V .V :.. >• V LIBRARY OF IQ85_I056 J^-l^^lW^r^.^:^, ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE HISTOIRE GÉNÉRALE CLÂSSJFlCAïIOrS NATURELLE ET MÉTHODIQUE DES INSECTES ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE HISTOIRE GÉNÉRALE CLASSIFICATION NATURELLE ET MÉTHODIQUE DES INSECTES L AIDE DE TARLEAUX SYNOPTIQUES jilûl: I^H^ A. M.-C. nUMERIL MEMBBE DE l'INSTITLT, r lie la Facullt; de aicdecine. et profosseur honoraire au Muséum d'V (extrait des Mémoires de l acadlmie des sciences, t. xxxi). TOME DEUXIEME Deuxième partie contenant Thistoire des ordres suivants; LES ORTHOPTÈRES. — LES NÉVROPTÉRES. — LES HYMÉNOPTÈRES. — LES HÉMIPTÈRES. LES LÉPIDOPTÈRES. — LES DIPTÈRES ET LES APTÈRES. PARIS TYPOGllAPHIK DK FIRMIN DIDOT FKERIOS, FILS ET C IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOB, 5(i 1860 LES ORTHOPTERES. DEUXIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES INSECTES. On désigne ainsi, d'après Olivier, l'une des sous-classes, ou plutôt l'un des ordres de la classe des insectes qui comprend des espèces ayant quatre ailes de consistance ou de longueur inégales; dans ce cas, les ailes supérieures recouvrent et pro- tègent les inférieures, qui, le plus ordinairement (les Labi- doures exceptés), ne sont pas pliéesen travers, mais plissées sur leur longueur dans l'état d'inaction ou de repos. Ce nom d'Orthoptères est formé de deux mots grecs dont l'un, ôpGoç, signifie droites, et l'autre, ^TEpa, les ailes. Ce n'est pas seule- ment d'après cette disposition ou d'après celte conformation qu'il a été nécessaire, dans l'intérêt de la science, d'établir cet ordre, car il est tout à fait naturel ; c'est surtout en raison du mode très- particulier de la transformation ou de la métamor- phose semblable et commune t\ tous ces insectes, circonstan- ces qui semblent les rapprocher beaucoup des Hémiptères et les éloigner par cela même de l'ordre des Coléoptères avec lesquels tous les auteurs les avaient placés avant de Géer. Linné, dans les dernières éditions de son Système de la nature, les avait rangés avec les Hémiptères; mais de Géer, dès 177.^, date de l'année où il publia le troisième volume de ses Mémoires, tlont le premier avait paru en 1763, dis- tingua très-bien ce sous-ordre parmi les insectes qu'il nom- mait les Vaginés ou à étuis, et il se servit du nom de Der- H 6fi6 RNTOMOr.OGIE ANAI,YTJQUE. maptères. pour désigner ceux qui ont deux gaines coriaees, demi-écailleuses , aliformes, recouvrant deux autres ailes membraneuses, avec la bouche garnie de mâchoires dentées. Fahricius, empruntant constamment les caractères de ces, derniers organes, avait fait une classe de ces mêmes insectes, parce qu'il avait observé que leurs mâchoires sont recou- vertes par une sorte de lame composée fju'il regarda comme une gencive mobile et extérieure, et, d'après le mot grec oÙX&v, gingiva, il donna à cette classe le nom àUlLonates ou d'Ow- lognathcs, c'est-à-dire mâchoires engagées dans une gencive, yvaâoi; indiquant les mâchoires. Les Orthoptères, en sortant de l'œuf, dont les formes va- rient beaucoup suivant les genres, ont cependant déjà à peu près celles qu'ils conserveront et môme la structure et l'appa- rence qu'ils doivent garder pendant le reste de leur existence. r^a manière de vivre, les habitudes, les moeurs et Icui instinct restent constamment les mêmes. La nymphe ne dii- fère de la larve que parce que celle-ci porte des moignons ou des rudiments d'ailes qui, à la mue suivante, se dévelop|)eront ou sortiront de leurs gaines, si cela est nécessaire ; car quelques espèces, dans les différentes familles de certains genres de cet ordre, ne prennent jamais d'ailes. En général, tous les Orthoptères sont agiles sous les trois états de larves, de nymphes et d'insectes parfaits. La plupart des esj)èces se nourrissent de matières végétales; quelques-unes seulement, comme les Blattes, détruisent les substances animales, mais privées de la vie; d'autres, connue les Mantes, saisissent et dévorent les insectes vivants: aucune espèce ne se développe dans l'eau. Tl serait difficile de donner une idée générale de la struc- DES ORTHOPTÈRES EN GENERAL. 667 lure des insectes de cet ordre, ainsi que cela a été possible pour les Coléoptères; car dans les quatre familles principales rapportées à l'ordre des insectes Ortlio])tères, toutes les par- ties du corps diffèrent et quelquefois même dans les fj,etn-es considérés à part, [ja forme de la tête, le mode de son articu- lation, les diverses parties de la bouche, les yeux, les stem- mates, les antennes, présentent des moditications à l'infini. Il efi est de même du corselet, de l'abdomen, des ailes et des pattes; mais il serait nécessaire d'entrer d'avance dans trop de détails et nous préférons les renvoyer à l'étude de chacune des familles que nous allons indiquer d unemanièregénérale. Dans la première, celle des Lahidoures ^ les espèces diffèrent de celles de tous les autres genres, parce que leurs élytres, semblables à ceux des Coléoptères, sont réunis par une suture moyenne et qu'ils recouvrent presque complètement les ailes membraneuses; celles-ci, quoique plissées sur leur longueur, n'en sont pas moins pliées trois fois en travers, pouvant en outre se déployer et se reployer en éventail par un méca- nisme tout particulier. Ce groupe d'insectes est tout à fait distinct. 11 est évident que la présence des véritables élytres qui recouvrent des ailes membraneuses caractérisent au premier aspect des Coléoptè- res; cependant les secondes ailes se plient plusieurs fois sur leur longueur, par conséquent ce ne seraient plus des Orthop- tères. Malgré ces difficultés, la métamorphose incomplète, le peu de changements dans la conformation et les mœurs de toutes les espèces exigent la classification adoptée, car elle est la plus naturelle. La seconde famille, celle des Omalopodes, à laquelle ap- partiennent les Blattes, se distingue par la forme excessi- 84. 668 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. vement plate ou déprimée du corps, par la brièveté et surtout par l'aplatissement des pattes, dans la région des cuisses et des jambes; beaucoup d'espèces ne prennent jamais d'ailes. Les Anomides, comme les Mantes, offrent des modes de mouvement et d'articulations bizarres dans les régions de la tète, du corselet et de l'abdomen, dont la mobilité s'exécute en tous sens. Ces formes varient d'ailleurs dans les genres, soit dans les pattes de devant, soit dans les postérieures, et quelquefois par leur plus ou moins grand développement ou par leur armure. Enfin, dans les GryUoïdes^ï?i\\\\\\^ qui comprend les sau- terelles, les cuisses postérieures sont généralement renflées, très-musculeuses, allongées et destinées à faire exécuter de grands sauts. 11 y a d'ailleurs beaucoup d'analogie dans les mœurs chez toutes les espèces. Voici un tableau synoptique relatif aux quatre familles dont se compose cet ordre des Orthoptères. Second ordre de la classe des insectes : les ORTHOPTÈRES (i). (Uractéres : Insectes à étytres, avec des ailes membraneuses, plissées en longueur, et des mâchoires. ; beaucoup plus grosses, plus longues, propres au saut 4 Grtlloïdes. Cuisses de derrière ; j plus long que large. 3 Anomides. j 1 cinq ; corselet ! 'simples; articles aux tarses] (plus large que long. 2 Omalopodes. ' trois, le ventre terminé en pince. ... 1 Labidopbes. 1) De 6p9o;, droit, et de TtTepâ, ailes. ORTHOPTÈRES LABIDOURES EN GENERAL. 669 Vingt-troisième famille : les LABIDOURES ou FORFICULES. Nous avons désigné, dès iSoG et pour la première fois, dans la Zoologie analytique, sous le nom de Labidoures, cette famille tout à fait distincte dans l'ordre des Orthop- tères Ces iusectes semblent former le passage avec les Coléoptères par leurs élytres à suture droite, conjointe, et par le pli transversal des ailes membraneuses; tandis que sous le rapport des métamorphoses qui sont incomplètes, et par toute la structure intérieure, surtout par le mode des articulations qu'offrent entre eux les segments abdominaux, ces insectes ont la plus grande analogie avec les autres Orthoptères. Nous verrons d'ailleurs qu'ils diffèrent assez pour exiger une séparation; car ils en sont jusqu'à un cer- tain point isolés, de la même manière que chacinie des familles de cet ordi'e le sont entre elles. Le mot Labidoures, qui signifie queue en tenailles, de Xaêtç, Xaêi^oç, indiquant une pince, et de oùpot, la queue, cauda, postrema pars, Xaêi'^o; a été adopté par la plupart des ento- mologistes, quoique Latreille, qui le connaissait, ait préféré donner à cette division, qu'il réunit à celle des Blattes et des Mantes, le nom àeCoureurs, afin de la mettre en parallèle avec celle des Grylloïdes, que, par opposition, il appel le lesiS'oï/fewr.y. Cette famille, comme nous l'avons indiqué dans le ta- bleau comparatif qui précède, se distingue des trois au- tres placées dans le même ordre par les caractères sui- vants : d'abord par la forme et la longueur comparées des pattes, qui sont toutes semblables entre elles et qui n'offrent rien de particulier, soit dans leur aplatissement, comme 6yO ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. dans les Blattes, ni dans le prolongement et les dimensions extraordinaires que présente la famille des Sauterelles. Le nombre des articles aux tarses, qui n'est que de trois avec une disposition toute particulière dans les forficules, les éloigne par cela même des Blattes et des Mantes, dont le tarse se compose de cinq pièces. De plus les antennes longues et de même grosseur dans toute leur étendue et non en scie, l'abdomen terminé par une sorte de pince , l'absence de stemmates et plusieurs autres particularités que nous allons faire connaître en traitant du seul genre inscrit sous le nom de Forticnle, dont l'histoire va suivre, constituent des dilfé- rences notables. 170. Genhe FORFICULE ou PERCli-OREILLE. FORFICULA. ^Liiiné.; Caractères : Corps allongé, un peu aplati, de niciiie largeur; a antennes longues en fil, à articles arrondis, insérées au- devant des yeux ; point de stemmates ou d'yeux lisses; à élytres courts, tronqués, ne couvrant guère que le quart du ventre, dont les anneaux sont cornés, entuilés et mobiles dans tous les sens ; queue terminée par des crochets pointus, allongés, opposables, en /orme de pinces ou de tenailles ; tarses à trois articles, dont celui du milieu est plus large et le dernier porte deux ongles. \ ; Ces caractères détaillés servent à tiémontrer / que ce geiue anormal est tout à fait distinct ^i'^ même parmi tous ceux de la classe des insectes. Avant Linné, Moufet avait très bien fait con- i^ X naître ces animaux sous le nom latin à'^uricu- \^ laria, qu'il rapportait aux ôpso^àj^vYi d'Aristote, mot qu'on a traduit par le mot Mordella, prêt ORTHOPTERES LABinOURES. G. FORFICULE. 67 1 à mordre. Il nous paraît que le nom de Perce-Oreille tient à la conformation de l'extrémité du ventre de ces insectes, qui ressemble à de petites pinces courbées, telles que celles dont se servaient autrefois les orfèvres pour percer en une seule fois le lobe auriculaire inférieur, afin d'y introduire de suite le petit anneau des boucles d'oreilles ou provisoire- ment un fil de plomb qu'on ne retirait que lorsque le pourtour de l'orifice était cicatrisé. En effet, on nommait en vieux français les Forficules des Aureillez, Oreillières, Auriculaires, et par suite Perce-Oreille. Ce dernier nom leur est resté et il a donné lieu à beaucoup de préjugés. On a supposé que l'insecte, qui fuit la lumière et qui cherche les cavités étroites et obscures, s'introduisait pendant le sommeil dans le conduit auditif, qu'il y perçait le tympan et qu'il pénétrait même jusqu'au cerveau, ce qui est anatomiquement impossible, et cependant le vulgaire en est encore persuadé. Linné avait même dit en parlant de cet in- secte : Aures dormieiitium intrans, spiritufrumenti pellenda : de sorte qu'une proscription générale est étendue comme une malédiction sur cette race d'insectes, soit à cause de ce dont on l'accuse bien faussement, soit en raison des torts réels et mieux fondés qu'elle cause, en chagrinant les culti- vateurs d 'œillets et d'oreilles-d'ours, dont ces insectes dété- riorent les belles fleurs pendant la nuit. Les Perce-Oreille ont, pour la forme générale, quelque apparence avec les Brachélytres ou les Staphylins. Comme eux ils sont allongés, avec la tête, le corsejet ainsi que l'abdomen à peu près de même largeur sous l'état parfiut; leurs élytres sont courts, peu épais, flexibles, légèrement courbés quoique plats; ils recouvrent des ailes membraneuses presque aussi 672 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. longues que le ventre : ces ailes se plient et se plissent adnii- rablenieiit et s'étendent avec rapidité par un mouvement de ressort élastique. Pour produire ce déploiement subit, l'insecte fait agir des muscles dont les tendons sont logés dans une coulisse pratiquée au dessous des nervures princi- pales, qui soutiennent une membrane d'une ténuité extrême et telle que la lumière qui la traverse s'irise à la surface. Ces ailes cependant suffisent pour transporter l'insecte dans les airs lorsqu'il veut changer de lieu. Les nervures, au nombre de dix-huit, dont neuf sont plus courtes, représentent les touches d'un éventail, mais elles peuvent se couder sans perdre de leur solidité. Elles servent même à les faire voyager à d'assc'z grandes distances; car on a eu occasion de les voir, dans quekjues pays, emportés par des courants d'air, tomber en grand nombre, et on a écrit que ces insectes étaient tombés du ciel. La manière dont ces ailes membraneuses sont pliées en travers , en présentant trois articulations, semblerait les rapprocher des Coléoptères ; mais dans les ailes de ceux-ci il n'y a ([u'un coude anguleux; ce mode d'articulation dans les ailes membraneuses les éloignerait des Orthoptèies qui, comme leur nom l'indique, n'ont |)as les ailes coudées. Cependant les entomologistes les ont né- cessairement rapportés à cet ordre, à cause des métamor- phoses, parce que leurs larves et leurs nymphes sont motiles ; qu'elles ont la même manière de vivre, et qu'à l'exception des élytres, ou de leurs rudiments, leurs formes restent semblables sous les trois états. La tête des Forticules est en général arrondie, surtout en arrière, légèrement déprimée et un peu en cœur. On n'y voit pas de stemmates; les yeux sont un peu saillants, chagrinés ORTHOPTÈRES LABIDOURES. G. FORFICULE. 678 à la surface; nous avons dit comment leurs longues antennes filiformes sont insérées au-devant des yeux. I^a bouche est composée d'une lèvre arrondie, appliquée sur les mandi- bules saillantes, pointues et comme fourchues ; les mâchoires, ce qui a été important à constater, sont garnies en dehors d'une galette comme dans tous les Orthoptères, avec un palpe de cinq articles allongés; la lèvre inférieure est divisée en deux et ses palpes n'ont que trois articulations. Le COI selet est un peu plus étroit que la tête et le thorax ; il est tronqué, arrondi sur les côtés et en arrière. Il n'y a pas d'écusson entre les élytres. Les pattes, comme nous l'avons dit, sont égales entre elles et les tarses n'ont que trois articles. L'abdomen offre des caractères très-particuliers: il se tei'- mine constamment par deux crociiets ou lames de cornes pointues dans les deux sexes; ces crochets, par leur oppo- sition, forment une pince qui offre quelques différences dans sa courbure ou sa dilatation partielle dans les mâles de certaines espèces. On tiouve les Forficules sous leurs trois états dans les jardins et les potagers où elles font de grands ravages pen- dant la nuit. Elles s'introduisent dans les fruits à noyaux et à pulpe molle et sucrée; elles sont surtout redoutées par les fleuristes, dont elles détruisent toutes les jouissances. On n'a trouvé jusqu'ici d'autres moyens pour s'en débarrasser que de leur fournir des retraites obscures et sèches disposées le soir pour leur préparer un abri contre la lumière et la pluie: on se sert pour cela de vieux balais de bouleau bien secs, deco- quilles vides d'escargots ou de sabots de pieds de ruminants (pi'on place à l'extrémité supérieure de petits bâtons fichés 85 674 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. en terre : ces insectes s'y retirent, et chaque matin on enlève ces retraites; on les jette promptement dans l'ean, et tons les Perce-Oreille qu'elles recèlent ne tardent pas à y périr. C'est le meilleur moyen que connaissent encore les jar- diniers. Si les Perce-Oreille sont nuisibles en cherchant à subvenir à leur existence, ils fournissent aux naturalistes des parti- cularités de mœurs fort intéressantes à suivre et à connaître. De Géer, en étudiant leur histoire, a vu que dans la réunion des sexes, qui dure des journées entières, les deux individus se trouvent ojiposés et sur une même li£;ne, les pinces placées respectivement sur leur abdomen. La femelle pond ses œufs par tas, dans des retraites obs- cures, et elle se place au-dessus comme le font les poules pour couver. Si on dérange ces œufs ou s'ils se trouvent di.spersés. la mère les recueille en les soulevant et les transportant déli- catement. Les petits qui en proviennent, vers le mois de mai, sont d'abord blancs, mous, presque transparents; leurs an- tennes sont alors plus courtes, elles n'ont ([ue sept à huit articles. Ces insectes changent plusieurs fois de peau ; aussi trouve-t-on dans leurs retraites, au milieu de filaments blancs qu'ils semblent avoir filés, et où ils restent réunis en familles, un grand nombre de vieilles dépouilles complètes, mais trans- parentes. La mère ne quitte ses petites larves que lorsqu'elles peuvent pourvoir par elles-mêmes à leurs besoins. Le genre des Forficules est peu nombreux en espèces; on a essayé cependant de le subdiviser en neuf autres, soit à cause des tarses ou des antennes qui, dans certaines espèces étrangères, présentent quelques variations auxquelles nous n'avons pas cru devoir attacher d'importance; tels sont, par ORTHOPTÈRES LABIDOURES. G. FORFJCULE. 67') exemple, le genre Ché/idoure, réunissant les espèces qui ne prennent jamais d'ailes, ou qui restent Aptères; les Labidu- res et les Lahias, dont les antennes ont des articles en plus ou moins grand noml^re; en particulier le genre Forjlcésile^ au- quel appartiendrait la première espèce que nous décrivons, et qui n'en a été séparée que parce (pi'on a pu lui compter plus de quatorze articles aux antennes. Voici les espèces qtie nous désirons faire connaître : 1 . Forficuk géante. Forficula gigantea. Corps d'un brun ferrugineux ou pâle ; ses antennes ont jusqu'à trente articles; les tenailles sont presque droites, denticulées, à pointes noires, avec une dent obtuse vers le milieu interne. Cette espèce, qui atteint près de deux centimètres de long, s'est trouvée dans le midi de la France sur les bords de la Méditerranée et en Italie. 2. Forfcule oreillère. F. auricularia. Elle n'a guère qu'un centimètre et demi de long ; elle est aussi d'un brun jaunâtre; les pinces sont arquées, simples et sans dentelures, excepté à la base. C'est l'espèce la plus commune et dont on a le mieux suivi le dévelop- pement. .1. Forficule à deux points. F. bipunctata. 11 y a sur chaque élytrè deux taches plus pâles. On la regarde comme une variété, peut-être de sexe, de l'espèce précé- dente. 4. Forficule parallèle. F. purallela. Son caractère est tiré de la disposition des tenailles, qui sont droites, rapprochées intérieurement et comme accolées. Ses élytres sont très-pâles. 5. Forficule naine. F. minor. Brune et même plus foncée en avant; le dessous du ventre et les pattes sont pâles; les pinces sont fort courtes et paral- lèles. C'est une très-petite espèce de quatre millimètres de long; elle vole le soir, particulièrement sur le bord des routes; elle est attirée par les lu- mières dans nos appartements. ^ 85. 676 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Vingt-quatrième famille : les OMALOPODES ou BLATTES. C'est sous le nom d'Omalopodes, 011 à ])ftttes comprimées, comme Jiplaties, que nous avons désigné la famille des Blat- tes dans la Zoologie analytique ^ pour signaler l'une îles particularités les plus remarquables de la conformalion de ces insectes, qui consiste dans l'aplatissement extraordinaire des différentes régions de leurs pattes et surtout de leurs cuisses. C'est aussi ce que nous avons cherché à indiqu-'r par les mots 6,aa>.oç, plat, et toS;, ■rcoâo';, patte. Comme il n'y a véritablement qu'un seul genre dans cette section des Orthoptères, nous avons cru inutile de lui don- ner un synonyme pour désigner la famille; mais il est très- distinct dans la manière de vivre, dans les formes des espèces, qui sont tout à fait difféi'entes de celles que nous offrent les genres rapportés aux trois autres familles : aussi n'avons-nous pas à insister sur les généralités de ces Oma- lopodes qui sont des Blattes. On a cependant proposé de subdiviser ce genre d'après quelques modifications dans le nombre des articles, soit des antennes, des élytres, du cor- selet ou d'autres parties; mais elles offriraient seulement de très-bons caractères pour faire reconnaître les espèces; de sorte que les généralités de l'organisation de cette famille se trouveront exposées en même temps que l'histoire du genre Blatte qui va suivre. Ce groupe d'insectes offre des mœurs et des habitudes si différentes, qu'il serait nécessaire de distinguer celles qui, dans le jour, vivent dans les bois, d'avec les espèces noc- turnes, telles que celles dites des cuisines et des sucreries. ORTHOPTERKS OMALOPODES. G 171. ^.E^RF. BLATTE. BLATTA. (Linné. Caractères: Corps ovale, allongé, déprimé; tête inclinée, courte^ cachée en partie sous le corselet ; antennes séta- cées, longues, à articles nombreux, insérées au dedans des yeux ; corselet en/orme d'écusson , recouvrant une partie de la tête et de la base des élytres ; abdomen terndné par deux appendices coniques ou tuberculeux ; pattes très-comprimées dans leurs diverses régions , toujours longues, à jambes épineuses, et tarses à cinq articles. Le nom de Blatte se trouve dans tous les auteurs de la plus haute antiquité, comme celui d'un insecte luiisible, parce qu'il dévore les comestibles et même, disait-on, les vêtements (i). On suppose que ce nom vient du verbe grec p)ia7:-co, qui correspond à celui de noceo des La- tins, je porte dommage, parce qu'en ti&iiio Ju^c^',^:-4 tiffét, comme on le verra, plusieurs des espèces sont nuisibles aux provisions ou anx matières que l'on récolte. On distingue très-facilement les Blattes de tons les autres Orthoptères : i" des Grylioïdes, parce qu'elles n'ont pas les cuisses postérieures très-développées, musculeuses, ni pro- pres au saut; 2" des Labidonres, par l'absence des pinces (1) Lucifiigis congesta cubilia Blattis. (Virg., Oe.org., liv. IV, 6y8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. postérieures et par le nombre des articles aux tarses, qui ne sont que de trois dans les espèces du genre Forficule; 3" des Anomides ou des Mantes, parce que leurs élytres sont plats, ne formant pas à leur base une sorte de fourreau à l'abdo- men, et parce que leur corselet est généralement plus large <|ue long, presque fixe en dessus. Ainsi que les autres Orthoptères, les Blattes ne subis- sent pas une métamorphose complète : leurs larves et leurs nymphes ressemblent aux insectes parfaits; elles n'en diffè- rent que parce qu'elles sont privées d'ailes; plusieurs même n'en conservent que des rudiments , et, sous ce rapport , ces individus semblent se rapprocher des Forbicines placées avec les Aptères. Les femelles pondent des coques renfermant plusieurs œufs réunis dans une même enveloppe. Ces coques sont très- bizarres. Au premier aspect, on les confondrait avec la gousse de quelques plantes légumineuses; on y voit une sorte de su- ture saillante en carène et des saillies (jui simuleraient la pré- sence des graines et qui sont en effet la marque de la posi- tion des œufs, dont le nombre varie. Comme ces coques d'œufs restent pendant une huitaine de jours dans le corps de la femelle en gestation, l'œuf reste souvent pendant quel- ques jours à moitié apparent au dehors ; mais le volume du ventre devient considérable, et diminue tout à coup quand la ponte a été produite. Ainsi que nous l'avons dit,, les Blattes étaient connues, au moins de nom, par les auteurs anciens; ils les ont quelque- fois appelées Lucifuges, qui fuit la lumière, parce (ju'en e(- fet on ne les aperçoit que la nuit. Elles courent avec beau- coup de vitesse. Cependant, plusieurs petites espèces se ORTHOPTERES OMALOPODES. G. BLATTE. Ojg voient dans les bois pendant le jour. Les grandes espèces pa- raissent avoir été transportées par les vaisseaux ou les mar- chandises de régions fort éloignées les unes des autres, et s'ê- tre ainsi établies, et malheureusement acclimatées dans nos habitations, où elles sont devenues fort incommodes, parce (pi'elles dévorent le sucre et diverses productions, parmi nos comestibles animaux et végétaux, quoiqu'on ait le soin de les renfermer dans les armoires en apparence les mieux closes, mais où elles peuvent s'insinuer par les plus petites fentes, leur corps étant mou et se prêtant à la compression qui per- met un aplatissement encore plus considérable que ne sem- blerait le permettre la structure de ses diverses parties. Certaines espèces détruisent, dit-on, les fourrures, les vête- ments, les cuirs, le coton, la laine, le fromage, les viandes cuites et la mie de pain. Souvent lorsqu'on les saisit, ou quand on les examine, elles exhalent une odeur fort désa- gréable. On a peine à les détruire, parce qu'elles se retirent par les plus petits orifices, dans les espaces que laissent entre eux les matériaiix de nos constructions, entre les pou- tres et les briques ou les pierres. Le soir, aussitôt que la lu- mière est absente, et dans le calme de la nuit, elles sortent de leurs retraites et couvrent les tables de nos cuisines en se je- tant avec voracité sur tous les débris d'aliments dont elles ne laissent pas un atome. Elles s'échappent au moindre dan- ger, ou dès que la lumière paraît, et elles disparaissent avec tant de rapidité, qu'il est très difficile de pouvoir les écraser ou de les saisir, tant elles sont agiles et résistent aux fortes compressions. Il y a beaucoup d'espèces de ce genre en Europe; les plus communes aux environs de Paris sont les suivantes : 68o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. I. Blatte d'Amérique. Blalla Americana. D'un jaune roux; corselet à deux ta- ches et à bords plus foncés. C'est la plus grande de celles qu'on peut observer en France dans nos serres du Muséum à Paris; il paraît qu'elle y fut apportée,, il y a une di- zaine d'années, avec des caisses de plantes et elle s'y est propagée. Elle a plus de quatre centimètres de long, et même six, en y comprenant les an- tennes et l'extrémité des élytres qui dépassent le ventre. Tout son corps est ferrugineux; le corselet seulement présente une ligne large, d'un jaune pâle, qui encadre une tache plus foncée. Elle fait beaucoup de tort en Amé- rique où elle dévore le sucre; on la nomme Kakerlac. Souvent les femelles sont privées d'ailes. •1. Blatte des cuisines. B. orientaUs. Brune en dessus, plus claire en dessous: élytres portant un sillon longitudinal. C'est l'espèce la plus connue; on la nomme Noirot, Bête nuire, Grugeur. Bête des boulangers. On dit qu'elle a été importée par le commerce du Le- vant, dont elle avait suivi les caisses. Ces insectes aiment la chaleur; aussi les trouve-t-on principalement dans les cuisines des hôpitaux, autour des chaudières au bouillon, et chez les boulangers, où elles habitent les fentes des murailles près des fours. Elles sont une peste pour les cuisines. On pré- tend que le grillon des champs, qu'on y transporte, les détruit complè- tement. D'autres espèces sont plus petites et plus champêtres; telles sont: ;{. Blatte livide ou pâle. B. livida. D'un brun pâle; élytres pointus, de la lar- geur du ventre. Elle vit dans les bois, où elle grimpe et court sur les graminées avec vi- vacité. 'i. Blatte de France. B. gallica. Grise, à taches jaunes; élytres livides. Elle est fort commune le soir et dans les jours obscurs, dans les bois de haute futaie, sur les fougères et sous les feuilles sèches. .'). Blatte de Laponie. B. laponica. Noire ; élytres jaunes avec quelques ta- ches noires; corselet encadré de jaune. On la trouve en très-grand nombre dans les bois sombres et très-souvent elle n'a pas d'ailes. Linné dit qu'elle détruit en Laponie le poisson qu'on y conserve séché pour s'en nourrir pendant les longues nuits d'hivei . Il ORTHOPTERES OMALOPODES. G. BLATTE. 68 1 paraît qu'elle s'introduit quelquefois en France dans nos habitations ; car Geoffroy l'a trouvée chez des boulangers. On l'a désignée parmi les espèces d'un genre établi sous le nom de Phyllodromie. G. Blatte germanique. B. germanica. Livide ; corselet à deux lignes noires pa- rallèles. 7. Blatte tachetée. B. maculata. Noire; corselet encadré de pâle; élytres pâles, à taches noires. 8. Blatte bordée. B. marginala. Noire, à élytres bordés de blanc. 0. Blatte à courtes ailes. B. hemipiera. Brune, à tête, pattes et corselet livides; à ailes et élytres moitié plus courts que l'abdomen. Celte espèce est fort commune dans nos petits bois en juin et juillet. Parmi les espèces étrangères, il en est dont les élytres sont un peu bom- bés et marqués de taches ou de bandes colorées. On en a fait des genres sous les noms de Corydie et de Phoraspis; telle est en particulier celle qui nous est parvenue des Indes et qu'on a nommée : JO. Blatte de Peliver. B. Peliveriana. C'est une très-belle espèce de ce genre par les couleurs, car elle est d'un noir foncé avec quatre taches jaunes sur chaque élytre. Nous l'avons reçue des Indes orientales. On l'a souvent regardée comme un Bouclier, uneCasside ou un Érotyle. 11. Blatle des monceaux. B. acervorum. Toujours sans ailes et le tronc ra- bougri, large, ovale, terminé par deux petites pointes; les cuisses posté- rieures grosses, larges et courtes. Cet insecte, qu'on a désigné sous les noms de genres dits Sphxrium ou Myrmecophilus, a été observé dans les Iburmilières et n'a que deux ou trois millimètres de longueur. En le décrivant Panzer a dit : Ambiguum insec- tum?quam.vis maxime hlattis affine. Il se rapproche en effet des Grilloïdes par les membres postérieurs. m 682 RIVTOMOr.OGIE ANAI,YT1QIJE. Vingt-cinquième famille : les AINOMIDES ou DIFFORMES. Anomides ou Difformes^ tels sont les noms par lesquels nous avions désigné, dans la Zoologie analytique, les insectes Orthoptères réunis dans la famille naturelle à laquelle on peut rapporter les Mantes et la plupart des espèces qui, comme elles, offrent plusieurs parties de leur corps irrégulières en apparence, et par cela même très-bizarres, ces noms grecs, àvd- jxoioç, indiquant la dissemblance, dissimilis, singulière, et ii^ea, la figure, ou les formes hors de l'ordre commun et ex- traordinaires que présente la conformation de ces ani- maux. Tous ces insectes, quand ils sont pourvus d'ailes, car ces organes n'existent jamais dans certains genres, offrent des élytres et des ailes membraneuses; celles-ci sont plissées sui- vant leur longueur, ce qui les distingue des Blattes et des Perce-Oreille, et comme leurs pattes de derrière ne sont pas proi)res au saut, tous ces caractères les séparent des Gril- loi des. La longueur, la largeur on le prolongement extraordinaire du corselet et même de tout le corps, ainsi que le mode extraordinaire de son mouvement sur l'abdomen, puis l'é- norme dilatation du troue et de quelques régions des mem- bres, qui sont en général prolongés pour former des articula- tions très-anguleuses, donnent à ces animaux les apparences les plus irrégulières. C'est surtout leur port, leur démar- che, la lenteur et la singularité de leurs mouvements, qui les ont fait regarder par le vulgaire comme des êtres mal- faisants et qui leur ont valu les noms de Mantes, de Spectres. ORTHOPTÈRES ANOMIDES. 683 de Fantômes, de Sorciers ou de Devins, dans presque toutes les langues. Tout porte à croire c|ue la plupart de ces insectes sont car- nassiers. Leur couleur est, en général, analogue à celle des corps ou des objets sur lesquels on les rencontre; il paraîtrait même, d'après le récit des voyageurs, que certaines espèces pourraient, à volonté, prendre la teinte la plus favorable afin d'être confondues avec les matières environnantes , dont on ne peut, en effet, les distinguer que lorsqu'elles font quelques mouvements. Cette particularité aurait quel- ques rapports avec les changements de couleur observés parmi les reptiles, tels que les Caméléons, quelques Geckos, et aussi chez différents Mollusques. C'est même par cette faculté de pouvoir se confondre ou de se masquer par une sorte de coloration volontaire, qu'on a vu des individus de ce genre rester pendant plusieurs heures consécutives dans le repos le plus absolu , et dans une sorte d'affût ou d'embuscade, pour y attendre leur proie. La plupart ont cinq articles à tous leurs tarses ; leur tête est tout à fait distincte du prothorax. Leurs palpes sont gé- néralement courts et filiformes, et leurs antennes varient, quelquefois suivant les sexes, pour la forme ou la longueur. On dit que certaines espèces sont nocturnes, surtout parmi celles qui ne prennent jamais d'ailes, et que quelques-unes sont herbivores. Quelques espèces qui ont été réunies sous le nom de Phyllies , ressemblent , par la couleur de leurs élytres et les nervures saillantes qui les parcourent, à de longues feuilles de myrtes ou de citronniers; aussi les a-t-on nom- mées des feuilles ambulantes. Elles forment le genre suivant. 86. 684 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 172. Genre PHYLLIE. PHYLLIUM. (Uliger ) Caractères : Orthoptères nnomides ; antennes courtes, de formes variables suivant le sexe; les pattes antérieures à hanches courtes, à cuisses et à jambes dilatées, membra- neuses, dont les tarses ne sont point en grapins ; abdomen et élytres excessivement élargis. Ce sont des insectes trop remarquables par leur volume et la singii- arité de leurs formes pour que les entomolo- gistes puissent ignorer leur existence; nous en avons donc fait représen- ter une espèce dans ses dimensions naturelles , pour donner une idée de leur conformation. Ce genre a tiré son nom du mot grec ç-AXwv, qui correspond au mot feuille; il a été établi par Illiger, et il est caractérisé comme nous venons de le dire. Deux espèces de ce genre proviennent des Séchelles; les habitants en font un petit profit en les vendant aux amateurs. On en trouve des exenq:)laires dans presque toutes les grandes collections, parce qu'ils intéressent beaucoup par la bizarrerie de leurs formes. ORTHOPTÈRES ANOMIDES. G. HHASME. 685 D'autres espèces, comme les Spectres et les Phasmks, cons- tituent des genres établis parStoll et Fabriciiis. Leurs noms sont destinés à indiquer aussi leur forme bizarre. Elles ont le corps et les membres excessivement allongés, et étendus comme des branches d'arbustes desséchées et immobiles. Ces insectes proviennent des Indes et de rAmérif|ne du Sud. On les nomme vulgairement les Grands soldats des bois. Nous donnons également la figure d'un individu qui n'est pas re- présenté au quart de sa grandeur naturelle; c'est le Pliasme géant., dont voici les caractères. 173. Genre PHASME. P H ASM A. Caractères : Orthoptères anomides ; à corps très-allongé et toujours sans ailes ; a pattes très -longues , surtout les antérieures dont les tarses ne forment pas le crochet, en grapiii; à antennes longues en soie. Le nom de Phasme est grec,9à(î[Aa, et il si- gnifie |)rodige, chose étonnante. La plupart de ces Mantes ont la faculté de redresser leur corselet, pour faire agir dans l'espace leurs pattes antérieures , y mouvoir lentement leurs diverses articulations, mais surtout pour y faire étendre isolément leurs cuisses épineuses, souvent canaliculées, destinées à recevoir les jambes qui supportent Je tarse et servent comme de grappin pour saisir la proie, qui est ordinairement une 686 ENTOMOr.OGIK ANALYTIQUE. larve ou un insecte; cette proie est dirigée comme par une main flexible vers la bouche, où elle est dévorée avec toute facilité. Cette disposition des pattes, destinée à porter et à soumettre directement l'aliment à l'action des mâchoires, se rencontre rarement dans la classe des Insectes. Les femelles, dans cette famille des Anomides, pondent leurs œufs en masse, enveloppés dans une sorte de glaire ou de matière muqueuse, qui en se desséchant forme des tas comme distribués par lits ou en lames et plans réguliers, dont il sort de petites larves absolument semblables à leur mère et auxquelles il ne manque que les ailes ou leur rudinient, • comme cela arrive à tous les Orthoptères. On a beaucoup étudié ces insectes, dont la plupart des espèces sont étrangères à l'Eurojje, et, dans ces derniers temps, on a proposé de subdiviser cette famille, dite des Ma/Uides, en douze genres, d'apiès des considérations tirées d'abord de la présence des lames ou des dilatations foliacées que l'on observe sur les pattes moyennes et posté- rieures et sur le prolongement de la tête en une sorte de corne, et c'est avec celles-là qu'Illiger avait proposé d'établir le genre Empuse, nom qui, en grec, signifie scélérat, et dont les mâles ont les anteruies pectinées. Comme la plupart de ces espèces sont étrangères à l'Eu- rope et originaires des Moluques, des Indes, du Brésil, du Pérou, nous ji'avons pas cru devoir présenter les diverses modifications qui pourraient autoriser en effet une classifi- cation naturelle. Nous nous bornerons à faire connaître qu^elques-unes des espèces qui sont rapportées au genre des Mantes que l'on a observées principalement dans les parties méridionales de la France. ORTHOPTERES ANOMIDES. |-i. Gkkrf. mante. MAJSTIS. 687 (Caractères : Orthoptères à ailes inférieures plissées sur leur longueur, non étendues et pliées transversalement, et dont les cuisses de derrière ne sont pas plus grosses que les autres ; cinq articles aux torses; corselet plus long que large. Ces notes suffisent |jour faire recoti - naître ces Or- thoptères par- -^'^"'"' -)+•'"■' mi toutes les espèces rangées dans les trois autres familles de celle des liabidoures, dont les ailes sont pliées en travers: des Omalo- podes, dont les ailes inférieures ne sont ni plissées ni ployées et dont le corselet est au moins aussi large que long, et enfin des Grilloides, dont les cuisses postérieures, devenues pro- pres au saut, sont très-grosses et très-musculeuses. Le nom de Mante vient du grec ; on le trouve dans beau- coup d'auteurs employé de manière à indiquer qu'il était donné à des insectes qui sont les mêmes que ceux auxquels il est aujourd'hui consacré. Théocrite, dans l'une de ses idylles, emploie ce nom de Mante pour désigner une jeune fille maigre, à bras minces et allongés. Prœmacrani ac pertenuem puellam, [y.avTiv, e.orpore prœlongo, pedibus item prœlongis, disent les traducteurs. Locustœ genus : Rondelet, Moufet, Aldrovandi, Linné, ont adopté cette dénomination pour dé- fi88 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. signer les mêmes insectes. Le premier de ces auteurs dit qu'en Provence on nomme indifféremment ces insectes Devin ou Préga-Diou, [jarce qu'ils ont les pattes de devant étendues comme s'ils prêchaient. Il ajoute même avec bonhomie : T trois ; à jambes de devant , ' simples . . 5 Gb (1) De YpûXXos, grillon, et de liia, forme, figure. Comme il y a dans ces dénominations de très-grandes dif- férences avec celles qui ont été acceptées par quelques au- teurs, nous devons prévenir que la synonymie adoptée par nous est la suivante : les Locustes sont les Sauterelles de Geoffroy; les Sauterelles sont ses Criquets; les Grillons sont aussi ceux de Geoffroy. Il faut reconnaître que le nom français de Sauterelles a été donné à des espèces d'insectes fort différentes de l'ordre des Orthoptères, et même à quelques-unes de la famille de.s Grilloides, faciles à reconnaître par le prodigieux allonge- ment des pattes postérieures qui leur procure le moyen de ^94 ENTOMOLOGIK ANALYTIQUE. sauter et de s'élancer dans l'air, en débandant comme des ressorts les longs leviers que constituent leurs cuisses et leurs jambes. De là, comme on le conçoit, le nom de Sauterelles sous le(|uel la plupart des Grilliformes ont été généralement désignés. A la vérité, les espèces qui ont les antennes en forme de soie, ou en fuseau aplati, ont été le plus souvent distinguées sous les noms de Courtillières, de Grillons et de Truxales. Cependant les Locustes ont été nommées Sauterelles par Geoffroy, et malheureusement cette dernière dénomination a été employée souvent pour les Criquets, que les auteurs latins avaient nommé Gryllus et que nous avons été obli- gés d'appeler Grillons. Ainsi, nos Grillons correspondent au genre y^c/ietade Fabricius, tandis que cet auteur a nommé (Gryllus les Critpiets de Geoffroy, que la plupart de nos en- fants appellent des Sauterelles. C'est ce genre que Fabricius a nommé Gryllus; il l'a lui-même séparé en deux autres, dont l'un a pris la dénomination d'y^cridie, parce que son corselet se prolonge au-dessus de l'abdomen, et l'autre a (îonservé celle de Gryl/us. IjCs Sauterelles que l'on nomme dans quelques provinces du Nord, où les véritables Cigales ne sont pas connues, et dont on sait seulement que ce sont des insectes qui chan- tent, comme l'a dit la Fontaine, seront ici désignées comme (les Locustes. Les espèces du genre ^cridiurn porteront le nom français de Criquets; les autres genres indiqueront aussi la synonvmie qui leur est relative. ORTHOPTÈRES GRIIJ.OÏDES. O. LOCUSTE. lup^S 175. Genre LOCUSTE. LOCUSTA. (Linné.) Caractères : Orthoptères grilloïdes ; à antennes en soie, très- longues; à tête faite, inclinée verticalement et encapuchon- née sous une aisance du corselet ; n'ayant que quatre articles aiuv tarses. Ces particularités servent parfaitement à séparer ce genre de tous ceux de la même famille. Ainsi, dans les Truxales, les antennes sont comprimées, coniques ou en fuseau , plus larges au milieu. Dans toutes nos Saute- relles, ainsi que dans les Criquets et les Tridactyles, elles sont en fil; enfin chez les Courtillières et les Grillons, quoique les antennes soient aussi très-grêles à leur extrémité libre, le nombre des articles aux tarses, qui n'est que de trois, suffit pour les faire reconnaître. Le nom de Locuste est très-ancien; on le trouve dans Pline et dans un passage d'un grand poète latin : Et excussu confidens crure Loçusta. Moufet prétend que ce npin pro- vient des lieux arides et briîlésque préfèrent ces insectes, // loris ustis. Loca enini urunt quœcumque tetigerint, morsu- 696 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. que omnia erodunt; c'est ce qu'on a dit de la Sauterelle (i'Égypte. Les Locustes se nourrissent des feuilles tendres des végé- taux sous leurs trois états ; l'absence des ailes, la présence de leurs rudiments, l'existence des élytres ou des ailes, caracté- risent ces diverses époques de leur vie. Les mâles se distin- guent le plus ordinairement parce que leur ventre ne se pro- longe pas en un appendice dont la forme varie suivant les espèces, et qui, chez les femelles, forme un véritable pon- doir composé de lames séparables, entre lesquelles peuvent glisser les œufs. Ces lames sont tantôt droites, on les dit alors en forme de sabre ; tantôt courbées avec la convexité, en bas ayant la disposition des coutelas. Les mœurs de ces insectes ne sont pas encore parfaitement bien connues. Latreille avait constitué, sous le nom de Locustaires, une famille des diverses espèces de ce genre partagées en trois groupes d'après la forme de la tête et des antennes, les Conocéphales et les Pennicornes , et un autre qu'il nomme Asinoptères parce que les deux sexes sont sans ailes, quoique les mâles aient quelquefois des élytres. Depuis, M. Audinet-Serville, dans un grand travail sur les Orthop- tères, a considéré les Locustaires comme une nombreuse section des Grilloides, et il l'a subdivisée en vingt-huit genres, dont la plupart sont étrangers à l'Rurope; mais nous ne pouvons entrer dans ces détails, qui exigeraient trop de développement. Beaucoup de Locustes ont les élytres plats à la base, de teintes plus ou moins vertes, avec des nervures anastomosées telles qu'elles simulent la forme et l'apparence de certaines feuilles; on les a même désignées, à cause de cette analogie, ORTHOPTÈRES GRILLOIDES. G. LOCUSTE. 697 SOUS des noms spécifiques de Citrifeuille, Laurifeuille, Myr- tifeuille, Lilifeuilles, etc. I. Locuste très-verle. Locusta viridissima. Verte; à antennes plus longues que le corps; les ailes et les élytres verts; les flancs de l'abdomen offrent des raies blanches en long. C'est la Sauterelle à coutelas de Geoffroy, n° 1 ; le mâle n'a point d'ovis- capte, mais ses élytres présentent à la base un disque membraneux que l'insecte peut faire vibrer lorsqu'il produit ce qu'on appelle le chant. On le trouve fort communément dans les longues herbes des lieux un peu hu- mides, principalement dans ceux où croissent les orties. i. Locuste ver rucivore. L. verrucivora. D'un vert pâle ; les élytres tachetés de brun, de blanchâtre ou de gris; abdomen avec des taches brunes ou rou- geâtres. C'est la Sauterelle à sabre de Geoffroy ; elle est beaucoup plus grosse que la précédente et elle acquiert le double en poids. Le mâle est aussi sans pondoir. On donne à cet insecte le nom de ronge-verrue, parce que les pay- sans prétendent qu'en lui faisant mordre les poireaux dont ils sont attaqués, et que nous regardons, nous, comme des animaux parasites , l'insecte dé- gorge dans cette morsure une sorte de salive qui détruit ces excroissances sans retour. On rencontre le plus ordinairement cette espèce dans les champs cultivés et au milieu des blés, vers leur maturité. i. Locuste grise. L.grisea. Brune; élytres tachetés de brun cendré; pattes ver- dâtres; corselet caréné en arrière. Cette espèce n'atteint guère que la moi- tié du volume de la verte ; on la trouve dans les prairies dont le sol n'est pas trop humide. Il y a encore aux environs de Paris cinq à six autres petites espèces de ce genre; telles sont celles auxquelles on a donné les noms de: Lilifo- lia, Flavescens, Fusca, Varia. Sous le nom d'Anisoplera, Latreille a réuni en un genre plusieurs es- pèces toujours privées d'ailes, quoique ayant des rudiments d'élytres qui deviennent des instruments sonores ; telle est la 4. Locuste porte-selle. L. ephippiger. Son corselet est fortement excavé, en forme de selle relevée en arrière, et recouvrant des élytres voûtés et so- nores comme des cymbales. Elle est fort commune en automne dans les vignes et, suivant la tempé- rature, elle y fait entendre un son très-monotone qui se reproduit avec ar- pidité. 6^8 KNTOMOLOr.IE ANAr.YTlQUE. 176. Gbnbe TRUXALE. TRUXAUS. (Fabricius.) Caractères : Orthoptères grilloïdes ; à antennes dont les ar- ticles comprimés sont plus larges au milieu, rapprochées à leur hase et insérées au-dessus des yeux sur les cotés d'une tête prolongée en pyramide. Le nom de Truxalis se trouve dans Pline pour désigner, en effet, une sorte de Sauterelle, et il paraît avoir été aussi emprunte du grec, car Aristote nommait ainsi quelques espèces de vers Tpu^aXiâeç, du verbe T^û^oi, strido, je grince. Ce genre est peu nombreux en espèces, et deux seulement ont été observées en Europe; l'une d'elles a été trouvée dans le midi de la France, mais elle est très-commune en Italie, en Espagne et surtout en Afrique et à Alger, c'est : I . Truxale nasue, Truxalis nasuta. Verte, à pattes rougeâtres, surtout sur les cuisses; ses élytres sont plus longs que le ventre. C'est une grande espèce qui atteint plus de quatre centimètres de longueur; elle est très-étroite. ■1. Truxale Hongroise. T. Hungarica. Elle ne diffère guère que par la couleur, qui est grise. La plupart des autres espèces ont été rapportées de la Chine et des Indes, quelques-unes de la Nouvelle-Hollande et de l'Asie. On connaît à peine leurs habitudes. C'est leur forme singulière qui les a fait recueillir par les voyageurs. ORTHOPTÈRES GRILLOÏDES. G. SAUTERELLE. 699 177. Genbe sauterelle. GRYLLVS. (Linné.) (Caractères : Orthoptères à cuisses postérieures très-longues; à antennes en fil, un peu renflées a l'extrémité libre; cor- selet non prolongé en arrière sur l'abdomen, ni sur les élytres ; tarses à trois articles seulement. Ces diverses no- tes suffisent pour faire distinguer les insectes de cf genre de tous ceux de la même famille: d'abord des Truxales, qui ont les antennes prisma- tiques à articles comprimés, dressées en avant comme des oreilles, puis des Locustes, des Courtillières, des Grillons, dont les antennes sont sétiformes ou diminuant insensible- ment, de la base à la pointe, comme une soie de cochon ; enfin des Acridies et des Pneuniores, qui ont leur corselet prolongé sur l'abdomen , puis des Tridactyles, qui ont les tarses garnis d'appendices étroits simulant des doigts. Nous ne reviendrons pas sur les étymologies que nous avons données; quant aux noms français de Sautereau ou de Sau- terelle, ils sont très-anciens dans notre langue et sont la tra- duction des mots latins saltator et saltatrix; quant à celui de Criquet, il est tout à fait anglais et il a été employé par Moufet, Cricket, que Geoffroy a tiaduit en français comme Criquet; mais nous l'appliquerons au genre ^caV/iMW. . Ce genre est très-nombreux en espèces étrangères et indi- 88. JOO ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. gènes; quelques-unes sont devenues un des plus grands fléaux de l'agriculture par les migrations qu'elles opèrent en légions innombrables que l'on désigne sous le nom de nuées de Sauterelles, et qui, apportées par les vents du désert, dé- truisent toute la végétation dans les lieux où elles se trouvent précipitées. On a été amené à étudier particulièrement leurs mœurs, afin de s'ojjposer à leur propagation, de sorte que leur histoire est parfaitement connue. Tout le monde a vu des Sauterelles. Leur corps mou et allongé est muni de très-longues pattes postérieures à cuisses renflées, que l'insecte est forcé de relever beaucoup en ar- rière pour que le tarse puisse poser sur le sol, de sorte que les cuisses restent placées presque dans une situation ver- ticale sur le tronc. Leur tête, qui est grande, souvent enve- loppée en arrière par le corselet, présente plus d'étendue du haut en bas. Outre les yeux à réseaux, qui sont très-grands, souvent ovales et latéraux, il y a, entre les antennes, trois stem mates ou yeux lisses disposés en triangle. La bouche est garnie de deux fortes mandibules à bord interne tranchant et crénelé; les élytres sont parallèles à l'abdomen, souvent plus longs ; ils recouvrent deux ailes plisséessur leur longueur, souvent colorées ou teintées de couleurs diverses. Les Sauterelles, en raison de l'excessive longueur de leurs pattes postérieures qui sont même disproportionnées avec les moyennes et les antérieures, occupent souvent une posi- tion trop près de la tête et même en arrière, de sorte que ces insectes ne peuvent marcher que lentement et même très- mal ; aussi ces membres servent-ils plutôt à déterminer la direction et la force du saut qu'ils doivent produire afin que la sauterelle puisse s'élancer dans l'atmosphèie pour y volei' ORTHOPTERES GRIIXOIDES. G. SAUTERELLE. 7OI et même plutôt pour y être transportée par les vents, en se soutenant à l'aide de ses grandes ailes membraneuses très- développées alors sur leur largeur et produisant l'office de véritables parachutes. Sous les trois états par lesquels les Sauterelles doivent passer et vivre, elles ne se nourrissent que des feuilles des végétaux et surtout de celles des graminées : aussi font-elles le plus grand tort aux prairies et aux céréales. Les mâles, à l'époque de la fécondation, font entendre des sons variés qu'ils produisent en agitant vivement leurs ély- tres, dont les nervures saillantes s'accrochent sur les épines ou les aspérités tuberculeuses dont les jambes postérieures de ces insectes sont hérissées. En outre, d'après Olivier, ces insectes seraient doués d'une sorte d'organe ou d'instrument à vent qui consisterait en une lame ou membrane tendue sur un cercle corné placé à l'orifice d'une cavité aérienne correspondante à l'une des principales trachées de l'abdomen. Les Sauterelles, qui sont une plaie pour les agriculteurs dans quelques climats, sont d'ailleurs d'une utilité réelle dans la nature; elles deviennent la proie et la nourriture prin- cipale d'un grand nombre d'oiseaux et même de quelques mammifères. Certaines peuplades les recueillent pour les manger; elles en font même des provisions, en les salant, pour s'en nourrir au besoin. Ces peuples ont été désignés par les voyageurs comme Acridophages. Nous voyons dans l'Évangile de saint Matthieu que saint Jean-Baptiste en a fait sa nourriture et Diodore de Sicile a donné des détails sur la manière dont les Éthiopiens se les procurent pour les conserver au besoin. Les déserts de l'Arabie et de la Tartarie paraissent être 702 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. les lieux où se développent les races les plus nombreuses des Sauterelles. A des époques fixes de l'année, elles paraissent s'élever à de i;;randes hauteurs dans l'atmosphère et profitant delà direction de certains courants d'air, elles se trouvent entraînées par les vents qui les portent vers l'Europe. On les voit alors être précipitées en légions innombrables, ayant l'apparence de nuages, en obscurcissant les lieux dont elles •S approchent de manière à intercepter ainsi les rayons du soleil. L'air agité par leurs ailes ne tarde pas à faire entendre un bruit sourd qui devient l'effroi des habitants des terres ou elles vont s'abattre, car bientôt elles tombent comme une pluie d'orage; les arbres sont dépouillés de leur feuillage et leurs branches même se brisent sous le poids qui les surcharge; tous les végétaux sont dévorés, anéantis. Bientôt même, pour comble de malheur et de désolation, leurs corps, fati- gués de ce long voyage ou froissés par la chute, forment des couches épaisses sur la terre, et de ces innombrables cadavres qui s'altèrent et se décomposent, s'exhale une odeur infecte à laquelle on attribue l'origine de maladies pestilentielles et des calamités de toute sorte; car souvent ces pluies de sau- terelles deviennent la cause réelle de la famine et de la peste. (]es malheurs ont eu lieu en Russie, en Pologne et même en Hongrie. JNous ne pouvons donner une connaissance complète des nombreuses espèces de ce genre dont la plupart ont été re- eeuillies dans les diverses parties du monde. Nous venons (l'indiquer les particularités qui pouvaient intéresser le plus les personnes qui mettent de l'intérêt à l'étude des insectes; comme ceux dont nous parlons offrent la plus grande im- portance, nous sommes entré dans beaucoup plus de détails que nous ne le faisons pour d'autres genres. OnTHOl'TERliS GRILI.OIDES. G. SAUTERELLE. 7OJ Nous allons citer les espèces que l'on rencontre aux envi- rons de Paris ; la plupart ont été réunies dans ces der- niers temps comme devant former un genre distinct sous le nom d'OEdipoda, ce qui a fait changer la désinence en a au lieu de la masculine us. 1. Sauterelle émigranie. Gnjllvsmigraiorius. Brune; tête et corselet à lignes longitudinales noires; mandibules d'un bleu foncé; ailes inférieures trans- parentes, verdâtres; jambes rougeàtres. Il paraît qu'elle atteint plus de quatre centimètres de long; nous l'avons trouvée au mail de Henri l\, à Fontainebleau ; c'est probablement celle de Tartarie. 2. Sauterelle linéole. G. lineola. Brune; corselet caréné, avec une ligne fauve au milieu; jambes bleues et cuisses rouges en dedans. 3. Sauterelle à ailes bleues. G. eœrulescens . D'un gris cendré, tachetée de bru- nâtre ; ailes inférieures bleues à la base et à bord libre noir. 4. Sauterelle à ailes rouges. G. stridulus. Cendrée; élytres à deux bandes bru- nes inégales; ailes inférieures rouges, avec leur bord externe noir; cuisses bleuâtres en dedans ; jambes bleues. On la trouve sur les coteaux exposés au grand soleil du midi, et surtout sur ceux qui sont plantés de vignes. 5. Sauterelle verddtre. G.viridulus, Verte; élytres à bord externe blanc, une croix blanche en X sur le corselet. C'est une petite espèce très-commune dans nos prairies en automne. 6. Sauterelle deux gouttes. G. biguttulus. D'un gris cendré à taches plus pâles; corselet à deux lignes noirâtres croisées en sautoir. On la trouve sur les coteaux les plus arides, parmi les plantes desséchées au milieu desquelles sa teinte grise la fait confondre. 7. Sauterelle grosse. G. grossus. Élytres d'un vert jaunâtre, surtout au bord externe, à cuisses postérieures rouges en dessous. C'est le Criquet ensanglanté décrit par Geoffroy sous le n° 2. Cet insecte est très-commun dans les prairies ; il varie beaucoup pour la taille et les couleurs. ■-o4 ENTOMOLOGIE ANAI,YT1QUE. 178. Genbe criquet. ACRIDIUM. (Geoffroy.) Caractères : Ortlioplères grllliform.es ; à antennes presque de même grosseur de la base à C extrémité opposée; corselet prolongé en arrière sur le dos comme un écusson. Ce nom, tout court qu'il est, se trouve composé de deux mots grecs qui signifient forme i.^v.L- -a-*,,--tô ^^^ de sauterelle ây.pt;, î^o;, itiea. Nous avons dit en parlant de la Sauterelle que le nom de Criquet est tout à fait anglais Cricket. Ces insectes ont la plus grande ressemblance avec les Sauterelles; ils ont comme elles les antennes en forme defd,la seule note essentielle qui les distingue , c'est le pro- longement extraordinaire de la partie postérieure de leur corselet qui recouvre en très-grande partie l'abdomen, et sous lequel les ailes ne sont plus apparentes dans l'état de repos. Les élytres d'ailleurs, sont excessivement courts et garnissent les bords de cette sorte d'écusson thoracique. On trouve le plus souvent ces espèces qui restent fort pe- tites dans les prairies très-sèches et sur les terrains sablon- neux bien exposés à l'action du soleil. Nous n'en connaissons que deux espèces aux environs de Paris. On les voit sauter dès le premier printemps, mais leur vol n'est qu'une suite de petits sauts d'après lesquels l'insecte tombe bientôt à très-peu de distance. Nous n'avons jamais pu entendre leur chant, qui doit être faible. Leurs antennes sont plus courtes que celles des Sauterelles; elles sont insérées au devant des yeux; leur tête est tellement 1(l{aJl>^ ORTHOPTÈRES GRILLOÏDES. G. GRILLON. yo5 engagée dans le corselet, qu'en bas le sternum s'appuie sur la lèvre inférieure. L'abdomen de la femelle porte comme un rudiment de tarière ou d'oviscapte. Voici l'indication des deux espèces. 4. Acridie deux-points. Acridium bipunctatum. Le corselet est prolongé dans toute l'étendue du dessus du ventre, et porte deux petites taches noires ou rougeâtres de forme rhonnboïdale. La couleur générale paraît varier; on serait tenté de le prendre, au premier aperçu, pour une larve, car il est difficile d'observer les ailes. 2. Acridie pointu. A. subulatum. Dans cette espèce, le corselet est réellement j plus long que l'abdomen et se termine en pointe aiguë. C'est peut-être une variété de sexe. Elle se trouve dans les mêmes lieux ; les ailes membra- neuses sont plus longues. 179. Genbe grillon. ACHETA. (Fabricius.) Caractères : Orthoptères à cuisses postérieures renflées ; à antennes en soie ou plus grêles à la pointe ; à trois articles aux tarses; à jambes de devant, très-peu élargies. g^c£^^^^ — ^ Ces caractères suffi- ^>ifc^ '"^""^--^ sent, comme on peut I ^^^^BJ^r^V. ^'^"^ assurer par le ta- I ^r n bleau comparatif que j^'':'"- f^ . i. .' nous avons dressé des i^enres de cette famille, pour faire distinguer celui-ci de tous les autres. Le nom que nous conservons en français, parce qu'il y est généralement connu et adopté, prête malheureusement à la confusion, puisqu'on a aussi désigné les Sauterelles sous !« nomdeGryllus, comme nous l'avons dit. Cette autre dénomi- nation d'Acheta, proposée par Fabricius, n'est guère meil- 89 ^Ofi' ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. t,> leure, quoiqu'elle ait été employée parPline, qui l'avait à tort détournée du sens que les Grecs donnaient au mot grec à/sTai : c'était une épithète qu'ils appliquaient aux Cigales qui chan- tent sur les arbres principalement sur ceux qui portent des épines. Aristote s'était évidemment servi du nom de Gryllus, ypuXXoç, car les Latins, qui ont traduit le grec, s'expriment ainsi : Alii prata crehris foraminihus effodiuiU ; alii, nocturno stridore vocales, aridani terram inter focos et furnos exca- vant ; et ailleurs: Rétro ambulat, terram terebrat et noctu stridet, unde et nomen accepit. C'est, comme nous l'avons dit, ce nom de Gryllus que Moufet avait pris pour désigner le Grillon des cuisines ou des maisons, House Cricket. X.es Grillons dont nous parlons ont le corps court , trapu, ramassé et mou; la tête, le corselet et l'abdomen se touchent immédiatement, et ont la même étendue en largeur et en épaisseur; leur tête est fort grosse, arron- die en dessus et presque verticale. Entre les yeux, qui sont ronds et fort écartés, latéraux et à surface réticulée, on voit deux stemmates brillants. Le corselet est presque carré dans ses dimensions, mais arrondi sur ses bords. Les élytres recouvrent complètement le ventre; ils sont courbés carré- ment et non point en toit, comme dans les Locustes et les Sauterelles. Quand ces insectes ont des ailes, on voit qu'elles dépas- sent les élytres et même l'abdomen, au delà duquel elles semblent former comme une double queue. Outre les deux appendices mous qui se voient sur la partie postérieure du ventre, chez les individus des deux sexes, on reconnaît les femelles parce qu'elles portent un long tuyau carré roide, formé de deux pièces; cet appendice semble ORTHOPTERES GHILLOÏDES. G. GRILLON. 707 être terminé par un ()etit renflement; c'est un véritable pon- doir destiné à diriger les œufs dans les lieux où cet organe doit pénétrer pour les mettre à l'abri. Les mâles produisent le bruit spécial qui leur a fait don- ner le nom du genre, et qui les distingue, par suite de la structure particulière de leurs élytres, auxquels ils imprihient des trémoussements ou des vibrations rapides, après les avoir soulevés au-dessus des ailes membraneuses et éloignés de l'abdomen. Les autres particularités de mœurs et d'organisation ont été exposées dans les considérations générales, relatives à la famille des Grilloides. Les Courtillières et les Tridac- tyles, qui faisaient partie de ce genre, en ont été distinguées comme formant des groupes séparés, ainsi que nous le dirons plus tard. Nous ne décrirons que les espèces de France, car ce genre en réunit un assez grand nombre provenant des pays étran- gers. 1. Grillon des chainps. Acheta ca»î|>esicule molle 2 Aeshhe. A TÈTE/ j ( colorées sans parastygme 4 Agrior. 'très-large; à ailes! ( hyalines, avec un parastygme 3 Galéptéhtx. (1) De iSSoûi;, ooôvToç, dents, et de •(wbo!;, mâchoire. NEVROPTERES ODONATES. G. LIBELLULE. 723 182. Genre LIBELLULE ou DEMOISELLE. LIBELLULA. Caractères : Névroptères à bouche très visible, quoique cou- verte ou mosquée par des lèvres larges, écailleuses ; a an- tennes très-courtes, en soie. %;l>Hy,h Ce genre a été subdivisé en deux antres, comme nous l'avons dit; l'un, dont le ventre est large, a conservé son nom; le second, dont l'abdomen est à peu près arrondi ou cylindrique, a été nommé Aesline. Geoffroy dit que ce nom de Libella ou Libellula vient de ce que toutes les espèces portent les ailes étendues comme les feuillets d'un livre, lorsqu'elles sont en repos; ou bien encore à cause de la manière dont ces insectes s'en servent en planant ou en fendant l'air dans leur vol facile; se sou- tenant et s'appuyant dans l'atmosphère comme avec des rames très-légères. Quant à la dénomination de Demoiselle, il est à croire y- 7'.î4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. qu'elle leur a été donnée par le vulgaire en raison des formes sveltes et élégantes de ces insectes, qui ont le corps allongé, ornédecoulenrs agréablement distribuées sur leur corsageet à cause de leurs ailes de gaze, ce qui les a fait encore appeler des Prêtres dans quelques contrées, à cause des nervures en réseaux multiples dont le tissu léger, qui forme leurs ailes, se trouve régulièrement maillé en travers, ainsi que sont plissés les surplis de nos prêtres, dans les grandes céré- monies du culte catholique. Le mode de développement, les mœurs et les habitudes des Libellules sont absolument les mêmes que celles de tous les Névroptères du même groupe des Odonates. Nous avons dit que cette division a été considérée comme pouvant encore être utilement partagée en quelques autres genres sous des noms divers, mais surtout en deux grands groupes dont le caractère le plus apparent est dans l'étendue de la tête qui est arrondie chez les uns et (jui dans les autres est très-large, avec les yeux portés tout à fait de côté et de forme globu- leuse. Ce sont surtout les larves qui établissent de notables dif- férences ; puisque dans les espèces à tête élargie, on voit que l'abdomen se termine par deux lames placées de champ, allongées verticalement et servant comme de gouvernail à l'insecte lorsqu'il nage; tandis que dans les deux autres gemes, qui sont ceux dont nous nous occupons ici, l'ab- domen offre à son extrémité une sorte de pointe, composée de plusieurs pièces triangulaires, qui, })ouvant s'écarter et se japprocher, deviennent une véritable arme défensive ou ré- pulsive. Dans les Aeshnes, qui ressemblent tant aux Libel- lules, les larves et les nymphes sont assez différentes entre NÉVROPTÈRES ODONATES. G. LIBRLMILE. ^^5 elles par les parties de la bouche et de la lèvre inférieure, devenue comme une sorte de masque qui prend des formes très- variées, suivant les espèces. Réaumur a fort bien décrit les mœurs de ces insectes. Geoffroy et Olivier ont puisé dans son ouvrage, comme nous le ferons nous-même, la plupart des faits que nous citeions; mais nous avons eu souvent occasion de les véi ifier, en obser- vant les mœurs de ces animaux et en les étudiant aussi sous les rapports anatomiques et physiologi(|ues. On sait que les Demoiselles, à l'état parfait, habitent les liettx humides, sur les bords des étangs, des marais, des mares et des rivières. Toutes, en effet, proviennent de larves qui ne se développent et ne peuvent vivre que dans l'eau; il est vrai que sons leur dernier état, ces insectes agiles et munis d'ailes larges, légères, très-minces, quoique très-solides, vo- lent avec une rapidité extrême pour saisir dans l'air les espèces molles qu'ils ont bientôt atteintes, et (jue, dans quelques cas, ils viennent dévonr à loisir en se fixant sur des corps isolés. Ces insectes, dont le vol est si rapide, sont entraînés, dans leurs chasses continuelles et très- prolongées, à de grarules distances sur les terrains les plus secs, de sorte (pi'oii a souvent occasion d'en observer dans des lieux fort éloignés des eaux. Nous avons exposé dans les généralités de l'histoire de cette famille, ce qui se passe dans le rapprochement des sexes; mais nous ne pouvons résister au désir de citer ici la description laconique de ce mode de fécondation que Linné a donnée: « Mas, visa sociâ, ut amplectalur, caudœforcipe prehenditfœminœ collum ; quo vero illa, vinci nolens, volensve, liberetur, cauda sua vulnfera repellit proci 726 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. pectus, in quo maris arma latent ; sic, unitis sexihus, ohvolat propria lege. La femelle fécoiidée vient pondre ses œufs, soit isolément soit réunis en grappes, vers la surface de l'eau, au fond de laquelle ils tombent par leur propre poids. Il en naît bientôt de petites larves fort raccourcies, à longues pattes, vives, très-alertes, mais sur lu peau desquelles la vase et quelques corps étrangers s'attachent de manière à les déguiser coni- plétement. Sous cet état de larve l'insecte change plusieurs fois de peau; il offre des particularités véritablement cu- rieuses à étudier, d'abord par la manière dont il prend sa nourriture, et ensuite par le mode singulier et insolite de sa respiration , ainsi que par ses allures ou ses mouvements pro- gressifs, comme nous essayerons de le faire connaître. L'organisation des parties de la bouche est difficile à con- cevoir au premier aperçu, car la lèvre inférieure, énor- mément développée, se coude deux fois sur elle-même et se prolonge sous la gorge en une sorte de faux menton, replié ou comme doublé, qui se dirige en avant par une portion élargie, concave, appliquée sur les mâchoires en les recouvrant, comme un véritable masque. Cette lèvre bizarre a le triple usage: i°desedévelopper, tout à coupcomme par un ressort, de se débander et de s'élancera une distance qui peut dé- passer de trois fois la longueur de la tête; 2" de devenir une sorte de pince, pour saisir et retenir la proie, afin de la ramener vers la bouche pour la soumettre à l'action tritu- rante des mandibules et des mâchoires; 3° de cacher tout à fait l'appareil à l'aide duquel l'insecte carnassier peut dé- couper et dévorer sa victime. Il n'y a pas de doute que cet insecte, doué de la faculté de marcher en tous sens et de- NEVKOPTERKS ODONATES. G. LIBELLULE. 727 guisé, SOUS les débris des corps étrangers qui adhèrent à toute sa surface, ne profite de cette sorte de pinces protrac- tiles et articulées pour saisir rapidement sa proie sans rpntter la |)lace où il se tient immobile et en embuscade. Le mode de respiration et celui de locomotion, fonc- tions qui se trouvent ici liées d'une manière bien insolite et tout à fait bizarre, ne sont pas moins curieux à connaître que l'appareil destiné à la préhension de la proie. Voici en quoi consiste cette particularité. Quand, pour les étudier, on élève des larves ou des nymphes agiles de Demoiselles, on peut remarquer que les pointes qui terminent leur abdomen, comme nous l'avons dit, s'écartent de temps en temps les unes des autres, et qu'alors, si quelques corps étrangers se trouvent flottants dans l'eau, on voit bientôt ces corpuscules attirés comme par un courant ou par une sorte d'absorption qui les entraînent dans l'intérieur du corps de l'animal, pour en sortir bientôt après par une expulsion ou expiration aqueuse. Lorsque l'insecte veut niême changer de place rapidement et sans se mouvoir en apparence, on s'aperçoit qu'il fait une sorte d'inspiration très-active pour absorber une quantité d'eau considérable, qu'il chasse plus rapide- ment encore, de manière que le jet sortant de son anus de- vient une véritable colonne de liquidequi s'appuie fortement sur la masse immobile du fluide ambiant dont les molécules ne peuvent pas recevoir le mouvement d'une manière aussi rapide. On peut rendre très-manifeste cette sorte d'éjacula- tion, lorsqu'on retire de l'eau, tout à coup, la larve ou la nymphe pour les observer à l'air libre, car on voit que le liquide contenu dans le corps se trouve projeté vivement jusqu'à deux décimètres de distance, et si l'on maintient 728 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. l'insecte à la surface d'une eau tranquille, cette projection produit un tourbillon dont les ondes rapides dénotent la violence de la force motrice. On conçoit que le corps de l'insecte qui produit ce choc peut recevoir lui-même l'effet de ce mouvement imprimé dans un sens opposé, comme une pièce de canon recule par l'effet de la résistance que l'atmos- phère oppose à l'effet de la dilatation de hi poudre enllanimée. Voilà donc un singulier mode de mouvement dont on peut rendre la démonstration plus évidente par le procédé que nous allons indiquer. Si, au lieu de laisser l'insecte plongé dans de l'eau pure et bien transparente, on le fait respirer et se mouvoir pendant quelques minutes dans un liquide coloré, soit par une solution d'indigo, de chromate de potasse ou tout simplement dans de l'eau teinte avec du lait ou de l'encre à écrire, et si, alors, on enlève rapidement l'animal, mis ainsi eu expérience, pour le placer dans un vase qui contient de l'eau très-limpide, à chaque inspiration abdomi- nale'que l'insecte va faire, ou dans chacun des grands mou- vements qu'il voudra exécuter, on verra sortir de son abdomen un jet d'eau colorée qui provient, pour ainsi dire, du lavage de l'intérieur de son intestin, car c'est dans le rec- tum que l'eau avait pénétré, et c'est là que la respiration paraît s'opérer. Réaumur et surtout G. Cuvier ont fait connaître la struc- ture de cet intestin, et ce dernier en a donné une bonne figure en 1798 dans les Mémoires de lo. Société d'histoire naturelle de Paris. Quand on fend cet intestin sur sa lon- gueur, on remarcpie, même à l'œil nu, douze rangées de pe- tites taches noires rapprochées, par paires , et disposées comme les folioles que les Botanistes nomment ailées ou NEVROPTÈRES ODONATES. G. LIBELLULE. 729 pinnées. Au microscope, et même à l'aide d'une simple loupe, on s'assure que chacune de ces taches est composée d'une multitude de petites trachées coniques dont la réunion forme six grands troncs, desquels partent toutes les branches qui vont distribuer l'air dans les diverses parties afin d'y opé- rer le même phénomène et y remplir l'office que produit la respiration. Ici, c'est l'air qui va chercher le sang, et non le sang qui va trouver l'air, comme cela a lieu dans les ani- maux munis de poumons. Il paraît donc démontré que dans ces insectes, le mouve- ment progressif de la larve ou de la nymphe est en partie dû à l'acte mécanique nécessaire à la respiration de l'eau; c'est un exemple assez curieux en physiologie de l'associa- tion obligée et de la réunion des deux fonctions locomotiles et respiratoires. On conçoit que nous ne devions pas passer ce fait sous silence, quoique les détails de cette particula- rité nous aient un peu écarté de l'histoire du développement des espèces du genre Libellule. Nous avons précédemment indiqué comment se terminent les métamorphoses des Odonates; elles sont à peu près les mêmes dans les quatre genres que cette famille réunit. Nous ajouterons cependant encore qu'au moment où la dernière transformation s'est opérée, l'insecte, sorti de ses enveloppes de nymphe, s'en éloigne un peu, et reste dans la plus com- plète immobilité, de crainte de froisser ses ailes cpii sont encore molles, humides, blanchâtres, opalines. Ces ailes membraneuses s'allongent et se développent eu s'étendant en largeur pour |irendre de la consistance, en se sé- chant; ce qui, selon l'époque de la journée et l'état hygro- métrique de l'atmosphère, demande souvent plusieurs heu- ySo ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. res, pourvu que l'insecte ne soit pas (léran2;é; car dans ce dernier cas, il en résulte quelques difformités par le défaut de développement. Nous serons brefs dans la désignation des espèces. i. Libellule aplatie. Libellula depressa. Ailes transparentes, ayant une teinte jaune à la base des supérieures, avec un parastygme ou tache allongée, brunâtre, à l'extrémité de chacune des quatre ailes. Dans le mrde, que Geoffroy avait nommé la philinthe, le ventre estlrès- déprimé et recouvert d'une poussière cendrée bleue; la femelle a le ventre olive, ou cendré. C'est celle que Geoffroy avait appelée Éléonore. 2. Libellule quatre-laches. L qundrimaculata. Ailes transparentes, les supé- rieures un peu jaunes à la base, et ayant, ainsi que les inférieures, des taches cubitales et marginale noires. C'est aussi celle que Geoffroy a décrite sous le nom de Françoise. .'{. Libellule maillée. L. cancellata. Les ailes sont transparentes, avec une tache noire sur leur bord externe ; le ventre est différent pour la couleur : il est gris dans le mâle et olivâtre avec deux bandes noires dans la fe- melle. C'est la Sylvie de Geoffroy, d'après M. de Fonscolombe. \. Libellule brune. L. bntnnea. Abdomen d'un brun jaunâtre avec des lignes d'un brun plus foncé sur le corselet et sui' le bord externe de chacun des segments du ventre. On a rapporté plus de vingt espèces à ce genre, dont dix ou douze se trouvent en France. NÉVROPTÈRES ODONaTES. G. AESHNE. J^l 183. Genbe AESHNE. AESUNA. (Fabricius.) (Caractères : Névroptères à bouche recouverte par les lèvres dilatées, écailleuses ; antennes en soie très-courtes ; la tête arrondie, dont les yeux sont très-gros et presque contigus ; à ventre allongé, étroit, à peu près cylindrique ou en ba- guette. Ce nom, par la manière dont Fabricius nous l'a transmis, semblerait tout à fait grec AI2HNA? mais nous n'en avons pu découvrir l'étymologie ; et même, d'autres entomologistes l'ont écrit Aesclina, qui aurait quelque analogie avec le nom grec aî(TxuvYi ; mais ce nom n'aurait qu'iui très-mauvais sens. D'après les caractères indiqués, on voit que ce genre ne diffère essentiellement de celui des Libellules que par la con- formation de l'abdomen, qui, au lieu d'être déprimé, reste arrondi, dans toute sa circonférence, et par quelques autres particularités peu importantes; car, d'ailleurs, ce sont les mêmes larves avec des moeurs semblables. Nous n'en donnons pas défigure, qui ne différerait que par les dimensions de l'abdomen. 1. Aeshne à tenailles:. Aeshna forcipata. Abdomen et corselet noir, avec des taches et des traits jaunes; ailes transparentes, avec une tache externe noire oblongue; les yeux sont assez éloignés en arrière. Réaumur l'a très-bien connue et l'a figurée deux fois. Geoffroy l'a nommée Caroline, t. II, p. 228. 2. Aeshna grande. A. grandis. D'un brun fauve, avec deux lignes latérales jau- nes sur le corselet, le ventre tacheté de vert et do jaune, les ailes rousses. C'est le plus grand, ou plutôt le plus long insecte de notre pays ; car il a de sept à huit centimètres de long. Cet insecte s'éloigne beaucoup d«s eaux. Il vole avec plus de rapidité que les hirondelles. 782 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 18-4. Genre CALÉPTÉRYX. CALEPIERYX. (Leach.) Caractères: Névropteres odonates ; à tête très-large en tra- vers, aux yeux fort écartés, globuleux; à antennes très- courtes en soie; ailes hyalines étalées, rétrécies à la base. On voit que ce nom est tout à fait grec, et qu'il signifie belles ailes, de xaV^; et de 7CTê>^. Nous avons vu comment cette subdivision des Libelles est établie , d'après le port et la nature des ailes, et aussi d'après la conformation des larves, dont l'abdomen se termine par des lames verticales qui font l'office de rames. Nous n'avons fait figurer qu'une espèce pour ce genre et le suivant, car ils ne diffèrent entre eux que par la teinte des ailes, qui sont (îolorées chez les Agrions et incolores dans les Caléptérix. 1. Caléptéryj- fillette. Calepteryx piiella. Tête et corselet noirs en dessus; ung tache bleue derrière l'œil et une double ligne bleue sur le dos du cor- selet; un parastygme marginal aux ailes, qui sont transparentes. 2. Calépiéryx rovr/e. Cal. sanguinea. L'abdomen est d'un beau rouge avec des taches noires. Cette espèce présente aussi beaucoup de variétés. Il paraît que les mâles ne sont pas de la même couleur que les femelles. NEVROPTERES ODONATES. G. AGRION. -33 18r>. Genhe AGRION. AGRION. (Fabricius.) Caractères: ISévroptères odonates, à tête très-large en tra- vers; aux yeux globuleux^ tres-écartés ; à antennes courtes en soie ; a ailes étendues^ colorées, plus étroites à la base, abdomen long, cylindrique. Ce nom, tout à fait grec, âypiov , signifie féroce ou cruel; il avait été donné d'abord à toutes les espèces de Libelles dont les ailes, plus étroites vers leur insertion sur le corselet, restaient relevées dans le repos. Depuis, ce nom a été limité et restreint pour désigner les espèces dont le caractère vient d'être précisé; mais il a été bien plus subdivisé dans ces derniers temps, d'après quelques par- ticularités plutôt spécifiques, que par la conformation ou la structure, qui resté toujours la même ainsi que les mœurs, qui sont celles que nous avons fait connaître dans les généralités relatives à cette famille. Voici l'indication de l'une des espèces des environs de Paris. Agrion vierge. Agrion virgo. Corps d'un vert ou bleu cuivré, la base du ventre jaune en dessous; les ailes d'une teinte bleue ou brune sans taches. Cette espèce présente beaucoup de variétés auxquelles on a donné des noms divers. Telles sont celles que Geoffroy a nommées la Dmise. VUl- rique. j34 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Vingt-huitième famille : les STÉGOPTÈRES ou TECTIPENNES. C'est sous le même nom de Tecti pennes, ou de Stégop- tères, que, dès 1799, nous avions rapproché les insectes de cet ordre des Névroptères dont les ailes, au lieu d'être éta- lées et éteudues, dans l'état de rejDOS, restent couchées et inclinées en toit le long du dos, et dont la bouche, au lieu d'être couverte |)ar les lèvres prolongées, est tout à fait à nu, et garnie le plus souvent de mâchoires et de mandibules apparentes, organes qui ne sont jamais visibles dans la troi- sième famille, celles des Agnathes ou Uuccellés. La famille des Stégoptères comprend un grand nombre de genres ; cependant elle n'est pas tout à fait aussi distincte, ni aussi naturelle pour les mœurs, parce qu'elle réunit des espèces qui sont carnassières sous leurs divers états, et d'au- tres qui paraissent herbivores ou lignivores, quand elles sont encore en larves. Cependant, pour la commodité de l'étude et de la classification , nous croyons avoir encore mieux réussi que ne l'a fait, très-longtemps après nous, Latreille, dans ses divers ouvrages, et même en 1829, lors- qu'il a désigné cette famille sous le nom de Planipennes, qui conviendrait beaucoup mieux aux Libelles qu'il a appelées des Subulicornes. Nous verrons plus tard comment Latreille avait propose de subdiviser ces Planipennes en cinq sections. Afin d'indi- quer, par une simple appellation, le caractère apparent tiré du port de ces insectes, nous avons emprunté du grec le synonyme de Stégoptères ou ailes en toit, tectipennes, des DES STÉGOPTÈRES EN GENERAL. y?i5 mots ffTéyv), toit iticlitié, et de irtepa, ailes, et voici les carac- tères essentiels assignés par nous à cette famille. Névroptères à quatre ailes d'égale consistance, à nervures ou lignes saillantes en réseau on maillées, avec la bouche garnie de mâchoires très-visibles; dont les ailes, dans l'état de repos, restent couchées en forme de toit le long de l'ab- domen qu'elles recouvrent et à antennes longues. Cette famille est séparée de celle des Agnathes, qui com- prend les Éphémères et les Phryganes, dont la bouche con- siste dans les rudiments des mâchoires et des mandibules. Au contraire, dans la famille des Odonates, la bouche est recouverte par des lèvres très-développées ; elle est en outre caractérisée par la brièveté et la forme des antennes. Les mœurs des larves paraissent assez différentes; mais, dans l'état de perfection, ces insectes ont entre eux beaucoup d'analogie. En effet, les larves de quelques genres, comme celles des Fourmi-lions, et peut-être celles des Ascalaphes. se ca- chent sous le sable, s'y creusent des fosses en entonnoir, au fond desquelles elles restent blotties et immobiles, pour v attendre les insectes qui tombent dans cette embuscade; c'est là (|u'elles sucent ces proies, leur unique alimentation. D'autres, comme celles des Hémérobes, des Raphidies, cou- rent rapidement sur les branches, les feuilles et les écorces. pour y chercher les Pucerons et les autres insectes mous dont elles font leur proie; tandis que les larves des Termites et des Psoques se creusent des galeries dans le bois qu'elles rongent et qu'elles détruisent. Enfin , celles des Semblides sont seules aquatiques. Latreille a réuni, sous le nom de Planipennes, les mêmes insectes. Il en a fait aussi une famille qu'il a divisée en cinq ^36 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. sections : i" les Panorpates, qd'il a subdivisées en JNémop- tères, Bittaqiies et Borées; 2" les Fourmi-lions, auxquels il a joint les Ascalaphes; 3" les Héniérobins, subdivisés en Os- myles, en Nymphes et en Semblides; 4" les Termltines, aux- quelles il a réuni les Mantispes, les Ra|)liidies, ainsi que les Pso(|ues; 5" enfin les Perlides, auxquels il a joint les Né- moures. Nous aurons occasion de revenir sur ces divisions en traitant séparément de la plupart des jj;enres dont ces divi- sions sont les types. Voici comment nous avons procédé pour la classification systématique des dix genres principaux de cette famille. Nous avons reconnu d'abord que le nombre des articles aux tarses est différent dans les genres. 11 en est un, celui des Raphidies, qui n'a que quatre articles à tous les tarses; un second, celui des Psoques, qui n'en a que deux. Ce nombre n'est que de trois dans les Termites , dont le ventre n'est pas terminé par des filets , et dans les Perles proprement dites, où ces prolongements abdominaux sont très-remar- quables. Voilà donc quatre genres séparés. fiCS six autres genres de la même famille ont tous cinq articles aux tarses; mais les antennes sont différentes. Ainsi, elles sont renflées et terminées comme inie petite masse dans les Fourmi-lions; renflées à leur extrémité en une niasse globuleuse dans les Ascalaphes; elles sont en soie dans les Hémérobes et en fil dans les Semblides, les Panorpes et les Némoplères , dont la bouche offre des différences caracté- ristiques. C'est ce (ju'indique le tableau suivant : NÉVROPTÈRES STÉGOPTÈRES. 737 § . M II D i 1 1 g 1 . Ê a : ■M o 0 II 1 b S -^ S ■ 5 S g ? é •et Œ ô: z cr ce (S E- a - <^ 20 œ t^ ts- « 0 K- c/î ii ,-î. 1 Zl' co s -1 : 1 z bb g c^ 1 ■2 i 1 i J l I ■1 H è 5 ■s 1 a 1 1 g .1 î 1 o ï â - 1 '« S 1 i 1 PS •o J i ^ ;; i e< -S o o -s 3 1 J 6C 3 g _J •i J ' — ■ 1 i ~H J 1 o ^ a 1 -a 1 1 ■i 3 •— 1 1 „ 1^ f a, "- i i -S 1 C3 1 = 2 ■3 1 J S ^ i 1 g 1 -ë 'S P « ■3 â ■3 a 'i s " „~^ ^^" ■ ' H i 1 >^ ! i i 1 93 738 ENTOMOLOGIK ANALYTIQUE. 486. Genre FOURMl-LIÛN, MYRMÊLÉON OU FORMICALEO. Linne.i Caractères : Mévroptères tectipennes; à antennes courtes, cro- chues ou courbées, un pej^ en fuseau ou plus épaisses à leur e.vtrémité; abdomen étroit , très-long; les quatre ailes à peu près d'égale largeur ; tarses à cinq articles. Le nom de Mvriiiéleoii n'est que l'imita tion impar- faite du mot formica leo en Sfrec, ^•if'j.rX, fourmi; Xâov, lion, et non Lion des fonr- Le nombre des articles aux tarses peut servir à sé- parer ce genre des quatre autres de la même famille qui en ont moins de cinq, comme les Psoques, les Termites, les Perles et les Raphidies. Les antennes, qui ne sont pas en soie, comme on les voit dans les Hémérobes , ou en til , comme dans les Panorpes, les Xémoptères et les Semblides, les raj)procheraient seule- ment des Ascalaphes; mais ici, la masse, ou la région plus développée des antennes se trouve à leur extrémité, tandis que dans les Fourmi-lions le renflement commence dans la partie moyenne. Nous ne nous permettrons pas de faire une nouvelle his- toire de ce genre d'insectes queRéaumur a si bien décrits, et. quoique nous les ayons beaucoup observés, nous nous con- NÉVROPTÈRES STÉGOPTÈRES. G. FOUKMl-MON. 789 tenterons d'en présenter une analyse abrégée, en y joignant quelques-unes de nos propres observations. Il paraît que les mœurs si remarquables de cet insecte n'é- taient pas connues des anciens. Vallisnieri, en 1697, croyait les avoir observées le premier, mais Réaumur a relaté que de la Hire et des Bdiettes en avaient connu les larves et les mœurs dès i6go; et, en 1704, Poupart en a donné une his- toire abrégée avec de bonnes figures dans les Mémoires de l' académie des sciences. Le nom de Fourmi-lion convient n)ieux à la lai've qu à l'insecte parfait. Cette larve a une forme toute particulière : son corps est conique, légèrement déprimé et pointu par der- rière. Sa tète supporte deux longues cornes, qui sont des mandibules arquées, pointues, dentelées, percées d'un petit trou à leur extrémité, et servant à sucer la proie. Cette larve a six pattes, et ses mouvements de translation se font prin- cipalement en arrière, comme dans les écrevisses lorsqu'elles sont hors de l'eau placées sur un terrain solide. Cette larve se creuse dans le sable une fosse en forme d'entonnoir, et fort évasée en cône, dont elle occupe le fond ou le sommet, ayant le corps caché sous le sable et immobile; elle s"y tient au fond, avec les deux cornes écartées. Malheur à la Fourmi ou à tout autre insecte qui vient à passer sur le bord de la fosse; car le sable s'éboule sous les pattes de l'animal, et il tombe dans l'embuscade. En vain il voudrait s'échapper, ii ne peut s'accrocher, ne trouvant aucun point solide. Bientôt il est saisi, piqué, paralysé, sucé jusqu'à la mort, et son cadavre entier, non altéré, mais desséché, est alors lancé à une grande distance, afin que ses restes ne servent pas d'indice et ne décèlent pas le piège qui attend d'autres victimes. 93. 74o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Nous venons de raconter en abrégé le sort de l'insecte qui devient la proie du Fourmi-lion; mais les détails des manèges, les différents moyens, ou plutôt l'art que cette larve est obligée d'employer pour préparer cette fosse et pour se rendre maîtresse des efforts que fait sa victime dans le but de lui échapper, méritent bien d'être exposés avec quelques détails. Chaque Fourmi-lion ne passe pas toute sa vie dans le même trou qu'il a creusé en entonnoir; mais il y demeure au moins plusieurs jours de suite. Plus il y a séjourné, plus le diamètre de la circonférence est grand, surtout quand le sable est très-mobile, f^es grains qui en forment les bords s'é- boulent lorsque quelque insecte vient à |)asser, et ils entraî- nent avec eux cette victime au fond du précipice. Souvent les mouvements que la larve produit au moindre ébranle- ment, suffisent pour déterminer une sorte de cataracte, qui fait ébouler une portion du cône sur ses bords; mais la larve ne donne pas le temps à ces grains de sable de s'accu- muler au fond du trou, parce que leur poids et leur pré- sence empêcheraient ses cornes d'être prêtes à saisit la proie. Elle charge sa large tête de ceux de ces grains de sable, de terre ou de gravier qui y sont tombés, et comme elle a la faculté de la relever brusquement et avec force, elle lance obliquement en l'air, comme avec une pelle, tous ces matériaux qui la gênent, jusqu'à ce qu'ils soient rejetés au dehors, et souvent bien au delà du bord de la fosse. Quand le Fourmi-lion est resté inutilement eu embuscade au fond de son entonnoir, il suppose probablement que cette place est mauvaise et il va tendre son piège ailleurs. Il se NÉVROPTÈRES STÉGOPTÈRES. G. FOURMI-LION. 7/41 met donc en marche pour choisir un site phjs favorable. Le chemin qu'il fait reste indiqué à la surface par une sorte de sillon de deux ou trois millimètres de profondeur, dont la largeur est égale à celle du corps de la larve qui s'y est traî- née. On peut compter quelquefois dans ce sillon le nombre des mouvements successifs que l'animal a exécutés pour parcourir une étendue déterminée; car, nous l'avons dit, la larve n'avance qu'à reculons, poussant en arrière l'extrémité postérieure et pointue de son corps conique comme le soc d'une charrue, et quand sa tête s'enfonce, au moyen de deux coups rapides donnés à droite et à gauche, elle la débarrasse, et c'est comme cela qu'elle laisse, poui' ainsi dire, inscrite la marque ou la trace du chemin que le corps a parcouru dans ce long sillon. Lorsque le Fourmi-lion a rencontré un sable mobile dans un lieu abrité du vent et de la pluie, bien exposé à l'ar- deur du soleil, il commence par en tracer l'enceinte, suivant (ju'il veut donner plus ou moins de diamètre à l'entrée de l'entonnoir qu'il va se creuser, et généralement cette fosse est proportionnée à la taille ou au développement que son corps a pris. Les plus grosses larves se creusent des trous qui ont jusqu'à cinq ou six centimètres de diamètre ; mais le plus ordinairement, les entonnoirs sont dans les dimensions de trois à quatre centimètres à leur orifice. Le sommet oii se tient tapi l'insecte en embuscade, c'est-à-dire à une profon- deur de vingt-sept millimètres, devient donc un espace qu'il a fallu que l'insecte vidât. Pour en venir à bout, il a dû exé- cuter bien des mouvements; car il ne parvient à réussir qu'autant qu'il tourne en reculant en décrivant une sorte de spirale concentrique, et, an fur et à mesure qu'il avance , il 742 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. se sert de l'une de ses pattes antérieures, correspondante à l'axe du cône , pour charger sa tête du sable qu'il veut lan- cer au loin et au delà du pourtour du cercle qu'il s'est tracé. Ce travail s'opère par petits intervalles, mais avec une rapi- dité extrême; tellement que, dans certains moments, le sable projeté dans l'air forme une sorte de pluie continue de poussière. Mais comme la patte antérieure d'un côté peut se fatiguer, en chargeant la tête du sable, pour la reposer, l'insecte se retourne et décrit une spirale en sens inverse, de manière (|ne l'une des pattes vient remplacer l'action de la première. Quelquefois le Fourmi-lion parvient à creuser son cône en un quart d'heure. On a remarqué que les temps couverts pendant lesquels le soleil ne donne pas sur les sables et la nuit conviennent mieux au travail des Fourmi-lions. Quand un insecte est tombé dans la fosse, les deux mâ- choires, ou les grandes cornes en tenailles, sont écartées, tendues en arrêt; aussitôt elles se détendent brusquement pour serrer la victime et la retenir comme dans un piège à ressort, et c'en est fait de sa vie, lors même qu'elle serait su- périeur en forceauFourmi-lion. Tous les mouvements qu'elle exécute pour lui échapper sont inutiles; la larve cram- ponnée sous le sable agite alors sa tête avec violence, pour enlever, étourdir sa proie par des secousses répétées et très- brusques, en la frappant sur le sol mobile où manque tout point d'appui à cette victime, qui se trouve entraînée et recou- verte par le sable. Il est probable que, pendant cette manœu- vre, les mâchoires du Fourmi-lion ont pénétré dans les chairs; elles y ont vraisemblablement inoculé un poison subtil, une humeur anesthésique qui paralyse les insectes, car phi- NÉVROl'TÈRES STÉGOPTÈRES. G. FOURMI-LION. 743 sieurs fois nous avons pu remarquer que ces petits animaux éprouvaient une sorte de convulsion, et quelques-uns de ceux que, par expérience, nous avions voulu enlever de force aux Fourmi-lions, très-peu de temps après qu'ils avaient été sai- sis, n'ont pas tardé à périr dans une sorte de paralysie, peut- être comme par un véritable bienfait de la nature, analogue à ce qui survient aux petits animaux blessés par les vipères, avant d'être avalés tout vivants, car on sait qu'ils perdent toute sensibilité douloureuse. Au reste, à ce qu'il parait, les Fourmi-lions ont besoin de sentir remuer leurs victimes, car celles-ci, quand elles ont l'instinct de simuler la mort |jar une immobilité complète, par- viennent quelquefois à s'échapper miraculeusement. Plusieurs fois, nous avons fait tomber au fond de leur cône de petites Vrillettes, espèces de Coléoptères qui vivent sous les écorces ou dans lebois,et qui ont l'habitude de se contracter et deres- ter dans une sorte de paralysie volontaire ou de catalepsie au moment où ils craiijnent quelque danger. Cette faculté les a sauvés d'iuie mort certaine; le Fourmi-lion, trompé jwr leur immobilité, et peut-être par la solidité de leurs tégu- ments, les aura confondus avec une parcelle de gravier; car il les ;i lancés au loin. Réaumur a observé le même fait, eu jetant successivement dans les fosses l'abdomen encore mou et pour ainsi dire extrait vivant de quelque Diptère qu'il venait de sacrifier pour cette observation et cette partie succulente, mais immobile, était successivement rejetée par plus de vingt larves différentes, qui avaient servi à l'expé- rimentation. Réaumur a très-bien fait connaître l'organisation des mâ- choires qu'il a décrites et figurées, tome VI, pi. 33. La pointe y44 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. la plus acérée est composée de deux parties; l'une, formant la convexité, est mobile dans une coulisse ou dans un canal plus solide. C'est au jeu de la pièce mobile qu'est dû, à ce qu'il paraît, l'acte de la succion des humeurs liquides du corps de l'insecte pour passer dans celui qui s'en nourrit. De sorte que le Fourmi-lion semble avoir deux œsophages comme cei'taines araignées. D'après ces observations, on peut croire que ces sucs absorbés sont déjà si bien préparés ou animalisés, qu'il n'en est rien perdu pour l'alimentation en passant d'un corps vivant dans un autre. Ce serait une sorte de transfusion complète, de manière que ces larves n'ont à rejeter aucun excrément, car on n'en a pas observé, et l'ouverture que l'on a remarquée à l'extrémité de leur abdomen, n'est pas celle de la terminaison du tube digestif; elle donne issue à un canal formé de deux pièces emboîtées, dont l'intérieure est une véritable filière au moyen de la(|uelle cette larve construit une coque d'une soie très-fine, parfaite- ment ronde, dans laquelle il s'enferme poiu' opérer sa trans- formation en nymphe. Les Fourmi-lions paraissent appelés à vivre au moins pen- dant deux années sous cette forme de larves. Ce n'est certai- nement que dans le courant de la seconde que les plus grosses se [(réparent à la métamorphose. C'est ordinairement; à Pa- ris, vers la fin de juin, et même en juillet et en août, que nous les trouvons à l'état de nymphes. En cherchant alors dans les sables, où l'on remarque d'autres cônes, on y ren- contre très-souvent des sortes de boules ou de grosses pilu- les, très-régulières et parfaitement sphériques, construites en dehors d'un sable à gros grains homogènes que la larve a trouvé le moyen d'agglutiner, ou plutôt de retenir à l'aide NÉVROPTÈRES STÉGOPTÈRES. G. FOURMI-LION. 745 de fils très-déliés autour de la coque soyeuse qu'elle s'est filée. Quand ou ouvre cette coque, on voit qu'elle est intérieu- rement tissue d'un fil si fin et si soyeux, qu'elle a l'apparence et la blancheur du plus beau satin. C'est dans cette enve- loppe que se trouve la nymphe, dont les formes sont tout à fait nouvelles; la dépouille ou la peau de la larve se trouve aussi dans le cocon. On voit, par inie déchirure qui existe au milieu de cette dépouille, que la nymphe en est sortie du côté du dos. La nymphe, dans laquelle "on peut observer toutes les parties de l'insecte parfait, s'y trouve dans un état de contraction ou de rabougrissement tel que le corps n'a pas le quart de la longueur qu'il doit présenter par la suite ou sous l'état de perfection; tout son corps est revêtu d'une sorte de fourreau membraneux, qui reste engagé à l'orifice de la coque, au moment oii l'insecte, après l'avoir détruit dans ce point à l'aide de ses mâchoires, en sort et semble s'accoucher lui-même. Cette opération se fait en quehpies minutes. r/insecte parfait est tel que nous l'avons indiqué dans les caractères énoncés au commencement de cet article. Les mâ- les sont beaucoup plus petits que les femelles. Les deux sexes répandent, au moment où on les saisit, et peut-être d'une manière permanente, une odeur très-agréable, analo- gue à celle de la rose, que plusieurs autres insectes, qui vi- vent au milieu des sables, paraissent également exhaler. Les femelles ne pondent qu'un petit nombre d'œufs, qui sont des portions de cylindres allongés, arrondis à leurs deux extré- mités. Leur couleur est ordinairement d'un gris argenté, et la coque qui les revêt est assez solide pour résister à une forte 7^6 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. pression. Nous ignorons combien de temps ces œufs conser- vent leur forme. Nous n'avons jamais pu observer le moment et l'acte de la fécondation. Il est très-probable que la réu- nion s'opère dans l'air; car, ayant eu plus de cent individus conservés vivants dans des boîtes de verre, jamais la réunion des sexes ne s'est opérée sous nos yeux. Les femelles ont pondu, avant de mourir, des œufs non fécondés. Nous trouvons trois ou quatre espèces de Fourmi-lions aux environs de Paris, mais le plus souvent elles ont été con- fondues sous le nom de celle qui est la plus commune et qu'on ap|,elle : l. Myrméléon Fourmi-lion. Myrmeluon Formicarium. Il est noirâtre avec des taches jaunes ; les ailes sont transparentes, avec des taches obscures épar- ses, un parastygme, ou tache d'un blanc sale à l'extrémité de la côte ex- terne. •2. Myrméléon Formica-lynx. M. Formica-lynx. 11 est jaunâtre ; ses ailes sont très-légères, à nervures jaunâtres, absolument sans taches. 3. Myrméléon à lignes. M. Hneatum. Jaune; ailes très-minces, irisées, à ner- vures en réseaux noirâtres; toutes les quatre marquées d'une tache blanche, allongée sur le bord externe. •4. Myrméléon irisé. M. iridatum. Noirâtre; ailes très-légères, une tache blan- che, carrée sur leur bord externe. S. Myrméléon libelluloïde. M. libelluloïdes. Très-grand ; abdomen et corselet à lignes jaunes et noires; ailes grises à points et à grandes taches brunes. Cette espèce n'a été recueillie que dans le midi de la France. névroptères stégoptères. g. ASCALAPHE. 74" 487. Genbe ASCALAPHE. ASCALAPHVS. (Fabricias.) Caractères : Névroptères à ailes couchées et inclinées sur le ventre dans le repos ; à cinq articles aux tarses; à an- tennes très-longues, terminées par un bouton. Les Ascalaphes ont le plus or- dinairement le corps coloré par des poils fins, courts et serrés; leur tête est très-velue, grosse et arrondie en avant, tronquée en arrière et portée sur un petit pédicule provenant du protho- rax où sont articulées les pattes de devant. Les antennes sont presque aussi longues que le corps; elles sont d'abord en long fil, mais elles se terminent tout au bout par une sorte de petite masse, comme dans les papillons; la bouche, presque entièrement masquée par des poils, est cependant garnie de mâchoires et de mandibules. Les pattes sont courtes avec cinq articulations aux tarses. Les ailes larges sont plus longues que l'abdomen et le dépas- sent. Elles sont le plus souvent colorées, fbrtemetit maillées etdisposéesen toit sur le ventre, qui est velu et court. Dans les mâles l'abdomen est terminé par deux crochets arqués comme chez les Fourmi-lions mâles ; ils sont destinés, sans doute, à sai- sir la femelle comme le font les Libellules ou Demoiselles. Le nom est évidemment pris au hasard parmi ceux de la mythologie. Il est tout à fait grec, àcjxoXaço; : c'était aussi celui d'un oiseau dans Aristote. y4. j48 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Ces insectes volent avec beaucoup de vélocité. On ne les a recueillis que dans le Midi et dans les parties un peu tem- pérées de la France. Beaucoup d'espèces se trouvent en Afri- ipie et en Amérique; on ne connaît pas très-bien leur his- toire, mais on dit que leurs larves vivent sous le sable comme celle des Fourmi-lions. Schœffer avait le premier séparé ces insectes du genre des Hémérobes, dans lequel Linné les avait inscrits, et dans la même année, en 1763, Scopoli avait placé l'une des espèces parmi les Papillons. Nous allons indiquer les trois espèces qu'on trouve en France. 1. Ascalaphe de Barbarie. Ascalaphus Barbarus. Noir, à taches jaunes; ailes supérieures jaunes à la base, et les inférieures noires aussi à la base. Nous l'avons trouvé dans le jardin botanique du Muséum, arrêté sur une fleur de gesse odorante dite pois de senteur. i. Ascalaphe italien. A. ilulicns. Noir; tête tachetée de jaune; ailes supérieures noires à la l)ase. Il ressemble beaucoup pour le port au précédent, mais il est moins gros, et les taches jaunes de la tète sont plus près des yeux; les taches noires de la base de l'aile sont moins foncées dans la femelle. On l'a trouvé à Bordeaux et dans tout le midi de la France, même a Orléans. .S. Ascalaphe austral. A. Auslralis. Il est varié de jaune et de brun; la tête est jaune, avec les yeux et le front bruns; les ailes sont hyalines ou transpa- rentes avec la bordure noire. Fabricius a décrit cet insecte comme se trouvant dans le Midi. NEVKOPTERES STEGOPTERES. 749 188. Genre TERMES ou TERMITE. TERMES. (Linné.) Caractères : Névroptères à ailes étendues sur le dos ; à an- tennes filiformes; à tarses de trois articles et dont l'abdo- men nest pas terminé par des filaments allongés ; à ailes très-longues dans les femelles formant un toit plat sur le corps [nulles dans tous les neutres). Le nombre des ai-ticles aux tarses qui est inférieur à cinq, suftit pour faire distinguer ce genre, comme on peut le voir dans le tajjleau synop- tique, de cinq autres genres de cette famille des Tectipennes, qui ont cinq articles aux tarses. D'abord de Four- mi-lions et des Ascalaphes, qui ontles antennes renflées, ensuite des Hémé- robes, dont les antennes sont en soie, et enfin des Panorpes, JNémoptères et Semblides, qui ont les anteuries en fil. Quant aux Raphidies, les quatre articles de leurs tarses et la forme bizarre de leur tête les isole évi- demment. Il ne reste donc que les Perles et les Psoques, (jui sont en effet très-voisins; mais chez les premières la queue est terminée par deux filets, et chez les seconds les deux articles tarsiens établissent la séparation indiquée. Ce nom de Termes, d'après l'étymologie indiquée par les plus anciens auteurs (d'après Scaliger et Verrius Flaccus : de Verhorwn. significationc)., que nous avons compulsés), au- rait été donné à une espèce de ver qui ronge le bois. Au reste 75b ': ENTOMOr.OGIE ANALYTIQUE. cette désignation a été adoptée par tons les entomologistes, quoiqu'ils n'aient pas étéd'accord sur la classification du genre. Comme les insectes rapprochés sous ce nom de Termite exercent de grands ravages, nous avons dû Jious occuper très-particulièrement de leur histoire, et (juoique nous n'ayons pu les observer vivants, nous avons eu en notre possession un grand nombre d'individus conservés dans la liqueur et des débris très-variés des habitations ou des nids que se construisent les diverses espèces décrites par Smeath- man (i), objets très-curieux, tombés entre les mains de feu M. le docteur Payen, qui m'en avait fait présent. Ces insectes ont reçu différents noms; on les a appelés Fourmis blanches, Pous de bois, Vag-vagues, Carias et très- probablement on les désigne sous d'autres dénominations dans les contrées chaudes qu'ils habitent eu Afrique et eu Amérique, de préférence à nos climats tempérés; cependant, comme nous le dirons, on en a observé quel(|ues petites espèces à Bordeaux et à la Rochelle. Nous ne pourrons pas entrer ici dans tous les détails que nous avons consignés très en abrégé dans le cinquante-troi- sième volume du Dictionnaire d'histoire naturelle, auquel nous renverrons les personnes qui mettraient quelque intérêt particulier à ces recherches. Nous allons ici présenter une analyse de ce que nous en avons écrit, et nous y joindrons un extrait d'un excellent travail sur l'organisation et les iiKjeurs de l'une des espèces que M. Ch. Lespès a publié en ( I ) Son Mémoire a été traduit de l'anglais par G. Rigaud, en 1786. avec quatre planches in-S" : Mémoires sur les Fourmis blanc/tes ou Tenues. NEVROPTERES STEGOPTERR3. G. TERMITE. JO I 185/1, dans le tome V de la iv*' série àe.?, Annales des sciences naturelles [Zoologie). Tous les Termites vivent en société, ou en familles nom- breuses réunies dans des retraites obscures qu'ils se cons- truisent, ou qu'ils se creusent pour se mettre à l'abri de leurs ennemis et pour subvenir à leur propre subsistance. Dans ces sortes de populations, qui s'élèvent quelquefois à plusieurs milliers d'individus, on distingue, comme parmi nos Fourmis et nos Abeilles, des neutres en très-grand nom- bre qui sont privés des organes sexuels externes et qu'on a ndïnmés des ouvriers ou des soldats; puis des mâles et une ou plusieurs femelles en plus petit nombre, selon les espèces. En outre, il y a dans ces sortes de républiques des larves munies de membres et de mâchoires, toujours agiles, de même que des nymphes qu'on distingue parce qu'elles por- tent des rudiments d'ailes. Comme tout ce peuple est actif, il reste une sorte d'incertitude pour distinguer les larves d'avec les individus dits travailleurs et ceux qu'on nomme les défenseurs ; mais les mâles et surtout les femelles sont plus faciles à reconnaître, surtout ces dernières dont l'ab- domen, gontlé par les œufs, prend d'énormes développe- ments. Nous allons présenter la description de l'une des espèces; d'abord d'un mâle de celle que l'on a nommée fatale , puis d'un individu femelle et enfin d'un neutre. Ce mâle a le corps couvert par les ailes, qui ont trois fois plus de longueur que son abdomen; elles lui forment un toit plat; les nervures des ailes sont petites, j^eu ramifiées; elles paraissent peu adhérentes au corselet dont elles se détachent facilement; on prétend même que l'insecte s'en débarrasse ou les arrache 752 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. dans le danger pour mieux se soustraire par la fuite. En général, le corps de ces insectes est étiolé, ce qui leur a fait donner le nom de Fourmi blanche. La bouche très-distincte est avancée, mais verticale ; les yeux sont latéraux et saillants; il y a trois stenimates distribués en triangle, dont un est en avant. Les pattes sont à peu près de la longueur du tronc, li'abdomen est sessile. La femelle est le plus souvent sans ailes dès qu'elle a été fécondée. Dans l'espèce que Sparmann a observée, le ventre d'une de ces femelles avait i,5oo et même a,ooo fois le poids ou le volume du reste de son corps. Elle produit sans inter- ruption ses œufs avec une telle rapidité qu'on suppose ([d'elle en pond un par chaque seconde et que certaines fe- melles peuvent produire 80,000 œufs par vingt-quatre heu- res. Ce fait est ré|)été par Blumenbach, qui a donné «me bonne figure de cette femelle dans son Maiinel dJnstoirc naturelle, t. f, p. 49'^- Les neutres sont tout à fait différents des mâles et des fe- melles. Leur tête est énorme et souvent plus volumineuse que le reste du corps; elle est armée de deux fortes man- dibules. Ces individus ont été désignés sous le nom de soldats; ils se présentent avec plus de hardiesse aux dangers, et, quand ils ont piqué une proie, on leiu- fait difficilement lâ- cher prise; ils ont aussi l'office de presser les ouvrières dans leur travail. Ces ouvrières ressemblent davantage aux larves, et il est difficile de les en distinguer : elles sont toujours sans ailes et même sans les rudiments cjui caractérisent les nymphes. Leur nombre est prodigieux. Dans certaines termitières, on peut compter cent de ces larves ou neutres travailleurs contre NÉVROPTÈRES STÉGOPTÈRES. G. TERMITE. 76^ l'un de ceux que l'on désigne comme soldats ; elles sont telle- ment petites que cent individus ne pèseraient que cinq centigrammes; leur tète est petite, arrondie et leurs mandi- bules sont courtes. Nous allons indiquer les sources principales dans lesquelles on pourra puiser les faits principaux de l'histoire des Ter- mites. Ce sont : i" Smeathan, Tmnsaci ions j)hi/osoph., vol. LXXI. Traduit par Rigaud de Montpellier dans l'ouvrage de Sparmann, Voyage au Cap, 1787; 2" Kônig a publié dans un joiunai allemand intitulé le iVrt^«ro//>/e (Naturforcher) , un essai sur les avantages que les Indiens retirent de ces insectes comme une véritable nourriture; 3° De Geer, dans le tome VII de ses Mémoires, page 45 et suiv., a très-bien décrit ces insectes; 4" Linné, dans son Systema naturœ ^ à l'article du genre Termes, qu'il a laissé avec les Aptères, a donné dans une note laconique toute l'histoire de ces animaux, j'en présente ici une traduction libre. Au reste, elle renferme la plupart des faits que je viens de faire connaître (1). (1) Les Termites, en ne les considérant que sous le rapport des larves, paraissent, en quelque sorte, tenir le milieu entre les Névroptères, les Hymé- noptères et les Aptères; car, sous le premier état, ils se rapprochent des Aptères, mais beaucoup plus des deux autres sous l'état parfait. L'association admirable et la manière de vivre du plus grand nombre des espèces, deviennent des plus pernicieuses dans les pays qu'elles habitent. Les femelles de cette race sont si fertiles que, quand elles sont fécondées, leur ventre grossit tellement qu'il surpasse la longueur du doigt du milieu. Jl représente une outre blanche 95 754 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. M. Lespès a communiqué, en i85G, à l'Académie des scien- ces, un Mémoire tiès-détaillé sur ce sujet. Il a été inséré dans les Annales de Zoologie, et l'auteur en a lui-même donné un extrait qui se trouve imprimé dans le tome XLIII des Comptes rendus de l'Académie des sciences ; m:\is, comme il y est question d'une espèce tout à fait différente de celles qui ont été observées en Américpie et eu Afri(|ue, nous croyons devoir la faire connaître. Cette espèce, nommée Termite lucifuge, a été observée à la Rochelle et à Rochefort; elle y a occasionné de nombreux dégâts; on a reconnu son existence également à Bordeaux. « Les ouvriers et les soldats sont neutres sans aucune trace « de sexe, mâle ou femelle. Ce sont cependant, d'après leur avec des taches brunes en travers, à bords inégaux et ondulés, contenant des œufs innombrables, disposés en lignes parallèles, qui sont pondus d'une manière continue pendant des années. Cette femelle passe avec son mâle toute une nuit, et au soleil levant, ses ailes desséchées tombent ; on la trouve renfermée dans les cellules dont l'orifice a été clos par les larves , de manière à ce qu'elle n'en puisse sortir, et elle estalors nourrie par les pluspetiteslarves.il y a parmi celles- ci des ouvrières qui travaillent pour tout le troupeau, et qui élèvent des cons- tructions ; elles nourrissent leurs parents et les soignent. Ces larves sont petites, à six pattes, elles ont des mâchoires co>irtes, fortes, dentées, avec des antennes moniliformes de la longueur de la tète ; elles sont le plus souvent pâles, sans yeux; les nymphes sont également aveugles. D'autres individus, qu'on regarde comme des neutres, ne travaillent pas; ce sont des soldats appelés à défendre la famille, attachant leurs mâchoires très-pointues et sans dents sur le corps de leurs ennemis, dont il est difficile de les extraire. C'est avec ces mêmes mâ- choires qu'elles attaquent Uîs bois et les feuilles en les frappant avec bruit. Ce sont aussi des soldats surveillants qui pressent les ouvrières au travail quoique celles-ci soient aussi privées d'yeux ou aveugles. Leur tête est très-grosse, et elles ont des antennes en chapelet, dont la longueur excède celle de leur corselet. NÉVROPTÈRES STÉGOPTÈRES. G. TERMITE. ' jbb t anatomie , des femelles incomplètes, toujours privées •( d'yeux. Les uns, les ouvrières, creusent les nids, cons- « truisent les galeries et soignent les jeunes ; les autres sont « chargés de la défense de la société, ce qu'elles font avec « grand courage. Ces deux sortes de neutres diffèrent par « le volume de la tête et par les mandibules; jamais ils ne « sortent de leur nid et restent aptères pendant toute leur '< vie. « IjCs larves subissent trois mues : d'abord elles ressem- (c blent aux neutres, mais à la seconde mue on leur trouve (c des rudiments d'ailes. Les nymphes des individus sexués 'f offrent deux formes différentes ; les unes ont des fourreaux >( d'ailes longs , les autres ont ces fourreaux courts et >t étroits. 5) Les individus ailés ont seuls des yeux; les pre- miers émigrent au printemps; leurs organes reproducteurs sont peu développés ; ils sont moins féconds, et se réunissent par couple, après la chute des ailes. M. Lespès leur a donné les noms àe petits rois et de petites reines. Ils vivent ensemble jusqu'à l'été suivant. A l'automne, les nymphes de la seconde forme engendrent aussi des individus mâles et femelles infiniment plus producteurs. Ceux-là ne paraissent pas avoir besoin d'émigrer. Ils vivent à côté l'un de l'autre, sans être renfermés dans une cellule spéciale, et on les y trouve jusqu'au mois de juillet. L'abdomen de la femelle acquiert un très-grand volume, mais il n'est pas comparable a celui des espèces exotiques. L'auteur a étudié l'organisation de ces insectes dans leurs divers états, et il a donné sur ce sujet les renseignements les plus curieux. Il nous est impossible d'entrer dans tous ces détails dont nous énonçons la source. 95. ^56 liNTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Smeathaii a décrit cinq espèces, nous citerons les trois suivantes : 4. Termite belliqueux. Termes bellicosvm. Corps brun; ailes brunâtres, à bord externe ou côte plus épaisse et ferruginetise. C'est l'espèce que Linné a décrite sous le nom de Fatale, et de Geersous celui de Capense; on la trouve aux Indes et dans l'Afrique équinoxiale. Les oiseaux et les naturels du pays la mangent, mais elle est un véritable fléau, parce qu'elle détruit et dévore tous les ustensiles, les vêtements, les livres, les provisions, ainsi que les boiseries, les charpentes des maisons et même des vaisseaux, en laissant leur apparence entière à la superficie, tandis que l'intérieur se trouve entièrement détruit, sans qu'on ait pu s'en apercevoir. On cherche à s'en débarrasser par la chaux vive et le fumier. Ces troupes innombrables d'insectes se déplacent, éniigrent et voyagent en se creusant des voûtes ou des passages souterrains ; elles bâtissent des nids composés d'argile et de sable, d'un véritable mortier consolidé par une sorte de bave. On voit qu'elles se sont ménagé des ciiemins, des routes tortueuses, mais dans des directions variées et régulières. Ces nids, vus de loin, ont la forme de huttes qui atteignent souvent en élévation le dou- ble de la taille d'un homme; sur leur surface, on voit des sortes de pro- montoires ou de tourelles coniques. Ces masses prennent assez de con- sistance pour que les hommes et même les buffles puissent les gravir sans les enfoncer, quoiqu'elles soient excavées à l'intérieur. 2. Termite mordant. T. mordax, de Forskhâl et Fabricius. Noirâtre, à an- tennes et pattes pâles ; ailes brunes à côte externe noire ; bords des anneaux du ventre blanchâtres. Cette espèce construit des nids dans la composition desquels entrent des végétaux. Ce sont comme des fûts de colonnes ou des cylindres de cinq à six décimètres de haut, surmontés d'un disque en chapeau arrondi et voûté, qui dépasse comme un toit protecteur le diamètre de la colonne. 3. Termes destructeur. T. deslructor. Corps d'un jaune brun; tête noirâtre; an- tennes jaunes. Cette espèce attache son nid sur les grosses branches des arbres. Elle lui donne une forme globuleuse et la masse en est souvent énorme, de plus d'un mètre et demi de circonférence, sur autant de hauteur. Ces nids sont composés d'un gâchis de feuilles, de branches et de terre, réunies avec des sucs gonmieux et résineux qui prennent beaucoup de solidité. XÉVROPTÈRES STÉGOPTÈHES. G. TERMITE. 767 U nous reste maintenant à indiquer les deux espèces qui paraissent avoir été transportées à Bordeaux et à Rochefort, sur lesquelles Latreille, et de- puis MM. de Quatrefages, Blanchard et Lespès ont fourni de très- bons renseignements; ce sont : i. Termite lucifuge. T. lucifugum. Noir; ailes brun.âtres un peu transparentes, avec la côte plus obscure; extrémités supérieures de ces antennes, jambes et tarses d'un roussâtre pâle. Voilà ce qu'a écrit Latreille et il ajoute : il s'est tellement multiplié à Ro- chefort dans les ateliers et les magasins de la marine, qu'on ne peut réussir à le détruire et qu'il y fait de grands ravages. C'est cette espèce qui a fourni le sujet du savant Mémoire de M. Lespès, cité plus haut. 5. Termite à corselet jaune. T. flavicolle. Cette espèce, suivant Latreille, ne différerait de la précédente que par la couleur de son corselet; il ajoute qu'elle nuit beaucoup aux oliviers, surtout en Espagne. 189. Genre PSOQUE. PSOCVS. (Latreille.) Caractères : Névroptères tectipennes ; a antennes longues, en soie ; à ailes très-minces, en toit plat à la base; corselet ridé; tarses à deux articles ; une tarière en scie dans les femelles. Le nom de Psoque est tiré du grec (J^ao) ou ij/ù, je réduis en poudre , im\-id\}^dih\(i^ minutim sépara, parce qu'en effet, ces insectes détruisent le bois et le perforent de trous en , , , . , r laissant en apparence les seules enveloppes extérieures solides, de sorte que, si l'on vient ii les détacher ou à les déplacer, elles se réduisent en poussière. Nous avons exprimé dans le tableau synoptique de cette famille des Stégoptères le caractère essentiel et comparatif 758 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. de ce genre, qui réside dans les deux seuls articles par lesquels se terminent leurs tarses. 11 y en a cinq dans les Fourmi-lions et les AscalajDlies dont les antennes sont en outre renflées. Il y en a le même nombre dans les Panorpes et les Semblides dont les antennes sont en fil et non en soie. Les Hémérobes en ont également cinq, c'est surtout ce qui sert à les distinguer des Psoques auxquels on les avait réunis. Dans le genre Ra- phidie, les antennes sont en fil, avec quatre articles aux tarses et trois dans le genre Perle. On a nommé ces insectes, assez improprement, les Poux du bois. Ils ont les plus grands rapports de mœurs avec les Termites ou fourmis blanches. Ils détruisent les vieux meu- bles et principalement ceux qui sont établis avec des bois très-tendres. Ils attaquent aussi les plantes sèches et les pa- piers ; aussi font-ils beaucoup de tort aux herbiers et aux herboristes. Ces insectes sont en général de petite taille et très-mous; ils courent et marchent avec une grande prestesse, la tête et les mâchoires en avant; ils vont, dans le danger, se placer sur la face opposée au |)oint où. le mouvement et la lumière se font craindre. Quelques espèces peuvent s'élancer ou faire de petits sauts. Les larves et les nymjjhes ressemblent aux insectes parfaits, à l'exception des ailes qui leur manquent ou dont ils n'ont que les rudiments. Ces ailes sont d'une té- nuité telle que la lumière s'irise ou se décomposeà leur sur- face. On connaît une trentaine d'espèces dans ce genre. Leur étude n'a pas été suivie avec autant de soin que celle des Termites auxquels elles ressemblent beaucoup. Voici l'indi- cation des espèces que l'on trouve aux environs de Paris. NÉVROPÏÈRES STÉGOPTÈRES. G. l'SOQUE. yot} I. Psoque deux-points. Psocus bipunclatvs. Tacheté de jaune et de brun; ailes transparentes, à nervures brunes et deux petits points noirs. C'est cette espèce que Geoffroy a décrite comme une Psylle n" 9. Ses ailes dépassent et couvrent tout le corps. On la trouve souvent sur les vieux chênes dans les bois. i. Psoque pulsateur. P. pulsatorius. Il reste sans ailes, dit-on ; en général, il est d'un blanc sale; mais il varie pour la couleur. C'est l'espèce qui est la mieux connue sous le nom de Pou du bois, il se trouve dans les vieilles boiseries de tilleul, de sapin, de peuplier, sur les osiers des vieux, paniers. Latreille, qui a fait une monographie de ce genre, ne croit pas qu'on doive lui attribuer les pulsations qui se font souvent en- tendre dans les anciennes boiseries. Il attribue ce petit bruit de tic-tac aux Vrillettes [Anobium], qu'on nomme en effet Sonicéphales, c'est-à-dire qui font du bruit avec la tête. Cependant la plupart des auteurs ont nommé ce Psoque l'Horloge de la mort, Uorologium mortis, Hcmerobius fatidicus. ;{. Psoque pédiculaire. P. pedicu/arivs. Brun; ailes sans taches; abdomen d'un blanc sale. Latreille le regarde comme l'individu parfait de l'espèce précédente, qui ne serait qu'une larve ou une nymphe. Le fait est qu'on l'observe seulement en automne, et que les individus sans ailes se trouvent pendant tout le reste de l'année. 4. Psoque morio. P. morio. Noir, avec la moitié seulement des ailes supé- rieures tout à fait hyalines, irisées. Ce genre comprend un très-grand nombre de très-petites espèces qui, vers la fin de l'automne, volent par milliers dans l'air, à tel point que nous avons vu des peintures à l'huile, exposées en plein air, complètement re- couvertes du corps de ces insectes et tellement altérées qu'après les avoir enlevés on fut obligé dy appliquer une nouvelle couche de la même cou- leur. 760 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 190. Genbe HÉMÉROBE. HEMEROBIVS. (Linné.) Caractères : Névroptères tectipennes, à cinq articles à tous les tarses et à antennes en soie. Ces simples notes suf- fisent pour faire de suite reconnaître les espèces de cette race parmi tou- tes celles qui doivent être rangées dans lès neuf autres genres. Ce nom d'Hémérobe, emprunté du grec d'après un pas- sage fort obscur de Pline le Natiu'aliste, semblerait plutôt devoir être rapporté aux Ephémères, qui ne vivent qu'un seul jour, vî(;.5po6iO(;, qu'aux insectes dont nous nous occupons; car ils vivent certainement pendant plusieurs semaines sous l'état parfait, quoique leur nom paraisse indi(juer le con- traire. Les Hémérobes sont des insectes à quatre ailes nues, dont les nervures sont réticulées; les pattes pentamérées et les parties de la bouche distinctes, non recouvertes par les lèvres; de plus les antennes longues et diminuant insen- siblement de la base à la pointe. On voit donc que les Hémérobes diffèrent des Agiiathes, comme les Phryganes et les Ephémères; ensuite des Odonates ou Libellules, dont les antennes sont excessivement courtes et terminées par un poil. Or, parmi tous les autres Stégoptères, les caractères essentiels indi(jués ci-dessus ne permettent aucune hésita- tion dans la classification naturelle et systématique. NEVROPTEIIES. STEGOPTEUES. G. HEMEHOBE. 70 1 Les larves des Hémérobes sont plus allongées que celles des Fonrnii-lions. Elles ne marchent pas à reculons, mais directement en avant et en s'accrocliant par l'extrémité pos- térieure de leur cor|)s allongé et étroit. Elles dévorent et semblent sucer les pucerons, en les tenant entre leurs mandi- bules, qui sont percées à la pointe comme celles des Fourmi- lions. La plupart n'emploient (pie seize à vingt jours avant de parvenir à leur transformation. A cette époque, ces larves se retirent dans les replis de quelque feuille, et là elles se filent une coque de soie très-fine, arrondie en boule, de la grosseur d'un pois. On dit qu'elles ont leur filière si- tuée, comme celle des araignées, vers la partie postérieure et inférieure du corps, qu'elles font agir avec beaucoup d'a- dresse pour former l'espèce de boule, creuse comme un pelo- ton concave, auquel la nymphe sert pour ainsi dire de noyau. Ces nymphes sont semblables pour la structure, et non pour la forme, à celles des Fourmi-lions. Elles ne sont pas agiles sous ce dernier état, comme celles des Phryganes et des Éphé- mères ; quelques espèces même paraissent passer l'hiver sous cette forme. L'insecte parfait, quand il sort de son cocon, étonne par son volume, et on a peine à concevoir qu'il ait pu être con- tenu dans un espace si exigu. Il est vrai que ses ailes sont si minces, si légères, et le corps si peu pesant, qu'il a peine à se soutenir sur l'air qui le transporte. Au reste, cette même observation peut s'appliquer à la métamorphose des P'our- mi-lions. Les œufs que pondent les Hémérobes présentent une par- ticularité qui en a imposé à jjlusieurs observateurs; car tantôt on les a décrits comme des plantes parasites Crypto- 96 yÔa ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. games, tantôt comme des fleurs avortées. Réaumiir les a très-bien représentés. Ce sont de petites masses globuleuses flxées à l'extrémité d'un long filament qui semble s'être dé- taehé d'une feuille ou de la tige d'une plante et dont plu- sieurs partent en rayonnant comme d'un point central. Réaumur pense (jue quand la mère pond ses œufs, chacun d'eux se trouve envelop|ié d'une humeur visqueuse qui, fixée sur le point où l'Hémérobea placé le bout de son ventre, entraîne en s'éloignant la matière visqueuse qui se sèche en une sorte de filament comme un brin de soie, à l'extrémité libre duquel l'œuf reste adhérent et soutenu dans l'air, comme par une sorte de précaution préservative de ces germes placés près des Pucerons. Toutes les larves des Hémérobes se ressemblent à j)eu près pour la forme; mais les unes ont le corps nu; d'autres ont des touffes de poils sur les côtés. Quelques-unes se revêtent des dépouilles ou des peaux desséchées des pucerons qu'elles ont dévorés, pour se déguiser et se soustraire à la voracité des oiseaux, comme certaines larves de Cassidesetde Crio- cères se masquent sous les excréments rlont elles restent entièrement revêtues. Sous l'état parfait, les Hémérobes sont de très-jolis in- sectes, dontle corps mou et translucide, très-léger, se trouve soutenu par des ailes transparentes d'un tissu si mince ou d'une ténuité telle que la lumière se décompose à la surface, et s'irise sur leur feuillet. Leurs yeux saillants et globuleux sont en général très -brillants, d'une teinte métallique, souvent dorée, ce qui les a fait nommer par Moufet des Chrysop- sides. Quelques espèces, au moment où on les saisit, et pro- bablement dans le but d'échapper à la voracité des oiseaux, NliVKOl'TÈUES. STÉROI'TÈIŒS. G. HÉmÉROBE. 763 laissent éclia|)per de leur corps une humeur d'une odeur in- fecte et ré|)U£,mante analogue à celle de certains excréments. Les principales espèces du genre Héniérobe sont les sui- vantes : I . Hémérobe perle. Uemerobius perla. D'un vert jaunâtre ; à ailes transparentes et à mailles très-fines,, à nervures vertes. C'est le lion des Pucerons, décrit et figuré par Geoffroy, pi. XIII, fig. 6 ; c'est aussi celui que Petiver indique par l'odeur désagréable et impré- gnante qu'il exhale, sous l'épithète de merclam redolens. •2. Hémérobc aux yeux d'or. H. c/injsop.i. Son corps est vert, tacheté de noir; ses ailes transparentes ont des nervures parsemées de brun. Elle est plus petite que la précédente; sa larve se revêt des dépouilles des pucerons. a. flémérobe pha/énonle. H. phalennides. Jaunâtre ou rousse; ailes supérieures plus larges à la base, et comme tronquées et découpées en arrière, formant un toit très-aigu sur le dos. Réaumur en a donné une bonne figure dans ses Mémoires, tome 111, pi. ni, fig. 8; on en a fait le type d'un genre, ainsi qu'on a cru devoir en faire un autre de l'espèce suivante : * -i. Hémériée (acheté. H. waculalus. Trois stemmates; ailes très-grandes, trans- parentes, tachetées de brun et de jaunâtre, antennes noires à articles noueux. Latreille en a fuit un genre sons le nom d'Osmyliis; prubableineiit parce qu'elle p(jite une mauvaise odeur. M. Rambur, dans son Histoire des Névroptères, publiée en 184:2, a sub- divisé cette famille, qu'il nomme Hémérobides, en six sous-genres sous des noms distiiicts. 96. 764 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 191. Genre PANORPE. PAISORPA. (Linné.) Caractères: Ncvroptères à ailes couchées en toit sur le dos ; à tête verticale prolongée comme un museau; à antennes longues filiformes; ailes étroites; cinq articles aux tarses. L'étymologie de ce nom re.ste in- certaine. On sait seulement (jue les Grecs désignaient sous celui de to- vo'pTT/)? quelques insectes qui avaient de bons yeux qui pouvaient voir de tontes parts, TcavùTCTviç; mais c est une conjecture. Moufet est le premier observateur qui ait fait connaître et passablement figuré sur bois le n)âle et la femelle, et surtout la forme de la bouche et la queue du mâle, dont il indique les mouvements en les comparant à ceux de la queue des Scorpions. A l'aide des caractères indicjués ci-dessus, il est facile de distinguer ce genre de tous ceux de l'ordre des Névro|)tères, qui portent les ailes en toit sur le dos pendant le repos. D'abord, par le nombre des cinq articles aux tarses, qui les sépare des quatre genres Raphidie, Perle, Psoque et Termite; ensuite par les longues antennes filiformes, (|ui sont au con- traire renflées dans les Fourmi-lions et les Ascalaphes; par cette bouche prolongée en une sorte de bec ou de museau, très'différente dans les Semblides, et enfin des Némo|)tères, dont le nom seul indique que les ailes inférieures sont linéaires et i)lus longues que le corps. NÉVROl'TÈlUiS. STÉGOl'TÈRES. G PANORl'E. 766 On ne connaît pas encore les larves des Panorpes. Cepen- dant M. Macquart a trouvé un individu qui sortait de sa dé- pouille de nynijjhe, et cette peau indi(iuait que dans cet état l'insecte était ag,ile. Tout porte à croire que ces insectes vivent dans des lieux humides; car on les rencontre princi- jjalenieiit dans les prairies et dans les bois ombragés pen- dant tout l'été sous l'état parfait. Ils sont très-carnassiers; ils saisissent au vol de petites espèces de Diptères et de Lépi- doptères, et ils viennent les dévorer sur les plantes où ils se posent assez près de terre. La queue des maies est constituée par des articulations très-mobiles en tout sens; elle se termine par une sorte de pince. C'est le seul exemple de cette conformation bizarre, dont l'insecte semble pouvoir se servir comme d'un moyen de défense. Dans nos environs, nous ne connaissons que deux es- jjèces; mais il y en a d'autres qui proviennent de l'Amériqaie et de l'Africjue. 1. Panorpe commune. Panorpn communis. D'un brun noirâtre, tacheté de jaune ; ailes transparentes, à mailles lâches ; mais à nervures longitudinales ra- meuses et à lâches nombreuses, irrégulières, noires. 2. Panor/,e germanique. P. Germanica. Semblable à la précédente; mais les ailes sont moins tachetées de noir. Elles ont une marque obscure et un point marginal brun. On la trouve dans les lieux les plus secs, particulièrement sur les bruyères. On a recueilli sous la mousse et dans les Alpes du nord une espèce bi- zarre, qui paraît tenir le milieu entre les Névroptères et les Orthoptères, dont la métamorphose n'est pas connue ; c'est l'insecte que Latreille avait nommé Borcnus hyemalis. C'est un très-petit insecte, d'un vert cuivreux, qu'on a décrit aussi comme un Gri/llus proboscidevs. Il vit dans les neiges. 766 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 192. Genre NÉMOPTÈRE. NEMOPTEHA. (Latreille. Caractères : Névroptères à bouche distincte et à nu; à ailes inférieures très-longues, linéaires, un peu élargies à leur extrémité etformant une sorte de queue. Le nom est tiré du grec, de deux mots indiquant le prolongement des des inférieures, de vri^a, en fil, et de TTTepa, ailes. Ce genre, dont le prolongement des ailes inférieures offie un type assez rare, intermédiaire aux Hémérobes et aux Panorpes, avec lesquels ces in- sectes ont été laissés longtemps inscrits. Quoiqu'il ne soit formé que par des insectes la pliijjart étrangers à la France, et ([ui proviennent de l'Afrique et de l'Asie, d'où presque toutes les espèces ont été rapportées, ce genre, par sa conformation insolite, a toujours frappé les voyageurs. Nous avons dû le mentionner, et, en effet, on en a trouvé une espèce en Portugal, en Espagne, et peut-être dans nos régions les plus méridionales; mais on en ignore tout à fait les mœurs. Nous avons fait nous-même repré- senter une espèce, qui a l'extrémité libre des longues ailes linéaires fort élargie et comme roulée sur elle-même; elle se trouve le plus ordinairement dans les collections. C'est la : fSémoptére de Cos. Nemoptera Coa. Ses ailes supérieures restent, à ce qu'il pa- rait, écartées à angle droit; elles sont presque ovales, très-régulière- ment maillées ou en treillis. On n'a pas observé de stemmates ou de petits yeux lisses dans cette espèce. Elle provient des îles de l'Archipel. On l'a ra[)portéc de Morée. NEVROPTERES. STENOPTERES. G. RAPHIDIE. 707 193. Genbe RAPHIDIE. RAPHIDIA. (Linné.) Caractères : ]\ e'vroptères à ailes en toit dans le repos; à tête allongée, ovale, arrondie en arrière, articulée sur un corselet étroit cylindrique ; tarses à quatre articles. Ce nom de genre est tiré du grec : le mot pa'^t;, l'âo;, signifiant une baguette, y?(^«/a, virga , et tâéa, la figure. La forme de la tête, suppor- tée par un cou étroit, avec de grandes mandibules; un corselet très-long, arrondi; les ailes mail- lées, à nervures peu nombreuses, font reconnaître cet insecte dont de Geer a donné la description et la figure dans le second volume de ses Mémoires, pi. XXV, p. 741. Le tableau analy- tique établissant la comparaison entre les genres montre de suite que les quatre articles aux tarses séparent celui-ci des six premiers genres et des trois autres qui en ont moins de quatre, tels que les Termites, les Perles et les Psoques. L'espèce cju'on trouve en France provient d'une larve qui ressemble à celle des Hémérobes; elle est très-vive et Carni- vore ; elle habite sur les crevasses des écorces de l'orme. Sa nymphe, agile, reconnaissable aux fourreaux de ses ailes, ressemble à l'insecte parfait. JNous l'avons observée vivante, et Linné en avait parlé. Raphidie serpent. Raphidia ophiopsis. Tête noire, lisse, plate, allongée, corps brun, bordé de jaune; pattes pâles; ailes diaphanes à réseau noir. La femelle a le corps terminé par une sorte de pondoir ou de tarière qu'on ne voit pas chez le mâle. On a cru qu'elle était une espèce distincte. -68 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 194. Genbe SEMBLIDE. SE M BUS. (Fabricius. Caractères : Névropteres a ailes en toit dans le repos; à horizontalement sur le plan du tronc; tarses à cinq ar- ticles; point de stemmates; point de filets au bout du ventre. Nous ne connaissons pas l'é- tymologie de ce nom. Quoique Linné et de Geer aient inscrit l'espèce principale dans le genre Hémérobe,elleen diffère surtout par les moeurs et le mode du dé- veloppement de la larve et de la nymphe. Geoffroy l'avait placée avec les Perles. M. Latreille, qui l'avait d'abord conservée comme un genre sous ce même nom , lui a donné depuis celui de Sialis. Roesel a reconnu que ses métamor|)lioses ont le plus grand rapport avec celles des Phryganes ou Teignes aquatiques. En décrivant l'espèce principale nous ferons connaître son histoire; c'est la Semblide de la bone. Sumblis lutaria. Corps noir, avec les ailes d'un brun clair, dont les nervures sont plus foncées. L'abdomen n'est pas terminé par des filets. Cet insecte est fort commun sur le bord des rivières dont le cours est lent. Les femelles fécondées pondent un très-grand nombre d'œufs qui sont allongés , mais disposés par la mère comme de petites bouteilles pla- cées verlicalcmcnt, les unes contre les autres, sur les feuilles des plantes aquatiques ou de quelques corps solides à la surface des eaux. Les larves NÉVROPTÈRES. STÉGOVTRRES. G. PERLE. j6ç) qai en proviennent tombent dans le liquide et elles respirent au moyen des branchies. Roësel, qui les a observées, dit qu'elles sont carnassières, et que pour passer à letat de nymphes elles s'enfoncent dans la terre molle des rivages. II paraît que, dans cet état, elles restent immobiles comme celles des Fourmi-lions et des Hémérobes, jusqu'à ce qu'elles aient pris as- sez de consistance pour se livrer aux efforts de leurs membres et pour s'envoler. . M. Léon Duf'our a fait connaître l'organisation de cette larve dans le tome IX, 1848, des annales de Zoologie ; W a reconnu qu'elle était carnassière et qu'elle avait des branchies qu'il a figurées. 195. Genre PERLE. PERLA. (Geoffroy.) Caractères : Névroptères ci ailes en toit, formant un fourreau et comme une gaine qui enveloppe et dépasse Vabdomen que terminent deux longues soies à articles nombreux; corselet plat, compose' de deux portions qui se meuvent en dessus; antennes en soie a beaucoup d'articles; tarses de trois pièces. Tous ces caractères remarquables et comparatifs sont, jusqu'à un certain point, tellement distincts de tous ceux des genres de la même famille des Sté- goptères, qu'ils ont autorisé |)lusieurs entomologistes à réunir ces insectes en un groupe particulier sous le nom de Némoures ou à queue en fil, comme for- mant véritablement un passage à la famille des Phryganes, dont ils se distinguent en effet et par les prolongements des 97 770 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. soies abdominales et surtout par la présence des mandibules qui manquent aux Agnathes comme ce nom l'exprime. Les larves de ces insectes vivent dans les eaux douces et tianquilles; elles y passent toute leur vie, avant d'acquérir des ailes; elles y respirent au moyen de franges latérales dont les formes et la situation varient suivant les espèces. Elles ne se pratiquent pas de fourreau comme celles des Phryganes et leur métamorphose est incomplète;- c'est-à-dire que leur nymphe est active et carnassière de même que celles des Libel- lules et des Ephémères. C'est avec ces dernières qu'elles ont le plus de rapports, car elles ne se filent pas de cocons comme celles des Hémérobes et des Fourmi-lions. C'est à M. Pictet, de Genève, qu'on doit tous ces renseignements sur les larves dont il a étudié l'histoire sur cinq espèces différentes jusqu'à l'état parfait et que nous indiquerons d'après lui, comme étant celles des Némoures et des Perles qu'il a trouvées être à peu près semblables, ne différant sous l'état parfait que par la longuevu' des filets ou des appendices qui terminent l'abdomen et qui sont très-courts et presque nuls dans les Némoures. Voici les espèces principales du genre Perle qui ont été décrites en i832 par M. Pictet, et qu'il regarde comme for- mant un groupe voisin des Orthoptères, d'après les parties de la bouche et les métamorphoses. 1. Perle bordée. Perla marginata. Tête fauve; corselet brun, ridé, avec des marques plus claires; poitrine bordée de fauve. 2. Perle grouse -lèle. P. cephaloles. Tête brune, mélangée de noir et de fauve, sensiblement plus large que le corselet ; abdomen gris, à soies caudales noires. NEVROl'TERES. AGNATHES. '-'j l :j. Perle deux-queues. P. bicaudaia. Brune, avec un trait ftiuve sur l'occiput et le corselet; ailes transparentes, à bord externe brun. \. Perle noire. P. nigra. Très-petite, toute noire, ailes grises. Parmi les Némoures, que M. Pictet décrit au nombre de cinq, nous cite- rons seulement : o. Perle on Némoure cendrée. P.cinerea. Corps noir; ailes d'un gris obscur, veinées de noir, à base jaunâtre. (i. Perle ou Némoure trois bandes. P. Irifasciata. Tète et corselet noirâtres; ailes d'un gris cendré, avec trois bandes transversales d'un blanc jau- nâtre. Vingt-neuvième famille : les AGNATHES ou BUCCELLÉS. Les insectes à quatre ailes nues et réticulées dont il s'agit sont réunis en une famille naturelle, mais, d'après le nom sous lequel nous la désignons, ils sembleraient n'avoir été rappro- chés que par nn caractère négatif, c'est-à-dire l'absence ou la privation des mâchoires. Cependant le genre de vie aquatique des larves, leur mode de respiration et l'histoire de leurs mé- tamorphoses les distinguent évidemment; de sorte que le rapprochement entre les deux genres principaux qui compo- sent, en réalité, deux groupes analogues, autorisait cette clas- sification que de Géer avait adoptée avec le nom d'Aglosses. Les Agnathes, sous leur dernière forme, ou dans l'état de j)erfection, n'ont pas les organes de la mastication assez dé- veloppés pour saisir une nourriture solide ; ils n'ont pas même des organes propres à sucer les liquides, c'est pour cela qu'il devient facile de les i-econnaître à la première inspection de la bouche; car dans les Odonates ou Libellules on est frappé du développement extraordinaire des lèvres qui 97- 772 EXTOMOLOGIE ANALYTIQUE. cachent d'énormes mandibules et des mâchoires dentelées telles qu'on les retrouve chez les Stégoptères, comme dans les Fotirmi-lions et les Hémérobes, chez, lesquels ces organes sont destinés à couper et à broyer la nourriture. C'est donc avec raisonque se trouve établie cette famille des Agnathes dont la bouche est réduite à des organes si réduits dans leur compo- sition qu'on n'y reconnaît que les palpes dont l'emploi n'est réellement qu'une sorted'accessoire à l'acte de la manducatioii. Nous désignons donc sous ce nom d'Agnathes tous les Névroptères dont les parties de la bouche sont trop petites pour être observées à la simple vue et dans laquelle, même par les recherches anatomiques, on ne voit que des traces membraneuses, indiquant seulement les traces des mandibules et des mâchoires. Nous les avions nommés Buccellésou à pe- tite bouche d'après le diminutif ^/^ccr//a et sous le synonyme grec de à privatif et de yvaOoç, mâchoire. Cette bouche ne pou- vant servir à la préhension des aliments, les insectes ainsi con- stitués ne vivent pas très-longtemps sous leur dernière forme; mais la plupart restent à l'état de larves, car pour acquérir tout leur développement ils ont besoin de se nourrir pendant deux saisons. Leurs larves restent toujours dans l'eau et y respirent à l'aide de branchies ou de panaches librillaires extérieurs ; elles éprouvent une métamorphose complète avec cette particularité que la nymphe jouit de tous ses mouvements dans les derniers temps de sa transformation et qu'elle quitte ses enveloppes de chrysalide seulement quand elle est parvenue dans l'air; mais à peine cette dépouille est-elle abandonnée que ces insectes se livrent aux actes pro- créateurs ou vivifiants et que plusieurs pondent et meurent en un seul et même jour. NEVROPTERES. AC.NATHES. Deux divisions principales composent cette famille, dont de Géer avait fait la seconde classe de son premier ordre des Insectes; jusqu'ici on n'y avait admis que deux genres. Dans l'un, celui des Pliryganes, les antennes sont très-longues et dépassent le tronc. Les ailes sont souvent velues et couchées le long du dos dans l'état de repos. Chez les autres, nommées les Ephémères, les antennes, très-courtes, se terminent par un poil; leurs ailes sont très-grandes; les supérieures, dans l'état d'inaction, sont relevées perpendiculairement sur le corselet; les inférieures sont si petites qu'elles semblent man- quer en totalité; dans quelques espèces leur ventre est ter- miné par deux ou trois filaments très-longs, dont les articu- lations semblent représenter des antennes en soie.' Comme nous devons entrer dans beaucoup de détails con- cernant les larves, les nymphes et les Agnathes parfaits dont les mœurs et les habitudes offrelit les particularités les plus intéressantes à faire connaître, nous ne nous étendrons pas davantage sur leur histoire ; voici, au reste, la courte analyse de la classification analytique. A'i.NGT-NEUviÈME fAJULLE : LES AGNATHES ou BUCCELLES (1). Caiiactéres : Névroptères, à bouche très-petite, distincte par les palpes. j plus longues que h tète ; ailes en toit 1 Phrvgane. A ANTENNES ( plus courtes que la léte; ailes étalées 2 Éphébére. (t) De à privatif et de vvà^oç, mâchoire. 774 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 190. Genre FRIG.VNE ou PHRYGANE. PHRYGANEA. (Linné.) Caractères : ISéK^ropleres a mandibules et autres parties de la bouche très-peu développées ; à ailes couchées en toit, recouvrant et dépassant le ventre qui ne porte pas de fda- ment à la queue, antennes en soie très-longues et souvent plus étendues que le corps. Le nom de Phrygane est grec, (pp'jyàviov , et signifie une jéiinion de petites Ijranches , virgultorum collectio. Il est très-pro- pre à indiquer une parti- cularité de la manière de vivre de quelques-unes des larves de ce genre, qui vivent dans des étuis ou fourreaux, autour desquels ces insectes font adhérer des brins de joncs ou des fragments de plantes aquatiques, dont l'ensemble représente une petite bourrée. Le verbe ©p'jYav{^o|7.ai exprime ce fait : vir- gulta arida colligo, je] ramasse du petit bois sec. Quelques auteurs, comme Réaumur, ont nommé ces larves des Teignes aquatiques parce qu'elles vivent dans une fourrure. Ce cé- lèbre et si habile observateur a consacré plusieurs planches de son admirable ouvrage à représenter ces fourreaux des Phryganes. DeGéer a aussi donné des observations très-im- portantes sur ce genre dans la première partie du tome H, page 4y7, et M. Pictet de Genève, qui, en i834, a publié une histoire complète de ces insectes, sous le titre modeste de Recherches sur les Plirygnnides^ a porté encore plus loin ses NÉVROPTÈUES. AC.NATHES. G. PHRVGA\E. 77S observations en décrivant et représentant l'histoire et l'orga- nisation de ces insectes sous leurs divers états et les détails les plus curieux sur leurs mœurs. D'après l'étymologie sur laquelle nous avons cru devoir insister, nous devons avouer que Geoffroy a eu tort de traduire en fi-ançais le nom donné par Linné, en n'en conservant pas l'orthographe si instruc- tive et en l'écrivant Frigane, nom qui a été reproduit dans quelques-uns de nos dictionnaires et même par de Géer, qui écrivait en Suède. Ainsi' qu'on l'a vu dans l'énoncé de la classification de cette famille des Agnathes, nous n'y avons inscrit que deux genres principaux. Celui dont nous nous occupons ici pour- rait utilement être subdivisé eu plusieurs autres, mais son caractère le plus évident, si on le compare avec celui des Éphémères, consiste dans la forme et la longueur des an- tennes, qui sont toujours au moins aussi longues que le corps, quand elles ne le dépassent pas. Dans l'autre genre jjrincipal, les antennes sont excessivement courtes; il s'y joint de plus le port des ailes, qui sont plissées et étendues le long du corps chez les Phryganes ; tandis que, dans les Ephémères, ces ailes sont étalées, verticales ou horizontales , toujours éloignées de l'axe du corps, qui se termine cons- tamment par de longs filaments articulés, et semblables à des antennes qu'on croirait fixées ainsi vers la queue. Les Phryganes, sous l'état parfait, ressemblent de prime abord à de petites Noctuelles ou à des Pyrales, ce qui les avait fait nommer Mouches papillionacées. Leur corps mince, allongé, est velu; leur tête, petite, a des yeux saillants; leur front, quoique couvert de poils, laisse apercevoir chez quelques espèces deux ou trois stemmates; leurs longues an- 776 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. tennes à anneaux nombreux, sont dirigées en avant et [)aral- lèlement dans le repos; elles sont très-niobiies. A la bouche, on aperçoit seidenient les quatre palpes allongés que l'in- secte, pendant la vie, ne cesse de remuer avec rapidité. On a retrouvé dans cette bouche les traces membraneuses des mandibules et même celles des mâchoires; mais il n'y a ja- mais de trompe ou de spirilangue, comme dans les Lépidop- tères. Le corselet est composé, de même que dans presque tous les insectes, des trois régions : le prothorax, qui ne paraît presque pas du côté du dos, et qui porte la première paire de pattes ; la seconde ou le mésothorax qui reçoit les articulations des pattes moyennes et des ailes supérieures, et la troisième région, dite métathorax, qui sert de point d'appui et donne le mouvement aux ailes inférieures et à la dernière paire de pattes. Ces pattes sont généralement grêles, allongées; leurs jambes sont le plus souvent épineuses, ou garnies d'éperons, et leui's tarses munis de cinq articles, rarement de quatre dans certains sous-genres. Les ailes supérieures, portées tou- jours en toit sur la longueur du dos qu'elles dépassent, ont de grosses nervures longitudinales, ordinairement velues, poilues ou écailleuses; elles sont quelquefois colorées, opaques ou tachetées; les inféiieures sont plissées en long. On trouve les Phryganes dans tous les lieux humides, aux environs des rivières et des étangs au fond desquels leurs larves se développent. Elles ne volent guère que le soir ; dans la journée elles restent fixées et immobiles comme les Noc- tuelles. Quand elles sont ainsi tapies, elles ont leurs antennes dirigées parallèlement en avant, l'une à côté de l'autre, sui- vant l'axe du corps dont elles semblent être la contijiuité. Au moindre mouvement, à la plus petite crainte qu'on ins- XEVKOPTERKS. AG.VATHIÎS. G. PHlUGAMi. -j'j'-j pire à l'insecte, ses antennes s'écartent vivement et semblent vibrer. Alors la Phrygane s'agite avec rapidité et ne tarde pas à prendre son vol pour se porter à quelque distance. Comme tous les insectes nocturnes, les Phryganes sont atti- rées parla linnière; aussi, dans les soirées d'été, viennent-elles, comme les Ephémères et les Phalènes, se jeter sur les bougies allumées, et nous avons vu plusieurs fois les glaces des réver- bères placés sur les quais ou sur les ponts de la Seine cou- vertes entièrement par ces insectes, dont un grand nombre, en se précipitant surla flamme, étaient tombésmortsauxenvirons. Avant de poursuivre les détails de l'histoire bien curieuse de ces insectes, nous copierons ici les renseignements que nous avons cru devoir donner sur ce sujet dans un rap- port verbal dont nous avions été chargé, et qui ont été in- sérés dans le tome X, page 164. de la seconde série des Annales de Zoologie. J'y ai présenté une idée générale du grand ouvrage de M. Pictet que nous avons cité plus haut; nous poursuivrons ensuite l'étude des larves. Voici un extrait de ce rapport. 11 est une famille d'insectes à quatre ailes en réseau, dont l'histoire est des plus curieuses par la manière dont les larves, vivant et se nourrissant toujours dans l'eau, savent se mettre à l'abri de la voracité des poissons qui en sont très-friands; ces sortes de chenilles à six pattes, qu'on a nommées des Teignes aquatiques, sont bien connues des pécheurs, car ils les recherchent pour en amorcer leurs lignes. La plupart des espèces se construisent une sorte de fourreau ou d'étui de soie; elles le recouvrent de diverses sortes de corps étran- gers que chacune dans son espèce, et suivant un instinct ad- mirable, sait choisir d'une manière toute particulière et ap- 98 778 ENTOTVIOr.OniE AXALYTIQUE. propriée à la nature des eaux dans lesquelles doit se passer ce premier mode d'existence. Cet étui, le plus souvent mobile et transportable^ ou cette sorte de demeure portative, et même l'habitant de cette case, ont pris le nom vulgaire de Casets ; plusieurs de ces larves trament péniblement après elles ces fourreaux, cpi'avec in- tention elles ont rendus plus lourds par l'addition de quel- ques pierres ou de co(juilles dont les habitants sont encore vivants et qu'elles ont l'air de charrier au fond des eaux ; on les a encore désignées sous le nom de Charrées. Les naturalistes les réunissent aujourd'hui sous une déno- mination générique plus savante, que Belon, le premier, a empruntée du grec, et qui a été adoptée par Linné, parce qu'elle ex prime cette particularité de l'instinct des larves dont nous venons de parler et qui leur a valu le nom de Phrygane. L'insecte, sous l'état parfait, doit quitter les eaux pour exercer une vie aérienne. A cette époque de la transformation, qui s'opère dans son étui, et au moment où elle vient d'en sortir, la nymphe, qui jouit de la faculté de se mouvoir, olTre encore \\n& des particularités des plus curieuses dans l'his- toire des insectes et dont nous avons été témoin plusieurs fois. Les ailes et les membres de cette nymphe sont ren- fermés dans une peau qui constitue une sorte d'enveloppe bien moulée sur la surface du corps, mais d'une seule pièce ou d'un seul morceau, dont elle doit se dépouiller. Après avoir brisé l'une des grilles à claire-voie de la cage protectrice que la larve s'était construite au moment où elle allait se métamorphoser, la nymphe en sort rapidement, et dès ce moment elle se meut et nage avec vitesse pour venir s'ac- crocher à quelque tige de plante ou à tout autre corps NEVKOPTKUiis. a<;n\thks. (v. ph«V(;ani;. ■jji) solide émergé dans l'air. C'est là qu'elle se place solide- ment un peu au-dessus du niveau de l'eau, et en moins de cpielques minutes on voit tout à coup son corps se gonfler, se boursoufler comme luie vessie remplie d'air; sa peau des- séchée se crève au milieu du dos et présente une déchirure allongée, par laquelle on voit s'opérer aussitôt une sorte de parturition on d'accouchement. Pendant ce travail pa- raissent successivement les ailes, les pattes, la tête et enfin tout l'abdomen, laissant en place la dépouille vide, mais complète et d'une seule pièce, que l'insecte abandonne; mais cet état de la nymphe peut être prolongé ou cesser très- rapidement, comme nous le dirons, selon certaines circons- tances que nous avons nous-même produites ou occasionnées volontairement. Nous allons maintenant continuer l'étude de ces insectes par quelques détails importants à faire connaître. D'abord ces larA^es, ou nous pourrions dire ces chenilles aquati- ques, munies de six. pattes en tout, sont ordinairement blanches ou étiolées, parce que la plupart restent à l'abri de la lumière, renfermées dans leur fourreau. Ces pattes sont placées près de la tête et sortent de l'étui; les antérieures sont souvent de moitié plus longues que les deux autres paires; leur corps allongé est formé ordinairement de neuf segments et se termine en arrière par des crochets écailleux forts et recourbés eu manière de crampons pour se fixer assez solidement dans le fourreau, ce dont ou s'assure quand on veut en extraire la larve; car il faut faire un effort qui est bien coiniu des pêcheurs, quand ils veulent l'employer pour en garnir leurs hameçons. [.a tête de ces larves est ecailleuse; les trois anneaux qui 98. 7S0 KNIOMOLOGIE ANALYTIQUE. suivent correspondent aux régions du thorax. Leur boticlie est munie de deux inandibules tranchantes que l'insecte em- ploie pour saisir ses ahments et pour couper et arranger les particules des végétaux, ou pour disposer et faire adhérer les matériaux qui doivent entrer dans la construction de son domicile transportable. On voit en outre, dans la bouche, les filières par lesquelles la larve fait sortir la matière filamen- teuse ou le tissu de soie qui sert de base à l'étui le plus inté- rieur du fourreau. Les trois segments du corselet ne sont pasgarnis de franges ou d'organes branchiaux comme on les observe dans les Ephémères et mieux dans les Perles. Les neuf anneaux dont se compose le ventre offrent des particularités importantes à connaître. Ainsi, sur le premier, on voit en dessous, ou du côté du dos, trois tubercules charnus, plus ou moins saillants, qui donnent à cette larve le moyen de s'appuyer ou de se retirer dans l'intérieur de son fourreau et en même temps de s'y mouvoir comme les larves des Cicindèles, ou comme celles des Capricornes dans leurs galeries diverses. Les an- neaux qui viennent ensuite, à l'exception du dernier, sont garnis d'un grand nombre de filaments blanchâtres, disposés en doubles faisceaux, qui peuvent se dresser, et paraissent être des organes de la respiration aquatique ou des sortes de branchies. Réaiuiiur, qui les avait observés, dit qu'il se- rait tenté de croire (pi'ils fout l'office de branchies chez les poissons. Ils ont, en effet , le plus grand rapport avec les panaches que l'on observe sur les larves des K|)hémères et que Svvammerdam a si bien observés, et c'est à tort que Vallisnieii a cru ces filaments destinés à faire adhérer plus aisément la larve à son fourreau. NEVROPTÈRES. Ar.NATHES. G. PHRYGANE. 78 1 Réaunuirii observé que les larves, extraites forcément de leur fourreau, peuvent y rentrer, quand elles se trouvent pla- cées dans le voisinage, mais la tête la première, quoique ce fourreau soit généralement fermé à l'extrémité opposée; probablement sa capacité est assez large pour que l'insecte puisse s'y retourner; mais, dit cet auteur, si ces larves ren- trent dans le fourreau, ce n'est pas qu'elles soient pares- seuses pour s'en faire d'autres. Voulant les voir à l'ouvrage, il en a mis plusieurs dans cette nécessité, et il décrit, avec beaucoup d'intérêt pour nous, les procédés qu'il leur a, vu mettre en usage pour se faire, comme il le dit, des habits neufs, soit pour allonger les leurs, soit pour y ajouter des pièces, les alléger ou les lester, su ivant les cas, ainsi que nous aurons occasion de le dire, d'après nos propres observations, dont les résultats sont très-curieux. Ces tuyaux, comme on l'a vu, varient beaucoup pour la forme et la disposition extérieure par suite des différences delà structure des larves de plusieurs des sous-genres; il paraît même que chaque espèce offre des particularités dans l'art avec lequel chacune doit constiuire sa demeure, et suivant la nature et le plus ou moins de rapidité du cours des eaux dans lesquelles l'espèce est appelée à se dévelop- per, et les circonstances qui exigent des arrangements et des précautions qu'il semble que la nature leur ait fait prévoir. Ces fourreaux sont en général un peu coniques, au moins dans leur intérieur; ils ne sont ouverts que par le bout qui livre passage à la tête et aux pattes. Les uns, et ce sont ceux des larves qui se trouvent constamment dans les eaux courantes, sont couverts en dehors de toutes sortes de substances un peu lourdes : de graines, de petites pierres, de fragments de 782 KNTOMOLOGIE ANALYTIQUE. coquilles, de brins de végétaux que l'insecte agglutine ou fixe avec des fils de soie au dehors de son étui. Souvent, et c'est encore une observation de Réaumur qu'il est très-facile de vérifier, on rencontre de ces fourreaux qui sont entière- ment recouverts de Planorbes, deBulinies, deTellines, de Né- rites, quelquefois d'une même espèce, et dans chacune de ces coquilles se trouvent les mollusques vivants. Ces coquilles sont si bien attachées au fourreau qu'il n'est pas possible au véritable propriétaire delà coquille de se séparer de la surface à ^aquelle il adhère. Réaumur, racontant ce fait, ajoute: « Ces « sortes d'habits sont fort jolis, mais ils sont aussi des plus « singuliers. Un sauvage (|ui, au lieu d'être couvert de four- « rures, le serait de rats musqués, de taupes ou autres ani- « maux vivants, aurait un habillement bien extraordinaire; hose étaient l'impos- sibilité dans la(|uelle nous tenions ces nymphes de pouvoir s'accrocher de manière à sortir du vase en verre et d'arriver dans l'air; car, en leur présentant une petite baguette, elles ne tardaient pas à s'y accrocher pour s'élever verticalement dans l'atmosphère. C'est un fait parfaitement constaté, d'a- bord par de Géer, et que nous avons trouvé l'occasion de consigner dans l'histoire des Phryganes, parce que nous avons pu le suivre dans tous ses détails. Nous avons décrit, un peu longuement, ces mœurs cu- rieuses des Phryganes ; cependant leur histoire particulière aurait exigé bien plus de développement. Nous allons main- tenant indiquer brièvement la classification fju'en a faite M. Pietet; mais nous croyons devoir isoler les caractères es- sentiels de ce groupe des Phryganes^, et les présenter ainsi de nouveau et en abrégé. Cet auteur a subdivisé cette famille qu'il nomme les Phryganides en huit genres, seulement pour les espèces qu'il a i)u étudier dans les environs de Genève, et qui sont au nombre de cent vingt. Tous ces genres sont NÉVKOPTÈRES. AGNATHES. G. l'HRYGANE. ^87 établis d'après les rapports oijservés entre les mœurs des larves et les formes des insectes parfaits et, autant que pos- sible, confirmés parla structure ou l'organisation des espèces. Les Phryganes sont des Névroptères ;i bouche très-petite, distincte seulement par les palj)es allongés; à antennes plus longues que leurs ailes, (jui sont couchées en toit sur le dos pendant le repos, et dépassant le bout de l'abdomen, qui n'est pas terminé par des poils. Nous allons nous borner à faire connaître quelques es- pèces du genre Phrygane. 1 . Phrijgane striée. Phryganea striata. Couleur fauve , avec les yeux bruns foncés; ailes d'un gris jaunâtre, dont les nervures sont saillantes, d'un roux brun, avec une tache blanche à l'extrémité; pattes très-longues et épineuses. C'est la Phrygane couleur fauve de Geoffroy, qu'il a fait figurer, pi. xin, fig. 5. Réaumur en a donné l'histoire dans le tome III de ses Mémoires Et pi. xiii. Elle ne vole que le soir sur les bords de l'eau; le jour, elle reste tapie dans les lieux obscurs. 2. Phrygane grise. P. grisea. Grise, avec les ailes supérieures nébuleuses et une tache marginale noire. De Géer en a fait l'histoire complète dans le tome II, pi. xiii, fig. 18 à 21. 3. Phrygane grande. P. grandis. Ses ailes sont cendrées, avec deux hgnes longitudinales noires et un point blanc. 4. Phrygane rhombe. P. rhombica. Ses ailes sont d'un jaune brun, avec un« large taclie blanche rliomboïdale. C'est la Phrygane panachée de Geoffroy ; c'est elle aussi dont Réaumur a étudié les mœurs et qu'il a fait figurer, tome III, pi. xiv, n° 5. ». Phrygane deux-taches. P. bimaculala. Ailes brunes, avec deux taches jaune» en croissant l'une au devant de l'autre. 6. Phrygane noire. P. nigra. Toute noire ; ses antennes sont deux fois plus lon- gues que le corps. C'est la Phrygane-mouche en deuil de Geoffroy. On connaît plus de deux cents espèces de Phryganes. 99- 788 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 197. Geinbe éphémère. EPHEMERA. (Linné.) Caractères : Névropteres à mâchoires nulles ou très-petites ou en rudiments membraneux; à antennes très-courtes, com- posées de trois articles au plus et terminées en soie; ailes relativement grandes, au moins les supérieures, qui restent étalées ou relevées verticalement dans le repos ; ventre ter- miné par deux ou trois filaments presque aussi longs .que le corps; les yeux énormes, relativement a la grosseur de la tête; les pattes très-développées, surtout les antérieures. ^-■^ \^') Ainsi que leur nom le fait con- naître, les E|jhé- nières sont des insectes dont la 11- 0 - #lv vieesttrès-cour- te, au moins sous leur der- nière forme. Pour quelques espèces et pour la plupart des individus, elle ne s'étend pas au delà de la journée, car on a pu les voir naître, s'accoupler ou plutôt être fécondés, pondre et mourir dans moins de vingt-quatre heures; de là le nom d'Èç/ii^-epoç, vivant un jour, in diem vivens : diarius; et le plus souvent cette existence ne dure que trois ou (juatre heures. Swammerdam, dans sa Bible de la nature, Réaumur et de Geer, dans leurs Mémoires, nous ont donné une histoire fort complète de plusieurs espèces de ce genre. C'est d'après ces h NÉVROPTÈRES. AGNATHES. G. ÉPHÉmÈRE. 7^1) célèbres observateurs que nous allons essayer de retracer les faits principaux que nous avons appris d'eux, et dont la plupart ont j)u être vérifiés par nous et par d'autres observa- teurs pour constater l'exactitude de leurs détails, et toujours avec une nouvelle admiration. Donnons d'abord une idée générale de l'apparence de l'Éphémère à l'état parfait. Pour peu qu'on ait cherché à étudier les phénomènes naturels, on a pu remarquer en été i|ue, vers la chute du jour, ou pendant la nuit , autour des lumières, viennent se précipiter des essaims de petits insectes ailés, très-légers, allongés, mous, dont les ailes, excessivement minces et réticulées, sont le plus souvent relevées sur le dos ou étendues horizontalement. Ces ailes sont simples en apparence, comme dans les Diptères, mais on peut voir au-dessous d'antres rudiments d'ailes plus ou moins apparentes. Ces petits insectes offrent en outre trois jjarticularités: i" Leur tête est petite avec des yeux très- gros taillés à facettes, comme tuberculeux, et des antennes excessivement courtes, terminées comme une soie; a" les pattes sont allongées, surtout les antérieures; toutes sont terminées par quatre articles; 3° l'extrémité du ventre porte deux ou trois filaments presque aussi longs que le corps lui- même, qui est d'une exiguïté en poids telle que si l'on pou- vait en réunir un millier sans leurs œufs, à peine leur n)asse pourrait-elle faire équilibre à un gramme. f^es larves des Ephémères, ainsi que leurs nymphes agiles, se développent uniquement dans l'eau, et l'on a reconnu que quelques-unes y restent une, deux, et même trois années consécutives. Leur forme est différejite de celle de l'insecte parfiait. Ces larves vivent en familles. La plus souvent, elles 79° ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. se creusent dans la vase argileuse et molle des bords des ri- vières et des étangs des cavités toutes distinctes, séparées les unes des autres, et ayant chacune deux ouvertures. Elles restent là, cachées et à l'abri des poissons, (|ui en sont fort avides. Sous cet état de larve, l'insecte paraît res|)irer l'air que l'eau contient au moyen de houppes filamenteuses fran- gées, au nombre de six ou sept, situées sur les parties laté- rales du corps et qu'on regarde comme des branchies. Chez quelques espèces, contenues dans les canaux qu'elles se sont creusés, les branchies i^araissent moins développées, parce qu'elles y ont été gênées et couchées le long du corps, à peu près comme celles des Phryganes; mais chez les individus qui restent libres ou qui ne se retirent pas datis des canaux, les branchies sont des panaches, et alors beaucoup plus évi- dentes. Ces sortes de branchies disparaissent dans les in- sectes parfoits, dont la respiration devient aérienne. Ce sont des organes transitoires, comme les branchies des têtards de grenouilles et des lu'odèles, qui s'atrophient quand leurs poumons se développent. Ces larves sont allongées; leur tête est garnie de mâ- choires; sur les trois anneaux qui corresj)ondent aux pièces du corselet les pattes sont articulées. Le ventre, composé de neuf ou dix segments, porte sur six ou sept d'entre eux les lames branchiales aux(|nelles l'insecte imprime un mou- vement régulier. Les nymphes ne diffèrent des larves que par les rudi- ments d'ailes qu'on aperçoit sur les deux régions posté- rieures du corselet ; cette nymphe est mobile et agile comme celles des Ijbellules. Toutes les espèces éprouvent leur transformation à des époques déterminées et à peu près fixes NEVROPTERES. AONATHES. G. EI'HKMERE. JQI pour chaque race. Ce temps de l'année est même connu des pêcheurs, parce que les poissons s'en nourrissent, et qu'ils sont très-avides de ces insectes, qu'on pounait regarder comme une manne tombée du ciel. A Paris, c'est principa- lement dans les mois (le juin, juillet et août (jue les indi- vidus d'une même espèce subissent leur métamorphose. Les auteurs ne sont pas d'accord sur le mode de lécon- dation des E|)hémères; tous cependant reconnaissent que les femelles déposent leurs œiil's en masse. Swammerdam, Réaumur, ont représenté ces amas d'œufs. On sait cpie les femelles les portent souvent en dehors sons leur abdomen; on en connaît de trois sortes diverses pour la forme et la disposition. On les a vus sortir rapidement par deux orifices distincts. Réaumur a évalué à 800 le nombre des œufs que renferment les deux pacpiets pris ensemble. I;es deux observateurs ont constaté que ces œufs sont pondus avec une rapidité et une prestesse si extrêmes qu'ils en ont été émerveillés. Nous en avons été témoin, et nous ne con- cevons pas comment cette ponte en masse peut s'exécuter en moins d'une seconde de temps. Swammerdam assure, en plusieurs endroits de son grand ouvrage, que le mâle féconde les œufs à la manière des pois- sons, c'est-à-dire qu'il s'approche de l'endroit où ces œufs non vivifiés ont été pondus ou abandonnés en masse par la femelle, et qu'il sort de ses organes une liqueur fécondante, sorte de laitance, comme cela se passe sous nos yeux pour les Salamandres et les Grenouilles, et voici le texte même de son assertion, Blblia uatara, t. 1, p. 264, alinéa 2 : Eo temporc fcmclla Ephemcri gcminuin suum ovarium intrà aquam ejacu/atiir, qiiœ deinde a mascido spermate, vel 7<)2 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. lactihus, super effuso fœcundantur; et ailleurs : Ova He- merohii (Ucto modo in aquain excussa et sperinnte sive lac- tihus masculi conspersa, paulatitn fundum versits subsidunt. ('oncludo igitur^ ex meis observationibus, quod Ephemera nec, in aère, nec intrà aquas unquam sese con/'nngant. Réaumur n'adopte cette idée qu'avec réserve, mais il avoue qu'il n'a pas été témoin de l'accouplement, et on voit qu'il ne croyait pas lui-même, au moins à l'époque où il a écrit l'histoire de l'Ephémère, au mode bien constaté depuis de la fécondation des poissons et des œufs de grenouilles, (îeoff'roy mentionne comme observé par lui le mode de pro- pagation sans accouplement, car il dit positivement : ces mâles ne s'accouplent pas avec leurs femelles, comme font les insectes et la plupart des autres animaux. De Geer et Latreille, mais ce dernier ne paraît pas avoir observé le fait par lui-même, assurent au contraire (|ue les Ephémères femelles sont fécondées immédiatement par les mâles. Il serait facile de faire des objections à ces auteurs, au moins par le raisonnement ; mais que répondre à un fait.'' Nous n'avons jamais été témoin de l'accouplement; mais nous concevons très-bien une fécondation presque instanta- née après une ponte si rapide, si nombreuse. D'ailleurs le mode de vivification s'accorde très-bien avec les habitudes et les particularités des mœurs observées chez les Ephé- mères. Réaumur ne parle pas non plus d'une particularité bien remarquable, observée, cependant, d'abord par Swammer- dam, et ensuite par Geoffroy et de Geer, c'est que les nym- phes, après avoir pris cette forme, éprouvent encoi'e une nouvelle mue en quittant une dépouille complète qu'elles NÉVIiOPTÉHES. AdNATHES. O. IÎI'HÉmÈHE. 7g3 abandonnent, blanche et transparente, attachée sur le corps solide auquel elles se sont fixées en sortant de l'eau, et cependant après avoir volé à quelque distance. En citant cette sorte de mue, Geoffroy dit : « Nous n'avons observé que ce seul insecte qui eût une pareille chrysalide, très-singulière puisqu'elle est pourvue d'ailes, dont elle se sert très-bien, w La chrysalide et l'insecte parfait sont tellement semblables, à la grandeur près, qu'il n'est pas possible de les distinguer. Les Ephémères, sous l'état parfait, ont les parties de la bouche si peu développées qu'elles ne peuvent, en aucune manière, servir à absorber la nourriture, f-eurs antennes sont excessivement courtes, composées cependant de trois articles, dont le dernier ressemble à un poil. Les yeux des mâles sont fort gros, et leur surface est évidennnent com- posée de facettes très-régulièrement distribuées. Plusieurs espèces ont, en outre, des yeux lisses ou stem mates. Les pattes de devant sont plus allongées que les autres, les tarses sont fort longs, c[uoique les jambes qui les suppor- tent soient relativement assez courtes. Nous n'indiquerons que les principales espèces de ce genre très-nombreux. 1. Éphémère vulgaire ou commune. Ephemera vulgata. Brune; ventre d'un jaune foncé, l'i taches triangulaires noires; quatre ailes brunes, à taches plus noires. C'est une des plus grandes espèces : elle a trois filaments bruns à la queue. Geoffroy la désigne sous le nom d'Éphémère à trois filets et ailes tachetées. Nous l'avons fait nous-mème figurer d'après nature et avec sa première nymphe, car dans son second état elle a des ailes. 2. Éphémère jaune. E. lutea. Jaune, à ailes transparentes ; les trois filets de la queue semblent formés d'articles entremêlés de noir et de jaune. Ses yeux sont noirs; on voit aussi quelques points noirs sur les côtés du loo 794 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. ventre; les ailes, qui sont diaphanes, ont cependant leurs nervures bru- nâtres. 3. Éphémère bordée. E. marginata. Noire, à ailes transparentes, avec le bord externe brun; les tilets de la queue sont velus. Elle est fort commune en juillet sur les bords de la rivière de Bièvre à Paris. 1. Ephémère du soir. E. vespertina. Toute noire; à ailes transparentes et trois filets à la queue. C'est une très-petite espèce de nos environs de Paris. Son corps n'a guère que deux millimètres de longueur; le bord des ailes a une teinte brune; les antennes et les filets de la queue sont au moins trois fois plus longs que l'abdomen. 5. Éphémère deux-tjeux. E. bioculata. Jaune; à ventre brunâtre à trois lignes de points noirs sur sa longueur ; les ailes sont diaphanes, avec le bord ex- terne jaune. 6. Ephémère culiciforme. E. culiciformis. Brune; à ailes transparentes, avec deux filets seulement à la queue. Geoffroy Fa décrite sous le n° 6. Son front est vésiculeux et les deux tu- bercules qui s'y voient recouvrent les yeux ; le corps a au plus deux milli- mètres de long. 7. Ephémère horaire. E. horaria. Noirâtre ; à ailes diaphanes, dont le bord ex- terne est noirâtre; les anneaux du ventre sont bordés de blanc et les deux filaments de la queue ponctués de noir. Geoffroy l'a inscrite sous le n» 8. LES HYMÉNOPTÈRES. QUATRIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES INSECTES. C'est d'après [iiniié que l'on désigne ainsi un grand ordre, une division principale de la classe des insectes, ceux qui ont, le plus ordinairement , quatre ailes nues à nervures longitudinales, dont les inférieures sont plus courtes que les supérieures auxquelles elles s'accrochent. Ces Hyménoptè- res ont la bouche garnie de mandibules distinctes, de mâ- choires et souvent d'une lèvre; ces diverses parties, par leur réunion, forment une sorte de trompe aspirante, ou un suçoir qu'on nomme langue. Les femelles ont, le plus sou- vent, l'abdomen terminé par un aiguillon ou par une ta- rière formée de plusieurs pièces; cet instrument sert à dé- poser les œufs; on le nomme un pondoir. Le nom d'Hyménoptères est composé de deux mots grecs, OfAYiv-evo;, membrane, et de irrepa, ailes, c'est-à-dire ailes mem- braneuses. Cette dénomination était nécessaire à introduire dans le langage des entomologistes pour distinguer les uns des autres les insectes dont les ailes ne sont pas des étuis, sortes de couvertures appelées élytres. Par opposition, fiister les avait rapprochés sous le nom collectif d'Anély- tres. Parmi ceux-ci, en effet, les uns ont quatre ailes et les lOO. 79^ ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. autres deux seulement, toujours membraneuses et à ner- vures. Parmi les Anélytres, trois ordres étaient distincts: ries Lépidoptères, dont les quatre ailes sont couvertes d'écaillés ou de lamelles entuilées, qui paraissent comme pulvérulentes et farineuses ; 2" les JNévroptères et 3" les Hy- ménoptères, qui ont les quatre ailes nues: le? uns avec des nervures en réseau ou à mailles treillissées, les autresàlignes longitudinales saillantes, ne formant que des îles ou des es- paces membraneux, constamment réguliers dans les diffé- rents genres. Ce caractère, tiré uniquement de la conforma- tion des ailes, ne suffisait pas seul; et Geoffroy avait réuni ces deux ordres sous le nom collectif de Tétraptères. mais en tenant compte de l'aiguillon ou de la tarière que portent les femelles, en même temps que de la structure des parties de la bouche et surtout de la différence dans le mode de la métamorphose qui, dans cet ordre des Hyménoptères, fait le plus souvent apprécier l'avantage de cette classification. Fabricius, dans son système de classification fondé sur l'organisation des parties de la bouche des insectes , avait établi ce qu'il a nommé des classes. Après avoir d'ahord formé une grande section sous le nom de S)nisiata lingiia- ria, il s'est ensuite décidé à en séparer les véritables Hymé- noptères d'après un autre arrangement systématique auquel il donna le titre de Systema piezatorum , secimdum ordincs, gênera, species. Brunswick, 1804. Il a voulu indiquer, sous ce nom de Piezata, la forme conqjrimée des mâchoires qui ont, dans la plupart des Hyménoptères, l'apparence d'une sorte de gaîne, parce que la lèvre inférieure s'allonge pour constituer ainsi une langue propre à sucer les liquides qui se sécrètent dans les fleurs; mais c'est surtout de l'aplatis- HYMENOPTERES E\ GENERAL. 797 sèment des mâchoires qu'est tiré le nom de Piézates, le verbe grec TCis^to, signifiant je conijirime, j'aplatis. Maintenant, tous les entomologistes ont adopté cette di- vision principale de la classe des insectes avec le noni d'Hy- ménoptères, quoiqu'il soit insuffisant, puisqu'il n'indique que la structure ou plutôt l'apparence des ailes d'une ma- nière bien incomplète. Ces organes, en effet, sont membra- neux et plats dans plusieurs autres ordres, et même ces ailes manquent constamment dans quelques genres ou dans quel- ques espèces du même ordre. Cependant en y joignant d'autres caractères, comme Jious l'avons fait en commen- çant cette étude, on reconnaît que cette grande division de la classe des insectes est tout à fait distincte et naturelle, quoique le nom soit insuffisant. Nous aurons occasion d'indiquer par la suite les rapports qui semblent lier cet ordre à celui des Lépidoptères par le mode des métamorphoses et par d'autres analogies de mœurs entre les larves de quelques Uropristes ou Tenthèdres avec les chenilles des Bombyces, qui se nourrissent comme elles de végétaux et qui, en outre, pour se transformer en nym- phe, se filent un cocon comme le font les Vers à soie. Sous les seules apparences extérieures, les Névroptères, et parmi eux les Phryganes et les Panorpes, ont aussi dans le port des ailes beaucoup de ressemblance avec les Hymé- no|)tères, cependant ce dernier ordre, qu'Aristote semble avoir reconnu et indiqué, est un des plus naturels parmi les insectes. En résumé, les Hyménoptères sont des insectes à mandi- bules et à mâchoires distinctes; à quatre ailes nues, mem- braneuses, principalement veinées sur leur longueur, et 79^ ENTOiMOLOGlE ANALYTIQUE. auxquelles les inférieures restent accrochées sur leur bord interne pour en suivre les mouvements lorsciirelles s'écar- tent du corps. Enfin, les Hyménoptères ont, pour la plupart, cinq articles aux tarses. Avant d'entrer dans les détails que doit nous fournir l'his- toire générale des insectes de cet ordre, il est nécessaire de faire connaître d'avance que deux groupes principaux sem- blent le partager en deux sections bien distinctes. L'un réu- nit toutes les espèces dont le ventre ou l'abdomen est sessile ou accolé immédiatement à la poitrine, an lieu d'être joint an corselet par un pédicule plus ou moins prolongé, comme on le voit dans les Guêpes et les Abeilles. Tels sont les in- sectes hyménoptères que nous avons appelés les Vropristes. Ceux-ci proviennent d'une larve, dite fausse chenille, qui a des pattes dont elle se sert pour aller elle-même chercher sa nourriture et pourvoira sa subsistance. Dans toutes les autres familles, le ventre est pédicule, ou joint au corselet par un ou plusieurs anneaux plus grêles, plus étroits ou plus longs que les autres ; ceux-ci provien- nent de larves qui sont privées de pattes, et qui, par consé- quent, sont dans l'absolue nécessité de rester dans le lieu où leur mère les a dépostes sous la forme d'œufs ou de ger- mes. La plupart, appelés à vivre sons cette forme de larves apodes, sont renfermés dans des espaces privés de la lu- mière et de l'action vivifiante des gaz atmosphériques, au moins en apparence, car nous expliquerons ce phénomène par la suite; ces larves restent blanches et décol'orées, leur corps est toujours mou et presque immobile. Quand leurs parejits ne les ont pas placées dans des circonstances assez favoiables pour que leur nourriture se présente pour HYMÉNOPTÈRES EN GENERAL. ^69 ainsi dire d'elle-même, alors la inère on d'auties nourrices sont chargées de leur ap|jorter soit d'avance et en provision, soit à chaque instant une sorte de heequée, à la manière des oiseaux. Ce second groupe des Hyménoptères, qui est beaucoup plus varié dans les formes et dans les mœurs, nous offre par cela même les plus grandes différences, et elles ont permis de les diviser, ou de les étudier comme ajipartenant à des familles très-distinctes. Qnel(|ues-uns de ces Hyménoptères, comme les Guêpes et les Abeilles, construisent, avec le plus grand art, pour elles et pour leurs larves de véritables édifices. Elles se réunis- sent en sociétés, plus ou moins nombreuses, afin de s'occu- per en commun de l'éducation physique et première de leur race, et elles emploient des moyens divers pour la protéger et la défendre. Il y a, parmi ces sortes d'associations répu- blicaines , des mâles, des femelles en plus ou moins grand nombre; et, parmi ces dernières, plusieurs semblent con- damnées, dès les premiers jours de leur naissance, à ur)e stérilité absolue. Elles n'ont plus les organes extérieurs né- cessaires à la faculté de reproduire leurs semblables ; mais chez elles le sentiment de l'amour maternel n'est pas éteint; il les porte à se charger de l'éducation des petits provenant d'une ou de plusieurs femelles fécondes; elles en deviennent les nourrices et les protectrices. Ces femelles neutres obéis- sent, par un instinct admirable, à des exigences dictées par la nature ; car toute leur organisation est modifiée, même au dehors, par les circonstances de la conformation de leurs membres et la variété de leurs travaux, de leurs mœurs et de leurs besoins actuels ou futurs, et même du climat qu'elles sont appelées à habiter; elles semble»»t vivre sous un gouver- 800 ENTOMOLOGlIi ANALVTIQUK. nement gynécocratiqtie, ou sous l'empire absolu d'une ou plu- sieurs femelles fécondes. Chez d'autres Hyménoptères, comme chez les Fourmis, qui \ ivet)t aussi en sociétés nombreuses, il y a également des fe- melles neutres, ou des mulets, qui sont chargées de tous les soins domestiques; constamment privés d'ailes, ces mulets sont doués de l'adresse, de l'agilité, de la force. Tous se réu- nissent pour construire des habitations communes, appro- priées à leur genre de vie et à la conservation de leur pro- géniture. Ces insectes se font des guerres de peuplades ou de certaines races entre elles; ils retiennent captives et tout à fait en esclavage les prisonnières qu'elles ont faites, en les condamnant à exécuter des offices ou des travaux intérieurs. Ainsi , ces Fourmis élèvent et nourrissent convenablement dans des sortes d'étables des pucerons, espèces d'insectes qu'elles soignent comme pour les traire et en obtenir un aliment assuré dans un temps de disette, de même que nous tenons en captivité nos vaches , nos chèvres et nos brebis. Elles nourrissent elles-mêmes les larves des femelles, des mâ- les et des neutres ; elles les protègent pendant tout le temps que ces individus peuvent être utiles ou nécessaires à la so- ciété ; en un mot, elles constituent une population de véri- table république où tout est en commun. Quelques genres, comme ceux des Sphéges, des Crabrons qui, sous la forme d'insectes parfaits, font leur principale nourriture des humeurs miellées que leur fournissent les nectaires des fleurs, sont cependant appelés à livrer une guerre d'extermination à certaines races d'autres insectes, aux araignées, aux chenilles, aux larves de diverses espèces. Lorsqu'ils se sont rendus maîtres de l'une de HYMENOPTERKS EN GENERAL. OOl ces victimes, ils la blessent', la mutilent, en lui coupant les membres, ou en la privant de la faculté de se mouvoir et probablement de celle de percevoir ou de ressentir la dou- leur, en lui insinuant un poison ou une sorte de venin, en la piquant de leur aiguillon ; et ce n'est que lorsque la proie est rendue paralytique, impotente et incapable de se défendre, c[uoique susceptible de conserver son existence, qu'elle est emportée à travers les airs, comme le font les oiseaux de ra- pine, r.'insecte vient déposer cette victime dans le nid qu'il a préparé d'avance et l'y ensevelir auprès de l'œuf qui doit perpétuer la race du ravisseur. Cet œuf ne tarde pas à éclore; la larve qu'il produit pé- nètre sans résistance dans cette proie à demi privée de la vie, mais qui n'étant pas morte complètement peut se con- server pendant quelques semaines sans éprouver les altéra- tions que subissent les cadavres, et, par un instinct admira- ble, le nombre de ces victimes ainsi sacrifiées à l'existence d'une seule larve a été, pour ainsi dire, prévue et comme calculée d'avance, d'après le développement que cette larve doit acquérir avant de prendre la forme de nymphe (i). Les Ichneumons et plusieurs autres insectes hyménoptè- res de cette même famille nous présentent d'autres parti- (1) C'est une grande division à établir parmi ces larves dont les unes, comme celles de tous les Entomotilles, rongent en dedans le petit animal dans le corps duquel l'œuf a été pondu, et dont elles tirent toute leur nourritui'e; nous les nommerions Endophages. Les autres, comme les Oryctèrcs, déposent un de leurs œufs auprès d'un amas de provision animale que la larve qui en éclora pourra attaquer et dévorer en dehors; nous les appellerions , à cause de cela, des EXOPHAGES. ICI 8o3 ENTOMOI,OGlE ANALYTIQUE. cularités de mœurs encore plus admirables. Les femelles déposent les rudiments de leur progéniture à la surface ou dans l'intérieur du corps des autres insectes, quelquefois lorsque ceux-ci sont encore renfermés dans la coque de l'œuf, mais le plus souvent soit dans les larves écloses, soit dans les nymphes pu chrysalides lorsqu'elles sont encore très-molles. Le petit ver parasite et sans pattes qui en pro- vient pénètre à l'intérieur; il se nourrit d'abord de la graisse de l'insecte dans le corps duquel il a été introduit; mais il n'attaque les organes les plus inqDortants que par la suite, en profitant des sucs que la nutrition de la victime avait perfectionnés et dont tout le travail ou la vie nutri- tive semble ainsi avoir été exercée à son profit, soit qu'un seul individu jouisse ainsi de cet avantage; soit que plu- sieurs de la même race aient participé en commun à cette manière de vivre ou de se nourrir. Enfin les Cynips, les Diplolèpes et i>lusieurs autres espèces de cette même iamille, quand elles ont pris leur dernière forme, déposent leurs œufs sous l'épiderme ou dans le tissu même des organes divers des végétaux. Les petites plaies qu'ils produisent dans certaines parties déterminées, ou qui sont constamment les mêmes, attirent souvent dans la partie blessée, par une sorte d'irritation ou de maladie, les sucs du végétal, qui s'extravasent et y produisent des monstruo- sités, des tumeurs, ou des expansions de tissus extraordi- naires qu'on a nommées des galles, et dans l'intérieur des- quelles on peut trouver soit les petites larves apodes qui s'y sont creusé des loges, soit leurs nymphes , quand leur ac- croissement a permis ce mode de transformation. C'est alors que l'insecte [)arfait et consolidé peut sortir de ces cavités HYMÉNOPTÈRES EN GENERAL. 8o3 et parvenir dans l'air pour satisfaire au vœu de la nature parla fécondation, et o|)érer les mêmes actes sur une même sorte de végétal et sur les mêmes organes, suivant qu'ils ap- partiennent à la race des Cynips ou à celle des Diplolèpes, attachée, à ce qu'il paraît, à telle ou telle partie des mêmes végétaux. Noms venons d'indiquer les mœurs des insectes de la plu- part des familles de l'ordre des Hyménoptères, et nous pou- vons ])révoir combien des mœurs aussi variées ont dû appor- ter de différences dans les formes de ces insectes. Ces modi- fications rendent l'étude de chaque race très-intéressante; mais ou conçoit aussi combien elles exigent d'observations difficiles et longtemps poursuivies. En effet, il faut savoir d'abord que les maies diffèrent souvent des femelles pour la taille, la distribution et la teinte des couleurs, par la forme du tronc et les diverses parties de la tête , telles que les antennes, les petits yeux lisses, les organes de la mastication; quelquefois aussi par les formes et la structure de chaque portion de l'abdomen et même par la configuration des [)attes. Puis, il existe souvent des individus neutres qui, pour la plupart, ne sont que des femelles, mais qui, dans les di- verses régions de leur corps, varient excessivement, assez souvent par l'absence des ailes qui manquent rarement chez les mâles, de sorte que le signalement d'une espèce exige quelquefois, comme pour les Abeilles, les Mutiles, les Four- mis, l'exposition des caractères spéciaux des trois sortes d'individus, et quoique les observations déjà recueillies aient appris à les connaître, il est arrivé que certains Hyménop- tères appartenant à utie même espèce ont été regardés et décrits comme autant d'animaux différents. lOI 8o4 EiVTOMOLOGlE ANALYTIQUE. II est probable que les larves des Hyménoptères changent de peau à mesure qu'elles grossissent ou qu'elles muent, comme celles de la plupart des autres insectes ; mais on ne s'en est assuré que sur celles dites fausses chenilles, qui vi- vent à l'air libre et qui produisent les Mouches à scie et tous les autres Uropristes. Peut-être l'état d'étiolcmeiit des au- tres larves apodes n'a-t-il pas permis de s'assurei- du chan- gement de [)eau ; car on n'en a pas trouvé les traces ou les dépouilles dans les cellules distinctes de quelques larves , comme dans celles des Abeilles maçonnes, du Sphége potier, qui ont été renfermées séparément par leurs parents avec une certaine provision d'une pâtée nourrissante, ou avec des larves mises à leur portée et contenues dans la même cellule close de toutes parts. Toutes ces larves se changent en nymphes, sortes de chry- salides, qui laissent cepeiuJant apparentes au dehors toutes les parties contractées et les rudiments des organes propres à chaque espèce. La plupart de ces larves, avant d'éprou- ver leur transformation en nymphes, se filent un cocon ou une coque d'une soie très-ténue et tellement délicate et transparente qu'elle ressemble à une sorte de [)ellicule ou de membrane sèche. Ce cocon est très-solide cependant; quand on étudie sa structure, on voit qu'il est composé de plusieurs enveloppes distinctes et d'un tissu d'autant plus serré et délicat que les couches sont plus intérieures, comme on peut aisément le reconnaître dans les coques filées par les Gimbèces et les Hylotômes. Au reste, ces coques sont très-solides quand elles paraissent , par la nature des cir- constances de leur formation , devoir être plus exposées aux injures extérieures. Dans les Fourmis, par exemple. HYMÉNOPTÈRES EN GÉNÉKAI.. 8o5 les larves donnent à la coque de leurs nymphes, parfaite- ment accolée et transparente, la forme extérieure on l'ap- parence d'un œuf ovale, dont les deux extrémités sont de même ij, rosse ur , de sorte tpie le vule;aire les regarde et les désigne généralement sous le nom d'œufs de Fourmis, (|uand on les recueille pour les donner à certains oiseaux comme premiers aliments. Dans les petits Iclineumons, qui vivent en familles, ou eu un certain nombre, dans une même clienille et qui ont été rapportés dans ces derniers temps au genre Crypte de Fa- hricius, les larves, en sortant toutes à la fois du corps de cette chenille au moment où celle-ci doit prendre la forme de chrysalide, se filent aussitôt- en commun et au dehors une sorte de bourre soyeuse sous laquelle chacune d'elles se pra- tique un cocon distinct; tandis que celles des Cynips ne pa- raissent pas avoir besoin de cette enveloppe , étant déjà protégées par le tissu de la tumeur, plus ou moins solide, que leur présence a fait naître dans les végétaux. Les nymphes des Hyménoptères restent, comme nous l'a- vons dit, à peu près immobiles. Toutes leurs parties sont dans un état de mollesse, de raccourcissement ou de contrac- tion qui permet cependant de reconnaître au dehors les di- verses régions du corps; la tête, les antennes, les pattes et la bouche sont couchées en avant sous les pattes et le corselet avec les enveloppes ou plutôt les rudiments des ailes; mais toute la surface de ces nymphes semble enduite d'une cou- che d'un vernis qui est une véritable membrane d'une té- nuité extrême. Au reste, sous cet état, les nymphes des Hy- ménoptères ressemblent à celles des Coléoptères et même à cellesdes Tipules. Elles ne prennent plus de nourriture; elles 8oê ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. sont inactives, d'abord très-molles et très-blanches, puis elles prennent de jour en jour |ilus de consistance et de co- loration, jusqu'à ce qu'elles aient atteint toute la solidité dont elles avaient besoin pour sortir de leur coque et pour ressusciter sous leur véritable et dernière forme ou com- plètement transfigurées. Le corps des Hyménoptères se divise en parties analo- gues à celles de tous les autres insectes ailés; les seules particularités dignes de remarque sont les suivantes, consi- dérées dans les diverses régions. A la tête, les antennes varient considérablement, non-seu- lement pour la forme et les proportions qui ont servi à caractériser certains genres, mais même pour la disposition et le développement dans les individus de la même espèce , quand le sexe est différent. Le noml)re de leurs articles est très-variable, de sorte qu'il en est de très-courtes, de trois à cinq articles, par exemple, et d'antres très-longues, com- posées de dix à trente parties , comme dans quelques Ichneu- mons ; tantôt ces antennes se terminent par un petit bou-. ton ou e:i masse : il en est en faisceau, en fil, en soie; tantôt elles sont siinjjles ou composées sous la forme dépeigne, de panaches, tantôt branchues , droites ou contournées sur elles-mêmes en spirale, et (pielquefois comme brisées, cou- dées, rompues ou articulées en angle ou en coude sur leur longueur, presque immobiles chez quelques-uns, très-vi- bratiles et constamment en mouvement dans d'autres; cha- que genre offre à cet égard des différences très-notables. L'insertion de ces antennes présente aussi beaucoup de modifications relatives à leur position au-dessus, au-dessous ou entre les yeux. Ces yeux sont symétriques, le plus ordi- HYMÉNOPTÈRES EN GENEliAl,. 807 nairenient composés ou taillés à facettes, arrondis, ovales, en reins, généralement plus saillants et plus gros dans les mâles, chez lesquels, comme dans ceux des abeilles à miel, ils occupent presque toute la périphérie de la tête. La plu- part portent sur le sommet du front trois yeux lisses ou points brillants, dis|)osés en triangle derrière les antennes. r,es parties de la bouche offrent un yrand nombre de modifications quanta la forme, car leur nombre reste a peu près le même : une lèvre antérieure, deux mandibules, deux mâchoires souvent fort allongées, formant une sorte de gaine ou d'étui à la lèvre inférieure qui s'allonge elle-même |)Our former ce qu'on a nommé la trompe ou la langue, dans la composition de lac|uelle entrent les palpes maxillaires et labiaux, que nous ferons connaître avec plus de détails en parlant des Abeilles. Lti corselet des Hyménoptères est évidemment composé des trois pièces que l'on trouve chez tous les Hexapodes. La première ou le prothorax, celle qui supporte la paire de pattes antérieures, a le plus souvent la forme d'un simple collier qu'on aperçoit à peine du côté du dos ou sur la région supérieure, excepté dans quelques genres des Systrogastres, comme les Chrysides et les Parnopes. Vient ensuite ce qui a été nommé le corselet : la région du mésothorax, qui sup- porte les ailes et les pattes moyennes; et une troisième portion (ju'on a regardée ici comme le métathorax, le véritable étant confondu sous le nom de poitrine; souvent il forme un prolongement entre les ailes en arrière du corselet, et on l'a nommé l'écusson. Le ventre ou l'abdomen est composé de cinq à neuf segments de formes et d'articulations très-diverses : tantôt. 8o8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. comme nous l'avons dit pour les Uropristes, il est regardé comme sessile, parce qu'il est appliqué immédiatement contre le corselet : c'est un cas presque exceptionnel d;'.ns cet ordre; tantôt, ou le plus ordinairement, le ventre est attaché au thorax par un pédicule très-distinct comme dans les Guêpes, les Fœnes, les Sphéges, etc.; mais ce qui caractérise surtout les insectes de cet ordre c'est l'instriniient dont les femelles et plusieurs neuti-es sont armés, et qui souvent sert à la ponte, ou à l'insertion des œufs dans les végétaux et de quelques ani- maux. Tantôt c'est sous la forme d'une tarière ou d'une scie dentelée et très-compliquée; tantôt c'est une |)ointe, lui |)oin- çon, une alêne très acérée qui constitue l'aiguillon inocu- lateur du venin, chez les Guêpes et les Abeilles par exemple. Dans quelques espèces, les Chrysides par exemple, la ta- rière est formée par une série de petits tuyaux qui pénètrent les uns dans les autres et peuvent s'allonger comme les tubes des lunettes, dites longues-vues. Chez les mâles, qui, pour la plupart, sont privés d'aiguillon, cet organe est remplacé par un instrument analogue, mais dont les pièces autrement agencées servent à faciliter le contact intime ou le rappro- chement des sexes dans l'acte de la fécondation. Les pattes des Hyménoptères sont semblables à peu près à celles des Coléoptères: on y distingue la hanche, la cuisse, la jambe et le tarse, qui offrent des différences pour la longueur, la disposition, les formes et le mode de mouvement. Ainsi, le tarse antérieur est dilaté dans ([uelques mâles, comme dans les Crabrons , et celui des tarses postérieurs est garni de brosses et dilaté dans les Abeilles neutres ; les jambes anté- rieures sont velues, dentelées, é])ineuses, cannelées, aplaties, suivant les mœurs et en raison des usages nécessités par HYMENOPTERES EN GENERAL. 8o() le genre de vie (jui sont toujours dans un rapport admi- rable. fvcs ailes, dont les supéi-ieures sont généralement plus larges et plus longues que les inférieures, s'articulent sur la région moyenne du corselet ou le mésothorax; elles sont là recouvertes par une petite pièce écailleuse distincte et mo- bile, de forme diverse dans certains genres ; c'est une sorte d'omoplate (jui modifie le mouvement par son mode de join- ture articulaire. Ces ailes présentent des aires, des iJes ou es- paces celluleux ou membraneux compris entre les nervures saillantes, qui ont servi à la classification ou à la détermi- nation des genres proposés par M. Jurine de Genève, au- teur d'un travail très-remarquable établi sur cette étude portée au plus haut degré d'examen. Ces ailes, en général, offrent aussi sur leurs plis, ou suivant toute la longueur pen- dant le repos, ou dans leur bord [jostérieur qui s'accroche et se lie intimement aux ailes inférieures, un moyen de s'iden- tifier dans l'action du vol à tous les mouvements qu'exige ce mode de transport dans l'espace. La plupart des auteurs ont divisé les Hyménoptères en deux groupes principaux, celui des Mouches à scie ou à ta- rière dentelée que nous avons depuis longtemps désignées sons un nom de famille qui exprime la même particularité, celui des Uropristes, et une seconde division bien plus nom- jjreuse, celle des Porte-aiguillons. Nous allons présenter ici l'analyse de la méthode ou du système de classification d'après lequel nous nous livrerons à l'étude de cet ordre, que nous partageons en neuf familles principales qui nous ont paru très-naturelles. L<\ première famille sera pour nous celle des Uropristes lOJl 8lO ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. OU Scriicaudes, parce qu'elle est celle qu'il est le plus facile de reconnaître à la première inspection; elle réunit tous les genres dans lesquels on voit le ventre ou l'abdomen con- fondu en apparence avec le coi^selet, qui lui est intimement accolé dans toute sa largeur. Les femelles portent une ta- rière; les antennes ne sont pas brisées ou coudées en angle comme on les voit dans les Guêpes et les Fourmis. Ces insectes sont les seuls Hyménoptères qui proviennent de larves munies de pattes analogues à la plupart des che- nilles des Lépidoptères. Le nom de cette famille exprime la particularité de la tarière dentelée ou de la scie qui sort de l'abdomen chez toutes les femelles. Dans toutes les autres familles, le ventre est vini au corselet par un segment plus étroit; mais voici de grandes différences trouvées d'abord dans la composition ou la structure des parties de la bouche. Dans quelques genres, la lèvre inférieure, plus longue que les mandibules, les dépasse visiblement; les antennes sont brisées et le pétiole du ventre est très-court : telles sont les Abeilles, qui sucent les liqueurs sucrées des végétaux pour en faire une sorte de miel destiné à nourrir leurs laives; on les a nommés les Mélittes on Apiaires. Cette étendue notable de la lèvre inférieure ne se fait presque plus remarquer dans les autres familles qui peuvent être distinguées par différentes particularités de formes ou de mœurs. Ainsi dans les Chrysides ou Guêpes dorées, l'ab- domen peut se rouler en boule, les anneaux étant concaves en dessous pour recevoir ainsi toute la tête et même le cor- selet conformé pour se prêter à cette disposition, d'où nous avons tiré le nom de la famille des Systrogastres, ou à ventre s'enroulant. HYMÉIVOI'TÈRKS Iî\ OÉMÎKAr.. 8ll Les insectes des autres familles ont les anneaux du ventre bombés en dessous. Il en est une, dont les ailes supérieures sont pliées en long ou comme doublées sur toute leur lon- gueur lorsqu'elles ne sont pas employées dans l'acte du vol: telles sont les Guêpes dont les antennes sont coudées; mais c'est de la conformation des ailes que nous avons extrait leur nom de famille en les appelant Ptérodiplcs ou Duplici- pcnnes. Les Myrniégcs ou les Formicaires , qui ont aussi les an- tennes brisées ou comme coudées, n'ont pas les ailes dou- blées, et leur ventre est arrondi et présente quelques dispo- sitions bizarres dans le pétiole qui l'unit au corselet. Dans les quatre autres familles, la longueur des antennes et le nombre des articles qui les composent ont offert des caractères suffisants pour les faire distinguer. Ainsi dans les Orycteres ou Fouisseurs, comme dans les Pompiles , les Sphéges qui creusent le sable , le nombre des articles aux antennes n'excède guère celui de seize, tandis que ce nombre est dépassé chez les Ichneumons qui appartiennent à la fa- mille des EntomotiUes ou Insectirodes , noms qui indiquent que leurs larves se développent dans l'intérieur des autres insectes. Enfin, dans les deux derniers groupes, dont les antennes ne sont formées que de treize articles au plus, les uns, tels que les Anthoplàles ou Florilèges , ont l'abdomen arrondi, co- nique : tels sontlesCrabrons, lesjNIellines ;tandisquechez les Néocryptes ou Pupitéges, le ventre est comprimé et renflé : tels sont les Cynips et les Chalcides. J^e tableau qui suit offre la distribution par l'analyse des neuf familles de l'ordre des Hyménoptères. I02. 'est la cire. Elles en forment des cellules cloisonnées ou isolées, placées immédiatement les unes contre les autres (Jans le moindre espace qu'elles peuvent occuper, de ma- nière à ce que chacune de ces loges puisse admettre un œuf pondu par la femelle; de cet œuf sortira une larve à laquelle les neuties viendront apporter la nourriture nécessaire à son développement ultérieur. Ce sont ces espèces seules qui donnent la cire et le miel. Elles font leur nid dans les trous des rochers ou dans les cavités de certains arbres, et on a observé des races diverses dans toutes les parties du monde. On les appelle melliliques; ce sont celles qui nous offrent le nlus d'intérêt il connaître. HYMENOPTERES MF,f,lTTES. O. ABEIIJ.ES. 825 Il y a trois sortes d individus réunis dans cliacinie de ces sociétés. I^es maies, nommés aussi faux bourdons, en latin Fuci ; sont plus gros, plus velus que les neutres. On les reconnaît de suite à la forme de leur tête, dont les yeux sont très- gros et se touchent sur le sommet du vertex ; à la brièveté fie leur langue, qui reste presque cachée sous les poils de la face; leur corselet est |)lus large (|ue dans les neutres et les femelles, et aussi plus velu. Le ventre a une forme diffé- rente: il est obtus, tronqué à la base et recourlîé en dessous vers la pointe qui ne porte jamais d'aiguillon ; on peut eu faire sortir par la pression, lorsijue l'insecte est vivant, les or- ganes sexuels qui |)reiineut ra[)parence de deux cornes charnues protractiles, aussi longues que l'abdomen, et qui se divisent en Y à leur extrémité. Entre ces cornes il en existe une troisième plus faible. [jCs pattes, surtout les pos- térieures, diffèient aussi beaucoiq), parce que le premier ar- ticle des tarses est cylindrique sur les côtés, lisse et non con- cave. Le nombre de ces mâles, qui ne vivent qu'un certain temps dans une ruche, s'élève au moins à deux cents et quel- (juefois à plus de huit cents. Les femelles, qu'on a nommées des Reines, sont plus grosses que les mâles, surtout quand elles ont été fécondées; leur tête, .semblable à celle des neutres, est triangulaire, et les yeux ne se touchent pas par le haut. \a\ langue et la bouche res- semblent à celles des neutres. Il n'y a ordinairement qu'une seule femelle dans une de ces .sociétés, mais le plus souvent il eu éclôt plusieurs, dont une seule est conservée par les midets, les antres ayant été tuées par la Reine, ou femelle régnante. io4 826 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE Les neutres, que l'on désigne comme les ouvrières on les mulets, en latin opernrue^ sont les individus de la |)lns |)etite taille; ils ressemblent beaucoup aux femelles, si ce n'est par la grosseur. Leurs mandibules et leur langue sont plus longues, leur ventre est conique, en toupie, un peu aplati, pointu à l'extrémité par laquelle sort l'aiguillon. On distingue ces ouvrières surtout par les tarses posté- rieurs, dont le premier article est élargi, creusé eu gout- tière et strié transversalement, sortes de brosses qui cou- vrent toute la partie interne du premier article, dont les poils réunis et serrés, vus à la loupe, ressemblent au plus beau velours. L'Abeille que nous décrivons est un insecte dont la ma- nière de vivre présente une utilité peut-être moins réelle dans l'économie générale de la nature, mais plus directe- ment appliquée aux usages de l'homme, qui a su détourner à son pi'ofit les matériaux que l'Abeille emploie à la cons- truction de son nid, et la matière sucrée, saine et agréa- ble qu'elle recueille, prépare et conserve pour ses besoins futurs; c'est en raison de cet avantage t|ue leiu- histoire admirable a été le mieux connue dans l'étude de cette classe d'animaux. Nous allons essayer d'en retracer les détails prin- cipaux, en profitant des Mémoires rédigés par Htd)ert de (ienève, et en puisant dans ceux du patient et laborieux observateur notre célèbre Réaumur. Nous avons fait connaître les différents états par lesquels doivent passer les Abeilles dans les considérations générales (pii concernent cette famille. Peut-être cet ordre admirable, cette sorte de gouvernement gynécocratique présidé par une femelle, dépend-il du nombie immense de ces femelles HVMÉNOl'TÈlUîS MEMTTKS. G. ABKHJ-ES. 827 neutres et ouvrières, (jui n'ont d'autre passion i]ue celle d'élever la progéniture de la race à laquelle elles appartien- nent. Elles se trouvent seules chargées de la construction et de la répiration de la demeure commune, de^'édification des loges ou des cellules dans chacune desquelles un œuf a été déposé et confié à leur garde et à leur conservation, en même temps qu'elles doivent pourvoir à la nourriture de la larve qui en proviendra et à son éducation jjhysique. Enfin, tous ces neutres sont employés au service de la mère com- mune, dont la vie, la volonté, la fécondité paraissent seules animer, réunir, régir pour exciter au travail un peuple si laborieux. Si, comme on peut le supposer, le nombre des Abeilles neutres vient à être trop considérable dans une même ruche, une certaine quantité s'en sépare, parce qu'elle a trouvé une femelle qui s'est échappée. Toutes se groupent autour d'elle poiu' former ce qu'on nomme un essaim ou un jeton, qui va se poser près de cette femelle sur une branched'arbre ou sur la portion saillante d'un mur ou d'un édifice. Bientôt quel- (|ues-unes se détachent de la masse et semblent aller à la découverte ou à la recherche de quelque cavité de tronc d'arlîre ou de rocher caverneux , dont l'ouverture soit étroite et l'espace intérieur soit assez étendu pour admettre librement toute la société avec les constructions dont elle aura besoin. L'homme a pris le soin de préparer d'avance de ces demeures factices et analogues, sortes de boîtes ou de paniers dans lesquels les Abeilles pourront trouver un domicile convenable et que l'on nomme des ruches. Probablement à un signa! donné, toute la masse s'agite, se sépare et s'envole avec la femelle qu'elle n'abandonne 104. 828 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. jamais, en la dirigeant vers ce lieu destiné à la résidence générale. Une demi-heure après que ces Abeilles sont ainsi casernées, si le soleil n'est pas encore à son déclin, et lorsque le tenips est calme, on voit sortir un très-grand nombre de neutres qui tous reviennent à la ruclie, les deux pattes postérieures chargées d'une matière résineuse, ductile et odorante d'une couleur brune, rougeâtre, plus ou moins foncée ; l'Abeille qui l'a apportée ne pouvant elle-même s'en débarrasser, parce qu'elle est trop oiolle ou trop collante, d'autres mulets viennent la détacher à l'aide de leurs mâchoires, et de suite elles portent ces parcelles de la matière tenace pour en en- duire l'intérieur de la ruche et tous les corps qui y font sail- lie, afni d'en boucher exactement les trous. Cette matière, so- luble dans l'alcool et dans les huiles volatiles, porte le nom grec de-Kfô-Kokiç (au-devant de la ville). Cette projiolis, d'a- bord molle et très-extensible, prend beaucoup de solidité par la suite. Tous les corps étrangers, même ceux <\in s'in- troduisent vivants dans ces habitations, s'ils sont trop pe- sants pour être repoussés au dehors, sont recouverts de cette matière et se trouvent ainsi placés hors de l'enceinte ha- bitée. Il n'y reste qu'une seule ouverture [)ar laquelle, comme par une porte de ville bien close, tous les individus qui l'habitent sont obligés d'entrer ou de sortir. Le travail est réparti ou partagé entre tous les membres de la colonie. Pendant qu'une partie est chargée de la première opération, relative à la clôture et à la défense préventive de la demeure, une autre s'occupe à construire un édifice inté- rieur bien plus compliqué: ce sont les loges destinées à re- cevoir les œufs que la femelle doit pondre. D'autics indi- HYMÉNOPTÈRKS MEI.ITTES. G. ABKII.I.ES. H'Kj vidiis neutres doivent aller au dehors recueillir en provision la nourriture nécessaire aux besoins de tous. Tout est en commun : les travaux divers et- les fati- gues de l'un des individus tournent au profit et à l'avan- tage de toute la société. Les cellules que construisent les Abeilles sont composées d'une matière qui, provenant originairement des sucs et de la poussière fécondante des végétaux, a besoin d'une préparation, d'imesorte de digestion ou d'élaboration; c'est le produit d'iuie sécrétion animale qui se rend dans de petites cavités situées sous les segments inférieurs du ventre des Abeilles neutres. Klles l'extraient ii l'aide de leurs pattes; elles lui donnent cette souplesse, cette ductilité, cette onctuosité bien connues dans la matière que nous nommons la cire. C'est avec cette matière (|ue les cel- lules de la ruche sont construites, et leur ensendjle porte le nom de gâteaux ou de rayons. A peine le sommet de la ruche est-il suffisamment enduit de la propolis, qu'on voit les Abeilles neutres, comme enré- gimentées, se ranger par files j)arallèles occupées à employer la matière de la cire, et en former des lames saillantes pla- cées et distribuées avec une régularité parfaite à une cer- taine distance les unes des autres. Sur ces lames avancées, les Abeilles établissent sur l'un et l'autre plan les loges, qui se trouvent ainsi appliquées dans une position verticale sur la pla(|ue moyenne, et tellement rapprochées les unes des autres qu'il ne reste entre elles qu'un intervalle d'un seul centimètre, espace justement nécessaire pour permettre à deux Abeilles d'y passer en même temps dos à dos. Ces cellules, qu'on nomme aussi des alvéoles, sont de trois sortes, et offrent des apparences diver.ies. Les unes. 83o ENTOMOrOGlF ANALYTIQUE. et celles-là sont en beaucoup plus grand iiomhre, sont destinées à servir de berceaux aux larves des Abeilles ne>i- tres ou de magasins pour recevoir en entrepôt les aliments; toutes sont plus petites et d'une forme parfaitement hexa- gone. Cette figure à six pans parfaitement égaux est, à ce (jue l'on a avancé, dépendante uni(|uement de la juxtapo- sition des cylindres qui, d'abord nions, auraient été com- primés également de toutes parts ; on a cru aussi que cette forme résulte de la structure même des organes ou est cal- culée par l'industrie instinctive de ces insectes. Chacun de ces petits tuyaux peut avoir de quinze à vingt millimètres de longueur sur un diamètre de cinq, (itur base offre tou- jours trois plans composés chacun de trois pièces régulière- ment carrées et appliquées de manière à ne laisser que six pans, deux pour les trois côtés de chacune d'elles; de sorte que la base de l'une des cellules vue par l'un des côtés du gâteau, devient une portion de la base de trois autres poui le côté opj)Osé, et réciproquement. La seconde sorte de cellules ne diffère de la première que pour le diamètre de sa largeur, car leur ligure est la même, composée de la même substance ; elles sont destinées à rece- voir les œufs (jui doivent donner les mâles, et dont les larves seront plus volumineuses. La troisième sorte de cellules est tout à fait différente : les parois en sont beaucoup plus épaisses; de sorte quiiii seul de ces alvéoles pèse autant que cent trente tle ceux f|ui sont destinées aux neutres. Après l'étude de la construction de l'intérieur de la ruche, il nous reste à faire connaître deux des occiq^ations im|)or- HYMÉNOPTkuES Mlil.lTTES. (!. ABKH.LIiS. .Xov, feuille, et de TO(Aoç, qui coupe. Quelques espèces font leurs nids dans des coquilles vides de Gastéropodes du genre Hélix. Ce genre est très-nombreux en espèces : l'histoii'e abrégée de quelques-unes donnera une idée générale de leurs mœurs, dont il serait difficile de présenter une description exactement convenable pour tous, mais qui n'en est pas moins fort curieuse. Leur corps est généralement velu ou pubescent; la tête large: le corselet comme tronqué en arrière, et s'appliquant cependant par un très-court pédicule à la partie antérieure de l'abdomen qui est la plus large; les femelles, en particu- lier, ont le dessous du ventre fort velu, et même plane; les mâles ont souvent la pointe, ou plutôt l'extrémité posté- rieure du ventre , élargie et garnie d'épines. Voici l'indi- cation des espèces les plus intéressantes dans ce genre. I . Phyilotome empileme. Phyllotoma centuncularis- Brune ; le dessous du ven- tre garni de poils roux, serrés comme du velours; les bords blanchâtres. On reconnaît cette espèce, qui est petite, noirâtre et luisante, parce que, dès qu'on la saisit, elle relève le ventre et fair voir la brosse de poils roux très-serrés dont il est garni. Elle vit solitaire et fait son nid en terre dans un sol sec et un peu élevé. La galerie quelle y creuse a quelquefois deux à trois décimètres de profondeur, sur une largeur de sept à huit millimètres. Quand ce canal est entièrement percé, l'Abeille y apporte des portions de feuilles coupées ; elle les choisit lorsqu'el les sont encore jeunes et tendres, et 106. H44 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. ordinairenieiit sur le rosier. Ces lames sont circonscrites d'après des patrons ou des formes déterminées d'avance. Les premières^ celles qui sont desti- nées à garnir les parois du conduit, ont été coupées sur les côtés de la prin- cipale nervure de la feuille, de manière à lui donner une figure ovale. Cette pièce est placée ou étendue transversalement dans la galerie; elle ne sert qu'à retenir la terre par sa propre élasticité et sa consistance. Il en résulte cependant bientôt un. cylindre concave, sorte d'étui qui règne d'un bout à l'autre du conduit. Cela fait, l'Abeille y apporte d'autres portions de feuilles coupées sur un autre modèle. Celles-là n'ont la figure que d'une demi-el- lipse, plus large vers l'extrémité arrondie et tronquée transversalement vers l'autre. Arrivée dans le canal, l'Abeille y entraîne sa feuille et l'y dé- veloppe do manière que la partie la plus large y représente un segment de dé à coudre. Huit ou neuf feuilles, coupées sur ce modèle, sont successive- ment appliquées et circonscrivent chacune une cavité ou une cellule qui a la forme d'un dé. C'est une sorte de petit pot que cette femelle remplit d'une pâtée miellée, presque fluide, et au-dessus de laquelle l'œuf se trouve dé- posé, et puis cette mère va couper successivement trois o;i quatre autres feuilles, qu'elle a incisées avec habileté, d'après une figure tellement régu- lière et circulaire, que la section semble avoir été tracée au compas, et elle se sert de ces pièces comme d'un opercule pour fermer le dessus de la cel- lule. Sur cette première, elle s'occupe de suite d'en construire une autre, et ainsi de suite au nombre de dix à douze comme empilées. Les mandibules deviennent l'instrument qui sert à diviser très-nette- ment, et avec une rapidité extrême, les portions de feuilles d'après les fi- gures dont nous venons de parler. Elle commence à entamer la lame par l'un des bords, et, en moins de dix secondes, la pièce est coupée, pliée paç le milieu, placée entre les pattes antérieures et emportée vers le nid. Ce n'est pas seulement sur le rosier, mais sur les hêtres, les chênes et même sur le marronnier, que ces morceaux sont pris, et toujours quand les feuilles sont encore jeunes et flexibles. -2. Phyllotome du pavot. P. papaveris. Noirâtre ; tète et corselet couverts diui duvet jaunâtre ; anneaux du ventre lisses, noirs, bordés de gris. C'est l'Andrène tapissière de Réaumur, un Anthophore ou Anthocope ai- genté des auteurs. Elle est plus petite que la précédente, et le dessous de son abdomen n'a point le duvet roux; il est de couleur grise. Elle se creuse aussi une galerie sous terre, mais plus courte, à sept ou huit centimètres de pro- fondeur, dans un terrain sec, sablonn«ux, facile à percer. C'est une sorte HYMÉNOPTÈRES MELITTES. G. EUGLOSSE. 845 de caverne, étroite à l'entrée, élargie dans le fond. Lorsqu'elle est creusée, l'Abeille y apporte des portions de pétales de coquelicot, transportées comme les feuilles que l'espace précédente emploie et à peu près avec les mêmes procédés. 3. Phyllofome qualre-denls. P. quadridentata. Brune; ventre a cin(| bandes blanches, à région postérieure munie de quatre pointes courtes, dont celles du milieu semblent fendues; le dessous porte un duvet blanc serré. 4. Phijllotome conique. P. conicu. Noirâtre; abdomen très-conique et en pointe. à segments bordés de blanc. 3. Phijllotome à manchettes. P. manicaïa. Noire; à duvet cendré; ventre à ta- ches jaunes, terminé par trois dents ou pointes. Les pattes sont ciliées de poils roidcs, courts, blanchâtres ; de là, son nom spécifique. Cette Abeille {Anthidium manicalum, Fab./ garnit les galeries qu'elle a creusées d'une sorte de membrane papyracée, qu'elle travaille en unissant avec une humeur visqueuse les particules cotonneuses qu'elle carde à l'aide de ses pattes. C'est une sorte de papier très-fin. On pourrait rapporter plus de cinquante espèces des enviions de T'aris à cette grande division. 20-2. Genrk EUGLOSSE. EUGLOSSà. Latreille.) Caractères : Hyménoptères , à langue et mdckoircs réunies en une trompe presque aussi longue que l'abdomen ; à an- tennes brisées, plus courtes que le corselet; corps brillant a reflet métallique ; pattes postérieures a cuisses gonflées, dentées, avec les jambes comprimées, concaves. Ce nom a été, pour ainsi dire, signalé par la longueur de la langue. Les mots £'j -fkùfjorx, signifiant quelle langue! Nous ne parlons de ce genre (|ue (SJ^£,^. ' J*../ parce qu'il indique une particularité dans cette famille des Apiaires. De Geer en avait donné une 846 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. très-bonne figure dans le tome III de ses Mémoires. Les seules espèces que l'on connaisse sont décrites par Fabri- cius, qui leur trouvant quelques rapports par le brillant métallique avec plusieurs guêpes dorées ou les Chrysides, a été porté à émettre l'opinion, que ces espèces ne font pas de miel, et qu'elles sont probablement des insectes parasites. Les trois espèces sont originaires de l'Amérique méridio- nale, de Surinam et de Cayenne. 203. Genbe EUCÈRE. EVCERA. (Scopoli.) Caractères : Hyménoptères , à langue et mâchoires réunies en trompe; à antennes fort peu coudées, très-longues et cylindriques, dépassant l'étendue du corselet; corps très- pubescent ohlong ; à tête plus large que longue. Le nom de ce genre est tiré, comme celui du précédent, de la longueur des antennes qui dépasse celle du corps, sur- tout chez les mâles. Eu y-épaç, signifiant quelle corne! Les dix ou (iouze espèces de ce genre sont presque toutes étrangères à la France; elles ont la plus grande analogie avec les Abeilles. Voici les noms de deux espèces qui se trouvent à Paris. I . Eucère grandes-antennes. Eucera longicornis. Noire ; dos d'un vert gris fauve ; le ventre est noir, roussâtre à l'extrémité. •2. Eucère anlennée. E. antennata. Elle ressemble à la précédente; mais on voit des marques blanches irrégulières sur le ventre. Ces deux espèces se trouvent, l'été, sur les fleurs; elles font leur nid dans le sable un peu solide aux premiers jours du printemps. HYMENOPTERES iMËLlTTES. G. ANDRENE. 204. Genbe ANDRÈNE. ANDHENA. (Fabricius.) «47 a<.-( Caractères : Hyménoptères mêlâtes, à corps allongé, légè- rement velu, excepté sons le ventre, qui est comme tronqué, à pédicule court, armé d'un aiguillon rétractile ; antennes insérées au milieu du front, se touchant presque par leur hase. Ce nom, emprunté du grec d'Aris- tote ÀvSpeva, est très-mal appliqué par la plupart des auteurs, ce qui a produit une telle confusion que plusieurs l'ont donné à des espèces de genres très- différents; Fabricius lui-même a sou- vent vacillé dans la détermination générique des espèces. Scopoli les avait appelés Nomades, et Réaumur des Pro- abeilles, parce que tous les deux avaient remarqué que la trompe de ces insectes différait de celle des Abeilles par le nombre des pièces qui la composent^ puisqu'ils n'en avaient trouvé que trois dans celles des Andrènes au lieu de cinq. Olivier s'était rangé de leur avis, et Latreille a cru que les Andrènes de Fabricius n'étaient que des femelles, dont les mâles appartenaient au genre Hylée. Kirby, dans son grand ouvrage, sur les Abeilles d'Angleterre, n'a pas fait mention du genre Andrène , et il en a distribué les espèces dans d'autres genres très-divers. Nous n'avons pas fait assez d'ob- servation personnelle pour juger cette question, nous en étant rapporté à Fabricius. Au reste, la manière de vivre des Andrènes est la même que celle des Mélittes en général ; elles proviennent de larves 848 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. sans pattt's qui vivent d'une pâtée miellense que leur mère dépose près de l'œuf qui doit les produire, et le ?'er, c'est-à- dire la larve qui en naît, subit les mêmes métamorphoses. On ne connaît pas des neutres dans ce genre, dont les espèces ne se réunis.sent pas en société; on croit que les mâles ne s'occupent pas du tout de la construction du nid, dont la mère prend seule le soin. C'est dans un terrain sa- blonneux que ce dépôt est préparé et construit; on y a trouvé des alvéoles, dont les parois ont assez de solidité et renferment une sorte de miel noirâtre et odorant. On dit qu'il y a deux générations dans une même année, à la se- conde ponte on a trouvé des larves vers la fin du mois d'août, mais ce n'est (pi'au printemps suivant que les insectes par- faits sortent des cellules où les nymphes étaient restées en- gourdies pendant l'hivei'. Nous ne décrivons que certaines espèces, dont on a ob- servé plusieurs individus aux environs de Paris. 1 . Andréne bleuâtre. Andiena cœiulescens. D'un noir bleuâtre ou cuivreux : ventre à anneaux d'un roux blanchâtre. Déjà Linné et Fabricius avaient considéré comme deux espèces le mâle et la femelle que de Geer a fait connaître sous le nom de petite abeille ma- çonne bronzée; les deux sexes sont en effet fort différents par la taille, la couleur et par le nombre des individus de cette même race. Le mâle est plus commun, on le trouve plus souvent, il n'a point d'aiguillon; le der nier anneau de son abdomen est comme fendu. La femelle, du double plus grosse , est noire, à reflet bleuâtre. C'est de Geer qui a décrit le nid et re- connu cette différence dépendante du sexe. Cette [espèce fait son nid en dehors contre les murailles exposées au midi ; il renferme cinq ou six cellules réunies sous une couche commune de sable ou de gravier. 2. Andrèiie sanglée. A. cingulata. Noire, à duvet cendré; abdomen noir, lisse, avec le deuxième et troisième anneau ferrugineux. HYMÉNOPTÈRES MELITTES. G. HVrÉE. 84^ (l'est tout à la fois une nomade de Fabricius et une Andrène. Payner l'a figurée et décrite comme une Abeille sous le nom de Sphégoïde. Ils offrent les mêmes différences pour le sexe d'après la taille et les couleurs. On les trouve très-communément en avril sur les fleurs des Ombellifères. ■i. Andrène pattes-velues. A. pilipvs. Toute noire velue; abdomen brillant; pattes postérieures à poils blancs. On les a nommées aussi Andrène cilicée; elle ressemble à une Typhie ou à une fourmi ailée. La tête est large; ses ailes brunâtres. Les nombreuses espèces rangées sous ce nom de genre sont peu con- nues, comme le caractère générique n'est pas très-précis, il y a certaine- ment beaucoup de doubles emplois. Mais leur histoire est très-curieuse à étudier. 205. Genbe HYLÉE. HYL^US. (Fabricius.) Caractères : Hyménoptères , à langue prolongée en trompe., formée par la lèvre postérieure et les mâchoires ; à antennes brisées ; à tête lisse ou très-peu velue , h front plat et plus large en travers. Le nom de ce genre vient probablement du mot grec ûV^t;, dont le sens est qui vit dans les bois ; il peut être considéré comme ir»ignifiant, ainsi que le sont presque tou- jours ceux que Fabricius semble avoir pris au hasard. De- puis, le même auteur a séparé plusieurs espèces de ce genre et les a distribuées parmi les Anthophores, dont nous avons parlé sous le nom de Phyllotomes, et dans un autre genre qu'il a appelé Prosopis. Latreille, conservant le non àe Pro- sopis, avait été tenté de supprimer celui d'Hylée, puis il l'a repris, en avouant qu'il n'en connaissait pas les moeurs, mais il soupçonnait que les femelles pondaient leurs œufs dans les nids des autres Apiaires. 107 85o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. On trouve les individus parfaits sur les fleurs, principale- ment sur celles de la gaude ou d'autres résédas, et sur celles des alliacées. Ce sont de petits Hyménoptères allongés avec des taches tigrées, noires, jaunes ou blanches, souvent dis- tribuées eu cercles; les antennes sont courtes, brisées, u a peu renflées et légèrement arquées dans les mâles. Voici les principales espèces : 1 . Hylée à annemix. Hy/œus annula/us. Noir ; à front tacheté de blanc ; jambes postérieures à anneaux blancs. C'est une petite espèce, qui a 7 à 8 millimètres, et qui porte une légère odeur de musc. 2. Hylée annulaire. H. annularh. Celle-ci est encore plus petite et toutes ses pattes sont annelées de jaune. 3. Hylée glutineux. H. glutinosus. Noir; corselet roussâtre, le ventre moins al- longé, avec des bandes d'un duvet blanc sur le ventre. C'est l'une des espèces que Latreille avait rangées dans le genre Colleté, parce qu'elle enduit la galerie dans laquelle elle dépose ses œufs, d'une sorte de bave visqueuse qui en consolide les parois. 4. Hylée pattes-blanches. H. albipes. Brun, avec le milieu du ventre roussâtre; les jambes portent chacune une tache blanche. 206. Genkiî nomade. NOM AD A. (Fabricius.) I Caractères : Hyménoptères a 'ventre pédicule, a lèvre infé- rieure et a mâchoires plus longues que les mandibules , /armant une sorte de langue ou de trompe; à tête lisse ou non pubescente, arrondie, dont le front n'est pas renflé. Le nom de ce genre a été emprunté du grec vo[x,àç, à^oç, parce qu'il signifie vivant au milieu des troupeaux. Il a servi à rapprocher quelques espèces d'Abeilles ou d'Andrènes HYMENOPTERES MELITTES. (î. NOMADE. 85 1 celles dont le corps est lisse ou sans duvet, dont la tête est plus large que le corselet et dont l'écusson et le chaperon sont saillants. (^e genre diffère de tous les autres compris dans la même famille: d'abord des Beiubèces, dont la lèvre antérieure couvre tout l'appareil buccal étant dans l'état de repos; des Eucères et des Andrènes, des Bourdons et des Abeilles, chez lesquels la tête est couverte d'un duvet ou de petits poils, tandis quici, comme dans les Hylées, elle est lisse ou glabre; dans ces derniers elle est transversale , et chez les Nomades elle est arrondie. Tel est le résultat de l'analyse. Les mœurs des Nomades sont celles des autres Apiaires ou Mélittes; leurs larves apodes sont pourvues de leur nourriture première par la prévoyance de leurs parents. Sous l'état par- fait, l'insecte s'alimente du nectar des fleurs et unit cette hu- meur à la poussière des étamines pour en faire une bouillie qu'il dépose dans des nids ou près des œufs qui y ont été pondus. On ne connaît pas de neutxTS ou de mulets dans ce genre; oncroitque quelques espèces profitent des provisions recueillies par d'autres et qu'elles se développent en parasites dans leurs demeures. IjCS principales espèces sont celles (pie nous allons faire connaître : I. Nomade cornes-rousses. Nomada ruficornis. Jaune, tachetée de rouille, avec les pattes de couleur ferrugineuse et quatre points de même teinte sur l'é- cusson, •2. Nomade ru /ipède. N.rufipes. Noire; un écusson jaune; le ventre marqué de chaque côté de deux taches et de deux bandes jaunes. .'J. Somalie de Roherjol. .V. Robcrjodona. Noire; ventre à base rousse et avec cJnq taches blanches. 107- 852 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. -4. Nomade fardée. N. miniata. Noire, avec les antennes, les pattes, i'écusson et quatre bandes abdominales jaunes ; premier segment du ventre de cou- leur rougeâtre. o. Nomade jaune. N. Jlava. Noire; à anneaux de l'abdomen jaunes bordés de noir ; antennes et pattes à moitié noires. 2 la langue dépasse debeaucoup lalongueur des mandibules; des Systrogastres, dont l'abdomen concave se roule en boule, et enfin de toutes les autres famdles dont les antennes sont en soie et dont les ailes ne sont jamais dou- blées, telles que les Myrméges, les Oryctères, les Anthophi- les, les Entomotilles et les Néocryptes. Le nom de Guêpe, qu'on écrivait d'abord guespe ou uespe, vient évidemment du mot \di\\nvespa, comme le verbe gaster du latin vastare, plusieurs mots fournissent des exemples . Guêpe française. V. gallica. Noire; corselet bordé de jaune, avec deux points et l'écusson avec six de la même couleur; deux taches jaunes sur le second anneau du ventre. C'est celle que Geoffroy a décrite sous le n" 4. Elle fait un guêpier com- posé de vingt à trente cellules, dont celles du centre sont les plus longues. On voit très-communément son guêpier dans les broussailles, sur les ar- bustes; les mères sont très-assidues près des larves, et elles ne quittent pas le nid lorsqu'on le détache. On a aussi décrit, sous le nom d'un genre appelé Eumènes, les espèces suivantes : 7. Guêpe en pomme. V. pomifurmis. Noire, tachetée de jaune; le pédicule de l'abdomen présente deux points jaunes dans sa partie la plus renflée ; les second et troisième segments ont une double tache jaune interrompue. 8. Guêpe étranglée. V. coarctata. Noire ; devant du corselet et sa partie posté- rieure ayant des taches jaunes. Le premier segment du ventre est en poire, le second en cloche. Geoffroy a observé le nid de cette espèce et l'a tiguré, tome 11, pi. xvi. HYMÉNOPTÈRES SVSTROGASTRES. 863 fig. 2. Ce nid est demi-sphérique et composé d'une terre fine, fixé par le côté sur une pierre. M. Goureau l'a très-bien fait connaître : Ann. Soc. entom., 1839, tome VIH, p. 551 et fig. pi. xviii , iii. Parmi les espèces étrangères, qu'on a raitportéos au genre Epipone, il y a les suivantes : i). Guêpe tatou. V.morio. Noire; sans aucune tache; le bord extérieur des ailes est noir et le premier segment du ventre en massue. C'est une espèce de Cayenne dont le guêpier, en carton très-fin, est semblable à une cloche bouchée à la base avec une ouverture latérale. 10. Guêpe nidiilante. V. nidalans. Noire; des anneaux et des lâches jaunes sur un petit abdomen conique. C'est la Guôpe cartonnière de Réaumur, dont il a figuré le guêpier très- volumineux, qui est d'un carton blanc très-fin ; il est cloisonné et offre au centre de chaque rayon un seul orifice, qui se voit également au milieu de la base extérieure. Dans ces derniers temps M. Henri de Saussures a publié des Études sur la famille des Vespides, série de monographies accompagnées de belles planches. Trente-deuxième famille : les SYSTROGASTRES ou CHRYSIDFS. Par ce nom, qui signifie ventre enroulant, cucrpoc, entoin-é par, circula circumdatus , et yaoTvip, le ventre, nous avons eu l'intention d'exprimer le caractère de cette famille de l'ordre des insectes hyménoptères dans lesquels l'abdomen est formé de segments dont quelcpies-uns, fort développés et convexes du côté qui correspond au dos, sont ou planes et même con- caves en dessous, très-mobiles les uns sur les autres et peuvent s'enrouler de manière à envelopper la tête et même l'extré- mité postérieure du corps, de sorte que l'insecte se roule en boule sur lui-même quand il le veut, comme le font les Clo- portes dits armadilles ou gloméi'ides. 864 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Cette famille comprend des insectes très-élégants dans leurs formes et snrtout par leurs couleurs, dont la plupart offrent des reflets métalliques, ce qui les a fait appeler long- temps Guêpes dorées ou Clirysides. Ils ont fourni à de très- habiles entomologistes le désir et l'occasion d'en faire une étude toute particulière; nous devons citer spécialement les deux ouvrages suivants : celui de M. I^epeletier de Saint- Fargeau (i) et le volume spécial de M. Dahlboni (2). Cette famille d'insectes offre évidemment le passage, d'une part, avec les Abeilles et les Guêpes, d'après la conformation de certaines parties de la bouche, mais surtout dans l'un des genres, par la trompe ou la langue, et, d'autre part, d'après ce qui est connu de leurs mœurs, avec les Hyménoptères para- sites ou dont les larves tantôt se nourrissent dans le corps même d'autres espèces et s'y développent comme les vers intestinaux ; tantôt profitent des provisions que d'autres espèces d'Hyménoptères avaient destinées à l'alimentation de leur pro|)re progéniture. La |jlupart de ces genres ne réunissent que de petites es- pèces, remarquables, comme nous l'avons indiqué d'après le nom donné à la famille, parce qu'au moindre danger, et au moment oii on les saisit, leur corps se contourne et que les deux extrémités se trouvent enveloppées dans la concavité .1 Annales du Muscutn d'hist. natur. de Paris, tome II, 1806, page UTi, 20 figures coloriées. (-2) Hymenoptera Europxa, tome II, Clirysis. Berolini, in-S", 1829, 112 pi., 1 vol. de 400 pages. Ces deux ouvrages sont essentiellement descriptifs. Dans le dernier, l'auteur sépare ce groupe en six familles, en douze genres, et il donne la descrip- tion de deux cent treize espèces. HYMF.N01>Ti',RES SYSTROGASTRES. 865 offerte par les deuxième, troisième ou quatrième anneaux de l'abdomen, dont la solidité et la résistance servent ainsi à la protection générale du corps. Les femelles présentent encore cette particularité que les cinq ou six derniers segments du ventre peuvent sortir ou rentrer les uns dans les autres, pour s'allonger et devenir un pondoir d'une forme particulière, ce qui avait fait proposer de désigner ces insectes sous le nom de porte-tuyaux. Une autre conformation remarquable se trouve, en outre, dans les parties du corselet, car chez le plus grand nombre des Hyménoptères, la pièce antérieure ou le prothorax, celle qui porte les pattes de devant, est à peine visible du côté du dos, où elle forme une sorte de collier très-mince, tandis qu'ici, elle fait en dessus constamment partie du grand corselet, recouvrant, comme une première cuirasse, le mésothorax qu'elle enveloppe, mais sur lequel elle est mobile. Enfin, lemétathorax lui-même, qui est très-convexe, porte le plus souvent eu arrière des prolongements épineux au-dessus de son articulation avec le ventre, lequel se replie en dessous pour venir cacher la tête. Ces particularités, comme on le voit, sont caractéristiques et nombreuses. On trouve souvent ces Chrysides sur les fleurs; elles y pompent les sucs miellés. Ou a remarqué qu'elles choisissent de préférence celles des ombellifères. Cependant, les lieux où l'on est le plus certain de les rencontrer, ce sont les coupes argileuses des terrains, les nnirailles dans lesquelles les Abeilles et les autres Apiaires ont établi leur domicile. On a tout lieu de croire, d'après plusieurs observations, qu'elles viennent là pour s'introduire près des larves des autres Hy- ménoptères afin d'y déposer leurs œufs, et la faculté que ces Systrogastres ont de se rouler en boule se trouve expliquée 109 866 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. en ce qu'elle paraît avoir pour but de les soustraire à l'aiguil- lon ou à la piqûre de ces Apiaires. On a divisé cette famille en trois sections : les Parnoph, dont la langue est presque aussi développée que dans les Mélittes; car, même dans l'inaction, on voit cette langue étendue sous la poitrine jusqji'à l'origine du ventre. Chez les autres espèces, cette trompe est à peine distincte, mais on peut établir entre elles deux autres coupes. Dans l'une, celle des Cleptes^ les anneaux de l'abdomen ne sont pas excavés en dessous, et dans les autres, ([ue nous nomme- rons, avec tous les auteurs, les Chrysides, cette concavité du ventre est très-remarquable. Mais ce genre a été lui-même subdivisé en plusieurs autres, comme nous le verrons, tantôt d'après la forme et la disposition des petites pointes ou des onglets que présentent les articles des tarses, tantôt d'après la figure et le mouvement du bord postérieur du troisième anneau du ventre dans sa région dorsale. Telle est du moins la base delà classification proposée |)ar M. Dahlbom. ORDRE DES HYMEN (3PTER ES. Trente-deuxième famillk : les SYSTKOGASTRES ou CHRYSIDES (I). Caractères : Abdomen pédicule à serments distincts très- convexes du côté du dos et pouvant s'enrouler sur la tête. A LÈVRE 'allongée restant visible sous la poitrine 1 Parnopès. , ;oncave et rentrant 3 Chrïside. ' très-courte ; dessous du ventre < ou moins plane ...... 2 Clfpte. (1) Dé (TucTpo'i;, qui entoure, et de Yocaivip, ventre. HYMENOPTERES SYSTROOASTRES. G. PARNOPÈS. 86-: -20(). Gemii; PARNOPÈS. PARIS'OPES. (Latreille.) Caractères : Hyménoptères à abdomen séparé du corse/et par un court pédicule; à lèvre antérieure courte; segments du ventre convexes, solides, pouvant recouvrir la tête, développés surtout dans le troisième anneau, dont le bord postérieur est dentelé; à bouche formant une langue pro- longée, même dans l'inaction, au-dessous de la poitrine ; se rapprochant ainsi des Abeilles et des Guêpes. Ce nom de Parnopès, dont l'étymo- logie ne nous est pas connue , offre malheureusement trop de ressemblance avec celui d'un genre de Névroptères désigné en français comme la Mouche ■'cx<..,|,7i a„ p,.^ ^^'(. Gekbe CRABRON ou FREF,ON. CRABRO. (Linné.) Caractères : Hyménoptères à abdomen pédicule, conique, ar- rondi; à lèvre inférieure de la longueur des mandibules nu plus ; à chaperon ou lèvre antérieure à reflet métallique; à tête grosse et large dont les antennes sont peu ou non cou- dées, de treize articles au plus. Ce nom de Crabron est la traduction du mot par lequel il est évident que les Latins désignaient une sorte de Frelon. Virgile, dans le livre IV des Géorgiques, vers 245, a dit : Jmmunisque sedens aliéna ad pabula fucus, Aut asper crabro La forme du ventre et son mode d'insertion distinguent les Crabrons d'abord de tous les Uropristes qui l'ont sessile; puis la brièveté de la lèvre inférieure les séparent des iMélittes, qui ont une langue plus longue que leurs mandi- bules; troisièmement, l'abdomen turbiné et non concave et les ailes de dessus non doublées les éloignent, d'une part des Sys- trogastres ou Chrysides, et de l'autre des Diploptères comme les Guêpes; quatrièmement, leurs antennes, peu ou non bri- sées, et le pétiole simple de leur abdomen les fait séparer des Myrméges ou Fourmis; enfin le nombie des articles qui ne dépasse pas treize , les fait reconnaître des deux autres fa- milles des Hyménoptères dont les antennes sont beaucoujj plus longues; tels sont, dans les Oryctèi-es, les Sphéges ou dans les Entomotilles , les Ichneumons. Il ne reste que la 8yH ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. famille des Néocryptes dont l'abdomen est comprimé on renflé. IjCs Crabrons ont généralement le corps lisse, le pins sou- vent avec des taches et des anneaux jaunes sur un fond noir; leur tête, qui est grosse, paraît presque carrée, avec la face ou le devant, offrant un aspect brillant comme métallique, iirgenté ou doré. Les antennes sont nn peu plus grosses an milieu, mais presque en fil; leur corselet globuleux. Dans la |)lupart des mâles, les jambes antérieures offrent une par- tie dilatée (]ui ressemble à un élytre de Coccinelle, concave en dedans, lisse et convexe en dehors avec de jjetits espaces cor- nés qui, vus à contre-jour, paraissent comme de petits trous, ce qui les a failnommev peltatas, pterotus, thyreus, tltyreo- pus, cribrarius. Les Crabrons, comme la plupart des autres Anthophiles, se nourrissent du suc des fleurs et de leur pollen , mais on les voit souvent emporter en volant de petites chenilles, des Diptères ou de petits Lépidoptères; on a reconnu que c'est afin d'en nourrir leurs larves, ou plutôt pour les déposer à la proximité de l'œuf, qui est logé dans une petite fosse que l'insecte a creusée dans la terre, dans du bois pourri ou dans le centre médullaire de quelque branche rompue d'une ronce ou d'un rosier. Lorsqu'on a saisi l'un de ces Crabrons, il fait entendre une sorte de murmure ou de petit cri aigu pro- duit sans doute par le trémoussement ou la vibration des pièces qui recouvrent la base de l'aile supérieure. Les espèces principales inscrites dans ce genre et qui se trouvent à Paris, sont : I. Crabrun grosse-télr:'. Crabro cephalotes. Noir; à premier article des antennes et la base des mandibules jaunes, ainsi que l'épaulette et les pattes; mais HYMÉNOPTÈRES ANTHOl'Hll-KS. G CKABRON. 879 avec les cuisses noires. Ventre d'un noir brillant, avec une grande tache de rouille sur les côtés et trois autres taches glauques en arrière. 2. Crabron fossoyeur. C. fossorius. Noir; avec cinq taches jaunes sur l'abdo- men; le mâle a, de plus, l'écusson jaune et sa tête est plus grosse. On l'a rangé dans un genre nommé Solenius. 3. Crabron crible. C. cribrarius. Noir; corselet à taches et bandes de l'abdo- men jaunes, dont les intermédiaires ne sont pas complètes ; les pattes sont jaunes. Dans les mâles, on voit que le tibia ou la jambe antérieure est dilatée en une sorte de coquille jaune, concave, à points transparents. C'est à cette espèce et à la suivante qu'on a donné le nom de Thyrcopus, comme celui d'un genre. •i. Crabron à bouclier. C. clypeatus. Noir; corselet comme étranglé ou rétréci, avec des épaulettes jaunes. La dilatation des jambes du mâle de cette espèce est d'un jaune plus pâle et n'offre pas ces espaces pellucides. Il y a plus de quarante espèces qu'on jjonrrait rapporter à ce genre, même parmi celles qui se rencontrent fréquem- ment aux environs de Paris; mais nous ne voulons pas en relever le catalogue. On en a fait une tribu sous le nom de Crabronites, subdivisée en plusieurs sous-genres dont nous citerons ici quelques-uns des noms : Tripoxylon, Goiytc , Stigme, Pemphredoii Alyson., Pseii, Solenius, B/cpharijje, Cératocole, Thyreopus, Crossocère, Oxybèle, etc., et huit ou ou dix autres, qu'on trouve indiqués dans les ouvrages modernes. 88o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 216. Genre SCOLIE. SCOUA. (Fabriciiis; Caractères: Hyménoptères à ventre pédicule, arrondi, ter- miné en pointe aiguillonnée; à lèvre inférieure non pro- longée en langue au delà des mandibules ; antennes en fuseau allongé , insérées entre les yeux qui sont échancrés ; abdomen velu ou couvert de poils roidcs. Le nom est évidemment em- prunté du grec; le mot ay.oT.to'ç, si- gnifiant tortu, distortus , disloqué ou tordu, parce que les espèces de ce genre peuvent, en effet, faire mouvoir leur abdomen dans tous les sens. Au premier aspect les Scolies ressemblent à des Guêpes, en ce que leurs ailes supérieures sont épaisses et souvent colorées eu brun, mais elles ne sont pas pliées selon leur longueur. Le pédicule qui unit le ventre au corselet est en outre très-court; les mâles offrent trois pointes à l'extrémité de l'abdomen, au lieu d'un aiguillon très-acéré que portent les femelles; leurs anteruies sont aussi plus droites et leurs articles sont fort rapprochés les mis des autres. On sait maintenant que ces insectes proviennent de larves parasites, au moins pour l'une des espèces que l'on a obser- vées dans la tannée de nos serres; car on a trouvé sa larve rongeant celle d'un gros scarabée nasicorne orycte, et l'on a parfaitement décrit et figuré cette larve, le cocon (ju'elle se HYMÉNOPTÈRES ENTOMOTILLES OU INSECTIRODES. 88 1 file et la nymphe qui produit l'insecte parfait. JNous avons trouvé nous-même plusieurs fois l'espèce nommée S. des jar- dins; et une seule fois, à Rouen, celle dite à front jaune qu'on regarde comme une femelle de la S. hortorum. I. Scolie quatre -taches. Scolia quadrimnmlata. Noire; l'abdomen porte deux taches jaunes sur le second et le troisième anneau de l'abdomen. Il y a éga- lement deux petites taches jaunes a trois angles sur le front. Les ailes sont d'une teinte violette. •2. Scolie quatre-points. S. quadripunctata. Semblable à la précédente, plus petite; les ailes supérieures sont jaunâtres, à bord externe noir. .3. Scolie des jardins. S. hortorum. Noire; abdomen à deux bandes jaunes; deux taches sur l'écusson ; ailes supérieures d'une teinte violette. C'est celle dont M. Passerini a fait connaître les mœurs remarquables par une sorte de parasitisme, que M. Lepeletier nomme Vivither. Trente QUATRIÈME famille : les ENTO.MOTILLES ou INSECTIRODES. Tel est le nom sous lequel, dès ijgy, j'ai indiqué pour la première fois cette famille d'insectes à quatre ailes nues, veinées principalement sur la longueur et dont le caractère, pour la faire distinguer de toutes celles qui appartiennent au même ordre des Hyménoptères, pourrait être ex|jrimé en ces termes : ventre pédicule non concave en dessous, à lèvre inférieure de la longueur au plus des mandibules ; à antennes non brisées, très-longues, vibratiles, de dix-sept à trente articles au moins. Ces noms dEntomotilles ou Iiisectirodes sont destinés à rappeler ou à faire connaître une particularité de mœurs re- lative au mode de développement chez tous ces insectes, c;ir III 8f^2 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. ils tendent à ex|)rinierce fait de leur histoire, que tous pro- viennent de larves qui ont été déposées sous forme d'œufs, parleur mère, dans le corps d'autres insectes. C'est là que ces larves se nourrissent, comme le feraient des vers intesti- naux, en se développant dans le parenchyme d'insectes vi- vatits, dont ils rongent ainsi l'intérieur. L'un des mots grecs, ■viXkbi, signifie je ronge, je consume, je dépouille, et l'autre, evTO[ji.a, les insectes. C'est ce que nous avions cherché à ex|jri- meriiussipar les mots latins composés et francisés: Insecti- rodesQxx bien encore d'une manière plus générale en les appe- la ntEndophages, pour les opposer aux Exophages, qui rongent en dehors les larves vivantes. Ce n'est que quand ces larves sont sur le point de se transformer en nymphes et qu'elles sont encore dans le corps de leur victime, mais rarement en sortant de ce milieu vivant et transitoire dans lequel elles ont vécu en parasites, comme des vers internes, que les Entomo- tilles prennent leur dernière forme et deviennent aptes ;i propager leur race de nouveau. Il résulte de ce qui précède que les insectes de. cette famille très-nombreuse en espèces, présentent, en ce qui concerne leur origine et leur dévelop- pement, des mœurs très-curieuses à suivre et à observer. Sous le rapport de la classification entomologique , nous rappellerons les principaux caractères différentiels propres à faire distinguer cette famille de toutes celles (jui sont rangées dans le même ordre des Hyménoptères. En effet, les Uropristes, comme les Tenthrèdes , ont l'abdomen collé contre le corselet ou sessile. Les lAlélittes ont une longue langue unie aux mandibules pour former leur tromj)e ; les Systrogastres ont le ventre concave à anneaux pouvant s'en- rouler et cacher la tête; les Ptérodiples ont les ailes supé- HYMÉNOPTÈRES ENTOMOTIM.ES OU INSECTIRODES. 883 rieures doublées; les Myrinéges ont les antennes brisées et beaucoup plus courtes; enfin, vient le nombre des articles dont les antennes sont composées et qui est au plus de treize à dix-sept dans toutes les autres familles des Antlio- philes , Oryctères et Néocryptes. Ces observations mon- trent donc que les Entomotilles forment nécessairement une famille bien distincte. Les genres qui peuvent être rapportés à cette famille cor- respondent à peu près à celui que Linné avait désigné sous le nom d'Ichneumon, et, d'après Aristote même, il devait être voisin de celui des Sphéges, puisqu'il dit : I^es ichneu- mons aux(]uels on donne aussi le nom de Sphéges : tyveu[;.ov£: itaXo%evot cçti/.éç- Les plus anciens auteurs latins les nommaient Miiscœ trlpiles, à cause des trois soies qui terminent et pro- longent souvent beaucoup leur corps en arrière, au moins chez les femelles auxquelles cet organe sert de pondoir et de tarière. On les appelait aussi Mouches vibrantes, parce que la pin part des espèces de cette famille font mouvoir i-apide- ment et d'une manière presque continue, leurs longues an- tennes, toutes les fois qu'elles marchent ou qu'elles s'arrêtent sur quelque corps solide pour y chercher leur proie dont elles paraissent être constamment inquiètes, ce qu'indique même leur nom grec d'Ichneumon, qui correspond au mot de chercheur, inclas;ator. La plupart de ces insectes sont de forme allongée, exces- sivement grêle, comme linéaire; leur étendue, en longueur, dépasse de vingt ou trente fois celle de la largeur de leur corps. Tous |)roviennent de larves sans pattes, sortes de vers en apparence, mais avec des mâchoires, appelées à se nourrir et à se développer dans l'intérieur tantôt des œufs ou des 1 1 1. 884 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. individus qui en proviennent, tantôt des chenilles et même des Chrysalides des autres espèces. Comme nous l'avons dit |)Ius haut, ces larves y subissent, pour la plupart, leur méta- morphose complète. Quelques-unes, cependant, sortent du corjjs de l'insecte au moment où il est près de cesser de vivre, et viennent se filer au dehors une coque soyeuse dans laquelle s'opère la dernière transformation. Cette famille est excessivement nombreuse en espèces. Elle a été subdivisée en plus de soixante i^fcnres distincts. Gra- venhorst, en particulier, a publié à Breslau, en 1829, trois volumes in- 8", en latin, sur les Ichneumons d'Europe, et il a intitulé son ouvrage Ichneumonologia . Il nous est impossible de faire connaître ces nombreuses subdivisions, car on distingue plus de quatre mille espèces d'ichneumons, et il reste encore beaucoup à apprendre sur ce sujet. La plupart des auteurs ont pris pour base de leurs classifications, les uns la structure des ailes, et en particu- lier de l'une ou de plusieurs des cellules transparentes, qui sont des portions de la membrane de l'aile supérieure situées le long du bord le plus épais; d'autres, la forme et la lon- gueur relative des antennes variable quelquefois dans les sexes, de sorte que le mâle et la femelle ont pu être distri- bués dans des genres différents. Plusieurs autres difficultés sont telles cpi'il devient aujourd'hui impossible d'en présenter une classification tout à fait naturelle: nous nous sommes donc borné à indiquer cinq genres principaux. Depuis quelques années on a séparé du genre Ichneumon de Linné beaucoup d'espèces ; on leur a donné des noms de genres surtout parmi les espèces étrangères à l'Europe. Latreille et J urine ont désigné ces genres sous les noms sui- HYMÉNOPTÈRES ENTOMOTI I,Li:S Ol INSECTIUODES. 885 vants : Pélécine, Stéphane, Anonialon,Chéloiie, Aiilaque, etc. Fabricius aussi avait établi les genres Bassns, Bracon, Joppa, Cryptns, Pimpla. Voici le tableau analytique à l'aide duquel il sera facile d'arriver à la détermination des cinq genres que nous avons cru devoir mentionner dans cette famille. En traitant succes- sivement des genres, nous donnerons quelques détails plus circonstanciés sur les mœurs et sur les subdivisions que nous ne ferons qu'indi(|uer. Famille des E^TOMOTILLES (1) ou INSECTIRODES. Cabactéres : Hyménoptères à ventre pédicule, non concave en dessous ; à lèvre inférieure très-courte, non en trompe; antennes non coudées., longues, de dix-sept à trente articles. I long ; têle portée sur un cou 2 Foene. !fil ; ventre ; ( court ; lète comme sessile 5 Evanie. I cylindrique, à anneaux ou se^'meiits arrondis. I Ichneumoi I soie ; ventre ] j j long, courbé en masse i Ophion. ' comprimé -, / court, pointu, presque sessile. . . S Banche. !l) De svToaov, insecte, et de tHIm, je ronge. 886 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 17. Genbe ICHNEUMON. (Linné.) Caractères : Hyménoptères à abdomen considérablement aminci à sa base, qui est articulée au corselet par un long pédicule, souvent comprimé sur les cotés, mais toujours arrondi en dessous, ou non concave; à antennes en soie, non coudées, très -longues, vibratiles, composées de vingt ou trente articles au moins ; à ailes supérieures simples, non doublées. Tous ces caractères réunis sont essentiels, parce qu'ils sont opposés à ceux des insectes dn même ordre des Hyménoptères avec lesquels on pourrait les confondre si on ne les compa- rait pas. Ce nom de genre, introduit dans l'entomologie par liinné, a été employé nominativement par Aristote {Hist. anim., li- vre V, chapitre 20, et livre IX, chapitre i), et cette dénomi- nation tend à indiquer les re- cherches continues que font ces insectes pour trouver ceux dans le corps desquels ils désirent in- sinuer leurs œufs, chaque espèce étant dévolue à se développer dans certains individus déter- minés. HYiMÉNOPTÈRES ENTOMOTILLES. G. ICHNEUMON. 88" Les Ichneumons sopt de très-jolis insectes, dont on ad- mire la vivacité et la continuelle activité de mouvements. Leur forme est fort allongée et étroite proportionnelle- ment. Leurs antennes, très-longues, rapprochées à la base sur le front, se portent le plus souvent directement en avant , légèrement roulées sur elles-mêmes et presque toujours dans une sorte de vibration. Leur tête est large, ronde relativement au corselet; elle a trois stemmates. L'ab- domen varie beaucoup pour la longueur; chez les femelles, il est termiué par une tarière, variant d'étendue, souvent très-longue et présentant presque toujours trois filaments, dont deux latéraux et un moyen, ou intermédiaire, qui est un aiguillon ou une sorte de tarière. Les pattes sont lon- gues, épineuses, très-fortes, surtout les postérieures. Les ailes sont inégales; le corps est lisse, brillant, peu velu, di- versement coloré, mais le noir est la teinte dominante, avec des taches jaunes ou blanches qui se retrouvent sou- vent sur les antennes et sur les pattes. Ce qui intéresse surtout dans l'histoire des Ichneumons, c'est leur mode de propagation. Obligés, quand ils n'ont en- core que la forme de larves, de se développer dans le corps d'un autre insecte dans lequel leur mère est venue déposer son œuf, l'histoire abrégée de l'une des espèces donnera une idée des mœurs de la plupart des autres. On observe souvent vers la fin de l'été, sur les murs des jardins potagers, des flocons d'une soie jaune ou blanche qui, examinés avec soin, y laissent voir l'assemblage de pe- tites coques de même couleur; elles renferment chacune une nymphe. Au printemps suivant, il sort de chaque cocon un très-petit Ichneumon noir, dont les pattes sont »8» ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. jaunes ou rougeâtres. Les insectes s'accouplent, et bientôt on peut voir les femelles occupées à la recherche des chenilles qui produisent les papillons des choux , car c'est dans l'inté- rieur de ces larves que les Ichneumons doivent spécialement déposer leurs œufs. Après avoir reconnu une de ces chenilles, l'insecte ailé fond dessus à l'improviste; il s'accroche sur les poils de la peau, et, malgré les mouvements que la chenille se donne, il lui perce les téguments avec sa tarière, à plus de (|ua- rante reprises et dans des [)laces différentes. Dès le moment oii son ennemi s'est envolé, la chenille reste immobile. Il pa- rait que les petites piqûres se guérissent et se cicatrisent facilement, car la chenille continue de se nourrir comme au- paravant; mais dans chaque piqûre un œuf d'Ichneumon avait été introduit sous la peau. Bientôt ces œufs éclosent; la petite larve sans pattes qui en sort est un ver rongeur; il s'approprie et dévore la matière graisseuse ou crémeuse que les organes de la chenille mettaient naturellement en ré- serve pour le temps où, sous la forme de chrysalide, elle devait acquérir toutes les parties qui lui manquaient avant d'arriver à l'état parfait ou de papillon. Aussi l'animal para- site endophage a-t-il grand soin de ménager les sources qui pourvoient à son alimentation : il n'attacjue pas les organes digestil's. Quand il a absorbé autant de nourriture qu'il le pouvait, et que cela était nécessaire à son développement, cet Ichneumon en larve perce la peau de la malheureuse chenille, de même que tous ceux de ses frères qui ont été pondus à la fois, et qui ont acquis à la même époque un sem- blable développement. On voit alors la chenille périr dans une sorte de convulsion, entourée de tous ces vers auxquels HYMÉNOPTÈRES ENTOMOTILLES. G. ICHNEUMON. 889 elle semble avoir donné naissance. C'est ainsi au moins que l'ont cru les plus anciens observateurs (i), qui se sont même attendris sur le sort de la chenille qu'ils ont comparée au phénix de la fable. Ce que fait cette race d'Ichneumons qui sont ceux que Geoffroy a décrits sous le nom d'espèces à coton jaune ou blanc, et dont Goëdart a donné les premières figures, offre une idée exacte des mœurs de la plupart des autres espèces, avec cette différence que le plus grand nombre se métamor- phosent ou se changent en nymphes sous la peau même des larves dans le corps desquelles les mères avaient déposé les œufs, les choisissant suivant la grosseur, la capacité, les di- mensions que ces larves d'Ichneumons doivent atteindre, car alors il n'y a dans chaque larve qu'un ou deux individus qui peuvent s'y développer à la fois. Les espèces que réunit le genre Ichneumon sont en nombre intini, chaque race étant pour ainsi dire comme destinée ou créée d'avance pour se nourrir dans l'intérieur des différentes espèces de Coléoptères, de Névroptères, d'Hyménoptères, et surtout de Lépidoptères. Plusieurs offrent des singularités remarquables; il en est, par exemple, de si petites qu'elles peuvent vivre et se développer dans le corps de certains Pucerons, et même, on en connaît qui sont pondues dans les œuls où se trouvent des matériaux suffisants pour les nourrir. Il nous serait impossible de signaler toutes les espèces que l'on a inscrites dans ce genre Ichneumon et dans ses (I) (loedaert, }Jp/amorplioses naturelles, tome I", exp. xi. 890 KNTOMOLOGIE ANALYTIQUE. nombreuses subdivisions, puisqu'on y en a rangé plus de six cents, distribuées par groupes dont la nomenclature, essayée d'abord par Linné, n'a malheureusement pas été suivie par les entomologistes qui ont adopté d'autres erre- ments pour la détermination des espèces. Nous ne devons pas laisser ignorer que c'est à Linné qu'appartient cette idée de donner une sorte de désinence analogue aux noms spécifi- ques ou triviaux du genre Ichneumon, d'après la t^ouleur que les individus soumis à l'inspection présentaient, soit en to- talité, soit dans la couleur de l'écusson et des antennes. Voici comment était établie sa coordination des espèces : 1" A écusson blanc et à antennes annelées de blanc, ter- minaison en orius: iugUlatorius, raptorius, sarcitoriiis , ar- matorius, etc., etc.; 2° A écusson blanc et à antennes noires, encore la même terminaison en orius ; 3° A écusson de la même couleur que le corselet, avec les antennes annelées, en or; coinitator, vigilator, resta urator, oculator, profligator ; 4° A écusson de la couleur du corselet, à antennes toutes noires, non annelées. encore en or; 5° A antennes jaunes, terminaison en us: lutcus, jlavus, j'ulvus, atratus^ annulosus, cultratus, etc. ; 6" Très-petits à abdomen ovale. C'étaient des Chalcides pour la plupart, terminaison en uni ; puparum, larvarunt. sphegum, coccorum, accororum, etc. Ce partage tout à fait arbitraire rapprochait, il est vrai, des espèces fort diverses pour le port ; mais à cette époque le genre Ichneumon réunissait, dans l'édition de Gmelin, quatre cent quinze espèces sous une même dénomination gêné- H\MÉNOPTÈRES ENTOMOTlLI,ES. C. ICHNEUMON. 891 ri(|iie. Il serait impossible maintenant d'adopter ou d'utiliser ce mode de nomenclature, les genres établis aujourd'hui ayant pris des termes masculins, féminins ou neutres, les terminaisons spécifiques seraient nécessairement altérées. ^ous indiquerons ici quelques espèces seulement, et nous choisirons de préférence plusieurs de celles que Geoffroy a si bien fait connaître, et d'abord les petites espèces dont nous avons déjà parlé. i. Ichneumon globulaire. Ichneiimon globatus. Noir; ses antennes n'ont guère plus que la longueur du corps, qui est de 3 millimètres environ. Les ailes sont transparentes, avec un point brun, les pattes entrecoupées de fauve et de noir. (Jes petits insectes, eu sortant des Chenilles, filent en commun sur les ti- ges des graminées. i. Ichneumon pelotonné. 1. glo/neralus. Noir ; à pattes jaunes. Il provient de larves qui filent des cocons jaunes distincts, séparés et non recouverts en commun d'une bourre de soie. 3 Ichneumon des Araignées. I. Aranearum. Noir; corselet à deux lignes longi- tudinales jaunes; ventre verdâtre en dessous. De Geer a vu cet insecte sortir du corps d'une Araignée. 4. ichneumon des Pucerons. I. aphidum. Noir; avec la base du ventre, les pattes antérieures et les genoux des pattes postérieures jaunes. Cette espèce sort du corps de certains Pucerons qui sont morts, gonflés et luisants, au milieu d'autres individus vivants. 11 a fait sa coque dans la peau après avoir mangé tous les organes. 3. Ichneumon des Teignes. I. Tinearum. Noir; avec les antennes et les pattes fauves. Il est sorti du corps de la larve de la Teigne des pelleteries. Parmi les grandes espèces nous citerons : 6. Ichneumon manifeslateur. I. manifestatorius. Noir ; sans taches ; les pattes sont fauves. L'insecte dépose ses œufs isolément dans les larves des Capricornes ; il at- 1 12. 892 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. teint, jusqu'à sept centimètres de long; sa longue tarrière va chercher ces larves au-dessous des écorces des arbres. 7. Jchneuinon persuasif . I. persuasorius. Noir, avec l'écusson et deux taches sur le corselet de couleur blanche, et des points blancs, distribués deux à deux, sur chaque anneau du ventre ; les jambes postérieures noires. On l'a rangé dans le genre Pimpla de Fabricius avec le précédent. 218. Genre FCENE. FŒNUS. (Fabricius.) Caractères : Hyménoptères à antennes longues , en fil . non brisées, dressées et dirigées en avant; à tête comme portée sur un cou; à ventre comprimé en massue , terminé par une longue tarière dans les femelles ; à pattes postérieures très-grandes ou fort étendues. Ce nom de Fœne correspond en grec au mot cruel , çotvoç. F^atreille avait proposé d'employer celui de Gasteruption , qu'il a abandonné depuis, comme mal sonore. LesFœnes sont des Ichneumons, dont ils diffèrent, ainsi que les Evanies, par la forme des an- tennes, qui sont de même grosseur dans toute leur étendue, ou, comme on le dit, enlil, au lieu d'être sétiformes, c'est- à-dire de se terminer par une extrémité plus grêle, comme chez les autres Entomotilles. On n'en a pas positivement constaté les habitudes, mais on a tout lieu de croire que leurs mœurs sont celles des Ichneumons, et qu'ils déposent leurs œufs dans les trous (jue se |)ratiquent les Mélittes dans les terrains argileux et dans les vieux bois, et probablement pour les introduire dans les HYMÉNOPTÈRES ENTOMOTIT.LES. (.. ÉVANIE. Sç}3 larves des T.amies et des autres Coléoptères xylophages où ils se développent en parasites intérieurs. iMais c'est à l'état parfait qu'on les recueille le plus souvent sur les fleurs, car leur forme bizarre attire l'attention des naturalistes. Fa- bricius n'en avait décrit que trois espèces, parmi lesquelles deux se rencontrent aux environs de Paris; ce sont : I. Fœne lancier. Fœnusjaculator. Tout noir, avec les pattes postérieures lon- gues et grosses ; mais ayant le premier article blanc, ainsi qu'un anneau à la base des jambes. i. Fœne affeclateur. F. affectator. Semblable au précédent pour la forme, mais de moitié plus petit, avec le milieu du ventre fauve. 219. Genbe ÉVANFE. EVANIA. (Fabricius.) Caractères : Hyménoptères à abdomen très-court., pédicule; à lèvre inférieure non prolongée en trompe; à antennes filiformes de dix-sept articles au moins , peu brisées, et dont la tête est sessile ou non rétrécie en arrière. On ignore l'étymologie de ce nom, mais il est facile de distin- guer les espèces qui se rappor- tent à ce genre en les comparant avec celles de la même famille. Ainsi , quoique voisins des Fœ- 5d(0L-^:«-- -^^...-^jAt-^ ' nés, les Évanies, qui ont comme eux les antennes en fil, n'ont pas la tête supportée par une sorte de cou prolongé, et leur ventre est tellement articulé qu'on les avait désignés sous le nom ai Appendigaslère. Quant aux trois autres genres, ils sont tout à fait différents par la forme et même par la longueur des antennes, qui se '*^94 KNTOIWOLOGIE ANALYTIQUE. terminent en nne portion plus grêle et parce qu'elles dépas- sent l'étendue de l'abdomen. Fabricius, qui a séparé ce genre de celui des Sphéges de JJnné, n'y a inscrit que huit espèces, dont la plupart ont été recueillies dans l'Amérique méridionale. 1. Èvanie appe-ndigastre. Evania appendUjaster. Toute noire; à pattes posté- rieures très-longues; abdomen très-petit, comprimé, comme triangulaire, porté par un pédicule inséré sur le haut et en arrière du corselet, au-dessus lie l'écusson. Cet insecte n'a pas plus de 5 à 6 millimètres de longueur. Fabricius l'indique comme provenant du Cap ou de la Nouvelle-Hol- lande; mais on l'a recueilli dans le midi de la France et même à Paris. 2. Evanie menue. E. minuta. Noire; sans taches; les six pattes sont à peu près de même longueur. Elle est encore plus petite; elle n'est peut-être fondée que par une différence de sexe. 220. Genre OPHION. OPHION. i Fabricius.; Caractères: Hyménoptères très-voisins des Ichneumons, dont ils diffèrent principalement par lo forme bizarre de leur abdomen qui est très-allongé, comprimé ou aplati latéra- lement et courbé, comme on le dit, en faucille, car il est tranchant dans sa concavité ; son pédicule est très- mince et son extrémité opposée terminée en masse. Ce nom est évidemment d'origine grecque; mais son étymologie est tout ;i fait inutile, car le terme de otpioveo;, si- gnifiant qui tient du serpent, était une sorte de poisson voisin des Murènes. Les mœurs sont absolument celles des Ichneumons, et Fabricius, en dé- crivant les espèces , les a distribuées HVMÉNOPTÈIIES KNTOMOTIM.KS. (i. OFHION. Hçj^ par groupes, d'après leur couleui- générale et celle de leui-s antennes ((ni sont diversement aniielées. Voici l'indication de qnelqiies espèces. 1. Ophion jaune. Op/iion hiteus. U'unu couleur rousse ou jaunâtre, luèiiie dans l'épaisseur des ailes, qui ont un point plus foncé au bord. C'est l'espèce que Geoffroy a nommée jaune, à ventre en faucille, ir 21 . lome II , page 330. 2. Ophion ramidule. O. ramidulus. Jaune aussi; mais avec le corselet noir i-i. dessous, ainsi que l'extrémité de l'abdomen. .t. Ophion ferritr/ineux. O. ferntfjineus. Fauve; tous les aimeaux du ventit ayant chacun sur les cotés un point jaune. 4. Ophion circonflexe. 0. circumflexus. Noir; à antennes fauves, l'abdomen jaune en avant, ainsi que l'écusson; les genoux des pattes postérieures noirs. 5. Ophion pugilluteur. O. pugillator. Noir; à antennes noires, à pattes et nu- lieu du ventre dun jaune citron. Nous avons vu cette espèce venir piquer la nymphe ou chrysalide, très- molle encore, d'une Liparis Dispar, Bombyce zig-zag, et cette chrysalide tourner sur elle-même au moyen des fils par lesquels elle était suspendue, et revenir en sens contraire de sa rotation, comme si elle avait craint dt rompre ces fils en les tordant dans le même sens. On a inscrit plus de soixante espèces dans ce genre. 89C ENTOftIOLOGlE ANALYTIQUE. 221. Genre BANCHE. BANCHUS. {Fâhricins.) Caractères : Hyménoptères ayant toutes les apparences des Ickneumons, mais leur ventre a son pédicule très-court et paraît sessile ; il est comprimé latéralement, et c est ce qui les a fait séparer du genre primitif plutôt encore que la for- me de la lèvre inférieure, qui est échancrée; de plus, leur abdomen n'est pas cylindrique et n'est point plus large ou terminé en masse, comme dans les Opinons. Fabricius, lorsqo'il a établi le genre en lui donnant ce nom, avait malheu- reusement émis cette opinion qu'il n'était pas lion que les termes désignassent quelque particularité. Cependant, dans sa Philosophie il avait avancé que les noms de genres étaient comme des piè- ces de monnaie dont le titre est indiqué et déterminé d'avance, uti nummi pretio distincto ac dcter- minato, mais plus tard, il rétracta cette opinion en disant : omnium optima quœ nihil signifîcant , les meilleurs sont ceux qui ne signifient l'ien. C'est un malheur, car ils ne li- vrent aucun souvenir à la mémoire pour les reproduire au besoin. Ces réflexions nous sont rappelées [)ar le mot Ban- che, pris au hasard dans les termes grecs, dont l'un , Êây/o; , était appliqué à un poisson voisin des Muges d'a[Mès Pline le Naturaliste. Fabricius n'avait rapporté que quinze espèces à ce genre, mais M. Gravenhorst l'a subdivisé en dix autres genres. Nous HYMÉNOPTÈRES MYRMEGES OU FORMICAIRES. 897 n'indiquerons que les espèces observées aux environs de Paris; ce sont : I. Hanche chasxeur. Banchiis venator. Il est d'un noir brun; l'abdomen est rouge en dessous vers la base ; les antennes sont noires et les pattes d'un jaune brun. •2. Banche lancier. B. hastator. Il est noir aussi; mais les bords des segments abdominaux sont fauves ; l'écusson semble être remplacé par une épine un peu relevée sur le dos. 3. Banche fornicateur. B. fornicator. Il est entièrement noir, sans taches; il n'y a que les pattes qui soient rousses avec les tarses noirs. 4. Banche coutellier. B. cultellator. Il est tout noir, avec l'abdomen roux et l'é- cusson échancré. o. Banche peint. B. pictiis. Il est noir, tacheté de jaune; ses antennes sont jaunes. TRENTE-craQuiÈME FAMILLE : LES MYRMEGES ou FORMICAIRES. La famille dont nous allons présenter l'histoire comprend essentiellement toutes les espèces de Fourmis dont elle a emprunté le nom collectif grec pp;/.-/)^, et celui tiré du latin, Formicaires. Les insectes de cette famille sont caractérisés par leurs antennes presque toujours de même grosseur, dites fili- formes, mais à articles, inégaux pour la longueur, et le plus souvent coudées ou brisées; par leur abdomcu arrondi et pédicule , ou plus rétréci vers sa base et enfin, jjar la lon- gueur de leurs mandibules qui dépassent et cachent les mâchoires dont la brièveté est notable. Comparées aux autres insectes du même ordre, les J\Iyr- n3 898 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. méges diffèrent de tous ceux des autres familles par les con- sidérations que nous allons reproduire : 1" Des Uro|)ristes, comme les Mouches à scie ou Teii- thrèdes, parce que leur ventre, quoique muni d'un aiguillon très-grêle, n'est pas fendu à l'extrémité chez les femelles comme pour recevoir un pondoir prolongé et garni d'une véritable scie dentelée; eu outre, les antennes sont bri- sées ou anguleuses dans les Fourmis; 2° Des Mélittes, comme les Abeilles, dont la lèvre in- férieure, unie aux mâchoires, forme ainsi une sorte de langue, qui dépasse de beaucoup les mandibules par son étendue; 3° Des Systrogastres ou Chrysides, dont le ventre, au lien d'être conique et circulaire, est concave en dessons , suscep- tible de se rouler en boule, et le plus souvent d'un brillant métallique; 4" Des Ptérodiples, conune les Guêpes qui ont toujoiws les ailes supérieures pliées en long et comme doublées dans l'état de repos; ^J" Enfin , des c|uatre autres familles, telles que celles des Antliophiles, des Néottocryptes, des Oryctères et des Entomotilles, parce qu'aucun de ces insectes n'a les antennes brisées. Les mœurs des Myrméges, au moins dans les espèces d'Eu- rope, ont été particulièrement étudiées dans les Fourmis chez lesquelles, comme nous le dirons en parlant de ce genre, elles ont offert les particularités les plus remarquables. Celles dés Mutilles et des Doryles surtout sont moins connues; on ne sait même pas positivement si, dans les deux derniers genres, il y a des individus neutres; les mâles diffèrent HYMÉNOPTÈRES MYRMEGES OU FORMICAIRES. 899 l)eaucoup des femelles, celles-ci ressemblant beaucoup aux neutres et perdant très-facilement les ailes. Nous n'avons inscrit que trois genres dans cette foniille; ce sont ceux des Doryles, des Mutilles et des Fourmis, mais celui-ci comprend un si grand nombre d'esi)èces qui pré- sentent des mœurs et des formes si variées, qu'on a dû le partager en plusieurs sous-genres. C'est par l'examen du jiédicule qui joint l'abdomen au corselet qu'on peut d'abord distinguer les Doryles chez lesquels cette région du ventre est excessivement courte, tandis qu'elle est longue, noueuse ou écailleuse, on avec un ou deux segments saillants et cornés da!)s les Fourmis, cette particularité ne se retrouvant pas dans les Mutilles. Latreille a divisé les genres Fourmi et Mutille chacini en six autres, comme nous allons l'indiquer. i° Les Fourmis, pour lui, n'ont qu'un seul nœud au pédicule de l'abdomen ; leurs mandibules sont dentelées, triangulaires et ti^anchantes; leurs antennes sont insérées très-près du front, et elles man- quent d'aiguillon; telles sont les espèces que nous ferons connaître sous les noms spécificjues de Fauve et de Sanguine; a" les Pofyergnes , qui n'ont |)as d'aiguillon , dont les an- tennes sont insérées près de la bouche et dont les mandi- bules sont étroites , arquées et très-crochues : telle est la Fourmi dite Amazone ; 3° les Poneres, qui ont un aiguillon, au moins les neutres et les femelles, et qui n'ont qu'une seule écaille ou un seul renflement sur le pédicule de leur abdomen : telle est l'espèce que Latreille a désignée sous le nom de resserrée (coarcfato); 4° les Myrmices, ayant aussi un aiguillon, mais avec deux nodosités au pédicule abdominal : telle est la Fourmi rouge des bois; 5° les ^ttes ^ dont les ii3. ()00 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. palpes sont très-courts, mais semblables d'ailleurs aux Myrmèces; les Mulets dits les Ouvrières ont la tête très- grosse : telle est la Fourmi de Visite ou Céphalote; 6°, enfin les Cryptoceres , qui sont des espèces observées dans l'Araë- rique du Sud et dont les antennes, comme le nom semble l'indiquer, peuvent être reçues ou venir s'appliquer et se cacher dans une rainure creusée sur les côtés de la tète qui est grande et très-plate; c'est ce (ju'on voit, par exemple, chez la Fourmi noircie, Formica atrata ., de Linné. Nous reviendrons sur ce genre Foiirmi dont nous avons étudié l'histoire et sur le(|uel nous avons recueilli nous- uîême quelques observations. Nous indiquerons, en traitant du genre IVlutille, les sous-genres que Latreille a propose d'y établir. Comme cette familie n'est, pour nous, composée que des trois genres suivants: lesDoryles, qui ont l'abdo- men presque sessile ou accolé au corselet, les Fourmis et les Mutilles, dont le pédicule est long dans les premières et court dans les secondes , nous new présentons pas d'antre analyse. HYMENOPTERES MYliMEGES. G. DORYLE. gol 222. Genbe DOHYLE. DORYLfJS. (Illiger.) CxRKCTERKs: Hyménoptères à ventre pédicule par un simple anneau gonflé, puis ensuite allongé, comprimé et courbé en faucille; à antennes courtes , mais à premier article plus long et anjué. Ce nom est mythologique, c'était celui d'un Centaure. Il a été pris au hasard et n'a aucini sens. Le genre ne comj)rend jiis(ju'ici que des espèces africaines; il ne diffère de celui des Fourmis que par le pédicule et la forme du ven- tre qui est presque sessile, ce qui ne se retrouve pas non plus dans les Mutilles; de plus, il est comprimé latéralement. On ne connaît pas très-bien l'histoire des Doryles; on sait seulement que les mâles sont plus petits que les femelles ; mais on n'a pas constaté qu'il y ait des neutres. Nous n'en parlons que [Kirce que tous les entomologistes les ont ins- crits dans leurs ouvrages; nous avons dii les placer parmi les iMyrméges, dont la famille ne se compose réellement que des Fourmis dont on a bien observé les mœurs , les deux autres genres n'en ayant été rapprochés que par analogie d'après Fabricius, probablement en raison de la saillie que fout les mandibules. Dorijle bai. Dorylus helvolus. Corps d'un fauve roussâtre ; le corselet un peu bossu et velu, ainsi que l'abdomen. Les cuisses sont légèrement renflées. On rapporte souvent cet insecte avec ceux qu'on recueille au Cap. Il est assez commun dans les collections des entomologistes. 902 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 223. Genhe MUTILLE. MVTILLA. (Linné.) Caractèkks : Hyménoptères à antennes brisées et en fil ; abdo- men pédicule , arrondi ; la. lèvre inférieure ne dépassant pas les mandibules. (]e nom , dont nous ne connaissons pas la véritable étymologie, vient peut-être du mot latin mutilas, qui n'est pas entier, mutilé, parce que le plus ordinairement les femelles , perdent leurs ailes ou en sont naturellement privées et que les mâles, beaucoup plus petits, en ont |)res(pie constamment. Le caractère de ce genre, opposé à celui des Fourmis et des Doryles, peut être indiqué ainsi qu'il suit : Antennes vi- bratiles ou toujours en mouvement lorsque l'insecte marche rapidement; ventre à pédicule simple, non noueux, ni écailleux, de forme conique et garni d'un aiguillon ; les Do- ryles, au contraire, ont le pédicule ventral court et formé d'un anneau comme globuleux, mais petit et le ventre en faucille. On ne connaît pas les métamorphoses des iMutilles dans l'état parfait. On ne les rencontre que sur les terrains sablon- neux les plus secs et les mieux exposés à l'ardeur du soleil. Les mâles, qui sont ailés, volent rapidement; ils n'ont sou- vent que le quart du volume des femelles ; celles-ci semblent aptères, sont très-vives , et promptes à la course, de sorte qu'il est difficile de les saisir. Elles paraissent se nourrir de petits insectes qu'elles poursuivent rapidement; leur HYMÉNOPTÈRES MYRMÉGES. G. MUT1LI,E. yo3 aiguillon laisse pénétrer, dans la piqûre qu'elles opèrent, un venin qui pi^oduit autant de douleur que celui des guêpes. I. Midi lie d'Europe. Mutilla evropxa. Noire, à corselet rouge ou tricolore ; abdomen noir, avec la base des anneaux d'un brillant métallique, rendu satiné par des poils blancs rapprochés et couchés en long. Nous l'avons trouvée à Fontainebleau. ■_'. Mutille (l'Ilalie. lU. ilalica. Noire; à dernier anneau du ventre ferrugineux; ailes brunes. :]. Mutille maure. M. maura. Noire ; à corselet fauve ; trois bandes soyeuses, blanches sur le ventre. •i. Mutille écarlate. M. coccinea. Noire, avec la tête, le corselet et l'abdomen d'un beau rouge écarlate, formé par un duvet soyeux, avec un cercle noir au milieu du ventre. C'est un insecte fort remarquable, qui provient de l'Amérique du nord. Comme il représente très-bien le genre, c'est celui que nous avons fait fi- gurer. Voici les subdivisions établies par quelques auteurs dans le genre Mutille. Jurine a proposé de désigner, sous le nom de Labides, des espèces de Surinam, (jui ressemblent un peu aux Doryles , mais avec les mandibules plus courtes et |)lus étroites ; Les A ptérogynes , semblables aux Mutilles, mais avec, les deux premiers segments du ventre en forme de nœuds; Les Myrmoses, dont le corselet présente deux segments distincts;. Les Myrmécodcs, dont le corselet offre trois articulations ; Les Méthoques., qui ont le dessous du corselet comme noueux ou articulé; Enfin, les véritables Mutilles., dont les antennes sont insé- rées au milieu du front, près du milieu de la tête, en avant, et dont l'abdomen est conique. 904. ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 224. Genre FOURMI. FORMICA. (Linné.) Caractères : Hyménoptères à abdomen pédicule, arrondi, dont le premier anneau est noueux ou écailleux ; a antennes presque de même grosseur dans toute leur longueur, mais à premier article très- long et comme coudé ou brisé ; à lèvre inférieure courte, ne dépassant pas les mandibules. Tons ces caractères réunis tloi- gnent les Fourmis desautres familles de l'ordre des Hyménoptères, dont les uns ont le ventre sessile; les autres, la lèvre inférieure elles mâ- choires |)Ius longues que les man- flibules; quelques-uns, les anneaux de l'abdomen concave en dessous; enfin de tous ceux qui n'ont pas les antennes coudées ou brisées sur leur longueur. Les seuls Ptérodiples, comme les Guêpes, se rapprocheraient des Fourmis par la forme générale du tronc; mais quand celles-ci ont des ailes, elles ne sont jamais pliées en double sur leur longueur et elles restent toujours étalées. Ce nom de Fourmi , écrit autrefois Formi ou Fourmis , vient évidemment du mot latin Formica, (ju'on trouve dans Plante, Térence, Cicéron, Sénèque, etc. Aristote désignait ces insectes sous le nom de (Jiupp^. C'est T^inné (|ui les a rappro- chés et en a fait un genre subdivisé ensuite par Fabricius, Latreille et Jurine, comme nous l'avons dit en commençant cette histoire naturelle de la famille. Les Fourmis, quoique composant un genre, sont, il faut HYMENOPTERES MYRMEGES. G. FOURMI. qoj l'avouer, assez difficiles à réunir par la forme générale du tronc, car la plupart présentent trois modifications princi- pales dans une même espèce pour la forme, la grosseur et souvent pour la couleur, qui varient suivant la nature du sexe, et elles sont plus différentes entre elles que les trois sortes d'Abeilles à miel ; de sorte qu'il n'est pas facile de leur assigner des caractères qui conviennent spécifiquement tout à la fois aux trois séries d'individus auxquels on donne le même nom trivial. 11 y a, en effet, aussi parmi les Fourmis, trois sortes d'individus, des mâles, des femelles et des neu- tres. Les mâles sont plus petits et vivent moins de temps. Les femelles sont plus grosses et en assez grand nombre dans une même réunion ; elles ont des ailes, au moins pendant une certaine époque de leur vie, tandis que les neutres sont constamment dépourvus d'ailes, particularité qui rapproche les Fourmis des Termites et les éloigne des Abeilles et des Guêpes, parmi lesquelles il se trouve aussi beaucoup d'in- dividus neutres, mais toujours ailés. Tout le monde connaît les Fourmis; ces insectes , qui vi- vent en familles, en sociétés nombreuses que l'on nomme des Fourmilières. Tantôt elles se creusent des trous souterrains dans un sol ferme et solide, au bas des murs exposés au midi, au pied des arbres ou dans les souches que les bûche- rons laissent dans les taillis; tantôt, elles réunissent en corartiun tnie masse énorme de brins de bois, de feuilles, d'écaillés, de bourgeons desséchés ou de matières diverses re- cueillies sur les végétaux pour se construire une sorte de ville dans laquelle sont pratiqués des rues, des sentiers, des ponts, des galeries souterraines qui mènent à des places ou espaces libres et communs. Ici, sont réunies et déposées les provisions 906 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. alimentaires; là, les œufs, pondus par les femelles, y sont gardés à vue et protégés, jusqu'au moment où ils produisent des larves sans pattes, que les neutres se chargent d'alimen- ter, de soigner et de surveiller tant que leur dernier déve- loppement n'a pas lieu; mais n'anticipons pas sur les faits (jue l'histoire des Fourmis va nous amener à exposer. Nous emprunterons la plupart de ces détails à l'ouvrage de M. Pierre Huber de Genève (i), fils du célèbre observa- teur qui a si bien fait connaître les Abeilles. Nous analyse- rons également le travail publié par Latreille en 1802, et le savant article qu'il a fait insérer, en 1817, dans le douzième volume du Diciionnaire d' histoire naturelle. Il nous était im- possible de puiser à de meilleures sources. Nous y joindrons nos propres observations. Les Fourmis ont beaucoup de ressemblance avec les Mu- tilles et les Doryles, peut-être même avec les Tiphies, dont les antennes ne sont pas brisées. C'est du pédicule allongé du ventre, qui offre des renflements notables, que les Fourmis empruntent leur caractère par les modifications de Jeins écailles plus ou moins distinctes, mais dont on ignore jus- qu'ici l'utilité et la destination. Nous avons dit que chez les Fourmis on distinguait des individus de trois sortes : des neutres ou ouvrières, des té- melles fécondes et des mâles. Chacun de ces groupes pré- sente quelques variétés de formes dans les diverses parties du corps , ainsi que nous aurons occasion de le faire con- naître en étudiant successivement la conformation de cer- taines espèces. (1) Recherches sur les fourmts indigènes. Genève, 4812, in-8". HYMENOPTERES MYBMEGES. (.i. FOURMI. yoj Chez les femelles, la tête est à peu près de la même lar- geur que le corselet ; dans les mâles, elle est sensiblement plus étroite et surtout beaucoup plus arrondie, presque dans tous les sens; tandis que généralement, dans les individus neutres, la tête est plus large que le corselet, surtout en ar- rière, car elle est plus allongée en avant pour supporter les longues mandibules, ce qui lui donne une forme soit ovale, soit triangulaire. Les antennes des ouvrières, qui sont, comnie nous le verrons, des femelles infécondes, semblables aux vé- ritables mères, offrent constamment douze articulations, dont le premier article est à lui seul presque de la moitié de la longueur totale de l'antenne; les articles qui viennent ensuite sont à peu près égaux entre eux pour la grosseur. Chez les mâles, il y a un article de plus aux antennes, qui sont d'ail- leurs beaucoup plus longues, surtout relativement à la gros- seur de la tête, et elles sont insérées vers le milieu du front, entre les yeux. Comme dans la plupart des insectes , quand les mâles sont. différents des femelles, les yeux des premiers sont beau- coup plus volumineux et plus saillants. Les stemmates, ou les yeux lisses, sont apparents dans les deux sexes féconds, ils sont disposés en triangle sur le sommet de la tête; mais chez la plupart des neutres, ils n'existent pas ou ils ne sont pas visibles, ce qui devient un moyen à peu près certain de discerner les femelles d'avec les individus neutres, quand elles sont dépourvues d'ailes, ce qui arrive souvent. r.es parties de la bouche offrent les dispositions sui- vantes : dans les mulets ou ouvrières, les mandibules sont fortes, solides, presque aussi longues que la tête, pointues à leur extrémité libre et un peu dentelées sur leur bord intérieur. 114. f)08 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Chez les femelles, ces organes sont de même forme, mais moins développés ; dans les mâles, les mandibules plus cour- tes n'offrent plus de dentelures intérieures. Les mâchoi- res sont petites et portent à leur extrémité libre une lan- guette mince, élargie, dont la forme varie selon les espèces. Les palpes ou les barbillons que ces mâchoires supportent sont composés de six articles très-grêles. La lèvre inférieure représente bien une sorte de langue reçue dans une coulisse cornée, mais elle est très-courte, comme un cuilleron arron- di et bien différent de ce qu'on' voit si bien développé dans les Mélittes ou Api aires. Le corselet est, en général, comprimé dans les trois sortes d'individus, plus étroit en arrière, et comme tronqué dans les neutres, offrant de chaque côté deux stigmates ou ouver- tures béantes pour les trachées destinées à la respiration, et vers la partie dorsale et postérieure , dans un assez grand jiombre d'espèces, des épines ou des pointes cornées servant très-probablement de moyens de défense. Dans les sexes fé- conds, le corselet est proportionnellement plus grêle, que dans les neutres. Les ailes des Fourmis ne s'observent que dans les indivi- dus féconds; les supérieures sont souvent plus longues que l'abdomen. D'après la figure qu'en a donnée Jurine, on voit qu'elles ont une cellule radiale allongée, étroite; deux grandes cellules cubitales, dont la seconde atteint l'extrémité libre de l'aile; le plus souvent, il n'y a pas de cellules récur- rentes ; ces ailes adhèrent, à ce qu'il paraît, très-peu au corselet; elles s'en détachent au moindre effort, et souvent lesfemelles les perdent après leur fécondation, lorsqu'elles ne sont plus utiles à l'insecte (|ui n'en a réellement besoin qu'à l'époque HYMENOPTERES 3IYRMEGES. C. FOURMI. (ja(j OÙ il semble se préparer à l'accouplement qui, souvent, doit s'opérer pendant le vol. Le ventre, ou l'abdomen des mâles est composé de sept anneaux ou d'un segment de plus que dans les deux autres sortes d'individus. Le premier article, celui qui correspond à la base du pédicule, s'applique en arrière, au bas du corselet; il a la forme d'une écaille arrondie ovale, quelquefois carrée, saillante en dessus, dont les dimensions sont plus marquées chez les femelles. Il parait que les individus neutres et les fe- melles sécrètent une humeur acide qui sort, soitpar la bouche, soit par l'extrémité de l'abdomen; c'est un acide spécial dif- férent de celui du vinaigre et qu'on nomme acide formique. Les pattes des Fourmis sont longues, grêles, à peu près de même étendue que le corps; les cuisses et les jambes sont comprimées'; les tarses, composés de cinq articles, se termi- nent par deux ongles, entre lesquels on remarque un disque velouté, qui les fait adhérer aux corps les plus lisses. Les Fourmis proviennent de petits œufs blancs , tantôt cylindriques, petits et opaques, tantôt trausparents , plus gros et arqués, ou courbés sur leur longueur. On peut ob- server sous la membrane coriace et transparente qui les en- veloppe une matière liquide, plus ou moins blanche, dont la disposition varie. 11 paraît que la matière blanche-est le germe ou même la peau de la très-petite larve. Les femelles pondent ces œufs comme par hasard en parcourant l'inté- rieur des galeries souterraines; mais les neutres les recueillent avec beaucoup de soins. Ils les saisissent délicatement avec les mandibules, les tournent, les retournent comme en les léchant, et viennent les déposer par tas dans cei'tains espaces préparés d'avance comme des couvoirs. La chaleur fait éclore 9IO ENTO.MOI.OGIE ANALYTIQUE. ces œufs, soit que la larve y ait pris plus de volume ou de force pour briser sa coque, soit cjue l'enveloppe elle-même, s'étant desséchée, se fende dans un sens pour ainsi dire dé- terminé d'avance. M. Huber a observé que les œufs nouvellement pondus sont plus blancs ou moins transparents et même d'un moin- dre volume; il pense qu'ils prennent de l'accroissement, qu'ils changent de forme, parce que les neutres les abreu- vent d'une humeur nécessaire et qui se trouve absorbée. Il a constaté par des expériences réitérées que la plupart de ces œufs avortent ou périssent en se desséchant, quand on les enlève de la fourmilière ou quand on les soustrait aux soins que semblent en prendre incessamment les individus de la race des neutres qui, probablement, leur fournissaient des sucs nourriciers. Dans notre climat, l'espèce d'incubation dont les œufs ont besoin est d'une quinzaine de jours environ. Les petits vers blancs, ou les larves qui en proviennent, sont allongés; leur corps est translucide. A peine donnent-ils quelques signes de mouvement ou de vie, que les neutres s'empressent de leur prodiguer les soins les plus assidus, soit pour les pro- téger contre toute espèce de contact, soit pour les maintenir dans un isolement et une propreté très-soignée. Si la chaleur extérieure et surtout si la lumière du soleil pénètre sur la Fourmilière, les gardes ou les sentinelles extérieures viennent en donner l'avertissement aux fourmis neutres auxquelles l'éducation des larves a été confiée; elles les entraînent et semblent les obliger à transporter ces larves dans les galeries supérieures où elles reçoivent davantage l'influence active de la température plus élevée de l'atmosphère. HYMÉNOPTÈRES MYRMÉGES. G. FOURMI. t) Il Ces larves sont sans pattes, comme la plupart de celles des Hyménoptères, à l'exception de celles desUropristes. On dis- tingue à l'extrémité antérieure de leur corps une sorte de tête écailleuse où l'on voit deux petits crochets qui correspondent probablement aux mandibules, ainsi que des rudiments, à peine ébauchés, de mâchoires et de palpes; dans leur centre se trouve un mamelon contractile, s'ouvrant de temps en teinps:c'estla bouche. A rai4ede cet organe, l'insecteabsorbe la matière alimentaire que les neutres lui apportent et à l'ap- proche de laquelle ce mamelon semble se porter en avant et se diriger vers l'individu qui est chargé de la lui dégorger, de même que les petits oiseaux ouvrent le bec pour rece- voir la pâtée que leurs parents viennent leur donner; mais pour ces larves, il paraît que cet aliment a besoin d'avoir été soumis d'abord à une sorte de digestion stomacale prélimi- naire chez l'individu neutre, qui aurait ainsi, en quelque sorte, la faculté de ruminer. La plupart des larves de fourmis, lorsqu'elles ont acquis à peu près l'accroissement déterminé par la nature de chaque espèce, et lorsqu'elles doivent se transformer en nymphes, ou qu'elles sentent l'approche de cette métamorphose, se Klent une sorte de cocon très-léger, d'une soie dont les fils déliés se collent cependant les uns aux autres de manière à constituer un tissu tellement fin, lisse et serré qu'il res- semble à une membrane ou à une couche très-mince et trans- parente d'un vernis desséché ou de gomme. Ce cocon est quelquefois coloré, suivant les espèces, en gris ou jaunâtre, mais à travers ses parois, on peut distinguer les évolutions que subit la larve dans sa métamorphose. D'abord, elle se vide du résidu de ses aliments et cette matière plus solide et qia ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. noirâtre occupe l'extrémité de la coque opposée à celle qui offrira, par la suite, la tête de l'animal. La peau de la larve (piitte l'insecte, qui, dès ce moment, représente toutes les par- ties de la fourmi future, mais dans un état de mollesse et de transparence extrême; il semble que l'animal soit encore tout liquide ou gélatineux. Cependant les membres, leurs articulations, tous les organes enfin sont distincts quoique renfermés dans des sortes de gaines d'une ténuité telle que la lumière se décompose en les traversant; peu à peu et vers l'époque de l'éclosion de l'insecte parfait, les parties devien- nent déplus en plus colorées selon que la Fourmi doit l'être elle-même davantage. Il paraît, suivant M. Huber, dont nous analysons les obser- vations, que le plus souvent, les fourmis neutres hâtent l'époque de la sortie des individus de la coque qui les ren- fermait, en la déchirant délicatement en dehors, dans la ré- gion correspondante aux membres dont elles facilitent la sortie en les allongeant et les desséchant, en étendant avec soin les membranes qui doivent former les ailes, et qu'elles aident ainsi à cette sorte de parturition secondaire. Aussitôt que la Fourmi est assez consolidée pour se soutenir sur les pattes, toutes les neutres semblent s'empresser pour lui ap- porter une nourriture qui paraît fortifiante ou destinée à la corroborer. Les fourmis neutres, ainsi que les deux sexes distincts, éclosent à peu près en même temps et à des époques déter- minées pour chaque espèce. Pendant quelques jours encore après leur éclosion, les fourmis nouvellement nées restent dans l'intérieur de l'habitation où elles sont soignées, surveillées, protégées, instruites et nourries par les anciens neutres, qui HYMÉNOPTÈKKS RIYRMEGES. G. FOUUMI. C) 1 3 les suivent et semblent les diriger dans tous leurs mouve- ments. L'émigration n'a lieu que pour les mâles et les femelles. L'époque de cette séparation paraît déterminée et fixée pour chaque espèce, à quelques jours de distance, dans les diverses saisons, mais surtout en été et en automne, car il faut que la température de l'atmosphère soit élevée à peu près à seize degrés du thermomètre de Réaumur pour que les essaims se forment. Ordinairement, cette émigration s'o- ]îère vers la chute du jour et dans les belles soirées. Voici, d'après M. Huber, ce qui a lieu lors de ce grand événement dans la race de l'espèce de Fourmis dite des gazons [ccspitum) : Les mâles sortent par centaines de leurs souter- rains et se promènent en agitant leurs ailes argentées et transparentes. Les femelles, en plus petit nombre, traînent au milieu d'eux leur large ventre bronzé et déploient aussi leurs ailes, dont l'éclat changeant et irisé ajoute encore à l'effet que produit le mouvement animé d'une si grande masse d'individus. Un nombreux cortège d'ouvrières les ac- compagne sur toutes les plantes qu'elles parcourent; déjà le désordre et l'agitation régnent dans la fourmilière. L'efferves- cence augmente à chaque instant : les individus ailés montent et grimpent avec vivacité le long des brins d'herbes et les ouvrières les y suivent, courent d'un mâle à un autre, les touchent de leurs antennes et semblent leur offrir encore de la nourriture. Les mâles quittent enfin le toit de la famille; ils s'élèvent dans les airs, comme entraînés par une impulsion générale et les femelles ne tardent pas à les suivre. La troupe ailée a disparu, et les ouvrières retournent encore sur les traces de ces êtres favorisés, qu'elles ont soignés avec tant de persévérance et qu'elles ne reverront jamais. ii5 9l4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Parvenues dans les airs, les fourmis ailées se réunissent et s'accouplent. Les femelles semblent rester immobiles et pla- ner, tandis que les mâles, plus légers, viennent se placer sur leur dos. Bientôt ces insectes réunis tombent soutenus par leurs ailes comme sous un parachute; la terre, les plantes en sont jonchées. L'accouplement persiste et dure une ou plu- sieurs heures; les femelles restent le plus souvent immobiles et lorsqu'elles reprennent le mouvement, c'est pour se sé- parer des mâles. Toutes les femelles et quelques mâles vont, à une certaine distance, se réunir en essaim, comme une peu- plade naissante. Au reste, toutes les races des Fourmis ne se séparent pas ainsi. Il en est qui restent fécondées dans les airs où elles forment des sortes de nuées et de tourbillons que les vents entraînent à des hauteurs considérables dans l'atmosphère d'où elles sont précipitées ensuite sur la terre, souvent à de très-grandes distances des lieux qui les ont vues naître; c'est une sorte de dissémination semblable à celles de certains vé gétaux. Lorsque les Fourmis femelles sont fécondées, il semble que leurs ailes soient devenues pour elles des organes tout à fait inutiles, elles ne cherchent qu'à s'en débarrasser. On les voit en effet les saisir avec les mandibules, les tirailler avec les pattes, et surtout au moindre danger, elles s'emjjressent de les arracher pour s'échapper plus facilement par la fuite. Il y a des races de Fourmis qui ne sont pas fécondées dans l'air. La réunion des sexes s'opère dans la demeure commune ou dans les environs pour certaines espèces , et les neutres semblent même s'opposer à cette émigration. Le grand but de la nature atteint, les ouvrières saisissent les ailes des HYMÉNOPTÈRES MVRMEGES. G. FOURMI. ()l5 femelles fécondées pour les arracher et les forcer ainsi à rester et à rentrer dans les galeries intérieures où elles les gardent à vue, les nourrissent et les soignent. Bientôt ces mères, dont l'abdomen a pris beaucoup d'étendue par le dé- veloppement des œufs, sentent le besoin de les déposer, et les neutres, comme nous l'avons dit plus haut, les reçoivent, se les transmettent un à un pour les porter et les amonceler dans un lieu choisi où leur éçlosion ne tarde pas à s'opérer. C'est surtout dans la race des Fourmis fuligineuses que ces particularités ont été observées. Les Fourmis, dans les grandes réunions ou demeures com- munes qu'on nomme les fourmilières, offrent constamment les trois sortes d'individus ; au moins c'est le cas le plus or- dinaire. Cependant il en est quelques-unes dans lesquelles on trouve parmi les ouvrières des espèces tout à fait diffé- rentes. La grande Fourmi des bois, par exemple, qui paraît être la fourmi rousse ou fauve de Linné est dans ce cas, et M. Huber l'a étudiée avec soin pour en faire connaître les mœurs particulières. Il en distingue deux variétés : l'une, dont la partie supérieure du coi'selet est noire ou de même couleur que le ventre; on rencontre celle-ci le long des haies et dans les prairies ; l'autre, dont le corselet est roux en dessous, qui se plaît particulièrement dans les taillis et dont les larves et les nymphes, que l'on appelle improprement les œufs des fourmis, sont principalement recueillies par les gens de la campagne pour servir à la première nourriture des per- drix , des dindonneaux et des faisans élevés en domesti- cité. Cette race de Fourmis rassemble, comme on le sait, des tas considérables de débris de végétaux et d'autres corps or- ganisés bien secs. Le tout est disposé de manière à composer II 5. (Jl6 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. une sorte de voûte ou de dôme dont la forme varie, suivant que l'édifice est adossé ou non contre une souche ou une grosse pierre, une portion de rocher ou de tout autre corps très-solide. Quand on examine avec attention cette sorte d'établisse- ment, on reconnaît que son architecture est disposée suivant toutes les règles de l'hygiène la mieux raisoiniée. En effet, toutes les eaux pluviales sont déversées et recueillies de ma- nière à préserver l'habitation de toute humidité, les avenues ne sont abordables que pour la population, et interdites à tons les ennemis; les logements intérieurs sont disposés de manière à recueillir et à conserver une température élevée et à peu près constante. Ordinairement, ces Fourmis, après avoir choisi le lieu con- venable à l'établissement de leurs peuplades, où elles ont probablement découvert une cavité plus ou moins spacieuse, semblent s'entendre entre elles pour prendre part en commun à cette construction. Les unes travaillent en mineuses, trans- portent isolément, ou en se réunissant par groupes de trois ou quatre individus, les parcelles de terre ou d'autres frag- ments du sol qu'elles creusent; elles les disposent de manière à consolider les matériaux venus du dehors, soit en les gâchant avec une sorte de bave qu'elles rejettent par la bouche, soit en les entassant dans les espaces libres que jjeuvent laisser entre eux les fragments de broussailles recueillis par d'autres individus dans les lieux circonvoisins. Si, pendant cette époque, il survient des pluies, qui semblent même avoir été prévues, la peuplade profite de la circonstance pour tra- vailler avec plus d'ardeur aux travaux intérieurs et profonds. I^a terre est pétrie avec le liquide; elle devient une sorte de HYMENOPTERES MYUMEGES. G. FOURMI. 917 pisé OU de mortier, qui va être transporté dans les parties basses de l'édifice bientôt divisées en galeries ou voûtes sou- terraines, salles communes, où la famille dépose et conserve les aliments, les provisions et l'espoir d'une génération nou- velle. On trouve des espaces vides, plus ou moins rapprochés de la surface, où viennent aboutir des galeries horizontales; ils sont destinés à recevoir les œufs, les larves et les nym- ])lies, suivant que sous ces divers états, la famille, encore au berceau, a besoin pour son développement ultérieur d'une température plus ou moins élevée. Les orifices extérieurs servent, en quelque sorte, de j)ortes de ville et mènent du dehors de l'édifice à ses divisions pro- fondes. Leur forme apparente est celle d'un cône irrégulier ou d'un entonnoir dont la base est plus ou moins large. Il n'y a souvent qu'une seule entrée principale située au centre ou sur le sommet du monticule, avec un grand nombre de jjassages plus étroits ou de poternes, qui ne livrent d'issues qu'à deux ou trois individus à la fois. Souvent même^ vers le déclin du jour, toutes ces portes sont barricadées, de ma- nière à ne laisser pénétrer que des êtres, pour ainsi dire, du même calibre et dont les sentinelles, mises en vedettes à l'en- trée de ces orifices semblent venir explorer les desseins. Dès les premiers rayons du jour, les entrées sont débarrassées de toutes ces entraves, à moins que l'état du ciel ne s'oppose à la sortie des ouvrières qui, dès lors, s'occupent, comme les autres, des travaux intérieurs. D'autres espèces, que M. Huber appelle des maçonnes, se construisent des habitations plus ou moins solides, unique- ment avec de la terre. C'est ainsi que l'espèce désignée par Latreille sous le nom de Formica fusca, bâtit, sans aucun Ql8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. mélange de matériaux, une demeure composée d'un grand nombre d'étages superposés, chacun à douze ou quinze mil- limètres d'élévation ; les cloisons horizontales, servant de planchers et de plafonds, sont formées d'une sorte de mor- tier qui, lorsqu'il est desséché, présente une pâte, d'un grain fin, homogène, dont l'épaisseur atteint au plus deux millimè- tres. L'observateur a suivi le travail de ces insectes et il a re- marqué qu'il n'a lieu que lorsque la terre a été humectée soit par la pluie, soit par la rosée du matin, et voici les détails qu'il a recueillis. L'insecte creuse la terre dans laquelle il travaille en ratis- sant et comme en mordant ou détachant les parties avec ses mandibules; il en sépare ainsi quelques parcelles pulvéru- lentes, qu'il mouille d'une sorte de bave pour en former une petite pelote qu'il saisit et qu'il transporte vers le point oii le travail commun l'exige; elle y est employée pour former une cloison soit horizontale, soit verticale. Les pattes, les an- tennes sont continuellement en action jjour affermir par le mortier l'intérieur des parois, en régler l'épaisseur et apla- nir les surfaces. On distingue alors des cloisons, des piliers, des colonnes, des arcs-boutants, des murs de refend, des voijites,qui se sont formées et solidifiées à vue d'œil. Un étage complet peut être construit dans l'espace de sept à huit heures. Une autre espèce de Fourmi maçonne, dite noire -cendrée, emploie des matériaux plus grossiers dans ses constructions. Il parait que chaque Fourmi de cette race agit indépen- damment de ses compagnes. Chacune travaille isolément; maisàpeineun plan a-t-il un commencement d'exécution, que sur cette moindre esquisse, d'autres individus viennent aider HYMENOPTERES MVRMEGES. fi. FOCRMI. <)K) la première dans son œuvre. L'eau , unie à l'argile siliceuse, produit le ciment dont elles ont besoin; la chaleur de l'air et du soleil vient donner la solidité à la matière de leurs édifices : elles n'ont d'autres ciseaux que leurs mandibules, d'autres compas que leurs antennes, d'autres truelles que leurs pattes de devant, dont elles se servent d'une manière admirable pour mélanger, pétrir et consolider cette terre mouillée. Elles savent toutes ébaucher, construire, polir et perfec- tionner leur ouvrage en en retranchant quelque partie selon les nécessités. Des brins d'herbes et du chevelu de racines qu'elles rencontrent sur le terrain, sont employés habilement pour lier entre elles les loges ainsi que les autres parties de leur modeste édifice, et leur donner la solidité nécessaire. D'autres Fourmis, qu'on a désignées comme des luenui- sières ou sculpteiises, et que les naturalistes nomment Éthio- piennes, Hercules, établissent leur république dans le tronc même des vieux arbres qui ne végètent plus, tels que les chênes, les châtaigniers, les saules, dits vermoulus. Elles y travaillent de manière à y construire horizontalement des chambres disposées par étages, et séparées entre elles sur les côtés par des murs verticaux , et par des plafonds et des planchers dont l'épaisseur n'est guère que celle d'une carte à jouer. Quelquefois les cloisons, percées à jour, représentent u.ne sorte de colonnade, mais elles sont imprégnées d'une bave noirâtre qui leur donne beaucoup de solidité. Les cou- ches du bois plus ou moins régulièrement et naturellement concentriques, donnent à l'ensemble de ce travail une très- grande régularité; c'est ce qu'on peut admirer sur les débris de ces fourmilières recueillis dans les collections, pour ser- vir d'exemples propres à la démonstration. <)aO E\TOMOr-OGIE AIVALYTIQUE. Des galeries horizontales, cachées en grande partie par leui^s parois, suivent la forme circulaire des couches ligneuses. Ces galeries parallèles, séparées par des cloisons très-minces, n'ont de communications cpie par quelques trous ovales pra- tiqués de distance en distance. Telle est l'ébauche de ces ouvrages si délicats et si légers. Ces avenues, ouvertes latéralement, conservent des fragments de parois qui n'ont pas encore été abattus, et on peut remar- quer que les Fourmis ont aussi ménagé çà et là des cloisons transversales dans l'intérieur même des galeries, pour y for- mer des cases qui communiquent les unes avec les autres. Mais voici des fragments tout autrement ouvragés que nous avons pu avoir sous les yeux. Nous y remai'quons les mêmes parois percées de toutes parts et qui paraissent destinées à soutenir les étages, mais aussi à permettre toute communi- cation parfaitement libre. On conçoit aisément que des galeries parallèles, creusées sur le même plan, et dont on abat les parois en ne laissant de distance en distance que ce qu'il faut pour soutenir les pla- fonds, doivent former ensemble un seul étage; mais, comme chacune a été percée latéralement, leur parquet n'est jjas très- plan, ni bien nivelé; il est, en effet, creusé fort inégalement, avantage d'ailleurs précieux pour nos Fourmis, puisque les sillons le i-endent plus propre à retenir les larves qu'elles y déposent. Quand le travail est exécuté dans de grosses racines, il est moins régulier, mais d'une construction plus légère et plus délicate; les cloisons prennent alors la ténuité d'une feuille de papier; les cases peuvent avoir jusqu'à deux décimètres et même plus d'étendue carrée : elles sont elles-mêmes divisées HYMENOPTERES MYRMEGES. G. FOURMI. f)21 en d'autres cases intérieures. Il paraît que ces Fourmis re- cueillent les fragments du bois qu'elles ont divisé, pour les unir et les coller entre eux par une bave visqueuse, qui prend en se séchant beaucoup de consistance; elles se servent aussi de ces matériaux pour calfeutrer les cases et pour bou- cher les ouvertures inutiles ou nuisibles. liCS Fourmis, à quelque race qu'elles appartiennent, of- frent encore des détails de mœurs et d'habitudes extrême- ment curieux à connaître; nous en indiquerons quelques- uns. D'abord , elles paraissent avoir une sorte de langage muet consistant en signes ou gestes, pour exprimer leurs be- soins mutuels et pour en transmettre la connaissance à ceux des individus de la famille qui peuvent y avoir quelque in- térêt. C'est ainsi que, lorsqu'on attaque les Fourmis à l'entrée de leur habitation, quelques-unes d'entre elles se portent rapidement à l'intérieur de la fourmilière et semblent y aller sonner l'alarme, pendant que celles qui ont été d'abord at- taquées cherchent à se défendre vaillamment, comme pour donner le temps aux habitantes de la ville assiégée de faire leurs arrangements intérieurs, et pour transporter à la hâte et plus profondément, dans les caves ou casemates de sûreté les larves, les nymphes ou les œufs qui avaient été placés ou remontés momentanément dans les parties supérieures de l'édifice, afin d'y recevoir, comme nous l'avons dit, l'ui- fiuence vivifiante de la chaleur atmosphérique. L'alarme continue et devient bientôt générale; les Fourmis quittent leur retraite, vont et viennent et elles semblent courir tu- multueusement. Elles se jettent sans hésitation sur les corps étrangers avec lesquels on les attaque et elles laissent échap- per un acide très-mordant, dont lodeur, plus ou moins aiu- ii(i 922 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. brée ou animale, et comme musquée, affecte vivement les sens de la vue et de l'odorat, ainsi que pourrait le faire du vinaigre distillé aromatisé; les chimistes, nous l'avons déjà dit, ont dé- sigi}é ce produit de sécrétion sous le nom à' acide for inique. Si ces attaques, ces ravages se répètent plusieurs fois, les Fourmis sont forcées de quitter leur habitation pour aller l'établir ailleurs; c'est une sorte d'émigration forcée et géné- rale, qui cependant semble avoir été déterminée par la vo- lonté de quelques-unes, mais généralement consentie. Par- fois, une habitation trop ombragée, trop humide, ou expo- sée aux insultes soit des passants, soit de quelques animaux, ou par trop voisine d'une fourmilière ennemie, paraît ne |)lus convenir; alors les habitants vont porter ailleurs les fonde- ments d'une nouvelle cité; c'est ce que M. Huber nomme une migration, le mot de colonie n'offrant pas, selon lui, une idée aussi juste, puisqu'il ne s'agit pas ici d'une por- tion seulement des habitants de la métropole, mais de la nation entière qui se transporte dans vm lieu d'élection. L'observateur dont nous rappelons les intéressantes re- cherches, ayant un jour dérangé l'habitation d'une peu- plade de Fourmis fauves, s'aperçut qu'elles changeaiejit de do- micile. 11 vit à dix pas de leur nid une nouvelle fourmilière qui communiquait avec l'ancienne par un sentier battu dans l'herbe, et le long duquel les Fourmis passaient et repas- saient en très-grand nombre. Il remarqua que toutes celles qui allaient du côté du nouvel établissement étaient chargées de leurs compagnes, tandis que celles qui se dirigeaient dans le sens contraire revenaient une à une; celles-ci allaient sans doute dans l'ancien Jiid chercher des habitants pour le non - veau. Il fallait voir, dit-i!, arriver les recruteuses sin- la tour- HYiMÉXOPTÈRES MVRMÉGES. G. FOURMI. 92'^ milière natale pour juger avec quelle ardeur elles s'occu- jjaieut lie leur colouie. Elles s'approchaient à la hâte de plusieurs individus, les flattaient tour à tour de leurs an- tennes, les tiraient à elles avec leurs mandibules, et sem- blaient, eu vérité, leur proposer le voyage. Si l'invitée parais- sait accepter, la porteuse se retournait pour enlever celle (|u'elle avait gagnée; celle-ci se suspendait et se roulait au- tour de son corselet. Tout cela se passait ordinairement de la manière la plus amicale. Quelquefois cependant celles qui voulaient établir la désertion saisissaient les autres Fourmis par surprise, et les entraînaient de force sans leur laisser le temps de résister. Ce n'est que lorsque la nouvelle habitation est préparée, quand les cases, les voûtes, les aveinies y sont pratiquées, que les larves et les nymphes y sont apportées; puis suiveut les mâles et les femelles. Dès ce moment l'ancienne fourmilière est pour toujours abandonnée. Quand la nouvelle fourmilière est trop éloignée de l'an- cienne, M. Huber a vu des relais établis sur la route. Ce sont des cavités percées dans la terre, composées de plusieurs cases assez spacieuses, où les larves, les femelles et les mâles sont momentanément déposées. L'un des faits les plus curieux de l'histoire des Fourmis, c'est l'art avec lequel ces insectes tirent des Pucerons leur nourriture principale. Réaumur avait déjà fait connaître quelques-uns de ces détails, et c'est d'après lui que Linné avait dit, en parlant des Pucerons: hœ Formicarum vaccœ ; mais M. Huber, daus le chapitre qu'il a intitulé Liaisons des Pucerons avec les Fourmis, nous en a appris plus sur ce sujet que tous les naturalistes qui l'avaient précédé, quoique uG. f)24 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. certains détails lui aient été inconnus, comme nous l'avons (lit nous-même en traitant des Pucerons parmi les Hé- miptères. On sait que les Pucerons se fixent sur les plantes pour les sucer, en insinuant dans leur tissu l'extrémité de leur trompe. On sait aussi que la plupart des espèces, différentes pour chaque genre de plantes, portent, en arrière du corps, deux cornes ou mamelons qui sont des conduits par lesquels le- Puceron laisse suinter ou sécrète une humeur plus ou moins sucrée ou limpide. Souvent ce liquide est lancé à une dis- tance assez considérable, et en se desséchant sur les feuilles, particulièrement et sur leur page supérieure, il y forme une sorte de vernis qu'on nomme la miellée et qu'on a cru longtemps être sécrétée par la plante elle-même. Boissier de Sauvage avait déjà observé que les Fourmis attendent le moment où les Pucerons font sortir de leur corps cette hu- meur précieuse pour s'en emparer aussitôt. Huber a dé- couvert que c'est là leur moindre faculté, qu'elles savent encore le faire sortir ou suinter à volonté et il fait connaître leur procédé, c'est ce qu'il a bien vu et établi. Une branche de chardon était couverte de Fourmis brunes et en même temps de pucerons. En examinant avec la plus grande attention ces derniers, il vit bien que l'hu- meur sortait des mamelons, mais très-rarement et à certains intervalles, et que si les Foairmis n'étaient pas près d'eux, le liquide était lancé à certaine distance. Comment se faisait-il donc que les Fourmis errantes sur la tige avaient presque toutes le ventre très-volumineux et rempli évidemment de cette liqueur.^ Une seule Fourmi, observée avec soin lui expliqua ce mystère. Il la suivit dans sa marche : elle passait HYMENOPTERES MYRMEGES. G. FOURMI. 92 ) sans s'arrêter sur quelques-uns de ces Pucerons que cet attouchement ne dérangeait pas; bientôt s'arrêtant près d'un très-gros Puceron, elle semblait le flatter^ le caresser avec le bout de ses antennes en touchant alternativement de l'un et de l'autre côté l'extrémité de son ventre, et ce con- tact s'opérait avec vivacité. Notre observateur vit avec sur- prise la liqueur paraître hors du corps du Puceron et la Fourmi saisir aussitôt la gouttelette qu'elle faisait parvenir dans sa bouche. Un autre individu , caressé de la même manière, fit sortir l'humeur en plus grande dose, car il était encore plus gros que le premier; la même Fourmi passa en- core a un troisième et puis à un quatrième. Rassasiée, sans doute, elle redescendit sur la tige pour aller rejoindre sa de- meure. Cette observation a été répétée par l'auteur, et il est très- tacile, quand on connaît le fait, d'en être mille fois témoin. . H est maintenant hors de doute que les Fourmis savent ob- tenir à volonté le liquide des Pucerons, et qu'elles le pren- nent également sur les feuilles, quand il y a été lancé sous la forme de miellée. La Fourmi brune est la plus habile à se procurer ce suc mielleux par le moyen que nous venons de faire connaître; n)ais toutes les espèces usent de ce procédé, car M. Huber déclare qu'il ne connaît pas de Fourmi qui ne l'emploie, et il ajoute : « on dirait qu'elles ont été créées pour cela. « Les Cochenilles femelles et les Gallinsectes fournissent aussi une humeiu' nourricière aux Fourmis; telles sont les espèces que l'on a observées sur les pêchers, l'oranger, le mû- x'ier. Mais voici bien d'autres observations que M. Hid)eii a décrites comme les résultats d'une industrie pres(pie hu- 926 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. maine. Il y a des Fourmis qui ne sortent presque jamais de leurs demeures; on ne les voit aller ni sur les arbres, ni sur les fruits; elles ne se livrent pas à la chasse des autres in- sectes; cependant elles sont extrêmement multipliées dans nos prés et nos vergers. Elles n'ont pas quatre millimètres de longueur; leur teinte est d'un jaune pâle, un peu trans- parent ; leur corps est légèrement velu. Ce sont les Fourmis jaunes, qui animaient mieux mérité le nom de Souterraines. Désirant savoir comment ces Fourmis, qui ne quittent pas leur demeure, pouvaient se sustenter, l'observateur prit le parti de pénétrer dans la terre où était leur nid; il fut fort étonné d'y trouver des Pucerons, et il reconnut que les ra- cines des graminées qui poussaient au-dessus de la fourmi- lière ou du lieu de la réunion des Fourmis étaient couvertes de ces Pucerons de différentes espèces au moins par la cou- leur : il y en avait d'étiolés, de blanchâtres ou couleur de chair, de verts, de violets, de rayés de noir et de A'ert. Cette décou- verte expliquait bien pourquoi les Fourmis ne s'éloignaient jjas de leur demeure, puisqu'elles y trouvaient tous les besoins de la vie nutritive. En efl'et, ces Fourmis étaient très-soi- gneuses de leurs Pucerons; elles les prenaient souvent avec soin avec les parties de la bouche pour les emporter au fond du nid, et elles les soignaient avec sollicitude. M. Huber a vu les 1^'ourmis de deux habitations voisines se disputer leurs pucerons. Quand celles d'un nid pouvaient entrer dans l'autre, elles les dérobaient aux premiers posses- seurs et souvent ceux-ci se les disputaient et s'en emparaient à leur tour; car ces Fourmis connaissent tout le prix de ces petits êtres; c'est leur trésor, leur unique possession. Une fourmilière est plus ou moins riche, selon cju'ellea plus ou HYMENOPTERES MYRMEGES. G. FOUBMI. 927 moins de pucerons; c'est leur bétail, ce sont leurs vaches ou leurs chèvres. On n'eût pas deviué, ajoute-t-il, que les Four- mis vécussent comme les peuples pasteurs. Il paraît que ce sont les Fourmis elles-mêmes (|ui trans- portent ainsi les pucerons pour les noui'rir dans cet état de domesticité, comme dans des étables, et ces mœurs sont com- numes à quatre ou cinq races, mais les jaunes sont beaucoup plus prévoyantes; elles ont constamment des pucerons dans leur nid; elles ne les mangent pas et paraissent les réunir pour profiter uniquement de la li(|ueur qu'elles en ob- tiennent. En suivant toujours pour guide, dans cette histoire des l'ourmis, le patient et habile observateur, il nous reste à faire connaître les populations des Fourmis dans lesquelles se trouvent réunies des espèces différentes c|ui sembleraient conqioser ainsi des sociétés mixtes, c'est-à-dire des individus neutres qui appartiennent évidemment à des races diffé- rentes. Ces Fourmis ouvrières ont été enlevées de vive force, dans leur premier âge, à la république où elles sont nées. Elles sont devenues esclaves et uniquement chargées des tra- vaux intérieurs , des soins domestiques, de l'éducation des larves, tant de la famille de leurs ravisseurs que de celles de la race à laquelle elles avaient appartenu , et qui , comme elles, ont été ravies à la famille dès les premiers moments de leur existence^ par les individus auxquels elles seront doré- navant subordonnées. Ce sont des espèces ravisseuses que M. Huber a fait très-bien connaître dans son Histoire des Fourmis, indi(|uées sous les noms de Guerrières, d'Amazo- nes ou de Légionnaires. On reconnaît ces Fourmis Amazones à leurs longues iniui- gaS ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. dibules arquées, étroites, sans dentelures, très-peu propres à l'arraugenient et au transport des matériaux qui composent leur habitation. Ces instruments sont devenus des armes et non des outils, comme chez les individus travailleurs. Aussi, ces Fourmis ne respirent-elles que les combats. Voici com- ment M. Huber décrit plusieurs de ces assauts ou sièges dont il a été témoin. Lorsque, dans un beau jour serein, la chaleur de l'atmos- phère commence à diminuer, et régulièrement à la même heure, pendant plusieurs jours consécutifs, qui sont pro- bablement indiqués par l'instinct, les Fourmis Amazones quittent leurs habitations. Elles s'avancent en colonnes serrées et se dirigent, comme un corps d'armée, vers la fourmilière dans laf[uelle elles veulent s'introduire et dont elles ont pro- bablement reconnu d'avance les distributions intérieures et la dis|)Osition. Malgré la vive opposition et la résistance opi- riiâtre des habitants, les Guerrières y pénètrent; leur seul but est de s'emparer des larves et des nymphes qui doivent produire des ouvrières, pour les transporter dans le plus grand ordre vers leurs habitations. C'est une véritable traite de nègres, ou plutôt de négrillons neutres, que font les Fourmis Amazones. Ces insectes n'ont qu'une seule inten- tion dans leurs excursions, celle d'enlever des ouvrières, qui sont encore, pour ainsi dire au maillot, et d'en faire des Ilotes qui travailleront dans leur intérêt, élèveront leurs pe- tits et leur fourniront des vivres. C'est pour cela qu'elles ne s'emparent jamais que des larves ou des nymphes (pii don- neront des individus neutres, c'est-à-dire des travailleuses, car les mâles et les femelles incapables de remplir ini sem- blable office, leur seraient inutiles, et ils les négligent. HYMENOI'TEIIES MVHMf'gES. G. l'OURMI. q2() Ce sont les Fourmis roiissâtres qui meltent ainsi en escla- vage les neutres de l'espèce (pi'on a nommée noire cendrée {F.fusca, [.inné); mais une autre raee , celle des Fourmis sanguines, offre un exemple de sociétés mixtes dans lesquelles on trouve encore des esclaves faits sur la race des noires-cen- drées, ainsi que d'autres enlevés à la race des Fourmis mi- neiisis. Il faut lire dans l'ouvrage même les détails intéres- sants que M. Huber en a donnés dans son chapitre dixième. On e^t loin de connaître aussi bien les mœurs ou les habi- tudes des Fourmis étrangères que de celles de notre Europe ; cependant il en est plusieurs, dont les formes bizarres, la grosseur de la tête, l'allongement et la courbure variés des mandibules, les épines plus ou moins aiguës du corselet, la disposition des pattes et des ailes doivent être en rapport avec des particularités de mœurs, lesquelles ont déterminé i-es diverses conformations des parties. On rapporte de l'Amé- rique et de l'Asie des Fourmis très-différentes de celles que nous connaissons. II en est qui occasionnent de grands ra- vages dans les sucreries et dans les terres où l'on cultive les cannes. Nous nous contenterons d'indiquer ici quelques-unes des espèces de France. Si nous voulions lis faire connaître toutes, ces descriptions seraient nécessairement très-longues à cause des détails qui deviendraient nécessaires, car pour chaque espèce, il faudrait faire la distinction des trois sortes d individus qui diffèrent beaucoup entre eux dans une même race. 1. Fourmi ronge-bois, perce-bois ow Hercule. Formica hercnlancn. Ouvrière ou neutre. Noire; à corselet, base de l'abdomen et cuisses d'un rouge brun plus ou moins foncé ; sans ailes. ^ 117 93o ENTOMOLOGIK AN A [.YTIQIE. Femelle. Noire ; à côtés du corselet, écailles et base de rabdoiiicii d'iiri rouge bai ; les ailes supérieures totalement enfumées. iVâle. Très-noir; écaille épaisse, échancrée sur le pédicule de l'abdomen: tarses et genoux ferrugineux. On trouve cette espèce dans les troncs d'arbres ; c'est la plus grande du pays; elle atteint jusqu'à 13 millimètres de longueur. On ne la trouve guère que dans les bois, jamais dans les champs. 2. Fourmi éthiopienne. F: œthiops. Ouvrière. Allongée, très-noire, luisante; abdomen velu; mandibules et jambes d'un brun noirâtre. Femelle. D'un beau noir luisant; écaille abdominale presque en cœur ; ailes blanches, les supérieures avec un poil sur le bord; abdomen ové, poilu. Mâle. Très-noir; abdomen pubescent; écaille du pédicule tronqué ; ailes blanches, très-minces, comme dans la femelle. .'?. Fourmi enfumée ovl fuligineuse. F. fuliginosa. Ouvrière. Corps court, noir luisant. Antennes depuis l'angle, genoux et tarses noirs; tète grosse, échancrée en arrière; abdomen globuleux . à écaille petite, de 3 ou 4 millimètres au plus de longueur. Femelle. Très-noire, courte; mandibules, antennes et pattes roussàlies ; ailes et écaille comme chez le mâle. Mâle. Couleur noire de l'ouvrière; écaille entière, presque ovée; ailes supérieures à base plus obscure que le reste qui est translucide. Cette espèce se trouve aussi sur les arbres. C'est elle qui construit dans l'épaisseur du bois les labyrinthes admirables que nous avons décrits, l. Fourmi jaune. F. lutea. Ouvrière. D'un jaune rougeâtre, yeux noirs; écaille abdominale petite, presque carrée ; le corps un peu pubescent. Femelle. Testacée obscure, luisante; antennes et pattes pâles; écaille échancrée, carrée, velue; abdomen à anneaux jaunâtres plus luisants sur les côtés; ailes inférieures un peu obscures à leur base. Mâle. Noirâtre, luisant; antennes et pattes pâles; écaille légèrement échancrée; abdomen paraissant faiblement duveté; ailes transparentes. Cette Fourmi vit dans la terre; elle y conserve des Pucerons à l'état de IlYMEXOl'TEKIiS MVKMECIES. (.. l'OlIRMI. tj'^I domesticité. Elle est 1res- commune dans les Alpes, où son habitation, ob- servée par les montagnards, leur sert de boussole, parce que la direction de la fourmilière est constamment portée de Test à l'ouest, et que son som- met et la pente la plus rai)idu sont tournés au levant d'hiver ; tandis qu'elles vont en talus du côté opposé. '''uni- mi. fauve. F.rufa. (Linné. Ouvrière. Noirâtre, avec une grande partie d( la tète; le corselet el Té- caill(! abdominale fauves. Femelle. Semblable à l'ouvrière par la tète, corselet ovalaire d'un fauve vif avec le dos noir; écaille grande, ovée; abdomen court, d'un noir un peu bronzé, avec le devant fauve; ailes enfumées; pattes noirâtres; cuisses rouges. Mâle. Plus ('troit; noir, à tète très-petite; écaille épaisse, presque car- rée ; ventre et pattes roussàtres ; ailes obscures, à nervures jaunes. C'est l'espèce la plus commune dans nos bois à Paris; elle y ramasse des tas considérables de débris de bois, de feuilles, de tiges de graminées; le tout est disposé en forme de dôme, d'un demi-mètre au moins d'élévation au -dessus du sol. Elle fournit beaucoup d'acide. Les autres espèces de nos environs sont la Fourmi mineuse {F. cioii- cvlarià), celle des Grazons {Capiluin] , la Roussâtre [F. Fuscdi, la San- guine, que nous avons décrites. Trentk-sixième faiviille : LES ORYCTÉUES ou FOUISSEL KS. îNous avons rapproché plusieurs genres tl'insectes Hymé- noptères en indicpiaiit par les noms qui précèdent une des par- ticularités de leurs mœurs, celle de fouir le sable on d'y faire des trous dans lesquels ils vietnient déposer un œuf dont pro- viendra une larve sans pattes, à la subsistance de laquelle ils ont pourvu. Jls ont, en effet, a[)porté dansées nids un certain nombre d'autres insectes, soit à l'état parfait, soit sous la forme de chenilles ou de larves blessées, paralysées on mutilées d"a- 1(7. gSa ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. vance, afin que ces victimes soient dans l'impossibilité de se soustraire par la fuite ou par d'autres moyens de dé- fense, à la destruction qui les attend, le tissu vivant et les humeurs de la proie devant seuls être em|)loyés au dévelop- pement ou à l'alimentation de l'insecte fouisseur dans son premier âge. Parmi les Hyménoptères, trois familles proviennent ainsi de larves carnassières, qui ne peuvent se développer en sor- tant de l'œuf qu'en se nourrissant de la substance d'autres animaux encore en vie. E^es uns sont dits Entomotilles ou In- •sectirodes; ils ont reçu ces noms parce que leurs œufs, ayant été insérés par leur mère sous la peau d'autres insectes, les larves qui en proviennent s'y développent comme des vers parasites, en rongeant les organes ou les réservoirs dans lesquels la graisse ou la matière nutiitive se trouve sécrétée. Telles sont les larves intérieures que nous avons proposé de désigner comme Endophages. Les deux autres familles, dont l'une est celle des Néo- cryptes ou Pupitéges, et l'autre celle des Florilèges ou An- thophiles, réunissent également des genres dont les larves sont les unes carnivores, et les autres herbivores. Les pre- mières se nourrissent de la proie qui leur est destinée lors- qu'elle est encore pleine de vie, mais faible et dans l'impos- sibilité de se défendre. C'est alors, en l'entamant à l'extérieur et en la mangeant en totalité , (|u'elles parviennent à leur développement de nymphe. I^es secondes sont déposées sous la forme d'un œuf dans le tissu des végétaux où leur pré- sence détermine une accumulation de sucs nutritifs, qui pro- duisent des tumeurs ou galles. Ces deux sortes de larves prennent leur nourriture en dehors, et nous avons proposé HVMÉNOPTÈRKS OR'i C IKHES OU FOUISSEURS. y33 de les noninier Exophages ; ou en a fait deux groupes, l/lîistoire de ces deux dernières familles doit se suivre; elles [jourraient même être réunies, si la forme et la configuration (les antennes n'avaient systématiquement exigé leur sépara- tion. Nous avons désigné la première sous le nom de Flori- lèges, parce qu'en effet, sous l'état parfait, ou lorsque l'insecte a ses ailes, il ne se nourrit que des parties substantielles re- cueillies sur les fleurs, quoiqu'il soit occupé sans relâche de la recherche et du transport des autres insectes qu'il ap- porte eu provision près de l'œuf qui doit reproduire sa race. Quant à la désignation d'Oryctères , elle provient d'un nom giec qui correspond à celui de fouisseurs, et n'est pas exclusive, car les Florilèges font aussi, pour la plupart, des trous dans le sable pour y déposer leurs œufs avec les in- sectes qu'ils destinent à l'alimentation des larves qui en sor- tiront. Comme les Anthophiles , ils vont aussi butiner à la manière des Abeilles, les sucs mielleux et le pollen des éta- minesdont ils paraissent se nourrir, mais seulement quand ils sont parvenus à leur dernier état, pour propager leur race. La seule différence est dans le nombre des articles aux antennes, qui est de moins de quatorze dans les Anthophiles, tandis qu'il est plus considérable dans les Oryctères, et que leur forme est différente. Néanmoins , sous le rapport des mœurs, ces deux familles se confondtiit. Nous avons caractérisé ainsi cette famille des Oryctères : abdomen conique, porté sur un pédicule étranglé: antennes non brisées, de quatorze à dix-sept articles; niâchoires ne dépassant pas les mandibules qui sont très-longues et poin- tues; ailes non doublées sur leur longueur. A l'aide de ces caractères, il est facile de distinguer systé- 9^4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. matit)ueineiit les Oryctères quand on compare les genres que comprend cette famille à ceux qui ont servi à l'établisse- ment des huit antres grandes sections du même ordre des Hyménoptères. Ainsi, le.s Uropristes ont le ventre sessile; les Mélittes, la lèvre inférieure et les mâchoires i>lus longues que les mandibules; les Systrogastres, l'abdomen concave et s'en- roulant sur la tête ;, les Ptérotliples ont les ailes supérieures pliées en deux sur leur longueur; les Myrméges, les antennes brisées ou coudées ; les Anthophiles et les Néocryptes n'ont jamais aux antennes plus de treize articles , quelquefois beaucoup moins; et eidin, les Entomotilles ont de très- longues antennes dont les articulations dépassent souvent le nombre de dix-sept à trente. Six genres principaux , pour la plupart subdivisés, et qui, par suite, ont pris des noms différents de ceux cpi'ils avaient reçus primitivement, sont ceux ([ue nous allons indi(|uei par l'analyse. D'abord, il n'y a qu'un genre, celui des Tij>hies, dont les antennes soient de même grosseur de la base à l'extrémité libre, ou filifoiines, et, sous ce rapport, ce genre se rapproche des Mélittes et des Crabrons; tandis que, sous d'autres, et en particulier par les poils qui recouvrent leur abdomen, les Ti- phies ont beaucoup d'analogie avec le genre des Scolies dont les mœurssontd'ailleurs les mêmes. Dans lescinqautresgenres, l'extrémité libre des antennes s'amincit constamment en forme de soie; mais le ventre, dans l'un des genres, (pii ne com- prend an reste que des espèces étrangères, celui des I.arres, est conmie déprimé ou aplati de haut en bas avec un pédi- cule très-court. Dans les autres genres, l'abdomen est uni au corselet par une portion allongée ou très-courte. Dans ce dernier cas, tantôt les pattes sont très-longues dans les Pepsi- HyMÉNOPTKHKS ORYCTÈRES OU FOLISSIÎURS. y'35 (les, tantôt simples et ordinaires dans le génie Pompile. Enfin, ce pédicnle du ventre est très-long, eylindrique dans les iSpliégeset conique dans lesTrypoxylons. Nous verrons, dans les articles consacrés à ces genres, d'auties particularités de formes et d'habitudes, et nous les ferons connaître avec plus de détails parce qu'ils méritent le plus grand intérêt, sur- tout l'histoire des Sphéges dont les moeurs ont été étudiées et parfaitement décrites par Réaumur, Al. Léon Dufour et M. Fabre d'Avignon. TllENTE-SIXlÈME FAMILLE : LES ORYCTÈRES OL POLISSEURS (1). Caractères : Hyménoptères à ventre pédicule; sans langue, ou trompe ; à antennes non brisées, de quatorze à dix-sept articles. ' 111 ou (le même grosseur à l'extrémité; corps velu 1 Tiphie. Antennes en / déprimé, presque uni au corselet 2 Lahre, i ordinaires ô Pompile. court; pattes I ^à pétiole 1 ^ très-longues 4 Pepside. soie ; ventre/ très-long et conique S Trypoxylon (cylindrique 6 Spuege. (1) De opux.Trlp, qui fouilla terre. % (..)-[vl^. g36 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 225. Genre TIPHIE. TIPHIA. Fabricius.) Caractères : Hyménoptères à ventre pédicule ; à corps al- longé,velu ; à antennes en fil , se roulant en arc; ci pattes (le la longueur du corps. Ce nom a été pris au hasard parmi ceux qu'avait employés Hesychius pour indirpier un oiseau, Tt^iov, mais on ne sait lequel. La forme des antennes, dont la grosseur est à peu près la même de la base à la pointe, et "qui ne sont pas coudées, a suffi pour faire séparer ce genre de tous ceux de la même famille, dans lesquels le nombre des articles est de quatorze à dix-sept, et dont les mâchoires ne sont pas unies avec la lèvre inférieure, car tous les autres ont leurs antennes terminées en soie, on plus grêles à l'extré- mité libre. Le pédicule de l'abdomen, dont le premier an- neau est concave, les distingue du genre des Larres, dont le ventre est déprimé, et presque accolé au corselet; des Sphé- ges et des Trypoxylons, dont l'abdomen est supporté [)ar un pétiole très-long, et enfin des Pompileset des Pcpsides, chez lesquelles pattes sont plus longues que leurs corps. On ne connaît pas positivement les mœurs de ces insectes sous l'état de larves. Comme ils ont beaucoup de rapports de forme et d'apparence par la surface du corps, qui est ve- lue, avec les Scolies, on a tout lieu de croire que, sous leur premier état, ces larves sont aussi exophages, ou qu'elles attaquent en dehors le corps des autres insectes, comme la plupart des Fouisseurs et des Florilèges. C'est, en effet, sur nYMI'NorTF.liRS OHYCTÈUES. G. I.ARRE. 987 les fleurs (|u'()n :i eu occasion de recueillir le plus souvent les Ti|)liies. Fabricius n"a inscrit qu'un vinglaine d'espèces dans ce genre; la plupart ne se trouvent pas eu Europe. Deux ou trois se rencontrent aux environs de Paris. Ce sont : 1. Tipliic noire. Tiphia worjo. Entièrement noire; à poils noirs et gris; les qnatre cnisses postérieures comprimées; ailes enfumées, avec un poii t marginal plus foncé. 2. Tiphie cin'xscs'rouf/rs. T. femorala. Semblable à la précédente , mais les quatre pattes postérieures à jambes et cuisses ferrugineuses. ^-2(i. Geinre LARRE. LAliRA. (Fabricius.) (/ARACTÈREs: Hywénoptères h ventre pédicule ; bouche., dont les mâchoires et la lèvre postérieure ne forment pas une langue dépassant les mandibules ; à antennes en/il, un peu plus giosses au iidlieu et comme tordues en spircde. Cest un groupe d'insectes, presque tous étrangers à l'Europe, ayant, en apparence, le port des Sphéges, dont ils ne diffèrent que |)ar la fornie des antennes qui sont plus courtes, et qui, vers leur extiëmité libre, surtout pendant la vie, sont roulées sur elles-mêmes et dont l'abdomen est légèrement comprimé. Mous ignorons l'étymologie du nom de Larre, qui n'est ni grec ni latin; il est d'ailleurs tout à fait insigniliant, comme beaucoup de ceux qui ont été proposés |)ar Fabricius. Des . Larre crassicorne. L. crassicornis. Elle est noire aussi, mais ses pattes sont ferrugineuses ainsi que trois bandes qui entourent l'abdomen; ses ailes sont teintes en bleu. 327. Genee POMPILE. POMPILL'S. ^Fabricius.) Caractères: Hyménoptères à ventre pédicule, à lèvre et mâchoires courtes, à ailes non doublées et écartées du corps, même dans l'état de repos; à antennes longues , en soie, non brisées. Ce genre, dont le nom est insignitiant, est celui d'un animal ; il semble avoir été appliqué comme au hasard par Fabricius, car, si les Grecs l'ont employé, c'était pour le donner à certaines espèces de poissons vivant en troupes comme les Thons. Déjà -tc^lj ce genre avait été séparé de celui desSphé- ges, mais sous un autre nom, celui deCéropales,par Latreille. lies Pompilesont le port des Ichneumons, et GeolïVoy les avait considérés comme tels, mais ils ont les mœiu's et toutes llYMKXOPTklU':S OUYCTÈRKS. G. POMIMI.E. 9S9 les habitiules des Spliéj^es, car leurs larves prennent leni- nourriture en dehors et non dans l'intérieur des insectes vivants; ils sont, ainsi que nous l'avons dit, exopliages. Comme les Ichnenmons, ils sont d'une vivacité extrême; ils courent, ils s'agitent et volent dans tous les sens. Ils exer- cent un mouvement continuel de tout leur corps, et même des antennes et des ailes; ils s'arrêtent brusquement, puis quittent tout à coup le point où ils se sont poses; ils semblent être constamment en suspens ou en recherches. On les rencontre j)rincipalement sur les terrains sablon- neux, sur les bords des chemins, toujours dans les lieux ex- posés à la plus vive ardeur du soleil, parce que ces! là (pi'ds creusent les trous dans lesquels ils ensevelissent les corps paralysés et souvent mutilés des chenilles ou des larves de diverses espèces d'insectes et même des Araignées, et des autres insectes mous qu ils destinent à la nouiriture de leurs petits, pondus un à un, sous la forme d'œufs,dans une loge spéciale qu'ils ont creusée et rendue assez spacieuse pour contenir la nourriture , dont la quantité a été prévue et jugée suffisante au développement de la larve, jusqu'à l'époque de la nymphose. Au reste, toutes les manœuvres des Pompilcs sont celles des Sphéges sur l'histoire desquels nous donnons plus loin assez de détails pour ne pas les répéter ici ; nous y renvoyons donc, en n'indiquant seulement que quelques espèces. I. Pompile des ch'inins. Pompilus viativits. Noir velu; à ailes brunes, les trois anneaux antérieurs du ventre rongeàtres, mais bordés de noir; on l'a rangé dans le genre Psanimophile. C'est l'espèce de ce genre que l'on a le plus souvent occasion d'observer. La femelle est plus grosse que le mâle; elle pique \ivement lorsqu'on la liS. t)4o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. saisit sans précaution , et la douleur qu'elle produit persiste et engourdit le doigt qui a été blessé. C'est au moyen de cet aiguillon, que l'insecte in- troduit le venin dans l'individu ou dans la larve qu'il paralyse. 2. Pompile cruel. P. cruentus. Noir, à corselet roussâtre, abdomen noir à deux bandes blanches. C'est une petite espèce qu'on trouve souvent sur les fleurs. 3. Pompile à deux bandes. P. ôz'/ascîa/w^. Il est complètement noir, ses ailes sont transparentes, mais avec deux bandes noires. 4. Pompile bossu. P. gibbus. Noir; abdomen rougeâtre, noir à l'extrémité libre; ailes avec le bout noir. 5. Pompile tacheté. P. maculatus. Noir; k corselet tacheté de blanc; le second anneau abdominal roux ; tous les autres segments portant une petite ligne transversale blanche. 6. Pompile exalté. P. exaltatus. Noir; ventre roux, à pointe noire; ailes brunes à l'extrémité, avec un point transparent. On a inscrit plus de cent espèces dans ce genre. 228. Genre PEPSIDE. PEPSfS. (Fabricius.) (Caractères : Hyménoptères à pédicule abdominal trèi-court; d'ailleurs tout à fait semblables pour la forme et pour les mœurs aux Pompiles et aux Sphéges, mais avec les pattes longues et (juelques différences dans les parties de la bouche. *S. ^^ /^ .^ Quoique ce nom soit tout à ^ \ X( / ^'l't gi'''t^', T.i^^ii, comme il a été appliqué à l'action f|ui se passe jr— ■'^^îk.^-^'-iÊiae-^ dans la digestion, ce que les y'^^i>'*^Hir*^V "V. anciens physiologistes appe- f W l ^'^ laient la coction, il est pour les #> \ entomologistes tout à fait iusi- griitiant. On a séparé, sous cette dé- / :^^^^^~ ^''^^- IIYMÉNOPTKRES ORYCTEIUÎS. G. TRYl'OXVLON. ()'}( nomination, les espèces dePonipiles qni diffèrent snrtont par l;i longueur excessive des pattes, et partienlièrenient (diez, heancoup d'espèces étrangères, dont la plupart ont les ailes colorées en jaune, en rouge ou en violet. Celles (|n'on a observées en France sont rares et leur caractère n'est pas très-prononcé. Nous citerons cependant : I. Pepside des sables. Pppsis arenaria. Il est noir; son corps est couvert de poils ras et roides ; le second et le troisième anneau du ventre sont roux; les ailes sont de la longueur du corps. Il a été décrit sous les noms de Sphége et sous celui d'Ammophile. i. Pepside de la boue. P. lutaria. Il est tout noir, à l'exception des second et troisième anneaux du ventre, qui sont roux, mais il a la bouche ou la lèvre argentée d'unCrabron. !229. Genbe TRYPOXYLON. (Latreille.) (Caractères : Hyménoptères à abdomen arrondi, un peu plus gros en arrière, à pétiole conique; sans trompe ou langue dépassant les mandibules ; antennes insérées au milieu de la face, de niveau avec les yeux. bois, mais il l'a ensuite abandonné et Fabriciu [jatreille avait proposé ce nom parce qu'il croyait que cet insecte faisait des trous dans le tronc des arbres, des mots grecs Tpu- Tveiv, trouer, perforer, et ^ulov,le l'a impose a \\\\^ espèce de Pélopée. Le vrai est que ce nom est appliqué à une espèce de Spbéi^e qui avait été nommée Figulus ou le potier, parce qu'elle fait son nid le plus souvent dans une cavité creusée pendant le C)/\2, ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. courant de l'année précédente dans de vieilles boiseries; elle tapisse ou badigeonne l'intérieur de cette cavité avec une sorte de mortier pour y déposer un œuf, puis elle va saisir une araignée qu'elle paralyse et dont se nourrira la larve ([ui proviendra de cet œuf. D'autres espèces^ ainsi que l'a observé M. Goureau, cons- truisent au dehors, sur la sommité d'une forte tige de gra- minée , une masse arrondie, fixée quelquefois sur le côté .1 > /) , . vertical et saillant d'une pierre, et ressemblant à ces boules f de terre dont quelques araignées recouvrent la masse de leurs œufs; mais ici, la boule présente une sorte de petite cliemi- _ , . née en dehors, et l'on trouve dans l'intérieur une ou plu- sieurs petites araignées souvent mutilées, mais qui doiinerU II 1^. R^^ encore quelques signes de vie; elles sont destinées à devenir la pâture de la larve de cette espèce de Trypoxylon. Une autre espèce qu'on a nommée Spirifex ou tourneur^ applirpie son nid sur les murs; elle lui donne wn^ forme globuleuse tournée en spirale, mais à la surface du(|uel on distingue comme trois cordons avec trois ouvertures extérieures; dans ces trois canaux, sont rangées des larves ou de petites che- nilles destinées à la nourriture de celle qui doit produire cette race de Sphéges. L'espèce que l'on trouve aux environs de Paris est le l'rypoxijlon potier. Trypoxylon figulus. Noir luisant; ailes plus courtes ([uc l'abdomen ; ces ailes sont noires à leur extrémité libre ; tout le corps est couvert d'un duvet grisâtre. Nous avons indiqué ses mœurs dans l'histoire du genre. ■f^ HYMi:?fOPTF.ItES ORYCTEKES. G. SI'HEGE. 94- 230. Gr.NBE SPHÉGE. SPHEX. (Linné.) Cauactères : Hyménoptères a ventre eoniqne, distinct du cor- selet ou pédicule, supporté par un prender segment très- grc'le ; à antennes non brisées, composées de quatorze à dix- sopt articles au plus; à lèvre et mâchoires non réunies en une sorte de langue ou de trompe saillante au delà des mandibules ; ii ailes non doublées sur leur lomrucur. Ce '^^in]'e clesSphéges est, en outre, distingué de ceux de la même famille des Oryctères par la conKguration des antennes qui sont plus minces à leur extrémité libre, et dites en for- me de soie, par le rétrécissement de la partie antérieure du corselet qui ./,:;, " forme ainsi une sorte de cou pour leur abdomen arrondi dont le pédicule est très- long et cylindrique. C'est d'après toutes ces notes ([u'on le distingue d'abord , des Tiphies dont les anteinies sont de même grosseur à peu près d'un bout à l'autre ou en fil; des Larres, dont l'abdomen est aplati et à pédicule très court; des Pompiles et des Pepsides dont le ventre est arrondi et conique, avec un pédicule court, et enfin des Trypoxylons chez lesquels ce pédicule est allongé, mais évasé du côté de l'abdomen et non cylindrique. Le nom de ce genre, dans lequel Fjinné avait réuni un très- grand nombre d'espèces qui, depuis, ont été réparties dans d'autres subdivisions sous des dénominations tout à fait différentes, a été enq^runté du grec; on le trouve plusieurs 9'l4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. fois dans Aristote ; il désignait ainsi des insectes qui piquent et dont le milieu du corps est comme étranglé, comme ou le voit dans les Guêpes, 2ç/it-7;)co;; aussi Aristophane donne-t-ii ce nom aux femmes maigres dont le ventre est étranglé à la manière des guêpes. Ce genre des Sphéges a été partagé par Latreille dans ses derniers ouvrages et en particulier dans ses Familles du règne animal, eu neuf autres genres, d'après la disposition des mandibules qui sont dentées ou non, et d'après la forme des palpes q(ji sont en soie ou en fil : tels sont les genres Ammo- phile, Spliége, Dimorophe, Astate, Pepside, Prônée, Chlo- rion, Dolichure, Ampulex, Podie et Pélopée. r^es mœurs des Sphéges sont très-cuiieuses à suivre, sur- tout quand on a coiniaissance de leurs diverses manœuvres. On peut les observer dans les terrains les plus secs et les mieux exposés à l'action du soleil. Ils volent avec rapidité, mais ils s'abattent souvent sur le sol ou sur le sable, ayant les ailes agitées et étalées un peu en triangle sur les côtés du cor|)s; on les voit courir sur leurs longues pattes et comme en sautillant continuellement, occu|iés, en aj)parence, à choisir le lieu qui leur conviendra le mieux pour y creuser une sorte de fosse on de nid qu'ils destinent à leur progéniture. Si le terrain est résistant, ou s'il s'y trouve quelques graviers, on voit le Sphége les saisir avec ses mandibules pour les trans- porter à certaine distance ou les pousser avec les pattes de devant et de derrière. Si le sable est tres-mobile à la sur- face, il travaille avec une telle activité et une si grande |)res- tesse que la poussière fine est lancée, pour ainsi dire, en jet continu comme le serait un liquide, l^orsque le terrain est devenu plus solide, l'insecte s'y creuse une galerie dont le HYMÉNOPI'kliKS OHYCTÈRES. G. SPHKCIi:. g/jf) fon I élargi |)eut avoir trois ou quatre centimètres de pro- fondeur. A cette extrémité, est pratiqué un caveau plus ou moins spacieux, destiné à recevoir un œuf fécondé, d'où sortira, quehjuts jours après, une larve sans pattes, mais (pii, malgré cette privation, est appelée à se nourrir de ma- tière animale et même d'insectes mous encore vivants, de corps mutilés ou paralysés d'Araignées, de larves diverses, de Chenilles de différentes espèces, suivant chaque race de Sphéges. Réaumur, Vallisnieri, et dans ces derniers temps M M. Gou- reau et Fabre, ont fait connaître les nids et les diverses ma- nœuvres de pitisieurs espèces dont quelques-unes construisent avec de la terre gâchée ou des sables aigileux, ramollis au moyen d'une bave qu'elles y dégorgent. C'est une sorte de mortier ou de ciment d'une étonnante solidité quand il est séché, et qui peut alors résister à toutes les vicissitudes du froid et de l'humidité de l'atniosphère. Ces masses terreuses sont intérieurement conqjosées de celhdes rajiprochées, mais distinctes; chacune de ces loges est un alvéole destiné à contenir la larve et aussi la quantité, prévue comme suffi- sante, de petits êtres paralysés, mais vivants; les alvéoles sont ainsi des garde-mangers pour ces provisions animales. Nous avons nons-même eu occasion d'observer plusieurs fois les manœuvres que nous venons de raconter, et en ou- vrant les masses de mortier solide cju'il fiallait briser, nous y avons trouvé tantôt des larves de Chrysomèles, de Crio- cères et de (|uel(|ues antres Coléoptères, tantôt des Che- nilles rases, des larves de Tenthrèdes, des Araignées sans pattes, dont le nombre et la grosseur étaient à peu près les mêmes dans cha(|ue nid d'une même espèce. "9 (j4(> F.NTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Quoique les Sphéges soient continuellement à la recherciie (les insectes dont le corps est mou et succulent , espèces qu'ils peuvent trouver facilement, parce que la plupart, dans leur premier âge, restent réunies ou rassemblées en familles sur certaines |)lantes , ils attaquent aussi de petits Coléoptères dont les téguments sont très-durs, tels cjuede petits Richards, des Charançons. Ils se livrent, en outre, à una sorte de chasse et de poursuites de plusieurs espèces de Diptères et d'Hy- ménoptères, et même à celle de petites ou de grosses Arai- gnées qu'ils attaquent avec une sorte de fureur et beaucoup d'intrépidité. Cependant ces mêmes Sphéges, lorsqu'ils sont arrivés à leur état parfait, quand ils ont des ailes, ne se nour- rissent eux-mêmes qu'en pompant les nectaires des fleurs ou en dévorant le pollen des étamines. I-.a plupart des espèces semblent attachées, comme nous le disions plus haut, à recueillir chacune une même sorte d'in- sectes mous, dont elles prennent un nondjre d'individus pro- portionné, et pour ainsi dire, tléterminé à l'avance, (jui sont de même grosseur. Elles les choisissent et reconnaissent par- faitement les localités, ou les plantes sur lesquelles ces larves vivent en sociétés nombreuses; elles y viennent enlever suc- cessivement, un à un, les individus dont elles ont besoin. On les voit revenir incessamment dans les mêmes lieux avec une proie ou une victime semblable. Au moment de l'atta- (jue, ou peut-être petidant le trans|)ort, les S|)héges |)iquent ces insectes avec l'aiguillon dont est armée lextrémité de leur abdomen. Il est probable qu'au même moment, l'in- secte est blessé dans une région déterminée du corps, prin- cipalement sur le trajet du cordon nerveux qui préside à la motilité, et heureusement à la sensibilité, car il devient tout HYMÉ\()i>(i;nfc;s or.YcrkiiES. g. sihÉc.i:. t)/[-j à la fois paralytique et iiulolent, il se trouve réduit à la vie végétative. Il est, dès ce moment, destiné eonime une sorte de eliair fraîche, à être placé, laiigé près des autres victimes ses «■ongénères, qui se trouvent là disposées côte à côte, pressées les unes contre les autres, appelées successivement et dans l'ordre de leur juxtaposition à servir de patiu-e à la larve du Spliége, lorsipi'elle soi-tira de l'œuf. Celle-ci, eu effet, n'aura d'autres besoins, dauties volontés à satisfaire, que de se nourrir eu suçant et en dévoiant successivement cette masse de viande fraîche que la mère a pris la précaution de dépo- ser auprès de chaciui de ses enfants, dans le berceau parti- culier qu'elle lui a séparément préparé, justement dans la quantité et dans la proportion que pouvait et (pie devait comporter le développement ultérieur de la larve |jour ar- river à l'époque où elle doit revêtir la forme de nymphe, sous laquelle elle passera l'hiver avant de prendre celle de Sphége ailé. Quant aux espèces qui attaquent de préférence les Arai- gnées, comme nous avons vu et suivi avec attention et un inconcevable étonuement, étant encore dans notre enfance, plusieurs particularités des manœuvres auxquelles l'insecte ailé se livre pour obtenir le nombre de corps dont il aura besoin, nous pouvons raconter, avec tous les détails néces- saires, eommctit le Sphége s'y prend |)our |jarvenir à ce ré- sultat : Aussitôt qu'il a reconnu une toile près de lacpielle il sait que l'Araignée est dans sa tanière, il se met en embus- cade dans les environs, et. là, il épie le moment où lui insecte vient à tomber inqjrudemment sur le filet tenrlu sur sou pas- sage, et où il appelle, par ses mouvements end^arrassés, l'Araignée, qui abandonne sa caverne. A l'instant même où "9- (^f^8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. le Sphége la voit occupée à saisir sa proie, il fond sur elle à l'iniproviste, comme un aigle; il la saisit avec rapidité et l'enlève eu l'air, à l'aide de ses griffes fixées à la base des pattes; on voit bientôt tomber les huit membres de la vic- time, que, probablement, le ravisseur a coupés avec ses man- dibules, de sorte qu'il u'aj)porte à son nid que le tronc mu- tilé de cette Araignée, qu'il a même blessée de son aiguillon, pour la priver de la faculté de faire agir ses mâchoires, et peut-être dans le but providentiel tle la soustraire à la cons- cience de sa propre existence, puisqu'elle est, dès cet ins- tant, appelée uniquement à servir de pâture à une larve qui est elle-même sans pattes et sans armes. Cette famille des Sphéges constitue des groupes très- divers, auxquels, comme nous l'avons vu, se rapportent tous les Anthophiles ainsi que les autres fouisseurs. Il paraît que chaque espèce est vouée, pour ainsi dire, à la destruction d'insectes de différents ordres : aux larves des Lignivores parmi les Coléoptères; à celles des Chrysomèles et d'un grand nombre de Phytophages, ainsi f|u'aux petites espèces des Ri- chai'ds et des Charançons. D'autres Sphéges ne recherchent que des larves de Sauterelles et même des nynqihes et des insectes parfaits; (|uelques-uns les larves des diverses es|)èces de Punaises, de Rhinostomes ou de Plantisuges; plusieurs s'attaquent à des Diptères, et particulièrement aux Tipules. On a reconnu que, pour paralyser la j^lupart de ces vic- times, l'insecte déprédateur les pique en enfonçant son aiguillon dans une place déterminée : c'est celle qui corres- pond juste à la place (ju'occiqie constamment le cordon ner- veux. 11 y introduit ainsi une sorte de venin, véritable poison anesthésique. C'est ou entre la tête et le prothorax, en des- HYMÉNOPTÈRES ORYCIERES. G. SPHEGE. 949 sons, OU dans l'intervalle que laissent entre elles les arti(!u- latioiis de la première pièce du corselet et la seconde, lors- qu'il y fait pénétrer son dard. C'est là, en effet, que le cor- don nerveux principal se renfle en i^anglions d'où provien- nent les nerfs qui vont se rendre aux ailes et aux pattes. i^e manège de ces insectes a été très-bien observé. On voit que le Sphége tend, dans les luttes qu'il exerce, à renverser sa proie sur le dos pour écarter entre elles les articulations du thorax, et que c'est dans cette région inférieure qu'il plonge son aiguillon vénéneux, dont l'action est si rapide. La plupart des Spliéges creusent leurs nids dans la terre; chaque nid est préparé isolément; l'insecte qui l'a creusé, chaque fois qu'il le quitte pour aller chercher une victime nouvelle, prend le soin d'en recouvrir l'entrée, mais il a l'ins- tinct admirable d'y revenir, sans se tromper. C'est particu- lièrement ce qu'on a observé dans l'espèce dite à anteinies jaunes, Spkex flavicornis. Les espèces plus voisines des Pompiles, qu'on a nommées Cerceris, construisent des nids avec de la terre, à laquelle elles donnent be.-.ucoup de solidité; au centre de la masse de cette sorte de mortier, elles réunissent plusieurs loges, dans chacune desquelles, après avoir déposé un œuf, elles a|)|)ortent, les unes de [)etites espèces du gein-e Bupreste ou Richard, et d'autres des races déterminées de plusieurs Cha- rançons ou de Rhiuocères. Quelques-uns, comme les Am- mophiles, y apportent des Sauterelles et d'autres, de très- grosses Chenilles. \^ yistata-Boops ^ par exemple, ne le- cherche que des Pucerons; on a remarqué que pour les Odynères, ce sont des larves de Teiithrèdes, etc. Il nous serait inqwssible d'entrer dans tous les détails re- 930 EXTOMOr.OGlK ANALYTIQUE. latif's à ces curieux insectes : nous nous contenterons d'indi- quer seulement ([uelques espèces. 1. Sphcye des sables. Sphex sabulosa. Noir velu; abdomen à pédicule gi'éle. formé de deux segments dont le second, ainsi que le troisième, sont de couleur rougeàtre ou jaunâtre. Geoffroy l'a décrit comme un Ichneumon à > entre fauve en devant el a long pédicule, sous le n° 03. 2. Sphége spirifége. S. spirijcx. Noir; à corselet velu sans taches; pellicule du ventre très-long. C'est le Sphége tourneur de Réaumur, t. VI de ses Mémoires, pi. rîti. Kg. 5. Latreille le rapporte au genre Pélopée, 3. Sphége des graviers. S. arenaria. Noir; velu; second, troisième et base du quatrième anneau du ventre, rouges. Latreille l'a rapporté à son genre Ammophile et d'autres auteurs au genre Pepside, comme nous l'avons vu. Cette famille a besoin d'être étudiée de nouveau, pour y distribuer les genres dans un ordre nature) , ce f|ui ne nous a pas été possible, tous les auteurs ayajit établi des sous- genres, d'après quelques particularités minutieuses tirées des cellules des ailes ou des parties de la bouche, qui n'ont aucuns rapports avec les formes générales, ou les modifica- tions dans les mœurs et dans leur développement. Ces ca- ractères sont tirés, tantôt de la brièveté de la langue ou de la forme particulière des mandibules : tels sont les indices des genres Pélopée., Salius, Planiceps, Chlorion; tantôt, des proportions relatives des barbillons, d'après le nombre de leurs articles, comme dans les genres Miscus, Céropales, Ampulcx^ etc., etc. IIVMENOI'IKRES \K()CRYI>TF,S OU l'IlPITEGES. 9*^)1 TitKMii-siiPTitMi; FAMILLE : LES XÉOCRYPTES ot PUPITÉGKS. Nous avions nommé Néottocryptes ou Abtiitolarves les yenres d'insectes hyménoptères qui, en déposant leurs œufs dans le tissu des végétaux, introduisent en même temps, sans doute, quelque humeur vénéneuse dans la blessure, afin que lexcitation produite dans ce point puisse y déterminer un afflux ou une augmentation des sucs nourriciers, et le déve- loppement d'une tumeur le plus souvent monstrueuse, dans l'épaisseur de lacpielle une on plusieurs larves se nourris- sent et se pratiquent une cellule où chacune d'elles croît et vit isolément des sucs que la végétation y fait al)onder. T.,es noix de galle, que chacun connaît, sont un exemple de cetfe monstruosité, qui se développe sur une espèce de chêne dans l'Orient. Nous croyons devoir raccourcir les deux dénominations j)rimitives, en leur laissant cependant la même signification. Kn effet, le mot vc'oç indirpie un être jeune, un fœtus; de même (pie le terme veotto; corres|:)ond à nouveau-né (pu//us), et celui (le /.pu-Toç, signifie caché; nous avons donc créé le nom de Néocryptes ; de |)liis, le nouveau mot francisé, tire du latin, Pi/pitéges (de pupus et de tcgere^ protecteurs du jeune âge), (\u\ sont plus faciles à prononcer et à retenir (jue les dénonunations de Néottocryptes et d'Ahditolarves, que nous avions longtenqis enq^loyées pour désigner la même famille. Au reste, ce nest pas seulement dans les végétaux (pie les insectes de cette famille déposent leurs œufs; il en est quel- ques uns (pii les insèrent dans le corps des autres petits ani- 95a ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. maux, à peu près comme le font les Ichneumons et tous, les Entomotilles, dont ils diffèrent essentiellement, au n)oins pour les classifîcateurs eu entomologie, [jar la trop grande dissemblance que présentent les antennes, essentiellement en raison de leur longueur comparée et par lenrs formes. Voici les caractères généraux à l'aide desquels il est facile de les reconnaître : Hyménoptères à ventre aplati, comprimé ou renflé; à pé- dicule court; à cuisses postérieures souvent renflées; an- tennes lion en soie, de formes très-variables, mais de treize articles au plus. A l'aide de ces notes essentielles, il est évident que les Néocryptes diffèrent des Uropristes, tels que les Tentlirèdes, par le pédicule du ventre, et surtout par la forme de leurs larves. Il en serait de même et successivement des Mélittes. telles que les Abeilles, par la structure de la bouche, qui est ici privée d'une trom|)e saillante ; des Chrysides ou Systrogas- tres, dont l'abdomen se roule en une boule concave pouvant cacher la tête; des Guêpes ou Ptérodiples, dont les ailes sont doublées sui leur longueur, et le ventre très-pointu en ar- rière ; des Myrméges et des Authophiles, dont l'abdomen, eu particulier, est tout autrement conformé; et enfin desOryc- tères et des Entomotilles, par la longueur des antennes. C'est cependant avec les Entomotilles ou les Insectirodes que les Néocryptes ont le plus de rapports par les mœurs, quoique leurs formes soient très-différentes, lia manière dont les femelles déposent leurs œufs sous l'épiderme ou dans le tissu même des plantes ou dans leurs germes, encore renfer- més dans l'ovaire, produit des effets très-curieux et souvent des phénomènes monstrueux et même fort intéressants pour HYMÉNOPTÈRES NF.OCI{YI>TES OU PUPITEGES. f)53 l'étude de la véi>t'tation. A l'aide d'tine tarière, dont l'abdomen des femelles est garni, celles-ci insèrent leurs œufs dans l'in- térieur des tiges et dans les jeunes pousses des feuilles, sur les fruits à peine fécondés ou dans leur calice, en y laissant suinter en même temps une humeur altérante qui enduit peut-être l'œuf lui-même ; comme nous l'avons déjà indiqué, cette petite blessure semble amener un épanchement maladif des sucs, une irritation qui produit des monstruosités bi- zarres, mais constantes dans leur résultat ou à peu près, de même nature pour chaque espèce de plante, qui est piquée toujours constamment dans le même point du végétal par une espèce déterminée également dans chacun des genres. Les jeunes larves provenant de ces œufs rencontrent, dans ces tumeurs, dans ces extravasations, des sucs qui ont altéré et modifié diversement les tissus, une nourriture abondante et appropriée à leur nature, en même temps qu'elles s'y trou- vent préservées de toute attaque extérieure. Nous avons été fort embarrassés dans la classification des insectes de cette famille, qui comprend évidemment deux races de petites espèces fort différentes entre elles par la forme et même par leurs mœurs. Toutes, il est vrai, pondent leurs œufs de manière à les mettre parfaitement à l'abri des atteintes extérieures ; ce sont bien pour nous des Néocryptes, mais leurs larves ont une nourriture qui n'est pas la même. Les uns sont des Insectirodes ou Entomotilles, semblables, sous ce rapport, à tous les Ichneumons, mais les autres sont appelés à ne se développer que dans le tissu des végétaux; ils sont, ta la vérité endophages, car ils se nourrissent en dedans, mais uniquement dans le parenchyme des plantes; or, aucun caractère extérieur n'est subordoinié à ce genre exclusif de I20 g54 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. nourriture et ne peut l'indiquer; d'ailleurs, les analogies de formes semblent en autoriser le rapprochement. Nous avons essayé de faire emploi de l'analyse, mais ce moyen ne nous a pas beaucoup éclairé sur la classiticatiou. Nous nous sommes donc borné à l'apparence extérieure, nous réservant de pré- senter des considérations générales en parlant des deux genres principaux des Chalcides et des Diplolèpes, auxquels les trois autres se rallient dans l'étude des mœurs. Voici un tableau analytique, oii nous supprimons nomi- nativement le genre Cynips, dans lequel se trouvaient con- fondus les Chalcides et les Diplolèpes ; nous y faisons ce- pendant figurer le genre Euloplie, qui devait y être indiqué à cause de la forme particulière des antennes; mais on sait aujourd'hui que les mâles seuls présentent cette particularité. Trente- SEPTIÈME famille : les ]NÉOCRYPTES(i) ou PUPITEGES. Caractèbes : Hyménoptères à ventre pédicule, comprimé ou renflé; sans trompe, ni langue saillante ; à antennes non en soie, variables et de treize articles. iple i renflées 2 Chalcide. simples 3 Diplolèpe. A ANTENNES ) \ renflées du sommet à la luise 1 Leocopside. dans chaque article A Diaphie. 'composées , branchues ou en peignes 5 Eulophe. (1) De vt'o;, nouveau-né, et de xpÛTiTw, je cache. HYiVrENOPTERES NEOCRYPTES. G. t-EUCOPSIDE. 955 :231. Genre LEUCOPSIDE. LEVCOPS/S. (Fal.ricius.) Caractères : Hyménoptères à abdomen dont le pédicule est si court, qu'il parait presque sessile ; ce ventre est plus haut que large, comprimé latéralement; la femelle a une tarière longue^ relevée sur le dos, oii elle est reçue dans une rainure; les antennes sont un peu en massue; les cuisses postérieures sont gonflées et les jambes arquées. Ce nom, imprimé d'abord avec la faute de transposition d'une lettre, reproduite ainsi chez tous les auteurs qui l'ont depuis employé, d'après les divers ouvrages de Fabricius, doit s'écrire Leucopsis, d'après 'v^.N son étymologie, qui indiquerait que cet insecte a les yeux blancs, Xeuxwtl^iç , et non Leucospis. Ce n'est [)as la seule errein- de ce genre que nous ayons eu à relever; telle est, entre autres, celle de Hèpe au lieu de la Nèpe, parmi les Hémiptères bydrocorées. Les diverses particularités indiquées comme caractères de ce genre suffisent pour le faire distinguer d'abord, ainsi que nous l'avons dit dans le tableau analytique, de tous ceux de cette famille, puis de quelques autres, avec lesquels il a beau- coup de rapports par l'apparence ; telles sont les Guêpes, dont le corps est le plus souvent noir, avec des taches jaunes, mais ayant les ailes supérieures un peu colorées pa- raissant comme doublées sur letu' longueur; ensuite de quel- ques Uropristes, parce que l'abdomen semble être accolé au corselet, quand on ne s'assure pas de l'existence du pédi- cule étroit et fort court qui l'y joint. 120. g56 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. On connaît peu les mœurs des Leucopsis ; on en a souvent rencontré dans les nids des Guêpes et des Abeilles maçonnes. On suppose que leurs larves sont parasites, mais on ne sait pas si elles détruisent celles de ces Hyménoptères^ ou bien si elles ne font que se servir des provisions recueillies, en j)rofitant, comme font, parmi les oiseaux, les Coucous, de la nourriture apportée par les neutres aux larves auxquelles elles se trouvent substituées par leur mère légitime qui les a mises à leur place. Ce sont des insectes intéressants à étudier en raison de particularités que nous offrent leurs diverses articulations; ainsi, leur tête est sessile; leur prothorax, semblable ta celui des Chrysides , ne forme pas un'collier étroit par le haut, comme chez les Guêpes; il est, au contraire, très-large et presque carré du côté du dos. Le premier segment de leur abdomen s'articule avec le second , de manière à permettre un mouvement de redressement qui peut le diriger en sens inverse, ou le relever sur le dos vers le corselet; enfin , ce ventre bizarre est muni, à son extrémité, chez les femelles, d'un très-long appendice ou plutôt d'un oviducte externe, sorte de pondoir composé d'une gaîne contenant elle-même les lames d'un Oviscapte. On croit que cette singulière con- formation est destinée à permettre à cette femelle, qui s'in- sinue et marche entre les rayons des gâteaux des Abeilles ou des Guêpes, d'insérer soti pondoir dans les alvéoles situés du côté opposé. De la Tourette a fait connaître à Linné, et il a consigné dans les Mémoires des savants étrangers, de l'Académie des sciences, t. III, p. 780, une des premières espèces, sous le nom de Cynips, parfaitement caractérisée par ces termes : HYMÉNOPTÈRliS NÉOCRYPTES. G. CHALCIDE. ySj f'emorihiis glohosis, margine intrriorc c/entatis , acideo triplici super abdomen recutvo. Fabricius a ra[)porté six espèces à ce genre, en voici denx (|iji sont : 1 . Leucopside gr'aiil. Leucopsis gigas. Noir; à deux taches jaunes sur le corse- let et à quatre bandes jaunes sur le ventre. Cette espèce paraît pondre particulièrement dans les guêpiers où on la trouve. 2. Leucopside dorsigère.L. dorsigcra. Noir aussi, mais plus petit; n'ayant que deux bandes jaunes sur le ventre avec un point jaune également sur les côtés. Allioni l'a trouvé dans le nid des Abeilles maçonnes. M. Jurine en a figuré une troisième espèce de France. La plupart des autres espèces ont été recueillies en Afrique, ou dans les Indes Orientales. 232. Genre CHALCIDE. CHALCIS. (Fabricius.) Caractères : Hyménoptères à abdomen pédicule , arrondi, non conique; à antennes courtes et simples, un peu enfuseaiC ou en fil; à cuisses postérieures renflées , sur une hanche grêle, courbée, allongée, à jambes courbées. Ce nom , tiré du mot grec yaXîtoc , qui signifie airain ou cuivre, avait. été em- ployé par Athénée comme celui d'un poisson; puis, par ^Elien et Nicander pour désigner un serpent, et enfin, par cùlùs^ [^^v<^~.^ Pline et Columelle comme propre à un Lézard auquel ce nom a été restitué par Daudin d'après Dioscoride, uaûpa yalM^ix-ô, et que nous avions nous-même conservé sous cette acception dans notre Erpétologie gé- nérale. ^58 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Ce genre Chalcide a été choisi par Fabricius, probablement en raison de la couleur métallique d'un vert cuivreux ou doré que présentent ces insectes, les plus petits de cette fa- îiiille, et même dans tout l'ordre des Hyménoptères. Leur abdomen est un peu élargi dans sa région moyenne; le mode d'articulation et la forme globuleuse des cuisses ont fait ran- ger les plus grandes espèces parmi les Guêpes, dont Geoffroy a même désigné l'une d'elles sous le nom de Déguindée ou de Déhanchée (Geoffroy, t. II, p. 38o), Sous ce rapport, ces insectes ont la plus grande analogie avec les Leucopsides, mais ils n'ont pas le pondoir saillant; il reste caché et ne sort (lue pour servir à insérer les œufs dans les Chenilles ou les larves des autres insectes. On voit quelquefois ces Chalcides en sortir trois ou quatre mois après que l'insecte, dans le corps duquel ils avaient été pondus , y avait pris et con- servé pendant trois on (piatre mois la forme d'une Pnpe on d'une Chrysalide. On a subdivisé en cinq autres petits genres les nombreuses espèces que Fabricius avait primitivement réunies sous ce nom; on les a distinguées d'après la longueur relative du pé- dicule qui joint leur ventre au corselet. Généralement, comme nous le .disions, ce sont de très-petites espèces , car il en est qui n'ont qu'un niilli mètre de longueur. Il sort plus de trente individus d'une même Chrysalide dans laquelle ils ont vécu comme la plupart des Insectirodes ; leur corjjs est lisse et brillant, leur tête plus large que le corselet; les yeux sont gris et saillants ; les antennes, ni longues ni en soie, sont le plus souvent droites, en fil ou en fuseau, rapprochées à la base, avec un premier article distinct, qui atteint à peu près les deux tiers de la longueur totale, ce qui fait regarder ces antennes HYMENOPTERES NEOCRYPTES. G. DIl'LOI.EPK. tpç.) comme coudées, surtout quand l'insecte est privé de la vie. En général aussi, les ailes dépassent le bout de l'abdomen. Voici l'indication de quelques espèces. J . Chalcide abrité. Chalcis sispes. Noir; à pédicule abdominal et cuisses jau- nes; à deux taches rondes jaunes au front, ainsi qu'au corselet. Il y a une tache noire sur les grosses cuisses jaunes postérieures. C'est justement celle que Geoffroy a fait connaître comme une Guêpe, sous le n° 16. 2. Chalcide bancroche. C. clavipes. Noir; semblable au précédent, mais plus petit, avec les cuisses postérieures rousses. 3. Chalcide brillantin. C. nitidula. D'un bleu brillant; abdomen tuivreny uii peu en pointe; les cuisses postérieures sont à peine renflées; les pattes sont couleur de rouilte. i. Chalcide menu. C. minuta. Noir; le ventre très-brillant; la base des ailes et lesgenouxsont jaunes; les cuisses postérieures sont très-grosses, dente- lées et reçoivent la jambe dans une rainure. 5, Chalcide cuivreux. C. œnea. Noir; abdomen conique très-poU; les cuisses postérieures gonflées sans taches. 233. Genre DIPLOLÈPE. DIPLOLEPIS. (Geoffroy.) (jARACTÈRES : Hyménoptères à abdomen pédicule, souvent comprimé^ non conique; a antennes courtes, variables pour les articles plus ou moins longs; à pattes postérieures n'ayant pas les cuisses gonflées., ni les jambes arrpiées. Tous ces caractères sont essentiellement propres à faire distinguer les Diplolèpes des Chalcides, chez lesquels, le pins sou- vent, le premier article des antennes, étant plus long que les autres, semble présen- % ENTOMOI-OGIF. ANALYTIQUE. ter, dans beaucoup de cas, et surtout (juatid l'insecte est privé de la vie, une sorte de brisure ou de courbure; mais c'est surtout par le non-renflement des cuissespostérieures, que les Diplolèpes diffèrent des Chal- cides. Geoffroy, qui, le premier, a employé ce nom, en donne ainsi l'étymologie .ÎitcIooç : Xeriç, double lame, en raison de la forme de la tarière que portent les femelles et qui sert à la ponte; cet auteur reconnaît lui-même que les Cyuips et les Diplolèpes diffèrent seulement par les antennes. La plupart des espèces ont le corps ramassé, comme bossu, parce que leur corselet est voûté et plus élevé que la tête; celle-ci est petite et porte trois stemmates entre les yeux dont le pourtour est ovale. Les ailes sont plus longues que le ventre (|u'elles embrassent un peu dans l'état de repos, comme cela se voit aussi dans les mouches à scie ou Tenthrèdes. L'abdo- men est comprimé, paraissant caréné en dessous; chez les femelles, il offre une troncature oblique et une fente longitu- dinale à son extrémité libre, où est creusée une gouttière destinée à loger une tarière appelée improprement l'aiguillon, par Geoffroy. C'est une pièce, roulée en spirale à la base, avec des dents latérales, sorte d'oviducte presque capillaire, HYMÉNOl'TÈRES NEOCRYI'TRS. G. DIPLOI-EHR. ^fl I mais bizarrement contourné, a sa pointe soutcMiue et dirigée en dehors par des lames abdominales, à peu près comme l'est celle d'un foret parle soin de l'ouvrier, quand elle est très- déliée, et que l'instrument doit jouer ou ai>ir qiielque temps au dehors de la pièce qu'il est destiné à percer. Quand l'insecte a pu pénétrer sous l'épidernie des végé- taux, ))Our y déposer un on plusieurs œufs, il agrandit et prolonge l'ouverture en doiniant à sa tarière un mouvement de va-et-vient qui fait mouvoir ou agir les dentelures, comme les lames d'une scie, pour y faire une entaille plus grande. Il est probable que la plaie reçoit quelque hinneur de'stinée à exciter une sorte d'afflux des sucs du végétal vers le point de l'insertion, car bientôt après il se produit, selon les es- pèces des plantes dans lesquelles des insectes de ce genre ont pondu, des tumeurs ou des végétations maladives, sortes d'excroissances plus ou moins bizarres, mais assez constantes dans leur disposition générale, que l'on nomme des galles, des bédeguars. On trouve de ces sortes de tubérosités sur diverses parties des végétaux, sur les feuilles, les pétioles, les rameaux, les tiges, les fleurs, les racines, etc. : leur histoire a été, le plus souvent, étudiée et décrite contme tenant plus particulièrement aux galles des végétaux, qui sont mieux connues que les insectes auxquels il faut les attribuer. Quelquefois, ces galles sont isolées, simples, et chacune d'elles ne renferme qu'un œuf, qu'une larve, ou une nymphe de Diplolèpe. D'autres fois, la mère a déposé ses œufs d'une manière plus ou moins régu- lière, séparés les uns des autres, comme d'après une sorte de modèle ou de type qui est à peu près toujours le même. Il en est qui ont la figure de fruits, non-senlemetit pour la o62 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. forme, mais pour la couleur; d'autres simulent un paquet de mousse, comme le bédeguar du rosier sauvage. On trouve quelquefois dans ces galles d'autres larves d'insectes parasites, (jui, après s'être nourries des larves ou des nymphes des Di- plolèpes, en sont sorties et ont pu faire croire à quelques observateurs que ces insectes avaient donné naissance à ces sortes d'excroissances maladives. Ce sont des cas de patho- logie végétale très-curieux, des anomalies apparentes, dont les physiologistes de nos jours pourraient tirer beaucoup d'ob- sei'vations intéressantes, car le développement de ces tu- meurs est très-rapide et chaque espèce d'insecte saisit, à point nommé, l'époque où la végétation s'opère avec le plus d'ac- tivité dans chacune des plantes, pour y déposer ses oeufs. Quoique les larves des Di|)lolèpes se dévelo|)pent très-rti- pidement, on les trouve longtemps sous l'état de nymphes, et même, dans nos climats, beaucoup d'espèces restent pen- dant l'hiver sous cette forme ; elles n'éclosent et ne parais- sent sous leur dernier état qu'au printemps suivant, loi"sque les jeunes tiges ou les feuilles sont encore très-molles et en pleine végétation. Il parait (|ue ces insecles jouent un très-grand rôle dajis l'économie de la nature , puisque chacpie année un grand nombre de plantes sont attaquées par des espèces différentes. Ainsi , par exemple , nos chênes de France sont affectés de cjes sortes d'excroissances parasites dans diverses parties, par plus de dix espèces diverses, qui toutes produisent des galles dont la forme est particulière. Deux espèces de ce g^nre sont utiles à notre industrie. L'une d'elles est employée dans le Levant pouc hâter, ainsi qu'on le croit, mais à tort, ou pour rendre |)lus délicats les HVMÉNOl'TÈHES NÉOCRVPTES. (;. DIPLOLEPE. ^63 fruits du figuier, comme nous le ferons connaître par la suite. Une autre produit la tioix de galle et fait accumuler l'a- cide giillique ou le tannin dans certaines excroissances qui nous viennent aussi du Levant et qui servent à diverses tein- tures, principalement à celles en noir et à la composition de l'encre à écrire, dans lesquelles l'oxyde de fer est précipité de certains sels par l'acide gallique. Nous allons faire conuaître quelques-unes des espèces de ce genre très-nombreux, dont l'histoire générale offrirait une monographie très-intéressante pour les naturalistes et des ])lus utiles pour la science. Mais il sera fort utile de con- sulter sur ce sujet le i 2« Mémoire du tome III de Réaumur et les treize plauches qu'il y a consacrées dans cette éditioti, surtout pour l'histoire des galles des plantes dont il a donné des figures détaillées. I . Diplolèpe de la galle. Diplolepù gallee linctorix. D'un fauve pâle, à duvet soyeux blanchâtre; ailes à nervures brunes, le dessous du ventre d'un noi- râtre poli. Cet insecte, que l'on rencontre souvent desséché dans les galles du com- merce, se trouve dans l'Asie mineure. Les Orientaux ont soin de récolter ces galles sur l'espèce de chêne particulière qui les produit, avant que l'insecte qu'elles renferment soit tout à fait développé. Ce sont ces galles que les marchands nonmient galles vertes ou galles noires; elles sont plus pe- tites, et relativement beaucoup plus pesantes que les autres, d'un moindre prix que celles qui sont blanches, plus légères et sur lesquelles on aperçoit, le plus souvent, un petit trou rond , par lequel l'insecte s'est échappé. Ces dernières galles sont plus spongieuses, renferment une moindre quantité de sucs analogues au tannin, principe qui est un acide particulier, nommé gallique précipitant le fer de la plupart des sels qui le contiennent en lui faisant prendre une couleur noire foncée. On emploie quelquefois les sucs contenus dans ces galles pour le traitement de certaines maladies comme astringents ou comme stypiiques. La plupart de ces galles, celles qui sont même le plus estimées, proviennent de la Natolie et des environs d'Alep. 121. C)64 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 2. Diplolèye des baies. D. baecantm. Noir; base des antennes et pattes jau- nâtres. Cette espèce produit sous la face inférieuie des feuilles du chêne des es- pèces de petites galles globuleuses qui se colorent en dehors d'un beau rouge comme des baies. ;<. Diplvlèpe de la feuille. D. folii. Noir, avec des lignes sur le corselet et les pattes grises; les cuisses noires en dessous. On trouve fréquemment sous les feuilles du chêne de grosses galles fon- gueuses, de la grosseur d'une petite cerise; c'est dans ces excroissances que se développe le Diplolèpe que nous indiquons d'après Réaumurj t. III. pl.39, fig. 13 17, page^rrl. •t. Diplolèpe du pétiole. D. pelioli. Brun, noirâtre, lisse; à pattes pâles, excepte les cuisses qui sont noires. C'est celle que Geoffroy a décrite sous le titre de la galle en grappes du chêne, et dont Kéaunuir a donné la figure, pi 41, fig. 7. Il provient de pe- tites galles rondes, dures, disposées par grappes sur les côtés du pétiole des feuilles du chêne. 5. Diplolèpe du pédoncule. D. pedtniculi. be couleur grise, avec une croix noire sur les ailes. 11 produit la galle en grappes de groseilles, sur le pédoncule des chatons du chêne que Réaumur a très-bien fait connaître et décrite, même Mé- moire, pi. 40, fig. 1 à 6. L'insecte parfait est extrêmement petit. La figure de l'insecte donnée par Réaumur est inexacte, mais la galle est très-bien. (i. Diplolèpe de.i rameaux. D. ramuli. Il est pâle, avec les ailes et le ventre noirs. La galle qu'il produit est couverte d'un duvet blanchâtre et laineux; elle se développe sur les très-jeunes branches du chêne. On connaît plus de dix autres sortes de galles qui se développent sur le chêne, telles que celles dites en artichaut, en pomme, en chapeau, en champignon, à boules émaillées, en bouton de chemise, en disques mo- nétaires ou numismaux, etc. Le saule, le hêtre, le tilleul, l'osier, réral)le et beaucoup d'autres arbres et arbrisseaux sont aussi attaqués par ces insec- tes, ainsi que beaucoup de plantes annuelles on vivaces. Nous citerons ce- pendant encore quelques espèces, telles que 7. Le Diplolèpe du Bédéguard. D. rosx. Noir, avrr les pattes et l'abdomen fer- rugineux], mais noirs à Textrémité. HYMENOPTÈUtS NliOCUYl'l ES. G. DII'I.OI.Èl'E. i^6') C'est l'espèce qui fait développer sur l'églantier cette sorte de paquet de mousse ou d'excroissance chevelue et verte dans l'intérieur de laquelle, quand on l'ouvre, on peut observer un grand nombre de petites loges ou de cellules renfermant chacune une larve qui y passe l'hiver sous la forme de nymphe. Autrefois on employait en médecine le Bédéguard connue un niédicanieut astringent. 8. Diplulcpe de la terrèie. D. glechonue. D"un brun noirâtre; coiselet velu. Il se développe dans les galles dures, arrondies, qu'on voit à la kise des feuilles du lierre terrestre, qui se déforment et deviennent frisées dans la végétation tardive. Réaumnr les a figurés, 1. 111, pi. 42, fîg. I à 3. fl. Diplolépe de la serratule. D. seiratitlœ. Noir; ailes sans tache; ventre trcs- luisant. C'est la galle du chardon hémorrlioidal, Cnicits\e\ serrutula an-ensis. le Diplolépe se développe dans des galles multiloculaires, parfaitement dé- crites et figurées par Réaumnr, t. III, pi. M, fîg. 1 à 4. Nous terminerons par l'indication de l'un de ces Diplolèpes qui a beaucoup occupé les naturalistes observateurs, parce qu'on lui attribue, en Afrique, l'acte de la fécondation des figuiers cultivés, en plaçant près d'eux les sommités d'autres figuiers sauvages ou figues de chèvres [Caprifciis) , re- gardés connue des mâles. On recueille les branches chargées de jeunes fruits pour les placer près dos figuiers cultivés, parce que l'insecte provoque, dit-on, la maturiié ou la lécondation et l' amélioration de la figue elle-même. Cet insecte était connu de Théopbraste, qui, dans son Histoire des plantes, lenonnne OGIE ANAr.YTlQUE. Trente-huitième famille : les UROPRISTKS oi: SERRICAIIUES. Tels sont les noms sous lesquels nous avons désigné, il y a plus de cinquante ans, la famille qui est la seule, parmi tous les Hyménoptères, dans laquelle l'abdomen se trouve joint et immédiatement accolé au corselet par une base large non étranglée. C'est la seule, exclusivement, dont tous les indi- vidus proviennent, dans leur premier âge, ou en sortant de l'œuf, d'une chenille à tête éeailleuse, qui soit munie de presque toutes les parties solides de la bouche, et dont le corps offre constamment six pattes à crochets articulés, avec d'autres pattes membraneuses dont le nombre varie. Cette famille, des plus naturelles, constitue un véritable sous-ordre dans cette grande section des insectes à quatre ailes membraneuses nues et à mâchoires très-distinctes sous l'état parfait, à cause du grand nombre de particularités de structure et de mœurs, qui se trouvent constamment réunies dans toutes les espèces, comme nous allons avoir occasion de l'indiquer. D'abord, la désignation d'Uroj)ristes indique nue confor- mation singulière chez la plupart des femelles, car leur ventre est muni d'un instrument très-compliqué, dont l'une des pièces est propre , par sa forme , à scier ou à entailler les écorces des végétaux, afin d'y faire pénétrer les œufs. Cet instrument est un véritable cathéter, sorte d'outil destiné à insinuer les œufs au moment de la ponte. Cet organe est ap- parent, soit naturellement, soit à l'aide de la plus légère compression qui le fait saillir à l'extrémité du ventre, et c'est ce que nous avons le j)remier cherché à exprimer par des HVMKNOPTÈIIES. UUOl'RISTES OU SERRICAU DES. 969 mots grecs et latins francisés, TcpioTYi;, signifiant qui coupe avec une scie, et de ojpa, la queue; puis serra, une scie, et couda, la queue, Uropkistes ou Serricaudes. Quelques au- teurs ont proposé les synonymes de Porte-Scies ou Sécuri- /(■res, mais eu attribuant ces noms à l'une des sections, lais- sant à une autre le nom de Urocératcs. La distinction entre ces deux groupes ne suffit réellement pas pour établir une séparation aussi notable, car elle ne paraîtrait fondée que sur le nombre des aiticles dont sont composés les palpes labiaux et maxillaires, et sur l'intégrité t)u les divisions ({u'olCre la languette dite lèvre inférieure, située derrière la bouche. Cette famille des Uropristes comprend tous les Hyménop- tères dont le ventre ou l'abdomen est accolé immédiatement au corselet, au lieu de lui être uni par un pédicule étran- glé, comme on le voit dans les Guêpes, les Ichneumons, etc. En outre, leurs larves, qu'on nomme fausses Chenilles, ont constamment le corps allongé, la tête écailleuse, et les di- vers organes de la bouche bien distincts munis de filières destinées à produire et à mouler la matière soyeuse dont l'insecte forme le cocon dans lequel la nymphe doit éprouver sa transformation en insecte parfait. Cette chenille, munie de six pattes à crochets et articulées, porte, en outre, douze ou seize autres pattes dites membraneuses, garnies de petits crochets disposés en couronnes rétractiles, ce qui donne à ces larves une allure toute particulière, puisque le nombre de leurs pattes est de dix-huit au moins, et de vingt-deux à vingt- quatre au plus, tandis (pie celles des f-épidojjtères n'en ont jamais que dix ou seize. La faculté de se mouvoir dont sont douées les chenilles 1^2 ()70 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. (les Uropristes leur procure les moyens de subvenir par elles- mêmes à leur subsistance; aussi leurs parents n'ont pas eu, comme chez la plupart des autres Hyménoptères, à s'oc- cuper (le soins pour subvenir d'avance à la nourriture de leur race Ils n'en ont pas eu d'autres à prendre que de dé- poser les germes convenablement et sous la forme d'œufs, dans les parties ou à la surface des végétaux, dont tous font leur nourriture essentielle sous la forme de clietiilles. C'est même à cause de la piécaution que prennent les femelles de ces insectes de -i^lacer leurs œufs sous les écorces plus ou moins pénétrables des arbres, des arbrisseaux et même des plantes herbacées ou vivaces, que toutes sont munies de ce pondoir solide ou gorgeret introducteur ou entailleur, nommé oviscalpte {pviscalptorhmi). Cet instrument, d'une structure admirable, est tantôt caché complètement dans une sorte de coulisse ou de rainin^e qui règne au-dessous du ven- tre; tantôt il reste apparent, recouvert cependant par un pro- longement corné qui termine l'abdoinen. Il est essentielle- ment composé de pièces dentelées à la manière des scies ou (les râpes, dont les crans sont très-régulièrement espacés et pourraient servir de modèles pour diverses industries. D'autres lames qui, par leur rapi)rochement, tendent à cor- roborer ou à soutenir la faiblesse de ces parties coupantes, donnent à celles qui sont dentelles, souvent en sens invei'se, la faculté qu'elles ont de se mouvoir et de s'écarter les unes des autres pour permettre à l'œuf de glisser le long de ces lames. Quelquefois cet œuf est enduit d'une humeur qui, s'introduisant avec lui dans la plaie, y produit une irritation destinée à s'opposer à la cicatrisation trop prompte de la i)etite ouverture produite par la blessure laite au végétal. HYMENOI'TKRES. IIIOPIUSTES OU SEKRICAUDES. 971 Quelques-unes de ces larves sortent de l'œuf pour se dé- velopper dans l'intérieur des tissus végétaux, mais le plus grand nombre se portent en dehors pour y vivre, souvent en famille, sur les feuilles qu'elles rongent; et, quand elles ont acquis tout leur développement, elles se retirent dans quelque esf)ace abrité ou sous la terre, afin de s'y pratiquer une loge où elles se filent un cocon d'une soie très-rléliét-, formant plusieurs tunicpjes successives d'une grande soli- dité. C'est dans l'iîitérieur que s'opère la transformation de cette chenille en une nymphe molle, dont toutes les j)arties futures, eu quelque sorte ébauchées, de l'Hvménoptère sont cependant bien distinctes, comme chez les Coléoptères. Les cocons, tissus par certaines espèces, sont fort solides et même très-épais: d'autres, au contraire, sont formés tie filaments tellement déliés que la totalité de l'enveloppe ressemble à une sorte de pellicule ou de membrane transparente comme une pelure d'ognon ; mais cette membrane so\euse est fort solide, difficile à déchirer et imperméable à l'eau. Quand on l'exa- mine avec soin, on voit qu'elle est formée de couches siqier- posées, dont le tissu est de plus en plus serré à mesure qu'elles deviennent plus internes. Cette famille d'insectes a été étudiée par d'excellents ob- servateurs et des descripteurs fort habiles. Réaumur, deGeer, Jurine, Kirby, I.each, et en particulier, par M. le comte Le- pelletier de Saint-Fargeau. Nous avons profité de ce travail, publié en langue latine sous le titre de Monographie des Tenthrédinètes,en 1 828, et de ceux de la plupart des auteurs (jue nous venons de citer. Nous ne présinterons pas un historique complet des tra- vaux qui ont eu pour sujet spécial les insectes de cette famille; 122. \)--X ENTOMOLO(ÎIE ANAFATIQUE. nous aurons occasion, en parlant des i^enres, d'in(li(|uer les sources auxquelles nous aurons puisé nos moyens d'étude. Nous avons nous-même donné une analyse de ces recher- ches dans le tome liVI du Dictionnaire des sciences natu- relles. Nous en extrairons seulement ce qui a rapport à ce que M. Le Pelletier nomme la définition morale et physi(|ue sous les trois états d'insecte parfait, de larve, de nymphe et même d'œuf. Voici un extrait abrégé de cette traduction. Chez les insectes parfaits, la tête est ordinairement de forme carrée, très-rarement globuleuse et arrondie, presque toujours de la largeur du coiselet et niêine plus large. Les antennes varient beaucoup pour la forme; quelquefois elles sont eii masse globuleuse ou allongée, et tantôt plus ou moins eflîlée, ou en soie, à leur extrémité. Elles sont conqjosées de neuf articles au moins, constamment en nombre égal dans les deux sexes, et mises généralement en mouvement dans la marche et même pendant que l'insecte prend sa nourriture. Le corselet présente en dessus ([uatre lignes qui séparent le pio, le méso, et le métathorax ainsi que l'écusson, dont la légion inférieure semble se [)rolonger pour former un ster- uwm qui se joint à l'abdomen. Cet abdomen est constamment formé de huit anneaux ou segments qui restent mous et flexibles. Le premier a le bord inférieur tronqué, excej)té dans f|uelques Cindièces, disposition qui sendjle rendre plus faciles les mouvements de la tarière. Cette dernière [)artie, propre à la femelle et (|ui lui sert à déposer ses œufs, est, comme nous l'avons dit, fort compliquée dans son organisation. Les pattes sont articulées sur des hanches fortes et lo- bustes. Chez quelques mâles, les premiers articles des tarses postérieurs sont longs et dilatés. HYMÉNOl'lÈUKS. UKOPIUSTES OU SER lUCAlJDES. ijyS l^es ailes sont comme plissées, chiffoiinées et jamais très- planes. Les siipéiieurcs sont quelquefois un peu recourbées sur les côtés et en toit plat en dessus ; elles ont un parastigme, ou un point plus épais et plus coloré, vers le milieu de leur côte externe. Les cellules ou les aires membraneuses varient. Les larves, comme nous l'avons indiqué, offrent un carac- tère naturel des pi us singuliers dans cet ordre desH3»méno]>- tères; ce sont des chenilles semblables à celles d'un grand nombre de Lépidoptères; mais le nombre de leurs pattes est différent, car il y eu a ([ui en ont jus(|u"à vingt-deux à vingt-quatre. Nous avons divisé cette (iimille en sept genres principaux, dont plusieurs peuvent être subdivisés, ainsi que l'ont fait les auteurs systémati(jues. INous indiquerons quelques-uns de ces sous-genres. Ceux que nous avons adoptés sont les suivants : 1° Les Urocères, remarquables par le |irolongeinent du dernier anneau de leur abdomen, cjui recouvre la tarière et constitue une sorte de corne solide à l'extrémité du ven- tre, ce qu'indique leur nom ; 2° Les Xipliidries, dont la tète est arrondie, portée sur nu cou, et le ventre conique; les pattes sont courtes, en proportion delà longueur du ventre; 3" Les Sui'ccs, dont les antennes vont en grossissant insen- siblement et sont très-longues, le corselet rétréci, le ventre «•onqjrimé latéralement ; 4" Les Orysses ou Orusses, à antennes en fil, très-courtes, la tète grosse, arrondie, sessile, l'abdomen ovale et un peu en masse vers son extrémité ; 5" Les iMouches à scie ou Tenthrèdcs, dont les anteinies 974 ENTOMOLOGIK ANALYTIQUE. vont en grossissant insensiblement, quelquefois dentelées; le corselet plissé on chiffonné, avec des rainures en longueur. Les trois autres genres ne diffèrent du précédent f|ue par la brièveté de l'abdomen, qui est aussi tantôt aplati et large, tantôt comprimé latéralement, et parce que les antennes varient dans les deux sexes, les mâles les ayant velues ou bar- bues, tJtndis qu'elles ne sont pas dentelées ni pectinées for- tement dans les femelles. Enfin, les Cimbèces ont les anten- nes terminées par un bouton et la tête insérée immédiatement sur le corselet. Voici, au reste, le tableau synoptique de cette famille, sur laquelle nous donnerons d'autres détails en parlant des Ten- thrèdes et des Urocères, qui en sont les types principaux Trente-huitième famille : les UROPRISTES (1) ou SiiRRICAUDES. (caractères : Hi/ménoptères à ventre sessile, terminé, chez les fondles, par une tarière; antennes non coudées. 1 long, comprimé 5 Tenthrède. ' carrée ; ventre ( court, élargi 6 Hylotome. régulières ; lèle < I * /prolongé en pointe roide. 1 Urocére. ronde ; ventre j j sur un cou.. 2 Xiphidrie. A ANTENNB9<, ' obtus ; tète j ( sessile 4 Orusse. i grossissant in-ensii)lemeiit; lête pédiculée. ... 5 Sirece. en masse globuleuse ; tète sessile 7 Cimbêce. (1) be oùpà, queue, et de icpidir,;, qui scie. H'iMENOPTERKS. UROPRISTES (.. UROCERK. 97^ 23:;. Genee UUOCÈRE. UliOCElWS. (Geoffroy.) (Caractères : Hyménoptères à antennes régulières en suie, deux/ois plus longues que la tête et le corselet, ayant plus (te vingt articles, et insérées entre les yeux; tête arrondie; abdomen sessile, cylindrique, terminé, dans les femelles, par une pointe cornée, solide, creusée intérieurement et den- telée, faisant l'office d'une grosse rdpe ou d'une scie. Le nom de ce genre a été emprunté de deux mots grecs , dont l'un indique < la région postérieure du corps, oùpa, et l'autre ;c£paç. une pointe saillante, une corne; parce que, en effet, les espèces rapportées pri- mitivement à ce genre, et IKoccx^ '.9s^^c^.i^ qjii étaient probablement des femelles, avaient l'abdomen prolongé en une sorte de pointe solide. Fabricius n'a point adopté ce nom ; il a con- servé celui de Sirex, employé |)ar Linné, mais le même terme a subi plusieurs autres applications. Il est facile de distinguer ce genre de tous ceux de la même famille, par les notes que nous venons d'indiquer et par la comparaison que semble autoriser l'analyse de ces carac- tères. l^es Urocères ont le corps très-allongé, à peu près de même grosseur dans les trois régions de la tête, du corselet et du ventre. La têle est portée sur une sorte de cou ou de 976 ENTOMOr-OOIE ANALYTIQUE. portion avancée du corselet, comme dans les Xiphidries, et les Siièees ou Astates. Les antennes sont plus longues que dans le premier genre, et elles sont en (il et non en fuseau, comme dans le dernier ou les Sirèces. Toute leur organisation a été parfaitement étudiée, dé- crite et figurée par le savant observateur M. L. Dufour (1); Réauniur n'a connu qu'un individu desséché, rapjiorté de Laponie par M. de Maupertuis, mais il en a fait connaître et figuré parfaitement l'organisation et expliqué l'emploi de sa tarière (2). M. Klug a donné une excellente monographie de cette petite famille (3). Nous avons eu occasion nous même de faire un historique d'une espèce qui avait rongé le plomb des balles dans des cartouches en Crimée [Comptes rendus des Séances de V Acad. des sciences, XLV, 1857, p. 36i). Nous ne parierons que de trois espèces de ce genre, dont l'une, celle à l'occasion de laquelle nous avons rédigé la note indiquée ci-dessus, se trouve inscrite ici la troisième, et sera plus spécialement étudiée pour ses mœurs. ^. Uiocère géant. Urocerus gigas. La tête est noire, avec une tache jaune der- rière les yeux de chaque côté ; les antennes sont jaunes, les yeux bruns. Cet insecte présente beaucoup de variétés : d'abord pour la taille, car il y a des individus moitié plus petits que les autres; puis, pour les couleurs et les taches du dessus du ventre qui est quelquefois d'un jaune fauve ou bien porte des taches ou des cerceaux noirs. Le mâle a parfois la base des antennes et l'extrémité de l'abdomen noirs et mênje tous les bords des (1) Annales des sciences nal., 4' série, t. I, p. 201, pi. 4. Anatomie des Uro- cérates. [1] Mémoires, t. IV, p. 332, pi. 31. (3) Monographia siricum. 4° cum fig. viu coloratis. Berlin, 1803. HYMENOPTKRRS. DROPRISTES. G. UHOCERE. 977 anneaux. C'psI un des plus gros, ou mieux dit, des plus longs Hyménop- tères relativement à sa grosseur; on en a vu de plus de six centimètres, sans y comprendre la tarière. Il se trouve dans le nord de la France et les régions de l'Europe où il existe des forêts de sapins et d'autres conifères dans le tronc desquels sa larve se développe; comme elle y reste plusieurs années, on la retrouve quelquefois dans les planches ou sous le placage des meubles avec lesquels ces bois ont été confectionnés. On rencontre aussi l'insecte parfait dans les chantiers de Paris. Nous l'avons pris nous-mème, à Rouen, il y a plus de soixante ans, dans une place publi- que où son vol effrayait les passants par le volume de l'insecte. 2. Lrocère janiôme. U.fanlorna. Tête noire, avec une petite ligne noire au de- vant des yeux; abdomen jaune, avec des cerceaux noirs; pattes jaunes à jointures brunes. On l'a trouvé principalement en Allemagne. Cependant Villers l'a décrit comme recueilli à Lyon. 2. Uroeère jouvenceau. V.juvencus. Il est tout noir, sans taches; sa tête est très-velue, avec un reflet bleuâtre. De Geer l'a décrit comme un Ichneumon, t. I, p. 568. La corne qui ter- mine son ventre est très-courte. KUig en a fait connaître quatre variétés. C'est à cette esj)èce qu'on avait attribué la faculté de ronger le plomb parce qu'on l'avait trouvée sous des caisses qui contenaient des cartouches pour l'armée. Déjà Klug avait annoncé qu'on trouvait quelquefois ces in- sectes dans les mines où la lumière les attire et il expliquait leur pré- sence par l'emploi que l'on y fait des poutres ou solives de bois de sapins qui servent à soutenir les parois : In fodinis et ubicùm ligno larva in- gerifur. .le ne pense pas que la larve soit sortie du bois sous cette forme de chenille; car l'insecte parfait est seul pourvu d'un instrument à l'aide du- quel il a pu pratiquer ou essayer de se faire un passage en perforant 1« plomb. Il faut aussi reconnaître que, dans ce genre, lorsque l'insecte est pourvu de ses ailes, ses mandibules et ses mâchoires sont très-peu déve- loppées et qu'il lui serait impossible de les faire servir à perforer les gale- ries dont nous avons parlé. ia3 ()7<^ ENTOMOLOGIE ANALVTIQLIK. 236. Ge!vhe XIPHIDRIE. XIPHIDRIA. (Latreille.) Caractères: Hyménoptères à ventre sessile; à antennes ((e même grosseur ou filiformes et diminuant insensiblement ; teie arrondie, portée sur un cou allongé, conique; à corselet plus large que la tête et comme bossu; ventre trois fois oins long que le corselet ; pattes courtes. Ce nom, qui semble signifier fourmi à épée, ï(îp^, ayant été employé comme celui de fourmi par Hésiode, et ^îcpoç, épée, a été |)robablement ainsi imprimé par erreur Xypliidrie,et successivement /ttl L » L civui^-A. Xiphydrie, mais ces deux noms mal or- hographiés n'ont aucune relation avec la forme de l'in- secte, qui peut ressembler, en effet, à une fourmi ailée, portant une petite épée. Au reste, Klug avait proposé et décrit, sous le nom à'Hybonotus, ce même geiue, dénomi- nation qui signifierait bosse au dos, du mot ùëc,;, une bosse {tuber)^ et de vwto;, le dos, lequel indiquerait ainsi la forme du corselet. Ces insectes ont le plus grand rapport, par leurs formes et leur manière de vivre, avec les Urocères. On n'en connaît que trois espèces; ce sont : I . Xiphidrie ckaineau. Xiphidria camelus. 11 est noir; la tête a quelques taches blanches derrière les antennes ; le ventre est noir, lisse en dessus, mais avec de grandes taches blanches sur les côtés. Les riiles supérieures sont un peu enfumées vers leur tiers libre. Nous l'avons trouvé très-communément, surtout dans les troncs de vieux marronniers d'Inde, soit dans le lieu où est aujourd'hui la banque de HYMENOPTERES. UROPRISTES. G. SIRECE. çjjg France , soit sur la terrasse des Génovéfains , près le Panthéon , quand nous y professions aux écoles centrales, il y a plus de soixante ans. -2. Xiphidrie dromadaire. X. dro7naderius. Noire ; l'abdomen roux au milieu du dos avec des points blancs sur les côtés. On l'a recueilli sur des troncs cariés de vieux saules et de peupliers, •i. Xiphidrie annelée. X. annulata. Noire ; ventre à taches latérales carrées, jaunes; les pattes noires avec les articulations et le premier article des tarses blanc; ailes transparentes. 237 Genre SIRÈGE. SIREX. (Linné.) Caractères : Hyménoptères à ventre sessile, très long, étroit et comprimé ; à antennes longues, grossissant insensible- ment ; corselet rétréci en devant et formant une avance on un col pour recevoir la tête; les pattes grêles, très-longues. Le nom de Sirex, dont nous ne connais- sons pas letyuiologie, a été introduit par Linné , mais il y réunissait alors la plupart des espèces dont on a fait des genres par- ticuliers, de sorte qu'il n'est resté compris .sous cette dénomination que toutes celles qu'on lî'avait pas désignées comme types d'autres groupes. Il est résulté de là d'assez grandes difficultés, que M. Klug avait cru pouvoir lever en désignant les espèces dont nous allons parler sous le nom AAstnte, ce qui, comme nous allons le dire, a donné lieu à un autre embarras. .\ous ne pouvons, en effet, passer sous silence la critique de la synonymie qui nous occupe. Le nom d'y^state, employé par Latreille d'abord, désignait un insecte Anthophile, voisin des Pompiles, et ce nom, tiré du grec, est destiné à rappeler 123. 980 ENTOMOLOGJK ANALYTIQUE. que l'individu ne reste jamais en place. M. Juriiie a préféré le nom de Tremex pour indiquer les Urocères on les Sirèces, et celui dUrocère pour les Xiphidries, en donnant aux Hy- honotus de Klug le nom de Trachelus. Quelles suites de difficultés! Ici nous nommerons et comprendrons, sous la dénomi- nation de Sirèces, les Astates de Klug, parce que ses figures et ses descriptions s'accordent avec l'examen ([ue nous allons faire de quelques espèces dont les mœurs sont probable- ment semblables à celles des Urocères. 1. Siréce troglodyte. Sirex (roglodyta. D'un noir brillant; ventre un peu plus rétréci à la base avec des bandes jaunes; les ailes diaphanes avec un para- stigme testacé. 2. Sirècepygmée. S. pygmxus. Tout noir, avec une bande jaune au devant dit corselet et d'autres semblables sur le ventre. ;j. Sirèce maigre. S. tabidus. 11 est très-petit , tout noir, avec des taches jaunes sur le ventre. M. Klug a inscrit huit espèces dans ce genre. H paraîtrait que les chenilles ou larves de ces insectes vivent dans les tiges des gramitiées. MM. Dugaigneaux-Lecomte et Tristan ont décrit les mœurs de l'une d'elles et le tort qu'elle pro- duit dans les seigles, qui se flétrissent lorscju'ils sont en fleurs. [Mémoires de la Société des sciences d' Orléans., en 1812.) HYMRNOPTERES. UROl'IUSTES G. ORYSSE. 98 1 :Î38. Genre ORYSSE ou OMISSE. ORYSSUS. (Fabricius.) (Caractères: Hyménoptères à neutre sessi/e; à antennes en fîl, insérées à la base des niandihules; à tête grosse, ronde, dont le sommet est élevé; abdomen ovale allongé , mousse à son extrémité. Ce nom d'Orysse est probablement em- SS5 prunté du verbe grec ôpuccw, je fouis la terre; mais les mœurs de ces insectes n'ont pas encore été observées; il est à croire que leurs larves se développent dans l'é- paisseur du tronc des arbres, comme celles des autres espèces de cette famille. On distingue ce genre par le mode d'articulation de la tête, qui n'est pas portée sur un prolongement du thorax, comme dans les Xiphidries et les Sirèces, les Cinibt^ces, lesTenthrèdes, les Hylotomes, et par la conformation de l'abdomen, qui ne se termine pas en une pointe comme chez les Urocères. On a trouvé ces insectes dans les forêts ; ils courent sur les feuilles des arbres, les ailes étalées, revenant sans cesse à la même place lorsqu'on les a fait fuir. Orysse chauve-souris. Oryssus vespertilio. 11 est noir; sa tète semble couronnée de quelques pointes ; l'abdomen est roux à son extrémité libre. Fabricius l'a décrit sous deux noms différents dans ses ouvrages. C'est le Vespertilio et le Coronatus. On a désigné, sous le nom d'unicolor, des individus plus petits, mais dont la base du ventre n'est pas d'un roux fauve; c'est peut-être une différence de sexe. 982 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. "23«. Gknbe TENTHRÈDE ou MOUCHE-A-SCIE. TENTHREDO. (Linné.) Caractères: Hyménoptères à ventre sessile ; à antennes en soie, grossissant insensiblement, quelquefois dentelées; cor- selet comme plissé ou chiffonné sur sa longueur, oii l'on voit des lignes enfoncées; corps mou et généralement al- 'longé. ' '\r. Ce genre a tiré son nom de l'expression grecque employée par Aristote pour dési- "^^^^ï^^^^pi gner des insectes ailés à aiguillon, sem- ^y'TWt^^ blable à des Guêpes; mais ce nom n"a été M 9 - A'-V-rr ' jjpjg ^^yg pgp analogie, T£v9p7]^wv, car ces 'it^^'t;*^;^!^ y-v--5 insectes ne recueillent pas ou ne font pas de iTiîel. Cependant ce genre est devenu le type ou le chef d'une famille des plus naturelles, celle des Tentlirédinètes (jui correspond à la famille des Uropristes ou Serricaudes. Voici comment, par l'analyse, on distinguera ce genre de tous ceux de la même famille. Ainsi, dans celui des Urocères, l'abdomen, ainsi (pie le nom l'indique, se termine par une sorte de corne prolongée en arrière par l'un des segments. Dans les Xiphidries, cette proéminence est encore saillante, mais les antennes sont courtes, ainsi que les pattes, qui n'at- teignent guère que la moitié de la longueur du ventre. Dans le genre Sirèce, les antennes sont longues, grossissant insen- siblement vers la pointe; le corps est grêle, long, comprimé sur les côtés. Chez les Orusses, les antennes sont à peu près aussi courtes que chez les Xiphidries; mais l'abdomen est arrondi et très-obtus à son extrémité libre. C>hez les Cim- HYMÉNOPTÈRES. UROPKISTES. C. TENTHREDE. fjHS bèces, les antennes sont globuleuses à leur extrémité, ou ter- minées par un bouton. Enfin, dans les Hylotomes, les antennes, qui sont variables, présentent beaucoup de modi- fications. On n'a guère vu de différences, cependant, que dans les cellules du bord costal de leurs ailes supérieures , car ces deux genres sont très-voisins. Les mœurs sont absolument les mêmes que celles indi- quées pour les chenilles de tous les Uropristes. Ce sont des larves munies de pattes articulées avec d'autres fausses pattes semblables à celles des Ijépidoptères; seulement leur nombre est plus considérable. Plusietns de ces fausses chenilles co- lorées vivent en famille ou en société; quelques-unes, à l'air libre, les autres sous une tente ou une grande toile, qu'elles se filent et tissent en commun pour se préserver de l'attaque des oiseaux et de la chaleur du soleil ou des pluies. Toutes se filent des cocons dans lesquels s'opèrent leurs transfor- mations en nymphes, comme cela a lieu chez tous les Hymé- noptères. Nous allons faire connaître ici quelques-unes des nom- breuses espèces de ce genre, et nous indiquerons, de préfé- rence, celles qui, recueillies aux environs de Paris, ont été connues par Geoffroy et décrites par lui sous le nom de Mouches à scie. 1. Terlthrède à bandes. Tenlhedro zonata. Noire ; à bouche et chaperon jaunes, ainsi que l'écusson et les épaulettes et trois anneaux de l'abdomen; cuisses noires et les pattes jaunes. Cette espèce a été rangée par Jurine dans le genre Allantus d'après le nombre des cellules des ailes et celui des articles aux antennes qui lui ont constamment montré neuf anneaux. Il en est de même de l'espèce sui- vante. ■2. Tenthrède négresse. T. nigrila. Entièrement d'un bleu noirâtre; les ailes sont 984 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. teintes également de noir, à nervures plus foncées, surtout au bord externe et au parastigme. C'est la mouche à scie noire bleuâtre de Geoffroy, n° 30. 3. Tenlhrède livide. T. Ihida. Noire; à extrémité libre des antennes blanclie ; chaperon à bord blanc, ailes transparentes, à nervures brunes. Geoffroy l'avait désignée comme ayant les antennes blanches au bout; elle porte le n" 22. 4. Tenthrède mi-partie. T. dimidiata. Noire, à bouche blanche ; écusson et quatre points au-dessous blancs ; ventre aux 1rois premiers segments blancs les autres, d'un brun rouillé. C'est la Mouche à scie porte-cœur de Geoffroy, n" i5. 5. Tenthrède verte. T. viridis. Verte, à tête et corselet portant des lignes noi- res imitant des lettres. C'est la lettre hébraïque verte de Geoffroy. Sous l'état parfait, cet insecte en dévore d'autres; il en est de même de l'espèce suivante. 6. Tenthrède delà .tcrophiilaire. T. scrophulariœ. Noire; les bords des seg- ments abdominaux jaunes, le second et le troisième exceptés. Linné l'a très-bien décrite; Réaumur en a fait l'histoire, t. V, pi. 13. Il a surtout fort bien représenté le pondoir et la scie. Elle est très-carnassière. 7. Tenlhrède veapiforme. T. vespiformis. Noire; la plupart des anneaux du ven- tre sont bordés de jaune en arrière, à l'exception du second; les pattes sont pâles et les cuisses noires ; les ailes transparentes. Le mâle diffère un peu de la femelle pour la distribution de la couleur jaune. C'est la Mouche à scie à quatre bandes jaunes de Geoffroy, n" tl. Dans la monographie de ce genre, publiée par M. le comte Lepeletier de Saint-Fargeau, plus décent espèces sont rapportées à ce genre ïenthredo. HYMÉNOPTÈRES. UROPUISTES. C. HYLOTOMIi. gS5 240. Genre HYLOTOME. HYLOTOMA. (Latreille.) Caractères : Hyménoptères à ventre scssi/e, ayant ahsohiment les caractères et les mêmes mœurs que les Tenthrèdes, dont Us ne différent^ selon les auteurs, que par le nombre des aires ou des petits espaces mendjraneu.v que présentent les ailes supérieures. Cette distribution nous paraît tout fait arbitraire; cependant nous avons ^^?) cru devoir nous y eonformer. Le nom d'Hylotome ûX&toixo:, signifie bûcheron, en grec, ligna incidens, mais '^l^i^Zriy H^^< ^^s insectes ne coupent pas le bois ; ils mangent spécialement les feuilles, sous la forme de larves, qui sont de fausses chenilles. Ils offrent tous les caractères desUropristes; le plus ordinairement, ces larves restent réu- nies en nombre plus ou moins considérable; elles font le plus grand tort aux arbres ou aux arbrisseaux , car chacune de ces sociétés est pour ainsi dire attribuée à une espèce d'arbre. A l'époque de la métamorphose, les unes se filent une. coque qu'elles attachent aux branches des arbres sur les- quels elles se nourrissent; les autres s'enfoncent dans la terre, dans de petites cavités qu'elles se pratiquent et où elles filent également une enveloppe très-fine dans son tissu, mais consolidée par une humeur gommeuse, qui, une fois dessé- chée, devient impétiétrable à l'eau. JNous ferons connaître plus particulièrement les habitudes des espèces de ce genre en racontant l'histoire de la première, qui est : 1. Hylolomcdu rosier. Hylotoma rosxi J&\me, avec la tète, le dos du corselet, I 24 ()86 ENTOMOLOGIK ANAIATIQUE. la poitrine et le bord externe des ailes noirs; les tarses sont aussi annelés de noir. C'est la Mouche à scie du rosier de Geoffroy ; c'est le Cnjptus rosx de ■lurine que Réaumur a si bien fait connaître dans ses Mémoires,, t. V,pl. 14, et que Gœdart avait anciennement représenté. Voici un extrait des obser- vations de Réaumur. Il a suivi la ponte de la femelle, qui est plus grosse que le mâle. Elle insinue sa scie sous l'écorce d'une jeune tige en la faisant mouvoir en va-et-vient; l'entaille est faite par les crans de cette sorte de râpe. Probablement il s'écoule une humeur avec l'œuf destinée à cicatriser les bords de la plaie, car il s'y forme de petites bulles, et d'espace en es- pace , le même procédé est mis en usage à cinq ou six petits intervalles quelquefois jusqu'à vingt-quatre. Quinze ou seize occupent une étendue de trois centimètres. Au bout de deux ou trois jours, chacun des points où l'un des œufs a été inséré se boursoufle et fait saillie. Le gonflement dé- pend de l'œuf qui a grossi et dont il sort une petite chenille par l'entaille primitive. Ces chenilles vont s'attacher aux feuilles qu'elles rongent sur les bords en ne laissant que le pétiole. Leur couleur est d'un jaune sale avec des tubercules noirs dont chacun porte un poil. Quand elles ont pris leur croissance, elles s'enfoncent dans la terre pour s'y construire une double coque comme celle dont nous avons indiqué la disposition. 2. HyLotome brûlé. H. ustulata. D'un noir bleuâtre luisant; les ailes sont bru- nes, mais transparentes; pattes jaunes, à cuisses noires. La chenille se nourrit sur les feuilles du rosier sauvage ou églantier; elle est verte, avec deux lignes blanches sur la longueur, et la tête est jaunâtre. Geoffroy a décrit l'insecte parfait sous le n" 3. •':). Hylotome lisse ou sans nœuds. H. enodis. D'un beau bleu luisant; les ailes qui sont brunes, sont transparentes à l'extrémité. C'est une espèce du genre Cryptus de J urine. Sa larve se nourrit de feuilles de saule ; elle est verte, avec des points noirs, et ses côtés offrent une ligne plissée de couleur jaune. Les chrysalides ne se métamorphosent qu'au pi intemps de l'année suivante. i. Hylolome four dut. H.furcata. Noir, avec les palpes, les pattes et le ventre d'un jaune roussâtre; le mâle a les antennes fourchues et très-pectinées. C'est encore une espèce du genre que Jurine a nommé Cryptus, parce qu'il n'a reconnu que trois anneaux aux antennes du moins en apparence. Sa larve vit sur le framboisier. Au reste, M. Jurine reconnaît que ses Cryp- tes sont les véritables Hylotomes de Latreille. HVMK!SOPTE«ES. UROPRISTES. G. CfiNIBÈCE. 987 241. Genre CIMBÉCE. CIMBEX. (Olivier.) Caractères : Hriuénoptcrcs à ventre sessi/e et à anten/tt-s ç;lohuleuscs à l'extrémité. Ces caractères suffisent pour sé- parer ce genre de tous ceux du même ordre des Hyménoptères. liC nom de x^ixên? a été emprunté Cu^Gre^ u^ .Ao^.&xrp (Vfi)^^ '^'''stote, a dit Olivier, mais déjà (ieoffVoy, t. If, p. 2G1, l'avait désigné sous le nom de Crabro, ou Frelon, et il avait placé ce genre entre les Hyménoptères et les Névroptères, qu'il réunissait sous le nom de Tétraptères à ailes luies. .Turinen'a pas adopté ce nom de Cimbèce; il lui a conservé celui de Tentlirède, et, par suite, toutes les dénominations des autres Mouches à scie ont été désignées sous les noms de Dolère, Allante, Némate, Ptérone, Crypte, Céphalie. Aux caractères très-concis que nous venons d'indiquer comme suffisants pour distinguer le genre Cimbèce, il faut ajouter quelques particularités de conformation et de mœurs. Ainsi, leurs Chenilles, qui ont plus de seize pattes, sont nocturnes pour la plupart, ou ne mangent que pendant la nuit. De jour, elles restent roulées et immobiles au pied des arbres ou des arbrisseaux. Dans cet état, la plupart ont la faculté de lancer une sorte d'humeur par des orifices situés au-dessus de chacune des neuf paires de stigmates. Elles se transforment en nymphes sous la terre à peu de pro- fondeur, ou dans le tronc pourri des saules, des aunes, et à la base des bouleaux, dans des coques très-solides, admi- g88 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. rablement construites pour être soustraites à tous les dangers extérieurs, tant elles sont solides, résistantes et imper- méables. Il faut beaucoup de précautions pour ouvrir ces coques qui sont très-propres à la démonstration des méta- morphoses chez les Hyménoptères, car elles ont une forte taille. Sous l'état parfait, on trouve les Cimbèces sur les fleurs; ils volent mal et en bourdonnant; quand ils sont arrêtés, ils semblent rester engourdis. On en connaît un assez grand nombre d'espèces , mais il est difficile de les recueillir. Les principales sont : 1 . Cimbèce grosses-cvisses. Cimbex femorata. Noire, à premier segment du ven- tre portant une tache ovale jaune ; à antennes jaunes, ainsi que les tarses. C'est le Frelonnoiràéchancrure, t.II, pl.xiv, fig. k. Sa chenille est verte, avec deux, lignes latérales jaunes; et une dorsale bleue. On la trouve sur l'aune et sur le saule, vers le soir seulement. 2. Cimbèce des bosquets. C. lucorum. Son corps est très-velu et entièrement noir; les ailes sont brunes à l'extrémité. Sa chenille se nourrit des feuilles de l'aune. .'?. Cimbèce jaune. C. lutea. Jaune, avec la base du ventre et la région posté- rieure du corselet brunes. Les taches jaunes qui se trouvent vers la base du corselet ont t'ait dési- gner cette espèce sous le nom de Frelon à épaulettes par Geoffroy. 4.. Cimbèce bordée. C. marginata. Noire, avec tous les anneaux du ventre bor- dés de jaune pâle, ainsi que le globule des antennes. •H. Cimbèce du saule peniandre. C. armerinœ. Noire, à duvet cendré ; ventre roux en dessous; lèvre blanche. La chenille a été trouvée sur le saule marseau ; elle est verte et porl<' une ligne noire sur le dos. 6. Cimbèce soyeuse. C. sericea. Noire; à pattes grêles; abdomen d'un veit de cuivre chatoyant ou satiné. Le mâle est plus petit; ses antennes sont jaunes comme les pattes. LES HEMIPTERES. CINQUIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES INSECTES. Fiinné, en empruntant à la présence, au nombre et à la disposition des ailes la dénomination des ordres qu'il éta- blissait dans la classe des insectes, voulut sans doute mettre ce nom des Hémiptères en rapport avec ceux qu'il donnait aux autres divisions. 11 faut dire qu'il rangeait alors les Blattes, les Sauterelles, les Mantes, etc., avec les Coléoptères. Ceux-ci étaient ainsi caractérisés : ailes recouvertes par des éiytres, boucbe garnie de mâchoires; tandis que l'ordre des Hémiptères réunissait les insectes ayant aussi quatre ailes, mais avec la bouche formant un tuyau solide, logé sous la poitrine pendant le repos. Malheureusement, on désigna depuis comme Hémiptères les insectes dont les ailes supérieures ne font que s'appliquer' sur les inférieures qui ne sont pas plissées en travers et ([u'elles ne recouvrent pas entièrement ; c'est ce qui a fait confondre et réunir deux ordres très-différents par les mœurs et les habitudes: les uns ayant des mâchoires et les autres une sorte de bec destiné à sucer des liquides. Olivier fut un des premiers qui donna des noms distincts 990 ENTOMOLOGIE ANALVTIQL h. aux ordres, tels qu'ils sont adoptés aujourd hui par tous les entomologistes. Nous devons dire cependant que, dès 1775, Fabricius, en proposant les noms des grandes divisions qu'il formait dans la classe des insectes, prenait pour base de ces divisions la structure des parties de la bouche. Ainsi il avait désigné sous le nom à^ Ul omîtes les insectes dont les mâchoires sont munies d'une sorte de gencive, ouXov, tandis que ceux qui ont un bec (rostrum) , P"YX°?' *^" ""^ sorte de museau saillant, portaient le nom de Ryngotes ; mais il semble avoir commis deux fautes d'orthographe étymolo- gique, car il aurait dû se servir des mots conq:)osés Ryncho- gnathes et d'Oulognathes, pour exprimer la structure bien distincte des parties de la bouche. Il faut convenir que les noms d'Hémiptères, d'Hémély- tres et d'Hémiméroptères qu'on a proposés n'indicpient malheureusement pas le caractère commun et essentiel des animaux auxquels on l'applique aujourd'hui , car ce carac- tère consiste réellement dans la strucfiue ou dans la forme générale des parties de la bouche, qui oblige tous ces ani- maux à sucer et à se nourrir uniquement de liquides, tandis qu'il en est peu dont la moitié de l'aile supérieure soit plus épaisse ou plus coriace, bien que le nom emprunté du grec soit destiné à indiquer une moitié il'aile ou un élytre divise : y-iaicj; signihant par moitié, et -îxspôv une aile. Quoi qu'il en soit, malgré le nom fautif (pii sert à réunir ces insectes, ou peut recoiuiaître que l'ordre ainsi désigne est, sous d'autres rapports, tout à fait naturel. En effet, tous, à la sortie de l'œuf, passent par les trois états de larve, de nymphe et d'image réelle ou de perfection, mais en conser- vant [)res([ue com])létemeut la facidté de se Mionvoir. Il est CINQUIEME ORDHK DES INSECTES. LES HEMIPTERES. tjtj | vrai que plusieurs ne [)reiuient jaiiKiis d'ailes; que d'autres n'en portent que des riidiiiients ou des moignons, sans ac- (juérir des ailes inférieures. C'est an reste ce qui arrive aussi dans l'ordre des Orthoptères et dans (pielques autres. C'est donc par la présence d'un Ijec, qui détermine la na- ture des aliments, ou d'une bouche consistant en une sorte de tube formé de deux ou trois portions d'organes réunies en un tuyau dans lequel sont contenues des soies fines et aiguës, que les Hémiptères se trouvent caractérisés. On a fait l'anatoniieou la dissection de cetre sorte de bouche; on y a reconnu que la lèvre inférieure se prolonge en un canal formé de quatre articulations; puis, en dessus, ce tuyau se trouve complété ou fermé dans toute sa longueur par le la- bre ou une lèvre supérieure provenant du front, et constituant ainsi le tube dans lequel sont renfermées trois ou quatre soies mobiles, à pointe acérée, que l'on a considérées comme une modification nécessaire des deux mandibules et des mâ- choires, tout èi fait altérées dans leur forme et leur étendue. L'insecte se sert de cet appareil pour piquer la peau ou l'épiderme des êtres organisés, afin de les sucer et de se nourrir de leurs humeurs. Avant d'entrer dans les détails qui feront connaître les faits généraux de l'histoire de ces insectes, il est nécessaire d'exposer leurs caractères principaux et la manière dont les naturalistes les ont distribués en familles naturelles. Il est évident que, [)ar la structure de leur bouche qui forme un bec, les Hémiptères diffèrent de tous les insectes mâcheurs, tels que les Coléoptères, Orthoptères, Névrop- tères, Hyménoptères et même de certains Aptères. Il n'y a donc que les Lépidoptères et quehjues Diptèi^es chez les(juels 992 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. les organes buccaux soient propres à pomper des liquides ; mais chez les premiers, c'est une langue roulée en spirale, ou une spiritrompe, et chez les autres, comme les Scléros- tomes, qui n'ont toujours que deux ailes, c'est un suçoir corné dont l'organisation est tout à fait différente ; ou bien c'est une trompe charnue [proboscis), comme dans les Sar- costomes. Les Hémiptères ne subissent qu'une transformation in- complète, car ils sont agiles sous leurs trois états successifs. Une seule famille, celle des Phytadelges, présente quelques modifications à cet égard. Souvent, les laives, à la sortie de l'œuf, ne diffèrent de l'insecte parfait que par le volume. D'autres ne prennent jamais d'ailes ; de sorte que leurs chan- gements sont, pour ainsi dire, de simples mues ou des re- nouvellements de peau, nécessités par l'accroissement, l'in- secte cessant de se mouvoir ou d'exercer ses autres fonctions vitales seulduent pendant quelques heures de son existence active. Les mœurs, comme nous l'avons dit, varient peu dans les familles diverses; mais un fait remaïquable, dont on ne peut expliquer la cause ou le but, est le suivant : parmi les genres dont les espèces ont les ailes supérieures croisées l'une sur l'autre, toutes celles dont les antennes sont terminées en soie grêle, qu'elles soient longues ou courtes, que les in- sectes vivent sur l'eau ou sur la terre, toutes se nourrissent des humeurs extraites des animaux vivants ou morts; tandis que les espèces dont les antennes sont en fil, c'est-à-dire de même grosseur à la pointe qu'à la base, ou en masse grossie et plus développée à l'extrémité libre , sucent toutes les plantes vivantes ou la sève des végétaux, mais rarement CINQUIÈME ORDRE DES INSECTES. LES He'mH'TF.RES. fJoS d'autres insectes dont ils sont alors obligés de se nourrir. Les espèces chez lesquelles les ailes ne sont pas croisées et dont la consistance esta peu près semblable dans les deux paires, diffèrent aussi, sous plusieurs autres rapports, des véritables Hémiptères, comme nous le verrons par la .suite en faisant l'histoire des diverses familles, fpioi(|ue tous les individus aient un véritable bec {rostruni). Dans cet examen général de l'ordre des Hémiptères, il devient superflu de faire connaître les variétés nombreuses de forme et de structure qui se présentent, non -seulement dans les genres, mais même chez certaines espèces, quoique ces particularités soient importantes à noter. Ainsi, en étudiant les diverses régions du corps, il est évident que nous aurions trop de faits à indiquer sur les modifications de la tète ; pour les yeux lisses et composés; pour les antennes et mênie pour la bouche. Il serait également difficile de généraliser ce qui concerne les diverses régions du corselet dans ses formes, re- lativement à l'écusson, au sternum, à ses bords et sur- tout à l'insertion des ailes et des pattes. 11 en serait de même de l'abdomen quant à ses formes et ses articles; pour les orifices des stigmates et des pores odorifères, qui sont très-variés dans les deux sexes. Il est certain que cette étude préliminaire, ainsi que celle du niode d'articu- lation des pattes, et des tarses en particulier, présenteraient des caractères bien tranchés, mais ces détails intéressants seront mieux placés dans l'histoire particulière des faujilles, des genres et des espèces. Nous ne ferons pas non plus l'historicjue de l'arrangement ou de la distribution méthodifjue des ordres et des genres proposés par les auteurs. Le nombre en est aujourd'hui trop Ja5 (jCj4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. considérable: il y eu a plus de cinq cents dans l'ouvrage sur les Hémiptères, publié en i843 par MM. Aniiot et Àudinet- Serville. Je crois devoir dire cependant que, dès l'année 1799, j'ai proposé, le premier, de diviser cet ordre en quatre familles, auxquelles j'ai donnéalors les noms que je leur con- serve encore aujourd'hui. De plus, eu i8o5, dans la Zoologie analytique, yAi présenté, pour les six familles principales, une suite de tableaux synoptiques rejjroduits plusieurs fois dans tous les articles sur l'Entomologie (jui ont été rédigés et écrits jiar moi seul dans le Dictionnaire des sciences na- turelles, dit de r^evr-ault comme éditeur. C'est un fait cpii n'est pas sans (juelque importance dans l'histoire de la science, mais que la pUrpart des auteurs semblent avoir ignoré, puisqu'ils n'en ont pas pai'lé. Le nom d'Hémiptères ne donrre pas, comme nous l'avons dit, une idée exacte des insectes auxquels on l'applique, parce que deux familles dans cet ordre n'ont pas d'élytres et seraient de véritables Névroptères, s'ils n'avaient un ^ec arti- culé. On nomme ainsi la bouche qui constitue le caractère es- sentiel de ces animaux. C'est toujours un tube composé de plusieurs pièces, qui vont en diminuant de grosseur de la base à la pointe, et dans l'intérieur duquel sont contenues des soies fines et aiguës, ordinairement au nombre de trois. Jamais ce bec n'est accompagiié de palpes; dans l'état de re- pos, il est le plus souvent plié sous le ventre entrée les pattes ; mais lorsque l'insecte l'emploie pour sucer, cet organe peut se relever presque jusqu'à la perpendiculaire dans quelcpies genres. Cet instrument réunit tout à la l'ois les propriétés du siphon et du tube capillaire; il est garni d'une arme qui le fait pé- CINQUIEME ORDRE DES INSECTES. LES HEMIPTERES. 99'?) nétrer et tient lien d'aiguille ou de lancette. La gaine où est logé ce bec reste placée ordinairement dans une rainure du côté du ventre, et c'est là qu'on peut l'observer. An premier aperçu, quand on la relève et qu'on fait sortir les soies du bec, on voit qu'elles glissent dans sa cavité ; on croirait qu'il n'y en a qu'iuie seule, parce qu'elles sont juxtaposées. Deux d'entre elles sont canaliculées et forment une sorte de tuyau secondaire pour la troisième; celle-ci est cylindrique et d'une finesse extrême. A chacune de ces soies est attaché un muscle qui envelojjpe sa base et qui la fait agir isolément; celle du milieu peut s'allonger davantage et paraît destinée à pro- duire la première piqûre. C'est par le mouvement rapide de cette soie médiane dans son petit conduit, que les humeurs des plantes ou des animaux, sucées par l'insecte, montent et parviennent dans son œsophage. Les Hémiptères subissent à peu près les mêmes métamor- phoses que les Orthoptères. Ils sont agiles sous les trois états de larve, de nymphe et d'insecte parfait; souvent les larves ne diffèrent de ces derniers que par le défaut ou le non-dé- veloppement des ailes; aussi les principaux changements sont-ils, pour ainsi dire, de simples mues, l'animal cessant ses mouvements et ses autres actions, mais seulement pendant (juelques heures. C'est dans cet ordre des Hémiptères qu'on observe le pins grand nombre d'espèces restant aptères, avec ou sans élytres. Les mœurs ne sont pas les mêmes dans les diverses fa- milles. Ici nous répétons, ou plutôt nous reproduisons la curieuse remarque que, parmi les genres à ailes croisées, ceux dont les espèces ont les antennes en soie sont constam- ment destinés à sucer des animaux. 125. ygB ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Les espèces qui n'ont pas les ailes supérieures croisées dif- fèrent sous plusieurs autres rapports des véritables Hémip- tères; aussi de Géer en avait-il formé la cincpùème classe de son premier ordre sous le nom de Siphonata. Quel(|ues-uns, comme les Pucerons, produisent des petits vivants, parce que leurs œufs éclosent dans l'intérieur du corps. Souvent un seul accouplement suffit pour plusieurs générations. La plupart restent réunis en sociétés nombreuses. C'est dans cette famille qu'on trouve des espèces qui peuvent sauter, tels sont les Psylles, d'ailleurs voisins des Pucerons, et les Thrips, qui semblent se rapprocher de quelques Coléoptères, car ils ont la forme de petits Staphylins de la famille des Brachélytres. Nous croyons devoir reproduire ici la totalité des notes placées au verso du tableau imprimé dans la Zoologie ana- lytique, car il indique l'état où se trouvait alors cette partie de l'Entomologie, il y a mairitenaut cinquante-quatre atis. Ainsi, l'ordre des insectes hémiptères se trouve partagé en six familles naturelles : 1. Les Rhinostomes ou Frontirostres qui ont, connne leur nom lindique, le front prolongé en un bec ou dont le nez paraît faire loffice de la bouche. Leurs ailes supérieures sont, le plus souvent, à demi coriaces, ou en partie moins transpa- rentes et croisées l'une sur l'autre pour recouvrir les ai les infé- rieures qui sont plus minces. Leurs antennes ne se terminent pas en une soie ou par un article très-mince; leurs tarses ne sont pas propres à nager, mais bien à s'accrocher sur les corps solides. Ils paraissent préférer les végétaux pour eu sucer la sève, qu'ils absorbent sous les trois états de larves, de nymphes et d'insectes parfaits. Les mis ont les antennes terminées par des articles plus gros ou plus larges; ce sont CINQUIEME OHDUE DES INSECTES. LES HEiMIPTEHES. yyj les Podicères et les Corées; d'autres les ont i-ii fil, de même grosseur sur toute leur longueur; mais, parmi ces derniers, il en est qui ont cinq articles aux antennes : ce sont les Penta- tomes et les Scutellaires; tandis (jue d'autres n'eu ont que trois, comme les Acantliies, les Gerres et les Lygées. ■2. Les ZoAUELGEs OU Succ-sang. Ces insectes préfèrent en effet se nourrir du sang ou des humeurs des animaux; leur bec, qui provient aussi du prolongement du front, est armé dans ce but de pointes très-acérées; mais ils sont sur- tout caractérisés par leurs antennes terminées en un ou plu- sieurs articles très-grêles ou amincis comme une soie de sanglier; telles sont les Punaises des lits, les Réduves, les Ploières, les Hydromètres. 3. Les lIvDRccoRÉs ou les punaises aquatiques, celles qui vivent habituellement dans l'eau, que nous avons aussi nom- més les Rémitarses, parce que leurs pattes postérieures sont conformées pour la natation, à raison de l'aplatissement de leurs jambes et des tarses qui sont eu outre bordés de cils destinés à en augmenter la surface. Ces espèces sont égale- ment remarquables par la brièveté de leurs antennes cpii res- semblent plutôt à un petitpoil qu'à une soie. C'est dans cette famille que viennent se ranger d'une part, les genres dont le ventre se prolonge en une sorte de queue ou de tube servant à la respiration et à la ponte. On les a aj)pelés Scorpions aquatiques; ce sont lesNépeset lesRanatres. Les genres dans lesquels le ventre n'est pas terminé par des filets formant un tube, sont les Corises, les Naucores et les iNotonectes, qui diflèretit entre eux par leurs tarses antérieurs. 4. Le seul genre anormal des Tlirips dont les élytres ou les ailes supérieures, (juoique très-grêles, sont cependant 998 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. croisées, est tout a fait bizarre par sa conformation et par ses moeurs. Les espèces qu'on y rapporte sont très-petites, étroi- tes; à corps très -prolongé. On les trouve sur les fleurs; leur bec est ta peine distinct, cependant on décrit cet organe comme formé par deux petits poils. Ce qui les caractérise surtout, c'est la conformation singulière de leurs tarses garnis de petites vessies i^emplissant l'office de ventouses pour les faire adhérer aux surfaces les plus lisses. C'est ce qui nous les a fait nommer PJi.ysapodes ou Vésitarses. Ce sont de très-petites espèces ; qui ont à peu près le j>ort des Staphylins. Comme on a ob- servé leurs larves et que leurs nymphes sont semblables à celles des autres Hémiptères, on les a laissés dans cet ordre. Lesdeux dernières familles ne sont rapportées à cet ordre des Hémiptères cpià cause du bec ou du rostre qui est vérita- blement le signe naturel de ce rapprochement, car leurs quatre ailes ayant à |)eu près la même consistance et n'étant pas croisées, ne j^ermettraient pas de leur appliquer le nom d'Hémiptères. Aussi, a-t-on proposé de les distinguer sous le Mve à' Homoptères; c'est d'ailleurs la séparation que nous avions indiquée dans la Zoologie analytique. Ces deux fa- milles, au reste, diffèrent encore beaucoup entre elles. Nous les avons désignées comme il suit : 5. Les AucHÉNORHYNQUES OU ColUrostres. Nous rapportons à ce groupe les Cigales et les autres genres voisins qui, dans l'état de repos, ont un bec couché sous le ventre entre les pattes, et dont la base paraît naître du cou, ou de la partie inférieure et postérieure de la tête. Leui's ailes supérieures ne sont pas croisées, mais allongées et de consistance à peu près semblable sur toute leur étendue; elles sont, par cela même, très-propres à les caractériser. La plupart n'ont que CINQUIEME OUDRE DES INSECTES. LES HÉMIPTÈRES. 999 trois articles aux tarses. On a partagé les genres de cette fa- mille en beaucoup de coupes (i) parmi lesquelles nous cite- rons avec les Cigales, les Cicadelles, les Membraces, les Cer- copes, les Fiâtes, les Fulgores , etc. 6. Les Phytadelges ou Plantisugcs ont aussi les ailes sem- blables et non croisées, le plus souvent étendues et plusieurs n'en ont (pie dans le sexe mâle, les femelles restant aptères. Leur bec ou suçoir [laraît encore prendre son origine au- dessous de la tête au-devant du corselet; les tarses, qui n'ont que deux articles, les rendent peu propres au mouvement ; aussi la plupart des espèces sont-elles très-lentes et restent- elles fixées sur les végétaux à l'endroit même où leur mère les a dépos(^es, souvent en état de larves ou tels qu'ils doivent se piopager eux mêmes. Il en est beaucoiqo qui n'ont pas d'ailes, ce sont les Gallinsectes, les Cochenilles, les Chermès, mèmequelques Psylles femelles. D'autres, comme les Pucerons, les Aleyrodes, peuvent se transporter d'un lieu dans un autre à l'aide des ailes. Le mode de génération de tous ces insectes est des plus ciu'ieux à connaître. (I) MM. Amiot et Audinet-Serville, dans leur Histoire des Insectes hémip- tères, ont désigné cette famille nombreuse sous les noms d'Houioptères auché- norhynques. Ils l'ont partagée en trois groupes principaux : les Cigales chan- teuses, les Subtéricornes, dont les antennes sont insérées sous les yeux, et les Antéricornes^ chez lesquels ces organes occupent la partie supérieure de l'œil. Ces subdivisions forment ensuite des races, des tribus, des groupes, et enfin des genres, sous autant de noms divers et au nombre de cent trente-trois. ENTOMOLOGIli ANALYTIQLE. — m — S é a & o S u s i s s s 1 '-^ a es ■M > Ô ûf c K ~ S ^ i i Z a ° g t- c« .-~ s = g £: g tS (S a: £ (Î1 ^ ^ S' — 5 g CD ~^ S •5 = i » j 5- 'S = <; Ë '§. ï i -5 "F -M J o = 'ë 5 E- O -g £ E 1 S o. < '§ ■^ J ^ Q •ë i 1 1 Ï Œ W S S 1 1 " ce 3 C/D Q ^' ^ J: ^- 1 J W S :s ^ ■£ =j O S tç ."ï s. â C i 1 Ï .■= — s aj 5 o- i 1j 1 -g^ -a z '^ g -■S ^ ■£ 1 1 1 1 1 i 1 s — 1 1 1 Ï HEMIPTERES H HINOSTOMKS OU FUONTIItOSTKES. I OO I iREME-NtuviÈME FAMILLE : LES RHIAOSTOMES OU FROMI ROSTRES. Nous avions ainsi désigné, sous le nom de Frontirostres, cette famille d'insectes dans le tableau synoptique an- nexé au tome l" de l'édition des Leçons d'anatonne compa- rée, de Cuvier, que nous avons publiée en 1799. Nous y fiusions entrer à peu près les mêmes genres que ceux qui ont été désignés par Latreille, en 1817, comme formant une fa- mille qu'il établissait sous le nom de Géocorises longilabres dans le 3'' volume du Règne animal, [jar Cuvier. Le nom corres[)ondant à celui de Frontirostres est tiré de deux termes grecs : le premier, pw, ptMo;, signifiant le nez ou la partie avancée de la face, et de GTo>a, synonyme de bouche, comme l'équivalent des deux mots latins, frons, /rontis, et rostrum. r.e caractère essentiel de cette famille peut être ainsi ex- primé : Elytrcs croisés, à demi coriaces ou opaques ; bec ou rostre parcdssant être un prolongement du front ; antennes longues jamais terminées par une soie; et tarses constam- ment propres à la marche. Ces caractères suffiront pour faire distinguer les insectes de cette famille de tous les autres Hémiptères. Ainsi, les Phytadelges, tels que les Pucerons, les Coche- nilles, etc., et les Auchénorhynques , comme les Cigales, les Fulgores, les Membraces, ont les élytres non croisés et d'égale consistance. Les Physapodes, comme les Thrips , ont l'extrémité des tarses vésiculeuse, et chez les Hydro- corés , les Naucores et les Notonectes les antennes sont courtes, en soie et les pattes à tarses aplatis, ciliés, propres 126 I002 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. à la natation. Enfin, les Zoadelges, tels que les Punaises des lits, les Réduves, ont constamment les antennes ter- minées par une soie grêle. Voibi comment les Rliinostomes constituent une famille bien distincte, surtout par les mœurs. Ces habitudes sont, en effet, absolument les mêmes chez tous : ils sont uniquement suceurs des végétaux sur lesquels on les trouve et auxquels la forme des tarses leur permet d'adhérer fortement. Ils en pompent la sève, ainsi que les sucs des fruits dont ils perforent l'épiderme , sous les trois états de larves, de nymphes agiles et d insectes parfaits. Beaucoup portent une odeur, le plus souvent fort désagréable; aussi les désigne-t-on vulgaii'ement sous les noms de punaises des bois. M. Léon Dufour, dans le Mémoire important imprimé dans le tome IV des Savants étrangers de l'Institut, qui con- tient ses recherches anatomiques et physiologiques sur les Hémiptères, a consacré un chapitre entier à l'étude de ces organes odorifiques. On trouve, à la base de l'abdomen, eu dessous, près de son union au métathorax , une ou deux poches membraneuses qjii paraissent sécréter ou contenir cette humeur, comme dans un réservoir. On en voit les ori- fices, qui laissent échapper cette vapeur, entre les pattes moyennes et les postérieures. Ce sont des pores tout à fait distincts des stigmates, lesquels sont les orifices externes des trachées ou des vaisseaux aériens. La forme des antennes a permis de distinguer les genres et de les rap|Mocher dans une série qui nous a paru assez na- turelle. Chez les uns, elles se terminent par une petite masse ou par des articles plus gros, tels sont les Podlceres et les Corées. Chez les autres, tous les articles sont semblables, et leur gros- seur étant la même, les antennes paraissent filiformes; alors, HÉMll'lEUKS RHINOSTOMES Ol) . FRONTIROSTRES. IOo3 le noinl)re des articles aux tarses pi-ut servir à leur dis- titictioii eu geures, car les Pentatomes et les Scutellaircs en ont cinq, taudis qu'il y en a (juatre seulement dans les genres Acanthie, Gerre et Lygée ; c'est ce que fait mieux con- naître le tableau suivant e\tiait de la Zoologie analytique, 1806, n" 164, page 268. Famille des RHINOSTOMES (1) ou FROiNTIROSTRES. Caractères : Hémiptères à élytres croisés, demi-coriaces; bec paraissant iwitre du front; antennes lonr/ues, non en soie; t rses propres à la marche. j l:iige, cnuviant le d:)s 2 Scutei.laire I cinq ; écusson ^ I ne cnuviant pas le dos i Pentatome fil, à articles' j I i Irèr-longues 6 Gerre. 1 ' i)ualrc; pattes j I j j courtes, i Acanthie. Antennes en, I médio res; antennes ; ( lungues 5 Lïgee. j très-étroit et furl allongé 7 Podicère. masse; à corps ( large, non linéaire 5 Corée. (I) De piv, pivciç, nez, et de cToy.-.', bouche. La trei I le partage la plupart de ces genres en d'au très, d'après le nombre des articles aux antennes. Ceux qui en ont cinq sont les Scutellaircs, comme il les nomme: le Canopus , es- pèce unitjue dont Fabricius avait fait une Tetjra; \Mlia, qui est le Cirnex acuminatus (\eVA\\\\é\\eCjdnus, qui était le Cirnex morio ; le genre Edessa [Taiirus, Cervus, espèces des Indes et d'Amérique); les Pentatomes, les Halys de Ja Chine; enfin les Hétérosides de Cayenne. 126. I004 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Une seconde division comprend un genre qui n'a que frois articles aux tarses: c'est le genre Phlea ; pour Latreille, ceux qui ont quatre articles aux tarses sont les Tesscratome (ou le Ciinex sinensis àeThunheri^.l^e^ espèces qui ont les derniers articles des antennes plus gros et aplatis, sont les Corées, Gonocères elSyromates ^tAnàïs que celles qui ontlesantennes en fil forment les genres Ho/hjménie, Pacidyde, A nisocele eX Nématope ; il nomme Sténoccphale l'un des genres qui a la tête rétrécie en devant; Alydes tX. Leptocorises\ les punaises à antennes droites et non coudées^ et Néides, nos Podicères, qui les ont coudées. Viennent ensuite les genres Lygée et Sa/de, tels que les Acanthies du Zostère et la littorale. Sous le nom de Mjodoque, il classe une espèce à tête rétrécie en arrière. Il y range ensuite plusieiu's de nos Zoadelges à an- tennes terminées par une soie, connue les Mirides, les Capsus, dont il désigne quelques espèces sous les noms d' Astcmnie et à' Hétérosome. JNous relateions , au reste, dans l'examen des genres (jiii vont être étudiés, la plupart des espèces qu'on en a déta- chées pour les réunir .sous d'autres dénominations géné- riques que nous ferons connaître pour la plupart. On conçoit que nous n'ayons pu conserver la plupart de ces dénominations généri(jues dont les espèces n'ont jamais été comparées entre elles, et n'ont pu, par conséquent, se prêter à un arrangement systématique et encore moins mé- thodique ou naturel. Au reste, la plupart de ces noms, et beaucoup d'autres, sont insérés, ainsi que les caractères qui leur sont assignés, dans l'ouvrage spécial sur les Hémiptères que MM. Amiot et Audi- net-Serville ont publié en i843. HEMIPTERES RHINOSTOMES. (i PENTATOME. 242. PENT ATOME. PEISTATOMA. ^Olivier.) (Caractères : j^ilcs supérieures croisées, à demi coriaces; hec paraissant naître du front; larves propres a la marche ; antennes Ioniques, en Jil. formées de cinq articles ; Vécus- son ne couvrant pas tout le dos ou la partie supérieure du ventre. Sr^Wy? • Le nom du genre est emprunté des mots ^-■Htv grecs 7:£VTe, cinq, et de TO[Ar), division. Voici com- / Vw\ ment les espèces qui se trouvent rapprochées / V sous ce nom, se distinguent de tontes celles qui appartiennent à la même famille des Rliinostomes. D'a- bord, les Podicères et les Corées ont les antennes plus grosses à leur extrémité libre ; puis parmi celles qui les ont à peu près cylindriques ou en fil d'un bout à l'autre, on ne trouve que quatre articles dans les gerues Acanthie, Gerre et Lygée. Enfin, parmi les espèces qui ont aussi cinq articles aux an- tennes, les Scutellaires sont faciles k reconnaître par le long et large écusson (|ui recouvre la partie supérieure de leur abdomen. Les Pentatomes comprennent les Punaises des bois de la |)lupart des auteurs. On les trouve sur les plantes et sur les arbres; leur vol est prompt et de courte durée dans l'espace qu'ils parcourent, et lorscpi'ils marchent, ils ont souvent leurs antennes en mouvement. Quand on les saisit, ils se blottissent, cessent tout mouvement et laissent exhaler un liquide dont l'odeur, le plus souvent excessivement désagréable, reste atta- 1006 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. chée aux corps qui lés ont touchés : d'où le nom de punaises qu'on leur donne. Chez quelques-uns, cependant, cette odeur est aromatique, spiritueuse et légèrement acide, car l'iiumeui dont elle s'échappe colore diversement certaines substances. 11 est probable que la nature a pourvu ces insectes de cette faculté, afin de les soustraire aux dangers, et en particulier, pour leur procurer un moyen de dégoûter les oiseaux en leur inspirant une répugnance bien évidente et même aux autres animaux qui voudraient en faire leur nourriture. Nous avons déjà dit que tous les insectes de cette famille des Frontirostres n'ont pas les antennes en soie, et que ceux qui offrent cette particularité attaquent les animaux ; ceux-ci, au contraire , sucent uniquement les végétaux dont ils percent l'épiderme , et, par conséquent, les Pentatomes sont dans ce cas. Les femelles sont distinctes des mâles par une échancrure qu'on remarque à l'extrémité libre de leur abdomen. Elles pondent le plus souvent leurs œufs dans une même place, rangés symétriquement les uns à côté des autres. Les petites larves qui en proviennent vont de suite, souvent accompa- gnées de leur mère habile à les protéger, chercher leur nour- riture sur les plus jeunes tiges; puis elles se dispersent pour vivre solitairement. Elles ont, comme tous les Hémiptères, à peu près la forme qu'elles doivent conserver, à l'exception des ailes ou de leurs moignons. Elles muent et changent de peau, quelquefois même de couleurs, pendant leur dévelop- pement ou à mesure qu'elles grossissent. liCurs nymphes sont agiles ; enfin, toute leur histoire et celle de leurs mœurs sont analogues à ce qu'on a pu observer chez tous les Rhi- nostomes. HEMIPTERES RHINOSTOMES. G. PENTATOME. lOOJ Fabricius, dans son Système, sous le titre de Ryngotes, a rapporté les Pentatomes, dont il n'a pas adopté la dénomi- nation, à plusieurs autres genres; ce sont, pour lui , ceux qu'il nomme : 1° Edessa , genre dans lequel il a réuni plus de quarante espèces d'insectes étrangers. Ces insectes ont les ailes supé- rieures, le bec, les antennes et enfin tous les caractères que nous avons assignés aux Pentatomes; mais leur tête est plus allongée, ainsi que le museau et le second article des an- tennes ; en outre, un assez grand nombre des espèces ont le corselet |)roIongé de chaque côté en une sorte d'épine. Il leur a donné des noms spécifiques empruntés à ceux de plusieurs niammif'ères ruminants, à cornes, tels que Taurus, f^itulus, P acca, Antilope, Gazella, Tarandus, Dama, Cet- vus, etc. La plupart sont des Indes, de Java, de Sumatra, de Surinam, de la Chine, de la Nouvelle-Hollande, de la Guinée ou de l'Amérique du sud. 2" Cimex , dont le chaperon n'est pas tronqué, mais en- tier; le bec plus long que le corselet, porte les antennes à sa base. C'était le nom donné par Linné, et qui, par le fait, ne se trouve plus inscrit dans les auteurs, Latreille l'ayant at- tribué à la Punaise des lits seulement, et MM. Amiot et Au- dinet-Serville à l'espèce désignée par Linné sous le nom de Rufipes, qui suce quelquefois les Chenilles. ^".'Elfset Halia;ce sont des espèces non européennes pour la plupart, dont le chaperon est avancé, aminci, prolbndé- ment canaliculé, à lèvre allongée, à antennes insérées au devant des yeux et couchées sous la tête. Telle est la punaise que Geoffroy a décrite sous le nom de tête allongée, Ciniejc acuminatus. 1008 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Nous n'indiquerons que quelques espèces de ce genre très- nombreux, et, parmi les plus connues : 1. Pentalome des Brnssicaires. Pentatoma oleraceum. C'est la Punaise verte, à raies rouges et à taches de Geoffroy, n" 74. 2. Pentatome orné. P. ornatum. La Punaise rouge du chou de Geoffroy., qui est variée de rouge et de noir, avec la tête et les ailes noires. 3. Pentatome vert. P. viride. D'un vert foncé, avec deux taches jaunes rappro- chées au-dessus du corselet. 4. Pentatome du genévrier. P. juniperinum. La Punaise verte de Geoffroy, n° 61, page iGA. Toute verte, mais avec les bords du corselet et la pointe de l'écusson de couleur jaune. .■). Pentatome gris. P. griseum. Elle est grise ; son abdomen est comme caréné en dessous et ses bords sont variés de noir et de blanc. C'est sur cette espèce que M. Léon Dufour, en 1833, a fait des recher- ches sur l'organe qui sécrète la vapeur odorante. Il en a donné la descrip- tion dans ses Observations .sur les Hémiptères, sous le nom d'organe odori- fique, page 266. 6. Pentatome des baies. P. baccarum. C'est la Punaise brune , à antennes et bords du ventre panachés. Indiquée sous le n» 64 de Geoffroy. Nota. J'avais inscrit vingt-sept espèces de ce genre dans mon manuscrit, déjà cité, sur les insectes des environs de Paris en 1800. Les Pentatomes sont souvent attaqués par de petites espèces d'insectes à deux ailes dont les larves ont été trou- vées dans leur tissu graisseux; ce sont des Ocyptères, que M. Robineau-Desvoidy a rangés dans la famille des Euto- mobies. HKMH'TERliS KHINOSTOMKS. C. SCUTErj.AlRE. • OO9 243. Genre SCUTELLAIRE. SCUTELLERA. (Lamarck.) Cakactères : Hémiptères rhinustowes, dont l'ccussvn énormé- ment développé ^ couvre en grande partie les élytres ainsi que les ailes membraneuses , et protège surtout le dessus du ventre; les antennes sont eylindriques ou filiformes et composées de cinq articles, comme celles des Pentatomes. Comme tous les j^jenres de (;ette famille , les Soutellaires se trouvent sur les plantes dont elles V sucent la sève. F, a plupart, et surtout les espèces ,.' r \, des pays cliaiids, hors de l'Europe, sont ornées des couleurs les plus vives, quelquefois mêsiie des plus bril- lantes, avec des reflets métalliques, d'or, d'argent et d'acier bronzé, les plus polis, de sorte qu'on lésa souvent em|)loyés pour orner de petits bijoux et des boutons qu'on avait pris soin de garantir par des verres concaves. Fidjricius n'a point admis ce nom de genre, et en ci- tant les mêmes espèces, il leur a substitué le nom de Te- tyra. M. Amiot a réuni sous le nom de Tétyrides, dont il ignore l'étymologie, uji grand nombre d'autres geiues dans lesquels l'écusson, large et allongé, recouvre presque entière- ment l'abdomen. Nous citerons quelques-unes des espèces les plus connues parmi celles qui se trouvent aux environs de Paris, et deux ou trois étrangères. I. Scuiellttire siamoise. Sciitellera nigrolineaiu. Ainsi iioiiiniée par Geoffroy, n" 68, parce que ses couleurs ressemblent à certa'nes étoffes rayées de rouge et de noir qu'on supposait provenir de Siani lOIO ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Elle est rougBj avec le corselet marqué de cinq lignes noires en long, et trois sur l'écusson ; l'abdomen est rouge en dessous, avec des points noirs. C'est une espèce assez commune dans nos potagers. 2. Scutellaire semi-ponctnée. S. semipunctala. Elle est rouge, avec des points ou des taches noires sur le corselet et quatre lignes noires seulement sur l'écusson. On la trouve sur les choux et sur le raifort, Cochlearia armoracia, et elle y vit en sociétés nombreuses. M. de Castelnau avait réuni ces deux espèces dans un genre qu'il a nommé Graphosome. 3. Scutellaire hotlentole. S. hotlentoia. C'eut la Punaise porte-chape brune de Geoffroy, d'un brun plus ou moins foncé, pattes jaunâtres. Elle vit isolément; on la trouve souvent sur les seigles aux environs de Paris. 4. Scutellaire scaraboïde. S. scaraboïdes. La punaise cuirasse de Geoffroy, n° 2. d'un noir bronzé, hémisphérique et même plus large que longue. On la trouve sur la vesce. Parmi les espèces étrangères les plus \)rillantes, dont on a fait le genre Callidée, CalLidea, on trouve : 5. Scutellaire noble. S. nobilis. Elle est oblongue, d'un beau bleu métallique, à reflets dorés et à taches noires. Indes orientales, Java. 6. Scutellaire royale. S. regaiis. Dorée, avec deux taches bleues brillantes sur le corselet et sur l'écusson. On l'a rapportée de Manille. , On connaît maintenant plus de quatre-vingts espèces (jui ont été décrites et nommées par les auteurs. MM. Amiot et Audinet-Serville, dans leur ouvrage sur les Hémiptères, ont donné à la plupart des genres qu'ils ont établis et caractérisés dans le groupe des Scutellérides des noms qu'ils ont tirés du grec, du sanscrit, de l'hébreu, de l'arabe, du chinois, etc. HtMlPTKKES RHINOSTOMES. G. COUEE. loi 1 244. Genre CORÉE. COREUS. (Fabricius.) Caractères : antennes en fd^ mais dont l'extrémité libre forme une petite masse ovale ou arrondie, produite par le dernier des quatre articles; corps large, déprimé, mais concave du coté du dos; bords du corselet et du ventre relevés, quelquefois membraneux et ciliés. Ce genre, établi par Fabricius, a reçu ce nom du mot grec /.optç, qui a été tra- duit par celui de Ciniex, punaise. Une des particularités qui le distin- guent des autres Rhinostomes, dont les antennes ne sont aussi composées que / v.Ojcc' • d^ quatre articulations, comme les Gerres, res Lygées et les Acanthies, c'est la petite masse qui se voit au bout de leurs antennes. Les Podicères offrent la même terminaison, mais leur corps est très-étroit , allongé et presque linéaire. Le nombre de quatre articles aux antennes les sépare éga- lement des Pentatomes et des Scutellaires, qui en ont cinq. Les Corées, comme toutes les espèces d'insectes hémip- tères rhinostomes, se développent sous leurs trois états, de larve, de nymphe et de perfection, sur diverses sortes de végétaux annuels, mais spécialement sur ceux de certaines familles déterminées; aussi épi'ouvent-elles toutes leurs mé- tamorphoses en une seule saison. On a partagé ce genre en beaucoup d'autres, dont nous indiquerons les noms, lorsque nous parlerons de quelques- 127. loi 2 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. unes des espèces les plus reniaiqual)les par les partieula- rités qui ont servi à cette séparation. Voici les noms des principales espèces (ju'on a observées aux environs de Paris : 1. Corée bordée. Coreus margitiatvs. C'est la Punaise à ailerons de Geoffroy, tome V, page \ 46. Elle est d'un brun plus ou moins roussâtre, plus pâle en dessous ; la tête offre deux épines à la base des antennes. Le corselet a ses bords relevés, formant des angles saillants et imitant, comme le dit Geof- froy, des moignons d'ailes; l'abdomen est plus large que les élytres. Quand on la saisit, l'odeur qu'elle répand est analogue à celle d'une pomme mûre. 2. Corée barque. C. scaji/in. Elle est brune iiussi ; mais ses antennes sont noires, e.xceplé le second article et la base du troisième; l'abdomen est gris, avec des taches blanches; les élytres, les ailes et l'écusson sont noirs. On la confondue souvent avec l'espèce précédente. Latreille les a com- prises dans le genre qu'il a nommé Syromastes. 3. Corée paradoxale. C. paradoxa. Elle est grise; son corps est très-déprimé; elle est surtout très-remarquable par les bords de son corselet et de son abdomen élargis et garnis de cils épineux. Ce singulier insecte, dont on a voulu faire un genre, en y réunissant quelques espèces étrangères, du Cap, du Sénégal et de Java, avait été ob- servé à Paris par Latreille; nous l'avons nous-mème trouvé deux fois, et les échantillons ont été conservés dans notre collection. 4. Corée encadrée . Cquadratus. Elle est brune en dessus, jaunâtre par-des- sous ; son corselet est épineux ; mais ce qui est le plus remarquable dans sa configuration générale, c'est la forme de son abdomen, qui est à peu près carré ou lozangique. 5. Corée rhomboïde. C. rhowbeus. Corselet épineux; abdomen dilaté, rhomboï- dal, à six dentelures vers l'anus. Ce dernier caractère tient peut-être à la différence de sexe : ce serait une femelle de l'espèce qui précède. 6. Corée hirlicorne. C. hlrticornis. Roussâtre, à corselet épineux et dentelé; à antennes hérissées d'épines; à cuisses postérieures dentelées. HKMIl'TERES RHINOSTOMES. G. COREIi. IOl3 7. Corée grossex-paites. C. crassipes. C'est la Punaise à pattes de crabe, Geof- froy, n"2i. Koiissâtre; abdomen à bords blanchâtres, dilatés, corselet large, à bords relevés, avec cinq cannelures; pattes antérieures courtes, grosses, en pinces. Les espèces suivantes, dont les antennes ont des articles velus ou épi- neux, avaient été rangées dans le genre Acanthies où les articles des an- tennes sont plats et non épineux. 8. Corée clavicorne. C. elavicornis. Cest celle que Geoffroy a nommée Tigre. Son corps est cendré , marqué de taches blanches et brunes ; le bord des élytres et du corselet est ponctué. Elle vit dans l'intérieur des fleurs du chamédrys qu'elle rend mons- trueuses ; une autre espèce se développe dans les fleurs des chardons, des panicauts, des serratules. 9. Corée du poirier. C. pyri. C'est aussi une très-petite espèce, qui so trouve sur les poiriers, dont elle altère les feuillages. Geoffroy l'a nommée la Pu- naise à fraise antique. Elle est brune; son corselet et ses élytres dilatés sont blanchâtres, avec des taches brunes croisées. Une autre espèce voisine ronge ou altère les feuilles de la vipérine, Echium vulcjare. I(». Coréeàcôles. C. costatus. Remarquable par les trois arêtes ou côtes sail- lantes du corselet, qui se prolonge comme un écusson ; les pattes sont rousses. 1 1. Corée du houblon. C. kuiinili. Grise en dessus, noire en dessous; les pattes qui sont rousses ont les tarses noirs; son corselet est comme étranglé, à bords épais. Ce genre comprend un très-grand nombre d'espèces. La plupart ont reçu leur nom des plantes sur lesquelles on les trouve : telles sont celles de la canne à sucre, du cotonnier, du sida. IOl4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 245. Geshe ACANTHIE. ACANTHIA. (Fabricius. Caractères : Antennes a quatre articles de même grosseur, aplatis et non épineux^ et peu prolongées; les pattes courtes. Ce caractère des antennes à cjuatre articles suffit pour les faire distinguer d'abord des Pentatomes et des Scutel- laires, qui en ont cinq, puis des Corées et des Podicères, qui ont l'extrémité libre de l'antenne en masse; et ensuite des Gerres, dont les pattes sont très-longues, et des [Agées, dont les an- tennes sont fort développées : comparaison facile à établir d'après l'analyse que nous avons faite des genres de cette famille des Rhinostomes ou Frontirostres. Le nom donné par Fabricius ne peut s'appliquer à toutes les espèces; car il rangeait dans ce genre dont le nom est dérivé d'âxavôa. un grand nombre de punaises qui n'ont pas d'épines et en particulier celle des lits. Toutes les espèces craignent la lumière et vivent à l'abri de son influence sous |es feuilles et sous les écorces; elles sont souvent réunies en société. Voici les principales que nous trouvons aux environs de Paris : 1. Acanthie corticale. Acanthia corticalii. Corps varié de brun et de roux sur les bords ; corselet portant six crêtes saillantes longitudinales. C'est une des plus grandes espèces du pays. Les élytres sont moins larges que l'abdomen ; ils portent une tache brune à peu près carrée. La tète est couverte d "épines ; le corselet est plus large que la tête et plus étroit que le ventre. On trouve les individus appartenant à cette espèce réunis en grand nom- bre sous les écorces du bouleau. L'odeur qu'elle émet n'est pas désagréable 2. Acanthie du bouleau. A. beluloe. Entièrement brune: le troisième anneau HÉMIPTÈRES RHINOSTOMES. G. ACANTHIE. ioi5 des antennes à moitié blanc; le corselet ne porte que six crêtes peu sail- lantes. On la trouve aussi sous les écorces et quelquefois sous les champignon^ qui y poussent. 3. Acanthie bigarrée. A. varia. Semblable aux deux espèces précédentes; le corselet est brun, mais avec quatre crêtes rousses, ainsi que les trois de î'é- cusson. Le ventre est caréné comme une quille de vaisseau. 4. Acanthie grise. A. grisea. Toute grise; ventre pâle à points noirs, entou- rés chacun d'un petit cercle noir. 5. Acanthie plane. A. plana. Noire; à élytres blancs tachetés de noir; quatre . crêtes saillantes sur le corselet. On voit, sur la tête, dix épines qui semblent protéger la base des antennes. Elle paraît vivre sur le peuplier blanc. 6. Acanthie déprimée. A. depressa. Très-aplatie; brune ; quatre crêtes au cor- selet; élytres blanchâtres, avec un cercle élevé brun. Les cuisses testacées avec des anneaux bruns. 7. Acanthie très-mire. A. aterrima. D'un beau noir mat; abdomen terminé par cmq dents ; toutes les cuisses en massue. 8. Acanthie ferrugineuse. A. ferruginea. Ferrugineuse ou d'un rouge brun: ventre à deux rangs de pointes sous chaque anneau en dessous. 246. Genre LYGÉE. LYGEUS. (Fabricius.) Caractères : Corp., plus long que large, étroit, plat en des- sus, caréné en dessous; tête portée sur une sorte de cou; antennes en fil à articles ronds au nombre de quatre, al- longés ; pattes de la longueur du corps. Le nom de ce genre est a.ssez insignifiant, il donne même Heu à une idée fausse , car le mot grec Xuyaîoç, dont il est tiré, signifie triste, obscur, ténébreux; or la plupart de ces in- sectes ont des couleurs rouges, blanches et IOl6 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. noires très-prononcées parfaitement régulières; la plupart, d'ailleurs, sont très-actifs pendant le jour, et semblent même rechercher la chaleur du soleil, à laquelle ils aiment à s'ex- poser réunis en grand nombre. Les Lygées diffèrent des Podicères et des Corées,. parce que leurs antennes ne se terminent pas eu massue; on les distingue également des Scutellaires et des Pentatomes, parce qu'ils n'ont que quatre articles aux antennes et non cinq; des Acanthies, parce que ces mêmes organes sont beau- coup plus prolongés, et enfin des Gerres, dont les pattes .sont excessivement allongées. On trouve les Lygées sur les plantes, dont ils sucent la sève sous leurs trois états de transformation, et ils vivent le plus souvent en familles nombreuses. Voici les noms et les caractères de quelques-unes des es- pèces très-nombreuses qui ont été rapportées à ce genre ; nous les extrairons du Dictionnaire des sciences naturelles, vol. XXVII, p. 432, comme nous les y avons inscrites. 1. Lyçiée chevalier. Ltjgeus equestris. C'est la Punaise rouge à bandes noires, à élytres noirs et à taclies blanches de Geoffroy, n" \^, p. M2. Elle est rouge, à corselet noir, en avant et derrière; les élytres rouges, avec une bande transversale noire; les ailes noires ont des taches blanches; le ventre est rouge, avec quatre points noirs sur chaque anneau. Nous l'avons trouvée à Fontainebleau sur le dompte-venin {Asclepias vin- cetoxicon) . û. Lygée de lajusqxiiame. L. hyoncyami. Tacheté de noir et de rouge ; partie membraneuse des ailes noire et sans taches; écusson noir à pointe rouge. Cette Punaise est celle que Geoffroy a nommée à croix de chevalier, n" 12, p. 441. 3. Lygée aptère. L. aplerus. C'est la Punaise rouge des jardins, que Geoffroy a décrite, n°lS, et fig., pi. ix, n° 4. Il est rouge, tacheté de noir; la tète, les antennes, les pattes et l'écus- HEMIPTEUES HHINOSTOMES. G. LYCEE. lOIJ son sont noirs; le corselet, rouge dans tout son pourtour, est noir au mi- lieu. Les élytres, quand ils existent, sont rouges, avec une grande tache et un point noirs. Cette espèce vit par tas dans les jardins et au pied des murailles; le plus souvent elle n'a pas d'ailes : cependant quelques individus en ont. Elle ne porte pas d'odeur. 4. Lygée du pin. L. pini. C'est la Punaise grise porte-croix, n" "28, Geoffroy. Elle est noire, la pointe du corselet et les élytres sont gris, avec une tache noire en rhombe; les pattes antérieures sont brunes. o. Lygée du noisetier. L. conjli. C'est la Punaise verte porte-cœur, n° 34, Geoffroy. Elle est verte : on voit sur l'écusson une tache d'un jaune vert, qui a la forme d'un cœur; les antennes et les pattes sont jaunes. 6. Lygée des prés. L. pratensis. C'est la Punaise gris fauve, Geoffroy, n" 33. Jaunâtre; élytres verts, avec un point brun à leur extrémité; l'écusson porte aussi une tache cordi forme jaune, bordée de noir. On la trouve dans les prairies. On a recueilli plus de cinquante espèces de ce genre dans les environs de Paris. 247. Genbe. GERRE. GERBES ou GERRIS. (Fabricius.) Caractères : Hémiptères à élytres demi-coriaces, croisés ; ii antennes longues, en fil, de quatre articles ; pattes trcs-lon- gues, surtout les postérieures. Ce nom de Gerris, qu'on trouve dans Pline et dans Martial , était donné à des crustacés voisins des crevettes de mer. Fabricius l'a (3ris au hasard pour réunir beaucoup d'espèces maintenant réparties dans plusieurs autres genres. C'est La- 128 IOl8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. treille qui a restreint cette dénomination en l'appliquant éga- lement à d'autres espèces. La méthode que nous avons em- ployée nous a obligé d'en séparer les Hydromètres et les Ploières qui sont pour nous des Zoadelges ou Sanguisuges, parce qu'elles ont les antennes terminées par un article en soie. Nous en avons aussi distingué les Podicères, dont les antennes en masse allongées et coudées, servent à l'insecte comme des pattes. Ces particularités sufïisent donc pour former un genre distinct dans la famille des Rhinostomes, car les Pentatomes et les Scutellaires ont les antennes composées de cinq arti- cles en fil, et il n'y a ici que qualité articles, comme chez les Acanthies et les Lygées ; mais dans ces deux derniers genres, les pattes sont au plus de la longueur du corps; tandis que dans les Gerres elles sont très-longues. Enfin, la forme du dernier article des antennes (jui n'est pas en masse, les distingue au premier aperçu d'avec les Po- dicères et les Corées où se remarque cette disposition par- ticulière. Nos (jerres correspondent donc aux premières espèces d'Hydromètresdans la nomenclature de Fabricius. Ils vivent sous leurs trois états successifs à la surface des eaux, où on les voit courir et sauter rapidement par bonds en parcourant de petits espaces à peu près égaux d'où le nom d'Hydro- mètres; leur cor|)s semble être huilé, ce qui les empêche de se mouiller. I . Gerre des lacs. Gerirs lacuslris. C'est la Punaise nayade de Geoffroy, n" .^ii), p. m3. D'un noir fauve en dessus, et couvert d'un glauque blanchâtre et huileux HEMIPTERES KHINOSTOMES. G. GERRK. lolq «n dessous. On voit trois lignes saillantes sur le corselet; les pattes anté- rieures sont très-courtes et les autres fort longues. Ses antennes sont noires, de la longueur de la moitié du corps, qui est li- néaire; les yeux sont gros et saillants ;'on trouve fréquemment le mâle, qui est grêle, monté sur le corps de la femelle et on ne les distingue qu'au mo- ment où on les sépare. Geoffroy a remarqué que l'accouplement a souvent lieu avant que les ailes se soient développées. Cet accouplement semble durer fort longtemps. On a cru depuis que ce fait se rapportait à une autre espèce. 2. Gerre des marais. G. paludum. Il ressemble beaucoup au précédent, mais il est plus court; le dessous est d'un blanc plus argenté, et les bords du ventre sont d'un jaune rouillé. On le voit souvent sur les feuilles des plantes naïades, les potamogétons, les nénuphars dans les eaux tranquilles. 3. Gerre des fossés. G. fossularum. Cette espèce, ([ui a le corps assez court et noir, est remarquable par les points matset saillants, qui sont parsemés sur le corselet et les élytres. 4. Gerre des ruisseaux. G. rivulorutn. Il ressemble aussi au précédent, dont il diffère parce que le dessus du corps est fauve. Toutes ces espèces se rencontrent sur les eaux tranquilles et non stag- nantes des environs de Paris. Elles restent constamment à la surface de l'eau. Elles ont beaucoup de rapports avec les Hydromètres, dont les an- tennes se terminent par une soie, et avec les Hydrocorés, dont les tarses sont propres à la natation. lOaO KNTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 248. Genke PODICÈRE. PODICERUS. (Duméril.) Cakactère essentiel : Hémiptères rhiiiostomes dont les an- tennes, excessivement longues, sont terminées en masse, et dont le corps est Ires-étroit et allongé. C'est de cette particularité dans la dis- position des antennes que nous avons emprunté le nom du genre, tiré de deux mots grecs, dont l'un, tîoùç-tcû^oç, signifie patte,etrautre,K.épaç, correspond à corne, antenne. Des quatre articles qui forment cette antenne, les trois premiers, par leur longueur et la manière dont ils '2-0 à.1^ ' ^'^^'''^'^^ s'articulent et secoudent, simulent, jus- qu'à un certain point, les trois premières portions delà patte, et le quatrième, plus court et un peu en masse, imite au pre- mier aspect une sorte detarse. Les trois paires de pattes de ces insectes, et surtout les deux postérieures, sont très-allongées. Les Podicères, que nous avons le premier, et avant La- treille, désignés sous ce nom, comme on peut le voir dans la Zoologie analytique, ont été rapportés par cet auteur à son genre ISéide, et par Fabricius à celui des Bérytes . Les deux espèces principales sont les suivantes : A f'.fov.Çn^iv^ 1- Podicère vulgaire. Podicerus tipularius. D'un gris blanchâtre ; cuisses ren- ^ fiées dans leur articulation jambière; les antennes plus longues que les pattes. • - •* f^ ' I-UM 2_ Podicère annelé. P. annulatm. Il est gris aussi , mais il y a sur les pattes des anneaux plus foncés, surtout aux cuisses. Le corps est généralement plus gros : ce n'est peut-être qu'une variété de sexe. On trouve ces insectes sur des murailles humides, et ils paraissent éviter le grand jour. Ils ressemblent beaucoup aux Ploières de la famille sui- vante, celle des Zoadelges. HEMIPTERRS ZOAHELGES OU SANOUISUGES. J02I Quarantième famille : les ZOADFXGES ou SA>T.UlSU(iES. C'est ainsi que nous avons«désigné cette famille, dont les ailes supérieures ou les élytres, ordinairement coriaces et croisées l'une sur l'autre, sont aussi larges que le ventre, et dont les antennes, longues, sont en soie ou terminées pardes articles allant en diminuant de grosseur. Le nom, emprunté des mots grecs (^ôiov, animal, et àOc'Xyw, je suce, dénote les mœurs ou les habitudes de ces insectes, car toutes les espèces de cette famille se nourrissent princi- palement des humeurs des animaux, dont elles piquent les téguments pour en sucer le sang; particularité de mœurs que nous avons cherché à indiquer aussi par des synonymes tirés du latin, Sanguisuges ou suce-sang. Les Zoadelges se distinguent des cinq autres familles du même ordre, d'abord, par la consistance des ailes supérieu- res, qui sont à demi coriaces ou plus épaisses en partie et croisées dans l'état de repos; puis d'un grand nombre d'au- tres genres d'Hémiptères, dont les ailes sont d'égale consis- tance, ou homoptères et non croisées : tels sont les Colliros- tres (Cigales, Fulgores, Membraces, etc., etc.), et les Phyta- delges, comme les Pucerons. Ensuite, leurs élytres larges, ainsi que l'abdomen, les séparent de la famille des Vési- tarses ou Physapodes, tels que les Thrips, qui ont le ventre et les élytres prolongés et linéaires. Enfin, leurs longues an- tennes les éloignent des Hydrocorés ou des Punaises aqua- tiques, dont les antennes sont très-courtes, semblables à un petit poil, et dont les pattes, aplaties en nageoires bordées de cils roides, font l'office de rames. C'est ainsi, en effet, I022 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. que sont orgawisés les Sigares, Naucores, Notonectes, Né- pes, Ranatres. Il est fort remarquable que, parmi toutes les espèces d'insectes hémiptères, ce soient celles à autennes ter- minées par une soie plus mince, qui se nourrissent des hu- meurs des animaux, tandis que les Hémiptères de ce groupe à antennes en fil ou terminées par des articles plus gros ou en masse sucent principalement les végétaux. Ces mêmes antennes, prolongées en soie fine, séparent les Zoadelges de la famille précédente, celle des Rhinostomes dont le bec est aussi un prolongement du front, mais dont les antennes ne sont pas plus minces à leur extrémité libre, et qui, pour la plupart, se nourrissent exclusivement de la sève des végétaux. En résumé, les Zoadelges ont les élytres croisés, à demi coriaces, quand ils en ont, car la Punaise des lits et quelques autres restent aptères ; leur bec paraît aussi être un pro- longement du front, mais ce sont surtout les antennes qui les caractérisent. Elles sont longues, terminées par un article plus grêle, et leurs pattes sont à tarses plats, nnguiculés et propres à la marche. La forme du corps et le mode d'inser- tion du bec ont servi à caractériser les genres principaux, comme on le verra dans le tableau synoptique que nous avons publié sous le n" i65 delà Zoologie analytique, et reproduit ici. Nous indiquerons dans chacun des genres les subdivisions principales que les auteurs ont depuis proposé d'y établir. HKIMll>TÈUES ZOADELGES OU SANGUISL'GES. 10^3 1 Famille des ZOADELGES (1) ou SANGUISUGES. Caiuctéres : Hémiptères à bec paraissant naître du front ,- à antennes longues. terminées par un article plus grêle; pattes propres à la marche. 1 1 des ailes. . . . i Ploieke. arqué et à corps) 1 pas d'ailes.. 5 IIydrométre. ." Redlve / 1 épais, caréné 1 MmiDE. ' ! plié el à corps 1 mince, plat en dessous. i Punaise. (1) Ue Ç(T«, (les animaux, et de àôéÀyoj, je suce Cette famille, comme on le voit, ne réunit ici que cinq ij,enres. La forme du corps et le mode d'insertion du rostre ont servi principalement à caractériser ces genres, qui ont été subdivisés en plusieurs autres. Dans les Mirides et les Punaises, auxquelles nous conser- vons ce dernier nom, le bec paraît comme coudé et plié sous la tête dans l'état de repos, tandis que cette sorte de trompe forme une courbe ou un arc au-devant de la tête dans les trois autres genres. Latreille n'a point adopté cette famille dans le troi- sième volume du Règne animal de Cuvier, où il a fait con- naître sa classification des insectes. Il y partage ces Hétérop- tères, comme il les nomme, en deux familles, les Géocorises ou Punaises terrestres, et les Hydrocorises, qui sont nos Hydrocorés ou Punaises a(|uatiques. Il divise ensuite les Géocorises en cincj tribus, comme nous l'avons dit plus haut en parlant de la première famille, celle que nous nommons la famille des Rhinostomes ou Frontirostres. [024 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. -249. Genre MIRIDE. MFRIS. (Fabricius.) Caractères : Hémiptères à élytres croisés, à demi transpa- rents; ahec paraissant naître du front, et dont les antennes, longues, sont terminées par un article plus grêle on en soie. L'étyniologie de ce nom est obscure ; ce- pendant ce genre est assez facile à distin- guer. Le corps est allongé , la tête est engagée dans le prothorax, les pattes ont des tarses propres à la marche. Les seules Punaisés des^ lits, dont le corps est plus plat, ovale et plus large, ont, comme elles, le rostre plié sous le cou, arqué et non coudé à la base, mais de plus, chez les Mirides, la région inférieure du corps et surtout de l'abdomen est ca- rénée entre les pattes. On trouve les Mirides sur les feuilles ; elles y courent rapi- dement pour poursuivre avec activité les insectes dont le corps est mou, en particulier les Pucerons et les petites Che- nilles, ainsi que les larves qu'elles sucent sans les mutiler. On les rencontre sous leurs trois états, mais quelquefois, leur couleur ou la forme de leurs taches changent à chaque mue. Il y a des femelles qui semblent privées d'ailes. La plupart portent une odeur forte, lorsqu'on les saisit, mais qui disparaît très-promptement, et même souvent elle n'est pas désagréable. r^es principales espèces de ce genre sont les suivantes : h. Miride lissée. Mirts lœi'iyatu.';. EWe csi d'un vert pâle; fort allongée, avec les flancs et le bord des élytres plus pâles. HEMIPTERES ZOADELGES. G. MIRIDE. 102'^ Très-commune dans les prairies. ■2. Miride des pâturages. M. pabulhiiis. Toute verte, avec les ailes transpa- rentes. On a rangé cette espèce et celles du même genre sous le nom de Phylo- coris, quoiqu'elles soient réellement Zoadelges, comme nous l'avons cons- taté. A. Miride rerdâtre. M. virens. Elle est verdâtre, avec les tarses roux, ainsi que l'extrémité des antennes. h. Miride féroce. M. jerox. Elle est toute grise et sans taches. On l'a rangée près des Réduves, sous le nom générique de Nabis, parce que le corselet ne porte pas une ligne enfoncée en travers. 3. Miride striée. M.siriatus. Noire; à stries longitudinales noires et brunes sur les élytres ; à pattes rousses. C'est la Punaise rayée de jaune et de noir de Geoffroy, n° 38. (j. Miride tyran. M. tyranmts. Noire, avec les cuisses et le bec rouge. C'est le Capsus ater de Fabricius. 7. Miride cou-jaurip. M.flavicollis. D'un noir brun; les pattes rousses annelées de brun. Nous l'avons fait figurer d'après le dessin que nous avions donné dans le Dictionnaire des sciences naturelles, pi. 37, n" 1. C'est un Capsus de Fabricius. 8. Miride spissicorne. M. spissicornis . Noire, avec une teinte bronzée ; pattes d'un vert pâle ; les antennes, larges et épaisses à la base, sont terminées par des articles en soie. C'est la Punaise que Geoffroy a fait connaître sous le n" 54. Latreille l'a rangée dans le genre qu'il a établi sous le nom d'Hétérotome. 250. Genre PUNAISE. CIMEX. (Linné.) Caractères : Hémiptères à antennesterminées en soie; à corps très-plat., large, arrondi., sans ailes; pattes propres à la' marche. Le nom de Punaise, en français, vient proba- blement des mots latins putere naso, puer au nez. Quant à celui de Cimex, il se trouve dans lOaC ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. plusieurs auteurs anciens, comme on le voit par ce vers de Martial : Nec toga, nec focus est, me (otus ciinice lecliis. Linné, en prenant cette dénomination pour un genre, y avait compris trois de nos familles, celles des Rhinostorues, des Zoadelges et des Hydrocorées. On a depuis divisé le genre linnéen dans un grand nombre d'autres genres, et la Punaise des lits, à force de séparations, s'est trouvée seule former un genre tout à fait séparé, dans lequel an n'a même pas distingué les espèces, telles que celles qu'on a obser- vées dans les nids des Perdrix, des Pigeons, des Hirondelles et dans les poulaillers, car il ne nous est pas démontré que ces insectes soient absolument de la même race, quoiqu'ils se ressemblent par les mœurs nocturnes et par la couleur d'un brun ferrugineux. Cet insecte, qui vit en parasite dans nos demeures, n'est que trop connu; il fuit la lumière. L'excessif aplatissement de son corps, qui a passé en proverbe, lui permet de se re- tirer dans les plus petites fentes ou les rainures de nos boi- series et de nos ameublements, où il vit en famille et propage sa race. Nous avons même trouvé sous les ongles des gros orteils de cadavres provenant de nos hôpitaux, dans les laboratoires d'anatomie, une série d'œufs que ces indi- vidus auraient pu ainsi transporter dans leurs habitations. Les Punaises sont lucifuges; elles sucent le sangde l'homme et des animaux pendant la nuit. Leur piqûre produit, chez quelques personnes, des gonflements inflammatoires, qui aug- mentent par les frictions, à cause des démangeaisons qu'elles HEMIPTEUES Z.OADKLOES. G. PUNAISE. occasionnent. Elles sont la proie des Réduves et des Ploieras, de la même famille, qui les sucent et les détruisent. ' r/instinct de ces insectes est très-remarquable ])our par- venir vers l'homme endormi ; car, en montant verticalement le loiii; des murs, ils se dirigent ensuite au-dessus des lits .sur lesquels ils se précipitent. Ces animaux sont aussi fort connus par l'odeur infecte qu'ils répandent dans le danger ou lors- qu'on les écrase. Quoique cette odeur soit très-fugace, elle s'attache à tous les corps; elle provient d'une humeur vo- latile qu'on n'a point encore examinée par les procédés chi- miijues. L'insecte s'engourdit par le froid et redevient très- actif pendant la saison la plus chaude de l'année. r>a plupart des prétendus remèdes cimicifuges sont des poisons ou des liquides qui doivent être dirigés par la ven- tilation sur l'insecte même, tels que les poudres de sublimé, de soufre et de certaines plantes, comme on le dit d'une sorte de pyrètre, ce qui est d'ailleurs assez difficile à exé- cuter. Une exacte recherche de propreté, le calfeutrage complet des enfoncements de nos boiseries; l'emploi des solutions alcooliques du snblime corrosif, de papiers vernis sur les- quels leurs pattes ne peuvent s'accrocher, ou de claies d'osier que l'on secoue tous les jours et qu'on lave de temps en temps, paraissent être les meilleurs moyens de s'en dé- barrasser. Punaise des lits. Cimex lectularius. C'est la seule espèce rapportée à ce genre. Beaucoup d'auteurs l'ont placée dans le genre des Acanthies. I2y. lOaS ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 2ol. Genre RÉDUVE. REDUVIUS. (Fabricius.) Caractères : Hémiptères a ailes croisées ; a antennes Ioniques en soie, de quatre articles, séparées à leur insertion par un bec arqué, naissant du front ; tête dégagée, comme portée sur un cou; yeux globuleux, saillants; corps plat , large en dessus, caréné en dessous. Ce nom de Piéduve provient d'une particula- rité qni consiste en ce que les larves de plusieurs espèces, et même leurs nymphes, se masquent et déguisent leur existence, sous des corps étran- p'gers, des restes de corps organisés du mot latin Reduviœ, qu'elles collent, en les faisant adhérer à leur sur- face, et dont ces insectes se recouvrent. Il est facile de distinguer ce genre ])armi les quatre autres qui se rapportent à cette famille des Zoadelges : D'abord, des Punaises des Lits et des Mirides, dont le bec, ou le rostre, est coudé et plié, retenu entre les pattes dans l'état de repos; ensuite, les lléduves ont, il est vrai, la tête portée sur une sorte de cou rétréci, ainsi que les Ploières et les Hydromètres, à bec arqué, non coudé, mais ces deux derniers genres ont le corps allongé, étroit, presque li- néaire, ou dix fois plus long qu'il n'est large. Ces caractères sont, comme on le voit, tout à fait essentiels et distinctifs. Ce genre comprend un très-grand nombre d'espèces, sur- tout parmi celles des pays chauds, puisque Fabricius y en a rapporté soixante-douze et de plus quarante à un autre genre, qu'il nomme Zélus. Parmi les espèces de France, nous citerons les cinq suivantes : HÉMIPTÈRES ZOADELGES. G. UÉdUVE. | oaij i . Réduve masqué. lieduvius personatus. C'est la Punaise-Mouche décrite ()ar Geoffroy, n» -l. Elle est noire, velue ; ses ailes sont noires et à peu près de uiènie consis- tance à la base. Cette espèce se trouve souvent le soir dans nos demeures, où elle est at- tirée dans les temps les plus chauds par la lumière, mais elle est nocturne. Il faut la saisir avec précaution; elle ne porte pas d'odeur; ni/iis eu se défendant, elle pique vivement avec son liée et cette piqiire est très-doulou- reuse, même plus que celle des abeilles. Il est probable que ce Réduve in- sère, en les blessant, un venin destiné à paralyser les insectes qu'il suce pour s'en nourrir. On sait, en effet, que sous les trois étals de larve, de nymphe agile et de perfection, il est constamment à la recherche des insectes, sur- tout des araignées et des punaises de lit, qu'il nous rend le service de dé- truire. Sous la forme de larve et de nymphe, le Réduve emploie la ruse pour se procurer plus facilement sa nourriture. Peu agile alors, et lenl dans ses mouvements, il marche dans tous les sens à la manière des Cra- bes ; mais, comme nous l'avons dit, il est couvert d'ordures, de poussière, de poils, de débris de laine et autres matières qu'il rassemble de toutes parts, ce qui le rend tout à fait méconnaissable, sous ce déguisement. C'est tantôt de la farine, du plâtre, de la poussière de bois vermoulu, des fils d'araignée, qui servent à son travestissement, ce qui augmente quelquefois son volume de près des deux tiers. Il chemine alors par soubresauts ou à certains intervalles ; puis il s'arrête , reste immobile ou s'avance d'une ma- nière ambiguë vers les insectes qu'il a trompés sous ce déguisement. Ce- pendant il n'emploie ces moyens que pendant une époque de sa vie, car lorsqu'il a pris des ailes et qu'il peut échapper aux dangers et subvenir fa- cilement à tous ses besoins , il quitte le. froc et cesse son niîinége; il est alors dépouillé de ces ordures qui embarrasseraient son vol et qui lui de- viennent désormais inutiles. Lorsqu'on saisit l'insecte à cette époque où il peut propager sa race, il produit un son très-distinct paraissant provenir du mouvement alternatif qu'il imprime à son corselet qui vibre sur la base de son abdomen. 2'. Le Réduve annelé. R. anmdatus. Il est noir, mais avec les pattes et l'abdo- men d'un rouge varié et tachetés de noir. Geoffroy l'a décrit sous le n" 5. On l'a rangé dans un genre auquel on a donné le nom d'Harpactor. On trouve principalement cette espèce dans le;- lo3o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. bois et sur le tronc des arbres morts. Sa larve, que nous avons observée plu- sieurs fois, est le plus souvent couverte de poussière de bois vermoulu. 3. Réduve stridulent. IL striduhis. Il est noir, à élytres rouges, avec des taches noires comme veloutées près du bord interne. Les bords de l'abdomen sont gris, avec des points noirs. Nous l'avons trouvé sous des pierres sèches exposées au grand soleil. 4. Réduve gouttelette. R. guttula. Il est noir lisse; ses élytres et ses pattes sont rouges; il y a sur l'aile un point blanc, ce qui lui a fait donner le nom qu'il porte. 3. Rédvve aptère. R. aptervs. Il est gris ; son ventre est noir, avec des taches rouges sur les bords. Les auteurs ont rapporté cet insecte au genre Nabis de Latreille. 252. Gknke PLOIÈRE. PLOIERA ou PWf ARIA. [ScofoM.) Cakactères : Hémiptères à ailes croisées; dont les antennes sont excessivement longues, quoique formées de quatre ar- ticles en forme de pattes , mais terminées cependant par une soie; bec paraissant naître du front. Ce genre a été établi par Scopoli, qui pa- raît avoir tiré son nom du mot grec xî^oiàpiov , qui signifie un petit bateau , facile à sub- merger, navicula. Les Ploières ressemblent aux Gerres et aux Podicères, de la famille précédente, ^(1 ^,celle des Rhinostonies, mais le premier de ces genres a les antennes en fil et le second en masse allon- gée; tandis qu'ici elles se terminent en soie. Leui's mœurs sont d'ailleurs carnassières. Elles diffèrent des Punaises et des Hydromètres, qui sont toujours privés d'ailes, surtout des premières qui ont le corps court et très-plat, et des HEMIPTERES ZOADELGES. G. HYDROMETRE. Ion espèces du second <>enre dont la tête et le corselet sont très- piolongés; ensuite des Miiides et des Réduves, dont le corps n'est pas linéaire. Les insectes de ce genre sont peu connus. On les a con- fondus avec les Gerres, et surtout avec la Punaise culici- torniede Geoffroy, ils sont nocturnes. Nous en avons trouvé en Espagne et à Paris, dans les lieux humides, fixés sur les pierres et sur les nuuailles, où ils paraissent attendre les Cousins et les Tij)ides dont ils se nourrissent. Ils semblent aussi être doués de la faculté de marcher eu tout sens, comme les larves et les nymphes des Réduves. Nous croyons qu'on a confondu sous le nom de Ploière vulgaire plusieurs espèces. M. Spinola en a décrit une, comme formant un genre, nommé par lui Eraésodème. 253. Ge.nbe hydromètre. HYDROMETHA. (Latreille.) Caractères : Hémiptères à bec paraissant naître du front; à antennes terminées en soie, composées de petits articles ait nombre de quatre ; tête formant presque le tiers de la longueur du corps ; à pattes longues, dont les tarses nont que trois articles . Le nom, tiré du grec, quon aurait dû ter- miner en neutre, est composé des deux mots (iâwf, eau, et de jxsTpov, mesure. 11 signifierait me- sureur d'eau, au lieu que le nom à' Hjdrometra signifie hydropisie de matrice, car c'est ainsi qu'on désigne cette maladie en médecine. Il a ppliqué à un genre de Punaises aquatiques excessive- loSa ENTOMOI.OGIE ANALYTIQUE. ment allongées, qui vivent principalement sur les bords hu- mides des étangs où elles courent très-vite à la surface de l'eau pour y attaquer et venir sucer les Podures et autres petits insectes. Le type de ce genre est la Punaise aiguille, n" 60 de Geoffroy. En France, nous ne connaissons qu'une espèce dont le corps est linéaire, et dont la tête est très-longue, portant au milieu deux yeux globuleux, c'est : Hydromètre rfe.s élanga. Hydromelra stagnorum. Elle a cinq à six millimètres de long ; tout à fait noire, cependant avec les antennes et les pattes un peu moins foncées. Elle est lente dansses mouvements et ne se remue pas beaucoup au moins lorsqu'on la saisit; elle semble même se paralyser volontairement. Ce genre forme évidemment le passage à la famille sui- vante, celle des Hydrocorés; il se rapproche aussi beaucoup de quelques espèces aquatiques du genre Gerre. HÉMIPTÈRES HYOKOCORES OU REMITARSES. lo33 Quarante et tmème famh.le: les HYDROCORÉS ou REMITARSES. Caractères : Hémiptcres a élytrcs (lemi-coiiaces, croisés; à antennes en soie; à bec paraissant naître du front ; à pattes propres h nager. Ce nom, que nous avons le premier employé pour indi- quer cette famille, la même que Latreille a depuis désignée sous celui d'Hydrocorises ou Punaises d'eau, est tiré des deux mots u^wp et xo'pt;, et nous lui avions donné pour syno- nyme Rémitarses, qui exprime l'usage des tarses d'après leurs formes aplaties et ciliées, servant de rames à ces insectes qui nagent entre deux eaux. Ces caractères suffisent pour faire distinguer les Hydro- corés de tous les autres Hémiptères. Ainsi, les élytres à demi coriaces les éloignent des genres voisins, des Pucerons et des Cigales ou de ceux que nous avons appelés Phytadelges et Auchénorhyn(pies; les antennes courtes des Physapodes comme les Tluij)s; des Rhinostomes comme les Pentatomes, les Scutellaires, les Corées et autres; enfin des Zoadelges, comme les Réduves et les vraies Punaises sanguisuges. Ces insectes, ainsi rapprochés sous un nom de famille ' commun, correspondent aux genres Nèpe et Notonecte ou Punaises à avirons de la plupart des auteurs, [.eurs antennes sont, en général, beaucoup plus courtes que la tête; leurs yeux sont grands; leur bec court, fort et robuste, à pointe très-acérée, produit une doideur très-vive lorsqu'il pique la peau. Toutes les espèces connues sont carnassières ou sucent les animaux aquatitpies, comme les Zoadelges de la famille i3o Io34 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. pi'écédente. Le plus souvent ils saisissent les petits insectes avec les pattes de devant, qui sont terminées en pinces ou en crochets. Ils varient beaucoup pour la forme, quoique leurs mœurs et leurs habitudes aient quelques rapports. Cinq genres principaux composent pour nous cette famille. Dans deux de ces genres, l'abdomen se termine par une sorte de pondoir ou de tarière proéminente qui paraît servir en même temps d'oviducte et d'organe respiratoire et cons- titue une sorte de queue. Ils introduisent leurs œufs dans les tiges des végétaux aquatiques; ces œufs sont terminés en de- hors par deux ou plusieurs pointes qui restent en dehors, ce qui leiu- donne une certaine ressemblance avec les semences de quelques Synanthérées comme celles du Bi-dens (i). Tels sont les Ranatres et les Nèpes qui diffèrent entre eux par la disposition de leur bec ou rostre. Dans les autres genres, le ventre n'est pas terminé par une queue allongée; mais dans les Notonectes, les tarses anté- rieurs sont semblables à ceux des autres pattes. Dans les Co- rjses, au contraire, ils forment une sorte de pince d'écrevisse ou de tenailles, et dans les Naueores , ils sont terminés par des crochets acérés comme dans les Mantes, les INèpes et les Ranatres. ( I ) D'après une ol>servation de M. Viiiet d'Aoust, imprimée dans les Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, t. XLV^ n° 21, p. 865 de l'année 1857;, et reproduite dans un Mémoire de M. Guérin-Meneville, même année, p. 962, on recueille au Mexique les œufs de trois espèces d'insectes de cette famille, pour en faire une sorte de pain ou de gâteau. On récolte ces œufs en grande quantité; ils servent d'aliments aux Indiens et on les vend par bois- seaux sous le nom d'Haoulte : c'est une sorte de friandise. HÉMIPTÈRES HYOnOCORÉS, OU REMITARSES. lo35 Le tableau synoptique que nous avons extrait de notre ouvrage qui a pour t'itve Zoo/ogie ana/ytùjue, n° 166, p. a63, donne, an premier aperçu, une idée générale des caractères des genres principaux (pie l'on a subdivisés depuis, comme nous le dirons eu les comparant et en les opposant les uns aux autres. FAMH-Lt . = DES HVDROCORÉS (1) ou RKMITARSES. Caractères opaques : Hémiptères frontirostres et séiicornes; à ilyfres à demi coriaces ou\ et dont les tarses sotit aplatis^ b rdés de cils et en forme de rames. A VENTRE lermiiic |ni sanslilclso ■ une qtieue ou filets : Ijcc arquC-. simples iqueue; à larses antérieurs armés 1 £ 1 i 1 , sans crochels. d'un crocliet.. (l'une pince... (1) Deû owp, eau. et de y.opiç, punaise. i3o. io36 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 254. Genre RANATRE. RANATRA. (Fabriciiis.) Caractères : Hémiptères à éljtres croisés, à demi opaques ; à bec court paraissant naître du front; antennes en soie, à peine delà longueur de la tête; a pattes moyennes et postérieures propres à ramer ou à faire l'office de rames, et à tarses très-courts. Le nom de ce geiire paraît être dé- rivé fie celui de Rana. Ces insectes sont faciles à reconnaître par l'ex- trême allongement de leur corps qui est presque linéaire, par les pattes antérieures courbées en crochet et servant de pinces préhensiles, surtout par les filets allongés qui terminent lio„w=^fe- Ûv-^t j-^^ l'abdomen dans les deux sexes, et qui servent pour la respiration et d'oviducte pour la jjonte. A l'aide de l'analyse, il est facile de séparer le genre Ra- natre des quatre autres de la même famille, comme nous l'avons fait voir par le tableau synoptique. On trouve ces insectes au fond des eaux lentes dans leur cours et qui sont vaseuses; ils y marchent lourdement ou avec lenteur. On les aperçoit rarement nager au milieu du courant; cependant, quand ils ont subi leur métamorphose, on les voit sortir de l'eau vers le soir et c'est ainsi qu'ils pro- pagent leur race dans les grandes mares qui n'ont aucune communication avec les eaux courantes. On est étonné, quand on les prend au vol , de distinguer des coulein^s assez HÉMIPTKRES HYDROCORES, OU REMITARSES. I0J7 vives, qui sont d'un rouge glau(jue et comme huileux dans la région supérieure de leur ventre, car leurs élytres sont ternes et le plus souvent salis j)ar la vase qui semble y adhérer. Leurs pattes antérieures sont trè^-distantes des autres, qui sont fort longues et dont les articulations sur le tronc sont fort rapprochées entre elles et d'égale longueur, avec les jambes frangées et les tarses munis de deux ongles crochus. IjCS pattes de devant ont les hanches grêles et longues; les cuisses portent, sur leur milieu, une échancrui-e peu pro- fonde dans laquelle est reçue l'extrémité de la jambe, munie de son crochet tarsien, qui se recourbe et s'y trouve retenu par une petite avance sous forme d'épine solide. Il paraît que les femelles, comme celles desNèpes, déposent ou introduisent leurs œufs dans les tiges des Massettes, des Carex et autres plantes aquatiques dont l'écorce est tendre et située sous l'eau. Ces œufs sont apparents, ou sont indi- qués en dehors des tiges par deux filaments; Geoffroy les a fait figurer pi. x du t. P"". Nous ne connaissons qu'une espèce en France; c'est le Scorpion aquatique à corps allongé de Geoffroy; ou la Hanatre linéaire. Ranaira linearis. Son corps est fort long et très-étroit, d'un jaune sale; les filets qui terminent Pabdomen ont souvent près de la moitié de la longueur totale du corps. Io38 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 255. Genbe NÈPE. NEPJ. (Linné.) Caractères : Hémiptères à élytres croisés, à demi coriaces, à corps aplati, large, ovale ; à corselet carré ; à tête et abdomen sessiles ; les antennes trcs-cuartes en soie; les pattes antérieures munies d'un ongle mobile, en crochets ; l'abdomen terminé par des filets réunis, servant de tuyau pour l'acte respiratoire. Le nom de Nepa est tout à fait latin ; il était employé comme synonyme de Scorpion ; mais, par une erreur typographique, on trouve ce mot dans l'ouvrage de Geoffroy imprimé ainsi, Hepa, la lettre H ayant été substituée à N. Les Nèpes sont des insectes aquatiques ; on les trouve au fond des mares et des eaux stagnantes non salées. Ils sont souvent cou- verts de débris de végétaux et de limon, ce qui ne permet pas de les distinguer au premier aperçu. Ils ne se nour- rissent que de larves d'Ephémères et de Cousins ou autres insectes mous. Ils introduisent leurs œufs dans les tiges des végétaux , comme les Ranatres; mais leurs œufs ont des appendices extérieurs plus nombreux, ou des pointes plus multipliées, car elles atteignent quelquefois à sept ou huit divisions. Les Nèpes diffèrent des JNaucores, des Notonectes et des Corises, parce que l'abdomen de ceux-ci n'est pas terminé par de longs filets; on les distingue aussi des Ranatres, parce que leur bec, ou rostre , n'est pas avancé comme chez ces derniers, mais courbé en dessous ou arqué. HÉMIPTÙUES HYDROCOnÉS. G. NAUCORli. lOOÇ) On a observé des espèces de ce genre dans les quatre par- ties du monde : la plus grande provient d'Amérique; une autre, rapportée de Coromandel, porte ses œufs sur le dos, comme le font les Pipas ou Astérodactyles. Celle que nous trouvons le plus communément aux envi- rons de Paris est la ^épe cendrée. Nepa einerea. Elle a le corps ovak , très-déprimé ; au dehors l'insecte est d'un gris sale; l'abdomen est, de môme que dans les Ranatres, d'une couleur rouge glauque. Geoffroy l'a fait connaître comme une punaise, sous le n" 2, ayant le corps ovale. 256. Gexre NAUCORE. NAVCORIS. (Geoffroy.) Caractères : Hémiptères hailes crouées; à corps aplati et dont la tête est de la largeur du corselet ; pattes antérieures ter- minées par un simple crocJ/et ; pas de filets à l'extrémité du ventre. i Cette dénomination de Naucore provient de deux mots grecs, dont l'un, vaOç, signifie une barque, et l'autre, /.opt;, une Punaise, punaise-bateau. ,^ f . JLes caractères que nous venons d'inscrire sont des particularités propres à faire distinguer les espèces (le ce genre de toutes celles de la même famille, qui ont, comme elles, les élytres à demi coriaces, un bec court et très- aigu, paraissant naître du front; les antennes en soie, à peine de la longueur de la tête, et les pattes propres à nager. L'absence des filets qui terminent l'abdomen des deux genres précédents Ranatres et Nèpes, les sépare de ceux-ci, eE le crochet constituant leur tarse antérieur les éloigne des No- I040 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. tonectes qui n'en ont pas, et des Corises ou Sigares chez lesquelles ce tarse forme la pince. Fabricins a adopté ce genre Naiicore, et il y a rapporté beaucoup d'espèces étrangères. Elles nagent avec vitesse et sortent le soir. Nous ne connaissons que deux espèces qui se rencontrent aux environs de Paris. Ce sont : 1. Naucore cimicoïde. Naucoris cimkoides. D'un jaune verdâtre et glauque ; tête et corselet ponctués de brun; ailes inférieures blanches, diaphanes. 2. Naucore tachetée. N. maculata. Semblable pour la couleur à la précédente, mais avec des taches brunes irrégulières. Fahricius a séparé de ce genre une espèce de la Caroline, qui a deux crochets aux tarses antérieurs, et il l'a désignée sous le nom générique de Galgulus, qui était le nom d'un oiseau, dans Pline. 257. Genbe NOTONECTE. NOTONECTA. (Linné.) (Caractères: Hémiptères à ailes croisées à demi coriaces; à antennes en soie très-courtes ; à bec court, paraissant naître du front; a corps allongé., convexe du coté du dos ; à écus- son long; tarses de deux articles; les pattes moyennes et postérieures aplaties, déprimées, ciliées sur leur bord. « Ce nom provient de deux mots grecs indiquant la manière de nager des espèces qui, dans l'eau, ] restent placées les pattes en haut et le dos en des- sous, lie vôjtoç, dos, et de vy)x.tôç, nageur dans une po- sition leiiversée, le ventre en dessus. cAAi-- cj<^^. HÉMIPTÈRES HYDROCORÉS. G. NOTONECTE. Io4l Ce genre se trouve ainsi différent de tous ceux de la même famille : d'abord des Ranatres et des Nèpes, qui ont le ventre terminé par une sorte de queue, canal qui sert à la respira- tion, tandis que l'abdomen est ici comme tronqué; ensuite, leurs tarses antérieurs, étant simples, les distinguent par cela même des INaucores, chez lesquels il y a un crochet re- courbé, et des Corises ou Sigares, qui les ont terminées en j)ince ou en tenaille. On en connaît aux environs de Paris trois espèces princi- pales, qui sont : 1. Notonecte glavqve. ?iotonccla glauia. C'est la grande Punaise à avirons de Geoffroy, n" 3. Elle est grise, à bords tachetés de hrun ; l'écusson est noirâtre. Tout le corps est recouvert d'une poussière glauque, qui ne s'imprègne pas d'eau. Cet insecte, à pattes postérieures très-longues, nage sur le dos avec rapi- dité au milieu des eaux. Quand on le saisit sans précaution, il pique forte- ment et fait ressentir une vive douleur. 2. Nolonecte fonrchue. N. fwrcata. Élytres noirs , ayant sur chacun deux ta- ches obliques, allongées, d'un jaune pâle. On trouve d'autres individus dont les élytres sont marqués de points bruns et quelques-uns, dont les ailes supérieures sont brunes avec une .*^ pointe rouillée. * 3. Noctonecle très-petite. N. minutissima. Élytres d'un blanc grisâtre, tron- qués; tête brune. C'est la petite Punaise à avirons de Geoffroy, n° 2. On l'a considérée comme le type d'un genre qu'on a nommé Plea ou Ploa; elle vit en très- grand nombre dans les mares. i3i 1042 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 238. Genbe CORISE. CORISA. (Geoffroy.) Caractères : Hémiptères à ailes demi-coriaces, croisées ; à antennes en soie, très-courtes et velues ; à tête grosse, large, transversale ; abdomen ovale sans filets ; tarses an- térieurs terminés par une sorte de pince ; les postérieurs sont aplatis et bordés de longs cils. Ce nom de Corise, qui a été imprimé par erreur sous le uoni de Corixa dans Geoffroy, vient évidem- ment du mot grec xopi;. Fabricius l'a changé sans motif, en l'appelant Sigara , dont l'étymologie ne nous est pas connue. F^es Corises ne nagent pas sur le dos, le corps renversé comme les Notonectes, l'insecte venant dans le repos s'ap- pliquer à la superficie de l'eau pour respirer l'air par la région postérieure de l'abdomen. Les tarses postérieurs sont élargis, allongés, frangés de poils roides. Les ailes servent au vol le soir, mais rarement. Les Corises se distinguent de toutes les espèces de l'ordre des Hémiptères par les caractères que nous allons rappeler. Elles ont quatre ailes croisées, dont les supérieures sont à demi coriaces; ce en quoi elles diffèrent des Cigales et des Pucerons, qui appartiennent à deux familles différentes. En- suite, elles ont des antennes en soie très-courtes, ce qui les éloigne de tous les insectes du même ordre, dont le bec pa- raît naître du fronts et qui ont les antennes allongées. Leur ventre n'est pas terminé par des filaments, comme dans les HEMIPTÈHES HYDKOCORÉS. C. CORISE. lO/JS Ranatres et les JNèpes, et leurs tarses antérieurs forment une sorte de pince. C'est là leur caractère essentiel. Ces insectes sont carnassiers et se nourrissent d'autres es- pèces qu'ils saisissent avec leurs pinces. Il parait 'e bec. Io48 KNTOMOLOGIE ANALYTIQUE. ' O 259. Gemee FLATE. FLATA. (P^abricius.) Caractères : Hémiptères coltirostres , à ailes de même con- iistance ; à antennes courtes, en soie, insérées sur le bord des yeux, qui sont petits et globuleux ; les ailes, dispo- sées en toit, plus longues que l'abdomen, le recouvrent comme chez quelques Pyrales, étant d'ailleurs coloriées et en quelque sorte dilatées ci la base. ^^ Nous ignorons d'où vient le nom de Flate, et ; si Fabricius a voulu le tirer du nom de Flatus, 1/^^ . , ^.' comme si l'insecte était boursouflé. Latreille l'a remplacé parle nom tiré du grec, ttohcîXoç, bizarre, varias, et de TCTepo'v, aile, Pœciloptère. Les Fiâtes ressemblent beaucoup aux Fulgores et ;iux Cer- copes; mais leurs antennes sont insérées non dans les yeux mêmes, comme chez les Delphaces, et leurs ailes sont pen- dantes et très-dilatées, ce qui les a fait même appeler des Plialénoides. La plupart des espèces sont étrangères. Fabricius en a fait connaître une cinquantaine, parmi lesquelles cinq ou six ont été trouvées en France; elles n'ont qu'une très-petite taille; telles sont : 1. Flate nerveuse. Flata nervosa. C'est une procigale de Geoffroy à ailes trans- parentes, t. I, p. 415. Le corps est brun; les ailes sont diaphanes avec des points sur toutes les nervures ; les supérieures sont larges et pendantes. 2. Flate des chardons. F. serratulx. Elle est jaune; ses pattes sont pâles; les élytres sont blanchâtres, avec un point et deux lignes noires. Il y a beaucoup de très-petites espèces, dont le corps n'a que deux ou trois millimètres de longueur. Û HÉMIPTÈRES AUCHENORHYNQUES. G. CIGALE. \of\i) ^GO. Genre m\.\LE. CICADA. (Linné.) (^ahactèkes : Hémiptères colllvostves, dont les antennes cour- tes, en soie, sont insérées entre les jeux ; crâne portant trois yeux lisses ou stemmates ; cuisses antérieures plus i^rosses. Le nom de Cigale vient évidemment dn mot \at'\t\ Cicada, (\ue l'on trouve dans Pline et dans Virgile : les Grecs les nommaient t.'tti;; FaÀm-ius en a tue le mot Tettigonia. Dans )ios provinces du INord, ces insectes n'ëtant connus que de nom parce qu'on sait qu'elles chantent, on a applique à tort le nom de Cigales à nos grandes Locustes ou Sauterelles. Ces insectes sont faciles à distinguer de tous les autres Hémiptères: d'abord, ils n'ont pas le véritable caractère que ce nom d'ordre indiquerait, parce (|ue leurs ailes supérieures ne sont pas situées en sautoir ou croisées, ni coriaces ou opa- ques sur une moitié de leur étendue. En second lieu, les ar- ticles de leurs tarses sont au nombre de trois et non de deux, et les antennes très-courtes sont en soie; ces particularités servent à les faire distinguer des Pucerons, des Chermès et des Aleyrodes, qui ont aussi les ailes semblables entre elles. Comme chez tous les Auchénorhynques, le bec des Ci- gales paraît naître du cou , ainsi qu'Aristote l'avait indi- qué. Les antennes sont très-courtes; elles diffèrent en outre l32 I050 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. (Je celles de la plupart des autres genres parleur insertioti entre les yeux, et par la présence de trois yeux lisses ou stem- riiates, qui sont distribués en triangle. Les cuisses antérieures, ou les bras des pattes de devant, sont renflées ; les ailes en toit, plus larges (|ue le corps, surtout les supérieures. Les femelles sont munies d'une tarière ou d'une scie, qui se meut entre deux lames écailleuses : c'est aussi un véritable pondoir. Les mâles sont faciles à reconnaître par les deux instruments bruyants qu'ils portent à la base de leur abdo- men, et qui adhèrent au corselet. Ce sont deux sortes de tympans ou de membranes, pareilles à des tables sonores et vibratiles, derrière lesquelles on voit deux portions de cylin- dres, qui peuvent être mises en mouvement sur les premiers anneaux du ventre; en dessous, leur forme paraît varier, sui- vant les espèces, mais ces portions de cylindres, ridées à la surface, produisent à peu près le même effet que la roue qui fait vibrer la corde, d'une manière si criarde et trop monotone, dans l'instrument de musique qu'on a[)pelle la vielle. Réau- mur, dans ses Mémoires ^ t. V, a très-bien décrit et figuré cet appareil, et M. Solier, en iSSj {^Ann. de la Suc. entom., t. VI, p. 199), a confinné par ses dissections sur les Cigales qti'il a observées vivantes, ce que Réaunnir n'avait pu exa- miner que sur des individus desséchés. i\I. le colonel Goureau, excellent observateur des mœurs des insectes, a publié, en 1889, dans les annales de la So- ciété entomologique de France., t. VIII, p. 53 1, des remar- (jues très-importantes sur les diverses stridulations des Ci- gales, dont il a étudié les appareils chez plusieurs espèces. Il s'est assuré que la mécanique seule et le frémissement ou les vibrations des timbales produisaient les sons, et que la sortie HEMII'TEItES AUCHENOHHYXQUES. O. CIGALE. I o5 1 (le l'air du corps de l'insecte n'y est pour rien. Ses expé- riences à ce sujet ont été positives. Les Cigales sucent la sève des arbres et des arbrisseaux sous leurs trois états de développement. F^es femelles, à l'aide de la tarièi-e (pie roii ferme leur abdomen, entament les tiges à la manière des Tentlirèdes ou Mouches à scie, pour introduire leurs œufs sous les écorces des brandies (ju'elles ont inci- sées, à l'aide de petits traits de scie longitudinaux. On trouve dans cha(|ue incision depuis cinq jusqu'à huit œufs, et l'on a dit qu'une seule femelle pouvait en pondre ainsi jusqu'à six cents. Il naît de ces œufs de très-petites larves étiolées, ou toutes blanches, qui sont, au plus, de la grosseur d'une puce. Aus- sitôt qu'elles peuvent marcher, elles descendent le long de la tige ou du tronc, [)our s'enfoncer dans la terre, où elles sucent les racines jusqu'à un ou deux pieds de distance du sol; elles s'y changent en nymphes agiles, qui ont des rudi- ments d'ailes, et y passent tout l'hiver, dans un état d'en- gourdissement. Leurs pattes antérieures, très-développées, sont destinées à fouir la terre et à leur procurer une issue facile pour revenir de nouveau dans l'atmosphère, sur le tronc où elles s'accrochent, et se dépouillent de leur vieille peau, qu'elles laissent entière, mais séchée, en prenant des ailes, qui leur donnent la faculté de se transporter au loin, pour se féconder et afin de disséminer leur race. Les Cigales continuent de vivre, pendant une grande par- tie de l'été, en suçant la sève des jeunes plantes; elles enfon- cent leur trompe sous l'épiderme, pendant les plus fortes ardeurs du soleil, et font entendre, le jour, et même quelques espèces pendant la nuit, ce chant, ou plutôt cette stridulation, l32. loSa ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. ce bruit monotone et si peu varié de cresserelie, qui devient très-fatigant dans les pays chands. Ces insectes sont fort rares aux environs de Paris. Les pre- mières Cigales que nous ayons entendues et observées dans le midi de la France étaient à peu près sous la même latitude que Bordeaux. Réaumur dit qu'on en a trouvé à Denonvil- liers, près de Malherbe. On a cité aussi Fontainebleau. Les principales espèces de la France sont : o 1. La Cigale du frêne. Cicada jraxini. Elle est jaune en dessous, noirâtre eJi dessus; les bords du corselet et de l'écusson sont d'un jaune rouillé; il y a une tacLe noire opaque à la base des élytres. 2. La Cigale plébéienne. C. plebeia. L'écusson porte deux pointes; les ailes dia- phanes ont les nervures couleur de rouille. C'est la plus commune aux environs de Marseille. 0 3. La Cigale de l'orne. C. orni. Le corselet est noir en arrière; les ailes trans- parentes avec une tache blanche et deux lignes obliques de points bruns. On dit que ce sont les piqûres de cet insecte qui font couler la manne des frênes en Calabre. o 201. Genre MEMBRACE MEMBRACIS. (Fabricius.j (Caractères: Hémiptères collirostres, à tête aplatie liorizonldl c- ment; corselet prolongé, difforme, commehossu, voâté, cornu ou foliacé; deux yeux lisses ; trois articles à tous les tarses. Ce nom de (/.E[^.Çpaç, tiré du grec, on le trouve dans le Dci- pnosophistoii d'Athé- née, et servant à dési- ,.()-' . I '''uA^t.'t? c^"^v.- : gner un poisson. Voici les particularités qui peuvent faire adopter ce genre tel (pi'il ;i HÉMIPTÈRES AUCHÉNORHYNQUES. G. MEMBRACE. lo53 été subdivisé en un grand nombre d'autres par MjM. Aniyot et Serville, page 533, sous le nom de Cornidorses. M. Léon Fiiirmaire, en i845, sous le titre de Revue de la tribu des Mcndmicides, insérée dans le tonu- IV des y^n- nales de la Société entomologique de Paris, f). y.35 et 479? deuxième série, a donné des détails très-intéressants sur ce genre qu'il propose de diviser en trente-sept autres, sous des noms différents, et dont il décrit les espèces. Le genre Centrote, dont le nom grec indiquerait une oreille épineuse, avait été d'abord proposé parFabricius j)Our y ran- ger quelques membraces; |)uis il les avait placés dans d'autres genres qui comprennent des espèces étrangères à l'Europe. Le mode d'insertion des antennes, qui semblent naître entre les yeux, sépare pour nous les Membraces des genres Delphaces, Cercopes, Fiâtes et Fulgores; ensuite la présence des deux stemmates ou des yeux lisses les fait distinguer d'avec les Lystres qui n'en ont pas et les Cigales qui en ont trois. Les seules Cicadellessont dans le même cas, c'est-à-dire qu'elles n'ont que deux stemmates, mais leur corselet n'est pas dilaté, foliacé, ni protégé par des cornes ou des pointes aiguës. Les mœurs des Membraces sontcependantà peu près sembla- bles à celles des Cieadelles; elles vivent sur les plantes qn'elles sucent; elles volent rarement, et sautent avec rapidité en se soutenant à l'aide de leurs ailes qui leur servent de para- chutes. Leur conformation est parfois des plus bizarres, et leur couleur, qui varie beaucoup, les fait souvent confondre avec les feuilles et les tiges des végétaux sur lesquelles elles se développent. On en trouve beaucoup d'espèces aux environs de Pans, mais celles des pays chauds sont iunombrables. D'après la 1054 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. forme du bec, Fabricius a séparé ce genre en quatre autres , sous les noms de Membrace, Darnis, Ledrus et Centrotus. Nous ii'indi(|uerons que les quatre espèces suivantes : 0 i . Membrace foliée. Membracis foliata. Son corselet se prolonge en une sorte de crête jaune, avec une grande bande et une tache noire. 2. Membrace à oreilles. M. aurita. C'est le grand diable de Geoffroy, t. l, p. 423, qu'il a figuré, pi. iX/fig. 4. Type du genl^ Ledra de Fabricius. Le corselet est très-dilaté sur les côtés, formant deux cornes qui se por- tent en arrière. Sa couleur grise ou verdâtre est lavée d'un peu de rouge. C 3. lUembrace cornue. M. cornuta. C'est celle que Geoffroy a nommée petit dia- ble. Son corselet présente trois pointes aiguës, deux latérales, une posté rieure qui souvent dépasse l'abdomen. Il est d'un gris brunâtre. On le trouvi^ sur le genêt comme le suivant. C'est le Centrote queGeoffroya décrit sous le nom de petit Diable, pi. ix, fig. 2 du 1. 1. Nous avons joint cette figure à celle de la Membrace. \. Membrace du genêt. M. genistx. C'est le demi-diable de Geoffroy, n° 19. Il est de moitié plus petit que le précédent; mais quoiqu'il lui ressemble , il n'a qu'une seule pointe, c'est celle de l'écusson prolongé. Sept à huit autres espèces de ce genre ont été observées dans les envi- rons de Paris. 262. Genre FULGORE. FVLGORA. (Linné.! (Caractères : Hémiptères collirostres., à antennes insérées au- dessous des yeux; ailes en toit large; te'te à front prolongé. Ce nom paraît avoir été em- prunté du latin; le mot Fulgor signifiant éclat , lueur, parce que plusieurs espèces étran- gères répandent pendant la nuit une lumière phosphores- cente, ce qui a même fait don- HEMIPTERES ADCHENORHYNQUES. G. FULGORE. lo55 ner à l'une des grandes espèces le nom de Porte-Lanterne. Les Fulgores ont les ailes d'égale consistance, non croisées, mais couchées l'une sur l'autre, et en toit, le long du ventre qu'elles dépassent; elles ont trois articles à tous les tarses, le bec prolongé, couché le long du corps entre les pattes , au moins dans l'état de repos, et ce bec paraît naître du cou; les antennes sont très-courtes. Le mode d'insertion des antennes, cpii n'est pas entre les yeux, les distingue des Cigales, des Cicadelles et des Mcm- braces, et même des Delphaces où elles semblent sortir au- dessous des yeux, ainsi que dans les Gercopes et les Fiâtes; mais les dernières ont les ailes dilatées et très-pendantes, comme nous avons dit que les portent les Pyrales, nom- mées à cause de cela des Chappes. C'est surtout le front pro- longé et souvent très-bizarrement enflé, qui fait reconnaître tout de suite les Fulgores. Ce genre comprend un très-grand nombre d'espèces; il a donné lieu à un travail considérable de M. Maximilien Spi- nola, qui est inséré dans le VIII* volume des annales de la Société entomologifiue de Paris, pour l'année iSSq. L'auteur regarde ce genre comme formant une tribu qu'il divise en familles et en sous-familles , pour les partager enfin en trente- neuf genres. Nous ne ferons connaître ici que quelques espèces, la plu- part étant étrangères à l'Europe. La plus anciennement connue est de l'xlmérique du sud. I. Fulgore porte-lanterne. Fulgora laternaria. C'est mademoiselle de Mérian qui l'a fait connaître, ainsi que Réaumur dans ses Mémoires, l. V, pi. xx. C'est, dit-il, un insecte de près de quatre pouces de long , dont la têt<' excessivement renflée, fait à elle seule près de la moitié du corps. Cette têt»- 1056 ENTOMOf.OGIE ANALYTIQUE. est vésiculeuse , arrondie à son extrémité libre. La couleur générale est d'un jaune pâle et sale. La région vésiculeuse de la tète dans laquelle on croit que la matière lumineuse est contenue paraît d'un vert sale, avec quelques lignes rougeàtres. Les élytres sont gris, avec des nervures longues et transversales, plus brunes. Les ailes inférieures portent vers leur extrémité libre une grandi- tache œillée brune, avec deux taches olivâtres ou d'un brun verdâtre. A Cayenne et à la Guadeloupe, on nomme ces insectes des mouches à feu ou luisantes. Mademoiselle de Mérian dit qu'elle s'est servie, pendant la nuit, de l'un de ces insectes pour lire la Gazette de Leyde, dont les caractères , . étaient très-petits. D'autres naturahstes n'ont pas remarqué cette pro- . priété, mais il se pourrait que cette phosphorescence dépendit de quelque circonstance, ou ne brillât qu'à certaines époques, comme pour favoriser les moyens de propagation, ainsi que cela se manifeste dans nos Lam- pyres. ■2. Fulyore chandelière. F. candelaria. On l'a rapportée de la Chine et on la voit souvent représentée en couleur sur les papiers peints dans ce pays. : M -Elle est d'un tiers plus petite que la précédente; ses élytres sont verts, ., avec des nervures jaunâtres et des taches rouillées bordées de blanc. Les ailes inférieures sont jaunes, avec une bande noire vers la pointe. O ,.% t'ulgore d'Europe. F. europ.va. Elle n'a pas cinq millimètres de longueur. Elle est toute verte ; cependant ses ailes sont diaphanes excepté sur les nervu- res. Son front est prolongé et strié par cinq lignes longitudinales. On la trouve sur les arbres ; deux fois, nous en avons recueilli sur des feuilles de noyer. 263. Gexee PROMÉCOPSIDE. PROMECOPSIS. Ce genre, que nous ne croyons pas devoir conserver, car c'est pour nous un Fulgore dont nous ne donnons pas de Hgure , indiquerait par son nom un visage prolongé , de rpoiA/r-cY]? , prolLvus , et de ô'i|/iç, vulti/s. Il ressemble aux Fiil- gores et aux Cicadelles, et en diffère seulement parce qu'il n'a pas de stemmates. HEMIPTERES AUCHENOUHYNQUES. C. CICADELLK. 1037 0 264. Genbe CICADELLE. CICADELLA. (Latreille.) Caractères : Hémiptères collirostrcs , à antennes insérées entre les yeux; deux stemniates; eorse/et non épineux. Ce genre fort nombreux, très- voisin des Membraces, se rappro- che beaucoup des Cigales, parce (ju'il, a comme elles, les antennes insérées entre les yeux; mais il ne porte que deux stemmates au lieu de trois, et son corselet n'est point épineux comme dans les Membraces. Les Collirostrcs de cette section, considérés comme de petites Cigales ou des Procigales, ont subi tellement de sub- divisions, qu'il est difficile de bien distinguer les espèces. Il suflit de voir celles dont M. Signoret a donné des figures dont le nombre s'élève au delà de cent, pour reconnaître qu'on s'en est trop rapporté à la diversité du corselet et des taches pour établir les espèces, parmi ces Tettigonides. M. Germar, en 1829, a proposé également des divisions à l'infini de ces Cicadelles dans les archives entomologiques. Ce nom est un diminutif de Cicadn, petite Cigale, mais ce oenre se trouve aujourd'hui réi)arti dans un grand nombre d'autres. Ces insectes vivent sur les plantes; ils sont agiles sous leurs trois états. La plupart sautent avec prestesse quand on veut les saisir ; ils volent très-bien; on les trouve sous la face in- férieure des feuilles : ils y vivent en familles, comme certaines larves des Rhinostomes et les Pucerons. i33 / ' 58 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Voici l'indication de quelques espèces. 1. Cicadelle à bandes. Cicadella vitlala. Jaune, avec une ligne longitudinale rouillée et comme dentelée sur le bord. 2. Cicadelle verle." €. viridis. Ses élytres sont verts ; mais la tète est jaune : elle est marquée de petits points noirs. 3'. -Cicadelle interrompue. C. interrupta. Jaune, avec deux lignes longitudinales noires, mais interrompues. 4. Cicadelle de l'orme. C. ultni. D'un vert jaunâtre sur les ailes, dont les extré- mités sont noires. Toutes ces espèces se rencontrent fréquemment et sont aussi communes ' que les Pucerons; elles sautent et volent bien. Fabricius avait décrit , sous le nom deJasse,iin i^eiiir dans le((uel il faisait entrer la Cicadelle de la rose, GeolTioy. n" 28, qu'on trouve sous les feuilles des tilleuls, du gro- seillier et du rosier, Jassus rosœ, dont Réauniur nous a fait connaître les habitudes, tome V de ses Mémoires, pi. a"), et ]ilusieurs autres Cicadelles. a 2Go. Genbe GEPiGOPE. CERCOl'IS. (Fabricius.) CARACTiîREs : Hémiptèvcs coilirostres, à antennes insérées au- dessous des yeux; elles ont trois articles dont le dernier est un peu conique et pointe une soie ; corselet en rhombe, dont l'angle postérieur est échancré et se trouve remplacé par , ^un petit écusscn ; ailes en toit ; tcte non prolongée. La tète, le corselet et l'écusson Ibrment une sorte de rlîombe dont le front forme l'angle anté- ieur; la tête est petite, à peine distincte du corselet et porte deux stemmates; le bec est formé de trois pièces et renferme aussi trois soies. HEMIPTERES. AUCHENORHYNQUES. G. CEHCOl'L. lO^JÇ) Les pattes postérieures sont plus longues que les autres t f propres au saut; elles sont épineuses. Les larves de ces insectes sont molles, elliptiques, con- vexes en dessus, concaves dessous; elles restent presque tou- jours fixées et immobiles sur les jeunes tiges des arbres et des plantes, surtout dans les aisselles des feuilles oii elles sucent la sève. Etant sans aucune sorte de défense, très- molles et dépourvues des moyens de fuir , elles seraient de- venues la proie d'une foule d'ennemis et surtout des Ichneu- mons, de même qu'elles auraient pu être desséchées par l'ardeur du soleil, si la nature ne leur avait donné la faculté de fournir à une abondante évaporation et de se dérober en même temps à tous les regards au moyen d'une sorte de ruse, d'où leur vient probablement le nom de Cercope, cpii , en grec (/.epuuTTsioç), signifie rusé, ostuti/s, fraudidentus. En ef- fet, ces larves, en suçant la sève, laissent échapper une sorte de liqueur visqueuse, écumeuse ou mêlée d'air d'un blanc jaunâtre ou verdâtre, selon les espèces, et qui les recouvre en entier; il en résulte qu'elles vivent sous une masse d'écume comme salivaire que le vidgaire nomme crachats de Coucou. Lorsqu'on enlève cette écume, la larve se contracte et fournit une nouvelle sécrétion de la même nature qu'on a aussi nommée écume printanière. Les nymphes agissent comme les larves. Arrivés à l'état parfait, lesCercopes vivent de même que les larves, mais elles sont libres;et sans avoir besoin de se masquer, elles proHtent de leurs ailes pour se soustraire aux dangers. Ce genre est très-nombreux en espèces. Voici celles qui se rencontrent le plus ordinairement aux environs de Paris : ., diuij .1) - i33. Io6o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 1 . Cercope sanguinolent. Cercopis sanguinolenta. C'est la Cigale à taches rou- ges de Geoffroy, n- 5, dont il a donné une figure; elle présente plusieurs variétés. Elle est noire, avec six taches rouges sur les élytres. Quelques variétés, peut-être des espèces distinctes, ont, les unes, l'abdomen rouge, d'autres, - des anneaux rouges sur les pattes. 2- Cercope hémorrhoïdal. C. hemorrhoidalis. Cette espèce est noire aussi; le .00^ corselet a deux taches rouges qui sont quelquefois réunies. Ses ailes sont d'un brun foncé. Elle est généralement plus petite que la précédente. o 'S. Cercope écumeux. C. spumaria. Son corps est gris, ses élytres sont plus foncés, avec une ou deux petites places transparentes sur les bords. C'est l'espèce que l'on rencontre le plus fréquemment. C'est sur la larve de cet insecte qu'on avait observé d'abord l'instinct de se couvrir d'écumes bulleuses. 0 i. Cercope à deux bandes. C. bi/asciala. Tête et corselet jaunâtres, élytres gris, avec deux taches ou plaques transparentes sur le bord. o. Cercope à trois bandes. C. trifasciala. Noire, avec trois bandes ,transversa- ies blanches sur le dessus, dont une sur le corselet. 266. Genre DELPHACE. DELPHAX. (Fabricius.) Caractères : Hétiiiptères collirostrcs ; à antennes insérées sur fœil même, composées de detix artic/es a/longés, terminés un. peu en masse et portant une petite soie ou un poi/fin. V, V,,. Ce nom de genre que Fabricius a em- |,i^^^^^^^^ ployé en se servant de l'e.Kpression (î^a;, ,, '^?^^r3' pai' laquelle Hérodote semble avoir désigné rt M -^ V \'^'. un cochon de lait, porcellus lactans, n'avait pâ,s 'ete adopte ï>ar Liatreille, qui 1 avait appelé Asu-aca, nom qui n'était pas plus heureux, car Aristote nommait ainsi une sauterelle. fiCs mœurs de ces insectes sont peu connues; elles res- HÉMIPTÈRES. l'HYTADEUÎES OU PLANTISUGES. 1 o6 I semblent sans donte à celles des Cicadelles avec lesquelles ils ont les plus grands rapports. Seulement ils n'ont pas de steniniates. 1. Delphace ctavicornc . Delphax clai)icornis. Il est lirun, avec les ailes transpa- rentes et les extrémités plus foncées. 2. Delphace crassicorne9D. crassicornis. Il est pâle, avec les ailes tachetées de blanc et de noir. 3. Delphace jaundlre. I). flovescem. Corps d'un jaunâtre uniforme ; ailes trans- parentes, sans taches. QuARA^TK-TROISIÈME FAMILLE : LES PHYTADELGES ou rLA-M'fSUGKS. Nous avons ainsi désigné ces Hénuptères dont les ailes supérieures ne sont pas croisées, et dont les inférieures of- frent à peu près la même consistance; leurs tarses n'ont que deux articles; leurs antennes sont plus longues (pie la tète, et leur bec pai'aît encore provenir d'un point situé plus en arrière que dans les Collirostres. Cependant c'est plutôt par leurs habitudes qu'il a paru convenable de rapprocher ces insectes que par leur conformation, (jui offre néanmoins cette particularité que les ailes, lorsqu'elles existent, car un grand nombre de femelles new prennent jamais, varient pour le nombre et par leur position. Ces ailes sont pres(jue constamment étalées, car tous semblent appelés à vivre en parasites, chacun sur une espèce particulière de végétal qu'ils sucent pour s'en nourrir uniquement : de là le nom de Phy- tadelges ou Suce-plantes, en latin Plantisiigœ , des mots tirés du grec out'//, plante, et du verbe i'h'i.-n.y, je suce. 1062 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Nous avons inscrit dans la Zoologie analytique cinq gen- res seulement dans celte famille, qui a été bien étudiée de- puis, et ou les a subdivisés en un très-grand nombre de sous-genres. La phipart ont été établis parmi les Pucerons ou Apliides, ce sont les plus connus et ils sont assez faciles à distinguer des autres. Tous, en effet, méritent d'être examinés par les qbservateurs, car ils offrent beaiicoup d'intérêt par les particularités de leurs formes, de leurs habitudes et de leurs mœurs. Leur bec ou suçoir est le plus souvent très-court et paraît provenir de la base inférieure de la tête, de sorte qu'il sem- ble naître de la poitrine, ce qui n'est pas, quoiqu'on ait pro- posé de les désigner sous le nom de Sternirostres. La plupart des espèces sont très-lentes et peuvent à peine se mouvoir pendant une grande partie de leur existence. Elles restent souvent fixées sur une même plante, sous les trois états de développement; aussi plusieurs ne sont-elles désignées que par le nom du végétal sur lequel on les ren- contre, soit qu'elles y aient été pondues sous la forme d'un œuf; soit que leur éclosion ait eu lieu dans le corps de la mère dont elles sont sorties dans un état évident de fécon- dation, de sorte qu'elles sont ovo-vivipares. 11 en est beaucoup qui n'ont pas et qui ne prennent ja- mais d'ailes, et cela se rencontre constamment chez certaines femelles. Dans un grand nombre d'espèces distinctes, ce- pendant les mâles en sont pourvus. Mais ceux-ci ne parais- sent qu'à certaines époques de l'année, vers la fin de la sai- son tempérée de l'automne. Connue nous l'avons dit, ces insectes marchent très-lente- ment, parce que leurs pattes sont excessivement courtes et HÉMIPTÈRES. l'HYTADKr.CîES OU PLANTISUGKS. 1 o63 ne peuvent tout an i)!iis servir qu'à les retenir fixés ou adliérents aux feuilles ou aux tiges des végétaux, dans les- fjuelles ils ont enfoncé leur trompe; ils sont tout à fait parasites, ils y produisent l'apparence d'une tumeur mala- dive ou de monstruosités nommées Galles on Gallinsectes. C'est surtout ce qui a lieu pour (pielques Pucerons ipii vivent en familles dans des excroissances l)izarres, et aussi pour les Psylles, les Coclieuilles, les Chermès. Le développement de ces insectes, les difCéreuces cpi'ils offrent dans leurs métamorphoses, et surtout les particularités de leur mode de génération , qui ont été bien observées chez les Pucerons, doivent exciter la curiosité des naturalistes. Nous divisons, d'une manière générale, ces Hémiptères phytadelges, d'abord, en faisant remarquer la différence qu'ils offrent dans les ailes, lesquelles sont tantôt an nombre de quatre, tantôt de deux et même souvent, pour l'un des sexes seulement; tantôt, ces ailes sont recouvertes de petites écailles ou d'une sorte de poussière semblable à celle (pi'on voit tians la plupart des Lépidoptères; ou bien, elles sont nues et diaphanes. D'autres caractères, tirés de la forme de la tête et de la terminaison de l'abdomen, constituent di- verses particularités distinctives. Voici le tableau synoptique extrait de nos ouvrages. '.f»vicct)i>.3 j,aoc jfuq ,Ji io64 ENTOMOLOGIE ANALYT1QI!E. Famille des PHYTADELGES (1) ou PLA>TISUGES. Caractébes : Hémiptères à bec paraissant naître de la base du cou ; tarses à deux articles seulement; ailes, quandelles existent, au nombre de deux ou de quatre. ( couvertes d'écaillés farineuses, connue dans les papillons. 1 A nues ou nulles ; antennes mme faisant partie du front 4 Chep.mes. 'mamelons en tuyaux.. . . 5 Pucekon. ( fourchu . . 5 PsïLLK. .soies; front 1 2 COCHENI j (1) De tfuTov, plante, et de ^05X7(0, je suce. 267. Genre ALEYRODE. ALEYRODES. (Latreille.) (Caractères : Hémiptères Phytadelgcs ; h bec paraissant naître au-dessous du cou; à quatre ailes farineuses ; à tête large, tres-inclinée ; antennes courtes, en fil. ^ ^ Ce nom est emprunté du grec âXeupov, qui correspond à celui de farine. C'est Réaumur qui a le premier fait con- naître l'espèce unique de ce genre (i), dont il a suivi et fait représenter tonte l'histoire, \ depuis lœuf jusqu'à la terminaison naturelle. > \ On trouve très-commuénment cet insecte ^ 'i| sur les feuilles des choux et de la chélidoine i ^1 l à suc jaune, qti'on nomme l'éclairé. On l'a (4) Mémoires, t, H, p. 302 etstiiv., pi. 25 de 1 à M. HÉMIPTÈRES PHYTADELGES. G. ALEYRODE. lOOD regardé d'abord comme une petite Phalène, et c'est même ainsi que Geoffroy la désigné avec le nom spécifique de Cidiciforme. Les œufs sont pondus les uns près des autres, au nom- bre de neuf à quatorze, sur une même feuille; les larves qui en sortent piquent bientôt l'épiderme pour en sucer les humeurs; elles grossissent rapidement et se changent en une nvmphe dont Réaumur tlotuie les figures n°' 5 et 6. Le mâle ressemble à !a femelle; tous les deux peuvent voler et se transporter ainsi pour propager leur race. Réaumur a cal- culé que sur dix individus, dont il n'y aurait que cinq fe- melles, si celles-ci pondaient chacune cinquante œufs en sept fois, à la septième génération on pourrait compter près de deux cent mille œufs de mâles ou de femelles. On ne connaît qu'une seule espèce, qui est entièrement blanche; ses ailes, inclinées en toit, sont ovales et portent un petit point cendré. Les caractères assignés au genre s'appliquent à cette es- pèce. Voilà pourquoi nous ne les reproduisons pas. 1. Aleyrode de V Éclaire, Aleyrodes chelidonii. Entièrement blanche; ailes ovales en toit incliné, dun très-beau blanc, mais avec un petit point cendré. Geoffroy, comme nous l'avons dit, avait regardé cet insecte comme un« Phalène ou un petit Bombyce, et Linné comme une Teigne. Cette erreur est bien excusable, puisque les ailes sont celles d'un Lépidoptère, et que ce* deux auteurs avaient pris le bec pour une trompe ; d'ailleurs, l'Aleyrode a tout au plus deux millimètres de longueur. Il est excessivement mou et fort difficile à saisir, quoique son vol soit lent et de courte durée. i34 io66 ENTOMOLOGIE ANAF^YTIQUE. 268. Genre COCHENILLE. COCCUS. (Linné.) Ces insectes hémiptères, re- connaissables surtout par leur mode (le nutrition, (jui consiste à sucer les plantes à l'aide d'un bec très-court, sont d'ailleurs très-difficiles à caractériser. Les mâles seuls ont des ailes, et les femelles étant privées des orga- nes de locomotion, restent fixées et ressemblent à des tumeurs très -bizarres et fort variées, qu'on a désignées sous le nom de Gallinsectes. Les mâles même semblent n'avoir pas de bec, dès le. moment où ils prennent des ailes. Ce sera donc par une comparaison avec les autres Hémip- tères que nous les ferons connaître. Qu'ils aient des ailes ou non , ils ont un suçoir. Les mâ- les ont quatre ailes , mais elles ne sont pas écailleuses. Les fe- melles sont toujours aptères, n'ayant donc que le bec et la briè- veté des pattes qui les fassent l'econnaître. Ainsi, les Aleyrodes ont des ailes farineuses; les Chermès ont les antennes grosses, prolongées, comme faisant partie du front; les Pucerons portent au-dessus du ventre deux petits tuyaux ou mame- lons ; les Psylles ont le front fourchu, et d'ailleurs leur corps est le plus souvent recouvert d'une substance floconneuse. Il est présumable que le nom de Cochenille est tiré du HÉMIPTÈRES l'HYTADELGES. G. COCHENIM.K. I.ofîj mot grec xôzjioç, qui signifiait une graine, parce que les pre- mières Cochenilles desséchées, provenant du nopal, étaient d'abord considérées et vendues comme des graines d'écar- late. Cependant les Espagnols appellent aussi les Cloportes cochini/la, diminutif de cocAmo, un petit cochon. Les Cochenilles femelles sont beaucoup plus connues (pie les mâles; ceux-ci ne vivent que quelques jours, sous leur dernière forme, pour accomplir le grand acte de la féconda- tion : au moyen de leurs ailes , ils se transportent et sf placent sur le corps des femelles, qui restent fixées et im- mobiles sur les plantes, comme des excroissances maladives. Lorsque ces femelles sont fécondées, elles ne paraissent vi- vre que pour très-peu de temps; leur corps se dessèche et leur peau sert d'enveloppe aux œufs, qui éclosent bientôt et produisent de très-petites larves, dont quelques-unes sont douées d'assez de motilité pour aller se fixer ailleurs ; là elles se gonflent et s'accroissent. Quelquefois cependant, elles res- tent en place, sous le cadavre de leur mère dont la dé|)Ouille se gonfle, et produit comme une nouvelle tumeur adhérente à la plante. Les mâles, qui ont des ailes, sont très-vifs et très-actifs; leur tête plus petite que le corselet est arrondie, avec de petits yeux et des antennes longues, en fil. Ils paraissent .privés du bec; leur ventre appliqué immédiatement au corselet se ter- mine par deux petits filets comme dans les Psoques et les Éphémères. Ils volent avec légèreté et ressemblent à de petits Pucerons. Quand on examine le corps des femelles, il est difficile d'en distinguer les parties, à moins de détacher leur corps de la plante et de le regarder en-dessous; on voit alors comme i34. lo68 KNTOMOLOGIE ANALYTIQUE. le rudiment d'un suçoir, de très-petites pattes et quelques articulations sur le tronc ; mais il faut être exercé à ces sortes de reclierclies. Les Cochenilles sont très-nuisibles aux végétaux sur les- quels elles se fixent, et se propagent malheureusement comme certaius Pucerons. La plupart s'attacheut aux arbres qui conservent leurs feuilles pendant l'hiver; ils sont de véri- tables fléaux pour les jardiniers. L'une des espèces se déve- loppe sur les arbres de serre chaude, et devient une peste pour les orangeries. Ils attaquent les oliviers, les chênes verts, les lauriers roses, les myrtes, les figuiers. Il paraît que c'est une espèce propre à ces derniers végétaux, qui pro- duit la gonniie laque; une autre se trouve sur les troncs de nos vignes; mais c'est surtout celle qui vit sur le nopal ou le figuier des Indes, et celle dite Sylvestre, qui sont enqîloyées dans la teinture pour obtenir la belle couleur écarlate, ainsi que le carmin, et qui ont attiré l'attention des naturalistes. i. Cochenille de la vigne. Coccus viiis. Réaumur, dans ses Mémoires , t. IV, p. 62, pi. IV, l'a parfaitement fait connaître. Elle vit sur le jeune bois de la vigne, car il en a suivi le développement sur les écorces d'une vigne en espalier dont on lui avait apporté des bran- ches chargées d'un coton blanc qui paraissait être sorti du corps de l'un de ces gallinsectes femelles. Kéaumur a décrit et figuré les œufs, les larves, la ponte ; mais il ne fait pas connaître le mâle, parce qu'il avait précédem- ment fait l'histoire de plusieurs autres espèces. Nous avons répété très- souvent les mêmes observations. 2. Cochenille du nopal. C. cacti. Cette espèce, si importante pour l'industrie, ne peut guère être caractérisée que par son usage et sa récolte sur le no- pal. Thierry de Menonville l'a Irèsbien fait connaître, en 1787, dans son Voyage à Guaxaca et Anderson en 1793. Mais les détails qui se rappor- tent à ce sujet ont une telle importance, qu'ils ne peuvent être analysés dans notre travail où ils seraient trop i HÉMIPTÈRES PHYTADELGES. G. PUCERON. 1 069 3. Cochenille de Pologne. C. polonicus. Elle se développe sur les racines d'une renouée ou Polygonée et du Scleranihus percnnis. Elle donne aussi Ji la ■ teinture un rouge assez vif. i. Cochenille des serres. C. adonidu?». C'est celle des orangers et du laurier- rose; d'autres se trouvent sur des chênes, l'érable, l'orme, le tilleul, l'aune, le houx, etc. Les jardiniers le nomment Punaise des serres. 269. Genre PUCERON. APH/S. (Linné.) (Iakactères : Hémiptères Pliytadelgcs ; à ailes membra- neuses., étendues, transparentes , non croisées ; à tarses de t deux articles ; a antennes en fil; deux mamelons ou tuycrur 'excrétoires au-dessus et vers le bout du ventre. 'fl A laide de ces caractères, on peut reconnaître les Pucerons parmi les autres insectes de la même famille : des Aleyrodes (|ui ont les ailes farineuses; des Chermès, dont les antennes sont trè,s-grosses et semblent être nn prolongement d'un crâne fourchu ; des Psylles et des Cochenilles, dont l'ab- domen se termine par de longues soies et non par des tuyaux. Le nom de Puceron est évidemment tiré de celui de la Puce, probablement à cause de son exiguïté, et comme étant 1070 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. destiné à indiquer un petit insecte. Réaumur a critiqué cette dénomination, car il ne convient guère de comparer cet Hé- miptère à la Puce, insecte vif, sautant avec agilité. Les Pu- cerons, en effet, ont la démarche lente et pesante, ce qui les fait souvent rester en place. Les anciens les nomniaient Poux des arbres, ou punaises à ailes transparentes. C'est proba- blement à cause de ce nom de Punaise, que Linné a employé le nom grec à'rpi;, répondant au mot latin Cimex , et qui a été adopté généralement. L'histoire de ces insectes présente un grand intérêt sous le triple rapport : 1° de la conformation des ailes, différente de celle des autres Hémiptères ; 2" du mode de leur génération, qui offre un exemple presque unique d'une longue suite d'individus fécondés, sans que les femelles aient reçu l'ap- proche du nulle, sorte de parthénogénésie, et 3° enfin de l'es- pèce d'esclavage dans lequel certaines espèces sont retenues par des Fourmis qui en font leur possession, comme d'une nature de bétail destinée à fournir leur principale nour- riture : particularités que nous avons exposées en parlant des Fourmis. Leeuwenhoeck est le premier auteur qui, dès 1696, ait fait connaître la structure des Pucerons. Il s'était convaincu qu'il existait très-peu de mâles, et que cependant les femelles étaient vivipares, puisqu'il avait vu sortir de petits Puce- rons du corps de leur mère, la tête en arrière et le ventre en avant : circonstance presque unique parmi les animaux vivi- pares. Ces curieuses observations, acconq^agnées de dessins fort exacts pour le temps, sont consignées dans une lettre que contient le premier volume des Arcana nalurœ. D'après une indication du grand Réaumur, Charles Bonnet HEMIPTERES PHYTADF.IX.ES. G. PUCERON. 1 07 1 fit, en 1740, une expérience sur ini Puceron qu'il avait isolé avec soin, dès la sortie du corps de sa mère, pour décider si réellement ce Puceron se multiplierait sans accouplement. 1! le vit changer de peau, ou muer quatre fois en onze jours; et dans les vingt et un jours qui suivirent, il lui vit engendrer quatre-vingt-quinze petits Pucerons de chacun desquels il constata et prit l'acte de naissance par chaque heure, au moins pour le plus grand nombre; malheureusement, l'in- secte observé le premier ne put être suivi plus longtemps, parce qu'il disparut pendant une absence de l'observateur. Ces faits ont été vérifiés par de Géer, Lyonnet et M. De- vaux en 1826, comme nous l'avons consigné à la page 85 du tome XLIV du Dictionnaire des sciences naturelles. C'est donc un fait très-avéré , que la propagation sans accouple- ment, ou par emboîtement de germes fécondés , jusqu'à ce que les derniers individus viennent à pondre des œufs après nn accouplement préalable, qui a lieu en automne. Les Pucerons, qui sont très-lents dans leurs mouvements, se trouvent le plus souvent réunis en grand nombre sur les tiges et surtout sur les feuilles des végétaux, dont ils sucent la sève. Beaucoup sont et restent privés d'ailes ; d'autres n'en ont que les rudiments ou des moignons, ce qui semble indi- quer que ce sont des nymphes. Quand on en trouve ayant des ailes, on reconnaît que celles-ci sont transparentes, à nervures excessivement déliées. La tête de ces insectes n'est pas toujours fort distincte du corselet; elle est arrondie et porte deux yeux; on y distingue quelquefois le bec ou le suçoir , mais qui se courbe sous le ventre quand on déplace l'insecte. Ce bec est même excessi- vement prolongé dans quelques espèces. Tous ont la tête 1072 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. munie de longues antennes, de sept à huit articles, qui se portent le plus souvent en arrière. L'une des particularités de l'organisation des plus notables chez ces insectes, ce sont les mamelons ou les tuyaux en forme de corne, véritables instruments excrétoires, qui se voient au-dessus et en arrière de leur abdomen, que Leeu- wenhoeck a bien observés, et dont il a vu sortir une goutte- lette arrondie, d'une humeur tellement limpide et transpa- rente, qu'elle fit pour lui l'effet d'une lentille de microscope. Nous donnons en note le passage de l'une de ses lettres (i). Cette liqueur, qui est sucrée comme du miel, est celle dont les Fourmis sont fort avides, et elle devient un des mo- tifs pour lesquels elles viennent constamment sur les plantes où les Pucerons se trouvent réunis en famille comme par co- lonies. Ces insectes sont alors pour les Fourmis un troupeau dans l'esclavage domestique, et, comme le dit Linné, de véritables vaches à lait : Ap}iides Formicarum vaccœ. Les Pucerons, suivant les espèces, varient pour la cou- leur; beaucoup sont d'un virt transparent, tels sont ceux du rosier, du tilleul, de l'érable; ceux dii sureau et de la fève sont noirs ; ceux de l'absinthe, de la laitue sont bronzés ; il y en a de bigarrés de vert, de noir, de rougeâtre, comme ceux, par exemple, du saule, du bouleau, etc. La présence des Pucerons sur les feuilles, sur les pétioles. ■1) Magnam niihi voluptalem prœbuit gultula hnjus Uquorts speclavulum, quia ubi hœc gultula in aligna a microscopiu disianlia erat locata, ex allerius microscopii explebal vices, etenim objecta, ut dornus, iurris, etc., per eam in- versa, eaque adeo exigua et nitida apparebunt, ul mullis certe incredibile sit futurum . IlÉMlI'TÈftkS. PHYTADELGES. (i. PUCERON. I OjS sur les pédoncules des fleurs, y produit souvent des eoin-- hures, des expansions, sorte de gonflenjents monstrueux. Quant à l'extrémitédes branches de la plupart desgroseilliers, les feuilles sont reco(|uillées, on en trouve la cause dans la |)résence des Pucerons. Jl en est de même des pétioles et des jeunes pousses des tilleuls, (|ui se roulent en spirale, parce que les Pucerons se trouvent placés sur un même côté, et que leurs piqûres forcent la tige à se recourber pour les (>rotéger dans la partie devenue concave. Les altérations les plus remarquables sont celles qu'on voit sur les l'euilles des ormes qui prennent l'apparence de vessies; il s'en forme de semblables sur les pistaciers, les térébintlies, sur les diverses espèces de peupliers, d'aunes, de saules. On trouve dans l'intérieur de ces monstruosités des familles de Pucerons couvertes d'une sorte de glauque ou de duvet qui les protège, comme un corps gras, de l'action dissolvante de l'eau ou de la liqueur miellée qui forme elle-même des gouttelettes isolées, arrondies et enve- loppées par cette sorte de poussière. On ne connaît pas encore toutes les ressources que la nature emploie pour la propa- gation et la conservation des nombreuses espèces qui cons- tituent ce genre. Les Pucerons ont beaucoup d'ennemis et servent unique- ment de proie ou de nourriture à d'autres espèces d'insectes qui peuvent les sucer, les dévorer en se plaçant dans leurs troupeaux sans éprouver la moindre résistance : telles sont, en particulier, les larves des Sylphes, des Hémérobes, des Coccinelles. Comme le genre des Pucerons réunit une innondjrable i35 1074 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. quantité d'espèces différentes, nous en indiquerons seulement quelques-unes. i. Puceron du groseillier. Aphis ribis. lia été décrit par Kéauimir, t. 111. pi. 22. Il est d'un vert brun, à bords du ventre pointillés; les pattes vertes ont les genoux noirs. Nous avons indiqué les monstruosités qu'il occasionne sur l'extrémité des feuilles au haut des branches de ces arbustes. 2. Puceron de l'orna. A. ulni. Il est petit, brunâtre, couvert d'une sorte de poussière glauque. Les ailes, quand il en a , sont deux fois plus longues que son corps. C'est cette espèce qui produit les bourses que Réaumur a très-bien fait connaître. '.i. Puceron du sureau. A. samhuci. Il est d'un noir mat, bleuâtre; il vit en très- nombreuses réunions. Réaumur en a suivi le développement, ainsi que Bonnet. '(. Puceron du rosier. A. rosse. C'est celui qui a été observé par M. Uevaux, ainsi que par Réaumur dans le t. V de ses Mémoires. Il est vert, avec les antennes noirâtres. Sa miellée couvre le dessus des feuilles; on n'en trouve pas au-dessous, car c'est sous cette page que sont fixés ces Pucerons. .'i. Puceron à bourses. A. Imrsaria. Il se trouve dans les excroissances du peu- plier noir. (i. Puceron du hêtre. A. /agi. Du bouleau, du chêne, du pin, du saule, du trem- ble, de l'érable, du pommier (i), de la viorne, du frêne, du fuseau, du cor- nouiller, et sur beaucoup de plantes herbacées, telles que le pavot , le ly- chnis, les choux, le panais, la livêche, la laitue, le chardon, latanaisie, la mille-feuilles, etc. [i) Dont on a fait le genre Myzoxylon; c'est le puceron lanigère , qui fait le plus grand tort à ces arbres dans les pays où le cidre est la boisson principale. HEMIPTERES. PHVTADELGES. G. CHEUMES. lO^D ^70. Genre CHERMÈS ou KERMÈS. (Linné.) Caractères : Hémiptères phytadclges ^aptères ; sortes de Gal- /inscctes, dont les ma/es ailés n'ont que deux articles aujc tarses et les antennes fort développées , semblent être un prolongement du front. \ s \ ! Ce nom a été donné à plii- A/> \U.t sieurs espèces du genre Coche- ^ — ^-' ,_. iiille, dont elles sont très-voi- sines, ainsi que des Psylles et ,*|î des Pucerons, excepté que l'on en connaît des mâles, car les femelles ressemblent à des L- — X , ^ I c :!• ' ^ excroissances monstrueuses fixées sur les écorces, les branches et les racines. Dans celles-ci, les anneaux dont leur abdomen est composé semblent dis- paraître après la fécondation par le développement des œufs. Ces femelles étaient cependant agiles dans leur premiei- âge ; mais, quand elles sont fixées et fécondées, elles périssent sans pondre à ce qu'il paraît; leur peau se dessèche et devient ainsi un bouclier protecteur. Malgré les observations de Piéaumur, ces insectes ne sont pas complètement connus. Il a décrit cependant dans le tome IV de ses Mémoires les espèces suivantes ou plutôt leurs mœurs. 1. Kermès du pêcher. C hennés persicx. Le mâle est rouge avec les ailes bor- dées de rouge. La femelle est oblongue, très-bombée et d'une couleur brune. i35. il^ 1076 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 2. Kermès de l'ilex. C. ilicis.. Il vit sur le chêne vert en Espagne et même en Provence. On recueille la femelle pour servir à la teinture. 15. Kermès panaché. C. variegatvs. Elle se trouve sur le chêne rouvre; sa cou- leur est d'un jaune brun, avec des lignes brunes. 271. Grnre PSYLLE. PSYLLA. ^Geoffroy.) Caractères: Hémiptères pliytadelges ; a ailes non croisées; tarses h deux articles ; tête prolongée par deux antennes (]id la rendent comme fourchue; pattes propres au saut. Leur nom, i{/u).Vy. , désignait dans Aristote un insecte sauteur, soit une Puce, soit une Araignée. Ces insectes ont les mœurs des autres espèces voisines des Gallinsectes. La [plupart déposent leurs ^' ' œufs dans l'épaisseur des écorces des jeunes tiges à IJaidë' d'une tarière, et probablement, en y faisant pénétrer une humeur qui, déterminant une extravasation des sucs, y fait naître une excroissance monstrueuse, une sorte de galle semblable à celle que produisent les Diplolèpes. La plupart de ces excroissances sont intérieurement divisées en cellules, dans chacune desquelles on peut trouver des larves ou les nymphes de ces insectes. Les principales espèces de ce genre sont : I. Psylle des joncs. Psylla juncorum . C'est le genre Livie de Latreille; on l'ob- serve dans les galles des extrémités fleuries du jonc articulé. -2. Psrjlle du buis. P. biixi. Cet insecte altère les sommités du buis en faisant converger les feuilles en une coque destinée à protéger la larve et la nymphe. D'autres espèces ont été observées dans les tumeurs de la viorne, du poirier. HKIMIPÏF.nES. l'HYSAl'ODES OU VESITARSKS. inj-J Qi vii.vME-oiATuiibiE FAMiM.E : LKs PHVSAPODLS OL VKSlTAHSKt;. Ce ii;r()iipe renferme de très-petits insectes, qni atteignent au plus un ou deux millimètres de longueur, et qui peuvent, jusqu'à certain point, être rapportés à l'ordre des Orthop- tères, principalement à cause de la disposition des ailes, les supérieures ressemblant à des élytres fort étroits, linéaires , non entièrement croisés sur les inférieures, et frangés de poils roides. Il reste cependant quelques doutes relativement à la structure, pour ainsi dire microscopique, des parties qni constituent leur bouche. Cet organe, examiné dans certaines espèces, a offert, dit-on, au microsco|)e une paire de petites mâchoires, mais celles-ci sont prolongées en soie et garnies (le deux a|)pendices palpiformes. Ces deux mandibules sont reçues dans un canal produit par la lèvre inférieure, qui est creusée en dessous et forme ainsi un demi-tuyau garni de deux palpes. Le tout simule une apparence de bec ou de rostre , c'est ce qui a fait ranger ces petits animaux dans l'ordre des Hémiptères, formant ainsi le passage ou la transition à celui des Orthoptères, ainsi ([ue Liinié l'avait pressenti ; car, pai- le mode des métamorphoses, les larves et les nymphes res- tant agiles et sendjiables aux insectes parfaits, ils appartien- draient également à ces deux ordres. iNous avons, le premier, d'après de Geer, désigné cette petite famille sons le nom de Physapodes ou de Vésitarses, poiu' faire cotuiaitre par ces noms le caractère insolite que présentt^nt les tarses. Relativement à l'excessive ténuité de leur corps, les pattes de ces insectes sont fortes et bien tlistinctes les unes des autres, et leurs tarses, composés de 1078 ENTOMOLOGIE AIVALVTIQL'E. deiiA articles, ont le dernier terminé par une sorte de vésicide flexible, qui produit l'effet d'une petite pelote ou d'une ven- touse, en s'appliquant exactement sur les surfaces les plus lisses pour y adhérer suffisamment et faciliter ainsi la marche. De là est emprunté, d'après de Géer, leur nom ; le substantif (^\iaaL, Jbl/is, indiquant une poche, une vessie, et celui de mù;, TvoSoç, une patte, un pied, expression que nous avons cherché à traduire en employant le nom de Vésitarses. La jjlupart de ces insectes ont été primitivement réunis par fjinné, après de Géer, sous le nom de T/in'ps , (|ui l'avait emprunté du grec, d'Aristote, lequel l'avait, à ce qu'il paraît, appliqué à un vermisseau ou à un très-petit insecte, en l'écrivant ainsi 6p£iij. Ce genre, ou cette petite famille, est très-facile à distin- guer de tous les autres Hémiptères, d'abord des Cigales et des Pucerons, dont les ailes supérieures ne sont pas croisées sur celles de dessous, et n'ont pas plus d'épaisseur. Ces deux groupes, depuis uospi-emiers travaux, ont été réunis sous le nom d Homoptères , c'est-à-dire ayant les ailes semblables, superposées, transparentes et membraneuses le plus souvent; taudis que dans les Physapodes, les ailes ou les élytres sont étendus et linéaires; ou les trouve, au contraire, larges dans les Rhinostomes, les Zoadelges et les Hydrocorés ou Punaises aquatiques. Cependant il est dirtieile de caractériser les Thrips ou les Physapodes. Voici comment nous avons essayé de le faire dans la Zoologie fiiuilytique : HEiMlPTEKES. PHYSAPODES. (;. THIÎIPS. ICJTC) 272. Genke THRIPS. Cauactèbes : Corps allongé, très-ténu, de un à trois inllli- mètres de longueur; élytres plans , étroits , peu croisés et étendus sur le dos pendant le repos ; antennes de sijc à sept articles , ayant la longueur de la tête et du corselet réunis ; bouche très-remanpiahle par la présence de palpes articulés ; pattes terminées par de petites poches membra- neuses et vésiculeuses. ♦ On rencontre conimiinément, pendant l'été, ces très-petits insectes sur les fleurs , principalement au milieu de celles des plantes synanthérées et floscii- leuses. Ils sont très-agiles sous leurs trois états; par îAi.vijdjjleur port et leurs habitudes, et ils offrent une ressem- blance apparente avec de très-petits Staphylins en raison de leur vivacité et de la faculté (ju'ils ont de relever l'ex- trémité de leur ventre pour la porter en dessus, vers la tête en marchant ainsi l'abdomen recourbé du côté du dos. On a subdivisé ce genre en un grand nombre d'autres. MM. Amyot et Audinet-Serville les ont partagés et désignés sons seize noms différents (i). (1) Ces auteurs ont rouni ces insectes en une famille qu'ils ont nommée les Physapodes. Quoique la plupart des Thrips n'excèdent pas deux millimètres pour la longueur totale, ils leur ont reconnu une bouche faite pour sucer, avec- quatre palpes en fil dont deux sont maxillaires de deux ou trois articles, et deux lo8o KNTOMOI.OGIE ANALYTIQUE. Nous allons faire connaître, |)ar de courtes indications, les deux ou trois espèces que nous avons inscrites dans le tome LIV du Dictionnaire des sciences naturelles. 1 . Thrips vesipied. T/irlps pliysapits. C'est le Thrips des fleurs que Geoffroy a décrit et placé, ainsi que les deux espèces suivantes, à la fin de son ordre des Coléoptères, t. I, p. 385. Il est noir; cependant on voit que ses ailes, lorsqu'elles sont isolées ou séparées du tronc , sont transparentes et irisées . C'est de Geer qui a le premier reconnu et placé ce genre parmi les Hémiptères et qui l'a nommé Physapus. 2. Thrips à pointe. T. selosus. Geoffroy , n" 1. C'est, parmi ses congénères, l'une des plus grandes espèces; elle est noire et luisante; ses élytres sont blanchâtres, un peu croisés à leur extrémité libre ; les antennes sont com- posées de sept articles. On la trouve sur les écorces des vieux arbres. 3. Thrips à bandes. T.fasciatus. Il est brun; les élytres ont trois bandes blan- ches, transversales, sur un fond noir. On le trouve souvent sur les fleurs du réséda odorant. labiaux courts, de deux pièces; quatre ailes à peu près égales de longueur entre elles et largement frangées. Les tarses sont vésiculeux, sans crochets. Cette fa- mille est partagée en deux groupes : les Tubulifères , dont le ventre, dans les deux sexes, est terminé par une sorte de tube, et les Tcrébrants, dont les fe- melles portent une tarière. La plupart de ces seize genres ont reçu des noms composés qui se terminent par la syllabe -thrips. LES LEPIDOPTERES. SIXIÈME OHDHE UE I.A CLASSE UES INSECTES. C'est à Limié f[ue l'on doit cette dénomination (|Li'il avait appliquée à l'une des principales divisions, ou ii l'un des ordres de la classe des insectes. Cette grande sous-classe comprend la réunion des espèces dont tous les individus ont la bouche constituée par mie sorte de lani^iie ou de trompe roulée en spirale entre deux palpes, et dont les quatre ailes sont couvertes d'une sorte de poussière ordinairement colorée, produite par de petites lames ou par des écailles plates, placées en recouvrement les unes au-dessus des au- tres. C'est de cette particularité, que le nom de l'ordre a été emprunté. Il est, en effet, composé de deux termes grecs, dont l'un, X^mç-i^a^, signifie écaille, et l'autre, icTcpa, ailes. Fa- hricius, (pii a cependant adopté la même classification, en a «hangé seulement le nom, qu'il a tiré de la structure ou de la conformation .'es parties de la bouche, et suivant son système, il a fait ce qu'il a /lonnné une classe sous la dési- gnation de Glossates, c'est-à-dire ayant luie langue : ce sont les insectes que l'on désigne vidgaircment en IVancais sous les noms de Papillons de jour et de tuiit. L'ordre des Lépido[)tères est des plus naturels; il com- piend des insectes (pii diffèrent de tous les autres par un .36 loSa ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. assez grand nombre de particularités tirées de leur confor- mation générale sous l'état parfait, et surtout de la ressem- blance dans les mœurs des chenilles ou des larves, et dans leurs modes de transformation. Les insectes qui appar- tiennent à cet ordre des Lépidoptères ont tellement excité la curiosité des amateurs de l'histoire naturelle, que leurs des- criptions, et les figures données par les auteurs, dépassent au- jourd'hui le nombre de plus de huit mille es|)èces. Le seul ouvrage de Godart et Duponchel sur les liépidoptères de France, en dix-huit volumes in-S", doinie les dessins et la description de quatre mille cent trente-quatre espèces. Voici les caractères principaux présentés d'abord d'une manière isolée, afin de les mettre seulement en comparaison ou en opposition avec ceux que peuvent offrir les insectes des autres ordres : Insectes à corps velu; à quatre ailes écadleuses; a bouche sans mâchoires, dont les parties sont transformées en une sorte de trompe roulée en spirale sur elle-même et cachée, à L'état de repos, entre deux palpes velus ; à tête munie d'an- tennes allongées, privée, le plus souvent, des yeux lisses, dits stemmates. Tous les Lépidoptères proviennent d'un œuf dont il est sorti une larve qu'on nomme une Chenille (i), et qui est tota- lement différente de l'insecte parfait qui doiten provenir. Ces larves ont le corps allongé, ras, ou velu, composé de douze articulations ou segments disposés en anneaux, sans compter la tête. Neuf de ces anneaux sont percés latéralement d'une paire de trous qui sont les orifices des trachées ou vaisseaux à (1) En latin crucu, Pline ; en grec xâjjiTc/;, Théophraste. SIXIÈME ORPHE I)K LA CI.ASSK. LES LÉPIDOPTÈRES. I o83 air, destinés à la fonction respiratoire et qu'on nomme des stigmates. On remarruie dans toutes ces chenilles trois paires de pattes courtes, mais articulées et à crochet simple, pro- venant des trois anneaux qui suivent la tête et qui corres- pondent aux régions du corselet, et par cela même aux pattes véritables que devra prendre par la suite l'insecte dans son état définitif ou de perfection. Ces Chenilles ont, en outre, pour la plupart, un nombre variable d'autres fausses pattes qui servent également au transport du corps. Ce sont des tu- bercules munis de cercles ou de couronnes de petits crochets rétractiles, avec lesquels l'insecte peut adhérer aux plantes qui' font le plus ordinairement sa nourriture principale. ■Ce nombre de fausses pattes varie beaucoup dans les diffé- rentes races de Chenilles. Cependant, il est à peu près cons- tamment le même et elles sont distribuées d'une manière s'^mblable dans les larves des insectes qui, à l'état parfait, sont analogues entre eux. Jamais d'ailleurs elles ne dépas- sent le nombre de seize, quoiqu'il soit souvent beaucoup moindre. C'est ainsi, par exemple, que dans les Chenilles des Phalènes dites Géomètres, ou arpenteuses, ces tuber- cules pédiformes sont placés à de très-grands intervalles les uns des autres, de manière que l'insecte, quand il change de place, semble mesurer l'espace cpi'il parcourt, en raccourcis- sant son tronc dans la partie moyenne, comme s'il divisait sa marche à pas comptés ou par des mesures égales entre elles. La plupart de ces chenilles dites arpenteuses ou géomètres, comme nous l'expliquerons en traitant du genre Phalène , sont rases et de la couleur des tiges des plantes ou des ar- bustes sur lesquels elles sont appelées à vivre. Souvent elles se tiennent immobiles sur ces rameaux en formant avec eux i36. Io84 ENTOMOLOGIE ANAI.YTIQli E. un ai)gle seml)lable à celui sous lequel se séparent les hraii- rlies du végétal ; elles ont alors l'apparence d'une tige tron- quée ou terminée par une gemme, ce qui les a fait nom- mer arpenteuses en bâton. D'autres chenilles qui n'ont en fout que huit pattes, c'est-à-dire avec une seule paire de tubercules pédiformes, vivent ordinairement dans des étuis ou des fourreaux qu'elles se construiseiitelles-mémes en rap- prochant des feuilles ou d'autres matières, tantôt animales, tantôt végétales, à l'aide de fils de soie : telles sont celles des Teignes, des Lithosies. La forme des chenilles ne varie pas moins; il en est de cylindri([ues, d'anguleuses, de très-longues, de fort courtes, convexes du côté du dos, plates en dessous, dites en cloportes ; de poilues, de hérissonnes, d'épineuses, de cornues, etc. Celles qui sont destinées à devenir des Teignes se construisent et se filent des étuis ou des fourreavix dans lesquels elles vivent à l'abri, en attachant souvent au dehors des corps étrangers ou des débris des substances dont elles font leur nourriture, traînant avec elles cette demeure portative. Celles- ci, comme nous venons de le dire, n'ont eau et même à leurs couleurs dans les diverses mues ; soit qu'elles vivent isolées dans toutes les époques de SIXIEME ORDHR DE I,A CLASSE. l,ES LEPIDOPTERES. Io85 ieiir existence sons cette première forme; soit qu'elles restent <*onstiimnient réunies en société, comme cela arrive à un trè.s- jjfrand nombre. Il en est à peu près de même de ce que nous anrions à dire sin- les nynq)lies des Lépidoptères, car ces insectes subissent une métamorphose complète, et, lorsque la Chenille a reiiou- \e-lé six à hnif fois sa peau, à mesure qu'elle s'accroissait, elle linit par .se changer en pupe ou en chrysalide. Ce n'est (pi'après avoir pris les |)récautions destinées à la mettre à l'abri de tout danjjer, qu'elle se retire dans un lieu tran- quille et commode pour s'v suspendre ou s'y accrochei solidement à l'aide des fds qu'elle [)eut sécréter, comme nous le dirons, et qu'elle se tisse nn cocon ou un follicule, disposé avec plus ou moins d'art ou d'astnce. Ces Chrysalides sont pour la plupart immobiles, à moins qu'on ne les touche ou qu'on ne les irrite; elles .sont aussi plus grosses du côte f|ui inditpje la tète, et le plus souvent pointues à l'exti'émité opposée. Klles représenter)! à peu près la forme ou le dessin contracté de l'insecte |)arfait qu'elles renferment, mais tontes les parties eu sont tellement resser- rées, rappr'ochét's les unes des autres et r-ecouvertes d'une peau solide et opaque, qrr'elles seiublent emmaillottées. Ku examinant les diverses parties du corps des Lépidop- tères sorrs l'état parfait, voici les particularités de conforma- tion les plus remarquables qu'elles nous offi-ent, si norrs les comparons avec les espèces d insectes qui appar'tiennent aux arjtres ordres. D'abord, on ne distingrre bien, au premier- aperçu, que la tète, le corselet, l'abdomen , les ailes et les pattes, toutes les auti-es parties étant plus on moins velues ou corr- vcrtes de poils aplatis on d'écaillés rpii se détachent facilenu-nt. I086 Et^TOlVrOLOtilE ANALYTIQUE. La tête est en général petite, relativement au corselet; elle est velue, presque sessile ou accolée au tronc chez le plus grand nombre. Les yeux sont souvent fort gros, convexes, taillés à facettes brillantes et nombreuses, surtout dans les espèces qui volent pendant la nuit; la bouche consiste, comme nous l'avons dit, eu deux mâchoiies que l'on suppose considérablement allongées, au moins dans le plus grand nombre des genres, formant une sorte de langue ou de trompe, dont les étuis se roulent en spirale sur eux-mêmes, de manière que l'extrémité libre, ou la plus atténuée, se trouve enveloppée dans l'intérieur de la spire, comme un ressort de montre roulé sur lui-même, mais recouvert en de- hors par la base, qui est plus large et plus résistante. On voit, sur les côtés, les rudiments ou les indices des mandi- bules et deux palpes, souvent fort développés et velus, entre lesquels cette trompe reste cachée dans son état d'inaction. Les antennes présentent diverses formes auxquelles on at- tache beaucoup d'importance dans cet ordre, parce que c'es-t d'après leurs diverses apparences qu'on a principale- ment établi la classilication des familles, rapportées à quatre types principaux, et que nous avons, nous-même, désignées en tirant leurs noms de la conformation de ces organes, (|ui sont très-faciles à caractériser. Nous devons dire, en outre, que ces anternies sont toujoins fort allongées et com- posées d'une série de petits articles, dont les foi mes variées présentent de nombreuses particularités. On ne distingue |jas aisément dans le corselet de ces in- sectes les trois régions qui composent le thorax à cause des poils qui les ret-ouvrent. Cependant les articulations des pattes antérieures indi(|uent la pièce qui correspond au pro- SIMÈMK OKDRK DE I,A CLASSE. I,ES I.lil'I l)01'TF.IU:S. I087 thorax; l'insertion des ailes dénote le niésothorax, qui est le plus souvent uni intimement à la poitrine proprement dite, sur laquelle sont attachées les pattes postérieures et celle-ci est, par conséquent, le véritable métathorax. Le ventre ou l'abdomen, composé réellement de sept ou neuf anneaux, ne semble aussi former qu'une seule et même pièce, dont les articulations sont presque toujours masquées ou recouvertes par des poils qui sont des écailles farineuses. Dans les fenielles de cpiclques espèces, le ventre se prolonge, soit par des boiupiets de poils, soit par inie sorte de pon- doir on d'oviducte protractile, dont l'insecte se sert quand il dispose, arrange régulièrement ou recouvre ses œufs dans les lieux les plus convenables pour les garantir et en assurer l'éclosion. r>es ailes, au noiubre de quatre, varient pour la forme, l'étendue et la disposition dans les différents genres et même dans une seule famille. On remarque, par exemple, chez les Sphinx et chez plusieurs Phalènes et Noctuelles, sur le bord externe de l'aile inférieure et à sa base, une sorte de cil ou de soie roide et pointue, un crin qui s'accroche, s'introduit et reste fixé connue un ardillon dans une boucle ou un an- neau constamment placé sous le bord mince postérieur ou interne de l'aile de dessus. 11 résulte de cette jonction ou de cette réunion accouplée des ailes, un seul et même pian in- flexible et beaucoup plus résistant dans l'action du vol. Dé- pouillées des écailles colorées ou des petits poils aplatis qui les recouvrent, ces ailes offrent des nervures ou côtes longi- tudinales plus ou moins apparentes; chez certaines espèces, ces nervures sont très-visibles, en raison de la rareté ou du petit nombre des écailles qui les recouvrent; c'est ce qu'on ;g88 entomologie analytique. remarque dans les espèces de papillons de jour nommés le Gazé, l'Apollon, etc., et dans beaucoup d'espèces des gen- res Sésie, Hépiale. Les pattes, au nombre de six, offrent dans quelques es- pèces de papillons, pai- exemple, une telle brièveté et dans les tarses si peu de développement, (pi'on les a désit;nés comme des papillons à quatre pattes (tetrapi), les deux mem- bres antérieurs étant dans ce cas très- velus et peu reconnais- sablés; aussi, Geoffroy les a-t-il comparés à cette sorte de fourrure que les dames portaient autour du cou, à l'épocjuc où il écrivait son histoire des insectes, et qu'on nommait une palatine; en effet, ces pattes fortement velues se trou- vent garantir res])ace compris entre la tête et le corselet. \a\ plupart des Lépidoptères ont cin(j articles aux tarses. Beaucoup d'espèces, comme les Phalènes, les Ptérophoies, les Pyrales, les Teignes, les Alucites, les Sésies ont les jam- bes et les tarses garnis d'épines ou d'éperons, sortes desoies roides, souvent mobiles et diversement colorées. Pour la conunodité de l'étude, on a divisé l'ordre des Lé- pidoptères, d'après la conformation des antennes, en quatre familles principales et jusqu'à un certain point naturelles, parce (pi'elles comprennent des genres d'insectes qui diffè- rent beaucoup entre eux par leur forme, et c'est la classifi- cation (jue nous avons employée. L'observation, d'ailleurs^ a fait connaître (pie les larves ou les Chendies offrent, dans chacune de ces familles, inie très-grande analogie de formes, de mœurs et d'habitudes. On a reniarqué d'abord que les antennes des Lépidop- tères offrent une très-grande différence entre elles; tantôt SIXIÈME ORDRE DE l,A Cr.ASSE. LES LEPIDOPTERES. loSfj elles sont plus grosses , renflées ou dilatées, soit à l'extré- mité, soit dans la région moyenne, et tantôt, au contraire, ces antennes ne présentent pas de renflements. Dans ce der- nier cas, ou elles ressemblent à une soie de sanglier, c'est-à- dire qu'elles sont plus grêles à l'extrémité libre qu'à leur base; ou leurs articles étant à peu près égaux sur toute la longueur, elles sont simples ou en fil, comme cela arrive fort souvent; ou bien encore, chacune des articulations est gar- nie de barbes ou de plumes latérales, ce qui leur donne la forme de peignes simples ou doubles, et l'on dit alors de ces antennes qu'elles sont plumeuses ou pectinées. Il résulte de cette sorte d'analyse la possibilité de construire un tableau synoptique qui doit présidera la classification des familles de cet ordre. C'est celui que nous représentons ici. LES LEPIDOPTERES (i). SIXIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES INSECTES. Caractères : Insectes a quatre ailes écailleuses, avec une trompe roulée en spirale, reçue entre deux palpes velus. ià l'eïlrémi;é, ou eu masse. ... 1 Rhopalocèhes. au milieu, ou en fuseau 2 Clostérocéres. Anienxes<" j fil, souvent pectinées 5 Nematocéres. non renflées , et en ' ( soie, grêles à leur bout 4 Cbetocéres. (I De ÀcTCi;, tooç, écaille, et de jiTtpâ, ailes. 13; 1090 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Les Rhopalocèrcs ou globullcornes comprennent, comme nous venons de l'indiquer, les espèces de Lépidoptères que Linné avait toutes réunies dans le seul et unique genre Papillon, qu'il avait subdivisé en groupes avec des titres dif- férents, ainsi que nous le ferons connaître par la suite; mais déjà, à cette époque, il y avait inscrit près de neuf cents espèces distinctes, et il en comprendrait aujourd'hui près rie trois mille. Tous les naturalistes ont reconnu la nécessité de subdi- viser cet ordre des Lépidoptères. On a pris pour base des nouvelles classifications la forme des antennes, des ailes, les poils roides qui garnissent les pattes chez les individus ar- rivés à leur état parfait; puis ou a reconnu qu'à ces parti- cularités il serait mile d'en joindre plusieurs autres tirées des habitudes et de la conformation des Chenilles ; on en a emprunté des caractères naturels, il est vrai, mais toujours relatifs à des circonstances qui ne restent pas inscrites, ni par conséquent appréciables sur les insectes parfaits ; telles sont, par exemple, les différences observées dans la manière dont s'y prennent les Chenilles pour se fixer et s'abriter solidement, à l'époque où elles se transforment eu chrysa- lides, puis dans l'apparence qu'elles présentent lorsqu'elles sont ainsi métamorphosées. Ce sofit certainement de très- bonnes et utiles observations pour mettre sur la voie des rapprochements entre des espèces analogues, mais ces habi- tudes ne sont pas des caractères inhérents. Nous en indi- querons quelques autres quand nous traiterons, en particu- lier, de la famille des Rhopalocèrcs ou du genre Papillon. FjCS Clostérocères ou Fiisicornes correspondent aux S|)hiux de liinné, qu'on a encore nommés les Crépusculaires rEI'inOPTÈRES. RHOPAl-OCF.RES OV Or.OBUr.lCORNES. I Ot) I parce que la plupart ne volent qu'à la chute du jour ou dès le grand matin. Ils comprennent les Sphinx, les Macro- glosses, les Smérinthes, les Sésies et les Zygènes. Leurs chrysalides sont le pins souvent arrondies, mais coniques et nues, contenues rarement dans des cocons, soyeux, à fila- ments distincts. Sous le nom de Nématocères ou filicornes, sont rappro- chés les genres que Linné avait compris dans les Bombyces, et que l'on a depuis très-heureusement subdivisés avec de bons caractères, tels que ceux propres aux Cossus, aux Hé- piales. C'est une tribu bien distincte, dans laquelle les mâles ont ordinairement les antennes beaucoup plus pectinées ou barbues que leurs femelles, chez lesquelles le ventre prend un très-gros volume par le grand nombre d'œufs qu'il ren- ferme. Enfin on a appelé Chétoccrcs ou Séticornes les Lépidop- tères de la quatrième famille, celle qui comprend les genres dans lesquels, en effet, les antennes vont en diminuant de grosseur de la base ou depuis leur insertion sur la tête jusqu'à leur terminaison. Ce groupe se divise en genres nombreux et très-naturels. Tels sont ceux des Noctuelles, Lithosies, Crambes, Galeries, Pyrales ou Chappes, Phalènes, Alucites, Yponomeutes , Teignes, etc. 1092 KNTOMOLOGIR ANALYTIQUE. QuARAKTE-cnvQuiÈME FAMILLE : KHOPALOCÈRES OU GLOBULICOR>'ES. Cette famille ne comprend réellement qu'un seul genre bien caractérisé par la manière dont se terminent les antennes en une sorte de j^etite masse ou de globule pins ou moins arrondi ou allongé; c'est ce que nous avons cherché à indi- quer par un nom composé du grec, poTjaXov, en fornie de petite masse (c/rti^ «si ,9lqm9X'j TKq .siîxfinno suf 1 ;;ic., I.ÉPlDOr-TÈRES. RHOPALOciiBIÎS. i.. PAl'll.l.ON . IOq3 C'est, nous devons le déclarer, hi seule famille qui ne per- mette réellement que l'établissement d'un genre unicpie; il est si naturel, que toutes les restrictions ne sont que des acces- soires peu importants, ainsi qu'on le verra. ^73. Genre PAPILLON. PAPIUO. (Limié.i Le caractère de ce genre se trouve établi par celui de la famille, puisque c'est véritablement le seul qu'on puisse lui assigner. C'est-à-dire que les insectes auxquels on donne ce nom de Papillon, sont des Lépidoptères dont les antennes sont terminées par une petite masse, ou globule pins ou moins allonsjé. En français, on a très-longlemps donné le nom de Papillon à tous les Lépidoptères indistinctement. L'étymologie s'en perd dans l'antiquité latine, car les mots papilio, papiliun- culus, se rencontrent dans Ovide, Pline, Térence. Cependant l'expression est grecque ncmlw; mais elle n'était employée que pour indiquer une toile tendue pour se mettre à l'abri (une tente), et les Latins eux-mêmes se servaient de ce nom pour faire connaître, par exemple, les tentes portatives dont 1094 ENTOMOUJGIK ANAF.YTIQUE. les peuples numides formaient leurs camps dans leurs ini- grations incessantes. Linné, qui a distingué, le premier, ces insectes, ne leur avait pas assigné d'autres caractères que ceux dont nous donnons ici la traduction : antennes plus grosses vers leur pointe et le plus souvent terminées en une petite masse; ailes dres- sées et accolées dans le repos, et vol pendant le jour. Il avait inscrit près de neuf cents espèces dans ce genre partagé en six phalanges subdivisées, la plupart, en tribus. Voici les noms de ces six phalanges. I. — Les Chevaliers [Equités) ayant le bord externe de l'aile plus étendu (]ue l'interne et chez lesquels la masse des antennes est souvent oblongue. Il les avait rangés dans deux tribus: 1° Les Troyens (Troes), dont le tronc est noir, sou- vent avec des taches d'un rouge de sang sin- les côtés de la poitrine. Tous ces papillons portaient les noms des héros principaux de V Iliade et de V Enéide , tels que ceux d'Hector, Priani, Pelée, Anténor, Paris, Lysandre, Anchise, Énée, Ascagne. 2" Les Grecs {^chivi), qui n'ont pas de taches rouges à la poitrine et dont les ailes postérieures portent le plus souvent une sorte de décoration œillée, ou un prolon- gement en forme d'épée ou de queue : tels sont entre autres ceiix qu'il nommait Ulysse, Agamemnon, Machaon, Podalyre, Ajax, Philoctète, Achille, Idoménée, etc. II. — Les HÉLicoNiENS [Helicoiiii), ayant les ailes étroites, arrondies, les supérieures allongées, les inférieures plus courtes et en général peu écailleuses. Tous, comme les muses de l'Hélicon , portent des noms de femmes célèbres. Entre autres ceux des neuf sœurs, et puis de Lybie, Vesta , Pasi- phaé, ./Eglé, Phyllis, etc. J.EPIDOPTEHES. RHOPALOCÈKES. G. 1>A1>IU,0\. , oC)5 ni. - Les Parnassiens (/^«r//aivy«) , dont les ailes sont très-entières et arrondies; on les observe dans les lieux les plus élevés, et ils ont reçu les noms d'Apollon, Mnéniosyne, du néflier ou Gazé, etc. IV. — Les Danaïdes (Danoi), dont les ailes sont entières aussi, et les supérieures à bord externe plus longs. Les uns, Candidi, ont les ailes blanches, alis albis : tels sont ceux nommés du chou, du navet, des raves, de la moutarde. Les autres, appelés les Réjouis {Festhi), ont les ailes colorées ou tachetées: telles sont un très-grand nombre despèces étran- gères; et, parmi celles du pays, l'Hypcranthe, la Paniphile , l'Arcanie, Héro, etc., (|ui tous ont un vol sautillant. V. — Les iNïMPHALEs {Nymphales), cpu ont les ailes den- telées, tantôt avec des taches arrondies, dites œillées [Gem- mati), tantôt sans yeux ou sans marques arrondies; Linné les appelait Caparaçonnés (Phalerati). Nous indiquerons, parmi les premiers, les espèces Jo, Mera, Megaera, ^geria[ Galatea, Cardui, Iris, etc.; et parmi les seconds, Populi^ Antiopa, Polychloros, G. albun», Atalanta, etc. VL—LesP/,ÉBÉiEMs(y^/eèe/).Ce sont de petites espèces,dont les Chenilles ont i';qjparence de Cloportes. Linné les parta- geai t en /^;^/r/ «a' ou paysans (/?«/•« A^^-), dont les ai les portent des taches plus obscures ou d'une teinte plus foncée tpie le fond sin- lequel on les voit, et en Cu'ds; Citadins {Urhicoles),doni les ailes sont so.ivent martpiées de taches œillées ou colorées transparentes. Parmi les premiers, Linné avait inscrit, entre autres, ceux de France nommés du Bouleau, du Chêne, Argus, Arion, Phlœas, etc., et parmi les autres, le Comnia linea, Malvœ, Tages, etc., etc. On conçoit cjuiin genre aussi nombreux a dû être subdi- lOyG ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. visé en beaucoup d'autres par les amateurs ou les collec- tionneurs. Il nous serait difficile de raconter historiquement coninient il en a été proposé plus de soixante. Il est arrivé pour cette branche de l'histoire naturelle ce qui s'observe lorsqu'une famille renferme des êtres trop rapprochés; c'est qu'on ne trouve pas de notes suffisantes pour bien séparer les espèces qui se rapprochent par des nuances insensibles ou de trop peu d'importance. Dans ce cas particulier, nous avons cru devoir nous borner à présenter une analyse des divisions proposées par Latreille et une simple indication du système suivi par .M. Bois-Duval. Dans la classification de Latreille, il y a deux tribus prin- cipales : lesPapilionides et les Hespérides. Chez les premiers, ou trouve une seule paire d'ergots ou d'épines à l'extrémité des jambes postérieures ; les quatre ailes restent élevées , conniventes et perpendiculaires dans le repos; la masse des antennes est un peu prolongée et arquée. C'est à cette division que se rapportent les espèces qui ont six pattes propres à la marche. Ils sont partagés en cinq genres : i, Papillon; 1, Parnassien ; 3, Thdis ; 4, Coliade ; et 5, Piéride. Dans les genres dont les noms suivent et qui sont beaucoup plus nom- breux, les pattes de devant ou protothoraciques sont plus courtes que les autres et forment une sorte de collier qu'on a nommé une palatine, parce que ce collier est velu ou cou- vert de poils. Ce sont les genres Héliconie, Acrée, Idca., Da- nais, Eurjhie, Satyre, Brasolide, Pavonie, Morpho, Biblio, Libythée, Céthosic, Argynne, Vanesse., Nymphale, Erycine, Mfrine et Folyonunate. Nous ne transcrivons [)as les caractères assignés à ces vingt-cinq genres, parce qu'ils ne peuvent pas être soumi s a M-I>ID01>TERKS I! HOPAI,Of:KRES. C. l>Al'n,f,ON. IO97 l'analyse, c[iioi([ii'ils soient établis sur des particularités très- justement appréciables, mais ces différences ne sont nulle- ment comparables. Il en sera de même du système fie classification proposé par' M. le docteur Bois-Duval, dont nous allons présenter aussi ini simple aperçu. Nous aurons soin, d'ailleurs, en indiquant cer- taines espèces parmi celles f|ui se trouvent le plus ordinaire- ment aux environs de Paris, de faire connaître à quelle divi- sion de ces derniers auteurs ou pourrait les rapporter. Voici l'abrégé succinct de la méthode de M. Bois-Duval pour cette division qu'il nomme la première légion des Lépidoptères à laquelle il laisse la dénomination de Rhopalocères. Khopalocèrcs. Antennes plus ou moins renflées à la pointe ; les quatre ailes dressées, libres et sans frein ou ardillon; point de stemmates; vol diurne. PREMIÈRE DIVISION. Les Sanglées (succindœ) c'est-à-dire à chrysalides fi.xées par la queue ou au moins par des fils passés en travers du corps. PREMIÈRE TKiBu. Lcs PopHion iilcs , chcnilles ayant des tentacules au cou; les ailes postérieures à bord abdominal échancré, avec une cellule discoïde close. I" Genre. Papillon. Masse des antpunes un peu courbée; les palpes très- courts, moins longs que la tête; à troisième article peu distinct; ailes pos- térieures prolongées en queue dans les espèces du pays. Le Podalyre, V Alexander , le Machaon. -2" Genre. Thah. Les palpes plus longs que la tête; les ailes dentelées, tache- tées; chenilles sur les Aristoloches. Deux espèces du midi delà France : VHypaipijle, le Rumina ou Médesicaste. 3» Genre. Doritis. Aucune espèce n'a été trouvée en Franco. 4'^ Genre. Parnassien. Antennes très-courtes, à masse droite, un peu ovale ; palpes plus longs que la tête, s'élevanl sur le front; ailes arrondies, en- tières, peu écailleuses ou nues en dessus et sur les bords; chrysalide en- fermée dans un petit cocon, comme celle des Hespéries. Ici, se rapportent l'Apollon et beaucoup d'espèces étrangères , telles que le Phœbus et le Mnémosyne des Alpes. i38 JOqS ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. DEUXIÈME thibu. Les Piérides. Chenilles velues, terminées en pointe devant et derrière; chrysalides anguleuses, pointues vers la tête; ailes postérieu- res formant un canal pour recevoir l'abdomen ; cellule discoïdale fermée. \" Genre. Piérides. Chrysalide à articulations mobiles; masse des antennes ovoïde ; tête plus longue que le corselet ; ailes en triangle, la cellule dis- coïdale des postérieures occupant plus de la moitié. C'est à ce genre que se rapportent les Papillons dits le Gazé, Cratœgi , du chou, de la rave, du navet, etc. 2' Genre. Antliocharis. Chrysalides allongées, pointues aux deux bouts ; abdo- men à segments peu distincts ; antennes courtes ou atteignant au plus la longueur de la tête et du corselet; ailes un peu en triangle. C'est parmi ces espèces peu nombreuses en France, que se trouvent compris VAurorr ou P. cardamines. 3' et 4" Genres. Zegria ou Leucophasia. C'est dans ce dernier que se trouve inscrit le blanc de lait Sinupis. fi'> Genre. Tlhodocera. Chrysalide arquée, bossue; antennes courtes, tronquées, arquées, grossissant insensiblement; ailes jaunes, anguleuses, ayant eu dessous un point argenté central. Une seule espèce de France de la viorne rhamni. C'est le Citron de Geoffroy. {)'' Genre. Colias. Chrysalides droites, mais bossues au milieu. Antennes courtes à massue obconique; ailes arrondies, jaunes ou fauves avec un point central métallique brillant en dessous surtout sur les postérieures. On y trouve inscrits YHijale, le Palxno, ou Souci. TROISIÈME TKiBu. Les Z-2/cp«(rfes. Chenilles cloportes, unpeu poilues, à tête et pat les fort courtes; chrysalides rabougries, courtes, obtuses, peu mouvantes; palpes de trois articles distincts; ailes postérieures foi niant un conduit qui reçoit l'abdomen ; cellule discoïdale ouverte; six pattes ambulatoires; i)u- tites espèces très-grêles; trois genres. 1" Genre. Thecla. Chrysalides velues; antennes un peu et insensiblement ren- tlées vers la pointe dont la masse est allongée, cylindrique, ovale; palpes écailleux; yeux velus; les ailes inférieures prolongées en queue; dans les espèces du pays, il y a souvent une bande ou ligne oblique dentée. C'est l.i qu'on trouve inscrites les espèces dites betulx , quefcus , rubi , ou petits poite-queues. 2' Genre. Polyominalu.s (Fabricius, (beaucoup d'yeux)). Masse des antennes courte et épaisse; ailes de dessous peu prolongées , .le plus souvent d'un brun doré et dans l'un des sexes avec des points noirs; en dessous, ces ailes MÎPinOPTÈUES RHOPAI.OCERES. C. PAPILLON. I Oyg sont garnies de petites taches œiilées. C'est là qu'on a inscrit le Bronzé {virga aureu), le Phlaos, le Xanlhe. 3< Genre. Lijcxna. Masse des antennes courte, distincte; ailes arrondies, très- minces, de couleur blanche le plus souvent, rarement brunes, d'un gris cen- dré en dessous, avec des points ocellaires nombreux. C'est dans ce genre que sont compris VArgus, VArr/iolus, VAdoiiis, le Corydon, VArion, VAmyntas. QUATRIÈME TBiBii. Lcs Érycifies. Chenilles lentes, velues, oblongues ; chrysalides le plus souvent poilues, contractées, obtuses en avant ; pattes antérieures plus ou moins développées selon le sexe; ailes le plus ordinairement éta- lées dans le repos. Il n'y a qu'un genre inscrit dans cette tribu , c'est le I. Nemrob'îis. Chenille cloporte et chrysalide obluse, velue; palpes très -bar- bus plus courts que la tête, à damier, article court, obtus ; masse des an- tennes tronquée. La seule espèce française inscrite dans ce genre par M. Bois-Duval est la Lucina. DEUXIÈME DIVISION DES RHOPALOCÈRES. hesChenillespenduca (pcnduhr). Chrysalides fixées seulement par le bout, libres ainsi, et comme pendues. CINQUIÈME TRIBU. Lcs Dauaïdes. Chenilles rases, ayant sur le dos deux tenta- cules réunis ; chrysalides un peu dorées, mais non anguleuses; palpes courts, à trois articles distincts ; cellule complète aux ailes inférieures; quatre pattes ambulatoires dans les deux sexes. I" Genre. Dannîs. Palpes distincts, à dernierarticle court, linéaire, tète ponctuée; ailes sinueuses, plus larges et prolongées au delà de l'anus chez les mâles. Il n'y a qu'une seule espèce trouvée en Calabre, c'est le Papilio chrysippus ou aleippns. SIXIÈME TBTBU. Les NymphaUdes. Chenilles à dos épineux; chrysalide angu- leuse; quatre pattes ambulatoires seulement. Cinq genres. Les deux premiers, 1 et 2. Les Limenitis ou Nymphalis contiennent peu d'es- pèces françaises. Leurs caractères sont tirés de leur conformation et du genrede nourriture de leurs larves. Dans le premier se trouvent les espèces nommées Sibylla, Camilla, et dans le second, le Papilio popyli, treniulx. '■\' Genre. Argijnnis (les IS acres). Chenilles à épines branchues et à cou armé ; l38. IIOO ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. chrysalides anguleuses , à plaques bronzées ; antennes en massue ovale , comprimée, plate; palpes dépassant la tête, velus et bien séparés à la pointe ; ailes un peu dentelées fauves ou brunes avec des taches noires en dessus ; les inférieures ayant au-dessous des taches et des bandes à reflet argenté ou nacré. Telles sont les espèces dites Pandora^ l'aphia, Dia, Eu- phrosine, etc. 4'-' Genre. Melitxa. Chenilles à tubercules épineux; chrysalides peu anguleuses, ayant des tubercules à points saillants sur le devant du dos; massue des antennes pyriforme; palpes plus longs que la tète, séparés par leurs poin- tes; pattes antérieures de la femelle plus longues presque nues, de grosseur moyenne; genres nombreux dans lesquels sont inscrites les espèces dites Maturna, Cynthia, Artemis, Phœbe, Athulin, etc. o" Genre. Vanessa. Chenilles à épines branchues, à l'exception du premier et du dernier anneau ; chrysalides anguleuses, à deux cornes en avant, à dos dentelé , à taches dorées ; antennes dont la masse est blanchâtre vers la pointe; palpes plus courts que la tète; yeux vehis; pattes de devant très- velues ; ailes anguleuses, les supérieures surtout très-bien ornées ; taille assez grande. C'est dans ce genre nombreux que se trouvent inscrites les espèces dites en latin Cardui, lo, Anthiopa, Urticœ , Polychloros, C. album, Prorsa, Atalanla, etc. SEPTIÈME TBIBB. Lcs Libythéulcn . Chenilles non épineuses, allongées, velues; chrysaUdes ayant une crête sur le dos; ailes anguleuses. Un seul genre, une seule espèce qui vit sur le micocoulier, Papilio celHs , dont les palpes velus forment une sorte de museau. HUITIÈME TBiBu. Lcs Apulurides. Chenilles rases, excepte :i la tête, qui est épi- neuse; à corps rétréci en arrière; tel est le Papillie iris ou le Mars violet changeant. NEUVIÈME TEiBu. Les Sfityres [Sotyrides]. Chenilles graminivores, rétrécies eu arrière, non armées ; chrysalides bossues, nues, maigres; palpes velus; ailes œillées, à cellules discoïdales complètes sur les postérieures ; quatre pattes ambulatoires, vol sautillant et par bas. Quatre genres. 1" Genre. Arge. ChrysaUdes pâles; des taches noires sur la tête; le plus sou- vent cachées sous les racines des graminées. Antennes longues, à massue peu distincte ; palpes séparés, frangés, à poils roides dont la pointe est nue ; ailes blanches, à bandes noires; le bord externe des ailes supérieures un peu dilaté à son origine. LEPIDOPTERES RHOPAI.OCERES. (.. PAl'lf.I.ON. IIOI Les espèces sont la Galatée, Clotho , parmi celles qu'on observe en France. 2« Genre. Erebia. Masse des antennes oblongiie, comprimée; palpes distants, soyeux; ailes noires, à yeux fauves; les nervures des supérieures non dila- tées à la base. C'est ici que sont rangées les espèces dites Alpines, telles que Cassiope, Pyrrha. 3= Genre. Chionobus. Antennes en masse, grossissant insensiblement ; palpes frangés, un peu distants, à dernier article velu ; ailes d'un rouxou fauve clair, à bord externe dilaté, et la tête moyenne plus épaisse que les autres. Aucune espèce ne se trouve en France. •i' Genre. Satyre. Antennes en niasse, variables pour la grosseur; palpes un peu distants, à poils roides et à pointe courte conoïde; ailes arrondies, ou légèrement denticulées; les supérieures à côte externe et à nervure moyenne renflées à la base. Ces côtes varient, ainsi que les chenilles qui sont tantôt poilues, tantôt lisses. C'est un genre très-nombreux en espèces, dans lequel sont inscrites celles qui portent les noms de Actœa, Phxdra, Fidia, Herminne, Circe, Briseis, Semele, Eudora, Pasiphae, Hyperanl/ivx, Arcaniiis, Pamphylvs, etc. TROISIÈME DIVISION. Des Rhopalocèbes a cheysalides enveloppées (m- voluix). Chrysalides attachées par !a pointe et en travers au moyen de fils et se plaçant sous les feuilles dans un cocon très-mince. DIXIÈME ET DEBSiÈRE TRiRu. Lcs Heupéridcs. Chenilles tordeuses ou roulant des feuilles pour s'y cacher; chrysalides peu anguleuses ; insectes à grosse tête souvent plus large, en y comprenant les yeux, que leur corselet; six pattes bien conformées ; la cellule des ailes postérieures non close. I" et 2° Genre. Slérope et Hespérie. Ne comprenant que des espèces qui ne se sont pas rencontrées en France. 3' Genre. Sijricl/nis. Chenilles à cou comme rétréci; chrysalides coniques, dont la tête est de la largeur du corselet; masse des antennes oblongue, courbée; palpes très-velus; toutes les ailes dentelées, étalées pendant le repos, le plus souvent d'un gris cendré tachetées de blanc et frangées, les inférieures plus courtes que l'abdomen. Telles sont les espèces de papil- lons dits estropiés, savoir : Althea, U'ilva, Lavalcra, Sida, FritiUnm, Alveolvs, etc. I102 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Enfin, vient un quatrième genre, sous le nom de Thanaos, auquel M. Bois-Du- val donne pour caractère : chenilles à cou rétréci, chrysalides coniques; tète de la largeur du corselet; antennes en masse fusiforme; palpes velus à dernier article plus grêle ; ailes entières, étalées dans le repos; ventre plus long que les ailes postérieures. C'est dans ce genre que se trouve indiqué * le Tages. Telle est, en abi'égé, la elassification proposée par M. le docteur Bois-Dtival, pour le groupe des Rliopalocères. Ce système qui, sous certains ra|)ports, réunit les espèces de Papillons qui ont des chenilles ou des chrysalides analogues entre elles, ne se prête pas à la comparaison, et, par consé- quent, à nne classification dans laquelle les formes ou les ca- ractères puissent être mis en parallèle, puisqu'elles ne res- tent pas inscrites sur l'insecte parfait, lorsqu'il se trouve soumis à l'observation du naturaliste, ([ui ne peut savoir si la chrysalide s'est fixée d'une certaine manière, ou si elle se recouvrait ou non d'un follicule. Nous nous bornerons donc à citer les noms des princi- pales espèces de Papillons de jour, ou dont les antennes sont renflées à l'extrémité libre. Parmi les Chevaliers troyens de Linné, le Machaon ou le grand Porte-Queue du Fenouil de Geoffroy, et le Podalyre ou le Flambé. Parmi les Héliconiens de Linné : 1° li'Apollon, le Phœbus et la Mnémosyne, qu'on a rap- portés au g 'ure Parnassien; 2" LeMédésicaste, le Rumina et l'Hypsipyle, auxquels on a donné les noms français de Diane et de Proserpine, et qu'on a réunis sous le nom générique de Thaïs; 3" Le Citron et la Cléopâtre, ainsi (|ue le Soufre, le Souci, Llh'lDOl'TKHES lUIDl'AI.OCÈKES. G. I•A1'1LL<)^^ 1 1 o'3 rangés, les seconds, sons le nom générique de Comade, et lesdeux premiers, dont on a formé le genre Rhodocèke ; 4" Les Piérides, tels que le Cardainines ou l'Aurore, le Marbré de vert ou Daplidice^ et tous les Brassicaires ou Pa- pillons dits des choux, du sénevé, de la navette, de la mou- tarde, de la rave et même de l'aubépine, dit aussi le Gazé; 5** Parmi k's Satyres, nous citerons le Silène ou Clrcc; le Sylvaiidre ou Hennione; l'Agreste ou \eSemclc; le Nègre ou Phœdra; F Eu ry a le ou Fhiloinhle ; le Myrtil ou Janira; l'Amaryllis ou Tithonius ; \e Tircis ou VEgeria ; le Demi- Deuil ou Galatée; la Bacchante ou Déjanire; le Tristan ou Hyperanthus; le Mélibée ou Héro; le Céphale ou Arcanius, le Panqihile ou Lyilus. Parmi les Nacres, qu'on a nommés les Argyaiics, d'après Fabricius, nous citerons également le Collier argenté ou Eu- phrosine; la petite Violette ou Dia; la grande Violette ou Daphné, on Iiw; le grand Nacré ou Aglaé; le Tabac d'Es- pagne ou Paphia; le petit Nacré ou Lathonia; le Damier ou Cinxia, ou Pluebc. Le genre Vanesse com|)iend aussi un grand nombre d'es- pèces, telles que le Gamma ou Robert le Diable, ou C. al- bum; la grande Tortue ou Polychloros; la Tortue moyenne ovx Xantomelas; la petite Tortue ou f //'^/crt; le Morio ou Aii- tiopa; le Paon de jour ou 7o; le Vulcain ou Atalante ; la Belle-Dame ou P. Cardui; la Carte géographifjue fauve ou Levana; la Brune ou Prorsa, etc., etc. Parmi les Nymphales, nous citerons le Jason, que M. Bois- Duval a placé dans son genre Apatura ; et, dans d'autres genres voisins, le grand Mars ou Iris; le petit Mars ou lliéciales ont pu être employées pour servir aux caractères généricpies. Cette famille reste LEPIDOPTEKES CLOSTEROCERES OU FUSICORNES. II07 cependant assez différente des trois antres, quand on tient compte des circonstances dépendantes de l'observation ; car le i^enre de nourritnre des chenilles, l'étude de leurs mœurs ou de leurs habitudes, puis l'examen des chrysalides ou des métamorphoses, semblent devoir autoriser l'établissement de cette grande coupe, indépendamment du nom [leu précis sous lequel nous la désignons. Les chenilles varient par les formes et les habitudes; toutes ont seize pattes. Les unes, qui sont roses ou in- colores, vivent dans l'intérieur des tiges et des racines ; telles sont celles des Sésies; d'autres, au contraire, sont très-colo- rées, souvent ornées de lignes d'un blanc pur, de traits rouge de carmin ou violets, de marques jaunes arrondies et cernées de noir, de bleu, ou de diverses teintes très-remar- (pjables; d'autres, et ce sont celles-là dont les insectes pai- f'aits ont reçu le nom de Sphinx, sont, en général, tranquilles, immobiles pendant le jour, tenant leurs parties antérieures relevées, et portent souvent, vers la queue, du côté du dos, une sorte de corne, ce qui leur donne une apparence bi- zarre et fantastique. Les chrysalides ne sont [)as absolument semblables dans tons les genres; cependant la plupart de leurs chenilles ne se filent pas de cocon, mais elles se construisent le plus sou- vent des coques, où elles restent isolées, sans être jamais suspendues on accrochées par la queue, dont l'extrémité est ordinairement très-pointue et épineuse, f^es larves, qui vivent dans l'intérieur des végétaux, comme celles de la plupart des Sésies, ont les bords des anneaux de leur abdomen garnis de pointes ou d'épines roides, à l'aide desquelles elles avancent dans les galeries qu'elles ont préparées, afin de venir se dé- .39. 1 lo8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. velopper au dehors, où elles laissent leurs dépouilles , ainsi que le font les Boinbyces du genre des Cossus. Enfin, les insectes parfaits ont, outre la conformation de leurs antennes, un port tout spécial. Leur corps, relativement à l'étendue des ailes, est généralement très-gros, et l'ab- domen est confondu à sa base avec la |)oitriue, car il est ses- sile ou ne présente pas d'étranglement dans sa jonction avec le métathorax, qui se trouve d'ailleurs tout à fait comme mas- qué par les poils écailleux. Les pattes sont toutes les six parfai- tement dévelo|)pées; celles de derrière sont quelquefois plus longues et garnies de poils mobiles, qu'on a nommés des épe- rons ou des ergots , et dont la présence a même servi à carac- tériser divers genres et à indiquer une certaine analogie avec quelques autres d'un ordre ou d'une famille fort différente. IjCS ailes supérieures sont toujours moins larges, plus lon- gues relativement ou plus étroites que celles des Papillons ou Rhopalocères, et elles recouvrent toujours les inférieures, auxquelles un crin , provenant de ces dernières, se lixe en s'engageant dans une boucle ou un anneau. Cette disposi- tion se rencontre dans plusieurs genres de cette famille, et le plus ordinairement chez les mâles; elle devient quelquefois ainsi un indice du sexe, quoique la coloration soit souvent différente chez les femelles. LKPIDOPTERES CLOSTEROCERES. G. /YGENE. • ' «9 Fa M LLE DES CLOSIÉROCKUES (1) ou FUSICORNES. CvltACTKRES : Lépidopt f;-e.s à antennes en fuseau ou en pri me , renflées ù l'extrémité ou au milieu. planes ventre à (large, [velue déprimée étroite. . 3 Machoclosse. Sesie. ( c en loil sur le dos Zygène. (1) D e icAWc -rrlp, î-poç , fuseau , et de x^pa? , antenne. 27.i. Genre ZYGÉNE. ZYG.ENA. (Fabricius.) Caractères : Lépidoptères à antennes en fuseau, beaucoup plus grosses et courbées au milieu de leur longueur, ter- minées en pointe nue; les ailes sont étroites ; les supé- rieures recouvrent les inférieures, et sont couchées en toit sur le tronc dans le repos. 'X r Ce nom grec, C^yaiva, est celui d'un pois- ^ft^Ntn^^l^ son ; il a été employé par Aristote, et Fa- ^Q^B^P^ bricius l'a pris comme au hasard, seulement ^uâT— ^p..)Uo.'..4fc P^i't"^ 1" i' indiquait le nom d'ini animal. Déjà de Geer et Linné avaient distingué ces espèces dans le genre des Sphinx, avec la dénomination de Papillons phalènes, comme une séparation bonne à admettre, Sphinges adscitœ. Ces insectes proviennent de Chenilles, courtes, raboti- lllO ENTOM()/,OGlE A^AL^ TIQUE gries, un peu veines, qui se nourrissent des feuilles de plantes, la plupart sur celles des légumineuses. Elles subissent leurs métamorphoses dans la même année; le cocon soyeux qu'elles filent est ordinairement allongé, et très-solide et difficile à déchirer; elles le fixent ou l'appliquent ordinaire- fuent sur les tiges des végétaux qui servent à leur nour- riture. C'est urje sorte de particularité dans cette famille. Ces insectes à l'état parfait ont le port ou l'apparence dt* Phalènes par la manière dont les ailes en toit inclinées recou- vrent le ventre. La plupart sont remarquables par la belle couleiH' rouge, plus ou moins carminée, qui se détache sui- un fond noir; la tête est plus petite que le corselet; le ven- tre est étroit, allongé, cylindrique, obtus ou arrondi à son extrémité libre; la tronque est longue. Les antennes vont en grossissant, depuis le milieu de leur longueur, et sont pres- que de la même étendue que le tronc ; celui-ci est à peu |)rès aussi large dans ses trois régions , qui se confondent presque dans leur jonction , excepté pour celle de la tête. C'est un genre extrêmement nombreux en espèces. Nous n'en décrirons (|ue quelques-unes, et nous indiquerons les noms de |)lusieurs autres. 1. Zi/gène de la Jilipenrlule. Zyç/xna fiUpendulx. Noire avec reflet verdâtir bronzé; ailes supérieures à six taches rouges bordées d'un noir bleuâtre. Lachenille, d'un jaune pâle, se trouve sur différentes plantes, surtout sui la Spirée filipcndule. On voit souvent son cocon soyeux et comme gom- ineux ou verni d'un jaune lirillant comme du soufre. L'insecte y reste près de quarante jours, ainsi que nous l'avons vérifié. 2. Zygéne de Pisparcftte ou sainfoin. Z. onobrijrhis. Semblable à la précédente, mais les taches rouges sont chacune bordées de blanc. •J. Zi/gme de la coionille. Z. Coronillx. Noire ; deux taches jaunes à la base LEPIDOPTERES CLOSTEROCÈKKS. G. z:YGÈi\l-. | i i | de chaque aile supérieure; ces ailes ont quatre taches blanches sur un fond noir; un grand anneau jaune au milieu du ventre. On a établi, sous le nom A'Eryihrus, un genre pour une espèce dont les ailes rouges nont d'autre noir que le bord apparent des ailes supériéù-^ res et inférieures. * : m L'espèce désignée comme Zyyène de la Scabieuse a tous les bords de l'aile rouge supérieiu'p marquée d'une large bande noire. Celle de la millefeuille [achiltex) a des taches ou bandes jaunes sur les ailes supérieures qui sont rouges. D'autres espèces à ailes rouges tachetées de noir, ou noires à taches rouges, sont celles de l'angélique, de la luzerne [medicaginis] , du vulné- raire [ai)thylli(lis), du trèfle. Mais on a séparé de ce groupe plusieurs espèces pour en constituer des genres distincts. L'un, sous le nom de Sijneomis, dont le nom signifie raccourci , com- prend une espèce dont les ailes sont noires avec des taches blanches, le ventre à deux anneaux ou cercles non jaunes et dont les longues antennes terminées en soie sont à peine dilatées dans la région moyenne. On en a trouvé deux espèces en Italie, dans le Piémont. Un second genre, sous le nom de Procris ou à'Alychie, renferme des espèces dont les antennes sont dentelées dans la région élargie ; leurs chenilles ont été comparées à celles que l'on appelle Cloportes, parce qu'elles sont larges et courtes, vivant, dit-on, sur le gazon d'Olympe (Sta- tices) et sur plusieurs autres plantes polygonées, sur les fleurs desquelles on les trouve. L'une d'elles, que Geoffroy a désignée comme une Phalène, sous le nom de Turquoise, a les ailes supérieui-es d'un beau vert cuivré. Un troisième genre, sous le nom d'Helerogynis, a été désigné ainsi parce que le mâle seul a des ailes et que la femelle qui setile un cocon ne prend jamais ces organes, qu'elle est là, et sans en sortir, fécondée par le mâle qui est ailé, et qu'elle y pond ses œufs , mode de procréation très-analogue à celui que l'on connaît chez les espèces du genre Psyché, voisin des Teignes, et dont les femelles ne prennent jamais d'ailes : telle est aussi la femelle de l'espèce de Phalène que Geoffroy avait nommée l'Étoilée, n" 23, p. 120. 1112 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 275. Genre SÉSIE. SESfA. (Fabricius.) 'Caractères : Lépidoptères, dont la partie moyenne des on- ' ' tennes est plus large que les extrémités; à bord externe de l'aile inférieure^ portant un crin ou une soie roide qui sen- ' gage dans un anneau du bord postérieur de l'aile de des- \nis, pour y- remplir l'office d'un ardillon dans sa chappe. ' '^''"'ï"''-' Fabricius, qui a séparé ces in- sectes du genre Sphinx de Linné, a pris du grec cr/îç-ziTo; ce nom de Sésie, probablement à cause de la manière de vivre des chenilles de 4ç)^ ^.eC*^ ^^* insectes qui se logent dans le 'iioïs, éar lek 'écrîvkiiis latins ont traduit cette expression d'Aristote sous le nom de Tinea seu Dcrmiculus ligna corro- dens, et dans cette circonstance le choix Fait par Fabricius est assez convenable. Au premier aperçu, ces insectes, sous l'état parfait, res- semblent assez, parce que leurs ailes sont très-souvent hyali- nes, transparentes, ou, comme on l'a dit, fenêtrées, à celles de beaucoup d Hyménoptères ou de Diptères, genres dont ils ont même reçu des noms spécifiques qui indiquent cette ap- parence. '"LèsChetiilles des espèces de ce genre ont seize pattes; elles 'sont cylindriques sur toute leur longueur, et presque cons- tamment pâles ou sans couleur, parce qu'elles vivent dans l'obscurité, se nourrissent dans l'intérieur des tiges, des troncs, ou des racines des plantes vivantes où elles se creu- I.KIMDOI'TERES CI.OSTEKOCliUKS. G. SESIF.. 1 M D sent des galeries, qui sont souvent pernicieuses aux végétaux qu'elles attaquent. C'est dans l'intérieur de ees galeries que s'opère leur changement en chysalides; celles-ci sont recon- naissahles aux verticilles de poils roides dont sont garnis les bords de chacun des segments de l'abdomen qui restent mo- biles les uns sur les autres, de sorte qu'à répo(|ue où l'insecte doit prendre sa dernière forme, il se traîne et s'accroche dans la galerie pour parvenir au dehors, et c'est là (ju'il laisse à l'entrée ses envelopf)es de nymphe, comme cela a lieu chez les Cossus et chez plusieurs autres insectes. Ces nymphes sont favorisées dans ce travail delà métamorphose, par cette particularité que leur tête est nuinie de deux cornes fort solides, à l'aide desquelles l'insecte fend la coque oii il s'était blotti, et qu'il peut, en outre, percer l'écorce mince vers le lieu préparé d'avance pour faciliter sa sortie. Les Sésies, à l'état parfait, ont le corps allongé et toutes les parties du tronc réunies; leur tête est arrondie, on y dis- tingue quelquefois deux stemmates; les yeux sont en ovale allotigé; les palpes, dont les articles sont distincts, se relèvent légèrement au-dessus du chaperon vers leur pointe. Les an- tennes sont souvent un peu plus dentelées chez les mâles, n?ais toujours plus grosses au milieu dans lesdeux sexes; leur extré- mité libre offre le plus souvent une petite houppe d'écaillés. Frécpiemment, le corselet est bombé, et un peu plus large f|ue l'abdomen. Le ventre est allongé, arrondi, presque de même grosseur dans toute son étendue, exce[)té à l'extrémité, où même il est presque toujours élargi pAV une bordure; de plus longs poils qui peuvent s'étaler en forme de <|ueue. Les ailes sont étroites relativement à leur longueur. Dans la |)lupart des espèces, les deux paires sont, en grande i4o 11 l4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. partie, nues, nienibraneuses , transparentes ou privées d'écaillés; elles s'étalent liorizontalement , toujours réunies par un crin qui, provenant de la base de l'aile inférieure, reste engagé dans l'anneau, qu'on retrouve sur le bord in- terne de l'aile de dessus, surtout chez les mâles. Dans l'état de repos ou d'inaction , les deux ailes sont couchées liori- zontalement sur le ventre. Les pattes sont bien développées, et au nombre de six. très-grêles et allongées, particulièrement les postérieures, sur lesquelles on remarque les poils roides, isolés, mobiles, que l'on a désignés sous le nom d'éperons ou d'ergots. La plupart de ces Lépidoptères qui ne vivent que pendant quelques semaines au plus, sortent le soir de leur séjour dans l'intérieur de végétaux; ils volent peu, mais souvent, pendant le jour, on les trouve arrêtés sur les fleurs com- posées ou sur celles (pii sont agglomérées, telles que les sca- bieuses, les calycandries. La transparence des ailes a fait donner à la plupart des es- pèces des noms triviaux qui rappellent leur analogie appa- rente avec un grand nombre d'Hyménoptères ou de Diptères avec lesquels on peut les confondre à la première vue. C'est un genre très-nombreux dans lequel on a inscrit, parmi les espèces de France, même aujourd'hui, plus decin- quante espèces , mais on ne connaît l'histoire de la vie que de sept ou huit seulement. Nous en indiquerons quelques-unes. 1 . Sr.^ie frelon. Scsia crabruniforniis. Apijormis (Linné). Corps brun, à grandes taches jaunes dont quatre sur le corselet, cinq autres en anneau.x sur le ventre qui se termine en pointe et non par des poils. C'est une des plus grosses espèces; les ailes sont transparentes, liordées LEPIDOPTERES CI.OSTEIIOCEHES. G. SESIE. 111 » ilu l)riin rougeâtre. La clienille sort, sous la forme de chrysalide, des troncs des peupliei-s et des saules sur lesquels nous l'avons souvent trouvée. -1. Séxie asil/foniie. S. asilifonnis. Corps d'un noir bronzé, avec une bandi' jaune au devant du corselet, en Torme de collier; abdomen à trois aimeaux jaunes ; ailes supérieures noires opaques, les inférieures transparentes. La chenille vit dans le tronc du bouleau, du peuplier d'Italie. L'in.sectc parfait se rencontre sur les fleurs du troène, du syringa philadelphe. .{. Sésic sphégi forme. S. sphegifonnis. Noir; deux taches sur le corselet et un anneau à la base de l'abdomen, d'une teinte jaune dorée; ailes supérieures transparentes, avec les nervures et les extrémités noires. -i. Sesie scolieforme. S. scolisefonnis. Noire; un collier; deux lignes obliques sur le corselet et deux anneaux sur le ventre de couleur jaune; brosse du bout du ventre trilobée, d"un jaune rougeâtre; ailes supérieures transpa- rentes à extrémité noire; pattes jaunes. .") Sésic culid forme. S. cvliciformù. Noir-bleu poli; une tache d'un rouge fauve sur les côtés du corselet; troisième et quatrième segments du ventre d'un rouge fauve, bordé de blanc en dessous. Les friies supérieures transpa- renlcs, avec l'extrémité et une tache transverse noire; ailes inférieures transparentes, bordées de noir, et une lunule noire. On la trouve sur les fleurs des pomacées au printemps. Nous n'indiquerons pas ici les trente ou (juarante es()èees, dont on a constaté l'existence en France. On ne connaît i;iière que la diversité des teintes observées, soit sur le cor- selet, soit sur le ventre, et quelques particularités des pattes et des ailes. On en a cependant séparé sous le nom de t/iyris qui, en grec, signifie une fenêtre, des espèces dont les ailes sont plus larges, plus courtes, comme découpées et frangées sur leurs hords et étalées horizontalement dans le repos, avec des espaces transparents, ou privés d'écail- lés, et avec l'abdomen terminé en pointe. Ce sont de petites espèces trouvées au midi de la France sur les fleurs du su- reau; on a appelé Tune vltrina, et Wxuitt f'cnestrinn. i/jo. IM'6 K.VTOMOI.OniK ANAI.VTIQrF. Wé'.'SVNnE SPHINX. SPH/NX ou SPHfiXGOS. (Linné., l'estait immobi Caractèrics : Lépidoptères a antennes plus grosses ou plus épaisses dans la région moyenne, qaà In base ou à là pointe. Ce nom est tiré de la l'able, parce que les Che- nilles dont ces insectes proviennent ont une forme ou ini port tout à faitbizarre. Le Sphinx de la Mythologie, 2(piyç, était un monstre imagi- naire qui restait immonne sur un rocher, au-dessus d'une grande voûte ou caverne; delà, il proposait des énigmes aux passants. Ce sont les Chenilles qui ont i'ait donner ce iioin particu- lier aux ins< ctes parfaits bien (pie ceux-ci n'offrent aucune apparence i'antastique ; mais, comme nous le verrons, les larves ont dans leur conformation et dans leurs habitudes des particularités assez singulières. Pour la plupart, elles sont d'un gros volume; leur peau est diversement colorée, et ba- riolée de lignes obliques à égales distances, très-régulières, dont les teintes vives sont souvent opposées à celles (pii les avoisinent. Leur tète, protégée par une sorte de casque avec des pointes de corne de formes diverses, est portée sur une portion du tronc, rétrécie et allongée, mais très-rétraç- LEl'inOPTERI'.S Cr.OSTKROCKHKS. G. Sl'HiNX. IllJ tile. Les vraies pattes articulées sont rapprocliées entre elles, se trouvent fort éloignées '.le celles qui sont membraneuses, et garnies de couronnes de crochets sur leur pourtour. Sous cette forme de chenille, l'insecte, lorsqu'il se repose ou quand il reste dans l'inaction, même Iprscpi'il craint le danger, a l'habitude de se dresser sur ses pattes abdomi- nales, en relevant, sous un angle déterminé, toute la partie antérieure du corps, qui reste ainsi suspendue et immobile pendant des heures entières. C est ce qu on a regardé comme l'attitude du Sphinx interrogeant, ou attendant la réponse, et de là est venu le nom sous lequel on les désigne, même à l'état parfait. r.es Sphinx, comme la plupart des insectes de cette fa- mille des Clostérocères, ont le corselet plus volumineux que celui des Papillons diurnes. Leurs ailes inférieures se lient aux supérieures dans l'état du repos , par le crin ou le poil roide dont leur base est munie et qui |)énètre et se trouve retenu comme lui verrou dans la gaîne qu'on voit sous le l)ord de l'aile supérieure; de sorte que ces deux ailes ne peuvent pas s'élever verticalement, et qu'elles sont toujours étendues sur le même plan, légèrement incliné ou ju'esque horizontal. ' ' Les chenilles, dont nous venons d'indiquer les habitudes, varient beaucoup pour les formes générales; leur corps est revêtu d'une peau souvent graïudeuse ou tuberculeuse, mais elle n'a point de poils; elles ont seize pattes et vivent au dehors sur les végétaux, dont elles mangent les feuilles; La plupart restent inactives pendant la journée et ne j)ren- nent leur nourriture, qu'elles dévorent avec voracité et en grande rjuantité, que vers le soir et le matin, dans le cré- ill8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. j)uscule. Elles se métamorphosent presque toutes au pied des arbres dans une coque où elles passent le plus souvent tout l'hiver. La chrysalide qu'on trouve dans ces follicules préparés avec art est mise à l'abri 'de toute atteinte exté- rieure et de l'humidité, à l'aide d'un vernis imperméable; elle y est très-libre, couchée horizontalement ; son corps est emmailloté dans uii étui de corne solide et arrondi, souvent très-pointu du côté où se termine l'abdomen; du côté de la tête, on distingue la forme des antennes, des pattes, et sur- tout de la trompe, qui est même comme détachée avec un intervalle libre entre les pattes dans quelques espèces. L'in- secte parfait sort seulement de la nymphe lorsque les feuilles sont déveloj)pées , de sorte (jue presque toutes les espèces de ce genre ne se font remarquer que dans les beaux jours de mai, et c'est alors aussi qu'après avoir été fécondée, la femelle va déposer ses œufs sur les plantes ou sur les arbres,, dont les feuilles conviennent à la nourriture de sa race, et souvent sur des végétaux dont les sucs sont très- acres, comme, par exemple, les euphorbiacées. Ce genre est très-noinbrenx en espèces, mais il est difficile de se procurer des individus à moins qu'on ait |)u re- cueillir les chenilles, et suivre leur développement en les conservant en captivité et en leur fournissant la nourri- ture ; encore faut- il prendre, dans ce cas, les plus grandes précautions pour préserver la terre dans laquelle elles se métamorphosent, de la sécheresse, de l'humidité, et de la chaleur ou du froid, car le plus souvent les chrysalides obtenues à l'aide de ce moyen ne produisent pas les insectes que l'on était dans l'es'pérance de se procurer, et c'est ce qui ari'ive fréquemment aux amateurs qui recherchent ces iti- LKl'IDOl'TÈRES CLOSTEROCÈRES. G. SPHINX. I I I () sectes très-reniarqiiables par leurs belles couleurs et leurs formes agréables. Ce genre a été, dans ces derniers temps, subdivisé en six autres qui paraissent, en effet, réunir ou rap[)rocher entrf elles des es|)èces très-analogues soit par la forme et les ha- bitudes des Chenilles dont elles proviennent, soit par la for- me de leurs antennes ou de leurs ailes, ou même par le développement de la trompe, mais toutes les notes n'ont pas été établies d'une manière comparative. Nous croyons cependant utile , avant de faire connaître les espèces les plus remarquables, de donner quelques notions sur ces gen- res proposés, en indiquant les noms sous lesquels on les dé- signe; ce sont : I . Les Dfiléphiles, dont le nom grec, Sùl-r\, correspond à crépuscule , et au.o;, qui aime; les antennes sont grosses, prismatiques ; les ailes sont garnies d'un crin; celles du dessus sont longues, étroites; les inférieures se pro- longent un peu au delà de l'abdomen, qui est allongé, conique. Telles sont les espèces de Sphinx que nous faisons connaître sous les n°* 1, 2, 3, -4. -2. Le Ptcrogon, dont le nom rappelle que les ailes sont anguleuses , n'a vérita- blement que ce caractère, mais on y a ajouté que la chenille file un cocon dans un paquet de feuilles réunies; tel est le Sphinx de l'onagre, n° 11. :i. Le Mdcroglosse. Nom indiquant une grosse ou longue langue. Ce groupi' est très-naturel. Les insectes parfaits sont faciles à reconnaître par l'extré- mité de leur abdomen, qui, en effet, est déprimé et garni de longs poiN qui l'élargissent. Nous avons conservé ce genre sous le n° 277. A. V Acherontia. Nom qui rappelle le fleuve des douleurs. Ce genre est sur- tout remarquable par la brièveté de la langue : c'est le Sphinx Atropos ou à tête de mort dont nous parlons sous le n° 5. 3. Le S/)/i/«r dont les antennes sont très-grosses ainsi que la langue, et dont les ailes inférieures ont leur ;angle caudal arrondi; ceux-là ont le vcntr./ très-conique et pointu ; tels sont les n" (>, 7, 8. 1 1 20 riXTOMOl.nC.IK ANAI.VTK^LE. 6. Le Si/iérinlhe, dont le nom grec, ,u>b ; «(of.,,-! ol, H UvS-AW'^ ,. ''' n-lvAu.i:[-. .,„„, i4i I 1 O/x ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. et les stigmates sont noirs aussi; la corne du dos est jaune et recourbée. Elle se nourrit des feuilles de plusieurs solanées, telles que la pomme de terre, la douce-amère, le datura, l'alkékenge, le jasminoïde et même le fusain. 6. Sphinx du troène. S. ligustri. Gris rougeàtre; abdomen et ailes inférieures roseSj avec des bandes noires. Sa chenille est verte avec sept raies obliques violettes en avant et pâles en arrière; stigmates jaunes; cornelisse, noire en dessus, jaune en dessous, lille vit sur le troène, le lilas de Perse, le frêne, le sureau, le laurier-thym. On en découvre la présence par les excréments qui restent au pied de ces arbrisseaux; car ces matières, d'une teinte noire, sont sorties moulées avec six cannelures et conservent longtemps cette forme. Dans le jour, cette larve reste immobile, au moindre bruit ou mouvement qui s'opère à proxi- mité. 7. Sphinx du liseron. S. convolvnli. Ailes d'un gris nébuleux; ventre à cer- ceaux rouges, noirs et blancs; antennes très-grosses, blanches en dessous: pattes grises, à tarses annelés de blanc. Le vol de cet insecte est très bruyant. La chenille est verte, à points noirs et taches semblables avec des bandes latérales obliques et blanches. Elle vit sur les liserons et les faux jalaps (mirabilis). 8. Sphinx du pinéastre. S. pinastri. Gris foncé; ventre et bords des deux ailes à taches blanches ; corselet à deux lignes latérales blanches. La chenille est verte, avec trois lignes longitudinales ; elle est d'une nuance citron de chaque côté; le dos est brun et la corne dorsale noire. On la trouve sur le pin de Corse à Fontainebleau. 9. Sphinx du tithtjmale. S. cuphorbix. Ailes supérieures et le corps lavés de grandes taches vertes'; ailes inférieures roses, avec deux bandesnoires, dont l'une très-large à la base, l'autre étroite et parallèle au bord libre. La chenille est brune, avec des points jaunes rapprochés, disposés par anneaux; deux rangées longitudinales de taches jaunes ou blanches en étoile ; la tète, les pattes et l'anus ainsi que la base de la corne de couleur rouge. Cette corne est courbe, épineuse, noire à la pointe. On la trouve souvent, à Paris, sur le tithymale à feuilles de cyprès , dans les terrains arides. C'est une des plus belles chenilles pour les couleurs. 10. Sphinx de la garance. S. galii. Semblable au précédent mais avec des dif- férences constantes dans les nuances. I.EI'IDOI'TKIÎKS CLOSIKnoCERKS. T.. SPHINX. 1 l'J! ' j Il semblerait que connue la chenille se nourrit d'autres plantes, les cou- leurs pourraient varier. Cette influence mériterait bien d'être constatée. Les deux espèces précédentes sont du genre Déiliphile, et la suivante a été rapportée au genre Ptérogon. 1 i . Sphinx de l'onagre. S. œnanthcm-. Vert ; corselet, ailes supérieures et bords libres des inférieures à lignes grises; bords des ailes inférieures jaunes; an- tennes noires, avec l'extrémité blanche; ventre court et cylindrique. La chenille qui vit sur diverses espèces d'épilobes, comme sur l'onagre, est verte ou brune, avec les stigmates rouges, bordés de noir; elle file sou cocon entre les feuilles séchées et ramassées sur la tige. Les trois espèces suivantes appartiennent au genre suivant, que nous considérons comme fort distinct, et dont nous donnons la figure séparé- ment. 12. Sphinx du tilleul. S. tiliœ. Ailes d'un jaune brunâtre, les supérieures bor- dées de vert, avec deux taches de même couleur au milieu; tête et bords du corselet verts; abdomen gris, lavé de vert. La chenille vit sur l'orme et le tilleul ; elle est verte chagrinée avec sept lignes obliques blanchâtres bordées de vert. La corne est verte à pointe verte; commune à l'aris. !.■{. Sphinx ocellé. S. oreltaln. Le (i('mi-[)aon, Geoffroy, t. II, p. 79, n" I. Gris; ailes inférieures rouges, avec une tache œillée noire, à iris bleu et ii prunelle noire. La chenille mange les feuilles de nos arbres fruitiers et du saule. Son dos est vert et les flancs sont d'un vert bleuâtre. La peau est chagrinée, avec- deux lignes obliques blanches; la corne est bleue. 1 i. S/'hinx du peuplier. S. populi. Ailes d'un gris brun ou roussàtre; base des inférieures portant une grande tache d'un rouge dérouille, chargée de longs poils. (^est le Sphinx à ailes dentelées de Geoffroy, t. II . p. 81 , n° 3. Un a trouvé souvent, et nous en particulier, nous avons pris des individus mâle d'un côté et femelle de l'autre, ce qui se reconnaissait par les ailes et les antennes. La chenille est verte; sa peau est rugueuse, avec sept lignes latérales obliques jaunâtres; su corne est bleue à la base et jaune à la pointe; la tête est bordée de jaune. i4i. II 24 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 277. Genbe MACROGLOSSE. MACROGLOSSA. (Scopoli.) Caractères : Lépidoptères crépusculaires; à antennes en/u- seau, plus grosses au milieu, et terminées en pointe; à trompe de la longueur du corps ; ailes courtes, étroites à la base, souvent peu écailleuses ; à abdomen déprimé, large, à bords frangés , et à extrémité tronquée et barbue. Ce nom, indiquant la grosseur de la langue que l'insecte porte éten- due pour l'introduire en volant dans l'intérieur des corolles, pro- vient de [j!.ax.poi; , longue , et de vXSicca, langue. \. Macroglosse moro-sphinx. M. slellatarum. Gris; ailes inférieures jaunes; ventre tacheté de blanc, plat et élargi, portant, à l'extrénnité, une brosse de poils plats. La chenille du Moro-sphinx vit sur le caille-lait et les Aspérules ; elle est verte, avec quatre lignes longitudinales : deux blanches en dessus, deux jaunes en dessous. Stigmates noirs; pattes membraneuses noires, avec la couronne rosée. Ce Sphinx vole surtout en plein jour avec une rapidité extrême. 2. Macroglosse frelon. Hl.fuciformis. Corps vert; ailes transparentes au centre, brunes au pourtour; une bande large, d'un brun rougeâtre, au milieu du ventre dont l'extrémité élargie est bordée de poils noirs. C'est le Sphinx à ailes transparentes de Geoffroy, t. II, p. 82, n° 4. La chenille, qui vit sur le chèvrefeuille et aussi sur le caille-lait, est verte; mais le dessous du corps, les pattes et la corne sont d'un rouge brun; les stig- mates sont noirs, avec le centre blanc. 3. Macroglosse bombyle. M. bombyliformis. Semblable au précédent; mais après la large bande noire du ventre en vient une autre d'un beau rouge ; puis le vert se prolonge jusqu'à l'extrémité de la queue. On dit que la chenille vit sur la scabieuse et la lampette. LÉPIDOPTÈRES nÉMATOCÈRES OU IILICORNES. I 1 25 Quarante-septième famille : les NÉMATOCÈRES ou FILICORNES. Nous avons dit que cette famille des Lépidoptères se trouve, pour ainsi dire, indiquée par la configuration des antennes, qui ne sont pas plus grosses à leur extrémité libre, comme dans les Papillons ou les Rhopalocères; ni plus grosses ou plus épaisses dans la région moyenne, comme dans les Sphinx ou Clostérocères ; ni terminées par des articulations allant finir en une pointe libre, dites antennes en soie, comme dans les Phalènes ou Noctuelles que nous avons réu- nies dans une dernière famille très-nombreuse en genres et en espèces, et à laquelle nous avons attribué la dénomination de Chétocères. Cette troisième famille, dont nous allons nous occuper, diffère des trois autres, parce que la tige principale des an- tennes, qui est en fîl, porte des appendices qui forment un peigne, des dentelures ou des plumes barbues, et est à peu près de même grosseur de la base à la pointe. C'est d'après la forme de cette tige centrale que la famille a reçu les noms de Nématocères ou Filicornes, le premier formé des mots grecs vfl[Aa-aToç, signifiant fil, et l'autre, xspaç, indiquant l'an- tenne qui est en forme de fil. Les trois genres principaux, dont le premier surtout a été subdivisé, se rapprochent desinsectes qui portent tous les ailes en toit incliné sur le dos dans l'état de repos ou d'inaction. Les inférieures, le plus souvent arrondies, offrent à leur base un crin ou un poil roide destiné à traverser un anneau ou un crochet recourbé que l'on voit sous le bord jjosté- rieur de l'aile de dessous, ce qui représente et produit l'effet II26 ENTOMOLOGIE AN\LYTIQUE. d'un ardillon arrêté dans une boucle ou dans le cadre qui !e supporte, de manière (|ue, dans le vol, les deux ailes, réunies de chaque côté, forment un plan solide pour s'ap- puyer sur l'air. Presque toutes les espèces rangées dans cette famille pro- viennent de larves ou de chenilles à seize pattes, qui se filent un cocon d'un tissu soyeux plus ou moins serré, dans lequel, pr) quittant leur dernière peau, elles se changent en pupe ou en chrysalide arrondie et obtuse à l'un des bouts, où l'on peut remarquer, en dehors, les indices de la tête, des an- tennes, des ailes et des pattes. Ces chrysalides sont tou- jours libres; quelquefois elles se suspendent par la pointe à des fils dont elles ont recouvert la surface solide, ce qui leur permet d'y rester accrochées sans faire un follicule, ou de se construire un cocon clos diversement, selon les espèces. Linné avait réuni sous le nom de Bombyces les trois genres principaux composant aujourd'hui ce groupe, mais dont le principal, cehii qui conserve cette dénomination, estexcessive- ment nombreux en espèces et a dû être subdivisé. Il est cepen- dant si naturel que nous le conserverons. Les auteurs, voyant qu'il réunissait à lui seul plus de neuf cents espèces, ont pro- posé des subdivisions destinées à rapprocher, en effet, entre elles des espèces qui ont la plus grande analogie, soit dans le port des ailes, soit dans leurs formes générales, soit dans leurs teintes. Ils ont ensuite considéré les différences dans les palpes, la longueur ou les dimensions de la trompe ou la composition des antennes; celles des pattes antérieures ou postérieures; la diversité des chenilles, leurs habitu- des, leurcocon; enfin, par une suite de particularités vérita- blement très-importantes ;i connaître, mais qu'il n'est pas LEPIDOPTERES NEMATOCERES OU FILICORNES. I I aj facile de comparer entre elles, et qui ne peuvent être mises en opposition ni soumises, par conséquent, à une classification méthodique. Nous proposons un arrangement dans le genre Bombyce , qui peut conduire à l'indication des espèces, car en parlant de la plupart de celles que nous décrivons, nous indiquons généralement le nom du genre dans lequel on les a inscrites dans ces derniers ttnips. D'après la conformation de la tige centrale des antennes, abstraction faite des dentelures ou des prolongements de leurs articles, qui laissent cependant cette ligne moyenne d'un diamètre égal sur toute sa longueur, ou en forme de fil, nous désignons par le nom de Filicornes les trois genres suivants, dont les caractères peuvent être ainsi analysés sans que nous soyons obligés de dresser pour le classement de ces Eiépidoptères un grand tableau synoptique. Famille des NÉMATOCÈRES (1^ ou FILTCORNES. Caractères : Lé/>i(iop(ére.i à antennes en fil. j en chapdel ou à anneaux arrondis 5 Hêpiale. ANTENNES j distincte 1 Bombyce. (on peigno, ou dentelées; trompe f nulle ou très-courte. . . 2 Cossis. (1) De v"/i;Aa-o(TOi;, fil, et de xs'oïç, antenne. 1128 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 278. Genbe BOMBYCE. BOMBYX. (Linné.) Caractères : Lépidoptères à tige centrale des antennes de viênie grosseur d'un bout à l'autre^ mais dont les articles sont le plus souvent dentelés, pectines ou barbus. T ^'^^' Ce nom est emprunté du grec. Aristote désignait ainsi, pôaëul, des insectes qui construisent une sorte de nid ou de coque terminée en pointe qu'ils recouvrent d'un enduit fi'une sorte de sel, et qui est très-épais et si solide qu'on au- rait de la peine à la percer d'un coup de lance. H y a ici une variante dans la version au sujet de l'enduit de ce co- con ; les uns ont écrit àXu/.a;, de sel; les autres ûylecj;, luisant Il est certain que ce passage de l'histoire des animaux semble r.KPIDOPTERES NEMATOCERES OU FILICORNKS. I I ^.9 indiquée le cocon du Bombyce Grand-Paon. Quel(|iies en- tomologistes ont cru cependant y reconnaître l'indication du nid de l'Abeille maçonne, parce (jue le non> de po'[/.êu^ signifie qui fait entendre un bourdonnement, un murmure, bruit que produit cet insecte en volant; mais dans le même paragra- phe, Aristote vient ensuite à |)arler de la cire. Quoi qu'il en soit, ce nom de Bond)yce, donné peut-être à toi't par les Latins, et en ])articulier par Pline , à la Che- nille du mûrier, a été, par la suite, appliqué à un grand nombre d'espèces voisines pai- Fabricius qui en a fait un genre distinct et très-naturel. Linné avait déjà indi(jué la nécessité de cette division en établissant, parmi les Phalèiifs, des sections à l'une des(pielles il avait assigné le nom de Bombyces. Il faut avouer cependant que, bien qu'on puisse réunir ces Lépidoptères sous un même nom de genre, parce qu'ils ont entre eux les plus grands rapports, principalement par le mode de leur métamorphose, il est assez difficile d'y adjoin- dre certaines espèces dont les caractères ne sont pas bien prononcés. Ces caractères consistent, en effet, plutôt dans la faculté qu'ont les chejiilles de ces espèces de se filer un co- con , que dans la forme des antennes dont les dentelures sont souvent à peine visibles, et dont la tige va quelquefois un j)eu en diminuant vers l'extrémité libre. La langue, à la vérité, est très-courte, à peine de la longueur de la tète; mais quelfpies autres genres de Lépidoptères sont dans le même cas. Au reste, il en est de ce genre comme de presque tous ceux qui, dans les diverses parties de l'histoire naturelle, ont offert un grand nombre d'espèces parmi les(juelles on est ll3o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. vejiii ])uiser, successivement pour ainsi dire, qnekjues genres accessoires. Tous ces insectes qu'on n'a \m en distraire sont restés là, et souvent même le nom du geni-e principal et pri- mitifa fini par disparaîti^e avec relui des premières espèces. Ici, cependant, les entomologistes n'en sont pas encore arrivés à ce point. Ce genre renferme aujourd'hui |)lus de mille es- pèces diverses, et il aurait été bien à désirer qu'on eût pu en séparer au moins les trois quarts. Quand une famille est bien naturelle, il est très-difficile de trouver des notes suf- fisantes pour la diviser en sections. Ainsi, par exemple, ce genre Bombyce, comme ceux des Phalènes , des Noctuelles, des Teignes et de la plupart des autres Lépidoptères parais- sent, jusqu'ici, être de nature à faire échouer toutes les ten- tatives des auteurs systématiques. Nous ne nous arrêterons pas à décrire l'organisation et les habitudes des larves ou des chenilles parce que nous les avons fait coiuiaître en parlant des formes des insectes et surtout dans le chapitre destiné à représenter le tableau des fonctions et surtout des métamorphoses. Alin de donner plus de facilité j)our la recherche et la dé- termination des espèces du génie Bombyce, nous les avons rangés autant que |]ossible dans l'ordre qui nous a paru le plus naturel. Nous avons indiqué sept sections principales, et à l'occasion des espèces qui y sont inscrites, nous avons fait connaître le nom du gem-e sous lecpiel on les trouve rangées dans les derniers ouvrages publiés sur les Ijépidoptè- res. I.a ))lu|)art de ces genres ont été i)rop()sés comme très- naturels parce qu'ils sont établis d'après la forme, la ma- nière de vivre et les métamorphoses des chenilles ou d'après la forme des palpes, des antennes, des pattes, du tronc ou des LEl'lDOl'TKRES NEiMA TOC.F.RF.S OV FIMCOKNKS. Il3l ailes, tlifférencesqiii, pour les déterminations, demaiuleraiejit à être consultées d une manière générale et comparative. Le tableau suivant offre d'un coup d'œil les divisions que nous avons formées dans ce genre. Famille des NFMATOCÈRKS ov l'ILICORM'S. SECTIONS. I lout à l'ait dccouverles 1 étalées horizonlalfiiieiil; les inférieures I ( cachées en parlie '■1 Ailes de dessus ' ( •"■^i^^n'^'l'^^ dépassant les supérieures 5 1 'ai};!!; les inlerieures , ,. . , , . , j I ^ 1 uepa>saiit les supérieures. . 4 f I \eii loit sur le dos! en toit ,' (entièrement couvertes.... 5 ! non plissées en long ti ndi sur le dos ; les inl'ér ( plissées en éventail Eauinération de quelques espèces comprises dans chacune ^, t ,r, ^,^. de ces sept divisions. I. Les quatre ailes étendues horizontalement, les supérieures cachant très-|ieu les inférieu- res. Attacus,\Ânaè, Salurnia d>'S auteurs modernes. I . Bombyce grand paon. Bombyx pavonia major; seu prjri. Ailfs grises, à larges bandes brunes bordées de blanc, porlant sur chacune une tache œillée dont la pupille est transparente. Sa chenille, qui est très-grosse, est surmontée de huit tubercules sur chaque anneau ; ils sont de couleur bleue, et comme vernis et ornés de longs poils dont quelques uns sont terminés par un petit renflement. Le cocon est allongé, pointu par l'un des bouts où les soies, aussi roidès que des crins, sont disposés en cône du côté par lequel l'insecte doit sortir. Nous i42. II 3a ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. avons donné beaucoup de détails sur cette espèce dans le tome V du Dic- tionnaire des sciences naturelles. ■2. Bombyce demi-paon. B. paronia minor , seu spini. kWessn'^èvxewT&svon- geâtres; les inférieures jaunâtres; une tache œillée sur chacune d'elles et une autre rouge et blanche à l'angle externe de l'aile supérieure. Dans cette division, il y a beaucoup d'espèces étrangères dont quelques- unes ont les ailes inférieures prolongées et d'autres qui ont de grandes pla- ques pellucides; plusieurs donnent de la soie. 3. Bombyce (au ou hachelle. B. tau. Jaune, avec une tache œillée d'un noir violâtre et marquée au centre d'un T blanc. On l'a séparé sous le nom d'un genre nommé Ar/tia. II. Ailes étendues , les supérieures horizontales couvrant les inférieures. l. Boinbijce vcnicolore. B. versicolora. Ailes supérieures grises, allongées, à sommet tiès-aigu avec des lignes ondées transversales noires et blanches; à base et devant du corselet blancs. On a rangé cette espèce dans le genre Endromis. 5. Bombyce de la ronce ou jxjlyphnge. B. lubi. Ailes jaunes, avec deux lignes moins foncées sur les supérieures. Cette espèce et les deux suivantes ont été conservées dans le genre Bom- byx par M. Bois-Duval. Ses ailes sont larges et presque aussi couvertes de poils que d'écaillés. 0. Bombijcr du chêne, ou .Vininte à bcmdes. B. queicus. Ailes ferrugineuses bor- dées de jaune ; les supérieures, avec un point blanc. 7. Bombyce du trèfle. B. trij'olii. Ailes ferruginetises, les supérieures avec une large bande et un point blanchâtre. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente; les mâles sont plus petits que les femelles; ils volent souvent par saccades et avec rapidité, pendant le jour. S llomlnjce dv gazon. B. dumeti. Ailes d'une couleur jaune-fauve, avec une bande, un point et le bord postérieur moins foncé. M. Duponchel l'a placé dans le genre Craléronyx parce que les onglet. I.ÉPinOPTÈKES MÉMATOCÈRES. C. BOMBVCi:. ilS!"} dos pattes antérieures sont très-(iévclop|i('s, ainsi que le tarse (jui les sup- porte. UI. Ailes en toit; les inférieures horizontales dépassnnt les supérieures dans l'état de rr- |ii>s ; leurs palpes sont trcs-saillants ; ce sont pour la plupart des Lasiocampa, genre établi par Latreille parce que les chenilles ont comme des entailles sur le i ou. ï). Bombyce feuille de chêne OU feuille morte. li. quercifolia. Ailes d'un jaune de leuille morte; antennes, pattes et jambes noires. Cet insecte, quand il est en repos, ressemble, en effet, à un paquet de feuilles de poirier desséchées; ses ailes supérieures sont fortement den- telées. Nous en avons donné la figure. 10. Bombyce feuille depevplier. B. populifolia. Ailes testacées, dentelées, avec quatre bandes ondées, transversales. Sa chenille vit sur l'osier; elle se contourne en cercle lorsqu'on la tou- che, ses pattes restant en dessus, attitude qu'elle conserve sans remuer pendant plus d'une demi-heure. 11. Hoinbijce feuille d'ilex. B. ilicifolia. Ailes d'un beau jaune ou testacées, dentelées, avec quatre bandes ondées en travers. Sa chenille ressemble beaucoup à celle de l'espèce précédente. 1:2. Bombyce du hêtre. B. fagi. Aile d'un roux cendré, avec deux lignes tlexueii- ses beaucoup plus pâles et même jaunes. On a placé celte espèce dans le genre Hurpya, parce que les chenilles n'ont que quatorze pattes et que leur queue porte deux tubes cornés au croupion. I.'î. Bombyce du prunier. B. pruni. Ailes d'un jaune ferrugineux, avec une bande brune et un point argenté sur les supérieures. Cet insecte ressemble au Bombyce feuille-morte; on l'a placé dans le même genre, parce que les chenilles sont velues et nommées Lasiocampa. 14. Bombyce buveur. B. polaloria. Ailes d'un jaune rouillé; deux raies trans- versales, brunes sur les supérieures avec deux points argentés dont l'un plus petit. C'est Gœdaert qui a donné ce nom parce qu'il savait que sa chenille avait bu. On a placé cet insecte dans un genre distinct sous le nom d'Odoneslis. Il3/i ENTOMOLOGIE ANAr-YTlQUE. lo. Bombijce an cerisier. D. cerusi. Ailes jaunes ferrugineuses, avec un point et deux bandes brunes sur les supérieures el un autre point blane bordé de brun à l'extrémité. IV. Ailes tn toit, raiiis dans le repos, les iiiférieuies plus élemlnes que les suiiéneiires. La plupart des espèces ont été lapportées au genre Eriogasier, parce ipie leur abdcnien est ;,irni d'une houppe laineuse cliez les femelles. 16. Uombyce laineux. B. laneslris. Corps et ailes d'un rouge pâle brunâtre , avec une raie plus pâle; les supérieures, avec deux taches plus pâles, dont une à la base. Les chenilles vivent en société et se tilent une tente sous laquelle elles .^e retirent pendant la nuit. Elles passent l'hiver en chrysalide. 1". Uombyce catax. B. ca^a.r. Ailes brunes, avec un seul point blanc : corps fauve, à anus très-brun. Sa chenille est grise, avec deux longues raies noires en long et deux points rouges sur chaque anneau ; vit sur le chêne. !8. Bombyce évérie. B. everia. Ailes jaunes ou brunes, plus pâles à lextré- niité ; un jioint blanc sur les supérieures, in. liombijce du peuplier. B. populi. Ailes et corps bruns ; tête, devant du cor- selet et bout de l'aile supérieure plus clairs , avec deux raies et un point blanchâtre. On l'a rangée dans le genre PœcUocawpa. 20. Bombyce livrée. B. neustria. Ailes d'un gris jaunâtre avec une bande brime sur les supérieures. Elle provient de l'une des chenilles les plus communes. C'est àHéainiuir qu'elle doit son nom d'après les lignes longitudinales qu'on lui voit sur le iii; i dos et qui ressemblent à des galons rouges et blancs. '.•; Les chenilles proviennent d'œufs que la mère a disposés en anneaux très- rapprochés les uns des autres et qu'on a comparés à une portion de peau de serpent. On a rangé cette espèce dans le genre Clisiocawpa, parce que les chenilles se retirent sous une tente. •21. Bombyce des camps. B. castreNsis. Ailes brunes ou d'un jaune fauve avec deux bandes distinctes en travers. La chenille ressemble à celle de l'espèce précédente, aussi la nommet- ' ■■- on la livré-e des prés, parce qu'elle vit sur les plantes el non sur les arbres ; ■ ' J ses lignes longitudinales rouges sont parsemées de points noirs. MîPinOPTERES NEMATOCERES. G. BOMBYCE. 1 1 j;j 52. Tiombyce du noisetier. H. avellmi.r. Ailes cendrées obscures, txvco iinr bande large, semée, plus foncée. La chenille ne vit pas en sociélé ; elle est biune avec une bande jauiir- sur chaque anneau et mie raie de taclies blanches sur le dos. 53. Bombijce de l'aubépine. li. craLryi. Ailes cendrées ou noirfttres , avec une bande plus foncée bordée de brun. Comme le mâle de cetts espèce porte deux touffes de poils à l'anus, ou l'a placé dans un genre qu'on a nommé Trichiurc. Elle offre aussi cette particularité qu'après avoir filé son cocon , elle le recouvre de terre en dehors avant d'y rentrer pour se changer en chrysalide. 24. Bombyce processionnaire. B. proccssionea. Grise, avec deux raies transver- sales plus obscures sur les ailes supérieures et une sur les inférieures. Les chenilles sont grises, couvertes de longs poils roides et cassants; elles vivent en société sous une sorte de nasse , divisée intérieurement par des cloisons formant des galeries qui ont une ouverture commune. Ces chenilles sortent toutes ensemble pour aller manger et rentrent de même, dans l'or- dre le plus admirable. L'une d'elles conduit la famille; derrière ce chef, toutes les autres marchent à la iile en suivant la route indiquée par la pre- mière dans une longueur de sept à huit mètres, se doublant, se triplant, se quadruplant en travers dans cette procession. Cette marche a lieu le plus ordinairement au jour tombant. Les poils de ces chenilles pénètrent dans la peau des personnes qui les louchent sans précaution. Les nids sont plus dangereux à manier que les chenilles, car ils produisent une sorte d'érysipèle. On a même proposé d'en faire emploi en médecine pour opérer un déplacement d'inflanunation et la diriger sur la peau. Les larves des Calosomes, sortes de Coléoptères Créophages et ces insectes parfaits eux-mêmes se trouvent souvent dans ces nids. 5.S. Tiombyce piltjocampe. B. processionnaire du pin. Grise; trois bandes traus- verses obscures sur les ailes supérieures; les inférieures, blanchâtres avec un point obscur à l'extrémité. Cette espèce, comme la précédente, a été désignée sous un nom île genre Cwthoeampn, c'est-à-dire chenille qui fait qu'on se frotte. 56. Bombyce (t soie on du mûrier. B. won. Blanc; ailes supérieures avec trois bandes transverses presque effacées. Cet insecte est le plus connu de fous ceux de ce genre, quoiqu'il soit originaire de la Chine et des parties les plus méridionales de l'Asie. C'est sa chenillequ'on nonnne le Fer à sot'' et que l'on élève en domesticité pour en Il:)() ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. obitmir le lil précieux dont on ne peut mieux rappeler la solidité, la lénuilé extrême et le brillant que par le mot même de soie. Les mœurs et la forme . de celle chenille sont celles que nous avons fait connaître dans les géné- ralités. Nous ciaindrions d'entrer dans des détails qui deviendraient trop '.; /longs si nous youlions bien l'aire connaître l'histoire de ces insectes. Nous en donnerons donc seulement un covu't résumé. 11 paraît que c'est vers l'année 1450, que les œufs de ces insectes furent apportés en Europe et que l'on commença à s'occuper du genre d'indus- trie auquel la soie a donné tant d'importance. Louis XI, en 1480, appela en France des ouvriers de la Grèce, de Gênes et de Florence, dont les pre- miers essais furent d'abord tentés à Tours et puis à Lyon. A cette époque, les premières étoffes fabriquées avec la soie se vendaient au poids de l'or et maintenant le denii-kllogramme n'en coûte pas la quinzième partie. Nous avons donné dans le V" volume du Dictionnaire de LevrauU beau- coup de détails sur la culture de ces insectes ou la sériculture. Il serait inutile de les reproduire ici, même en abrégé. Nous y indiquons louti s les précautions qu'il faut prendre dans cette sorte d'éducation des larves pour obtenir des races pures et de beaux ])roduits. Elles ont été bien perfection- nées depuis, ainsi que l'étude des maladies auxquelles les vers sont sujets dans les magnaneries, dénomination par laquelle on désigne les grands éta- blissements consacrés à cette sorte de culture. V. Les quatre ailes en toit aigu, les inférieures entièrement couvcrles. i". Bomhijce à museau. li. pulpirui. Ailes blanchâtres, dentelées, à veines noi- res et à palpes dirigés en avant. Ces insectes, sous l'état parfait, portent une crête de poils au bord in- terne des ailes supérieures. On les a désignés sous le nom de Dromadaires et l'on en a fait un genre distinct sous le nom de Plilodontis. :28. Bombyce capucin. B.cupucina. Ailes rousses ferrugineuses; les supérieures avec quelques bandes ondées plus obscures. C'est l'espèce que Geoffroy a décrite sous le nom de Crête de coq. La chenille qui vit sur le saule porte sur le dernier anneau deux verrues de couleur pourpre. L'insecte pai'fait est très-voisin du précédent. -1\). liombyce chamelle. B. camelina. Ailes d'un brim roussâtre, avec trois bandes transversales noires sur les supérieures. LKPIDOI'TÈRES nÉMATOCÈRES. G. BOMBYCE. I I Sj 30. Bombijce dromadaire. B. dromaderius. Brune ; les ailes supérieures avec des nuances plus obscures ou jaunâtres. :M. Bombyce zigzag. B. zigzag. Corps cendré roussâtre; les ailes supérieures grises, avec des lignes ondées brunes. La chenille vit aussi sur le saule; elle reste souvent dans le repos, ayant la tête et la queue relevées; elle est rase, d'un gris violet ou verdAtre. L'insecte parfait a été rangé, ainsi que les quatre précédents, dans un genre nommé Notodonta. ■\±. Bombyce porcelaine. B. dictea. Corselet cendré, ventre brun; ailes supé- rieures brunes, avec une grande tache blanche. .•^3. Bombyce bucéphale ou lunule. B. bucephala. Ailes grises, à lignes brunes; une tache en lunule jaune au bout des supérieures. M. Bois-Duval l'a rangé dans le genre Pygxra. 34. Bombyce tète bleue ou double oméga. B. cœruleo-cephala. Tête et milieu du corselet d'une teinte bleuâtre; ailes supérieures avec deux cercles ou taches arrondies presque contiguës. Elle provient dune chenille des plus communes sur les arbres fruitiers ; elle est grise, avec trois lignes dorsales jaunes. M. Bois-Duval a formé de cette espèce le genre Diloba. 35. Bombyce anachorète. B. anachoreta. Ailes grises, avec des bandes blanches; une tache de rouille à l'extrémité de la supérieure coupée par une ligne blanche. M. Hoffmansegg l'a placé dans le genre Clostera parce que les chenilles, quand elles se préparent à la métamorphose, se filent une coque à claire- voie entre les feuilles. 30, 37, 38. 11 en est de même des espèces nommées B. curluh, B. reclusa , B. anastomosais, qui, toutes les trois, se nourrissent des feuilles du saule et dont les chenilles ont des habitudes analogues, quoique les insectes parfaits qui sont gris diffèrent entre eux par les taches des ailes. 39. Bombyce du séneçon. B. jacobeœ. Ailes supérieures d'un brun foncé avec une ligne et deux taches rouges ; les inférieures sont rouges bordées de noir. Le corps est d'un noir brillant satiné. La chenille est noire, avec une bande jaune sur chaque anneau; elle vit deux années. L'insecte parfait a été nommé par Geoffroy la phalène carmin. i43 I I 38 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. M. Bois-Duval, qui l'a rangé dans la tribu desLithosides, en a fait le genre Euchetia parce que la chenille n'est pas velue et ne craint pas le froid. 40. Bombijce marbré. B. villica. Ailes supérieures brunes, avec huit taches jaunes; les inférieures jaunes, à taches noires. C'est l'écaillé marbrée de Geoffroy. Cette espèce et les quatre suivantes apparliennent aux genres Chelonia et Callimorpha des Lépidoptéristes. 41 . Bombyce aulique. B. aulica. Ailes supérieures brunes , à taches jaunes , le» inférieures fauves à taches noires. La chenille vit sur le cynoglosse. 42. Bombyce damerette. B. dominida. Les ailes supérieures sont d'un noir sa- tiné à taches jaunes ; les inférieures rouges, à taches noires. 43. Bombyce Hébé. B. Uebe. Ailes supérieures d'un blanc jaunâtre , les inférieu- res rouges à taches noires. C'est l'écaillé couleur de rose de Geoffroy. 44. Bombyce caja. B. caja. Ailes supérieures jaunes tachetées de brun; in- férieures rouges, à taches d'un noir bleuâtre. La chenille est très-velue et se roule en boule au moindre danger. C'est l'écaillé martre ou hérissonne de Geoffroy ; elle vit sur l'ortie. 45. Bombyce du plantain. B. plantaginis. Ailes jaunes, avec des taches longitu- dinales noires; les inférieures avec des raies et des taches noires. 46. Bombyce lugubre. B. Ivgubris. Ailes noires, à taches oblongues jaunes; le» inférieures brunes, bordées de blanc. 47. Bombyce ensanglantée. B. russula. Ailes supérieures jaunes, bordées de rouge, les inférieures avec une tache médiane brune. C'est l'espèce que Geoffroy a nommée la Bordure ensanglantée. On l'a placée dans le genre Nemeophila. VI. Les quatre ailes en toit arrondi, couvrant les inférieures non plissées en long. i i9i. Bombyce lièvre. B. leporina. Ailes blanches avec des taches noires; corps gris à taches noires. La chenille est très-velue à poils blancs ; elle vit sur le saule, et fait entrer ses poils dans son cocon, fixé sur le tronc même de ces arbres ou sur ceux despeuphers. ^>,'jiLii- jjjsh- .- ' Cette espèce a été placée dans le genre Acronyfilti,.^g.i 3^,^-. 3 ^"^ r LÉPIDOPTÈRES NÉMATOCÈRES. G. BOMBYCE. !•% 49 Bombyce mendiante. B. mendiea. Ailes blanches ou brunes, à points noirs ; ventre avec cinq lignes de points noirs. Cette espèce et les quatre suivantes sont comprises dans le genre Arctia. 50. Bombyce tigre. B.menthaslri. Ne diffère de la précédente que par le ventre et le dos qui sont jaunes. 51. Bombyce lubricipède.B. lubricipeda. Ailes supérieures d'un jaune pâle, à points noirs ; ventre à cinq rangs de points noirs. 52. Bombyce fuligineuse. B. fuliginosa. D'un rouge brun terne; ventre avec une ligne dorsale de points noirs. b-3. Bombyce queue fourchue. B. vinula. Corps gris; corselet à points noirs; ailes à bandes et ondes noires en zigzag. La chenille qui a fait donner à l'insecte le nom de genre Dicranura ainsi que cinq ou six autres ont des appendices fistuleux qu'elles font saillir du dernier anneau du dos semblables aux tentacules des limaces. Les chrysalides restent souvent deux années de suite sous cette forme. 54. Bombyce petite fourche. B. furcula. Corselet d'un gris foncé, rayé de jau- ne ; ailes grises, à raies obliques noires, bordées de jaune. 55. Bombyce du saule ou apparent. B. saticis. Toute blanche; pattes annelée» de noir; antennes noires. C'est l'espèce la plus commune; sa chenille fait entrer dans la construc- tion de son cocon une poussière jaune farineuse dont on n'a fait connaî- tre ni la nature, ni la source. La chrysalide est noire , couverte de poil» jaunes. On se sert du corps de l'insecte pour la pêche à la ligne , les pois- sons en étant très-friands- Cet insecte et les quatre qui suivent forment le genre Liparis. o6 Bombyce chrysorrhée. B. chrysorrhea. Toute blanche, à antennes jaunes; la femelle a le ventre terminé par une houppe de poils jaunes dont elle couvre ses œufs. h't. Bombyce Jlux-d'or. B. aurijlun. Ailes blanches; bords des supérieures à teinte jaune. L'insecte parfait ressemble au précédent, mais la chenille est différente, car elle a quatre raies rouges au lieu de deux. i43. Il4o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. VU. Ailes supérieures en loit arrondi ; les inférieures plissécs en éventail. Ce sont des Liihosies. 58. Bombyce collier-rouge. B. rabricollis. Ailes presque en fourreau, noires, sans taches, le devant du corselet rouge. C'est la veuve à collier de Geoffroy. On l'a placée dans le genre Lithosie. La chenille se nourrit des lichens qui naissent sur les arbres. .")9. Bombyce roselle. B. rosea. Ailes couleur de rose, avec de petits traits bruns en travers. C'est le genre CalUyenia de Duponchel placé parmi les Lithosies. (30. Bombyce crible. B. cribrum. Ailes blanches, avec des rangées transversales de points noirs. M. Bois-Duval l'a inscrite dans le genre Emydin de la trilni des Lithn- sides dont nous parlerons plus loin. 61. Bombyce obscure. B. obscurci. Ailes supérieures brunes, avec des taches ovales transparentes. , , ; , C'est la Phalène à quadrille de Geoffroy, t. II, n° 114. M. Bois-Uuval l'a placé dans le même genre Emydia. Nous venons d'indiquer lui grand nombre de ces espèces, les plus faciles à distinguer dans chaque section; on en con- naît aujourd'hui plus de quatre cents recueillies aux en- virons de Paris. On nous pardonnera de nous être arrêté aussi longuement sur une soixantaine, car tous ces insectes sont admirables par leurs mœurs et surtout par la variété et la distribution des couleurs ; aussi leur recherche a-t-elle fait l'amusement et la principale occupation d'un grand nombre d'amateurs qui en ont orné leurs collections. Nous n'avons eu d'autre intention que de présenter l'histoire de ce genre si important par cela seul qu'il concerne les insectes qui four- nissent la soie du commerce. r.ÉPIDOPTÈRES NÉMATOCÈRES. G. COSSUS. \ï^l 279. Genre COSSUS. COSSUS (lléa)imur). Caractères : Lépidoptères nocturnes, dont les antennes ont lu tige cylindrique ; à articles dentelés, non renflés, ni en soie, et dont la bouche est garnie d'une trompe très-courte. Ce nom de Cossus est très-ancien dans le langage des natu- ralistes, car on le trouve dans Pline .^ , , pour désigner cer- taines larves qu on''retirait du tronc des chênes, qu'on nour- rissait ensuite avec de la farine, et qui passaient pour être un mets très-délicat. Prœgrandes rohorum vermes delica- tiores sunt in cibo [Cossos vocant), al(pie etiam farina sagi- nati [Plinii Hist. natur., lib. x, VII, cap 24). La chenille dont il est ici question n'est peut-être pas celle qui fait le sujet de l'admirable ouvrage et des observa- tions anatoniiques du célèbre Lyonnet, qui a publié à la Haye, en 1762, le traité sur la chenille qui ronge le bois de saule; mais on l'a cru longtemps, et le nom de Cossus a été donné au Lépidoptère qu'elle jn'oduit , et dont le caractère vient d'être exprimé ci-dessus. Ce peu de notes, au reste, suffit pour faire distinguer ces insectes, d'abord, de tous les papil- lons diurnes, qui ont les antennes terminées par une petite masse; des Sphinx, qui les ont renflées an milieu; des Pha- lènes, Noctuelles et Teignes dont les antennes sont en soie; des Bombyces qui ont une trompe, et des Hépiales dont les II 42 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. articles des antennes offrent des dentelures arrondies pu des srrains de chapelet. . Les Cossus ressemblent beaucoup aux Bonibyces et aux Hépialesavec lesquelles ils ont été longtemps confondus. Ils portent, comme elles, les ailes en toit dans le repos. Les mâles ne volent que la nuit et vivent très-peu de temps sous l'état parfait; leurs chenilles sont presque nues ou à poils roides et rares. Elles ont seize pattes, la tête écailleuse et les mandibules très-fortes; elles vivent sous les écorces des ormes et des saules; elles pénètrent profondément dans le tronc comme les larves des Capricornes et des liucanes, avec lesquelles on les a peut-être confondues quoique leurs formes soient très- différentes, ainsi que nous avons eu occasion de le dire. Elles se filent, dans leurs galeries, des cocons qu'elles recou- vrent de parcelles du bois qu'elles ont rongé en les aggluti- nant et en les collant très-fortement au dehors. Leurs Chry- salides présentent des verticilles d'épines roides et cornées à l'aide desquelles elles se meuvent dans les canaux qu'elles se sont creusés à l'époque oii elles doivent sortir du tronc des arbres, en y laissant la moitié de leur dépouille, comme cela arrive aussi aux espèces des genres Sésie et Hépiale. Ces chenilles font le plus grand tort aux arbres des envi- rons de Paris. Nous avons vu les plus grands dégâts qu'elles ont produits à Argentejiil, où, en moins d'une heure, nous avons pu en recueillir une cinquantaine dans une mission dont nous avions été chargés comme zoologistes avec M. Cas- sini, le botaniste. Dans une seule soirée, nous avons pris plus de vingt ifulividus femelles au moment où ils sortaient des écorces d'ormes, en dehors des boulevards, entre les har- rières du Mont-Parnasse et de Vaugirard,à Paris. LÉPIDOPTÈRES nÉMATOCÈRES. G. COSSUS._ ^^5, j-J A4? Ces chenilles dégorgent, au moment où on les saisit, une humeur visqueuse, jaunâtre, qui, sans doute, est destinée à ramollir les fibres ligneuses; elle est très-fétide et Goedaert propose même de la nommer Bouc-Puant. Geoffroy est le premier auteur qui ait pensé que Linné avait cité à tort le passage de Pline; il a cru que ce texte devait s'appliquer à la larve du grand Charançon palmiste; d'autres auteurs ont cru qu'il pouvait convenir aux larves des grands Capricornes ou des Lucanes. Pline dit que c'est du nom de cet insecte que les hommes trapus étaient appelés cossi , et c'est de là, ajoute-t-il, que la femme de César, Cossuna, avait fait ainsi désigner sa famille, inde et Cossutiorjimfamilia. Les espèces les mieux connues de ce genre sont : 1 . Cossus ligniperde ou ronge-bois. Cossus ligniperda. Ailes d'un gris, cendré avec de petites veines noires ; corselet jaunâtre en arrière, avec une bande noire. C'est l'espèce dont nous avons parlé dans les généralités qui précèdent. 2. Cossus tarière. C. lerebra. Ailes cendrées, dentelées sur le bord dorsal avec des atomes et des stries ondulées d'un brun ferrugineux ; corselet avec une strie blanchâtre en arrière. Cette espèce est un peu plus petite que le Cossus ordinaire. ;j. Cossus du maronnier. C- xsculL D'un blanc , bleuâtre nacré; les ailes mar- quées de points arrondis, d'un noir bleuâtre ou verdâtre; six points sem- blables sur le corselet. C'est cet insecte que Geoffroy a désigné comme la Coquette et dont La- treille a fait le genre Zeuzère. La chenille vit aussi dans les branches du châtaignier, du poirier et du pommier; elle est jaune, avec des points noirs. L'insecte parfait offre un port bizarre et, en quelque sorte, étranger. C'est une particularité que nous devons faire remarquer parce que l'arbre lui-même est originaire des Indes et qu'il nourrit également une chenille de la famille des Uropristes, celle d'une Xipbidrie, qui produit aussi un insecte d'une forme bizarre. i l44 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 280. Genbe HÉPIALE. HEPIALUS. (Fabricius.) Caractères : Antennes courtes enfil^ à articles granulifornies ou en chapelet ; trompe nulle ou rudimentaire ; palpes courts , poilus. C'est Fabricius qui a appli- m^ f que ce nom en l'empruntant à ""-\ Aristote, viTriaXo; , qui paraît avoir indiqué ainsi un Papil- ,, ,% I ic Ion de nuit qu'on voit voler à la lumièreTdes lampes et, en particulier, la Teigne des ruches, la Gallerie. Les Hépiales ont, par les mœurs, les plus grands rapports avec les Cossus. Leurs chenilles ont seize pattes, le corps ras ou peu poilu; elles vivent sous la terre, dans le tissu ligneux des racines, de sorte qu'on a peu d'occasions de pouvoir les observer. C'est à de Geer que l'on doit les détails intéressants qui concernent la vie et les métamorphoses de l'une des prin- cipales espèces quiest la plus grosse de ce genre, etd'une autre moitié plus petite; ils sont consignés dans le tome P"" de ses Mémoires, p. 487, pi. vu. L'histoire de la première es[)ècese rapporte à celle qui attaque les racines du houblon et fait beaucoup de tort dans les pays oii l'on cultive en grand ce végétal très-employé par les brasseurs, surtout dans le nord de la France, dont les plantations sont une richesse du pays. Il paraît que la nymphe, comme celles des Cossus et des Sésies, à l'époque où elle doit quitter ses enveloppes et après I.ÉlMI)OI>TkuES NÉMATOCkllES. (J. HliPlALE. Il/j') être sortie de sa coque, dont la construction est très-bien dé- crite, peut encore se mouvoir en s'appnyant sur les verti- cilles de poils roides des anneaux de son abdomen, qui res- tent très-mobiles, et qu'elle laisse sa dépouille à la surface de la terre, comme cela arrive pour les Cossus et les Sésies, car nous avons eu occasion d'observer un semblable mané{j;c chez les chrysalides de quelques-unes des espèces de ce dei- nier genre qui vivent sous l'écorce des peupliers noir et d'Italie. Nous connaissons à Paris trois espèces de ce genre : I . Hépiale du houblon. He})ialus humuli. Ses ailes sont d'un brun jaunâtre, mais plus pâles chez les mâles, avec des lignes rougeâtres. La femelle pond ses œufs en masse; ils sont noirs, très-petits, sembla- bles à de la poudre de chasse; elle les dépose, en très-peu de temps, sur le terrain qui produit la plante. De Geer a donné sur cette espèce des ob- servations très-curieuses avec des figures exactes, sur la pi. vu du t. I" de ses Mémoires. Le mâle a les ailes d"un blanc de neige; il atteint jusqu'à près de quatre centimètres de largeur par la grande étendue de ses ailes. La femelle est différente, car elle a les ailes jaunâtres, pâles, avec des lignes rougeâtres. ■2. Hépiale lupulin. H.sylvinus vel lupulina. Les ailes sont cendrées; les supé- rieures ont des taches de rouille; les inférieures portent des lignes noires. 3. Hépiale lér/er. H. hectus. D'un jaune pâle, rougeâtre ou chamois, avec deux séries obliques de taches blanches. On trouve cette espèce le plus souvent à Paris. C'est aussi l'une de celles dont de Geer a donné la figure. i44 Il46 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Quarante-huitième famille : les CHÉTOCÈRES ou SÉTICORNES. Nous rangerons sous cette dénomination toutes les espèces de l'ordre des Lépidoptères, dont les antennes se terminent dans leur extrémité libre par des articles qui vont successi- vement en diminuant de largeur, de manière à représenter une soie ou un poil, d'après le mot grec, yai-t-n (seta in porcis). Nous avons cherché à signaler également ce caractère par le nom de Séticornes, non pas que cette expression rende très- bien la forme apparente de l'antenne. Dans plusieurs des genres qui se trouvent ainsi rapprochés, ces organes, en effet, ne vont pas tout à fait visiblement en diminuant sur toute leur longueur, car la plupart, au contraire, ont des articula- tions dentelées plus ou moins profondément et même assez semblables à des échancrures si bien distinctes qu'on les a nommées pectinées ou en peigne. Voici cependant le ca- ractère spécial et comparatif de ces antennes : c'est que dans les trois autres familles, on voit, i" que dans les Rhopa- locères ou les Globulicornes il y a un renflement plus ou moins globuleux, ou en petite tête arrondie à l'extrémité de l'antenne; 2° que dans les Clostérocères ou Fusicornes, cet organe est plus gros ou plus volumineux dans son mi- lieu que vers les deux extrémités; 3** que chez les Némato- cères ou filicornes, comme nous les .ivons désignés, le sup- port ou la tige moyenne des antennes est absolument de même grosseur de la base à la pointe. C'est même uni- quement par cette particularité ou à cause de cette excefi- tion, que les Chétocères sont séparés de la famille des Néma- tocères. C'est, nous l'avouons, un moyen purement sys- tématique et artificiel que cette distinction établie entre I-ÉPIDOPTÈR|BS CH'ETOOÈRES ,OU SÉTICOKNES. M 47 ces deux dernières familles, car .elles ant entre elles une si grande analogie , que Ja plupart des auteurs ont entre- mêlé les genres propres à l'une et à l'autre dansles ouvrages spéciaux qu'ils ont publiés sur l'ordre oies Lépidoptères. Tous ces insectes sont pour eux des Papillons de nuit; et ijs les ont appelés Lépidoptères nocturnes pour les séparer des Diurnes ou Papillons de jour, et des Crépusculaires, ou Papillons qui ne volent que le soir ou à la nuit tombante. Ces deux dernières familles, dites Nocturnes, proviennent de chenilles qui n'ont souvent que dix et même seulement huit patjtes, et qui, en raison de cettedernièredi.sposition, traînent partout avec elles un fourreau ou un étui de soie qu'elles se sont filé et auquel plusieurs ont fait adhérer des corps étran- gers ; il en est qui vivent dans des galeries pratiquées dans l'épaisseur des matières animales ou végétales vivantes ou mortes. La conformation des insectes parfaits dans cette famille est la même que celle des autres Lépidoptères: quatre ailes cou- vertes d'une poussière écailleuse. diversement colorée; une liouche sans mâchoires et convertie en une spirilangue, sorte de langue roulée en spirale entre des palpes velus ou squam- meux; ne pouvant, par conséquent, sous ce dernier état, se nourrir que de matières liquides qu'ils absorbent par un mécanisme dont nous avons donné l'explication en traitant des organes de la digestion. Voilà pounjuoi Fabricius, dans son système, fondé sur les parties de la bouche des insectes, les avait réunis, avec tous les autres f lépidoptères, sons le nom de Glossates. Comme nous avons établi les caractères de cette famille dans les généralités qui pi-écèdent. ne pouvarit faire con- 144. Il48 E'^TOMOLOGIE ANALYTIQUE. naître les genres très-nombreux qu'on doit rapporter à cette famille , nous indiquerons d'abord le moyen analytique à l'aide duquel nous caractérisons, et séparons les huit genres principaux que nous adoptons et qui nous fourniront, par la suite, l'occasion de pouvoir indirpier quelques-unesdes subdi- visions trop nombreuses auxquelles ils ont été soumis. Rien de plus facile que de ranger ces insectes parfaits en genres très-distincts. D'abord, c|uand on se borne à observer la manière dont les ailes sont disposées pendant le repos ou dans l'inaction de ces Papillons, on voit que deux genres ont les quatre ailes étalées et tout à fait étendues parallèlement en travers ; ce sont les Ptérophores , qui les ont divisées en la- nières parfaitement distinctes et séparées les unes des autres; puis les Phalènes, chez lesquelles ces ailes sont simples ou d'une seule pièce. Dans les six autres genres, les ailes sont couchées ou pla- cées suivant la longueur du tronc; tantôt, elles forment un toit plane ou horizontal, comme dans le genre Cramhe ; tantôt, ce plan supérieur est incliné latéralement pour former une voûte dont la base, qui porte sur le corselet, est élargie et arrondie, comme dans le genre Pyrale ; ou bien, cette base elle-même forme le commencement d'un toit aigu : tel est le cas que nous présentent les espèces du genre A Incite , dont les antennes, d'une grande longueur, dépassent toujours celle de la totalité du corps, et chez les Noctuelles, chez lesquelles les ailes étant aussi très-inclinées, les antennes sont générale- ment moins longues que le tronc. Restent, enfin, les espèces dont les ailes sont comme roulées, et semblent envelopper le corps latéralement; ce sont les Teignes dont les ailes ne sont pas plus longues que le corps, et les Lithosies qui les ont plus longues. 1 Kl'inoPTEUES CHETOCERES on SETICORN'ES. I 1 l9 Famille des CHÉTOCÈRES (I) ou SÉTICORINl'S. Caractères : Lépidoptères à antennes dites en soie ou plus grfles vers la pointe. 1 feiulnes sur leur longueur élemiues, planes liorizonlalement É simples, larges, non divisées 8 Pn.ROrnoRE. Phalène. i 1 ,P 1 . ) (plus longues que le c.irps. . ,'""] 'aiguë; autennes \ 'voù.é, àba^e 1 moins longues ,,ue le, ...p. '1 A LICITE. i NOCTI'ELLE. j *^ *"" i ' arrondie et Irès-élargie ri Pybale. • ( (arrondi, couvrant le ventre 'fourreau autour du corp> et ' (plat en dessus, plus long que le ventre G 1 Teu^ne. LlTUOSIF. ;i) De /aiTr,, soie, et de -tÉpaç, corne, antenne. -281. GnNEE LITHOSIE. LITHOSIA. (Fabririus.) Caractères : Corps allongé et peu épais; ailes siipériciiiTs uit peu croisées, plus étroites que les inférieures qu'elles enve- loppent, ainsi que l'abdomen, dans l'état de repos; antennes très -peu amincies vers leur extrémité libre, souvent à articles grenus, surtout dans l'un des sexes oh elles sont en peignes ou même légèrement plumeuses. ^^^^^^^ Ce genre, que l'on a sul)clivisé ?^3^^P en huit autres, sous des noms Ç ') différents, offre une sorte de "'-■.,^_.^. , ,_^ passage entre les deux familles des Lidépojptèreriioct urnes. On sait que les insectes parfaits /l5o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. proviennent de chenilles à seize pattes qui se nourrissent principalement des lichens dont les écorces des arbres sont souvent garnies. Ces chenilles ont des poils qui sont sup- portés par des tubercules; elles se filent des cocons dont le tissu n'est pas très-serré et dans lequel elles déposent leurs poils; leurs chrysalides sotit peu allongées et peu flexibles dans la région du ventre. Le nom de Lithosie a été emprunté du grec, Xiôuactj'o;, qui s'attache ou se fixe sur les pierres [qui in. lapides jacit), parce (pi'on les a trouvés sur des pierres couvertes de lichens. Nous eu avons indiqué plusieurs à la fin du genre Bombyce. Ce genre est principalement remarquable par la longueur des ailes supérieures roulées sur elles-mêmes autour du corps (|u'elles dépassent au delà du ventre, mais les antennes lais- sent une sorte d'embarras pour sa classification. 1 . Lithosie quadrille. Lithosia quadra. Elle a les ailes d'un jaune pâle, tirant un peu sur la teinte de l'abricot; les ailes supérieures ont chacune deux taches d'un noir à reflet bleuâtre, l'une est marginale et presque carrée, l'autre est arrondie et isolée. 2. Lithosie aplatie. L. complana. Les ailes supérieures ont le bord externe jaune; elles sont d'un noir pâle et gris dans les deux tiers postérieurs. Les se- condes ailes sont pâles. Geoffroy l'a décrite comme une Teigne qu'il a nommée le manteau à tète jaune. '■i. Lithosie à îiijne.t. L. grummica. Ailes supérieures d'un gris jaunâtre avec des lignes noires sur la longueur ; les ailes inférieures varient pour la teinte qui est unicolore avec une bordure plus pâle. On l'a placé dans un genre particulier nommé Ewijdia. i. Lithosie gentille. L. pulchella. Le fond des ailes supérieures est blanc, avec nn grand nombre de points noirs, distribués en lignes transversales, avec des taches d'un beau rouge, inégales, au nombre de seize à dix-huit. On dit que la chenille vit sur l'héliotrope et le myosotis. On a rangé celte espèce dans le genre Euchelia. LEPIDOPTERES CHETOCEaES. G. NOCTL'E[,LE. Il5l •282, Genbe noctuelle. NOCTUA. (Linné, Fabriciiis.) Caractères ; Lépidoptères à antennes en soie, généralement moins longues q,ue le tronc, simples dans les femelles, pins on moins dentelées on pectinées chez les mâles; a ailes non étendues dans le repos, formant alors une sorte de toit légè- rement voûté, les supérieures cachant les secondes qui sont plissées. Les iVoctuelles proviennent de Che- ViL/^^-g nillesà seize pattes, dont le corps est cylin- drique et vivent en général sur les plantes herbacées; elles se filent des coques peu '"^W: W consiiitantes dans la terre, et leurs chrysa- lides sont lisses et polies. Les Noctuelles ont été subdivisées en une douzaine d'autres sous-genres dans ces derniers temps. Le nom est traduit du latin de Pline, mais il l'avait indiqué comme propre à inditpier un oiseau de nuit voisin des Strix ou Chats-Huants, à l'occasion duquel il |)arle des petits oi- seaux que sa présence, pendant le jour, semble attirer, et dont il est attaqué. Tel (fue nous allons le faire connaître , ce genre comprendrait la plupart des espèces qui sont ins- crites sous ce nom par Fabricius. Il est, en effet, très-naturel, car il réunit beaucoup d'espèces qui ont la plus grande ana- logie dans leurs formes à l'état de Papillons, et par leurs chenilles, qui ont la même manière de vivte, et par les ha- bitudes des insectes, dans l'état parfait", puisqu'ils ne volent le plus souvent que pendant la nuit. Voici comment les Noctuelles diffèrent de la plupart des genres des Lépidoptères de la même famille : d'abord des II 32 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Phalènes et des Ptérophores qui portent les ailes étendues horizontalement dans l'état de repos; puis des Lithosies et des Teignes qui ont les ailes allongées formant une sorte de gaîne ou de fourreau sur tonte la longueur de l'abdomen qu'elles enveloppent; puis des Grambes et des Pyrales dont les ailes, dans l'inaction, forment un triangle plat et non voûté dans les premiers, et qui, dans les secondes, sont d'une forme bizarre, dilatées et plus larges à la base, de sorte qu'on a donné à ces insectes le nom de Chappes pour indiquer un vêtement élargi aux épaules. Enfin, dans les Alucites, les an- tennes sont excessivement longues et quelquefois elles dépas- sent tellement le tronc, qu'elles en égalent dix fois l'étendue. Le genre Noctuelle, ainsi limité, comprend encore un très- grand nombre d'espèces; presque tovites ont les ailes infé- rieures liées dans le mouvement d'écartement qui s'opère ])endant le vol, au moyen d'un crin reçu dans une boucle ou un j)etit anneau qui est saillant sur le bord interne des ailes de dessous ; elles ne forment ainsi qu'un seul plan dont l'ensemble résiste mieux en s'appuyant sur l'air. Voici l'indication des espèces principales de ce genre : 1 . Noctuelle fiancée. Noclua sponsa. Ailes supérieures grises, avec des lignes transversales brunes, ondulées; les inférieures d'un beau rouge, avec deux bandes noires; corps gris. C'est la Lichenée rouge de Geoffroy, t. U, p. 130. Cln la trouve en automne appliquée contre les murs ou les troncs d'ime teinte grise. On ne la distingue bien que lorsqu'elle vole en bondissant, à cause de la belle couleur de ses ailes, mais alors i] est difficile de l'attein- dre. La chenille qui la produit est grise, à seize pattes; sa tête est bleuâtre, le dos verruqueux; sa coque est le plus souvent enveloppée de feuilles qui ont gardé leur pétiole. i. Noctuelle du frêne. N.fraxini. Grise comme la précédente; mais ses ailes inférieures sont noires, avec une large bande bleue. LÉPIDOPTÈRES CHÉTOCÈUKS. G. NOCTUELLE. I 1 53 C'est la Liclienée bleue de Geoffroy. 3. Noctuelle en noces. iV. promiha. Les ailes supérieures varient pour la teinte grise plus ou moins rougeâtre, avec des sinuosités blanchâtres; mais les in- férieures sont jaunes et bordées, en dehors, d'une large bande noire. Sa chenille se nourrit des plantes tétradynames et sur le séneçon ; elle ne mange que la nuit. C'est la Phalène hibou de Geoffroy, la Chouette de Gœ- daert. On a rangé cette espèce dans le genre dit Triphœna. '». Noctuelle dorée. N. chrysitis. Ailes grises; les supérieures à deux larges ban- des transverses, glacées d'or'pâle, brillant; tète, antennes et devant du cor- selet jaunâtres. C'estle volant doré deGeoffroy, n"9". On l'a rangée dans les genres C/iry- xoptera et Plusin. Los chenilles n'ont que douze pattes. Leurs chrysalides ont le corps de deux couleurs dans des coques fixées sur les plantes qui les ont nourries. T>. Noctuelle gamma. N. gamma. Ailes supérieures d'un gris brun, marquées chacune d'un caractère grec >. ou y. 6. Noctuelle méticuleuse. N. meticulosa. Ailes supérieures rougeâtres, à bord postérieurdenfelé ; une tache en triangle sur le bord externe. Ce nom spécifique lui a été donné par Gœdaert. DeGeer l'a bien fait con- naître et en a figuré les métamorphoses. Mémoires, t. I, p. 698 et t. V, p. 102, fig, 12 et 14. On l'a rangé dans les genres nommés Phlogophora ou Sotenoptera. 6. Noctuelle psi. N. psi W. Ailes d'un gris blanchâtre; les supérieures marquées de plusieurs lignes noires ayant, pour la plupart, la forme des caractères grecs ^. '. Noctuelle du bouillon blanc. N. verbasci. Ailes supérieures étroites, d'un gris brun, avec des lignes longitudinales brunes. La chenille, qui vit sur les diverses espèces de verbascum et sur la scro • phulaire, varie, pour les couleurs ; elle est à fond blanc, avec des taches jau- nes, placées au milieu de points noirs. On a placé cette Noctuelle dans le genre Cucullia, parce que le prothorax protège la tête comme un capuchon. 8. Noctuelle du pied d'alouette. N. delphinii. Ailes supérieures d'une teinte vi- neuse violacée avec deux bandes plus pâles; les ailes inférieures son-t roses. On l'a établie comme le type d'un genre Chariclea. Il y a plus de trois cents espèces connues dans ce genre et elles ont ét« distribuées dans une quarantaine de genres qui ont été eux-mênf)es très- arbilrairement subdivisés par les amateurs dits lépidoptéristes. i45 11 54 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 283. Genre CRAMBE. CRAMBUS. (Fabricius.) Caractères : Lépidoptères à antennes en soie ; à ailes for- mant un triangle plane dans le repos ; des palpes saillants en avant et cachant la trompe. Le nom de Craiiibe est évidemment em- prunté au mot grec scpaiAgo? employé par Théophraste, dans son Traité des plantes, r^TT^FT^k-tij poiii" indiquer cette maladie de la vigne, qui fait dessécher la grappe et qu'on attribue aujourd'hui à une sorte de larve ou à la chenille d'une Pyrale : vinearum vitium in uvis ex adustione. r^e caractère principal des insectes parfaits, outre le port ou la disposition des ailes servant à les faire distinguer des Phalènes et des Ptérophores qui les portent en travers ou étendues à angle droit sur le tronc, même dans l'inaction ; c'est que dans les Pyrales, les Noctuelles et les Alucites, ces ailes forment un toit comme voûté et que dans les Teignes et les Alucites elles sont comme roulées sur le tronc qu'elles eiiveloppent comme unfourreau.il faut ajouter, comme nous l'avons indiqué, que les palpes sont portés en avant et ca- chent la tronque, qui est très-courte. Latreille a distribué les espèces de ce genre dans plusieurs autres qu'il a nommés: Aglosse, Botys et Herminie, dans une tribu que, d'après la disposition des ailes, il a appelée les Deltoïdes. Les chenilles des Crambes ont seize pattes ; quelques-unes roulent les feuilles des plantes dont elles se construisent une LEPIDOPTERES CHETOCERES. C. CHAMBE. I I 'Jt) sorte de fourreau, tout eu niaugeant les feuilles; d'autres se filent un tuyau à l'extérieur duquel elles agglutinent soit leurs excréments, soit des parcelles des substances dont elles font leur pâture. Nous allons faire connaître quelques-unes des espèces qui sont les plus remarquables par leurs mœurs ou les préjudices (ju'elles occasionnent. 1 . Crambe de la graisse. Crambus pinguinalis . D'un cendré rougeâtre, un peu l)ronzé, avec des raies et des taches brunes et noires. Réauniur a figuré cette espèce dans le tome III de ses Mémoires, pi. ix, depuis le n° 5 jusqu'au n" 11, sous le nom de fausse teigne du cuir. C'est cette même espèce que Latreille a rangée dans le genre Aglosse. La chenille est noirâtre ; elle ronge les cuirs en se pratiquant un lony tuyau au dehors duquel die fixe ses excréments; elle mange aussi la couenne du lard ranci, les couvertures des vieux livres et les animaux dont on conserve les peaux dans les collections. L'insecte parfait vole rarement pendant le jour; on le trouve souvent blotti contre les murailles ; il y reste immobile, mais la queue relevée. 2. Cratnbe de la farine. C. farinalis. Ailes d'un brun jaunâtre, à bandes si- nueuses en travers. Cette espèce est beaucoup plus grande que la précédente; sous l'état parfait, on la trouve dans les greniers à blé et à farine ; comme la précé- dente, elle relève constamment la pointe de l'abdomen ; sa larve se nourrit de farine et fait beaucoup de torl. Plusieurs espèces de ce genre se rencontrent dans les marais où leur» chenilles se nourrissent de feuilles ou des tiges des plantes aquatiques. La Phalène de l'ortie, décrite par Geofl'roy, tome U, page 135 , sous le nom de queue jaune, appartient encore à ce genre, c'est le Crambus ur(*- ralis. Elle vit aussi sur les pommiers. II 56 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. -284. Ge^re phalène. PHALjENA. (Linné.) Caractères : Lépidoptères à antennes en soie, grêles a leur ex- trémité Vibre; a ailes planes ou étalées dans le repos et res- tant appliquées sur les plans qui les supportent , le plus souvent frangées, mais non divisées profondément. C'est plutôt à cause des larves on (les Chenilles dont proviennent les insectes que ce genre se tronve ainsi distingué; cependant leur forme gé- nérale les rapproche d'une manière naturelle, car leur corps est grêle, leurs pattes sont longues, le plus souvent épineuses, surtout les postérieures. Les Pha- lènes cherchent l'obscurité ; elles fuient le grand éclat du jour, et cependant elles ne sont pas absolument nocturnes. Leur nom de Phalène est la traduction du mot grec, çà- >>awa, qu'on trouve dans le poème de Nicander pour indiquer une sorte d'insecte qui se jette le soir et se brûle sur la lumière des lampes. Linné, en l'employant, comprenait sous ce nom les Bombyces, les Phalènes qu'il nommait géo- mètres, les Tortrices, les Pyrales, les JNoctuelles, les Teignes, les Alncites, les Ptérophores et les Hépiales, par conséquent tous les Lépidoptères nocturnes. C'est Fabricius, qui a véri- tablement circonscrit le genre Phalène , car Geoffroy, adop- tant la classification de Liinié, n'en avait séparé que le.s Teignes et les Ptérophores. Les Chenilles des Phalènes n'ont jamais seize pattes, elles en ont dix ou douze, quatorze au plus, en comptant les véri- LÉPIDOPTÈRES CHÉTOCÈRES. G. PHALÈNE. I 1 Sj tables pattes à crochets rapprochées de la tête et correspon- dantes aux trois premiers anneaux. Ce petit nombre de pattes, et souvent la lonj^ueur du corps de la chenille, donne à sa manière de marcher un caractère particulier analogue à celle de la Sangsue hors de l'eau. Lorsqu'elle veut changer de place, elle soulève la portion du corps privée de pattes mem- braneuses retenue par celles du côté de la tête, ce qui lui fait produire une sorte de saillie derrière la(pielle la chenille vient fixer la dernière paire de ses pattes membraneuses, de sorte r|u'elle semble former des pas réguliers comme pour mesurer et arpenter le terrain; voilà ce qui a fait appeler ces che- nilles des Arpenteuses ou Géomètres. On les a encore nom- mées Chenilles eu bâton, parce que, dans la moindre crainte du danger ou du mouvement qui s'opère auprès d'elles, la plu- part ont l'habitude de dresser leur corps arrondi sur les pattes de derrière en lui donnant une direction analogue à celle de l'angle que forment, sur les tiges, les branches qui s'en sépa- rent. Ce qu'il y a, en outre, de très-remarquable, c'est fort souvent la couleur de ces chenilles, sur la peau desquelles il se détache des tubercules qui semblent correspondre aux bourgeons de ces mêmes branches qu'elles imitent de ma- nière à tromper l'œil le plus exercé, d'autant plus que leur injmobilité est alors permanente. La plupart de ces chenilles peuvent aussi, lorsqu'elles craignent de devenir la proie des oiseaux , quitter la feuille qu'ellesétaientoccupéesà ronger, selaisser choir rapidement, obéissant à leur propre poids, mais elles ont eu le soin de fixer un fil qui les suspend ainsi en l'air, et à l'aide duciuel elles peuvent regrimper verticalement sur la place qu'elles avaient quittée. Elles se servent, pour cet effet, des pattes antérieures Ii58 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. entre lesquelles la soie glisse , et des intermédiaires sur les- quelles elles pelotonnent ee fil pour le casser en arrière si elles jugent qu'il leur serait inutile. r>e mode de transformation varie suivant les espèces; aucune, à la vérité, ne se file de cocon entièrement soyeux; cependant elles se construisent une sorte de follicule, soit sur lesarbres mêmes, àl'aidedes feuilles qu'elles contournent au moyen dec|uelques fils; soit en entrant dans la terre, au pied des arbres, pour y prendre la forme de chrysalides. Certaines espèces y passent l'hiver, mais la plupart proviennent d'œiits qui éclosent au printemps et dont la vie complète s'opère dans l'espace de quehjues mois. Ce genre comprend une innombrable quantité d'espèces que l'on a subdivisées ou réparties dans une soixantaine de genres ou sous-genres, dont nous indiquerons (pielques-uns en faisant mention des diverses espèces que nous décrivons. Nous suivrons, pour cela, à peu près l'ordre admis par Geof- froy. Hu Ji" I à 7, les espèces à ailes inférieures anguleuses; Du n" 4 i' i5, celles où ces ailes sont arrondies ; Du u" i(i à iç), les espèces à ailes inférieiu'es anguleuses; Du n" ao à 27, celles chez lesquelles elles sont arrondies. Dans les deux premières divisions, les antennes sont pec- tinées, mais ces organes sont simples et non dentelés dan» les deux autres. i . Phalène laiteuse- Phalxna lactearia. Antennes en double peigne^ termi- nées par une soie; ailes blanches sans taches; corps jaunâtre. Cette espèce a les ailes si minces et si délicates qu'il est difficile de con- server l'insecte en parfait état d'intégrité. C'est la Laiteuse de G«offroy, t. W, p. 44. LEPIDOPTERES CHETOCERES. G. PHALENE. 1 l Stj 2. Phalène printaniire . P. vernaria. Ailes verdâlres, avec deux bandes sinueu- ses blanches ; antennes très-grêles à la pointe. Roesel a décrit la chenille qui vit sur le jasmin. Elle est de couleur de bois, rouillée, avec des taches noires et blanches; la tète est comme dentée. On a rangé l'insecte parfait dans le genre Chlorochroma. 3. P/mlène aiiijuleuse. P. ««(/«/a'm. Grise ; ailes cendrées, avec une double bande transversale et un point noir. La chenille est verte, avec des anneaux jaunes sur le dos et rougeâtres en dessous; elle vit sur le chêne. Geoffroy l'a décrite sous le n° 38, du genre Ennomos. i. Phalène faucheuse. P. falcaria. Ailes d'un vert glauque ; sur les supérieures, une bande et des ondes grises ainsi qu'un point noir. De Geer a fait connaître la chenille qui vit sur l'aune et le bouleau ; elle prend une singulière position dans le repos, la tête et la queue restant re- levées et le corps ne posant que sur les pattes intermédiaires. On l'a rangée dans le genre Metrocampa. 5. Phalène du sureau. P. sambucaria. D'un jaune pâle ; ailes avec deux ligues transverses brunes; les inférieures sont prolongées en forme de queue ter- minée par une tache brune dorée. C'est la Soufrée à queue de Geoffroy, n" 58. On l'a rangée dans le genre Uroptéryx. 6. Phalène de l'aune. P. alniaria. Ailes jaunes, saupoudrées de brun, avec deux bandes dentelées et comme rouges au bord ; corselet jaune, ventre rougeâtre. La chenille qui vit sur l'aune ressemble aux jets des branches pour la fi- gure , l'aspérité et la couleur, au point, dit Devillers, qu'on pourrait, en dé- crivant la forme de la chenille, faire le portrait de la branche. Du genre Ennomos. 7. Phalène du syrinrja. P. syringaria. Ailes de la couleur d'un boui lion de liège, marbrées de brun, de rouge et de noirâtre. C'est la Phalène jaspée de Geoffroy, n» 38. Sa chenille vit sur le lilasel le jasmin ; elle a quatre tubercules élevés sur le dos et une longue corne sur le huitième anneau. L'insecte parfait a été rangé aussi dans le genre Ennomos. 8. Phalène tachetée. P. macularia. Jaune, à taches noires; les antennes sont simples ; en soie, dans les femelles. C'est la Phalène Panthère de Geoffroy, n°61, placée dans le genre VctiUiu. 9. Phalène à atomes. P. alomaria. Les ailes sont jaunes , avec des bandes et des points fins parsemés et bruns. Il6o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. C'est la rayure jaune picotée de Geoffroy, n» 50, du genre Fidonia. 10. Phalène du boîileav. P. belularia. Ailes blanches, avec un grand nombre de points noirs; corselet avec une bande transversale noire. On a rangé cette espèce dans le genre Amphidasis. \\. Phalène sacrée. P. sacraria. Ailes jaunes avec une bande transversale rouge. C'est la bande rouge de Geoffroy, n" 48, du genre Asjnlates. 12. PAafôwe ^JOMrp/ec P. j5MrjBMra/-m, Ailes jaunes, lavées de rouge, les supé- rieures bordées et traversées de deux bandes rouges. On l'a rangée dans le même genre que l'espèce précédente; c'est le n" 34 de Geoffroy : l'ensanglantée. 13. Phalène papilionaire. P. papilionaria. Ailes vertes, à stries grises , ondu- lées, avec trois bandes blanchâtres. La chenille est verte, avec dix tubercules pointus recourbés, rougeàtrc sur le dos. L'insecte parfait prend de grandes dimensions. C'est un des types du genre Geomelra. 14. Phalène annulaire. P. annularia. Ailes cendrées, marquées chacune d'un 0 noir, avec une bande en zigzag aiguë. Sa chenille, qui est verte, vit sur l'érable. C'est l'espèce que Geoffroy a fait connaître n" 71, sous le nom de Quatre omicrons. C'est VEphyre omicron de Duponchel, t. VIII, p. 40, pi. 172, n° 4. lo. Phalène piumistère. P.piumistaria. Jaune pâle, tachetée de noir; les ailes inférieures plus pâles; antennes noires à tiges blanches. C'est la Fidonie plumet, figurée par Duponchel, pi. 164, n" 1. 16. Phalène verte. P. viridaria. Ailes vertes, anguleuses, avec une bande plus pâle. La chenille vit sur la ronce et l'aubépine. On a rangé l'espèce dans un genre particulier sous le nom à'Uemithea viridaria. 17. Phalène notée. P. notata. Ailes pâles, à trois bandes brunes, saupoudrées de brun, avec quatre points plus foncés sur la troisième bande. Elle appartient au nouveau genre Philobia. 18. Phalène denti culée. P. denticulata. Ailes grises, dentées, à deux bandes denticulées entre lesquelles est un point médian, bien arrondi en petit anneau. La chenille varie pour la couleur. C'est VEnnomos denteria de Dupon- chel, pi. 143. liPIDOPTERES CHETOCERES. G. PHALENE. I161 if). Phalène mi-part ite. P. dimidiala. Ailes dentelées; les supérieures brunes, les inférieures jaunes. Geoffroy a décrit cette espèce sous le nom de doublure jaune, n° 53. 20. Phalène du cerfeuil. P. chxrophyllata. Toute noire , excepté à la pointe de l'aile supérieure^ qui est blanche. Cette espèce est remarquable, parce qu'elle relève ses ailes dans le repos comme les papillons. On en a constitué le genre Tanagre. Duponchel, pi. 207, n»» 4, S, 6. 2 1 . Phalène barrée. P. clathrata. Ailes d'un blanc jaunâtre, à lignes noires croi- sées en grillage. C'est la Phalène que Geoffroy a nommée les Barreaux, n° 53. On en u fait un genre sous le nom de Slrénie. 22. Phalène du groseillier. P. grossulariata. Ailes blanchâtres, à taches ar- rondies noires ; une tache d'un jaune rougeâtre à la base de l'aile ; une petite bande semblable sur la supérieure. C'est une grande espèce que Geoffroy a nommée la Mouchetée, n° 54. Ou l'a placée dans le genre Zerènes d'après Treitschke et Duponchel. 23. Phalène de l'alisier. P. cratxgata. Ailes d'un beau jaune; les côtes de l'aile supérieure de couleur de rouille avec trois taches de même teinte, dont celle du milieu est un peu plus argentée. C'est la Citronelle rouillée de Geoffroy, n" 69. Espèce du genre nouveau établi sous le nom de Rumia, figurée par Duponchel, pi. cxli, n° i. 24. Phalène deux lif/nes. P. bilineata. Corps et ailes jaunes, avec bandes on- dulées brunes : un point blanc au milieu de chaque aile. C'est la Brocatelle d'or de Geoffroy, n» 68. M. Treitschke en a fait le genre Larentia. 2.'). Phalène bordée. P. marginata. Ailes blanches, les supérieures à bord brun entrecoupé. C'est celle que Geoffroy a nommée la Bordure entrecoupée, n°60, et que Duponchel a placée dans son genre Mélanippe, et figurée pi. cxc, n" 12. 26. Phalène invariable. P. immutala. Ailes blanches , saupoudrées de gris, avec un point et une bande ondulée de couleur brune. Geoffroy, sous le n"'68, l'a appelée les atomes à une bande, genre pro- posé sous le nom de Dosilhée. 27. Phalène de f ortie. P. urticata. Ailes blanches, à taches et bande brunes ; corselet et pointe de l'abdomen jaunes. C'est la Queue jaune n° 54 de Geoffroy, genre Botijs de Latreille. j46 II ()2 ENTOMOLOGIE ANAFATIQOE. 285. PYRALE. PYRALIS. (Fabricius.) Caractères : Lépidoptères à antennes en soie, courtes; ailes, dans l'état de repos, formant un toit écrasé plat , les supé- rieures larges et arrondies à la base, couvrant entièrement les inférieures ; ce qui les avait fait nommer Phalènes à larges épaules, ou, en seul mot. Chapes ou Porte-Chapes. i^^^s^^^ Ç^? ^^ "'^"' ^^ Pyrale, quoique tout à ^^MÊ^^T '"'"'^^^ ^^^^ gi'ec, TCtjpaXtç, était celui d'un 'Ç - xtiiTF,RES CHETOCERKS. G. aMICITI;. II71 et se soutenant dans les :iirs au moyeu de leurs très-longues antennes, s élevant er s'abaissant al teruati veinent prestiue dans une direction verticale. Souvent, pendant le jour on les trouve arrêtées sur les fleurs composées ou flosculeuses, oc- cupées à plonger leur trompe dans leurs corolles tubulées, telles cpie celles des Scabieuscs et des Eupatoires. La larve est une véritable chenille à seize pattes et velue. Elle vit ordinairement sous la page inférieure des feuilles, sorte de toit commun à trois ou quatre individus, quand cette surface est cotonneuse; plusieurs se filent un petit cocon; d'autres s'enfoncent dans la terre au pied de la plante qui les a nourris pour y subir leur métamorphose. Elles res- tent en chrysalide une quinzaine de jours ; quehpies espèces j)ar;iissent avoir deux pontes dans l'année. Les autres Lé|)idoplères avec lesquels les Alucites sembknt pouvoir être confondues, sont les Teignes, les Pyrales, les hyponomeutes et les Ptérophores. On les distingue des pre- mières, parce que lem-s ailes ne sont pas très-dilatées à la base, et qu'elles ne forment pas un fourreau qui embrasse le tronc; et c'est aussi parce que ces ailes sont très-rétrécies à leur base qu'elles diffèrent des Pyrales ; enfin, la longueur excessive des antennes les fait à l'instant séparer de tous les autres genres de la même famille des Chétocères, dont ce nom devient ici très-caractéristique. iNous avons partagé ce genre en plusieurs sections, suivant que les ailes sont d'une couleur uniforme, tantôt métallicpie, tantôt non métallique, ou que ces ailes portent des taches, soit en travers, soit sur leur longueur. Nous allons en indi- quer un certain nombre des plus communes , appartenant à ces diverses catégories. i47- IIJ2 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 1 . Ahtcite de Béaurmir. Alucita Reaumurella. Ailes supérieures d'un beau vert doré ; les inférieures, ainsi que le tronc, d'un noir rougeâtre doré, à longue frange. C'est la Teigne noire bronzée de Geoffroy, n" 28, t. II, p. 193. Ce bel insecte est fort commun aux environs de Paris. Linné et la plu- part des auteurs ont rapporté le mâle et la femelle, qui diffèrent entre eux, à deux espèces distinctes, comme Geoffroy, t. II, p. 193, l'a reconnu eu constatant une dissemblance dans la longueur des antennes. On le trouve au printemps, principalement sur les fleurs des renoncules. 2. Al-ucitecalthcUe. A.callhella. Tête jaune; corselet et ailes entièrement do- rés, antennes blanchâtres à la pointe. On lui a donné le nom de la fleur du souci des marais, sur laquelle on la trouve.' 3. AlucitevirideUe. A. viridella. Corps velu, noir; ailes supérieures d'un vert doré. C'est peut-être le mâle de la Réaumurelle; par une faute d'impression qui s'est répétée depuis Fabricius, le nom substitué de Vindella lui est donné. ■\. Alucite de Swammerdam.A. Swaminerdammetla. Ailes supérieures jaunes; antennes et pattes d'un jaune brillant; ailes inférieures cendrées. 5. Alucite dePanzer. A. Panzerella. Ailes supérieures également jaunes, mais avec de petites lignes brunes irrégulières, disposées en rosaces, au centre desquelles on voit des points jaunes. (>. Alucite de deGeer. A. Degeerella. Ailes noirâtres, comme bronzées; les su- périeures avec une bande transversale d'un jaune d'or. On l'a trouvée sur le Cnicus oleraceus, à Bondy. C'est la Coquille d'or de Geoffroy, n" 25. 7. Alucite de Duméril. A. Dumerilella. Ailes rougeâtres, plus pâles dans la fe- melle, une bande transversale noire en croissant dans le mâle, blanche dans la femelle. Duponchel, pi. ccc, fig. 11 et 12. 8. Alucite striatelle. A. slriatella. Ailes dorées, à lignes longitudinales jaunes, avec une bande jaune en travers, bordée d'un brillant cuivreux. Toutes ces espèces, dont on a décrit plus de soixante, sont Irès-grèles et difficiles à conserver dans leur intégrité, car les antennes desséchées se brisent au moindre contact. La plupart des auteurs les ont placées dans la grande tribu des Tinéides. LEPIDOPTERES CHETOCERES. <;. PTEROPHORE. 1 1 JO •2S8. r.KNRE PTÉROPHOUE. PTEROI'HOIWS. (GeoflV.iy.) Caractères: Lépidoptères à antennes très-gre'/cs, en soie; à ailes étalées et toujours fendues, et divisées en plumes ou fendues sur leur longueur et garnies de franges comme plumeuses ; corps très-gréle, à pattes longues, surtout les postérieures qui sont garnies d'éperons mobiles comme cent des Tipules. Ce nom, avant Geot- , -_*^r . ^'oy, avait été employé *^r en botanique par Vail- /f"ïp? lant. Il signifie qui porte plumes, de TTTcao'v, des ailes etde(popo;,qui porte, îfciok.L-^-o^^Nrcx^-fA'L- pour indiquer la dispo- sition des ailes qui sont toujours étendues dans l'état de repos et divisées en tiges barbues. Ces insectes forment un genre très- remarquable, mais dont les affinités ne peuvent guère être bien indiquées. Leur port ressemble, jusqu'à un certain point, à celui des Tipules, Dip- tères,auxquelsde Geer les conqiarait, en désignant les espèces de ce genre sous le nom de Phalènes-Tipules. Liruié les avait placés avec les Alucites. Leur corps est grêle, très- allongé; leurs pattes sont également très-menues, étendues et épineuses ou garnies d'éperons mobiles. La plupart des espèces proviennent de chenilles qui, ii l'époque de leur transformation, s'accrochent par laqueueet se filent un cordon dont elles sont entoui'ées transversalement comme cela se voit chez les chrysalides des papillons brassi- y \ IJ74 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. caires OU Danaïdes, et qui se métamorphosent ainsi à l'airlibre. L'une des espèces justem.ent est un peu différente sous ce rapport; c'est celle que nous avons fait figurer ; elle se file une coque, et Latreille a placé cet insecte dans un genre voisin sons le nom d'Ornéorde, qui signifie changé en oiseau. Les Ptérophores volent peu et à petites distances; ils pa- raissent craindre de s'élever dans l'atmosphère. On les trouve fixés sur les parois et sur les troncs d'arbres dans les lieux sombres et humides. On en connaît beaucoup d'espèces; M. Duponchel en a fait figurer vingt sur les planches 3i3et 3i4 de son grand et bel ouvrage relatif aux Lépidoptères. Voici l'indication de quelques espèces. 1. Plèrophore monodaclyle. Ptp.rophorus momdaclyhis. Les quatre ailes sont d'un brun fauve et offrent chacune une seule tige très-allongée et frangée. On l'a nommée Adactyle. "2. Plèrophore didaclyle. P. didaciylus. Les ailes sont brunâtres, mais avec les tiges d'un blanc sale ; les supérieures sont divisées en deux parties, les in- férieures en trois. 3. Plèrophore pentadactyle. P. penladactylus. Il est semblable au précédent, mais ses ailes sont toutes d'un beau blanc. 4. Plèrophore en évenlail. P. hexadactylus. Cendré^ à taches perdrisées sur les ailes, qui sont divisées en douze plumes, huit pour les supérieures et quatre aux inférieures. C'est celle que nous avons fait figm-cr comme type de ce genre. • Cette espèce provient dune chenille qui se nourrit des fleurs du chèvre- feuille, auprès desquelles on trouve souvent l'insecte parfait. Elle se file un ' cocon à claire voie dans lequel elle se transforme. Presque toutes les espèces de ce genre ont pris leurs noms spéciaux du nombre des divisions ou de la forme de leurs ailes, et ils se terminent par le substantif doigt , dactyhis. LES DIPTERES. SEI'TIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES INSECTE? Ce nom de Di|)tère peut être considéré comme un adjectif par lequel on désigne le plusordinairementun insecteà deux ailes. C'est de ce nombre des ailes qu'une sous-classe, ou mieux un ordre entier des insectes, a reçu de Linné, d'après Aristote, ce nom tiré de deux mots grecs ^î;, deux t'ois, et -T£pà, ailes, toujours employé d'une manière générale jiour indicpaer les Mouches, les Cousins, les Asiles et les OEstres {Histoire des animaux, livrai, chapitre V, n"' i à 7). De|)uis, quelques auteurs systématiques ont indique comme synonymes de Diptères, et par opposition avec les or- dres divers, considérés sous d'autres rapports, des dénomina- tions différentes. Les uns, en tirant les caractères des ailes, les ont nommés Anclytres bipennes, Gymnoptères à balanciers (Haltcrata). D'autres, d'après Fabricius, ne considérant (pie la structure delà bouche, ^ntliata, ou ayant une pipette, un suçoir; cependant beaucoupd'insectes à quatre ailes sont dans ce cas, ayant aussi un biberon: tels sont, en particulier, tous les Hémiptères, les Lépidoptères, mais sous une autre forme et avec quatre ailes. En outre, cet organe présente dans les IIj'î KNTOMOLOGIE ANALYTIQUE. insectes à deux ailes seulement trois modificatioDS différentes, et même il manque dans certains genres, comme dans ceux fies Œstres, des Tipules. Tantôt, en effet, cet instrument, qu'on nomme Haustellwn, est un suçoir corné, saillant au dehors, même dans l'état de repos, comme dans les Asiles, les Cousins, les Stomoxes ; il consiste alors en une sorte de ii;aîne solide, à la base de laquelle on reconnaît des écailles qui semblent correspondre aux palpes, et l'on trouve dans l'intérieur plusieurs soies roides, mobiles les unes sur les au- tres. Ce sont les Diptères que l'on trouvera indiqués par la suite sous le nom de Sclérostomes ou Haustellés. Tantôt, cette bouche forme une sorte de trompe charnue, allongeable, rétractile, logée dans une cavité du front, et terminée ordi- nairement par une portion plus large, souvent divisée en deux lèvres mobiles qui peuvent faire l'office d'une ventouse, comme dans les Mouches, les Syrphes, les Statiomes : ce sont ceux rjue nous avons nommés Sarcostomes, ou à bouche charnue. Quelquefois enfin, la bouche représente un simple museau garni de palpes plus ou moins longs et articulés sur un ori- fice caché dans une cavité intérieure, ce qui les a fait nom- mer par nous; les uns des Mouches à museau ou Bec-mou- ches: telles sont, parmi les, Hydruinyes, comme les Tijjules, les Hirtées, les Scatopses ; les autres sont pour nous des Astomes^ ou sans bouche apparente, telles ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. canal à l'intestin qui s'y termine ; il présente là nne couronne on un verticille de longs poils qui s'écartent en entonnoir, et au fond duquel on distingue alors (juatre lames ovales, minces, transparentes et disposées par paires. I,e premier anneau, qui forme la tête, est un peu a|)]ati , hi'unâtre, en (orme de cœur; il jjorte deux sortes d'antennes ou de palpes velus; l'ouvertine de la bouche est garnie de franges de ])oils ou de houppes, que l'insecte fait mouvoir avec beaucoup de vitesse, probablement pour ixu-ler les inar- ticulés alimentaires à la bouche. On voit aussi sur les parties latérales de la tête deux taches brunes (pii paraissent cor- respondre aux yeux à facettes de l'instcte parliiit. Le second ainieau correspond au corsekl; il est plus gros, arrondi, garni de chaque côté de trois faisceaux de poils; tandis que chacun des deux autres segments ne porte (ju'une seule de ces houppes. Suivant la température de l'aii- , ces laives changent de peau trois ou quatre fois dans l'espace de deux ou trois sep- ténaires. Ija dépouille qu'elles quittent est complète; quand la mue doit s'opérer, l'insecte s'élève à la surface de l'eau, non pour y faire toucher le tuyau inspiratoire de la queue, comme il le fait habituellement, mais de manière (pie, la tête et la queue étant tout à fait plongeis, le .'-.(-coiid segment du corps ou le corselet qui vient svu'iiager du côté du dos. semble se dessécher et s'y fendre en longueur. Cette fente se pi-olonge sur la peau des anneaux suivants, et c'est parct^tle ouverture que tout le cor|)s parvient à sortir en laissant l'an- cienne peau flottante à la surface de l'eau. A la dernière mue, la larve prend la forme d une nymphe, mais elle est encore motile, quoiipie la figure des (\en\ ex- l)lPTEIU;-i SCLEROSTOMKS. G. COUSIN. l M)-J trémités du corps soit tout à fait changée. La position de l'insecte est alors différente; la queue se replie et s'appliciiic sous la tête; à ce moment la masse totale est en apj)aren(>e len- ticulaire. Deux cornes, (|ui sont des tuyaux respiratoires, rem- placent celui qui était à la queue; ils correspondent à l'en- droit où est le corselet. F/insecte, dans l'état de repos, sem- ble entraîné hydrostatiquement à la surface de l'eau, de manière que l'extrémité de ses cornets, qui est coupée obli- quement, en dépasse le niveau. Quand cette nymphe veut se mouvoir et nager , à l'aide d'un mouvement bruscpie qu'elle donne à sa queue, dont l'extrémité est garnie de |>ale.ttes ovales send)lables à celles qui se voyaient près du tuyau excrémentitiel de la larve, elle s'appuie sur l'eau et sert ainsi à se diriger à peu près par le même mécanisme que produit la queue des écrevisses et des homards. C'est ce que Swammerdam a parfaitement fait connaître et figurer dans la planche xxxi. La métamorphose de la nymphe en insecte parfait présente (juehjucs particularités curieuses que Réaumur a très-bien observées. Ainsi , restant immobile à la surface de l'eau , cette nymphe déroule sa queue et la porte en dehors; à peine a-t-elle été un moment dans cette position qu'il sur- vient une sorte de gonflement emphysémateux ou d'infil- tration d'air sous la peau du corselet qui se fend entre les deux stigmates ayant la forme d'oreilles ou de cornets. Cette fente ne s'est pas plutôt opérée qu'on la voits'allongei- et s'élargir très-vite, pour laisser à découvert une portion du corselet; dès que la fente est assez agrandie, la tête pa- raît : c'est alors un véritable atu^ouchement pénible pour l'in- secte et fort dangereux ; car si l'espèce de barque sur laquelle 2c8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. l'insecte est à sec vient ;i se remplir d eau, l'animal est sub- mergé et périt. Aussi, dès que la tête est dégagée avec le cor- selet, le Cousin se dresse et élève son corps autant qu'il le peut au-dessus des bords de la nacelle formée par sa dé- pouille; puis, par des contractions successives et alternati- ves, qu'il imprime aux anneaux de son abdomen conique, il se dégage entièrement : son corps situé verticalement re- présente une sorte de mât qui s'élève peu à peu, sans que les pattes ni les ailes paraissent encore. Le moindre courant d'air dirige ce mât et fait voguer et tournoyer la nacelle sans la renverser, à moins que lèvent ne soit très-fort; mais une seule minute de calme suffit pour amener à bien cette ^orte de parturition. On voit en effet bientôt les pattes s'allonger par paires et venir se poser sur l'eau; puis les ailes se dé- plient, se sèchent; tout le corps prend une teinte d'un gris hruii, et l'insecte se confie à l'air. Les Cousins se renouvellent et ont plusieurs générations dans une même année. Réauniur croit qu'il y en a six ou sept, et que chaque femelle produit trois cent cinquante œufs et plus. Heureusement beaucoup d'autres animaux en font leur proie, principalement les hirondelles et les pois- sons, car leur multiplication deviendrait un fléau, qui est déjà bien grave dans les pays et dans les temps chauds et humides, surtout pendant les nuits (jue cts insectes préfè- rent pour exercer leuis facultés. Nous sommes entré dans beaucoup de détails sur ce genre, qui est véritablement anomal parmi les Diptères. 11 ressemble par la configuration générale de l'insecte parfait à celle des Tipules, mais ses mœurs, à l'état de larve et de perfection, sont tout à fait différentes. Quelques auteurs en ont fait une DM'TERKS SCI,KI!OSTOMES. G. COUSIN. ' ^Of) petite famille sous le nom de Culicides. Latreille a adopté, jusqu'à un certain point, (pielqnes-unes des sidîdivisions gé- nériques de iMacquart et de Robineau, mais en plaçant les Cousins avec les Tipnles dans sa famille des Némocères et en indiquant les noms proposés, lun d'Anophèle, par Meigeu, celui d'OEdès par IM. Hoffmanseg, et celui de Sabeîhès par Robineau, ainsi (|ue celui de Mégarhine du même zoologiste auteur, en i83o, d'une histoire des .Myodaires in-4''. {Mé- moires des savants étrangers à l'académie des sciences.) Il faut ajouter à cette liste des auteurs qui ont proposé une classification pour les espèces plus ou moins analogues aux Cousins, le travail que M. Bigot a inséré en i854 dans les annales de la Société entomologique. S* série, page 447^ ^t qui a pour titre : tribu des Tipulidii, où, dans une première curie nommé Culicidœ, l'auteur range et caractérise les neuf genres proposés par les entomologistes qui lui sont connus. Les espèces principales du genre Cousin que nous allons indiquer sont les suivantes : 1. Cousin commun. Cnlex ■pipicns. Le corselet est roux, avec deux lignes obs- cures; le reste du corps est gris cendré; le ventre annelé de brun; les pattes sont pâles avec les hanches rousses. '1. Cousin annelé. C. annulatus. Tout son corps est d'un roux brun ; les pattes et le ventre sont annelés de blanc. Les ailes portent cinq petites taches obscures. 3. Cousin fourchu. C.bifurcatus. Corps gris; ailes sans taches, les palpes de la longueur de la trompe. C'est de cette espèce en particulier que Meigen a fait le genre Ano- phèle. laiO KJVTOMOLOGIE AÎM A/,YTIODE. 290. Genre BOMBVLE. DOMDYLWS. (Linné.) Caractèhes: Corps velu, large, à ve/iii-e .scssile, arrondi, uvale, un peu déprimé; à tête sessile ronde, yeux gros ; antennes en alêne, très-rapprochées par la hase; suçoir corné très-Ions;, grêle, dirigé en avant ; corselet large, convexe; ailes lon- gues, larges, portées en triangle pendant le repos; pattes longues, grêles, à deux palettes et deux ongles. Ce nom tout à fait grec, ^o[j.SukU:, \ I avait été employé par Aristote, par .*^ --^ Aristophane et depuis par Swam- ^^,- merdam, mais pour indiquer des / /'1ÉÉÉ'\ \ I Guêpes et des Abeilles Bourdons "' j \ ' *^1"' ^'°"'- '^''^ '^''"'t ^" volant. y fjoL.4^t_ L,J,A Nous n'avons aucuue raison pour placer ce genre au commencement de la famille; il est ano- mal comme celui des Cousins, et il ne se trouve dans ce groupe qu'à cause de la longueur manifeste de sa trompe cornée ou de son suçoir. Tout fait soupçonner que ces Diptères j)roviennent d'une larve |)arasite, que la femelle a pondue dans le nid des Abeilles nîaçonnes, car c'est principalement aux alentours des habitations de ces Abeilles sur des coupes de terre argi- leuses ou des murailles exposées à la plus forte ardeur du soleil qu'on voit les Bombyles planer comme en attente du moment où ils pourront pénétrer sans danger dans les trous ou les galeries que les Abeilles y creusent; c'est là qu'on les observe le plus souvent. Ces insectes ne se servent, à ce qu'il paraît, de leur suçoir que pour [)omper dans les nectaires des DIPTEKES SCLEIIOSTOMES. (1. BOMBYI.E. J2I1 fleurs, même sans s'y fixer, et tout en planant avec luie légè- reté telle qu'ils ne font entendre alors aucun bruit qui pour- rait déceler leur présence dans l'air. Il est très-facile de distinguer les insectes de ce genre de tous ceux que nous avons rapportés à la même famille : d'a- bord, des Conops, dont l'abdomen est allongé et pétiole, dont la tête non sessile est portée sur une sorte de cou et dont le suçoir est vertical, ainsi que chez les Empis, les Taons et tous les genres inscrits dans la première section du tableau synoptique placé à la tête de cette famille des Sclérostomes; enfin, des Myopes qui ont le front et les lèvres enflées, comme vésiculeuses. la trompe cornée, ou lesuçoii-, des Bombyles est un organe très-remarquable par sa longueur relative, égale ordinaire- ment à celle du reste du corps; elle est constamment allongée et non coudée; enfin sa situation est horizontale. Examiné avec quelque attention, ce suçoir offre, dans sa composition, quatre soies ou |)ièces longitudinales, dont deux servent dégaine à celles qui sont situées plus intérieurement. Ces (uiatre soies, de longueur diverse, diminuent successive- ment de devant en arrière. Quoique ces insectes, ainsi que nous venons de le dire, paraissent armés de manière à pou- voir attaquer les animaux, ils sont florilèges comme les Sphinx et les Sésies; ils ne s'alimentent que jjendant qu'ils volent. Au reste, la direction horizontale de la trompe s'op- poserait à ce que le Boml^yle pi'it sucer étant posé, car il faudrait alors que l'insecte se tînt verticalement la tète en bas, et sa grande longueur y mettrait bientôt obstacle. ., Une quinzaine de genres, étrangers pour la plupart à l'Europe, ont été raj)prochés des Bombyles. Voici les noms I 5-2. I2I2 ENTOMOLO<îlE ANALYTIQUE. attribués à c(iielcjues-uns; Toxophore, Xestoii>yze, Apato- iiiyze, Lasie, Usie, Phthiries, Géron. iSlous avons indiqué les espèces suivantes dans un autre ouvrage : 1. Bombyle majeur. Bombijlius major. Noir, à duvet roux très-fin; ailes dia- phanes à bord brun, large, ondulé. Les pattes sont excessivement grêles et rongeâtres, à tarses noirs ; la trompe et les yeux sont bruns. Il varie pour la taille, probablement d'après le sexe. 2. Bombyle moyen. B. médius. C'est le Bombyle à ailes ponctuées de dt; (jecr. Il ressemble beaucoup au précédent, même pour la taille, car il en est (jui sont plus allongés. 3. Bombyle pelU. B. minor. Noir, à duvet fauve; ailes transparentes, un peu plus brunes à la base. i. Bombyle cicl-hlnnr. B. analis. Noir, à duvet roux ; derrière à poils blan- châtres. .>. Bombyle nain. B. minimus. Brun , à duvet blanc ; ailes brunes à leur base. 6. Bombyle dorsal. B. dorsalis. Ailes diaphanes, mais brunes à la base; abdo- men brun, avec une croix blanche. 7. Bombyle courte-trompe. B. brevirostris. Noir, à duvet roux ; suçoir court , dépassant à peine ia longueur du corselet. 2!»1. Ge^re HIPPOBOSQUE ou MOUCHE-ARAIGNÉE. HIPPOBOSCA. (Linné.) (Jaractiîues : Insectes Diptères ou Aptères; à bouche formée par un suçoir ou bec corné, garnie de soies piquantes ; à ai/es courtes ou nulles, avec ou sans balanciers, ou ciiille- jons ; à, antennes Ires-courtes., en forn)c de tubercules ; a pattes longues, écartées du corps, ternnnées par des ongles crochus. Ce genre est, eoinine on peut le voir, des plus eni- '^_ 6Z c(^^(^ S'"^'''^t sur lesquels nous re- DIPTEIŒS SCI-EROSTOMKS. O. HIPl'OBOSQUE. 12 13 viendrons bientôt. On n'avait d'abord connu que l'une des espèces, qui est un insecte parasite, vivant le plus ordinaire- ment sur les chevaux , de là le nom sous lequel Moufet l'avait désigné, d'a[)rès les mots grecs 11:7:0;, le cheval, et fioc- /.co, je me repais, Pocz-oç, qui vescitur ; mais depuis on a trouvé des espèces sur les moutons, sur les oiseaux , sur les abeil- les, etc., etc. ; de sorte qu'on en a fait des genres distincts et sous des noms différents. Par les particularités de leurs mœurs et de leur singulière organisation, et très-spécialement par le mode extraordi- naire de leur propagation, observée depuis fort longtemps, dans lequel on a reconnu que la femelle ne pond pas des œufs, mais séparément et en plusieiu's fois une nymphe en- veloppée dans sa coque et préparée d'avance à la propagation immédiate de son espèce, on a réuni tous ces insectes sous un nom de famille qui indique cette particidarité. et on la désignée comme celle des pupipares. fj'histoire de ces insectes a fourni des observations impi)r- tàntes, relativement à leur anatomie et à la physiologie, et elle a été admirablement étudiée par Uéaumur, Lyonet et M. liéon Dufour. iNous profiterons de leurs observations tout eu reproduisant celles que nous avons faites nous-mêmes et que nous avons consignées dans un article du XX^' volu- me du Z)/c?/o/i««//e f/cjic/é'we^' natureUes^ publié en 1821. \ oici cet extrait : Ce sont, disions-nous, des Diptères Seléiostomes, très-fa- eiles à reconnaître par leur port et à la céléritéde leurs mou- vements en tous sens, qui ressen)blent à ceux cpie produi- sent certaines Araignées; par leur peau sèche, et coriace; par l'écartement de leurs pattes et la manière dont se terminent 12l/|. ENTOMOLOGIK ANALYTIQUE. les crochets des tarses ; par la furnie des ailes quand elles existent, car plusieurs espèces n'en prennent jamais, conune nous l'avons indicpié en titre. Ces insectes vivent unique- ment des humeurs des animaux, sur la peau desquels ils s'attachent en parasites, conune des Poux avec lesquels on avait rangé quelques espèces. Ces insectes ont, pour la plupart, le corps aplati, lisse, à tégiunents coriaces très-résistants à la pression, de sorte qu'il <\st j>resque inq)0ssible de les écraser entre la pulpe des doigts, (|uel([ue force que l'on emploie, ce qui probablement doit les soustiaire à leur destruction lorsque les animaux sur la peau desquels ils vivent en parasites cherchent à s'en débarrasser par tous les moyens mécaniques. Leur bouche consiste en un bec très-conq»li(pié, dont Lyonet et M. Du- louront parfaitement décrit et figuré la structure. C'est une sorte de tuyau supporté par un chaperon entaillé dans le front, avec deux valvules ou lèvres solides, à l'intérieur des- quelles sont mobiles des soies destinées à piquer la peau et à faire monter les humeurs dans le canal œsophagien. Leur petite tête semble se confondre avec le corselet, qui la reçoit dans une échancrnre. Les ailes, quand elles existent, varient pour leur forme dans les diverses espèces, ainsi que par l'absence ou la piésence des cuillerons et des balanciers, ce qui a pu servir à la distinction de certains genres ou sous-genres. La particularité la plus remarquable de ces insectes et qui est en même temps des plus extraordinaires, ainsi que nous l'avons déjà indiqué, est relative à leur mode de propaga- tion dont l'historique a été si soigneusement établi par M. r.éon Dufoin-, [)ar Réaumur, de Geer et par Lyonet. La I)I1'TEIU:S SCr.EnOST(JMKS. C. HIPPOBOSQIIE. 121 > femelle, au lieu de poudre un œuf, eu couserve un seul dans une poche comparable pent-être à une matrice ; cet œuCv respire par une sorte d'ombilic ou de placenta c|ui reste en communication avec la mère. Il y subit probablement les changements antérieurs à l'état de nymphe; lorsque celle-ci est parvenue à un développement à |)eu près complet, la par- tnrition se termine, et le fœtus, presque aussi volumineux cjuc sa mère, peut, dès l'instant, être considéré comme un insecte partait. Les détails que renferment cette histoire doivent être lus dans les travaux que nous venons d'indiquer ; ils ont été plus spécialement fournis par res|)èce désignée par nous dès i8o(), sons le nom de IMélobosque, et que F-atreille a, depuis, considérée comme devant former le genre Mélophage. Sortant du corps de la mère, la nyiiqjhe, qui était renfer- mée dans une coque, comme la pitqjart des Di|)tères à méta- njorphose obtectée, se présente sous la forme d'une lentille ronde et plate, d'abord d'une couleur blanc de lait, a\ec une taciie noire luisante siu' l'un des bords, où l'on voit aussi deux légères éminences; cette coque ne tarde pas à brtuiir : elle prend alors la plus graiule solidité et l'insecte en sort de même que pres(pie tous les autres Diptères, eu soulevant la portion supérieure comme le couvercle d'une boite à sa- vonnette. Les quatre espèces priiu-ipales raj)|jortées d'abord à ce genre ont donné lieu chacune à l'établissement d'iui genre différent, pour le nom et par le fait réellement, d'après leur structure, qui n'est pas la même. 1. Hippobosque du cheval. Hippobosca cquiiia. Corps dua jaune rouillé, oiiduli- de brun. Les ailes croisées dans le repos, plus longues que le ventre sur lequel elk'S sont couchées à plat; pattes trèsétalées, ne soulevant pas le 12lb ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. corps; tarses terminés par deux ongles noirs sur les eôtés d'une petite pe- lote veloutée. (^est la Mouche-Araignée de Réaumur, la Mouche à chien de Geoffroy. Elle se trouve, l'été, sur les chevaux et les bœufs, entre les cuisses et vers la queue. 2. Hippobosquc du mouton. H. ovina. Elle n'a jamais d'ailes; son corps est d'un brun jaunâtre ou rougeâtre. On la trouve sous la laine des moutons; ses yeux sont peu di.stincts , ainsi que les antennes. C'est le Pou des moutons, que nous avions indiqué dans la Zoologie ana- lytique sous le nom de Mélobosque, et que Latreilleanommé depuis Mélo- phage. .'!. lUppoùosfjur de la Chnuve-suuris. H. Vcspcriilionis. C'est un Aptère très- petit, dontlatête est à peine distincte du corselet ; les pattes sont tellement arquées et les crochets contournés, qu'il lui est impossible de marcher siu- une surface plane. On eu a fait un genre sous le nom de Nyctéribie et de Phthiridium. On la trouve sur la Chauve-souris commune ; nous l'avons souvent rencontrée sur l'espèce dite Fer-à-cheval dans les carrières à plâtre des environs de Paris. 4. Hippobosque des oiseaux. H. avicularia. Corps d'une teinte verdâtre ; dos du corselet noir, les ailes presque ovales. Elle a trois stemmates. C'est le genre Ornithomye ou Ornithobosque. On la trouve sur les hiron- . délies et sur les jeunes individus encore dans leur nid. Elle court très-vite, marche de côté et vole avec facilité. Réaumurles avait trouvées dans les nids d'hirondelles, avec des larves de Puces, et nous, avec des Punaises, qui nous ont paru être les mêmes que celle des lits. On a établi encore plusieurs autres sous-i^enres avec des esj)èces de ce même groupe de Diptères Sclérostomes; tels sont ceux qui portent les noms de Féronie, Niirnomye, Sté- neptéryx, O.xypterc, Branle. DIPTÈRES SCLEROSTOMES. G. CONOPS. 121 7 292. Genre CONOPS. CONOPS. (Linné.) Caractères : Insectes à deux ailes et à suçoir corné; à an- tennes en fuseau^ sans poil isolé; ventre, allongé, comme pétiole et courbé, terminé par un renflement en massue. Ce nom, tout à fait grec, signifie forme ou figure de pyramide, de y.ùvo; et du mot wt{/. Il a été adopté par Fa- bricius et par tous les au- teurs, depuis de Geer, mais on en ar^e|iaré^l4s espèces qui sont velues comme les Asiles. Il est facile de distinguer ce genre de tous ceux de la fa- mille des Sclérostomes, ainsi que nous l'avons prouvé par l'analyse, dans le tableau synoptique qui précède : savoir des Rbiiigies, des Stomoxes, des Myopes et des Hippobosques, dont les antennes portent un poil isolé; ensuite des Empis, des Taons, desBombyles, qui ont les antennes en fer d'alêne, et enfin, des Cousins et des Asiles qui ont ces organes de même grosseur ou filiformes, de la base à la pointe, tandis (uie dans les Conops, ilssonten fuseau, ou plus gros au milieu. Quoique, sous l'état parfait, on rencontre les Conops sur les fleurs dont ils pompent les sucs des nectaires, on s'est as- suré, dans ces derniers temps, que certaines espèces se déve- loppent en parasites, comme les Échinomyes, dans l'abdomen d'autres insectes, et en [)articulier dans celui des Abeilles- bourdons, et qu'ils y subissent, comme larves, leur méta- morphose, mode de propagation semblable à celui d'un très- grand nombre d'Ichneumoiis. i53 I2l8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. On distingue facilement ces insectes, dont le corps est lisse, la tête grosse, arrondie, plus large que sur le corselet, court, presque carré, bossu vers l'articulation des ailes qui sont étroites, aussi longues que le corps. La |)artie la plus notable est la conformation de l'abdomen. Il est allongé, arrondi, mais courbé et plus renflé à son extrémité libre. Leurs pattes sont aussi fort longues et terminées par deux crochets et deux pelotes veloutées. Nous indiquerons seulement quelques espèces. 1 . Conops vésiculaire. Conops vesicularis. Noirâtre, quelques points rougeâ- tres sur le corselet; venlre noir à la base; tête jaune, comme rentlée aux joues; ailes brunes à bord blanchâtre. 2. Conops grosse- tête. C. macrocephalus. Noir; à antennes et pattes rousses ; quatre anneaux du ventre bordés de jaune. De Géer dit qu'il ressemble à une Guêpe et qu'il a craint d'en être piqué. 3. Conops paltes-rousses, C. rufipes. Noir; à base de l'abdomen ferrugineuse, blanchâtre sur les bords; pattes fauves. C'est sur cette espèce que Lâchât et Audouin ont reconnu le parasitisme. (Bulletin de la Société philomathique , 18I'J, p. 49.) 4. Conops noir. C. niger. Noir ; tête à front jaune^ ainsi que les antennes et les pattes; les ailes noires sur toute la longueur moyenne de leur étendue. De Geer, qui en a donné la ligure, le compare à un Ichneumon. DIPTÈRKS SCLÉUOSTOMES. G. MYOFE. I219 293. Genre MYOPE. MYOPA. (Fabricius.) (Caractères: Insectes Diptères à suçoir coudé deux fois sur lui-même, mais dont l'extrémité libre est dirigée en avant; tête très-grosse , à front et bouche comme gonflés ; à an- tennes portées en avant et à poil latéral simple. Ce nom provient peut-être du mot Muïa, qui correspond à mouche. Quant à la terminaison, on peut croire que Fabricius l'aura fait, à tort, dériver d'oij/i;, qui indique l'apparence, vultus, Jk-^ji^.. i^MTiwTrà^-y: '6 visage. Les Myopes diffèrent de la plupart des genres de cette famille par les caractères indiqués ci-dessus. On a maintenant à peu près la certitude que les Myopes se développent comme parasites dans le corps des Bourdons et des Guêpes, d'après l'observation consignée par M. Sichel en i856 dans le Bulletin de la Société entomologique, t. IV, p. 63. On le présumait déjà, d'après la forme de leur ab- domen, semblable à celui des Conops et des OEstres. On trouve les insectes parfaits sur les fleurs, particulièrement sur celles des Ombellifères et des Corymbifères. Nous en indiquerons trois espèces : I. Myope jerruginevx. Mijopa ferruginea.B'un jaune ferrugineux, avec deux lignes dorsales et quatre taches noirâtres sur le corselet; les ailes noires et le front jaune. ■2. Myope testacé. M.testacea. Jaune, avec l'extrémité du ventre grise; les ailes portent un point brun dans leur milieu; la bouche et les lèvres gon- flées sont blanchâtres. 3. Myope boursouflé M. buccata. Ferrugineux; ventre à taciies blanchâtres formées par des poils soyeux; ailes brunes; bouche blanchâtre. Trois ou quatre autres espèces, distinctes seulement par les couleurs, se trouvent aux environs de Paris. i53. 1320 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 294. Genre STOMOXE. STOMOXYS. (Geoffroy.) Caractères : Insectes à deux ailes, dont le suçoir allongé , corné, coudé, est saillant et porté presque horizontalement dans l'état de repos ; antennes en palette et à soie latérale plumeuse. Ce genre a tiré son nom des deux mots grecs cTo'rj.a, qui correspond au mot bouche, et de l'adjectif 6^u;, aigu, poin- tu. Au premier aspect, ces insectes ont l'apparence de la Mouche domestique ou des cuisinei, dont ils ne diffèrent que par la bouche qui n'est pas en trompe charnue, dilatée à son extrémité libre. Leurs ailes, dans le repos, sont portées en triangle, quoi- qu'elles restent écartées enti'e elles dans leur partie libre évasée. Il y a des cuillerons au-dessous des balanciers. Quoique ces insectes soient très-communs, puisqu'ils cons- tituent cette race de Mouches qui est si incommode en au- tomne, parce qu'elle pique les jambes de l'homme et des animaux et surtout des chevaux , on n'en connaît pas les larves. On présume seulement qu'elles vivent dans le fumier conime celles des Mouches. Il est facile de distinguer ce genre de tous ceux de la fa- mille des Sclérostomes : des Cousins, Asiles, Taons, Chry- sopsides, Empides, Bombyles et Conops, dont les antennes n'ont pas de poil isolé; puis des Hippobosques, dont le poil est terminal et le ventre très-plat quoique sessile; enfin des DIPTÈRES SCLÉROSTOMES. G. STOMOXE. I22I Myopes et desRhingies, qui n'ont pas ce poil isolé plimieux, mais très-simple. On rapporte une trentaine d'espèces à ce genre; mais dans les environs de Paris on n'en observe guère que trois qui sont: I . Stomoxe gris. Slomoxys yriseus. Il est gris ; des lignes noires sur le corselet; des points noirs sur le ventre ; les cuisses sont jaunâtres. i. Stomoxe calcilrant. S. calciirans. D'un noir grisâtre; à trompe ou suçoir lisses très-noirs; pattes grises. C'est l'espèce la plus commune, celle qui pique les chevaux jusqu'au sang, ce qui les fait frapper du pied et se déferrer, de là le nom de Calcitrant. .i. Stomoxe irritant. S. irritons. Ventre à taches noires; pattes grises. Il ressemble tout à fait à une Mouche; il attaque surtout les vaches et les autres bestiaux en automne. 295. Genre RHINGIE. RHIiSGIA. (ScopoU.) Caractères: Insectes à deux ailes, à suçoir saillant, corné, presque horizontal, reçu et protégé par un prolongement du fiont; abdomen ovale, obtus et aplati. Le nom de Rhingie signifierait un museau de cochon prolongé, un grouin, puYZ.o;; mais l'orthographe en serait mauvaise. ^ij .,-^ / >^ On distingue ce genre de ti)us ceux^de là même famille des Sclérostomes par les considé- rations suivantes. D'abord , il n'y a que trois autres genres chez lesquels les antennes offrent un poil isolé; mais il est 1222 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. terminal dans les Hippobosques , plumeux dans les Sto- nioxes ; dans les Myopes, qui l'ont également simple, l'abdo- men est allongé, arrondi, terminé en une sorte de niasse, tandis qu'il est court et plat et tout à fait obtus dans les Khingies. Tous les autres genres n'ont pas les antennes mu- nies d'un poil isolé. Elles sont en fuseau dans les Cotiops, en fil dans les Asiles et les Cousins, et en fer d'alêne chez tous les Bombyles, Empis, Taons et Chrysopsides. On connaît très-peu l'histoire ou les mœurs des Rliiu- gies. Réaumur dit, dans ses Mémoires, (\\\\\ présume que leins larves vivent et se développent flans les bouses de vache, car il a observé un individu qui était né dans un poudrier où il avait déposé d'autres larves avec ce résidu des aliments de la vache; mais peut-être cet insecte vivait-il en parasite dans le corps d'une autre espèce "^ (Réaumur, t. IV, p. 2^3.) De Geer l'a décrit et figuré comme une mouche à bec. {Mémoires, t. VI, p. i3o, pi. vu, xx, xxi.) Hliinf/iea bec. Rhingia rostrata. La tête, le ventre et les pattes sont d'un jaune roux ou fauve; les yeux et le corselet sont bruns; les ailes transparentes, avec une teinte jaunâtre. C'est la Volucelle à ventre jaunâtre de Geoffroy, qui la rangée avec les Diptères que nous avons nonniiés les Cénogastres ou à ventre vide. On trouve cet insecte dans les bois humides et de basse futaie, où il vole en planant ou restant longtemps suspendu à la même place. Nous l'avons pris assez souvent sur les fleurs des eryngiums ou panicauts. Fabricius, qui a adopté ce genre en le plaçant près des Syrphes, y a ins- crit aussi deux autres espèces sous les noms de lineata et de muscaria. DIPTERES SCLEROSTOMKS. G. CHRYSOPSIDE. 12^1 296. Genbe CHRYSOPSIDE. CHRYSOPS. (Meigen.) Caractères : Insectes à deux ailes; à suçoir corné; à antennes à dernier article en. alêne, sans poil isolé, arrondi et non dentelé; tête plus large que le corselet, avec des jeux à facettes très-brillantes et métalliques pendant la vie. Ce nom de Chrysops est grec et signifie aux yeux d'or. Nous avions donné ce nom au genre dont il s'agit avant de savoir qu'il lui avait été déjà attribué par Meigen; il a été aâo'pté par tdus les entomologistes. Il paraît (fue des insectes, sous l'état de larves, se déve- loppent dans la terre; mais quand ils ont des ailes, ils se nourrissent du sang des animaux dont ils ouvrent les tégu- ments à l'aide de leur suçoir corné et armé, comme le font les Taons, avec lesquels on les avait d'abord rangés, et dont on a encore séparé d'autres espèces dans les subdivisions dites Hématopotes, Heptatomes, Tanyglosse et Pangonie, d'après quelques particularités observées dans la forme et dans le nombre des articles dont sont formées les antennes. Les Chrysopsides le plus souvent observés dans nos ré- gions sont : I. Chrysopside pluvial. Chrysops plurialis. Gris cendré; quatre bandes ondées sur des yeux énormes à reflet doré ; des points blancs sur les ailes. Réaumur a fait très-bien connaître l'organisation de cet insecte dans ses Mémoires, tome IV, page 238. Il suce les bœufs, les chevaux et même l'homme, et le sang sort des blessures qu'il fait à la peau. Il est fort in- commode dans les bois par les temps de pluie chaude et à l'approche des ]a24 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. orages, car il est tenace et l'on éprouve de la difficulté à s'en défendre. Il s'attache sur les vêtements de laine comme s'il se croyait sur la peau d'un animal velu. 2. Chrysopside aveuglant. C. cœcutiens. Ventre brun à base fauve, avec une tache triangulaire brune sur chaque anneau ; trois taches brunes sur chaque aile ; pattes , pâles à tarses bruns. :\. Chrysopside deux-taches. C. bimaculatus. Noir, à premier segment du ven- tre bleuâtre ; pattes blanches. Comme il a six ou sept articles aux antennes, on l'a rangé parmi les Hexa- tomes ou les Heptatomes. Il y a d'autres espèces, qui sont noires, comme celles qu'on a nommées l'une lugubre, l'autre sépulcral. 297. Genke taon, TON ou TAHON. TA B ANUS. (Linné.) Caractères: Insectes à deux ailes; à suçoir corné et arme de soies piquantes, sortant de la tête; à antennes dont le dernier article est dentelé, sans poil isolé, en croissant, ter- minées par cinq articles en forme d'alêne; tête large, trans- versale, sessile, de même largeur que le ventre et le corse- let ; y eux très-gros, réticulés, brillants, avec trois stemmates ; tarses h trois pelotes. Ce nom deTahanus se trouve cl;ins Pline, dans Varron, pour incli(|iier les mêmes insectes dont on a proposé la subdivision en plusieurs sous-genres d'une famille sous le nom deTaoniens ou Tabaniens. Nous avons reproduit les earactères déjà indiqués dans les tableaux synoptiques de <-e groupe de Sclérostomes, et nous jugeons inutile d'y revenir pjir la comparaison avec les autres genres. On ne connaît pas les mœurs ni le développement des DIPTÈRIiS SCLÉKOSTOMES. G. lAON. 1 aSi'J larves de ces insectes. De Geer a fait l'histoire d'une espèce, qu'il a parfaitement décrite et figurée, tome VI, p. a 19, pi. xn ; il croit que cette larve vit sous terre et qu'elle s'y creuse des galeries à l'aide des pointes dures dont le corps de la nymphe est garni en arrière. Il a trouvé la larve dans la terre d'une prairie. La sortie de l'insecte iiors de sa dépouille est différente de celle des autres Diptères ; la coque se fend sur la longueur du corselet, et on distingue en dehors les marques des ailes. Ces insectes commencent à paraître au mois de juin sous l'état parfait. On les observe particulièrement dans les lieux humides, dans les bois et les prairies. Les Taons , an moins les femelles, piquent les quadrupèdes, principalement les Solipèdes et les Ruminants. Ils leur font de véritables plaies, d'où le sang s'écoule, et c'est de cette humeur que la plupart se nourrissent; aussi, a-t-on nommé l'une des subdi- visionS les Hématopotes, quoique ce nom convienne à tous. Il paraîtrait que les mâles auraient moins besoin de ces hu- meurs animales, car on a souvent occasion de les saisir sur les fleurs, lorsqu'ils sont occupés à en |)omper les nectaires. I^e vol des uns et des autres est excessivement rapide et direct et le plus souvent bruyant, à tel point que le sou qu'ils produisent effraie les chevaux et les met dans une excitation qui les empêche d'obéir aux conducteurs. Les espèces principales du genre Taon sont celles qui suivent: 1. Taon des bœufs. Tabanm bovinus. Gris; abdomen à bandes jaunes, avec une série de taches dorsales triangulaires blanches ; pattes à cuisses noires et jambes pâles. 2. Taon pattes-blanches. T. albi/jes. Noir ; corselet et base de l'abdomen à poils gris ; pattes blanches. i54 t226 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 3. Taon d'automne. T. autumnalis. Gris ; corselet à lignes cendrées ; abdomen blanchâtre, à quatre rangées de taches noires obliques. C'est une des espèces les plus communes des environs de Paris. Pendant la vie de l'insecte, ses yeux sont très-brillants. Linné a reconnu qu'on peut leur redonner cet éclat métallique en les mouillant avec de l'eau tiède. Nous savons qu'on reproduit le même effet en soumettant à la vapeur de l'eau les élytres de certaines Cassides, Coléoptères phytophages, qui sont do- rées ou argentées seulement pendant qu'elles sont encore vivantes et ne sont plus aussi remarquablement resplendissantes quand elles sont dessé- chées. ■4. Taon noir. /'. Morio. Noir, à corselet gris ; anus blanc, velu ; ailes obscures ; antennes noires, comme fourchues. Les autres espèces des environs de Paris ont été indiquées comme appar- tenant au genre Chrysops, dont elles diffèrent seulement par la forme des antennes. 298. Gkjire asile. ASILIS. (Linné.] Caractères : Insectes à deux ailes; à corps étroit, allongé, souvent velu ou puhescent ; à tête arrondie, plus large que longue, tronquée en arrière, pointée sur une sorte de cou ; a suçoir saillant dirigé obliquement en bas, aussi long que la tête; a antennes en fil sans poil latéral ; yeux gros, tail- lés en réseaux; trois yeux lisses sur le sommet du front. Ce nom est emprunté des La- tins, qui l'employaient comme synonyme d'QEstrus, ainsi que nous le voyons dans Virgile {Georg., lib. III, v. 147), où il (t},> ox^^y^y^yc-^^ "O'Js peint les tourments ({ue Junon suscite à la jeune lo, métamorphosée en génisse : Dll'TERES SCLEROSTOMES. O. ASILE. J 227 lui nomen Asilo liomanum est , OEsIron Graji vertére vocanles; Asper, acerha sonans; quo iola exterrita sylvis Diffugiunt armenla. Il est clair que dans ce passage le poète voulait désigner les insectes à tleux ailes qu'on a nommés les Taons, mais Linné s'est servi de cette dénomination d'Asile pour indiquer des insectes qui ne vivent que d'autres insectes et non du sang des mammifères, et c'est dans ce sens que se trouve mainte- nant employé le nom du genre. D'après les caractères précis indiqués plus haut, nous abré- gerons les détails concernant la conformation: l'abdomen varie pour la forme selon les espèces, et les auteurs systématiques se sont servis de cette particularité pour constituer plusieurs genres. Les ailes, portées horizontalement, sont étroites, rétrécies à la base et varient pour la longueur, relativement à celle du corps. Les pattes longues, souvent velues, ont cinq articles distincts aux tarses, terminés par deux ou trois cro- chets et garnis de pelotes veloutées. On ne voit pas de cuil- lerons sur les balanciers, qui sont souvent colorés, à masse tronquée et excavée. Les Asiles proviennent de larves qui vivent sous terre. Leur métamorphose s'opère sous leur dernière peau, et leur nymphe reste ainsi complètement obtectée. On l'a trouvée dans les lieux sablonneux. Les mœurs des Asiles, sous l'état parlait, sont les mêmes que celles des Libellules; ils ne se nourrissent que des in- sectes q'.i'ils saisissent au vol, à peu près comme les éperviers le font des passereaux. Les organes du vol, de la préhension 154. I 228 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. et de la digestion sont parfaitement en rapport avec cette circonstance. Ainsi leur vol est prompt et vif, court et ra- pide; il s'opère souvent avec une célérité foudroyante, qui l^récipite l'insecte sur sa proie (ju'il serre entre ses griffes, puis il se relève avec sa victime et l'emporte vers la branche la plus voisine, afin de la dévorer à loisir. La' longueur des pattes, les épines dont elles sont armées, les cinq articles larges qui les terminent, les pelotes qui les rendent si adhé- rentes aux surfaces les plus polies, les crochets acérés qui font pénétrer ces ongles dans les chairs, viennent encore fa- ciliter ce genre de vie. Enfin, la bouche, qui, de prime abord, ne paraît qu'une simple avance de corne solide, est un four- reau, un étui garni de lancettes finement aiguisées et de dards poignants agissant les uns sur les autres, comme tubes capil- laires qui se meuvent dans l'intérieur des chairs de la victime, pour forcer les humeurs de monter entre leurs parois. Les Asiles se distinguent facilement de tous les autres genres de la même famille des Sclérostomes par les particu- larités que nous allons énumérer. Les antennes qui ne sont pas en fuseau les séparent des Gonops, qui ont en outre leur abdomen courbé et terminé en massue. La simple considé- ration des antennes ({ui ne supportent pas de poil isolé les éloigne des genres Myope, Rhingie, Stomoxe et Hippobos- qiie. Comme le dernier article des antennes n'est pas subulé ou en fer d'alêne, ce caractère les sépare des Taons, des liom- hyles, des Empis et des Chrysopsides. Il y a, en outre, plu- sieurs autres conformations que fait connaître le tableau ana- lytique présenté ci-dessus pour la famille des Scléi'ostomes. Nous n'indiquerons ici que cinq espèces du genre nom- breux des Asiles, dont on a trop négligé l'histoire. DIPTERES SCLEROSTOMES. G. ASILE. '^29 1. AsUe-frelon. AxHus cnibroniformis. Jaune; à yeux, trompe et base de l'ab- domen d'une couleur brune. Cet insecte a un toupet de poils jaunes dorés entre les yeu.x et au sommet de la trompe ; les trois anneaux de la base de l'abdomen sont noirfitres, les quatre suivants couverts de poils dorés en dessous ; les cuisses sont brunes. Frisch en a observé la larve et la métamorphose. 2. Asile cendre. A. cinerevx. Cendré; à pattes, anus et Vv^na médiane du dos du corselet noirs. On a décrit le mâle sous le nom de Forcipatus. ■i. Asile d'Allemagne. A. germanicus. Cendré gris; corselet à deux raies et ab- domen à anneaux noirâtres. 11 ressemble au précédent; mais ses ailes n'ont pas les taches brunes et ses pattes sont couvertes de poils dorés. 4. Asile d'OElande. A. œlandicus. Noir; abdomen cylindrique; ailes noires; pattes rousses. Cette jolie espèce est une des plus allongées et des plus grêles. ."). Asile tipuloïde. A. tipuloides. Cendré; peu velu; corselet à trois lignes noires ; pattes fauves; ailes transparentes. C'est l'espèce que Geoffroy a décrite sous le n° 17. On trouve au moins une vingtaine d'autres espèces de ce genre aux en- virons de Paris. 299. Genre EMPIS. EMl'IS. (Linné.) Caractères : Insectes à deux ailes; à suçoir saillant, allongé, sortant de la tête; a antennes en fer d'alêne sans poil isolé; tête plus étroite que le corselet. Ce nom, employé par Aristote, a été par la plu- part des traducteurs re- gardé comme indifjuant un Moucheron et quel- quefois reproduit par ce- lui de Culex. î aSo ENTOMOLOGIK ANALYTIQUE. Nous avons fait connaître, dans le tableau synoptique de cette famille des Sclérostomes, comment on a vu la nécessité de séparer distinctement les espèces pour en former des genres. En effet, les Stomoxes, Rhingies, Myopes, Hippo- hosques, ont aux antennes un poil isolé; ici , ces organes sont en fer d'alêne et ne portent pas ce poil ; puis, dans les Cou- sins, les Asiles et les Conops, les antennes sont en fil ; chez les suivants , elles sont également en alêne , mais dans les Bombyles, le suçoir est porté horizontalement , et dans les Chrysopsides, ainsi que dans les Taons, la tète est plus large que le corselet. Voilà le procédé systématique; mais, nous devons l'avouer, cet arrangement n'est favorable qu'à la classification, car ces genres ne paraissent pas rangés suivant un ordre ti'ès-natu- rel, que l'état de la science, il faut le reconnaître, ne permet pas encore. Les principales espèces de ce genre sont : 1. Empis livide. Empis livida. D'un jaune livide, avec des lignes sur le corse- let; la base des ailes et les pattes ferrugineuses. De Geer a donné l'histoire de cet insecte dans ses Mémoires, tome VI, p. 204, et une bonne figure, pi. xiv, n» li. C'est le type du genre. Geoffroy l'avait nommé Asile à ailes réticulées. 2. Empis du Nord. E. borealis. Noir , à ailes arrondies, roussâtres sur le bord extérieur; pattes rousses, à articles et tarses noirs. Cet insecte se réunit en corymbes, qui volent le soir et qui forment des tourbillons par les temps sereins, surtout dans le Nord. .1. Empis pattes-plumes. E. pennipes. Noir; à pattes postérieures allongées, avec les cuisses et les jambes ciliées en manière de barbes de plumes. DIPTÈRES. FAMILLE DES Al'LOCÈRES. laSl {.IJiQUANTiÈME FAMILLE : LES APLOCÈRRS OU SIMPLICORNES. Quand on étudie l'ordre des Diptères sous le point de vue de leur classification en cherchant des caractères faciles à les faire reconnaître et pour les rapprocher par familles natu- relles , on voit que, sous le rapport des mœurs et des formes, quelques-uns, tels que les OEstres, n'ont aucune partie sail- lante à la bouche, dont la présence elle-même ne semble indi- quée que par un ou plusieurs petits points enfoncés, sortes de pores à bords contractiles et charnus. D'autres, comme les Stomoxes, les Asiles, les Taons, les Cousins, les Bombyles, ont la- bouche munie d'un suçoir ou d'une trompe solide, saillante, sorte de pipette armée en même temps de lames tranchantes qui remplissent l'office de poinçons, d'alênes ou de lancettes, et servent de scarificateurs; chez d'autres, tantôt la bouche forme une sorte de museau aplati avec des palpes articulés, comme dans les Tipules, lesHirtées, les Scatopses, et tantôt, au contraire, cette bouche constitue une véritable trompe charnue, molle, contractile, faisant l'office d'une pompe aspirante, par exemple dans les Mouches, les Syrphes et les autres genres voisins. Il ne reste donc ici que cette dernière famille dont voici l'analyse comparée d'après les caractères principaux tirés d'abord de la structure des antennes qui nous fournira deux types, suivant que ces organes présentent un poil distinct, séparé, ou qu'ils ne l'ont pas. Cinq genres ont un poil isolé terminal, et la conformation du ventre suffit pour les sépa- rer en ceux dont l'abdomen est conique, et alors, ou le corps est velu, comme dans les Bibions, ou il est lisse, sans poils, laSa ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. comme dans les Rhagions ; et en ceux dont le ventre est obtus. Parmi ceux-ci, les uns, comme les Hypoléons, ont un écusson garni d'épines, tandis que l'écusson est lisse, et dans les Anthrax, dont la tête est très-grosse, et dans les Ocgodes, chez lesquels elle est, au contraire, fort petite. Voici le tableau des genres compris dans l'analyse de cette famille : ORDRE DES DIPTÈRES. Famille des APLOCÈRES (1) OU SIMPLICORNES Car^ctébes : Insectes a deux ailes ; à bowche, nu trompe charnue rétractile ; antennes simpUs}\ velu ou soyeux comquc; à corps lisse, sans poils (à poil terminal ; \ entre 2 1 BiBlON. Rhagion. i ( "'""""" l obtus; écusson , fort grosse. - ' 1 hisse; à tète ^m^J (très- petite.. 3 7 Anihbaï. Ogcodes. ,,., ,1 T,- /longues, réunies en Y 6 Sthatiosie. plat, ovale^ antennes p^^^,,, \ courtes; front '-^■-■^'"t^tt^USi^, ventre arrondi.. 8 4 Némotèle. SiguE. JAÎBiZyb B tî "" très-large "^ ^arrondi, long; ailes à base tfi.y.mi:>-l\ '\" échancrée 10 9 MiDAS. Cébie. '■"(i)'i3fe^7cXdo,-, simple, et de xÉpa;, corne. Restent les genres qui n'ont pas de soie isolée aux an- tennes; Ils diffèrent aussi entre eux par la forme du ventre DIPTÈRES APLOCÈRES. G. RHAGION. 1^33 qui est aplati et ovale dans les trois genres suivants : les Stratiomes, dont les antennes sont longues, unies à la base, et en y grec, tandis qu'elles sont courtes dans les Néniotèles dont le front se prolonge vers la bouche en nne sorte de pointe, et (ju'ii n'est pas avancé dans le genre Sique. L'ab- domen est arrondi, cylindrique, allongé dans les Midas, dont les ailes sont très-larges à la base, et dans les Céries, où cette l)ase est échancrée. 300. GE^RE KHAGION. lŒAGlO. (Fabiicius.) Caractères : Insectes a deux ailes ; à bouche formée d'une trompe charnue rétractile, reçue dans une cavité du front; à antennes simples ou sans soie latérale, mais terminale; tête de la largeur du corselet; abdomen allongé, étroit, co- nique et sans poils ; ailes longues, à balanciers; pattes tres-développées. Ce nom de Rhagion, établi d'abord par Fabricius, dans son système entomolo- gique, et changé par lui dans ses Antliata, '^:-[ ■ ^ avait bien une étymologie grecque, mais ^^' i t l '^ insignifiante, car le mot pa^iov signifie un / V petit grain de raisin, «c/««j'. Voulant éviter rt/ -^,_ (jlJ^,^, la confusion avec le terme de Rhagium , donne à un genre de Coléoptère Xylophage, il a désigné celui-ci sous le nom de Leptis. Comme il n'y a pas en français le même inconvénient, à cause de la terminaison , nous lui avons conservé le premier nom; le nouveau d'ailleurs est féminin, et aurait changé la désinence des noms spécifiques qui doivent être masculins. i55 J234 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Parmi les Aplocères, un grand nombre de genres, comme nous l'avons établi sur le tableau synoptique qui précède, n'ont pas les antennes terminées par un poil, et parmi ceux qui ont ce poil, les uns offrent en même temps un ventre large et obtus, tandis qu'il est long et conique dans les Rha- gions et dans lesBibions; mais ces derniers ont le corps velu, tandis qu'il est à peu près lisse et sans poils dans lesRIiagions. Les espèces de ce genre ont beaucoup de rapports entre elles par les formes générales. Réaumur d'abord, et puis de Geer ont fait coiuiaître l'histoire très-curieuse de la larve et de la métamorphose de l'espèce que nous indiquerons ici sous le nom de Verlion, Vennileo. Les auteurs avaient rangé ces insectes dans les genres Mouche et Némotèle. 1. lihagion bécasse. lUiagio scolopaceiis. Cendré ; abdomen jaunâtre, avec trois lignes formées par une suite de points noirs ; pattes jaunes ; ailes tachetées de brun à l'extrémité. De Geer et Réaumur l'ont fait connaître sous le nom du genre Né- motèle. 2. Rhafjion vanneau. R. trincarius. Cendré; ayant aussi les points noirs de l'abdomen, mais les ailes sans taches. C'est peut-être une variété de l'espèce précédente. :î. lihagion verlion. R. vcrtnileo. Jaunâtre; corselet à trois lignes noires sur le dos; cinq rangées de points noirs le long du ventre; ailes transparentes, sans taches. Cette espèce est des plus intéressantes à étudier. Réaumur l'a observée le premier et en a fait connaître les mœurs dans un Mémoire lu à l'Aca- démie des sciences en 1753. Il en avait envoyé une larve à la reine de Suède, et l'étude qu'en a faite de Geer, qui a complété ces observa- tions, se trouve dans le tome Vl^de ses Mémoires, page 159, avec les pré- cieux détails dans lesquels il est entré dans l'explication des figures de la planche x, qui y,est entièrement consacrée. L'histoire de la larve qui a été trouvée à Tours par M. de Romand et DIPTÈRES APLOCÈUES. G. BIBION. 1235 que nous avons aussi pu suivre dans ses manèges sur quelques individus qui nous avaient été adressés, est des plus curieuses. Elle creuse une fosse en entonnoir dans le sable mobile, comme celle des larves de Fourmi-lion ; elle reste en embuscade au fond de cet entonnoir pour y saisir les insectes qui y tombent, et dont elle rejette les peaux desséchées après les avoir su- cés. Il faut lire ces intéressantes observations dans l'ouvrage de de Geer ; pour en présenter l'analyse, il y aurait à entrer dans trop de détails. 301. Genre BiBlON. BIBIO. (Geoffroy. i Caractères : Insectes à deux ailes ; à corps oblong, conique^ velu; tête grosse, transversale , à antennes en fer d'alêne , terminées par un poil; corselet ovale un peu bossu, à écusson arrondi; ailes étroites plus longues que l'abdomen, à cail- lerons peu développés et à balanciers en masse ovale. j Ce nom de Bibion a été appliqué succes- sivement par les auteurs à des genres si dif- '-'< ferents, qu'il a donné lieu à de grandes ! _ N difticiiltés, et, par suite, à beaucoup de con- f m \ fusions, comme nous allons l'indiquer. Il tl-'(„' ,i),fV avait été donné d'abord par Geoffroy à de petits insectes de la famille des Tipules qu'on a depuis ap- pelés assez arbitrairement des Hirtées, parce que Scopoli nommait ainsi un diptère sclérostome , voisin des Conops. Latreille, et même avant lui Olivier, voulant rétablir le droit de Geoffro)', avaient conservé pour ses Bibions, les espèces de Hirtées de Fabricius, et ils avaient appelé Théreves les Bibions qui appartiennent au genre dont il s'agit. ]Nous avons cru devoir faire connaître toutes ces dénomi- nations, parce qu'elles ont occasionné et produiront long- i5d. 1236 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. temps de grandes confusions. Ainsi, les Bibions de Fabricius seront ceux que nous indiquerons ici pour éviter, ou plutôt pour ne pas augmenter les difficultés. On les distinguera de tous les autres Diptères à trompe charnue , parce que leurs antennes ont le poil isolé terminal, que leur abdomen est co- nique et leur corps velu. Les genres avec lesquels les Bibions ont le plus de rapports, sont celui des Rhagions, dont le corps est glabre et les cuillerons sont très-courts, et puis, les An- thrax, les Ogeodes et lesHypoléons, qui ont l'abdomen obtus. On ne connaît pas la manière de vivre de ces insectes, dont on trouve sept à luiit espèces aux environs de Paris, et dont voici les caractères. Meigen, Latreille et Macquart en ont fait le genre Thérève. 1. Bibion pattes-jaunes. Bibio fiavipcs. Corps allongé, conique, à pattes jaunes roussâtres; ailes tachetées de jaune à la base. C'est la Némotèle à jambes jaunes de de Geer, t. VI, pi. ix, n° 22. 2. Bibion plébéien. B. plebeius. Cendré, avec les segments du ventre plus blancs. ■i. Bibion cuivreux. B. œneus. Corps d'un vert bronzé luisant, à yeux dorés, et pattes d'un jaune pâle. l. Bibion ennobli. B. nobililala. Ferrugineux, à poils jaunâtres; base des seg- ments du ventre noire; ventre obscur, à bandes jaunes. 5. Bibion lugubre. B. lugubris. Noir, pubescent; bouche à poils cendrés ; pattes pâles. tt. Bibion lu Vieille. B. anilis. Ventre d'un blanc argenté ; corselet roussàlre ; pattes fauves. De Geer a observé les larves de plusieurs espèces ; elles vivent dans la terre. Leurs nymphes laissent distinguer la région des ailes et le corps est conique, allongé; les segments sont garnis de petites épines. DIPTÈRES API.OCÈRES. G. ANTHRAX. laSj 302. Genre ANTHRAX. ANTHRAX. (Scopoli.) Caractères : Insectes Diptères, à trompe charnue, rétractUv; à télé grosse, arrondie, sessile, ovale, déprimée, obtuse; antennes à poil simple et terminal; ailes larges, éteiuliies, plus longues que le ventre, souvent colorées, étroites à la hase; pattes grêles, allongées. Ce mot Anthrax est tout à fait giec et latin; Fabricius l'avait adopté, après l'avoir critiqué; le nom et le genre sont, en effet, très-bons. On distinguefacilementoe genre d'avec ceux des Bibions et des Rhagions, dont il se rapproche sous d'autres rapports, par la forme du ventre, qui est obtus et non terminé en pointe, et par la grosseur de la tête, qiii est si différente, par cela même, de celle des Ogcodes. On a reconnu, dans ces derniers temps, les mœurs des lar- ves de ce genre: on sait qu'elles vivent en parasites dans les nids des Abeilles bourdons. On trouve les insectes parfaits dans les endroits sablonneux et exposés aux plus vives ar- deurs du soleil. Ils volent avec la plus grande facilité, res- tant suspendus pendant des heures entières dans le même endroit, vers les coupes des terres argileuses, et lorsqu'ils sont une fois arrêtés, la longueur de leurs ailes devient un obstacle au soulèvement nécessaire pour qu'elles puissent s'appuyer sur l'air. Aussi lorsque les Anthrax sont posés sur le sable, ce qu'ils évitent, préférant se poser à pic sur les plans élevés, on voit qu'ils sont très-lents dans leur marche. On les trouve rarement sur les fleurs. Ce sont des insectes que la coideur baiiolée de leurs ailes, 1:^38 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. par des taches noires ou d'un brun foncé , rend fort agréables et distincts à la première vue. Nous en trouvons cinq ou six espèces à Paris. 1 . Anthrax morio. Anthrax tnorio. Corps d'un noir mat;, à duvet fauve; ailes d'un brun rouge à la base, mais transparentes à leur extrémité libre et élargie. Les sexes varient beaucoup pour la taille; les mâles sont quatre fois plus petits que les femelles; cependant leur couleur est la même en petit. •î. Anthrax maure. A. mauriis. D'un brun noir; abdomen à points blancs sati- nés; ailes brunes, transparentes sur leur bord interne et plus mince. Cette espèce est beaucoup plus grosse que la précédente. Nous l'avons recueillie en grand nombre sur les sables de Fontainebleau. :i. Anthrax hottentote. A. hottentota. Brun ; à duvet laineux jaune; ailes dia- phanes, à côte externe brune. La transparence des ailes et les poils d'un jaune verdâtre, qui couvrent la totalité du corps, le font aisément distinguer. C'est la seule espèce que nous ayons trouvée sur les Heurs, principalement sur celles des grandes ombell itères aquatiques. De Geer avait fait une section des espèces que nous venons d'indiquer parmi les Némotèles. Fabricius avait inscrit quarante-cinq espèces dans ce même genre Anthrax. 303. GenbeSIQUE. SICUS. (Scopoli.) Caractères : Insectes à deux ailes ; à trompe charnue, ré- tractlle; antennes courtes, en fer d'alêne, sans poil ter- minal, rapprochées à la hase; à tête petite, arrondie, in- clinée; à ailes longues, larges, croisées sur un ventre plat, ovale, obtus; port semblable à celui des Stratio/nes. A > T » ' ■ 1 • 1 - 1 L etymologie de ce nom nous est inconnue; au reste, Scopoli qui l'a employé le premier dans son Entomologie de la Carniole, et sous '\ ces noms de genre et d'espèce^, l'appliquait à un V. insecte probablement tout différent, car voici -i^'^v- Kd^ .u.^ DIPTÈRES APLOCÈRES. G. SIQUE. I.t3() les caractères qu'il assigne au genre : bouche armée d'un bec, à une soie, dont la gaine est longue, roide, avancée, coudée, et fléchie en dessous, au milieu, et portant des palpes à la base. C'était par conséquent un Sclérostome, qui ressemblait tout à fait par les couleurs, mais dont les antennes portaient, ainsi qu'il le dit, une soie latérale. Une autre difficulté qui naît de ce nom, appliqué par Fa- bricius, c'est que l'une des espèces, indiquée par Scopoli sous le nom de huccatus, a été reproduite par Latreille pour un autre genre voisin des Empis, dont Fabricius a fait le genre Tachydromie, d'après Meigen, et enfin Latreille, une espèce dé celui qu'il a désigné sous le nom de Cynomye, dans quelques-uns de ses ouvrages. Nous ne connaissons, au reste, qu'une seule espèce parmi les cinq que Fabricius a rangées dans ce genre. C'est le : Signe ferrugineux. Sicusferrugineus. Il est d'un roux écailleux; le corselet se termine en arrière par deux petites pointes, et sa couleur varie probable- ment suivant le sexe, du jaune au brun. On ne connaît pas les mœurs de cet insecte, qu'on trouve assez souvent sur les fleurs. On l'a rangé d'abord avec les Stratiomes, dont il réunit à peu près tous les caractères, mais à tort dans le genre des Taons; et cependant on l'avait inscrit d'abord. 304. GEjiBE HYPOLKON. HYPOLÉOiS. (Duméril. Caractères : Insectes à deux ailes et à trompe charnue, ré- tractUe ; à antennes plus courtes (pie la tête, fusif ormes, mais à poil terminal; écusson à deux pointes. Nous avons désigné sous ce nom, .dans la Zoologie analytique., page aSo, ce genre qui a été séparé de celui des Mouches armées, à rim^K*!^ cause de la conformation des antennes se 3 U^y--, 1 2^0 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. terminant par une soie ou un petit poil roide, ce qui l'a fait désigner depuis par Meigen, Latreille et .Alacquart sous le nom d'Oxjcère. Ce sont de petits Diptères, dont nous avions emprunté le nom de celui donné par Linné à l'une des espèces de son genre nombreux et primitif Musca ; il correspond au terme de petit lion, et il est insignifiant. On les trouve sur les fleurs et dans le voisinage des eaux, où il est présumable que ses larves se développent comme celles des Stratiomes, avec lesquels ils ont la plus grande analogie. Voici les espèces que nous connaissons : la première, qui en est le type, est : I. Hypoléon à trois lignes. Hypoleon trilineatum. Noir ; la tête fauve ; les yeux gros, velus, à bande rougeâlre ; ventre d'un vert jaunâtre, avec trois lignes ou taches transversales. C'est la Mouche armée à bandes noires, de Réaumur et de Geoffroy, que Meigen a nommée Oxyura et peut-être la trilineata. •1. Hypoléon nigricorne. H. nigricorne. Noir ; tête jaune, avec une ligne noire sur le front; corselet à quatre lignes interrompues; ventre à bords jaunes. .'!. Hypoléon léonin. H. Iconinum. D'un noir luisant; bords du corselet et écusson jaunes, ventre jaune à ses deux bouts; cuisses noires et pattes jaunes. Latreille l'avait placé dans son genre Odontomyu. DIPTÈRES API.OCÈRES. G. OGCODE. lu/jl 305. Genre OGCODE. OG CODES. (Latreille.) Caractères : Insectes à deux ailes et à trompe charnue, ré- tractile; les antennes très-courtes, avec une soie terminale, sur une tête fort petite en comparaison du dos , qui est comme bossu. jij !Cj jtii L'étymologie de ce nom de genre vient évi- demment dn mot grec 6yx.cd^r;ç, correspondant à l'adjectif gonflé , tumidus, ohcsus ; il a été donné d'abord par Latreille, qui ne l'a pas -c •=!«!»' y rt, conservé, et lui a substitué le nom d'Hénops, diaprés TMiger, et puis celui d'Acrocère, de Meigen, après l'avoir appelé Cyrtus dans le Dictionnaire cV histoire naturelle. M. Macquart l'a cependant caractérisé sous ce nom d'Ogcode, dans une famille qu'il a indiquée comme étant celle des Vési- ctileux, et il propose aussi un nouveau terme, celui de Sto- niacère, en raison de l'insertion des antennes sur les bords de la bouche. fl y a inscrit quatre espèces du nord de la France. i. Ogcode bosnu. Ogcodes gibhus. Corselet noir; l'abdomen comme gonflé, d'une teinte jaunâtre transparente, à bandes noires; les cuisses noires vers les hanches, les pattes fauves. C'est celui que Latreille avait indiqué sous ce nom de genre dans l'article de V Encyclopédie méthodique, t. VIII. 2. Ogcode bordé. 0. marginatvs. Le corselet est noir aussi; mais le ventre est noirâtre ou brun foncé, avec le bord postérieur des segments blanchâtres, les pattes fauves. C'est le Sijrphiis gibbosus de Panzer , une Némotèle de Schseffer. On ne connaît rien des mœurs de ces insectes. T. XXXI. i56 124â ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 306. Genbe NÉMOTÈLE. NEMOTELUS. (Geoffroy.) Caractères : Insectes à deux ailes ; à trompe charnue, ré- tractile; à antennes terminées par une soie et très-courtes i tête à front pointu, formant comme une sorte de bec; ven- tre lisse, luisant^ ovale; corselet à écusson arrondi. Ce nom de genre, proposé d'abord par SchcTeffer, a été adopté par de Geer, qui y a rapporté un très-grand nombre d'espèces, en y joignant quelques-unes de celles dont ffu ^cV^l^^^l' 'histoire avait été connue par Réaumur, mais il y avait réuni la plupart de nos Aplocères; il est arrivé de là qu'après y avoir puisé toutes les espèces dont on a pu faire des genres, il n'y est resté que deux ou trois peu con- nues. Le nom, certainement, est d'origine grecque, dev},y.a, (il, et .de tù.éut, je finis, ou à antennes terminées en fil. Nétnotèle des marais. Nemotelus uliginosus. Noir; le ventre blanc en dessus et noir à son extrémité ; les antennes sont insérées près des bords de la trompe. C'est le Némotèle que Geoffroy a fait représenter, t. II, pi. xviii, fig. 4. On le trouve, en effet, dans les lieux marécageux, sur les fleurs en om- belles. D'après Meigen, l'espèce décrite sous le nom de bordée, Nemotelus marginatus, serait la femelle de l'espèce indiquée ici. Les autres espèces citées par Fabricius sont étrangères à l'Europe. DIPTÈRES APLOCÈRES. G. STRATIOME. 1243 307. Genre STRATIOME ou MOUCHE ARMÉE. STIiATIOiJVS. (Geoffroy.) Caractères : Insectes à deux ailes ; à trompe cJiarnue, ré- tractile, terminée par deux lèvres; à antennes plus longues ({ue la tête, coudées a leur base allongée, formant une sorte de fuseau sans poil isolé ; corps long , à abdomen ovale, obtus, un peu déprimé et élargi; corselet à écusson armé de deux pointes en arrière; ailes croisées dans le repos. Ce genre, qui est l'un des phis distincts de la famille, a été ainsi nommé par Geof- froy, fjui en a saisi l'idée dans les obser- vations de Réaumur ( Mémoires, t. IV); i^'^^^UP^l^ car à cette époque, 1768, on ne connais- jii t,'o..v^\iv^'fJ.-i^^'*^ P'^^ ''' Bible de la nature, dans laquelle Swamnierdam a si bien exposé l'histoire de ces insectes .sous tontes leurs formes successives. Comme on les avait nommées Mouches armées, on en a tiré le nom de Stra- tionie, des mots grecs crpaTuo-rv;?, soldat, et de pjTa, mouche (Mouche-soldat), qu'on aurait dû écrire Stratiomye. Ce nom a été adopté, et l'histoire de ces insectes a été très-bien pré- sentée par de Geer; le genre est décrit avec un très-grand nombre d'espèces, par Fabricius, Meigen, Panzer et tous les auteurs modernes. A l'aide du tableau synoptique , il est facile de voir en quoi les Stratiomes diffèrent des autres genres compris dans la même famille des Aplocères. En effet, les Leptidesou Rhagions, les Bibions et les Anthrax, ainsi que les Ogcodes et les Hypoléons , ont leurs antennes terminées par un poil; i5G. 1244 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. tandis que dans les autres genres on ne l'observe pas ; en- suite, les Midas, ainsi que les Céries, ont le ventre allongé et arrondi, quand , au contraire, dans les Siques et dans les Néniotèles, l'abdomen est déprimé, et les antennes à peine de la longueur de la tête. Swammerdam, comme nous venons de le dire, a donné l'histoire complète des métamorphoses de ces insectes sous le nom de Mouche-asile, dans ses magnifiques planches xxxix, XL, XLI, xLii. En voici l'abrégé. Leurs larves, qui vivent dans l'eau, sont, en apparence, de longs vers aplatis, plus gros au milieu qu'aux deux extré- mités; leur tronc est composé de douze anneaux distincts. Leur queue se termine par une touffe de poils ramifiés, dis- posés en cercle, et pouvant s'écarter les uns des autres, comme les aigrettes des fleurs des Synanthérées, telles que celles qui surmontent les graines du pissenlit et des salsifis. L'insecte a la faculté de les étaler à la surface des eaux tranquilles, dans lesquelles il vit. C'est une sorte de disque, comme huilé, qui tient l'insecte ainsi suspeudu, le reste du corps restant immobile dans une position verticale. Par l'autre bout la larve est armée d'une paire de mâchoires, articulées en pince, dont elle se sert pour saisir sa proie ; elle a un autre crochet très-solide qu'elle em- ploie pour se cramponner sur les corps. La bouche, ou l'ou- verture de l'œsophage, se trouve entre les deux mâchoires. Tout le corps de ces larves est enveloppé dans une peau tenace, dont les aspérités sont dues à de petits écussons so- lides, comme calcaires, implantés dans l'épaisseur des tégu- ments que l'on distingue très-bien à la loupe, lorsque cette peau est desséchée. DIPTERES APLOCERES. G. STRATIOME. I 243» Swammerdam a reconnu que deux stigmates principaux s'ouvrent au centre de l'aigrette, structtnx- qui explique le mode de respiration. Lorsque la larve doit se métamorpho- ser, elle se rapproche du rivage des eaux, elle s'y introduit, y change de peau, et se raccourcit beaucoup, car les quatre derniers anneaux ne concourent plus à former la peau. Huit à dix jours api'ès cette opération de la nymphose, l'insecte ailé sort de sa coque, et alors ses mœurs sont tout à fait changées. On le trouve sur les fleurs des prairies dont il suce les nectaires. Il obéit au besoin de perpétuer sa race, et la femelle fécondée va pondre ses œufs à la surface des eaux tranquilles. Les principales espèces de ce genre sont les suivantes : !. Siraiiome caméléon. Stratiomijs ehamxleo. Brun; corselet fauve, à écusson jaune avec deux pointes, ventre à six lunules jaunes latérales et une autre à son extrémité. C'est Gœdaert qui lui a donné ce nom de Caméléon. Geoffroy, qui l'a fi- guré, t. II, pi. XVII, n» 4 , croit que c'est parce qu'il change de couleur. 2. Siraiiome rayé. S. striata. Brun; à corselet velu; jaunâtre ou cendré; ab- domen lisse, sans taches; écusson de la même couleur que le corps. 3. Siraiiome selle. S. ephippinm. Noir; à corselet d'un rouge brillant satine avec deux épines latérales outre les deux de l'écusson. i. Siraiiome lion d'eau. S. hydroleon. Noir; abdomen vert, avec des angles et une ligne dorsale de teinte noire. C'est le genre Odontomye de Latreille, la Mouche armée à ventre vert ôm Geoffroy. J246 ENTOiVIOLOGIE ANALYTIQUE. j 308. Genre CÉRIE. CERIÀ. Caractères : Insectes à deux ailes; à trompe eharnue, pro- tractUe; à antennes plus longues que la te'te^ composées de quatre articles, dont le premier libre ou réuni à celui de l'antenne opposée est allongé; les trois derniers enfuseau, terminés par une pointe aiguë; les ailes et les balanciers écartés du tronc. Ce nom de genre, employé d'abord (Dar Scopoli pour désigner les Scatopses de Geoffroy, a été repris par Fal)ricius, pour des insectes très- différents; les uns voisins des Millions, que f.atreille a pris pour types a un genre Psare, et l'autre est celui dont nous parlons ici, parce que la plupart des entomologistes l'ont adoi)té, mais dont nous avons modifié les caractères. Ce genre, au reste, |jrésente beaucoup de difficultés, quoi- que l'excellente figure donnée [jar Schellenberg,pl. xxiii, tig. 2, comme représentant une femelle de lespèce dite clavicorne, soit réellement, à ce que pensaient Latreille et Panzer, celle du Syrphe conopse de Fabricius. Les Céries ont un port qui leur est propre et qui les dis- tingue de tous les Diptères ; leur tête est triangulaire, plus large que le corselet presque carré et convexe; le ventre est allongé, cylindrique, un peu arqué; les ailes sont longues, très-écartées. 1 /insecte ressemble à un Hyménoptère. On trouve ces insectes dans les bois; ils s'arrêtent sur les fleurs, et quelquefoissur les caries humides des troncs d'arbre, ce qui a fait penser que leurs larves pouvaient vivre dans ces DIPTERES APLOCERKS. (.. MIDAS. I a/f- ulc'èressaiiieux, mais leurs mœurs sont tout à fait iucoiuiues. Cérfe clavicorne. Ceria davieornis. Le ventre est noir, entouré de bandes jaunes; il est étranglé vers son insertion avec la poitrine et porte deux points cal- leux jaunes. Cet insecte n'est pas très-rare aux environs de Paris. 309. Genbf. MIDAS. MYDÀS. (Latrcille.) Caractères : Insectes à deux ailes; à trompe chanmc, pro- tracti le; à antennes très-longues, comprimées, rapprocliées , sans poil isolé, dirigées ou portées en avant; corps grand, allongé, un peu aplati; tête plus large que le corselet; ailes très-larges à leur base. Ce nom de Midas a été mal orthogra- phié par les auteurs en entomologie, ear Ovide, en parlant des oreilles de ce fa- meux roi de Phrygie, n'avait pas em- ployé ly. Le roi Midas a des oreilles d'âne. {Métam. , lib. xi, v. 178.) De Geer a décrit et figuré une espèce sous le noni de Némotèle asiloïde (t. VI, pi. xxix, Hg. 6, p. y.04.) Fabricius, dans ses Antliates, n'a inscrit cpie cette espèce dans le genre Midas. C'est le : Midas à fil. Mydas Jilata. Noire ; les bords du second aiuieau du ventre de cou- leur d'écaillé; les cuisses postérieures dentelées, avec deux rangées d'épines. Cette espèce est de la taille d'une Guêpe-frelon ; son ventre est arrondi, conique, les ailes sont d'un brun obscur, avec un reflet violâtre, à grosses nervures. Nous n'avons parlé de cet insecte, qui provient de l'Amérique du Nord, que parce qu'il a un port très-singulier, différent de celui des Stratiomes. 124b ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Cinquante et unième famille : les CHÉTOLOXES ou LATÉRISÈTES. Cette famille nombreuse d'insectes à deux ailes réunit toutes les espèces qui ont une trompe charnue, reçue dans la cavité de la tête ; elle est protractile ; ce sont des Sarcos- tomes dont les antennes portent, sur le côté du dernier ar- ticle, un poil isolé, simple ou plumeux. Tous ces Diptères ont entre eux les plus grands rapports, aussi les a-t-on très-longtemps désignés et compris sous la commune désignation de IMouches. Le nom par lequel nous les avons rapprochés tend à rap- peler le caractère principal qu'offrent leurs antennes, dont le dernier article, le plus souvent renflé, porte sur le côté un poil roide, toujours distinct : ce que nous avons cherché à exprimer, en nous servant du nom latin de latérisète, ou soie sur le côté, et par le synonyme composé des mots grecs de Chétoloxe, des mots x^'V/i, signifiant soie ou poil roide, et >.o^o';, de côté ou latéral. Les Diptères, que nous avons réunis par cette particula- rité, diffèrent de tous ceux du même ordre par les confor- mations que nous allons rappeler : d'abord, des Taons, des Asiles, des Stomoxes, des Cousins, enfin de tous les Sclérostomes, puisque ceux-ci ont un suçoir ou une pipette roide et cornée, au lieu d'une trompe charnue et protractile, pouvant rentrer presque entièrement dans une cavité de la tête; ensuite, desOEstres ou des Astomes, qui n'ont à la place d'une trompe ou d'un suçoir que trois tubercules à peine saillants. Enfin d'une autre famille, très-voisine, celle des Aplocères, DIPTÈUES SARCOSTOMES. CHETOI.OXES. I u4>j avec lesquels ces insectes seraient f'acileniejit confondus par leurs formes et leurs habitudes; mais nous avons réu- ni ces derniers artificiellement, parce que les genres étaient trop nombreux, et nous avons eu recours à la présence sur les antennes d'un poil (|ui est alors situé à leur extrémité, et dont il constitue la terminaisor), de sorte que les antennes sont poiH-nous simples : ce sont des Aplocères, ainsi que nous les avons nommés, en les indiquant dans la famille dont nous venons de faire l'histoire. Il reste une dernière famille de Diptères, dont la structure est toute différente, car leurs antennes sont plus souvent al- longées en filset composées d'un grand nombre d'articulations, plus ou moins grenues; telles sont les Tipules, les Scatopses : comme les Bec-mouches ou Hydromyes , dont la bouche se- rait à peine distincte si elle n'était munie de longs palpes articulés. Cette classification des insectes à deux ailes est, nous de- vons l'avouer, tout à fait arbitraire ou systématique; nous avons cherché en vain des rapprochements naturels en fa- milles et beaucoup de naturalistes l'ont essayé avant nous. l>'histoire des Diptères, quoiqu'elle ait été minutieusement étudiée par plusieurs entomologistes qui s'y sont livrés très- spécialement, n'a pas, selon nous, atteint le but (pie les au- teurs s'étaient proposé; leurs ouvrages sont remplis de des- criptions, mais la plupart des caractères assignés aux genres qu'ils ont proposés ne sont pas comparatifs; nous citerons particulièrement le travail immense de Robineau-Desvoidy , publié en i83o : Essai sur les Myodaives, et inséré parmi les Mémoires des Savants étrangers, de l'Institut de France. C'est un volume in-/j° déplus de 800 pages, dans lequel il n'y 157 laSo ENTOJIOLOGIE ANALYTIQUE. a ni table méthodique, ni table alphabétique, et dont il nous a été impossible de tirer quelques notions nouvelles. Nous livrons donc nos anciennes études telles que nous les avions faites en 1806, et depuis en consultant les diffé- rentes publications des soixante vohimes du Dictionnaire des sciences naturelles, dans lesquels nous avions pris le soin d'insérer successivement des notes indicatives des nou- veaux progrès de l'entomologie. Voici l'exposé du tableau synoptique que nous y avons inséré en 1817 sur cette famille des Chétoloxes. Nous avons pris le point de départ de cette étude des genres dans la con- formation des antennes, chez lesquelles le poil latéral est tantôt simple, comme dans le plus grand nombre, et tantôt garni de poils nombreux ou barbus, tels qu'ils le sont chez les Diptères nommes Mouches et ceux que nous avons ap- pelés les Cénogastres. Les genres dont les antennes ont le poil latéral simple, of- frent tantôt l'article du milieu plus long que les autres, conwne dans les Tétanocères, chez lesquelles les antennes sont dres- sées ou portées en avant; tantôt, au contraire, ces antennes sont courbées et cachées, comme on les voit dans les Echi- noniyes. Les genres dans lesquels l'article intermédiaire des antennes est plus court que les autres, sont faciles à distin- guer, parce que, dans les Calobates, la tête est séparée du corselet, et portée sur une sorte de cou; tandis que, dans les autres genres, cette tète est sessile sur le thorax; mais tantôt le ventre est rond, conique, comme dans les Dolichopes et les Cosmies ; tantôt il est ovale avec des antennes en fuseau, comme dans les Mutions ; ou bien chacune de ces antennes porte une palette plus ou moins distincte, ainsi qu'on le remarque dans les quatre genres indiqués par leurs noms (Inns le tableau synoptique suivant : Dll'TERES SARCOSTOMKS. CHETOLOXES. :/2 ■Cd c Cd ij: ^'' -w fc H o cu Q J^ S rr Ci; c ^ •e o <« w ce: Cl 3= O 1 •o a «j *; S s 2 ^ g 3 î I " f 1253 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 310. Genre DOLICHOPE. DOl.ICHOPUS. (Latreille.) Caractères : Insectes Diptères ; à trompe charnue, rétructile; a antennes ayant un poil isolé , latéral , dont l'article du ndlieu est plus court que les autres ; la tête est accolée au corselet, non poiiéc sur un cou ; les pattes très- longues. Ce nom de Dulichope est tiré de deux mots grecs dont l'iii), "\'^ ^oXijôç, signifie prolixe ou trcjp allongé, et l'autre, ttoîç, corres- pond à pied. * Ces insectes ont été long- temps placés par Linné et par cx^cht Fabricius dans le genre des Mouches. Haln^is lésa le premier distingués; de Geer a fait connaître le développement et l'histoire de l'ime des espèces, et Cuvier en a décrit plusieurs dans le Journal d'histoire na- turelle de Paris, t. TI. Nous tirerons de ces deux sources, relativement aux métamorphoses, les observations qui vont suivre, n'ayant pu nous-niême les répéter, quoique ces in- sectes se trouvent sous l'état partait, très-communément et soient faciles à reconnaître. Voici les caractères de ce genre, comparés à ceux de la même famille. D'abord , le poil de l'antenne est simple : il n'est ni barbu, ni plumeux, comme dans les Cénogastres et les Mouches. L'article intermédiaire des antennes est coiu-t, ce qui les éloigne des Echinomyes et des Tétanocères. La tète est sessile, ou n'est pas portée sur un col comme dans niPTkllES CHÉTOLOXES. G. DOIJCHOPE. 1^53 les Céyx ou Calobates. Le ventre des Dolichopes est eonifjiie, et il est arrondi dans tous les autres genres, excepté oliez les Cosmies; i! ne se termine pas en pointe comme dans les Syrphes, les Tliérèves, les Mulions et les Cérochètes. Les Cosmies, que Latreille a nommées depuis les Téphrites, pour- raient seules être confondues avec les Dolichopes: mais ceux- ci s'en distinguent par la longueur de leurs pattes. On trouve les Dolichopes dnns les lieux humides, sur les murailles et les troncs d'arbres, ou sur la teiie, dans le voi- sinage des eaux dormantes, à la surface desquelles il n'est pas rare de les voir marcher et courir après les Podures et d'autres animalcules mous, dont ils paraissent se nourrir. D'après les observations de de Geer, sur l'une des espèces (t. VI, p. 194, pi. XI, fig. 19 et '2o) , il semblerait que la larve aurait de grands rapports avec celles de certaines Tipules, et même })ar la nymphe, car on observerait en dehors les rudiments des ailes et des pattes. Cuvrer, dans le Mémoire cité plus haut, a fait connaître les organes de la reproduc- tion et la structure des antennes. Voici les noms et les indications de quelques espèces de ce genre : 1. DoHchope à crochet. Dolichopux ungulalus. Le corps est brillant, à reflet cui- vreux ; les ailes sont diaphanes, sans taches ; les pattes d'un brun pâle ou livide. C'est l'esiièce observée par de Geer. 2. Doli'chopè ennobli. D. nobililatus. Geoffroy l'a fait connaître en le désignant comme la Mouche verte cuivreuse à ailes mi-parties de brun et de blanc ., t. Il, p. 523. 3. Dolicfiope lissé. D. glabratvs. Également d'un vert doré brillant , mais avec la tête noire et les antennes pâles, i. Dolichope à quatre bandes. D. fasciains. 11 est pâle avec quatre bandes noires sur l'abdomen et les ailes transparentes sans taches. 1254 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 311. Genbe CALOBATE. CALOBATA. (Meigen.) Cakactèkes : Insectes Diptères; à trompe charnue, rétractile; à antennes munies d'un poil latéral, simple; le corps lom^, linéaire; pattes fort longues; tête supportée par une sorte de cou. Ce genre, que nous avions nommé Céyx, dès l'année 1800, et en 180G, dans la Zoologie analyticjue, avait reçu cette même désignation dans le huitième volume du Dictionnaire de Levrault; mais Latreille et Meigen l'ont /^j^foL-t;: hrt^»-^'^ appelé postérieurement à nos premiers travaux, en i8o4, Calohate {\). Ce nom, tiré du grec, îca'XQêaTïi;, signifie marchant haut, échassier, parce que ces insectes ont de très-longues pattes; ce sont les Mouches longipèdes de Latreille. Les Calobates sont de petits insectes très-grêles; leur tête arrondie est presque entièrement formée des deux yeux entre lesquels sont les antennes très-courtes, dirigées en avant; elle est unie au corselet au moyen d'un cou fort distinct. On ne connaît pas encore les métamorphoses de ces in- sectes, qui, dans l'état parfait, se trouvent sur les plantes aquatiques, courant même les ailes étendues sur la surface (l) Dictionnaire de Déterville, t. XXIV, p. 190, n° 383. DIl'TEUES CHKTOLOXliS. G. CALOBAÏE. 1255 des eaux tranquilles; on les a appelés même Mouches de Saint-Pierre on Pétronelles ; c'est ce qui nous avait en- ii;agé à leur donner le nom du mari d'Alcyone, Ceyx. On les appelés aussi des Mouches vibrantes. Nous citerons : 1. Calobate pétronel ùu à genoux noirs. Calobatacotimrnula. Noire ; à Iront et antennes rougeâtres ; corselet garni en dessous d'un duvet argenté ; les pattes longues sont d'un jaune très-pâle, avec une bande brune sur les cuisses. C'est la Mouche pétronelle de Schellenberg, tabl. vi, fig. l. 2. Calobale à bracelets. C. corrigiolata. Noire; à pattes jaunes, uneseide bande brune au-dessus des genoux ; les bords des anneaux de l'abdomen sont gris. ' 3. Calobate filiforme. C.filiformis. Corselet entièrement noir; les cuisses d'un brun jaunâtre, les antérieures à plusieurs bandes brunes. On trouve cette espèce sur les genêts, dans les bois; elle est Irès-pelite. 312. Genre TETANOGÈRE. TETANOCERA. (Duméril.) Caractères : Insectes Diptères ; à trompe charnue, rctrac- tile ; a antennes dirigées en avant et portant une soie laté- rale, dont l'article du milieu est le plus long. Sous ce nom de genre in- diqué dans le tableau im- primé en 1 8oo, sous le u" 243, et depuis, en 1806, dans la "^^^^Cj Zoologie analyticpie , il y a plus de cinquante ans, nous avions compris une division des Mouches de lànné, dont le caractère princi|)al (pii se trouvait exprimé d'après l'étymologie de ce mot Tétanocère, de TETavo;, dressée, portée en avant, et de xépaç, corne, an- 1256 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. tentie. C'est qu'en effet ces insectes dirii^ent en avant ces organes souvent comprimés, dont l'extrémité ofiPre latérale- ment ce poil, dont nous avons tiré parti pour composer aussi le nom de Latérisètes. Ce genre a été adopté, sous le même nom, par quelques en- tomologistes, pour y réunir toutes les espèces connues, comme l'a fait Latreille; cependant Fabricius l'a désigné sous le nom de Scatopliage, qui signifie, d'après Aristo- phane, merdom comedens ^ sale épithète qui ne convient pas à nos Tétanocères, et Fabricius lui-même a depuis distribué la plupart des espèces dans les genres qu'il a institués sous les noms de r.oxocera, Lauxania et Oscinis. M. Léon Dufour a eu occasion d'observer la larve et les métamorphoses de l'une des espèces qui vit dans les amas de plantes aquatiques en putréfaction. Cette larve est très- molle; elle a la faculté de se contracter comme une sangsue avec laquelle il l'a comparée pour la forme. La nymphe, qui reste près de cinq mois sous cette apparence, laisse voir en dehors les rudiments des ailes et des pattes, comme celles des Tipules, et cette circonstance n'est pas particulière aux espèces de cette famille dont les nymphes ne seraient pas toutes entièrement obtectées. Nous ne citerons que quelques espèces de ce genre nom- breux. \ . Tétanocère réticulée. Tetanocera reticulata. Fauve ; à corps cendré poilu ; ailes brunes , marquées de points noirs nombreux , dont un plus marqué , avec un trait médian transversal. C'est une espèce du genre Dyctya de Latreille. 2. Tétanocère stictique. T. stictica. Cendrée; ailes fauves à réseau plus foncé et bord externe plus opaque; tête tachetée de noir. DIPTERES CHETOLOXES. C. CEROCHÈTE. 1267 3. Télanocére lobée. T. lobala. Cendrée; ailes d'un jaune brun, avec une bande ondulée, transparente; front véslculeux. 4. Télanocére cylindricorne. T. cylindricornis. Noire; corps velu; ailes jaunâ- tres, ainsi que les tarses ; antennes arrondies. C'est le type du genre Lavxania de Fabricius et de Latreille. 313. Geivee CÉROCHÈTE. CEROCHETVS. (Duméril.) Caractères ; Insectes Diptères ; à trompe charnue, rentrant en dessous dans la cavité de la tête; à antennes inclinées, à poil latéral^ isolé, rentrant aussi dans une fossette du front; corps couvert de poils rares et faibles; corselet à écusson arrondi. Ce genre a le plus grand rapport avec le précédent, dont les espèces ne diffèrent que par la disposition des antennes, et surtout avec celles du genre Thérève, dont l'écusson est !i,uJa<. large et cilié. Son nom dérive de /aiTn, soie , et de xÉpa; , corne. Nous ne citons qu'une seule espèce, dont nous donnons la figure, mais, comme pour la conserver dans les collections, on lui a fait sortir les antennes de la cavité où elles restent cachées pendant la vie, le caractère paraîtrait fautif. C'est le : Chérocéte ponctué. Cerochetus punctatus. Le corps est gris ; le corselet offre en avant deux taches noires, et en arrière trois autres taches noires réunies par la base ; le ventre porte en dessus trois séries de taches noires, dont les médianes sont un peu échancrées du côté de la tête. i58 1^58 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. .'{14. Genre COSMIE. COSMIVS.[NobLs.)TÉ?m\n:E. TEPHRITIS. (Latreille.) Pour éviter les doubles emplois, nous désignons ici par leur nouvelle dénomination les insectes Diptères que nous avions nommés le premier des Cosniies, parce que leurs ai- les sont élégamment bariolées de noir ou de brun, d'après le mot grec, xoTÈliES CHKIOI.OXKS. G. THKIikvE. 1^59 présenterons qu'une seule, d'après Réaumnr. Chacune a ses mœurs, ses allures et ses particularités, dont un grand nom- bre a fourni le sujet de Mémoires importants. Cependant nous citerons quelques espèces. 1. Téphrite.du chardon. Tepliritis cardvi. Noire, rayée de jaune citron; ailes marquées sur leur longueur d'une tache noire à triples sinuosités en zigzag. C'est celui que Geoffroy a indiqué sous le n" 14, pag. 49V). C'est à tort que Fabricius a cité ici Réaumur, pi. xliv; mais, pi. xlt, fig. 12, il s'agit du chardon bcmorrholdal, qui produit la galle du char- don. Il fallait citer de Geer, n° 18, p. 49, comme il l'a fait au reste. 2. Téphrile de la bardane. T. lappx. D'un vert un peu jaunâtre, avec les yeux dorés ; quatre bandes transversales d'un brun pâle sur les ailes. 3. Téphrile du pissenlit. T. leonlodonlis. D'un gris verdâtre, antennes et pattes fauves. Ailes avec des taches brunes très-irrégulières. 4. Téphrile dtt doronic. T. arnicx. Jaune fauve ; à ailes grises , à nervnres jaunes et taches plus ou moins obscures. 5. Téphrile de la cerise. T. cerasi. Uousse, à pattes fauves, à écusson jaune; ailes avec des bandes inégales, ondulées, brunes. Elle vit dans les bigarreaux. Réaumur en a fait l'histoire, t. Il, pag. SOO, pi. XXXVIII. Il y a maintenant plus de cent espèces dans ce genre, qui a été subdivisé eu huit ou dix sous-genres sous des noms divers. 315. Genre. THÉRÈVE. THEREVà. (Fabricius.) Caractères : Insectes à deux ailes; à trompe charnue, prv- tractlle; antennes à soie latérale, en palette et à article in- termédiaire plus court ; cuillerons des balanciers ciliés. Ce geni e, dont le nom a été pro- posé par Latreille, avait pour type une espèce que Fabricius, qui a adopté la dénomination, n'y a ce- pendant pas fait entrer, quoique l'ayant déjà inscrit sous le nom de i58. 126o ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Plebeia dans son genre Bibio. Au reste, le nom est insigni- fiant, car s'il vient du grec, comme cela est probable, il signi- fierait chasseur de bêtes féroces, ()r,oiûb>; cependant il résulte de là une très-grande confusion qui trouble considérablement les classificateurs. C'est une calamité, ainsi que nous l'avons dit plusieurs fois. Il nous faut consigner à regret toutes ces transitions arbitraires pour mettre au moins sur la voie des recherches et montrer les difficultés de l'histoire de l'ento- mologie. Fabri(Mus a fait connaître cjuatorze espèces qu'il a rap- portées au genre Thérève. Ce sont des Diptères à ailes épais- ses, colorées, dépassant à peine la longueur du ventre; on voit, ati-dessous des ailes, des cuillerons formant une sorte d'écailie voûtée, renflée, et garnie ou bordée de poils roides. Nous avons fait représenter une espèce assez rare à Paris. C'est la : i. Thérève ailes épaisies. Thereva crassipennis. Son corps est brun ferrugi- neux ; le milieu du ventre en dessus est du même brun que le corselet , la , ,tête et les ailes, dont la région moyenne est cependant plus pâle. C'est une espèce que nous avions recueillie à Paris. 2. Thérève coléoptéréc. T. subcoleoplruta. Elle est noire; les ailes sont cen- drées, épaisses, avec deux bandes brunes sinueuses. '■i. Thérève hémiptère. T. hemiplera. Corselet velu, à bords roux; ailes cen- drées, opaques, tachetées de jaune et de brun. Nous avons trouvé la plupart de ces espèces isolées sur les fleurs des om- bellifères dans les bois. On ne sait rien sur le mode de leur dévelop- pement. DIPTÈRKS CHKTOI.OXES. C. ÉCHINOMYE. 1261 316. Genre KGHINOMYE. ECHUSOMYA. (Duméril.) Caractères : Insectes à deux ailes; à trompe charnue, rétrac- tile; à antennes ayant sur le coté un poil, et pouvant ren- trer dans une fossette du front; tout le corps garni de poil s roides et rares. Ce nom d'Echinoniye, ([ue nous avons créé en 1800, et qui a été adopté depuis par beaucoup d'entomologistes, est composé des deux mots grecs, dont l'un, è/ïvo;, signifie héris- son, et l'autre, auîa, mouclie. C'est la traduction de Musca hystrix, par lequel l'une des espèces était déjà désignée. Cependant Latreille (i), beau- coup plus tard, a préféré y substituer le nom de Tacliina, et Fabricius a adopté cette dernière dénomination. Voici comment nous caractérisons ce genre en le compa- rant avec ceux de la même famille. Nous séparons d'abord les Cénogastres et les Mouches, dont les antennes ont le poil latéral, barbu ou plumeux. Parmi les autres, qui ont ce poil simple, le troisième article de ces antennes est beaucoup plus long que le second. Chez les Échinomyes et les Tétanocères, car ils sont seuls dans ce cas, comme on peut le voir par le tableau synoptique de cette famille, par consé(|uent ils diffè- rent de tous les autres genres (|ui s'y trouvent inscrits avec (1) Dict. de Déterville, tome XXIV, 1804. 1 aG'i ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. lesnoinsetlescaractèresspécianxpropresàlesfairedistinguer les uns des autres, et sur lesquels nous n'avons pas à revenir. Toutes les espèces d'Échinoniyes ressemblent aux mou- ches domestiques, mais elles sont généralement beaucoup plus grosses. Elles diffèrent des Tétanocères, les seules avec lesquelles leurs antennes pourraient les faire confondre, en ce qu'ici elles sont cachées en grande partie dans le repos, tandis que dans les autres, ainsi que leur nom l'indique, on les voit dressées et portées en avant; elles sont aussi faciles à reconnaître, parce que leur corps est hérissé de longs poils gros et courts, et comme articulés ou mobiles sur leur base vers le point de leur insertion. Elles vivent très-peu de temps sous l'état parfait, et alors on les rencontre sur les fleurs. Cependant la plupart des espèces pondent leurs œufs dans le corps des grosses chenilles ou des chrysalides, lorsque celles- ci sont encore molles et au moment où elles se métamorpho- sent; les larves s'y développent et s'en nourrissent de la même manière que les Entoinotilles, et en particulier celles des Ichneumons. On voit sortir assez souvent ces Diptères au nombre de ((uatre ou cincj, et même plus, d'une même chrysalide, et celle-ci périt ainsi sans produire un insecte parfait, ce qui fait le désespoir des amateurs lépidotéristes. Ces amateurs, dans le désir d'obtenir de très-beaux exem- plaires de certains Sphinx, Papillons ou Bombyces, se sont donné beaucoup de peine pour se procurer des chenilles ; ils les ont nourries, et n'en obtiennent, à leur grand chagrin, après (piatre ou cinq mois, que des mouches qu'ils mé- prisent. Voici le nom et la description succincte de quelques es- pèces : DIPTÈRKS CHÉïOI.OXES. G. ÉCHINOMYE. 1 ufiS 1. Échinomije des larves. Echinomya larvarum. Noire; corselet plus pftle, à lignes longitudinales; écusson jaunâtre, ventre à taclies cendrées satinées. De Geer Ta figurée, t. h% pi. xi, fig. 2:î, et t. VI, pi. i, fig. 7. Cette es- pèce sort très-souvent des chrysalides des Bombyces, et ce qu'il y a de re- marquable, c'est que leurs chenilles, comme celles des Martres ou Héris- sonnes, dominula, heraclca, sont recouvertes et comme protégées par des poils longs et touffus. 2. Échinomye des dinjsalides. E. pupunim. Semblable à la précédente, mais avec trois bandes blanchâtres sur le ventre. Elle sort des chrysalides de Vanesses ou des Papillons de jour à chenille ( , , épineuse : telles que celles de l'Io, de l'Atalanta, du Polychloros, etc. 3. Échinomije farouche. E. fera. Noire, à bords de l'abdomen testacés, trans- parents, à ailes diaphanes. C'est la Mouche noire, à ventre jaune, noir dans le milieu; elle a été décrite par Geoffroy sous le n" 33. A. Échinomije grosse. E. grossa. Très-grosse, toute noire ; à poils gros et très- roides; ailes ferrugineuses à la base. Nous l'avons fait figurer, de Geer et Réaumur l'ont décrite et gravée; ce dernier dit que la larve se développe dans les bouses de vache. S. Échinomye hérissonne. E. erinacea. Noire ; à ailes très-transparentes, mais à bord extérieur noir, lèvre grise. Fabricius n'en a décrit que trois espèces parmi ses Antliata ; maintenant on en connaît une cinquantaine. 317. Genre SARGE. SAKGUS. iFabricius.) Caractères : Insectes à deux ailes; à trompe charnue, ré- tractilc; a tête sessile; h antennes dont Carticle du milieu est plus court, le poil latéral simple, ou non harhu; le ven • trc ovale. Ce nom a été pris au hasard par Fabricius, ce qu'il a fait souvent, pourvu qu'il ait été attribué à un animal, et ici c'est , , ,- , celui d'un poisson auquel la plu- part dés ichthyologistes 1 ont conserve. 1264 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Réaumur a fait connaître la larve, ou plutôt la nymphe des Sarges, dans le tome IV de ses Mémoires , et l'a fait fi- gurer sur la planche xxii du n° 5 à 8. Il avait trouvé cette larve dans une bouse. Sous l'état parfait, les Sarges sont remarquables par leur tête, qui paraît comme isolée, arrondie, munie d'yeux glo- buleux; par leur abdomen allongé, légèrement aplati, plus large au milieu qu'à ses extrémités. Leurs ailes sont planes, un peu plus longues que le ventre, souvent colorées; les pattes fort étendues et propres à la marche. Les principales espèces que Latreille a rapportées, comme une section du genre, que nous avons nommé Hypoléon, sont assez nombreuses. Mais nous ne citerons que les sui- vantes : i . Sarge cuivreux. Sargus cuprarius. D'une teinte verte, cuivreuse, bronzée, à duvet blanchâtre ; corselet vert ; abdomen d'un violet changeant. C'est la Mouche à tache brune sur les ailes, n" 4, de Geoffroy. 2. Sarge doré. S. auralus. D'un beau poli, brillant ; corselet vert cuivreux ; ab- domen doré. 3. Sarge écussonné. S. scutellatus. D'un beau noir brillant et poli : les pattes et l'écusson jaunes. On trouve quaire ou cinq aulres espèces sur les fleurs des ombellifères ; on les distingue surtout par les couleurs du corps et par celles des pattes. cJovujo 4.>y Jlic^i^ DH'TEUES CHETOLOXES. G. MULION. 318. Genhe MULION. MULIO. iFabricius.i 1265 ôiMio-ii)Ci Caractères : Insectes à deux ailes ; à trompe charnue, ren- trant dans un creux de la tête ; antennes à soie latérale, simple, plus grosses au milieu, et dites en fuseau; contiguës à leur base. L'étymologie de ce nom est obscure , car le mot latin auquel il correspond est muletier, qui vit avec les mules. Pline l'a cepen- (îaut employé pour dési- ^jx^'^Cj^ a^V^ gner une sorte de Cousiu, ainsi qu'on le voit par ce passage : Impugnant eas naturœ ejusdcm dégénères Vespœ atque Crahrones et e Culicum gé- nère, qui vocantur Muliones. Les Millions ne diffèrent pas beaucoup des Syrphes, dont nous allons parler, excepté par la forme du dernier article des antennes cjui n'est [las aplati en palette comme chez, ces derniers. D'ailleurs, leurs mœurs sont peut-être les mêmes, mais nous ne les connaissons j)as. Nous indiquerons seulement quelques espèces : \. yiulion dcrix-barides. Dlulio bicincius. Noir; bords du corselet jaunes ; cha- que anneau du ventre bordé de jaune et marqué de points de la môme couleur. 2. Mulion argué. M. urcuulus. Noir, à pattes jaunes; ailes brunes; écusson noir, bordé de jaune, les anneaux du ventre marqués chacun d'une tache jaune en croissant ; les lunules sont concaves en avant. Mulion changeant. M. Mutabilis. D'un noir velouté; corselet sans taches ; abdomen à reflets gris, soyeux, changeants. Mulion abeille. M. apinrius. Noir, à corselet fau\e; ventre bombé à duvt-t pâle, pattes jaunes à cuisses noires. i5y 1206 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 319. Genre SYRPHE. SYRPHUS. (Scopoli.) Caractères : Insectes à deux ailes ; à trompe charnue; an- tennes à poil latéral simple, à article intermédiaire plus court; à ventre velu, ovale ou conique; les antennes en pa- lettes dressées. Le mot Syrphus est , comme on le voit par son orthographe, tout à fait grec, cûpçoç; tout ce qu'on a écrit sur ce nom est com- plètement vague; on l'a tra- duit par les noms de Moucheron, de Cousin, de Mouche. Confondu avec les Mouches par Linné, Réautnur, Geof- froy, de Geer, c'est à Scopoli qu'on doit cette séparation, puis Fabricius, qui l'adopta, en séparait trois autres genres, Eristalis , Scœva et Milesia ; il ne laissa dans le genre Syr- phus que les espèces dont Geoffroy avait fait des Volucelles , et que nous rangeons aujourd'hui dans le genre Cénogastre. D'après les caractères indiqués plus haut, voici comment nous distinguons ce genre de tous ceux de la même famille des Latérisètes. D'abord des Cénogastres et des Mouches, dont le poil isolé des antennes est barbu; puis des Echino- myes et des Tétanocères, qui ont l'article intermédiaire de leurs antennes plus long que les autres ; des Céyx ou des Calobates, dont la tête est comme supportée par un cou ; des Dolichopes et des Gosmies, dont le vejJtre allongé est courbé DIPTÈRES CHÉtOLOXES. G. SYRPHE. 1 267 en dessous; des Millions dont les antennes sont en fuseau; des Thérèves et des Chérocètes, qui les ont en palettes, et reçues dans «nie cavité du front; enfin du genre Saige dont le corps est lisse ou sans poils. Les premières es|)èces que nous allons faire connaître sont celles dont Fabricius a composé le genre Scœva dans ses Antliates, Leurs larves se trouvent sur les arbres, et, quoi- (jue privées de pattes comme toutes celles des Diptères, elles se meuvent sur les branches et les pétioles des feuilles , elles y attaquent les Pucerons, dont elles font leur nourriture prin- cipale; aussi Réaumur les a-t-il appelés mangeurs de puce- rons, et même sous l'état parfait, mais alors très-impro- prement, Mouches aphidivores. Ces larves sont allongées, pointues aux deux extrémités, surtout antérieurement dans la partie qui correspond à la bouche; leur peau est nue, molle d'une teinte variant du vert au jaune. On voit, en dessous, quelques tubercules distribués par paires symétriques , servant à la progression de l'animal, qui change de lieu, à peu près connue les chenilles des Phalènes, dites géomètres ou arpenteuses. Ces larves sucent les Pucerons, qu'elles en- lèvent et soutiennent en l'air, de manière à les vider des sucs qui leur conviennent, et dont elles rejettent les dé- pouilles presque entièrement desséchées. Quand ces larves sont développées complètement, elles unissent quelques feuilles des plantes dont elles s'envelop- |)ent, comme dans uneco(|ue; c'est là qu'elles se changent en nymphes dans l'intérieur de leur peau, à la surface de laquelle il ne reste aucun indice des membres de l'insecte parfait qu'elle recèle, comme cela arrive, au reste, au plus grand nombre des Diptères. 1268 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Les espèces principales qui correspondent au genre Scceva sont : 1 . Syrphe du groseillier. Syrphus ribesii. Tête jaune, aux yeux bruns; corselet brun foncé, à poils et écusson jaunes ; abdomen noir à quatre bandes trans- verses jaunes; pattes jaunes, tachetées de noir. C'est la Mouche n" 27 de Geoffroy. Les femelles, qui sont plus grosses, ont aussi sur le ventre une bande jaune de plus à l'extrémité. Les feuilles attaquées par les Pucerons sur les groseilliers, se recoquillent vers les som- mités des branches, de manière à former une voûte qui les protège contre la pluie et l'ardeur du soleil. 2. Syrphe du poirier. S. pyrasfri. Corps noir, à tête blanche ; corselet bronzé, noirâtre ; ventre blanc en dessous, noir mat en dessus, avec six croissants blancs. (Nous l'avons fait figurer.) C'est la Mouche du Rosier, dont de Geer a fait l'histoire, t. VI, pi. vi, fig. 8. Réaumur et Geoffroy l'ont aussi très-bien décrite. La larve vit éga- lement sur le pommier. 3. Syrphe de la menthe sauvage. S. menthastri. Noir ; corselet noir à écusson jaune ; ventre noir, avec trois paires de taches arrondies, jaunes. C'est la Mouche à points jaunes de Geoffroy, n° 42. 4. Syrphe écrit. S. scriptus. Corselet à lignes longitudinales noires; abdomen à bandes jaunes. Réaumur en a fait l'histoire complète, t. IV, pi. x. Parmi les espèces que Fabricius a rangées dans son genre Eristalis, nous citerons celles dont les antennes sont en fil simple, telles que : Syrphe suspendu. S. pendulus. Tète jaune; corselet à quatre lignes jaunes lon- gitudinales; ventre à trois bandes jaunes interrompues. Sa larve provient du ver à queue de rat que Réaumur a parfaitement fait connaître dans le tome IV de ses Mémoires, pi. xxxi; elle se développe dans les eaux croupies des ruisseaux. L'insecte porte de temps en temps à la sur- face de l'eau le long tube qui sert à sa respiration trachéenne. L'insecte fait partie du genre Héliophile de Meigen. 6. Syrphe des bois. S. nemorum. Brun; abdomen noir, à trois cerceaux blancs et bords du premier segment jaunes ; pattes brunes à genoux blancs; ailes transparentes, avec un point marginal noir au milieu. Geoffroy l'a décrit dans le genre Mouche, sous le n" 36, t. II, p. 31 1 . nUTÈRES CHF.TOI.OXES. G. SYKPHK. 1 :>.()() 7. Syrphe tenace. S. tenax. Brun, à duvet giis; abdomen avec une tache jaune de chaque côté vers sa base, jambes postérieures comprunées. On le prend au premier aspect pdur une Abeille; aussi Geoffroy l 'avait-il nommé Mouche apiforme. Swammerdam et de Gcer l'ont parfaitement fait connaître. Le nom de tenace lui a été donné par une particularité que présentent les larves qui se développent dans leschiffons qu'on laissait autre- fois s'altérer, avant de les réduire en pâte, à l'aide des pilons, pour la fabri- cation des papiers. On a reconnu que ces larves avaient pu être quelquefois soumises à l'action très-violente des marteaux sans en avoir été déchirées. Leur peau est en effet très-coriace. 8. Syrphe gai. S. festivus. Corselet noir, avec une ligne latérale et l'écusson jaunes; ventre noir, avec bande jaune en travers sur chaque anneau, dont les deu.i; tiers antérieurs sont interrompus. C'est la Mouche imitant la Guêpe et à courtes antennes de Geoffroy, pi. xvni, n" 1. 9. Syrphe aiirrcu.r. S. œnevs. D'un noir cuivreux brillant ; pattes à genoux blancs. On trouve une vingtaine d'espèces de cette division aux alentours de Pa- ris. Fabricius a placé les espèces suivantes dans son genre Milesia. tO. Syrphe pipant. .S. pipiens. Allongé, noir; front et bords du corselet jaunes, deux taches jaunes sur le milieu du ventre; cuisses postérieures Irès- C'est la Mouche à grosses cuisses n° 49 de Geoffroy. Cet insecte, lorsqu'il est saisi ou pris par une Araignée, et même en volant, fait un petit bruit de piaulement. Syrphe conops. S. conopseus. Semblable au précédent, mais avec trois bandes jaunes sur le ventre et les cuisses de derrière non gonflées. C'est peut-être une différence correspondant au sexe. lajO ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. ;J20. Genbe CÉNOGASTRE. CENOGASTER. (Duméril.) Caiîactères : Insectes diptères, à bouche charnue; à poil laté- ral des antennes barbu ; abdomen très-dilaté, le plus sou- vent vide et transparent. Les Cénogastres, ranges d'abord avec les Mouches pat- Linné , avaient été réunis dans le genre Syrphe , déjà tro|j nombreux. Fabricius , changeant les caractères (juil leur avaît? primitivement assignés, a réduit ses derniers Syr- phes aux insectes dont nous nous occupons. Il résulte de ces transpositions dans la nomenclature une très-grande con- fusion pour la synonymie et de véritables obstacles aux pro- grès de l'étude. Pour remédier à ces inconvénients, il eût été peut-être plus convenable de laisser aux insectes dont il est (juestion le nom de Volucelle, que Geoffroy leur avait donné, mais Fabricius avait déjà transporté ce dernier nom à un autre genre de Diptères. Nous ne pouvions nous exposer à faire un double emploi |jour deux genres différents qui ap- partiennent au même ordre; nous n'avons donc rien changé à notre travail publié en 1800, et nous cofiservons ce genre avec ce nom de Cénogastre, qui tire son étymologie de ventre vide, yacrrip, y.evo;, et exprime l'un des caractères les plus apparents de ce genre. Les Cénogastres ont beaucou|) d'analogie avec les Mouches, mais leur trompe charnue et bilabiéeest courte, cannelée, et dans sa base on trouve quatre petites soies qui font l'office DIPTERES CHETOI-OXES. G. CENOGASTUE. lajl d'une pipette. Généralement les yeux sont plus gros chez les inàles que dans les femelles, et ils se rejoignent et semblent se toucher par le haut. Leurs larves sont molles, allongées, plus grosses en arrière, un peu convexes en dessus et planes en dessous. Quoique dé- pourvues de pattes, elles sont garnies de deux rangées de tubercules charnus. Ces larves se nourrissent de subs- tances animales, et prescpie toutes font la guerre aux Abeilles- Bourdons, dont elles dévorent les larves et les nymphes. Elles se retirent sous la mousse, dans la terre ou dans les bouses, pour se métamorphoser, et la peau desséchée qui les enveloppe ne présente à la surface aucun indice des pattes, ni des ailes. Arrivés à leur état parfait, les Cénogastres n'ont plus leurs habitudes; ils vivent en (jaix au milieu de ces Abeilles dont ils étaient d'abord, sous la forme de larves, les plus cruels ennemis; alors ils se sustentent avec les sucs pompés dans les nectaires des fleurs. Ils volent très-rapidement, en faisant entendre un assez fort bourdontjement. On les trouve dans les jardins, les bois et le long des buissons. Les principales espèces de ce genre sont les suivantes : 1. Cénogasire vide. Cenogaster inanis. Corselet d'un roux brillant; ventre jaune à deux bandes noires en dessus et trois en dessous; ailes horizontales. Cette espèce, la plus grosse de toutes celles du pays, atteint quelquefois deux centimètres de longueur. Le bec et le front sont d'un jaune cilron, le corselet et l'écusson sont d'un brun luisant, avec un faisceau de poils noirs à rorigine de leurs ailes horizontales nuancées de roux; le ventre est d'un jaune brun avec trois bandes noires. On remarque près de l'anus une très- pelite tache noire. 2. Cenogastre transparent. C. pellucens. Noir, avec le premier anneau de l'ab- domen blanc tout à fait transparent, ou partagé par une ligne médiane 12-2 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Geoffroy en a donné une figure, t. II, pi. siii, fig. 3; il est plus petit que le précédent; son bec est d'un jaune brun, saillant au milieu. Les ailes sont inclinées et ont une teinte noire dans leur milieu. .']. Céimjastre bourdon. C. bomhylans. La partie antérieure du bec ou prolon- gement du front est jaune, couverte de petits poils; le ventre porte des poils roux en arrière; tout le reste du corps est velu et noirâtre. Cette espèce ressemble beaucoup à une grosse Abeille velue. -l. Cénogastrc à Moustaches. C. mystaceus. Le bec, le tour du corselet, l'écusson et les bords du premier anneau du ventre, sont couverts de poils jaunes et la partie postérieure de l'abdomen de poils blanchâtres. 3. Cénogastre bombtjliforme. C. hombijliforwis. .\bdomen jaune en dessus, avec des taches brunes au milieu de chaque anneau; le haut des jambes blanc; t(jut le corps couvert de poils d'un gris roussâtrc. 321. Genuf. mouche. MUSC A. (Linné.) Caractères : Insectes à deux ailes; à trompe charnue pro- tractile, rentrant dans une cavité du dessous de la tête ; à antennes munies d'un poil latéral phimenx; le front simple, lion prolongé en un bec. Ces noms de Mouches et de Musca sont des plus anciens; ils avaient été donnés d'abord à presque tous les Diptères, comme le fait encore le vul- sraire, depuis Moufet, Linné, Geof- froy, de Geer, etfc., mais ce genre a été subdivisé en plus de quarante autres. Nous ignorons l'origine du nom qui se trouve dans Plante, dans Varron ; il vient probablement du grec p.uîa, employé dans la même acception. D'après l'état actuel de la nomenclature entomologique, le nom primitif a été laissé seulement à quelques espèces restées réunies, parce qu'on n'a pu les placer dans d'autres genres, de DlPlicUES CHÉTOI.OXES. C. MOUCHE. 1273 sorte cjiie ce sont précisénient celles (iiii sont le moins bien caractérisées. En effet, les insectes diptères sont partagés en trois grandes sections principales : i° ceux dont la bonchc esta peine distincte, comme dans les OEstres nommés As- tomes; 2" ceux dont la bouche cornée saillante se prolonge en un suçoir ou en museau, tels que les Sdérostomes et les Hydromyes ; et 3° ceux qui ont une bouche charnue for- mant une trompe prolongeable , cpii sont \*^?, Sanostomes^ partagés en Aplocères et en Chétoloxes. C'est à cette dernière famille ([non rapporte le genre Vlouche, et comme le poil latéral des antennes est barbu ou plumeux , ce genre s'éloigne de tous les autres , excepté de celui des Cénogastres, chez lesquels, en particulier, le front se prolonge sur la bouche et une pointe cornée triangulaire qui produit là une én)inence. FiCs mœurs des Mouches sont absolumerH les mêmes que celles de la plupart des autres Diptères. Voici les noms et les indications de quelques espèces de ce genre nombreux : 1 . Mouche César. Muica Cxsar. Corps d'un vert doré cuivreux, à poils noirs isolés; pattes noires; yeux d'un brun rougeâtre. C'est celle que nous avons fait figurer, et que Geoffroy a décrite comme la Mouche dorée commune. Sa larve se développe dans les chairs des cada- vres et dans les matières animales qui se pourrissent. 2. ilnuche des cadavres. M. cadaverina. Elle est dorée, à ventre vert ; la tête et le corselet sont bleus, .'j. Mouche de la viande, iî. camiariu. Grise, corselet à lignes longitudinales plus foncées; ventre gris, soyeux, plus pâle à la base en dessous. Rédi est le premier naturaliste qui ait fait connaître l'histoire des méta- morphoses de cet insecte, et Réaumur, dans ses Mémoires, t. IV, p. 365, en a donné une histoire complète. Déjà Rédi avait reconnu que ces larves i6o lUy^J UNTOMOI.OC.IE ANAL-i IIQLIE. avaient une croissance si rapide qu'elles pouvaient augmenter de cent qua- rante à deux cents fois de leur poids. En les suivant pendant qu'elles dévo- raient un cadavre de poisson, il en a pesé d'abord un certain nombre réu- nissant en tout vingt-cinq à trente vers, dont la totalité représentait un seul grain (cinq centigrammes) ; le lendemain, le poids de ces mêmes vers était de sept grains ou de trente-cinq centigrammes. Ainsi, en vingt-quatre heures, chaque ver ou larve était devenu cent cinquante ou deux cents fois plus pesant. Celte mouche pond ses petits tout actifs; on les trouve vi- vants dans son abdomen, i. Mouche commmieou domesliqve. M. domestica. C'est l'espèce la plus commune dansnos maisons et dans nos cuisines. Elle ressemble beaucoup aux Stomoxes. De Geer en a donné l'histoire, t. VI, p. 72, et de très-bonnes figures, pi. 4. Elle est grise; le corselet porte des lignes longitudinales noirâtres; le ven- tre est gris, comme soyeux en dessus et plus pâle à la base. On compte plus de cent cinquante espèces dans ce genre. CllVOUANTE-DEUXlÈME FAMILLE : LES ASTOMI^S OU OKSTRES. 3-22. Genre ŒSTRE. OES'IIWS. (Linné.) Ce genre forme à lui \ ^ f mk -â *^t;"l "lie famille bien di.s- tincte de tous les autres ^. » .^ .,,., ^. - ^ Diptères i)ar la ijrivation |)resque alSsôTue des parties de la bouche, qui ne sont repré- sentées à la face que par trois tubercules enfoncés, deux latéraux ou pairs, que l'on a considérés comme la base des palpes, et un autre, impair ou moyen, lequel correspond à forifice ou à l'entrée de l'œsophage. On a donné à cette fa- mille, subdivisée en cinq ou six sous-genres, le nom d'Astomes ou sans bouche apparente, ou bien encore d'OKstrides, c'est- à-dire avant la forme des OEstres. niPTERES ASTOMES OU 0:STRES. 127^ Le nom d'OEstre est tout à fait grec , oI^too; ; il a été employé par beaucoup d'auteurs, et l'on croit c(ue l'in- secte a reçu ce nom du verbe grec qui signifie je fais entrer en fureur ou en folie, parce que le bourdonnement qu'oc- casionne sa manière de voler excite chez les animaux une très-grande agitation. Nous pourrions citer les ouvrages les plus anciens qui paraissent autoriser cette opinion et elle est maintenant généralement adoptée. C'est à Linné cependant qu'on doit l'application de ce nom au genre d'insectes à deux ailes qui fait l'objet de notre étude, et qui peut être ainsi caractérisé. Antennes courtes, reçues dans des cavités du front, dont les derniers articles formant une pelote qui supporte un poil isolé; bouche à peine distincte et remplacée par trois tuber- cules dont le médian paraît être l'ouverture du pharynx ; tarses à deux crochets et à deux pelotes. Les ORstres proviennent de larves qui se développent dans les diverses régions du corps des animaux mammifères, des chevaux, des ruminants. D'autres espèces vivent dans les fosses nasales, la gorge, le tube intestinal et même dans l'é- |)aisseur des téguments ou sous la peau. Ces larves n'ont pas de pattes, comme celles de la plupart des Diptères, à l'excep- tion de quelques Hydromyes. Les anneaux de leur tronc sont généralement garnis d'épines ou de pointes rondes cornées, dirigées en arrière, et toutes dans le même sens, à l'aide des- quelles l'animal s'accroche lorsqu*il veut changer de place, surtout à l'époque on, ayant acquis toute sa grosseur, quand I ()0. 1276 i;ntomo:.ogie ANAr.VTiQiir:. il est sur le |)oiiit de se transformer en piipc, l'insecte se retourne et se laisse entraîner au dehors pour tomber sur la terre et s'y enfoncer. Alors sa peau se durcit;, se dessèche, et au bout de quelques jours, ou d'un temps dont la durée varie suivant la température atmosphérique, il en sort un insecte parfait qui s'occupe de pro.pager sa race. Beaucoup de naturalistes ont observé et fait coiuiaître l'histoire très-singulière de ces insectes parasites : Rédi , Swammerdam, Malpighi , Kéaumur, deGeer; Clark, méde- cin-vétérinaire, a publié, en 181 5, une excellente dissertation sur ces insectes, et beaucoup plus récemment M. Joly. pro- fesseur de zoologie à Toulouse, des recherches très-détail lées, avec huit planches in-4'', qui ont été insérées dans les i\/é- moires de ta Société d'aff/ica/lurc de Lyon. Nous protiterons de ces travaux et de nos observations particulières sur quel- (jues-unes de ces espèces pour les faire connaître^. Celles (|ui vivent sous la [leau des animaux ont reini des noms qui indiquent cette particularité, et l'on en a tait un genre sous les nom^ de Cutltèhre, expression empruntée du Vàùn cutis terebra, vrille ou perçoir de la peau, cWi'déma- gè/ie, qui produit une tumeur, un gouHemeut, iV Hypodernie, (|ui vit sous la peau. Celles qui se développent dans les cavités des membranes mu(|ueuses ont été nommées Ccphalémyes ou mouches de la tête, telles que l'OEstre du nez du mouton et des cerfs. On a encore appelé Gastérophiles ., ou mieux, Gastrocœtes çe\\\ de ces ÔEstres (|ui, comme l'espèce dite des chevaux, se développent dans les intestins. Enfin les insectes de cette fa- mille, dont ou sait que les larves se trouvent sous la peau des animaux herbivores où leur présence se manifeste par niirkuKS astomes. r.. oe^thk. 1^77 des ulcères ou de véritables trous, ont été appelés (\itilèhres, comme nous avons commencé par le dire. Nous allons indiquer les espèces |)rincij);dcs. \ . Œstre du bœvf. OEstnis bovis. Ailes d'une teinte brunâtre, sans taches; cor- selet ayant en dessus quatre lignes longitudinales incomplètes; ventre cendré à la base, noir au milieu et jaunâtre à la pointe. C'est celle dont Réaumur a fait l'histoire, t. IV, pi. xxxvi et x.wviii, de Geer, t. VI, p. 297 et Clark, dans les Transactions de la Société IJnnéniic de Londres, t. IIl, pi. xxiii et suiv. La larve se développe sons la peau, dans des tumeurs inflammatoires, sortes de furoncles que sa présence y déter- mine On l'a observée là au milieu du pus dont elle paraît se nourrir, en portant en dehors de l'ulcère extérieur qui s'y forme l'extrémité de son corps où se trouve l'orifice des trachées par lesquelles cette larve respire. Quand elle a pris toute sa croissance, elle sort de la peau et tombe sur le terrain où elle s'enfonce pour s'y métamorphoser. 2. Œstre du mouton. Œ. ovis. Ailes transparentes, ponctuées de brun à la base; corps gris; corselet à tubercules dont le sommet porte un poil noirâtre; ventre roussâtre ou jaune pâle, à reflets soyeux. C'est une petite espèce dont Rédi et Vallisnieri ont été les premiers à faire connaître l'histoire. Réaumur l'a décrite comme la Mouche du ver ilu nez des moutons, dans le t. IV de ses Mémoires, p. 539 et pK xxxv ; Geoffroy en a donné aussi une figure dans le t. II, p. 456, pi. xvii, et M. Joly, dont nous avons cité l'ouvrage, en a publié une histoire complète et y a consacré toutes les figures de la pi. iir, sous le nom de Céphalémyc du mouton vX du cerf. On trouve fort souvent dans nos boucheries les larves de ces (JEstres, lors- qu'on fend les tètes de moutons pour en extraire la cervelle. Cette larve pénètre dans les sinus frontaux et maxillaires, elle a moins d'épines ver- ticillées. Il y a une cinquantaine d'années, nous avons recueilli un très- grand nombre de ces Diptères parfaits surles petites solives qui recouvraient et soutenaient un toit très-bas d'une bergerie où l'on faisait retirer pen- dant la nuit les troupeaux de moutons des prés salés dans les dunes du Crotoy, département de la Somme. Ces insectes, pendant le jour, étaient immobiles et attendaient probablement le retour des brebis dans le nez desquelles, profitant de leur sommeil, ils déposaient leurs œufs. 127^ ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Dans ces derniers temps, M. le D'' Coquerel a fait connaître, dans le* Annales de la Société entomologique (25 mai 1859), un insecte Diptère de la Guyane, qui se développe dans les fosses nasales de l'homme, et il l'a désigné sous le nom de Lucilia hominivorax, mais la larve est différente. 3. Œstre du cheval. Œ. equi.k^ûes transparentes, ayant une bande transversale noire vers leur tiers postérieur et deux points noirs à leur extrémité; le ven- tre est couleur de rouille. C'est au médecin vétérinaire anglais, Bracy-Clark, que l'on doit la plus complète histoire de cette espèce. De Geer l'avait aussi très-bien observée. La tête de cet Œstre, comme la plupart de celles de ce genre, lorsqu'on la regarde du côté où est la bouche, représente en quelque sorte comme la face d'un singe k larges narines; c'est ce qui nous a fait surtout remarquer rCEstre du mouton quand nous l'avons observé pour la première fois. D'autres larves vivent dans l'estomac du cheval où l'on a occasion d'en trouver en grand nombre. Elles semblent être accrochées sur la membrane muqueuse, à l'aide de deux ongles maxillaires ou crochets courbés et ré- tiactiles. On croit que c'est le cheval lui-même qui, en léchant ses poils dans lesquels les œufs ont été pondus, les avale et que c'est ainsi qu'ils éclosent dans l'estomac, car on sait que les chevaux ne peuvent pas vomir. S. OEstre hémorrhoïdal.OE. hemorrhoidaiis. Ailes d'une teinte brune sans ta- ches; abdomen noir, présentant une sorte de vide transparent, avec des poils blancs verdàtres à la base. C'est l'espèce indiquée par Geoffroy, et figurée par Héanmur, pi. l^ du t. IV. Cette espèce a la plus grande analogie avec celle dite du cheval, dont elle ne diffère que par les caractères tirés des couleurs indiquées, et surtout par celles des ailes et de l'abdomen. On a fait connaître beaucoup d'espèces ;de ce genre parmi celles qu'on a rangées avec lesCutitébres. Il y a celle du lapin, uonmiée aussi Hypodenna runiculi, qu'on a observée sur des lièvres dans la Caroline et au Brésil, et plusieurs Œstres parfaits qu'on n'a connusque dans cet état, sans savoir oii vivent leurs larves. Mais il y en a une qui se développe sous la peau du renne OEs/rus ou Œdemagena tarandi de la Laponie; il y a des Céphalé- niyes du cerf, des antilopes de diverses espèces. Il reste beaucoup d'incer- titudes sur ces insectes. nii'rkuKs hydromyes ol: bec- mouches. 1279 t:.^QUAME-TROISlÈME FAMILLE : LES HYDROMYI'S Ol BKC-MOUCHI'S. Nous avions proposé ces noms, dès 1 799, clans le grand ta- bleau du premier volume des Leçons d'aiiatotnie comparée, et nous les avions reproduits, en 1806, dans la Zoologie ana- lytique, comme ceux d'une famille très-distincte, nous pour- rions mieux dire d'un sous-ordre, parmi les insectes à deux ailes, qui n'ont ni trompe charnue, ni suçoir corné, et dont la bouche, garnie de palpes et d'un simple orifice béant, forme une sorte de museau saillant plat, ce qui nous les a fait dési- gner également comme des Mouches à bec ou Bec-mouches, pour indiquer cette particulaiité remarquable et tout à fait distinctive. Quant au nom d'Hydromyes, nous l'avons formé des deux mots grecs, dont l'un, (i^poç, signifie lieux humides, et l'autre, pia, mouche à deux ailes, parce qu'en effet, ces insectes |jréfèrent les lieux sombres et que la plupart de leurs larves se développent dans l'eau ou vivent dans la terre, surtout dans les terrains humides. En parlant de la conformation, des habitudes et des mœurs des Diptères en général, nous avons été amené très- souvent à indiquer des particularités relatives aux Tipules, auxHirtées, aux Scatopses , car ces Diptères offrent pres- que constamment des exceptions, principalement pour les larves et les nymphes, et même dans lecu' reproduction sous le rapport des sexes, dont les yeux, les antennes, l'ab- domen et souvent les couleurs varient beaucoup. C'est sur- tout par les larves, qui ne sont plus ici absolument apodes et qui ont une sorte de tête écailleuse, comme les chenilles laSo KNTOMOi,0(;iE ANAI.VTIQI E. des fjépidojîtères, avec des mâchoires, et parce que les nym- phes ne gardent pas leurdernière peau pour leurservircomme une coqueà la superficie de laquelle on ne peut reconnaître aucune des parties de l'insecte futur qui doit en sortir, de soite que cette famille diffère de toutes celles des autres Diptères. Chez les Hydromyes,, en effet, il y a une dernière mue com- plète, et dès que la nymphe est apparente, on voit en dehors les gaines des ailes et la r rangement des pattes couchées et étendues du côté de la poitrine. Enfin ces chrysalides sont ordinairenient renfeimées dans une sorte de cocon cjue la larve a filé avant sa transformation. Cette famille, que Latreillea adoptée en i8o4, sans lui con- server le nom d'Hydromyes, et rpi'il nomme celle des Tipti- /aires, y avait cependant admis le genre Cousin, et afin de les y comprendre avec tous les autres genres dans lesquels il a siip- j)Osé à tort qu'il existait aussi une trompe, un bec ou un su- çoir piquant et corné, il a indiqué l'existence d'une tige courte, avec deux lèvres niendjraneuses, ne lenfermant cpiun suçoir peu distinct. Voici comment Latreille a subdivisé cette famille dans le cinquième volume du Règne animal de Cavier, en la parta- geant en quatre sections : A. Les Culici formes, auxquels il rapporte trois sous-genres : t° les Tanypcs, qui comprennent les Corèthreset lesChironomes de Meigen; 2° lesCéralopogons, et 3° les Psychodes. B. Les Tipules proprement dites, auxquelles il réunit les sous-genres sui- vants : Cnétophores, Néphrotomes, Ptychoptères, Eryoptères, Trichoptères de Meigen. * G. Les Tipulaires fungivores, telles que les sous genres nombreux nommés DIPTÈRES HYDROMYES OU BEC-MOUCHES. I281 Asindules, Platyurcs, Mycétopliiles, Anisopes, Sciares, Macrocères, Molobres et Ccratoplates. D. Les Tipulaires florales, comme les Hirtées, Scatopses, Simulies, qui pa- raissent, selon lui, être plus voisines des Cousins. Il nous serait impossible de suivre les détails de cette dis- tribution, car, dans cet arrangement, les caractères ne sont pas tirés des mêmes parties. Ne pouvant les comparer, nous nous bornerons à donner ici l'analyse des six genres princi- paux que nous avions indiqués déjà dans la Zoologie analy- tique, en avouant que celui des Tipules peut être utilement subdivisé, comme nous l'indiquerons en traitant de ce genre en particulier. Les quatre autres genres sont faciles à dis- tinguer. Deux de ces genres, en effet, ont les antennes à peu près de la longueur de la tête. Ce sont ceux que Geoffroy avait placés avec lesBibions, et dont l'indication se trouvera sous le nom de Hirtée, et les Scatopses qui diffèrent l'un de l'autre principalement par la forme générale et le nombre des ar- ticles aux antennes. Dans les trois autres genres, les antennes sont tantôt très- longues, plates et comprimées, comme on a cherché à l'ex- primer dans le nom de Cératoplates qu'on leur a donné; tantôt, ces longues antennes en fil et variables s'observent dans le genre nombreux des Tipules dont les pattes sont excessive- ment longues et les ailes glabres, ainsi que dans les Psy- chodes, dont les pattes sont courtes et les ailes velues. raSô ENTOMOLOGIE ANALYTIQUlî. ORDRE DES DIPTERES '''. Famille des HYDROMYES ou BEC-MOUCHES. Caractères : Bouche sans trompe ni suçoir, prolongée en museau pin/, et des palpes. i' longues ; ailes nues. . 1 Tipclf.. luuKues' couies.aies eues, o stchode. I ' plates , comprimées 2 Ceratopi.ate A ANTENNES ' I i perfollées , de la longueur de la tête. 5 Hihtée. courtes ( grenues, de la longueur du corselet. , 4 Scatopse. (-1) De Sk, deux fois, et de -kzzç,'!, ailes. 323. Genbe TIPULE. TIPULA. (Linné.) Caractères : Insectes à deux ailes; sans trompe charnue ni suçoir corné ; à bouche portée au bout d'un museau avancé, garni de palpes; à antennes plus longues que la tête, en fil Ou en soie, souvent dentées ou vectinées chez les mâles; pattes et ailes fort longues et minces, très-'écartées du corps dans le repos. IjC nom latin de Tipula est emprunté de Plante et de plu- sieurs savants naturalistes an- DIl'TÈRtS HYDHOMYES. 0. Tll'lM.E. 1^83 ciens, qui désignaient ainsi des insectes légers qui |)Ouvaient courir sur les eaux. Tantœ levitatis, ut super aquain cur~ rentes non, décidant. De là ce dicton, ncque Tipula levius pondus erat. (Plaute, Persa, act. ii, se. 2, v. 62.) La longueur des antennes, des pattes et des ailes suffit pour les faire reconnaître des genres Hirtée et Scatopses, qui sont rangés dans la même famille, spécialement par la con- formation de leur bouche, portée sur un prolongement du front, représentant une sorte de museau. L'absence des poils sur les ailes empêche de les confondre avec les Psychodes , qui ressend)lent à de petits Bombyces et dont le port, ainsi que la brièveté des ailes sont très-notables. Enfin, l'aplatis- sement des antennes dans les Cératoplates ne peut laisser aucune incertitude si l'on consulte 1e tableau svnopti(|ue qui précède. Déjà, dans les généralités, nous avons fait connaître les changements successifs que l'étude de ces insectes a autorisé les auteurs à admettre dans cette famille des Bec-mouches. Fabricius et la plupart des classificateurs n'ont laissé dans le genre des Tipules que les plus grandes espèces, celles qui ont le corps allongé, les pattes excessivement longues, ainsi que les ailes, qui sont toujours fort écartées du corps, et dont la tète est rétrécie en arrière, prolongée et portée en avant, les antennes longues, en fil ou en soie, composées de treize arti- culations pectinées ou dentelées, plus ou moins finement , mais jamais plumeuses ni velues. Les yeux sont saillants , entiers, ovales, et il n'y a point de sterarnatesou d'yeux lisses. Leurs larves se développent dans la terre et dans le ter- reau, où elles se nourrissent de portions altérées des végé- taux; elles se meuvent à l'aide de tentacules, qui se voient 1284 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. sur leur abdomen, à l'extrémité duquel on peut distinguer deux stigmates principaux. Les nymplies sont remarquables en ce que, contrairement à ce qui se voit chez les insectes Diptères qui conservent leur dernière peau, destinée à leur servir d'enveloppe et à masquer la transformation, qui s'opère ici d'une manière complète, cette dernière peau se détache entièrement, et l'on peut dis- tinguer au dehors les rudiments des ailes et des pattes, comme dans les chrysalides des Lépidoptères. Ces nymphes portent sur une jjartie saillante antérieure et dorsale du corselet, deux tuyaux cornés, ([ui sont les orifices de deux longues trachées. Les Hydromyes ne subissent donc pas une métamorphose obtectée, comme les insectes des autres familles de cet ordre. Nous allons indiquer quelques espèces, et dans les courts développements que nous donnerons pour la diagnose, nous dirons à cette occasion comment on a pu rapporter ces in- dividus à quelques-uns des sous-genres énoncés ci-dessus. 1. Tipule à croissant. Tipula lunata. D'un jaune de rouille ochracée; ailes gri- ses à lunule blanche. C'est la Tipule à ailes cendrées de Geoffroy, n° 4, p. 556 ; il l'avait ran- gée parmi celles qu'il nommait couturières, parce que, lorsqu'elles sont arrêtées sur un plan fixe, elles font des mouvements continuels et alterna- tifs de soulèvement et d'abaissement sur leurs longues jambes. 2. Tipule potagère. T. oleracea. D'un brun cendré, ailes enfumées ou d'un brun foncé cendré, mais plus opaque au bord externe. On la nommait aussi Tipule des prés. Le mâle diffère de la femelle parla forme de l'extrémité du ventre qui est en masse; tandis qu'elle forme une sorte de pondoir saillant dans la femelle. 3. Tipule géante. T. gigantea. Cendrée, à pattes jaunâtres ; ailes transparentes dans leur milieu, avec une bande sinuée jaunâtre sur le bord externe et des taches obscures sur le bord postérieur. C'est la Tipulo à ailes panachées de Geoffroy. Schellenberg l'a très-bien DIPTÈRES HYDROMYES. G. TIPUI.E. 1285 représentée sous les trois états de larve, de nyniplie et de perfection. On la trouve plus particulièrement dans les bois. ■4. Tipule safranée. S. crocata. Noire; à trois bandes transverses safranées sur le ventre ; ailes jaunâtres, avec un point marginal noir et une tache obscure transversale. 5. Tipule dorsale. T. dorsalis. Jaune, à dos brun; ailes transparentes avec une tache noire sur le bord. Gomme les antennes sont composées de quinze à dix-neuf articles, qui ont, jusqu'à un certain point, assez la forme du rein, on l'a rangée avec d'autres analogues dans un genre qu'on a nommé assez improprement Népkrotome, car cela voudrait dire qui coupe les reins. De même on a appelé Cnétophores les espèces dont les antennes sont pectinées dans les mâles, et Limneliecs ou iJmoniéen, celles dont les antennes sont en fil, et qui vivent sur le bord des rivières: telle est la suivante : G. Tipule peinte. T. picla. D'un brun jaunâtre ; ailes à anneaux et à taches obs- cures; pattes rousses, à articulations brunes. Elle appartient à une division nombreuse, dont les larves se trouvent dans l'eau des rivières où le courant n'est pas rapide. — . Les espèces dont le bord interne des ailes est replié forment le genre Pty choptére, telle est celle dite : 7. Tipule souillée. T. contaminata. Noire; pattes d'un jaime livide, avec des ta- ches de la même couleur sur le ventre et des taches noires sur les ailes. ^ Sous le nom de Trichocères, on a réuni les espèces dont les antennes en soie, courtes, de la longueur de la tête, sont velues ; dont l'abdomen est un peu déprimé , et dont les ailes, dans le repos, restent étendues sur la lon- gueur du tronc. Ce sont de petites espèces qui volent, le soir, au printemps, en troupes innombrables, et qui semblent suivre les hommes et les animaux en marche. Telles sont : 8. Tipule d'hiver. T. hiemalis. D'un noir brunâtre, à corselet grisâtre avec quatre bandes obscures. 9. Tipule du dégel. T. reyelationis. Semblable à la précédente, mais avec les ailes transparentes. Latreille, en 1829, dans le V* volume du Règne animal qu'il a rédigé, place les Tipules avec les Cousins et genres ia86 ENTOMOLOGIE AN AI.YTlgUE. voisins dans une grande famille, celles des Némocères, et dans la division des Tipulaires. Il indique par leurs noms, avec une courte notice sur leur conformation, quarante et un genres différents. La dénomination qu'il adopte est celle de Meigen, publiée en allemand. Il nous est impossible de donner une analyse satisfaisante de cette classification. 32Ï. Genhe CÉKATOPLATE. ŒRÀTOPL.ilTS. (Bosc' (Iaractëres : insectes diptères ; à bouche très-courte, portée sur un bec avancé ou un prolongement du front; à antennes de la longueur du corselet, dont les articles sont égaux entre eux et aplatis ; à palpes relevés d'un seul article. des antennes, du grec aplatie. C'est d'après une espèce recueillie à Paris et décrite dans les Actes de la Société d'histoire naturelle cpie Cf genre a été proposé; depuis, Fa- bricius lui en a réuni deux autres. fiC nom est tiré de la forme aplatie pa;-aTo;, antenne, et de tv^.-zt'J,- , Céraloplale lipuloïde. Ceraloplalus lipuloides. Le corselet est jaunâtre; il y a des lignes et des bandes noires sur le corselet et Tabdomen ; les antennes sont noires. Une autre espèce, qu'on a nommée alratm, est noire avec les cuisses jaunâtres. DinKRKS HYDROMYKS. G. PSYCHODE. 1 287 .>2o. Gf.mie PSYCHODi:. PSYCHODA. (LatreiHe.) Caractères : Insectes à deux ailes; à bec court et aplati, paraissant naître au bout du front; à antennes longues en fil, atteignant la base du ventre ; à pattes courtes et ailes velues, inclinées en toit sur le ventre, et dont les ner- vures sont saillantes. C'est une division nombreuse de ce groupe qui contient des espèces dont 2^ les larves se développent sur les tiges des végétaux, où elles produisent des ji/ycAjO- l'^C^^— excroissances maladives ou des galles. De Geer, dans le t. VI de ses Mémoires, p. 422, a décrit l'es- pèce dont nous allons parler sous le nom de Tipule phalé- noide n° 3o, et Geoffroy comme un Bihion à ailes frangées et sans tache. Le nom grec fj/o^e; signifie qui vient des temps froids, probablement parce qu'on observe ces insectes dans les temps froids et humides. Fabricius n'a inscrit que deux espèces dans ce genre; ce sont : 1, Psychode phalénoide. Psijchoda phalcnoides. Elle est d'une couleur grise cendrée ; ses ailes sont très-velues, pendantes, ovales, large^. C'est une petite espèce qui marche avec rapidité sur les nuirailles humides, 2. Psychode hérissée. P. hirla. D'une teinte générale cendrée, noirâtre; les- ailes frangées, avec des taches noires. Geoffroy, qui l'a fait connaître comme un Bibion, sous le n° 5, a fait la remarque que les poils dont les nervures des ailes sont couvertes sont tles sortes d'écaillés analogues à celles des Lépidoptères. 1288 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 326. Genbe SCATOPSE. SCATOPSUS. (Geoffroy.) Caractères : insectes à deux ailes ; à museau plat, portant la bouche et des palpes; à antennes granuleuses attei- gnant la hase du ventre , mais dirigées en avant ; ailes transparentes , à nervures longitudinales noires, étendues sur le dos dans le repos. Ce nom de Scatopse est évidemment :^^^ emprunté au terme grec cxojp, cxaro;, qui signifie ordure, excrément, parce qu'on trouve l'espèce principale dans Les auteurs ne sont pas d'accord sur les caractères de ce genre, tellement qu'on a distribué les espèces dans des sous-genres très-différents. MjM. Léon Du four et Perris, qui ont suivi lés métamorphoses et toute l'histoire de deux larves différentes, ont reconnu que leurs pupes ou nymphes ne sont pas tout à fait à nu comme celles des Tipules; qu'elles conservent leur dernière peau dans la mue, mais avec des particularités qui rendent cette nymphe en quelque sorte comme à demi obtectée. Nous n'indiquerons qu'une espèce, c'est : Scatopse des latrines. Scatopsus latrinarum. Elle est noire, lisse et brillante ; ses ailes sont plus longues que le ventre, elles sont croisées et couchées à plat l'une sur l'autre. De Geer a noté ce qu'on a très-souvent occasion d'observer, c'est que, dans la réunion des sexes, les deux individus restent longtemps dans une situation telle que leurs têtes sont opposées, et que la femelle plus grosse entraîne le mâle, de sorte que, cachés par les ailes, les deux indivi- dus ressemblent à un insecte unique qui aurait deux têtes : c'est, au reste ce que présentent presque toutes les Tipules. DIPTÈRES HYDROMYES. G. HIRTEE. 1 289 327. Genbe HIHTÉE. HIRTEA. (Meigen.) Caractères: Insectes diptères ; houclie nu bout d'un museau plat et saillant; antennes courtes, grises, plus longues que la tête, formant une sorte de petite masse pcrjoliée. Le nom de ce genre vient du latin hirtus ou hirsutus, qui signifie velu, ^ parce qu'en effet la plupart des es- pèces ont le corps couvert de poils courts et très-flexibles; mais cette dénomination présente quelques dif- ficultés. Scopoli avait, le premier, employé (•e nom de Hirtea, en l'appliquant à une espèce de Conops. Lorsque Meigen l'employa pour séparer des espèces de Ti- pules que de Geer, Linné et même Fabricius, avaient laissées dans ce genre avec lequel elles ont en effet beaucoup de rapports, il ne voulut pas se servir du mot Bibio sous lequel Geoffroy les avaient décrites. Il est résulté de là que le nom de Bibion a été employé en français et même par de Geer. Le nom de Hirtée a prévalu, malgré les réclamations d'Olivier et de Latreille , qui , de leur côté , ont appelé Tlierèves les Bibions de Fabricius, et Bibions ses Hirtées. On peut, à l'aide du tableau synoptique, distinguer les Hirtées d'avec les Tipules, les Cératoplates etPsychodes, qui ont les antennes longues, et même des Scatopses, à antennes courtes, mais à articles arrondis, globuleux et non perfoliés. Les mâles, dont les yeux sont énormes et se joignent par le haut, ont, par cela même, la tête plus grosse que celle des femelles, qui ont les yeux relativement très-petits. Celles-ci lagO ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. sont, pour la plupart, beaucoup plus grosses et souvent d'une autre couleur, de sorte qu'on pourrait confondre les deux sexes et les considérer comme des espèces différentes. Au reste, les mâles ont aussi les cuisses, ou plutôt les bras des pattes antérieures, tout à fait différentes de celles des femelles. r/accouplement des Hirtées est semblable à celui des Sca- top.ses et même de la plupart des Tipules. Ces insectes ont le vol très-lourd. Les Hirtées paraissent à des époques assez constantes : aussi désigne-t-on, en France, certaines races sous les noms (les fêtes de saints auxquelles leur apparition paraît corres- pondre, et on les appelle dans nos campagnes Mouches de Saint-Marc, de Saint-Pierre, de la Saint-Jean. II paraît qu'on a cru, sans l'avoir observé, que ces insectes faisaient avorter les fleurs des arbres fruitiers en en dévorant les pistils; ils semblent ne sucer que l'humeur des nectaires. Les femelles déposent leurs œufs dans la terre au pied des arbres, et les larves qui en proviennent se dévelo[)pent en attaquant les racines, comme celles des Tipules. Réaumur les a fait connaître et figurés dans ses Mémoires, t.V, pi. VII, et Lyonet, dans la belle édition de ses recherches, publiée par M. de Haan, en a présenté une histoire complétée et illustrée dans la pi. vu. Les espèces principales de ce genre sont : 1. Hirtée fébrile. Hirlea febrilis. Le mâle diffère pour la couleur ; il est noir. velu ; les ailes sont diaphanes, avec le bord extérieur noir. C'est le Bibion de Saint-Marc, noir, de Geoffroy. La femelle, Hirtea Marci, est noire, avec le corselet et le ventre rouges. C'est le Bibion de Saint-Marc, noir, de Geoffroy, pi. SIX, fig. 3. 2. Hirtée de Saint-Jean. H. Johannis. Noir lisse ; les pattes rousses et les ailes transparentes avec un point noir. Fabricius a décrit seize espèces dans ce genre. LES APTERES. HUITIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES INSECTES. 'Le caractère d'ian certain nombre d'insectes est de n'avoir pas d'ailes. Cette privation étant, pour ainsi dire, une qua- lité négative, n'établit pas dans la réunion de ces animaux qu'elle détermine, une similitude d'organes et de parties ana- logues à celles que nous observons dans les autres ordres. En outre, quoique cette distribution, ou cette méthode établie sur la présence, le nombre et la forme des ailes ait procuré aux naturalistes des rapprochements très-heureux, il faut avouer que beaucoup d'insectes, appartenant essentiellement à d'au très ordres par la forme générale du corps , par les par- ties de la bouche surtout, qui sont toujours en rapport avec la manière de vivre ou les mœurs, et même avec le mode de tiansformation, se trouveraient classés naturellement dans cet ordre des Aptères, si l'on s'en tenait , d'une façon rigou- reuse, à cette simple particularité du défaut des ailes. Aristote avait déjà fait ut)e séparation de tous les insectes privés d'ailes ; mais Linné et le plus grand nombre des au- teurs ont restreint le sens de la dénomination d'Aptères pour désigner par un seul mot la collection de ceux de ces petits animaux qui, bien que se ressemblant entre eux sous i6a. laga ENTOMOLOniR ANALYTIQUE. certains rapports, et qu'ils soient très-différents les uns des autres par la forme, l'organisation et les nioeurs, ont dû être cependant éloignés de tous ceux qui ont été compris dans les sept ordres précédents. Cet ordre des insectes aptères offre bien moins de carac- tères positifs que chacun de ceux que nous avons passés en revue. C'est, il faut le reconnaître, une section, un arrange- ment artificiel, au moyen desquels on a rejeté, ou mis à part tous les insectes n'ayant aucun rapport avec ceux qui restent compris dans les autres ordres; de telle manière (ju'il y a quelquefois plus de différence entre deux familles de la section qui nous occupe qu'entre deux ordres, même les plus éloignés, tels que ceux des Coléoptères et des Hé- miptères. Aussi, plusieurs auteurs ont-ils essayé d'établir des classes particulières dans le règne animal avec quel- ques-iHies de ces familles. Le caractère essentiel de l'ordre des Aptères consiste, ainsi que le nom l'indique, dans le défaut des ailes; mais cette simple note ne suffit pas en elle-même pour donner une idée juste de ce que nous comprenons iciilpar ce mot d'Ap- tères. Il faut comparer cet ordre avec ce,ux que nous avons étudiés précédemment, et les en distinguer par voie d'exclu- sion . Ainsi, les Coléoptères ont toujours les mâchoires nues, ou au moins des élytres, ou les rudiments de ces ailes solides et non expansibles dans l'état parfait. Quelques espèces, il est vrai, telles que les femelles du Ver luisant par exemple, for- ment une exception rare. Cependant, d'une autre part, les insectes Aptères n'ont jamais ni élytres ni leurs rudiments, et il en est qui sont munis de plus de six pattes. vin'' ORDRE. LES APTERES EN r.ÉNEKAf,. 1^93 Les Ortho|)tères ont toujours une sorte de gaîne mobile ou de galette en dehors de leurs mâchoires , ce qu'on n'a observé que dans la seule famille des Némoures. Les ]\ëvroptères ont presque tous quatre ailes; cependant quelques-uns n'en prennent pas comme les Psoques et les Termites, mais leur ventre est arrondi, ce qui empêche de les confondre avec les Némoures ou Séticaudes, les seules espèces sans ailes qui aient six pattes, des mâchoires et un abdomen distinct. Aucun Aptère n'ayant l'abdomen pédicule et moins de huit pattes, eu même temps qu'il aurait des mâchoires, on ne peut le ranger parmi les Hyménoptères. Quant aux Hémiptères, aux Lépidoptères et aux Diptères, la Puce exceptée, aucune confusion n'est possible, car elle appartiendrait au seul genre qu'on pourrait en rapprocher; mais le mode très-différent de sa transformation établit une trop grande dissemblance. Comme il est impossible d'exprimer d'une manière géné- rale le caractère de ce huitième ordre, nous allons en pré- senter ici la distribution, suivant la marche de la comparai- son ou par la voie de l'analyse, pour faire connaître ensuite les caractères essentiels de chacune des familles que nous au- rons adoptées. On peut d'abord opérer cette grande coupe parmi les Ap- tères, que les uns, comme les Poux, les Puces, les I;eptes , que nous avons désignés sous le nom de Rhinapières , ainsi que les Ricins ou Oruithomyzes, n'ont que six pattes avec une bouche plus ou moins allongée, et formant un bec ou un suçoir, sans mâchoires distinctes. Tous les autres Aptères ont la bouche garnie de mâchoires 1294 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. OU au moins de mandibules, et le nombre des pattes offre cette différence, que les uns n'en ont que six attachées sur une sorte de corselet, tels sont les Podures, les Forbicines ou Lépismes constituant une petite famille, dont l'abdo- men se termine par des appendices en forme de soie, ce qui nous les fait nommer des JS émoures ; tandis que les au- tres n'ont réellement pas de corselet distinct, et leurs pattes en grand nombre sont attachées à chacun des anneaux du corps, c'est ce que nous voyons dans les Scolopendres, que nous désignons avec les auteurs sous le nom de Myriapodes. l\ous n'avons pas compris dans cet ordre des Aptères la famille des Acères ou des Arachnides, qui n'ont pas d'an- tennes, et dont toute l'organisation diffère de celle des in- sectes. Leur tête n'est pas distincte du corselet, et elles ne subissent aucune métamorphose. Cet ordre des Aptères se trouve ainsi réduit à quatre familles principales. Comme en parcourant chacune de ces familles, nous pouvons montrer eu quoi elles se distinguent les unes des autres, et indiquer en quoi elles diffèrent des autres insectes par la conformation, les mœurs et l'organisation, nous indiquerons brièvement ces particularités en renvoyant pour les détails à l'étude spé- ciale de chacune des familles. Ainsi, toutes les espèces parasites sans ailes et sans mâ- choires, obligées de sucer le sang ou les humeurs des animaux, dont elles se nourrissent, ressemblent un peu aux Hémip- tères; mais leurs métamorphoses ne sont pas les mêmes dans tous les genres. La petite famille des Ornithomyzes ne com- prend qu'un seul genre, celui des Ricins, qui ont des mâ- choires avec un corps court et large, non terminé par de longs iilets; tandis que les Némoures, comme les Forbicines, vin*" ORDRE. LES APTERES EN GENER AI.. 1 295 les Podures, ont à la région postérieure des soies, et ressemblent à quelques Orthoptères, surtout par leur ma- nière de vivre, par la forme de leur bouehe et de leurs pattes. 11 reste doue la famille des Millepieds ou Myriapodes, qui ont quelques rapports avec les Crustacés, chez lesquels le corse- let est confondu avec l'abdomen, mais dont la tête ne porte que deux antennes, et dont tous les segments du corps sont munis de pattes. Tels sont les Scolopendres et les Iules, etc. Voici le tableau analytique très-simple des quatre fa- milles de véritables Aptères; nous en avons déjà introduit un sous une autre forme, page 202, qui facilitera la classifi- cation des insectes qu'on peut nommer faux Aptères, parce qu'ils appartiennent réellement à des ordres très-différents sous tous les rapports autres que le défaut ou l'absence des ailes. LES APTERES (i). HUITIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES INSECTES. Caractères: Six pattes au moins; pas d'ailes. l en très-grand nombre 4 M YBIAPODES. ;à mâchoires; pattes { . . x- I 1 longues, en soie t Nemoures. I (six seulement; antennes Aptères j (courtes, grenues, en lil. . 5 Ornithomyzes sans mâchoires ; un bec ou suçoir plus ou moins court 2 HniNAPTEnEs. (h De à privatif, et de ittEoi', ailes. 1296 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. TABLEAU INDICATIF DES ORDRES AUXQUELS DES INSECTES SANS AILES PEUVENT APPARTENIR quoiqu'ils ne soient pas de VKAIS aptèkes. Quelques j à élylres et à mâchoires sans galelte Coleoptèbes. isessile ; ' I avec ou sans élylres; mâclioires à galelte. . . Obthoptéees. à mâchoires; ventre', I là cinq articles Htménoptéees. 1 pédicule ; tarses < Bouche ' ( à moins de cinq articles Névroptèbes. ' j un hec corné articulé Héuiptèbes ou Diptébes. sans mâchoires , formant ' ( une langue roulée en spirale Lépidoptèbes. Cinquante-quatrième famille : les NÉMOURES ou SÉTICAUDES. Dès l'année 1799, nous avions indiqué, sons ce nom de Sé- ticaudes, cette famille , que nous avons introduite dans la Zoologie analytique sous la même dénomination, lorsque Latreille, en 1824, dans le tome XXIV du Dictionnaire de Déterville, la reproduisit sous le nom de Thysanoures , qui signifie queue à franges, au lieu de INémoures ou de Néma- toures, sous laquelle nous avions rapproché les mêmes genres dont la forme et l'organisation, nous pourrions aussi dire les mœurs ou les habitudes, ont certains rapports avec celles des Blattes, qui sont des Orthoptères, et avec plusieurs genres de APTERES NEMOURES OU SETICAUDES. ''-^97 Névroptères, dont quelques-uns nous offrent des espèces qui ne prennent jamais d'ailes. [.e nom de Nénioures est emprunté de deux expressions grecques dont l'une, vfi;xa, indique une soie filée, et l'autre, oupa, la queue, correspondant ainsi au mot latin francisé de séti- caudes ou à queue en soie, scta et cauda, caractères qui dis- tinguent ce groupe de tous ceux du même ordre des Aptères. Voici, d'ailleurs, d'autres notes propres à faire reconnaître ces espèces. Des mâchoires, des antennes; abdomen très-distinct du corselet, lequel porte les pattes et se termine par des soies. En effet, les parasites, tels que les Poux, les Leptes , les Puces, n'ont pas de mâchoires, et leur bouche est formée par une sorte de bec ou de suçoir. Les Ornithomyzes, tels que les Ricins, qui vivent sur les plumes des oiseaux , ont bien des mâchoires, mais leur corps court et obtus en arrière, est tout à fait opposé par les formes et surtout par l'aspect de sa surface (pii n'est point écailleuse. Dans les Millepieds, tels que les Scolopendres et autres genres voisins , il y a tou- jours un grand nombre de pattes attachées sur toute la lon- gueur'du corps dont le corselet n'est pas distinct. Ces insectes cherchent l'obscurité; ils sont extrêmement voraceSj vivent souvent en grand nombre, rassemblés dans les mêmes lieux pour s'y nourrir du reste des matières or- ganisées altérées, surtout des amas de plantes ou des débris, d'animaux qui se pourrissent; ils sont très-vifs, très-actifs; ils se retirent sous les pierres, dans les fentes des murailles ou des terrains humides; quelques genres cependant cher- client les lieux chauds et secs, tels sont les Léjiismes , les Machiles; d'autres, comme les Podures, se trouvent sur les i63 1298 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. eaux, et même à la surface de celles qui sont stagnantes, et plusieurs sur la neige. Cette famille, sous le nom deThysanoures, a été, en 18^7 , l'objet d'un Mémoire de M. Nicolet, inséré dans \es Annales de la Société entomologique^ -i^ série, t. V, p. 335, princi- palement sous le point de vue de la classification. L'auteur y admet quinze genres, divisés en Lépismides et en Podii- rides. Dans la première tribu, il y a quatre genres dont le corps est couvert d'écaillés; ce sont les Macliiles et les Le- pismes, et des genres dépourvus d'écaillts dont les espèces sont peu connues et désignées sons les noms génériques; l'un, par celui de l'auteur lui-même, Nicoletia, et l'autre de Chiu- podea. Les Podurides sont de même divisées en groupes, les Sminthurelles, Podurelles, Lipurelles; en tout, cent soixante- seize espèces. Deux planches accompagnent ce travail; hi première reproduit les caractères génériques ; et la seconde donne les figures coloriées de seize genres. Il nous est impossible d'entrer dans tous ces détails , et nous venons de signaler une source abondante de renseigne- ments. Nous nous bornerons à indiquer les trois genres principaux pour la classification syr)optique desquels nous n'avons pas cru devoir présenter un tableau analytique. Le genre Forbicine a le corps allongé, très-plat et demi-cylin- drique. Dans les deux autres genres, le corps est arrondi, mais les filets de la queue sont libres en arrière dans les iVlachiles, tandis qu'ils sont repliés sous le ventre et servent au saut dans les Podures. APTERES NEMOURES. G. FORBrCINE. '299 328. Genbe FORBICINE. FORBICINA. (Geoffroy. Caractères : Insectes Aptères; à mâchoires; à corps aplati; corselet composé de trois pièces garnies chacune dune paire de pattes; à antennes longues en soie; à ventre terminé par des soies allongées, écartées et portées en arrière. Ce nom de Forbicine se trouve dans AIdrovandi, lib.V, cap. VIII. D'après la figure gra- vée sur bois, il convient par- faitement à cet insecte; aussi, ( jeoffroy a-t-il adopté ce nom qui, mallieureusenient, comme il le fait remarquer, a quelque rapport avec celui de la For- licule, dont cet insecte a les mœurs , les habitudes et le port, de même qu'il en a aussi avec d'autres Orthoptères voi- sins des Blattes. Cependant Fa- bricius a eu le tort de changer ce nom en celui de Lépisme, pour indiquer une particula- rité, celle de la présence des petites écailles argentées et comme métalliques de certaines espèces qu'on a nommées petits poissons de terre, le mot Kemç correspondant à écaille. Les Forbicines sont des insectes qui fuient la clarté de la i63. / ent ces insectes peuvent ainsi subsister dans les régions où les froids semblent être éternels. On a beaucoup étudié les espèces, inais on connaît peu l'histoire de leur développement. Ce qu'on ignore , c'est surtout le mécanisme par lequel ces insectes peuventsi brus- quement relever les filets de leur queue dont l'extrémité est l3o4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. fourchue et dont les deux portions s'étalent ou se rapprochent en même temps que la base en est relevée ou abaissée et fait l'office d'un ressort qui se bande et se débande. Geoffroy a parfaitement fait connaître ces détails, et il remarque que si l'on peut saisir une Podure, il ne s'agit que de presser légè- rement son ventre pour faire jouer et étendre la queue qui était repliée en dessous. Nous en avons donné une figure. C'est celle de l'espèce que Geoffroy avait fait représenter, tome II, pi. XX. C'est la 1 . Podure velue. Podura villusa. Elle est oblongue, d'un jaune brunâtre, avec des taches brunes ou noires. On la trouve sous les pierres ; le devant du corps, la tête et le corselet sont très-velus, mais les poils y adhèrent si peu qu'ils s'attachent aux doigts qui les touchent. 2. Podure des arbres. P. arborea. Noire, brillante ; bords postérieurs du cor- selet et base du ventre jaunes ; les pattes et les fourches de la queue pâles. On la trouve sur les troncs altérés des arbres. 3.- Podure uquadque. P. aquatica. Noire, brillante, sans taches ; antennes de la longueur du corps. On la trouve sur les eaux dormantes, arrêtée souvent sur les feuilles émergées des plantes naïades ; ces insectes se réunissent en troupes et forment des masses noires. i. Podure des neiges. P. nivaiis. Elle est d'un gris cendré foncé, avec des mar- ques ou taches irrégulières noires. Cette race nombreuse de petites Podures ressemble à de la poudre à ca- non, couvrant des surfaces immenses. Elle paraît protégée contre le froid et l'humidité par un duvet très-fin. Latreille l'a désignée comme formant un genre, sous le nom de Smynture, et non Sminthure, comme l'exigeait la traduction de c[j.iv(Joupos (qui remue fortement la queue). Les espèces de Podures dont le tronc et le ventre sont réunis en une masse globuleuse ou ovalaire, avec les antennes un peu plus grêles à leur extrémité, sont voisines de la suivante. o. Podure verte. P. viridis. D'un vert jaunâtre, avec les yeux noirs. Geoffroy l'a décrite sous len" 1, t. III, p. 607. APTÈRES RHIN APTÈRES OU PAKASITES. l3o5 Cinquante-cinquième famille : les RHINAPTÈRES ou PABASITES. G. Ciivier avait donné ce nom et nous l'avons adopté comme propre à indiquer cette famille d'insectes sans ailes, caractérisés par le défaut de véritables mâchoires qui sont lem placées ici par une sorte de bec ou de suçoir faisant l'office de pompe aspirante et parce que leur tête et leur corselet sont distincts. lie nom de Rhinaptères est tiré de deux mots grecs dont le premier plv, pivo;, corres|)ond à nez, prolongement du front, et l'autre, â^Tepa , sans ailes; tandis que l'expression de parasites, adoptée par les Latins et par la plupart des peu- ples, sert à indiquer des êtres qui vivent aux dépens des au- tres. Cette famille diffère de toutes celles du même ordre des Aptères par ce caractère essentiel du défaut de mandibules et de mâchoires et par la présence d'une sorte de petit bec qui semble les rapprocher des Hémiptères. Les trois genres rapportés à cette famille n'ont pas, il faut l'avouer, beancoup de rapports entre eux j)ar leur confor- mation générale. Ils présentent même de si grandes diffé- rences dans leur ensemble et peut-être dans leur dévelop- pement qu'il est impossible de donner d'autres caractères, si ce n'est en traitant de chacun d'eux en particulier. Aussi leur réiuiion tient-elle uniquement à une classification systé- matique. Nous ne présenterons donc pas de tableau S5'nop- ticjue: j)ar le fait il devient inutile. I^es trois genres ont six pattes, à |)eu piès égales en longueur et généralement courles dans les Poux, et inégales dans les Puces, chez lesquelles les iG', l3o6 K^TOMOLOGIE ANALYTIQUE. postérieures sont plus longues; chez les Leptes, au contraire, ce sont les pattes moyennes. Les Puces sautent avec facilité, les autres ne peuvent que marcher, ils ne peuvent même pas courir. Nous allons étudier successivement ces trois genres. Nous aurions pu y réunir, comme insectes parasites et à tête distincte ou mobile sur le corselet, les Poux des Oiseaux ditsOrnithomyzeson Ricins. Mais comme ils ont évidemment des mandibules, nous en avons fait une petite famille sé- parée sous les noms que nous venons d'indiquer. 331. Genre POU. PEDICULUS. (Rédi.) Caractères : Insectes sans ailes; à tête et corselet distincts du ventre, qui est très-plat; à bouche sans mâchoires, repré- sentée par une sorte de bec ou de suçoir; six pattes à peu près égales, courtes, onguiculées. ~^<^ /X .)^- Quoique le nom latin pediculus soit celui dont se sont servisPline et beau- coup d'autres au- teurs, il n'a été réel- ^ow »'<^ (^ / / lement employé comme celui d'un genre d'abord que par Rédi, ensuite par Linné. Dans quelques passages de Plaute, de Tite-Live et de Festus, ce mot paraît avoir servi comme un diminutif de pes, un petit pied, pediculus, le terme correspondant des anciens Grecs était Phtheires, çOstpeç, d'où le nom de phtlii- riase, maladie pédiculaire. APTÈRES RHINAPTÈRES. O. POU. 1807 Il est facile, d'après les circonstances que nous allons in- diquer, de distinguer ce genre, parce qu'il est le seul dont les pattes soient toutes à peu près de même longueur, sont ter- minées par des ongles très-crochus, de sorte qu'ils ne peuvent sauter, et que leur ventre est très-plat, ce qui les fait tout de suite séparer des Puces et des Leptes. Les Poux vivent uniquement sur la peau des animaux à mamelles, dont ils sucent les humeurs. La plupart consti- tuent des espèces attachées à des races spéciales. Chez l'homme, par exemple, il y a trois espèces de Poux, dont la conformât ion est notablement différente. II y a, parmi les Poux, des mâles et des femelles; ces dernières sont plus grosses, parce que leur abdomen est souvent rem()li d'oeufs. On les reconnaît en outre, parce que l'extrémité du ventre présente une sorte d'échancrure. Les mâles, d'après les observations de I^eeuwenhoeck, en 1696, sont plus petits, et leur ventre se termine par une petite pointe, quoique cette partie posté- rieure ducorps soit arrondie ou avec une échancrure, comme nous l'avons fait figurer dans la femelle. Les femelles, après la réunion avec les mâles, qui les rend fécondes pour un grand nombre d'œufs, pondent ces œufs et les fixent solidement par luie sorte de vernis sur les poils et sur les vêtements; on les désigne sous le nom de lentes. Ces œufs s'ouvrent |)ar l'une de leur extrémité au moment où l'insecte qu'ils reiiferment semble soulever un opercule qui reste fixé à la coque et s'y replace par sa propre élas- ticité. L'insecte qui en provient subit plusieurs mues ou changements de peau, mais non une métamorphose. Leeu- weid)oeck a calculé qu une femelle pond au moins cinquante œufs en six jours; que ces œufs éclosent au bout de six au- i6i l3o8 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. très jours; que les petits qui en proviennent ont pris tout leur accroissement, s'accouplent et pondent au bout de dix- huit jours, de sorte qu'il a supputé (|u'avec tontes les cir- constances favorables pour leur propagation, deux femelles de Poux pouvaient, en soixante jours, avoir produit dix-luiit mille petits insectes de leur race. C'est cette prodigieuse multiplication (|ui explique la ra- pidité avec laquelle ces insectes se pio|)agent; mais on a peine à croire cependant la plupart de ces histoires de ma- ladies pédiculaires rapportées et reproduites successivement par les auteurs qui, de|)uis Moul'et, citetit les célèbres cas des individus qui ont péri dévorés, pour ainsi dire, par ces insectes depuis Pharaon* roi d'Egypte, Hérode, Sylla, Phi- lippe JI. Les Poux, comme le plus grand nombre des insectes, sont détruits par le contact de certaines substances qui les t'ont périr de diverses manières; telles sont les préparations de Miercure, de soufre, d'antimoine ou des poudres de semences de jiisquiame, d'aconit, de staphisaigre, et de feuilles de di- verses sortes d'absinthe, de |)yrèthre, de ménispernie on coq du Levant, ou des lavages avec les décoctions de ces mêmes sortes de plantes, et même du tabac. Les principales espèces bien connues sont les parasites de- • puis l'homme, et celles que Rédi a décrites et figurées, et (\in vivent sur le porc, le buffle, le bœuf, le cheval, l'âne, le chevreuil, le chameau, le bélier d'Afrique, etc. 1. Pou du corps. Pediculus humanus. Corps blanc, étiolé, avec les yeux bru- nâtres; les segments de l'abdomen ont leurs bords dentelés. C'est l'espèce qui se trouve sur les vêtements et les parties couvertes du corps chez les individus qui négligent les soins de propreté. APTERKS RHINAPTEUES. G. POU. l3(K) 2. Pou de la tâte. P. capitis. Corps d'une teinte grise, colorée de brunâtre ; bords de l'abdomen arrondis. C'est l'espèce qui vit à la base des cheveux, surtout chez les enfants ; elle détermine sur le cuir chevelu, par suite du prurit, du grattage et des dé- mangeaisons, d'assez fortes excoriations et des croûtes, et c'est au milieu de ces humeurs desséchées, qu'on nomme des galons, que l'insecte paraît vivre et se développer. 3. Pou du pubis on Morpion. P. pubis. Corps arrondi, très plat et large; à abdomen comme fendu en arrière chez les femelles ; corselet court; pattes recourbées en dessous. Cette espèce s'attache uniquement aux poils du pubis, des aisselles, de la barbe et quelquefois des sourcils. Elle se propage en grand nombre sur les mêmes individus ; elle se communique aisément par contagion directe, et pullule avec une rapidité extrême. On la détruit avec la plus grande facilité par suite des frictions locales de la pommade mercuriellc, avec le calomel ou l'oxyde rouge précipité uni à la graisse. ^'otis jugeons inutile de faire connaître les autres esjjèces; leur histoire exigerait trop de détails. 332. Genee LEPTE. LEFTUS. (Latreille.) Caractères : Insectes sans ailes; à six pattes; à tête et corse- let séparés du ventre; à bouche sans mâchoires, munie (Cun bec ou suçoir; corselet portant six pattes inégales, dont celles du milieu sont plus longues. Le nom de Lepte est évidemment emprunté d'un mot grec, Istîto;, qui signifie très-petit, menu, grêle; mal- heureusement, F'abricius avait déjà employé ce terme de Leptis pour in- diquer un genre de Diptères, afin de le substituer à la dénomination deRha- gio. Nous avons dit que, pour nous l3lO ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. Français, la coiiftision (|ui devait en résulter avec les Rlia- gies, qui sont des Coléoptères xylojDhages, n'existe pas. Nous avons donc accepté le nom de Lepte pour indiquer l'extrême ténuité ou petitesse de ces Aptères, qui sont très-communs dans toute la France, où on les connaît en les désignant sous le nom de Rougets ou Bec-d'août, de Pique-aoùt, à cause des démangeaisons insupportables que leur présence détermine aux endroits de la peau où ces insectes se fixent souvent en grand nombre à la fois, et ordinairement vers la fin du mois d'août. Nous avons fait dessiner cet insecte vu au microscope, car il est trop petit pour qu'on puisse distinguer ses parties, et malheureusement les individus que nous avons présentés à notre habile dessinateur M. Prêtre, étaient morts et des- séchés lorsqu'il les a peints; cependant cette figure est exacte, malgré son extrême grossissement. Un de nos amis, feu Defrance, l'habile géologue, qui observait cet insecte avec nous, a remarqué que ces Rougets commencent à faire res- sentir leur présence sur la peau vers la mi-juillet aux envi- rons de Paris, et qu'ils paraissent cesser d'exister vers le milieu de septembre; ils sont plus communs dans les années de sécheresse et de grandes chaleurs. Il les a souvent obser- vés dans les jardins au sommet des mottes de terre, au haut des piquets, des échalas, sur les coins arrondis des caisses d'orangers, probablement dans l'attente de l'occasion de pouvoir s'accrocher sur les animaux qui passeraient [)rès deux ; aux oreilles des chiens, dans leurs sourcils, sous le ventre, où ils se réunissent en pacpiets; qu'ils attaquent également les chats; mais qu'ils ne paraissent pas leur occasionner de vives démangeaisons, car ces animaux ne 'TERES RHI^APTEIÎF.S. G. l-EPTIv i3i I semblent pas en être affectés, quoiqu'ils en soient couverts. C'est ce qui n'a pas lieu pour les hommes, en ayant été moi-même fort souvent atteint, et j'en ai un jour trouvé à la liase d'un cheveu, chez l'un de mes enfants, plus de douze individus, que j'en ai détachés, et qui tous étaient vivants. Il faut qu'ils cheminent assez vite sur la peau, car on les voit monter des jambes vers la tête ; ils se trouvent souvent arrêtés par les ligatures, les jarretières, les ceintures de caleçons ou des autres vêtements, et autour du cou; là, ils s'arrêtent et s'accrochent, le plus souvent en formant ainsi des cercles d'ampoules qui cessent si on n'y touche pas; mais qui, si elles sont écorchées , suppurent et durent plusieurs jours. J'ai remarqué que l'alcool un peu concentré, et le vi- naigre fort, surtout celui tiré du bois, font périr bientôt ces insectes. Je me suis même préservé de leur piqûre par ces lotions, mais je dois prévenir qu'il ne faut employer ce pro- cédé que lorsque la peau n'est pas encore entamée. Je présume que la présence de cet insecte produit un effet semblable à celui qu'occasionne le Sarcopte ou Ciron de la gale; que c'est la présence de ses ongles et de sa trompe qui détermine l'irritation, et par suite l'inflammation locale. Le nombre des six pattes du Lepte rouget serait-il dépen- dant du jeune âge. On sait que les Mites ou Cirons n'ont pas leurs huit pattes dans les premiers temps de leur exis- tence, et le Sarcopte lui-même est dans ce même cas. i3i ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. 333. Genre PUCE. PVLhX. (Linné.) Caractères : Corps sans ai/es, ocn/e , comprimé; tête petite , a antennes de (juntre articles ; six pattes, les postérieures beaucoup plus longues que les antres et propres au saut. .^^'"^ A l'aide de ces caractères, il est facile, par la comparaison, de distinguer les Puces de tous les autres insectes aptères. D'abord, dans les autres familles, la bouche est garnie de mâchoires, et le nombre des pattes les éloigne de tous les insectes à huit pattes, que l'on est obligé de considérer au- jourd'hui comme formant une classe séparée; mais c'est sur- tout d'avec les genres nonunés Poux et Leptes, que la lon- gueur des pattes postérieures les fait distinguer. Quant à l'étymologie française, on reconnaît que le nom vient du mot latin pulex; mais faut-il répéter avec saint Isidore, d'après Moufet et peut-être d'après Pline, que ce nom de pulex viendrait de la contraction des mots latins pul- \>e.re extractus, né de la poussière? 11 paraît que les Grecs désignaient cet insecte sous le nom de ()/u>Xoç; c'est même de là que vient le nom de la plante /.>^}-//»/m, dont les semences, petites, lisses, noires, ressemblent à des puces. En espagnol, le nom est pulga ; en italien, pulce ou pulue ; en anglais, flea; en allemand, fiole. APTÈRES RHINAI'TÈRES. G. HUCE. l3l3 Sous le point de vue de la classification naturelle, les Puces offrent une sorte d'anomalie intéressante pour la science. Ouoique privées d'ailes, elles s'éloignent de tous les Aptères j)ar les métamorphoses qu'elles subissent, et, sous ce rapport, elles n'ont d'analogie qu'avec les larves de quelques Tipules; mais celles-ci, et les Hydroniyes en général, ont la bouche tout autrement organisée. Sous l'état parfait, les Puces ont une sorte de rostre formé à peu près comme celui des Hémi- ptères; mais chez ceux-ci, abstraction faite de la non-valeiïr de ce nom de l'ordre sous lequel on les désigne, il n'y a réel- lement qu'une transformation incomplète, à l'exception peut- être du genre Aleyrode. f/histoire de la Puce est maintenant bien complète. Leeu- wenhoeck, en 1682, fit ses premières observations; en 171;, Vallisnieri a très-bien décrit ses métamorphoses. Nous ne pouvons citer le grand nombre des naturalistes qui ont ajouté à ces observations. En i852, Dugès de Montpellier a publié ses recherches et décrit les quatre espèces qu'il a reconiuies dans ce genre. J'ai consigné moi-même dans (jueUpies observations nou- velles que j'ai faites avec! feu mon ami Defraiice, dans le XLIV^ volume du Dictionnaire de Levrnult ^ je vais les re- produire. Sans décrire les formes de la Puce commune, que les figures peuvent re|>résenter, il est des détails qu'il est important d'indiquer. Ainsi, la tête, vue de jirofil, ressemble ini peu à celle d'un cheval. En devant elle est arrondie, dé- primée de droite à gauche, nnniie de deux yeux ronds et saillants; les antennes dirigées en avant semblent provenir d'un même point, presque à l'oiigine du bec; elles sont courtes et de quatre articles. Le bec ou rostre est un tube i(J5 ',5 l3l4 ENTOMOLOGIE ANALYTIQIIE. articulé contenant trois soies, protée^ées latéralement par deux écailles mobiles et en triangle. Cette bouche peut se cacher entre les hanches des pattes antérieures, qui sont di- rigées dans le sens de la tête. Tous les anneaux du corps sont garnis d'épines mobiles, disposées en verticilles. Comme les hanches de toutes les pattes sont très-développées, les jaml>es et les tarses le sont aussi, et les postérieures sont (l'un tiers au moins plus longues que les antérieures. IjCS mâles sont quatre fois moins gros f[ue les féiiielles ; lleur réunion s'opère par une application réciproque : le mâle fse trouve ainsi renversé entre les pattes de la femelle, qui '^^'^*-'-|SlîA|le transporte dans les sauts qu'elle est obligée de faire pour nG |se soustraire aux dangers. D'après les observations de Roësel, les femelles |)on(lent une douzaine d'œufs; on trouve au moins ce nombre dans le corps des grosses femelles, mais on ne sait si elles les pon- dent à une ou plusieurs époques. Ces œufs, qu'on trouve souvent au dehors, sont tout à fait ronds et allongés, mais de même grosseur aux deux extrémités. Ils sont lisses, polis et non vis(jueux, de sorte qu'ils roulent facilement dans la poussière et glissent ainsi dans les plus petites cavités et dans tous les intervalles des places où les animaux mammifères ont l'habitude d'aller se coucher; c'est là en effet (|ue ces œufs éclosent et qu'on peut les trouver |)Our les observer-. En secouant, au-dessus d'une feuille de pa[)ier blanc, les coussins sur lesquels les chats et les chiens vont dormir-, on est à |)eu près assuré d'en faire tomber des œirfs et des larves. Ces larves sont de petits ver-s apodes, cylindriques, allon- gés, excessivement agiles et remuants. Leur corps est forme de treize segments dont les anneaux sont assez marqués; à M'TÈRES HH1IVAP1 RRES. (^. PUCE. l3l5 l'une (les extrémités est la tète foriiée, où l'on voit les deux rudiments d'antennes à fleux articulations et deux appen- dices qui sont ou des palpes ou des filièies. I^'autre bout du corps de la larve se termine par deux crochets aplatis servant de point d'appui dans les mouvements (jue l'insecte exécute d'une manière rét:;ulière, avec vivacité, en rampant, se tortillant comme une petite anguille. Quand ces larA'es sont à jeun, ou lorsqu'il y a quelques heures qu'elles n'ont j)ris de la nourriture, leur corps est blanchâtre, transparent ; mais, conune la matière dont elles se nourrissent paraît être du sang desséché, la diaphanéité de leur corps cesse et il devient noirâtre : les mouvements de l'insecte sont alors bien plus faciles à suivre. A l'époque des grandes chaleurs, les larves des puces con- servent cette forme, surtout quand la nourriture leiu- manque, même pendant une (piinzaine de jours. Lorsqu'elles ont ac- quis tout leur développement, elles se filent une coque qu'elles fixent à (pielque corps solide, et (ju'elles masquent en y faisant adhérer des particules de poussière : elles ont soin déjeuner et d'évacuer toutes les matières (|ui restaient dans leur tube digestif. Elles devieiuient en ce moment tout a fait transparentes, lia soie du cocon qu'elles lilent est d'une ténuité extrême et d'un tissu serré; c'est comme une gaze légère, à travers lacpielle on peut observer le changement en nymphe. Celle-ci est semblable à ce qu'on voit dans les Hy- ménoptères, et la configuration générale des membres offre celle de l'insecte avenir, mais dans une sorte de contracture. Elle reste immobile pendant une quinzaine de jours, durant l'hiver. Cependant beaucoup d'individus [jersistent ainsi dans la coque jusqu'au printemps. iG5 l3l6 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. I^es Puces attaquent un grand nombre d'animaux. Nous en avons trouvé sur les hérissons , sur la taupe, sur les musa- laignes. Elles sont surtout très-communes sur la peau des chiens et des chats domestiques. Vivraient-elles sur les che- vaux.-' Je serais porté à le croire, car il m'est souvent arrivé en Espagne, où l'on ne donne d'autre litière à ces animaux que de la paille hachée, de soitir des écuries avec les bas cou- verts d'inie innond^rable quantité de Puces, mais celles-ci ne paraissent pas se proj)ager ou se conserver sur la peau de l'homme. Au reste, parmi les hommes, il est des individus que ces insectes sendjlent fuir, tandis qu'ils paraissent en attaquer d'autres de préférence. Chez certaines personnes , les Puces produisent des an)poules comme celles qui résultent de la l)iqûre des Cousins, avec une irritation extrême, tandis (pie d'autres paraissent insensibles à ces morsures, dont elles ne s'aperçoivent que par la petite ecchymose résultant oïdinai- rement de cette succion. On n'a décrit exactement que deux espèces de ce gerwe, mais, nous le répétons, il est probable qu'on a confondu un gratid nombre d'espèces sous le nom de Puce comnuine; telles que celles des rats, des chauves-souris, etc. 1. Puce cowmune nu irritanir. Pulex irritans. Elle est noire; elle se distiiiyuf par la brièveté de son bec. Quand le ventre de la femelle renferme des œufs, son corps devient d'une teinte marron clair. Nous en avons fait l'histoire dans les généralités qui précèdent. 2. Puce pénétrante. P. penetrans. Bec d'un tiers plus long que les hanches an- térieures. Nous en avons donné une figure dans le Dictionuabe des sciences natu- relles, pi. 33. Cette espèce, décrite par Sloane à la Jamaïque, au Brésil, par APTÈRES or.NITHOMYZliS OU AVISIGES. iSlJ Margrave, à la Caroline parCatesby, se trouve principalement dans TAmé- rique méridionale; la femelle s'introduit sous la chair vivante des nègres, principalement sous les ongles des orteils et vers le talon des individus qui marchent pieds nuds. Quand celte femelle est imprégnée, les œufs, grossissant dans son abdomen, lui font prendre un volume considérable , dont la pré- sence détermine bientôt une grave inflammation, et par suite des ulcéra- tions dangereuses. On fait périr ces insectes avec des décoctions de plantes narcotico-àcres, telles que celles du tabac et de la jusquiame ; on les extrait aussi mécaniquement à l'aide d'une petite opération. ClNQUAMTE-SIXlÈME FAMILLIÎ ; LES ORjMTHOM YZKS OL AViSUGKS. 334. Gemif. ricin. li/C/iMJS. I.es Ricins constituent tout à la fois nn gerue et une famille. Ce sont des insectes aptères à six pattes, qu'on appelle les Poux des oiseaux; voilà pourc|uoi nous les désignons comme for- mant une famille très-voisine de celle des Para- sites , dont ils ne diffèrent que parce qu'ils "^-( n'ont pas un bec, ou un suçoir en pipette, mais des mâchoires. Les mots d'Ornithomyzes et d'Avisuges expriment que ce sont des espèces d'insectes (|ui sucent les Oiseaux : des mots ô'pviç, ô'pviSoç, oiseau, et de pî^awjje suce, ou je me nourris de l'humeur. La plupart des auteurs les ont designés sous le nom de Ricins\ ce qui a doinié lieu à beaucoup de confusion. D'abord, c'est la traduction simple du latin Ricinus. C'est fâcheux, parce (|u'nn genre de plantes euphor- biacées porte ce même nom, à cause de la semence dont l'apparence est celle de l'animal, (jui dabord a été regaidé comme un insecte, mais qui, depuis, en raison de ses huit pal tes. l3l8 KNTOMOLOGIE ANALYTIQUE. a été rangé parmi les Arachnides et a pris le nom d'Ixode ou de Cynoraistes. Il paraît que c'est à fie Geer qu'on doit attribuer l'appli- caliondti nom de Ricin an genre dont nous allons nons oc- cuper. Cependant le docteur Ijcach, qui a spécialement étudié cette grande division des insectes aptères, a proposé la réu- nion des diverses espèces comme appartenant à un gerue distinct, Riciiius, et il a changé les caractères que Hermann tils, dans son Mémoire, avait affectés à cette expression (pii ne signifie en grec que le pou. Ces insectes paraissent se nonrrii' sur les plumes des oi- seaux, soit de la matière cornée elle-même, soit du snint ou de la matière grasse qui s'y attache et qui paraît destinée à garantir ces organes de l'action dissolvante de l'eau. Ce genre est très-nombreux en espèces. C'est Rédi qui les a fait connaître et qui en a donné des ligures, l'un des premiers; mais les meilleurs dessins , ceux (pii nous font le mieux con- naître la forme de la plupart de ces petits insectes vus au mi- croscope, ont été publiés par M. de Haan, de Leyde, d'après les figiu'es gravées par Lyonet, et insérées dans les Anmdvs du. Muséum, t. XVJII, pi. XII, XIM, XIV. Ils représentent les Ricins de l'aigle, du héron, du corbeau, du cot| de bruyère, du milan, de l'épervier, de la huppe, d(« geai, de la tour- terelle, de la bécasse, lesquels ont été décrits sous les noms de genres distincts de Liotheum, PliUopterus, N'minis. Nous croyons devoir faire connaître le procédé ingénieux dont Lyonet s'est servi pour réunir des observations si dif- ficiles à faire. Voici comment il les explique. « Les oiseaux vivants ne se laissent pas manier comme on veut, et le corps des oiseaux morts, en se refroidissant, écarte APTÈRES ORNITHOMY7.es OU AVISUGES. ' ^ 1 1> si souvent ces iiist-otes, ([n'ils y deviennent I)ientôt foit raies. Une expérience assez simple m'y (it j)ouitant réussir. C'était de mettre sur l'oiseau mort un papier blanc (|ui i'envelop|)ait, de faire ensuite chauffer nu mouclioir devant le feu et de le placer alors, rassemblé en pelote, stn- ce |)apitr. La chaleur du mouchoir, se répandant ainsi aux environs et s'y faisant sentir à ces petits insectes, les détermina bientôt à quitter l'oiseau froid, à s'avancer vers l'endroit d'oii venait la chaleur, etàse rassembler petits et g,rands contrele dtîssousdu papier, à l'endroit où son dessus était échauffé par le mouchoir. De cette manière, je parvins à me procurer des sujets d'ob- servation en abondance. » L'auteur a pu s'assurer cpie parmi ces ricins il y avait pres- que toujours deux genres différents |)ar les formes des jiattes et de la tête. [,es pren)iers avaient la tête courte et tenaient plus on moins delà figure d'un trèfle et marchaient mieux. Les autres marchaient d'un pas plus tardif, et leur tête était plus allongée, et ils n'avaient pour tout pied qu'un crochet simple ou double, nuiis alors ordinairement appliqué contre sou pareil. Ces crochets étaient articulés an bout de la jambe élargie en cet entlroit, afin que ce crochet ramené suicebont pût mieux s'accrocher aux barbes des plumes poin- s'y tenir. Nous n'indiquerons ici que trois espèces; ce sont : 1. Ricin du paon. Uicinus pavonia. Sa tête est très-large ; l'abdonw'n ovale, à bords dentelés, légèrement marqués d'un brun rougeâlrc C'est celui que nous avons fait représenter. 2. Iticinde la poule . H. (lulliva'. Il ressemble au Pou de l'homme; mais sa fêle est plus large et moins séparée ou distincte du corselet. ,T. Ricin du pigeon. R. cnlvmbcv. Corps Irès-étroit et très-allongé; ventre un peu en masse vers l'exlrémiti'; quoique très grand, il a tout au plus 2 millimè- tres de long. I Î9,0 ENTOMOI.OGIK ANALYTIQUE. ClNQUANTE-SEPTlÈMi: FAMILLE : LES IMYRIAPODKS OU M I I,I,KPIKDS. Les insectes sans ailes, à inàcthoiies, dont le corselet n'est pas distinct dn ventre parce (piii y a des pattes à chacun des anneaux du corps, et toujours en grand nombre, forment pour ainsi dire un sous-ordre parmi les Aptères. Tons les segments de leur tronc sont parCaitement semblables entre eux, et portent chacun au moins une paire de pieds, de sorte que leur nom indique leur caractère essentiel. C'est, en effet, à cause de cette particularité et pour désigner ce grand nombre de pattes qu'ils sont appelés Myriapodes, l'un de ces composants, ppio;, signifiant multiplié, et l'autre, uûùi;, Tco^ôç au pluriel, correspondant à pied. Ces insectes sont véritablement à l'extrême limite de la classe et font, pour ainsi dire, le passage entre les Arachnides et les Crustacés, qui ont aussi [)lus de six pattes, et avec les- quels ils semblent établir une liaison telle qu'on a dû placer les Cloportes et tous les tétracères avec les insectes à quatre antennes et ranger parmi eux les Glomérideset les Iules, de même qu'on a reconnu de très-grands rapports, surtout dans l'organisation intérieure, entre les Scutigères et les Scolo- pendres, avec les Araignées et tous les invertébrés que l'on nommait des insectes à huit pattes. Séparés ainsi et rangés avec les Aptères, les Myriapodes peuvent être aisément reconnus, si on les comj)are d'abord avec les Rhinaptères, qui n'ont que six pattes et pas de man- dibules; puis avec les Ornithomyzes. qui ont le corps très- pelit et fort court, et ensuite avec lesNémoures, qui ont un véritable corselet, et seulement six pattes articulées. AI>TF.RES MYIUAPOnES F.Pf GENERAr,. l32l On n'.'i jusqu'ici rapporté que sept genres ;i cette famille des Myriapodes; ils diffèrent môme tant entre eux qu'on a pu les partager en deux sections bien distinctes, les uns n'ayant qu'une seule paire de pattes sur chacun des anneaux de leur corps, et les autres toujours une double paire. On ne connaît les mœurs de ces animaux que très-impar- faitement ; excepté en ce qui concerne le mode de leur déve- loppement. Presque tous se nourrissent de matières orga- nisées; les genres qui ont deux paires de pattes à chaque segment du tronc préfèrent les matières animales même vi- vantes, [.es autres, pour la plupart, se nourrissent essentielle- ment des débris de végétaux. Presque tous fuient la lumière et vivent dans les lieux obscurs; ils sont nocturnes. Ils préfèrent, les uns, les ter- rains très-secj; les autres, les lieux humides, et se retirent sous les pierres. C'est pendant la nuit qu'ils pourvoient à leur subsistance. Voici comment nous avons distribué les genres de cette famille en les comparant entre eux. On voit par l'analyse qu'ils appartiennent à deux groupes bien distincts, fjcs uns portent deux |)aires de pattesà chaque anneau, ce qui est une partictda ri té extraordinaire dans la classe des insectes. Tantôt le corps est long et circulaire : ce sont les Iules; tantôt, au contraire, le corps est court, ovale, allongé, à anneaux demi- cylindriques: ce sont lesGlomérides.Ou bien enfin le corps est plat, il est terminé par un faisceau de poils dans les Polyxènes, tandis cpie dans les Polydesmes la queue n'est pas velue. Parmi les genres qui n'ont à chaque anneau du corps qu'une seule paire de pattes, quand ces anneaux sont sem- blables entre eux, ce sont les Scolopendres et les Seutigères; i(i6 l322 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. mais ces derniers sont bien remarquables par la longueur de leurs antennes et surtout par celles de toutes leurs pattes; tandis que chez les Scolopendres les pattes et les antennes sont à peine doubles en longueur du diamètre de leur tronc. Si, au contraire, chacun des anneaux du tronc semble être formé de deux portions inégales et par leur longueur et par leur surface en partie lisse, et en partie granuleuse; on peut, à ces caractères, reconnaître les Lithobies. Voici le résultat de cette analyse. Famille ues MYRIAPODES (1) ou MILLEPIEDS. • Cakactéres : .-tptéres à mdrlioirex; à abdomen peu dislhivt, muni de pattes sui tous les anneaux. ['=ï'"'dn'e . 6 ■ ICLE. l'""' ',„.;,., eue """"^ /double par anneau ; corps ' sans poils. . . i . 5 POLTVÈNF.. POLYDESME 1 (court, ovale, se roulant en boule. ChAQIE PAIllE DE PATTES 1 7 Glomeuide. J 1 courtes F ^ égaux, intrnnes j \ unique sur chacu.. des anneaux ' ( fès-longues . ■ ' SCOLOPE.NDKE. SCUTIGEIIE. ( inégaux ; antennes courtes 5 LiTBOBIE. (1) De wjfioq, multiplié, et de ttoûç, mod;, pied. APTERES MYRIAPODES. G. SCOLOPENDRE. |323 335. Geinbe SCOLOrENDUE. SCOLOPENDHA. (Linné.) (Iaractères : Corps déprimé^ trcs-long; pattes nombreuses , dont une paire sur chaque anneau ; à anten- nes longues en soie, et mandibules fortes . Le nom de Scolopendre, dans les ouvrages de Théophraste et d'Aristote, servait à dési- gner ces mêmes animaux. Il est tout à fait grec, cx-ùXoTTcvr^pa, et il correspond à y-upid-ouç ; en latin centipes , multipes et ndllepes. Ces Scolopendres ne sont plus de véritables insectes, ayant plus de six pattes, et pas de corselet distinct; mais des trachées et deux antennes. Leur corps est très-aplati, mou; et chacun des anneaux est recouvert d'une sorte de plaque coriace; en dessous, les seg- ments sont plus mous, et ils portent une seule paire de pattes plus ou moins longues, qui se terminent par un crochet simple. Ces animaux ont le corps flexible en tous sens, de sorte que leurs mouvements sont vifs et très-variés; ils sont nocturnes, et ils se retirent dans les lieux humides, entre les fentes des murailles, sous les pierres, dans la terre. Tous paraissent carnassiers. Ils atta- quent particulièrement les Lombrics, les petits Mollusques, les larves et les chenilles molles. On dit (ju'ils les piquent avec leurs mandi- bules, dont la pointe est percée, et dont il sort une humeur venimeuse destinée à produire l'insensibilité de la victime. i66. l324 ENTOMOLOGIE ANALYTIQUE. On ne connaît pas très-bien le mode de reproduction des Scolopendres; on croit qu'elles vivent plusieurs années et qu'elles sont fécondées également plusieurs fois. Elles chan- gent de peau et elles prennent des pattes en plus grand nom- bre suivant leur croissance. Les Scolopendres de I/inné et de Geoffroy ont été subdi- visées comme nous l'avons indiqué dans le tableaii synopticpie. Nous ferons connaître ici (|uelques espèces : 1. Scolopendre mordante. Scolopendra morsitans. D'un jaune foncé; vin^'t paires de pattes latérales, sans compter la paire de la queue qui est Lieau- coup plus longue. Cette espèce se trouve aux Indes et ses morsures sont douloureuses et donnent lieu, dit-on, à de graves accidents. 2. Scolopendre de Gabriel. S. Gabrielis. C'est une espèce très-longue, elle a soixante-quatorze paires de pattes , autant que le tronc a d'anneaux. On la trouve à Paris. Son nom bizarre est celui d'un capucin de Mar- seille appelé Gabriel Baron, comme le dit Linné. li. Scolopendre coléoptérée. S. coleoptrala. Elle n'a que quatorze anneaux et autant de paires de pattes; ses segments sont revêtus en dessus de petits disques coriaces comme des écussons. Elle est très-commune à Paris. , 4. Scolopendre à tenailles. S. forficata. Elle ressemble beaucoup à l'espèce précédente, mais elle n'a que quinze anneaux, et ses plaques dorsales sont moins arrondies ; on l'a nommée Lilhobie. Il y a des espèces qui, à certaines époques de l'année, deviennent lumi- neuses pendant la nuit ; telle est la : .^. Scolopendre électrique. S. electrica. Elle a soixante-dix anneaux et une li- gne dorsale plus foncée ; elle est très-étroite. De Geer en a donné la figure, t. VII, pi. 35, fig. 17. Nous avons pu constater cette phosphorescence. f). Scolopendre phosphorique. S.phosphorea. Cette espèce peu connue a été re- cueillie en pleine mer sur un navire; on l'a crue tombée du ciel. Il se pour- rait qu'on l'ait regardée comme une Scolopendre, mais que ce fût une Né- réide, avec lesquelles les Scolopendres ont les plus grands rapports; on sait que plusieurs Néréides, qui sont annélides, ont été nonunées Scolo- pendres de mer. APTERES MYRIAPODES. G. SCUTIGERE. 32f 336. Geîvbe SCUTlGÈRE. SCUTIGI:RA. (Lamare.) Caractères : Semblables .30 TABI.R Af-PH.VBETIQUE. Pédère 317-522 Pédine 517 Peltis 379 Penlaraérés. 44-^45-248-259 Pentitome 1003 Pepside 940 Perce-hois 248-454 Perce -oreilles 669 Perle. 769 Péialoières 248 328 Phalène M 56 Phasme 685 Pliilimilie 875 Pliolnphvges 233 519 Pliryg.iiiè 774 Phvllie 684 Pliyllolomc 842 Pliysapodes 1077 Pliytad.lges 1061 Phytoidiiges .. 618 Pi.zalHS 812 Piinélie 523 Pinnphile 516 Planilurmes . 237-579 Planlisiigcs iOGl Pl.-.tycère 567 Ploière 1050 Podicère 1020 Podure 1505 Polydesme 1529 Poiyxèiie. 1528 Pi.mpile.... 938 Puu-du-l)»is 739 Pou 1506 Prêtres ... 724 Prioéèi es 248 Prioiie 614 Proboseide 22 Proiiiéropside 1056 Piopagitioii.. 133 Pio-carabée ._. 475 Prolliorax. T". . . 32-253 Pséiaphe 662 Psoijue 757 Psycbi.de.. 1287 Psyll,. 1076 Piérodiples 854 Ptéropbore 1173 Plerosopbiis 281) Ptdin... 441 Ptine.^ 4il Puce."?:; 1512 Puceron 1069 Pun.ise 1023 Pnpe 174 Pajei. Pupilégfs 951 Pyrale 1162 Pyro.bre 508 R Rampbe 562 Ranatre 1036 Rapbidie 767 Réduve 1028 Réniipèdes 1035 Rémitarses 248-293 Respiration 128 Rb.igie 594 Rbagioii 1233 Rbinaplères 1305 Rbiiigie. 1221 Rbinomacer ....... 518 Rhinocéros 257-343 Rbinostomes 1001 Rbipiphore 497 Rbopalocères 1092 Rbyngotes 21 Richard 425 Ricin 1318 Rostre 20-199 Rostricornes 257-543 Ruine-bois 446 S Sanguisuges 1021 Saperde 606 Sarge 1263 Sirrolrie 518 S;iut 77 Saulenlle • 699 Scaphidie 59-376 Scarabée ..... 345 Scarite 264-292 Scalopse 1288 Scaure 52.'i Sclérostoines 1194 Scolie 880 Scolopendre 1525 Scolyte ... 372 Scuteltairc. 1009 Scnligère 1525 Scymne 6.58 Sécrétions 125 Seinblid.' 768 Sensations 86 Sensibilité 86 Sens 98 Sépidie S26 TABLE AI.PHABETrQUE. Page». Semcandes 968 Serrirornes 248 Serropalpe 505 Shie H12 Sélicaudes 1296 Sialide . 768 Sigare . 1042 Silphe 581 Simplicornes 1251 Si<]ue 1258 Sirèce. 979 Siron ou lepte. . . ... 1509 Sitaride .i90 Solidiconies 2'<8- 105 Soiis-ordres 189 Spectre 689 Siihége. Wù Sphéridie 575 Sphinx .......... .. 1116 Spiritrnmpe 21 tipondyle 257 617 Staphyliii .. .. 517-518 Slalion 75 Stépoplères 754-757 Slemmrites 29 Stène. 517-525 Sténoptère? 255-488 Stéréocères 248-405 Sternoxes 248-415 Stigmates 129 Stomoxe 1220 Slratiome 1245 Suceurs 21 Suçoir 24 Sylvic.des 255 501 Syiiistates 715 Synodenilre 570 Syrphe 1266 Système 182 Sjstrngastres 865 Pagts. Tachin Tachypo 264-269 Tachvpore 516 Tachys .. 519 Tagénie 528 Tann 1224 Tarrière 56 Tarse ou ilnigl 45-71 Tarses 240 245 Taupe-grillon. 709 Taupin 420 Tertipennes 754 Teigne 1166 Téléphorc 461 Ténébricoles 255-510 Ténébrion 515 Tcntlirède 982 Téphrite... 1258 Térédyles 248 454 Termite 749 Tétanocère 1255 Tête 1.564 Télramérés. 243 255-257-540 Tétraptères 195 Téiralome 558 Thérève 12.59 Thorax 50 Thoraciques 248-415 Thrips lu/» Throsque 419 Tibia ou jambe 42 Tille 444 Tiphie il56 Tipule 1285 Toucher 109 Tourniquet 297-505 Trachées 129 Trachyde 452 Trichie 561 Triihodes .... 445 1 33(j Tridactyle "707 Trimérés. ..... 44-245-650 TrioMgulin 491 Trncliaiiler 41 Tidgosile . . 582 Trompe 22 Trox 347 Triixale 698 Trypoxylon 941 u Ulonaies 18 Upid<> 512 Urocèri' 975 Dropri>tes 968 V Variétés -191 Ventre ôS-66 Ver luisant. Lampyre. 455 Vésicants 25S-466 Vésitarses. 1077 Vie 9-50 Voix des insfctes. . . 155 Vol 81 Vrillelle 456 Vue. Yeux 94 X Xiphidiie 978 Xyldcnpe 841 Xylophages 257-.S88 Y Yeux 27-29-94 z Z.iadelges 1021 Zonite (87 Zophose 527 Zygcne 1 109 "fe'^w-^^ y K x- .^^û>;f, '&:^;>f* ^,4 fc-'^k.^- ^0^ 1^ ^ m-: ftM,»^ %i^^ 4-^ ■i^^jg X ' wsT