée; il y a cinq ocelles de chaque côté; les antennes ont quatre articles; l'épistome court, trapézoïdal; le labre cilié, semi-discoïdal; les mandibules assez fortes; les mâchoires à lobe assez allongé, eylin- drique; les palpes labiaux de deux articles; les pattes assez fortes, hérissées de quelques soies et ter- minées par un ongle peu erochu. C’est en terre que cette larve se transforme en nymphe. Trois autres genres, également de petite taille, propres en général à l'Europe, vivant presque exclusivement dans les champignons, et chez lesquels les tarses sont toujours hétérogènes : anté- rieurs et intermédiaires de cinq articles ct postérieurs de quatre, sont les suivants : —Terrarowa, Herbst, à massue des antennes de quatre articles. — Tirues, Kirby, à massue des antennes de trois articles, oblongue. — Srmxous, Chevr., à massue des antennes de trois articles, grande, perfoliée. Fig. 247, — Latridius liliputanus. Fig, 248. — Dasycerus sulcatus. Fig, 249. — Biphyllus fagr. (Grossi.) (Grossi.) (Grossi.) HI. Dansles Larninines, à corps oblonq, avec la téte et le corselet plus étroits que le reste du corps, on range quatre ou cinq genres, dont le plus connu est celui des LATRIDIES, Latridius, Herbst, à corps oblong, déprimé; tête avancée antérieurement en pointe obtuse, ayant une ligne enfoncée; an- tennes un peu plus lonques que le corselet, avec la massue de trois articles : basilaires plus épais que les suivants, second plus grand que le troisième, celui-ci et les suivants beaucoup plus gréles; mandibules non ressorties; palpes très-courts, terminés en, pointe aiguë; abdomen presque carré ou ovaluire, beaucoup plus large que le corselet et que la tête; corselet plus large que long, ou presque isométrique. Les Latridies sont de petits Coléoptères que l’on trouve assez communément presque partout, se rencontrant principalement sous les écorces, dans les détritus végétaux, dans les cham- pignons, et même, comme le Latridius minutus, dans nos habitations; leur régime semble être animal; leur coloration est assez sombre, brune, rougeàtre ou noirâtre. Les larves de trois espèces ont été décrites; de Géer et M. Westwood ont parlé, mais brièvement, de celles du L. lardarius, Linné; Kvber et Mannerheim, de celles du L. porcatus; Herbst et M. Ed. Perris surtout, ont fait con- naître complétement celles (Ann. Soc. ent. de Fr., 1852) du L. minutus, Linné. Les caractères de cette dernière larve sont les suivants: tête ovale, légèrement creusée sur les côtés, au-dessus et au-dessous des antennes, peu bombée en dessus, d’un blanchâtre livide, avec une bordure anté- rieure brune, une petite tache de cette dernière couleur de chaque côté du vertex; antennes, non pas de trois articles, comme le pensait de Géer, mais de quatre : l’article basilaire et le suivant courts, égaux, troisième une fois et demie aussi long que les deux précédents réunis, un peu plus étroits à la base qu’à l'extrémité, qui porte un petit article supplémentaire, quatrième filiforme, sur- monté d'un long poil délié; épistome trapézoïdal; labre assez saillant, eilié; palpes : maxillaires allongés, de trois articles : Jabiaux semblant ne pas exister; il n'y aurait également pas de mandi- 07°) bules, et à leur place on voit deux petits corps charnus, mous, cornés, à peu près triangulaires, non 288 HISTOIRE NATURELLE. articulés, paraissant attachés entre les mâchoires; les yeux seraient remplacés par cinq ocelles contigus, disposés en are de cercle, tandis que la larve du L. lardarius serait pourvue, au rapport de de Géer, de deux petits yeux; corps elliptico-cylindrique, d'un blanc un peu sale et livide en dessus, plus pâle en dessous, formé de douze segments bien distincts : thoraciques plus grands que les autres; pattes au nombre de six, longues, grêles, munies de quelques soies courtes, terminées par un ongle assez long, presque droit; tête et corps hérissés de poils mous, longs, surtout visibles le long des flancs; stigmates au nombre de neuf paires. Ces larves se fixent ordinairement par la partie postérieure du corps pour subir leur transformation en nymphe. De Géer, ayant trouvé la larve du L. lurdarius sur une vessie de Pore desséchée, on est tenté d'en conclure que les larves de Latridies en général sont carnivores; mais, néanmoins, M. Éd. Perris incline à croire que celle du L. minutus se nourrit de productions cryptogamiques ou plutôt des exeréments et des dépouilles des Insectes qui vivent sur elles. Le type générique est le Latridius minutus, que Linné rangeait dans le genre Tenebrio, Fabricius dans celui des Dermestes, et Olivier parmi les ps. Cet Insecte atteint à peine à 0,001 de longueur, et il est d’un brun noirätre obseur, glabre : commun partout. Une autre espèce, qui n’est pas rare dans nos environs, est le L. serratus, Payk., du double plus grand que le précédent et d'un brun ferrugineux. Mannerheim a distingué des Latridies le genre ConricariA, qui à pour type une petite espèce eu- ropéenne, le C. pubescens, Niger, dont M. Éd. Perris a décrit la larve, qui, sauf quelques différences dans la forme et la disposition des poils qui recouvrent les segments, présente complétement l’or- ganisation de celle du L. minutus. C’est ici qu'on doit ranger le genre Meryx, Latr., à corps long, étroit; antennes de la longueur du corselet, ayant leurs trois derniers articles un peu plus épais que les autres : neuvième et dixième en forme de triangle renversé, et le dernier ovale; mandibules bifides à l'extrémité; palpes en massue, à dernier article grand : maxillaires avancés; mâchoires munies de deux lobes : in- terne dentiforme : externe presque triangulaire; yeux assez proéminents; corselet légèrement plus étroit que les élytres, à peu près carré, avec les côtés antérieurs dilatés, arrondis; abdomen en carré long. Espèce unique, B. rugosa, Latr., assez grande espèce propre aux Indes orientales, et qui est très-voisine de celle des Latridius. Deux autres genres, qui viennent se placer naturellement auprès des Latridius, et qui ne renfer- ment chacun qu’une seule espèce découverte auprès de Paris, et excessivement rares, sont les sui- vants : Dasycenus, Alex. Brongniart, à corps allongé; téte triangulaire, distincte du corselet; antennes à deux premiers articles globuleux, suivants très-menus, capillaires, velus, et Les trois derniers for- mant la massue, globuleux et également velus; palpes maxilluires saillants, très-courts, menus, terminés en aléne; corselet et élytres sillonnés; abdomen presque globuleux; tarses de trois ar- ticles : une seule espèce. — Psaumæcuus, Boudier (Crypta, Kirby), à corps presque convexe; téte W'iangulaire; antennes de onxe articles, aussi longues que la tète et le corselet réunis; palpes maæil- laires plus longs que les labiaux; mächoires à deux lobes; yeux saillants; corselet étroit, presque cylindrique, rétréci en arrière; écusson petit, triangulaire; élytres un peu convexes, recouvrant l'abdomen; pattes courtes, fortes; tarses de quatre articles : le type et espèce unique est l’Anthicus bipunctatus, Fabr., long de 0®,009, allongé, à tête noire et élytres fauves : propre aux environs de Paris, et signalé auprès de Versailles et de Montmorency. IV. Dans les Syzvanines, à corps linéaire, déprimé, on ne comprend que le seul genre des SYL- VAINS, Sylvanus, Latr., à corps allongé, étroit, presque linéaire, excessivement déprimé; téte avancée antérieurement; antennes un peu plus lonques que le corselet, à massue de trois articles, tous les articles très-courts, le second et les suivants jusqu'au huitième éqaux et en forme de triangle renversé; mandibules déprimées, avec leur extrémité bifide; palpes très-courts, ayant le dernier article grand, cylindrique : maæillaires un peu plus longs que les labiaux; mächoires bilobées; élytres très-déprimées, un peu plus larges que le corselet; abdomen assez large, ovalaire. Ces Coléoptères, que l’on rangeait jadis parmi les Dermestes, Ips et Colydium, et qu’Erichson place avec les Cucujiens auprès des Brontes, sont d'assez petite taille, habitent sous les écorces des arbres, et l’on en connaît des espèces européennes et des espèces exotiques. Les métamorphoses du Sylvanus sexdentatus, Fabr., ont été assez complétement étudiées : M. Westwood, sous le nom de S. Surina- COLÉOPTÈRES. 289 mensis, Linné, a décrit aussi une larve et une nymphe qu'il avait trouvées dans du sucre et dans du son; Erichson s’en est également occupé; Blisson (Ann. Soc.ent. Fr., 1849) a fait complétement con- naître celte larve et cette nymphe d'après les individus trouvés dans du riz venant de la Caroline, et enfin M. le docteur Ch. Coquerel en a dit aussi quelques mots d'après des individus rencontrés dans des boîtes de figues apportées d'Europe aux Antilles, et qui se nourrissaient non du fruit lui-même, mais du sucre qui le recouvrait. La larve, d'après Blisson, est longue de 0%,0035, à 0,004, sur une largeur de 0,00075; son corps est allongé, arrondi, d'un blanchätre brillant; la tête est dé- gagée, cordiforme, aplatie, presque plane en dessus, coriace, d'un blond obseur ou marron; les antennes sont arrondies, longues, hispides, composées de onze articles, ayant la forme d’un plumet; les màâchoires sont allongées, coniques; les palpes de quatre articles; l’épistome arrondi antérieu- rement; les pattes sont longues, très-apparentes, terminées par une petite pièce mobile, courte, conoïde, courbée en dedans, pointue. La nymphe est allongée, linéaire, déprimée en dessous, fai- blement convexe en dessus, couleur blanc argenté. Ces larves vivaient dans le riz, en compagnie d’autres larves de Calandra oryxæ et de Cryptophagus, et y faisaient beaucoup de dégâts, se dévo- rant entre elles quand la matière végétale venait à manquer; pour se transformer, eHes se formaient une sorte de coque. Ce Sylvanus sexdentatus, qui, comme beaucoup de Xylophages, se trouve dans des localités très-différentes et qui se nourrit de substances très-diverses, est long d'environ 0,002, à corps entièrement d’un brun grisâtre, et se trouve quelquefois dans nos environs sous les écorces des arbres. Une autre espèce, également signalée auprès de Paris, est le S. unidentatus (Dermestes), Fabr., un peu plus petit que le précédent, à corps d’un ferrugineux testacé, ponctué, glabre. C’est intermédiairement entre les derniers Insectes que nous venons d'étudier et les Passandra et Cucujus que Latreille plaçait une petite division caractérisée par son corps généralement étroit, allongé, déprimé, et ses mandibules entièrement découvertes, saillantes, robustes, et composée des Trogosita, Oliv. (Platycerus, Geoffr.), dont le type est le T. Mauritanicus, Lin., qui, à l'état de larve, attaque le grain et est connu en Provence sous le nom de Cadelle, et des Prostomis, Latr., qui ne sont qu'un démembrement du groupe précédemment nommé. Mais, d’après les observations des entomologistes modernes, les Trogosites et Prostomis doivent faire partie des Ipsites, tribu tantôt rangée avec les Nitidulaires, comme nous l'avons fait, tantôt avec les Érotyliens, pour les Trogosita, et avec les Cucujiens pour les Prostomis, comme nous le dirons bientôt. TRENTE-NEUVIEME FAMILLE. CUCUJIENS, CUCUJIT. Blanchard, 1845. Corps déprimé, parallèle, allongé; antennes assez allongées, parfois aussi longues ou plus longues que le corps, de la méme grosseur ou plus gréles vers l'extrémité, filiformes ou sétacées, gréles ou assez épaisses, à articles en nombre variable suivant les genres; mandibules découvertes, toujours saillantes; languette bifide ou échancrée; palpes courts; labre très-distinct, court, transversal ou n'existant pas; lèvre inférieure bilobée, parfois presque en forme de V; corselet à peu près carré; pattes plus où moins longues, fortes; tous les tarses de quatre articles entiers, et l'avant-dernier nullement bilobé. Cette famille, qui est une des plus restreintes de l’ordre des Coléoptères, est cependant l’une des plus naturelles, et ce qui semble le démontrer, c’est que depuis longtemps elle a été formée à peu près telle que l’admettent aujourd'hui les entomologistes. Latreille (2° éd. du Règne animal, 1829) la créa sous le nom de Prarysoes (Platysoma), et il y placa les genres Cucujus, Dendrophagus et Uleiota (Brontes), jadis pour lui des Xylophages: le genre Passandra n'y fut pas rapporté et resta lié avec les Trogosites, et celui des Passandra fut placé avec les Prioniens parmi les Cérambyciens. Erichson indiqua la même division sous la dénomination de Cucujipes, et il y comprit les Prostomis ce 37 290 HISTOIRE NATURELLE. et les Sylvanus, que M. Blanchard (Hist. des Ins., 1845) ne mit pas dans ses Cucujiens. Le genre typique de la famille est celui des Cucujus de Fabricius; les autres genres sont ceux des Brontes du même auteur, Passandra de Dalman, Parandra de Latreille, et quelques autres plus récemment fondés. Les Cucujiens ont des rapports assez manifestes avec les familles créées aux dépens des Xylo- phages, mais en même temps ils se rapprochent manifestement des Hypocéphaliens, famille des plus curieuse, et qui ne renferme qu'un seul genre, composé lui-même d'une seule espèce; mais, d’un autre côté, ils se lient principalement par la conformation des larves, au moins pour la plupart des genres, à la tribu des Ipsides, que l’on place, suivant les auteurs, avec les Nitidulaires ou avec les Érotyliens, et un genre, celui des Parandra, offre aussi de l’analogie avec les Cérambyciens. Ce n’est que quand on connaîtra plus complétement ces Insectes, ainsi que les métamorphoses d'un grand nombre d’entre eux, que l’on pourra se prononcer positivement sur la question de savoir si plusieurs d’entre eux doivent être réunis aux Ipsites, et si les Parandrides seuls doivent former une famille spéciale. Quoi qu'il en soit, les Cucujiens et les Érotyliens, comme M. Émile Blanchard comprend cette dernière famille, ont entre eux les plus grandes affinités : leurs longues antennes filiformes sont un trait qui leur est commun, et qui paraît aussi les rapprocher des Hypocéphaliens. Les Gueujiens sont propres à toutes les parties du monde; les espèces européennes sont en général assez petites, tandis que celles des pays chauds sont parfois de taille assez grande. Leurs couleurs ne sont pas brillantes; et, le plus habituellement, ils sont d’un beau noir foncé. La forme aplatie et allongée de leur corps indique à priori leur genre de vie; en effet, c'est sous les écorces des arbres qu’on les rencontre; mais quelques-uns se trouvent dans les fourmilières et dans les divers autres endroits propres à l’habitat des espèces précédentes. Leur régime n’est pas bien connu : on ne sait s'ils se contentent pour leur nourriture de matières végétales, ou plutôt, ce qui est plus pro- bable, s'ils ne vivent pas aux dépens des Insectes qu'ils vont chercher dans leurs retraites. = Les larves de la plupart des genres de la famille sont connues, et Erichson en a donné la caracté- ristique générale qui suit: Corps allongé et déprimé; tête et segment terminal cornés, les autres segments tantôt parcheminés, tantôt recouverts d’une peau mince et molle; tête dirigée en avant; ocelles au nombre de cinq de chaque côté ou nuls; antennes médiocres, de quatre articles; plaque sus-céphalique sans chaperon distinct; lèvre supérieure soudée au front, limitée seulement par une suture; mandibules se recouvrant mutuellement; mâchoires avec un lobe coudé; lèvre inférieure présentant une languette peu saillante; pattes assez longues, articulées sur les côtés des segments thoraciques, terminées par un ongle simple; dernier segment abdominal petit, muni d’une paire de cornes arquées; anus saillant, rétractile; dans la partie située entre le huitième et le neuvième sesment, du moins dans plusieurs des grandes espèces, se trouvent en dessus et en dessous des ap- pendices, dont les uns sont semi-articulés et les autres biarticulés. Ces larves vivent sous les écorces des arbres, probablement de la même manière que les Pyrochroa, qui, comme elles, sont très- aplaties. Quelque peu nombreux que soientles Cureujiens, leurs genres diffèrent tellement entre eux, que l'on doit former dans cette famille quatre tribus particulières, celles des Cucujides, Brontides, Pas- sandrides et Parandrides. L. Dans les Cucusnes, à antennes plus ou moins moniliformes, moitié moins longues que le cor ps et à labre très-distinct, court, transversal, se trouve surtout le genre typique des CUCUJES, Cu- cujus, Fabricius. Ce genre a pour caractère : Corps extrémement plat, beaucoup plus large que dans les Passandra; antennes insérées devant les yeux, moniliformes, composées de onxe articles : pre- mier long, carré : suivants coniques : second moitié plus court que le premicr et le troisième aussi long : suivants jusqu'au dixième d'égale dimension : dernier aussi court que les autres, renflé à la base, pointu à l'extrémité; mandibules saillantes, cornées, fortes, déprimées; labre avancé entre les mandibules, membraneux, arrondi, entier à sa partie antérieure; palpes presque coniques ren- flés à l'extrémité, tronqués; mächoires ayant un lobe interne; corselet court, plus large que long; élytres carrées, très-plates, plus larges que le corselet et trois fois aussi longues; pattes courtes; cuisses en massue. Ge groupe, qui rentrait dans le genre Cantharis de Linné, médiocrement nom- breux et presque exclusivement propre à l’Europe, a pour type le Cucujus depressus, Fabr., long 7 éha COLÉOPTÈRES. 231 d'environ 0,005, sur une largeur d'à peu près 0,001 seulement, à corps excessivement plat, entièrement glabre, noirâtre, et se trouvant principalement en Allemagne et en Suêde. La larve d’une espèce de ce genre, celle du Cucujus hæmatodes, Erichs., petite espéce propre à l'Allemagne, a d'abord été figurée par M. Assman, et ensuite décrite complétement par Erichson. Cette larve, assez longue, est très-déprimée, à peu près de la même largeur partout, d'un blanc jaunûtre, et re- couverte de téguments consistants, parcheminés; sa tête est cornée, de la largeur des segments abdominaux, à bords latéraux un peu relevés en arrière; les ocelles sont au nombre de cinq de chaque côté et disposés en deux séries transversales un peu irrégulières; les antennes sont assez longues, de quatre articles; la plaque sus-céphalique, sans chaperon distinct, est un peu dirigée en avant entre les mandibules; la lèvre est cornée; les mandibules arquées, à extrémité bidentée et: bord interne simple; les mâchoires à lobe soudé avec la pièce basilaire; palpes labiaux courts, de trois articles; lèvre inférieure formée d’un menton quadrangulaire, de pièces palpigères soudées entre elles, de palpes labiaux petits de deux articles, et d’une languette cornée, courte, arrondie en avant; les segments thoraciques sont plus étroits que la tête et que les segments abdominaux; les pattes sont médiocrement courtes, rormées d’une hanche très-courte, d’un trochanter un peu plus long, d’une cuisse et d’une jambe d’égale longueur, et d’un tarse consistant en un ongle simple, faiblement recourbé; il y a neuf segments abdominaux; l'anus est tubuleux, rétractile; les stig- mates sont au nombre de neuf paires. Le genre Lexorntxus, qui vient après celui des Cucujus, et qui n’en est qu’un démembrement, a été créé par Dejean, caractérisé pour la première fois par M. de Castelneau, et se distingue surtout par ses antennes aussi lonques que le corps, beaucoup plus filiformes, avec le premier article renfié à l'extrémité, le second presque aussi long, et par ses élytres à peine plus larges que le corselet et guère plus qu'une fois plus lonques, ayant leurs angles antérieurs beaucoup moins saillants et leur extrémité plus pointue. Ce sont de très-petits Insectes ayant les mêmes habitudes que les Cucujus. M. Westwood a dit quelques mots de la larve du L. ater, Oliv. Comme type, nous nommerons le L. monilis, Fabr., à corps très-plat, glabre, entièrement noir; se trouve en France. vs Fig. 250. — Cucujus mandibularis. Fig. 251. — Torneutes pallidipennis. Fig. 252, — Passandra Brasiliensis (Grossi du double.) IL. Dans les Broxribes, à antennes aussi lonques ou plus longues que le corps, et, comme les Cueu- jides, à labre très-distinct, court, transversal, on distingue principalement le genre BRONTES, Fabri- cius, que Latreille désignait sous le nom d'Uleoiota, et dont les espèces étaient rangées par Linné avec les Cerambyx, et par Herbst et Olivier avee les Cucujus, caractérisés par un corps très-plat, assez étroit; des antennes au moins aussi longues que le corps et souvent plus lonques, composées d'articles ylindriques, très-allongés : le troisième aussi long que le suivant; des palpes mazxillaires ayant leur dernier article gréle et aigu à son extrémité, et des palpes labiaux filiformes; des mâchoires à lobe corné; un labre ayant une large échancrure; un corselet presque carré, un peu plus large que 292 HISTOIRE NATURELLE. la tête antérieurement et habituellement denticulé latéralement; des élytres plus larges que le cor- selet et deux fois aussi longues avec leurs bords latéraux rabattus; des cuisses en massue; des tarses de quatre articles, très-courts, et les deux derniers augmentant légèrement de taille. Les Brontes sont de jolis Coléoptères ayant l'aspect général de petits Cérambyciens; tous sont assez rares et sur- tout européens. On peut prendre pour typele B. flavipes, Fabr., sur lequel M. Léon Dufour a donné quelques détails anatomiques; cet Insecte est long de 0%,004 à 0%,005, son corps est brun ou noirätre obseur; ses antennes plus roussâtres; ses pattes jaunâtres: il se trouve sous les écorces des arbres morts dans une grande partie de l'Europe et même auprès de Paris. Erichson a décrit la larve du B. pla- natus, Linné, espèce qui n’est pas rare en Allemagne. Cette larve est allongée, étroite, très-déprimée, avec chaque segment protégé en dessus comme en dessous par un écusson corné; la tête ressemble beaucoup à celle du Cucujus hæmatodes; ses antennes sont assez courtes, deux fois aussi longues que la tête, de cinq articles; les mandibules offrent une extrémité courbée en faucille, obtusément bidentée; les palpes maxillaires n’ont que trois articles; la lèvre inférieure est composée de palpes labiaux de deux articles, petits, et d’une languette cornée, arrondie en avant, dépassant à peine les palpes; les segments thoraciques ont la même largeur que la tête et que les segments abdominaux; le dernier segment abdominal est tubuleux. On en rapproche les Dexpnoruaëus, Gyll., à corps oblong, très-déprimé; antennes presque aussi longues que le corps, à troisième article plus court que le suivant, et à palpes labiaux terminés en massue. Ce genre a pour type le Cucujus crenatus, Payk., un peu plus grand que le Brontes fla- vipes, à corps déprimé, d'un noir brunâtre, découvert en Finlande sous les écorces des arbres morts. C'est iei qu'Erichson place le genre Sylvanus, que nous avons eru, à l'exemple de la plupart des entomologistes, devoir ranger dans notre famille des Mycétophagiens. HT. Dans les Passanpripes, à antennes épaisses, avec les articles globuleux et à labre non visible, on ne range habituellement que le genre PASSANDRA, Dalman. Ce sont des Insectes à corps dé- primé, étroit, assex allongé, presque linéaire; yeux très-grands; mandibules épaisses, plus courtes que la tête, proéminentes, simples à leur extrémité; palpes maxillaires ayant leur dernier article très-long, s'amincissant à l'extrémité; antennes moniliformes, très-épaisses, plus longues que le corselet, composées de onze articles : premier gros, assez long, second moitié plus petit, troi- sième et suivants jusqu'au dixième inclusivement d'égale dimension, dernier beaucoup plus grand et plus gros que tous les autres, arrondi à l'extrémité; lèvre inférieure presque en forme de V; corselet carré, de la même largeur que la tête; élytres une fois plus longues que le corselet, arron- dies à l'extrémité; tarses de quatre articles : les trois premiers courts, allant en diminuant de grosseur et le dernier plus long que les précédents réunis. Les Passandres sont des Insectes de taille moyenne, d'un noir très-brillant; aucun d’entre eux ne se trouve en Europe, et ils habitent les parties les plus chaudes du globe, et principalement le continent asiatique, ainsi que les îles. Nous nous bornerons à eiter comme type le Passandra bistriata, Fabr., long de 0,015 environ, d'une belle couleur bronzée, et qui n’est pas rare à Java. Erichson place dans le même groupe le genre Prosromis de Latreille, que nous n'avons pas cru devoir éloigner des Trogosita, et que nous avons rangé dans la famille des Nitidulaires (tome I‘, page 274). La larve de l’espèce typique de ce groupe, le P. mandibularis, Fabr., a été décrite par Erichson, et, comme nous n’en avons pas parlé précédemment, nous croyons devoir en dire quelques mots. Cette larve, qui a été trouvée dans le bois de chêne en décomposition, en compagnie de la Formica brunnea, a le corps recouvert d’une peau molle, avec la bouche, les antennes, à partir du dernier article, et les extrémités des ongles cornés; sa forme est aussi allongée, aussi étroite et aplatie que celle des Cucujus : chaque segment est arrondi sur les côtés et un peu rétréci près des articulations; elle est d’une couleur blanchâtre, et la couleur noire du canal digestif se voit par transparence. IV. Dans les Paranpripes, à antennes courtes, composées d'articles aplatis ou linéaires; lèvre in- férieure très-courte, extrémement large; labre non visible, on place un nombre assez restreint d’es- pèces, qui toutes sont grandes, d’un brun noir brillant, et étrangères à l'Europe. Ces espèces sont COLÉOPTÈRES. 293 assez difficiles à classer, et, comme cela se remarque dans tous les groupes de transition, on voit qu'elles ont en même temps des caractères propres aux groupes qui précèdent et à ceux qui suivent : c’est ainsi qu'elles ont été rangées par Latreille avec les Cérambyciens, et que d’autres entomolo- gistes, comme M. Émile Blanchard, les réunissent aux anciens Xylophages. Si quelques-uns de leurs caractères les rapprochent des Cérambyciens, et surtout des Prioniens, ils s’en éloignent notable- ment par leur languette cornée et en cerele très-court, transversal, ainsi que par un appendice portant deux raies situées entre les crochets des tarses postérieurs, et par leurs antennes relative- ment courtes, ete, et ils se lient par d’autres particularités aux Cucujiens que nous venons d’étu- dier; d’un autre côté, ils ont d'assez grands rapports avec la famille suivante. Le genre typique est celui des PARANDRES, Parandra, Latr. (Isocerus, Wig.), à corps déprimé, plan, en carré allongé; mandibules très-fortes, bidentées à leur côté interne; palpes maxillaires ayant le dernier article ovalaire; mächoires à un seul lobe; labre crustacé, transverse, court, avec le bord supérieur arqué, entier; antennes courtes, n'atteignant pas la partie postérieure du corselet, de onxe articles : premier gros, court, second très-petit, globuleux, troisième plus gros, et de même forme que le précédent, suivants à peu près d’égale dimension, fortement déprimés, presque carrés, dernier étroit, plus long que tous les autres, finissant en pointe; corselet carré, bordé, toujours inerme; jambes à bord externe dépourvu d'épines. Ces beaux Insectes proviennent presque exclu- sivement de l'Amérique; le type est le P. maæxillosa, Fabr., long de 0",04 à peu près, d’un bru- nätre marron, brillant, et qui est commun au Brésil. Un genre voisin, découvert dans ces derniers temps et comprenant déjà plusieurs espèces, qui toutes sont propres au centre de l'Amérique méridionale, est celui des Torneures, Reiche, dans lequel principalement les antennes sont filiformes, sétacées, au lieu d’être à articles un peu élargis, aplatis, comme celles des Parandra. Le type est le T. pallidipennis, Reïche, grande espèce pouvant atteindre de 0°,07 à 0,09 de longueur, à corps blanchâtre, et provenant de l'Uruguay. QUARANTIEME FAMILLE. HYPOCEPHALIENS. HYPOCEPHALIL. Blanchard, 1845. Corps ovalaire, allongé; tête inclinée, retombante; antennes allongées, légèrement comprimées; mandibules recourbées inférieurement, ne semblant pas étre susceptibles de se mouvoir transver- salement comme celles des autres Coléoptères; corselet très-long, voûté; élytres courtes, soudées ensemble, embrassant un peu les côtés du corps; pas d'ailes proprement dites sous les élytres; pattes très-grosses : postérieures très-renflées; tarses de toutes les pattes de cinq articles. Cette famille ne renferme qu'un seul genre des plus remarquables, et ce genre lui-même ne com- prend qu'une espèce unique; mais cette espèce, dont les habitudes et les métamorphoses nous sont totalement inconnues, ne ressemble à aucun autre Coléoptère, et, dès lors, comme il est impossible de la placer naturellement dans une famille quelconque de l’ordre que nous étudions, on a dû en former une division spéciale. Cependant, en 1832 (Mag. de Zoologie, tome Il), quand A.G. Desma- rest créa le genre Hypocephalus, la méthode tarsienne de Latreille était généralement suivie en France, et l’auteur que nous venons de nommer a dù chercher à faire rentrer son groupe nouveau dans l’une des divisions indiquées dans le Règne animal. « Ce genre singulier, dit A. G. Desmarest, rentre dans les Pentamères, à cause de ses cinq articles à tous les tarses; les palpes, au nombre de quatre, l’éloignent de la famille des Carnassiers; il ne peut rentrer dans les Brachélytres, tant à cause de la longueur de ses élytres que de la forme de ses antennes; ce dernier caractère, qui l’em- pêche de faire partie des Serricornes, le porte parmi les Clavicornes, où l’on peut le placer auprès des Nécrophores, dans la tribu des Silphales. » Néanmoins, si l’on considère l’ensemble des caractères des Hypocephalus, on voit que, par quelques particularités importantes, ce genre semble se rappro- 994 HISTOIRE NATURELLE. cher d'autres Coléoptères; c’est ainsi que leurs antennes, assez allongées et un peu comprimées, tendent à les faire ranger auprès des Spondylis, l’un des premiers genres des Cérambyciens, mais les parties constitutives de leur bouche en sont notablement différentes; quoique, toutefois, d’après l'examen de ces caractères anatomiques externes, M. Guérin-Méneville (Rev. s001., 1841) n'ait pas balancé à les placer dans la famille même des Cérambyciens que nous venons de nommer. Les en- tomologistes anglais partagent à peu près la dernière opinion que nous venons d'indiquer, et ils laissent les Hypocéphales intermédiairement entre les Xylophages et les Spondyles. M. Émile Blan- chard, le premier (Hist. nat. des Ins., de l’éditeur Didot, 1845), en a fait une famille particulière, celle des Hypocéphaliens, que nous adoptons, et que, comme lui, nous plaçons entre celle des Cu- cujiens et celle des Cérambyciens. Fig. 295. — Hypocephalus armatus. (Profil.) Le genre unique de cette famille est celui des HYPOCÉPHALES, Hypocephalus, À. G. Desmarest (loco citato), que M. Gistl a indiqué sous le nom de Mesoclatus : dénomination qui n’a pas dû être adoptée. Les caractères génériques principaux de ce genre sont les suivants : antennes de onxe articles : le premier le plus long de tous, à peu près cylindrique, légèrement plus gros à l’extré- mité, second plus court, troisième presque carré, suivants un peu plus coniques, dernier assex aplati, obtus à l'extrémité; palpes maxillaires de quatre articles, les deux premiers assex longs, cy- lindriques, un peu renflés à l'extrémité, le troisième plus court, le quatrième aplati, presque sé- curiforme; palpes labiaux de trois articles, le premier le plus long, assez gréle, un peu renflé à l'extrémité, second moins long, de même forme, dernier aplati, arrondi; mandibules très-épaisses, triangulaires, obliques au côté externe, droites au côté interne, avec une arête supérieure suillante, qui se prolonge jusqu'à l'extrémité; labre petit, triangulaire; lèvre grande, plane, entière. — La forme de l’Insecte a quelques rapports avec celle du Taupe-Grillon, à cause de la grande étendue du corselet comparée à celle des élytres; tout le corps est ovoïde, terminé en pointe assez obtuse. La tête est très-infléchie, le front plan, muni de deux échancrures de chaque côté, et avancé pour l’in- sertion des antennes et des mandibules. Le corselet est presque aussi large que les élytres, ovalaire, peu bombé, plus large vers les deux tiers postérieurs, légèrement échancré en avant, sinué en ar- rière, faiblement bordé sur les côtés; le sternum est creusé en gouttière dans son milieu; la poitrine est très-large. L'écusson est très-petit. Les élytres sont séparées du corselet par un espace demi- circulaire assez grand, qu’elles recouvrent et embrassent totalement : ces élytres paraissent soudées entre elles, excepté à leur extrémité, et ne recouvrent pas d'ailes; elles ont la forme d'un bouclier ovalaire-allongé, pointu à l'extrémité, elles embrassent l'abdomen sur les côtés, et sont surmon- tées d’une côte latérale en carène qui suit leur bord à peu près parallèlement, mais s’en rapproche beaucoup plus en arrière qu’en avant. Les pattes antérieures ont les cuisses assez longues et grosses, simples : les intermédiaires ont les cuisses un peu plus comprimées, avec une arête inférieure et oblique dans toute leur longueur : les postérieures présentent des cuisses très-grosses et robustes, renflées, un peu comprimées, munies de deux épines courtes, dont l'extérieure se termine par une arête qui va gagner le trochanter, et l'intérieure se rend au contraire vers la jambe. Les trochan- ters postérieurs sont spiniformes. Les jambes antérieures et intermédiaires sont munies de deux dents au côté externe : les postérieures plus longues, très-arquées, surmontées en dehors d’une arête peu \\ Fig. l. — Notoxus quadrimaculalus Fig. 2 — Callidium latum , Fig. 4 — Tetrophthalma maculata Fig. D. — Tragocerus bifasciatus “ANR LU = COLÉOPTÈRES. 295 relevée et oblique, élargies à l'extrémité en forme de palette ovalaire, garnie en dessous d'une brosse de poils roux, courts et serrés, terminée en pointe antérieurement et échancrée en arrière pour l'insertion du tarse. Les tarses de toutes les pattes ont chacun cinq articles bien distincts : le pre- mier et le dernier plus longs que les autres : ceux-ci courts, presque coniques, tous un peu cana- liculés en dessous. La seule espèce comprise dans ce genre est l'Hypocephalus armatus, A.G.Desm., long de 02055, et large de 0,048; ponctué, d’un brun très-foncé et sans éclat; tête marquée d'un sillon demi-cireulaire, profond, armée de quatre fortes épines, savoir: deux en avant, entre les mandibules et les antennes, parallèles entre elles et dirigées de haut en bas; et deux autres en arriére des yeux, et qui se prolongent perpendiculairement en dessous de la tête; quelques points enfoncés assez rares se remarquent sur sa surface; corselet finement ponctué, marqué en arriére de quatre enfoncements assez légers, dont deux plus avancés et plus rapprochés, et, en avant, de deux impressions écartées, placées vers le tiers antérieur; élytres légèrement rugueuses, surmontées de trois côtes peu saillantes, parallèles entre elles, toutes trois obliques; bords latéraux des élytres, entre la côte extérieure, plus rugueux que le reste; épaules marquées d'un pli transversal très-pro- noncé; dessous des tarses revêtu de quelques poils roussâtres. Cette espèce provient de la province des Mines, dans l’intérieur du Brésil; elle est encore trés-rare dans les collections. En 1840, le premier individu qui vint à Paris, celui même qui jadis ayant appartenu à M. le docteur Mare, du Havre, avait servi à la description d'A. G. Desmarest, fut payé par le Muséum d'histoire naturelle, aux enchères publiques, la somme de trois cent cinq francs. Depuis, quelques autres individus ont été vendus à Paris et ailleurs, et deux d’entre eux, privés en grande partie de leurs pattes et de leurs antennes, ont été payés cependant quatre-vingts francs chaque. La rareté et les particularités remarquables de l’Hypocephalus armatus nous ont engagé a donner sur cet Insecte des détails plus nombreux que nous n'en indiquons habituellement; nous l'avons représenté (tome [*', page 259, fig. 437) vu en dessus, et nous le figurons actuellement de profil. QUARANTE ET UNIÈME FAMILLE. CÉRAMBYCIENS. CERAMBYCII. E. Blanchard, 1845. Corps généralement allongé, parfois ovalaire; tête plus ou moins grande; antennes filiformes ou sétacées, le plus souvent de la longueur du corps, mais parfois plus longues que lui, tantôt simples dans les deux sexes, tantôt en scie, pectinées ou flabellées dans les mâles; menton court, transversal; languette ordinairement membraneuse, en forme de cœur, échancrée ou bifide; mü- choires dépourvues d'une dent cornée au côté interne; lèvre inférieure profondément bilobée; yeux habituellement réniformes, entourant la base des antennes, parfois arrondis, entiers ou peu échan- crés; corselet en forme de trapèze ou rétréci en avant dans diverses espèces; pattes souvent allongées, gréles, plus rarement assez fortes; tarses presque manifestement de quatre articles, exceptionnellement de cinq articles : trois premiers articles qar nis de brosses en dessous, deuxième et troisième cordiformes, quatrième ou dernier profondément bilobé et présentant à son origine un petit nodule simulant un article, ce qui a fait indiquer ces Insectes par quelques auteurs comme étant subpentamères et non pas tétramères; abdomen des femelles terminé par un oviducte tu- bulaire, corné. Les Cérambyciens constituent l’une des plus nombreuses et en même temps l’une des plus natu- relles familles de l'ordre entier des Coléoptères.Gette division renferme aussi les plus beaux Insectes connus, tant sous le rapport de la grande dimension de la plupart d'entre eux que sous celui de leurs formes élégantes, sveltes, variées, que sous le point de vue de leurs couleurs, souvent très- belles et très-vives. Les plus grandes espèces, comme le Titanus giganteus, V Acrocinus longima- nus, etc., ont plus de 0®,130 de longueur sur 0®,050 de largeur, et les plus petites n'ont pas moins 296 HISTOIRE NATURELLE. de 0,005 de longueur sur 0",001 de Jarge; quant à la coloration, si plusieurs espèces européennes sont noires ou brunätres, d'autres, surtout les exotiques, sont parées soit de couleurs éclatantes, soit de teintes agréables et distribuées avec une harmonie remarquable. Presque tous ont des an- tennes d’une longueur extrême, qui les fait reconnaitre facilement au premier aspect; quoique plus courtes dans les femelles que dans les mâles, la longueur de ces antennes est encore très-considé- rable : cette particularité a valu aux Insectes que nous étudions le nom de Capricornes (scientifi- quement Cerambyx et Cérambyciens), tiré de la comparaison des antennes avec les cornes des Chèvres, et leur a fait aussi parfois donner, d’une manière générale, la dénomination de Longi- cornes, souvent adoptée par les entomologistes. L'anatomie intérieure ou proprement dite de quelques Cérambyciens a donné lieu à quelques remarques de divers auteurs. M. Léon Dufour rapporte que, par leur tube alimentaire ainsi que par la disposition des vaisseaux hépatiques, ils ressemblent en général aux Piméliens, et, contre l'opinion de M. Marcel de Serres, il nie l’existence d’un gésier. Le tube alimentaire, le plus souvent hérissé de papilles, est précédé d'un jabot, mais moins ou peu prononcé dans les Lamies et les Leptures, qui, pour presque tous les auteurs, terminent la division. Les testicules sont constitués par des capsules ou des sachets spermatiques, distincts, pédicellés, assez gros, et dont le nombre varie selon les groupes naturels. Fig. 254. — Piocæderus armatus. Les Cérambyciens ont un régime exclusivement végétal, et cela aussi bien à leur état de larve qu'à celui d'Insecte parfait. Nous avons exposé sommairement, dans notre caractéristique de la fa- mille, les particularités principales que présente l’Insecte parfait, et nous compléterons ce que nous avons à en dire lorsque nous ferons l’histoire des divisions secondaires, ainsi que celle des genres et des espèces; nous devons seulement rapporter quelques particularités curieuses. Beaucoup de ces Insectes, principalement ceux de la tribu des Cérambycides, produisent un petit son aigu par le frottement du pédicule de la base de leur abdomen contre la paroi intérieure du corselet, lors- qu'ils l'y font entrer et qu'ils le retirent alternativement. Quelques-uns d’entre eux exhalent des odeurs suaves, agréables, et souvent comparables à un faible degré à celle du muse ou de l'essence de rose; tels sont, chez nous, les Aromia moschata, rosarum, suaveolens, les Callichroma, etc., et, en Australie, le Bardistus cibarius, Insecte recherché des naturels de l’île du Roi-Georges, comme devant fournir un mets exquis. On cite également comme aromatiques plusieurs espèces de Prio- pides d'Amérique, tels que le Stenodontes damicornis, à l'île de Cuba; le Trichoderes pini, au Mexique, et la Macrodontia cervicornis, au Brésil et à Cayenne. La géographie zoologique des Cé- rambyciens ne nous offre rien de bien spécial, et ces Insectes, comme beaucoup d’autres, suivent les lois générales que nous avons plusieurs fois indiquées; on en trouve dans toutes les régions du globe, et ils sont principalement abondants dans l'Amérique méridionale : tous les climats leur sont bons, quoiqu’ils semblent préférer les régions chaudes aux contrées froides ou même tempérées; l'Europe n’en renferme relativement qu'un nombre assez restreint d'espèces; mais là, contraire- ment à ce qui a lieu dans d’autres familles, la taille de quelques-unes d’entre elles est encore très- considérable, comme on peut le remarquer dans les Cerambyx où Hammaticherus heros et mules, COLÉOPTÈRES. . 297 dans divers Priomus, ete. C'est sur les trones d'arbres ou les bois coupés, les arbres en décomposi- tion, sur les fleurs, etc., qu'on les rencontre. Presque tous semblent crépusculaires, et peu d’entre eux paraissent franchement diurnes.Si quelques-uns ne volent qu'avec assez de difficulté, et si même certains d’entre eux sont dépourvus d'ailes, d’autres, en plus grand nombre, se meuvent dans l'air avec une grande facilité. C’est principalement pendant les fortes chaleurs de l’été qu'on ren- contre les Cérambyciens en Europe; mais, dans les autres parties du monde, ils se trouvent pendant un plus long temps. Par la nature même de leur genre de vie, on comprend que divers Coléoptères de cette famille ont été parfois importés avec des bois étrangers, soit dans nos ports de mer, soit dans les villes où ces bois sont mis en œuvre; on comprend que la Rosalia Alpina, belle espèce es- sentiellement alpine, et plusieurs autres aient pu être prises accidentellement à Paris. Plusieurs espèces, comme le Clytus arcuatus, le Callidium sanquineum, ete., se sont même propagées partout et sont devenues aujourd’hui cosmopolites. L'histoire des métamorphoses d'un assez grand nombre de Cérambyciens a été faite, et cela depuis assez longtemps, ce qui se comprend facilement par les dégûts que nous causent parfois les larves, et par leur habitat, qui les font souvent tomber sous notre main. Les détails généraux que nous pos- sédons sur ces larves se trouvent principalement dans l'Histoire naturelle des Crustacés et des In- sectes de Latreille (1802-1805), dans le Die Forst Insecten de Ratzeburg (1839), dans l'Histoire naturelle des Coléoptères de France (Longicornes) de M. Mulsant (1839), dans l’Introduction to the modern classification of Insects de M. Westwood (1839), dans les Archives de Wiegmann, 1842, par Erichson, dans les Annales de la Société entomologique de France, 1844, par M. le colonel Goureau, dans les mêmes Annales, 1845 et 1856, par MM. Léon Dufour et Éd. Perris, dans le Cuta- logue des lurves des Coléoptères, par MM. Chapuis et Candèze, ete. Toutes les larves sont molles, allongées, blanchâtres; leur corps est presque quadrilatère, dilaté et déprimé à la partie antérieure, et ayant une forme qui rappelle celle d’un prisme à six pans, dont les arêtes seraient obtuses : il se compose, outre la tête, qui est plus ou moins échancrée dans le corselet, de douze segments, dont le premier ou prothorax surpasse les suivants en grandeur: quelques-unes de ces larves sont apodes, ayant des mamelons ou élévations tuberculeuses, rétractiles, qui varient pour le nombre et la posi- tion, et servent à la progression; d’autres sont pourvues de six pieds écailleux, très-courts, disposés par paires à la partie inférieure des trois premiers anneaux, et, dans la plupart de ces dernières, la brièveté des organes du mouvement est encore suppléée par divers mamelons. D'après Erichson, ces larves peuvent être caractérisées ainsi qu'il suit : Tête cornée, déprimée, en partie rétractile dans le segment prothoracique, à bouche portée directement en avant, et formée de parties dures; ocelle- tantôt nuls ou bien petits et peu distincts, tantôt au nombre de un à quatre de chaque côté; an- tennes extrêmement petites, presque cachées dans un repli du bord antérieur et latéral de la plaque sus-céphalique, formées de trois ou quatre articles, avec une petite soie terminale, et pouvant se rétracter à la volonté de l'animal; chaperon distinct, parcheminé; lèvre supérieure cornée, ciliée sur son bord antérieur, formant, avec le chaperon, l'espace qui sépare les mandibules; celles-ci courtes, puissantes, dures, inermes; mächoires articulées, très-près du menton, composées d’une pièce cardi- nale immobile, d’une pièce basilaire courte et large, d'un lobe maxillaire développé ét hérissé de poils, et de palpes maxillaires assez courts, cylindriques, de trois articles; lévre inférieure formée d'un menton charnu, de pièces palpigères développées et le plus souvent soudées, de palpes la- biaux biarticulés, et enfin d’une languette recouverte de poils à son extrémité; segments thora- ciques au nombre de trois, souvent peu distincts des segments abdominaux : d’autres fois, le pro- thorax très-gros, recouvert en dessus et en dessous d’un écusson presque corné, et offrant à sa face inférieure un bourrelet transversal étroit et charnu : ce bourrelet, situé au bord postérieur de l'ar- ceau ventral, supporte les pattes, lorsqu'elles existent, et, celles-ci, parfois nulles ou extrêmement petites, coniques, arquées, écartées, très-courtes, articulées latéralement à la face inférieure des trois segments thoraciques, sont formées d’une hanche courte, d'une cuisse, d’une jambe et d’un ongle simple; les segments abdominaux sont au nombre de neuf, chacun nettement séparés les uns des autres par des sillons profonds, souvent protégés en dessus et en dessous par des plaques dures et coriacées; l'anus est saillant, simulant un dixième segment, ne servant pas à la progression, et l'ouverture anale est constamment en forme d’Y; les stigmates sont au nombre de neuf paires, dont huit sont placées sur les huit premiers segments abdominaux, situés latéralement, mais un peu plus Si 38 298 HISTOIRE NATURELLE. près de la région dorsale que de la face opposée : la neuvième paire est composée de stigmates plus grands, et elle est située latéralement, tantôt sur le mésothorax, tantôt dans le sillon qui sépare ce dernier du prothorax. On connaît déjà un nombre assez grand de larves de Cérambyciens, se rap- portant, comme nous le dirons, aux genres Spondulis, Prionus, Criocephalus, Ergates, Cerambyx, Xystrocera, Hylotrupes, OEdilis, Callidium, Asemum, Clytus, Gracilia, Parmena, Lamia, Mono- hammus, Morimus, Leiopus, Astyomus, Pogonocherus, Saperda, Agapanthiu, Rhagium, Leptura, Strangalia, Grammaptera, et à quelques autres groupes. Erichson et plusieurs entomologistes ont essayé d'indiquer quelques-unes des différences qui distinguent ces larves entre elles. Mais on doit avouer qu'elles se ressemblent beaucoup et ont été formées sur un plan uniforme : elles ont aussi, au premier aspect, une physionomie qui rappelle assez celle des Buprestiens; mais la pré- sence des palpes labiaux, la disposition arrondie ou elliptique des stigmates, celle de l'ouverture anale, ete., serviront toujours suffisamment pour différencier les deux divisions, et, en outre, les larves des Buprestiens ont la tête plus enchatonnée dans le corselet que celle des Cérambyciens, leurs palpes maxillaires n’ont que deux articles au lieu de trois, ete. La forme des galeries de ces deux sortes de larves diffère également assez pour qu'on puisse les distinguer, même sans voir les larves; celles des larves des Buprestiens qui vivent sous les écorces sont très-sinueuses, assez uniformé- ment en rapport avec le diamètre des larves, et les détritus ainsi que les exeréments que celles-ci refoulent derrière elles y sont disposés par petites couches concentriques, et les larves de cettemême famille qui plongent dans l'épaisseur du bois y creusent des galeries à section très-surbaissée à cause de l’aplatissement de leur corps; les larves des Cérambyciens, au contraire, rongent les couches inférieures de l'écorce très-irrégulièrement et sur de larges surfaces, et les détritus ou excréments qu'elles laissent après elles ne présentent d’autre caractère que d’être fortement pressés, et les galeries de celles qui pénètrent dans le bois sont à section elliptique, mais sensiblement plus renflée. HA Fig. 255. — Ergates faber. (Larve.) Fig. 206. — Hylotrupes bajulus. (Larve.) Les larves de Cérambyciens, désignées par M. C. Duméril sous les noms de lignivores ou de æylo- phages, qui peuvent parfaitement leur être appliqués, vivent toutes aux dépens des végétaux : elles habitent l'intérieur des arbres ou des plantes dont la durée est assez longue pour entretenir leur propre existence. Plusieurs se contentent de ronger l'écorce en rampant sur l'aubier; la plupart entament les souches ligneuses en s’y enfoncant profondément, et d’autres s'attaquent exclusive- ment à la substance médullaire. Les unes creusent les branches et les rameaux: les autres le tronc et les racines, ou bien rongent, jusqu'à les mettre en poussière, les souches abandonnées dans la “terre. Elles réduisent souvent à une très-faible épaisseur la couche qui les sépare de l'extérieur, et, au lieu de rejeter au dehors le détritus de leurs aliments, elles en garnissent les galeries anciennes, qu'en s'avançant plus profondément elles laissent derrière elles. Si la matière ligneuse est solide, la vermoulure produite remplit à peu près ces canaux; si la substance doit, comme la moelle, être réduite, par le travail de la digestion, en un volume peu considérable, ils restent plus ou moins vides, et fournissent aux larves en cas de besoin, une sorte de moyen d'échapper à leurs ennemis, en leur permettant de chercher un refuge au côté opposé à celui de l'attaque. Quelquefois ces larves vivent solitaires dans les tiges de certaines plantes, mais elles habitent toujours en nombre plus ou moins grand un voisinage rapproché. Leur éloignement réciproque sur le même végétal n’est soumis à aucune règle : ordinairement les distances qui les séparent sont cependant proportionnées à la nourriture nécessaire à chaque individu, jusqu’à son accroissement complet. Néanmoins cette loi Rss. 1 COLÉOPTÈRES. L 299 semble parfois mise en oubli, et, quand la matière à ronger devient moins abondante et que les larves, trop nombreuses, traversent les conduits contigus aux leurs, des combats ont lieu, dont la suite est la mort pour l’un des champions, et ces larves se déciment ainsi jusqu’à ce que leur nombre soit réduit à des proportions convenables. Avant d'arriver à l’état de nymphes, ces larves changent plusieurs fois de peau. La durée de leur vie, sous leur première forme, est ordinairement d'un à trois ans; mais cette durée est variable jusque dans les individus d’une même ponte, soit par suite de leur position particulière, d'accidents imprévus, de causes atmosphériques, ou dans un but secret de la nature pour conserver et perpétuer plus sûrement chaque espèce. M. Éd. Perris, à la suite de nombreuses observations personnelles, assure que les larves des Cérambyciens parasites du pin maritime ne vivent, dans le midi de la France, qu'une année au plus, à l'exception de celle de l'Ergates, qui met deux ans à se transfor- mer. Un fait qui doit êtresignalé, c’est que plus ces larves ont été retardées dans leur développement, plus les individus parfaits qu'elles produisent sont petits : il en est de même quand les larves ne meurent pas lorsque l’on a tué l'arbre qui leur servait de retraite, et l’on a vu des Cerambyx cerdo, qui avaient ainsi souffert sous leur état de larve, sorties de bûches déposées dans des caves, et qui n'avaient pas plus de la moitié de leur taille ordinaire. Immédiatement avant de se transformer, la plupart des larves agrandissent leur demeure et se pratiquent une sorte de niche ovoïde; celles qui babitent les tiges des plantes ferment, avec un bouchon serré, les deux extrémités du tuyau où elles doivent s'arrêter; certaines espèces désertent les écorces etse creusent une couche dans les parties l1- gneuses; d’autres, qui avaient poursuivi leurs travaux jusqu’au cœur des arbres, se rapprochent au contraire de l'extérieur. Sous la forme de nymphes, elles présentent toutes les parties propres à l'In- secte parfait; mais toutes n’ont pas encore acquis, au commencement de leur transformation, tous les développements qu’elles sont susceptibles d'acquérir, et, comme le fait remarquer M. Éd. Perris, au travail duquel nous renvoyons pour plus de détails, le passage de l'état de larve à celui de nymphe n’est pas brusque et immédiat : il existe un état intermédiaire, une sorte de forme de tran- sition parfaitement distincte et participant évidemment de la larve et de la nymphe : état qui se manifeste à une époque rapprochée de la transformation définitive en nymphe, qui a été signalée par Réaumur dans un Diptère, la Calliphora vomitoria, ei qui doit peut-être se retrouver chez tous les Insectes. Cet état transitoire une fois passé, la nymphe a encore besoin de se compléter avant d'être entièrement formée : d’abord ses élytres sont raccourcies et déhiscentes; sa tête est infléchie; ses antennes sont couchées et recourbées sous la poitrine; ses pieds repliés en dessous ou saillants anguleusement sur les côtés. Quelquefois l'abdomen des nymphes complètes est terminé par des espèces de crochets destinés à donner, plus tard, à l’animal la faculté de se cramponner, afin de se dépouiller avec plus de facilité de son enveloppe. Elles restent dans une sorte de léthargie assez complète, mais, cependant, si on les inquiète, elles font mouvoir avec facilité leurs segments abdo- minaux. Huit ou quinze jours suffisent à presque toutes pour se métamorphoser enfin en Insectes parfaits. Lorsque ces derniers s'occupent à se frayer un chemin pour arriver au jour, il arrive dans quelques cas que la sécheresse a durci tellement les parties qu’ils ont à perforer, qu'ils s’épuisent en efforts inutiles et périssent dans leur trou; en effet, on doit remarquer que les mächoires des larves sont beaucoup plus puissantes que celles des Insectes eux-mêmes, quoique, chez ces derniers, ces organes soient encore assez forts, puisque, dans un Insecte aussi petit que le Callidium sanqui- neum, ils peuvent perforer jusqu'à de petites plaques de plomb, comme nous l'avons fait observer ailleurs. Quelques Cérambyciens, éclos trop tard dans l'automne, attendent le printemps pour sortir. Les espèces tout à fait nocturnes rentrent, pendant le jour, dans les trous où elles ont pris nais- sance, et les autres les quittent pour toujours. D’après le genre de vie des Cérambyciens, on comprend que ces Insectes sont nuisibles aux forêts, et Ratzeburg le montre parfaitement dans son célèbre ouvrage. S'ils sont beaucoup moins à redouter que les Postrichiens, Scolytiens, Curculioniens, ete., parce qu'ils sont moins nombreux individuel- lement, ils peuvent aussi parfois produire des dégâts plus considérables, car ils sont beaucoup plus gros, et leurs galeries ont un diamètre beaucoup plus grand, ainsi qu’on pouvait le constater il y a peu d'années encore dans nos environs, sur les vieux trones des énormes chênes séculaires qui entouraient la mare d'Auteuil au bois de Boulogne : troncs qui étaient percés d'énormes trous produits par le Cerambyx heros et le Prionus coriarius. Quand ils s'attaquent à des arbres adultes, ils les 500 HISTOIRE NATURELLE. font considérab'ement souffrir, mais sans les faire périr; il n’en est pas de même lorsqu'ils s’en prennent à de jeunes arbres, car ils peuvent alors parfois causer leur mort. Les arbres abattus ne sont pas à l'ab'i de leurs dégâts; souvent, dans les chantiers, ils se propagent avec une énorme facilité : c’est ce qui faisait tant rechercher jadis l’île Louviers comme terrain très-convenable pour les recherches des entomologistes. M. Éd. Perris dit que les Cérambyciens sont très-peu dangereux pour les forêts, car ils ne pondent ordinairement leurs œufs, rapporte-t-il, que sur les arbres déci- dément morts ou sur les parties mortes des arbres vivants, et même dans ce dernier cas ils n'occa- sionnent pas la mort des arbres; ils se contentent de perforer le bois de galeries qui, lorsqu'elles ne sont pas excessivement nombreuses, ne semblent pas aggraver sensiblement leur situation, comme on le voit pour les peupliers, dont l’Anerea carcharias attaque la base, et ils sont en cela bien différents des Melanophila tarda, des Pissodes, des Hylurgus et des Tomicus, véritables fléaux des arbres malades, qui deviennent inévitablement leurs victimes. « Mais, ajoute le savant entomolo- giste de Mont-de-Marsan, si les larves dont nous nous occupons sont à peu près inoffensives pour les forêts, puisqu'elles respectent les arbres vivants et même les arbres malades, ou ne leur occasion- nent que de faibles dommages, on ne peut en dire autant pour les bois en grume déposés sur le sol forestier et pour les bois ouvrés appropriés à l’usage de l'Homme; plusieurs vivent dans l’intérieur de ces bois, elles y creusent des galeries larges et profondes, les minent en tous sens, rendent acces- sibles à l'humidité leurs couches internes, et en diminuent notablement la résistance et la durée. On conçoit, en effet, les ravages que peuvent exercer ces larves volumineuses d’Ergates, les larves innombrables de Criocephalus, de Spondylis, de Leptura, ete., et l'on verra à quel état de délabre- ment et de ruine celles des Hylotrupes conduisent les bois de charpente. Il y a même ceci de par- ticulier, que plusieurs d’entre elles n’ont pas absolument besoin que les troncs soient revêtus de leur écorce, comme cela est nécessaire pour d’autres, ainsi que pour les larves des Xylophages, car l'Ergates et la Leptura pondent indifféremment sur les bois dénudés. » Linné (Systema naturæ, 1755), qui ne connaissait qu'un nombre excessivement restreint d'In- sectes de la famille que nous étudions, ne les placait que dans trois genres particuliers, ceux des : Cerambyx, Leptura et Necydalis. Mais, aussitôt que le nombre des espèces fut devenu plus considé- rable, la quantité des genres augmenta dela même manière : Geoffroy, Fabricius, Dalmann, Latreille, Lepelletier de Saint-Fargeau et Audinet Serville, Dejean et d’autres entomologistes y eréèrent beaucoup de coupes génériques, et décrivirent ou indiquèrent des milliers d'espèces. Malgré cela, comme le fait remarquer Latreille, avant de donner l'exposition des genres de cette famille dans le Règne animal, on pouvait facilement remarquer alors l'insuffisance des caractères qui signalaient ces genres et le désordre qui régnait encore dans plusieurs d’entre eux. C’est à ce mal que chercha à remédier Au- dinet Serville, en publiant une révision générale de la famille dans les Annales de la Société ento- mologique de France, années 1832, 4833, 1854 et 1855. Peu d'années après, M. Mulsant, dans les Longicornes de son Histoire naturelle des Coléoptères de France, 1839, passa en revue toutes les espèces francaises, indiqua d’utiles rectifications à introduire, et créa des coupes génériques peut- être trop nombreuses. M. Émile Blanchard, de son côté, dans son Histoire naturelle des Insectes de l'éditeur Didot, 1845, présenta le tableau général de tous les groupes connus, ou tout au moins de tous ceux fondés sur de bons caractères. Depuis cette époque, quelques monographies, des travaux de détails, des genres créés ou rectifiés, de nombreuses espèces décrites, ont été donnés par un trop, grand nombre d’entomologistes pour que nous puissions les nommer tous : aussi nous bornerons- nous à citer à ce sujet MM. Newman, É. Blanchard, L. Buquet, Chevrolat, Castelnau, Leach, Gray, Vigors, Eschscholtz, Dupont, Falderman, Guérin-Méneville, Germar et Léon Fairmaire, ete. De tous ces travaux, il résulte qu'aujourd'hui la famille des Cérambyciens comprend de cinq cent cinquante à six cents genres et plus de cinq mille espèces. On comprend que nous n'avons pas la prétention de donner en quelques pages la caractéristique de tous ces genres : nous nous bornerons à faire connaître les plus importants d’entre eux, et nous citerons la plupart des autres coupes génériques, plus particulièrement celles admises par Audinet Serville et par M. É. Blanchard, et surtout les groupes propres à notre pays. Avant de passer à cette énumération, il nous semble essentiel d'ex- poser brièvement les méthodes des deux naturalistes que nous venons de nommer, et de dire égale- ment quelques mots des classifications de Latreille et de M. Mulsant. L'auteur de la partie entomologique du Règne animal partage ainsi les Cérambyciens, qu'il Fig. 1 — Stenopterus femorutus. Fig. 3. — Saperda ciliata (grossi k= % Fig. 4. — Tmesislernus marmoralus Fig. D. — Molorchus scoparius. He PL. 40 COLÉOPTÈRES. 301 nomme Longicornes : A" division : ceux à yeux soit fortement échancrés ou en croissant, soit allon- gés et étroits; à téte parfois verticale, S'enfoncant jusqu'à ces organes dans le corselet, sars en ètre distinguée par un rétrécissement brusque et formant une espèce de cou; partagés : en À, espèces à dernier article des palpes conique ou en triangle renversé, ou bien cylindrique et tronqué au bout; à lobe terminal des mâchoires droit; à tête avancée ou simplement penchée; à corselet souvent très- inégal ou carré, rarement cylindrique, subdivisées en deux tribus : 1° Priomexs, Prionii, à labre nul ou peu distinct; mandibules fortes, très-grandes, surtout dans les mâles; mächoires à lobe in- terne nul ou très-petit; antennes insérées près de la base des mandibules ou de l'échancrure des yeux, non entourées par eux à leur naissance; corselet trapézoïdal ou carré, crénelé ou dentelé latéralement : Genres : Parandra, Spondylis, Prionus. 2° Cerausyons, Cerambycini, à labre très- apparent, s'étendant dans toute la largeur de l'extrémité antérieure de la tête; mächoires à deux lobes très-distincts, saillants; mandibules de grandeur ordinaire, à peu près semblables dans les deux sexes; yeux toujours échancrés; antennes de la longueur ou plus lonçues que le corps; cuisses, au moins les antérieures, en massue ovoïde ou ovalaire, rétrécies en pédicule à la base : Genres : Cerambyx, Lissonotus, Megaderus, Dorcacerus, Trachyderes, Lophonocerus, Ctenodes, Phænico- cerus, Callichroma, Acanthoptera, Hammaticherus, Callidium, Obrium, Necydalis, Distichocer«, Tmesisternus, Trogocerus, Leptocera; B ou % tribu, Lamiuires, Lamiariæ, espèces à tête verticale; palpes filiformes ou quère plus gros à leur extrémité et terminés par un article plus où moins ovoide, allant en pointe; mächoires à lobe externe un peu rétréci au bout et se courbant sur la divi- sion interne; antennes le plus souvent sétacées et simples; corselet, abstraction faite des tubercules ou des épines des côtés, à peu près de la même longueur partout ; Genres : Acrocinus, Lamia, Sa- perda. 2 division, Lerrurères, Lepturelæ, à yeux arrondis, entiers ou à peine échancrés; an- tennes insérées en avant ou tout au plus à l'extrémité antérieure de la faible échancrure ovalaire; tête presque toujours penchée, prolongée postérieurement derrière les yeux ou brusquement rébrécie en sorte de cou à sa jonction avec le corselet; celui-ci conique ou trapéxoidal; élytres allant en se rétrécissant graduellement. Genres: Desmocerus, Vesperus, Rhagium, Rhamnusium, Toæotus, Stenoderus, Leptura. Audinet Serville, tout en maintenant les quatre tribus de Latreille, n’y fait pas entrer tous les genres du collaborateur de G. Cuvier, et en a créé surtout un grand nombre d’autres, ainsi que nous le dirons lorsque nous exposerons l’histoire des genres de Cérambyciens, ce qui nous dispense d'entrer actuellement dans des détails à ce sujet. M. Mulsant partage les Longicornes en trois groupes principaux, savoir : 1° les ProcÉPHALIDES, dont la tête est penchée en avant, partagés en trois familles : Spondyliens, Prioniens et Cérambycins; 2° les CinocÉPHALIDES, à tête verticale ou inclinée, partagés en deux familles: Lamiens et Saper- dins, et 3° les DÉrÉcÉPuALIDES, à fête séparée, par une sorte de cou, du corselet, qui est rétréci en avant : partagées également en deux familles : les Rhagiens et les Lepturiens. Chaque famille est ensuite subdivisée en branches, elles-mêmes renfermant les genres. Cette méthode, qui a encore beaucoup de rapport avec celle de Latreille, ne peut être suivie dans un ouvrage général comme le nôtre, car elle ne s'applique qu'aux genres français de la famille et ne peut pas toujours convenir aux genres exclusivement exotiques. Enfin M. E. Blanchard, dont nous suivrons en grande partie la classification dans l'exposition des genres, partage la famille des Cérambyciens en six tribus : 4° Sroxpyunes, à tous les tarses de cinq articles distincts, cylindriques; 2° Tricrénorommes, à tarses antérieurs et intermédiaires de cinq articles : postérieurs de quatre, tous cylindriques; 3° Prionines, à tarses seulement de quatre articles distincts : l'avant-dernier fortement dilaté; 4 Céramsvenes, à labre très-distinct, occupant toute la largeur de lu tête; palpes à dernier article plus ou moins élargi; tête à peu près horizontale; 5° Lamunes, à labre large, bien développé; tête verticale, aplatie en avant; palpes à dernier article ovoide, pointu; 6° Lepruries, à labre grand; tête rétrécie postérieurement à sa jonction avec le cor- selet; antennes insérées en avant des yeux. Ceci posé, nous passerons à la partie descriptive. 1e tribu, Priones, Prionidæ, ayant pour caractères : Labre nul ou très-petit et peu distinct: mandibules fortes, ordinairement plus petites dans les femelles que dans les mâles, et souvent ausst 402 HISTOIRE NATURELLE. très-grandes chez ces derniers; mâchoires à lobe externe nul ou très-petit; antennes insérées près de la base des mandibules ou de l'échancrure des yeux, mais non entourées par eux à leur naïs- sance; tête avancée où penchée, non perpendiculaire ni aplatie en devant; palpes à dernier article en cône ou en triangle renversé, quelquefois presque cylindrique, toujours tronqué au bout; corps allongé, grand, ailé ou aptère. Cette tribu, créée par Latreille, adoptée par Audinet Serville et par tous les entomologistes, cor- respond à l’ancien genre linnéen des Prionus; elle renferme aujourd'hui une soixantaine au moins de genres, dont les premiers devront probablement plus tard servir de types a des tribus particulières, et déjà même on s'accorde généralement pour en distraire les Parandra, que La- treille y réunissait, et que l’on reporte, comme nous l'avons fait, dans la famille des Cueujiens. Les Prionides sont presque tous de grands Coléoptères xylophages, se trouvant dans les trous qu'ils se forment dans les arbres ou dans les tas de tan accumulé au pied des vieux végétaux, et qui ne sortent guère que le soir ou la nuit de leurs retraites, dans lesquelles ils restent cachés pendant le jour. La forme générale et les caractères de ces Insectes sont très-variables suivant les groupes, et, sous ces divers rapports, on observe de grandes différences entre les Psalidognathes, les Mallodons, les Priones, les Anacoles etles Prionaptères, par exemple, et encore plus entre tous ces genres et les Spondyles et les Tricténotomes. Le nombre des espèces est assez considérable, et on en rencontre dans toutes les parties du monde, surtout en Amérique, tandis qu'il y en a très-peu en Europe. On connaît l'histoire des métamorphoses de quelques espèces des quatre genres Spondylis, Prionus, Ergates et Prinobius : ces dernières dues à M. L. Fairmaire. Nous admettons, avec M. É. Blanchard, trois divisions naturelles dans cette tribu : celles des Spondylites, Tricténotomites et Prionites. 4e division, Sronpyuires, à t@rses de cinq articles distincts, cylindriques à toutes les pattes. Peu de genres et d'espèces entrent dans cette division, et le groupe typique est le : Genre SPONDYLE, Spondylis, Fabr., à corps convexe, assex court; antennes courtes, presque moniliformes, de la longueur du corselet, de onxe articles un peu aplatis, légèrement obconiques à partir du troisième article, excepté le dernier, qui est ovale, très-aplati : le premier plus grand que les autres et le deuxième petit; mandibules avancées, arquées, pointues à l'extrémité, échan- crées intérieurement à la base; corselet presque globuleux, arrondi latéralement, tronqué antérieu- rement et postérieurement, convexe, non rebordé, à côtés mutiques; écusson en triangle curviligne; élytres presque linéaires, étroitement rebordées extérieurement et à angle sutural à peine unitu- berculé; jambes très-finement denticulées tout le long de leur côté antérieur; tarses ayant leur der- nier article plus grand que tous les autres pris ensemble. Les Spondyles, dont la dénomination a été prise du nom de Zrovdvan, employé par Aristote pour désigner un Insecte qui nous est inconnu, sont des Prionides de médiocre taille, et sont remarquables par leur forme ramassée et ayant quelque rapport avec celle de certains Buprestiens; on n’en connaît qu’une seule espèce, le Spon- dylis buprestoides, Fabr., long de 0%,014 à 0%,020, et entièrement noir, assez répandu dans toute l'Europe boréale, peu rare dans les montagnes du midi de la France, principalement dans les bois de pins. MM. Ratzeburg, Westwood et Éd. Perris se sont occupés des métamorphoses de ce Céram- bycien. La larve, longue d'environ 0,035, sur une largeur de 0",007, est blanche, charnue, ferme, cylindrico-tétraédrique, avec un corselet roussâtre postérieurement et l'abdomen très-finement velu sur les côtés; la nymphe est blanche, à tête lisse avec quelques soies également blanchâtres et très- courtes sur le labre, à corselet muni d’épines éparses, et à dernier segment abdominal tronqué et terminé par deux épines un peu divergentes et arquées en dedans. La femelle pond. ses œufs au mois de juillet, principalement dans l'écorce des souches des vieux pins récemment abattus. Les œufs sont d'un beau blanc, très-lisses, ellipsoïdaux. Les larves, écloses quinze où vingt jours après la ponte, traversent l'écorce et vivent quelque temps entre celle-ci et le bois; puis elles péné- trent plus ou moins profondément dans l'aubier, et y creusent des galeries à section elliptique; aux approches de la métamorphose, c'est-à-dire en mai ou juin, elles reviennent vers la surface de l'arbre dans lequel elles vivent, se transforment dans leur galerie dilatée en cellule, et deviennent Insectes parfaits en juin et juillet. Ces larves, d'après M. Mulsant, sont très-faciles à élever. COLÉOPTÈRES. 303 Les autres genres de la même division sont ceux des : Canrnarocnemrs, Serv , à antennes courtes. presque moniliformes, corselet uniépineux latéralement; jambes tridentées au côté externe, ete. : une seule espèce (C. spondyloides, Serv.) du Sénégal. — Svrirus, Guérin, à antennes en dents de scie; corselet mutique; jambes sans dents : de Bolivie. — AnorLonerma, Guérin, à antennes presque filiformes, à peine dentées; mandibules longues, étroites, très-courbées; corselet mutique, large : ne comprenant qu'une seule espèce, propre également à la Bolivie. 2° division, TricrÉNoromiTEs, à tarses antérieurs et intermédiaires de cinq articies : postérieurs de quatre, tous cylindriques. On n'y range que le singulier genre des TRICTENOTOMA, Gray, ayant un corps épais; des an- tennes à trois derniers articles comprimés, en dents de scie; des mandibules robustes, un peu ar- quées; un corselet unidenté latéralement; des élytres se rétrécissant beaucoup de la base à l'extré- mité, ete., et ne renfermant que le seul T. Childrenti, Gray, belle espèce propre a l'ile de Java. (Introduction, tome [°', fig. 3.) 9° division, Prionires, à tarses seulement de quatre articles distincts : l'avant-dernier fortement dilaté; labre très-petit, peu apparent. Cette division comprend presque tous les genres de Prionides, et peut être partagée, ainsi que l’a proposé M. É. Blanchard, en quatre groupes, qui ont pour types les genres Notophysis, Cyrtognatha, Psalidognathus et Prionus : ce dernier autour duquel se placent aujourd’hui un grand nombre de coupes génériques. 4° groupe, Noropuysires, à tête courte; mandibules droites; jambes canaliculées, très-finement denticulées en dessous. Le seul genre NOTOPHYSIS, Serv., à antennes presque filiformes; mandibules aussi lonques que la tête, arquées, denticulées intérieurement; corselet unidenticulé latéralement, entre dans ce groupe, et ne comprend lui-même que le seul N. lucanoides, Serv., jolie espèce, rappelant un peu les Lucanus par son faciès, et qui a été trouvée dans l’île des Kanguroos, en Australasie. 2e groupe, CxrrocnaTaites, à tête très-lonque, beaucoup plus étroite que le corselet; antennes à articles dilatés, en dents de scie; mandibules longues, courbées en dessous. Deux genres principaux entrent dans ce groupe; ce sont ceux des GYRTOGNATHUS, Dej., Falder- man, à prosternum mutique, ayant pour types les C. rostratus, Dej., Fabr., espèce longue de plus de 0,05, entièrement glabre, d'un noir brunètre brillant, et qui est propre aux Indes orientales, et paradoæus, Fald., de la Perse, et Donxsruenus, à prosternum muni d'une forte dent obtuse dirigée en avant, qui ne comprend que des espèces propres aux [ndes orientales. Parmi les autres Prionides qui entrent dans le même groupe, nous citerons encore les genres Dis- sorrerNus, Hope, et Baranera, Waterhouse, Guérin, formés avec de grandes et remarquables es- pèces des pays chauds. 3° groupe, Psarinocxatuites, à tête courte; palpes maæillaires une fois plus longs que la tête; jambes antérieures des mûles dilatées, creusées en cuiller, et garnies de poils intérieurement : celles des femelles un peu comprimées, cintrées seulement à l'extrémité. Ge groupe ne renferme que le seul genre PSALIDOGNATHUS, Gray, qui, outre les particularités que nous venons d'indiquer, a encore pour caractères : mandibules croisant l'une sur l'autre, fortes, courbées en dessous et dentelées en dedans; corselet muni latéralement de quatre épines; corps assez allongé dans les mâles, plus court et plus ovalaire dans les femelles; pattes assex longues, ete.; ces Insectes, tous remarquables par leur grande taille et leur belle couleur, sont propres à la Colombie et au Pérou, et ne renferment qu'un nombre très-restreint d'espèces. Le type est le P. Friendüi, Gray, long de 0,040 à 0,045, à corps d’un superbe vert doré, pouvant parfois passer au bleu. Le P. Grantii est figuré tome I pl. XV, fig. 9. 304 ITISTOIRE NATURELLE. 4e groupe, PrioniTes rROPREMENT pis, à tête courte; palpes maxillaires à peine plus longs que la téte; jambes simples, non dentelées. à Les Cérambyciens de ce groupe sont très-abondants en espèces et répandus dans toutes les parties du globe : ils sont d'assez grande taille, et c’est parmi eux que l’on rencontre les Prionus par excel- lence et nos espèces indigènes. Les caractères des larves des trois ou quatre espèces qui ont été observées peuvent être formulés ainsi d'après MM. Candèze et Chapuis : tête grosse, déprimée, presque de la largeur du corselet; celui-ci portant un bourrelet charnu en arrière de l’arceau infé- rieur; segments thoraciques munis de petites pattes; première paire de stigmates placée sur le mé- sothorax. Latreille dit que l’on mange la larve du Prionus cervicorne, qui vit dans le bois du fro- mager. Les genres en sont très-nombreux, et, quoique nous ne les citions pas tous, nous en indiquerons cependant une cinquantaine. Genres : Macrovonrra, Serv., à mandibules très-lonques, dentées intérieurement, un peu courbées vers l'extrémité; antennes presque filiformes, avec le premier article épais; corselet épineux laté- ralement; jambes mutiques; tarses très-courts : les trois premiers articles allant en augmentant de longueur, le troisième profondément échancré, et le quatrième plus long que les précédents réunis; corps grand, très-déprimé : le type est le Cerambyx cervicornis, Linné, très-grand Insecte, car sa longueur peut varier de 0®,07 à 0,15, sur une largeur de 0%,025 à 0,030, à corps d’un brun roussàtre marqué de taches noires sur les élytres, habitant l'Amérique méridionale, principalement les environs de Cayenne, et se trouvant dans les plantations, sous les écorces et au pied des arbres, ne produisant aucun bruit, ayant un vol lourd, peu élevé au-dessus du sol, de courte durée et n'ayant lieu que le soir. — Tiranus, Serv., à mandibules épaisses, plus courtes que la tête, dentées en dedans; antennes à peu près filiformes; corselet tridenté latéralement; jambes ayant deux rangées d'épines; corps excessivement aplati : le type est le T. giganteus, Linné, long de 0,12 à 0%,16, sur 0®,05 de largeur, entièrement d’un brun foncé, particulier à Cayenne. — Cre- NoscELIS, Serv., à mandibules plus courtes que la tête, dentées; antennes à peu près filiformes; corselet crénelé latéralement; jambes ayant deux rangées d'épines : quelques espèces de l’Amé- rique méridionale, se trouvant sous les écorces, et quelquefois courant à terre le long des chemins dans les bois, volant à l'entrée de la nuit, et produisant un bruit assez fort en frottant leurs pattes de derrière contre le bord de leurs élytres, et dont la principale espèce est le Prionus acanthopus, Germer, long d'à peu près 0%,06, à corps assez long, déprimé, d'une couleur brune foncée, et à tête rugueuse antérieurement. ERGATES, Serv., à mandibules très-courtes, dentées; antennes presque filiformes; corselet cré- nelé latéralement; jambes inermes; tarses longs. à premier article aussi long que les deux sui- vants réunis; élytres peu convexes, rebordées antérieurement, dépassant un peu l'abdomen dans les mâles, et laissant son extrémité à découvert dans les femelles; corps assez long : le type de ce genre est le C. faber, Linné (serrarius, Panz.; obscurus, Oliv.); d'abord compris parmi les Ceram- byx, puis parmi les Prionus, et dont le nom générique actuel, epyaras (ouvrier), est la traduc- tion grecque de la dénomination spécifique : cet Insecte, long de 0",030 à 0%,048, sur une largeur de 0,010 à 0%,020, est brun ou d'un brun rougeàtre en dessus, à antennes simples, grêles, avee le premier article renflé, à élytres rugueusement ponctuées, chargées de deux lignes longitudinales, le plus souvent indistinctes : il apparaît en juillet et en août, et se trouve en Allemagne, dans la France méridionale, surtout dans les parties montagneuses, et a même été pris dans la forêt de Fontainebleau. Les métamorphoses de ce Coléoptère ont été étudiées d'abord par M. Mulsant, et plus complétement depuis par MM. H. Lucas et Ed. Perris; la femelle pond ses œufs de la mi-juillet à la mi-septembre, dans l'épaisseur des écorces des souches, ainsi que des tiges plus où moins récem- ment mortes des pins gros et moyens; ces œufs ont 0,003 de long : ils sont ellipsoïdaux, d’un blanc sale, marqués sur toute leur surface d'une réticulation saillante, grise, formée de mailles hexagonales d'un joli effet, et ressemblent à ceux de la Geometra cratægaria et du Satyrus cyæria; les larves naissent quinze jours environ après la ponte, prennent une rapide croissance, et parviennent à une longueur de 0,060 à 0,065 : elles sont blanchâtres, assez grosses, pourvues de six pieds très-courts, avec les quatrième à dixième anneaux du corps garnis de larges mamelons marqués chacun d’une impression en forme de trapèze transversal; le dernier segment est terminé par une sorte de bouton faiblement rétractile; le bord antérieur de la tête est quadridenté; les palpes COLÉOPTÈRES, 505 maxillaires sont de trois articles, et les labiaux de deux: les antennes en ont quatre : ces larves sont très-agiles pour des larves de Cérambyciens, elles perforent de profondes et nombreuses galeries et se rapprochent de l'écorce à l'époque de leur transformation en nymphes : celles-ci sont très-remar- quables par les tubercules épineux et cornés disséminés sur le dos du corselet et sur l'anneau dorsal des segments abdominaux, et qui font de la région dorsale du corps une sorte de ràpe. Awazcorones, Lequien, à mandibules plus courtes que la tête, dentées; antennes courtes, assez épaisses; corselet dilaté aux angles antérieurs et épineux; jambes antérieures n'ayant que quelques éjines : les autres une double rangée; corps large, assez aplati; élytres ovalaires : une seule es- pèce, Amallopodes scabrosus, Lequien (Acanthanodorus Cumingü, Hope; Prionus Mercurialis, Erich., Burm.), assez grand, d'un brun presque noir, propre au Chili. — Marconeres, Dupont, à mandibules au moins aussi longues que la tête, arquées, pointues; corselet offrant latéralement une forte pointe recourbée; jambes mutiques : également du Chili, et ayant pour type le M. macroce- phalus. — Axcisrnorus, Serv., à mandibules plus courtes que la tête, dentées, terminées en pointe; antennes très-longues; corselet avec les angles antérieurs dilatés et biépineux; jambes ayant deux rangées d'épines : espèce (A. hamaticollis, Serv.) particulière au Brésil; une autre espèce est l'A. Servillei, Blanch., propre au Chili, où elle est très-rare. — Exorrocenus, Serv., à mandibules courtes, dentées; antennes très-longues, couvertes d'aspérités dans les mâles; corselet quadridenté latéralement; jambes mutiques : antérieures rugueuses : type, C. armillatus, Linné, des Indes orientales. — Horuiperes, Serv., à mandibules courtes, très-recourbées; corselet échancré en arrière et pourvu de cinq épines latérales; jambes mutiques : des espèces de Madagascar, type, H. spini- pennis, Serv. — Acanrnoruonus, Serv., à mandibules très-lonques, dentées; antennes ayant chaque article dilaté en une petite épine à partir du troisième; corselet triépineux latéralement: on con- naît quelques espèces propres à l'ancien continent, dont la plus connue est le Prionus serraticornis, Oliv., long de 0,08 à 0,10, d'un brun noirâtre, de Pondichéry. Fig. 257. — Spondylis buprestoides. Fig. 258. — Prionus coriarius Fig. 259. — Anacolus sanguineus PRIONE, Prionus, Geoffr., Serv., à mandibules courtes, muliques; antennes ayant chaque article plus où moins dilaté, quelquefois comme flabellées; corselet triépineux latéralement; pattes courtes; robustes; tarses courts, larges; corps court, assex large. Ge groupe, démembré de celui des Ceram- byx de Linné, et correspondant lui-même aujourd'hui à tous ceux de la tribu, a Heu le UC porte du grec xp» (scie), par allusion à la disposition des antennes : Je type est le PRIONE ARE Cerambyx coriarius, Linné, variant en longueur de 0,026 à 0,050, d une couleur de poix en dessus, avec les élytres rugueusement ponetuées et chargées de trois lignes élevées presque effacées : la larve de cette espèce a été décrite par Rœsel; Latreille et MM. Westwood et Mulsant en ont cr lemonteIl quelques mots; ces larves vivent principalement dans le chêne : elles ont la tête d'un Ban char l'anneau prothoracique couleur de safran, et le reste du corps blanchâtre : | Insecte parfait se ". contre quelquefois pendant le jour contre le tronc des arbres, et plus souvent à leur pie ï d Te = tas de tan qu'on y remarque parfois, habite l'Allemagne et le midi de la E rance, ‘ de aussi, quoique rarement, dans les environs de Paris. Les métamorfhoses d une espèce pou ae de ce genre, le P. damicornis, de l'Amérique du Sud et des Antilles, ont été indiquées par made- = ou gs 306 HISTOIRE NATURELLE. moiselle de Mérian et par M. Brown. — Serville ne range parmi les Prionus que les espèces ayant plus de onze articles aux antennes, tandis qu’il fait, sous le nom de Closterus (type, C. flabellicor- nis, Chevr., de Madagascar), un genre spécial pour les espèces ayant les antennes de onze articles et plus, dilatées : ce qui les rend plus flabellées. — Le genre Prinosius, dont M. Chevrolat à donné récemment une courte révision, en es! très-voisin : les espèces proviennent du nord de l'Afrique. Porxoza, Serv., à mandibules très-courtes, aiqués; antennes aussi longues que le corps dans les mâles, avec chaque article dilaté en un long rameau; corselet ayant deux petites épines latérales rapprochées; corps assez élancé : une espèce, P. Lacordairei, Serv., du Brésil. — PorxarranoNn, Serv., à mandibules presque aussi longues que la tête, unidentées à la base; antennes multiarti- eulées : chaque article supportant deux lames divergentes dans les mâles : type, P. pecticornis, Fabr., du Sénégal. — Prionarrerus, Guérin, à mandibules plus courtes que la tête; antennes faible- ment dentées en scie et diminuant de grosseur vers l'extrémité; corselet un peu dilaté latéralement; élytres courtes, ne couvrant pas entièrement l'abdomen ; pas d'ailes; corps mou, assez court : le type est une jolie espèce, petite pour un Prionide, car elle ne dépasse pas 0,03 de long : c’estle P. fla- vipennis, Guérin, à corps noïrätre, comme enfoncé, et à élytres d’un beau jaune tirant sur le fauve, avec des reflets soyeux; une seconde espèce est le P. staphylinus, Guérin, à corps entièrement d’un noir mat: tous deux sont de Cordova.— Anacozus, Latr., à mandibules denticulées; antennes for- tement dentées en scie; corselet large, uniépineux latéralement; élytres élargies vers l'extrémité; corps court, assez large, un peu incliné en avant : ce joli genre, dont M. L. Buquet a donné une monographie, se distingue surtout du précédent par la présence d'ailes et par ses antennes plus pectinées : il renferme encore d'assez petites espèces, propres à l'Amérique méridionale (type, A.san- quineus, Lep. et Serv., à corps entièrement d’un rouge de sang).— CnanEa, Serv., à mandibules très-petites; antennes courtes, pectinées; corselet diluté, uniépineux sur les côtés; élytres élargies vers l'extrémité; corps court, ramassé : une espèce (cyanea, Serv., de Cayenne). TRAGOSOMA, “ej., Serv., à mandibules courtes, mutiques; antennes filiformes, assez gréles; corselet dilaté, unidenté latéralement; cuisses légèrement renflées à la base; corps court, large : la seule espèce de ce genre est le C. depsarium, Linné, long de 0%,055, brun de poix rougeàtre en dessus, d’un rouge ferrugincux en dessous, ainsi que sur les antennes et les pattes; corselet hérissé et bordé de poils fauves; élytres rugueusement ponetuées et chargées de lignes élevées : se trouve surtout en Suëde et en Allemagne, et a été rencontré par M. Myard dans les Alpes francaises, à peu de distance des frontières de la Savoie. — M. É. Blanchard réunit tantôt à ce genre, tantôt à celui des CEgosoma, le genre Mrcoms, Dej., Serv., qui se distingue surtout par son corselet court, trans- versal, arrondi latéralement, pubescent, et par ses élytres très-lonques, et qui a pour type le A1. mutica, Dej., Serv., de l'ile de France. — On en rapproche aussi les Movopesnus, Dej., Serv., à mandibules courtes; antennes de la longueur du corps, en dents de scie, corselet unidenté; corps al- longé : type, M. callidioides, Serv., de l'île de Cuba. ŒGOSOME, OEgosoma, Dej., Serv., à mandibules courtes, coudées; antennes filiformes, épineuses dans les mâles; corselet mutique, élargi postérieurement; pattes plus robustes dans les mâles que dans les femelles : le genre OEgosoma, l’un des groupes européens peu nombreux de la tribu des Prionides, ressemble beaucoup à celui des Tragosoma, par la forme allongée et élancée de son corps, mais il s’en distingue surtout par ses palpes, qui sont beaucoup plus longs et moins tron- qués, et par son corselet plus large en arrière qu’en avant, et non épineux sur les côtés. Le type est le P. scabricorne, Scop., long de 0,027 à 0,048, sur une largeur de 0,010 à 0,017; brun jaunâtre ou couleur de rouille en dessus, à corselet en cône tronqué, avec les angles postérieurs relevés, subépineux; élytres chargées au moins de deux lignes longitudinales peu élevées et réunies avant d'arriver au sommet. La larve de cette espèce, dont la description n’a pas encore été donnée, habite, selon M. Mulsant, les troncs caverneux des tilleuls, des marronniers, des sycomores, des ormes, etc.; l'Insecte parfait habite surtout la France orientale et méridionale, et n’est pas rare, dit-on, à l'approche de la nuit, à Lyon et dans ses environs, pendant le mois de juillet, sur les arbres de la place Louis-le-Grand et sur ceux qui bordent la route de Paris. Une autre espèce de ce genre est l'OE. affine, Dej., de l’île de Java. — Serville range iei le genre Cneronow, Latr., surtout caractérisé par ses mandibules dilatées à la base externe, qui présente une épine courte, obtuse, et par son corselet cylindrique, à côtés parallèles : ivpe P. cinereus, Gliv., du Sénégal. COLÉOPTÈRES. 307 Enoneres, Dej., Blanch., à mandibules très-courtes; corselet presque globuleux, crénelé, terminé par une épine aux angles postérieurs; pattes garnies de rangées d'épines : une grande espèce. — Tricaoperes, Chevr., à mandibules courtes, antennes gréles, filiformes; corselet biépineux latérale- ment; paltes inermes : fondé également sur une seule espèce. — Ruapmioponus, Serv., à mandibules courtes, dentées; antennes filiformes; corselet multiépineux latéralement; cuisses comprimées, épineuses en dessous; jambes munies d'épines placées irrégulièrement; corps un peu convexe : une seule espèce (R. suturalis, Serv.) de l'île de Bornéo. — Macroroma, Dej., Serv. (Remphanus, Wa- terh.), à mandibules courtes, dentées; antennes filiformes, ayant leur troisième article allongé; corselet multiépineux latéralement; pattes longues; jambes avec deux rangées d'épines; élytres lonques, presque linéaires, arrondies à l'extrémité: on en connaît plusieurs espèces, presque tontes propres à l'Afrique australe, et dont le type est le Prionus palmatus, Fabr., du Senégal.—Navosowa, Blanch., à mandibules courtes, dentées; antennes presque filiformes; corselet très-large, mutique, arrondi latéralement; pattes inermes : des espèces américaines. — Auracorus, Serv., à mandibules courtes; antennes filiformes; corselet multiépineux; jambes mutiques : une seule espèce (4. reticu- latus, Serv., du Sénégal) assez voisine des Macrotomes sous beaucoup de rapports. — Orruosoma, Serv., à mandibules dentées; antennes filiformes, moins longues que le corps; corselet tri ou qua- driépineux; jambes mutiques; pattes et tarses longs; élytres très-longues, étroites, rebordées laté- ralement et arrondies à l'extrémité : comprenant quelques espèces américaines, dont Serville faisait trois genres distincts : Orruosoma, à corselet armé latéralement de trois épines; mandibules courtes (type, C. unicolor, Drury, de l'Amérique boréale); Sricrasomus, à corselet armé également de trois épines sur les côtés, mais à mandibules allongées (type, S. semi-costatum, Serv., de Cayenne), et Onrnomecas, à corselet armé latéralement de quatre épines (type, P. corticinus, Oliv., de Cayenne). — Drrozracuus, Dej., Serv., à mandibules courtes, dentées; antennes courtes, filiformes; corselet court, triarticulé latéralement; jambes mutiques; pattes de grandeur moyenne; élytres longues, re- bordées latéralement; corps assez déprimé : un petit nombre de grandes espèces américaines, dont la principale est le D. brevicollis, Serv., de Géorgie. —Anacanraus, Serv., à mandibules courtes; an- tennes filiformes; corselet mutique, déprimé, presque orbiculaire; jambes mutiques, aplaties : une espèce de taille moyenne, d’un beau noir luisant, propre au Brésil, qui se trouve sous les écorces, et est lourde dans ses mouvements. —Srenononres, à mandibules plus lonques que la tête; antennes fi- liformes; corselet crénelé latéralement; corps grand, assez déprimé : quelques espèces de l'Amérique méridionale, pouvant être partagées, avec Serville, en SreNoDoNTEs PROPRES, à Antennes ayant le premier article droit, et le corselet à angle sutural muni d'une petite épine (type, P. exsertus, Oliv.), et Basrraxus, à antennes ayant le premier article épais, arqué, et le corselet à angle sutural sans épine distincte (type, B. armatus). — Marronox, Serv., à mandibules à peine aussi longues que la tête, très-éparsses, laineuses intérieurement; corselet crénelé sur les côtés : genre assez nom- breux en espèces, mais se trouvant dans des pays éloignés les uns des autres, telles sont les Af, Australis, Boisd., de la Nouvelle-Hollande, et Limæ, Guérin (gracilicornis, Buq.; Macrotoma me- litæ-eques, Blanch.), assez répandue dans une grande partie de l'Amérique, et qui n'est pas rare au Chili en automne. — Micrornonus, Blanch., ayant queique analogie avec les Mallodons, et dont les types sont les M. Magellanicus, Blanch., du détroit de Magellan, et castaneus, Blanch., des pro- vinces Sud du Chili.— Prarvexaruus, Dej., Serv., à mandibules comprimées latéralement dans les miles, creusées longitudinalement en dessus; corselet carré, mutique; corps allongé, très-déprimé : ayant pour type le P. octangularis, Oliv., de l'ile de France. — Horrosceus, Serv., à mandibules épaisses, mutiques; antennes courtes, un peu dentées en scie; corselet unidenté latéralement; jambes élargies à l'extrémité, ayant quelques longues épines; corps robuste : espèce principale, H. lucanoïides, Serv., espèce noire, de taille moyenne, et propre au Sénégal. — Corroneres, Serv., à mandibules aussi longues que la tête dans les mûles, arquées et échancrées à l'extrémité; corselet sinué latéralement; jambes mutiques, légèrement dilatées à l'extrémité; corps un peu convexe : type, C. Caffer, Serv., du cap de Bonne-Espérance, long de 0%,05, y compris les mandibules, glabre, d'un noir brillant.— Cacrirocon, Serv., à mandibules plus lonques que la tête dans les mûles, den- tées, recouvertes d'un duvet très-épais; corselet en carré large, finement crénelé; corps long, se ré- trécissant fortement de la partie antérieure à la partie postérieure : le type est le magnifique Prionus hamatus, Fabr., propre au Mexique. — Pyrones, Serv., à mandibules courtes; antennes 308 HISTOIRE NATURELLE. filiformes; corselet en carré très-large, crénelé, muni d'une forte dent; écusson grand; pattes lonques, comprimées; élytres molles, souvent chagrinées; jambes mutiques; corps ovalaire, un peu déprimé : les espèces de ce groupe sont assez nombreuses, et de taille moyenne, propres au nou- veau continent, surtout à l'Amérique méridionale, et pour la plupart de brillantes couleurs, vertes ou bleues, avec des reflets métalliques dans quelques-uns; on peut, avec Serville, y former deux genres particuliers, les Prnones propres, à écusson grand, triangulaire, tout à fait glabre : un assez grand nombre d'espèces de l'Amérique méridionale, dont le type est le P. speciosus, Oliv., variant de taille depuis une longueur de 0,03 jusqu'à une longueur de près de 0,04, d'un vert doré mé- tallique, mais parfois obscur, très-commun au Brésil et dans une grande partie de l'Amérique mé- ridionale, et les Marrasris, à écusson grand, très-large, très-velu, triangulaire et pointu : type, P. scutellaris, Oliv., long de 0%,05 à 0,06, d’un brun verdâtre et bleuâtre métallique, de Cayenne. — Socenoprera, Serv., à mandibules courtes; antennes comprimées; corselet crénelé, échancré pos- térieurement; écusson petit; élytres molles; corps assez large, plus allongé que dans les Pyrodes : types, P. Thomæ, Fabr., d'un brun noirâtre, de l’île de Saint-Thomas, et P. vittatus, Oliv., élytres d’un beau jaune, offrant chacune deux lignes longitudinales noires, probablement des Indes orien- tales. — DErancisrrus, Serv., à mandibules crochues; antennes courtes, comprimées; corselet excavé au milieu, muni latéralement de deux fortes pointes crochues; élytres se rétrécissant de la base à l'extrémité; corps un peu allongé, déprimé : type, le P. elegans, Pall. de Beauv., d'un jaune de rouille, avec les élytres marquées de deux bandes longitudinales d'un noir brillant, décrit d'après un seul individu trouvé à Saint-Domingue. — Merosceucus, Serv., à mandibules courtes, larges; antennes filiformes; corselet plan, tridenté latéralement; élytres laissant à découvert l'extrémité de l'abdomen; corps très-déprimé, dépourvu d'ailes au moins dans les femelles : espèce unique, M. violaceus, Serv., corps d’un noir mat violacé, habite le Brésil. — Cueconenus, Gray, à mandibules très-petites, mutiques; antennes filiformes, assez courtes; corselet ayant ses angles épineux et une large dilatation latérale relevée; jambes avec des épines à l'extrémité; corps long, épais : la seule espèce connue est le C. Childreni, Gray, magnifique espèce, de grande taille et d'un vert doré, propre au Chili, où il est fort rare. — Oxypecrus, Blanch.: ce genre, voisin du précédent, ne com- prend également qu'une seule et superbe espèce, l'O. quadrispinosus, d'un beau vert métallique couvert d'une pubescence grisètre, et qui se trouve dans les forêts subandines de Chillon, à 1,600 mètres d’élévation, au mois de décembre, vit sur une espèce de hêtre, et vole facile- ment sous l'influence d’un soleil ardent. — Arvocerus, Serv. (Tropidosoma, Perty), à mandi- bules petites; antennes de douxe articles, et non de onze, comme chez les autres Prionides, ur peu dentées en scie; corselet large, sinueux, mutique, ainsi que les jambes; corps étroit, presque li- néaire : l'espèce unique de ce groupe est l'A. Spencei, Kirby, variant sa longueur de 0,03 à 0%,07, à corps d'un roux testacé, propre au Brésil, où on le rencontre sous les écorces des arbres. — Merorocorus, Dej., Serv., à mandibules courtes, épaisses; antennes courtes, un peu en dents de scie : le onzième article ayant une dent latérale ressemblant à un douxième article; corselèt presque carré, unitüberculé latéralement; corps long et linéaire : type, M. maculicollis, Serv., du Présil, de taille moyenne; tête d'un jaune ferrugineux, avec une grande tache noire au milieu; corselet jaune, avec deux taches noires ovalaires; élytres jaunâtres. — Tracocenus, Boisd., à mandibules courtes, mutiques; antennes filiformes, plus courtes que le corps; corselet étroit, mutique; jambes umiépineuses; corps long, aplati : espèce unique, T. Australis, Boisd., d'un beau noirâtre brillant : se trouve à la Nouvelle-Hollande. — Tuyersia, Dalm., à mandibules courtes, bidentées; antennes renflées au milieu, velues; corselet mutiqe, très-large; corselet oblong, de peu de consistance : type et espèce unique, T. lateralis, Dalm., du Brésil. — Pæœcrropercus, Dalm., à mandibules courtes, mutiques; antennes filiformes, plus longues que le corps; corselet épineux ou tuberculeux sur les côtés; jambes mutiques; pattes assez gréles; corps peu allongé, un peu élargi : ce groupe, quoique peu nombreux en espèces, a été partagé par Serville en deux genres : PæciLosows, à corselet lisse en dessus, avec les angles antérieurs sans épines : type, P.ornatus, Dalm., jolie espèce brésilienne, et STERNACANTHUS, à Corselet tuberculé dans son malieu, avec les angles antérieurs dilatés en une épine obtuse : type, P. undatus, Oliv., de Surinam. — Crerocrenus, Serv., à mandibules courtes, bidentées; antennes pectinées, moins longues que le corps, épaisses; corselet large, uniépineux laté- ralement; jambes mutiques, comprimées, ainsi que les cuisses; corps court, assez large, très- Fig. 4. — Distichocera maculicollis Fig. 2 Fig. 3. — Prionus crsertus Vis. 4. — Trogosoma depsariom Fig. 5. — Stibara tetrospilota | a | k “à NU i 1 a : LA + at é N 2 COLÉOPTÈRES. 309 glabre, brillant : type, C. abdominalis, Serv., petit Prionide ne dépassant pas une longueur de 0%,03, du Brésil. — Doncasouus, Serv., à mandibules courtes, mutiques; antennes beaucoup plus courtes que le corps, eten dents de scie; corselet cylindrique, uniépineux latéralement; élytres linéaires, parallèles; corps glabre : type, Cerambyx ebulinus, Fabr., ou Stenocorus testaceus,Oliv., long d'environ 0,03, d'un bleu noirâtre, du cap de Bonne-Espérance. — Carocomus, Serv., à mandibules courtes, pointues, unidentées; antennes en longues dents de scie; corselet large, crénelé, umidenté latéralement; corps court, large, plat : une seule et belle espèce, propre à Cordova, le Prionus Desmarestii, Guérin (Calocomus hamatiferus, Serv.), elle est longue d'environ 0,05, son corps est d'un noir brillant; ses élytres sont noires, ayant leur partie antérieure chagrinée, comme le corselet, et le reste de leur étendue lisse, offrant chacune une tache réniforme d’un jaune orange et une bande de la même couleur sur le bord externe. 2° tribu, Cérameyeines, ayant un labre très-distinct, occupant toute la largeur de la tête; palpes à dernier article plus ou moins élarqi; tête horixontale; corps ailé; élytres assex longues. Cette tribu, la plus nombreuse de toute la famille, est excessivement abondante en espèces ré- pandues dans toutes les parties du monde, et plusieurs sont particulières à l'Europe: on rencontre parmi elles des espèces de grande taille, mais, dans la grande majorité des cas, elles sont de taille moyenne. Ce sont les Cérambyciens, Capricornes ou Longicornes par excellence, c'est-à-dire ceux de tous les Coléoptères dont les antennes ont une plus grande longueur; leur taille habituellement svelte, élancée, les belles couleurs dont ils sont souvent parés, ete., en font les plus jolis de tous les Coléoptères. D'après les travaux de plusieurs entomologistes, et principalement de Serville et de MM. Dupont et Mulsant, on devrait admettre une centaine de genres dans cette tribu; mais M. É. Blanchard en a assez considérablement diminué le nombre, quoiqu'il en ait créé plusieurs. Les larves que l'on connaît, et qui se rapportent aux genres Cerambyx, Xystrocera, Callidium, Ase- mum, Clytus, Gracilia, ainsi qu'à quelques autres, tout en étant bâties sur le plan de toutes celles de la famille, ont pour caractères spéciaux : une tête petite; un corselet portant en dessus et en dessous un bourrelet transversal charnu, placé en arrière de la plaque cornée; des pattes peu déve- loppées aux segments thoraciques; la première paire de stigmates placée sur le mésothorax. Nous formerons dix groupes dans cette tribu : Distichocérites, Trachydérites, Éburites, Phoracanthites, Xystrocérites, Malacoptérites, Cérambycites, Callichromites, Rhopalophorites et Callidites. 4 groupe, Disnicnocérires, à antennes ayant dans les mâles, chaque article, à partir du qua- trième, prolongé en deux rameaux, l'un supérieur et l'autre inférieur, dentées seulement dans les femelles. Un seul genre, celui des DISTICHOCERA, Kirby, surtout remarquable par ses caractères anten- naires, que nous avons indiqués, et par son corps étroit; ses élytres plus larges à la base que le corselet et se rétrécissant beaucoup des angles luméraux à l'extrémité; par ses pattes grèles, ete., entre dans ce groupe, et ne comprend lui-même qu’une seule espèce (D. maculicollis), longue de moins de 0",02, et propre à la Nouvelle-Hollande. 2e groupe, TracuypémiTes, à antennes simples ow seulement dentées; palpes à dernier article très-épais, un peu atténué à l'extrémité; mäâchoires à lobes courts. Ce groupe, assez riche en espèces pour la plupart parées de couleurs vives et très-variées, exelu- sivement propres à l'Amérique méridionale, a été étudié surtout par MM. Dupont et Serville, et ce dernier y a créé un nombre considérable et même peut-être trop grand de genres que nous cite- rons pour la plupart, insistant principalement sur les principaux. Ces Insectes, d’après A. d'Or- bigny et M. Th. Lacordaire, se trouvent sur les troncs d'arbres, où ils se tiennent fixés, les antennes ramenées sur le dos, ou bien encore autour des plaies d'arbres; mais ils ne vont jamais sur les feuilles et sur les plantes basses, et, quand on veut les saisir, ils s'envolent aussitôt ou se laissent choir. Genres : Snrmius, Buquet, à antennes à premiers articles coniques : sixième à dixième très- larges, presque carrés, et le dernier petit, échancré aux angles; corps long : une belle et assez 310 HISTOIRE NATURELLE. grande espèce. — Facurniun, Serv., à antennes à articles très-élargis et en dents de scie à partir du cinquième : quatrième légèrement prolongé; mésosternum muni d'une pointe : type, R. nigri- tu, Serv., entièrement d'un noir brillant, du Brésil. —Jussoxorus, Dalman, à antennes ayant des articles irès-élarqis, en dents de scie à partir du troisième : premier gros, deurième très-court; mésosternum mutique; corps glabre, luisant : ce genre est nombreux et renferme des espèces à corps lourd, antennes très-épaisses, généralement noires, et surtout particulières au Brésil : types, L. spadiceus, Dalm.; flabellicornis, Germ.; biguttatus, Dalm. — Garissus, Dupont, à antennes fili- formes; corselet mutique; prosternum en forme de tubercule: mésosternum un peu déprimé : quelques espèces de médiocre grandeur. — Mrecanenus, Serv., à antennes filiformes, courtes : hui- tième, neuvième et dixième article un peu en dents de scie; corselet très-large, mutique; corps peu allongé : ee groupe, qui, par la forme de son corps, se rapproche assez de celui des Calocomus parmi les Prionites, a pour type le Cerambyx stigma, Linné, qui a les élytres d’un noir brillant, ayant chacune deux lignes longitudinales peu élevées et vers le milieu une bande transversale oblique, jaune: assez commun au Brésil. Fig 260. — Megaderus sligma. Le groupe typique est celui des TRACHYDERES, Dalman, à antennes filiformes, une fois plus lonques que le corps dans les mâles, avec les articles aplatis, un peu élargis vers le bout; palpes très-cowrts; corselet grand, très-tuberculeux, noduleux à sa surface et sur ses côtés; écusson er triangle allongé; élytres assez lonques, convexes; pattes courtes, robustes; prostermun muni d'un tubercule; corps glabre, brillant, plus allongé que dans les Lissonotus : ce genre, abondant en es- pèces, mais parmi lesquelles on en a fait beaucoup de nominales, parce qu'elles varient considéra- blement dans un même type, est répandu dans l'Amérique du Sud; on y à formé beaucoup de coupes génériques, dont plusieurs y sont réunies par M. E. Blanchard; ce sont les suivants : Dex- promus, Dup., Serv., à #1andibules des mâles très-avancées, longues, bifides à l'extrémité; corselet couvert d'excavations et avec ses bords latéraiæ armés chacun d'une longue épine : type, D. man- dibularis, Serv., à corps d'un brun rougeûtre, du Mexique.—Dicranonenes, Dup., à mandibules des mäles lonques, bifides à l'extrémité; corselet ayant deux larges épines : type, T. annulatus, Dup., à élytres d'un noir brillant, à reflets blancs, avec deux lignes longitudinales blanchâtres, peu dis- tinctes, du Brésil. — Tracuyoeres, Dup., Serv., à mandibules de même lonqueur dans les deux sexes; corselet couvert d'excavations : espèces, Cerambyæ succinctus, Linné, à élytres brun rou- geûtre, traversées dans leur milieu par une bande transversale jaune plus ou moins large et très- variable, très-commun; C. morio, Fabr., à élytres vertes, plus rare que le précédent, ete. — XyLocanis, Serv., à corselet couvert d'excavations; prosternum ayant entre l'articulation des cuisses uñe proéminence peu prononcée : type, X.oculata, Serv., de Buénos-Ayres.—Crrarinores, Dup.,Serv., à corselet couvert de tubercules; écusson en triangle allongé, deux fois aussi long que large; élytres à extrémité mulique; antennes de douxe articles : type, C. fasciatus, de la capitainerie des Mines, dans l'intérieur du Brésil. — Puxninus, Dup., Serv., à corselet couvert de tubercules; écusson au moins une fois aussi long que large; élytres à extrémité ayant une petite épine; antennes de onxe articles : type, P. tricolor, Dup., jolie espèce de Cayenne.— Axcxrosrenxus, Dup., Serv., à corselet COLÉOPTÈRES. 511 à peine excavé; élytres à angle sutural armé d'une épine; prosternum échancré profondément : et ayant pour espèce unique le C. scutellaris, Oliv., dont la patrie n’est pas connue. — Oxysenus, Dup., Serv., différent du groupe précédenten ce que le prosternum est sans échancrure appa- rente : type, T. basalis, Dalm., du Brésil. — D’autres groupes, créés par M. Dupont, sont ceux des Crenonus, Crioprosopus, ete. D'autres genres, différant davantage des Trachydères, sont les suivants : Crypromus, Serv. (Noso- phlæus, Dup.), à antennes glabres, assez longues, gréles; corselet gibbeux, muuri de tubercules sur sa surface et de deux à chaque bord latéral; pattes longues, gréless élytres parallèles, longues, ar- rondies à l'extrémité, ayant chacune deux petites épines à cette partie; corps parallèle, plus gréle que dans les Trachydères : une seule espèce (C. coccineus, Serv.; N. concinuus, Dup.), noire et orange, du Brésil. — Srexasris, Serv. (Oxodera, Dup.), à antennes quère plus longues que le corps, souvent plus courtes, à articles plats, à peine élargis au bout; corselet plan, tuberculé; corps glabre, fortement dépr'imé : ayant pour espèce unique le S. verticalis, Serv., jolie espèce brésilienne. — Desuonerus, Dup., Serv., à antennes plus longues que le corps, ayant chaque article à partir du troisième muni d'une épine aiqué; corselet convexe, très-tuberculeux; tête courte, glabre; élytres à extrémité mutique : type, D. variabilis, Dup., Serv., à corps d'un brun rougeûtre, du Brésil, où il est rare. — Dorcacerus, Serv., à antennes plus longues que le corps, ayant chaque article, à partir du troisième, muni d'une épine; corselet large, bidenté latéralement, tuberculé en dessus; tête longue, velue; corps convexe, légèrement velu : type, le C. barbatus, Oliv., grande espèce à corps d'un brun foncé, en grande partie recouvert d’un duvet soyeux de couleur jaune doré claire, assez commun au Brésil, où il se trouve sur les feuilles et les trones d'arbres, et volant pendant le jour, en produisant un son aigu avec son corselet. — Lopnocerus, Latr., à antennes filiformes, très-lunques, inermes, plus où moins qarnies de poils; corselet tuberculé; élytres déprimées : ce groupe, voisin du précédent, a été partagé par Serville en Lopnocerus, à prosternum saillant, cunéi- forme. à pointe très-avancée : type, C. barbicornis, Latr., ayant le corps presque glabre, varié de jaune et de noir, de Cayenne, où il n’est pas rare, et vit sur le courbaril, et CeraGENIA, Serv., à prosternum peu saillant, portant une faible pointe entre les deux premières cuisses : type, C. bi- cornis, Fabr., ayant le corps soyeux, jaune doré, de l'Amérique du Sud. —Srnæxornecus, Dup., à antennes filiformes, très-lonques; corselet cylindrique, mutique; élytres atténuées vers le bout, un peu tronquées : quelques espèces du Mexique. Enfin le genre Leptocera, Latr., vient peut-être se placer ici, à moins qu'il ne doive former un groupe spécial, qui serait caractérisé par ses palpes terminés par un article long et très-gréle. 3° groupe, Erurires, à antennes simples, sans dent; palpes ayant le dermer article non élargi; mächotres à lobes courts; lèvre inférieure médiocrement échancrée; mandibules généralement peu saillantes. Ce groupe, qui n’est pas très-nombreux, renferme de jolies espèces qui semblent, à quelques ex- ceptions près, exclusivement propres à l'Amérique méridionale, et qui se font remarquer, pour la plupart, par leur taille élancée, ainsi que par la teinte jaune ou café au lait plus ou moins claire de leurs élytres, qui sont, en outre, marquées de taches ou lignes habituellement blanches imitant l'ivoire. Ces Insectes vivent sur les troncs et les feuilles des arbres. Les genres principaux de cette division sont ceux qui suivent : AmPnipesmus, Serv., à antennes à peu près fihformes; corselet tuberculé latéralement; élytres arrondies; cuisses mutiques : espèce unique, l'A. quadridens, Serv., du cap de Bonne-Espérance. — Propoxria, Serv., à antennes lonques dans les mâles, avec des urticles noueux à l'extrémité, assez courtes et aplaties dans les femelles, légèrement dentées en scie; corselet presque cylindrique; mandibules très-saillantes; élytres rebordées latéralement; corps long, un peu aplati : une espèce (dimidiata) du Brésil. — Preropcarus, Buq., à antennes qarnies de bouquets de poils, avec leurs cinq derniers articles glabres; corselet petit; cuisses en massue; élytres élargies postérieurement : ee groupe renferme quelques espèces américaines qui, par la forme de leur corps, ressemblent assez à des Lycus. — EBURIA, Serv., à antennes filiformes; corselet denté latéralement; cuisses simples : postérieures terminées par deux épines; élytres ayant deux petites épines à leur extrémité; corps plus ou moins allongé : ce groupe, assez riche en espèces répandues dans presque tout le midi de l'Amérique, est 31? HISTOIRE NATURELLE. subdivisé par Serville en Eguria propres, ayant le corselet avec aeux tubercules sur son sommet et deux pointes à chaque côté; élytres assez convexes, n'ayant qu'une seule épine à leur extrémité : types, Cerambyx quadrimaculatus, Linné, et Stenocorus sex-maculatus, Fabr., du Brésil; Ceras- puonus, Serv., à corselet sans tubercule sur son sommet, et à côlés n'ayant qu'une seule épine dans leur milieu; élytres convexes, terminées chacune par deux épines : type, S. gargonicus, Fabr., du Mexique, et Cuzontpa, Serv., à corselet un peu dilaté latéralement, à côtés ayant chacun deux pointes assez fortes; élytres allongées, parallèles, rebordées latéralement, avec des côtes longitudi- nales, saillantes, sans taches couleur d'ivoire : espèce principale, C. festivus, Linné, à élytres d'un vert glauque, bordées de jaune entièrement. — Eurymenrus, Serv., à antennes très-longues; corselet mutique, assex long, aplati; pattes longues; cuisses élargies, très-comprimées; élytres ayant deux épines à l'extrémité : une seule espèce, l'E. eburioides, Serv. — Hérénors, Blanch., à antennes lonques, filiformes; corselet muni d'une dent latérale; cuisses postérieures terminées par deux épines; élytres tronquées, mutiques : une seule espèce américaine. 4° groupe, Pnoracanruires, à antennes ayant plusieurs de leurs articles (principalement du troi- sième au seplième) munis d'une épine; palpes assez longs, avec le dernier article sécuriforme. Les Insectes de cette division sont très-voisins des Éburites, peu nombreux spécifiquement et gé- nériquement, à l'exception d'un genre propre à l'Australie, sont tous de l'Amérique. Les genres que l'on place dans cette division sont ceux des : Oricea, Dej., Blanch., à élytres larges, biépineuses à l'extrémité; corselet arrondi, avec une pointe latérale; cuisses assez longues, cylindriques. — Tricuopnorus, Serv., à élytres tronquées, avec les angles épineux; corselet dé- primé, mutique; cuisses peu renflées : type, Cerambyx lippus, Linné, de l'Amérique méridionale. — Erapminion, Serv., à élytres légèrement déprimées, tronquées, avec deux épines à l'extrémité; corselet court : quelques espèces brésiliennes, dont le type est le C. irroratus, Linné. —SPnæRion, Serv., à élytres tronquées, ayant une seule épine médiocre; corselet déprimé; cuisses en mussue globuleuse : type, S. cyanipenne, Serv., du Brésil. — Mazocera, Serv., à élytres longues, uniépi- neuses à l'extrémité; cuisses longues, grèles : postérieures terminées par une épine; corselet étroit, mutique : plusieurs espèces de l'Amérique et de la Nouvelle-Hollande, type, M. glauca, Serv., du Brésil et de Cayenne. — Marrasoma, Serv., à élytres oblonques, mutiques, un peu tronquées; cor- selet arrondi, mutique; cuisses inermes, renflées. — PHORACANTHA, Newm., à élytres épineuses; corselet unituberculé latéralement; cuisses inermes, peu ou pas renflées : type, P. biguttata, Dono- van, de l'Australie. o® groupe, XysrrocÉRiTEs, à antennes rugueuses; mächoires ayant un seul lobe très-gréle; palpes à dernier article très-élargi. Ce groupe, très-restreint en espèces, ne renferme que trois genres propres à des pays très-éloignés les uns des autres. Ce sont surtout les XYSTROCERA, Serv., à cuisses en massue; jambes compri- mées, arquées; corps allongé, fortement déprimé : quelques espèces du Sénégal, de Madagascar et de l’île de France; l’une d'elles, qui a cette dernière patrie, le X. globosa, Oliv., a été étudiée par M. le docteur Coquerel sous le rapport des larves. — Les autres genres sont ceux des Œwe, Newm. (Sclerocerus, Dej.), dont M. L. Buquet vient (octobre, 1859) de présenter la monographie à la So- ciété entomologique de France, et Temnoris, Serv. 6° groupe, MaLacoprÉniTes, à antennes très-épuisses, mutiques; mâchoires à lobes courts; palpes assez longs; pattes très-comprimées. Un seul genre, celui des MALACOPTERA, Serv., à corselet arrondi, mutique; élytres molles, longues, linéaires, arrondies, mutiques à l'extrémité; type, le C. pavidus, Germ., du Brésil. 7° groupe, Cérampycrres, à antennes filiformes, parfois épineuses; mächoires à lobes courts; palpes à dernier article peu élargi; lèvre inférieure très-divisée en deux lobes assez longs; mandi- bules assez saillantes. Cette division comprend un assez grand nombre d'espèces répandues presque partout, et qui a des représentants de grande taille en Europe, plusieurs sont assez nuisibles à nos bois. COLÉOPTÈRES. 317 Les genres admis par les auteurs, au nombre d'une quinzaine, sont les suivants : Prexicocenus, Serv. (Psygmatocerus, Perty), à antennes des mûles, à partir du troisième article, prolongé en un grand rameau ou éventail : celles des femelles ayant seulement leurs articles légèrement dentés; corps allongé, cylindrique, parallèle : type, P. Dejeanii, Latr., grande et belle espèce des bords du fleuve des Amazones, au Brésil. — CAPRICORNE, Cerambyx, Linné, à antennes très-lonques, à ar- ticles souvent renflés à l'extrémité ou prolengés en pointe; corselet très-rugueux ou plissé trans- versulement; élytres lonques, se rétrécissant ordinairement des angles huméraux à la partie pos- térieure; pattes robustes; corps allongé, épais, un peu convexe : les Insectes de ce genre sont presque tous européens, et, dans nos contrées, passent aux yeux du vulgaire pour les femelles des Cerfs-volants (Lucanus cervus), ce qui leur fait parfois donner le nom de Biches; malgré la couleur noirätre dont ils sont tous revêtus, ils plaisent aux yeux par leur forme assez élégante; nos grandes espèces vivent sur les chênes, où elles recherchent le fluide qui découle des plaies de ces arbres, et, quand on veut les saisir, surtout lorsque le soleil est ardent, elles s’envolent avec facilité ou se laissent tomber de branche en branche; les métamorphoses de plusieurs d’entre elles sont connues. Plusieurs naturalistes ont proposé d'appliquer à ces Insectes la dénomination d'Hammuticherus, de telle sorte que le nom linnéen de Cerambyx disparaîtrait tout à fait de la science; mais Serville, à bon droit, laisse la dénomination de Cerampyx à nos espèces indigènes, tandis qu'il donne le nom d'Hammarr- cnERus, à une espèce de l'Amérique méridionale à son H. Bellator, et il nomme XESria un groupe qui en est au moins très-voisin (type, À. spinipennis, du Brésil). Les Cérambyx proprement dits, dont le nom vient des mots grecs z:0x:, corne; Bos, Bœuf, les seuls dont nous voulions parler, comprennent surtout les espèces qui suivent : C. velutinus, Dej., Brullé, long de 0,042 à 0,060, d'un châtain noirûtre ou brunâtre en dessus, revêtu d’un léger duvet : se trouve dans le midi de la France; C. heros, Scopoli, long de 0,038 à 0,056, glabre, noir, plus ou moins brunätre, commun dans toute l'Europe; sa larve, étudiée par Frisch, Pasult, MM. Ratzeburg et Westwood, vit dans les vieux chênes, dont elle hâte la décomposition en perforant de longues et larges galeries : elle est d'un blanc jaunâtre, avec des plaques de rugosités sur chaque anneau; C. miles, Bonelli, long de 0%,032 à 0w,053, noir ou d’un noir marron, du midi de l’Europe; cerdo, Fabr., long de 0,020 à 0%,027, entièrement noir en dessus, avec les élytres garnies d'un léger duvet blanchâtre : d’après MM. Chapuis et Candèze, la larve, qui se trouve sous les écorces de plusieurs espèces d'arbres morts, notamment du cerisier, du pommier et du chêne, ne diffère que par la taille de celle du C. heros. — Tracnerra, Serv., à antennes lonques, un peu aplaties; corselet lisse, bituberculé postérieurement, mulique sur les côtés; cuisses en massue; corps linéaire, très-glabre, très-brillunt : types, T. pus- tulata et muculicornis, Serv., du Brésil. — Crionow, Serv., à antennes longues, filiformes, velues; corselet mutique; cuisses larges, un peu ayplaties; corps allongé, élargi : espèce principale, C. to- mentosus, Serv., de taille moyenne, et semblant remplacer nos Cérambyx au Brésil. — Acnnysow, Serv., à corselet n'ayant pas de point inégal ni rugueux en dessus, allongé, plus long que la téte; élytres avec une épine médiane très-distincte : type, Stenocorus circumflexus, Fabr., de l'Amérique méridionale. — Eurycepnasus, Dej., Cast., à antennes simples, peu longues, surtout dans les fe- melles; tête très-large dans les mâles; cuisses en massue; mésosternum unituberculé; corps à forme assez ramassée : ce genre, assez voisin du suivant, a pour type une espèce des [Indes orientales, le Cerambyx mazxillosus, Fabr. — Porruricenus, Serv., à antennes gréles, asses longues; cuisses un peu dilatées à l'extrémité; mésosternum mutique; corps velouté, presque linéaire : ce sont de jolis Insectes européens, ordinairement de couleur noire ou rouge, ou plutôt pourpre (d’où a été tiré leur nom du latin purpura), se trouvant assez fréquemment sur les plantes de la famille des Om- bellifères, et produisant un bruit aigu avec leur corselet : Serville les partage en Punpuricenus Pro- PRES, renfermant particulièrement les P. Budensis, Gœthe; globulicollis, Muls., et Kæhleri, Fabr., qui, tous trois se trouvent en France, mais dont le dernier seul n’est pas très-rare, et dont les des- sins noirs qui ornent le fond rougeâtre de son corps varient considérablement, et Anoruistes, ayant pour espèce unique le C. ephippium, Oliv., particulier à la Russie méridionale. — Rosazra, Serv., à antennes très-lonques, avec des articles munis d'une hounpe à partir du cinquième; cuisses en massue allongée; jambes comprimées; mandibules unidentées extériewrement; élytres dépassant l'abdomen, presque linéaires, arrondies et mutiques à l'extrémité; corps assez allongé, fortement déprimé : peu de Gérambyeiens sont dans le cas de lutter de grâce et de beauté avec l'espèce unique ce 40 314 HISTOIRE NATURELLE, de ce genre; cette espèce est le Cerambyx alpinus, Linné, long de 0,025 à 0,040, d'un cendré bleuâtre velouté en dessus du corps, avec une tache noire, également veloutée, près du bord anté- rieur du corselet, et trois autres taches de même couleur sur les élytres : celle du milieu occupant soute leur largeur : c’est dans les plus hautes montagnes de l'Europe que l’on trouve cette espèce, et, en France, elle habite dans les Alpes, les Pyrénées, les montagnes de la Lozère et de quelques autres départements du centre : quelquefois on l'a rencontrée dans les chantiers de nos villes, où elle arrive transportée, à l'état de nymphe ou de larve, dans les bois enlevés aux froides contrées qu’elle habite; la larve, dont on n’a pas donné la description, vit, d’après M. Mulsant, dans le hêtre et le sapin. — Porxemisis, Serv., à antennes de seixe articles, en dents de scie à partir du qua- trième; cuisses antérieures renflées : postérieures aplaties, avec les jumbes et les tarses poilus; corps déprimé : type, C. hirtipes, Oliv., de Cayenne. — Orruosrowa, Serv., à antennes longues, gurnies d'une frange de poils en dessous; cuisses peu renflées; jambes aplaties; mandibules uni- dentées à l'intérieur; corps court, très-déprimé : espèce principale, €. abdominalis, Schœænh., du Brésil. — Comrsocenus, Serv., à antennes longues, munies de touffes de poils; cuisses assez gréles; mandibules un peu avancées, mutique ; type, Saperda barbicornis, Oliv., du Brésil. 8° groupe, CazcicHromiTEs, à antennes filiformes ou simplement dentées; mâchoires ayant leur lobe externe très-gréle, long, terminé par une houppe de poils assez large; mandibules allongées. Ce groupe est le plus nombreux de tous ceux de la famille, et comprend près de trente coupes génériques répandues à peu près partout. Ce sont des Insectes élégants à antennes souvent assez longues, et tous de taille moyenne. Fig. 262. — Callichroma (Aromia) Fig. 265. — Stenopterus luridus. Fig. 264 — Necydalis (Molorchus) moschata. major. Les genres généralement admis sont les suivants : Carysorrasis, Serv., à antennes pubescentes, de la lonqueur du corps dans les femelles, et plus lonques dans les mûles, à articles peu aplatis; pattes postérieures beaucoup plus lonques que les autres; tarses longs, gréles; écusson petit; élytres se rétrécissant légèrement vers l'extrémité; corps court, presque glabre : les Insectes de ce genre sont de petite taille, ayant des couleurs brillantes et métalliques, vertes ou dorées; leur corps est habituellement pointillé, et chaque point donne naissance à un petit poil couché, visible à la loupe seulement : ils sont assez nombreux, et paraissent propres aux régions méridionales du nouveau monde, où on les rencontre sur les feuilles, les trones d'arbres, ou volant pendant le jour dans les plantations; Serviile les distingue en Carysoprasis PROPRES, à corselet mutique latéralement; écusson arrondi postérieurement : type, C. festiva, de Cayenne, et Derrasris, Serv., à corselet unituberculé de chaque côté; écusson triangulaire (C.auro-marginata, du Mexique).— Sreirocasrer, Dej., Blanch., à antennes plus longues que le corps, presque filiformes; élytres arrondies à l'extrémité; cuisses renflées : une espèce du cap de Bonne-Espérance. — Eurvarrarum, Blanch., à antennes plus courtes que le vorps, à articles très-élargis, en dents de scie à partir du sixième; cuisses peu renflées; élytres larges, déprimées, terminées chacune par deux épines : une seule espèce rapportée de l'île de Singhapore. l’E. albo-cinctum, Blanch., entièrement noir, avec une étroite ligne transversale COLÉOPTÈRES. 315 blanche sur les élytres. — Pacuyrenia, Serv., à antennes à peine aussi lonques que le corps, avec les articles légèrement en dents de scie à partir du cinquième; corselet unituberculé; cuisses un peu renflées; élytres arrondies : type, P. fasciatus, Fabr., des Indes orientales. — CorpyLomera, Serv., à antennes plus longues que le corps, ayant leurs troisième à sixième articles munis chacun d'une épine aiqué; cuisses en massue; élytres terminées par une épine : type, Cerambyx spini- cornis, Fabr., du Sénégal. — CALLICHROMA, Latr., à antennes lonques, filiformes; corselet unitu- berculé latéralement; cuisses peu renflées; jambes postérieures comprimces, élargies à l'extrémité; élytres mutiques; corps assez élancé : Insecte de taille moyenne, généralement d’un vert plus ou moins brillant, se trouvant habituellement dans les bois, vivant sur les feuilles ou les troncs d'arbres, exhalant pour la plupart une odeur de rose plus ou moins forte, et se trouvant non-seu- lement dans les contrées chaudes de l'Amérique, de l’Afrique et de l'Asie, mais aussi en Europe; parmi les espèces nombreuses de ce groupe, Serville distingue les genres des : lornonpes, à mandi- bules courtes, légèrement arquées : type, I. formosa, Serv., du Sénégal; Cazcicunoma PRoPRE, à mandibules longues, rétrécies et effilées vers l'extrémité; jambes postérieures élargies : type, C.sutu- ralis, Fabr., de Cayenne et Surinam; C. femoralis, Oliv., de l'ile de France, et Aromra, à mandibules courtes, assez fortes; élytres se rétrécissant très-peu de la base à l'extrémité : type, Cerambyx mos- chatus, Linné, long de 02,028 à 0,037 sur une largeur de 0®,0075 à 0,010; corselet unicolore, d'un vert métallique; élytres de même couleur, chargées de deux lignes longitudinales peu élevées; cet Insecte se trouve assez communément sur les saules, dans toute l’Europe, pendant les mois de juin et juillet, et il exhale une odeur agréable de rose, qui acquiert plus de force à l'époque de l'accouplement; une autre espèce signalée en France, quoique rarement et exclusivement, dans les Pyrénées, est le C. ambrosiaca, Steven, se distinguant du précédent par son corselet d’un bleu ver- dâtre métallique. — Laropus, Serv., à antennes plus longues que le corps dans les mâles, plus courtes dans les femelles, avec le premier article terminé par une petite épine; cuisses en massue; corselet large, mutique; élytres arrondies; corps long, presque linéaire : espèce unique, L. viola- ceus, Serv., du Cap. — Proueces, Serv., à antennes filiformes dans les males, épaissies vers le bout dans les femelles; cuisses peu renflées; élytres étroites, arrondies à l'extrémité : type, Ceram- byx longipes, Fabr., jolie espèce du Cap, remarquable par la grande longueur de ses pattes posté- rieures, — Pozyzonus, Dej., Cast., ne se distinguant surtout des précédents que par ses palpes beau- coup plus longs, et comprenant l'ancienne Saperda fasciata, Fabr., de Sibérie. — Coosus, Serv., à antennes un peu en dents de scie à partir du troisième article; corselet tuberculé latéralement, et surtout caractérisé par ses élytres très-courtes, trianqulaires, ne couvrant que le tiers antérieur des ailes : fondé sur le Cerambyx hemipterus, Oliv. (Stenocorus, Fabr.), propre à l'ile de Java. — Herisæsmion, Newman, à antennes gréles, filiformes; corselet étroit, tuberculé; élytres rétrécies au-dessous des angles huméraux en une lanière presque aussi longue que l'abdomen ; pattes gréles : une dizaine d'espèces du Chili; type, À. ocreatus, Newm. — Caruisruyris, Newm., à an- tennes filiformes; élytres moitié plus courtes que le corps, rétrécies en lanières au-dessous des angles huméraux; pattes postérieures très-grandes; cuisses épaisses, garnies de poils, ainsi que les jambes : cinq espèces, d'après M. Fairmaire, toutes particulières au Ghili, et dont la plus ancienne- ment connue est le C. macropus, Newm. — Sieycia, Thomson, à antennes assex gréles, comprimées; corselet ayant une épine de chaque côté; élytres plus larges à la base que le corselet, assex lonques, déhiscentes dès le milieu : espèce unique, €. Cæmeterii, Thoms., des forêts subandines de Chillon au Chili. — Anarpus, Fairmaire et Germain, à antennes s'épaississant vers l'extrémité, moins longues que le corps; corselet court; élytres déhiscentes depuis la base; pattes courtes : trois espèces du Chili; type, À. crassicornis. — D'autres genres, particuliers au Chili, et qui n’appartien- nent peut-être pas tous à ce groupe, sont ceux des: Prarynocera, Necyparopsis, HaLaprerus, créés par M. E. Blanchard dans la partie entomologique de l'Histoire naturelle du Chili de'M. Gay. — Anrerus, Blanch., à antennes ‘filiformes; élytres moitié plus courtes que le corps, rétrécies en la- nière au-dessous des angles huméraux; pattes postérieures très-petites, glabres; tarses à premaer article très-court : de la Nouvelle-Hollande. — Tonorrerus, Serv., à antennes assez courtes, élargies graduellement vers l'extrémité à partir du troisième article; élytres extrémement courtes, tron- quées carrément; pattes postérieures simples : une seule et remarquable espèce du Bresil, le T. sta- phylinus, Serv. — NÉCYDALE, Necydalis, Linné, à antennes filiformes, plus ou moins longues, 316 HISTOIRE NATURELLE, mais dépassant de beaucoup l'extrémité des élytres; yeux de moyenne grandeur; corselet un peu globuleux, mutique latéralement; élytres extrémement courtes, arrondies à l'extrémité, h'ansfor- mées en de petites écailles, et laissant plus des trois quarts des ailes à découvert; écusson très-petit; patles à cuisses en massue; tarses postérieurs à premier article aussi long que les suivants réunis : ce genre a été fondé par Linné sous le nom de Necydalis, adopté par Olivier, par Serville, ete., mais a été changé par Fabricius en celui de MOLORQUES, Molorchus, dénomination adoptée par Panzer, et assez généralement suivie, quoiqu'à tort, si l’on veut rigoureusement suivre l’antério- rité de création, difficulté que M. Mulsant a trouvé le moyen de tourner en admettant un genre Necydalis et un genre Molorchus, caractérisés par des particularités antennaires assez secondaires; les Nécydales sont des Cérambyciens de taille moyenne, de couleur brunâtre, remarquables par leurs élytres très-courtes, et par leurs ailes jaunâtres à reflets dorés : on en connaît plusieurs en Europe, et même en France; telles sont les Necydalis major, Linné (Molorchus abbreviatus, Fabr.), à cor- selet noir, tuberculeux en dessus, ayant un duvet doré sur son pourtour; élytres ferrugineuses; ailes noires vers l'extrémité; longueur de 0,095 à 0w,035; espèce crépusculaire, mais apparaissant aussi le jour, ressemblant beaucoup par ses teintes, sa forme, etc., à un grand Ichneumon, et se trouvant sur le peuplier, le mürier, et surtout l’orme, sur lequel nous l'avons souvent pris, prin- cipalement sur les boulevards extérieurs de la rive gauche de la Seine à Paris; N. salicis, Dupont (Molorchus populi, Buttner), différant très-peu du précédent, et se trouvant sur le saule et le tremble; N.minor, Linné (M. dimidiatus, Fab.), ayant des antennes sétacées et des élytres d’un fer- rugineux brun, ornées un peu au delà du milieu d’une ligne blanche oblique : fréquente les fleurs en ombelles dans les hautes montagnes de la France, et a été surtout signalé à la Grande Chartreuse; N. umbellatorum, Linné, à élytres brun ferrugineux, un peu plus päle sur la partie antérieure de leur disque, long de 0%,0005 à 0,001, surtout du nord de la France, sur les haies et les fleurs; quelques espèces exotiques du même groupe ont recu de M. Newman les noms génériques de Hecromanes et de Esruesis. — Srenoprenus, Illiger, à antennes courtes, filiformes; élytres presque aussi longues que l'abdomen, rétrécies graduellement; cuisses renflées, les postérieures longues : ce genre, que Linné confondait avec celui des Necydalis, nom que quelques auteurs lui appliquent encore aujourd'hui, ne renfermant que des espèces de petite taille, et propres à divers pays : chez nous on signale sur- tout le S. rufus, Linné, à élytres roussâtres, subulées, chargées d'une côte longitudinale, long de 0,010 à 0,015, commun partout pendant l'été sur les Ombelliféres; d'autres espèces sont le S. præustus, Fabr., du midi de la France, et ustulatus, Dej., pris une fois aux environs de Perpignan. — Onoxrocera, Serv., à antennes courtes, assex épaisses, en dents de scie à partir du cinquième article; élytres guère moins longues que l'abdomen, linéaires dans la moitié postérieure; cuisses en massue; tête avancée : ce groupe, auquel on peut réunir celui des Acypnooeres, Serv., renferme des espèces propres à l'Amérique du Sud, et assez analogues à nos Nécydales européens. —RuninorraGus, Serv., différant du groupe précédent par ses élytres déprimées, peu rétrécies en arrière, hronquées à l'extrémité, et sa tête en museau, et au moins très-voisin des Oregostoma, Serv., renferme de petites espèces de l'Amérique méridionale. — Troris, Newm. (Ægorhinus, Dej.), à antennes fili- formes, aussi longues que le corps; élytres parallèles, arrondies à l'extrémité; cuisses simples; tête un peu avancée : d'Amérique. — Derus, Serv., à antennes courtes, presque filiformes, avec les neuvième et dixième articles en dents de scie; élytres linéaires, munies d'une petite épine à l'ex- trémité; cuisses en massue : une seule espèce (Callidium fugax, Fabr.), d'un gris verdâtre bronzé, long de 0,008 à 0,010, se trouvant dans le midi de la France, principalement sur le Genista scoporia. — Coremia, Serv., à antennes un peu renflées vers l'extrémité; tête légèrement avancée; pattes postérieures d'une longueur démesurée, d'une ténuité extréme, avec les cuisses en massue à l'extrémité, et les jambes garnies de poils vers l'extrémité : quelques espèces de taille petite. et particulières au Brésil et à Cayenne; type, Saperda hirtipes, Oliv. 9 groupe, Ruoracopnontes, à antennes simples; mächotr'es à lobes très-cowrts, palpes à deuxième article ovoïde; cuisses en mussue. Ce groupe, semblant établir le passage des Callichromes aux Callidies, renferme un nombre res- treint d'espèces, toutes de taille assez petite, et à peu près toutes spéciales à l'Amérique du Sud. Le type est le genre RHOPALOPHORA, Serv., à antennes sétacées, un peu frangées en dessous, "al > pe | | LAS ; Fig, 1. — Pyrodes speciosus Mig. 2 — Ophoptera Tollii (°{ de gr. nat Ki. 4. — Malloderes microcephalus Fig. D. — Cerambyx heros r. na.) COLÉOPTÈRES. 317 plus lonques que le corps; corselet long, un peu rétréci antérieurement; élytres ‘très-déprimées; cuisses longues : quelques espèces de forme élégante et de couleurs vives, variées, se tenant sur les feuilles et les troncs d'arbres, volant pendant le jour: type, R. sanguinicollis, Serv., du Brésil. -— Lisrrortera, Serv., à antennes courtes, à articles ramassés; élytres très-élargies; cuisses très- gréles : type, Callidium tenebrosum, VFabr., de Cayenne. — Axcyrocena, Serv., à antennes à articles longs, surtout dans les mûles, un peu en dents de scie à l'extrémité; corselet long, parfuitement cylindrique, moins large que La tête; corps linéaire, très-allongé : types, Cerambyx cardinalis, Dalm., du Brésil; Saperda bicolor, Oliv. (Gnoma rugicollis, Fabr.), de l'Amérique bo- réale. — Cyexonerus, Serv., à antennes longues, filiformes, gréles, avec les premiers articles velus en dessous; corselet très-long, très-étroit, cylindrique, un peu atténué en avant : type, C. tenuatus, Serv., du Brésil. — Cosmisoma, Serv., à antennes filiformes, plus ou moins qarnies de bouquets de poils; corselet assez long, un peu étranglé en avant; corps assez court : tÿpe, Saperda scapulicornis, Kirby, du Brésil. — Disaurax, Serv., ne différant guère du précédent que par son corps étroit, assez allongé : type, Saperda hrsuticornis, Kirby, belle espèce brésilienne. —- Ozones, Serv., à antennes filiformes, ciliées en dessous; corselet 4 derculé, rétréci en avant et er arrière; cuisses courtes, renflées au milieu; corps déprimé : espèce principale, 0. nodicollis, Serv., du Brésil. — Euronvs, Serv., des Indes orientales. C'est peut-être ici ou dans le groupe suivant que viennent se placer les genres propres au Chili que M. É. Blanchard indique sous les noms de Srexornopazus, AmernoceriaLa, Ticomorpira, Car- LIDERIPHUS, GRAMMICOSUM, ANCYCLODONTA, Puynarionerus, etc. Le genre Cumius, Newin. (Plectrome- rus, Dej.), à cuisses dilatées, munies d'une épine, appartient aussi à ce groupe. 40° groupe, Cazcires, à antennes simples, gréles; mächoires à lobes très-courts; palpes égale- ment courts, avec le dernier article très-sécuriforme. Ce groupe, beaucoup plus nombreux que le précédent, est répandu sur tout le globe, mais prin- cipalement en Europe et en Amérique; il renferme de jolis Insectes de taille moyenne, se trouvant sur les troncs d'arbres, sur les feuilles, et parfois même sur les fleurs. On y forme une vingtaine de genres, dont les plus anciennement décrits sont ceux des Clytus et des Callidium. Fig, 265, — Obrium canthaurineum. Fig. 266. — Calliduum violaceum. Fig. 267. — Clytus floralis. Les genres nombreux de ce groupe sont les suivants : Srenvera, Serv., à articles un peu aplañis: cuisses renflées; corselet gibbeux, presque aussi large que les élytres; corps étroit, linéaire, allongé : quelques espèces de l'Amérique méridionale, dont le type est le S. tricolor, Serv., commun au Présil.—Iminron, Serv., à antennes gréles, avec les articles très-cylindriques; cuisses renflées; cor- selet étroit; corps étroit, allongé, presque linéaire : des espèces brésiliennes, toutes décrites par Serville (comatum, signatum, sexquttatum), restant habituellement immobiles sur les feuilles des arbres. — Carrazzum, Meg., Serv., à antennes courtes, filiformes, à premier article très-épais cuisses en massue; corselet court, unituberculé sur les côtés; corps étroit, un peu moins allongé que dans les Stényres : une seule espèce, le Callidium ruficolle, Fabr., à élytres d’un bleu ou d’un vert métallique, long de 0%,008 à 0%,010, propre à l’Europe méridionale, apparaissant dès le mois d’a- vril, et se trouvant sur les fleurs. — Osriuw, Meg., Serv., à antennes gréles, pubescentes, assez longues, à premier article peu épais; cuisses renflées brusquement en massue; corselet étroit, mul- tituberculé latéralement; corps peu allongé : deux espèces françaises, le C. mathurinus, Fabr., d'un 318 HISTOIRE NATURELLE. testacé ferrugineux, de la Grande Chartreuse, et Saperda brunnea, Fabr., d’un brunàti serrugi- neux, plus petit que le précédent, et n’atteignant pas plus de 0",006, pris plusieurs fois auprès de Versailles. — Gracicra, Serv., à antennes filiformes, qlabres; cuisses très-épaisses, renflées presque dès la base; corselet cylindrique; corps déprimé : ce genre renferme de jolies petites espèces propres à l'Europe, dont le type est le G. pygmæa, Fabr., long de 0,004 à 0,006, d’un brun noirâtre ou rougeñtre, se rencontre presque partout, mais assez rarement, quoique parfois on le prenne en grande abondance; c'est ainsi que M. Naudot a observé aux environs de Dijon, et pendant plu- sieurs jours de suite, vers dix heures du matin, des individus de cette espèce en tel nombre, que leur multitude noircissait l'angle d'une maison, et, vers midi, ils disparaissaient simultanément; une autre espèce (fimida, Ménétrier), découverte dans la Russie méridionale, a été rencontrée dans les montagnes du Pilas, près de Lyon; quant à la Gracilia brevipennis, M. Mulsant en fait le type de son genre Lerrinra; la larve de la Gracilia pygmæa à été étudiée d'une manière complète par M. Schmidt (Entom. Zeit., 1845), et, avec la forme et l’organisation générale de celles des autres espèces de la famille, présente des pattes tellement petites, qu'elle forme réellement le passage des Gérambycites aux Lamites. Un genre typique est celui des CLYTES, Clytus, Fabr., à antennes filiformes, assez épaisses, de moitié plus courtes que le corps; cuisses oblongues, peu renflées; pattes postérieures beaucoup plus longues que les autres; corselet rond, convexe, mutique; élytres linéaires, légèrement convexes, arrondies, tronquées où épineuses à l'extrémité; corps assez long, à peu près cylindrique : les Clytus, de taille moyenne, sont répandus partout, surtout en Europe et en Amérique, dans les fo- rêts et les bois, et sont généralement remarquables par l'élégance de leur parure : les uns, sur leurs élytres de couleur jaune, portant des points ou des bandes d’ébêne, plusieurs, sur un fond obscur, montrant des espèces de signes hiéroglyphiques, des lignes courbes ou flexueuses, des chevrons ou des croissants d'argent, et les autres, sur leur corps de jais, semblant chamarrés de galons d'or; ils se trouvent sur les fleurs, principalement sur celles des Ombellifères, sur les troncs d’arbres et sur les feuilles, volant avec facilité, et produisant un son aigu par le frottement de leur corselet; M. Perris a déerit complétement (Soc. ent. de Fr., 1847) la larve du Clytus arietis, et dans l'Ento- mological Magazine, 1. E* et t. IV, on trouve la description de celle du C. arcuatus : ces larves res- semblent à des Vers mous, allongés, elles ont six pattes écailleuses presque imperceptibles, et leur bouche est armée de fortes mandibules, qui leur servent à creuser des galeries dans l’intérieur des arbres dans lesquels elles vivent; on connait une vingtaine d'espèces françaises, les seules dont nous voulions parler, de Clytus, et M. Mulsant les répartit en trois genres : Prarynorus, à corselet en ovale transversal; antennes sétacées, épaisses, presque épineuses extérieurement au sommet de leurs articles : type, C. arcuatus, Linné, long de 0,012 à 0,020, dessus du corps couvert d’un duvet velouté noir; corselet avec deux bandes jaunes; écusson jaune; élytres offrant deux points vers la base, trois bandes arquées sur le disque et une ligne oblique à l’angle sutural également jaune : commun partout, principalement dans les chantiers; une autre espèce est le C. detritus, Lin., plus méridional et plus rare; Crvrus, à corselet presque globuleux ou oblong, ou ovalaire- transversal; antennes courtes, mutiques; cuisses postérieures faiblement et graduellement renflées : type, C. arietis, Linné, corps revêtu en dessus d’un duvet noir velouté; corselet ayant antérieure- ment une bande jaunätre; élytres offrant vers l'épaule une ligne transversale et trois bandes égale- ment jaunâtres : très-commun partout, dans les mêmes lieux que le précédent; les autres espèces, dont quelques-unes se trouvent auprès de Paris, sont les : C. floralis, Pallas: tropicus, Panz.; arvi- cola, Oliv.; lineatus, Linné; antilope, Niger; gaxella, Fabr.; Massiliensis, Linné; Duponti, Dej., Muls.; plebejus, Oliv.; ruficornis, Oliv.; trifasciatus, Fabr.; ornatus, Fabr.; verbasci, Fabr.; qua- dripunctatus, Fabr., et Anaciyrrus, se distinguant surtout du groupe précédent par ses cuisses pos- térieures en massue : type, C. mysticus, Linné, petit, à corps noir; élytres d’un rouge brun à la base, et dans leur milieu trois raies courbes blanchätres : assez abondant dans les provinces septen- trionales; une autre espèce du même groupe est le C. gibbosus, Fabr., rare en France. Des genres intermédiaires entre ceux des Clytus et des Callidium sont ceux des : Enpuus, Serv., à antennes courtes, assex épaisses, avec Jes articles un peu aplatis; cuisses à peine rgnflées; corselet globuleux, muni d'un petit tubercule latéral; corps presque cylindrique : ce groupe, propre au nouveau monde (E. Mexicanus, Serv.), ne se distingue guère des Clytus que par la forme de son COLÉOPTÈRES. 319 uvrselet et le grand développement de ses pattes postérieures. — Acnrxsox, Serv., à antennes plus lonques que le corps, filiformes; cuisses légèrement aplaties; corselet cylindrique, mutique; élytres umépineuses à l'extrémité; corps allongé, un peu aplati : type, le Stenocorus circumfleæus, Fabr., de Cayenne. — Srromarium, Serv., à antennes filiformes, plus longues que le corps; cuisses compri- mées; corselet arrondi, mutique; élytres arrondies au bout; corps allongé, pubescent, assez robuste : type, Callidium barbatum, Fabr., assez commun à l’île de France, aux Indes orientales, ete. Le genre typique par excellence de ce groupe est celui des CALLIDIES, Callidium, Fabr., à an- tennes assez courtes surtout dans les femelles, sétacées ou méme filiformes, à articles mutiques ; un peu aplatis, cylindrico-coniques; palpes courts, à dernier article triangulaire; corselet un peu plus large que la tête, arrondi sur les côtés, parfois anquleusement dilaté ou épineux latéralement; écusson arrondi en arrière; élytres aplaties, presque linéaires, ayant l'extrémité arrondie, mu- tique; pattes robustes, avec les cuisses allongées, renflées subitement en une mussue peu comprimée; tarses à trois premiers articles courts, assez larges, t'iangulaires, et le dernier aussi long que les deux précédents réunis; corps presque linéaire, fortement déprimé. Les Callidies, tous de taille moyenne, comme le rapporte M. Mulsant, sont des Insectes faits pour attirer les regards par leur beauté : plusieurs brillent d'un éclat métallique et le disputent parfois au saphir par la vivacité de leurs teintes : il en est qui semblent avoir emprunté au feu la couleur ardente de leur manteau de satin : d’autres paraissent avoir le corps ceint d'une ou deux écharpes blanches par l'effet des bandes lactées dont les élytres sont parées. Tous sont diurnes : on les voit dans les bois, parfois im- mobiles, mais ordinairement courant sur les vieux arbres ou sur les troncs renversés, avec une agilité toujours plus vive, sous les feux d’un soleil ardent; souvent on les rencontre dans les chan- tiers, soit qu'ils y soient nés, soit que le besoin d’y déposer leur ponte les y attire; mais on les trouve rarement sur les fleurs, et parfois ils pénètrent jusque dans les maisons. Ces Insectes sont remarquables par leur corps déprimé, et surtout par leurs cuisses, même les postérieures, rétrécies en pédicule à la base et renflées d’une manière assez brusque, habituellement au delà du milieu; ils font entendre un bruit aigu produit par le frottement de leur corselet contre la base de l’écusson. Les femelles sont munies d’une tarière qu'elles font sortir de l'abdomen, et dont elles se servent pour percer le bois dans l'endroit où elles déposent leurs œufs. Les larves de plusieurs espèces sont connues et ressemblent beaucoup par leurs mœurs et leur organisation à celles des autres Céram- byciens; Ratzeburg a décrit celles du Callidium luridum; Kirby celles du C. violaceum, et M. Éd. Perris a surtout fait connaître complétement celles du Callidium (Hylotrupes) bajulus, qui vit dans le bois des Conifères. Un grand nombre d’espèces font partie de ce genre et habitent toutes les parties du monde, surtout l'Amérique et l'Europe; on comprend que d’après cela on a dû y former un nombre assez considérable de coupes génériques dans les Callidium de Fabricius; Serville a eru devoir en créer surtout parmi les types exotiques, et M. Mulsant exclusivement d’après ceux qui se trouvent en France. D'après ce dernier entomologiste, auquel nous renvoyons pour plus de détails, on doit admettre les genres : Rorauopus; espèces : 2nsubricus, Liegl., des Alpes; clavipes, Fabr., du midi de la France, et dont la larve vit dans les saules et même dans la vigne; femoratus, Linné, assez rare, du Midi; Cazcinium; espèces : violaceum, Linné, jolie espèce d'un beau bleu violet, propre aux montagnes du Beaujolais et aux Alpes, et dont les larves vivent dans les troncs des sapins; dilatatum, Payk., des Alpes; sanguineum, Linné, d’un rouge soyeux, assez petit, commun partout, et dont la larve que nous avons observée, et dont M. Goureau a parlé, vit dans le chêne; unifasciatum, Rossi, propre à la vigne; alni, Fabr., espèce printanière, commune; rufipes, KFabr., assez rare, vivant sur le prunier sauvage; Paymarones; espèces : variabilis, Linné, commun partout, et qui, comme l'indique son nom, est excessivement variable dans son système de coloration; {ho- racicus, Dej., trouvé à Bordeaux, mais rare; humeralis, Dej., du même pays que le précédent; Semanorus; espèce unique : undatus, Linné, à élytres offrant deux bandes blanches ondées; HyLo- TRUPES, Serv., ne comprenant que lé bajulus, Linné, assez grand, noirâtre, avec une bande velue, blanchätre, ondée, assez commun, vit sur le sapin; Oxvrceurus, une jolie espèce, svelte, brunätre, découverte aux environs de Draguignan, et ayant recu de M. Mulsant le nom d'O. Nodieri; Crio- MORPHUS, ayant pour type et espèce unique le C. aulicus, Fabr. (C. luridus, Linné), variable pour la couleur, se trouve presque partout. Un genre démembré des Callidies, et partagé en plusieurs subdivisions, est celui des ASEMUM, 920 HISTOIRE NATURELLE. Esehscholtz, à antennes courtes, assez épaisses; corselet mutique, grand, un peu convexe où globuleux; élytres à angle sutural entier; cuisses comprimées, non brusquement renflées en massue chez ceux qui ont le corselet peu convexe; corps généralement allongé : ces Insectes, crépusculaires ou nocturnes, à coloration sombre ou peu brillante, se trouvent dans les mêmes lieux que les pré- cédents et ont les mêmes mœurs; la larve de l’Asemum striatum, trouvée dans une souche de pin, a été décrite par MM. Chapuis et Candèze, et celle d’une espèce que l’on rapporte au nouveau groupe des Criocephalus, le Cerambyx rusticus, Linné, a été longuement indiquée par M. Éd. Perris dans Son Histoire des Insectes du pin maritime. Selon M. Mulsant, on doit former dans ce groupe les genres suivants: Asemum, ayant pour type l'A. striatum, Linné, noir, long de 0,045 à 0,020, se trouvant sur les pins dans une grande partie de l'Europe; Criocepæauus, type, C. rusticus, Linné, d'un brun fauve, des pays de montagnes sur les pins; Socenornonus, ayant pour espèce unique le strepens, Fabr., exclusivement méridionale; Hespenopnanes, espèces : sericeus, Fabr.; nebulosus, Oliv.; pallidus, Oliv. (mixtus, Fabr.), des régions méridionales de la France. Serville formait le genre AnuopaLus avec les espèces qui composent les Solenophores et Hespérophanes, Muls. Un genre distingué des Callidium par Serville est celui des Sapmanvs, à antennes assez longues, avec des articles faiblement dentés à l'extrémité; pulpes très-grands; corselet arrondi, muni d'une pointe latérale : renfermant comme type le C. spinosus, Fabr., propre à l'Autriche et à la Hongrie. D'autres groupes sont les genres Isarrron, Dej.; Temnorrs, Serv.; Traciniun, Serv., etc., tous exo- tiques. Nous pourrions aussi y joindre quelques genres propres au Chili, tels que ceux des CaLLIDE- reuus, Gramnicosun, ANcyLOnoNTA, Pnymaronenus, tous créés par M. É. Blanchard. Le genre exotique des Tuesisrernus, Latr. (Ichthyosoma, Boisd.), offre quelques rapports avec les Callidites, mais ses palpes ont leur dernier article ovoïde, comme dans les Lamides, et il devra pro- bablement former un groupe particulier. 3° tribu, Lamipes, ayant pour caractères : labre large, bien développé; antennes sétacées; tête verticale, aplatie en avant; palpes à dernier article ovoide, pointu; corps ailé ou aptère. Les Insectes de cette tribu sont au moins aussi nombreux que ceux de la précédente, et renfer- ment des espèces à forme élégante, svelte, ou moins gracieuse que celle des autres Céramby- ciens, et que l’on trouve dans toutes les parties du globe : l’Europe n’en comprend cependant qu'une assez petite quantité, et surtout des espèces de moyenne taille. On peut y former sept groupes, ceux des : Acanthocinites, Mésosites, Stellognathites, Lamites, Pétrognathites, Té- trophthulmites et Saperdites. Les larves de plusieurs espèces, principalement des genres Parmena, Lamia, Morimus, Leiopus, Astyomus, Pogonocherus, Saperda et Agapanthia sont connues, et offrent d'une manière générale les caractères suivants : tête petite; segments thoraciques dépourvus de pattes; première paire de stigmates placée dans le pli qui sépare le corselet du mésothorax. il ja ut rl Fig. 268. — Morimus (Lamia) lugubris Fig. 269. — Onychocerus scorpio. 1er sroupe, ACANTHOGINITES, à lvre inférieure presque currée, profondément échancrée en avant; machoires à lobe interne très-petit, beaucoup plus court que l'externe. COLÉOPTÈRES. 321 Ce groupe renferme des espèces de grande ou de moyenne taille, rarement petite, se trouvant sur les trones ou sous les écorces des arbres, très-peu vives dans leurs mouvements, réparties actuel- lement en une vingtaine de genres, et paraissant presque exclusivement propres à l'Amérique mé- ridionale et à l'Europe. Le genre le plus remarquable est celui des ACROCINES, Acrocinus, Iliger (Macropus, Thunb.), à pattes assez fortes: antérieures considérablement plus longues que les autres, principalement dans les mûles; antennes longues; corselet muni d'un tubercule latéral porté sur un mamelon mo- bile; élytres linéaires, très-déprimées, tronquées à l'extrémité, avec les angles armés d'une épine; corps très-déprimé, velouté : toutes les espèces habitent l'Amérique du Sud; le type est l'Arsequix DE CayEenxe (A. longimanus, Linné), long de 0®,050 à 0,080, paré de belles couleurs noires et rouges sur un fond gris, agréablement distribuées, qui se trouve toujours sur le tronc des arbres, dont la démarche est très-lourde, la stridulation forte, et qui vole mal. Deux autres espèces, assez semblables à la précédente par la teinte générale, mais qui sont beaucoup plus petites, sont les À. accentifer, Oliv., et trochlearis, de Géer. — D’autres genres, également américains, et surtout des contrées chaudes, sont les suivants : OrronERA, Serv., à pattes antérieures guère plus longues que les autres; corselet avec un tubercule latéral peu saillant : type, Cerambyx glaucus, Linné. —- Axisopus, Serv., à pattes postérieures beaucoup plus lonques que les autres, à cuisses renflées à l'ex- trémité; corselet offrant une petite épine près des angles postérieurs : type, À. arachnoïdes, Serv. — Parvraoris, Serv., à pattes égales, avec les jambes légèrement élargies à l'extrémité; corselet ayant une longue pointe latérale; élytres presque parallèles : type, Lamia horrida, Fabr., grisâtre, avec les élytres ornées d'épines éparses, nombreuses, de Cayenne. — Mecapasis, Serv., à pattes équles, simples; corselet avec une pointe latérale relevée; élytres épineuses à la base, atténuées vers l'extrémité : type, Acanthorinus speculifer, Perty. — Drvocrexes, Serv., à pattes égales, avec les cuisses en massue, et les tarses antérieurs seuls très-larges, ciliés; corselet unidenté latérale- ment; mandibules grandes, aplaties : type, D. caliginosus, Serv., espèce brunâtre, se trouvant dans les plantations au Brésil. — Srerrasroma, Serv., à pattes égales, avec les cuisses un peu ren- flées et les tarses élargies, ciliés; corselet bituberculeux sur les côtés; mandibules longues, étroites : type, S. depressa, Fabr., commun et nuisible aux arbres en Amérique. Vient ensuite un genre nombreux, composé d'espèces d'une coloration grisàtre, à antennes par- fois peu longues, et qui a des représentants aussi bien en Amérique qu'en Europe; c'est le genre ACANTHOCINUS, Latr., ou ACANTHODERES, Serv., dont Dejean a cru devoir distinguer plusieurs groupes génériques, tels que ceux des Hebocerus, Lagocheirus et OEgæmorphus, et qui a pour principaux caractères : paltes égales, courtes, fortes, cuisses renflées ; jambes légèrement élargies à l'extrémité ; tarses souvent un peu ciliés; corselet unituberculé latéralement; mandibules petites, aplaties; corps robuste, peu déprimé : comme type des espèces de l'Amérique du Sud, nous nomme- rons l'A. areneiformis, Linné, long de 0,020, d'un brun soyeux; la seule espèce européenne connue, qui se trouve dans la France tempérée et méridionale, et dont la larve vit dans le peuplier, est l'A. varius, Fabr., long de 0®,011 à 0,016, d'un gris cendré duveteux en dessus, mélangé de taches fauves ou brunes formant presque des bandes transversales et parsemé de points très-marqués. —Deux autres genres, également américains et européens, sont : 4° celui des Asryxomus, Dej., Cast. (Ædilis, Serv.), à pattes égales, avec les cuisses peu renflées; corselet unituberculé latéralement; mandibules courtes, épaisses; tarière des femelles saillante; antennes très-lonques; corps allongé, déprimé : groupe renfermant des espèces remarquables par leur forme légère et gracieuse, dont on peut citer pour type l’A. odosus, Fabr., de l'Amérique septentrionale, et surtout nos À. ædilis, Linné (Ædilis montana, Serv.), long de 0,015 à 0,020, revêtu d'un duvet uniforme gris cendré, avec les élytres presque nébuleuses, marquées de deux bandes obliques brunâtres, habitant les Alpes et les hautes montagnes de l'Europe, et dont la larve, qui vit et fait assez de dégâts dans les pins, a été étudiée par MM. Ratzeburg et Éd. Perris, A. atomarius, Kabr., et A. griseus, Fabr., des Alpes; et celui des Lrropus, Serv., à pattes égales, avec les cuisses peu renflées; corselet muni d'une petite épine latérale; mandibules petites, aiguës; élytres ovaluires, inermes : plusieurs espèces bré- siliennes (L. varipennis et pogonocheroides, Serv.) et une européenne, se trouvant même dans nos environs, c'est le L. nebulosus, Linné, long de 0%,006 à 0,008, entièrement revêtu d'un duvet cer’iré, et dont la larve, signalée par M. Westwood, vit dans le charme et dans quelques autres de ci 4l 522 HISTOIRE NATURELLE, nos arbres. — Un genre Enrryranus, Dej. (type, £. signaticornis, Dej., Blanch.), du Brésil, est formé aux dépens des Astynomus, et l’on en rapproche aussi les groupes américains des Microplia, Serv., Alcidion, Amnistus, Cosmotoma, Deij., etc. Une petite division, assez voisine des genres précédents, est formée par les trois genres euro- péens des POGONOCHERUS, Serv., à pattes égales, avec les cuisses un peu renflées; corselet avec un tubercule latéral; élytres tronquées à l'extrémité, épineuses; antennes pubescentes : ces Insectes, petits, assez allongés, sont nombreux, et M. Mulsant signale en France les ovalis, Gyll.; fascicu- laris, Panz.; Perroudi, Muls.; pilosus, Fabr., et hispidus, Oliv., ce dernier long de 0,007 à 0®,008, grisâtre; la larve du pilosus, décrite par M. Bouché, comme propre au chêne, a été trouvée par M. L. Fairmaire dans le gui de lacacia, et par MM. Chapuis et Candèze dans les tiges sèches du lierre. — Srexasoma, Muls., surtout distinct des Pogonochères par son corps linéaire, et ayant pour espèce unique le S. Foudrasi, Muis., découvert aux environs de Bordeaux. — Exocenrrus, Dej., Cast., à pattes égales, avec les cuisses peu renflées; corselet muni d'une petite pointe auprès des angles postérieurs; élytres parallèles, arrondies à l'extrémité; antennes pubescentes : type, E. bal- leatus, Fabr., long de 0,005 à 0,006, d'un rouge brunâtre, se trouvant sur le tilleul dans le midi de la France : une autre espèce, trouvée à la Grande Chartreuse, est l'E. cinereus, Muls. Enfin les derniers genres, qui par leur port se lient les uns aux autres et en même temps s’éloi- gnent assez de ceux qui précèdent, sont les suivants : CLonocerus, Dej., Cast., à pattes égales, pu- bescentes, avec les cuisses non renflées; corselet unituberculé latéralement; élytres longues, paral- lèles, arrondies au bout; antennes en rameaux à partir du quatrième : espèce unique, la remarquable Lamia hystrix, Fabr., du cap de Bonne-Espérance. —Desmipnora, Serv., surtout distinct du genre précédent par ses antennes filiformes assez courtes : quelques belles espèces de l'Amérique méridio- nale, type, Lamia fasciculata, Fabr., à corps noir, du Brésil. — Pnacerocera, Dej., Cast., à élytres parallèles, déprimées : type, P. scapulicornis, du Brésil. — Anisocerus, Serv., à corselet court, large, unidenté sur les côtés; élytres arrondies, convexes, courtes; antennes sétacées : formé sur la L. scapulifera, Germ., du Brésil. — Onvcnocerus, Serv., à jambes offrant des expansions ou des dents irrégulières; corselet large, tuberculé, unituberculé latéralement; élytres courtes, larges, convexes, tuberculées : type, la Lamia scorpio, Fabr., qui, ainsi que l'indique son nom, a très-gros- sièrement l'aspect général des Scorpions. 2° groupe, Mésosires, à lévr'e inférieure en forme de losange, pointue en avant, à peine ou ral- lement échancrée. Ce groupe, formé d'une quinzaine de genres créés aux dépens des anciennes Lamia, comprend des espèces de taille moyenne ou petite, et répandues presque sur tout le globe. D'après M. Émile Blanchard, on doit ranger les genres ainsi qu'il suit : PLarysrennus, Dej., Blanch., à pattes égales, avec les cuisses renflées; corselet large, à côtés longuement prolongés en pointe; antennes plus longues que la tête, Simples, gréles : une espèce (L. hebræus, Fabr.) de la Guyane. — Coprors, Serv., à pattes égales, avec les cuisses peu renflées; corselet unituberculé latéralement; antennes peu prolongées, pubescentes : type, L. ædificator, Fabr., de l’île de France. — Cruscarus, Serv., à pattes égales, avec les cuisses sans renflement; corselet unidenté près des angles postérieurs; an- tennes garnies en dessous d'une frange de poils : fondé sur une espèce (plumicornis) du Sénégal. — Sruenias, Dej., Cast., à pattes égales, courtes, épaisses; corselet cylindrique, mutique; antennes courtes, épaisses, pubescentes; élytres parallèles : espèce unique, la L. grisator, Fabr., des Indes orientales. — Lasropacryius, Dej., Blanch., à pattes égales, longues, avec les cuisses renflées et les tarses antérieurs larges, ciliés; corselet ayant latéralement un fort tubercule; antennes très-longues, avec le premier article très-gros : du Sénégal. — Axcyroxorus, Dej., Cast., à pattes antérieures beaucoup plus longues que les autres, avec les jambes courbées, crénelées, munies d'une épine, et les tarses larges, ciliés; corselet tuberculeux; antennes très-lonques : type, L. tribulus, Fabr., éga- lement du Sénégal. — MESOSA, Meg., Serv., à pattes égales; corselet cylindrique, mutique; élytres ovalaires, arrondies; antennes longues, gréles, après le premier article : ce genre, exclusivement européen, renferme de jolies petites espèces qui se trouvent habituellement sur les bois coupés dans l’intérieur des forêts, et M. Mulsant, par suite de quelques considérations tirées de la forme des antennes et des élytres, y forme trois petits groupes génériques : Mesosa, espèces : M. curculio- $ 1 : COLÉOPTÈRES. 323 noïdes, Linné, et nubila, qui se rencontrent surtout dans le Midi, mais que l’on a pris parfois aux environs de Paris; Nipnoxa, ayant pour unique espèce le N. pecticornis, Muls., découvert aux en- virons de Draguignan; Axæsrueris, type, À. testacea, Fabr., qui habite la France tempérée et sep- tentrionale, et dont la larve vit dans le chêne, dans le saule, ete. — Tracuysoma, Serv., auquel on peut réunir les Hypsiona du même auteur, à pattes massives : antérieures un peu plus longues que ies autres; corselet cylindrique; antennes très-rapprochées à la base, à troisième article courbé : de l'Amérique du Sud.— Ruvrrpnona, Serv., à pattes égales, simples; corselet mutique, cylindrique, plissé; antennes assez écartées, droites, pubescentes en dessous : ayant pour type, comme le genre précédent, une espèce propre à l'Australie. — Penrura, Dej., Cast., à pattes égales, courtes, mas- sives; corselet court, large, bituberculé sur les côtés; antennes écartées, épaisses, courtes. — Céra- rires, Serv., à pattes assez longues, surtout les antérieures, avec les tarses larges, très-ciliés dans les mâles; corselet unituberculé sur les côtés; antennes écartées à la base, assez longues : type, C. jaspidea, Serv., du Sénégal. — Ceropzesis, Serv. (Diastocera, Dej.), à pattes antérieures longues, avec les tarses larges; corselet unituberculé latéralement; antennes lonques, très-rapprochées à la base : quelques grandes et belles espèces parées de vives couleurs, de Java, du Sénégal et du Cap (types, æstuans, Oliv.; æthiops, Fabr., etc.). — Paymasrerna, Dej., Cast., à pattes égales, avec les cuisses peu renflées; corselet unituberculé sur les côtés; antennes écartées, gréles, lonques : espèce unique, M. lacteo-guttatus, de Madagascar. 3° groupe, SrELLOGNATHITES, à lèvre inférieure trilobée : le lobe médian très-long; mächotres ayant les lobes très-gréles, très-longs; labre profondément échancré. Ce groupe ne comprend que le seul genre STELLOGNATHA, Dej., Cast., qui, outre les caractères précédemment indiqués, a les palpes très-longs; les mandibules dilatées extérieurement dans les méles; les pattes, surtout les antérieures, longues; les antennes très-longues, et le corps épais, ro- buste : espèce unique, Cerambyx maculatus, Oliv., belle espèce qui habite Madagascar. 4e groupe, LamiTes, à lèvre inférieure évasée vers le bout, plus ou moins échancrée; mâchotres ayant le lobe interne long, presque aussi large que l'externe. Le plus considérable des groupes de la tribu, les Lamites renferment de nombreuses espèces grandes, moyennes ou pelites, se trouvant dans toutes les parties du monde, et ayant beaucoup de représentants en Europe. Presque toujours de couleurs sombres, brunes ou noires, ces Insectes sont assez massifs, et peu actifs. Les larves de quelques-uns d’entre eux sont connues. Les genres principaux sont les suivants : Zv6raruus, Dej., Cast., à antennes très-lonques; corselet très-court, large, unidenté; sternum simple; corps épais, atténué postérieurement : type, le Lamia oculator, Fabr., long de 0,040 à 0,050, d’un noir brillant, propre au Cap. — Srerxoromis, Per- cheron (Sternodonta, Dej., Cast.), à antennes très-longues; corselet large, unidenté; sternum avancé en sorte de palette; corps atténué en arrière : types, les Lamia regalis, Fabr., et ornatus, Oliv., du Sénégal. — TracocEepnaLa, Dej., Cast., à antennes plus courtes que le corps; lèvre infé- rieure arrondie; corselet large, unituberculé; sternum saillant; corps long, parallèle : espèce prin- cipale, Lamia nobilis, Fabr., du Sénégal. — Cacuiamna, Dej., Blanch., à antennes assez longues; corselet unituberculé; mésosternum très-saillant; lèvre inférieure arrondie; corps parallèle : de belles et grandes espèces également de l'Afrique méridionale. — Ceuosrerna, Dej., Blaneh. (Oplo- phora, Hope), à corselet muni d'une forte pointe latérale; mésosternum tuberculiforme; corps oblong : des Indes orientales. — PLecrronera, Dej., Blanch., à lèvre très-évasée, ciliée; corselet muni d'une forte pointe latérale; corps cblong : type, la L. scatator, Fabr., de l'Amérique boréale. — Barocera, Serv., à lèvre unidentée de chaque côté, étroite, non ciliée; corselet muni d'une forte pointe lalérale, mésosternum plan, corps convexe, allongé, robuste : ce groupe renferme de grandes espèces propres à la Chine et aux Indes orientales, et le type est le Barocëre roux, B. rubus, Linné, long de 0,050 à 0,070, entièrement d’un gris brunâtre, se trouve à l'ile de France, ainsi que dans diverses parties australes de l'Asie : sa larve et sa nymphe ont été figurées (Hist. des Ins., pl. XL, fig. 5 et 6) par M. É. Blanchard. — MONOCHAMUS, Meg., Dej., Serv. (Monohammus, Muls.), à antennes très-longues, mandibules fortes, lèvre à lobes arrondis, corselet unidenté laté - rvalement, mésosternum plan, corps long, cylindrique, convexe en dessus, ailé : ce genre ne ren - 324 HISTOIRE NATURELLE. ferme que des espèces européennes habitant les forêts d'arbres verts, à forme assez svelte pour des Lamites : les espèces francaises sont les suivantes : M. sutor, Linné, long de 0,020 à 0®,095, d'un brun bronzé en dessus, avec les élytres marquées de taches d'un duvet jaunâtre, se trouve dans les Alpes et le Jura; sartor, Fabr., dans les mêmes pays, mais rare; gallo-provincialis, Oliv., espèce assez commune dans les forêts de Conifères du midi de la France, et dont M. Ed. Perris a étudié la larve, qui vit dans les tiges des pins morts de tout âge. —Tzæntores, Serv., ne différant du groupe précédent que par des caractères de peu d'importance, tels que la lèvre anguleuse de chaque côté; le méso- sternum tuberculiforme; les tarses presque glabres dans les mâles au lieu d'être velus, et tous de l'Amérique méridionale, type, Cerambyæx pulverulentus, Fabr. — Prycnones, Serv., auquel on peut joindre les Pecarconerus du même auteur, à mésosternum en forme de tubercule; corselet mutique, cylindrique; pattes antérieures plus longues que les autres; corps long, élancé : des espèces du Brésil (trilineatus, Linné) et de Java (uittatus, Serv.). — Goma, Fabr., à mésosternum à peine saillant; corselet mutique, très-grèle, très-long; pattes de devant très-longues; corps convexe, très- allongé : genre très-remarquable par sa forme élancée et étranglée, et particulier aux Indes orien- tales et à la Nouvelle-Hollande (type, Cerambyx giraffa, Schreib., belle espèce d’un noir bleuâtre). — Preropuus, Serv., à mésosternum plan; corselet court, tuberculeux; élytres acuminées : des es- pèces brésiliennes (acuminatus et nodifer, Serv.). — MORIMUS, Serv., à antennes longues; mandi- bules épaisses; corselet unidenté latéralement; cuisses longues, simples, non en massue; corps aptère, convexe, un peu pubescent : ce genre renferme des Insectes nocturnes, ayant des couleurs tristes, noires, des élytres d’une dureté souvent rapprochée de celle de la corne, et qui se trouvent dans les contrées méridionales de l'Europe; les trois espèces qui habitent la France sont les fu- nestus, Fabr., long de 0,017 à 029, vivant sur le cyprès et le figuier; lugubris, Fabr., long de 0,020 à 0,030, dont la larve, observée par M. le colonel Goureau, habite le peuplier, le sa- pin, etc., et tristis, Fabr., long de 0,098 à 0,033, propre au cyprès. — AceLasra, Newm., diffé rant principalement des Morimus par son corselet large et son corps court, large : propre aux Indes orientales. — LAMIE, Lamia, Fabr., à antennes peu allongées, avec le troisième article court; corselet large, unidenté; élytres presque parallèles; corps épais, ailé : ce genre typique, auquel on réunit les Pachystola et Phryneta, Dej., renferme un assez grand nombre d'espèces propres à di- vers pays, et dont le type est la Lamia textor, Linné, qui se trouve dans presque toute l'Europe, et n'est pas très-rare en été sur les saules, dans les environs de Paris; cette espèce, longue de 0,090 à 0,030, est entièrement d’un brun ou d’un noir grisätre, et est excessivement lente dans ses mou- vements; sa larve, étudiée par MM. Chapuis et Candèze dans le Salix vitellina, est longue de 0,040, sur une largeur de 0,008 à 02,010 : elle est blanchâtre, et son corps à une forme prisma- tique. — DORCADION, Dalm., à antennes très-courtes, glabres, avec le troisième article également fort court; mésosternum plan; corselet cylindrique, unituberculé latéralement; écusson triangulaire, très-petit; pattes égales, courtes, très-robustes; corps assez court, convexe en dessus, aptère, glabre où n'ayant que quelques poils courts et couchés, et souvent recouvert d'un duvet velouté : ce genre est nombreux en espèces d'assez petite taille, pour la plupart européennes, mais dont quelques-unes sont asiatiques, de couleur noirâtre, brune ou grise, ou qui, comme le dit M. Mulsant, semblent avoir un habit de deuil chamarré de galons d’argent, habitant les lieux secs et se trouvant sur les troncs d'arbres, ou même plus souvent sur le sol, d'où leur manque d'ailes les empêche de s’éloi- gner : le type, et en même temps l'espèce que l’on trouve communément dans une grande partie de l’Europe, et qui n’est pas rare aux environs de Paris, est le Dorcadion fuliginator, Linné; à élytres couvertes d’un duvet cendré, velouté, blanchâtre, avec une bordure blanche à la suture et en dessous le long du côté externe, et qui parfois varie pour la teinte générale et présente des lignes blanches : les autres espèces françaises sont le D. fulvum, Herbst; meridionalis, Dej., Muls.; pyre- neum, Dej., Muls.; lineolum, Wlig.; Donxeli, Muls.— Cazropreryx, Newm. (Dorcacephalum, Dej.), à antennes courtes; corselet unituberculé; cuisses en massue; corps ovale, aptère : genre qui, au Mexique, semble remplacer nos Dorcadions. — Ceræcinion, Boisd., à antennes longues, rapprochées à la base; corselet plus long que large; corps ovalaire : espèce unique, C. horrens, du nord de la Nouvelle-Hollande. — Punyssoma, Dej., Cast., qui a surtout de longues antennes et des cuisses simples, et dont le type est la Lamia crispa, Fabr., du Cap. — Coupsosoma, Serv. (Eusphærium, Newm.), à antennes très-écartées, pubescentes; mésosternum plan; corselet très-large, unidenté; ee A 2 57 F { \ PA \ y À d ! F 5 Fig, 4 — Cosnisoma spi culifer 1 Fig. 4. — Eccoplia polyspita Fig. 3. — Batocera rubus Fig. — Loremia hirt pes 9. — Lamia punctutor COLÉOPTÈRES. 325 corps large, court : ce sont des Insectes propres à l'Amérique du Sud, ayant des couleurs vives et élégantes (type, C. niveo-signata, Serv.). — PARMENA, Serv., à antennes plus courtes que le corps; mésosternum non saillant; corselet presque cylindrique, faiblement unituberculé swr les côtés; pattes courtes, simples; élytres convexes, ovales, soudées : ee sont de petites espèces ayant beaucoup d'analogie avec les Dorcadions; M. Mulsant signale, comme étant de France, les P. fasciata, Willers, trouvée aux environs de Lyon sur le lierre, et pilosa, Sol., qu'il nomme Solieri, et qui se rencontre dans le midi de la France sur l’euphorbe : cette espèce, d'un gris cendré et portant des poils nom- breux, a été étudiée complétement par Solier, qui l'a trouvée sous des pierres, au printemps, et qui en a décrit la larve et la nymphe.— Carrra, Serv., à antennes médiocres, ciliées; mésosternum non saillant, corselet court, unituberculé sur les côtés, pattes courtes, simples, élytres oblongues, recouvrant des ailes : de petites espèces, de l'Amérique méridionale, se trouvant sur les arbres. — Sopuronica, Dej., Blanch., à antennes écartées, épaisses, courtes; mésosternum non saillant; élutres oblonques; corps ailé, court, non tuberculé : d'Afrique. — Oxcnenes, Serv., à antennes plus longues que le corps, très-écartées à la base; sternum large, plan; corselet court, très-large, unidenté laté- ralement; cuisses peu renflées; élytres parallèles : ce groupe comprend des espèces du nouveau monde, telles que les D. amputator, Fabr., et vomicosa, Germ., propres au Brésil, qui, comme l'ont remarqué Guilding et plus récemment Guillemin, ont des larves qui vivent dans diverses Mi- mosa, Creusant l'intérieur des tiges pour se nourrir et se loger, formant un cocon avec des fragments de bois détachés par copeaux minces, et s’y transformant en nymphes, tandis que les Insectes parfaits, dans le but d'arrêter le cours de la séve, entaillent à sa base la branche cireulai- rement, de manière qu'elle se brise facilement lorsque le vent souffle avec un peu de force. — Pno- sorocerA, Dej., Blanch., à téle cornue dans les mûles; antennes larges, avec le premier article plus épais que les autres; mésosternum tuberculeux ; corselet plissé, unidenté latéralement : type, P. fronticornis, Oliv., du Cap. 5e groupe, PérrocxaTuires, à lèvre inférieure rebordée, termanée carrément, palpes très grands, avec les articles renflés, mächoires ayant le lobe externe très-épais. Ce groupe ne renferme que le seul genre PETROGNATHA, Leach (Omacantha, Serv.), surtout remarquable par son corselet moins large que la tête, et muni d'une longue épine latérale, et par ses jambes sinueuses : type, la Lamia gigas, Fabr., grande espèce du Sénégal. 6° groupe, Térraoparuaumires, à lèvre inférieure petite, presque carrée, non échancrée; yeux divisés en deux parties, formant ainsi quatre sortes d'yeux. Ce groupe, peu nombreux en espèces, est exclusivement exotique et ne renferme que quatre ou cinq genres remarquables par la disposition de leurs yeux, et qui sont tous composés d’Insectes de taille moyenne, de forme raccourcie, lourde, et en général rougeätres. Les groupes génériques sont ecux des : TETRAOPHTHALMUS, Dej., Blanch., à antennes au moins aussi longues que le corps; mésosternum saillant; corselet mamelonné latéralement; corps court, ovalaire : quelques espèces, rappelant un peu nos Dorcadions et particulières aux Indes orientales et à l'Australie, de même que celles du genre suivant. — Eusrarues, Newm., à antennes plus courtes que le corps, épaisses, ciliées; mésosternum légèrement saillant; corselet unituberculé latéraiement; corps long, parallèle. — Térnaopes, Dalm., à antennes de la longueur du corps, épaisses; mésosternum non suillant ; corselet n'ayant quère qu'un tubercule peu marqué ; corps oblong : d'assez nombreuses espèces par- ticulières à l'Amérique, tant méridionale que septentrionale; type, Lamia tornator, Fabr., d'un rouge vermillon en dessus et noir en dessous, des États-Unis. — TaPeINA, Saint-Fargeau et Serv., à antennes longues, ciliées; tête dilatée transversalement dans les mûles; Sternum plan; corselet une fois plus large que long, arrondi sur les côtés ; cuisses renflées, corps déprimé : ce genre, auquel on peut joindre ceux des Ewrycephalus et Enicodes, Gray, comprend un petit nombre d'espèces, toutes propres à l'Amérique du Sud, et dont le type est la T. dispar, Saint-Fargeau et Serville, du Brésil. 7e groupe, Sarernires, à lèvre inférieure courte, plus où moins arrondie en avant; corselet cy- lindrique, mutique latéralement. Les Saperdites sont nombreux en espèces répandues partout, mais dont les européennes sont plus 326 HISTOIRE NATURELLE. petites et aussi abondantes que Îles autres : ce sont de jolis Cérambyciens, souvent de couleurs uniformes et pures, à forme assez élargie, corps plus ou moins linéaire, et qui se trouvent habi- tuellement sur les fleurs ou sur les trones d'arbres. On en distingue vingt à trente genres. Fig. 270. — Dorcadium pedestre. Fig. 271. — Tetraopes tornator Fig. 272. — Saperda scalars. Parmi les quelques espèces exotiques, nous citerons surtout les suivantes : — HemiLoruus, Serv., à antennes gréles, plus lonques que le corps; mandibules très-petites; corselet presque carré; pattes courtes, grèles, égales; élytres longues, linéaires, rebordées à l'extérieur, légèrement tronquées et mutiques à l'extrémité : ce groupe, que l'on regarde comme synonyme de ceux des Dadonychus, Chevr., et Amphyonycha, Dej., renferme des espèces de l'Amérique du Sud, qui rentraient dans le genre Superda des anciens auteurs (type, Saperda hemisphila, Germ., du Brésil). — Spnexura, Dej., Serv. (Glæa, Newm.; Stibara, Hope), à antennes épaisses, plus courtes que le corps; pattes égales, assez épaisses; élytres amincies postérieurement, atténuées à l'extrémité : de jolies espèces de l'Asie méridionale (type, S. fricator, Dalm., de l’île de Java). —Leprocera, Serv., se distinguant surtout par ses antennes glabres, très-grèles, plus longues que le corps dans les femelles et du double plus grandes dans les mâles : des espèces exotiques de pays divers. — Coronormea, Saint- l'argeau et Serv., à antennes très-longues, avec le premier article très-grand; tête étroite, ayant la face antérieure verticale, presque plane; pattes longues, surtout les antérieures, avec les cuisses en massue et les tarses antérieurs larges, ciliées; élytres longues, tronquées; corps épais, convexe, très-allongé, étroit, comprimé latéralement : groupe renfermant des espèces à teintes agréa- blement distribuées et propre à Java (Stenocorus pictus, Fabr.) et au Brésil (Cerambyx emargi- natus, Olivier). — Prerycoprus, Serville, à antennes plus courtes que le corps, velues en dessous; corselet presque carré, avec une petite pointe latérale; pattes courtes, épaisses, égales ; élytres un peu atténuées postérieurement. — Aromeena, Serv. (Milothris, Dej., Cast.), à antennes peu allon- qées; corselet inerme; pattes courtes, épaisses, égales; élytres oblongues, faiblement tronquées à l'extrémité : type, S. histrio, Fabr., des Indes orientales, et quelques autres espèces de Java et du Sénégal. — Cryprocraniun, Serv., à antennes assex longues; élytres allongées, linéaires, et surtout à tête grosse, ayant sa face antérieure très-aplatie, verticale : espèce unique, C. laterale, Serv., du Brésil. — OLexecamrrus, Chevr. (Schæniocera, Dej.), à antennes très-longues; corselet long, cylindrique, plissé latéralement; pattes assex lonques, surtout les antérieures, avec les cuisses courbées à la base, et les jambes contournées vers l'extrémité : du Mexique. — Gerania, Serv., à antennes très-longues; pattes gréles, très-lonques dans les femelles, d'une longueur démesurée dans les mûles, surtout les antérieures et ensuite Les postérieures : ce genre, caractérisé par la disposi- tion de ses organes de locomotion, ne renferme que la seule Saperda Rossii, Fabr., de Java. — Pacuyrrza, Serv., à antennes longues, frangées en dessous; corselet assez long, cylindrique; pattes courtes, égales, avec les cuisses peu renflées; élytres longues, arrondies au bout; corps très-allongé : type, S. pennicornis, Germ., du Brésil. — Hrpporsis, Saint-Farg. et Serv., à antennes très-lonques, qréles; corselet étroit, cylindrique; pattes égales, grèles, avec les jambes un peu sinueuses; élytres atténuées vers l'extrémité, tronquées obliquement; corps excessivement allongé : ce groupe, dont le genre Amphion, Reiche, est au moins très-voisin, a pour type la Saperda lemniscata, Fabr., du résil et d’une partie de l'Amérique boréale. — Mecacera, Serv., à antennes gréles, deux fois aussi longues que le corps; tête courte; pattes courtes; élytres très-longues, linéaires, déprimées : espèce unique, M. vittata, Serv., du Brésil. — Srarnoprera, Serv., à antennes assez longues; corselet cy- tindrique, unituberculé latéralement; pattes courtes, fortes; élytres longues, légèrement rétrécies vers le milieu et se dilatant vers l'extrémité : plusieurs espèces brésiliennes, dont le type est la COLÉOPTÈRES. 527 S. picta, Klug.—XyroRu1za, Cast, à antennes assez fortes, un peu plus courtes que le corps; corselet cylindrique, à bord légèrement sinueux; pattes courtes, épaisses, égales; élytr'es longues, parallèles, arrondies à l'extrémité : type, Lamia venosa, Latr., des Indes orientales, etc. Parmi les groupes exclusivement européens, dont plusieurs renferment des espèces assez nom- breuses propres à la France, nous indiquerons ceux qui suivent : AGAPANTHIA, Serv., à antennes sétacées, lonques, composées de douxe articles dans les deux sexes, avec le premier article épais; pattes simples, épaisses; corselet dilaté, arrondi de chaque côté; élytres oblongues ou linéaires, tou- jours entières, arrondies à l'extrémité; corps allongé : ce genre comprend de gracieuses espèces de taille assez petite, anciennement rangées parmi les Saperdes, et en général parées de jolies couleurs assez claires, et parmi lesquelles on remarque parfois des teintes métalliques; les larves connues, au moins celles des À. irrorata, étudiées par M. Gräells, et celles du cardui, observées par M. Gué- rin-Méneville, vivent de la moelle de diverses plantes, tandis que les Insectes parfaits habitent les fleurs; les espèces de notre pays sont les À. irrorata, Fabr., et asphodeli, des provinces méridio- pales; cardui, Fabr., que l’on trouve à Paris; angusticollis, Schœnb., signalée à Dijon; cærulea, Schænh.; suturalis, Kabr., et marginella, Fabr., de la Provence. — SAPERDA, Fabr., à antennes de la longueur du corps ou un peu plus longues, de onxe articles, sétacées, garnies en dessus de cils nombreux; tête à face aplatie, verticale; palpes à dernier article ovalaire ou allongé; yeux parfois divisés en deux parties; corselet moins long que large, cylindroïde ou quadrilatère; jambes inter- médiaires fletueuses, ordinairement peu frangées; tarses à crochets simples; élytres linéaires : les espèces de ce genre sont assez nombreuses et comprennent une petite partie des Saperdes de Fabricius; elles sont d’une taille assez grande ou moyenne : les unes sont chagrinées, comme la peau des Squales, les autres sont lisses et ont des reflets satinés sur un fond uniforme plus ou moins grisätre, ou paré de taches ou de lignes particulières; on les rencontre sur ou auprès des arbres dans lesquels leurs larves vivent : plusieurs de celles-ci sont connues : en effet, les larves des anciennes Saperda suivantes ont été décrites: carcharias, par Goëdart et M. Ratzeburg; sca- laris, par M. le colonel Goureau; populnea, par MM. Bouché et Ratzeburg; lineuris, par Rœsel et M. Ratzeburg; gracilis, par M. Guérin-Méneville; punctata, par M. Éd. Perris; vèrescens, par MM. Chapuis et Candèze, etc. Cette dernière larve, qui vit dans les tiges sèches de l'Echium vulgare, est longue de 0,044, sur une largeur de 0,003 à 0,004; sa tête est petite, allongée; ses antennes très-courtes; ses mandibules fortes, saillantes; son corselet portant deux impressions obliques près des bords latéraux; pas de pattes, ete. Ainsi que nous l'avons caractérisé, ce genre répond à la divi- sion des Saperdaires de M. Mulsant, qui y forme quatre genres spéciaux : 1° Compsinia, à élytres amincies vers l'extrémité, subconvexes, non terminées par une pointe à l'extrémité : type, C. po- pulnea, Linné, long de 0%,010 à 0®,015, à corps parsemé d’un duvet cendré jaunâtre, se trouve assez communément sur le tremble dans toute la France; 2° Anænea, à élytres amincies vers l'ex- trémité, subdéprimées longitudinalement en dessus, terminées au sommet par une petite pointe : espèce unique, C. carcharias, Linné, long de 0,025 à 0,030, revêtu en dessus d’un duvet jau- nâtre ou jaune cendré : bel Insecte, qui se trouve dans presque toute l'Europe, et vit sur le peu- plier, dont la larve dévaste souvent les jeunes plantations; 3° Sarerpa, à élytres obtuses ou tron- quées au sommet; yeux non divisés en deux parties : type, C. scalaris, Linné, long de 0,015 à 0w,020, à élytres noires, parées le long de la suture d’une bordure dentée, jaunâtre, et ornée d'une ligne de points et de lignes de même couleur près du bord extérieur; habite les parties froides et tempérées de la France, et dont la larve vit dans le cerisier, le sycomore, ete.; deux autres espèces sont les S. punctata, Fabr., du Midi, vivant sur l’orme, et tremulæ, Gyll., du tremble et du tilleul, assez commune, et 4° Porvopsia, à élytres comme dans les Saperda, mais à yeux largement séparés en deux parties : espèce unique, la Leptura præusta, Linné, longue de 0,003 à 0%,005, d'un jaune livide, se trouve dans presquetoute la France, et dont la larve attaque le charme, le chêne, le poirier, ete. — PHYTŒCIA, Serv., à antennes moins longues ou à peine aussi longues que le corps, assez filiformes, de onxe articles; tête à front souvent bombé, surtout dans les mâles; palpes à der- nier article ovalaire ou pointu; yeux très-échancrés, non divisés en deux parties; corselet moins long ou à peine aussi long que large, presque cylindrique ou renflé latéralement; tarses à crochets re- courbés en hameçon et divisés chacun en deux branches; élytres linéaires, rétrécies dans le milieu aiminuant graduellement de largeur vers l'extrémité, échancrées ou tronquées obliquement au 328 HISTOIRE NATURELLE. sommet, brusquement rabattues ou inclinées sur les côtés : ce genre, tel que nous venons de le ca- ractériser, comprend la dernière partie des Saperda des anciens auteurs; ce sont de petits Insectes se trouvantsur les fleurs, tandis queleurs larves vivent dans la substance médullaire des tiges de di- verses plantes; à l’état parfait, ils ont une forme linéaire, et presque tous ont une teinte uniforme gris verdâtre ou gris ardoisé, quoique chez quelques-uns ces teintes soient rehaussées par des lignes ou des points jaunes ou orangés; selon Megerle et Dejean, trois groupes doivent être indiqués dans ce genre, et M. Mulsant, le premier, en a indiqué les caractères : 1° Srenosrora, à élytres allon- gées, presque linéaires, rétrécies dans la partie moyenne, arrondies ou obtuses au sommet : espèce typique, Saperda nigripes, Fabr., long de 0,040 à 0,015, d'un gris cendré, se trouve dans les Alpes et le Jura; 2° Ogerea, se distinguant surtout du genre précédent en ce que les élytres sont obliquement échancrées ou tronquées au sommet : en France, on en signale quatre espèces : oculata, Linné, de presque partout, vivant sur l'osier et le saule; pupillata, Schœænh., de la France centrale, sur le chévrefeuille et le saule; ergtluocephala, Schr., se trouve surtout dans le Midi sur une es- pèce d'euphorbe; linearis, Linné, vit sur le coudrier dans le nord et le centre et 5° Prvræcia, à élytres un peu sinueuses ou presque graduellement rétrécies vers l'extrémité, obliquement tron- quées ou rarement presque terminées en pointe au sommet : ce groupe, le plus nombreux de tous ceux des Saperdites, comprend, suivant M. Mulsant, dix espèces françaises, pour la plupart propres aux contrées méridionales, et dont le type est la S. vérescens, Panz., quise trouve presque partout, et principalement sur la vipérine. Un dernier genre, tantôt réuni aux Saperda, et tantôt aux Agapanthia, est celui des Puœvr, Serv., caractérisé par sa tête portant en avant une lunule saillante, dont les pointes s'élèvent plus ou moins en manière de corne, à face antérieure courte et à front bombé, et qui a un corps peu svelle : espèce typique, S. bicornis, Oliv., de Cayenne. 4° tribu, Lerruripes, à labre grand; antennes insérées en avant des yeux; tête rétrécie postérieu- rement à sa jonction avec le corselet. Cette tribu, beaucoup moins considérable que les trois précédentes, renferme cependant des types très-tranchés, et qui sont répandus sur toute la surface du globe; un assez grand nombre d'entre eux sont particuliers à l’Europe. Ces Insectes, de taille moyenne ou petite, ne sont pas parés de brillantes couleurs, et ne présentent guère que des teintes uniformes brunes plus ou moins rou- geàtres, Jaunes ou noires; presque tous se trouvent sur les fleurs ou sur les troncs des arbres, et leurs larves sont essentiellement xylophages. Ces dernières, dont quelques-unes sont parfaitement connues, se rapportent aux genres Rhagium ou Rhamnutium, Leptura, Strongalia et Gramma- plera, et ont pour caractères communs : tête aussi large que le corselet, grande, bien découverte; segments prothoraciques munis de pattes très-courtes; quelques mamelons aidant également pour la locomotion: un bourrelet prothoracique à la face ventrale seulement; première paire de stigmates placée sur le mésothorax. D'après M. É. Blanchard, cinq groupes distincts peuvent être formés parmi les Lepturides : ce sont ceux des Desmocérites, Cosmétites, Sténodérites, Vespérites et Lep- hurites 1° groupe, Desnocénires, à lèvre inférieure petite, entière, sans échancrure sensible; palpes maxillaires quère plus longs que les labiaux. Ce groupe, qui semble établir le passage des Saperdites aux Lepturides, ne comprend qu'un seul genre, celui des DESMOCERUS, Dej., Cast., qui, outre les caractères de la division, présente encore des antennes filiformes, glabres, de la largeur du corps, à articles élargis vers le bout; un corselet un? sur le disque, avec ses côtés mutiques et ses angles terminés en pointe aiquë en arrière; des patles peu allongées; des élytres allongées, linéaires ; un corps long, assez épais, légèrement con- vexe en dessus : la seule espèce de ce genre est le Sternocerus cyaneus, Fabr., long d'environ 0,050, entièrement d'un bleu noirâtre, propre à l'Amérique boréale. 2° groupe, ComÉrires, à lôvre inférieure petite, entière, sans échancrure; palpes maxillaires trois fois plus grands que les labiaux; corselet unidenté latéralement. RS er nl de bee» COLÉOPTÈRES. 329 Ce groupe ne comprend que trois ou quatre genres excessivement rares et propres soit à l’Amé- rique, soit à Madagascar, et surtout remarquables par le grand développement de leurs palpes maxillaires. — Disrenia, Saint-Farg. et Serv., à antennes longues, très-gréles; palpes à dernier ar- ticle triangulaire; corps rétréci antérieurement et postérieurement : type, D. columbina, du Brésil. — COMETES, Saint-Farg. et Serv., à antennes un peu plus lonques que le corps, très-épaisses; corps presque linéaire, pubescent : une belle espèce du Brésil, le C. hirticornis. — Parrocarocera, Blan- chard, à antennes très-lonques, très-gréles; palpes à dernier article ovoide : de Madagascar. — He- TEROPALPUS, Buquet, à palpes énormes, bifurqués : de Cayenne. 3° groupe, STÉNODÉRITES, à lévre inférieure divisée en deux lobes; palpes maxillaires courts, gréles; corselet renflé, mamelonné latéralement. On ne range dans ce groupe que les STENODERUS, Latr. (Pterosternus, Mac-Leay), à antennes ayant des articles un peu épaissis vers l'extrémité, et le corps étroit, linéaire : type, le Stenocorus suturalis, Oliv., des Indes orientales, et renfermant aussi des espèces de la Nouvelle-Hollande. 4° groupe, VespériTes, à lèvre inférieure entièrement divisée en deux lobes; palpes très-longs : madæillaires beaucoup plus grands que les labiaux. Ce groupe ne renferme que le genre singulier des VESPERUS, Dej., Serv., à antennes filiformes, glabres, un peu écartées à leur insertion, plus longues que le corps dans les mäles, et plus courtes dans les femelles; tête grosse, prolongée en arrière en sorte de cou; corselet un peu rétréci anté- rieurement, avec les côtés mutiques; élytres linéaires, arrondies et mutiques à leur extrémité, de la longueur de l'abdomen dans les miles, tandis que celles des femelles sont beaucoup plus courtes que l'abdomen et béantes à l'extrémité; ailes de la longueur des élytres dans les mâles, entièrement nulles ou très-raccourcies dans les femelles; pattes assez longues, grèles, avec les tarses ayant le dernier article droit, allongé; corps de consistance molle : les Vesperus sont des Insectes très-re- marquables par suite de la grande différence que l'on remarque entre les mâles et les femelles; ainsi celles-ci ont les élytres béantes, et ne présentent pas d'ailes proprement dites ou n’en ont que des rudiments excessivement peu développés, aussi ne peuvent-elles pas beaucoup s'éloigner des bois dans lesquels elles sont nées : ceux-là, au contraire, jouissant avec une grande plénitude de la faculté de voler, peuvent facilement rechercher leurs femelles, et font entendre, en parcourant les airs, un bruit qui les décèlent facilement; tous, au reste, sont crépusculaires, et offrent des teintes tristes et livides. On n’en connaît qu'un nombre assez restreint d'espèces placées par les anciens auteurs avec les Stenocorus, excessivement propres aux régions méridionales de l'Europe, et dont trois ont été signalées en France, ce sont les Vesperus strepens, Oliv., long de 0,022 à 0,097 dans les mâles, un peu plus grand dans les femelles, à tête et corselet d’un ferrugineux brunûtre, et à élytres jaunes, livides, espèce typique, habitant la Provence, et dont la larve semble vivre dans le sapin; les deux autres espèces sont le V. luridus, Fabr., dont la femelle est le V. Solieri de Dejean et de Germar, et qui est commun auprès de Marseille, et V. Xatarti, Dej., Dufour, dé- couvert dans les Pyrénées, mais plus particulièrement propre à l'Espagne. de groupe, LepruriTes, à lèvre inférieure entièrement divisée en deux lobes; palpes maxillaires médiocres, plus longs que les labiaux; antennes assez courtes. Les Cérambyciens, qui forment ce dernier groupe, sont allongés, de taille souvent petite, se trou- vent sur les arbres ou sur les fleurs, et ont une coloration agréable ou parfois nébuleuse. Les larves de plusieurs d’entre eux sont connues. Le nombre des espèces est assez peu considérable, et beau- coup d’entre elles sont particulières à l'Europe. On peut les partager en trois divisions. A. Espèces à antennes situées entre les yeux, à une certaine distance de ceux-ci et sur la ligne transversale correspondant à leur partie antérieure; corselet armé de chaque côté d'un tubercule obtus ou épineux; tête prolongée derrière les yeux, ensuite brusquement rétrécie et séparée du cor- selet par une sorte de cou. Cette division offre plusieurs caractères semblables à ceux des Vesperus, les élytres des espèces qui y entrent sont encore mollasses, mais, chez toutes, les ailes sont bien développées dans les fe- c.' 42 530 HISTOIRE NATURELLE. melles comme dans les mâles; ces Insectes ont en général des couleurs nébuleuses ou peu bril- lantes; on en trouve dans une grande partie de l’Europe et dans l'Amérique septentrionale. Deux genres entrent dans cette division : RHAGIUM, Fabr., à antennes parfois égales en longueur à la moitié où méme aux deux tiers du corps, le plus souvent à peine plus longues que la tête et le corselet réunis : de one articles, le premier aussi grand que le deuxième et le troisième; palpes à dernier article non comprimé, trianguliforme; corselet müni de chaque côté d'un tubercule épi- neux; écusson triangulaire; tarière cachée; élytres presque parallèles ou oblongues : ces Insectes, de taille moyenne, de teintes nébuleuses, se trouvent sur les trones des arbres ou sur les bois coupés, et parfois sur les feuilles; les larves de plusieurs espèces ont été observées avec beau- coup de soin : celles de l’inquisitor, qui vivent aux dépens des pins et des sapins, entrevues par de Géer, ont surtout été décrites par M. Westwood; celles de l’indagator, si nuisibles à nos Coni- fères, tiennent une grande place dans les travaux de MM. Ratzeburg, L. Dufour et Éd. Perris; celles du bifasciatum, également parasites des pins et des sapins, ont été indiquées par Schrank, et figu- rées par MM. Chapuis et Candèze, et sont spécialement propres aux souches du Pinus sylvestris; enfin celles du R. putator, étudiées par M. Peck, jouent le même rôle aux Etats-Unis d'Amérique : ces larves, tout en ayant l'aspect général de celles de tous les Cérambyciens, en différent sous quelques points de vue; elles ont à peu près 0%,035 de longueur; leur corps est un peu déprimé et parsemé de poils roussätres; la tête est saillante, presque cornée, très-aplatie, d'un marron foncé; les añ- tennes sont petites, peu visibles; le corselet de la largeur de la tête, et d'une teinte plus claire; les autres segments du corps sont blanchâtres; les pattes sont assez développées, ete: Les espèces trou- vées en France, et dont la synonymie est assez embrouillée, sont les Rhagium bifasciatum (Ste- nocorus), Fabr., d'une grande partie de nos provinces méridionales; inquisitor, Linné, commun dans les hautes montagnes couvertes d'arbres verts; indagator,Fabr., qui se trouve, quoique rare- ment, presque partout, et mordax, Fabr. (scrutator, Oliv.), qui se rencontre partout, même dans nos environs, dont les larves vivent dans le chêne, dans le châtaignier et dans divers autres arbres, et que nous prendrons pour type: sa longueur varie de 0,020 à 0w,095; ses élytres sont noires, irrégulièrement parsemées de mouchetures, d’un duvet fauve clair, et ornées de deux bandes trans- versales d'un rouge jaunätre. — Ruamxusiun, Meg., Dej., Serv., se distinguant surtout des Rhagies par ses antennes aussi longues que le corps dans les males, et n'égalant que les deux tiers dans les femelles, avec le troisième article plus long que les suivants, et par son corselet armé de chaque côté d'un tubercule épineux : le type et espèce unique de ce genre est le Rhagium salicis, Fabr., qui a parfois recu le nom générique de Habia, long de 0,020 à 0,095, qui a le corselet, la tête, la base des antennes, le ventre et les pattes rouges ou d’ua rouge jaunâtre, et dont les élytres sont ba- bituellement d’un bleu violet, quoique parfois, comme dans ia variété nommée R. glaucopterum, Schall., elles soient d’un rouge testacé : habite une grande partie de la France, et se trouve sur di- vers arbres, tels que le tilleul, le peuplier, l’orme : c’est sur ce dernier qu'on le rencontre exclusi- vement aux environs de Paris : la larve a été décrite et figurée par MM. Chapuis et Candèze, qui ont surtout indiqué les caractères qui la différencient de celles des Rhagium. B. Espèces à antennes situées en devant des yeux, quelquefois seulement à l'extrémité antérieure de leur échancrure, mais alors à élytres à peine moitié plus longues que larges; corselet tubercu- leux; tête brusquement rétrécie derrière les yeux et séparée du corselet par une sorte de cou. Cette division, peu nombreuse et renfermant des espèces surtout propres au midi et au centre de l'Europe, parées parfois de jolies couleurs, est surtout caractérisée par son dos voûté dans sa lon- gucur, c'est-à-dire que l'extrémité des élytres et de la tête est beaucoup moins élevée que la base de celles-ci, et cette particularité a été indiquée par le nom du genre typique Toxotus, tiré du grec ro2ov, arc; leurs élytres, sans être aussi peu consistantes que celles des Leptures, le sont plus que celles des divisions qui précèdent : leur taille est encore parfois assez grande. Trois genres seulement y sont placés: TOXOTUS, Meg., Dej., Serv., à antennes assex gréles, aussi longues que le corps, avec leur quatrième article à peine moitié aussi grand que le plus long de ceux avec lesquels il est lié; palpes à dernier article triangulaire; corselet unituberculé latérale- ment; écusson en triangle curviligne; élytres relevées aux épaules; corps arqué : quatre espèces françaises; trois, les T. cursor, Linné; dispar, Panz., et dentipes, Muls., exclusivement propres aux Fig. 1. — Lissonotus abdomanalis Fig. 2. — Parmena Algerica lrès-crossi } N X x BA { | \ | k > AT | / / k 14 L lig. 3. — Fesperus Xatartii. (Müle.) ‘ L. 44 COLÉOPTÈRES. 331 Alpes et aux Pyrénées, et le type, le T. meridianus, Gyll., long de 0,015 à 0%,025, très-variable pour la coloration, et souvent revêtu d’un duvet soyeux cendré ou cendré jaunätre, qui se trouve sur le frêne dans nos provinces tempérées et septentrionales. — Pacnvra, Meg., Dej., Serv., à an- ‘ennes gréles, longues, avec le quatrième article plus de moitié aussi grand que le plus long de ceux avec lesquels il est lié; palpes à dernier article en ovale tronqué; tête avancée en museau; corselet unituberculé latéralement; élytres presque parallèles; corps épais : on en indique sept espèces fran- caises, les P. clathrata, Fabr.; 12-maculata, Fabr.; Virginea, Linné; quadrimaculata, Lioné; strigilata, Payk., particulières à nos Alpes; 10-punctata, Oliv., se rencontrant sur les fleurs d'Om- bellifères dans les montagnes de nos contrées tempérées et septentrionales, et collaris, Linné, à élytres d'un noir bleuâtre, corselet rouge et ventre jaune rouge, long de 0,008 à 0,009; se trouve dans la France tempérée sur les fleurs, et a été signalée, quoique rarement, auprès de Paris. — Masronera, Blanch., à palpes à dernier article oblong; corselet mamelonné : ce groupe renferme quelques espèces qui, à Madagascar, remplacent nos Troxotes et nos Pachytes. CES T4. — Vesperus strepens. Fig. 275. — Leptura hastata. (Feinelle.) C. Espèces à antennes situées tout au plus à l'extrémité antérieure de l'échancrure des yeux; corselet et tête comme dans la division précédente. Voisins des précédents, les Insectes de cette division, les Leptures des anciens entomologistes, se distinguent surtout par leur corps moins large, plus allongé, plus rétréci postérieurement, et par leurs élytres plus dures; ils sont presque exclusivement européens, préfèrent les climats froids et tempérés aux régions méridionales, et se plaisent dans les bois montagneux, sur les troncs des arbres, quoique le plus grand nombre se trouve constamment sur les fleurs, principalement sur celles de la famille des Ombellifères, dans les plaines et ailleurs; par le frottement de leur corselet contre la base des élytres, ils font entendre un bruit assez aigu; leur corps est souvent d’un vert velouté : d’autres fois il est d’un rouge plus ou moins vif, et parfois des poils brillants leur don- nent des reflets métalliques; leur taille est habituellement petite. Jadis réunis dans le seul genre Leptura (exros, mince; oupx, queue) de Linné, ces Cérambyciens forment aujourd’hui quatre ou cinq groupes génériques particuliers; ce sont ceux des : LEPTURES, Leptura, Linné, ayant surtout pour caractères distinctifs : téte peu prolongée en avant, des élytres rétrécies de la base à l'extrémité, et le corselet à angles postérieurs obtus. Les larves de deux espèces sont connues : celles de la Leptura rubro-testacea, qui vivent dans les sapins, ont été étudiées avec soin par M. Éd. Perris, et celles de la L. scutelluta, par M. Baud; treize espèces sont signalées en France : les principales sont les Leptura virens, Linné, des montagnes alpines; rubro-testacea, Hig., du centre et du Midi; hastata, Fabr., des mêmes pays; livida et tomentosa, Fabr., qui se ren- contrent dans presque toute l'Europe, sur les fleurs : la première, longue de 0,007 à 0,008, d'un rouge jaunâtre, et la seconde, longue de 0,049 à 0,046, à élytres d’un jaune rouge livide, avec le sommet noir. — Srrançauta, Serv., à élytres rétrécies de la base à l'extrémité; corselet avec les angles postérieurs prolongés en pointe épineuse; tête prolongée en avant : ce groupe, auquel on réunit à bon droit celui des Stenura de Dejean, renferme des espèces ayant le même genre de vie que celles du groupe précédent, et dont les larves de trois sont connues : celles des S. elongata, Rossi, signalées par M. Westwood; aurulenta, Fabr., observées par M. Éd. Perris, comme vivant 392 HISTOIRE NATURELLE. dans l’aune, et calcarata, qui se trouvent dans le bouleau, et ont été décrites par MM. Chapuis et Candèze; parmi les espèces françaises nous nommerons les : S. aurulenta, Fabr., propre aux contrées septentrionales et tempérées; quadrifasciata, Linné, des Alpes; cruciata, Oliv., belle espèce du Midi, et qui a été signalée à Fontainebleau, et melanura, Linné, commune partout. — AnopLo- pera, Muls., à élytres presque parallèles, rétrécies dans leur partie moyenne, ou presque aussi larges à l'extrémité qu'à la base; corselet à angles postérieurs obtus : ne comprend que trois es- pèces, les A. 6-guttata, Fabr., des Alpes; rufipes et lurida, Fabr., trouvées dans nos environs. — Grammoprera, Serv., à corselet ayant les angles postérieurs terminés par une petite épine; élytres comme dans les Anoplodères : six espèces, propres à la France, toutes assez petites : le type est la ruficornis, Fabr., de Paris et du Nord, dont M. Éd. Perris a décrit la larve. A côté de ces genres nous citerons encore le genre Eurvrrer4, Saint-Farg. et Serv., qui ne com- prend qu’une petite espèce brésilienne, l'E. latipennis. QUARANTE-DEUXIÈME FAMILLE, CHRYSOMEÉLIENS, CHRYSOMELII. Blanchard, 1845. Antennes filiformes ou peu renflées à l'extrémité, généralement courtes; corps ramassé, souvent presque orbiculaire, rarement plus ou moins allongé; tête assez petite; bouche à organes disposés pour une nourriture végétale; corselet petit, orbiculaire ou triangulaire; écusson médiocrement ou assex développé; élytres habituellement de la largeur du corselet au sommet, arrondies à l'extré- mité; pattes assez gréles, courtes; tarses de quatre articles en apparence : leurs trois premiers ar- icles garnis de brosses en dessous, et l'avant-dernier bifide. Les seuls caractères que nous venons d'énoncer peuvent s'appliquer d’une manière générale à l'immense famille des Chrysoméliens, telle que nous l’adoptons avec M. É. Blanchard. Cette division correspond : aux Chrysomelines de Dejean, sauf les Érotyliens ou Clavipalpes qui en sont distraits; aux deux familles des Eupodes et des Cycliques, telles que Latreïlle les a formées dans la deuxième édition du Règne animal de G. Cuvier, 1829; et, en partie, aux Coléoptères subpentamères Phyto- phages de MM. C. Duméril et Th. Lacordaire. Si, par leur faciès, par l'ensemble de leurs caractères, comme ceux tirés des antennes, du corps et des tarses, et surtout par l’homogénéité de leurs habi- tudes presque exclusivement phytophages, ces Coléoptères peuvent être réunis dans un groupe pri- maire, beaucoup de particularités, secondaires il est vrai, tendent à en former des familles distinctes. C’est ce qui a été fait dans ces derniers temps; mais les auteurs ne sont pas d’accord sur les divi- sions de premier ordre qu'on doit admettre, et, pour ne pas augmenter trop considérablement celles que nous adoptons, nous croyons devoir laisser les Chrysoméliens tels qu'ils sont indiqués par M. E. Blanchard; seulement nous ajouterons que nos subdivisions de tribus, de groupes, etc., ont ici, dans la plupart des cas, une valeur plus élevée qu'ils ne l'ont dans nos autres familles. Les Chrysoméliens, qui tirent leur nom du genre Chrysomela de Linné, renfermant les espèces typiques, sont des Insectes de taille généralement moyenne, parfois même assez petites, et excep- tionnellement grande. Leur forme est en général assez ramassée et même ovalaire; dans le plus grand nombre des cas ils sont parés des couleurs les plus vives, de teintes agréables et voyantes, ont des reflets métalliques, ou présentent sur un fond uniforme des lignes ou des points qui s’en détachent fortement; parfois aussi ils sont noirs ou brunâtres ou d’une coloration sombre. Ces In- sectes restent en général immobiles sur les feuilles ou les fleurs, quoique leurs ailes, souvent déve- loppées, leur permettent de voler avec facilité; quelques-uns, les Altica, peuvent sauter aisément et avec force. Ils fréquentent habituellement soit les fleurs, soit les feuilles des arbres, et, pendant l'été, sont souvent très-communs sur presque tous les végétaux; tantôt on les trouve isolément, lantôt, au contraire, ils se réunissent en masses énormes et forment des agglomérations considé- Cr Fig. LL — Erotylus histrio leg. 2 — Myzomorphus scutellatus lg. D. — Homoplerus Brasiliensis COLEOPTÈRES. 553 rables. Contrairement à ce qui a lieu dans la plupart des Coléoptères, beaucoup d'entre eux vivent assez longtemps sous leur état parfait; ils rongent les feuilles des arbres et des plus petits végétaux, et leur nuisent parfois au plus haut degré. C’est ainsi que, pour ne citer que deux exemples, nous dirons que la Lina tremulæ dépouille souvent de toute leur foliaison les jeunes pousses du tremble, et que M. Chevrolat a observé, au Mont-Dore, des Chicoracées hautes d'environ un mêtre qui, ayant été attaquées par des myriades de l’Oreina rimosa, n'avaient plus aucune feuille et étaient dévorées jusque dans leurs tiges. Les métamorphoses des Chrysoméliens ont occupé un grand nombre d'entomologistes, et, sans citer les noms de tous ceux qui ont étudié spécialement quelques espèces, nous dirons que de Géer, Latreille, MM. Ratzeburg, Westwood, Harris, Th. Lacordaire, Candèze et Chapuis, ont donné des travaux généraux sur ces larves. Elles sont en général de forme raccourcie, tantôt cylindrique, tantôt fortement convexe en dessus, tantôt déprimée; les téguments sont mous ou fermes et coriacés; rarement d'une couleur blanche; elles sont le plus souvent d’une couleur foncée avec des reflets métalliques ou d'une teinte claire avec des points et des lignes de nuances diverses; le corps est habituellement formé de treize segments, en y comprenant la tête, qui est ordinairement petite, et porte des antennes assez courtes, des ocelles et des organes buccaux bien développés; en dessus les trois segments thoraciques sont parfois semblables aux segments abdominaux : dans quelques espèces le corselet se distingue par sa forme, sa couleur et la consistance de son arceau dorsal; et en dessous on peut aisément reconnaître ces segments à la présence des pattes, qui sont grêles, courtes ou médiocrement grandes, mais toujours visibles; les autres segments sont ordinairement munis de mamelons charnus ou écailleux, d’épines ramifiées, de tubercules sétigères, ou bien ils sont simples et de forme variable, et dans le plus grand nombre des larves, le segment terminal se prolonge en dessous en un tube rétractile simple ou bifide, qui sert à la locomotion, et derrière lequel aboutit le canal intestinal. Un fait très-intéressant, relatif à ces larves, se trouve dans les moyens auxquels elles ont recours pour se protéger soit contre les intempéries de l'air ou l’ardeur du soleil, soit contre leurs ennemis: ces moyens consistent dans l'emploi de leurs exeréments, avec lesquels elles recouvrent leur corps et se forment un singulier abri. Ces larves ont une démarche lente et pénible. De même que les Insectes parfaits, elles se nourrissent exclusivement de matières végétales, et plus spécialement des parties parenchymateuses des feuilles ou de la moelle des tiges, et ce n’est qu'exceptionnellement qu'un très-petit nombre d'entre elles est zoophage; habituellement chaque espèce est affectée à une plante déterminée, et le même rameau, qui au printemps nourrit quelques individus à l’état parfait, va bientôt se charger de leurs œufs, et, dans le courant de l'été, sera dévoré par les jeunes larves qui en sortiront; lorsqu'une espèce ne trouve pas le végétal qui lui est affecté par la nature, par un instinct merveilleux, elle va dévorer des plantes voisines scien- tifiquement du même végétal. En automne, la grande majorité des espèces se dispose à se changer en nymphe, et, dans ce but, les unes s’enfoncent en terre, d’autres gagnent les racines des végétaux aquatiques ou demeurent sur les feuilles, et presque toutes se construisent une coque mince, ovalaire ou arrondie, soit fixée, soit portative. La nymphe, qui apparait bientôt, ne présente rien de bien remarquable; d'abord blanchâtre, elle se colore promptement, et, après un nombre de jours qui varie selon les espèces, mais qui est souvent assez peu considérable, l’Insecte parfait se montre enveloppé dans ses membranes, et sort bientôt tout à fait formé. Celui-ci, dans un nombre très-res- treint d'espèces, séjourne pendant tout l'hiver dans la coque nymphale, mais le plus ordinairement il l'abandonne de bonne heure pour chercher sous la mousse ou sous les écorces un abri jusqu'au retour du printemps. On connaît aujourd'hui plus ou moins complétement les larves d’une centaine d'espèces de cette famille, et presque toutes celles qui ont été étudiées appartiennent à des espèces européennes. Les tribus et les groupes formés dans la famille des Chrysoméliens se prêtent peu à l'étude des larves, et si l’on veut les ranger d’une manière naturelle, il faut suivre une division spéciale; c’est ainsi que M. Th. Lacordaire, dans le premier volume de sa Monographie des Coléo- pières subpentamères de la famille des Phytophages, 4845, proposa la classification suivante : I. Larves allongées, blanchâtres, cylindriques, vivant au collet des végétaux aquatiques; nymphes immergées, renfermées dans une coque fixée aux racines de ces plantes; genres: Donacia et Hæ- monia. II. Larves se recouvrant de leurs exeréments : a&, larves courtes, oblongues, de couleur brunâtre, sans instrument particulier pour porter leurs excréments; nymphes subissant leurs trans- 534 HISTOIRE NATURELLE. formations en terre; genres : Lema et Crioceris; b, larves ovalaires, larges, épineuses, portant leurs excréments sur une espèce de petite fourche fixée à la face supérieure du segment anal; nymphes épineuses, subissant leurs métamorphoses sur les végétaux; genre Cassida. HE. Larves mineuses : a, larves allongées, presque cylindriques, atténuées à leurs deux extrémités; nymphes subissant leurs transformations dans l’intérieur des feuilles où a vécu la larve, ou en terre; genre: Altica; b, larves oblongues, atténuées à leurs deux bouts, mamelonnées latéralement; nymphes se trou- vant, comme les précédentes, dans l’intérieur des feuilles; genre : Hispa. IV. Larves courtes, épaisses, colorées, généralement pourvues d’une fausse patte anale, le plus ordinairement mame- lonnées, sécrétant une humeur visqueuse et vivant à découvert sur Îles plantes; nymphes se trans- formant sur les feuilles ou dans l’intérieur du sol, conservant habituellement la dépouille de la larve adhérente à l'extrémité du corps; genres : Eumolpus, Chrysomela, Gallerura, ete. V. Larves allongées, à peu près cylindriques, blanchâtres, mamelonnées, recourbées sur elles-mêmes à leur extrémité postérieure, logées dans des fourreaux portatifs formés de leurs exeréments, vivant, tantôt sur les plantes, tantôt dans l'intérieur des fourmilières; nymphes subissant leurs métamorphoses dans les mêmes fourreaux et dans les mêmes lieux; genres : Chythra, Cryptocephalus, ete. Ô Fig. 2176, — Chrysomela violacea. Fig. 277. — Cassida rubiginosa. Fig. 278. — Lina populi. (Larve.) (Larve très-grossie.) (Larve.) Cette famille ne le cède guère en nombre qu’à celle des Curculioniens : comprend près de dix mille espèces, et aujourd’hui une très-grande quantité de genres. Ces espèces sont répandues dans toutes les régions du globe; l'Europe en renferme un très-orand nombre, l'Amérique est également très-riche sous le même point de vue; toutes les contrées leur sont bonnes, et on en trouve vers le Nord aussi bien que vers le Midi. Linné n'y formait qu’une quantité excessivement restreinte de genres, dont le principal était celui des Chrysomela; Geoffroy, Olivier, et surtout Fabricius, Illiger et Latreille les subdivisèrent davantage, mais c'est principalement dans ces derniers temps que M. Chevrolat, suivi en cela par Dejean, a admis une quantité excessivement grande de genres. En même temps que ces divers travaux se faisaient, plusieurs naturalistes, parmi lesquels nous nous bornerons à citer MM. Th. La- cordaire et Suffrian, s’occupaient de faire connaître les nombreuses espèces venues de toutes les parties du globe et donnaient des monographies de plusieurs groupes. 1% Sous-Famizze. — CRIOCÉRINES. Méchoires à lobe externe large, guère plus long que l'interne. Cette division, qui répond entièrement aux Evrones de Latreille et à la tribu des Criocémnes de M. LE. Blanchard, renferme des espèces dont les unes (Donacia) se rapprochent tellement des der- niers Cérambyciens, que Linné et Gcoffroy les ont placées parmi eux, et dont d’autres (Megasce- lis, ete.) tiennent de si près aux Chrysomèles, type de Ja sous-famille suivante, que Linné les réunissait dans ce genre. Les organes de la manducation présentent les mêmes affinités : dans les premiers genres, la languette est membraneuse, bifide ou bilobée, de même que celle des Céram- byciens; les mâchoires ressemblent aussi beaucoup à celles de ceux-ci; mais dans les derniers senres, cette languette est presque carrée ou arrondie, et est analogue à celle des Chrysomélines. Cependant les lobes maxillaires sont membraneux ou coriaces, blanchâtres ou jaunâtres : l’intérieur s'élargit vers l'extrémité et n’a pas la figure d’un palpe, caractère qui donne à ces parties plus de : i COLÉOPTÈRES. 935 ressemblance avec les mêmes Cérambyciens qu'avec ceux des Chrysomélines. Le corps est plus ou moins oblong, avec la tête et le corselet plus étroits que l'abdomen; les antennes sont filiformes ou vont en grossissant, et sont insérées devant les yeux; la tête rentre en arrière dans le corselet, qui est cylindrique ou en carré transversal; l'abdomen est grand; les articles des tarses, à l'exception du dernier, sont garnis en dessous de pelotes, et l’avant-dernier est bilide ou bilobé; les cuisses postérieures sont très-renflées dans beaucoup d'espèces. Ces Insectes ont des ailes, maisils se tien ent néanmoins le plus habituellement attachés aux tiges ou aux feuilles. Moins nombreux que les Chrysomélines, et pouvant n'être considérés que comme une tribu des Chrysoméliens, les Criocérines sont partagées en quatre groupes, dont M. Th. Lacordaire a donné la monographie, en 1845, dans le premier volume de ses Coléoptères subpentamères phytophages. 4% groupe, Sacres, à languette grande, échancrée ou bilobée; mandibules entières au sommet, terminées en pointe aiqué; yeux entiers ou échancrés; antennes écartées, insérées au bord anté- rieur et un peu interne des yeux, épaisses, un peu moniliformes à la base; corselet plus étroit que les élytres; hanches antérieures ovalaires, globuleuses ou coniro-cylindriques; cuisses postérieures souvent très-grandes, très-renflées; abdomen à premier segment du double au moins plus grand que chacun des suivants; tarses à crochets simples; corps assez allongé. Ce groupe ne renferme qu’une soixantaine d'espèces de taille moyenne ou petite, propres à presque toutes les parties du monde, de couleurs tantôt sombres, tantôt brillantes, et qui sont réparties en neuf genres, surtout caractérisés par leur languette, leurs antennes et leurs cuisses : — Mrcamerus, Mac-Leay, à corps allongé, qlabre en dessus, pubescent en dessous : qui ne renferme que le M. Kin- qü, Mac-Leay, d’Australasie. — Prionesrmis, Lacordaire, voisin du précédent; ce groupe ne ren- ferme que le P. funerarius, de la Nouvelle-Hollande. — Canroruacus, Mac-Leay, à corps court, large, robuste : qui, par son genre de vie, a des rapports avec les Bruchides, avec lesquels on le réunit souvent, et ne comprend que le C. Banksiæ.— Drapuaxors, Sch. (Rhynchostomis, Lacord.), à corps oblong : une seule espèce d’Australasie. — Mecyvonera, Hope (Mesaphalacrus, Sturm.), à corps allongé : espèce unique, le Lema oxulcica, Boisd., d’Australasie. — Arazasis, Lacord., à corps oblong : une espèce, l'A. sagroides, de Buénos-Ayres. — SAGRA, Fabr., à languette fendue vers l'insertion des palpes; tête médiocrement allongée; yeux médiocres, étroits, réniformes; antennes robustes, filiformes, courtes; corselet de moitié au moins plus étroit que la base des élytres; hanches antérieures et intermédiaires un peu globuleuses; cuisses postérieures très-grosses dans les deux sexes, toujours dentées en dessous chez les mäles; corps assex allongé, massif, glabre : ce genre, anciennement connu sous le nom d’Aiurnus, se compose de beaux Insectes, pour la plupart de grande taille, et aussi remarquables par leur forme élégante, quoique massive, que par leurs cou- leurs, qui sont tantôt du plus riche éclat métallique, tantôt moins brillantes et même opaques, mais toujours disposées-uniformément; on en décrit une quarantaine d'espèces, toutes propres aux régions les plus chaudes de l'ancien continent, surtout aux contrées asiatiques, quoique l'on en ait aussi signalées en Afrique et à Madagascar : type, Sagra splendida, Weber, d'un rouge pourpre, de la Chine. — Orsonacna, Latr., à languette membraneuse, très-grande, fortement évasée, échan- crée en cœur en avant; tôle presque aussi large que longue; corselet cordiforme; cuisses faibles : postérieures à peine plus grosses que les autres; corps allongé, un peu déprimé : groupe ren- fermant une vingtaine d'espèces particulières à l'Europe, au nord de l'Asie et à l'Amérique boréale, petites, et dont les couleurs sont très-variables, distribuées par grandes masses et presque toujours mal arrêtées : parmi nos espèces, que l’on trouve sur les plantes, à la manière des Crio- cères, sont les O. nigricollis, Oliv.; cerasi, Oliv., et humeralis, Fabr., de Paris. —Auerarra, Hope, corps assez long : deux espèces australasiennes. 2e groupe, Doxacrres, à languette médiocre, semi-cornée, entière où très-légèrement échancrée; mandibules échancrées au sommet; antennes un peu rapprochées sur le front, insérées assez loin des yeux, gréles, filiformes; corselet beaucoup plus court que les élytres à la base; hanches anté- rieures un peu coniques, cylindriques ou contiqués; cuisses simples; abdomen à premier segment très-grand; corps allongé ou oblong. Les Donacites sont des Insectes de taille moyenne ou assez petite, à élytres mollasses, et qui, par 936 HISTOIRE NATURELLE. leurs antennes et quelques autres caractères, se rapprochent assez des Cérambyciens. Toutes les espèces vivent exclusivement dans les plantes aquatiques, aussi bien à l’état de larve que sous celui d'Insecte parfait. Deux genres, Donacia et Hæmonia, quoique exclusivement européens et renfer- mant une centaine d'espèces, forment ce groupe, et les larves de plusieurs espèces, allongées, blan- châtres, presque cylindriques, vivant au collet des végétaux aquatiques, et les nymphes immergées, renfermées dans une coque fixée aux racines de ces plantes, ont été observées avec soin. Ces larves ont, suivant MM. Candèze et Chapuis, les caractères qui suivent : tête très-petite, un peu cornée- jaunâtre; à bouche dirigée en avant et un peu en bas, plus ou moins rétractile dans le segment prothoracique; ocelles au nombre de cinq de chaque côté, arrondis, très-petits dans les Donacies, manquant dans les Hémonies; antennes articulées sur les bords latéraux et antérieurs de la tête, courtes, coniques, formées de quatre articles; plaques sus céphaliques ayant en avant un chaperon transversal bien distinct; lèvre supérieure charnue, très-petite; mandibules courtes, triangulaires, très-petites, arrondies antérieurement; mâchoires libres, charnues, formées d’une pièce cardinale oblique, d’une pièce basilaire renflée, cylindrique, et présentant à leur extrémité interne un petit lobe maxillaire grêle, atténué à son côté externe; palpes maxillaires formés de deux ou trois ar- ticles; lèvre inférieure présentant un mamelon charnu, allongé, cintré en avant, de six pièces pal- pigères charnues, confondues à leur base : palpes labiaux représentés par un petit tubereule et un rudiment de languette simple, charnu; les segments thoraciques sont semblables aux abdomi- naux, sauf le corselet, qui a son écusson presque corné, d’un jaune brunûtre; pattes courtes, grêles, composées d’une hanche large et courte, d’une cuisse petite, carrée, d’une jambe plus courte en- core, et d'un tarse formé par un petit ongle obtus; les segments abdominaux, au nombre de huit seulement, sont charnus, subeylindriques, croissant en largeur jusque vers l’extrémité brusque- ment rétrécie : les sept premiers segments sont divisés en dessus en deux parties par un sillon transversal, et chaque partie munie d'une large bande de soies courtes, roussâtres, dirigées en ar- rière : le huitième, rudimentaire et presque tout à fait enchässé dans le septième, a sa face posté- rieure aplatie, et près de son bord supérieur sont fixés deux crochets trigones, ferrugineux, cornés, dirigés en bas et en avant, l’anus, sous forme d'une fente semi-lunaire, s'ouvre près de la pointe des crochets et ne sert pas à la progression, les stigmates sont très-petits, arrondis, rou- geàtres, au nombre de neuf paires. Les larves vivent dans l'intérieur des tiges de diverses plantes aquatiques, et se logent vers leur collet. Parmi les Donacia, on a étudié les métamorphoses de plusieurs espèces, et surtout de la crassipes, dont se sont occupés MM. Aubé et Kælliker; les œufs sont déposés à la face inférieure des feuilles de nénufars, sur un ou deux rangs, au pourtour d'ouvertures creusées probablement dans ce but par l’Insecte parfait; lorsque les jeunes larves sont écloses, elles se transportent au collet des plantes aquatiques, où elles séjournent jusqu’à leur en- ter développement, qui dure de quatre à cinq mois; en automne, elles gagnent les racines des plantes sur lesquelles elles ont véeu, et se construisent une coque ovalaire qu’elles fixent par son grand diamètre à ces mêmes racines; la nymphe ne présente rien de particulier, et l'Insecte parfait se développe en peu de temps; il passe l'hiver dans sa coque, et ne l’abandonne que vers les mois de mai ou de juin de l’année suivante. Les larves connues des autres espèces sont celles des : sagit- tariæ, dont M. Éd. Perris a donné une histoire assez détaillée; lemnæ, dont ont parlé MM. Guérin- Méneville et Mulsant, et menyanthidis, dont Germar a décrit la larve et la coque nymphale. Parmi les Hæmonia, MM. Germar et Kunze ont publié des détails sur les transformations de l’equiseti, et M. Th. Lacordaire a décrit la larve de sa Gyllenhalli; cette dernière larve diffère principalement de celles des Donacies par son manque d’yeux et de palpes labiaux; les antennes ont seulement deux articles; elle a neuf paires de stigmates latéraux, dont sept sur les sept premiers segments abdomi- naux, la huitième sur le mésothorax, ct la neuvième sur le corselet, comme dans certains Lampyrides. M. L. Dufour s’est occupé de l'anatomie du canal intestinal des Donacia simpleæ et discolor. Ce canal égale trois fois en longueur celle du corps entier; l’œsophage traverse le corselet sans perdre sa ténuité capillaire; le ventricule chylifique qui lui succède est assez long pour faire une circon- vallation dans l'abdomen, et tout couvert de papilles saillantes; l'intestin grêle est flexueux et peu distinet du cœcum, qui est allongé; les vaisseaux biliaires ne sont qu’au nombre de quatre, etc. Les deux genres de ce groupe sont : 4° les DONACIES, Donacia, Fabr., à lèvre inférieure merm- braneuse, courte, presque carrée; palpes fiiformes; antennes gréles, filiformes, assex longues; COLÉOPTÈRES. 337 o mandibules courtes, pointues, cornées, arquées; mächoires bifides; yeux petits; tête avancée; co selet plus étroit que les élytres; écusson petit; élytres déprimées, triangulaires; pattes moyennes, cuisses simples, et surtout à tarses médiocres, dilatés, tomenteux en dessous, avec le dernier ar- ticle plus court que les précédents réunis, et le troisième profondément bilobé; corps moyen, allongé ou oblong. Les Donacies, qui pour Linné étaient des Leptura, et pour Geoffroy des Stenocorus, sont remarquables, non-seulement par leurs formes élégantes, mais encore par les couleurs métalliques brillantes dont presque toutes les espèces sont ornées, couleurs, du reste, très-variables, et qui, dans la même espèce, peuvent offrir toutes les nuances imaginables, depuis le noir bronzé jusqu'au cuivreux et au doré le plus éclatant; on trouve dans nos climats ces Insectes, depuis le milieu du printemps jusqu’à la fin de l’été, sur les plantes aquatiques, et parfois sur celles qui croissent dans les prés et dans les bois humides; exposés à des chutes fréquentes dans l’eau, la nature leur à donné le moyen de les éviter en armant le dernier article de leurs tarses de deux forts crochets, qui leur servent à se cramponner avec force aux feuilles des végétaux : en outre, le dessous de leur corps est revêtu d’une pubescence satinée et hydrofuge sur laquelle l’eau n'a pas de prise, et rend à peu près nulles les conséquences de ces chutes quand elles ont lieu; les Donacies volent rarement, seulement pendant la plus forte chaleur du jour, et leur vol est peu agile, de courte durée, mais le plus habituellement elles restent à peu près immobiles, et se bornent, pour éviter le danger, à con- tracter leurs pattes et à se laisser tomber au moment où on va les saisir. M. Th. Lacordaire décrit cinquante-six espèces de ce genre, mais l'on en connait aujourd’hui une vingtaine de plus : ces espèces sont surtout répandues dans les régions tempérées et froides de l'hémisphère boréal, tant en Europe qu'en Asie eten Amérique. Comme types nous citerons trois espèces qui se rencontrent communément dans les environs de Paris : les D. crassipes, Linné; clavipes, Payk.; sagittariæ, Fabr.; 9° les HEMONIA, Latr. (Macroplæa, Samoelle, Hoffm., Meg.), se distinguant principalement des Donacia par leurs tarses allongés, gréles, presque nus en dessous, et à dernier article plus long que les précédents réunis, et le troisième entier : les Insectes de ce groupe vivent également sur les plantes aquatiques, mais ils se nourrissent de végétaux toujours immergés, et, par conséquent, res- tent plongés dans l'eau : les uns (Equiseti, Curtisii, Chevrolatü), propres aux eaux douces, se trouvent principalement sur les Potamogetons, et les autres (Zosteræ, Gyllhenhalii) n'ont été pris que sur des plantes marines : on en connaît une dizaine d'espèces difficiles à distinguer et à trouver par suite de leur habitat, et propres aux contrées froides européennes et américaines. Fig. 279. — Donacia clavipes. Fig. 280. — Crioceris dorycus. Fig. 281. — Sugra cyanca. 3° groupe, CriocériTes, à languette entière ou un peu échancrée en avant; mandibules échancrées ou bifides au sommet; lèvre inférieure courte, carrée; yeux ordinairement échancrés; antennes écartées, insérées au bord antérieur et interne des yeux, assez épaisses, moniliformes, un peu épaissies vers le bout; corselet plus étroit que les élytres à la base; hanches antérieures cylindrico: coniques; abdomen à premier segment légèrement plus grand que les suivants; tarses à crochets soudés à la base, bifides ou simples; corps allongé, ovalaire. P Les Criocérites, tels que nous les adoptons avec M. Th. Lacordaire, correspondent aux Criocé- rides de Latreille, sauf que ce dernier auteur y réunissait les Donacies et les Hémonies, avec les- quelles ils se lient intimement, en même temps qu'ils ont des rapports assez manifestes avec les Megalopis. Ces Insectes, propres à toutes les parties du monde, et dont on décrit près de quatre cents espèces, sont assez petits, rarement de taille moyenne, et parés d'assez jolies couleurs. c.5 43 338 HISTOIRE NATURELLE. Presque tous vivent des parties molles des végétaux herbacés, surtout aux dépens des feuilles et des tiges; les Rhæbus seuls sont granivores. Les larves connues de ce groupe causent, par leur voracité, d'assez grands ravages sur les plantes dont elles se nourrissent, et ne se rapportent qu'à deux genres et sept espèces, dont six sont européennes : ce sont celles des Crioceris merdigera, vivant sur les lis, étudiées par Blankaert, Lorenzo Patural, Réaumur, Swammerdam, de Géer et M. West- wood; C. brunnea, dont a parlé M. Boudier père, et qui se rencontrent sur le muguet; 12-punc- tata, décrites par Frisch; C. asparagi, mieux connues par les travaux de Friesch, Ræsel et de MM. Bouché et Westwood, et se trouvant abondamment sur les asperges, ainsi que la précédente; Lema melanopa, propres aux céréales, et principalement à l’orge et à l’avoine, décrites par Réau- mur et MM. Westwood et Cornélius; cyanella, que M. Cornélius a également fait connaître : toutes propres à l’Europe, et trilineata, Oliv., observées aux États-Unis d'Amérique, sur les pommes de terre, par M. Harris. Ces larves ont pour caractères généraux : tête de médiocre grosseur, un peu hémisphérique, écailleuse, lisse, à bouche formée de parties cornées, et dirigée presque verticale- ment en bas; ocelles au nombre de six de chaque côté, arrondis, inégaux; antennes insérées à l'angle antérieur et externe de la plaque sus-céphalique, dans une petite excavation, de trois ar- ticles; chaperon séparé de la plaque sus-céphalique par un léger sillon; mandibules médiocres, peu saillantes, un peu arquées, avec plusieurs dents terminales; mâchoires libres, assez développées; lèvre inférieure comprenant un menton en losange allongé, des pièces palpigères supportant des palpes labiaux uniarticulés, et une languette représentée par un petit tubercule charnu; segments thoraciques plus courts et plus étroits que les abdominaux; corselet recouvert en dessus d’un écusson corné, lisse; mésothorax et métathorax offrant sur les côtés de petites plaques cornées; pattes de médiocre longueur; tarses courts, terminés par un ongle assez crochu, grêle; neuf seg- ments abdominaux, charnus, recouverts d'une peau fine, luisante, divisés chacun en dessus en deux parties par un sillon transversal, ayant des points épais surmontés d’une petite soie, et offrant en dessous des disques servant probablement à maintenir la larve sur les feuilles, soit en faisant ‘office de ventouses, soit par la matière visqueuse dont ils sont enduits; segment anal très-petit; stigmates au nombre de neuf paires. Toutes ces larves ont entre elles la plus grande ressemblance, et ne différent que par quelques particularités de peu d'importance : elles proviennent d'œufs que les femelles collent sur les feuilles des plantes, sont blanchâtres, lentes dans leurs mouvements : une quinzaine de jours leur suffit pour acquérir tout leur développement, et alors elles s'enfoncent dans la terre et s’y pratiquent une retraite, ou sorte de coque de forme ovalaire, lisse et revêtue d'un vernis, dans laquelle elles subissent leurs métamorphoses; au bout de quinze autres jours, l'Insecte parfait en son L'ouverture anale, au lieu d’être située à l’extrémité ou en dessous du dernier segment, comme dans la plupart des autres Coléoptères, l’est en dessus et s'ouvre de façon que les excréments sont poussés successivement en avant à mesure qu'ils sortent, et forment sur les larves une couche plus ou moins épaisse, humide, qui revêt presque entièrement leur corps sans y adhérer. Cette curieuse et sale enveloppe est essentielle à l'animal, car si l'on vient à la détruire, la larve commence à manger avec une voracité inaccoutumée pour se couvrir de nouveau de cet abri protecteur, d'autant plus utile qu’elle vit tout à fait à découvert. Les genres admis dans ce groupe, au nombre de dix, d’après M. Th. Lacordaire, sont les sui- vants : Syxora, Eschs., Dej., Lac., renfermant des espèces à corps allongé, glubre ou finement pu- bescent, avec les téguments peu solides, et ayant des couleurs distribuées par grandes masses, mal arrêtées, le type est leS. betulæ (Crioceris), Fabr., petite espèce du nord de l’Europe, à laquelle sont jointes quelques espèces, toutes de l'Amérique du Nord. —Zeucornora, Kunze, différant surtout du précédent par ses yeux légèrement échancrés et ses hanches intermédiaires séparées : quelques espèces, surtout propres à l'Europe et à la Sibérie (type, notre Auchenia subspinosa, Kunze). — Mecasceus, Dej., Latr., commencant la série des genres qu’il nous reste à étudier, et dans lesquels le coyselet.n’est ni denticulé ni épineux sur les côtés, et qui a spécialement les antennes filiformes, longues, gréles; des cuisses postérieures très-renflées; des tarses à crochets, ete. : ces Insectes, plus grands que nos Criocères, sont au nombre d’une soixantaine, et tous propres aux deux Amériques, où on les trouve isolés ou réunis en petit nombre sur les feuilles des arbustes et des plantes, et non sur les fleurs, et ils ne sautentjamais, malgré le grand développement de leurs cuisses de derrière, —- Pcecronyena, Lacord., très-rapproché des Lema, cinq espèces américaines. —Lena, Fabr., séparé du Fig. L. — Helodes distincta. [Gvossi. Fig. 2 Alurnus Landsber gi | < OSOSES e Fi a. #. — Arescus quadrimaculatus. Fig. à. COLÉOPTÈRES. 539 groupe précédent par une saillie mésosternale distincte, accolée au métathorax et arrivant à son ni- veau, et ayant pour caractères spéciaux : {éte terminée en museau quadrangulaire; antennes fili- formes, moyennes, de onxe articles: yeux très-gros où médiocres, oblongs, presque globuleux; corselet le plus souvent rétréci sur les côtés; élytres oblonques, beaucoup plus larges que le corselet; pattes moyennes; cuisses peu renflées; tarses à crochets soudés à la base; corps petit, parallèle ou presque pa rallèle, peu allongé, ete. Geoffroy est réellement le créateur de ce genre, qu'il nomma Crioceris; mais malgré l’antériorité qui aurait dû prévaloir, Fabricius l'a changé en cclui de Lema, qui a été assez généralement adopté; ce que nous n’aurions pas faitsi M. Th. Lacordaire n'avait trouvé un moyen de tout concilier en formant un genre Criocère et un genre Lema; ce groupe, quoique considérablement restreint, renferme encore près de trois cents espèces répandues sur tout le globe, mais beaucoup plus abondantes dans le nouveau que dans l’ancien continent; ces espèces semblent ne se trouver habituellement que sur les plantes herbacées, rarement sur les arbrisseaux, et quelques-unes, comme plusieurs de nos espèces indigènes, se réunissent parfois en agglomérations très-nombreuses; ils font entendre un petit bruit lorsqu'on les saisit: parmi les espèces européennes, dont plusieurs se trouvent aux environs de Paris, nous nous bornerons à citer le Lema melanopa, Fabr.; Latreille et M. Guérin-Méneville en avaient distingué un genre Petauristes (Lema varia et postica, Fabr.), différencié par ses cuisses postérieures très-renflées; ses antennes fortement élargies à partir du cinquième article, et ses yeux profondément échancrés, mais qui ne doit pas être adopté. — CRIO- CERIS, Geoffroy, Lacord., se séparant surtout des Lema par ses tarses à crochets non soudés à la base : une soïxantaine d'espèces, propres à tout le globe, et dont le sixième environ se trouve en Europe, entrent dans ce genre, qui correspond à celui des Auchenia, Thunberg, adopté par quel- ques auteurs : types, nos Lema merdigera, Linné, long de 0,006 à 0%,007, rouge, se rencontre sur les Liliacées; asparagi, Linné, plus petit que le précédent, jaunâtre, avec des points noirs, sur l’asperge, de même que le 12-punctata, Linné, ete. — Bracaypacryta, Lacord., qui a des hanches antérieures subglobuleuses, séparées par la saillie prosternale : deux espèces, l'une de Java, et l’autre de Madagascar. — Ruxsus, Fischer de Waldheim, à antennes filiformes; pattes posté- rieures les plus longues de toutes; cuisses renflées; jambes droites : ce genre ne renferme que le B. Gebleri, Fisch., petite espèce propre à la Sibérie, et qui est surtout remarquable en ce que sa larve vit dans les semences d’une plante, de la Mitraria Schoteri. — Eusarrus, Lacord., à més.. sternum formant une saillie perpendiculaire entre les hanches intermédiaires : une espèce (palliatus) de Bolivie. — Arecenera, Lacord., à dernier segment abdominal très-grand : le seul À. cygnoides, découvert dans le Brésil intérieur. 4 groupe, MécaLorites, à lanquette grande, souvent bilobée, parfors entière; mandibules inermes, à pointe entière; palpes à dernier article allongé, acuminé; yeux grands; antennes grossissant plus ou moins de la base à l'extrémité, dentées ou pectinées; tête penchée, déprimée; hanches anté- rieures et intermédiaires cylindriques, contiqués; abdomen à dernier segment le plus grand de tous; tarses à crochets simples; élytres embrassant habituellement les côtés du corps. Les Mégalopides sont de jolis Insectes, de taille moyenne, dont on connaît une centaine d’espèces, presque toutes propres à l'Amérique, surtout méridionale, mais dont quelques-unes sont partieulières à l'Afrique australe et au continent asiatique. Tous vivent sur les plantes et les arbrisseaux peu élevés; leur vol est lourd et n’a pas lieu pendant la plus forte chaleur du jour; ils produisent, comme les Lema, un bruit aigu, par le frottement de leur corselet contre le pédoneule de leur mé- sothorax; quand on les saisit, ils fléchissent un instant leurs antennes, et répandent par les articu- lations des pattes une liqueur jaune analogue à celle répandue par les Coccinelles. Les genres de ce groupe peuvent être subdivisés ainsi qu’il suit : 4° espèces à languette profondé- ment divisée en deux lobes; yeux pourvus d’une orbite en arrière : Masrosrerus, Lacord., une soixantaine d'espèces propres à l'Amérique méridionale, — Howaroprenus, Perty, deux espèces bré- siliennes (tristis, Perty, et heteroproctus, Lacord.). — Acaromerus, Lacord., une trentaine d'es- pèces du Brésil, de Cayenne et du Mexique. — Teuwxasris, Lacord., quatre espèces propres à Java. — MEGALOPUS, Fabr., genre typique, dans lequel les élytres sont déhiscentes à l'extrémité, ayant une aire élevée à la base : M. Th. Lacordaire n'y range plus que quinze espèces, toutes de l'Amérique du Sud, particuliérement du Brésil, remarquables par leur corps allongé, étroit; ct 340 HISTOIRE NATURELLE leurs cuisses postérieures renflées : type, M. nigricornis, Fabr. — 2° Espèces à languette forte- ment bilobée; yeux non pourvus d'une orbite en arrière : ne renfermant que le seul genre Pæœar- Loorrxa, Hope, cinq ou six espèces propres à l'Afrique australe, au Sénégal et à Sierra-Leone. 2e Sous-Famizze. — CHRYSOMÉLINES. Mächoires à lobe externe, étroit, cylindrique, plus long que l'interne. Cette division, qui répond entièrement aux Cxeziques de Latreille, est beaucoup plus considérable que la précédente, et renferme des espèces ayant encore les trois premiers articles des tarses spon- gieux ou garnis de pelotes en dessous, avec l’avant-dernier partagé en deux lobes, et les antennes filiformes ou un peu plus grosses vers le bout. Ces espèces ont un corps ordinairement arrondi, avec la base du corselet de la largeur des élytres, dans celles, en petit nombre, où ce corps est oblong; leurs mâchoires ont le lobe externe de forme étroite, presque cylindrique, et d’une couleur foncée, et présentant l'apparence d’un palpe, tandis que le lobe interne est plus large et sans on- glet écailleux. Chez quelques espèces étudiées anatomiquement par M. L. Dufour, on sait que le tube alimentaire est trois fois au moins plus long que le corps; que l’œsophage se renfle le plus souvent en arrière du jabot; que le ventricule chylifique ou estomac est habituellement lisse; que les canaux biliaires sont au nombre de six, ete. Les larves offrent des particularités assez remarquables. A l'état parfait, ces Insectes sont généralement de petite taille, souvent ornés de couleurs métalliques et brillantes, et ont le corps ras ou sans poils; les femeiles sont très-fécondes; presque tous sont lents, timides, *se laissent tomber à terre quand on veut les saisir, repliant leurs antennes et leurs pieds tontre le corps; plusieurs sautent très-bien, et d’autres répandent une liqueur particulière. N DRUNESANT Fig. 282. — Chlamys fulgida Fig. 283. — Arescus caudatus. Fig. 284. — Clythra quadri- (Profil.) maculata. Ze tribu, Hisrines, à mächovres à lobe externe long, gréle; mandibules terminées en pointe; orps oblong. Cette tribu, très-voisine de celle des Cassidites, à laquelle elle était anciennement réunie sous la dénomination commune de Cassidaires, est composée principalement, suivant M. Chevrolat, d'une trentaine de genres et de plus de trois cents espèces, propres à tous les pays, mais surtout assez abondamment répandues en Amérique, tandis qu'on n’en signale que trois seulement en Europe. Leur corps est habituellement oblong, ovalaire, convexe, presque toujours épineux entièrement ou partiellement, et leur taille est souvent de 0,004 à 0%,005 de longueur sur 0,002 à 0,003 de largeur, diminue ou s'accroît de 0%,003 à 0,055 sur 0",002 à 0,014; leur tête ést découverte; leurs épaules sont exceptionnellement dilatées et comme ailées; les antennes, mutiques à la base, variant de longueur et de grosseur, ont une massue articulée, cylindrique, aplatie, dilatée, acu- minée, et c'est d’après la forme de ces articles que sont formés la plupart des genres. Les larves de quatre espèces américaines de l'ancien genre Hispa, se rapportant pour la plupart aux genres actuels des Uroplata et Microrhopala, celles des rosea, querciforlius, suturalis et vittata vnt été décrites par M. le docteur Harris, et ont au premier aspect quelque analogie avec certaines larves de Callidium. Ces larves sont d’un blanc jaunâtre, sauf la tête, les pattes, les tubercules laté- vaux; la plus grande partie des arceaux dorsaux du corselet et du segment terminal qui sont bru- vtres; elles vivent, comme celles des Altica, dans le parenchyme des feuilles, et y accomplissent ve même leurs métamorphoses; la nymphe du suturalis a été observée dans des feuilles d'un Robinia. COLÉOPTÈRES. 341 Chez ces larves, la tête est cornée, petite, en partie rétractile, portant des antennes à peine visibles, des mandibules assez fortes, triangulaires, un peu dentées intérieurement; le thorax est formé de segments semblables à ceux de l'abdomen; le corselet est large, recouvert d’un écusson corné; les pattes sont peu développées, terminées par un ongle simple; les segments abdominaux portent cha- cun un tubercule assez saillant; il y a huit paires de stigmates. Dans la plupart des genres les antennes ont onxe articles, et, d'après la disposition des élytres, on peut y former quatre divisions particulières. A. Espèces à élytres plus ou moins oblongues, al- longées, aplaties, convexes, non épineuses : genres, ALURNUS, Fabr., à antennes à premier article conique, suivant cylindrique, dernier pointu : Insectes de grande taille, ovalaires, ornés de belles couleurs, et propres à l'Amérique méridionale; type, À. grossus, Fabr., de Cayenne. —Bornionops, Clhevr., du continent indien. — Cepuarorera et Lepromorpua, Chevr., à corps très-allongé, effilé : de gracieuses espèces de l’Amérique du Sud. — Anescus, Perty (Chelobasis, Gr.), remarquable par son corps presque ovalaire, aplati : et ayant pour type l'A. caudatus, du Mexique. — Cnyrronyeuvs, Gyil. — Oxvcrpnarus, Guérin, à téte prolongée en avant en une forte pointe : type, O. cornigera, d’Australasie. — B. Espèces ayant des élytres à côtes : genres, CHALEPUS, Thunb. (Scelænopla, Chevr.), d'assez nombreuses espèces du Brésil et régions voisines. — Amsopera, Chevr., des Indes orientales. — Acenrrurrers, Chevr., ete. — GC. Espèces à élytres aplaties, élargies, tronquées à l'extrémité, le plus ordinairement dentées ou denticulées sur les bords externes : plusieurs genres, démembrés des Hispa, pour la plupart américains, et dont le principal est celui des ODONTOTA, Chevr. (Anoplistis, Kirby). — Les autres sont ceux des Merazycera, GonopHora, ONCHOCEPHALA, Pracuyconma, Ceparoponra et Microponra, Chevr. — D. Espèces à élytres ovalaires, entièrement couvertes d’épines : ne comprenant que le genre typique de la tribu, celui des HISPES, Hispa, Linné, à antennes épaisses, cylindriques, avec les articles légèrement coniques; corselet et élytres hérissés de pointes, branchues, ainsi que les antennes; pattes simples, mutiques : ainsi restreint, ce genre ne renferme plus qu'une quarantaine d'espèces, en général noirâtres, la plupart exotiques, et surtout particulières à la côte de Guinée et au Sénégal. Trois d’entre elles, très-petites, sont eu- ropéennes: ce sont les : H. atra, Linné, que l’on trouve à Paris sur des plantes qui croissent dans le sable; H. testacea, Fabr., de l'Europe australe, et aptera, Bonnelli, d'Italie. Dans le seul genre Payzoconvna, Chevr., les antennes ne présentent que dix articles. Pans un autre genre, celui des Prarvrrra, Guérin, les antennes n'ont que neuf articles. Dans deux genres : Euprioxora et Micronnopazra, Chevr., les antennes sont de huit articles. Enfin dans le genre Uropara, Chevr., groupe américain, à corps aplati, les antennes n'ont plus que sept articles. Outre ces coupes génériques, nous pourrions encore citer celles des : Cælænomenodera, Blancb.; Dichræa et Estigmena, Hope; Cullistola, Promecothera, Octotoma et Cladophora, Dej., ete. 2 tribu, Cassinines, à mâchoires avec le lobe externe long, gréle; corps orbiculaire; mandibules courtes, en palettes dentées. Cette division renferme environ cinq cents espèces, propres à toutes les parties du monde, surtout abondantes dans l'Amérique du Sud, petites on moyennes, peu nombreuses en Eu- rope, et réparties en une trentaine de genres. Ces Insectes, en général à corps aplati, large, sont aussi remarquables par la variété de leurs formes, dont quelques-unes même très-bizarres, que par la vivacité et l'éclat souvent métallique de leurs couleurs; et, sous ce dernier rapport, quelques-unes de nos espèces indigènes paraissent rivaliser avec les exotiques, mais elles perdent leur éclat en mourant, ce qui n’a pas lieu pour les espèces des pays chauds. Elles se trouvent sur les fleurs et sur les feuilles des arbres, et parfois en réunions nombreuses. Les larves d’un assez grand nombre d'espèces de Cassida ont été décrites, et principalement beaucoup d'indigènes, telles que celles de l'Austriaca, par M. Bach; celles des chloris, denticollis, equestris, ferruginea, languida, rubiginosa, sanguinosa, vibex, par M. Cornélius; celles de la murræa, par Goëdart, Lyonnet, Kirby, Gravenhorst et M. Pfumer; celles de la maculata, par Kirby et M. L. Dufour; celles de la nebulosa, par M. Guérin-Méneville; celles de la 14-maculata, par Latreille; celles de la tigrina, par Friesch, de Géer, Gravenhorst et Schotz; et surtout celles de la viridis, qui ont occupé 349 HISTOIRE NATURELLE. successivement PBlankaert, Ræsel, Goëdart, Réaumur, de Géer, Lyonnet, Herbst, Kirby, Strom, Latreille, MM. Westwood, Gravenhorst et Schotz, L. Dufour, ete.; parmi les exotiques, Gravenhorst et Schotz ont indiqué celles de la Bengalensis, et M. Westwood, celles de l'ampullu, d'Haïti. Ces larves ont une forme ovalaire, un peu rétrécie en arrière et déprimée; comme celles des Crioceris, elles se recouvrent de leurs excréments, mais ceux-ci sont disposés d'une manière différente : la fourche que porte le segment terminal se replie vers la partie antérieure de l'Insecte, de manière à former avec le corps un angle ouvert en avant : l’anus est perforé près de cet appendice, et, lorsque la larve rejette ses excréments, ils sont retenus par la fourche, et, par suite de leur accumulation, ils sont poussés en avant, se collent les uns aux autres, et forment ainsi une espèce de toit, conte- nant parfois les dépouilles des mues, sous lequel la larve disparaît presque en entier. La forme des appendices caudaux, la forme et la disposition des fèces présentent des variétés nombreuses et par- ticulières à chaque espèce. Ces larves, qui, chez nous, vivent sur un assez grand nombre de feuilles de diverses plantes, telles que les artichauts, les chardons, les menthes, etc., ont pour caractères communs: tête presque globuleuse, petite, cornée, presque cachée par le corselet; plaque sus-cé- phalique un peu convexe, impressionnée; lèvre supérieure arrondie, bien développée; antennes triarticulées, insérées sur les parties latérales et antérieures de la tête; ocelles au nombre de quatre de chaque côté; mandibules très-courtes; segments thoraciques souvent bien distincts de ceux de l'abdomen, recouverts en dessus d’écussons coriacés; corselet très-grand, formant la partie la plus avancée du corps, rugueux, impressionné, ayant quatre prolongements latéraux inégaux; pattes très- courtes, fortes, épineuses; huit segments abdominaux, munis de chaque côté d’un appendiceépineux, etle dernier portant en outre à sa partie supérieure un appendice plus ou moins profondément bifur- qué; anus s’ouvrant à la face supérieure du segment terminal, assez prolongé; huit paires de stig- mates, souvent portées sur un prolongement charnu, saillant. Ce n’est qu'après avoir changé plu- sieurs fois de peau que la larve se transforme en nymphe sur la feuille même où elle a vécu. Celle-ci a aussi une queue fourchue, mais dont les deux branches sont inermes, et beaucoup moins longues que celles de la larve, et c’est par cette queue, qui reste engagée dans la dépouille de la peau ré- duite en peloton, qu'elle est fixée contre la feuille où la transformation s’est faite. Cette nymphe, plus courte que la larve, est de forme ovale aplatie; elle a un ample corselet, presque semi-lunaire, dont le contour est bordé d’un rang d’épines courtes et simples; l'abdomen est garni latéralement d'appendices ou de lames plates, ete. Au bout d’une quinzaine de jours l’Insecte parfait en soït. 1 groupe, Iuarminires, à corselet échancré, laissant la tête entièrement découverte. Les Imathidites, beaucoup moins nombreux que les Cassidites et ordinairement plus petits, ont, comme eux, le corps manifestement circulaire; mais, par suite de l’échancrure antérieure du cor- selet, leur tête est tout à fait découverte. Ges Insectes sont de couleurs peu brillantes, et aucun d’entre eux n’est propre à l'Europe. Le genre typique est celui des IMATHIDIUM, Fabr., à antennes longues, gréles, filiformes; cor- selet large; élytres arrondies, à bords plans : plusieurs espèces, principalement de l'Amérique mé- ridionale, et ayant pour type l'I. fasciatum, Fabr., de Cayenne. — Les autres genres, démembrés pour la plupart des Cassida, sont ceux des : Spuæropazeus, Chevr., du Brésil. — Carorepra, Hope (Craspedonta, Chevr.); Prioprera, Hope (Basiprionota, Ghevr.), et Hopzronora, Hope (Notosacan- tha, Chevr.), des îles et du continent indiens. — Tuyrcomorpua, Dej., du Cap. — Derocranra, Dej., du Brésil. — Porruyrasris, Hope (Hæmisphærota, Ghevr.), de l'Amérique boréale. — Carropsis, Dej., de Cayenne. — Omoreina, Chevr., de Saint-Domingue. — CarvprocepnaLa, Chevr. — Secenis, Hope (Acromis, Chevr.). — Omorrara, Hope (Echoma, Chevr.).—Tauroma, Hope (Omocera, Chevr.). — Porycenarca, Chevr. —Oxvnonera, Hope (Discomorpha, Chevr.), tous de l'Amérique méridionale. 2° groupe, Cassinires, à corselet recouvrant entièrement la tête. Le caractère que nous venons d'indiquer, et qui est très-facile à saisir, est le seul qui distingue ces Insectes de ceux du groupe précédent. Leur tête est très-petite et déprimcée; leur corps est étroit et aplati en dessous; leurs pattes, courtes et rétractiles, Sont cachées entièrement, et même débor- dées par le corselet; leurs élytres sont très-dilatées, et forment par leur réunion une sorte de toit ou de bouclier sous lequel l'Insecte se trouve abrité, un peu comme une Tortue l'est dans sa carapace. . COLÉOPTÈRES. 345 Ils sont très-nombreux, abondamment répandus sur les végétaux, communs partout, parés de bril- lantes couleurs, de taille moyenne dans les pays méridionaux, et petite dans nos contrées. Le genre typique est celui des CASSIDES, Cassida, Linné, à antennes gréles, avec leurs cinq der- niers articles un peu épaissis; corselet très-arrondi; corps aplati, circulaire ow ovalaire, comme dans tous les autres genres du groupe, d’où a été tirée leur dénomination, du latin cassis (casque); et le nom vulgaire de Scarabées tortues : ces Insectes se servent peu de leurs pattes, et restent habi- tuellement immobiles sur {es plantes dont ils se nourrissent, et avec lesquelles ils se confondent quelquefois par leur teinte identique; c’est en été et sur les plantes basses qu'on les trouve; on ne laisse plus dans ce genre qu’une cinquantaine d'espèces, dont plus de moitié appartiennent à l’Eu- rope, et les autres à l'Afrique et à l'Amérique, aux Indes orientales et à la Nouvelle-Hollande; parm les espèces qui habitent les environs de Paris, nous indiquerons la Cassida viridis, Linné, longue de 0,005, entièrement d’un joli vert; murræa, Linné; nobilis, Fabr., ete. — Les autres genres, presque tous de l'Amérique du Sud, principalement communs au Brésil, surtout caractérisés par l'organisation des antennes, du corselet et des élytres, et offrant des formes habituellement ova- laires, quoique parfois plus ou moins allongées ou raccourcies, sont les suivants : Evcexysa, Chevr. — Gyrroxora, Chevr. (Mesomphalia, Hope).— Boranocnara, Chevr. (Pæcilopsis, Hope). — Cueur- morrHa, Chevr. — Iscuyrosonyx, Chevr. — Cypnorrera, Hope (Elytrogona, Chevr.). — Hyrosa, Chevr.— Puysonora, Chevr. — Asreniza, Ghevr. — Decoyara, Chevr. (Aspidimorpha, Hope). — Owaspines, Chevr. — Boraxora, Hope (Dorynota, Chevr.). — Basipra, Chevr., du Cap. — Carro- Eycra, Chevr. — Oxvpera, Hope (Discomorpha, Chevr,). — Carracyera, ete. 4 N Fig. 285. — Hispa atra. Fig. 286. — Cassida oblonga. Fig. 287. — Labidostomis (Clythra (Très-grossi.) (Grossi.) forcipifera. (Grossi.) 5° tribu, Curysomérires, à méchoires à lobe externe très-gréle, palpiforme; antennes très-écar- tées à leur point d'insertion; palpes à avant-dernier article mince; mandibules pointues. Cette tribu, la plus nombreuse de toutes celles de la famille, renferme les espèces véritablement typiques. On en trouve partout; leur taille, quoique assez variable, est en général médiocre; leur forme est ovoïde ou allongée ; leurs couleurs sont habituellement vives et variées. Ce sont des Co léoptères qui volent rarement, marchent lentement et comme avec peine, et qui, le plus souvent, se tiennent sur les plantes dont ils tirent leur nourriture. Leurs larves sont également phyto- phages; elles ont six pattes bien développées, et, à l'extrémité du corps, présentent un prolonge- ment anal qui leur sert de support et fait l'office d’une septième patte. 4® groupe, CLvrunites, à tête enfoncée dans le corselet jusqu'aux yeux; menton très-large; lèvre petite, engagée dans le menton; antennes pectinées; languette petite, cornée, entière, arrondie; corselet de La largeur des élytres à la base; pattes petites; tarses à crochets variables; corps allonge. Cette tribu a tellement de rapport avec celle des Chlamytes, que M. Th. Lacordaire les réunit en- semble; elle se rapproche également beaucoup des Cryptocéphalites; mais tandis que chez ces derniers les antennes sont toujours allongées, filiformes, chez les Clythrites elles sont constamment dentées surune portion plus ou moins étendue de leur longueur. Par les Lamprosoma, ces Insectes se lient 34% - HISTOIRE NATURELLE, également aux Eumolpus. Leur forme est généralement un peu plus allongée que celle des autres Chrysomélides; ils sont médiocrement agiles; volent cependant assez bien, et fréquentent plutôt les arbres et les arbustes que les végétaux herbacés : en Europe, les diverses espèces de chènes semblent les attirer particulièrement. Les métamorphoses de plusieurs espèces de Clythrites sont connues, et leur histoire présente des faits complétement analogues à ceux que nous offrent les espèces que l'on a étudiées des groupes de Chlamytes et des Cryptocéphalites, et ont pour particularité commune de vivre dans des fourreaux qu'elles traînent après elles. Ces larves ont pour caractères : tête assez grosse, presque circulaire en dessus, un peu déprimée, cornée; ocelles au nombre de six de chaque côté; antennes triarticulées, insérées sur le bord antérieur externe de la plaque sus-céphalique : celle-ci sans chaperon distinct; lèvre supérieure très-courte; mandibules faibles, petites; mächoires soudées avec la lèvre inférieure; segments thoraciques semblables aux abdominaux, sauf le corselet, qui est recouvert en dessus d’un écusson corné; pattes assez longues, n’ayant pas à la partie interne cette membrane molle, spongieuse qui se voit chez beaucoup de Ghrysoméliens; segments abdomi- naux, au nombre de neuf, tous charnus, très-convexes en dessus; anus se présentant sous la forme d'une fente transversale; neuf paires de stigmates. Ces larves, surtout celles des Clythra, qui ont été étudiées par Zschorn, MM. Gené, Chevrolat, Rosenhauër, Erichson, Siebold, Th. Lacordaire, H. Lucas, etc., sont d’un blanc jaunâtre, avec la tête, l’écusson, le corselet et l'extrémité des pattes d'un rouge brunâtre; le corps est recouvert cà et là de quelques poils, un peu moins rares sur les parties antérieures; l'abdomen est fortement épaissi et replié sur lui-même dans sa moitié posté- rieure, de sorte que l’anus s'avance vers la dernière paire de pattes. Les fourreaux dans lesquels demeurent ces larves sont de forme ovoïde ou cylindrique, diversement ornés et conformés : noi- râtres ou brunätres, plus convexes en dessus qu’en dessous, coupés obliquement de haut en bas et d'avant en arrière à leur partie antérieure, plus larges à la partie opposée, et recouverts de poils plus ou moins longs, et ces fourreaux sont formés des exeréments des larves. Les Insectes parfaits s’accouplent dans les mois de juin et de juillet; la femelle pond de vingt à trente œufs ailongés, cylindriques, jaunâtres, luisants, et, les retenant entre ses tarses postérieurs, elle les entoure d'une couche d’excréments irrégulièrement disposée, et qui, plus tard, doit former le fourreau de la jeune larve. Celle-ci éclôt quatorze à dix-huit jours après la ponte, mais n’atteint son dévelop- pement complet qu'après deux ou trois étés. Jamais ces larves n’abandonnent leurs fourreaux; elles l'emportent avec elles quand elles veulent changer de place; et lorsque, par l’elfet de la croissance, ils deviennent trop petits, elles l'agrandissent en y ajoutant de nouvelles pièces; lors des mues, elles en ferment l'ouverture par un opercule composé de la même matière que le fourreau; elles agissent de même lorsque le temps de la métamorphose en nymphe s'approche, et, assure-t-on, se retournent dans leur loge : c’est-à-dire que, par un mouvement de bascule, la tête se trouve placée vis-à-vis du fond, ce qui permet à l’Insecte parfait de sortir avec plus de facilité. Les larves des Cryptocépha- lites se trouvent dans leur jeune âge sous les haies, dans le gazon, ete., où elles se nourrissent de feuilles sèches, mais, parvenues à un certain développement, elles vont sur les buissons chercher les feuilles fraiches : elles sont donc franchement phytophages. La manière de vivre des Clythrites n'est pas établie avec la même certitude; et, quoique Hubner ait nourri jusqu'à son entier dévelop- pement une larve de Clythra longimana avec des feuilles du Trifolium montanum, quelques es- pèces paraissent dévorer des substances animales, qui, pour les espèces vivant dans les fourmilières, comme, par exemple, le Clythra quadripunctata, leur serait apportée par les Fourmis. A. Cuvrmrires vrais, à antennes libres au repos, comme dans les autres sous-groupes, excepté chez les Lamprosomites; mâchoires à lobe interne lamelliforme, non bifurqué; yeux entiers où faible- ment échancrés; crochets des turses simples, ainsi que les Mégalostomites; saillie prosternale nulle ou n'existant rarement qu'à l'état de vestige; pygidium distinct; pattes s’'allongeant plus ou moins d'arrière en avant: sexes assez dissemblables. Ces Insectes varient de la forme cylindrique ou cylindrico-conique à la forme oblongue ou oblongo-ovale; ils sont, au moins dans nos pays, d'une teinte générale jaune ou rougeàtre, et pré- sentent des points ou des lignes d’un noir brillant. On en connaît près de trois cents espèces, dont un tiers environ appartient aux faunes méditerranéenne, européenne et asiatique, un autre tiers à l'Afrique, et le dernier au continent et à l'archipel indien, à l'Amérique et à l'Australasie. Fig. 1. — Cassida (Eugenysa) grossa Mig. 2. — Odontoscelrs fuliginosa. {ürosst Fig. 5. — Cryplocephalus cicatricosus Grossi «] à PA Ÿ % té f E H 7 \ | ' \ : (4 | | à ÿ % Fig. #4. — Dorypiorus junctatissimrs Fig. 5. — Eumolpus fulgidus ; À ; ù Fe; à = - I i 3 5 ' t n 3 : LA 1 1 + - e s \ - > . rs P . “ LE L COLÉOPTÈRES. 345 Quoique nombreux en espèces, ce groupe est très-difficile à partager en genres; cependant M. Chevrolat à cru devoir en créer une vingtaine; mais M. Th. Lacordaire, dans le tome deuxième de sa Monographie des Coléoptères subpentamères phytophages, n’a pas adopté ces divers genres, et, pour lui, le genre CLYTHRA de Laitcharting reste intact et forme le sous-groupe entier; mais, par suite de diverses particularités, il est arrivé à y former trente-neuf sous-genres, dont plusieurs correspondent aux genres de M. Chevrolat. Ces sous-genres sont les suivants: Teinocera, Drége; Lophobasis, Smeia, Miopristis : ne renfermant tous que quelques espèces de l'Afrique australe; Labidostomns, Ghevr., une quarantaine d'espèces, qui se trouvent depuis la Sibérie orientale jusque sur les bords de la Méditerranée en Europe et en Asie; comme type nous citerons seule- ment la Clythra longimana, Linné, qui habite une grande partie de la France; Calyptorbina, deux espèces de l’Europe orientale et de l'Algérie; Atelechira, Antipa, Phænicodera, Barybæna, tous de l'Afrique australe; Marolenes, Chevr., une seule espèce propre à la faune méditerranéenne; Pleco- mera, Nosognatha, Crabronites, Camptalenes, Ghev.; Gyriodera, Merilia, tous africains, et sur- tout du Sud; Anomoia, Chevr. (Anomæua, Lacord.), des espèces des États-Unis d'Amérique et du Mexique; Titubæa, des espèces essentiellement européennes, comme la 6-maculata, Fabr.; Bara- thræa, deux espèces algériennes; Lachnaia, Chevr. (Lachnæa, Lacord.; Camprolenes, Chevr.), une quinzaine d'espèces essentiellement propres à la faune méditerranéenne ; Ætheodactyla, une re- marquable espèce de la côte de Malabar; Clytra, Laichart., Chevr., Lacord , trente espèces répan- dues en Europe, en Asie, en Afrique, type la C. quadripunctata, Linné, qui se rencontre sur les chênes; Diapromorpha, une dizaine d'espèces du sud de l'Afrique, de la Guinée et du continent indien; Peploptera, des espèces africaines; Aspidolopha, des îles et du continent indiens; Gynan- drophthalma, une soixantaine d’espèces américaines, indiennes, africaines et européennes, dans lesquelles rentrent en partie ou en totalité les genres Anomoia, Tachypetes, Melitonoma, Cya- niris, Smaragdina, Ghevr., et Coptocephala, Kollar;, Ætheomorpha, un petit nombre d'espèces de l'Égypte, de l'Australasie, ete.; Mochira, des Indes orientales et du Sénégal; Anisognatha, des en- virons d'Angola; Cheilotoma, Chevr., ayant pour type le C. bucephala, Fabr., propre au midi de l'Europe; Coptocephala, Chevr., de la faune méditerranéenne : type, C. scopolina, Linné; Cerato- basis, des Indes orientales; Pantocometis, une belle espèce de Pondichéry; Physauchenia, de la Chine; Labidognatha, une espèce de la côte de Guinée; Melitonoma, Chevr., une dizaine d'espèces, surtout africaines; Dauria, Chevr., quelques espèces du Cap, de Java, etc.; Diapericera, une:jolie espèce du Cap. — Les larves de douze espèces de Clythra ont été étudiées; ce sont celles, parmi les Clythres vrais, des : quadripunctata et læviuscula; parmi les Lachnées, palmata, tristigma, vicina; parmi les Coptocéphales, quadrimaculata et floralis; parmi les Labidostomes, longimant, hume- ralis, distinguenda, meridionalis, et parmi les Titubées, 8-signata ; les auteurs qui s'en sont occupés sont Schaller, Fabricius, Hubner, Latreille, Gené, MM. Schmidt, Maerkel, Vallot, Rosen- hauer, Th. Lacordaire, Léon Dufour, H. Lucas, Westwood, Candèze et Chapuis, ete. i B. Barres, à farses avec les crochets appendiculés ou à la fois bifides et coudés. Insectes à corps entièrement noir ou métallique, avec des bandes ou des taches fauves. On y groupe une centaine d’espèces, presque toutes exclusivement américaines, et surtout des contrées méridionales. On ne les rangeait habituellement, avec Dejean, que dans le seul genre BABIA, Chevr., mais M. Th. Lacordaire v forme les dix genres suivants : Acrpaura, Chevr. (Tellena); Divoruraacma, Pæsvues, Dacnnys, Bagra, Sreneoma, Uronera, Ararea, Ischiopacuys, Chevr.; Saxinis. C. Mécarasronires, ayant les caractères des Clythrites vrais, si ce n’est que la saillie prosternale est toujours distincte. Une soixantaine d'espèces, toutes américaines. Le genre typique est celui des Mecarasromis, Chevr., à tête très-grosse; antennes à dernier article échancré ; mandibules très-grandes, dentées ; tarses à avant-dernier article court, subdivisé en : Minturmia, Megalastomis, Scaphigenia, Heterostomis. — Les autres genres, démembrés de celui-ci par M. Th. Lacordaire, sont ceux des : Protophana, Euryscopa, Coscinoptera et Thomesi. D. Lamprosomires, dans lesquels les antennes sont reçues au repos dans des rainures du corselet, ce qui les distingue surtout des groupes précédents pour les rapprocher des Chlamytes, dont ils se séparent nettement par leurs yeux très-faiblement échancrés et leur corps arrondi. cs 4% 546 HISTOIRE NATURELLE, Le genre typique, et celui qui renferme la grande majorité des espèces, surtout brésiliennes, est celui des LAMPROSOMA, Kirby, auquel on associa les Lycuvopmars et Spnærocuzamys, Lacord. 2€ groupe, Curamyres, à tte enfoncée dans le corselet jusqu'aux yeux; antennes courtes, en dents de scie, recues au repos dans des rainures du corselet; yeux grands, fortement échancrés; élytres laissant le pygidium à découvert, fortement lobées à la base; pattes d’égale longueur, contractiles; tarses à crochets toujours appendiculés. Les Chlamytes constituent l’un des groupes les plus nombreux de toute la famille; ils ont une forme habituellement arrondie, et leurs élytres sont le plus souvent marquées de pointes enfoncées profondément; quelques-uns rivalisent, sous le rapport des couleurs, avec les Coléoptères les plus brillants : on remarque chez eux des teintes brillantes, rouges, bleues, jaunes, métalliques, dorées ou argentées, ete. Ils vivent isolément ou épars en petit nombre sur les feuilles des arbres; leur démarche est très-lente, et ordinairement ils restent immobiles, ne volant pas, se laissant tomber quand on veut les saisir. Les larves du Poropleura monstruosa, du Brésil, ont été décrites par M. Burmeister, et présentent la plus grande analogie avec celles de la Clythra quadripunctata. Regardés pendant très-longtemps comme exclusivement propres à l'Amérique, surtout méridionale, on a constaté dans ces derniers temps qu'il en existait au Cap, dans l'Inde et à Java. Le genre typique est celui des CHLAMYS, Knoch, le plus nombreux de tous, car il renferme près de deux cents espèces sur deux cent cinquante environ, et ayant pour caractères : antennes den- tées au moins à partir du cinquième article : les cinquième à dixième formant rarement une massue proprement dite; pattes courtes, épaisses; ils sont généralement de taille moyenne; deux cependant, les C. monstruosa et bana, sont assez grands. — Les autres genres sont ceux des: PseupocuLamys, Draspis, CarciNogæxa, Exema, Hyueres et PoroPceura, Lacord. 3° groupe, CnyrrocÉéPuaLiTEs, à tte enfoncée dans le corselet jusqu'aux yeux; antennes filiformes, élytres recourbées en général à leur extrémité. Les Cryptocéphalites sont des Chrysoméliens de taille petite, à corps court, ramassé; à tête presque complétement cachée par le corselet (d’où a été tirée leur dénomination des deux mots grecs zpurtos, caché; zsgan, tête). Très-voisins des Clythrites, ils s’en distinguent surtout par leurs antennes fili- formes, grêles, rarement renflées vers l'extrémité, quelquefois aussi longues ou même moitié plus longues que le corps. On les trouve sur les feuilles des plantes et des arbustes, et on en connait plusieurs centaines d'espèces, dont beaucoup sont très-jolies par suite des dessins à teintes agréables qu’elles offrent sur le fond assez sombre de leurs élytres; dont les autres sont entièrement parées de couleurs vives, voyantes, et enfin dont quelques-unes ne sont pas très-brillantes : on en ren- contre presque partout, mais l’Europe et l'Amérique en sont surtout très-riches, tandis que l'Afrique et l'Asie en renferment beaucoup moins. Les larves, qui vivent de bois humide et semblent cher- - cher un abri sous les pierres quand elles vont se transformer en nymphes, vivent dans un fourreau composé de leurs exeréments mêlés de parties ligneuses, et ressemblant tellement à ceux des Cly- thres, qu’on a parfois réuni ces deux groupes d’Insectes sous le nom commun de Tubifères : Hub- ner, Zschorn, MM. Thian, Percheron, Suffrian, ete., se sont occupés de ces larves en général, et spécialement Gyllenhall a fait connaître la larve du Cryptocephalus labiatus; Gené, celles du C. 12-punctatus; et M. Rosenhauer, celles des C. bipunctatus, coryli, sericeus, moræi, vittatus, pini, gracilis, minutus et hieroglyphicus. Le genre typique de ce groupe est celui des CryprocéPaaes où GRIBOURIS, Cryptocephalus, Geoffr., à forme presque cylindrique; téte circulaire, aplatie, très-enfoncée dans le corselet; an- tennes filiformes; yeux oblongs, latéraux, échancrés; corselet convexe; élytres arrondies sur chaque extrémité; cuisses assez renflées : on connait plus de deux cents espèces de Gryptocé- phales, toutes de petite taille, et surtout abondantes en Europe et en Amérique, contrairement à ce qu'en disent Geoffroy et Olivier, ces Insectes ne sont pas très-nuisibles aux plantes; dans ces der- niers temps, M. Suffrian en a publié une bonne monographie en ce qui concerne les espèces euro- péennes; parmi ces dernières, nous nous bornerons à indiquer le Grisourr soyeux, Cryptocephalus sericeus, Linné, long de 0,007 à 0,008, granuleux, d’un beau vert brillant, doré en dessus : se trouve très-communément sur les fleurs dans toute l’Europe. — Les autres genres, tous dus à COLÉOPTÈRES. 347 M. Chevrolat, et fondés sur des espèces exotiques, sont ceux des : Cannus, Ononroneres, Paysicerus, Pacuysracus, Srricopnonus, Proropnysus, Homaropes, Disorus et Moxacnus. 4° groupe, Eumorrires, à tête un peu dégagée du corselet; menton très-court; lèvre inférieure assez longue, arrondie en avant; antennes à derniers articles plus grands que les autres ; corselet à tarses munis d'une membrane onguiculée; corps ovalaire, plus où moins allongé. Les Eumolpites sont formés aux dépens des deux genres Eumolpus et Colaspis des anciens au- teurs, et avaient reçu de M. Chevrolat, créateur du groupe et de presque tous les genres, le nom de Colaspides. Ces Insectes, de taille petite, et plus rarement moyenne, vivent réunis en troupes sur des plantes basses et des arbustes qu’elles choisissent de préférence. Bien que quelques espèces soient peu brillantes, pubescentes, velues, pulvérulentes, les Eumolpites sont en général revêtues de couleurs éclatantes et métalliques : indigo, émeraude, améthyste, rubis, or, argent, ete., et ha- bituellement répandues uniformément; les anciens Eumolpes sont pointillés et ponctués d’une ma- nière espacée, tandis que les anciens Golaspis, avec des points plus rapprochés, offrent souvent des côtes longitudinales. Plusieurs espèces sont très-nuisibles à l'agriculture: c’est ainsi que dans le midi de la France l'Eumolpus (Bromius) vitis fait beaucoup de mal à la vigne, et que le Colaspis (Colaphus) barbarus détruit des pièces entières de luzerne. Les larves de l'E. vitis ont été étu- diées par Latreille, Walckenaër, M. Guérin-Méneville, et celles du C. barbarus, principalement par MM. Joly et L. Dufour. Ces larves, noirâtres et entièrement lisses, ressemblent beaucoup à celles des Chrysomélites et Galérucites, et, comme elles, vivent complétement à découvert sur les feuilles des végétaux; leurs mœurs sont en général les mêmes que celles des Criocérides : cependant elles n'ont plus de disques charnus à la face ventrale, et le palpe labial est biarticulé. La femelle dépose habituellement ses œufs, vers la fin de l'automne, au pied des plantes, et au printemps la jeune larve va dévorer les feuilles à mesure qu’elles se développent. On signale près de huit cents espèces de ce groupe, dont la moitié environ habite l'Amérique, tandis que l’autre moitié a été constatée en nombre décroissant dans les autres parties du globe. Les deux genres principaux sont ceux des : 1° EUMOLPE, Eumolpus, Kugellan, à antennes lon- ques, allant un peu en grossissant, formées d'articles plus ou moins coniques; palpes assez évais, à derniers articles ovalaires; mâchoires bilobées; tête moyenne; corselet plus étroit que les élytres, qui sont grandes; pattes fortes; corps convexe, ovalaire : ce groupe, qui pour M. Chevrolat ne ren- ferme que des espèces exotiques, comprend, selon M. É. Blanchard, non-seulement des espèces américaines de grande taille et de couleurs brillantes (type, E. Surinamensis, Fabr.), mais encore des espèces plus petites, pour la plupart propres à l'Europe, dont le type est l'EumoLre DE LA vien, vulgairement appelé Ecrivain, Eumolpus (Bromius, Chevr.) vitis, Fabr., long de-0",003 à 0,004, noirâtre, à élytres ferrugineuses; commun dans nos vignobles du Midi; 2° COLASPIDE, Colaspis, Fabr., à antennes longues, filiformes; mandibules cornées, arquées, bidentées; mächoires coriaces, bifides; lèvre cornée; tête inclinée; yeux arrondis; corselet transversal; élytres grandes, embras- sant l'abdomen; pattes assex longues; corps ovalaire : ce groupe est très-nombreux en espèces, toutes de taille moyenne, et surtout propres à l'Amérique méridionale, mais dont quelques-unes sont d'autres pays, tel est le C. barbara, Fabr., noir, du midi de l'Europe et du nord de l'Afrique. Selon M. Chevrolat, les Eumolpites doivent être subdivisés ainsi : 1° Espèces à pattes simples. A. Antennes de douxe articles distincts; genres : Merazonicna, Coraspis, Prioxopera, CHaLcoPHanA, Preuraucaca, Lernonora, Enusa, MELINA, SpHæropracis, Guyanica, Cuarcorracis, Nopa, SrroNGyLo- TansA, Tuyna, Taysse, Cuazcopnana, Cast. (Acis, Chevr.); Tricnosioza, Brevicorasris, Cast. (Her- silia, Dej.); Meracuroma, Tyropnonus, Bromius, Exnocepnarus, Eumorpus, Eurvope, GLyprosceris. — B. Antennes de onxe ou douxe articles : le dousième fortement soudé avec le onxième; genres : SreNoniLOBA, Paces, LamProrHECA, SPuærosris, SuiNrHEeroPHvrA, Corapuus, Meg. (Colaspidema, Cast.); Dia, Dej. (Colaspidea, Cast.); Conxnones, Hope (Platycorynus, Chevr.); Canysocuus, LeproPTERuS, Pacuynopuonus et Rumixa. — 2° Espèces à cuisses ou tibias munis d'une épine ou d'un éperon. A. Antennes de douxe articles; genres : Hererasis et Amasra. —B. Antennes de onxe articles; genres : Eusracuys, Dej. (Pseudocoluspis, Gast.); Ononnnora et Myocnocs. ô groupe, CunysomÉLiTEs, à tte plus dégagée du corselet; palpes de quatre articles : le dernier 348 HISTOIRE NATURELLE. court, glandiforme; yeux petits, latéraux, étroits; lèvre inférieure assez longue, carrée; antennes ayant leurs derniers articles presque aussi courts que les autres; corselet moins large que les élytres, transversal où quadrilatère; élytres globuleuses, ovalaires, convexes, enveloppant entièrement le corps; abdomen de cinq segments; pattes moyennes ou assez fortes; cuisses un peu renflées; turses de cinq articles plus ou moins distincts; corps orbiculaire. Le genre Chrysomela de Linné, quelques genres qui en ont été démembrés par Fabricius, llliger et Latreille, et surtout les divisions génériques nombreuses formées dans ces derniers temps, prin- cipalement par M. Chevrolat, constituent l'immense groupe des Chrysomélites, contenant près d'un millier d'espèces. Ces Insectes, en général de forme arrondie, de taille moyenne, rarement petite où grande, sont pour la plupart ornés de riches couleurs d’or, de cuivre rouge, de bronze, de vert métallique, de bleu plus ou moins foncé, d'azur, de violet, de vert, de rouge, d'argent nacré, etc., et ce n’est guère qu'exceptionnellement que certaines espèces sont noirâtres. Ils sont phyllophages, vivent en agrégations, et demeurent en repos pendant le jour, fixés aux feuilles, aux tiges, au pied des arbres qu'ils choisissent de préférence, ou cachés sous les écorces, sous les petites pierres des terrains arides, etc., et ce n’est que la nuit que la plupart se mettent en mouvement. Du reste, ils volent mal. Quand on les saisit, ils rendent par la bouche une liqueur roussâtre, abondante; ils roi- dissent leurs pattes, se tenant immobiles et comme morts. A l’état parfait, comme à celui de larve, ils dévorent les feuilles des plantes basses et des arbres, mais l’on a de beaucoup exagéré le mal qu'ils font à l’agriculture. Les larves, assez semblables à celles des Eumolpites et des Galérucites, sont nues, grosses, ovalaires, vivant fixées aux feuilles au moyen d’un mamelon charnu situé à l'extrémité de l'abdomen; elles ont six pattes écailleuses articulées, assez longues; leur tête est ar- rondie, écailleuse, munie d'antennes très-courtes; de mâchoires assez dures, et de petits palpes. La dernière métamorphose s'opère tantôt sur les feuilles et tantôt dans la terre. Les nymphes sont ovalaires, quelquefois engagées par l'anus dans la peau de la larve réduite en pelote : ces nymphes restent de quelques jours à quelques semaines avant de se changer em Insecte parfait. Un assez grand nombre de larves sont actuellement connues, et.elles se rapportent aux genres : Timarcha, Chrysomela, Lina, Gastrophysa, Phratora, Helodes, Gonioptera et Spartophila. Les Chrysomélites sont disséminés sur tous les points du globe; plus des deux tiers cependant appartiennent à l’Europe et à l'Amérique, et l’autre tiers se rapporte à l'Asie, à l'Afrique et à l'Aus- tralasie; elles se rencontrent à toutes les élévations, et quelques espèces n’habitent que les plus bautes montagnes; tel, en Europe, le genre Oreina. — On peut les subdiviser en : 1° Espèces chez lesquelles les turses ont des crochets. A. Élytres soudées, globuleuses; genres : TIMARCHA, Meg., Latr., à antennes moniliformes; palpes à dernier article long; tarses très-longs; corps très-convexe, privé d'ailes sous les élytres : un assez grand nombre d'espèces d'Europe, du nord de l'Afrique, ete. : types, T. tenebricosa, Linné, et coriaciu, Fabr., communs dans nos environs. La larve de la première espèce a été étudiée par Schæffer et M. Westwood, et est remarquable par son corps très-court, fortement convexe en dessus. — Iscana, Dej., du Cap. — Cvrronus, Latr. Type, rotundatus, Dej., du midi de la France. B. Elytres non soudées, sans ailes en dessous ; genres : Exvsrropaæra, du Brésil. — Euparocua, Dej., de Colombie. C. Des ailes sous les élytres; genres : DORYPHORA, llliger, à antennes ayant des articles un peu coniques, épaissies vers le bout; palpes à avant-dernier article plus grand que le dernier; mésoster- num prolongé en une longue pointe; tarses à deuxième article petit; corps très-convexe, orbiculaire : ces Insectes, qui acquièrent parfois une grande taille et sont ornés de couleurs vives et variées, sont très-nombreux spécifiquement, et surtout propres à l'Amérique méridionale : type, punctata, Fabr. — SrriGosa, Dej., du Brésil intérieur. — Larinomera, Leprinorarsa, Myoconna et Pocyeramma, du Mexique.— Deurerocapra et ProseiceLa, Dej., de Cayenne. — Zxcocramma, de Colombie. — CarciGra- A, du Brésil. — CHRYSOMÈLE, Chrysomela, Linné, à antennes très-peu épaissies vers l'extré- mité, composées d'articles légèrement coniques; palpes terminés par un article large; corps très- convexe, arrondi : ce genre renferme encore près de deux cents espèces, propres à tout le globe, mais surtout très-abondantes en Europe; M. Suffrian a publié en Allemagne une monographie des espèces européennes, et M. Léon Fairmaire a donné une traduction abrégée de ce travail; les larves COLÉOPTÈRES, 349 de !a fulgida ont été décrites par M. Leitzner, celles de l'hwmoptera, par de Géer, et celles des vio- lacea et Americana, par MM. Chapuis et Candèze; comme types spécifiques, nous citerons seulement les C. graminis, jolie petite espèce d’un vert métallique brillant, qui se trouve dans les clairières de nos bois sur les menthes, et Americana, Fabr., qui, malgré son nom, se rencontre dans le midi de la France. — Leucocera, de Saint-Domingue. — Arecana, du Cap. — Snones et Pixis, Dej., tous deux du Brésil. — PLaciopera, ayant pour type une espèce (cochleariæ, Fabr.) assez péu rare en Europe.— Periscapra, du Cap. — Micrornera, Dej., du Brésil. — LINA, Meg., Dej. (Malacosoma, Dillw.), à antennes ayant leurs cinq derniers articles élargis; élytres peu convexes, élargies postérieurement : ce groupe renferme beaucoup d'espèces européennes et américaines; le type est notre C. populi, Linné, long de 0,008 à 0,010, bronzé, avec les élytres rougeâtres, vit en famille sur le peuplier : sa larve, étudiée par Goëdart, Frisch, Albin, Lyonnet, de Géer, Schæffer, MM. Westwood, Klingel- hœfer, est assez allongée, d’un gris verdâtre sale, et dévore en grand nombre les feuilles du peuplier : d’autres larves ont été étudiées, telles sont celles de nos L. tremulæ, ænea, Escheri et de la scripta, des États-Unis, dont MM. Candèze et Chapuis disent quelques mots. — Orera (Chrysochloa, Hope), type, la belle C. speciosa, Fabr., des Alpes françaises. —- Promecus, Dej., d'Amboine. — Auracos- ceuis, du Mexique. — HÉLODES, Fabr., à antennes ayant leurs premiers articles cylindriques : les cinq derniers courts, très-élargis; corps oblong : types, deux espèces de nos environs, les C. phel- landrii, Fabr., dont la larve, observée par M. Boié, vit dans la tige creuse du Sérum latifolium, près du collet, et C. aucta, Fabr., dont MM. Chapuis et Candèze ont trouvé la larve sur la Ranun- culus flammula. — Euconyena et PLanoceres, du Brésil. — Gasrropnysa, ayant pour types les C. polygoni et le raphani, Fabr.,.qui sont très-communes dans toute l’Europe, et dont la larve du premier, d'après MM. Candèze et Chapuis, vit sur le Polygonum avicularæ. — Paxpon, Latr. (En- tomoscelis, Chev.), type C. Adonidis, Fabr., de l’Europe et de l'Asie. — Lropzasis, Dej., une espèce brésilienne. — Cenrnosceuis, du Cap. — Sparrorxica, type, C. litura, Fabr., d'Europe. Fig. 288. — Galeruca Brasiliensis. Fig. 289. — Timarcha turbida. Fig. 290, — Altica (Longitarsus) dorsalis. 90 Espèces chez lesquelles les crochets des tarses offrent un onglet plus court que le crochet externe. Genres : Payronecra, Kirby (Gonioctema, Chevr.) : types, C. 10-punctata, Oliv., et vin- cinalis, Fabr., de plusieurs provinces européennes. — CaroweLa, Hope (Australica, Chevr.). 3° Espèces ayant les crochets des tarses doubles. Genres : Puyicocuanis, Dalman, de la Nouvelle- Hollande et de Java. — Pararora (Phytodecta, Kirby), ayant pour type une petite espèce du midi de la France, la C. vitellinæ, Linné, dont Rœsel et Westwood ont décrit la larve. — Apauxa, Latr. (Trochalonota, Chevr.), et Panpora, Dej., du Brésil. 4 Espèces chez lesquelles les crochets des tarses sont doubles; les élytres non ailées en dessous, et les tibias terminés par un ongle crochu. Genre: Ampaiceyrra, Eschs., ne renfermant qu’une espèce de la Californie, qui a le faciès d'un Byrrhus. Deux derniers genres, à antennes très-grèles, filiformes, dont la manière de vivre diffère nota- blement de celles des autres, sont les suivants: Ponponria, Dalm. : quelques espèces des Indes orientales et de Java. — PAROPSIS, Oliv. : une longue série de brillantes espèces, toutes de taille moyenne ou assez grande, habitant exclusivement l’Australasie. 350 HISTOIRE NATURELLE, 4e tribu, Gacerucines, à mächoires ayant le lobe externe très-gréle, palpiforme; antennes assez longues, cylindriques, très-rapprochées à leur point d'insertion; palpes ayant l'avant-dernier ar- ticle très-grund; cuisses ordinaires ou r'enflées; corps ovoïde, ovalaire ou hémisphérique. 4er sroupe, GaLÉRUQITES, à cuisses postérieures sans renflement, impropres au saut. Les Galérucites diffèrent des Alticites par un corps plus allongé, plus déprimé, de couleurs va- riées, tendres; par des antennes d’égale grosseur, filiformes, rarement épaisses; par des pattes plus longues, plus grêles, avec les cuisses postérieures minces, et par des crochets tarsiens plus grands, presque toujours doubles, etc. Quelques-unes sont aptères, et celles qui ont des ailes en font rarement usage. Les Galérucites se rencontrent toujours en grand nombre, tantôt réunies, tantôt isolées sur diverses plantes ou arbres particuliers à chaque espèce, dont elles rongent les feuilles. Les larves de quelques Galeruca (tanaceti, alni, nymphæa, capreæ, viburni et rustica), une de Luperus, etc., ont été indiquées par de Géer, Rœsel, Latreille, MM. Westwood, lornung, Bouché, Ratzeburg, etc. : elles sont de forme allongée, plus linéaire que celle des Chrysomela, à bouche composée comme celle des Crioceris, mais à plaque céphalique ne présentant qu'un seul ocelle de chaque côté et à coloration sombre. La larve de la G. rustica, que l’on rencontre en grande abondance sur la centaurée des prés, présente des prolongements cylindriques assez relevés et hérissés de longs poils. Ces larves sont presque toujours cachées, agglomérées sous les écorces ou aux racines des plantes, et parfois répandues sur les feuilles. Selon M. Chevrolat, la larve de la G. nymphæa vit sous l’eau, sur le Potamogeton. Les Galérucites, dont on connait huit à neuf cents espèces répandues dans toutes les régions du monde, mais surtout abondantes en Amérique et en Europe, ont une taille variant entre 0,005 à 0%,045 de longueur, sur 0%,0045 à 0,009 de largeur. Anciennement compris dans les genres Gale- ruca et Luperus, ces Insectes ont été partagés en beaucoup de genres par M. Chevrolat. Genres ADORIUM, Fabr. (Oides, Weber), à corps ovoide : des Indes orientales; type, À. bi- punctatum, Fabr. — CorynopaLra, d'Amérique. — Rnomsopazra et Ocurarea, des Indes orientales. — CazLiperra et Porvccana, du Sénégal. — Puvsopazra, Dej., de Java. — Arcosonyx (Hysomorpha, Dej.).— Hannocera, Dej.; CœLomera, Arracnya et ScHemaryza, de l'Amérique du Sud.— ADIMONIA, Laich., à antennes ayant les articles globuleux; corselet court, très-large; élytres élargies posté- rieurement : quelques espèces communes en France; telle est l'A. rustica, Fabr. — GALERUQUE, Galeruca, Geoffr., à antennes presque filiformes; corselet large; élytres oblongues : un grand nom- bre d'espèces surtout européennes et américaines : type, G. calmariensis, Linné, longue de 0",005 à 0%,007, noirâtre, avec les élytres jaunâtres; se trouve en si grande quantité sur les ormes, pendant certaines années, que le feuillage de ces arbres ne tarde pas à être détruit. — GarropisrriA, AuLAco- PHorA et Dracanrua, d'Amérique. — Oornera, de la Guinée. — Rapninoparpa, des Indes orien- tales, ete. — Gromena, de Java. — Ceropnvza, Ceroroma, Ecrnroruvra, MazacosomA (Malacoptera, Hope), à élytres oblonques, molles : d'Europe (telle que la M. Lusitanica, Fabr.), d'Asie et d'Afrique. — Exora, Diasnorica, principalement américains. — AceLasrica, à élytres ovales : quelques es- pèces surtout européennes, dont la plus commune est notre A. alni, Fabr. — Orrcocera, du Sénégal. — Aporuyrra, Eucrana, Myocera, de l'Amérique méridionale. — LUPERUS, Geoffroy, à antennes gréles, filiformes, à peu près de la longueur du corps; corselet carré; élytres peu larges, oblongues : une quarantaine d'espèces principalement d'Europe et d'Amérique, à faciès de Crio- cères, type, L. rufipes. — Payicosorrica, groupe démembré du précédent. —Monorerra, beaucoup d’espèces africaines, asiatiques et australasiennes, remarquables par leurs cuisses postérieures un peu renflées à la base; type, Chrysomela bioculata, Fabr., du Cap. 2° groupe, Azricires, à cuisses postérieures peu renflées, propres au saut. Les Alticites, que M. Chevrolat nomme Anisopodes, se distinguent des Galérucites ou 1sopodes, par leur corps court, ovalaire, globuleux, hémisphérique, glabre, orné de couleurs variées; par les crochets des tarses petits, souvent doubles, égaux; par des pattes trapues : les postérieures un peu plus longues que les autres, avec les cuisses excessivement renflées : cette dernière paire de pattes est disposée pour faire exécuter à l’nsecte un saut en parabole, et qui peut l’élever à plusieurs cen- taines Ale fois la hauteur de l'individu. Ce saut s'opère à l’aide d’un mouvement rapide de rappro- mi tal RE scénaristes ts COLÉOPTÈRES. 551 chement et d'extension des cuisses, et de l'impulsion donnée à l’onglet qui termine les tibias postérieurs. Il est peu de plantes qui ne soient attaquées par une ou plusieurs espèces d’Alticites, dont la présence est ordinairement décelée par denombreuses déchiquetures faites au revers des feuilles, et leurs dégâts sont souvent tels, par suite de leur abondante reproduction, que les plantes n’offrent quelquefois plus aucun signe de végétation, et que la destruction de ces Insectes eux-mêmes s’en- suit naturellement. Les œufs, déposés sur les plantes, d’un blanc sale, éclosent l’année suivante, ou même à l'automne, peu de temps après le développement des graines des végétaux ou du renou- vellement de la végétation. Les larves vivent tantôt à découvert sur les feuilles des plantes, ou le plus habituellement dans le parenchyme de ces mêmes feuilles: elles sont loin d'être suffisamment connues, en ce qui concerne les espèces, malgré les travaux de Frisch, Réaumur, Olivier, Latreille, MM. Brullé, Ratzeburg, Guérin-Méneville, Lequeux, Westwood, Silliman, Bouché, Chapuis et Can- dèze, etc., qui ont étudié spécialement les larves des À. nemorum, erucæ, hemispherica, olera- cera, etc. Ces larves sont de forme allongée, linéaire ou presque cylindrique, couvertes de soies ou de poils plus ou moins serrés, le plus ordinairement de couleur jaune sale, et marquées de points et de plaques de nuances plus sombres. Elles ont une tête de grosseur médiocre, arrondie; pas d’o- celles; des antennes petites, triarticulées; une plaque sus-céphalique offrant un chaperon distinet; les mâchoires libres; le corselet offre une plaque écailleuse en dessus; les pattes sont de médiocre longueur, ete. Pour se métamorphoser, ce qui arrive en été, les larves qui, comme l'oleracera, vivent à l’air libre, se fixent par l'extrémité anale; celles qui, de même que la nemorum, se trou- vent dans l'épaisseur des feuilles, s’y creusent une loge, où elles subissent leurs transformations. Les Alticites connues aujourd'hui sont au nombre de plus de mille; toutes sont petites, principa- lement celles de nos pays, et leur longueur varie entre 0,004 et 0,043, sur une largeur de 0®,00075 à 0%,001; presque toutes sont ailées, mais, pour se préserver de leurs ennemis, elles font plutôt usage de leur appareil saltatoire que de leurs ailes. L'Europe et l’Amérique renferment la plus grande quantité des espèces. Toutes comprises jadis dans le genre Altica, Latreille, M. Che- vrolat surtout, et quelques autres naturalistes y ont formé plusieurs subdivisions. Genres : Ocrocoxares, Drapiez. — Spnæronycuus, Dej. — Moxopzarus, Ranormerus, Paysimerus, Omororus, Œnrpopes, Illiger; Dasywarcus, Pacuyoxvenus, tous de l'Amérique, surtout méridionale. — Lirnovoma, type, G. marginella, Fabr., d'Espagne. — Puaysonyenis, Dej., du Sennaar. — (EDIONY- RHIS, Latr. : plus de cent espèces, grandes, en général américaines. — Prena, de l'Amérique équa- toriale, de même que les Omornorra, Aspnæra, Aspiceca, Lirosonyena. — Prorricoxa, de Madagascar. — Puycasra et Hemrpyxis, Dej., des Indes orientales, etc. — Spnxroweropa, de Java. — Leropouis, AxroruEara, Asrozisma, Cœporis de l'Amérique. — Pairocaus, Dej., de la Nouvelle-Guinée. — GrarTopErA, une cinquantaine d'espèces de tous les pays; trois d'Europe, dont le type est l’ole- racea, Linné, très-petite, très-commune en Europe, très-nuisible aux plantes potagères de la fa- mille des Grucifères, ete. — Cramornora, Dipnauraca, Oxycoxa, Romarocera, Moxomacra, SrrapuLa, Lacparica, Gacosceuis, Disonycnra, Sysrema, de l'Amérique du Sud. — ALTISE, Altica, Linné, à antennes gréles, longues, avec les articles un peu coniques; cuisses postérieures oblonques, avec les tarses courts, à dernier article simple : le genre Altica, que l’on écrit parfois Haltica, comprenait la plupart des groupes d'Alticites, et son nom a même disparu de la nomenclature; la division res- treinte a recu la dénomination de Crepinonera, Chevr.; ce genre comprend beaucoup d'espèces pour la plupart propres à l'Europe et à l'Amérique; le type est notre petite Altica brassicæ, Fabr., abondante sur les choux, qu’elle détruit parfois complétement: Illiger avait subdivisé autrefois les Altises en Alticæ physapodes, ædipodes, cæsæ, sulcicolles, saltatrices, striatæ, longitarses, crypto- cephalæ, ete.; M. Allard s'occupe en ce moment de la monographie des espèces européennes et algériennes de ce genre et de celle des groupes voisins. — Payirorrera, groupe américain et euro- péen (type, notre À. nemorum, Fabr.).— Xyrnroxa — Loxerransus (Teinodactyla, Chevr.; Thyamis, Kirby), un grand nombre d'espèces de nos pays (sisymbrii, Fabr.), d'Amérique, etc. — Axcausa, d'Europe. — Dinouia, d'Amérique. — Psyzriones, Latr. (Monomacra, Meg.), surtout riche en es- pèces d'Europe (type, chyrocephala, Linné). — Precrrosceus, d'Europe, comme l'A. dentipes, Oliv., des États-Unis d'Amérique. — Baranomorpna, d'Amérique. — Srnæroromis, Dej., une espèce d’Australasie. — Apreropepa, Popacrica, de toutes les parties du monde, et ayant pour types nos Crioceris fuscipes et fulvipes, Fabr. — Arcopus, Cozrones, Norozox4, de Cayenne et du Brésil, etc. HISTOIRE NATURELLE. Si Cr 19 QUARANTE-TROISIÈME FAMILLE. ÉROTYLIENS. EROTYLII. Lacordaire, 1842. Corps de forme variable, oblong, ovalaire, elliptique ou hémisphérique; tête petite, enfoncée dans le corselet, rétrécie en avant des yeux en un museau court; labre transversal; mandibules trigones; mächoires à lobe interne petit, linéaire : externe trigone; menton corné, étroit; languette coriacée, dépassant un peu le menton; palpes : maxillaires quadriarticulés : labiaux plus courts, triarti- culés; antennes de onxe articles, terminées par une massue comprimée de trois ou quatre articles; yeux arrondis ou oblongs; corselet de forme très-variable; écusson distinct, triangulaire; élytres ovalaires, elliptiques, embrassant l'abdomen; des ailes courtes, à nervures robustes; pattes inermes; tarses poilus en dessous, de cinq articles : le quatrième très-petit, ordinairement nodi- forme; abdomen de cinq segments. La famille des Érotyliens, telle que l’a formée M. Th. Lacordaire dans sa monographie de ces Insectes (1842), correspond en grande partie aux Tétramères clavipalpes de Latreille, mais ren- ferme aussi quelques genres qui étaient placés autrefois parmi les Pentamères. En effet, tous les Érotyliens ont réellement cinq articles aux tarses; seulement tantôt ces articles sont très-manifeste- ment au nombre de cinq, tantôt, au contraire, il semble n’y en avoir que quatre, parce que le qua- trième article est excessivement petit, noduleux, et soudé au cinquième. Les limites de cette famille ne sont pas tracées d'une manière bien positive; M. É. Blanchard range parmi ses Érotyliens un certain nombre de genres que n’y admet pas M. Th. Lacordaire; et plusieurs de ces groupes ont été placés par nous dans des familles assez éloignées les unes des autres, comme celles des Nitidu- laires, des Monotomiens, ete.; quelques autres groupes n’ont pas encore été décrits. La place que cette famille doit occuper parmi les Coléoptères n’est également pas déterminée suffisamment; les Érotyliens ne doivent probablement pas rester où les mettait Latreille : ils ne doivent pas non plus être rangés entre les Psélaphiens et les Hydrophiliens, comme le propose M. E. Blanchard, et il semble plus naturel de les grouper auprès de divisions qui, comme eux, renferment des espèces fongicoles, soit auprès des Engis et des 1ps, soit dans le voisinage des Scaphidium. Les Erotyliens sont des Coléoptères de taille généralement moyenne, qui se trouvent dans les pays chauds; mais ceux qui habitent nos contrées sont beaucoup plus petits. Leur forme est assez variable, et, dans la grande majorité des cas, ils sont arrondis, plus ou moins allongés, et leur corps est parfois plat, souvent bombé, peut même devenir bossu. On en connaît au moins six cents espèces, et sur ce nombre plus des quatre cinquièmes des espèces sont propres à l'Amé- rique, surtout méridionale, et dans l’ancien monde l'Europe ne renferme qu’une vingtaine d'espèces; viennent ensuite l'Afrique, y compris l’île de Madagascar, l’archipel indien, et surtout l'ile de Java; l'Australasie, et enfin l'Asie, qui, dans la plus grande acception de ce mot, ne comprend cependant que trois espèces. Ces Coléoptères vivent exclusivement, à leur état parfait comme à celui de larve, dans les bolets et autres champignons. Tous exhalent une odeur ayant un peu de rapport avec celle des Helops et des Allecula. Les grandes espèces de l'Amérique du Sud volent facilement pendant le jour, se trouvent fréquemment sur les feuilles et les troncs des arbres; quant aux espèces euro- péennes, on ne les prend que dans, les bolets. On ne connaît les larves que de trois espèces de véri- tables Érotyliens : celles des Ischyrus quadripunctatus, de Cuba, décrites par MM. Candèze et Cha puis, qui, selon ces auteurs, ont beaucoup d’analogie, tant par leur forme que par leur organisation, avec les larves des Coccinella, celles de l’Ægithus Surinamensis, de l'Amérique méridionale, que M. Th. Lacordaire a fait connaître, et celles de nos Triplax nigripennis, décrites par MM. L. Dufour et Westwood, et russica, indiquées par M. É. Blanchard. A ces larves on peut joindre aussi celles des Enais rufifrons et Myceiæa hirta, indiquées par M. Westwood. lig. 4. — Crioceris asparagi. (Grossi.) Pig. 2. — Endomychus racsineus. (Grosst.) Fig. 5. — Dasycerus marginaltus (Gross. Fig. 4. — Chrysomela cerealis. [ürossL) Fic. D. — Galeruca tanaceti. {Grossi 11 COLÉOPTÈRES. 353 1 tribu, Énorvumes ou Érotyliens vrais, Lacord., à mâchoires ayant le lobe interne biépineux; museau cunéiforme ou quadrangulaire; menton tricuspide en avant; élytres de la largeur de la tête à la base; tarses subpentamères chex tous; corps généralement ovalaire. Cette tribu, à peu d’exceptions près, ne renferme que des espèces américaines, et principalement des provinces méridionales; elle est très-riche en espèces, et comprend les genres Omororezus, Hope, Lacord. (Ellipticus et Calenus, Dej.), une dizaine d'espèces. — Bacis, Chevr., quelques espèces. — ScapHinoworrHus, Hope, Lacord. (Iphiclus et Barytopus, Dej.), une quinzaine d'espèces. — Eurv- carnius, Lacord., une seule espèce. — Zonarius, Hope, Lacord. (Barytopus et Oligocorynus, Chevr.; (Alloitelus, Hope), une dizaine d'espèces. — ÉROTYLE, Erotylus, Fabr. (Erotylus et Hypselonotus, Hope), c'est le groupe typique de la famille, et, quoique considérablement restreint, M. Th. Lacor- daire en décrit encore une soixantaine, tandis que Duponchel, dans la monographie des Éro- tyles, publiée en 1823, qui comprenait alors toute la tribu, n’en décrivait que quatre-vingt-dix ; toutes sont du Brésil, de la Guyane, de Bolivie, de Colombie et du Mexique. Ces insectes sont les plus remarquables de tous les Érotyliens par leur taille, l'éclat de leurs couleurs, leurs formes par- fois singulières, et par un faciès spécial; comme types, nous citerons les Erotylus histrio, spha- celatus, giganteus, Fabr. — Bracuyspæænus, Lacord., groupe comprenant plus de cent cinquante espèces, assez disparates et subdivisées sous-génériquement par M. Th. Lacordaire en : Mecaprorus (Delphus et Brachymerus, Dej.); Hasropacryzus, Acronorus, Sreroconus, Guérin; lemipus, Dej.; Morpnoines, Hope (Sænomorphus, Amphilocus, Dej.), Æciraomorpus, Senexoxus, Qocasrer, Bany- ropus, Dej.; Bracuywerus, Dej. (T'ypocephalus, Dej.; Tetraphyllus, Cast.). — ÆGITHUS, une tren- taine d'espèces, dont la plus connue est la Surinamensis, Fabr.; Coccrmorpnus, Hope, Lacord. (Strongylomorphus, Chevr.). — Cvccoworruvs, Hope, Lacord., une douzaine d'espèces, et Eupua- nistes, Lacord., de Colombie. — Tnonivs, Lacord., une espèce. — Auracocueus, Chevr., une dizaine d'espèces de Java, du Cap, et une des Alpes de la Croatie (Triplax violacea, Germ.). Fig. 291. — Sphæniscus erotyloides. Fig. 292. — Triplax russica. Fig. 29, — Eumorplius marginatus. 9e tribu, TripLacies ou ÉRoTyLIENS ENGiDIFoRMES, Lacord., à mdchotres à lobe interne umiépineux ou inerme; museau cunéiforme, non rétréci à la base; tarses pentamères ou subpentamères; corps souvent plus ou moins allongé. Cette tribu, presque aussi considérable en genres et plus considérable en espèces que la précé- dente, renferme les plus petites espèces, et surtout celles que l’on rencontre en Europe; mais les américaines prédominent encore. A. Espèces à lobe interne des mächoires uniépineux; élytres en général plus larges que le cor- selet à la base. Genre unique : ENCAUSTES, Dej., Lacord., une douzaine d'assez grandes et belles espèces, qui, sur un fond noir, sont ornées de taches fauves assez variées, propres à Java, etc. B. Espèces à lobe interne des mâchoires inermes; élytres de la largeur du corselet à la base; se divisant en : «@, espèces à tarses subpentamères. Genres : Cyrromorpuus, Dej., Lacord., deux es- pèces de Java et une du Bengale. — Lyras, Chevr., une vingtaine d’assez grandes espèces, toutes de l'Amérique méridionale. — TRITOMA, Fabr., à corps ovale, atténué à ses deux extrémités, plus ou moins convexe, petit, ete. : une douzaine d'espèces, presque toutes des États-Unis et une d'Europe, le T. bipustulata, Oliv. — TRIPLAX, Payk., à corps peu convexe, oblong. assez allongé ou presque cs 19 394 HISTOIRE NATURELLE. parallèle, ou court et ovalaire; antennes assex robustes. Ce groupe comprend de petits Insectes bruns ou noirätres, qui se trouvent dans les bolets, les troncs d'arbres cariés, sous les. vieilles écorces, volant parfois à l'entrée de la nuit : une vingtaine d'espèces, dont la plupart sont euro- péennes, mais dont quelques-unes proviennent de l'Amérique du Nord, du Brésil, de Madagas- car, ete. : le type est notre T. russica, Linné. — Amezvopus, Chevr., Lacord., groupe remplaçant les Triplax au Sénégal, au Bengale et à Java. — Oocyanus, Hope, Lacord., de l’île de Cuba. — My- copnrenUs, Lacord., deux espèces d'Amérique. —Mycorrerus, Chevr., Lacord., une centaine d'espèces américaines. — Iscuyrns, Chevr., Lacord., une soixantaine d'espèces américaines, grandes, noires, avec des bandes rouges ou fauves, ayant un faciès particulier. — Psecapmacus, Percheron, une ving- taine d'espèces de l'Amérique, grandes ou moyennes, allongées, noirâtres, tachetées de rougeûtre; b, espèces à tarses pentamères. Genres : DACNE, Latr., Lacord., à corps allongé, presque parallèle où cunéiforme, rarement cylindrique; antennes à massue large : ce groupe n'est réellement pas le genre Dacne de Latreille, car les espèces qu'il y rangeait font actuellement partie du genre Engis, et M. Th. Lacordaire y place une dizaine de grandes et belles espèces, assez semblables à celles des genres précédents par les couleurs, et qui sont particulières aux deux Amériques, au Sénégal et à Madagascar : le type est l'Engis fasciata, Fabr., des États-Unis. — Eriscara, Dej., Lacord., de moyenne et de petite taille; tous, à l'exception d’un seul, ornés sur les élvtres de taches où bandes fauves sur un fond noir : une vingtaine d'espèces de Java, de la Nouvelle-Ilollande, de Madagascar, du Sénégal. — Triprarowa, Westwood, trois grandes espèces de Java. A la suite des véritables Érotyliens nous devons indiquer des groupes dont quelques-uns ont avec eux certains rapports, et doivent probablement y être réunis, et dont les autres en sont plus distincts et devront, soit former des familles distinctes, soit rentrer dans certaines divisions pri- maires que nous avons fait connaître. Parmi ses Érotyliens, M. É. Blanchard établit un groupe des Encinires, à tarses de cinq articles non dilatés et palpes à premier article peu ou point aplati, et, outre les Dacne et Triplatoma, il y range, probablement à juste raison, les ENGIS, Payk., à corps oblong, allongé; antennes courtes e renfermant deux assez petites espèces, qui, en Europe, semblent remplacer les Érotyles américains; ce sont les Æ. humeralis, Fabr., et E. rufifrons, Fabr.; les Cryprormacus, Herbst, qui sont des Tri- choptérygiens; les ANTUEROPHAGUS, Knoch, à antennes très-épaisses, avec les articles s'élargissant vers le sommet : petites espèces bolétophages européennes, et les Toricrus, Germ., à antennes courtes, de neuf articles, avec une massue globuleuse : groupe formé d’une espèce de Nubie. La division des Irsires, également rangée dans les Érotyliens par l’auteur que nous venons de nommer, et caractérisée par ses antennes ayant leurs deux ou trois derniers articles en massue, corps déprimé, nous paraît un assemblage de genres assez hétéroclites; en effet, on y place les 1ps, Fabr. (qui ont quelque ressemblance, il est vrai, avec les Érotyliens); les Prostomis, Latr.; les Tro- gosita, Fabr., et les Nemosoma, Desm., qu'à l'exemple d'Érichson nous mettons parmi les Nitidu- laires; les Bitoma, Herbst, et Langelandia, Aubé, que nous avons classés dans la famille des Mono- toniens; les Colydium, Fabr., qui font partie de nos Mycétophagiens; les Hecora, Fabr., à massue antennaire épaisse, comprimée, triarticulée, et les LANGURIA, Latr., à corps linéaire, très-long, atténué postérieurement; antennes ayant une massue large, oblongue, de trois articles; tarses de quatre articles : qui étaient pour Latreille des Clavipalpes, tous étrangers à l'Europe. Les MonoromTes constituent presque exclusivement notre famille des Monotomiens. Enfin les Exnouycmes, du même entomologiste, forment la famille qui va suivre. Il nous reste encore à dire quelques mots de genres dont M. É. Blanchard fait une division de ses Dermestiens : celle des Anrninrnes, caractérisés par les tarses de quatre articles, et le corps orbicu- laire, et que Latreille placait avec les Tétramères elavipalpes et les Trimères aphidiphages. Les premiers, qui constituent la famille des Ansorommes d’Erichson, placée entre les Trichopté- rygiens et les Nitidulaires, sont les genres AGATHIDIUM, Iliger (Anisotoma, Fabr.), à corps presque globuleux; antennes à massue triarticulée; tarses de quatre articles, simples : ce sont de très-petits Insectes, dont les pattes très-contractiles leur permettent aisément de contrefaire le mort; ils se trouvent dans les champignons ou sous les écorces des arbres, habitent surtout l'Europe, et ont Sa peste be hu Me LS 5 PRO 27 pe SE RS PR EE TN ER PR RE PR EE 14 1 L COLÉOPTÈRES. 355 donné lieu à la création de plusieurs groupes distincts, tels que ceux des Agaricophagus, Hydno- bius, Schmidt, etc.; la larve de l'espèce la plus connue, l'A. seminalum, Linné, a été, malgré sa petitesse extrême (0,003), décrite bien complétement par M. Éd. Perris. — Lreiones, Latr., à corps ovale; massue antennaire de cinq articles; jambes épineuses : démembrés du genre pré- cédent, les Léiodes renferment aussi des espèces nombreuses européennes : l’une d’entre elles (L. cinnamomea, Kabr.) se trouve fréquemment dans les truffes; une autre (humeralis, Fabr.) a été étudiée par Erichson, sous le rapport du développement embryonnaire. — Praacrus, Payk., à corps hémisphérique; massue antennaire de trois articles : Insectes européens, très-petits, vifs dans leurs mouvements, se trouvant sous les écorces, et parfois sur les fleurs. — Crampus, Fischer, petit groupe, propre à l’Europe, parfois rapproché des Clypéastres, et dont M. Éd. Perris a étudié la larve de l'espèce typique (E. enshamensis, Westw.). Les seconds, ou les Ciypéasrres, qu'Erichson, comme Latreille, rapproche des Coccinelliens, mais dont la place sériale est loin d’être bien déterminée, comprennent surtout les CLYPEASTER, Andersch., à corps aplati; massue antennaire de trois articles; tête cachée sous un corselet presque semi-circulaire; tarses de trois articles : de très-petites espèces européennes, vivant sur les fleurs, et dont Héeger a étudié incomplétement la larve du C. lateralis, Marsh. — Onrnoprenus, Stéph., à corps presque ovalaire; massue antennaire de deux articles : les quelques espèces de ce groupe, un peu plus grandes que les Clypéastres, n'ont été observées que dans nos pays; on doit à M. Ed. Perris la descripuon complète de la larve de l'O. picens, Stéph. QUARANTE-QUATRIÈME FAMILLE. ENDOMYCHIENS. ENDOMYCHIIL. Nobis, 1859. Corps ovalaire, allongé ou arrondi; antennes insérées sur les limites de la suture frontale, diri- gées en avant, ne pouvant étre cachées pur la tête, plus longues que cette dernière et le corselet, de onze articles, dont les trois derniers, moins gréles ou plus gros que les huit premiers, forment une massue allongée; palpes maxillaires filiformes, un peu plus gros au bout, mais non terminés par un article très-grand et en forme de hache; corselet trapéxoïde, creusé de deux sillons; cuisses en massue; abdomen à premier segment tronqué au milieu, et n'offrant sous les cuisses aucune ligne en relief; tarses de trois articles : l'avant-dernier profondément bilobé : les deux premiers qarnis de poils en dessous : ongles simples. Les Endomychiens, Trimères fungicoles de Latreille, ou Sulcicolles de M. Mulsant, constituent l’une des plus petites familles de l'ordre des Coléoptères. Ces Insectes sont de taille assez petite, prin- cipalement européens, tandis que les autres, plus nombreux, en général de l'Amérique du Sud et des Indes, de Madagascar, etc., sont notablement plus grandes. Leurs teintes ne sont pas brillantes; ils sont en général d'un rouge plus ou moins brunâtre, parfois uniforme sur tout le corps, parfois aussi le fond est relevé par des taches de nuances plus foncées, et ils se rapprochent assez des Cocci- nelliens. Tous vivent dans l’intérieur des champignons, dont ils se nourrissent, se rencontrent aussi sous les écorces ou au pied des arbres, et semblent fuir la lumière, ne prenant leur essor qu'au crépuscule. Les larves des Endomychiens vivent dans les champignons : MM. Kirby et Wesiwood ont parlé de celles de l'Endomychus coccineus, Fabr.; M. le docteur Coquerel, de celles du Calypto- bium Kunzei, et MM. Chapuis et Candèze, de celles de la Lycoperdina fasciata : ces dernières, les seules complétement décrites, ont de 0%,004 à 0w,005 de longueur; elles sont d’un blanc jaunâtre terne, de forme elliptique, atténuées à l'extrémité, parsemées de poils courts, etc. Le genre le plus remarquable de cette famille par sa taille, ses couleurs et le nombre des espèces qu'il renferme, est celui des EUMORPHES, Eumorphus, Weber, Fabr., à corps arrondi, ovalaire; antennes assez longues; corselet presque curré, rebordé latéralement, légèrement rétréci vers les ungles postérieurs; pattes longues : ces Insectes, de couleur obscure avec des taches jaunes, sont 356 HISTOIRE NATURELLE, nombreux, tous exotiques, et surtout propres aux iles de l’archipel indien, quoique quelques-uns se trouvent dans l'Amérique du Sud; M. de Castelnau a proposé d'y former trois sous-genres : ceux des Eumorphus (type, E. marginatus, Fabr., de Java); Olena (E. Sumatræ, Weber); Amphyx (C. binotatus, Cast., de la Guyane); et M. Guérin-Méneville a donné récemment, dans la Revue x00- logique, un essai de classification dans lequel il indique plusieurs groupes nouveaux. — D’autres genres exotiques, assez voisins de celui-ci, sont ceux des: SpnæronEra, Blanch., des Indes. — AruosceLts, Dej., Blanch., de Madagascar. — Srernorarsus, Perty, une espèce du Brésil. — EriLo- cuus, Dej., Blanch., espèces américaines, voisines de nos Lycoperdines. Les genres européens sont les suivants : Daprsa, Ziegler, Latr., à corps oblong; antennes ayant leurs trois derniers articles allongés, gréles : un petit nombre d'espèces, dont deux (érimaculuta, Kollar, et denticollis, Germ.) ont été prises en France. — LYCOPERDINA, Latr., à corps ovalaire, allongé; antennes assex longues, à peine élargies à l'extrémité : les deux derniers articles ova- laires; cuisses renflées : quelques espèces, dont le type est le L. bovistæ, Fabr., long de 0,002 à 0®,0025, d'un brun noiràtre, se rencontre dans toute l'Europe, parfois en grand nombre dans le Vesce-Loup (Lycoperdon Bovista). — Gozvia, Muls., fondé sur la Lycoperdina succincta, Linné, Latr., trouvé dans les parties montagneuses de la France et de la Suisse. —Mycema, Muls., à corps glabre, comme le groupe précédent: espèce unique, l'Endomychus cruciatus, Schall., Panz. — ENDOMYQUE, Endomychus, Helwig, Panz., à corps ovalaire; antennes assez longues, ayant des articles courts, cylindriques; corselet court, transversal; élytres oblongues; pattes moyennes; cuisses assez fortes, etc. : l'espèce unique de ce groupe est l'E. coccineus, Fabr., long de 0",006 à 0,008, d’un beau rouge vermillon très-vif et très-brillant, qui se trouve dans toute l’Europe, mais il est généralement peu commun, quoique, quand on le déæouvre, on en prenne toujours un assez grand nombre. — Pozyuus, Muls., groupe formé avec une espèce (nigricornis, Muls.) découverte récemment en France auprès de Loudun. A ces genres on doit joindre encore celui des CALYPTOBIUM, Villa, dont M. le docteur Aubé a publié une monographie, quelques petites espèces européennes (type, C. Villæ, Aubé). QUARANTE-CINQUIÈME ET DERNIÈRE FAMILLE. COCCINELLIENS. COCCINELLII. E. Blanchard, 1845. Corps subhémisphérique dans la grande majorité des cas, parfois en ovale court plus ou moins allongé ou oblong; antennes insérées sur les côtés de l'épistome, près du point de jonction de celui-ci avec les joues, r'epliées ou cachées sous la tète en temps de repos, rarement aussi longues que la tête et le corselet, habituellement de onxe articles, et rarement d'un nombre moindre, ter- minces en massue; palpes mavillaires à dernier article le plus long de tous, en général fortement sécuriforme, quelquefois gros, subconique; corselet dexz fois au moins aussi large que long, non creusé de deux sillons; abdomen à premier segment offrant presque toujours sous chaque cuisse une ligne en relief en forme de V; cuisses comprimées, sillonnées latéralement; tarses de trois articles : les deux premiers garnis de poils en dessous : dernier en partie logé dans le précédent, et offrant à sa base un nodule parfois très-distinct : ongles souvent munis d'une dent ou bifides. Le genre Coccinella de Linné a surtout été démembré dans ces derniers temps par M. Mulsant, dans son Hist. nat. des Coléoptères sécuripalpes de France, 1846, et dans son Speciès des Coléop- tères trimères sécuripalpes (Ann. des Sc. phys. et nat. d’agr. et d'ind. de la Société nationale de Lyon, 2° série, tome Il, 4850), qui l’a subdivisé de telle sorte, qu'il y admet plus de cent genres et qu'il en fait connaître environ quinze cents espèces. Celles-ci ont donné lieu à un très-grand nombre de travaux, tant sous le point de vue descriptif que sous celui de leurs habitudes, dont on trouvera l'indication dans les deux ouvrages de M. Mulsant, et leur étude a eu à surmonter des dif- ficultés des plus sérieuses et naissant principalement de la diversité des dessins du corselet et des COLÉOPTÈRES. 357 élytres chez Îles individus appartenant à la même espèce, et qui se trouvent aussi entre les sexes, souvent de couleurs très-différentes dans une seule et même espèce. L'ensemble de nos Coceinel- liens constitue la famille des Trimères aphidiphages de Latreille, et celle des Trimères sécuripalpes de M. Mulsant. : Les Coccinelliens ont des affinités réelles avec les Chrysoméliens, et par leur forme générale et par l’organisation de leurs larves; mais ils se rapprochent aussi beaucoup des Érotyliens par la disposition de leurs pattes, de leurs tarses, de leurs antennes et de leurs palpes, etc.; enfin, ils sont également très-voisins des Endomychiens. Cependant, si quelques-uns d’entre eux sont phy- tophages et se nourrissent des feuilles des plantes, comme les Chrysoméliens, la grande majorité des espèces, tant à l’état parfait qu'à celui de larve, sont carnassières et dévorent un grand nombre de Pucerons, de Cochenilles et de Kermès. Ces Insectes, qui sont vulgairement désignés sous le nom de Bêtes à bon Dieu, sont en général globuleux; leur robe est marquée de points ou de traits noirâtres sur un fond uniforme assez clair, et de teintes excessivement variées; parfois ils n’ont qu'une seule couleur, alors presque toujours assez sombre. On en trouve dans toutes les contrées du globe; tous ne sont pas très- grands, et ceux très-nombreux propres à l’Europe sont souvent plus petits que les autres. Ils vivent en général isolés, et ce n’est qu'exceptionnellement, à l’automne, qu’on les rencontre par- fois réunis en grande quantité, et, dans nos climats au moins, quand le froid commence à se faire sentir, ils vont se réfugier sous les écorces des arbres ou d'autres abris, pour se monirer au pre- mier printemps. Dès lors, mais surtout en été, ces Coléoptères se trouvent en abondance sur les fleurs et les feuilles, allant à la recherche des Pucerons; les sexes se recherchent, et les femelles ne tardent pas à aller déposer leurs œufs dans les conditions qui leur semblent les meilleures pour as- surer la conservation de leur race. Quand un danger les menace, ils cachent leurs pieds sous leur corps, et restent collés aux rameaux sur lesquels ils se trouvent, et, si on les touche, ils se laissent tomber à terre; parfois ils ouvrent leurs élytres et s'envolent avec d'autant plus de facilité que le soleil agit plus vivement sur eux; parfois aussi ils font suinter de la jointure des cuisses et de celle du genou un liquide jaune, mucilagineux, à odeur pénétrante et désagréable. Les métamorphoses d’un assez grand nombre d’espèces de Coccinelliens sont connues; Réaumur, de Géer, Herbst, Friesch, Gleichen, Latreille, Kirby et Spence, MM. Westwood, Ratzeburg, Reich, Costa, Stroems, le docteur Coquerel, Huber, Junker, Héeger, Bouché, et surtout M. Mulsant, ont publié beaucoup de travaux à ce sujet, et principalement d’après le dernier naturaliste que nous avons nommé on a aujourd’hui l'indication descriptive des larves et parfois des nymphes des : Ani- sosticta novies-punctata; Idalia livida et bipunctata; Coccinella septem-punctata, hieroglyphica et olivetarum; Myrrha octies-gutlata; Mysia oblongo-quttata; Anathis ocellata; Hulyxia sexdecies-qut- tata; Propylea quatuordecim-punctata; Thea vicies et bipunctata; Chilocorus bipustulatus, cacti, sep- tem-pustulatus et uva; Epilachna arqus et chrysomelina; Lusia globosa; Scymnus minutus; Cact- dula scutellata. Les larves sont d’une forme ovale, lancéolée, amincie surtout en arrière : elles sont diversement colorées, souvent d’un noir chocolat ou bleuâtre, et munies de tubercules, de fossettes, d'épines très-variables dans leur forme et leur coloration. Leur tête est petite, à contours arrondis, à bouche formée de parties cornées; ocelles arrondis, assez saillants, souvent entourés d'une tache noirâtre : au nombre de trois ou de quatre de chaque côté; antennes triarticulées; plaque sus-cé- phalique offrant antérieurement un chaperon limité par un sillon bien marqué; lèvre supérieure distincte; mandibules petites, triangulaires, à extrémité aiguë, bifide; mâchoires bien formées; segments thoraciques peu différents des abdominaux; pattes assez longues, terminées par un tarse court, obtus, à ongle simple, très-erochu; segments abdominaux au nombre de neuf, coriacés : le dernier à anus ayant une ouverture assez large et un bourrelet charnu servant à la progression; neuf paires de stigmates, assez grands, arrondis. A l'époque de la dernière transformation, ces larves se collent par leur dernier segment aux feuilles, au moyen d'une substance visqueuse qu'elles sécrètent : elles courbent alors leur corps, et surtout la tête, vers la face inférieure, de manière à former une gibbosité; les granulations deviennent plus petites, les poils tombent, et alors la peau desséchée se fend sur le dos, se retire en arrière, et forme un bourrelet chiffonné à l’extrémité du corps. Trois groupes distinets peuvent être formés parmi ces larves. La plus grande partie sont car- nassières, et se nourrissent presque exclusivement de Pucerons, d'où leur nom d'Aphidiphages; 398 HISTOIRE NATURELLE. — COLÉOPTÈRES. elles sont plus agiles que les autres, ne sont pas généralement, comme elles, munies de pointes épineuses, et ont seulement des tubercules ou des renflements à surface inégale et recouverts de soies simples, roides; la tête, le corselet et les bords latéraux du corps sont ornés de poils sétiformes disséminés, et, sur le reste du corps, ces poils se rencontrent seulement sur les tubercules ou sur les renflements de la peau; le corselet est prolongé par une espèce d'écusson étendu sur la plus grande partie de sa surface; les deux segments suivants ont chacun deux taches subdiscoïdales et deux autres plus petites latérales; les segments suivants présentent six plus petites taches encore, et le dernier, plus petit, en porte moins. D’autres larves sont essentiellement phytophages; elles sont beaucoup moins agiles que les précédentes, et restent constamment sur le végétal où elles sont nées; leur corps est hérissé d’épines ou longs prolongements ramifiés, disposés sur les segments dorsaux, et chaque ramification est terminée par un poil de longueur variable, n’en formant pas la continuation, mais semblant mobile sur elle; le corselet porte quatre de ces épines ramifées, les autres segments six, et, sur le dernier, les deux épines latérales sont beaucoup plus courtes : à la face inférieure du corps, il n’y a pas de taches sétigères. Enfin les larves des Scymnus diffèrent no- tablement des deux types précédents, leur face dorsale offrant de petites fossettes disposées comme dans le groupe précédent, et de ces fossettes sortent des prolongements blanchâtres, mous, flexueux, donnant à l'animal l’aspect d’une petite houppe de laine : cette sorte de mousse a la propriété de se reproduire quand elle a été enlevée. D’après M. Bouché, la larve du S. minimus, qui vit sur diverses plantes, est carnassière, et dévore plusieurs espèces d’Acarus. Les principaux genres de cette famille, les seuls admis il y a vingt ans à peine, sont les suivants : COCCINELLE, Coccinella, Linné, à corps ovalaire où hémisphérique; antennes plus courtes que le corselet, grossissant vers l'extrémité, avec les articles raccourcis; mandibules bidentées à l'extré- milé; mächoires bilobées : ce groupe, très-nombreux en espèces répandues dans toutes les contrées du globe, aussi bien au Nord qu’au Midi, comprend la plus grande partie des genres qui ont été formés récemment dans cette famille; les Coccinelles sont des Insectes de consistance très-molle, revêtus de jolies couleurs, et le plus souvent marqués de points; leur forme est arrondie, et on les prend sur les plantes et les arbres : comme types, nous ne citerons que deux des plus grandes et des plus communes espèces d'Europe, la C. septem-punctata, Linné, longue de 0,006 à 0",007, sur une largeur de 0,004, noire, à élytres d'un rouge orangé, avec trois points noirs sur chacune d'elles, et un septième commun aux deux et sur leur suture; bipunctata, Linné, plus petite, noire, à élytres rouges, avec un point noir sur chacune. — Larnoruirus, Fræl., à corselet rebordé sur les côtés, rétréci en arrière; tarses à deux premiers articles un peu bifides : une espèce unique, L. connatus, Fabr., d'Allemagne. — Norropnyeus, Gory, à {arses à deux premiers articles très- courts : une espèce (N. nigropunctatus) du Cap. — SCYMNUS, Herbst, à corps orbiculaire, velu; antennes courtes, renflées brusquement en massue; corselet à peu près aussi large que les élytres : très-petits Insectes, surtout d'Europe, et dont les principaux sont les: S. minimus, Payk.; ater, Ilig., et frontalis, Fabr., ce dernier commun aux environs de Paris. — GACIDULA, Curtis, à corps un peu allongé; antennes plus longues que le corselet, filiformes; corps arrondi, ete. : quelques petites espèces, dont le type est le C. scutellata, Herbst, qui se trouve dans toute la France. Pour terminer cette esquisse rapide de la famille des Coccinelliens, il nous resterait à indiquer les genres nombreux qui y ont été créés dans ces derniers temps: mais ces groupes reposent sur des particularités tellement minutieuses, tirées des élytres, du corselet, des parties‘de la bouche, etc., que cela nous entrainerait beaucoup trop loin; aussi nous bornerons-nous à renvoyer à l'excellente monographie de M. Mulsant et aux noms des principaux groupes indiqués en parlant des larves. ee Fig. 294.— Coccinella (Hiloceræ@)uva. Fig. 295. — Coccinella (Epilachna) argus. Fig. 296. — Cacidula lilura. {Grandeur naturelle.) ({arve,) {Grossi.) TABLE ALPHABÉTIQUE DES PRINCIPAUX GENRES DÉCRITS DANS LE TROISIÈME VOLUME DE L'HISTOIRE NATURELLE DES COLÉOPTÈRES. “Acanthocine Acanthocinus. . . 52 “Acanthodère. Acanthoderes. 521 “Acméodère. Acmæodera. Al Acrocine. Acrocinus. . , , . . 321 Adesmie. Adesmia.. … . 14 Adorie. Adorium. . . . . . . 350 “Adraste. Adrastus.. . . . . . 30 Ægialie. Ægialia. . . 109 *Æsale. Æsalus. SU 28 *Agathidie. Agathidium. 204 “Agrile. Agrilus. ie 42 *Agricte. Agrioles. . . . . . . 29 "Agrypne. Agrypnus -. . . , . 24 FAISAIS bed ee cie 145 “Allecule. AZlecula . 1471 DAIUÉE AUIGG- ENS L UE NS 35 Alurne. Alurnus.. . . . . 341 Amarygme. Amarygmus. . . . 169 *Amphicome. Amphicoma. . . . 60 “Anaspe. Anaspis… . . . . . . 181 ‘Anisonyx. Anisonyæ. . . - . . OGl “Anisoplie. Anisoplia. . 85 “Anomale. Anomala.…. . 80 Anoplognathe. Anoplognathus.… 85 *Anthaxie. Anthaæia. . . . . . 40 “Anthicus. Anthicus…. . . . . . 118 *Anthonome. Anthonomus. . . . 255 “Anthribe. Anthribus. . . . 209 FApale. Apalus. «1. 197 DApateATUTE EM ONERENT EE d- 258 “Aphanistique. Aphanistichus. . 45 “Aphodie. Aphodius.. . . . . . 107 FApion. ADiON:. 0.0. 207 219 “Apodère. Apoderus.. . . . . . 211 ABIUAS VAS E-rea ee 150 “Ateuque. Afeuchus… . . + . . 97 HAtone AD. Ve CRT - 16 TAthous: AfHOUSS NI S C: 28 *Attelabe. Attelabus. . . . . . 211 *Anchenie. Anchenia. . . . . . 339 “Bagous. Bagous.. . - . . . . 245 ‘Balanine. Balaninus.. . . . . 255 *Baridie. Baridius. . . . . . . 9259 SPAnst BOTTS- ten Ne 1259 * Bête à bon Dieu. Coccinella. 308 “Bitome. Biloma.. . : . . . . 283 DBIaps /R/ODS 0.0. 4191 “Bolitophage. Bolitophägus. 162 * Bolboceras. Bolboceras. . . 116 LES GENRES MARQUÉS D'UN * SONT EUROPÉENS. Bostrique. Bostrichus. 258 *Bousier. Copris. 102 * Brachycère. Brachycerus.…. 217 Brachydère. Brachyderes. . 220 * Brachytarse. Brachytarsus. . . 210 “Brenthe. Brenthus.…. . . . . . 214 “Brontes. Brontes. nl "Bruque. Bruchus. . . . . . . 208 “Bupreste. Buprestis. . 40 “Cacidule. Cacidula.. . . . . . 358 Calcar. Calcar.. . . . 156 “Calandre. Calandra. eo 0) Callichrome. Callichroma.. . . 515 "Callidie. Callidium.. . . . . . 519 “Calyptobie. Calyptobium. . . . 556 Camarie, Camaria.. . . . . . 165 “Cantharide. Cantharis. . 193 ‘Capnodis. Capnodis. . . . . 40 “Capricorne, Cerambyx.. . . . 513 *Cardiophore. Cardiophorus. . 28 * Casside. Cassida.. . . . . 343 “Cébrion. Cebrio.. . . . 19 *Centrine. Centrinus. . . 210 “Cérambyx. Cerambyx. . 315 “Cerf-volant. Lucanus.. 125 * Cérocome. Cerocoma.… . 1499 “Cétoine, Celonia. UDA “Centorhynque. Centorhynchus. 245 Chalcolépidie. Chalcolepidius. 26 “Chalcophore. Chalcophora.… 39 Charançon. Cureulio. . . . 217 “Chiron: Chéron. - : =. . . 109 Chlamys. Chlamys.. . . . . . 346 Chrysochroa, Chrysochrou.. . . 39 “Chrysomèle. Chrysomela. . 548 “Cione. Cionus.. . . . 214 AUISM CET ete 1261 AOISLÉIeMCES ET, D LOC RILTA “Cleone. Cleonis. . . . 223 “Clypéastre. Clypeaster 35ù “Clyte."Clytus. . - . . 318 * Clythre. Clythra.. . . . 545 Cnodalon. Cnodalon. . . 165 * Coccinelle. Coccinella. 358 Colaspide. Colaspis… 347 *Colydie. Colydium.. . . . . . 285 “Copris. Copris.. . . . . . . . 102 “Cossone. Cossonus.. . . . . Cossyphe. Cossyphus . . . , . 252 150 ‘Criocère. Crioceris.. . . . , . 55 “Cryptique. Cryplicus..… . . .. 154 Cryptocéphale. Cryptocephalus.. 346 *Cryptorhynque. Cry enRTAue 241 *Cucuje. Cucujus.…. - 290 Curculio. Curculio. . ST LT Cyclocéphale. Rats 0081 Gyphe. Cyphus. . . . : . + . 220 ‘Cyphon. Cyphon.. . . . . .. 16 "Diapère. Diaperis. . . . .. 163 “Donacie. Donacia. . . . - . . 356 ‘Dorcadion. Dorcadion. . . 324 MDorque-"DOrcUs TN. 00e 125 Doryphore. Doryphora. . . . . 348 Dre DDR tIusS EE NNUEE : 7 Dynaste. Dynastes.. . . . 91 Éburie. Eburia. . . . . . . 511 *Élaphocère. Elaphocera.. T8 OT ND TC HMRENEUE RE . 28 “Élophore. Elophorus.. . . . . 145 “Endomyque. Endomychus.. . . 556 RENTIS ENDIS MECS ES 554 Entime. Entimus. . . . . . . 217 Episcaphe. £piscapha. . . . . 35% Epitrague. Epitraqus.… . 157 "Ergate. Ergates.. . . 304 "Erirhine. Erirhinus. . 25% "Érodie. Erodius.. : . . . . . 44 Erotyle. Erotylus. . . . 353 Eubrie, Eubria. . . . 17 Eucauste. Eucaustes.. . 393 Euchlora. Euchlora. . 80 Eucnémide. Eucnemis. . 33 ‘Eumolpe. Eumolpus. . . . . . 541 Eumorphe. Eumorphus.. . . . 555 Eurychore. Eurychora . . . . 146 *Falciger. Falciger.. . . . . . 243 “Galéruque. Galeruca. . . . . . 350 Géniate. Genialis. . . . . . + 84 *Géotrupe. Geotrupes.. . . . . 115 *Glaphyre. Glaphyrus.. . . , . 60 Goliath. Goliathus. . . . . . . 01 *Gracilie. Gracilia. . . . . . . 518 * Gribouri. Cryptocephalus. . . . 346 ‘Gymnétron. Gymnetron. 245 "Gymnétis. Gymnelis. . . . . . 56 Gymnopleure Gymnopleurus. . 100 360 HISTOIRE NATURELLE. “Hammatichère. Hammaticherus. 513 | “Mordelle. Mordella.. : . . . . 181 Hanneton. Melolontha. . . . . 72 | “Mycétophage. Mycetophagus.. . 286 Hégéter. Hegeter. . . . . . . 148 | “Myctére. Mycterus.. . . . . . 188 Hélode. Helodes.. . . . . 549 | “Mylabre. Mylabris. .”. . . . . 198 “Hélops. Helops. . . . . . . 167 | “Myodite. Myodites.: . . . . . 183 Hémonie. Hæmonia. . . . . . 337 "Hétérophage. Heterophaga. 158 | *Naupacte. Naupactus.. . : . . 220 Hexodon. Hexodon.…. : . . . . 86 | *Nécydale. Necydalis. . . . . . 515 HUSpE AIS00 eee 541 | *Némognathe. Nemognatha. . . 197 “Hoplie. Hoplia. + . . . . .. CAEN ONU 0 A Cle « 175 Horie. Horia. . . . . . . . 189 | Nyctélie. Nyctelia. . . . . . . 149 "Hybale, Hybalus.. . . . . . . 109 “Hylaste. Hylastes. . . . . . . 271 | *Obrie. Obrium. . à... » . | 317 "Hylésine. Hylesinus. . . . . . 212 | Œdémère. OEdemera.…. . . . . 187 “Hylobie. Hylebius. . . . . . . 226 | *Œgosome. OEgosoma.. . 306 “Hylurgue. Hylurgus. . .. . 271 | ‘Omalise. Omalisus.. . . . . . 11 Hypocéphale. Hypocephalus. . . 29% | *Omaloplie. Omaloplia. . . . . 66 “Hypophlé. Hypophlæus.. . . . 159 | *Omias. Omias.. . . . . . . . 229 “Oniticelle. Oniticellus. . . . . 105 Imathidie. Imathidium.. . . . 342 | “Onitis. Onitis.. . . . . . . 104 INCARNE EL NE Se 59 | “Onthophage. Onthophagqus.. . . 105 - “Opatre. Opatrum. . . . . . . 154 ST ulonis aan ie Ne ee Une) 39 | “Orchésie. Orchesia.. . . . . . 185 Orchestes. Orchestes. . . . . . 237 + s : . | “Orsodacne. Orsodacna. . . . . 535 Re (TR e| KOrqete, Oryetesre en a 80 EU UT D AM EE 324 | -Htorhv ; 5 One Manon: 197 Otiorhynque. Oliorlynchus. . . 230 "Lampyre. Lampyris. . . . . 15 | .p.. m5 ‘Langelandie. Langelandia.…. . . 285 Se NEA joe Di . _Langurie. Languria. . . . .. 354 | “Parmène. Parmena. . . . . . 595 LA Larinus.. . . .. . . 232 | paropse. Paropsis.. . . . . . 349 * atridie. Latridius.. . . . . . 287 Passale, Passalus. . . . . . . 191 Pa Lema. ......... 558 | Passandre. Passandra . 292 ,Lepture. Leplura. . . . 33 Paussus. Paussus. . . . . . . 219 Lepyre. Lepyrus. . . . ... 226 | «pedine. Pedinus.. . . . . . . 153 dE ea FRE PR 520 Pelecotome, Pelecotoma. . 182 AR Se LA ESS 252 | phalacre. Phalacrus.. . 355 FR none PE : 125 | -phalérie. Phaleria.. . . . . . 161 «Ludie. Ludius… . . . . ... 29 | phanœus. Phanæus. . . . . » 105 ‘Lupère. Luperus. . . .. - + 550 | -philax. Philaz. . . . . . SOS : Lycoperdine. Zycoperdina.… . . 556 | plileure. Phileurus. . . . . . 3 LYCHE LOUIS NE SRE NUE 252 *Phyllobie. PAyllobius . 998 Lyde. Lydus. . . ...... 196 | «pimélie. Pémelia.-. . . . . . 139 ane. Lycus.. .. .. ... 10 | -pissode. Pissodes. . . . . . . 253 TONER EN A7 D) “Platycère. Platycerus. - 126 ‘ Platydème. Platydema.. . . . 163 Macraspe. Macraspis. . . . . . 82 | *Platype. Platypus.. . . . . . 916 “Malthine. Malthinus.. . . .. 5 | “Plinthe. Plinthus. . . . . . . 226 "Mécine. Mecinus.. . . . . . 246 | *Pogonochère. Pogonocherus.. 1929 Mégalope. Megalopus. . . . . 339 * Polydrose. Polydrosus. . , +229 "Mélandrie. Melandria.. . . . . 184 | “Prione. Prionus.. . . . . . . 305 *Melasis. Melasis.. . . . . . . 33 | Psalydognathe. Psalydognathus. 505 MOUE VOLE NS OPEN 199 | "Pyrochre. Pyrochroa.. . , . . 179 “Mélolonthe. Melolontha.. . . . 72 | Pytho. Pytho.. . . . . . .. 157 “Métallite. Metallites. . . . . , 295 “Molorche. Molorchus. . . . . . 316 | “Rhagie. Rhagium. . . . . . . 530 Molure. Moluris.. . . . . .. 145 Rhine. RRING EAN 247 “Molyte, Molytes.. . . . . . . 296 | *Rhinomacer. Fhinomacer. 212 ‘Monochame. Monochamus.. . . 525 | Rhipicère. Rhipicera.. . . . . 18 “Monotome. Monotoma. . . . . 283 | *Rhipiphore. Rhipiphorus. . . . 182 FIN DE LA TABLE. — COLÉOPTÈRES. “Rhizotrogue. KRhizotrogus.… “Rhynchite. Rhynchites. . Rhynchophore. Ah geler us. “Rhyncole. Rhyncolus. “Rhytirhine. Rhytirhènus. Rutèle. Rutela. . . . . . Sagre. SAgrae 0 in ‘ “Salpingue. Salpingus.. . . " Saperde. Saperda. . . . Scarabée. Scarabæus.. . . NSCAUTE. "SCTUTUS:. M. En 1 “Scolyte. Scolytes. . . . . Ve "Scraptie. Scraptia. . . . Scymne. Scymnus.. - . Sepidie, Sepidium.. . . ‘Serropalpe. Serropalpus. . . . À STE SI 6e She vor "Sinodendron. Sinodendron "Sisyphe. Sisyphus.. . . HSLATISE MSI OTESE De ee Te “Sitone. Sitona… TE ‘Spondyle. Spondylis. . : : . Statire. Séatira. . Sténochie. Stenochia.. .« : . "Sténoptère. Stenopterus. . Sternocère. Sternocera. . - . - Syndèse. Syndesus.…. . . . . . À “Sylvain. Sylvanus. . . + . , . Tagénie. Tagenia. . . . . . PTaupin: Élater. ? un. ‘Téléphore. Telephorus. . . . . "Ténébrion, Tenebrio.. . . “Tentyrie. Tentyria.. . . . . Tétralobe. Tetralobus.. . . . . Tétraonyx. Tetraonyæ. Tétraophthalme. T etraophthalm . 5 “Throsque. Throscus. . . . . “Thylacite. Thylacites.. . . . : 2 "Timarque. Timarcha.. . . . . "Tomique. Tomicus.. . . . . . "Toxote. Toxolus.. + . .… - *Tragosome. Tragosoma.. . . . 3 “Trachyde. Trachys.. . . . . . Trachydère. Trachyderes. . . . ‘Trachyscélide, Trachyscelis. . . “Trichie. Trichius. . : +.” ÉDuplac NUIT. Eee d _Tritome. Tritoma. . . . . . . ji ITOX. TPODE DV ET ee ere “Tychie. Tychius. . . . . . AUlome-UUlOMe.. Ce * Ver luisant. Lampyris. . . . . *Vespère. Vesperus.. . . . . . Conte. ZOTU1S M UE t Zophère. Zopherus. . . , . . *Zophose. Zophosis.. . . .. 10 212 241 . 253 ..927 82