Xp" Î RE Me En. An AT E Re DL er enr, Ne se RES ep NZ à. au te ner ER PET à: ou CES æ STE Se 2 a RS 1% 1 qu à | L il REP LUN TRN ÿ ji LCR el ERPÉTOLOGIE GÉNÉRALE HISTOIRE NATURELLE DES REPTILES. Par A M. -C. DUMÉRIL , 10 MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR À LA FACULTÉ DE MÉDECINE, PROFESSEUR ET ADMINISTRATEUR DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, ETC, ET PAR G. BIBRON, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE ; AIDE-—NATURALISTE AU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, PROFESSEUR D'HISTOIRE NATURELLE. À L'ÉCOLE PKIMAIRE SUPÉRIEURE DE ZA VILLE DE PARIS- TOME SIXIÈME, COMPRENANT L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES OPHIDIENS, LA DESCRIPTION DES GENRES ET DES ESPÈCES DE SERPENTS NON VENIMEUX , SAVOIR : LA TOTALITÉ DES VERMIFOHMES OU DES SCOLÉCOPHIDES , ET PARTIE DES CICURIFORMES OU AZÉMIOPHIDES ; EN TOUT VINGT-CINQ GENRES ET SOIXANTE-CINQ ESPKCES, OUVRAGE ACCOMPAGNE DE PLANCHES... NOGENNIE Per dE EE AA : e “ \ AAA ca Us ge A0 4 4 LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, RUE HAUTEFEUILLE, JO BIS. 1844, ARR. ; % | 1 À Li “+ g à k N SRE Ai w L' L« “ # D LP RLE SAN it" LT CNT AE CE PR voi an 58: # ; x | « 1 Ci : à à AM CERTA OA du LM goes REA Er ob ten) 1, HE PET OMR Ne Ur Eire, Lait” QE à Fu AVANT-PROPOS. ET 1 DE} Éf EL à ‘ Ge volume de l'Histoire générale des Reptiles est consacré à l’étude de l’ordre très-nombreux des Serpents, et quoiqu'il soit composé de plus de 600 pages , il comprend à peine la cinquième partie des espèces que la science doit reconnaître aujour- d'hui. Afin de remplir les engagements que nous avons contractés en donnant à cetouvrage le titre d'Erri- TOLOGIE GÉNÉRALE ET COMPLÈTE, et d’après le nom- bre prodigieux d’espèces que notre position nous a donné la facilité de pouvoir étudier et comparer sur une immense quantité d'individus, nous nous trouvons dans la nécessité de partager le volume suivant, en deux tomes, que leur pagination per- mettra de faire relier ensemble. Aussitôt que nous aurons publié ce septième vo- lume et presqu'en même temps que paraîtra sa deuxième partie, nous pourrons livrer à l’impres- sion le neuvième ct dernier, car il est compléte- ment rédigé. Il comprendra, ainsi que nous l'avons déjà annoncé, la fin de l’histoire des Batraciens, c’est-à-dire l'ordre entier des Urodéles ; plus, le répertoire général qui donnera l'indication et faci- litera la recherche des genres et des espèces, sorte de catalogue raisonné et méthodique, présentant un court résumé des caractères naturels. Nous y joindrons les suppléments et les tables générales qui ne peuvent paraître que lorsque nous serons parvenus à terminer ce grand ouvrage , qui aura demandé, pour sa rédaction définitive, plus de douze années de nos constantes études sur la plus nom- breuse collection des Reptiles qui existe mainte- nant dans le monde entier. VI AVANT-PROPOS. Lorsqu'il y a quatre ans, nous avons rassemblé les matériaux nécessaires à l'étude et. à la descrip- tion des Reptiles de l’ordre des Serpents, nous en avions réuni environ quatre cents espèces. Cenom- bre pouvait dés lors paraître très-considérable, car dans le bel ouvrage publié en 1837, sous le titre d’Essai sur la physionomie des Serpents , M. Scucecez, de Leyde, n'avait compris dans ses descriptions et reconnu que 263 espèces. Aujour- d’hui , que notre travail est plus avancé , nous en connaissons au moins le double en nombre, car nous ayons pu étudier sur nature au moins 500 es- pèces, d’après un ou plusieurs individus conser- vés dans l’alcool, ou vivants dans nos collections, L'administration du Muséum a bien voulu coopé- rer à nos efforts, en faisant consacrer une partie des fonds destinés à la Ménagerie, pour l’établisse- ment et l’entretien d’un local disposé convenable- ment , dans lequel nous ayons pu réunir un très- grand nombre de Reptiles, afin d'observer leurs mœurs et leurs habitudes. Nous devons à cette heureuse circonstance la facilité que nous avons eue de vérifier et de poursuivre nos études sur cer- tains faits physiologiques, pour distinguer les unes des autres plusieurs espèces très-voisines et pour reconnaître les différences que déterminent souvent chez elles, l’âge, le sexe et les climats divers (1). (1) Pour donner une idée de la richesse de cette ménagerie, qui ne date cependant que de quelques années, nous citerons ici les noms des Serpents que nous avons pu y observer vivants : Pithon molurus, Python Sebæ , Eryx Johnii, Boa constrictor , Boa diviniloqua ; Coluber hippocrepis, Esculapii, elaphis, qua- drivittatus ( de la Caroline), guttatus , florulentus; Coronella .- lævis, Zamenis viridi-flavus; Tropidonotus natrix, viperinus {de France, d'Italie et d'Algérie), bipunctatus , saurita, fas- ciatus ; Psammophis moniliger; Cœlopeltis lacertina : Naja haje ; Vipera berus, aspis, cerastes; Trigonocephalus ater , contor- trix ; Crotalus durissus , horridus, rhombifer, miliaris. AVANT-PROPOS. VIT La collection de Serpenis que possède le Mu- séum s’est considérablement accrue pendant ces dernières années, par suite des nombreux envois et des dons qui ont été faits à cet établissement par les diverses personnes dont nous. nous faisons un devoir de rappeler les noms, en témoignage de no- tre vive reconnaissance. Le savant médecin-chirurgien en chef de l’armée d'Afrique, M. Guyon, a continué de nous adresser les Reptiles de l’ Algérie qu’il a pensé devoir nous in- iéresser, et plusieurs de ces serpents nous sont parvenus vivants. M. DEsHayEs nous a gracieusement offert tous ceux qu'il avait recueillis en ce même pays, durant les trois années qu'il y a demeuré en qualité de membre de la Commission scientifique, et l’un de nos employés au Muséum , M. Alphonse Guicuenor, qui avait fait partie de la même commission pour s'occuper exclusivement de la recherche des Pois- sons et des Reptiles, en a formé et rapporté une belle collection qui renferme plusieurs espèces entiérement nouvelles. M. TaiLLeux, médecin, naturaliste distingué, auquel nous étions déjà redevables de plusieurs espèces fort rares du midi de l'Espagne , nous en a fait parvenir d’autres non moins intéressantes , trouvées par lui-même dans {a régence de Tunis. Pendant que les naturalistes que nous venons de nommer mettaient tous leurs soins à réunir des échantillons dela faune du norddel”’Afrique, deux autres voyageurs, plus aventureux, MM. Perir et QuARTIN-DILLON, qui ont payé de leur vie leur amour pour la science, pénétraient en Abyssinie , d’où leurs laborieuses et irès-importantes récoltes ne sont parvenues au Muséum que pour y recevoir, comme inscription tumulaire, une marque de vil 0 AVANT-PRÔPOS. notre gratitude , malheureusement trop tardive. A peu près à Ja même époque, notre Musée re- cevait, avec beaucoup d’autres animaux , un cer- tain nombre de Reptiles rassemblés dans la Huute- Égypte, la Nubie et le Sennaar , par les soins de l'un de nos compatriotes, M. »’Arvaur, auquel le pacha d'Égypte avait confié le commandement d’une expédition qui avait pour objet la recher- che des sources du Nil blanc. M. Louis Rousseau, aide naturaliste du Mu- séum, s'était rendu à Bourbon pour passer de là à Madagascar; mais des. circonstances indépen- dantes de sa volonté l'ayant empêché d'effectuer ce dernier voyage, il sollicita et obtint de M. Fa- miral baron de Hell, gouverneur de Bourbon , la faveur d’être admis comme passager à bord de la corvette la Prévoyante, qui venait derecevoir l’or- dre de visiter successivement Sainte-Marie de Ma- dagascar , l'ile de Nosse-be, Zanzibar, puis Aden, Mascate, Bombay ; et en dernier lieu les îles Sey- chelles. Pendant ces diverses relâches, M. Rousseau se livrant àses recherches , comme un naturaliste instruit et bon observateur , obtint les plus heureux résultats. L’expétologie lui devra la connaissance de plus de 20 espèces dont l'existence était tout à fait ignorée. _ Les Reptiles recueiilis en Perse par M. Aucuer- ELoy, sont venus augmenter le petit nombre de ceux que nous possédions déjà comme provenant de cette vaste contrée de l'Asie, sur les produc- tions de laquelle il nous reste beaucoup à désirer. Le voyage au pôle sud, entrepris sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée, sous les ordres du célèbre et trop infortuné Dumont d’Urville, a procuré au Muséum un certain nombre de Reptiles d’un très- grand intérêt, grâce au zèle de MM. HomBRON, LE AVANT-PROPOS. IX GuizLou et Jacquinor, médecins de l’expédition, qui oht pu les recueillir pendant les diverses relà- ches de cette longue et fatigante campagne. Nous avons eu également à enregistrer, sur les catalogues des collections confiées à nos soins, un orand nombre d'individus fort rares, ou encore inédits, qui sont dus à la générosité de MM. les officiers de marine, Jaurès et H£RaiL. Les dons faits par ce dernier ne pouvaient être que très-pré- cieux, provenant de Madagascar et de la Nouvelle- Zélande, pays dont les productions zoologiques sont à peine connues. Les Reptiles qui ont été donnés par M. Jaurès, offrent également un grand intérêt. Nous devons même dire que depuis long- temps le Muséum n'avait recu une collection de Reptiles aussi remarquablè, tant par la rareté ou la nouveauté des espèces , que par le grand nombre et la belle conservation des individus qui la com- posaient. Gette collection, particulièrement très- riche en Serpents de mer, a été formée pendant la croisière qu'a faite, dans les mers de la Chine et dans l’Archipel des Philippines, la frégate la Danaé, à bord de laquelle se trouvait M. Jaurès, en qua- lité de commandant en second et pendant l’inter- ruption des relations qui eut lieu entre les Anglais et les Chinois. Des Reptiles du cap Vert, de Buénos-Ayres, du Chili et du Bengale, ont aussi été donnés au Mu- séum, par M. Liauraun, chirurgien-major de la frégate la Danaïde ; M. Népou, autre médecin de la marine royale, a également déposé dans notre collec- tions les Reptiles qu'il avait recueillis en Californie et à la Nouvelle-Zélande; des présents du même genre nous ont été faits par MM. CHALLAYE , AboL- PHE BARRO® et FONTANIER , consuls ou agents con- sulaires en Chine, dans l’Indo-Chine et dans l'Hin- X AVANT-PROPOS. doustan. M. Adolphe Decesserr et M. PERROTET , directeur du jardin botanique, à Pondichéry, nous ont donné, chacun de leur côté, des espèces intéressantes provenant des monts Nilgherries. Nous en avons aussi reçu quelques-unes, prove- nant de Java, par M. Larocne-Lucas, d’autres de Sumatra, par M. Méper, armateur du Hâvre. Notre habile et zélé naturaliste, M. VERREAU, voyageur du Muséum, nous a déjà adressé une magnifique collection erpétologique qu'il a recueil- lie en Tasmanie, et nous attendons beaucoup de lui par suite des recherches auxquelles il se livre maintenant dans la Nouvelle-Hollande. Les collecteurs ne nous ont point manqué en Amérique : par les soins de MM. Harperr et DE- SORMEAUX, nous avons reçu de l’état de Savannah un certain nombre d'espèces qui manquaient au Muséum français. Divers voyageurs ont bien voulu nous céder aussi des collections qu'ils avaient for- mées au Mexique, d'où M. GuuISBREGHT nous à adressé directement quelques petits envois. Grâce à M. Rrerer et à M. Goupor aîné, nous connaissons beaucoup mieux les Reptiles de la Nouvelle-Grenade et du Venezuela, M. BauPErRTaUts nous ayant adressé beaucoup d’espèces de cette ré- gion de la Colombie. D'une autre part les récoltes que M. Alexandre Rousseau avait faites à la Marti- nique nous avaient appris qu'il restait beaucoup à découvrir dans cette ile. La Guyane Française, qui avait déjà fourni tant d'espèces curieuses à notre musée, nous a encore enrichis de plusieurs Reptiles intéressants dont nous sommes redevables à MM. Le PRIEUR et MÉzinon. Nous en avons reçu d’autres du Brésil, par l'entremise de M. Claussen, auquel le Muséum en à fait l’acquisition. AVANT-PROPOS: XI Les nouvelles et riches collections que M. Gay a formées au Chili, et dont il a fait don à notre ca- binet, renfermaient, comme les premières, un rand nombre d'espèces très-rares et encore iné- dites, dont nous aurons soin de lui rapporter la découverte. Un magnifique boa vivant, del’espèce Diviniloqua, nous a été donné par M. ArTHuSs-FLEURY qui l’a- vait rapporté de l’êle de Sainte-Lucie. Le docteur CLor-Bey nous à plusieurs fois envoyé d'Egypte des Reptiles vivants, et entre autres la vipère céraste et le naja haje. Grâce aussi à la générosité de 2 MM. Wicziam Micuez, PorTE et NORMANDIN, notre ménagerie renferme aujourd’hui des individus vi- vants , de quatre espèces bien distinctes du genre crotale ou serpent à sonnettes; le durissus, l’hor- ridus, le rhombifer et le miliaris , ainsi que deux es- pèces de Trigonocéphales, le niger et le contortrix. .M. Emile BLancuarp y à déposé plusieurs indivi- dus vivants de la variété noire d’une couleuvre verte et jaune du genre Zaménis, provenant de la Sicile. Ces nombreux matériaux nouvellement parvenus au Muséum , ne sont pas les seuls dont nous ayons pu disposer ; car divers naturalistes français et étrangers nous en ont procuré d’autres en nous permettant d'étudier, dans leurs collections parti- culières, ou dans celles qui sont confiées à leurs soins , tous les serpents qui pouvaient nous inté- resser. Quelques-uns même ont, comme par le passé, porté l’obligeance jusqu'à nous remettre et à nous envoyer tous les échantillons qui, pour être déterminés avec plus de certitude, demandaient à être comparés avec les individus de notre Musée national. C’est ainsi que M. LerREBoULLEr a bien voulu, sur la demande qui lui a été faite de notre XII AVANT-PROPOS. part, nous faire parvenir presque tous les Ophi- diens du musée de la Faculté des -sciences de Strasbourg, sur la détermination desquels il lui restait quelques incertitudes. MM. Teumnekx et ScaLeGeL ont eu également la bonté de nous con- fier les espèces de Serpents du cabinet de Leyde que nous leur avions désignées. La même bienveillance nous a été montrée de la part de MM. les docteurs anglais BELL et Smirn , pour certaines espèces deleurs propres collections, et par Sir James Mac-Grécor, baronet, pour un assez grand nombre d’Ophidiens appartenant au musée de Fort-Pitt, à Chatam, musée qui se com- pose des récoltes faites par MM. les médecins mili- taires qui résident dans les colonies anglaises. Enfin, nous devons de récents et d'anciens re- merciments à MM. Owen et Gray pour nous avoir mis à même d'étudier, avec toutes les facilités pos- sibles, le premier, les Reptiles du musée du collége des chirurgiens de Londres, le second, ceux du British Museum. Au Muséum d'histoire naturelle , le 10 novembre 1844. HISTOIRE NATURELLE DES REPTILES. LIVRE CINQUIEME. DE L'ORDRE DES SERPENTS OÙ DES OPHIDIENS, CHAPITRE PREMIER. CARACTÈRES DES SERPENTS. HISTORIQUE DE LEUR DISTRI- BUTION EN FAMILLES NATURELLES ET EN GENRES. Jusque dans ces derniers temps, les naturalistes avaient considéré les Serpents comme les seuls et vé- ritables Reptiles ; iis en formaient même une classe tout à fait séparée de celie qu’ils désignaient sous la dé- nomination de Quadrupèdes ovipares. Alors tous les animaux vertébrés ovipares à poumons, de forme al- longée , arrondie et sans pattes, qui rampent sur le ventre, étaient regardés comme des Serpents. Cette classification, si naturelle en apparence, était cepen- dant arbitraire ; elle rapprochait et faisait confondre sous un même nom des animaux analogues , il est vrai, par la conformation apparente, mais dont les habi- tudes, les mœurs , et surtout l’organisation, sont tout à fait distinctes. Il devenait pour lors impossible de REPTILES , TOME VI. I 2 DES RBPTILES OPHIDIENS EN GÉNÉRAL. faire connaître la structure des Ophidiens d'une ma- nière générale , d'indiquer les vrais rapports qu’ils ont réellement et constamment entre eux , et d'établir en quoi ils diffèrent de tous les êtres animés. Aujourd’hui, grâce aux progrès des sciences natu- relles , les limites qui séparent les ordres sont mieux établies. On ne comprend, parmi les Serpents, ou sous la dénomination d'Ophidiens, qu’un certain nom- bre de Reptiles formant une division bien tranchée. Ces animaux sont caractérisés et rapprochés entre eux par un assemblage de particularités qui doivent faire reconnaître et distinguer à l’instant comme un Serpent, l'animal qu’on peut avoir sous les yeux. C'est le but que l’on désire réellement atteindre dans tous les arrangements proposés par nos méthodes, ou à l’aide des divers systèmes de classification. Nous allons exposer d’abord rapidement , d’une ma- nière abrégée et succincte , les caractères de ces ani- maux, tels que les démontre la seule observation ; car ils sont fournis par l'examen successif et comparé des formes extérieures , de la structure évidente, et souvent par la plus grande analozie dans les mœurs. Quoique ces caractères ne soient pas constamment réunis et existants tous à la fois dans chacun des indi- vidus de l’ordre des Serpents, on les y observe au moins en très-grand nombre. De crainte que la concision à laquelle nous avons cru devoir nous astreindre, dans l’énoncé de ces particula- rités notables , ne fasse pas apprécier, de prime abord , l'importance de ces caractères par leur simple énumé- ration , nous aurons soin de développer ensuite le sens que nous attachons à nos expressions. Pour en faire mieux saisir les termes, nous rapprocherons les faits DES REBTILES OPHIDIENS EN GÉNÉRAL. 3 qu'ils indiquent et dénotent comme propres aux Ser- pents, de ceux qu'on peut observer dans les animaux dont ils se rapprochent le plus. En comparant ainsi la conformation , les fonctions et les habitudes dans les trois autres ordres de la même classe des Reptiles, cette mise en parallèle établira d’une manière nette , et dé- montrera au naturaliste la nécessité de placer séparé- ment les Ophidiens dans uneclassification métho:lique, et de faire connaître en même temps le rang qu’ils doi- vent y occuper. A. Caractères naturels tirés de la conformation des Serpents. 1° Corps très-flexible, allongé, étroit, plus ou moins arrondi, consistant seulement en un tronc qui est de 40 à 100 fois plus long que large, sans cou dis- tinct , sans pattes ni nageoires paires. 2° Tête généralement plus courte que la mâchoire inférieure ; toutes les régions de la face mobiles ( ex- cepté chez les Typhlops) , pouvant s’élargir en se rac- courcissant, et s’allonger en se portant en avant. Bran- ches de la mâchoire inférieure non réunies, non sou- dées par une symphyse médiane, pouvant ainsi per- mettre à la bouche de se dilater considérablement. Dents aiguës, distinctes ou séparées entre elles, et ordi- nairement courbées en crochets, fixées sur les deux mächoires (1) et presque toujours sur les os du palais et les ptérigoïdes. Point de paupières ni de tympans ou de conduits auditifs externes apparents. 3° Queue le plus souvent conique , n'étant distincte (1) Les Typhlops font seuls exception : ils n’ont de dents qu'à l'une ou à l'autre mâchoire, 4 DES REPTILES OPHIDIENS EN GÉNÉRAL, du reste du tronc que par sa position au-dessus et au delà de l'orifice transversal du cloaque. 4° Peau presque nue, d’un tissu extensible, adhé- rente aux muscles, protégée quelquefois par des tu- bercules , presque toujours par des écailles minces de formes variables , plus ou moins enchatonnées , au moins à leur base, et recouvertes en totalité par un épiderme caduc d’une seule pièce. Scutelles de la région inférieure du corps généralement plus grandes, servant à la progression. Le plus souvent, un sillon ou pli longitudinal sous la gorge, entre les deux bran- ches de la mâchoire, 5° Mâles ayant des organes copulateurs ou génitaux cachés , mais doubles, et pouvant faire saillie au de- hors; femelles ovipares ou ovovivipares. Point de métamorphoses au dehors de l'œuf. B. Caractères anatomiques ou internes d'après leur organisation. 6° Échinecomposée dans toute sa longueur de pièces toujours très-nombreuses et constamment mobiles. Vertèbres presque généralement semblables entreelles, ayant une concavilé au devant du corps, et en arrière un condyle unique, hémisphérique, enduit de carti- lages et d'une membrane synoviale; toutes ces ver- tèbres ne pouvant être distinguées qu’en costales et en caudales. 7° Tête articulée sur le tronc par un seul condyle occipital convexe, comme celui de toutes les autres . vertèbres. Un os intrà-articulaire libre , très-mobile, qui suit les mouvements des deux branches des mä- choires supérieure et inférieure , et déterminant leurs rapports réciproques. DES REPTILES OPHIDIENS. CARACTÈRES GÉNÉRAUX. 5 8° Côtes très-nombreuses, constamment libres entre elles et à leur extrémité inférieure ; parce qu'il n’y a jamais d’os pectoral intermédiaire ou de véritable ster- num , ce qui fait qu'elles sont toutes beaucoup plus mobiles que celles de tous les autres animaux verté- brés. 9° Langue molle, entièrement charnue, protractile, rentrant dans une gaine ou fourreau sous la gorge, fendue profondément à son extrémité libre et for- mant deux pointes flexibles qui peuvent s’écarter et vibrer lorsque cette langue est en dehors de la bouche. 10° Viscères très-allongés, resserrés, moulés dans une longue cavité abdominale cylindrique. Le plus souvent un seul poumon bien développé , formant une sorte de sac celluleux ou de vessie à parois spongieuses. Une glotte s’ouvrant dans la bouche, au-dessus de l'étui de la langue, et pouvant se porter en avant quand la bouche est ouverte et dilatée. Ouverture du cloaque en fente transversale. C. Caractères physiques ou habituels tirés des parti- cularités des mœurs pendant la vie. 11° Avec des organes de la motilité très-simples , à peu près identiques pour chacune des pièces nom- breuses de leur échine et pour les faisceaux charnus qui s’y fixent ; les Serpents peuvent exécuter où pro- duire tous les mouvements qui étaient nécessaires à leur genre de vie, dont les actes sont étonnamment va- riés. Placés en embuscade sur la terre, dans l’eau ou sur les branches , on les voit rester immobiles pendant des heures et des journées entières. Tantôt ayant leur corps simplement étendu sur le sol dans toute sa lon- 6 DES REPTILES OPHIDIENS. CARACTÈRES GÉNÉRAUX. gueur, ou conservant encore quelques flexuosités laté- rales ; tantôt le tronc, roulé en cercle sur lui-même, formant un disque au centre duquel se trouvent les deux extrémités superposées, la tête au-dessus de la queue. Là, plongeant sous les eaux de la mer, des tor- rents, des rivières et des petits ruisseaux , les Serpents épient les poissons et les autres animaux qu'ils saisis- sent au passage. Ici, d’autresespèces , qui vivent ba- bituellement sur les arbres, enveloppent et serrent fortement dans leurs replis tortueux les branches sous le feuillage desquelles elles trouvent un abri et une relraite cachée qui devient un piége perfide par la con- fiance de leurs victimes trompées ainsi par leur con- stante et permanente immobilité. Enfin, pour indiquer les divers modes de locomo- tion dont sont doués les Ophidiens , nous dirons que la plupart rampent , glissent, s’enroulent , s’entortil- lent en tous sens , s’accrochent , se suspendent , se ba- lancent, grimpent, se dressent en partie sur eux- mêmes , s'élèvent presque verticalement, s’élancent, sautent, bondissent, se débandent comme un ressort; que quelques-uns nagent à la surface, au milieu et au fond des eaux ; que d’autres s’enfouissent sous le sable et pénètrent vivement et sans bruit par les plus petits orifices, en diminuant ou en rétrécissant à volonté le diamètre des diverses parties de leur corps. 12° Généralement peu sensibles, mais surtout im- pressionnables par le froid et la chaleur, les Serpents manifestent la plus grande irritabilité musculaire. Avec ‘ un encéphale peu volumineux et des nerfs cérébraux fort exigus ; leur moelle épinière, énorme par sa lon- gueur, fournit des nerfs vertébraux excessivement nombreux. Quoique leurs quatre sens, qui ont leur DES REPTILES OPHIDIENS. CARACTÈRES GÉNÉRAUX. 7 siége à la tête, l'odorat, la vue, l’ouïe et le goût soient peu développés, ces Reptiles semblent cependant exercer une sorte de charme ou de fascination sur les animaux dont ils veulent se saisir, en leur inspirant une stupeur, une terreur instinctive. 13° Comme les Serpents ne peuvent ni diviser, mi mâcher leur proie , ils sont obligés de la saisir et dela retenir accrochée sur leurs dents aiguës et courbées pour l'empêcher de rétrograder, et finissent par l’avaler ainsi d’une seule pièce, en faisant élarsir ou dilater succes- sivement toutes les régions de la tête, de la gorge et du ventre, dont les diamètres intérieurs ne sont pas calibrés. Quelques genres sont armés de dents perfo- rées, creusées ou canalicalées , au moyen desquelles ils inoculent une humeur venimeuse, et cependant leur victime blessée et empoisonnée peut impunément servir à leur nourriture. 14° La respiration des Ophidiens s'opère par une sorte d'inspiration passive, lente et prolongée, due mécaniquement à la mobilité de leurs côtes , qui peu- vent se mouvoir de devant en arrière, et transversale- ment pour s'éloigner les unes des autres, sur la ligne médiane inférieure. Leur expiration est également lente, mais active : produite par la contraction succes- sive des muscles de toutes les régions du ventre qui compriment un long et vaste poumon dont l'air, expalsé ensortant par la glotte, produit un soufile plus oumoins rapide-ou bruyant , souvent très-faible , rarement s0- nore et aigu comme le son du sifflet ou de la flûte. En général, Vactivité de la vie et des mouvements du Serpent est en rapport avec la lenteur ou la rapidité e la respiration que l'animal peut ralentir ou accélérer a volonté. 8 DES REPTILES OPHIDIENS. CARACTERES GÉNÉRAUX. 15° Quoique les sexes soient toujours distincts et sé- parés , et qu'il y ait entre les deux individus une con- jonction réelle et de longue durée, les organes exté- rieurs du mâle sont plutôt destinés à maintenir les parties sexuelles externes rapprochées , qu’à la trans- mission directe de l'humeur spermatique. Comme ces organes sont doubles et érectiles, qu'ils peuvent ren- trer par le cloaque sous les régions latérales de la queue, cette partie dans les mâles est toujours plus grosse, plus développée. Les femelles sont ovipares ou ovovivipares. Seules , elles sont occupées de la conser- vation de leur progéniture, suivant les circonstances variées de leur ponte et les soins qu’exigent leurs pe- tits dans le premier âge. Les Serpents ne paraissent reproduire leur race qu’une seule fois chaque année. D. Caractères essentiels ou systématiques. 16° Reptiles à corps allongé, arrondi, très-étroit , sans pattes , ni nageoires paires. Point de paupières mobiles, ni de tympans dis- tincts. Mäâchoires dilatables garnies de dents pointues en crochets , séparées entre elles ou non contiguës. Peau coriace, extensible, écailleuse ou granu- euse , recouverte d'un épiderme d’une seule pièce , qui se détache et se reproduit plusieurs fois dans l’année. En développant les détails fournis par ces caractères, il sera maintenant facile de démontrer que les Serpents ou Ophidiens sont véritablement distincts de tous les animaux connus. Comme Reptiles, on ne peut les confondre avec les animaux sans vertèbres, malgré l'apparence de la con- DES REPTILES OPHIDIENS. CARACTERES GÉNÉRAUX. 9 fisuration de quelques grands Annélides ; comme les Lombrics, les Néréides, les Amphinomes ou les Am- phitrites; et la forme allongée de quelques insectes ou de leurs larves, comme les Iules, les Scolopendres ou les Forbicines, ou même de quelques Mollusques , tels que certaines longues Limaces, etc. Les autres classes de vertébrés à poumons , comme les Mammifères et les Oiseaux qui ont des membres articulés et tant d’au- tres particularités spéciales dans leur organisation, ne peuvent être rapprochés des Serpents. Restent donc quelques Poissons et plusieurs Reptiles des autres or- dres, avec lesquels on peut comparer les Ophidiens. Les Poissons serpentiformes , ou à corps cylindrique et allongé, ont constamment des branchies et une tout autre structure appropriée à ce mode de respira- tion , soit à la nécessité de vivre constamment et uni- quement dans l’eau, puisqu'ils n’ont pas de poumons aériens. Tels sont cependant les Cyclostomes, les Syn- gnathes, les A ptérichthes , les Ophichthes, les Muré- nophides , etc. Parmi les Reptiles, il est évident que les espèces qui ont des pattes s’en servent pour changer de lieu , et qu’elles se distinguent par cela même des Serpents. els sont les Chéloniens, qui en ont constamment qua- tre ; puis, parmi les Sauriens , le plus grand nombre des familles et tous les Batraciens anoures. Nous nous bornerons à examiner, dans cette même classe des Reptiles, les seules espèces qui , comme les Serpents, sont privées de pattes , ou qui n’en ont que de faibles rudiments. D'abord, les Glyptodermes , puis les derniers genres des deux familles des Scincoïdiens et des Chalcidiens ; enfin, quelques espèces de Batra- ciens urodèles qui ressemblent aux Anguilles ou aux 10 DES REPSILES OPHIDIENS, CARACTERES GÉNÉRAUX. Serpents par la forme et par les mouvements du corps. F Les Glyptodermes , tels que les Amphisbènes et les autres genres voisins , privés de paupières et de tym- pans , ont tout à fait la forme des Serpents; mais chez eux, tous les os de la face sont réunis et solidement ar- ticulés avec ceux du crâne ; leur mâchoire inférieure courte, ne dépassant pas l’occiput , a ses deux bran- ches soudées entre elles par une symphyse, leur langue n’est pas engaînée ou rentrant dans un fourreau. D'ailleurs , ils n’ont pas le palais denté , circonstance donton ne connaît qu’un seul exemple parmi les Ophi- diens. Parmi les Scincoïdiens, dont le corps est aussi cylin- drique et la queue peu distincte «lu reste du tronc, les genres privés de membres sont les Orvets, les Acon- tias, les Typhlines et même les Hystéropes. Les es- pèces des deux premiers genres ont des paupières mo- biles ; toutes ont les mâchoires courtes, non dilata- bles , le corps entièrement couvert d’écailles entuilées ou placées en recouvrement les unes sur les autres ; leur langue est libre, plate, sans fourreau ; ils n’ont point de dents au palais. Dans la famille des Chalcidiens , dont le corps cylin- drique, avec une queue très-allongée, ressemble à celui des Serpents, nous ne trouvons que le genre Ophisaure, tout à fait privé de pattes; mais il a des paupières et un tympan : nous y comprenons aussi celui des Pseudopes , qui offrent sur les bords du clou- que les rudiments des pattes postérieures. Muis ces deux genres diffèrent des Serpents par leur langue, qui est courte, plate et non engainée, par la disposi- tion des os des mâchoires qui ne permettent pas la di- DES REPTILES OPHIDIENS. CABACTÈRES GÉNÉRAUX. 11 latation de la bouche , et par la présence d’un conduit auditif externe. Parmi les Batraciens, un groupe entier a été long- temps rangé dans l'ordre des Ophidiens, c’est celui des Ophiosomes ou Péromèles. Mais d'abord ces Reptiles n’ont pas de queue, c'est-à-dire, que leur échine ne se prolonge pas au delà de lorifice de leur cloaque, qui est arrondi et non transversal. Cet axe central, auquel aboulissent tous les mouvements du corps, est, ‘ilest vrai, composé également d'un très-grand nombre de vertèbres dans les Cécilies et dans les autres genres voisins ; mais elles ont sur leur corps, ou portion anté- rieure, des cavités concaves devant et derrière, comme on. les observe dans les Poissons. Leur téte.s’articule sur l’échine par deux condyles ; leurs mâchoires sont très-courtes ; les os de l’une et de l’autre sont immo- biles entre eux, ils ne sont pas dilatables en travers, ni protractiles en avant; car il n’y a pas de pièce carrée ou intrà-arliculaire distincte entre les os maxillaires. Viendraient ensuite les Sirènes, les Amphiumes et les Protées ; mais toutes ces espèces à corps allongé et _cylindroïde ont des pattes courtes, informes, ou desru- diments de membres ; leur cou est percé de trous par lesquels sort l’eau qui a servi à leur mode de respira- tion aquatique ; d’ailleurs, toute leur organisation participe complétement de celle des autres Batra- ciens. D'après ces considérations générales , il est évident que les Serpents appartiennent à la classe des Reptiles, puisq u’ils ont une colonne vertébrale, des poumons ; qu'ils proviennent de germes primilivement contenus dans une coque avec un vitellus ; qu'ils n’ont pas de pattes; que leur température est variable et incon- [2 CLASSIFICATIONS DES OPHIDIENS. stante, et qu'enfin , ils n'ont ni poils , ni plumes , mi mamelles. Les Ophidiens sont, on peut le dire, les animaux de leur classe auxquels le nom de Reptiles convient le mieux , de même aussi que la désignation de la partie de la science qui s’en occupe ou de l'Erpétologie ; car les Chéloniens , la plupart des Sauriens et des Batra- ciens ont des membres ou des appendices latéraux ar- ticulés qui servent à leur progression , de sorte qu'on ne peut pas toujours dire qu'ils rampent. ; Enfin, il résulte de cet examen que, dans la série naturelle , les Serpents forment un groupe principal d'animaux qui se lie à plusieurs autres ordres et fa- milles des Reptiles, et même à la classe des Poissons, dont quelques-uns ont aussi la forme et la manière de ramper des Serpents, mais avec des branchies constan- tes ou des organes à la surface desquels l’eau produit sur le sang les phénomènes de la respiration. HISTORIQUE DES CLASSIFICATIONS PRINCIPALES PROPOSÉES POUR L'ORDRE DES SERPENTS. Après avoir établi, comme nous venons de le faire, que les Serpents constituent véritablement un ordre bien distinct, et avant de nous livrer à l’étude plus particulière de l’organisation de ces Reptiles, nous croyons devoir faire connaître les travaux dont ils ont été l’objet. Mais comme, par la suite, nous aurons oc- casion de citer les auteurs qui nous ont appris les par- ticularités de mœurs, d’habitudes, d'organisation et de fonctions de certaines espèces, nous n’indiquerons ici que les ouvrages généraux , et principalement ceux qui sont relatifs à la classification. Nous proposerons bientôt, d’après nos vues particulières, une distribution AUTEURS. ARISTOTE. 19 en familles naturelles et en genres, telle que nous l’ex- posons dans cette partie de notre travail. Cette marche nous donnera la facilité d'indiquer au moins les noms des genres, et nous permettra de les citer quand nous traiterons de l’organisation des Serpents dans le cha- pitre suivant. En exposant l’histoire littéraire, ou en indiquant les ouvrages généraux relatifs aux Reptiles, dans le livre second de cette Erpétologie (1), nous avons déjà eu occasion de citer l’immortel naturaliste dont les écrits renferment les premières notions exactes sur les Serpents ; nous voulons parler d'ARISTOTE. Voici les principaux faits qui ont été introduits par lui dans la science, et qui sont consignés dans son admirable ouvrage sur l’Aistoire des Animaux. Il range les Serpents parmi les animaux qui ont des œufs , des poumons, du sang ; qui vivent sur la terre; qui n'ont pas de pieds, et dont la peau est écailleuse. Il les compare aux Lézards, en supposant, dit-il, à ceux-ci moins de longueur et en leur retranchant les pattes (2). En traitant de leur mouvement, il énonce qu’ils marchent en rampant ou en s’enroulant (3). Les Serpents, dit-il, ont comme les Poissons une échine qui répond à celle des Quadrupèdes ; mais ils n’ont pas entre les chairs de petites arêtes minces et isolées (4). Il parle de leur engourdissement et de leur abstinence (1) Tome Ier, page 226. (2) (Hept Zowv Istopiac. Td B.). To d Toy Ovewv yevos bpLoudy eo, xal Éyet raparhnota yeddv ravra Toy relov «al WoTÜxwV Toi sabpors, el tie pxos émoddous aÜtois, dpédor Tobs Tac. (3) Tà Où épruomxà, Tà dù elAnturo. (4) Ioudv dE Ev vois yOUow, Ére Ev évlous eiot xatà TUTÉOKXA KEY WOLTHLÉVX dadvlie Aénra, Opoios GE xal duc Eye rois IyAüouv, dxavlbôns yap À Éd aUToU Et, 14 CLASSIFICATIONS DES OPHIDIENS. pendant les quatre mois les plus froids de Pannée. Il décrit parfaitement les phénomènes qui se passent à l'époque, ou aux différents temps de la mue, et com- ment l’épiderme se détache en entier, en commencant par la tête, eten se retournant de manière à présenter en creux toutes les saillies et les formes des écailles. Le Serpent, dit-il, sort de sa peau comme le fœtus de ses enveloppes (1). Il avait observé parfaitement la forme allongée des viscères , et en particulier du pou- mon, qu'il décrit comme un sac aérien d’une seule pièce, très-étendu et composé de vésicules aréolaires, fibreuses , spongieuses. Il fait remarquer la position de la trachée artère qui occupe la partie supérieure du lieu où est située la langue , laquelle est fourchue, et peut rentrer et se cacher dans un fourreau (2). Enfin , parmi un grand nombre de faits et d’obser- vations sur la conformation et sur ia structure, qui sont à la vérité disséminées, suivant les circonstances dans lesquelles il a occasion d'en parler, on trouve encore l'indication de diverses particularités sur la fé: condation et les organes génitaux mâles, sur la ponte des œufs qui, le plus ordinairement, sont liés entre eux par une matière qui les réunit comme les perles d’un collier , et sur la génération de la Vipère qui pro- duit, dit-il, un animal vivant, après avoir eu un œuf à l'intérieur (3). ® (1) Merè à voûro, dnd ts xepalnc, xe UP Yap vaivera Tévrwv. Év voxrTl C xl nuepa Tav drodverar eddy Tù yneae, dnd che xEoAMNC pEa- pEvoy péxpr Ts xepxou. Dlvetar sxÔvouEvOU , d Evrdc Exrdc, èxÔUETU ya bonep Tù eubeua Ex Toy xopfwvr (2) Mpoéyetv dE doxet sic YhwrThe à dornpla, à td sur IG TV YAWT- Tav, ka ph pévEU Gorep Tois &Adotc. Éori à À YAwTTE herTh , x paxea, na Etepyetar (Leypt robbw. (3) AA of pèv &X hot woroxousty dpets, à Éyiôva uovoy Luotoket, AUTEURS. ARISTOTE, PLINE, GESNER. 15 Tous ces faits bien observés, ainsi que la plupart de ceux qui sont relatifs aux mœurs, sont d’une par- faite exactitude. Malheureusement les Serpents sont considérés d’une manière trop générale; ils ne sont distingués entre eux que comme étant terrestres ou aquatiques. Cependant , quand Aristote est entraîné par l'indication de quelques particularités de structure, de mœurs ou d’habitudes, il nomme et distingue cer- taines espèces, comme le Céraste, la Vipère, le Dipsas, lAspic. Nous n'avons aucuns détails à ajouter à la courte analyse que nous avons présentée (1) de l'ouvrage .de PLINE sur l’histoire naturelle, il n’a fait que commen- ter , après les avoir empruntés de toutes parts, les fa- bles nombreuses ou les préjugés auxquels les Serpents ont donné lieu. Il n'avait rien observé par lui-même, et nous nous conformons au jugement sévère que Georges Cuvier a porté dans l’article qu'il a consacré à cet auteur, dans le 35° volume de la Biographie universelle. Dans le chapitre que nous avons consacré à l’histoire littéraire de l'Erpétologie, que nous venons dé citer, nous avons fait connaître les auteurs généraux ; mais comme plusieurs ont traité spécialement des Serpents 3 il sera utile de rappeler les travaux de ces derniers. Ainsi, nous revenons sur le grand et principal ou- vrage de Conrad GESNER, qui forme le livre V de son Histoire des Animaux , et a pour titre : De la na ture des Serpents (2). C’est un livre très-savant, comme (1) Voyez dans le premier volume de cette Erpétologie, page 229. (2) Tbid. page 232. Conradi Geswert T'igurini , etc., Historiæ ani- malium lib. NV, quiest de Serpentium naturd ex variis sehedis et col- i6 CLASSIFICATIONS DES OPHIDIENS: toutes ses œuvres; On y trouve, ainsi que lexprime Boerhaave, un homme si profond dans la connaissance de toutes les langues et de presque toutes les sciences, qu'aucun ne lui est comparable (ità ut videatur natura constituisse prodigium in eo homine). Aussi, ajoute- t-il; partout où vous trouverez ses ouvrages à acquérir, faites-en l’emplette, vous en tirerez un grand profit pour vos études ((resneri opera ubique possunt ac- quiri, emantur avide; habebitur certè ex iis undè lucrum fiat in studiis). Son discours préliminaire sur l’histoire générale des Serpents est divisé méthodiquement , comme dans la plupart de ses autres livres, de manière à présenter la synonymie des animaux, qu'on nomme les Serpents, la plus complète, et dans toutes les langues; puis par ses recherches érudites , il donne une idée de leur dis- tribution géographique, pour l’époque à laquelle il écrit, en citant les passages qu'il a empruntés aux au- teurs. Vient ensuite la description des formes et des usages des parties, tant intérieures qu’extérieures dans les Serpents en général ; il traite de leurs habitudes, d’après les relations plus ou moins véridiques des au- teurs; des moyens de saisir les Serpents employés par les différents peuples qui se nourrissent de leur chair ; suit une longue énumération des remèdes médicaux qu'on a cru trouver dans les diverses parties de ces animaux ; l'indication des moyens à employer pour se soustraire à leurs morsures, et l’'énumération des re- mèdes ou médicaments proposés contre le venin des Serpenis; enfin, on trouve de savantes dissertations lectaneis ejusdem compositus per Jacobum Canonuw, etc., in-f° cum Jiguris ligno incisis, dont il y a plusieurs éditions. AUTEURS. GESNER. 17 philologiques sur les allégories, les hiéroglyphes, les proverbes, les emblèmes, auxquels les Serpents ont donné lieu chez les différents peuples. Tout ce travail prouve la plus grande érudition; les faits ysont malheureusement rapportés sans critique; mais ils n’en sont pas moins précieux , surtout pour les savants, qui s'occupent de l'étude des langues. Si les naturalistes y trouvent peu d’observations nouvelles, ils sont mis cependant sur la voie de celles qu’avaient faites les anciens auteurs, et ils sont appelés, par cela même, à les apprécier quand ils en trouvent l’occasion. Après ce traité général, vient l’histoire de chacun des Serpents, dont les noms se succèdent , suivant l'or- dre alphabétique, et d’après une méthode constante. Ainsi, pour chaque espèce, on trouve d’abord tout ce qui est relatif à la nomenclature ou à la synonymie, aux formes, aux habitudes, aux habitations , aux usa- ges; enfin, tout ce qui a rapport à l'existence de l’ani- mal. Comme les noms des’espèces sont indiqués dans la plupart des langues : latine, grecque, italienne, espagnole, française, anglaise, allemande, danoise, hébraïque, arabe, turque, polonaise, elc., cette nomenclature devient très-précieuse. Les noms qui sont en titre de chacun des articles de Gesner sont donc très-importants pour l’histoire de la science; quoiqu'ils n’aient pas été toujours conservés pour désigner par la suite les mêmes espèces de Ser- pents, ilsera curieux de les citer dans le cours de notre ouvrage : c’est pourquoi nousavons cru devoir en pré- senter en note la liste alphabétique (1), parce que nous aurons souvent occasion de les indiquer. (1) Acontias vel jaculus, Ammodytes seu Ammontis. Amphishæna. REPTILES, TOME VI. 2 18 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. Nous n'avons rien à ajouter sur les compilations d'Acprovannr et de Jowsron : ce sont des extraits mal coordonnés de tous les ouvrages qui étaient parvenus à leur connaïssance ; il en est de même de quelques traités spéciaux sur les Serpents, dont les détails ont été empruntés à Aristote, à Pline, à Gesner, et ne sont pour ainsi dire que des commentaires infor- mes, tels que ceux de Lronicexo, de Lainocier et d'Owes, cités dans le troisième chapitre du présent volume. | Il y aurait aussi à indiquer , avant les ouvrages véri- tablement systématiques , dont nous avons l'intention de faire connaître la disposition, un assez grand nom- bre de livres dans lesquels on trouve surtout des repré- sentations assez exactes de beaucoup de Serpents; telle est la physique sacrée de ScuEuzer, que nous avons indiquée à la page 337 du tome I de cette erpétologie. On y trouve les figures fort bien gravées d’un assez grand nombre d'espèces tirées de la collection de Link. Tel est surtout le grand ouvrage de Sépa, ainsi que celui de Caressy, qui contient les figures-et les des- criptions de quelques Serpents de la Floride, que nous avons également cité parmi les auteurs généraux. John RAT est , ainsi que nous l'avons dit (tome I, page 234), le premier naturaliste qui ait essayé d’in- troduire une méthode de classification pour distinguer les Serpents les uns des autres ; mais à cette époque la Anguis. Arges. Aspis. Berus. Boa. Cæcilia seu Typhlops. Cenchris. Cenchrinus. Cerastes. Ceristalis. Cristalis et Sirtalis et Triscalis. Chersydrus. Coluber. Dipsas. Dryinus. Elaps seu Elops. Hemorrhous. Hydrus et Chersydruset Nafrix. Hydra. Miliaris. Myagrus. Orophias. Parea. Pelias. Porphyrus. Præster. Scitale. Situla. Sepedon. Seps. Serpens sacer et Libyæ et rubescens. Spondylis. Taranta. T'yrus, Vipera. AUTEURS. RAI, LINNÉ. 19 science était trop peu avancée pour que l'auteur ait eu des notions exactes sur leur organisation et sur leurs mœurs. Il a été forcé de chercher des moyens de classi- fication dans la couleur des espèces, dans la forme et le volume des œufs, etc., méthode insuffisante et peu naturelle. C’est à LINNÉ véritablement que l’on doit un com- mencement de système qu’il perfectionna successive- ment dans les diverses éditions de ses œuvres, jusqu’à la douzième, qui parut de son vivant. On y trouve l'ordre des Serpents distingué de ceux de la même classe des Reptiles ou Amphibies , comme il les nom- mait; ces Serpents sont divisés et caractérisés comme genres et dénombrés avec des noms d'espèces. Nous n’indiquerons pas les modifications successives que l’auteur avait apportées à sa classification, qu'il a perfectionnée autant qu'il a pu. C'est d’après la der- nière édition de son Système de la Nature , publié par Gueu, en 1788, que nous présenterons l'analyse qui suit : Les ampuiBies sont ou des REPTILES ayant des pieds, ou des sERPENTS qui sont apodes. Voici la traduction des considérations générales et laconiques que l’au- teur a présentées dans ses préliminaires. « Ce qui distingue les Serpents sans pattes des Pois- » sons, ce sont les poumons, les œufs réunis comme » les perles d’un collier, les organes génitaux doubles, hérissés. Leur affinité avec les Lézards est aussi mar- > » quée que celle qui lie les Lézards parles Salamandres » aux Grenouilles, et les limites sont à peine indi- » quées. La nature, conservatrice de ses œuvres, les » ayant jelés nus sur la terre, et privés du secours » des pattes , exposés aux injures de tous ; leur a donné 20 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. ÿ » des armes particulières et horribles ; c’est un poison exécrable , variable suivant les espèces, et le plus venimeux parmi tous les poisons (pessimorum pes- simo). Ge sont des dards semblables à des dents, placés au devant de la mâchoire supérieure, que l'animal peut, à volonté, redresser et cacher; ils sont situés sur une vésicule remplie d’une humeur qui s'introduit dans le sang de la victime par la pi- qure; c’est seulement alors qu’elle produit ses terri- bles effets, car autrement elle n’a pas d'action. C’est ainsi que Rédi a prouvé la justesse de ce dire de Ca- ton : le venin du Serpent est dans sa morsure ; c'est par sa dent qu’il menace de la mort, qui n'arrive pas lorsque l’humeur est avalée (1). Les Serpents ayant leurs mâchoires très-dilatables, libres dans leurs ar- ticulations, et l’œsophage très-large, peuvent avaler, sans la mâcher, une proie deux ou trois fois plus grosse que leur cou. Leurs couleurs varient suivant les saisons, l’âge, le genre de vie; elles viennent aussi à changer par l’action des liqueurs conserva- trices , et le plus souvent elles disparaissent et sont tout autres après la mort. Ces Reptiles rampent par ondulations , à l’aide des plaques ventrales ; ils ont des glandes fétides; au premier printemps, au moins chez nous, ils changent de peau; ils s’en- gourdissent pendant l'hiver, leur croissance indé- finie a lieu pendant l’été : ïis ont une langue étroite, fourchue, filiforme , etc., etc. » Voici les caractères que Linné assigne aux Ser- pents. La respiration pulmonaire, commençant par la (1) Hæc sunt catonia verba : Hæc morsu virus habent et fatum dente minantur-pocula morte carent. AUTEURS. LINNÉ, KLEIN, 21 bouche. Corps arrondi, sans cou, se mouvant par ondulations ; mâchoires dilatables, non articulées, c'est-à-dire non soudées par symphyse; point de pattes, ni nageoires, ni oreilles externes. Les genres indiqués sont au nombre de six; mais pour nous aujourd'hui il n’en reste que trois dans cet ordre, car l’auteur y rangeait les Orvets (Ænguis), les Amphisbènes et les Cécilies. Les trois autres sont les Crotales , les Boas et les Couleuvres. 1. Croraze. Plaques abdominales, des plaques et des écailles sous la queue ; des grelots terminant la queue. 2. Bo. Des plaques entières sous le ventre et sous la queue; pas de grelots. 3. Coureuvre. Plaques sous le ventre , écailles sous la queue. Ce système a malheureusement servi trop long- temps de guide à la plupart des naturalistes qui ont écrit depuis sur les Serpents; il était établi sur des considérations de parties extérieures peu impor- tantes, ainsi qu'on l’a reconnu parles erreurs qu'il a produites ou fait commettre ; c’est ce que nous aurons occasion de prouver en continuant nos études. Le nombre et la forme des plaques du ventre et de la queue ne peuvent pas servir à la détermination des espèces, parce qu'il-y a trop de variations dans ces parties. Déjà en 1755, KLEIN, qui semblait s'être attaché à combattre les vues de Linné et à les critiquer (1), a présenté, dans son livre intitulé: 7'entamen herpe- tologiæ, une autre classification d’après la configura- (1) Voyez tome I de cette Erpétologie, page 238. 22 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. tion de la tèle et de la queue, et surtout d’après la disposition et la forme des dents. C'était une très- heureuse conception, mais malheureusement , à cette époque, on ne pouvait l'appliquer qu’à un très-petit nombre d’espèces. I'e Classe. Serpents qui ont la tête distincte du corps et la queue amincie. 1% Genre. Virère (Kynodon), dents antérieures ou canines très-longues et très-mobiles. Trois sections : 1. Vipères proprement dites. 2 Vipères à sonnettes. 3 Vipères à lunettes. 2° Genre. Virëre D'EAU ( /chthyodon), dents pecti- nées ou espacées et pointues, coniques comme celles du Crocodile. 3° Genre. Coureuvre (Lytaiodon), dents aiguës, courtes et cachées. k* Genre. Axonox ({nodon) , pas de dents aux mä- choires. (Vota. On ne connaît pas de serpent qui soit dans ce cas.) II: Classe. Serpents qui ont la tête confondue avec le reste du corps et dont la queue est obtuse. 5° Genre. Scyrace. Ce sont les Orvets. 6° Genre, AMPHISBÈNE. En 1768, LAURENT, qui n'avait pas eu occasion de voir, ni d'étudier par lui-même les Reptiles étran- gers à l’Autriche , a été obligé, dans son Synopsis rep- tilium , de citer seulement les figures des espèces de Serpents , en renvoyant aux descriptions qu'en avaient faites les naturalistes chez lesquels il avait trouvé quelques renseignements. Il comprenait, ainsi que nous l'avons dit (tome T, AUTEURS. LAURENTI. 23 page 241), les Serpents dans son ordre troisième ; mais comme il les caractérisait par la forme arrondie du corps, dont le cou et la queue restaient confondus dans le tronc, conformation à laquelle il ajoutait la manière de se mouvoir, il y avait rapporté les Chalcides qui ont des pattes trop courtes pour servir à leur translation ; les Gécilies qui ont le corps nu et pas de queue , ainsi que les Amphisbènes et les Orvets ; puis ensuite venaient les Genres : Narrix. À tête aplatie, déprimée, triangulaire, cou- verte de plaques larges, à tronc lisse; luisant, plus étroit près de la tête, et plus épais dans son milieu, dont la queue conique, allongée , est amincie à l’extré- mité. - Céraste. Tête globuleuse, ovale, amincie sur les . côtés , couverte de larges plaques; bouche obtuse, ar- rondie , non prolongée en bas; tronc des Natrix, mais plus robuste et plus ramassé ; queue épaisse, courte, un peu obtuse. Corowecze. Dessus de la tête entièrement couvert de grandes plaques , dont une plus large sur le front entre les yeux ; côtés de la tête et de l’occiput couverts - d’écailles imbriquées ; corps comme aux Natrix et au Céraste. . Boa. Front convexe , imbriqué ; museau déprimé, arrondi, aplati, couvert de plaques en avant; yeux situés sur les côtés de la base du museau, et entourés de plaques disposées en rayons ; lèvre supérieure tron- quée, échancrée, marquée d’une sorte de ligne exca- vée comme par degrés d’escalier. Des à lignes transver- sales ondulées, comme interrompues, ainsi que les veines d’un marbre ; des points alternes à la partie an- térieure ; flancs sans taches. Habitation sur les arbres. 24 © CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. Drpsane. Tête large, grande , aplatie , en cœur , cou- verte de plaques ; cou étroit ; tronc beaucoup plus étroit que la tête, comprimé , très-long et couvert partout en dessous , de plaques transversales entières ; queue cy- lindrique et imbriquée de toutes parts. Nasa. Tête couverte de plaques, bouche tronquée; partie antérieure du corps entre la 6° et la 12° plaque du ventre considérablement gonflée, et en forme de disque avec une grande tache blanche diaphane en dessus, bordée de noir, et imitant en quelque sorte une paire de lunettes ou une portelette d’agrafe. Crorare ( Caudisona). Des enveloppes de corne mo- biles , articulées à l'extrémité de la queue, gonflées , arides, sonoresetondulées,duresetcreusesà l’intérieur, produisant lorsqu'elles sont agitées, un bruit particu- lier; ces anneaux augmentent en nombre chaque année, etindiquent ainsi l’âge du Serpent, dont la tête se rap- proche de celle des Couleuvres, mais plus voütée. Coureuvre (Coluber). Tête aplatie, triangulaire, plus large, et postérieurement déprimée, comprimée sur les bords, faisant paraître ainsi la mâchoire supé- rieure anguleuse ; partie antérieure du front entre les narines et les yeux, couverte de plaques, dont trois plus larges entre les yeux , tout le reste de la tête cou- vert d'écailles imbriquées ; yeux situés sur les côtés sous un sourcil saillant. (Ce sont des Vipères et des Trigonocéphales.) Virire. Tête, tronc et aspect des Couleuvres ; des- sus de la tête garni de petites écailles imbriquées ; yeux situés sur les côtés sous un sourcil saillant. Cora. Tête couverte d’écailles imbriquées; yeux situés sur la région supérieure du front ; écailles du dos carénées, lâches , mobiles et caduques. AUTEURS. LAURENTI, SCOPOLI » LACÉPEDE. 25 Asric. Tête convexe, comme bossue, couverte de pelites écailles imbriquées; yeux situés en dessus ; corps lisse revêtu d’écailles planes, non carénées. Consrricreur. Tête trés-lisse, couverte de petites écailles serrées ; front saillant divisé au milieu par un sillon. Yeux grands à orbites saillantes et voutées ; museau rétréci; narines rapprochées, prolongées, ovales, semblables au museau d’un chien de chasse. Queue obtuse, très-courte. Lance Queue (Laticauda). Queue comprimée, à deux faces, allant en augmentant de hauteur, avec trois sillons de chaque côté. Ainsi Laurenti a partagé les vrais Serpents en treize genres ; mais, nous le répétons, il est à regretter que ce naturaliste ait été obligé de recourir aux ouvrages à figures , et qu'il n’ait pu observer par lui-même, car il avait saisi, avec un véritable bonheur, beaucoup de traits caractéristiques, mais qui n’appartiennent qu'à quelques espèces en particulier, et non à toutes celles du même genre. SCOPOLI qui a publié en 1779 son introduction à l’histoire naturelle, ouvrage écrit en latin et remarqua- ble pour l’ordre, la concision et la simplicité de sa ré- daction , n’a pas eu non plus occasion d'étudier par lui-même l’ordre des Serpents : quoiqu'il en ait pré- senté les caractères d’une manière assez originale, et avec des expressions très-pittoresques, cependant, par le fait, il n’a admis que les genres établis par Linné. En 1790 parurent les deux volumes de LACÉPÈDE, sur l’histoire naturelle des Serpents. A cette époque, la science était peu avancée, ila donc fallu que l'au- teur se soit livré à beaucoup de recherches pour pro- duire le travail dont nous allons indiquer la distribu- 26 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. tion. L'ouvrage commence par un discours préliminaire sur la nature des Serpents , extrémement remarquable par la pureté de la diction et le brillant du style, par des détails exacts et savants exprimés avec élégance. Sans s’astreindre à une méthode didactique, l'historien de ces animaux les a décrits de la manière la plus propre à inspirer un grand intérêt. Les observations les plus curieuses s’y trouvent insérées, de telle sorte que toutes les particularités de l'existence de ces rep- tiles sont passées successivement en revue. Il peint la nature et la diversité de leurs mouvements, il les com- pare aux Lézards et aux Poissons , puis il les examine au dehors, en étudiant la nature de leurs téguments, si variés par la forme des écailles, suivant leurs di- verses régions, et si différentes par les teintes de leurs couleurs ; il fait connaître la structure intérieure de leurs organes du mouvement, d’après la forme des ver- tèbres et des côtes , la disposition de leurs viscères et des organes destinés à la circulation , à la respiration, et aux divers actes dela vie qu’ils exercent. Il termine par l'examen de leur mode de propagation. Ce premier discours est suivi d’un autre dans lequel l’auteur traite de la nomenclature , et expose l’arran- gement méthodique qu’il a suivi dans l'étude particu- lière de cet ordre de Serpents, qu’il distribue en huit genres, mais dont il faut supprimer, comme nous l'avons vu, ceux des Ænguis ou Orvets et ceux des Amphisbènes et des Cécilies. L'auteur a présenté dans une table méthodique les caractères des genres et des espèces. C’est un très-erand tableau à plusieurs colonnes, où l’on trouve successi- vement : 1° le nom français et latin de chaque espèce; 2° le nombre des plaques du ventre et de la queue; AUTEURS. LACÉPEDE. 27 3° la longueur totale du corps et de ses régions ; 4° l'ab- sence ou la présence des crochets à venin ; 5° la forme des écailles de la tête et du dos; 6° enfin les caractères tirés de la couleur et des traits particuliers de la con- formation extérieure. \ Les gravures sont médiocres et malheureusement, depuis cette époque , elles ont été trop souvent co- piées ou reproduites sous tous les formats. Les Serpents, d’après la définition de Lacépède, sont des reptiles ovipares sans pieds et sans nageoires ; ce qui les distingue des quadrupèdes ovipares avec ou sans queue, et des Bipèdes ovipares. Le premier genre est celui des Couzeuvres qui ont de grandes plaques sous le corps et deux rangées de petites plaques sous la queue ; il y inscrit 154 espèces , mais il y a beaucoup de confusion et de doubles emplois. Le second genre est celui dés Boas caractérisé par la présence de grandes plaques sous le tronc et sous la queue. 11 espèces y sont inscrites. Le troisième genre comprend les SERPENTS À SONNET- res (Crotalus), qui ont le ventre couvert de grandes plaques, et la queue terminée par une grande gaine écailleuse , ou par de grandes pièces articulées les unes dans les autres , mobiles et bruyantes. 5 espèces. _ Le quatrième genre, sous le nom d’Axeuis, com- prend des Serpents fort différents les uns des autres, mais ainsi réunis parce que les écailles du dessous du corps et de la queue sont semblables à celles du dos. 15 espèces. Le cinquième genre comprend les Amrissènes, dont le corps et la queue sont entourés d’anneaux écailleux 2 espèces. Le sixième genre est celui des Céaes, dont le 25 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. corps présente une rangée longitudinale de plis. Deux espèces. Le septième genre ne comprend qu’une seule espèce, c'est le LanGaa, dont le dessous du corps présente vers la tête de grandes plaques, et vers l’anus des an- neaux écailleux; l'extrémité de la queue est garnie par-dessous de très-petites écailles. Le huitième genre est l’'AcrocnonpE de Java, espèce unique aussi, dont tout le dessus du corps et de la queue est couvert de petits tubercules. Lacépède a fait connaître depuis plusieurs Ser- pents qui ne peuvent se rapporter à aucun de ces genres. Ils ont été décrits par lui successivement sous les noms d’Erpéron, Léiosécame, Disretre et ‘Trimé- RÉSURE, principalement dans les mémoires du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Dans l’essai sur la classification naturelle des Rep- tiles, publié en 1805 par M. Alex. BRONGNIART , avec le 1” volume des Mémoires des savants étrangers de l’Institut, le troisième ordre, ou celui des Ophidiens, se trouve ainsi caractérisé: point de pattes, corps allongé, cylindrique. Presque tous ont une peau cou- verte d’écailles ; leur col n’est pas distinct ; leur tête est petite, en comparaison du corps; leurs os sont moins solides que ceux des Chéloniens; leurs ver- tébres nombreuses portent des côtes également nom- breuses, longues, arquées qui se recourbent sur la poitrine. Il n’y a pas de sternum. Les deux mâchoires ont leurs branches mobiles , mais l’inférieure, plus mo- bile , est fréquemment composée de deux tiges qui ne sont pas soudées antérieurement. Ces mâchoires sent armées de dents nombreuses , aiguës, assez longues, dont la pointe est ordinairement dirigée en arrière. Il AUTEURS. BRONGNIART, DAUDIN. 20 n’y a pas de vessie urinaire. La trachée artère est com- posée d’anneaux cartilagineux. Le cœur n’a qu’une seule oreillette. Ils s’accouplent , la verge du mâle est double; la femelle pond à terre des œufs composés d’un jaune enveloppé dans une coque calcaire et molle. Ils vivent à terre dans les lieux exposés au soleil. M. Brongniart n'établit pas de genres nouveaux dans cet ordre; il y comprend les Orvets et les 4m- phisbènes, par lesquels il commence cette énuméra- tion, qu'il termine par le genre Cécilie. Les quatre autres genres sont les Crotales , les Vipères, les Cou- leuvres et les Devins ou Boas. Nous ne parlons pas ici du premier travail de La- TREILLE, sur les Serpents, qui a été inséré dans la petite édition du Buffon, publiée sous format in-18, par Déterville. Dans cet ouvrage, l’auteur avait suivi à peu près les divisions de Lacépède. Nous aurons bien- tôt occasion de faire connaître celles qu’il a proposées en 1823, dans le livre auquel il a donné pour titre: Familles naturelles du règne animal. DAUDIN, qui publiait en 1803 l’histoire des Rep- tiles dans l'édition in-8°, dite de Dufart, consacra les 5°, 6° et 7° volumes à l’ordre des Serpents ou Ophidiens : c'est l'ouvrage qui a le plus contribué à l’avancement de cette branche de la zoologie; malheureusement auteur n’a pas eu à cette époque les facilités qui lui avaient été accordées, pour les autres parties de l’er- pétologie; il n’a pu étudier sur nature les Serpents conservés au muséum de Paris. Lacépède se proposait alors un travail que, plus tard, ses nombreuses occu- pations ne lui ont pas permis de rédiger. Les ouvrages de Merrem, de Russel et de Schneider ont été très- utiles à Daudin, comme il se fait un devoir de le re- 30 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. connaître. Voici l'analyse de la partie méthodique ou systématique de son livre. Les Ornivrens (Serpentes) ont pour caractères : peau couverte d’écailles ou de plaques , ou nue terminéepar une queue et anguilliforme ; des gencives recouvrant des mâchoires munies de dents pointues et enchäs- sées; pas de pieds, ni de sternum ; petits ne subissant aucune métamorphose. L'auteur y range 21 genres, et en outre il y com- prend les Orvets , les Ophisaures, les Amphisbènes, les Cécilies. Voici comment il désigne et caractérise les autres dans le tableau qu’il nomme synoptique , mais qui n’est point analytique, ni dichotomique. Le voici tel qu’on le trouve à la tête du cinquième volume de son histoire des Reptiles. 1. Boa. Plaques entières sous le corps et la queue, qui est cylindrique ; anus simple, muni de chaque côté d’un ergot ; langue longue , extensible et four- chue ; pas de crochets venimeux, 18 espèces décrites. 2. Python. Plaques entières sous le ventre et la queue; celle-ci est munie quelquefois de doubles pla- ques et cylindrique ; anus bordé d’écailles, et muni d’un double ergot ; pas de crochets venimeux. 5 es- pèces. 8. Coralle.Plaques entières sous le corps et la queue, qui est cylindrique; des doubles plaques sous le cou ; anus simple muni de chaque côté d’un ergot ; pas de crochets venimeux. { espèce. k. Bongare. Plaques entières sous le corps et la queue, qui est cylindrique et munie vers son milieu de doubles plaques; anus simple, sans ergots, une rangée longitudinale de grandes écailles sur le dos; des crochets venimeux. 2 espèces. AUTEURS. DAUDIN: 3 5. Hurriah. Des plaques entières sous le corps et la queue, qui est cylindrique et garnie à son extrémité de doubles plaques ; anus simple, sans ergots, pas de ercchets venimeux. 3 espèces. 6. Acanthophis. Plaques entières sous le corps et le devant de la queue, des doubles plaques sous son extrémité, qui est cylindrique et terminée par un er- got; anus simple, sans ergots, pas de crochets veni- meux. Une seule espèce. 7. Crotale. Des plaques entières sous le corps et la queue, qui est cylindrique et terminée par des grelots mobiles et sonores. Anus simple, sans ergots. Des cro- chets venimeux. 7 espèces. 8. Scytale. Plaques entières sous le corps et la queue, qui est cylindrique. Anus simple et sans ergots. Des crochets venimeux. 5 espèces. 9. Lachésis. Plaques entières sous le corps et la queue , qui est cylindrique et terminée par plusieurs rangs d’écailles pointues. Anus simple et sans ergots. Des crochets venimeux. 2 espèces. 10. Cenchris. Plaques entières sous le corps et la queue, qui est munie de doubles plaques en avant et qui est ronde. Anus simple et sans ergots. Des cro- chets venimeux. Une seule espèce. 11. J'ipère. Des plaques entières sous le corps ; des doubles plaques sous la queue, qui est cylindrique. Anus simple et sans ergots. Des crochets venimeux. 54 espèces. 12. Couleuvre. Plaques entières sous le ventre. Des doubles plaques sous une queue arrondie, conique. Anus simple et sans ergots. Pas de crochets venimeux. 168 espèces. | 13. Plature. Plaques entières sous le corps; des 32 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. doubles plaques sous la queue, qui est très-déprimée. Anus simple, sans ergots. Des crochets venimeux. 2 espèces. 14. Enhydre. Plaques entières sous le ventre, des doubles plaques sous la queue, quiest très-comprimée. Anus simple , sans ergots. Pas de crochets venimeux. 5 espèces. 15. Langaha. Plaques entières sous la partie anté- rieure du corps et des anneaux écailleux vers l'anus, qui est simple et sans ergots. Des écailles sous la queue, qui est cylindrique, Des crochets venimeux. Une seule espèce. 16. Erpéton. Une rangée longitudinale d’écailles plus larges sous le corps ; de petites écailles sous la queue, qui est cylindrique. Anus simple, sans ergots. Langue épaisse , adhérente (1). Pas de crochets veni- meux. 1 espèce. 1H Enix: Écailles sur toute la peau , une rangée de plus larges sous le corps, et la queue ronde. Anus sim- ple, sans ergots. Langue courte, épaisse, échancrée. Pas de crochets venimeux. 11 espèces. 48. Clothonie. Écailles sur toute la peau ; une ran- gée longitudinale d’écailles plus larges sous le corps et la queue, qui est cylindrique. Anus simple et sans er- gots. Langue courte, épaisse, échancrée. Crochets ve- nimeux. 2 espèces. 19. Pélamide. Écailles sur le corps et la queue, qui est déprimée ; anus simple et sans ergots. Langue (1) Nous avons laissé en caractères italiques cette indication de la langue, qui est tout à fait fautive de la part de l'auteur ; car aucun de ces Serpents n’a la langue semblable à celle des Sauriens des dernières familles. T AUTEURS. DUMÉRIL. 33 courte, épaisse, échancrée. Pas de crochets venimeux, 3 espèces. 20. Acrochorde. Tubercules écailleux, écartés, cou- vrant tout le corps et la queue qui est cylindrique. Anus simple et sans ergots. Langue courte, épaisse, échancrée. Pas de crochets venimeux. 1 espèce. 21. Hydrophide. Écailles recouvrant le corps et la queue, qui est très-déprimée. Anus simple et sans ergots. Langue courte, épaisse, échancrée. Des cro- chets venimeux. 6 espèces. DUMÉRIL. Lorsque nous avons publié, en 1805, l'ouvrage qui a pour titre Zoologie analytique, nous avions proposé, pour la classification des genres de Serpents qui nous étaient connus, une méthode qui nous paraissait alors fort naturelle, parce que ces ani- maux navaient pas encore été le sujet d’un grand nombre de recherches. Nous les avions partagés en deux familles, d’après la forme et la disposition des écailles. C’était un essai qui satisfaisait alors à l’état de la science ; mais il s’en faut de beaucoup qu'il lui convienne aujourd'hui , et si nous introduisons ainsi nos premiers travaux, c'est sous le point de vue histo- rique. En 1819, Hip. Cloquet a iutroduit, dans le tome XV, page 238 du Dictionnaire des sciences naturelles, ce mode d’arrangement dans l’articie Erpé- tologie, qu'il a rédigé d’après les notes que nous lui avions remises. Nous rapportons ici ces dates parce que depuis nous avons abandonné dans nos leçons publiques ce moyen d’abord employé pour la classifi- cation , tiré de la forme des écailles, et qu’on n’a pro- bablement pas été instruit de cette circonstance, puis- qu'onne l’a pas indiquée, dansles ouvrages qui ont paru depuis. Nous laissions alors dans le premier tableau REPTILES, TOME VI. 3 34 €LASSIFICATION DES OPHIDIENS. analytique les deux genres Cécilie et Amphisbène , ainsi que ceux des Orvets et des Ophisaures ; nous les en avons successivement retirés, puisque ce ne sont pas des Serpents. Maintenant nous avons tout à fait abandonné cet ar- rangement systématique, qui n'est plus en rapport avec les connaissances acquises. Nous avons procédé, dans la méthode que nous suivons dans Île présent ouvrage , d’après des considérations bien plus impor- tantes , et qui sont mieux d'accord avec les mœurs et les habitudes de ces animaux, puisqu'elles indiquent, d’après l'examen de la structure , des circonstances im- portantes qui influent sur le Lee de vie etsur le choix des lieux dans lesquels les espèces doivent faire leur séjour le plus ordinaire. Cependant, en nous faisant les historiens de la science , nous avons cru devoir reproduire , sous une forme abrégée et analytique, la distribution que nous avions adoptée. Ainsi, nous partagions les Ophidiens en omodermes qui ont la peau également écailleuse sous le ventre et sous la queue : ces Serpents sont en général de petite taille, et les animaux vivants dont ils se nourrissent doivent être, pour’ainsi dire, cali- brés sur la capacité de leur bouche étroite, dont les dents ne sont pas conformées de manière à diviser la proie. Les Âétérodermes, au contraire, ont toujours de très-grandes plaques sous le ventre et sous la queue , «et leur bouche est très-large, ou du moins très-dilatable en travers. * Voici la copie des deux tableaux que nous avions in- sérés aux pages 87 et 89 de la Zoologie analytique. AUTEURS. DUMÉRIL, OPPEL. 35 I. HOMODERMES, lisses MON TyPaLops. M écailles presque égales : queue tuberculeuses, AcROCnORDE. 1 A écailles { comprimée en rame. , . .. . Hypropuis,' hexagonales : un peu plus grandes sous le ventre. . . Rourgau. il. HÉTÉRODERMES. a grelots : crochets à venin. . . CRoTALE. simples : queue sans grelots, ni dents à venin, . Boa. larges, et à la queue doubles. . . . . TRIGONOCEPHALE, venimeuses : narines Lu HU CIOVIPERE: doubles: - dents hexagonales. . . . . BonGarE. non venimeuses : écailles dorsales ) égales : comprimée. PLATURE. al À plaques du ventre conique, . . COouLEUvRE. 4 Là a deux tentacules, , . . , ERPÉTON. aussi hautes que larges : museau arrondi, simple. . . . . . Ényx. Quoique les premiers ouvrages de Merrem, de Latreille et de Guvier aient paru avant celui d'Oppel, nous allons d’abord faire connaître la classification proposée par ce dernier auteur, parce que d'autres travaux des trois premiers auteurs nommés , sont ve- nus ultérieurement remplacer ceux qu'ils avaient pu- bliés précédemment et qu'ils ont à leur tour profité de l'ouvrage que nous allons analyser pour la portion qui concerne l’ordre des Ophidrens. En 1811, Michel OPPEL publia à Munich, comme “$ T El œ D ü D = 2 vo =# = d an 36 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. nous l’avons déjà dit tome 1°, page 259, le grand Mé- moire qui a pour titre en allemand, sur les Ordres, les Familles et les Genres de Reptiles. Il place dans un même ordre sous le nom de Reptiles écailleux, les Lé- zards et les Serpents comme formant deux sous-ordres, les Sauriens et les Ophidiens, et tous les deux sont di- visés par Familles. Il y en a sept parmi les derniers. Voici le tableau synoptique qu’il en donne en latin : cum corpore clavatä. . . . , . A. ANGUIFORMES. | compressä , dilalatä. . 20 CAHYDRT. corpore inter oculos et nares. . E. CRoTArINI. à venenifera : tenuiore apertura P nulles eee COUV IP ERINT: rotundatä, attenuatä : . CoxsTRICTORES. tela } nulla : squamæ dorsalibus calcaria nulla: æquales. . D. Pseupo-vipena! caudæ jscuta dorsalibus { majora. . . G. CoLusrini, Viennent ensuite autant de petits tableaux synopti- ques qui indiquent les caractères essentiels de cha- cune des Familles et des Genres qu’ils comprennent. Ces caractères sont principalement empruntés aux formes et à la disposition des écailles et des plaques dorsales , abdominales et caudales. A. Parmi les Anguiformes , sont rangés les genres Amphisbène, Typhlops et Tortrix. B. Les Constric- teurs comprennent les Eryx, Boa. G. Les Hydres; Les genres Æ/ydrophide et Plature. D. Les Pseudo-Vi- pères réunissent les genres Æcrochorde, Erpéton. E. Les Crotalins sont les Crotales, Trigonocéphales. F. Les Vipérins. Le genre Vipère est celui des Pseudo- AUTEURS. MERREM. 37 Boas. G. Les Colubrins. Les genres Bongare, Cou- leuvre. En tout, 15 genres. MERREM , en 1820 , publia la seconde édition de son Essar sur un système des Amphibies. C'est le pre- mier auteur qui ait eu véritablement l’idée de séparer les Orvets, ainsi que les genres voisins , des véritables Serpents, et voici les caractères qu'il assigne à ces der- niers. Corps privé de pattes, de sternum, de bassin et d’épaules. Un seul condyle occipital à trois facettes. Pas de vertèbres au cou, de 50 à 300 au dos, ni lom- baires , ni sacrées. Un seul poumon, maïs le plus sou- vent avec les rudiments d’un second. Langue fendue, allongeable. Oreilles cachées'sans tympan. Canauxlse- mi-circulaires membraneux. Yeux couverts par la peau, sans paupières ni membrane nyctitante. Nous allons indiquer les noms des genres qu'il a adoptés en repro- duisant les courts caractères essentiels qu’il leur as- signe. 1. Tortrix. Éperons au cloaque. Tête peu distincte. 2. Eryx. Des éperons. Tête distincte. Queue obtuse. . 3. Boa. Des éperons. Tête distincte. Queue poin- tue, garnie en-dessous de plaques entières. k. Python. Des éperons. Queue garnie de plaques toutes doubles ou en partie. 5. Scytale. Pas d’éperons. Écailles du dos sembla- bles. Plaques entières sous la queue. 6. Bongare. Des Écussons sur la carène du dos et sous la queue. 7. Wipère. Pas d’éperons. Tête écailleuse. Point d’enfoncement au devant des yeux. Plaques sous le ventre. Echis. Écussons entiers sous la queue. Echidna. Des demi-écussons sous la queue. 38 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. 8. Cophias. Un enfoncement au devant de l'œil. Queue pointue. 9. Crotale. Queue terminée par des grelots de cône : 10. Pelias. Un Écusson sur le vertex entouré de plaques. Front écussonné. 11. Langaha. Queue en partie écailleuse, en-partie écussonnée. 12. Acrochorde. Tête et corps tuberculeux. Queue ronde. 13. Rhinopire. Pas d’éperons. Abdomen couvert de plaques. Queue ronde , écailleuse en dessous. 1%. Couleuvre. Pas d’éperons. Tête à plaques. Ou- verture de la bouche large , descendante aux commis- sures, Cou non extensible. Queue garnie en dessous de demi-plaques en tout ou en partie, droite et conique ; point de dents venimeuses. 15. lurria. Plaques entières en grande partie sous la queue. 46. Natrix. Tout le dessous de la queue à demi- plaques. Une plaque rostrale convexe, solide. 17. Dryinus. Bec pointu, mobile. Deux plaques rostrales , une fléchie, l’autre dressée. 18. Sepedon. Point d’éperons. Tête à écussons. Commissures de la bouche relevées. Cou non extensi- ble. Queue pointue, conique, g garnie de demi-plaques en dessous. Des dents venimeuses. 19. Ophryas. Plaques surciliaires , saillantes. Bout de la queue en crochet. 20. Naja. Région du cou expansible. 21. Elaps. Ouverture de la bouche petite, étroite. Des demi-plaques sous toute la queue. 99. Trimérésure. Les écailles du sommet du dos plus étroites que toutes les autres. AUTEURS. MERREM ; LATREILLE. 39 23. Plature. Queue comprimée. Plaques du ventre larges. 24. Hydre. Queue comprimée. Abdomen couvert d’écailles ou de petites plaques étroites. 95. Enydre. Abdomen à grandes plaques. 26. Pelamys. Abdomen écailleux. Tête écussonnée. 27. Chersydre. Abdomen et Tête couverts d’écailles. 28. Typhlops. Corps à écailles imbriquées. 29. ÆAmphisbène. Corps à anneaux. Ces deux derniers genres forment une division par- ticulière parmi les Serpents, parce qu'ils ont les os de la mâchoire supérieure non mobiles. Ils constituent le sous-ordre des 7yphlini, par opposition aux autres qui ont les mâchoires supérieure et inférieure très-di- latables, chez lesquels par conséquent la bouche est assez large pour avaler des proies de grandes dimen- sions et que Merrem appelle Goulus, Glutones. Il est à regretter que l’auteur n'ait pu faire ses clas- sifications et établir ses caractères que d’après les li- vres ; il n’a pas eu les animaux sous les yeux : c’est ce qui lui a fait commettre beaucoup d'erreurs, telles que celles de placer parmi les Serpents non venimeux des espèces qui ont des crochets, et d'adopter trop facilement les genres établis par d’autres, ainsi que nous le verrons par la suite. En 1895, LATREILLE (1), dans l'ouvrage auquel il a donné pour titre : Familles naturelles du règne animal, range les Serpents, ainsi que tous les autres Reptiles, dans la division qu’il nomme la Seconde race des animaux vertébrés à sang froid, les Hémacaymrs, (1) Voyez ce que nous avons dit des premières publications de cet auteur, tome 1% du présent ouvrage, page 247. 4o CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. dont fait partie la section des pulmonés écailleux, qu'il partage en cinq familles : — 1. Les /diophides amphisbéniens , tels que les Amphisbènes et les Ty- phlops. — 2. Les Cylindriques , comme le genre Rou- leau — 3. Les Colubériens ; il y rapporte les Acro- chordes, les Boas, Éryx, Erpéton ; les Pythons, Hurria, CouleuvreetDipsas.—4.Les Anguivipères ; c'est là que se trouvent indiqués les Bongares, les Trimésérures , Hydrophis, Pélamides, Cüersydres. — 5. Les Vipé- rides . comme les Crotales, Scytales, Acanthophis, Langaba , Trigonocéphale, Cobra, Vipère, Plature, Naja, Elaps. Il est évident que Latreille ne connaissait pas ces animaux dont il a pris quelques indications dans les livres. En 1826, lorsque M. FITZINGER fit connaître à Vienne sa nouvelle classification des Reptiles en alle- mand, celle dont nousavons présenté l'analyse générale, tome 1°, pag. 276 et suivantes, il avait déjà été publié beaucoup d'ouvrages importants ou de mémoires cu- rieux dont l’auteur avait pu profiter. Nous citerons en particulier ceux de Boïé, de Kubhl, du prince de Neuwied , de Spix ou plutôt de Wagler. Aussi retrou- vons-nous de grandes améliorations dans la classifi- cation proposée par l’auteur que nous cherchons à faire connaître pour cet ordre des Ophidiens. Iles range , d’après le professeur Leuckart, dans le premier ordre des Monopnés , et, comme Oppel, dans la troisième tribu, celle des écailleux, avec tous les Sauriens ; mais ils forment six familles, qui toutes ont la mâchoire inférieure composée de deux branches distinctes, séparables et la langue longue, exertile. Les uns n’ont pas de dents venimeuses à la mâchoire supérieure , tandis qu'il en existe chez les autres. AUTEURS. FITZINGER. 4x Dans la première division , celle qui comprend les Serpents qui n’ont pas de dents à venin , est inscrite d'abord la famille des Izysroïnes, qui diffère de presque tous par la soudure entre elles et avec les os du crâne de toutes les pièces de la mâchoire supérieure, comme dansles Orvets; mais dont les branches maxillaires in- férieures sont séparables, et chez lesquels la région inférieure du ventre est garnie de petits écussons. Elle ne comprend que le genre des Rouleaux ou Tortrix que l’auteur nomme //ysia, d'après Hemprich. La seconde famille est celle des Pyrowoïpes, carac- térisée en outre par la présence d’éperons (Calcaria) sur les bords du cloaque et par la mobilité des deux mâchoires comme toutes les familles qui suivent. Là sont inscrits les genres Érix, Boa, Xiphosoma et Py- thon. La troisième famille, celle des Cozusroïpes , est des plus nombreuses ; car elle comprend trente genres. Ce sont ceux dont les espèces ont les deux mâchoires également mobiles , la langue longue, exertile , pasde dents venimeuses , ni d’éperons à l’anus. Un tableau synoptique sert à la détermination des genres : en voici une analyse. Quatre premiers genres se distin- guent de tous les autres, parce que leur abdomen n’est pas garni en dessous de très-srandes plaques. Les uns ont simplement des tubercules et la queue non com- primée, comme les Æcrochordes (1), ou avec la queue comprimée , les Pélamides (2) ; les deux autres genres ont de petites plaques ventrales; ce sont les Ærpé- tons (3), qui n’ont pas la queue comprimée, tandis qu’elle l’est chez les Disteires (4) de Lacépède. L'autre grande division comprend tous les genres dont le ventre est garni de grandes plaques. Le seul 42 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. genre Aipysure (5) aurait la queue comprimée; en- suite deux genres ont les yeux placés au-dessus de la tête ; ce sont : les //omalopsis (6), qui ont le museau comme tronqué, et les Pseudo - Eryx (7), chez les- quels il est arrondi. Toutes les autres espèces, et par conséquent les genres auxquels ces espèces se rapportent , ont les yeux situés latéralement. Mais le corps est cylindrique ré- gulièrement chez un grand nombre , tandis qu'il est plus gros dans la région moyenne chez les autres. Parmi les genres à corps régulièrement cylindrique, un seul a la queue garnie en dessous de grandes pla- ques entières ; c’est celui des Scytales (8). Chez les au- tres, on trouve sous la queue des demi-plaques ; mais un seul a le sommet de la tête couvert de véritables écailles, c’est le X'enopeltis (9) de Java. Toutes les autres Couleuvres ont des plaques sur la tête. La plu- part ont le bout du museau obtus, les unes avec les écailles du dos inégales , tantôt avec l'abdomen arqué comme le genre Clélie (10), et tantôt l’abdomen est an- guleux comme le genre Nympha (11). Lorsque les écailles du dos sont égales entre elles, que l’abdomen est arqué, et que le palais est denté, c’est le genre Duberria (12), ou Oligodon (13) quand il n’y a pas de dents au palais. Legenre Pseudo-Elaps (14) a le ventre rétréci. Parmi les espèces dont lemuseau est pointu, les Hétérodon (15) et les Rhinostomes (16) ont le ventre anguleux. _ Viennent enfin les espèces ou les genres dont le ventre , ou la partie du tronc qui contient les viscères, est comme renflé naturellement. Les uns ont le corps très-gros et le museau obtus comme tronqué ; tels sont les l'énodons (17) et les Lycodons (18). Les premiers AUTEURS. FITZINGER. 43 ont le ventre arqué, tandis qu’il est anguleux chez les autres. Puis ceux qui ont le museau arrondi et qui sont dans le cas d’être de même distingués de ceux dont le ventre est arqué, comme les Couleuvres (19) et les Coronelles (20), qui l'ont anguleux. Les grosses espèces à museau aminci ont tantôt les écailles du dos de différentes srosseurs , comme les Psammophis (91), ouinésales , comme les Walpolons (22). Les espèces à corps très-grêle ont aussi tantôt le museau obtus, comme tronqué, avec les écailles du dos inégales et le ventre arqué comme les Dipsas (23), ou anguleux comme les Boigas (2h) ; car les Sibons (25) ont toutes ies écailles du dos semblables entre elles. Les genres à museau arrondi, avec les écailles du dos égales, ou ont l'abdomen arqué, et ils forment alors le genre Chironius (27), ou leur ventre est anguleux, c’est le cas des 7'yries (28). Enfin, deux derniers genres de cette famille ont, en sus de tous les caractères des six qui précèdent, la particularité d'offrir un museau pointu; mais les plaques de la queue diffèrent. Chez les Dryophis (29), ce sont des demi-plaques, tandis qu'elles sont-entières dans le Langaha (30) de Mada- gascar. La quatrième famille, celle des Bowcaroïnes, ne comprend que cinq genres. Tous sont supposés avoir des dents venimeuses à la mâchoire supérieure, en même temps que d’autres dents solides. Les uns n’ont pas de grandes plaques sous le ventre, qui est tantôt écailleux , c'est le genre Chersydre (1) ; tantôt à petits écussons, comme chez les Léioselasmes (2) de Lacépède. Les genres qui ont le ventre couvert de grandes pla- ques sont au nombre de trois. Chez les Bongares (3), la queue n’a pas de demi-plaques en dessous. Il y en 44 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. a chez les Trimérésures (4), dont le cou ne peut pas se dilater, et chez les Vajas (5) ou Serpents à coifle, dont la région du cou peut s’étaler. La famille suivante, celle des Vrréroïnes, qui ont des crochets venimeux et pas d’autres dents solides à la mâchoire supérieure, se distingue principale- ment de la suivante, parce qu’ il n’y a pas d’enfonce- ments sur les côtés du museau. Les unes ont le tronc de même grosseur dans toute son étendue, mais la queue est comprimée dans les Platures (1), tandis qu’elle est arrondie dans les Ælaps (2). Les genres dont le tronc est plus épais dans la partie moyenne, tantôt n’ont pas de plaques entières sous la queue, mais ils peuvent en avoir sur le sommet de la tête, tels que les Sépédons (3); tantôt leur vertex n’a pas de véritables plaques; elles sont très-petites dans les Vipères (4); il y a là de vraies écailles avec le ventre arrondi dans le Co- bra (3), et avec le ventre anguleux dans! Æspis (6). Les genres à ventre plus gros au milieu , qui ont des pla- ques entières sous la queue, sont les Æcanthophis (T) , chez lesquels on voit de petites plaques sur le sommet de la tête , et les Echis (8), qui n’ont là que de petites écailles. La dernière ou cinquième famille est celle des Gro- TrALOÏDEs , semblables aux Vipéroïdes, mais ayant des enfoncements ou des cavités creusées sur les côtés de la tête. Six genres y sont inscrits. Les uns n’ont pas de sonnettes ou de grelots à la queue, dont le dessous chez plusieurs n’est pas garni de plaques entières ; tantôtils ont le vertex couvert de plaques, comme les 7rigonocé- phales (1); tantôt ilsont cette région garnies d’écailles : tel estle Craspédocéphale (2). Din: deux genres, il y a de grandes plaques sous la queue , et le sommet de la AUTEURS. BOÏÉ. 45 tête est ou à plaques, Zisiphone (k), ou à écailles, Lachésis (5). Enfin , deux genres ont la queue ter- minée par des grelots de corne; tantôt avec le sommet de la tête à grandes plaques, comme le Caudisone (5) ; ou de petites plaques, comme le Crotale (6). Pour ne pas interrompre l’ordre chronologique , nous donnerons à la fin du présent chapitre un extrait d’un nouveau travail du même M. Fitzinger, qui est encore inédit, et dont il a eu l’obligeance de nous com- muniquer un extrait manuscrit. M. Schlegel a publié, en 1826 (1) , une notice sur l’Erpétolosie de l’île de Java, d’après le manuscrit de BOIË. En communiquant aux naturalistes ce travail incomplet, l'éditeur voulait seulement revendiquer, en faveur du célèbre et malheureux voyageur hollandais, la priorité d’un travail dont avait profité, sans le citer, M. Kaüp de Darmstad, qui avait eu occasion d'observer les Reptiles du Musée de Leyde , où les espèces nou- velles étaient rapprochées par genres. Malheureuse- ment les caractères de ces genres ne sont pas exprimés dans la notice, qui est une sorte de catalogue , d’aii- leurs très-intéressant, surtout pour les nombreuses espèces d’Ophidiens qui y sont inscrites et rappro- chées. Au reste, tous ces faits ont été par la suite re- levés dans le srand ouvrage de Schlegel, sur la physio- nomie des Serpents, dont nous donnerons plus bas un extrait détaillé. M. Frédéric BOIE de Kiel, a donné avec plus de dé- tails et avec l'indication des espèces, une analyse fort détaillée du travail de son frère ; ‘il l’a fait insérer, en 1827, dans l’Isis, page 508. Nous allons présenter ici (1) Bulletin des Sciences naturelles de Férussac , tome IX, n° 203, 46 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. les principales divisions établies par l’auteur, en neuf familles principales, avec l’énumération des genres. Les espèces inscrites dans ces derniers groupes se trouvent relatées dans le travail original, Nous aurons soin de les faire connaître quand nous aurons à traiter de cha- cune d'elles. Division de l’ordre des Ophidiens en familles et en genres, Par Henry Boïë. (Isis, tome XX (1827), page 510.) Famiuz, Genera, Famiie, Genera. 1 AmpnissæwAa. Linn. Tnorinonorus. Kuhl. TYPHLINI. à afrarosmnson Wagl. Corvesr. Linn, Czæciria, Linn. Hæxmorruois. VI ScYTALE. Gronov. { Tonrnix. Oppel, COLUBRINI Herenooonx. Latr. ll | réceen Schn. | id SL Hacép. ë ENOPELTIS. Reinw. nyx. Daud. IMBRICATÆ. AnGuis. Linn. Box. Linn,. Ornisaurus, Daud, Pyraow. Daud, Aconrias. Cuv. Dirsas, Oppel CononeLca. Laur. Herperonryas. H. Boïé ERYTHROLAMPRUS, VII. Devorris. Dalm. III. CaramaniA. H. Boïé, DENDROPHIDÆ. / Dexprormis. H. Boiïé. CORONELLÆ, . .{ Bracayonrnaus. Kuhl, Psammormis. H. Boiïé. Lyconow. H. Boïé. Cunysorecea. H. Boïé. Amserycepaazus. Kuhl. Ecaroinis. H. Boié. Crortarus, Linn. VIII. Cexcunis. Daud. IV Erars, Cuv. COPHIADÆ. Triconocernarus. Oppe EL APIDÆ Nasa. Laur, Lacnesis. Daud. ï , Acanruopnis. Daud. Copnias, Merr. Buncanus. Daud. Perias. Merr, PELAMIS. Dandi 1XE Virera. Daud, v. Hypaus. Schn, VIPERIDÆ, . . .) Ecnis. Merr. IIY DROPHIDÆ. Prarurus, Latr. TRIMERESURUS. Lacép. Howaropsis. Kuhl. Xenonon. H. Boiïé. Acrocnorous. Hornsted. Laxcana. Brug. Nous avons déjà présenté (1) l'analyse d’un système (1) Tome If de cette Erpétologie générale, page 283. AUTEURS. RITGEN, CUVIER. 47 proposé pour la classification des Serpents, par RIT- GEN , travail qui à été inséré, en 1828, dans les Nouveaux actes des curieux de la nature. Nous renver- rons donc le lecteur à notre premier volume, en lui rappelant la bizarrerie des noms forgés par l'auteur, à l’aide desquels il espérait indiquer les principaux ca- ractères des familles et des genres qu'il établissait. Cette prétention a produit des dénominations telle- ment longues, qu'il était difficile de les prononcer, et à plus forte raison , de les confier à la mémoire; tels sont les suivants : les Ætryptodontopholidophides ; les Chalinophohidophides ; les Hydropholidophides, etc. En traduisant chacun de ces trois mots à l'inverse de la manière dont ils sont énoncés, le premier signifiait Serpents écailleux à dents non percées ; le second, Ser- pents écailieux portant venin, et le troisième, Serpents écailleux vivant dans l’eau, etc. Cette distribution est d’ailleurs assez naturelle et fondée sur de très-bons caractères. C’est en 1829 que M. G. GUVIER publia la seconde édition du Æègne animal ; nous avions déjà présenté, en 1800, à la fin du premier volume de ses Lecons d’a- natomie comparée, un tableau de classification pour les Ophidiens , en adoptant la dénomination proposée par M. Brongniart ; et en 1817, Cuvier, dans la première édition du Règne animal , avait beaucoup ajouté à ce travail, en profitant des observations faites dans cet intervalle. Nous avons fait connaître cette Erpétologie, tome 1, pages 255 et 256, sous le n° 9, les divisions établies parmi les vrais Serpents et les nôms des genres - adoptés ; comme il n’y en à aucun de nouveau, nous nous contenterons de cette indication. Nous avons également indiqué (tome 1°, pages 286- 48 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. 293) la classification publiée en 1830 par WAGLER. Les Serpents composent son ordre quatrième, carac- térisé par la jonction mobile, au moyen d’un ligament, des deux branches de la mâchoire inférieure. I y a inscrit 96 genres dont nous avons donné les noms. Nous ne les répélerons pas ici. Il serait nécessaire d’en reproduire les caractères, maïs quand nous les adop- tons, nous avons soin de lés faire connaître, et nous disons également pourquoi, en citant quelques es- pèces, nous n'avons pas cru devoir les considérer comme devant former un genre séparé. C'est donc pour éviter les répétitions et les doubles emplois que nous ne reproduisons pas ici une analyse plus complète des ouvrages de ces deux derniers auteurs, auxquels nous devons beaucoup de reconnaissance pour les ren- seignements et les observations utiles qu'ils nous ont fournis. C’est à Wagler qu’il faut également rapporter les recherches scientifiques et les descriptions des Ser- pents du Brésil recueillis par SPIX, Malheureusement il s'est glissé beaucoup d’erreurs sur les habitations at- tribuées à un grand nombre de Serpents dont les ori- ginaux , d’ailleurs assez bien représentés, n'ont pas été trouvés dans l'Amérique méridionale , mais en Es- pagne , comme nous aurons souvent occasion de le faire observer dans les descriptions qui les concernent. Avant de faire connaître la classification que nous avons adoptée, il ne nous reste plus à analyser que celle qui a été proposée en 1837 par M. Henry SCHLEGEL (1); c'est l'ouvrage le plus détaillé et le (1) Essai sur la physionomie des Serpents, 2 volumes in-8°, ayec un atlas petit in-fol., contenant 21 planches et 3 cartes, La Haye, AUTEURS. SCHLEGEL. 49 plus complet qui ait paru jusqu'ici, et auquel nous se- rons sans cesse obligé d'avoir recours, quoique nous soyons bien éloigné d’adopter sa classification qui a été uniquement établie, ainsi que le titre l'indique, sur la physionomie, qui, suivant l'auteur, « est l’im- » pression totale que fait sur nous l’ensemble d’un » être quelconque, impression que l’on peut sentir, » mais qu'il est impossible de rendre au moyen des » paroles : elle est, dit-il, le résultat de l’harmonie de toutes les parties isolées, dont on embrasse la con- formation d’un coup d'œil, et dans leurs rapports » mutuels. On la retient dans son ensemble, sans ce- » pendant pouvoir se rendre compte des propriétés de » chacune d'elles , prise isolément. » ÿ E, L'ouvrage , écrit en langue française , se compose de trois parties : deux volumes de texte et un de plan- ches lithographiées et exécutées de la manière la plus propre à faire connaître les espèces qu’elles représen- tent.Des deux volumes, le premier est consacré à l’his- toire générale des Ophidiens , et le second , à la partie descriptive des genres et des espèces. Nous donnerons seulement les titres des sujets dont traite le premier volume, Ce sera une table des matières que nous n'analyserons pas. Nous dirons cependant que l’auteur y donne des preuves d’une solide instruc- tion ; mais la série des matières qui y sont présentées montrera que la marche d'exposition qu'il a suivie n’est pas tout à fait celle que les zoologistes sont habi- tués à trouver dans les ouvrages généraux. Voici cette table. Des Ophidiens en général. Des os du tronc. Des os de la tête. Des muscles. Des vestiges d’extrémités pos- térieures. Des mouvements. Des dents. Des glandes. REPTILES, TOME VI. A 50 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. Du venin. De la langue. Des intestins et des autres viscères , tels que le pancréas, la rate, le foie, les reins. Des organes dela génération. De la déglutition. De la digestion. Des organes de la circulation. De la respiration. Du cerveau et des nerfs. Des organes de l’odorat , dela vue , de l’ouïe , des téguments. Formes, Teintes, Variétés. Serpentsmonstrueux, Ennemis des Serpents. Propagation. Développement. Habitudes, Fables et préjugés. Histoire de lOphiologie. Revue synoptique. Ces trois derniers chapitres sont traités avec plus de détails que les sujets précédemment indi- qués , et l’auteur a terminé ce volume par un mémoire fort étendu , auquel il a donné pour titre : Essai sur la distribution géographique des Ophidiens ou de la ré- partition des Serpents sur les différents points. du globe. Le second volume est uniquement consacré à la des- cription des genres et des espèces déjà indiqués, sous le titre de Revue synoptique, dans le chapitre qui pré- cède. Nous le répétons, l’auteur, se laissant guider par ce qu’il nomme la Physionomie des Serpents, ou d’après leur manière d’être générale, n'a pas assigné de caractères véritablement essentiels : il suppose que Jeur port, leurs conformations , leurs habitudes , doi- vent faire distinguer et rapprocher les espèces. Aussi les genres, ainsi qu'on va le voir par l'analyse que nous allons en présenter, laissent-ils un certain vague et une hésitation qui devient encore plus sensible lorsque l’on rapproche les unes des autres les espèces qui y sont comprises, quoique plusieurs , même d'a- “près l'avis de l’auteur, ne semblent pas réunir les notes qui ont servi à les y faire inscrire. 1l avoue, dans beaucoup de cas , qu’on ne peut souvent appliquer ces AUTEURS. SCIILEGEL. o1 notes distinctives que très-vaguement, quand on cher- che à reconnaître les espèces plutôt au moyen des ca- ractères isolés , qu’à leur port et à leur physionomie. Enfin, on peut dire de cette classification qu’elle est le résultat des facultés instinctives de l’auteur, qu’il n’a pu transmettre au lecteur, ce qui est fâcheux en histoire naturelle. Le corps de tous les Serpents est très-allongé, pourvu d’une queue, revêtu d’écailles dures ; il se meut au moyen d'ondulations latérales : jeurs côtes sont libres ; ils sont susceptibles d’un élargissement extraordinaire dans la région du tronc ; ainsi que la charpente osseuse de la tête et la mâchoire inférieure. Ils sont distingués en non venimeux et en venimeux. Ces derniers sont caractérisés : 1° par la présence de glandes qui sécrètent une humeur délétère lorsqu'elle est inoculée ou introduite par des dents creuses ou crochets osseux canaliculés plus longs que les autres dents ; 2° par un museau gros, arrondi, et 3° par une queue courte, grosse et conique. M. Schlegel distribue en six familles Les SErPENTS NON VENIMEUX. D'après leur manière de vivre, il les désigne sous les noms qui suivent : 1° Les Ser- pents fouisseurs. 2°. Les Serpents lombrics. 3° Les Serpents terrestres. 4° Les Serpents d'arbres. 5° Les Serpents d’eau douce. 6° Les Boas. Il serait difficile de dire en quoi ces familles diffèrent , excepté par leurs habitudes et une sorte d’analogie de formes et de manière d’être pour tous les genres ainsi rappro- chés sous ces titres. Nous allons cependant essayer de les faire connaître, en empruntant à l’auteur les phrases dont il s'est servi pour les réunir en genres, 59 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. « PREMIÈRE FAMILLE, LES SERPENTS FOUISSEURS, Corps arrondi, partout de même grosseur ; queue courte co- nique; tête petite confondue avec le tronc, couverte de plaques imparfaites ; yeux petits, narines étroites, bouche peu fendue, dents courtes coniques:; sembla- bles aux Amphisbènes et aux Typhlops. Il n’y a qu'un genre, c’est celui des Rouleaux ou Tortrix , qui ont souvent des crochets à l’anus, qui se creusent des boyaux ou galeries souterraines dans les contrées chaudes des deux mondes. 7 espèces y sont inscrites. « SECONDE FAMILLE, LES SERPENTS LOMEBRICS, qui ne comprend aussi qu'un genre unique, celui des Calama- ria , dont le corps est partout de même srosseur, et res- semble à un bout de ficelle; dont la queue est le plus souvent courte et conique , et la tête confondue avec le tronc, couverte de plaques moins nombreuses sur le museau que dans les genres suivants; leur teinte est irisée et la couleur rouge y domine. Ils habitent les climats chauds ou voisins des tropiques. L'auteur y rapporte 18 espèces. « TROISIÈME FAMILLE, LES SERPENTS TERRESTRES. Sem- blables aux Couleuvres, mais d’une taille moindre, à tronc moins comprimé, ordinairement pentagone et à écailles lisses, de moyenne grandeur ; queue conique et peu longue. Habitent les climats chauds et tempérés des deux mondes dansies plaines et les lieux humides. Sept genres appartiennent à cette division. 1. Coronella. Corps pentagone, un peu plus gros au milieu ; plaques ventrales moins larges que l’abdo- men qui est convexe; tête déprimée à museau court. Écailles lisses distribuées sur 17 ou 19 rangées. 14 es- pèces. AUTEURS. SCHLEGEL. 53 . « 2. Xénodon. Grandes espèces à tronc gros et ven- tre large déprimé. Queue courte. Écailles lisses irré- gulières, disposées en séries très-obliques. Tête conique déprimée, distincte du tronc , à lèvres souvent sail- - lantes. Une ou deux dents longues, comprimées en ar- rière, à la mâchoire supérieure. Les premières côtes plus droites et plus mobiles. 8 espèces. { « 3. Hétérodon. Une grande plaque retroussée en forme de grouin, au bout du museau. 3 espèces du nou- veau Monde. Mœurs inconnues. « k. Lycodon. Plusieurs dents longues au-devant des deux mâchoires. Tête déprimée, étroite et peu dis- tincte du tronc; à museau large, obtus; narines rap- prochées au bout du museau. Yeux petits à pupille verticale, oblongue. Des contrées intertropicales, Indes Orientales, Amérique méridionale, Afrique. 13 es- pèces. « 5. Couleuvre. Serpents terrestres de grande taille. tenant le milieu entre tous les Ophidiens ; sans aucune particularité notable de l’organisation. À plaques ven- trales nombreuses. À écailles du dos le plus souvent carénées, des climats chauds et tempérés. 27 espèces sont inscrites dans ce genre. « 6. Erpétodryas. Port et physionomie des Gouleu- vresavec les formes élancées, les habitudes des Serpents d'arbres. Habitent les pays chauds des deux Mondes. 19 espèces. «7. Psammophis. Dents postérieures et celles du milieu plus grandes , plus longues que les autres et sillonnées. Habitent les broussailles et les lieux incul- tes et sablonneux des contrées chaudes et tempérées. Sont en général de petite taille. 8 espèces. « QUATRIÈME FAMILLE , LES SERPENTS D’ARBRE. De forme 54 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. très-allongée, élancée et délicate. Abdomen recou- vert de grandes lames au nombre de 180, formant sur les flancs un angle aigu quelquefois échancré. Écaïl- les par rangées obliques. Queue très-eflilée. Yeux grands, à pupille arrondie. Couleurs vives; pasen Eu- rope. Habitent les contrées chaudes des deux Mondes. Trois genres. « 1. Dendrophis. Petites dentsnombreuses aux mä- choires et au palais, les dernières de la mâchoire su- périeure souvent très-longues et sillonnées. Dessus du corps à teintes variées, mais de couleur chatoyante ou à reflets métalliques. Des régions intertropicales ; très- vifs et très-lestes dans leurs mouvements. 10 espèces. « 2. Dryophis. Museau extrêmement effilé, sou- vent allongé en pointe saillante Très-élancés, à ab- domen convexe en dessous, comprimé latéralement. Teintes vertes ou bronzées. Quelques dents plus lon- gues et sillonnées à la mächoire supérieure. Écailles souvent linéaires ; de l'Asie et de l'Amérique du Sud. 6 espèces. « 3. Dipsas. Tête ramassée et très-obtuse. Yeux à pupilles verticales. Corps comprimé. Queue souvent très-effilée. (Nota. L'auteur répète encore ici qu'aucun caracière générique ne peut être appliqué avec préci- sion , même sur une espèce de ce genre qui est irès- uombreux.) Leur corps est plus gros que chez les au- tres Serpents d'arbre; la coupe du tronc serait un ovale alongé du double et du triple en hauteur qu’en largeur. Habitent les Indes Orientales et l'Amérique méridionale. Une espèce en Egypte et en Dalmatie. 25 espèces sont inscrites dans ce genre. « CINQUIÈME FAMILLE, LES SERPENTS D'EAU DOUCE, Se trouvent dans les eaux ou dans le voisinage des riviè- AUTEURS. SCIILEGEL. 55 res et des lacs. Analogues entre eux plutôt par leur or- ganisation et leur physionomie, ils composent, dit l’au- teur, une Coupe naturelle, mais nullement séparée des autres subdivisions , elle comprend deux genres : « 1° Genre. 7ropidonote. Formes plus ramasséés que celles des couleuvres. Ventre très-large et convexe. Téte large, conique, à sommet étroit et à museau court. Dix-neuf rangées d’écailles lozangiques, caré- nées. Ils vivent en société. 19 espèces. « 2° Genre. Æomalopsis. Corps lourd et ramassé. ‘tête grosse, à museau court et arrondi, couvert de nombreuses lames écailleuses irrégulières. Dents ma- xillaires postérieures plus longues et souvent sillon- nées. Des contrées chaudes de l’Asie et de l'Amérique. Font la chasse aux poissons et aux animaux aquati- ques. 14 espèces. « SIXIÈME FAMILLE , LES Boas. Corps volubile à queue prenante, à écailles nombreuses et plaques ventrales peu développées. À tête grosse: yeux petits, narines plus ou moins verticales. Plaques labiales souvent creusées de fosseltes. Gloaque garni d’un crochet de chaque côté. Très-grande dimension , habitent les con- trées chaudes des deux Mondes, écrasent leur proie avant de l’avaler. 9 espèces. Appartiennent au 1° genre qui conserve le nom de Boa. «2e Genre. Les Pythons. Boas de très-crande taille de l’ancien Monde. Des dents sur des os incisifs sem- blables à celles des os sus-maxiliaires. Un os surorbi- taire particulier. Dessous de là queue garni de pla- ‘ques divisées; lèvres creusées de fossettes. 4 espèces. « 3° Genre. Acrochorde. Boas destinés à vivre dans l’eau. Queue prenante, mais un peu applatie. Bouche se fermant hérmétiquement, Tronc comprimé présen- 56 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. tant une carène sous le ventre. Pas de crochets à l’a- nus. 2 espèces. « Les SERPENTS VENIMEUX. Ils sont tous pourvus d’une dent meurtrière fixée sur les os sus-maxillaires dont le volume est plus ou moins réduit , de sorte que ceux-ci portent rarement d’autres dents. M. Schlegel les divise en trois groupes ou familles. 1° Les Colubriformes ; 9° les Serpents de mer; 3° Les Serpents venimeux pro- prement dits. « I. Serpents verimeux Cozcusrirormes. Ils ressem- blent aux Couleuvres , mais leur museau est plus gros, les narines sont ouvertes et latérales. Leurs écailles en losange presque toujours lisses. 11 y a le plus souvent quelques dents courtes derrière les crochets venimeux. Se trouvent dans les contrées chaudes des deux Mon- des ; pas en Europe. Ils forment trois genres. « 1% Genre. Elaps. Corps cylindrique, très-effilé, de même calibre; à quinze rangées d’écailles larges et lisses. Habitent les terrains boisés des deux Mondes. Comme leur bouehe est peu fendue, ils ne peuvent avaler que de petits animaux. 9 espèces. « 2, Genre. Bongare. Dos garni d’une rangée d’é- cailles à 6 pans, plus grandes que les autres , et des plaques simples sous-caudales. Leur dos est en carène émoussée. 2 espèces. 3° Genre. Vaja, ou Serpents à Lunettes. Cou dila- table. Port des Couleuvres; plus gros au milieu, aminci vers les deux bouts, sommet de la tête protégé par neuf plaques. Narines sur les bords du museau. Habi- tent les régions chaudes des deux Mondes, dans les contrées sèches et sablonneuses. 10 espèces. « II. Famille. SERPENTS DE MER venimeux. Genre unique Â/ydrophis. Tronc comprimé, aminci vers les AUTEURS. SCHLEGEL. , 57 deux extrémités, surtout vers la queue ; très-étroit vers l'abdomen, souvent en carène tranchante. Queue courte , amincie , très-haute , lancéolée, faisant fonc- tion de rame et de gouvernail. Tête petite, confondue avec le tronc. Narines garnies d’une valvule charnue. Lèvres fermant exactement la bouche. Vertex cou- vert de plaques. Ils se trouvent dans les eaux de la mer des pays chauds, souvent à trois ou quatre cents milles de toute terre. 6 espèces. - J[I° Famille. Les SERPENTS VENIMEUX PROPREMENT DITS. L'ensemble des formes de ces reptiles est, selon l’au- teur, le résultat de plusieurs marques distinctives, plus faciles à saisir dans leur ensemble, qu’à détailler par des descriptions. Formes lourdes et trapues; queue erosse et très-courte; tête large, déprimée et en forme de cœur; yeux petits, à pupille verticale, sous des plaques surciliaires saillantes; lèvre supérieure renflée pour cacher les crochets venimeux ; écailles ca- rénées ; lenteur des mouvements ; lancent la tête, la gueule entr'ouverte et les crochets en avant; le tronc se déroule à l’instar d’un ressort. Trois genres. « er Genre. 7rigonocéphale. Une fossette auprès du trou des narines ; bout de la queue muni d’une écaille plus ou moins conique. Acquièrent de grandes dimen- sions. 13 espèces. « 2e Genre. Crotale. Queue terminée par des étuis cornés, retenus les uns par les autres et mobiles, mou- lés sur la dernière vertèbre de la queue que l'animal agite comme un instrument, pour produire un bruit semblable à celui que feraient des pois mürs secoués dans leur gousse desséchée. Ils habitent le nouveau Monde dans les lieux secs et incultes. Quatre espèces sont rapporlées à ce genre. 58 CLASSIFICATION DFS OPHIDIENS: « 3, Genre. V'ipère. Ce sont des Serpents vénimeux qui n'ont pas, comme ceux des deux genres précédents, des fossettes ou enfoncements auprès des narines. Ils n’atteignent pas, de grandes dimensions , et semblent appartenir exclusivement à l’ancien Monde. 10 espèces sont inscrites dans ce genre. » Telle est l'analyse de l'ouvrage de M. Schlegel, sous le rapport de la classification et de l'exposition ; mais il comprend beaucoup de faits et d'observations intéressantes qui nous ont été fort utiles et qui doivent lui faire bien mériter de la science et des naturalistes. Nous ne mentionnerons que pour mémoire, la clas- sification des Serpents proposée par M. Cu. Boxa- PARTE, dans le volume publié par l’Académie royale des Sciences de Turin pour l’année 1840, à la page 385. Dans l'énumération systématique des Amphibies d'Eu- rope, l’auteur partage l'ordre des Ophidiens en sept “roupes, et ceux-ci en familles, au nombre de quinze. Quelques genres nouveaux sont indiqués au moyen de subdivisions opérées pour séparer une ou deux espè- ces. Voici, au reste, cette énumération : 1° les Exvcinz, qui comprennent les familles des Érycina et des Cala- maria ; 2 les Box , famille des Boina et des Pytho- nia; 3° les AcrocaorninÆ, famille des Æcrochordina : L° les Cozcusrinx , fomilles nombreuses subdivisées en genres , lelles que les Colubrina (ici onze genres). Aï- lurophŸs , Cœlopeltis, Periops, Zacholus, Zamenis, Callopeltis , Rhinechis , Hemorrhois, Coluber, Tyria. Les Dipsadina , les Dendrophilina, les Natricina ; 5° les Hypridz, famille des //ydrina ; 6° les Nauvz, famille des Bungarina etdes Naiina; Enfin, 7°groupe, les Virer, famille des Crotalinaet des Viperina. On voit que dans cette nomenclature latine, les groupes AUTEURS, C. BONAPARTE. 59 ont des dénominations féminines et les familles des noms neutres . afin de les faire distinguer de suite par la désinence. Le travail a été fait dans le but de met- tre une sorte de méthode artificielle à la disposition des Erpétolozsistes. Malheureusement , dans le plus grand nombre des cas, l’auteur n’a pu avoir recours à la nature ou à l'observation des objets mêmes, et il a été obligé de rechercher les faits chez des auteurs dans les- quels il n’a pu trouver les remarques dont il aurait eu besoin pour établir ses divisions et leur assigner des caractères certains ; mais les sujets lui ont manqué et il a dû se contenter des remarques faites par d’autres Erpétologistes. Déjà l'auteur, dans son Æssai d’une dis- tribution méthodique des animaux vertébrés, publié en italien à Rome en 1831, avait donné un tableau analogue à celui dont nous venons de présenter une analyse. Il avait présenté la classification d'Oppel et des auteurs qui l'ont suivi en réunissant sous le nom de Reptiles écailleux, les Sauriens et les Sauro- phidiens ; ceux-ci forment le cinquième ordre de la classe. Il divisait alors cet ordre en cinq familles. Les Amphisbénides, les Boïdes, les Colubrides, les Hydri- des et les Vipérides. Mais dans cet énoncé, il n’y avait aucune autre indicalion que celles des noms de fa- milles, de sous-familles, de genres et de sous-genres, avec l’origine et le nombre des espèces que l’auteur a cru devoir y rapporter. Cependant les caractères de l'ordre , des familles et des sous-familles y sont briè- vement relatés en une seule pige dont voici la traduc- tion. « Ordre 5°, les Saurophidiens. Mandibule d’une » seule pièce, les branches étant soudées en avant, les » os temporaux non séparés de ceux du tympan; yeux » cachés; quelques rudiments des pattes sous la peau ; 6o CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. » » » » C2 2 2 4 » 2 3 » L 4 ÿ » C1 2 ) un poumon, le second n'étant qu'un simple rudiment. Famille 14°, Amphisbénides. Langue lancéolée, dé- primée,bifide, à peine protractile, non engainée; corps annelé , écailles toutes semblables, tympan caché. » « Ordre 6°, Ophidiens ou Serpents. Mandibule de deux pièces , les extrémités des branches étant join- tes seulement par un ligament ; un os du tympan (carré) mobile; ni pattes, ni omoplate, ni sternum, ni bassin, ni troisième paupière , ni tympan ; un seul poumon , le second n’étant qu’un simple rudiment ; langue irès-grêle, fendue à la pointe , vibratile , en- gaînée à sa base , corps arrondi, très-long. Famille 15e, Boidés. Pasde dents vénéneuses, appendice sor- tant de chaque côté de l'anus. 6 7’yphlopodinés. Yeux cachés. 4$. Erycinés. Corps cylindrique , tête non distincte du tronc; bouche petite. ($. Boinés. Yeux visibles ; tête très-distincte du tronc. Famille 16°, Colubrinés. Point de dents vénéneuses ni d’er- gots à l'anus. Colubrins. Des plaques sousle ventre. Æcrochordins, de petites plaques écailleuses en des- sus et en dessous ; queue arrondie. Famille 17e. Æy- drinés. Des dents vénéneuses creuses, accompagnées de dents pleines et solides à la mâchoire ; queue un peu comprimée ; les narines supérieures. Marins. 18° Famille, les Vipéridés. Dents venimeuses , iso- lées sur la mâchoire supérieure. Ovovivipares. $ W3- perins. Point de trous sur les côtés des narines,. (. Crotalins. Deux enfoncements près des narines.» Il est de notre devoir de faire connaître un travail maouscrit que M. Léopold Frrznerr a eu l’obligeance de nous communiquer par une lettre extrêmement AUTEURS. FITZINGER. GE bienveillante, en date du 98 juillet 1840 , et dont nous allons donner l'analyse. Comme nous espérions pouvoir publier plus tôt le présent volume, nous n’avons pas réclamé de l’auteur les renseignements plus détaillés qu'il vouiait bien nous offrir, en nous envoyart un abrégé systématique rédigé en latin sous le titre de Conspectus Systematis Ophidiorum (1). L'auteur divise l’ordre des Ophidiens en quatre grands embranchements ou séries sous les noms par- ticuliers, 4° de Sauropurptens; 2° d'Hémiopuipiens ; 3 de TÉLÉoPuiDIENS , et ko, de Cuazinopæiniens. D’a- près la présence ou l'absence des dents, ou crochets vénéneux ; puis également suivant l'existence ou le défaut des ergots ou rudiments des pattes, près de l’o- rifice du cloaque, et enfin, d’après l’irrégularité ou l’im- yerfection de l’écaillure ou des plaques de la tête. Chacune de ces quatre séries se trouve ensuite sub- divisée en cinq familles sous des noms particuliers empruntés à l’un des genres principaux , mais dont les caractères ne se trouvent pas indiqués dans le tableau. Le nombre des genres que comprend chaque famille, varie. Très-souvent , ces genres se trouvent partagés en sous-cenres, et quand le nom de ce sous-genre est indiqué pour la première fois, l’auteur fait connaître l’une des espèces principales dont il donne Île nom, d'après l’un des auteurs systématiques. Comme nous aurions été obligé de traduire la plu- (1) Voici les propres expressions de M. Fitzinger : « {dcirco obliga- » um me sentio, exiguam meam cognitionem vobis offerre, et quum » fateri debeam, tunc temporis forsitan unicum esse, qui in ophidio- » rum dispositione naturali clarè videt, systema meum, de quo brevis » epitome hisce litteris occlusa est, uti properanter me recordari pos- » sum, Vobis, accepté responsione, accuratiüs elaboratum mittere ; in » aliud tempus reservo » 62 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. part de ces dénominations qui n'auraient varié que par la terminaison, nous avons cru devoir conserver le texte même de l’auteur en latin, en copiant son travail. CONSPECTUS SYSTEMATIS OPHIDIORUM. ns maman nulla : distincta : pholidosis capitis re) imperfecta.. 1... ‘ } US lœ RÉPRREEES nulla : pholidosis {imperfecta. 2. Hemiopminia. LS capitis, . regularis. . 3. TereoPmipia. | distincta : membrorum rudimenta nulla. . . 4. Cnarivorminra. ——— — Prima Series. SAUROPHIDIA., a. Typhlina. A3 Familia. TYPHLOPHIS. Typarops, . . .90. Typhlops. c. Rhinotyphlops. 22 Familia. CYLINDROPHIS. Cyrinpropnis, . ta ie ADR b. Gongylophis. c. Uroleptes. a. Eryx. 33 Familia. GONGYLOPHIS. GoncyLopPxis. . a. Eunectes. b. Boa. L Li} ST PE c. Epicrates. ) d. Botriochilus. &: Familia. CENTROPHIS, . . a, Enygrus. bi X1PHOSOMA. Xiphosoma. jee Consiricior. . 4 b. Asterophis. Sa Familia. PYTHOPHIS. PxTHoN. . c. Python. Le F'amilia. 23 F'amilia. 3a F'amilia. &a Familia. &a Familia. 12 Familia. / AUTEURS. FITZINGER. 63 Srcunpa Series. HEMIOPHIDIA. RHINOPHIS. SCATOPHIS. BRACHYOPHIS. PELOPHIS. NECTOPHIS. Terra Sens. TELECPHIDIA. Raivopxis. . BRACHYOPHIS, » . PELOPHIS. . . . . ACROCHORDUS. , | Genera. 1. ELAPOIDIS. 2. CLELra. 3. ErAPOMORPHUs. 4. Bracaysoma 5. Or.1conon. 6. Omarosoma. 7. Lameropuis, 8. PsEUDOPHIS. . LAMPROPHIS. | 9. Goncycosoma. - 10. PANTHEROPHIS. 11. Liopnis.. . . . 12. HyDRODYNASTES. 13. OrnromorpHus. 14. Ruinasris. 15. CERcoPrsis. 16. SoyTaze. 17. Lrconon. . . . 18. ASPIDOrRHAYS, du SCATOPHIS. . + . RS Aa SO Cr "RHinophis. . Uropellis. Xenopellis. . Calamaria. . Brachyorrhos. . Aspidura. . Pelophis. . Hypsirhina, Helicops. Hydrops. Pseudoeryx. Hypsirhina. . Stranops. . Homalopsis. . Erpeton. . Acrochordus. . Chersydrus. ‘ Geophis. . Elapoidis. Scoleophis. Clelia Tropido peltis. ‘ Potamophis. a. Pseudophis. . Eupeltis. . Erythrolampus. Liophis. Zacholus. Pariopeltis. Deiropoda. . Sphenocephalus Oxyrrhopus. . Ophites. Lycodon. 64 CLASSIFICATION DES OPHIDIENS. Tenria Semixs. TELEOPHIDIORUM continuatio. Q F'amilia, 82 F'amilia. Lygophis. Philodryas. Opheodris. Ptyas. Coronophis, Dryodynastes. Xiphorhina, Endryas. TROPIDONOTUS, . « À ASSOPHIS. } Zamenis, . 4 . . .. PsAMMOPHYLAX, PsAMMOPH18. . { a. Dasypeltis. b. Tropidonotus. a. Elaphe. b, Leiosteira. c. Zamenis. d. Calopeltis. e. Hierophis. J. Hemorrhois, g. Periops. h. Calognathu:. i. Chilolepis. a. Cælopeltis. b. Psammophis. DENDROPHIS (nondum in genera divisi ). Sybinophis. Liopeltis. Periscopus. Cælophis. Goniosoma. Spilotes, Macrops. Dendrophilus, Dendrophis. Philodendros. Leptophis. Oxibelis. Herpetotragus. Tragops. Erymnus. Dryomedusa. Chlorosoma. Thamnophis. Coluber. Chrysopelea. Cercophis. Dryophis. Herpetodryas. Bucephalus. &2 Familia. CEPHALOPHOLIS. (Zn genera non divisi.). Ophthalmophis. Lycodonomorphus.Crotaphopeltis. Dryophilas. Thamnodynastes. Telescopus. Emblycephalus. Pareos. Aspidocercus. Pholidodumus. Trachelogerron. Dipsas. Cephalopholis. Dipsamorphus. Eudipsas. Goniodipsas. Gonyogaster. Siphlopis. Rhinodipsas. Sybinon. Leptodeira. Rhinobotrion. Aïlurophis. 52 Familia. DERMATOPHIS. Rhinostoma. Heterodon. Aspidopsis. Tachymenis. Xenodon. Ophis. Simus. Rhinosiphon. : Le Familia. Familia, Quanra Srries. CHALINOPHIDIA. / PELAMYS. HyDrRoPHIs. HYDROPHIS. À onus je lydrus. Mr NP. Enhydris. PLATURUS. Elaps. JDD NON TN OS | Edo apé, GEOPHIS. . . ASPIDOCLONION. AUTEURS. FITZINGER. 65 Quanra Senixs, CHALINOPHIDIORUM continuatio. ASPIDOELAPS. ALECTO. 34 Familia, ASPIDOPHIS. .{ sms. . . : : .{Oacma | Fu SEPEDON. Sepedon. ACANTOPHIS. PELrAS. VIPERA. &2 F'amilia, CHERSOPHIS, .{ RuiNecris. GoncEcnis. EcaipwG. Ecnis. Lacnesis. ATROPOS. TROPIDOLESMUS,. Cophias. Borarops. . - . . Énéihrene Sa F'amilia. BOTHROPHIS. . } MecerA. Tysiphone. Taicowocremarus. | JP Trigonocephalus. CENCHRIS. CaupisowaA. UroPsoPaus. Urocrotalon. CROTALUS. . . . , nn CLASSIFICATION ADOPTÉE. Il nous reste maintenant à faire connaître le plan ou plutôt les bases de la méthode , ou du système ophio- logique que nous nous proposons de suivre dans ce présent ouvrage. Cette classification est assez diffé- rente dans son ensemble comme dans ses détails, de toutes celles dont nous venons de donner l'analyse; on y trouvera distribuées, suivant leurs plus grands rapports naturels, en sections , en familles, en tribus et en genres , les quatre cents à quatre cent vingt es- REPTILES, TOME VI. 5 66 REPTILES OPHIDIENS. pèces d'Ophidiens, que nous avons pu étudier coni- parativement par nous-mêmes , tant dans leurs parties extérieures que dans leurs principaux organes internes, sur près de trois mille individus appartenant presque tous à notre musée national. Nos divisions primaires de l’ordre des Ophidiens, celles que nous appelons des sections , sont établies, d’une part, sur ce que, tantôt l’une ou l’autre des mâchoires est seule garnie de dents; que tantôt elles le sont toutes deux à la fois; et d’une autre part, dans ce dernier cas, d'après les modifications qu'on peut observer quant à la structure des premières et des dernières dents sus-maxillaires En effet, ces dents sont parfaitement pleines , quand leur unique fonc- tion est de saisir et de retenir la proie; tandis qu'elles sont creusées, soit en canal, soit en gouttière, lors- qu'elles doivent aussi servir de conduits à une humeur le plus souvent vénéneuse , que sécrètent des glandes d’une nature particulière, situées sur les côtés de la tête, en arrière des yeux. Pour établir les familles , nous avons généralement eu recours aux variations que présente la partie os- seuse de la tête dans la configuration , la position et les proportions relatives des diverses pièces qui la composent, ainsi qu'aux nombreuses différences que les dents nous ont offertes relativement à leur forme, à leur grosseur et à leur longueur. L'établissement de nos tribus est principalement fondé sur les dissemblances qui existent entre les genres d’une même famille, sous le rapport de la con- formation du museau, du tronc ou de la queue; dis- semblances qui sont purement biologiques ou dépen- dantes du genre de vie respectif de ces Reptiles. C'est CLASSIFICATION ADOPTÉE. 67 ainsi par exemple, que dans la famille des Boæiens, on distingue par un boutoir cunéiforme et une queue courte et non enroulante, la tribu essentiellement fouisseuse des Érycides d’avec celle des Boæides , com- posée au contraire d'espèces qui se tiennent habituel- lement sur les arbres, et dont le bout du museau est obtus ou tronqué, et la queue fortement préhensile. De même, dans la famille des Anisodoniens, les espèces terrestres , à tronc et à queue médiocrement allongés de la tribu des Psammophides, sont séparées des Tra- gopsides, autre tribu à laquelle appartiennent des Serpents d’une longueur et d’une gracilité extrêmes, sortes de lianes animées , qui n’ont d’autres demeures que les branches des végétaux , le long desquelles elles s’enroulent et se glissent, en passant ainsi de l’une à l'autre avec la plus grande facilité. Pour ce qui est des genres , dont le nombre est pro- portionnellement aussi considérable que celui des es- pèces, quoique nous nous soyons appliqués à ne les point multiplier sans en avoir bien reconnu la néces- sité, les caractères d’après lesquels ils sont inetitués, nous ont été fournis par quelques parties de la bouche el par presque toutes les régions extérieures du corps. Nous les avons en effet tirés de la condition dentée ou non dentée de l'os intermaxillaire, des palatins et des ptérigoïdes ; de la position latérale ou supérieure des yeux et des narines ; du nombre des plaques qui en- tourent celles-ci ; de la figure circulaire ou elliptique du trou pupillaire ; de l’existence ou du manque de fossettes, soit au devant des orbites, soit autour des lèvres ; de la présence d’un appendice cutané simple ou double à l'extrémité du museau, comme dans les Tragops, les Langahas et les Erpétons ; de la compo- 68 REPTILES OPHIDIENS. sition variable du bouclier céphalique (1); de l'appa- rence lisse, carénée ou concave des écailles du tronc, du plus ou moins de largeur des lamelles ventrales , de la division ou non division en deux pièces des scu- telles sous-caudales, enfin de la forme de la squamme ou des squammes qui garnissent la pointe de la queue, ou son extrémité libre. Tels sont , après de nombreuses investigations, les principes qui nous ont paru les plus propres à fonder une classification à l’aide de laquelle on puisse pré- senter , d’une manière aussi complète que possible, l'histoire générale et particulière des Serpents ; l'extrême ressemblance dans les formes et le défaut absolu des membres ayant rendu jusqu'ici fort difficile l'étude de cet ordre de Reptiles. Caractères particuliers des sections. Les sections principales que l'étude des Ophidiens nous a forcé d'établir , sont au nombre de cinq. La première, que nousappelons section des Scozéco- ranes, est celle des Serpents qui, par leur forme allon- gée arrondie et à peu près de même grosseur dans toute son étendue, ressemblent extérieurement à des vers de terre. Elle comprend les espèces analogues aux Ty- phlops; c’est-à-dire celles chez lesquelles il n’y a jamais de dents qu’à l’une ou à l’autremächoire; chez lesquelles la mâchoire supérieure, est le seul os de la face qui reste mobile, car l’intermaxillaire, les nasaux et les vomers sont solidement articulésentre eux, ainsi qu'aux frontaux antérieurs. Ici l’os sus-maxillaire est court, (1) Voyez pour les noms donnés aux plaques de la tèle ,la page 26 du Ve volume; voyez aussi à la page 112 de celui-ci. CLASSIFICATION ADOPTÉE. 69 aussi court que celui qui lui correspond, chez les Ser- pents venimeux dits Thanatophides; ajoutons en outre qu'aucune des dents dites sus-maxillaires , lorsqueiles existent toutefois, n’est percée d’un canal, ni creusée d’une gouttière. La seconde section , appelée des Azémiopaines, ren- ferme les Serpents analogues aux Rouleaux, aux Boas, aux Couleuvres proprement dites etc., dont touslesos de la face jouissent d’une plus ou moins grande mobi- lité, en même temps que leurs os maxillaires supé- rieurs sont généralement très-longs, et toujours garnis, ainsi que les inférieurs , d’un certain nombre de dents, parmi lesquelles on n’en remarque aucune qui pré- sente , soit un canal intérieur, soit une rainure longi- tudinale à sa face antérieure. La troisième section réunit , sous le nom d’Apxosé- ROPHIDES , les espèces qui se distinguent de cellés dela division précédente, en ce que leurs dernières dents sus-maxillaires sont creusées en avant, et dans toute leur longueur, d’une cavité ou d’une sorte de gouttière, plus ou moins profonde , plus ou moins évasée, des- tinée à l'écoulement d’une humeur sécrétée par d’au- tres glandes que les salivaires, mais qui pourtant ne contient aucun principe malfaisant , comme celui au- quel servent de conduits les crochets tubuleux situés à l'extrémité antérieure de la mâchoire supérieure des Ophidiens , appartenant aux deux sections suivantes. Les véritables Psammophis, les Cœælopeltis , les Oxyr- rhopes etc., font partie de cette troisième section. Les espèces telles que les Élaps, les Najas, les Bon- gares, les Hydrophis, etc., constituent la quatrième section , dite des Arisrormipes. Elles ont bien les deux mâchoires dentées et les os du museau susceptibles de 70 REPTILES OPHIDIENS. légers mouvements, de même que chez les Azémio- phides et les Aphobérophides; maïs leurs premières dents de la mâchoire d’en haut, laquelle est tantôt très- courte, tantôt plus ou moins allongée, sont des crochéts à venin, creusés en avant, pour l'écoulement de cette humeur venimeuse, au moyen d’un canal formé par une gouttière dont les bords, quoique fort rapprochés l’un de l’autre, ne sont cependant pas complétement soudés ensemble ; de sorte que ces crochets, d’ailleurs médiocrement longs, offrent toujours une fissure lon- gitudinale sur la courbure de leur face antérieure. Enfin, à la cinquième et dernière section , appar- tiennent les plus redoutables de tous les Serpents ve- nimeux ou les Tuanarormmes, lesquels différent des précédents par des sus-maxillaires , qui, outre qu'ils sont toujours excessivement courts , ne portent aucune autre dent , qu'un groupe de très-longs crochets sans fissure ni cannelure externes ou dont le conduit vé- nénifère est un tuyau tout à fait intérieur, qui les par- court d’un bout à l’autre: les Vipères, les Crotales et les Trigonocéphales sont les types de cette dernière section. Le tableau synoptique qui suit indique les cinq seclions dont nous venons de parler. On trouvera l'énoncé des caractères des familles et des genres à la fin de chacun des articles qui leur seront consacrés ; ce qui nous permettra de faire connaître les pages correspondantes à nos descriptions. Le tableau com- -plet des Ophidiens ne pourra être donné, pour la même raison, que lorsque nous aurons terminé l’im - pression du septième volume. 7x “suorouorur “sunoausorur “dofryro) * sUDuITe *sUDUYIT * PO * [exez SXOLVNYS ‘A -mpquypo uou sopy 1no ‘ snyoodsns r9py * snpJ404 :398dsns ‘epgaod “XOLXINIS ‘AI -snpuopy ‘snpuoun uou © xpou os Sed jiopou uo juop * o1purex sed xop ou uo,nb EXOdAIOY ‘III peux np aurez quod au mb ‘arqised ‘xnop ‘4n920 * peux op sed Jrejou mb ‘snimouur ‘juooouut ‘ROINHZY ‘II auediog ‘5160 op 19 : suoanGy WoWloR sNo11QUN ‘SUUUIQ ouquior ‘aoa ‘S0xs XHVONX ‘I “SHNHOAIMTAIA °SAGIHdOLVNVHIL ‘A ‘ ‘JUPAOP uo sodnjns 9p 29847 SUES # CLASSIFICATION ADOPTÉE. 919JIU9U9A jeueo un Age 4 4 *STNVO AO YTIVI -SAAIHdOLSIAY “AI * * ‘ ‘UOJJS Un JurAB u9 JUEWIO} sed Suoj ue sonmoosed SIN 9 AU Sade [IXEU-sn8 Sa ‘Sallogoeut xnop xne ‘SINMOÏTANAGLT “SAGIHdOMASOHAY ‘III ‘onmo$ eunp jueae uo s99sneu9 | sainonasod sa] ‘souro]d syu2q *SANMOILUNOIT) SAGIHdOINAZY ‘EL © © © © © * * © * ‘souwd ‘sopuou *SINHOIINUTA *SHAIHAdONDYIONS 1" "0 : * * HN +8 : ++ + *sodopoymu $9p SMNE] & NO OU [€ JUS [NS ES a — — *20a1d ons sun p onpeo oumopido unp 219An00901 ‘ 2[qISU97x9 99PH09 neo ‘S2]Iqou saraidned 9p sed ‘ouxaxe juipne jinpuoo tu ‘onbuos mu ‘joursip noo 2p quiod ‘rpuoxre 2[{puos jnos un e 279.j, ‘auvuos a onb son£uoy snjd ‘sojqerenp sogoueiq ve aanortopur a110uor IN À ter] Ê 2 somutod sjuap op auaeS agonoq { soned saxooSeu 1u soyed sues ‘310479 ‘ipuoure ‘o$uoyje sd10") DE —— ‘SNHIQIHdO SAT ‘SAILLdAU SA ASSVT9 V'T A4 AUAUO ANAISIOUL "SAMALOVAV") REPTILES OPHIDIENS. I Le CHAPITRE IL DE L'ORGANISATION, DES FONCTIONS ET DES MOEURS CHEZ LES REPTILES OPHIDIENS. L'étude que nous allons faire de l’organisation des Serpents, en suivant la série des fonctions animales , nous donnera occasion de présenter des considérations générales sur la conformation, les mœurs et les habitu- des de ces Reptiles. C’est l’ordre d’après lequel nous avons procédé jusqu'ici : cette marchenous paraît avoir l'avantage de faciliter les comparaisons dans le même système d’arrangement, et de nous faire passer néces- sairement en revue toutes les circonstances importantes et les particularités qui peuvent intéresser les natura- listes et les physiologistes qui se livreront à l’étude de ces animaux , pour en bien connaître l’histoire. ñ 6 I. Des oRGANES Du MOUVEMENT ET DE LEURS ACTIONS DIVERSES. La manière dont les Serpents se meuvent , est évi- demment la conséquence du défaut de pattes; de même que leur vie dans l’air atmosphérique, est indi- quée par la présence de leur poumon. Les Serpents sont en outre dans la nécessité de pourvoir à leur sub- sistance A uniquement au moyen d’une nourriture ani- male, qu'ils doivent saisir vivante et avaler tout en- ‘tière et en une seule fois, parce que la nature ne leur a pas accordé, comme à d’autres reptiles , les instru- ments tranchants propres à diviser leurs aliments. Ces circonstances réunies ont imprimé non-seulement ORGANES DU MOUVEMENT. 73 au re du corps des Ophidiens, CHE LT à leur con- figuration apparente, mais encore à l’intérieur dans toute leur structure, des caractères que nous y retrou- vons inscrits et que nous allons d’abord considérer ici sous le simple rapport des mouvements que ces ani- maux peuvent exécuter. Le corps d’un Serpent consiste en un tronc con- sidérablement allongé, sans distinction notable de ré- gions pour les diverses parties de son étendue. À l’in- térieur ce corps a pour tige solide, ou pour support principal, une très-nombreuse série de petits os mo- biles , quoique fort solidement fixés et attachés les uns aux autres. Ce sont des vertèbres, à peu près sem- blables entre elles , qui servent, à l’insertion d’un plus grand nombre de faisceaux de fibres motrices destinées à produire et à répéter , chacun en particulier, à l'in- fini et de la manière la plus régulière, tous les mouve- ments qui leur sont isolément imprimés. En outre, cette longue échine ou cette charpente mobile, est creusée, perforée dans toute son étendue, pour former un canal continu qui loge et protége la moelle ner- veuse, prolongement du cerveau. Par des trous symé- triquement ménagés entre chacune de ces nombreuses vertèbres , sortent , à de mêmes intervalles, les paires de nerfs destinés à se distribuer et à se termirer dans toutes les parties du corps. Cette structure générale des organes propres aux mouvements semble avoir entraîné les modifications les plus grandes, sous le rapport des formes et de la situation relative , dans tous les instruments appelés à exercer les fonctions de la vie générale ou végétative, comme celles de la nutrition et de la propagation. Ce- pendant les moyens qui servent à mettre ces animaux 7  REPTILES OPHIDIENS. apport entre eux et avec le monde extérieur , à l’aide de leurs sens, sont à peu près les mêmes que chez les autres Reptiles. Le Serpent étant dépourvu, au moins en appa- rence , des instruments propres à diviser la proie qu’il doit engloutir sans la mâcher , il à fallu que la victime füt poursuivie, arrêtée , saisie et aävalée tout entière, comme en une seule bouchée. Ces circonstances ont fait attribuer à ces Reptiles, des facultés toutes spééia: les. Tantôt une extrême et subite agilité, une flexibi- lité, une souplesse, une rapidité excessives dans les mouvements sont accordées au Serpent pour qu'il puisse se mettre à la piste de l'animal que son avidité convoite , afin de l’atteindre dans sa fuite; tantôt et plus souvent, déployant une force de constriction pro- digieuse et la puissance musculaire la plus active, le Serpent s'attaque à des animaux dont le volume excède celui de son propre corps. Il s’élance sur eux, les en- veloppe , les étreint , les étouffe en les comprimant et en brisant leurs os entre les replis tortueux de ses nom- breuses circonvolutions , quoiqu'ils aient souvent un diamètre qui dépasse celui de sa gueule, qu’il élargit à volonté , et dans Hu ers il parvient cepenilant à les faire pénétrer , après avoir écrasé leurs chairs dans la peau qui les recouvrait. D'autres espèces, moins agiles ou moins robustes, exercent une fascination, une puissance qu’on a regar- dée comme magnétique ou surnaturelle, en inspirant à la proie qu'ils épient , une sorte de stupeur, de ter- reur instinctives qui annulent et paralysent les mou- vements et les efforts de l'animal, qui voudrait en vain se soustraire et échapper au sort funeste, à la fatale destinée qui l'attend. Tel nous voyons lé chien d'arrêt ORGANES DU MOUVEMENT. 70 agir à distance , et par son seul regard, sur le gibier qu'il à découvert : celui-ci n'ose se déplacer pour s’en- fuir , de crainte de déceler sa présence par le mouve- ment ; il paraît alors arrêté par un pouvoir magique qui suspend toutes ses facultés ; il lui semble impossi- ble de se soustraire à un danger aussi imminent; il cède à ce tourment qui le désespère , et cependant si les forces lui manquent , il succombe : il est dévoré. Il est quelques autres genres d'Ophidiens qui, après avoir supporté de très-longuesabstinences, et lorsqu'ils éprouvent le besoin impérieux de se nourrir , sont tout à coup excités par une ardeur impétueuse de courage et d’énergie insolites. Ils deviennent furieux à la vue de l'animal dont ils sentent la nécessité de s'emparer. À l’improviste, et avec la rapidité d’une flèche, ils lan- cent sur cette proie une gueule béante , au devant de laquelle sont redressées les pointes aiguës de quelques dents allongées et courbées en crochets , dans l’épais- seur desquelles est pratiqué un canal et une rainure par lesquelles suinte et pénètre une humeur venimeuse qui s’introduit dans les chairs. C’est un poison actif, sécrété d'avance et mis en réserve dans une vésicule dont la nature les a munis dans sa prévoyance infinie. En pénétrant au-dessous de la peau , ces dards empoi- sonnés y déposent une petite quantité de cette humeur délétère qui, bientôt absorbée, ne tarde pas à produire divers effets funestes, soit en paralysant subitement les mouvements de l'animal blessé par cette simple pi- qüûre , soit en produisant chez lui un sommeil léthar- gique NC peut-être heureusement , en le soustrayant aussi à la douleur par la privation de la sensibilité; mais dans tous les cas en le mettant dans l'impuissance d'échapper à la mort, et d'éviter une destruction de- 76 REPTILES OVHIDIENS. venue nécessaire à la conservation du Serpent, qui n'avait que cette seule ressource pour s’en rendre maï- tre , afin de se nourrir de sa chair. Afin de faire connaître les formes, l’organisation , l'usage et le but pour lequel ont été disposés les in- struments de la vie qui , chez les Serpents comme dans tous les autres animaux, sont appelés à remplir leurs fonctions diverses, nous allons étudier successivement dans l’ordre naturel et physiologique, la structure et l’action de leurs différents systèmes d’organes.D'abord, ceux qui sont destinés à les mettre activement en rap- port entre eux et avec les autres corps de la nature, en permettant les divers mouvements qu’exige leur trans- lation dans des circonstances nécessairement très-va- riées ; en leur donnant la faculté d’exécuter leurs vo- lontés qui sont la conséquence des sensations diverses qu'ils peuvent éprouver en dedans comme au dehors de leur propre individu , puis tous les moyens de se nourrir ; enfin , ceux à l’aide desquels ils peuvent se reproduire et propager ainsi l'existence de leur race. 1° Des os et du squelette des Serpents. La forme générale et les dimensions en tous sens du corps des Serpents, sont déterminées par le nombre considérable des pièces osseuses qui constituent l’en- semble de leur squelette , c’est-à-dire par les vertèbres et par les côtes. Cette échine est cependant la plus | simple et la plus uniforme , parce qu’elle ne supporte ni sternum , ni bassin, ni membres articulés. Sous le - rapport des parties osseuses, destinées aux mouve- ments , on peut dire que les Ophidiens sont, parmi tous les animaux vertébrés, ceux dont la charpente la plus longue, relativement à son diamètre, est com- DES OS ET DU SQUELETIE. PE: posée de pièces les plus mobiles, et qui sont aussi les plus nombreuses et les plus semblables entre elles. L'échine des Serpents représente à l’intérieur du corps un axe solide qui sert de base et de support aux mouvements généraux, en même temps que ses pièces, quoique très-mobiles les unes sur les autres et très- résistantes par leur texture, transmettent à leur en- semble les impulsions qu’elles recoivent dans les dif- férentes régions de la longueur du tronc. Cet isolement , cette indépendance de la colonne vertébrale offre, sous ce rapport, un mécanisme bien différent de celui qu’on retrouve chez les autres ani- maux qui ont un squelette intérieur. En eflet , dans la plupart des poissons, les vertèbres reçoivent et suppor- tent les nageoires impaires qui représentent des rames dans l’action de nager; ensuite dans tous les mammi- fères, les oiseaux et la plupart des autres reptiles, l’échine sert constamment d'appui aux os des membres et aux autres organes solides destinés à produire les mouvements du corps, quand ces parties accessoi- res se rencontrent dans leur squelette. Le caractère commun à toutes les vertèbres d’un Serpent, celui qu’on peut considérer comme essen- tiel , est inscrit sur la région moyenne de ces petits os; c’est la portion la plus solide, le centre sur lequel ils se meuvent. Il résulte du mode particulier de leur jonction réciproque , jusqu'ici uniquement observée dans ces animaux , que toute vertèbre d'Ophidien est creusée, dans la partie antérieure de son corps, en une fossette concave , régulière , hémisphérique, cou- pée un peu obliquement sur sa circonférence, et que cette même partie centrale de la vertèbre porte enarrière une sorte de tête convexe, régulièrement 78 REPTILES OPHIDIENS, arrondie, correspondante par sa courbure à laconcavité qui doit la recevoir et l’enchässer. Gette tête, cette saillie de l'os, est elle-même supportée par une sorte de col ou de petit étranglement. Les deux facettes ar- ticulaires qui se correspondent ainsi par des courbures inverses, sont enduites d’un véritable cartilage d’in- crustation et munies d’une membrane synoviale que recouvre une capsule fibreuse , de manière à permettre des mouvements d’énarthrose semblables à ceux que les mécaniciens désisnent sous le nom d’articulation en genou. C’est une boule emboîtée, qui peut tourner sur elle-même dans tous les sens. Nous avions besoin de rappeler cette disposition, parce que les différences que présentent les nombreu- ses saillies dont sont hérissés ces vertèbres du côté du dos, du ventre et même latéralement , bornent, ar- rêtent ou facilitent par leur étendue, leur inclinaison, leurs courbures, la variété des mouvements de l’en- semble du corps. Elles indiquent, dans les différentes races des Serpents, la mobilité particulière de chaque pièce de l’ensemble de leur charpente; et cet examen fait comprendre d'avance, il explique les modifications principales qui ont été exigées pour chaque mode spé- cial de progression. Il fait concevoir en eflet le méca- nisme du mouvement des Ophidiens sur la terre, à sa surface et souvent au milieu des sables; leur manière de grimper , de s’entortiller sur les branches et sur le tronc des arbres pour y rester accrochés pendant des journées entières , et enfin les moyens qu’ils emploient pour se mouvoir soit à la superficie, soit dans les pro- fondeurs des eaux , où quelques-uns séjournent habi- tuellement. Ce qui frappe à la première vue dans cette suite DES 0$ ET DU SQUELETTE. 79 des os de l’échine chez les Serpents, c'est leur ressem- blance et leur uniformité dans es deux régions du tronc et de la queue , de telle sorte qu'il serait impos- sible au zootomiste le plus exercé d’assigner à chacune des pièces un rang exact dans la série , à l’exception peut-être des dernières vertèbres, qui vont le plus souvent en diminuant graduellement de grosseur. Ce sont les maillons articulés d’une chaîne, tellement sem- blables entre eux qu'ils paraïîtraient être sortis succes- siyement d’une même matrice dans laquelle ils au- raient recu leurs formes solides et leurs empreintes, pour entrer dans une concaténation aussi parfaite et aussi régulière; analogues à ces chaînes brillantes qu'exécutent nos orfévres habiles dans la confection des colliers, dont les mailles innombrables et exiguës sont tellement agencées entre elles, qu’elles se prêtent à toutes les directions que la main peut leur imprimer. Généralement ces vertèbres sont courtes , larges, d’un tissu compact et par conséquent très-solides et très-résistantes ; aussi est-il plus facile, dans les chocs violents que l’on imprime à l’échine d’un Serpent, d’en disjoindre les pièces que de les fracturer. Leur nombre varie beaucoup, suivant les genres et les espèces. On a observé qu'il n’est pas constamment le même dans les régions : il s'élève quelquefois jusqu’à quatre cents dans quelques Boas et Pythons. Il est rarement au- dessous d’une centaine ; de sorte que les serpents sont réellementles plus vertébrés parmi les animaux , comme les grenouilleset les autres Batraciens anoures le sont le moins, n'en ayant que huit ou neuf au plus. On a re- marqué en outre que ces os de l’échine sont comparative- ment un peu plus longs et plus étroits dans les espèces quigrimpent etqui vivent habituellement surlesarbres, 80 REPTILES OPHIDIENS. C'est au nombre prodigieux des os qui compo- sent la colonne vertébrale, et à leur grande mobilité, que le corps des Serpents doit sa flexibilité extrême et la faculté qu'il a de pouvoir s'adapter à toutes, les surfaces , quelles que soient leurs courbures , pour y trouver des points d’appui. Leurs mouvements ont lieu principalement sur les côtés , de droite à gauche et réciproquement ; quelquefois, plus rarement , de haut en bas et de devant en arrière. Quoique cha- cune des pièces de l’échine tourne très-peu sur son axe, la plus petite déviation qui peut s’y opérer devient le centre d’un rayon flexible représenté par la partie prolongée de la colonne du côté de la tête ou vers celui de la queue. Comme la progression s'exerce le plus souvent par des mouvements latéraux, c’est dans ce sens que les articulations vertébrales semblent se prêter le mieux à leur glissement réciproque. Quelques-unes des vertèbres offrent assez constam- ment des particularités, qui peuvent aider à les faire distinguer entre elles, comme appartenant à telle région du corps, et les font ainsi reconnaître même lorsqu'elles sont isolées. Telles sont les deux premières du côté de la tête ; puis celles qui supportent les côtes, et enfin celles de la queue, ou quelques-unes de celles- là, en particulier dans les Crotales, et le plus souvent celle de l'extrémité du tronc au-dessus de l’orifice du cloaque. L’atlas est généralement une des plus petites verté- bres. Comme elle n’a pas d’apophyses épineuses, ni de corps , elle représente un simple anneau osseux , à tra- vers lequel passe en arrière la moelle nerveuse, et en avant ou en bas elle admet l’éminence antérieure du corps de l’axis qui , au lieu d’être en forme de dent , DES OS ET DU SQUELETTE. 81 présente sur sa partie tronquée une concavité articu- laire destinée à recevoir le condyle de loccipital, de sorte que sur cette surface , les mouvements de la tête et de l’échine sont réciproques. Toutes les vertèbres abdominales ou costales, qui viennent immédiatement après, correspondent 4 la grande cavité cylindrique qui renferme les viscères. Leur caractère distinctif se trouve dans les empreintes des surfaces articulaires destinées à recevoir les côtes ; de même que labsence de ces empreintes, ou celle des facettes cartilagineuses sur les apophyses trans- verses , ainsi que leur plus grand développement, joint à la direction de ces éminences, font reconnaître les vertèbres caudales. La forme de ces dernières varie au reste suivant la configuration et les usages de [a queue, qui tantôt est conique et arrondie, comme dans le plus grand nombre des couleuvres ; tantôt comprimée, comme dans les espèces éminemment aquatiques, telles que les Pélamides et les Hydrophides ; et quel- quefois simplement déprimée sans apophyses épineuses bien saillantes , ainsi qu’on l’observe dans les Serpents à crochets venimeux , et surtout dans les espèces du genre des Crotales. Nous ne parlerons ici de la tète des Serpents que sous le rapport de ses mouvements généraux, et de son articulation avec l’échine; lorsque nous ferons connaître le système nerveux, nous considérerons le crâne comme une boîte qui loge et protége les organes des sens et le cerveau. L'appareil des os de la face et des mächoiïres, qui est destiné principalement à la préhension des aliments et à la déglutition, sera étu- dié avec les organes de la digestion. C’est par l'os occipital et par son condyle unique, REPTILES , TOME VI. 6 82 REPTILES OPHIDIENS. situé au-dessous du grand trou vertébral, que la têté se joint à l'échine, par l’intermède de l’atlas, sur l’é- minence creusée dans l’axis. Cette porlion arrondie et saillante de l’occiput semble en effet formée par la réunion de trois petites facettes dont les limites se trouvent indiquées par deux lignes saillantes qui indi- queraient la soudure ou les points de jonction des apo- physes articulaires avec le corps ou le prolongement de l’éminence basilaire du crâne. Il en est au reste de cette articulation, comme de celle qui lui correspond dans les autres Reptiles, à l'exception des Batraciens, car elle est évidente dans les Chéloniens et dans les grands Sauriens. Les côtes des Serpents sont des leviers prolongés, des appendices latéraux des vertèbres, qui étant desti- nés, ilest vrai, à l’acte mécanique de la respiration, ser- vent encore beaucoup plus à la progression , en même temps qu’elles entourent et protégent la cavité qui contient leurs viscères, sans la circonscrire entière- ment. Comme elles ne sont pas jointes entre elles par un sternum , elles peuvent s’écarter en travers , et de- vant en arrière réciproquement dans les diverses ré- sions du tronc. Il résulte de là que la forme, la grosseur et l'ampleur du ventre sont variables dans les mêmes individus; elles dépendent de la dilatation du canal digestif, qui peut admettre ainsi les animaux les plus volumineux, en permettant à la matière qui les compose d'y séjourner pendant tout le temps nécessaire pour l'opération digestive, laquelle cependant exige chez iles Ophidiens un espace de temps considérable, puisqu'elle demande souvent plusieurs semaines. Des deux extrémités des côtes , l’une, la vertébrale, est comme fourchue, c’est celle qui s’articule avec l’é- OS ET LIGAMENTS. 83 Din par deux points différents, mais fort rapprochés. La plus interne présente ordinairement une facette articulaire qui s’unit avec le corps d’une seule vertèbre, mais très en arrière, quelquefois avec deux de ces os ; l'autre fourche s’appuie par un point assez rapproché, sur l’apophyse transverse de la même vertèbre. L’ex- trémité libre et opposée de la côte recoit un prolonges ment cartilagineux qui la continue, et qui se trouve enveloppée de fibres charnues ou aponévrotiques ad- hérentes à la peau , et par suite aux grandes plaques écailleuses du ventre, auxquelles elle sert de point d’ap- pui comme une sorte de patte, ainsi que nous l’expo- serons par lasuite quand nous traiterons du ramper. La forme des côtes et surtout leur mobilité, leur courbure, ainsi que leur longueur, varient suivant celles du tronc. Dans les espèces qui ont le corps forte- ment comprimé, comme dans certains Boas et quelques autres Serpents d'arbres, dont le tronc est plus haut que large, les côtes sont généralement moins courbées, souvent comme brisées près de leur articulation ver- tébrale ; elles sont aussi plus larges ou légèrement aplaties de dehors en dedans. Dans les espèces qui ont le corps tout à fait arrondi ou comme cylindrique, la courbure des côtes est plus régulière, et elles offrent sur leur longueur , à peu près autant de largeur que d'épaisseur. | Souvent les deux ou trois premières vertèbres ne portent pas de côtes, ou alors elles sont très-courtes ; mais dans quelques genres comme dans les Serpents à coiffe ou Najas , les côtes dites collaires, sont plus lon- ques , plus droites, et plus mobiles pour supporter les téguments de cette région du cou , qui peuventse dis- tendre pour recevoir et cacher la tête, 84 REPTILES OPHIDIENS. Le nombre des côtes est considérable : il est de près ou même de plus de 300 dans quelques Pythons et Tri- sonocéphales ; il y en a moitié de ce nombre dans la Vipèreet dans la Pélamyde, espèces qui ont la queue beaucoup plus longue que le ventre. Aucun animal vertébré n’a réellement plus de côtes que les Ophi- diens , car dans les Murènes et les Ophisures , qui sont ceux des Poissons chez lesquels on compte le plus de côtes ou de cerceaux, plutôt abdominaux que thora- ciques, le nombre de ces os s'étend rarement au delà de quatre-vingts. Il n’y a jamais de membres véritables dans les Ser- pents ; quelques espèces cependant , les Boas et les Py- thons, portent sur les commissures de la fente du cloaque une paire d’ergots cornés supportés par un ap- pareilidans lequel M. Mayer de Bonn a cru, en y voyant des pièces osseuses articulées, reconnaître les rudiments ou les traces de véritables pattes posté- rieures. Nous les ferons connaître avec plus de détails, quand nous traiterons de ces deux genres d’Ophidiens; car ces ergots paraissent servir de crocs ou de points d'appui à l’animal, lorsqu'il se porte en avant. Les ligaments qui réunissent les vertèbres entre elles et avec les côtes sont analogues à ceux qui existent dans les autres animaux. Il n’y a de différences réelles ici que celles que nous avons déjà indiquées pour les capsules articulaires des corps des vertèbres qui sont, comme nous l'avons dit, munies d'une membrane sy- noviale et incrustées de cartilages. Il en résulte un _ glissement par énarthrose entre les deux surfaces dis- posées comme les articulations mobiles d’uneconcavité hémisphérique, c’est-à-dire, en recevant une partie convexe correspondante , ainsi que les mécaniciens la ORGANES DU MOUVEMENT. MUSCLES. 85 construisent dans les supports des instruments d’op- tique , qu’ils nomment articulations en genou, ce qui favorise le jeu des longues et grandes lunettes sur leur support. Il y a aussi à l'extrémité vertébrale des côtes de pe- tits ligaments élastiques qui se prêtent à un léger al- longement quand les muscles agissent sur ces os pour les rapprocher les uns des autres, du côté du ventre, mais qui, aussitôt que cette action cesse, reportent les côtes dans leur direction première, pour dilater le ventre et éloigner les cerceaux de la ligne moyenne. Cette circonstance , ainsi que nous le verrons en trai- tant de la respiration, produit une sorte de dévelop- pement passif de la cavité abdominale, à peu près de la même manière que le court ligament comme corné, placé en arrière de la charnière des coquilles bivalves , telles que les Huîtres et les Moules, tend à écarter ces valves, lorsque les muscles internes cessent d’agir, soit activement pendant la vie du Mollusque, soit passi- vement après sa mort, auquel cas les coquilles restent constamment entre-baillées. 9° Des muscles ou des organes actifs du mouvement dans les Serpents. Tous les muscles chez les Ophidiens sont spéciale- ment destinés à agir sur leur colonne vertébrale ; mais comme cette tige centrale est la base unique sur la- quelle repose toute la mécanique de leurs mouvements généraux, c’est sur les os de l’échine et sur la nom- breuse série des vertèbres qui la constituent que sont dirigées toutes les puissances actives de la locomo- tion. La myologie du rachis dans les Serpents paraît très- 86 REPTILES OPHIDIENS. compliquée quand ces animaux sont dépouillés de leurs téguments. En effet , la masse musculaire formée par les fibres charnues et tendineuses, jointe à celle des os, représente en volume et en poids, quand l’a- nimal est réduit à ses simples organes, à peu près les neuf dixièmes de la totalité de son corps. Mais ces muscles se répètent, se reproduisent dans chacun de leurs faisceaux d’une manière si constamment uni- forme, que leur étude partielle, en considérant sépa- rément ceux qui se rendent à une même vertèbre, suf- firait pour donner une idée de la disposition générale de l’ensemble de l’échine. Au reste, ces muscles peuvent être distingués par régions : {” ceux qui sont situés au-dessus du canal de la moelle épinière ou du côté de l’apophyse épineuse supérieure , c'est-à-dire, dans les deux gouttières la- térales entre les côtes ; 2° ceux qui sont placés sur l'é- chine du côté du ventre ou des corps des vertèbres ; 3° ceux qui agissent sur les côtes , lesquelles sont véri- tablement des apophyses transverses prolongées , très- développées : car, malgré qu’elles soient articulées, elles le sont d’une manière si solide, que les mouve- ments qui sont imprimés ou produits sur l’une d’elles se transmettent et se reproduisent sur la vertèbre à la- quelle elle correspond, et par suite à la région de l’é- chine. 1° Les muscles dorsaux forment trois rangées ou faisceaux de fibres étendues dans toute la longueur des gouttières vertébrales. La ligne la plus interne, à droite et à gauche , représente l’épineux du dos, mais ilest très-compliqué, parce qu'il est composé de lan- guettes longues et étroites qui se terminent par des tendons grêles , tellement rapprochés et liés entre eux ORGANES DU MOUVEMENT. MUSCLES. 87 par des expansions aponévrotiques, qu’ils semblent ne former qu’une masse qu’on ne peut séparer qu'en sui- vant la direction et la terminaison de leurs fibres dans le sens deleur longueur. On voit alorsqu’elles viennent se fixer sur chacune des apophyses épineuses. Il y a en outre des fibres plus courtes qui paraissent des- cendre en sens inverse de quelques-unes des épines vertébrales supérieures , maïs à des intervalles qui varient de trois à sept et même plus. La rangée moyenne des fibres musculaires paraît correspondre au faisceau qu’on nomme lesrand dorsal. Elle est composée de fibres dont la direction, un peu oblique, s'étend des apophyses transverses d’une ver- tèbre inférieure à la septième ou huitième vertèbre, vers son épine à la base; mais là, le tendon se lie à d’autres qui sont fournis par la masse musculaire in- terne; une autre complication semble aussi exister en dessous par le croisement de diverses fibres qui se di- risent en sens inverse, parce qu'elles proviennent ou aboutissent vers les mêmes points. On a comparé cette série de fibres à celle du muscle grand transversaire des autres animaux vertébrés, chez lesquels ils sont bien plus faciles à suivre. La troisième rangéeest la plus extérieure. Les fibres charnues qui composent sa masse aboutissent à de pe- tits tendons fixés sur les côtes, très-près de leur in- sertion sur les vertèbres; mais il y a encore ici desfi- bres croisées, de sorte que, lorsqu'on a isolé les fais- ceaux , en les soulevant , on voit des espaces libres qui sont semblables, par leurs aires, à des trapèzes fort al- Jlongés. Comme tous ces muscles sont situés parallèlement dans un petit espace , et que leur action s'exerce dans 88 REPTILES OPHIDIENS. des coulisses étroites , ils ne peuvent produire que des mouvements peu prononcés dans le sens latéral; mais ils consolident l'articulation réciproque des vertèbres, en les rapprochant les unes des autres, ou en les rame- nant dans une même direction longitudinale , lors- qu'elles ont été entraînées d’un côté ou de l’autre, comme cela arrive dans l’action de ramper, qui est la progression la plus ordinaire chez les Serpents. 2 Les muscles de la région sous-vertébrale sont beaucoup moins développés encore. Comme il y a sou- vent une crête moyenne sur le corps de chaque ver- tèbre, et même une sorte de petite apophyse épineuse, on peut distinguer des fibres charnues qui, provenant de l’apophyse transverse de l’une des vertèbres infé- rieures , telles que la troisième ou la quatrième, par exemple, forment un petit faisceau qui remonte vers la crête moyenne ; mais comme ces fibres se répètent , il en résulte un ensemble qu’on peut regarder comme une série de transversaires épineux inférieurs , les- quels ont encore la même fonction que ceux des supé- rieurs , mais en sens inverse. On les retrouve égale. ment sous la queue; ils sont là plus courts, un peu plus gros, et dans les premières vertèbres du côté de la tête, ils représentent le long du cou, surtout chez les espèces qui ont la queue préhensile ou susceptible de recourber en dessous. 3° Les véritables organes actifs ou les muscles qui produisent les mouvements les plus étendus sont ceux qui se fixent aux côtes sur les parties latérales en ar- rière et sur la région du ventre, de même que sur les parties correspondantes aux apophyses transverses des vertèbres de la queue; ceux-ci sont assez souvent plus développés et comme doubles. ORGANES DU MOUVEMENT. MUSCLES. 89 Il y a des inter-costaux internes et externes qui re- présentent les muscles inter-transversaires des oiseaux et des mammifères , si faciles à voir dans la région du cou. Mais ici ils sont étalés dans les espaces que lais- sent entre elles la côte qui précède et celle qui la suit. Il y a en outre des faisceaux qui proviennent d’une apophyse transverse par un petit tendon qui s'étale pour donner insertion à un plan mince de fibres char- nues qui vont se fixer à la côte suivante, en la bordant dans toute sa longueur. D’autres s’étendent , comme une couche charnue et imbriquée, jusqu’à la quatrième ou cinquième côte en dessous ou en arrière. En dedans , à la face concave de la côte, on voit d’autres fibres charnues qui se dirigent obliquement de l’une des vertèbres où elles prennent naissance , à la racine de l’apophyse tranverse, vers la quatrième ou cinquième côte suivantes, en formant une lame peu épaisse de fibres très-rapprochées, consolidées par une aponévrose membraneuse qui les recouvre. Ces fi- bres charnues vont se fixer le long du bord antérieur de la côte, ou du côté de la tête. Entre ces muscles, il y en a d’autres qui viennent s'attacher au derme, surtout dans la région inférieure, vers l’extrémité libre de la côte. Ces fibres charnues se fixent à la peau par des lames tendineuses qui se perdent à la base des grandes plaques ventrales qu’el- les servent à relever légèrement, comme les planchet- tes d’une persienne, afin qu’elles servent de points d'appui au Serpent comme autant de petits sabots ou des pattes qui simuleraient celles des insectes dits Mil- lepieds, comme les Tules. En général, les grandes plaques ventrales, placées en recouvrement les unes sur les autres et qui peuvent 90 REPTILES OPHIDIENS. se relever en arrière en s’écartant les unes des autres, sont en nombres correspondants à ceux des vertèbres ou des côtes, de sorte que ces plaques indiquent à peu près en dehors la quotité des os de l’échine et celle des côtes que les os reçoivent , car la symétrie est ab- solue. Dans la région médiane et entre les côtes , sous le ventre , on voit une sorte de paroi musculaire ; ce sont des plans de fibres analogues au muscle peaucier ; peut- être correspondent-ils aux muscles du bas-ventre, les obliques et les transverses ; mais comme ici il n’y a ni sternum ni bassin , il n'existe pas de muscles droits ni de pyramidaux. Les muscles de la queue représentent à peu près ceux du tronc pour les régions supérieures et inférieu- res, seulement les latéraux, ceux qui correspondent aux côtes , ont des analogues moins développés dans les faisceaux charnus qui ont pour attaches et termi- naïsons les apophyses transverses , lesquelles sont as- sez souvent longues, tandis que dans d’autres espèces, ces éminences sont à peine indiquées par des tuber- cules. Tels sont les instruments qui servent aux mouve- ments généraux des Serpents, et, comme nous le ver- rons par la suite, à l'acte mécanique de la respiration. Mais les espèces qui jouissent de quelques facultés particulières, ont obtenu de la nature des moyens spé- _ciaux pour les exercer. ainsi que nous l'indiquerons en faisant l’histoire des mœurs et des habitudes de cer- tains genres, comme en traitant de la coille et de la rétractilité de la tête des Najas, des grelots et de la mobilité stridulente de la queue des Crotales, du ba- lancement du corps et de la flexibilité extrême de l’ex- MOUVEMENTS GÉNÉRAUX. RAMPER. O1 trémité postérieure des Boas, qui leur permet de glis- ser , de s’enrouler et de se suspendre sur les branches. De même qu'à l’aide des ergots qui sont situés à la pa- roi inférieure et à l’origine de leur queue très-courte, ils ont la faculté de s’arc-bouter sur les corps qui peu- vent leur fournir une résistance suffisante : ce sont ces muscles vigoureux et les vertèbres solides des Py- thons auxquels il faut attribuer surtout, la force pro- digieuse de constriction qui leur permet de briser les os des mammifères lorsqu'ils les étouffent, 3° Des mouvements généraux chez les Serpents. On a peine à concevoir comment les Ophidiens, pri- vés de membres, peuvent imprimer à leur corps la diversité des mouvements généraux qu'on leur voit produire. Tantôt c’est la faiblesse d’un corps souple, délié et très-flexible suivant toute sa longeur , qui per- met ou facilite l’agilité et la prestesse dans la faculté locomotrice ; tantôt, au contraire, c’est la force et la risidité du tronc qui, jointes à son volume considéra- ble et à l’action énergique et successive des muscles , déterminent la puissance prodigieuse dont sont doués les très-gros Serpents lorsqu'ils enveloppent, étouffent et écrasent dans leurs replis tortueux, le corps des ani- maux destinés à devenir leurs victimes. Les Serpents, lorsqu'ils rampent, se déplacent par des mouvements alternatifs d’ondulations flexueuses ou de sinuosités. Alors ils se ploient, se déploient, se re- plient sur eux-mêmes en formant autant de courbures en S par un grand nombre de contours et de révolu- tions variées ; mais ils peuvent aussi se dresser, s’éle- ver presque verticalement, au moins en partie, en roidissant quelques régions de leur échine qu'ils sou- 02 REPTILES OPHIDIENS. tiennent et font mouvoir sur une autre portion de leur propre corps. Quelques-uns restent immobiles et en embuscade sur les arbres , ayant leurs longs replis en- trelacés sur les branches auxquelles ils s’accrochent et se suspendent , en balançant leur masse pour la pro- jeter subitement à de grandes distances , comme par un mouvement de fronde. D’autres fouissent la terre ou s’insinuent dans des galeries souterraines, afin d’y trouver un refuge ou pour y chercher une proie dans les habitants qui les ont creusées. Il en est même qui nagent et se soutiennent à la superficie des eaux ou en plongeant dans leur profondeur ; car c’est là seulement qu'ils épient et poursuivent les victimes qu'ils doi- vent saisir vivantes et avaler d’une seule bouchée ou tout d’une fois, sans les diviser. Le ramper (1) est le mode de progression le plus général chez les Serpents ; cet acte est produit par une suite de contractions successives, communiquées à leur longue échine par les muscles nombreux qui s’in- sèrent aux vertèbres et aux côtes. Pour bien compren- dre comment cette action ou la reptation s'opère, il faut supposer que l'animal étant stationnaire, ou ayant fait une pause momentanée, est arrêté par une surface plus ou moins résistante sur laquelle il rencontre un point d'appui. Le plus ordinairement c’est sur le ventre ou sur la partie inférieure du corps, qu'il se trouve appliqué (2). Il soulève d’abord la tranche postérieure ‘et mobile d’une ou plusieurs lames cornées solides, dont (1) Le Créateur dit au Serpent dans la Genèse , chap. 3, verset 14 : Quia fecisti hoc, maledictus es inter omnia animalia et super ventrem tuum gradieris. (2)... Coluber nodoso gramine tectus, Ventre cubat flexo semper collectus in orbem, Cozumezze. MOUVEMENTS GÉNÉRAUX. RAMPER. 93 l'abdomen et la queue sont garnis , de manière à faire avancer les plaques situées en avant, sur lesquelles alors il semble glisser , puis successivement sur toutes celles qui précèdent ; car ces plaques agissent à l’aide des côtes qui s’y insèrent , de telle sorte qu’elles se meuvent comme autant de pattes qui correspondraient à celles que nous voyons sous le corps des Iules et des autrés insectes myriapodes. Ces mouvements ont lieu en même temps et de la même manière : ils se suivent régulièrement , se répétant dans un ordre admirable et successif sous toute la longueur de la région infé- rieure du corps ; on conçoit ainsi le déplacement di- rect imprimé à la masse qui se trouve nécessairement poussée d’arrière en avant, de telle sorte que la tête est portée plus loin et que la queue suit à peu près la même direction. Cependant cette progression s’opère, dans la plupart des cas, en même temps sur les par- ties latérales du corps, par une suite d’ondulations ou de sinuosités qui fournissent au Serpent des points d'appui sur les objets et les matières qui lui offrent quelque résistance à droite ou à gauche. On le voit alors courber régulièrement son échine suivant sa lon- gueur pour y produire des lignes sinueuses et arquées qui s’effacent successivement, puis se forment de nou- veau et se reproduisent autant de fois que l'obstacle rencontré peut continuer d'offrir de la résistance à la puissance qui le presse. C’est la manière de se mouvoir que nous voyons souvent chez les Anguilles et chez quelques Sauriens à corps très-allongé et sans pattes, comme les Orvets ; aussi désigne-t-on ce mode de trans- lation , quand il a lieu chez ces animaux , en disant qu ils serpentent : tel est en effet le mécanisme du ram- pement ou de la reptation. 94 REPTILES OPHIDIENS. Lorsque le Serpent éprouve le besoin de s'élever, ou de hausser quelque partie de sou corps, sil ren- contre alors un objet solide, il y applique son tronc, se dresse et se roidit en transportant ses efforts sur ce point fixe, en faisant arc-bouter la série des plaques du ventre les plus antérieures et par suite celles qui lui succèdent en arrière. Quand , au contraire, le sol est uni , les mêmes mouvements se produisent sur les parties du tronc qui ne quittent pas la terre sur la- quelle il semble glisser. Toute la région antérieure du corps trouve là une sorte de pilier ‘solide qui le sup- porte comme une base de colonne se développant et s’exhaussant sur elle-même. Alors on voit le Serpent élever verticalement la tête soutenue sur une sorte de cou de cygne, pour la faire tourner et la mouvoir mollementen tous sens , ainsi qu’on l’observe dans les Najas ou Serpents à coifle, lorsqu'ils prennent en ca- dence des attitudes bizarres, en paraissant obéir à la mesure des sons variés par les instruments ou par les chants des bateleurs indiens qui les soumettent publi- quement à ces sortes de danses, auxquelles ils ont été exercés d'avance par diverses manœuvres. Le saut actif est produit, comme on le sait , par un élancement toial de la masse de l’être vivant qui aban- donne tout à coup complétement et volontairement les surfaces sur lesquelles il était en repos, pour franchir librement dans l’espace une distance plus ou moins con- sidérable. Les Serpents , quoique privés de membres articulés , jouissent cependant de cette faculté, mais par des procédés assez particuliers qu’on peut facile- ment concevoir. Ainsi, tantôl le reptile, ayant le corps roulé en cercle surlui-même,le maintient tendu comme un ressort élastique qui resterait contourné en spirale MOUVEMENTS GÉNÉRAUX. NAGER. 99 par la force contractile des muscles de la région laté- rale interne, concave ou concentrique de l’échine ; mais tout à coup il se débande par le raccourcissement instantané du bord convexe ou externe de la circonfé- rence qui, venant à s’allonger ou à s'étendre subite- ment, se déploie avec une force et une rapidité extré- mes. Tantôt, pour opérer la course ou un transport plus rapide, tantôt pour fuir et avancer avec plus de célérité, le Serpent exécute ainsi une suite de bonds successifs ou de soubresauts partiels qui se produisent dans le sens de la longueur au moyen d’ondulations sur les flancs , en avant ou de haut en bas et réciproque - ment, avec de légères sinuosités qui se corrigent al- ternativement,. L'action de nager, soit qu'elle ait lieu à la sur- face des eaux ou dans leur profondeur , est encore due à des ondulations diverses. C'est un mode de progres- sion semblable à celui qui s'exécute sur la terre ou sur un sable mobile. Dans ces circonstances, le Serpent, pouvant à sa volonté devenir plus lourd ou plus lé- ger que l’eau qu’il déplace, par la quantité variable ou le volume des gaz que renferme son très-long poumon, peut s'appuyer sur le liquide en lui communiquant une force d’impulsion. Il profite de la réaction obtenue par l'effet du choc qu'il imprime au fluide ambiant. Cest principalement en se servant de la queue et de la partie postérieure du tronc que le Serpent s'appuie quand il est dans l’eau. Souvent, dans ce but, cette queue est élargie et fortement comprimée de droite à gauche, en forme de nageoire verticale, ainsi qu’on le voit dans les Hydrophides , les Enhydres et les Pla- tures. D’autresespèces, telles que certaines Couleuvres, peuvent à volonté devenir hydrostatiquement plus 96 REPTILES OPHIDIENS. lourdes que le liquide au fond duquel elles se blotis- sent et se tiennent immobiles, en embuscade dans le courant des eaux des torrents et des petites rivières, afin d'y saisir les poissons et les autres animaux aqua- tiques dont elles se nourrissent et qu’elles viennent ensuite avaler en se plaçant à sec sur le rivage. Il est présumable que dans cette circonstance, et pour tenir son corps ainsi submergé, le Serpent a diminué son volume en expulsant de son poumon l'air qu'il conte- nait en trop et en y laissant seulement la quantité qui pouvait subvenir aux besoins de sa respiration. ( IT. — pes ORGANES DE LA SENSIBILITÉ. La facuité de sentir, celle de percevoir l’action ou l'impression produites par les corps extérieurs, est fort peu développée dans les Serpents, comme dans tous les autres Reptiles. Cet attribut remarquable de la vie animale peut même être suspendu chez eux pen- dant un temps souvent fort long, au moins en appa- rence, ainsi que cela arrive l'hiver dans nos climats, car alors nous trouvons ces animaux dans un état de létharsie et d’engourdissement absolu , dont on les tire par l'effet de la chaleur. Cependant les Ophidiens sont doués d’une irritabilité musculaire véritablement éton- nante par son énergie et sa persistance. Leur cœur se contracte et palpite longtemps encore après qu'il a été isolé ou séparé du corps. Leurs mâ- choires s’abaissent, s’avancent, s’écartent , se rappro- chent, lors même que la tête ne tient plus au tronc. Privés de la faculté ou des moyens de respirer, après ävoir été enveloppés de plâtre, plongés dans le mercure ou placés sous la cloche vide de la machine pneuma- tique pendant des journées entières, on en a vu, dans ORGANES DE LA SENSIBILITÉ. 97 quelques expériences, reprendre peu à peu l'exercice de leurs fonctions et chercher à se soustraire par la fuite à de nouveaux dangers. Dépouillé de sa peau et de ses viscères principaux , un Serpent écorché depuis plusieurs jours et dont le tronc, suspendu à une bran- che d’arbre, avait été coupé par trançcons, manifes- tait encore , dans chacune de ces parties isolées, des mouvements évidents, quand on excitait la contracti- lité deses muscles. Ces observations ont porté à croire que c’est moins au cerveau qu'aux nerfs provenant de la moëlle épinière , qu’on doit attribuer la persistance de la sensibilité apparente, ou plutôt de l’irritabilité musculaire chez les Ophidiens ; car il est probable que la première faculté , celle de la conscience de leur exis- tence, ne s'exerce plus quand la tête est séparée du corps. Nous avons eu déjà occasion d’énoncer, en parlant de l’excessive longueur de l’échine des Serpents, et en particulier du diamètre de son canal vertébral, com- bien devaient être développés leur moëlle épinière et les nerfs qui en proviennent , surtout si on les compare au peu de volume de leur cerveau , dont on peut juger par l'étroitesse de la portion de la boîte osseuse qui renferme cet organe. C’est en effet l’une des particu- larités des Serpents d’avoir le crâne si petit, qu’il n'oc- cupe guère que le quart du reste de la tête, pour le volume et la largeur, parce que les os qui composent la face et les mâchoires sont, pour la plus grande partie, destinés à l’acte de la préhension des aliments et à la protection ou au réceptacle des principaux or- ganes des sens. Ge crâne, dont les os sont très-solides et résistants, quoique ses parois soient minces et parce qu’elles REPTILES, TOME VI. 7 98 R&PTILES. OPHIDIENS. n’ont pas de diploé, ni de cellules aériennes destinées aux organes de l'odorat et de l’ouïe , occupe la région médiane de la tête; cependant il ne s'étend pas tout- à-fait autant qu’elle en arrière, car les mächoires et les os mastoïdiens destinés à les supporter, dépassent toujours ce crâne du côté de l’échine. La cavité crâ- nienne est lisse, n’ayant à l'intérieur ni crêtes, nisail- lies propres à limiter ou à faire distinguer certaines régions de l’encéphale. Les pièces osseuses qui la for- ment sont souvent soudées intimément par l'effet de l’âge, confondues et réduites à de très-petites dimen- sions ; cependant il est possible de reconnaître leur ana- logie avec les os qui leur correspondent chez les autres animaux vertébrés. Ainsi , le sphénoïde est encore une sorte de coin enclavé à la base du crâne, mais ilest allongé , sans apophyses latérales. Dans les Vipères, les Trigonocéphales , on voit sous ce sphénoïde une crête ou longue épine longeant l’occipital comme une sorte de vomer qui s’épaissit et s’isole en arrière pour former une pointe sous-occipitale. Dans les Éryx etles Boas , on trouve en outre une crête médiane saiïllante sur le sommet de la tête, tandis que dans les Serpents à crochets venimeux, la ligne du vertex est plane et même concave. On observe des passages intermédiaires dans les autres groupes. Les os frontaux postérieurs ou crâniens se réunis- sent entre eux en dessus et en dessous avec le basilaire ou sphénoïde , de manière à former un pont voûté, un canal quelquefois très-élargi, qui loge et protége les _ lobes antérieurs du cerveau. Il y a des pariétaux dans la ligne moyenne transversale. Leur suture supérieure est souvent saillante et forme la crête médiane dont nous avons parlé, Les os occipitaux occupent la SENSIBILITÉ. CERVEAU. 09 partie postérieure du crâne. Ils sont ordinairement composés de quatre pièces. C’est sur les postérieures et en dessous, sur la ligne moyenne, que se voit le condyle unique , garni de facettes articulaires confon- dues et recouvertes de cartilages et d’une membrane synoviale destinée à l'articulation de la tête avec les deux premières vertèbres. Entre les pariétaux et les oCCipitaux ; les portions pierreuses du temporal se trouvent emboîtées en dessous et latéralement, for- mant deux éminences osseuses ou des caisses, dans l'intérieur desquelles l’organe de l’ouïe se trouve logé. Enfin, l’occipital supporte en arrière et en dessus les deux ostemporaux ou mastoïdiens aplatis, plus ou moins allongés, par l’intermédiaire des intra - articulaires lesquels étant très-longs et non plus carrés, comme dans les Oiseaux , ont cependant les mêmes usages, et servent à l'articulation postérieure des branches maxil- laires inférieures , et à tout l'appareil des os dentaires supérieurs, ainsi que nous le ferons mieux connaître quand nous traiterons des organes de la nutrition (1). L’encéphale des Serpents, moulé très-exactement dans la cavité du crâne, est très-peu considérable , en proportion des autres parties du corps ; on a même cal- culé qu'il ne représentait guère que la septcentième partie du poids total. Il n’offre à sa superficie ni sail- lies ni circonvolutions. On a distingué les deux mé- ninges collées ou appliquées immédiatement sur sa surface. On a vu la manière dont la circulation s’o- père , les artères y parvenant par la base , et les veines s'ouvrant dans la région supérieure. (1) Cuvier a donné la figure du crâne du grand Python de Java dans le tome III du Règne animal. PI, IX. Nous en présenterons nous-même une autre. 100 REPTILES. OPHIDIENS. Deux masses principales et symétriques constituent ce cerveau : l’antérieure , prolongée sous les frontaux , fournit de gros nerfs olfactifs qui se terminent en massue. Les deux lobes qui suivent constituent les couches optiques; elles ont une cavité intérieure, sorte de ventricule , et il en provient les nerfs des yeux et des mâchoires. Le cervelet qui forme le lobe posté- rieur est plus large que long : il recouvre l’origine de la moëlle allongée , laquelle est logée dans une sorte de souttière à la base postérieure du crâne, vers le trou occipital. C’est entre le cervelet et la moëlle que se dé- tachent les nerfs acoustiques et les pneumo-gastri- ques. On voit que le cerveau des Serpents a beaucoup de rapports avec celui des autres Reptiles. M. Otto a ob- servé le nerf grand sympathique ou trisplanchnique dans le Serpent Python. Ce nerf est à son origine lié au pneumo-gastrique avec lequel 1l semble se con- fondre dans quelques Serpents ; les cordons préverté- braux éprouvent des renflements ganglionaires , mais ils sont: en petit nombre; cependant on les a vus re- cevoir des filets des nerfs rachidiens comme dans les autres animaux vertébrés. Il est certain que les Serpents ont les cinq organes des sens; mais comme on le concoit , leur vie de rap- ports étant très-bornée , les instruments qui sont des- tinés à les en faire jouir sont eux-mêmes fort peu dé- veloppés ; c’est ce qui va être établi par l'examen que nous allons faire des sensations que doivent produire chez eux l’odorat , la vue, l’ouïe, le goût et même le toucher actif, Odorat. Les Serpents ont les organes de l’odora- tion fort imparfaits. Vivant et respirant dans l’air, SENSIBILITÉ. ODORAT. 1Ot ils n'exercent cependant des mouvements inspiratoires que très-rarement, parce qu'ils font pénétrer dans leur poumon, en une seule fois, un grand volume d'air qui passe alors rapidement dans leurs narines, lesquelles sont peu développées. Quoique leur trajet soit fort court, puisqu'elles semblent traverser verti- calement leur museau pour s'ouvrir au devant du pa- lais, ces fosses nasales sont cependant enduites d’une membrane muqueuse , vasculaire, colorée, dans l’é- paisseur de laquelle on voit aboutir les nerfs olfactifs. Mais il n’y a pas de sinus ou de cavités destinées à re- tenir les odeurs. Au reste, quand on réfléchit sur le but dans lequel il semble que cette sensation a été oc- troyée aux animaux, on en concoit peu le besoin chez les Serpents qui portent la tête basse, le plus souvent à la surface de la terre, où les émanations volatiles tendent peu à descendre. D'ailleurs, ces animaux ne sont pas dirigés par ce sens vers la proie; tout au plus pourraient-ils être appelés à reconnaître la présence des individus de leur race à l’époque où le besoin de la reproduction se fait sentir , puisque alors les mâles, comme les femelles, répandent dans l'atmosphère une odeur forte et toute particulière. On trouve quelques modifications dans les orifices externes des narines chez les espèces qui vivent dans l’eau, par exemple; car alors, on peut voir au devant de ces trous, qui sont plus rapprochés entre eux et plus élevés sur le sommet de la tête, des membranes mobiles qui font à volonté l'office des soupapes, quand l'animal est obligé de ‘plonger. Nous avons observé même dans les Serpents que nous avons pu examiner, quand ils avaient la tête tout à fait plongée sous l’eau bien transparente, comme chez les Couleuvres à collier et chez les Py- 102 REPTILES. OPHIDIENS. thons, les bords externes de l'orifice des narines comme huilés, de sorte qu’une petite bulle d’air y restait souvent adhérente, et leur membrane mu- queuse interne flexible se contractait dans son pour- tour comme une sorte de sphincter dont l’occlusion cessait dès que le front ou le museau était hors du liquide. D’autres Serpents, qui vivent habituelle- ment sous la terre ou qui fouissent dans le sable, comme quelques Eryx, ont ces orifices étroits, en fente allongée. Quelques-uns, comme les Trigonocé- phales et les Crotales , ont, près de trous réels et per- viables, des enfoncements qui simulent des narines doubles; mais ce sont des impasses dont on ignore encore le véritable usage. Le prolongement du museau dans quelques espèces, comme dans les Langahas, la Vipère ammodyte et dans la Cou- leuvre nasique, ainsi que les tentacules de l'Er- péton, n'ont aucun rapport avec l'organe de l’o- dorat. | Vue. Tous les Serpents ont deux yeux constamment situés dans les parties latérales de la tête, au-dessus de la bouche, maïs plus ou moins distants l’un de l'autre et de la partie antérieure du museau. Ce qui les fait surtout remarquer, c’est leur immobilité ap- parente; parce que, n'ayant pas de paupières , ils restent constamment ouverts : cependant ces organes ne sont pas fixes dans leur orbite, et quand on les examine avec soin, à travers la transparence.de la cornée sèche qui le revêt, on voit sensiblement leur pupille ou l’ouverture de leur iris suivre la direction du globe entier, qui se déplace dans tous les sens, en se portant en avant ou en arrière , de haut en bas et réciproquement. C'est qu'en eifet, d’après les obser- al ‘SENSIBILITÉ. VUE, 103 vations anatomiques de M. J. Cloquet (1), l'œil des Ophidiens est recouvert par une paupière unique fort grande qui paraît comme enchâssée dans un cadre sail- lant que forme autour de l'orbite, un nombre va- riable d’écailles. Cette portion cornée est un peu con- vexe, et représente un disque transparent analogue à un verre de montre posé dans la rainure de la boîte qui l’assujettit. C’est une continuité de l’épiderme qui se détache avec lui dans la mue et qui se renverse alors et se retourne comme lui, pour présenter au de- hors une courbure concave et inverse de celle qu’elle avait dans l’autre sens. Par la dissection, on reconnaît que cette paupière est réellement formée de trois cou- ches ou feuillets superposés. La première lame, ou la plus externe , est la seule qui se détache dans le chan- gement de peau ; la seconde couche est, à ce qu'il pa- raît, formée par des fibres déliées de tissu cellulaire, qui représente peut-être le derme réduit à une très- grande ténuité. Dans les Pythons et quelques autres Serpents, on voit quelquefois une ligne colorée de la peau traverser l'œil et se prolonger du côté du front. Cette portion du derme peut s’infiltrer et laisser même exsuder une humeur opaline à l’époque du change- ment de peau, ce qui fait paraître alors, quelques jours avant la mue, l’œil comme cataracté. Enfin, le troisième feuillet est véritablement la membrane con- jonctive qui se porte en avant pour doubler la conca- vité des paupières ; de sorte qu'avec la portion réflé- chie de cette même membrane sur la convexité du globe oculaire, il résulte une sorte de sac dans le- (1) Mémoire sur l'existence et la disposition des voieslacrymales dans les Serpents. Paris 1821, in-40. Extrait des mémoires du Muséum, tome VII. 104 REPTILES. OPHIDIENS. quel se trouve contenue momentanément l'humeur des larmes qui ne peut s'échapper que très-lentement. C'est même à cause de la présence de ce liquide, entre les deux surfaces ainsi lubrifiées, qu’on peut conce- voir la mobilité de l'œil sous sa paupière unique (1). Ce sac lacrymal antéoculaire est percé en dedans du côté des narines, ou plutôt, il se prolonge par un petit canal qui aboutit dans le conduit des narines pour les tenir humides, et pour transmettre ainsi l’hu- meur des larmes dans la cavité buccale. Il existe en effet une glande lacrymale au-dessus du globe de l'œil, immédiatement au-dessous du sourcil ou du bord sail- lant de l'orbite. La structure de l’œil n'offre d’ailleurs aucune autre particularité. La pupille est arrondie dans les individus qui sont exposés le plus ordinaire- ment à la lumière du jour ; elle est linéaire et angu- leuse chez les espèces nocturnes. Ouie. Les Serpents n’ont pas l'organe de l'audition apparent au dehors, ni conduit auditif externe, ni caisse, ni membrane du tympan, ni même d’écaille particulière correspondante à l’osselet, qui, par son usage , représente celui de l’étrier ou la série des osse- lets de l’ouïe réunis en une seule pièce, qui est un stylet grêle, allongé. Cependant l’organe interne existe : on y retrouve un nerf auditif interne , un sac (1) Les oïseleurs produisent artificiellement un effet à peu près sem- blable à l’aide d'une brûlure faite aux bords des paupières de certains oiseaux chanteurs; la membrane conjonctive enflammée réunit les pau- pières. Ces petits êtres accoutumés à vivre et à prendre leur nourriture dans l'obscurité, confondent le jour avec la nuit, ils oublient même l'ordre des saisons et pourvu qu'on les tienne chaudement, ils repren- nent leurs chants et leurs ramages printaniers pendant l'hiver et dans le silence de la nuit. Les Chardonnerets, les Pinsons , les Alouettes, les Litornes deviennent ainsi le sujet de ces cruelles expériences. SENSIBILITÉ. OUÏE. GOUT. 105 vestibulaire, trois canaux demi-circulaires, un indice du canal hélicoïde ; mais ces parties sont bien moins développées que chez les Sauriens. L’osselet unique ou le stylet osseux quiremplace ceux de l’ouïe, estmince, étendu depuis los mastoïdien qui supporte l’intra- articulaire analogue du carré chez les Oiseaux , vers la peau de la commissure de la bouche, où il est placé sous les écailles, recouvert par conséquent et adhé- rent à la peau et aux muscles. Par son autre extré- mité, un peu élargie, il est posé sur une très-petite ou- verture latérale du crâne, qui, selon M. Windisch- mann (1), correspond à la fenêtre ronde. Ils ont un conduit guttural ou trompe d'Eustache pour faire pé- nétrer l'air à l’intérieur. Il est naturel de conclure de l'absence d’un appareil propre à recueillir les sons et du peu de développement des parties essentielles, que les Serpents peuvent entendre, mais qu’ils n’ont pas l’ouïe très-fine, ce qui leur était en effet à peu près inutile. Car ils n’ont pas de voix proprement dite, et les Crotales sont les seuls, à notre connais- sance, qui produisent du bruit par le trémousse- ment rapide qu'ils impriment aux étuis de corne qui garnissent l'extrémité de leur queue. Goût. Ce sens est peut-être encore moins développé que celui de l’odorat. C’est qu’en effet, par la disposi- tion des parties de la bouche, en raison de la nature des aliments et à cause du très-court séjour que les parties liquides font dans cette sorte de vestibule, les saveurs doivent être à peu près nulles... La langue des Serpents, quoique toute charnue, très-mobile et con- (1) De penitiori auris structuré in amphibiis. Leipsick 1831. 40; page 44, pl. I, fig. 12. 106 REPTILES, OPHIDIENS. stamment humide, est plutôt un instrument propre au tact, à l’action de laper et à d’autres fonctions, qu’à percevoir la nature des liquides. Ces animaux ne mächent jamais leurs aliments, qui ne font que tra- verser la bouche, en conservant leurs formes solides ; car iln'y a, comme on le sait , de saveurs que dans les matières en solution. Cependant la langue des Ser- pents est très-remarquable; quoique lisse et plate en dessus , elle offre quelquefois de petites franges ou des papilles sur les côtés.. Malgré son étroitesse et sa lon- gueur, elle est singulièrement protractile et rétractile. Recue dans une gaine ou fourreau, au devant de l’ou- verture de la glotte , elle en sort continuellement , et quand elle est ainsi protractée ou portée hors de la bouche, ses pointes s’écartent et se mettent rapide- ment en vibration ; ce qui fait croire au vulgaire que cette langue est une sorte de dard que quelques igno- rants même font en sorte de couper, pensant ainsi avoir privé le Serpent de l'instrument qui portait le venin. Car, bien loin d’avoir la forme d’un fer de flèche, ayant une pointe unique en avant et deux en arrière, comme la représentent les peintres peu observateurs, elle est divisée à son extrémité antérieure en deux pointes ou filets grêles et flexibles tout à fait charnus. Cette langue a les plus grands rapports dans sa struc- ture avec celle des Varans , parmi les Sauriens. Elle est habituellemeut portée et lancée par l'animal hors de la bouche, et elle y peut rentrer sans que les mâ- choires aient besoin de s’écarter , parce qu’en général, il existe une échancrure à l’écaille située sous le mi- lieu du museau à la mandibule. Tact. Il est évident que le toucher actif est très-peu développé chez les Serpents : comme ils n’ont pas de ORGANES DES SENS. TOUCHER. PEAU. 107 membres articulés, et qu’ils ne peuvent pas saisir les objets pour en bien apprécier l'étendue , la solidité , et surtout la température, on conçoit que cette dernière sensation est rarement éprouvée par ces Reptiles , qui ont généralement le corps protégé par un épiderme sec et corné , et en outre, parce que leur chaleur est à peu près la même que celle des substances sur lesquelles ils reposent ou s'appuient. Cependant cette peau est sensible et son organisation intime , ainsi que celle des plaques qui la recouvrent et qui affectent des formes toutes particulières dans les diverses régions qu’elles recouvrent , rend leur examen fort important pour le zoologiste qui à dû les étudier avec soin, car ilen à souvent emprunté des caractères naturels. La peau des Serpents est composée de trois couches principales , la plus profonde est le derme ; c’est la plus solide et la plus épaisse; elle est en grande partie fibreuse et aponévrotique. Son tissu est fortextensible et élastique , surtout dans la région du tronc pour se prêter aux dilatations qu'exige le développement du ventre dans l'acte de l’inspiration et surtout dans celui de la déolutition, ces animaux pouvant introduire dans leur tue intestinal une proie qui par ses dimen- sions excède beaucoup et jusqu'à quatre ou cinq fois celle qu'avait leur ventre dans l’état de vacuité. Par sa face interne ce dermeest toujours intimément adhérent aux muscles, qui pour la plupart semblent même y fixer leurs attaches ou leurs insertions. En dehors cette membrane fibreuse est granulée; elle se divise par compartiments deformes diverses, mais correspon- dantes à celles des écailles quise sontmoulées sur elles. Celles-ci en effet sont tantôt lisses ou carénées et superposées à la manière des tuiles ; tantôt semblables 108 REPTILES. OPHIDIENS. à des tubercules, à des verrues, à des plaques. Elles ont leurs bords arrondis ou anguleux, et c’est sur elles que se sont étendues et conformées toutes les parties extérieures. La couche moyenne, beaucoup plus mince, un peu tenace et comme muqueuse, est celle dans laquelle réside la matière colorante qui se voit à travers les écailles. La nature semble avoir fait varier les teintes et les couleurs générales des Serpents suivant les mœurs et les habitudes de ces Reptiles. En général elles sont gri- ses ou ternes chez les espèces qui restent habituelle- ment sur les sables , ou qui s’enfouissent dans des ter- reins mobiles, comme chez celles qui se mettent en embuscade sur les troncs ou les grosses branches des arbres ; tandis que ces couleurs sont d'un beau vert, analogue à la teinte des feuilles et des jeunes pousses des herbes , chez les Serpents qui grimpent dans les buissons ou qui se balancent à l'extrémité des rameaux. Il serait difficile d'exprimer toutes les modificationsque fournit l’étude générale des couleurs de leur peau. Qu'on suppose tous les effets de la décomposition de la lumière en commencant par le blanc et le noir le plus pur, puis par le bleu , le jaune et le rouge en les associant , les mélangeant, les dégradant pour trouver toutes les nuances commecelles du vert, du violetavec des teintes ternes ou brillantes plus ou moins foncées, des reflets irisés ou métalliques modifiés par des taches, des raies, des lignes droites, obliques, ondulées, trans- verses. Voilà ce que nous offre la peau des Serpents. Enfin la lame tout à fait extérieure, la surpeau ou l'épiderme, forme une sorte de membrane minceet con- tinue , qui est appliquée comme un vernis flexible sur ORGANES DES SENS. TOUCHER. PEAU. MUE. 109 les couches précédentes dont elle suit immédiatement les contours. Cet épiderme épaissi, corné, quoique simulant des écailles, est une membrane continue ; elle se détache en totalité et se renouvelle lorsqu'elle a été trop désséchée. C’est une mue, ou un dépouillement analogue à celui qu’on observechezles Chenilles. Gette opération se reproduit plusieurs fois dans une même année à la suite d’un état de souffrance pendant lequel l'animal ne mange pas (1). Nous avons recueilli, sur les circonstances qui précèdent , qui accompagnent et suivent le chan- gement de peau, des observations curieuses faites d’abord sur des Couleuvres lisses que nous élevions en domesticité, puis sur les Serpents Pythons, tant sur les adultes, que sur ceux que nous avons vu naître et que nous avons observés depuis une année dansles di- vers degrés de leur accroissement. Ges observations sur la mue et le changement qui s'opère dans la teinte de la peau ont été faites sur huit individus et pendant une année entière. Les n° indi- quent ordre dans lequel ces Serpents étaient sortis de leur coque. On les a ainsi désignés pour tenir note de leur poids à des époques fixes, de la quantité de nour- riture qu’on leur a donnée et de leur accroissement en longueur ; toutes ces circonstances seront relatées par la suite. (1) Cette mue était connue des anciens. On trouve dans Virgile, Æneid., lib. 11, vers 471. Qualis ubiin lucem coluber etc. Nunc positis novus exuviis, nitidusque juventa , Lubrica convolvit sublato pectore tersa, etc. Et Linné en racontant ce fait, qu'il pensait n’avoir lieu qu'une seule fois dans l’année, y avait fait allusion dans ce jeu de mots déjà cité par nous, tome Ï, page 710 : prima vere exeunte exuunt exuvias, 110 REPTILES OPHIDIENS. - Quant aux modifications opérées par le moment de la muesur la couleur générale, voici ce qu’on a noté sur l’un des individus ; mais tous ont présenté à peu près les mêmes effets; ainsi le 6 janvier, par exemple, la teinte a commencé à brunir ; du 7 au 10 elle est devenue plus foncée ; le 11 elle était d’un gris bleuâtre ou comme plombée, etla peau paraissait étre ramollie, les yeux se voilaient ; du 12 au 14, cette couleur terne des yeux s'était épaissie et l’animal semblait être aveu- gle. Du 15 au 17 le Serpent était engourdi et privé de mouvement.Du 18 au 19 il sort de sa léthargie, ses yeux s’éclaircissent, la peau reprend sa couleur. Le 20, l’é- piderme se détache et l'animal reprend son activité et se jette avec voracité sur la nourriture qu’on lui présente. Chez les autres individus, à un, deux ou trois jours de variations près, tous les phénomènes énumérés se sont manifestés. Comme on a tenu une note exacte pour chaque in- dividu, numérotédans l’ordre de son éclosion, des mues successives, on en fait un relevéque nous allonsextraire du tableau qui nous a été présenté; ainsi : " Le n° I a changé huit fois d’épiderme dans une année, du 19 juillet 1841 au 25 juin 1842; le 26 août; le 9 octobre; le 2 novembre; le 8 janvier ; le 9 mars et le 23 avril. Et enfin depuis la première date jusqu'au 9 janvier 1843, ce Serpent a changé 13 fois de peau. Le n° Il, dix fois du 13 juillet 1841 au 30 juin, et quatorze fois au 6 décembre 1842. . Le n° IT, dix fois du 18 juillet 1841 au 10 du même mois 1842, et quatorze fois jusqu'au 22 décembre de la même année. Le n° IV est mort le 30 mars, il n'avait changé que ORGANES DES SENS. PEAU. MUE. 111 quatre fois de peau, à de grands intervalles ; savoir : le 15 juillet, le 16 septembre, le 6 décembre et le 26 février. Le n° V a changé 11 fois d’épiderme du 16 juillet 1841 au 18 du même mois 1842, et 115 fois au 13 dé- cembre 1842. Le n° VI n’a eu que 11 mues du 17 juillet 1841 au 3 janvier 1843. Le n° VIL en a eu 13 dans le même intervalle de temps. Enfin le n° VIII à éprouvé aussi treize changements de surpeau, à compter du 17 juillet 1841 , au 22 jan- vier 1843. Le Serpent, lorsqu'il vient de quitter cette sorte de fourreau qu'il abandonne comme une gaine retournée sur elle-même et d’une seule pièce, semble avoir récu- péré ses forces ; il a des couleurs beaucoup plus vives, il recherche avec avidité sa nourriture. La dépouille incolore qu’il abandonne alors offre, en dehors et en relief, tout ce qui était enfoncé dans les lignes de com- partiments de sa peau et on y voit en creux la super- ficie des plaques, des écailles, des yeux et de toutes les parties saillantes. Les compartiments très-variables que présente la surface de la peau dansles différentes régions du corps chez les Serpentis ont été examinés avec soin par les naturalistes. Gomme ce sont les parties les plus appa- rentes dans ces animaux privés de membres et les seuls organes extérieurs qui présentent des modifications importantes, puisque leurs formes semblent être liées à la nature des mouvements et à la manière de vivre des Ophidiens , on a fait une étude toute particulière de leur tésuments, et pour indiquer leurs formes et 112 REPTILES. OPHIDIENS: leur nature, on les a désignés par des termes et des épithètes à l’aide desquels on a pu faire entrer la con- sidération de ces parties dans les caractères decertains genres et de quelques espèces. En général on désigne ces compartiments par des noms convenus , suivant les régions qu’ils occupent, leurs formes, leurs figures plus ou moins régulières et symétriques. On les appelle plaques, lames, écussons, écailles. Nous ne ferons qu’indiquer quelques-unes de ces dénominations que nous avons déjà fait connaî- tre (1). Ainsi à la tête on distingue les plaques synci- pitales, verticales, occipitales, rostrales, frénales, fron- tales , nasales , intranasales, post-nasales, temporales, oculaires , surciliaires ou sus-orbitaires, intra et post- orbitaires, labiales, mentales, sous-maxillaires, cervi- cales, gulaires, etc. D’après la forme, il en estde rondes, ovales, allongées , étroites, carrées, triangulaires , pen- tagones; trapézoïdes, hexagones, panduriformes, etc. D’après leur surface , il en est de lisses , granulées, verruqueuses, tuberculées, carénées, striées, can- nelées, sillonnées. D’après leur distribution ou leur arrangement par séries longitudinales, on les distingue en transversales, obliques, en rang simple , impair, double, etc. Les plaques ou grandes écailles qui se remar- quent à la région inférieure sont souvent fort distinc- tes par leur configuration et leurs dimensions qui va- _rient même assez pour que leur examen ait quelque- fois servi à l’établissement des genres dont elles de- - viennent ainsi un des caractères distinctifs. Ainsi, (1) Voyez dans le présent ouvrage, tome IT, page 625 et suivantes et tome V, page 126 etsuivantes, ainsi que les planches 48 et 59 et leur explication. ORGANES DES SENS. TOUCHER, 113 l’Acrochorde est remarquable, parce qu'il manque tout à fait de ces grandes plaques abdominales qui sont aussi très-étroites ou fort peu étendues en lar- geur dans le genre Erpéton. Par suite , on a attribué trop de valeur et d'importance à leur nombre. On les a désignées d’après leur situation en collaires, ventrales ou abdominales, en anales et en præ ou post-anales ; en sous-caudales et en terminales. La disposition des plaques de ces deux dernières régions, suivant qu’elles sont simples ou doubles en tout ou en partie, a fait établir des genres, et malheureusement , depuis Linné, cette seule considération à sufli à quelques auteurs pour diagnose tellement importante, qu’à l'exemple de ce grand naturaliste , les auteurs, dans la description de chaque espèce de Serpent, ont con- sacré une ligne d’abréviation pour faire connaître cette particularité. Employant les termes de scuta pour les plaques ventrales , et scutella pour celles de la queue, par exemple, il ex prime aïnsi Colubernaja:g 193—60—253. Ge qui indique que cette espèce, qui est le Serpent à coiffe, est venimeuse, qu'elle a 193 plaques ventrales ; 60 sous la queue , et en tout , 253, sans autre phrase distinctive. Cependant ce nombre varie excessivement; car, dans la Couleuvre que Linné avait nommée Carénée , et à laquelle il avait as- signé 273 plaques avec ces variantes 157—115 , 167— 195 , 193—90, M. Schlegel , qui a rangé cette espèce dans le senre Herpétodryas de Boïé, déclare que ce nombre de plaques lui a présenté, dans la région ventrale, des variations de 142 à 199, et pour celles du dessous de la queue, depuis 28 jusqu'à 204 ; de même, dans notre Couleuvre à collier, les plaques de l'abdomen lui ont offert les nombres de 140 à 190 , et REPTILES, TOME VI. () 114 REPTILES OPHIDIENS. celles du dessous de la queue, de kk à 80. Il existe bgaucoup d’autres observations qui établissent que les doubles plaques de la queue présentent également de nombreuses variétés chez des individus qui appartien- nent très-certainement à la même espèce. C’est ce qu’on voit surtout dans les Pythons, dont les plaques sous-caudales sont, chez la plupart, doubles ou dis- posées par paires, entre lesquelles il n’est pas rare d’en observer qui sont simples ou uniques. Il en est de même parmi les espèces du genre Élaps. Tels sont les organes dont l'étude doit naturelle- ment se rallier aux facultés sensoriales. Nous avons en effet réuni sous ce titre de Sensibilité toutes les facultés qui sont sous la dépendance principale du système nerveux; mais aprés avoir passé en revue les instruments qui , chez les Serpents, sont destinés soit à transmettre les ordres de la volonté individuelle, soit à faire éprouver les sensations ou les qualités des corps, ne devons-nous pas aussi traiter de ce prétendu pouvoir magique que quelques auteurs ({) attribuent aux Serpents, en les supposant doués d'une puissance enchanteresse à l’aide de laquelle ils auraient la faculté d’exercer à distance une sorte d'action magnétique qu’on a nommée fascination, et celle que certains hommes peuvent dit-on exercer, ou qu’ils assurent pouvoir produire sur les Serpents venimeux ? On voit constamment la plupart des animaux de toutes les classes, parmi les vertébrés, être saisis tout à coup de crainte, de tremblements, de spasmes, de convulsions, de syncopes ou de faiblesses à la seulevue (1) Voyez dans ce volume, à la table des auteurs, les titres des mémoires écrits sur ee sujet par M. Barton Sloane. ORGANES DES SENS. TOUCHER. 115 d’un Serpent et surtout par celle d’une espèce veni- meuse (1). La plupart, s'ils ne peuvent s'enfuir rapi- dement, éprouvent subitement une terreur panique qui paralyse leurs organes et qui semble suspendre et annuler même chez eux toutes les facultés de la vie de relation. T'antôt ils restent immobiles et tellement troublés, impassibles et impotents qu'ils se laissent saisir, envelopper et briser sans opposer la moindre résistance. Ona vu des Écureuils et des oiseaux très- vifs et généralement fort alertes dans leurs mouve- ments, après s'être vivement agités et avoir jeté quel- ques cris de désespoir, perdre leur équilibre, se laisser choir de branches en branches et venir tomber au pied des arbres, près du Serpent qui les attendait immo- bile. Celui-ci les tient aussitôt, pour ainsi dire, en arrêt ; il les saisit comme s'ils s'étaient présentés d'eux-mêmes au devant de la bouche béante qui, en se fermant, lesac- croche entre ses dents aiguës pour commencer de suite à les avaler. Les Rats, les Musaraignes, les Grenouilles, arrêtés brusquement sur leur passage par la rencontre fortuite du Reptile, sont à l'instant même agités de mouvements involontaires; ils sautillent, ils se trou- blent, ils n’ont plus l’escient de rétrograder, de s’es- quiver par la fuite; ils restent stupéfiés, comme anéantis dans toutes leurs facultés intellectuelles et physiques, et presque au même instant ils sont engloutis dans une gueule qui s’élargit énormément et s’entre-bâille comme l’orifice d’une trémie garnie de dents acérées, (x) Il nous est arrivé un jour, dans une expérience que nous faisions en public pour démontrer l’action subite et mortelle que produit la morsure de la Vipère sur de petits oiseaux, de voir un chardonneret, que nous tenions entre les mains, avec la plus grande précaution, y mourir instantanément à la vue de l'animal. 116 REPTILES OPHIDIENS. à pointesrecourbées,qui leshappent, les accrochent, les retiennent par cent hameçons qui pénètrent dans leurs chairs; la compression force le corps de la victime à s’allonger, à se calibrer, pour arriver peu à peu et disparaître dans l’œsophage du Serpent qui peut se dilater considérablement. De même que l’on a supposé chez ces Reptiles la faculté d'exercer une sorte de puissance de volonté pour soumettre à leur pouvoir les animaux dont ils veulent faire leur proie, on a cru que certains hommes possèdent le secret d’enchanter les Serpents et de les faire obéir aux ordres qu'ils leur transmettent. Ge préjugé subsiste etse propage encore dans nos cam- pignes, et trouve surtout force croyants en Égypte et en Amérique, car le peuple en est persuadé. Les plus anciens auteurs, ainsi que nous avons déjà eu occasion de le dire (1), ont consigné ces observations dans leursouvrages, et quelques voyageurs les ont ra- contées avec bonne foi, comme en ayant été témoins. Au moyen de certains chants, de gestes, de postures, de simagrées ou de sons tirés de quelques instruments bizarres, ils les attirent vers eux et se font suivre, dit- on, des espèces les plus venimeuses, ou qu'ils annon- cent comme telles. Ce sont les Psylles, les Marses d'Ælien, de Pline; mais en réalité des baleleurs, des jongleurs, des banquistes qui trompent ie vul- gaire toujours avide du merveilleux. Nous parlerons de ces prétendus sorciers quand nous aurons à traiter de la Vipère céraste, de l’Éryx javelot et aussi des diverses espèces du genre Naja ou Serpents à coiffe (1) Voyez dans ce volume ce que nous avons dit des Psylles en parlant du venin des Serpents, ORGANES DE LA NUTRITION. 117 que des charlatans font danser ou exécuter à volonté, et en cadence, diverses positions, puis simuler la roi- deur d’un bâton inflexible ou la mollesse d’un cadavre qui prendrait toutes les courbures qui lui sont impri- mées, $ IIT. Des ORGANES DE LA NUTRITION. Les Serpents mangent rarement , et se nourrissent essentiellement de chair; mais, comme tous les autres animaux , ils ne peuvent s’accroître et produire les divers phénomènes de la vie , qu’autant qu’ils font pé- nétrer dans leurs tissus intérieurs une certaine quan- tité de matières; celles-ci déjà animalisées , il est vrai, ne tardent cependant pas à être décomposées, quand elles ont été, pendant quelque temps, soumises à l'action désorganisatrice de l’économie vivante. Ces substances, ainsi incorporées et dissoutes, s’identifient par leurs molécules constituantes, qui s’assimilent en grande partie au nouvel individu; elles alimentent tous les organes qui doivent se développer , en augmen- tant leur volume , et en leur fournissant les matériaux qui servent à l'exercice des diverses fonctions qu'ils ont à remplir. Puis, ce qui n’a pas été absorbé est re- jeté comme un magma inutile et nuisible. On comprend sous la dénomination générale de nutrition toute la série des opéralions qui tendent à élaborer, à préparer les substances ingérées, afin qu’elles puissent être identifiées lorsqu'elles ont été de nouveau introduites dans un corps vivant et soumises aux divers appareils dont les actions semblent se suc- céder dans l’ordresuivant , que nous adoptons , afin de les examiner avec plus de méthode. Ce sont autant d'actions particulières qui tendent au même but; mais 118 REPTILES OPHIDIENS. F' qui s’exercent dans des organes diflérents, savoir : 4° la digestion ; 2° la circulation ; 3° la respiration , la voix et la chaleur animale; 4° toutes les sécrétions et les excrétions. 1° De la digestion et des organes qui servent à cette fonction. La digestion , comme l'indique l’étymologie de ce. mot, est l’action de porter çà et là la nourriture, de ” la transporter avec soi. C’est par conséquent un acte de la vie qui n’est propre qu'aux animaux , puisque, seuls parmi les êtres organisés, ils sont doués de la fa- culté de se mouvoir volontairement. Cette manière de se nourrir exige la pénétration à l’intérieur des sub- stances alimentaires qui sont toujours contenues dans des corps organisés , et dont elles doivent être extraites ou retirées par une succion interne, Ou par intus- susception , à l'inverse de l'absorption que les végétaux exercent en dehors, au moyen des pores quise trouvent sur leurs racines et à la surface de leurs tiges et de leurs feuilles. La digestion est l'acte préparatoire de la nutrition. Ainsi que nous l'avons déjà dit précédem- ment , cette opération se compose de plusieurs autres qui la constituent, comme l’action de saisir les ali- ments, de les avaler, de les retenir dans l’intérieur d’un canal où 1ls doivent séjourner pour y subir une sorte de décomposition et diverses modifications parmi lesquelles nous citerons le ramollissement , la dissolu- tion ou leur fluidification, après avoir été imprégnés de ‘ certaines humeurs ; la compression , l'absorption sous forme de chyle, et enfin la défécation, afin que l’ani- mal puisse se débarrasser des résidus qui n’ont pas été introduits dans son économie. NUTRITION. DIGESTION. 119 Les Serpents sont carnassiers , ils recherchent une proie fraiche qu’ils avalent tout d’une pièce, car HS n’ont aucun moyen de la diviser. Ce sont le plus sou- vent des Mammifères, des Oiseaux, d’autres Reptiles et des Poissons qu'ils saisissent vivants ou qu’ils tuent immédiatement er les blessant ou en les étouffant dans leurs replis, quelquefois en introduisant dans leur chair un venin délétère. Les Pythons et les Boas , qui atteignent de très-grandes dimensions et qui attaquent des animaux souvent plus volumineux que leur propre corps, sont obligés, pour les empêcher de fuir, de les enlacer dans les contours de leurs circonvolutions. Alors ils contractent leurs muscles avec une si gfande force, qu'ils parviennent à briser les côtes et les autres os de leurs victimes , dont la peau devient une ne sac qui peut être avalé tout d’une pièce après avait été englué de leur salive et disposé convenablement. Quelques Serpents de petite taille se contentent de Mollusques , d’Insectes , de Crustacés et d'Annélides. Ils ne boivent que rarement, soit en lapant , c’est-à- dire en attirant l’eau avec leur longue langue, soit en laissant entrer l’eau par son propre poids en fermant leur glotte et en laissant béants les orifices des narines, car ils n’ont point de voile mobile au palais. Leur di- gestion est très-lente ; mais comme ils extraient de leur proie toutes les matières alibiles, ils mangent à de longs intervalles, et souvent un seul repas suffit à leur alimentation pendant quelques mois; aussi s’est-on assuré qu’ils peuvent supporter un jeùne absolu au delà d’une année (1). (1) Nous avons sous les yeux, dans la ménagerie des Reptiles de notre Musée, un Crotale qui n'avait pris aucune nourriture depuis 21 mois, 120 REPTILES OPHIDIENS. En traitant des organes par lesquels sont produits les mouvements généraux dans les Ophidiens, nous n'avons parlé des os et des muscles de leur tête que pour faire connaître ceux de ces organes à l’aide des- quels s'opère l'articulation du crâne avec l’échine. Nous avions volontairement renvoyé à l’article dont nous nous occupons maintenant, l’étude de la struc- ture des pièces solides qui forment les mâchoires et tout l'appareil osseux de la bouche. Ges os correspondent à peu près à ceux que nous avons décrits dans les Sau- riens par leur nombre et leur arrangement, mais le mécanisme de leurs articulations et leurs proportions relatives sont fort différents. Ces modifications dé- pendent essentiellement de la nature des mouvements dont sont douées toutes les parties de la face, qui se trouvent comme suspendues sous le crâne; car elles peuvent s’écarter les unes des autres en dehors et se porter toutes ensemble en avant ou en arrière, pour dilater la bouche en la raccourcissant, et l’étendre en travers afin de faciliter les actes à l’aide desquels l’ani- mal saisit sa proie, la blesse et la retient, en même temps qu’il peut la pousser en arrière, ou la faire pé- nétrer plus profondément dans son gosier. Il n’y a vé- ritablement d’articulations mobiles des os en avant, entre le frontal et les pièces solides qui constituent la face dans les autres animaux , que celles qui s’opèrent par l'intermédiaire des os nasaux avec l’intermaxillaire, et en dessous, avec les palatins et les ptérygoïdiens. Le premier cas s’observe surtout dans les Psammo- phis et les Dryinus, ainsi que dans les espèces des genres Tortrix et Xénopeltis. lorsqu'il s'est enfin décidé à manger coup sur coup trois petits lape- reaux de cinq jours. DIGESTION. OS DE LA FACE. 121 La structure de la bouche et la disposition des os de la face offrent des différences très-notables parmi les Serpents. La plupart même des genres présentent des modifications dans la proportion et les dimensions des pièces solides ; mais la plus grande dissemblance est celle qui existe entre les espèces réputées non ve- nimeuses, comme les Couleuvres , et celles qui comme les Vipères , les Crotales, ont des dents creuses sous forme de crochets mobiles dont le mécanisme s'opère à l’aide de bascules , ce qui a nécessité des formes et des proportions toutes particulières dans les os. Pour faire mieux concevoir ces différences , nous commen- _cerons par indiquer cette structure dans les Serpents qu'on sait n'être pas venimeux; puis dans ceux qui ont des crochets isolés en avant ; enfin chez ceux qui ont en arrière des dents canaliculées. Il faut savoir d’abord que la bouche des Serpents ‘occupe et constitue presque toute leur tête et s'étend même souvent au delà du crâne de plus d’un tiers de sa longueur ; que les os qui dans les autres animaux forment leur face, ainsi nommée, parce qu'elle est por- tée en avant, est ici excessivement courte, composée seulement des deux os du nez et d’un intermaxillaire ou incisif unique ; que les autres os buccaux sont fai- bles , allongés et se trouvent étendus sous le crâne où ils représentent un plan mobile qui lui est presque parallèle. C’est sous le crâne qu’on voit les plus gran- des pièces osseuses : savoir, en dehors les sus-maxil- laires où branches mandibulaires externes, en dedans et en avant les branches palatines , supportées ou pro- longées en arrière par les branches ou lames ptéry- goides , qu’on anommées quelquefois os palatins pos- 122 REPTILES OPHIDIENS. térieurs. Ces trois paires d’os symétriques sont le plus souvent armées de petites dents coniques , crochues, dont la pointe est dirigée en arrière, et ils simulent et font l'office de crochets qui garnissent et hérissent les cuirs dans les plaques des cardes. Au-dessus de ces os sus-maxillaires, palatins et ptérygoïdiens qui portent les dents, on trouve constamment une pièce intermédiaire dont la longueur, la largeur et l'épaisseur varient, mais quiestremarquable par sa direction obliquement trans- verse et sa double articulation entre les palatins et les os sus-maxillaires : c’est l'os palato-maxillaire. Quel- ques auteurs l’ont nommé simplementostransverse; il ne porte pas de dents , et il lie les mouvements de ces pièces entre elles et devient un arc-boutant sur la partie antérieure du crâne où elles sont comme suspendues .En arrière, toutes les pièces viennent aboutir ets’articuler, vers un seul point, à la branche inférieure de l'os carré ouintra-articulaire, que l’on a désigué faussement sous le nom d’os de la caisse ou tympanique, quoiqu'il soit l’analogue pour sa situation et ses usagesau condyle maxillaire et à la branche montante chez les Mammi- fères, ou à l'os carré des Oiseaux. Enfin, pour énumérer tous les os de la bouche des Serpents, il faut y joindre ceux de la mâchoire inférieure dont les branches pres- que droites, toujours distinctes et séparées, sont réunies en devant, vers le point où elles se rencon- trent, par un ligament élastique qui remplace la -symphyse et les tient rapprochées quand la bouche est fermée, mais qui leur permet de s'éloigner l'une de l’autre lorsque la mâchoire s’abaisse et se dilate. En arrière, ces branches maxillaires inférieures pré- sentént une cavité condylienne articulaire qui recoit DIGESTION. BOUCHE, 1923 l'extrémité externe et inférieure de los allongé qui fait l'office d'os carré (1). Dans les Serpents non venimeux , tels que les Gou- leuvres, les Boas, les Pythons, les os maxillaires supérieurs sont deux branches étroites , allongées, qui bordent la bouche extérieurement du côté du palais ou de la base du crâne. Ils s'étendent depuis l'os incisif jusqu’au transverse, dit aussi ptérysoïdien oblique ou palato-maxillaire (car ces trois noms lui ont été don- nés), pour s'appuyer, par la portion interne de son extrémité postérieure, sur l’arcade ptérygoïdeinterne, ou la continuité du palatin. C’est par cet os transverse ou oblique, qui ne porte jamais de dents, quele mouve- ment est le plusordinairement communiqué à l'os sus- maxillaire, car il se meut ou s'articule sur les os fron- taux antérieurs et postérieurs. On sait que ces derniers représentent les os molaires ou jugaux des Mammifères et que les antérieurs correspondent au point par lequel s’articulent au-dessus du nez les apophyses montantes de los sus-maxillaire. Ces branches maxillaires supé- rieures portent la série longitudinale des dents coni- ques recourbées, qui varient pour le nombre et la grosseur relative suivant le genre. Les deux branches palatines sont à peu près pa- rallèles ; elles occupent , quand là boucheest close, la partie moyenne du palais; elles sont garnies de dents nombreuses, acérées , distantes entre elles et un peu (1) C'est donc à tort que Linné a répété constamment dans ses ou- vrages, en parlant des mâchoires des Serpents : Maxillæ dilatabiles nec articulatæ. Ce sont, au contraire, parmi tous les animaux verté- brés, ceux dont les os des mâchoires sont le plus mobiles entre eux ou le mieux articulés: mais il faut supposer que ce grand naturaliste a voulu exprimer ainsi le défaut d’articulation fixe , de synarthrose ou de symphyse. 124 REPTILES OPHIDIENS: plus petites que les mandibulaires. Ces os sont articu- lés et mobiles en avant des orbites sous le crâne; en arrière, où leur mouvement s'exécute principalement, ils se trouvent confondus et unis par une suture très- solide, avec les branches ptérygoides dont ils sont comme le prolongement continu ; mais dans ce point de suture , ces lames recoivent en dehors les os transver- saux où palato-maxillaires qui les joignent aux sus- maxillaires dont la longueur et la direction varient, mais qui communiquent les mouvements d’écartement ou de diduction qui leur sont transmis par l'os carré, en arrière de l’occiput. On concoit comment tout cet appareil est lié et en connivence dans tous les mouvements imprimés à l’os carré ou intra-articulaire, qui se porte tantôt en avant, tantôt en arrière de cette sorte de chariot ou de train mobile qui entraine aussi la mâchoire inférieure, de même que dans les mouvements de diduction en dehors , à l’aide de ces transverses , les branches pala- tines, ptérygoïdes et sus-maxillaires s’écartent en arrière. Cet os intra-articulaire ou intra-maxillaire, qu’on a quelquefois nommé à tort os tympanique, et con- fondu même avec l'os mastoïdien ou temporal , joue ici un très-grand rôle. Il est placé de chaque côté entre les deux prolongements postérieurs des temporaux, et il est reçu par son autre extrémité dans la cavité condylienne postérieure de l'os sous-maxillaire. Cet os n'est jamais carré; sa longueur est d'autant plus ‘considérable que les mâchoires doivent avoir uneéten- due de mouvement plus forte de derrière en devant, comme chez les espèces de Serpents à grands crochets venimeux et dans celles qui peuvent écarter beaucoup DIGESTION. BOUCHE. 125 leurs mâchoires pour avaler une proïe de forte dimen- sion. Ce même os intra-articulaire recoit aussi en dedans, comme nous l’avons dit, l'extrémité postérieure de los ou de la lame ptérygoïdienne et palatine qui porte les dents dans la région la plus voisine de la gorge. Ces différentes pièces osseuses se retrouvent chez tous les Serpents; maïs dans celles qui ont de grands crochets antérieurs, les formes, les proportions des os sont tout autres , et le mécanisme ainsi que le but de leurs mouvements sont un peu différents. D'abord los sus-maxillaire se trouve représenté par une pièce épaisse, courte, solide, excavée en dessus pour loger la glande vénéneuse et sur laquelle se soude la base de lun des crochets ou les dents recourbées, pointues, perforées et canalisées à la pointe, destinées à blesser la proie en s’enfonçant dans la peau et dans les chairs comme une épine, en même temps qu’elle transmet et y laisse couler ou injecter une liqueur envenimée dans la petite plaie ou piqûre qu’elle produit. Cet os sus-maxillaire est consolidé et fortement arti- culé au-dessous de l'os frontal antérieur, qui est lui- même beaucoup plus court et plus épais relativement que dans les autres espèces de Serpents. La fossette qui le reçoit lui permet de s'y mouvoir comme une bascule , et cette action lui est transmise par l’extré- mitéantérieure et élargie de l'os transverse ou ptérygo- maxillaire très-développé, quiest ici dans une direction longitudinale, de forme plate, et dont la force, comme repoussoir, est très-considérable. Pour obtenir cet effet, la nature semble avoir raccourci et fortifié les os pariétaux qui se rapprochent en arrière où ils trou- 126 REPTILES OPHIDIENS. vent un arc-boutant sur l’occipital en dedans, tandis qu'ilsse dirigent en dehors et en bas pour recevoir l'os intra-maxillaire qui a pris une longueur extraordi- naire et telle qu’il semble prolonger de moitié l’éten- due de la tête; car c’est à son extrémité opposée qu'il recoit la mâchoire inférieure et le prolongement pté- rygoïdien qui est dans cette région une simple lame osseuse non dentée. Chez d’autres Serpents venimeux comme les Bon- gares, les Hydrophides, les Najas , qui ont les crochets plus courts , les os intra-maxillaires et tout cet appa- reil est moins développé, quoiqu'il soit le même à peu près. Dans les espèces dont les dents sont sillonnées, mais non complétement canaliculées , on ne voit ces canne- lures pratiquées au devant et sur la longueur des cro- chets que sur deux ou trois de ces dents, lesquelles occupent la région la plus postérieure de la branche sus-maxillaire où elles semblent groupées et souvent plus longues que celles qui les précèdent. Cette branche osseuse est cependant plus courte et plus épaisse, en général, que dans les espèces non venimeuses, chez lesquelles tout l'appareil des os de la mâchoire supérieure se ressemble tellement, qu’on ne peut établir la différence qu'autant qu'on reconnait le sillon à découvert ainsi que la glande particulière qui leur fournit l'humeur vénéneuse (1). Les os incisifs ou inter-maxillaires sont très-peu développés dans les Serpents, excepté chez quelques espèces qui fouissent la terre, comme les Éryx; ils sont (1) Voyez sur ce sujet les deux mémoires de M. Duvyernoy cités dans la table des auteurs, ainsi que celui de M. Scurecrr. DIGESTION. MAGHOIRES. 127 tout à fait distincts et séparés des sus-maxillaires ; sou- vent ils sont soudés et ne forment qu’une pièce qui ne porte pas de dents (les Pythons en ont cependant deux ou quatre qui sont longues, très-pointues et peu cour- bées) ; ces os occupent la partie antérieure du museau, appuyés et légèrement mobiles sur ceux du nez et sur le rudiment du vomer. Chez la plupart, le bord ros- tral offre en dessous une échancrure dont la courbure forme la voûte du petit pont sous lequel passe la lan- gue, lors même que les mâchoires sont rapprochées ou quand la bouche est fermée. Quelques espèces seu- lement parmi les Pythons et les Rouleaux ont, comme nous l'avons indiqué, des dents implantées sur ces os : leur nombre varie de deux à six, et le plus souvent ces dents sont courtes et un peu portées en dehors. La mächoire inférieure est constamment composée » de deux branches allongées, peu élevées, séparées ou non jointes en devant par une suture. Leur rappro- chement et leur disjonction s’opèrent au moyen d’un ligament extensible, élastique, qui leur permet de s’'écarter considérablement pour dilater la bouche. Ces branches sous-maxillaires offrent deux régions principales , l’une sur laquelle les dents sont fixées et dont l'étendue varie : elle est toujours très-courte et à peine du tiers de la longueur totale dansles Serpents à crochets venimeux. Généralement, la partie anté- rieure recoit la postérieure dans une sorte de mortaise ou d’entaillure angulaire ; l’autre branche, qui est en arrière, offre en dessus, vers son extrémité, une pe- tite cavité condylienne pour recevoir l'os intra-articu- laire analogue à los carré des oiseaux, mais dont la forme est allongée. La mâchoire se meut sur le con- dyle ; mais en outre elle en reçoit des mouvements de 128 REPTILES OPHIDIENSe déplacement en devant, en dehors, et réciproquement ; car elle le suit dans toutes ces directions. La partie qui est hérissée de dents varie , comme nous l’avons dit, pour l'étendue et la quantité de ces petits crochets osseux recourbés en arrière qui garnissent son bord supérieur. Leur nombre est généralement plus consi- dérable dans les Serpents non venimeux, et bien moindre dans les espèces qui ont des crochets anté- rieurs ou des sus-maxillaire très-courts. Telles sont, en général, les parties osseuses de la bouche ; mais elles offrent de très-grandes différences pour les formes , les dimensions et le mouvement dans les diverses familles. Il suflit de dire ici que leur mo- bilité est excessive; d’ailleurs le mécanisme et les usages ne peuvent être bien conçus qu'après avoir fait connaître les dents qui les garnissent, et les muscles qui leur communiquent ou leur impriment le mou- vement. Les dents des Ophidiens, qui ne leur servent pas pour mâcher, mais seulement pour retenir leur proie, sont toujours coniques, pointues, et courbées , de ma- nière que leur extrémité, libre, acérée et très-piquante, est constamment dirigée vers la gorge ou en arrière. Jamais ces dents ne sont enchâssées à leur base dans l'épaisseur des os; elles sont soudées à leur surface et percent les gencives. En haut elles sont supportées par les os sus-maxillaires, les palatins, les ptérygoï- diens , jamais, selon nous, quoiqu’on l'ait avancé, par les palato-maxillaires, quelquefois, mais rarement, par les incisifs; le plus souvent elles sont placées sur une ou plusieurs lignes longitudinales. En bas elles occupent le bord de la branche de la mâchoire infé- rieure. NUTRITION. BOUCHE. DENTS. 129 Il existe toujours des intervalles entre ces dents _crochues ; leurs dimensions varient. En général , elles sont courtes, et leur disposition est telle que leur gros- seur et leur longueur vont en augmentant ou en dimi- nuant de derriére en devant. Cependant, il y a des différences à cet égard suivant les genres, car dans quelques-uns les dents moyennes d’une rangée longi- tudinale sont plus grosses: chez d’autres elles sont plus développées dans la région antérieure ou dans la postérieure ; leur inclinaison varie également. Il est très-probable que ces dents crochues se brisent sou- vent et qu’elles restent enfoncées dans les chairs de la proie avalée ; nous avons observé quelquefois dans les matières excrémentitielles des Boas, qu’on conserve vivants à la ménagerie du Muséum, des portions de ces dents dont la partie émaillée était devenue transparente et comme nacrée, parce quelles avaient été en partie dissoutes dans l'acte de la digestion. Ces dents sont bientôt remplacées ou suppléées par d’autres dont on trouve un grand nombre de germes qui se dirigent la- téralement de dedans en dehors ; ces dernières sont plus développées. On distingue ces dents en sus-maxillaires, palatines ou ptérygoïdiennes internes, en inter-mandibulaires et en sous-maxillaires , d’après leur insertion. Les Serpents à dents creuses ou à crochets venimeux n'ont ordinairement qu'un seul de ces crochets qui reste fixé solidement, de chaque côté, sur l’os sus- maxillaire; et cette dent creuse, perforée dans toute sa longueur, est entraînée par l'os dans tous ses mou- vements. Il y a là, il est vrai, beaucoup d’autres germes de dents, mais ils sont libres et déposés dans une bourse. Ces crochets sont de longueur diverse et REPTILES , TOME VI. 9 130 REPTILES OPHIDIENS. dans un état de développement plus ou moins marqué ; ils sont destinés à se succéder pour le remplacement du crochet déjà fixé et soudé sur los mandibulaire, dans le cas où cette arme viendrait à être brisée. Ces crochets canaliculés, depuis leur base, offrent en avant, vers la pointe, une cannelure fine qu’on prendrait pour une fente linéaire, mais qui est la véritable conti- nuité du canal par lequel le venin se trouve transmis toutes les fois que l’animal enfonce ces dents dans les chairs vives de la proie dont il veut faire sa nourriture. Nous reviendrons plus loin sur l’usage de ces crochets à venin. Les dents palatines et ptérygoïdiennes sont un peu plus grêles ; elles manquent rarement. Jusqu'ici, on ne connaît même que le genrenommé, par cela même, Oligodon, qui soit dans ce cas. Il est bien rare que Vos palato-maxillaire ou transverse soit garni de dents ; cependant M. Duvernoy dit avoir trouvé ces lames os- seuses hérissées de quelques petites pointes dans une espèce de Serpent d’arbre (Annales des sciences natur., tome 26, page 3). Parmi les autres dents, qui ne sont pas des crochets creux, mis en mouvement de bascule par l’os sus-maxil- laire, il en est qui sont propres, dit-on (1), à rendre cer- tains Serpents très-venimeux. Ces dents sont aussi im- (1) M. Schlegel en parlant de ces dents cannelées dans son ouvrage sur la Physionomie des Serpents, page 27, dit qu'on les a regardées à lort comme destinées à introduire du venin, mais qu'elles sont des canaux creusés pour verser une salive provenant de glandes plus volumineuses situées dans le voisinage de leurs racines. Dans un mémoire particulier , ce savant observateur avait établi que les germes de toutes les dents étaient d'abord formés d'une lame re- plite sur elle-même et soudée le long d'une ligne dont on retrouve l'indice comme les traces de la soudure ou de la fente dans un très- grand nombre d'espèces de Serpents qui ont ainsi des dents cannelées. NUTRITION. BOUCHE. MUSCLES. 131 plantées sur les os sus-maxillaires ou branches externes des mâchoires supérieures , soit en avant, soit en ar- rière ; elles offrent sur la convexité de leur courbure, ou en avant , un sillon longitudinal, une sorte de can- nelure peu profonde; le plus ordinairement, ces dents cannelées sont un peu isolées ou séparées les unes des autres par un plus grand intervalle ; souvent aussi elles sont plus longues et plus fortes. C’est le cas qu’on peut observer dans les Dipsas, les Bongares, les Hy- drophis , etc. Les muscles destinés aux mouvements des mâchoires doivent être étudiés d’une manière toute particulière, en ce que, par l'action qu'ils produisent, plusieurs diffèrent de ceux qui se trouvent dans les Reptiles à mandibule fixe. Nous avons déjà dit que tout l’appa- reil des os de la face était comme suspendu et mo- bile sous le crâne. Leur point d’appui principal se trouve en arrière du crâne sur deux apophyses, ou pièces osseuses distinctes, solides et très-prolongées, qu'on a nommées Os temporaux ou mastoïdiens. C’est sur l’un de ces os , en effet, que se meut en ar- ricre et en haut l'os intra-articulaire, dit à tort tym- panique , tandis qu’en bas, ou du côté de la mâchoire inférieure , il reçoit d’une part celui qui repré- sente la moitié ascendante ou la branche montante du sous-maxillaire, et de l’autre, le prolongement pté= rygoïdien par lequel le mouvement est communiqué aux palatins et aux sus-maxillaires correspondantes. D’après ces dispositions bién reconnues, il est facile de concevoir comment les faisceaux musculaires fixés sur ces os qui sont des leviers coudés et articulés, leur impriment les différents mouvements qu’ils exécutent : 1° l'élévation de la mâchoire inférieure, qui produit 132 REPTILES OPHIDIENS. son rapprochement de la supérieure pour fermer la bouche et la retenir ainsi ; 2° l’abaissement de la partie inférieure pour faire ouvrir la gueule, et 3° comment tout cet appareil peut être porté en avant. C’est dans cet ordre d’énumération que nous allons rappeler cette organisation , qu’il est important de faire con- naître. Les muscles releveurs de la mâchoire inférieure, et qui ferment la gueule , sont représentés par trois fais- ceaux principaux qui correspondent aux temporaux et au masseter. L'un postérieur provient de la paroi de l'occiput en arrière, et même de l’apophyse ou de los mastoïde , et se dirige un peu en avant et en bas, où son tendon se fixe sur la mâchoire inférieure , près de sa cavité condylienne. La portion moyenne se confond en partie avec l’antérieure qui la recouvre. Ses fibres sont plus droites ; mais le tendon qu'elles forment se joint à celui qui est placé en avant, et qui dépend d’une sorte de masseter dont le faisceau paraît provenir de la région du crâne, qui est placée sous l'orbite. Dans les Serpents à crochets venimeux, le plus or- dinairement, les fibres charnues naissent aussi de l'enveloppe aponévrotique qui recouvre la glande des- tinée à sécréter l’humeur délétère. Au reste, cette structure varie tellement dans les genres et même dans les espèces , qu'il est impossible d’assigner une dispo- sition commune et générale. Le principal muscle destiné à faire mouvoir directe- ment la mâchoire inférieure en bas est attaché le long de l’os carré dont les fibres suivent la direction et sont d'autant plus longues, que cette pièce inter-maxillaire est elle-même plus développée ; il se termine en bas, derrière l'articulation. C’est l’analogue du digastrique NUTRITION. BOUCHE. MUSCLES. 133 pour l’usage, mais bien différent pour la forme et le point d'insertion. Outre ce muscle abaïsseur, le peaucier ou une couche sous-cutanée , qui semble pro- venir du périoste des premières côtes et des apophyses épineuses des vertèbres collaires, aide certainement aussi, dans quelques circonstances, l’abaissement de cette branche sous-maxillaire et la tient dans cette po- sition. Les os maxillaires inférieurs peuvent aussi être rap- prochés entre eux par l’intermède des os intra-arti- culaires d'une part , au moyen de fibres charnues qui, naissant de la partie inférieure de l’occiput en dehors, viennent se porter sur cet os dit tympanique , ou di- rectement du point fixe et moyen vers la capsule arti- culaire condylienne. D'autre part, il existe une sorte de membrane musculaire dont les fibres transversales, croisées vers la ligne médiane sous la peau de l'inter- valle des deux pièces osseuses, viennent se fixer sur elle en dehors. C’est l’analogue du muscle mylo-hyoïdien qui rapproche les branches, après qu’elles ont été écar- tées par la dilatation de la bouche (1). Enfin , il est des muscles destinés à faire mouvoir les os garnis de dents pour les porter en avant et pour les éloigner de la ligne moyenne en arrière, et en les faisant s’écarter réciproquement. Il ya d’abord l’ana- logue du ptérygoidien externe , qui est étendu depuis la face externe de la lame ptérygoïdienne , en arrière, jusqu’à l'os sus-maxillaire. Il est surtout très développé (1) Consultez pour tous ces détails le mémoire de M. Ducss sur la déglutition des Reptiles, déjà cité , ainsi que les trois mémoires de M. Duvzrnoy insérés aussi dans les Annales du Muséum, dont on trouve le résumé dans la première partie du 1V® volume, page 345, des lecons d'anatomie comparée de Cuvier. 134 REPTILES OPHIDIENS. et fort puissant dans les Serpents à crochets venimeux ; car c'est par lui qu'est produit le mouvement de l’os sus-maxillaire qui, comme une bascule, fait relever le crochet canaliculé qui pique la proie et transmet le poi- son. Un autre faisceau plus petit se trouve à Îa face interne de l’apophyse ptérigoïde. Il vient se fixer au de- vant de l'os sus-maxillaire pour le ramener dans la po : sition première, afin que les crochets soient couchés sur le palais. Il existe bien d’autres petits muscles destinés à faire mouvoir les os du museau; mais ils sont peu impor- tants et ils présentent beaucoup de variétés suivant les espèces. Ce qu'il y a de bien remarquable dans les mouvements que les mâchoires supérieure et infé- rieure exercent l’une sur l’autre, en se rapprochant et en s’éloignant de bas en haut et réciproquement, ainsi qu’en se portant successivement l’une en avant, l’autre en arrière, c’est qu’elles peuvent s’écarter, et que leurs branches sont disjointes; car, en mordant les corps comme le feraient les dents d’une paire de cardes, elles s’y accrochent et produisent souvent la torsion de la gueule ou une dilatation telle, que le plus grand diamètre de la tête se trouve tout à fait en tra- vers et en arriére. Après avoir rappelé ainsi la structure des parties so- lides de fa bouche des Serpents, la disposition et les usages des muscles principaux destinés à les mouvoir, il est nécessaire de faire connaître aussi l’intérieur de . cettecavité, qui, outre son usage comme instrument de préhension et comme vestibule du tube digestif, ren- ferme beaucoup d'organes et de parties importantes. Ainsi, quoique les dents soient en général apparentes et mises à nu, surtout lorsque la bouche est ouverte NUTRITION. BOUCHE, MUSCLES. 135 et dilatée, les os qui les supportent sont revêtus de chairs et de membranes qui doivent avoir beaucoup d’ampleur, afin de se prêter, au besoin , à l’allonge- ment, à la dilatation et aux mouvements inverses de toutes ces pièces mobiles. Il ya enoutre dans la bouche les orifices des narines , celui de la glotte, le canal ou le fourreau de la langue dont la protraction, la ré- traction , les vibrations, sont liées à une disposition particulière des pièces solides et musculaires. Il y a des glandes salivaires, lacrymales, venimeuses, dont la structure et les canaux excréteurs se lient à l'acte de la déglutition, et enfin, la grande ouverture du pharynx qui semble être la continuité de la gueule. T'elles sont les particularités que nous allons étudier. Au premier abord, la cavité de la bouche d’un Ser- pent , vue à l'intérieur, ressemble beaucoup à celle de la plupart des Sauriens, sauf les grands plis longitu- dinaux que l’on observe sur la longueur du palais dont la voûte est généralement large et plate. Ces plis sail- lants semblent quelquefois être dentelés sur leur tranche et comme découpés, jarce que la membrane s’est, pour ainsi dire, moulée dans les intervalles que laissent les dents entre elles. On voit généralement en avant, sur la ligne mé- diane, comme dans un sillon, l’ouverture commune aux narines postérieures qui sont souvent cachées par un repli libre et flottant de la membrane palatine , la- quelle simule une sorte de voile palatin. Sur cette même ligne médiane, la peau ou la membrane mu- queuse semble comme enfoncée ; elle est en effet at- tachée là solidement à la base du crâne et des os de la face , et on y voit un pli longitudinal dont la profon- deur varie. D’autres sillons latéraux s’observent d’a- 136 REPTILES OPHIDIENS. bord en dedans des branches palato-ptérygoïdiennes qui peuvent s'écarter de la ligne moyenne; puis un autre situé entre les os transverses ou palato-mandi- bulaires. Ces derniers sont doubles dans les espèces sans crochets venimeux ; mais chez celles qui en ont, comme les os sus-maxillaires sont très-courts, on voit en dehors et en avant un grand repli membraneux large à sa base, où il adhère au palais, et plus étroit en arrière, où ilest libre. C’est le sac ou l'enveloppe qui contient les germes des crochets appelés à succéder à celui qui est fixé sur l’os, lequel est garni lui-même d’un fourreau particulier qui le renferme comme dans un capuchon ouvert à la pointe. Le plancher, ou la portion sous-maxillaire dela bouche, présente en avant une sorte de tubercule enfoncé dans son centre ; c’est lorifice qui livre passage à la langue dont le fourreau, arrêté et replié sur les bords, produit cette saillie. Derrière est un autre tubercule avec une fente longi- tudinale : c’est la glotte ou la terminaison de la tra- chée artère qui se trouve placée ainsi au-dessus de la gaine qui renferme la langue. Cette gloite est ainsi portée très en avant, et lorsque les mâchoires sont rap- prochées, son orifice se trouve correspondre au sillon palatin sous le voile mobile des arrière-narines. Nous reviendrons sur cet orifice de la glotte. La langue, dont nous avons déjà eu occasion d’in- diquer les formes et les usages, lorsque nous avons parlé de l'organe du goût, est peu apparente, ainsi que nous venons de le dire, quand la bouche est ou- verte, parce qu’elle rentre dans un fourreau comme celle des Varans. Elle est allongée , droite, plate ou cy- lindrique, très-charnue ; elle est fendue profondément à son extrémité libre en deux pointes flexibles, molles, NUTRITION. BOUCHE. LANGUE. 137 mobiles , dont la surface est revêtue d’une peau molle, un peu humide. Cette langue est généralement plate, lisse en dessus , arrondie en dessous et plus humide ; ses bords paraissent quelquefois comme lésèrement frangés ou garnis de papilles rapprochées et formant une ligne saillante. L'animal ne s’en sert guère que comme d’un instrument propre à palper la superficie des corps , soit pour la tremper dans l’eau ou dans les humeurs liquides qu'il entraîne dans la bouche en la- pant rapidement (1). Pour faire bien comprendre le mécanisme des mouvements de la langue, il est nécessaire de rappeler la disposition de l’hyoïde qui lui sert de base et de le- vier. Le corps de cet os, qui-est très-grêle, comme car- tilagineux, se prolonge en arrière par deux stylets minces et cartilagineux qui s'étendent le long de la trachée. Ges stylets reçoivent des muscles qui peuvent les faire avancer, d’autres sent destinés à les faire ré- trograder, et par conséquent, à produire les mouve- ments de va et vient. Une gaîne membraneuse et à fi- bres contractiles musculaires, qui recoit elle-même des muscles protracteurs et rétracteurs de la langue, lui permet les mouvements de vibrations et d’agi- tations rapides pour la repousser, l’agiter et la brandir, (1) I est des cas cependant dans lesquels quelques Serpents avalent de l’eau sans se servir de la langue pour laper. Alors ils tiennent la tête enfoncée sous l'eau au-dessous du niveau , ils écartent un peu les ma- choires et font baisser le fond de la gorge dans laquelle l'eau descend par son propre poids. On voit alors de petits mouvements de déglu- tition qui s'opérent comme ceux qu’exercent certains hommes des pays méridionaux dans leur manière d’avaler les liquides, dite à la régalade. Il paraïtrait que cette eau sert à laver les intestins; car elle est rendue liquide avec les fèces, elle ne parait pas expulsée par les voies urinaires. Le liquide que les reins sécrèêtent est toujours une bouillie. Lt 138 REPTILES OPHIDIENS. avec une prestesse extrême , quand elle est lancée hors de la bouche; ce qui la fait regarder comme un dard. Nous avons craint d’entrer dans des détails minutieux à cet égard; parce que, dans ces derniers temps, on a très-bien décrit ce mécanisme dans les ouvrages que nous avons cités (1). Quoique les Serpents ne divisent, ne broient, ni ne mâchent la matière de leur nourriture, puisqu'ils avalent les animaux d’une seule pièce, comme cette proie est souvent couverte de poils roides, de plumes, d’épines ou d’écailles sèches, ils l’enduisent d’une couche d’une humeur salivaire et muqueuse , pour en lubrifier la surface et la rendre plus glissante. C’est une sorte de bave visqueuse qui s'écoule en abondance de leur bouche, afin de faciliter l'introduction et le glissement de la victime dans le gosier ou l’æœsophage, qui est obligé de se dilater considérablement. Cette salive est sécrétée en partie par les cryptes de la mem- brane muqueuse ; elle revêt toutes les parties de la gueule; mais il y a en outre des glandes destinées à la sécrétion : celles-ci sont situées entre les branches de l’une et de l’autre mâchoire, et l’humeur qu'elles fournissent suinte par de petits trous qui se trouvent au dehors, à la base des dents , ou dans des sillons dont les dernières dents sont creusées. Des glandes qui sécrètent la salive. _ Cesglandes varient beaucoup pour leur volume et leur siége. M. Duvernoy les a décrites et figurées dans (1) Voyez le mémoire de Dugès, Annales citées, t. XII, p. 337, PI. 46, fig. 11, 14, 16, et le mémoire de M. Duvernoy. Société d'his- toire naturelle de Strasbourg. 1830. Anatomie comparée , t. IV, p. 535. NUTRITION. BOUCHE. SALIVE. 139 plusieurs espèces ; généralement elles sont granulées, conolobées, blanchâtres et fournissent plusieurs con- duits excréteurs. Elles sont moins développées dans les Serpents d'eau. On les distingue en supérieures ou sus-maxillaires eten inférieures : elles bordent les mâ- choires. Souvent elles forment plusieurs lobes qu’on a décrits comme autant de glandes particulières. Il ya en particulier des glandes lacrymales et des nasales dont nous avons déjà parlé, mais dont les humeurs après avoir servi à lubrifier les surfaces, parviennent dans la bouche et font aussi l'office de sucs sali- vaires. Dans le mémoire cité du docteur Ant. Alessandrini, l'appareil salivaire des Serpents peut se diviser d’après les glandes : 1° en sous-lingual; 2° en sous-maxillaire ou labial inférieur ; 3°le parotidien ou labial supérieur ; k° lesous-orbitaire qui varie le plus par la forme et qui produit le plus ordinairement le venin. Dans les Serpents non venimeux ou sans crochets, les glandes mandibulaires ou sous - maxillaires sont situées au dehors de la branche dont elles portent le nom. Elles sont bomhées, quoique étendues en longueur sur la gencive ou sur la ligne saïllante qui porte la série des dents externes; la région postérieure, qui est un peu plus large que l’antérieure, se trouve en partie cachée sous le muscle temporal antérieur. Dans les espèces à crochets, cette glande semble man- quer, où elle est réduite à un simple rudiment ; mais elle est remplacée par la glande à venin dont nous par- lerons plus bas. Les glandes inférieures, dites sous-maxillaires , à cause de la région qu’elles occupent sur la mâchoire d’en bas , semblent aussi composées d’une suite de granu- 140 REPTILES OPHIDIENS. lations disposées en longueur avec de petits étrangle- ments dont chacun paraît fournir un conduit membra- neux qui aboutit auprès d’une des dents dont la mâ- choire est garnie, Les glandes qui sécrètent une humeur venimeuse sont généralement plus molles, comme spongieuses, ou celluleuses, de couleur jaunâtre, quoique recouver- tes d’un sac aponévrotique : elles occupent la place de l'os maxillaire qui est très-réduit, comme nous l’avons indiqué, et on les trouve situées presque immédiate- ment sous la peau au-dessous et un peu derrière l’or- bite, sur legrand tiers antérieur de la lèvre supérieure. Lorsqu'on les examine à l’intérieur on trouve sous une sorte de membrane fibreuse, tantôt un assemblage de tubes, tantôt des cellules ou vésicules qui toutes abou- tissent à un conduit membraneux, lequel vient aboutir à la base du canal dont est creusé le crochet acéré, soudé à l’os sus-maxiliaire aveclequelil se meut dans le mouvement qui est imprimé à cet os par le muscle pa- lato-maxillaire ; le conduit et la glande elle-même se trouvent pressés, comprimés par la fibre charnue; ce qui a lieu toutes les fois que la mâchoire s’abaisse ou que la gueule s’ouvre complétement en faisant redres- ser les crochets qui sont poussés par un mouvement de bascule. Quand on réfléchit aux circonstances qui semblent avoir porté le Créateur à procurer ainsi à certains Ser- pents une arme aussi simple par sa nature , que terri- ble par ses effets ; lorsqu’on reconnaît les PIÈCES qu'il a prises en n'accordant cette humeur délétère qu’à des êtres faibles, très-sobres et privés en grande partie des facultés qui donnent aux autres animaux carnas- siers les moyens de poursuivre, de saisir, de diviser NUTRITION. BOUCHE. DENTS A VENIN. 14i leur proie, on est admirablement frappé de la pré- voyance infinie qui adirigé toutes ses œuvres. En effet voici un être qui ne peut se nourrir que d'animaux vivants, cependant il est privé des moyens de trans- port, puisqu'il n’a pas les membres qui l’auraient aidé à atteindre, à saisir sa proie ; aussi est-il obligé de l’at- tendre , de l’épier, en se mettant en embuscade sur son passage. Tout à coup il sort de son engourdissement apparent. Il à vu et mesuré d'avance l’espace qui le sépare de sa proie ;ilse dresse, son cou est déjà dirigé en arrière. 9a gueule est béante, sa mâchoire infé- rieures’abat complétement etce mouvement faitrelever la supérieure qui porte en avant les deux pointes acé- rées , coniques et courbées d’où le poison distille. Avec la promptitude d’une flèche vigoureusement décochée, la tête et ses crochets sont lancés en avant sur l’ani- mal ; ils le pénètrent et se dégagent presque aussitôt. Rarement ce choc est répété. Dès cet instant la victime lui est dévolue ; elle peut fuir à peine et se traîner à quelque distance ; il la suit, elle est sa proie; car il Jui a inoculé ia cause de la mort, l'inertie, l’apathie, la paralysie dont il attend les effets. Les crochets se sont enfoncés dans l'épaisseur des chaïrs en traversant la peau par un très-petit trou dont le pourtour s’est dilaté sans déchirure, aussi est-il sou- vent fort difficile de l’apercevoir iorsque la dent n’y est plus (1). À travers ces aiguilles et dans leur épais- seur coule rapidement un jet d'humeur vénéneuse, d’un poison mortel qui injecté avec force dans la plaie n'en peut plus sortir; ilestde suite absorbé et ne tarde ———. (1) Nec tamen ulla vides impressi vulnera morsés. NIcaNDER. 142 REPTILES OPHIDIENS. pas à circuler dans toute l'économie qui est bientôt infectée. Ce venin porte la mort dans tous les organes ; il détruit la vie avec une rapidité telle que l’animal perd toute sensibilité; ses facultés sont anéanties , ïl ne peut diriger ses mouvements, ilest pris de convul- sions épileptiques, probablement il ne souffre plus et son corps se trouve réduit à l’état de cadavre et de simple matière animale. Cependant cette chair empoi- sonnée ou imprégnée d’un venin délétère, peut être avalée et digérée impunément, car ce poison ne doit agir qu’autant qu'ilest introduit directement dans l’é- conomie vivante et qu'il n'a pas été soumis à l’action des forcesdigestives qui probablement peuvent le dé- composer. Puisque l'humeur vénéneuse s'écoule comme par instillation de la rainure creusée au devant de la pointe du crochet , dont elle termine le canal pratiqué dans sa longueur, on reconnaît dans cet appareil un in- strument disposé pour devenir le véritable modèle d’une aiguille propre à l'inoculation d'un virus. Le venin est fluide, le plus souvent transparent, analogue à Ja salive, quelquefois visqueux comme du mucus ou de l’eau gommée , d’une teinte jaune légère ou verdâtre. Il se dessèche facilement et devient luisant comme un vernis ; il adhère ainsi aux corps sur lesquels il s'ap- plique, et c’est comme cela qu'il a pu conserver, dit-on, pendant plusieurs années ses pernicieuses propriétés. Quoique plus pesant que l’eau, quand il est pur, ilse rapproche de la nature des gommes ; carcommeelles , ils’y dissout et alors il en trouble un peu la transparence qu'ilrend laiteuse ; il n’a ni odeur, ni saveur ; lesexpé- riences chimiques ont démontré qu'il n’est ni acide, ni alcalin; qu'il ne brüle pas avec flimme quand on NUTRITION. DENTS A VENIN. .. 148 l’expose à l’action d’un corps en ignition ; qu'il ne s’en dégage aucun gaz, quand on l’unit aux acides; mais les recherches que la chimie a entreprises sur la nature de ce poison n’ont pas encore fait connaître les véri- tables causes de son action qui est en général regardée comme septique , c’est-à-dire qui fait pourrir ou qui détermine la corruption des chairset la décomposition des tissus organiques comme s'ils étaient subitement privés de la vie. Cependant l’action de ce venin différe, à ce qu'il paraît, beaucoup suivant les espèces de Ser- pents qui le sécrètent et par plusieurs des circonstan- ces que présentent eux-mêmes les animaux avant leur mort et l’action qu'il produit sur les parties dans les- quelles il a été introduit. Le climat, la température, la saison paraissent aussi exercer quelqueinfluence, ainsi que le laps de temps quis’est écoulé depuis queles vési- cules à venin ont été vidées par une précédente ou der-. nière morsure. La grosseur del’animal mordu , etl’im- pression de frayeur plus ou' moins manifeste causée par la blessure en rendent aussi, dit-on, les effets plus on moins pernicieux. On s’est assuré que c'est seulement après avoir pé- nétré dans les chairs et par une sorte d’inoculation et par l'absorption faite au moyen des vaisseaux sanguins et lymphatiques, que la matière agit. Ge fait était bien connu des anciens, car on trouve dans Gelse (1) et dans (1) Cornelii Crezsi de re medicé, lib. v, cap. 2°, sect. 12. Nam ve- nenum serpentis..…. non gustu , sed in vulnere nocet Quis quis vulnus exsuxerit et ipse tutus eril et tutum hominem pratabit... anté debebit attendere ne quod in gengivis palatove ulcus habent. Si neque qui exsugut, neque cucurbita est, etc. Gest ce que dit aussi Galien, de temperamentis ( Tepi Kodsewy), lib. nr, cap. 2. 144 REPTILES OPHIDIENS. Lucain (1) des passages qui confirment ce que les belles expériences de Rédi et de Charas ont confirmé. Les eflets du poison diffèrent selon la nature des symptomes morbides qui se manifestent et par l'espace de temps qui s'écoule avant que son action soit pro- duite. Dans quelques cas l’animal blessé tombe tout à coup dans une sorte d’insensibilité ou de sommeil léthar- gique ; chez d’autres, il survient des hémorrhagies mortelles par lenez, la bouche et par toutes les ouver- tures naturelles. On à observé que quelques espèces de Serpents produisent dans la région où leur poison a élé inoculédes effets successifs d’engourdissement, de lividité, de gangrène; le mal s'étend de proche en proche et semble éteindre la vitalité en faisant cesser les mouvements du cœur et en amenant bientôt le froid de la mort et même la décomposition putride. Lucain, dans son poëme sur la guerre de Pharsale, livreIX, vers 737, peint ainsi les horribles souffrances qu'il suppose avoir été produites chez un jeune homme piqué ou mordu par un dipsas, espèce de Serpent sur lequel il avait posé le pied en marchant. « Torta caput retro dipsas calcata momordit. » Vix dolor, aut sensus dentis fuit :..,..... » Ecce subit virus tacitum , carpitque medullas » Tonis edax, calidäque incendit viscera tabe. ».... et in sicco linguam torrere palato Cœpit. Defessos iret qui sudor in artus Non fuit, etc., etc. C4 Aïnsi Laurenti, en parlant de la morsure de la Vi- père sur de petits mammifères ou des oiseaux, indique (1) Lucain, Phars., 9, vers. 614. Morsu virus habent et fatum dente minantur. Pocula morte carent. NUTRITION. DENTS. VENIN. 149 la série des phéromènes suivants : douleur aiguë, res- . piration difficile, tendance à l’expectoration ou vomis- sement d'une mucosité sanguinolente, gonflement, chaleur rougeur, et quelquefois sphacèle du point où la blessure a eu lieu; mort entre cinq ou dix mi- nutes. Bosc, qui a observé la piqüre du Crotale, dit qu’au moment même elle ne paraît pas produire de douleur, mais qu'après un intervalle de trois secondes, il y a en- flure et élancement au lieu piqué. La bouche se sèche, s’enflamme , il y a soif, la langue se gonfle et sort de la bouche. La mort arrive comme par strangulation et la blessure paraît se sangréner. Sir Évérard Home et M. Pihorel ont eu aussi occa- sion de suivre les effets de la morsure d’un Serpent à sonnettes : ce dernier a communiqué à l’Académie des sciences une observation très-détaillée dont voici l’a- palyse: Un Anglais arrive à Rouen le 8 février 1827; il rapportait de Londres une ménagerie d'animaux vivants parmi lesquels se trouvaient trois Serpents à sonnettes ; il faisait très-froid. Ces Reptiles étaient engourdis ; il reconnut que l’un était mort; mais en voulant faire réchaufler les autres, il fut piqué à la main par l’un d'eux. Les accidents se développèrent avec une excessive rapidité. Une douleur vive et dé- chirante se fit sentir dans le lieu même de la blessure qui devint bientôt le siége d’un gonflement inflamma- toire siintense, qu'on y reconnut la tendance à la gan- grène , puisqu'il s’y éleva des phlyctènes et des taches livides. Le blessé éprouva des nausées , dela faiblesse, des vertiges, des syncopes répétées, la plus grande gêne de la respiration, des éblouissements, des trou- bles intellectuels, puis survinrent des vomissements REPTILES , TOME VI. 10 146 REPTILES OPHIDIENS. jaunes , bilieux ; des convulsions, des crampes, des douleurs dans la région du nombril et la mort. Cependant les effets dela morsure du Serpent à son- nettes ne sont pas MAPS aussi délétères. Bosc a vu plus de trente fois cette piqûre, quoique ayantété suivie de très-graves accidents, ne point avoir déterminé la mort. M. le comte de Castelnau a communiqué à l'Académie des sciences, dans la séance du 26 mars 1842, une note que les comptes rendus ont reproduite, dans laquelle après avoir donné quelques détails sur les mœurs des Serpents de l'Amérique du Nord , il indique une mé- thode de traitement pour la morsure du Crotale , dont il nous à paru utile d'extraire les passages suivants. « Les Crotales sont très-nombreux et se multiplient à un point eflrayant dans les lieux élevés, secs et ro- caiileux. À la montagne de Casthill et dans les environs du lac Georges, les habitants se réunissent pour y faire des battues. Dans une seule expédition eten un seul jour on détruisit trois où quatre cents Serpents. » L'auteur rapporte un procédé que l’on a appliqué avec succès pour obtenir la guérison des animaux mordus par un Crotale. Dès que l'animal est blessé, comme il éprouve des convulsions qui deviennent de plus en plus violentes et qui déterminent la mort très-promp- tement,afin d’obvier à cette funeste terminaison et pour la prévenir, on applique une forte ligature au-dessus de la plaie. I] survient néanmoins une convulsion mais _ moindre, en raison de ce qu'il n’a pu passer dans l’é- . conomie qu'une très-pelile quantité de poison. Dés que ce premier accident est passé , on lâche un peu le lien pratiqué au-dessus de la piqüre. Par ce moyen une petite portion du venin est absorbée dé nouveau, NUTRITION. DENTS VENIMEUSES. 147 mais elle ne produit que de faibles convulsions. On agit ainsi jusqu'à ce qu'il n’y ait plus d’accidents. L’a- nimal qui aurait infailliblement succombé si la totalité du venin avait été absorbée à la fois, se trouve sauvé. Il semble qu’en fractionnant ainsi la dose du poison, on en atténue les effets ou la puissance délétère. M. de Castelnau dit avoir été témoin d'expériences confirma- tives de ce procédé sur des animaux et avoir vu un jeune homme guérir à l’aide de ce moyen. Il assure aussi quela chair du Serpent à sonnettes est recherchée dans ces contrées et qu'elle est servie sur la table des plus riches planteurs. Batram avait déjà raconté ce fait; ayant tué un de ces Serpents, le commandeur fit préparer par les cuisiniers du gouverneur le corps de l'animal, qui fut servi au diner (1). On a fait beaucoup d’expériences sur l’action de ce venin , Russel à la côte de Coromandel, a constaté les effets de la morsure produite par des espèces très-difté- rentes de Serpents venimeux. Fonrana en Italie, avec le venin de la Vipère, a reconnu qu'un milligramme de cette humeur introduit dans l’un des muscles chez un moineau sufhisait pour le tuer ; mais qu’il en fallait six fois davantage pour faire périr un pigeon, et d’a- près son calcul , 15 centigrammes (3 grains) de cette humeur seraient nécessaires pour faire mourir un homme. Or, comme la vipère contient à peine dans les vésicules à venin 10 centigrammes de cette hu- meur, quine peut même en être exprimée que par plusieurs morsures successives , il faudrait cinq ou six morsures de Vipère pour occasionner la mort. Cepen- (x) Batram. Voyage, tome Il, chap. X, page 10 de la traduction française. 148 REPTILES OPHIDIENS. dant, le docteur Pauzer, médecin, qui exerçait à Fontainebleau , a publié en 1805 des observations par lesquelles il a été constaté qu'un enfant de sept ans et demi, piqué au-dessous de la malléole interne, mou- rut au bout de 17 heures, et qu’un autre enfant expira deux jours après avoir été mordu à la joue. Quand le poison n’est pas mortel , il laisse souvent, chez les individus qui ont été piqués par une Vipère, des suites fächeuses et prolongées : la jaunisse , la sé- cheresse du gosier et de la bouche, une grande soif, des coliques et des tranchées, de la difficulté dans la sécrélion ou dans l’émission des urines, des hoquets, des frissons, des faiblesses instantanées, des sueurs froides , etc. On à indiqué et préconisé successivement et avec emphase beaucoup de remèdes qu’on a regardés comme des antidotes assurés contre les effets de la mor- sure des Serpents venimeux. Dans chaque pays, et surtout dans les diverses contrées des climats chauds, où ces Serpents sont en grand nombre, plus dange- reux , etouilsinspirent plus de terreur , des Psylles (1), des jongleurs ou de prétendus sorciers , se proclamant comme doués de moyens surnaturels, supposent qu'ils ont le pouvoir d’enchanter, de maîtriser ces dange- reux Reptiles qu’ils ont soumis à leur toute-puissance. En Afrique, en Asie, suivant le récit des voyageurs, des bateleurs réunissent les gens du peuple dans les places ; là, au milieu d’un grand cercle, à l’aide de — (x) Les Psylles dont parlent Hérodote et Strabon étaient des peuples * du nord de l'Afrique qui connaissaient des remèdes contre tous les poi- sons, et surtout qui sc disaient invulnérables par la morsure des Ser- pents. Les Ophiogènes de l'Égypte, les Marses chez les Romains, élaient des charlatans de même sorte. NUTRITION. DENTS VENIMEUSES. 149 chants, de sons et de gestes bizarres , ils font sortir de sacs ou de cages quelques Serpents qui s’élancent, se dressent et se meuvent comme en cadence. Ces Reptiles ont été exercés en effet à ces manœuvres; si ce sont des espèces véritablement venimeuses, elles ont été privées de leurs crochets mobiles, qui ont été arra- chés à mesure que ces dents tendaient à se souder sur les os sus-maxillaires; d’autres individus prennent des Serpents innocents du genre des Éryx , qu'on à voulu faire ressembler à des Cérastes , espèces de Vi- pères très-justement redoulées dans le pays. Sur la tête de ces Éryx , à l’aide d’un procédé opératoire, ces bateleurs ont eu l’adresse d'insérer sous la peau du crâne , des ergots ou des ongles d'oiseaux qui s’y sont greïlés et qui continuent de s’y développer ; comme chez nous, dans certaines fermes, en chaponant les poulets on a quelquefois , et avec succès, greflé sur l’origine de la crête la racine des éperons ou des ergots détachés de leurs tarses. En Europe, en Amérique et dans toutes les parties du monde, on a vanté comme très-eflicaces beaucoup de médications ou de moyens divers, souvent difi- ciles à se procurer , et sur l'efficacité desquels il reste beaucoup à désirer. Nous allons en faire connaître quelques-uns , sans nous flatter de pouvoir en donner une liste très-complète. En Italie et en France, depuis les belles et nom- breuses expériences de Rédi et de Fontana, on a sur- tout insisté sur la nécessité et les avantages de la succion directe de la plaie opérée à l'instant même à l'aide des lèvres ; ce moyen est sans contredit le plus rationnel et le plus expéditif. On à proposé aussi d’y suppléer au moyen d’une ventouse fort simple que 150 REPTILES OPHIDIENS. s peut fournir une petite bouteille à parois très-minces et à long col que l'on applique, après l'avoir chauffée et tandis que l'air intérieur est encore dilaté, sur l’orifice de la piqüre, dont on doit légèrement élar- gir le trou; on a proposé aussi de laver de suite l’en- droit piqué et de malaxer la peau sous le jet d’un filet d’eau tiède, s’il s’en rencontre à la portée de la main ; ou , à son défaut , en se procurant subitement le liquide encore chaud que les reins ont sécrété dans la vessie. On a vanté les frictions avec de l'huile et celles faites avec le chlore, avec l’ammoniaque, l’eau de Luce (huile de succin ammoniacale), et ces mêmes moyens ont été aussi administrés à l’intérieur , quel- quefois avec une apparence de succès, ainsi que des sudorifiques alcooliques. On a attribué les plus heureux effets à une ligature circulaire pratiquée sur le membre, au-dessus de la partie piquée ou déchirée par les dents du serpent , afin d'arrêter ou de borner l’enflure du membre sur lequel avait eu lieu la morsure, et pour s'opposer à l'absorption du virus. Comme moyen local propre à neutraliser ou à dé- truire le venin inséré dans la plaie, ou avant qu'il soit absorbé, on a pratiqué quelquefois ayec succès la cau- térisation actuelle, à l’aide du feu ou d’un fer rouge, l'application du nitrate d'argent fondu, du nitrate de mercure liquide, des chlorures de zinc ou d’anti- moine; la pâte caustique de Vienne ou d’un morceau de potasse pure: une seule goutte d’acide sulfurique -Ou azotique, etc. Autrefois on avait vanté l’application d’une certaine pierre noirâtre ou verdâtre qui paraît n'être qu'un mor- ceau de bol argileux très-doux , onctueux au toucher, NUTRITION. DENTS VENIMEUSES. 11 recevant un assez beau poli et happant à la langue. On supposait à ce minéral la propriété d’absorber la. liqueur venimeuse, quelle que fût la nature du poison. Pour attribuer à cette pierre une vertu plus merveilleuse, on supposait qu'on ne la trouvait que ‘ans la tête du Naja des Indes ou Serpent à chapeau, Cobra de capello , de sorte que les gens du pays, qui la vendaient à très-haut prix aux voyageurs, la fai- saient entourer d'un chaton de métal précieux pour la suspendre au cou et s’en servir comme d’une amu- lette. Les recueils anciens des sociétés savantes con- tiennent un grand nombre de récits de personnes crédules ou d'annonces mensongères ; mais Rédi a dé- montré par beaucoup d'expériences faites publique- ment et sous les yeux du grand-duc de Toscane, que cette propriété attribuée à la prétendue pierre de Ser- pent était chimérique , ainsi que les procédés à l’aide desquels on croyait faire rendre le poison et restituer à cette substance ses propriétés, en la laissant séjour- ner pendant quelques heures dans du lait ; nous pos- sédons nous-même une de ces pierres , elle a la forme d’une amande allongée et aplatie à sa surface , amincie sur les bords; sa couleur est d’un vert noirâtre et elle présente tous les caractères de celles qu'avait eues Rédi à sa disposition; mais ces dernières étaient de srosseurs diverses et de forme lenticulaire (1). On trouve dans les ouvrages d'histoire naturelle et dans un grand nombre de dissertations de matière médicale , une suite de recettes plus ou moins compli- quées, la plupart fournies par les indigènes des climats (1) Voyez sur ce sujet une dissertation très-savante de Mentzel insérée dans les Miscellanea medico physica, déc. 2, an 9. Page 122, observ. 94, en 1691. 12 REPTILES OPHIDIENS. où les Serpents venimeux sont plus communs; on les a indiquées comme très-efficaces, et c’est à cause de cela qu’elles nous ont été transmises par les voyageurs et les naturalistes. Déjà, du temps de Pline et de Ga- lien , plusieurs étaient vantées. Russe!, dans un mé- moire sur les Serpents venimeux qu'il a observés au Bengale, rapporte des expériences dans lesquelles il annonce avoir employé avec un succès presque con- stant, un remède qu'il nomme tanjore, et dont il transcrit la formule pour laquelle il faut se procurer en poids égal les matières suivantes : mercure, arsenic blanc , poivre, racines de velli-navi et de néri-viham, amande de nervalam. On agite le mercure avec le suc de l’Asclepias gigantea de manière à faire disparaître les globules , puis on y joint les autres ingrédients afin d'en former une masse pilulaire que l’on divise en dragmes et qu’on administre d'heure en heure, après avoir appliqué sur la morsure un foie chaud de volaille et employé plusieurs autres moyens accessoires. On ignore les noms botaniques par lesquels l’auteur désigne si vaguement Les racines et l’'amande qu'on croit être celle d’une espèce de croten. Linné, dans les trois dissertations soutenues sous sa présidence , avec les titres de Morsura serpentum, de fadix Senega , de Lignum colubrinum , a fait re- cueillir toutes les indications des plantes préconisées contre la morsure des Serpents. La liste en est nom- breuse ; en voici l’énumération , encore est-elle incom- plète : Ophiorhiza mungos, Strychnos colubrina, Spiræa trifoliata , Asclepias sigantea, Periclyme- num zeilanicum , Ophioxylon serpentinum , Pol;-gala sencka, Aristolochia indica et serpentaria, Veratrum luteum, Prenanthes alba, Actæa racemosa, Osmunda NUTRITION. DENTS VENIMEUSES. 153 virgiana , ÆAletris farinosa, Chiococca densifolia (caïnca), Kunthia montana, Uvularia grandiflora , Heliopsis (herva das cobras) (1). On a aujourd'hui de fortes raisons de croire que la plupart de ces plantes dont on a préconisé les vertus merveilleuses, d’après la croyance des indigènes qui eux-mêmes en attribuaient la découverte à des récits mensongers , n agissent efficacement pour la plupart, quand il y a quelque résultat heureux, que parce qu’on les administre par décoctions chaudes et en grande quantité; elles ne seraient alors que de puissants su- dorifiques. Nous venons d'étudier l’organisation de la bouche en faisant connaître la charpente osseuse et le méca- nisme par lequel les mouvements lui sont communi- qués dans son ensemble ou dans chacune de ses par- ties. Nous savons comment les dents ou les crochets s’y trouvent distribués , quelles sont les glandes qui four- nissent les humeurs dont les unes lubrifient les surfaces et d’autres sécrèlent un poison mortel. Nous avons dit aussi comment se comporte la membrane muqueuse dans les divers replis qu’elle forme autour des ori- fices des narines, de la glotte et du fourreau de la langue dont la structure, les mouvements et les usages ont été également indiqués. Il ne nous reste plus main- tenant qu'à exposer comment s'opère la déglutition dans les Serpents. =} (1) La liste des plantes indiquées par les auteurs est très-étendue : Gesner dans son ouvrage en a présenté une par ordre alphabétique qui en contient plus de 100. Linné, en parlant de la morsure des Serpents dans les prolégomènes de la classe des Amphibies, s'exprime ainsi: 1m- perans beneficus homini dedit Indis ichneumonem cum ophiorhizé; Americamis sue cum senegd;; Æuropæis ciconiam cum oleo et alcalr. 154 REPTILES OPHIDIENS. Les Serpents, comme on le sait, peuvent avaler des animaux souvent plus volumineux que leur propre corps ; ils doivent cependant pénétrer dans une gueule dont le calibre, en apparence, n'est pas en rapport avec le diamètre de la tête; cette modification singu- lière, ainsi que nous l'avons déjà fait concevoir, est permise par la séparation naturelle de la disjonction qui existe entre les branches de leurs mächoires, par la diduction que les muscles y produisent et par le rapprochement qu'ils peuvent en opérer , afin de réta- blir la tête dans sa forme primitive, quand cet acte, qui ne se renouvelle qu’à des intervalles assez éloi- gnés, n'exige plus cette sorte de dislocation. M. Dugès (1) a décrit avec détails l’appareil et le mécanisme de la déglutition dans les Couleuvres et les Vipères; nous avons aussi nous-mêmes été plusieurs fois témoins de cet acte dans plusieurs espèces de Cou- leuvres , de Vipères, de Crotales, et surtout chez les Boas et les Pythons que l’on nourrit depuis longtemps en domesticité sous nos yeux, et que nous pouvions examiner sans leur inspirer aucune crainte. Quand on présente à ur Python un lapin ou un rat vivant, dès que le Serpent l’apercoit ou qu'il est averti de sa présence par quelque émanation, il tourne vivement la tête vers sa proie, il dresse rapidement le devant du tronc qu’il porte en arrière, il écarte ses mâchoires, et à l'instant il les lance comme un trait vers la tête de la victime qui se trouve ainsi blessée et retenue par un grand nombre de crochets. Dès ce mo- ment le tronc du serpent s’enroule sur la poitrine de (1) Annales des sciences naturelles 1827. Tome XIL, page 386, fig. 17-18. Duvernoy, 1832 , ibid., tome XXX. NUTRITION. DÉGLUTITION. 155 l'animal qui jette un cri de douleur plus ou moins prolongé, car il est écrasé et ne peut plus respirer. Quand, au bout de quelques minutes, la proie ne donne plus de signes de vie , le Serpent écarte ses mâ- choires pour détacher ses crochets, et bientôt , saisis- sant sa victime par le bout du museau , il en intro- duit la tête entre ses mâchoires qui s’écartent peu à peu, s’élargissent , s’étalent de manière à admettre dans leur intervalle le diamètre du crâne, et successi- vement le cou, la poitrine, les pattes et le reste de l'animal qui se trouve ainsi suivre tout d’une pièce, en pénétrant peu à peu dans l’œsophage du Serpent. Le tronc de celui-ci, sur lequel on ne distingue plus la tête, devient tout à coup monstrueux dans sa région antérieure par la dilatation énorme que permettent la mobilité et l'indépendance des côtes qui ne sont pas fixées au sternum. Il y a quelques différences dans la manière dont la proie est saisie; mais c’est presque toujours par la tête que les oiseaux et les petits quadrupèdes sont introduits entre les mâchoires, de telle sorte que leur ventre reste dans la partie inférieure; nous avons vu cependant des grenouilles saisies par derrière, et alors leur tête restait à l’entrée de la gueule du Serpent qui, dans cet état, paraissait avoir deux têtes l’une au- dessous de l’autre. Quand la proie a été mal prise, lorsqu'elle se trouve arrêtée par le travers, le Serpent cherche à décrocher ses dents pour la saisir autre- ment et la faire entrer entre ses mâchoires d’une façon plus avantageuse. Ce sont les crochets supérieurs qui pénètrent les premiers sur le cou de l'animal et à re- brousse-poil, de telle sorte que, dans le mouvement qui sera communiqué à la victime, les plumes, les 156 REPTILES OPHIDIENS. écailles ou les poils puissent se coucher les uns sur les autres et glisser plus facilement à l’aide de la sa- live gluante qui s'y colle et les enduit. Nous traiterons maintenant de la déglutition des li- quides , oude l’action de boire et de la faculté qu’on at- tribue aux Serpents de pouvoir opérer la succion du lait, pour l’extraire des mamelles, ou de l’action de téter. Les Serpents boivent rarement, parce que la plu- part vivent dans des lieux très-secs , dans des déserts arides ou dans des forêts où iis sont souvent et très- longtemps privés d’eau. La nature, au reste, y a pourvu, et semble leur avoir fourni assez de liquide, en leur imposant le besoin de se nourrir d'animaux vi- vants, dans le corps desquels le sang et les autres hu- meurs paraissent pouvoir leur suffire; car ils transpi- rent peu, et leurs reins ne sécrètent qu’une sorte de bouillie épaisse, dans laquelle on retrouve toutes les matières salines, ou salino - terreuses qui ont été ex- traites de leur sang. Cependant il est des espèces qui, en très-grand nombre , vivent aux bords des eaux , qui nagent et qui aiment à plonger. Celles-là boivent véritablement, les unes en lapant l’eau par des mouvements rapides de protraction et de rétraction qu'elles communiquent à leur longue langue cylindrique, laquelle, en ren- trant “ sa gaine, dont le fond est clos, se trouve essuyée à sa surface, et abandonne, au dehors du fourreau , le liquide dont elle était couverte ou impré- gnée ; md euat ayant la tête en grande partie placée sous l’eau, écartent les mâchoires et abaissent le plancher de la région postérieure de la bouche; alors le liquide tombe dans une cavité vers l'entrée de l’œso- a NUTRITION. DÉGLUTITION DES LIQUIDES. 157 phage, ou pharynx, qui se dilate légèrement, puis se contracte par portions successives pour avaler, par petites gorgées, une assez grande quantité d'eau. Mais ce liquide, à ce qu'il paraît, ne passe pas dans le sang, ou du moins il n'y pénètre qu’en très-petite quantité ; car, les Serpents qui ont bu de cette manière rendent, en grande partie, cette eau seule, ou au moins distincte des matières excrémentitielles, de sorte que ce liquide ainsi avalé paraît avoir eu pour usage principal de laver les intestins , et qu’il ne paraît pas avoir été absorbé, ni avoir passé dans la circulation pour tenir en dissolution les matières salines que les reins doivent sécréter, car ces.organes ne séparent du sang qu'une bouillie blanche qui même se concrète dans les uretères et dans le cloaque en une masse mé- diocrement solide et d’un blanc opaque. Quant à la faculté attribuée aux Serpents de pouvoir teter les mamelles des animaux, et en particulier celles des Ruminants , dont on les accuse généralement dans nos cam pagnes , en leur imputant, en outre, par préjugé populaire, une sorte d'action malfaisante telle, qu'à la suite de cette succion , à laquelle ces Mammi- fères se prêteraient, dit-on, avec complaisance, les vaches et les chèvres perdraient leurlait (1), pour être convaincu du peu de fondement de ce préjugé, et même de l'impossibilité de cette action, il suffit au naturaliste , pour peu qu’il ait étudié la physiologie, de réfléchir sur les circonstances de l’organisation qui permettent aux seuls Mammifères de faire le vide dans leur bouche ou d'opérer la succion en tetant. Cette (1) Voyez à la table ophiologique les auteurs dont les noms suivent : Anselm, Bierling, Lentilius, Lamarre- Piquot. 158 REPTILES OPHIDIÈNS. opération , en eflet, exige beaucoup de conditions qui ne se trouvent pas ici, ou qui manquent totalement aux Serpents. D'abord , il faut que la cavité dé la bouche puisse momentanément étre close autour du mamelon, en avant et sur les côtés, par des lèvres mo- biles ou charnues ; secondement, qu’elle ne commu- nique pas directement avec les niärines ni avec la lotte, ces trois orifices se correspondant dans l’ar- rière-bouche ; et troisièmement enfin, qu'il y ait un voile du palais pour la clore en arrière. Eh bien , toutes ces circonstances manquent à la fois dans les Serpents. Ils n’ont pas de lèvres charnues ; leurs narines s’ou- vrent directement en avañt du palais, qui n’est pas voüté , et leur gorge n’est pas séparée de la bouche par un voile charnu et mobile. D'ailleurs, l’orifice externe de la trachée est situé dans la bouche, et n’a point d’é- piglotte, si ce n’est un simple tubercule en avant de la glotte. Les Serpents ne pourraient donc pas faire un vide complet dans la bouche , quand un pis ou un ma- melon y aurait été introduit ; car leur langue estun sim- ple cylindre étroit qui ne sert pas à abaïsser le plancher de la bouche situé dans l’intervalle des deux branches de la mâchoire inférieure ; ils ne peuvent écarter les lèvres , puisqu'elles n'existent pas plus que les joues qui sont adhérentes aux gencives et aux os qui les supportent ; de sorte que ce ne serait pas à l’aide de ces organes qu'ils pourraient faire le vide pour obtenir la pression de l'atmosphère ou du fluide ambiant, et quand bien même la nature leur aurait attribué cette faculté, qu’on réfléchisse encore à la structure de tout l'appareil des organes de préñension dont la bouche des Serpents a dü être armée pour subvenir à leur genre de vie. Les Ophidiens ne mâchent pas; leurs mâchoires, NUTRITION. DÉGLUTITION. 159 faibles en apparence, sont comme disloquées ; leurs branches multiples peuvent se disjoindre, se porter en avant, en arrière, s'élever, s’abaisser ; mais elles ne sont propres qu'à saisir et à retenir les antinmaux, dont quelques-unes des parties ont été introduites dans leurs intervalles. Les os maxillaires , les palatins antérieurs et postérieurs ou ptérigoïdiens, rarement les incisifs ou inter-maxillaires , et toujours les bran- ches de la mâchoire inférieure sont garnis de rangées de dents nombreuses, allongées, toutes courbées , à pointes aiguës , acérées , diriyées constamment en ar- rière, de manière à produire l'effet utile et nécessaire de crochets ou d’hamecons destinés à retenir la proie vivante ; mais qui , dans la supposition de teter, adhé- reraient au pis des Vaches , de telle sorte que le Ser- pent lui-même ne pourrait se détacher de la peau dans laquelle ses dents pénétreraient d'autant plus quil ferait plus d'efforts en sens inverse pour s’en détacher, ou quele Mammifère chercherait à dégager le mamelon piqué de toutes parts. Quand une fois les dents supérieures sont engagées dans la peau, les inférieures semblent pénétrer par l'action simultanée qu'exercent, en sens inverse, la mâchoire du haut pour reculer, et celle du bas pour se rapprocher d'elle et se porter ensuite en avant. Cette action alternative , combinée avec l’élévation des pièces sus-maxillaires qui s'élèvent et se portent en avant , fait décrocher les dents des points ou des trous dans lesquels elles s'étaient enfoncées. Lorsque les cro- chets sous-maxillaires sont encore retenus, la mâchoire supérieure s’avance, et ainsi alternativement, leur mou- vement , qui s'opère lentement, à quelque analogie avec celui des cardes, instruments dont les plaques 160 REPTILES OPHIDIENS. opposées, mises en jeu par les artisans, servent à étendre les fils de laine. Le Serpent d’ailleurs trouve des moyens dans les longs replis de son corps, soit pour redresser le tronc de la victime, et le diriger dans l'axe du sien, soit pour la serrer fortement afin de l’empécher de respirer, soit même pour briser ses os et surtout ceux de la poitrine lorsqu'ils occu- pent un trop grand espace par leur volume, ce qui génerait l’acte de la déglutition. M. Jourdan , directeur du Musée d'histoire natu- relle, à Lyon, a lu à l’Académie des sciences, le 13 juin, 483..., un mémoire fort curieux sur la décou- verte qu’il a faite chez une espèce de Serpent (le Co- luber scaber, Linn.) de dents dans l’intérieur de l'œsophage. Voici une analyse de ce travail tiré du journal le Temps ; car ce mémoire ne paraît pas avoir élé imprimé ailleurs. On observe dans la première partie du canal diges- tif une sorte d'appareil dentaire composé de trente apophyses osseuses, à têtes recouvertes d'émail et dont quelques-unes auraient la forme de nos dents incisives, elles y font une saillie de deux lignes au moins. Ces trente apophyses dentaires appartiennent aux trente vertèbres qui suivent l’atlas et l’axis. Elles perforent les tuniques du canal alimentaire, et rem- plissent dans son intérieur l'office de dents. Leurs formes les distinguent naturellement en deux séries. La première en comprend vinset-deux, de la troisième vertèbre à la vingt-quatrième inclusivement. Elles sont allongées d'avant en arrière et aplaties transversalement. Leur saillie sur le corps de la ver- tèbre n'est guère de plus d’une demi-ligne, et leur couronne est d'autant plus tranchante que, par leur NUTRITION. DEGLUTITION. PHARYNX. 161 position , elles sont plus rapprochées de la tête de la couleuvre. Leur direction n'est pas la même. Les an- térieures se portent en bas et en arrière ; les moyennes directement en bas; les postérieures en bas et en avant. Toutes ces dents ne s'étaient pas fait jour à tra- vers les membranes pharyngiènnes. Ces tuniques re- couvrent encore les huit premières; mais au point de contact elles sont plus ou moins translucides et amincies. Huit apophyses dentaires composent la se- conde série. Toutes, une seule exceptée, pénétraient dans la cavité pharyngienne. Leur saillie était de deux lignes, les plus développées étaient les 3, k, 5 et 6°; la forme de ces dernières était celle des incisives de l’homme. Ces apophyses semblaient formées de trois tissus : une couche d'émail qui recouvrait la couronne et se prolongeait sur le füt, une substance osseuse peut- être un peu plus éburnée que le tissu osseux ordi- naire, et une substance aréolaire, celluleuse, occupant le centre de l’'apophyse et communiquant avec le Lissu spongsieux du corps de la vertèbre. La couche d’émail est la dernière à paraître; elle n’est déposée que lors- que l’apophyse doit bientôt se faire jour à travers les tuniques du tube digestif. M. Jourdan a pu étudier les divers degrés de la densité de cet émail, suivant que l'apophyse était plus ou moins sur le point de paraître dans le tube pharyngien. Il considère comme une espèce de pha- rynx cette première portion de l’œsophage, qui contient les apophyses dentaires. C’est une cavité très-grande, qui s'étend de la bouche, à quelques lignes au-dessous du cœur, pour se terminer à l'œ- sophage en se rétrécissant beaucoup. La tunique REPTILES, TOME VI. [1 162 REPTILES OPHIDIENS. contractile est composée de deux plans musculaires, l’un interne dont presque toutes les fibres sont longitu- dinales, l’autre externe où elles sont obliques en bas et en avant , et qui viennent se terminer sur la ligne mé- diane à une bande aponévrotique qui lui sert de raphé commun. Ce dernier plan charnu n’est que la partie antérieure du muscle transverse abdominal. La tunique muqueuse présente, comme dans tous les autres Ophidiens , des replis longitudinaux ; mais elle est fort remarquable ici par les ouvertures que traversent les apophyses dentaires. Ces ouvertures sont de simples fentes parallèles à l'axe du corps, pour les apophyses de la première série; pour les huit de la seconde, elles sont de véritables fourreaux qui prennent leurs formes et les embrassent exactement. Ces fourreaux n’adhèrent qu'a la base des apophyses et se terminent par deux lèvres d’un tissu analogue à celui des gencives. M. Jourdan pense que ces apo- physes dentaires n'existent pas de prime-abord dans la cavité digestive, et qu'elles n’y pénètrent que suc- cessivement. En résumé, ce qui constilue cette curieuse dispo- sition anatoniique, c'est {° l'existence d’apophyses de la colonne vertébrale ayant la forme de dents, en remplissant les fontions et portant comme elles une couronne émaillée ; 2° la présence de ces apophyses dans l’intérieur du canal digestif. Ce qui les distingue des dents pharyngiennes des carpes et des poissons cartilagiveux. Ce Coluber ou Tropidonotus scaber, qu’on a nommé depuis #achiodon , provient de l'Afrique méridio- pale. Tous les voyageurs racontent que ce Serpent se nourrit d'œufs d'oiseaux qu’il avale sans les briser NUTRITION. DÉGLUTITION. PIIARYNX. 163 M. Jourdan explique ainsi comment l'œuf , avalé sans être ouvert, glisse dans l’œsophage, mais pendant son trajet dans le pharynx ei sa continuité, il est soumis à une forte pression. C'est alors qu'il se trouve ouvert par les apophyses et que toutes les humeurs qu'il ren- fèrme sont reçues sans perte et admises dans l’esto- mac, comme une matière très-nutritive, dont une grande partie eût été perdue si l’œuf avait été brisé dès son introduction dans la bouche d’où les liquides se seraient écoulés en dehors. Le pharynx ou l’arrière-gorge des Serpents est, comme nous venons de le dire, à peine distinct de la bouche, parce que Îes limites n’en sont indiquées ni par le voile du palais , ni par la glotte, puisque les orifices des narines et de la trachée se trouvent portés tout à fait en avant. L’œsophage fait donc la conti- nuité de l’arrière-bouche : on conçoit que, dans l’état ordinaire de vacuité, les parois de ce conduit, qui est susceptible de recevoir une si grande ampliation , doi- vent être fortement plissées surtout dans le sens de la longueur. Chez les gros Serpents Pythons, que nous avons observés au moment où ils opéraient le mouve- ment de déglutition de la proie déjà engagée profon- dément dans leur œsophage, mais dont une grande partie était encore dehors et retenue entre les mâ- choires, nous pouvions voir en avant, entre les bran- ches écartées des deux maxillaires inférieurs, la glotte portée tout à fait en avant, s’ouvrant et se fermant à d'assez longs intervalles afin de laisser pénétrer l'air dans leur long poumon, soit pour l'entrée, soit pour la sortie. M. Roberton avait de son côté fait la même observation sur le Boa devin (1). L’étendue de l’œso- (1) Comptes rendus de l'Institut, Tome VIT, 1838, page 625, 164 REPTILES OPHIDIENS. phage n’est pas au reste facile à déterminer, car elle varie selon les espèces , et d’ailleurs il se confond tout à fait avec l'estomac , sorte de prolongement en forme de sac qui peut lui-même s’allonger, se déplisser jusqu'à une parlie rétrécie, un peu plus épaisse et à fibres en apparence plus musculaires, qui ‘en forme la limite postérieure pour constituer une sorte de pylore. L’épaisseur des parois de l’œsophage et de l'estomac varie en raison, soit de l’état de vacuité, cas où elle est considérable, soit de l’état de plénitude, puisque les membranes se déploient et se dilatent pour envelopper le corps de l’animal dévoré, dont les chairs _ne commencent à s’altérer qu'après un certain séjour dans cette première portion, qui sert comme de vesti- bule au tube digestif. Il y a, au reste, trop de diffé- rence entre les espèces, pour qu'on puisse assigner des formes générales à ces deux régions du canal intes- tinal ; quelques-unes de ces modifications ont été étu- diées avec soin et décrites par M. Duvernoy (1). Les intestins des Ophidiens sont généralement fort courts, ainsi qu'on le remarque dans tous les animaux carnassiers ; mais ici, Comme en y comprenant la queue la longueur du corps est considérable, on peut dire que celle du canal digestif l’atteint rarement en entier. Il n'existe pas de distinction bien évidente entre les intestins grêles et les autres , parce qu'il n’y a pas d’ap- pendice du cœcum; cependant le tube, considéré sui- vant sa longueur, semble dans certains points rentrer en lui-même, pour y former deux ou trois parties plus larses ou plus étroites, qui simulent des poches, surtout dans la région du rectum ; cette portion élargie (1) Anatomie composée de Cuvier, 2€ édition, XIX® lecon. Tome IV, 2® partie, pag. 3 el suivantes pages, 320—326. NUTRITION. DIGESTION. INTESTINS. 165 forme le cloaque, où se rendent tout à la fois les canaux des organes génitaux mâles et femelles et les uretères ou conduits excréteurs de la matière ou bouillie uri- naire. Les paroïs du gros intestin sont toujours plus fortes et plus épaisses que celles du petit ; le canal, consi- déré dans sa longueur, offre de petites sinuosités: mais il conserve à peu près le même diamètre dans toute son étendue. La membrane muqueuse forme dans l'intestin grêle de larges feuillets longitudinaux plissés comme des manchettes. Elle est hérissée de rugosités et constitue des plis épais et irréguliers dans le rec- tum, dont l'extrémité se dilate considérablement, comme nous venons de le dire , pour devenir une sorte d'égoût ou de réservoir où s'arrêtent quelque temps toutes les matières qui doivent sortir du corps. Dans tous les Serpents sans exception, la fente du cloaque est en travers, au-dessous de l’origine de la queue , qui ne se trouve même indiquée que par la situation de cette terminaison du tube intestinal. Cette circonstance est à peu près la même que celle qui nous a élé offerte par les Sauriens : on y dis- tingue également deux lèvres , une antérieure et une postérieure, qui sont mises en mouvement à l’aide de muscles qui peuvent, les uns les rapprocher comme un sphincter, et les autres les faire bäâiller en les écar- tant en sens inverse, et en dirigeant les commissures en dehors. Comme la forme et la nature des téguments et des écailles varient , on trouve des différences même entre les mâles et les femelles. C’est ce qu’on a soin de noter dans les descriptions. La digestion, chezles Serpents, s'opère comme chez les autres animaux vertébrés, par la dissolution de la 166 REPTILES OPHIDIENS. malière alimentaire qui passe à l’état de chyme ou de bouillie, pour fournir ensuite le chyle, lequel pénètre dans le sang et y introduit de nouvelles matières nu- tritives propres aux diverses sécrétions, à la réparation et au développement des organes, en leur procurant les matériaux propres à entretenir Ja vie. Mais ces opérations sont très-compliquées : ainsi, après avoir recu la salive, le suc gastrique, la bile, l'humeur pancréatique , et, après avoir été influencées par le sang contenu dans la rate, ces matières épuisées en partie, laissent un résidu qui doit être expulsé du corps. Ce sont ces diverses actions que nous allons faire connaître. Nous avons vu quelles étaient les sources de la sa- live, et comment une humeur muqueuse, produite par les cryptes de la membrane qui revêt toutes les parties internes de la bouche, se trouvait mêlée avec l'humeur des larmes , le mucus nasal et peut-être avec d’autres sucs qui refluent de l'œsophage au moment où les Serpents couvrent de bave les téguments des ani- maux qu'ils se préparent à avaler. Le suc pancréatique , analogue à la salive, provient d'une glande conglomérée de forme oblongue dans les Serpents non venimeux, et plus arrondie ou raccour- cie dans les espèces à crochets creux. Get organe est d’un jaune reugeâtre; ilest lié à la rate et placé comme elle au point où l'estomac présente une sorte de pylore -ou de rétrécissement. Le canal, ou plutôt les petits conduits qui en proviennent se réunissent pour n’en former qu'un seul qui suit le canal biliaire afin de ver- ser l’humeur qu'il sécrète dans la première portion du tube intestinal qui suit l'estomac. Le fote, dans les Serpents, est le plus souvent formé NUTRITION. DIGESTION. FOIE. 167 d’un seul lobe ; il longe l’æœsophage et s’étend depuis la hauteur du cœur jusqu'au pylore, où souvent il ar- rive jusqu'au pancréas. Îl est convexe en dehors et c’est du côté de sa concavité qui regarde l’æsophage , que se détachent les vaisseaux hépatiques pour se réunir en un canal unique, qui se replie et semblese diviser, afin de fournir le canal cystique ou de le recevoir , et puis de là faire en commun le cholédoque. Ce dernier perce la masse du pancréas et se joint à son conduit. On trouve constamment une vésicule de fiel ou biliaire, tout à fait isolée, ou séparée du foie ; mais son canal, plus ou moinsallongé , se joint au cholédoque, de sorte qu’il est présumable que, dans certains cas, la bile sécrétée y remonte et s’y accumule, pour s’en écouler par la même voie lorsque la digestion s'opère. La rate des Serpents est petite, de forme arrondie et bombée. Dans quelques espèces elle est plus allon- gée, plus grosse à l’une des extrémités , comme pyri- forme ou pyramidale : elle est située vers la ligne mé- diane , au dehors du pancréas, à la surface duquel on la voit logée comme dans une cavité où elle est rete- nue par beaucoup de vaisseaux artériels et veineux. Son tissu est comme fibreux , filamenteux ; on y trouve de petites cavités sinueuses qui paraissent provenir de veines dilatées. Le péritoine ou la membrane séreuse qui tapisse toute la cavité splanchnique pour se réfléchir et enve- lopper en partie les viscères qu'elle contient , remplit aussi les fonctions de la plèvre. On conçoit que cette sorte de sac, qui se replie sur tous les organes, doit devenir libre dans les interstices qui laissent distinguer entre eux l’æsophage, le foie, les intestins, les reins, les organes génitaux internes mâles et femelles, ainsi que 168 REPTILES OPHIDIENS. les poumons; il forme là des franges et des duplica- tures , sortes d’épiploons dans l'épaisseur desquels on trouve des vaisseaux divers, artères, veines, lymphati- ques, et de la graisse dont la quantité est variable. C’est surtout dans le mésentère des espèces qui, dans nos climats , s’engourdissent pendant l'hiver, que cette graisse s’accumule en automne pour être absorbée pendant le temps que le Serpent reste dans l’état de léthargie. Nous avons déjà dit que les Serpents peuvent sup- porter les abstinences ou les privalions d’aliments pen- dant un temps considérable; cependant ces Reptiles, quoique sobres et se contentant d’une nourriture prise à de longs intervalles, en avalent en une seule fois, lorsque les circonstances sont propices, une masse vé- ritablement prodigieuse. La proie qu'ils saisissent sans la diviser , et qu’ils engloutissent goulument, est quel- quefois tellement volumineuse qu’elle égale presque par son poids celui de leur propre corps. Il est vrai qu'ils ont la faculté d’extraire de la matière animale, ainsi avalée tout d’une pièce et sans être divisée , tout ce qui pouvait être rendu fluide, afin que, sous cette forme nouvelle, gazeuse ou liquide, les éléments qui composent ces matières soient introduits dans leur économie, dont ces substances absorbées deviendront partie intégrante, et participeront à la vie de l’indi- vidu. Il résulte de cette circonstance qu'on peut dire des Ophidiens qu'ils sont, parmi les animaux verté- brés, ceux qui tirent le plus grand parti de la nourri- ture qu'ils ingèrent, puisque en réalité ils en ontabsorbé tous les principes constituants qui pouvaient fournir des éléments alibiles. Il est vrai que, comme ils sont tout à fait carnassiers , ils trouvent dans leur proie déjà NUTRITION. DIGESTION. DÉFÉCATION. 169 animalisée, des matériaux ayant reçu d'avance plu- sieurs préparations successives ; ce sont des préliminai- res qui les rendent dès lors plus aptes à l'assimilation. Les Serpents font ainsi l’analyse la plus complète et la dissolution chimique absolue de toutes les matières animales : gélatine, fibrine , albumine solide ou non ; car tout ce qui était susceptible d’être liquéfié ou ga- zéifié se combine de nouveau par l'acte de la digestion. Cette fonction se complique en eflet de dissolution , de compression, de soustraction aux causes physiques gé- nérales, afin de produire une nouvelle synthèse par des procédés admirables qui se succèdent pour coopérer à une même action , et pour atteindre le but réel de la nutrition, par l’intermède des forces absorbantes et assimilatrices. Cependant il reste un résidu excrémentitiel des sub- stances qui n’ont pu être assimilées; mais elles sont peu copieuses et réduites à la plus simple expression. Ce sont les poils, les plumes, les enveloppes cornées des becs, des ongles, des ergots, la portion émaillée des dents et la base calcaire des os. Ces déjections, dont la forme, la couleur , les apparences varient, sont ordinairement rejetées en une masse sèche, allongée, dans laquelle on reconnaît rassemblées et pressées les unescontrelesautres, toutes les parties solidesnon digé- rées, souvent agglutinées et retenues par une sorte de bouillie qu'on sait être la matière sécrétée par les reins et déposée dans le cloaque, ainsi que nous le dirons par la suite. Ondistingue souvent dans ces résidus les poils, les plumes, les ongles qui sont restés à peu près dans l’ordre suivant lequel ils étaient distribués et avaient leur place sur le corps de l'animal dont ils proviennent. Nous avons eu souvent occasion d'observer nous- 170 REPTILES OPHIDIENS. mêmes les excréments des Pythons nourris depuis plu- sieurs années dans la ménagerie du Muséum, ainsi que ceux d’une Couleuvre à collier, qui précédem- ment , et depuis plus de trois semaines au moins, avait avalé un mulot. Dans ce dernier cas , on reconnaissait sur la masse allongée , mais réduite à la dixième par- tie de la longueur de l'animal diséré, les longs poils des moustaches qui, par leur direction et leur situa- tion, dénotaient la place qu’ils occupaient sur les bords du museau. On distinguait encore le duvet des carti- lages de l'oreille, puis tous les poils, de couleur et de longueur diverses, qui couvraient le dos, les flancs, le ventre et la queue; les dents , les ongles dans leur place respective. Sur une autre masse de ces résidus provenant d’un Python, matière que nous avons fait conserver, on voit au milieu d'un paquet de plumes serrées, agglutinées par une sorte de mortier blan- châtre, lesquelles provenaient d’une poule dévorée depuis plus d’un mois, deux dents courbées que ce Reptile avait sans doute cassées vers leur base, en vou- lant les enfoncer dans ces plumes. Ces crochets sont là couchés ; mais il n’en reste qu’une sorte d’étui ou le moule extérieur correspondant à la couche d’émail, qui seule a été conservée, la portion osseuse ayant été digérée; cependant cet émail est comme nacré et évi- demment translucide : il a été altéré par l'acte de la digestion; mais le bec, les ongles et les plumes d’un oiseau se retrouvent dans ces déjections. _L'accroissement des Ophidiens est assezlent, parce que ces animaux vivent longtemps ; il est vrai que l’en- gourdissement auquel ils sont sujets pendant une cer- taine époque de leur existence semble suspendre les phénomènes de la vie. On sait que certaines espèces NUTRITION. DIGESTION. DÉFÉCATION. 171 peuvent, avec le temps, atteindre la longueur prodi- gieuse de 12 à 15 mètres : tel était le Boa dont parle Adanson, dans son Voyage au Sénégal, page 152 et suivantes, qui probablement appartenait au genre Python; mais les récits des auteurs paraissent avoir considérablement exagéré quand ils racontent que des biches ou des cerfs entiers ont été avalés par des Ser- pents; il est vrai qu'il y a dans le genre des cerfs de très-petites espèces. Nous pouvons présenter des détails curieux sur la quantité de nourriture et les progrès du développement successif des sept Serpents Pythons qui sont nés dans la ménagerie des Reptiles du Muséum, et dont nous avons constamment observé la croissance pendant plus de vingt mois. Nous avons pu en mème temps tenir une note exacte du poids et de la nature des ali- ments qu'on leur a vu avaler. Il est vrai que le gar- dien de cette ménagerie les a soignés de manière à faciliter , par des bains dans l’eau tiède , le travail de leur mue, et en épiant ie moment où chacun d’eux pouvait prendre de la nourriture pour leur en offrir en abondance ; car, lorsqu'ils avaient commencé à sai- sir quelques animaux , ce gardien profitait de la cir- constance pour faire suivre dans leur gosier des mor- ceaux de chair de forme allongée qui se trouvaient ainsi digérés; ce qui’a pu déterminer un développe- ment plus considérable que celui qu'ils auraient acquis dans l’état de nature par le besoin des mouvements nécessaires pour la recherche de leur proie, et peut- être par la difficulté de sela procurer. Ces Serpents, comme nous l’avons déjà dit en par- lant de leur mue, ont été indiqués par des numéros d'ordre qui correspondent à ceux de leur naissance, 172 REPTILES OPHIDIENS. ou plutôt de leur sortie de la coque. Comme ils por- taient chacun des marques ou des taches variées dans leur disposition et leur forme vers la région du dos, du côté de la tête, on les a fait figurer afin de les recon- naître, c’est ce qui a servi pour les distinguer entre eux et pour désigner les modifications et les particularités qui les concernaient. Nous présentons, sous forme de tableau, une série d'observations relatives au poids qu'ils ont dénoté à la balance , depuis le mois de juillet jusqu'en décembre, avec l'indication de celui de la nourriture que chacun d’eux a reçue, à l'exception du n° 4, qui s’est peu dé- veloppé et qui n’a pas vécu ; nous faisons connaître aussi leur poids depuis la fin de décembre 1841 jus- qu'au 5 janvier 1843, ainsi que les chansements qu'ils ont éprouvés sous ce rapport et pour leur longueur qui correspondait avec leur grosseur ou le diamètrede leur corps. L’accroissement paraît assez rapide dans le premier âge, ou dans la première année qui suit l’éclosion des pelits Serpents, si nous en jugeons au moins par les faits que nous avons pu observer par nous-mêmes, en suivani le développement des jeunes Pythons à deux raies,quisontnés dansnotreménagerie.Ceux-ci avaient éténourris aussi abondamment que leur appétence sem- blait l’exiger, ce qui a peut-être été plus favorabie à leur crue que dans le simple état de nature, En effet, en sortant de l’œuf le 4 du mois de juillet 1841, les individus avaient tous à peu près 52 centimètres de lorgueur, et à la fin de décembre plusieurs d’entre eux avaient acquis deux tiers de plus en lonsueur après avoir changé cinq fois de peau; cinq d’entre eux avaient même 150 à 155 centimètres de long et rs SUCCESS Jui des ali, PS kil: 0,699 | 5,406 0,909 0,593 1,120 0,785 1,403 1,307 1,840 1,222 2,010 1,182 5,495 = —— Fe Dur2nov Grau 28 déc 1842|Du 1onov. 1BfrauaSdée 1842 g| a mangé 4 43 fois: 9k,499| a mangé en 55fois: 15k,874 |} — te Li lr. & kil. kil. 112€ 12 n0V. 11 pesait: 0,646] Le 10 nov. 1841 pesait : 0,744 B1|Le G juillet D42 ... « 1,523 Le 5 juillet 1842. . . . 2,075 jo|Le 5 janvier:843. . . 3,193[Le 5 janvier 1843. . . . 5,485 4 Le 4ifévrier | 842. . . 1®,27|Le 4 février 1842. . . 1,42 || 8|Le 7 ni .. 1,55]|Le 9 juillet 1842. . . 1,91 2]Le $ mars 1 43. . . . 1,80 |Le 5 mars 1843. . . . 22,07 | ombre indiqt avalés dans chaque mois. e viande av. Page 172. INDICATION PENDANT SIX MOIS SUCCESSIFS r7 ï du poids des jeunes Pythons par individu et de celui des aliments qu'ils ont avalés. kil kil kil. kil. kil. kil. kil kil. kil. kil, kil. kil. kil. kil, Juillet, ... 0174 0,120 2,810 1,793 3,717 1:199 2,080 ue 0,690 agR 1,929 0,406 2,935 0,626 et EST 3.150 2,213 4,115 2,514 2,140 1,935 0,900 0,492 1,575 0,593 3,100 1,251 Septembre. 0,226 0,184 3,734 1,421 4560 1,350 2,500 0,985 1,120 0,835 11645! + 0785 RER 1. FA Es tn OA 1106 2,003 5,102 2,914 2,852 1,705 1403 1:289 1,930 1,307 . 4210 1,187 Novembre . 0,347 0,123 *5a4 2,100 5,925 3,346 3,486 1,099 1,840 0,950 2,315 1,292 4,495 2030 Décembre . 168 0,286 1973 2,555 - * 6,735 1,547 3,885 1,932 2,010 1,036 2,940 1,182 5,060 1,43 . ’ * 2 ut oé ET, PE CELUI RE 1,056 12,145 15,170 8,972 4,900 5,495 8,608 oo ne ee Du28déc.1841au 28 déc.18/2 Dur2n0v.1841au27 déc. 1842 Du 12n0Y.1841 au 27 déc.18/42|Du 12n0v.18 j1au25 déc. 1842 Du 1200v 18/1 au 20 déc.18/2 Du16n0v.18frau 28 déc 1842 Duronov.1841au28 déc. 1842 5 4 mangé en 26 fois: 1K,416| a mangéenGrfois: 18k,518| a mangéenG1 fois: 22K,030| a mangé en 56 fois: 14,189] a mangé en 34 fois: 6k,{4a] a mangé en 4; fois: 9k, 499] a mangé en 55fois: 15k,874 kil. kil. kil. kil. kil. kil. kil. LeoSdéc.1841pesait: 0,146|Le 12 nov. 1841 pesait : 0,488| Le 12 nov. 1841 pesail : 0,769 |Le 12 nov. 18/1 pesait: 0,431|Le 12 nov. 18/41 pesait : 0,366 Le 12 nov. 18/1 pesait: 0,646|Le 10 nov. 18/1 pesait : 0,744 111. Ÿ Le 19f juillet 1842 : o,194|Le 1®" juillet 1842 : 2,810|Le 1€ juillet 18/2 : 3,717|Le S juillet 1842. . . 2,081|Le G juillet x812.... 11,028 Le 6 juillet 18/2. .— -.1,91)2E 5 juillet 1842. . . . 2,995 Le 5 janvier 1843: 0,508] Le 5 janvier 1843 : 6,150|Le 5 janvier 1843 : 7,125|Le 5 janvier 1843. . . 4,030|Le 5 janvier 1843. . . 3,193|Le 5 janvier 1843. . . 3,193|Le 5 janvier 1843. . . . 5,485 oo Le juillet 1842. . . om,56|Len juillet 1842. . . 1%,87|Le" juillet 1842. . . 2®,10|Le 7 juillet 1842. . . 1M,68|Le 9 juillet 1842. . . 1°,29]Le 9 juillet 1842. . . . 1°,55/Le 9 juillet 1842. . . 1,91 Le 5 mars 1843, . . 12,19/Le 5 mars 1843... . 2M,25|Le 5 mars 1843. . . 2M,34|Le 5 mars 1843. . . 92M,02|Le 5 mars 1843. . . . 2",02/Le 4 mars 1843. . . . 1",80|Le 5 mars 1843. . . . 2m,07 EE 18/2.. . oP,72]Le 4 février 1842: . . 1#,28|Le 4 février 1842. . . 1%,52|Le 4 février 1842. . . 1®,24|Le 4 février 1842. . . 1%. |Le 4 février 1842. . . 1",29|Le 4 février 1842. . . 10,42 Le I" tableau indique pour chaque numéro le poids de l'individu avant qu'il ait mangé; le second nombre indique la quantité de grammes avalés dans chaque mois. Le Il° fait connaître le nombre de fois que chaque individu a mangé dans une année et la quantité de viande avalée. Le III° donne le poids total de chaque individu pendant deux ans. Le IV® indique la longueur de chaque individu pendant une année à trois époques correspondantes. REPTILES, TOME VI. Page 172. f 44 1 wa me ae dé ee adér errant h 4 F pv EP Ve Gen 7" re NUTRITION. ACCROISSEMENT . 175 même 2 mètres. Enfin, en vingt mois, le 5 mars 1843, la plupart avaient plus de 2 mètres ou quatre fois leur taille primitive; l’un d'eux même, ainsi qu'on a pu le voir par le tableau précédent, celui qui à été ob- servé sous le n° 3, avait atteint la longueur de 2 mè- tres 34 centimètres. 2° Des organes de la circulation dans les Serpents. Le chyle qui provient de l'absorption des humeurs nutritives par excellence, opérée le long du trajet par- couru par la matière alimentaire lorsqu'elle était sou- mise à l’action digestive, est analogue, par sa teinte blanchäâtre et laiteuse, à celui qu'on observe dans les autres animaux qui se nourrissent de chair. Cette humeur chyleuse s’unit à la lymphe séreuse dans le but de reproduire et de restituer au sang les ma- tériaux divers qui en ont été séparés par les différents organes sécréteurs et employés comme agents ou ma- tières excitantes des fonctions dont chacun d’eux est chargé. C’est en passant par les veines et en se mélant au sang noir, transporté par ces vaisseaux vers le cœur, auquel tous ces canaux lymphatiques et sanguins viennentaboutir, quece chyle peut être regardé comme la source qui fournit toutes les humeurs ainsi que Îles moyens de réparation et d'exécution dans l’ensemble de l’économie. Le cœur dans les Serpents est situé en avant du poumon au-dessus du foie et sous l’échine vers le tiers moyen de sa longueur ; mais cette distance varie. Il est renfermé dans un péricarde fibreux. On y distin- gue deux oreillettes ou sinus veineux séparés ; cepen- dant cette séparation n'est qu’une simple cloison mince, dans laquelle il y a des fibres musculaires. On voit que 174 REPTILES OPHIDIENS. la portion droite de cette oreilletteenapparenceunique au dehors est plus développée, c'est que cette partie de Ja poche est destinée à admettre beaucoup plus de sang, car c’est celui qui revient de toutes les parties du corps; tandis que l’autre ne recoit que le sang artérialisé qui revient du poumon. On reconnaît ésalement que ces oreillettes ont des valvules à leurs orifices ventricu- laires (1). Le ventricule ou la portion charnue du cœur est de forme conique;divisée intérieurement en deux loges iné- sales qui communiquent entreelles. La chambre supé- rieure est la plus spacieuse et paraît plus épaisse dans ses parois ; c'est celle qui est destinée par ses contrac- tions à pousser le sang dans le tronc artériel général ou laorte. La seconde chambre , plus petite de moitié et plus mince dans ses parois, correspond à l'oreillette pulmonaire qui lui transmet le sang revivifié par lac- tion de l’air ; mais ce sang se trouve là mêlé à travers les colonnes de la cloison à celui qui provenant des veines y était arrivé dans la plus grande loge du ven- tricule, Aux orifices qui livrent passage au sang pour l'entrée et la sorlie, on voit des soupapes ou val- vules semilunaires le plus ordinairement assez là- ches, mais qui ne sont que doubles et non au nombre de trois comme dans les animaux d’un ordre supé- rieur (2). {1) M. de Humboldt a inséré dans le premier volume de ses observations de zoologie et d'anatomie comparée ce fait curieux : Chez un Serpent à sonnelles tué la veille et disséqué le lendemain après avoir été tout un jour exposé à l'action d'un soleil ardent, puisque le thermomètre s'était soutenu à 3/ degrés centigrades à l'ombre, le cœur palpitait encore vingt=six heures aprés la mort. (2) Schlemm a donné une description du système sanguin dans les Serpents. Consultez pour le titre la bibliographie dans ce volume. NUTRITION. CIRCULATION. 17 5 L'absence des membres dans les Serpents a déter- miné une urande différence dans la manière dont se fait la distribution des canaux qui servent à la circu- lation artérielle, veineuse et lymphatique. D’un autre côlé , l'existence ou le développement considérable d’un seul poumon a produit une évidente modification dans tout le système dont la symétrie est compléte- ment dérangée. Il y a deux grosses artères qui sor- tent du ventricule presque par un seul tronc. A leur origine commune, que l’on voit au-dessus des deux valvules semi-lunaires, elles embrassent où entou- rent la trachée- artère, comme un anneau , pour se joindre en un canal ou pour former une aorte qui fournit bientôt les deux carotides droite et gauche. Le tronc de cette grosse artère descend le long de l’échine jusqu’à l'extrémité de la queue. Elle fournit les intercostales, et se distribue, par diverses bran- ches , à tous les viscères de l'abdomen, tels que l'estomac, le foie, Île pancréas, les intestins, la rate, les reins, les organes générateurs mâles et fe- melles. La distribution des principaux troncs veineux est d’ailleurs à peu près la même que dans les Sauriens. Cependant Jacobson a fait connaître des faits très- extraordinaires observés dans les veines caudales. Ces vaisseaux, après s'être unis à d’autres qui provien- nent du mésentère, se rendent en partie dans les reins et de plus ils font loffice de veine-porte. M. Duver- noy et quelques autres analomistes ont constaté ce fait par des injections. Ges veines rénales externes pénètrent dans l’intérieur de cette glande sécrétoire et semblent y remplir l'oflice des artères émulgentes. C'est ce qu'a cherché aussi à prouver M. Martino de 176 REPTILES OPHIDIENS. Naples par des observations faites sur le vivant (1). Le système lymphatique n'offre pas moins d'ano- malies dans ces Reptiles, quand on le compare, pour sa marche et sa distribution, avec celles qui ont lieu dans les autres classes des animaux vertébrés supérieurs. Ainsi, Panizza, qui a découvert dans les grenouilles de véritables réservoirs ou des citernes qui font l’of- fice de cœurs contractiles destinés à accélérer le cours de lalympbhe, les a aussi retrouvés dansles Serpents.Ils sont situés ici vers l’origine de la queue, ils recoivent aussi du sang veineux et du chyie. Dans le Python, suivant M. Weber, ils occupent un espace circon- scrit hors delacavité abdominale, et très-probablement leur action est soumise à la pression qu'exercent sur eux les fibres musculaires auxquelles on les voit ad- hérer (2). Les vaisseaux lymphatiques se terminent dans les veines : c’est là qu’on voit aboutir leurs principaux troncs, et c’est vers le point où ces canaux se rappro- chent de l'oreillette et du cœur. Cependant ces vais- seaux lymphatiques éprouvent dans leur trajet des dilatations dans l'épaisseur des replis du péritoine qui retiennent le tube intestinal dans une sorte de mésen- ière. Il existe plusieurs autres de ces réservoirs ou ci- ternes qui fournissent de grands canaux , lesquels, après s'être joints aux chylifères, vont se terminer dans le gros tronc qui représente la veine-cave. (1) Sur la direction de la circulation dans le système rénal de Jacob- - son chez les Reptiles et sur les rapports entre la sécrétion de l'urine et celle de la bile. Comptes rendus de l'Acad. des sciences de Paris. Tome XII , n°9, 1841, page 451. (2) Voyez a la table bibliologique de ce volume le nom de cet auleur. Voyez aussi l'ouvrage de Panizza. PI. V et VI, fig. 1, 2 et 3. NUTRITION. RESPIRATION. 197 3° Des organes de la respiration dans les Serpents. Ces organes sont extrêmement développés, afin d'admettre à la fois, dans la cavité pulmonaire, une grande masse d'air atmosphérique qui puisse y sé- journer longtemps et y produire les effets de l’héma- tose. L'action mécanique qui fait introduire l'air dans le poumon du Serpent et celle qui l’er expulse, s’opè- rent avec lenteur, à de longs intervalles. Elles sont véritablement soumises, l’une et l’autre, à la seule vo- lonté ou à l'arbitraire de l’animal qui peut même faire servir ou employer ce gaz , comme celui que renferme la vessie natatoire des Poissons , à rendre son corps spé- cifiquement plus léger, lorsqu'il veut se mouvoir à la surface de l’eau, ainsi que cela se voit tous les jours dans nos climats, chez la Couleuvre à collier, et sur- tout chez les Serpents de mer. Nous avons déjà eu occasion de dire que la glotte ou l'ouverture buccale de la trachée se trouvait située dans la bouche, placée un peu au-dessus et en arrière du fourreau dans lequel se retire la langue, et dont elle sort comme d’une gaîne, de sorte qu’il n’y a pas de véritable larynx dans les Serpents. Cependant quand on isole toute la trachée, on y distingue un renflement annulaire avec des cartilages latéraux mo- biles, laissant entre eux, lorsqu'ils s’écartent, une fente longitudinale à bords mobiles, au-devant de la- quelle on aperçoit, chez quelques espèces, une petite languette mobile qui s’ajuste sur louverture linéaire : ‘c’est la glotte. Elle forme ordinairement la ligne mé- diane d’une saillie qui peut s'élever vers le palais, derrière un repli flottant membraneux qui cache la terminaison interne des narines, et qui est un véritable REPTILES , TOME VI. 12 170 REPTILES OPHIDIENS. voile, mais situé vers le tiers antérieur du plafond de la cavité buccale et non vers l’isthme du gosier. C’est avec celte disposition que l'air pénètre directement des narines dans la trachée-artère. Des muscles pous- sent cette glotte en haut et en avant, et quand une proie volumineuse bouche ou obstrue entièrement l'entrée du pharynx, en occupant toute la longueur de l’æsophage , quoique une partie de la masse reste en partie dehors, la glotte, située au-dessous de la victime, se porte en avant, et l’acte de la respiration ne se trouve point empêché. C’est ce que nous avons indiqué à l’article de la déglutition : car on voit dis- tinctement alors la glotte se fermer et se dilater. La trachée-artère , qui varie pour la longueur, est un canal membraneux soutenu par des anneaux carti- lagineux , faibles, rapprochés et beaucoup plus mous dans la région supérieure correspondante à l'œso- phage, sous lequel ce conduit aérifère se trouve situé. Le plus souvent la trachée se dilate en arrivant vers le poumon lorsqu'il est unique , de sorte qu’elle ne se di- vise pas ; car même, arrivée dans cet organe, elle ne se partage pas en bronches. Cependant, quand il y a deux poumons, comme dans beaucoup de Couleuvres, les Crotales , Les Serpents à coiffe et quelques autres, la grosseur des deux bronches primitives varie comme celle du poumon qui, le plus ordinairement , est beau- coup plus développé du côté droit que du côté gauche. En général, le second poumon n’est que rudimen- taire, quand le premier est excessivement allongé. Celui-ci occupe toute la partie supérieure de la cavité abdominale, depuis l'estomac ou la région du cœur, jusqu'à la terminaison du tube intestinal, vers l’ori- gine de la queue. Ges poumons sont des sacs membra- NUTRITION. RESPIRATION. 179 neux, à parois solides et fibreuses , dont l’intérieur est divisé en cellules ouvertes ou à mailles celluleuses , dont les compartiments sont saillants et formés par des replis de la membrane muqueuse, dans l'épaisseur de laquelle les vaisseaux artériels et veineux se divi- sent à l’infini pour y constituer un réseau vasculaire. On voit souvent une partie du poumon converti en une sorte de vessie qui n'a pas de cellules, et qui semble n'être alors qu’une sorte de citerne ou de réser- voir, dans lequel l’animal conserve une provision d’air, soit afin de subvenir au travail de la respiration, soit pour s’en servir comme moyen hydrostatique à la ma- nière des Poissons. C’est surtout chez les Hydrophis et les Pélamides que cette structure est remarquable. Ici , la trachée semble pénétrer dans le poumon qui l'enveloppe jusqu’à l'endroit où le sac membraneux se dilate, c'est-à-dire vers le tiers postérieur de son étendue totale. Au reste, il y a des différences trop grandes entre les espèces pour qu'on puisse assigner une disposition générale commune à leurs poumons. Les vaisseaux pulmonaires dans les Serpents consis- tent d’abord en une artère qui provient de l'aorte, le plus ordinairement, du côté gauche; elle se porte vers la région inférieure de la membrane de ce viscère, dans laquelle elle fournit successivement des rameaux en travers. Cependant l'aorte produit encore, dans la résion supérieure, d'autres petites branches qui pé- nètrent aussi dans cet organe, et qui peut-être servent en même temps à la nutrition de son tissu et à l’héma- tose ; mais la veine pulmonaire ou artérieuse est un tronc unique qui, après avoir réuni tous les rameaux dans lesquels circule du sang plus rouge ou artéria- lisé, vient aboutir dans l'oreillette particulière, et de 180 REPTILES OPHIDIENS. là, dans la loge ventriculaire, afin de se mêler, à tra- vers les colonnes de la cloison, au sang veineux qui revient de tout le reste du corps , et qui est introduit par l’autre poche de l'oreillette. L'appareil pneumatique, à l’aide duquel les Ser- pents appellent l'air dans lequel ils sont plongés en le forçant à pénétrer dans leur sac pulmonaire, est des plus simples. Il consiste, comme nous l'avons vu, dans un très-grand nombre de côtes ; ce sont des cerceaux osseux, des appendices mobiles et arqués, articulés sur le corps des vertèbres et sur leurs apophyses trans- verses de manière à pouvoir s'écarter réciproquement à droiteet à sauche (4). Il n’y a pas de sternum ou d'os pectoral moyen, de sorte que la portion considérable du corps qui représente en même temps la poitrine et l'abdomen, vu l'absence du diaphragme, ne forme qu'une seule et même cavité dans laquelle tous les vis- cères sont contenus. La peau et les muscles qui com- plètent cette cavilé sont doués d’une très-grande élas- ticité de tissu qui permet la dilatation et le resserre- ment. Le premier mouvement est surtout opéré par des ligaments élastiques situés entre les apophyses vertébrales et les côtes ; celles-ci tendent naturelle- ment à s’écarler pour produire une dilatation , à l’aide de laquelle s'opère une expansion énorme dans toute la longueur du sac pulmonaire. C'est une véritable in- spiration, dans laquelle l'air, pénétrant par les narines (1) Voyez tome 1, pag. 155 du présent ouvrage, et dans ce volume pages 92 et suivantes. Cuvier, dans l'Anatomie comparée, tome I, page 221, 2€ édition, in- dique 640 côtes pour le Python améthiste ; 496 pour le Devin; 438 pour le Trigonocéphale jaune ; 380 pour le Typhlops nasu, etc. Linné avait dit ; kespiratio horum ab avium et mammalium mullum differt : spiritum enim inspirant , sine reciproc@, sallem non sensibili, exspirativne, NUTRITION. RESPIRATION. VOIX. 18 et par la bouche directement dans la glotte, suit le canal trachéen pour remplir le gazomètre ou soufilet “pneumatique, de manière à ce que l'air atmosphérique étant mis en contact médiat avec les vaisseaux, Île sang que ceux-ci renferment éprouve tous les phéno- mènes de l’hématose pendant un temps plus ou moins prolongé et tout à fait arbitraire; car la circulation continue et le trajet du sang a lieu dans son entrée et dansson retour avec plus ou moins de rapidité, suivant que les mouvements respiratoires sont plus lents ou plusrapprochés dans des intervalles detemps donnés (1). Nous avons dit plus haut que la séparation naturelle des extrémités libres des côtes pouvait d’une part pro- duire le grand avantage, dans les Serpents, de leur fournir en même temps autant de leviers pour mouvoir les plaques sous-ventrales, lesquelles servent de pattes oude moyens de translation ; d'autre part de permettre lPénorme dilatation de toute la cavité de l'abdomen, quand les Serpents sont obligés de faire pénétrer tout d’une pièce, dans leur abdomen, des animaux qui sou- vent excèdent en grosseur le double du diamètre que le ventre présente, dans l’état de vacuité ou d’une abs- tinence qui s’est prolongée pendant des mois et même au delà d’une année, comme on en a des exemples. De la voix. D’après l’organisation du larynx et de la glotte que nous avons vus réduits à une grande sim- plicité, il est difficile de concevoir comment les Ser- pents auraient la faculté de siffler, comme on prétend que peuvent le faire certaines espèces de Couleuvres , (1) On a observé chez plusieurs Serpents des vers intestinaux dans la cavité des poumons. M. de Humboldt en a trouvé plusieurs fixés dans les voies aériennes d'un Crolale. Il l'a fait connaïtre comme formant un genre particulier qu'il a nommé Porocephalus Crotali. 182 REPTILES. OPHIDIENS. et comme les poëtes se plaisent à nous les représen- ter (1). On assure cependant que plusieurs Serpents de différents genres produisent une sorte de sifflement continu qui charme les oiseaux. Quant à nous qui avons vu vivants beaucoup de Serpents, des Crotales, des Vipères, des Najas, des Boas, un grand sbée de Couleuvres d'espèces diverses, des Éryx. Jamais nousn’avons pu entendre qu’un soufflement très-sourd provenant de l'air qui sortait avec plus ou moins de rapidité de l'intérieur de leur poumon que l’on voyait s'affaisser, en trouvant uneissue par la glotte, à travers les trous des narinës , ou directement par la bouche dont la mâchoire supérieure est naturellement échan- : crée. Alorsle bruit était seulement comparable à celui qui résulterait du passage rapide et continu de l'air dans un tube ou par un tuyau sec et étroit comme serait celui d’une plume ; peut-être dans certaines cir- constance les lèvres de la glotte peuvent elles vibrer ou frôler rapidement, et produire ainsi ur son aïgu et longtemps prolongé, ce qui tient à l'ampleur de leur poumon qui se vide lentement, peut-être à l’oscilla- tion communiquée à la languette qui se voit chez quelques espèces au devant de la fente longitudinale de la glotte. De la chaleur animale. Comme tous les autres Reptiles, les Ophidiens ne semblent pas doués de la (1) Ovine, dans ses Métamorphoses, liv. X. Arrectisque horret squammis et sibilat ore. Horrendaque sibila misit. III, 38. Sibila dant, saniemque vomunt, linguasque coruscant. IN, 494. Virgire. Sibila lambebant linouis vibrantibus ora. Æneid., lib. IL, vers 211. Racine : Pour qui sont ces serpents qu sifflent sur vos têtes ? Andromaque, acle V, scène V, NUTRITION. RESPIRATION. VOIX. 183 faculté de produire par eux-mêmes une chaleurcon- stante. Nous avons exposé , dans le premier volume de cette Erpétologie, les dispositions anatomiques deswrga- nes de leur circulation et de leur mode de respiration qui s’opposent physiologiquement à la production de la plénitude de cet acte dont les phénomènes n'apparais- sent, d’une manière évidente, que dans les deux classes des Mammifères et des Oiseaux. Chez ceux-ci en effet, la respiration est continue, régulière et subordonnée à l'accès du sang qui passe en totalité et nécessaire- ment dans le poumon, avant de pénétrer dans le sys- tème général des artères. Au contraire, dans les Reptiles dont la respiration est arbitraire , suspendue, accélé- rée ou retardée à volonté, les poumons n’admettent qu’une quantité fractionnée de ce même sang qui peut alors se réunir, ou se joindre plus où moins rapide ment à celui qui est chassé dans le reste du corps par l'acte circulatoire général, lequel est lui-même plus ou moins ralenti ou accéléré par les contractions succes- sives du cœur. En réfléchissant à l’une des causes de la caloricité animale , celle qui paraît dépendre de la modification du sang artériel en sang veineux par une action toute chimique , ce changement de nature opéré dans les vaisseaux capillaires laisserait le calorique libre ; mais comme chez les Reptiles le sang n’est qu’incompléte- ment artérialisé dans les poumons, le résultat calori- fique doit être moins évident que dans les autres ani- maux à respiration aérienne complète. Cependant les Serpents et les autres animaux de la même classe ne sont pas dépourvus d’une chaleur propre ; mais ils ne prennent celle du dehors qu'avec une lenteur extrême , ils l’admettent , la recoivent , ils 184 REPTILES. OPHIDIENS. peuvent même la recueillir et la conserver pendant quelque temps. Alors l'excitation de la vie devient chez eux plus remarquable. Aussi la plupart des Ophi- dienshabitent-ils les climats chauds, et c’est en parlant d'eux que Linné a pu dire avec raison : Frigida &s- tuantiunm animalia. Il en est même plusieurs qui peu- vent être soumis à une température fort élevée, laquelle surpasse de beaucoup celle des animaux dits à sang chaud. Plusieurs fois nous avons trouvé au premier printemps des Couleuvres qui paraïssaient s’être endor- mies au bas de très-hautes murailles, lesquelles avaient été précédemment exposées au soleil du midi, mais qui étaient alors et depuis plus de deux heures à l'ombre. L'air était froid pour nous , de sorte qu’au moment où nous les saisissions , le contact de leur corps a produit sur nos mains la sensation d’une chaleur très-notable; et maintes fois en prenant des Lézards en été, sur des ro- chers exposés au plein du soleil, ils nous ont vérita- blement brülé les doigts qui avaient au moins 32° R. de température. Bertholdt (4), qui a fait des recherches sur la tem- pérature propre des Insectes et des Reptiles, a bien re- connu que la chaleur des Serpents dépasse quelquefois de 1 à 9 degrés celle de l’air ambiant; mais cet habile observateur , pas plus que unter (2) et J. Davy (3), n'ont tenu aucun compte de la température à laquelle ces animaux avaient pu être exposés antérieurement et après des heures déterminées. On ignore comment et à l’aide de quels organes les (1) Neue Versuche ueber die temperatur der haltbluetiger thiere. Gottingue , 1835. (2) Observations on certain parts of the animal economy. Pag. 90-104. (3) Annales de chimie. Tome 35, pag. 196. NUTRITION. SÉCRETIONS. 185 Serpents sesoustraient momentatément à l’action d’une trop haute température, comme on sait que les Batra- ciens anoures y parviennent au moyen de leur transpi- ration cutanée. Un seul fait cité par Schlegel (1) et par Burdach (2), nous apprend que, dans les contrées les plus chaudes de l'Amérique du sud, les Boas s’enfon- cent dans la vase à l’époque où la température est la plus élevée et la plus sèche, pour y subir le sommeilou l’engourdissement annuel. C’est ce qu'avait reconnu M. de Humboldt chez le Crocodile (3). De sorte qu'à l'expression de sommeil d'hiver ou d'hibernation ne doit pas se joindre toujours l'idée du froid. Il y aurait donc dans ce cas pour les Serpents'une sorte d’estiva- tion ou d’engourdissement en été, comme on l’a observé pour certaines chenilles, qui cessent tout à coup enjuin de Be la nourriture et qui s’engourdissent pen- dans près de deux mois, pour ROLE la seconde Fbssse des feuilles, qui sont beaucoup plus tendres après la séve d'août, et dans quelques insectes parfaits, tels que chez plusieurs espèces de papillons de jour (4;. ” L° Des organes destinés aux sécrétions dans les Serpents. Nous avons déjà eu occasion de faire connaître les instruments de la vie qui, chez ces animaux, produi- sent, séparent, recoivent ou conduisent les diverses humeurs qui sont extraites du sang, telles que la sa- live (page 139), les larmes (104), le venin (140), le (1) Physionomie des Serpents. Tom. 1, pag. 98. (2) Physiologie, traduction de Jourdan. Tome V, pag. 269. (3) Voyez dans le tome III du présent ouvrage à la page 35. (4) Consultez, sur la chaleur des Serpents, les détails que nous ayons donnés sur l’ineubation a l'article des œufs. 186 REPTILES OPHIDIENS. suc pancréatique (166), la bile (167), la graisse (168), surtout en traitant de la fonction digestive. Nous par- lerons par la suite des glandes anales et génitales; mais nous avons cru devoir faire connaître ici en particulier les organes et les voies destinés à la sécrétion des urines. Les reins des Serpents sont logés dans une duplica- ture du péritoine ; ils ysontcommeflottants etnon collés contre l’échine , ainsi que cela se voit dans la plupart des animaux vertébrés. Leur forme est allongée, mais non entièrement symétrique. Îls paraissent composés d’une série de ganglions globuleux ou de petits lobes distincts, placés à la suiteles uns des autres , mais ce- pendantliésentre eux par un tissu cellulaire assez serré; qui n’est pas pénétré par la graisse qui les recouvre très-souvent. On voit aboutir dans chacun de ces lobes des vaisseaux artériels. Ceux-ci s’y arrêtent , d’autres en sortent; ces derniers sont veineux ou lymphatiques;, car les humeurs qu'ils renferment y sont mises en mou- vement en sens contraire. Il en provient également des canaux ou conduits urétriques qui, chez les mâles, se réunissent aux tuyaux séminifères provenant des testicules ; de sorte que la liqueur prolifique se mêle à la matière des urines et arrive avec elle dans le cloaque, partie dilatée du dernier des gros intestins. Ce canal unique , qui correspond de chaque côté à l’u- rétère, se prolonge en un tubercule érectile troué à son centre, pouvant s’allonger et transmettre ainsi dans le corps de la femelle la liqueur séminale. Dans les Serpents comme dans les autres Reptiles, - _ les reins offrent une grande anomalie dans le mode de leur circulation. D'abord on y voit aboutir ou en pro- venir un grand nombre de veines qui paraissent être continues avec celles qui y arrivent de la queue et des SÉCRÉTIONS. REINS. URINES. 187 parties génitales; mais il y a en outre un plan de veines analogues qui remonte évidemment vers le cœur ou au moins du côté du foie. Il y a donc, suivant l'opinion de M. Jacobson, des veines aflérentes prove- nant d’un tronc formé par les caudales, lequel se subdi- viserait danslerein, et un autre plan qui serait eflérent, provenant de l’intérieur de la glande, se joignant au tronc veineux abdominal , s’anastomosant en partie à la veine-porte pourse distribuer dansile foie, tandis quela veine-cave se dirigerait vers le cœur. Il résulterait de cette organisation anomale , que les reins et le foie au- raient un même mode de circulation pour la sécrétion de deux humeurs bien différentes, les urines et la bile. Mais comme ces veines n’ont pas, dans leur inté- rieur, de valvules qui pourraient indiquer le sens dans lequel elles charrient l'humeur qu'elles contiennent, il reste à cet égard quelque incertitude. M. Duvernoy (1), d’après quelques expériences , serait porté à croire que le sang des reins chez les Serpents se partagerait en deux directions contraires. En sortant de ces organes circulant d’arrière en avant par les rénales internes , il irait directement au cœur à travers les veines-caves postérieures; se mouvant au contraire d'avant en ar- rière par les rénales externes, il serait dirigé avec celui de la queue et des organes externes de la géné- ration dans le système de la veine-porte hépatique. Bowman (2) a étudié particulièrement l’organisation des reins dans le Boa constricteur. Get organe est formé de lobules isolés réniformes et comprimés. La veine-porte et le conduit urinifère se voient dans une (1) Lecons d'anatomie comparée, tome VI, page 252. (2) Voyez le titre de son mémoire à la table des auteurs. 188 REPTILES OPHIDIENS. sorte de scissure avec l’artère et la veine émulgentes. La circulation s’y opère comme dans le foie. Il y a là une sorte de veine-porte rénale qui pénètre par les ramifi- cations dans les corpuscules de Malpighi; elle y apporte les éléments de l’urine , tandis que la veine émulgente correspond à la veine hépatique. L’urine des Serpents qui est le plus ordinairement rendue en masse et à des intervalles souvent éloignés de plus d’un mois, sort sous la forme d’une bouillie épaisse , d’un blanc jaunätre, le plus souvent en une plaque isolée ou gâteau aplati qui a pris cette forme en s’accumulant dans le cloaque, puis en traversant son orifice transversal. D’autres fois, elle se trouve mêlée ou enduite de quelques résidus solides des ali- ments, quand ils sont réduits aux bases terreuses ou à lasubstance cornée des plumes, des écailles et des ongles. Par l'analyse que les chimistes ont faite de cette matière qu'ils ont pu se procurer en assez grande quantité , ils ont reconnu qu’elle se composait princi- palement d’acide urique et de sels, tels que l’urate d’ammoniaque, de carbonate calcaire et même d’une très-petite proportion d’urée (1). Nous avons eu occasion d'observer que les Pythons élevés et nourris dans une sorte de domesticité ren- dent parfois séparément et sans aucun mélange de matière stercorale solide , une assez grande quantité d’eau ou d’urine liquide qui s'était apparemment ras- semblée dans leur cloaque , car ils n’ont pas de vessie (x) Voyez à la table des auteurs l'arlicle Buscn. Ce chimiste a trouvé dans le résidu blanc du Boa coustricteur ou Devin, de l'urate acide de potasse et d'ammoniaque. La même malière chez les Couleuvres et chez le Caméléon porte une odeur fortement ammoniacale. John Davy, Pront se sont aussi livrésa ces recherches. Voyez Meckel, Archiv. Deut- sche, tome VI, page 346. GÉNÉRATION. 189 urinaire. Il est vrai que ces individus, auxquels le gar- dien de la ménagerie fait prendre des bains tous les trois ou quatre jours dans l’eau tiède, semblent y humer ce liquide. On les y voit en effet faire le mouvement de déglutition. Leurs mâchoires légèrement écartées res- tent alors immobiles, le liquide semble descendre dans leur gosier, et les muscles du pharynx et de la partie postérieure aux ‘mâchoires paraissent successivement mis en mouvement. Le liquide qu’on resarde comme de l'urine provient-il des reins ou de l’eau ainsi humée qui servirait à laver le tube intestinal? C’est cette der- nière opinion que nous avons adoptée dans le commen- cement de l’article où nous parlons de la déglutition. $ IV. Des oRGANES GÉNÉRATEURS ET DE LA FONCTION REPRODUCTRICE DANS LES DERPENTS. Tout ce que nous avons dit, d’une manière géné- rale, de cette fonction ehez les Reptiles (1), peut com- plétement s'appliquer aux Ophidiens. Leurs sexes sont distincts , et les mâles, généralement plus petits, plus sveltes, plus actifs, sont mieux colorés que les fe- melles. On conçoit que ces animaux n’ont aucun be- soin d’être réunis par couple, ou en monogamie pro- longée , au delà de l’époque à laquelle doit avoir lieu la réunion des sexes. En eflet, ils n'avaient pas de nids à construire , d'incubation corporelle chaleureuse et né- cessaire à opérer, d'aliments à fournir ou à préparer d'avance, d'éducation première à donner. L'instinct seul et la nécessité impérieuse que la nature a impo- sée à tous les animaux de chercher à conserver , à pro- pager leur race, porte le mâle à faire tous ses efforts (1) Voyez tome I du présent ouvrage, pages 21} et suivantes, 190 REPTILES OPHIDIENS. pour se rapprocher dé sa femelle, et celle-ei à aller à sa rencontre ; mais quand la fécondation est opérée, les deux individus se séparent , s’éloignent et semblent se fuir pour tout le reste de la saison ; car il n’y a or- dinairement qu’une seule ponte chaque année. Le mâle ne s'occupe donc en aucune manière de sa progéniture, et les œufs vivifiés restent longtemps dans le ventre de la mère; lorsqu'ils n’y éclosent pas, ils sont pondus en une seule fois ; mais le germe dans la coque y subit un travail de développement jusqu’à ce que l’œuf äonne issue au petit Serpent qu'il contenait. Seulement la mère a soin de déposer dans un lieu con- venable ses œufs, quelquefois réunis par une mém- brane glaireuse qui prend plus de çonsistance en se desséchant ; ils forment alors une sorte de chaîne ou de chapelet ; la mère les met bas et Îes cache sous des dé- bris de végétaux humides ou dans le sable, de manière à leur faire éprouver et conserver l’action indirecte de la chaleur du sol et celle de l'atmosphère. Dans quel- ques cas mêmes les femelles réunissent leurs œufs en tas en se roulant autour , en les rapprochant ainsi les uns des autres (1). Plusieurs ont été trouvées en oh- servation et restant en sentinelles vigilantes dans les environs du lieu auquel elles avaient confié ce dépôt précieux. Elles épient le moment où les œufs écloront, afin d’être à portée de protèger la faiblesse de ces pe- tits êtres qui jouissent de toutes leurs facultés en sor- tant de la coque , et pour soigner leurs premiers mou- (2) Bunpacn. Traité de physiologie, traduction de Jourpan, 1838. Tome 11, page 397. Voyez plus loin l'explication que nous ayons donnée de la prétendue incubation calorifique du Boa. Ici l'auteur dit: «Les Ser- pents amassent leurs œufs en se roulant autour d'eux et en les rappro- chant ainsi les uns des autres. » GÉNÉRATION. 101 vements, en leur indiquant un refuge, ou en leur fournissant, dit-on, un ab:i dans leur propre corps, ainsi que Palissot de Beauvois (1) et Moreau de Saint- Méry le rapportent pour l'avoir observé chez une fe- melle de Crotale qui , dans le danger et avant de fuir, ouvrait la gueule et y recevait ses petits qui s’insi- nuaient dans son large æsophage, afin de n’en sortir que lorsqu'il n'y avait plus rien à craindre. La fécondation des Serpents a lieu le plus souvent au printemps; mais les œufs vivifiés ne quittent les oviductes que trois ou quatre mois après, et même, dans quelques cas, les petits éclosent dans le ventre de la mère successivement , ou à plusieurs jours d’inter- valle. On dit alors que ces Serpents sont vivipares. Telles sont nos Vipères , dont le nom à été emprunté de cette particularité qu'onavait d’abord observée chez elles, mais qui a été reconnue depuis reproduite dans plusieurs autres espèces de genres très-différents. Nous avons eu occasion de dire que les mâles des Serpents étaient plus petits que leurs femelles. Leur poids et leur volume sont en effet moindres de moitié, surtout quand on les compare aux individus qui ont l'abdomen évidemment dilaté par la présence des œufs qui s’y développent ; car alors l’aspect de l’animal est tout à fait différent. On reconnaît doncles mâles à leurs dimensions , à leurs couleurs plus vives, mieux tran- chées , plus brillantes ; et puis leur queue est compa- (1) Ce fait, cité par Daudin et par Latreille qui ont inséré dans leurs ouvrages le mémoire de Palissot de Beauvois, qu'il dit avoir été con- firmé par Moreau de Saint-Méry , n'a pas été adopté par M. Schlegel, de la Physionomie des Serpents , tome IE, page 567. Cependant M. Le- sieur a dit à M. de Freminyille qu'il avait vu au port Jackson ‘un Ser- pent venimeux femelle recevoir dans sa gueule ses petits au moment du danger, 192 REPTILES OPHIDIENS. rativement plus amincie à son extrémité libre , et elle le paraît d'autant plus que, vers sa base, elle est géné- ralement plus grosse , vers l'ouverture transversale du cloaque, surtout à l'époque où doit s'opérer la jonction des sexes. Cette dilatation est due àla présence de deux poches ou cavités qui logent les instruments destinés à maintenir en contact intime le mâle sur la partie cor- respondante de la femelle. Ges organes copulateurs, qu’on a regardés comme des pénis , sont deux appen- dices érectiles, mus par des muscles qui les font saillir et pénétrer dans le cloaque de la femelle. Ils sont comme charnus, portés sur une tige arrondie, terminée par une sorte de chapiteau mousse, en forme de champi- gnon , garnie de pointes cornées, rétractiles, disposées en verticilles réguliers, comme des épines en crochet. Ces appendices sont de véritables instruments propres à retenir réciproquement et intimement rapprochées les parties extérieures de la génération des deux sexes, Ces organes se dressent et se portent en avant pour pénétrer dans la fente du cloaque, et lorsqu'ils y sont introduits, ils se gonflent, ils s’éloignent l’un de l'autre en se déjetant de côté pour écarter les lèvres des deux cloaques accolés. En pénétrant dans la partie femelle, ils dilatent cette sortie de bouche et ie contact devient ainsi très-intime. Dans ce rapprochement , qui dure des demi-journées (i), les tubercules par lesquels se (1) On a trouvé souvent des Vipères accouplées et tellement enñtre- lacées que leur corps représentait à peu près la figure que nous yoyons reproduite dans le caducée de Mercure. Aristote avait dit, .en parlant de l'accouplement desSerpents: « Leur entrelacement est si intime qu'ils paraissent ne former qu'un seul corps (4) ou un seul Serpent à deux (a) Oütw op0ôpa où dpeus mepAirrovrar &AAAOS, dote Joxelv vds dyeus dixepxhou elvar rd copa ÉTav. GÉNÉRATION. 193 terminent les urétères des mâles, s’allongent dans leur cloaque comme des tuyaux charnus : ils donnent pas- sage à la liqueur prolifique qui s’est sécrétée en abon- dance dans les testicules (1). Lancée ou déchargée dans la cavité du cloaque de la femelle, la liqueur séminale est absorbée : elle parvient dans les oviductes , etde là peut-être dans les ovaires où s'opère la vivification des germes. Ceux-ci se détachent successivement de la grappe qui les réunissait, ils pénètrent dans les trompes avec une certaine quantité de glaire albumi- neuse et de vitellus. La coque qui les renferme prend plus de consistance : ils descendent dans ces mêmes ovi- ductes, etlà ils séjournent en continuant de se dévelop- per jusqu'a l’époque où les petits Serpents se trouvent assez bien organisés pour être livrés à la vieextérieure et subvenir par eux-mêmes à leur alimentation. Chez les individus mâles, les testicules sont placés en avant des reins, dans la duplicature du péritoine. Ils sont comme flottants dans l’abdomen, de chaque côté de la colonne vertébrale. L’épididyme , divisé en plusieurs canaux , forme ainsi autant de petits tuyaux qui se rendent dans l’urétère , et par conséquent l’hu- meur qu’ils renferment se verse avec l'urine, ou au moins par le même orifice qui se voit sur la papille, têtes. « Pline a répété : Coeunt complexu aded circumvoluta sibi ipsa, ut una existimari biceps possit. Mais il a prétendu, et ce préjugé subsiste encore chez le vulgaire, que souvent la femelle, immédiatement après avoir été fécondée, dévorait le mâle, et que c'était par suite d'un excès de jouissance. Vipera mas caput inserit in os , quod illa abrodit voluptatis dulcedine. (Voyez à l’article Voicr, dans ce volume, la biblio- logie et celui de Baricezu. (1) On nous a plusieurs fois apporté des mâles de Couleuvres et sur- tout de Vipères, saisis et tués au moment de la copulation : leurs organes génitaux étaient restés gonflés et tellement saillants, qu'on nous les présentait comme des Serpents ayant deux pattes postérieures. REPTILES, TOME VI. 13 194 REPTILES OPHIDIENS. dans l’intérieur du cloaque; c’est ce tuyau qui s’al- longe, car il n'y a pas de vésicules séminales ou de réservoir d'attente pour la semence. Chez les femelles qui contiennent les rudiments des germes , les ovaires occupent à peu près les mêmes ré- gions que les testicules ; les granules, diversement colorés , sont disposés par bandes, et ne sont pas ag- glomérés en masse arrondie. Dans l’état de non-im- prégnation, on trouve les oviductes tellement réduits qu’ils ressemblent à de petits ligaments tortueux, plissés sur eux-mêmes, de sorte qu’on les prendrait pour des appendices du cloaque auquel ils sont adhé- rents; mais lorsque la fécondation s’est opérée, ces mêmes canaux sont excessivement développés. Ils ren- ferment les œufs rangés à la file les uns des autres, comme les nœuds ou les gros grains d’un chapelet ou d’un collier. Chacun de ces œufs forme une sorte de gâteau arrondi, un peu plat, ordinairement enveloppé d’une membrane solide, mais flexible, dans laquelle on distingue à la vue simple, et où l’on peut recon- naître par le toucher , quelques granulations calcaires. Le vitellus que ces œufs contiennent est le plus souvent d’un jaune foncé , safrané ou rougeâtre : il y a peu de matière albumineuse et celle-ci disparaît même tout à fait quand le petit Serpent s’y est développé en absor- bant en même temps le vitellus par l’ombilic et lorsqu'il est devenu bien mouvant. Ces œufs sont pondus à peu près dans le même ordre qu’ils occupaient dans le con- duit des oviductes. Les animaux qu'ils renferment éclosent , suivant les espèces et la température, à des époques variables, en déchirant la coque qui les enve- loppait. Chez un assez grarid nombre d'espèces , l’éclo: sion a lieu dans l’intérieur du corps de la mère. Nous avons peine à croire que des œufs à coquille calcaire, GÉNÉRATION. 109 qu'on nous a fait voir comme pondus par une Cou- leuvre qui occupaitla même cage, en provenaient réel- lement ; cependant on n'avait pas d'intérêt à nous trom- per. Comme c'était une Couleuvre à collier que nous observions , et que nous avons vu des œufs de la même espèce , nous avons été loin d’être convaincus de l’as- sertion positive qui nous était donnée. Nous avons trouvé nous-mêmes des œufs de Serpents aux environs de Paris : ceux-là étaient mous, retenus par une glaire desséchée. et flexible, ils ressemblaient à ces concré- tions albumineuses que pondent quelquefois les vieux cogs et les vieilles poules , de sorte que les gens de la campagne sont imbus du préjugé que ces prétendus œufs produisent des serpents (1). M. Herholdt (2) a communiqué à l’Académie des sciences de Copenhague un mémoire sur la généra- tion des Serpents, sur le développement de leurs œufs et sur leur éclosion; nous croyons devoir en donner ici une courte analyse, parce qu’elle nous procurera le moyen de présenter quelques observations curieu- ses relativement à des points de physiologie sur les- quels la science est encore incertaine. Après avoir décrit la forme et l'apparence de ce œufs , provenant dans ce cas d’une Couleuvre à collier, l’auteur se livra à des observations journalières, quatre- vingt-seize heures à peu près, depuis qu'ils lui avaient été remis. Jamais il n'a reconnu de vide à l’inté- rieur, ou ce qu’on nomme la chambre à air dans les (1) Déjà en 1673 Thomas Barraozin comballait cette idée dans les actes de Copenhague. Les faits qu'il a recueillis et Îés observations qu'il a faites présentent beaucoup d'intérêt, (2) Voyez, dans le Frorieps Notizen en 1836, ce mémoire sur la gé- nération , le développement et la naissance des Serpents ; on en trouve un extrait dans le Bulletin des sciences naturelles de Férussae, t, XXV, page 354, n° 208, 196 REPTILES OPHIDIENS. œufs des poules dont la coquille ne peut pas s’affaisser; aussi a-t-il constaté que ces œufs perdent chaque jour un peu de leur volume et de leur poids. S'il en ex- posait quelques-uns à l'action d’un air sec et trop chaud, ils se flétrissaient, se desséchaient et l'embryon mourait. Déposé dans l’eau , au contraire (février, Notizen , tome 30, page 176), l’œuf se gonfle, aug- mente de poids et la vie cesse dans l'embryon ; l'appli- cation d’un vernis sur la coque produit le même effet. Ce qui prouve qu'il s'opère, à travers les membranes de la coque, une absorption et une exhalation comme dans les œufs des oiseaux. Pour que l'œuf produise un Serpent, il doit être placé dans une atmosphère humide et chaude, entre 95 et 9 degrés centigrades. L'auteur en a suivi le développement pendant un mois; ses ob- servations sont consignées dans le tableau suivant, que uous allons copier. DATE | POIDS POIDS LONGUEUR des Re ET de de - de observalions. cn DE l'œuf. |l'embryon.|l'embryon. Eh LL SERRE ke | grains. lignes. ( To + 12,8 76 4 9 95 Malheureusement l’auteur n’a pas indiqué la température des œufs. GÉNÉRATION. OEUFS: 197 L'auteur pense qu'il faut ajouter aux trente-deux jours, ceux qui s'étaient écoulés avant qu'il ait pu com- mencer ses observations, dont voici les principaux ré- sultats. D'abord, le blastoderme (1) (c’est la membrane _ organisée qui recouvre le germe ou l'embryon) laisse apercevoir un réseau très-fin, ou un lacis de veinules formant , dans quelques points, des tubercules spon- cieux que l’auteur regarde comme analogues aux co- tylédons. On distingue de Palbumine fluide entre Île blastoderme et le sac qui contient le jaune à demi-li- quide : ce sac est aussi une membrane vasculaire. Entre les deux pôles de l’œuf, on reconnait l'embryon na- geant dans un liquide que renferme l’amnios, et que M. Herholdt regarde comme l’une des nourritures du fœtus. Les vaisseaux du blastoderme et de la membranavi- telline ne tardent pas à se porter vers la cavité de l'embryon, pour former un cordon vasculaire qui, traversant l’amnios, vient aboutir à l’ombilic ; mais lorsque le petit Serpent perce les membranes corti- cales, la portion du cordon formée par les vaisseaux du blastoderme se déchire , et il ne sort avec lui que les vaisseaux de la membrane vitelline qui forment un petit bouton charnu suspendu au cordon ombilical , lequel ne tarde pas à seflétrir et à s’en séparer compléte- ment. Il résulterait de cette organisation que le blasto- derme servirait, pour ainsi dire, de placenta ou de moyen de communication, par ses vaisseaux , avec les agents extérieurs pour en recevoir les influences cos- (1) Étymologiquement la peau du rejeton de Pander, proligère ou germinative de Burdach. 198 REPTILES OPHIDIENS. miques, et tenir lieu de la respiration ; tandis que la nourriture serait fournie par le jaune et par l’eau de l'amnios. Ces faits, ainsi que ceux consignés par M. Ratke dans les ouvrages de Burdach (1), et ceux observés par M. Dutrochet, sur la formation, le développement et l’incubation de l'œuf, éclarent un point important de la physiologie. On conçoit en eflet l’action phy- sique et chimique qui peut être produite, à travers la coque perméable de l’œuf, sur les vaisseaux du blasto- derme quand, à laide d’une température un peu élevée, le germe d’un œuf vivifié vient à se développer. Alors les veines absorbent par endosmose; le sang qu'elles renferment s’imprégne de certains principes de l'air. En même temps il s'opère une exhalation coh$tatée par la diminution du poids de l’œuf et par la transformation des liquides en un corps vivant et so- lide, parfaitement organisé pour exister désormais par lui-même. Ces faits résultent des observations consignées dans le tableau que nous avons emprunté à M: Herholdt. Les graines ou les semences de végétaux ont le plus grand rapport avec les germes des animaux ovipares. Elies renferment comme eux, sous des enveloppes pro- (1) Traité de physiologie , tome III, chap. VIII, page 181. Article rédigé par Ratke sur l'embryon de la Couleuvre, Cet article est très- important ; il présente en vingt pages les plus grands détails sur le déve- loppement de l'embryon des Couleuvres. 11 doit être lu par tous les physiologistes, ainsi que les Recherches sur l'œuf des Serpents de M. Du- TROCHET : elles sont insérées dans le tome 2 de ses mémoires, 8° 1837, page 229, et publiées d'abord en 1816 , dans les mém. de la soc. médicale d'émulalion de Paris, avec fig. 1 et 2 de la planche 144, tome VIII, pag. 29 et suiv. GÉNÉRATION. OEUFS. 109 tectrices et organisées (1), des embryons destinés à être mis ultérieurement en rapport avec les nouvelles circonstances de leur vie extérieure, et dès lors indé- pendants des êtres qui les ont produits, et à l'existence desquels ils participaient. Comme eux , ils en ont été séparés avec une certaine provision d'aliments appro- priés d'avance à la faiblesse ou au peu d'énergie de leurs organes. Dès le moment où ils se sont séparés des individus qui les nourrissaient , leur existence leur est devenue propre et spéciale; elle a dépendu du jeu libre et indépendant de leurs organes. Dès lors, ils ont pu se développer par eux-mêmes , sous l'influence de la matière de la chaleur, de l’humidité ; ils ont été soumis aux principes généraux qui régissent les mi- lieux dans lesquels ils ont été déposés pour un temps limité, afin de continuer leur vie individuelle et pour persister, dans leur existence, au moins jusqu'à l'é- poque où ils auront pu perpétuer leur race. De même que les graines des végétaux ont besoin, pour se développer, d’éprouver l’action de la chaleur, et de se trouver en contact avec l'humidité du sol, avec les éléments que l'air et l’eau leur transmettent. Quand une fois cette excitation de la vie a été produite , elle paraît se continuer par une action interne qui ne peut s'arrêter qu’au détriment de l'existence. C’est ainsi que les œufs fécondés d’une poule, sou- mis à l’action d'une douce température factice, ont conservé ou développé le même degré de chaleur mal- gré qu’on eût interrompu, pendant plusieurs heures, (1) Le spermoderme, ou la peau dela graine que quelques botanistes ont appelé tantôt péri-, tantôt épi-sperme, est doublé par l'endoplévre ou par un issu de vaisseaux appelé sarcoderme on mésosperme, qui transmet à l'embryon l'eau pompée pendant la germination. 200 REPTILES OPHIDIENS. même une demi-journée. cette Lempérature artifi- cielle. Burdach (1) avait laissé vingt-quatre heures au grand air, pendant toute une nuit de juillet, dans une chambre exposée au nord , et dont les croisées étaient restées ouvertes, des œufs qui précédemment avaient été soumis pendant cinq jours à l’incubation artifi- cielle, et jamais ces embryons n’ont péri. Cette expé- rience a été répétée, par hasard , au collége de France. On avait laissé, pendant deux jours , exposés sur une planche, à la température de la chambre , des œufs couvés artificiellement pour étudier le développement successif des germes ; au troisième jour, on trouva les embryons vivants et développés tout autant , au même dégré et aussi bien que s'ils fussent restés soumis à l’action constante de la chaleur. Les anomalies qui se présentent dans certaines cir- constances de la reproduction chez les Ophidiens pourraient recevoir leur explication par les faits pré- cédemment exposés. Tels sont la génération ovo-vivi- pare , le développement de la chaleur dans les œufs fé- condés , qui ne sont soumis , dans le plus grand nom- bre des cas, à aucune incubation corporelle , puisque leurs parents ne pouvaient guère communiquer les ef- fets d’un calorique propre excédant celui de la tempé- rature environnante , et enfin, les monstruosités qui sont assez communes chez les Serpents , par l'inclusion fortuite de plusieurs germes dans un même œuf ou sous une seule enveloppe. Ainsi , l’on sait que plusieurs espèces de Serpents , appartenant à des genres différents, notamment les Vipères, conservent à l’intérieur du corps leurs œufs (1) Traité de physiologie traduit par Jourdan, tomell, page 483. - GÉNÉRATION, OEUFS, 201 après qu'ils ont été fécondés ; que leurs germes s’y dé- veloppent et viennent à éclore successivement dans l'intérieur des oviductes qui les contiennent. Ces ca- naux membraneux ont des parois três-minces ; ils se prolongent et s'étendent dans la direction des sacs à air ou des dilatations des poumons. On peut croire que ces œufs sont là médiatement en rapport avec l'air qui se renouvelle dans ces sacs par l'acte respiratoire de la mère, et que, par endosmose, il s’y opère à l’aide des vaisseaux du blastoderme, une absorption qui produirait ainsi un effet analogue à celui de l’hématose ordinaire , comme elle a lieu médiatement dans le sang veineux des poumons. Cet air, par l'oxygène qu'il contient, modifie le sang vénoso-artériel, le colore au- trement, le révivifie, produit la chaleur et tous les phénomènes des sécrétions. De sorte qu'il y aurait là une sorte d'action du sang de la mère sur les vaisseaux du blastoderme , et que ce mode d’hématose serait ana- logue à l'acte circulatoire du placenta dans lutérus des animaux mammifères. Nous venons de rappeler que, sous l'influence de la vie indépendante, lorsqu'elle se développe dans les se- mences des végétaux, fécondées, müries et placées dans des circonstances favorables à la germination, il se manifestait des phénomènes physiques et chimiques qui se ralliaient et venaient en aide à l’action vitale intérieure pour préluder aux premières fonctions des organes, en particulier à l'absorption. Examinons- les séparément : d’abord un certain degré de chaleur appréciable, paraissant être lerésultat de l'effet électro- chimique qui accompagne les décompositions et les synthèses nouvelles qu'éprouvent les fluides ambiants et intérieurs ; puis une fois qu’elle est commencée, & 202 REPTILES OPHIDIENS. celte opération vitale continue. Les liquides se solidi- fient ; car, en passant dans les tissus de embryon, ils abandonnent le calorique qui, en s’échappant, devient sensible, par sa dispersion dans l'atmosphère environ- nante. Faible et à peine perceptible dans chacune des graines isolées, soumise à la germination, cette chaleur devient appréciable lorsqu'un plus grand nombre de semences se développent toutes à la fois dans un espace limité (1). De semblables phénomènes se produisent dans les ruches et dans les fourmilières où la respiration de chaque insecte, s’opérant en même temps chez un grand nombre d'individus, détermine et fait persister une élévation très-notable dans la température de leur habitation commune , quoique chaque abeïlle ne ma- nifesLe pas de chaleur propre (2). Les œufs de Serpents sont à peu près dans les mêmes circonstances que les graines des plantes : leurs enveloppes extérieures, quoique évidemment protec- irices du germe qu'elles contiennent, sont cependant perméables aux agents généraux de la nature. Ges œufs, comme nous l'avons vu, absorbent les liquides dans lesquels on les plonge. Tant que le germe sé- journe dans la coque avant d’éclore, et pendant la durée de cet espace de temps qu'on peut nommer l'incuba- (1) GorPperT a reconnu que cette chaleur dépasse celle de l'atmo- sphère de 15° R. ( Ueber woermeent wiekelung in der lebenden planzer. Vienne, 1932. : (2) Swammerpamm, RéAuMUR, Huser , et plusieurs autres observa- teurs, ont consigné ce fait dans leurs écrits. Réaumur, en particulier, æ constaté (Hist. des Insectes, tome V, XIII° mém., page 671) que les abeilles d'une ruche avaient fait monter la liqueur de son thermo- mètre à 31°, chaleur qui est à peu près celle que prennent les œufs sous la poule qui les couve. 11 a aussi trouvé pendant l'hiver une tem- pérature uniforme de 24° K. dans les ruches où les abeilles sont sans mouvement. é ? GÉNÉRATION. OEUFS. 203 | tion (1), l'œuf diminue notablement de poids ; il s’y opère donc une exhalation et très-certainement aussi une absorption; car l’individu vivant qu’il renferme ne tarde pas à périr si on l’expose aux effets d’une température trop basse ou trop élevée. Ces données peuvent, selon nous, servir à expli- quer autrement le résultat des observations que M. le professeur Valenciennes a faites pendant l’incubation d’une femelle de Python (2), et les conséquences qu'il en a tirées. Il a constaté que les œufs de ce Serpent ac- quéraient et conservaient une température supérieure à celle de l’atmosphère dans laquelle ils étaient plon- gés ; maïs il a attribué à la mère, qui les recouvrait de son corps et qui les protégeait sous une sorte de dôme ou de voûte formée par ses circonvolutions en spirale, dont les tours étaient très-rapprochés et immobiles, la chaleur que toute cette masse paraissait avoir reçue de la mère, et qui y avait été développée ou plutôt communiquée selon nous. Voici l'analyse de cette observation intéressante : on conserve et on nourrit avec soin , dans notre ména- serie du Muséum de Paris, plusieurs Serpents d’une grande dimension : ce sont des Pythons à deux raies. Le {er janvier 1841, on trouva l’un des mâles ac- couplé avec une femelle. 1] y eut encore plusieurs au- tres copulations jusqu’à la fin de février, et nous avons (1) Ce nom d'incubation, ou l'action de couver, appliqué plus par- ticulièrement aux oiseaux, suppose le développement et la communi- cation de la chaleur aux œufs. Peut-on l'employer dans le même sens pour les femelles qui, placées sur leurs œufs ou les portant au dehors, ne leur communiquent pas de chaleur, tels que la Cochenille et les autres gallinsectes, le Perce-oreille , les Cloportes, les Écrevisses, les Monocles, les Alytes, les Pipas, les Syngnathes ? (2, Voyez les comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris pour 18/41, tome XIIT, page 126. 204 REPTILES OPHIDIENS. été nous-mêmes témoins de l’un de ces rapprochements, dont nous aurons occasion de parler par la suite. Depuis le 2 février, époque à laquelle cette femelle avait avalé trois ou quatre kilogrammes de chair crue de bœuf avec un lapin , elle ne prit aucune nourriture jusqu'au 6 du mois de mai, jour où elle commenca à pondre.Dans cet intervalle, son volume s'était accru considérable- ment. Sa ponte dura trois heures et demie, et pro- duisit quinze œufs. Ces œufs, d’abord allongés, se raccourcirent en grossissant. Ils étaient distincts, ou tout à fait séparés les uns des autres. Cette mère était renfermée seule dans une caisse de bois placée sur des couvertures de laine chauffées en dessous, et soutenues par une planche de bois mince, percée d'un grand nombre de trous ; la chaleur était communiquée et conservée au moyen de boîtes dé cuivre remplies d’eau chaude qu’ou renouvelait au be- soin. La femelle rassembla ces œufs en tas, et se placa au-dessus en s’enroulant sur elle-même, de manière à les couvrir complétement pour former une voûte peu élevée au sommet de laquelle se trouvait la tête. Cette femelle resta ainsi sur ses œufs pendant l’es- pace de deux mois, du 5 mai au 3 juillet, époque à laquelle leur éclosion eut lieu. C'est pendant que la mère était placée sur les œufs que M. Valenciennes se livra, à diverses reprises et à plusieurs jours d'intervalle, à des observations ther- mométriques, au moyen desquelles il s’est assuré que les œufs et la mère avaient une température à peu près constamment élevée de 10 à 12 degrés centigrades au-dessus de l'air contenu dans la caisse et même des couvertures de laine sur lesquelles toute cette masse reposait, Quelquefois cependant, quand le thermo- GÉNÉRATION. OEUFS, 205 mètre placé au-dessous des couvertures avait marqué 35°5 , les œufs et la mère indiquaient au même instru- ment 41°5. Nous avons dit que nous ne partagions pas tout à fait lopinion que M. Valenciennes à émise en attri- buant complétement au Serpent la chaleur réellement en excès, et rendue évidente dans cette circonstance. Nous croyons que cette élévation de température pou- vait dépendre, soit de la conservation du calorique transmis antérieurement, soit des germes et de l’action vitale qui s’opérait dans l’intérieur des œufs , et qui se distribuait d'une manière égale dans toute la masse, quoique les œufs fussent superposés et que chacun d'eux produisit bien peu de chaleur en excès. Voici d’ailleurs quelques motifs à joindre à ceux que nous avons précédemment fait connaître. Il a été constaté par l’observation directe et par les investigations anatomiques que les Reptiles en gé- néral, et par conséquent les Ophidiens, d’après la structure et le jeu des organes de leur circulation et de leur respiration, ne peuvent pas développer de cha- leur par eux-mêmes, au moins d’une manière notable. Cependant , comme nous l'avons dit précédemment, page 124, il nous est arrivé , au premier printemps et par un temps froid , de trouver des Couleuvres au bas de très-grandes murailles, alors à l'ombre, mais qui avait été exposées aux rayons du soleil. Au moment où nous saisissions ces Reptiles, leur contact nous faisait éprouver la sensation d’une chaleur supérieure à celle de nos mains, et souvent en prenant, pendant l'été, des lézards sur des terrains échauffés à l’ardeur du so- seil, nous les avons trouvés brülants. Il est donc pro- bable que ces animaux admettent , recueillent et con- 206 REPTILES. OPHIDIENS. servent, pendant un assez long espace de temps, la | température à laquelle ils peuvent avoir été soumis antérieurement. On sait en eflet qu'aucun Reptile ne couve, ou plutôt et mieux, n'échaufle ses œufs , et que tous sont à cet égard dans les mêmes conditions que les Poissons, dont le corps admet et perd le calorique suivant la température du milieu qui l'enveloppe. Dans le cas particulier que nous venons de faire connaître, les germes contenus dans les œufs qui avaientété échauffés artificiellement, s’y sont évidemment développés; leurs organes sont entrés en fonction; il s’y est opéré une solidification des liquides. Les phénomènes qui ont lieu pendant la vie s’y sont manifestés, telles que l’action de l'électricité, la pénétration du calorique, l'absorption de lo renee ainsi que l’exhalation de plusieurs fluides. Très-probablement le corps de la mère qui recouvrait ces œufs s'est mis en équilibre avec leur température moyenne; elle a partagé leur chaleur naturelle. Cette chaleur a dû être également distribuée ou répartie entre eux, puisqu'ils étaient empilés ou placés les uns sur les autres sous une sorte de voûte fermée de toutes parts et surtout dans la partie supé- rieure qui ne permettait pas à la matière de la chaleur de s'échapper. Nous supposons donc que les œufs du Python dont, nous venons de parler, avaient recu d’abord la chaleur artificielle; secondement que chacun d’eux en a produit un peu, et troisièmement que la mère et ses œufs ont dû être mis, passivement et uniformément, en équi- libre de température, et par conséquent que le Python n’a pas plus développé de chaleur animale que ne peu- vent le faire les autres Reptiles. _ GÉNÉRATION: DÉVELOPPEMENT DES PETITS. 207 Une expérience positive a même été faite à ce sujet : on disposa une couverture de laine, contournée sur elle-même, de manière à former et à laisser un vide intérieur. Get ensemble a été placé dans l’une des cages où boîtes en bois chauffées par le bas, au moyen de caisses métalliques remplies d’eau chaude et dans le même appareil que celui qui avait servi aux observa- tions de M. Valenciennes. Au bout de quelques heures, deux thermomètres furent placés dans la même caisse, l’un au dehors de l'espace où était disposée la couver- ture en dôme, l’autre dans le vide intérieur de cette sorte de four, et ce second thermomètre indiqna 40 de- grés centigrades de température en plus que ie pre- mier qui était placé dans l’intérieur de cette caisse, dont l'air était refroidi. Nous avons déjà dit plus haut que les circonstances nous avaient permis d'observer et de suivre l’accouple- ment , la ponte et l’éclosion des œufs d’un Boa ou Py- thon à deux raies que l’on conserve vivant dans la mé- nagerie des Reptiles du Muséum. Le gardien de ces animaux, qui met beaucoup de zèle et de persévérance dans les soins intelligents , et l’on pourraitdire presque affectueux, qu'il porte à ces animaux, a noté avec exac- titude les progrès des huit individus qui sont sortis vi- vants de leur coque, et qu'il a tous conservés jusqu’à ce jour. Ces œufs avaient été pondus le 6 du mois de mai ; leur mère , après les avoir rassemblés en un tas pyra- midal , dont trois étaient au-dessus les uns des au- tres sur le point culminant, les avait enveloppés et recouverts complétement des replis ou des circonvolu- tions de son corps ainsi roulé en spirale autour de cette pyramide dont sa tête occupait le centre. 208 REPTILES OPHIDIENS, Ces œufs et leur mère étaient entretenus à une tem- pérature assez élevée variable de 25 à 30° centigrades, à laquelle ils restèrent exposés à peu près l’espace de soixante jours, pendant lesquels la mère ne prit au- cune nourriture, quoiqu'on lüi en eût offert. Sur quinze de ces œufs, qui étaient presque tous égaux en poids et en grosseur, huit seulement donnèrent issue, le 3 juillet, à de petits Serpents dont la longueur totale était pour chacun d’un demi-mètre environ (0,52), mais seize jours après, quelques-uns, sans avoir pris de nourriture, avaient atteint la taille de 0,80. On examina le contenu des sept autres œufs , et l’on trouva dans leur coque des embryons bien formés, et dont le développement , plus ou moins avancé, dé- notait qu'ils avaient dû périr à des époques diverses. Le gardien dela ménagerie nous a remis la note du nombre et de la date précise des changements de peau ou d’épiderme qui ont eu lieu chez ces petits Boas. Les premières mues eurent lieu du 13 au 18 juillet , et depuis cette époque jusqu’au 18 décembre, la plupart ont subi cinq de ces dépouillements, sorte de travail d'organisation qui les rend moins actifs et ternit leur peau; mais après cette mue, l'animal reprenant toute sa vivacité et son appétence pour la nourriture, est alors très-remarquable pour ses cou- leurs. On a tenu également un compte très-détaillé du poids qu'avait acquis chacun de ces petits Serpents que l'on a désignés et constamment suivis chacun sous un numéro d'ordre qui est à peu près celui de l'heure de sa naissance, ou du moment où il sortit de sa coque. C’esl ainsi qu’on les a pesésconsécutivement, à la date de certains jours et ayant de leur donner des aliments GÉNERATION. MONSTRUOSITÉS. 209 de diverses natures. C’était d’abord de petits moi- neaux, puis on y ajoutait quelques lambeaux de chair ou de muscles de bœuf, et enfin de petits lapins dont on notait exactement le poids. À certains jours désignés , après les avoir pesés, et mis dans le bain, on a pu constater à leur sortie de cette immersion, qui durait souvent une demi-heure , com- bien d’eau ils avaient absorbé soit en buvant, soit en laissant humecter leurs téguments, circonstance qui a toujours paru nécessaire pour faciliter le dépouille- ment de leur épiderme. Cette surpeau , très-flexible et d’un seul morceau , a été également conservée et nu- mérotée , de sorte que ces dépouilles sont des témoi- gnages écrits de leur croissance comparée, car la dif- férence des dimensions est énorme entre les individus, et tient évidemment à la quantité très-différente des aliments que chacun d’eux a ingérés. Le nombre de ces repas et le poids des aliments a été inscrit pour un même intervalle de temps. Nous avons réduit en tableau et résumé ces di- verses annotations (1). Des monstruosités chez les Serpents. Plusieurs fois, dans le cours de cet ouvrage (2), nous avons eu occasion de dire que les œufs des Reptiles renfermaient quel- quefois deux germes sous une même enveloppe et que ces embryons, lorsqu'ils venaient à se souder, présen- taient des anomalies bizarres, telles que des membres surnuméraires et souvent même des parties du tronc comme doublées. L'ordre des Serpents est l’un de ceux dans lequel ces sortes de conjonctions adhésives con- - (x) Consultez sur tous ces points le tableau que nous avons fait instrera la page 172 de ce sixième volume. (2) Tome I, page 222, et tome V, page 34. REPTILES, TOME VI. 14 210 REPTILES OPHIDIENS. fondues se sont olfertes le plusfréquemment, puisqu'on en trouve des exemples dans les ouvrages d’Aristote, d’Aldrovandi, de Rédi et dans la plupart des auteurs les plus modernes. Cependant, comme le fait remar- quer M. Isid. Geoffroy (1), c’est principalement dans la région de la tête que les Serpents sont ordinairement doublés. Tantôt c'est un seul corps dont un col uni- que supporte deux têtes complètes ; tels sont les atlo- dymes dont l’auteur cite deux exemples (2) : l’un pro- venait d’un Trigonocéphale et l’autre d’une Vipère. Ces deux cas ont été déposés dans les collections du Mu- séum. Tantôt le Serpent présente véritablement deux cous et deux têtes distinctes dont l’échine se trouve ainsi double ou divisée dans une étendue variable en lon- gueur ; tel est le cas du Serpent dicéphale observé vivant et disséqué par Rédi, et dont on trouve d’autres exemples et des descriptions dans un grand nombre d'auteurs. Le docteur Mitchill a même fait figurer (3) un individu qui avait deux corps, trois yeux et une seule mâchoire. Rédi a vu aussi un Serpent à deux queues. | Ce qui est remarquable, c’est que plusieurs de ces animaux ont vécu et se sont développés en manifestant et en présentant des phénomènes très-curieux, ainsi que nous allons le faire connaître, en analysant l’un de ces cas si bien raconté par Rédi (4). Ce petit Serpent fut trouvé sur les bords de l’Arno, à Pise; c'était un \ (1) Traité de tératologie , tome III, pages 185 et 193. {2) Lacépède, Hist. nat. des Serpents, tome I, page 482. Dutrochet, Transactions médicales, tome 1, page 409. (3) Silliman's Journal of sciences, vol. X, page 48. Lettre extraite du tome VII du Bulletin des sciences naturelles, n0 205. {4) Osservaz. intorno agli animali viventi, édit, de Florence , 1684, page j el suiv. GÉNÉRATION. MONSTRUOSITÉS. II mâle, il était long de deux palmes et de la grosseur du petit doigt. Il était d’une teinte de rouille, parsemé de taches noires sur le dos et sur le ventre. Ce n’é- tait pas un Serpent à crochets venimeux ; les deux têtes, portées chacune sur un cou, offraient là une sorte de collier ou de tache circulaire blanche ; on remarquait à l'extrémité de la queue, qui était parsemée de petites taches blanches, une zone de la même teinte. Les deux têtes et les deux cous étaient de mêmes longueur et grosseur. Chacune avait sa langue fourchue et ses deux yeux enfin ellesétaiententoutcomplètesetsemblables. Ce Serpent, avec lequel l’auteur tenta quelque expé- riences en lui faisant mordre quelques oiseaux qui n’en furent pas incommodés , mourut quelque temps après, au bout de trois semaines. Rédi observa que la tête droite était morte sept heures avant celle du côté gauche. Les recherches anatomiques faites par cet habile observateur furent recueillies ; voici les princi- pales annotations : Il yavait deux trachées-artères et deux poumons; celui de droite plus volumineux ; deux cœurs dont le droit était aussi plus gros ; deux œsophages et deux es- tomacs, mais ceux-ciseréunissaient en un seul intestin aboutissant à un cloaque unique. Il trouva deux foies , deux vésicules biliaires distinctes ; comme dans tousles autres Serpents, il n’y avait que deux testicules, mais deux pénis. Quoique les cerveaux et leursnerfs fussent bien distincts ainsi que les deux moelles épinières à leur origine et à peu près semblables, celles-ci se ré- unissaient dans le dos unique en un seul tronc jus- qu’au bout dela queue. | 212 REPTILES OPHIDIENS. CHAPITRE II. DES AUTEURS QUI ONT ÉCRIT SUR LES SERPENTS. PARTIE HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE. Dans le chapitre par lequel commence ce volume, nous avons fait connaître ceux des auteurs qui se sont essentiellement occupés de la classification générale des Serpents , en présentant une analyse des arrange- ments principaux qui ont été successivement proposés pour leur distribution systématique ou naturelle ; ce- pendant nous croyons devoir en rappeler ici les noms, qui sont ceux d'ARISTOTE, GESNER, Ra, LINNÉ, Lau- RENTI, SCOPOLI, LACÉPEÈDE, DAUDIN, OPPEL , MERREM, Domériz , FirziNGEr , CUvIER, BoïEé, RITGEN, WAGLER , ScuLEGEL , CH. BONAPARTE. Pour les autres auteurs, nous avons dressé une liste par ordre alphabétique, qui donne les titres des ou- vragesou mémoires relatifs à l’histoire des Serpents,en ayant soin d'indiquer, avant le nom de chaque auteur, la date de ses publications ; mais afin que ce répertoire ou cette table puisse être consultée avantageusement pour l'étude , nous allons la faire précéder d’une courte énumération des articles qu’il sera utile de chercher dans l’ordre anatomique, physiologique, descriptif , ou sous tout autre rapport , ce qui mettra sur la voie pour les recherches qui pourront être faites ultérieurement en suivant ces diverses directions de la science. Ainsi, pour les organes du mouvement en général, on LU HISTOIRE LITTÉRAIRE. 213 trouvera des détails dans les principaux ouvrages d'anatomie et de physiologie comparée, tels que ceux du Cuvier , de MeckeL, de Carus, de Tiepemann , de Muzer. — Pour les squelettes du Boa, Séga, Rerzius, Mayer. — De la Vipère, ABBATIUS, JAcoBoEUS, VESLING. — Du Crotale et surtout pour les étuis cornés de la queue, Tyson. — Pour les mus- cles, Home , HugnEr. —- Pour les mouvements progressifs , Weiss, Ducës. — Du nager, Martins. — Danse des Ser- pents, KEMPrER, RUSSELL, GEOFFROY. Pour les organes sensitifs, MuLLer, Swan, Carus. — Té- suments, toucher, HELLEMANN.—Sur la mue, BACKER, STOL- TERFORTH, — Le nez, glandes nasales , Muirer. — Yeux, Fricker , Fray.— Voies lacrymales, J. CLoquer.—Langue, Ducis, Duvernoy.—L’oreille, BrescneT, WinpiscHManx. Pour les organes et fonctions digestives. Les mâchoires, leurs mouvements et sur les dents en général , Ducès, Du- VERNOY ; sur les dents (œsophagiennes , Jourpax; sur les glandes salivaires, Meckez, Muzcer, TIEDEMANN, ÂLEs- SANDRINI, SCHLEGEL, Rupozpxi; sur les crochets à venin, Réni, Cuaras, Fontana, LeonicENuS , Boac, Kxox, Gray, Hoprerna, BLAINVILLE, RanBy, BARTRAM. Du venin ou poison et des morsures venimeuses , ACRELL, ANGELINI, BARTON, BaRTRAM, BECKER, Boac, BrinTaz, Bur- TON, CARDOZE, GARMINATI, CHARas, CRUGER, DE CERF, Desmouuins, DE Jussieu, ETMuLLER, FonTana, FEUILLÉE, Gray, HÉRING, HANNEMANN, Harper, Hempricz, Hopierna, Hozz, Kxox, Leonroenus , Mawaizt, Moncerarpint, Mean, Orriza, Péronr, PLatr, Potezza, Pauzer, Rangy, Répi, Rosier, Rousseau, Russez, SMITH, SPRENGELL, WiLLtAMS. Sur les viscères du Python, Hopkinson. — Des Serpents en général, Duvernoy. — Sur la nature chimique des dé- jections, Buscx. — Sur la sécrétion des urines, Bowmannx.— Sur la respiration, DizLon, HensLow, MEcxez. — Sur la circulation, ScHLemM, Muzier , Hempricz. — Sur l’hiber- nation , SEGER. Des organes delagénération, FRANQUE, Hernozpr, Voict, 214 REPTILES. OPHIDIENS: Vesune.—Sur les œufs, Duvernoy, Hernozor, Durrocuer, SEGER. Monstruosités : Serpents doubles à deux têtes, Acosra, Azprovanpt, Laxzont, Epwanps, GEorrroy (Isid.), Miremur, Répr. — Sur les Serpents en général, Owen. — Des Ser- pents vivants en société, ASTRUC, BARkER. Préjugés. Sur la fascination ou le charme exercé par les Serpents, SLOANE , BarTox, Martin. — Sur les Serpents qui tètent les vaches, AxseLmI, BierLinG, Lamare-Picquor. — Sur la Vipère qui mange la tête du mâle, BARICELLI. — Sur les Serpents de mer monstrueux, BIGELOWw. SERPENTS DÉCRITS TOPOGRAPHIQUEMENT, OU D'APRÈS LES CONTRÉES. D'EUROPE. Suisse. Winer. — Hollande. Van-Lrer. — Angleterre. Bezz.—Italie, BonaparTE.—Rome. Meraxa. =— Nice. Risso. — Sardaigne. GENÉ. —Allemagne. LExz.— Hongrie. Frivazpskr. — Bohème. Scauipr. — Lithuanie. Brucmann, DRUMPELMANN. — Russie. ANDRZEJOWSKI , Dwi- cuski, KRYNICKI. D'AFRIQUE. Égypte. ForskAEL , GEOFFROY; — Mada- gascar. BRUGUIÈRE. — Afrique méridionale: Suit. D’ASIE. Java. Hornsten. — Philippines. CamELE£us. — Coromandel.'Russez, Canror. — Chine. Japon. Bois. D'AMÉRIQUE. Guyanne. Sonnin. — Brésil. Srix, Banni, NEUwIED. — États-Unis. HarLan, HOLBROOk. — Massachussets. Srorer. — Australasie, Gray. Moxocrapmies. De la Vipère , ALos , BOURDELOT , LENZ , PauLer, CHaras, RéDI, SEVERINO. — Du Chersea, ANGE- LINI, STROM, — Du Crotale, Axon, Becker, Dupcey, Kazw, MicuaëLes. — Du Trigonocéphale, Moreau DE Jonnés. — Du Céraste , Ezzis, Firzincer, GEorrroY, HASSELQUITZ. — Des Serpents de mer, Bicazow, BLair, CanTOR, FiITziNGER, Mackexsie, Mircuizz. — Des Dryines, Bec. — De l’Acro- chorde, Horxsrent., — Du Langaha, BRUGUIÉRE. HISTOIRE LITTÉRAIRE. 215 LISTE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES PRINCIPAUX AUTEURS ET DES OUVRAGES SPÉCIAUX SUR LES OPHIDIENS. 1603. ABBATIUS (sArnus AnGELus). De admirabili Viperæ naturdà, et Mirificis ejusdem facultatibus, 40. Norimbergæ, pag. 133, fig. (Joyez VALENTINI , Amphitheatrum zoolomicum, $ CXYI. pag. 173.) C’est une description anatomique avec des figures relatives a la fonction générative. 1762. ACOSTA (305€ pe), Historia natural y moral de las In- dias. Trad. en français, in-80, 1598, et en 1616. Vipères et Cou- leuvres. C’est une simple énumération avec le nom du pays et les effets racontés des diverses sortes de piqûres des espèces ve- nimeuses indiquées. 1762. ACRELL (som. eusrav.), de morsuré Serpentum. Dissert. Car. Lin. prœæside, Amænitates academicæ, vol. VI, pag. 97. C’est une dissertation , fort savante pour l’époque, sur les effets produits par la morsure des diverses espèces de Ser- pents venimeux. 1640. ALDROVANDI. Serpentum el draconurm historia, bb. 2, Francfurti. In-fol. 1832. ALESSANDRINI (antonro), professeur à l’Université de Bologne, Mémoire sur les glandes salivaires des Serpents.: Jour- nal polygraphe de Vérone , fascicul. 28, pag. 47. Ricerche sulle glandole salivali dei Serpenti a denti solcati o veleniferi con- frontate con quelle proprie delle specie non velenate di Schlegel. 1832. ANDRZEJOWSKI (antoine). Amphibia nostratia, seu enumeratio Amphibiorum observatorum per Wolthyniam , Podoliam, guberniumque Chersonense usque ad Euxinum. Nouveaux mém. de la Soc.imp. des natur. de Moscou, tome IT, page 321. 1664. ALOS (1ou.), Dissertatio de V’iperis, in-4°, Bouillon. Sur les diverses préparations gosnscenique faites avec la chair des Vipéres. ANGELINT (BERNARCINO), del Morasso a Vipera chersea rinve- nuto nel territorio Veronense. Biblioth. ital., tom. VH, n° 20, pag. 451. 1777. ANON. Schreïben aus Carolina von der Klapper Schlange. New Hamburg. Magaz., 106, Stück, pag. 380. 1805. ANSELMI (6ABRIEL), Obtéryations süf la Couleuvre à 216 REPIILES OPHIDIENS. collier qui tète les vaches. Mém. de la Société d’agriculture de Turin , in-85- 1747. ARDERON (wizram), Letter concerning the perpen- dicular ascent. Philosoph. transact., vol. XLIV, n, 482. 1740. ASTRUC (EAN), Serpents trouvés vivants dans des corps solides: arbres, pierres. Mém. pour servir à l’Hist. nat. du Lan- guedoc, in-4°, part, 3, chap. 10, page 595. Voyez tome I du pré- sent ouvrage, page 504. 1748. BAECK ( AgrAuAM ) , Untersuchung von den Schlangen bissen nach ihrer grôssern oder geringern gefährlichheit, Actes de l’Académie de Stockholm, tome X, page 232. . 1747. BAKER (pavin ERSKINE) , Property of Water-efts in slip ping off their skins as Serpents; que les Serpents qui nagent déposent ou changent leur peau comme les Salamandres. 1617. BARICELLI (suc. césar). Falsum Viperam in coitu masculum occidere ipsamque à catulis in partu necari. Hor- tulus genialis. Bononiæ , in-12. 1826. BARKER (samueL r.), Serpents trouvés engourdis en société. Amer. Journ. of sciences and arts , fév. page 126. Bul- letin des sc. nat., tome XI, page 122, n° 88. 1793. BARTON (BENSAMIN SMIT), professeur à Philadelphie. An account of the most effectual means of preventing the dele- terious consequences of the bile of the Crotalus horridus or Rattle snake. Transact. of the Amer. Society, vol. IE, pag. 100. 1796. Du même. À Memoir concerning the fascinating facul(y which has been ascribed to the Rattle snake and other American Serpents. Transact. of the Amer. philos. Soc., tom. IV, pag. 74. 1739. BARTRAM (Jon). Letter concerning a cluster of small teeth observed by him at the root of each fang in the head of a Rattle snake. Philos. Transact., vol. 41, pag. 358. Sur la poche qui contient les germes des crochets venimeux du Crotale. 1791. BARTRAM( wizzram), dans la relation de son voyage dans l’Amérique septentrionale , tome II, donne beaucoup de “détails sur les Serpents qu’il a observés , surtout sur les Cro- tales. 1828. BECKER. Beytrag zur naturgeschichte der Gemeinen Klapper Schlange (Crotalus horridus ), Isis, tom. 21, pag. 1132. 1826. BELL (roms), on Leptophina a group of Serpents HISTOIRE LITTÉRAIRE. : 217 comprising the genus Dryinus of Merrem. Zool. Journ., tome II, pag. 922. 1838. Du même. History of British Reptiles. 1825. BENDISCIOLI (exuseprs), Monografia dei Serpenti, etc. Voyez tome V du présent ouvrage , page 548. 1778. BERTIN (1osEPx ExuPÈRE). Dissertatio erga specificum Viperæ morsus antidotum (alcal. volat.), Paris, in-4°. 1682. BIERLING (casP. THEoPx.), Serpens vaccam emulgens. Miscell. Acad. nat. curios., dec. 1, an. 1, pag. 317. 1819. BIGELOW (54co8) de Boston. Documents and remarks respecting the sea Serpent. Silliman. Amer, Journ. of scienc., tom. II, pag. 147. Sur les monstrueux Serpents de mer. 1823. BLAINVILLE (Henry DucroOTAY DE), sur plusieurs Py- thons vivants à Paris en janvier 1823. Bull.de la Soc. philomat., page 49. 1825. — Sur la Vipère galonnée, ibid., page 110. 1826. Sur le venin des Serpents à sonnettes, ibid., page141. 1831. BLAIR (rowas), on Snakes troting on the water. Magaz. of natur. History by London, vol. IV, page 280. 1733. BLONDEL (FRÉDÉR.), sur les Serpents qui , n’étant pas venimeux , le deviennent à la Martinique. Mém. de l’Acad. des sciences de Paris, tome I, page 362. 1823. BLOT (1. cu.), sur la morsure de la Vipere fer de lance. Thés. Paris , in-4°. 1796. BLUMENBACH (3EAN FRÉD.). Beitrage zur Naturge- schichte der Schlangen (Matériaux pour l’Hist. natur. des Ser- pents). Voigt's Magaz. 5 Band. 1 Stück. 1801. BOAG (w). On the poison of Serpents. Asiatick Resear- ches. tome VI, page 103: 1783. BODDAERT (PETRuS), médecin à Flessingue. Specimen novæ methodi distinguendi Serpentes. Nova Acta Acad. nat. curios., tome VII, page 12. 1783.— De generico Serpentium caractere. Nova Acta Nat. curios., tome VII. 1825. BOIÉ (rrén.) Notice sur l’Erpétologie de l’île de Java, d’après les recherches de Kubhl et Van Hasselt. Bulletin universel des sciences naturelles de Férussac, d’après son manuscrit, tome IX, n° 205, page 233. 1826. Du même. Genérali Uebersicht der Familien und 218 REPTILES OPHIDIENS. Gattungen der Ophidier. Isis, pag. 981. Bulletin des sciences naturelles de Férussac, octobre, page 99. 1827. — Du même. Bemerkungen über Merrem’s Versuch der Amphibien. 1. Ophidien, 2bid. 20, p. 508. 1826. BOIE ( menry). Meskmale einiger Japonischers Lutche. Isis, pag 203. 1827.— Boie, son frère ; a fait connaître, dans l’Isis, page 508, les principaux genres que celui-ci avait cru devoir établir parmi les Ophidiens. 1840. BONAPARTE ( omArRLEs). Fauna ilalica, ja-fol, pl. 1823, BOUÉ (7. p. ). Sur la morsure de la Vipère. Paris, thèse in-4. de 29 pages. 1671. BOURDELOT (PIERRE MIcHON ). Recherches et observa- tions sur les Vipères. Paris , in-12. En anglais , Philos. transact. vol. VI, p. 3013. 1746. BREINTAL ( 5.). An account of what he felt after being bit by a Rattle snake. Philos.Transact. tome XLIV, part. 1, p. 147. 1833, BRESCHET ( «xserr ). De l’ouie dans les Serpents. ( J’oyez tome I, page 309.) 1826. BRODERYO (w. 1.). 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Voyez dans ce présent vo- lume, pag. 48 à 58 une analyse détaillée. 1826. SCHLEMM. Anatom. Beschreibung der Blutgefaesse der Schlangen.Description anatomique du système vasculaire sanguin dans les Serpents. Annales de Physiol. de Meckel, tom. II, part. 1, pag. 101. On en trouve l’analyse dans le Bulletin des sciences naturelles, tom. IX, n° 305, pag. 355. 1788. SCHMIDT ( FRANC. WILLIBALD ). Ueber die Bohmischen Schlangen arten. Abhandl. der Boh. Gesellsch, p. 81 à 106. 1783. SCHNEIDER ( son. Gosr. ). Allgemeïne betrachtungen über die ein theilung und kennzeichen der Schlangen, Magaz. Leipzig , pag. 216. 1670. SEGER (erorçrvs). De Serpentum vernationeé, ovorum exclusione et anatomiä. Ephemer. Acad. curios. nat., dec. Î, an. {, pag. 15. 1643. SEVERINO (warc AUREL.). Vipera pithya seu de Vi- peræ natur@, veneno. Patavii, in-4°, Tab. œneis, pag. 522. 1804. SHEPPARD ( reverT ). Description of the British new : species of Viper. Transact. Linn. Society, vol. VII, pag. 49: 1838. 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Leurs os inter-maxillaires, les nasaux, les vomers et les frontaux antérieurs sont solidement soudés entre eux. Les sus-maxillaires sont très-courts et les palatins étendus en travers , au lieu d’être lon- gitudinaux. Enfin , ils n’ont jamais de ptérigoïdiens externes, destinés à transmettre le mouvement aux pièces antérieures de la mâchoire. Ces petits Serpents offrent en outre extérieurement plusieurs particularités notables qui les font recon- naître à la première vue. 1° La disposition et la nature des écailles qui donnent à leur corps la consistance, la solidité et l’aspect lisse poli, quoiqu'il soit recou- vert de pièces très-nombreuses et fortement imbri- quées ou superposées. Cette écaillure du reste est la (1) Nous renvoyons ponr l'étymologie de ce nom, à la page 71 de ce volume. 234 REPTILES OPHIDIENS. reproduction exacte pour l'ordre des Ophidiens, de celle qui caractérise la grande famille des Scin- coïdiens dans celui des Sauriens. 2° Vient ensuite la largeur, proportionnellement très-srande, de leur museau et sa proéminence au devant de la bouche qui se trouve ainsi située tout à fait en dessous. 3° Enfin, la présence des plaques ou lames cornées qui recouvrent tout à fait leurs yeux, généralement très-petits et dans lesquels la lumièrene pénètre qu’au- tant que le permet la faible transparence de leurs voiles squammeux. Il résulte de cette disposition que les Scolécophides ont la vue excessivement faible , et que quelques-uns même sont à peu près aveugles, s'ils ne le sont complétement. Schneider en avait fort bien fait la remarque, et c'est ce qui lui a donné l’idée d'appeler du nom de Typhlops (Tvÿkwt, aveugle) ceux de nos Scolécophides qu'il a eu occasion de connaître par lui-même. Dans la suite, ce nom de Typhlops s’est étendu à tous ou à presque tous les Serpents vermiformes pour indi- quer leur analogie avec ceux pour lesquels le célèbre naturaliste allemand l’avait imaginé; et aujourd’hui encore, il est celui qui sert à désigner l’unique groupe générique dans lequel , faute de les avoir convenable- ment étudiées, on avait comme entassé pêle-mêle des espèces présentant cependant entre elles des différences tellement notables , que nous avons été conduits à les partager en huit genres appartenant à deux familles parfaitement distinctes. L'une, qui est celle des TyP#10- PIENS , se caractérise par la présence de dents maxil- laires supérieures et par le manque de dents maxil- laires inférieures; l’autre, nommée les Garopontess, se reconnaît à ce que leur mächoire inférieure est au SCOLÉCOPHIDES. 235 contraire dentée et que la supérieure ne l’est point. Les Scolécophides atteignent fort rarement 30 à k0 centimètres de long et une grosseur égale au petit doigt; la plupart ont des dimensions pareilles à celles de nos vers de terre, et quelques-uns sont beau- coup plus petits et plus grêles. Leur genre de vie n’est pas moins triste et misérable que celui deces Annélides ; comme eux, ils se tiennent sous les pierres ou habi- tent l’intérieur du sol , dans de petits terriers, sortes de galeries étroites qu’ils s’y creusent, et cela tou- jours dans des localités humides. Ils font leur nour- riture de lombrics , de myriapodes et de larves , plutôt que d'insectes parfaits, vu le peu de largeur et de dilatabilité de leur bouche, qui n’est susceptible d'admettre qu'une proie plus ou moins efflée. Ce sont les moins agiles et les plus inoffensifs des Ophi- diens; [et, lors même qu’ils voudraient nuire, ils ne le pourraient pas; car ils ne possèdent, rien de ce qu'il faut pour y parvenir, étant privés de la force physique et de ces armes vénénifères qui rendent si redoutables d’autres serpents tout aussi faibles qu'eux. Én eflet, ils sont dépourvus de glandes vénéneuses, et la preuve, c’est que la seule rangée de dents dont leur bouche soit armée, tantôt en haut, tantôt en bas, n’en comprend aucune dont l'intérieur soit percé d’un canal ou dont la surface soit creusée d’une gouttière. Les Scolécophides ont réellement la tête à propor- tion aussi longue que la plupart des autres Ophidiens. Pourtant , à la considérer extérieurement, on la croi- rait plus courte; attendu que la partie qui correspond à la face semble être tout ce que constitue la tête. Le reste, c'est-à-dire la portion qui forme le crâne ou la boîte cérébrale , se confond avec le tronc , par la raison 236 REPTILES OPHIDIENS. querienn'indiqueson point de jonction, et qu’elle n’en diffère presque pas, sous le rapport de la grosseur, de la forme et même de l’écaillure. La seule partie qui soit bien distincte du tronc est rarement tout à fait cylin- drique , le plus souvent elle est déprimée, et quelque- fois même elle l’est assez fortement ; tantôt le museau est tellement obtus que la tête paraît comme tronquée en avant ; tantôt il est plus ou moins aplati et arrondi antérieurement, etd’autres foisil s'amincit de telle sorte que son bord antérieur est véritablement tranchant. La bouche est constamment. située en dessous et toujours excessivement petite, comparativement à celle des autres Serpents ; la fente, ou la ligne qui l'indique, est exactement demi-circulaire, lorsque la bouche est close. La lèvre supérieure recouvre de son bord celui de la lèvre inférieure , et l’on ne remarque pas que la première offre en avant et au milieu , comme c’est gé- néralement le cas dans les Ophidiens, une petite échan- crure sous laquelle lanimal puisse darder sa langue sans abaisser la mâchoire inférieure ; pourtant cette échancrure semble exister chez quelques espèces, mais elle est à peine sensible. Ainsi quenous l'avons déjà indiqué, les Scolécophides n'ont pas de dents aux deux mâchoires à la fois; c’est. à-dire que lorsque la supérieure en est armée , l’infé- rieure en est dépourvue, comme dans les Typhlopiens. Si, au contraire, l’inférieure en est munie, la su- périeure en manque, comme c’est le cas des Catodo- niens. Ces dents sont en petit nombre, de cinq à dix au plus de chaque côté; mais elles sont très-fortes, coniques , courbées, pointues , et aucune d'elles n'est ni perforée ni canaliculée. La langue ne présente rien dans sa forme et dans son . SCOLÉCOPHIDES. 237 organisation qui la différencie de celle des Reptiles du même ordre. , L’organe de l’odorat se manifeste à l’extérieur par deux petits orifices ovales ou hémidiscoïdaux , situés à droite et à gauche du museau , mais tantôt à la face inférieure, tantôt sur les côtés de celui-ci. Ce sont des narines simples s’ouvrant presque directement dans Ia bouche après un trajet assez court et longitudinal. Les yeux, outre qu'ils sont recouverts de lames cor- nées d’une transparence variable , suivant les espèces, ont si peu de développement, queleur globe oculaire est souvent moins gros , mais jamais plus que ne le se- rait la tête d’une forteépingle.Ils sont situés, en général, sur les côtés de la tête, vers le milieu de sa longueur, et positivement à fleur du crâne; ces organes nous ont offert une pupille circulaire, chaque fois que leur peti- tesse ne nous a pas empêché de les distinguer au tra- vers des plaques sous lesquelles ils se trouvent placés. Il en est du tronc des Scoiécophides comme de celui des Cécilies : quelquefois il est assez court, et d’autres fois très-allongé, relativement à sa grosseur; maisle plus souvent, il tient le milieu entre ces deux termes. Quand on l’observe avec attention, on s'aperçoit qu'il n’est pas absolument arrondi, ni de même diamètre d’un bout à l’autre ; mais que son extrémité postérieure est un peu plus forte que le reste, ‘et que sa face infé- rieure , à cette extrémité , est légèrement aplatie. La queue diffère peu de la région terminale du tronc pour la grosseur. Elle est cylindrique où conique : dans le premier cas, elle est hémisphérique à son ex- trémité; dans je second, elle est plus ou moins obtu- sément pointue, et offre une légère courbure de haut en bas. Elle est généralement très-courte : chez les 238 = REPTILES OPHIDIENS. individus où elle l’est le plus, son diamètre est égal à la largeur de la tête; chez ceux où il est moindre, son étendue en longueur est triple ou quadruple de cette même partie du corps. L'orifice du cloaque est une fente transversale plus ou moins arquée en arrière. | L'enveloppe extérieure du corps des Scolécophides offre, comme nous l'avons dit précédemment, une très-grande ressemblance avec celle des Sauriens , de la famille des Lépidosaures ou Scincoïdiens. Leur peau n'est point exlensible, ou si elle l’est, c’est à un degré excessivement faible; on n’observe pas qu’elle fasse, sous la gorge , un petit repli rentrant et longitudinal qu'on appelle sillon gulaire , lequel manque aussi chez les Tortriciens, les Uropeltiens, les Acrochor- des , et dans une espèce d'Éryx , mais qui existe chez tous les autres Ophidiens. ê Les tésuments protecteurs du derme sont de petites pièces d'apparence cornée , minces, mais consistantes, parfaitement lisses, unies, développées en plaques sur la région antérieure de la tête, et conformées en écailles sur toutes les autres parties du corps. Ces écailles, toutes absolument semblables, en dessus et en dessous, sur le tronc comme sur laqueue, sont à quatre, cinq ou six pans, plus ou moins dilatées en travers et très-fortement imbriquées ; seulement, celle qui pro- tége l’extrémité caudale s’y moule de manière à repré- senter un petit dé conique dont le sommet se déve- loppe le plussouvent en une épine courte et comprimée. Les plaques qui revêtent la tête sont imbriquées et ont une fisure et des proportions relatives fort différentes de celles qui garnissent la même partie du corps chez la plupart des Serpents, parmi les Azémiophides, les SCOLÉCOPHIDES. 230 Aphobérophideset les Apistophides. Il résulte delà que le bouclier céphalique des Scolécophides a un tout autre aspect. Les plaques de la tête chez ces petits Serpents vermiformes sont faites et disposées comme nous allons Vindiquer. Il y a d’abord pour le dessous, le devant et le dessus de la tête, deux petites plaques nasales , situées latéralement sous le museau ; puis une rostrale très-dé- veloppée garnissant le bout de celui-ci, le milieu de sa face inférieure, et se reployant en dessus pour s'étendre jusqu’au front ; on voit ensuite sur la ligne médiane , à la suite l’une de l’autre, une frontale antérieure et une frontale proprement dite, simples, élargies, mais néan- moins très-pelites ; à leur droite et à leur gauche, ou entre elles et lehaut de l'œil, se trouve une plaque sur- oculaire également assez petite; derrière les plaques frontales proprement dites, les sur-oculaires et le som- met des oculaires, on distingue une ou deux paires de pariétales d’une très-faible dimension et toujours plus ou moins dilatées en travers ; enfin il y a une ou deux inter-pariétales situées incomplétement ou compléte- ment entre ces dernières, auxquelles elles sont égales ou inférieures en étendue. I! existe pour chaque côté de la tête, une très-orande fronto-nasale bordant la rostrale, touchant par son sommet à la frontale antérieure et in- férieurement à la nasale: derrière cette grande fronto- nasale, une préoculaire, souvent non moins développée qu’elle ; puis, à la suite, une oculaire dont l'étendue et la transparence sont très-variables; et entre cette der- niére et les labiales , une plaque sous-oculaire (1). Mais (1) L'analogie qui existe entre les plaques de la tête de nos petits Serpents vermiformes et celle des autres Ophidiens est bien évidente, si l'on prend surtout pour point de comparaison le bouclier céphalique des Uropeltiens et des Tortricigns, famille qui, sous plusieurs rapports, 240 REPTILES OPHIDIENS. ilarrive que quelques - unes de ces plaques manquent ensemble ou séparément, comme, par exemple , les préoculaires , dans les genres Pilidion, Sténosome et Cato:lon, les sur-oculaires dans ce dernier, les parié- tales, ainsi que l’inter-pariétale dans le premier, et les sous-oculaires dans toutes les espèces de Scoléco- phides, autres que le Typhlops noir. Il arrive aussi, mais c’est dans un genre seulement , celui des Cépha- lolépides, que la tête, au lieu d’être protégée par des plaques , est simplement garnie d’écailles à peu près semblables à celles du corps. Mais quels que soient les tésuments squammeux, dont est revêtue la tête des Scolécophides, plaques ou écailles , ils sont tous criblés d’une infinité de petits pores qui paraissent être les orifices externes d’une sorte d'appareil crypteux occupant toute la périphérie céphalique. En eflet, sousces lames squammiformes est un derme fort épais, percé comme elles aussi d'innombrables pores qui communiquent extérieurement avec des espèces de petites cellules formées par de minces cloi- sons placées en travers de sillons assez larges et assez profonds qui s ’étendent positivement sous ces lignes , où les plaques céphaliques s’unissent par la superpo- sition du bord de l’une sur le bord de l’autre; car toutes, ainsi que nous Pavons déjà dit, sont imbri- quées et même très-fortement. Maintenant que nous avons passé en revue les par- _ticularités les plus notables que présentent les Scolé- cophides dans leur conformation extérieure, nous fait le passage des Scolécophides aux autres espèces de ia division des Serpents non venimeux ou Azémiophides, Voyez au reste la planche 59 du présent ouvrage. SCOLECOPHIDES. 241 allons étudier ce qui concerne leurs parties internes, et plus spécialement la tête osseuse, dont la structure singulière distingue ces petits Serpents d’une manière bien tranchée d’avec tous les autres Reptiles du même ordre des Ophidiens. Cette partie antérieure de leur squelette s’éloisne effectivement de la forme ordinaire, dans son ensem- ble, comme dans ses détails, bien qu’au fond elle ne soit pas construite sur un plan différent de celui qu'on observe dans les autres Ophidiens., On y retrouve les mêmes os que chez tous, excepté les transverses ou pté- risoïdes externes , qui ne manquent à aucun des Azé- miophides , des À phobérophides, des Apistophides et des Thanatophides, excepté aussi les frontaux posté- rieurs, dont , au reste, les Uropeltiens, les Tortriciens et les Xénopeltiens sont également privés. Comme dans tous les Reptiles de l’ordre qui nous occupe, ies bran- ches de la mâchoire inférieure peuvent s’écarter l’une de l’autre. Comme chez tous les Serpents aussi, les maxillaires supérieurs , les palatins , les ptérigoïdes et les os carrés ou intra-articulaires ne s’unissent fixé- ment nientre eux, ni aux os de la face et du crâne; les sus-maxillaires jouissent même d’une plus grande mobilité que dans les espèces des deux premières fa- milies de la section des Azémiophides. C'est de la tête des Tortriciens et des Xénopeltiens que celle des Scoléphides se rapproche le plus par sa configuration générale. On peut se la représenter sous la forme d'un cylindre creux, aplati, échancré en demi-cercle de chaque côté, tronqué en arrière et for- tement arrondi en avant , lequel se compose d’os soli- dement articulés entre eux, qui sont l’inter-maxil- laire, les nasaux, les frontaux antérieurs, les fron- REPTILES, TOME VI, 16 2/2 REPTILES OPHIDIENS. taux , le pariétal, les occipitaux, les rochers, le sphé- noïde et les vomers. Au-dessous de ce cylindre sont, comme suspendus, les sus-maxillaires, les palatins, les ptérigoïdes et les os carrés, toutes pièces plus ou moins mobiles, dont les dernières servent elles-mêmes de pointsde suspension à la mâchoireinférieure. La partie osseuse de la tête que nous venons de signaler comme ressemblant à un cylindre aplati, et qu'on pourrait tout aussi justement comparer à une petite boîte pan- duriforme , ou semblable à une caisse de violon, est environ deux fois aussi longue que large , et distincte- ment plus déprimée dans sa moitié antérieure que dans la portion postérieure. Les échancrures semi-circu- laires qu’elle offre à droite et à gauche sont produites par les cavités orbitaires, qui occupent les côtés du se- cond quart de l’étendue longitudinale de la tête. C’est là, c’est-à-dire à sa région frontale , que celle-ci est le plus étroite ; la région où elle est fe plus large, est l’anté-orbitaire chez les Typhlopiens, et la pariétales chez les Catodoniens. La région anté-orbitaire, qui est, à proprement parler, le museau , et dans la com- position de laquelle entrent l’inter-maxillaire , les na- saux, les frontaux antérieurs, les vomers et l’extré- mité antérieure des frontaux, ressemble à une petite vessie déprimée, de forme transverso-elliptique, of- frant en avant, tantôt sur les côtés, tantôt en dessous, deux grands trous ovalaires , qui sont les orifices ex- ternes des narines. : L’inter-maxillaire a proportionnellement plus de développement que dans les autres Ophidiens ; il est à peu près carré, généralement fort épais, à surface souvent inégale et toujours dépourvu de dents; il forme le bout du museau et se reploie brusquement SCOLÉCOPHIDES. À 243 sous lui. Là, de son bord postérieur, il envoie une apophyse entre les vomers; à sa droïte et à sa gauche sont les ouvertures nasales externes qu'il circonscrit conjointement avec les nasaux et les frontaux anté- rieurs. Les nasaux , qui sont pentagones , inéquilaté- raux et à peu près plans, font presque à eux seuls le dessus du museau, bordant les orifices externes des narines par un de leurs cinq côtés, s’articulant en- semble par un des plus grands, puis à l'inter-maxil- laire, aux frontaux antérieurs et aux frontaux pro- prement dits, par les trois autres. Les frontaux anté- rieurs (4), qui sont d'ordinaire si peu développés chez les Serpents, le sont au contraire beaucoup dans nos Scolécophides. Chacun d'eux se montre en quelque sorte sous la forme d’un os trièdre, dont un des plans complète latéralement le desus du museau, dont un autre fait partie du dessous de celui-ci, et dont le troisième appartient à la cavité orbitaire. Nous ferons cependant remarquer que cette forme triédrique n’est réellement bien accusée que chez les Typhlopiens, et en particulier, chez ceux à museau fortement aminci en ayant. Elle est à peine sensible chez les autres, dont chaque frontal n’en est pas moins pour cela dis- poséou comme façonné de manière à présenter : 1° une partie supérieure, qui est quelquefois presque aussi grande , d’autres fois beaucoup plus petite que lun des nasaux auquel elle s'articule par son bord latéral externe, le postérieur touchant au frontal propre- ment dit; 9° une partie inférieure , formant une por- tion de la circonférence de l’ouverture nasale externe, et se soudant intimément à l’inter-maxillaire et au (1) Ces os ont été pris à tort par M. Müller pour les maxillaires supérieurs. 241 REPTILES OPHIDIENS. vomer ; 3° une partie postérieure qui descend dans l'orbite pour en former la paroi antérieure , puis se dirige sous le crâne et un peu en dedans vers la pointe antérieure du sphénoïde. Tout à fait en dessous et au milieu, les frontaux antérieurs se trouvent sé- parés par les vomers, qui sont deux petits os assez minces , un peu allongés, rétrécis et même pointus en avant, soudés ensemble dans leur seconde moitié; mais recevant entre eux , dans la première , l’apophyse inféro-postérieure de l’inter-maxillaire (1). Ge sont les vomers et les parties inférieures des frontaux anté- rieurs qui forment les bords des ouvertures des ar- rière-narines, que rien de particulier ne distingue de celles des autres Ophidiens (2). Les frontaux pro- prement dits forment ensemble toute la surface inter- orbitaire du crâne et, chacun de leur côté, le fond de l'orbite , conjointement avec la partie postérieure du frontal antérieur. Leur portion sus-cränienne, plus ou moins oblongue, élargie en avant chez les Typhlops, trés-rétrécie au contraire du même côté, dans le genre Sténostome, a toujours sesbords latéraux distinctement infléchis en dedans; leur portion descendante, qui af- fecte généralement la figure d’un triangle scalène , se prolonge en pointe plus ou moins aiguë en dessous et en arrière , entre le sphénoïde et le bord inférieur de la face latérale du pariétal. Celui-ci est un os unique, un peu plus long que les frontaux, tantôt de même largeur d’un bout à l’autre, tantôt assez cintré dechaque côté; sa face supérieure est parfois presque plane, et (x) Les vomers ne sont point représentés dans la figure de la tête osseuse du Z'yphlops lumbricalis publiée par M. Müller : ce qui y est indiqué comme tel, est la portion inférieure de l'inter-maxillaire. (2) La figure de M. Müller les représente considérablement plus grandes qu'elles ne le sont dans la nature, SCOLÉCOPHIDES. 245 d’autres fois assez convexe; le plus souvent, et parti- culièrement dans la famille des Typhlopiens , ses deux angles antérieurs, auxquels se joignent les deux posté- rieurs des frontaux, se développent chacun en une petite apophyse post-orbitaire ; les parties latéro- descendantes de ce même os pariétal s'unissent, lune à droite, l’autre à gauche, par un bord très- arqué au prolongement inféro-postérieur du fron- tal, au sphénoïde et au rocher. L’occipital offre cette particularité notable qu’il se compose d’une partie de plus que chez la plupart des Serpents ; attendu que l’oc- cipital supérieur est divisé en deux longitudinalement : il y a par conséquent deux occipitaux supérieurs for- mant la moitié de la circonférence du trou occipital, dont le diamètre est à proportion plus grand que dans les autres Ophidiens , deux occipitaux latéraux et un occipital inférieur ou basilaire assez développé et en triangle sub-équilatéral ; les trois derniers se réunis- sent postérieurement en un condyle simple. Le sphé- noïde est une grande pièce en triangle scalène , à sur- face unie et lécèrement convexe, qui atteint, de sa pointe antérieure, le dessous des vomers , et qui s’ar- ticule en arrière au basilaire et aux rochers, sur les côtés , aux parties descendantes du pariétal , des fron- taux proprement dits et des frontaux antérieurs. Les rochers sont squammiformes , ou semblables à des plaques minces très-dilatées. Nous n'avons pu dé- couvrir la plus lécère trace des os mastoïdiens. Tels sont chez les Scolécophides la configuration respective et l’arransement général de ceux des os de la tête, qui, unis entre eux par articulations fixes, constituent un tout solide, dont la boîte cérébrale fait plus de la moitié du volume. 210 REPTILES OPMIDIENS Les autres pièces du squelette de la tête ne sont re- tenues entre elles, à une partie de la face ou au crâne, que par des ligaments extensibles. Les premiers os qu’on remarque en partant du mu- seau sont les maxillaires supérieurs , qui offrent une certaine différence , suivant qu’on les observe dans la famille des Catodoniens ou dans celle des Typhlopiens. Chez ces derniers, ils ont quelque ressemblance avec ceux des Serpents venimeux proprement dits : ce sont effectivement de petits os tellement courts, que leur axe vertical , qui égale à peine la largeur des frontaux, excède d’un tiers ou d’un quart leur axe longitudinal ou celui qui est parallèle à leur bord dentaire. Ils sont comprimés de droite à gauche, rétrécis de bas en haut, et assez profondément creusés en avant, dans leur moitié supérieure ; en un mot, ils ont quelque cose de la forme d’une petite omoplate de mammifère. Chacun d’eux est armé de quatre ou cinq dents coni- ques, pointues, courbées en arrière, très-fortes et très-coniques, surtout les premières , et aucune d'elles n’est percée d’un canal, ni creusée d’un sillon. Ces os sus-maxillaires, ainsi que cela a lieu dans tous les Ser- pents, sont suspendus à la partie des frontaux anté- rieurs qui limite la fosse orbitaire en avant; ils s’a- baissent perpendiculairement de ce dernier côté ou se relèvent horizontalement en arrière , selon que la bou- che s'ouvre ou se ferme ; car, dans l’état complet d’oc- _clusion de celle-ci , ils sont étendus longitudinalement . sous les orbites. Les os sus-maxillaires des Catodoniens rentrent dans la forme ordinaire de ceux des Serpents non venimeux ; c'est-à-dire, que ce sont deux petites branches lonei- tudinales, mais excessivement courtes, plus courtes = SCOLÉCOPHIDES. 247 | même que chez les Tortriciens, et qui offrent cela de remarquable qu’elles sont complétement dépourvues de dents. L) L’extrême petitesse de la tête du Catodonien que nous avons disséqué (Stenostoma albifrons) , ne nous ayant pas permis de découvrir , sans les briser, les palatins et les ptérigoïdes, malgré tout le soin que nous y, avons mis; la description que nous allons donner de ces os est faite seulement sur des sujets ap- partenant à la famille des Typhlopiens. En dedans des maxillaires supérieurs, resardés a tort comme lés palatins par M. Müller, se trouvent réellement ces derniers os, qui sont placés comme à l'ordinaire à l’extrémité antérieure de chaque ptéri- soïde. Leur forme n’est pas celle d’une tige longitudi- nale, mais d’une petite traverse; attendu que chacun d'eux à son corps ou sa partie moyenne , qui est très comprimée, de moitié au moins plus courte que ses apophyses latérales, lesquelles sont au contraire dé- primées. Ces dernières vont s'attacher, l’externe à la face intérieure du maxillaire , l’interne à la pointe an- térieure du sphénoïde. Les ptérigoïdes sont de sim- ples filaments osseux qui s'étendent en arrière jusqu’à articulation de los carré avec la branche de la mà- choire inférieure ; ils ont le bout antérieur très-aplati latéralement ou en forme de petite palette triangulaire, placée de champ et échancrée en avant pour recevoir l'extrémité postérieure du palatin. Le palatin et le ptérigoïde n’ont point été distin- gués l’un de l’autre par M. J. Müller (1), qui a décrit le premier comme n'étant que la partie antérieure du (1) Ueber die anatomie Gattung Typhlops (Zeitschrift für Physio- logie von Tiedemann and Treviranus, 4 Band, 1831-1832, pag. 420). 248 REPTILES OPHIDIENS. second, développée en deux apophyses latérales. C’est sans doute cette erreur qui a conduit M. Müller a pen- ser que les frontaux antérieurs n’existaient pas, et par suite à donner une fausse signification des os placés sous la tête, intermédiairement à ces derniers et aux ptérigoïdes; c’est-à-dire à regarder les maxillaires supérieurs comme étant les palatins , et les frontaux antérieurs comme étant les maxillaires supérieurs. Il n’y à jamais de dents aux palatins ni aux ptéri- goides. Aux côtés postérieurs du crâne, sous les rochers, s'étendent longitudinalement, l’une à droite, l’autre à gauche, deux petites bandelettes osseuses qui ne semblent retenues aux occipitaux latéraux que par leur extrémité postérieure; ce sont les os carrés ou intra-articulaires, dont les extrémités antérieures donnent attache aux deux branches sous-maxillaires. Celles-ci, bien qu’elles soientunies ensemble en avant par un ligament élastique, ne peuvent s’écarter que très-faiblement l’une de l’autre ; de ce côté, elles ne s'étendent pas au delà du niveau des arrière-narines. Chez les Typhlopiens, elles sont très-grèles et très-fai- bles , assez arquées en dehors et dépourvues de dents. Il existe bien vers le premier tiers de leur longueur une forte pointe, qu'on serait tenté de prendre, au pre- mier aspect, pour un de ces organes; mais en l’exami- nant plus attentivement, on reconnaît en elle, comme la fort bien fait remarquer M. Müller, l’apophyse coronoïde, à proportion plus développée et située plus en avant que chez les autres Ophidiens. Cette saillie osseuse se trouve logée dans la fosse orbitaire quand la bouche est fermée. Dans les Catodoniens, les maxil- laires inférieurs sont beaucoup plus forts, plus épais, particulièrement en avant, où l’os dentaire est même SCOLÉCOPHIDES. : 249 renflé à son bord supérieur, qui est oblique et armé de six à dix dents. Les Scolécophides dont on a fait l'anatomie ont offert, non des rudiments de membres, mais des ves- tiges de bassin , qui sont deux petites tiges osseuses, très-grêles | composées chacune de deux parties : ces deux tiges, qui sont placées immédiatement sous la peau au devant de l’anus, se réunissent en angle à peu près aigu par leurs extrémités antérieures et elles enfoncent leurs extrémités postérieures dans l’épaisseur de la lèvre cloacale. On a pu se convaincre par ce qui précède que les Scolécophides n’ont point un ensemble d'organisation qui permette de les admettre dans l’ordre des Sau- riens, parmi lesquels cependant quelques erpétologis- tes les rangent encore aujourd’hui; mais que ce sont bien évidemment des Ophidiens , et des Ophidiens fort différents des autres sous plusieurs rapports et notamment par leur mode d’écaillure et la structure toute particulière de leur tête. Aussi, est-ce plus spécia- lement d’après ces considérations que nous nous fon- dons pour former de ces petits Reptiles vermiformes une section particulière dans l’ordre des Serpents, dis- tinction qu'on n'avait point encore aussi nettement faite jusqu'ici, ainsi qu'on pourra le voir par le ré- sumé de l’historiquede leur classification, qui va suivre. Les deux seuls Scolécophides que Linné ait connus sont placés dans son genre Ænguis, créé, comme on le sait, pour les Serpents ayant le ventre et le dessous de la queue revêtus d’écailles semblables à celles des autres parties du corps. Ceux de nos Scolécophides dont il est parlé dans le Synopsis Reptilium de Lau- renti, dans le Sysiema naturæ ; édité par Gmelin, 2e | REPTILES OPHIDIENS. dans les ouvrages de Lacépède , de Latreïlle et de Daudin, ne sont pas différemment classés. Ce fut Schneider le premier , qui, tout en admet- tant, dans son genre Anguis , les Scolécophides quil eut l’occasion d'observer, en fit néanmoins, sous le nom de 7yphlops , une subdivision de ce groupe, éta- bli, ainsi que le nom était propre à l'indiquer , sur ce que leurs yeux sont recouverts de plaques transpa- rentes. Vint ensuite Oppel , qui , élevant cette subdi- vision des Angues Typhlopes de Schneider au rang de genre, la plaça comme telle avec les Rouleaux et les Amphisbènes, dans la famille des Anguiformes , la première des sept sections qu'il avait formées dans l’ordre des Ophidiens. Dans la première et la seconde édition du Règne ani- mal de Cuvier, l’ordre des Serpents se divise en Anguis, en vrais Serpents et en Serpents nus. On y trouve nos Scolécophides ou plutôt le genre 7yphlops de Schneider et d'Oppel, réuni à celui des Amphisbènes. Ils forment la seconde des trois familles nommées plus haut, famille composant la première tribu ou celle des Doubles-Marcheurs. Merrem met aussi à côté l’un de l’autre le genre Typhlops et le genre Amphisbène ; mais au lieu de les laisser à la tête de sa tribu des Serpentia, il les porte tout à la fin , dans une division qui ne comprend qu'eux seuls. Fitzinger séparant avec juste raison le genre T'yphlops de tous ceux aveclesquels on l'avait jusque-là associé, le constitue type d’une fa- mille particulière , nommée pour cela 7yphlopoidea ; mais dans laquelleil introduit àtort le genreRhinophis, qui tient de beaucoup plus près aux Rouleaux, famille qu'il a également tort de placer entre celle des 4m- phisbenoidea et des Gymnophthalmoidea , dont les SCOLÉCOPHIDES. 251 espèces sont de véritables Sauriens. Boïé qui , comme la plupart de ses prédécesseurs , rapporte faussement à l’ordre des Ophidiens les Orvets, les Ophisaures et les Acontias, forme de ces Lézards une famille où il fait aussi entrer, avec les Zyphlops , les Tortrix et les Xenopeltis, sous le nom commun d’/mbricatæ. Wagler, dont le principal et dernier ouvrage parut en 1830, y a divisé nos Scolécophides en deux genres, les Zyphlops et les T'yphline, par lesquels il terminait l’ordre des Ophidiens, qui, dans sa manière de voir, n’était qu'une seule et même grande famille à laquelle il avait donné le nom de THécdgloabes, par allusion à la conformation de la langue de ces Reptiles. Antérieurement, le même auteur, dans l’his- toire naturelle des Serpents recueillis au Brésil par Spix et Martius, avait établi pour les Cécilies, les Amphisbènes et les Sténostomes (c’est ainsi qu'il appe- lait alors les 7’yphlops) une famille de Serpents Gi fl désignait par le nom d’ Hehminthophis. M. Müller , dans son beau mémoire sur l'anatomie comparée des Reptiles, a proposé une classification de ces animaux, où les Ophidiens , suivant que leur bouche est plus ou moins dilatable, sont partagés en Microstomata et en Macrostomata ; nos Scolécophi- des figurent dans la première, comme l’une des quatre familles qu'elle renferme, les trois autres étant celles des Âmphisbenoidea , des Uropeltacea et des Tortri- cina. Enfin, M. Schlegel, qui est le dernier auteur qui se soit occupé de l’histoire des Scolécophides, dont il a récemment publié une monographie (1), les réunit (1) Abbildungen neuer oder unvolstandig bekannter amphibien. In- fol., pl. color. 252 REPTILES OPHIDIENS. tous dans le seul genre T'yphlops , sans émettre son opinion relativement à la place qu'il convient d’assi- gner à ces Reptiles dans la série ophiologique. Quant à nous, l'étude que nous venons de faire de ces Serpents, dirigée avec tout le soin dont nous étions capables, nous a conduits à reconnaître parmi eux deux familles parfaitement distinctes, compre- nant ensemble huit genres établis sur des caractères tirés des modifications diversement combinées que pré- sentent les yeux, par rapport à leur développement, les orifices externes des narines dans leur position, le museau dans sa forme et le bouclier céphalique à l’é- gard du nombre , de la grandeur et de la configuration des pièces qui le composent. Nous n'avons pas à nous étendre davantage pour le moment sur ces particula- rités, dont les détails, relatifs à l’application que nous en ferons, trouveront plus naturellement leur place dans les articles où il sera respectivement traité des \ genres et des espèces. Voici au reste un tableau synoptique , à l’aide du- quel on peut, très-distinctement, prendre une idée des moyens que nous avons employés pour opérer la répartition des Scolécophides en deux familles et en huit genres. 253 Ù U *AWOJSONTIIG *G et + + + + + + + + + + + + + *sjoursip Uorq SpULIS-S91} El : XU9X "SNHINOGOLVO ‘II ‘sazuop Es "HENOGOLYTD ‘I et + se + + + + + + + + + -sjougsip ourod e ‘syyad-sou 2e £ ® ‘SIAAIOTIVHAID Y * * * * * * : + + *sdA09 np $s2[[99 v S [{UIQUES S9JIE09, ES "SdOIHAAT, ‘G °° ‘rpuoe À = Ê nessnu np Jnoq : sajeuage] | 9079491 9991 SNAIdOTHAAL ‘I 'oaiusp uou | r n “ANLHMOLAHILVO ‘€ * queyoueay | - = S saurieu = *AIVHAHDIODANQ ‘ * + * + + + + *jueyouvu} : sonbejd ap 8 nvasnitu np J}n0q © ‘NOIGIN'IVHLHA( *G “S2J0UIJST o IJ9JUI QEr/10727 5 0 JS saire[no0-941d ÉRCENEE TIIPOUT es °ROIQITI ‘I ** ‘soyquu : IPUOJAE A °Sa1U2z) “2moy9eu one | e no aun,j rnb sup op que£e,u ‘aynod oyonoq e ‘ sopnbriquar ‘sajod ‘ sojqequues spires e ‘oumoyrauoA ‘ipuoxre sdioo e squod2ç : SaWaLO UV") ss e—— ‘SIGIHdODHTO9S SHA NOISIAIG vT AG SHUNA9 SAQ LA SATIINVA SG ANÔÜLLAONAS QVHTAVE ATAaE 254 - REPTILES OPHIDIENS. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES SCOLÉCOPHIDES. Nous avons vu et observé par nous-même vingt- quatre espèces de Scoléphides, Sur ce nombre, il yen a cinq dont la patrie nous est inconnue : c'est l’'Oph- thaimidion très-long , le Cathétorhine mélanocéphale, le Typhlops de Diard , le Typhlops filiforme et le Ca- todonte à sept raies. Les autres sont distribués à la surface du globe de la manière suivante : une en Eu- rope et en Asie, une autre en Asie et en Océanie , six dans l’Océanie, trois en Afrique, huit en Amérique et dans les îles qui en dépendent. Celle qui est com- mune à l'Asie et à l'Europe, le Typhlops vermiculaire, habite les contrées occidentales de l’une, telle que la Géorgie , et les parties méridionales de l’autre , telle que la Morée, la Grèce et son archipel. Le Typhlops Brame est l’espèce qu'on rencortre à la fois en Asie et en Océanie; elle semble être répandue partout dans l'Inde et exister particulièrement au Bengale , à la côte de Coromandel , à celle du Malabar, en même temps qu'elle vit à Java, aux grandes et aux petites Philip- pines. Des six Scolécophiles propres à l'Océanie, un se trouve à la Nouvelle-Guinée, c’est l’'Onychocéphale multirayé ; un à Timor, le Typhlops à lignes nom- breuses ; deux à Sumatra seulement, le Typhlops de Müller et celui appelé Blanc et Noir ; un autre à Suma- tra et à Java, le Pilidion rayé ; enfin, lecinquième, le Typhlops noir, dans cette dernière île. Les trois espèces originaires d'Afrique sont l’Ophthalmidion d'Eschricht, qui est de la côte de Guinée, le Sténo- stome noirâtre, qui vit dans les environs du cap de Bonne-Espérance, de même que le troisième ou l'Ony- chocéphale de Delalande. SCOLÉCOPHIDES TYPIHLOPIENS. 235 Sur les huit espèces américaines, quatre, le Typh- lops lombric, le Typhlops platycéphale et le Sténo- stome à deux raies appartiennent exclusivement aux Antilles; tandis que les quatre autres, l'Ouychocé- phale uni-rayé, le Typhlops réticulé, le Céphalo- lépis leucocéphale et le Sténostome à front blanc habi- tent le continent : le Brésil et les Guyanes sont les pays qui les nourrissent. RÉPARTITION DES SCOLÉCOPHIDES D APRÈS LEUR EXISTENCE GÉOGRAPHIQUE. | Nombre des espèces dans chaque : partie du monde. . - . : . -« . } TA IA TE es | s lesl. és | s 2482) ; z 1.2 El È Es Familles. Genres. OR EU NE OL) REA A EE a LE & = SH NEIO TS E * ë Ë © à Ÿ a |#® + | © < = 2 © 4 £Æ è ——— | ——————l— _ PiLIDION. « -« - (o) (e] le) 1 (0) [o) (e] 1 OPxrnAzmiDiON.| © (0) o 0 1 0 I G ; CATHEÉTORHINE. (o] (o) (e] () oO o ï Ï TYPHLOPIENS. , OnvcnocEPHALE.| O (o) 0 1 1 1 Co) 3 | TyPHLOPS to 1 1 4 Moule Laz CépuaLozEpis, .| © Oo (e) (o) (e] 1 (e) 1 À CATODONTE. + : (0) (o] [o) Oo (e] (e) 1 1 | CATODONIENS. à À ; = û STÉNOSTOME. « «| © (o) o (0) I 2 (0) 3 | Qu De Nip it ohe APR one LR AN PA D PEINE VI A | ee ï 11 61 3| 8] 5]|244K 256 REPTILES OPHIDIENS. FAMILLE DES TYPHLOPIENS. Les Typhlopiens se caractérisent essentiellement par des os maxillaires supérieurs dentés et excessive- ment courts, ainsi que par une mâchoire inférieure à branches très-faibles et tout à fait dépourvues de dents. Celles de la mâchoire supérieure, dont la pré- sence, en général, est assez difficile à constater, vu l'extrême petitesse de la bouche, sont relativement grandes, très-fortes, arquées, pointues et au nombre de quatre ou cinq de chaque côté. Dans les espèces de cette famille, contrairement à ce qu'on observe chez celles de la ne aucune des plaques latérales de la tête ne descend jusqu’au bord de la lèvre supérieure, dont le pourtour est constamment garni de quatre paires de squammes augmentant d’étendue depuis la première, qui est très-petite, jusqu’à la dernière, qui est à proportion fort grande. Les squammes labiales inférieures, qui sont peu développées, se reploient en dedans de la lèvre , dont la face externe se trouve ainsi offrir la même apparence que l’externe ; pareïlle dispo- sition a lieu pour la lèvre supérieure, chez les Scolé- cophides de l’autre famille, celle des Catodoniens. Les T'yphlopiens constituent une série d'espèces, appartenant à six genres différents, chez lesquels les yeux et la plaque protectrice du museau , ensemble ou séparément, vont toujours, celle-ci en diminuant, ceux-là en augmentant de grandeur , à partir des pre- mières , dont les organes de la vue sont imperceptibles et le devant de la tête entièrement caché sous un TYPHLOPIENS, G. PILIDION. a57 masque squammeux, jusqu'aux dernières, qui ont au contraire, soit les yeux parfaitement distincts, soit la plaque rostrale réduite à la plus faible di- mension possible (1). Ie GENRE. PILIDION. — PIZLIDION (2). Nobis. (Typhlina. Wagler.) Caracrires. Tête revêtue de plaques, cylindrique, très-courte, comme tronquée , à dessus convexe et dé- clive en avant. Museau arrondi. Plaque rostrale re- ployée sous celui-ci et sur la tête, où elle se développe en une grande calotte disco-ovalaire ; une frontale an- térieure , une frontale, une paire de sur-oculaires, pas de pariétales, pas d’interpariétale, une paire de nasales, une paire de fronto-nasales , pas de préoculaires , une paire d’oculaires. Narines hémidiscoïdes s’ouvrant sous le museau , l’une à droite, l’autre à gauche , entre la nasale et la fronto-nasale. Yeux excessivement petits et invisibles au travers des plaques qui les recouvrent. Ce genre diffère de ceux de sa famille, qui, comme lui, possèdent de grandes plaques céphaliques ,en ce que, parmi ces dernières , on ne remarque ni pariétales, ni inter-parié- tales, ni préoculaires. Il se distingue en outre par l’extrême brièveté de sa tête, par l’énorme calotte ovale que forme sur celle-ci la partie supérieure de la plaque rostrale, par le bout de son museau, qui n’est ni très-large, ni aminci en biseau , par l'invisibilité complète de ses yeux , enfin par la position de ses narines, qui s’ouvrent sur les côtés du museau. (1) Voyez le tableau synoptique des genres de la famille des Typhlo- piens, page 253. (2) Tlaidioy , ou, calotte, dessus de la tête REPTILES, TOME VI. 11 258 SCOLÉCOPHIDES. Dans le genre Pilidion, la plaque-rostrale, qui est la plus développée de toutes les céphaliques, occupe une partie de la largeur de la face inférieuré du museau et tout le dessus de la tête jusqu’au front. Là, se voient unéfron- tale antérieure simple, suivie d’une frontale proprement dite également simple, placées entre la sur-oculaire gauche et la sur-oculaire droite. Cette frontale proprement dite.et ces deux sur-oculaires sont excessivement petites pour des, plaques sus-craniennes ; tellement, que sans leur grande dilatation transversale et leur figure en général distinctement hexagone, on pourrait les confondre avec les écailles desran- gées du corps qui commencent immédiatement derrièreelles. De chaque côté de la tête sont une fronto-nasale qui borde la rostrale de bas en haut, une oculaire qui vient après la fronto-nasale , et une très-petite nasale située intermédiai- rement à celle-ci et à la rostrale , tout à fait à leur partie inférieure. Une rangée de petites squammes garnit le bord de chaque lèvre ; celles de l’inférieure sont reployées en dedans , mais celles de la supérieure ne le sont pas. Il existe bien des yeux , mais ils sont si petits qu’il est im- possible de les apercevoir au travers des plaques sous les- quelles ils se trouvent placés. Aussi est-ce à tort que M. Schlegel les a indiqués dans l’une des figures qu'il a données du Pilidion lineatum. Les narines aboutissent ex- térieurement sous le museau, de chaque côté, dans la suture de la nasale avec la fronto-nasale, où l’on voit un petit orifice demi-circulaire pratiqué en entier dans le bord ‘de celle-ci, le bord dela nasale paraissant former un petit opercule destiné à le clore au besoin. L’écaillure du corps n'offre rien de caractéristique au point de vue d’une divi- _ sion générique. Ce genre a pour type l’Acontias lineatus de Reinwardt ; Wagler, par qui il a été établi, l'avait appelé Typhlina , nom que nous n'avons pas dû adopter à cause de sa trop grande ressemblance avec celui de Typhline, par le- quel on désigne un genre de Sauriens apodes de la famille TYPHLOPIENS. G. PILIDION. 1. 259 des Scincoïdiens. En lui donnant un autre nom, celui de Pilidion , nous l’avons aussi caractérisé autrement que ne Va fait Wagler, qui imdiquait sa grande plaque sur-cé- phalique et l’imperceptibilité de ses yeux comme étant les seules marques qui le distinguassent des Typhlops. Nous n’admettons pas non plus, avec Wagler, que le Typhlops septemstriatus de Schneider appartienne au genre Pilidion ; suivant nous; c’est la même espèce que celle dont nous for- mons le genre Catodon, comme nous le dirons par la suite. A. LE PILIDION RAYÉ. Pilidion lineatum. Nobis. CARACTÈRES. Tête et dessous du corps d’un jaune verdâtre; » parties supérieures de la même couleur , marquées en long de raies brunes, très-serrées. Queue conique , très-peu courbée, à peine d’un quart plus longue que la tête n’est large, et armée d’une petite épine. SYNONYMIE. Acontias lineatus. Reinw. Mus. Lugd. Batav. Typhlops lineatus. Boié. Isis (1827), pag. 563. Typhlina (acontias lineatus. Reinw. Mus. Lugd.). Wagl. Syst. amph., pag. 196. Typhlops lineatus. Gray. Synops. Rept. in Griff. anim. Kingd. vol. 9, pag. 77. : Typhlops lineatus. Schleg. Abbild. Amph. , pag. 39, pl. 32, fig. 32-34. DESCRIPTION. Formes. Le Pilidion rayé est plus ou moins grêle, c’est-a-dire que sa longueur,suivant les individus qu’on observe, est de 40 à 50 fois égale au diamètre du milieu de son corps, dont l’extré- milé postérieure est toujours distinctement plus forte que l’ex- trémité antérieure. La tête est, en apparence, excessivement courte , par la raison que sa région faciale est la seule que les plaques qui la revêtent rendent bien distincte du tronc ; ses par- ties postérieures offrent une similitude complète avec celui-ci, par leur écaillure. Ajoutez à cela qu’elle est cylindrique de même que le corps, qu’on n’y voit point d'yeux, et qu’à partir du vertex, elle présente un plan convexe fortement incliné vers le museau, ce qui lui donne l’air d’avoir été tronquée oblique- 260 SCOLÉCOPHIDES. ment en dessus etd’arrière en avant. Le museau, quoique légère- ment aplati en dessous, est arrondi à son bord terminal. Le tronc, en se rapprochant de la queue, acquiert peu à peu la grosseur de celle-ci, qui est obtusément conique , trés-faiblement courbée de haut en bas, et tellement courte que son étendue longitudinale excède à peine d’un quart la largeur de la tête, Les branches maxillaires supérieures du Pilidion rayé portent chacune quatre longues dents coniques, eflilées et pointues. La portion supérieure de la plaque rostrale ressemble à une grande calotte disco-ovalaire ; l’inférieure est en carré un peu moins long que large, offrant à son bord postérieur une petite queue d’aronde qui s’enclave entre les squammes supéro-labiales ‘ de la premiére paire. La plaque frontale proprement dite, qui, d'ordinaire, pré- sente la même dimension et la même figure que la frontale anté- rieure et les deux sur-oculaires, est quelquefois plus petite et “moins régulièrement hexagone que ces plaques : elle est alors un peu difficile à distinguer des écailles qui viennent à sa suite, d'au- tant plus que celles-ci sont souvent assez dilatées en travers. Les plaques nasales({), quise trouventenclavéesl'une à droite l’autre à gauche entre le bas de la rostrale et celui de la fronto-nasale; se terminent immédiatement au-dessus des narines. Les fronto- nasales , que la petite plaque frontale antérieure sépare l’une de l’autre sur la tête, sont aussi hautes, mais de moitié moins larges ; leur bord antérieur, depuis leur sommet, qui est un angle sub-aigu, côtoie la rostrale suivant un plan incliné jusqu’à la narine, où, rencontrantla plaque nasale, il se coude en arrière, contourne l’orifice de celle-là pour rejoindre celle-ci et arriver avec elle sur la première labiale supérieure; c’est là que vient aussi se terminer je bord postérieur de ces mêmes plaques fronto- nasales , après avoir suivi une ligne très-flexueuse. Les plaques oculaires sont une fois moins développées que les fronto-nasales ; elles ont à peu pres la figure d’un demi-disque. Les labiales supé- rieures, au nombre de quatre de chaque côté, deviennent de plus (1) M. Schlegel n'a pas représenté ces plaques dans ses figures du 77-- phlops lineatus, qui pèchent aussi en ce que les fronto-nasales et les oculaires sont beaucoup trop étroites, et qu'on n'y voit que deux paires de plaques labiales supérieures; tandis qu'il y en a réellement quatre dans la nature, TYPHLOPIENS. G. PILIDION. 1. 261 en plus grandes depuis la prernière jusqu’à la derniére , dont le sommet ne dépasse pas celui de l’avant-derniere; toutes ont leur bord recouvrant légèrement arqué. _ Les écailles du corps sont d’une moyenne dimension, un peu plus larges que longues, parfaitement lisses et à quatre angles, un antérieur, deux latéraux et un postérieur, dont le sommet est fortement arrondi. Les pièces de lécaillure de la queue sont plus petites et plus imbriquées que celles du tronc; la lèvre anale n’en offre point qui different des autres ; mais l’extrémité caudale est protégée par un petit disque squammeux du centre duquel naït une assez forte épine. Écailles du tronc : 23 rangées longitudinales , environ 430 ran- gées transversales. Écailles de la queue : 8 rangées transversales. CoLorATION. La tête et les régions inférieures des individus conservés dans l'alcool présentent une teinte d’un jaunâtre sale ou très-pâle , qui probablement est fort vif chez les sujets vivants; la même couleur se montre sur les parties supérieures, mais seulement dans les petits intervalles que laissent entre elles une douzaine de séries de points , ou plutôt de petites taches brunes imprimées à la suite les unes des autres sur les deux côtés de chaque écaille. Dimensions. Les mesures suivantes sont celles que nous a données un des plus grands individus que nous ayons observés. Longueur totale 2878”. Têle. Long. 8”. Tronc. Long. 275”. Queue. Long. 5”. Parrie. Cette espèce paraît être assez commune à Java, d’où plusieurs voyageurs nous l’ont envoyée ; elle se trouve égale- ment à Sumatra , ainsi que le prouve un fort bel exemplaire rapporté de cette île par M. le capitaine Martin , qui en a fait don à notre musée. Observations. Reinwardt, auquel ce Scolécophide doit son nom spécifique de lineatus, l'avait à tort rapporté au genre que Cuvier a appelé Acontias , lequel appartient à l’ordre des Sauriens. Toutefois , nous n’avons frouvé ce Scolécophide mentionné dans aucun livre sous la double dénomination d’Acontias lineatus , qu’il n’a sans doute portée que dans le musée de Leyde , où il fut observé par Wagler. Cet auteur, qui l'avait d’abord rangé avec les Typhlops, en fit plus tard le type du présent genre , dont nous avons changé le nom de Typhlina en celui de Pilidion. 262 SCOLÉCOPHIDES. a ———————————————_———…— 1° GENRE. OPHTHALMIDION. — OPHTHAL- MIDION (1). Nobis. Canacrères. Tête plus ou moins déprimée , revêtue de plaques. Bout du museau arrondi. Plaque rostrale reployée sous celui-ci et sur la tête, oùelle se développe en une petite calotte ovale ; unefrontale antérieure, une frontale proprement dite, une paire de sur-oculaires, une paire de pariétales , pas d’interpariétales ou une seulement, une paire de nasales , une paire de fronto- nasales, une paire d’oculaires, une paire de préoculai- res. Narines hémiscoïdes s’ouvrant sous le museau, l’une à droite, l’autre à gauche, entre la nasale et la fronto-nasale. Yeux latéraux , plus ou moins distincts. Les Ophthalmidions sont en quelque sorte des Pilidions qui ont des plaques préoculaires, unepaire de pariétales, M quelquefois ure inter-pariétale et chez lesquels les yeux se laissent plus ou moins distinguer au travers des plaques qui les recouvrent. Ils diffèrent des Typhlops par un dévelop- pement plus grand dans la portion sus-céphalique de leur rostrale, ainsi que par la position de leurs narines sous les côtés du museau ; et des Cathétorhines et des Onychocé- phales , en ce que leur museau n’est point aminci au bout. Leur tête étant en partie enveloppée de grandes plaques , on ne peut les confondre avec les Céphalolépis, dont les squammes céphaliques sont à peu près pareilles aux écailles du corps. Ce genre ne comprend encore que deux espèces. (1) O'pbaauidior, ou, petit œil. TYPHLOPIENS. G. OPHTHALMIDION. !. 263 TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÉCES DU GENRE ù OPHTHALMIDION. | — IE excessivement : yeux à peine distincts. . . 1. O. TREs-Lonc. M A D uans yeux parfaitement distincts. 2. O. » Escaricuar. 1. L’OPHTHALMIDION TRÈS-LONG. Ophihalmidion longis- simum. Nobis. CarAcrèREs. Queue d’une longueur double de la largeur de la ‘tête, cylindrique, droite , arrondie au bout et armée d’une pêtite épine. Nasales en bandelettes sub-rectangulaires , placées . en long de chaque côté de la partie inférieure de la rostrale. Oculaires en bandelettes verticales, sub -hexagones, moins développées que les préoculaires et ne laissant apercevoir que très-faiblement les yeux au travers. Tête jaunâtre , tout le corps d’uneyteinte grise. ‘ DESCRIPTION. 7" Forwes. Ce qu'on remarque de suite, quand on examine cette espèce , c’est la petitesse de ses écailles et l'extrême gracilité de son corps , qui n’est pas moins de soixante-douze fois aussi long qu’il est large vers le milieu de son étendue, dont la queue ne fait qu'un peu plus de la soïxante-douzième partie. Il est du reste parfaitement arrondi d’un bout à l'autre et, comme d’or- dinaire, d’un plus faible diamètre à son bout antérieur ou cé phalique qu’à son extrémité caudale. La tête est cylindroïde , lé- gèrement déprimée en dessus et en dessous et fortement arrondie en avant. La queue , que termine une épine courte, mais assez forte , a, par sa forme , quelque ressemblance avec celle d’une ruche ou de ces paniers garnis de terre qui servent d'habitations à nos Abeilles domestiques.Une portion dela plaquerostrale occupe, entre les nasales à la région inférieure du museau, un espace carré d’une dimension à peu près égale à la moitié de la surface de cette dernière ; une autre portion beaucoup plus grande , en forme de calotte elliptique , couvre presque tout le dessus de la ,; 264 SCOLÉCOPHIDES. tête jusqu’au front. Immédiatement après cette partie ellipsoïde de la rostrale vient une trés-petite plaque frontale antérieure, hexagone, dilatée transversalement, touchant à la rostrale par son bord antérieur , à la frontale par son bord postérieur, et s’enfoncant entre le haut de la fronto-nasale et lasur-oculaire par le petit angle aigu que forment de chaque côté ses quatre autres bords. Les sur-oculaires ressemblent à la frontale antérieure par leur peu de développement et le nombre de leurs bords , dont deux à droite, deux à gauche font aussi un petit angle aigu qui s’avance entre le sommet de la préoculaire et celui de l’oculaire; maisleur bord antérieur est plus étroit que le postérieur, derrière lequel est une pariétale d’une petitesse extrême. La frontale pro- prement dite , de même figure, mais plus petite que la frontale antérieure , se trouve circonscrite par celle-ci, par les sur-ocu- laires, par les pariétales et deux petites écailles placées derrière elle. Il n’y a pas d’interpariétale. Les nasales sont deux petites pla- ques rectangulaires ayant une fois moins de largeur que la portion inférieure de la rostrale, qu’elles bordent, l’une à droite l’autre, àgauche. Les préoculaires, dont la figure est celle d’un tria igle scalène, sont en rapport avec la rostrale par leur grand L s avec l’oculaire par le moyen, avec la nasale par le petit, avec la frontale antérieure par leur angle supérieur , qui est arrondi AE avec la seconde labiale d’en haut par leur angle inférieur, qui est tronqué au sommet. C’est positivement sous le sommet de leur angle antérieur que se trouve située l’ouverture de la na- rine. Les préoculaires, bien qu'ayant une hauteur double de leur largeur , sont plus courtes que les fronto-nasales; elles sont rétrécies en angle aigu à leur extrémité inférieure comme à leur extrémité supérieure; leur bord antérieur touche tout entier à la fronto-nasale, tandis que le postérieur est en rapport avec la sur-oculaire , l’oculaire et la troisième labiale supérieure. Les _ oculaires sont moins grandes que les préoculaires, mais leur figure est à peu près la même; leur angle d’en bas est pris . entre les deux dernières labiales supérieures et celui d’en haut entre la suroculaire et la pariétale. La lèvre supérieure est garnie de quatre paires de squammes imbriquées, qui augmentent con- sidérablement de grandeur en se rapprochant des angles de la bouche; celles de la première paire sontsub-rectangulaires, celles de la seconde et de la troisième triangulaires, fortement arron- dies à leur bord libre et celles de la quatrième , hémidiscoïdes et TYPHLOPIENS. G. OPHTHALMIDION. 2. | 265 | presque aussi développées que les plaques oculaires. Examinées a la loupe, toutes les pièces du bouclier céphalique, ainsi que les squammes labiales supérieures, se montrent percées d’une infinité de petits pores. Immédiatement en arrière des plaques oculaires, des pariétales et de la frontale proprement dite, le dessus et les côtés de la tête offrent des écailles de même figure, mais un peu plus petites que celles du tronc, où leur dimension est pourtant comparativement moindre que chez tous les autres Scolécophides. Ces écailles du tronc de l’Ophthalmi- dion trés-long présentent quatre côtés, un antérieur , deux la- téraux et un postérieur, plus grand que les autres et fortement arrondi ; en général , elles sont à peine plus larges que longues. Autour de la queue, il y en a de pareilles; seulement elles sont plus serrées ou mieux plus imbriquées. A l’extrémilé de cette partie du corps est un disque squammeux fort épais dont le -centre se développe en une épine légérement comprimée. M Écailles du tronc fort petites, disposées sur 22 rangées lon- gitudinales et 512 rangées transversales. Écailles de la queue : 14 rangées transversales. CoLcorATION. Tout le corps de ce petit Serpent est d’un gris cendré , à l’exception de la partie antérieure de la tête, du offre une teinte jaunâtre, Dimensions. Longueur totale. 35” 3”. Téle. Long. 6”. Tronc. Long. 34”. Queue. Long. 7”. Parkre. Le seul individu de cette espèce que nous coonais- sions, nous a été envoyé de l’Amérique septentrionale par M. le comte de Castelnau. \ Pa + L'OPHTHALMIDION D’ESCHRICHT. Ophthalmidion ‘ Eschrichtii. Nobis. Curtis Queue d’une longueur moindre que la largeur de la tête , obttisémént conique, un peu courbée. Nasales pla- cées le lb des côtés de la partie inférieure de la rostrale, petites , oblongues, affectant la figûte d’un s. Wculaires ressem- blant, pour la figure, à des opercüles de cârpe, aussi déve- loppées à elles seules que les fronto-näsales et les préoculaires ensemble. Museau et région anale jaunes ; dessous du corps oli- vâtre, dessus offrant des séries de points d’un jaune pâle al- ternant avec des raies brunes. 266 SCOLÉCOPHIDES. Synonymie. Typhlops Eschrichtii. Schlesg. AFRINE amphib. pag. 37, PI. 32, fig. 13-16. DESCRIPTION. Forwes. La longueur totale de lOphthalmidion d’Eschricht : dont la queue ne fait guère que la soixantième partie, est d’une trentaine de fois plus considérable que la largeur du tronc prise vers le milieu de son étendue. Celui-ci est cylindrique d’un bout à l’autre, Ce serait aussi la forme qu’offrirait la tête sans la lé- gère dépression que présentent ses faces supérieure et infé- rieure; en avant elle est fortement arrondie. La queue est une sorte de moignon excessivement court, conoïde , très-obtus, distincterient arqué en dessus, d'avant en arriére. Les yeux étant beaucoup moins petits que dans l’espèce pré- cédente, on les aperçoit très-bien au travers des plaques, d’ail- leurs fort transparentes , qui les recouvrent ; ils sont situés sur les parties latérales de la tête, tout à fait en haut, tout près du sommet des préoculaires. La plaque rostrale est pareille à celle de l’Ophthalmidion longissimum ; les fronto-nasales ressemblent aussi aux siennes, si ce n’est que l’angle qu’elles forment à leur sommet est plus aigu ; mais toutes les autres pièces du bouclier céphalique sont plus ou moins différentes de celles de cette dernière espèce. Les nasales (1) sont de petites plaques oblongues , à bords latéraux légérement courbés en S, placées à droite et à gauche entre la portion inférieure de la rostrale et le bas de la fronto-nasale ; c'est dans cette derniere plaque que la narine se fait jour, posi- tivement à l’extrémité antérieure du bord externe de la nasale, qui forme là une sorte de petit opercule. Les préoculaires, moins hautes et moins larges que les fronto-nasales, qu’elles suivent immédiatement, sont des bandelettes vertical ter- minant en angle CR Pt ont aigu en haut et + a fe. jpar leur # 2 Ÿe (1) Les figures de aMSthiczel n'indiquent Dar ces plaques; on n’y voit non plus que d@ux squammes labiales supérieures au lieu de quatre qui existent bien ceîtainement/de chaque côté chez le sujet qui en est le modèle. Nous deyôns ajouter que la frontale antérieure, la frontale proprement dite, les sur-oculaires, les pariétales et les inter-pariétales n'y sont pass représentées d'une manière exacte; la même chose à lieu pour les oculaires. TYPHLOPIENS. G- OPHTHALMIDION. 2. 267 sommet, qui s'élève à peine au-dessus du niveau des yeux, elles touchent aux sur-oculaires , et leur pointe inférieure s’en- fonce entre la seconde et la troisième labiale supérieure. Les oculaires offrent une surface à peu prés égale à celle que cou- vrent les deux plaques qui la précèdent ; en devant, elles pré- sentent un bord vertical légérement cintré en dedans, lequel commence au niveau de l’œil et se termine sur le bord antérieur de la troisième labiale ; leur bord inférieur décrit une ligne courbe que continue leur bord postérieur jusqu’en haut , où elles donnent un angle aigu, qui se reploie sur la tête entre la sur- oculaire et la pariétale. La frontale antérieure , qui n’a pas un développement égal à celui des préoculaires, est un demi-disque dont le bord droit se trouve en rapport avec l’extrémité supé- rieure de la rostrale et des fronto-nasales, et la ligne courbe, avec les sur-oculaires et la frontale proprement dite. Celle-ci est dilatée en travers et quatre fois plus petite que la frontale an- térieure ; elle a cinq pans , deux en arrière qui couvrent le bord des pariétales, trois en avant qui touchent à la frontale anté- rieure et aux sur-oculaires. L’interpariétale, qui fait suite à la frontale proprement dite , lui ressemble complétement. Les pa- riétales sont rhomboïdales et d’une dimension double de celle de cette derniere ; elles sont placées en travers, derrière le sommet des oculaires et l’extrémité postérieure des sur-oculaires , de ma- niere que leur angle latéral interne se trouve recu entre la fron- tale proprement dite et l’interpariétale. Les suroculaires sont allongées, étroites, subrhomboïdales , situées obliquement cha- cune de leur côté entre la frontale antérieure et le haut de l’o- …culaire , touchant à la fronto-nasale proprement dite et à la pa- riétale par leur extrémité postérieure. On compte quatre squam- mes’à droite comme à gauche de la lèvre supérieure; la première, la troisième et la quatrième , qui augmentent graduellement d’é- tendues ,sont quadrangulaires oblongues ; la seconde, qui a la figure d’un trapèze, monte de son angle postéro-supérieur entre la fronto-nasale efla préoculaire. Le corps , à partir des plaques céphaliques que nous venons de décriré, jusqu’au bout de la queue , est revêtu d’écailles pentagones , élar ies, parfaitement lisses , dont le bord postérieur ou recourant ‘est plus grand que les De et distinctement arrondi. Le petit dé squammeux qui emboîte l’extrémité caudale n’est que faiblement spiniforme. Écailles du tronc : 31 rangées longitudinales, 416 rangées 268 SCOLÉCOPHIDES. transversales. Écailles de la queue : {1 rangées transversales. CoLorATION. Le museau, le dessous de la queue et celui du tronc , à son extrémité postérieure , sont colorés en jaune. Les autres parties inférieures du corps présentent une teinte olivâtre ; en dessus et sur les côtés, les écailles sont brunes, marquées chacune au milieu, près de leur bord postérieur, d’une petite tache d’un blanc-jaunâtre tres-pâle. Dimensions. Longueur totale, 222”. Téle. Long. 8”. Tronc. Long. 21”. Larg. 8”. Queue. Long. #4”. ParriE. Cette espèce est originaire de la côte de Guinée. Observations, Nous n’avons encore eu l’occasion d’en ob- server qu'un individu appartenant au Musée d'Histoire naturelle de Leyde , qui le doit à la générosité de M. le professeur Eschricht de Copenhague. III: GENRE. CATHÉTORHINE. — CATHE- TORHINUS (1). Nobis. Caracrères. Tête revêtue de plaques, très-courte, comme tronquée perpendiculairement en avant ; bout du museau regardant en bas et offrant un petit bord tranchant. Plaques céphaliques excessivement imbri- quées ; rostrale reployée sous le museau et s'étendant ovalaire ; une frontale antérieure, une frontale propre- ment dite, une paire de sur-oculaires, une paire de pariétales, une inter-pariétale , une paire demasales ; une paire de fronto-nasales, une paire de préoculaires, . une paire d’oculaires:.une paire de post-oculaires. Na- rines latérales , hémidiscoïdes , s’ouvrant dans la su- ture de la nasaleïet dela fronto-nasale. Yeux latéraux, (x) æaberuc , ov, hauteur perpendiculaire, ligne qui tombe perpen- diculairement sur une autre; ffy , nez, museau. _ÉE dt. du côté opposé jusqu’au front , en une sorte de calotte®# TYPHLOPIENS. CATHÉTORHINE. 269 distincts au travers de l’oculaire et de la préoculaire ; car celle-ci recouvre celle-là un peu au delà de la partie sous laquelle l’œil est placé. Dans ce genre, le profil de la tête se courbe vers la bouche d’une manière tellement brusque à partir du front, que le museau a l’air d’avoir été tronqué perpendiculai- rement ; il en résulte que l’extrémité est dirigée , non pas en avant comme à l'ordinaire , mais en bas et située à peu près de niveau avec la fente buccale. Cette même extrémité du museau offre dans la presque totalité de sa largeur une petite saillie tranchante que nous retrouverons chez les Onychocéphales , mais qui n’existe chez aucun des autres genres de la famille des Typhlopiens. Ce dernier caractère, joint à la forte courbure du devant de leur tête, est ce qui distingue les Cathétorhines des Thyphlops et des Céphalo- lépides, ceux-ci ayant d’ailleurs des écailles au lieu de plaques céphaliques ; c’est également cela, ainsi que la position latérale de leurs narines, qui empêche qu’on ne les confonde avec les Ophthalmidions. Si les Onychocé- phales ont comme eux le museau tranchant au bout , ils ne l’ont ni abaissé verticalement vers la bouche, ni perforé latéralement par les narines. Quant aux Pilidions, ils en différent parce que leurs yeux sont parfaitement distincts, parce que leurs ouvertures nasales occupent les côtés et non le dessous du museau , parce qu’enfin, parmi les pièces de Teur bouclier céphalique, sont une interpariétale, des pa- riétales et des préoculaires. Les Cathétorhines sont ceux de tous les Scolécophides qui ont les plaques dela tête le plus imbriquées ; à tel point que souvent la partie recouvrante des unes s'étend sur la moitié ou plus de la moitié de la surface de celles qui les suivent. Elles sont en outre très- transparentes. % ’ 270 SCOLÉCOPHIDES. M Ô : 1. LE CATHÉTORHINE MÉLANOCÉPHALE. Cathélorhinus melanocephalus. Nobis. CARAGTÈRES, Queué conique , courbée, d’une longueur triple de la largeur de la tête. SyNONYMIE. Z'yphlops melanocephalus. Nob. Mus. Par, DESCRIPTION. " Formes. Ce Scolécophide est du nombre de ceux dont G.Cu- vier a dit, avec juste raison, qu’ils ressemblent à des bouts de fi- celle mince. La gracilité de celui qui fait le sujet de cet article est telle, que sa longueur totale | dans laquelle la queue entre environ pour la trentième partie, est près de quatre-vingts fois plus considérable que sa largeur, prise à l'extrémité postérieure du tronc. La tête, brusquement arrondie d’arrière en avant, à partir du front, est cylindrique et un peu aplalie à sa région in- férieure. La plaque rostrale garnit seule le dessus de la face et le dessous, conjointement avec les nasales placées à sa droite età sa gauche ; son bord tranchant est assez étroit et peu pro- noncé ; sa portion supérieure forme une grande-calotte disco- ovalaire ; sa partie inférieure est plate, carrée, offrant à son bord postérieur une petite saillie en queue ed’aronde en- clavée entre les squammes labiales de la première paire. A la plaque rostrale et aux nasales s'unissent, sur les côtés, les deux fronto-nasales, qui complètent ainsi une espèce de grand masque squammeux, dans lequel tout le devant de la tête se trouve emboîté. Le reste des parties latérales de_ celle-ci est protégé d’abord par les préoculaires , les oculaires et les post-oculaires, lesquelles se suivent en diminuant graduelle- ment d’étendue , puis par les secondes, troisièmes et quatrièmes labiales supérieures. Ces trois dernières paires de squammes su- péro-labiales sont en effet tellement grandes, qu’elles couvrent tout le bas des joues ; la première au contraire est assez petite, mais toutes sont imbriquées et fortement arrondies à leur bord recouvrant. La frontale antérieure, la frontale proprement dite, les sur-oculaires, les pariétales et les interpariétales sont hexa- gones, un peu élargies et à peu près égales entre elles. Elles sont placées positivement en travers du crâne sur trois séries TYPHLOPIENS. G. CATHÉTORHINE. 1. 271 “Jongitudinales, composées : les latérales, des sur-oculaires et des pariétales: la médiane, de la frontale antérieure, de la frontale proprement dite et de l'inter-pariétale. Les nasales sont grandes, en triangles isocèles ,. fortement arrondies à leur angle postéro-externe, et situées tout entières sous le mu seau, de chaque côté de la rostrale. Les fronto-nasales sont excessivement grandes, {riangulaires équilatérales, arrondies à leur angle inféro-postérieur. Les préoculaires sont de deux tiers moins larges et d’un tiers plus courtes que les précé- dentes ; elles ressemblent à des bandelettes verticales, dont la base serait arrondie et le sommet en angle aigu. Les ocu- lairés ont à peu près la même figure, mais elles sont beaucoup plus petites que les préoculaires. Les post-oculaires sont en demi-disques et d’une dimension moindre que ces dernières. À l’aide d’une loupe ordinaire, on distingue un grand nombre de petits pores à la surface ‘des plaques céphaliques. Les yeux s’apercoivent comme deux petits points au travers des plaques oculaires et des préoculaires, car celles-ci recouvrent la moitié antérieure de celles-là. Les écailles du corps sont tres- grandés'et parfaitement lisses ; elles offrent quatre pans, dont un, le postérieur, est excessivement développé et fort arqné. La queue est longue, à proportion de celle de la plupart des Typhlopiens ; elle est conique, légèrement courbée vers l’anus et armée d’une petite épine à son extrémité terminale. Écailles du trone : 388 rangées transversales. Écaîlles de la queue : 22 rangées transversales. CozorATion. Cette petite espèce a la tête noire et tout le reste de son corps d’un brun fauve, plus foncé sur ses régions supé- rieures que sur les inférieures. Dimensions. Longueur totale, 18” 9”, Téte. Long. 4°”. Tronc. Long. 18”. Queuc. Long. 5”. PATRiE. Nous ignorons la patrie de ce Scolécophide, dont nous ne possédons qu’un seul exemplaire provenant du voyage de Péron et Lesueur. 272 ONICOCÉPHALES. | L. TV: GENRE. ONYCHOCÉPHALE. — ONFCHO- CEPHALUS (1). Nobis. Caractères. Tête garnie de plaques, déprimée, se terminant en avant par un bord aminci ou tranchant. Plaque rostrale reployée sous le museau et se dilatant sur la tête en disque de forme variable ; une frontale antérieure , une frontale proprement dite, une paire de sur-oculaires , une paire de pariétales , une inter- pariétale , une paire de nasales, une paire de fronto- nasales, une paire de préoculaires, une paire d’ocu- laires. Narines hémidiscoïdes s'ouvrant inférieurement entre la nasale et la fronto-nasale. Yeux latéraux, dis- tincts. Ce qui nous a donné l’idée d’appeler du nom d’Ony- chocéphale ce groupe générique de T'yphlopiens , c’est que véritablement, si toutefois il est permis de comparer deux parties d’ailleurs si différentes, leur plaque rostrale pré- sente une certaine ressemblance avec les ongles de nos doigts, relativement à sa nature cornée, à sa figure sub- elliptique, à sa position presque horizontale sur l'extrémité antérieure de la tête, et au rebord ou à la saillie un peu déclive qu’elle fait au-devant du museau. À ce caractères on reconnait de suite les Onychocéphales entre tous les. autres genres de cette famille, sans même en excepter celui des Cathéthorines, qui a bien,.il est vrai, le museau aminci au bout; mais chez lequel il se recourbe brusque- ment vers la bouche , au lieu de suivre une direction hori- zontale, chez lequel.en outre les narines s'ouvrent latérale- ment et non inférieurement comme C’est le cas du genre (1) O'vvË, vyoc, ongle; xeoanÿ, ce, tête. Al TYPHLOPIENS. ONYCHOCÉPHALE. 27% dont nous traitons ici. Gette position des narines au-dessous et non sur les côtés du museau est un second moyen de dis- tinguer les Onychocéphales d’avec les Typhlops et les Cé- phalolépides; en outre, ils diffèrent de ces derniers par la composition de leur bouclier céphalique dont les pièces sont des écailles et non de grandes plaques. Enfin, comme il y a parmi celles-ci une interpariétale, des pariétales et des pré- oculaires , et que les yeux sont parfaitement distincts , ils se trouvent par cela même nettement séparés des Pilidions, qui manquent de ces plaques et dont les autres sont si petits _qu'il est impossible de les apercevoir au travers des voiles squammeux placés au-devant de leurs orbites. CE LTABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE ONYCHOCÉPHALE- ce Espè s. d'un tiers plus longue /large que le postérieur. 1. O. ne Decaranpe. que la largeur de la tête: bordantérieurde } la plaque rostrale plus {étroit que le postérieur. 3. O. Uniraye. Queue fie longueur double de la largeur de la tête. 2. O. Murrinaye. LC L'ONYCHOCÉPHALE DE DELALANDE. Onychocephalus : d Delalandii. Nobis. CARAcTÈRES. Queue conique, courbée, d’un tiers environ plus longue que la largeur de la tête, armée d’une petite épine. Bord tranchant de la rostrale légèrement arqué et occupant toute la largeur du museau. Portion supérieure de la rosirale en forme de calotte triangulo-ovalaire. Dessus du corps d’un brun très- clair ou blanchâtre, ventre de cette dernière teinte. se SynonymiE. T'yphlops Delalandii. Nob. Mus. Par. Typhlops Lalandei.Schleg. Abbild. amph. pag.38. pl. XXXIT, fig. 17-20. REPTILES |, TOME VI. 18 27/4 SCOLÉCOPHIDES.. DESCRIPTION, , + NS £ -d ) Formes. L’Onychocéphale de Delalande a l’apparence d’un ver de terre ordinaire ; sa longueur totaleest de trente-huit à qua- rante-cinq fois plus considérable que le diamètre de son trone* mesuré tout à faiten arrière ; l'étendue longitudinale de la queue est à peu près égale à ce même diamètre, Aucun des individus que nous avons observés n’était plus gros qu’une plume d’oie. La tête est cylindrique, légèrement aplatie en dessus et en dessous et amincieen forme de coin à son extrémité antérieure ; au-devant de toute la largeur de celle-ci, la plaque rostrale fait une petite saillie horizontale, {tranchante et légèrement arquée. La face est en partie protégée par celte même plaque rostrale , fortement ployée à cet effet en deux portions , une inférieure’et une supé- rieure : celle-ci, qüi s’étend jusqu’au milieu de la région inter- orbitaire , est très-développée, oblongue , un peu convexe, et offre trois bords, un en avant grand et faiblement cintré , deux sur les côtés cintrés aussi et encore plus grands, dont la ré- union en arrière donne un angle obtus; celle-là oceupe le des- sous du museau conjointement avec les nasäles , placées à sa droite et à sa gauche; elle est plate et à quatre pans , un postérieur assez petit, deux latéraux plus grands et, obli- ques et un antérieur beaucoup plus étendu et curviligne. Les nasales(1) sont oblongues, étroites, recourbées de leur extrémité antérieure sur la narine , et de leur extrémité postérieure vers le bord labial de la rostrale., Les fronto-nasales, à partir du bord tranchant de ceite dernière plaque, la côtoient en se cour- bant comme elle presque jusqu'au milieu de son bord posté- rieur, où un très-petit espace occupé par le devant de la frontale antérieure les sépare seul l’une de l’autre. Les préoculaires sont bordées antérieurement par les fronto-nasales , postérieurement parlesoculaires ; inférieurement, elles s'appuient sur la première et la seconde supéro-labiale, et leur sommet , qui est très-aigu, touche à l’angle latéro-externe , également très-aigu, des sur- oculaires. Les oculaires ont une hauteur à peu près égale à celle des fronto-nasales : tres-larges à leur base, elles y sont, de plus, (1) M. Schlegel ne les représente pas dans ses figures du Z'ypAlops Delalandii. TYPHLOPIENS. G. ONYCHOCÉPHALE. 1. 275 fortement. arrondies en arrière , tandis qu’en haut elles forment un angle très-aigu quis’enclave entre les suroculaires et les parié- tales. Lafrontale antérieure, la frontale proprement dite et l’inter- pariétale sont trois plaques hexagones fort petites, presque égales entre elles, tantôt d’une largeur-peu différente de leur longueur, tantôt assez dilatées transversalement ; elles sont placées à la suite l’une de l’antre sur laligne médiane du crâne, la premiere entre les fronto-nasales etlessur-oculaires, la seconde entre les surocu- laires etles pariétales, la troisième entreles pariétalesetles écailles du corps qui viennent immédiatement après celles-ci ({). Les suroculaires et les pariétales sont hexagones et excessive- ment élargies; elles sont placées de telle sorte, que, de chaque côté, elles formentunchevron >>< 12 O4TE] -n0091d ve] 21que nste epéue u?o JULA9[9S es 9[U}UO; e] e 2je5e soud node °qtey Juan -93sod pioq 9] JUOp ‘fes -Eu=OJUOI} EI aed ouyne | 9p sun [s99tedos Ro 2[E}UOIY er onb opuvis snjd sus secs: ssoarwnoo-ans so[ onb sopueaS snd ee + + *sdao9 np 94normosod 91} OU *S9J1C{N90-InS say onb anepuers aug 9p said nad e + + + « “opge-qns\" ‘ouoo ua ononb : 21N9TI9FU | anb *sn3q0® 9710} snjd nod un + + + + “sopejond :quexquai 2JSueun D ——— ‘SAOMHAXL AUNA9O NG SHIHASA SAQ HNÔILdONXS AVATIAVL sonbeçd De cureo -91d 32 oeseu : 02q 4009 ‘oubruoo an2n CCE CRC | ee. + © + DRAC Oeil L) RS Re S L 0 sgqanoo uou ‘onbrpuryfo 282 SCOLÉCOPHIDES 1. LE TYPHLOPS RÉTICULÉ.» Typhlops reticulatu. Nobis. (Vovéz PI. 60. af nv CARACTÈRES. Extrémité antérieure du corps un peu moins forte que la postérieure. Queue conique , obtuse, peu courbées d’un tiers ou de moins d’un tiers pluslongue que bi largeur de la tête, armée d’une assez forte épine. Portion supérieure de la rostrale en forme de bandelette Snbrectangulaire, subarrondie en ar- riére, Bord postérieur des fronto-nasales décrivant une courbe rentrante. Veux parfaitement distincts. Corps noir ou brun, ou fauve, ou olivâtre en dessus ; blanchâtre ou jaunâtre en dessous etau bou du museau. “3 dés Synonxmie. Amphisbæna.Scheuchz. Phys. sacr. tom. 4, pag. 1532, tab. 747, fig. 4. Sérpens Cœcilia, ex Mauritania. Séb. tom. 1, pag. 4137, tab. 86, fig. 2. ue biceps, americana , rubra. Séb. tom. 2 , pag. 8, tab. 6, fig. 4. , die Amboinensis squanunis ads obducta. .Séb. tom. 2, pag. 9, fab. 7; fig. 4. Anguis. squammis bn diet 177, et caudalibus 37. Gronov. Serp. in mus. Ichthy. pag. 541 , n° 7. à Angus reticulata: Linn. Syst. nat. Édit. 10, tom. 2 pag 228 m° 214; ne reticulata. Linn. Syst. nat. édit. 12, tom. 2, pag. 39{, no 21%. Anguis reticulata. Laur. Synops. Rept. pag. 69. re Le Rézeau. Daub. Dict. anim. quadr. ovip. et serp. pag. 668. Anguis rostralis. Weig. Schrift. der Berlin. Naturf. Gesse. tom. 3, pag. 190. Un. reliculatus. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 3, pag. 1120. Le Rézeau. Lacép. Hist. quad. ovip. Serp. tom. 2, pag. 446. Le Rézeau. Bonn. Ophiol. Encyel. méth. pag. 65, pl.31, fig.4. Anguis reliculatus. Donnd. Zool. Beitr. tom. 3, pag. 213. Anguis reticulatus. Schneïd, Hist. amph. Fasc. II, pag. 325. Typhlops crocotatus. Id. loc. cit. pag. 340. ‘ Anguisreticulata. Shaw. Gen. Zool. voi. 3, part. IE, pag.587. Anguis nasuta. Id. loc. cit. pag. 587. Anguis reticulatus. Latr. Hist. Rept. tom. 4, pag. 223. Anguis rostratus. Id. loc. cit, pag. 228. | APLonENS: ‘@) TYPHLOPS. 1. 283 iquis reticulatus. Bechst. Lacepède’s Naturgesch. vä. 5! 146, pl. 14, fig. A quis rostratus. Daud. Hist Rept. ‘tom. .T, pag: 316 7 4 nquis reliculatus. 1d. loc. cit. tom. 7, pag. 324. ve yphlops reticulatus. Cuv. Règn. anim. le édit. tom. ?, pag. 63. iv DPhorS crocotatus. Id. loc. cit. . 1. » Typhiops nasutus. Id. loc. cit, 10 rostralis. Merr. Tent. syst. amph. pag. 159, n° 5. Typhlops reticulatus. Cuv.Règn. anim, 2édit. tom. 2, pag.73. D Typhlops reticulatus. Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol:9, pag.248. Ù Typhlops crocotatus. Id. loc. cit, D 'ryphiops reliculatus. Graÿ. Synops. Rept. in Griff. anim. ps vol. 9, pag. 76. : » Typhiops éobbtas. Id, loc. cit. pag. 77. * Typhlops lumbricalis. Schleg. Abbild. Amph. pag. 5, $. 82, fig. 1-4. " Typhlops lumbricalis Dict. univers. d'hist. nat, D’Orbign. Rept. pl. VII, fig. 3. 1 (s " ( DESCRIPTION. " Formes. Le Typhlops réticulé est proportionnellement plus court et plus gros que la plupart de ses congénères ; sa longueur totale, dont la queue fait au moins la trentième et au plus la frente-quatrième partie, n’est que vingt-six à vingt-neuf fois égale au diamètre du tronc mesuré à son extrémité postérieure ; au reste, celle-ci n’est qu'un peu plus forte que l’extrémité an- térieure. La tête, légèrement déprimée de haut en bas, présente à peine un peu moins d'épaisseur en avant qu’en arrière; le mu- seau est épais et très-arrondi au bout. Le tronc et la queue , qui est obtusément conique , ont l’un et autre leur face inférieure faiblement aplatie. La plaque rostrale occupe le milieu des régions inférieure, antérieure et supérieure du museau: c’est une bandelette longi- tudinale , légèrement rétrécie au bout de ce dernier ; sa partie Supérieure , subrectangulaire et souvent arrondie en arrière, est plus longue que sa portion inférieure, qui est à peu prés carrée et retenue entre les labiales de la première paire par une petite saillie en queue d’aronde. Les nasales, qui sont situées au-devant de la bouche entre la rostrale et la fronto-nasale , se terminent postérieurement sur la première labiale , antérieurement un peu 28/ | SCOLÉCOPHIDES. au-dessus du niveau de lorifice de la narine ; leur bord terne est ondulé. Les fronto-nasales , qui sont plus étroîtes leur partie inférieure qu’a leur partie supérieure , affectent el cune la figure d’un triangle scalène, dont le grand côté, qui esl postérieur, serait une courbe rentrante ; elles se trouvent bordt en avant , dans leur moitié supérieure par la rostrale, dans Île moitié inférieure par la nasale , en arrière par les suroculaÿ et les oculaires , en bas par la seconde labiale, tout en haut} l’angle antéro-latéral de la frontale antérieure , qui lés empê ainsi de se conjoindre dérrière la rostrale. Les préoculaires ont devant elles les fronto-nasales, derriere elles les oculaire au-dessus les suroculaires , au-dessous une portion de lan conde et de la troisième labiale, offriraient chacüne la fig d’un losange, si elles n'étaient pas arrondies à leur an! antérieur ; elles sont plus courtes et plus larges que les fron nasales. Les oculaires sont subhexagones, un peu plus élarg que les préoculaires et presque aussi hautes que les fronto- sales ; elles engagent leur sommet , qui est en angle aigu, en les suroculaires et les pariétales , et se trouvent en rappoi par leur base avec une portion de la troisième labiale et presque totalité de la quatrième , par leur bord antérieur 4 les fronto-nasales , et par le postérieur avec une squamme pô oculaire. La frontale antérieure, qui affecte la figure di demi-disque , malgré ses cinq pans, offre une dimension àp. près égale à celle de la rostrale ; elle est circonscrite par sommet de cette dernière, par les fronto-nasales, les suroc laires et la frontale proprement dite. Celle-ci se lie à la prét dente par son bord antérieur, à l’inter-pariétale par le postériei et enfonce, entre les suroculaires et les pariétales , l’angle aim que forment à droite et à gauche ses quatre bords latéraum cette même frontale proprement dite est plus ou moins distip" tement hexagone , plus où moins élargie, tantôt aussi grande tantôt un peu plus petite que la frontale antérieure. L’inter-p riétale présente, quant à sa figure et à son étendue, les mêm variations que la frontale proprement dite; elle a également « chaque côté un angle aigu qu’elle engage entre les pariétales » une squamme post-pariétale assez grande ; en devant elle touch à la frontale proprement dite, en arrière à l’une des squamme de la région postérieure du crâne. La suroculaire et la pariétan du côté droit, ainsi que la suroculaire et la pariétale du côl TYPHLOPIENS. G. TYPHLOPS. I. 299 che forment un chevron >> < dans lequel s’emboîte le sommet de l’ocu- laire. 11 existe une paire de post-pariétales pareilles aux parié- tales. Les nasales affectent chacune la figure d’un triangle isocele. Les fronto-nasales ne sont pas conjointes en arriere de la ros- trale; elles ont à peu près la forme d’un < couché à branches assez larges , dont les extrémités s’arrondissent légèrement de dedans en dehors. Les préoculaires sont un peu moins hautes que les précédentes et en triangles subéquilatéraux, ayant deux de leurs côtés entiérement emboîtés dans le chevron que fait chaque fronto-nasale. Les oculaires sont subrhomboïdales, de même hauteur et de même largeur que les préoculaires. Il y a quatre squammes labiales supérieures de chaque côté : la premiére est très-petite, en carré long ; les trois autres sont successivement deux, trois et quatre fois plus grandes, pentagones oblongues, s’élevant par un plan oblique vers les fronto-nasales, les préo- culaires et les oculaires. Les yeux sont parfaitement distincts, latéraux et à fleur de tête. Écailles du tronc : 20 rangées longitudinales , environ ?70 rangées transversales. Écailles de la queue : 6 ou 7 rangées transversales. Cozoration. Un brun souvent noirâtre , tantôt cendré , tantôt roussâtre , colore toutes les écailles du dessus du corps, qui por- tent toujours en avant une petite bordure d’une teinte plus claire ; les régions inférieures sont généralement d’un blanc gri- sâtre , parfois jaunâtres, de même que le museau , dont les plaques offrent quelques raies longitudinales d’une couleur foncée pareille à celle du dos. Dimensions. Cette espèce ne semble pas devenir aussi grande que le Typhlops réticulé. Les mesures suivantes sont celles du plus long des exemplaires que renferme notre Musée. Longueur totale , 25” 5°”. Tête. Long. 7°”. Tronc. Larg. près de la tête, 3°”, au milieu du tronc, 6”, prés de la queue, 5°” 1/2. Long. 24” 2”. Queue. Long. 67”. Patrie. Le Typhlops lombric est originaire des Antilles ; Browne l’a trouvé à la Jamaïque; nous l’avons recu de la Marti- REPTILES , TOME VI. 19 290 SCOLÉCOPHIDES, nique par les soins de M. Plée, et de la Guadeloupe, par ceux de M. Guyon ; {M. Ramon de la Sagra nous en a donné une fort belle suite d’échantillons , recueillis par lui-même dans l’île de Cuba. Il habiterait aussi le Mexique , si le petit Serpent figuré par Lyn- ceus,sous le nom d’Amphisbæna mexicana, est réellement de la même espèce que ceux qui ont servi à cette description. Observations. Il existe effectivement dans l’Histoire des ani- . maux de la Nouvelle-Espagne , rédigée par Lynceus, la des- cription et la figure d’un Scolécophide qui nous parait appar- tenir au Typhlops lombric. Nous sommes d’autant plus portés à le croire , que nous connaissons d’autres Reptiles du Mexique qu’on rencontre aussi dans quelques-unes des Antilles; mais il est bien évident pour nous que l’Amphisbæna argentea décrite et représentée par Browne dans son ouvrage sur la Jamaïque , ef de laquelle Linné a fait son Anguis lumbricalis , est de la même espèce que celle que nous venons de décrire dans cet article. Lacépède a fait une fausse application du nom d’Anguis lum- bricalis en désignant ainsi un Scolécophide d'Europe, le Typhlops vermiculaire, qu’il croyait spécifiquement semblable au petit Serpent de la Jamaïque, dont on doit la connaissance à Browne et avec lequel il a en outre confondu le Typhlops Braminus , qui est des Grandes-[ndes. Schneider à fait quelque chose d’a- nalogue , en citant, comme se rapportant à son T7’yphlops lum- bricalis , duquel il dit seulement colore albido totus splendet , trois figures appartenant à trois espèces différentes ; c’est-à-dire celle de l’Amphisbæna argentea de Browne, celle de l’Orvet lombric de Lacépède , laquelle, comme nous venons de le dire tout à l’heure, représente un Typhlops vermiculaire, et celle de la PI. LXXXVI, n° ?, du tome 3 du Muséum de Séba, qui pa- raît avoir eu pour modèle un Typhlops réticulé. Shaw , dans sa Zoologie générale, a reproduit, sous le nom d’Anguis Jamaicensis, la description de l'Amphisbæna argentea de Browne ; à laquelle il a joint, non la figure publiée par ce dernier auteur, mais celle du n° 2 de la pl. 86 du tome III du Thesaurus naturæ. 3. LE TYPHLOPS DE RICHARD. T'yphlops Richardii. Nobis. CARACTÈRES. Extrémité antérieure du corps un peu moins forte que l’extrémité postérieure, Queue conique , subeffilée, courbée , d’une longueur double de la largeur de la tête, armée TYPHLOPIENS. G. TYPHLOPS. 3. 201 d’une épine médiocrement longue. Portion supérieure de la ros- trale en forme de bandelette fortement arrondie à son extrémité frontale. Bord postérieur des fronto-nasales formant un angle rentrant. 1 , SynonymiE. T'yphlops cinereus. Guér. Iconog. Régn. anim. Cuv. Rept. pl. 18, fig. 2. 4 DESCRIPTION. Formes. Le Typhlops de Richard n’a pas le tronc beaucoup plus fort en avant qu’en arrière comme le Typhlops lombric , dont il diffère aussi par plus de gracilité, sa longueur totale étant cinquante fois au moins égale à sa largeur moyenne. Sa queue, bien qu’également fort courte et conique, est légèrement efilée, tandis que celle de l’espèce précédente est très-obtuse, En outre, on ne compte au plus que 270 anneaux d’écailles autour du tronc du Typhlops lombric; il y en a au delà de 340 à celui du Ty- phlops de Richard. Le museau est épais ef arrondi au bout. La plaque rostrale ressemble à une bandelette légèrement rétrécie au niveau des narines , plus courte dans sa portion inférieure que dans sa portion supérieure ; celle-ci est fortement arrondie à son extré- mité postérieure ; celle-là est à peu près carrée ou sub-rectangu- laire, arrondie à ses angles postérieurs, offrant au milieu de son bord labial unepetitesailliequadrangulaire, élargie, enclavée en- tre les premières squammes de la lèvre. La frontale antérieure a environ une fois moins détendue que la portion inférieure de la rostrale ; elle est tantôt aussi large, tantôt plus large que longue, hexagone, pentagone ou quadrangulaire, suivant que le sommet de son angle postérieur est tronqué ou non. La frontale propre- ment dite et l’inter-pariétale ont la même grandeur et présen- tent les mêmes variations de figure que la frontale antérieure. Il existe généralement une post-interpariétale semblable à l’in- ter-pariétale. Les suroculaires ont chacune à peu près la même dimension que la frontale antérieure ; elles sont pentagones ou hexagones, élargies, placées obliquement par rapport à l’axe transversal du crâne. Les pariétales sont hexagones , élargies, un peu moins petites que les suroculaires et placées oblique- ment aussi , mais dans le sens opposé, ou de manière qu’elles forment avec elles, à droite et à gauche, un chevron dans lequel s’emboîïte le sommet de l’oculaire. 11 y a une paire de post-pariétales, pareilles aux fpariétales, Les nasales affectent 292 SCOLÉCOPHIDES. chacune la figure d’un triangle scalène. Rarement les fronto-na- sales se conjoignent en arrière de la rostrale ; elles ont chacune la figure d’un < à branches assez larges, dont les extrémités s’arrondissent fortement de dedans en dehors. Les préoculaires sont un peu moins hautes que les précédentes , elles ressem- blent à des triangles subéquilatéraux. Les oculaires sont sub- rhomboïdales , de même hauteur, mais un peu moins larges que les préoculaires. La première des quatre squammes qui existent de chaque côté de la lèvre supérieure est très-petite , en carré long ; les trois autres sont pentagones oblongues, successivement deux , trois et quatre fois plus grandes, s’élevant par un plan oblique vers les fronto-nasales , les préoculaires et les oculaires. Les yeux sont parfaitement distincts, latéraux et à fleur de tête. Écailles du tronc : 20 rangées longitudinales, 300 à 350 rangées transversales. Ecailles de la queue : une quinzaine de rangées transversales. CoLorarion. Ce Typhlops a toutes ses parties supérieures d’un brun marron plus ou moins clair, passant quelquefois au fauve ; ses parties inférieures sont d'un blanc lavé de jaunâtre, ainsi que le bout de son museau et les bords de ses plaques surcépha- liques. En observant de très-près les écailles du dos, on s’aper- coit que leur pourtour porte un petit liséré de la même couleur que celle du ventre. En général le brun du ‘dessus et le blan- châtre du dessous du corps, au lieu de se fondre ensemble le long des flancs , y présentent, chacun à leur bord, des hachures irrégulières qui se pénètrent réciproquement. Dimensions. Longueur totale, 25”? 8”. Téle. Long. 7” 1/2. Tronc. Larg.; 5”. Long. 24” 4”. Queue. Long. 6°” 1/2. Patrie. La collection renferme depuis longtemps deux indi- vidus de ce Typhlops, qui ont été rapportés de l’île Saint-Tho- mas , l’une des petites Antilles, par feu Richard père. Le bocal qui les contient porte encore la petite note suivante écrite de la main de ce savant naturaliste : Zn receptaculis aquæ plu- vialis. C’est sans doute dans la vase de ces réceptacles et non dans l’eau qu’ils contenaient ou plutôt qu'ils avaient contenue, que les petits Serpents dont il est question ont été trouvés ; car tous les voyageurs qui ont recueilli eux-mêmes de ces Ophidiens s'accordent à dire qu’ils vivent à la manière des vers de terre. Nous en possédons quelques autres exemplaires qui proviennent de Cuba et de la Guadeloupe. [éié. | À TYPHLOPIENS. G. TYPHLOPS. 4. 203 Observations. C’est un de ces derniers , en particulier, qui a servi de modèle à la figure donnée par M, Guérin, dans son Tconographie du Règne animal , comme représentant le Ty- phlops cinereus de Schneider, ce qui est une erreur ; attendu que Schneider dit positivement de son Typhlops cinereus , qu’il a la plaque frontale circulaire ( c’est ainsi qu’il désigne la portion supérieure de la rostrale), tandis qu’elle a la forme d’une petite bandelette chez les espèces du présent article. 4. LE TYPHLOPS PLATYCÉPHALE. Typhlops platycephalus. Nobis. CaracrèREs. Extrémité antérieure du corps un peu moins forte que la postérieure. Queue conique, subeflilée, courbée, d’une lonsueur double de la largeur de la tête, armée d’une épine assez longue. Museau aplati. Portion supérieure de Ja rostrale en forme de bandelette trés-étroite, obtusément pointue en arriere. Bord postérieur des fronto-nasales formant un an- gle rentrant très-aigu. DESCRIPTION. - Formes. Ce Typhlops «ainsi que l'indique son nom de Pla- tycéphale, a la tête beaucoup plus déprimée , surtout à sa partie antérieure, que celle d’aucun deses congénères. Le museau,au lieu d'offrir un bord antérieur à peine moins large que le reste de la tête, se rétrécit assez d’arrière en avant pour que ses côtés for- ment un angle subaigu, arrondi au sommet. Le Typhlops platycé- phale a, en longueur totale, dont la queue fait environ la trente-neuvième partie, à peu près quarante-cinq fois la largeur de son tronc, prise vers le milieu de l’étendue de celui-ci. La portion supérieure de la rostrale est plus étroite que dans tontes les espètes précédentes ; l’angle rentrant que fait le bord posté- rieur des fronfo-nasales est plus aigu que dans les Typhlops lombrie et de Richard ; les préoculaires sont à proportion plus larges, et les oculaires plus étroites que chez ces deux dernières espèces ; les squammes labiales supérieures sont aussi moins dé- veloppées et aucune d’elles ne s’éleve entre les plaques latérales de la tête, qu’elles bordent inférieurement. La queue est en cône subeffilé, de même que celle du Typhlops de Richard ; mais l’épine qui la termine est distinctement plus longue et plus compriniée, 204 SCOLÉCOPHIDES. La plaque rostrale est en bandelette longitudinale, moins longue dans sa portion inférieure que dans sa portion supé- rieure ; celle-ci est étroite et en pointe très-obtuse en arrière ; celle-là est plus large en avant qu’en arrière, infléchie de chaque côté, arrondie à ses angles postérieurs et enclavée par une petite saillie élargie entre les labiales de la première paire. La frontale antérieure , la frontale proprement dite, l’inter-pariétale et la post-inter-pariétale sont semblables entre elles, c’est-à-dire hexa- gones, dilatées en travers et deux fois environ plus petites que la portion inférieure dela rostrale. Les suroculairessont un peu plus grandes que la frontale antérieure, hexagones, trés-élargies, pla- cées un peu obliquement par rapport à l’axe transversal du crâne. Les pariétales ont la même figure que les précédentes, mais elles sonf placées positivement en travers eten grande partie derrière les oculaires. 11 ÿ a une paire de post-pariétales pareilles aux pa- riétales. Les nasales sont en triangles scalènes , arrondies à leurs deux angles postérieurs. Les fronfo-nasales, qui ne sont pas con- jointes en arrière de la rostrale , offrent chacune la figure d’un ] D 1 long. 12” 8” 1/2. Queue. Long. ?”” 1/2. ParTrie. Nous ignorons de quel pays provient cette espece. 11, LE TYPHLOPS BRAME. T'yphlops Braminus. Cuvier. CaracrÈères. Corps trés-distinctement plus grêle à sa partie antérieure qu’à sa partie postérieure. Queue conique , courbée , d’un quart plus longue que le diamètre transversal de la tête. Portion supérieure de la rostrale oblongue , se rétrécissant un peu d'avant en arrière, où elle est subarrondie. Fronto -na- sales étroites, légèrement courbées en S à leur bord postérieur, non conjointes par leurssommets. SyNonymiE. Anguis Rondoo Talooloo Pam. Russ. Ind. Serp. vol. 1, pag. 48, pl. 43. | L'Orvet lombric. Vulgt. Serpent d'oreille dans l’Inde, Lacép. Hist. Serp. tom. ?, pag. 458. Punctulated Slow-worm. Shaw. Gener. Zool. vol. 3, part. 2, pag. 589. Eryx Braminus. Daud. Hist. Rept. tom. 7, pag. 279. Typhlops Rondoo Talooloo. Cuv. Règ.anim. 1° édit.tom. ?, pag. 63. Tortrix Russelii. Merr.Tent. Syst. amph. pag. 84. Typhlops Braminus. Cuv. Mus. Par. Typhlops Braminus. Fitz. Neue Classif. Rept. pag. 53. Typhlops Braminus. Cuv. Règn. anim. 2° édit., tom.2, pag. 73. Typhlops Braminus. Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 248. Typhlops Braminus. Gray. Synops. Rept. in Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 76. Typhlops Russelii. Schleg. Abbild. Amph. pag. 39. DESCRIPTION. Formes. Cette espece offre un caractère auquel il est facile de la reconnaître, car il lui est particulier parmi toutes ses congé- néres. Ce caractère est d’avoir les plaques nasales et les préocu- laires unies entre elles à leur base au-dessous des fronto-nasales, qui se trouvent ainsi empêchées de descendre jusque sur les squammes supéro-labiales, contrairement à ce qu’on observe chez les autres Typhlops. 310 SCOLÉCOPHIDES: Le Typhlops Brame a en longueur totale de quarante-six à cinquante-deux fois la largeur du milieu de son tronc; sa queue est moins obtusément conique que chez la plupart des espèces du même genre; sa tête est à peine aplatie en dessous et son museau est arrondi, La plaque rostrale a la forme d’une bandelette, elle est plus étroite au bout du museau et dans sa portion inférieure que dans sa portion supérieure : celle-ci est oblongue, rétrécie et subar- rondie à son extrémité terminale; celle là est à peu près carrée et creusée d’un petit sillon le long de son bord postérieur, qui se trouve engagé tout entier entre les squammes supéro-labiales de la première paire. La frontale antérieure a presque une di- mension égale à celle de la portion inférieure de la rostrale , elle est hexagone et dilatée en travers. La frontale proprement dite, l’interpariétale et la post-interpariétale sont semblables à la frontale antérieure. Les sur-oculaires offrent un peu plus de développement que cette dernière; elles sont très-élargies , hexagones et placées de facon que, chacune de leur côté, elles for- ment avee la pariétale un chevron entre les branches duquel est recu le sommet de l’oculaire. Les pariétales sont hexagones ou heptagones, plus étendues transversalement que la frontale an- térieure ; aussi descendent-elles derrière les oculaires, de près de la moitié de leur largeur. Les post-pariétales ne different des pa- riétales que par une dimension un peu moindre. Les nasales ont chacune la figure d’un triangle isocèle. Elles s’unissent par leur angle postéro-externe, qui est arrondi, avec l’angle inféro antérieur des préoculaires. Les fronto-nasales sont des plaques en bandelettes étroites, légèrement courbées en S à leur bord postérieur ; elles ne se conjoignent pas par leur sommet, qui est en angle aigu, de même que leur base; contre l’ordinaire, celle- ci ne s'appuie pas sur les squammes supéro-labiales, en étant empêchée par la jonction que font au-dessous d’elle la nasale et la préoculaire. Les préoculaires, beaucoup plus courtes que les fronto-nasales, affectent chacune la figure d’un triangle scalène; c’est-à-dire qu’elles ont trois pans inégaux , un grand en avant trés-faiblement arqué, un moins étendu presque vertical en ar- rière , un plus court et oblique en bas. Les oculaires , à peine plus hautes que les préoculaires, sont hexagones inéquilaté- rales , de moitié plus étendues dans le sens vertical que dans le TYPHLOPIENS, G. TYPHLOPS. If. 311 sens longitudinal de la tête ; elles offrent inférieurement un petit angle aigu qui descend entre latroisième et la quatrième supéro- labiale, et à leur sommet un grand angle aigu qui monte entre la sur-oculaire et la pariétale. Les yeux sont assez distincts au travers de leurs voiles squammeux. Il existe quatre squammes de chaque côté de la lèvre supérieure : Ja première est très-pe- tite, triangulaire oblongue , les autres sont graduellement deux, trois et cinq lois plus grandes ; la seconde est pentagone, un peu plus haute que longue ; la troisième, pentagone aussi, mais deux fois au moins plus haute que longue, est engagée par un angle aigu entre la préoculaire et l’oculaire ; la quatrième , plus éten- due en hauteur qu’en largeur, offre quatre angles, un excessi- vement ouvert en avant, un fort aigu en haut et deux droits inférieurement, dont le postérieur ou celui qui recouvre la com- missure des levres a son sommet très-arrondi. Les écailles du corps sont épaisses, fortement appliquées les unes sur les autres et tellement luisantes qu’elles semblent avoir été polies ; partout, excepté près de la tête , où elles sont hexagones et trés-élargies, elles n’offent que quatre côtés , un an- térieur trés-petit, deux latéraux qui le sont moins et un posté- rieur baaucoup plus étendu et curviligne. Écailles du tronc : 19 rangées longitudinales, environ 380 ran- gées transversales, Écailles de la queue : 1? rangées transversales. CoLoRATION. Au premier aspect, le Typhlops Brame paraît être uniformément grisâtre en dessous et d’un brun noirâtre en dessus. Mais si on l’examine avec plus d’attention, on reconnaît d’abord que la pointe de la queue et les régions environnant la bouche sont blanches; puisque toutes les écailles inférieures et supérieures présentent deux couleurs bien distinctes, l’une d’un brun rouge répandu à leur pourtour, l’autre d’un gris ardoisé ou bleuâtre occupant leur centre sous la forme d’une tache élargie ; toutefois il existe cette différence que sur le dos, c’est la première de ces deux teintes qui domine ou qui est la plus abon- dante, tandis que sous le ventre c’est la seconde. Dimensions. Le Typhlops Brame est un des plus petits Scolé- cophides que nous connaissions. Voici les principales dimensions d’un sujet vraisemblablement adulte. . Longueur totale. 17” 8”. Têle. Long. 6”. Tronc. Larg. 3”, long. 16” 7”. Queue. Long. 5”. 312 SCOLÉCOPHIDES. Parme. Le Bengale , la côte de Coromandel et celle de Ma labar sont les contrées de l’Inde d’où un certainnombred’échan- tillons du Typhlops Brame ont été envoyés à notre musée par MM. Duvaucel, Dussumier et Leschenault de La Tour ; Java nous en a fourni quelques exemplaires dont nous sommes redevable: à ce dernier voyageur ; quelques autres nous soût venus de Ma- nille par les soins de M. Adolphe Barrot, et de Guam par ceux de MM. Quoy et Guaymard. Observalions. Russel a publié dans son ouvrage sur les Ser- pents de l’Inde une très-mauvaise figure de cette espèce, sous le nom de Rondoo Talooloo , qu’elle porte suivant lui au Bengale. C’est d’après cette figure que Daudin et Merrem ont fait, l’un son £ryx Braminus , l’autre son Tortrix Russellii. Nous trouvons dans les notes de Leschenault que les Javanais appellent ce petit Serpent Oular Kessi et qu’on le nomme Seri Pambou à la côte de Malabar. Ce voyageur ajoute qu’il fait sa demeure dans les trous des vieux murs. 12. LE TYPHLOPS NOIR. T'yphlops ater. Schlegel. CarAcTÈèREs. Corps également grêle d’un bout à l’autre. Queue cylindrique, droite , d’une longueur double de la largeur de la tête. Portion supérieure de la plaque rostrale en ovale allongé. Fronto-nasales fort grandes , en triangles scalènes , non conjoin- tes par leurs sommets. Une paire de sous-oculaires. SyNonYMIE. 7'yphlops ater. Schleg. Abbild. amphib. pag. 29, pl. 32, fig. 29-31. DESCRIPTION. Formes. Voici un Typhlops qui , au lieu d’avoir la queue coni- que et plus ou moins courbée de haut en bas comme tous ses congénères , l’a parfaitement cylindrique ou tout à fait droite, également arrondie et de même diamètre d’un bout à l’autre. C’est particulièrement à cela qu’on le reconnaît, ainsi qu’à la ._ présence , de chaque côté de la tête, d’une plaque de plus que chez les autres espèces; cette plaque est une sous-oculaire , la- quelle résulte de la division en deux parties de celle dite ocu- (1) M. Schlegel (4bbildungen Amphibien ) a donné à l'extrémité de la queue de ce Typhlops une forme conique qu'elle n'offre certai- nement pas dans la nature. TYPHLOPIENS. G. TYPHLOPS. 12. 319 laire qui d'ordinaire s'appuie sur les squammes supéro-labiales placées au-dessous de l’œil , et monte sans interruption dans la direction de celui-ci jusqu’à la région sus-orbitaire. Le Typhlops noir, de même que le Brame, a le dessus de la tête excessivement peu aplati et le bout du museau fortement arrondi. La partie terminale de sa queue n’est point en cône, mais simplement convexe; aussi la squamme emboîtante qui la protége a-t-elle la forme d’un disque bombé, du centre du- quel naît une trés-petite épine. Le corps est une soixantaine de fois plus étendu en longueur qu’en largeur. La plaque rostrale est plus courte et moins large dans sa ré- gion inférieure que dans sa portion supérieure; celle-ci a la figure d’un ovale très-allongé ; celle-là est à peu près carrée , arrondie à ses angles postérieurs et creusée d’un petit sillon le long de son bord labial. La frontale antérieure , hexagone et trés-dilatée en travers, est plus développée et surtout plus large que la partie inférieure de la rostrale. La frontale propre- ment dite et l’interpariétale ressemblent à la frontale antérieure ; il en serait de même de ia post-interpariétale , si elle n’était un peu plus petite. Les sur-oculaires, les pariétales et les post- pariétales sont pentagones ou sub-hexagones, très-élargies, à peu près de même dimension que les frontales et placées exac- tement comme elles en travers du crâne. Les nasales sont qua- drilatères oblongues, un peu rétrécies en avant. Les fronto-na- sales affectent chacune la figure d’un triangle scalene ; elles sont très-développées et ne se touchent point en avant de la frontale antérieure par leurs sommets , qui sont des angles aigus légère- ment curvilignes. Les préoculaires et les oculaires sont beaucoup moins grandes et surtout plus courtes que les fronto-nasales ; leur figure est celle d’une lame allongée, à six pans , placée ver- ticalement, terminée en haut et en bas par un angle aigu. Les sous-oculaires sont petites, pentagones, circonscrites chacune par la fronto-nasale, la préoculaire, l’oculaire, la seconde supéro-labiale et la troisième. La lèvre supérieure a chacun de ses côtés garni de quatre squammes, dont la première est ex- cessivement petite, quadrilatere oblongue , plus étroite en avant qu’en arrière. Parmi les suivantes, qui sont successivement deux, trois, quatre et même cinq fois plus grandes, la seconde seule n’a que trois pans, la troisième et la quatrième ‘en ont quatre, dont un est curviligne et plus étendu que les autres. 314 SCOLÉCOPHIDES. Les plaques oculaires sont assez transparentes pour qu'on puisse frès-bien apercevoir les yeux au travers (1). 11 n’y a d’écailles hexagones que près de la tête; partout sur le reste du corps, les pièces de l’écaillure ont quatre côtés, un - antérieur , deux latéraux et un postérieur plus grand que les autres et distinctement arqué. Cororation. Ce petit Serpent a le dessons de la tête , les pla- ques oculaires et les bords de son orifice anal d’un blanc assez pur. Les autres parties de son corps, ou plutôt les petites pièces squammeuses qui les revêtent , ont leur centre noirâtre et leur pourtour d’un brun rouge ; celui-ci étant plus abondant que celui-là sur les écailles des régions inférieures, et le contraire ayant lieu pour celles des régions supérieures, il en résulte qu’a la première vue le ventre paraît être uniformément rougeâtre et le dos entièrement d’un brun noir très-foncé. Dimensions. Le Typhlops noir est d’une très-petite taille, ainsi qu'on peut le voir par les mesures suivantes : Longueur totale. 13” 6”. Téte Long. 4”. Tronc. Larg. 2”, Long. 12” 7°”. Queue. Long. 5”. Parris. Cette espèce a été découverte dans l’intérieur de l’île de Java par M. Müller, auquel le musée de Leyde est redevable du seul exemplaire qu’il possède. Néanmoins on a bien voulu nous envoyer ce précieux exemplaire en communication. VE GENRE. CÉPHALOLÉPIDE. — CEPHALO- LEPIS (2). Nobis. CaracrÈres. Tête cylindrique , très-faiblement dé- primée, arrondie en avant, entièrement revêtue de squammes peu difiérentes des écailles du corps. Une petite plaque rostrale située à la partie inférieure du bout du museau. Narines hémidiscoïdes, termino-laté- (1) Les figures des plaques céphaliques de cette espèce publiées par M. Schlegel ne sont pas parfaitement exactes. En général, elles ne les représentent point assez élargies. (2) medan, Hç, tête; Aeris, idoc, écaille. TYPHLOPIENS. G. CÉPHALOLÉPIDE. 1. 315 rales, s’ouvrant entre deux squammes. Yeux latéraux, distincts. Ce genre est le seul de toute la famille des Typhlopiens dont le devant et les côtés de la tête soient protégés comme le dessus par des squammes à peu près de même figure etpresque aussi petites que les écailles du corps, au lieu d’être revêtus de grandes lames d’apparence cornée, parmi lesquelles on retrouve les analogues des plaques qui composent le bouclier céphalique de la plupart des espèces appartenant aux deux grandes sections des Azémiophides et des Aphobérophides. Il n’y a qu’une des pièces squam- meuses de la tète des Céphalolépis qui ait plus de dévelop- pement que les autres, c’est celle qui occupe le bout du museau ; encore, loin de se reployer sur celui-ci, comme chez les genres précédents, ne‘couvre-t-elle que le bas de sa partie terminale. Néanmoins, nous la désignerons par le nom de plaque rostrale. Les narines des Céphalolépides viennent aboutir chacune extérieurement sous la forme d’un petit trou demi-circu- laire entre deux squammes situées à l'extrémité anté- rieure des parties latérales de la tête. Les yeux aussi sont placés latéralement, et leur petitesse est telle qu’on ne les distingue que difficilement au travers des téguments squam- miformes et transparents qui les recouvrent. L’unique espèce pour laquelle nous établissons ce genre est la suivante: 1. LE CÉPHALOLÉPIDE: LEUCOCÉPHALE. Cephalolepis leucocephalus. Nobis. CARACTÈRES. Tête blanche ; corps brun en dessus, jaunatre en dessous. SYNONYMIE. T'yphlops squammosus. Schleg. Abbild. Amph., pag. 36, pl. 32, fig. 9-12. 316 SCOLÉCOPHIDES. DESCRIPTION. Forues. Le Céphalolépide leucocéphale est une quarantaine de fois aussi long qu'il est large vers la partie moyenne de son tronc. Sa queue, conique et courbée , a une longueur égale au diamètre transversal de sa tête. Celle-ci, à peine aplatie en dessus, a son extrémité antérieure comme tronquée, fortement arrondie et tout aussi large que son extrémité postérieure. La bouche est située beaucoup moins en arrière du bout du museau que dans aucune autre espèce de la même famille ; le dessous de ce dernier est occupé en partie par la plaque rostrale, qui offre la figure d’une bandelette transversale décrivant une courbe parallèle à celle que fait le bord de la portion de la lèvre sur laquelle elle se trouve appliquée. Les autres squammes cépha- liques, à l’exception cependant de quelques-unes qui avoisinent la rostrale et dont la figure n’est pas déterminable, sont pa- reilles aux écailles du corps, c’est-a-dire qu’elles présentent quatre pans, un antérieur, deux latéraux et un postérieur plus étendu que ceux-ci et très-arqué. Écailles du tronc : 21 rangées longitudinales, environ 340 rangées transversales. Écailles de la queue : 14 rangées trans- versales. | CoLorarion. Cette espèce a la tête et le dessous du corps d’un blanc jaunâtre; ses parties supérieures, en apparence unifor- mément d’un brun olive, n’ont réellement que les deux tiers postérieurs de la surface de chacune de leurs écailles de cette dernière teinte , l’autre tiers étant coloré en gris bleuâtre. Dimensions. Longueur totale. 14” 5”, Tête. Long. 4” 4/2, Tronc. Larg. 3”, Long. 13” 7°” 1/2. Queue. Long. 3”. Patrie. Le Céphalolépide leucocéphale est originaire de la Guyane française ; il ne nous est connu que par un seul indi- vidu appartenant au musée de Leyde. CATODONIENS. Si We FAMILLE DES CATODONIENS. La mâchoire supérieure de ces Serpents vermi- formes manque de dents, mais l’inférieure, qui a ses os dentaires extrêmement forts , en est armée de six à dix de chaque côté, lesquelles sont courtes, grosses, subcy- lindriques et mousses. C’est principalement en ceci que les espèces de la présente famille diffèrent de celles de la précédente, chez lesquelles , au contraire, les bran- -ches sus-maxillaires sont dentées, tandis que les sous- maxillaires, d'ailleurs très-faibles , ne le sont pas. Ex- térieurement, on reconnaît les Catodoniens à ce que leur lèvre supérieure, au lieu d’être garnie comme celle des Typhlopiens de squammes peu différentes des écailles du corps, en offre qui ressemblent davan- tage aux plaques de la partie antérieure et des régions latérales de la tête. Ajoutez à cela que les squammes supéro-labiales des Catodoniens sont comme les squam- mes inféro-labiales des Typhlopiens, fortement re- ployées en dedans de la lèvre, qui se trouve ainsi avoir sa face interne aussi solidement protégée que sa face externe ; puis leur nombre, à droite et à gauche, n’est pas invariablement de quatre formant une série non interrompue depuis la plaque rostrale jusqu’à la commissure des mâchoires ; car ordinairement il n’exisie que deux de ces squammes supéro - labiales, qui sont séparées l'une de l’autre par la plaque ocu- laire , et dont la première a toujours la plaque nasale située entre elle et ja plaque rostrale. Quant aux squammes de la lèvre inférieure, elles se reploient à peine intérieurement , comme c'est exactement le cas 318 SCOLÉCOPHIDES. de celles de la lèvre supérieure des Typhlopiens , et, sous le rapport de leur figure et de leur dimen- sion, elles ne présentent rien qui les différencie notablement des écailles gulaires. Les pièces qui composent le bouclier céphalique ont généralement moins d’inégalité entre elles, relativement à leur étendue, que leurs analogues dans la famille des Ty- phlopiens ; ainsi, les plaques impaires où médianes, telles que la frontale antérieure, la frontale propre- ment dite , l’inter-pariétale et la post-inter-pariétale, oflrent une surface presque égale ou peu inférieure à celle des plaques paires ou latérales sur-céphaliques. dites sur-oculaires , pariétales et post-pariétales, et celles-ci ne sont pas considérablement plus grandes que la rostrale, les fronto-nasales , les préoculaires et les oculaires. La famille des Catodoniens ne comprend encore que deux genres, dont l’un, appelé Catodon , tient encore des T'yphlopiens par la petitesse de ses yeux et l'extrême brièveté de sa queue , tandis que, par des caractères positivement opposés à ceux-ci, l’autre, nommé Stenostoma, se rapproche au contraire de certaines espèces appartenant aux premiers groupes de la section des Azémiophides. I" Genre. CATODONTE. CATODON (1). Nobis. Garacrères. Tête fortement déprimée, tronquée et arrondie en avant, revêtue de plaques. Rostrale re- ployée sous le museau et développée ‘sur la tête en une grande calotte quadrilatère; une frontale anté- rieure, une frontale, une interpariétale , une post- (1) KaéTw, en bas; odouc, ovroc, dent, CATODONIENS. G. CATODONTE. I. 319 interpariétale, une paire de pariétales et de post- pariétalés, pas de sur-oculaires ni de préoculaires, mais une paire de fronto - nasales et d'oculaires. Narines latérales * hémidiscoïdes, s’ouvrant entre la nasale et la fronto-nasale. Yeux latéraux, peu distincts. Une tête excessivement aplatie, un museau large et coupé carrément , une plaque rostrale dont la portion supérieure recouvre le devant de la tête en manière de calotte qua- drangulaire , des yeux à peine distincts, des orifices nasaux hémidiscoïdes, tels sont les caractères qui, joints à l’ab- sence de plaques sur-oculaires, distinguent essentiellement le genre Catodonte de celui des Sténostomes. Les narines des Catodontes aboutissent en dehors à droite et à gauche de l’extrémité du museau, tout près de la pla- que rostrale , dans la suture de la nasale avec la fronto-na- sale ; leur ouverture en demi-disque est pratiquée tout en- tière dans le bord de cette dernière plaque. Les yeux semblent être deux points noirs situés au haut des côtés de la tête, sous la marge antérieure des plaques oculaires. La partie supérieure de celles-ci, qui se reploie sur le crâne, y occupe la place où existe la sur-oculaire , dans les espèces du genre suivant. Le seul Catodonte que nous connaissions encore, a la queue très-courte, tandis que les quatre Sténostomes dont on trouvera plus loin la description ont cette partie termi- nale du corps au contraire assez développée. 1. LE CATODONTE A SEPT RAIES. Catodon septem-striatus. Nobis. . CARACTÈRES, Queue conique , courbée, d’une longueur double de la largeur de la tête , sans épine terminale. Corps jaunâtre, marqué longitudinalement de raies brunes. SYNONYME. 7yphlops septem-striatus. Schneid. Hist. Amph. Fasc. IT, pag. 341, 390 SCOLÉCOPIHIDES. DESCRIPTION. Formes. Aucun autre Scolécophide n’a la tête aussi aplatie que le Catodonte à sept raies, aucun autre non plus ne l’a (er- minée antérieurement comme celui-ci par un bord à peine ar- qué, formant de chaque côté avec les parties latérales de la tête un angle droit, dont le sommet est légèrement arrondi. Le corps de cette espèce est plus grêle à son extrémité anté- rieure qu’à son extrémité postérieure , il a en longueur totale près de cinquante fois la largeur de sa partie moyenne. La plaque rostrale est moins développée dans sa portion infé- rieure que dans sa portion supérieure; celle-ci représente une énorme calotte quadrangulaire ayant son bord postérieur recti- ligne et les latéraux légèrement courbés en $ ; elle couvre envi- ron le tiers antérieur du dessus de la tête ; sa portion inférieure, quadrilatère aussi, un peu convexe et rétrécie en arrière, occupe tout le dessous du museau , conjointement avec les nasales. Ces plaques, qui offrent chacune la figure d’un triangle scalène, se trouvent en rapport par leur plus grand côté avec la rostrale, par l’un des deux autres avec la première supéro-labiale et par le troisième avec la plus grande partie de la base des fronto- nasales. La frontale antérieure, la frontale prorrement äite, l’interpariétale et la post-interpariétale , toutes quatre hexago- nes , très-élargies et placées à la suite l’une de l’autre en arrière de la rostrale, protégent , sur une largeur égale à celle de cette dernière plaque , la presque totalité des deux tiers postérieurs de la surface du crâne. Les fronto-nasales ressembleraient à des triangles isocèles, si elles n'étaient tronquées à leur angle inféro-postérieur ; elles revêtent les côtés du museau s'appuyant sur la nasale et la pre- mière supéro-labiale , touchant par devant à la rostrale, par derrière à l’oculaire, par en haut à l’angle latéro-externe de la frontale antérieure. Les oculaires sont de larges bandes verti- cales dont l’extrémité inférieure se reploie en dedans de la lèvre , et la supérieure, qui est en angle aigu, s’engage entre la frontale antérieure et la frontale proprement dite. Les pariétales etles post-pariétales , hexagones et tres-dilatées transversalement, sont, celles-ci plus petites, celles-là plus grandes que la frontale antérieure; elles descendent sur les tempes de manière à les couvrir complétement ; le sommet des CATODONIENS. G. CATODONTE. !. 321 unes s’enclave entre la frontale proprement dite et l’interparié- tale, et celui des autres entre cette dernière et la post-interpa- riétale. Les deux seules squammes supéro labiales qui existent de chaque côté, sont séparées l’une de l’autre par l’oculaire ; la première, d’un quart plus petite que la nasale, se trouve placée entre cette plaque et l’oculaire , et par conséquent sous la fronto-nasale; la seconde, dont le développement est à peu près le même que celui d’une des fronto-nasales, occupe lPex- trémité postérieure de la lèvre, ayant devant elle l’oculaire et au-dessus la pariétale; elle est quadrangulaire, une fois plus haute que large et arrondie en arrière. + Les écailles de la gorge sont carrées , celles du dessus du cou différent peu des plaques sur-céphaliques , quant à la figure et à la dimension ; mais les autres pièces de l’écailiure du corps sont moins grandes et coupées à quatre pans, un antérieur petit, deux latéraux encore plus petits, et un postérieur au contraire trés-étendu et assez distinctement curviligne. La squamme en dé conique qui emboîte l’extrémité de la queue ne se prolonge pas en épine. Écailles du tronc : 14 rangées longitudinales, 220 rangées transversales. Écailles de la queue : une dizaine de rangées transversales. Cocorarion. Tout le corps de ce petit Serpent est d’un jaune paille sale , un peu plus clair à sa région inférieure qu’à sa partie supérieure et sur ses côtés. Chacun de ceux-ci offre deux raies longitudinales d’un brun roussâtre , il en existe deux semblables sur le dos et une à peine distincte au bas de chaque flanc. Dimensions, Longueur totale. 28°?” Tête. Long. 8”. Tronc. Lars. 6”. Long. 26” 5”. Queue. Long. 2”. PArrie. Cette espèce ne nous est connue que par un seul in- dividu , dont nous ignorons la patrie. Observations. 1 nous semble bien que c’est celle qui a été brièvement décrite sous le nom de 7'yphlops septem-strialus, par Schneider, d’après un exemplaire du musée de Lampi. REPTILES , TOME VI. 21 329 SCOLÉCOPHIDES. II GENRE. STÉNOSTOME. STENOSTOMA. Nobis (1). Caracrènes. Tête peu déprimée, fortement arron- die en avant , revêtue de plaques qui sont : une ros- trale courbée sous le museau et très-peu développée sur celui-ci, une frontale antérieure, une frontale, une interpariétale , une post-interpariétale , une paire de sus-oculaires , une paire de pariélales et de post- pariétales, une paire de nasales, de fronto-nasales et d’oculaires; pas de préoculaires. Narines latérales, ovales , s'ouvrant entre la plaque nasale et la fronto- nasale. Yeux latéraux, bien distincts. Les Sténostomes , au lieu d’avoir comme les Catodontes la tête très-aplatie, la portion supérieure de la plaque rostrale fort développée , les narines hémidiscoïdes et les yeux exces- sivement petits, ont la première presque cylindrique, la seconde peu dilatée sur le chanfrein , les troisièmes ovalai- res et les derniers le plus souvent assez grands et toujours parfaitement distincts au travers des lames cornées qui les recouvrent; puis, parmi les pièces de leur bouclier cépha- lique, se trouvent des sus-oculaires, tandis que les Cato- dontes manquent de ces plaques, dont la place est occupée par les prolongements latéraux de la frontale antérieure et de la frontale proprement dite. Les narines, qui, ainsi que nous le disions tout à l’heure , sont deux orifices ovales pra- tiqués dans la nasale et la fronto-nasale, se trouvent placées sur les côtés du bout du museau, tantôt tout à fait en bas, tantôt plus ou moins de niveau avec les yeux. La queue des Sténostomes est à proportion beaucoup (1) Zrovos, étroite, rétrécie; Z:5vx, bouche. CATODONIENS. G. STÉNOSTOME. 1. 323 moins courte que celle de la plupart des espèces précédem- ment décrites. La dénomination de Stenostoma doit son introduction dans le vocabulaire erpétolosique à l’idée qu’eut Wagler de la substituer à celle de Typhlops, qui, selon li, ne pouvait plus convenir à un groupe générique dans lequel venait se ranger un nouveau Serpent qui , loin d’être aveu- gle, offrait au contraire des yeux bien développés C'est ainsi que l’une des espèces du genre dont nous traitons fut appe- lée par Wagler Stenostoma albifrons , sans que pour cela il l'ait considéré comme étant d’un autre genre que celui des Typhlops de Schneider. Mais plus tard ce même erpétologiste ayant, avec juste raison, repris le nom de T'yphlops et laissé celui de Sténostome, nous avons cru pouvoir nous servir de ce dernier pour désigner un genre renfermant justement l'espèce à l’occasion de laquelle cette dénomination de Stenostoma fut imaginée. Espèces. éxessivement. : . 4 , . . d'a LRO) AVE 1. S. pu CAIRE. n |desce dant De très-longue. . . . . . ° « 2. S. NOIRATRE: | jusque sur } courte } médiocrement: | Ila lèvre : ueue... : . RALMONTE 4 de moyenne longueur. . 4. S. ke Goupor. |la nasale haute, s'élevant au niveau de l'œil.. . . . . . . . 3. S. FRONT BLANC. | ayant deux squammes labiales au-dessous d'elle. . . . . . . .. 5. $S. DEUX RAIES. | 1 LE STÉNOSTOME DU CAIRE. Stenostoma Cairi. Nobis. CARAGTÈRES. Queue deux fois plus longue que la tête. Deux squammes supéro-labiales de chaque côté, séparées l’une de l’autre par la plaque oculaire , qui descend jusqu’au bord de la lèvre. Narines situées beaucoup au-dessous du niveau des yeux. Ceux-ci trop petits pour qu’on puisse distinguer la pupille. Pre- 324 SCOLÉCOPHIDES. mière squamme supéro-labiale excessivement petite , séparée de œil par un très-grand intervalle. DESCRIPTION. Formes. Le corps du Sténostome du Caire est soixante-dix fois environ aussi long qu’il est large au milieu ; le diametre de sa partie antérieure est un peu moindre que celui de sa région postérieure. La queue, qui a deux fois plus d'étendue que la tête ou qui entre presque pour le quinzième dans la longueur totale de l’animal, est droite, cylindrique , excepté à son extré- mité terminale , qui est en cône très-obtus, un peu courbée de haut en bas et armée d’une petite épine. Le museau, dont le bout est très-convexe, a moins d’épais- seur que de largeur. Ea portion supérieure de la plaque rostrale représente un triangle équilatéral fortement arrondi à son sommet postérieur ; la portion inférieure de la même plaque a la figure d’un carré long placé en travers, elle se recourbe en de- dans de la lèvre en faisant toutefois une petite saillie correspon- dante au bord de celle-ci, La frontale antérieure est moins grande que la portion inférieure de la rostrale; elle est plus large que longue et coupée à quatre pans, un très-petit, oblique de chaque côté, un grand, droit en avant, et un encore plusgrand, curviligne en arrière. La frontale proprement dite et l’inter-pa- riétale différent de la précédente , en ce qu’elles ont leur pan antérieur un peu plus large, et leurs pans latéraux un peu moins petits. Les sus-oculaires, qui offrent chacune une dimension presque égale à celle de la frontale proprement dite , sont deux petites bandelettes subrhomboïdales placées obliquement au- dessus des yeux, engagées par un angle aigu entre la fronto- nasale et l’oculaire , et par un autre angle aigu entre la frontale antérieure et la frontale proprement dite. Les pariélales , sub- rhomboïdales aussi, sont beaucoup plus étendues dans le sens transversal que dans lesenslongitudinal de la tête; elles s’avancent par un angle aigu entre la frontale proprement dite et l’inter- pariétale , et descendent le long de la moitié au moins du bord postérieur de l’oculaire pour s'appuyer par un petit bord oblique sur la seconde squamme supéro-labiale. Les post-pariétales ont la même figure et la même grandeur que ces dernières. Les na- sales, très-petites et situées tout à fait sous le museau, affectent chacune la figure d’un triangle scalène, dont le grand côté CATODONIENS. G. SIÉNOSTOME. 1, 325 touche à la rostrale , le moyen à la fronto-nasale et le petit à la première squamme supéro-labiale. Les fronto-nasales , qui sont presque aussi développées que les oculaires, ont également comme les nasales la figure d’un triangle scalène, dont le petit côté est en rapport avec ces dernières plaques , le moyen avec la rostrale , le grand avec l’oculaire, la sus-oculaire et la frontale antérieure. Les oculaires sont des lames quadrangulaires ayant une hauteur double de leur largeur ; leur bord supérieur, sur le- quel s’appuie la sus-oculaire , est oblique et s’unit à angle aigu avec leur bord postérieur, qui est rectiligne, de même que l’an- térieur et l’inférieur, qui se recourbe en dedans de la lèvre. Il n’y a que deux squammes supéro-labiales de chaque côté ; la pre- miere , subtrapézoïdale et excessivement petite , est placée sous la fronto-nasale entre la nasale et l’oculaire , qui la sépare de sa congénére. Cette seconde squamme supéro-labiale est de moitié moins développée que l’aculaire ; elle offre quatre pans : un très- petit, sur lequel s’appuie la pariétale , un trés-grand, oblique qui touche à l’oculaire , et deux autres, un en bas, l’autre en arrière , formant un angle droit, arrondi à son sommet. Les yeux , bien que tres-apparents, sont d’un diamètre distinc- tement moindre que celui de ces mêmes organes dans les trois espèces suivantes. Les narines sont situées tout à fait au bas des côtés du bout du museau, c’est-à-dire presque sous celui-ci. Les écailles du corps sont un peu plus dilatées transversalement que longitudinalement ; elles représentent des losanges arrondis au sommet de leur angle postérieur. Écailles du tronc : 14 rangées longitudinales , 325 rangées transversales. Écailles de la queue : 36 rangées transversales. CoLorarIon. Ce Sténostome est blanchäâtre, lavé en dessus d’une teinte brun roussâtre extrêmement claire. Dimensions. Longueur totale, 24” 1”. Tête. Long. 5”. Tronc. Long. 22”. Queue. Long. 1” 6” PATRIE. Cette espèce est une découverte faite aux environs du Caire par M. Birr, de qui le Musée de Strasbourg en a recu un exemplaire , qu’on a bien voulu nous envoyer en communi- cation (1). (1) Les feuilles précédentes étaient déjà imprimées lorsque nous avons eu connaissance de cette nouvelle espèce : c’est pourquoi elle ne se + 326 SCOLÉCOPHIDES 2. LE STÉNOSTOME NOIRATRE. Sfenostoma nigricans. Nobis. CARACTÈRES. Queue trois fois plus longue que la tête, Deux squammes supéro-labiales de chaque côté , séparées l’une de l’autre par Poculaire, qui descend jusqu’au bord de la lèvre. Na- rines situées un peu au-dessous du niveau des yeux ; ceux-ci assez grands et à pupille très-distincte. Premiére squamme su- péro-labiale très-courte, séparée de l’œil par un certain intervalle. SYNONYMIE. Z'yphlops nigricans. Nob. Mus. Par. Typhlops nigricans. Schleg. Abbild. ;Amph. pag. 38, pl. 32, fig. 21-24 (1). : DESCRIPTION. Formes. Le Sténostome noirâtre , bien que trés-voisin du pré- cédent, s’en distingue aisément aux caractères suivants : ainsi il est entiérement noir au lieu d’être blanchâtre; sa premiére squamme supéro-labiale est un peu moins petite, ses narines sont placées un peu moins bas sur les côtés du bout du museau ; son corps est moins grêle , puisque sa longueur totale n’est pas soixante-dix fois, mais cinquante-cinq fois seulement égale à sa largeur ; enfin sa queue est proportionnellement plus longue, attendu qu’elle fait la neuvième ou la dixième et non la quin- zième partie de toute l’étendue de l’animal. Le museau du Sténostome noirâtre est à peu près aussi épais que large. La plaque rostrale est moins courte dans sa portion supérieure que dans sa portion inférieure; celle-ci est en carré long placé transversalement ; celle-là représente un triangle isocèle arrondi à son sommet postérieur. La frontale antérieure, la frontale proprement dite , l’inter-pariétale et la post-inter-pa- riétale sont subhémiscoïdes et égales entre elles. Les sus-oculaires ‘ affectent chacune la figure d’un triangle scalène à grand côté curviligne. Les pariétales sont pentagones inéquilatérales , très- ” élargies et une fois plus grandes que la frontale antérieure ; les trouve pas mentionnée dans l'article relatif à la distribution géogra- phique des Scolécophides. (1) Ces figures ne sont pas exactes; les sus-oeulaires, les pariétales et les post-pariétales, en particulier, n’y ont pas la grande dilatation transversale qu'elles présentent dans la nature. : CATODONIENS. G. STÉNOSTOME. 3. 327 post-pariétales sont moins larges, mais elles offrent lamême figure que les précédentes. Les nasales sont extrêmement petites et en _ triangles scalènes , de même que les fronto-nasales , qui sont au contraire très-développées et non conjointes par leurs sommets. Les oculaires ressemblent à des bandelettes verticales aussi larges, mais pas tout à fait aussi hautes que les fronto-nasales. Elles se terminent en haut par un petit angle aigu qui s’engage entre la sus-oculaire et la pariétale. Les deux seules squammes supéro- labiales qui existent de chaque côté sont entièrement séparées l’une de l’autre par la plaque oculaire ; la première est carrée ou subtrapézoïde ; la seconde pentagone, a peine plus haute que large, et environ de moitié moins développée que l’oculaire. Écailles du tronc : 15 rangées longitudinales , 232 rangées transversales, Écailles de la queue : une trentaine de rangées transversales. CororaTion. Ce Scolécophide, qui paraît être entièrement noi- râtre ou plutôt d’un brun de suie tres-foncé à l'œil nu, offre une petite bande blanchâtre sur la marge postérieure de chacune de sesécailles, lorsqu'on examine celles-ci à l’aide d’une forte loupe. Dimensions. Le Sténostome noirâtre est un des plus petits parmi les Serpents vermiformes. Longueur totale, 12” 5”. Tête. Long. 4”; Tronc. Larg. 2”. Long. 107 9”. publiée Long. 1” 6°”, PATRIE. Il habite la pointe australe de l'Afrique. Nous en pos- sédons des individus rapportés du cap de Bonne-Espérance par Delalande. 3. Le STÉNOSTOME FRONT BLANC. Stenostoma albi- frons. Nobis. CARAGTÈRES, Queue près de deux fois plus longue que la tête. Deux squammes supéro-labiales de chaque côté, séparées l’une de l’autre par la plaque oculaire qui descend jusqu’au bord de la lèvre, Narines situées au niveau du bord inférieur des yeux ; ceux-ci grands et à pupille trés-distincte. Première squamme supéro-labiale haute , atteignant l’œil. SYNONYMIE. our atbifrons. Wagl. Serp. Brasil. Spix , pag. 69, pl. 25, fig. 3. Typhlops sonne striatus, Cuv, Règn. anim. ?° édit., tom. ? , pag. 74. 328 SCOLÉCOPHIDES. T'yphlops undecim-slriatus. Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 248. Typhlops undecim- striatus. Gray. Synops Rept. in Griff, Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 77. T'yphlops albifrons. Id. loc. cit. T'yphlops undecim-striatus. Schl. Abbild, Amph. pag. 36. Stenostoma albifrons. D’Orbigny. Voy. Amér. mérid. Zoolog. Rept. pl. 6, fig. 1-6. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a en longueur totale, dans laquelle la queue entre pour la treizième ou la quatorzième partie, de soixante-six à soixante-dix fois le diametre du milieu de son corps, qui est un peu plus étroit vers sa région céphalique que vers la caudale. La tête, à peine aplatie en dessus, a son extrémité antérieure fortement arrondie; la queue se termine brusquement ou sans se rétrécir du tout, en formant un petit cône obtus qu’emboîte un dé squammeux à pointe spiniforme. La plaque rostrale représente un triangle isocèle ; son sommet, qui est arrondi , touche à la frontale antérieure et sa base se re- courbe en dedans de la lèvre, en faisant toutefois une petite saillie le long du bord de celle-ci ; la portion inférieure de cette même plaque rostrale garnit à elle seule tout le dessous du museau, tandis que sa portion supérieure ne couvre qu’un petit espace triangulaire sur le dessus de ce dernier. La frontale antérieure, la frontale proprement dite, l’inter-pariétale et la post-inter- pariétale sont de même figure et à peu près de même dimension, c’est-à-dire qu’elles ont un développement moindre que la por- tion inférieure de la rostrale et qu’elles offrent trois côtés, un très-grand, curviligne, et deux plus petits formant un angle obtus, dont le sommet, quelquefois tronqué , est dirigé en avant ; ces quatre plaques, placées à la suite l’une de l’autre immédiate- ment derrière la rostrale , occupent toute la région médio-lon- gitudinale de la surface céphalique ; à droite et à gauche elles se trouvent respectivement en rapport par un angle aigu, la frontale antérieure avec la fronto-nasale et la sus-oculaire, la frontale proprement dite avec la sus-oculaire et la pariétale, linter-pariétale avec la pariétale et la post-pariétale, la post- inter-pariétale avec la post-pariétale et la squamme qui suit im : CATODONIENS. G. SIÉNOSTOME. 3. 329 médiatement cette derniere. Les fronto-nasales affectent chacune la figure d’un triangle scalène ; leur petit côté s’appuie sur la nasale , le moyen côtoie la rostrale , et le grand touche à la pre- mière supéro-labiale, à l’oculaire , à la sus-oculaire et à la fron- tale antérieure, Les sus-oculaires sont pentagones inéquilaté- rales, très-dilatées en travers; les pariétales, heptagones inéqui- latérales, également très-allongées et d’un tiers plus développées que les précédentes. Les post-pariétales, si ce n’est qu’elles sont un peu moins grandes, ressemblent aux pariétales. Les nasales sont en triangles scalènes touchant par leur petit côté à la fronto- nasale, par le grand à la rostrale, et par le moyen à la première squamme supéro-labiale. L’oculaire, qui est hexagone inéquila- térale, plus haute que large et un peu rétrécie inférieurement , se trouve avoir au-dessus d’elle la sus-oculaire , devant elle la fronto-nasale et la premiere supéro-labiale , derrière elle la pa- riétale et la seconde supéro-labiale. La première supéro-labiale, est fort étroite et touche au devant de l’œil par son sommet, qui est en angle aigu; la seconde, qui est sub-trapézoïde , a la même largeur, mais moitié moins de hauteur que l’oculaire. Les yeux sont situés à peu près vers le milieu de la longueur et de la hau- teur des côtés de la tête , sous l’oculaire , tout près du petit bord par lequel elle s’unit à la fronto-nasale. Les narines sont laté- rales et, ce qui est caractéristique chez cette espèce, placées aussi haut que les yeux. Les pièces de l’écaillure du corps sont des losanges un peu élargis , dont l’angle antérieur est légere- ment émoussé et le postérieur plus ou moins fortement arrondi. Écailles du tronc : 14 rangées longitudinales, de 170 à 175 rangées transversales. lcailles de la queue : environ 14 rangées transversales. CoLorarTion. Le museau et le bout de la queue sont d’un blanc pur. Chaque écaille du corps est d’un brun marron, noirâtre ou violacé, avec une bordure blanchätre de chaque côté; aussi ce petit Serpent paraît-il être longitudinalement marqué de lignes d'une teinte très-claire alternant avec des raies d’une cou- leur foncée. Dimension. Longueur totale. 23’. Téle. Long. 6”. Queue. Larg. 5”; long. 20” 8°”. Tronc. Long. 1” 6”. Parrie. Cette espèce a été trouvée au Brésil par Spix et dans la province de Buénos-Ayres par M. D’Orbigny. Observations. Nous lui avons restitué le nom d’Ælbifrons 330 SCOLÉCOPHIDES. qu’elle avait reçu de Wagler, avant que G. Cuvier l’eût appelée Undecim-striatus. 4. LE STÉNOSTOME DE GOUDOT. Stenostoma Goudotii. Nobis. CARACTÈRES. Queue de moitié plus longue que la tête. Deux squammes supéro-labiales de chaque côté, séparées l’une de l'autre par la plaque oculaire , qui descend jusqu’au bord de la lèvre. Narines situées un peu au-dessous du niveau du bord in- férieur des yeux ; ceux-ci grands, à pupille tres-distincte Pre- mière squamme supéro-labiale n’atteignant pas l'œil. DESCRIPTION. Cette espèce, intermédiaire au Stenostoma nigricans et à l’Albifrons , diffère de tous deux par son mode de coloration et par la longueur beaucoup moindre de sa queue. Il se distingue en outre, du premier, en ce que ses narines ne s’ouvrent pas tout à fait aussi bas sur les côtés du museau, que ses plaques na- sales et ses premières supéro-labiales sont un peu moins courtes et que ses sus-oculaires offrent cinq pans inégaux , au lieu d’af- fecter la figure d’un triangle scalène ayant son grand côté cur- viligne ; et du second , en ce que ses plaques supéro-labiales de la premiere paire ne s’élévent pas jusqu’au devant des yeux, et que c’est au-dessous du niveau du bord inférieur de ces organes que se trouvent situés les orifices externes de ses fosses olfactives. Le Sténostome de Goudot a en longueur totale , dont la queue fait la vingt-cinquième partie, soixante fois la largeur du milieu de son corps. Écailles du tronc: 15 rangées longitudinales, Écailles de la queue : 14 rangées transversales. . CororaTion. Les bords de la bouche sont lavés de blanc sale. Toutes les écailles présentent chacune une tache noirâtre envi- ronnee d’une large bordure grisûtre. DIMENSIONS. Longueur totale. 15”. Tête. Long. 4”. Tronc. Long. 13” 9°”. Queue. Long. 7°”. PAtRig. Ce Sténostome a été trouvé dans la vallée de la Magde- leine, à la Nouvelle-Grenade;, par le naturaliste dont il porte le nom. CATODONIENS. G. STÉNOSTOME. . 331 5. LE STÉNOSTOME DEUX RAIES. Sfenostoma bilineatum. Nobis. CARAGTÈRES. Queue une fois plus longue que la tête. Quatre squammes supéro-labiales de chaque côté formant une série continue. Narines situées au niveau du bord inférieur des yeux. Ceux-ci grands, à pupille très-distincte. Première et troisième squamme supéro-labiale plus courte que la seconde , qui atteint l’œil. À Synonyme. T'yphlops bilineatus. Nob. Mus. de Par. Typhlops bilineatus. Schleg. Abbild. amph. pag. 36, pl. 32, fig. 5-8. DESCRIPTION. Formes. Le corps de cette espèce, contrairement à ce qu’on observe chez.tous les autres Scolécophides, est plus étroit à son extrémité postérieure qu'à son extrémité antérieure, ainsi que cela existe, à quelques exceptions près, dans tous les Serpents des sections suivantes. Sa longueur totale, dont la queue fait environ la dix-septième partie , n’est guère qu’une quarantaine de fois égale au diamètre de la région moyenne du tronc. On reconnaît principalement ce Sténostome à l’aplatissement bien prononcé du dessus de sa tête, au peu de largeur de son mu- seau , à la grandeur de ses yeux, à la figure disco-polygonale des lames cornées qui abritent ces organes, à la rangée conti- nue que constituent de chaque côté de la lèvre supérieure, les quatre paires de plaques qui revêtent celle-ci ; enfin , à la forme distinctement conique de sa queue, qui est néanmoins un peu courbée de haut en bas, et dont la pointe est armée d’une petite épine. La plaque rostrale est une très-petite bandelette longitudi- nale aussi courte dans sa portion supérieure que dans sa portion inférieure, qui sont , l’une sub-ovalaire, l’autre à peu près carrée. La frontale antérieure , la frontale proprement dite, l’inter-pa- riétale et la post-inter-pariétale ont chacune une dimension peu ou point différente de celle de la portion inférieure de la ros- trale ; chacune d’elles offre aussi cinq pans, trois antérieurs, pe- tits, dont un transversal et deux obliques, puis deux latéraux, très-grands , se réunissant postérieurement en angle obtus forte- - ment arrondi au sommet. Les sus-oculaires, d’une grandeur à peu prés pareille à celle de la frontale antérieure, sont penta- 332 SGOLÉCOPHIDES . gones inéquilatérales, légèrement élargies et placées oblique- ment {par rapport à l’axe transversal du crâne. Les pariétales, qui sont heptagones inéquilatérales et une fois plus étendues en travers que la frontale antérieure, descendent le long du bord postérieur des oculaires jusqu’au milieu de la hauteur de celles- ci. Les post-pariétales sont hexagones et au moins aussi dévelop- pées que les pariétales. Les fronto-nasales affectent chacune la figure d’un losange tronqué au sommet de son angle supérieur. Les plaques oculaires, dont le diamètre n’est pas beaucoup plus grand que celui du globe de l’œil , sont des disques coupés à six pans donnant cinq angles très-obtus et un, assez aigu, qui s’en- gage entre la sus-oculaire et la pariétale. Les nasales ont cha- cune quatre pans inégaux; par le plus petit, elles bordent la lèvre ; par celui qui est le moins étendu apres celui-ci, elles tou- chent à la premiere squamme supéro-labiale ; par le plus grand, elles côtoient la rostrale, et par la quatrième, qui est oblique, tandis que les trois autres sont droits, elles se trouvent en rap- port avec la fronto-nasale. La première des quatre squammes supéro-labiales est sub-trapézoïde et presque de moitié plus courte que la plaque nasale. La seconde , un peu plus haute que la précédente, offre deux angles droits inférieurement, deux obtus latéralement , et un aigu tout à fait en haut; la troisième ressemble à la première ; la quatrième et dernière, quiest beau- coup plus développée que les autres, a la figure d’un triangle iso- cèle tronqué à son sommet. Les narines s'ouvrent presque tout en bas, sur les côtés du museau. Les yeux ne sont pas situés tout à fait à fleur du crâne. Les écailles du corps sont assez grandes, losangiques , dilatées transversalement , et arrondies au sommet de leur angle postérieur. Écailles du tronc : 14 rangées longitudinales , de 170 à 175 ran- gées transversales. Écailles de la queue : environ 14 rangées transversales. CoLoraTion. Le dessus et les côtés du corps offrent des séries longitudinales de petites taches d’un brun roussâtre ou marron, alternant avec des raies blanches , dont deux, l’une à droite, l’autre à gauche du dos, sont généralement plus prononcées que les autres. Les régions inférieures sont d’un blanc fauve. Dimensions. Longueur totale. 10” 7”. Tête. Long. 5”. Tronc. Larg. 2”. Long. 9” 6”. Queue. Long. 6”. PATRiE. Ce Sténostome habite les Antilles : il a été envoyé de , la Martinique et de la Guadeloupe par M. Plée et M. Guyon. APPENDICE AU G. ONYCHOCÉPHALE. 4. 333 APPENDICE AU GENRE ONYCHOCÉPHALE. Nous croyons devoir donner ici en appendice les descriptions de deux nouvelles espèces de Scoléco- phides, venues à notre connaissance depuis près d'une année, que, par des circonstances indépendantes de notre volonté, nous avons été forcés d'interrompre l’impression du présent volume à cette vingt et unième feuille. 4. L'ONYCHOCÉPHALE A MUSEAU POINTU. Onychocephalus acutus. Nobis. CARACTÈRES. Queue conique, courbée, d’une longueur à peu près égale à la largeur de la tête, armée d’une petite épine. Bord tranchant de la plaque rostrale brisé à angle subaigu. Portion supérieure de la ruême plaque formant une grande ca- lotte heptagone. DESCRIPTION. Ce qui caractérise essentiellement cette espèce, c’est d’avoir le museau aiguisé en pointe et la portion supérieure de la pla- que rostrale tellement développée, qu’elle recouvre tout le dessus du devant de la tête jusqu’un peu au dela des yeux. Cette partie sur-céphalique de la rosfrale simule une grande calotte coupée à sept pans inégaux; c’est-à-dire un très-étendu, rectiligne, de chaque côté, deux plus courts en avant formant un angle sub- aigu, puis un autre assez long et deux petits en arrière, se trouvant en rapport, ceux-ci avec les sus-oculaires, ceux-là avec la frontale antérieure. La portion de cette même plaque rostrale qui protége le dessous du museau est pentagone, abstraction faite de la petite languette quadrangulaire qu’elle envoie du milieu de son bord postérieur entre les squammes supéro-labiales de la première paire. Les plaques sus-oculaires sont un peu moins petites que la frontale antérieure, la fron- tale proprement dite, les pariétales et l’interpariétale, qui diffe- rent à peine , par leur figure et leur dimension, des écailles dont elles sont immédiatement suivies. Les nasales représentent à 334 SCOLÉCOPHIDES. peu près des rectangles arrondis à leurs angles antéro-interne et postéro-externe. Les fronto-nasales affectent chacune la figure d’un triangle isocele. Leur petit côté longe extérieurement la nasale , le grand côtoie le bord latéral de la calotte sur-céphali- que, et le moyen recouvre la marge antérieure de la préocu- laire , jusqu’en arrière de l’œil. L’Onychocephalus acutus est le seul du genre auquel il appartient, dont la plaque préoculaire, vu son peu de hauteur, ne sépare la fronto-nasale et l’oculaire l’une de l’autre que dans les deux tiers inférieurs de leur éten- due verticale; cette préoculaire est quadrilatère et très-étroite. L'’oculaire est à proportion plus courte que chez les autres es- pèces. L’Onychocéphale à museau pointu est, après le Multirayé, ce- lui de ses congénères qui offre le plus de gracilité, son corps ayant en longueur totale une quarantaine de fois la largeur qu’il présente à l’arrière du tronc. Écailles du tronc: ?9 rangées longitudinales, environ 466 rangées transversales. Écailles de la queue : une dizaine de ran- gées transversales. Cororarion. Cette espèce a les parties supérieures d’un gris fauve et les inférieures d’un blanc grisâtre. Dimensions. Longueur totale. 40”. Tête. Long. 8”. Tronc. Long. 38” 7°”. Queue. Long. 5”. PArRiE. L'origine géographique de ce Typhlopien nous est in- connue. Le seul individu que nous ayons encore eu l’occasion d'observer fait partie des collections zoologiques réunies au fort Pitt, à Chatham , par les soins de MM. les médecins de l’armée anglaise. 5. L'ONYCHOCÉPHALE TRAPU. Onychocephalus congestus. Nobis. CArAcrÈèTES. Queue conique , courbée, d’une longueur un peu moindre que la largeur de la tête, armée d’une petite épine. Bord antérieur du museau large, légèrement curviligne , aminci en tranchant excessivement mousse. DESCRIPTION. La saillie tranchante que forme au devant du museau des Onychocéphales le bord antérieur de la portion sur-céphalique de APPENDICE AU G. ONYCHOCÉPHALE. 9. 335 la plaque rostrale est considérablement moins prononcée dans l’espèce du présent article que chez les quatre précédem- ment décrites. Cette atténuation que présente l’Onychocéphale trapu dans l’un de ses principaux caractères génériques, et le peu de longueur qu'offre son corps, à proportion de celui de ses congénères, particularité à laquelle fait allusion sa dénomi- nation spécifique, sont deux marques distinctives on ne peut plus propres à le faire reconnaître au premier aspect. Il diffère en outre et particulièrement : 1° de l’'Onychocephalus Delalandii, en ce que la calotte squammeuse qui recouvre une partie de sa tête n’est ni aussi rétrécie en arrière, ni aussi élargie en avant, et qu'il a une quarantaine de rangées transversales d’écailles de moins autour du tronc; ?° de l’Onychocephalus multilineatus, en ce que le tranchant mousse de son museau est plus étendu et beaucoup moins arqué, et que les pièces de son écaillure ne constituent que trois cent quarante-deux et non cinq cent trente-deux lignes circulaires ; 3° de l’'Onychocephalus unilineatus , en ce que la portion supérieure de sa plaque ros- trale présente plus de largeur en avant et plus d’étroitesse en arrière, et que lesécailles dont il est revêtu forment un nombre de verticilles distinctement moindre ; 4° enfin, de l’'Onychoce- phalus acutus , en ce que la moitié antérieure du dessus de sa tête n’est pas tout entière protégée par la plaque rostrale, que . cette derniere , au lieu de se prolonger en une sorte de petit bec, ne forme, au devant du museau, qu’une simple ligne saillante faiblement arquée, que ses plaques pleuro-céphaliques sont bien plus larges, et qu’on lui compte cent vingt-quatre rangs d’é- cailles de moins en travers du corps, à partir de la nuque jusqu’à l’origine de la queue. L'Onychocéphale trapua le port, l’Aabilus du Typhlops réticulé ; sa tête ressemblerait exactement à celle de ce dernier, si l’extré- mité anlérieure en étaitarrondie, au lieu d’être obtusément tran- chante, le dessous-du museau étant fortement aplati. Il a en longueur totale vingt-quatre fois la largeur qu’il offre vers le milieu du tronc; sa queue est un pen plus eourte que le dia- mètre transversal du crane. La portion supérieure de la plaque rostrale n’occupe pas toute la largeur de la région de la tête sur laquelle elle s'étend ; elle a l'apparence d’une calotte subovalaire légèrement tronquée à son extrémité postérieure. La portion sub- rostrale de la même plaque, qui va en se rétrécissant d’avant en 336 SCOLÉCOPHIDES. arrière , offre deux bords latéraux très-concaves et un postérieur rectiligne, du milieu duquel naïît une languette quadrangu- laire qui s’enclave entre les squammes supéro-labiales de Ja pre- miére paire. La plaque frontale antérieure est un peu moins petite que la frontale proprement dite , l’interpariétale et les pariétales , dont la figure et la dimension sont peu différentes de celles des écailles qui viennent immédiatement aprés elles ; cette frontale antérieure est très-élargie et offre six angles, deux latéraux excessivement aigus, deux antérieurs et deux postérieurs au contraire fort obtus. Les sus-oculaires sont rhomboïdales et à peu près de la même grandeur que la frontale antérieure. Les fronto-nasales sont tres-hautes et de plus en plus étroites à partir de leur base, qui s’appuie sur les deux premières supéro-labiales, jusqu’à leur sommet, qui se coude légèrement pour s’avancer un peu derrière la rostrale; le bord postérieur de ces fronto-nasales fait un grand angle rentrant au devant de la préoculaire. Cette dernière plaque’est une bandelette verticale sub-losangique, touchant par le haut à la pointe latéro-externe de la sus-oculaire, par le bas à la seconde et à la troisième squamme supéro-labiale. La plaque oculaire est grande et affecte une figure hémidiscoïde, bien qu’elle offre à sa partie supérieure un petit angle aigu resserré entre la pariétale et la sus-oculaire. Les yeux sont très-apparents- Écailles du tronc : 25 ou 26 rangées longitudinales, 342 ran- gées tranversales. Écailles de la queue : 10 rangées transver- sales. CoLorATION. Le dessus du corps présente, sur un fond brun- noir, une teinte jaunâtre jetée cà et là par pelites taches plus ou moins écartées ou rapprochées les unes des autres; celte même teinte jaunâtre colore en partie les côtés de la tête, ainsi que le devant du museau , et règne seule sur les régions infé- rieures de ce petit serpent. Drmensions. Longueur totale. 26” 6”. Téte.Long. 12”. Tronc. Long. 24” 8”. Queue. Long. 6”. PATRIE. Nous ignorons de quel pays cette espèce est originaire. L’individu unique par lequel elle nous est connue appartient au musée du fort Pitt, à Chatham. AZÉMIOPHIDES. 539 CHAPITRE V. DEUXIÈME SECTION DES OPHIDIENS. LES AZÉMIOPHIDES , OU SERPENTS NON VENIMEUX CICURIFORMES (1). Ayant fait connaître d’une manière comparative et détaillée, dans le premier chapitre du présent vo- lume, les différences organiques qui nous ont conduits à partager les Ophidiens en cinq sections ou sous- ordres, il nous sufhira de rappeler ici celles de ces dif- férences qui caractérisent essentiellement les Azémio- phides. | Ges caractères consistent : 1° en ce que chez ces Serpents il existe toujours un plus ou moins grand rombre de dents aux deux mâchoires, tandis qu’il n’y en a seulement qu’à l’une ou à l’autre, dans les Sco- lécophides ; 2° Que toutes ces dents manquent de l'espèce de rigole ou de gouttière que présentent les dernières dents de la mâchoire supérieure des Aphobérophides ; 3° Que toutes également sont dépourvues d’un ca- nal longitudinal incomplétement clos en devant, ou pareil à celui dont sont creusées les premières dents sus-maxillaires des Æpistophides ; k° Enfin, qu'aucune de ces dents des Azémiophides n’est tubuliforme ou conformée de la même manière (1) Voyez pour ces noms le tableau insérée page 71. REPTILES, TOME VI. 22 338 REPTILES OPHIDIENS. que les longs et terribles crochets à venin, qui arment seuls la mâchoire supérieure des Thanatophides. Ayant également présenté, dans un des précédents chapitres , avec des détails fort étendus, les faits re- latifs à l’organisation et aux fonctions de la vie végé- tative et de la vie animale chez les divers types de la série ophiologique , nous nous trouvons ainsi dispen- sés de revenir sur cette étude, en ce qui concerne d’une manière générale les Serpents non venimeux cicuriformes. Toutefois nous avons encore à nous occuper de quelques-unes de leurs parties internes et externes ; mais uniquement sous le rapport des moyens qu’elles fournissent pour distribuer ces Ophidiens en familles, en tribus , et en genres vraiment naturels. Ces parties, que nous allons successivement passer en revue , suivant l’ordre correspondant aux divers de- grés d'importance attribués aux caractères qu'on leur emprunte , sont d’abord le crâne et plus particulière- ment l'appareil dentaire ; ensuite la tête, le tronc et da queue , relativement à leur conformation exté- rieure; puis les narines, les yeux et l'enveloppe squam- meuse de toutes les régions du corps. DE LA TÈTE OSSEUSE ET DE L'APPAREIL DENTAIRE. Lorsqu'on examine comparativement et avec une certaine attention les pièces osseuses de la tête chez les nombreuses espèces qui appartiennent au sous- ordre des Azémiophides, on s'aperçoit aisément que les variations très-multipliées qu’elles présentent sont de deux ordres distincts et d’inégale valeur ; les unes portant sur la totalité, les autres sur quelques points seulement de la configuration de l’ensemble. Les pre- mières, provenant de la forme générale et des propor- AZÉMIOPHIDES. 339 tions relatives de la boîte cérébrale, des mâchoires : des mastoïdiens et des os carrés, donnent à la masse osseuse de la tête sa configuration propre ; tandis que les secondes sont de simples dissemblances partielles dans les pièces que nous venons de nommer, ou des différences offertes par l’intermaxillaire et les os du nez, toutes modifications , quelque grandes qu’elles soient , qui n’influent absolument en rien sur la forme générale de la tête. On observe en outre que celles des variations de la tête osseuse, que nous signalons comme supérieures aux autres ou de premier ordre, sont toujours corrélatives de celles de l'appareil den- taire, d’après lesquelles nous avons pu rigoureu- sement délimiter nos familles (1); au lieu que celles de second ordre correspondent aux modifications que présente” la conformation extérieure du mu- seau , du tronc et de la queue, naturellement appro- priée au genre de vie respectif des espèces; où pour parler plus exactement à leurs habitudes plus ou moins fouisseuses, terrestres, dendrophiles ou aquatiques, (1) La preuve évidente qu'il ÿ a corrélation entre les principales differences offertes par le crâne et celles que présente l'appareil den- taire dans les Azémiophides, c'est qu'on la voit se reproduire non » moins manifestement dans les trois sous-ordres suivants : ainsi, chez les Aphobérophides, où les variations de la tête osseuse sont aussi nombreuses que chez les Azémiophides, celles de l'appareil dentaire le sont tout autant; dans les Apistophides, où les pre- mières sont moindres, les secondes sont également moindres ; et les Thanatophides, qui ont tous la région céphalique à peu près semblable, ont tous aussi un système dentaire à peu près pareil. Nous pourrions ajouter qu'il en est de même chez les Sauriens, cir- constance qui nous avait malheureusement échappé jusqu'ici, et qui est cause que quelques-unes des familles en lesquelles nous avons partagé cet ordre devront subir certains changements, afin que les espèces qu'elles renferment occupent toutes leurs véritables places analogiques. 3/6 REPTILES OPHIDIENS. sur lesquelles, comme on le verra, se trouve basé le partage des familles en tribus. La forme générale de la tête osseuse des Azémio- phides varie suivant que la face est aussi longue ou plus longue que la boîte cérébrale, à partir de Tavaht du pare suivant que cette dernière représente à peu près, soit un cylindre, soit un prisme quadran- gulaire , renflés ou non renflés latéralement ; suivant que les frontaux proprement dits sont rétrécis ou élargis ; suivant que les frontaux antérieurs sont hauts ou courts , larges ou étroits, plats ou convexes, tron- qués ou prolongés en pointe en avant ; suivant que la mâchoire supérieure s'étend ou ne s’étend pas jus- qu'aux frontaux postérieurs, ou bien qu'elle les dé- passe de beaucoup ; suivant que les branches sous- maxillaires sont droites ou arquées; suivant enfin que les mastoïdiens ont plus ou moins de longueur et que cette longueur est à à peu près égale ou trés tnt à celle des os carrés. Les os, tels que l’intermaxillaire et les nasaux , dont la dimension et la forme déterminent celle du museau, peuvent être très-différents , sous ces deux rapports, dans des espèces de la même famille et chez lesquelles conséquemment le crâne se ressemble par sa configu- ration générale. Les nasaux ont une figure extrême- ment variable; ils sont d’une moyenne grandeur dans les Azémiophides terrestres et les Dendrophiles, or- dinairement fort courts chez les aquatiques, très- allongés et en même temps très-robustes chez ceux qui, vivant dans des terriers , tels que les Rhinechis, ou sous le sable, comme les Eryx, ont à se servir de leur museau, dans ce cas conformé en boutoir, pour remuer la terre, s’y creuser une demeure, ou bien AZÉMIOPHIDES. 341 pour se frayer un chemin au milieu d’un sol aréneux. Chez ces Serpents fouisseurs, les os du nez s'appuyant en arrière contre les frontaux proprement dits et s’é- tendant en avant jusqu'à lintermaxillaire, sont un arc-boutant qui donne à ce dernier la solidité vou- lue pour l'usage auquel il est destiné ; car c’est lui qui constitue la partie tranchante du boutoir dont nous parlions tout à l'heure. Il ne se montre pas alors, comme presque toujours, sous la forme d’une simple traverse du milieu de laquelle naît une apophyse mon- tante plus ou moins grêle; mais il a la grossière appa- rence soit d’un soc de charrue, soit du coupe-lame de la coque d’un vaisseau. 7 Appareil dentaire (1). La nature qui a maintenu dans des limites assez restreintes les modifications de l'appareil dentaire chez les Reptiles sauriens, les a com- parativement très-étendues dans l’ordre des Ophidiens. On a déjà vu comment, en ayant égard à ce que les dents existent aux deux mâchoires, ou à l’une ou à l'autre seulement, à ce que certaines de celles dites sus-maxillaires sont ou non façonnées en conduits ser- vant à l'écoulement d’un liquide délétère ou non dé- létère, à ce que ces conduits sont des tubes ou de simples gouttières , à ce que ces dernières occupent le (1) Les particularités de l'appareil dentaire , sans la connaissance desquelles , nous le déclarons positivement, il est impossible d'assi- gner à chaque espèce sa place naturelle dans la série ophiologique, ne peuvent être bien appréciées que sur le crâne débarrassé de ses parties molles ; il est au reste assez facile, avec un peu d'habitude, de parvenir à le retirer de la peau, sans endommager celle-ci ou de facon à ce qu'elle conserve tous ses caractères extérieurs, ce qui est trés-important lorsqu'on ne possède qu'un seul exemplaire de l'es- péce qu'ou cherche à déterminer. Aucune de celles, en très-grand nombre, que renferme notre Musée n'a échappé, de notre part, à ce genre d'examen. 342 REPTILES. OPHIDIENS. bout antérieur ou le postérieur des mandibules, nous avons pu répartir les Serpents en cinq sections par- faitement distinctes; on verra également par la suite comment les mêmes organes, d’après un autre ordre de considérations, ou envisagés quant à leurs diffé- rences deproportion, de forme et de position, nous permettront de fractionner ces sections en un certain nombre de familles, non moins bien tranchées. Pour le moment nous n'avons à examiner ces modi- fications secondaires , mais très-variées, de l’appareil | dentaire des Ophidiens que dans le sous-ordre des Azémiophides. Aucun autre ne renferme d'espèces, qui, tels que les Rouleaux, les Pythonides et les Xéno- peltis , aient à la fois des dents intermaxillaires, sus- maxillaires, sous-maxillaires, palatines et ptéry- goïdiennes. La première de ces cinq sortes de dents est presque la seule qu'on ne retrouve pas dans tous les Azémiophides , autres que ceux que nous venons de nommer; car il n’y a guère que les Uropeltiens et les Oligadontes auxquels les dents palatines et les ptérygoïdiennes manquenten même temps que les in- termaxillaires. Ajoutons que c'est à la présente section qu’appartient le genre Dasypeltis de Wagler, nommé Rachiodon par M. Jourdan, enraison decettesingulière particularité que les apophyses inférieures des quatorze ou quinze premières vertèbres, lesquelles sont recou- vertes d'émail, pénètrent dans l’œsophage, où elles constituent par le fait une série de véritables dents d’inégale longueur et dont plusieurs ant à peu près la forme des incisives de certains mammifères. Comme il y a rarement similitude, chez les serpents qui nous occupent, entre les dents sus-maxillaires et les sous-maxillaires, et plus rarement encore entre ; AZÉMIOPHIDES 343 celles-ci ou celles-là et les dents de la double rangée palatale; nous nous trouvons nécessairement obligés d'étudier séparément ces trois principales parties de leur appareil dentaire. Dents sus-maxillaires. C'est d'elles, ou plus exac- tement de leur variabilité de grandeur, de forme et de position , que nous empruntons nos caractères de fa- milles les plus importants, vu leur concordance con- stante avec des modifications notables d’autres parties de l’organisation , et spécialement de la tête osseuse. elativement à la grandeur, il y a une principale distinction à établir parmi les dents sus-maxiilaires , à savoir qu'elles sont égales ou inégales entre elles. Celles qui ont une grandeur uniforme peuvent être ou courtes et plusou moins fortes , ou longues et plus ou moins grèles. Ghez celles où il y a dissemblance de grandeur, cette dissemblance est de différentes sortes ; attendu qu’elle provient de ce que ce sont tantôt les premières, tantôt les mitoyennes, tantôt les der- nières de la rangée qui offrent plus de développement que les autres ; ainsi il arrive que la seconde ou la troisième est la plus longue, et que toutes celles qui lui sont postérieures décroissent graduellement ; par- fois jusqu'à la dernière inclusivement, d’autres fois jus- qu'aux deux dernières exclusivement, qui se trouvent alors avoir plus de longueur que les pénultièmes. Dans certaines familles , c’est la quatrième ou la cin- quième dent qui offre le plus de développement, et toutes celles qui viennent ensuite se montrent de plus en plus petites , jusqu’à la fin de la série. Dans d’au- tres, c’est bien aussi la quatrième ou la cinquième dent qui est la plus grande ; mais c’est dans le sens contraire ou à partir de la dernière, et en venant en 344 REPTILES OPHIDIENS. avant , que les suivantes se raccourcissent , comme par exemple chezles Lycodoniens. Il est des Azémiophides où ce sont les dents du milieu de la rangée qui sont les plus allongées, et celles des deux extrémités qui sont les plus courtes. Enfin, et le plus souvent, les dents sus-maxillaires de ces serpents vont en grandissant à la manière de tuyaux d’orgues, depuis la première jusqu'aux deux dernières ou bien jusqu'aux deux avant-dernières seulement, celles-là devenant brus- quement soit un peu, soit beaucoup plus longues que celles-ci. La forme des dents de la mâchoire supérieure n'est pas moins variable que leur grandeur : il y en a de cylindriques, de coniques, de trièdres, de compri- mées, dé tranchantes en arrière; elles peuvent être droites, légèrement ou fortement courbées, coudées, brisées à angle aigu ou plus ou moins ouvert; avoir leur pointe eflilée, obtuse; enfin offrir en avant , près de leur sommet, une petite saillie qui fait paraître celui-ci comme fourchu, ainsi que cela s’observe chez les Énicosgnathes. Leur position est verticale , lorsque les os sur les bords desquels elles se trouvent fixées sont placés de champ , comme c’est le cas le plus ordi- naire, tandis qu’elles s’inclinent plus ou moins vers la ligne médio-longitudinale du palais, suivant que les branches sus-maxillaires sont plus ou moins déclives, ainsi que cela existe dans la famille des Amblycépha- liens. Ges dents se touchent toutes entre elles par leur ._ base, excepté chez les Lycodoniens, où tantôt la qua- trième , tantôt la cinquième , est séparée de la sui- vante par un assez grand intervalle, excepté aussi chez tous ceux des Azémiophides , dont les deux der- nières dents sus-maxillaires de chaque rangée sont AZÉMIOPHIDES. 345 notablement plus longues que les avant-dernières ; car toujours alors il y a également un certain espace entre celles-ci et celles-là, comme, par exemple, dans les Hétérodontes et les Xénodontes. A l'égard du nombre, les dents sus-maxillaires pré- sentent des différences qui méritent d’être signalées. La plupart des Serpents cicuriformes n'en possèdent qu'un seul rang de chaque côté ; mais certains d’entre eux, et particulièrement les Aquatiques, tels que les Tropidonotes, les Uranopsis, etc., en ont deux et même trois, non compris bien entendu celui que forment toujours au fond et le long de la paroi interne du sillon £engival, les jeunes dents (1) destinées à com- bler les vides que le temps ou des causes accidentelles occasionnent parmi les anciennes. Le nombre de dents que comprend le rang externe, auquel correspond celui du rang ou des rangs internes, varie extrême- ment, c’est-à-dire de cinq à plus de quarante dans la série entière des Azémiophides ; mais il devient de moins en moins inconstant dans les familles, les tri- buts et les 2enres, et nous pouvons assurer, quoi qu'on en ait dit, qu'il offre une grande fixilé dans chaque espèce. Dents sous-maxillaires. Celles-ci, dans les rangées desquelles on en compte presque toujours quelques- unes de plus que dans celles des dents sus-maxillaires, présentent les mêmes dissemblances de grandeur et de forme que ces dernières, à cela près cependant que parmi les dents de la mâchoire d'en bas, les posté- (1) Ces dents de remplacement sont si peu adhérentes aux os, qu'elles restent ordinairement attachées aux gencives, lorsqu'on enlève celle-ci pour mettre les mâchoires à découvert, et qu'on en trouve presque toujours dans les excréments, quelquefois réunis en paquets. 346 REPTILES OPHIDIENS. rieures ne sont jamais plus allongées que les anté- rieures ni que les médianes ; on remarque au contraire que c’est l’une ou l’autre des cinq premières qui est la plus développée, et que toutes les suivantes décrois- sent graduellement jusqu’à la dernière inclusivement. Les dents palatines et les ptérygoidiennes s'étendent, celles-ci à la suite de celles-là, sur deux lignes paral- lèles et continues , qui commencent constamment au bout antérieur des os palatins, mais qui se terminent, selon les familles où on les observe ,soit vers la moitié, soit vers les trois quarts de la longueur, ou bien tout à fait à l’extrémité postérieure des ptérygoïdes inter- nes : ces deux sortes de dents se ressemblent par leur forme, qui est généralement celle d'un cône plus ou moins court ou eflilé, ou comprimé, ou courbé en arrière; quant à leur grandeur, elles sont toutes égales entre elles, ou bien, ce qui arrive communé- ment , celles qui occupent la tête des deux séries sont , plus hautes qu'aucune des autres, qui vont en se rac- courcissant par degrés d'avant en arrière. Dents intermaxillaires. Dans les cas fort rares où il existe des dents à l’intermaxillaire, la rangée qu'elles constituent le long de cet os dilaté en travers, est tou- jours plus ou moins largement interrompue au milieu. Rien de bien remarquable dans leur forme et leur grandeur ne les distingue des premières dents de la mâchoire supérieure. Teiles sont, après un long et minutieux examen, les importantes différences que nous avons reconnues exis- ter dans les dents des Azémiophides; différences dont les combinaisons, extrêmement variées, produisent les divers systèmes dentaires particuliers qui caracté- risent respectivement et de la manière la plus tran- AZÉMIOPHIDES. 347 - chée, les familles que nous avons établies dans le sous- ordre de ces Serpents non venimeux cicuriformes. C’est ici le lieu deréparer l’omission que nous avons involontairement commise en ne donnant pas, dans notre historique des principales classifications des Ophidiens, l'analyse de celle que M. Muller, a publiée en 1832 (1). Ce savant anatomiste proposait alors de partager les Serpents, parmi lesquels il rangeait les Chirotes et les Amphisbènes, que nous excluons au contraire de cet ordre , en deux sections et onze familles, d’après des caractères tirés aussi de l'appareil manducateur de ces Reptiles. Mais M. Müller ayant fait de ces caractères une application en quelque sorte inverse de celle que nousenavons faite nous-mêmes; autrement ditayant at- tribuéune plus grande importance à ceux auxquels nous en accordons une moindre, et ayant considéré comme inférieurs ceux que nous regardons comme leur étant supérieurs, ilen résulte que sa classification, bien que fondée sur les mêmes dissemblances organiques que la nôtre, présente les animaux qui en sont l’objet distribués d’une tout autre manière que dans celle-ci. C’est ce dont, au reste, on peut s'assurer , en prenant connaissance de cette classification ophiologique de M. Müller, exposée ci-après, suivant la méthode ana- lytique. (1) Ueber die naturlich Eintheïlung der Schlangen nach anato- mischen (Zeitschrift für physiologie von F. Tiedemann, G. R. und L. CG. Treviranus , 4 band, seite 263). “UOPOSO * * *VINOGO91Q ‘I * + * + + + + + + » « *SOdepXEUHoQUI p ru ‘sauyeçed 2p sed ste AUOHA YENOONON + + eee ele ts." «0 ‘SadIU]IIXEIqUI sp 72 ‘1940109 ‘matt FIMO F snuaquen) ‘uojodug ‘ XI * *YENOGOSF "€ * + * + «+ « - - «Sa1duuts ‘sa re[nqipueur @- l 2 a 0 T'E IE SP ‘SaJIUI[LXEUL vogqopnasq ‘vog CR EEE | ‘ Soauu0J]Is ; SJU9P 524 ‘"YLVNOISOHOVN En -u0poo{7 ‘siydouuwuesq EL RU Dre Ree saureqed S ROSE enb son&uoy sujd ‘sounou e] sop 5 OI uopouoax À * *YINOGOUSLIH * “Hs0ds81 no: sauripour -[LXEU saf = fepauoso) ‘snjouopidoux Sè[ no ‘sounomaque So] - HR QUE RER c{ ‘S2SNAWIU9A ‘sesdiq ‘siydou \ ‘saauuo 1S fSAATRI[IXEUII 1Œ Iaouq Il! 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Le corps des Âzémiophides, de même que celui des autres Serpents, est, quant à sa forme, réduit à la plus grande simpli- cité possible ; car, outre qu'ils sont tous dépourvus de véritables appendices locomoteurs, nul d’entre eux n'a ni crêtes squammeuses sur la ligne médiane du dos et de la queue, ni expansions aliformes le long des flancs, ni fanon sous la gorge, ni replis de la peau plus ou moins développés sur les côtés du cou, toutes modifications que l’on observe au contraire chez beau- coup de Reptiles sauriens. Leur tête n'offre jamais de ces configurations bizarres qui rendent si remarquable celle des Basilics , des Ca- méléons et des Lophyres; elle affecte généralement la forme d’un cône ou d’une pyramide quadrangulaire, tantôt distincte du tronc, tantôt confondue avec lui : son extrémité antérieure peut être pointue, arrondie ou coupée carrément chez les espèces qui vivent à terre, sur les arbres ou dans l’eau, tandis qu’elle se montre ou déprimée et taillée en bizeau, ou haute et compri- mée au sommet chez celles qui ont à se servir de leur museau pour se creuser une demeure souterraine. Le tronc, dont l’étendue longitudinale varie consi- dérablement, est toujours à peu près cylindrique chez les Azémiophides qui , semblables aux Rouleaux et aux Calamaires, passent la plus grande partie de leur vie retirés dans les cavités du sol, sous des pierres, de vieux troncs d'arbres ou des amas de feuilles ; chez les autres, la grosseur du tronc est moindre aux deux bouts qu’au milieu, et sa forme n’est ni absolument quadrangu- laire, ni positivement arrondie; ceux qui, tels que les Spilotes et les Dendrophis, se tiennent habituelle- ment sur les branches des végétaux, ont le corps très- 350 REPTILES OPHIDIENS. long , tantôt fortement comprimé, tantôt d’une épais- seur qui excède à peine sa largeur et , dans ce dernier cas, sa gracilité est extrême; 1l est ordinairement court, trapu, plat et assez large en dessous dans les espèces qui sont, ou uniquement terrestres, comme les vraies couleuvres, ou à la fois terrestres et aquati- ques , comme les Tropidonotes ; un Serpent très-sin- gulier, le Xénoderme de Java , a le dos tectiforme, les, flancs un peu convexes et le ventre fort arrondi ; enfin, chez certains Ophidiens cicuriformes et particulière- ment chez les Acrochordes, qui ne quittent point les eaux, le tronc, dont la face dorsale est assez élargie, est au contraire dans sa région ventrale exces- sivement rétréci ou conformé en carène. | La longueur de la queue n’est pas toujours propor- tionnée à celle du tronc, telles espèces ayant cette queue seulement d'un quart, telles autres cinquante fois moins étendue que le reste du corps. On peut dire d’une manière générale que, parmi les Azémio- phides, ce sont les Fouisseurs qui ont le prolongement caudal le plus court, et ceux qui habitent les arbres, qui l'ont le plus développé. La queue des Serpents de la présente section , considérée relativement à sa forme, se présente, dans le plus grand nombre des cas, sous celle d’un cône, soit obtus , soit plus ou moins effilé et souvent un peu plat en dessous, quelquefois faible- ment comprimé , d'autrefois , comme celles de l'£ryx jaculus et du Rhabdophis badia , légèrement aplati sur trois faces ; tantôt elle a l'apparence d’une sorte de moignon subcylindrique obliquement tronqué, comme celle des Uropeltis et des Colobures, ou bien terminé en mamelon, comme celle du Zoririx Scytale. Quoi- que cette partie terminale du corps jouisse générale- AZÉMIOPHIDES. 35% ment d’une grande souplesse, elle n’est susceptible de s’enrouler en spirale que dans un certain nombre d’es- pèces qui, pour la plupart, appartiennent à la famille des Pythoniens; chez toutes celles-ci , elle est conique, mais chez deux autres, l’Acrochorde de Java et le Fas- cié, elle est, en même temps que volubile, très-dis- tinctement comprimée, particularité dont aucun autre Ophidien n'offre d'exemple. Le sous-ordre des Azémiophides renferme des espèces qui ont encore des vestiges de membres postérieurs; car il est évident qu’on doit considérer comme tels les deux petites chaînes d’osselets qui, dans les Pytho- niens et les Tortriciens, aboutissent extérieurement, lune à droite, l’autre à gauche de la fente cloacale, sous la forme d’ergots coniques, revêtus d’une enve- loppe cornée. Mais ces appendices calcariformes ne se montrent pas également développés dans les groupes des deux familles que nous venons de nommer. Très- distincts dans les Boœides et les Pythonides, ils ne le sont que médiocrement dans les Érycides, et ce n'est qu'en apportant la plus grande attention que, dans les T'ortricides, on parvient à les découvrir au fond de la petite fossette où chacun d'eux est logé. Suivant M. Mayer, ils existeraient aussi chez un autre Azémiophide , mais à un état de dégradation beaucoup plus grand que chez les précédents, plus grand même que chez les Typhiops, où, bien que ne faisant pas saillie au dehors, ils sont encore représentés de cha- que côté par deux faibles tiges osseuses placées bout à bout ; tandis que chez l’espèce dont nous voulons par- ler, le Spilotes Variabilis, ils ne le seraient plus que par une paire de filaments cartilagineux perdus dans les chairs, 352 REPTILES OPBIDIENS. Le savant anatomiste qui vient d'être cité, celui à qui l’on doit en partie de connaître aujourd’hui la conformation et la disposition des membres vestigiaires des Ophidiens, en a tiré des considérations sur les- quelles il s’est fondé pour diviser ces Reptiles, comme nous allons le dire. On remarquera , qu’à l'exemple de plusieurs de ses prédécesseurs, il regardait encore les Orvets , les Amphisbènes , qui sont des Sauriens, et les Cécilies, qui sont des Batraciens, comme appar- tenant à l’ordre des Serpents. Ainsi , il propose de réunir sous le nom de Phéno- podes ou à paltes visibles, les genres, tels que les Pythons, les Boas et les Éryx qui ont des ergots appa- rents sur les bords du cloaque; il appelle Cryptopodes les espèces qui , comme les Typhlops et les Amphis- bènes, ont des rudiments de bassin et des pattes ca- chées sous la peau; enfin, il range sous le nom de Chondropodes et d’ Apodes tous les genres de Serpents dont les espèces qui, si elles ont des rudiments de pieds, les ont à peine cartilagineux, car le plus grand nombre n’en présente plus le moindre vestige. Voici, au reste, sous forme de tableau synoptique, le ré- sumé de cette classification ophiologique proposée par M. Mayer. Familles. * Genres. visibles exté- rieurement. Boa, Python, } I. PreNoPoDEs. . Eryz, Tortrix. osseux, { | cachés sous la Ce Anguis, Typhlops | Des peau. . . ù Fi APS EROERDESNS Ware vestiges des consistant en une paire III. Cuonproronxs, { Coluber, Crotalus ou Trigonocephalus , B 1 flpostérieursŸ neux perdu dans les 2e 1 P APODES, Ceæcilia. membres | de filaments cartilagi- chairs, ou bien nuls. AZÉMIOPHIDES. 353 Des yeux et des narines. Nous avons peu de choses à dire sur ces organes, n'ayant à considérer les uns que relativement à leur position, à leur diamètre et à la forme du trou pupillaire; et les autres, que sous lé rapport de la situation, de la grandeur, de la dispo- sition et du mode d’entourage squammeux de leurs j ouvertures externes. Les yeux sont le plus souvent placés sur les côtés de la tête, tout à fait en haut, faisant face à l'horizon ; mais quelquefois, et particulièrement chez les espèces essentiellement aquatiques, ils occupent une position encore plus élevée, étant situés sur les bords laté- raux du dessus du crâne, ou de façon à recevoir les rayons de la lumière presque perpendiculairement. Ils varient beaucoup pour la grosseur : très-petils ou d’un diamètre à peine égal à celui d’une tête d’épingle ordinaire dans les Rhinophis et les Tortrix, ils sont bau contraire fort grands chez certaines espèces den- drophiles , dont le globe oculaire est effectivement au moins aussi large que la région frontale. La plupart * des Azémiophides ont la pupille ronde ; car les Pytho- niens et quelques autres appartenant à des familles différentes, sont les seuls qui l’aient verticalement * allongée. Dans plusieurs genres, tels que les Rhi- nophis, les Uropeltis, etc. , il existe au devant de chaque orbite, comme chez les Scolécophides, une plaque, qui est d'autant moins transparente que l'œil qu’elle recouvre est moins développé. Les narines, suivant qu’on les observe dans les es- pèces aquatiques, ou chez celles qui vivent partout ailleurs que dans l’eau , ont leurs orifices externes si- ‘tués à la face supérieure ou sur les parties latérales du bout du museau : ces orifices peuvent être plus ou REPTILES, TOME VI. 23 OU CS F \ 304 REPTILES OPHIDIENS. 4 moins petits et avoir l’apparence , tantôt d’une simple fente linéaire, tantôt d’un trou arrondi , ovale ou trian- gulaire ; ils peuvent être constamment béants ou bien susceptibles de s'ouvrir et de se fermer à la volonté de l’animal , lorsqu'il jouit de la faculté, soit de con- tracter et de dilater leurs bords, soit d’abaisser et de relever une sorte de petite valvule interne, particu-. lièrement affectée à cet usage ; enfin ils peuvent avoir ! leur pourtour garni d'un cercle squammeux d’une seule pièce, ou bien entouré de deux à quatre plaques, dont une se trouve être quelquefois la première de la lèvre supérieure , comme dans l’Æspidura scytale. Aucun Azémiophide ne présente en arrière des na- rines des cavités semblables à celles qu’on y remarque chez les Crotales et Les Trigonocéphales. Des téguments squammeux. La grande majorité des Azémiophides offre trois sortes de téguments squammeux, à savoir: des plaques sur la tête, des écailles sur le tronc et la queue, des scutelles à la face inférieure de celle-ci et de celui-là. Chez un petit nombre d’entre eux et particulièrement chezles Boas, les plaques crâniennes sont remplacées par de pelites squammes. Quelques autres, comme les Acrochordes, ont des écailles sur toutes les parties du corps. Les plaques, considerées suivant les principales régions de la tête qu’elles occupent, peuvent se parta- ger en sus-céphaliques , pleuro-céphaliques , maæil- laires, et sous-maxillaires. Les sus-céphaliques se distinguent , à partir du museau jusqu'à l'occiput en inter-nasales, fronto-nasales, inter-fronto -nasales, pré-frontales, frontales, sus-oculaires, pariétales, in- ter-pariétales, et post-pariétales , qui, bien rarement, existent toutes chez la même espèce : en effet, on ne AZÉMIOPHIDES. 355 * voit généralement réunies ensemble qu’une paire d’in- _ ter-nasales, une paire de fronto-nasales , une frontale, parfois formée de deux pièces, une paire de pariétales, et une sus-oculaire de chaque côté, quelquefois divisée en deux ou trois parties; certaines espèces n'ont même qu'une inter-nasale où une fronto-nasale, au lieu de deux , et, dans certaines autres, les deux fronto-na- salés se confondent avec les deux inter-nasales. Les plaques pleuro-céphaliques sont: de une à trois na- sales, presque toujours une frénale; de une à trois pré-oculaires de une à quatre post-oculaires ; et peu fréquemment de une à cinq sous-oculaires. Les pla- ques maxillaires comprennent la rostrale, qui emboîte le bout du museau, la mentonnière, qui protége le menton, et celles dites supéro-labiales etinféro-labiales, qui garnissent latéralement, lesunes la fëvre d'en haut, les autres la lèvre d’en bas, dans toute leur longueur. Les plaques sous-maxillaires font suite à la menton- nière; elles sont communément allongées, assez étroi- tes et au nombre de deux ou trois paires (4). Les écailles des serpents cicuriformes sont presque toujours plus ou moins imbriquées. Elles varient dans les différents genres, relativement à leur figure et à leur grandeur ; mais sous ces deux rapports, elles sont à peu près semblables entre elles dans chaque espèce, excepté chez le Xénoderme de Java, dont l'écaillure, comme celle de la plupart des Lézards Geckotiens, se compose de pièces extrêmement petites, entremêlées d'autres pièces beaucoup plus grandes et plus fortes. Elles peuvent être plates, ou un peu bombées, ou légè- (1) Voyez pour la situation des plaques céphaliques les figures des planches 59 et suivantes. 326 REPTILES OPHIDIENS. ment déclives de chaque côté de leur ligne médio- longitudinale, ou bien encore creusées en gouttière, particularité, il est vrai, que le cælopeltis lacertina de Wagler a seul encore offerte jusqu'ici. Leur sur- face est tantôt parfaitement lisse, tantôt finement striée, tantôt lonsitudinalement relevée d’une arête plus ou moins apparente. Les scutelles nommées abdominales et celles appe- lées sous-caudales sont constamment lisses, mais de orandeur variable, leur diamètre transversal étant tantôt inférieur, tantôt supérieur à celui de la surface du corps qui porte sur le sol dans l’acte de la repta- tion. Les abdominales sont toujours d’une seule pièce, tandis que les sous-caudales sont le plus souvent di- visées longitudinalement en deux moiliés égales, ordinairement d’un bout à autre de la queue, quelquefois dans une certaine portion seulement de l’étendue de cet organe. Le nombre des unes et des autres est plus ou moins considérable, dans les es- pèces, suivant que celles-ci sont plus ou moins 2llon- gées ; d’où il résulte naturellement qu'il n’est jamais semblable chez les deux sexes de chaque espèce, les mâles étant toujours plus courts que les femelles. Il varie mêmed’individu à individu seressemblant sexuel- lement et spécifiquement ; mais dans des proportions beaucoup moindres qu'on ne l’a cru jusqu'ici; attendu que les ophiologistes, nos devanciers , en constatant le nombre des scutelles des espèces qu'ils ont décrites, n'ont point eu égard au fait important que nous venons de signaler, c’est-à-dire à la différence qui existe entre les deux sexes, relativement à la gran- deur du corps. Plusieurs Azémiophides ont l’ex trémité de la queue AZÉMIOPHIDES. 357 “ emboîtée dans une squamme spiniforme; maïs aucun ne l’a pourvue d’une suite d’écailles conformées comme celles qui composent l'appareil bruyant, que jusqu’à présent on n’a encore observé que chez les Crotales ou Serpents à sonnettes. Ici se termine l'examen que nous nous étions pro- posé de faire de celles des parties des Azémiophides qui fournissent les caractères à l’aide desquels il est on ne peut plus facile d’assigner à chacun de ces Ser- pents la place qui lui appartient véritablement dans le présent sous-ordre, sous les rapports de la ressem- blance et de l’analogie. Le tableau mis en regard de cette page est l'exposé analytique des particularités différentielles, les plus notables que présentent relativement à leur appareil dentaire, les familles appartenant à cette seconde grande division des Ophidiens ; familles dont nous allons’ successivement faire l’histoire suivant l’ordre des numéros placés à la gauche de la colonne qui renferme leurs noms. Cet ordre est tel , que commen- cant par les genres d’Azémiophides qui tiennent encore des Sauriens par quelques points de leur organisation, nous terminerons par ceux qui s’éloi- gnent beaucoup de ces Reptiles, pour se rappro- cher au contraire des Serpents venimeux proprement dits ou Thanatophides, dernier terme de la série ophiologique, vers lequel doivent nous conduire gra- duellement les Aphobérophides et les Apistophides. 358 REPTILES OPHIDIENS. w n A l': FAMILLE. LES PYTHONIENS. DES CARACTÈRES DE CETTE FAMILLE; DE LA CLASSIFICATION DES ESPÈCES QUI LA COMPOSENT ET DE LEUR RÉPARTITION À LA SURFACE DU GLOBE. : Caracrères. Des vestiges de membres postérieurs se montrant au dehors, chez les adultes , sous forme d’ergots, de chaque côté de l'anus. Dents sous et sus-maxillaires similaires ou étant les unes et les autres, coniques, pointues, plus ou moins tranchantes à leur bord postérieur, coudées à leur base, pen- chées en arrière et se raccourcissant à partir de la seconde ou de la troisième, qui sont très-longues , jusqu’à la dernière APR 2 Branches de. la mâchoire supérieure subclaviformes, plus ou moins comprimées en avant, s'étendant jusqu'au niveau ou au delà des frontaux postérieurs. Os ptérygoïdes comme courbés en w et dentés dans leur première moitié seulement. Boîte cérébrale subcylindrique, renflée latéralement dans la première moitié de sa longueur, qui égale ou qui excède celle de la face. Cette famille comprend les Pythons, les Eryx, les Boas et douze autres genres moïns anciennement cor- nus ou nouvellement établis. Au premier aspect et exa- minés seulement à l'extérieur , les Pythoniens n'ont rien qui les caractérise d’une manière absolue , pas même les vestiges de membres postérieurs dont ils sont tous pourvus ; attendu que ces appendices , qui AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. 359 existent d’ailleurs aussi dans les T'ortriciens, ne se montrent au dehors que chez les sujets parvenus à l’état adulte. En effet, ils offrent bien , généralement, une écaillure sus-crânienne composée de pièces de pe- tite et de moyenne dimension, dont l’arrangement n’a jamais la régularité qu’on observe dans les plaques qui recouvrent la tête de la majorité des Serpents; un tronc plus gros au milieu qu'à ses extrémités et rétréci à sa face inférieure ; des scutelles abdominales fort peu dilatées transversalement ; enfin des écailles sur le reste du corps, plus petites et plus nombreuses que dans la plupart des Ophidiens. Mais il y en a qui ont, soit un bouclier céphalique formé de lames polysones non moins grandes et non moins symétriquement disposées que chez la plupart des Azémiophides, soit un tronc à peu près de même grosseur d’un bout à l’autre et subcylindrique, soit un ventre et les bandes squammeuses qui le protégent aussi larges que chez les vraies couleuvres, ou bien encore une écaillure infiniment moins divisée que celle d’autres Pythoniens. La tête et la queue elles-mêmes, considérées d’après leur forme générale, ne se res- semblent pas chez tous les Pythoniens : car le mu- seau, ou la face dans sa portion antérieure , constitue ou ne constitue pas un boutoir cunéiforme , suivant que ces Serpents sont ou ne sont pas fouisseurs ; et leur queue est ou n’est pas susceptible de s’enrouler en spirale, selon que les espèces doivent ou ne doi- vent point fréquenter les arbres. Ces dernières diffé- rences , qui se reproduiront, ou dont nous retrouve- rons les analogues dans les familles suivantes , sont de celles que nous nommons biologiques et dont nous tirons les caractères de tribus, telles que celles dites 360 REPTILES OPHIDIENS. des Pythonides , des Erycides et des Boæides établies parmi les Pythoniens ; elles résultent des modifications que présentent dans certaines de leurs parties, confor- mément à leur genre de vie respectif , les espèces com- posant ces grands groupes appelés familles , dont tous lesmembres ont un fonds d'organisation parfaitement semblable, lequel se trouve exactement traduit par une structure spéciale du crâne et de l’appareil mandu- cateur. x OX C’est donc de l'examen des os de la tête des Pytho- niens , que nous avons à nous occuper ici; mais seu- lement dans ce que cette portion de leur squelette présente de caractéristique , chez les espèces de cette famille. La tête osseuse des Pythoniens se compose de pièces plus épaisses, plus solides que celles de la plupartdes serpents. Considérée dans son ensemble, cette tête offre un contour horizontal représentant à peu près la figure d’un triangle isocèle fortement tronqué ou ar- rondi à son sommet qui devrait être le plus aigu. Elle est toujours déprimée et presque plane en dessus dans toutes les espèces, autres que l’£ryx jaculus et le Johni, attendu que ces derniers ont le front assez bombé. La totalité de sa longueur (1) est le double ou un peu plus de sa largeur, prise du niveau du bord postérieur des orbites; la portion antéro-orbitaire, qui s’y trouve comprise pour le tiers environ, est aussi longue que la boîte cérébrale, excepté chez l’Eunectes Murinus, dont le museau, comme celui de tout ser- pent aquatique, est fort court proportionnellement au (1) Nous entendons depuis le bout du museau jusqu'au miveau de l'extrémité postérieure des branches sous-maxillaires. LL Û AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. 361 M cté dela téte Ma botte de chnle (4) a la forme d’un % cylindre étroit, renflé latéralement dans sa première moitié, et surmonté d’une crête d'autant plus pro- noncée que les individus sont plus avancés en âge. Les frontaux proprement dits, dont le diamètre longitudi- nal est pius grand quele transversal dans les Erycides, mais généralement moindre dans les Boæides et Les Py- thonidés , ont ce même diamètre longitudinal égal aux deux tiers, de la longueur de l’étui encéphalique chez les Eryx les plus fouisseurs, à la moitié ou seule- ment au tiers chez ceux qui le sont le moins , ainsi que chez les espèces des deux tribus ayant pour types les » Pythons et les Boas. Ces frontaux proprement dits ont chacun la figure d’un rhombe dans les Erycides, d’un rectangle ou d’un trapèze assez régulier dans les Boæides, très-irrégulier dans les Pythonides, où leur bord latéro-externe est entaiilé pour recevoir une por- tion de l’os sus-orbitaire que possèdent ces Ophidiens, à l’exclusion de tousles autres reptiles dumême ordre. Les orbites sont toujours limitées en arrière par des frontaux postérieurs extrêmement robustes, dont la base s’appuiesur les sus-maxillaires. Elles le sont aussi en devant par des frontaux antérieurs, petits, en triangles isocèles où subéquilatéraux et entièrement séparés l’un de l’autre par les nasaux, chez les Eryci- des ; mais grands , subtrapézoïdes et presque contigus sur la ligne médiane‘du front, entre les os de celui-ci et ceux du nez, chez les Boæides et les Pythonides. Les os du nez des Erycides sont excessivement développés et en carré long; les Boæides et les Pythonides ont les leurs d’une dimension un peu moindre et en forme de (1) Nous désignons ainsi toute la portion postérieure du cränea partir des frontaux proprement dits , ceux-ci non compris. 362 REPTILES OPHIDIENS. plaque elliptique ou subrhomboïdale, pointue en avant et presque tout entière enclavée dans les frontaux an- térieurs, particularité qu'on n’observe dans aucune autre famille de la section des Azémiophides. L’osim- cisif ou intermaxillaire, qui offre quelques dents chez les espèces de la sous-famille des Holodontes, mais qui en manque complétement chez celle des Aprotéro- dontes, est une traverse sur laquelle, dans les Ery- cides, vient se fixer l’extrémité antérieure desnaseaux; au lieu que dans les Boæides et les Pythonides elle envoie à la rencontre des os du nez une apophyse plus ou moins grêle , qui naît du milieu de son bord supé- rieur. Les os sus-maxillaires sont de longues et fortes tiges, tantôt droites, tantôt légèrement courbées en w, qui s'étendent en diminuant graduellement de gros- seur, depuis le bout du museau jusque au-dessous, ou même un peu au delà des frontaux postérieurs ; apla- ties latéralement dans leur portion antéro-orbitaire , elles sont au contraire assez déprimées dans le reste de leur longueur. Les os palatins sont courts, droits et garnis de dents d’un bout à l’autre ; tandis que les pté- rygoïdes internes sont très-allongés , comme courbés en w et dentés dansleur première moitié seulement.Les ptérygoïdes externes sont de moitié ou d’untiers plus courts que les palatins. Les deux os mobiles, articu- lés bout à bout, qui, de chaque côté, tiennent la mà- _choire supérieure suspendue au crâne, nous voulons dire le mastoïdien et l’intrà-articulaire, sont assez - fortement comprimés et à peu près aussi longs l’un que l’autre, ce qui fait que, dans l’état d’occlusion de la bouche, la position du premier étant horizontale et celle du second perpendiculaire, ils se trouvent for- mer ensemble un angle droit. Le mastoïdien est comme é AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. 363 collé par sa portion antérieure, généralement très- amincie , contre le côté de l'anneau occipital, qu’il dé- passe en arrière, soit de la moitié, soit d’un peu moins, soit d’un peu plus de la moitié de sa longueur. * L'intrà-articulaire est faiblement tordu sur lui-même, Les sous-maxillaires décrivent une légère courbure de bas en haut, particulièrement distincte à leur face in- férieure. L’un des deux principaux os qui composent chaque branche, le dentaire, est un peu moins allongé que l’autre ou l’articulaire ; la gouttière que présente celui-ci est large et profonde, et ses bords sont iné- galement élevés; tantôt c’est l’interne, tantôt c’est l’ex- terne qui l’est le plus. La seule différence importante qu'on remarque en- tre les Pythoniens, relativement à la manière dont leur bouche est armée, est celle qui est signalée plus haut , à savoir que les uns possèdent et que les autres manquent de dents à l'os incisif; différence sur la- quelle est principalement fondé le partage que nous avons fait de ces serpents en deux sous-familles, dites des Holodonteset des Aprotérodontes. À partcettediffé- rence, tous ont donc un système dentaire uniforme ; c'est-à-dire deux séries, au palais, ainsi qu’à chaque mä- choire, dedents coniques,effiléeset pointues à leur som- met, plus ou moins tranchantes à leur face postérieure, coudées à leur base, penchées en arrière, très-longues en avant, mais se raccourcissant jusqu’à la dernière inclusivement , depuis la première , aux rangées pala- tales, depuis la seconde ou la troisième, aux rangées maxillaires. Celles de ces dents qui constituent les séries palatines ne s'étendent jamais en arrière, au delà du milieu de la longueur des os ptérygoïdes, et les dernières de ces séries, de même que celles des 364 REPTILES OPHIDIENS. quatre autres, sont rejetées un peu obliquement de côté, en dedans. Quant à leur nombre, il varie de dix à vingt-cinq dans chaque rangée sus-maxillaire , et à proportion dans les autres; mais l’un ne se rencontre que chez deux espèces d'Éryx, et l’autre chez quelques Boæides ; le plus généralement il est de dix-huit. Il nous reste maintenant à faire connaître la vérita- ble structure de cette paire d’ergots, qu’on observe aux côtés de la fente anale de tous les Pythoniens adultes. Nous en avons déjà parlé à la page 84 de ce sixième volume, en annonçant que M. Mayer les avait décrits dans les Mémoires des curieux de la nature (1). L'auteur produit d’abord l'historique delindication deleur structure: c’est Russel quile premier a reconnu la présence des ergots dans plusieurs espèces de Boas qu’il a décrites, en 1790, dans son ouvrage sur les ser- pents des Indes; mais il ne les avait pas examinés anato- miquement. Daudin et Oppel les ont aussi mentionnés en employant leur présence comme un caractère géné- rique , que G. Guvier a répété; mais c’est Schneider qui a le premier décrit leur conformation osseuse et leur organisation musculaire, que M. Mayer a beau- coup plus complétement étudiées dans le mémoire que nous analysons ici. Dans le genre Boa l’ergot est un ongle de corne vé- ritable, servant de gaîne à un petit os onguéal un peu courbé et articulé sur un autre os qui reste tou- jours caché sous la peau. Ce dernier est considéré comme un os du métatarse : il est recourbé et porte une (1) Ce mémoire a été traduit en francais dans le tome VII des Annales des Sciences naturelles, page 150, publié en 1826, et La planche y a été copiée in-/°, atlas n° 6. : AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. 365 apophyse qui donne attache à un muscle. Cet os in- termédiaire est aussi mobile sur un troisième beau- coup plus grêle, mais aussi beaucoup plus long. Au point de jonction avec le métatarsien on voit une sorte d’épiphyse avec deux appendices que l’auteur regarde comme des espèces de tarse. Il y a autour de cet appa- reil très-mobile, cinq faisceaux de fibres charnues. Ges muscles ont pour usage de déterminer des mou- vements divers. Le plus long faisceau qui est destiné à étendre le ‘pied, tire l’os du métatarse en avant et porte l’ongle en dehors; un second, plus court, paraît avoir la même fonction ; le faisceau le plus gros, le plus épais, est le fléchisseur qui ramène l’ergot en dedans vers le cloaque ; enfin il y a un adducteur et un abducteur qui meuvent la région du tarse, l’un en dedans , l’auire en dehors; telle est la structure dans les Boas. Dans les autres genres l’auteur n’a fait qu'in- diquerla présence de ces ergots : 1° dans l’'Éryx jaculus d’après Oppel ; 2° dans le genre Python, d’après Dau- din et Cuvier ; mais il ne les a pas disséqués. Il en est de même pour l'Eryx John, type du genre Clothonie de Daudin, et pour les Tortrix ou Rouleaux d'Oppel, dont nous parlerons par la suite. L'époque de l’âge à laquelle apparaissent extérieu- rement ces appendices calcariformes des Pythoniens, semble varier suivant les espèces ; car nous les avons vus être déjà fort développés chez de très-jeunes _Boæides , tandis que des individus beaucoup plus âgés , appartenant à des espèces qui dépendaient, les unes de la même tribu , les autres de celle des Pytho- nides, n’en offraient pas la plus légère trace, 366 REPTILES OPHIDIENS. # DE LA CLASSIFICATION DES PYTHONIENS, On a dàù voir par ce qui précède que cette famille, on ne peut plus naturelle, est particulièrement éta- blie, non-seulement sur la similitude qui règne entre les espèces qu’elle renferme, relativement à l’ensem-. ble de la structure du crâne et au système dentaire; mais encore à la présence d’une paire d’ergots aux cô- tés de l'anus, vestiges des pattes abdominales des Sau- riens, dont bientôt les Tortriciens nous offriront les dernières traces. C’est faute d’avoir agi d’après ces” principes que les ophiologistes classificateurs, nos devanciers (un seul excepté, parce qu’une erreur l'a heureusement servi, ainsi que nous l’explique- rons tout à l'heure), ont plus ou moins éloigné les Pythoniens les uns des autres, ou bien y ont associé des Ophidiens appartenant à des types tout différents du leur. Cependant Schneider, sans contredit le plus habile des erpétologistes de la fin du dix-huitième siècle et du commencement du dix-neuvième , doit être cité comme ayant le premier entrevu les liens de parenté existant entreles Azémiophides proctopodes, dontilest ici question, car il en a groupé, sous le nom commun de Boa, la plupart des espèces connues de son temps, d’après cette considération qu’elles se ressemblaient par de longues dents à l’avant des mâchoires, par des appendices calcariformes à la région anale ,etajoute-t-il (mais malheureusement à tort), par une queue en- roulable. Joindre ce dernier caractère aux deux pre- miers, dont il n'offre pas le même degré d'importance, c'était exclure de ce groupe des Boas, des Serpents qui ensont véritablement très-voisins, quoique n'ayant pas AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. 367 Ja queue préhensile(1), tels que nos Erycides: sans cela _ le cadre eût été parfaitement tracé pour recevoir Îles espèces de la famille dont nous traitons maintenant. Toutefois, il faut le reconnaître, Schneïder laissait peu de chose à faire pour déterminer rigoureusement les Himites de cette famille, ce que pourtant personne n’a encoreopéré, si ce n’esten apparence M. Fitzinger. En effet ce savant nous a bien présenté les genres Eryæ, Boa, Python et leurs analogues réunis seulsdans sa fa- mille des Pythonoïdes ; mais cette famille, qu'il a pu nettementséparerde celie des Colubroides, parce qu’elle possède, contrairement à celle-ci, des éperons anaux, n'a motivé sa séparation d'avec celle des Z/ysioides que sur ce qu’elles’en distinguerait par une langue pluséten- due en longueur. Or, comme il n’y a pas la moindre dissemblance à cet égard, nous l'assurons positivement, entre Jes Zlysioides et les Pythonoïdes de M. Fitzin- ger, il est évident que ce n’est point à la manière dont cetie dernière famille a été définie, mais à une cir- constance fortuite, ainsi que nous lannoncions plus haut, qu’elle doit de n’avoir pas été alliée à une autre, dont elle diffère notablement. La classification de M. Fitzinger, où nos Pythoniens se trouvent carac- térisés de la façon qui vient d’être dite , date de 1826. Depuis lors ce savant a élaboré un nouvel arrange- ment méthodique des ophidiens, dans lequel ceux de ces reptiles qui nous occupent plus particulièrement ici, au lieu de former comme auparavant une famille unique, que pourtant les rapports intimes qu'ont ses membres entre eux commandaient en quelque sorte (1) Toutefois, trompé par l'apparence, Schneider a admis dans son genre Boa deux véritables Zryx, le Johni et le Conicus ; tandis qu'il a placé le Jaculus parmi les Angues, 306 REPTILES OPHIDIENS.- de ne pas désassocier, en constituent trois, portant les noms de Gongylophis, de Centrophis et de Pytho- phis et ayant respectivement pour types les genres Eryx, Boa et Python : familles qui composent avec 4e deux autres, appelées Typhlophis et Cylindrophis, une série dont la principale distinction consiste dans la» présence de pattes vestigiaires à l’arrière du tronc. Sur quelles particularités d'organisation les serpents qui possèdent encore des restes de membres abdomi- naux se trouvent-ils ainsi partagés en cinq familles ; c'est-à-dire en cinq groupes que leurs dénominations similaires devraient faire supposer établis d'après des modifications organiques d’une égale importance ? Nous lignorons, attendu que le nouveau système ophiolosique de M. Fitzinger ne nous est connu que par l'envoi qu'il a bien voulu nous faire d'un tableau manuscrit présentant seulement les noms des familles et’des genres rangés suivant l’ordre qu'il adopte aujourd’hui (1). Toutefois ce simple vocabulaire méthodique nous a permis de reconnaître avec certitude que l’auteur ne s’est pas astreint à suivre les règles prescrites dans l'emploi de la méthode naturelle, en ce qui concerne la subordination des caractères , lorsqu'il a réparti les serpents précités en cinq familles; car il est absolu- ment impossible que celles-ci, autant que nous puis- sions en juger d'après les espèces qui s’y trouvent inscrites, soient toutes distinguées l’une de l’autre par des dissemblances d’une valeur équivalente: ainsi rien autre qu'un museau plus ou moins cunéiforme, (1) Voyez pages 62-65 du présent volume, où ce tableau se trouve reproduit tout entier. à AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. | 369 et une queue très-courte et peu ou point flexible, ne différencie les Gongylophis des Centrophis, chez les- quels la queue est plus ou moinslongue , et le museau épais, arrondi ou coupé carrément ; les Pythophis eux- mêmes ressemblent exactement aux Centrophis, ex- cepté qu’ils ont de plus qu’eux des os sus-orbitaires et des dents intermaxillaires. Mais il n’en est pas de même des Cylindrophis, qui ont un système dentaire tout spécial, et les os de la mâchoire supérieure d’une conformation particulière, aussi bien dans leur en- semble que dans les détails de leurs dispositions, ce qui les sépare d’une manière bien tranchée des trois familles précédentes ; ni des 7yphlophis, qui dif- fèrent non-seulement des Gongylophis, des Cen- trophis et des Cylindrophis, mais de tous les autres Ophidiens , en ce qu'ils manquent d’os ptérygoïdiens externes, que les os de leur face, à l’exception des sus-maxillaires, sont fixément unis entre eux, que leurs palatins sont des tiges transversales et non lon- gitudinales , et qu’ils n’offrent jamais de dents qu’à l’une ou à l’autre mâchoire. Nos Pythoniens ont été moins bien classés par G. Cuvier, que par plusieurs de ses prédécesseurs, même dans la seconde édition du Règne animal, où l’on retrouve les principaux genres , à savoir : les Eryx, les Boas et les Pythors placés séparément, c’est-à-dire les derniers avec les Couleuvres , les seconds entre les Erpetons et les Scytales de Merrem , et les premiers avant ceux-ci, qui appartiennent à notre section des Aphobérophides. Parmi les familles ophiologiques que M. Schlegel a admises , lesquelles ne sont que très-vaguement dé- finies, puisqu'elles sont établies, non sur des carac- REPTILES, TOME VI. 24 4 Un ARR ui de 370 REPTILES OPHIDIENS. 4 tères susceptibles d’être formulés, mais sur une cir- constance qui, de l’aveu de l’auteur lui-même, ne peut se rendre par des paroles, « l’impression que » produit sur nous la vue d’un être considéré dans Ja » totalité de ses parties extérieures, autrement dit sa » physionomie; » parmi ces familles , disons-nous, il en est une cependant , celle des Boas, que M. Schle- gel a particularisée d’une manière précise en la signa- lant comme composée des Serpents dont la queue jouit de la faculté préhensile. La prééminence accordée à ce caractère sur d’autres beaucoup plus importants et particulièrement sur ceux que fournit le système den- taire, est cause que, d’une part, cette famille corres- pondant à celle de nos Pythoniens , ne comprend pas : toutes les espèces qui ont le plus d’affinités avec son w genre typique ou les Boas proprement dits ; puisque les Eryx, que leur queue non volubile distingue pres-" que uniquement de ces derniers, s’en trouvent néces-" sairement exclus ; et que, d'un autre part, elle en ren- ferme au contraire d’autres, tels que les Acrochordes, qui ont un fonds d'organisation complétement diffé- rent , ainsi que nous le démontrerons à l’article où 1l ! sera spécialement. question de ces Ophidiens. Les Eryx nesont pas toutefois les seuls vrais Pythoniens connus de M. Schlegel, qui n’aient point eu accès dans saw famille des Boas ; il en a aussi éloigné, pour les ranger avec les Rouleaux, notre Platygaster multicarinatus et le Nardoa Schlegelii de M. Gray, dont le prolonge- ment caudal offre pourtant une préhensilité au moins égale à celle que présente le même organe chez les Boas. On s’explique d’autant plus difficilement le mo- tif qui a pu déterminer M. Schlegel à placer ainsi, loin des Boæides, le Platygaster multicarinatus et le € br 2 AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS 371 "4 Nardoa Schlegeli, que, d’une part, il dit positive- ment en tête des généralités de sa famille des Boas, qu elle comprend tous les serpents à Jens prenante; et que, d’une autre part, ces deux espèces, qui d’ail- leurs diffèrent beaucoup des Rouleaux, n’ont même "6 dans leur physionomie qui les fan ressembler à ceux-ci. Il nous resterait, pour terminer cette revüe critique des divers classements qu'ont jusqu’à présent subis les Pythoniens, à exprimer notre opinion sur un opus- cule dernièrement publié par M. Gray, sous le titre de Synopsis of the species of prehensile tailed snakes, or family Boideæ (1). Mais nous pensons que les obser- vations que nous avons à faire trouveront plus natu- _ rellement leurs places dans les articles où il sera res- pectivement traité des genres et des espèces mention- nés dans cette sorte de catalogue méthodique, que nous présentons au reste presque complétement di- Fe en deux parties à la page 372 et suivantes : la pre- migreest l exposé , sous forme de tableau synoptique, … des différences de premier ordre, au moyen desquelles Vauteur est progressivement arrivé à distinguer les enres les uns des autres. La seconde est la traduction ttérale des caractères essentiels de chaque groupe générique, auxquels est joint le nom de l’espèce type. ne (1) Zoological miscellany, by J. E. Gray, march 1842. 6 | I ( SIPU9IPO SA][I99 *IPUOIIF DIIU9A AUQIEN UD SOP *2)SNQOU awur1du09 ouwroisny sd109 ol1idnd ‘onbuorquotu =anbi|qo ‘jueae ua o1911e,p 1091991 nvosnu £ sonbe|d op ajioAn0)9 ‘ 9gd9p ‘o98uo1[e 939L *ŒÙ + + -uorodo p sed . © +. + : yes 9 sojepnpo-snos sonbejd sop ‘oyisuegoid outod R “oyinoo ononb £sa9xe snjd seu ot noce D “S9][IP99 XNE Sa[la1ed soenu9A S9[197n98 *S9SS1 So[[1899 e plaques lisse : fosseltes labiales toutes régulières, symétriques. . . . . . . . . . . 10. Cniasorane, 562 jusqu'en arrière du front. ......,,.,.,,...,.... O. Épicrare. 552 distinctes : des plaques symétriques sur le museau seulement. . . . . . es 04 set at 0e D DIDNE RON D Me PR | aux dus distinc) SUS- Des dents inter-maxillaires Ou incisives nulles sus- REPTILES, TOME Y l: la lévr! 15 EL rEES née : dessu à lête re : fosseltes Fà ke sont les types. ‘ & À : AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. 377 Telle que nous l’admetions, la famille des Pytho- miens nous paraît susceptible d’être partagée en deux sous-familles, d’après cette considération que Îes uns possèdent des os sus-orbitaires et des dents incisives, tandis que les autres en sont complétement dépourvus ; 'sous-familles auxquelles , en raison de celui de leurs caractères qui est le plus apparent, nous appliquons la dénomination d'Hozonowres, c’est-à-dire qui a toutes les dents, et celle d’AProrérononres, ou auxquels ilmanque les dents de devant. La première ne forme, quant à pré- sent, qu’une seule tribu appelée les Pythonides, du nom du plus ancien des quatre genres qu’elle ren- ferme. Mais la seconde, qui en comprend onze, dont les espèces offrent chez l’un d’entre eux un museau aminci en coin, ainsi qu'une queue mon préhen- sile, et chez les autres un nez obtus avec un prolon- gement caudal volubile, peut parfaitement se subdi- viser, d’après cette notable distinction, en deux tribus qui empruntent leurs noms respectifs d’Erycides et de Boæides, de ceux des groupes génériques qui en Nous placons en regard de cette page un tableau synoptique présentant , opposés les uns aux autres, les caractères distinctifs les plus apparents des sous- familles , tribus et genres de la famille des Pythoniens, afin de rendre plus facile la recherche de la place que chacun de ces Serpents doit occuper dans la méthode naturelle. 378 REPTILES OPHIDIENS. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES PYTHONIENS, La famille des Pythoniens a des représentants sur tous les continents et la plupart des principales files" du globe: mais les Amériques , où il en existe douze, c’est-à-dire le tiers, plus un, de ceux que lon connait aujourd'hui, se trouvent ainsi en produire proportionnellement un plus grand nombre à elles seules que l'Europe, l'Afrique, l'Asie et l'Océanie réunies. Un fait qui mérite d’être remarqué, c’est! qu'aucun de ces douze Pythoniens américains n'ap- partient à la sous-famille des Holodontes ; tous dé- pendent de celle des Aprotérodontes, qui toutefois renferme aussi des espèces européennes, asiatiques, africaines et océaniennes. Sur ces douze Aprotérodon- tes d'Amérique, deux seulement ont pour congénère une espèce qui n’est point indigène de cette partie du monde ; ce sont le Viphosoma caninum et l’hortula- num , lesquels habitent, conjointement avec le Boa constrictor, V'Eunectes murinus, et l’Epicrates cen- chris , le sud et l’est de l'Amérique méridionale, dans l’ouest de laquelle vit le Boa eques , tandis que le Boa imperalor a pour patrie les contrées australes de l'Amérique du Nord. Les autres sont étrangers au con- tinent : on les rencontre soit dans les petites Antilles, comme le Boa diviniloqua, soit dans les grandes An- tilles , comme le 7ropidophis melanurus , le macula- tus, l’Epicrates angulifer et le Chilobothrus inornatus. Les Aprotérodontes non américains sont au nombre de dix: un seul, l’£ryx jaculus, habite le midi de l'Europe, mais il ne lui appartient pas en propre, attendu que le nord de l'Afrique et l'occidentde l'Asie le possèdentaussi ; un second , l'Eryxthebaious, n'a été AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. 379 vu jusqu’à présent qu’en Egypte; deux autres, l’Eryx Johnit et le conicus semblent être particuliers aux Indes orientales ; trois sont de l'Océanie, le Platy- gaster multicarinatus , dont l'habitation est limitée à la Nouvelle-Hollande, l'Enygrus carinatus que nour- rit la Nouvelle-Guinée aussi bien que les Moluques, et l'Enygrus Bibronii dont on n’a encore constaté Vexistence qu'a Viti, l’une des îles de cet archipel. Enfin les trois derniers sont des insulaires africains, puisque l’un, oule Zeptobou Dussumieri , se trouve sur l’île plate près de Maurice, et les deux autres à Ma- dagascar, ainsi qu'on a voulu l'indiquer en ajoutant à leurs noms génériques de Pelophilus et de Xiphosoma la dénomination spécifique de Madagascariensis. Les Pythoniens holodontes sont, quant à présent, beaucoup moins nombreux que les Aprotérodontes ; nous n'avons pu en découvrir, dans les diverses collec- tions que nous avons visitées, que onze espèces. L'une d'elles, dite le Ziasis Childreni , ne doit être signalée qu'avec doute comme originaire de l'Australie : trois vivent en Afrique, le Python natalensis, dans la partie méridionale , le Python Sebæ et le Python re- gius , dans les contrées occidentales de cette immense presqu'île. Les septautres se trouvent réparties en Asie et en Océanie de la manière que nous allons le dire : le Python molurus et le reticulatus sont répandus sur une grande étendue de l’Inde et danses iles de la Sonde ; la Morelia argus est confinée en Tasmanie et dans la Nouvelle-Hollande, pays qui est aussi celui du Liasis olivaceus ; le Liasis Macklotit est un Lahi- tant de Timor, et le Liasis amethystinus fait partie des espèces de Serpents des Moluques et de la Nouvelle- Irlande, seul groupe d'iles où l'on ait encore recueilli le Nardoa Schlegelit, REPTILES OPHIDIENS. ‘apuou np oraed ce li cr Y|lhlc |c L ï enbeyo suep sa09d59 s9p a1QuON * : : ‘HHHLONONET) ++ ++ + *HLVHOIdT * * +: * ‘ANOSOHAIY + + + + ‘AIOSNNA "°°" ‘AUMAO1Iq | * SAUIY OA | reste ee “vog + + ‘ANISVOXLVIQ *SIH4OGQIIOH J, ‘SHLNOGOUALO HV * * » * - ‘YOOIaAT e + + + * ‘AMONT ete + xx e . . L L] LEE ] sde Mi LE * : SAGIJAUA SAGINOHLAd |" * * * ‘SÆLNOŒO'TOH RCE CRAPNOHIR DOS ECO ‘ITTINON 000040000000000 OM0OO0mO0m000m0-00 0000H0000000000 AIO TANT et O MST ef et CD) ON et O SIT 79 o15Y *alsY “aIperisn y , *S01U9£) ‘SaaIux ‘SATTIHYA-SNOS “anbuyy *aISY 79 enbruyy ‘odoinz }sanbnurse sojr ‘sonbrerse ‘s299dsa s0p [P10L *JnuuOdur SUIS |-21UP990 ‘HAÜIHAVUI9OAI HONHISIXA UN AT SHAAV,Œ SNAINOHIAd S4Q NOILILAVAdAU : AZEMIOPHIDES PYÉHONIENS. Se PREMIÈRE SOUS-FAMILLE DES PYTHONIENS. LES HOLODONTES (1). Ce nom d'Holodontes exprime que les espèces aux- quelles nous l’appliquoné se font remarquer par un système dentaire le plus complet que puisse offrir au- cun reptile de l’ordre des Ophidiens; attendu qu'elles . ont à la fois les deux mâchoires, les palatins , les pté- rygoïdes internes , l’incisif ou inter-maxillaire dentés. La présence de dents sur ce dernier os, jointe à l’exis- tence d’une paire de sus-orbitaires et à une forme spéciale des mastoïdiens, est ce qui caractérise essen- tiellement la première sous-famille des Pythoniens. Les Holodontes n’ont jamais plus de quatre de ces dents incisives , qui occupent deux à droite et deux à gau- che, les extrémités de la traverse osseuse sur laquelle elles sont implantées. Leurs os, dits sus-orbitaires par Cuvier, et que nous croyons être plutôt une dépen- dance des frontaux proprements dits, bordent ceux-ci en dehors, ayant devant eux les frontaux antérieurs, et derrière eux les frontaux postérieurs; ils sont ob- longs, pentagones ou sub-trapézoïdes. Les os mastoï- diens des Holodontes, au lieu d’être des tiges médio- crement déprimées , comme ceux des Aprotérodontes, ressemblent davantage, tant ils sont aplatis, à des pa- lettes ou lames larges et arrondies en avant, rétrécies et un peu moins minces en arrière ; ils sont aussi pro- (1) De 610, complète, entiére, et de ofovs, dent. 382 REPTILES OPHIDIENS. portionnellement un peu plus courts que dans la fa- mille suivante. Tous les Pythoniens holodontes connus ont la queue volubile ou enroulante ; on n’en a point encore” découvert jusqu'ici qui soient analogues aux Éryx , OU qui représentent parmi eux les espèces d’Aprotéro- dontes à queue courte et non enroulable et à museau conformé en une sorte de boutoir taillé en biseau, c'est-à-dire en un instrument propre à fouir le sol. Il n'y a qu'une seule tribu dans cette sous-famille des Holondontes : c’est celle qui renferme les Pythons et qu’à cause de cela nous avons appelée les Pythonides. TRIBU UNIQUE DES HOLODONTES. LES PYTHONIDES. Cette tribu , la seule dont se compose encore la sous- famille des Holodontes , comprend , de même que celle- des Boæides qui la représente dans la sous-famille des Aprotérodontes , des espèces ayant toutes un museau épais , tronqué en avant, et une queue plus ou moins longue, jouissant à dire degrés de la faculté de s’en- able en spirale. Il n’y en à aucune, ainsi qu’on l’ob- serve au contraire dans la tribu des Boœides, qui ait. Jes écailles carénées et qui manque de fossettes autour de la bouche; elles offrent toutes de ces petits creux, tantôt à une lèvre seulement, tantôt aux deux à la fois. A la vérité , on ne connaît , quant à présent, que dix espèces de Pythonides appartenant à cinq genres différents, tandis que la tribu des Boæides en renferme | AZÉMIOPHIDES PYTHONIENS. | 383 A dix-huit, qui ont pu étre réparties en dix groupes g nériques toul à fait distincts. Les Pythonides , comme les Boæides, sont plus ou moins dendrophiles ; certains d’entre eux le sont même exclusivement , ce dont il est aisé de s'apercevoir à l'extrême gracilité de leur corps et à la grande étroi- tesse de leur région abdominale. D’autres semblent préférer le séjour des eaux, et il en est quise tiennent presque aussi souvent dans celles-ci ou à terre que sur les branches des arbres. On va trouver nos quatre genres de Pythonides disposés dans l’ordre qui nous a paru être le plus naturel, ou de telle sorte qu'à partir du premier jusqu'au dernier, la squammure céphalique se montre de moins en moins divisée et de plus en plus régulière et symétrique. Nous avons indiqué leurs noms et leurs caractères distinctifs dans le tableau synoptique placé en regar:l de la page 377. [* GENRE. MORÉLIE. —MORELTA (1), Gray. (Python, Wagler.) Caractères. Narines latérales, ouvertes chacune dans une seule plaque offrant un sillon au-dessus du trou nasal. Yeux latéraux, à pupille vertico-elliptique. Des plaques sus-céphaliques sur le bout du museau seulement. Des fossettes aux deux lèvres. Écailles lisses; scutelles sous-caudales partagées en deux. Dans ce genre, il n’y a de véritables plaques symétriques (1) Nous ignorons l'étymologie de ce nom que l’auteur n'a pas di iuée : mais en adoptant le genre nous n'avons pas dù lui impo- | ser une autre dénomination, comme nous le disons plus loin. 354 PYTHONIENS HOLODONTES. à la face supérieure de la tête que tout à fait en avant ou sur le bout du museau. On pourrait à ce seul caractère le * distinguer des autres Pythonides ; car tous offrent de ces lames squammeuses régulières, au moins jusque sur le front, toujours sur les régions sus-oculaires, et le plus souvent au delà de l’entre-deux des yeux. Mais on le reconnaît aussi à ce que, chez lui, l'entourage de chaque narine est formé d’une plaque et non de deux, comme chez les Py- thons ; à ce que le petit sillon , dont cette plaque unique est trou nasal, comme dans les Liasis; à ce que. encore, la lèvre supérieure présente des fossettes , aussi bien que l’in- férieure, tandis qu’il n’en existe qu’à celle-ci chez les Nar- doas. Les Morélies ont d’ailleurs une physionomie différente de celles des autres Ophidiens de la même tribu ; elles doi- vent plus particulièrement cela à la forme de leur tête, dont l’ensemble ne représente pas, ainsi que c’est le cas le plus ordinaire, une pyramide quadrangulaire, plus ou moins hr: À L ‘ # creusée, se trouve situé au-dessus et non en arrière du . déprimée, mais un cône court, comme renflé à sa base et. fortement tronqué dans sa portion terminale. Cette partie de leur corps a, en effet, sa face supérieure convexe, ex-. cepté entre les yeux, où elle est plane; ses côtés, en arrière : de ces organes , sont très-arqués en travers, ce qui fait pa- raître le cou étroit ; le museau , qui est gros , subcylindrique et dont le sommet est coupé perpendiculairement , à celui-ci obtus, arrondi et presque aussi fort que sa base. En un mot, la tête des Morélies rappelle par sa configuration gé- nérale et même par son mode de squammure celle des Xiphosomes, espèces de Boæides auxquelles elles ressem-— blent aussi par leur tronc élancé et assez aplati latéralement. Toutefois leur queue n’est que très-peu allongée et mé- diocrement préhensile. Elles ont les écailles lisses, les scu- telles ventrales peu élargies et les sous-caudales divisées longitudinalement en deux parties égales, La fente de leur bouche suit une ligne droite, Leurs der- PYTHONIDES. G. MORÉLIE. Le 369 nières dents sus-maxillaires, autre point de ressemblance que les Morélies présentent avec les Xiphosomes, sont exces- sivement courtes en comparaison des premières et de celles du milieu de leur rangée. La Couleuvre argus de Linné, type du présent genre, dont on doit l’établissement à Wagler, avait été antérieurement rangée , sous les noms de P. punctatus et de P. Peronü, par Merrem et Cuvier avec les Pythons de Daudin. Wagler, en la séparant de ces derniers pour en former un genre parti- culier, a appelé celui-ci Python, au lieu de continuer à dé- sisner ainsi le groupe générique dans lequel restaient les espèces pour lesquelles il avait été créé ; et c’est à ce groupe qu'il a au contraire appliqué une nouvelle dénomination, celle de Constrictor, ce qu'il eût été plus naturel de faire pour l’autre. Au reste, cette dénomination de constricfor ne convenait pas non plus au genre qui venait d’être établi aux dépens de celui des Pythons; car Linné et Laurenti s’en étaient déjà servis pour désigner, l’un une espèce de Boas, l’autre un genre composé en grande partie de ces derniers Ophidiens. Il était donc nécessaire qu’un autre nom füt donné au genre dont nous traitons en ce moment. M. Gray a pris ce soin; mais, nous regrettons de le dire, il n’a pas été heu- reux dans le choix qu'il a fait; car la dénomination de Morelia est une expression qui n’estet ne provient d'aucune langue, qui ne signifie absolument rien, et que nous au- rions rejetée si nous n’avions pas craint d’ajouter encore un nouveau mot à la liste déjà trop nombreuse de ceux que comprend le vocabulaire erpétologique. 1. LA MORÉLIE ARGUS. Morelia argus. Nobis. CaracTÈres. Deux fossettes à la plaque rostrale, et une à chacune des supéro-labiales des deux premières paires. SYNONYMIE. 1734. Serpens arabica,a Brasiliensibus,ibiboboca et boiguacu dicta. Seb. Thes. nat. tom. 2, page 108, tab. 103, fig. 1. 1755. Vipera argus. Klein. Tent. EÉrpet. pag. 21. REPTILES, TOME VI. 386 PYTHONIENS HOLODONTES. 1758. Coluber argus. Linn. Syst. nat, Edit. 10, tom. 4, p. 380. 1766. Coluber argus. Linn. Syst. nat. Edit. 12, tom. 1, pag. 389. 1771. Coluber argus. Daub. Anim. Quad. ovip. serp: ; pag. 589. 1788. Coluber argus. End Syst. nat. Linn. tom. 3, pag. 1119. 1789. L'argus. Lacép. Hist. quad. ovip. Serp. tom. 2, pag. 3 65 ( d’après Séba ). 1789. L'argus. Bonnat. Encyclop. Méth. Ophiol. pag. 25 , pl. 30 , fig. 63 ( d’après Séba). 1790. Snake... White. Voy. to New South-Wales , pag. 259, n° 5 ( l’adulte) et n° { (le jeune âge ). 1798. Coluber argus. Donnd. Zoolog. Beitr. Linn. Natur. syst. tom. 3, pag. 200, n. 170. 1802. Coluber argus. Latr. Hist. Rept. tom. 4, pag. 163, fig. à la pag. 143 ( d’après Séba). 1802. Snake... Shaw, Gener.Zoolog. (une figure du jeune âge au bas du titre de la deuxième partie du troisième vo- lume ). Coluber argus. I. loc. cit. vol. 3, part. 2, pag. 439. Australasian Snake. K. loc: cit. pag. 505 ( d’après White). 1802. Die Argus Natter. Bechst. de Lacépède’s naturgesch. Amph. Vol. #, pag. 26, pl.3, fig. 1 (d’après Séba ). 1802. Couleuvre Spilote. Lacép. Ann. Mus. d'Hist. Nat. tom. #, pag. 194, dernière ligne. 1803. Coluber argus. Daud. Hist. Rept. tom. 6, pag. 312. 1820. Python punctatus. Merr. Tent. Syst. Amphib. pag. 90. _ Natrix Argus. I. loc. cit. pag. 126, n. 131 et pag. 90, n. 11. Echidna Spilotes. Id. loc. cit. pag. 150, n.5. 1826. Python punclatus. Fitzing. Neue Classif. Rept. pag. 54 1827 Python punctatus. F. Boië. Isis, tom. 20, pag. 516. 1827. Python Peronii. Cuv. Mus. Par. 1828. Python de Péron. Less. Observ. génér. Rept. Voy. de -la Coquille (Ann. Scienc. natur., tom.13, pag. 391). 1830. Python Peronii. Wagl. Icon. et descript. amphib. tab. 1. 1830. Python Peronii. Nagl, Syst. amph. pag. 168. ‘ 4h PYTHONIDES. G. MORÉLIE. 1. 387 4831. Python Peronüi. in Griff. Anim. Kingd. Cuy. vol. 9, . pl. 41. 14831. Python Peronii. Gray. Synops. Rept., pag. 97, in Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9. 1837. Python Peronii. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. gé- nér. pag. 178, n° # et Part. descript. pag. 421, pl. 15, fig. 11-12. 18. Python spilotes. Gray. Voyage Capit. Gray... vol. 2. 1842. Morelia punctata. Gray. Synops. Famil. Boidæ (Zoolog. Miscell. pag. 43). Morelia variegata. 1. loc. cit. DESCRIPTION. Formes. La tête de celte espèce présente à peu près la même forme que celle du Xiphosoma horlulanum ; elle est en tout deux fois plus longue qu’elle n’estlarge enavant. C’est de chaque côté de son extrémité antérieure et tout à fait en haut qu'abou- tissent les narines, dont les orifices sont grands, subcirculaires, dirigés vers l'horizon et un peu en arrière ; la seule lame squam- meuse dans laquelle chacune de ces ouvertures se trouve pra- tiquée est très-développée , pentagone ou subtrapézoïde, et faiblement marquée d’une rainure dans sa portion supérieure. Le dessus du bout du museau, seule partie de la face sus-cépha- ‘lique qui soit reyètue de ce qu’on est convenu d’appeler des _ plaques , en offre six, placées deux par deux les unes à la suite des autres : celles de la première paire ne peuvent être mécon- nues pour des inter-nasales, à raison de leur position en arrière de la rostrale et entre jes deux pièces squammeuses à trayers lesquelles les narines se font jour ; les autres, si ce n’était leur grand éloignement du front, pourraient être DA A comme des fronto-nasales et des frontales antérieures, vu la liaison qui existe entre elles: et leur voisinage des plaques précédem- ment nommées. Les premières de ces six plaques ou les inter- nasales sont triangulaires et d’une certaine dimension ; les deux qui viennent ensuite sont peut-être moins grandes , quadrangu- laires, tantôt aussi larges que longues, tantôt plus, tantôt moins dilatées en long qu’en travers; mais les deux dernières sont plus petites et de figure excessivement variable. Le reste de la surface de la (ête est recouvert d’un payé de squammes 358 PYTHONIENS HOLODONTES. polygones, d’inégale grandeur, moins petites que les écailles du cou, et généralement un peu plus dilatées sur la région frontale qu'ailleurs. Une douzaine de très-petites plaques à plusieurs pans forment autour de l'orbite la plus grande partie d’un cercle, qui est complété inférieurement par la sixième, la septième et quelquefois la huitième plaque de la lèvre supérieure. Les régions frénales sont garnies chacune de quinze à vingt pièces squammeuses juxta-posées , formant quatre ou cinq rangs longi- tudinaux. La plaque rostrale offre cinq pans, un inférieur, médiocre- ment échancré, deux latéraux, perpendiculaires, et deux autres au-dessus de ceux-ci, plus longs qu'eux, réunis en angle aigu , qui écarte les nasales pour faire pénétrer son sommet entre les inter-nasales; cette plaque rostrale, qui est concave dans sa moitié inférieure, a une fossette linéaire le long de chacun de ses deux bords qui tiennent aux plaques nasales. La lèvre supérieure a de chaque côté treize ou quatorze pla- ques carrées , à peu près de même grandeur , excepté les qua- tre ou cinq dernières, qui sont un peu plus petites que les autres. Les deux premières offrent seules une cavité subtriangulaire (1). On compte à gauche ct à droite de la lèvre inférieure , dix-sept ou dix-huit plaques, dont les huit ou neuf premières sont gran- des,qua dranguiaires, plus hautes que larges, les quatre ou cinq dernièrestrès-petites, subrectangulaires etles autres carrées et creusées chacune d'une fossette de même forme. Laplaquemen- tonnière, quiest en triangle équilatéral, ne dépasse pas enarrière les deux inféro-labiales entre lesquelles elle est placée. Les écailles du corps ressemblent à des losanges : elles sont oblon- ques Sur la première moitié du tronc, mais sur la seconde et sur toute l’étendue de la queue leur diamètre transversal n’est pas plus étendu que le longitudinal. Les plus grandes scutelles ventrales ont une largeur égale à la longueur du museau. Écailles du tronc : de 41 à 51 rangées longitudinales, de 348 à 397 rangées transversales. Écailles de la queue : 27 ou 29 rangées longitudinales , de 82 à 97 rangées transversales. Scutelles : de 260 à 282 ventrales, de 74 à 92 sous-caudales. Les dents, quelle que soit leur longueur , sont proportionnel- lement un peu plus fortes que chez les Pythons. Il y en a quatre (1) Quelquefois les troisièmes offrent une trace de fossette. 7 PYTHONIDES. G. MORÉLIE. 1. 3609 à l'os intermaxillaire', dix-huit ou dix-neuf à chaque sus-maxil- laire et sous-maxillaire, six à chaque palatin, et douze à chaque … ptérygoïde interne. Cozorarion. Cette espèce, d’après les différences que pré- sente son mode de coloration, peut être distinguée en trois principales variétés. Variété A. Dans cette première variété, les parties supérieu- res sont d’un noir bleuâtre , très-irrégulièrement mouchetées d’un beau jaune ; c’est-à-dire que cette couleur est déposée par gouttelettes une à une sur le centre de la majeure partie des écailles , et qu'on la voit colorer entièrement des petits groupes detrois à six de celles-ci, dispersés çà et là sur le premier tiers environ de l’étendue du corps. Toutes les plaques labiales sont d’un blanc jaunâtre, à l’exception des supérieures, qui ont leur marge antérieure noire. Il existe une tache oblongue, noire aussi , sur le bord de la lèvre inférieure, près de l’angle de la bouche.Une ou deux lignes jaunes parcourent longitudinalement les côtés de la nuque; et, presque toujours, l’occiput en offre deux autres formant comme un V ouvert à sa base. Une teinte jaunâtre est répandue sur la face inférieure de la tête, et sur le tiers antérieur du ventre, dont les deux autres tiers présentent, ainsi que le dessous de la queue, un mélange de taches jaunes et de taches noires. Varié®é B. Celle-ci diffère de la précédente en ce que , outre que le jaune occupe le centre dela plupart de ses écailles, il se montre par grandes taches environnées d’un cercle noir. plus 8 » P sombre que celui du fond: sortes d’ocelles qui tantôt s’éparpil- lent sur tout le dessus du corps, tantôts’y disposent ou affectent de s’y disposer par rangées transversales. Variété C. Dans cette troisième variété , le fond des ré- gions supérieures est plutôt brun que noir; et le jaune est remplacé par une teinte d’un gris jaunâtre ou olivâtre, s’éten- dant en un ruban étroit , le long de chaque côté du dos, et for- mant en travers de celui-ci, soit des barres, soit des taches de figures irrégulières et de diverses grandeurs, souvent unies entre elles par plusieurs points de leurs bords, soit de simples raies, dont les flexuosités déterminent parfois un dessin d’ap- parence réticulaire. La surface crânienne est quelquefois coupée transversale- ment par {rois raies jaunes; une quatrième , situéc derrière 390 PYTHONIENS HOLODONTES. l'œil, s'étend d’une extrémité à l’autre de la tempe. Le dessous de la queue est ordinairement tout noir, et les taches de la même couleur qui appartiennent à la seconde moitié du ventre se confondent très-souvent entre elles , de façon à constituer ui large ruban sur le milieu de cette région inférieure du corps; au reste, la même chose à quelquefois lieu chez les deux va- riétés précédentes. Dimensions. Une longueur de trois mètres environ est la plus grande que nous aient offerte les douze à quinze individus de celte espèce, que nous avons été dans le cas d'observer; indivi- dus chez lesquels la queue faisait de la sixième à la septième partie de foute l'étendue de l'animal. Les mesures que voici, sont celles d’un des neuf exemplaires * que nous possédons conservés dans l’alcool. Longueur totale. 2 5" 5". Téte. Long. 6” 3”. Tronc. Long. 1’ 6" 7” Queue. Long. 30" 5". ' Parrie. La Morélie argus habite l'Australie : les deux pre” mières variétés sont de la Nouvelle-Hollande; mais la troisième paraît être particulière à la Tasmanie. MM. Péron, Lesueur, Lesson, Garnot, Néboux, Quoy, Gaimard et J. Verreaux sont les naturalistes voyageurs à qui nous sommes redevables des exemplaires de cette espèce, que renferme la collection du Muséum. Mogurs. Cet ophidien est aquatique , comme tous ou pres- que tous les autres Pythonides : c’est une observation qui a été faite par plusieurs voyageurs et notamment par M. Lesson , qui di positivement lavoir trouvé dans les mares d’eau douce, aux environs de la rivière Georges. L’estomac d’un des individus que nous avons ouverts, conte- nait les débris d’un jeune Phalanger. OpservarTions. il est assez singulier qu'aucun des auteurs postérieurs à Séba, qui ont décrit ou représenté d’après nature le serpent dont nous traitons, ne se soit apercu que le Muséo- graphe d'Amsterdem en avait déjà donné une figure, n°1, pl. 103 du second volume de sen ouvrage. Cette figure est celle que Linné a citée comme type de son coluber argus, espèce que Daubenton, Lacépède , Bonnaterre’, Latreille, Shaw, Dau- din et Merrem ont successivement mentionnée d’après l'auteur du Syslema Nature, et que trois d’entre eux, ainsi qu’on va le voir, ont reproduite une ou deux fois dans leurs livres, sous des PYTHONIDES. G. MORÉLIE. À. 391 » noms différents. Ainsi Shaw, n'ayant pas reconnu que deux des Serpents représentés dans la relation du voyage de White à la Nouvelle-Hollande, étaient spécifiquement les mêmes que le co- luber argus de Linné, les décrività tortsous le nom de Couleuvre australasienne. Après lui, ce fut Lacépède qui, dans les mémoi- res du Muséum, signala comme encore inédit , Sous le nom de Couleuvre spilote, d’après des individus provenant des collec- tions de Péron et Lesueur , le même ophidien qu'il avait anté- rieurement appelé Couleuvre argus, dans son histoire naturelle des Serpents. Puis vint Merrem qui rangea le Coluber argus de Linné dans son genre Vatrix , la Couleuvre australasienne de Shaw avec la dénomination de ponctuée, parmi ses Pythons, etqui fit de la Couleuvre spilote de Lacépède un Serpent venimeux, c’est-à-dire son £chidna spilotes. Aux quatre synonymes parles- quels l’espèce du présent article se trouvait déjà désignée vers 1827, Cuvier en ajouta un cinquième. celui de Python Peronü, qu'ont adopté M. Lesson, Wagler et M. Schlegel, mais qu’au contraire nous rejetons, pour nous conformer à la règle qui veut que la plus ancienne dénomination donnée à une espèce , soit celle qu’on lui conserve , à l’exclusion de toutes les autres. Il faut aussi rapporter à la Morelia argus , la Morelia varie- gata de M. Gray. laquelle, ainsi que nous nous en sommes assurés sur un individu du British museum, étiqueté de la main de ce savant , est tout simplement la variété indiquée plus haut sous la lettre C. Il existe une figure assez reconnaissable de la variété B sur la première planche des Zcones et descriptiones amphibiorum de Wagler ; Pidjeon et Griffith en ont donné une copie à la fin du neuvième volume de leur traduction anglaise de là deuxième édition du Règne animal de Cuvier. Le jeune âge de la même variété est représenté dans la Zoologie de Shaw. La Morélie argus est l’Ophidien que les Anglais, habitant la Nouvelle-Hollande, appellent Diamond-snake, ou Serpent diamant. “ » 392 PYTHONIENS HOLODONTES. 4 — ll GENRE. PYTHON. PFTAON (1). Nobis: (Constrictor, Wagler; Python et Hortulia, Gray.) Ps Li Canacrères. Narines: latérales ou verticales $ou- s vrant entre deux plaques, dont l’une est beaucoup plus petite que l’autre (2). Yeux latéraux, à pupille vertico-elliptique. Des plaques sus-céphaliques de puis le bout du museau jusque sur Le front seulement, ou, le plus souvent, jusqu’au delà des régions sus® oculaires, plaques au nombre desquelles sost toujours des préfrontales. Des fossettes aux deux lèvres. Écailles lisses, scutelles sous-caudales en rang double. Daudin est celui par qui le nom de Python a été intro- duit dans le langage erpétologique. Il s’en est servi pour désigner un genre d'Ophidiens, composé de celles des es- pèces de Boas de Schneider qui se distinguaient des autres par de plus grandes plaques céphaliques et par des scutelles sous-caudales divisées en deux pièces, au lieu d’être entières; autrement dit, de serpents non venimeux qui joignaient les” deux précédentes particularités à celles d’avoir les dents an- térieures plus longues que les postérieures , les lames ven- trales étroites et un ergot de chaque côté de l’anus (3). “#2 (1) Nom d'un Serpent fabuleux , Ilv6wy, d'une grosseur prodi-" gieuse, tué parles flèches d'Apollon. C'est en mémoire de ce faitque furent institués les jeux Pythiens. (2) La plus petite offre quelquefois (dans Le Python molurus, par exemple) , un sillon longitudinal qui la fait paraître comme divisée en deux. {3) Daudin comprenait dans son genre Python notre Liasis amé- thyste et notre Python réticulé , confondus sous le nom de Python amethystinus ; notre Python molure, dont il faisait trois espèces , ou ses Python bora , Pyth. ordiné, Pyth. tigre, et un quatrième Ophi- dien, qui-n'aurait pas dü y être admis; car ce prétendu Python, appelé Houttouynii, n'appartient nullement à la famille des Pytho- niens. PYTHONIDES. G. PYTHON. 393 Cuvier (1), Merrem (2) et Fitzinger (3) ont successive- ment adopté ce genre sans rien changer, pour ainsi dire, à la caractéristique qu’en avait donnée Daudin. Mais Wagler n’a pas cru devoir laisser ensemble les Pythons de ses prédécesseurs. Se fondant sur ce que les uns avaient les narines situées latéralement, lesautres ver- ticalement, en même temps que ceux-ci offraient des plaques jusque sur le front, ceux-là sur le museau seulement, il les a partagés en deux genres, qu’il n’a malheureusement pas dénommés d’une manière convenable: ainsi, il a appelé Constrictor celui de ces deux genres dans lequel demeuraient justement les espèces types de l’ancien genre Python, au lieu de lui conserver ce dernier nom, qu’il a au contraire appliqué à l’autre groupe, formé d’une seule espèce (4) , et l’une des dernières que les auteurs antérieurs eussent admises parmi leurs Pythons. Nous ferons remarquer, en outre, que ce genre Constrictor (5) de Wagler, dont Les espèces sont dites avoir les narines verticales, en comprend deux chez les- (1) Cuvier a cité comme appartenant à son genre Python : Co- luber javanicus Shaw ( Pyth. reticulatus , nob.), qu'il confond, de même que Daudin, avec le Boa amethystina, Schneïd.; Colub. boæ- Jormis, Shaw, Boa castanea, Boa albicans, Bo ordinata, Boa orbi- culata, Schneiïd., qui ne sont tous cinq que notre Python molurus. Puis il a en outre nommé, dans la collection du Muséum, Python Peronii, une espèce qu'il ignorait être le Coluber argus de Linné, aujourd'hui notre Morelia argus. , (2) Merrem avait composé son genre Python commeil suit : Pytx. Schneiderii ( Pyth. reticulatus, nob.), ordinatus , tigris, bora (Pyih. molurus, nob.), hieroglyphicus (Pyth. Sebæ, nob.), punctatus (Morelia argus, nob.), Houttouynii (qui n’est pas même un Pythonien), 0. lürus, elupiformis, rhynehops (qui sont trois espèces d’Ilomalopsiens.) (3) Fitzinger ( Neue classif. Rept.) rapporte à son genre Python les espèces : tigris (Pyth. molurus, nob.), reticulatus, javanicus (Pyth. reticulatus, nob.), punctatus ( Morelia argus ). (4) Le Python Peronii Cuv., ou Pyth. punctatus Merr. (5) Les espèces du genre Constrictor de Wagler sont : Python Schneiderii, Merr. (Pyth. reticulatus, nob.), Pyth. pada, Boié (Pyth. molurus, nob.), Python bivittatus, Kuhl ( Pyth. Sebæ, nob.), Boa amethystina, Schneider ( Liasis amethystinus, nob.). 394 PYTHONIENS HOLODONTES. quelles ces organes sont au contraire placés sur les côtés du museau, Néanmoins toutes, à l’exception pourtant du Boa Amethistina de Schneider, se conviennent génériquement; inais c'est par un autre caractère que n’a pas saisi Wagler, c’est-à-dire par celui que présente l’entourage squammeux de la narine, lequel se compose de deux pièces distinctes. M. Schlegel , qui semble avoir eu plus particulièrement en vue de réduire au plus petit nombre possible les divi- sions génériques proposées par ses devanciers, quelle que soit l’importance des particularités sur lesquelles elles se trou- vent établies, ne devait naturellement pas accepter le fractionnement que Wagler avait fait du genre Python de Daudin , augmenté de plusieurs espèces par Cuvier et Mer- rem. Dans son livre, le nom de Python reprit la signification qu'il avait dans les ouvrages de ces derniers erpétologistes. Toutefois, il a mieux défini que ceux-ci leur genre Py- thon , en signalant qu’il différait surtout des groupes voisins par la présence de dents à l’intermaxillaire et l'existence: d’unos, dit sus-orbitaire, enclavé entre le frontal propre- ment dit et les frontaux antérieur et postérieur. M. Gray, dans son opuscule précédemment indiqué, sur la famille des Boidæ , place non-seulement à part le Python punctatus de Merrem, de même que Wagler; mais il range aussi séparément le Python amethystinus de Daudin, que l’au- teur du Natur lisch system der Amphibien avait laissé dansson genre Constrictor, qui, ainsi modifié, est celui que M. Gray appelle Python, et cela avec juste raison ; car il est véritable- ment le noyau ou le type de l’ancien genre de ce nom, du- quel ont été détachées les espèces qui n’avaient point d’ho- mogénéité avec lui. Le genre Python du naturaliste anglais correspondrait exactement au nôtre, s’il n’en avait point isolé le Python natalensis de Smith pour faire de cette es- pèce son senre Hortulia, qu’il dit ressembler au précédent par l’existence de fossettes à la plaque rostrale , ainsi qu’à la partie antérieure de la lèvre d’en haut et aux extrémités postérieures de celle d'en bas ; mais qu’il dit aussi en différer \{, 108 PYTHONIDES G. PYTHON. \. 409 en ce que la pupille est circulaire et non verticalement allongée, et que la tête n’est revêtue de plaques que sur le devant , au lieu d’en offrir jnsqu’au delà des régions sus- orbitaires. À cela, nous avons à objecter, d’abord que le trou pupillaire du Python natalensis n’a pas la forme arron- die que lui donne M. Gray, mais qu’il est bien évidemment vertico-elliptique, comme chez tous les autres Pythoniens sans exception; ensuite que la seule absence de grandes plaques en arrière du front ne peut,.pas être considérée comme un caractère assez important pour nécessiter l’éloi- gnement du Python natalensis d’un genre , aux espèces du- quel il se trouve d’ailleurs très-étroitement lié. Ce sont ces motifs qui font que nous réunissons le genre Æortulia de M. Gray à son genre Python, dont il n’a point , au reste, indiqué les véritables caractères ou ceux qui le distinguent réellement des autres groupes de la même tribu. D’après notre manière de voir, les espèces qui doivent porter le nom générique de Python sont celles qui diffèrent des Pvthonides, en général, en ce que leurs ouvertures na- - sales se trouvent pratiquées chacune entre deux plaques , au lieu de l'être dans une seule; et, respectivement, des genres Morelia, Liasiset Nardoa, parce qu’elles n’ont pas unique- ment, comme chez le premier, l’extrémité terminale, mais fau moins la moitié antérieure de la tête recouverte de pla- ques , que ces plaques sont à proportion moins développées et moins régulières que dans le second , et que leur lèvre supérieure offre des fossettes , de même que l’inférieure, tandis qu’il n’en existe qu’à celle-ci chez le troisième. Les Pythons sont de ceux des Ophidiens de leur famille qui acquièrent la plus grande taille. Plusieurs musées d'Eu- rope en renferment des squelettes ou des dépouilles n’ayant pas moins de huit à dix mètres de longueur ; et des voyageurs assurent avoir vu de ces serpents vivants ou récemment tués, qui étaient longs de près de quarante pieds et gros comme des troncs d’arbres. Les formes des Pythons, sans être absolument trapues , ramassées, ne sont cependant pas 390 PYTHONIENS HOLODONTES. aussi sveltes, aussi élancées que celles des Morélies et de la plupart des Liasis. Leur tête représente une pyramide qua- drangulaire, peu ou point déprimée et plus ou moins tronquée et arrondie à son sommet. Leur tronc est beau- coup plus fort au milieu qu’en arrière et surtout qu’en avant, où, près de l’occiput, sa longueur est toujours moin- dre que celle de celui-ci; il est subarrondi, son diamètre vertical ne l’emportant que de fort peu sur le transversal, etn le ventre n’étant pas beaucoup plus étroit que le dos, ainsi. que cela a lieu dans plusieurs genres de Pythoniens. La queue n’est que médiocrement allongée, à proportion du tronc, et faiblement préhensile ; mais elle est. robuste et obtusément pointue. Les deux sexes, dans toutes les espèces, offrent des vestiges de membres postérieurs, sous forme d’ergots coniques, de chaque côté de l’orifice anal; mais les femelles les ont toujours un peu moins développés que les mâles. La fente de la bouche des Pythons est longue et rectili- gne. Ils n’ont jamais plus de quatre dents intermaxillaires. Les autres , graduellement moins longues à partir de la pre-® mière, ou de la seconde, ou de la troisième , jusqu’à la der- nière de chacune des six rangées qu’elles constituent, sont fortes, très-aisuës et en même nombre ou à peu près, chez toutes les espèces ; c’est-à-dire que, de chaque côté, il y a de dix-sept à dix-neuf (le nombre normal paraît être de dix-huit) sus-maxillaires et autant de sous-maxillaires, six ou sept palatines et sept ou huit ptérygoïdiennes, dont les dernières , dans chaque série, sont couchées un peu obli- quement en dedans. Les narines, qui aboutissent extérieure- ment sur les côtés de l’extrème bout du museau , ont leurs orifices dirigés tantôt latéralement ou vers l'horizon, tantôt verticalement ou vers le ciel. Ces orifices, ainsi que cela s’observe chez toutes les espèces aquatiques, peuvent rester ouverts ou se clore à la volonté de l’animal, étant munis à leur bord interne d’une petite membrane valvulaire. Les yeux , dont la pupille est vertico-elliptique, sont situés à PYTHONIDES. G. PYTHON. 397 fleur du crâne, vers le premier tiers de la longueur des par- ties latérales de la tête. Les Pythons offrent tous des fossettes à la plaque rostrale, ainsi qu’aux plaques antérieures de la lèvre d’en haut et aux inférieures de celle d’en bas. Parmi les piècesécailleuses d’inégale grandeur quirevètent le dessus de leur tête, les petites ou les squammiformes sont ordinairement plus nombreuses que les grandes , autrement dites les plaques. De celles-ci, pourtant, iln’y a jamais moins qu'une paire d’internasales, une paire de fronto-nasales et une paire de préfrontales, puis, de chaque côté, une sus-oculaire entière ou divisée en deux ou trois parties ; le plus souvent on observe en outre une ou deux autres paires de préfrontales, une frontale, simple ou double , et soit deux, soit trois paires de pariétales, qui ne sont généralement ni aussi ré- gulières dans leur figure, ni aussi développées que leurs analogues dans les genres ZLiasis et Nardoa. L’une des deux plaques nasales qui existent est beaucoup plus petite que l’autre et quelquefois creusée d’un sillon longitudinal. Les régions frénales sont garnies chacune de deux à douze pla- ques, et il yen a toujours au moins deux en avant, et en arrière de l’œil. Les écailles du corps sont toutes parfaite- ment lisses, et assez petites; aussi le tronc n’en offre-t-il jamais moins de cinquante-neuf rangées longitudinales , dont le nombre s'élève même jusqu’à quatre-vingts. Les scutelles ventrales, sans être larges, ne sont pas non plus très-étroites. Les Pythons diffèrent tellement peu entre eux, sous le rapport du système de coloration, qu’ils semblent tous porter à peu près la même livrée. Pour le corps, c’est tou- jours une sorte de grande chaîne brune ou noire à larges ou longues mailles subquadrangulaires, qui s’étend sur un fond clair, ordinairement jaunâtre , depuis la nuque jusqu’à l'extrémité de la queue; la région sus-céphalique est en partie couverte par une énorme tache brunâtre ou noirâtre, en triangle isocèle , tantôt entier, tantôt fortement tronqué en avant; sur chaque côté de la tête, est peinte une bande 305 PYTHONIENS HOLODONTES. noire qui, souvent, s'étend depuis la narine, en passant par l'œil, jusqu’au-dessus de la commissure des lèvres, Les Pythons n’habitent que les contrées marécageuses ou celles que traversent de grands cours d’eau, qu’ils fréquen-. tent souvent et des bords desquels ils ne se tiennent jamais fort éloignés. Toutefois il paraît que leur nourriture con= siste moins en animaux aquatiques qu’en espèces terrestres et particulièrement en mammifères de petite et de moyenne taille, que le seul besoin de boire ou de se baigner amène dans les lieux qui sont la résidence habituelle de ces grands Ophidiens. On connaît aujourd’hui cinq espèces de Pythons, dont une n’est acquise à la science que depuis quelques années , tandis que la découverte des autres remonte au moins à l'é- poque de la publication de l'ouvrage de Séba , dans lequel toutes quatre sont représentées d’une façon très-reconnais- sable, Trois sont africaines et deux originaires des Indes orientales ;ilexiste, entre celles-ci et celles-là, cette différence notable , que leurs narines ont leurs ouvertures dirigées en haut , au lieu de l’être de côté ou vers l'horizon, suivant l’axe transversal du museau. C’est indubitablement à l’une des espèces de ce genre, qu'il faut rapporter le serpent d’une taille énorme qui, au rapport de Pline, fut tué sur les bords du fleuve Bagrada par les soldats de l’armée de Régulus, pendant la guerre punique. “ATNONEY ‘A ‘G ‘ejduus opequouy onberd : soured ç ‘sa[eiJsou sa[stiduoo uou ‘sajeiqeg-ox9dns sa7jass07 : sopuoron | ‘HHNIO ‘d ‘Ÿ ‘ajqnop ojejquouy onbejd :sormd & saurie “AVAOY ‘A € ‘© * © © * ‘eure(noo-sns onbejd o{nos oun : souwd F EN “ [40 D Re - P {soremson s2ç frénales. 2. L. De Cnirpnen.l ë a peine distinctes; = Avr k 1 l © de chaque côté 1 frénale. 3. L. pe MacxLor.|\ Ss 1 ER & Ÿ sans fossettes; deux frénales. . . . . . . .. +... 4 Le OLIVATRE. 1. LE LIASIS AMÉTHYSTE. Ziasis Amethystinus. Gray. Caracrères. De huit à douze plaques frénales de chaque côté, formant une double rangée longitudinale ; deux ou trois préocu- laires; trois ou quatre post-oculaires. Deux fossettes bien pro- noncées à la plaque rostrale, une à chacune des supéro- REPTILES, TOME VI. 25 43 PYTHONIENS HOLODONTES. labiales des quatre premières paires et des inféro-labiales des six, sept ou huit paires qui précèdent les quatre 0 cinq dernières. Synonyme. 4801. Boa Amethystina , Schneïd. Histor. 7 Fasc. 11, depuis la {r° ligne de la pag. 254 jusqu’à la 2° de la pag. 255 (le reste de l’article se rapporte au Python reticu- latus ). 1803, Python Amethystinus, Daud. Hist. Rept., tom. 5, pag. 230 : exclus. Synon. Ular Sawa de Wurmb,, Couleuvre jaune et bleue, Lacép. et Latr. (Python reticulatué). 1820. Python Amethystinus, Merr. Tentam. Syst. Amph., pag. 89, n° 6. 1820 ? Python Amethystinus, Kuhl et Van-Hasselt. Beitr. Vergleich. anatom. , pag. 95. 1821. Boa Amethystina, Schneïd. Klassif. Riesenschl. (Denk- « schrift. Akad. Wissenschaîft. Münch, tom. 7, pag. 117, PI. VIT.) 1827. Python Amethystinus, F. Boïé, Isis, tom. 20, pag. 516. 1830. Constrictor ( Boa Amethystina. Schneid.) Wagl. Syst. Ampbh., pag. 168. 4831. Python Amethystina. Gray. Synops. Rept. pag. 97. in Griff. anim. Kingd. Cuv., vol. 9. ! 4837. Python Amethystinus , Schleg., Ess. Physion. Serp. Part. génér., pag. 178, n° 3; et Part. descript., pag. si PI. XV, fig. 8-10. 1842. Liasis Amethystinus. Gray. Synops. Famil. Boidæ. (Zoolog. Miscell., pag. 44.) DESCRIPTION. Formes. Aucune autre espèce de Pythonides n’est plus svelte, plus élancée que le Liasis Améthyste. La tête en est grande, distinctement plus large que le cou, excessivement et égale- ment aplatie d'un bout à l’autre ; son contour horizontal donne la figure d’un triangle isocèle , dont le sommet de l'angle anté- rieur est fort obtus et celui des deux postérieurs faiblement ar- rondi. Le tronc est très-comprimé; pourtant son étroitesse est moindre à la face dorsale, qui est convexe, qu'à la ventrale, qui est presque plate et latéralement anguleuse. La queue, grêle, pointue et fortement préhensile, n’entre que pour le sixième ou le septième, quelquefois même pour le huitième seulement , dans la longueur totale de cet Ophidien. PYTHONIDES G. LIASIS. 1. 435 Extérieurement, les narines aboutissent de chaque côté au point le plus élevé dé l’extrémité du museau; leurs orifices sont grands, bâillants, subtriangulaires , dirigés un peu en ar- rière et vers l'horizon. Les régions frénales et les temporales étant assez renflées, la tête paraît comme rétrécie ou étranglée à l’aplomb des yeux. Ces organes , situés sur les parties laté- rales de la tête et à fleur du crâne, sont d’un médiocre diamètre et un peu tournés en avant. Le bouclier sus-céphalique se compose de deux plaques inter- nasales , de deux fronto-nasales , de deux frontales antérieures, entre lesquelles il en existe souvent une troisième beaucoup plus petite ; de deux sus-oculaires , d’une frontale proprement dite et de quatre pariétales, que borde à droite et gauche, ainsi qu’en arrière, une rangée de cinq à sept squammes po- lygones, d’inégale grandeur. Les inter-nasales affectent chacune la figure d’un trapèze ou d’un triangle isocèle , suivant que la rostrale enfonce plus ou moins son sommet entre elles deux. Les fronto-nasales , dont la dimension est double de celle des plaques précédentes, sont des pentagones inéquilatéraux re- présentant ensemble un grand disque irrégulier, qui, postérieu- rement, se trouve enclavé dans les frontales antérieures ; ces mêmes fronto-nasales sont flanquées d’une ou deux petites pièces squammeuses , placées entre la nasale et la préoculaire. Les frontales antérieures, qu'une autre plaque, très-petite et à peu près carrée , sépare ordinairement l’une de l’autre, ainsi que nous l’ayons déjà dit, sont, pour la grandeur, intermé- diaires aux fronto-nasales et aux sus-oculaires ; elles offrent de cinq à sept bords inégaux et descendent un peu sur les régions frénales , en obliquant légèrement en dehors le long des préocu- laires. La frontale proprement dite est une grande lame hexa- gone ou heptagone, oblongue ou sub-oblongue, quelquefois peu, d’autres fois très-rétrécie en arrière : dans ce dernier cas elle affecte la figure d’un triangle isocèle , dans le premier celle d'un carré long. Les sus-oculaires sont irrégulièrement pentago- pales et plus étroites à leur extrémité antérieure qu’à la posté- rieure. Rien n’est plus variable que la figure des pariétales: tout ce que nous pouvons dire de ces plaques, c’est que celles de la première paire sont toujours très-dilatées en travers et un peu moins développées que celles de la seconde. De toutes les pièces squammeuses qui revêtent les côtés de 436 PYTHONIENS HOLODONTES. la tête , les nasales sont celles qui offrent la plus grande dimen- sion; elles sont légèrement bombées et coupées à six ou sept pans; chacune d’elles est creusée d’un sillon linéaire et trans- versal, en arrière de l'ouverture de Ja narine. Les régions fré- nales sont occupées par huit à douze petites plaques polygones, inégales entre elles, disposées sur deux séries longitudinales, Il y a tantôt deux, tantôt trois précculaires, superposées, dont la plus élevée est toujours la plus dilatée ; celle-ci, qui repré- sente un trapèze, s'articule par son bord supérieur avec la sus- oculaire et par antérieur avec la fronto-nasale. Les plaques post-oculaires , dont le nombre est ordinairement de quatre, rarement de trois, sont quadrangulaires oblongues et d’une égale petitesse. Gonime il n’exisie pas de plaques sous-ocu- laires, c’est la sixième et la septième, ou la septième et la huilième supéro-labiale qui montent jusqu’au globe de l'œil pour compléter inférieurement le cercle squammeux de Por- bite. k La plaque rostrale a cinq bords : un inférieur profondément échancré et quatre jatéraux, dont deux assez courts et pres- que perpendiculaires l’unissent aux supéro-labiales de la pre- mière paire, et deux beaucoup plus longs formant un angle très-aigu , enclavé dans les deux nasales et les deux-inter-na- sales ; cette plaque protectrice du bout da museau est très-con- cave dans sa moitié inférieure, et au contraire fortement cam- brée en arrière dans sa portion supérieure , qui offre de chaque côté une rainure ou goutlière bien prononcée. La lèvre d’en haut est garnie à droite et à gauche de treize ou quatorze plaques sub- quadrangulaires, dont les quatre ou cinq dernières sontbeaucoup plus petites que toutes les précédentes, et les quatre, cinq ou six premières proportionnellement plus étroites que les suivantes ; celles de ces plaques supéro-labiales qui constituent les quatre paires antérieures sont creusées chacune d’une fossette linéaire d'autant plus courte et moius profonde que la plaque à laquelle elle appartient est plus éloignée de la rostrale. La plaque du menton est médiocrement développée et en triangle isocèle. Les plaques de la lèvre inférieure, dont on compte une ving- taine de chaque côté, sont quadrilatérales ; les huit ou neuf pre- mières sont très-hautes et très-étroites, et les onze on douze autres à peu près carrées, présentant chacune, à l'exception des quatre ou cinq dernières, une grande cavité quadrangulaire. PY'CHONIDES. G. LIASIS. 1. 497 Dans le Liasis améthyste, l’écaillure du corps se compose de pièces comparativement plus développées que chez la plu- part des espèces de la tribu des Pythonides; ces pièces, qui sont très-oblongues ou lancéolées sur les parties antérieures du tronc, prennent peu à peu une figure losangique ou carrée, à mesure qu’elles gagnent les régions postérieures et particuliè- rement la queue. Les scutelles ventrales les plus dilatées ont une largeur égale à la longueur de l’espace compris entre la narine et l’œil. Écailles du trone : 47 rangées longitudinales, de 350 à 369 rangées transversales. Écailles de la queue : 27 rangées longi- tudinales , de 93 à 105 rangées transversales. Scutelles : de 303 à 216 ventrales, de 85 à 96 sous-caudales. Cocorarion. Les individus adultes du Liasis améthyste qui sont conservés dans Palcool, ont les parties supérieures peintes d’un brun roussâtre foncé , sur lequel est dessinée une sorte de réseau à mailles irrégulières ou brisées, d’une teinte plus claire que celle du fond, ou bien d’un brun fauve ; leurs régions inférieures sont d’un blanc jaunâtre, mais la surface en- tière de leur corps, quelle que soit sa couleur, brille de reflets d’un bleu d'acier ou d’un vert doré, du plus vif éclat. Nous avons un jeune sujet qui présente un mode de colora- tion tout différent, c’est-à-dire qu’il est d’un blanc grisatre avec des anneaux noirs autour de la queue et de larges bandes de la même teinte en travers des deux derniers liers du dessus du tronc; il nous semble offrir une trace de raie blanche le long du sommet du dos. Dimensions. Les mesures suivantes ont été prises sur un in- dividu de notre musée, ayant plus de trois mètres de long. Longueur totale. 3 55”. Tête. Long. 9”. Tronc. Long. 3° 7”. Queue. Long. 39”. Parrie. Amboine, Saparua ef la Nouvelle-Irlande paraissent encore être les seules iles du grand archipel asiatique et de l'Australie où l’on ait trouvé l’espèce de Pythonides que nous venons de décrire. La collection du Muséum en renferme des exemplaires originaires de ces différents pays. Nous sommes redevables de ceux d’Amboine à MM. Quoy et Gaimard; ceux de la Nouvelle-Irlande ont été rapportés par MM. Lesson, Gar- not, Hombron et Jacquinot. L’unique échantillon que nous ayons de Saparua provient d’un échange fait entre notre musée et celui de Leyde. 438 PYTHONIENS HOLODONTES. 2, LE LIASIS DE CHILDREN. Liasis Childreni. Gray." CaracrÈRES. Deux plaques frénales de chaque côté, sous - lesquelles est une double série d’écailles granuliformes; une seule pré-oculaire, quatre post-oculaires. Pas de fossettes à la plaque rostrale, mais une, à peine distincte, à chacune des su- péro-labiales de la première paire et une autre, bien prononcée, à chacune des inféro-labiales des quatre paires qui précèdent les trois dernières. SYNONYMIE. 1842. Liasis Childreni. Gray. Synops. Fam. Boidæ. (Zool. Miscell. March. 1842, p. 44.) DESCRIPTION. Forwes. Cette espèce a la tête encore plus aplatie que celle de la précédente, son museau surtout est très-peu épais et coupé presque carrément, au lieu d’être arrondi. Il en résulte natu- rellement que la plaque rostrale, loin d’avoir plus de hauteur que de largeur, est beaucoup moins étendue verticalement que transversalement ; elle offre la figure d’un carré long et ne se reploie nullement sur le dessus du bout du nez. Les inter-na- sales sont quadrilatérales, oblongues et un peu plus étroites en avant qu’en arrière. Les fronto-nasales forment ensemble un grand disque irrégulier, qui est suivi de deux petites frontales antérieures, quadrangulaires ou pentagones , séparées l’une de l’autre par quelques squammes d’une très-faible dimension. Vient ensuite la frontale proprement dite, qui est une lame sub-hexagone, cblongue, assez développée, dont les deux petits bords postérieurs, réunis à angle aigu, s’enclavent entre deux . patiétales subtrapézoïdes de médiocre grandeur. Postérieure- ment à celles-ci, il n’y a plus de grandes plaques sur la surface crènienne , mais seulement des squammes polygones juxla-po- sées , subégales entre elles. La plaque dans laquelle s’ouvre la narine , si ce n’est point une anomalie chez le seul individu que nous ayons été dans le cas d'observer, différerait de celle des autres Liasis, en ce qu’elle serait partagée de haut en bas par une suture bien prononcée , au lieu de n’offrir qu’un petit sillon en arrière du trou nasal (1) : sa portion anté- (1) S'il en était réellement ainsi chez tous les individus , il con- viendrait de retirer l'espèce d'avec les Liasis, pour la réunir aux Pythons, PYTHONIDES. G. LIASIS. 2. 439 rieure présente la figure d’un triangle ayant un de ses som- mets dirigé en avant et les deux autres en arrière ; sa portion postérieure est irrégulièrement quadrangulaire. Une petite plaque frénale et une grande, celle-ci placée derrière celle-là , occupent l’espace compris entre là nasale postérieure et la préoculaire ; au-dessous de cette rangée de quatre plaques est une double série d’écailles granuliformes. La préoculaire, car il n’en existe qu’une seule de chaque côté, est subquadri- latère et moins développée que la seconde frénale ; mais il ya quatre post-oculaires , subquadrilatères aussi, et un peu oblon- gues. On compte quatorze plaques à droite comme à gauche de la lèvre supérieure : toutes sont sub-pentagones ou à peu près car- rées’ et de même grandeur, à l’exception des deux dernières , qui ont une dimension moindre que les autres. La lèvre in- férieure est également garnie, de chaque côté, de quatorze plaques, dont les six premières, quadrangulaires, plus hautes que larges, deviennent de moins en moins étroites à mesure qu’elles s’éloignent du menton; la septième et les quatre sui- vantes sont presque carrées et à peu près de mème dimension; les trois ou quatre les plus rapprochées des angles de la bouche sont à quatre où cinq pans et beaucoup plus petites que toutes les précédentes; la première est un peu plus courte que la se- conde. La plaque mentonnière représente un triangle isocèle. La plaque rostrale manque de fossettes, mais on en aperçoit une excessivement pelite à chacune des supéro-labiales de la première paire ; les quatre inféro-labiales qui se trouvent im- médiatement avant les trois dernières sont creusées chacune d’une cavité assez profonde. Écailles du tronc : 37 ou 39 rangées longitudinales. Scutelles : 985 ventrales, 48 ou 49 sous-caudales. Cocorarion. Le dessus et les côtés du corps offrent une teinte d’un brun violacé, faiblement marquée çà et là de grandes taches brunâtres, les unes anguleuses, les autres arrondies. Le .dessous de ce serpent est entièrement blanc, et sa lèvre supé- rieure est parcourue dans toute son étendue par une raie brune. Dimensions. Longueur totale. 58? 6”. Tête. Long. 2” 1”. Tronc. Long. 51”. Queue. Long. 5” 5”. Patrie, On ne sait pas encore de quel pays provient cette 440 PYLHONIENS HOLODONTES. espèce; le seul exemplaire que nous en ayons vu appartient au musée britannique. 3. LE LIASIS DE MACKLOT. ZLiasis Mackloti. Nobis. CaracrTÈRes. Une seule plaque frénale de chaque côté , une seule préoculaire, deux post-oculaires. Deux fossettes peu distinctes à la plaque rostrale ; une seule, également peu dis- tincte, à chacune des supéro-labiales des deux premières paires et une autre bien prononcée à chacune des inféro-labiales des quatre ou cinq paires qui précèdent les trois ou quatre der- nières. SYNONYMIE. Python amelhystinus. Variet. Schleg. Ess, phy- sion. serp. Part. descrip. pag. 420. DESCRIPTION. Formes. Les formes robustes et ramassées du Liasis de Macklot font que, par son port, il a plus de ressemblance avec les Pythons qu'avec les autres Liasis , attendu que ceux-ci ont le corps très-élancé. Sa tête représente une pyramide à quatre faces à peu près égales, dont le sommet serait fortement tronqué et chacun des angles légèrement arrondi. Le tronc, dont la largeur est un peu moindre que la hauteur, a sa face supérieure très- arquée, les latérales faiblement cintrées et l'inférieure assez plate et à peine anguleuse de chaque côté. La queue, qui est . conique , assez forte et bien préhensile, fait un peu plus du sixième de la longueur totale du corps. Les narines s’ouvrent à droite et à gauche de la pointe du museau : leurs orifices sont de moyenne grandeur, subtrian- gulaires, bâillants et dirigés un tant soit peu vers le ciel. Les yeux paraissent plus petits que chez les autresespèces dumême genre. L Deux inter-nasales, deux fronto-nasales, deux pré-frontales, une frontale, deux sus-oculaires et quatre pariétales sont les treize lames squammeuses qui composent le bouclier sus-cépha- lique : les inter-nasales sont petites et trapézoïdes, et les fronto- pasales , trois fois plus grandes , oblongues et coupées à cinq pans inégaux ; les pré-frontales, dont le développement n’est pas aussi faible que celui des inter-nasales , sont pentagones, inéquilatérales et encadrées chacune de leur côl6 par la sus-ccu- £ PYTHONIDES. G LIASIS. 3. 441 laire, la préoculaire, la frénaic, la fronto-nasale et la frontale proprement dite. Cette dernière serait carrée si son bord posté- rieur était rectiligne , au lieu de former un angle sub-aigu qui s’enfunce entre les deux pariétales antérieures ; les sus-oculaires ont l'apparence d’hexagones oblongs, inéquilatéraux; les pa- riétales de la seconde paire offrent une dimension un peu moindre que celles de la première, mais toutes quatre sont des polygones très-irréguliers, formant ensemble une espèce de grand carré, au centre duquel se montrent quelques petites pièces squammeuses. Le court espace compris entre les parié- tales et le bord de l’occiput est, comme les tempes, revêtu d’écailles quadrangulaires ou pentagones, de plus en plus petites à mesure qu’elles se rapprochent du cou. * La seule plaque dans laquelle se trouve percée la narine, représente un quadrilatère légèrement rétréci en avant; la frénale est quadrilatère oblongue ; la préoculaire a cinq côtés à peu près égaux; l’une des deux post-oculaires , la supérieure, affecte la figure d’un trapèze autre, celle d’un rectangle. La plaque rostrale est appliquée perpendiculairement contre le devant du museau, sur le bout duquel elle ne se reploie pas du tout. Elle a l'apparence d’un demi-disque, bien qu’elle offre réellement sept pans : un en bas, grand et fortement échancré pour le passage de la langue; deux en haut, petits, par les- quels elle tient aux inter-nasales ; deux de chaque côté, petits aussi, qui la mettent en rapport avec les nasales et les supéro- labiales de la paire antérieure ; sa surface estlégèrementbombée. Les deux rangées de plaques dont la lèvre supérieure est garnie en comprennent chacune onze, à peu près carrées et toutes de même grandeur, à l'exception des deux dernières, qui sont plus petites que les autres. Le pourtour de la mâchoire inférieure est protégé , en avant par une squamme mentonnière en triangle équilatéral , à droite et à gauche par dix-sept ou dix-huit plaques inféro-labiales , dont les huit ou neuf premières sont beaucoup plus hautes que larges , tandis que celles qui les suivent n’ont pas leur diamètre vertical plus étendu que le transversal. On voit deux traces de fossettes ou plutôt deux simples im- pressions linéaires à la plaque rostrale et une autre à chacune des supéro-labiales de la première et de la seconde paire ; mais, à la lèvre inférieure, il existe une véritable cavité dans chacune des quatre plaques qui précèdent les trois dernières , à l’une et 442 PYTHONIENS HOLODONTES. à l’autre rangées. Tout le dessous de la tête est revêtu d’écailles subrhomboïdales, très-oblongues ; il y en a de losangiques sur la partie antérieure du tronc et de carrées sur la région posté- rieure de celui-ci, ainsi que sur la queue. | Écailles du tronc : 55 rangées longitudinales, 426 rangées transversales. Écailles de la queue : 33 rangées longitudinales, 102 rangées transversales. Scutelles : 292 ventrales, 86 sous- caudales. Cocorarion. Un brun de suie un peu clair est répandu sur le dessus et les côtés du corps, où l’on remarque cà et là des écailles colorées en fauve, isolées ou bien réunies par petits groupes. La région ventrale et la face inférieure du prolonge - ment caudal présentent un mélange des deux teintes précé- dentes ; mais le dessous de la tête, celui du cou ;'et la poitrine sont d’un blanc jaunâtre. Dimensions. Longueur totale. 1 6”. Téte. Long. 5”. Tronc. Long. {” 30”. Queue. Long. 27”. Pari. Le Ziasis Mackloti est une découverte faite dans les îles de Timor et de Samao par MM. Macklot et Müller, voyageurs naturalistes du gouvernement hollandais. Cette es- pèce, que M. Schlegel a mentionnée comme une variété de son Python amethystinus, n’a point été rapportée de la Nouvelle- Irlande à notre musée par M. Lesson , ainsi que le dit par erreur le savant auteur de la Physionomie des serpents. Le seul exem- plaire du ZLiasis Mackloti que nous possédions, nous a été envoyé du cabinet d’histoire naturelle de Leyde. 4. LE LIASIS OLIVATRE. ZLiasis olivaceus. Gray. CaracrÈres. Une seule plaque frénale de chaque côté, une seule pré-eculaire, trois post-oculaires. Pas de fossettes à la plaque rostrale , mais une, peu distincte, à chacune des supéro- labiales de la première paire, et une, bien prononcée, à cha- cune des inféro-labiales des cinq paires qui précèdent les trois dernières. SYNONYMIE. 1842. Liasis olivacea. Gray. Synops. Fam. Boi- dæ. (Zool. miscell. march. 1842, pag. 45.) DESCRIPTION. Foruss, Le Liasis olivätre ressemble moins aux ZLiasis ame- thystinus et Childreni qu'au Mackloti, Toutefois on peut, PYTHONIDES.,G. LIASIS. 4. 443 mème à la première vue, le distinguer aisément de ce dernier : d’abord à ses formes plus grêles, ayant le tronc assez mince et la queue très-effilée ; puis à l’absence de toute trace de fossettes à la plaque rostrale et aux supéro-labiales de la seconde paire; ensuite à ce qu'il a trois post-oculaires de chaque côté, au lieu de deux, et deux petites pariétales , au lieu de quatre grandes; enfin , à la pelitesse de ses écailles, ainsi qu’au nombre plus élevé de celles-ci et de ses scutelles du véntre et de la queue. Le Liasis olivâtre a effectivement une quinzaine de rangées longitudinales d’écailles, une cinquantaine de scutelles ven- trales et une vingtaine de sous-caudales de plus que le Liasis de Macklot. La plaque rostrale de l’espèce du présent article représente- rait exactement un carré long, si la ligne de son bord supé- rieur n’était pas brisée à angle très-ouvert; c’est aussi à des . carrés longs que ressembleraient les inter-nasales, si elles n’é: taientwpas un peu plus étroites en avant qu’en arrière. Les fronto-nasales ont à peu près la figure de trapèzes oblongs ; les frontales antérieures sont des quadrangles inéquilatéraux, dont le plus petit côté est celui par lequel elles touchent à la frénale. La frontale proprement dite est grande et coupée à six pans, deux latéraux assez. étendus, deux antérieurs et deux posté- rieurs beaucoup plus courts, formant un angle sub-aigu à cha- cune de ses extrémités. Les sus-oculaires sont subpentagones oblongues, plus larges en arrière qu’en avant, et les parié- tales à peu près triangulaires. L’unique plaque à travers la- quelle la narine se fait jour est subtrapézoïde, et creusée longi- tudinalement d’un petit sillon en arrière de Porifice nasal. La frénale , un peu plus dilatée dans le sens longitudinal que dans le sens transversal, offre quatre pans inégaux, dont le posté- rieur est fortement oblique. La pré-oculaire est subtrapézoïde , et les trois post-oculaires sont des petits pentagones à peu près égaux entre eux. Chaque tempe est revètue d’écailles qui ne sont qu'un peu moins développées que les post-oculaires. Les plaques de la lèvre supérieure, au nombre de treize paires, sont carrées ou subpentagones, et toutes presque de mème grandeur, à l’exception des deux dernières, dont la dimension est distinctement moindre que celle des autres. Indépendam- ment de la mentonnière, qui est en triangle équilatéral, la lèvre inférieure offre de chaque côté vingt plaques, dont les onze 44: PYTHONIENS HOLODONTES. premières, qui sont en carrés longs et placées transversale ment, deviennent de plus en plus courtes à mesure qu'elles s’6- loignent du menton; celles qui sont comprises entre la onzième ef l’antépénultième sont carrées, et celle-ci est subrhomboïdale, de même que les deux qui la suivent. Les pièces losangiques et excessivement petites qui composent l’écaillure du corps sont oblongues sur le dos, mais d’une largeur égale à leur longueur sur les flancs. Écailles du tronc : 69 ou 71 rangées longitudinales. Scutelles: 354 ventrales, 105 sous-caudales. ja Cocorarion. Un brun olivâtre est la seule teinte qui règne sur la région supérieure et les parties latérales du Fee dont le dessous est d’un blanc jaunâtre, sale. Dimensions. Longueur totale. 1 14° 3°”. Téle. Long. 3” 7”. Tronc. Long. 96” 6”. Queue. Long. 1#?. Parrig. Le Liasis olivâtre est originaire du nord de la Nou- velle-Hollande ; le seul individu qui nous soit connu appartient * au musée britannique. DR IVe GENRE. NARDOA. — NARDOA (1), Gray. (Bothrochilus (2), Frrziwcer, mém. manusc.). CaracrÈkres. Narines latérales, ouvertes dans une seule plaque. Yeux latéraux, à pupille vertice-ellip- tique. Des plaques sus-céphaliques depuis le bout du museau jusqu’au delà de l’espace inter-orbitaire , pla- ques au nombre desquelles il n’y a pas de pré-frontales. Des fossettes à la lèvre inférieure seulement. Écailles lisses, scutelles sous-caudales partagées en deux. L'absence absolue de cavités à la lèvre supérieure est ce (1) Ce nom a été donné probablement sans [ui attribuer aucun sens. (2) De Bcbros, foven, fossulus , une fossette ; et de Xéiacc, labium, lévre inférieure : lèvre à fossettes. PYTHONIDES. G. NARDOA. 445 î qui distingue principalement ce senre des trois précédents, chez lesquels il en existe toujours au moins une, quelquefois, il est vrai, peu distincte, comme dans les Liasis, à chacune des deux plaques entre les quelles est située la rostrale. In- dépendamment de cela, les Nardoas sont les P ythonides dont le bouclier sus-céphalique se rapproche le plus , par le petit nombre comme par le grand développement et la symé- trie des pièces qui le composent, de celui de la plupart des ophidiens appartenant aux familles suivantes ; il n’en diffère effectivement que parce qu'il comprend deux plaques de plus, lesquelles sont une paire de post-pariétales, ce qui élève de neuf à onze leur nombre total. Ces onze plaques des Nardoas, qui sont deux inter-nasales, deux fronto-nasales, une frontale proprement dite, deux sus-oculaires etquatre pariétales, pro— tésent toute la surface de la tête; tandis que chez les Morélies, comme chez certains Pythons, ily aen arrière des inter-nasales et des quelques paires de plaques qui suivent celles-ci , plus de cinquante squammes suscéphaliques , et que, chez d’au- tres Pythons et les Liasis, on remarque, en sus des plaques analogues à celles qui recouvrent le crâne des Nardoas, de une à quatre paires de frontales antérieures et des petites lames squammiformes, postérieurement et latéralement aux pariétales. Il faut aussi noter que les Nardoas n’ont pas, comme les Pythons, deux , mais seulement une plaque na- sale de chaque côté, laquelle ne paraît même pas offrir un sillon au-dessus ou en arrière du trou nasal , ainsi que cela s’observe dans les Morélies et les Liasis. Les écailles de leur corps sont parfaitement lisses et les scutelles du dessous de leur queue disposées sur un double rang , de même que chez tous les Pythonides découverts jusqu'ici. Le genre dont nous venons d’exposer les caractères a pour type une espèce qui n’est connue des naturalistes que par l’exemplaire encore unique que renferme la collection du Muséum d'histoire naturelle. La place qu’elle occupe dans notre livre, nous la lui avions assisnée depuis longtemps , c’est-à-dire bien avant que M. Gray ne lui en eût donné une 446 PYTHONIENS HOLODONTES. analogue dans le catalogue systématique des espèces de la famille des Boidæ, qu’il a publié en 1842. Néanmoins, l’antériorité de cette date sur celle à laquelle paraîtra notre travail, nous fait un devoir de substituer au nom dont nous avions fait choix pour le présent genre, celui malheureusement peu significatif de Nardoa, qu'il a reçu de l’auteur du mémoire cité ci-dessus. La même espèce, type du genre qui nous occupe mainte- nant, a été regardée par M. Fitzinger comme devant for- mer, parmi les Boas, une division subgénérique, qu'il a appelée Bothrochilus. C’est effectivement ainsi qu’elle figure dans la classification des Ophidiens, dont ce savant erpéto- logiste nous a fait l’honneur de nous communiquer l’ex- trait manuscrit que nous avons présenté à la page 62 du présent volume. M. Gray signale comme une seconde espèce du genre Nardoa un Python du musée Britannique, que nous re- grettons beaucoup de n’y avoir pas vu, lors de notre der- nière visite à cet établissement. Voici la description qu’en donne ce naturaliste. « NarDOA Giz8ERTiI. Plaques frontales médiocres : la médiane plus développée. Plaque frénale carrée, une grande préoculaire, trois petites post-oculaires , deux petites écailles inter-frénales. Dos avec cinq séries longitudinales de taches d’une teinte olive foncée, plus ou moins confluentes , formant des bandes trans- verses plus serrées les unes contre les autres sur la partie pos- térieure du corps, qui paraît être d’une couleur olive, marquée de lignes irrégulières blanchâtres. Au-dessus de la lèvre , une raie noire quitraverse l’œil et s'étend sur le côté du cou.Plaques céphaliques brunes avec une tache noire. Le devant du corps offrant entre les taches, de chaque côté, une étroite raie longi- tudinale (1). » Elle habite Le nord de l’Australie : port Essiugton. » (1) M. Gray ne dit pas de quelle couleur est cette raie. PYTHONIDES. G. NARDOA. 1. 447 4. LE NARDOA DE SCHLEGEL. Nardoa Schlegelüi. Gray. ne " Caracrères. Une fossette à chacune des plaques inféro-labiales des trois paires qui précèdent l’antépénultième. Corps annelé de noir et de blanc. Synonymie. 1837. Tortrixæ Boa. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. génér. pag. 129, et Part. descript. pag. 22. 1838. Tortrix Boa. Schleg. Abbild. amph. pl. 13. 1842. Nardoa Schlegelii. Gray. Synops. Fam. Boidæ ( Zool. Miscell. march 1842, pag. 45.) DESCRIPTION. Formes. Le seul sujet de cette espèce que nous ayons encore été dans le cas d’observer est évidemment très-jeune, à en juger par sa taille, qui est d’une extrème petitesse comparée à celle des. autres Pythonides. Il n’a en effet que quarante-neuf centimètres de longueur totale, dans laquelle la queue se trouve comprise pour un peu moius de la neuvième partie. Ce serpent n’a nullement le port d'un Xénopeltis, ainsi que le prétend M. Schlegel : son ensemble est exactement le même que celui des autres espèces dela tribu à laquelle il appartient, seulement sa tête est plus déprimée que chez aucun des genres voisins. Cette partie du corps, dont la face supérieure offre une pente bien prononcée en avant, est en totalité de deux tiers plus longue qu’elle n’est large en arrière ; son extrémité antérieure étant très- peu rétrécie et au contraire fort aplatie , il en résulte que le mu- seau est large et mince; celui-ci est coupé perpendiculairement et carrément, mais ses deux coins sont néanmoins légèrement arrondis. La fente de la bouche est rectiligne. Les orifices des parines sont grands, circulaires, bäillants, tout à fail latéraux et pratiqués à peu près au milieu d’une plaque oblongue, subtrapé- zoïde. Entre cette unique plaque nasale et la préoculaire, est une très-petite frénale en carré long. La préoculaire, qui affecte la figure d’un trapèze, est haute et plus grande que la sus-oculaire, au pan antérieur de laquelle elle s’unit par son bord supérieur. Les deux post-oculaires ont ensemble une dimension pareille à celle que présente à elle seule la préoculaire ; elles sont égales entre elles, mais la plus élevée est carrée et celle qui l’est le moins, trapézoïde. La plaque rostrale, qui est excessivement di- latée en travers, offre sept côtés, un très-long en bas, qui est 448 PYTHONIENS HOLODONTES. légèrement échancré, et six autres à peu près égaux entre eux, qui la meltent en rapport avec les supéro-labiales de la pre- mière paire, les deux nasales et les inter-nasales. Ces der- nières sont très-pelites et régulièrement trapézoïdes. Les fronto- nasales sont pentagones , inéquilatéraies , oblongues, et fort grandes, plus grandes que la frontale proprement dite, qui, après elles, est la plus développée de toutes les plaques cépha- liques. Cette frontale serait carrée, si son bord postérieur ne formait pas uu angle sub-aigu. Les sus-oculaires représentent” chacune un carré long. Les pariétales sont toutes quatre penta- gones, mais celles de la seconde paire sont un peu moins dila- tées que celles de la première. On compte une dizaine de pla- ques de chaque côté de la lèvre supérieure : celles des deux extrémités de la rangée sont plus petites que les autres; la pre- mière- est trapézoïde; la seconde paraît lui ressembler, bien qu’elle ait réellement cinq pans , ainsi que toutes les suivantes, qui, malgré cela, ont l’air d’être carrées. I1 y a auteur de la lè- yre inférieure , non compris la mentonnière , qui est en triangle équilatéral , douze paires de plaques : celles de la première, qui ont cinq pans, et celles des cinq suivantes, qui en offrent quatre, sont beaucoup plus hautes que larges; tandis que toutes les autres sont carrées, et les trois d’entre elles qui précèdent l’anté- péñultième présentent chacune un pelit enfoncement cupuli- forme. On voit sous la mâchoire inférieure, à la suite des pre- mières plaques inféro-labiales, qui se conjoignent en arrière de la mentonnière, une paire de post-mentonnières subqua- drangulaires, au moins deux fois plus longues que larges. La gorge est entièrement garnie d’écailles égales entre elles, sub- rhomboïdales, oblongues , à angles arrondis. La squammure du corps se compose de petites pièces en losanges, aussi peu étendues en long qu’en travers et arrondies à leur angle posté- rieur. Les plus grandes scutelles ventrales ont une largeur égale à la longueur du museau. Écailles du tronc : 35 rangées longitudinales, 357 rangées transversales. Écailles de la queue : 27 rangées longitudinales, 59 rangées transversales. Scutelles : 247 ventrales, 47 sous- caudales. Cororarion. La tète est toute noire. avec une petite tache blanche, oblongue, derrière chaque œil, et une autre, très- grande, blanche aussi et ovalaire, en travers de la nuque. Tout PYTHONIDES. 6, NARDOÀ. !. AG je éorps, à partir du cou jusqu'à l'extrémité de la queue, est entouré d’une trentaine d’anneaux noirs, alternant avec autant de cercles blancs; ceux-ci sont un peu moins larges que ceux- Jà, mais parmi les uns et les autres il y en a quelques-uns d'in- complets, ou qui restent ouverts, tantôt à la face dorsale, tantôt à la région ventrale. Dimensions. Longueur totale. 49”. Tête. Long. 1” 8” Tronc. Long. 42”. Queue. Long. 5”. Parrie. Cette espèce, extrêmement rare , et que ne possède encore, ainsi que nous l'avons déjà dit, aucune autre collection que celle de notre Muséum national d'histoire naturelle, est une des précieuses découvertes faites à la Nouvelle-lrlande par MM. Lesson et Garnot. OBsErvaTIONs. Nous nous étonnons que M. Schlegel ait pu regarder l’Ophidien que nous venons de décrire comme gé- nériquement semblable aux Rouleaux ; car il en diffère sous une infinité de rapports, et notamment par la structure du crâne et le système dentaire. REPTILES, TOME VI. Â5o PYTHONIENS APROTÉRODONTES. SECONDE SOUS-FAMILLE DES PYTHONIENS. LES APROTÉRODONTES (1). Les Pythoniens appartenant à cette sous-famille manquent, contrairement à ceux de la précédente, de dents incisives et d’os sus-orbitaires , en méme temps que leurs mastoïdiens présentent cette différence qu'ils sont un peu plus longs, plus étroits ou presque cylin- driques en arrière, et beaucoup moins aplatis et élargis dans la portion par laquelle ils tiennent au crâne. Ainsi que nous l'avons dit précédemment (2), les Aprotérodontes se partagent en deux tribus, caraclé- risées, l’une, ou celle des Érycides, par un museau aminci en coin et une queue courte et à peine flexible ; l'autre, ou celle des Boæides, par une tête tronquée en avant et un prolongement caudal plus ou moins étendu, plus ou moins volubile. Les types de ces deux tribus, c’est-à-dire le genre Eryx et celui des Boas, constituaient pour Oppel la famille des Constrictores , laquelle se trouve ainsi cor- respondre à notre sous-famille des Aprotérodontes. (1) De « privatif, æporepoc, anterior, de devant ; et de cdovs, 6vroc, dens, dent. Privé de dents antérieures ou intermaxillaires, par op- position aux Holodontes, qui ont toutes les dents. (2) Voyez le tableau synoptique inséré dans le chapitre de la classification des Pythoniens, page 375 de ce volume. ÉRYCIDES. ADr PREMIÈRE TRIBU DES APROTÉRODONTES. LES ERYCIDES. Destinés à n’habiter que la surface ou l’intérieur d’un sol aréneux, les Érycides n'avaient pas besoin, comme les D uler , dont une partie de la vie se passe sur les arbres, d’une longue queue préhensile à la ma- nière de celle de certains singes. La leur, au contraire, est excessivement courte et nullement enroulable; mais leur museau , au lieu d’être obtus, constitue une sorte de boutoir aminci en biseau, à l'aide duquel ces serpents se frayent aisément un chemin à travers les molécules mobiles d’un terrain sablonneux. Ces dis- semblances dans la conformation de la queue et du museau sont réellement les seules importantes qui existent entre les Erycides et les Boæides , dont l’en- semble de l’organisation offre d’ailleurs une ressem- blance parfaite et tellement frappante, qu'elle n'a, pour ainsi dire, échappé à personne; car, dans pres- que tous les catalogues méthodiques, les Éryx , Lie genre de la tribu des Érycides, se trouvent inscrits à côté des espèces de notre tribu des Boæides. Les seuls erpétologistes qui n'aient point reconnu la convenance de ce rapprochement sont Wagler et M. Schlegel, qui ont effectivement placé les Éryx fort loin des Boas, c’est- à-dire, l’un près des Rouleaux , l’autre dans le genre même de ces derniers. L'opinion émise par M. Schlegel, que les Éryx se rapprochent autant des Rouleaux qu'ils s’éloignent des Boas, est tout à fait erronée ; car la structure des premiers , loin de ressembler à celle des Â52 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. seconds, en diffère au contraire à beaucoup d’égards ; tandis qu’elle est absolument pareille à celle des troi- sièmes, excepté dans quelques-unes de ses parties, qui ont nécessairement dû subir des modifications en rapport avec le genre de vie spécial , dévolu aux ophi- diens dont nous nous occupons particulièrement ici, ophidiens qui doivent être considérés comme de ‘vé- ritables Boas fouisseurs. La similitude qui existe entre les Boas et les Éryx est si évidente que: M. Schlegel l’a lui-même constatée à son insu, en décrivant, comme une espèce de Boas, d’après une excellente figure de Russel, l’adulte de l'Eryx à queue conique, qui lie, aussi étroitement que possible, la tribu des Éry- cides à celle des Boæides. Il n’y a pas non plus, ainsi que le prétend M. Schiegel , communauté de mœurs entre les Eryx et les Rouleaux, ceux-ci étant des espèces que leur peu d’agilité et la faiblesse de leur vue condamnent à vivre dans des retraites obscures, telles que celles que leur offrent le dessous des pierres, celui des troncs d'arbres tombés de vétusté, des amas de feuilles , les anfractuosités du sol, faisant leur proie de petits animaux faciles à saisir, comme des Ty- phlops , des Cécilies, des Lombrics, des Gastéropodes terrestres sans coquilles, etc.; tandis que les Éryx, vifs, alertes, doués d’une excellente vue, se tiennent dans les lieux découverts et arénacés, fréquentés par des lézards, des scinques, de petits mammifères, qu’ils poursuivent sur et sous le sable, dans lequel, au moyen de leur museau cunéiforme , ils s’enfoncent avec une surprenante rapidité. Les Erycides présentent quelques particularités ostéologiques qui méritent d'autant plus d’être signa- lées qu'elles sont caractéristiques de cette tribu. ÉRYCIDES. 459 Leur tête, quoique construite exactement sur le même modèle que celle des Boæides, en diffère néan- moins en quelques points de sa région faciale, par suite du plus grand développement et de la forme particu- lière qu'ont naturellement dû prendre l'os inter- maxillaire et les nasiux pour faire du museau un instrument propre à fouir le sol. L’intermaxillaire est une grande et forte lame osseuse très-dilatée en travers, placée, non de champ comme chez la plupart des Boæides , mais tout à fait à plat et dont le bord anté- rieur décrit une courbe plus ou moins prononcée. Sur sa face supérieure vient s'appuyer et s’unir fixement l'extrémité antérieure des os nasaux, qui sont fort longs et à peine moins larges en avant qu’en arrière, où ils s’enclavent dans une grande échancrure en V du bord antérieur des frontaux proprement dits, bord qui, dans les Boæides, est rectiligne ou brisé à angle excessivement obtus. Il résulte de la grande largeur des os nasaux des Erycides, que leurs frontaux anté- rieurs, dont la figure est celle d’un triangle oblong, n’ont pu que médiocrement se développer ; aussi sont- ils à proportion beaucoup plus petits que ceux des es- pèces de la tribu suivante, et, loin de se conjoindre, ils se trouvent excessivement écartés l’un de l’autre, ou situés entièrement de côté. Ainsi que nous l'avons déjà dit, le genre Éryx est encore le seul qui appartienne à la tribu des Érycides à laquelle n’a pas encore de représentant dans la sous- famille des Pythoniens Holodontes. 454 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. 1" GENRE. ERYX (1). — ERYX. Oppel. (Eryx en partie, Daudin; Clothonia (2), Daudin, Gray ; Eryx et Gongylophis (3), Wagler, Gray). Caracrires. Narines latérales, triangulo-linéaires, situées entre trois plaques, une inter-nasale et deux nasales. Yeux latéraux, à pupille vertico-elliptique. Tête recouverte d’écailles, excepté sur le bout du mu- seau , où il existe une paire de plaques inter-nasales ,. seule ou accompagnée d’une paire de fronto-nasales, Pièces de l’écaillure du dos et de la queue plus ou moins distinctement tectiformes ou carénées. Scutelles sous-caudales entières. Nous n’employons ici le mot Zryx, ni dans le sens beau- coup trop étendu que lui a assigné Daudin en l’introduisant dans le vocabulaire erpétologique, ni dans celui trop res- treint que lui ont donné Wagler et M. Gray. Pour nous , il a une signification qui correspond à peu près à celle que lui ont attribuée Oppel, Cuvier, Merrem et Fitzinger, Daudin avait réuni , sous le nom générique d’Eryx, plu- sieurs espèces on ne peut plus disparates, la plupart extraites du genre Anguis de Linné et de Schneider, d’après cette considération qu’elles différaient de leurs congénères par une rangée d’écailles au ventre plus grandes que les autres. Ces espèces , qui même n’offraient pas toutes le principal carac- tère assigné au nouveau groupe dont elles faisaient partie, (1) Nom mythologique tiré de l’histoire fabuleuse d’un fils de Vénus tué par Hercule et enterré sur une montagne de Sicile, appelée Eryx. (2) Nom de l'une des trois Parques, celle qui tenait la que- nouille. (3) De oqu, serpent; et yovyvaos, rond. ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 455 étaient un de nos Éryx (1), un Rouleau (2) , un T'yphlops (3), trois Scincoïdiens apodes (4), et un Ophidien voisin des Ca- lamaires (5). Une autre espèce, le Boa anguiformis de Schneider, que sa grande ressemblance avec l’£ryx jaculus appelait naturellement auprès de celui-ci, avait été au contraire placée par Daudin, qui la croyait à tort pourvue de dents venimeuses, dans un genre particulier nommé Clothonia. Ce fut Merrem qui rectifia cette erreur en ran- geant, comme cela devait être, la Clothonie anguiforme dans le genre Eryx de Daudin, débarrassé, par les soins d’Oppel, des espèces qui n’avaient point d’affinité avec lEryx jaculus, autrement dit, auxquelles ne pouvait s'appliquer la nouvelle caractéristique du genre Eryx, don- née par le savant erpétologiste bavarois ; caractéristique exprimant que les Eryx sont des serpents voisins des Boas ou qui n’en diffèrent extérieurement que par une queue plus courte et nullement préhensile. Wagler a bien compris dans son genre Eryx, de même que Merrem , l’Anguis jaculus de Linné et le Boa anguiformis de Schneider; mais, au lieu d’y introduire aussi le Boa conica de ce dernier auteur, il en a formé, sous le nom de Gongylophis, un nouveau groupe fondé sur de prétendus caractères, qui sont, ou sans importance , tel que celui d’of- frir un plus grand nombre d’écailles carénées sur le corps, ou bien purement imaginaires, comme ceux de manquer de plaques sur le bout du museau et de n’avoir point la mâchoire supérieure prolongée au delà de l’inférieure. (1) L'Æryx jaculus, dont Daudin à fait quatre espèces diffé- rentes : l'Zryx jaculus, le Cerastes, le Colubrinus et le Turcicus. (2) Le Tortrix rufus. (3) Le Typhlops Braminus. (4) L'Anguis fragilis (sous le nom d'Eryx clivicus ) , l'Ophiomorus miliaris et Î Acontias meleagris. (5) Cet Ophidien, it par Daudin ÆZryx melanostictus, n'était connu de ce naturaliste que, comme nous le connaissons nous- mêmes, par la figure qu'en a donnée Russel dans son bel ouvrage sur les Serpents de la côte de Coromandel. 456 PYIHONIENS APROTÉRODONTES. Néanmoins ce genre Gongylophis, réellement inadmissible, a été adopté , sans examen sans doute, par M. Gray, qui, de plus, et sans avoir non plus probablement consulté la nature, a détaché du genre £ryx de Wagler le Bo angui- formis de Schneider pour rétablir le genre Clothonia de Daudin , en attribuant faussement à cette espèce une pupille circulaire et une écaillure dépourvue de carènes. Il résulte nécessairement de ce qui vient d’être dit, que les genres Gongylophis et Clothonia doivent être sup- primés , et les espèces qu’ils renferment réintésrées dans le genre Eryx, tel que nous l’avons caractérisé en tête du présent article. Les Eryx sont des serpents de petite et de moyenne taille. Aucun d’eux n’acquiert un développement égal à celui de la plupart des espèces appartenant à la tribu des Boæides. Comme tous les ophidiens fouisseurs, ils ont la tête peu ou point distincte du tronc, celui-ci presque aussi gros à ses deux extrémités qu’au milieu, et une queue courte et robuste. Aux côtés de leur fente cloacale, sont deux petits enfonce- ments, logeant chacun un vestige de membre postérieur ayant la forme d’un stylet conique, emboîté dans un dé squammeux. La tête des Eryx, selon qu’on l’observe chez les premières ou les dernières espèces de ce genre, offre d’une manière plus ou moins prononcée, ou la forme de la moitié lonsitudinale d’un cône tronqué et aminci à son sommet, ou celle d’une pyramide à quatre faces, coupée presque carrément à sa partie terminale. L’extrémité de la mâchoire d’en haut dépasse d'autant moins le menton que celui-ci est plus épais et qu’elle est moins ‘fortement taillée en biseau. La fente de la bouche, qui est rectiligne, s'étend au delà des yeux. Ceux-ci, dont le trou pupillaire est verticalement allongé, sont situés à fleur du crâne, sur les parties latérales de la tête. Les ouvertures externes des narines sont aussi placées latéralement et, chacune, entre une plaque inter- nasale et deux nasales ; elles ont l’apparence de petites fentes perpendiculaires, plus élargies à leur sommet qu’à leur base, ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 457 Tantôt il existe un sillon gulaire bien distinct, tantôt on n’en aperçoit pas la moindre trace. La résion sus-céphalique serait recouverte d’écailles d’un bout à l’autre, sans la pré- sence, sur le bout du museau, d’une ou deux paires de plaques, c’est-à-dire de deux internasales, suivies ou non suivies de deux fronto-nasales. Les pièces de l’écaillure des Eryx sont petites, nombreuses et, ou simplement tecti- formes , ou relevées d’une forte carène médio-longitudi- nale. Les scutelles ventrales sont fort étroites et les sous- caudales entières. Les quatre espèces que nous rapportons au genre Eryx ont été confondues en une seule, sous le nom de Tortrix Eryx, par M. Schlegel, Rangées dans l’ordre où nous allons les décrire, elles con- stituent une petite série, où l’on voit graduellement s’atté- nuer les particularités caractéristiques de la tribu des Ery- cides; é’est-à-dire qu’à partir de la première espèce, qui diffère le plus des Boæides, jusqu’à la dernière, qui a beaucoup du port, de la physionomie des premiers genres de ceux-ci, le museau devient de moins en moins cu- néiforme , en même temps que la queue s’amincit en arrière et acquiert insensiblement plus de souplesse et d’étendue. Des changements analogues s’opèrent dans la charpente cé- phalique : de très-bombé, le front devient peu à peu tout à fait plat , les mâchoires augmentent légèrement de longueur ; l’inter-maxillaire perd par degrés quelques millimètres de sa grande dilatation transversale ; les os nasaux se rétrécissent, particulièrement en avant; et les frontaux antérieurs pren- nent à proportion plus de développement. 458 PYTHONIENS APROTÉR DONTES. : TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE ERYXA —1.—— Espèces. uniformément } É 1. E. pe Joux. roussatres. . o distinct : dessus et côtés du corps .1 "a ariés de brun : " Le 2. E. JAVELOT. 5 el de jaunätre. ën = \ 5 CE © très-faiblement. . . . . 3. E. pe ra TnéBAïDe, 3 \nul: écailles tectiformes, très-fortement. . . . . 4. E. À QUEUE CONIQUE 1. L’ÉRYX DE JOHN. Zryx Johni. Nobis. CaracrÈREs. Un sillon gulaire. Bout du museau cunéiforme. Plaque rostrale moulée sur celui-ci, qui s’y emboîte compléte- ment comme dans un étui; une paire d’inter-nasales et une paire de fronto-nasales, suivies d’écailles sus-céphaliques. Queue triangulaire , presque de mème grosseur, à partir de sa naissance jusqu’à son extrémité terminale, qui est emboîtée dans une forte squamme triédrique. SYNONYMIE. 1801. PBoa Johni. Russ. Ind. Serp. vol. 2, pag. 18, pl. 16 (adulte), et pag. 20, pl. 17, fig. 1 (jeune âge). 1801. Poa anguiformis. Schneid. Hist. Amph. fasc. 2, pag. 269. 1803. Clothonia anguiformis. Daud. Hist. Rept. tom. 7, pag. 285. 1820. £ryx anguiformis. Merr. Tentam. Syst. Amph. pag. 85, n° 2, 1821. Boa anguiformis. Schneïd. Klassif. Riesenschlang. (Denkschrift. akadem. Wissenschaft. Munich, tom. 7, p. 119). 1825. Clothonia anguiformis. Gray. Gener. of Rept. (Ann. of philosoph. vol. 10, pag. 210.) 1827. Eryx anguiformis. F. Boié. Isis. tom. 20, pag. 513. 1830. Eryx (Boa anguiformis. Schneïd. Boa Johnii. Russ. Clothonia anguiformis. Daud.) Wagl. Syst. amph.pag. 192. 1831. Eryx anguiformis. Gray. Synops. Rept. pag. 98, in Cuvier’s Auim, kingd, Vol. 9. _ ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 1. 459 1837. Tortrix eryx, variet. Ind. Schleg. Ess. Physion, Serp. Part. descript. pag. 17, ligne 8. 1842. Clothonia Johnii. Gray. Synops. Famil. Boidæ (Zool. Miscellan. pag. 45). DESCRIPTION. Formes. La tête de l’£ryx Johnii paraît plus courte qu’elle ne l’est réellement, ayant sa moitié postérieure complétement confondue avec le corps, qui n’offre pas le plus léger rétrécis- sement collaire; on peut se faire une idée assez exacte de sa configuration, en se représentant un cône couché horizontale- ment, dont le dessous serait fortement aplati et le sommet tronqué et aminci en manière de coin. Le tronc, qui n’a qu’une grosseur un peu moindre en avant et en arrière qu’au milieu, se montre sous la forme d’un cylin- dre tantôt presque régulier , tantôt légèrement rétréci à la face inférieure , tantôt déprimé, suivant que l’animal ne tient les ex- trémités de ses côtes de gauche que faiblement écartées de celles des mêmes os de droite, ou bien qu’il les fait se toucher, ou bien encore qu’il étend ces arcs osseux horizontalement, ainsi que nous l'avons souvent observé chez les sujets vivants que renferme la ménagerie du Muséum. Cette partie de leur corps, lorsqu'elle est à peu près cylindrique, a de vingt- deux à vingt-neuf fois moins de largeur que de longueur; quand elle est aplatie, son diamètre transversal est double ‘du vertical, et la région ventrale se trouve alors être de déux tiers plus large que les scutelles qui en occupent la ligne médiane. La queue , qui n’est pas beaucoup moins forte que la portion postérieure du tronc, fait de la neuvième à la treizième partie de la longueur totale du corps; elle est tout d’une venue, tout à fait plate inférieurement, tectiforme en dessus, et munie, à son extrémité terminale, d’une grande et forte squamme triédrique, qui l’emboîte à la facon d’un dé (1). (1) Les collections renferment peu de sujets de cette espèce dont la queue ne soit pas mutilée, car la plupart d'entre eux ont passé par les mains des bateleurs indiens qui, afin de faire croire que ces Serpents ont une seconde tête à l'arrière du corps, sont dans l'habitude, pour rendre celui-ci de même grosseur à l'extrémité 460 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. | La fente de la bouche ne s’étend que fort peu au delà de l'a- plomb des yeux. La mâchoire d’en bas offre une si faible épais: seur, que, lorsqu'elle est appliquée contre celle d’en haut, le dessous de la tête devient une surface parfaitement plane, qui se trouve être exactement de niveau avec le bord libre de4a lèvre supérieure, et cela dans tout son pourtour ; tellement que le menton ,‘au devant duquel s’avance assez le bout cunéiforme du museau, ne fait qu’un seul et même plan avec la face infé- rieure de celui-ci. L’Éryx de John a, de chaque côté, neuf ou dix dents sus- maxillaires, douze ou treize sous-maxillaires, quatre ou cinq pelatines , et cinq ou six ptérygoïdiennes. Son œil est petit, et l'ouverture externe de ses narines fort étroite ; cette ouverture est située latéralement par le travers de la ligne qui va directement du milieu de l'orbite au bord tranchant du museau. La plaque rostrale est une énorme pièce, excessivement large , subtriangulaire, dont une moitié, tout à fait plane, oc- cupe le dessous, et l’autre, légèrement convexe, le dessus de l'extrémité du museau, où elle s’enclave par un angle très-ou- vert, à côtés plus ou moins concaves , entre les deux inter- nasales. Celles-ci, moins dilatées longitudinalement que trans- versalement , sont sub-trapézoïdes ; elles ont immédiatement derrière elles une paire de fronto-nasales , irrégulièrement pen- tagones, toujours moins développées que les précédentes, et souvent presque aussi petites que les squammes polygones, lisses, inégales entre elles, qui recouvrent le reste de la face sus-céphalique. Les deux plaques nasales sont placées l’une au- dessus de l’autre par le travers d’une ligne perpendiculaire à la lèvre, mais un peu penchée en arrière; la supérieure est sub rectangulaire ; l’inférieure représente un triangle isocèle, dont un des grands côtés est convexe et l’autre concave. Les régions frénales sont garnies chacune de six à dix squammes pareilles à celles du dessus de la tête; on en compte de huit à douze, quadrangulaires ou pentagones, peu inégales entre elles, disposées circulairement autour de l’œil. A droite et à postérieure qu'à l'antérieure, d'enlever une certaine portion du prolongement caudal, et même d'y pratiquer ensuite une incision transversale, dont la cicatrice simule grossièrement une bouche, ÉRYCIDES. G. ERŸX. D A6i éauche de la lèvre supérieure, est une rangée de dix à treize plaques, dont les cinq ou six premières sont assez développées, quadrilatères, distinctement plus hautes que larges ; mais toutes les suivantes sont de moitié plus petites et, bien qu’en général pentagones, elles ont l’apparence de carrés ou de trapèzes. Tout à fait en avant, la lèvre inférieure offre une plaque mentonnière triangulaire, de chaque côté de laquelle sont des plaques inféro-labiales, dont on compte cinq ou six en carrés longs, placées à la suite l’une de l’autre, en tra- vers de la mâchoire ; puis onze ou douze autres, de moins en moins développées que les précédentes, formant une série, surmontée d’une seconde série, composée de treize ou quatorze pièces excessivement petites , et à peu près carrées. Le dessous de la tête et du cou est revètu de petites écailles losangiques, égales, plates, lisses et légèrement imbriquées. Le sillon gulaire, quoique court, est parfaitement distinct. Les scutelles ventrales ont, vers le milieu de l’abdomen, une lar- geur égale à la longueur de la portion antéro-orbitaire de la tête; la série qu’elles constituent ne commence guère qu’au- dessous de la troisième ou quatrième vertèbre. Les écailles du tronc et de la queue , qui sont carrées , ont un de leurs angles dirigé en avant, un second en arrière, et les deux autres laté- ralement; celles d’entre elles qui appartiennent aux flancs sont plates et lisses, mais celles qui occupent la région dorsale et la caudale ont leur ligne médio-longitudinale renflée , ce qui donue à leur surface une apparence tectiforme. Écailles du tronc : de 57 à 65 rangées longitudinales, de 325 à 386 rangées transversales. Écailles de la queue : de 35 à 4 rangées longitudinales , de 45 à 57 rangées transversales. Scu- telles : de 194 à 209 ventrales, de 26 à 35 sous-caudales. CoLorarion. En dessus, ce serpent est entièrement d’un brun fauve ou roussâtre ; en dessous, il offre des taches ou des mar- brures, les unes d’un brun clair, tes autres d’un beau rouge de brique sur les scutelles ventrales et les écailles qui avoisinent celles-ci; la face sous-caudale est blanche, plus ou moins et irrégulièrement tachetée de brun, mais jamais assez fortement pour que le fond ne reste parfaitement distinct.Les jeunes indi- vidus que nous possédonsne diffèrent des adultes, qu’en ce qu'ils ont la queue et la portion terminale du tronc marquées transver- salement de plusieurs larges bandesbrunâtres ou noirâtres ; mais 462 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Russel en a figuré un, d'après le vivant, qui avait toutes les parties supérieures colorées en rouge de corail, avec une suite de grandes taches noires commençant sur la nuque, et ne se terminant qu’à la pointe de la queue. L'iris est d’un rouge très-vif. Après la mort, la teinte rouge des régions inférieures dispa- raît complétement. Les sujets qui ont été mis dans l’alcool au moment où ils allaient changer d'épiderme, sont d’un gris violacé. Dimexsions. L’Éryx de John acquiert une taille au moins égale à celle de nos plus grandes couleuvres d'Europe. _ Longueur totale. 1° 28° 3°”. Téle. Long. 2” 8”.Tronc. Long. 1° 15”. Queue. Long. 10” 5”. Parrie. Le muséum d'histoire naturelle renferme un certain nombre de sujets de cette espèce qui ont été euvoyés de la côte de Malabar par M. Fontanier , de celle de Coromandel par M. Leschenault, et du Bengale par M. Alfred Duvaucel. Morurs. Ceux que nous avons eu occasion de voir vivants étaient très-doux etextrèmement vifs. On en conserve un depuis près de trois ans dans la ménagerie ; il se nourrit parfaitement bien de tous les petits animaux morts ou en vie, tels que sou- ris , jeunes rats, jeunes lapins , poulets, moineaux, lézards, etc., qu’on lui présente. Il passe la plus grande partie du temps caché dans l’épaisse couche de sable fin, dont le fond de sa cage est garni : c’est sa demeure favorite, son élément; car, si après l'en avoir fait sortir, on le laisse à la surface, libre d’agir à sa fan- taisie, aussitôt et avec une promptitude remarquable, il s’enfouit de nouveau dans ce sol aréneux, au milieu duquel il paraît se mouvoir dans tous les sens avec non moins de facilité qu’un animal plongeur au sein des eaux. Placé sur un terrain solide et uni , il y rampe avec célérité et presque toujours en s’aplatis- sant un peu : si l’on s’approche de lui, son premier soin est de fuir; mais lorsqu'il sent une main près de le saisir , il s’arrête brusquement. se lève ou bien enroule sur elles-mèmes.et dans un sens opposé , les deux extrémités de son corps; de telle sorte que celui-ci représente assez exactement, soit la figure d’un S, soit celle d’un 8, dont le centre de l’un des anneaux est occupé par la tête et celui de l’autre par la queue. Ce serpent, lorsqu'on le tourmente , laisse échapper des pores qui existent sur la marge postérieure de son orifice cloacal une humeur de la con- ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 2. 463 sistance d’une pommade, exhalant une odeur excessivement désagréable. “Osservarions. Russel et Schneider sont jusqu'ici les seuls auteurs qui aient parlé de la présente espèce, d’après des in- dividus observés par eux-mêmes. Le premier a joint aux des- criptions qu’il a publiées de l’adulte et du jeune, sous le nom de Boa Johnii, deux excellentes figures que M. Schlegel cite, bien à tort, comme représentant de simples variétés de climat de l'£ryx jacuius. L’une de ces figures est celle d’un sujet, long de trois pieds anglais, que le missionnaire John avait adressé de Tranquebar à Russel, avec l'indication que le nom indigène de ce serpent était Zrutaley-Nagam; autre est la copie d’un dessin fait sur nature au Bengale , où le jeune ophi- dien qu’elle représente s'appelle Wanedulli-Pamboo. Schnei- der , dans l’ouyrage duquel notre Eryx Johnit est appelé Boa anguiformis, en avait vu trois individus, dont un appartenait au cabinet de Bloch, à qui il avait été envoyé des Indes orientales. C’est de ce Boa anguiformis de Schneider que Daudin, qui lui a faussement rapporté une espèce de vipère, a fait le type de son genre Clothonia; genre que personne pe paraît avoir adopté, à l'exception de M. Gray, qui vient d’en donner, dans son catalogue méthodique des Poidæ , une caractéristique fau- tive, en signalant la seule espèce qu’il y range, comme pourvue d’écailles lisses, c’est-à-dire sans carène, et ayant une pupille circulaire, tandis qu’elle à, au contraire, celle-ci verticalement allongée et celles-là surmontées d’une arête médio-longitudinale. 2, L'ÉRYX JAVELOT. £ryx jaculus. Daudin. Caractères. Un sillon gulaire. Bout du museau cunéiforme. Plaque rostrale moulée sur celui-ci, qui s’y emboîte compléte- ment comme dans un étui; une paire d’inter-nasales et une paire de fronto-nasales suivies d’écailles sus-céphaliques. Queue sub- conique , fort obtuse à son extrémité terminale, qui est em- boîtée dans une grande squamme sub-hémisphérique. Svnonvuie. 1640. Seytlale. Aldrovand. Serp. Drac. Hist. pag. 233, cum fig. Amphisbæna Grevini. I. loc. cit. pag. 239, cum fig. (1). (1) Edit, in-fol. Bononiæ, 1640. 164 PYTHONIENS APROTERODONTES. 4744-50. Anguis cerastes. Hasselq. act. Upsal. pag. 98. 4754. Anguis jaculus. Lion. Mus. Adolph. Freder, tom. 2, pag. 48. , 1757. Anguis jaculus. Hasselq. It. Palest. pag. 319, n° 64, Anguis colubrina. NW. loc. cit. pag. 320, n° 65. Anguis cerasles. WA. loc. cit. pag. 320, n° 66. 1758. Anguis colubrina. Lion, Syst. nat. édit. 10, tom. 1, pag. 228, n° 198. Anguis jaculus. [d. loc. cit. n° 209. Anguis cerastes. Id. loc. cit. n° 215. 1766. Anguis colubrina. Linn. Syst. nat. édit. 12, tom. 1, pag. 390, n° 198. Anguis jaculus. 1. loc. cit. pag. 391, n° 209. Anguis cerastes. Id. loc. cit. n° 215. 4796. Anguis jaculus. Hasselq. Voy. Palest. trad. franc. pag. 49. Anguis colubrina. I. loc. cit. pag. 49. Anguis cerastes. Id. loc. cit. pag. 49. 4771. Le Colubrin. Daubent. Quad. ovip. Serp. Encyclop. méth. pag. 602. Le Trait. I. loc. cit. pag. 695. Le Cornu. id. loc. cit. pag. 604. 1788. Anguis colubrinus. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 1, part. 3, pag. 1119, n° 198. Anguis jaculus. I. loc. cit. pag. 1120, n° 209. Anguis cerastes. Id. loc. cit. pag. 1120, n° 215. 1789. Le Cornu. Lacép. Hist. nat. Quad. ovip. Serp. tom. 2, pag. 447. Le Colubrin. 14. loc. cit. pag. 442. Le Trait. \d. loc. cit. pag. 443. 1790. Anguis jaculus. Bonnat. Ophiol. Encyclop. méth. pag. 63. Anguis cerastles. Id. loc. cit. pag.465. Anguis colubrina. 1. loc. cit. pag. 68. 1801. Anguis cerastes. Schneid. Histor. amph. fasc. IF, pag. 317. Anguis jaculus. I. loc. cit. pag. 319. Anguis colubrinus. Id. loc. cit. pag. 338. ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 2. A65 1801. Zoa turcica. Oliv. Voyag. Emp. Ottom. Egypt. tom. 1, pag. 329, pl. 16, fig. 2. 1802, Boa turcica. Latr. Hist. Rept. tom. 3, pag. 153. Anguis colubrinus. Id. loc. cit. tom. #, pag. 221. Anguis jaculus. Id. loc. cit. tom. #, pag. 221. Anguis cerastes. Id. loc. cit. tom. #, pag. 222. 1802. Die Natterartige Blindschleiche. Bechst. Lacepede’s paturg. Amph. tom. 5, pag. 138. Die Pfeilartige Blindschleiche. Xd. loc. cit. pag. 139. Die Gehornte Blindschleiche. I. loc. cit. pag. 140. 1803. Eryx cerastes. Daud. Hist. Rept. tom. 7, pag. 254. Eryx jaculus. Id. loc. cit. pag. 257. Eryx colubrinus. I. loc. cit. pag. 262. Eryæ turcicus. Id. loc. cit. pag. 267, pl. 85, fig. 2-3. 1811. Zryx turcicus. Oppel. Ordnung. Fam. Gatt. Rept. pag. 97. 4820. Eryx turcica.Merr. Tent. syst. amph. pag 85. 4821. Pseudoboa turcica. Schneïd. Klassif. Riesenschlang. (Denkschrift. Akad. Wissenschaft. Munich, tom. 7, pag. 129). 1823. Boa tatarica. Lichtenst. Verzeichn. doublett. zoolog. mus. Berl. pag. 104, n° 68. Boa tatarica. Lichtenst. Reis von Eversm. und Meyend. von Orenb. nach Buchk. Append. pag. 146. 1825. Eryx turcicus, Gray. Gener. of Rept. (Ann. of. Phi- losoph. vol. 10, pag. 210). 1826. Boa tatarica. Lichtenst. ( Voyag. d’Orenb. à Buchar. par Meyend. et Doct. Eversm. Traduct. franc. par Améd. Jaub. Addit. pag. 467.) 1826. Eryx turcicus. F. Boié. Gener. Ubersicht. Fam. Gatt. Ophid. Isis, tom. 19, pag. 982. 1826. Eryx turcicus. Fitz. Neue Classif. Rept. pag. 54. 1827. Eryx turcica. F. Boié. Isis, tom. 20, pag. 513. 1827. Eryx du Delta. Isid. Geoff. St.-Hil. Descript. Egypt. Hist. nat., tom. 1, pag. 1242, pl. 6, fig. 2. (Reptiles.) 1830. Eryx jaculus. Wagl. Syst. amph. pag. 192 : exclus. synon. fig. 4, pl. 6, Rept. Egypt. ( £ryx Thebaïcus). 1831. Eryx jaculus. Gray. Synops. Rept. pag. 98, in Griff. anim. Kingd. Cav., vol. 9. 4831. Eryx turcicus. Eichw. Zool. spec. Ross. Polon. Pars poster. pag. 176. REPTILES, TOME VI. 30 466 | PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Eryx familiaris. I. loc. cit. 1834. £ryx lurcicus. Peuss. Zoolog. Miscell. (Mus. Bank, vol. 1, pag. 152.) Eryx jaculus. Id. loc. cit. pag. 453. Eryx jaculus. Bib. et Bory de Saint-Vinc. Expédit. scientif, Mor. Zoolog. Rept., pag. 73. 4857. T'ortrix eryx. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. gé- nér. pag. 129; Part. descript. pag. 14, pl. 1, fig. 41-16 : exclus: synon. Æ£ryx de la Thébaïde, Et. et Isid. Geoff. (£ryx The- baicus, nob.); Eryx Bengalensis. Mus. Par. ( Æryx conicus, nob.); Eryx Johni. Russ. et Boa anguiformis, Schneïd. (Eryx Johni, nob.). 1840. Eryx jaculus. Ch. Bonap. Amph. Europ. (Memor. real. acad. scienz. Torino, ser. 2, tom. 2, pag. 428) : exclus. synon. Eryx de la Thébaide. Et. et Isid. Geoff. (Zryx Thebai- cus, nob.); Boa anguiformis. Schneid. (£ryx Johnii). 1842. Eryx jaculus. Gray. Synops. Famil. Boidæ (z0olog. Miscell. pag. 45.) DESCRIPTION. Cette espèce est très-voisine, mais néanmoins parfaitement distincte de la précédente : elle en diffère particulièrement par la forme du museau, par les écailles, par le système de coloration, par la taille et par l'habitat. Formes. L’Eryx javelot a le bout du museau proportionnelle- ment moins large et moins aminci que l’Éryx de John. Sa queue, au lieu d’être aplatie sur trois faces ou triangulaire, repré- sente un cône allongé, fort obtus au sommet, en même temps que la squamme emboîtante qui la termine est elle-même co- nique et non triédrique ; ses écailles sont moins petites , moins nombreuses et bien moins distinctement tectiformes ou en dos d’âne que celles de l’autre espèce. Voici au reste le nombre des pièces squammeuses du corps. Écailles du tronc : de 37 à 51 rangées longitudinales ; de 238 à 298 rangées transyersales. Écailles de la queue : de 25 à 51 rangées longitudinales, de 23 à 33 rangées transversales. Scu- telles : de 167 à 188 ventrales, de 18 à 29 sous-caudales. CoLorarTion. L’Eryx javelot est loin d’offrir un mode de colo- ration aussi constant que l’Éryx de John. Nous n’avons pas en- core eu occasion d’observer des individus vivants ; ceux que ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 2. 465 nous possédons, conservés dans l'alcool, ont leurs parties su- périeures d’une teinte blanchâtre ou d’un jaune olive, marquées de nombreuses taches d’un brun plus ou moins foncé, ordinai- rement anguleuses, rarement sub-ovales ou sub-arrondies, mais toujours extrèmement variables par leur figure, leur grandeur et la manière dont elles sont disposées. Parfois, ces taches étant toutes assez petites et espacées, la couleur du fond est par con- séquent celle qui domine à la face supérieure du corps ; d’autres fois, étant au contraire plus ou moins dilatées et diversement anastomosées ensemble, il en résulte que la teinte blanchâtre ou jaunâtre n’apparaît que très-faiblement entre elles. Dans certains sujets, ces taches s’élargissent de façon à simuler des barres transversales, plus ou moins courtes, plus ou moins longues, plus ou moins serrées ; chez d’autres , leur ensemble représente une sorte de réseau à mailles très-inégales et très- irrégulières; enfin il en est où elles se montrent sous la figure de lignes et de raies en zigzags. En dessous , ce serpent pré- sente une couleur d’un blanc jaunâtre, tantôt uniforme, tantôt clair-semé de taches ou de points noirs, particulièrement sur les côtés du ventre et le long du bas des flancs. Tous les Eryx javelots que nous avons été dans le cas d’examiner nous ont offert une bande brune ou noirâtre s’étendant obliquement du derrière de l’œil à l'angle de la bouche. Dimensions. Cette espèce est d’une taille bien inférieure à celle de la précédente. Longueur totale. 55”.Tête. Long. 1” 8°”. Tronc. Long. 45” 4”. Queue. Long. #4”. Parme. L’Eryx javelot est répandu dans le midi de l’Europe, dans l'occident de l'Asie et dans le nord de l'Afrique : on l’a effectivement trouvé en Grèce, en Tatarie, en Perse, en Arabie, en Syrie et en Égypte. Notre musée en renferme des individus provenant de ces différents pays. Mozves. Cet Eryx paraît principalement se nourrir de petits Sauriens , il est ovovivipare. Osservarion. Dans les villes d'Égypte, on rencontre souvent des charlatans exposant à la curiosité publique des Eryx ja- velots vivants auxquels, afin de les faire passer pour des Céras- tes, ils ont eu le soin d’implanter, en manière de corne, au- dessus de chaque œil, un ongle d’oiseau ou de petit mammi- fère , pär le même procédé que celui qu’on emploie dans nos 168 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. fermes pour fixer deux ergots sur la crête de certains coqs quand on les chaponne. C'est d’après des individus ayant la tête ainsi armée de deux. fausses cornes, qu'Hasselquist à fait son Anguis cerastes. Nous avons dans les collections du muséum des individus dont la tète porte ainsi des ongles recourbés d’oiseau, avec leur che- ville osseuse, dont l’adhérence à la peau est parfaite. 3. L'ÉRYX DE LA THÉBAÏDE. £ryæ Thebaicus. Et. et Is. Geoffroy St.-Hilaire. Caractères. Pas de sillon gulaire. Bout du museau sub-cunéi- forme. Plaque rostrale moulée sur celui-ci, qui s’y emboîte comme dans un étui. Une paire d’inter-nasales suivies d’écailles sus-Céphaliques. Queue conique, ayant sa pointe emboîtée dans une squamme de même forme. SyNonvmiE. 1827. L’£ryx de la Thébaïde. Et. et Isid. Geoff. St.-Hil. Descrip. Egypt. Hist. nat. tom. f, pag. 140 (Rept.), pl. 6, fig. 1. 1834. Eryx Thebaicus. Reuss. Zoolog. Miscell. (Mus. Sen- ckenberg. vol. 1, pag. 134.) DESCRIPTION. Formes. La tête de l’'Eryx de la Thébaïde, sous le rapport de sa forme, tient le milieu entre celle de l’espèce suivante, qui l’a pyramido-quadrangulaire, et celle des deux précé- dentes, chez lesquelles elle représente la moitié longitudinale d’un cône tronqué et aminci au sommet. Son museau offre un peu plus d'épaisseur que celui des £ryx Johnii et jaculus , attendu que l’extrémité terminale n’en est pas aussi mince et que le bout antérieur de la mâchoire d’en bas, au lieu de n’être aucunement apparent, lorsque la bouche est close, fait au con- traire une légère saillie, une sorte de petit menton, au-dessous du niveau de la face inférieure dn boutoir, qui se prolonge en avant d’un grand tiers ou de moitié moins que chez les deux espèces précédemment décrites. L’£ryx Thebaicus a la queue conique, un peu déprimée à sa base, pointue à son extrémité ter- minale, qui s’emboîte dans une squamme ayant aussi une forme conique. On lui compte , de chaque côté de la bouche, onze ou douze dents sus-maxillaires, treize ou quatorze sous-maxil- laires, six palatines et un égal nombre de ptérygoïdiennes. Les ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 3. 469 narines sont situées latéralement, mais un peu plus haut que chez l’Éryx de John et le Javelot; c’est-à-dire de niveau, non avec le bord tranchant de la rostrale, mais avec le sommet de l’angle que forme le bord supérieur de cette plaque, qui est à proportion moins large en avant que celle de ces deux der- nières espèces. 11 n’existe pas de plaques fronto-nasales der- rière les inter-nasales , qui sont immédiatement suivies de squammes polygones, juxta-posées, inégales entre elles, et, de mème que les frénales, de moitié plus petites et conséquemment moins nombreuses que chez l’Eryx Johni etle Jaculus. Dans l’'Éryx dela Thébaide, les plaques de la lèvre inférieure diminuent graduellement de grandeur depuis la quatrième ou la cinquième jusqu’à la dernière ; tandis que "chez les espèces précédentes, toutes les plaques inféro-la- biales qui suivent les quatre ou cinq premières sont une fois au moins plus petites que celles-ci. On n’apercçoit pas la plus légère trace de sillon gulaire chez l’£ryx Thebaicus , au lieu que l'Éryx de John et l'Éryx javelot en ont un bien marqué. Les écailles sont moins petites que dans ceux-ci; cela est surtout très-sensible à la partie postérieure du tronc et sur la queue , où la carène qui les surmonte est aussi beaucoup plus prononcée que partout ailleurs sur le corps, aussi prononcée, peut-être, que chez l’£ryx conicus. Les scutelles et les rangées d’écailles de l’£ryx Thebaicus sont en moindre nombre que celles de ses congénères, le Johnit et le Jaculus. Écailles du tronc : de 47 à 51 rangées longitudinales, de 288 à 300 rangées transversales. Écailles de la queue : 25 où 27 rangées longitudinales , de 27 à 31 rangées transversales. Scu- telles : 189 ou 190 ventrales, 22 sous-caudales. Cocorarion. Les deux seuls sujets de l’'Éryx de la Thébaide que nous ayons encore vus ont le dessous du corps et les bords de la bouche entièrement blancs, tous deux également ont leurs parties supérieures d’un brun marron : chez l’un, il existe çà et là, sur cette dernière teinte, des taches ou des raies blanches tracées en long, en large ou obliquement; chez l’autre, il y en a de pareilles, mais, comme elles sont plus nombreuses, elles s’ana- stomosent , de façon à figurer une sorte de dessin réticulaire à mailles inégales. Dimensions. Nos deux sujets de l'£ryx Thebaicus sont plus 470 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. grands qu'aucun des Éryx javelots que nous possédions : Pun a le tronc vingt-neuf fois et l’autre trente fois plus long que large; la queue du premier entre pour le treizième, celle du second pour le quinzième dans la longueur totale. Longueur totale. 69” 5”. Téte. Long. 2” 6”. Tronc. Long. 62” 4”. Queue. Long. 4” 5”. Parrie. Les deux serpents dont il vient d’être question ont été trouvés en Égypte, l’un par M. Étienne Geoffroy Saint-Hi- laire, l’autre par M. Chérubini fils. Osservarions. La figure qui représente l’Éryx de la Thé- baide dans l’ouvrage d'Egypte offre plusieurs inexactitudes : ainsi, les plaques des lèvres n’y sont pas indiquées telles qu’elles existent dans la nature; l’orifice de la narine y est arrondi, tandis qu’il devrait être linéaire, et la pupille y est circulaire, au lieu d’être vertico-elliptique. %. L’ERYX A QUEUE CONIQUE. £ryx conicus. Nobis. CaracTÈREs. Pas de sillon gulaire. Bout du museau tronqué ou coupé carrément. Plaque rostrale cunéiforme, ne protégeant que le devant de celui-ci; une paire d'inter-nasales suivies d’é- cailles sus-céphaliques. Queue conique , ayant sa pointe embot- tée dans une squamme de même forme. SyNonyMIE, 1734. V’ipera orientalis. Séb. Tom. 2; pag. pk tab. 78, fig. 1. ? Serpens indica, Boiquatraza. Y. loc. cit. pag. 83, tab. 78, fig. #. 1796. Padain cootoo. Russ. Ind. Serp. Vol. 1, pag. 5, pl. 4. 4801. Boa conica. Schneïid. Hist. Nat. Amph. Fasc. II, pag. 268. 1803. Boa ornata. Daud. Hist. Rept. Tom. 5, pag. 210. ? V'ipera orientalis. Y. loc. cit. Tom. 6, pag. 50. 1802. Boa viperina. Shaw. Gener. zoolog. Vol. 3, part. 2, pag. 355, pl. 100. 1803. Boa ornata. Daud. Hist. Rept. Tom. 5, pag. 210. 1820, Boa conica. Merr. Tentam. Syst. Amph. pag. 86, n° 4. 4821. Boa conica. Schneïd. Denkschr. Munch, akad. Tom. 7, pag: 119, tab. 6, fig. 2. 1827. Boa conica. F. Boïé. Isis. Tom. 20, pag. 914. ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 4. 474 1830. Eryx Bengalensis. Guér. Iconog. Règn. anim. Cuv. Rept. PI. 20, fig. 4. Scytale coronata. Fig. 2. | 1830. Gongylophis ( Boa conica, Schneid.). Wagl. Syst. )Amph. pag. 192. | 1831. Gongylophis (Boa conica, Schneid.). Gray. Synops. . 'Rept. pag. 97, in Cuvier’s Anim. kingd. Griff. Vol. 9. | 1837. Tortrix eryx, variet. Bengal. Schleg. Ess. Physion. |serp. Part. descript. Pag. 17, ligne 1, et pag. 18, ligne 15. Boa conica. Id. loc. cit. Part. descrip. pag. 399. 1842. Gongylophis conicus. Gray. Synops. Famil. Boidæ. (Zoolog. miscell. pag. #5.) DESCRIPTION. Formes. Cette espèce, bien qu’appartenant évidemment au genre Eryx, a beaucoup de la physionomie des Boas. Sa tête ne se termine point en avant par un boutoir cunéiforme, comme celle de ses trois congénères. Cette partie de l’animal re- présente une pyramide quadrangulaire, coupée carrément au sommet; elle est déprimée, sa face supérieure est légèrement déclive en avant , et les latérales sont presque perpendiculaires ou excessivement peu penchées l’une vers l’autre; elle a une longueur triple de sa largeur antérieure, qui est près d’une fois moindre que la postérieure. L’extrémité terminale de la mâchoire inférieure ayant une certaine épaisseur, forme une sorte de petit menton, qui est déjà un peu apparent dans P£ryx The: baïcus , maïs dont il n’y a pas la moindre trace chez le Johnt et le Jaculus. La bouche, dont la fente a proportionnellement plus de longueur que chez les trois espèces précédentes , est aussi armée d’un plus grand nombre de dents : on y compte de chaque côté seize à dix-huit sus-maxillaires, dix-huit à vingt sous- maxillaires, sept ou huit palatines , et douze ou treize ptérygoi- diennes. Les narines s'ouvrent sur les côtés du bout du museau, tout à fait en haut, c’est-à-dire positivement à l’aplomb , mais fort au-dessus des bords latéraux de Ja plaque rostrale ; la région qui les environne est légèrement convexe. Les deux squammes, dites nasales, sont irrégulièrement pentagonales ; l’antérieure , qui est plus petite que la postérieure, s’étend parfois sous celle-ci en formant un angle curviligne. La plaque rostrale aurait la figure d’un carré long, si son bord supérieur n’était pas } 14 472 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. { brisé en angle extrêmement ouvert; elle est appliquée perpendi- culairement contre le devant du bout du museau, sur le dessus ni. sur les côtés duquel elle ne se reploie pas, ainsi que cela alieu, au contraire, dans les trois espèces précédentes ; elle est fort épaisse et distinctement taillée en biseau. La lèvre supérieure est protégée à droite et à gauche par une douzaine de plaques quadrangulaires ou pentagones, dont les six, les sept ou les buit premières sont plus hautes que larges; tandis que toutes” les suivantes diminuent graduellement de grandeur à mesure qu’elles se rapprochent de l’angle de la bouche. La plaque du menton est triangulaire. Ceiles de la lèvre inférieure sont au nombre de seize à dix-huit de chaque côté : les six ou sept pre- mières, qui sont de moins en moins développées, ontla figure de rectangles placés entravers delamâchoire; mais toutes les autres sont carrées et à peu près égales entre elles. Les plaques inter- nasales, qui n’ont point de fronto-nasales derrière elles, comme dans les deux premières espèces de ce genre, sont petites et affectent chacune, malgré leurs cinq ou six pars, une figure tra- pézoïde ; elles sont situées, non sur le bout, mais au devant du museau, au-dessus de la rostrale, avec laquelle elles for- ment un seul et même plan incliné. La région sus-céphalique estentièrement recouverte d’un pavé d’écailles ; celles de la pre- mière moitié sont petites, à quatre, cinq ou six pans, et fai- blement carénées ; celles de la seconde moitié sont un peu plus grandes, en losanges, aussi dilatées en long qu’en large, et relevées d’une très-forte arèête médio-longitudinaie. L’écaillure du dos et de la queue se compose de pièces carrées, dont un des angles est dirigé en avant, un autre en arrière, et le troi- sième latéralement, de même que le quatrième; ces pièces portent chacune une carène d’autant plus forte qu’elles sont plus près de l'extrémité postérieure de l’animal. Les écailles des flancs sont quadrangulaires, un peu élargies et parfaite- ment lisses ; la squamme qui emboîte la pointe de la queue est conique. Cette espèce a moins de scutelles et de rangées d’é- cailles qu'aucune de ses congénères. Écailles du tronc : de 41 à 45 rangées longitudinales, de 234 à 265 rangées transversales. Écailles de la queue : de 21 à 25 rangées longitudinales, de 19 à 22 rangées transversales. Scu- telles : de 168 à 176 ventrales, de 17 à 20 sous-caudales. CoLoraTion. Il y a une certaine ressemblance entre le mode de ÉRYCIDES. G. ÉRYX. 4. 473 coloration de l’£ryx conicus et celui de nos vipères d'Europe : le fond de ses parties supérieures est un brun tirant sur le fauve , le roussâtre ou le marron. Chaque tempe offre une raie noire , qui s’étend depuis l’œil jusqu’au-dessus de la commissure des lèvres. Tout le long du dessus du tronc et de la queue, règne une suite de grandes taches anguleuses, d’une teinte noïrâtre ou d’un brun foncé, bordées de blanc; quelquefois elles sont distinctes les unes des autres, mais le plus souvent elles se trouvent soudées ensemble, de manière à constituer une longue bande en zigzag. Les flancs ont aussi chacun une série de taches noires ou brunes, anguleuses ; mais elles sont toujours plus petites que celles du dos et assez espacées, à l'exception des trois ou quatre premières , qui ordinairement se confondent pour former une bande le long du cou. Quelquefois «il en existe une autre sur la région cervicale. Tout le dessous du corps de ce serpent est blanc. Dimensions. Cette espèce parvient à une assez grande taille ; plus robuste , plus ramassée dans ses formes qu'aucune de ses congénères, elle a le tronc de dix-neuf à vingt-cinq fois seu- lement plus long que large, et sa queue n’entre parfois que pour le dix-septième dans la longueur totale. Les mesures suivantes ont été prises sur un des exemplaires de la collection nationale. Longueur totale. 71” 7”. Tête. Long. 3” 1”. Tronc. Long. 63°” 9°”. Queue. Long. 4” 7”. Parrie. L’Eryx à queue conique habite les mêmes pays que lEryx de John: il nous a été envoyé de la côte de Ma- labar par M. Dussumier; de Pondichéry, par MM. Lesche- nault et Adolphe Beillanger ; et du Bengale, par M. Alfred Duvaucel. OgservaTions. M. Schlegel, dans son Essai sur la physionomie des Serpents, a mentionné cette espèce une premièrefois, comme une simple variété de l’Eryx jaculus, d’après les indivi- dus qu’il avait vus dans notre musée; et une seconde fois, sous le nom de Boa conica, d’après l’excellente figure qu’en a publiée Russel dans son bel ouvrage sur les serpents de la côte de Coromandel. 474 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. La La SECONDE TRIBU DES APROTERODONTES. LES BOÆIDES. Grâce à leur conformation , les Boæides jouissent» tous de la faculté de grimper sur les arbres, dese glisser le long de leurs branches ; et de se suspendre à celles- ci par l’extrémité terminale de leur corps, mais à des : degrés différents; attendu que cette conformation, la même chez tous , il est vrai , dans son ensemble, à été modifiée dans plusieurs de ses détails, ou appropriée au genre de vie particulier à un certain nombre‘d’es- pèces. Ainsi, les Boæides' exclusivement ou presque exclusivement dendrophiles, tels que les Énygres, les Tropidophides, etc., ont le tronc très-comprimé, le ventre plus étroit que le dos et la queue fortement volubile. Ceux qui se tiennent aussi souvent à terre que sur les arbres, comme les Épicrates et les Chi- Jlabothres, ont le corps à peine apläti latéralement , la région abdominale assez large, et le prolongement caudal médiocrement enroulable. D'autres, où cette faible préhensilité de la queue se joint à la forme presque arrondiedu tronc, à la petitesseet à la position verticale des narines, sont indubitablement des es- _ pèces qui préfèrent le séjour des eaux à tout autre : ._l’Eunectes murinus en est un exemple. Les écailles des Boæides sont tantôt lisses, tantôt surmontées de carènes, et les bords de la bouche du plus grandnombre manquent de ces fosseltes qu’on observe, au contraire, le long des lèvres de tous les Pythonides. Leur tête, quiestgénéralementrecouverte desquammes irrésulièrement disposées, a quelquefois cependant :BOÆIDES. 4975 sa face supérieure revêtue À en tout ou en partie, de grandes plaques symétriques. = Le groupe des Boæides peut être considéré comme le genre Boa de Linné élevé au rang de tribu, mais débarrassé de l’espèce dite Contortrix, qui n'y était pas à sa place naturelle , et augmenté de toutes celles réellement analogues aux autres, qu'on a successi- vément découvertes depuis la publication de la dou- zième édition du Systema naturæ. Il comprend dix genres, dont cinq ont été établis par nous : à savoir, ceux de 7 ropidophis, de Leptoboa, de Platygaster, de Pelophilus et de Chilabothrus ; les cinq autres, dans trois desquels nous avons introduit de nouvelles es- pèces, sont les cinq divisions en lesquelles Cuvier avait réparti les Boas, et que Wagler, sans men- tionner cette circonstance , a désignées par les noms de Boa, d'Enygrus , d'Epicrates , d’Eunectes et de X1- phosoma. Un autre fait que le même auteur a égale- ment omis de signaler, c’est que Laurenti, par qui les Boas de Linné ont commencé à être désassociés , avait formé avec deux d’entre euxsongenre Constrictor, et avec un troisième son genre Boa, qui se trouvent j ustement correspondre, celui-ci au genre \iphosoma, celui-là au genre Boa de Wagler. La tribu des Boæides se lie étroitement à celle des Érycides par ceux de ses genres qui, indépendam- ment de leur écaillure carénée, ont encore l’inter- maxillaire légèrement déprimé, et les frontaux anté- rieurs incomplétement unis sur la ligne médiane du crâne, entre les nasaux et les frontaux proprement dits : ces genres, les plus voisins des Eryx et que nous allons naturellement faire connaître les premiers, sont les Enygres, les Leptoboas, les Tropidophis et les Pla- tigastres. 476 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. " J' GENRE. ENYGRE.— ENYGRUS (1). Wagler. (Cenchris (2) et Candoia (3), Gray.) Caracrères. Narines s’ouvrant latéralement au mi- lieu d’une plaque. Yeux latéraux, à pupille verlico- elliptique. Dessus de la tête entièrement revêtu d’é- cailles polygones, sub-imbriquées, de plus en plus petites d'avant en arrière. Pas de fossettes aux lèvres. Écailles du corps carénées, scutelles sous-caudales entières. Les Énygres, ayant les écailles du corps carénées, ne peu- vent être confondus avec les Boas, les Pélophiles, les Eunectes , les Xiphosomes, les Epicrates et les Chilabothres, dont toute l’écaillure est parfaitement lisse. Ils diffèrent des Boæides qui, comme eux, ont les pièces squam- meuses du dos et de la queue relevées longitudinalement d’un ligne saillante , tels que les Leptoboas, les Tropido- phides et les Platygastres, en ce que le dessus de leur tête est entièrement revêtu d’écailles, au lieu de l’être, en tout ou en partie, de grandes plaques symétriques ; en outre de cela, leurs scutelles ventrales sont beaucoup moins dilatéestrans- versalement que celles des Platygastres, et leurs narines s'ouvrent dans une seule plaque et non entre deux, comme chez les Tropidophides. Les Énygres ont à peu près le même port que les Boas. Leur têteest aplatie sur quatre faces, dont les deux latérales sont de moitié moins larges que lasupérieure et l’inférieure ; elle est assez allongée , légèrement distincte du tronc et fgraduelle- ment rétrécie d’arrière en avant, où elle se termine par un (1) Évvypos, in aqué degens, qui vit dans l'eau. (2) C'est la dénomination spécifique d'un B0a de Linné , type du genre Epicrates de Wagler. (3) Nom qui n'est d'aucune langue. BOÆIDES. G. ÉNYGRE. 499 . museau obliquement tronqué ; leur corps est beaucoup plus gros au milieu qu’aux deux bouts, très-comprimé dans toute son étendue, fortement arqué en travers àsa région dorsale, et plus ou moins plat à sa face ventrale ; leur queue, qui est médiocrement longue , jouit au plus haut deoré de la faculté préhensile. Les serpents du groupe générique qui nous occupe n’ont pas de fortes dents, comme la plupart des Boæides : les leurs sont au contraire grêles, faibles, et elles offrent, de plus, cette particularité, qu’à partir du second quart ou du se- cond tiers de chaque rangée, elles se raccourcissent brusque- ment, au lieu de diminuer graduellement de longueur de- puis la deuxième ou la troisième jusqu’à la dernière, ainsi qu’on l’observe dans la grande majorité des espèces de la même tribu ; le nombre de ces organes est aussi un peu plus élevé chez les Énygres que dans les genres suivants, c’est-à- dire qu’il est toujours au-dessus de vingt pour chacune des séries palatales et des rangées maxillaires. Les branches de la mâchoire supérieure des Énygres sont légèrement courbéesen w, et leurs os nasaux ont une forme allongée comparable à celle d’un fer de lance. Les fron- taux antérieurs s’articulent bien par un grand bord avec le devant des frontaux proprement dits, mais, chose remar- quable, en tant qu’elle rappelle ce qui existe d’une manière plus prononcée dans les Erycides, ils sont encore séparés l’un de l’autre par l'extrémité postérieure des nasaux, de même, au reste, que dans les autres Boæides à écailles caré- nées; tandis que chez tous les Boæides à écailles lisses, ces frontaux antérieurs se conjoignent sur la ligne médio-longi- tudinale du front. L’orifice de la trachée est simple, c’est-à-dire qu’on n’y voit pas, comme à celle des vrais Boas, une petite lan- guette contractile qui contribue probablement à la clore hermétiquement. Les narines sont petites , foramini- formes, baillantes, pratiquées chacune au centre d’une squamme plate, située tout à fait en haut sur le côté de Â78 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. l'extrême bout du museau. Les yeux, dont le trou pupil-. laire a l'apparence d’une fente verticale, sont de moyenne grandeur et placés à fleur du crâne vers le milieu de la lon- gueur des parties latérales de la tête, mais néanmoins assez distinctement un peu plus près de l'extrémité antérieure que dela postérieure. La fente de la boucheest droite. Les crochets anaux sont peu développés dans les mâles, à peine ap- parents à l'extérieur chez les femelles. La tête, en dessus ét latéralement, est couverte d’un très-grand nombre de pièces squammeuses polygones , inégales entre elles, sub- carénées, de moins en moins petites à mesure qu’elles avan- cent vers le museau, sur le bout duquel on en remarque une rangée transversale de trois, un peu plus développées que les autres, ou simulant des plaques inter-nasales. La plaque rostrale est une grande lame plane, en carré long, sans la moindre échancrure à son bord inférieur, et dont le sommet des deux angles supérieurs est fortement arrondi ; elle est appliquée tout entière contre le devant de l’extré- mité du museau et d’une facon un peu inclinée, celui- ci, ainsi que nous l’avons déjà dit, étant coupé perpendi- culairement suivant une ligne oblique d’avant en arrière. Les écailles qui revêtent le corps sont carrées, ayant deux de leurs angles dirigés latéralement , le troisième en avant, et le quatrième, dont le sommet est arrondi, en arrière. Les scutelles ventrales sont médiocrement élargies et les sous- caudales entières. La squamme emboîtante de la pointe de la queue est excessivement petite. Les Énygres sont des Serpents de la taille des Éryx , C’est- à dire beaucoup moins grands que la plupart des autres Boæides. Ce genre, que Wagler a établi pour une seule espèce, le Boa carinata de Schneider, en renferme aujourd’hui une seconde, récemment découverte dans une des îles asiati- ques par les médecins de la dernière expédition au pôle sud, commandée par Dumont d’Urville. BOÆIDES. G. ÉNYGRE. 1. 479 - Le genre Enygrus, que M. Gray, bien qu'il le sût déjà nommé ainsi par Wagler, avait d’abord appelé Cenchris, dans son Synopsis reptilium , inséré à la fin du neuvième volume de l'édition anglaise du règne animal de Cu- vier, vient de recevoir du même naturaliste la nouvelle dénomination de Candoia , dans le mémoire précédemment cité, sur la distribution méthodique des espèces de la fa- mille des Boideæ. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE ÉNYGRE. ss #—— Espèces. /anguleux, . 1. E,. carENé. Bord supérieur des régions frénales J arrondi, , , 2. E. Ds Biron. 1. L'ÉNYGRE CARÉNÉ. Enygrus carinatus. Wagler. CaracrÈres. Écailles revêtant le front aussi petites que celles de la surface postérieure du crâne. Bord supérieur des régions frénales anguleux. De cent soixante-sept à cent quatre-vingt- trois scutelles ventrales. Pas de raie noire le long de chaque côté ni de la ligne médio-longitudinale du ventre, deux ou trois grandes taches blanches sous la queue, LA SyNonymie. 1734. Serpens Brasiliensis. Séb. Thesaur. na, tom. 2, pag. 29, tab. 28, fig. 3 et 4. Serpens peruvianus. I. loc. cit. tom. 2, pag. 30, tab. 28, fig. 5 et 6. 1801. Boa carinata. Schneïd. Hist. amph. Fasc. 2, pag. 261. 1803. Zoa carinata. Daud. Hist. Rept. tom. 5, pag. 222. Vipera bitis. Id. loc. cit. tom. 6, pag. 157. 1807-1808. Poa ocellata. Oppel. Sur une étiquette écrite par lui, mais il ne le cite pas dans son mémoire, Ann. Mus. d’hist. nat. tom. xvi, pag. 383. | 4810. Zusammengedruckter Schlinger. Merr. Annal. Wette- ravisch. tom. 2, Part. 1, pag. 60, pl. 9. 480 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. 1820. Zoa carinala. Merr. Tent, syst. amph. pag. 86, n° 3, 1820. Zoa carinata. Kuhl und van Hasselt. Vergleich, anatom. pag. 80. 1821. Boa carinata. Schneïd. Klassif. Riesenschlang. (Denk- schrif, Akad. Wissenschaft. Münch. tom. 7, pag. 118). 1826. Boa carinata. Fitzing. Neue classif. Rept. pag. 54. 1827. Boa carinata. F. Boïé. Isis, tom. 20, pag. 514. 1829. Boa carinata. G. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom. 2, pag. 79, note 2. 1830. Enygrus. ( Zusammengedruckter Schlinger, Merr. Ann. Wetter.) Wagl. Syst. amph. pag. 167: exclus. synon. Boa regia. Schaw. (Python Regius, nobis.) 1831. Poa carinata.Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 255 (en note). 1831. Cenchris ocellata. Gray. Synop. Rept. pag. 97, in Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9. 1837. Boa carinata. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. génér. pag. 176, n. 7, et Part. descript. pag. 397 , pl. 14, fig. 12 et 13. 1840. Boa carinata. Filippo de Filippi. Catal. ragion. Serp. Universit. Pav. (Biblioth. Ital. tom. 99, pag. ). 1842. Candoia carinata. Gray. Synop. Famil. Boidæ (Zoolog. miscell. pag. 43 ). DESCRIPTION. Formes. La tête de l’Énygre caréné, qui est très-déprimée , serait parfaitement plane en dessus, si les régions sus-oculaires n'étaient pas distinctement bombées; elle paraît faiblement étranglée au-devant des yeux, en raison du léger renflement que présentent les deux lèvres au niveau des plus longues dents des mâchoires ; le tiers antérieur de sa face supérieure s’u- nit à angle droit, de chaque côté, avec les régions frénales. Le diamètre de l’œil est un peu moindre que la largeur du bout da museau. Les ouvertures externes des narines sont circulaires. Il y a, de chaque côté, à la mâchoire d’en haut, ainsi qu’à celle d’en bas, vingt-cinq ou vingt-six dents , dont les deux pre- mières sont médiocrement développées, les trois ou quatre suivantes fort allongées et très-grêles, et toutes les autres consi- dérablement moins longues que les précédentes et très-fines ; on en compte une dizaine de courtes et égales entre elles le long BOÆIDES. G. ÉNYGRE. 1. ASt de lun et de l’autre palatin, et vingt-quatre ou vingt-cinq de plus petites, à leur suite ou sur les ptérygoïdes internes, La plaque rostrale est un peu moins large à son bord infé- rieur qu’à son bord supérieur, qui ne se reploie nullement sur le sommet du museau. La seule plaque nasale qui existe est sub-trapézoïde. Inférieurement, l’œil est bordé par deux des plaques supéro-labiales, et dans le reste de sa circonférence , par huit à douze squammes quadrangulaires ou pentagones, dont les deux situées antérieurement ne sont pas aussi petites que les autres. Entre la plus élevée de ces deux squammes pré- oculaires et la plaque nasale , s’étend une série de cinq ou six squammes frénales, polygones, inéquilatérales, au-dessous des deux dernières desquelles on en voit quatre de moitié plus pe- tites , formant une rangée au devant de la préoculaire la moins élevée. Tout à fait à l'extrémité du dessus du museau, sont trois squammes inter-nasales disposées sur une ligne transver- se, squammes dont la médiane affecte la figure d’un demi-dis- que, tandis que les latérales sont sub-trapézoïdes. En arrière de ces trois squammes inter-nasales, la face sus-céphalique est en- tièrement garnie d’écailles à plusieurs pans inégaux, qui de-. viennent de plus en plus petites à mesure qu’elles approchent de l’occiput, où leur dimension est distinctement moindre que celle des pièces de l’écaillure du cou. Toutefois, il y en a quel- ques-unes de plus dilatées que les autres sur les régions sus-ocu- laires. La lèvre supérieure est protégée à droite et à gauche par une douzaine de plaques quadrangulaires ou pentagones, parmi lesqueiles il en est quatre , la seconde , la troisième et les deux du dessousde l'orbite, qui présentent plus de développe- ment que leurs congénères. Le nombre des plaques de la lèvre inférieure est de douze à quatorze de chaque côté ; toutes sont quadrilatères , mais les quatre ou cinq premières sont plus hau- tes que larges, au lieu que les suivantes sont plus ou moins oblongues. La plaque mentonnière est en triangle sub-équilaté- ral. Toutes ces diverses lames squammeuses qui garnissent les bords de la bouche ont leur surface semée de petites éminen- ces granuliformes. Le sillon gulaire s'étend jusque vers le milieu de la région dont il porte le nom, région qui offre par- tout des écailles sub-rectangulaires , excepté pourtant vers le commencement de sa seconde moitié, où il en existe une quin- zaine , qui sont, les unes rhomboïdales , les autres en losanges, REPTILES, TOME VI. 31 482 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Écailles du tronc : 33 rangées longitudinales, àe 275 à 29% rangées transversales. Écailles de la queue : 23 ou 95 rangées longitudinales, de 50 à 69 rangées transversales. Scutelles : de 167 à 183 ventrales, de 40 à 48 sous-caudales. CocoraTioN. Cette espèce semble offrir deux systèmes de coloration différents. Variété À. Chez cette variété , une bande brune, lisérée de noir et coupée longitudinalement au milieu par une ligne blan- che, dans le premier tiers de sa longueur, parcourt toute l’éten- due des parties supérieures , entre deux autres bandes d’une couleur fauve ou blanchâtre. Les côtés du corps présentent des taches oblongues et des raies également fauves ou blanchà- tres, sur un fond d’un brun sombre. Le dessous du tronc est quelquefois entièrement d'un blanc sale, mais le plus souvent on y voit un mélange de cette dernière teinte et de noirâtre, où celui-ci domine généralement ; ordinairement aussi, la face infé- rieure de la queue est presque toute noire, le blanc ne s’y montrant que pour figurer deux ou trois quadrilatères oblongs. Variété B. Dans celle-ci , le dessus du corps est brun, offrant d’un bout à l’autre du sommet du dos et de la queue une série de taches noires, environnées de blanchâtre , taches qui sont de figures fort différentes et de grandeur très-inégale; souvent il y en a de beaucoup plus dilatées , le long des flancs. Quant à la coloration des régions inférieures, elle est pareille à celle de la première variété. à Dans l’une comme dans l’autre, le dessus de la tête est géné- ratement veiné de blanc et de noir, et la tempe marquée d’une bande de cette dernière couleur, bande qui va de l’œil à l’angle de la bouche. en arrière duquel elle se termine en formant une tache oblongue. Les plaques nasales sont comme marbrées de brun et de blanchâtre. Un noir foncé colore le devant du mu- seau, ainsi que le menton, qui est quadrimaculé de blanc. Dimensrons. Les mesures suivantes ont été prises sur le plus grand des individus de notre collection, chez lesquels nous ayons remarqué que la queue fait de la sixième à la huitième partie de la longueur totale du corps. Longueur totale. 52” 5°”. Tête. Long. 2” 2”. Tronc. Long. 42” 1°”. Queue. Long. 8” 2”. Patrie. Notre musée possède des sujets de l’Énygre caréné recueillis à Java par M. Leschenault, à Saparua par M. Rein- | BOÆIDES. G. ÉNYGRE. 2. | 483 wardt, à Amboine par MM. Quoy et Gaimard , à la Nouvelle- Guinée par les voyageurs du musée de Leyde, et à Viti par MM. Hombron et Jacquinot. 2. L’'ÉNYGRE DE BIBRON. £nygrus Bibroni. Hombron et Jacquinot. Caractères. Écailles revêtant le front, plus grandes que celles de la surface postérieure du crâne. Bord supérieur des régions frénales arrondi. De deux cent douze à deux cent vingt- cinq scutelles ventrales. Une raie noire le long de chaque côté du ventre, et parfois une troisième le long de sa ligne médio- longitudinale. Synonvuie. 1842. Fnygrus PBibroni. Homb. et Jacquin. Voyage au pôle Sud et dans l’Océanie. Commandant Dumont d’Urville (Astrol. Zél.). Zool. Rept., PI. 1. DESCRIPTION. Formes. La tête de cette espèce est à proportion plus courte que celle de l'Énygre caréné, c’est-à-dire qu’elle n’a, en lon- gueur, qu'une fois et deux tiers, et non deux fois sa largeur pos- térieureé. Le bout de son museau est un peu moins étroit et coupé un peu moins obliquement ; le dessus de celui-ci, non-seulement n’est pas tout à fait aussi plat au milieu, mais il s'abaisse de cha- que côté vers les régions frénales par une forte courbure, au lieu de s’unir à angle droit avec elles, ainsi qu’on observe dans espèce précédente. Chez FÉnygre du présent article, les écailles revêtant le chanfrein sont tout aussi développées, et nou beaucoup pius petites que les trois squammes, dites inter- nasales, qui coustituent une rangée en travers de l’extrémité du museau. Deux des plaques de sa lèvre supérieure ne s’élè- vent pas jusqu'à l'œil, de même que chez l’Éuygre caréne ; attendu que dans celui que nous décrivons maintenant il y a un cercle complet de squammes oculaires. Le nombre des dents qui, de chaque côté, arment la bouche de l'Enygrus Bibroni, est comme il suit : vingt-deux ou vingt-trois sus-maxillaires, dix-neuf ou vingt sous-maxillaires, six palatines et quatorze ptérygoïdiennes. Ici, la disproportion de longueur qui existe entre les quatre ou cinq premières dents des mà- choires, est beaucoup moindre que chez l’'Énygre caréné, 484 PYTHONIENS APROTÉRODONTÉS, Écailles du tronc : 31 ou 33 rangées longitudinales , de 236 à 267 rangées transversales. Écailles de la queue: de 19 à 23 rangées longitudinales, de 57 à 64 rangées transversales. Scu- telles : de 212 à 225 ventrales, de 54 à 60 sous-caudales. CoLoRATION. Le mode de coloration de cette espèce est assez variable : en dessus, elle a pour fond de couleur un brun tantôt fauve, tantôt grisâtre, tantôt noirâtre, sur lequel apparaissent plus ou moins distinctement de grandes taches noires, an- guleuses , irrégulièrement et incomplétement entourées, ou bien presque entièrement couvertes, surtout sur les parties postérieures, d’un rouge de brique , pendant la vie, d’un blanc sale après la mort. Ces taches, quoique confondues ensemble , affectent néanmoins de former une série le long du dos et une ou deux autres le long des flancs. Une bande noirâtre est impri- mée en travers de la région inter-orbitaire, il y a un chevron de la même couleur sur locciput. Le dessous du tronc et de la queue offre, sur un fond d’un blanc jaunâtre, de chaque côté et quelquefois aussi au milieu, une raie noire, composée d’une suite de petites taches ; cependant, chez certains individus, ces taches sont tellement dilatées et soudées ensemble d’une facon si irrégulière, qu’il en résulte une sorte de marbrure blan- che et noire, sur les scutelles ventrales et les sous-caudales. Dimensions. Longueur totale. 98”. Têle. Long. 3” 7”. Tronc. Long. 80” 3”. Queue. Long. 14”. Ces mesures nous sont données par le plus grand des neuf sujets de cette espèce que nous avons observés, sujets dans l'étendue longitudinale desquels la queue entre pour un peu moins ou un peu plus de la septième partie. Pari. Cet Énygre n’a encore été trouvé que dans l’île Viti: c'est à MM. Hombron et Jacquinot qu’on en doit la découverte. Mogurs. Il paraît qu'il se nourrit principalement de gecko- tiens, car les parties non encore digérées, contenues dans l'estomac des quatre ou cinq individus dont nous avons exa- miné les viscères, appartenaient toutes à des Sauriens de cette famille. BOÆIDES. G. LEPIOBOA. 489 II GENRE. LEPTOBOA. — LE£EPTOBOA (1). Nobis. (Caseara (2), Gray.) Caracrères. Narines s’ouvrantlatéralement au milieu d'une plaque? (3). Yeux latéraux, à pupille vertico- elliptique. Dessus de la tête revêtu de plaques en avant et d’écailles en arrière. Pas de fossettes aux lèvres. Ecailles carénées, scutelles sous-caudales entières. Aucun autre Boæide n’offre une gracilité plus grande que l'espèce pour laquelle nous avons établi ce genre, auquel il nous à paru convenable, à cause de cela, d’appliquer la dénomination de Leptoboa. On distinguera aisément ce groupe pénérique de ceux de sa tribu qui, ainsi que lui , ont les écailles carénées, c’est- à-dire des Énygres , des Tropidophides et des Platygastres, à ce principal caractère que la face supérieure de la tête est recouverte de plaques et d’écailles ; au lieu de ne l'être que de celles-ci, comme chez les premiers, ou que de celles-là, de même que dans les seconds et les troisièmes. Les plaques sus-céphaliques des Leptoboas, qui sont des inter-nasales, des fronto-nasales, des pré-frontales et des sus-oculaires , n’occupent que le dessus des yeux et la partie située en avant du front; l’espace inter-orbitaire et toute la seconde moitié de la région sus-cränienne sont revêtus de très- petites pièces squammiformes, inégales entre elles. (1) De #7r0, mince; et de Boa, nom du genre de cette tribu le plus anciennement connu. (2) Etymologie inconnue. (3) Nous n'osons pas affirmer qu'il en soit ainsi, l'espèce unique pour laquelle nous créons ce genre, ne nous étant connue que par un seul individu, dont le bout du museau est un peu endommagé. 486 PYTHONIENS APROTÉRODONTES . 1. LE LEPTOBOA DE DUSSUMIER. Zeptoboa Dussumieri. ‘. Nobis. CarAcrÈrEs. Dessus du corps d’un gris roussâtre, queue tachetée de noir. SYNONYMIE. Boa Dussumieri. Nob. Mus. Par. 1837. Boa Dussumieri. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. génér. , pag. 176, n° 6, et Part. descript., pag. 396. 1812. Casarea Dussumieri. Gray. Synops. Famil. Boid. ( Zoolog. Miscell., pag. 43.) DESCRIPTION. Formes. Le Leptoboa de Dussumier a la queue très-déliée et tellement allongée à proportion de celle des autres Boæides, qu’elle fait à elle seulele quart de la longueur totale de ce serpent. Le tronc est excessivement comprimé et cinquante-cinq fois environ plus long qu’il n’est large, au milieu. Ses vestiges de membres abdominaux ne sont point apparents au dehors, du moins chez l'individu, évidemment fort jeune, objet de la pré- sente description. La tête a en longueur le double de sa lar- geur postérieure, qui est d’un tiers plus étendue que l’anté- rieure ; très-déprimée en arrière, elle l’est davantage en avant, attendu que sa face supérieure offre un plan assez incliné vers le museau. Le dessus de celui-ci s’arrondit fortement à droite et à gauche pour s’unir avec les régions frénales. C’est aussi en s’arrondissant d’une facon très-prononcée , que la portion sus-céphalique postérieure se confond de chaque côté avec les tempes. L’æœil est grand ou d’un diamètre égal à la moitié de l’espace inter-orbitaire. ‘4 La plaque rostrale, dont la figure est celle d’un carré long, a ses angles supérieurs arrondis; elle est légèrement concave dans le tiers inférieur de sa hauteur, mais son bord labial n’est nullement échancré. Les plaques inter-nasales et les fronto- nasales sont sub-trapézoïdes, mais celles-ci sont beaucoup plus grandes que celles-là et très-élargies. puisqu'elles descendent, chacune de leur côté, derrière la nasale jusqu’à la lèvre, tenant ainsi lieu de plaques frénales. Les pré-frontales, qui sont en- core plus développées que les précédentes, offrent cinq pans inégaux, par l’un desquels elles touchent à la troisième plaque supéro-labiale: les sus-oculaires sont oblongues , irrégulière- ment rhomboïdales; les écailles polygones qui recouvrent Île BOÆIDES, G. LEPTOBOA. 1. 107 front sont au nombre de neuf ou dix et moins petites que celles qui revêtent le reste du crâne. Les plaques nasales parais- sent être losangiques. Il y a-une très-grande pré-oculaire trapé- | zoïde, au-dessous de laquelle en est une seconde, sub-rectan- gulaire ; on compte cinq post-oculaires, dont la plus inférieure | n’est pas aussi petite que ses congénères. Les tempes sont gar- nies d’écailles oblongues, sub-rhomboïdales, assez dévelop- pées. Le long de chaque côté de la lèvre supérieure est une douzaine de plaques dont la première, qui affecte la figure d'un trapèze, est très-petite ; les cinq suivantes sont au contraire très-grandes, mais les six dernières ne le sont que médiocre- ment. La mentonnière est une énorme plaque en triangle équi- latéral. La lèvre inférieure a pour bordure , à droite comme à gauche, d’abord quatre plaques quadrangulaires, une fois plus dilatées transversalement que longitudinalement, puis une cinquième encore assez grande et trapézoïde, ensuite six ou sept autres, de moindre dimension, quadrilatérales oblongues. Le sillon gulaire offre de chaque côté une très-longue et très- étroite plaque sub-rhomboïdale, latéralement à laquelleil existe, comme sur toute la gorge, de petites écailles sub ovalaires, fort allougées, disposées par séries légèrement obliques. Les pièces de l’écaillure du corps sont très-petites, épaisses, sub-oblon- gues, losangiques, arrondies au sommet de leur angle posté- rieur ; la carène qui en parcourt la ligne médio-longitudinale est très-forte. La largeur des plus grandes.scutelles de Pabdomen ést égale à peu près à la moitié de la longueur de la tête. Écailles du tronc : 51 rangées longitudinales, 240 rangées transversales. Écailles de la queue : 33 rangées longitudinales, 108 rangées transversales. Scutelles : 233 ventrales , 127 sous- caudales. CororArion. Cette espèce a ses parties supérieures d’un gris roussâtre et les inférieures d’un blanc sale ; la Uernière moitié de sa queue présente un certain nombre de taches noires, par- mi lesquelles il en est plusieurs qui se dilatent assez en travers pour former des anneaux presque complets. Dimensions. Longueur totale. 43” 3”. Téle. Long. 1” 4”. Tronc. Long. 30” 9°”. Queue. Long. 11”. Paris. L'île Ronde, près de celle de Maurice, est le pays où cet intéressant ophidien a été découvert par M: Dussumier, à la générosité duquel ie muséum d'histoire naturelle est redevable du seul échantillon qu’il possède. 1 488 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Il° GENRE. TROPIDOPHIDE. — 7 ROPIDO-= PHIS (1). Nobis. (Ungalia (2), Gray.) Û Caracrères. Narines s’ouvrant latéralement entre deux plaques. Yeux latéraux, à pupille vertico-ellip- tique. Dessus de la tête revêtu de plaques symétriques: Pas de fossettes aux lèvres. Écailles tectiformes plutôt que carénées (3). Scutelles sous-caudales entières. Il existe entre les Tropidophides et les genres de leur tribu dont ils se rapprochent le plus, tels que les Énygres, les Leptoboas et les Platysastres, cette première différence que leurs narines s'ouvrent chacune extérieurement, dans la suture de deux squammes bien distinctes, et non au centre d’une plaque entière, comme chez les trois genres précé- dents. Ils s’en distinguent, en outre, d’abord en ce que le dessus de leur tête n’est garni que de plaques, au lieu de ne l’être que d’écailles, comme dans les Énygres, ou bien d’offrir à la fois de ces deux sortes de tésuments, comme les Leptoboas; ensuite en ce que leurs scutelles ventrales et les sous-caudales sont loin d’avoir la largeur de celles des Platy- gastres, au bouclier céphalique desquels on compte d’ailleurs trois pièces de moins qu’à celui des espèces du présent groupe générique , pièces qui sont deux préfrontales et une interpariétale, Les autres plaques sus-crâniennes des Tropi- dophides sont une paire d’inter-nasales, une paire de fronto- nasales, une frontale proprement dite , une paire de sus- oculaires et une paire de pariétales. IL y a de chaque côté (1) Tpomie, du, carène ; Gas, serpent. (2) Étymologie inconnue, probablement nulle, car la plupart des noms donnés par cet auteur sont tout à fait arbitraires. (3) L’élévation que présente leur ligne médio-longitudinale est très-prononcée chez les sujets adultes. maïs à peine distincte chez les jeunes individus. BOÆIDES. G. TROPIDOPHIDE. 489 de la tète deux plaques nasales, une portion rabattue de l’une des deux plaques fronto-nasales, tenant lieu de frénale, une plaque pré-oculaire et trois plaques post-oculaires. Les Tropidophides n’ont point la gracilité des Leptoboas, mais les formes robustes des Boaset des Enygres; leur tronc, comme celui de ces derniers , est assez fortement comprimé et beaucoup moins gros à ses deux extrémités que vers le milieu de son étendue ; leur queue, quoique peu allongée, est très-préhensile. À droite et à gauche de la base de cette partie terminale de leur corps, est un vestige de membre postérieur , qui n’est bien apparent au dehors, sous forme d’ergot conique, que chez les sujets d’un certain âge, et dont le développement est toujours moindre dans les fe- melles que dans les mâles. La tête des Tropidophides offre à peu près la même configuration que celle des Énygres et des Leptoboas ; elle est pyramido-quadrangulaire, fort déprimée, assez étroite à son bout antérieur, qui est tronqué perpen- diculairement, suivant une ligne faiblement inclinée en arrière , ou beaucoup moins penchée en avant que chez les deux genres que nous venons de nommer. Les orifices externes des narines sont positivement latéraux, petits, bail- lants, circulaires, et presque entièrement pratiqués dans la première plaque nasale. Les yeux, dont le diamètre est de moyenne grandeur, sont placés à fleur du crâne, un peu en avant de la seconde moitié des parties latérales de la tête. La fente de la bouche suit une ligne parfaitement droite. La glotte est simple ou sans le moindre repli de la mu- queuse en forme de languette, au devant deson ouverture, comme chez les Boas. Toute la portion pré-orbitaire de la tête osseuse des Tro- pidophides ou la partie correspondante au museau, est à proportion bien moins allongée que dans les Enygres. Les os nasaux donnent ensemble la figure d’un triangle isocèle, dont la base, de même que chez ce dernier genre, tient écartés l’un de l’autre les frontaux antérieurs, qui sont assez développés et trapézoïdes. Les ptérygoïdes , droits et 490 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. étroits dans les deux premiers cinquièmes de leur longueur, sont au contraire fort larges, très-aplatis et très-arqués à leur bord interne dans l’avant-dernier cinquième, à partir duquel ils deviennent brusquement pointus, en se jetant un peu obliquement en dehors. Les dents sont assez fortes et, quant à leur longueur re- lative, semblables à celles du commun des Boæiïdes : on en compte de chaque côté, de dix-sept à vingt à la mâchoire supérieure , vingt-quatre ou vingt-cinq à l’inférieure, une huitaine aux palatins, et treize ou quatorze aux os ptéry- voides internes. L’écaillure du corps des Tropidophides se compose de pièces losangiques, arrondies au sommet de leur angle postérieur , et toutes à peu près de même grandeur; c’est-à- dire que, chose assez rare, celles d’entre elles qui appartien- nent aux deux ou trois séries les plus voisines des scutelles du ventre , sont à peine plus dilatées que les autres. Ges pièces, sur Le dos, le haut des flancs et la queue, sont distinc- tement tectiformes, chacune d'elles s’abaissant et s’amin- cissant par degrés de chaque côté de sa ligne médio-longitu- dinale, qui est très-épaisse. Cette disposition n’est toutefois bien manifeste que chez les sujets qui ont déjà acquis un certain développement ; autrement, ou lorsqu'ils sont encore jeunes, il faut apporter une grande attention pour en con- stater l’existence. C’est dans la partie erpétologique de l’histoire naturelle de l’île de Cuba , que nous avons établi le genre Tropido- phis. pour une espèce de laquelle nous en rapprochons aujourd’hui une autre, dont nous avions fait à tort dans "le même ouvrage, d’après de jeunes individus, un yenre à part , sous le nom de Zeionotus BOÆIDES. G. TROPIDOPHIDE. 1. 491 TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE TROPIDOPHIDE. ee — Espèces. entièrement noire dans le dernier tiers de sa longueur. 4 1. T, Méranure. | Queue L À offrant d'un bout à l’autre de gran- des taches noires, rondes ou ovales, | 2. T, TACHETE. sur un fond clair 1. LE TROPIDOPHIDE MELANURE. Tropidophis melanurus. Nobis. CarACrÈREs. Dessus et côtés du tronc d’un gris violacé ou olivâtre, ou bien d’un brun roussâtre, avec des taches angu- leuses noires, maculées de blanc, petites ou moyennes, géné- ralement peu apparentes et assez espacées. Queue toute noire dans son tiers postérieur. SYNONYMIE. 1836. Boa melanura. Nob. Mus. Par. 1837. Boa melanura. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. génér. pag. 177, n° 9, et Part, descript. pag. 399. 1840. Tropidophis melanurus. Nob. Hist, natur. Cuba, par Ramon de la Sagra. Rept. pag. 208, pl. 23. 1840. Boa pardalis. Gundiach. Arch. Naturgesch. von Wiegm. (1840), pag. 359. 1842. Ungalia melanura, Gray.Synops. Fam. Boidæ (Zoolog. miscell. pag. 46.) Formes. Le Tropidophide mélanure a la face supérieure de sa tête parfaitement plane, les tempes légèrement bombées et les régions frénales un peu penchées en dedans; celles-ci s'unissent, non en s’arrondissant, mais angulairement, avec les côtés du dessus du museau. Le dos est un peu en toit; la queue, qui a la forme d’un cône faiblement comprimé , fait de la neu- vième à la onzième partie de la longueur totale de l’animal. La plaque rostale affecte tantôt la figure d’un demi-disque, tantôt celle d’un triangle sub-équilatéral, tronqué au sommet de son angle d’en haut; elle est distinctement concave dans sa 492 PYTHONIENS APROTÉRODONTEDE. 3 moitié inférieure , mais à peine échancrée à son bord labial, Les inter-nasales sont triangulaires, sub-équilatérales, et de plus de moitié moins grandes que les fronto-nasales ; la por tion de celles-ci, qui est située sur le museau, entre les inter= nasales et les pré-frontales, ressemble à un trapèze, et celle qui est rabattue sur la région frénale , intermédiairement à la seconde nasale et à la préoculaire, offre la figure d’un lo- sange. La frontale proprement dite est très-oblongue , présen- tant en avant un pan brisé au milieu, de chaque côté un bord légèrement arqué en dedans, et, en arrière, deux autres réunis en angle aigu quelquefois tronqué au sommet. Les sus-ocu- laires sont deux lames allougées, étroites, se terminant en angle obtus à l’un et à l’autre bout. Les pariétales ne diffèrent guère des précédentes que parce qu’elles sont un peu moins longues et un peu plus larges; on rencontre des individus chez lesquels une suture partage transversalement les plaques pariétales en deux moitiés inégales. L’inter-pariétale est une petite pièce oblongue, sub-rectangulaire, entière ou divisée en deux parties. La première nasale est un peu plus grande que la seconde; celle-ci a la figure d’un rhombe et celle-là d’un trapèze. Nous avons déjà dit, qu’entre la nasale postérieure et la pré-oculaire, est une portion descendante de la fronto-nasale , qui tient lieu de plaque frénale. La pré-oculaire est pentagone inéquilatérale et plus large à son sommet qu’à sa base: elle appuie celle-ci sur la troisième et la quatrième labiale, et s’articule par celui-là avec la frontale antérieure et la sus-oculaire. La première des trois post-oculaires, en partant d’en haut, est carrée, la seconde pen- tagone, de même que la troisième, qui estplus petite que les deux autres et un peu enfoncée entre la cinquième et la septième su- péro-labiale, la sixième étant plus courte que ces deux-ei. Il y a dix plaques de chaque côté de la lèvre supérieure : la pre- mière est petite et trapézoïde; les trois suivantes sont grandes et à peu près carrées; la cinquième, moins développée que les précédentes, est en trapèze, ainsi que la sixième, dont la dimension est moindre que celle de toutes ses congénè-: res; les quatre dernières sont pentagones et diminuent suc- cessivement de grandeur. La plaque du menton à la figure d’un trapèze isocèle. La lèvre inférieure est garnie, à droite comme à gauche, de douze ou treize plaques quadrangulaires ou sub-quadrangulaires, dont la seconde , la troisième, la qua- BOÆIDES. G. TROPIDOPHIS. à, 495 trième et la cinquième sont deux fois aussi hautes que larges, tandis que les autres sont, ou seulement uu peu moins dila- tées transversalement que verticalement, telles que la pre- mière, la sixième et la septième, ou bien d’une largeur égale à leur hauteur, comme les cinq ou six dernières. Il existe sous le bout de la mâchoire inférieure, en arrière de la menton- nière, deux plaques ayant ensemble la figure d’un grand hepta- gone équilatéral. | Le sillon gulaire a une étendue égale à la moitié de celle du dessous de la tête; la gorge est revêtue d’écailles sub-rhom- boïdales. Les scutelles du milieu du ventre offrent la même lar- geur que l’occiput. Écailles du tronc: de 23 à 29 rangées longitudinales, 204 ou 205 rangées transversales. Scutelles : de 23 à 216 ventrales, | de 32 à 39 sous-caudales. CoLoration. Certains sujets de cette espèce ont le dessus et les côtés du corps d’un gris violacé, d’autres d’un gris jaunâtre ou olivâtre, et il en est chez lesquels ces parties sont d’un brun roussâtre ; mais tous paraissent offrir plus ou moins dislinctement, sur le dosetles flancs, des taches de moyenne etde petite dimen- sion, anguleuses , noires, incomplétement environnées et très- irrégulièrement macultes de blanc. Les plaques sus-oculaires , les pariétales et la frontale proprement dite ont leurs bords externes blanchâtres et le reste de leur surface piqueté ou comme saupoudré de la même teinte, sur un fond d’un brun roussâtre ou noirâtre ; les lèvres sont au contraire blanchâtres, très-finement ponctuées de brun sombre. Une large bande de cette dernière couleur s’étend obliquement le long de la tempe, depuis l’œil jusqu’à l'arrière de l’angle de la bouche. Le ventre est d’un blanc jaunâtre, avec des taches ou sans taches sub- arrondies, brunes; un noir profond colore le dernier tiers de la queue. Les très-jeunes sujets que nous avons été à même d’ob- server ne nous ont pas offert un dessin différent de celui d'in- dividus non adultes, mais beaucoup plus âgés. Dimensions. Les mesures suivantes ont été prises sur le plus long des Tropidophides mélanures qui sont conservés dans notre musée ; mais il est probable qu’il en existe d’une beaucoup plus grande taille. Longueur totale. 68” 5°”. Téle. Long. 2” 2”, Tronc. Long. 60”, Queue, Long, 6” 37”. 494 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Parrie. Découverte dans l’île de Cuba par M. A. Ricord , cette espèce y a élé retrouvée plus tard par M. Ramon de la Sagra, à qui nous sommes redevables de la plupart des sujets que nous possédons. Mogurs. L’un d’eux tient encore dans sa gueule un Batracien hylæforme du genre Trachycéphale, qu’il venait de saisir au moment où lui-même a été pris. 2. LE TROPIDOPHIDE TACHETÉ. Tropidophis maculatus. Nobis. CarACTÈRES. Dessus et côtés du tronc d’un brun gris, fauve ou roussâtre , avec de nombreuses et très-grandes taches noires, rondes ou ovales ; queue tachetée de la même manière que le tronc. SYNONYMIE. 1840. Leionotus maculatus. Nob. Hist. Cuba, par Ramon de la Sagra, Rept. pag. 212, pl. 24. 1810. Boa pardalis. Gundlach. Archiv. naturgesch. von Wiegmann (1840) pag. 359. DESCRIPTION. Formes. À cette seule différence près, que sa plaque frontale est proportionnellement plus courte et que ses pariétales sont plus grandes, plus larges et assez régulièrement rhomboïdales, au lieu de représenter des lames étroites , obtusément angu- leuses aux deux bouts, le Tropidophide tacheté ressemble exactement au Tropidophide mélanure, quant à la forme de toutes ses parties, ainsi qu’à la figure et à la disposition de ses téguments squammeux. ii a aussi à peu près le même nombre d’écailles et de scutelles que-l’espèce précédente. Écailles du tronc : 23 ou 25 rangées longitudinales, de 147 à 203 rangées transversales. Écailles de la queue : 17 ou 19 ran- gées longitudinales, de 32 à 43 rangées transversales. Scutelles : de 147 à 200 ventrales, de 27 à 36 sous-caudales. CozoraTion. C’est surtout par son mode de coloration que le Tropidophide tacheté diffère du mélanure. IL offre à ses régions supérieures , ainsi qu’aux latérales, sur un fond d’un brun fauve ou grisâtre, de très-grandes taches rondes ou elliptiques, d’une teinte tantôt noire , tantôt brunâtre, taches qui sont fort rap- prochées les unes des autres et qui paraissent constituer quatre séries, une à droite et à gauche, et deux sur le dessus du BOÆIDES. G. TROPIDOPHIDE. 2. 495 corps. Le dessous de celui-ci est d’un blanc jaunâtre , avec une double rangée longitudinale de grands carrés noirs. On voit sur Ja tête, tout à fait en arrière, deux raies noirâtres croisées en X. Souvent la lèvre supérieure est blanche dans toute son étendue , quelquefois elle ne l’est que dans sa seconde moitié. Lestempes sont marquées chacune d’une bande noire, qui touche à l'œil par une de ses éxtrémités, et par l’autre, à l’angle de la bouche. Les très-jeunes sujets ont le bout de la queue blanc et leurs taches du dos et des flancs d’un beau noir, environné de jaune d’ocre pendant la vie, de blanchâtre après la mort. Dimensions. Nous n'avons encore eu l’occasion d’observer que des sujets de petite taille; voici les dimensions de l’un d’eux : Longueur totale. KT” 2”. Tête. Long. 19°”. Tronc. Long. 40”. Queue. 3” 3”. Partie. Le Tropidophide tacheté est, comme son congénère, originaire de l’île de Cuba; les individus qu’en possède notre musée ont été donnés par M. Ramon de la sagra. OBsERvATIONS. C’est peut-être à tort que nous considérons le Tropidophis maculatus comme spécifiquement äifférent du Tropidophis melanurus : il se pourrait effectivement qu'il n’en fùt qu'une variété, mais alors une variété constante ou se re- produisant avec un système de coloration toujours tel qu’il vient d’être décrit; car, sous ce rapport, il n'existe aucune différence notable entre les dix ou douze individus , tous d’äge différent, que nous avons été dans le cas d’observer. D’un autre côlé, pas uu seul de nos neuf sujets du ’ropidophis melanurus, depuis le plus jeune, long à peine de vingt centimètres, jus- qu’au plus âgé, mesurant près de soixante-neuf centimètres , ne nous a offert, relativement au mode de coloration, le moindre indice de passage vers le Tropidophis maculatus. 196 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. EEE 1V: GENRE. PLATYGASTRE. — PLATY- GASTER (1). Nobis. (Uroleptis (2), Fitzinger ; Bolyeria (3), Gray.) CaracTÈres. Narines s’ouvrant latéralement au mi- lieu d’une plique. Yeux latéraux , à pupille vertico- elliptique. Dessus de la tête revêtu de plaques symé- triques. Pas de fossettes aux lèvres. Écailles carénées ; scutelles ventrales et sous-cauilales très-larges, celles- ci entières. En désignant ce genre par le nom de Platygastre, nous voulons faire allusion à la largeur excessivement grande que présentent ses scutelles ventrales comparativement à celle des mêmes larnes squammeuses , chez les autres Boæides. Mais ce qui le distingue plus particulièrement des diffé- rents groupes génériques de cette tribu, c’est d’abord d’avoir les pièces de son écaillure relevées de carènes, tandis que celles des Boas, des Pélophiles, des Eunectes, des Xipho- somes, des Épicrates et des Chilabothres sont plates et lisses; puis de n’offrir de chaque côté du museau qu’une seule squamme nasale, au lieu de deux, comime les Tropi- dophides ; ensuite de présenter une vestiture céphalique uni- quement composée de plaques symétriques , et non en partie de celles-ci et en partie d’écailles, ou bien seulement de ces dernières , de même que les Leptoboas et les Énygres. . Les Platygastres ont plutôt le port des Couleuvres que des Boæides. Leur tête est peu distincte du corps, petite, en forme de cône, très-faiblement aplati sur quatre faces, : (1) De 7aurvs, aplati, large; et de sasrp, ventre. (2) De oëpx, queue ; et £7r:<, mince. Ce nom était mal choisi, attendu que le genre auquel on l’a appliqué , a au contraire la queue trés-forte , très-robnste. (3) Ce nom de Polyeria n'est d'aucune langue, BOÆIDES. G. PLATYGASTRE. 1. Â97 et coupé obliquement au sommet; leur tronc est médiocre- ment fort, assez allongé, à peine comprimé, un peu plus gros au milieu qu'aux deux bouts, et aussi large à sa région ventrale qu’à la dorsale; leur queue est longue, robuste, conique et fortement enroulable. Les ouvertures des narines sont sub-triangulaires, baillantes, et pratiquées dans une plaque entière, l’une à droite, l’autre à gauche de la partie terminale du museau. Les yeux, dont la pupille est verticale- ment allongée , sont de moyenne grandeur, et situés à fleur du crâne, de chaque côté de la tête, un peu plus rapprochés du bout du museau que de l’extrémité postérieure de celle-ci. La face sus-céphalique offre une paire de plaques inter- nasales , une paire de fronto-nasales, une paire de frontales proprement dites , une paire de sus-oculaires , et une paire de pariétales ; il y a sur les régions latérales une seule plaque nasale , une portion rabattue de la fronto-nasale, tenant lieu de frénale, deux pré-oculaires et quatre post-oculaires. Les écailles du corps sont très-petites , nombreuses , la plupart hexagonales et tricarénées. Les scutelles du ventre et du dessous de la queue sont très-élargies. La seule espèce qui se rapporte encore à ce genre, est la suivant@ 1. LE PLATYGASTRE MULTICARÉNE. Platygaster multica- rinatus. Nobis. CaracrÈres. Écailles du dos, hexagones, tricarénées. Synonyme. Zryx multocarinatus. Péron. Mus. Par. 1827. Eryx mullocarinata. K. Boïé, Isis, tom. 20, pag. 513. 1837. Tortrix pseudo-eryx. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. génér. pag. 129, et Part. descrip. pag. 19. 1839. Tortrix pseudo-eryx. Schleg. Abbild. amphib. pag. 112, pl. 34. 4812. Bolyeria pseudo-eryx. Gray. Synops. Famil. Boidæ. (Zoolog. Miscell. pag. 46.) REPTILES, TOME VI. 32 498 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. DESCRIPTION. Formes. La tète du Platygastre multicaréné a, en longueur , une fois et deux tiers sa largeur postérieure. Le tronc, dont le \ diamètre transversal est un peu moindre que le vertical, se montre régulièrement arrondi en dessus, légèrement convexe de chaque côté, et presque plat en dessous. La queue fait le cin- quième et demi environ de la totalité de l'étendue longitudinale » du corps : elle est par conséquent assez développée, c’est-à-dire plus que chez tous les Boæides , autres que le Zeptoboa Dussu- mieri et le Xiphosoma horltulanum ; toutefois , elle est très- forte et très-peu aplatie latéralement. La fente de la bouche est rectiligne et la glotte simple; nous avons compté vingt-huit dents à chaque branche sus-maxillaire. La plaque rostrale affecte la figure d’un demi-disque ; légè- rement concave dans le tiers inférieur de sa hauteur , ee est au contraire très-distinctement convexe dans les deux autres tiers ; son bord labial offre une petite échancrure semi-lunaire. Les inter-nasales représentent chacune un trapèze rectangle (1); les fronto-nasales, qui sont les plus développées de toutes les pièces du bouclier céphalique , ont six pans inégaux ; et elles se rabattent , l’une à droite, l’autre à gauche, entre la plaque nasale et la pré-oculaire supérieure, pour tenir lieu de frénale; les deux frontales proprement dites donnent ensemble la figure d’un triangle isocèle (2); les sus-oculaires sont sub-fgapézoïdes et arrondies au sommet de Jeur angle postéro-exter ; les pa- riétales, étant anormalement développées chez le seul individu que nous connaissions, il nous est impossible d’en indiquer la véritable configuration. La plaque nasale et les deux préoculaires ressemblent chacune à un trapèze; l’une de ces deux préocu- laires, l’inférieure, est d’un tiers moins grande que la supé- ‘rieure et enclayée en partie entre la troisième et la quatrième supéro-labiale. Les post-oculaires sont quadrangulaires, inéqui- (1) Chez l'individu qui sert à notre description , ces deux plaques inter-nasales, ce qui est évidemment une anomalie, se coujoignent sans trace de suture, dans le dernier tiers de leur longueur. (2) Il se pourrait que la division de ja frontale en deux parties ne füt qu'accidentelle, BOÆIDES. G. PLATYGASTRE. 1. 499 latérales, sub-oblongues et toutes quatre d’une dimension à peu près pareille. La lèvre supérieure offre de l’un et de l’autre côté neuf ou dix plaques, coupées à cinq pans, à l’exception.de la première et de la seconde, qui ressemblent, celle-ci à un carré , celle-là à un trapèze; la plus grande de ces neuf ou dix plaques est la quatrième, après-elle c’est la deuxième ; puis viennent la première , la troisième et les cinq ou six dernières, qui sont graduellement de plus en pluspetites. La squamme du menton est en triangle équilatéral. Les plaques inféro-labiales sontau nombre de dix paires : toutes ont quatre côtés, mais celles des cinq premières paires sont beaucoup plus dilatées verticalement que transversalement, tandis que les suivantes sont aussi hautes ou moins hautes que larges. ILexiste une longue plaque rectangulaire à droite et à gauche. de la première moitié du sillon gulaire. La gorge est revêtue d’écailles oblon- gues, sub-elliptiques, parfaitement lisses. Les régions du corps voisines de la tête ont pour écaillure des pièces ovalaires, dis- tinctement uni-carénées ; le dos et la queue en offrent d’hexa- gones , juxtaposées et surmontées de trois fortes carènes ar- rondies , dont les deux latérales sont moins longues que la mé- diane ; les côtés du tronc, vers le milieu, en présentent de circulaires, uni-carénées , non entuilées et, partout ailleurs, d’elliptiques, sub-imbriquées et relevées d'une seule carène ; celles des écailles des flancs qui, à droite et à gauche, consti- tuent la série la plus proche des scutelles du ventre, sont plates, lisses,assez élargies, de deux grandeurs, et disposéesde manière qu’une petite alterne constamment avec une grande. La largeur des’ scutelles ventrales les plus développées est égale à la lon- gueur de la fente buccale. Écailles du-tronc : 55 rangées longitudinales, 396 rangées transversales. Écailles de la queue (quiest mutilée) : 43 rangées longitudinales, 108 rangées transversales. Scutelles : 192 ven- _-trales, 46 sous-caudales. _ Cororarion. Le mode de coloration de cette espèce a quelque rapport avec celui de l'Éryx javelot. En dessus , elle offre, sur un fond gris fauve, des taches d’un brun roussâtre, entremêlées d’autres taches d’un jaune d’ochre : ces taches qui, sur la pre- mière moitié du corps, sont éparses ou isoiées, se rapprochent au contraire les unes des autres sur la seconde moitié, où même _elles s’anastomosent de façon à produire une sorte de dessin 500 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. réticulaire à mailles inégales. Une raie noire descend oblique- ment du bord postérieur de l’orbile sur la lèvre supérieure, un peu en avant du coin de la bouche , en arrière duquel est une tache noirâtre. Les scutelles abdominales et les sous-caudales sont comme marbrées de blanchâtre et de brun de suie, plus ou moins foncé. Dimensions. Longueur totale. T1". Téle. Long. 2" 3". Tronc. Long. 55" 7". Queue. Long. 13". Parme. Le Platygastre mullicaréné habite la Nouvelle-Hol- lande : le seul exemplaire que nous ayons encore été dans le cas d’observer a été recucilli au Port-Jackson par Péron et Lesueur. OpservarTions. Cette espèce avait été placée par M. Schlegel dans le genre Z'ortrix. V° GENRE. BOA.— BOA (1. Wagler. (Constrictor. Laurenti). Caracrères. Narines s’ouvrant latéralement entre deux plaques. Yeux latéraux, à pupille vertico-ellip- tique. Dessus de la tête entièrement revêtu d’écailles (1) Nom latin d'un grand Serpent employé par Pline, lib. VILE, cap. 14, avec ce préjugé : Boæ aluntur bubuli Lactis succo , unde nomen traxere("). Gette dénomination adoptée par Johnston, Ruysch, Alddrovande, a été également employée par Linné, Laurenti et la plupart des naturalistes ; mais ici c'est d'après Wagler que les espèces sont réunies génériquement. Toutes sont américaines et ne pou- Yaient pas être connues du temps de Pline. (*) Nous avons déjà eu occasion de combattre ce préjugé propagé parmi les habitants de la campagne depuis Aristote, ainsi que nous allons le dire ; mais comme il règne encore et qui! est consigné dans les ou- vrages de tous les naturalistes, nous croyons utile d'y revenir ici. Aristote , en parlant de F’oiseau que nous nommons Engoulevent, l'appelle Aryotiaus, que l'on à traduit caprimulgus ou Lette-chèvre. 11 vient, dit-il, tetter les chèvres pendant la nuit , et par suite leurs mam- melles se sèchent. Or, il est impossible à un oiseau, comme à un Serpent, et par les mêmes raisons analomiques et physiologiques que nous avons exposées plus haut, page 157, de faire le vide dans la bouche. Cepen- dant Buffon, en parlant des chèvres dit : «qu'elles sont sujettes, comme les vaches et les brebis, à être tettées par la Couleuvre et encore par un oiseau connu sous le nom de Tette-Chèyre ou Crapaud-volant, ete, » BOÆIDES G. BOA. 5o1 de plus en plus petites, d'avant en arrière. Point de fossettes aux lèvres. Ecailles du corps plates, lisses ; scutelles sous-caudales non divisées en deux pièces. Il est assez singulier que le nom de Boa, qui, d’après son origine, n’a pu sans aucun doute être primitivement donné qu’à des serpents de l’ancien monde, ait justement été choisi par Linné, pour désigner un genre d’ophidiens entièrement composé d’espèces américaines. Une chose également assez curieuse, mais, évidemment due au hasard, c’est que ce groupe générique, qui, en raison desa caractéristique : scuta abdominalia, scuta subcaudalia (absque crepitaculo) ; ap- _ plicable aujourd’hui, non plus à six espèces (1) seulement, mais à une centaine environ, aurait pu, comme les genres Coluber et Anquis du mème auteur, en comprendre de très-disparates à beaucoup d’égards, s’est trouvé au con- traire n’en réunir, à une exception près, que de fort sem-— blables entre elles, quant aux principaux points de leur or- ganisation , et plus particulièrement à leur système dentaire. Tellement que le groupe Linnéen des Boas forme vérita- blement le noyau de notre tribu des Boæides, à laquelle appartiennent dix-huit espèces, c’est-à-dire un nombre égal au sixième de celui de tous les serpents inscrits dans le S'ystema nature. De tous les Ophiologistes postérieurs à Linné, Laurenti, (1) En effet, l’une des dix espèces désignées comme des Boas dans la douzième édition du Systema naturæ ne devait pas y figurer sous ce nom générique, en ne considérant même que sa squam- mure sous-caudale, composée de pièces qui ne sont pas entiéres. C'est celle appelée Contortrix, dont la place naturelle est dans la famille des Hétérodoniens , section des Azémiophides. Et, parmi les neuf autres , il y a trois doubles emplois, c'est-à-dire que le Loa ca- nina et l Hypnale sont une seule espèce sous deux noms différents , de même que le Cenchria et le Scytale d'une part, l'Aortulana et l'£nhydris d'une autre part. Restent alors le Aurina, le Constrictor qui sont parfaitement distincts l'un de l’autre, et l'Ophrias, qui trés-probablement aussi est une espéceparticulière que nous sommes tentés de rapporter à notre Boa diviniloqua. 1 sf 502 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Schneider, Fitzinger, Wagler et M. Gray sont les seuls qui n'aient point accepté le genre Boa tel , ou à peu près tel que l'avait établi le grand naturaliste suédois. Ainsi, Laurenti lui assigna pour principal caractère des lèvres creusées.de fossettes, sans toutefois y ranger les trois espèces connues de son temps qui offrent cette particularité, puisqué le Boa canina y figure seul , à la vérité sous trois noms diffé- rents; mais .un autre genre détaché de celui des Boas de Linné fut érigé, avec la dénomination de Constrictor , par le savant auteur du Synopsis Reptilium , pour les espèces n'ayant que de très-petites squammes sus-céphaliques, c’est- à-dire pour celles auxquelles M. Gray ét nous-mêmes, à l'exemple de Wagler, réservons le nom générique de Boa. Cette dernière distinction , que M. Fitzinger admet aussi maintenant , il ne l'avait point faite dans sa classification erpétologique de 1826 , où l’on trouve les espèces du genre Linnéen dont il est ici question , partagées en Xiphosomes et en Boas, d’après cette différence que les unes ont le corps comprimé et que les autres ne l’ont point, différence qui n'existe réellement pas, attendu que tous les Boæides ont le tronc plus où moins aplati de droite à gauche. Antérieu- rement, Schneider, au lieu de démembrer le genre Boa de Linné , l’avait au contraire augmenté des serpents quires- semblaient à ceux qu’il renfermait déjà, par les dents de devant plus longues que les suivantes, et par la présence d’une paire d’ergots aux côtés de l’anus': de cette façon , le célèbre Erpétologiste sixon se trouvait n’avoir ra$semblé que des espèces analosues aux Pythons, aux Eryx et aux Boas , autrement dit, les types des groupes qui constituent aujourd’hui la famille si naturelle dite des P ythoniens. Nous ajouterons, pour ne rien omettre de ce qui est relatif à l'his- torique du genre Boa, que les auteurs, tels que Lacépède et plusieurs autres, qui lui ont donné toute l’extension dont il était susceptible, d’après sa caractéristique linnéenne, ont inévitablement allié aux vrais Boas, des serpents qui s’en éloïgnent sous une infinité de rapports, et entre autres BOÆIDES. G.,BOA 503 l'espèce si atrocement venimeuse appelée Lachesis He beatus. Pour nous, les véritables Boas sont ceux des Boæides, qui se distinguent au premier aspect des Énygres, des Lep- toboas, des Tropidophides et des Platygastres, par le manque absolu de carènes sur les pièces de leur écaillure; des Epicrates et des Xiphosomes, par l'absence de fossettes autour de la bouche; des Eunectes et des Chilabothres, par la vestiture squamimeuse du dessus de leur tête, qui n’est composée que d’écailles, au lieu de l’être de plaques, en tout ou en partie. Ces serpents ont un corps robuste, fusiforme ou plus gros au milieu qu’aux deux bouts , et un peu comprimé. Leur tête, qui est distincte du cou, assez déprimée et terminée par un museau coupé droit où un peu obliquement de haut en bas, représente une pyramide quadrangulaire ayant un rectangle pour base et un sommet fortement tronqué ; ses parties latérales, en avant comme en arrière des yeux, s’arrondissent brusquement sur toute l’é- tendue de la ligne où elles se rencontrent avec la face supé- rieure. Leur queue, plutôt courte que longue à proportion du tronc, est conique et facilement enroulable ; leurs ves- tiges de membres abdominaux sont très-apparents dans les deux sexes , mais néanmoins plus développés chez les mâles que chez les femelles. … Le bout du museau et les lèvres sont les seules parties de la tête où il existe de véritables plaques symétriques; partout ailleurs elle est revêtue d’écailles ou de petites squammes polygones, inéquilatérales. Les pièces de l’écaillure du corps sont carrées ou losangiques , tout à fait plates et lisses, et, vu leur faible dimension. en très-orand nombre ; à tel point que sur le tronc elles ne forment jamais moins d’une soixan- taine de rangées longitudinales, et qu’on y en compte jusqu’à plus de quatre-vingt-dix. Les scutelles ventrales sont exces- sivement étroites, de même que les sous-caudales , parmi lesquelles ce n’est qu’accidentellement qu’il s’en trouve quel- ques-unes de divisées en deux pièces. 504 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Les narines viennent aboutir extérieurement de chaque côté du sommet de l'extrémité rostrale , entre deux plaques _ placées l’une devant l’autre, et dont, en général, l’antérieure est élargie et la postérieure rétrécie à sa base. Les yeux, dont la pupille est verticalement allongée, sont directement tour- nés vers l'horizon, suivant l’axe transversal de la tête ; ils se trouvent situés sur les côtés de celle-ci, un peu en avant du milieu de sa longueur et tout en haut, comme chez la grande majorité des Boæides. Les Boas ont la fente de la bouche rectiligne ; leur glotte offre cela de particulier, qu’à son extrémité antérieure, est une petite languette érec- tile, qui a peut-être pour usage de rendre plus complète l’occlusion de cet orifice de la trachée artère, en se renversant sur lui. Avec l’âve, les os de la tête de ces serpents acquièrent une grande solidité, et la crête qui surmonte le pariétal devient excessivement haute; les frontaux proprement dits offrent une largeur double de leur longueur; les frontaux antérieurs; qui sont très-développés et de figure trapézoïde, se conjoignent par un de leurs angles ; et, par un autre, quiest fort aigu, ils se prolongent considérablement en avantle long desos du nez; ceux ci représentent ensemble une grande plaque elliptique semi-circulairement échancrée de chaque côté de sa ligne médio-longitudinale , dans sa portion la plus rapprochée de l’inter-maxillaire ; les os dela mâchoire supérieure sont deux tiges droites, ayant chacune la forme d’une massue, com- primée dans la première moitié de sa longueur , déprimée dans la seconde. Les dents sont fortes et graduellement de inoïins en moins longues , à partir des premières jusqu’à la dernière, dans chacune des six rangées qu’elles constituent : leur nombre, à droite comme à gauche, est de dix-huit ou dix-neuf sSus-maxillaires, d’une vingtaine de sous-maxillaires, de cinq ou six palatines, et d’une douzaine de ptérygoïdiennes. On a évidemment exagéré la taille des Boas, ou plutôt on leur a souvent attribué celle , quelquefois énorme, de BOÆIDES. G. BOA. 503 l’'Eunecte Murin et des Pythons, auxquels ils sont toujours très-inféricurs sous ce rapport, les plus srands n’ayant guère que douze pieds de long ; tandis que les espèces de ces deux derniers genres peuvent atteindre de vingt-cinq à trente pieds d’étendue longitudinale. Les Boas préfèrent le séjour des forêts à tout autre : leur vie se passe en grande partie sur les arbres, loin des eaux, dans lesquelles ils ne se rendent jamais, contrairement à l'habitude qu’en ont beaucoup d’autres Boæides; ils font leur proie de mammifères, d'oiseaux et aussi, disent quel- ques voyageurs , de reptiles sauriens. Nous avons constaté l’existence de quatre espèces de Boas, toutes quatre originaires du nouveau monde : l’une habite la côte orientale, l’autre la côte occidentale de l'Amérique du sud, la troisième, la partie méridionale de l'Amérique du nord, et la quatrième une ou deux des iles de l'archipel des Antilles. Il en est de ces quatre espèces de Boas , comme de plusieurs reptiles et de certains mammi- fères que nourrissent les mêmes contrées ; elles se ressem- blent beaucoup, mais elles sont néanmoins parfaitement dis- tinctes. Liste alphabétique des différentes espèces désignées sous le nom de BOAS par les auteurs, avec l'indication des genres auxquelles elles sont rapportées dans cet ouvrage. BOA, Aboma. . . . ?* Daupin.. . . . . . Eunectes murinus, n. 1. — Cuvien. + + + + « . Epicrates cenchris, n. 1. Amethystina. . Scnngiven. . . . . Python reticulatus, n. 5, et Liasis, n. 1. Anacondo, . . Cuviers . . . « « .« Eunectes murinus, n. 1. Anguiformis. . Scunginer. . . . . Eryx Johnii, n. 1. Annulifer. . . Dauni. . . . . . . Epicrates cenchris, n. 1. Aquatica. . . . Prince ne Neuwien. Eunectes murinus , n. 1. Araramboya. . Srix, Waccer. . . Xiphosoma caninum, n. 1. Aurantiaca... LaurenrTi. . . . . . Xiphosoma caninum, n. 1. Canina. . . . . Linné. . . . . . «< Xiphosoma caninum, n. 1. Carinata. . . . ScungiDER. . . , .« Enygrus carinatus, n. 1. 506 BOA. Castanea. . .. Cenchria. . . . Cenchris Art. Cinerea. . . . . Conica ue Dorsuale, :. . Dussumieri. Elegans. . . . Enhydris. . . . Exigua. . .. Flavescens. . Gigass shit Glaucu. . , . Hieroslyphica è Hortulana. . Hypnale. . .. Inornata. . John Ne Lateristriga. Re Melanura.. .. Merremi. . . Burina. . .. Ocellata. : . . Ophrias et Oro- phrias. + - Ordinata. . ORGANES Pardalis, . .. ‘Phrysia. or HeS ia NET Reticulata. + . Rhombeata. . . DCHEALE ST NON. 1 T'atarica. . . : T'halassinas . . Turcica. . Viperina. | « , PYTHONIENS APROTÉRODONTES. SCHNEIDER. « + e Prince pe NEuwIED. LINNESS 202 04 MS SCHNEIDER, + + e SCHNEIDER. + . . SPIXe eee Sein Musee DE PARIS. . DaAUDIN. « «+ . : ÉINNES AE LAURENTI. « « ce BECHSTEIN. + « + + LATREILLE. 3000 BODDAERT.e + - SCHNEIDER, « te LINNES 207) gene En EE REINHART. . « . RussELe 260 Bois anti SCHPEGELe ele se SCHNEIDER. + + e INNE eme de OPPER ES NE UE LiNvE, GMELIN. . SCHNEIDERe + ee DaAuDIN. + + » « » GUNDLAEH. + . e SHAWN ET LE SH eee MEN le SCHNEIDER, + + + SCHNEIDER. + + + NE RM ONE LiCHTENSTEIN, + LAURENTI. . . D'ADREILEES Le. UN SHAWe-s ee 5 e Python molurus, n, 4. Epicrates cenchris, n. 1. Epicrates, n. 1. Python molurus, n. 4. Eryx conicus, n. 1. Xiphosoma hortulanum, n. 2. Leptoboa, n. 1. Xiphosoma hortulanum , n. 3 Le Xiphosoma hortulanum , n. 2. Xiphosoma caninum, n. 1. Xiphosoma caninum, n. 1. Eunectes murinus', n. 1. Eunectes murinus, n. 1. Python Sebæ, n. 1. Xiphosoma, n. 2. Xiphosoma caninum, n. 1. Chilabothrus, n° 1. Eryx Johni, n. 1. Epicrates cenchris, n. 1 Tropidophis melanurus, n. 1: Xiphosoma hortulanum , n°2. Euvectes murinus, n.1. Enygrus carinatus , n° 1. Boa diviniloqua, n. 2. Python molurus, n. 4. Eryx conicus, n. 4. Tropidophis melanurus, n. Python reticulalus, n. 5. Python regius, n. 3. Python reticulalus, nu. P; thon reliculatus, n. 5. = 2-4 e Eunecles murinus, n. I. Eryx jaculus , n. 2. Xiphosoma caninum, n. k. Eryx jaculus;, n. 2. Eryx conicus, n. 4. BOÆIDES. G. BOA. 1. 507 L ‘ TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE BOA. 1 ’ Espèces. | séparé des plaques supéro-labiales par une ou ur séries d'écailles . B, ConsrricrEur. s'appuyant sur Jes | "7 Peu moins / un peu obliquement, 2. B. Divimroqus. : , petite que les plaques supéro- er labiales; l'une des ] 246$: mn ARE à : | squammes fréna- | S£au coupé perpendiculairement, 3. B. Empereur. "les qui sont au devauat de lui. . s beaucoup plus srande que les autres, 4. B. CuevariEn. 4. LE BOA CONSTRICTEUR, Boa constrictor. Linné. Caracrères. Plaque rostrale ayant sa base faiblement échan- crée età peine plus étroite que son sommet ; la mentounière en triangle équilatéral rectiligne. Écailles revêtant le dessus du museau, entre les plaques nasales, au nombre d’une trentaine ; --une,,vingtaine de squammes composant autour de l'œil un cercle complet , séparé des plaques supéro-labiales par une ou deux séries d’écailles. Une des squammes frénales voisines de l'orbite, un.peu moins petite que les autres, mais r’ayant pourtant jamais ua diamètre égal à celui du glebe oculaire. Synonyme. 1648. Boiguacu. Marcg. Hist. Quad. Serp. lib. vu, pag. 239. 1648. Boiguacu. Pis. Hist, Bras. pag. 41, cum fig., pag. 42. 1658. Boigquacu. Pison. Hist, nat. et medie. lib. v, pag. 277, cum fig. (très-mauvaise.) 1693. Boiguacu. Ray. Synops. animal. pag. 325. + 1781. V’ipera americana. Scheuchz. Phys. sacr. tom. 4, pag. - 4532, tab. 746, fig. 1 1734. Serpens americana, maximo in honore, etc. Seb. Thes. nat. tom. {, pag. 58, tab. 36, fig. 5. Serpens americana, arborea, singulari artificio picla, ma- gni æstimata. Seb. tom. 1, pag. 85, tab. 53, fig. 1. Serpens ammodytes Surinamensis. Seb. tom. 2, pag. 83, tab. 78, fig. 5. + je 508 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Serpens Ceylonica spadicea. Seb. tom. 2, pag. 10%, tab. 99, fig. 1. à Serpens blanda Ceylonica. Seb. tom. 2, pag. 107, tab. 101. 1749. Cenchris scutis abdominalibus 240, scutis caudali-. bus 64. Sund. Surinam. Grill. (Amænitat. Academ. pag. 497," tab. 7, fig. 3.) : exclus. synonym. fig. 2, tab. 99, tom. 2, Seb. (1) (Python Sebæ. Nobis.) 1754. Cenchris scut. abdominal. 248, scut. caudalibus 60. Gronov. Serpent. in Mus. ichthyolog. pag. 69, n° 43. 1754. Boa constrictor. Linn. Mus. Adolph. Freder. tom. 1, pag. 38 : exclus. synon. fig. 1, tab. 98, tom. 2, Seb. (Zpicrates cenchris.) 1758. Boa constrictor. Linn. Syst. nat. Edit. 10, tom: 1, pag. 215, n° 300 : exclus. synon. fig. 1, tab. 62, tom. 4, Seb. (Pylhon regius); fig. de la pl. 98, tom. 2, Seb. (£'picrates cen- chris); et fig. 1, tab. 100, tom. 2, Seb. (Poa diviniloqua.) 1765. Serpent (très-grand). Ferm. Hist. natur. Holl. Equi- nox. pag. 39. 1766. Boa constrictor. Linn. Syst. nat. édit. 12, tom. 4, pag. 273, n° 300 : exclus. synon. fig. 1, tab. 98, tom. 2, Seb. . (Æpicrates cenchris); fig. 1, tab. 100, tom. 2, Seb. et fig. 1, tab. 104, tom. 2, Seb. (Boa diviniloqua) ; fig. 1, tab. 19, tom. 2, Seb. (Python Sebæ, Nobis); et fig. 1, tab. 62, tom.1, Seb. (Py- thon regius. Nobis.) 1767. Serpent. Knorr. Delic. natur. tom. 2, pag. 133, pl. 5S. 1768. Constrictor formosissimus. Laur. Synops. Rept. p. 107, n° 235. Constrictor rex serpentum. I. loc. cit. n° 236. Constrictor auspex. I. loc. cit. pag. 108, n° 237. 1771. Le Devin. Daubent. Anim. quad. ovip. Serp. pag. 620 : exclus. synon. fig. 1, tab. 19, tom. 2, Seb. (Python Sebæ. Nob..); fig. 1, tab. 98, tom. 2, Seb. (£picrates cenchris) ; fig. 1, tab. 100; fig. 1, tab. 104, tom. 2, Seb. (Boa diviniloqua); etfig. 1, tab. 62, tom. 1, Seb. (Python regius.) 1783. Boa maculis variegatis rhombeis. Bodd. Nov. act. Cæsar. Leopold. tom. 7, pag. 18, ne 5. (1) Sund cite cette figure, qui n'est pas d'un Boa constricter, tandis qu'il omet d'en mentionner une autre, se trouvant sur la même planche, qui représente réellement ce serpent. | BOÆIDES. G, BOA. 1. 509 1788. Boa constrictor. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 3, part. 3, pag. 1083, n° 300 : exclus. synon. fig. 1, tab. 104; x. 4, tab. 100, tom. 2, Seb. (Boa diviniloqua.) / 1789. Le Devin. Lacép. Hist. Quad. ovip. Serp. tom. 2, pl. 16, fig. 2 (1). 1789. Le Devin. Bonnat. Encyclop. méth. Ophiol. pag. 5 pl. 5, fig. 5 (d'après Séba). 1790. Boa constrictor. Shaw. Naturalist. miscell. vol. 2, pag. et pl. sans numéros. 1790. Æôniglich Schlinger.Merr. Beitr.Gesch. Amphib. zweit Heft, pag. 12, pl. 1. 1801. Boa constrictrix. Schneid. Hist. Amphib. Fasc. IL, pag. 247, 1502. Boa constrictor, var. A. Latr. Hist. Rept. tom. 3, pag. 132. 1802. Boa constriclor. Shaw. Gener. zool. vol. 3, part. 2, pag. 337, pl. 92 (2) : exclus. synon. fig. 2, tab. 99, tom. 2, Seb. (Python Sebæ.) 1802. Der Kônigliche Schlinger. Bechst. de Lacepede’s na- turgesch. Amph. tom. 5, pag. 1 et 33, pl. 1. fig. 1. 1803. Boa constricior. Daud. Hist. Rept. tom. 5: de la page 178, ligne 8, à la page 180, ligne 6; et de la page 180, ligne 21, à la page 182, ligne 7. Boa consitrictor. {re variété. Daud. loc. cit. tom. 5, pag. 194. 1810. Boa constrictor. Blumemb. Abbild. naturhistor. n° 37, fig. 2. "1517. Le Devin. G. Cuv. Règn. anim. {re édit. tom. 2, p. 66: exclus. synon. Boa empereur. Daud. (Zoa imperator, Nobis.) 1820. Boa constrictor. Merr. Tent. syst. amph. pag. 86, n° 2. 1820. Boa constrictor. Kubl und Van Hasselt. Vergleich. anat. pag. 80. 2 (1) Cette figure , que nous citons de l'ouvrage de Lacépede , est bien celle d'un Boa constrietor; mais le texte qui l'accompagne traite de la manière la plus confuse de toutes les espèces de Bonus, Pythons et autres grands ophidiens, dont il est fait mention dans tous les auteurs antérieurs à celui de l'Histoire uatureile des qua- drupèdes ovipares et des Serpents. où (2) La figure de la planche 93 du même volume, qui est copiée de Séba , n’est pas celle d'un Boa constrictor, quoiqu'elle porte ce nom : elle représente un Python Sebæ, 510 PYTIIONIENS APROTERODONTES. 1821. Poa constrictor. Schmeid. Klassif. Riesenschlang, (Denkschrift. Akad. Wissenschaft. Münch, tom. T7, p.114.) 1821. Boa constrictor, Lichtenst. Werk. Marcg. und Pison, naturgesch. Mém. Acad. Berl. tom. 8, pag. 247. 1822. Boa constrictor. Flem. Philos. of Zoolog. pag. 294, 1822. Boa constrictor.Maximil.zu Wied. Voyag.Brés. tom. 2, pag. 173; tom. 3, pag. 85 et 374 (1). 1825. Boa constrictor. Gray. Gener. of Rept. (Ann. of Philo= soph. vol. 10, p. 202.) 1825. Boa constrictor. Maximil. zu Wied. Beitr. naturgesch. Brasil. tom. 1, pag. 211. 1825. Boa constrictor. Broderip. Zoolog. Journ. vol. 2, pag. 215. 1826. Boa constrictor. Fitzing. Neue Classif. Rept. pag. 5% 1826. Boa constrictor. Fr. Boié. Gener. Ubersicht Fami: Gatt. ophid. (Isis, tom. 19, pag. 982.) 1827. Boa constrictor. F. Boié. Isis, tom. 20, pag. 514. 1829. Boa constrictor. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom. 2 pag. 78: exclus. synon. Boa empereur. Daud. (Zoa imperalor. Nobis.) 1830. Boa constrictor. Wagl. Syst: Amph. pag. 168. 1831. Boa constrictor. Griff. Anim. Kingd. Cuy. vol. 9, pag. 253: exclus. synon. Zoa empereur. Daud, (Boa üthperæ tor. Nobis.) 1831. Zoa constrictor. Gray. Synops. Rept. pag. 96, in Griff. , Anim. Kingd. Cuv. vol. 9 : exclus. synon. Zoa ee | Daud. (Boa imperator. Nobis.) 1831. Boa constrictor. Eichw. Zoolog. special, Ross. et Polon. Pars poster. pag. 176. 1837. Boa constrictor. Schleg. Ess. Physion: Serp. part. génér. pag. 175, et part. descript. pag. 373, pl. 14, fig. 6-7 exclus. synon. fig. 1, tab. 100, tom. 2, Seb. (Zoa diviriloqua); et Boa ophrias. Linn. (? Eoa divinotoqua.) 1840. Boa constrictor. Filippo de Filippi, Catalog. ragion. Serp. Mus. Pav. (Biblioth. ital. tom. 99, pag. .) _ 1842. Boa constrictor. Gray. Synops. Rept. Famil. Boidæ. (Zoolog. miscell. pag. 41.) (x) Traduction francaise par Eyriès, 3 vol. in-8°. Paris, 1822, BOÆIDES. G. BOA. I. bri DESCRIPTION. Formes. La tête du Boa constricteur est de moitié plus étroite en avant qu'en arrière, où sa largeur est environ d'un tiers moindre que sa longueur; elle a sa face supérieure un peu renflée au-dessus des yeux et légèrement creusée en gouttière sur la ligne médio-longitudinale , à partir de l'arrière du front jusqu’à l’occiput. Le tronc offre en étendue longitudinale une trentaine de fois la largeur qu'il présente au milieu , et la queue fait de la neuvième à la douzième partie de la longueur totale du corps. La plaque rostrale a une figure à peu près pareille à celle da petit support en bois, appelé chevalet, qui tient élevées au-des- sus de la table d’un violon les cordes de cet instrument, lors- * qu’elles sont tendues: elle est en effet rétrécie à sa base et taillée à quatre pans, un inférieur légèrement échancré, un supérieur assez fortement arqué , et deux latéraux un peu con- caves. La plaque nasale antérieure est presque semi-circulaire, et la postérieure sub-triangulaire. La lèvre d’en haut est garnie, de chaque côté, de vingt-deux à vingt-cinq petites plaques pen- tagones, dont les sept ou huit premières, qui ont leur bord postérieur plus épais que l’antérieur, sont plus hautes que larges, tandis que les cinq ou six dernières sont oblongues, et toutes les autres aussi dilatées transversalement que vertica- lement, La plaque du menton est en triangle sub-équilatéral et faiblement concave. Celles de la lèvre inférieure, dont le nom- bre est le même qu’à la supérieure ; ont toutes plus d'épaisseur à leur marge postérieure qu'à l’antérieure ; les six ou sept pre- mières sont rectangulaires, et les suivantes carrées. L’écaillure du dessus et des côtés de la tête se compose de nombreuses pièces quadrangulaires ou pentagones, un peu moins petites sur l'extrémité et les parties latérales du museau que sur le front, le vertex et les tempes, où elles sont distinctement entuilées ; celles qui occupent l’entre-deux des plaques nasales , immédia- tement en arrière du sommet de la rostrale, sont au nombre d’une trentaine, et très-faiblement imbriquées ou presque juxta- posées, de même que celles de chacune des régions frénales où elles constituent six ou sept rangées longitudinales. Il y a au- tour de l’œil un cercle complet, formé d'environ vingt squammes ayant quatre, cinq ou six pans inégaux , dont une seule , celle 512 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. qui occupe justement le milieu du bord antérieur de l'orbite, est distinctement moins petite que ses congénères ; au devant d'elle, on voit tantôt une, tantôt deux des écailles frénales ayant aussi une dimension un peu plus grande que les autres. Inférieurement , le cercle squammeux de l'orbite ne touche pas aux plaques supéro-labiales, dont il est au contraire séparé par une ou deux séries d’écailles. Écailles du tronc : de 81 à 93 rangées longitudinales, de 5% à 639 rangées transversales. Écailles de la queue : 43 ou 45 rangées longitudinales, de 94 à 107 rangées transversales. Scu- telles : de 234 à 240 ventrales, de 49 à 56 sous-caudales (1). CocorarTion. Le Boa constricteur a pour fond de couleur, soit un fauve clair, soit un rose pourpre, ou bien un joli gris vio- lacé , avec ou sans mouchetures noirâtres sur les deux premiers tiers de ses parties supérieures; du blanc, sur le dernier tiers ; un brun fauve ou grisâtre sur les flancs , et une teinte blanchâtre en-dessous. La face sus-céphalique est divisée en deux moitiés égales par une raie d’un brun foncé, graduellement élargie d’avant en arrière, qui commence entre les narines et se ter- mine sur la nuque; en traversant la région occipitale, elle se fend longitudinalement, de façon à laisser voir la couleur du fond , comme à travers une boutonnière. À droite et à gauche du museau, est une tache noire d'une certaine dimension, affec- tant la figure d’un trapèze, dont le sommet de l'angle aigu tou- che le bord antérieur du cercle orbitaire ; sous celui-ci, il en existe une petite et, de chaque côté de la mâchoire inférieure, deux grandes, placées, l’une, qui est sub-quadrangulaire, près du menton, l'autre, qui est sub-circulaire , à quelque distance du coin de la bouche. La plaque rostrale est noire, avec une bor- dure blanche. L'iris a sa moitié inférieure d’un brun sombre et la supérieure grise, veinulée de brunâtre. Une bande de cette dernière teinte s'étend obliquement sur la tempe, en s’élargis- sant un peu, depuis l’œil jasqu'au dessous de l'extrémité posté- rieure de la branche sous-maxillaire. Une autre bande brunâtre, courte et rectiligne, est imprimée le long du haut de chacune des parties latérales du cou. Le dos, à partir d’une certaine (1) M. Schlegel dit qu'il a trouvé de 231 à 254 ventrales et de 56 à Go et même jusqu'à 7° sous-caudales. Ce dernier nombre n'aurait-il pas été compté sur un Boa diviniloqua ? 5 BOÆIDES. G. BOA. 1. 513 distance en arrière de la nuque, offre , situées à un assez grand intervalle lune de l’autre, une quinzaine de larges taches, tan- tôt noires, tantôt d’un brun marron, tantôt d’un bleu d’acier,ayant Vapparence de carrés dont le bord antérieur et le postérieur présentent, soit une seule grande, soit deux petites échancrures : semi-circulaires; taches, à la droite et à la gauche de chacune desquelles est soudée une autretache de la même couleur, mais” plus petite, triangulaire , marquée d’un gros point au milieu, et bordée à ses trois côtés par une forte raie de la même teinte que celle du fond. Ces taches triangulaires , latérales aux grandes taches dorsales , échancrées devant et derrière, se lient entre elles au moyen d’autres taches exactement pareilles, placées une à une, entre deux de celles-là. L'ensemble de ces taches foncées du dos produit une sorte de chaîne à mailles oblon- gues, à travers l’aire elliptique desquelles apparaît la cou- leur claire du fond. Cette série d’une quinzaine de taches dor- sales que nous venons de décrire est continuée postérieure- ment jusqu’au bout de la queue par huit à dix autres taches, qui n’ont ni la même figure ni la même couleur que les précé- dentes, et qui en diffèrent aussi par une dimension proportion- nellement plus grande : elles sont sub-rectangulaires ou sub-lo- sangiques ou sub-ovalaires , et d’un rouge de brique plus ou moins vif, que relève un encadrement d'un beau noir d’é- bène @). Il n'existe entre elles que de très-petits espaces, où se montre le blanc du fond sous forme de bandes transversales ayant leurs extrémités divisées chacune en deux branches qui -descendent, celles de l'arrière du tronc jusqu’au ventre seule- ment , celles de la queue jusque sous celle-ci, pour se réunir à leurs congénères du côté opposé , de manière à enceindre sépa- rément les quatre ou cinq cercles noirs que présente la région sous-caudale. Dans la bifurcation en laquelle se prolonge de l'un et de l’autre côté chacune des cinq ou six barres blanches que nous avons dit exister en travers de la région lombaire, est un grand disque rougeâtre , environné de noir et de blanc. Les flancs offrent chacun une suite de très-grandes taches brunes (1) La présence de cette couleur rouge de brique sur l'extrémité postérieure du corps du Boa constricteur est caractéristique, car on la retrouve chez tous les individus de cette espèce, tandis qu'elle ne se montre chez aucune de ses congénères. REPTILES, TOME VI. 33 ’ à bé # % 514 PYTHONIENS APROT RRODONTES ou noires, pupillées de blanchâtre , ayant l’apparence de losanges, lorsqu'elles ne sont pas beaucoup plus dilatécs ver- ticalement que transversalement, ainsi que cela arrive quel- quefois. Toute l'étendue de la facè. inférieure du tronc est mar- quée de mouchetures noires qui. augmentent en diamètre et en nombre, à mesure qu’elles se rapprochent de la-région anale. » Dimensions. Les divers renseignements que nous avons recueillis relativement à la taille qu’acquiert le Boa constricteur nous portent à croire que ce serpent n’atteint pas beaucoup au delà de quatre mètres de longueur. Voici les principales dimensions d’un des plus grands indivi- . dus que nous ayons encore vus. Longueur totale. 2 21”. Téle. Long. 9”. Tronc. Long. 1° 88”. Queue. Long.2#%”. Parrie. Le Boa constricteur »’habite pas toute l'étendue de l'Amérique intertropicale, ainsi que le dit M.'Schiegel; sa patrie semble être, au contraire, limitée aux contrées septentrionales et orientales de l'Amérique du Sud, dans les régions occidentales de laquelle il est remplacé par le Boa chevalier, comme il l’est par le Boa empereur dans la partie australe de l'Amérique du Nord, et par le Boa diviniloqua dans les Antilles. La plupart des nombreux individus de cette espèce qui figurent dans les mu- sées d'Europe proviennent des Guyanes , du Brésil, des pro- vinces du io de la Plata et de celles de Buenos-Ayres. | Moevrs. Le prince de Neuwied nous apprend qu’au Brésil le Boa constricteur, dont le nom vulgaire est Jiboya, se tient de préfé- rence dans les localités sèches des forêts, à une certaine distance dans l'intérieur. Les rats, les agoutis, les pacas, les capybaras ou cabiais, sont les mammifères dont il fait plus volontiers sa proie, qu'il guette ordinairement suspendu à une branche . par l'extrémité postérieure de son corps. Le dessous de vieux troncs d'arbres, les cavités du sol, les anfractuosités de ro- chers, sont les lieux qui lui servent habituellement de retraile. Quelquefois on en trouve plusieurs individus réunis en compa- gnie dans la même demeure. En captivité , le Boa constricteur est très-doux ; aucun autre serpent ne s'apprivoise plus vite que lui. La ménagerie du muséur: en renferme trois, qu'on y nour- rit depuis quelques aunées avec des lapins et des rats. Ordi- BOÆIDES. G. BOA. 2. ‘ 515 nairement ils sont peu actifs, et encore moins pendant le jour qu'après le coucher du soleil. Osservarions. C’est à tort que la plupart des ophiologistes ont rapporté au Boa constrictor la figure I de la pl. 100 du tome 2 de l'ouvrage Seba : cette figure représente d’une facon recon- naissable , sinon très-exactement, l'espèce suivante, que Lau- renti avait inscrite dans son genre Constrictor, sous la déno- mination de Diviniloquus , que nous lui conservons. 2, LE BOA DIVINILOQUE. Boa diviniloqua. Nobis. Caracrëres. Museau tronqué obliquement. Plaque rostrale ayant sa base faiblement échancrée et à peine plus étroite que son sommet; la mentonnière très-haute, en triangle isocèle ayant ses deux grands côtés concayes. Écailles revêtant le dessus du museau, entre les plaques nasales, au nombre de vingt-cinq ou vingt-six; seize squammes composant autour de l’œil un cercle complet qui, inférieurement, touche aux pla= ques. inféro-labiales. Une des squammes frénales voisines de l'orbite, un peu moins petite que les autres, mais n’ayant . pourtant jamais un diamètre égal à celui du globe oculaire. SyNONYMIE. 1667. Couleuvre de la Dominique, qui a dix où douXxe pieds de long et qui n’est jamais plus grosse que le bras. Dutert. Voyag. Antill. tom. 2, pag. 317. _ 4734. Imperator de Quadalajara. Seb. tom. 2, pag. 105, tab. 100, fig. 1. Rex Serpentum orientalis, Lamanda dictus. Seb. tom. 2, pag. 110, tab. 104. 1758. ? Boa orophias. Linn. Syst. nat. édit. 10, tom. 1, pag. 215. 1763. Serpent de Sainte-Lucie, appelé Crocs de chien, Téte de chien. Thibaut de Chanvallon. Voyag. Martin. pag. 100, 168 et 180. 1766. ? Boa ophrias. Linn. Syst. nat. édit. 12, tom. 1, pag. 374. 1768. Constrictor diviniloquus. Laur.Synops.Rept. pag. 108, n° 938. (D’après la fig. 1, pl. 100, tom. 2 de Séba.) 1789. Le Devin, variét. c. Bonnat. Encyclop. méth. Ophiol. pag. 6. (D’après la fig. 1, pl. 100, tom.2 de Séba.) 1802. Boa constrictor, variét. B. Latr. Hist. Rept. tom. 5, "pag. 155. (D’après la fig. 1, pl. 100, tom. 2 de Séba.) é # 516 PYTHONIENS APROTERODONTES. Boa constrictor, 2e variét. Daud. Hist. Rept. (om. 5, pag. 195. (D'après la fig. 1, pl. 100, tom. 2 de Séba.) 1820. Boa constriclor, variét. £? Merr. Tent. Syst. amphib. pag. 86. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce, quoique on ne peut plus voisine de la précédente , en est toutefois parfaitement distincte. Ses carac- tères différentiels résident dans les proportions relatives des principales parties du corps, dans la manière dont se termine le museau, dans la figure de la plaque mentonnière, dans la dimension ainsi que dans le nombre des écailles, et dans le système de coloration. Un ensemble de formes notablement plus svelte, plus grêle, est ce qui frappe de prime-abord dans la physionomie du Zoa diviniloqua comparée à celle du Boa constrictor. L'un a effec- tivement la tête plus effilée que l’autre , il a également le tronc moins fort et la queue plus allongée; attendu que celle-ci,au lieu de ne faire que de laneuvième à la douzième partiedelalongueur totale, s’y trouve comprise environ pour la sixième, et que celui-là est plus de quaraute fois, et non une trentaine de fois seulement aussi long que large. Le bout du museau du Zoa diviniloqua est coupé un peu obliquement, au lieu de l'être perpendiculaire- ment comme celui du Boa constricior. La plaque du menton ne représente pas un triangle équilatéral rectiligne, mais un triangle isocèle dont les deux grands côtés sont arqués en dedans ou concaves. Le cercle squammeux qui entoure J’œil comprend quelques pièces de moins que chez le Boa constricteur, et au- cune écaille ne le séparé des plaques supéro-labiales, sur les- quelles au contraire il s'appuie directement. Les écailles du Boa diviniloqua sont généralement un peu plus dilatées et par conséquent en moindre nombre que celle du Zoa constrictor : ainsi on en compte de quatre-vingt-une à quatre-vingt-treize séries longitudinales autour du tronc, chez cette dernière es- pèce; tandis qu’il n’y en a que soixante-cinq environ chez la première, qui à au contraire une trentaine de scutelles ven- trales de plus que la seconde. Voici, au reste, les nombres que nous ont donnés les diverses pièces de son écaillure. Écailles du tronc : 65 rangées longitudinales, 560 rangées E e ne transversales. Écailles de la queue : 35 rangées longitudinales, L L BOÆIDES. G. BOA, 9. j By 106 rangées transversales. Scutelles : 272 ventrales , 69 sous- caudales. Cozorarion. La tête, dont le dessus et les côtés sont d'un gris légèrement rosé, offre, de mème que celle du Boa con- stricteur, une bande noirâtre, claviforme, allant de l’œil à la com- missure des lèvres , une grande tache brune sur chaque région frénale, et une raie de la même couleur partageant en deux lon- gitudinalement sa face supérieure; mais cette raie est ac- compagnée d’une autre, tracée en travers du front et, au lieu d’être graduellement élargie d’avant en arrière , elle.est alter- nativement renflée et rétrécie sur plusieurs points de son éten- due. De grandes taches foncées existent tout le long du dessus du corps du Boa diviniloqua, comme sur celui du Poa constrie- tor : -elles ont à peu près la même figure que leurs analogues chez ce dernier ; mais , étant moins développées et moins espa- cées, leur nombre est nécessairement plus élevé, c’est-à- dire de trente-cinq à trente-huit, tandis qu’on n’en compte que de vingt-deux à vingt-cinq chez le Boa constricteur. Dans cette dernière espèce, celles des grandes taches qui occupent la partie supérieure, ainsi que les régions latérales de la queue et du quart postérieur du tronc, sont d’un rouge de brique uni- forme avec un encadrement noir, qui paraît d’autant plus foncé que les intervalles qui existent entre elles sont d’un blanc pur. Chez le Boa diviniloqua, les mêmes taches sont d’un noir bleuâtre , les plus antérieures marquées de chaque côté d’une - petite raie jaunâtre, toutes ornées d’une bordure de cette der- P,,4 nière teinte et séparées l’une de l’autre par du noir plus ou moins maculé de jaune; les taches foncées appartenant aux trois premiers quarts de la longueur du dos sont d’un brun noi- râtre, marbré de jaunâtre, et le fond sur lequel elles sont im- primées est au contraire d’une couleur jaunâtre, marbrée de noirâtre. Il y a bien aussi, comme chez le Boa constricteur, latéralement aux grandes taches noirâtres des régions -sus- dorsales antérieures, d’autres taches noirâtres beaucoup plus petites; mais elles sont en carrés longs ou en trapèzes rec- tangles , au lieu d’être distinctement triangulaires. Les côtés du * tronc offrent également des taches d’un noir assez foncé, ayant » leur centre etleur pourtour jaunâtres : ces taches, qui sont, les unes de moyenne grandeur et subquadrangulaires , les autres petites et subcirculaires, constituent une série dans laquelle 1 é "1 é . 518 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. : une des pelites alterne constamment avec une de celles de moyenne dimension. Le ventre , le long duquel à droite et à gauche, est une suite de taches noires d’un certain diamètre, présente au milieu Sur un fond blanchâtre , des piqueturés noires dans sa partie antérieure, et de larges mouchetures de la mème couleur dans sa partie postérieure. Le dessous de la queue est jaune, avec cinq ou six grands ovales d’un noir bleu. Dimensions. Longueur totale. 4 97”. Tête. Long. 6”. Tronc. Long. 1’ 64”. Queue. Long. 27”. Parrie. Le Boa diviniloqua est originaire des Antilles. Nous devons le seul individu qu’en renferme la collection du muséum à la générosité de M. Arthus-Fléury, qui l'avait apporté vivant de l’île de Sainte-Lucie : c'était un animal extrêmement doux, qui est malheureusement mort peu de mois après son arrivée à la Ménagerie. OsservarTions. Dutertre, dans la relation de son voyage aux Antilles , donne quelques détails sur un Serpent de la Dominique qui, dit-il, n’est jamais plus gros que le bras et qui a pourtant de dix à douze pieds de long. Il se jette ordinairement sur les poules, continue ce voyageur , s’entortille en un clin d'œil au- tour d’elles et, sans les mordre ni les piquer, les serre avec tant de force qu'il les fait mourir et les avale ensuite sans les mâcher. Ce serpent est, à n’en pas douter , notre Po divini- loqua, dont Thibaut de Chanvallon , de son côté, rapporte avoir observé à la Martinique un individu long de six pieds, qu’on lui avait envoyé de l'ile de Sainte-Lucie, où l’espèce est commu- nément appelée Crocs de chien, Tête de chien. Séba à égale- ment eu connaissance du Boa qui nous occupe maintenant , ainsi que le prouvent de la manière la plus évidente les deux figures pärfaitement reconnaissables, malgré la médiocrité de leur exécution, qu'il en a publiées dans le second volume de la des- ” _cription de son cabinet : l’une d’elles est celle de son Serpens” * imperator, qu'il a signalé à tort comme provenant du Mexique, 2% et l’autre celle de son ex serpentum, auquel aussi il a fausse- :« ment attribué l’île de Java pour patrie. La première de ces deux figures a été rapportée au Boa eonstrictor par tous les ophio., logistes postérieurs à Laurenti, qui l'avait au contraire judi- cieusement considérée comme représentant une espèce parti- ” culière, qu'ila rangée dans son genre Constricior, sous le nom de Diviniloquus. F BOÆIDES. G. BOA. 3. Co 519 M. Schlegel pense que le Zoa ophrias de Linnéest une va- riété du Boa constricior. Suivant nous, ces mots facie con- strictoris, sed fuscus, et ce nombre de 281 scutelles ven- trales et de 6%: sous-caudales, par lesquels l’auteur du Systéma naturæ caractérise son Zoa ophrias, s ‘appliqueraient beau- coup mieux à l'espèce du présent article, qu'à aucune de ses trois congénères. 3. LE BOA EMPEREUR. Zoa imperdtor. Daudin. CaracrÈèRes. Museau tronqué verticalement. Plaque rostrale. ayant sa base faiblement échancrée et à peine plus étroite que son sommet; la mentonnière médiocrement haute, en triangle isocèle ayant ses deux grands côtés concaves. Écailles revé - tant le dessus du museau, entre les plaques nasales, au nom- « bre d’une vingtaine ; seize ou dix-sept squammes composant * autour de l’œil un cercle complet qui, inférieurement , touche aux plaques supéro-labiales. Une des squammes frénalés voisi- nes de l'orbite , un peu moins petite que les autres, mais n’ayant pourtant jamais un diamètre égal à celui du globe oculaire. SYNONYMIE. Bo imperator. Daud. Hist, Rept., tom. 5, pag. 150. DESCRIPTION. Formes. Le Boa empereur n'offre pas le port svelte, élancé du Boa diviniloqua, mais les formes robustes, trapues, du Poa constriclor : le tronc à en largeur la vingt-quatrième partie environ de son étendue longitudinale; et la queue entre pour sept fois et demie et jusqu’à près de dix fois dans la longueur totale du corps. Le museau est coupé perpendicuiairement comme. ce- lui du Zoa constrictor, au lieu de l'être un peu obliquement, - de mème que celui du Boa diviniloqua. La plaque mentounière, bien que n’étant pas tout à fait aussi haute que celle du der- hier, à néanmoins comme elle la figure d'un triangle isocèle à grands côtés concaves, tandis que celle du premier ressemble à un triangle équilatéral rectiligne.Les squammes céphaliques du Boa empereur sont moins petités et naturellement moins nombreuses que celles de ses deux congénères que nous ve- nens de nommer; on ne lui en compte effectivement que vingt surle bout du museau, région où il y en a vingt-cinq ou viugt-six, chez le Boa diviniloqua, et une trentaine chez le Boa constric- € 520 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. teur, Les écailles du corps, en particulier, sont notablement plus grandes et en moindre nombre que dans cette dernière es- pèce , de laquelle le Boa empereur diffère encore en ce que le cercle squammeux entourant chaque œil ne comprend que sc ou dix-sept pièces, et n’est point empèché de toucher aux pla ques supéro-labiales par une ou deux lignes d’écailles. Écailles du tronc : 69 rangées longitudinales, de 390 à a rangées transversales. Écailles de la queue : 35 ou 37 rangées longitudinales , de 64 à 75 rangées transversales. Scutelles : de 233 à 236 ventrales, de 52 à 57 sous-caudales. CoLorarTio. Il existe sur la tête du Boa empereur, entre les yeux, de même que sur celle du Zoa diviniloqua, une raie transversale noire, en plus des bandes et des taches que pré- sente la même partie du corps chez le Boa constricteur. Le dos, dans les trois premiers quarts de son étendue, est coupé trans- versalement , de distance en distance , par une suite de dix-sept grandes taches noires, très-élargies, dont les deux extrémités forment chacune un angle sub-aigu, à la base duquel est impri- mée une petite tache oblongue de la couleur du fond. Les flancs , qui sont d’un brun fauve, comme le dos, mais plus for- tement mouchetés de noirâtre, portent chacun une série de ta- ches noires, losangiques, pupillées et encadrées de fauve, toutes également grandes et en nombre égal à celui des taches dor- sales dont nous parlions tout à l’heure. Une chaîne d’un fauve clair , composée d’un seul rang de grandes mailles elliptiques , règne longitudinalement sur la partie supérieure etles latérales du quart postérieur du tronc et de toute l’étendue de la queue, parties dont la couleur est un noir très-foncé, quelque peu varié de fauve. La région abdominale et la sous-caudale sont blanches , celle-ci toujours HORE de quatre grandes taches noires eee celle-là, tantôt à peu près entièrement dépour- vue, tantôt presque toute couverte de marbrures noires. Toutes celles de ces écailles, dont la couleur est foncée, offrent des re- flets métalliques. Dimensions. Longueur totale. 1 63”. Tête. Long. 7”. Tronc. Long. 1’ 34”. Queue. Long. 22”. Parrie. Le Mexique est le pays qui produit le Boa empe- reur, dont nous possédons un individu de plus d’un mètre et demi de longueur, et un autre de moitié moins grand. OBsERvATION. Daudin paraît être le seul auteur qui ait fait BOÆIDES. G. BOA. 4. Hoi mention de cette espèce, dont il a publié une description fort in- complète, d'après une portion de peau conservée dans sa collec- tion et deux grandes dépouilles que MM. Humboldt et Bonpland avaient envoyées du Mexique au Muséum d'histoire naturelle de Paris, où nous regrettons de ne les avoir point retrouvées. 4. LE BOA CHEVALIER. Boa eques. Eydoux et Souleyet. CarACTÈRESs. Plaque rostrale ayant sa base fortement échan- crée et d’un tiers plus étroite que son sommet. La mentonnière en triangle isocèle ayant ses deux grands côtés concaves. Écailles revètant le dessus du museau, entre les plaques na- sales, au nombre d’une vingtaine au plus ; douze ou treize squammes composant autour de l’œil un cercle complet qui, in- férieurement, touche aux plaques supéro-labiales. Une des squammes frénales voisines de l'orbite, distinctement plus grande que les autres ou ayant un diamètre égal à celui du globe oculaire. SYNONYMIE. 1842. Boa chevalier. Eyd. et Souleyet. Voyag. Bonite. Zoolog., pl. 4. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a les formes ramassées des Boas con- stricteur et empereur. Son tronc n’est que vingt-sept fois aussi long qu'il est large, et sa queue ne fait que la neuvième partie de la totalité de la longueur du corps. La plaque mentonnière du Boa chevalier représente, non un triangle équilatéral recti- Jigne, comme celle du Boa constricteur, mais un triangle isocèle à grands côtés concaves , de même que celle de ses deux autres congénères. Comme les leurs aussi, ses cercles sqammeux des orbites s ’appuient directement sur ls plaques supéro-labiales , au lieu d’en être séparés par une ou deux séries d’écailles , . ainsi que cela existe dans le Boa constricteur. Il a, pareille- ment à cette espèce et à celle dite empereur, le museau coupé " carrément, tandis que le Zoa diviniloqua a le sien taillé sui- vant une ligne légèrement oblique. Le nombre de rangées lon- « gitudinales des pièces de l’écaillure du corps, qui est à peu près Je même que dans ce dernier et le Boa empereur, est au con- ” traire beaucoup moindre que chez le Boa constricteur. Le Boa ” chevalier diffère d’ailleurs nettement de celui-ci et de ceux-là, d’abord en ce que sa plaque rostrale est remarquablement plus 552 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. étroite ét plus profondément échancrée à sa base que la léur; ensuite, en Ce que parmi celles de ses Ecailles frénales qui bor- dent le devant du cèrcle squammeux de l'orbite, il en est uné,” bien plus développée que les autres ou dont le diamètre est égal à celui du globe oculairé; puis en ce que, généralement, les squammes de sa tête sont distinctement moins petites que leurs analogues chez ses trois congénères. Écailles du tronc : 65 rangées longitudinales, 402 rangées transversales. Écailles de la queue : 35 rangées longitudinales ,. 69 rangées transversales. Scutelles : 240 ventrales, 55 sous- caudales. COLORATION. Un gris ardoisé assez clair est la couleur domi- nante Sur la face supérieure et les latérales de la tête et du cou du Boa chevalier, dont les régions frénales manquent de cétte grande tache noirâtre, trapézoïde, qui existe sur celles des trois espèces précédentes. Sa plaque rostrale n’est pas non plus presque entièrement colorée en noir comme la leur. Il n'offre, autour de la bouche , que trois ou quatre très- petites taches de cette dernière couleur, une dans cliacune des trois ou quatre premières sutures des plaques supéro- labiales, et quelques autres très -espacées le long de la lèvre intérieure, mais on lui voit une gouttelette noirâtre au devant de chaque œil. Sa nuque porte une longue bañde médio-lon- gitudinale d’un noir profond, qui s’avance jusque vers le milieu de la longueur du crâne, bande dont l’extrémité antérieure est marquée d’un point blanc. Une autre bande noire, inférieu- rement lisérée de blanchâtre , va en s’élargissant en forme de . massue, du bord postérieur de l'orbite à l’arrière de la com- missure des mâchoires. | La couleur du fond qui, en dessus et latéralement, dans le premier sixième environ de l’étendue du tronc, est pareille à celle de la tète, passe peu à peu, en gagnant les parties postérieures” du corps, d’un gris ardoisé à un gris fauve, et de celui-ci à une, teinte jaunâtre. Cette dernière apparaît, sur la queue et la région lombaire, sous la figure d’une dizaine de grands chaïînons losan= giques, soudés bout à bout, et dont les aires sont d’un noir très- foncé, avec quelques taches jaunâtres au milieu et une raie longitudinale également jaunâtre de chaque côté. En remon-. tant du premier de ces chaînons vers la tête, on compte le long du dos une vingtaine de grandes taches noires, placées l'une £ Là “ BOÆIDES. G. PÉLOPHILE. 523 “devant l’autre à une distance à peu près égale à leur longueur. Les quatre de ces taches les plus voisines de la tête sont car- rées et liées ensemble , à droite et à gauche, par une bande noire qui prend naissance derrière les mâchoires. Toutés les autres, dont le diamètre transversal est plus étendu que le longi- tudinal, se terminent de chaque côté en formant un angle sub- aigu ; elles sont longitudinalement marquées d’une raie jaunâtre à la base de celui-ci, et maculées de la même couleur au mi- ieu. Dans les intervalles qui existent entre elles, la teinte du fond est plus ou moins mouchetée de noirâtre. Les parties laté- rales du tronc présentent l’une et l’autre une suite de disques moirs, ayant leur centre occupé par une tache jaunâtre, et sur lesquels est, en outre, tracé plus ou moins nettement un grand cercle de cette dernière teinte. Tout le dessous de l’animal est d’un blanc sale, quelque peu maculé de noir sur les côtés du ventre. Îl existé à la face inférieure de la queue quatre ou cinq graudes taches noires, sub-ovales. DiMENSIONS. Longueur totale. À 46”. Téle. Long. 5” 2”. » Tronc. Long. 1” 25”. Queue. Long. 16”. Ces dimensions sont celles du seul exemplaire de cette espèce ue renferme la collection du Muséurn. Parkie. Nous en devons la possession à MM. Eydoux et Sou- Meyet, qui l'ont recueilli à Païta, au Pérou. LD : a CS TE vr GENRE. PÉLOPHILE. — PELOPHILUS (1) hi: Nobis. F Li ” Caracrères. Narines s'ouvrant latéralement entre deux plaques. Yeux latéraux, à pupille vertico-ellip- tique. Dessus de la tête revêtu de plaques sur la moitié antérieure, d'écailles sur la moitié postérieure. Pas de fossettes aux lèvres ; pièce de l’écaillure du corps plates, lisses; scutelles sous-caudales non divisées en deux parties. * Le genre Pélophile est intermédiaire aux Boas et aux . (1) Dermnwvs, palus, marais ; et de qiacs, amicus , qui aime. 524 PYTHONIENS APROTÉiHO DONTES Eunectes : différent des premiers par sa vestiture cépha= lique, composée mi-partie de plaques , mi-partie d’écailles, et non uniquement de ces dernières , il se distingue des se= conds en ce que ses narines aboutissent extérieurement entre deux squammes , de chaque côté du museau, au lieu de s’ouvrir sur le dessus de celui-ci, entre trois de celles-là. On remarque en outre, que la glotte est dépourvue de ce” petit appendice qui s’élève verticalement au devant d’elle. chez les Boas. : L'espèce suivante est encore la seule que comprenne le genre Pélophile. # 4. LE PÉLOPHILE DE MADAGASCAR. Pelophilus Madagas- cariensis. Nobis. CaracrÈères. De grandes taches noires tout autour de la mâ- choire inférieure ; une autre sur la lèvre supérieure au-dessous de l’œil; une bande de la mème couleur en arrière de celui-ci. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce est un beau et grand serpent à formes robustes, qui a beaucoup de la physionomie des vrais Boas.” Cependant son tronc est plus comprimé que le leur , surtout auv milieu, où sa hauteur est presque le double de sa largeur, qui est une trentaine de fois moindre que sa longueur. Elle a le dos. déclive de chaque côté de son sommet. qui est arrondi , le ven- tre un peu plat, sans être absolument anguleux latéralement , la queue conique et fort courte ou ne faisant que la treizième partie environ de la totalité de l’étendue de l'animal. La têtes. qui est pyramido-quadrangulaire et distinctement aplatie, à son extrémité rostrale coupée de haut en bas suivant une ligne légèrement inclinée ; la face supérieure en est très-faiblement convexe à l’endroit du chanfrein, concave entre les plaques sus- oculaires et médiocrement bombée dans le reste de sa portion. postérieure, à droite et à gauche d’une sorte de gouitière qui la parcourt longitudinalementau milieu. Les tempes sont assez ren- flées et les régions frénales penchées l'une vers l’autre, en même temps qu’un peu cintrées dans leur sens vertical. La fente de la bouche suit une ligne parfaitement droite. Les yeux sont de moyenne grandeur, situés latéralement à fleur du crâne, avec BOÆIDES. G. PÉLOPHILE. 1. b25 Jeur trou pupillaire tourné vers l'horizon dans l’axe transversal de la tête. L'ouverture des narines est grande , subtriangulaire et “baillante. Les deux plaques qui la circonscrivent sont placées l’une au-dessus de l’autre; l'inférieure est demi-circulaire et plus grande que la supérieure, qui est pentagone ou hexagone oblon- gue. La plaque rostrale offre huit côtés, dont sept subégaux etun, V'inférieur , beaucoup moins petit que les autres et légèrement échancré. La surface comprise entre l’extrémité du museau et le front est garnie d’un pavé de trente à quarante squammes polygones, d’inégale dimension. Deux très-grandes plaques de figure variable , séparées par plusieurs autres d’un dévelop- pement moindre, recouvrent, l’une à droite et l’autre à gauche, les régions sus-oculaires , en arrière desquelles le dessus du crane se trouve revêtu d’écailles qui deviennent de moins en moins petites, à mesure qu'elles se rapprochent de l’occiput, où elles sont pareilles à celles du cou et des tempes. L’œil est entouré d’un cercle de six à neuf pièces squammeuses de grandeurs fort différentes, dont la plus dilatée occupe tou- jours le bord antérieur de l'orbite et, les moins grandes le bord supérieur. Les côtés du museau, intermédiairement aux . plaques nasales et à la préoculaire, qui est en général excessi- vement développée, offrent chacun un rang longitudinal de trois à cinq pièces polygones, inéquilatérales, assez grandes, super - posé à un autre, qui en comprend de cinq à huit de moyenne dimension. Il y a une grande ressemblance entre la squammure des bords de la bouche du Pélophile de Madagascar et celle de VEunecte murin. On compte une vingtaine de plaques, à l’une comme à l’autre lèvre : celles de la supérieure , ordinairement d’un diamètre beaucoup moindre aux deux extrémités qu’au milieu de leurs rangées, affectent la figure de trapèzes ou de carrés, quoique la plupart d’entre elles aient réellement cinq angles ; toutes celles de l’inférieure ont quatre pans, maïs les dix dernières sont oblougues et bien plus petites que les dix premières, dont la hauteur est au contraire double, triple ou inème quadruple de la largeur, selon qu’elles sont plus ou moins éloignées du menton. La plaque de celui-ci représente un triangle isocèle extrèmement effilé. Les écailles du dessous de la tête, assez régulièrement losangiques et plates en arrière du sillon gulaire , sont , à sa droite et à sa gauche, rhomboïdales, allongées , fort étroites et un peu bombées. Le tronc et la queue 526 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. ont pour écaillure des pièces carrées, toutes aussi petites LA unes que les autres, à l'exception de celles, d’une grandeur j moyenne, que comprennent les deux rangées latérales aux, scutelles veutrales. Celles-ci, plus développées que cher plupart des autres Boæides, offrent vers le milieu du cor une largeur égale aux deux tiers de la longueur de la fente” buccale. Lu Écailles du tronc : 69 ou 71 rangées longitudinales , de 482 à 486 rangées transversales. Écailles de la queue : de 39 à 43 ran- gées longitudinales , 63 rangées transversales. Scutelles : de 226 à 235 ventrales, de 36 à #1 sous-caudales. L- Cozorarion. Chez cette espèce, la couleur du fond est d’ut brun, soit plus ou moins fauve, soit plus ou moins roussâtre, ou bien d’un blanc tirant sur le jaunâtre. Un noir profond s’étend en une belle bande oblique depuis l’œil jusqu’à l’angle de la bou che, et il forme un carré long sur la lèvre supérieure positivement au-dessous de l'orbite ; la même couleur est déposée par grandes taches subarrondies, tantôt bien séparées, tantôt très-rappro- chées les unes des autres , sur les bords du sillon gulaire ; à l’ex= trémité du museau et autour de la mâchoire inférieure. Les" jeunes sujets offrent sur le sommet du dos une série de losanges bruns, à bords noirs, et, de chaque côté , une suite de taches” oblongues, anguleuses ou sub-elliptiques, entièrement noires et environnées de fauve ou de blanchatre ; au-dessous de ces taches, c’est-à-dire le long des flancs, est une rangée de grands disques noirâtres, irrégulièrement dentelés ou comme déchiquetés à leur pourtour, et à travers lesquels la teinte claire du fond apparaît sous la figure de plusieurs taches sub- circulaires, dont une, toujours plus dilatée que les autres, occupe le centre. Avec l’âge, les losanges noirs de la région médio-dorsale s'effacent et celle-ci reste uniformément d’un brun fauve ou roussâtre ; les taches oblongues des parties laté- rales du dos s’allongent, se soudent ensemble, de manière à ne plus constituer qu’un seul et même ruban noir, inégalement élargi de distance en distance ; enfin , les disques noirâtres des côtés du tronc se divisent en taches et en raies, qui, s’anasto- mosant diversement entre elles, produisent une sorte de dessin réticulaire ou géographique. Quant aux parties inférieures du corps , elles sont à toutes les époques de la vie d’un blanc jau- vâtre , plus ou moins maculé de brun sombre. BOÆIDES. G. EUNECTE. 527 Dimensions, Longueur totale. 2 62”, Téle. Long. 7° 5”. Tronc: 2 30”. Queue. Long. 24” 5”. !. Pare. Ce Boæide habite l’île de Madagascar, d'où M. Ber- nier en a fait parvenir trois magnifiques exemplaires au Mu- séum d'histoire naturelle. Mogurs. L’un d’eux avait dans l'estomac un canard dont toutes les parties étaient encore intactes, circonstance qui in- dique évidemment que le Pelophilus Madagascariensis est un serpent aquatique. EE] ———————— À VII GENRE. EUNECTE. — EUNECTES (1), Wagler. Caracrère. Narines s’ouvrant sur le bout du museau, chacune entre trois plaques , une inter-nasale et deux nasales. Yeux sub-verticaux, à pupille perpendiculai- rement allongée. Dessus de la tête revêtu de plaques dans sa moitié antérieure, et d’écailles dans sa moitié postérieure. Pas de fossettes aux lèvres. Pièces de l'écaillure du corps plates, lisses ; scutelles sous-cau- dales non divisées en deux parties. On peut aisément reconnaître les Eunectes, car, seuls entre tous les Boæides , ils ont les narines percées à la face ‘supérieure du bout du museau et directement tournées vers le ciel. Cette position verticale des orifices externes de l'organe olfactif, jointe à leur extrême petitesse, au peu d'espace existant entre eux et à la faculté de se clore her- métiquement, décélerait, de la manière la plus évidente, les habitudes presque exclusivement aquatiques de ces Ophidiens, si nombre de voyageurs ne nous les avaient déjà .dénoncées. Un de leurs autres caractères génériques est également tiré des ouvertures nasales, ou plutôt du mode .d’entourage squammeux de celles-ci, lequel se compose de (1) Bon nageur. Ev, bien, fort; vnxrÿs, nageur : qui nage bien. 528 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. trois pièces , au lieu de deux , que comprend celui de tous les serpents de la même tribu , qui ne sont ni des Epicrates, ni des Chilabothres. D’une autre part, les Eunectes dif- fèrent encore de ceux-ci, en ce qu’ils n’ont pas la presque totalité de leur région sus-céphalique recouverte de plaques, et de ceux-là, par le manque absolu de creux autour de la bouche. L’absence complète de carènes sur l’écaillure des Eunectes sert, en plus, à les distinguer des Énygres, des Leptoboas, des Tropidophides et des Platygastres, de mèmie que la présence de lames symétriques sur la portion anté- rieure de leur tête, est une autre dissemblance qui existe entre eux et les Boas, où le dessus du crâne est garni d’é- cailles d’un bout à l’autre. Eu outre de cela, ces derniers présentent au devant de leur glotte une sorte de petite lan- guette verticale , dont il n’y a pas la moindre trace chez les Eunectes. : Le présent genre est une des-.cinq divisions en lesquelles Cuvier avait réparti les espèces qu’il comprenait sous la dé- nomination générique de Boa : c’est de Wagler qu'il a recu le nom par lequel il est ici désigné. 4. L'EUNECTE MURIN. Æunectes murinus. Wagler. Caracrères. Dessus et côtés du corps d’un brun plus ou moins foncé ; deux séries dorsales de grandes taches noires, ar- rondies ; une suite de cercles de la même couleur entou-" rant chacun un disque jaunâtre , le long de l’un et de l'autre. flanc. SYNONYMIE. 1648. Amore pinima. Marcg. Hist. Bras. liv. 6, pag. 242. 3 1731. Serpens crassus capite et colore vertice Hisce etc. Scheuchz. Phys. sacr. tom. 4, pag. 1087, tab. DCVL,A. 1734. Serpens Guineensis. Séb. tom. 2, pag. 24, tab. 25, fig. 1. Serpens testudinea Americana murium üinsidiator. Séb. tom. 2, pag. 30, tab. 29, fig. 4 1754. Cenchris scut. abdom. 254, scut. caudal. 49. Gronoy. Serpent. in mus. ichthyol. pag. 70, n° 44 1758. Boa scytale. Linn. Syst. nat. Édit. 10 , tom. 1, pag. * BOÆIDES. G. EUNECTE. [. 529 214, n° 525 : exclus. synon. fig. 1, tab. 137, tom. #, Phys. sacr. ie a et n° 40, pag. 55, Sn in Mus. ichthy. Gronov. | (?Ærythrolamprus venustissimus. ) Boa murina. Lian. loc. cit. tom. 1, pag. 215, n° 519. 1758. Gros serpent appelé Buio. Gumilla. Hist. nat, Orénoque. tom. 3, pag. 32 et 73 (1). 1766. Boa scytale. Linn. Syst. nat. Édit. 42, tom. 4, pag. 374, n° 323 : exclus, synon. fig. 4, tab. 737, tout 4, Phys. sacr. Scheuchz. et n° 10, pag. 55, Serp. in Mus. ichthy. Gronov. ( > Erythrolamprus venustissimus.) Boa murina. Id., loc. cit., n° 319. 1771. Boa murina. Daubent. Anim. quad. ovip. serp. pag. 651. Boa scytale. Id. loc. cit. pag. 651. 1783. Boa glauca. Bodd. Nov. act. Cæsar. Leopold. tom. 7, pag. 17, n° 2. Boa albida. Id. loc. cit. n° 3. 1788. Boa murina. Gmel. Syst. nat. Linn., tom. 5, part. 5, pag. 1084, n° 319 Poa scytale. I. loc. cit. no 393. 1789. Le Rativore. Lacép. Hist. nat. quad. ovip. serp. tom. 2, pag. 583. 1789. Le Mangeur de rats. Bonnat. Encyclop. méth. ophiol. pag. 6, pl. 6, fig. 6 (d’après Séba). 1798. Boa murina. Donnd. zoolog. Beitr. Linn. ratur. syst. tom. 5, pag. 148, n° 8. 1799. Serpent aboma. Stedm. Voyag. Surin. tom. 1, pag. 225- 232, pl. 14 (2). 1801. Boa murina.Schneïid. Histor. amph.Fasc. 11, pag. 240. Boa scytale. Id. loc. cit. pag. 248. 1802. Boa gigas. Latr. Hist. Rept. tom. 3, pag. 136. Boa murina. I. loc. cit. pag. 454 ( d’après la fig. 1, pis 29, ‘tom. 2 , Séba). 1802. Boa murina. Shaw. Gener. zool. Vol. 5, part. 2, pag. 551. 1802. Boa murina. Bechst. de Lacépède’s natur. histor. amph. tom. 5, pag. 51, fig. 1. (1) Traduct. franc. d'apres la 2€ édit. espag. par Eidous. 3 vol. in-12. Avignon, 1798. (2) Traduct. franc, par Henry. 3 vol, in-8, Atlas. Paris, an vi REPTILES, TOME Vi. 34 530 PYTHONTENS APROTÉRODONTES. ; 1803. Zoa aboma. Daud. Fist. Rept. tom. 5, pag. 432, pl. 62, fig. 2. Boa murina. Id., loc. cit., pag. 455. Boa anacondo. Id. , loc. cit., pags AE pl. 63, fig. 2 (d'après un très-jeune sujet). Boa scytale. X., loc. cit., pag. 168. 1817. FRE A Cuv. Règn. anim. Edit. 1, tom. 2, pag. 67. * 1820. Boa murina. Merr. Tent. syst. amph. pag. 86, n° 5: 0 1821. Zoa murina. Schneid.* Beytr. Klassif, Riesenschl:" ( Denkschrift. akadem. Wissenschaft. Münch., tom. 7, pag. 108. )& Boa scytale. I., loc. cit. pag. 417. 1821. Boa aquatica. Maximil. zu Wied, Voyag. Brés. tom. 1, pag. 558, et tom. 2, pag. 174. 1822. Boa aquatica. Maximil. zu Wied Abbild. naturgesch. Brazil. pag. et pl. sans numéros (très-bonne figure). 1825. Boa aquatica. 14. Beitr. naturgesch. Brasil. tom. 1, pag. 226. 1826. Boa scytale. Fitzing. Neue classif. Rept. pag. 54.8 1827. Boa murina. K. Boié. Isis, tom. 20, pag. 514. ... 1829. L'Anacondo. Cuv. Règn. anim. Edit. 2, tom. 2, pag. 78. 1830. £unectes murinus. Wagl. Syst. amph. pag. 167. 1831. The anacondo. Grif. anim. Kingd: Cuv. Vol. 9, pag. 253. ( 1831. Æunectes murina. Gray, Synops. Rept. pag. 96, in Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9. 1837. Boa murina. Schles. Ess. physion. Serp. Part. génér. pag. 475, et Part. descrip. pag. 380, pl. 14, fig. 1-2, 1840. Boa murina. Filippo de Filippi. Catal. ragion. Serp. mus. Pav. (Biblioth. Ital. tom. 99). 1842. E'unectes murina. Gray. Synops. Famil. Boidæ (Zoo miscell. pag. 41). #° x DESCRIPTION. Forues. L’Eunecte murin à moins l’ensemble de formes, le port, en un mot la physionomie du commun des espèces de sa tribu que celle de certains autres serpents n’appartenant pas à la même famille, mais aquatiques comme lui, tels par exemple que les Hydrops ei les Hormalopsis, dont il est réellement le 7 4 ge L' dé s .. BOÆIDES, G. EUNECTE. 1. à 53x représentant parmi les Boæides. C’est un fait semblable ou ana- logue à ceux que nous avons déjà signalés ou que nous allons souvent rencontrer, lesquels résultent du parallélisme qui ‘existe entre toute division vraiment naturelle et toute autre de même degré, quelle que soit la supériorité ou l'infériorité de celui-ci. L'espèce que nous nous proposons de faire connaître ici offre ‘une tête petite à proportion du reste du corps, à peine distincte du ‘cou, conique , très-aplatie à sa face inférieure, fort peu au con- traire à ses faces latérales, et largement tronquée en mêmetemps \qu'arrondie en avant. Son tronc est très-faiblement comprimé, convexe en dessus et en dessous, et d’une longueur de trente. six à trente-huit fois égale à sa plus grande largeur; il est plus. gros au milieu qu'à son extrémité antérieure et surtout qu’à sa partie postérieure, toutefois cette disproportion est moins pronon- cée que chezles Boas, les Xiphosomes et plusieurs autres Boæides. La queue , assez effilée et médiocrement préhensile, fait de la sixième à la septième partie de la totalité de l'étendue longitu- dinale de ce Serpent. Les vestiges de membres abdominaux, qui se montrent exlérieurement sous la forme d’ergots coni- ques, courts, recourbés et pointus, ne sont pas proportionnelle- ment aussi forts que ceux des Boas; nous les avons même trou- vés d’une très-petite dimension chez des femelles ayant plus d’un mètre de long. Les narines, que nous avons déjà dites être percées perpen- diculairement, ont leurs ouvertures très-rapprochées l’une de l’autre, fort petites et demi-cireulaires. Les yeux, dont la gros- seur west pas en rapport ayec le volume de l’animal, sont situés de facon qu'il peut voir à la fois ce qui se passe au-dessus et . devant lui sans bouger la tête, privilége accordé à tous les Ser- pents qui demeurent la plus grande partie du temps au milieu des eaux. La bouche est fendue suivant une ligne parfaitement ‘droite : elle est armée de dents robustes, dont la longueur di- minue graduellement dans chacune des quatre séries qu’elles composent, depuis les premières jusqu’à la dernière inclusive- ment: leur nombre, pour chaque côté, est de seize à l’une comme à l’autre mâchoire, de cinq aux os palatins et de dix aux ptéry- voïdes internes. Comparé à celui des autres Boæides, le squelette céphalique de l’Eunecte murin présente les différences suivantes : ses 0s AC > à sw 4 y a 532 . PYTHÔNIENS. APROTÉRODONTES. à 0 susemaxilaires sont droits, au lieu d’ être un peu courbés en 2 , de mème que ceux des Enygres, des Xiphosomes, des! Épicrates et des Chilabothres; ayaut les yeux situés pl haut ou plus rapprochés l’un de l'autre et. le museau moins allongé qu'aucun autre membre de sa tribu , il en résulte natu- rellement que, d’une part, ses frontaux sont moins dilatés en . travers ou non pas une fois, mais une demi-fois seulement plus larges que longs , et que, d'une autre part, il a les os nasaux et les frontaux antérieurs plus courts , et surtout l'angle en lequel chacun de ceux-ci se prolonge en avant, beaucoup moins aigus La plaque rostraie offre quatre pans, deux latéraux un peuñ concaves, un inférieur fort échancré pour le passage de la langue, et un supérieur plus étendu qu'aucun des trois autres, lequel est. tantôt curviligne , tantôt brisé à angle extrêmement ouvert et à soudé tout entier aux nasales antérieures et aux inter-nasales. Celles ci, plus petites que celles-là , qu’elles séparent l’une de. l’autre, ont derrière elles une paire de fronto-nasales oblon- gues, à proportions fort grandes et suivies de quatre frontales ‘ antérieures, qui sont d’une dimension beaucoup moindre que, les senes et placées, deux bout à bout, entre leurs deux. congénères. Viennent ensuite deux frontales proprement dites ayant à ieur droite et à leur gauche une sus-oculaire plus large et plus longue qu'elles ; après cela, le reste du dessus de la tète ne présente plus que des écailles d’une figure et d’une äis* position d'autant plus régulières qu’elles sont plus rapprochées. du cou. De chaque côté du museau, entre la première plaque nasale, qui en occupe l'extrémité antérieure, et la seconde, dont le diamètre excède à peine celui de l’orifice qu’elle borde postérieurement, il existe une frénale extrèmement dévelop pée, précédée d’une ou deux autres qui le sont au CONTE excessivement peu, frénale qui est séparée des supéro-labiales par une série de plusieurs petites plaques se prolongeant sous le” cercle squammeux de l'orbite. Ce cercle se compose d'une grande pré-oculaire, d’une ou deux sous-oculaires et de trois ou quatre post-oculaires plus ou moins petites. Telle est, dans son état normal , la composition du bouclier céphalique , qui offre fort souvent un aspect tout différent par suite , soit de l’ayortement soit de l’excès de développement, ou bien de la division en deux ou plusieurs parties inégales de certaines des pièces qui le constituent. BOIDES. G. EUNECIE. 533 “à La lèvre supérieure est garnie de quinze à dix-huit paires de plaques quadrangulaires ou pentagones, inégalement hautes ; les moins courtes sont ordinairement celles de la seconde paire et des quatre ou cinq qui précèdent les trois dernières. La plaque qui protége le menton a la figure d’un triangle isocèle très-effilé, Celles, au nombre d’une vingtaine, qui, de chaque côté , revè- tent les bords de la mâchoire inférieure , sont quadrilatères, très-aliongées verticalement et fort étroites près de la menton- nière , mais de plus en plus courtes, à mesure qu’elles se rap- Mochent de la commissure des Res où l’on en voit même quelques-unes d’oblongues. Le sillon gulaire est bien marqué, et la région du même nom offre des écailles lancéolées, plates, lisses et légèrement imbriquées. Les pièces de l’écaillure du corps sont losangiques et toutes à peu près de même grandeur, excepté celles des trois ou quatre séries qui bordent à droite et à gauche les scutelles du ventre, lesquelles ont effectivement une dimension double ou triple des autres. Les lames protectrices de la région abdo- minale sont au contraire tellement étroites, que la largeur des, plus grandes n'excède que de fort peu la longueur du museau. Écailles du tronc : 59 ou 61 rangées longitudinales, de 568 à 581 rangées transversales. Écailles de la queue : 35 ou 37 ran- &écs longitudinales, de 79 à 87 rangées transversales. Scu- Mie: : de 242 à 253 ventrales, de 56 à 73 sous-caudales. … Cororarion. Le mode de coloration de l'Eunecte murin est beaucoup plus simple que celui de la plupart des espèces de Boæides que nous avons déjà décrites. En dessus, le corps est d’un vert noirâtre chez les individus adultes, et d'un brun olivâtre plus ou moins clair chez les jeunes sujets. A tout âge, les tempes offrent chacune, entre deux raies d’un noir pur, une large bande jaune qui s'étend obliquement depuis l’œil jusqu’en arrière de l’angle de la bou- che. A tout âge également, le dos et la queue présentent de grands disques ou de grands ovales d’un noir profond, disposés sur deux séries et de telle sorte, que ceux de l’une alternent avec ceux de l’autre; quelquefois cependant. il en est qui se “trouvent occuper la même ligne transversale, tantôt séparés par un certain intervalle , tantôt au contraire soudés ensemble ou par paires. Il existe le long de chaque côté du corps une à 4 4 “EX LA * jrs 534 PYTHONIENS APROTÉRODONIES di, * À ou deux rangées d’anneaux MOTTE se détachant parfaiteme bien d’un fond beaucoup Plus ‘clair que celui des parties sup rieures ; fond qui passe peu à peu à la couleur jaune es des régions inférieures , où le noir apparaît #ussi sous la forme de taches quadrangulaires, isolées ou confondues entre elles. Dimensions. I n’y a que les Pythons, parmi tous les Ophi-. diens aujourd’hui connus, qui atteignent d’aussi grandes ou mensions que l’Eunecte murin, dont plusieurs voyageurs assu= j rent avoir vu des individus de vingt-cinq à trente pieds de long Il en existe au reste de fort grands dans diverses ceci) d'Europe et particulièrement un de dix-huit pieds de longueu ÿ dans le musée de Leyde et un autre de vingt, dans celui de Ber: lin ; le nôtre n’eu renferme aucun qui ait une taille aussi consi= dérable ; voici les mesures du plus grand : Longueur totale. 4 62". Téte. Long. 45". Tronc. Long. 5! 80% Queue. Long. 67" ; ParRiE. Jusqu'ici on ne peut signaler d'une manière certaine que les Guyanes et le Brésil, comme étant les contrées de l'A mérique méridionale qui nourrissent cet énorme reptile, dont la patrie a sans doute des limites beaucoup plus étendues. C’est de Surinam, de Cayenne et de Rio-Janeiro que sont par venus au Muséum d'histoire naturelle les exemplaires qui représentent cette espèce dans presque tous ses âges, exem: plaires de plusieurs desquels nous sommes redevables à Le vaillant, à MM. Leschenault et Doumerc et à M®® Richard, n6 Rivoire. 4 Mozurs. « Un serpent de vingt-trois pieds de longueur, appar- tenant à l'espèce de ceux nommés Boiguacu, Ikourou ou Aboma , avait dans son estomac , au moment où j'en fis l’ouver- ture, un grand Paresseux , un Légouane (4) long de trois pieds et trois quarts et un Mangeur de fourmis (2) de deux pieds huit” pouces, tous trois dans le même état que s’ils venaient d ètre, tués à coups de fusil. » Ce passage , extrait de l'Histoire naturelle de Surinam park Fermin, était, que nous sachions, l’unique renseignement re- latif aux mœurs de l’Eunecte murin que renfermassent les rela- à (1) Un Iguane. - (2) Probablement un Tamandua. . BOÆIDES. G. EUNECIE. 1. 535 . tions des voyageurs avant que le prince de Neuwied (1) n’eût ” publié les observations intéressantes que nous allons rappor- terucl | « Au Brésil, l’Eunecte murin est appelé Cucuriubu où Cucu- riu ; les Botocudes le nomment Æetameniop. Le prince en a vu des individus longs de vingt pieds et les habitants lui ont assuré “qu’il parvient à une taille beaucoup plus considérable dans les lieux incultes et inhabités. Les eaux sont la demeure habituelle de ce serpent : il s’y repose couché sur un haut fond, la tête seule émergée ; plongeur habile, il peut s’y enfoncer pour ne reparaître à leur surface qu’assez longtemps après ; tantôt c’est avec rapidité qu'il les parcourt en tous sens en nageant à la manière des-poissons anguilliformes , tantôt au contraire il abandonne son corps, roide et immobile, au courant plus ou moins rapide d’un fleuve ou d’une rivière, Parfois il se tient étendu près du rivage sur le sable ou sur les rochers, ou bien sur un tronc d'arbre renversé, attendant patiemment que quelque mammifère amené par le besoin de se désaltérer, passe assez près de lui pour pouvoir être saisi. Ceux de ces animaux dont il fait le plus ordinairement sa proie sont des Agoutis, des Pacas et des Cabybaras ou Cabiais; on dit qu'il mange aussi des poissons. C’est en élé, depuis novembre jusqu’en f6- vrier, que s’accouple l’Eunecte murin, époque à laquelle on le rencontre plus souvent qu’à toute autre et où, assure-t-on, il fait entendre un mugissement sourd. Au Brésil, il ne s’engourdit pas en hiver. L’arc et le fusil sont les armes dont les indigènes _se servent pour le tuer, à moirs qu'ils ne le rencontrent à terre, où il ne se meut que fort lentement ; dans ce cas ils l'assomment à coups de bâtons. On fait avec sa peau des chaussures et des sacs de voyage; sa graisse est aussi employée à différents usages, et les Botocudes en mangent la chair. L’ovoviviparité de l’Eunecte murin est un fait qui a été signalé d’abord par Cuvier, puis par M. Schlegel , qui a trouvé chez une femelle, dont il faisait la dissection , une vingtaine d’œufs ren- fermant chacun un petit presque entièrement développé : ces fœtus avaient de un pied à dix-huit pouces de longueur. FA (1) Beiträge zur naturgeschichte von Brazilien, tom. 1, p. 226 = 536 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. VII GENRE. XIPHOSOME. — XIPHOSOMA. Wagler (1). (Boa, Laurenti; Xiphosoma , Gray; Coralles Daudin et Gray.) ) LA Caractères. Narines s’ouvrant latéralement entre deux plaques. Yeux latéraux, à pupille vertico-ellip- tique. Tête revêtue de plaques sur le bout du museau, et d'écailles sur le reste de sa face supérieure. Des fossettes aux lèvres. Écailles du corps plates, lisses; scutelles sous-caudales non divisées en deux parties. L'absence absolue de carènes sur les pièces de l’écaillure des Xiphosomes est, entre autres particularités, celle qui permet le mieux dë les distinguer, au premier aspect, des Enysres, des Leptoboas, des Tropidophides et des Platygastres, de même que la situation de leurs ouvertures nasales, non éntre trois plaques, mais entre deux seulement, empêche de les confondre avec les Epicrates; d’une autre part, les cavités dont leurs lèvres sont creusées indiquent suffisamment qu’ils n’appartiennent à aucun des genres Boa, Pélophile , Eunecte et Chilabothre, Les Xiphosomes, qui semblent être, dans la tribu des Boæides, les représentants des Morélies, genre de la tribu des Pythonides, ont comme elles une tête.en forme de pyramide quadrangulaire, fortement obtuse au sommet et excessi- vement renflée ou arrondie à la base , sur trois de ses faces, _lasus-céphalique et les temporales. Leur tronc, suivant qu'il est robuste, ramassé ou très-allongé, est suivi d'une queue, tantôt grosse, courte et médiocrement préhensile, tantôt bien eflilée , plus ou moins longue et très-enroulable ; mais dans l’un et l’autre cas, il est considérablement comprimé gs # L PRE L À de droite à gauche, distinctement plus étroit et réellement Gi) De Éiqior, épée; et de cœpa, corps. $ BOÆIDES. G, XIPHOSOME. 537 moins long à sa région ventrale qu’à la dorsale, à cause de - la grande courbure que décrit celle-ci , dont le sommet est _tectiforme. C’est en raison de cette conf t on de leur * corps que les Xiphosomes jouissent au plus haut degré’ de la faculté de s’enrouler en spirale, disposition qui paraît même être celle qu’ils prennent le plus habituellement , car on l’observe chez tous les individus qu’on possède conservés dans l'alcool. Les deux sexes offrent des vestiges de membres postérieurs , généralement peu développés dans les mâles, et encore moins dans les femelles. La bouche est fendue suivant une ligne droite. [1 n’existe pas, comme chez les Boas , de petite languette verticale et contractile au-devant del ofde de la trachée artère. Les narines viennent aboutir .extérieurement sur les côtés du museau, tout à fait à son extrémité ; l'ouverture en est ovalaire ou subtriangulaire, et pratiquée dans deux plaques, qui sont ou superposées ou placées, l’une devant l’autre. Les yeux, dont la position est latérale, ont la pupille verticalement allongée. Le Pholidosis sus-céphalique se compose d’écailles, par- tout ailleurs que sur le bout du museau, où 1l y a de deux à neuf plaques symétriques. Le pourtour de la bouche offre un nombre variable de petits enfoncements résultant de ce que les plaques labiales ont, tantôt leur surface concave dans toute sa largeur , tantôt leur bord antérieur et le posté- rieur très-minces, tandis que leur ligne médio-verticale est au contraire très-épaisse. Les pièces de l’écaillure du corps sont losangiques et parfaitement lisses ; les scutelles sous- caudales sont normalement entières : ce n’est qu’accidentel- lement qu'on en trouve quelques-unes de divisées en deux, parmi les autres. Dans les Xiphosomes ,. de même que chez les Boas et les autres genres de Boæides qui vont suivre, les frontaux an- térieurs, dont la figure est celle d’un trapèze, se conjoignent en arrière des os nasaux; ceux-ci représentent ensemble une plaque ellipsoïde offrant antérienrement deux grandes échancrures semi-civeulaires. Les branches de leur mâchoire 538 . PYTHONIENS APRÔTÉR supérieure sont légèrement D. en tn et armées cha- cune , ainsi que les inférieures, de dix à vingt dents , Parmi à proportion des suivantes. On compte cinq ou six de ces organes à chaque palatin, et de neuf à douze à chaque ptérygoïde interne. Ges serpents, qui sont très-favorablement conformés soit pour nager, soit pour s’enrouler autour des branches, par suite du grand aplatissement latéral de leur corps, ne peuvent par la même raison exécuter qu’une reptation pénible sur le soi, si surtout celui-ci n’est pas accidenté. Aussi se tiennent-ils rarement à terre, mais presque toujours au inilieu des eaux ou sur les arbres et les arbustes qui croissent sur leurs bords. Ils paraissent se nourrir principalement d'oiseaux et de petits mammifères. Le genre Xiphosome a été établi, nous devrions plutôt dire reproduit, par Wagler, dans la partie opliolosique de l'ouvrage de Spix sur les animaux du Brésil ; car déjà, bien * longtemps auparavant , ce dont Wapgler ne semble pas s’être | aperçu , Laurenti en avait posé les bases en restreignant le genre Boa de Linné à l'espèce dite Canina, qui lui parut être la seule qui sedistinguat des autres par l'existence de fos- settes aux lèvres , et par des plaques sur le bout du museau, au lieu d’écailles comme sur le reste de la tête. Il y a plus, cette caractéristique du genre Xiphosome donnée par Lau- renti était incomplète, mais vraie; tandis que celle que lui avait assignée Wagler était fausse, puisqu'il ÿ disait que ces” serpents manquent de crochets anaux, et qu'ils difièrent des vrais Boas par un corps comprimé et des dents anté- rieures plus longues que les postérieures: particularités qui leur sont communes avec ces derniers. Plus tard mème, dans son Naturlisch system der Amphibien, l'Erpétologiste ba- _varois n’a pas distingué génériquement les Xiphosomes, comme ils auraient dû l'être, On doit donc regarder Nagler, nou comme Le fondateur du genre Xiphosome, mais seulement comme l'inventeur de la dénomination, peu heu- reusement choisie, par laquelle nous avons néanmoins dû ji 4 D elles les premières sontexccssivement londres et grêles, fs | à 4 \ 4 # 4 * s ‘ L ÿ PRE te ‘ BOÆIDES. .G. XIPHOSOME. 539 le désigner, le nom de Boa qu’il avait primitivement reçu de Laurenti ayant généralement été appliqué au groupe ren- . fermant le Boa constrictor. C’est au genre Xiphosome qu’ap- partient l’espèce pour laquelle Daudin a établi le genre Co- rallus, d’après un individu dont la première et la seconde scutelle sous-collaire était divisée en deux, au lieu d’être entière : aussi ce genre a-t-il été rejeté et avec raison par tous les Erpétologistes , excepté par M. Gray, qui le fait figurer dans une nouvelle classification de la famille des Er © MT, è Boæides , avec une caractéristique qui ne comprend que des particularités purement spécifiques. Peut-on en effet consi- dérer autrement des différences qui ne portent que sur la grosseur, la longueur du corps et de la queue , sur le nom bre des cavités labiales, et sur celui si variable, chez les individus d’une même espèce, des squammies protectrices du dessus et des côtés du museau, ainsi que du pourtour des orbites ? Le présent groupe générique correspond à l’une des cmq sections que Cuvier avait établies parmi ses Boas, d’après la dissemblance que présente leur squammure sus-cépha- lique, et la présence ou l’absence de fossettes autour de leur bouche. Aux deux espèces du genre Xiphosome, l’une et l’autre américaines , déjà mentionnées par les naturalistes, nous en adjoignons une troisième, nouvellement découverte dans ’île de Madagascar. , #4 540 PYTHONIENS ‘APROTÉRODONTES. DM D AD Lspéces. de toute la lèvre supérieure et} de la presque totalité de l'infé- ; 1. X. Canin. GONCAVES IMIEURE .. E 7. le TEE | le long des trois derniers quarts de la lèvre supérieure et de la se- 2. X. PARTERRE. conde moitié de l'inférieure. . Des plaques en forme de prismes {riangulaires le re 3. X. ne MADAGAscAR. des deux lèvres. . . . . . ., E— 1. LE XIPHOSOME CANIN. Xiphosoma caninum. Wagler. Caractères. Plaque rostrale ennéagone, inéquilatérale ; deux plaques inter-nasales, en arrière desquelles sont deux rangées d’autres plaques symétriques , suivies d’écailles; cercle squam- meux de l’orbite complet. SyNONYMIE. 1731. Vipera Isebequensis sublutea. Scheuchz. Physic. sacr. tom. 4, pag. 4179, tab. DCXX VIII ( par err. typo- graph. DCXXIIX) (jeune âge). 1734. Serpens sive vipera Siamensis. Seb. tom. 2, pag. 33, tab. 54, fig. 1 et 2 (jeune âge). Serpens Bojobi. Seb. tom. 2, pag. 86, tab. 81 et pag. 101, tab. 96, fig. 2 (adulte). 1754. Boa caninus. Linn. Mus. Adolph. Freder. pag. 39, tab. 3. 1755. Vipera labiis squamatis. Klein, Tentam. Herpet. pag. 19, n° 4. * Anodon capite lato. Xd. loc. cit. pag. 43, n° 1. 1758. Boa canina. Linn. Syst. nat. edit. 10, tom. 1, pag. 215, n° 280. Boa hypnale. \. loc. cit. pag. 215, n° 299. 1765. Bojobi. Ferm. Hist. Holl. Equinox. pag. 35. 1766. Boa canina. Linn. Syst. nat, edit. 12, tom. 1, pag. 373, n° 280. Boa hypnale. I. loc, cit. pag. 373, n° 299. NE to LA # BOÆIDES. G. XIPHOSOME. 1. Bai 1768. Boa thalassina. Laur. Synops. Rept. pag. 89, n° 193. Boa aurantiaca. Id. loc. cit. n° 194. Boa exiqua. a. loc. cit. n° 195. 1771. Boa canina. Daub. Anim. quad. ovip. Serp. pag. 593. Boa hypnale. Id. loc. cit. pag. 639. 1783. Boa viridis. Bodd. Nov. act. Cæsar. Leopold. tom. 7, pag. 17, n°5. Boa flavescens. V. loc. cit. n° 4. . 1788. Boa canina. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 3, part. 3, pag. 1082, n° 80. Boa hypnale. Id. loc. cit. pag. 1083, n° 299, 1789. Le Bojobi. Lacép. Hist. Quad. ovip. Serp. tom. 2, pag. 378, pl. 17, fig. 1. L'Hypnale. Id. loc. cit. pag. 375, pl. 16, fig. 2. 1789. Le Bojobi. Bonnat. Encyclop. méth. Ophiol. pag. 4, pl. 2, fig. 2 (d’après Mus. Adolph. Freder.) L'Hypnale. I. loc. cit. pag. 5, pl. 4, fig. 4. Le Jaunütre. Xd. loc. cit, pag. 8, n° 11. 1790. Boa canina. Shaw. Natur. miscell. vol. 1, pag. et pl. sans n%. 1798. Boa canira. Donnd. Zool. Beitr. Syst. nat. Linn. tom.3, pag. 144, n° 2. : Boa hypnale. I. loc. cit. n° 5. 1801. Boa canina. Schneïd. Hist, amphib. Fasc. 2, pag. 242. Boa hypnale. Id. loc. cit. pag. 243. 1802. Boa canina. Latr. Hist. Répt. tom. 3, pag. 140. Boa hypnale. Id. loc. cit. pag. 144. 1802. Boa canina. Shaw. Gener. Zool. vol, 3, part. 2, pag. 346, pl. 96. Boa hypnale. I. loc. cit. pag. 360. L Hypnale. Bechst. de Lacepede’s naturgesch. Amph. tom. 5, pag. 3, pl. 1, fig. 2. Le Bojobi. Y. loc. cit. pag. 42, pl. 2, fig. 1. Boa flavescens. Id. loc. cit. pag. 6%, pl. 4, fig. 2. 1803. Boa hypnale. Daud. Hist. Rept.tom.5, pag. 207. Boa canina. Id. loc. cit. pag. 214. 1815. Zoa canina. Huebn. de Organ. motor. Boæ caninæ. 1820. Boa hypnale. Merr. Tent. system. amph. pag. 87, n°7. Boa canina. Id. loc. cit. n°8. ee ’ ” LR 4 , b4all ct PYTHONIENS APROTÉRODONTES. _ % 1820. Zoa canina. Kuhl und Van Hasselt. Beitr. WE. 78 L anat, pag. 80. 1821. Bou canina.Schneid. Klassif. Riesenschl. (Denkschrift. Akadem: Wissenschaft, Münch, tom. 7, pag. 112.) Boa hypnale. I. loc. cit. pag. 115. + È 1824. Xiphosoma araramboya. Wagl. Serpent. Brasil, Spix. pag. 45, tab, 16. 1826 Xiphosoma canina. He Neue classif. Rept. pag. 54. 4 1826. Xiphosoma canina (Xiphosoma araramboya.Wagler Fitzing. Critisch. Bemerkung. Wagler’s Schlangenverk (si, tom. 19, pag. 898). à: 1827. Boa canina. E. Boïé. Isis, tom. 90, pag. 515. 1829. Boa canina. Guy. Réen: anim. 2° édit. tom. 2, pag. 79, note 1. s 1830. Boa canina. Guér. Tconog.… Han anim. Cuv. #4 pl. 19, fig. 2. 1830. Xiphosoma canina. Wagl. Syst, amph. pag. 167. 1831. Boa canina. Griff. anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 254 _(en note). 1831. Xiphosoma canina. Gray. Synops. Rept. pag. ME in Cuvier’s anim. Kiogd. Griff. vol. 9. 1837. Boa canina. Schleg. Ess. physion. Serp. Part. génér. pag. 75, n° 4, et Part. descript. pag. 388, pl. 14, fig. 8 et 9, 1840. Boa canina. Filippo de Filippi. Catal. agsien- Serp. Universit. Pav. (Biblioth. ital. tom. 99.) $ 1842. Xiphosoma canina. Gray. Synops. Famil. Boidæ. (Zoolog. miscell. pag. 42.) DESCRIPTION. Formes. La tête du Xiphosome canin, très-fortement dépri- mée dans sa moitié antérieure, dont le dessus est parfaitement ‘ plan et chacun des côtés perpendiculaire, offre au contraire une très-grande épaisseur en arrière, où sa face supérieure et les latérales sont excessivement bombées. Le tronc, dont la hauteur au milieu est double de la largeur, a une étendue longitudinale vingt fois égale environ à cette même hauteur, qui est de deux tiers moindre près de la tête et de la queue, Celle-ci, qui est fort effilée et très-préhensile, fait de la sixième à la septième partie de la longueur totale du corps. POS COR à F. « d F4 An sn É di La plaque rostrale présente neuf pans inégaux, profondément échancré, deux en haut formant un angle obtus . et trois de chaque côté, dont le médian décrit une ligne arquée en dedans. La lèvre supérieure est garnie, à droite et à gau- che, d’une douzaine de plaques, dont les trois premières sont rectangulaires et toutes les suivantes carrées et de même grandeur. La lèvre inférieure en offre un pareil nombre, mais _avec cette différence que les six dernières seulement sont car- rées et que les précédentes, qui ont plus de hauteur que de lar- geur, sont pentagones ; la plaque du menton a la figure d’un triangle sub-équilatéral. Les fossettes qui existent autour de la - bouche de cette espèce sont plus prononcées que chez aucune autre de la même tribu ; la plaque rostrale en présente trois, “une médiane et deux latérales ; toutes les supéro-labiales et les “huit ou neuf dernières inféro-labiales en ont chacune une, qui occupe chez celles-ci la moitié ou les deux tiers inférieurs, ” + chez ceilles-là, au contraire, la moitié ou les deux tiers supé- - rieurs de leur hauteur. L’orifice vertico-ovalaire et bâillant de la narine est pratiqué dans deux plaques superposées, d'inégale dimension : l’infé- rieure est de beaucoup la plas-petite et rhomboïdale, la su- périeure est pentagone oblongue; parfois la suture qui les sé- pare est si peu marquée qu’elles semblent ne former qu’une” seule et même pièce. Chaque région frénale est reyètue d’une suite de trois grandes plaques sub-quadrangulaires, sub-évales entre elles, au-dessous des deux dernières desquelles on en voit de deux à quatre plus petites, disposées aussi sur un seul rang. [œil est entouré d'un cercle de douze ou treize squam- mes, dont les trois antérieures sont plus grandes qne les autres. Sur le bout du museau, il y a neuf plaques polygones, d'iné- gale grandeur, formant trois rangées transversales, composées, la première de deux, la seconde de quatre, et la troisième de trois pièces. Le reste de la face sus-céphalique est garni d’un pavé d’écailles à plusieurs pans , toutes à peu près aussi petites les unes que les autres, à l’exception de celles qui occupent les régions sus-oculaires, où l’on en voit effectivement une sé- . rie de cinq ou six offrant un développement un peu plus grand que celles qui les avoisiuent. Le sillon gulaire est très-long. A sa droite et à sa gauche sont des écailles ovales lâchement im- briquées. Les pièces de l’écaillure du dos sont régulièrement BOÆIDES. G. XIPHOSOME, 1. 543 un en bas L Li AA # 7 544 PYTHONIENS APROTERODONTES. losangiques , tandis que celles des flancs ont le sommet de leurs angles latéraux fortement arrondi. La largeur des plus grandes scutelles abdominales est égale à la distance qui sépare l’œil de la narine. Ecailles du tronc : 63 ou 65 rangées longitudinales, de MA 454 rangées transversales. Ecailles de la queue : 53 rangées longitudinales, de 82 à 94 rangées transversales. Scutelles : de 196 à 200 ventrales , de 68 à 75 sous-caudales. CocorarTion. Tous nos sujets de grande et de moyenne taille du Xiphosome canin ont le ventre, le dessous de la tête et celui de la queue d’un blanc jaunâtre uniforme , et toutes les autres ë parties du corps d'une teinte bleue ou vert de mer. Tous écale- ment offrent en travers du dos, à d’assez grands intervalles, soit des raies soit des taches anguleuses blanches. Les régions qui sont peintes en bleu ou en vert chez les indi- vidus d’un certain âge, le sont en jaune où en orangé chez les jeunes sujets. Ceux-ci ont les taches ou les raies blanches de leur dos lisérées de brun, de bleu ou de vert. Ils ontsouvent les côtés du corps semés de points de l’une ou de l’autre de ces trois dernières teintes, entremèêlés ou non de cercles de Ia même couleur ayant leur centre blanc. Chez la plupart, le ble ou le vert se montre sous la forme d’une raielongitudinale en arrière de chaque œil, et de taches irrégulièrement distri- buées sur la tête. Dimexsiows. Le plus grand Xiphosome canin que nous ayons vu avait un mètre et demi de long. Voici les mesures d’un individu de plus petite taille, appartenant au Muséum. Longueur totale. 1° 43”. Téte. Long. 5°. Tronc. Long. 90”; haut. 5” 8°”; larg. 4” 77. Queue. Long. 18”. PaTRiE. Surinam, Cayenne et Rio-Janeiro sont les trois loca- calités d’où proviennent les dix exemplaires de cette espèce que renferme notre musée. Mogurs. Le Xiphosome canin est, à ce qu’il paraît, un très- habile nageur. Spix, étant sur le Rio-Negro, en a pris un qui tra- versait ce fleuve, et M. le lieutenant de vaisseau de Fréminville nous a assuré avoir vu un individu de la mème espèce passer le’ long d’une barque à bord de laquelle il se trouvait, au milieu de la rade de Rio-Janeiro. $ BOÆIDES. G. XIPHOSOME. 2. 545 9. LE XIPHOSOME PARTERRE. Xighosoma horlulanum. Wagler. CarAcTÈREs. Plaque rostrale affectant la figure d’un triangle isocèle; deux plaques inter-nasales en arrière desquelles est une rangée d’autres plaques plus petites, suivies d'’écailles; cercle squammeux de l'orbite complet. SYNONYMIE, 1734. Vipera Africana convoluta. Séb. tom. 1, pag. 89, tab. 54, fig. 2. Anguis de Cencoatl. Séb. tom. 2, pag. 18, tab. 16, fig. 1. Vipera ammodytes, Africana. Séb. tom. 2, pag. 50, tab. 50, fig. 1. Vipera Paraguajana. Séb. tom. 2, pag. 77, tab. 74, fig. 1. Coluber Tlehua. Séb. tom. 2, pag. 89, tab. 84, fig. 1. 1754. Coluber hortulanus. Lion. Mus. Adolph. Fredir. pag. 37. 1758. Boa hortulana. Lion. Syst. pat. edit. 10, tom. 1, pag. 215. Boa enhydris. Id. loc. cit. 1766. Boa hortulana. Linn. Syst. nat. edit. 12, tom. 1, pag. 374, n° 418. Boa enhydris. Id. loc. cit. n° 375. 1768. V'ipera bitis. Laur. Synops. Rept. pag. 102, n° 223. Vipera maderensis. Id. loc. cit. n° 224. 4771. Boa hortulana. Daubent. Anim. Quad. ovip. Serp. pag. 659. 1788. Boa horiulana. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 3, part. 3, pag. 1084, n° 418. Coluber maderensis. Id. loc. cit. pag. 1092. Coluber bitis. Id. loc. cit. pag. 1092. 1789. La Broderie. Lacép. Hist. nat. Quad. ovip. Serp. tom. 2, pag. 381. 4789. Le Parterre. Bonnat. Ophiol. Encyclop. méth., pag. 8, pl. 3, fig. 2. 1790. Stumpfkopfig sEnget Merr. Beitr. Gesch. amph. zweit. Heft, seit 14, taf. 2. 4798. Boa hortulana. Donnd. Zoolog. Beitr. Linn. natursyst, tom. 3, pag. 149, n° 10. REPTILES, TOME VI. 30 546 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. 1801. Boa hortulana. Schneid. Histor. amph. Fasc. HI, pag. 245. Boa Merremi. Id. loc. cit. pag. 259. 1802. Zoa hortulana. Latr. Hist. Rept. tom. 3, pag. 148. 1802. Boa hortulana. Shaw. Gener. zoolog. vol. 3, part. 2, pag. 35, pl. 98. 1802. Coluber maderensis. Bechst. de Lacepede’s naturgesch. Amph. tom. 4, pag. 160, pl. 23, fig. 1. ” Coluber bitis. I. loc. cit. pag. 161, pl. 93, fig. 2. Boa obtusiceps. Id. loc. cit. tom. 5, pag. 46, pl. 2, fig. 2. Boa hortulana. Id. loc. cit. tom. 5, pag. 53, pl. 3, fig. 2. 1803. PBoa hortulana. Daud. Hist. Rept. tom. 7, pag. 119. Boa elegans. Xd. loc. cit. tom. 5, pag. 123, pl. 61, fig. 32 et 33 ; pl. 63, fig. {. Corallus obtusirostris. I. loc. cit. tom. 5, pag. 259 et tom. 8, pag. 385. 1820. Boa hortulana. Merr. Tentam. Syst. Amph., pag. 85, n° 1. Boa Merremii. I. loc. cit. pag. 88, n° 9. 1820. Boa hortulana. Kuhl und Van-Hasselt. Beitr.Vergleich. anat. pag. 80. 1821. Boa hortulana. Schneïd. Klassif, Riesenschlang. (Denkschrift. akadem. Wissenschaft. Münch, tom. 7, pag. 114). Boa Merremii. I. loc. cit. pag. 117. Boa enhydris. I. loc. cit. pag. 124. Boa elegans, Surinamensis. Id. loc. cit. pag. 126. 182%. Xiphosoma ornatum. Wagl. Serpent. Brasil. Spix. pag. 40, tab. 14, fig. 2 (très-jeune). = Xiphosoma dorsuale, I. loc. cit. pag. 43, tab. 15. 1826. Xiphosoma hortulana. Fitz. Neue classif. Rept. pag. 94. | Xiphosoma enhydris. Id. loc. cit. 1826. Xiphosoma hortulana (Xiphos. ornatum et dorsuale de Wagl.) Fitzing. Critisch. Bemerkung. Wagler’s Schlangen Werk (Isis, tom. 18-19, pag. 898). 1827. Boa hortulana. F. Boïé , Isis, tom. 20, pag. 514. 1829. Boa hortulana. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom, 2, pag. 79 (en note). BOÆIDES. G. XIPHOSOME. 2. 547 1830. Xiphosoma hortulana. Wagl. Syst. Amph. pag. 167. Xiphosoma Merremii (Corallus obtusirostris. Daud.) Id. loc. cit. pag. 167. 1831. Boa hortulana. Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, p.254 (en note). 1831. Xiphosoma hortulana. Gray. Synops. Rept. pag. 96, in Griffith's Anim. Kingd. Cuv. vol. 9. _ 183. Boa modesta. Reuss. Zoolog. miscell. Mus. Senckenb. vol. 1, page 129. 1837. Boa hortulana. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. gé- nér. pag. 176, n° 5; Part. descript. pag. 392, pl. 14, fig. 10 et 11. 1810. Boa hortulana. Filippo de Filippi, Catalog. ragion. Serp. Univers. Pav. (Biblioth. Ital. tom. 99.) 1812. Corallus Hortulanus. Gray. Synops. Famil. Boidæ (Zoolog. miscell. pag. 42). Corallus maculatus. Id. loc. cit. Corallus Cookii. Id. loc. cit. DESCRIPTION. Forues. Cette espèce se distingue aisément de la précédente, au premier aspect, par l’allongement beaucoup plus grand de son corps ef par son système de coloration , dans lequel ce n’est plus le bleu, le vert ou l’orangé, mais bien le gris, le brun ou le noirâtre , qui est la teinte dominante. Elle a la tête plus arrondie en arrière, moins déprimée et moins large eu avant que celle du Xiphosome canin. Son cou est excessivement grêle, ainsi que sa queue, qui fait environ la cinquième partie de la totalité de l’étendue du corps. Son tronc, dont la largeur au milieu est une fois moindre que la hauteur , offre une longueur de cinquante-sept à soixante-cinq fois égale à celle-ci. La plaque rostrale du Xiphosome parterre, au lieu d’être coupée à neuf pans, de même que celle du Xipho- some canin, ne l’est qu'à cinq, dont deux tellement petits, qu’elle affecte une figure triangulaire. Ses plaques inter-nasales, outre qu’elles sont plus développées que celles de l’espèce pré- cédemment décrite, n’ont immédiatement derrière elles qu’un seul et non deux rangs trausversaux d’autres plaques symétri- ques, à la suite desquelles viennent des écailles polygones, juxtaposées. Chez le Xiphosome du présent article, les pla- 548 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. ques vasales ne sont pas placées l'une au-dessus de lautre, mais l'une devant l’autre : la première cest subtrapézoïde et d’une dimension double de celle de la seconde, qui est rhom- boïdale.Il n’y a de fossettes sur les bords de la bouche du Zog hortulana que le long de la seconde moitié de la lèvre infé= rieure et des trois derniers quarts de la supérieure : bien dis- tinctes sur l’une, elles ne ie sont que fort peu sur l’autre, qui offre une sorte de grande gouttière à bords très-rapprochés, au fond de laquelle elles se trouvent cachées. Les yeux sont en- tourés chacun d’un cercle squammeux qui s’appuie sur les pla= ques supéro-labiales. [Il existe trois ou quatre plaques frénales, à peu près carrées et de moyenne grandeur, au-dessous des- quelles est une série de plusieurs squammes plus ou moins petites. Les écailles du corps sont très-certainement pareilles à celles du Xiphosome canin : c'est donc à tort que M. Schlegel les a signalées comme étant beaucoup plus allongées que dans » cette dernière espèce. Les scutelles ventrales du Xiphosoma hortulanum sont proportionnellement plus dilatées en travers que chez le Xiphosoma caninum ; les plus grandes ont une lar=« geur égale à l'étendue comprise entre l’œil et la terminaison du museau. Écailles du tronc : de 45 à 53 rangées longitudinales de 458 à 561 rangées transversales. Écailles de la queue : de 23 à 29 rangées Jongitudinales, de 126 à 152 rangées transversales. Scutelles : de 271 à 289 ventrales, de 108 à 125 sous-caudales. CoLorarion. Certains sujets de cette espèce présentent de chaque côté du dos, sur un fond tantôt grisâtre tantôt d’un brun clair , une suite de très-grandes taches rondes ou ovales, de couleur noire ou marron, du bord inférieur desquelles naît une bande qui descend perpendiculairement jusqu’à l’abdo= men ,en se rétrécissant un peu ; ces taches , dont la partie supé- rieure est bordée de blanc, se conjoignant presque, celles de droite avec celles de gauche sur le sommet du dos, il en résulte que celui-ci est parcouru dans toute sa longueur par une sorte de chaîne blanche à mailles losangiques ; lorsque les prolonge-* ments qu’elles envoient sur les flancs ne laissent entre eux que de très-petits intervalles, ces derniers sont d’une teinte grise ou brune uniforme, mais dans le cas contraire ils sont maculés de noir. Il est des individus qui diffèrent des précédents en ce que leurs taches dorsales n’offrent inférieurement aucune es- BOÆIDES. G. XIPHOSOME. 3. 349 pèce d’expansions et que les côlés de leur tronc sont ornés d’une série de grands losanges ou de grands disques noirs, pupillés de blanc. Dans ces deux variétés, le dessus de la tête est gri- sâtre ou noirâtre, parcouru dans tous les sens par de nombreuses lignes blanches ; une double bande noire, liserée de blanc, s’6- tend obliquement sur la tempe, en arrière de l’œil. Le dessous du corps estblanchäâtre, avec ou sans marbruresnoirâtres. Nous ‘possédons une troisième variété qui a les régions supérieures . et les latérales uniformément d’un gris violacé, et les parties inférieures d’un blanc jaunûtre. Dimensions. Longueur totale. À 75” 5°”. Téle. Long. 4” 5””. Tronc. Long. 4° 54” 5°”. Queue. Long. 35”. PaTRie. Le Xiphosoma hortulanum, de mème que lecaninum, habite les contrées septentrionales et orientales de l'Amérique du Sud ; nous en possédons un certain nombre d'individus, tous originaires de la Guyane ou du Brésil. Une fausse indication, inscrite sur l’étiquette de l’un d’eux, est cause que M. Schlegel a désigné l’île de Saint-Vincent comme produisant aussi cette espèce, quibien certainement n’existe ni là, ni dans les autres Antilles. Moeurs. Il semblerait que le Xiphosoma hortulanum préfère les oiseaux à toute autre proie; car c’est toujours des débris de petits animaux de cette classe que nous a offerts l’estomac des sujets que nous avons ouverts. Spix, qui a rapporté du Brésil plusieurs individus de cette espèce, dit qu’il les a trouvés dans larivière Solimoens et dans les eaux qui avoisinent celle des Amazones. OBservaTIONs. Daudin a non-seulement inscrit la présente es- pèce parmi ses Boas , sous deux noms différents ; mais il en a fait aussi un genre particulier appelé Corallus, d'après un indi- vidu qui se trouvait avoir la première et la seconde de ses scu- telles sous-collaires , partagées longitudinalement en deux pièces. 3. LE XIPHOSOME DE MADAGASCAR. Xiphosoma Mada- gascariense. Nobis. CarAcTÈRES. Plaque rostrale heptagone , inéquilatérale ; inter-nasales suivies de quelques autres plaques symétriques ; cercle squammeux de l'orbite incomplet, inférieurement. ©Ot Qt © PYTHONIENS A PROTÉRO DONTES. DESCRIPTION. Fe ou Formes. Cette espèce est proportionnellement beaucoup moins allongée que l’une ou l’autre de ses deux congénères. En effet, son tronc, dont la hauteur au milieu, n’est pas tout à fait le double de la largeur au mème endroit, n’a que de trente- deux à quarante fois une longueur égale à cette dernière , et sa queue n’entre que pour la onzième partie environ dans Ja tota- lité de l'étendue longitudinale du corps. Elle a la tête plus courte, moins déprimée en avant, moins épaisse et moins bom- L bée en arrière que les espèces précédentes ; ses yeux sont plus petits et ses crochets anaux considérablement plus forts que les leurs. L’ouverture des narines est médiocre, subtriangulaire et bâillante ; les deux plaques qui la circonscrivent, une petite et une grande , placées, celle-ci au-dessus de celle-là et un peu en avant, sont d’une figure extrèmement variable. 11 y a sur le bout du museau , entre les plaques nasales , deux paires d’inter- nasales ordinairement trapézoïdes, en arrière desquelles la face sus-céphalique n’offre plus que des écailles, qui sont inégale- ment petites, sub-ovalaires, convexes et juxtaposées sur le chanfrein et le front, mais qui, peu à peu en gagnant l’occi- put, prennent la grandeur, la figure losangique, la forme aplatie et la disposition imbriquée des pièces de l’écaillure du cou. Le pourtour de l’orbite est garni de dix à douze squammes subquadrilatères et bombées, formant un cercle ouvert infé- rieurement, de façon à permettre à une ou deux des plaques supéro-labiales de s’élever jusqu’au globe de l’œil ; celle de ces squammes orbitaires qui se trouve située justement au devant de cet organe présente un peu plus de développement que les autres. Le museau étant assez court et les plaques supéro- labiales des quatre ou cinq premières paires excessivement hautes, il en résulte que les régions frénales se trouvent ré- duites à ne pouvoir pas être occupées chacune par plus de six petites squammes, dont les deux les plus voisines de la narine sont carrées. La plaque rostrale semble être un peu plus large à son sommet qu'à sa base; elle est légèrement concave et coupée à sept pans : un inférieur, médiocrement échancré ; deux latéraux, les plus grands de tous et arqués en dedans; quatre supérieurs, soudés, deux avec les nasales antérieures, deux avec les inter-nasales. La plaque mentonnière représente un & BOÆIDES. G. XIPHOSOME. 3. 551 triangle isocèle sub-équilatéral. Chaque lèvre est protégée de l’un et de l’autre côté par douze ou treize plaques excessivement épaisses, ayant exactement la forme de prismes triangulaires et étant d’autant plus hautes qu’elles sont plus rapprochées de l'extrémité antérieure des mâchoires. Le sillon gulaire est bien prononcé ; tout le dessous de la tête est garni d’écailles sub- oyales, plates, lisses et imbriquées. L’écaillure du tronc et de la queue se compose de pièces un peu plus dilatées que chez les deux autres espèces du genre Xiphosome ; mais elles sont, de même que les leurs, carrées ou losangiques sur les parties supérieures, et presque ovalaires sur les régions latérales. Me- surées vers le milieu de l’étendue de la bande qu’elles consti- tuent, les scutelles abdominales offrent une largeur égale à la longueur du museau. Écailles du tronc : de 43 à 49 rangées longitudinales, de 295 à 337 rangées transversales. Écailles de la queue : de 95 à 31 rangées longitudinales , de 45 à 55 rangées transversales. Scu- telles : de 212 à 234 ventrales, de 35 à 48 sous-caudales. CoLoration. On observe les variations suivantes dans le sys- tème de coloration des divers sujets de cette espèce qui appar- tiennent à notre musée. Un jeune individu, entièrement jaunâtre en dessous, présente en dessus et latéralement une teinte roussâtre, avec des taches anguleuses blanchâtres, jetées çà et là sur sa région dorsale. Trois autres offrent, sur un fond pareil à celui du précédent ou bien tirant un peu sur le fauve et piqueté ou linéolé de noir, de grandes taches sub-losangiques d’un brun plus ou moins noirâ- tre, ayant leur centre et leur bord supérieur blancs; taches qui forment d’un bout à l’autre du corps deux séries le plus souvent en contiguité sur le sommet du dos, et qui, de leur angle inférieur, envoient chacune une petite bande verticale, noire ou brune comme elles , Se perdre sur les côtés du ventre, où règne seule une couleur jaunâtre. Un quatrième exemplaire que, vu sa grande taille, nous sommes fondés à considérer comme adulte, laisse à peine apercevoir, sur le fond brun fauve glacé de verdâtre de ses parties supérieures et latérales, la double rangée de taches foncées, qui est au contraire si appa- rente dans le jeune âge. Ces taches ne sont non plus que très- faiblement indiquées sur deux dépouilles parfaitement conser- vées, dont la teinte principale est un vert bouteille assez clair ; 552 PYTUON!IENS APROTÉBODONTES. mais elles se trouvent au contraire très-nettement dessinées sur une autre peau, à la surface de laquelle est répandue une belle couleur verte pareille à celle que présentent certains su- jets du Xiphosoma caninum. Tous les Xiphosomes madécasses , jeunes et vieux, offrent une bande noire, qui s’étend oblique- ment sur la tempe, du bord postérieur de l’œil à l’arrière de la commissure des lèvres. Dimensions. Longueur totale. 4 43”. Tête. Long. 3”. FES Long. 425” 5”. Queue. Long. 14° 5”. PaTRIE. Cette espèce, ainsi que l'indique son nom, habite l'ile de Madagascar. Le Muséum en possède une belle suite d'individus de tous âges, que M. Sganzin avait commencé à for- mer ; elle a été fort augmentée par les soins de M. Bernier, et dernièrement M. Louis Rousseau l’a complétée en comblant les quelques lacunes qui s’y trouvaient. La découverte de ce Xiphosome et celle du Pelophilus Mada- gascariensis, dans la plus grande des îles orientales d'Afrique , est un fait intéressant, en ce sens qu'il .infirme l’opinion ad- mise jusqu'ici, qu'il n'existait d'espèces du genre Boa de Linnée qu’en Amérique. IX° GENRE. ÉPICRATE. — EPICRATES (1), Wagler. Caracrères. Narines s’ouvrant latéralement chacune entre trois plaques , une inter-nasale et deux nasales. Yeux latéraux, à pupille vertico-elliptique. Dessus de la tête revêtu de plaques dans sa moitié antérieure, et d’écailles dans sa moitié postérieure. Des fossettes aux lèvres, Pièces de l’écaillure du corps plates, lisses ; scutelles sous-caudales, non-divisées en deux parties. Les Epicrates qui parmi les genres de leur tribu , ont seuls avec les Xiphosomes , les lèvres creusées de fossettes, (1) Emivçparue, strenuus, prepotens: fort, puissant. BOÆIDES. G: ÉPICRATE. 553 diffèrent de ces derniers en ce que leurs narines sont circon- Scrites chacune, non par deux, mais par trois squammes, et que leur face sus-céphalique n’est pas uniquement garnie de plaques sur le museau, mais bien jusqu’en arrière du * front. . Ils ont un ensemble de formes ou, comme on le dit, un port qui offre beaucoup plus de ressemblance avec celui des vraies couleuvres que de la grande majorité des autres vespèces de Boæides. Leur tête, médiocrement déprimée et à peine plus large que le cou à son point de jonction avec lui, le devient de moins en moins en s’avancant vers le museau, qui est coupé un peu obliquement de haut en bas et très- rétréci à son sommet ; tout à fait plane sur le chanfrein et le front, elle présente au contraire une certaine convexité en arrière de celui-ci, où de chaque côté elle se confond avec les tempes , qui sont elles-mêmes un peu renflées; les régions frénales présentent une légère déclivité. Le tronc est assez étendu en longueur, mais il n’est pas beaucoup plus gros au milieu qu’à ses deux extrémités; il est peu comprimé et presque aussi large à sa face ventrale, qui est aplatie, qu’à sa région dorsale, dont la ligne transversale est arquée en ogive. La queue, coniqueet courte à proportion du reste du corps, ne jouit pas au plus haut degré de la faculté préhensile. IL y a des crochets anaux dans les deux sexes, mais ils sont toujours moins forts chez les femelles que chez les mâles. Les bords de la bouche suivent une ligne parfai- tement droite. On ne voit pas au devant de la glotte un petit appendice vertical, pareil à celui que nous avons dit exister dans le genre Boa. Le crâne et le système dentaire des Épicrates, comparés à ceux des Xiphosomes, ne pré- sentent aucune différence qui mérite d’être signalée. Les narines se font jour extérieurement sur les côtés du sommet de l’extrémité rostrale : leurs ouvertures sont de moyenne grandeur, sub:triangulaires, bâillantes et environnées cha- cune de trois plaques placées, deux perpendiculairement l’une à la suite de l’autre, la troisième au-dessus de celles-ci, F £ # $ 554 PYTHONIENS APROTÉBODONTES. à plat sur le bout du museau. Les yeux occupent sur les parties latérales de la tête la même position que chez la plu- part des Boæides. Il existe , soit tout le long soit à l’une ow à l’autre extrémité des lèvres ou bien même aux deux à la fois , des fossettes correspondant toujours aux sutures des plaques, et qui ne sont jamais aussi fortement prononcées … que chez les Xiphosomes ; jamais non plus, la plaque ros-. trale n’est concave comme dans ces derniers. La tête, dans sa moitié postérieure, en dessus et latéralement, est re-s vêtue d’écailles sub-losangiques, imbriquées, d’une dimen- sion d'autant moindre, qu’elles sont plus rapprochées du cou; dans sa moitié antérieure , elle est garnie de plaques, variables sur le front quant au nombre et à la figure, même chez les individus spécifiquement semblables, mais au con- traire d’une régularité constante, sous ces deux rapports, autour des yeux, sur lechanfrein, le bout et les côtés du mu- seau: on observeeffectivementsur ces parties une sus-oculaire, deux préoculaires, ordinairement une sous-oculaire, quatre post-oculaires, trois ou quatre frontales antérieures, une paire de fronto-nasales , une paire d’inter-nasales, deux nasales et une grande frénale oblongue , avec quelques autres plus petites formant une rangée longitudinale au-dessous d’elle, | Le sillon gulaire est très-distinctement marqué et assez f étendu. L'écaillure du corps se compose de pièces en lo- sanges, déjà fort petites sur le dos, mais encore davantage sur les flancs, où l’on remarque que le sommet de leur angle antérieur et souvent des latéraux est légèrement ar- rondi. Comme toujours, les écailles des deux séries qui bordent les* scutelles ventrales, à droite et à gauche, sont beaucoup plus grandes que les autres. Les Épicrates ne vont point à l’eau ; ce sont des serpents terrestres et dendrophiles qui font leur nourriture d’oiseaux et de petits mammifères. BOÆIDES. G. ÉPICRATE. 1. 555 ni \ %, | TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPECES DU GENRE EPICRATE. m0 0 € a une Chaine composée d'anneaux AA 1. E. Cencunis. bruns on noirâtres:.. . . . . . } Espèces. | {| Dos offrant | de nombreuses et grandes laches bis 2. E. ANGULIFERE, anguleuses, brunesou noirâtres. É | | 4. L'ÉPICRATE CENCHRIS. Zpicrates cenchris. Wagler. CarAcTÈRES. Plaques fronto-nasales suivies d’une rangée transversale de trois plaques frontales antérieures. Cercle squammeux de l’orbite incomplet inférieurement, ce qui per- met à une ou deux des plaques supéro-labiales de s’élever jus- qu’au globe de l'œil. Écailles de la série médiane du dos plus dilatées que celles qui leur sont latérales. Cinq raies foncées parcourant longitudinalement le dessus et les côtés de la tête. SYNONYMIE. 1734. Serpens Ternatana eximie maculata et ocu- lata. S6b. tom. {, pag. 91, tab. 56, fig. 1 (jeune). Vipera Brasiliensis. Séb. tom. 2, pag. 29, tab. 98, fig. 2. Vipera pulcherrima. Séb. tom. 2, pag. 55, tab. 54, fig. 3 (jeune). Aspis Ægyptiaca, permagna. Séb. tom. 2, pag. 94, tab. 88, fig. 4. Tamacuilla huilia. Séb. tom. 2, pag. 104, tab. 98. 1754. Boa cenchria. Linn. Mus. Adolph. Freder. tom. 2, pag. 41. 1 1758. Boa cenchria.Linn. Syst. nat. edit, 10, tom. 4, pag.215, n° 322. 1766. Boa cenchria.Linn. Syst. nat. edit.12, tom. 1, pag. 274, n° 322. 1771. Boa cenchria. Daub. Anim. Quadrup. ovip. Serp. pag. 600. 1783. Boa flavescens, etc. Bodd. Nov. act. Cæsar. Leopold. tom. 7, pag. 18, n° 7. 556 PYIHONIENS APROTÉRODONTES. 1788. Boa cenchris. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 3, part. 3, pag. 1083, n° 322. Coluber dubius. Y. loc. cit. pag. 1086, n° 165. à” 1789. Le Cenchris. Bonnat. Ophiolog. Encyclop. méth. pag.7. Coluber bitin. Id. loc. cit. pag. 22, n° 48. 1798. Boa cenchris. Donnd. Zoolog. Beitr. Linn. natursyst. tom. 3, pag. 147, n° 5. ” Coluber dubius. Id. loc. cit. pag. 152, n° 11. "ie 1801. Boa cenchris. Schneïd. Hist. Fire Fasc. 2, pag. 250. 1802. Boa constrictor, Var. c. Latr. Hist. Rept. tom: 3, pag. 134. Boa cenchris. X. loc. cit. pag. 145. ? Boa ternatea. I. loc. cit. pag. 152. 1802. Boa cenchris. Shaw. Gener. Zoolog. vol. 3, part. 2, pag. 344, pl. 94. 1802. Cine dubius. Bechst. de Lacepede’s naturgesch. Amph. tom. #, pag. 146, pl. 19, fig. 1. 1803. Boa annulifer. Daud. Hist. Rept. tom.5, pag. 202, pl. 63, fig. 3. ? Boa ternatea. I. loc. cit. pag. 153 (le jeune de la variété à taches rondes). Boa constrictor, 3° variété. Id. loc. cit. tom. 5, pag. 196. 1810. Augiger Schlinger. Merr. Annal. Wetterawisch. vol. 2, Part. 1, pag. 51, pl. 9 : exclus. synon. fig. 1, tab. 88, tom. 2, Séba (£ryx conicus?). 1817. L'Aboma. G.Cuv. Règn. anim. 4"° édit. tom. 2, pag. 67: exclus. synonym. Zoa aboma. Daud. (Æ'unectes murinus.) 1820. Boa cenchria. Merr. Tent. syst. amph. pag. 87, n° 6: exclus. synon. Boa aboma. Daud. (E'unectes murinus.) 1821. Boa cenchris. Schneïd. Klassif. Riesenschlang. (Denk- schrif. Akad. Wissenschaft. Münch. tom. 7, pag. 120). Boa annulifer. Id. loc. cit. pag. 127. 1822. Boa cenchria. Maximil. zu Wied. Abbild. naturgesch. Brasil. pag. et pl. sans numéros (très-bonne figure). 1895. Boa cenchria. Maximil. zu Wied. Beitr. naturgesch. Brasil. tom. 1, pag. 219. 1826. Baa cenchris. Fitzing. Neue classif. Rept. pag. 54. 1827. Boa cenchria. F. Boié. Isis, tom.20, pag. 515. ? Boa lateristriga. NW. loc. cit. pag. 15 (le jeune, d’après Schlegel). | 4P$ BOÆIDES. G. ÉPICRATE. i. 555 . 1827. ? Boa lateristriga. F. Boïé. Isis, pag. 515 et Erpetol. de Java, pl. 96. 1829. L’Aboma. G. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom. 2, pag. 78. 1830. Enygrus (Boa ocellata. Oppel. Mus. Par.) Wagl. Syst. amph. pag. 167. Eunectes (Boa lateristriga. H. Boïé, Isis, 1827). Wagl. Syst. amph. pag. 167. ÆEpicrates (Boa cenchria.Linn.). Wagl. Syst. amph. pag. 168. 1831. The Aboma. Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 254. 1831. Epicrates cenchria. Gray. Synop. Rept. pag. 96, in Cuvier’s Anim. Kingd. Griff. vol. 9. 1831. Cenchris ocellata (Boa ocellata. Oppel.). Gray. loc. cit. pag. 97. 1837. Boa cenchria. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. génér. pag. 175; Part. descript. pag. 385 : exclus. synon. Boa regia. Shaw; fig. {, tab. 62, tom. 1 et fig. de la pl. 102, tom. 2 de Séba. (Python regius. Nobis.) 1840. Boa cenchria. Filippo de Filippi. Catal. ragion. Serp. Mus. Pav. ( Biblioth. Ital. tom. 99, pag. : exclus. synonym. Boa regia. Shaw. (Python regius, Nobis.) 1842. Fpicrates cenchria. Gray. Synops.Famil. Boidæ (Zoolog. miscell. pag. 42). DESCRIPTION. Formes. L'Épicrate cenchris a la tête d’une longueur double de sa largeur, prise à l’aplomb des yeux, et le tronc une qua- rantaine de fois aussi long qu'il est large au milieu; la queue fait de la septième à un peu plus de la huitième partie de la to- talité de l’étendue longitudinale du corps. Le nombre des dents, de chaque côté, est de vingt-quatre sus-maxillaires, d’autant de sous-maxillaires, de six palatines et de dix-huit ptérygoïdiennes. La plaque rostrale offre cinq pans, un inférieur de moyenne grandeur et légèrement échancré, deux latéraux, fort courts, un peu penchés en dehors et soudés aux supéro-labiales de la première paire, deux supérieurs, très-grands formant un angle obtus enclavé entre les nasales antérieures et les inter-na- sales. Ces dernières sont pentagones, inéquilatérales, un peu élargies et moins développées que les suivantes ou les fronto- nasales, qui représentent des trapèzes oblongs. Immédiatement # 558 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. | à, ! & Le derrière ces fronto-nasales se trouvent trois frontales anté- rieures : une médiane hexagone, assez dilatée, et deux laté- rales, qui le sont beaucoup moins et dont la figure est ou trapé- zoïde ou carrée ou sub-rectangulaire ; puis vienuent encore dix plaques symétriquement arrangées ayant chacune de quatre à six angles. Six d’entre elles et les plus grandes, bordent pres- que semi-circulairement , trois à droite trois à gauche, les quatre autres, deux petites et deux moyennes, celles-ci placées bout à bout entre celles-là., Ensuite il n’y a plus, parmi le reste des plaques sus-céphaliques , que les deux sus-oculaires qui conservent proportionnellement à peu près les mêmes dimen- siops et la ème configuration chez tous les individus : ce sont deux lames oblongues qui offrent à chaque extrémité de un à trois très-petits pans, suivant le nombre de pièces squam- meuses avec lesquelles elles se trouvent en rapport. La pre- mière plaque nasale est sub-rhomboïdale et la seconde sub- triangulaire ; l’une ne monte pas aussi haut, mais descend un peu plus bas que l’autre, sous laquelle le sommet de son angle inféro-postérieur s’éteud en se recourbant légèrement. La frénale, qui s'appuie sur une série de plusieurs petites squammes, est un quadrangle oblong, coupé obliquement aux deux bouts dans un sens opposé; la pré-oculaire supérieure offre cinq ou six côtés , elle est de beaucoup pius développée que l’inférieure, qui n’en a ordinairement que quatre. Parfois il existe une petite sous-oculaire allongée, qui empèche alors une ou deux des plaques supéro-labiales d’atteiudre au globe de l'œil; celui-ci est bordé en arrière par quatre ou cinq squammes pentagones ou hexagones. Le longde l’unet de l’autre côté de la lèvre supérieure , on compte de douze à quatorze plaques quadrangulaires, dont les neuf ou dix premières sont plus hautes que larges, et les quatre ou cinq dernières au contraire plus larges que hautes : la seconde et quelquefois la troisième élèvent leur sommet un peu au-dessus de celui des autres; il en est de même de la huitième et de la neu- vième , à moius qu'elles n’en soient empêchées par la présence d’une squamme sous-oculaire, ce qui est excessivement rare. Le nombre des piaques de la lèvre inférieure n'est pas diffé- rent de celui de la supérieure, mais les quatre ou cinq pre- mières y out une étendue verticale beaucoup plus considérable. La mentonnière est une plaque à trois bords à peu près égaux; # BOÆIDES. G. ÉPICRATE. 1. 559 ourtant soû angle postérieur est très-aigu. Les fossettes qu’on : ms autour de la bouche résultent de la dépression que présentent les plaques labiales , soit d’un seul côté soit des deux côtés de leur ligne mébivertdie ; dépression qui n’est ja- mais bien prononcée sur celles qui se trouvent au-dessous des yeux. 7 De même que chez les Dipsas, les Bongares , etc., les écailles ‘äppartenant à la série du milieu du dos sont distinctement plus grandes que celles qui les avoisinent ; les scutelles ventrales les plus dilatées en travers ont une largeur égale à la moitié de la longueur de la tète. Écailles du tronc : de 45 à 49 rangées longitudinales, de 304 à 414 rangées transversales. Écailles de la queue : de 25 à 27 ‘rangées longitudinales, de 25 à 71 rangées transversales. Scu- telles: de 229 à 267 ventrales, de 47 à 68 sous-caudales. CoLorarion. La teinte dominante sur toutes les parties supé- rieures et les latérales de ce serpent varie du brun au rous- sàtre, du fauve au jaunâtre. La tête offre cinq raies noires, une en dessus parcourant toute sa ligne médio-longitudinale, et deux de chaque côté, qui s’étendent, l’une le long du haut : de la tempe, l’autre depuis la narine jusqu’à l'angle de la bou- che en passant sous l’œil. Le dos présente une suite de grands anneaux bruns ou noirâtres, tantôt laissant un certain espace entre eux, tantôt formant une chaîne régulière ou irrégulière, suivant qu'ils s'unissent ensemble par un seul point de leur cir- conférence, ou bien qu’ils empiètent, pour ainsi dire, les uns sur les autres; il leur arrive quelquefois d’être remplacés par des ocelles de la même couleur. En général, le tronc et la queue sont ornés latéralement de deux séries superposées de taches noires, sub-circulaires ou sub-ovalaires, disposées de façon que celles de l’uue correspondent aux intervalles de celles de l’autre: les taches de la série supérieure, outre qu’elles sont plus dilatées que celle de l’inférieure, ont la portion de leur circonférence qui regarde le dos, marquée d’un croissant blanc, lequel est lui-mème bordé de brun en dehors. Chez certains individus, les taches qui se trouvent au-dessous de la première série n’en constituent plus une seconde, comme précédemment, vu leur grand nombre, leur iuégalilé de grandeur, la dissemblance de leur figure et la manière irrégu- lière dont elles sont distribuées. 560 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. D'autres sujets ont les flancs entièrement marbrés ou vermi- culés de brunâtre, et toujours alors il y a une raie blanchâtre le long de chaque côté du dos et plusieurs autres pareilles sür les parties latérales du cou et de la portion antérieure du tronc. Toutes les régions inférieures du corps sont uniformément blanches ou jaunâtres. Dimensions. L'Épicrate cenchris ne parvient pas à une grande taille ; celui sur lequel ont été prises les mesures suivantes est un des plus longs que nous ayons vus. Le prince de Neuwied dit n’en avoir jamais rencontré de plus de dix pieds de longueur, Longueur totale. 1 97”. Tête. Long. 6”. Tronc. Long. 4 74%. Queue. Long. 20”. É Pari. Cette espèce se trouve à la Guyane, au Brésil et en Colombie ; elle habiterait aussi la Martinique, si ce n’est pas par erreur que deux jeunes sujets envoyés au Muséum par M. Plée ont été étiquetés comme provenant de cet île. Nous émettons ce doute, parce que nous avons déjà eu plusieurs fois l'occasion de reconnaître que des objets recueillis à la côte Ferme par le même voyageur avaient été faussement désignés comme ori- ginaires de l’une ou de l’autre des Antilles, par la personne qui, avant nous, était chargée de dresser les catalogues des collections erpétologiques qui parviennent au Muséum. Mozurs. Les observations relatives aux habitudes de cet ophidien que le prince de Neuwied a publiées dans la relation de son voyage au Brésil sont tout à fait conformes à celles dont nous à fait part un de nos compatriotes , qui a visité les mêmes contrées que cet illustre personnage. Jamais, disent- ils, le Jiboya, nom que les indigènes donnent aussi au Boa coustricteur, ne fréquente les eaux; il passe au contraire la plus grande partie du temps à terre, se tient quelquefois sur les arbres et a pour retraite un terrier peu profond. Sa prin- cipale nourriture consiste en petits mammifères, mais il mange aussi des oiseaux. 9. L'ÉPICRATE ANGULIFÈRE. Æpicrates angulifer. Nobis. CaracrÈres. Plaques fronto - nasales suivies d’une rangée transversale de quatre plaques frontales antérieures. Cercle squammeux de l'orbite complet. Ecailles de la série médiane BOÆIDÉS. G. ÉPICRATE. 2. 56t du dos aussi petites que celles qui leur sont latérales. Point de raies foncées sur la tête. ® SYNONYMIE. 1840. E'picrates angulifer. Nobis. Hist. Cub. Ra- mon de la Sagra , Rept. pag. 215, pl. 25. 1840. Boa..….. Gundlach. Arch. naturgesch. von Wiegmann. 6° année, vol. 1, pag. 361. DESCRIPTION. Formes. C’est principalement dans le nombre, la position re- lative et la figure de certaines plaques de la tête , dans la dimen- sion des écailles du corps et le mode de coloration que résident les différences propres à faire distinguer cette espèce de la pré- cédente. Elle offre, en arrière de ses deux premières paires de pla- ques sus-céphaliques, les inter-nasales et les fronto-nasales, une rangée transversale, non de trois, mais de quatre frontales antérieures, entre lesquelles et les pièces squammeuses du front il existe une autre rangée transversale de six plaques, au lieu d’une sorte de grande rosace en comprenant dix. Chez l'Épicrate angulifère , les deux frontales antérieures du milieu ont chacune cinq ou six pans et sont plus développées que les deux latérales , dont la figure est celle d’un carré ou d’un rec- tangle ; outre qu’il est revètue d’écailles beaucoup plus petites et conséquemment plus nombreuses que celles de l’Épicrate cenchris, il n’en a pas, comme lui, le long de la ligne mé- diane du dos, une série de plus dilatées que les autres. Écailles du tronc : 63 rangées longitudinales, 593 rangées transversales. Écailles de la queue : 51 ou 55 rangées longitu- dinales , 51 ou 55 rangées transversales. Scutelles : de 277 à290 ventrales, de 50 à 55 sous-caudales. Cocorarion. La tête de l'Épicrate angulifère est légèrement nuancée de roussâtre sur un fauve clair et parfois mème presque blanchâtre, on n’y voit jamais aucune des raies qui parcourent longitudinalement celle de l'Épicrate cenchris. En dessus et la- téralement, le reste du corps a pour fond de couleur une teinte pareille à celle des régions céphaliques. La face SUPÉTIEUTE du tronc et de la queue offrent, depuis la nuque jusqu’à l’extrémité caudale, une suite de grandes taches noires, pressées les unes contre les autres , plus ou moins régulièrement rhomboïdales ou losangiques, encadrées chacune dans une bordure jaunâtre, REPTILES, TOME VI. 36 562 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. | généralement beaucoup moins prononcée en arrière qu'en * avant. Les flancs sont aussi ornés chacun d’une série de taches quadrangulaires, noires, mais plus petites, plus espacées que les dorsales et dont le centre est jaunâtre. Cette dernière teinte! - règne seule sur les deux premiers tiers de l’étendue des par- ” ties inférieures, mais elle est fortement maculée de noirâtre” ou de brun foncé sur le dernier tiers. Dimensions. Longueur totale. 2 47”. Tête. Long. 5” 5”, Tronc. Long. 1 92”. Queue. Long. 49” 5”. | Parrie. Cette seconde espèce du genre Épicrate habite l'ile « de Cuba. OgservarTions. Nous ne doutons pas que le serpent simplement désigné comme un Boa par M. Gundlach, dans les archives de Wiegmann , n’appartienne à l’espèce du présent article. SNS —————— X° GENRE. CHILABOTERE. — C/AILABO- THRUS (1), Nobis. Caractères. Narines s’ouvrant chacune latérale- ment entre trois plaques, une inter-nasale et deux nasales. Yeux latéraux, à pupille vertico-elliptique. De grandes plaques symétriques recouvrant les deux premiers tiers du dessus de la tête. Point de fossettes aux lèvres. Ecailles du corps plates, lisses ; scutelles sous-caudales non divisées en deux parties. Les Chilabothres sont en quelque sorte des Epicrates sans fossettes labiales, et à plaques sus-céphaliques en moindre nombre , mais considérablement plus développées ou con- stituant un bouclier qui par sa composition et son étendue se rapproche beaucoup de celui de la majorité des Cphi- diens. Les pièces qui en font partie sont une paire d’inter- nasales, unepaire de fronto-nasales, une paire de préfrontales, une paire de sus-oculaires, une frontale et quatre parié« (1) De Xsrnoc, labium, lèvre, à, sans ; et de £olpoc, fossula, fopea, fossette, enfoncement, BOÆIDES. G. CHILABOTIRE. 1. 563 tales. Il y a en outre de chaque côté de la face, deux plaques nasales , une frénale, deux préoculaires , et trois ou quatre post-oculaires, Cette. vestiture squammeuse de la ‘tête des Chilabothres offre une certaine ressemblance avec celle des Liasis, avant-dernier genre de la Pue des Py- thonides. 4. LE CHILABOTHRE INORNÉ. Chilabothrus inornatus. Nobis. CanacrÈRes. Parties antérieures du corps tachetées de noir sur un fond brun, les postérieures tachetées de brun sur un fond noir. SYNONYMIE. 1843. Boa inornata. Reinh. Beskriy. Slangeart. pag. 21, tab. 1, fig. 21-23 (1). DESCRIPTION. Forues. La tête de ce Boæide est fortement déprimée et gra- duellement de moins en moins large d’arrière en avant, à part le léger étranglement qu’elle offre à l’aplomb des yeux; en dessus, elle est parfaitement plane , excepté dans son tiers postérieur où, de chaque côté, elle s’arrondit un peu pouropérer sa jonction avec les tempes, qui sont très-distinclement arquées dans le sens de leur longueur; le bout du museau est tronqué perpendicu- lairement suivant une ligne à peine oblique; les régions fré- pales sont légèrement déclives, et les bords de la bouche très- renflés au-dessous de celles-ci. Le tronc offre une étendue longitudinale onze ou douze fois triple de son diamètre trans- versal, qui n'excède pas même d’un quart le vertical. Le ventre est plat et le dos faiblement cintré en travers. La queue fait de la septième à la huitième partie de la longueur totale du corps; elie est robuste, conique et médiocrement préhensile. Les er- gots anaux se moutrent très-courbés , très-pointus et presque également forts dans les deux sexes. La ligne que suit la fente de la bouche est légèrement flexueuse, Nous comptons, à gauche comme à droite de la mà- (1) Beskrivelse of nogle nye Slangearter ved Th, Reinhardt, In-4°, 3 pl. lith. Kjobenhavn, 1843. 564 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. choire supérieure et de la mâchoire inférieure, vingt-quatre dents, dont les cinq premières sont inégalement beaucoup plus allongées que les suivantes, puis six graduellement de moins en moins longues aux os palatins, et dix-huit, toutes fort courtes, aux ptérygoïdes internes. Les yeux sont petits et un peu ren- trés, les ouvertures des narines médiocres, bâillantes et vertico-" ovalaires. : La plaque rostrale a cinq pans, un en bas de moyenne gran- deur et assez échancré, un petit de chaque côté , et deux en haut plus étendus formant un angle aigu. Les inter-nasales ont chacune cinq bords inégaux, un très-petit par lequel elles se conjoignent, deux qui le sont moins touchant aux nasales, un grand en arrière et un autre en avant. Les fronto-nasales of- frent une figure sub-rhomboïdale et un développement double de celui des précédentes. Les pré-frontales sont la représentation exacte de ce que seraient les inter-nasales, si, mises à leur place, elles étaient un peu plus grandes et tournées sens dessus dessous. La frontale proprement dite est une plaque très-dilatée, coupée à six pans, dont les deux latéraux sont un peu plus longs que les deuxantérieursetles deux postérieurs, quiontune égalelongueur. Les sus-oculaires sont des lames oblongues à cinq ou six pans inégaux. Deux des quatre pariétales, dont aucune n’a une dimen- sion égale à celle de la frontale proprement dite, se trouvent placées immédiatement derrière celle-ci et les sus-oculaires, entre les deux autres; elles sont pentagones inéquilatérales et un peu moins développées que leurs congénères qui paraissent être subtrapézoïdes. Après les pariétales viennent d’autres pla- ques d’une moindre grandeur, très-irrégulières et suivies d'é- cailles pareilles à celles du cou et des tempes. La première des deux plaques nasales ressemble à un carré verticalement al- longé ; elle est un peu plus petite et située un peu plus bas que ‘la seconde, qui, malgré ses cinq côtés, affecte la figure d’un rhombe. La frénale est grande, oblongue, circonscrite par cinq lignes, une inférieure plus étendue que la supérieure, une pos- térieure fortement inclinée en arrière, et deux antérieures plus courtes qu'aucune des autres et réunies à angle obtus. Il y a une plaque pré-oculaire trapézoïde, un peu plus développée que la frénale, et au-dessous d'elle une autre excessivement petite, allongée, quadrangulaire ou pentagone ayant même parfois l'apparence d’un segment de cercle, mais étant toujours L” BOÆIDES. G. CHILABOTHRE. [. 568 enfoncée dans une entaille de la cinquième et de la sixième su péro-labiale. On ne voit point de plaque sous-oculaire, maïs il existe trois ou quatre pelites post-oculaires. La lèvre supérieure offre à sa droite comme à sa gauche une série de onze ou douze plaques à quatre ou cinq pans , parmi lesquelles la seconde est notablement plus haute que la première, et seulement un peu plus que la troisième et la quatrième ; tandis que la cinquième est au contraire beaucoup plus courte que ces deux-ci et les sixième, septième, huitième et neuvième, dont les dernières diffèrent par moins de hauteur et plus de largeur. Les plaques de la lèvre inférieure, à laquelle on n’en compte guère qu’une ou deux paires de plus qu'à la supérieure, se montrent sous la forme de grandes lames fort étroites et extrèmement étendues dans le sens transversal de la mâchoire, de chaque côté du men- ton; mais à mesure qu’elles s’éloignent de celui-ci, elles se rac- courcissent graduellement et de manière que, arrivées près des angles de la bouche, ce ne sont plus que de très-petites pièces carrées ou rectangulaires. La plaque mentonnière représente un grand triangle sub-équilatéral. La gorge est tout entière re- vêtue d’écailles rhomboïdo-ovalaires. Il y en a de losangiques sur le doset le long de la squammure du ventre, de sub-lancéo- lées et plus petites que les autres sur les flancs. Les scutelles abdominales sont tellement dilatées en travers que celles qui occupent le milieu de leur rangée ont une largeur égale à la moitié de la longueur de la tête. Écailles du tronc : 41 rangées longitudinales, de 343 à 350 rangées transversales. Écailles de la queue : 24 rangées longi- tudinales, de 62 à 70 rangées transversales. Scutelles : de 282 à 286 ventrales, de 61 à 73 sous-caudales. CoLoRaTION. Toute la moitié postérieure du corps de ce ser- pent est noire, tachetée ou réticulée de brun roussâtre en dessus et latéralement. Cette dernière teinte est au contraire le fond sur lequel, dans la moitié antérieure, la première se trouve répandue par taches, de chaque côté du tronc, et elle forme une sorte de chaîne étroite et irrégulière le long du dos. Le noir non-seule- ment colore aussi les sutures de la plupart des plaques sus-cé- phaliques, mais il s’élend encore en deux raies longitudinales assez déliées, une sur le haut, l’autre sur le bas de chaque tempe. Les deux tiers antérieurs du dessous de l’animal sont entièrement d’un blanc jaunâtre. 566 PYTHONIENS APROTÉRODONTES. Dimensions. Longueur totale. 4 90”. Téle. Long. 6”. Tronc. Long. 4’ 60”. Queue. Long. 24”. Ces mesures ont été prises sur un individu appartenant à, notre collection, lequel est d’une taille inférieure à celle de plusieurs autres sujets que nous avons eu l’occasion d'observer dans divers musées d'Angleterre. Parme. Cette espèce n’a encore été trouvée jusqu'ici qu’à la Jamaïque et à Porto-Rico. Osservarions. Nous croyons bien la reconnaître dans une description publiée par M. Reinhardt, d’après trois Boæides | originaires de celte dernière île ; description à laquelle est : joint le dessin de la tête de l’un d’eux, où le bouclier sus- céphalique est représenté tel qu’il existe chez nos sujets du Chilabothrus inornatus , à cette seule différence près, que la plaque pré-frontale de gauche est irrégulièrement divisée en deux parties, et celle du côté droit en trois pièces. Si, comme nous le pensons, le Zoa inornata de M. Reinhardt est réellement de la même espèce que notre Chilabothrus inornalus, ce natura- liste aurait commis une petite errenr en considérant l'inter- nasale et la nasale antérieure comme ne formant qu’une pièce unique, tandis que ces deux plaques sont au contraire bien distinctes et séparées l’une de l’autre par une suture longitu- dinale au devant de la narine. AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. 567 GR ARR PES PONT APR nt, U° FAMILLE. LES TORTRICIENS (1). CARACTÈRES DE CETTE FAMILLE; DE LA CLASSIFICATION DES ESPÈCES QUI LA COMPOSENT, ET DE LEUR RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE. Caracrères. Des vestiges de membres postérieurs se montrant au dehors, chez les individus adultes, sous forme de petits ergots, logés chacun dans une fossette , aux côtés de l'anus. Dents sus-maxillaires et sous - maxillaires similaires, ou étant les unes et les autres coniques, pointues, un peu compri- mées, comme tranchantes à leur face postérieure, courbées en arrière et plus courtes aux deux extré- mités qu'au milieu de chacune de leurs rangées. Branches de la mâchoire supérieure d’une longueur à peu près égale à la moitié de celle de la tête, étroites et peu épaisses à leur extrémité antérieure, assez grêles dans leur moitié postérieure, très-hautes et comprimées au-dessous des frontaux antérieurs, avec lesquels elles s'articulent d’une manière à peu prés fixe. Os ptérygoides internes droits êt dentés seulement dans leur moitié, ou un peu moins de (x) Cette famille correspond à celle des Cyzinpriques de La- treille, Familles natur. pag. 100; À celle des Izysioïnea de Fitzinger, Neue classif. Rept. pag. 26; À celle des Torrriciva de Müller, Ueber die naturliche Einthei- lung der Schlangen nach anatomische Principien ( Zeitschrift für Physiologie yon Tiedemann und Freviranus, vol. 4, pag. 68); Et à celle des Cyzinpropms de Fitzinger, Conspectus systematis Ophidiorum (Mémoire manuscrit, dont un extrait a été publié page 62 du présent volume). 568 ë REPTILES OPHIDIENS. leur moitié antérieure, légèrement arqués ou un peu obliques en dehors dans leur moitié postérieure. Boite cérébrale subcylindrique, un peu élargie à sa » partie occipitale et renflée latéralement vers le mi- \ lieu de sa longueur , qui excède plus ou moins celle de la région faciale. Les Tortriciens, encore semblables aux Pythoniens par l’existence d’appendices calcariformes aux côtés de leur fente anale, en diffèrent notablement par leur système dentaire, ainsi que par la conformation et la disposition de plusieurs des pièces osseuses de leur tête, pièces qui sont au moins aussi fortes, aussi solides que leurs analogues chez les espèces de la famille précédente. Les dissemblances qui existent entre les Tortriciens et les Pythoniens, relativement à l'appareil den-” taire, consistent principalement en ce que chez les p uns les dents des deux mâchoires s’allongent gra- duellement depuis la première jusqu’à celle du milieu, dans chaque rangée , après quoi elles se raccourcis- sent peu à peu jusquà la dernière inclusivement ; tandis que chez les autres, ce n’est pas seulement à partir de la médiane qu’elles décroissent en longueur d'avant en arrière sans interruption , mais dès la se- conde ou la troisième , qui se trouve ainsi être la plus développée de toutes celles de sa série. D'une autre part, les dents maxillaires des Tortriciens sont à proportion plus grosses et moins effilées dans leur partie terminale, et moins fortement coudées à leur base que celles des Pythoniens. Tous, de même que ces derniers, ont aussi des dents sur toute la longueur des os palatins et sur la moitié ou un peu moins de la AZËMIOPHIDES TORTRICIENS. 569 moitié antérieure de l’étendue des ptérygoïdes in- ternes ; et l’un d’eux, le Tortrix scytale, en. offre également à chacune des extrémités de l'os incisif ou inter-maxillaire. Lorsque l’on compare la charpente céphalique des Tortriciens avec celle des Pythoniens, considérée dans leur ensemble, on remarque que son contour hori- zontal présente la figure d’un carré long très-forte- ment arrondi à deux de ses angles , ici les antérieurs, et non pas à un triangle buse ayant le sommet de son angle le plus aigu Le ou moins tronqué. Gette partie de leur ca tue a en totalité une longueur égale à plus de deux fois la largeur qu’elle offre aux points d'attache des os transverses avec les branches de la mâchoire supérieure. Leur boîte cérébrale (1) a bien à peu près la forme d’un cylindre renflé de cha- que côté, vers le milieu de son étendue, comme chez les Pythoniens; mais elle est toujours plus longue et non pas plus courte ou seulement de la même lon- gueur que la portion de la tête qui s'étend depuis los inter-maxillaire jusqu'au bord antérieur du parié- tal. En dessus, la ligne médio-longitudinale de cet étui encéphalique est relevée d’une crête, d’autant plus prononcée que le crâne qu’on observe provient d'individus plus avancés en âge. Les frontaux propre- ment dits sont petits, tout à fait plats, horizontale- ment situés et d’une largeur moindre que leur lon- gueur, qui, elle-même, n’égale pas le tiers de celle du pariétal ; ils offrent ensemble quatre côtés, qui re- présenteraient exactement un losange si les deux pos- (1) Par cela, nous entendons toujours la partie de la tête com- posée du pariétal, du sphénoïde, des occipitaux et des rochers. 570 REPTILES OPHIDIENS. térieurs n'étaient pas plus longs que les antérieurs, dont le sommet de l'angle obtus qu'ils forment est souvent tronqué. Les os du nez, qui s'étendent en suivant une pente douce depuis les frontaux propre- ment dits jusqu’à l’inter-maxillaire, sont assez allon- gés, plus larges en avant qu’en arrière dans le genre Tortrix , mais de même largeur d'un bout à l’autre ou bien un peu rétrécis à leur partie antérieure dans le genre Cylindrophis. L'os inter-maxillaire, qui pourrait avoir une forme un peu différente chez d’autres espèces que celles que nous connaissons , est une pelite traverse assez épaisse et un peu voûtée, qui envoie de son bord supérieur une sorte de petite lame excessivement mince entre les nasaux , et qui, tout à fait en dessous et en arrière, se dilate en une petite pièce, à peu près carrée, of- frant une forte entaille à son bord postérieur ; les frontaux antérieurs ont l'apparence de pièces aplaties, quadrilatères, quelquefois oblongues; des frontaux proprement dits, auxquels les retient leur bord postérieur, ils se dirigent en avant par un plan incliné et en obliquant un peu en dehors, vers la partie an- térieure des os sus-maxillaires, avec lesquels ils s’ar- ticulent d'une façon telle que ceux-ci sont à peu près privés de cette grande liberté de mouvements dont ils jouissent chez les Pythoniens et dans presque toutes les autres familles du sous-ordre des Azémiophides. En effet, chez les Tortriciens, les branches de la mâchoire supérieure, au lieu d'être comme à l'ordi- naire simplement suspendues aux frontaux antérieurs par des ligaments élastiques qui leur permettent de se porter en, avant, en arrière et de côté, en dehors, y sont retenues de manière à ne pouvoir exercer qu’un « AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. byi très-faible mouvement bilatéral, attendu que les | frontaux antérieurs offrent une assez grande échan- crure anguleuse, dans laquelle se trouve enclavé, | Sans possibilité d’en sortir, le sommet d’une très-forte | éminence de même forme, dont la base occupe le tiers environ du bord supérieur des sus-maxillaires , à une très-petite distance de leur extrémité antérieure. Ges os, dont la longueur est à peu près égale à la moitié de celle de la tête, sont comprimés, assez grêles et presque droits en arrière des frontaux anté- ricurs; mais, tout à fait en avant, ils sont déprimés et courbés l’un vers l’autre. Les palatins sont droits , courts et fort aplatis laté- ralement ; les ptérygoïdes sont au contraire très-longs, comprimés dans leur moitié antérieure, qui est recti- ligne, plats, assez gréles et légèrement arqués ou di- rigés un peu obliquement en dehors, dans le reste de leur étendue. Les os transverses , qui ont à peine le quart de la longueur des sus-maxillaires, chez les Tortrix, sont près de moitié aussi longs qu’eux, chez les Cylindrophis. Aucune des cinq espèces de Fortriciens que nous connaissons aujourd’hui ne présente la moindre trace de frontaux postérieurs. Cependant il ne faut pas en inférer que les serpents, qui, indépendamment de ces os, offriraient les particularités signalées plus haut comme distinguant essentiellement la présente famille, ne devraient pas y être admis : nous verrons effective- ment plus tard que certaines divisions analogues à celle-ci, et parfaitement naturelles, renferment des espèces qui manquent dé frontaux postérieurs et d’au- _ trés qui en sont pourvues; le fait de l’adhérence intime des mastoïdiens aux côtés du crâne chez les cinq Tor- 07e REPTILES OPHIDIENS. triciens dont jusqu'ici nous ayons encore connaissante,. ne peut pas non plus être misau nombre des notes Carat téristiques de Ja famille qui nous occu BE maintenant ; car, parmi les suivantes, il est telles espèces qui ont des mastoïdiens fixes, et telles autres chez lesquelles ces os sont plus ou moins mobiles. Mais ce qui nous paraît devoir être regardé comme commun à tous les vrais Tortriciens, c’est la faible inégalité de longueur qui règne entre ces pièces mastoïdiennes et celles dites in- tra-articulaires ou carrées, pièces sur lesquelles nous reviendrons plus loin, à l’article des Tortricides. Le peu d’allongement que présentent ces deux paires d’osselets, à l’une desquelles et aux rochers s'attache l’autre, qui tient seule suspendues les branches de la mâchoire inférieure, est cause que celles-ci ne s'étendent nullement au delà de l'arrière du crâne. Ces branches sus-maxillaires,, dont les deux os principaux, le dentaire et l’articulaire, ont ure étendue longitudinale à peu près égale, sont excessi- vement fortes, comprimées, un peu tordues sur elles- mêmes, rétrécies et courbées l’une vers l’autre à leur extrémité antérieure; elles sont remarquabies aussi par le grand développement que présentent les apo- physes coronoïdes. Les membres postérieurs des Tortriciens, quoique réduits à des proportions encore plus petites que ceux. des Pythoniens, leur ressemblent néanmoins par le nombre , la conformation et la disposition des pièces osseuses et des parlies charnues qui les consti- tuent (1); seulement les muscles en sont plus diff- ciles à distinguer les uns des autres: Le petit ergot : (x) Voyez les détails que nous avons donnés sur les pattes pos- térieures des Pythoniens, page 364 du présent volume. AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. 573 Conique et crochu qui forme la portion terminale, la seule extérieurement visible de ces pattes vestigiaires, se trouve logée dans une fossette latérale à l’anus, de laquelle l'animal le peut faire sortir et rentrer à vo- lonté ; la convexité de sa courbure, correspondant à sa face latéro-externe, il en résulte qu'il a sa pointe tournée en dedans ou vers l’une des extrémités de la fente cloacale. | _ Telles sont les particularités que nous ont offertes les Tortriciens azémiophides, étudiés uniquement dans les points de l’organisation qui fournissent l’ordre de caractères d’après lequel sont instituées nos familles ophiologiques. Nous examinerons ces ser- ‘pents dans quelques autres de leurs parties internes et dans leur conformation extérieure, en traitant de la tribu des Tortricides, la seule à laquelle appar- tiennent les quelques espèces qu’on en ait découvertes jusqu'ici (1). DE LA CLASSIFICATION DES TORTRICIENS. Les Azémiophides que nous désignons ainsi fai- saient primitivement partie du groupe des Ængues de Linné, dans lequel ils furent laissés par tous les erpétologistes systématiques postérieurs à cet auteur jusqu’à Oppel exclusivement, le premier en effet qui reconnut la nécessité d'extraire ces serpents d’un groupe composé aussi arbitrairement que celui qui les renfermait (2), pour en former un genre à part, auquel le savant bavarois donna la dénomination de Tortrix. (1) Voyez plus loin, pige 581. (2) Nous avons déja dit ailleurs que le genre Anguis de Linné comprenait, outre l'Anguis fragilis, la seule espèce qu'on y ait laissée, 574 REPTILES OPHIDIENS. Ce nouveau genre établi par Oppel constitun dvec. ceux des Amphisbènes et des Typhlops , dans la clas- sification des reptiles de ce naturaliste, la famille des ophidiens anguiformes , où il fut distingué des deux autres par ae scutelles entries plus smdil que les écailles du dos et des flancs. | Cuvier adopta le genre Tortrix, mais ne lui assi= gna pas tout à fait la même place qu'Oppel dans le système; c’est-à-dire qu’au lieu de le laisser en com- pagnie des Amphisbènes et des Typhlops, composant. seuls pour Fillustre naturaliste francais une tribu dite des doubles marcheurs, la première de sa famille des: vrais serpents , il le fit passer dans la seconde oucelle des serpents proprement dits, en lui donnant pour: caractères distinctifs : des os mastoïdiens compris dans# le crâne, des orbites incomplètes en arrière, une tèteM et un corps cylindriques, et, ce qui est évidemment erroné , une langue courte et épaisse. Gette caracté- ristique, qui se trouve aussi bien dans l'édition du Règne animal de 1817 que dans celle de 1829, a été reproduite mots pour mots en 1825 par Latreille dans ses Familles naturelles, maïs avec cette différence que ce n’est plus au genre Rouleau qu’elle s'applique, mais à la famille des de 250 uniquement composée de ce groupe générique. Merrem , dont le Tentamen systematis amphibio- rum parut en 14820, y signala pour la première fois qu'il existe aux côtés de l'anus des Z'ortrix d'Oppel des appendices calcariformes, dont la structure ou plutôt celle de tout le petit appareil duquel ils dé- deux Typhlops, deux Rouleaux, un Éryx, sous quatre noms diffé- rents, un serpent de mer et deux Sauriens, l'un apode et l'autre dipode, de la famille des Scincoïdiens. AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. 575 pendent fut décrite avec détails quelques années plus tard par M. Mayer de Bonn; mais Merrem, non- obstant le caractère que son intéressante remarque lui fournit l'occasion d’ajouter à ceux qui avaient été antérieurement donnés du genre Tortrix , introduisit dans ce groupe plusieurs espèces et notamment deux T' yphlops, ainsi que l’'Ophiomorus miliaris, saurien apode de la famille des scincoïdiens, qui n'offrent certainement pas la plus légère trace d’ergots sur les parties latérales de la région anale. Hemprich, Oken et Haworth, tous trois séparé- ment, dans des ouvrages immédiatement postérieurs à celui de Merrem, que nous venons de citer, ont cru devoir, tout en acceptant le genre Fortrix tel qu'Op- pel l'avait établi, substituer à son nom primitif, l'un la dénomination nouvelle d’'Jlysia , l’autre celle d’4- nilius, et le troisième celle de Torquatrix, par la raison, qui ne nous semble nullement fondée, que déjà Linné avait appelé Tortrix un groupe d'insectes Lépidoptères nocturnes, dont les larves ou chenilles ont l'habitude de rouler des feuilles autour d'elles. En 1826, M. Fitzinger, dans sa Veue classification der Reptilien , imita ce qu'avait fait Latreille l'année précédente dans ses Familles naturelles , en considé- rant, de même que lui, le genre Fortrix comme type d’une famille particulière , qui fut alors appelée, non plus les Cylindriques, maïs les {lysioïdeæ , par suite .de l'adhésion donnée par l’auteur au changement de nom qu'Hemprich avait bien inutilement fait subir au genre Zortrix. Gette famille des {lysioideæ de M. Fitzinger figure aussi dans son Conspectus sys- tematis ophidiorum de 1840 (1), mais autrement mme rem con pe (1) Voyez page 62 du présent volume, 596 REPTILES OPHIDIENS. nommée et classée, et les espèces qu’elle renferme différemment groupées qu'auparavant : ainsi et d’a= bord sa dénomination d’/lysioideæ est remplacée par celle de Cylindrophis ; puis au lieu d’être placée entre les Gymnophthalmoideæ et les Pythonoideæ dans une tribu dite des Squammatæ comprenant, moins les Grocodiles, tous les Sauriens et tous les. Ophidiens , elle se trouve rangée intermédiairement à la famille des Typhlops et à trois autres desquelles dépendent les Eryx, les Boas et les Pythons , familles qui, pour: M. Fitzinger, constituent dans l’ordre des Ophidiens une première série se distinguant des sui- vantes par la privation de crochets venimeux , par des vestiges de membres abdominaux et par l’imperfec- tion du bouclier céphalique ; ensuite le genre Zlysia , qui était le seul groupe d’espèces que comprit la fa- mille des Cylindrophis lorsqu'elle s'appelait Zlysioi- dea , y est maintenant partagé en deux sous-cenres, Ilysia et Cylindrophis (1), fractionnement du genre Tortrix d'Oppel, antérieurement opéré par Wagler, mais d’une manière plus large que ne l’admet ici M. Fitzinger. En effet, les Tortrix d’Oppel formaient déjà en 1830, dans le Naturlisch System der Amphibien de Wagler, deux groupes génériques, sous lesnoms d’Z/y- sia et de Cylindrophis ; mais uniquement fondés sur les différences qu’ils présentent relativement à la com- position de leur bouclier céphalique et à celle de l’en- tourage squammeux de leurs narines , l’auteur ne pa- raissant pas s'être apercu qu'il existe entre eux cette (1) M. Fitzinger commet ici une grave infraction aux règles de la nomenclature, en employant le même nom pour désigner une famille et un sous-genre de cette famille, id AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. 597 autre dissemblance plus importante qui consiste, chez l’un dans la présence et chez l’autre dans l'absence de dents à los incisif ou inter-maxillaire. Quant à la place que Wagler a assignée à ces deux genres dans la série ophiologique, elle n’est nullement celle qui leur convenait; car ils s’y trouvent inscrits fort loin des Boas, entre les Élaps et les Typhlops, et séparés l’un de l’autre par les Uropeltis, les Cato- stomes, les Élapoidis et les Xénopeltis. M. Müller considère également et avec raison les Tortrix d’Oppel comme devant former deux genres différents qu'il désigne, l’un par l’ancien nom de Tortrix, Vautre, à l’exemple de Wagler, par celui de Cylindrophis, genres dont, fort judicieusement aussi, ce savant ‘anatomiste fait une famille dis- tincte appelée Tortricina,iqui, dans sa classification ophiolosique publiée en 1832, compose, en compagnie et à la suite des familles Amphisbænoidea ,.T'yphlo- pina et Uropeltacea, la section de ses Ophidiens mi- ‘crostomes, distinguée de celle des macrostomes par des " os mastoïdienstrès-courts etfixésau crâne, aulieu d’être plus ou moins longs et mobiles. Mais classée de cette manière, la famille 7'ortricina se trouve-t-elle être réel- + lement associée à d’autres familles du même ordre que le sien ou bien à celles des familles de cet ordre aux- quelles elle ressemble le plus par les principaux points de son organisation , ainsi que le veulent les règles de la méthode naturelle? Oui, en ce qui concerne les Uro- peltacés : mais évidemment non à l’ésard des Amphis- bénoïdes, qui appartiendraient plutôt à l’ordre des Sauriens qu'à celui des Ophidiens, si, ce qui pour- tant serait plus rationnel, on ne voulait pas les regar- der comme un ordre intermédiaire à ceux-ci et à ceux- REPTILES , TOME Vis 37 dé. 578 REPTILES OPHIDIENS. là; non aussi à l'égard des Typhlopoïdes , car ils diffèrent sous un si grand nombre de rapports, non seulement des Zortricina, mais de tous les autres serpents, que nous avons dû en faire un sous-ordre particulier, celui des Scolécophides , dont il a déjà été traité au commencement du présent volume. Le genre qui, dans lEssai sur la physionomie des Serpents par M. Schlegel (1), porte le nom de Zor- trix est un assemblage d’espèces on ne peut plus disparates; car l’auteur y comprend non-seulement les serpents ainsi nommés par Oppel, maïs encore quatre Ophidiens qui n’ont que des-rapports plus ou moins éloignés avec eux, à savoir l'Eryx jaculus, le Platigasier multocarinatus , le Nardoa Schlegelii, qui sont trois Pythoniens, et le Xenopeltis alvearius, type d’une famille d'Azémiophides qui se distingue de toutes les autres par plusieurs particularités des plus remarquables. Ce groupe, dont deux espèces sont den-” drophiles, compose à lui seul une famille, qui est celle: que l’auteur appelle les Fouisseurs. En 1825, M. Gray, dans un premier Synopsis gé- néral des Reptiles (2), avait rangé le genre Tortrix d’Oppel dans la famille des Boidæ, où, réuni au genre Eryx, il formait une division appelée ortricina, une autre divisiousappelée Boina comprenant les Boas et les Pythons; mais il lui a assigné une place bien différente dans un second Synopsis général publié en 1831 (3) : là, en effet, le genre Zortrix , accru des Uropeltis de Guvier , loin de se trouver en compagnie (1) La Haye, 1837. (2) Ann. of Philosoph. vol. 10, pag. 109. (3) A la suite des Reptiles de la traduction anglaise du Règne animal de Cuvier par Pidgeon et Griflith. AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. 579 des Éryx, des Boas et des Pythons, en est séparé par tousles Ophidiens, moins les Hydrophides, M. Gray Jui ayant fait prendre rang parmi les Sauriens, entre les Orvets et les Acontias, ceux-ci suivis des Typhlops. Ce qu'un pareil mode de classification présente d’er- roné est trop évident pour que nous ayons besoin de le faire ressortir : au reste, M. Gray l'a lui- -même reconnu; car depuis, cébiae en 1842, il est re- venu à son opinion première touchant la place que doivent occuper les Tortricides dans la série : il les _ admet de nouveau dans sa famille des Poidæ , autre- ment dit avec nos Pythoniens ; manière de voir que nous ne partageons pas, par les raisons fondées sur les différences anatomiques qui existent entre les uns et les autres, raisons que nous avons exposées en tête de cet article et sur lesquelles nous ne reviendrons pas ici. Le nouveau mémoire de M. Gray, où il est traité de ces serpents, est celui dont nous avons donné la traduction à la page 372 et suivantes. L'auteur a laissé s’y glisser quelques erreurs qui, bien que de peu d'importance, doivent néanmoins être relevées ; ainsi, d'après lui, tous ses Boidæ au- raient la queue préhensile, fait qui n’est certainement pas ‘exact à l'égard des genres [lysia ou Tortrix et Cylindrophis, chez lesquels cet organe est à peine flexible, organe qu’il signale également à.tort dans ce dernier groupe comme ayant une forme comprimée ; M. Gray refuse au contraire des appendices calcari- formes à ces deux genres Zortrix et Cylindrophis, qui en sont cependant pourvus de même que les vrais Boidæ, seulement ils les ont moins développés. M. Gray, en adoptant les deux genres en lesquels, Wagler a partagé les Tortrix d’Oppel, a aussi donné 58o AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. à l’un d'eux la dénomination d’Ilysia, proposée par Hemprich, de préférence à celle de Tortrix, que nous , nous croyons devoir conserver comme étant la plus ancienne. TABLEAU DES GENRES DE LA FAMILLE DES TORTRICIENS. TRIBU UNIQUE. LES TORTRICIDES. Caractères. Point d’os frontaux postérieurs. Tète confondue avec letronc, cylindrique comme lui, mais déprimée ; bout du museau plat et arrondi en travers. Queue extrème- ment courte, robuste ou presque aussi forte que le tronc, non préhensile. Genres. nté: yeux recouverts par de JT P 1. Rourrau. une plaque transparente. . Os inter-maxillaire non denté : yeux sans plaque} étendue sur chacun d'énx. . J7" CENDRES DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. L'an des deux genres que comprend la famille des Tortriciens appartient en propre à l'Amérique méri- dionale : c’est celui nommé Zortrix, dont l'unique espèce n’a même été trouvée jusqu'ici qu'à la Guyane et dans la province de Buénos-Ayres. L'autre ou le genre Cylindrophis est de l'Inde et du grand archipel : d'Asie, où ses trois espèces sont réparties de la ma- nière suivante : le Cylindrophis tacheté habite l’In- doustan et l’île de Ceylan , de même que le Gylindro- phis roussâtre, qui vit aussi à Java, tandis que Île Cylindrophis dos-noir n’a encore été observé qu'aux Célèbes. TORTRICIDES. 58 TRIBU UNIQUE DES TORTRICIENS. #” LES TORTRICIDES OU TORTRICIENS FOUISSEURS. Les Tortricides n’habitent, même momentanément, ni sur les arbres ni dans l’eau ; ils passent toute leur vie à terre, dans les lieux où celle-ci est riche en plantes herbacées. Très-lents, ou du moins fort peu agiles , ils ne s’éloignent jamais beaucoup du dessous des vieux troncs d'arbres , du milieu des touffes d’her- bes ou bien des pelites cavités souterraines qui leur servent habituellemeut de retraites. Ne pouvant que faiblement dilater leur bouche, vu le peu de mobi- lité de leur mâchoire supérieure’et l’extrême brie- veté de leurs mastoïdiens, ainsi que de leurs os intra- articulaires, ils sont nécessairement tenus de ne faire leur proie que d’animaux d’une grosseur propor- tionnée à l’étroitesse de leur cavité buccale : aussi semblent-ils plus particulièrement se nourrir de Ty- phlops, de Cécilies et d’autres petits reptiles apodes plus ou moins eflilés. Gette manière de vivre, qui doit faire considérer les Tortricides plutôt comme des serpents fouisseurs que comme des serpents terrestres proprement dits, nous sera offerte plus tard , ainsi que la forme géné- rale du corps à laquelle elle est naturellement subor- donnée, par les Uropeltis, les Calamaires, les Élaps et nombre d’autres espèces appartenant à diverses tri- bus, qui représentent celle-ci dans leurs familles res- pectives. Les Tortricides sont des ophidiens d’une taille plus ou moinsau-dessous dela moyenne, à tronc cylindrique » 582 AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. et assez allongé, à tête confondue avec le reste ducorps, un peu moins forte que lui, mais de même forme, si ce n’est qu’elle est aplatie, et à queue excessivement courte, très-robuste et nullementipréhensile. A cela, ils joignent un museau fortement arrondi en travers à son extrémité terminale, de petits yeux parfois re- couverts d’une plaque transparente , de grandes écailles , des scutelles ventrales à peine plus larges que ces dernières, enfin un bouclier sus-céphalique com- posé des mêmes pièces que-celui du commun des ser- pents, mais dont les postérieures , contre l’ordinaire ;, sont moins développées que les antérieures : tels sont les signes extérieurs auxquels on peut les reconnaître au premier examen. Leurs parties internes et le crue en particulier fournissent de leur côté les marques distinctives que voici. La principale consiste dans l'absence complète d’os frontaux postérieurs, d’où il résulte que les cer- cles orbitaires sont largement ouverts en arrière. L’inter-maxillaire, au lieu d’être triédrique ou bien taillé en manière de coin, comme chez d’autres ser- pents fouisseurs , a l’apparence d’une simple traverse un peu voütée en dessous, lésèrement cintrée en de- vant, et surmontée d’une longue apophyse comprimée en lame excessivement mince, qui s'enfonce entre les pasaux. Les mastoïdiens ressemblent à deux petites plaques osseuses, étroites, moins allongées dans le genre Tortrix que dans celui des Cylindrophis, mais solidement fixées, chez tous deux, le long des côtés du crâne au-dessus des rochers. Les os carrés ou in- tra-articulaires sont extrêmement gros, à proportion des mastoïdiens; toutefois leur hauteur n'excède guère la longueur de ceux-ci ; très-aplatis de droite à gau- à TORTRIEIDES. 583 che à leur partie supérieure, ils le sont tout'autant à leur base, mais c’est d'avant en arrière. Les deux principales pièces de la mâchoire inférieure, le den- taire et l’articulaire, qui s’entre-pénètrent à peine chez les Rouleaux et très-profondément au contraire chez les Cylindrophides, présentent à leur point de jonction et tout à fait en dessus une forte éminence anguleuse, très-comprimée, qu'on doit regarder comme l’apophyse coronoïde, laquelle est formée par l’un et par l’autre de ces os dans le genre Tortrix, mais par le second seulement dans le genre Cyün- drophis. Les Tortricides ont les apophyses épineuses des vertèbres assez courtes; ils ne possèdent qu’un seul sac pulmonaire dont l'étendue est quelquefois égale aux deux tiers de celle du tronc; leurs glandes nasales sont petites , mais les salivaires sont très-développées. 584 AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. re — | 1: GENRE. ROULEAU. — Tortrix (1). Oppel. (lysia (2), Hemprich, Wagler, Gray; Anilius (3), Oken; Torquatrix (k), Haworth.) % Garacrères. Des dents intermaxillaires. Narines sub- verticales, ouvertes chacune dans une plaque offrant une scissure au-dessus du trou nasal. Yeux sub-verti- caux , à pupille ronde. Pas d’inter-nasales, mais les sept autres plaques sus-céphaliques ordinaires , et en plus, une inter-pariétale ; pas de frénales , de pré-ocu- laires, ni de post-oculaires, mais une oculaire an- devant de chaque orbite, amincie et très-transparente dans la portion sous laquelle se trouve le globe de l'œil ; écaillure lisse , scutelles sous-caudales entières. Les Rouleaux diffèrent essentiellement du genre suivant en ce que leur os inter-maxillaire est armé de dents, qui sont au nombre de deux, une petite et une de moyenne longueur, à chacune de ses extrémités. On compte aux autres parties de la bouche, de chaque côté, neuf ou dix dents sus-maxillaires, sept ou huit palatines , et une dou- zaine de ptérygoïdiennes. Les yeux de ces Tortricides ofirent à peu près le même desré d’imperfection que ceux des es- pèces du sous-ordre des Scolécophides, attendu qu'ils ne (1) Ge mot n’est pas latin; il a été formé du verbe torqueo, curvo, inflexo. Il semblerait être le féminin de tortor. (2) Tavoct, repo, instar vermium progredior. Tiuw, abscondo, je me cache. (3) Ce mot paraît être une forme latine donnée à celui d'Axi- lios, par lequel, suivant Lacépède, on désigne dans l’île de Chypre un ophidien du genre Z'yphlops , décrit à la page 303 du present volume. (4) Ge mot vient probablement du substantif torques, torquis, un collier. TORTRICIDES. G- ROULEAU. 1, 585 sont que très-médiocrement développés, et que la lu- miére, pour y pénétrer, doit traverser une plaque par la- quelle chacun d’eux est recouvert en entier, comme cela existe chez les Typhlops, les Rhinophis, les Uropeltis, et plusieurs autres. De plus, ces organes, de même que les ouvertures nasales, sont dirigés un peu obliquement vers le ciel, au lieu de faire face à l’horizon, comme cela s’ob- serve chez laplupart des Ophidiens. Les Rouleaux ont encore une autre marque distinctive, c’est la petite fente que pré- sente , au-dessus de l’orifice externe de la narine, la plaque unique dans laquelle cet orifice est pratiqué. Dans ce genre, les deux pièces osseuses des membres ves- tiglaires qui représentent le tarse ont un peu moins de dé- veloppement que chez les Cylindrophis ; leurs ergots sont aussi plus: petits et par conséquent plus difficiles à distin- guer dans les petites fossettes qui les recèlent. La seule espèce qui appartienne au genre Tortrix , est la suivante. 4. LE ROULEAU SCYTALE. Tortrix scytale (1). Oppel. CarAcTÈREs. Fronto-nasales excessivement développées ; frontale de moitié moins grande, sub-losangique ; sus-oculaires et pariétales, sub-rhomboïdales; celles-ci un peu plus petites que celles-là, qui sont à peine plus dilatées que les écailles du tronc; inter-pariétale en losange, plus grande que les précé- ‘dentes. Corps annelé de noir et de rouge pendant la vie; de noir et de blanc après la mort. SYNONYMIE. 1726. V'ipera. Sybill. de Mér. Métam.Ins. Surin. pag. 31, pl. 31, fig. 2. 1731. Serpens. Scheuchz. Phys. sac. tom. 4, pl. 628, fig. B et pl. 678, fig. 2. 1734. Serpens dmericana amphisbæna.S6b.tom. 1, pag. 135, pl. 84, fig. 1. Serpens Americana, tenuis amphisbæna. Kd. loc. cit. tom.2, pag. 31, pl. 50, fig. 3. (1) Le nom de Exvraæan signifie un bâton, une verge d'une même grosseur. 586 AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. Serpens coralloides , Brasiliensis, rubra, amphisbæna. Id. loc. cit. tom. 2, pag. 76, tab. 73, fig. 2. EPS ceilonica femina. Id. loc. cit. tom. 3, pag. 76, pl. 75, fig. 3 1754. Audi scytale. Linn. Mus. Adolph. Frider. pag. 21, tab. 6, fig. 2. 1756. Anguis. Gronov. Amphib. in Mus. Ichth, pag. 53, n° 4. 1758. Anguis scytale. Linn. Syst. nat. édit, 10, tom. 4, pag. 228. 1763. Anguis. Gronov. Zoophyl. pag. 18, n° 82. ‘1 ke D (& fn 1766. Anguis scytale. Linn. Syst. nat. édit. 42, tom. 1, … pag. 392. 1768. Anguis annulata. Laur. Synops. Rept. pag. 69. Anguis seytale. Id. loc. cit. pag. 70. Anguis fasciata. I. loc. cit. pag. 70. Anguis corallina. Id. loc. cit. pag. 74. Anguis cœrulea. X. loc. cit. pag. 74. Angus atra. Id. loc. cit. pag. 714. 1768. Amphisbène fuligineuse. Knorr. Delic. Phys. tom. 2 pag. 156, pl. 60, n° 1. 1771. Le Rouleau. Daubent. Anim. Quad. ovip. et Serp. pag. 669. 1788. Anguis scytale. Gmel. Syst. nat. Lion. tom. 8, pag. 1125. 1789. Le Rouleau. Lacép. Hist. Quad. ovip. et “ei tom. 3, pag. 440. Le Rouge. Id. loc. cit. pag. 450. 1789. Le Rouleau. Bonnat. Ophiol. Encyclop. méth. pag. 66. L’Annelé. Id. loc. cit. pag. 68. Le Rubané. \d. loc. cit. pag. 69. 1798. Anguis. scytale. Donnd. Zool. Beytr. tom. 5, pag. 214. . 801. Anguis corallinus. Schneïd. Hist. amph. Fasc. 2, . pag. 351. 1802. Anguis SNA Latr. Hist. Rept. tom. 4, pag. 220. Anguis ruber. Id. loc. cit. pag. 224. 1802. Anguis ater. Shaw. Gener. zoolog. vol. 3, part. 2, pag. 583, pl. 152. 1802. Anguis scytale. Bechst. Lacepede’s naturgesch. Amph. tom. 5, pag. 134, pl. 12, fig. 2. 1803. Anguis corallinus. Daud. Hist. Rept. tom. 7, pag. 298. TORTRICIDES. G. ROULEAU. 1 587 Anguis scytale. Id. loc. cit. pag. 302, pl. 87, fig. 1. Anguis fasciatus. Id. loc. cit. tom. 7, pag. 306. 1811. Tortrix scytale. Oppel. Ordn. Fam. Gatt. Rept. pag. 56. Tortrix corallinus. Yd. loc. cit. pag. 56. 1817. Le Rouleau à rubans. Cuv. Règn. anim. 1" édit. tom.9, pag. 65. 1820. Tortrix annulata. Merr. Tentam. Syst. Amph. pag. 89, n° 4. Tortrix scytale. Xd. loc. cit. pag. 83, n° 7. 1821. Anilius scytale. Oken naturgesch. für Skul. pag. 873. 48... Zlysia scytale. Hemp. Handb. (1). 1833. Jlysia scytale. Lichtenst. Verzeich. Doublett. Zool. Mus. Berl. pag. 104. 1825. Torquatrix scytale. Haw. Lett. arrang. bin. Class. _ Rept. (Philos. Magaz. by Taylor, 1825, pag. 372.) 14825. Tortrix scytale. Boié. Generalubers. Fam. Gatt. Ophid. (Isis, 4825, pag. 981.) 4) 1826. Ilysia seytale. Fitz. Neue Class. Rept. pag. 54. 1829. Tortrix scytale. Cuv. Règn. anim. Cuv. 2e édit. tom. 3, pag. 76. 1830. Zlysia scytale. Wagl. Syst. Ampbh. pag. 493. 1831. Tortriæ seytale. Griff. Anim. kingd. Cuv. vol. 9, ‘ pag. 251. 1831. Tortrix scytale. Gray. Synops. Rept. pag. 75, in Griff. Anim. kingd. Cuv. vol. 9: 1833. Zlysia scytale. Wagl. Icon. amph. tab. 5, fig. 2. 1833. Tortrix scytale. Schinz. Naturgesch. Abbild. Rept. pag. 131, pl. 48, fig. 1. 4837. Tortrix scytale. Schleg. Ess. Phys. Serp. Part. E, pag. 128; Part. Il, pag. 5, pl. 1, fig. 4 ets. 4839. Tortrix scytale. Schleg. Abbildung. amph. pag: 440, pl. 35, fig. 1-4. 1840. Tortrix scytale. Filippo de Felippi. Catal. ragion. Serp. Mus. Pav. pag. 13. 1842. Ilysia scytale. Gray. Zoolog. miscell. pag. 46. Vulgairement : Serpent corail, Serpent à deux têtes. (x) Nous faisons cette citation d’après M. Schlegel, le Handbuch de M. Hempxich ne nous étant point connu. . 588 AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. DESCRIPTION. » Formes. Celte espèce a le tronc de quarante-deux à qua- rante-six fois aussi long qu'il est large au milieu ; la queue, qui diminue à peine de grosseur d’avant en arrière, fait de la vingt- troisième à la trente-troisième partie de la totalité de l’éten- due du corps; la tête, dont l’extrémité antérieure est un peu moins large que lextrénitté postérieure, offre une longueur d’un tiers environ plus grande que le diamètre transversal du tronc. Le museau est tout à fait arrondi en avant , un peu convexe et proclive en dessus. La fente de la bouche est rectiligne, Les orifices externes des narines sont circulaires et situés dans l'angle inféro-postérieur de leur plaque respective. La nasale du côté droit et celle du côté gauche se conjoignent en arrière du sommet de la rostrale, qui représente un triangle équilaté- ral; elles sont élargies et coupées à cinq pans inégaux, par le plus petit desquels elles touchent chacune de leur côté aux se- condes supéro-labiales et par le plus grand aux fronto-nasales. Ces dernières , qui sont oblongues, hexagones, inéquilatérales et rétrécies en arrière, ont un développement tel, qu’à elles seules elles occupent près d’un tiers de la région sus-cépha- lique. La frontale proprement dite est de moitié moins grande que l’une des deux fronto-nasales, entre lesquelles s’enclave l'angle aigu qu’elle forme en avant; les côtés de celui qu’elle présente en‘arrière, et qui est un peu plus allongé que l’autre, sont bordés par les sus-oculaires etles pariétales, dontla figure est sub-rhom- boïdale et la dimension moindre que celle de ia frontale. L’inter- pariétale , qui a la figure d’un losange, est au contraire aussi développée que la plaque du front. La plaque oculaire est tantôt sectangulaire, tantôt pentagone oblongue , mais toujours placée obliquement eu travers de lorbite. Immédiatement derrière elle se trouve une très-grande squamme temporale, coupée à cinq ou six pans inégaux. La lèvre supérieure offre six plaques de chaque côté : la première, la plus petite de toutes, représente un trapèze rectangle ; la seconde, un peu plus développée que: la première, est carrée, et la troisième pentagone , s’élevant par un angle aigu jusqu’à l’oculaire en côtoyant la fronto-na- sale ; la quatrième a cinq bords inégaux et moins de hauteur que la précédente; la cinquième , sous une dimension moindre, répète la figure de la troisième ; la sixième et dernière est sub- TORTRICIDES. G. ROULEAU. 1. 58g frapézoïde et à peine moins petite que les écailles qui la suivent. Il existe également douze plaques au pourtour de la lèvre inf6- rieure, sans compter la mentonnière, dont la figure est celle d’un grand triangle isocèle : les premières de ces plaques in- féro-labiales sont longues , étroites, coupées carrément à leur extrémité antérieure, pointues à leur extrémité postérieure, par laquelle elles se conjoignent en arrière de la plaque du menton; les secondes et les troisièmes sont à peu près carrées; les quatrièmes, cinquièmes et sixièmes rectangulaires et de plus en plus petites. A la suite des plaques inféro-labiales de la première paire, sont deux très-grandes squammes inter-sous- maxillaires en carrés longs, séparées l’une de l’autre par une écaille losangique , oblongue ou pareille à celles qui revêtent la gorge. Le sillon gulaire est excessivement court. Les écailles du corps, qui sont assez grandes, offrent quatre angles, deux latéraux obtus, un antérieur aïgu et un postérieur également aigu, mais dont le sommet est fortement arrondi. Les scutelles abdominales sont hexagones et les plus dilatées d’entre elles d’une largeur à peu près égale à la longueur du museau. La squamme emboîtante de l’extrémité caudale est hémisphérique. Écailles du tronc : 24 rangées longitudinales ; de 220 à 234 rangées transversales. Écailles de la queue : de 41 à 44 ran- gées transversales. Scutelles : de 220 à 254 ventrales, de 41 à 44 sous-caudales. Cocorarion. Le corps de ce serpent est d’an bout à l’autre entouré d’anneaux d’un beau noir luisant, laissant entre eux des intervalles à peu près égaux à leur largeur, qui sont colorés en rouge vif pendant la vie, mais qui n’offrent qu’une teinte d’un blanc sale ou jaunâtre après la mort. Les anneaux noirs, dont le nombre s’élève parfois à plus de soixante-dix, peuvent être complets ou incomplets, fermés ou ouverts. Chez tous les individus sans exception, le museau et la partie termi- nale de la queue présentent la même couleur que les espaces annulaires, qui, fort souvent, sur la région dorsale, sont réticulés de noir ; chez tous aussi, une large bande noire, dont les extré- mités se réunissent généralement sous la gorge, enveloppe la tête depuis l’occiput jusqu'aux yeux. , Diuensions. Le Rouleau scytale paraît être celui des Tortri- cides aujourd'hui connus qui atteint la plus grande taille: M. Schlegel en a observé un individu long de quatre-vingt-quatre 590 AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. centimètres ; et, parmi ceux que renferme notre musée, il en est plusieurs qui n’ont pas une étendue longitudinale beaucoup moindre.Voici au reste les principales dimensions du plus grand. Longueur totale. 73”.Téête. Long. 2” 6”. Tronc. Long. 70” 2”. Queue. Long. 2” 7°”. Parrie et Mogvrs. Cette espèce, qui est très-commane à la Guyane hollandaise et à la Guyane française, ne paraît pas en- core avoir été observée au Brésil; mais elle habite beaucoup plus au sud, ainsi que l’atteste un individu de notre musée, qui a été recueilli par M. d’Orbigny dans la province de Buénos- Ayres. Les Rouleaux scytales semblent se nourrir principalement de Batraciens péromèles; car nous en avons trouvé des débris dans leur estomac, et M. Schlegel rapporte qu’un de ces serpents a été tué à Paramaribo par M. Dieperinck, au moment où il ava- lait une Cécilie. , Les femelles font leurs petits vivants. If: GENRE. CYLINDROPHIS. = CYLINDRO- PHIS (1), Wagler. ({lysia, Hemprich; Anilius, Oken ; “Ab 7 Haworth). Fe Caractères. Pas de dents inter-maxillaires. Narines sub-verticales, ouvertes chacune dans une plaque sans scissure. Yeux subverticaux , à pupille ronde. Pas d’inter-nasales, mais les sept autres plaques sus-cépha- liques ordinaires et, en plus, une inter-pariétale; pas de plaques frénales, de préoculaires , ni d’oculaires, . maïs une paire de post-oculaires. Écaillure lisse , scu- telles sous-caudales entières. Les différences sur lesquelles nous nous fondons pour séparer les Cylindrophis des Rouleaux , consistent en ce que leur os inter-maxillaire est dépourvu de dents, que leur pla- que nasale n’offre point de fente au-dessus du trou dont elle (1) Kéuvdpor, cylindre; et que, serpent. * ee An ES TORTRICIDES. G. CYLINDROPHIS. 5g: est percée, et que leur œil, de même que chez la plupart des Serpents, est tout à fait à découvert, n’ayant plus de plaque qui s’étende en plein sur lui, comme il en existe au contraire chez les Rouleaux, les Scolécophides et les Uropeltides. Le crâne des Cylindrophis comparé à celui des Rouleaux n’en diffère que par la dimension un peu moindre des os mastoïdiens, qui toutefois ne jouissent pas encore de la plus légère mobilité. Leurs yeux, qui ne sont pas tout à fait aussi petits que dans le genre précédent , ont pour entou- rage squammeux, une plaque pré-frontale, une sus-oculaire, une post-oculaire, la troisième et la quatrième supéro- labiale, Le nombre des dents est de dix à douze de chaque côté, à la mâchoire d’en haut aussi bien qu’à celle d’en bas, de septou huit, de chaque côté également, aux palatins, et de six ou sept aux ptérygoïdes internes, Les crochets anaux des Cylindrophis étant un peu moins petits que ceux des Rouleaux , ils sont plus aïsés à aperce- voir au fond des cavités qui les renferment, cavités dont . l’intérieur est coloré en noir, ainsi que les ergots eux-mêmes. Wagler , à qui l’on doit l'établissement du genre Cylin- drophis, semble avoir complétement méconnu les rapports intimes qui lient ce sroupe à celui des Rouleaux : en effet, au lieu de les placer l’un à côté de l’autre, il les à séparés par les Uropeltis, les Gatostomes, les Elapoidis et les Xéno- peltis, qui en sont on ne peut plus différents à plusieurs égards. / TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE CYLINDROPHIS. De —— Espéces. triangulaire, comme tronquée à son extrémité. 1. G. Dos-Noir. Queue large. . . 2. C. ROUSSATRE. conique, non tronquée : museau étroit. . . -3. C. TACHKTE, boz ASÉMIOPHIDES TORTRICIENS. 4. LE CYLINDROPHIS DOS-NOIR. Cylindrophis melanota. à Wagler. CaracTrÈREs. Queue plus longue que la tête, légèrement apla- tie sur trois faces, tronquée en arrière. Dessus du corps noir; museau, bout de la queue et ventre blancs, ce dernier offrant des bandes transversales noires. SYNONYMIE. Tortrix melanota. Boié. Manusc. Tortrix melanota. Reinw. Mus. Lugd. Batav. 1830. Cylindrophis melanota. Wag]. Syst. Amph. pag. 195. 1837. Tortrix rufa (variété des Célèbes). Schleg. Ess. Phys. serp. part. 2, pag. 11; et Abbildung. Amph. pag. 114, pl. 33 fig. 11-17. DESCRIPTION. Le Cylindrophis dos-noir est à proportion moins allongé que le Rouleau scytale. I1 a l'extrémité postérieure du corps dis- tinctement plus forte que l'antérieure, le tronc d’un diamètre à peine égal à la longueur de la tête, et la queue d’un quart au moins plus longue que celle-ci, qui fait environ la trente et unième partie de la totalité de l'étendue longitudinale da corps. La tête, à l'aplomb des yeux, est à peu ‘près d’un tiers moins épaisse qu’elle n’est large en arrière; elle est fort péu rétrécie dans sa portion terminale, dont le devant décrit un demi-cercle régulier, parallèlement à l’axe transversal da museau. La plaque rostrale , qui a sa moitié supérieure couchée sur le dessus de celui-ci, offre la figure d’un triangle isocèle. Les nasales ont une hauteur double de leur plus grande largeur et cinq côtés inégaux : un excessivement petit par lequel elles 8e conjoignent, deux très-longs qui les mettent.en rapportavec la vostrale et les pré-frontales , et deux beaucoup moins grands formant un angle sub-obtus enclavé entre la seconde et la troi- sième supéro-labiale. Les pré-frontales touchent à Pœil par le sommet d'un de leurs angles; elles sont d’un tiers plus déve- loppées que les nasales, un peu élargies el coupées à six pans, dont les deux qui les unissent à la sus-oculaire et à la seconde supéro-labiale sont distinctement plus courts que les autres. La frontale est à peu près aussi grande que l’une ou l’autre des pré-frontales, auxquelles elle s'articule par un bord quelque- TORTRICIDES. G. CYLINDROPHIS. FT. 593 fois presque rectiligne, le plus souvent brisé à angle très-obtus; elle offre deux autres bords assez allongés formant un angle aigu, dont le sommet arrondi s’ayance un peu entre les parié- tales. Ces dernières plaques sont pentagones, inéquilatérales, et d’une dimension un peu moindre que celle des nasales. L’in- ter-pariétale est sub-losangique et plus petite que l’une ou lau- tre des pariétales. Les sus-oculaires sont plus dilatées que celles-ci, rétrécies en avant, et à cinq côtés inégaux, dontcelui qui borde le haut du globe de l’œil est échancré en demi- cercle, La post-oculaire est petite, plus haute que large, sub- rectangulaire ; derrière elle est une grande plaque temporale, qui, malgré ses cinq pans , affecte la figure d’un triangle. Il y a cinq plaques de chaque côté de la lèvre supérieure : la première est très-petite, rectangulaire ou subtrapézoïde et placée sous la nasale ; la seconde, une fois au moins aussi grande que la précédente , offre cinq bords, dont les deux supérieurs, réunis en angle aigu, s’enclavent entre la nasale et la pré-frontale; la troisième, un peu plus développée, mais à peu près de même figure que la seconde , s’élève jusqu’au devant de l'œil ; la qua- trième, qui a également cinq angles, forme la portion inférieure de l'encadrement squammeux de cet organe ; la cinquième en- fin est oblongue et taillée aussi à cinq pans, dont les deux d’en haut font un grand angle assez ouvert, enclavé entre les deux plaques temporales. La plaque du menton représente un trian- gle équilatéral. Il existe six paires de plaques inféro-labiales : celles de la première paire forment un chevron dans lequel s’emboîte la mentonnière; celles de la seconde sont tra- pézoïdes et plus courtes que les précédentes; celles de la troi- sième sont pentagones et plus grandes que les secondes; celles de la quatrième, de la cinquième et de la sixième sont sub-rectangulaires , et de plus en plus petites. Il y a deux grandes plaques post-mentonnières oblongues, rétrécies posté- rieurement et taillées à cinq pans, un de chaque côté, un en avant et un en arrière. Le sillon gulaire s’étend depuis la pointe de la plaque du menton jusqu’aux écailles de la gorge, qui sont losangiques. Les pièces de l’écaïllure du tronc sont distinctement imbri- quées, parfaitement lisses el à quatre angles , deux latéraux, un antérieur et un postérieur, qui est fortement arrondi à son sommet; celles d’entre elles qui occupent la région dorsale et le REPTILES, TOME VI. 38 594 AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. haut des flancs sont à peu près aussi larges que longues , mais les autres se dilatent d’autant plus en travers qu’elles se rap- prochent davantage de la ligne médio-longitudinale du ventre, où il existe une série de scutelles hexagones, à peine plus: élargies que les écailles qui les bordent à droite et à gauche. Deux squammes seulement composent l’opercule anale, dont le bord libre est très-arqué. La queue est aussi forte que le tronc et d’an quart plus longue que la tête , sa forme est telle que la coupe qu’on en ferait en travers donnerait la figure d’un triangle équilatéral arrondi à ses trois sommets; au premier aspect on la croirait mutilée, son extrémité terminale, que protége un dé squammeux trièdre, n'étant qu’un peu moins grosse que sa partie antérieure. Le plus souvent cette queue est revêtue en dessus et latéralement d’écailles pareilles à celles du dos; mais parfois on rencontre des individus chez lesquels les écailles des deux séries mé- dianes et supérieures de la queue ne constituent qu’une seule rangée de squammes hexagones, très-élargies ou tout à fait semblables aux scutelles. sous-caudales, qui sont toujours un peu plus développées que les ventrales. Écailles du tronc : 19 rangées longitudinales. Scutelles : de 233 à 238 ventrales, 8 sous-caudales. Cocorarion. Les individus de cette espèce que nous possé- dons conservés dans l’alcool ont toutes les parties supérieures d’un noir profond , très-luisant; le bout du museau et celui de la queue , en dessous, présentent une teinte blanche , ainsi que les lèvres ; la face inférieure du corps est également blanche, mais elle offre en travers des bandes noires tantôt entières, tantôt coupées par le milieu et dont les extrémités, dans ce der- nier cas, s’entrecroisent. Au-dessous de l’œil est ane tache noire qui descend du sourcil et qui quelquefois s’allonge, pour aller se réunir à une autre tache noire située en arrière du menton. Ordinairement la région anale et la plus grande portion du des- sous de la queue sont noires. La belle figure que M. Schlegel a donnée de ce Cylindrophis dans ses Abbildungen , et qui est sans doute la copie d’un des- sin fait sur le vivant, le représente coloré d’un brun verdatre : irisé de violet à ses parties supérieures, et peint en jaune partout où il existe du blanc chez les sujets conservés dans l’esprit-de-vin. TORTRICIDES. G. CYLINDROPHIS. 2. 595 Dimensions. Longueur totale. 41”. Tête. Long. 12”. Tronc. Long. 38” 1”. Queue. Long. 1” 7”. Patrie. Le Cylindrophis dos-noir a été rapporté des Célèbes au Muséum d’histoire naturelle par MM. Quoy et Gaimard. OsservarTions. Cette espèce, que Boié et Reinwardt ont avec juste raison considérée comme distincte du Cylindrophis rous- sâtre , n'en est regardée que comme une simple variété de pays par M. Schlegel. 2, LE CYLINDROPHIS ROUSSATRE. Cylindrophis rufa. Gray. CaracTÈREs. Queue conique, plus courte que la tête. Dessus du corps noir, brun ou roussâtre, avec ou sans raies transver- sales blanches ; presque toujours un collier blanc ; régions inférieures marquées en travers de bandes blanches, alternant avec des bandes noires ou brunes ou roussâtres ; tête et pointe de la queue noires ; une tache blanche sur chaque plaque fronto- pasale. SYNONYMIE. 1731. Serpens. Scbeuchz. Phys. sacr. tom. #, tab. 629, fig. F; tab. 647, fig. 1; tab. 660, fig. 3; tab. 748, fig. 6. 1734. AmphisbænaAmboinensis. Seb. tom. 2, pag. 8, tab. 7, fig. 3. Serpens amphisbæna. K.tom. 2, pag. 21, tab. 20, fig. 3. Serpens corallina Amboinensis. Id. tom. 2, pag. 26, tab. 25, fig. 1. 1768. Anguis rufa. Laur. Synops. Rept. pag. 71. 1788. Anguis rufus. Gmel. Syst. nat. tom. 3, pag. 1123. Anguis striatus. Id. loc. cit. tom. 3, pag. 1119. 1801. Schilay Pamboo. Russ. Ind. Serp. supplém. pag. 32, pl. 28-29, fig. 1. Anguis scytale. Id. loc. cit. pag. 30, pl. 27. 1801. Anguis rufus. Schneïd. Hist. amph. Fasc. If, pag. 335. 1802. Anguis corallina. Shaw. Gener. Zool. vol. 3, part. 2, pag. 582, pl. 131. Anguis rufa. VW. loc. cit. pag. 586. 1803. £ryx rufa. Daud. Hist. Rept. tom. 7, pag. 263. 1820. Tortrix rufa. Merr. Tent. Syst. amph. pag. 84, n° 10. Seytale Scheuchzeri. Id. loc. cit. pag. 91. 1823, Ilysia rufa. Lichtenst. Verzeichn. Doublett. Zool. Mus. Berl. pag. 104, n° 66. 5g6 AZEMIOPHIDES TORTRICIENS. 1826. Zlysia rufa. Fitzing. Neue Classif. Rept. pag. 54. 1830. Cylindrophis resplendens. Wagl. Syst. amph. pag- 195. 1831. Tortrix rufus. Gray. Synops. Rept. pag. 74, in Griff. Anim. kingd. Cuv. vol. 9. 1833. Cylindrophis resplendens. Wag]l. Icon. et descript. Amph. tab. 5. fig. {. 1834-35. Tortrix rufa. Schinz. Naturgesch. abbild. Rept. pag. 131, tab. 48, fig. 2. 1837. Tortrix rufa. Schleg. Ess. physion. Serp. Part. 1, pag. 128 et Part. 2, pag. 9, pl. 4, fig. 1-3. 1840. Tortrix rufa. Filippo de Filippi, Catal. ragion. Serp. Mus. Pav. pag. 13. 1842. Cylindrophis rufa. Gray. Zool. miscell. (march, 1842) pag. 46. © DESCRIPTION. Formes. Les principaux traits distinetifs de cette espèce, com- parée à la précédente, sont : un tronc moins allongé, une queue plus courte et conique, des scutelles ventrales et des sous- caudales moins dilatées en travers. La plus grande largeur du corps du Cylindrophis roussâtre est un peu moindre que le dia- mètre longitudinal de sa Lête, qui entre pour la vingt-sixième ou la vingt-seplième partie dans la totalité de la longueur de Vanimal. La queue , qui est d’un quart plus courte que la tête, offre à peu près la forme d’un cône très-faiblement comprimé et légèrement courbé de haut en bas; elle a son extrémité ter- minale emboîtée dans une squamme en dé conique. Écailles du tronc : 19 rangées longitudinales, de186 à 190 ran- _gées transversales. Scutelles : de 184 à 486 ventrales, 5 ou 6 sous-caudales. Cocorariox. Les individus de cette espèce, au nombre d’une vingtaine , que nous avons été dans le cas d’observer, nous ont tous offert la tête et la queue colorées en noir et le dessous du corps marqué de grandes taches carrées ou de bandes transver- sales d’un blanc sale alternant avec d’autres, tantôt roussâtres, tantôt d’un brun clair, tantôt de couleur d’ébène. Presque tous avaient les plaques fronto-nasales et la région sous-caudale blanches. Un seul était entièrement noirâtre en dessus, excepté près de la tête où l’on voyait une espèce de demi-collier blanc. Les parties supérieures des autres se montraient on noires, ou TORTRICIDES. G. CYLINDROPHIS. 3. 597 . brunes, ou roussâtres, avec de larges raies blanches en tra- vers, entières ou interrompues, mais toujours plus étroites que celles du ventre. Il paraît que, dans l’état de vie, le blanc du corps est de la plus grande pureté, celui de la tête et de la queue, d’un très- beau rouge, et que les autres teintes brillent de reflets d’un bleu d'acier, ou bien d’un vert de bronze légèrement doré. Dimensions. Longueur totale. 46” 8”. Tête. Long. 1” 7”. Tronc. Long. 44”. Queue. Long. 1” 1”. ParTrie. Le Cylindrophis roussâtre est très-commun à Java, on le trouve également au Bengale. Osservarions. Le tube digestif des individus que nous, avons ouverts renfermait des débris de Typhlops; et, ce qui nous a surpris , l'estomac de l’un d'eux contenait un petit poisson an- guilliforme déjà trop altéré pour pouvoir en déterminer l’espèce. Il est supposable que ce poisson n’est devenu la proie de notre Cylindrophis que parce qu’il se sera introduit dans le terrier de celui-ci, les Tortricides n’allant jamais à l’eau; on sait au contraire que les Anguilliformes viennent quelquefois à terre et demeurent même cachés plus ou moins de temps dans des trous du rivage. 3. LE CYLINDROPHIS TACHETÉ. Cylindrophis maculala, Wagler. CaracTiREs. Queue conique, plus courte que la tête. Corps réticulé de noir sur un fond brun ou roux en dessus, blanchâtre en dessous. Synonymie. 1731. Serpens. Scheuchz. Phys. sacr. tom. 4, tab. 606, fig. B. 1734. Serpens amphisbæna orientalis. Seb. Thes. nat. tom. 1, pag. 87, tab. 53, fig. 7. Tucuman, sive Miguel de Tucuman, dicta serpens Para- guaya. Séb. tom. 2, pag. 105, tab. 100, fig. 2. 1754. Anguis. Gronov. Amph. anim. in Mus. ichth. pag. 53, n° 5. 1 1754. Anguis maculata. Lion, Mus. Adolph. Frid. pag. 21, tab. 21, fig. 3. 1758. Anquis maculata. Liun. Syst. nat. edit. 10, tom. #3 pag, 228. 598 AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. 1766. Anguis maculata. Linn. Syst. nat. edit. 12, tom. 1, pag. 391. 1768. Anguis maculata. Laur. Synops. Rept. pag. 72. Anguis decussata. Yd. loc. cit. Anguis lessellata. NW. loc. cit. 1771. Le Miguel. Daub. Dict. Anim. quad. ovip. Serp. pag. 652. 1788. Anguis maculata. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 3, pag. 1120. 1789. Le Miguel. Lacép. Hist. Quad. ovip. et Serp. tom. 2, pag. 445. 1789-90. Ze Miguel.Bonnat. Encyclop. méth. Ophiol. pag. 64. 1798. Anguis maculata. Donnd. Zool. Beytr. Linneisch. na- tursyst. tom. 3, pag. 213. 1801. Anguis maculala. Russ. Ind. Serp. supplém. pag. 33, pl. 28-29, fig. 2. 1801. Anguis maculatus. Schneïd. Hist. Amphib. Fasc. If, pag. 328. 1802. Anguis maculata. Shaw. Gener. z00l. vol. 3, part. 2, pag. 585. 1302. Anguis maculata. Latr. Hist. Rept. tom. 4, pag. 222. 4802. Anguis maculata. Bechst. Lacepede’s naturgesch. Ampb. tom. 4, pag. 142, tab. 13, fig. 1-3. 1803. Anguis maculatus. Daud. Hist. Rept. tom. 7, pag. 319. 1811. Tortrix maculatus. Oppel. Ordn. Fam. Gatt. Rept. pag. 56. 4820. Tortrix maculatus. Merr. Tent. syst. amph. pag. 83. 1823. Zlysia maculata. Lichtenst. verzeich. Doubiett. Zool. Mus. Berl. pag. 104, n° 65. 1826. Ilysia maculata. Fitz. Neue Classif. Rept. pag. 54. - 14830. Tortrix maculata. Guér. Icon. Règn. anim. Cuv. Rept. pl. 19, fig. 1. * 1830. Cylindrophis maculata. Wag]l. Syst. Amph. pag. 195. 1830. Tortrix maculata. Gray. Synops. Rept. pag. 75, in Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9. 4837. Tortrix maculata. Schleg. Ess. Physion. Serp. Part. 1, pag. 198 , et Part. 2, pag. 12, pl. 1, fig. 6-7. 1840. Tortrix maculata. Filippo de Filippi, Catal. ragion. Serp. Mus. Pay. pag. 14. 4842. Cylindrophis maculata. Gray. Zoolog. miscell. pag. 46. TORTRICIDES. G. CYLINDROPHIS. 3. 599 DESCRIPTION. Formes. Le Cylindrophis tacheté diffère du Cylindrophis dos- noir, non-seulement par la forme et l’extrème brièveté de sa queue, mais encore, ainsi que du Cylindropbhis roussâtre, par la figure de ses plaques céphaliques et par son mode de coloration. Le diamètre du tronc de la présente espèce est d’un tiers moindre que la longueur de sa tête, et sa queue est près de moitié plus courte que cette dernière, qui fait de la vingt-cin- quième à la vingt-sixième partie de la totalité de l’étendue lon- gitudinale de ce petit serpent. La tête, étant à proportion plus étroite et beaucoup plus amincie en avant que chez les deux espèces précédentes, se trouve avoir une longueur double de sa largeur postérieure , et le museau une épaisseur à peine égale au tiers de cette même largeur postérieure du crâne. La plaque rostrale représente un triangle équilatéral. Les nasales sont pentagones, plus hautes que larges et seulement un peu moins étroites à leur base qu’à leur sommet, tandis qu’elles sont presque pointues à leur extré- mité supérieure, dans le Cylindrophis des-noir et le Tacheté. Les fronto-nasales , qui sont les plus grandes de toutes les pla- ques céphaliques , affectent chacune une figure carrée, bien qu’elles soient réellement coupées à sept pans inégaux. La fron- tale est oblongue, hexagone et rétrécie en arrière. Les sus- oculaires sont pentagones, inéquilatérales et à peu près de même grandeur que la frontale proprement dite; au lieu que les pa- riétales , auxquelles on compte six côtés, ne sont pas tout à fait aussi développées. L'’inter-pariétale est en losange tronqué à son angle postérieur. Les scutelles ventrales ne se distinguent des écailles qui les bordent que par leur figure hexagone, un peu plus de développement et leur dilatation transversale. Écailles du tronc : 19 ou 21 rangées longitudinales. Scutelles : de 180 à 200 ventrales , 4 ou 5 sous-caudales peu élargies. CororarTion. Les parties supérieures du corps sont d’un brun marron ou d’un brunjaunâtre etlesrégionsinférieures d’uneteinte blanchâtre : les unes présentent une double chaîne noire com- posée d’anneaux sub-quadrilatères ou elliptiques; les autres offrent un grand nombre de bandes transversales noires, plus ou moins dilatées, que lie assez ordinairement entre elles une raie médio-longitudinale de la même couleur. La tête et la pointe de 600 AZÉMIOPHIDES TORTRICIENS. la queue sont noires; les tempes portent chacune une bande- lette blanchâtre, qui s’étend parfois en montant obliquement jusque sur le synciput, pour s’y réunir à sa congénère. Le des- sus du cou est marqué de deux grandes taches d’un blanc sale, séparées longitudinalement l’une de l’autre par une raie noire. Dimensions. Longueur totale. 34° 7”, Têle. Long. 1° #”. Tronc. Long. 32” 6”. Queue. Long. 7”. ParRiE. Le Cylindrophis tacheté habite l’île de Ceylan, d’où le muséum en a reçu plusieurs individus par les soins de M. Les- ehenault de Ja Tour. # FIN DU SIXIÈNE VOLUME. dde TABLE ALPHABÉTIQUE DES” NOMS DE SECTIONS, DE FAMILLES ET DE GENRES, ADOPTÉS OU NON (1), COMPRIS DANS CE VOLUME. DO À E APHOBÉROPHIDES. Ji Enygre. APISTOPHIDES Pots À ? 42 Eunecte. APROTÉRODONTES. "450 ŒRYCIDES. AZEMIOPHIDES. 91, 337 Eryx. B F Boa. 500, 573 FALLAGIFORMES. Boæines. 474 Fiennironmes. Bolyeria. 3:6, 496 Bothrochilus. 444 G C Gongylophis. Candoia. 374, 476 H Casarea. 374, 485 - Cathétorhine. 268 Heleionomus. CatoODOxIENS. 317 Heéterodermes. Catodonte. 313 Heterodonta. Cenchris. 413, 436, 557 Hozononres. Céphalolépide. 314 Homodermes. Chilabothre. 562 Hortulia. Chondropodes. 352 I CICURIFORMES. 71, 337 PA Clothonia. 3:56, 454 Ilysia. Constrictor. 392, 00 Tsodonta. Coralle, Corallus. 30, 373, 536 LL Cryptopodes. 352 Cylindrophis. 356, 490 Leionotus. Leptoboa. D Liasis. Devin. 519 Lombric (Typhlops). (1) Ces derniers noms sont indiqués en caractères ilal:ques, 6o2 M Macrostomata. Microstomata. Miguel (Cyhindrophis). Morélie. N Nardoa. O Onychocéphale. Ophthalmidion. P Pélophile. Phénopodes. Pilidion. Platygastre. Duthan Pyraonines. PyTHONIENS. R Réseau (Typhlops). Rouleau. 251 © SCOLÉCOPHIDES. 251 598 374, 383 375, 444 272, 333 262 TABLE ALPHABÉTIQUE, ETC. S Scytale. Sténostome. T THANATOPHIDES. T'orTRICIDES. ToRTRICIENS. Tortricina. Tortrix. Tropidophide. T° yphlina. T'yphlopina. TyPpHLOPIENS. Typhlops. Ungalia. Uroleptis. v VERMIFORMES. X Xiphosome. 71, 233.0 585 0 322 Fr dn TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE SIXIÈME VOLUME. LIVRE CINQUIÈME. DE L'ORDRE DES SERPENTS OU DES CFHIDIENS. CHAPITRE PREMIER. CARACTÈRES DES SERPENTS. HISTORIQUE DE LEUR DISTRIBUTION EN FAMILLES NATURELLES ET EN GENRES. Pag. Considérations générales sur les caractères. 1 A. Caractères naturels d’après la conformation. ? B. — anatomiques d’après l’organisation. 4 C. — physiques ou habituels d’après les mœurs. 5 D. — essentiels ou systématiques. 8 Historique des classifications principales proposées. 12 Aristote, Pline , Gesner , Aldrovandi, Raï. 14 Linné, Klein. 1755. 19 Done , Scopoli. 1768-1779. 22 Lacépède. 1790. 25 Brongniart, Daudin. 1803-1805. 28 Duméril , Oppel. 1805-1811, 33 Latreille et Fitzinger en 1326. 39 Boïé et Schlegel en 1827. 45 Cuvier, G. 1829. 47 Schlegel en 1837. Analyse de son ouvrage. 48 604 TABLE MÉTHODIQUE Pag. Ch. Bonaparte. 1831. 58 Müller. 1832. Tableau de sa classification. 348 Mayer. 1829. Tableau de sa classification. 352 Gray. 1842. Tableau de sa classification. 372 Fitzinmger en 1840 , manuscrit. Sa classification. 60 Classification adoptée dans cet ouvrage. 65 Tableau synoptique de cette classification. 71 CHAPITRE II. DE L'ORGANISATION , DES FONCTIONS ET DES MOEURS CHEZ LES REPTILES OPHIDIENS. $ IL. DES ORGANES DU MOUVEMENT ET DE LEURS ACTIONS. 72 1° Des os et du squelette des Serpents. 7 2% Des muscles ou des organes actifs. 85 3° Des mouvements généraux. 91 Le ramper. 92 Le saut, le nager. 94 IL. Des ORGANES DE LA SENSIBILITÉ. 1° Odorat. | 100 2 Vue. 102 3° Ouie. 104 # Goût. 105 5° Tact, peau , écaillure. 107 De la fascination exercée par et sur les Ser- pents. 114 IIT. Des ORGANES DE LA NUTRITION. 117 1° De la digestion et de ses organes. 118 Bouche, mâchoires, dents, muscles, langue. 124 Salive , dents ou crochets à venin. 139 Déglutition , pharynx. 154 Intestins, foie , rate, etc. 164 Défécation. 169 2° Des organes de la circulation dans les Ser- pents. 173 DES MATIÈRES. 3° Des organes de la respiration, voix, chaleur. k° Des organes des sécrétions. S IV. DES ORGANES GÉNÉRATEURS ET DE LEUR FONCTION, OEufs, développement des #ermes. Monstruosités. CHAPITRE II. DES AUTEURS QUI ONT ÉCRIT SUR LES SERPENTS , PARTIE HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE. Énumération des principaux auteurs d’après la nature de leurs écrits anatomiques, physiologiques, des- criptifs et topographiques. Liste par ordre alphabétique des principaux auteurs, titres de leurs ouvrages , avec l'indication chrono- losique. CHAPITRE IV. PREMIÈRE SECTION. Les SCOLÉCOPHIDES ou Serpents non venimeux VERMIFORMES. Considérations générales sur cette section, Tableau synoptique des genres. Distribution géographique des espèces. $ Ier. Famille. Les TYPHLOPIENS. Je" Genre. PrLiplox. 1" Espèce. Pilidion rayé. II: Genre : OPHTHALMIDION. 1. Espèce. Ophthalmidion très-long. 2. Espèce. Ophthalmidion d’Eschricht. IIIe Genre : CATHÉTORHINE. 1. Espèce. Cathétorhine mélanocéphale. IV° Genre : ONYCHOCÊPHALE, 212 213 215 233 233 253 255 256 257 259 262 263 265 268 270 272 606 1. Espèce 2. Espèce 3. Espèce 4. Espèce 5. Espèce V° Genre : Ty TABLE MÉTHODIQUE . Onychocéphale de Delalande. . Onychocéphale multirayé. . Onychocéphale unirayé. . Onychocéphale à museau pointu. . Onychocéphale trapu. PHLOPS. Tableau synoptique des espèces de ce genre. 1"° Espèce. Typhlops reticulé. 2. Espèce. 3. Espèce. 4. Espèce. 5. Espèce. 6, Espèce. 7. Espèce. 8. Espèce. 9. Espèce. 10. Espèce. 11. Espèce. 12. Espèce. T'yphlops lombric. Typhlops de Richard. Typblops platycéphale. T'yphlops noir et blanc. Typhlops de Müller. Typhlops de Diard. Typhlops à lignes nombreuses. T'yphlops vermiculaire. Typhlops filiforme. Typhlops Brame. Typhlops noir. VI° Genre : CÉPHALOLÉPIDE. 1. Espèce . Céphalolépide leucocéphale. IT. 2 Famille. Les CATODONIENS. Ie" Genre : CATODONTE. 1. Espèce. Catodonte à sept raies. Ile Genre : STÉNOSTOME. Tableau synoptique des espèces de ce genre. 1. Espèce 2. Espèce. 3. Espèce 4. Espèce . Sténostome du Caire. Sténostome noirâtre. . Sténostome front blanc. . Sténostome de Goudot. . Espèce, Sténostome deux raies. Pag. 273 276 278 333 334 279 281 282 287 290 293 295 298 300 301 303 307 309 312 314 319 317 318 319 322 :: 323 324 326 327 330 331 DES MATIÈRES, CHAPITRE V. DEUXIÈME SECTION. Les AZEMIOPHIDES ou Serpents non venimeux CICURIFORMES. Tableau de la classification de M. Müller. Classification de M. Mayer. Tableau synoptique de la classification adoptée. Première Famille. Les PYTHONIENS. Tableau de la classification de M. Gray. Distribution géographique des Pythoniens. 1° Sous-Famille des Pythôniens. Les HOLODONTES. Tribu unique. Les PyrHonimes, Ie Genre : MoréLIE. 1. Espèce. Morélie Argus. IT° Genre : Pyrnon. Tableau des espèces de ce genre. A. Espèces à narines latérales. 1° Espèce. Python de Séba. 2. Espèce. Python de Natal. 3. Espèce. Python royal. B. Espèces à narines verticales. 4. Espèce. Python molure. 5. Espèce. Python réticulé. IIIe Genre : Lrasis. Tableau synoptique des espèces. 1'e Espèce. Liasis améthyste. 2. Espèce. Liasis de Children. 3. Espèce. Liasis de Macklot. 4. Espèce. Liasis olivâtre. IVe Genre : NarDoa. 1. Espèce. Nardoa de Schlegel. 607 Pag. 337 348 392 307 398 372 378 381 382 383 389 392 399 400 409 412 417 426 431 433 438 440 442 444 447 608 TABLE MÉTHODIQUE 2° Sous-Famille des Pythoniens. Les APROTÉRODONTES. Première tribu. Les Erycipes. I:° Genre : Enyx. Tableau synoptique des espèces. 1'e Espèce. Eryx de John. 2, Espèce. Eryx javelot. 3. Espèce. Eryx de la Thébaïde. 4, Espèce. Eryx à queue conique. Seconde tribu. Les BoxIpes. I Genre : ENYGRrE. 1" Espèce. Enygre caréné. 2. Espèce, Enygre de-Bibron. IT° Genre : LEPTOBOA. 1'e Espèce. Leptoboa de Dussumier. YIIe Genre : TROPIDOPHIDE. 1'e Espèce. Tropidophide mélanure. 2. Espèce. Tropidophide tacheté. IVe Genre. PLATYGASTRE. 1e Espèce. Platygastre multicaréné. Ve Genre. Boa. Liste alphabétique des Serpents décrits par les divers auteurs, sous le nom de Boa. Tableau des espèces du vrai genre Boa. 1e Espèce. Boa Constricteur. 2. Espèce. Boa diviniloque. 3. Espèce. Boa empereur. 4. Espèce. Boa chevalier. VI° Genre : PÉLOPHILE. 1re Espèce. Pélophile de Madagascar. VII: Genre : EUNECTE. 1° Espèce. Eunecte murin. VIlle Genre : XIPHOSOME. Tableau synoptique des espèces. Pag. 450 451 454 458 463 468 470 474 476 479 483 485 486 488 491 494 496 497 500 505 507 507 515 519 521 523 524 527 528 536 540 DES MATIÈRES. 609 Û hr Par. 1'e Espèce. Xiphosome canin. 540 2° Espèce. Xiphosome parterre. 544 3° Espèce. Xiphosome de Madagascar. 549 IX° Genre : EPICRATE. 592 1'e Espèce. Epicrate Cenchris. 595 2e Espèce. Epicrate angulifère. 560 Xe Genre : CHILABOTHRE. 562 1'e Espèce. Chilabothre inorné. 563 2e Famille des Azémiophides. Les TORTRICIENS. 567 Caractères et classification des Tortriciens. 573 Tableau synoptique des genres. 580 Distribution géographique des espèces. tbid. Tribu unique. Les TORTRICIDES. 581 Ie" Genre: ROULEAU. 584 1" Espèce. Rouleau Scytale. 585 Ile Genre : CYLINDROPHIDE. 590 1'° Espèce. Cylindrophide dos noir. 592 2e Espèce. Cylindrophide roussâtre, 595 3° Espèce. Cylindrophide tacheté. 597 FIN DE LA TABLE MÉTHODIQUE. REPTILES, TOME VI. 39 — ERRATA ET EMÆENDANDA. Page 67, 70, 71, 98, 98, 110, ligne 1, Boæiens, lisez Pythoniens. 25 et 26, à la fin de chacun des articles, lisez eù tête de chacun des articles. : 10, sutures, lisez suture. 6, toujours ce crâne, lisez presque toujours ce crâne. 26, frontaux postérieurs , supprimez postérieurs. 20, on a fait, lisez en a fait. 3, sont courtes, lisez sont longues. 6, genres, lisez familles. 7, quelques-uns, lisez quelques-unes. 28 et 24, palatines ou ptérygoïdiennes, lisez palatines, en ptérygoïdiennes. 14, 15, 16, jusqu'ici, on ne connaît même que le genre nommé par cela même oligodon, qui soit dans ce cas. lisez Jusqu'ici on ne connaît même que les espèces de la famille des Uropeltiens et le genre Oligodon qui Soient dans ce cas. 16, 17, 18, Il est bien rare que l’os palato-maxillaire ou transverse soit garni de dents, Lisez l'os palato-maxil- laire ou transverse n’est jamais garni de dents. 18, cependant M. Duvernoy dit, lisez C’est par erreur que M. Duvernoy a dit. dernière, Genérali Uebersicht, lisez Generalubersicht. dernière, Homadryas, lisez Hamadryas. 25, Rhabdolon, Lisez Rhabdodon. 5, page 420, lisez 210. 3, L, serpents vermiformes non venimeux, lisez serpents non venimeux vermiformes. 3, sténosome, lisez sténostome. 11, excepté les transverses, lisez excepté les mastoïdiens et les transverses. 24, espèces des deux premières familles, /isez espèces de certaines familles. dernière, page 420, lisez 240. 25, dans la première, comme, lisez dans la première de ces deux sections, comme. 18, face externe, lisez face interne. 16, frontale antérieur, lisez antérieure. 9, plus fort en avant qu’en arrière, lisez plus fort en arrière qu’en avant. 29, 26 rangées, lisez 28 rangées. 28, puisque, lisez puis que. 2, cylindre étroit, Zisez le plus souvent étroit. 17, 18, que les uns possèdent et que les autres manquent de dents, lisez des dents. 18, 19, complétement divisé en deux parties, lisez com- plétement, divisé en deux parties, à la page. 26, Chilobotrus, lisez Chilabothrus. dernière ligne, 3 paires, lisez 2 paires. 17, Python, lisez Pythonide. 16, échappé, lisez échappée. 2 Î